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Full text of "Histoire de l'ancienne infanterie française"

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HISTOIBE 



DE L'ANcnnnii 



mmmi nmmi 



PAR LOUIS SUSANE, 



Off d'tMadroa d'aiiilUh*. 



TOME SiXlJfeHB. 



PARIS, 

LIBRAIRIE MILITAIRE, MARITIME ET POLYTECHNIQUE 

DE J. CORREARD, 

LIBRAIRB-iDlTBOH BT UBRAIRE-COMMI&SIOIIHAIBX, 
Ra« Christ in«, I. 

1852. 



HISTOIRE 



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Paris. — Typ. de H. Yratet deSurct etCie, rue de S^Tres, 37. 



HISTOIRE 



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HISTOIRE 

DB 



L'ANGIEIE IIANTERIE FRMIIjW 



OEVXIEUE PASTIE. 

HOTICBS BISTORIQDES DBS REGlMEnTS SDR PIBD BN 1789. 



RtelUNT M CON»i. 

55* REGIMENT d'iNFANTBRIE. 

MindenI 

COLOHELS-LIEUTENANTS ET COLONELS. 

i. Marquis de VIEUXPONT (N.),ii juin 1644. 

2. Gomte DE CHERIZY (Gharles-AntoiDe de Humes), 25 jnillet 1648* 

3. Marquis de MONTAL (Hv de Montsaulnin), 26 f^yrier i65i. 

4. Comte de SAINT-MIGAULD (Philippe-Emmanuel deRoyer), 20 *■ 

janvier"1660. 

5. Marquis de NESLE (Louis de Mailly), 30 mars 1673. 

6. Comte de MONTMORENCY (N.),noTembre 1688. 

7. Chevalier de MONTMORENCY (Marc), 15 juillet 1696. * 

8. Marquis db MONTBOISSIER (Philippe-Claude de Beaufort), 18 

avrii 1710. 

9. Comte d'ANGENNES (Pierre-Charles Regnault),29 mars 1712* 

10. Comte de SURVILLE (N. d'Hautefort), Of^ier 1713. 

1 1 . Marquis d'HAUTEFORT (Emmauuel-DieudoDD^), 28 septembre 

1719. 

■1ST. DI ViMC. IMFAMTEftlE FRANCAISE. T. VI. I 







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■.■* 



.•.■^■■■ 



2 HISTOIRB 

12. Marquis DE LA TOURNELLE (Jean-Louis), 21 f6vrierl740. 

13. Marquis de SABRAN (Elz^ar-Gaston-Louis-Marie de Forcal- 

quier), 6 Janvier 1741. 

14. Marquis de LANGERON (Gharles-Glaude-Andrault de Maul6- 

vrier), 22 aoAt 1743. 

15. Comte de MAILLE DE LA TOUR-LANDRY (Gharles-Ren6), 7 

mai 1758. 

16. Gomte deLA BEILINAYE (Gharles Ren6), 3 junvier 1770. 

17. Gomte de SESMAISONS (Glaude-FranQois-Jean-Baptiste-Dona- 

tien), l^'mars 1784. 

18. Gomte de LIGNIVILLE (Rend-Gharles-£lizabeth), 21 octobre 

1791. 

19. DE yiLLlONNE (Pierre-Justin Marchand), 5 f6vrier 1792. 

20. SERVIEZ (Emmanuel), 8 mars 1793. 

^ Le regiment de Conde n'est point k son rang d'an- 

ciennete, parce qu'il a cesse de faire partie de Tar- 
mee frangaise pendant les troubles de la Fronde , et 
qu'il n'a repris place qu'en 1 659 , a la paix des Pyre- 
f V' nees , apres la souraission et le retour en grAce du 

Grand Cond6. Nous donnerons cependant son his- 
toire depuis son origine. 

Henri II de Bourbon, prince de Cond6, leva un 

regiment d'infanteriele 5 juillet 1620; maisce corps, 

dont il se demit rann6e suivante, en faveur du due 

"* d'Enghien son fils, a 6te licenci6 le 14 fevrier 1623, 

^ ' et tant que .v6curent Richelieu et Louis XIII, il ne 

** fut point permis au prince d'avoir des troupes sous 

son titre. Le prince de Conde, d'ailleurs, n' avail 

garde de se metlre en avant pour la guerre , lui qui 

^ repondit un jour k son fils^ qui cherchait a faire 



V . 



♦ 



;^^*■^ 



DB L^NGIENME INFANTERIE FRANCAISE. 3 

* ** 

vibrer chez lui quelque corde genereuse^ « C'est boa 
pour vous, qui 6tes vaillant » 

Le regiment, dont ils'agitici, aet^leve parlettre 
de cachet du 11 juin 1644. 11 est done contemporain 
de Royal et de Bretagne. Apres avoir hiverne sur 
les frontieres de Champagne , il fut passe en revue, 
le 4 juin 1 645, a Verdun , par le due d'Enghien, qui 
Temmena avec lui en AUemagne. D franchit le Rhin, 
le30, pres de Spire, etdebuta, le 15 juillet, au 
si^ge de Rothembourg. Le 3 aout^ Jl corabattit k 
Nordlingen : le lieutenant-<;olonel.4jjfc<Gherizy y fut 
blesse. Le regiment rentra en FraiieeLapr^s la prise 
de Dunkespiel €t de Heilbronn , et il fit la cam- 
pagne de 164CT|rrFlandre, oil il coptribua k la re- 
duction de Courtrai, Berghes, Mardyck, Furnes et 
Dunkerque. Le prince de Conde raourut le 26 d6- 
cembre de cette annee , et la propri6t6 du corps fut 
accord6e, par brevet du 31 , k son fils Louis II de 
Bourbon , le grand Cond6. 

II suivit cet illustre chef, en 1647, dans la Cata- 
logue. Embarque le 19 avril a Agde, il arriva le20 
au m61e de Barcelone , et fut aussitdt employ6 au 
si^ge de Lerida. 

€ Monsieur le prince , convert de gloire et fier 
des campagnes de Rocroi , de NordHngen et de Fri- 
bourg , pour insulter la place et le gouverneur ( don 
Gregorio de Brito) , fit monter la premiere tranch6e 
en plein jour par son regiment , a la tdte duquel 



4 H18T0IRB 

marchofent.yi&g|«'quatrc violons , comrae si c'eut etc 
pour une lioce. 

€ La nuit venue , nous voila tous a goguenarder, 
DOS violons a jouer des airs tendres , et grande chere 
• partout. Dieusait lesbrocardsqu'on jetoit au pauvre 
gouverncur et a sa fraise , que nous nous promettions 
de prendre Tun et I'autre dans vingt-quatre heures. 
Cela se passoit a la tranchee, d'oii nous entendimes 
un cri de mauvaise augure , qui partoit du rempart, 
et qui repeta deux outrois fois : Alerte, a la muraille! 
Ce cri fut su^^^j||ne salve de canon et de mousque- 
terie, et cettewlva <i*une vigoureuse sortie qui, apres 
avoir culbute la tranchee, nousmenabattantjusqu'^ 
notre grand'garde. ' *^ 

« Le lendemain , Grt gorio Brice envoya par un 
trompette des presents de glaces et de fruits a Mon- 
sieur le prince, priant bien humblemei|t son Altesse 
de Texcuser s'il n'avoit point de violons pour r6pon- 
dre a la serenade qu'il avoiteu la bonte de lui donner ; 
maisque, s'il avoit pour agreable la musique de la 
nuit precedente , il l^cheroit do la faire durer tant 
qu'il lui feroit Thonneur de rester devant sa place. 
Le bourrcau nous tint parole ; et des que nous en- 
tehdions, alerter a la muraille! nous n'avions qu'i 
compter sur une sortie qui neltoyoit la tranche , 
combloit nos travaux , et qui tuoil ce que nous avions 
de meilleur en soldats et en officiers. Monsieur le 
prince en fut si piqu6, qu'il s'opinilitra, malgr^ ie 



DE l'ANGIENNB llfrAMTERlE FRAN^AISIft 5 

sentiment des officier8g6n6raux, kcontinuer un siege 
qui pensaruiner son armee, et qu'il fut encore oblige 
de lever assez brusquement 

« Nous flmes quelques couplets de ces L^rida , 
qui ont tant couru , afin qu'on n'en fit pas de plus 
mau\ais. Nous n'y gagn&mes rion; nous eAmes beau 
nous traiter cavali^rement dans nos chansons, oil 
en fit k Paris, oil Ton nous traitoit encore plus mal«o 
{Memoires de Gramont.) 

Aprfes la lev6e dii si6ge de L^rida , Cond6 servit 
k la prise d'Ager at au secours de Constantin. II re- 
passa ensuite les Pyr6n6es , et vint faire la campagne 
de 1648 en Flandre. On le Irouve au mois de mai 
au siege d'Ypres, bti il perd son colonel-lieutenant 
M. de Vieuxpont et le capitaine de Fresnel, et le 19 
aout il se couvre de gloire k la bataille de Lent,. 
Charg6 par la cavalerie espagnole , qui avait pen6 " * 
jusqu'i la 2* ligne franijaise , il Tarrfita sur la poin 
de ses piques et la mit en d6sordre. Le regiment 
termina cette campagne par le siege de Furnes , oil 
p6riUe capitaine de Rochette. Au mois de mars 1 649, 
Coiide faisail partie de Famine de Picardie comman- 
d6e par le marechal du Plessis-Praslin. 11 passa en- 
suite sous les ordres de Monsieur le prince, et fit au . 
mois d'aout le si6ge de Conde. A la fin de cette ann^ 
n6e , Monsieur le prince s'etant broiiille avec le car^- 
dinal Mazarin, son regiment, conduit par le lieute- 
nant-colonel de Saint -Micauld, alia s'enfermer 
dans Seurre , ville du gouvernement de Bourgogpe^ 







* 



6 HISTOIRI 

6rig6e en duche sous le nom de Bellegarde (1). Le 
corps, qui avail et6 casse par ordredu 20 Janvier 1650, 
y fut assi6g6 au mois d'avril par I'armee royale, et ca- 
pitula le 19. II fut licencie le 21 , et ses debris , ainsi 
que ceux du regiment d'Enghien, all^rent joindre a 
Steney le vicomte de Turenne , avec lequel ils com- 
battirent a Rh^tel au mois de decembre. Aprfes le 
depart de Mazarin pour Cologne , le regiment fut 
r6tabli par ordre du 26 fevrier 1651 , mais il fut de 
nouveau cass6 le 13 septembre, et depuis ce jour 
jusqu'a la paix des Pyrenees , il a suivi la fortune de 
son chef dans les rangs espagnols. 

II se trouva ainsi , en 1 652 , au combat de Ble- 
neau, puis a la defense d'Etampes, oii le colonel- 
lieutenant , marquis de Montal , et le major Dumont 
p6rirent en faisant des prodiges de valeur. II se 
v^retira ensuite a Paris, d'oii il sortit , le H fnai , avec 
■^i6 regiment de Bourgogne et une armee de bourgeois 
pour aller attaquer Saint-Denis que defendaient 
quelques compagnies des Gardes Suisses. Le combat 
dura deux heures , et la ville fut emport6e d'assitit; 

" ' II . M i « I " l ■ 11 ■ I 

M 

(1) Le coloDel-lieutenant de Ch^rizy ne prit point parti, et fut 
* fait mar^chal de camp le 15 aoiit 1652. Le lieutenant-colonel de 
_^Saint-Micauld remplaga M. de Mootal, tu6 k la defense d'Etampes, 
mais son grade ne ful reconnu qu'en 1660. 11 est doTCuu brigadier 
le 27 mars 1668. Charles de Hontsaulnin, comte de Montal, rem- 
pla^a Saint-Micauld conune lieutenant-colonel ; son grade fut re- 
connu en 1659; cet officier est devenu mar^chal de camp le 15 
avril 1672 et lieutenant-g^n^ral le 25 f^Trier 1676. 






DB L^ANGIENNE INFANTERIE FRANflAISE. 7 

mais les troupes royales y rentrerent d^s le lende* 
main, et I'Abbaye ayant du capituler trois jours aprte, 
Ic regiment re\int a Paris. II y combattit avec valeur, 
le 2 juillet, au faubourg Saint-Antoine , et se dirigea 
ensuite vers la Qiampagne. II contribua k la prise 
de Sainte-Menehould , oil le grand Vauban , qui fai- 
sait ses premieres armescomme cadet dans ses rangs, 
commen^a k se faire remarquer. Le r6giment de 
Conde passa toute Tannic 1653 dans Sainte-Mene- 
hould ; il y soutint un si6ge au mois de novembre, 
et se refugia a Clermont en Argonne , qu'il defendit 
aussi en octobre et novembre 1654. II y subit une 
capitulation tr^s-dure le 23 de ce dernier mois etse 
trouva completement desorganis6, chaque soldat 
ayapt perdu ses armes et s'etant retire le b&ton blanc 
a la main. Un noyau dc soldats fiddles k la fortune 
du prince de Conde se rallia cependant, et prit part 
aux exploits accomplis contre nous par ce grand ca- 
pitaine pendant les quatre campagnes suivantes, 
notamment au secours de Valenciennes et k celui de 
Cambrai(l). .;. 

. L$i r^ment de Cond6 fut r^admis au service du 

(1) Le fils du grand Condi a fait peindre Thistoire de son p^re 
dans 1ft galerie de GhantiUy. Yoici le moyen ingenieux que Fartiste 
trouTa pour rappeler une partie delicate de la vie du h6ros. R pei- 
gnit la muse de I'histoire tenant un IWre, sur le dos duquel itait 
6crit : Vie du prince de Condi. Cctte muse arrachait des feuillels du 
liyre qu^elle jetait par terre, et tur oes feuillets on lisait : Seeours 
40 Valenciennes, Retraite de devant Arr^^ BataiUe des Dunes, etc. 



8 UISTOIRE 

roi le 7 novembrc 1650, mais il nc prit rang qu'k 
dater de cette 6poque , c'est-i-dire qu'il rccula du 
35' rang au 47*. II a servi , en 1667, a la prise dc 
Charleroi. 11 y fut laisse en garnison , et fit en 1668 
la campagne de Franche-Conite, apr6s laquelle il fut 
r^duit de douze compagnies a quatre. Retabli a seize 
compagnies en 1672 , il fit la premiere campagne 
de la guerre de HoUande dans Farmec de Monsieur 
le prince. Le 10 octobi-e, le prince d'Orange vint 
mettre le siege devant Woerden, et fit immediaie- 
ment attaquer le fort dc Warth , defcndu par trois 
compagnies d' Auvergne et une de Conde. II fut oblige 
dc se retirer avec perte devant cette poign6e dc 
braves. Le d^tachement de Cond6 se fit remarquer 
kc6te d' Auvergne, et perdit dans cette affaire le lieu- 
tenant de Lestorng. 

Conde passa la campagne de 1673 dans les places 
de la Hollande. II quitta Zutphen en mars 1674 
pour rallier I'armee de Monsieur le prince , et se 
montra digne de son chef h la bataille de Seneff. 
II y combattit encore aupres d' Auvergne, et fut de 
la grande attaque du village de Fay, qu*il futcharg6 
de garder jusqu'i la fin de la journee. Le colonel- 
lieutenant, marquis de Nesle, y eut une janibe em- 
portee; le lieutenant-colonel Daumont fut aussi 
blesse. En 1675, le regiment conlribua ila prise de 
Dinant, d'Huy et dc Limbourg : il se rendit k 
Treves au mois de juillet, perdit pendant son s^jour 
dans cetle ville le capitaine Fonteville tue dans une 



DE L AN€IEN?IE INFANTERIE FRAN^AISE. \9 

expedition sur Bidebourg^ et passa k la fin de Tann^e 
k I'armee du Rhin. II contribua en 1676 a la levee 
des sieges d'Haguenau et de Saverne, et prit part au 
combat de Kokersberg. II fitTannee suivante le siege 
deFribourg; setrouva en 1678 a Tattaque dupont 
de Seekingen et aux sieges de Kelh et de Lichtem- 
berg, et termina celte guerre en 1679 au combat 
de Minden. 

Conde servit en 1684 au si6ge de Luxembourg. 
Le 8 mai, jour de I'ouverture de la tranchee, il avait 
ete charg6 d'une fausse attaque sur le faubourg de 
Grump etla basse \ille. Ileut quatre officiers blesses 
k ce si6ge. Le 28 d^cembre 1686, le regiment devint 
la propri6t6de Henri- Jules de Bourbon, prince de 
Conde par la mort de son illustrc pero. 

En 1688, il fait partie de Tarm^e commandee 
par le dauphin, et sert au siege de Philisbourg oii le 
colonel-lieutenant marquis de Nesle (1) estmortel- 
lement ble8s6. On letrouve, en 1 689, en Flandre sous 
le mar^chal d'Humieres, ct il assiste au combat de 
Walcourl. E^finn^e suivante, il combat a Fleurus, 
avecle marecbal de Luxembourg. En 1691, il passe 
k Tarmfee des Alpes aux ordres de Cattinat, et con- 



^ (4) Le marquis de Nesle mourut le 18 noTembre, h Spire. II 6tait 
brigadier du25 feyricr 1677 et roar^chal de camp da 24 tof!Lt 1688. 
n fut romp^acc par le comte de Moutuiorency, remplac6 lui-meme 
en 1606 par sou irhrp, Ic chevalier de Moutmorency. Celui-ci est 
devenu brigadier 26 octobre 1704, mardchal de camp 29 mars 1710 
et lieutenantfg^neral 30 mars 1720. 



10 HISTOIBE * 

tribue k la conqufite du comt6 de Nice. II occupe en 

1692, \q^ ganiisons de Pignerol et de Suze, et en 

1693, il prend part a la victoire de la Marsaglia, oil 
il formait brigade avec le regiment de La Marine. 
En 1696, il sert au si6ge de Valencia, et y repousse 
una sortie le 29 septembre. II repasse les Alpes aprfes 
la lev^e de ce si6ge, se rend sur la Meuse et fait ja 
campagne de 1697 sous M. de Boufflers. 

Port6 a deux bataillons par ordre du 1*' fevrier 
1701 , Conde fit cette premiere campagne de la 
guerre de la succession d^spagne, dans les places 
desPays-Bas. II se rendit en 1702 i Strasbourg : il 
partit de la au mois de septembre a\ec Yillars pour 
le pont d'Huningue et combattit a Friedlingen. II 
servit sous le m6me g6n6ral en 1703, au si6ge 4e 
Kelh, k Tattaque des lignes de Stolhofen etau pas- 
sage de vi^ft' force des defy^s de Hornberg. II de- 
meura quelque temps a Ulm, pres de Telecteur de 
Bavifere; a la fin de mai il accompagna ce prince a 
Munich, et fut de I'expedition du Tyrol qui se com- 
l^maiti^vec la marche du due de Yecid^me dans le 
'*|S8y8 de Trente. Conde se distingua a la prise de 
" Kufstein, qui fut emport6 avec son€h4teau en moins 
de deux heures, puis a Fattaque de Rottemberg et a 
la prise dlnspruck, Revenu en Bavifere, il contribua^ 
encore cette an nee a la prise de Kempten et 
d'Augsbourg, et eut ses quartiers d'hiver dans^jette 
derni^re ville, dont le lieutenant-colonel de Salere 
fut nomme commandant. W 






•ff- 



BE l'angienne infanterie fran^aisb. 11 

En 1704, le dep6t du corps, formdnt un 3® ba- 
taillon, ful envoye au comte de Coigny qui avail 
quelques troupes sur la Moselle, mais il se Ifouva 
en si mauvais etat qu'on fut oblige de le mettre en 
garnison a Strasbourg. Les deux autres bataillons f u- 
rent separes. Le T' fit partie de I'arm^e de Marchin, 
et le 2* fut plac6 sous les ordres de Tallard. Celui-ci 
fit au mois de juin le siege de Willingen, et tons les 
deux se trouverent a la bataille d'Hochstedt, mais 
avec des chances diffcrentes. Les debris de Conde se 
ralli^rent sur le Rhin et furent mis en garnison au 
Fort-Louis. 

Le regiment servit en 1705 en Alsace, etipi&sa la 
plus grande partie de lacampagne a Schweighausen. 
Villars reprit Toffensive en 1 706 ; le regiment Taida 
a faire le blocus du Fort-Louis, a la prise de la ville 
et des retranchements de Drusenheim, k la soumis- 
sion de Lauterbourg et d'Haguenau, et k la conqufite 
de rile du Marquisat. Conde passa en 1 707 a Tarm^e 
de Flandre. 11 corabattit en 1 708 k Audenaerde, et 
ses grenadiers prirent part a I'attaque et k la prise 
de Leffinghem. Le colonel-lieutenant, chevalier de 
Montmorency, fut fait prisonnier dans cette affaire, 
mais il parvint a s'echapper des mains de I'ennemi. 
Pendant le siege de Lille, le regiment servit sur la 
Lys avecl^comte de La Mothe. En 1709, il retourna 
sur le Rhin et fut place dans les lignes de laLauter, 
k Scherbach. Un d6tachement prit,|)ati^au. glo- 
rieux combat de Rumersheim. Le 15 septeiiibre de 



12 HISTOIRE 

cette ann6e, Louis-Henri de Bourbon-Cond6, due de 
Bourbon, succ6daason p^re en qualite de colonel- 
proprl6taire. Ce prince fut remplace lui-m6me, le 
1" avril 1710, par son fils, qui porta les mfimes 
pr^noms et le m6me titre que lui (1). 

Cond6 demeura dans les lignes ou k Lauterbourg 
pendant les campagnes de 1710 et 1711. U servit 
en 1712 en Alsace, et en 1713 ii fit les si6ges de 
Laudauet deFribourg. Ilrecut, le 1" Janvier 1714, 
les d6bris du regiment de Monf ereau . 

En 1727, le regiment etait au camp de la Moselle. 
Appel^ en 1733 a I'arm^e dltalie, il servit celtc 
ann^e k la prise de Gera d' Adda, de Pizzighetone et 
du chateau de Milan. II se distingua le 23 octobre 
k la prise du chemin convert de Gera d'Adda. En 
1734, il contribue a la prise de Tortone et de No- 
varre, combat le 29 juin k Parme, oil le colonel- 
lieutenant d'Hautefort a la main perc^e par uneballe, 



(1) Le 2* due de Bourbon mit h la tSte de sod r^^iment le mar- 
quis de Montboissier, pass^ en 1712 aux Mousquetaires, et qui de- 
Tint brigadier le I*' f6vrier 1719, mar6chal de camp le20 f6vrier 
1734 et lieutenant-gendral le 1" mars 1738. II fut remplac6 par le 
comte d'Angennes pass^ en 1713 au regiment de Norman die. A 
celui-ci succ^da le comte de Surville, remplac6 lui-^iiftnie^par son 
fr^re, qtti t-appela d'abord comme lui comte de Sur^iUe, prit le 
titre de iifrqAiB d'Hautefort en 1727 et devint brigadier 1®' aodt 
1734 ^iok^^al de camp 1*' jnuTier 17 iO. 

Andri-ieili de Pommerol de Graves, lieutenant en 1687, ftit 
faitlieutJShiuit-coloDel2d6cembre 171 3 et brigadier r'fdvrierj^^d* 



DE l'anciknne infanterik fran^aise. 13 

coopere a la souinissiodr^de Mod^ne au mois d'aout, 

et assiste en septembre k la sanglante bataille de 

^ Guastalla. II fait en 1735 les sieges de Reggiolo et 

" de Gonzague, et rentre en France au mois d'aout 

1736. 

Le 21 f6vrier 1740, le regiment 6chut en heri- 
tage a Loui»-Joseph de Bourbon, le dernier des 
membres de cette illustre maison qui ait porte le 
titre de prince de Conde. Ce titre ^crasaot, que son 
pcre et son grand-pere n'avaieni pas of>^ prendre, 
celui-ci le Justifia par des talents r6els pour la guerre 
et quelque gloire ; mais la fatalite qui s'attache a cer- 
tains noms, voulut que le Conde du xyni* si^cle prit 
surtout ses titres au souvenir de la post^rite dans le 
camp ennemi, comme general de Temigration, de 
mSme que les G)nd6 du xvii'' siecle s'etaient plac^ 
au premier raog des mecontents et des frondeurs, 
et les Cond6 du xvi* k la t^te des protestants. G'est 
ainsi que les membres d'une grande famille, sans 
croire devier du droit chemin , mais influences k 
leur insu par le besoin de resister a tout amoindris- 
sement de leur importance personnelle, peuvent se 
f rouver tour k tour, et suivant les temps, plus r6vo- 
lutionnaires que le peuple ou plus monarchiques 
que le roi, et agir toujours a Tenvers de la marche 
g6n£rale de la nation. 

Le Douveau prince de Conde 6tant encore en- 
fant, le coaimandement du regiment fut confix au 
marqi& de La Tour nolle, I'obscur mari de la cel^ 



14 HISTOIRB 

bre duchesse de Ch&teauroux. Quand ^clata la 
guerre de la succession d'Autriche, Cond6 fut en- 
voys k I'armee de Flandre, oil il fit les canipagnes j) 
de 1741 etde 1742. Au commencement de 1743, il 
fut dirige sur 1' Alsace et prit d'abord des cantonne- 
ments dans les villages de Kleingenmunster et Glei- 
senzel prSs de Landau. II rallia bientOt Tarmde du 
marSchal de Noailles et se trouva le 27 juin a la ba- 
taille de Dettingen, oiivil perditson colonel-lieute- 
nant, le marquis de Sabran, trois capitaines et un 
lieutenant; huit autres officiers furent blessSs, Aprfes 
cette affaire 9 il fut mis en garnison k Landau. Le 
23 novembre, les deux compagnies de grenadiers 
et deux piquets, avec un detachement de m6me 
force du regiment Suisse deMonnin, executSrent un 
heureux coup de main de Tautre c6t6 du Rhin sur 
les magasins de Farmee autrichienne entass6s k Et- 
tingen. Tout fut pris, materiel et personnel. En 
1744, Cond6 se conduisit avec distinction a la re- 
prise de Weissembourg, aux combats d'Augenheim 
et de Reichewaux et au siege de Fribourg. II passa 
au mois de septembre en Ravi^re avec le comte de 
S6gur et eut ses quartier^* d'hiver a Ratisbonne. II 
combattit bravement en 1745 k Pfaffenhofen et 
dans diverses rencontres pendant la retraite qui sui- 
vit ce combat , et a son re tour sur le Rhin, giu mois 
d'avril , il fut plac6 sous les ordres du prinoe de 
Conti. En jyillet 1746, il futappele sur tesr Mpes et 
employ^ pendant Thiver k la defense de la Pro* 



DE L'ANa]i!l||l;''liNFANTERIE FRAN^AISE. 15 

vence envahie par les Autrichiens et les Piemon- 
tais. Lorsque ceux-ci eurent 6te contraints a repas- 
ser le Var, le raiment ^rvit a la reprise des lies 
Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, et il y contribua 
de ia maniere la plus brillante. II se rendit ensuite 
au camp de Tournoux, et se fit encore reraarquer 
par sa valeur le 19 juillet a Tattaque des' retranche- 
meots du col de I'Assiette. II demeura sur cette frofi- 
tiire jusqu a la paix (1). 

Eo ilMy Condefait gartie du camp d'Aimeries 
sur Sombre. 11 sert en 1757 sous le mar^chal d'Es- 
tr^^^qui gagne, le 24 juillet, la bataille d^Haas- 
tembeck; il accompagne ensuite le marSchal de Ri- 
chelieu k la conquSte du Hanovre, prend part a 
toutes les operation^ de ce general jusqu' a la con- 
tention de Closterseeven , et quitte le 7 octobre le 
camp d'Halberstadt avec le due ^e Broglie poiir al- 
ter renforcer I'arm^e du prince de Soubise. II par- 
tage la mauvaise fortune de celte armee k Rosbach, 
et retourne aussitdt apres cette fatale journee k Tar- 
mee de Hanovre. On le trouve en Janvier 1758 k la 
surprise d'Halberstadt, au ravitaillement du chateau 
de Raggenstein et k Tattaque de Quedlimbourg. Re- 



(I) Le regiment avail pour colonel-lieutenant pendant cette 
guerre, le marquis de Langeron, brigadier 5 juia i747, mar^chal 
de camp i^ mai 1758 etlieutenaiit-g6n^ral 25 juillet 1762, et pour 
Ueotenant-colonel Louis d'Arras d'Haudrecy, capitaine en 1714, 
Ueotenaat-colonel 14 mai 1743 et brigadier T' Janvier 1748. 






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16 niSTOiRJS ^ 



venu peu apres sur la rive gauche du Rhin, il y de- 
meure cantonn6 pendant tout le restc de la campa- 
gne. En 1759, il est de Tarmee du malr^chal de 
Contades el fait presque tous les frais de la bataille 
de Minden le T' aout, ou il eftt etc an6anti sans le 
secours des troupes saxonnes. Plac6 k rextr6rue 
gauche, il eut pendant presque toute la journee sur 
les bras les divisions hanovricnnes et leur resista 
avec une inebranlable fermete. Le regiment perdit k 
Minden le capitaine de Mezi^res et les lieutenants 
Chartron et Larmandrie. Parmi les bless6s se trou- 
vaient le colonel-lieutenant comte de Maill6 (^), le 
lieutenant- colonel de Laborde, les capitaines du 
Broca, de Vilson, Daix, Saint-Monlan , La Devfeze, 
Ronchaux, de Vesins, du Bouzet, de Linc6 et quatrc 
lieutenants. Apr^s cette lutte terrible, le regiment, 
hors d'6tat de continuer la campagne , fut mis en 
garnison k Cassel et ne prit aucune part k la guerre 
jusqu'en 1761. Au mois de mars de cette ann6e, il 
contribua k la d6fense de Cassel ; il se distingua a la 
sortie <lu 7, dans laquelle le capitaine de Salgues (2) 
fut frapp6 d'une balle dans la poitrine. A I'ouver- 
ture de la campagne, le r6giment joignit le corps de 

(1) M. de Maill6 fut nomin^ mar^chal de camp le 3 jasvier 1770. 
Son successeur, le comte de la Belinaye, est devenu brigadier le 
l**' mars 1780 et mardchal de camp le 1*' Janvier 1784. 

(2) Guy Augustin de Salgues, enseigne en 1746, major 16 aoilt 
1761, lieutenant-colonel 18 avril 1776, brigadier 1®' mars 1780 et 
mar^chal de camp 1*' Jantier 1784. 



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OE l'aNC1£N!IB mFANTERIE FRANgAISE. 17 

reserve, dont le prince de Conde avait le comraan- 
dement. II fit au mois de septembre le siege de 
Meppen, el il contribua le 30 aoAt 1762 au succ^s 
du combat du Johannisberg. 

A sa rentree en France, il fut mis en garnison 
dans la ville de Gond^, qu'il quitta en mai 1763 
pour aller k Givet. 11 se rendit de 1^ k S^dan en mai 
1764, k Mezi^res en novembre de la m6me ann6e, 
et en juillet 1765 il fut appele au camp de Gompi6- 
gne, que commandait le prince de Gond^. Apr^ la 
lev6e du camp, au mois d'aout, le regiment fut en- 
lyfifj^ k Blaye, puis k Bayonne en avril 1766, a Tours 
^^ juin 1767, k Dunkerque en novembre 1767, k 
Aire en octobre 1 768 , k Thion ville en octobre 
1769, k Quimper en Janvier 1771, a Aire au mois 
de juin et k S6dan au mois d'octobre de la mfime 
ann^, k Givet en octobre 1773, k Lorient et Port- 
Louis en octobre .1774, et a Brest en novembre 
1777. A cette 6poque, sauf deux compagnies resides 
k Bellisle, le regiment fut embarqu6 presqu'en 
entier sur diverses escadres. La plus forte partie 
etait k bord de la flotte du comte d'Orvilliers et se 
trouva le 27 juillet 1778 a la fameuse bataille na- 
\ale d'Ouessant. Le lieutenant de Buheran y fut 
bless^ sur VArtesien. Un detachement monte sur le 
vaisseau de 74, le Triton, commande par le comte 
du Ligondez, prit part, le 20 octobre, au glorieux 
combat soutenu par ce capitaine centre un vaisseau 
elune frigate britanniques, qui se retir^rent des- 

PE l'aHC. ITfTAIITERIE FRANgAISE. T. Tl. 2 



18 IliSTOlRE 

cmpar^s apres trois heures de lutte. Le capitaine de 
Puymartin, le lieutenant Desaigues etle sous-lieute- 
nant d'Ausillon merit^rent d'etre cit6s pour leurbril- 
lante conduile dans cette affaire. 

A la fin de 1778, Conde fut envoye k Schlestadt. II 
y arriva en novembre , et se rendit k Phalsbourg eta 
avril 1779, a Strasbourg au mois de novembre, k 
Cambrai en novembre 1781, a Douai en novenibi^ 
1783, a Redon et Vannes en avril 1784, et a Lille 
en novembre 1785. Le 1*' bataillon 6tait encore 
dans cette ville en 1789, lorsqu'on apprit que le 
prince de Conde , donnant le signal a T^migration', 
avait quitte Paris le 16 juillet. Gette nouvelle pro-' 
duisit une agitation trfes-vive dans le regiment, dont 
les soldats auraient, dit-on, lacere dans leur indi- 
gnation tons les insignes qui rappelaient leur colo^ 
nel. Ce qui est certain, c'est que le 1" bataillon 
regut subitement le 27 aout Tordre de quitter Lille 
et de se rendre a Boulogne, oil il fut rejoint pat le 
2« bataillon, qui avait ete appel6 a Rouen pendant 
les troubles qui se termin^rent par la prise de la 
Bastille. Ce 2® bataillon fut d6tache k Aire en sep- 
tembre 1790, et, au mois de juin de Tann^e sui- 
vante, le regiment tout entier se mit en route pour 
Melz, d'oii il passa a Montm6dy en Janvier 1792 (1). 

(1) Le colonel deLiguiyille, qui le commandait aiors,fQt nomtng 
mar^chal de camp le 5 f^vrier 1792. M. de Villione est aussi de- 
Tenu officier g^n6ral en 1793. 



DE l'aNCIENNE i?lFANTERIE FRANgAISE. 19 

Quelques mois plus tard, le 1" hataillon fetak k 
Vnmtie du Nord. II se distingua ]e 23 mai au com- 
bat d'Hamptine. Los grenadiers y repoussferent deux 
fois Tavaut-garde autrichienne et ne ced^rent qu*a 
une troisieme attaque. Us se replierent alors en bon 
ordre sur Saint-Aubin , oil se trouvait le reste du 
bataillon. Celui-ci, apres une defense energiquede 
ce tillage dirigee par le colonel VillionCj fit sa re- 
traite sur Philippeville. Apres la bataille de Valmy, 
ce batailloD passa a Tarm^e de la Moselle el servit 
daos les eiivirdm de Trfeves sous le^general Beurnon- 
ville. En 1793, il se distingua tres-particulierement 
au combat d'Haguenau et a la reprise des lignes de 
Weissembourg. II servit en 1 794 dans le Palatinat^ 
et entra le 20 juin dans la composition de la 109* 
demi-brigade. 

Le 2* bataillon de Conde a toujours servi aux ar- 
meesde la Moselle ou du Rhin. II se couvrit de gloire, 
le 30 decembre 1793, dans un combat livre a quatre 
lieues de Mayence, ou il attaqua hardiment et dis- 
persa les postes cnnemis. Ce bataillon a 6te verse le 
3 mai 1794 dans la 110* demi-brigade. 

Les drapeaux de Conde avaient deux quai:tiers 
bleus et deux quarliers ventre de biche, couleurs 
de la famille dont le regiment portait le nom. 

Son ancien uniforme se composait d'habit et cu- 
lottc blancs, parements, collet et veste rouges, bou- 
lons jaunes, pattcs ordinaires garnies de cinq bou- 
tons, autant sur la manche, chapeau borde d'or. De 



20 HISTOIRE 

1776 k 1779, il porta le collet jaune pour se distin- 
guer des autres regiments des princes qui avaient 
comrae lui la couleur rouge ecarlate aux revers et 
aux parements. 



DB l'aNGIENNE INFANTERIE FRANgAlSE. 21 



RIGIMENT DE BOURBON. 

56* RjgGIMENT d'iNFANTERIE. 

Irunl 

COLONELS ET COLONELS-LIEUTENANTS. 

I . Dac D*ENGHIEN (Louis II de Bourbon-Cond^ ), 8 juillet 1635. 
3. DE LA ROBERTl£:aE ( N. ), 31 d6cembre 1646. 

3. DE CHAMBELLAY ( Fraagois Sidrac ), 26 feVrier 1651. 

4. Marquis de TERMES ( N. de Saint-Lary ), 26 octobre 1667. 

5. DE LA MOTHE ( Charles Guillaud ), 8 avril 1772. 

6. Marquis de VILLANDRY ( N. Le Breton ), 1084. 

7. Marquis DE VIEUXPONT (N. ), 1690. 

8. Marquis de VIEUXPONT ( Guillaume-Alexandre ), 4 novcm- 

bre 1690. 

9. Comte de VIEUXPONT ( N. ), 26 octobre 1704. 

10. Comte DE MONTMORENCY-LAVAL ( Guy-Claude Roland ), 

1703. 
il. Marquis de FIMARCON ( Aimery de Cassagbet de Tilladet ), 

6 mars 1719. 

15. Comte DE LA TOUR DU PIN-LA CHARGE ( Ren6 ); 21 f^vrier 

1740. 

13. Comte de VAUX ( Francois de Retournac ), 21 mai 1748. 

14. Marquis de BROC ( Michel-Armand ), 1«' f6vrier 1749. 

13. Comte de RABODANGES ( Jean-Henri ), 30 noyembre 1761. 

16. Marquis de LA TOUR DU PIN-GOUVERNET ( Ren6-JeaQ ), 

13aTrill780. 

17. Comte de CANILLAC ( Ignace de Beaufort de Montboissier ), 

12juio 1782. 

18. de FRANCVAL ( Pierre-Louis-Simon ), 23 juillet 1791. 



22 UISTOIRE 

19. ComteDE RUAULT DE LA BONERIE ( Jean-Bap' istc-Andr6^ 

Isidore ), 21 octobre 179!. 

20. DE SAINT-QUENTIN ( Claude-Marie ), 14 Janvier 1793. 

Le regiment de Bourbon a subi les m^rnes vicis- 
situdes que le precedent; il a comme lui perdu les 
avantages de son anciennet6 par suite de la rebellion 
du prince de Cond6, Le tort qu'il en eprouva fut 
ra6me plus considerable que celui du regiment de 
Cond^ , car il 6tait plus ancien que lui de neuf ans. 
II avait. en eflfet, 6te lev6 le 8 juillet 1635 par le 
jeune due d'Enghien, depuisle grand Cond6, qui, 
a cause de sa jeunesse, n'inspirait pas a Richelieu 
les memes sentiments de defiance que le cardinal 
ressentait pour son pere. 

Le regiment d'Enghien debuta, en 1636, en 
Franche- Comte ; il commenga a faire parler de lui 
au siege de Dole. Le capitaine La Tour du Bost et 
I'enseigne Pingonnet y furenl tues, le capitaine do 
Chabannes et le lieutenant d'Aubigny blesses, en 

I i 

ropoussant une sortie le 13 juillet. Le regiment s'e-' 
tait laisse surprendre dans les tranch6es, et il e6t 
subi un rude echec sans Tarrivee de Picardie. Au 
mois de mars 1637, Enghien se distingue dans un 
combat livre dans la Bresse , sous les chateaux de 
Cornaud et de Vaugrigneuse ; les Francs-Comtois y 
furcnt mis dans unc deroute complete. Au mois de 
juin , il est au si6ge de Lons-lc-Saulnier. Le 25, il 
s'empare avec Normandie du fort du faubourg Saint- 



DE l'aNCIENNE INFANTBRIE FRANgAlSE. 23 

Desire, et il en a la garde jusqu'§. la fin du siege. En 
juillet , il eraporle la ville et le ch&teau de Clerval : 
tous leg d^fenseurs sont passes au fil de I'^.p^e; trois 
drapeaux et deux cornettes restent dans les mains des 
vaioqueurs. Le regiment se rend de 1^ devant Saint- 
Laurent de la Rocti'e, et termine la campagne par 
la prise de cette ville et de Bletterans. L'annee sui- 
Taote J il passe a I'arm^e de Guyenne qui ^'assemble 
i SaintrrJean-rde-Luz , etqui, le 1" juillet, cherche 
h fiancbir la Bidassoa. Enghien donne au gu6 de 
Behobie. Le borddela riviere, naturelleraent releve, 
etait encore fortiQe de deux redoutes prot^g^es elles- 
mtoies par le canon de Fontarabie. Le combat fut 
opioidtre, mais enfin les Espagnols, « etjnnes du cou- 
rage des Francois, qui pass^rent la riviere all^gre- 
meat, bien qu'ils fussentdans Teau jusqu'a lacein- 
ture, pli^rent et s'enfuirent vers Irun, i oil Enghien 
enlra p4le-m61e avec les ennemis. Le regiment , sans 
s'amuser au pillage , les disperse dans les bois et se 
rend maitre d'un pont important^^^sur la communi- 
cation de Fontarabie. Cette brillsini^ affaire ne coiita 
au ccmps que le major La Yezerie fi|(&,dans la pour- 
sfj^fiL% of&ciers et une quinzaige de soldats fu- 
rapi^me^s. Enghien servit avec la m6me vigueur a 
la prise du fort du Figuier, du port du Passage et a 
celle de Fontarabie. Le 8 aout, 300 hommes de la 
gamison de cette derni^re place font une sortie le 
long de la mer, qui etait basse, et viennent attaquer 
les posies d'Enghien. Six compagnies , conduitespar 



1* 




24 HISTOIRE 

le capitaine M6netreux , accourent , clilbutent les 
Espagnols dans leurs fosses , en tuent une parlifc^t;t 
font trente prisonniers. Le regiment termina cette 
glorieuse campagne par le siege de Gattari; il se 
logea , par un brillant coup de main , sur la contres- 
carpe , mais il eut la douleur de voii* tons ses travaux 
perdus par suite de la terreur panique qui s'empara 
tout h. coup de quelques bataillons de nouvelle lev6e. 
Enghien servait, en 1639, dans le RoussiiloD* II 
y coop6re k la prise du chMeau d'Hautpoul , et aux 
sieges de Salces et de Tantavel. Le 17 septembre , le 
capitaine de Troys est tue dans un combat livr6 entre 
Salces et Rivesaltes. Le 20 , le regiment entre dans 
Salces et y est assieg6 le mfime jour. Dans une sortie 
qu'il fit le 27 , il mit dans une affreuse d6route le 
regiment espagnol du comte-duc d'Olivares <^ift fleur 
de rinfantorie castillane. Les capitaines Saint-Mi- 
caud , Crespan et Savillan se couvrirent de gloire ce 
jour-li. 

En 1640 , Enghien servit en Guyenne. II retourna 
rann6e suivante en Roussillon. II occupa Caoet le 6 
juin, et marchJTensuite au siege d'Elne, oi j^rit J^ 
.capitaine de Belouzes. En fevrier 1642,ii^ouJ^Qiyi^ 
combat terrible pr6s de Perpignan : presque tdu's^ 
officiers y sont tu6s ou bless68 ^ ce qui Tempfiche de 
servir activement au siege de Collioure; mais il 
prend bientot sa revanche devant Perpignan , et le 7 
septembre il a I'honncur d'entrer, avec les Gardes 
Francises et Suisses, dans la capitate du Roussillon. 

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"i 



DE l'aNGIENNE lllFANTiERlE FRANQAISE. 25 

Au commencement de 1643 , pendant que son 
jeune chef allait sur une autre fronti^re , dans les 
champs de Rocroi , attacher a son nom une gloire 
immortelle , le regiment, sous la conduite du mestre 
de camp en 2® La Roberti^re, marchait au secours 
de Mirabel , livrait , le 1*' mars , un combat acharne 
oil etaient blesses le lieutenant Anturin et les ensei- 
gnes Roquemont et Desgranges , et faisait encore 
lever le si6ge de Flix. 

En 1644, le regiment rejoint le due d'Enghien en 
Champagne ; il contribiie k la prise de piusieurs pe- 
tites places du Luxembourg et marche au secours de 
Tarm^e d'AUemagne, qui n'avait pas et6 assez forte 
pour emp6cherla prise de Fribourg. II se signale, 
entre tous, aux combats livres pendant trois jours 
autour de cette ville. Le premier jour, 3 aoiit , il 
commence a la droite Tattaque des i^tranchements 
des Bavarois ; conduit par le lieutenant-colonel de 
Chamilly, il force les premieres palissades, donne 
sur les redoutes et , aprfes une action des plus meur- 
triireSy reste maitre des retranchements. Ce jour-Mi, 
les pertes'du regiment furent immenses. Parmi les 
morts se trouvaient les capitaines Lisle-Dugast , Af- 
concey et Descros; le capitaine Feuillans et Ten- 
seigne Sersigny 6taienl raortelleraent blesses. Un 
Clisson , enseigne de la compagnie colonelle, fut tu6 
sur le parapet d'une redoute aprfes y avoir plant6 son 
drapeau. On comptait parmi les blesses le major Lan- 
denay, Jk capitaines de Ghazans , La Magdeleine , 



^ HlSTO^ftfi 

Fontdouce-Moricourt , Lestang , Dubreviil , Molan , 
etles lieutenants Chabert, Beaumont, Lanty, Bar- 
nette et Desfontaines. Dans le combat du 5, leregi-f 
naent perdit encore les capitaines Crespan et Souaii^ 
le lieutenant de Bar et les enseignqs Chateau lb iers, 
Duval, Cbannbin et de Ternay; les c^pitaine^ Saintr 
Micaud et de Cherizy, depuis places a I4 tfite (JiJ 
regiment de Conde , y furent blesses." 

Enghien termine cette sanglante Cjaippagne pa(r la 
prise d^Philisbourg, de Germesheim , de Spire, oil 
le lieutenant Lavernet est (Jangereus^ment atteint 
par un boulet, de Worms, KjeTMayence ^t de Landau. 
En 1645, le regiment combat k Nprdlingen; i} 
entre ensuite en garnison a Philisbourg et y passe la 
campagne de 1646. 

A \^ fin de cette ann^e , le due d'Enghien deviept 
prince de Cond6 par la mort de son pere , et 1^ pror 
priete du corps passe au nouveay due d'Enghien , 
Henri-Jqles de Bourbon, encore enfant. Le com-f 
manderaent du regiment fut en m6me temps donne 
a M. do La Bobertiere, qui exerga en qyalite d^ 
mcslre de camp-lieutenant. 

Jlnghicn suit, en 1647, le prince de Conde en 
Catalogue et sert au siege de L6rida. L'annee sui-r 
vante , il arrive en Flandre et se jette dans Saint- 
Quentin et Guise k I'approche de Tarmfie espagpole. 
II rallie n^anmoins Tarip^e peu de temps apr^^^ 
combat a Lens le 19 aout , et des le 27 il est a Yiur 
vestissement de Furnes , que M. de La RQbojrtiere 



DB L^ANGIENNe INFANTIORIE FRAN^AISE. %1 

est chaise de diriger. II sert encore, en 1649, sur 
celte fronliere , se trouve le 25 aout a la prise dp 
Cond^, se laisse entratner, k la fin de cette av\n&^y 
dans la revolte de Monsieur le Prince , et se retire en 
Bourgogne, Casse par ordre du 20 fevrier 1650, r6- 
tabli un instant sur le contrdle de Tarmee par lettrip 
du 26 fevrier 1651 , il est de nouveau liceqcie le 13 
septembre, et depuis ce jour jusqu'a la paix des 
Pyrenees , il combat contre la France. 

On le trouve, en 1652 , aux affaires de Bleneau 
et d'£tampes , et a la bataille du faubourg ^aint- 
Antoine. Apres cette journee , la plus forte partie du 
corps se rend en Guyenne, et defend en septembre 
et octobre la ville de Marenneso Au commencement 
de 1653 , elle passe dans le Limousin , est defaite au 
mois de fevrier au combat de Saint-Robert, et se re- 
fugie a Sarlat , oii elle est atlaquee , le 23 mars , par 
le regiment de Champagne. Le lieutenant-colonel 
de Boismale, les capitaines Sainte-Foix, La Mothe 
et d'Abouville sont tues et le reste demande quartier. 
Le mcstre de camp de Chambellay (1) el tous les of- 
ficiers survivants entrent alors dans les troupes roya- 
les. La seconde fraction du regiment, qui, apres la 
bataille du faubourg Saint-Antoine, s'etait dirigee 
vers la Champagne , se signale a la prise de Sainfc- 
Menehould, et defend, en 1653 , celte place contre 



(i) IL de ChambeUay obtint, TanD^c suivante, le K'gimeiii do 
Tooraioe. 



28 HISTOIRE 

Turenne, qui met trente jours k la prendre. Aprfes la 
capitulation de Sainte-M6nehould , ce qui restait du 
regiment d'Enghien se jette dans Gambrai et y de- 
meure jusqu'^ la paix. 

Le prince de Gond6 et sa famille 6tant rentr^s en 
grftce en 1659, le regiment d'Enghien fut readmis 
k la solde du roi pour prendre rang apr6s le regi- 
ment de Cond6, mais il n'a 6t6 r6ellement remis sur 
pied que le 26 octobre 1667. II servit en 1668 a la 
conqufite de la Franche-Comte et fut r6duit aussitdt 
apres k quatre compagnies. 

*jPx)rte k douze compagnies en 1672, il est pass6en 
revue le 28 mai par le prince de Cond6 a Fismes, 
prfes de Rheims, et marche avec lui a la conqu6te de 
la Hollande. II contribue a la prise de plusieurs pla- 
ces, assiste au fameux passage du Rhin et acheve la 
campagne au camp d'Utrecht. Pass6 pendant I'hiver 
aux ordres du due de Luxembourg, il fait partie de 
Texpedition de ce g6n6ral dans la province de Hol- 
lande et occupe Culembourg, puis Ameyden, oil il se 
trouvait encore en mai 1673, lorsqu'il rcQut Tor- 
dre de se rendre devant Maestrichl. II prend part au 
siege de cette place, hiverne en Rourgogne, contri- 
bue en 1674 a la conquete definitive de la Franche- 
Comte , rallie , apres la prise de Resangon , I'armee 
du prince de Cond6 et combat a S^neff avec Au- 
vergrie. 

■L'annee suivante, Enghien fait partie de Tarmee 
de laMeuseet sertaux sieges de Liege, Dinant, Huy 



DE L^ANGIENNE 1NFANTER1E FRAN(A1SE. 29 

et Limboui^. II marche en^uite au secours de 1' Al- 
sace envahie depuis la mort de Turenne et contribue 
a faire lever les si6ges d'Haguenau et de Saverne. II 
est en 1676 au combat de Kokersberg. A partir de la 
campagne suivante ^ il a un bataillon en Flandre et 
un bataillon sur le Rhin. Le bataillon, qui servait en 
Flandre, assiste en 1677 a la prise de Valenciennes, 
a la bataille de r4assel et k la prise de Saint-Omer, ou 
le colonel-lieutenant est blesse d'un coup de feu k 
la tfete, et en 1678 aux si6ges de Gand et d'Ypres, au 
blocus de Mons et a la bataille de Saint-* Denis. 

Le 2* bataillon, qui servait en Alsace dans le corps 
particulier aux ordres de M. de Montal, fit, en no- 
vembre 1677, le siege de Fribourg, et se trouva en 

1678 au combat de Seckingen et k la prise de Kelh 
et de Lichtemberg. II fit encore la campagne de 

1679 en Allemagne sous le mar^chal de Gr6qui. 
Enghien 6tait, en 1683, a Saverne lorsqu'un ba- 
taillon rcQut Tordre, au mois d'avril, de joindre le 
corps d'armee que le marechal de Cr6qui rassemblait 
sur la fronti^re du Luxembourg. Le 8 mai 1684, ce 
bataillon ouvrit avec Champagne la tranch(^e devant 
Luxembourg, et pendant tout le reste du si^ge, il 
partagea les travaux de ce vieux regiment. II perdit 
devant cette place le lieutenant du Bichot ; le capi- 
taine de Thoury et deux lieutenants furent bless6s. 
L'autre bataillon avait aussi quitt6 Saverne en 1683 
pour se rendre k I'arm^e de Roussillon. II se trouva 
en 1684 au' combat du Ter, 6u par un feu des plus 



30 IllSTOIRE 

vifs il cmp^cha I'ennemi de se raJlier ; il monta plus 
tard h I'assaut de Girone et perdit son colonel-lieu- 
tenant, M. de La Mothe (1), dans une escarmouche 
qui suivit le si6ge de cette ville. 

A la mort du grand Cond6, en 1686, le nouveau 
prince de Conde ceda le regiment k son fils Louis 
Henri, due de Bourbon. Une ordonnance du 28 d6- 
cembre fit quitter au corps le titre d'Enghien et lui 
donna celui de Bourbon , qu'il a toujours port6 de- 
puis. 

En 1688, Bourbon fait partie de I'armee du dau- 
phin cl de la brigade de Feuqui^res, et se distingue 
au siege de Philisbourg. 11 y ouvre la tranchee le 
10 octobre a Tattaque du bas Rhin et pousse ses tra- 
vaux jusqu'aux palissades de Touvrage k cornes. II 
eut cc jour-la 15 hommes tues et 55 blesses. Le 17, 
les assicgcs font une sortie du c6t6 du cimetifere ; le 
regiment, ayaat a sa t^e le due de Bourbon et le 
prince de Conti , les charge et les force a se retirer 
dans le chemin convert. Le colonel-lieutenant, mar- 
quis de Villandry, fut legerement bless6 a la tete par 
tin eclat de grenade. Apres la prise de Philisbourg, 
Bourbon contribue aFoccupation des places deMan- 
h^im et de Fratickenthal. II sert encore dans le Pa- 



(i) M. de La Mothe avait ^t^ nomin^ lieutenant-colonel au r6ta- 
Misseuient du corps le 26 octobre 1667. 11 a-vait 6t^ fait briga- 
dier Ic 15 avril 1672, mar^chal de camp le 25 f^yrier 1676, et 
Iiculenant-g6n6ral le 28juin 1673. 



DE l'ANG&NNE im^AmlERlE FRANfAISE. 31 

' 9 

latinat en 1689, el des d6tachements du corps prcn- 
nent part a la defense de Mayence et i celle de 
Bonn. 

Bourbon est envoy6 en 1690 sur les Alpes; il y 
debute par la reduction de Cahours. Ce 17 aoiil, il 
aborde avec resolution et emporte une hauteur qui 
domine Saiuces ; M. de Vieuxpont, a qui le due de 
Bourboii vefaait de tlonner son regiment, fut tu6 k la 
tfete de ses glrenadiers en \oulant forcer une barri^re 
des retranche'ments de I'ennetni (1). Le lendemain, 
18, fill K^IPfe la bataifte de Staffarde. Bourbon, qui 
6tail a Taile droitc avec le regiment de Grancey, y 
culbuta et dfefit corapletement le cel^bre regiment 
espagnol de los Colorados , ainsi appel^ k cause de 
rhabit rouge des soldats. Le capitaine La Fare per- 
dH la vie danscette journ^e. Bourbon sert en 1691 
i la prise de Nice, Villefratjche, Montalban et Mont- 
m^lian. L'ann^e suivante, il est dans les Pavs-Bas 
et fait le siige de Namur. Au mois de juillet, lorsque 
le roi retourna i Versailles, on detacha quelques re- 
giments* sur la edte pour preserver Dunkerqiie , sur 
Icquei on supposait que les Anglais avaient des vues. 
Bourbon 6tait un de ces regiments et fut place \ Ca- 
lais. A la fin dela campagne, il vint k Philippeville 
ctil fit les deux campagnes suivantes en garnison ou 



(i)n futremplac^ pai*don fr^re de^eDU brigadier 29 janyier 170^, 
marecbal de camp 26 octobre 1704, et lieutcDant-^en^ral 29 mars 



s- i 

M 




32 UISTOIRE 

■'■It' 

sur les c6tes. Un bataillon , sorti de Philippeville 
sous les ordres du colonel-lieutenant, le 3 juillet 
1 693, pour escorter un gros convbi de vivres destio^ 
k Tarmee du marechal de Luxembourg, se couvrit 
de gloire dans un combat livre pr^s de Boussu, con- 
tre un ennerai superieur qui ne put parvenir k en- 
tamer le convoi. En 1695, Bourbon faisait partie de 
I'arm^e du mar6chal de Villeroy qui bombarda 
Bruxelles. II passa en 1696 k I'armee de la Meu$e et 
re\int en 1697 k celle de Flandre. Le 30 d6o^iinbift 
1698, il reQut, par incorporation, le r6gimeilt; 
Motheleveen 1695. 

Le 1" bataillon fit la campagne de 1701 ea Flan- 
dre dans la brigade de Picardie. II servit Tannee 
suivante sur le Rhin avec Cattinat, et en 1703, sous 
Villars , il assi6gea Kelh et passa en Bavifere. II prit 
ainsi part aux combats de Romberg et de Munder-?- 
kirchen, a la premiere bataille d'Hochstedt, et k Too- 
cupation d'Ulm et d'Augsbourg. 11 assista en 1704 
dans le corps de Marchin , k la deuxi^me bataille 
d'Hochstedt , oil le capitaine de grenadiers de Ri- 
cousse rcQut un coup de fusil au travers du corps. 
Apr^s la deroute de I'armee , il rentra en Alsac<!l-'lt 
fut mis en garnison d'abord k Schlestadt, puis k 
Kelh, oil il fut rejoint par le 2® bataillon qui avait 
et6 r^tabli par Tordonnance du 1" f6vrier 1701. 

Le regiment se trouva tout entier a I'attaque des 
lignes de Weissembourg le 3 juillet 1705. II se mit 
ensuite en route pour le Dauphine , contribua k la 

4! 




DE L^NGIENNB INFANTBRIE FRAN(A18E. 33 

prise de Soncino et de Montraelian, et au mois de 
decembre il fut appele au si^ge de Nice, auquel il 
prit une part tr^s-active. Le colonel-lieutenant, 
comte de Montmorency-Laval, y fut atteint par un 
boulet de canon, qui lui passa entre le corps et le 
bras et lui d^nuda Tun et Tautre. II ne mourut point 
de cette effroyable blessure et devint plus tard mare- 
chal de France (1). 

Apr^s la prise de Nice , qui capitula le 4 Janvier 
1706, le regiment se rend en Piemont et se trouve le 
7 septembre a la deroute de Tarmee devant Turin. 
Rentr^ en France apres ce d6sastre, il contribue en 
1707 k la levee du siege de Tqulon, passe ensuite k 
rarm6e du Rhin et arrive en Flandre apr6s la d6- 
faite d'Audenaerde. Pendant le siege de Lille, il fait 
partie des troupes reunies au camp de Meldert sous 
les ordresdu marquis d'Hautefort. En 1709, lesdeux 
bataillons renfermes dans Tournai contribuent a la 
belle defense qu'y fait M. de Surville. Le regiment 
y defend pied a pied pendant dix-huit jours Touvrage 
k cornes des Sept-Fonlaines. Le major p6rit le 
18 juillef frapp6 par un eclat de bombe; un autre 
eclat atleignit le colonel et lui ecrasa la main gau- 
che. Bourbon se fit encore remarquer le 11 septem- 
bre de cette annee k Malplaquet ; le capitaine de La 



(i) n eut le grade de brigadier le 26 octobre 1704, celui de ma- 
r6chal de camp le 1" f^vrier 4710, celui de lieutenaDt-g.iii6ral le 
1*' aoi!it 1734, et le b&ton de mar^chal en 1747. 

■ItT.DE l'AIIC. INFAMTUIK FIANQAISE. T. VI. 3 



34 HUTOIRE 

Brunie, depuis lieutenant-colonel (1)^ y fut blessc. 
Le regiment continua de servir en Flandpe pen- 
dant les campagnes suivantes: il se distingua ^n 
1711 ^ I'attaque du fort d'Arleux, oil il fit un grand 
nombre de prisonniers, et fut en suite mis en garni- 
son a Valenciennes. Le 10 juillet 1712, ilfit une sor- 
tie avec d'autres troupes sur un parti.de fourrageurs 
du camp de Denain qui s'etait empare du village. de 
Beuvrage et insuUait les faubourgs de Valenciennes, 
k gauche de I'Escaut. Les ennemis, au nombre de 
3,000 hommes, quoique retranches dans les jardins ' 
jet le cimeti^re du village, furent culbut^s, et Bour- 
bon ramena 250 prisouniers dans la viUe. Aprts 
J'heureux succ^s de Fattaque du camp retranch^ de 
Denain, le r6giment servit au si6ge de Mardiiennes, 
k celui de Douai, oil il emporta par la gorge la deo^- 
luiie verte, et a celui de Quesnoy, oil il fut mis en 
garnison. En 1713, il passa^ I'arm^du RhiB,ent 
part a la soumission de Spire, W^orms et Kayserslau- 
tern, et servit au si6ge de Landau, oil il emporta 
d'assaut le PM6, et prit la contre-garde qui couvrait 
un des bastions attaqu^s. Le 20 septembre, il 6tait a 
la defaite du general Vaubonne, et il acheva cette 
campagne et 1^ guerre par le si6ge de Fribourg. 

■>'■■■'■■■■' " ■ ■ II I ■ I I K ■ I II I 

(1) Bernard de LaBrunie, capitaine en 170i, lieutenant-colonel 
10 mai 1728, brigadier 18 octobre 1734, et mar^chal de pamp 
t mai 1744. Remplac6 par Andr^ Naudin de Ghambardi^re, cadet 
en 1703, lieutenant-colonel 22 aotlt 1744, et brigadier 20 mars 
1747. 



DE L^ANCIENNE INPANTfiRIE FRAN(AISB. 35 

Bourbon fit partie en 1727 du caifap die la Sadne. 
.t^aisse eri-ltaliea fa fin de 1733, il flit employ^ aux 
si6ges (fe Gera d'Adda , de Pizzighetohe et du cha- 
teau 'de IMilan. Au commencement de 1734, il se 
trouTa a la prise de Novarre, de SerraValle, du fort 
d'Arroiia et de Tortone ; il fat place au mois de mai 
dans le cMteau de Colorno, et il y soutint, le 26 mai, 
les 1" et 4juin, trois attaques des Imp6riaux, qui ne 
purent parvenir a forC^r ce poste. Le r6giment com- 
baitit erisiiite k la joilrii^e de Pai^niey oil le colonel- 
lieutehaiit, marqiiis de Fimarcon (1), re^utuncoup 
de fusil qui lui pe^ I'^^pdiile , puis k celle de Guas- 
talla, et il acHeva Wte campagne devant la Miraii- 
dole. 11 contribuaen 1735 a la prise du chateau de 
Gbnzague, de feeggiolo et de Kevere, et il rientra en 
iPrance au mois d'aodt 1736. 

Ainsi que le regiment de Cond6, Bourbon fit les 
campagnes de 1741 et i7i2 aFarm^e d'observation 
de iFlaridre. EnVoy6 stir le Bhin aprfe'les desastres 
des armees de Bolifeme et de Bavifere, il fit J)artie en 
1743 du corps que le prince deDombes commafidait 
sur le Necker. II en fut detache au mois de juin potir 
aller recueillir les debris des troupes de Bavi^ce et 
s'avanQa jii6qu'k bonauwerth. Au retour, il fut mis 



(i) M. de Fimarcon a 6t6 nomm6 brigadier le !•' aoflt 1734, 
mar^chal de camp !•' janTierl740, et Iieutenant-g6n6ral i*'jan- 
Tierl748.Le comte de La Charge, qui lui succ4da, fut fait brigadier 
le 20 mars 4747* 



36 HISTOIRB 

en garnison ^ Spire, sortit de cette ville pour pren- 
dre part au combat de Rheinweiler, et ful ensuite 
place dans les lignes de la Lauter. Au mois de £6- 
vrier 1744, on I'envoya a Metz; mais les Autrichiens 
ayant, peu apres, force les lignes de la Lauter, o^ie 
rappela, et il se couvrit de gloire le 5 juillet a la re7 
prise de Weisserabourg. Le commandant de batail- 
Ion de Chambardiere s'y fit tuer; ainsi que les capi- 
taines de Miran, Montmorency et B6zolles. Le 
colonel, le major de Maurens, les capitaines Saiat- 
Andr^, Sainte-Croix, La Motte, Montagnon, Despas, 
de Belloy, Perrier et huit lieutenants, furent bless^. 
Le regiment eut, en outre, 68 sergents ou soldats 
tu^s et 172 blesses. Le sergent de grenadiers Claude 
Bertrand, dit Stenay, se signala par un acte de 
stoicisme qui m6rite d'etre rappel6. Gommande pour 
I'atlaque du village des Picards , pres de Weissera- 
bourg, il regut, des le commencement de raction, un 
coup de feu dans la poitrine. Sans se laisser arr^ter 
par la douleur qu'il eprouve, ce brave homme tire son 
couteau, coupe une poign6e d'herbes, Tintroduit 
dans sa plaie pour arr^ter I'ecoulement du sang et 
continue de combattre (1). 

Envoye a Strasbourg apr^s cette brillante afifaire, 
le regiment de Bourbon quitte cette place le 3 sep- 
tembre pour se rendre k Neufbrisach, oil se rassem- 
blait le pare d'artillerie destine au siege de Fribourg. 

(1) Le sergent Stenay est mort aux Inyalides en 1766. 



DB l'aNCIENNE INFANTERIB FRAN^AISB. 37 

II escorta ce pare jusqu'^ Fribourg et se distingua le 
1 9 octobre k I'attaque des trois angles saillants du 
cbemin couvert. Une fougasse fit sautcr une compa- 
gnie de grenadiers dont cipq hommes seulement 
^happ^rent k la mort (1). Le regiment passa Thiver 
suivant en Souabe, et en 1745 il fit partie de I'arm^e 
du Ba&-Rhin, command^e par le prince de Gonti. II 
suivit ce g6n6ral sur la Meuse en 1746, contribua k la 
prise de Mons, de Cbarleroi et de Namur, et combat- 
tit le 1 1 octobre k Kocoux, oil il se fit remarquer k 
I'attaque du village d'Ance. Aprfes la victoire, il pour- 
survit Tarri^re-garde du prince Charles, et lui fit en- 
core 6prouver un 6chec au del^ de Li6ge. Bourbon 
ne se distingua pas moins I'ann^e suivante k la ba- 
taille de Lawfeld. Plac6 d'abord en reserve avec 
Engbien pour prot6ger deux batteries qui fou- 
droyaient le village, il fut appel6 en ligne Vers le mi- 
lieu de la journ6e et participa aux trois derni^res 
charges dirig6es sur Lavvfeld, Le colonel et le capi- 
taine d'Estienne y furent blesses. En 1748, la bri- 
gade de Bourbon, qui comprenait encore le regiment 
d'Enghien , servit au si6ge de Maestricht. Elle 6tait 
carapee sur la rive gauche de la Meuse et gardait le 
pont 6tabli k Oost-Esden, en amont de la place (2). 

(i) Parmi ces cinq hommes se trouvait le lieutenant Charles 
d^Estienne, qui regut au m^me si6ge un 6clat de bombe dans les 
reins^ et qui devint major le 20 d6cembre 1758, et lieutenant-co- 
lonel le lOjuillet 1763. 

(2) Le regiment 6tait alors commande par le comte de VauZ; 



38 HISTQWE . 

Bourbou Qt partly en 1753 du camp de Saarlouis. 
I^ a servi sur Ics c6tes de Bretagne pendant les six 
premieres campagnes de la guerre de Sept-Ans. U 
s'est particuli^rement signale en 1758.au cooibatde 
Saint-Cast, k la nouvelle du d^barquement des Ap- 
glais, il se concentra le 10 septembre ^ Lamb^le, et 
I'affaire eut lieu le lendemain. II attaqua T^iinenii 
par la droite, et malgr6 le feu des yaisseaux qui ba- 
layait la plage^ il jeta dan^ la mer les batailions bri- 
tanniques qiii lui etaient opposes. Le colonel-lieute- 
nant, marquis de Broc, qui s'^tait fort distingu6, fi(t 
charg6, par le due d'Ai^guillon, d'aller porter k Ver- 
sailles la nouvelle de cette victoire. 

Au commencement de 1759, Bourbon fut envoy6 
a Belle-lsle-en-Mer. II y passa deux ann^es sans 
6tre altaqu6. Le 7 avril 1761, 115 voiles anglaises 
essayerent de d6barquer des troupes au port Andras. 
Le regiment surprit I'ennemi au milieu de son 
operation, lui tua 800 homn^es presque tons grena- 
diers, et fit 300 prisonniers dont un lieufenant- 
colonel et un major. Mais les Anglais firent une 
nouvelle tentative le 21 et furent plus heureux. Le 
lieutenant-colonel chevalier de Sainte-Croix (1) se 

Domm6 brigadier 23 f^vrier 1746, mar^chal de camp i6 mai 4748, 
et lieutenant-general 17 d^combre 1759. Son successeur, le mar* 
quis de Broc, fut fait brigadier le 15 octobre 1758, et mar^chal de 
camp le 20 f^vrier 1761. Le comte de Rabodaoges qui suit est pas- 
s§ au regiment du Colonel-g^n^ral. « 

(1) Cajetan Xayier de Guilhem-Clermont-Pascalis, chcTalier de 



DE L^NGIENNE INFAMTraiE FRAN$A1SE. 39' 

defendit avec la plus grande valeur jusqu'au 7 juin, 
et ne consentit k se rendre que lorsqu'il eut perd^,^ 
toutespoir d'etre secouru. II obtintune capitulation 
honoraUe pour le regiment qui fut transporte par 
les Yaisseaux anglais sur le continent-, et en¥oy6a 
Arras. 

n quitta cette ville en d^cembre 1 763 pour aller 
k Dunkerqqe, et depuis il est alle au tt^fe en 
novembre 1764, k La Rochelle en aout 1765, k 
Brian^n en octobre 1765, a <lrenoble etFort-Bar- 
raulten Janvier 1766, a Weissembourg en octobre 
1767, k Strasbourg en juin 1769> a Landau en 
octobre 1769, k Douai en mai 1770, a Berghesen 
avril 1772, k Maubeuge en octobre 1773, a B6ziers 
ennovembre 1774, a Toulouse en septembre 1775, 
a Perpignanen octobre 1776, a Agen en avril 1778, 
aBayonne en octobre 1778, au Ch&teau-Trompette 
de Bordeaux en juin 1780, et k Tours en no\embre 
1780. Au mois d -octobre 1781 ^ le 1" bataillon se 
rendit k Metz et le 2* k Belle-'Isle-ign-Mer, Le regi- 
ment se trouvait reuni k Maubeuge le 30 mai 1783. 
En 1787, pendant les troubles d'lrlahde, il occupa 
Avranches, Cherbourg et Morlaix. 11 ^nt au Havre 
en mars 1788, et se trouvait a Caen depuis le 7 
mars 1789, quand les troubles commenc^rent. 

La conduite imprudente de quelques hommes fut 

SaiBte^rotx, lieutenant en i72i, lieutenant-colonel 18 a^ril 1748,' 
brigadier 15 octobre 1758, mar^chal de camp 20 f^trier 1761. 



40 HISTOIRB 

la cause d'un des 6v6nements les plos regrettabl6s 
de la revolution. Nous empruntons le r6cit du Mom- 
teur : «Quelque' temps apr^s la prise de la Bastille, 
des soldats du regiment d'Artois vinrent de Rennefi^ 
k Caen. lis 6taient d6cor6s d'une tn^daille, recom- 
pense honorable de leur d6voueraent k la cause com- 
mune. Quelques soldats du regiment de Bourbon^ 
insult&rent ces patriotes qui ^taient sans armes, et 
apres un combat inegalmais sanglant, leur arrach^- 
rent leurs m6dailles, M, de Belzunce, major en se- 
cond de Bourbon, est accuse d'avoir excit6 ses soldats. 
Le peuple court aux armes ; Bourbon se barricade 
daqs sa caserne, oil bienf6t il est oblige de capituler. 
Le regiment demande des dtages, et en ^change 
M. de Belzunce se livre courageusement k la multi- 
tude. La garde nationale Tenvironne et le conduit 
a la citadelle dans I'espoir de le sauver. Cependant, 
M. d'Harcourt, commandant de la province, envoie 
ordre au regiment de sortir de la ville, persuade que 
son depart pour'ra contribuer a ramener le calme. 
La paix ^emblait renaitre, et la bonne intelligence 
6tait tellement r6tablie que Ics 6tages de la Bour- 
geoisie lui avaient et6 rendus. Mais le regitiient'6tait 
a peine hors do la ville, que la sedition 6clate avec 
une nouvelle fureur. Le peuple, dans un de ces 
mouvements rapides conlre lesquels la force et la 
prudence humainesont impuissantes, seportesubi- 
tement k la citadelle, y p6netre raalgr6 les efforts de 
la garde nationale, s'emparc de M. de Belzunce, le 



DB l'ANCIENNE INFAimSRfE PRANJIAISB. 4)' 

tralne sur la place de rH6tei-de-Ville, le tue k coups de 
fusil aux yeux de la municipality indign^e, et exerce 
les plus horribles barbaries sur le cadavre de cet 
infortun^ ^ qu'on assure avoir ^t^ par la purete d^ 
ses principes bien 61oigne de pr^voir I'horreur de 
SOD sorl...» 

Nous ajouterons'que Finfiime Marat avait denonce, 
dansune de ses feuilles, le comte de Belzunce comme 
un ennemi de la liberty ^ et que cette accusation 
avait suffi aux truands p0ur commettre un assassinat 
de plus. Un historien pif^tend que la mort de Bel- 
zunce, amant aime de Mademoiselle d'Armans, plus 
connue sous le nom de Charlotte Corday, fut le pre- 
mier motif de lahaine vou^e k Marat par cette jepne 

mie. 

En quittantla villedeCaen, au mois d'aoiit 1789, 
le raiment de Bourbon se rendit k Arras, d'oii il 
passa a Lille a la fin d'avril 1792. Le l^'bataillon 
fit partie de la malheureuse expedition du 28 avril 
sur Tournai, qui fut le prelude de cette longue guerre 
de la revolution. On sait qu'aux premiers coups de 
fusil des laches pousserent le cri de : « Sauve quipeut! 
nous sommes trahis!)) que les troupes saisiesd'une 
terreur panique se retirferenl en d6sordre k Lille, oil 
quelques scelerats assassinerent, pour justifier leur 
couardise, le general Theobald Dillon et le colonel 
du genie Berthois. 

Au mois d'aout et de septembre, le regiment prit 
part aux divers combats qui eurent lieu autour de 

9 



Lap}:K>y, de I\oubaix,et de Tureoing, et k la defense 
dii camp; de. Mauidie. Lorsque les Autrichiens atta- 
querent ce camp le 31 aoiit, le capitaine de Morte- 
mart, qui avail regu le lOaoCltuue blessure dans la 
poitri^e, et qu'oQ avait du saigper septfoisen vingt- 
quatre heures, abandonna Tambulance deMortagae. 
pour rejoindre sa compagnie, et.^Qmbattitavec la 
plus grands iVS^leur. 

Pendant le ^re^le de la campagne de 1792, le (•' 
b<its\iUQn ser.\it.^ Tarmee derB^urnon\ille, etle 2?.a 
celle.dejs Ar4ennes< Lei" suivit. ensuite Dumouriez 
ep Belgique, et occupa la jcitadelle d' Anvers jusqu'li 
la retraite deTfirmee, apres la.bataille de Neerwin- 
den. Revenu alors sur la frontifere de France, il fit 
partie du camp de Maulde jusqu'au jour oil Dumou*- 
riez abandonna son arm^e» Ilyint alors se renfermer 
dans Valenciennes, et apr^s la, capitulation de cette 
place il rallia Tarm^e du.Nord, et se distingua en^ 
core les 20 et 21 mai 1 794 «au passage de la Sambre 
et au combs^t d'Erquelines. Le 14 juillet suivant, il 
entrait 4ans la composition dela 111** demi-brigade. 

Le,2' bataillon avait rallie en 1793.rarmee du 
Rhin. II passa en 1794 a I'arm^e des Ardennes, et fut 
vers^dans la 112' demi-brigade le 29 d6cembre(i.). 

(1) De RuauU, colonel en 1791, fut fait mar^chal de camp le 12 
aotit 1792. Son pr6d6cesseur, M. de France al, 6tait entr^ enseigne 
au corps en 1741, et 6tait detenu lieutenant-colonel le -20 juilleft 
1780. M.de Saint- Queniin a^ait^t^ ao]iiia^'Iieoteaa*Dt*coloftel.le 
25juiUeti791. 



DE l'an€ieni«e iiif^iirrpiu fran^aisb. 4i^ 

Les drapeaux du regiment de Bourbon avaient 
un quartier bleu, un autre rouge, le troi^^n^^noir 
etle,quatri6iBief6uilbli)orte; "^^'^ 

Sbit premiet habit jll^t distingue par les pareoients 
et le collet rouges, atiee doubles poches en l<^g gar- 
nies chacune de neuf boutons disposes par trois en 
pattes d'oie; il y avait cinq boutons sur les manche^. 
La \este etait rouge ; les boutons et le galon de clia- 
peau ^taient d'argent. 

En 1776, Bourbon se di^Ungqa des.autiresi^. rai- 
ments de princes, par le collet noir et les bputons 
blancs. 



44 HISTOIRE 



i • 



REGIMENT DE BEAIITtUIS. 

57* RISGIMENT D'llfrANTERlE. 

Puente-Mayor ! 

COLONELS OU MESTRES DE CAMP. 



i. Gomte DE JONZAC ( Alexis de Sainte-Maure ), 12 juillet 1667. 

2. ComteDE SAINTE-MAURE ( N. ), 1677. 

3. Marquis de VIEUXBOURG ( Louis deMienne ), 1685. 

4. Marquis de LA CHAISE ( N. d'Aix), aoi^t 1695. 

5. Gosite DE MURET ) J^rdme-Fraogois Ldcuyer ), 1*' mai 1699. 

6. deRI:VOL(N. ), 1705. 

7. DE VILLEPEROT ( Pierre-Maximilien Pajot ), 31 aoAt 1707. 

8. Due DE LA VAUGUYON (Antoine-PauWacques Esluer de Gaus- 

sade ], 25 noYembre 1734. 

9. Marquis db LUGEAG ( Charles- \ntoine Gu^rin), 26 mai 1745. 

10. Chevalier de CLUGNY DE TENISSEY ( Charles ), 10 fevrier 

1759. 

11. Marquis DE MONTECLER ( Ren6-Georges-Marie ), 13 avril 

1780. 

12. Couife DU CHILLEAU ( Marie-Claude ), 9 mars 1781. 

13. Gomle de DAMAS ( Alexandre ), 10 mars 1788. 

44. deLA MARTELLlfiRE ( Etienne Mafifre ), 5 f6vrier 1792. 
15. CHEVALLIER ( Pierre ), 12 juillet 1792. 

Ce r6giment, cree par ordonnance du 12 juillet 
1667, pr^tendait rattacher son histoire a celle d'un 
autre l>eau coup plus ancien qui avail 6t6 licencieen 
decemfere 1658. 

La famille de Sainte-Maure avail, en effet, un r6- 



DE l'ancienne infanterib fran^aise. 45 

giment d'infanterie des Tann^e 1627 au siege de La 
Rochelle. Ce premier regiment, qui portait aussi le 
nom dc JoDzac, avail ete licenci^ presque aussitdt 
apres sa formation pour s'6tre conduit d'une raa- 
niere peu briliante contre une sortie des Rochelais. 
Les comtes de Jonzac le r^tablirent sur un meilleur 
pied pour les dififerentes guerres qui remplirent le 
regne de Louis XIII et le commencement de celui de 
Louis XIV. Les services qu'il rendit pendant cet in- 
tervalle ne purent le sauver de la dure reforme qui 
suivit la bataille des Dunes : il est cependant pro- 
bable, d'apres T usage observe k cette epoque, que le 
comte de Jonzac put conserver la compagnie qui lui 
appartenait, et que cette compagnie, employee de 
1658 k 1667 comme garnison, devint le noyau du 
corps dont nous allons parler. 

Jonzac fit sa premiere campagne Tannee mSme de 
sa creation ; il assista aux sieges de Toumai , de 
Douai et de Lille. Au commencement de 1668, il 
contribua k la soumission de la Franche-Gomt6 et 
fut ensuite r6duit a quatre compagnies , qui , en 
1 669, firent partie du secours envoye aux Venitiens 
dans Tile de Candie. Le regiment s'y fit remarquer 
par sa briliante valeur. Charge de la defense du 
poste de la Sabionera, il s'y maintiut contre toutes 
les attaques. A la fameuse sortie du 25 juin, le ma- 
jor de Marans se fit tuer , le colonel de Jonzac et le 
lieutenant-colonel de Yilliers furent blesses, ainsi 
que le capitaine de Nanclas, qui tua deux Turcs de 



'46 idit^toift^ 

sa main. Quelques jours aprfes, rennerai vient Fas- 
saillir en plein raidi du cdt6 de Saint-Andr6, oil il 
'6talt dc garde. Les postes avanc6s sont d'abord sur- 
pris et emport6s ; mais le corate de Jonzac (1) ras- 
semble sa reserve, fond avec elle surles Turcs, tile 
tons ceux qui avaient penetr6 dans les postes et re- 
pousse les iautres jusque dans leurs travaux. 

Le 21 juillet, ler^gimeiit fit encore des merveilles 
k la defense de la Sabionera. II y perdit 60 hommes ; 
deux capitaines et deux lieutenants furent dangereu- 
scment ble8s6s (2). Lorsque la flotte frangaise s'6- 
loigna, Jonzac fut du petit nombre de troupes laisse 
dfttfs i'ile , et il ne quitta Candie pour revenir eft 
France qu'au nrois d'octobre , apres la capitulation 
des V6nitiens. 

Porte en 1671 k seize compagnies, Jonzac fait Ja 
campagne de 1672 enliollaitde, et se trouve k tons 
fes sieges etitrepris par le roi en personne* II etatra 
ensuite dans Grave, oil il demeuraen garnisoti jU3- 
qu'en 1674. 11 contribua a la btelle defense de cetfe 
place par M. de Chamilly et joigiut, en sortant de 
Gravfe, le prince de Cond6 sous les ordres duquel il 
combattit k S6neff. II participa, en 1675, k la prise 
d'HUy, qiii se rendit le 6 juin : il y fut teiss6 en gai^ 

(1) Le comte de Jonzac fut fait brigadier le 15 a^ril 1672, et($6da 
lid regiment & son nevea en 1677. 

--(2) L^un des deux capitaines 6tait Isaac Laisn^ de Nanclas, qui 
deYintlieutenant-coionel du corps le 28 dctobre 1684, et qui par- 
Tint, eh 1^04, au grade de Iieutenant-g4n6ral. 



DE l'aNCIENNB INPAHTERIE FRANCAISE. '47 

nison. Un de ses capitaines^ nomm^ du Buisson, y 
ful roue vif le 1 7 decembre pour avoir tram6 une 
conspiration dont le but etait d'6gorger la garnison 
et de livrer la ville aux 'Espagnols. Apr^s cette mal- 
heureuse affaire, les seize compagnies du regiment 
furent envoyees a Maestricht, qui allait 6tre assi6g6. 
Le 8 mai, le lieutenant-colonel de Limport-Lussan 
est d^tache avec 500 hommes pour se saisir du cha- 
teau de Blumenthal sur la Roer, entre Ruremonde 
et Ltcknid^:^!! accomplit sa mission et rentre dans 
la place, fei'-^fense de Maestricht est un des plus 
beaux tifres de gloire du regiment. Le 2 aoilt^ le . 
lieutenant-cotonel de Limport fait une vigoureuse 
sortie iL la t6te de 400 hommes, et ren verse les Ira- 
vaux du prince d'Orange. Le 6, une nouvelle sortie 
-^rie lanzac execute en-^^^ommun avec Picardie est 
.^i^ ^%9lemeiit|ifHironn^^ d"^ plein succte. Le capitaine 
Ife Remondis y est mortellement bless6. Le 11, le re- 
giment defend avec acharnement le cfaemiu convert. 
11 parvient a repousser les assauts de Tennemi , mais 
il a la douleur de perdre son brave lieutenant-colo- 
nel et le capitaine Br6villet. Le prince d'Orange leva 
le si^ge le 27 a^iftt, et le roi voulut que les corps <{Hi 
avaient «i bien d^fendu Maestricht en conservassent 
la gaide. Le r^gim^t ne prit do^nc aucune part aux 
deroi^res campagnes de cette guerre. 11 evacua 
Maastricht au mois d'aout 1678, se rendit d'abord k 
Uom et joignit ensuite k Yerdun le mar^chal de 
Ikhomberg. B quitta Yerdun en oetobre et aila 



48 HISTOIRE 

prendre ses quartiers d^hiver sur les confins de I'Al- 
sace et de la Franche-Comte. 

On le Irouve en 1684, sous le nom de Sainte- 
Maure, a la petite arraee que le marechal de Belle- 
fonds commandait en Catalogue. U se couvrit d^une 
gloire immortelle, le 11 mai, au passage du Ter a 
Puente-Mayor. Pendant qu'une partie de Tinfanterie 
franchissait la riviere au gue de Madignan, le regi- 
ment aitaque Puente-Mayor et se rend rapidement 
maitre.des maisons situ^es k Tentree du pont ; mais la 
barriere qui etait au milieu fut disput6e avec achar- 
nement; elle etait terrassee et palissad6e. £n6n, le 
lieutenant-colonel de Calvera monte sur le garde-fou 
du pont et passe, sous la fusillade et suspeudu sur 
Feau, de I'autre c6t6 do la barriere. Ses soldats le sui- 
vent par ce perilleux chemin, et il voit bientdt autour 
de lui assez de monde pour marcher a la seconde ba 
riere placee a Textremit^ du pont et flanqu6e par leis " 
maisons. II s'en rend maitrc malgre la vigoureuse re- 
sistance des Espagnols, et apres avoir fait deblayer le 
pont et livre passage aux troupes, il s'elance dans la 
grande rue, poussant devant lui le regiment castillan 
de Puno en rostro. Sur la place, un gros escadron lui 
dispute le passage ; il est ronipu k coups de piques, 
mais ce dernier effort coute la vie aux capitaines Fa- 
viers et Monteil et a bon nombre de grenadiers. Bien- 
tdt le reste de Tarra^e arrive et les Espagnols sont 
mis dans une complete d^route. Apr^s cette brillante 
affaire, Sainte-Maure fit le si^ge de Girone, et au 



\ 




DE l'aNGIENNE INPANTERIE FRAN^AISE. 49 

mois de juin il contribua krinvestisseraent de Cap de 
Quiers, 

Cette guerre n'eutpas d'autre suite; le regiment 
repassa les Pyr6n6es, et Tann^e suivante, en sortant 
de la famille de Sainte-Maure , il cessa d'etre regi- 
ment de gentilshommes el fut mis sous le titre de la 
province de Bea'uvoisis. 

Beauvoisis fit la campagne de 1688 dans le Pala- 
tinat et s'^tablit en garnison k Mayence^ oil il fut as- 
sise I'annee suivante. II eut de nombreuses occa- 
sions de se signaler dans cette c^l^bre defense. A la 
sortie du 10 aoiit , il perdit le lieutenant de Martray 
et eut deux autres officiers blesses; k celle du 16, les 
lieutetiints de Marans et de Redon sont blesses a leur 
tour ; k celle du 1 8. le capitaine La Clauderie rase 
douze toises du travail des assi^geants et emporte 
leurs gabions et leurs fascines ; k ce\U du 25, le ma- 
jor de Monteil est blesse. Le 3 septembre, le capitaine 
de grenadiers Barri^re sort de la place avec sa com- 
pagnie ; il y rentre avec huit prisonniers, et chacun 
de se& grenadiers rapporte un gabion. Le 6, un ba- 
taillon du regiment defend avec une rare intr6pidit6 
le chen^in convert contre une attaque des Bavarois. 
Beauvoisis perdit pendant ce si^ge cinq lieutenants, 
et il eut 13. autres officiers blesses. 11 fit les deux 
campagnes de 1690 et 1691 k I'arm^e d'AlIcmagne 
sous le mar6chal de Lorges. En 1692, il vint sur la 
Meuse et fut employe au si^ge de Namur ; une com- 
pagnie de grenadiers se fit fort remarquer k la prise 

■1ST. DE l'ANC. IMFANTERIE FRAN^AISE. T. \I. 4 



50 HISTOIBB 

du Fort-Guillaume , qui couta la \ie au lieutenant 
de Verneuil. Apres la reddition de Namur , Beau- 
volsis alia servir sur la Moselle, et en 1693 il fit par- 
tie de rarm^e du marecbal de Luxembourg. II 
combattit a Neerwinden et prit part au si6ge de 
Charleroi. II servit encore sur la Meuse en 1694, et 
se trouvait en 1695 dans Namur quand cette place 
ful assiegee. II fit une vigoureuse sortie le ISguiUet 
et se couvrit de gloire a la defense des retrancbo^ 
ments de Bouge. Le colonel de Vieuxbourg s'yfit 
tuer avec un grand nombre de ses soldats. Retird 
dans les chateaux apres la prise de la ville, Beauvoi- 
sis lutta hero'lquement contre I'assaut general livr6 
le 30 aout; un bataillon, commands par le <iapi** 
taine de La Gime et charge de la defense de la re«> 
doute d|i front de la Cassotte , fit echouer les longs 
et prodigieux efforts de I'ennemi et Tobligea k se r^ 
tirer avec perte. Le regiment fit sur la Meuse les 
deux campagnes insignifiantes de 1696 et 1697. 

Le regiment fut porte a deux bataillons le 1" f6- 
vrier 1701. Cette m6me annee, le 1" bataill^n fut 
employ^ sur le Rbin , et en 1702 le corps tout ea- 
tier se mit en route pour Naples qu'il occiy^a jus- 
qu*en 1704 au nom de Philippe V (1). Appel^ en 

(1) BeauYoisis avail alorspour colonel le comte de Biuret, briga- 
dier 29 Janvier 1702, mar6chal de camp 26 octobre 1704, et lieu- 
tenant-g^n^ral 29 mars 1710, et pour lieutenant-colonel Francois 
duMonlet, lieutenant h la creation, major 28 octobre 1684, lieute- 
nant-colonel 8 Janvier 1791, et brigadier 29 Janvier 1702. 



DK L^ANGIENNE UVANTIRIE FRANgAlSE. 51 

1705 k TarfDie de la haute Italic, il prit part aux 
derni^res operations du siege de V^rue et combattit 
k Cassano. En 1 706, ii 6tait au siege et k la bataille 
de Turin, aprds laquelie il rentra en France. Les 304 
hommes qui restaient sous ses drapeaux (1) contri- 
bu^rent en 1 707 k k d^ense de Toulon ; ils occu- 
paient le camp retranche de Messicy k Touest de la 
Tille. Aprte la retraite de Tennomi, cette poignee de 
brakes gens fut en\ayi§e a Suze , dont elle forma k 
elle seule toute la^g^rnison. Elle y fit, au mois de 
aqptembre, une tiSfflirable.defense contre toute I'ar- 
mfe aUi6e; mais elFelaWblig^e de se rendre prisour 
niire de guerre le 4'oetobre, et fut conduite k Turin. 
Les quelques hommes 6chapp6s a cette disgr&ce con- 
tinu^rent de servir jusqu'en 1 71 2 sur la fronti^re de 
ProYence et de Dauphin^. 

Un capitaiue de Beauvoisis , nomm^ Dubois, qui 
aervait comme volontaire en i7(f8,& Tan^Se de Flan- 
dre^ se distingua par un trait d'une grande audace. 
Le due de Bourgogne desirait savoir ce qui se pas- 
sait dans la ville de Lille alors etroitement assi^gee. 
Dubois s'offre pour rempHr cette mission. 11 part 
seul , traverse avec bonheur les avant-posles des as- 
si^geants, sie dtehabille au premier canal qu'il ren- 
contre, franchit k la nage sept canaux, et arrive 
enGn dans la place nu et epuis6 de fatigue. Le ma- 
■ ■ I I 1 1 , . 

(I) Les drapeaux deBeauToisis ataient deux quartiers erainoiais 
el deui qsariiers aurores. 



1 



52 HISTOIRE 

r^chal de Boufflers lui donne tous les renseigne- 
ments qu'il desire, et il revient par le m^me cherain 
rendre compte au due de Bourgogne. L'action bar- 
die de cet officier fit beaucoup de bruit, et le prince 
Eugene, qui commandait le si6ge, le fit complimen- 
ter et se plaisait depuis k le proposer comme mo- 
dule de z^le, de courage et d'intelligence. 

Au mois d'aout de cette m^me ann^e 1708, le re- 
giment y qui commengait h se r^tablir , se trouva k 
I'attaque de G^sanne et s'y distingua. A la fin de 
1712, les deux bataillons pass^rent en Catalogue 
avec le marechal de Berwick pour d^bloquer Gi- 
rone. Quand Berwick eut forc6 Staremberg k lever 
le si^ge, Beauvoisis rempla^a la garnison ^puis^e. II 
entra dans Ostalrich en juillet 1713, et en 1714 il 
fut appel6 au si^ge de Barcelone. D6tach6 le 21 aoilit, 
avec le regiment de Bassigny, pour courir apr^s des 
partis de miquelets qui arrStaient tous les convois, 
Beauvoisis les atteignit le 22 sur les hauteurs de S^ 
manat, et sans leur donner le temps de se reconnat- 
tre, il dispersa le groupe le plus nombreux ; le len- 
demain, il an^antit le reste. En 1715, le regiment 
partit de Barcelone avec M. d'Asfeld pour aller sou- 
mettre Tile de Majorque. Des quatre regiments fran- 
Qais qui faisaient partie de cette expedition , il est 
le seul qui ait trouv6 r6ellement Toccasion de com- 
battre. Loi*sque Tarm^e parut devant Palma le 29 
juin, la garnison fit une sortie qui fut vigoureuse- 
ment repouss6c par Beauvoisis, et elle reiidit la place 



n l'anciennb infantkrijb fkancaise. 53 

au88it6t apr^s. Au retour de Majorque , le regiment 
fut r6duit a un bataillon (1). 

En 1734, Beauvoisis, appel^ a Tarm^e du Rhin, 
servit au si^^ de Philisbourg et fut mis en garnison 
dans cette place. U retourna en 1735 dans les rangs 
de ranii6e active, marcha sur la Moselle et se 
trou^a & Vattaque de H^che, au combat de Klausen 
et k la retraite sur Treves (2). 

Au mois d'aoiit 1741, on I'envoya k Tarm^ du 
BafrAhin et il passa avec le mar^chai de Maillebois 
en Westphalie. II eut ses quartiers d'hiver ^^Dulmen 
dans r^^dch^ de Munster, fit partie, au mois de juin 
17429 du camp de Halteren et se rendit bientdt sur 
les frontiires de la Boh^me. II fit toute la campagne 
d'hiver embrigad6 avec Poitou et Royal-Comtois, et 
se distingua d'une mani^re toute particuli^re k la 
retraite de Waidhausen. Au mois de novembre, il 
attaque Landau sur Flsar, oil les ennemis venaient 
d'enlever un d^tachement frangais. II s'empare de 
Landau et s'y maintient huit jours, quoiqu'il n'ait 
aucune communication avec le reste de I'armee et 
que celle des ennemis soit cample k une lieue de 1^. 
- 

(1) Le eolonel de ViUeperot fut fait brigadier le 1*^ f^yrier 1719, 
et nuur^chal de camp le 1*' aotlt 1734. 

(2) Le due de La Vauguyon,alors colonel, fut fait brigadier 20 f6- 
Tfier 1743, mar6chal decamp l^'mai 1745, et lieutenant-g^nl&ral 
10 mai 1748. Jean de Las-Cassagne, sous-lieutenant en 1691, ma- 
jor 22 juiUet 1723, et lientenant-colonel 27 mai 1728, de^int bri- 
gadier le 1*' mars 1738. 



S4 «iTom 

En Janvier 1 743, il marche au secoursde BraUnan^ 
dont les Autrichiens sont forces de \estv le si^. A 
la fin de mai, il fait partie du corps de opze batailions 
envoys au comte de Seckendorf, g^ll6tfa} de Tempe- 
reur Charles VII, et dans la defense de la Jiigiid du 
Danube, il est cbai^ d'occuper le poste ^fe^VVoBrtti 
entre Landshut et Dingoifingen. Un moirpini tard, 
lorsque le prince Charles eut franchi le fleuve h 
Pochin, il se retira k Ratisbonne et de Hi en Pratice, 
laissant derri^re lui dans Ingolstadt an d^taehettiiBtit 
qui ne reotra qu'au mois d'octobre. 

BeauToisis, aprte avoir pass6 Thiver sur la Mo- 
selle, se rendit en 1744 k r^rmite de Flandre^ et fut 
employ^ aux si^es de Menin et d'Ypres. Ses grena- 
diers se signal^ent , a cdt6 dies grenadiers du Hgi^ 
ment du Roi, a la prise d'uive lunette d'Ypres Bitu6e 
pres du canal de BoSsinghen. Le regiment acb^va 
cette campagne au camp de Courtrai. II comnnen^ 
celle de 1743 devant Toumai et combattit le 
i 1 niai a Fontenoy. II atlaqua avec vigueur le til- 
lage de ce nom ; le lieutenant-colonel du Rousb^ y 
fut bless^. Beauvoisis retouma apr^s la bataille dans 
les tranch6es de Tournai , et fut ensuite emfdoy^ 
dans la Flandre hollandaise. Le 15 aout, il condui- 
sit devant Ostende rartillerie qui avait servi k la 
prise de Termonde. Le 28, aprte la capitulation 
d' Ostende, le colonel marquis de Lugeac (1) alia 

(1) Le marquis de Lugeac, noinm^ brigadier iO mai I7489^t 



DE l'aNGIENNE INFANTCftlE FRANgAlSE. 55 

«fec 700 hommes garder les digues de Niewport, 
doDt k conservation 6tait de la plus haute impor- 
lance, leur rupture pouvant inonder tout le pays. 
Le reste du regiment servit au si6ge de Niewporitit 
se dtttiDgua k I'attaque du fort de Wierwouth. 

fieauvoisis, apr^s avoir pass6 I'hiver a Dunker- 
que, fut appel^ en 1746 au siege de la citadetle 
d'AoYers. U fut ensuite charge de la garde d' An vers 
el des forts de I'Escaut. II quitta ces poirtes vers la 
fin de juiflel pourse rendre au camp du Pare, pr^s de 
Louvwn* Le 1 4 aout, il soulint un beau cornbat, avec 
Betteii8 Suisse , dans le village de Perver, oii il fut 
atlaqu^ pendant que Tarmee du marechal de Saxe 
chaogeeit de campement. La bataille de Rocoux^ 
livrfe le 10 octobre, fut une occasion de gloire pour 
le r^ment. Le marechal de Saxe avait ordonn6 
Tattaque des villages de Varoux et de Rocoux. In- 
quiet de la lenleur du mouvetnent de la division 
Germont-Gallerande, et cratgnant ]que cet(&)4tvi*- 
sion neut mal compris ses ..intentions, le maritehal 
fit attaquer Rocoux par la brigade de Beauvoisis, qui 
comprenait les regiments de Bigorre et de Bouf- 
flers-wallon. La brigade s'avwQa dans le plus bel 
ordresurles retranchements du village/ayant ^sa 
t^te les dues de Luxembourg et de Boufflers. Elle 



marshal de camp 10 f^vrier 1759, est pass6 au commandenieRt 
des Grenadiers St cheyal de la garde et a 6t6 nomm^ lieutenanf* - 
^«ralle25ioUlet 1762. 



56 flISTOlBE 

franchit intr^pidement les escarpements et les haies, 
soutenue par la brigade d'Orleans, et culbuta I'en- 
nemi, qui laissa dans ses mains des drapeaux des 
canons et un grand nombre de prisonniers. Le co- 
lonel marquis de Lugeac fut tr^s-gri^?ement bless^ 
dans cette charge. 

Le regiment, port6 k deux bataillons par ordon- 
nance du 26 octobre 1746, prit part, I'ann^e sui- 
vante, k la conqu&te de la Flandre hollandaise, se si- 
gnala aux sieges des forts de Liefkenhoeck et de la 
Perle, k la prise d'Hulst et au memorable assaut de 
Berg-op-Zoom, et termina cette guerre, en 1748, par 
le siege de Maestricht. 

En 1755, on trouve Beauvoisis au camp d'Ai- 
meries sur Sambre, et en 1756 k celui qu'on as- 
sembla k La Hougue. Le regiment se rendit Fannie 
suivante en AUemagne , contribua a la soumission 
des villes prussiennes de la Westphalie et se trouva 
a la bataille de Rosbach, oii'il combattit avec un 
rare courage. Les victiqies de cettte journ6e furent 
les capitaines Eyssautier ^ Desmalets , Bourdois et 
Raoult, et les lieutenants Montet et Beaulieu. Parmi 
les bless6s se trou^aient les capitaines Bellot, Mf^ 
nadaut , Pressac, Mpntsauroy, Rauzan , Chambault, 
La Mol^re, du Lignon et neuf lieutenants. 

Le 23 juillet 1758, Beauvoisis se couvrit encore 
de gloire a Sundershausen. II fut un des quatre r6- 
giments qui, apres avoir epuise leurs munitions, 
s elancerent a la baionnette sur les formidables 



DE L^ANGIENNE UIFANTSRIB FRAN$A1SE. 57 

carpements de la Fulda et en culbut^rent les d^fen- 
seurs dans le ravin. Le major du Rousset pent 
dans cette charge et fut reiiiplace par le capitaioe 
de Roscoat, qui avait m biess^ d'un coup de 
feu (1). Le sous-lieutenant Chevalier, qui fermera 
la liste des colonels 4e Beauvoisis, y regut aussi une 
blessure considerable -(2). 

Apr^ cette brillante afiTaire, le raiment contri- 
bua a la conquSte de la Hesse^ a une expedition dans 
le Hanovre et combattit encore le 10 octobr-e a Lut- 
zelberg. Les Hanovriens a'^tant empar^s, le 15 no- 
vembre, de la petite villa de Witzehausen y k trois 
lieues de Gassel, d'oii ils inqui^taient les quartiers 
de I'arm^e , le . prince de Soubise d^tacha y sous les 
ordres deM.de La Gresle, lieutenant-colonel de 
Beauvoisis, quatre coropagnies de greciadiers et 300 
volontaires. Avec cette poign^e de braves, cet ha- 
bile officier reussit h deloger les HanovFiens. 

Le regiment se trouva le 1 3 avril 1 759 h la ba- 



(i) Oliyier Roland de Roscoat, volontaire en 1741, major 6 aoiit 
1758, lieutenant-colonel 13 mars 1763, et brigadier 17 juin 1770. 
Son successeur, Jean-FranQois de Chaponay, capitaine en 1746, 
major 28 mars 1764, et lieutenant-colonel 29 d^cembre 1777, fdt 
fait brigadier le 1**' mars 1780. 

(2) Cheyalier 6tait entr§ au corps comme soldat en 1747. 11 fat 
nomm6 sous-lieutenant en 1 758, et deyint lieutenant-colonel }b 
23 noYembre 179J, et colonel en i792.Parmi ses prM6cesseurs, le 
chevalier de Glugoy avait 6t6 fait brigadier le 20 avril 1768, et 
mar6chal de camp le 1*' mars 1780. 



■ • r J 



58 itisTonts 

tailie de Bergen ; il prit p^rt a la dernii^re charge 
qui contraignit Tennemi k evacuer le champ de ba- 
taille ; le major de Roscoat y regut plusieurs coups 
de sabre. Ce fut ]k le dernier acte important de cetle 
guerre auquel Beauvoisis ait participi ; pendant les 
trois campagnes suivantes, il fut employe sur les 
c6tes de Bretagne. 

Par suite de la nouvelle organisation de I'infante- 
rie, on raflfecta a la fin de 1762 au service des 
ports et colonies; il 6tait sjors en garnison ft Mbr- 
laix. Au commencement de 1763 il passa k la Gua^ 
deloupe, oil il est rest^ cinq ans. D6barqu6 k La Ro- 
chelie le 15 avril 1768, il se rendit au moi| de 
juin k Montpellier^ d'ou ii est all^ k Perpignan en 
ftvrier 1769^ ii Nimes en Jfeownbre 1769, k Mar- 
seille en mai 1770, k Aix en Janvier 1771, enfioli 
Antibes et Monaco en mai 1771. Rentr6 au service 
ordinaire en 1772, il se rendit k Strasbourg au mois 
de decembre de cetle ann^, puis a Montlouis et 
Villefranche en novembre 1774, k CoUioure en mai 
1775, k Perpignan en novembre 1776, k Toulon 
en juin 1779, et a Calvi en aout 1779. II est rest6 
en Corse jusqu'en mai 1784. A son retour, on Teo- 
voya k Huningue, puis k Besan^on au mois d'octo- 
bre de la m6me annee, k Chalon-sur-Sa6ne en 
mai 1785, k Belfort en octobre 1785, k Landau en 
mars 1788, k Weissembourg et Phalsbourg en Juin 
1788- 

Beauvoisis se distingisa pendant ]a r^Kd^ilion pw 



M L'ANGIEimB iWFAinWUE FRAN^AISB. 50 

son cdme et sa disci pline^ fabaodon de la plupart 
de ses olBciers, les iatrigues des emigr^s^ les col^reft 
dek multttiide. n'eui^nt^ucune action ^44ii;il 
defoeilra fr<Hd ^ fwi Aiitour du drapeau de li 
France. En a^ril itdl> il fut appelig a Stras^urg, et 
au mois de juillet il entra dans Landau^ ^ii il se 
trouvait encore k Tottvertare des hostility. 

£n i7^2, pedant que le 2® bataillon restait^ la 
garde de Landau, le 1*' se rendait k I'armee du 
Rhin et coop^rait k la conquSle du Palatinat. Le 
2«bataiUjm^ renferm6 en 1793 dans Mayence, prit 
part ^ '|||9s les travaux de la defense et y perdit le 
capitaine Dupin et le lieutenant Larade. Apr^ la 
capitulation, le 23 juillet, il se mit en route pour la 
Vendue, ou il partagea tons les exploits de la divi- 
sion mayencaise, conduite par Aubert-Dubayet el 
Kl6ber. Le l®"^ bataillon le rejoignit bientdt, et le 
regiment tout entier contribua k la premiere 'pacifi- 
cation de rOuest. Ce r^sultat obtenu, Beauvoisis 
alia renforcer Tarmee des Pyr6nees-0ccidentales et 
se trouva k Finvasion du territoire espagnol par la 
valine de Roncevaux. 

Ce fut pendant cette campagne, qui forQa TEspagne 
<^ demander la paix, que les deitx bataillons furent 
embrigades. Le 1 •' entra le 1 mai i 795 dans la 11 3® 
dem i- brigade ; le 2* avait 6t6 verse le 23 avril dans 
la 1 1 4*. 

Beauvoisis avait porte jusqu'en 1762 habit, cu- 
lotte, collet et parements Wanes ou gris blancs, veste 



60 HisToms 

rouge y boutons blancs ^ doubles pocbes en long k 
six boutons chacune, trois sur la manche, chapeau 
bord6 d'urgent. De 1762 k 1772, pendant qu'il fut 
affecte au service des ports et colonies^ il eut un cos- 
tume enti^rement blanc^ avec les revers et le collet 
vert de Saxe. En rentrant au service de terre, il eut 
les revers rouges. Enfin, de 1776 k 1779, il porta 
les revers et les parements vert fonc6, le collet era- 
moisi et les boutons blancs. 



DB L'AIiaSNNB INFANTBRllt FRANSAISE. 61 



58* REGIMENT d'iNFANTCEIE. 

MiDden et Warbourg ! 

C0L0N1CL8 OU HE9TRES n i^OEP. 

i. Gomte DE MONTPEYROUX ( Henri de Gr^gori des Gardies), 
20 nOTembre 1667. 

2. Marquis de MALAUZE (Guy-Henri de Bourbon ), 28 novembre 

1678. 

3. Marquis de GANILLAC ( PhiHppe de Montboissier-Beaufort ), 

30aTrin692, 

4. DE RIGAULET ( N. ), 17 noVembre 1704. 

5. Comte de GUITAUD ( Louis-Athanase de Puechpeyrou de 

Comminges ), 21 juillet 1706. 

6. Marquis de MONTREYEL DE HIS ( N. de La Baume ) , 6 

mars 1719. 

7. Gomte de MONTREYEL ( Fr^d^ric-Eug^ne de La Baume ), 

20 ayril 1722. ^ . 

8. Marquis de BERYILLE ( Pierre-Hyaciuthe Le Gendre), Umai 

1735. 

9. Gomle d'ESTAING ( Charles-Th^odat ), 1*' janyier 1748. 

10. Marquis DE SfiGHELLES ( Jean-Baptiste -Martin H^rault ), 27 

mai 1757. 

11. Marquis DB CHAMPAGNE-CHAPTON ( Gharles-Frangois-Fer- 

dinand ), 21 septembre 1759. 

12. Comle d'HAUTEFEUILLE (Charles-Louis Texier ), 20 f^vrier 

1761. 

13. CheTalier D*ARGAMBAL ( Antoine-Joseph-Fiancois des Lacs du 

Bousquet ), 5 juin 1763. 



62 H1ST0IRB 

14. Yicomte de CUSTINES ( Adam-Philippe Blackftrth ), 10 aoAt 

neo. 

45. Marquis DE LA TOUR DU PIN-MONTAUBAN ( Armand-Fran- 

gois), !*■' Janvier 1784, 

16. Comte DE TOULONGEON ( Aane-Gdme-Alexandre ), 10 mars 

1788. 

17. DURAND DG LA ROQUG ( Jean-Alexandre ), 25 juillet 1791. 

18. DE FE ( FranQois ), 27 mai 1792. 

Cc regiment a 6t6 cr6e par lettre de cachet du 
20 novcmbre 1607. II a eu pour noyau une compa- 
gnie d'infanterie appartenanl au comte de Montpey- 
rouxy qui tenait garnison k Arras et qui provenait 
d'un regiment lev6 en 1638 et Iicenci6 en 1659. 

La guerre avec TEspagne n'ayant pas eu de suite, 
le regiment de Montpeyroux fut reduit en 1668 k 
quatre compagnies, qui s'embarquferent I'ann^e sui- 
vante pour alter au secours de Candie. Le regiment 
se fit remarquer a la sortie du 25 juin, et, pendant 
tout le reste du s^jour des Francis k Candie, ii de- 
meura charge de la garde du fort D6m6trius. 

Renlre en France au mois d'octobre, il prit en 
1671 le titre de la province de Rouergue, qu'il a 
•loujours port6 depuis, et recut en 1672 pour la 
guerre de Hollande une augmentation de douze 
compagnies. II demeura cette ann6e en garnison 
et il fit la campagne de 1673 en AUemagne. Pass6 
en 1674 sous les ordres du prince de Cond6 k Tar- 
mac de Flandre, il se trouva le 1 1 aodt k la bataille 
de Seneff^ et, imm^diatement apr^s, ii retourna en 



DB l'aNGIENNE INFAMTIWIE FRANCAISE. 83 

AUetnagne ct combattit avec Tureone a Sinfzbeim^ 
Eii^eim, Mulhausen etTurckheim. En 1675, apres 
la mort du marechal, il se trouva h la retraite d'Al- 
tenheim et prit part k la d61ivrance d'Haguenau et 
de Saverne. En 1676^ Rouergue etait au combat de 
Kokersberg, et en 1677 au siege de Fribourg, dont 
la garde lui fut confiee. A la fin de decembre, 
250 hommes du regiment^ commandes par le lieu- 
tenant-colonel de Planque , taillerent en pieces k 
Schonau un d^tachement de la garnison imp^riale 
df Rheinfeld. l^e 17 Janvier 1678, le capitaine Ca- 
sal^desy envoyi k la petite^guerre, emporta les re- 
tranchements ^lev^s par les Imperiaux a Albers- 
pach. Le 7 juin, en compagnie du regiment de 
Touraine, Rouergue s'empara du poste de la monta- 
rgaint-Pierre, qui favorisait le passage des cou- 
ennemis. n quitta enfiti Fribourg le 7 juillet 
ef 86 trouva a Tattaque du pont de Seckingen et a 
la prise d'assaut de Kelb. 11 fut mis en garnison 
dans ce fort et y demeura jusqu'au moment oii les 
murs en furent detruits. II se rendit alors au blocus 
de Strasbourg et contribua le 9 aout a la prise des 
forts de Zolhauss et de Till, dont la garde lui fut 
confiee. II fut appel6 au mois de novembre au si^ge 
de Lichtemberg, oii Ic colonel de Monlpeyroux fut 
bless6 k mort (1), et il termina cette guerre en 1679 
par le combat deMinden> 




■vw^a 



(1) M. de Moatperroux 6taii brigadier du 24 f^vrier 1676. Soa 
siiGeeBBear«M. de lldlaiue» obtint k m^me grade U 24 aoAt 1683. 



64 HISTOIRB 

En 1683, Rouergue fait partie du camp de Bou- 
quenom, sur la Sarre, que le roi visile le 4 juillet , 
et il est employ^ au d^frichement des bords de la 
riviere. Au mois de mai de Tann^e suivante , il est 
au siege de Luxembourg. Pendant les premieres 
operations de ce si^e , il reste k la garde du depdt 
des munitions ; mais il est appel^ k monter k I'assaut 
de la grande contre-garde dans la nuit du 27 au 28 
mai , et s'y couvre de gloire. A peine le signal est-il 
donne, que malgr^ I'explosion de deux mines etd'un 
magasin ^poudre, il s'elance sur les palissades; up 
lieutenant de grenadiers saute dans te foss6, suivi 
d'une dizaine d'hommes, et y soutient un combat 
acharne contre vingt maitres de la garnison qui sont 
presque tous tu6s avec leur commandant. Le 30 , les 
grenadiers parlicipent encore a la prise de la cou] 
du vieux chateau de Munster, ce qui force le prl 
de Chimay , gouverneur de Luxembourg , k entrer 
en pourparlers. Les pertes du regiment y dans ces 
deux actions, furent le lieutenant deLuzam, tu6, les 
capitaines Desfecq , Freg^re , Descombite et quatre 
lieutenants, blesses 

En 1688, Rouergue fait partie de Tarmfee du 
rdauphin, et se trouvekla prise de Pliilisbourg , de 
Manheim et deFranckenthal. En 1689, il travaille 
aux fortifications de Landau ; il quitte cette place le 
2 aoilt pour joindrele mar^chal de Duras , et il con- 
tribue sous ce chef k la prise de Briicksaal. II sert 
encore a I'armee du Rhin en 1 690 , et en 1 691 il est 
envoys sur les Alpes. II prend part k la conqu^te de 




DB L^ANGIENNE INFANTBRIE FRANgAlSE. 65 

la Savoie et du comt6 de Nice , et se distingue sur- 
tout au siege de Montm^lian. En 1693, il s'illustre 
A la defense de Pignerol. II 6tait camp6 entre la ci- 
tadelle et le fort Sainte-Brigitte, pour assurer la 
communication de ces deux ouvrages. Le soir du 2 
aoiit, les assi^geants se pr^paraient k un coup de 
main qui avorta y gvkce k la \igilance du capitaine de 
grenadiers Casalfedes. II avait toujours des grena- 
diers couches a plat ventre contre la tranch6e , de 
sorte qu'ilfut averti k temps du dessein des enncmis. 
U mit a I'instant sa troupe en bataille , chargea Ten- 
nemi au moihent ou il sortait des boyaux et Ty re- 
jeta. En poursuivant les fuyards , il tomba sur un 
gros bataillon qu'il n'h^sita point k charger, la baion- 
nette au bout du fusil. II fut seconds foit a propos 
par le capitaine de Moussolins, qui accourut au bruit 
avec le piquet qu'il commandait et qui prit les Pi6- 
montais en flanc. Ces deux braves officiers rentrdrent 
dans leurs postes avec un grand nombrc de prison- 
niers. Le 4 , 1'ennemi voulul enlever une batterie de 
quatre pieces qui lui faisait beaucoup de mal , mais 
qu'on venait toutefois de retirer, parce qu'elle 6tait 
trqp peu protegee. 11 fit marcher 4,000 hommes vers 
le point oil elle 6tait plac6e. Le capitaine de Bar 
courut k leur rencontre avec sa compagnie , se d6- 
fendit longtemps au d6bouch6 de la communication, 
et fut enfin pris avec quelques-uns de Ses grenadiers ; 
mais sa resistance avait donn6 le temps au colonel 
marquis de Canillac de se reconnaltre et de prendre 

HIST. DB L'ANC. INFANIERIB FRANQAISK. T. VI. 5 

4 ^- * 



■ ifi 



66 UlSTOIRE 

dcs mcsures pour sauver la communication. II jdt 
sortir tous scs piquets, raarcha droit k I'ennemi, et 
apres une melee terrible qui dura une demi-heure, 
il le contraignit a hattre en retraite. Apr^s la lev6e 
dusi6ge de Pignerol, Rouergue rejoignit Tarm^eet 
se trouva le 4 octobre a la bataille de La Marsaglia. 
Ilconlinuadeservirsurceltefrontierejusqu'en 1696. 
11 fut employe en 1697 sur la Moselle, et en 1698 il 
fit partie du camp de Corapi6gne, oil le marquis de 
Canillac, son colonel (I), se rendit c6l6bre park 
complete stupefaction qu'illaissa lire sur sa figure, 
dit le due de Saint-Simon, lorsque venant prendre 
les ordres du roi un jour de grandes manoeuvres, il 
s'apergut que cetait pour madame de Maintenon 
seule que Tarmees'etait faite si belle et sedonnait tant 
de mouvement. 

Porte k deux bataillons en fevrier 1701 , Rouergue 
servit d'abord sur le Rhin , et au mois de juillet il 
partit pour I'ltalie. II se trouva, au mois de septem- 
bre, au combat de Chiari , oiile lieutenant-colonel 
de Planque (2) fit des prodiges de valeur. En 1 702 , 
le regiment 6tait dans Gremone lors de la fameuse 



(1) M. dc Gauiliac est dcvenu brigadier lo 29 janyier i702, et 
mar6chal de canip Ic 26 ocloi^re i 704. 

(2) I3arth61einy do Planque, fils dd premier lieutenont-colo- 
uel du corps, cuseigno oa 1072, major 20 d^cembre 1678, licute- 
nanUcolouel 10 noveiiibro 1693, brigadier 20 Janvier 1702, ct ma- 
r6chal de camp 14 fevrier 1711. 



D£ l'aNGIENNE INFANTEBIE FRANgAlSE. 67 

surprise du prince Eugene; il assista ensuitc a la ba- 
laille de Luzzara , et a la prise de Luzzara el de Bor- 
goforle. En 1703, il fut appel^ h servir sous lo ma* 
rechal de Montrevel, centre les religionnairos du 
Languedoc et des Gevennes , et se trouva au combat 
liYr6, le 29 avril, entre Le Vigan et Anduzc. 11 y 
perdit un capitaine et eut t rois officiers blesses. 11 
resla dans cette province jusqu'on 1706, Rappelc en 
Jtalie pour le si6ge de Turin, il fut, lui aussi, ccrase 
h la bataille du 8 seplembre, et les 320 honnnes 
echappes a cette deplorable affaire se retirerent en 
Provence el d^feodireot Toulon en 1 707 . Lorsque 
les Allies eurent repass^ le Var, Roucrgue sc rendil k 
Tannee du Rhin , et ily servit jusqu'a la paix , ayant 
ses quartiers habituels sur la Sarre ou dans les 
lignes de Weisseoibourg. II fit, en 1713 , les sieges 
de Landau el de Fribourg, et il fut reduit a un ba- 
taillon le 10 avril 1715(1). 

On retrouve le regiment au camp de la Meuso en 
1727. En 1730 , il fit partie de Tarmee d'Allemagne 
et servit k la prise de Kelh , dont la garde lui fut 
confiee. II 6tait, en 1734, a I'attaque des lignes 
d'Ettlingen et au si6ge de Philisbourg, et prit ses 
quartiers d'hiver a Kayserslautern, oil le colonel 
comte de Montrevel mourut de maladie (2). Le regi- 



(\) Le regiment etait alors command^ par le comle de. Guitaud, 
brigadier le 29 mars 1710, mar6chal de camp 1" f§vrier 1719, et 
Iieutenant-g6ii6ral T' aoiit 1734. 

(2) Le oomte de Montrevel, qui avait remplac^ son fr^re en 1722, 



68 QISTOIRE 

ment fut employe , I'annee suivante , entre le Rhin 
et la Moselle , et combattit a Klausen. 

En 1741 , Rouergue fut erabrigade avec Artoiset 
place au camp de S6dan. II faisait ainsi partie de 
rarm6e de la Meuse command6e par le mar^chal 
de Maillebois. II quitta S6dan au mois d'aoi^t pour 
se rcndre en Westphalie. A la fin d'octobre , on I'en- 
voya a Dahlen , dans le pays de Juliers , et il y passa 
rhiver et une partie de I'annee 1742. Au mois de 
juin , la mauvaise tournure que prenaient les afiEaires 
de la Boh6me Ic firent marcher au coeur de TAUema- 
gne. Au mois d'aout , ses grenadiers se distingu^rent 
dans un combat centre les hussards de MentzelL 
Arrive sur la frontifere de Boh^me , le regiment con- 
courut h la prise d'Elnbogen et de Kaaden. 11 alia en 
d^cembre au sccours de Braunau , et en fevrier 1 743 
au ravilaillement d'Egra. Apres cclte operation, il 
fut place a Dingolfingen ^ et a la fin de mai il fit partie 
du secours de onze batailions envoy6 au g6n6ral ba- 
varois , comte de Seckendorf . Rentr6 en France en 
juillet , il fut mis en garnison au Fort-Louis du Rhin, 
oil il fut rejoint par un detachement rest6 k la defense 
d'Ingolstadt. Rouergue demeura k la garde des bords 
du Rhin en 1744 ; un de ses officiers se signala par 
une action d'une grande intr6pidit6. Le regiment se 



dtait brigadier du 1®^ aout 1734. Son successeur, le marquis dc 
Bervillc, deyint brigadier 2 mai 1744, mar^chal de camp 1®' Jan- 
vier 1748, et Iieutenant-g6n6ral 1*^' mai 1758. 



* DE l'ANCIENNE INFANTERIE FRAN^AISE. 69 

(rouvait caiBl][>e avec La Sarre, vis-a-vis de Manheira? 
Quatre grands radeaux avaient 6t6 pr6pares par les 
Autrichiens^ur larive opposee et semblaient destines 
k quelque coup de main. Le g^n^ral marquis de 
Hauboui^ en t^moigna de I'inqui^tude devant le ca- 
pitaine'^de grenadiers de Nardin qui offrit aussitdt 
d*aller s'en emparer. Pendant la nuit, avec un ser- 
gent et quinze grenadiers, il franchit le fleuve, s'em- 
para des radeaux et manoeuvra j)our les amener sur 
la rive frangaise. II avait d^j^ gagnS le mffigjfdu cou- 
nmt J lorsque I'ennemi s'aperQut de ce qurle passait. 
Il ouvrit alors un feu fort vif qui heureusement n'at- 
teignit personne , et Nardin aborda avec sa prise. 

Le regiment se fit ensuite remarquer k la reprise 
de Weissembourg et des lignes , aux affaires de Rei- 
chewauxet d'Augenheim et au si6ge de Fribourg. II 
perdit beaucoup de monde, le J 9 octobre , a Tattaque 
des angles saillants du chemin couvert de cette place. 
Apres la capitulation de Fribonrg , Rouergue prit ses 
quartiers d'hiver dans le com '6de Nellembourg en 
Souabc. En 1745, il demeurasur la defensive en 
Alsace , et Tannee suivante il fut appel6 h la grande 
armee de Flandre. II servit au siege de la citadelle 
d'Anvers , couvrit ceux de Mons , Saint-Ghislain et 
Charleroi, et combattit vaillarament iRocoux avec 
Beauvoisis , Orleans et Royal- Vaisseaux , a Tattaquc 
des vergers du village. Une ordonnancc du 24 octobre 
le porta a deux bataillons. 

Au raois d'avril 1 747, le i " bataillon suivit le comte 



,s 



» 
f 



70 HISTOIRB * 

dc LoAvondhal charg6 d'attaqiicr Ics places maritimeB 
dela Flandrc holiandaisc. II sctrouva ainsi aux sieges 
de L'l'^cluse , du Sas de Gand, des forts dlsendick, 
Philippine y Saint-Antoinc et Zandberg , d'Hulst et 
d'Axel. Ce bataillon se rcndit ensuite au camp de 
Malincs, et le regiment toutentier ralliale^^'juin 
lagrande arniee. U assista a la bataille dc Laiivfeld et 
occupa Hasselt , pendant que Tarmee etait camp6e a 
Tongres. II termina cette guerre, en 1748, par le 
si6ge de MaSstricht : il y faisait partie de la grande ' 
altaque. 

En 1755, Rouergue, commande par le coin% 
d'Estaing , qui s'est acquis depuis une si belle repu- 
tation comme homme de mer (1), fit partie du caihp 
de Richemonl sur la Moselle, el rann6e suivante , au 
commencement de la guerre de Sept Ans , il fut d6- 
signc pour la defense des cotes et envoye k Vue 
d'Oleron. II s'y trouvait en 1757, lorsque la flolte 
deTamiral Hawke fit une tentative de debarquement 
sur les cotes de la Saintonge. En 1759, Rouergue 
joignit Tarmee d'Allemagne, et il combattit avec 
distinction, le 1°' aout, a la bataille deMinden. Place 
avec Touraine dans quelques masures en avant de la 

(1 ) Le comte crEstaing fut fait brigadier 18 novembre 1756, nia- 
rcchal de camp 20 fevrier 1761, et lieutenant-general le 25 juil- 
ht 1762. 

Jean-Klic des Ruaux, conite de Rouffiac, lieutenant en 1720, 
lieutenant-colonel 22 mai 17ii, fut fait brigadier 20 mars 1747, et^ 
marechal de camp 10 fevrier 1759. 



J* 



DE l'aNGIENNE INFAHTERIE FRANgAISE. 71 

ff 

droite de la cavalerie pour prcttger celle-ci , il fit 
une resistance admirable lorsque cette cavalerie eut 
etS battue^ et eprouva des pertes cnormes. Le colonel 
Heraut de Sechellesfut mortellement bless^. Le ma- 
jor de Yauconcourt, lescapitaines du Petit-Thouw, 
Tellier et Florin , et le lieutenant de Bragelonne fu^ 
rent tu6s. Parmi les blesses se trouvaient les capitaines 
Gerard, Perrin de La Beyssiere et Darbois, el dix 
lieutenants. Le combat de Warboui^, le 31 juillet 
1760, fut aussi une occasion de gloire pourle regi- 
ment. II accourut au secours de Bourbonnais, qui 
allait etre ecrase , et sc trouva bientdt lui-m6me en 
'-' face de toute une armee. Contraint de battre en re- 
traite sur Warbourg, il mit trois quarts d'heure ^ ►:* 
faire une demi-lieue , et se conduisit avec une bra- 
voure et un devouement attesi6s par une perte de 
800 hommes. Sur 49 officiere presents sous les dra- 
peaux, 33 furent tuesou blesses. Le colonel, mar- 
quis de Champagne-Chapton (1), 6tait auiiopibre 



(1) Le marquis de Champagae est pass6- au com maud ement 
d'Auvergne en 1761 . Son successeur, le comle d'Haulefeuille, obtint 
le regiment de Normandie en 1763. Le cheyalier d'Arcambal, passd 
au commandement de la I 6gion corse en 1769, et mar^chal de 
camp en J780, fut remplac6 par lo c61ebre vicomtc de Ciistines, 
dont rinspecteurg6n6ral comte do Piiysfgur disait en 1781 ; <( 11 
n'y a pas de meilicur colonel. » Custines fut fait brigadier le 
1*^' mars 1780, et mar^chal de camp Ic 1" jan\icr 1784. La revo- 
lution le nomma lieutenant-g^ndral et general en chef. Cus(ines 
fut remplac6, comme colonel de Rouergue, par M. dc La Tour du 



I-J' 



72 UlSTOIRB 

tics blesses. En 1761 , Rouerguc se fit encore reiAar- 
quer aux affaires de Yillingshausen : il y combattit 
avecje r6giment d'Aquitaine. 

Rentre en France apr^s la campagne de 1762, k 
laquelle il prit peu de part , le regiment fut affects 
au service des ports et colonies, et fut envoy6 k Saint- 
Domingue. Ason retourenFranceaia fin del763,il 
rejoignit son depdt k Tile de R^, et passa aux iles 
d'Hyeres et mai 1764, et en Corse au mois de no- 
vembre de la m^me annee. II demeura pres de six 
ans dans cette ile, presque toujours k Rastfa. Lorsque 
les Corses prirent les arraes , en 1769 , 300 horames^ 
de Rouergue , commandes par le major Durand- 
jj Dauny , leur firent 6prouver un assez rude 6chec , le 
8 mai, a la Rocca San-Giacomo. Au mois de juin, 
-le regiment contribua a la prise de Hie Rousse , ou 
se trouvaient I'artillerie et tous les magasins de Paoli, 
et k la complete soumission de la Ralagne. 

Roqiei^e debarqua k Toulon le 1" octobre 1770 , 
et alia tenir garnison a ATignon. 11 passa de la k Metz 
en novembre 1771, a Lille en octobre 1 772 , a Gra- 
velines en avril 1773 , k Thionville en octobre 1775, 

• 

Pin, brigadier 1" Janvier 1784, et marshal de camp 9 mars 1788, 
nuquel succ6da le comte de Toulongeon, mar^chal de camp 6 oc- 
tobre 1791. Le colonel de F6, lieutenant au corps en 1755, avait 
616 nomm6 lieutenant- colonel le 10 mars 1792. 

Pierre-Henri Dantin de Saint-tP6e, nomm6 lieutenant-colonel le 
19 juillet 1763, 6tait parvenu au grade de brigadier le 22 Janvier 
1769. 



# 



»« 



DE L^ANCIENNE INFj^NTERIE FRAN^AISE. 73 

a Pbalsbourg en octobre 1778, a Arras et Aire on 
mai 1779, eta Dunkerque au mois d'aout suivant. 
Un detachement fut embarqu^ dans ce port sur une ^ 
division de trois fregates chargee de croiser dans la 
mer du Nord , ^et se trouva , le 27 avrfl, au combat 
soutenu par ces frigates contre quatre fregates an- 
ises. Le lieutenant de Lauture fut tu6 sur le Rohan- 
Soubise. 

En juin 1 780, le regiment fut dirig^ sur (Gtuingamp^ 
d'oii il se rendit , au mois de septembre , k Saint-Pol 
de Leon , et il s'embarqua le 30 octobre sur la flotte 
du comte d'Estaing pour passer en Amerique. Cette 
exp^ition trouva un contre-ordre en rel^chant k 
Cadix, et rentra k Brest au mois de novembre. Rouer- 
gue retourna a Saint-Pol de Leon, d'oii il fut a Saint- 
Brieuc en novembre 1781 , et ^ Brest en novembre 
1782. C'6tait encore pour s'embarquer, et cette fois 
il passa reellement en Amerique ; mais la guerre etait 
a peu prte termin^e lorsqu'il arriva dans le Nouveau- 
Monde, et il 6tait de retour a Brest le 4 avril 1783. 

Apres un court s6jour a Brest et a Guingamp , 
Rouergue se rendit ^ Thionville en juillet 1783. II 
fut a Avesnes en novembre 1787, a Poitiers en avril 
1788, a Aurai en juillet 1788, et k Quimper en 
avril 1789. Le 2*bataillon, fort de 315 hommes, fut 
embarque a Brest pour la garnison des vaisseaux. 
Le I" quitta Quimper le 10 mai 1791 pourse rendre 
a Blois, oil il fut rejoint le 18 aout par le 2^ batail- 
lon. Ce fut k cette epoque que le regiment se mit 



.* ■ -^ 



^f 



74 niSTOiRE 



en insurrection a propos de quatre soldats detenus 
pour d61its militaires et qu'on avail except6s de la 
loi d'amnistie. Cette 6meute n'eut au reste point de 
suites graves; {'indulgence de TAsseinbl^e natio- 
nale fit renaltre Ford re, et Rouergueise mit en route 
au mois de septembre pour Bcsan^on. Son itin^ 
raire ayant ete change, il se dirigea sur Toul el 
Nancy, qu'il quilta en mars 1792 pour aller k Saar- 
guemines et Saint-Avoid. 

Lorsque les hostilit6s commen Cerent, le 1" batail- 
Ion fut envoy6 k I'arm^e des Ardennes, et le 2* se 
renferma dans Thionville. Ce fut le lieutenant-colo- 
nel de Rouergue, M. de Lavergne, nomni6 comman- 
dant provisoire de Longwy qui eut le malheur d'etre 
force par les habitants de cette ville et une partie de 
la garnison a se rcndrc aux Prussiens le 23 aoAt 
1792. Le 16 oetobre de la m6me anriee, jour mdme 
de la levee du blocus de Thionville, le 2«» bataillon 
fit partie de I'expedition dirigee contre les posies 
ennerais de Guenelrange et sauva d'une perte cer- 
taine les volontaires thionvillois , qui s'^taient 
trop engages. Ce fut pendant le siege de Thionville 
que Lazare Hoche, recemment promu h une Heutc- 
nance dans le 2* bataillon de Rouergue, conimenQa 
a se fairc remarquer et nierita d'etre appel6 auprcs , 
du general Lcvcneur en qualilc d'aide de camp. 

Apres la rctraite de Tarinee prussienne, le 2" ba- 
taillon futenvoye ararniee duNord;il prit i)art a la 
Conqu6te de la Belgique, et, lorsque' la defaite de 



»-- 



DE l'AHGIENNE llfFAirrERIE FRANfiAISE. 75 

Nccrwindcn fit perdre a ccUc arraoc le fruit de ses 
Iravaux, ii vint se renfermer au camp de Maulde, oil 
il demeura jusqu'au depart de Dumouriez. il entra ' 
alors dans Valenciennes. Pendant la eainpagne de 

1793, ce bataillon fit partie de Tarm^e du Nord, ct 
le 1" servil a Tarraee de la Moselle. Sur la fin de 
cette annSe, le 2* bataillon vint, lui aussi, dans les 
iigncs d'Alsace et se distingua le %6 d^cembre k 
TafTaire de Geisberg pres de Weissembourg. Le ser- 
genl Adraste se fit remarquer ce jour-la par un 
trait de sublime courage. Ayant vu tomber sous les 
coups de I'ennemi le porte-drapeau du bataillon, il . 
s'elanca seul a travers les feux croises des Autri- 
chiens ct fut assez heureux pour sauver son dra- 
peau. 

Le 1" bataillon de Rouergue est passe en 1794 a 
Tarmee dc Sambre-ct-Meuse ; il n'a point subi I'a- 
nialgamc. Ainsi la 115' demi-brigade n'a existc que 
sur le papier. Ce bataillon est entre directement, le 
19 fcvrier 1797, dans la formation de la 55* demi- 
brigade du Directoire. 

Le 2* bataillon dc Rouergue, demeure a Tarmee 
dc Rliin-et-Moselle, servit de noyau, le 15 Janvier 

1794, a la IIG* demi-brigade. 

Les drapcaux du regiment dc Rouergue etaient 
\erls a>cr un losangc rouge dans cliaquc quarlicr. 

Lo premier costume de cc corps s'clait compose 
d'liabit et culottc blancs ou gris blanc, vesle, collet 
et parements rouges, boutons et galon de chapeau 



76 HISTOIRE 

d'or. Les poches elaient en pattes ordinaires, gar- 
nies de trois boutons ; 11 y avait aussi trois boutons 
* sur la' rnanche. En 1762, le regiment eutles reyers 
vert de Saxe et les boutons jaiines. En 1772, il prit 
les revers rouges, et de 1776 k 1779, il a porte les 
revers et parements vert fonc6, le collet aurore et 
les boutons blancs. 



DB I'mCIENNB INFAlH'fiRIE FRAN(A1SE. 77 



REfilHENT DE BOURGOGNB. 

59^ REGIMENT d'iNFANTERIE. 

Grave... 

MESTRES DE CAMP OU COLONELS. 

i. Comte DE ROUSSILLON ( N. deTournon ), !«' mars 4668. 

2. Marquis de CHA!dlLLY ( Noel Bouton }, 8 juiliet 1669. 

3. Comte de OilAMlLLY ( Francois- Jacques Bouton ), 14 f^vrier 

1680. 

4. Marquis de DREUX ( Thomas Dreux de Brez6 ), 28 avril 1698. 
3. DE RIGAULET ( N. ), 26 octobre 1704. 

6. Marquis de SOYEGOURT ( Joachim-Adolphe de Seigli^res de 

Boisfranc), 17 novembre 1704. 

7. Marquis de FEUQUl^RES ( Antoine de Pas ), 9 avHl 1724. 

8. Marquis d'HEROUYILLE ( Jacques-Antoiue do Ricouard ), 

17 septembre 1728. 

9. Comte d'HEROUYILLE DE CLAYE ( Antoine de Ricouard ), 

iO mars 1734. 

10. Marquis d'HEROUYILLE ( Antoine-Louis de Ricouard ), 

26 mai 1745. 

11. Comte de BOUZOLS ( Anne-Joachim de Montaigut), 30 no- 

Tembre 1761. 

12. Marquis de LURER ( Edouard-Jeao ), 5 juin 1763. 

13. Comte de SURGfiRES DE PUYGUYON ( Charles-Henri ), 

1 1 avril 1770. 

14. Comte de GANGES ( Louis-Claude-Marianne de Yissec ), 

8 avril 1779. 
13. Comte de BASCHl ( Charles-Frangois Reinier ), 10 mars 1788. 
16. Comte de CHAPT DE RASTIGNAC (Jacques-Gabriel), 13 avril . 

1788. 
i7. DARCELIN (Jean-Louis ), 16 octobre 1792. 



t* 



78 HISTOIRE 

Louis XIV \enait de conqu6rir une premiere fois 
la Franchc-Comtc au commencement de 1668. Un 
grand nombre de gentilshomraes de la province 
abandonnerent avec empressemenl le parti de TEs- 
pagne pour se donner a la France. Le roi, pour se 
les altacher, cr6a le 1^^ mars un regiment de 2,000 
hommes en vingt-qualre compagnies, et en donna 
le commandement au comte de Roussillon^ qui 6tait 
pr6cedemment gouverneur de Besan^on pour le roi 
d'Espagne. C'est le regiment de Bourgogne. II a de- 
puis sa cr6ation toujours porte ce titre, et il ne faut 
pasle confondre avec un autre regiment du memo 
nom leve en 1635 et licencie a la paix des Pyrenees. 

Louis XIY donna au nouveau corps des drapeaux, 
dont la composition singuliere fournit une preuve 
in'6cusable qu'a cctte epoque il n'y avait point d'em- 
bleme national absolu. La croix blanche droite qui 
ressortait sur un fond de couleur dans les enseignes 
de tons les autres regiments d'infanterie alors snr 
pied, frauQais ou elrangers, fut remplacee dans les 
drapeaux de Bourgogne par une croix de Saint-An- 
dre rouge, qui trancliait sur une ^toffe blanche par- 
semee de fleurs de lis d'or. Le drapeau colonel 
presentait le meme dessin et la meme disposition, 
sculeraent la croix de Saint- Andre etait blanche 
comme le fond. 

Au moment de sa formation, Bourgogne occu- 
pait dans riiifantcrie le 47** rang; mais ayant 6te 
donn6 en 1669, apres la mort du comte de Rous- 



DE L^ANGIENNE INFANTBRIE FRAN^AISE. 79 

silion , au marquis de Chaniilly, celui-ci y incor- 
p3Pa, le 6 mars 1672, le regiment de Saint-Leger, 
dont il venait d'achcler la propriete, et qui mar- 
chait apres Rouergue. Devenu ainsi le 46" et porlc a 
trente-trois corapagnies, le r6gimenl dc Bourgogiie 
fit la campagne de Hollande en 1672 dans un corps 
s^pare de quatre regiments, qui, rannee prece- 
dente, avail occup6 le camp de Dunkerque, et qui, 
parti de Charleroi en mai 1672 sous les ordres de 
M. de Montal, se porta a Kayserswaerth sur le Rliin. 
et prit Burik le. 3 juin , Wesel le 4, Groll le 9 et 
Deventer le 21. Bourgogne servit en 1673 an siege 
de Maestricht, et a la fin de cette campagne ii fut 
mis en garnison a Grave, oil le comte de Chamilly, 
frere du colonel, fit en 1674 une defense si justc- 
oa^nt c^lebre. Un seul bataillon prit part a cette 
m&merable resistance. D^s le d6but du si^ge, le 
15 juillet, ce bataillon contribua h chasser les Hol- 
landais de Tile de Middelwaerth et perdit les capi- 
taines Dubourg et Montigny a I'attaque dc Tile de 
Moock. A Tassaut du 29 septembre, le bataillon de 
Bourgogne fut presque enliferement d6truit. Offi- 
ciers et soldats se firent tuer a I'envi sur la breche. 
Le capitaine Mayet, gri^vement blcssc, et le capi- 
taine La Roche, se dfifendaient encore bravement 
avec cinq hommes dans la derniere place d'armes, 
quand le regiment de Normandie arriva et degage.i 
ce glorieux d6bris. Le 1" octobre, le capitaine 
llayet repoussa encore avec une poignee de soldats 



80 UISTOIRE 

Ics assi6geants qui attaquaient Ic bastion de la 
Meuse. Lc 17, Ics ennemis s'6taient cmpar^s du 
chemin couvert de Ravenstcin : le comte de Chamilly 
ordonna a Bourgogne de le reprendre. Ce brave rfe- 
giment s'y porte avec la derni^re \igueur ; le chemin 
couvert est pris et repris jusqu'a dix fois ; il reste 
cnfin au pouvoir du balaillon, lout couvert des ca- 
davres des vainqueurs et des vaincus. Le roi, voulant 
sauver les restcs d'une si vaillante garnison, envoya 
k Chamilly I'ordre de rendre la place. II n*ob6it 
qu'au second commandement, et ,. apr^s qualre- 
vingt-treize jours de tranch6e ouverte, il remit une 
villc en mines au prince d'Orange, qui lui accorda 
la plus honorable capitulation. 

Pendant ce temps, le 2** bataillon de Bourgogne 
combattait h Tarmee de Turcnne et se faisait rem] 
quer le 16 juin a la bataille de Sintzheim, eiC 
4 octobre u cellc d'Ensheim, oil il fit des prodiges de 
valeur a cdt6 du regiment d'Orleans. A la fin de 
cette campagne, les debris des deux bataillons fu- 
rent mis en garnison pour se refaire : le 1" a Aude- 
naerde, d'oii il fit en 1675 plusieurs expeditions j 
brillantes dans le pays de Waes, et le 2® k Charle- 
mont, qu'il quitta au mois d'aout 1675 pour mar- 
cher vers Treves, assiege aprfes le desastre de Con- '*' 
saarbruck. En 1676, les deux bataillons r6unis 
ouvrirent la campagne, au mois d'avril, par le si^e 
de Conde. Au mois de mai, ils couvrirent le si6ge 
de Bouchaiu, et ils furent ensuite envoyes a Aude- "*? 




r)K i/an<:ikn>e infantrrie fram^uise. Si 

naerde, que rarmeeeimemic racnacait. lis n\\\ sor- 
tirent que rannec suivanle pour faire le siege tie 
Valenciennes. Bourgogne servil eiisuile a celui tie 
Cambrai, et, le 1" avril, il ful tlelache de rarniee 
(Ju roi pour aller renforcer telle du due d'Orleans 
devant Saint-Omer. II se Irouva ainsi, le 11, a la ba- 
taille de Cussel, oil il occupait la droite de la deuxicuie 
ligne. Ses pertes furent dssez considerables. Les ca- 
pitaines des Mardelieres ei du Theil, et deux lieute- 
nants furent tucs; parini les Idcsses, on comptail les 
capitaines de Villars, des Alleurs, Sainle-(]loy, Beau- 
regard et Thomassin, etdeux lieutenants. 

En 1678, Bourgogne lit encore partie de Tarniee 
de Flandre; il ouvrit la Iranchec devant Gand , le 
5 mars, avec les Gardes Frant;aises et Navarre. II fit 
aussi le siege d'Ypres. Le colonel nian[uis de Cha- 
milly (I) fut blesse a Tun el a I'autre siege. An inois 
d'aoiit, apres la signature des preliminaires de la 
paix avec TEspagne et la Ilollande , le regiment 
quitfa Mons, oil il ctait en garnison, et se rendit a 
Tarrnee du raarechal de Schoinherg. Enfin il partit 
de Verdun en oclohre pourFAlsace el pritses quar- 
ters dans cclle province. 

Bourgogne fit, en 1(584 , le siege de Luxembourg; 

(I) M. dc (Ihaniilly t'utnoinme inarechal de camp lo 19 noveui- 
lire 1674, lieutenaut-i^oiieral le '28 jiiin IC78, et inar^ch.il de 
France le 14 jauvier 1703. II ceda en 1680 le r^'gimenl a son iie- 
veii, qui est devenu brigadier 30 mars 1(393, marechal de camp 
23 di'cemln't! 1702, el lieuleuaul-ij^eiiHral 26 octohre 1704. 

HIST. UE i/ANC INFAISTERIE FRA?iCAlSK. T. VI. 6 



82 nisToiRB 

il se distiiigua, le 20 mai, a Tassaut du ravelin de 
Grump All moment on la mine \enait de faire bre- 
che , scs grenadiers s'clancerent sur le ravelin el 
parvinreiitas'y logor, apresun combat acharne, dans 
lequel fureut blesses les capitainesBelcastel, La Sa- 
bliere ct Saint-Vincent , et sept lieutenants. Pendant 
les annees qui suivirenl, le regiment resta en gar- 
nison dans la Flandre. 11 se rendit , en 1689 , a Tar- 
raee de la Moselle , et se fit remarquer , le 26 aout , 
a la prise d'assaut du chateau de Kockheim. Quelques 
jours apres , le capitaine Duplessis , cliarg6 de garder 
avec cent hommes le chclteau de Nurembourg, fut 
somme de se rendre par le general Schoening qui le 
bloquaitavec 1,500 Imperiaux. L'inlrcpide capitaine 
rejeta avec mepris les propositions qui lui furent 
faites, et sut forcer son ennemi a lever Je siege. 

En 1090, le regiment vint sur laMeuse etse trouva 
a la journee de Fleurus. II passa I'annee suivanle sur 
leRliin, et partit dc la^ au mois de juin, pour se 
rendre a rarmeedltalie. II se trouva, la memeannee, 
ii la prise de Nice, de Villetranclie , de Montalban, 
de Sant'Ospizio , de Veillane , de Carmagnola , se 
dislingua entre tons, le 21 octobre , au combat oil 
fut defaile Tarriere-gardc du due de Savoie, se signala 
encore a la levee du siege de Suze, on le capitaine 
Tliomassin fut blesse a niort et le capitaine LaHaye- 
Lecomte dangereusement, et termina cette belle 
canipagne , en dcceinbre , par la prise du cha- 
teau de Montmelian. £n 1692, il contribuaa la de- 



DK l'aN<:IKNNK INFANTKRIh: FKANCAISE. ' '^ 

ienscdePigiierol eldeSiize. En 1093, pendant (|«i'iin 
bttniilon domeurait a la ^^^ariie dc ccs places , 1 auire 
se rendil sur le Rliin , et lit celle canipagne et la siii- 
vante dans la brigade de Normandic. En 1695, l(>s 
deux balaitlons se ret rou vent en Italic; ils serveni, 
en 1696, au siege de Valencia, renlrent en Franco 
Jorsquc la paix est signee avec la Savoie, ol vonl 
servir, en 1697, a Tarmee de la Meuse, qui couvw 
le siege d'Ath. 

Bourgogne se rendit , au uiois de decembre 1700, 
a Tarmee d'llalie^ et fit la canip:igne dc 1701 aNcc 
Normandie. 11 nppuya les troupes qui comlmltirenl fi 
Carpi, et fut lui-ni6rae vigoureusement engage a 
Chiari, oiile colonel marquis de Dreux(l) rccut un 
coup de feu a la cuisse. Un des bataillons du regi- 
ment etait ^ Grenione loi^s de I'entreprise du prince 
Eugene; il y fut fait prisonnier dans le [)reLnior mo- 
ment de d^sordre , mais bientdt deli\re , il coniribua 
a Iad6route des Irap6riaux. Bourgogne assista, pen- 
dant la campagne de 1702, au combat dc Sanla- 
Vittoria, oiises deux bataillons rorma.enl la reserve 
(lu ducde Venddme , a la halaille de Luzzara , el a 

{{) M.dc Dreu\ ful noinin^ brigadier Ic 21> jaiivicr 1702, uiaro- 
rlnl (Ic camp ie 2G ocLobre 1704, ol rieuleu,int>g(-ii>'M;tl lo 2 jiiiU 
Id 1710. Son succesiour, M. d<j Hi/'iulet, csi pass^ au ru^iinoiii de 
liouei{^iiC. 

Alexandre dc Bar, cntrc au co>ps eu 1668, major i mars 1680 
et licutenanl-coloDcl 20 decembre i692, U\{ fait brigadier le 20 Jan- 
vier 1702, en m^me temps que M. de Dreux 



DE l'ancienne ikfanterie francaise. 85 

de cette ville, Ic 21 seplembre, les grenadiers se 
couvrirent de gloire en refoulant jusque dansle che- 
min couvert une nombrcuse sortie. Le regiment 
passa toute la fin do cette campagne et le conimen- 
cement de celle de 1705 devant Verue. Dans la 
gramje attaque du 1" mars, sur le fort de I'lsle , il 
eut mission d'insulter la courtine. II fit ensuite le 
si^e de Ghivasso, assista sans combattre h la bataille 
de Cassano, ou touteFois son colonel, le marquis de 
Soyecourt (1) , fut bless6 , ct il servil d'une maniere 
brillante, le 16 octobre, a I'attaquedes retranchc- 
mentsde Gumbelto. Le 19 avril 1706, il se distin- 
guait , a Calcinato , a c6te du regiment de La Marine, 
et il assistait encore celte annee aux affaires de 
Turin et de Castiglione. 

A sa rcntree en France , il fut elahli dans la Pro- 
vence. II contribua en 1707 a la defense de Toulon, 
oil il occupait Ic camp retraiiche de Sainte-Anne, et 
il acheva cette cainpagne dans le Dauphine. II passa 
Tanneo 170S a Exiles, et pril part a Tatlaque de 
Cesanne.En 1709, on Tenvoyaa Tarmeede Flandre; 
il fut embrigade avec Piemont, et assista a la bataille 
de Malplaquet. En 1711 , il est a Tattaque d'Arleux 
et se signale dans une action particuliere pres de 
Hordain, ou ses deux bataillons, aides par le bataillon 
deBigorrc, aneanlissent deux bataillons ennemis, 

(1) Brigadier 1*' fevricr 1711). 

Joseph de Verot de Toroii , sous-lieutenant en iG87, major 
10 avril 1712, lieutenant-colonel A nvril 1714, tut fait brigadier It 
:UTriM72i. 



86 UISTOIRE 

donlpas uii homuie irceiiappi;. Les soldaits y tiront 
un i)utin considerable, qui ful encore augmentc par 
Ic prix de la ran^on de plusieurLs officicrs generaux 
el snperieurs. Hourgogneotait^ en ITIS, i\ lajoiirnee 
(ie Denain, et contribua a la reprise de Douai, de 
Marchiennes, du Quesnoy ot de Bouchain. 11 sc ren- 
dit Tannce snivanie sur Ie Rhin , servit au siege de 
Landau, contribua a la defaite du general Yauboniie, 
ct termina glorieusemenl celte guerre devant Fri- 
bonrg. Dans la nuit du 12 au lit octobre, les gre- 
nadiers du regiment de Laval venaient d'emporior la 
chemin convert du fort de TEscargot, luais IVxplo- 
sion d'une mine les ensevelil tons a lexception de 
quatre. Un comhat terrible s'engajjt* aloi-s snr Ten- 
lonnoir, entro les assicgos et une c()in|)agni(i tie gre- 
nadiers de Hourgognc denieuree en reserve. Oette 
?oinj)agnie rosisla scule h Ions les eflorts di» Tennemi, 
el donna Ie temps a la garde de trancliee (Tarrivcr a 
so!i secours. 1.q brave capitaine de cette compagnie, 
M. de Pina, fnt tue dans la melee. 

line ordonnanco dn lOavril 1715 rednisit Bour- 
gogne a un bataillon. C.elui-ei se rendit a Tarmee 
(In Rhin a la fm do 171^.3, fit Ie siege de Kelh et 
passa riiivcr dans la haute Alsace. II se trouva en 
1 734 a Tattarjue des lignes d'Ettlingen et au siege de 
Philisbonrg. Apres la prise dc cette place, il fit par- 
tie du camp de Bulh , cominaiule par Ie prince de 
Tingi y, el on I 735 il combattit a Klausen (1). 

(I) Hoiniro;5n« avail alois pour colonel M. d'Hcrouville, briga- 



DE l'aNCIENNE INFANTERIE FRAN^AISB. 87 

Au mois d'aout 1741, le regiment se rendit k 
I'arm^e du Bas-Rhin. It passa I'hiver dans Tcveche 
deMunster; au mois dejuiii 1742, il etait au camp 
de Dulmen, et au mois d'aoilit il se mil en route pour 
la Boh^me. 11 debuta dans ce pays par la prise de 
Falkenau , et au mois de septembre il fit partie de 
I'expedition dirigee par le due d'Harcourt sur la 
ville de Plan. La ville fut emporlee le 21 ^ et 400 Au- 
trichiens qui la gardaient furent faits prisonnicrs. 
Le colonel d'H^rouville fut blesse dans cette aflaire. 
Bourgogne concourut ensuite a la prise d'Elnbo- 
gen, au secours de Braunau et au ravitaillemcnt 
d'ftgra. Place en Janvier 1 743 dans Ics ligncs de la 
Naab etde la Vil/., il conlribua en fevrier a I'occu- 
pation de Schmidniulli , de Rieden et d'Enslorf, et 
fut ensuite place avec iModoc dans Schmidmulh et 
Vilzhofen. En avril, il fit partie dcs corps dcsign6s 
pour aller rclcver la garnison (Kfigra. II soulTrit pen- 
dant sept mois dans celtc villc le blocus lo plus ri- 
gouroux et loutes Ics horreurs de la famine et fut fait 
prisonnier de guorrc. Echange en 1744, il vint se 
retablir en Alsace, se trouva colte memc annee a la 
reprise des lignes de la Lauter et a Tallaque de Suf- 
fclsheim, et passa, au mois de scptcmbro, en Baviere 

ilior i" fevrier 1719, marochal ile camp 20 lovrier 1734, ntlieiito- 
nant-^6iieral \^' mars 1738. Son Ills atno ([ui lui siicceda o!)lint les 
m^mos grades Irs 20 iVjvricr 1743, l*"*" niai 1745, ct i mai 1748. Lo 
frjjrode rclui-cilc rcmplaqa et doviiit brigadier 1 "mail 758, mar6- 
rhal de camp 20 fevrier nfiljCtlieulciiant-gcneral 1" mars 1780. 



8H HISTOIUK 

avec 1(! coiiite dc Sogur. II hivcnia h Donaiiwortli, 
coiiilKiUil en avril 1745 a IMalleiihorcn cl parlngea 
la gloire dc la belle retraile de M. de Segiir. II cou- 
tiniia code caiupagnc siir le Rhin v\ fiit rends a deux 
])aiaillons par ordonnance dn 25 aout. Eiivoye pen 
apros on Flandre, il fit snr colto fronticre le siege de 
Nicwport. 

Hourgognequitta rarnu'u? deFlandrc en juillet 1 74G 
ponrallor renforccr rarniee d'llalic qui venail d'etre 
conlrainle a repassfer les Alpes. II conlribua a fairc 
lever le si6ge d'Anlibos el a rcjefer les Autricluens de 
Tantrc c6te dn Var. On le Ironvc au niois de niai 
1717 a la reprise des iles Saintc->lar}.nieritc et Saint- 
Honoral ; il domeure an canij) de Tonrnonx du 
9 jiiin an 10 septenibro; il passe alorsdans le comt6 
de Nice, pariicipe aux combats livres pom* deblo- 
quer Vinlimillo et lire les dcrniers coups de fusil an- 
tour de Genes, en repronant des redoutes dont les 
Anlrichiens s'elaicnl ein|)ares, quoicpie les preliini- 
naires dc la paix eussenl etc signos. 11 ne quitta 
Genes pour renlrer en France quen fcvrier 'iliiK 

Bourgogne fnt envoyc en 1755 a Uocbcfort. C'est 
le premier regimenl de larniee de lerrc (jui ail tenu 
garnison dans ce port. Le 2' bataillon s*y embarqua 
le 'A inai avec le baron de Dieskau pour passer au 
Canada. II y parlagea jusqn'a la fin les travanx ctles 
niiseres de la pelile armce (|ui disputa cetle belle co- 
Ionics aux Anglais. A la fin de 1751). (juehiues com- 
pagnics du T' balaillon monlrrent sur les fregales 



DE L*ANCIENNK INFANTlSr.lE FHAN^AISR. 89 

coniioes au capitaine Thurot pour unc expedition sur 
ies c6tes septentrioualcs do la Grande-Bretagiie. 
Elles sc Irouverent 1e 2t fevrier \ 760 a la prise de la 
\illc de Karrikfergus, en Irlandc, et le 28 au sail- 
giant combat naval de I'ile de Man, oil furent blesses 
Ies capitaines Brazide el Garcin. 

Au moment de la paix, Bourgogne avait un ba- 
taillon aRochefort etTautre h TtJe d'Oleron, et ii fut 
employ^ pendant quelques ann^cs au service special 
des ports et colonics. II se rendit a Blaye en avril 
1764, a Bayonne en noverabre 1764, aBriangon en 
octobre i 765^ k Embrun et Montdauphin en Janvier 
1 766, k Landrecies et Avesnes en novembre 1 766, a 
Lille en novembre i 767, alSaint-Omer en juin 1 768, 
k Dunkerque en octobre 1 768, et en Corse en mars 
1769. II contribua a la souniissioii definitive de cette 
ile et, a son retour sur le continent en octobre 1 772, 
il fut place a Antibes et Monaco. 11 passa de la a Neuf- 
brisach en octobre 1773, a Melz en octobre 1774, a 
Montmedy en octobre 1776, a Calais en novembre 
1 777. Pendant la guerre d'Amerique, a laquellc il ne 
prit aucune part, de 1778 a 1780, il fut employe a la 
garde de la basse Normandic et occupa successive- 
ment Lisieux, Baycux, Granville el Valognes. A la fin 
d'octobre 1780, il se niit en roule pour Lyon, oil il 
sejourna deux ans. Depuis, il est alle a Toulon en 
Janvier 1783, aBelfort en novembre 1783, aHunin- 
gue en octobre 1781, a Besancorj en juin 1 788, et il 
etait de retour a Iluningue au niois de novanbre de 
la memo an nee. 



00 HISTOIRB 

Des les premiers troubles , Bourgogne fut dirig^ 
sur le midi, ou de graves d^sordres altaient 6clater. II 
arriva a Lyon le 3 aout 1 789, passa de 1^ en septembre 
a Grenoble, et le mois suivanl il fut partag^ entre 
Aries et Uzfes. Pendant les ann^es 1790 et 1791, le 
regiment eut toujours son quartier principal k Uzes ; 
ses bataillons firent des excursions a Draguignan, Avi- 
gnon, Sorgues et Carpentras, et surent vivre par- 
tout en bonne intelligence avec les citoyens. Le 
1 4 juillet 1 790, il assistait a la f^te de la Federation k 
Draguignan. Le maire, par un caprice singulier dans 
un fonclionnaire volontaire, se refusa a prater le ser- 
ment civiquo. 11 ne fut sauve de la lanterne que par 
Ic devouement du colonel de Raslignac (I) et du lieu- 
tenant-colonel Laroque (\\\\ lui leverent le bras de 
force et le firont evader. 

Pendant la premiere nioilie do 17!)2, Bourgogne 
fut partage entre Alais, Pont-Saint-Ksi)rit et Carpen- 
tras. Au conmicnccment des hoslililes, le 2*balail- 
lon fut place a Nimes, et le 1" joignit Tarmee des 
Alpes, qui fit sous le general iMontcsquiou la con- 
quete de la Savoie. Tout le regiment passa Thivera 
Grenoble , et au printemps de 1793 il entra en en- 

(1) Les renscignemcuts suWants coinpl6tonl riiistoire des der- 
niers colonels de Bourpjogne. M. de Boiizols est passe ii Lyonnais; 
M. de Surperes est p'iss6a Dnuphiii-Dragons; Ic comle de CJanges 
a ele fait hrifjndii'r d'iiifaulerie le 5 decembre 1781, et marechalde 
eamp le 9 mais 1788; le vicomte de Rastignac a obtenu ce dernier 
firadele*> fevrirr 1702. Oarci'lin, le dernier colonel, etait entn'i au 
corps conime sous-lieutenant en 175G, el avail 6le nomiu^ lieute- 
nant-colonel le 23 novembre i791. 



DE l'ancienne inkantekik fkan<;aise. 91 

lier dans la composition deTanneo de Keilermann. 
line suivit point ce general au si^ge de Lyon, oil la 
Convention ne voulait que des volontaires natio- 
naux. II demeura a la garde des deflics des Alpcs 
jusqn'au moment oii la colere du gouvernemcnt sc 
tourna eontre Toulon qui venait dc se livrer aux 
strangers, fiourgogne assista le 1 5 septembre a l*in- 
vestiseement de cetle raalbcureuse ville. Apres la 
prise des gorges d'Ollioules, il fut charge de la garde 
et du service d'une batterie cfablic au debouche de 
ces gorges. «Quel fut mon 6tonnemenl, dit Napo- 
leon dans ses Memoircs, lorsqu'a mon arrivce, fai- 
sant la visile des Iravaiix du siege, je trouvai une 
batterie de six pieces de 24 placee a un quart de 
lieue en avant des gorges d'Ollioules, a Irois portees 
de distance des vaisseaux anglais et a deux portees 
de la mer. Les volontaires de la Cote-d'Or et les 
soldats du regiment de Bonrgogne etaienl nean- 
moins occupcs a faire rougir les boulets dans toutes 
les bastides. » Sous la direction du nouveau chef de 
Tartillerie, Ic regiment elablitde nouvelles batteries 
d'un effet plus certain, el conlrihua puissammenta 
remettre au pouvoir de la repnbliqne cette impor- 
tantc place. 

Le 30 novembre 1793, deux soldats de Bourgogne 
avaient sauve la vie au general anplais OTIara, qui 
avait fait une lentalive malhenreuse pour delruire la 
batlerie des Arenes. O'Hara elait tombe entre les 
mains des volontaires qui I'eussent tue sans Tcnergi- 



9t HISTOIKE 

((lie intervention de ces deux homines , qui de plus 
relusc'rent sa boui'sc contenant soixante louis. 

Lc 1 *' bataillon de Bourgogne a et6 vers6 ie 1 5 
avril 1794 dans la 117^ demi-brigade ; lc t^ elait 
deja cntr6 le 22 octobre i 793 dans la composition dc 
la H80. 

Sous Louis XIY et Louis XY, Bourgogne avait cu 
rhabit et la culotte blancs ou gris blanc avec la veste 
rouge; les boutons et le galon de chapeau ^talent 
d'or; il y avait trois boutons sur les poches couples 
en travers et autant sur les manches. De 1763 k 
1772, il eut le collet et les parements vert de Saxe, 
et les boutons jauiics, sur nn uniformecntieremenl 
blanc. De 1772 a 1776, il eut les rovers et les pare- 
ments gris do fcr avec les boutons blancs. De 1776 a 
1779, il porta les revers et les parements gris de fer 
avec le collet cramoisi et les boutons jaunes. 



T)K L'ANrjRNNK 1>FANTKRIK FRANCAISF. 93 



RKGIiUEiVT ROYAL DE LA mmi. 

60* RI!:GIM£NT u'lNFAMKRlt. 

Les coups de mousquui ne nous 
arr6teront point. 

COLONELS-LIEUTINANTS. 

i. Marquis DE LAVARDIN (Henri-Charles deBeaumanoir), 24 d 6- 
ceinbre 1C69. 

2. Comte de GLERE ( N. ), 1672. 

3. Marquis de FEUQUIERES ( Autoiiie de Pas ), !«' novembre 

1674. 

4. Marquis de NANGIS ( Louis-Fauste de Briclianleau ), 4 aoAt 

1676. 
■6. Marquis de NANGIS ( Louis-Armand de BrichaDteau ), 3 sep- 
lembre 1690. 

6. Comte d'ANGENNES DE POIGNY ( Charles ), 12 septembre 

1699. 

7. Baron de CHATEUNEUF ( Louis Dosmarets de Maillebois ), 

l^'octobre 1709. 
8 Due d'ANTIN ( Louis de Pardaiilan de Gondrin ), 10 Janvier 

1727. 
9. Chevalier de LORGES ( Louis de Durfort-Duras ), 10 inars 

1734. 

10. Chevalier de DREUX ( Joachim ), 26 mai 1745. 

11. Marquis de MIREPOIX ( Louis-Marie-Frangois Gaston de L6- 

vis ), 1*' fevrier 1749. 

12. Comte de JUMILHAC ( Louis-Marie de Chapelle ), 28 juillel 

I7:)9. 

13. Chevalier de SAIlNT-MAURIS ( Charles-Emmanuel ), i"tl6- 

cembre.1702. 



94 HisroiRE 

li. Comtc DK LONS ( Philippe-Mathicu-Mdiie ), 22 juin 1767. 

15. M.miuis DE MKHLE D'AMBKRT ( Agricole-Marie ), l^janvicr 

178i. 

16. MOUARD D^ARCES ( Mnrie-Josrph-Gnl>i1el-Apollinaire ), 

2:»juillet 1791. 

17. MORILI.GDE BOl'LAUD(Henri-4<^ruu^ois ), 23 iiovembrol79U 

Lc moment et le motif de la creation de ce regi- 
ment et du suivant sont indiqucs par eel article de la 
Gazette de France du 11 Janvier 1670. « Le roy. 
pour la scurele de ses vaisseaux, ayant r6solu la le- 
vee de deux regiments, cliacun de 2,000 hommes, 
nommez le regiment Royal de La Marine et de TA- 
miraule, a fait choix pour les commander de MM. de 
Lavardin et de Gace. » 

Le regiment Royal de La Marine fut, en effel, 
cr6e sous ce titrc pour le service de raer, par ordon- 
nance du 24 deccmbre 1669 et forme au commen- 
cement de 1670 en Bretagne par le marquis de La- 
vardin avec des compagnies tirees des vieux corps et 
d'aulres nouvelles, Les circonstances le firent pas- 
ser, presque aussit6t apres sa levee, au service de terre, 
oil il est toujours reste depuis, malgre son nom. 

Au mois d'aout 1670, six compagnies furentem- 
harquees a Brest sur la flotte de Duquesue et alle- 
renl aux iles Canaries et du Cap-Vert. Elles rentre- 
rent a Brest le 1 1 mars 1671. Les autres compagnies 
avaient fait en 1670 la campagne de Lorraine et 
avaient contribue a la prise d'fipinal le 25 septem- 
bre et de Chaste le 6 octobre. Le corate de Tess6, 



DR L ANCIRNNE INFANTERIR FRANCAISE. 1^5 

depuis raareclial de France, alors enseigne au corps^ 
avait ete bless6 devaiil l^lpinal. £ii 1071, le roi, en 
appelant le regiment a Amiens, oil s'assembiait une 
pariiedeTarmee destince afaire la guerre a la Hol- 
lands, laissa aux capitaines la iaculte dc quitter leurs 
compagnies pour scrvir en quality de lieutenants de 
vaisseau. Royal-Marine se trouva en 1672fi la prise 
d'Orsoy et de Rheinberg, au passage du Rhin , k la 
soumission d'Utrecht et de Doesbourg. A la fm de 
cette campagne , il fut place sous les ordres de Tu- 
renne, et il participa en 1673 a la conqu6tc d'une 
partie de Telcctorat de Brandebo.urg. L'annee sui- 
vante, il assista a la bataille de Sintzhcim et a celle 
d'Ensheim, oii il fit des prodiges de valeur et oil lo 
colonel-lieutenant, comte de Cl^re, se fit tuer. Sous 
les ordres de son nouveau chef, le c61ebre marquis 
de Feuqui^res (1), il combattit encore a Mulhausen 
et k Turckheim. 

Peu de jours avant la mort de Turenne, Royal- 
Marine reQut I'ordre d'attaquer I'ennemi qui occu- 
paitl'egliseetle cimetiere de Germesheinullcmporta 
cette position avec un 6lan admirable, et tua ou prit 
lous ceux qui la defendaicnt. Le r^^giment se lit en* 
core remarquer dans la retraife sur Altenbeim et au 
combat livr6 pour le passage du Rhin. II marcha en- 
suite au secours d'Haguenau et de Saverne , dont les 



(i)M. de Feuqui^res a obl<-uu, en i676, le regiment deveDu 
B^arn. 



DE l'aNCIEISNE INFANTERIE FRANgAISE. 97 

Royal-Marine alia achever la campagne de 1676 
sur la frontiere d'Allernagne avec M. de Luxembourg, 
et se trouva au combat de Kokersbcrg. 11 d^buta en- 
core en Flandre en 1677, et prit part a la lulte de 
Gassel. Relourne ensuite sur le Rhin , il servit au 
si6ge de Fribourg. II fit la m6me manoeuvre en 1 678. 
Apr6s avoir ouvert la campagne en Flandre, il joi- 
gnit, le 30 juin , a Pont-a-Mousson , Tarmee du 
mar^chal de Crequi, alia en juillet, avec Champagne, 
camper aupres de BMe , se trouva a I'attaque des 
retranchements de Seckingen , a la prise du fort de 
Kelh et au blocus de Strasbourg, Un d6tachement 
re8t6 a I'armee de Flandre combattit , le 1 1 aout , a 
Saint-Denis, et fit de grandes pertes a Tattaque de 
I'abbaye de Castiau. Le regiment servit en 1679 
sur le Rhin , et assista au combat de Minden. 

En 1683, Royal-Marine fait partie du camp assem- 
ble k Bouquenom sur la Sarre. L'annec suivante, il 
couvre les operations du siege de Luxenibourg. 11 
coutribue en 1688 a la prise de Philisbourg, de 
Manheim et de Franckenthal, »tl prend ses quartiers 
d'hiver a Dinant. II ne quitte cette ville qu'en juillet 

1689, pour rallier le corps d'arraee du mar6chal 
d'Humi^res , et il assiste, le 25 aout, au combat de 
Walcourt. Le 3 septembre , il joint Tarmee d'AUe- 
magne, et il fait sur cette frontiere la campagne de 

1690. Le 18 aout de cette annee, il attaque, pres 
tl'Offembourg , le village de Waldkirch , ferme par 
de bonnes barricades, pour y enlever un grand ma- 

UlST. »E L*AKC. IMFANTKRIE FRAN^AISE. T. Tl. 7 



98 HISTOIRE 

gasin de fourrages. Cette expedition a un plein 
succes, mats le colonel-lieutenant, marquis de Nan^ 
gis, regoit dans la t6te un coup de mousquet dontfl 
raeurt peu apr^s (1). 

Royal-Marine , envoye en 1691 en Italie, se troupe 
a la prise de Nice , Villefranche , Montalban , Veil- 
lane , Carmagnola etMontm^lian. Apr^s avoir pasee 
rhiver sur les Alpes, il joint en 1692 rarm^e de 
la Meuse et fait le siege de Namur. Ses grenadiers 
s'y distioguent a I'assaut du Fort-Guillaume ; le ca- 
pitaine de Conche et deux lieutenants y sont bless^. 
Le regiment fait sur le Rhin la campagne de 1693 , 
et il retourne en 1694 sur la frontiere des Alpes, 
qu'il ne quitte plus jusqu'a la signature des pr6Hmi- 
naires de la paix avec le due de Savoie- Aprfes la !ev6e 
du siege de Valencia, qui fut la consequence de cette 
paix , il vint sur la Meuse et fit la campagne de 1697 
sous Roufflers. Le 30 decembre 1698, il regut par 
incorporation les homraes du regiment de Suzanne, 
forme en 1695 avec des milices. 



(1) M. de Nangis avait M nomm6 brigadier le 26 a^ril 1689. Le 
roi laissa le rdgiment b. son fils qui n^avait que huit ans, sous la 
condition quMlservirait deux ans aux Mousquetaires avant de pren- 
dre le commandement du corps. Celui-ci ayait alors pour lieute- 
nant-colonel, depuis le 14 mai 1676, Henri de Graveson, venu en 
1670 du regiment de La Marine a^ec sacompagnie pour concourir 
h la formation du regiment. M. de Graveson fut fait brigadier U 
30 mars 1693. Le marquis de Nangis est pass6 a Bourbonnais et 
est deyenu mar^chal de France. 



* •. 



HE l'anciennkiiwanterie pran^aise. 99 

All commencerafent de la guerre de'la successioh 
d'EspBgne, Royal- Marine , tort de deux bataiHons, 
ftift partie de Tarm^e du Rhin , qu'il quiite en dfe- 
cenrfwre 1701 pour aller renforcer celle d'ltalie. II y 
c&t embrigadfe avec la Vieille-Marine, et se Irouve en 
1702 a la bataille de Luzzara, et a la prise de Luz- 
zara et de Bcrgoforte. 11 a, celte ann6e, ses quartiers 
d'hiver aCirpi. Le comte d'Estrades, qui comman- 
dait^ Carpij apprenant que 250 fantassins et 20 hus- 
sards imp^riaux s'avancent sur Rovcre , detache de 
Ja gamison 50 cavaliers, portant chacun en croupe 
un grenadier de Royal-Marine , et les envoie recon- 
nailre Tennemi. Les Inip6riaux apereevant ce faible 
delachement de cavalerie , se precipitent a sa ren- 
contre ; mais lorsqu'ils sont arrives a cinquante pas, 
les grefiadiers sautent a terre , les chargent a la 
baioufiette avant qu'ils aient Ic temps de se reconnai- 
(i-e, en tuent un bon nombre et font trente-sept pri- 
sonniers. Le capitaine d'Harteville, qui commandail 
cette compagnie de grenadiers, fiil fort applaudi pour 
sa bravoure et pour le isrucces qu'il obtint. 

Pendant la campagne de 1703, le regiment fit 
}>artie du corps particulier place sous les ordres du 
comte de Vaudemont , gouverneur general du Mila- 
nais pour Philippe V. Le 29 Janvier 1704, il se dis- 
(ingua particulierement au passage de la Secchia, el 
a la prise de la Bastia et de Buonporto. Le colonel- 
lieutenant d'Angennes p6netra le premier dans la 
Bastia. Royal-Marine fut ensuite employe aux si6ges 



1 00 HISTOIRE 

de Verceil, d'lvree et de Verue. II se Irouva en 1705 
au siege de Ghivasso et k la bataille de Gassano. En 
1706, pendant le siege de Turin, il avail son poste 
a Montcaliier. Apres la funeste bataille du 7 septem- 
bre, il repassa les Alpes, et il alia servir sur le Rhin 
avec le marechal de Villars, qu'il accompagna dans 
toutes ses expeditions en Souabe et en Franconie. 
Appel6 en 1 708 a Tarmee de Flandre, il combattit a 
Audenaerde, et M. d'Angennes y fut blcss6. Pendant 
que les Allies assiegeaient Lille, il fit partie du corps 
du comte de La Mothe, qui cherchait k op6rer une 
diversion sur les rives de I'Escaut. Le 18 aout de 
Tanuee suivante , le comte d'Angennes prit sur lui 
de marcher avec sa brigade conlre le due de Marlbo- 
rough qui menaQait Marchiennes. II r^ussit ^le faire 
retirer , et il rcsta dans Marchiennes jusqu'k la ba- 
taille de Malplaquet. Dans celte fameuse journee, 
Royal-Marine elait place dans les bois de Sart, a I'aile 
gauche. Deborde par la brigade anglaise d'Orbay que 
commandait le due d'Argyle, le brave colonel-lieu- 
tenant d'Angennes se maintint longteraps dans son 
poste, fit un mal horrible a I'ennemi, et fut enfin tu6 
avec son lieutenant-colonel et I'^lite de ses soldats 
en donna nt des marques de la plus grande va- 
leur (1). 



(1) M. (rAngennes 6tait brigadier du 19 juia 1708. Son succes- 
seur, M. deCh&teauneuf, obtint ce grade le 1**^ f6vrier 1719. 
BenoU Leinaire de Boulaii de Parii^is-Fontaine, soldat en 1679, 



DE l'aNCIENIVE 1NFANTER1E FRANCAISE. 101 

Les debris de Royal-Marine firent la campagne de 
1710 a la m^nae armee dans la brigade de Champa- 
gne, et celle de 1711 dans la brigade de PiemonU 
Us prirent part en 1711 a Tattaque d'Arleux et en 
1712 a celle des retranchements de Denain. Le re- 
giment termina celte memorable campagne par le 
si6ge diB Douai, oil il fut sp6cialement charge de Fat- 
taque du fort de Scarpe , et par ceux du Quesnoy et 
de Bouchain. II se rendit en 1713 sur le Rhin, et 
servit aux sieges de Landau et de Fribourg. La paix 
le fit reduire a un bataillon. 

En 1 733, Royal-Marine fait partie de Tarmee d'Al- 
lemagne et sert au siege de Kelh. En 1734, il est k 
I'attaque des lignes d'Ettlingen, et au siege de Phi- 
lisbourg, oil il se fait remarquer a I'attaque du che- 
min convert de I'ouvrage a cornes. II combat en 
1735 aKlausen (1). 

La guerre recommence en 1741 pour la succes- 
sion d'Autriche. Le regiment est d'abord employe a 
Tarraee d'observation de la fronti^re de Flandre; 
mais, en 1743, apres les desastres des armees de 

capitaine en 1683, fut fait lieutenant-colonel 1®^ octobre 1709, et 
brigadier l®^fevrier 1719. 

(1) Royal- Marine fut command^ pendant cette guerre par le due 
d'Antin, qui avail d'abord porl6 le nom de due d'fipernon, et qui 
passa,enl734, au regiment devenuAunis, puis par le chevalier de 
Lorges, depuis conale el due de Lorges, qui devint brigadier 20 f6- 
vrier 1743, marechal de camp l®"" mai 1745, et Iieuteuant-g6n6- 
ral 10 mai 1748. 



102 IIISTOIRE 

BoKeme et de Bavierc , il est envoye sur le Uhiu et 
cantonii6 a la fin d.'avril c^ Herth, pres de Landau. H 
se trouve le 27 juin h la bataille de Dettingen, oil il 
a trois officiers et.66 soldats tues ou blesses, termine 
la campagne dans la basso Alsace et travaille aux li- 
gnes de la Lauter, entre Laulerbourg et Sch^b^hart. 
A la distribution des quartiers d^hiver, il est env4>y6 
a Aire et fait partie d'un corps expeditionnaire qui 
doit s'embarquer a Duiikerquc pour faire une tenta- 
tive en lilcosse en favour du pretendant d'Angleterrr. 
Cette expedition a un commencement d'execution en 
1744, mais Ic mauvais temps la fait echouer; los 
troupes debarquent, et Royal-Marino joint Tarmee 
de Flandre. II sort aux sieges de Menin , d'Ypr^s et 
de Furnes, et rallie en juillet le marechal de Saxe au 
camp de Courtrai. En 1 745, il fait le si6ge de Tour- 
nai, assiste a la bataillo de Fonlenoy, ou il occupe 
avec Piemont lo village d'Anthoing, a Textrfirae 
droite, contribue ensuite a la prise de la citadelle dc 
Tournai et a la conqufito d'Audenaerde, de Ter- 
monde et d'Ath. En Janvier 1746, il est devant 
Bruxelles, qu'il invostit avec Normandie du cote du 
faubourg dc Scaarbecke, et le 4 fevrier il occupe 
Wilvorde oil il demeure en garnison. II rallie plus 
tard la grande armee et combat avec la plus grande 
valour a la balaillc do Rocoux, oil il partage les chan- 
ces du regiment connu plus tard sous le nom de 
Guyenne. Cost a la suite de cette bataille qu'eut lieu 
lo lotablissoment du 2* bataillon, suivant un ordre 



DE L^ANGIENNK INFANTBRIE FRAN^AISE. 103 

du 27 octobre. Eu mai 174-7, le regiment fait partie 
des troupes asserablees autour de Malines et campe 
pr^ du chateau de We^elaere ; il part de la pour 
all. r combattre a Lawfeld , oil le colonel-lieutenant 
de Dfeux est blesse (1). II y faisait partie de la bri- 
gade du n^giment devenu B^arn, et se montra le di- 
gne emule de ce corps. En 1 748, Royal-Marine servit 
an siege de Maastricht; il couvrait Tabbaye d'Hoic- 
ten, oil le marechal de Saxe a\ait etabli son quartier 
general. 

En 1754, le regiment est au camp de Gray. II 
s'embarque en 1756 avec le due de Richelieu pour 
Texp^ition de Minorque, et se signale a la prise de 
Mahon. II etait chef de tranchee a la deuxieme atta- 
que de droite, dirigee centre la lunette du sud-ouest 
et le fort Saint-Charles. Le capitaine de Caradeuc ful 



(i) M. de Dreax a^t^ nomin^ brigadier 1*^' mai 1745, marechal 
de camp 10 mai 1748, etlieutenant-g^n^ral M d^cembre 1759. Son 
saccesseur, le comte de L6Tis-L6ran, prit, en septembre 1757, Ic 
litre de marqais de Mirepoix et eutle grade de brigadier le 23 juil- 
lei 1756. Le comte de Jurailhac estpass6 h, Aunis. Le chevalier de 
Saint-Mauris estdeyenu brigadier le 25 juillet 1762, et mar6chal 
de cample 16 avril 1767. Le comte de Lons a obtenu les m6mes 
grades le 1*' mars 1780 et le r'janTier 1784. 

Anne^FranQois Duras de La Serre, sous-lieutenant en 1707, lieu- 
tenant-colonel 14 f^vrier 1744, deviot brigadier 20 mars 1747, ei 
marechal de camp 23 juillet 1756. M. de Trestondam, lieutenant- 
colonel 28 aoAt 1777, ful fait marechal de camp 1" mars 1791. 
Boulard, dernier colonel, 6tait major au corps depuis le 19 d6- 
cembre 1782. 



104 HISTOIRE 

blesse a Tassaut du 27 juin. Royal-Marine est reste 
en garnison a Mahon jusqu'en Janvier 1763. 

L'ordonnance du 10 decembre 1762 Tayant af- 
fecte au service des ports el colonies, il fut envoy6 k 
Lorient a sa rentr6e en France, et il s'y erabarqua 
pour la Martinique au mois de mai 1763. Pendant 
les cinq ann6es que dura son sejour aux Antilles, il 
alterna entre la Martinique et Saint-Domingue. Ar- 
rive a Brest le 23 fevrier 1 768, il se mit aussitdt en 
route pour Montpellier , d'oii il passa a Uz^s en oc- 
tobre 1768, a Perpignan en mars 1769, a Beziers en 
novembre 1 769, a Brest en juin 1 770, a Port-Louis, 
Lorient etBellisle en novembre 1771, a Dunkerque 
en novembre 1772, a Sedan en oclobre 1774, k 
Briaiicon en octobre 1776, a Montdauphin et Greno- 
ble en octobre 1777, el a Montpellier en juin 1778. 
Deux mois apres, il vint s'cmbarquer a Toulon pour 
la Corse, oii il aborda lo 20 aoul au moment oil les 
hostilites coinmenQaieni avec FAngleterre. 

Le dep6t du corps etait reste k Collioure. En 1 779, 
le sergent Araerate, charge de conduire 40 recrues 
aux bataillons de guerre, s'embarqua sur une tartane 
de Marseille arm6e de deux canons. Pendant sa Ira- 
versee, la tarlane fnt chassee par un corsaire anglais 
de Mahon qui 1 eut bientdt cattrapee. Le patron, ef- 
fray6, eut recours au sergent Amerate, qui, exhor- 
tant ses recrues et les animant de son exemple, ou- 
vrit sur le corsaire un feu d'artillerie et de mousque- 
leri(^ si bien dirige, qu'il le conlraignit a lecher prise. 



DE L'ANCIENNE mPANTERIE FRAN^AISE. 105 

L'annee suivante, le regiment recevait une recpue 
qui devait un jour porter la couronne de Su^de et la 
transraettre a sa posterity. Bernadotte vint monter sa 
premiere garde dans cette ile de Corse, oil grandis- 
sait aloi's dans Tombre celui qui devait s'appelev , 
vingt-cinq ans plus tard, Napoleon le Grand. 

Royal-Marine debarqua a Toulon le 28 avriH784, 
et fut envoye a Briangon^ d'oii il se rendit k Greno- 
ble en novembre 1784, a Vienne en novembre 1788, 
eWans les villes de la Provence en mai 1789. Tout 
aUq^bien jusqu'au mois de, mai^ 1790. Le colonel,, 
iij^quis d'Aoiberl, officier du reste mal note 
p^^k inspecteurs generaux , etant tombe dans la 
d^i[ce de messieurs de la municipalite de Marseille, 
fut arrMe le 21 mars. Le regiment ne I'entenditpas 
ainsi et resolut de delivrer son colonel. La municipa- 
lity, prevenue , manda le 22 , a dix heures du soir, 
I'adjudant Bernadotte et lui intima I'ordre, en sa 
quality de premier sous-officier, de prendre des me- 
sures pour empficher ce mouvement, le peuple, di- 
sait-on , etant decide a s'y opposer, dut-on en venir 
aux violences les plus funestes. Bernadotte r^pondit 
avec une noblesse toute militaire aux elus du peuple 
marseillais , que son colonel lui-meme ne voudrait 
pas souflfrir qu'on employ^t une voie illicite pour son 
elargissement, ne se reconnaissant point prisonnier, 
mais victime d'une brutalile municipale sur laquelle 
reviendraient d'eux-memes ceux qui s'en etaient re n 
dus coupables. M. d'Ambert fut en elfel relach6 



106 HISTOIHE 

quelques jours apr^s , mais il eut Tinsigne faiblesse 
d?abandonner son brave regiment pour s'enfuir en 
Savoie. Son depart fut le signal de la d^sor^ganisa*' 
tion du corps qui chassa bient6t ses ofiiciers. 

Royal-Marine re?ut Tordre de sortir de Marseille les 
22 et 23 avril, et de se rendre a Lambesc et Pelissane 
dans I'arrondissement d'Aix. hk^ il fut regu par le re- 
giment deLyonnais, qui se trouvait dans unc situa- 
tion analogue, et les choses devinrent si graves , 
qu'il fallut encore faire partir le regiment paur 
Uzes. Une lettre du president de TAssemblee natio- 
nale adressee au corps ramena bientdt le calme. Les 
soldals rentrferenl dans Tordre, rappelerent eux- 
m^mesleurs officiers et se mirent en route, sans 
murmurer, au mois de juin pour se rendre a Tile 
d'Oleron, oil trois compagnies du 2' bataillon furent 
immediatement embarquees pour la garnison des 
vaisseaux. 

Le 17 avril 1791, le I*' bataillon passa iSi Tile de 
R6. Les cinq derni^res compagnies du 2^ bataillon se 
rendirent aux Sables d'Olonne au mois d'aout de la 
meme annee. Ce bataillon fut reuni a La Rochelle 
en avril 1792, et s'y embarqua le 14 juillet pour aller 
a Saint-Domingue, d'oii il n'est revenu qu'en 1794. 

Le 1*' bataillon, qui avait occup6 La Rochelle, les 
Sables d'Olonne et Niort, pendant les premiers mois 
dejl792, quitta cette derniere ville le 13 juillet pour 
se rendre a la frontiere de Champagne menacee par 
les Prussiens. Les premiers troubles de la Vendue le 



DE l'aNCIENNE IN^ANTeRIK FRAN^AISE. fOS^ 

firent r6trograder, et il revint occuper les Sables d'O- 
lonne. En 1 793, les Vendeens se pr6senterent en force 
aux environs de cette viUe. Le colonel Bouiard mar- 
cha contre eux et leur livra combat le 18 mars au- 
pres de Saint-Fulgent, mais il fut lachement aban- 
donne p^r les^ gardes naKonales, et il fallut toute 
I'intrepidit^ de son bataillon pour sauver Tartillerie. 
Les debris du corps se retir^rent a Marans. Bouiard 
reprit bientdt I'offensive et, le 7 avril, il forga le poste 
de la Mothe-Achard pres des Sables. 

Les deux bataillons de Royal-Marine sont restes 
dans le bas Poitou jusqu'a Tentiere pacification des 
provinces de I'Ouest en 1 79S. lis n'ontpa$ subi I'or- 
ganisation de 1793; ainsi, les 119* et 120' demi-bri- 
gades n'ont pas et6 formees. Le 1 ""' bataillon est entr6, 
le22 octobre 1796, dans la 20" de ligne nouvelle, 
et le 2* a ete verse, le 12 fevrier 1796, dans la 23*. 

Royal-Marine a eu d'abord I'habit et la culotte 
blanc ou gris blanc, avec collet, veste et parements 
bleus, boutons et galon de chapeau d'argent. II 
y avail trois boutons sur les poches couples en 
Iravers elautant sur les manches. Quand il passaau 
service des ports et colonies, il eut les parements 
vert de Saxe et les boutons blancs. A sa rentr^e au 
service ordinaire, ilprit les revers et parements bleu 
celeste et le collet noir et garda les boutons blancs. 



108 HISTOIRE 



RiGIMENfT DE VKRHAIVDOIS. 

61 • REGIMENT d'iNFANTERIK. 

Consaarbrtick.... 

COLONELS OU MESTRES DE CAMP. 

\. Comte DE GACE (Charles de Goyoo-Matiguou ), 24 d^cembre 
1669. 

2. Comte de GAC6 ( Charles-Augusle de Goyon-Malignon ), 

i*" novembre 1674. 

3. Mnrquis de SOYECODHT ( N. de Seigliercs-Bellefori^re ), 

29 mars 1689. 

4. WarquisDE CHAROST (Armand de Bethuiic), 19 juillel 1690. 

5. Marquis de TOUROUYRE (Antoine do La Vove ), 5 mai 1696. 

6. Chevalier de TOUROUYRE ( N. de La Yove ), Janvier 1706. 

7. Marquis de SAINT-PAUL (Fraugois-Lazare Thomassin), 27 juil- 

let 1709. 

8. Comte de GRAMONT ( Louis-Antoine ), 26 aoAl 1733. 

9. Due de ROHAN-CHABOT (Louis-Marie-Bretagne-Dominique), 

10 mars 1734. 
10. Marquis de CLERMONT-GALLERANDE ( Armand-Henri ) , 

lOavril 1738. 
H. Chevalier de TESSE ( N. deFroulay ), 21 fevrier 1740. 

12. Marquis de ROUGE (Pierre-Francois ), 16 avril 1743. 

13. Marquis de THIMBRUNE ( C6sar-Jean-Baj»liste de Valence- 

Combes), 1" fevrier 1749. 

14. Comte de MALARTIC ( Anne-Joseph-Hippolyle), 5 juin 1763. 

15. Yicomte de BERNIS ( Pons-Simon de Pierre), 13 avril 1780. 

16. Yicomte deTHEZAN ( Jean-Fraogois B6renger), lOmars 1788, 

17. DE BAZELAIRE ( Jean-Joseph-Chrislophe ), 5 f6vrier 1792. 



DE l'aNCIENNK INFANTERIE FRANgAISE. 109 

18. DE CHARTOGNE ( Claudo-Louis ), 23 mars n92 

19. ALCHER(EtieDoe),H avnil794. 



Cerement ^ cree conime le precedent pour le 
service de raer par ordre du 24 decembre 1669, est 
le dernier qui figure sur la liste des corps d infante- 
rie sur pied annexee au reglement de preseance du 
26 mars 1670. II ^tait alors le 4;9% 

Son premier litre fut celui de regiment de TAmi- 
raute, qu'il 6changea presque aussitdt apres sa crea- 
tion contre celui de regiment de TAdmiral de France, 
en I'honneur du jeune comte de Vermandois, fils de 
Louis XIV et de mademoiselle de La Valiiere , que 
son pere avait pourvu de celte charge. En 1671, 
enfin, le regiment prit le nom de la province de Ver- 
mandois, qu'il a toujours porte depuis. 

Dfes le mois d'aout 1670, le regiment fournit un 
d^tachement qui s'embarqua sur la llotte de Du- 
quesne pour I'expedition des Canaries et du Cap- 
Verl- La flotte rentra a Brest en mars 1671, et aus- 
silol apres, le regiment, etant passe au service de 
lerre, se rendit a Amiens au rendt z-vous de I'armee 
que le roi assemblait pour faire la guerre aux Etats- 
Generaux de HoUande. U resla cet hiver en garni- 
son a Guise, et, en 1672, il servit aux sieges d'Orsoy 
el de Rheinberg , au passage du Rhin , et a la prise 
dc Doesbourg, de Deventer el d'Utrecht. A la fin de 
la eampagne, il fut mis en garnison a Kampen, qu'il 
nt» quitta qu'au mois de juin 1673 pour se rendre au 



A5 



HO HISTOIRK 

siege de Maestricht. Aprte la prise de celte viile, 11 fut 
dirig6 sur Bonn, oil ii fut assi6g6 en novembre par 
toule Tarmee de Montecuculli. 11 repoussa victorieu- 
sement trois assauts^ obtint la capitulation la plus 
honorable et se retira a Nuyts. Hservit en 1674 en 
Flandre sous le prince de Cond6, et combattit avec 
valeur a la bateille de Seneff. Son colonel y fut grie- 
vement blesse d'un coup de mousquet dans Taine, 
dont il mourut au mois d'octobre suivant (1). 

Apres cette journ6e, Verraaudois alia renforcer 
rarra^e de Turenne , se trouva aux affaires d'Ens- 
heim et de Mulhausen , et se couvrit de gloire le 
5 Janvier 1675 a Turckeiiu. II contribua ensuite k 
chasser les Iinp^riaux de Colmar , et passa enGn 
sous les ordres du marechal de Cr6qui , divec lequel 
il fit les sieges de Dinant, Huy et Limbourg. Le 
1 1 aout, k la funeste journ6e de Oonsaarbriick^ il se 
fit tailler en pieces pluldt que de demlinder qiMU*- 
tier. Ses debris s'ouvrirent un passage k travers les 



(l)Lecomte de Gac6 6tait brigadier du 13 f^vrier 1674. Son 
Mre, qui le rempla^a, devint brigadier le 24 aoiit 1688, mar^cbal 
de camp le 29 mars 1689,lieufeDaDt-g6D6ral le 30 tntits 1693, et 
marshal de France le 18 f^yrier 1708, sous le nom de mttr^ehal de 
Matignon. 

Louis de Jos aud, oapitaine dans AuTergne, fut le prettier lieu- 
nant-colonel de Yermandois. Ge fut lui qui organisa le regiment. 

11 reprit sa compagnie dans Auvergne en 1671, el fut remplac6 le 
d jjM par ("rangois de Fortia d'Urban , qui d^yliit Mgadier le 

12 mars 1675. 



'^ 



DB L^ANCIENNE t^Al<rtERIE FRAN^AISE. Ill 

bsrtailloQS eniteftiis «t se retireretit k Treves y qu'ils 
conhribuerefit k d^fendre. 

he regiment aMa se refaire pendant I'hiver a <3har- 
leroi, et au printemps de 1676 il fat employ^ aux 
si^es de Conde, de Bouchain et d'Aire; il contribua 
plus tard a forcer le prince d'Orange de lever le 
siege de Maestricht ; il acheva la campagne sur le 
Rhin et combattit a Kokersberg. Apr^s avoir pass6 
I'hiver k Metz, il retourna en 1677 sur le Rhin, et 
coopira k la prise de Fribourg. Appele en 1678 en 
Flandre , il fit les sieges de Gand et d' Ypres ; il joi- 
gnit au mois de juin I'arm^e du marechal de Cr6qui 
au campde Nomeny, entre Nancy et Pont-a-Mousson, 
possa k la fin de Tannfee sur les terres de I'filecteur de 
Brandeboui^, faiverna a Soest et combattit k Minden 
le26jtiin 1679. 

Vermandois arrive devant Luxembourg le 29 avril 
1684, etpartage les travaux de Bourbonnais au siege 
deeette place. Le 19 mai, il sou tient dans la tran- 
che un beau combat, oil il perd une vingtaine de 
grenadiers. Le colonel de Gac6, les capitaines La 
louche, Savigny, La Factifere et quatre lieutenants, 
sent bless6s k ce siege. 

En 1688, on retrouve le regiment devant Philis- 
bourg. II demeure a I'arm^e d'Allemagne jusqu'en 
1690. Cette annee, il va servir en Flandre et se cou- 
vre de gloire le l*"^ aout a la bataille de Fieurus. 11 
faisait partie de la brigade de Navarre. Cette bri- 
gade, flanquee des regiments de cavalerie de Cibour 



'•• 



1 i 2 HISTOIRE 

et d'Imecourt , avait en t6te une ligne d'infanterie 
couverte par des haies avec de la cavalerie et du ca- 
non. II y avail lii un regiment su6dois au service de 
Hollande, qui, disait-on, n'avait jamais ete baftu, 
Une balaille particuliere s'engagea entre ces troupes 
et la brigade de Navarre. Apres avoir essuye le feu de 
Tennemi, les regiments frangais fondirent sur lui 
avec irapetuosite, enfongerent ses bataillons et les 
mirent dans la plus complete deroute. Vermandois 
paya cher cette gloire. Le colonel de Soyecourt fut 
tu6; le lieutenant-colonel La Ferrifere (1) et treize 
autres officiers y furent bless6s. 

Au mois de mars 1 691 , Vermandois faisait le si6ge 
de Mons. Le 29 , un sergent de bonne volont6 alia, 
de son propre mouvement, Teau jusqu'au menton, 
reconnaitre et sondcr le foss6 de I'ouvrage a comes,, 
observa la contrc-garde et les ouvrages voisins,-l||;: 
vint rapporter que I'attaque pouvait se faire. On lie 
voulut pas le croire a cause de la nature mar6cageuse 
du terrain. II y retourna et rapporta comrae preuve 
de sa visite une palissade que notre canon avait bri- 
s6e. Le prince de Conti voulut lui donner 100 pisto- 
les; il les refusa, disant qu'il 6tait gentilhomme et 
qu'il ne s'exposait que pour la gloire. Le roi I'ayant 
su, lui donna une lieutenance de grenadiers. Le r6- 



(t) Cbarles-Mauricede La Ferri^re-Viucierle, entr6 au corps h la 
creation, lieuteaant-coloDel en 1689, brigadier 20 septembre 
4706. 



DE l'aNCIKNNE INFANTERIE FRA!SgAISE. 113 

gitnent monla a I'assaut du 6 avril, oil le lieutenant- 
colonel La Ferriere fut encore blesse ; il acheva la 
campagno sur la Moselle et vint prendre ses quar- 
ters d'hiver a Courtrai. 11 contribua, en 1692, a la 
prise de Namur ; il corabattit a Steenkerque, scrvit -^ 

au bombardement de Charleroi et hiverna a Hautrage 
pres d'Ath. En 1693, a Neerwinden, la resolution 
que Vermandois montra a la troisifeme et derniero 
attaque du \illage lui valut des eloges particuliers. 11 
fit ensuite le si6ge de Charleroi oil son colonel fut 
bless^ a la t6te (1). En 1694, on le trouve k la fa- 
meuse marche de Wignamont au pont d'Espierres, 
qui derangea tous les projets du prince d'Orange. 11 
fut employe en 1 695 au bombardement de Bruxelles, 
et fit en 1 697 le siege d'Ath, oil ses grenadiers se cou- 
vrirent de gloire. Le V' juin, a cinq heures du soir, 
un pont de fascines ayant et6 achev6 dans le foss6 
de la demi-lune, les grenadiers regurent Tordre d'at- 
taquer aussitot cet ouvrage. Us se logerent sur Tangle 
saillant, raalgre la plus \ive resistance, et oblig^rent 
les assieges a se retirer dans un r6duit en briques envi- 
ronne d'eau, construit a la gorge de la demi-lune. 
Deux heures apres, les assieges entreprirent de re- 
gagner le terrain perdu, et borderent, pour cet effet, 
de mousquetaires les remparts de la place qui a\aient 
des vues sur la demi-lune; mais les grenadiers de . 

(1) Le marquis de Charost deyint brigadier 30 mars 1693, ma- 
r^chal de camp 3 Janvier 1696, lieutenant-g^n^rul 23 decembre 
1702 et capitaiQe d^uue compagnie des gardes du corps en 1711. 

HIST. DE L'ANC. IMFANTERIE FRiJNQAISE. T. Yl. 8 



114 HISTOIRK 

Verraandois se maintinrent dans leur logement avec 
une Constance admirable, et la place capitula le len- 
demain. Cette action ne couta au corps que dieux 
grenadiers tues, un capitaine et cinq horames bles- 
s6s. Le regiment fit partle du camp de Compiegne, 
en 1698. 

Vermandois retourna en Flandre en 1701 et oc- 
cupa Namur pour Philippe V. L'anri6e suivante il 
passa a Tarmee du Rhin, et il quitta Strasbourg avec 
Villars, au mois de septembre, pour se rendre h 
Huningue. II combattit kFriedlingen avecBourbon- 
nais. En 1703, il d6buta par le siege de Kelh ou il 
se signala a c6t6 de Navarre a I'assaut du 6 mars^ 
Ses grenadiers, conduits par le lieutenant-colonel 
des Arennes, emport^rent successivemeht touslesre- 
Iranchements et s'etablirent sur la breche. Peu de 
temps apres, le regiment passa avec Villars en Bavi^re; 
il se trouva h rattaquedesretranchemehtsdelavallee 
de Romberg , au combat de Munderkirchen , k la 
premiere bataille d'Hochstedt et k la prise d'Augs- 
bourg. II passa cet hiver a Neubourg. En 1 704 , il 
assiste a la deuxi^me bataille d'Hochstedt au corps 
de Marchin. Revenu en France fort affaibli, il fut 
jete dans Landau et contribua k la belle defense 
qu'y fit, la mfimeannee, M. de Laubanie contre I'ar- 
m6e commandee par le roi des Romains. II se trou- 
vait le plus ancien corps de la garnison, qui compre- 
nait les regiments de Toulouse, Angoumois, Beau- 
ferme, Hessy-suisse, Ponfhieu, Atenois, iSavighy et 
Castelet, en tout douze bataillons tr^faibles. Le 21 



DB L'AlfCIBNNR INPANTERIE FRAIf^AlSE. 115 

septembre, le capitaine Saint-Ville, des gr^adiers 
de Vermandois, se pr6cipite bravement avec sa com- 
pagnie dans la sape et la nettoie compl^tement. Le 
17 octobre, vers les sept heures du soir, 400 Imp6- 
riauxse presentent kla place d'armes saillante, situ6e 
derriere la lunette de la porte de France, qui 6tait 
deja en leur possession, et posent plusieurs gabions 
sur les deux faces. Les deux compagnies de grena- 
diers de Vermandois accourent, et les attaquent avec 
tant de valeur qu'elles leur tuent 300 hommes. 
L'ennemi parvient k faire sauter cette place d'armes 
dans la nuit du 24 au 25, mais le capitaine Saint- 
Ville Fempfiche encore de s'y loger. Les assi6geants 
furent plus heureux le 30 k Tangle saillant de la 
contre-garde de gauche ; leur mine tua un lieute- 
nant etonze grenadiers du regiment ; le reste, bless^^ 
se dispersa, et les Imp^riaux purent faire leur loge-^- 
ment. Le 20 novembre, une grenade fit sauter le 
magasin a poudre de la contre-garde de gauche; son 
explosion enterra une centaine d'hommes, parmi 
lesquels se trouvait le lieutenant-colonel des Arennes, 
qui parvint cependant k se retirer, quoique grifeve- 
ment blesse (1). Landau capitula enfin le 24 no- 
vembre. Ce si^ge, qui durait depuis le 9 septembre, 
fit un honneur infini k M. de Laubanie et a sa brave 
garnison. 



(1) Pierre Gu^rin des Arennet, capitaine en 1671, lieutenant-co-* 
lonel 9 Janvier 1694, brigadier 6 noyembre 1706. 



116 IIIST01RE 

En sortant de Landau, Verniandois se retira a 
Strasbourg. 11 servit sur le Rhin en 1705. Le lieute- 
nant-colonel de Nocey s'empara avec 300 hommes 
du chateau de Werth et le demolit. Yermandois 
contribua aussi celte ann^e a rallaquc des retran- 
chements du g6neral Tungen devant Lauterbourg, 
il perdit son raajor dans cette affaire (1). 

Au commencement de 1 706, le regiment occupait 
Rheinzabern ; il participa cette ann6e au secours du 
Fort-Louis et h la prise de Drusenheim. Le 2 juillet^ 
sur la nouvelle que les Imperiaux remontaient le 
Rhin, ilfutjetedans Lauterbourg; il contribua plus 
tard a Texp^dition de File du Marquisat. II suivit 
Villars en 1707 dans ses courses en Souabe et en 
Franconie. En 1708, il demeura sur la defensive le 
long du Rhin, et en 1709 il passa k i'arro^ de 
Dauphine. A la fin de 1710, il se rendit en Espagne 
avec le due de Noailles et fut employ^ au si6ge de 
Girone. II demeura pendant les deux campagnes 
suivantes sur les Alpes, et en 1713 il retourna k Tar- 
niee du Rhin. II participa celte annee a la prise de 
Landau et de Fribourg, et en 1715 il fut reduit a un 
bataillon, comme avant cette guerre. 

Pendant la guerre de la succession de Pologne, 
Yermandois fut employe en Allemagne. II se trouva 
en 1 734 a Tattaque des lignes d'Ettlingen et au siege 



(l) Jean-13aptiste de Nocey, lieutenant en 1673, major 15 no- 
Tembre 1702» lieutenant-colonel 18 fevrler 1705, brigadier l»'f6- 
yier 1719. 



/ . 



I)B L^AMIIENISK INFANTERIE FRAN^AISE. I 17 

de Philisbourg, el en 1 735 au combat de Klausen (1 ). 
Vermandois se mil en route en 1741 pour joindre 
Tarmtedu mar^chal deMaillebois en Westphalie. II 
restai Paderborn jusqu'en juin 1 742 else rendit alors 
sur la fronti^re de Boh^me. 11 fit la campagne d'hi- 
ver en Bavi^re embrigad^ avec Limousin, et, aprte 
avoir contribue a la prise d'Elnbogen et de Kaaden^ 
au secours de Braunau, a la defense de Landau et de 
Deckendorf, il eut ses quartiers d'hiver k Amberg. 
Le 17 raai 1743, il coiicourut a la defense dc 
Dingolfingen, oil ie capitaine Berrat fut bless6, et il 
rentra en France au mois de juillet, laissant der- 
riere lui un detachement renferm^ dans Ingolstadt, 
et qui ne rejoignitqu'en octobre. Vermandois fut mis 
en garnison k Saarlouis. En 1744, il fit parlie de Tar- 
mac de la Moselle, contribua au mois d'aout k la d&- 
faite du general Nadasty sur les hauteurs de Saverne, 
se trouva a I'altaque des retranchemenls de Suffels- 
heini, et servit ensuite au siege de Fribourg, oil il 
se distingua le 19 octobre, a I'attaque du chemin 
convert. Apres la prise de celte ville, il ful envoye a 
rarm6e du Bas-Rhin. 11 servit encore en 1745 sous 
le prince de Conli qui se tint sur la defensive, et I'an- 

(I) Le colonel de Tourouvre, brigadier du 2 avril 1703, mourut 
le 1" Janvier 1706 el fut remplac^ par son frfere, auquel succ^da 
le marquis de Saint- Paul, nomm6 brigadier le 1" f6vrier 1749, 
puis le comte de Lesparre, depuis colonel de!» Gardes Franca ises et 
lu6 k Fontenoy, puis Ic due do Rohan, pass6 en 1738 au regiment 
devenu B^arn, et le marquis de Clermont, qui quilta le corps en 
/740 et fut lu6 en 1742 k Prague. 



118 HISTOIRE 

n6e suivante, il passa en Flandre avec le comte 
d'Estr6es, fit les si6ges de. Mons, Saint-Ghislain et 
Charleroi et combattit h Rocoux. Un ordre du 27 
octobre retablit son 2* bataillon. 

En avril 1747 , Vermandois remplaga a Namur le 
regiment des Arquebusiers de Grassin qui recevait 
Ford re de se porter en avant; il rallia lui-rafime en 
juin Tarmee au camp de Tirlemont, combattit a 
Lawfeld dans la brigade de Soissonnais et prit parji 
aux cinq charges successives dirigees contre le vil- 
lage de Lawfeld. II passa Thiver a Anvers. Charge en 
mars 1748 d'escorter un convoi de munitions desti- 
n6 a Berg-op-Zoom, il fut attaque en route par des 
forces superieures; il se comporta si bien que le 
convoi arriva le lendemain h sa destination et presque 
intact* II servit ensuite avec Champagne au si6ge de 
Maestricht. Le T bataillon fut r6form6 le 15 no- 
vembre de cette annee, mais le regiment fut reports 
a deux bataillons^ le 10 mars 1749, par I'incorpora- 
tionde I'ancien regiment de Vexin, cr66 en 1684 (1). 



(1) M. de Roug6, qui commanda le regiment pendant la fin de 
cette guerre^ fut fait brigadier 1" mai 1745, mar^chal de camp 
10 mai 1748 et Iieutenant-g6n6ral le 17 decembre 1759. II fut tu6 
kVillingshausen en 1761. Son successeur, le marquis deThimbrune, 
devint brigadier le 20 fevrier 1761, mar6chal de camp le 25 juiUet 
1762 et Iieutenant-g6n4ral le 5 d6cembre 1781. 

Jean-Baptiste Joseph, chevalier de Grammont-Vach^res, capi- 
taine au corps en 1710, major 13 mars 1737 et lieutenant-colonel 
24 avril 1756, fut fait brigadier 23 juillet 1756 et mar6chal de camp 
20 fevrier 1761. 



D£ l'aNGIENNE INFANTERIE FRANgAlSE. 119 

YjeriDandois ^tait en 1753 au camp de ^aarlouis. 
n passa'eh avril 1756 dans Tile de IS^inorque avec le 
due de Kichelieu, et se distingua le 27 juin k la 
ptisiB aassaiit du fort Saint-Philippe de Mahon. Une 
cbmpagnie de grenadiers j&tait k I'attaque de gauche 
sur les redoutes de Strugen et d'Argyle ; Tautre fai- 
skit ^artie de f attaque du centre sur la lunette Caro- 
line et la redoute de I'Quest. Le capitaine de Kerjean 
ei le lieutenant de Charmont furent tues. Parmi les 
bLess& se trouvaieht les capitaines de Ghasteignier 
eiEveillon et un lieutenant de grenadiers. Le regi- 
ment resta en garnison dans Tile de Minorque jus- 
qu'a la paix. 

La houvelle organisation de I'infanterie du mois 
de d^cembre 1762 Tavait affects au service des ports 
et colonies. A sa rentree en France il fut en voy6 k Ro- 
ciiefort, d'oii ilfut, en mai 1 763, kBlayeet Bordeaux. 
11 revirit a Rochefort en avril 1764, passa a Brest en 
aoAt 1765 et s'embarqua en octobre 1667 pour les 
Antilles. Apr^s avoir successivement occupe les gar- 
nisons de la Guadeloupe, de la Martinique et de 
Saint-Domingue, il quitta cette dernifere colonie en 
octobre 1769 et rentra i Brest le 28 novembre. 

Rendu en 1770 au service de terre, Vermandois 
vint a Metz au mois de novembre, et depuis il est 
allfe a Gravelines en octobre 1772, aLaRochelle en 
mai 1773, a Tile de R6 en mars 1774, a LaRochelle 
en juillet 1775, kPerpignan en mai 1776, a B^ziers 
eii octobre 1 776 , a Montpellier en septembre 1777 , 



1 20 HISTOIKE 

k Marseille en avril 1778 el en Corse au mois d'oo 
tobre de la m6me annee. II demeura en Corse pen- 
dant toute la duree de la guerre d' Am6rique et rentra 
a Toulon le 10 mai 1784. Envoy6 alors k Montpellier 
et Beziers, il fut a Perpignan en avril 1788, et se 
trouvait dans cette place quand la revolution 
eclata (1). 

Yermandois merita d'abord les felicitations de 
TAssemblee nationale pour T^nergie qu'il mit k r6- 
primer les emeutes des 10 et 11 mai 1790; mais. 
quelques jours plus tard il se laissa entrainer^ a la 
suite du regiment de Touraine, dans les tristes 6ve- 
nementsqui agiterent la garnison de Perpignan, du 
19 mai jusqu'au 12 juin. On sail que le vicomte de 
Mirabeau, colonel de Touraine, domine par une 
fatale preoccupation, appela 200 hommes de Yer- 
mandois pour garder la maison oil etaient deposes 
les (Irapeaux de son propre regiment. Les soldats de 
Yermandois, en apprenant la nature du service qu'on 



(1) Voici les noms des derniers officiers supdrieurs do Yerman- 
dois parvenus au grade d'officier g^n^ral. 

Le comte de Malartic fut fait brigadier 3 Janvier 1770, etmar6- 
chal de camp 1" mars 1780. Le vicomte de Bernis obtint les 
m^mes grades i*^ Janvier 1784 et 9 mais 1788. Bernard-Joseph 
Charles de Chasteignier de La Chateigneraye, enseigue en 1749, 
major 25 fevrier 1763 et lieutenant-colonel 7 mai 1777, fut fait 
brigadier 1*' Janvier 1784 et mar^chal de camp 9 mars 1788. 

Le colonel Chartogue 6tait major au corps du 9 novembre 1788. 
Alcher, soldat en 1753, avait 6t6 fait sous-lieutenant en 1776 et 
capitaine en 1791. 



DE l'ancienne iisfanterie francaise. 121 

eiigeail d'eux , cedferent k I'indignation que leur in- 
spirait un acte aussi humiliant pour Touraine, et se 
retirerent. Apres le depart de Touraine, Vermandois 
se trou\a seul a Perpignan, encore avait-il de nora- 
breux detachements dans les petites places voisines. 
Le soir du 5 decembre, il se trouva de nouveau en 
faced'uneemeute terrible, pendant laquelleses chefs 
firent preuve de beaucoup de sagesse^et de fermet6. 
Vermandois quitta enfin Perpignan le l^*" juin 1791 
pour se rendre kBeziers. En 1792, le 1^** bataillon 
fut envoye a Gap et le 2^ retourna a Perpignan. 

Le 1" bataillon contribua en 1792, sous les ge- 
neraux Auselmc et Brunet, a la conquete du comte 
de Nice. II se dislingua particulierement le 28 fe- 
vrier 1 793 au combat de Sospello. Le colonel de 
Chartogne, d'une ancienne faraille de braves, meri- 
ta r^loge des generaux et une mention speciale dans 
leur rapport a la Convention. Ge m^me bataillon fut 
bientdt envoye en Gorse, oil le general Paoli avait 
commence, avec I'aide des Anglais, une guerre a 
mort contre la Republique. II contribua a la defense 
energique que fit dans cette ile, avec une poignee 
d'hommes, le repr6sentant du peuple La Combe 
Saint-Michel; sa compagnie de grenadiers se couvrit 
de gloire a la prise du couvent de Farinole. Dans 
une letlre du representant a la Convention, on lit ce 
passage : « Le 61* regiment, ci-devant Vermandois, 
monlre un courage et un patriotisme au-dessus de 
lout eloge. Aujourd'huY (20 pluviose), venant de 






122 HISTOIRB 

t.-i ' ■ ■ •» 

Saint-Florent, j'ai trouv6 des soldats de ce corps sor- 
taiit moribonds de I'hdpital dc Baktia et pleuMht'de 
crainte de ne pas se trouver a la bataille. » Le 22 
pluvi6se, une escadre anglaise tenta un d6barqu6- 
ment dans le golfe de Saint-Florent ; cent grenadiers 
du 61% qui gardaient la tour de la Mprlella, mbri- 
terentavec le general Gentili dans une chaloupex^- 
nonniere et se rendirent a Nero pour prendre les 
x\nglais entre deux feux. Ceux-ci, intimid6sVse rem- 
barquerenta Tinstanl Le 1" bataiillon de Terraan- 
dois, revenu sur le continent apres la perte de la 
Corse, futmis en garnison k Toulon etentra le lO 
octobre 1794 dans la composition de la 121*^ demi- 
brigade de bataille. 

Le 2^ bataillon de Vermandois fit partie, en 1 793, 
de I'armee des Pyren6es-0rientales. II se fit remar- 
quer le 31 doAt a I'affaire de Cornelia, oil nos relran- 
chements furent forces par le marquis de Las Ama- 
rillas: il merita, par sa bonne contenance dans la re- 
traite, d'fitre cit6par le general Ramel; maisilfaiblitle 
22 septembre, ^ la bataille deTruillas. Cern6 compl6- 
tement par Tarmfee espagnole et se croyant perdu^ 
il cria, dit-on , vive le roi. Le g6n6ral Dagobert le 
fit mitrailler, et profitant d'un moment d'h^sitation 
des Espagnols , il parvint k le degager et lui fit faire sa 
retraite en bon ordre. Ce bataillon n'a ete amal- 
gam6quelel9juin 1795 dans lal22'demi-brigade. 

Les drapeaux de Vermandois 6taient jaune, rou- 
ge, vert, et violet. Son ancien uniforme se distiri- 



DC l'aNGIENNE INFANTERIE FRAN^AISE. |23 

guait par la veste bleue, les parements et le collet 
rouges, et les boutons et galon de chapeau jaunes. II 
avail de chaque c6t6 de Thabit deux poches en long, 
garnie chacune de six boutons de deux en deux; il y 
avait trois boutons sur la manche. En 1763, son cos- 
tume fut enti^remen t blanc, avec le collet vert deSaxe 
et les boutons jaunes. Le rfeglement de 1776 iui 
donna les revers et parements rouge pique de blanc, 
le collet aurore et les boutons jaunes. 



124 



HISTOIRE 



fimm DE SAIIUALM. 

62* REGIMENT d'iNFANTERIE, 

Brisach et Landau .... 

COLONELS. 

i, Comte DE FURSTEMBERG (Ferdinaad), 27 mars 1670. 

2. Comte de FURSTEMBERG ( Ferdinand-Maximilien - Gadtan 
Joseph EgoD), 31 roM 1682. 

3. GREDER (Frangois-Laurenf), 3 septembre 1686. 

4. Baron DE SPARRE (Charles-Magnus Tofifcta) , 18 juillet 1716. 

5. Comte de SAXE (Arniinius-Maurice), 7 aoAt 1720. 

6. Comte de BENTHEIM (Fred6ric-Charles), 5 Janvier 1751. 

7. Prince d'ANHALT-COETHEN (Fr6d6ric-HerraaDn) , 10 mars 
1759. 

8. Prince de SALM-SALM (Emmanuel -Heuri-Nieolas), 13 mart 
1783. 

9. DE MEUNIER (Louis-Dominique), 25 juillet. 1791. 

10. Baron de RUTTEMBERG (Ernes'), 26 octobre 1792. 

11. Chevalier de BOiSRAGON (Louis Chevaleau), 8 mars 1793. 

Ce regiment allemand, levele 2 f6vrier 1668 par 
Guillaume Egon, landgrave de Fiirstemberg, est 
passe en France au commencement de 1 670, et a 6(6 
admis le 27 mars dans ies rangs de Tarm^e avec la 
solde etrang6re. 11 etait fort de douze corapagnies et 
6tait comniande par le comte Ferdinand de Fiirs- 
temberg, frere du landgrave. II fit la m6me an nee 
la campagne de Lorraine sous Crequi, et ce fnl lui 
qui emporta le 22 septembre la ville basse d'l^pinal. 



DE l'aNCIENNE INFANTEHIE FRANgAlSE. 125 

U se distingua aussi le 24 a I'assaut du chateau ; son 
lieutenant-colonel, M. du Fresnoy, y fut tue. 

Porte a dix-huit corapagnies pour la guerre de 
Hollande, Fiirstemberg fit pariie du corps d'armec 
commands par le prince de Conde , et servit aux 
si6ges de Wesel et dTEmerik. 11 passa Thiver a ZwoU 
dans I'electorat de Cologne, et en 1673 il se rendit 
au si6ge de Maestricht. L'annee suivante, il com- 
battit a Seneff et passa ensuite k Tarniee d'Allema- 
gne. 11 etait en quartiers d'hiver a Dornsteiu sur la 
Lippe, lorsqu'il regut I'ordre de partir pour Tarmee 
de Catalogue, que commandait le comte de Schom- 
berg. Conduit par le colonel en 2% baron de Zurlau- 
ben (1) et par le lieutenant-colonel de Woldemberg, 
il se trouva en 1675 a la prise de Figuieres, k I'atta- 
que du faubourg de Girone, k la prise d'Ampurias, 
k celle de Bellegarde, ou il se distingua particuli^re- 
ment, et a la reduction du chateau de la Chapelle. 
Le regiment fit la campagne de 1676 dans les gar- 
nisonsdes Pyrenees. Le 4juillet 1677, il combattit 
avec la plus grande valeur a la bataille d'Espouilles. 
Aprfes avoir fait une d6charge sur les premieres 
troupes espagnoles qui franchirent le ruisseau, il 
jeta ses mousquets, mit Tepee a la main, a I'exemple 

(i) Le comte de Fiirstemberg se fit remplacer pour cette cam- 
pagne et les suiyaates, par ua colonel en 2*, qui fut le baron Conrad 
de La Tour-Ch&tilion de Zurlauben, capitaine au corps 20 juin 
1668, major 30 juillet 1669, colonel en %"> 10 juiUet 1674 et briga- 
dier 24 f^yrier 1676. 



1 26 uisit>iRi' 

de ses officiers^ et^ se precipitant sur deux bataillons 
qui cherchaient a prendre position au pied de la 
montagne, il les tailla en pieces. Le capitaine 
Koweraski et deux lieutenants p^rirent dans cette 
brillante affaire; les capitaines Tronck et Rump^ 
trois lieutenants et trois enseignes, furent blessfe ; 
181 hommes furent mis hors de combat. 

La cdnduite de Fiirstemberg ne fut pas moins 
belle en 1678 au si6ge de Puycerda, qui dura du 
29 avril au ±S mai. A Tassaut du 3 mai, oil il se 
couvrit de gloire, il perdit les capitaines d'Ourches, 
Freytag, Barioche et Petershagen, et les lieutenants 
La Tour, de Rolas et Dauvers. Ce fut apr^s ce si6ge 
que Fiirstemberg regut par incorporation le r^ment 
anglais de Hamilton, lev6 en 1671 , ce qui le porta, k 
vingt-six compagnies. En 1679, il se rendit i rarnalSe 
duRhin et contribuak ladefaite desBrandebourgeois 
k Minden. A la paix, il subit une r6forme, et il four- 
nit en 1680 douze compagnies, qui entr^rent dans la 
formation du regiment de La Mark (1). 

En 1684, Fiirstemberg retourna en Catalogue; il 
se distingua le 11 mai au passage du Ter k Puente- 
Mayor. II y franchit avec intr6pidite et a decouvert 
un gu6 profond domine par des hauteurs. II se trouva 
aussi k la prise d'assaut de la place de Girone, qui 
fut abandonnee sur-le-champ. 

(1) M. de Furstemberg, colonel en 1682 et nesen dupr6c6dent, 
6tait entr^ au corps comme enseigne en 1680, et deyint brigadier 
le 22 octobre 1688. 



^*". 



DE l'aNGIENNE INFANTERIK FRAN^AISE. 127 

^n 1689^ le regiment, devenu Greder (1) et fort 
de deux bataillons, combattit a Walcourt a c6t6 des 
Gardes Frangaises. De tous les corps engages, ce fut 
lui qui souffrit le plus. II etait Tannee suivante a la 
bataille de Fleurus ; au raois d'octobre il prit ses 
cantonnements a Inghelmunstef avec les Fusiliers du 
roi. II contribua, en 1691, a la prise de Mons qui 
lui codta un lieutenant, soutint la cavalerie au com- 
b^t de Leuze et terraina la campagne dans les lignes 
d'Espierres. En 1692, on le trouve au siege deNamur 
et a la bataiile de Steenkerque. En 1693, a Neer- 
winden, il combat a I'aile gauche; il est ensuite 
employe au siege de Charleroi, oil ses grenadiers 
moDtent k I'assaut de la lunette de Darmay. II est 
en 1694 de la marche de Wignamont au pont d'Es- 
pierres, participe en 1695 au bombardement de 
BruxelleSy. cou vre en 1 697 le siege d'Ath et fait partie 
ducamp de Compiegne en 1698. 

Greder sert en 1701 en Flandre dans la brigade 
de Poitou. II se trouve en 1702 au combat de Nime- 
gue. En 1703, les deux bataillons du regiment font 
partie de Tarmte du Rhin , commandee par le due 
de Bourgogne et Tallard, et servent aux si6ges de 
Brisach, de Landau et de Spire. Le 26aout, devant 



(i) M. Grader fot fait brigadier 25 ayril 1690, mar^chal de camp 
3jaiiir]eri696, etlieuteoant-g6n6ral26octobre 1704. Andr^deL^e, 
Ueotenaiit en i618j»t UeutenaDt-colonel le U d^cembre 1687, est 
pa«^ ao commandement d^un regiment irlandais. 



128 UISTUIKK 

Brisach, ils repoussent une sortie. Le 3 septembre, 
k dix heures du soir, les deux compagnies de gre- 
nadiers sortent du logemenl etabli sur I'angle sail- 
lanldu chemin couvert du bastion de Verinandois, 
et se jeltentdansle cliemin couvert, qui n'etait garde 
que par 25 homines. Ceux-ci, apr^s avoir d6charge 
leurs armes, renlrerrt dans la place. Les grenadiers 
s'emparent des deux traverses de la place d'arraes et 
font un logement de cinquante toises sur la contres- 
carpe, raalgre le feu des assieges. Des quatre ofliciers 
de la 2° compagnic de grenadiers, trois furent tues, 
le dernier fut blesse. Cette nuit coiita, en outre, au 
regiment ses deux premiers capitaines tu6s dans la 
tranchee, et 35 grenadiers. Au siege de Landau, le 
22 octobre, un sergent de Greder et 10 grenadiers 
sontenvoyes pour reconnaitre une lunette construite 
au pied du glacis. On savait qu'il y avait deux four- 
neaux de mine prepares dans cet ouvrage, et Ton 
voulait forcer les assieges a les faire jouer mal k pro- 
pos. Le sergent avait, en consequence, Tordre d'en- 
trer dans la lunette, d'v crier vive le roi ! et de se 
retirer aussitot. Ce stratageme a" un plein succes. 
Aprfes ['explosion des mines le regiment occupe la 
lunette ; 400 hommes des assieges s'61ancent sur les 
travailleurs de Greder, mais ils sont vigoureusement 
regus et culbut6s. Le capitaine de grenadiers Des- 
roches et 20 hommes de sa compagnie sont tu6s 
dans cette affaire. Le 4 novembre, pendant qu'on 
livre I'assaut a la demi-lune^ les assi^6s mettent le 



DE l'aNGIENNE INFANWRIE FRAN^AISE. 129 

feu k trois fourneaux qui font sauter deux compa- 
gnies de Gr6der ; mais, par un bonheur inconceva- 
ble, deuxsoldatsseulement sont ♦ues. Le regiment, 
il est yrai, avait perdu 77 hommes ^ I'assaut de I'ou- 
vrage. 

En 1704, Grader suit le marechal de Tallard en 
Bavifere et partage sa d6faite a Hochstedt. II etait 
plae6 k la gauche du regiment d'Artois dans le vil- 
lage de Bleinheim^ et il dut, lui aussi, adherer a la 
capitulation. Vingt-neuf capitaines et trente-trois 
lieutenants rendirent leurs epees, mais la plupart 
des soldats parvinrent k s'echapper : une soixantaine 
seulement demeurerent prisonniers. 

Le regiment se relablit en 1 705 sur la Moselle. II 
servit en 1706 a la prise de Drusenheim, de Lau- 
terbourg et de Tile du Marquisat ; aprfes la deroute 
de Ramilies, ilfut appele en Flandre. II faisait par- 
tie, en 1708, de la reserve de I'arm^e pendant le 
combat d'Audenaerde, et lorsque les Allies assiege- 
rent Lille, il suivit le comte de La Mothe charg6 de 
tenterune diversion danslaFlandre occidentals En 
1 709, Grader combattit k Malplaquet dans la brigade 
du regiment de Gondrin, depuis Aunis. II demeura 
Tann^e suivante en garnison a Cambrai, se trouva en 
1711 a Tattaque d'Arleux, et en 1712 au combat de 
Denain et aux sieges de Douai , du Quesnoy et de 
Bouchain. II contribua, avecPiemont, le29septem- 
bre, k la prise des deux lunettes du Quesnoy; il per- 
dit un capitaine dans cet assaut. II fit la campagne 

■1ST. »B l'ANC. INFANTERIE FRAN^AISE. T. Yl. 9 



130 IllSTOIBR 

de 1713 sur le Rhin et servit aux sieges de Landau 
et de Fribourg. 

Le colonel Greder etant niort Ic 16juillet 1716, 
le regiment fut donnc au comte de Sparre (1) qui en 
laissale commanderacnt au lieutenant-colonel baron 
de Rantzaw, petit neveu du marcchal de ce nom (2). 
En 1720, M. de Sparre, pour etre nomme briga- 
dier d'infanterie, consenlit k se demeltre du corps, 
et le regent disposa aussitot de celui-ci en faveur dii 
comte de Saxe, qui s'appliqua a le dresser d'apr^ 
les principes qu'il apportait du Nord. II s'attacba 
surtout h apprcndre aux soldats a tirer, exercice qui 
avait ete complctement neglig6 jusqu'a ce jour, et 
bientdt le regiment de Saxe devint un corps module 



(1) Le comte de Sparre fut nomm6 brigadier le 7 aot!^t 1720. Son 
illustre suocesseur, le comte de Saxe, eut le grade de marcchal de 
camp le 7 aoi!it 1720 en mSme temps quMl obtint le r6giment^ celui 
lie lieutenant-g^n^ral le i^' auut 1734, et le biLtonde marcchal le 
26 mars 1744. 

(2) Jacques Armand, baron de Rantzaw, entr6 au corps le 2 f4- 
\t'ier 1668 a la cr6dtion, fut fait major 25 juillet 1690, lieutenant- 
colonel 7 f6vrier 1703 et brigadier l*'f6vrier 1719. Ses successeurs, 
sous le comte de Saxe, sont: Cbarles-Henri Le Royer, baron de 
Montclos, entre au corps en 1684, lieutenant-colonel 6 octobre 1723, 
brigadier 4" aoAt 4734, marcchal de camp 20 f6vrier 4743; de 
Russinger, lieutenant en 4708, lieutenant-colonel 24 juin 4743 et 
brigadier 20 mars 1747; de Stellingwoerf , lieutenant-colonel 
42'janYier 4748; Jean Hermann, baron de Dieskau, lieutenant-colo- 
nel 2 tiptLi 1748, brigadier lemdme jour, marcchal de camp 20 f6- 
Trier 4755 etlleuteaant-g^n^val 25 juillet 4762. 



*^--.^ 



DE l'aNCIENNB INPANTERIE FRAN^AISe. |31 

SOUS ^e double rapporl derinstructionet de la disci- 
pline. 

Le comte de Saxe montre soii regiment en \ll^ 
au camp de la Sambre et en 1732 h celui de la 
^oselle. En 1733, il le mene au siege de Kelh. II s'y 
distingue fort h I'assaut general du 26 aout. En 
1734, il est a la prise de Treves et deTraeFbach. II 
joint ensuite, a ^ire Tarrnec du marechal de Berwick, 
assiste au blocus de CobleiUz, preiid part a I'altaque 
des lignes d'Ettlingen el arrive devant Philisbourg. 
Daus la nuit du 1^'^au 2 juin, il s'empare d'un Tort 
delacljn^. Attaque quelques jours apres dans sa con- 
qu^le par des troupes sorties d'une redoute voisine, 
il les repousse, prend la redoute, tue 22 homnies et 
rejettele reste dans les niiirais. Le 16, avec |e regi- 
ment irlandais de Booth, il attaque la redoute de 
Starembei^, I'enl^ve el fait prisonuierslpussesde- 
fen^i^rs. paps la nuit du 12 au 13 juillet, il parli- 
cipe a la prise de Touvrage couronne. Le 1 " aout, 
ii se rend mailre du chateau de Nieder-tJIm, ou il 
fail 200 prisonniers, el, pendant le reste de la cam- 
pagne, il accompagneson illuslre chef dausune multi- 
tude de coups de main heureux et notamracnt a 
VaffairedeWolfach. En 1735, lerigimei 
du camp elabli devant Afa.iheim, qui tie 
une armee formidable et remp^chc de pai 
Plus tard, reoa^mi a;yaDt reussi k franci 
ailleurs et s'ei,ant dirige wit Trfeves, 'ii'l 
dispii^ un gu^ de la ijloselle. II combatUf 



1 32 HISTOIRE 

sen, et fut reduit k un bataillon le 8 Janvier 1737. 

Retabli k deux bataillons en i741, il quitte la 
garnison de Strasbourg pour se rendre en Bavifere, 
puis en Autriche. II conlribue a la prise de Walseck, 
de Kaaden, d'Elnbogen etde Budweis,et arrive devant 
Prague. Le si6ge de cette grande ville paraissait 
presque impossible ; I'^lecteur de Bavi^re penchait 
pour une surprise et le corate de Saxe y poussait. 
Celui-ci envoie a Prague, sous le d^guisement d'un 
paysan, un capitaine de son r6giment, M. de Gouru, 
tue depuis devant Berg-op-Zoom. Cetofficier, intel- 
ligent et bon dessinateur, revient avee un plan com- 
plet de la place el les details les plus circonstancies. 
On se d6cida pour une surprise ; elle eut lieu le 26 
novembre avee un succes complet, el les grenadiers 
y eurent part. Le regiment eut cette ann6eses quar- 
tiers d'hiver a Dornstein. 

Le 25 avril 1742, il se trouve au combat de Sahai. 
II sert ensuite a la prise de Falkenau, au ravitaille- 
ment de Kaaden et d'Elnbogen et au si6ge d'Egra. 
line partie du corps passa I'hiver a Egra et partagea 
les souffrances du long blocus que cette ville eut k 
supporter. Le lieutenant-colonel de Montclos y mou- 
rut au moment oil il venait d'obtenir le brevet de 
mar6chal de camp. Le gros du regiment prit ses 
cantonnements autour de Methen, entre Tlsar et le 
Danube. II les quitta le 1" mars 1743 pourallera 
Deckendorf, mais Fcchec eprouve k Simpach par le 
g^n^ral bavarois Minuzzi, le fit diriger sur Dingol- 



DK l'aNGIENNB INFANTERIE FRANgAISE. 133 

fiDgen, en mSme temps que Vermandois et Angou- 
mois, pour garder les rives de I'lsar. A la fin du 
mdme mois, il fit partie des onze bataillons de 
secours envoyes au marechal de Seckendorf. 

Lorsque le prince Charles eut reussi a forcer les 
passages du Danube, Saxe se retira sous Ratisbonne 
et de la en France. 11 y fut reuni au corps de reserve 
assemble dans les lignes de la Lauter. Au mois de 
juillet, il occupait Kaysersberg. II se rendit bientdt 
a Markolsheim dans la haute Alsace, et se distingua 
le 30 septembre au combat de Rheinweiler oil il eut 
onze hommes tu6s et neuf blesses. 11 fut rejoint a 
cetle epoque par un detacheracnt de 62 hommes, 
commands par le capitaine Vanaltz, qui avait contri- 
bue a la defense d'lngolstadt. 

Saxe entra en novembre en garnison a Schlestadt, 
d'oii il detacha, le 15, ses deux compagniesde gre- 
nadiers et 200 fusihers pour aller retablir le pont et 
Touvrage a cornes d'Huningue. Le regiment se trouva 
en 1744 k la defense de Weissembourg, a la reprise 
des lignes, a Faffaire d'Augenheim et au siege de 
Fribourg. 11 fit partie, au mois de septembre, du se- 
cours que le comte de Segur conduisit a I'^lecteur 
de Baviere. 11 formait brigade avec La Sarre, et se 
distingua, en 1745, au combat de Pfaffenhofen et 
dans la retraite qui suivit. 11 acheva celte campagne 
a Tarmec du Rhin. 11 fit aussi celle de 1 746 en Alsace, 
et a la fin de cette annee il fut envovc a Anvers et 
porte a quatre bataillons. 



134 IIISTOIRE 

En avril 1 747, Saxe fait parlie du corps dii comte 
de Lowendhal, charge d'atlaquer les places de la 
Flandreholiandaise.il contrihuealaprisc deTElcluse, 
du Sas demand, du Fort-Philippine, et rallie eiisuite 
le camp de Malines. A la fin de juin^ qiiand Tarmee 
quitte ce camp, il reste seul a la garde du pont de 
\Vaelhem, II se rend plus tard au siege de Berg-dp- 
Zoom, oil il eprouve des perfes considerables, et 
aprfes la capitulation de cette ptace, il cbuvre la rriar- 
che de la cavalerie du comte de Lowendhal qiii re- 
joint la grande arniec. Le 18 octobre, une compa- 
gnie de grenadiers so distingue dans un fourrage 
pres d'Anvei's, en avant du camp de Schoute. Le re- 
giment assistc en 1748 a la prise de Maestricht. li 
occupe ensuite BruxcUes, quitte cette ville en octobre 
pour aller a Strasbourg et est reduil a dciix b'alail- 
lons par ordre du 26 decembre. 

Au mois d'octobre 1756, le regiment, qui portait 
alors le nom de Bentheim, fut destine a faire partie 
du seconrs que le roi envoyait a Timperalrice, mais 
cet ordre ne re?ut point son execution, et Bentheim 
fit partie en 1757 de Tarmee du Bas-Bhin. II ne 
prit part a aucun fait saillant pendant les deux pre- 
mieres campagnes de la guerre de Sept Ans. On le 
houve en 17^)8 en garnison a Gottingen et plus tard 
a Drantzfeld. 

En 1759, il apparlenait a un colonel (1) qui pro- 

{{) Le uriiicc (rAnhalt-Coetheu a cle Doniui^ brigadier le iU te- 



OE l\\NG1£NNE INFA^TEtllE FRANgAISE. 135 

bableroent (enait plus que son predecesseur k ce que 
son raiment pardt; car on trouve celui~ci, le 13 
avril, a la bataille de Bergen, oil le capitaine de 
Nardin est tue. Le 1" aoiit, il figure avec honneur 
k la bataille de Minden, oil il etait a Tcxtrfime gau- 
che avec Auvergne et Aquitaine ; mais il se distingue 
surtout^ le 8, pendant la retraite a travers les gorges 
d^ Munden, au beau combat d'Einibeck. Le colonel- 
coininandanttdtljourvoisier (1), I'aide-major Freytag, 
les capitaines de Vanaltz et Culmann, et quatre lieu- 
tenants y furent blesses. 

Le 18 Janvier 1760, le regiment d'Anhalt fut 
port6 a trois bataillons par T incorporation du l*"^ 
bataillon du regiment de Lowendhal. II combattit 
le 10 juillet avec eclat a Corbach ; mais le 16, il se 
laissa surprendre a Embsdorf par le prince heredi- 
taire de Briinswick, et fut fait en partie prisonnier 
de guerre. Le prince d'Anhalt, environne d' Anglais, 
allait perir et ne dut son salut qu'a un soldat de 



vrier 1759, mardchal de camp le 20 f6vrier 1761 et lieuteoant-g^- 
n6ral le 29 juillet 1765. 

(1) A pariir du prince d'Anhalt, qui 6tait prince souverain et 
qui ne pouvait pas s'occuper des d6tails du r^ginaent, on mit h la 
t^te de celui-ci un colonel-comnriandant ou en second. Le premie 
fut FraBQois Guillaume de Courvoisier, colonel-commandant 21 
avril 1759, brigadier 26 decembre 1768 et mardchal decamp 1*' 
mars 1780, auquel succ6da, le 26 ddcembre 1768, Georges Ernest, 
comte de Wittgenstein de Sayu, brigadier 3 Janvier 1770, mar^chal 
dc camp 1" mars 1780, et Iieutenant-g6n6ral en 1789. 



1 36 HISTOIRE 

Royal-Baviere qui detourna le coup qui lui etait 
destine. Le prince demeura prisonnier. Son regi- 
ment resta dans les garnisons pendant les deux 
campagnes suivantes et fut reduit a deux bataillons 
par Tordonnance du 21 decembre 1762. 

Au moment oil la paix se fit, Anhalt etait en gar- 
nison k Metz; ii se rendit en juillet 1765 au camp 
do Compi^gne et, apres la levee du camp, il fut a 
Mezieres, d'oii on Tenvoya a Neufbrisach en octobre 
1766, k Toulon en octobre 1767 et en Corse en mai 
1768. II contribua a la pacification de cette tie et 
revint k Toulon le 6 novembre 1770. II alia depuis 
au Fort-Louis du Rhin en Janvier 1771, a Landau 
en septembre 1772, a Strasbourg en juin 1774, a 
Bitche en octobre 1776, k Nancy en mai 1777 et a 
Dunkerque en octobre 1777. Pendant la guerre 
d'Amerique, il occupa successivement sur les c6tes 
les positions de Gravelines, Montreuil, Avranches, 
Quimperle, Saint-Pol de Leon et Roscoff. Le 30 oc- 
tobre 1 780, il s'embarqua a Brest sur la flolte du 
comtc d'Estaing pour aller renforcer I'armee de 
Rochambeau ; mais la flotte n'alla que jusqu'a Cadix, 
et le regiment, a son relour, fut envoye a Guingamp, 
d'ou il alia a Schlestadt en novembre 1781 et a 
Strasbourg en mai 1782. 

Le 13 mars 1783, le regiment devient lapropri^te 
du prince de Salm-Salm (1), et le m6me jour le roi 

(1) Le priacc de Salm-Salm, coloaeUcommaadant du corps de- 



DB L^ANGIENNB 1NFANTER1E FRAN(A1SB. 137 

rend une ordonnance de reorganisation, d'apr^s la- 
quelle le quart de Teffectif du corps, officiers et soU 
dats, devait 6tre forme de sujels frangais recrutes en 
Alsace et dans la Lorraine allemande. 

Au commencement de 1 784, le regiment de Salm- 
Salni se rait en route pour Toulon, oil il arriva le 
29 mars. II s'y euibarquale 6 avril pour Saint-Florent 
et Bastia. 11 ne tit qu'un trcs-court sejour en Corse, 
car il entrait a Belfort le 21 octobre de la m^me an- 
nee. II fut de la a Metz en octobre 1 787. 

Au mois d'aoi^t 1790, le regiment se mit en insur- 
rection k propos du remboursement de la masse , et 
il ne fallut rien moins que toute I'^nergie du mar- 
quis de Bouille pour arrMer cette sedition. II fut 
alors envoye k Belfort, oil il sut se concilier 1' affec- 
tion des habitants, dont les inquietudes ^taient 
grandesau mois de mars 1 791, quand les Autrichiens 
occuperent le pays de Porentruy. Au mois de juillet, 
Salm-Salm vint k Weissembourg, et en mars 1792 
il fut appele a Strasbourg qu'il quitta le 25 avril 
pour se rendre au camp d'observation qu'on formait 



puisle 8 mars 1780 et brigadier du 5 scptembre 1778, fut fait ma- 
r^chal de camp le 5 d^cembre 1781. Charles Dauicl O'Gonnel, co- 
looel-commandaQt du 13 mars 1783, deYint mar^chal dc camp 20 
mai 1791 . Le colonel de Meunier, eotr^ au corps comme lieutenant 
en 1760, major 20 mars 1778, et lieutenant-colonsl 2 Janvier 
1783, devint mar4chal dc camp 7 septembre 1792. Rultemberg 
etait lieutenant^colonel du 2t*> juillet 1791 et ful fait g^n6ral de 
brigade 8 mars 1793. 



138 HISTOIRE 

a Bouquenom sur la Sarre. Quand la guerre corn- 
men^, le regiment fit partie de rarmee de CustiDes, 
et ses grenadiers se couvrirent de gloire le 3 aoiit a 
Taffaire de Kercheim, oil ils soutiiirent avec 6nergie 
les efforts de Royal-Dragons et d'Artois-Cavalerie. 
Le colonel Riittemberg s'y fit fort remarquer. Au 
mois de septembre, le l"*' bataillon quittal'arm^e de 
Cystines pour passer k celle de Kellermann, et se 
trouva k la bataille de Yalmy; ce fut dans ses rangs 
qu'eut lieu cette explosion de deux caissons qui forme 
un des incidents les plus remarquables de cette jour- 
nee. Le 1" bataillon, apres la retraite des PrussieDs, 
servit sur la Moselle et demeura une partie de Tan- 
n6e 1 793 au camp d'Etange pres de Thionville. Ce 
bataillon passa ensuite a I'armee des Ardennes et 
entra le 15 avril 1794 dans la 123* demi-brigade 
de bataille. 

Le 2* bataillon de Salm*Salm, apr^s la prise de 
Mayence, y avait ete mis en garnison. U s'y distin- 
gua extr6mement et chercha a faire oublier que le 
colonel Riittemberg, quoique promu au grade de g^ 
neral de brigade par la republique, avait eu la 14- 
chet6 de passer a Tennemi avec le plan de defense 
de Mayence. Apr^s la capitulation de la place, le ba- 
taillon fut dirige sur la Vendue. II arriva le 22 aoAt 
a Saumur el prit part, sous les ordres de K16ber, k 
tons les combats qui araenerent la ruine des roya- 
listes. Le chef de bataillon de Beurmann fut tu6 le 
26 octobre 1793 au combat de Laval; le lendemain 



. X 



1# 



DE l'aNGIENNE ItlFJlLlM^iiJhE FRANgAlSE. 1%% 

27, les vbloAWireis fuyaient : cietit hornmes du 62«, 
cofhrtiaridfe p^ \e ch^ de Mla^llbn OTJelly, ^rfl- 
lard de 70 atis, se jettent St la t6te do pdtit de 
Ch&teirtt-^onlhier, dertiier obslacle q^tre les VerifliSchris 
at^ffient ft ffanchir pdtir ^xt^rtnfiher les fuy^ird*, ^t 
arr^tent T^lan des vainqueurs. Ce bataillon derrteftrr^ 
dans la Vendee jus^qti"** fe fin die h, glr^r^e; fl se fit 
sou vent rettarcjUeriJitr TaWfeiir tju'tl di^^ld^la doritne 
les Chouans et surtout dans un combat acharne qu'il 
leur livra, en jiiillet 1795, aupres du chMeau de 
Brunei. En jauvier 1796, quand Stofflet reprit les 
armes, ii accompagna Hoche dans sa raarche sur 
Chemille et prit part aux operations qui eurent pour 
rteultat Tarrestation et la mort des derniers cbefs 
royaiistes. 

Le 2® bataillon de Salih-Salm est enlre directement 
|e 1 6 septerabre 1 796 dans la 94« denii-brigade de 
nouvelle formation. 

Ce regiment avait eu jusqu'a 24 drapeaux. Le dra- 
peau colonel etait blanc, seme de fleurs de lis d'or. 
A la partie superieure se trouvait un soleil d'or 
surraonle de la devise Ne.c phiribus impart et au- 
dessous un globe terrestre bleu celeste. Les dra- 
peaux d'ordonnance etaient bieus d'azur avec une 
•lai^e bordure fa^onnee vert et blanc (cette bordure 
avait vari6 avec les colonels). Au centre on voyait les 
armes de France entre deux palmes d'or. 

L'uniforme 6tait ainsi compose : habit bleu, pa- 
rements, revers, collet et doublure jaunes, boutons 



1 40 HI8T0IRE 

blancs, dont huit petits sur chaque rcvers et trois sur 
chaque manche, quatre depuis les revers jusqu'aux 
doubles poches en long, garnies chacune de trois 
boutons et boutonni^res; veste blanche garnie de 
douze boutons 7 culotte blanche, chapeau borde 
d'argent. 

En i 776, le costume tut serablable a celui d'Alsace, 
avec la couleur distinctive jaune Jonquille. 



DB l'aNGIENNE INFANTBRIE FRAN(A18E. 141 



REGIMKNT BOYAL D8 1'ARTllLBIUB. 

Ultima ratio. 

COLOriELS-LIEUTENANTS IT INSPECTEURS. 

i. Due DU LUDE ( Henri de Daillon ), 4 f^yrier 167^ 

2. Due d'HUMIERES ( Louis de Cr^yant ), 17 noTembre 1685. 

3. Due DU MAINE (Louis-Auguste de Bourbon), 10 septembre 1694. 

4. Comte d'EU ( Louis-Charles de Bourbon ) 12 mai 1710. 

5. DE VALLlfiRE ( Jean-Florent ), 14 f6vrier 1720. 

6. DE YALLIERE ( Joseph ), 9 mars 1747. 

7. DE GRIBEAUVAL (Jeau-Baplisle Wacquette), 1«' Janvier 1777. 

Ce regiment, depuis sa creation en 1671, jusqu'4 
la desorganisation de Tancienne arm6e, a constam- 
raent fait partie de Tinfanterie, marchant au rang qui 
lui est assigne ici. C'est a ce litre que nous devons 
nous en occuper dans VHistoire de Vancienne infante-' 
rie frangaise . On nouspardonneracependant si nous 
donnons k la notice de ce corps, qui, par le fait, avail 
une constitution, des privileges el un service dislincts, 
plus de developpemcntqu'^celledesautres regiments 
de la mfeme anciennete. Nous traiterons Royal-Artil- 
lerie comme un vieux corps, c'est-i-dire que nous 
remonterons un instant vers le nooyen ftge, pour con- 
slater qu'il y avail des artilleurs bien avant qu'on 



14^ UiSTOIKJK 

oiil songe a les cnregimentcr. 11 faut bieii d'ailleurs 
que le boul do roreilie perce quelqiie part. 

Lo mol arlilleur, ou arlillei*^ est plus aiieien que 
rihvenlion de la poudre^ ou plul6t que rapplicatiou 
de la force expansive des gaz contenus dans cette com- 
position. Des le temps des croisades, Tensemble des 
machines de guerre de toute espcce, grandes et pe- 
tites, n^vrobalistiques, a contre-poids, contondantes^ 
incendiaires, imaginees pour produire des efTets 
auxqucls la force musculaire de I'homme n'etit point 
suffi, et du personnel special occupe a construire et 
a mettre en Jeu ces machines, etait appel6 du nom 
d'arlillerie , expression dont le sens est clair et con- 
venable, puisqu'il derive du terme latin, ar^, artisy qui 
resume les connaissances varices qu'exige le metier. 

Le mot arlillerie^ qu'au moyen dge on ecrivait 
quelqjuefois atiillerie^ sansdoute par euphonie, est 
6vide nment le frere germain d'alelievy aUirails^ 
arlificiery artisan. L'artisan, qui appliquait son in- 
telligence et son adresse aux choses de la guerre, s'e- 
lait distingue de la masse des ouvriei-s, en S3 faisant 
appeler arliller, ainsi que de nos jours le nom nou- 
veau d'arlisle a ete adopte par les personn^s !ex.?jr- 
canl uu etat qui demande du gout, de la delica- 
tesse et le sentiment du beau (1). 

Dans les republiques aristocratiques de I'aQtiquit^, 



(i ) Le vei'be artUler a 6te autrefois le syDoiiyme d'armer, forti/ler. 
On disaii d'un yaisseau arin6 eu g^uerre, qu'ii etait artiUS, L*adjec- 



DB l'aNCIENNE INBAinWME FRAN^AISE. 143 

ainsi que sous les Cesare, le service des machines 
de guerre 6tait g^n^ralement abandonne aux afifran- 
chis et aux esclaves , qui , seuls k peu pres a cette 
epoque, etaient assez abjeets pour savoir faire autre 
chose que mangeF, boire, dormir. cabaler el se bat- 
Ire. Dans les armees romaines, ils obeissaieiit k un 
chef, pris dans la classe des chevaliers ou publicains, 
qui portait le litre de magister fabrum. 

lien fut de mfime en France sous le regime ffeodal. 
Les pr6jugfechevaleresques, qui Jusqu'au xvi'siecle, 
tinrent la noblesse eloign^e du service k pied et qui 
enlrav^rent le developpement de celui-ci, ont fait 
peser leur influence pendant plus longtemps encore 
et bien plus ^nergiquement sur le service de TaTtil- 
lerie. Un bon gentilhorame, qui croyait deja deroger 
en descendant de cheval et en se m^lant aux vilains 
qui formaient I'infanterie, et dont la science n'allail 
paft toujours jusqu'Ji savoir signer son nom, ne pou- 
vait pas, en effet, s'abaisser a ce point de diriger 
des operations, dont la conduite exigeait la con- 

tif artilieux se trouvc dans le Roman de la RosCf dans le sens d'in- 
ginieoz, snbtil. 

Lies.cliercheurs d^^tymologie, ue se sont point laiss^s arr^ter par 
r^Tidence- Us onl fait Tenir artillerie de Titalien artiglie, qui yeut 
dire serres d'aigle; de arte gli era^ phrase inintelligibie, k moins 
qa*elle ne signifie ils avaient de Vart; de arte di tirare, etc , ou bien 
du latin arcus iMum, ardens telum, et mSme de ars tolUndi, Le 
g^n^ral Bardin, dans son Dictionnaire de Varm4e de terre , obserie 
qae cette derni^re ^tymologie pourrait bien 6tre une ^pigranime. La 
remarque est plus pointue que repigramme, si ^pigramuie il y a. 



144 HISTOIRB 

naissancc ct mcnie la pratique des arts m6caiiique5. 

Les progrcs du corps dc I'arlillcrie ont toujours 
ele inti moment lies aux progrfes fails par Tinfanterie, 
avec laquelle il etait confondu. Cest en inventanl 
desarmes de plus en plus efficaceset maniables, en les 
essayant d'abord eux-m6mes^ en les vulgarisant en- 
suite dans les bandes de gens de pied , que les artilleurs, 
hommes d' elite et initiateurs de la roture , ont de jour 
en jour agrandi le r61e de I'infanterie, 6leve celle-ci 
au niveau de la cavalerie, et amen6 la noblesse k ne 
plus apercevoir de difference entre ces deux services. 
Ce r6sultat etait obtenu au commencement du r^gne 
de Louis XIV. C'est aussi a partir de ce moment que 
Tartillerie^ se reservant le maniement des machines 
les plus compliqu^es et les plus ^nergiques, com- 
mence k se constituer elle-m^me k part eta poser les 
bases de son organisation en troisi^me arme, des- 
tinee dans les circonstances les plus solennelles de 
la guerre a porter les coups decisifs, ultima ratio. 

Au moycn age, quand une entreprise militaire 
exigeait I'emploi des machines, on avait recours a 
des maitres-ouvriers , qui fournissaient tout ce qui 
6tait necessaire et embauchaient pour la campagne 
un certain nombre de compagnons de divers 6tats. 
Lorsquelesarmesafeucommencerent, au xni®siecle, 
a se substituer aux anciens engins , il se forma dans 
beaucoup de villes une nouvelle corporation d'ou- 
vriers sous les noms de bombardiers, de canonniers, 
depoudriers, etc. Les maitres-canonnierset bombar- 



'0>. 



DE l'aNGIENNK INFANTERIE FRANCAISE. 145 

diers vendirent leurs services, comme avaient faif les 
artillers, leurs predecesseurs , et les vendaient fort 
cher, car uii bon maitre-bombardier 6tait pay6 jus- 
qii'a vingt florins d'or par mois. II est vrai quec'etait 
le temps des secrets et qu'il y avait alors lei artisan, 
qui possedait sur son metier des connaissances assez 
^tendues, pour etre en elat de faire ce que plusieurs 
autres n'eussent pu accomplir en se reunissant. 

De m6me que les milices des communes donnerenl 
lieu a I'organisation des milices feodales, les maitres- 
canonniersdes villesfirent naitre les maitres-canon- 
niers des fiefs et des abbayes. Les uns et les autres 
^taient appeles dans les armees du roi. 

Pendant qu'ils etaient en campagne, les maitres- 
ouvriers et leurs compagnons 6taient sous les ordres 
du Grand maitre des arbaletriers. Quelquefois, quand 
rartillerie d'une arm6e etait considerable, on plagait 
a sa tdte un maitre de rartillerie qui servait d'inter- 
m^diaire entre le Grand maitre des arbaletriers et les 
raailres-ouvriers. Get officier n'avait qu'une commis- 
sion temporaireet speciale. Le Grand maitre des arba- 
letriers exer^ait sen! des droits absolus et permanents 
sur rartillerie, comme il resulte de I'extrait suivant 
des litres de Rochechouart-Champdenier, cite par 
Daniel. 

« Le maitre des arbaletriers, de son droict, a toute 
la cour (juridiction), garde et administration, avec 
la cognoissance des gens de pied 6tant en Tost oil 
chevauche le Roy, et de tons les arbaletriers, des ar- 

■IflT. DB L*A]IC. IMFAMTBRII FlANf^AlSB. T. TI. 10 



^m 



146 HISTOIRB 

chers, de niaitres d'engins, de canohniers, de char- 
pentiers, do fossoyers, et de toute rartillerie de l^oSt; 
a toutes les monstres a Tordonnance sur ce, a la ba- 
taille premier assied les ecoutes (senlinelles), envoye 
querre le cry la nuict; et, se ville, forteresse, on 
ch&teau est pris, a luy appartient toute rartillerie, 
quelque soit, qui trouvee y est; et, se rartillerie de 
Tost est commandee a traire sur ennemis, le reve- 

nant de Tartillerie est a luy » 

Les choses resterent en cet etat jusqu'au r^gne de 
Louis XL Seulement, comme les maitres-artilleurs, 
habilesa fabriquer et a servir les macbines de^uerre, 
etaicnt rares; que les fondeurs de bombardes, les 
bons poudriers et les canonniers experts etaient piar- 
ticulie.rement dans ce cas ; quMls etaient mfimepour 
la plupart etrangers, allemands et italieiis; qu'il 
etait devenu de plus en plus important de s' assurer 
leur concours et de se les attacher; on leur avail 
concede des privileges et ils avaient obtenu des bre- 
vets du Grand maitre. L'fitat, souvent pris au d6- 
pourvu par des guerres inopinees , avail aussi <iom- 
mence a sentir la necessity de posseder lui-m6me 
un materiel d'artillerie toujours disponible el judi- 
cieusement reparti sur divers points du royaume. 
Pour la garde et Tentretien de ce materiel, el t)Oilr 
la surveillance des ouvriers appeles k le servir k la 
guerre, on avail cr6e des offices perman en Is deihaf/r^ 
et visiteurs de Vartillerie. Ces mailres de rartillerie, 
subordonnes au Grand maitre des )sirbaldtriefs, *\k 



»v 



D£ l'aNGIENNE INFANTERIE FRAN(A18E. 147 

qu'on voit paraitre des le xni® si^cle , r^pondaient 
aux officiers nommes plus tard lieutenants^eneratix 
de Vartilleriej et reunissaient les attributions des ge- 
neraux commandants et des colonels-directeurs d'au- 
jourd'hui. 

La certitude qu'il y eut, des le xiii® siecle , plu- 

sieurs departements d'artillerie, r6sulte de Tobser- 

Tation des faits. En 1291 , sous Philippe le Bel, 

Guillaume de Dourdan est maitre de Tartillerie du 

Louvre el Guillaume Chatelain est maitre de I'artil- 

leriede Montargis. Jean duLyon, etabli le 6 Janvier 

1345 (nouveau style) a la garde de Tartillerie du 

Louvre, etait precedemment garde et visiteur de 

Tartillerie au bailliage de Vermandois. On trouve, 

vers 1418, un maitre de I'artillerie, nomme Jean 

Gaude, qui avait autorite ailleurs qu'au Louvre. Le 

7 Janvier 1422^ Pierre ^Caresme est commis aufait el 

gouveVneraent de Tartillerie pour le Languedoc et la 

Guyenne. Pierre THermite est qualifi6. en 1436, de 

maitre de raFtillcrie et n'etait pas au Louvre. Jean 

Bureau de Montglas est dans le meme cas, ; il exerce 

cette charge en 1439, au siege de Meaux. 

Nouscroyons aussi que c'est a tott queTon com- 
mence a Jean du Lyon la liste des Grands maitres 
de I'artillerie. La charge de Grand maitre de Tartil- 
jerie a succede a celle de Grand maitre des arbale- 
triers, etne pouvait point coexister aveccelle-ci. Ge 
qui a pu j^ter dans c^tte erreur, c'est que les maitres 
et visiteurs de I'artillerie du Louvre prenaient ou 



148 HISTOIRE 

recevaient le tilre de maitres de toutes les artilleries 
de France ; raais, au xv® si^cle, ce titre redondant 
voulait simplement dire que leur autorit6 s'etendait 
sur tout le duche de France, sur la province dlsle 
de France, et non point sur tout le royaume. 

Quoi qu'il en soit , comme Tarsenal du Louvre 
6tait le plus important et probablement le plus an- 
cien de tous ; corame il est rest6 sous la direction 
immediate du Grand maitre de Tartillerie, et, qu'i 
ce point de vue restreint, le Grand maitre de Fartil- 
lerie etait bien le successeur des maitres de I'artille- 
rie du Louvre , nous donnons ici la liste de ces der- 
niers officiers, telle qu'elle nous est parvenue, en 
faisant toutefois remarquer que Jean du Lyon, sui- 
vant toute apparence, n'a pas ete le premier (1). 
Voici cette liste : 

Jean du Lyon, nomme le 6 Janvier 1345, 

Milet du Lyon, son fils, le 1" novembre 1378,* 

Jean de Soisy, le 22 fevrier 1398, 

Malhieude Beauvais, le 17 juin 1407, 

Etienne Lambin, le 4 septeuibre 1411, 

Mathieu de Brauvais, pour la deuxieme fois, le 26 
Janvier 1414, 



(1) La Ghesnaye des Bois doune comme prM^cesseurs de Jean 
du LyoQ au Louvre, Guillaurae deDourdau en 1291, Guilleberten 
1294, Jeau en 1298, Benoit Fabry en 1307; Adam en 1314, ot 
Lambert Amigard en 1322. 



tE L^NGIENNK INFANTERIE FRANgiyfOl. 149 

Nicolas de Manteville, le 4 mai 1415, 

Jean Petit, le 7 oclobre 1418, «*^ '^ 

Pierre Bessoneau, le 1 •' oclobre 1 420, 

Gaspard Bureau de Villemomble., le 27 decembre 

1444(1). 

Gaspard Bureau, le plus celebre des raaitres de 
rartillerie du Louvre, fut contemporain des refor- 
mes que Charles VII tenta d'introduire dans Tarm^e, 
afin de la tirerdu chaos feodal. C'etait un homme 
trfes-verse dans son art et ires-consider6. Peut-elre 
ne fut-il point etranger a quelques-unes des bonnes 
mesures arretees par le roi, et notamment a Tor- 
donnance du 28 avril 1448 qui essayait de consti- 
tuer Tinfanterie en creant les Francs-archers. 

Sous sa longue et habile administration, la charge 
de maitre et visiteur de I'artillerie du Louvre acquit 
une grande importance aux depens de celle du 
Grand maitre des arbaletriers, qui elait destinee k 
disparaitre avec les engins nevrobalistiques. 

Gaspard Bureau, en recherchant avec soin et per- 
severance, en France et a Felranger, toutes les in- 
ventions qui tendaient a ameliorer Tartillerie a feu, 
en r^unissant autour de lui les canonniers les plus 



(1) Sous le r^gne des Ang'lais la charge de maitre de I'artillerie 
de France fut occupee succe-sivement par Philibert de Uolans, 
Doming le 15 septembre 4420, Raymond Marc, nomnie le 24 avril 
1432, et Guill.;ume de Troyes, le 27 Janvier 1433. 



150 HISTOIRR 

habileSy en remplissant les magasins du Louvre des 
^chines les plus parfaites, travaillait dans le m^me 
sens que la puissance royale, occupee a cette epoque 
de combiner les moyens d'avoir raison des grands 
feudataires. Aussi Louis XI, ce roi qu'on ne pent 
s'empecher d'admirer, donna- t-il au fidele eerviteur, 
le 15 septembre 1561, pen de jours apr^ son ave- 
nement a la couronne, « en reconnoissance de ses 
grands et louables services, Toffice de General re- 
rSformateur et visiteur des oeuvres et ouvriers du 
royaume de France, en (ant de ma(;onnerie, charpen- 
terie, qu'autres metiers qui en dependent, et kt ca- 
pitainerie du Louvre. x> 

A la mort de Gaspard Bureau , arriv^e en 1 469, 
la charge agrandie de mattre de Tartillerie du Louvre 
ou de France fut donn6e a Helion, seigneur de 
La Mothe au Groing, qui se vit contester sa supr6- 
matie par Gobert Cadiot, autre maitre de Fartillerie. 
Louis XI Irancha leur differend, le 31 Janvier 1470, 
en commettant un grand seigneur au goiivemement 
de tontes les artilleries. Ce grand seigneur etait 
Louis, sire de Crussol, de Beaudisne, de L6vis et de 
Florensac. Cette raesure nous semble avoir 6t61e coup 
de grice portc a Tautorile eta la consideration du 
Grand maitre des arbalctriers. 

H6lion de La Mothe au Groing fin it par se d6- 
mettre; sa charge fut accordee, le 31 mai 1472 , a 
Gobert Cadiot son competiteur, et la mission du sire 
de Crussol se trouva terminee. 



■4- 

DB l'aNCIENNE INFANIERIK FRAN^AISB. 151 

4 Qplwrt Gadiot. tue au siege de iectou^e^ sue- 
ced^rem (pruiUaume Bournel de Lambercayrt, nomrne 
le 1 5 aoiit 1 473, Jean Cholet de la Choletiere, pourvu 
le 7 d(^eiQbre 1477, et Guillaume Picard, seigneur 
d'Esteland et Bourgachard, commissionne le 3 octo* 
J^re 1 479. 

Cq fut penda,nl Vexercice de ces successeurs de 

Gaspard Bureau, que le personnel de rartillerie fut 

Vobjet d'un premier essai d'organisation railitaire, 

0,(yi¥ant nous, ce dut etre dans les anuees 1469 

au 1470. 

On se rappelle que nous avons place a cette epo- 
quelareconstitulion desFrai^cs-archers parLouisXI, 
que cette reconstitution fut basee sur le partage du 
royaume en quatre gouvernements^ et que chacun 
de ces gouverneraents eut un coijjS, ou legion de 
4,000 Francs-archers, commande par un capitaine 
g^n^ral. Nous regardons comme infiniment probable, 
qu'a chacun de ces corps fut attachee une bande 
d'hommes de metiers, specialeraent chargee du ser- 
vice de Tartillerie, et voici les faits sur lesquels cette 
opinion pent s'asseoir. 

En 1478, apres la mort de Jean d'Auxy, Grand 
maitre des arbalelriers , cette charge est supprimee, 
et Ton voit quatre raaitres de Tartillerie devenir au 
meme moment chefs supremes de quatre bandes de 
gensde pied d'une institution anlerieure. 

Jean Cholet, maitre general et visiteur de Tartil- 
lerie du Louvre, herite de la premiere , celle qu'on 
appelait la grande bande ; 



152 HISTOIRE 

Jacques Galiol a la seconde, dite bande de Ber- 
trand de Samand, du nom de son capitaine; 

Perceval de Dreux a la troisifenie, surnommee la 
bande des bastons , et dont Guillaume Bachelier, dit 
Rousselet, etait Ic capitaine ; 

Enfin G6raud de Samand, maitre de Tartillerie au 
d6partement de Normandie, possede, lui aussi, una 
bande. 

Ainsi, a Tinstant oil la charge de Grand maitre des 
arbaletriers disparaitet va faire placeacelle de Grand 
maitre de I'artilleric, il existe des bandes sp^ciales 
affectees au service de Tartillerie ; ces bandes, en 
m6me nombre que les d6parlements des Francs-ar- 
chers, avaient deja quelques annees d'existence, puis- 
qu'elles etaient connues par des sobriquets; il n'y a 
done rien de hasarde a rattacher leur 6tablisse- 
ment a la inesure generale prise par Louis XI, vers 
1469, pour ramclioration du service a pied. On 
remarquera que Tune de ces qualre bandes d'artille- 
rie devait 6tre munie d'armes a fen, car le mot ba- 
ton, ou canne, s'appliquait dans ce temps-la aux ca- 
nons de petite dimension. 

On pent aussi jugcr par induction que les bandes 
d'artillcrie valaient mieux que les corps de i rancs- 
archers auxquels ellcs etaient altachees, car elles ne 
subirent point les effets du courroux de Louis XI 
apres la bataille de Guinegate , et resterent sur pied 
encore quelque temps. Ainsi, Jean Barrabin de 
Beauregard, capitaine de la grande bande et qui a 
le premier porte le titre de lieutenant-general d'ar- 



DE l'aNCIENNE INFANTERIE FRAN^AISB. 153 

tillorie, en sa qualite d'adjoirit au maitre general 
du Louvre, 6tait encore a la t6te de sa compagnie en 
decembre 1479 ; Frangois de Samand remplaga Ber- 
trand de Samand comme capitaine de la seconde 
bande, le 5 octobre 1480. 

L'annee 1480 fut une annee de grandes r6formes, 
de r6formes longteraps meditees par le roi. Jacques 
Ricard de Genouillac, seigneur de Brussac, dit le 
chevalier Galiot, nomm6 le 5 d6cembre 1479, 
par lettres datees de Cand6, maitre visiteur et gene-- 
ral reformateur de Vurlillerie de France, conduisit 
au camp du Pont-de-rArche 2500 ouvriers de tous 
6tats fournis par les villes, et pendant pr^s de trois 
ans il les dressa aux travaux et exercices que com- 
portaient les machines et la tactique de I'epoque. 
On pent croire que cette bande de pionniers ainsi 
qu'on Tappela alors, dans laquelle se fondirent 
probablement les quatre bandes dont il a et6 ques- 
tion plus haut, elait composce de gens choisis et 
destines a faire honncur aux communes qui les 
avaient envoyes, car ils arriverent tous au Ponl-de- 
I'Arche revetus de la li vree de leurs villes respectives. 
On remarquera aussi la proportion des artilleurs aux 
autres troupes dans ce camp celebre du Pont-de- 
I'Arche, qui, sur 26,000 hommcs, comptait 16,000 
horiimcs de pied (10,000 Frangais et 6,000 Suisses), 
I,500lancesformant7,500cavalierset2,500hommes 
de metiers, C'est le dixieme environ du total. 

Apr^s la mort de Louis XI, son fils Charles VIII 



^ 



l;ecQ^^ut l^^s $er>(ices de Jacques G^ot, e^ le cpAfiirr- 
mapt d^us, sa chwge d^ laaitre gen>6ral de. yartiUcorie 
par. letti:es donnees a Amboise, le (3 ^ptemtffe 
^483, mais il n'y eut plus debande$ d'a^tiil^rie eq- 
tretenues. Toutefois, les tr^yaux dv^ ^^ont-d^rAjPclji^ 
ne furent point perdus. Cette masse d'ouvrii^rs ha- 
biles, inities aux procedes les plus parfajtst, q^\ r^ 
toi^ri^a dans les pites^ donna une yive iii;LpuUi(Q^ ji 
r^ude de tou^ les arts qui s^ rattachaient a la C^Hr 
structjon et a Teraploi des macbinesj forma desi^l^y^, 
et permit a Charles YIII de naettre sur pied , oxKjfi 
a^s plus tard, pour la conquete du Milanais et de 
Naples, une artillerie qui fit Tadmiration d^sltalieqs 
eux-m6meSj le peuple alors le plus avancfe dans 
cette partie de la science mililaire (1). 

Le successeur du chevalier Galiot, Guy ^e 
Lauzieres, nomme le 21 a\ril 1493, el le pren^iier 
qui nous paraisse claireraent avoir porte le til,re de 
Grand maitre de 1' artillerie , sans conseqiieoce c^ 
pendant pour ceux qui I'ont suivi et qui , pour la 
plupart, n'ont eu que le titre de maitre et capitaioe 
general, nous conduit jusqu'au xvi' $iecle. 



(1) L'armi^e d'ltalie, ou delk des monts, a eu son artillerie k pnrt 
ffinsi que son inf.interie. Les inaltres g^n^raux qui ont eu autoriU 
deXh les monts sont : Jean de La Grange de Vielchastel en 14Q4, 
tu^ Tann^e suivante a Fornoue ; Jacques de Silly de Longjray en 
i501 ; Antoine de La Fayette de Pontgibaud en 4512; Jean de 
Pommereul du Plessis-Brion en 1515, tu^ en 1524 au siig^ 
d'Arronna sur le lac Majcur. 



DE l'aNGIENNE INFANTl^lllE FRANCAISS. \^^ 

Nous donaerons uae idei? d^ I'etat de Tartill^rie 
a cette epoque retnarquable, ainsi que des preroga- 
tives et de I'autorite dont jouissait le Graijid maitre, 
encitant unepartie de rordonnance du23 juiu 1504, 
qui nomme Paul de Busserade, seignem^ dq Gepy y 
aux lieu et place de Guy de Lauzifcres^« JUouis, ^tc., 
a cause de la longue experieace de notre ame, feal 
cousin Paul de Busserade, chevaUer, si^igneur de 
Cepy, octroyons par ces presentes Testst et office d© 
grand maitre de notre artiljierie, que souloit tenir et 
ex^pcer le diet feu Guynot de Louzier, \accant par 
son tr6pas... lesmeraes prerogatives qu'avoit Guynot, 
et$espredecesseurs. C'est assavoir : d'avoir le regard, 
et superintendance tant sur les canonniers, aydes de 
canonniers, raagons, charpentiers , forgeurs, char- 
geurs, dechargeurs, et aultres officiers d'icelle artil- 
lerie, et I'entretainement des bastons, pouldres, bou- 
lets de fer et autres provisions et munitions de la 
dite artillerie, avec pouvoir de la distribution et d6- 
livrance d'iceux et aussy de mener ou faire mener, 
ou cou4iiire et exploiter pour notre service , et en 
nos armees et sieges la dite artillerie et faire faire la 
dite delivrance de malieres, comme de salp6tre, souf- 
fre, plorab, pouldre et boulets, picqs, pelles, tran^ 
ches, piques, hallebardes, hallecrets, cerveliers, avec. 
trousses de toutes autres munitions servant aux fails 
dela dite artillerie.... pareilleraent de ordonner ou 
disposer des gaiges et salaires des chartiers^ chevaux, 
conducteurs, pionniers ou de tous autres Tr^^s et 



156 HISTOIRE 

d6penses extraordinaires d'icelle artillerie » 

Paul de Busserade, tu6 en 1512, au siege deRa- 
venne, d'un coup de canon, fut reuiplac^ le 16 mai 
de la mfirae annee, par Jacques Ricard de Genouillac, 
seigneur d'Acier, dit le chevalier Galiot, comnie son 
oncle. Celui-ci commandarartillerie k Marignan, la 
premiere grande bataille oil le canon ait joue un rdle 
d^cisif, et vit naitre sous son administration la plu- 
part des ameliorations qui firent de Tartillerie de 
Henri II un service systematiquement organise el k 
hauteur des services de Tinfanterie et de la cavalerie 
de cette epoque. 

Comme cette organisation, surtout en ce qui a 
rapport au personnel , a 6t6 maintcnue en vigueur 
jusqu'a Louis XIV, et m6me au dela pour certaines 
parlies, sauf des modifications de detail qui n'en al- 
t6rerent point Tensemble, nous devons lui donner 
place dans cette notice. Ce que nous en dirons. est 
extrait du livre d'un hoinmc de guerre coutempo* 
rain, de VArt militaire de Blaise de Vigenfere. 

« Le roy, pour la conduite de son artillerie, en- 
tretient plusieurs officiers, tant ordinaires qu' extra- 
ordinaires. Lcs ordinaires jouissent des m6mes pri- 
vileges et exemptions, quelque part qu'ils soient, de 
toules tailles, subsides, aides, emprunts et autres 
exemptions quelconques, que ses officiers domes- 
tiques, et sont couches et employes en un etat gene- 
ral, fait par chacun an, par le maitre de Tartillerie et 
le contrdleur general d'icelle : auquel 6tat sont con- 



DE i/anciennb infantrrie francaisb. 157 

tenus les noms et surnoras des officiers dessus dits, et 
les gages auxquels chacun d'eiix est appointe. Get 
etat est tons les ans pr6sente au roy, qui le signe, y 
changeant, augmentant et diminuant ce que bon lui 
semble; puis delivre au tresorier ordinaire de ladite 
artillerie , qui recouvre ses assignations , par chacun 
quartier, du tresorier de Tepargne , pour les prendre 
sur les comptables oil il regoit ses mandements, et 
en payer puis apres, par quartiers aussi, a mesure 
qu'ils sont echus, lesdits officiers de leurs gages, 
lesquelspeuventsemonter par an a quelques 50,000 
livres, a sgavoir : 

« Le maitre et capitaine general de la dite artillerie, 
2,000 livres.. . Mais s'il y a armee dressee, ou qu'il soit 
en quelque autre sorte extraordinairement employe, il 
a, outre sesdits gages, 500 livres par mois pour son 
plat. Et outre ce, il a encore, aux depens du roy, 
tentes et pavilions pour lui, ses gens et chevaux, une 
chapelle d'argent, vaisselle d'6tain, linge de ta- 
ble et ustensiles de cuisine portes et payes partout oil 
il marche, » 

Suivent les details des gages et privileges du con- 
trdleur general de Tartillerie et de ses onze commis 
ordinaires, 6tablis en chaque niagasin des onze pro- 
vinces du royaume. « Les onze magasins sont ceux 
qui s'ensuivent : Le premier, appele Arsenal, est de 
lisle de France, a Paris; celuidePicardie, a Amiens, 
(depuis transporte ^Montreuil); de Champagne, a 
Troyes, (depuis kChMons) ; de Bourgogne, a Dijon ; de 



188 H1ST0IRI 

bauphin6^ h Lyon ; de Pi^monl, a Pignerol ; de Pl*o- 
Tence, a Aix , (ct depuis a Marseille) ; de Languedoc, k 
Toulouse ; de Guyenne, a Bordeaux ; de Bretagne et 
Touraine, k Tours; et de Normandie, a Rouen. » 

Suiventegalement les Emoluments dutrisorier et 
du receveur gfen^ral, du garde g6n6ratl et de ses 
bhze commis. Arrivant aux officiers d'artillerie pro- 
prrement dits, Vigen^re continue ainsi : 

« Le Iieutenant-g6n6ral de ladite artillerie a , par 
chacun an, de gages ordinaires, la somme de 800 
li\res, et d'exlraordinaire, 200 livres, et pareille- 
ment tentes et pavilions, tant pour lui que pour ses 
g^ns et chevaux; la vaisselle d'etain, linge de table 
et ustensilesde cuisine, pay6s et conduits. aUx depens 
du roy. 

« Les commissaires ordinaires, couch6s en T^tat, 
au-dessous du lieutenant-general, combien qu'ils 
soient de itifime autorite Tun que I'autre , sOnt n^an- 
moins appoint6s diversement. Les plus haut ont 
400 livres pai- an ; les autres 350'livres ; d'autres 300 
livres ; d'autres 250 ; et d'autres 200 livres ; le tout 
k la discretion du maitre de Tartillerie , selon qu'il 
les connolt le meriter. lis souloierit 6tre commun6- 
metit vinj^t-quatre , dont les uns ont de gages extra- 
'ordinaires parmois 100 livres, d'autres 50 livres; 
t!t leur sorit baill6es et (i6parties des tentes et pavil- 
Ititts, selon le' plus et le moins, au vouloir dudit 
mat lire. 

•«*lly a environ BeUx ceiits cattdrtni^rs appoiriC^s 



DB l'aNGIENNE li^i^Ant^Rlfi FRANCAISB. \^ 

d6 diYeftgs stfrtes , donl lids pJtis Thfa'rft life sont qti'& 
1*00 livres par ati > el isont compris en c^ libfiTbre 
aucuns poudriers et gens de metiers qui savent feii^e 
Vuti et Tatitre ; on leur bailie eft dejiart "de 'petltes 
teftiftes pdtir mettre aupres des ^ifedefe , *eii dhatetihe 
desquelles Se rethperit ceux qui sortl drddhnSs poiir 
la pifece qu'ils doiVfent ex^cuter. 

c<Apres86rit couches audit etdt leprevdt'et ses Ar- 
chers; le ni'ai*echfeil des logisetfourriers; i'sipbthicikrrfe, 
leehiWrgien et i<ies kydes ; les fondeurs, fes chJtrpen- 
fifers , les charrons , les forgeurs d'affdts, les for- 
getlrs de t-duages, les tonneliers , les terifiers, les 
dechargeurs, les capital nes du charroi et les cbnduc- 
teiirs d'icSluy; tous lesquels officiers sorit 'au§si di- 
ver^chent appointes, les plus haul k 1 20 livres par an. 

VOnk dapui^ erige [ordonnhnceHe Mce^bfel^^^ 
tSftrtttih nortibre de capitaities de chevatix par 11^ 
^i^b^incfes, qiii ont 200 livres de giages ordinaires, et 
jttiifcseht des mfitties privileges que les dessus dits. 

'c( Piiis sdnt coliches audit elat genferal, les com- 
iiif^^aii^es, c^ndnniers, et autres officiers vi^ux et 
iihpotents, qui ottt ibtrefois biieii fait leur devoir; 
Ife'ihis a S^mbrabl6s appoiritements qti'ils souloient^ 
l€!s^litr6s a rhoiiisj'dont ils jouissent, et pareilleihent 
Sfe'fetlr^ privileges, jUfe'qu'a leur trfipas. 

c< Quand le roi entend faite irifettre ien campagrfe 

qtielque bande d'artillerie, il est besoih que le 

inaltre de Fartillerie, du sbh lieufenant-g6neral, ou 
IHih des cbnittifesaires, sacherit du roi, ou sTon 



160 UISTOIUB 

conseil, son intention ; afin que, sur ce, ils puissent 
dresser leur equipage, tant des pieces que de leur 
suite. 

« Apres done que I'etat en aura ete dress6, faut 
qu'ils fassent d^pecher lettres adressantes aux capi- 
tainesdes chevaux du charroi de I'artillerie,... pour 
tel nombre de chevaux qu'ils auront avise 6tre neces- 
saire, et leur fassent delivrer les deniers qu'on a ac- 
coutume d'avancer pour le recouvrement de leurs 
chevaux, qui est a raison de vingt 6cus pour cheval, 
leur assignant le jour et le lieu auquel ils se doivent 
trouver avec les chevaux et charrettes et leur equi- 
page 

« Et pareillement, qu'ils fassent dresser des cora- 

raissions pour lever les pionniers qu'ils auront aussi 
avis6 6tre requis, pour les envoyer aux Elus des lieux 
avec de I'argent pour autant de jours qu'ils pourront 
raettre a venir du lieu oil ils seroiit lev6s jusqu'oii se 
fera Tassembl^e ; et faut que ce soient gens de bras 
et de peine, afin qu'on en puisse tirer service, et qui 
aient feu et lieu, a ce qu'advenant qu'ils s'en vou- 
lussent en aller sans conge, ils aient cette crainte 
qu'on les pourraaisement recouvrer pour en faire pu- 
nition. Et pour cet effet, on les enrdle par dizaines, 
dont le dixi^me repond des autres, et les represente 
quand on Ten requiert. » 

Suit r^numeration des soins minutieux que les 
coramissaires doivent apporter k la reunion des 
objets materiels et a la composition de I'equipage. 



DE l'ANCIENNE INFANTERIE FRANCAISE. 161 

« Quand les chevaux mandes seront arrives, le 
maitre et le contrdleur general, ou leur lieutenant 
et commis, en feront la montre, ensemble des 
charrettes qu'ils sont tenus de fournir , et des 
charretiers qu'ils presenteront, pour voir s'ils seront 
propres a faire service. Et ne faudra oublier de 
coter en tete les meilleurs chevaux qui seront propres 
pour mener les pieces, ce qui sera un grand soulage- 
ment pour dresser I'attelage 

« Quand les pionniers mandes arriveront, le mai- 
tre de Tartillerie, et en son absence le lieutenant- 
general, ou les commissaires, avec hdit contrdleur 
general ou I'un de ses commis, en feront la montre 
sur le r61e des Elus, qui en auront fait la premiere 
revue, contenant le jour de leur partement et 
Targent qu'ils auront recu 

€ Au demeurant, le commissaire qui aura la 
charge et conduite desdits chevaux, charretiers et 
pionniers, n'oubliera, tant qu'on n'aitatleint le pays 

de Tennemi de partir le dernier du logis, pour 

entendre s'il n'y aura point quelques plaintes et y 
donner ordre; envoyant le fourrier devant pour 

faire le logis. 

« Outre les ofticiers ordinaires, faut qu'il y en ait 
d'extraordinaires, a sQavoir: des commissaires, ca- 
nonniers, charpentiers, charrons, forgeurs, d6char- 
geurs, tonneliers et tentiers, et par special, des char- 
pentiers et charrons, ceux de qui on a commun6ment 
plus d'affaire en cet endroit. Et a-t-on de coutume 

HIST. DE l'ANC. IN7ANTER1E FRANQAISB. T. Tl. 1 i 



«; 



162 UISTOIRB 

de commettre volontiers pour des commissaires ex- 
traordinaires, des plus experiments^ et diligens 
canonniers ordinaircs, ce qui leur donne occasion 
de bien faire sous I'esperance d'etre avances au rang 
des commissaires ordinaires. 

« Les dechargeurs doivent 6tre gens d'exp^ience 
au fait de i'artillerie> et dignes de foi» et quasi 
comme contrdleurs, qui avertissent le maitre et le 
controleur general, ou leurs comniis, des roenue& 
affaires qui surviennent oil iis ne pourraieut pas 
assister et avoir i'oeil, et specialement pour la ricep- 
tion el delivrance des munitions,pour en dScharger 
ceux qui en ont la charge, . . » On voit que les dechar- 
geurs etaient ce qu'on appelle de nos jours gardes d'ar- 
tillerie. 

« Partie des pionniers se doit bailler aux canon-* 
niers pour servir autour des pieces, les ranaener 
quand elles ont tir6, les recharger et aider k braquer, 
et aussi pour faire vues et fen6tres avec leurs cognSes, 
serpes et gohzards, s'il y a des haies et buissons el 

autres obstacles Et se doivent d6partir pour 

chaque canon, trente pionniers; pour grai>de couleu- 
vrine, vingt-quatre ; pour b^tarde, douze; pour 
moyenne, six;et pourfaucon et fauconneau, quatre 
k chaque piSce. Le reste desdits pionniers doit 
deineurer, partie au clos de la munition, partie avec 
les poudres et boulets^ tant pour les garder que 
porter, et en outre faive ce qui leur seraordonn^.,. 

(( Les canoQjaiers, tant ordinaires qu'extoaerdH 
naires, sont dSpartis pow I'ex^MCiilioiii' d«8 pii6ce5 



DE l'aNGIENNE ItlrAliittilllE FRANCAISE. 16^ 

comnie il s'ensilit, a s?avoir : pour canon, deux 
ordinaires, ttois extraordinaires; pour grande 
couleuvrine, deuxordinaires et deux extraordinaires; 
pour bfttarde, un ordinaire, trois extraordinaires ; 
pour moyenne, un ordinaire, deux extraordinaires; 
pour faucon et fauconneau, a chacun un ordinaire 
et un extraordinaire. Pour les arquebuses k croc, 
chaque canonnier extraordinaire en execute une. » 

Les attelages des bouches a feu oiontfees sur affuts 
etaient composes de 23 chevaux pour un canon, 
de 17 pour une grande coulevrine, de 13 pour une 
b^tarde, de 9 pour une moyenne, et de 4 k 6 pour 
les fauconsetfauconneaux. Un charretier conduisait 
quatre chevaux, et 200 chevaux formaient la part de 
commandement d'un capitaine. L' appro visionne- 
m^nt des bouches a feu 6tait de 200 coups pour les 
canons et coulevrines, et de 250 pour les bAtardes 
et ks moyennes. 

Nous terminerons cette citation par un resume 
de la composition d'un equipage ordinaire de 
campagne. Un 6quipage de 30 bouches a feu, com- 
prenant 10 canons, 4 grandes coulevrines, 8 bcitar- 
des et 8 moyennes, etait commands par un lieute- 
nant d'artillerie et quatre commissaires ordinaires, 
ayantsousleursordres, outre lesofficiers comptables 
etde justice, 94 canonniers, 6 charpentiers, 4 char- 
rons , 4 forgeurs, 4 dechargeurs et 1500 pionniers. 
Le train se composait d'un capitaine du charroi, de 
quatre conducteurs ordinaires du charroi , de sept 



164 HISTOIRE 

capUaines de chevaux, de 325 charreliers et de i ,300 
chevaux iiienani, outre les affuts, 200 chariots oa 
charrettes. 

II resulte de ce qui precede, qu'au xvi* si^cle, le 
personnel militairede rartillerie, entretenu en tous 
temps, se coniposait du Grand maitre et de son lieu- 
tenant-general, dc vingt k trente conimissaires ordi- 
naires et de 200 canonniers appointes, auxquels on 
doit joindre un nombre proportionne d'employ6s et 
de inaitres ouvriers de diverses sortes et quelques 
capitaincs de chevaux. 

A ce cadre permanent, appartenanl a I'arm^e, 
venaient se joindre, suivant les besoins, en quality 
d'auxiliaires, des commissaires et des canonniers ex- 
traordi naires, c'est-a-dire des ingenieurs et des ou- 
vriers civils, aspirant, pour la plupart, a obtenir la 
position de commissaires et de canonniers ordinaires 
entrctenus, jouissant, en attendant, de certaines 
immunites et franchises, mais tonus de repondre a 
Fappcl du roi. 

On voit, ainsi que nous Tavons deja dit ailleurs, 
que cetto organisation presenlait de I'analogie avee 
ce qui existe encore de nos jours pour la.marine de 
guerre, dont le cadre permanent pent s'elargir et se 
remplir par Tadmission des officiers et matelots de 
la flotte marchande, soumis h cet effet, a une legisla- 
tion sp6ciale. 

Dans la pratique du xvi® si^cle, les commissaires 
ordinaires exergaient les fonctions des capitaines et 



DE L^ANCIENNE INFANTERIB FRANCiAlSE. 165 

officiers superieurs actflels ; les commissaires extra- 
ordinaires celles des lieutenants; lescanonniers or- 
dinaires etaient chefs de pieces et po^iteurs ; les^ 
extraordinaires reraplissaient, autour de la bouche k 
feu, les postes qui demandaient la connaissance et 
riiabitude du metier; enfin tout ce qui etait affaire 
de bras etait lepartage des pionniers, dont le nombre 
etait euorme, sans doute pour corapenser la quality, 
puisqu'on en attachait 1 500 kun pare de 30 pieces (I). 
La garde de cet attirail etait confiee, en carapa- 
gne , a des bandes d'infanterie designees speciale- 
ment pour ce service, et toujours les m^mes pendant 
la duree d'une expedition. C'etaient habituellement 
des bandes suisses, et cet usage s'etait introduit des 
le commencement des guerres d'ltalie , sous 
Charles VIII. Ce fut, dit-on, un privilege concede 
aux Suisses par ce prince, k la suite de la bataille de 
Fornoue, oil ils avaient sauv6 I'artilierie par leur in- 
trepiditc, et renouvele par Francois I" aprfes Mari- 
gnan, quand les Suisses, battus par nous, jurerent la 



(1) II resulte cTua passage des Aventures du haron de Foeneste, 
que, vers la fin du xvi* siecle, ces pionniers avaient une organisa- 
tion militaire et un costume unforme, au moins dans Tarm^e pro- 
testante. Voici ce passage : 

a n me semble, dit Beaujeu a Foeneste, vous avoir veu en Tar- 
mee du loy de Navarre, quaud il reprit Marans, aux euseignoa de 
la petite casaque de drap rouge. 

« Ha! je vous dirai, r6pond Foeneste, qui secroit attaqu6 dans 
sa noblesse, mon pere avoit charge a Tartillerie, et quelques fois 
par voutadc et par caprice, je prenois quclque casaque d'uu des 
pionniers de sa compainie, rnaisparfantaisie, nou pasautremeut.n 



i 66 BISTOIRE 

paix eternelle avec la France. Au reste, h cette 6po- 
que, il y avail en effet peu de comple k lenir de )a 
soliditedesgcns de pied fran^ais ; mais^ si les Suisses 
sontrestes pendant pres de deux sieclesen possession 
de ce privilege honorable, il ne faut point voir dans 
cette singularity Taveu de T inferiority continue de 
notre infanlerie, mais le r6sultat de la routine, de la 
religion des usages et surtoutde la morgue desofSciers 
plac6s k la t6te des bandes, aux yeux de qui la mis- 
sion d'escorter Tartillerie n'etait qu'une gfene et 
mSme une humiliation. 

Malgreles prdjuges contre lesquels il avaiteua lutter, 
prejug6squi devaientlongtemps encore le retenirdans 
une position mal d6finie etau-dessous deTimportance 
de ses services, le corps deTartillerie avait susedon* 
ner, avant le commencement des guerres biviles, une 
constitution qui devangait celle de Tinfanterie elle- 
m6mc, et se faisait des lors remarquer par un esprit 
d'ordre et de prevoyance, un soin des details et une 
regularite de service qui ne se sont jamais dementis. 
A partir de Tepoque, sur laquelle nous venons de 
nous arrfiter, le corps realisera, avec suite et sans pre- 
cipitation, toutes Ics ameliorations qui lui seront in- 
diqu6es par le progres de Tart et parleperfectionne- 
ment graduel de la constitution de Tarm^e ; mais il 
tirera toujours sa principale force du mode de re- 
crutement de ses officiers de tous grades et de toutes 
classes, pris lesunsparmi les artisans les plus habi- 
les et les plus probes , les autres fournis par la partie 
5clair6e de la bourgeoisie et par ces families de fi- 



DB L^NGIENNE t^ANfj^IE FRAN^AISE. 167 

n&ifce et 4e pstifem6nf / qui ti*6telieiit pds eucore de 
ki HcAlesM, et (^eeelle-ci, cepetidant, ^tait d6j3l obli- 
gfte de ccmsid^rer et d'admettre ati partage de ses 
pr^rogsttives. 

A laeques Ricard de Genouillac ^ qui avail exerce 
peiKbBt presque toute la dtir^e du regne de Fran- 
cois !•* la charge de Grand maitre de Tartillerie, suc- 
cMa, ie 21 jantier 1546, Jean de Taix, nagufere 
eapitiune gtoertl de toute nnfantcrie de France, tant 
de^ que delft leu monts, Celui-ci ne recuttoutefois, 
dans ses lettres de nomination, que le titre de maitre 
et capitaine g^nferal. 

Henri II, k son avfeneraent k la couronne, en 
HiSme temps qu'i! creait tes colonels gfinferaux de 
rinfanterie, donnai( le 11 avril 1547, la charge de 
mattre et cipitaine general k un horame de naissance, 
a Charles de Coss^, comte de Brissac, remplace lui- 
m^me, le 9 juillel 1550, par Jean, marquis d^Estrees, 
qui avait 6pous6 Catherine de Bourbon, fitle du ba- 
lard de Vend6me. Sous le marquis d'Estrees, la 
charge obtintdes privileges essentials qui Tegalerent 
k celle du colonel g6n6ral de Tinfanterie. Par leftres 
du 1 5 aoijt 1 557, cinq jours apres la funeste balaille de 
Saint-Quentin , qui determina d'im|)ortanles refor- 
raes, M. d'Estr^es recut, pour lui et pour ses succes- 
seurs, pleins pouvoirs pour nommer direclement aux 
offices vacants. Le meme brevet disait, que le maitre 
et capitaine general devait r6pondreet communiquer 
le plus souvent avee le roi, et Tetablissait comme le 
colonel general de Tinfanterie, capitaine el colonel 



.^ 



168 UISTOIRE 

de deux enseignesde gensde pied, specialement atla- 
chees aupres de sa personne a la garde du quartier 
g6ncral de rartillerie. Une de ces compagnies colo- 
nellcs surv6cut aux reformes de Henri IV, prit plus 
tard le nom de compagnie des canonniers du Grand 
maitre,el est entree en 1671 dans la composition du 
regiment Royal de Tartillerio. 

Jean d'Estrees, vieux etcasse, apres avoir eteoblig6, 
en 1567, de faireexercer sa charge par Jean Babou 
de La Bourdaisicre, seigneur de Sagonne, eut pour 
successeur, le«} novembre 1 569, ArmanddeGontaud, 
baron de Biron , marcchal de France en 1577 , tue 
d'un coup de canon, le 26 juillet 1592, au siege 
d'fipernay. Philibert de La Guiche I'avait remplace, 
le 6 juillet i 578, avec le litre de Grand maitre et ca- 
pitaine g6neral,et ceda la charge,le 5 septembre 1 596, 
a FranQois d'Epinay-Saint-Luc, tu6, le 8 septem- 
bre 1597, au siege d' Amiens, d'un coup d'arquebuse. 
La belle Gabrielle eut alors la fantaisie de faire de 
son pere un Grand maitre de Fartillerie, et, des le 
1*' octobre, Anloine d'Estrees etait en possession. 
Cela dura aussi longtemps que vecut la favorite. Ga- 
brielle mourut le 10 avril 1599, et, le 13 novembre 
de la meme annee, Maxiinilien de Bethune, baron de 
Rosny etduc de Sully, etait nomme Grand maitre de 
Tartillerie, vu la demission volontaire du precedent. 

Sous I'influence decethomme illustre, les progres 
du corps de I'artillerie prirent une allure rapide. 11 
convient toutefois de remarquer que les circonstan- 
ces ttvaient deja, d'elles-raemes, singuli6rement fait 



DB l'aNGIENNE INFANTBRIE FRANgAISE. 169 

ressortir rimportaiice du service de ce corps, et que 
le Grand maitre n'eut en quelque sorte qu'^ consta- 
terles faits acquis, a en d6velopper les consequences, 
a les coordonner et k les reduire en r6glements. Les 
norabreuses ordonnances proinulguees par Henri III, 
au sujet de Tartillerie, temoignent assez de TintferM 
qu'on attachait, pendant les guerres civiles, a assurer 
le bon emploi du canon, et Ton peut dire que le rdle 
de Sully a surtout ete une mission d'ordre, de regu- 
larisation et d'6conomie, pour laquelle sa grande in- 
telligence, la fermet6 de son caractere et jusqu'a son 
oi^ueil et son avarice semblaient Tavoir fait naitre. 

La guerre civile, en effet, et Ton regrette de le 
dire, est une grande ccole de guerre. Dans ces 
temps malheureux, oil tout le monde estsoidat pour 
le succes d'un parti et pour sa defense personnelle, 
oil Tidee fixe est, non pas seulement de vaincre, 
mais de detruire son ennemi, I'esprit de Thomrae 
acquiert une faculte diabolique d'invention et de 
perfection nement. La tendance a I'eraploi habituel 
des machines de guerre les plus puissantes, de Tefifet 
le plus prompt et le plus grand , s'augmente en 
raison du peu d'etendue et du peu de duree des 
operations, qui perraettent de transporter machines 
et munitions facilement et sans beaucoup de 
frais, de les reparer ou de les remplacer entre 
deux expeditions. 

Pendant les guerres de religion qui remplirent 
le dernier tiers du xvr siecle, il n'est pour ainsi 
dire pas une ville, un bourg, en France, dont la 



i70 aiSToiRS 

vieille enceinte n'ait et^ entam^ par le caflOD, {wr 
la mine ou par le petard. Quelques fort^esses^ qui 
avaienlcommenc^ depuis une cinqua&taine d'aiui6ed 
k s'enlourer de fortifications rasantes^ se virent 
aussi a cette epoque insult^es pour la premiere fois. 
Les armees, peu nombreuges en g^n^raly se forti- 
fiaient de toutes les bouches k feu ^nlev^es aui. 
villes. On vit I'artillerie se mettre en batterie ea 
rase campagne, k decouvert,en a^antde I'infanterie^ 
et, k lajourn^ed'Arques, Charles deGoutaud^ baroa 
de Biron, conduisit a la charge un escadron de 
cavalerie au centre duquel marchaient deux cou- 
levrines. Cette nouvelle raani^re de combattre 
extgeait une augmentation du nombre des canon- 
niers et une diminution de celui des pionniers ou 
goujats. Ceux-ci disparurcnt presque compl^tement 
dans les derniercs campagnes faites par Henri IV 
oontre les Espagnols, allies des Ligneurs. L'arme- 
ment formidable des nouvelles places baslionnees 
effrayait, on doit le croire , de malheureux paysansf 
que la contrainte seule pouvait araener aux tran- 
chees. Henri IV, comm6 nous Tavons dit ailleurs, 
profita d*un mouvement d'impatience et d'indigna- 
tion manifesto par les rieilles bandes au si^e 
d'Amiens, en 1597, et fit faire les trayaox parTir?- 
fanterie. 11 paya les soldats a la toise, et donna k ceux 
qui n'avaient point ete tuesen travailiant tasoiame 
entiere qu'il avail promise. La reussite de cette ten- 
tative, les eloges du roi adroitenient distribues et 
un sentiment de satisfaction ivterieiure du Mrnot 



DE l'aNGIBNNE HH^ANTERIB FRAN(AI8B. 171 

qu'elle avait rendu, op6rerent ce jour-la une revolu- 
tion, dans Tesprit de rinfanterie. A partir dece mo- 
ment, elle devient la fidele auxiliaire de Tartillerie 
dans les sieges et sur les champs de bataille, ne lais- 
sant aux pionniers que les travaux a ex6cuter hors de 
la port6e du feu de I'ennemi. 

A la paix de Vervins, suivie de si cruelles reformes 
parmi les gens de guerre, le personnel entretenu de 
Tartillerie fut, au contraire, notablement augments. 
Henri IV ^lablit dans toutes les places des canonniers 
et des bombardiers, et dans les plus importantes il 
mit des officiers charges d'en r6parer et d'en am6- 
liorer le materiel el les fortifications. Les emplois 
nouveaux furent, en general, donnes aux' officiers et 
soldats reformes de I'infanterie qui avaient moutri 
de I'aptitude ou du talent. Le roi accorda en m^me 
temps une haute-paie aun certain nombre d'hommes 
par compagnic d'infanterie, sous la condition de se 
pourvoir d'outils propres k remuer la terre ou k cou- 
per le bois, et de se rendre capables de diriger leurs 
camarades dans les operations d'un siege. 

Sully, qui avait commande en personne Tartillerie 
pendant la guerre de Savoie et qui 1' avait fait servir 
avec eclat et habilete au siege de Montmelian, obtint 
du roi I'erection de sa charge de Grand maitre en 
office de la couronne, corame celles des colonels g6- 
neraux de I'infanterie et de la cavalerie. L'ordon- 
nance d'institution fut rendue k Lyon au mois de 
Janvier 1601, et enregistree au parlement de Paris le 
6 fevrier suivant, C'est du temps de Sully que dat^ut 



i 72 HISTOIRE 

la plupart des privileges dont les grands maitres ont 
joui. Nous nous contenterons d'indiquer sommai- 
remenl ces privileges. 

Le Grand maitre de Tartillerie 6tait ordonnateur 
de tous les tonds alloues au corps ; les marches se 
passaient en son nom. Tous les officiers etaient bre- 
vet6s parlui ou prenaient son attache; ils n'avaient 
d'eniploi que sous son bon plaisir. Lorsqu'il entrait 
dans une place et lorsqu'il en sortait, il etait salu6 de 
cinq vol6es de grosses pieces. Quand le canon avail 
tire contre une ville , les cloches et tous les usten- 
siles de cuivre lui appartenaient, a rnoins que la ca- 
pitulation ne portal expressement le contraire : c'6tait 
un usage ancien, fort sujet k controverse, raais sur 
lequel Henri IV s'expliqua, apres la prise de Mont- 
melian, de maniere a le faire vivre jusqu'a nos jours. 
Les villes rachetaienl leurs cloches; le Grand raaitre 
en touchait la valeur, prenail la grossc part et dis- 
tribuait quelquos mielles aux officiers etcanonniers. 
Le Grand maitre avail sa juridiction a Tarsenal de 
la Bastille dc Paris (1). Comme marque de sa dignity, 
il entretenait des gardes el plagait au-dessous de 
I'ecu de ses armes deux canons sur leurs affuts, en- 
tour6s de caques de poudre, de boulets et de gabions. 
On voit encore aujourd'hui ces insignes ressortir en 

relief au-dessus de Tune des portes de la biblio- 
theque de TArsenal. 



(1) Un edit du inois d(j deceiubre 1572avait transports du 
Louvre a la BastiUe le siege de la juridiction du Grand maitre. 



DB l'aNCIENNE INFANTERIE FRANgAlSE. 173 

Maximilien II de Bethune, marquis de Rosny, 
renipla^son pere le 30 avril 1610 et fut confirme 
par Louis XIII le 27 novembre de la menie annee (1). 
Le nouveau Grand raaitre 6tait proteslant et n'exerga 
point sa charge pendant les guerres soutenues par le 
roi contre les religionnaires du midi. Cette circon- 
stance fulloind'fitredefavorable au developpement de 
rartillerie. De 1621 a 1628, on ne fit que des sieges 
de villes defendues avec acharnement. En I'absenee 
du Grand maitre, les marechaux de France bri- 
guerent I'honneur de diriger I'artillerie. Praslin, 
Chaulnes , Crequi , Bassompierre , Schomberg > 
d'Ef&at, attendaient leurs jours de tranchee pour 
faire jouer les pieces, devant Saint-Jean-d'Angely, 
Clerac, Montpellier, Montauban et La Rochelle. 
Convertis par ces illustres exemples, les mestres de 
camp se disputaient les tra\aux de sape et les bat- 
teries. Ce ne fut, il est vrai, qu'un moment d'en- 
gouement^ mais il sortit de 1^ plusieurs choses utiles 
eljustes. 

D'abord, Louis XIII renouvela, en 1621, devant 
Saint Jean-d'Angely, la mesure prise par Henri IV, 
vingt-quatre ans auparavant, devant Amiens ; il d6- 
cidaque lessoldatsd'infanteriequi travailleraient aux 
tranch^es et aux batteries, recevraient a I'avenir una 



(1) SuUy, eo se demettaot, avail stipule qui la charge lui feraii 
reiour en cas de mort de son fils. Gecasse pr4:ieDtaen i634. 
SuUy D*6tait plus en faveur; il r^clama vainement, et comme 
compensation on le nomma mar^chal de France . 



174 rtistoiRE 

solde extraordinaire. Quelques officiers, plus courti- 
sans que gens de guerre, lui ayant represents que le 
marquis de Spinola et le prince d'Orange exigeaient 
un pareil service de leurs troupes, sans rien leur 
donner au deli de leur solde : « Pour moi, dit le roi, 
je me ferais conscience d'exposer mes soldats i des 
perils qui ne sont pas attaches a leurs fonctions ordi- 
naires, sans les animer par quelque recompense. » 
C'Stait du rafime coup accoraplir un acte d'6quit6 
et rehausser aux yeux du soldat le m6rite du service 
de rartillerie, 

Un grand norabre d'officiers d'infanterie, ceux 
sttrtout que leur naissance devait arrfiter au grade 
de capitaine, 6tudiferenl avec ardeur I'art de Tattaque 
et de la defense des places et re^urent des brevets 
d'ingenieurs ou de conimissaires extraordinaires de 
Tartillerie. Quelques-uns de ces officiers s'ouvrirent 
ainsi un chemin vers les plus hautes dignit6s mili- 
taires : il suffit de nommer Fabert et Vauban. Par 
reciprocity, les commissaires de Tartillerie et les in-* 
gitoieurs prirent rang dans Tarmee et devinr^nt sus- 
ceptibles de parcourir Fechelle des grades. 

Nous citerons ici comme un indice di^ partage qui 
se faisait dans les opinions des officiers de I'lnfante- 
rie, vers le milieu du xvn* si^cle, un diseours tpe 
I'auteur des Carnpagnes du marechal de Fabert met 
dans la bouche de cet homme illustre. 

En 1641, au si6ge de Bapaume, quelques officiers 
du regiment des Gardes Fran^aises trouvaient raau- 
vais que Fabert s'occup^t des sapes^ des mineft^ de 



DE l'angienne tiif#ii!lnhltliE fran<;aise. 17$ 

rafrtilleritf^ des machines, des ponts et des autfes tra- 
vaux les plus jf>6niM^s. Hs chargferent Grateloiarp, son 
dfni, de Ini i^epresenter qu'il avilissait sa dignite de 
eapitaine mt Gardes et d'offici^ g^nferah 

« Je suislrts*obIig6a mes camarades du soin qw'ils 
prennent de mon honneur, repond Fabert. Je vou- 
drois cependaiit leur demander, si le bien que m'a 
feit le roi est une raison de diminuer le zele que j'ai 
toujours *tt pour son service. (Test la conduite que 
Ton me reprocbe, qui m'a elev6 aux grades dont je 
snis honore. Je servirai toujours de m6me, quand ce 
neg^rmt que ^ar reconnaissance. Maisj'ose me flatter 
que ees Iravaux, que Ton trouye humilians, me 
comluiront a«l honneurs miiitaires les plus 61ev6s. 
Tout bien cottsid6r6, le conseil de ces messieurs n'est 
bon que pour ceux qui veulent Tieillir dans le regi- 
ment desGatdes. Pou^ moi, je leur declare qne je 
n'ai ancune en vie d'y rester : bientdt je leur en don- 
nerai des pn^uves. La nuit prochaine, j6 ferai la dm^ 
oente du foese ; d;, sans avoir egard a te dignity de 
roc» gmdes, j'attacberai le mineur, je travaillet^ai moi* 
m£me a la galleriej k la chambfe de la mine, et j'y 
metti^ai 1^ feu^, si la garnison refuse de se rendre. » 

RfBchelieu n'appew*ta point d' amelioration directe Ji 
Torganisatic^ du c<^rps de I'artillerie ; mais it travail^ 
lail sans rel^he ^ rampoindrissement d^ la noblesse^ 
soywettait les^^ offieiers de Tinfanteri'e et dte la cavAM' 
lerie atri entraves de la discipline ^t de la hi^rarchie, 
remettait att temps le soin de faire disparaltre les- 



176 HISTOIRE 

dernieres traces des prejuges chuvaloresques, et en 
attendant, il confiail, le 27 septembre 1634, a la 
mort du marquis de Rosny, la charge toute-puissanle 
de Grand maitre de I'artillerie k son cousin germain, 
Charles de La Porte, due de La Meilleraye. 

Mazarin agit de menie et, le 10 avril 1^48, le due 
de La Meilleraye, devenu niarechal de France, fut 

remplaceparsonfdSjArmandCharlesdeLaMeilleraye, 
due de Mazarin, auquel le cardinal avait fait ^pouser 
une de ses nieces et transmis ses titres. 

La paix des Pyrenees, en 1659, laissa le corps 
de Tartillerie, sous le rapport de la forme de i'orga- 
nisation, dans Tetat ou il se trouvait a la paix de 
Vervins. C'etait encore, au-dessous du Grand maitre, 
des mailres ou licutenants-generaux de rartillerie, 
exergant par delegation une partie des pouvoirs du 
Grand maitre dans les provinces, des commissaires et 
des employes r^partis dans les places et dans les ate- 
liers de construction, des capitaines de chevaux dans 
chaque province, et enfin des bombardiers et des 
canonniers distribues dans les forteresses en raison 
de I'importance de chacune d'elles. 

Au moment oil Louis XIV prit en main le gou- 
vernement de I'Etat, cette organisation n'^tait plus 
sufiisante. Elle r^pondait assez bien encore au ser- 
vice que I'artillerie avait k faire dans la guerre de 
si6ges ; mais cette guerre de sieges allait 6tre com- 
pl^tement transformee sous la main de Yauban, et 
les essais tentes par Gustave-Adolphe , pendant la 



'»» 



m 



DE l'angienne ntrAtrmiiE fran^aise. t77 

guerre de Trenle Ans, pour faire appuyer par des 
pieces l^feres les mouvements des troupes sur le 
champ de bataille, commencaient a 6tre imit6s en 
Alletaagne et en Hollande. Tl devenait done n6ces- 
saire de modifier Torganisation de rartillerie et de 
la rendre plus militaire. 

Louif^ XIV etait toUt-puissant; un signe de sa 
votont^ faisait taire toutes les objections; il aimait et 
estimdt Fartillerie; il 6tait fort des opinions de 
LouYois, de Colbert et de Vauban. Iln'osacependant 
entrer dans la voie qui lui etait indiquee que peu k 
pen, et mfime par plusieiirs detours. 

En 1667, lorsque le roi d6clara la guerre k 
FEspagne, uue partie des canonniers et bombai^ 
diers, distribu^s dans les places, furent appel6s k 
rarnxee, suivantThabitude. lis servirent avec eclat a 
la prise de plusieurs villes de la Flandre, et au coip- 
raencement de 1668 ils contribuferent encore k la 
rapide conqufitle de B^san^gon.. A^^r^s ce siege, qui 
termina les hostility, Louis XFV, ail lieu derenvoyer 
ces hommes dans les places qui les avaient fournis, 
les retint sur pied et en forma six compagnies, 
quatre dfe canonniers et deux de bombardiers. 

Des motifs qu'il serait difficile de determiner, 
atiaert^ent presque aussil6t la r6forme de ces compa- 
gnies. Le Grand raaitre, peut-etre, avait-il all6gue 
que ces canonniersetbombardiersetaient plus utiles 
dans les places. Ge qui est certain, c'est que le 
28juillet 1669, le due de Maiarin se d6nictlait 

HIST. DM L'ANC. 1NFANTER1E FRAMQAISE. T. TI, 12 



i 78 HISTOIRB 

volantairement de sa charge en faveur de Henri 
de Daiilon, due du Lude, premier gentilhomme 
de la chambre (1). 

Le projel fut repris aussitdt sous une autre forme 
et, le4 fevrier 1671, Louis XIV cr6a un regiment 
d'infanterie, sousie tiirede regiment des Fusiliers du 
roi, dont le Grand maitre, due du Lude, fut ^tabli 
colonel-lieutenant, et qui eut pour destination sp^ciale 
la garde de I'artillerie. On se rappelle que cet hono- 
rable service avait jusque-la et6 un des privileges des 
Suisses. II 6tait digne de Louis XIV de faire dispa- 
raitre un usage qui avait quelque chose de blessant 
pour Tinfanterie francaise. 11 profita habilement d'un 
moment oil il n'y avait plus en France d'autres trou- 
pes suisses que le regiment des Gardes, fit valoir 
rimportance de cette restitution, et introduisit ainsi 
par un biais I'organisation militaire de I'artillerie, 
que nous allons voir se d6velopper. 

Pour la formation des quatre compagnies de 
100 hommes, qui composerent a I'origine le regi- 
ment des Fusiliers, on prit d'abord les debris de I'an- 
cienne compagnie des canonniersdu Grand maitre, 
employee jusque-la au service de TArsenal de Paris. 
Cetle compagnie , completee au moyen d' hommes 
choisis dans les regiments d'infanterie, resta sous le 



(\) Le due du Lude ^tait mardchal de camp du 30 mars i668, 
U de^int Ueutenant-g^n^ral le 4 juillet 1670. 



DE l'aNCIENNE INFANTERIE PRANgAiSE. 179 

commandement direct du Grand maitre. La 2* com- 
pagnie, plac6e sous les ordres du lieutenant-colo- 
nel (1) , fut composee de sapeurs, c'est-i-dire de 
gens propres aux travaux des tranch^es et des mines. 
Les 3* et 4* r^unirent des ouvriers en bois et en fer, 
sachant faire les reparations du materiel et jeter les 
ponts. Ces trois derni^res compagnies furent exclu- 
sivement recrutees avec des hommes tires de I'in- 
fanterie. Le regiment duRoi fournit tons les officiers; 
les commissaires de Tartillerie rest^rent compl6te- 
menten dehors decette organisation, maisleur^tat 
fut am61iore par la creation des grades de commis- 
saire provincial et de commissaire extraordinaire. 

Le roi ne negligea, au reste, rien de ce qui pou- 
vait donner de I'^clat k son institution et apaiser en 
mfime temps les derniers scrupules des hommes qu'il 
appeladans le nouveau corps. Le regiment des Fusi- 
liers du roi est le premier des corps entretenus qui 
ait 6t6 completement arme de fusils au lieu de jnous- 
quets ; il est le premier dont les soldats aient eu 
entre leurs mains la terrible baionnette ; il est aussi 
le premier qui ait rev6tu le costume uniforme. Ce 
costume fut magnifique , eu egard a la simplicity 
des habits delivr6s vers la m6me 6poque aux autres 
troupes. II se coiuposait d'un habit blanc avec les 



(1) Abel Louis de Marans de Varennes, premier lieutenant- 
colonel des Fusiliers du roi, etait pr6c6demment major du 
regiment du Roi. 11 fut fait brigadier le 23 f^vrier 1677. 



1[60 WiTQWE 

{^renieqt^et la douiUwe bleu^; le coUott, l« ve^, 
la QMJQtte eti les ba$ 6taienl. i:ouge^ etk^,)ioutaQ6>de 
Q9.etai dorey. Les drapciaux ^taieat pat:«i)$( ^ ceuj[ d^ 
r(6gimoni du Koiravec c^Ua difiEarence^, ({mi^I^ \QFt et 
le rouge ^ au lieu djQ pr^^enter iwe teinte inate ^ 
ayaient d^^ reflets chmigeajiitSy de ofuao^ aur^re, 
destiqes ^ rappeler les CQuleur^ d^ bm du oicJc et 
de Tenfer. 

Le 2.0 aout 1671, si^ mois apre^ s^; qr)6atiQJ9> et 
au moment oil Louis XIV faisait ses pr^paa;aUC^ de 
guerre contre la HoUande , le corps re^yt une apg- 
mentation considerable^ determiqeepai: rio^portancie^ 
des parc3 d'artillerie qu'il devait escof t^|[?, Qxh y inr 
corpora 22 compagnies,. tirees des regiments d'iafan- 
terie. Deuxde ces compagnies furent.organisi^es eu 
grenadiers^ par un cboix d'hommes fait sur touted les 
autres, et le regiment fut diyise en deux bataillpns 
de treize compagnies chacju^i. La compagme. de 
sapeurs du. lieutenamt-oolonel, qui appartenait au 
roi, marchaifc a la tete du 1" bataillon; celle des 
canonniers du Grand maitre 6tait la premiere du- 2'. 
Les deux Qompagnies d'ouyriers , qui, prirent plus 
tard la I6te des ^« et 4* batailiona, 6taient partagees, 
ainsi que le$ grenadiers , entre les. detux b^tliil*- 
lons, 

Le regiment des Fusiliers du roi, pendant la cam- 
pagne de 1672, contribua, comme infanterie, a la 
rapide conquete d'Orsoy , de Rbeinberg , d'Utrecbt, 
etde DoesbQvirg. U lit^ en^ li&73^ le si^ge de Maes*^ 



♦ * 



DB l'aNGIBNNB lllfimSftB FBAlf(AI8B. fM 

tFicbt, oil le capiUine de ^tft^feofd flit bl<S$^ Aftfm 
la tmitob^^ tet \\ alia prmidre ^e« qU£Mibi« t)'hiif«f 
dan6 9a Bofirgogae. II servtt^ efn 1674, k III ^^ tlft 
BesHi^cm H de Dbie, qui ddpittil^rent l6 4B Mtfi ^ . * 'm«^^ 
le 6 jnid) ei fBliia «i)Btiite le prince d^ GMrd^, tpli^J^ 
battit leprfncc d 'Orange JtS^neff. Dans Mttfe iMttaiftefT ..- 
le 1<* bataillon, avec qoatM petitens pi^CM de ettAM^' 
forma ia t^M de la colmne d'attaqne contK le yiHiige 
etr^egtisedeSdneff, oti I'itrfanterie d'E9pdgnef«< 
oompl^teirtent d^aite. 11 termina ceU« jMrrn^ «ii 
culbutant un gros corpfe d'infanterie hollandAfW. 
Deu% frdros^ nomin6d Dorthe, tons deux ^^^pitaifi^, 
se didtingii^ent extr^m^mcmt. En 1675, 6n trouve 
le regiment aux gi6^^e Dinanty d'Huy ^ d^ Lihi^^ 
bourg, et en 1676 k deux de Cond6, de Bouchain ^ 
d'Air^. \a 10 mai 4e dette ann^e, akle du tdgiifn^At 
de Gr6der , il eraporte d'^nblce tons leb dehof* dd 
Bouchain. En 1677 , il se distingue devant Vdien«* 
cieimes et Cambrai. Plusieurs r^gin^ontft avaient 
echoue de^nt une demi-lutie de Cambrai ; les Fudi* 
iiers t sontenvoy^s k leur tour et enlelrent flette defrii*- 
lune en plein jour. Ld place capitule le 4 A^ril son* 
leur» drapeaux. Le 1 4, au si6ge de la citadelle, fis «&' 
jeltent a\ec le regiment du Roi sur la dettti-lurie si- 
tuee k gauche du bastion d'attaque, et s'en emparertii 
encore* Le ciipitaine de Cavoi|\P fut tu6 Ce jour-j|Ji. 

Les exploits accomplis par le regiment au si^ge 
de Cambrai, lui valurent le droit de semer de fleurs 
de lis la croix blanche de s^ drapeaux el une aiig*^ 






1 82 HISTOIRE 

mentation de quatre bataillons, qui furent formes, en 
novembre 1677, avec 60 compagnies tiroes des der- 
niers bataillons des vieux corps. Ces quatre bataillons, 
prirent la gauche des premiers, et rang entr'eux d'a- 
^prfesi'anciennet6 des regiments d'oii ilsetaient venus. 
" '' Oet accroissement considerable d'un corps destine 
a la garde de Tartiilerie, prouve que Ton s'6tait bien 
trouve a Tarmee de Flandre du service des Fusiliers 
du roi, etque Ton desirait avoir assez de ces soldats 
d*elite, qui savaienl au besoin mettre la main a 
Toeuvre, pour en fournir a toutes les armees. 

En 1678, le regiment se signala a la prise de 
Gand ct d'Ypres et fut vivement engage a la bataille 
de Saint-Denis. II y eut quatre officiers blesses. Une 
partie du corps, qui servait a Tarm^e du mar^chal 
de Crequi, occupa Soest pendant I'hiver de 1678 k 
1679 et se trouva le 26 juin suivant a Taffaire de 
Minden. 

A la paix, le 6« bataillon fut reforme; les cinq 
autres furent places a Douai, oil une ordon nance 
royale etablit une ecole (rinstruction, qui est par 
consequent la plus ancienne des Ecoles de Tartille- 
rie. Les bataillons n'y resterent que peu de temps (1) 
et furent envoyes a Lille, oil le roi les passa en revue 
le l"aoutl680. 

Pendant la guerre qui venait de se terminer par 



(i) La premiere ecole d'arlillerie 6tablie Ji Douai le 1*' mai 
i679, a ete suppriiii^e le 1®' iiovembre de la m^ine annee . 



DB l'aNGIENNE INFANTBRIE FRANgAlSE. 183 

le traits de Nimegue, le regiment n'avait fait que le 
service ordinaire des troupes d'infanterie, avec la 
mission sp^ciale de veilier dans les marches et les 
campements k la surety de I'artillerie, ainsi que le 
faisaient prec^demment les regiments suisses. 
Gomme ces derniers, il avait pu accidentellement 
prater aide aux canonniers, mais sans que cela dAt 
tirer a consequence. II semble que Louis XIV n'ait 
Youlu que laisser entrevoir sa pensee et faire la re- 
cherche de la manifere dont elle serait acceptee. 

Quelques mesures prises par le roi vont pen a peu 
rendre cette pensee plus sensible. 

Le 26 novembre 1677, il el6ve au grade de mar6- 
chal de camp de ses armees, Pierre de Morm^s de 
Saint-Hilaire, cet h6roique lieutenant-general d'ar- 
tillerie, qui ne voulait pas que son fils dcplor&t la 
blessure que lui avait faite le boulet qui tua Turenne, 
et qui mourut lui-meme Ie21 Janvier 1680, apres 
d'horribles souffrances. 

Le 26 d6cembre 1678, il nomme lieutenant-colo- 
nel du regiment des Fusiliers, a la place de M. de 
Cavoye, un ancien officier d'artillerie, M. de Barville, 
et cette charge, alors la plus importante de toutes 
dans les corps de troupes, sera a Tavenir toujours 
exercee par un officier de canonniers ou d'ouvriers. 

En 1679, apres la reforme du 6« bataillon, le roi 
licencie les canonniers appoint6s qui 6taient repartis 
dans les places, et, « ayant remarque combien il 
eloit difficile, dans les occasions pressantes, de trou- 



484 WTQIHB 

ver parmi les troupes un aonabre suffisaot de fioldato 
qui sussent parfaitement hien executer et servir le 
canon , » il revient a son plan de 1 668 , leva six 
compagnies de soldats canonniers, k qui I'on fapt 
faire Fexercice du canon, et en fait accepter le cora-r 
mandement, comme un avancement et une faveur 
considerables, aux six plus anciens capitaines du 
regiment des Fusiliers. M. deCavoye lui-m^me, qui 
quittait la charge de lieutenant-colonel, est ameo6 a 
prendre une de ces compagnies. On cr^e en mdme 
temps deux compagnies de bombardiers et une com- 
pagnie de mineurs, qui sont donneesa MM. de Vigny, 
Camelin et Le Goulon, tons les trois officiers d'ar- 
tillerie. 

En 1683, le regiment des Fusiliers est appel6 au 
campdeBouquenom surlaSarre,etrann6e suivante, 
au si6ge de Luxembourg, il fournit des d6tachem6ots 
qui executent le tir des pieces de batteries avec les 
compagnies de canonniers et de bombardiers. Le 
gros du regiment fait, comme auparavant, le service 
d'infanterie. Deux compagnies se distinguent, le 
30 mai, a la prise de la coupure du vieux ch&teau de 
Miinster, qui am^ne le lendemain la capitulation de 
Luxembourg. Le capitaine Darquet et le lieutenant 
Lagarde avaient et6 tues a ce si6ge. Parmi les blesses 
se trouvaient les capitaines Pascal, d'Algui^re, Rabar 
et un lieutenant. Les Fusiliers furent mis en garnison 
k Metz, apres la cessation des hostilites. 
Trois mois apres la conquete dje Luxembourg, le 






DB l'angibnne bif^iiterie fran^aisb. iB}^ 

3^i^i 1684, Loi^i^ XdV cr^c^ mmle litre (}e Royals- 
Bombardiers, no vrai regimeat d'artiUeric^, compose 
avec les compagnies de bombardiers de V.igny et de 
Gamelin et avec dix autres compagnies tiroes des 
regiments de Pi6mont, Navarre, Champagne, La 
Marine et des Fusiliers du roi, qui en fournissent 
chacun deux. Le Grand maitre de Tartillerie, due 
d'Humi^res (1), deja ^lotiel-Heutenani des Fusiliers, 
est aussi etabli colonel-lieutenant de Royal^Bombar^ 
diers, et il a pour lieutenant-colonel M. de Vigny. Ce 
nouveau corps est porte en 1686 a quinze compa- 
gnies. 

Le 13 decembre 1686, le roi regie pour la pre- 
miere fois le rang que les officiers d'artillerie doivenl 
tenir avecceux desregiments des Fusiliers etdes Bom- 
bardiers et des compagnies de canonniers. Les rela- 
tions necessaires que ces divers officiers devaient 
avoir entr'eux amenaienl de norabreuses contesta- 
tions que le Grand maitre ne parvenait pas toujours 
a apaiser. L'ordonnanc<^ du 13 decembre prescrivit 
aux officiers de troupes d'obeir aux officiers d'artil- 
lerie comiuandant aux armees. Les lieutenants-co- 
lonels et les comraissaircs provinciaux de I'artillerie 
prirent rang entreux suivant I'anciennete de leurs 
brevets; la meme egalite fut etablie entre les capi- 



(J) Le doc d'Hu mitres avait 4 16 nomin^ mar^chal de camp 
le 4 septembre 1650, Iieutenai)l>g6n6ral lc18 octobre 1656 et 
marshal de France le 8 juiUet 1668. 



1 86 HISTOIRE 

taines et Ics commissaires ordinaires, les lieutenants 
et les commissaires extraordinaires , « de m^me 
que si lesdits commissaires d'artillerie ^toient du 
corps desdits regiments, et les officiers desdits regi- 
ments et compagnies du corps de Tartillerie. » La 
pensee du roi commencait k se formuler tr^s-nelte- 
ment. 

Tel etait Ic point qu'avait atteinl le corps de Far- 
tiilerie 16rsqu'6clala la guerre de 1688. Les regiments 
des Fusiliers et des Bombardiers ( t les compagnies de 
canonniers servirent concurremment, pendant la 
premiere ann^e de cette guerre, aux sieges dePhilis- 
bourg, de Manheim et de Franckenthal. Au co*n- 
mencement de la campagne suivante, qui allait 
n^cessiter Temploi de plusieurs armees, Louis XIV 
doubla le nombre des compagnies de canonniers qui 
fut ainsi porte a douze. Les hommes qui composerent 
les six compagnies nouvelles, furent encore tir6s des 
vieux regiments d'infanterie, et le regiment des Fusi- 
liers en fournit les officiers. Ce dernier corps roQut 
en mfime temps une augmentation de deux compa- 
gnies de grenadiers qui furent placees aux 3* et 4* 
bataillons. Dans cettc annee 1689, le regiment des 
Fusiliers d6tachadeuxbataillonsararmeedeFlandro 
et deux autres a Tarmee du Rhin. Le 2" bataillon, 
avec le major M. de Maisoncelles, fut envoy6 a Tar- 
m6e d'ltalie sous Cattinat. I^es bataillons qui ser- 
vaient en Flandre combattirent a Fleurus en 1690; 
le capitaine de Vaucocourt y fut bless6, Le capitaine 



DB LANCIENNE INFANTERIE FRANgAISE. 187 

Saint-Brice trouva la mort, en 1691 , au siege de 
Mons. 

L'ordonnance royale du 26 avril 1691, qui rame- 
nait tous les bataillons de Tinfanterie a treize com- 
pagnies, apporta quelques modifications dans Torga- 
nisation du regiment des Fusiliers du roi. Avec les 
compagnies excedantes des cinq bataillons existants 
et quelques corapagnies crapruntees a Tinfanterie, on 
forma unnouveau bataillon qui prit le 3* rang, parce 
queM. deBouvincourt, choisi pour le commander, se 
trouva par son anciennete le troisifeme capitaine du 
regiment. La com position du corps se trouva alorsainsi 
reglee. Les quatre premiers bataillons eurent chacun 
une compagnie d'ouvriers, une de grenadiers et onze 
de fusiliers; le 5®, une de grenadiers et douze de fu- 
siliers ; le 6* treize de fusiliers ; en tout 78 compa- 
gnies, dont quatre compagnies anciennes de 1 10 ou- 
vriers, cinq de grenadiers a 45 hommes et soixante- 
neuf de fusiliers a 55 hommes. La totalite des troupes 
entretenues a cette 6poque pour le service de I'artil- 
lerie, s'elevait a environ 6,500 hommes. 

Quatre bataillons de Fusiliers servaient, en 1692, 
a I'armee de Flandre : ils se firent fort remarquer au 
siege de Namur, et nous devons ici restituer au r6- 
giment Thonneur d'un acte de courage stoique que 
Ton a attribue a tort, tantdt a un Garde Fran^aise, tan- 
tdta unsoldatdeRoyal-Vaisseaux. Voici un fragment 
d'une letlre ecrite par Racine a Boileau, du camp de- 
vantNamur,le3 juin 1692, qui levetoute incertitude. 



183 uisxoiKB 

«... On raconte plusieurs actions particuliiriBS que 
je vous redirai quclque jour, et que vous entendret 
avcc plaisir; mais, en voici unequej^ ne puisdifiie- 
rer de vous dire et que j'ai oui center duroi mdne: 
Un soldat du regiment des Fusiliers, qui tra^aiUoitA 
la tranch6e, y avoit apporte uu gabion ; un coup de 
canon vint qui emportn son gabion; aussitM il «b 
alia poser a la m6me place un autre, ^ui fotsur-ie* 
champ emporte par un autre coup de canon. Le sol- 
dat, sans rien dire, en prit un troisi^me, et I'alla 
poser; un troisicme coup de canon emporta cetroi- 
siome gabion. Alors le soldat rebute se tint enrepos, 
niais, son officier lui commanda de ne point laisser 
cet endroit sans gabion. Le soldat dit : « J'irai, 
« maisj'y serai tu6 » .11 y alia, et, en posant son qua* 
trieme gabion , out le bras fracasse d'lin coup de 
canon. 11 revient, soutenant son bras pendant a^fee 
I'autre bras , et se contenta de dire a son offici«r : 
« Je I'avois bien dit ». II fallut luicouperkbFas^ 
qui ne tenoit presqu'a rien, Ilivoufffitcelasansdes- 
serrer les dents, et apresTop^ration, dit froidemeftt: 
« Je suis done hors d'etat de travailier; c'est main- 
« tenant auroi k me nourrir. » Je crois que vou* naef 
pardonnerezle peu d'ordre de celte narration^ mm 
assurez-vous qu'elle est fort \raic. » 

En 1693, le roi fait un noaveau pas vers la r6ali*' 
sation de son plan, et rend TordooiiaiJGe du 1 5 avril> 
que nous transcrivons presqu'en entier, acausedft 
son imporlanco, el parce qu'elle fait toucher du 



DB l'aNCIENNE n?F'Al<mfiRIE FRANCAISE* 189 

doigl les' difficulles que Eouis XIV axait rencontrees 
danS'Sa mardhe et qui avaient impost k ce prince si 
puiesant vingt-cinq annees de patience et de pre- 
cautions; 

« l)e par 1« roy : Sa Majest6, ayant 6t6 inform^e, 
qu'encore que son regiment de Fusiliers ait et6 mis 
sur pied pour servir Tartillerie dans ses armees, les 
offieier9 qui Font coramande, ont pr6tendu s'en pou- 
vowcKspenseppouf marcher et camper avec lesautres 
troupe desdites armees; et voulant qu'il soit unique- 
meot employ* pour le service auquel Elle Ta destine, 
e* le i^gter die maniere qu'il ne s'y rencontre point 
de diffioulte , Sa Majest6 a ordonne et ordonne que 
ledit regiment des Fusiliers sera dorenavant appele 
lo Regime nt-"Royal de TArtillerie , que les balaillons 
dudii regiment marcheront et camperont toujoiirs 
^\ec rartillerie de Tarmee oiiJ ils serviront, qu'ih n'y 
sermt jamais rms en Hgne^ et que le commandant et 
tous»le&aulr6S^offici«rs du rfegiment-obeiront a ceHii' 
qui:ser4tprepos6 pour commander I'artillerie, quel- 
que charge qu'il puisse avow dans Vartillerie, Vbu- 
lantiSa Majeste, pour le&attacher davantkge k ce 
seuvicft^. que le lieutenant-colonel dudit regiment soit 
lieubefnaffibt de Ifartillerie, les* six premiers capit^itie^^ 
commissaire» provmeiaux, le major- et les autl^es ca- 
pttainifis commissair^jS'Ordinaires^, et^ltes aydfes-majors, 
lieutenants , saias^lieutewants et enseignes commis^ 
saiiies exiraordipaires-; desqudtes^ charges le Ghmrd 
maStw d^ Uartilterie^leup fera d61ivrer Ifes proriiions 



1 90 HISTOIRE 

pour 6s dites qualit6s prendre rang .avec les autres 
officiers de Fartillerie, du jour que chacun d'eux a 
6te pourvu par Sa Majeste de la charge qu'il a dans 
le regiment, dont il sera fait mention dans lesdites 
provisions et qu'a Tavenir iis auront part aux profits 
des batteries dans les si6ges oil ils se trouveront , 
eiC/« • • w 

Cette ordonnance, si explicite et si claire, ue suffit 
point, pourrait-on le croire, quand on se reporte 
au temps oil elle fut promulguee et au monarque qui 
Tavait signee, pour mettre fin aux embarras suscit^s 
par les prejuges d'une noblesse qui continuait a ne 

vouloir point envisager la guerre par son cdt6 se- 
rieux? Les gentilshoinmes, qui avaient assez de for- 
tune pour pouvoir acheter des regiments et arriver 
ainsiaux gradeseleves, ne se souciaient pointde passer 
par le grave et laborieux metier de Tartilleur. I^es 
autres voulaient de la gloire pour prix de leur cou- 
rage, et repugnaient k un service qui demandait.un 
travail et un devouement de tons les instants, mais qui 
n'offrait, surtoutalors, que bien rarementl' occasion 
de ces coups de main heureux, de ces actions indivi- 
duelles , qui font paraitre un homme, souvent plus 
qu'il ne vaut. et que fournissaient frequemment les 
services de la cavalerie et de I'infanterie. 

Les trois bataillons de Royal-Artillerie, attach^ 
en 1 693 k Tarm^e de Flandre , servirent, comme le 
voulait le roi, les 70 pieces de canon que le mar^chal 
de Luxembourg amena sur le champ de bataille de 



DB l'aNCIENNE INFANTERIE FRANi^AlSE. 19i 

Neerwinden ; ils ex6cuterent aussi le tir cette ann^e 
au si^ge de Charleroi, eten 1695 au bombardement 
de Bruxelles, concurremraent a\ec les compagnies 
de canonniers et de bombardiers, mais avec peu de 
bonne volonte el en soulevaiit a cbaque instanl des 
difficult^* II en fut de meme a I'armee du Rhin qui 
avail deux batailions el sur les Alpes oil se trouvait 
toujours le 2'. Cetle conduite, si opposee a ses d^sirs 
elk ses vues, forga Louis XIV a frapper un dernier 
coup. II avail, a la (in de 1694, remplace dans la 
charge de Grand maitre le vieux mar6chal d'Hunii^res 
par ie due du Maine, son fils de predilection; a la 
fin de la campagne suivante, apres le bombardemeul 
de Bruxelies, le 25 novembre 1695, il rend une nou- 
velleordonnance,porlanl ampliation desprecedenles. 
oil il fail connaitre que son intention est : « Que 
les balaillous dont est compose le regiment marchenl 
el campenl toujours avec Fartillerie dans les armees 
oil ils servironl; qu'ils n'ysoient jamais mis en ligne, 
ni n'y monlent aucune garde de tranch6e, sous quel- 
que pretexle que ce puisse etre, et ne fassent aucun 
service avec le reste de Tinfanterie, si ce n'est dans 
les places ou ils se trouveront en garnison. Que le 
lieutenant-colonel, les commandans de batailions el 
les aulres officiers dudit regiment obeissent a celuy 
qui commandera V artilleries et qu'il luy soil permis 
de se mettre a la tele dudit regiment el de chacun 
desdits batailions, toutes les fois qu'il lejugera a pro- 
posj soil dans les marches el dans les delachemens, 



192 HISTOIRB 

soitaux reveues, ou aiileurs, oil ledit regiment et 
lesdits bataillons se trouveront. Etcomme Sa Majesty 
desire que le service de toutes les compagnies dudit 
regiment se rapporte a celuy de Tartillerie, et pre- 
venir les difficuitez qui pourroient naistre la-dessus d6 
lia part descapi tain es dcs compagnies de grenadiers, 
elle a supprime et supprime ledit titre de capitaines 
de compagnies de grenadiers, el leuradonne etdonne 
celuy de capitaines de compagnies de canoniers 
pour estre a Tavenir sur le mesme pied que lesdouze 
anciennes compagnies de canoniers dudit regiment, 
faire les mesmes fonctions, et recevoir la mesme paye, 
tant pour les officiers que pour les soldals. Ordonne 
Sft Majeste, que lesdites douze anciennes compagnies 
de canoniers, qui ont jusques a present fait un service 
s6pare dudit regiment, seront incorpor6es dan^ les 
six bataillons qui le composent, dans chacun des- 
quels deux desdiles compagnies serviront k Tavenir, 
moyennant quoy, it s'y trouvera trois compagnies de 
canoniers, y compris celle qui estoit de grenadiers, 
a la reserve du bataillon de Frades, dans lequel il 
n-y a point de compagnie de grenadiers, et oil par 
consequent il n'y aura que deux compagnies de ca- 
noniers. A regard des quatre compagnies d'ouvriers 
dudit regiment Royal- Artillerie, elles demeureront 
sur le mesme pied qu' elles sont a present. Mais parce. 
que Sa Majeste est inform^e que les capitaines y 
rec^ivent indiff^remment d^seidatsqui ne sgavent 
aite«n metier et dont les Equipages- d'artillerie ne 



DK l'ancienne infanterik fran^aise. 193 

tirent aucun secours qui ait rapport a leur institu- 
tion. Elle defend auxdits capitaines sur peine d'estre 
cassez, d'y engiiger a I'avenir aucun soidat qui ne 
SQacheun des metiers deforgeur, serrurier, charron, 
menuisier, charpentier, mareschal, taillandier, chau- 
dronnier, raagon, tourneur ou sellier ; et elle enjoint 
aux com'raandans, major et aydes majors desdits ba- 
taillons d'y tenir la main, sur peine d'interdiction 
de leurs charges ; deffendant aux conimissaires des 
guerres qui feront les reveiies desdites compagnies, 
d'y passer de soldats qui ne soient ouvriers, quand 
bien ils seroienl de la taille et quality requise par les 
ordonnances. Ordonne aussi Sa Majeste aux com- 
raandans, capitaines et autres officiers desdits ba- 
taillons, de se conformer dans les garnisons oil ils 
se trouveront, a ce qui leur sera ordonn6 par le Grand 
maistre de Tartillerie , ou par le lieutenant-colonel 
dudit regiment Royal-Artillerie, sur tout ce qui con- 
cernera les exerciceset details de Tartillerie, de ma- 
niereT quits y puissent eslrc parfaiteiiient instruils. 
Quant au rang que les officiers d artillerie doivent 
avoir avec ceux dudit regiment Royal-Artillerie, Sa 
Majeste Tayant r6gl6 par sesdites ordonnances, elle 
veut et entend qu'ils s'y conforment; et comme il 
est n6cessaire que les troupes qui serviront aux es- 
cortes de Tartillerie sQachent des officiers qui les 
commandent ce qu'elles auront a faire, Sa Majeste 
veut et entend qu'a Tavenir, les colonels, raestres de 
canip, lieutenants-colonels, capitaines et autres of- 

UlST. DEL'aNC. INFANTERIE PRANQAISE. T. T1. i3 



i 94 HisToim 

ficicrs de ses troupes d'infanterie, de cavalerie et de 
dragons qui seronl commandoes et d^ch6tts |NHir 
escorter rartillerie^ reconnoissent et fassenl tout ce 
qui ieur sera ordonnO par I'officier de la dite «l:tille- 
rie qui la comtnandera, telle charge qu'il y rpuisse 
avoir, sans y apporter aucune difficult^^ sur peine de 
desobeissance. » 

Les 85 compagnies , dont le regiment se imuira 
alors compose, se divisaient en quatre compagnies 
d'ouvriers datant de la creaiion du corps, dix-'^sc|)t 
compagnies de canonniers et soixanle-quatre conlh- 
pagnies simples, dont les hommes continu^nent dc 
s'appeler fusiliers. Ces groupes de compagnies^ (pii 
avaient la preseanoe les uns sur les autres dansl'onlre 
Ounous venons de les placer, Oteiient partag^^ la 
manifere suivante entre les six bataillons : le l**^ba- 
taillon avait une coinpagnie d'ouvriers, trois coisipa- 
gnies de canonniers et neuf compagnies simple; ks 
2% 3"" et 4*^ bataiHons Otaient uniformement compo- 
ses d'une compagnie d'ouvriers, trois compagnies de 
canonniers et dix compagnies simples; le 5* comptait 
trois compagnies de canonniers «t douze compagnies 
simples; le 6** n'avait que deux compagtiies de ea- 
nonniers, maisle nombre de ses compagnies simples 
s'elevait a treize. Les compagnies d'ouvriers ^latent 
alio hommes, les autres a 55, ce qui donnait pour 
Ja totalite du raiment 4,950 hommes, non compris 
les officiers. Le corps de I'artillerie comprenait, en 
outre, a cette ^^HHpie, le rOgimefit J{ojyal*-Bombar- 



DE l'aNCIENNE ^I^A^nr/JpiE FRAWgAISE. ^^S 

^\^v^ (Je qujiv«e cQwi^^^ijps cje 55 Jhomraes et deux 
qf^ippagflieis de ftirineurs ^pssi k 55 homraes. 

L^ sold.e de^ troupes de Tartillerie futregleed'apres 
le^;(3ft^mes princip^s anti-chevaleresques, de mani^re 
.a fajr.^ desirer de njonter dejs compagnies de fusiliers 
a cellp de caqonaiers et des canonniers aux ou- 
vrjiers (1). 



(i) Vqici le tableau de la sol^e iUe journali^re fie Royai-Artil- 
lerie, en lempsde paix, telle qu'elle fut rdgl6e par Louis XIV. 



Gapitaine 

Lieutenant . . . . 
Sous-lieutenant. 

Swg^nt 

<<yapOral 

Anspecsade .... 
Soldat 



OUVRIERS. 



liv. 8. 

3 )) 



» 



» 10 



d. 
» 



)) » 



1 10 » 



1 » 



4 5 )) 



11 6 



» 



CAHONNIERS. 



liv. 9. 

3 » 



» 



d. 



1 10 » 
1 » )) 



» 16 » 



.» M 



» 1) 



8 » 



PUSlUEftS. 



liv t. "J, 

2 15 )» 

1 )) » ' 

» 13 4 

» 10 » . 

« 7 » 

» 6 *> 



» 



» 



JDans 1(3S conipuj^nies d.'QUvriprs, quapd Teffectif r6el atteignail 
95 hommes, le capi^aine avail 6 hommes de gratification, soil 
3 livres par jour; quaml Teffectif 6tait de 100 hommer:, il avait 
8 horame<, ou 4 livres ; enfin quand eUe 6lait complete k 110 
homiue-!, il en touchait 10, ou 5 livres. Des avantages propor- 
tionnel-^ ^taient fails aux capitaines de canonniers et de fugiliers. 



1 96 HISTOIRE 

(]es fliverses mesures, et notaminent celle relative 
a la solde, paraissent avoir eu plein succ^s, car, 
vingt-cinq ans plus tard, M. de Guignard pouvail 
6crire ceci dans son ficole de Mars : « Dans I'origine, 
les nobles auroient cru se dishonorer en entrant 
dans ce corps. Sa Majeste ayant ordonn6 de forts ap- 
pointements...., cet appat acheva de d6truire Tan- 
cienne delicatesse; les plus qualifies n'eurent plus 
aucune repugnance a devenir capitaines de forgerons, 
de charpentiers, etc., ce qui auroit paru singulier 
dans un autre temps, faute de faire attention que 
tout cc qui estdu metier de la guerre fait honneur, 
sous quelque titre que ce soit. » 

Ainsi fut termine le long enfantement de Torga- 
nisation militaire du personnel de Tartillerie. Deux 
cents quatre ans s'elaient ecoules depuis le premier 
essai de Louis XI; deux cents quatre ans dont revo- 
lution avait ete employee par la monarchic a asseoir 
sa puissance sur les mines des institutions f^odales. 

A compter de ce moment, le corps de Tartillerie 
a ses troupes propres, dont il dispose enli^rement, 
savoir : Royal-Artillerie, Royal-Bombardiers et les 
Mineurs. Dans la plupart des cas, il pent se suffire 
a lui-m6me, car le regiment Royal-Artillerie 
poss^de dans chacun de ses bataillons des compa- 



Ind^pendamment decette solde, les capitaines avaient par jour 6 
rations, les lieutenants 4, les sous-lieutenants 3, les sergents 2 et 
les soldats 1 , a?ec faculty de les perceYoir en argent . 



DE l'aNCIENNE INFANTBRIE FRAN^AISE. 1&7 

gnies pour servir les bouches k feu, el d'antres pour 
les escorler et fournir des auxiliaires. Pour tout 
ce qui est d' etiquette, rartillerie a un rang d6ter- 
miii6 par sou anciennet6 au rniiieu des regiments 
d'infanterie ; mais, en reality, elle forme deji un 
corps hors ligne, marchant et campant k part. On 
remarquera que, dans chaque bataillon, les compa- 
gniesanciennes d'ouvriers etcellesde bombardiersel 
de canonniersdnt le pas surlescompagnies simples ou 
d'infanterie. Ainsi le rang que Fartillerie a obtenu 
plus tard au-dessus de Tinfanterie n'est point, 
comme on I'a dit, le pur eflet d'un acte de camara- 
derie du ministre Soberer ; Louis XIV avait eu la 
m6me idee, et Tavait realisee autant que le permet- 
taient les usages et les regies hi6rarchiques de son 
temps. 

En mars 1798, apres la paix de Riswyck, RoyaU 
Artillerie fut reduit a quatre bataillons, qui figure- 
rent au camp de Compifegne, sous les ordres du 
lieutenant-colonel de La Harteloire,*^nomme cette 
meme annee. 

Pendant la guerre de la succession d'Espagne , 
ces bataillons furent distribues entre les armees de 
Flandre, d'Allemagne, d'ltalie et d'Espagne. 

Le !•' bataillon ne quitta point les Pays-Bas de 
1701 a 1712. 11 partagea pendant ces donze campa- 
gncs les vicissitudes des troupes employees sur la 
frontiere du Nord. Passe sur le Rhin /en 1713 
avec Ic licutenanl-coloncl La Devese, il se cdu- 



198 m^toiiTE 

vrit de gloire aux sifeges de Landau et de Fribuurg. 

Le 2® bataillon comraenga la guerre sur le Rhin. 
11 fit en 1703 les sieges de Brisach et de Landau, 
quilta FAlsace le 25 septembre 1705 pourse rendre 
art Piertiont, et joignif devanf Asti Tarm^e du ma- 
v^thai de La Fcuillade. ftenfr6 en France apres la 
bataille de Turin, il servit les antiees suivantes en 
Provence, en Roussillon et en Catalogue, et (it en 
1714 Icsi^ge de Barcelone. 

Le I^« bataillon, qui avait debute en Italie, repassa 
les Alpes en 1706, apres la d6route de Turin, ct 
resta jusqu'a la fin de la guerre attache a Tarmee dc 
Dauphin6. 

Le 4* bataillon cornbattit sur le Rhin et en Alle- 
magc avec Viflars et Marchin. Aprfes le d^sastre 
d'Hochstedt , il fut place dans les lignes de Lauter- 
bourg, qu'il quitta en juin 1705 pour venir en Flan- 
dre. II se distingua aux defenses de Lille et de 
Douai, etretournaen 1713 sur le Rhin. 

Le 5<^ bataifion, retabli le 23 juin 1706, resta 
constamment attache a Tarmee d'Allemagne. Ce 
bataillon fut de nouveau reform^ k la paix. 

Pendant cette p6riode, le corps de I'artillerie avail 
regu des modifications et des augmentations. Voici 
quel 6tait Tclat du corps au moment de la mort de 
Louis XIV. 

Un 6dit du mois d'aout 1703, enregistr6 le 3 d6- 
cembre au parleiuent de Paris, avait supprime tous 
les anciens offices ci-ees depuis le commencenienl 



DE l'aNGIENNE IN^/||^gJj^ FRAN^AISE. iQ^ 

du 3{Mr gJecJfe, et, ea avail) iasti^ti^ ds novive^j^, au 
im'umi fte^qwl& fet p^rtre conibi^ttajig^tf ties offici^p^^ 
^Tift tpowpe&de I'aFtiJiejji^ ^e troiivatt coqipose^, qq. 
temps de paix : du Grand maitre de rarUU^we ; c^'uiji, 
pDftWier lioutervaint-'^niferal. ayant pour d6partea\^nt 
VAlsaee; de deux dir^cteur^ g^n^ra^x Fesidant k 
I'Apsenal de Pari§ et charges chaoun de radnoini- 
stration de la mpitie des proviiH^^; desq^)! lieute-: 
ndut$-;gen6»aux places a la t^te des departements de 
l'bI&-de-France , de la Moselle, des Flandres, des 
c6tes septentrionaleft, de§ cdte^ occidentales, d^ Lan-r 
gwdoc et de Dauphiue; de vUigt-ciqq lieutenants 
provinciaux subardonnes aux iieuteiiaiU^generaui^ 
et repartis dans le^ df&partewe^t^ ; de trente com-r 
raissaires provinciau>( distWbu^ doP"^ )ep place's les 
plus imporlantes, et dont qinq, qiii portai^nt le titre 
de eommissaires des ponts ^t travaMx Qt qui r^si- 
daient a Strasbourg, Melz, Lille, 3ayonne et Greno- 
ble, avaient pour service special la construction des 
ponts , les passages des fleuvesj ^t riyi^reg et la re- 
paration des chemins; de 150 ppraraissaires ordir 
naires; d'un eapitaine conducteur general de rarlil- 
lerie, et de dou?e capitaines condwcleMrs. 

Un autre edit dw nqpis de mai 17<J^7 epregistre 
le 8 juin au parlement, avait cree un hyitieme of- 
fice de lieutenant-general p^Qur le departeiyjent de 
Bretagne, et cinquante charges nouyelles de com- 
missaires ordinaire. Toutep le? pharges t|e J'arliUe- 
riieia^aiciUeiiinefls^B temp^^ ete (|fic%eei^ hpfedita^res. 



200 HISTOIRB 

Enfin un dernier edit du inois d'octobre 1704, 
enregistre au Parlement le 9 d6ccmbre, institua un 
neuvi^me lieutenant-general pour le departement 
de Picardie. 

En resume, ce que Ton a appel6 depuis I'^tat- 
major particulier de Tartillerie se composait en 
1715 du Grand maitre, du premier lieutenant-ge- 
neral, de deux directeurs generaux, de neuf lieute- 
nants-generaux, de vingt-cinq lieutenants provin- 
ciaux, de Irente commissaires provinciaux, de deux 
cents commissaires ordii aires, d'un capitaine cou- 
ducleur general de Tartillerie et de douze capitaines 
conducteui*s. Plusieurs de ces officiei's avaienl des 
brevets de lieutenants -generaux, marechaux de 
camp et brigadiers des armees du roi. 

Le regiment Royal-Arlillerie comptait quatre ba- 
taillons, uniformement composes d'une compagnie 
d'ouvriers, toujours commaiid6e par le premier 
capitaine du bataillon, de trois compagnies de ca- 
nonniers el de quatre compagnies simples. II y 
avail, en outre, quatre compagnies de canonniers 
s6parees du regiment, line 5* compagnie, lev6e en 
juin 1705 en Espagne, el qui correspondait au 5* ba- 
taillon, avail ^.16 licenci6e a la paix. 

Chaque compagnie d'ouvriers elait compos6e d'un 
capitaine, deux lieutenants, deux sous-lieutenants, 
quatre sergents, quatre caporaux, sept anspessade^. 
soixanle-treizo ouvriers et deux tambours. Les com 
pagnies de canonniers (;t les compagnies simples 



D£ l'aNCIENNE INFANTERIE FRANgAISE. 201 

coniprenaient chacune un capitaine, un lieutenant, 
un sous-lieutenant, deux sergents, trois caporaux, 
trois anspessades, trente-six canonniers ou fusiliers 
et un tambour. 

Royal-Bombardiers comptait, depuis le raois de 
fevrier 1 706, deux bataillons, chacun de treize com- 
pagnies de 50 hommes. 

Le nombre des compagnies de mincurs s'elevait 
a quatre. A la compagnie LeGoulon, levee en 1679 
et qui apparlenait depuis 1699 a M. de Valli6re, 
etait venue s'ajouler, en 1693, la compagnie Esprit, 
devenue Francard; puis la compagnie de Vesgrigny, 
levee des 1673 comme compagnie Tranche, raais 
admise seulement en novembre 1705 danslesrangs 
de Tartillerie; enfin une compagnie formee en mai 
1706 pour le siege de Turin, et devenue en 1712 
la propriety deM.de Lorme. L'effeclif de ces com- 
pagnies variait de 60 ti 120 hommes. 

A la suite de ces troupes, marchait une compa- 
gnie de 200 canonniers, levee, le 1" juin 1702, 
par M. Ferrand d'Escossay pour la defense des c6tes 
de rOcean. 

Une ordonnance royale , longtemps meditee par 
le conseil sqperieur de la guerre, et publiee par le 
regent le 5 fevrier 1720, reunit toutes ces troupes 
en un seul corps, qui garda le nom de Regiment 
royal de rartillerie. 

En consequence de cette ordonnance, les quatre 
bataillons de Royal-Artillcrie , les deux de Royal- 



Bcmibardiers, les quatre compa^ie^ s^pardes d«^ cmk 
nonniers de WarviiK, Thibaut, Latx et G^tuxsolles, 
tes quatre compagnies de mineuf*s de VaUi^re^ Da*^ 
bin, de Lorme et Voislin, la compagnie de oaooD- 
triers des edtes de rOcean^ eommandte parle ci{)i- 
taine La Roche- Ay men ^ et trois ouvriers foupHis 
par chacun desbataiilons de I'infentevie, fufentrdiniis 
a Yienne en Dauphin^ vers le milieu du mok de 
ftvrier 1720. Le lieutenant -g^n^rat marquis de 
Broglie arriva le 24. Lelendemain, apr^ la pevue 
des troupes, il r^unit les chefs de corps et leur an-^ 
HOfi^a que Tintention du roi 6tait de former eiiiq 
bataillons de huit compagnies de 100 hommescha-^ 
eune; que chaque bataillon aurait un ^tat-major 
compose d'un lieutenant * colonel commandant, 
(Tun major, d'un aide -major, d'un aumdnier et 
d*un chirurgien-major ; que Tensemble de ces cinq 
bataillons continuerait de forifler le regiment Royai 
del'artillene, dontle commandeinentsup^rieur serait 
donnc k un marechal de camp inspecteur, et qu*il 
continuerait de garder son rang dans I'infanterie 
et sesdrapeaux. M. de Valliere tut a Tinstant declare 
inspecteur, et MM. Pijart, de Certemont, de Thori- 
gny, de Proisy el de Romilley furent nomm^lieute^ 
nanls-colonels des cinq bataillons. Tous les autres 
officiers furent en meme temp^ clai^ste suivant l^ir 
rang d'anciennete, en plagant le plus ancien €api«- 
taine au V' bataillon, le deuxi^me au 2** bataillon et 
ainsi de suite. Le mSme jour, on mit toutes les 



DE l'aNGIENNE inrANVBRlE FRANCAISE. 20SI 

troupes en bataiUe, e( You en cetnposa quarante 

lo(6 aussi ^ux que possible, qui furen t tir^srau sort par 
lies quarante eapitaines (1). 

Cbaque cotnpagnie fut composee d'un capilaine 
en premier, un capitaine en second, deux lieute^ 
nanfs, deux sous-lieutenants, cpiatre sergents, qua^ 



(1) Voici quelle fat la composition des ciuq batailloas : 

1"bataillon. 

Umtmani-cohnel : Pijart. 

Capitaines : Maraage, Marans, Beauvoir, Gas^aud , De)»coulures , 

Richecourt , Maraus. 
Jlo/ar : Breande. 

2* BATAILLOlf. 

LifiUwnant'Colonel : Certemont. 

CapitMnes : Courcelles, Valanceau , Basigny, Truchet, Lambert^ 

Sigoac » du Contant. 
Major : Parfait. 

3® BATAILLON. 

Ueutenant-colonel : Thorigny. 

Capitaines ; VilTas, Marsay, Gliachamps, Miegetuont, Chaumaiice* 

Gaudechart, Voislin. 
Mqjar : Dartigues. 

4« BATAILLON. 

Ueutenant-^olonel ; Proisy. 

Capitaines : Rnganne, H^lyot, Haute-maison, Thieulin, Dostalis, 

Lucas, Fontanges. 
Major : La Borie. 

5* BATAILLON. 

Ueutenant-colonel : Romilley. 

CapUaines : Torpaoe, Vareix,LaBachelleiit', PuiDbecque,Fontealiy, 

Figeac , Falquet. 
Major ; LaPerelic. 



204 HISTOIRE 

tre caporaux , quatre anspessades , deux cadets , 
deux tambours et quatre-vingt-quatre soldals. l^a, 
compagnie se subdivisait en trois escouades. La pre- 
miere, qui 6tait double, renferraait des canonniers 
et des bombardiers; la deuxieme etait forraee de 
mineurs et de sapeurs, et la troisieme d'ouvriers en 
bois et en fer. II n'y eul plus de fusiliers ; le corps 
ne compta plus dans ses rangs que des hommes spe- 
ciaux, des artilleurs. 

Les bataillons durent 6tre independants Tun de 
Tautre, tout en restant reunis sous le nom coUectif 
de Royal-Artillerie, cl, comme marque de cette in- 
dependance, chaque bataillon eutson drapeau blanc. 
Les drapeaux d'ordon nance furent partages entre 
eux. 

Ces cinq bataillons, qui roulerent pour la pr6- 
seance suivant le rang d'anciennete de leurs lieute- 
nants-colonels, sont dovenus par la suite les cinq 
premiers regiments d'artillerie. Avant dVntrer dans 
rhistoire particuliere de ces regiments, il est neces- 
saire de continuer I'exposition des modifications et 
des d6veloppements de Torganisation generate du 
corps jusqu'a la revolution. 

Un 6ditdu 22 mai 1722 decide que le lieutenant- 
colonel de chaque bataillon de Royal-Artillerie aura 
le rang de lieutenant du Grand maitre; les deux 
premiers capitaincs, celui de commissaires provin- 
ciaux; les autres capitaincs, celui de commissaires 
ordinaires; les lieutenants, celui de commissaires 



. DE l'aNCIENNE 1NFANTER1E FRAN^AISE. 205 

extraordiiiaires. Celle assimilation avail pour objet 
de faire disparaitre toutes causes de contestation 
entre les officiers de I'etat-major et ceux des batail- 
lons, les uns et les autres devant se regler d'apres la 
date de leurs brevets. 

Ce fut aussi cette ann6e que toute rartillerie prit 
definitivement Thabit bleu a distinctions rouges. 
Get uniforme fut iniit6 de celui de la compagnie des 
canonniers des c6tes de TOcean, qui avait produit 
un grand effet, et consista en un justaucorps bleu 
double d'ecarlate, avec les parements , la veste, la 
culotte et les bas egalernent de couleur ecarlate. Les 
boutons etaienl de metal dore. Les officiers por- 
taient, en outre, des boutonniferes d'or, et les bas- 
officiers les avaient en laine aurore. On prit aussi 
aux canonniers des cdtes de TOcean le fusil a garni- 
ture de cuivre. 

Le 25 juillet 1729, les ouvriers et les mineurs 
sont retir6s des bataillons de Royal-Artillerie. On 
forme cinq compagnies d'ouvriers de 40 hommes et 
cinq compagnies de mineurs de 50 hommes (1). Les 
ouvriers prennent le justaucorps gris de ler, double 
de bleu avec les manches en amadis, la veste gris de 
fer, et le mousqueton muni d'une longue et large 



(1) Les compagnies d'ouvriers furent donn^es k M.M. Le Cerf, 
Chevreau, Louslaud, Guille et du Brocard; les compagnies de 
mineurs eurent pour capitaines MM. de Lorme, Voislia, Larieux, 
Antoniazzi et La Fasse. 



206 iiiaToiRK 

haionnette. La$ minonrs recoivent un justaucorj)^ 
bleu doubl6 de rouge et uue veste gris de fer, et jsont 
arrays d'un fusil, d*un pistolct de ceinture et d'uo 
sabre recourb^. 

Les balaillons de Royal-Artillerie jrestent couipo&es 
-de hull compagaies de 70 homivies ; mais les profes- 
sions no sont plus melees dans chaque oompagnie ; 
il y a cinq compagnies de canonniers, une de sa- 
peurs et deux de bombardiers. 

En 1737, la composition de ces compagnies est 
ainsi r6gl6e : deux capitaines, deux lieutenants, 
deux sous-lieutenants ayant rang d'officiers poin- 
teurs, deux cadets, quatre sergents, quatre capo- 
rsux , quatre anspessades, dix-huit canonniers, sa- 
>peurs ou bombardiers, deux tambours, neuf ^ppnen- 
iis et vingt-sept fusiliers. Chaque bataillon doit afoir 
trois drapeaux, un drapeau blanc et deux d*ordon- 
fiance. 

Les compagnies sont port6es k \ 00 homines le 
30 sep4embre 1743, et, le 5 juillet 1747, chaque 
bataillon est augments d'une compagnie de bom- 
bardiers et d'une compagnie de canonniers. 

L'ordonnance du 8 decembre 1755 qui ^upprime 
ia charge de Grand maltre de TartiUerie (i), .qui 
place le corps sous Tautorit^ immediate du roi et 



{{) Le conite d'£u, demier Grand maltre, exor^ait en survWaace 
de son p6re le due du Maine, depuis le 12 mai 1710 II 6tait 
deTenu Grand maltre en litre le 49 mai 1736. 



DE l'anciknne infanterie fran^aise. ^7 

^pn r^unit les ingenieurs, sur lenr demande, au 
corps de Farlillerie^ ii'apporta aucune modification 
a Torganisation des troupes. Les officiers militaires 
de i'6tat-major de I'artillerie cessent de s'4{)peler 
eoii^missaires ei prenneal les denominations dfiis 
grades qu'iis possedent dans I'armee. Les inge- 
nieurs, qui de tout temps avaient compte dans Tiv- 
fimterie comme offieiers de compagnie on comme 
officiers r^formes a la suite des regiments^ qui, de- 
puis une viagtaine d'annees, etaient assimites aux 
•officiers de I'etat-major de Tartillerie, jouissant des 
mSmes privilqges et portant le merae uniforme 
qu'eux, n'avaient point de soldats et d^siraient en 
avoir; ils esperaient, en entrant dans le corps de 
rartillerie, se faire donner les compagnies de sa- 
,peurs et de raineurs, et obtenir ulterieurement la 
separation de ces compagnies. Ce projet n'eut point 
,p<«ur le moment tout le succes qu'on avait d6sir6. 
L'ordonoance du !•' decembre 1755 avait bien 
accorde aux ingenieurs la faculte de devenir offi- 
ciers de compagnies; mais celle du 5 mai 1758, 
pour couper court a des pretentions qui commen- 
^aieiit a se manifester trte-clairement , separa les 
deux corps, ^t les ingeaieurs retournerent dans les 
places. Nous citeronsde cette ordonnanoe.de s^pa- 
ra^Uon le^pt^ambule et les articles^ III et lY, qui xm- 
ferment tout cequ'il y a dUntcressant, et qui nom 
pau^aissent ei^prkuer itres-bien TeOet .produit par une 
experience de deux aos. 



208 HISTOIRE 

Voici ce pr^ambule el ces articles : « Sa Majeste 
s'6tanl fait representer I'etat des ing^nieurs destines 
a faire dans les places le service de la fortification, 
et ayant rentiarque que le nombre n'est pas suffisant 
pour reniplir convenablement une partie aussi es- 
sentielle de son service, Elle a, en consequence, or- 
donn6 et ordonne ce qui suit : Art. III. Les inge- 
nieurs qui ont et6 incorpor6s dans les bataillons du 
corps royal, en vertu de Tordon nance du 1"*' decem- 
bre 1755, quitteront les charges et empjlois qu'ils 
remplissoient dans les bataillons, et se rendront 
dans les residences qui leur sont assignees. — 
Art. IV. Les ingenieurs ne feront dans les places et 
dans les arinees que le service d'ingenieur; ils ne 
s'occuperontplusal'avenirdes details derartillerie. » 

Les ing6nieurs gagnerent cependaut quelque 
chose en quittant I'artillerie. Ils obtinrent les pa- 
remenls de velours noir, qui les distinguerent des 
artilleurs, et, ce qui etait beaucoup plus important, 
ils furent constitues a part et formerent un nouveau 
corps special, qui, grace a Tadmirable entente de ses 
officiers, a Tespril pers6verant de ses chefs, a une 
cerlaine manifere tres-habile de faire valoir les res- 
sources de sa science, prendra pen k peu, naais sur- 
tout pendant la p6riode r6volutioanaire, sous Tin- 
fluence toute-puissante de Carnot, un d6veloppe- 
ment considerable, hors de proportion peut-Stre 
avec les occasions de plus en plus rares que la stra- 
tegic naoderne pourra lui fournir. 



DB L^ANGIEFflfB llff AlfTEHlE FRAN(AISE. 200 

La guerre de Sept Ans, soutenue principalement 
contre l'arm6e prussienne, alors arriv6e k son plus 
haul point de splendeur, et qui poss^dait une artil- 
lerie admirablement organisee et servie, fut la cause 
de plusieurs augmentations considerables du corps 
royal. 

Le 1" Janvier 1757, on crea un 6* bataillon, qui 
fut form6 au moyen de 120 hommes fournis par 
chacun des cinq premiers. On organisa en m^me 
temps une 6* compagnie d'ouvriers ef une 6« compa- 
gnie de mineurs, qui correspondaient au 6" batail- 
lon. Les bataillon s comptaient a cette 6poque seize 
compagnies de 50 hommes. 

Le 1" Janvier 1759, les six bataillons de Royal- 
Artillerie prennent le nom de brigades. Ghaque bri- 
gade est compos6e d'un etat major, comprenant uH 
chef de brigade ayant le grade de brigadier des ar- 
mies du roi, un colonel, un lieulenant-colonel, un 
major, un aide-major, un sous-aide-major et un 
gargon-major, et de huit compagnies de 100 hom- 
mes, dont cinq de canonniers, une de sapeurs 
et deux de bombardiers. Ghaque compagnie est 
commandee par deux capitaines et quatre lieute- 
nants ou sous-lieutenants (1). 



(1) Le taltlenu ci-dcssous donne les noms dei chefs de ces bri- 
gades au moment de leur organisation. 

PRKMIERE BRIGAOe. 

Chef de brigade : de Mouy, — Colonel : de Saiat-Auban^ — JU#«i- 

■ItT. PB L*ANe. INFANTERIE FRANQAISB. T. Tl. 14 



%iO HlStOlHB 

Le 10, decembre d^ la m6nie annee, les corupd'* 
gnies de sapcurs sont retirees des brigades, et don- 
nj§ies^ £fvec Ics mineurs, au corps du genie. GettQ 
mesure n'est point sanctio.nn6e par TeJip^rieacfi ; 1^ 
sapeurs et les mineurs sopt rendus au bout d'ua ap. 
k 1 artillerie. Les compagnies d'ouvriers avaient 6t^ 
iqcorporees d^ns les bataillpns pour y remplacer les 
compagnies de sapeurs : les sapejjre ayaqf. rqpris 
l^urs places et les miDeurs ayant 6t6 p^^rtag^s entr/e 
les brigades, celles-ci se trouvent alor? suk le pied 
d^ di^ compagnies. 

Bn 1761^ le service du canon a hord des va^isr 
seaux est donnc aux officiers de 1^ marine royale^ 
et les d6bris de rancien. corps de rartjlleri.? d^ raa- 



tenant'Colonel : de Cli.achanip. 

DEUXIEME BRIGADE. 

Cfc«/ d^ brigade ; d'Invilliers, — Colonel : di? Greaiime, — Li^HU- 

^ fiknt'-iolohel : de Rns^y 

it..' ■ * . 

TROISIEME BRIGADE. 

4 1 . » - 

Chef de brigade : de Chabric'^ — Colonel : de Cosne, — Umtenani 
cohnel : Le buchat. 

QUATRIEME BRIGADE. 

Chef de brigade: de La Pell etc rie, — Colonel : de Br^andt, — Kmh 
tenant'Colonel : de Verlon. 

CINQUIEME BRIGADE. 

Chef de brigade : de Beausire, — Colonel : de Villierf, — Ueui^^ 
nant'Solonel : Vidnl. 

SIXIEME BRIGADE. 

Chef ds brigade : de Loyaut^, ^ Colonel : de Thiboutot, — Ueute' 
noHt'Colonel : Languimbert. 



. .•..■•• 



DE L^ANGIENNE INFA^^^A^ FRANQAISS. 211: 

rioe.soot reunis,. par oi:dopiiaQce du 5 novembre,. k, 
rartillgrie de terre. L'on en forme trois nouvelles^ 
brigades, specialement chargces de la defense dea 
cdt^. Cc5$ trois brigad(^s^ qui comptaient sept com- 
pagnies de canonniers et une de bombardiers^ fu-. 
re.nt, en conseqijience;, attachees aux ports de Brest, 
de Rochj^fort et de Toulon. La brigade de La Brosse,, 
qi^i 6tait k Rochefort, fut reform ee le 5 mars 1764; 
celjie de Morogues et celle de Missiessy, deyenuje. 
Sajnt-Julien, coniinuere.nt.de compter daijs le corps, 
royal jusqu'au 25 mars 1765 ; elles rentrerent alors. 
sous Tautoiiite du ministre de la marinoo 

Au mois de d6cembre 1761, chacune des six brir 
gades ordinaires ^e Royal-Artillerie avait 6te aug-» 
ment^e de deux compagnies de canonniers, ce qui 
les portait a douze compagnies. 

Le 8 d^ceipbre 1762, une nouvellq brigade avait 
et(6 form^e sous le titre d^ brigade des Colonies^ 
Cette formation correspondait a la mesure qui atta- 
chait \ingt-trois regiments d'infanterid au service 
des possessions d'outre-nier. 

Celte brigade quilta bientdt son titre, devenu 
pr^sque une derision, et prit rang k la suite des six 
aujlres, EUp fnt en meme temps port6e, de huitj, k 
dQwzjB compagnies, comine les brigades anciennes> 
paj* rajJjo%ction d'uuj^ cqmpagnie de bombardierS| 
ufle. de sapeurs,. u^e de mineurs et une d'ouvjriers 
creees k cet effet, 

Le 1 •' ju^illet 1 763 , les sept cpmpagnies de mineurs 



212 UISTOIRt 

sont retirees des brigades et sont r^unics k Verdun, 
oil une ecole est ^tablie pour leur instruction sp6- 
ciale, sous la direction de Gribeauval, nomm6 
inspecleur general et commandant du corps des 
mineurs. 

En 1765, par une ordonnancedat^edu 13 aoiit, les 
sept brigades de Royal-Artillerie furent converties 
en autant de regiments, chacun compose de vingt 
corapaguies formant , suivant les circonstances, deux 
bataillons de dix compagnies ou cinq brigades de' 
quatre compagnies. 

L'etat-major de chaque regiment comprit un 
colonel , un lieutenant-colonel , un major, cinq chefs 
de brigade , un aide-major , deux sous-aides-majors , 
un quartier-maitre, un tresorier, un chirurgien- 
major, un aumdnier et un tambour-major. Les 
compagnies curent un cadre compose d'un capitaine , 
deux lieutenants en premier, un lieutenant en 
second et un gar^on-major. Elles etaient partag^es 
en quatorze compagnies de canonniers, quatre de 
bombardiers et deux de sapeurs. Les sept compa- 
gnies d'ouvriers furent placees a la suite des regi- 
ments, mais ne compterent point dans les bataillons. 

Ces r6giments, dont Tensemble devait toujours 
s'appeler le regiment Royal-de-rArtillerie , prirent 
ies noms des 6coles de La F^re, Metz , Strasboui^, 
Grenoble, BesanQon, AuxonneetToul, ou ils etaient 
alors en garnison , et durent suivre Tanciennet^ de 
leurs colonels. Chacun deux eut ses drapeaux d'or- 



DE l'aNGIENNE INFANTERIE FRAN$AISE. 213 

donnance particuliers et uii drapeau-colonel pareil 
a celui qu'avait eu le regiment des Fusiliers du 
roi. 

Le costume des artilleurs 6tait h cette 6poque 
ainsi compost : 

Les regiments avaient Thatut bleu , avec le collet , 
les parements, la veste, la culotte et la doublure 
rouges. II y avait un bord^ rouge assez large sur le 
devalft de I'habit et sur les poches. Les boutons 
6taient jaunes et disposes de la manifere suivante : 
unrangde boutons 6galement espaces sur le devant 
de rhabit; deuxrangs, disposes de deux en deux, 
sur % devant de la \este ; six boutons sur les poches , 
trois sur le parement et trois sur chaque poche de 
la veste. Celte tenue 6tail compl6t6e par de trfes- 
petites epaulettes de laine jaune , un chapeau de 
feufre borded'or et uiie cocarde noire (1). 

Les ouvriers differaient des canonniers par un 
habit gris de fer a revers rouge et des boutonniferes 
jaunes a la veste. lis ne portaient pas d' epaulettes. 

Les raineurs portaient le m^me uniforme que les 
canonniers, a cela pr^s.qu'ils avaient la vesle et la 
culotte gris de fer. 



(i) Ce costume fut modiQ^, en 1774, par Tadoption des Epau- 
lettes, de la V sle et de la culotte bleues. Au moment de la revo- 
lution , la (enue de Tartillerie consistait en habit, revers, collet, 
veste, culotte et coiitre-Epaulettes de drap bleu; parements, dou- 
blure et passe-poil Ecarlate ; boutons jaunes. Les mineurs avaient 
r^paulette aurore. 



i)4 bistdiRB 

Ces friDupes re^urent en 1 772 le sabre droit k deux 
tranchatifs. 

L'ordonnance du 23 aoiil 1772 fit rentrer life 
cdmpagnies de mineurs daiis les regiments d^artil- 
lerie quise trouv^rent alors composes dc quslto^e 
ddrripiignies de canonniers, quatrede b'6ttibardiers, 
deiix de sapeurs , une de mineurs et une d'ouvriers, 
se formiant en deux bataillohs de dix coiiip'agriies oil 
en quatre brigades de cinq compaghifes, les ouvriers 
e! les tnineurs restant en dehors. La plupaft des 
^fesferiptioris de cette ordonnance, qui faisait stibir 
au corps des suppressions et des modificationi^rgA- 
gi'aVes , furent rapportees par Tordonnance du 3 6c- 
tbbre 1774, qui remit Royal- Artillerie surlepied 
de 1765. Les sept regiments furent formes a vingt 
compagnies, canonniers, bombardiers et sapeurs; 
les sept compagnies de mineurs et les compagties 
d'ouvriers port6es a neuf en demeurferent s^par^es. 

Par une itouvelle ordonnance du 3 novembre 1 776, 
la composition des troupes de Tartillerie se trouva 
r6glee a six compagnies de mineurs, neuf d'ouvriers 
et sept regiments de 20 compagnies r6p{irtieb- 6n 
cinq brigades. Deux de ces brigades etaienit f6rm6es 
de quatre compagnies de canonniers ; deux autres 
comprenaient trois compagnies de canonniers et 
une de sapeurs, la cinqui^me renfermait quatre 
compagnies de bombardiers. Toules ces compagnies 
6taientk71 hommes commandos par un capilaine, 
un lieutenant en premier , un lieutenant en sJecond 
et un lieutenant en troisi^me. 



DE L ANCIENNB INPANTBRIB FRAN^AISB. 215 

Le feglement du i" mars 1778^ conceniaDt i0s 
troupes provincialcs , attacha au corps de rartillerie 
les n'giments provinciauk de Chiloris, Verdun, 
Colmar, Valence, Dijoii, Auluii et Vesoul [i). Ces 
corps, composes de deux b'ataifldris de 710 liommes 
chacun , prirent les noms de ri&girpcrits provinciaiix 
d'artillerie de La F^re, Metz, Strasbourg, Grenolile^ 
BesanQoii, Auxonne et Tbul, furent places a \k t6te 



} r|, 



de toutes les troupes provinciales iet doubl^rent les 
rfegiriients royaux d'artillerie, ayec la destinalidii 
sp6ciale de servir les bouches a feu de campagne^. 

Cetle raosure conduit'a quelques ooservations qii'il 
est utile de consigner ici. 

Le nombre des regiments d'artillerie est double 
lout a coup au moment ou la France enlre dans la 
queretle des El its-Uns d'Amerique contre I' Anj^le^ 
lerre, et quand celle intervention pouvait fiaire 
craindre une guerre continentale. C'est uri aveu q^ue 
reffectif de rartillerie francaise s'etait trouv6 toiit 
a fail insuffisant dans la derni^re ffuerre, et que 

'6tre couverle par 

la dislribution faitc aux balaillons de Tinfanterie 

• ■ ■* ■ ■ ■ . . 

des pieces legeres, diles a la Rostaing. 

Le mauvais elat des finances el la difficult^ de 
convenir ouverlement qu'on est rest6 jusque-Ia si 



II i* \ • * V 



(\ ) Le mdine r^glement affecta, sous le litre de r^gimenU d*61al- 
major, cinq regimen's provmciaux ,au serrice du g^uie, pour tout 
ce qui conceroait r^tablitsemeDt des camps et les fortificationt 
de oampagne. 



216 HISTOIRB 

fort au-dessous de ce qui est n6cessaire , emp6chent 
de creer de nouveaux regiments d'artillerie ; mais 
on arrive assez habilement au mfime resultat, en 
Iransformant en artilleurs les hommcs de sept regi- 
ments provinciaux, ayantleurs quartiers d'assembl6e 
dans le voisinage des villes oii sont etablies les ^coles 
d'artillerie et oil i'on pent les appeler pour participer 
aux instructions des regiments du corps royal. 

Le bon esprit et la bravoure eprouv6e des regi- 
ments de Grenadiers-royaux donnaient d'ailleurs 
toute confiance dans I'utile parti que Ton pouvait 
tirer des troupes provinciates bien command6es, 
instruiteset placees sous I'influence du point d'hon- 
neur el de Tfemulation. 

On confiait aux regiments provinciaux Texfecution 
des bouches a feu de campagne qui exige, en effi t, 
raoins de theorie et de manoeuvres, et qui , d'ailleurs, 
avait et6 , dans les dernieres guerres , presque com- 
plelement abandonnee a Tinfanterie. 

Ce reglement consacrail au service special de 
Tartillerie quatorze regiments , exactement le nom- 
bre de ceux qui existent aujourd'hui , a\ec un effectif 
de paix de plus de 20,000 canonniers, conducteurs 
d'attelages non compris, c'est-a-dire plus qu'on 
n'en entretient aujourd'hui, et cela, en 1778, avanl 
les immenses changements que les guerres de la 
revolution etdeTempire ont amends dans la compo- 
sition et la tactique des armies (1). 

(1) Les regiments provinciaux d'artillerie port^rent le costume 



DB l'aNGIENNB INFANTERll FRAN^AISB. 217 

Pendant la guerre de Tindependance des Etats- 
Unis, les regiments d'arlillerie fournirent de noin- 
breux detachemients pour la defense des colonies 
et pour les operations dont les Antilles et le continent 
d'Amerique furent le thMtre. 

A la paix , le ministre de la marine , pour 6tre k 
Favenir le maitre dans son departement, revint a Tid^e 
qui avail deja prevalu un instant, apr^s la guerre 
de Sept Ans, et fit creer, par ordonnanc^ du 24 octo- 
bre 1784, un regiment d'artillerie des Colonies et 
trois compagnies d'ouvriers. 

L'Assembl6e nationale, parsondecretdu2d6cera- 
bre 1790, fixa la composition des troupes du corps 
de Tartillerie a sept regiments de canonniers , six 
compagnies de mineurs et dix compagnies d'ouvriers, 
non compris huit compagnies de canonniers invalides 
et les compagnies de canonniers garde-c6tes distri- 
butes sur les frontieres maritimes. Les compagnies 
de sapeurs furent transformees en compagnies de 
canonniers, et pendant trois ans, il n'y eut plus de 
sapeurs en France. 

Chaque regiment fut forme de deux bataillons de 
dix compagnies qui se partagferent en deui divisions 
de cinq compagnies. Chaque compagnie fut com- 

posee, au pied de paix, de quatre officiers, deux 

— . — , ■' 

de toutes les troupes provinciales, blanc a^ec le collet et les pare- 
ments bleu de roi, et boutoos blancs. Ges boutons ^taient timbres 
d'uD canou et du num^ro que ces regiments aYaient eutre eux. Les 
boutons des r^gimeuts d'^tat-major reproduisaieut eu blaac le 
dessin des boutons du corps du g^ni^ 



218 HiSToms 

capitaines et deux lieutenants , et de cinqiiante-cinq 
sous-officiers et soldats. L'6tat-major d'un regiment 
comprenait un colonel, six lieutenants-colonols , iiii 
quartier-maitre lr6sorier, deux adjudants-thajors, 
un aum6nier, un chirurgieri-mdjor, qualre adju- 
dants, uu tambour-major , uii capbniMam'bour, 
huit musiciens et trois maitrrs-buvriers , tailleur, 
armurier et cordonnier. 

Lescompagniesdemineurs coniptcrent 63 nbrntHes 
de troupe ; celles d'ouvriers eureut la m^me com- 
position que les compaj^nies de canorihiere. 

Le !«' Janvier 1791, les regiments d'artiilerie 
cess^rent de porter les noms des 6coles et de roiiler 
entre eux suivant ranciennete de leurs colonels. On 
leur donna dies numeros qui rappelaient leur an- 
ciennet6 rdelle, en se basant sur rorganisatioh dii 

5 ffevrier 1720. Lc corps royal continua de compter 

f 

parmi les rcgimtmls d'infanterie i son rang de crea- 
tion, mais sans numero (1). 

Le 27 aout 1792, le regiment d'artillerie des 
Colonies et les trois conipagnies d'ouvriers qui liii 
6taient attachees, sent reanis a rartillerie de terre, 
qui compte des lors huit regiments de canonniers a 
pied , douze compagnies d'ouvriers, six compagnies 



(i) Le regiment des Fusilieru du roi, a s;i creation en 167^, 
aTnit eu U? n.iin^ro 51. A la r6orgauisation de 1693, Royal-Arlille- 
rie <^tait moi)l6 nu 46*" raog. Les d^doublements de 1775 el 1776 le 
reculferent au 53* el au Ci*. En 1790, aprfes le licencicment du re- 
giment du Roi, il eul le uutti^ro 63. 



DE L^ANGIENNE INFANTERIE FRAN(A18E. 2l9 

de mirieiirs et iieuf compagnies de canonniers a 
ciieval, nouvellement creees. 

L'apparition de Tartillerie a cheval est Utt fait 
immense. C'est la revolulibn passant slir les vieilles 
iriisiitutiori^ railitaires de la France ; c*est l'6tti2lnci- 
pation de Fartillerie , qtiicesse d'etre ufte fractibn 
siibordonii^e et ehtrav^b de Knfanterie ()6tir s'elever 
ail rang d^arme ind6p6iidante et Hbre de ^^s mouve- 
ments et ae ses pfrogres. Ce fait , qui s'est produit 
daiis la derriiferie aiin^b (ie la Hidtiarchie , k aprts 
leqiidle rfe'gim'enl KoYal-AHiflierie , si bizflirremenf 
organist et place aid ibilieti des regiments de Titifan- 
terie , devaii necessaife'ment changer de position et 
(le forme, merits '(Tfitre examine dans ises c^use^ et 
dans ses effets. 

Ju^qu'^ lagiiferre de Sfeipt Ans, rarlillerie, il feiit 
le dire , n'avait le plus souVent J6u6 sur Ife cframp de 
bataille qu'un r6le s^coriidaire. Oh salt qu'k Foti- 
tenoy , en 1 745, la colonne a'Agfais^ s'6tairit gr6sehf6e 
pbiir falire une trouee daii^ Tarnifee frian^ise, sur un 
point oil il n'y avait point de canon , nul ne songea 
a en aller cherchei*. Les bataillbns , fes fecadroris se 
ruerent les uns aprfes les aiitres, sur cette ih&isse 
redoutable , sans pouvoir r^briitiiler. Aii ra6theht oil 
tout serablait perdu , un jeiine offider du i:6ginient 
de Touraine 6mit tout has ravis qu Vn pouri*ait ^ssayer 
de I'effet de (Juatre pieces de qiiatre qui Staien't \k , 
sous la main ; le ducde Richelieu s'enipai*ade Tid^e, 
fit avancer ces qukfri^ pifeeies , fe fit pbinfer suir la 



220 HiSTOlRB 

tfite de lacolonne, et la bataille fut gagnec, et tout le 
moiide louva I' idee de M. de Richelieu aussi heu- 
reuse qu'extraordinaire. 

La strategie avait, en effet, jusque-la consists 
surtout a prendre et h d^fendre des places fortes. 
Quand on ne faisait point de si6ges, les arniees 
cherchaient a s'elablir dans une province fertile 
et a y vivre aux depens de Tennemi , en s'entourant 
delignesi et de redoules. La guerre se reduisait en ce 
cas a des expeditions de troupes legeres, ayantpour 
but de se procurer des fourrages et des \ivres, et de 
frapper de contributions les cantons voisins des 
quartiers de Tarmee. Ces expeditions donnaient lieu 
k des combats oil figurait rarement de Tartillerie. 
Les batailles elaient amcnees par le desir d'un gene- 
ral de chasser son adversaire de ses quartiers, ou par 
la rencontre de deux armies au moment oil Tune 
d'elles , apres avoir epuise le pays sur lequel elle 
vivait , cherchait a se transporter sur un autre. 

Dans les deux cas , la bataille se pr^parait plusieui's 
jours a I'avance. Chacun des deux partis s'efforgait, 
par des marches et des contre-marches , de s'assurer 
Tavantage d'une bonne position ; lorsqu'il croyait 
avoir trouv6 un terrain convenable, il s'y fortifiait 
rapidement par des ouvrages de campagne arm6s de 
canons, et la bataille n'avait lieu qu'autant qu'un des 
deux generaux , se sentant une superiority marquee, 
ou plus hardi , sortait de ses lignes pour attaquer 
son adversaire dans les siennes: c'est-^-dire qu'une 









DB L^ANGIENNE INFANTBRIB FRAN^AISB* 221 

bataille n'elait en realile qu'une cspece de siege. 

Tant que dura celle methode de faire la guerre , 
on n'6prouva point le besoin d'alleger le lourd mate- 
riel de Louis XIV. Des charretiers leves par des 
entrepreneurs, ou des paysans mis en requisition avec 
leurs chevaux de labour , places les uns el les autres 
sous la direction de quelques officiers sp6ciaux, 
amenaient les bouches a feu dans la position qu'elles 
devaient occuper , el cette position rcstait invariable, 
ou pen s'en faut, pendant toute la duree de Tac- 
tion. 

L'experience de la guerre de la succession d'Au- 
triche , duiis larjuelle notre arm6e avait ete en contact 
avec les armees allemandes, qui commengaient a se 
ressentir de Tinfluence du genie de Frederic, donna 
lieu . pour la premiere fois , aux generaux fran^ais de 
remarquer que ce qui avait ete bon sous Louis XIV, 
n'etait plus suffisant au milieu du xvni® sifecle, et Ton 
chercha pendant les annees de paix qui preced^rent la 
guerre de Sept Ans, a apporter quelques modifications 
dans Torganisation de rartillerie et dans son emploi. 

Le besoin de multiplier les bouches a feu dans les 
armees et d'appu^er les manoeuvres de Tinfanterie 
par un materiel qui fut en etat de la suivre, cqn- 
duisit a un expedient , souvent renouvele depuis 
et loujours sans succes, on introduisit Tusage des 
pieces debataillon. 

Un canon dequatre, dit a la su6doise ou k la 
Roslaing, fut donne k chaque bataillon d'infanterie. 



2^ HISTOIRE 

La condiiite et le service de cetle piece fureqt coqjQi?^, 
a quinze soldats choisis parmi \es plus intelligenis. 
On peut dire que c'est \k I'origine de rarljUerie 4e 
bataille ou de campagne (1). 

Ainsi , pendant la guerre de Sept Aps., rai^Uilavi^^ 
des armees se composa de deux parties, bien difr 
tinctes. 

G'etait d'une part, les pieces de bataillpn.,. auss^ 
l^geres, aussi mobiles que le permettait alor& I'^W 
du materiel et des moyens d'attelage ; mai§ , d'un 
calibre pen efficace , dispersees sur toute Tetendii^ 
de I'armee, ne se prMant en aucune fa^oo aux 
reunions par masses, difficiles a r6approvisionfl.er 
et servies sans direction , pav de& hpinmes cbfiz 
lesquels le courage et la bonne volontc ne pouvaienjt 
pas suppleer a lout ce qui leur manqu^it sou^.le 
rapport de la science et de la pratique. 

D'autre part, il y avait les brigades du corps royal 
continuant a servir les batteries de posiUon et les, 
bouches ^ feu de gros calibre qu'on employ^t encore 
en rase campagne; artiUeriQ immobile, trouvant. 
parfois Toccasion de faire de grands ravages, dans 
les rangs ennemis, maisi le plu^soM.vent r^dui^e k, 
Timpuissance par I'imprevu et la.rapi4ite d'ex6cutioD 
des combinaisons. strategiquei^d.^ I9. nouvelle ^If. 
pDussienne. 

(1) Le mar^chal de Saxe avait d6jk eu cette id^e dans la guerre 
pr6c6dente. II FnTait in^me appliqu^e, mais^n'^tnit point parvenu 
k U faire adopter. 



tB L^ANGlENNtE INFANTERIE FRANCAlll. 293^ 

Les causes des revers de Tarm^e fran^ise , dans 
cette guerre , sont nombreuses ; mais il est hors de 
doute que rinf^riorite de son artillerie, sous le 
rapport du materiel et de I'organisation , y a eu une 
pa^ considerable. 

A la paix y les pieces de bataillon ^ qui n'avaient 
pas r^is^ tout le bien qu'on en avait esper6 , furent 
supprim^es et Ton songea s6rieusement k corriger 
ce qu'il y avait de vicieux dans I'^tat de Tartillerie; 
mais, comme toujours, on perdit son temps en vaines 
disputes. Les officiers du corps royal se partag^rent 
en deux camps. Ceux qui avaient vieilli dans le 
metier , et qui tenaient h ne point Mre deranges dans 
leurs habitudes ; ceux aussi qui ne se souciaient point 
de voir mettre au rebut ce qu'ils connaissaient et 
d'fetre contraints k apprendre ce qu'ils ne savaient 
pas , se d^clar^rent les partisans exclusifs du vieux 
syst^meet, usantd'un moyen ineple qui a cependant 
toujours quelque succte , ils allfeguerent que c'6tait 
avec ce vieux systfeme qu'on avait gagn6 les batailles 
de Fontenoy et de Lawfeld, et meme celles d'Haastem- 
beck et de Bergen dans la dernifere guerre. 

Les esprits ardeuts, au contraire, humili^s des 
malheurs qui venaient d'accabler la patrie , cher- 
cbaientAexpliquer le bonheur des armes du roi de 
Prusse par la perfection des institutions militaires de 
ce prince et voulaient tout changer. 

Cette discussion , qui dura quinze ans, se termina 
pourtant, comme cela devait 6tre, dans le sent du 



224 UISTOIRK 

progres. Le general Gribeauval , qui avail longtemps 
servi en Autriche et qui avail pu etudier a fond les 
systemes d'arlillerie des principales puissances de 
TEurope, finit par faire adopter un nouveau mate- 
riel J doue d'une mobilite beaucoup plus grandeque 
celle dont le systeme de Yalliere ^tait susceptible, 
mais il ne put rien obtenir pour le personnel. It 
faut des revolutions pour oser porter la main sur 
r6tat et les interets des hommes. 

Les batteries 7 attelees et conduites comme aupa- 
ravant par des charretiers et des chevaux de requi- 
sition , purent passer partout , mais au pas .^ quoique 
la construction des nouvelles voitures permit tomes 
les allures. Sur les champs de bataille, ellesne furent 
plus embarrassees pour se mouvoir , pour executer 
quelques evolutions a courte distance, au pas de 
course des canonniers, mais la necessity d'attendre 
ceux-ci devait imposer aux gen6raux robligatiori de 
n'entreprcndre de semblables mano3uvres qu'avec 
beaucoiip de circonspection. 

Tel etait I'etat de Tartillerie de campagne au mo- 
ment de la revolution. Le materiel etait bon et 
pouvait se prdtor aux evolutions rapides. Quant au 
personnel , il etait en arri^re ; il ne pouvait pas alter 
aussi vite queses pieces; peut-6tre mdme pourrait- 
on dire qu'il n'exislait pas, car les vieux ofliciers 
d'artillerie avaient prefer^ conserver le service des 
grosses benches h feu ; ils avaient , chose qui paratt 
aujourd'hui incomprehensible y abandonne Texecu- 



DE l'ancienne infanterie francaisb. 225 

cution du canon de bataille aux rfegiments provin- 
ciaux, qui furent licenci6s le 20^tembre 1789 et 
dont les hommes all^rent servir les pieces de bataii- 
lon donnees aux volontaires dc la garde nationale. 

Lesjeunesofficiers, que la revolution et I'emigra- 
tion placerent tout d'un coup a la t6te de Tartillerie, 
reconnurent , m6me avant le commencement de la 
guerre, ce quileur manquaif. 

La Fayette , qui avait assiste en 1 785 aux manoeu- 
vres du camp de Silesie , avait rendu populaire parmi 
eux I'idee de I'artillerie volante , adOpt^e en Prusse 
en 1759. On voulut avoir de Tartillerie volante. Un 
decrel du 28 septembre 1791 recommanda cette 
idee au ministre de la guerre, et, le 1 1 Janvier 1792, 
Narbonne proposa la lev6e immediate de deux com- 
pagnies. Organisees aussit6t a Metz par le general 
Mathieu Dumas, les compagnies des capitaines 
Chanteclair et Barrois furent attachees, la pre- 
miere k Tarmee de Liickner , la seconde a celle de 
La Fayette , et exciterent aussit6t Tenthousiasme , 
tant les id6es justes sont facilement comprises. 
Tons les generaux voulurent en avoir, et un nouveau 
decret du 17 avril en porta le nombre a neuf (1). La 
guerre en fit bientdt surgir une quarantaine. 

(\) Le d6cret du 17 avril fut vol6 d'urgence. Son article XIV 
^tait aiDsi codqu : « Le present decret sera port6 dans le jour k la 
sanction du roi ». 

Les deux premiers regiments earent chacun deux compagnies k 
cheTal. Les cinq autres en eurent chacun une. 

HIST. DE i/ANC. infanterie PRANQAISE. T. TI. i5 



226 msToiBE 

Cette nouvelleartiUeriOy dool la plupart des c^pj'* 
taines se fircnt des reputations d'arm^ , mit bors 
de discussion rimportance du rdle que 1^ c^nQ^ ^t 
appele k jouer dans les batailles. Quelques ann^ 
plus tard y elle devait assurer son action en tons 
temps et en tous lieux, en r<Bnipla9ant le^ att^la^ 
ges de requisition par un corps iDilitaire, qui , sqi^ 
le nom de train d'artillerie , fut attache s^ux poitt-^ 
pagnies de canonniers et charge ei^clusiv^Qi^nt de 
la conduite des voitures , sous les ordres dit c^pitaiqe 
d'artillerie (1). 

Pendant que I'artillerie a cheval , r^pondant enfiq 
aux necessites de la nouvelle strategic ^ utilisait la 
mobility du materiel de campagne et etablissait yne 
sp^cialite nouvelle pour le service des avant-gardes, 
des divisions de cavalerie et de ces grandes reserves 
que le general en chef lance , au moment critique 
des batailles , sur le point ou va se decider racticai , 
I'ancienne artillerie a pied conservait le r61e qui lui 
appartenait, et ses compagnies etaient attach^esaui 
divisions d'infanterie de ligne , aux reserves de gros 
calibre et au service des pares de si^ge. Elle aus^ 
trouva dans les attelages du train les moye^s de 
marcher , sinon vite , du moins longtemps. 

G'est cette artillerie , partagee en artillerie k pied , 
artillerie a cheval et train d'artillerie , qui , pendant 



(1) Le train d^artiUerie n ^t<^ cr66 par unarr£t6 des Consuls du 2 
janTieriSOO. 



DE i/aNCIENNE mPAWtERIE FRAN^AISE. 227 

les grander j^iterres de I'^tnpire a ^tiffi 4 touS les 
besoins, en tirant du materiel Gribeduval ce qu'il 
pouvait donner. 

La loi du 1 8 flor*6al an IH avait fiid la CdWpo*i- 
tion des troupes de rartillerie cotniiid il suitt httit 
rfegimetit^ d'artillerie k pied de Tingt campagrtfe* 
chacitn ; huit ir^gimente d*artilleHe a chevai de ri* 
compagnies ; douze cdtiipagtties d'ouvriet*s 6t tiii 
bataillon de pontonniers de hull compagrtfeSi 

Le corps du genie avail reussi a se faire donner 
les mineurs le 15 d6cenibr^ lf&3. Un d6cret du 
m6me jour avail cree pour lui douze balaillonsde 
sapeurs. 

Cette loi du i 8 floreal an III correspond au mo- 
ment oil Tancienne infanlerie d6sorganisee disparatt 
dans un amalgame general avec les bdtaiflons de 
volonlaires nalionaux. Le corps de l^artillerie , rest6 
seul debout parmi loutes ces mines, seul siirvivant 
de ces vieux regiments de Louis XIV au milieu 
desquels il avail marchejusque-Ia , prit logiquement, 
sans contestations 5 parson droit d*anci^nnet6 et eH 
vertu des usages constamment suivis^ la t^te de la 
nouvelle infanterie el par consequent de I'armde^ 
La decision ministerielle du 16 brurdaire atl VI, (|ui 
regla le rang des troupes dans Tordre suivani: 
artillerie , g6nie ^ infanterie et cavaleirie , n'a fait, 
du moins en ce qui ccmcerne TartiHerie , ^tie constfl* 
ter un fait et rappeler un droit (1). 

(i) L'infaDterie, enr^giment^e auxvi^ dUcI^r, ^tttlt tQtkJ6\in tvtU 



228 HISTOIUE 

Nous arretons ici rexposition des fails generaux 
qui se rattachent h Torganisalion et a Thistoire du 
regiment Royal-de-rArtillcrie. Aller plus loin , ce 
serait sortir du cadre dans lequel nous nous sommes 
renferm6 jusqu'a present, ce serait sortir de This- 
toire de I'ancienne infanterie. 11 nous reste k dire 
quelques mots de la vie des huit regiments , dont se 
composait le corps dans les derniers moments de la 
monarchic. 

• 

RIgIHENT Dfi U FltRI. 

!•' REGIMENT d'aRTILLERIE. 
LIEUTENANTS-COLONELS, CHEFS DE BRIGADE ET COLONELS. 

1. PIJART (N.), 25 f6vrier 1720. 

2. DE TORPANE (N.), 25 septcmbre i733. 

3. Marquis de VAREIX (Joseph de La Capelle-MarJTal), 24 Jan- 
vier 1740. 



passur la cavalerie enregimenl^e auxvii*. Les soixante-deux regi- 
ments d^infanterie qui pr^c^daient Royal-ArtilleriedisparaissanUce 
corps restait le plus ancien de France. Les choses avaicnt loujour:! 
6^6interpr6teesd'apr^sceprincipe. Quand un regiment disparai<(sait, 
tous ceux qui le suivaient avan^aient d^uu rang; les d^doublemeDis \l 
des Tieux corps en 1775 et 1776 firent reculer toule la gauche de ' ' 
IMnfanterie. Les sept regiments proYinciaux, attaches en 1778 k 
rartillerie, eurent le pas sur tous les aulres regiments provinciaux, 
parce quMls appartenaient a Tartillerie plus ancienne que Tinslitu- 
tion des troupes proYinci ales. Ces troupes proYinciales elles-mdmes 
aYaient le pas sur tous les regiments lev^s par Louis XV, parce qut 
Icur creation remoutail h 1719. 



DE l'aNCIENNE INFANTERIE FRAWgAISE. 229 

4. DE SAINT-CLAIR (N. de LMsle), 30 mars 1748. 

5. DE CHABRIE (Raymond), 28 Janvier 1753. 

6. DE LOYAUTE (Arnould), 1" Janvier 1759. 

7. DE SAINT-AUBAN (Antoine Baratlier), 7 mars 1761. 

8. Marquis de THIBOUTOT (Jean Uon), 15 octobre 1765. 

9. DU TEiL (Jean Pierre), 1*^ Janvier 1777. 

10. D'HfiLYOT (Jacques Antoine Ch6nard), 3 juin 1779. 

11. Chevalier de LANCE (Louis C6sar de Cheverzy), 5 juin 1784. 

12. DE SAPPEL (Pierre Abel), 9 mars 1788. 

13. QUINTIN (Joseph), 1" novembre 1792. 

On a vu qu'a rorganisation du 5 f^vrier 1720, le 
nouveaii l^^ bataillon de Royal-Artillerie etait echu 
en partage au lieutenanl-colonelPijart. Ce bataillon, 
aussitot apres sa formation , se rendit a Metz oil il 
demeura jiisqu'a la guerre de la succession \4fe 
Pologne. En 1733, il portait le nora deTorpape et 
fournit un detachement de 200 horames k rarm6e 
d'Allemagne. Le reste se rendit en Italie. A la paix , 
il fut mis en garnison a Grenoble, et, en 1739, il 
cnvoya une compagnie en Corse. 

Le bataillon, devenu Vareix, servit encore en Italic 
et sur les Alpes pendant la guerre de la succession 
d'Autriche et prit une part distingu6e a la celebre 
defense de G6nes. Donne en 1748 k M. de Saint- 
Clair, il fut alors envoye en garnison a La Fere, d'oii 
il se rendit a Besangon en 1752, 

Au debut de la guerre de Sept Ans, sous le nom 
de bataillon de Chabrie, ilfail partie de I'expedition 
de Minorque et s'acquiert une gloire immortelle 



230 wsioi|t& 

au si6ge de Mahon« Ses pertes y fureot inorioetu Le 
capitaine dii Pinay, les lieutenants Btttot, M^felae, 
Chaband , Verrier , Capriol de P^chassaut et du 6ra- 
vicr, les cadets Mery et de Rozan , y fiirent tu& ou 
mortellement bless6s. Le capitaine Douville, I'aidc- 
major Isarn et huit lieutenants y furent , en outre, 
plus ou moins grifevcment blesses, Un canonnier, 
qui eut le bras droit eraport6 au mojaaeat. oil il 
mcttait le feu a une piece , rartiassa tratnefuiUeweBt 
son boute-feu dela main gauche, envoya un boulet 
a I'eiihaeiiQi et dit apres : « Gesigeixsrl^ croyaienl d^nc 
qfxe je n'avais qu'uD bra3. » 

Apres Ventiere conqu^te^ de Minorque,; le batatUon, 
laissant k Mahon ua d6lachement qui y deiaeupa 
jusqu'i la paix, revint en France^ et fut bientiM 
dixig^ S.UT lie Rhin. II fit les campagaes sitivaviteSi a 
rarmeedumarechaldaSoiiibise. Ilprit, le l*'jaxiiYier 
1759, le litre de brigade de.Loyaute, du nom de son 
chef. En 1761 , cette brigade , devenue Saint-Auban, 
etuit attach6e au corps d'avant-garde command^ 
par le prince de Conde , et sc distingua a raifaire 
d'Unna et au siege de Meppenl Le chef de brigade 
Saiat-Auban etle capitaine La Roche Valentin furent 
nomm^s, le premier, marechal de camp, et le 
second, Heutenant-colonel , pour leur brillante con- 
duite de\ant Meppcn. Le lieutenant Grosbois fut 
grievement blesse par un boulet le 25 aout 1762 
dans une des aifaires (]ni prec6d(*renl le combat 
du Johannisbeiig,. 



DE l'aNGIENNE INFANTERIE FRAN^AISE. 23f 

I^^qtr^ Ift parx ftrt faite, h brigade? faf envoyec a 
GreWoble, ct en mars ilSS, ellcf tint k La Ffere. 
L'anhfeesiiivante, elle dev€fnfaitl6i'%iirientd6 La Fere, 
qui gftfdd les: drapeiux d'drdcrtfttttnce d6 Royal- 
Artillerie. 

Ce regiment se rendit k Douai en oCtobre 1767, 
a BefsanQon en septembre 1 769 , retint k Douai eh 
f&vrier 1771, fut k Metz 6ti ^ptfembre 1775 et 
dStadia en avril 1778 son l«^bataill6iiif)urikerque, 
pour la defense des c6tes. Le 1* blttdiiloh quitta 
aussi Melzeii 1779 pour venlr ^6falblfr k La Ffere, 
et le 1*' contiiitfa de fafire ][)aTtTe du corps du comte 
de Chftbof, chargfe de g^der les c6teS septentrio- 
nale^ de la Frtoce. La position du reginten't 6tait 
1^ m^rrie Cftt 1 780 , sauf que ie if" bafarftoTi avail 
d6tach6^ quatre compa^nies a FAcole de' Douai. L'an- 
riee suivairtc^, le i^' baftailfon k^U af Metz d h 2« k 
Strasfbourg. Celui-ci se rendit si! fe* fet de 1 782 k La 
Rochetle. Au 1"" Janvier 178^, fecofpfe^^tarfi Valence 
et avail deux cotWpagnies en Cors6. Le 1" septem- 
bre 1785, ilrcQut dans sesrangs Napoleon Bonap^ftfe, 
class* lieutenant eftsecortd dfe !a* 66Aipa:gnie de 
bombardiei's dtf capi-faiiie Dstottime. Le r6gifti'enf se 
rendit a Douai 6n octobre f 786'etdfel&^ Atrxontie, en 
1787; it y fut rejoint par tes dieux cottit)agnies 
rretach6es en Corse. En f 78§ , lerfigimemdeT^dP^re 
fat a=ppel6 aux envifons de Paris et fit, pendant qiiel- 
qties jours, partie du camp rfe Saint-Dfeiiis. Rentre k 
Auxonne au mois d'aoiit, il detneur^ dtfflS'Cette ville 



^.v 










232 EIISTOIRE 

jusqu'en mail 792 ctfutalorsaMetz. Und^tachement, 
(lirige vers la mfime epoque sur Perpignan , m^rita 
Icspjoges dc I'Assemblee nationale, pour avoir con- 
tribuca faire cchouer une conspiration de quelqucs 
officiois d'infanterie , qui avaient projete de livrer 
aux Espagnols la ciladelle de Perpignan. Ce deta- 
chemcnt fut depuis attache a Tarm^e des l^yrenees- 
Orienlales, tandis que le restc du regiment combal- 
tait, d'abord a I'armee du Centre, puis a celies de la 
Moselle et du Rhin. Une compagnie s'illustra, k la 
fin de 1 793, a la celcbre defense de Bitche. 

II n'enlre pas dans notre plan de pousser This- 
toire des regiments d'artillerie au dela du point oil 
nous nous sommcs arrele pour les regiments d'in- 
fanterie. L'exlrfime dispersion des ^l^ments d'un 
meme regiment , resultat de la nouvelle mani^re de 
combattrequi s'introduisit pendant les guerresdela 
Republique, rendrait d'ailleurs cctte tiche excessi- 
vcmcnt compliquee et le r6cit d*une multitude de 
faits, sans connexion en tre cux, tout k fait fasti- 
dieux. 

Nous nous bornorons k dire que le regiment de La 
Fere, devenu le 1" regiment d'artillerie k pied el 
successivement commande par les chefs de brigade 
ou colonels Delpire, Buchet, x\llix, Pernetty, 
d*Aboville aine, Valee, Gerdy et Digeon, fournit 
priiicipalenient ses compagnies aux arnices d'Alle- 
magne, qu'il fut licencie a Limoges par ordre du 
;tl aout 1815, et que deux compagnies et demie, 



DE l'aNGIENNE INFANTBBIE FRANgAlSE. 233 

conserveos sur pied, ontservi de noyau, en 1816, a 
iin nouveau 1" regiment d'artillerie a pied forme a 
Bourges et complete avcc des compagnies recrutees 
parmi les canon niers originaires des departements 
de la Charente-Inferieure, de FHerault, des Bou- 
ches-du-Bh6ne , du Juraet de I'AUier. 



RiGinBNT DE HETZ. 

2<5 REGIMENT d'artillerie. 

LIEUTENANTS-COLONELS, CHEFS DE BRIGADE ET COLONELS. 

i. DE CERTEMONT (Charles du Plessier ). 25 f^vrier 1720. 

2. DE BREANDE ( Joseph-Bonaventure VilUain ), 31 luai 1728. 

3. Vicomte de RICHECOURT ( FraoQcis-Raymond de Ronty ), IS 
d^cembre 1743. 

4. DE VILLERS ( N. de Fransure ), 30 mars 1748. 

5. DE LA MOTTE-TAFFARD (Henri Charles), 15 d6cembre 175K 

6. D'INVILLIERS ( Louis-HeDri Ballard), 1" Janvier 1759. 

7. DE LOY\UTfi ( Arnould ), 7 mars 1761. 

8. LE DUCHAT D'OUDERNE (Ged6on), 15 oclobre 1765. 

9. DE LA ROCHE-VALENTIN ( Charles-FranQois Valentin ) 24 
mars 1769. 

10. DE PRESLE ( Jean-Baptisle Berlin ), 1*' Janvier 1777,; 

11. DE FAULTRIER DE CORVOL (Jean-C'aude Joachim ) 3 juin 
1779. '■ 

12. D^ABOVILLE (FianQois-Marie ), 19 avril 1782. 

13. deRIVERIEULX DE JARLAY ( Bernard), 10 jiiin.1785. , 









2«34 HBTUIRI 

i4. DE RISON ( FranQois-Claude ), 1*' juin 1791. 
15. DE LADONCHAMP ( Jacques-Heori-Fran^ois LefebYre), 6 ft- 
vrier 1792. 

Lo bataillon de Certemont y apr^ avoir ^te orga^ 
nisfe k Vienne, se rait en route pour Strasbourg. II 
figura en 1725 aux grandes revues qui eurent lieu 
lors du passage dans cette ville de la princesse Marie 
l^ecksinska , qui allait epouser Louis XY. U fit, sous 
le nom de Breande, les campagnes de 1733 a 1735 
a I'armee d'Allemagne. Son chef ful fait brigadier 
pour les services qu'il rendit au siege de Philisbourg. 

Le bataillon sert, de 1741 a 1743, en Allemagne 
et sur le Rhin. 11 passe en 1744 a Tarinee de Flan- 
dre , et on le trouve cette annee , sous le nom de 
Richecourt, au siege de Furnes et au cai^' de 
Courlrai. En 1745, il combat a Fontenoy et fait les 
si6ges de Tournai , de Termonde , d'Audenaerde et 
d'Ath. II est en 1746 au siege de Namur tt k la 
bataille de Rocoux ; en 1747 , il contribue k fa con- 
qufitedes places de la Flandre hollandaise, combat 
a Lawfeld et fart le siege de Berg-op-Zoom ; enfin, 
en 1748, il sertala prise de Maestricht. Le lieute- 
nant-colonel de Richecourt mourut cette ann6e^ 
epuis6 par les fatigues de la guerre. 

Le bataillon devenu La Motte Stait en garnison k 
La Fere quand eclata la guerre de Sept Ans. II fut 
alors attache aux armecs d'AUemagiie et se trouva 
en 1 757 a la bataille d'Haaslembeck et a Texpedition 
do Hanovre, et en 1758 a la bataille de Cr6feld. 



DE l'ANGIENNE INFANTBRIB FRANgAISE. 23fr 

Sous. leBfoirfde brigade dlnvinierSj le corps se eoirt^fe 
de gtoire, air iti^is de juillet , aru si^ de* Mttwsler ? 
le capUaifie Thieulin d^ Samf-Vmeenl el fes Ifeute^ 
iidivt& d''Alayrac et Bovel , sont btessfis a ce 3?i4ge. 
En 1760, la brigade prend part airx afflaiites de 
Cwb«eb,, d« Warbourg e< dte Qostetcdmps. L'^nn^e 
sHivanie^, som les ordres deM. deLojiinW, sctr 
nonveaui chef, elte se disfUmgue i to difertserfe 
Cassel e* ai^t cornbals^ de VilBttgshausen. Le capi>- 
taiiie Ii'lae^dei Moirfhoury fut BtemtHd c?hevafier de 
Sffhrt-LwHS pour sa belle eondnite a Cassef. Le 
cap^itftiM! de Beajurepaire ftrf bless^ j«r une graprpe 
de raisift i Villingshausen. 

A la pa4x , la brigade ftit mise eti ga:nrison 3 Metif , 
et en fi^^b elte deWM- le r^gwnent d'arWRerfe de 
Metz, qutre§ut, comme marque disfirrcfitie, des drar- 
peaux d*ordoni>ance de xn&me dessfn q«e ceax dte 
RoyaP-Arlilleri« , mais donf les couleurs' fhrerrt h 
jauneette gorge de pigeon. 

Le regiment serendft en octobre 176&deMetz k 
Auxonne etpassa en septembre 1 T6S>'li LaFfere. Ilava?f 
encore en 1 772 dans ses rangs un canonnier, nomnie 
Georges Verrier, qui fi^tait entr^ tfens Royal-Artille- 
rie en 1712. En septembre 1775, le regiment de 
Melz fut place a Iteuai,. et en 4717,. son 2® balaillon 
fut envoye a Saint-Malo , oil il s'embarqua le 15 oc- 
tobre pour I'Ameriqne. Le P' bataiHon-, envoye en 
1778 aLaRochelle, fit partie en 1779 ducarap^asj- 
semble a Saint-Jean^i'Angely, sou&lcf. (i^rdreschi Kmi*^ 



236 H QTOIRB 

quisde Voyer d'Argenson. Le capitaine Sanc6, du 2* 
bataillon, fut lue le 25 septembre 1779 au si^ge de 
Savannah. Deux compagnies du 1®' bataillon se ren- 
dirent aux Antilles a la fin de 1 780 et furent suivies 
de deux autres en 1781. 

A la paix, ce qui restait en France du regiment de 
Metz fut envoye a Strasbourg, oil toutes les compa- 
gnies se trouverent r^unies a la fin de 1784. En 
octobre 1786, le regiment fut k Besangon et Auxonne, 
oil il se trouvait encore lorsque la revolution 6clata. 

Pendant les guerres de la R^publique et de i'£m- 
pire, le 2* regiment d'artillerie a pied envoya ses 
compagnies aux armees d'Allemagne et dltalie. 11 
eut, pendant cette periode, pour colonels, MM. Cha- 
pel, Despinassy, Simon Fautrier, Demaneile, Le- 
noury et Doguerau aine. Licenci6 en 1815 k Roche- 
fort, le 2® regiment d'artillerie a pied a ete reorganise 
Tannee suivante avec le fond de Tancien et des 
compagnies de canonniers tirees des deparlements 
de la Marne , de I'Aube , de la Moselle, de la Meuse 
et de la Haute-Marne. 

RiGlH&NT DE BESANgOiV. 

3* REGIMENT d'artillerie. 

LIKUTENANTS-COLONELS, CHEFS UE BRIGADE BT COLONELS. 

1. DE TORIGNY ( N. ), 2o fev.ier 1720. 

2. DE VILLAS ( N. ), 23 sei> eiiibre 1728. 



DE l'ancieisne INFANTERIE *FRAN(^AISE. 237 

3. DE LA BORIE ( N. ), 10 d^cembre 1734. 

4. DE FONTENAY (Jean-Louis Bondois ), {{ f^^rier 1743. 

5. DE SOUCY ( Jean-Frangois de Fitte ), 30 mars 1748. 

6. DE LA PELLETERIE (Urbain-Pierre-LouisBodineau), !•' Jan- 
vier 1759; 

7. DE COMBES ( Joseph du Breuil-B6lyon ), 5 avril 1762. 

8. DESMAZlSDEBRlfiRES ( Alexandre-Nicolas ),1«' Janvier 1763. 

9. DE YER ( Jacques-Isaac), 15 octobre 1765. 

10. LE DUG ( Claude Marie Yalenciennes), 19 fdyrier 1766. 

11. BOILEAU-DESCOMBES (Laurent-Michel-Joseph), 9 juillei 
1769. 

12. Chevalier de FR6DY ( N-colas), 1" novembre 1774. 

13. Vicomte de VOISINS ( Jacques Rose ), 3 juin 1779. 

14. DESfiNARMONT (Alexandre-Francois Bureau ), 25mai 1788. 

15. DE SINCfiNY ( Jean-Baptiste-Marie Fayard ), 18iuillet 1792. 

16. DE LA DAVr.TTE DE GALLES ( Gharle Morard ), I*' novembre 
1792. 



Aprfes sa formation, le 3« bataillon de Royal- 
Artillerie, echu a M. de Torigny, fut envoy6 en 
garnison k Grenoble. II fit , sous le nom de La Borie, 
les carapagnes de 1733 a 1736 a Tarm^e d'ltalie. Le 
lieutenant Darligues fut bless6 devant Milan et Tor- 
tone ^ et le lieutenant Saint-Hilaire le fut k la bataille 
de Parme. A sa rentree en France, le bataillon fut 
en\oy6 a La Fere, et, au raois de juillet 1739, il se 
rendit au camp assemble a Corapiegne pour I'in- 
struction du dauphin. 

Pass6 en Boh^me en 1741 , il contribua a la 
defense de Prague. Revenu sur le Rhin au com- 



238 HI8T0IRE 

mencemenl cie 1 743 , et donn6 au chevalier de Toti- 
lenay, il combatlit vaillamment a Deftingen, oil, 
par rhabile disposition de ses batteries, il eAt an6aii- 
ti I'armee anglaise sans la faussc manoeuvre du 
regiment des Gardes FranQaises. Le balaillon contri- 
bua^ en 1744, a la defaite du general autrichim 
Nadasty, sur les hauteurs de Saverne, et pendant 
les mois d'aout et de septembre, il fut employ^ k la 
garde de Louis XV, pendant lannaladie de ce prince^ 
aMefz. En 1745, Fontenay passa en Flandreot se 
trouva k la bataille de Fontenoy et aux si^es de 
Tournai, de Termonde, d'Audenaerde et d'Aih. II 
fit, en 1746, ccux de Bruxelles, de la citadelte 
d'Anvcrs, de Mons, de Charleroi et de Namur, el il 
combattit a Roeoux. II combattit encore a la journ^e 
de Lawfeld en 1747, el en 1748 il servit au si6ge de 
Maestricht, oil le capitaine Dartigues eut une partie 
du cr&ne enlev6e par une balle. A la paix ^ le balail- 
lon, qui portait depuis peu le nom de Soucy^ fut 
mis en garnison k Metz. 

Au debut de la guerre de Sept Ans, fe bataillon dd 
Soucy fut envoy6 au Havre. Les lieulenants Pecquet, 
Deschamps et Ansard de Mouy furent brdlee , le 2 
avril 1757 , a I'incendie de cette ville. Cette m£me 
ann6e , le lieutenant Bonafous de Carminel passa au 
Canada avecun d^achementde vingt canonniers. Le 
bataillon , devenu en 1759 brigade de La Pelleteffie , 
continua de servhr sur les oMes de fo Nor.r.ftfidie , 
r^pondit phrsieurs fois aux flottes anglaiseis qiri tifi- 



DE l'anciennk INFANT«RIK fran^aise. 239 

rent boHibarder h Havre , et ee rendit enfin en 1 760 
ikrarmfeed'Allemagne. II sc fit remarquer, en 1761 , 
au si^ge de Meppen . 

Placee k Grenoble , aprfes la cessation des hostilit^s, 
la brigade prit en 1 763 le nom de Desraazis et se ren- 
dit k La Fere. En jujIUt 1764 , elle fut appelfee au 
C^mp de Compifegne et h la separation des troupes , 
elle se cait en route pour Besan^on , oti elle fut oi^- 
nisee en regiment I'ann^e suivante , sous le litre de 
regiment de Besian^on. Celui-ei re^ut des drapeaux 
de Qoukur aurore. 

Ce regiment detacha , en septembre 1 768, la com- 
pagnie de canonniers S6giiin en Corse , et se rendit 
hii-rafeme en septembre 1769 k Strasbourg, d'oii 
ii fut k Grenoble en octobre 1775 et k Metz en 
Janvier 1777. En 1778, le 1* bataillon 6tait k La 
F^re et le 2^ k Douai. Le !•* bataillon, envoy6 
au Havre en juin 1779, passa Tannfee suivante en 
Bretagne , oil le 2^ bataillon vint le rejoindre au mois 
de juillet. En 1781 , le regiment avait cinq compa- 
gnies aFougeres , cinq k Saint-Malo et Saint-Servan, 
cinq a Morlaix et cinq a Port-Louis et Lorient. Celles- 
ci fe'enabarquerent cette m6me ann6e sur laflottede 
Suffren et allerent servir dans I'lnde. Les lieutenaiitf 
FredyetGeorgeseurenirun elTautre la jambe gauche 
emportee par des boulets a la bataille de Gondelour, 
le 13 juin 1783, et tons les deux moururent de tears 
blessures. 
A la paix, le regiment fut envoy6 k Besan^on , oil 



240 msTOiRi 

il fut rcjoinl en 1784 par ies compagnies qui reve- 
naient de Pondichery et de Tile de France. II alia a 
Auxonneen septembrc 1786, h Douai en noverabre 
1787 et fut appele en juin 1789 aux environs de 
Paris. Retourne a Douai apr^s la prise de la Bastille, 
le regiment de Besan^on est le premier corps de I'ar- 
mee qui ait offer t un don patriotique a TAssembi^e 
nationale. D^s le mois de septembre 1 789 , il versait 
600 livres a la caisse de I'Assembl^e. 

II quitta Douai le 1" avril 1791 pour se rendre k 
La F^re, a cause de quelques troubles dans lesquels 
un certain nombre de canonniers et de soldats de 
Yintimille-infanterie s'6taient compromis. Enfin , 
en 1 792, il fut partage entre Ies places de la fronti^re 
de Flandre et I'armee du Nord. Ses compagnies se 
distingu^rent aux defenses de Lille et de Valencien- 
nes , e( prirent part aux deux conqu^tes de la Belgi- 
que et a celle de la HoUande. 

Le 3® regiment d'artillerie k pied a ete command^, 
de 1793 k 1815, paries colonels Lobr6au, Bouchu 
et Ricci. Licencie a Toulouse en 1815, un nouveau 
3*^ regiment a pied a etc reconstitu6 1'annee suivante , 
sous le titre de regiment de Valence, avecdeux com- 
pagnies et demie do Tancien et des compagnies re- 
crut^es parmi Ies canonniers des d^partements des 
Basses-Alpes , du Var , des Hauies-Alpes, de la Drdme 
et de ris^re. 



DE l'angienne infanterib fran^aise. 24i 



RifilMEi^T DS fiRKlVOBLE. 



4* REGIMENT d'aRTILLERIE. 



LIEUTENANTS-COLONELS, CHEF DE BRIGADE ET COLONELS.. 

1. DE PROISY (N. ), 25 f6vrier 1720. 

2. DE RAGANNE (N.)22 juin 1720. 

3. DE LA PERELLE (N.), 6 avril 1723. 

4. DE VALANCEAU (Bernard Drohin), 20 f6vrier 4733. 

5. GAUDECHART d'HENNEVILLE (Louis-Antoine), 3 juin 1744. 

6. DE FRANSURE (Pierre-Ren6 de Villers), 6 janyier 1752. 

7. DEMfiNONVlLLE ( Jean-Baptiste de Wayray), 12 d^cembre 

1754. 

8. DE BEAUSIRE (Pierre-Henri), {•' Janvier 1759. 

9. Comte de ROSTAING (Philippe-Joseph), 15 oclobre 1765. 

10. DE MARZY (Jacques Morisot), 1" novembre 1774. 

11. DE MONTREQUIENNE (Claude Geoffrey), l^'janyier 1777. 

12. D*HANGEST (Louis-Auguslin Lamy), 5 avril 1780. 

* 

13. DE CAMPAGNOL (Isaac-Jacques de Lard), 1" ayril 1791. 

Le bataillon de Proisy , en quittant Yienne , ae 
dirigea sur Perpignan et prit bientdt le nom de Ra- 
ganne. On le trouve quelques ann^es aprte , sous le 

NliT. Dl l'AMCINFANTBRIE FBAN^AISI. T. TI, 16 



242 HfStOIRB 

nom de La P6relle, k Besantjon. Devenu Yalenceau 
en 1733, il est appel6 cette annee a Tarm^e d'Alle- 
magne , et pendant cette guerre de la succession de 
Pologne , il sert aux sieges de Kelh , de Philisbourg 
et de Traerbach. 

De 1741 a 1743, il fait partie des armies de 
Boh6me et de Bavi^re. En 1744, Gaudechart, son 
nouveau chef, le conduit en Flandre. Aprfes la prise 
de Furnes, il quitte avec le roi la fronti^re des Pays- 
Bas pour aller retifof cer Tarm^e d'AlsSic^. II S6 trouve 
au combat d' Augenheim et k la prise de Fribourg , 
et il hiverne en Souabe. Rappel^ k rarmde de Flan- 
dre en 1 746, il combat cette ann^e k RoCdut , Fanttee 
suivanle k Lawfeld et devant Berg-op-25oom , et en 
1748^ il fait le si^ge de Maestricht. A la paix , il est 
envoy6 k Strasbourg oil il demeure jusqu'i la guerre 
de Sept Ans. Dans cet intervalle , il porte succes- 
sivement les noms de Fransure et de M6nonviIle. 
Lc bataillon de Menonville fait partie en 1 757 de 
Tarm^e du mar^chal d'E^tr^es else distingue k Haas- 
tembeck el k la conqii^te du Hanovre. 11 devient en 
1759 la brigade de Beausire et se fait remar- 
quer cette ann6e au combat de Bergen ; le lieutenant 
Gazerac y est blesse k la jambe. Envoy^e k Besangon 
aprfes cette campagne , la brigade fournit en 1762 un 
detachement pour le corps auxiliaire exp6di6 par 
Louis XV au roi d'Espagne en guerre avec le Portu- 
gal. Ce detachement rallia la brigade k Grenoble, oil 
elle s^etait rendue en 1763. Celle-ci devint en 1765 



DI L^ANGIENNE INFANTERIE FRAN^AISB. ^43 

le regiment do Grenoble, qui eut dans ses drapeaux 
particuliers deux Carres gorge de pigeon et deux car- 
res aurore. 

Le regiment quitta Grenoble en septembre 1769 
pour aller a Auxonne , d'oii il passa en 1772 a Besan- 
con et en septembre 1775 a Strasbourg. En juin 
1779, le 2- bataillon vint aMetz. En 1781 , le re- 
giment avait ciftq dOtnpftgiiies i Duirkerque, cinq a 
Calais, cinq a Douai et cinq a La F^re. Toutes les 
compagnies furent reunies en 1783 a La F6re et 
en oclobre 1786 le regiment se rendit k Valence. II 
y re^ut en 1791, comme lieutenant en premier. 
Napoleon Bonaparte, que remigration d'ufl grand 
nombre d'officiers allait faii*e capltaine d^ le ffivrier 
1792 et chef de bataillon dix-hmt mois aprfes. 

Le 4® regiment d'artillerie k pied a fait les prjemi^ 
res campagnes de la revolution sur leg Alpes et les 
Pyrenees, en Coi'se et devant Lyon et Tpulon. Plus 
tard, le general Bonaparte se souvint (ifd jui et Tena- 
mena en Italic et en Egypte. |1 a et^ commapde de 
1795 a 1815 paries colonels Dujard^ l^ig^r, Feryeiir, 
Buchet, Huty^ Degennes et Montgenet^ at fut li«- 
cencie k Lin^Qges apres la bataille de Waterloo^ 

Deux compagnies et deraie, conservees sur pied, 
ont servi en 1816 de noyau k un nouveau 4® regi- 
ment d'artilkri^ a pied , qui prit k nom de rlrgimeTit 
d'Auxonne, et qui fut complete par un dppe) de$ an- 
ciens canonniers des d^parfement^ du Ahdne, de la 
C6te-d'0r, du Doubs, de Sadne^t-Loire et de TAi^ci. 



244 HISTOIRB 



RiCIMINT Dl STRAhBODRfi. 



5® RJ^GIMENT d'ahTILLERIB. 



LIEUTENA14T8-COLONELS, CHEFS DE BRIGADE ET COLONELS. 

i. DE ROMILLEY (N. de Torigny), 25 f6vrier 4720. 

2. DE MARSAY (N.), 2i aoAt i738. 

3. DE LA BACHELLERIE (N.), 1*' septembre 1742. 

4. DE PUMBEGQUE (Alexandre-Eugene de L'Echaule), tl f^vrier 
1743. 

5. DE BOURQUEFELDEN (Pierre Biirbier), 30 mars 1748. 

6. Comle d'AUMALE (Louis- Anne-ADtoine), 8 d^cembre 1755. 

7. DE LOYAUTE (Arnould), 1*' juin 1758. 

8. DE CHABRlfi (Raymond), 1«' Janvier 1759. 

9. DE VILLEPATOUR (Louis-Philippe Taboureau), 8 mai 1759. 
iO. DE GHAMPAGN£ (Jean-Baptiste-Gabriel), 15 octobre 1765. 

i 1 . Ghevalier de SAINT-MARS (Frangois de Fortmanoir), 1 9 f^vrier 
1766. 

12. DE LA ROGHEGIRAULT (Jacques-FranQois), 5 avril 1780. 

1 3. Marquis de PUYSEGUR(Armand-Marcien-Jacques deGhaslenet), 
. 25 mai 1788. 

44. DE GROMARRE (Jean), 1" avril 1791. 

15. DE LAMARTILL1£:RE (Jean Fabre), 7 septembre 1792. 

16. DE MONTFORT (Maurice), 30 novembre 1793. 



DE L^NGIENNE INFANTEBIE FRAN$AI8B. 245 

Le bataiilon de Romilley prit en 1720 la garnison 
de La F^re. En 1 733, il fut un des trois bataillons du 
corps royal envoyes a Tarmee d'AUemagne. II seint 
trfes-activement au siege de Philisbourg. 

En 1741, sous le nom de Marsay , il est a Tarm^e 
de Westphalie avee le mar^chal de Maillebois; il 
sert en 1742 en Boh^me et en Bavifere et rentre 
en France en juillet 1743. II s'appelait alors 
Pumbecque. II contribua cette m6rae annee k la d6- 
faite des Aulrichiens k Rheinweiler. II etait en 1744 
a la reprise de Weissembourg et des lignes de la 
Lauter , k Tattaque des retranchements de Suffel- 
sheim , au combat d'Augenheim et au si6ge de Fri- 
bourg. Passe en 1745 a I'arm^e de Flandre, il 
combattit k Fontenoy et fit les si6ges de Tournai, 
Termonde, Audenaerde, Ostende et Ath. On le 
trouve en 1746, a la prise de la citadelle d'Anvers, 
de Charleroi et dc Namur. II passa Thiver dans cette 
derni^re place, eten 1747 il contribua a la victoire 
de Lawfeld. En 1748, il servit, sous le nom de 
Bourquefelden , a la prise de Maestricht. A la paix , 
il fut mis en garnison a Grenoble. 

En 1757, le bataiilon, qui appartenait alors au 
comte d'Aumale, avail des detachements sur lescdtes 
de la Medilerranee et sa parlie principale k rarm6e 
de Soubise. Les capitaines La Roussifere et Lecerf 
furent mortcllement blesses a Rosbach. Les capitai- 
nes de Br on, Geoflroy, Danthelmy, deCaylus etqua- 
trelieuterantsyregurentdesblessures moins graves. 



246 HISTOIRE 

Le bataillon rentra en France pour se r^lablir , et 
fut employ^ en 1758 ^ la defense des cAtes de Bre- 
tagne. II trouva une compensation k la d^faite de 
I'annee precedente , en fecrasant sous le feu de ses 
pifcce§ Iqs Anglais d6barqu6s le 1 1 seplembre stir la 
plage de Saint-Ca^t. II vinl ^ la fin de celte annee 
s'etabliraBesauQon, oil il prit, le l"janvier 1759, le 
nom de brigade de Chabrie. Cette brigade fourn^t un 
detachement de qualre compagnies a Tarm^e du 
marechal de Broglie. Le 13 avril, ce dfetachement 
contribue puissamment au gain de la balaille de Ber- 
gen el y fait des pertes enorraes. Le brave chef de 
brigade Chabrie y peril au milieu de ses canons. Le 
lieutenant Marrast est tue par un boulet, qui Wesse 
en mfime temps ]e lieutenant Ladonchamp; le 
capilaine Regnier et le lieutenant de Malseigne y sont 
aussi frappes par des boulets. Le 1'* aout, k Minden, 
ces compagnies se couvrent d'une gloire nouvelle; le 
capilaine chevalier de Cirfontaine et le lieutenant 
Gillot y Irouvent la mort ; le lieutenant-colonel Le 
Duchat-d'Ouderne , Taide-major d'lndreville et le 
lieutenant Baroille y sont blesses. L'anneesuivaqte, 
la brigade tout enliere est en AUemagne et se distin- 
gue au siege deZiegenheim et au combat de Corbach. 
Un obus cnnemi fait sauter a Corbach un pare de dix 
caissons, dont I'explosion briile cruelleracnt le capi- 
taine de Cirfontaine et le lieutenant La Moliniere. 
Eh 1761, la brigade prend pari a la defense de Cas- 
sei et aux afiaires de Yillingshausen , oil son chef. 



DE l'aNGIENNE INFANTERIE PRANgAlSE. 247 

M. de Yijlepatour est atteint pqr uij boulet a Tavant- 
bras. Au ^pjnljat d' Aiii^npboiirg , le 21 septembre 
1 762 , le lieytenant RIo^ssqI de ])lQntvaJlon recut dans 
la tete upe balle qui li^i enlev^ leg deux yeux. 

La brigade de Villepatour ful 6tablie ^ la paixen 
garnisop a Strasbourg, et elle devint en 1765 le re- 
giment de 3trasbourg^ dont les drapeaux eurent 
deux quartiers noisette Qt deux guartiers jaunes. Ce 
rej^inient fut pnvpye eri novembre 1766 i Toul, en 
octpbre 1767 a La Fere .et en .septembre 1769 a 
Metz. En 1771, il detach§i yne compagnie a la 
Martinique. En septembre 1775, il vint k Auxonne, 
et en 1778 il fournit, pour la defense de la Corse, 
une brigade de €inq compagnies. Kp 178Q, il avait 
deux compagnies a Besangon , deux compagnies 
et denjie §ur les c6tes de Provence et cinq en Corse. 
En 1781, ie !•' ba);ailloi) et^it jau Havre; le %^ 6tait 
pariage entre Besangon , les eotes de Provence , le 
corps d'occupation de If^ Corse et f arm6e du due 
deCriJlpn (jlevant G^bjraltar. Au l^japvier 1784, le 
regiment etait reuni a Douai, d'au il se rendit en 
octobre 1786 a Strasbourg. 

Use distingua pendant la r6volutJon parson excel- 
lente discipliae (1). 11 fut attflLcheieji 17p2 ^r^fxp^e 

(1) Nous plaQons ici , comme pi^ce curieuse , une lettre 6crite k 
PAssemblee nationale par le 5® d^^rliUerie , lettre qui ful lue dans 
lascance dn 3 a'vril 1792. 

« Voire coniite mil it aire vous a propojs6 d'augmenter d'nn tier* la 
solde des troupes : il ne nous est pas perinis d'uccepier une teOe aog- 



^ 




•v 



248 HISTOIRB 

de Custines et, pendant les ann6es suivantes, il conti- 
nua de servir aux arm6es du Rhin et de la Moselle. 

Ses colonels, depuis Montfort, furent MM. Borthon, 
Demargay, Mengin, Gondallier de Tugny, de Garme- 
jane et Hazard. 

Licenci6 a Rochefort en 1815, le vieux 5« r6gi- 
ment d'artillerie a pied fut reniplac6 en 1816 par un 
nouveau corps du m6me titre, forme avec le fond 
de Tancien et des canonniers tires des d^partements 
du Bas-Rhin , du Haut-Rhin , de la Meurthe , des 
Vosges et de la Haute-Sadne. 



mentation , dans un moment oti des milliers de malheureux sent 
dans la plus affreuse mis^re. Nous voyons de pauvres citoyens se 
pmer du n^cessaire pour payer leurs contributions k la patrie. 
T^moins tons les jours de ces g6n6reux d^Youemens , nous en som- 
mes frapp^s d^admiration et nous croyons que de pareils exemples 
doivent avoir autant d'imitateurs qu'il y a de bons citoyens. Tant 
(]ue les soldats romains n^ont eu que le n^cessaire et le fer dent ils 
^taient arm^s, ils ont 6t^ invincibles, et, apr^s la Tictoire, leur 
seule recompense etait P^p^e qu'ils avaient eux-m6mes prise sur 
Tennemi. Nous m^prisons toute r^compens^i p^cuuiaire autant que 
la mort; celui qui en demande se d^shonore ; celui qui les souffre 
par son silence se rend coupable. Relirez done la proposition 
d^nugmenter notre solde , nous ne Toulons pas mettre h Tench^re 
le sacrifice de notre sang et de noire courage. Sign^s : les sous- 
officiers et soldats-citoyens du 5* d'artillerie en garnison h. 
Strasbourg. » 

L^Assembl^e vota Timpression de cette adresso et son envoi aux 
83 d^partements. Quant a la solde , elle 6tait pay^e en ass'gnats ; 
on sait ce que cela veut dire. Pendant la cnmpagne de 1793 , la 
solde d*un capilaine , reduite en argent , ^quivalait a peu pr^ k 
huit francs par mois. 






V,. 




j0- 



w 



DB l'aNGIENNE INFANTBRIE FRAN^AISE. 249 



RfefilMENT D*mONI\iL ' 



6* R]g«IMENT d'aRTILLBRIB^ 



LIEUTENANT-COLONEL, CHEFS DE BRIGADE KJ COLONELS. 

i. DE COSNE (Andr6-Claude), i«' Janvier 1757. 

2. DE MOUY (Pierre-Francois Ansard), J" Janvier i759. 

3. DE LOYAUTE (Arnould), 20 f6vrierl76i. 

4. DiNVlLLlERS (Louis-Henri Ballard), 7 mars i761. 

5. VERTON DE RICHEVAL (Philippe-Louis], 15 oclobre 1765. 

6. DE LA MORTlflRE (Jean-Marie-Antoine Yerton), 24 mars i76U. 

7. Chevalier de GERMAY (Amour-Constant de Cirfontaine ) , 
5 avril 1780. 

8. QUIEFDEYILLE de BELMESNIL (Francois-Charles), 9 mars 
1788. 

9. DUTOT (Charles-FranQois Daniel), !•' novembre 1792. 

Le 6«bataillon de Royal-Artillerie, cr6e parordon- 
nance du 1 •'Janvier 1757, fut forme parM. de Cosne, 
au moyen de d6tachements de 1 20 hommes tir6s de 
chacun des cinq premiers bataillons. Dfes qu'il fut or- 
ganise, on Tenvoya en AUemagne, et il d^buta a la 
bataille de Lutzelberg en 1758. Le capitaine Dallegrin 
reQut une gratification de 300 livres pour sa belle 
conduite dans cette journee. Devenii en 1759 bri- 



250 uiSToisfi 

gade de Mouy, le corps sc couvrit dc gloire a la ba- 
taille de Minden; les lieutenants d'Hangcst, La Coste, 
de Nison et dc Tascher, fiirent baches de coups de 
sabre par la cavalerie ennemie ; (Jelui des quatre qui 
en recut le moins en eut deux pour sa part/ Le lieu- 
tenant Pignan avjiit 6t6 grievement ble^e peu aupa- 
ravant au siege de Miinster. En 1760, la brigade 
contribue a la prise des retranchements de Cassel, et 
combat au«si cette ann^e k Corbacb pt k Wi^l>Qurg. 
En 1761, d'Invilliers, son nouveau chef, commande 
Tartillerie de ranuee de Soubise, et se» canonniars 
font des prodiges de valeur k Villingshausen et k la 
defense de Cassel. Le capitaine Langlois de R^mont 
et le Heutenant Loysel Le Gaucher furent blesses a 
Villingshausen. Un detachement, place sous lesordres 
du capitaine de Baroille et du lieutenant du Tastat, se 
distingua, lui aussi, cette annee, ala d6fensedeBeilisle 
en nier. En 1762, la brigade tira les derniers coups 
de canon a Aracnebourg ; elle y perdit le lieutenant 
Dromes frappe dans les reins par un boulet. 

A la paix, la brigade fut envoyce a Vuxonne, et en 
1 765 elle devint le regiment d'artillerie d' Aux^onnc , 
dpnt les drapeaux d'ordonrjance presenterent les 0fi6- 
mes couleurs que celles des drapeaux du r6gim.ent 
de Metz , mais dans uxx ordre inverse. 

Le regiment d'Auxonne se rendit en octobre i 766 
k Metz, en octobre 1769 a Douai , en j^nvier 1771 
k Brest, en juillet 1771 a Besangon et en octobre 
1775 i La Ffere. Aw coujfli^M^eraent de la guerre 



■ 1 



DB L^ANCIENNE INFANTKRIB FRANgAISE. ^91 

d'Araerique , il alia en Bretagne. II avail en 1779 
son l** bataillon au corps d' observation du comte 
de Vaux ; le 2* etait reparti sur les c6tes de Brest. 
En 1 780, ce 2* bataiUon fut Demplace sur les cdtes 
par le 1*' et s'embarqua pour les Etats-Unis avec 
la petite armee de Rochambeau. Les lieutenants 
La Loge et Beltanger ftirent tUes m ^ege d'York- 
Town. Le 1*' bataillon alia au Havre en 1781. A la 
fin de 1782 , il fit partie du corps assemble pres de 
Geneve, et en 4783 il 6tait a Auxonne, oil le 2* ba- 
taillon vint bientdtlerejoindre. Enseptembre 1786, 
le regiment retourna a Metz, oil il tenait garnison 
pendant les premiers orages de la revolution. 

Au mois d'avril 1792, trois compagnies et demie 
quitterent iMetz pour rallier Tarm^te des Ardennes ; 
les autres entrerent dans la composition de Varmee du 
Centre, et tout le regiment se trouva ainsi h b fa- 
meuse canonn^de de Valmy. Pencjant les annees suir 
vantes, le 6* regiment d'artillerie servit aux armies 
de Sambre-et-Meuse et de Rhin-et-Moselle. 

Sous la republique et Tempire , le regiment a 6t6 
coramande par les colonels Martraire , Bardenet , 
Senarmont jeune , Filhol de Camas et Verrier. 11 
a et6 licencie en 1815 a La Rochelle, et son fond est 
entre en 1816 dans la formation du regiment 
de Douai , nouveau 6« d'artillerie , qui se eompl6ta 
par I'appel des anciens canonniers des d^partemetits 
du Nord , de la Seine-lnferieure f du Calvados , tie 
rOise et de Seine-el-iMarhe, 



252 HISTOIRE 



RAIMENT Dl TOIL. 



7® r]£giment d'artillebie. 



CHEFS DB BRIGADE RT COLONELS. 



i. DE SABREVOIS DE BISSEY (Anne), 8 decembre 17«2. 

2. DE COSiNE (Andre-Claude), 1«^ Janvier 1763. 

3. D!-: SAINT-MICHEL (Pierre- Augusle de Liinosin), i5 oclobre 
1765. 

4. DE COURCY DE LESTANG (Jean-Alexandre Bijeon), i9 f6vrier 
1766. 

5. DE MALAVILLERS (Jean-Georges de HaulO, 16 avril 1767. 

6. BOUCHARD (Louis-Francois), f'novembre 1774. 

7. DE BELLEGARDE (Alexandre-Louis Cassi6re), 9 mai 1778. 

8. DE VILLIERS (Joseph), 9 mars 1788. 

9. nUPUCH DE GRANGENEUVE (Pierre Morand), 3 juin 1792. 

40. VANNOT DE MONTPERREUX (Jea j-Raplistc) , 8 mars 1793. 

La 7« brigade du regiment Royal-Artillerie , cr66e 
par ordonnance du 5 iioverabre 1762 pour le service 
des colonies, fut organisee a La Rochelle par M. de 
Cosne, qui avail deja preside a la formation du 
6' balaillon. Celle brigade iie fut point maintenue 



DE l'aNCIENNE INFAin*ERIE FRANflAISB. 253 

au service des colonies; il y avait alors trois autres 
brigades attach^es k la marine ^ et il n'etait plus 
besoin de tant de monde pour garder les colonies que 
la paix de Versailles nous avait laiss^es. La brigade 
de Cosne fut done dirigee en 1764 sur Toul et elle 
devint Tannic suivante le regiment d'artillerie de 
Toul 9 dont les drapeaux eurent un carr6 jaune y un 
rouge feu et deux cramoisis. 

Ce r6giment ful envoy6 a Strasbourg en sep- 
tembre 1766 et k Grenoble en septerabre 1769. 
Les compagnies Je canonniers des capitaines Bonnay 
de Renty et Gl^ry , passees en Corse au mois de sep- 
tembre 1768, contribu^rent k la pacification de 
cette tie. En septerabre 1775, le r6giment se rendit 
k Besangon ; il alia a Valence en juillet 1777, et, en 
1778, il avait son 1*' bataillon au Havre et le 2« k 
Besan^on. En 1780, le 1" bataillon fut plac6 ^Saint- 
L6. En 1781, le 1" bataillon gardait les cdles de 
Brest el le 2« les c6tes de Cherbourg. 

A la paix, le regiment de Toul fut reuni k Metz, 
d'ou il passa en octobre 1786 a I^ Ffere,.qu'il 
quitta le 30 mars 1791 pour aller a Douai. II avait 
6t6 appele k Paris en juillet 1789. Comme le 5«, le 
7* regiment d'artillerie se distingua par sa disci- 
pline et son desint^ressement; il refusa de reccvoir 
sa solde en argent. Au d^but de la guerre , ses com- 
pagnies servirent aux arm^ du Nord et des.Arden- 
nes. 

Le 7* regiment d^artillerie, qui a ^t^ commands 



254 msTOiRE 

depuis Tan HI par Iqs colonels I^egrain, Hqmbert, 
Berthier, Dedon ain6, dcBicquilley, L6pin eiCo|iD, 
fut liceneie k La Rochelle en 1815. Son fond est 
entre Tannee suivante dans un nouveau 7' regimeqt 
h pied f qui fut organist a Bourges y sous le titre de 
regiment de Toulouse ^ et dans Icquel furent appe}^ 
ies anciens canonniers des departeraent dela Gironde, 
des Landes , du Gers , des Basses-Pyrenees , dies JlaM- 
tei^Pyrenees et de la Haute-Garpnne, 



RtolMBNT m CAIMIES. 



8** RfeGIMENT O'Al^tiLLltttlK. 



COLOFmLS. 



1. Chevalier du PUGET d'ORYAL (EiJme-ldnn-Antaine), 24 of- 
lobre 1784. 

2. DR SENNBVILLE: (Philippe^os 'ph-Victolre), 26 aoiH 1787. 

3. DESBORDES (Sylvhin-FranQois), <3 jaovier 1794. 

Ce regiment a et6 cr66 le 24 octobre 1784 par le 
d^partement de la Marine , ce qui ne Tempdchait 
point de compter dans le Corps royal. La plupart 
des officiers furent tires de Tartillerie de terre, qui 
fournit, en outre , au nouveau corps 542 canonniers. 
Ce regiment qui tenait garnison dans Ies ports- et 
aux colonies y fut disorganise par Ies ^venements 



BE l'aNCIENNR mPAHTERIB FRAN^AISE. 255 

sui^fius aiix Aiititle^ de 1789 a 179i^ elfut r6uni 
le i1 kotti ^^9i k rartilteri^ (to t6t^. II de t^VMii k 
LorKHfit, pril le n^ 8^ et fat ^mploy6 led anuses $ai- 
vatites dans les armies du Nord ^ de I'Oudst. 

I) a eite command^ dous le Consulat et i'Empire 
pAt les colonels Tiriet^ Aubry, Digeoti ct Caron. 

Licendeen 1815 & Brest, le 8* raiment d'artil- 
lerie a pied a ete reconstitu^ h Bourges en 1816 , 
sous le titre de regiment de Rennes , au raoyen du 
fond de Tancien regiment et de corapagnies de 
canonniers leves dans les cinq departements de la 
Bretagne et dans celui de la Manche. 



Nous avons pii donner pour chaque regiment 
d'infanterie , les etats de service des ofBders par- 
venus aux grades 6lev6s de rarm6e, au fur et a 
mesure que leurs noras se presentaient. Cette ma- 
nifere de proc6der 6lait itiapplicaMe k Rtrytl-Artil- 
lerie. On f^ra, d'ailleurs, attention que le corps se 
composail d'un etat-major et des troupes , et qtie les. 
officiers de ces deux fractions pouvaient passer de 
Tune a i'autre et concouraieot ensenible pour I a- 
vancetnent aussi hien que pour le service. 

Nous avons pense qu'il etait pr^fdrable de sitbfiti- 
tuer aux noted, dont nom aipotis jti^'ici Mlr^mtA& 
le texte , un 6tat general des officiers de ftnciMtie 



256 HIgTOIRE 

artillerie entres au service avant 1794 et qui ont 
d^pass^ ie grade de colonel , et de terminer This- 
toire du regiment Royal de TArtillerie par cet 
6tat, qui servira en m^me temps a apprecier la 
marcbe ascendante du corps pendant les deux der- 
niers si^cles. On remarquera que les promotions 
d'officiers d'artillerie correspondent particuliferement 
aux epoques critiques. 



LIEUTENANTS-GfiNfiRAUXET GfiNfiRAUX DE DIVISION 

DE SAINT-HILAIRE (Armand de Mormes), officier d'ar- 
tillerie en 1665, brigadier 30 mars 1693, marechal de camp 
29 Janvier 1702, lieutenant-general 26 octobre 1704. 

Marquis dr La FR£ZELI£1RE (Jeau-FranQois-Ang£lique 
Fr^zeau), officier d'artillerie en 1675, brigadier 29 jaavier 
1702, marechal de camp 26 octobre 1704, lieutenant-g^n^ral 
12 novcmbre 1708. 

Marquis DE SAINT-PERRIER (G6sar-Joachim), brigadier 
29 mars 1710, marechal de camp l^'fevrier 1719, lieutenant- 
general 20fevrier 1734. 

DB VALLlfiRE ( Jean-Florent), lieutenant de mineurs en 
4690, capitaine de mineurs 3 septembre 1699, capitaine 
general des mineurs !•' avril 1705, brigadier 9 d^cembre 
4710, marechal de camp 1*' Kvrier 1719, inspecteur general 
des ^coles d'artillerie 14 f^Trier 1720 , lieutenant-general 20 
fiTFier 1734. 



ftB L^ANGIENNB iNf AtrTEklB FRAK(A1SI. t^t 

DB MALEZIEU (Pierre) , brigadier 3 avril 1724, mar^chal 
de camp !•' aoiit 1734, lieutenant-general 20 Kvrier 1743. 

Chevalier de LA ROCHE-AYMON (N.), cadet dans Royal- 
Artillerie en 1701, capitaine de la compagnie de canonniers 
des cdtes de FOc^an 6 juillet 1718, brigadier 3 avril 1721, 
mar^chal de camp 1*' aotlt 1734, lieutenant-general 20 f(§- 
vrier 1743. 

Chevalier d'ABOVILLE (Antoine-Julien), officier pointenr 
en 1705, brigadier 1'^ Janvier 1740, mar^chal de camp 2 mai 
1744, lieutenant-general 10 mai 1748. 

DB 6ASSAT (Jean-Baptiste), officier pointeur en 1705, 
brigadier 8 aoilt 1736, mar^chal decamp l*'mai 1745, lieq- 
tenant-g6neral 10 mai 1748. 

BAILLY (Georges), brigadier 20 fevrier 1743, mar^chal de 
camp 1*' mai 1745, lieutenant-general 10 mai 1748. 

DE VALLlfiRE (Joseph), brigadier 2 mai 1744, inspecteur 
general des ecoles d'artillerie 9 mars 1747, mar^chal de camp 
17 septembre 1747, lieutenant-general 10 mai 1748. 

Marquis de SABRE VOIS (Henri), brigadier 2 mai 1744, 
marechal de camp 1*' Janvier 1748, lieutenant-general i^ 
mai 1758. 

Chevalier PELLETffiR (Michel-Laurent), officier pointeur 
en 1706, brigadier 2 mai 1744, marechal de camp 1*' Janvier 
1748, lieutenant-general 21 avril 1759. 

Chevalier de FONTENAY (Louis-Charles-Claude Audrey ), 
officier pointeur en 1713, brigadier 2 mai 1744, marechal im 
camp 1*^ Janvier 1748, lieutenant-general 17decembrel7S9. 

HI6T. DB L'ANC. UfFAMTBRlB FRAligAlftB. T. VI, 17 



SKM 4iw;oitB 

> {^KLjLGTtigll (LouisrAuguate), officier pointeur en 1706; 
brigfidiQr 9 mai 4744, mfunidbal de camp 1^ jamiief AliSy 
lieutenant-g^n^ral 20 Kvrier 1761. 

JMb^>qai$ i^ RpSTAlNG (Louis-Charlas), tide da pate «■ 
\lih ^m9i^^^ %Q tpwrs 1747, mar^Ghal de oamp f^^ iMi 

DE 6RIBEAUVAL (Jean-Baptiste Wacquette), officier poin- 
tf^ i*' vm il9^9 c^pitfone de gaiiieurs i^' ikotvohte 17S9, 
pi^Q ea i7^8 s^u aerYii>e <te I'Auiriehe comme g^o^ral de 
bataille , commandant en cbQf rartUlerie^ h gkiie et let nbf- 
neurs, rentr^ en France comme marechal de camp 25 juillet 
iV82, lientenant-g^n^ral 19 juillet 1765, premier inspecteur 
gfoiral V' jaaYier 1777. 

d'INVILLIERS (Louis-Henri Ballard ), aide du mrc eja i7?D, 
brigadier !•* jsLn^ier 1748, chef de brigs^cje V Janvier 1759, 
mar6chal de camp 20 fSvriier 1761, lieutenant-g^nSral 
V ipars 1789. 

DE VILLEPATOUR (Louis-Philippe Taboureau), ojEBcier 
pointeur en 1733, brigadier 10 Kvrier 1759, chef de brigade 
8 ipfii 1759, in«^r6chal d^ camp 20 f^vri^r 1761, lieutenuit- 
gWral 1« JHWrs i780p 

DE SAINT- AUBAN (Antoine Barattier), officier pointeur en 
1799, briga^i^ 10 f^vri^r i759)<^hefde brigade 7 mars 17(1, 
m^^hfLl 4? A^mtp i^ octobre 1761, Iieuteiuint-f6b4ral 
I'^mars 1780. 

i^ ^R(tA]tIft^ i P4W<^-43rfw-iel), ofMtt tJOinteur en 4722, 
bjf j^fdiqr 95 jiutf ^ 1762, i^ariicbal de camp 3 Janvier 1 770, 



DB L^NGIENNE INFANTERIE PRANCAISE. 259 

Marquis de THJBOUTOT { Jean-Leon )^ entpi^ 4p service en 
1748, colojiel da r^girpept 4e l«a F^fe 15 oclybjre 1765^ bria- 
dier 16 avril 1767, marechal de camp 1*' mars 17^ lieute- 
nant-general 20 mai 1791. 

Gomie BE R0STAING (Philippe- Joseph), o£Beief pointeur 
en 1732, colonel du rigimenf de GrenoWe 15 octobfie 1765, 
brigadier M Janvier 1769, marfaJial de camp 1^ tnai^ 1780^ 
lieatenanl-g^n^ral 20 mai 1791. 

mMIAUVOIR (Denis-Nicolas Vai^el), oflffcief pdiHeur tVL 
1?^, brigadier 22 Janvier 1769, marechal dc camp f* manr 
1780, lieutenant-gtoeral 20 mai 1791. 

DEs ALMONS ( Josq)fa Perrin), officier pointenr en 1734; 
brigadier 3 Janvier 1770, marechal de camp 1*' mars 17ft9, 
Iieutenant-g6n6ral ^ mai 1791 . 

xm TBIL (Jean-Pierre), officier pointenv en 1T31, cdonel 
du regiment de La F^ f^ Janvier 1T77, brigadier T' mars 
1780, marechal de camp <•' Janvier 1784, UeutenaAt-g^n^tiat 
30seplembre 1791. 

Cheraiier d' ABOVILLB ( P|«n§ois*M«rie ), entr^ an service 
en 1744, brigadier 5 decembre 1781, colonddn tti^ginieht de 
Metz \ 9 avril 1782, marechal de camp 9 mars 1788, lieutenant- 
g^dral 5 sejptembr« 1792, premier littpteteiir gitiierri 8 JS- 
vii«r 1800. 

d'HANGEST ( Louis-Aijgu^tin ^B^), W^k^V^ W^ !V^ 
1742, colonel du regiment 4e Grenci^l^ ^ ^^yrM ^Tlft* ^ifSfh 
dier 1«' Janvier 1784, marechal de cjps 9 fflf^fk fZSg, ^(j^. 
nant-g^n^ral 5 septembre 1792. 



260 nisToiRB 

DB S£NARM0NT (Alexandre-Francois Bureau ), eniti an 
service en i747, colonel du regiment de Besangon 25 mai 
4788, mar^chal de camp 18 juillet 1792, general de division 
8 mars 1793. 

DUPUCH DB GRANGENEUVE (Pierre Morand), entr« au 
service en 1753, colonel du regiment de Toul 3 juin 1792, 
gdn^ral de brigade 8 mars 1793, general de division 15 mai 
1793. 

Chevalier du TEIL (Jean), entr6 au service en 1753, 
mar^chal de camp 25 aoiit 1792, g^n^ral de division 11 sep* 
tembre 1793. 

DB LA MARTILLI£:RE (Jean Fabre), entr6 au service en 
1765, colonel du 5*i pied 7 septembre 1792, g^n^ral de bri- 
gade 29 septembre 1793, g^n^ral de division 24octobre 1793. 

£BL£1 (Jean-Baptiste), canonnier au regiment d'Auionne 
en 1767, general de brigade 29 septembre 1793, g^n^ral de 
division 24 octobre 1793. 

DORSSNER (Jean-Philippe Raymond), enlr^ au service en 
1767, general de brigade 25 septembre 1793, general de 
division 27 Janvier 1794. 

BONAPARTE (Napoleon), lieutenant en 1785, g^n^ral de 
brigade 6 f^vrier 1794, g^n^ral de division 14 octobre 1795. 

LACOMBE-SAINT-MICHEL (Jean-Pierre), entre au ser- 
vice en 1765, g^n^ral de brigade 17 novembre 1793, general 
de division 13 fiivrier 1798. 






DB l'aNGIENNE INFAITTBRIB FRA1I(AI8S. 26i 

< • 

dbMACORS (Francois-Antoine-Joseph-Nicolas), canon- 
nier en 1760, g^n^ral de brigade 25 juillet 1793, g^n^ral da 
division 27 septembre 1799. 

DB SORBIER (Jean Barthelemot), entti an serried en 
1782, colonel du d« k cheval 22 mars 1794, g^n^ral de bri- 
gade 19 juin 1797, general de division 4 Janvier iSOO, pre- 
mier inspecteur general 29 mars 1813. 

ANDRJ^OSSY (Antoine-Prancois), entr£ an service en 
1781, general de brigade 17 avril 1798, g^n^ral de division 
4 Janvier 1800. 

SONGIS (Nicolas-Marie)^ entr£ an service en.l779, gted- 
ral de brigade 20 mai 1799^ general de division 4 Janvier 
1800, premier inspecteur general 30 Janvier 1804. 

DE MARMONT (Auguste-Fr^d^ric-Lonis Viesse), lieutenant 
en 1791, colonel du 2* k cheval 4 mai 1797, g^n^ral de bri- 
gade 12 juin 1798, general de division 9 septembre 1800, 
premier inspecteur general 16 septembre 1802, marshal de 
France en 1809. 

DULAULOY (Charles-Prangpis Randon) , entr^ an service 
en 1780, general de brigade 10 dicembre 1794, g^nfral de 
division 27 aoClt 1803. 

DB FAULTRIER (Francois-Claude-rJoachim), entr£ w ser^ 
vice en 1777, general de brigade 12 Janvier 1799, g&nicalj^ 
division 31 Janvier 1805. 

DE LAURISTON (Jacques-Alexandre-Bernard Law), entr£ 
au service en 1784, colonel du 4* a cheval 7 ffivrier 179S, 
general de brigade 13 septembre 1802, g^n^ral de division 
31 Janvier 1805, marechal de France en 4823. 



26^ HISTOIHB 

GASSENDI (Jean-Jacques Ba^ilieD), entr^ au service en 
ii&Ty general de brigade l^septembre iSOO, g^aeral de divi- 
sion is septenibre iiX}l&. 

S£:H0UX SB MQNTBELLOY (ieaa-Nicola»)^ estpe au ser- 
vice em 1755} g^u^l de brigade 5 £^vrier 1799, gin^rajl de 
divisioo S fdvrier 4S06. 

DB LA RIB0ISI£RE ( Jean-Ambroise Baston) , entr6 au 
«M*viee aa i 781 , gtesral diB brigade 29 addi ifi68> g^nimt de 
di^i$ioti 3 jto^ielr 1807, (treraidr iilspecteiHt gen^ndSO^ft- 
vrier 1811. 

i[ftNlfit]rt]B (Alifdittef-AKkftfldt'e>, entf« att scWcfe en 
1769^ cftldkW! db 2*i cfieval 21 iristrs 179S, gtoftald* bri- 
gade 29 aoM <80S, g^heWl de division 3 liiat^s 1807. 

F*6tI(JtiER (Louis-t*rancois), entre au service en lifSl, 
colonel du 6* h cbeval ct juin 1794, g^n^ral de brigade 29 
ao&t 1803, getieral de division 3 mars 1807. 

DE SAINT-LAURENT ( Louis- Joseph- AugUsW-Gabriel ) , 
entr^ au service en 1781, general de brigade 29 aeftt 1*803, 
general de division 11 juillet 1807. 

DE PERNETTY (Joseph-Marie), entr6 au service en 1782, 
oototl^l dd 1" ^ pied 30 deptembre 1802, geh^HY de brigade 
31 Janvier I80&, g^n^ral de division ii juillel 1807. 

DE SfiNARMONT (Alexandre- An loine-Hureau) , enlre au 
Service en 1784, colonel du G* a pied 14 decembre l80i, 
g^tieral die brigade 10 juillet 1806, genefal de division 7 de- 
cefaibre 1808, tue devanf Cadiz 26 octobre 1810* 



D£ L^ANGIENNB IWWIlfcll nUUf(AMI. tft8 

d'ANTHOUARD (Cbarl6fMHicril»), moMi kh iti\Mi^ en 
i IS&i eploitel dit i*" d obevsk 6. j«dUM tMO>^ igbHikM 4b M^ 
gade i^ fevrier 4806, general de division U juin 1810.- 

eofehdl dh i* i ehefd fi mtiik IftoO^, f^^ril ie MpAk 

TAVIEL (Albert-Louis-Valenlin). entr6 au senrice en 
1783, ^^dilral i% hiig^^iti jdh'^lef M, g^iiikt ^e divxtton 
il juiilet 1811. ' 

VALfiE ( Sylvain-Charles), entrt au service etf i79i^ ci)^ 
lonel du l""^ a pied 13 fevrier 1807, g^n^r^d de briga^te 
18 jtiilnfef 1809, g^ti^rat d6 division >$ a6<it Mty i^re&iier ia- 
specfeur general ^7 janvIer 18^0, maf^cW dfe Frabce ^ 
1837. 

AUBRY ( Claude-Chartes^, zntri au service en 1792, co- 
lonel du S"" k pied 25 octobre 1804, g^n^ral de brigade 7 juin 
1809, general de division 21 novembre 1812, tu^ i Leipzig. 

CHARBONNEL ( Josepb-Claude-Marguerite), entr^ au ser- 
vice en i792, colonel du 6* k chevd 3^ ji^ lfiM» gCttftHl de 
brigade 2 octobre i809, g^ral de divisioqii 9 jttiyiei^ l#f 9* 

TIRLET (Louis), entr^ au service en 1792, colonel du 8* i 
pied 30 mars 1802, gisairkl de bn^gitt49aMltlS(tt^fUttlral 
de division 10 janvier 1813. 

RUTY (Cbarles-ftienne-Frangois), entr^ au senrice en 
1 792, colonel du V k pied 30 sefitetlllM MM^^IliirflF^e 
brigade 8 Janvier 1807, g£n6ral de division 10 Janvier 4#ltf. 



264 BISTOIRB 

DROUOT (Antoine), entr^ au service en 1793, g6n£ral de 
brigade 10 Janvier 1813, general de division 3 septembre 
1813. 

DESVAUX (Jean-Jacques), entr6 au service en 1793, co- 
lonel du 6* k cheval 26 octobre 1804, general de brigade 
9 juillet 1809, general de division 6 novembre 1813, tu^ k 
Waterloo. 

LE NOURY DE LA GUIGNARDlfiRE (Henri- Marie), entr^ 
au service en i789, colonel du 2*^ pied 9 mars 1806, g^ 
n^ral de brigade 13 mars 1809, general de division 25 no- 
vembre 1813. 

NEIGRE (Gabriel), entr^ au service en 4790, g^n^ral de 
brigade 10 Janvier 1813, general de division 25 novembre 

1813. 



MARfiCHAUX DE CAMP ET GfiNERAUX DE BRIGADE. 

DE MONTMARTIN (Isaie de Mur), lieutenant d'artillerie en 
Touraine, Anjou et Maine en 1590, mar^chal de campl*' oc- 
tobre 1591. 

Marquis de LA BARRE (Henri de Chivre), lieutenant d'ar- 
tillerie d^s le temps d'Henri IV, marecbal de camp 15 avril 
1638, tue devant Saint-Omer en 1638. 

DU BOURDET (Rene- Acarie ) , marecbal de camp 27 mars 
1649. 



DE l'aNGIENNE INFANTERIB FRAN(AIdK. 26^ 

Comte d'ORADOUR (Georges de Bermondet), mar^chal de 
camp 29 avril \ 649. 

Comte DE COSSfi-BRlSSAC (Timoleon), mar&hal de camp 
6 seplembre 1650. 

DE SAINT-HILAIRE (Pierre de Mormes), mar^chal de 
camp 26 novembre 1677. 

DE CAVOYE ( Gilbert Oger ), capitaine aux Fusiliers en 
1671, major 20 fevrier 1672, lieutenant-colonel 25 avril 
1677, capitaine de canonniers 24 juin 1684^ brigadier 22 
Janvier 1691, marechal de camp 3 Janvier 1696, tue i 
Luzzara. 

DR VIGNY (Jean-Baptiste), lieutenant-colonel de Royal- 
Bom bardie fs a sa creation, brigadier 30 mars 1693, capitaine 
general des bombardiers 15 mars 1697, marechal de camp 
29 Janvier 1702. 

DE CRAY (Jean), brigadier 30 mars 1693, marechal de 
camp 29 Janvier 1702. 

D'ANDlGNfi DES TOUCHES (Jean), brigadier 30 mars 1693, 
marechal de camp 29 Janvier 1702, tue devant Trente en 
1703. 

DE RIGOLLOT (Jacques-Pierre), brigadier 4 Janvier 1707, 
marechal de camp 15 seplembre 1708. Ce M. de RigoUot, 
qui ^tait fort sourd , repondit un jour, au siege de Girone, au 
milieu du sifllement des boulets, k M. de Noailles qui lui de- 
mandait en plaisantant s'll entendait au moins cette musique- 
la : « Je ne prends point garde k ceux qui vionnent, jene fais 
d'atlenlion qu'a ceux qui s'en vont. » 



266 HISTOIRE 

Chevalier DESTOUCHES (Loais Camus), brigadier 10 (i- 
vrier i^04, licutenaiit-cotoiiel de Royal-Bombardiers 26 Jan- 
vier 4706, capitaine general des bombardiers 1 ^ Janvier ilfii, 
mar^chat dc camp 8 mars 1748. 

DB LA DEVIZE (Francois Loupiac), sous-lieutenant aux 
f'osit^ni ^ 1673, Major 28 septenlbre 1679, capitaine dTou- 
vrier? 20 octobre 1687, lieutenanl-ccJlb'Afel d^ fto>frf-AnJflferte 
8 octobre 1704, brigadier 29 mars 17iQ^ iparec^al.de c^^mp 
1^' fevrier 1*7 fd. 

D^ tKMfgLOGl^ (Jekii-Charles Ethmery), brigadier 31 jah- 
Vietf 171 a, ttfargchAl de camp 20 fevrier 1734. 

deJAUNAY (Francois), brigadier 1*' fevrier 1719^ mar^chal 
de catiip l'*" Janvier l'}4d. 

ttt BAOCARD (Hertri de Baraiflon), capilaihe d'ouvriers tt 
juilletl729, brigadier 1" aodt 1734, marechal de camj^ 20 
fevrier 1743, tue k Fonlenoy. 

DE LORME (Simon), capitaine de mineurs 1"' oct<5bre 1712, 
brigadier 1*' Janvier 1740, marechal de camp 3 mtil 1744, 
tu^ k Berg-op-Zoom. 

Comte DE BORSTELL (Gabriel), brigadier 1«' Janvier 1740, 
mar^chftt de camp 2 mai 1744. 

Baron de MESLAY (Urbain-Pierre-Louis Bodineau), briga- 
dier 1" Janvier 1740, marshal de camp 2 mai 1744. 

Marquis de THIBOUTOT (Louis -Francois), brigadier 
!•' Janvier 1740, marechal de camp 1" Janvier 1748. 



DE L^ANGKIfNE l5FAlCTmE FIAICCABB. 267 

Marquis de YAREIX (Joseph de La GapeUe-fifarival), cadet 
aux J^usiUersen i691, capitaioe de caocmaien^feTrier 4706, 
dommandant de bataillon ^4 jaavier 4740, iNrigaiier 3 mai 
4744, marechal de camp 1" Janvier 4748. 

DE FONTENAY (Jean-Louis Bondois), cadet dans lUfri-^ 
Artillerie en i696, sommandaDt de bataillon 44 fi^vner 4743, 
brigadier 2 mai 4744, marechal de camp 4*' Janvier 47(i8. 

DB PUMBECQUE (Alexondre^^agtee de rficfaftufi^,. Kenle^ 
nant dans Royal-Arlillerie en 1704, commandant M bataiiloft 
44 fevrier 4743, brigadier 2 mai 4744, marechal de camp 
4*'jariviet- 1748. 

DE TURMEL (Joseph-Anloine)> daf^tsliti^ ^ ittitt^eiiH 21 
decembre 1733, brigadier 2 mai 4744, marechal de camp 
4*" Janvier 1748. 

DUPAS (Louis-Auguste-B^^tt(lote), brigduH^r' « itt^i 4144, 
marechal de camp 1" Janvier 1748. 

Coftjte tiE LA GUETl^E (PJetre Te^td), ofBfcii^f' pbihtfeu^ 
en 1702, brigadier 1'' mai 1745, rhdr^chil A6 tartp fO mati 
4748. 

ESiSlGNlN (Ailtoine), brigadier «•* rtiai l74S, mar&tai de ' 
camp 10 mai 1748. 

DE LABINON (Louis- Joseph), brigadier \^ mai 474S, ma- 
rechal de catnp 10 mai 1748. 

Chevalier DESPlCTlfiRES (C^gar-Taschereau), aide du 
pare en 1712, brigadier 20 marjj 1747, marechal de camp 
4*^ mai 1758. 



268 QISTOIRB 

DB GUYOL DB GUIRAN (Jean-Baptiste-filisabelh), ofBcicr 
pointeur en 1720, brigadier 20 mars 1747, mar^chal de camp 
10 fevrier 1759. 

DB MOUY ( Pierre-Francois- Ansard), aide du pare en 
1720, brigadier 1'' Janvier 1748, chef de brigade 1" Janvier 
1759, marechal de camp 20 fevrier 1761. 

THOMASSIN(fitienne-Jean), capitaine d'ouvriers 26 te- 
vrierl73i, brigadier 10 mai 1748, marechal de camp 25 
juillet 1762. 

DE BEAUSIRE (Pierre-Henri), aide du pare en 1721, chef 
de brigade 1" Janvier 1759, brigadier 20 fevrier 1761, ma- 
rechal de camp 20 avril 1768. 

DE LOYAUTfi ( Arnould), aide du pare en 1721, comman- 
dant de bataillon T'juin 1758, brigadier 20 fSvrier 1761, 
marechal de camp 20 avril 1768. 

DESMAZIS DB BRlfiRES (Alexandre-Nicolas), officier 
pointeur en 1729, brigadier 25 juillet 1762, chef de brigade 
1*' Janvier 1763, marechal de camp 3 Janvier 1770. 

DE BRfiANDE (Pierre-Bonaventure Villiain), cadet aii 
bataillon de Yillers en 1720^ brigadier 25 juillet 1 762^ ma- 
rechal de camp 3 Janvier 1770. 

DE LA PELOUSE (Abraham Garrefour), sous-lieutenant au 
bataillon de Rorailley en 1723, brigadier 16 avril 1767, ma- 
rechal de CHmp 28 fevrier 1778, 

LAMY DU CHATEL (Pierre-Bernard), ofticier pointeur en 
1729, brigadier 16 avril 1767, marechal de camp 1*^ mars 
1780. 



DB l'aNGIENNE INFANTERIE FRAN^AISB. 269 

Comte d'AUMALE (Louis-Anne-Anloiae), commandant de 
balaillon 8 d^cembre 4755, brigadier 46 avril 4767, mar^ 
chal de camp 1" mars 4780. 

Chevalier db GOMER (Louis-Gabriel), officier pointeur en 
4732, brigadier 22 Janvier 4769, mar^chal de camp4«' mart 
4780. 

DB SAINT-MICHEL ( Pierre-Auguste de Limosin ), cadet 
en 4724, colonel du regiment de Toul 45 octobre 4765, bri- 
gadier 3 Janvier 4770, mar^chal de camp 4*' mars 4780. 

Chevalier de SAINT-MARS (Francois de Fortmanoir), of- 
ficier pointeur en 4734, colonel du regiment de Strasbourg 
49 f^vrier 4766, brigadier 3 Janvier 4770, mar^chal de camp 
l*"^ mars 4780. 

LE DUC (Claude-Marie Valenciennes), officier pointeur en 
4734, colonel du regiment de Besangon 49 f^vrier 4766, bri- 
gadier 3 Janvier 4770, marechal de camp 4*' mars 4780. 

DB LAMORTlfiRE (Jean-Marie-Antoine-Verton), oflfiei«r 
pointeur en 4734, colonel du regiment d'Auxonne 24 mars 
4769, brigadier 3 Janvier 4770, marechal de camp 1*^ mars 
4780. 

DE THIEULIN (Francois-Emmanuel), cadet au bataillon de 
Certemont en 4720, brigadier 4*' mars 1780, marechaJ de 
camp 5 d^cembre 1784. 

DOSTALIS (Charles), cadet en 4725, brigadier 1*' mars 
4780, marechal de camp 5 decembre 4784 . i 



/ 



270 HiSTOini 

OB LA ROCHE-VALENTIN ( Cbwles-Franjois Yalei^), 
ofBcier pointeur en 4739, colonel du r^^im^i^t de Melz 24 
mars 1769, brigadier i*' mars 4780, mar^chal de camp 
4*' Janvier 4784- 

kUA im 8AINT-PAUL ( Paul), ofBcfet pointcor m ifUy 
brigadier 4" mars 1780, roar^cbal de camp 4»' Janvier 47M. 

:pi«MA^iEY4J|icc|ue» JM(4rw4)^ wdeti^'llU, wtosel^n 
r^gwfieni ap ^fi^iApbte 4<'^ novfmbPQ I714^iklpid)edr i^ 9m» 
4780, nwr^ctiALdeoamp l*"^ Jattyier 1184. 

DB BOISGNOREL (Adrien-Fra^jgofe TWb^pt)? YolQPteirft^n 
4738, brigadier 4*' mars 47SO, war^chrf de Cftmp 1" jv^vier 
4784. 

BOUCHARD (Louis-Frangois), officier pointeur en 4737, 
colonel du regiment de Toul 4*' novembre 4774, brigadier 
4*' mars 4780, mar^chal de camp 4«' Janvier 4784. 

CHAAf 90N w LA BARTHE < Jsilien ), officiev pointeur en 
4734, brigadier 4*' mars 4780, marechal de camp 4*' Janvier 
4784. 

Ch<?vftlier m FRfiDY ( Nicolw), offtcief pwnteur w i73^, 

colonel du regiment de Besangon \ *' novembre i 11 Ay brigur 
dier4®^ mars 1780, marechal de camp 4" Janvier 1784. 

PICQUES DEjMeZERAC^Chll.?l^^-Juliw), ofaci^ poiij* 
teur en 4738, brigadier 4*' mars 4780^ ^ar^pf^ i^ <^WV 
4*' Janvier 4784. 

Chevalier de SELLOY (Benjamin^ cadet ^n 4729, briga- 
dier 4*' mars 4780, marechal de camp f** Janvier 4784. 



DB l'angienne infantbrib fraj^^aisb. 27 1 

gadler 5 decem^ce 1781 , ^anr^W de ^mtj^p 9 aw?5 4?%^ 

DEDON (Jean-Louis), eutre au service ^ 1735, t>Fi<>i^dier 
5 decembre 1781, mar^chal de camp 9 mars 178$. 

DB PRESLE (Jean-BapMste Berlin), entr^ au service en 
1734, colonel du regiment de Melz 1" Janvier 1777, brigadier 
5 d6cembre 1781, mar^cha! de cariip 9 mars 1788. 

91 FAUl^TRIEIi PB CQRVOt (JoaarGl^ude-Joadiiin}, et^M 
au service en 1737, colonel du regiment de Mefz3 juin IW#, 
brigadier 5 decembre 1781, marecbal de camp j9l n^i^rg 17^. 

D'HfiLYOT (Jacques- Airtoine Chenard), entt»6 au service 
en 1735, colonel du regiment de L^ Fer^ 3 J»iA 1779> bri- 
gadier 5 decembre 1781 , mArecbal de oaimp 9 xmx^ 17Q^. 

DE SAINT-MARCEL (Pierre-Augustin-Victoire Perrin), en- 
tre au serviceen 1738, brigi^lief 5 d^(&6Dit^ 1781»«Mmk(hal 
de camp 9 m^rs 1788. 

Baron d'FVOLEY (Hugues-Viclor), entre au service en 1738. 
brigadier 5 decembre 1781 , mar^chal de camp 9 mars 1788. 

DB COLONGES (Jean-Alexandre Espiar4)^ ei^tr^ au s^rviqc 
en 1732, brigadier 5 decembre 1781> m^jr^cbal de ^i^mfr 
9 mars 1788. 

DB LA GENESTE (Raymond Duchamp), enfr6 m i^wlc^ 
en 1735, brigadier 5 decembre 1781, mar6chal de ciM3i|» 
9 mars 1788. 

DUCROS (Jean), entre ^u service eg iJ^A^ brijg«4ier tkAi^ 
cembre 1781, marechal de camp 9 mars 1788. 



!272 HISTOIRI 

Vicomle de VOISINS (Jacques-Rose), entr6 au service en 
en 1739, colonel du regiment de BesanQon 3 juin 4779, bri- 
gadier 1*' Janvier 1784, mar^chal de camp 1788. 

FAURE DB GIERS (Jean-Antoine) entr6 an service en 
1737, brigadier 1*' Janvier 1784, marechal de camp 9 mars 
1788. 

Chevalier db LANCE (Louis-Cisar de Cheverzy), entti 
au service en 1739, colonel du regiment de La F^re 5 juin 
1783, brigadier 1**^ Janvier 1784, marechal de camp 9 mars 
1788. 

DORBAY (Jacques), enlr6 au service en i740, brigadier 
1*' Janvier 1784, marechal de camp 9 mars 1788. 

PILLON d'ARQUEBOUVILLE (Francois) , entr6 au service 
en 1740, brigadier 1*' Janvier 1784, marechal de camp 9 
mars 1788. 

Chevalier m GERMAY de CIRFONTAINE (Amour-Cons- 
tant) , entr6 au service en 4742 , colonel du regiment 
d'Auxonne 5 avril 1780 , brigadier 1" Janvier 1784 , 
marechal de camp 9 mars 1788. 

DB BELLEGARDE (Alexandre-Louis Cassi^re), entr^ au 
service en 1743, colonel du regiment de Toul 9 mai 1778, 
brigadier 1** Janvier 1784, marechal de camp 9 mars 1788. 

DB BELLEVILLE (L^onor-Maximilien), eutr^ au service 
en 1742, brigadier 1*' Janvier 1784, marechal decamp 9 mars 
4788. 

dbM ANSON (Jacques-Charles), entr£ au service en 1741, 
brigadier 1** Janvier 1784, marechal de camp 9 mars 1788. 



DE L^ANGIENNE INFANTBHIE FRAN^AISB. 273 

GOULET DB RUGY (Jean-Melchior), entr6 au service en 
1745, brigadier !•' jahvier 1784, mar^chal de camp 9 mars 
1788. 

Di LA ROCHE-GIRAULT (Jacques-Frangois), entr^ au ser- 
vice en 1738, colonel dijL.r6giment de Strasbourg 5 avril 1780, 
brigadier I*' Janvier 1784^, mar^cbal de camp 9 mars 1788. 

DE LA CHAPELLE-BELLE6ARPE (Louis*Fraiii;ois Pasie- 
ral), entce au service en 1743, brigadier 1''. Janvier 1784, 
marechd de camp 9 mars 1788. 

GANOT DB RfiCIGOURT (Marc-Antoine), enlri au service 
en 1743, marechal de camp 30' mai 1790. 



•_ 1 



DESOBEAUX ( Marc-Antoine- Joseph Muissard ) , entci au 
service en 1738, marSchal d^ camp 30 mai 1790. 

« 

PRfiVOSTDB LUMIAN (Joseph-Aujfustin), cntri au service 
en 1739} mac^c&al de camp 30 jn^ 1790. 

TERROT DB LA VALETTE (Etienne), entr6 au service en 
4734, marechal de camp 30 mai 1790*. 

d'ANGENOUST (Louis-Claude), entri au 'service en 1744, 
marechal de camp 1*' juin 1791. 

DE. Kl VERIEULX DB JARLAY (Bernard)., enlr^ au service 
en 1744, colonel du reginientde Metz 19 juin 1785, mare- 
chal de camp 1*' juin 1791. 

• ■ 

GOULET DB LA XOpR ( Jean-Kcrre); entr^AU service en 
1745, marechal de caiAp 1«' jum 1791. 

BlST. DE l'ANC. lArAHra^B FBAN^SB. T. VI. 18 



274 9ISTQ1RE 

1745} marephal de cafl(ip V JHift 17914 

Chevalier db BOSHYON (Anne-Geofifroy de Bonnissent), 
entr6 au service en 1745; marepha) de^ cam^ 1*"^ \\m i79i-. 

Marqute de PUTSfiGCK C Aman(tM'arcien-Jac<jue§ de Cha3- 
tenet), cntr* an service en 1768, 'colonet du regiment de 
Strasbourg 25 mai 1788, mar^chal die canx(, i*' d^cetnbre 
1791. 

HOUZ£ DB SAINT-PAUL (Ffad^oIs), etitff^ au service en 
1744, mar^chal de camp 16 mai 1792. 

DB MAUROY ( Jos^-iDeiNl^ ) t entr^ au sepfiee eid 1745, 

mar^chal de camp 18 juillet 1792. 

• • • 

DB GROMAJ^RQ ( J^aQ.) ,. en]tr6 au $e»*Tice ei^ 1747^ cobNA^I 

du regiment de Strasbourg 1*' avril 1791, mar^chal de camp 

7 §(9ple.mb?Q Ii7a2. 

m 

DB LACLOS ( Pierre-Ambfoise-Frangois Chauderlos][, entr^ 
aq service en 1760, marechal de eWp 32 sept^tn^i;^ 17^. 

DE SABRE VOIS d'OYENVILLE ( JacquesHenfi) , entr^ an 
service en 1746, marechal de camp 1*' novembre 1792. 

Chevalier db GIMEL de TUDBIL ( F^tre ) , entr^ au service 
en 1745, mar^chalde camp 1" novembre 1792. 

ViicomtecD'UBiFqBIE i>ft»OGE<[X)13HT'(J<ian<L4nit8-Charres)^ 
entrd au service en 1745, g^eral d< brigftde> 8 ihars 1>7%.* 

DB PUyCOMTAL ( JeaarlfmiWJip cieiBnyeH^ ^tr^watr- 
vice en 1745, g^nSral d^ bt'igadi^ 8 paiRSi 1793.. 



• V 



DE L^ANCIENNE IIVVAIITBfllE FRANgAISE. 97S 

t>« TROQS^FOl^TAINES ( Sn^tf/t^ Bottnaf >y 4tm^ to ieMce 
en i745^ ^en^al dtf brigade 8 ^^fd i7^« 

DB LA BAYETTE de GALLE6 ( Ghastes MdlWRl^y €fiff6 au 
service en 1749, colonoil du 3* It pM V nchrtaht^ ITtt^ 

g^n^ral de brigade 8 mars 1793. 

Dt LISPTNE (Francois- Joseph) , entri au setvici^en ii^9^ 
general de brigade 26 aotit 1793. 

DOMMARTlN (E^z^ar Auguste), entr^ au service en 1784j, 
general de brigade ^3 septembre 1793, ta6 en Hfgy^te.' 

4 

Di VEMlfiRES ( Nicolas-Gr^goire 'Aulmontj, entr^ au 
service en 1765, g6n6ral de 6i\igade 2 octo^re 1793. 

Dts CATELaN' ( J6seph-L56n), ehfr^ aii servide eh iitQy 
g^n^ral di6 brigade tO fioS^einbre il^i. 

LEMAIRE (Simon), e^ff& au service en 1775, g6jajir9}^e 
brigade 2t jattViet <YW. . * * 

DB CAMPAGNOL (Isaac- Jacques de Lard )y^iitri ad Mrfui^l 
en 1746, colonel du 4« i pied'jd^ avriri791., g^n^ral de bri- 
gade 20- rtotai 1794. 

« 

d'URTUBIE ( Th^odore-Becnard-SipaoA') , entrc aw JW^rmF 
en 1755, general de brigade 20 mai HM^.-^ 

M SENNEVILLE (Pbilippe^^fSp^^^Vibt^lre)^ taMl mi 
service en 1755^, colonel dti rigiiiaiibtr d«» Gdi0ilie99fi a)idlt* 
1787, general de brigade 27 f6vrier 1795. 

DROUAS (Jacques-Mariei-Giarles)^.eEtjd au aer^uce; 9tL 
1763, general de brigade ^9 septembre 1795. ' ^ • 



276 HISTOIBB 

DB SAVOURNIN (Jean-Baptiste-AugusteRenaud), entr^ 
au service en ^65, g^n^ral de brigade 12 mars 1796. 

d'HENNEZEL (Charles-Nicolas), enlr6 au service en 
1760, giniral de brigade i juin 1796. 

SALVA ( Antoine ), enlri au service en 1759, g^n^ral de 
brigade 10 Janvier 1799. 

DB FAULTRIER (Frangois-Claude-Joachim), entre au ser- 
vice en 1777, g^n^ral de brigade 1 5 mars 1799. 

• • 

DB LAMARTINI^IRE ( Guillaume Boyvin), entr^ au service 
en 1766, g^n^ral de brigade 31 Janvier 1805. 

MOSSEL (Jean-Louis Olivier), entr^ au service en 1792, 
colonel du 2* k cheval li mars 1799, g^n^ral de brigade 
18 seplembre 1805. ;f.: 

^UCHET ( Jacque8-Bonaventnre7)'''^'entr6 au service en 
1764) colonel du 4? ii^^ied 20 Janvier i 802, g^n^ral de brigade 
18'8eptembre 1805. 

. . . --..if ■ ■ 

DEDON (Fraa9ois-Louis),£iijM'au service en 1777, co- 
lonel du 7* k pied 22 ayril'lSOi, g^n^ral de brigade 26 octo- 
brc 1805. 



" ■ • 



COUIN ( Jos^ph^EllE^^ entr^ au service en .1780, 

chef d'escadron dei TartiU^^ a cheval de la garde des Consuls 
24octobre 1800, g^n^rdy^de brigade 9 mars 1806. 

DB FAULTRIER (Simon), entr6 au service en 1779, 
colonel du 2* h pied 14* mars 1799, g^n^ral de brigade 22 no- 
vembro 1806. 






DE l'angienne infantbrie fran^aise 277 

NAVELET ( Alexandre-Pierre ), entr6 au service en 1786 , 
colonel du 3* ^ cheval 20 Janvier i8(B, g^n^ral de brigade 
2! juin 1807. 

DEMARQAY (Marc- Jean), entre au service en 1792, 
colonel du 5* k pied 20 Janvier 1802, gin^rai de brigade 
8Kvrierl808. 

dbVILLARET^OYEUSE( Jean-Marie), cntr4 au service 
en 1774, g^n^ralde brigade 8 aoilti 808. 

BOURGEAT ( J6r6me-Dominique ) , enlr6 au service en 
1782, general de brigade 28 aoilt 1808. 

EB BICQUILLEY ( Pierre-Marie), entr6 au service en 1792, 
colonel du 7* k pied 26 octobre 1803, general de brigade 
14novembre i808. 

d'ABOVILLE ( Augustin-Gabriel ) , entr6 au service en 
1789, colonel du 1*' kpied 3 avril 1805, g^n^ral de brigade 
14 mars 1809. 

d'ABOVILLE (Augusle-Marie), entr6 au service en 1792, 
general de brigade 9 juillet 1809. 

CORDA (Joseph), entr^ au service en 1792, g^niral de 
brigade 6 novembre 4810. 

BALTUS ( Basile-Louis-Guy-Marie-Victor ), entri au service 
en 1780, colonel du 1*' a cheval 9 mars 1806, g^n^ral de 
brigade 14 mars 1811. 

BOUCHU (Francois-Louis), entr6 au service en 1791, 
colonel dn 3* k pied 16 octobre 1805, general de brigade 19 mai 
18H. 



278 HintMti 

FAURE Bi G!ER (Ghrritien^FTanf^is-ABtoine), etoAfi auaer- 
tiee «n i783, colonel iaA'k cheval 20 Janvier 1803, giii&al 
de brigade ^ juin 18 1 1 . 

lOUFVtlOY ( Ketiie ), «ntr6 au service en 17BI , giotod de 
brigade 33 ftttn tail. 

LfiPIN (Pierre-Henri), entr6 au service en 1792, g6n6rai 
de brigade 23 jninl 81 f. 

FILHOL DE CAMAS ( Jean-Edmond ), entr^ au service en 
178 », g^6ral de brigade 23 jam 1811 . 

PROST ( Claude ), entre au service en 4780, g^niral de 
brigade 21 juiRet 1811. 

PELLEGRIN (Joseph), entr^ au service en 1719, general 
de brigade 10 Janvier 1813. 

, EVAIN (LoaiB-<Aug!xste-^FrM^rio>, entrd au terrice en 
1792, general de brigade 12 avril 18 1 3. 

BE!RGE (Francois Beauduille) , entr£ au service en 1794, 
colonel du 5' a cheval 22 decembre 1808, general de briga'de 
26mail813. 

MONGENET (Francois-Bernard), entr6 au service en 
il^A^ g^ifmMe^ biirigade k jurn 4813. 

. BOULARD ( Jeau-Frangois), entr6 au service en 1793^ 
g^n^ral de brigade 6 novembre 1813. 

Ml^AG&Ua (Joseph) , eHftre a« service em 17Ti, general 
de brigade 2 decembre 1813. 



DE l'ANGIENNE itlPilMSRlB FRANCAISB. '£¥§ 

d^HERVILL£ ( Jeaii-Baptlsrt^-MUh^t-RMd biiMLll) , eiktr^ 
au service en 1766, gdneral de brigade 8 janYier I8I4> 



teiGADIEftS. 



DE BARYILLE ( Acbiile ], capitaioe aux Fusiliers 4 evril 
1671^ major 6 septembre 1674^ lietttenaat-colonel 26d^D»- 
bre 1678, brigadier 28 f^vrier 4686. 

DK MONTIGNY (Charles de Lamperi^re), lieatenant aux 
Fusiliers en 1671 , capitaine de eancrBBiers W M8f yttMtenant- 
colonei ea 1687, brigadier S8 ayril 4604% 

DE MAISONC^LLES (Guiilaume f exier] , lieutenaat aux 
FusUiers en ^675, GflfiHaiue d6 cm&iAidtftm i68?j HHi|Oir'26 
mai 1689, brigadier 3 jantier 1696, KfUUiMttU'coloM <k 
Royal-Arlillerie en 1702, tu6 k Hochstedt. 

FERRANT d'ESCOSSAY (Francois) , brigadier 29 Janvier 
170«. 



; . >r V 



b'HOUVILLE (Bernrffiri i^<i), WigadSrt* 30f ttttw 1^03, 

lue a Turin en 1706. *^ ^^^ ' 

DE eftNONVILLE (N.), bri^f^i' 26 6ctoW€ <f8*. 

DE La MOTTE-BARACfi { N.) , brigadier 26 oclobre 1704. 

DE SALlfiRES ( Etieime-Afldri Gitteipr), br^ftittfiet 2^ octo- 
bre 1704. 



280 UI8T01RB 

PB MAGNY ( Fran<?oi8 de M6ry ), brigadier 29 maw 1710. 

DB QUINCY ( Charles S^vin), brigadier i*' Kvrier i1i9. 

DB RESSONS ( Jean-Baptiste Deschiens), brigadier !•* fe- 

yrier i7i9. Get offlcier, qui avail quitt^ la marine en 1097, 

a donn^ au Jardin du Roi le caf6ier, dont les rejetons onf peu- 

pl^ les Antilles. 

• 
PIJART (N.), capitaine au regiment de Navarre, pass6 dans 

les Fusiliers avec sa compagnie en novembre 1677, capitaine 

decanonniers 5 Janvier 1694, lieutenant-colonel commandant 

un bataillon de Royal-Artillerie 25 f^vrier 1720^ brigadier 3 

avril 1721. 

DB CBRTEMONT (Charles du Plessier), lieutenant anx^ Fu- 
siliers en 1674, lieutenant-colonel commandant un.batalUon 
de Royal- ArtiUede 25 fi6vrier 1720, brigadier 3 avril 1721. 

Chevalier db MARANS db VARENNES (Louis-Frao^is), 
brigadier 3 avril 1721. 

Chevalier DB JAUCOURT (Jean), brigadier 3 avril 1721. 

DB ROMILLEY ( N. de Thorigny ), cadet dans Royal-Bom- 
bardiers en 1687, 1ieuienant*cotbnel commandant un bataillon 
de Royal-Artillerie 25 f^vri^^r 1720, brigadier 20 ffevrier 
1734. 

Chevalier db LA CHAUBRUflRE (Alphonse de Lestenon), 
brigadier 20 fevrier 1734. 

DB BRfiANDE (Joseph-Bonaventure Villiain), cadet aux Fu- 
siliers en 1686, lieuienant-colouel commandant un bataillon 
de Royal-Artillerie 31 mai 1728, brigadier V hotki 1734. 



DE l'aNGIENNE INFAmrBKlE FRAN^AISE. 281 

DE LA BORIE (N.), sous-lieutenant aux Fu&ilmrs en 4687, 
lieutenant-colonel commandant un bataillon de Royal- Artil- 
lerie lOd^cembre 1731, brigadier i*'mars 1738. 

DB VALANCEAU (Bernard Drohin), lieutenaQt dans Royal- 
Arlillerie en 1693, lieutenant-colonel commandant un bataillon 
20 Kvrier 1733, brigadier 1*' Janvier 1740. 

Chevalier DESMAZIS (Henri ), brigadier 1" Janvier 1740. 

Vicomte de RICHECOURT (Francois-Raymond de Ronty), 
cadet dans Royal-Bombardiers en 17(K), lieutenant-^^olonel 
commandant un bataillon de Royal-Artillerie 18 decembre 
1743, brigadier 1'' mai 1745. 

DE GAUDECHART D'HENNEVILLfi (Louis- Antoine), sous- 
lieutenant dans Royal-Artillerie en 1705, lieutenant-colonel 
commandant un bataillon 3 juin 1744^ brigadier 20 mars 
1747. 

ANTONIAZZl (N.), capitaine de mineurs 25 juillet 1729, 
brigadier 20 mars 1747. 

DB LOUSTEAU (Marie-An'toine Brakenhenner ) , capitaine 
d't*uvriers 25 juillet 1729, brigadier 20 mars 1747. 

Du GRAVIER (Antoine), brigadier 20 mars 1747. 

GUILLfi (Jean\ charpentier en 1706, o£Scier pointeur ^ 
1713, brigadier 1'' Janvier 1748. 

Chevalier de T LUVIERS (Hyacinthe), brigadier 1" Janvier 
1748. 



28S RidtomE 

REGNAULtWT (Jos6p!i), brigadier 4* janifef Aim. 

DB FONTFAYE < Armand de Morogaes) , brigadwr 10 mai 
4748. 

BRUNEI DB FIEFF ( Jacques- Jeaa) , brigadier 40 mai 
4748. 

d'ALLART (Hugues-Charles), brigadier 40 mai 4748. 

deBLANZY (Etienne-FraDQois), brigadier 40 mai 4748. 

BIET OB LESPINOY (Joseph-Nicolas), capitaitie dd minetTTs 
4^ seplembre 4737, brigadier 40 mai 4748. 

DE CHABRlfi (Raymond), volontaire dans Royal-Bombar- 
£ers 6n 4707, Ireutenant-colonel commandant un bataillon de 
Royai-Artillerie 28 Janvier 4753, brigadier.4'' mai 4758, ixxt 
k Bergben. 

DE B£)LID0R (Bernard de Foreste), brigadier iO ftvrier 
4759. 

DE LA PELLETERIE (Urbain -Pierre-Louis Bodineau), offi- 
cicJr pointeur en 4732, chef de brigade 4«' jaaivie^ I7S9, 
brigadier 20 fevffer 4764. 

DB SABREVOf&DB BtSSEY (Anne), offircier j^iMJi^Uf en 
4722 , brigadier 25 juillet 4762 , chef de brigade 8 decembre 
4762. 

DE COSNE (Andre-Claude), officier pointeur en 4719, 
!i<fulenanfr-colbtt«t comittaudanl* an bataiHon 4" janviep 4757, 
brigadier 25 juillet 4762, chef de brigade 4*^ Janvier 47^. 



BE L'AIIGIBNNE f^iUnmilE FRANCAISE. 2^ 

D« VER (Jacques-isaac), ofBcrer pointear en f T15, ccAonel 
du r^gimeat de Besancon IS ectobre 1765, brigadier 16 avril 
17^7. 

Chevalier db MALAVILLERS ( Adrien-Franjois de Hatill) , 
officier pointeur en 17^7, brigadier 16 avril 1767. 

DB CHAMPAGNE (Jean-Baptiste-Gabriel), of&cier pointeur 
en 1728^ colpnel du raiment de Stratbmug 13 octobre 1768, 
brigadier 16 avril 1767. 

CUNCHAMP DE BELLEGARDE (Josepb-Albert), oadct en 
1720, brigadier 16 avril 1767. 

DE CHATEAUFER ( Charles-Robin de Coulogne ) , cadet en 
1720, brigadier 16 avril 1767. 

dbVIMONT (Charles- Alexandre-Timoldon Godard), officier 
pointeur en 1729, brigadier 16 avril 1767. 






DE VERTON de RICHEVAL (Philippe -Louis), officier 
pointeur en 1729, colonel du regiment d'Auxonne IS octobre 
1765, brigadier 22 Janvier 1769. 

BOILEAU DEs COMBES (Laurent- Michel-Joseph), officier 
pointeur en 1734, brigadier 22 Janvier 1769, colonel du regi- 
ment de Besancon 9 juillet 1769. 

DE VOISINS (Etienne-Fran^ois), sous-lieutenant en 1722, 
brigadier 3 Janvier 1770. 

DE MALAVILLERS (Jean^eorges de Haull), cadet en 1723, 
colonel du regiment de Toul 16 avril 1767, brigadier 3 Jan- 
vier 1770. . 



284 HisToiu . . 

Chevalier db BRON (Jeaa-Pierre-Frangois de Ciret)^ officier 
pointeur en 1737, brigadier J Janvier i770. 

DESGUERS (Joachim), officier pointeur en 1734, brigadier 
1- mars 1780. 

Di MALHERBE (Paul-Jean-Bapliste), officier pointeur en 
1733, brigadier !•' mars 1780. 

• 

MINARD DB SALEUX (Edme-Etienne), offioier pointeur en 
1722, brigadier I" mars 1780. 

dbBAROILLE (Francois-Louis), cnlr6 au service en 1733, 

« 

brigadier 5 d^cembre 1781. 



=5.- 



DE L^ANCIBNNE INFANTBRIE PRAN^AISE. 285 



BtellBNT MTAL-ITAUUI. 

Steeidurqae el RamU^. • 

COLOIfEL&OJEUTINANTS. 

1. Cointe MAGALOTTl ( Bardo dei Bardi), 27 mars,167l. . 

2. Comte AI.BERGOTTI (FranQois-Z^nobe-Philippe), 29 «vril 
1705. ' 

3. Marquis ALBERGOTTl (N.), 23 mars 1717. 

4. Marquis BJONTI (Antoine F6llx ) J 7 juillet 1 731 . 

5. Prince dk CARIGNAN ( Victor-Am6d6e de SaToie), il mm 

1738. 

6. Marquis MONTI (Charles-Arraand), 28 aVril 4741. 

Le comte Magalotti(l)9 capitaineaux Gardes Fran^ 
gaises, re^ut de Louis XIY, le 27 mars 1671 , udo 
commission qui I'autorisait k lever un r^ment d'in- 
fanterie en Italic et en Pi6mont. Avant la fin de 
Tannic ^ Magalotti amena en France un superbe 
corps de 27 compagnies de 204 hommes chacune. 
Louis XIV le voulut voir et en fut si satisfoit qu'il 



(1) Le Comle Magalotti poss^da, en m4me temps qpe le r^i*- 
men! Royal-Italien, la charge du lieutenant- colonel det Gardes 
Frao^aises. 



386 HlftTOlBB 

lui donna h Tinstant le litre de Royal-Italien et vou- 
lut qu'il fdt habillc uniform^ment de la couleur de 
rhabit qu'il porlait ce jour-l^, c'est-k-dire d'un bnin 
caf6, qui resta jusqu'au milieu du xyui* sitele une des 
singularity qui distrngu^fctit ce n§giment, Celui-ci 
reQut en m^me temps des drapeaux d'ordonnance 
dont chaquecarr^ 6tait partag^ en deux triangles, 
Tun cramoisi et i'autre brun. Les croix du drape'aii- 
colonel et des drapeaux d^ordonnanee furent plus 
tard sem^es de fleurs de lis d'or, comme celles de 
t6us les regiments royaux. 

Royal-Itairen fit ses premieres armes en Hollander 
eh 1672, sous les ordres du prince de Coridi«. U 
servil k la prise du fort de La Lippe , de^ Wesel^ de 
Nim^gue, de Grave ^ de Bommel et du fort de 
Loowestein . II se trouva aussi cette ann^e au aecours 
de Woerden el 4 Tattaque du fort d^AmeydsiK 1 
suivit, au mois de d6cembre , le due de Luxembourg' 
dans sa fanocuise expedition de.Bode;p*ate et Swata- 
merdam f ti ftit ensuite mi& em gamisbiii ii RasifMtf» 
ndemevra dans cette place pendant toMe 1^ eMfipd«- 
gBe dtt 16731^ et^ lorsque Farmee irmujii^e dttt^vaM 
cser la Hollande, 11 re^ut I'ordre ^eo FuifMi^.tes 
fortifications, it quitta Kampen te t9 cfecmifemr, 
faisant tauter derviirc Itti le poirt d^ TYssret^ ^ ^ 
retira k Arnheim. II evacua cette dernifere ville en 
mars 1674, occupa pendant quclque temps Thiel et 
se mit enfin en rourte'pour joindre Tarmee du prince 
do Cond6. II la ratlia , le 1 1 aoilt , sur le champ de 



DE l'aNCIENNE U^FANXERIE FRANgAISE. 287 

batailledeS^neffetprit part aux deroiers Episodes 
da cekte sanglante a({iaire. 

Lt raiment continua de servir en Flajaulre en 
1675 : il fit Kann^e suivante te siege de Cqad6 et 
Gouvrit les operations de celui de Bouchain. En 1 &77, 
il ei^it au corps d'arm^e duduc d'Orleans ; ilfit le si^ge 
de Saint70mer et combatUt \aiUamcaf nt, le 1 i axril,^ 
h bataiUe de Cassel, oil il ^tait en deuxi^ahaligne, Le 
lieutenajftt-<;olanel de Villars et vlq lieutenant y furent 
t]«6$«. Les capitaines cocnte de Serra\allo> mavquis 
Rosa etdeSuce>^ quatrelieotenantiet deuxeoseignesy 
furent blesses. En i Q-1S , IloyaMt alien contrihua h la 
prise de Gand et d'Ypres et assista k la balaiUe de 
Saint-Denis. En janvieir 1 ^79^ Usubitk \atenciennei^ 
ou il ktt^W en gamisoh, une r6£ornie de 1 J^^ hinn-^ 
mes et fut iredMAt & 1 2 compagnics. 

^n i&80^9 k seginobent etait en gamaison 4^UUdi. 
it y fut pafise en r^vue le 1'' aoM par Louis. XIV* En 
i&^S et 1684, il fit partie d^e raxoq^a deFlandreet 
coutvrit te siege de Luxembeurg.. . 

II servit encore en. FJaodro^ en 1689 ,. sow. le 
mar^cJhaJl d'JQLumi^res et se troiiva au combat da 
Walcourt. 11 commenQa la carapagne de i69&suc-la 
Mosdk> mais 11 cetoufnabientdt dans let Pays^fibs 
et combattit a\ec uae rare >alear i Fleurus. Uem- 
seigne Albargotti, depuie lij^tenant-coloael^ y £ujk 
Uiesse. L'amnee suivante ^ Royal/- ttalieo fit h si6^ de 
Atons et arista au combat de Leuze.; il aeheva^la 
(^mpagne au ca'jttp de Gerfontsdiie cipriLsfli&iiuajctiert 



288 HISTOIRE 

d'hiver a Dixmude. La campagne del692 futglo- 
rieuse pour le regiment. II prit part k la difficile 
conquSte de Namur et de ses ch&teaux , et fut en 
grande' partie cause de la victoire de Sleenkerique; 
On sait que le mar^chal de Luxembourg fut ce jouiv 
\k compl6tement surpris et que deux r6gimente, 
Champagne et Bourbonnais , qui etaient en avant, 
faillirent 6tre ecrases. Royal-Italien arriva le premier 
au secours de ces troupes compromises , d^flla fi^re- 
ment sous le feu de Tqunemi, vint prendre son poste 
de combat k ladroite de Bourbonnais, contint les 
Allies qui se croyaient d^ja surs de la victoire y et 
donna le temps k Luxembourg de faire ses disposi- 
tions. Au plus fort de la lutte, le regiment eut encore 
la gloire de .d^gager les dragons du Dauphin qui se 
trouvaient completement cernes par Les troupes 
anglaises. Royal-Italien eut huit officiers blesste dans 
cette affaire : vipgt soldats y perdirent k vie, etciri- 
quante autres furent blesses. En parlant de lui dans 
son rapport le mar^chal de-Luxembourg s'exprimait 
ainsi: «Royal-IlaIien , aussibien que Royal-Comtois, 
firent tons deux ce qu'.on devoit attendre de braves 
regiments. » 

En 1693, Royal-Italien combattit a Neerwinden , 
oil le capitaine Albei^otti regut encore une blessure 
dont il demeura estropi^, et fitle si6ge deCharleroi. 
11 passa rhiver a Valenciennes et , en 1694, il fut 
transports en charriots au fameux rendez-vous de 
l*arm6e au pont d'Espierres. II assista, en 1695 , au 



DE L^ANGIBNNE INFANTERIE FRANCA1SE. 289 

bombardement de Bruxelles et servit aux sieges 
de Dixmude et de Deynse. II fit avec Lyonnais les 
deux campagncs suivantes, prit part, en 1697, 
au si6ge d'Ath et fit partie, en 1698^ du camp de 
Gompi^gne. 

Royal-Italien retourne en Flandre en 1701, et se 
trouve en 1702 h la d^faite des HoUandais sous les 
mursde Nimegue. En 1703, il passe k Tarm^e d'Al- 
lemagne et sert aux sieges de Brisach et de Landau. 
Le 8 novembre , il emporte avec Touraine une con- 
tre-garde de cette derniere place, et le 1 5 , il combat 
bravement au Speyerbach. Au commencement de 
1704, il fait partie du camp de Neerhespen com- 
mande par M. d'Artagnan et, au mois de mai, il 
passe en Flandre avec ce general pour renforcer 
Tarm^e du general espagnol marquis de Bedmar. 
11 sert en 1705 a I'armee de la Moselle. Retourn^ en 
Flandre en 1 706 , il fait des prodiges de valeur le 23 
mai a Ramilies et sauve par son Anergic la brigade 
de Picardie. Entre dans Menin apr^s cette d^faite, il 
defend cette place jusqu'au 1 3 aout, et aprfes la capi- 
tulation il se retire k Douai oil il passe I'ann^ 
1707. L'ann6e suivante, Royal-Italien se trouve au 
combat d'Audenaerde, et, pendant lesi6ge de Lille, 
il demeure au camp de Pottes com.nande par le 
chevalier de Croissy. En 1709, le regiment embri- 
gade avec Royal, fait partie d'un corps s6par6 
commande par son colonel-lieutenant, le comte 

■1ST. PE l'aNC. INFARTERIE FftAN^lSfi. T. Tl. 1^ . 



290 BtSToni 

AHiergotti (1). Le 24 juiltet^ se^ grehadievs attacffaewt^ 
Tabbaye d'Hasnon 6t I'emportent , mm le ofae^ier 
Albergotti, s6n lieutenant-colonel, y p^rit dtei te 
odmmencemeirt de Faction (S). Le; i^^iiart'lail: 
encore de merveiUeux efforts k la grandftj^iWe^fe 
Malplacpii^ et se retiir^ ensuite k Doubi.f dont la 
magntfiqae d^fens^en 1 7 1 e^ la plui$ bellepage de 
rhisioire de ^on chef, le comte Albergotti> Bfn des 
meilkiuTs olfBcierB de 'Loiik XFV . 

En 171 i ^ Royal-Italien , de brigade iyec Royal ^ 
Vaikseafix , se trduve k Tattaque d'Arleus etn^ ceUe 
du eamp d'Hordain; ^t^ en 1712^ il cdnttibue 1 
la Tictoire ite Denaih et k la reprise de 'Domi^ 'du 
Qiiesmrf et de Bou(thain. Pass6 en 17«d ft Vkfum 
du Rhin, il i^rt auji sieges de Landau «t de Frifcottfg* 
Pendant ce demi^f sidge^ il eainpe atecPi^c^lftlfir 
leRoscof et trouVe I'dceasion dese signaler. Le d #c<^ 
tbbre^ vers le soir, k I'attaque dU chM^au, ies amiiif- 
gcb font sortir 400 honimes qui Befdrmentdehriirela 
rcidoiile de TEscafgot et marcbent droit k la-sape de 
gauche oil 6taieht \k^ grenadiet^ des V(&gime»t& Roy^ 
Itatien, de Sparine et de Bifgey sootenus par des^pi- 
quets. L'eJnnemi, ayarit Fa^antagedu terrain, oblige 

(\ ) Le comte Albergotri , eDs^igne au corps k sa creation , ^tait 
neveu dfu confite *Maj^alo(ti ; !1 deViat fieutenant-colonel i7 jaiitier 
1&78, brigadier iOpkn 1690j tnai^chal de calnp 6 Juiti 1^94 et 
liiutejiJu)t-g^n6ral 29 jdtivier 1702. It atait en mttme temps uae 
compagnie aux Gardes Fran^aises. 

(2) Jacques Albergotli/eiiseigne en ("68^, major 25marsltf97, 
brigadier 26 oclobre 1704 et li<mttniftnt*€o)ovel 5 mai 1708. 



DE l'aNGIBNNE rWAlfUfiftlE FRANCAISE. 2&f 

d'abord les gremdiers k rfeCul^if*, etii*' trbuve tm 
mstant maitre de la tMe d6 lal sape, rate Hoyal- 
Iteliert arrive et leschasse. Les'linpferiatixrevietiiient 
deux fois a la charge, et chaqfue fdk ils ^thouent 
devAnt I*6nergique cdntenatice du i^^lmenf (jui ]q| 
refute eiifin dans la place. - ^ 

RoyaUtilien fut appelS eri 1727 et 1732 au|: 
camps assetriblifes sur tet fivifil'e dd Sambrc? tetfit 
sur le Hhin ies ti*ois campagilids del te gufetre de 
la succession de Pologne. 11 se fit ir^tnarquer al^ 
cottibaft de Klausen (I').' 

Pefhdant les deux premieres ann^es de latgaeme 
de la succession d'Aiitriehe, R^yaWtiifen fit pattic 
de Parnirte d'observaHicin de 'PlancWe. Un f749,- Hi 
ftrt envoys sur le Rhfn ft'l-afrate du mafrfichst!' ^ 
^^oalltesiit ftrt can<on!^ All rtWfe del mai^ FrWdWch^ 
feld et Eppefheim entre le'RHiti etleWieckter. fl cjriitta 
c(^ posies Ife 14 jaih^pmH- ailler auHd^vafnt de rifi* 
mee de Baviere et , h sote a!<fi#e a Dotiaiiwertli j if 
fut driigfe sur Ingolstadt. It reiitra iBuFr ance aw inofe 
de juillet J fut d-abord cantonnfe aveft Ctiampagne i 
Colmai*; pnis^ Nambsheim , et fimtla cimpa^neau 



Mk^tA^rfi^iiriMUh^aHMA *> 



(\) U raiment .^k^ait :|Ljors,4?pm?iAi^4^ dpar 1^ ,ii^gr^i9.J^oi||i,, 
noB)m6 brigadier !•' f^vr.ier 17^9,,mar(§p^^l jie cjump J 3 f^^i^er 
i734 et lieuteuant-gdneral 4 juin ^736. Son successeur, le prince 
deCarignan, avail obtenn d'e^M6e f« grade d«rlieut#aai>fc-ffi«i4*il 
le i*' noveinbre 1723. Au prince de Carignan 8ucc6da le marquis 
Monti , fils du pr6c6dent, entr^ au corps comme enseigne en 1738, 
brrgffdier l**^ Janvier 474« , mar^chal de G9mp^9 fmYieit i'MiQf 
Iieutenant-g6n6ral:t5 juFiWet 4762. ' .•..., 



292 UI8T0IRK 

camp de Ghalempey. Au commencement de 1744, 
renforce par 300 recrues recemment arriv^es de 
Marseille, ilfutd'abord jete dans Strasbourg pendant 
ies premiers moments de I'invasion de I'Alsace par 
le prince Charles ; il contribua ensuite k la reprise de 
Weissembourg et des lignes de la Lauter, combattit 
avec Picardie k Augenheim et servit au si6ge de 
Fribourg, oil, le 9 octobre, il participa k I'attaque 
des angles saillants du chemin couvert. L'ann6e sui- 
vante, il fut appel^ en Flandre apr^s la bataille de 
Fontenoy , servit au siege d'Ostende oil le lieutenant 
La Bastide fut blesse , et revint ensuite en Alsace oil 
il demeura toute Tannic suivante en garnison. II 
quitta ses quartiers en decembre 1746 pour aller 
renforcer Tarm^e des Alpes. II contribua en Janvier 
et f6vrier 1747 ^ chasser Ies Autrichiens de la Pro- 
vence et s'embarqua le 18 mars k Marseille pour 
passer k G^nes. Port6 a deux bataillons le 1*' juillet, 
' il prit, sous Ies ordres du lieutenant-colonel de 
Belleval (1 ) , une part trfes-active i la belle et p^nible 
defense de G^nes. A la fin de cette ann^e , il fut mis 
en quartiers d'hiver k Voltri avec Royal-Comtois et 
Royal-Bavi^re. Ce poste fut attaqu6 le 18 ffevrier 1748 
par Ies g^n^raux autrichiens Nadasty et Batlhiany , 
qui le cern^rent avec 4,000 mille hommes et quatre 
canons. Le d^tachement, qui gardait le poste de 



(1) Jules-C^sarRaulin deBeUeyal, enseigne en 1711 , lieutenant- 
eolonel 4 f^vrUr 1746 , brigadier 10 mars 1748. 



DE l'ANGIENNE INFANTERIE FRANQAISB. 293 

Nielle , ceda devant des forces trop superieures, mais 
les Imp^riaux trouv^rent une r6sistance heroique 
dans les d^fenseurs du poste des Capucins. Ces braviBS 
repousserent toutes leurs attaques pendant six heures 
et donnerent le temps au due de Richelieu et au 
raarquis de Chauvelin d'arriver k leur secours avec 
huit bataillons. Les Autrichiens se retir^rent apr^ 
avoir perdu 500 hommes. La paix s'etant faite, 
Royal-Italien vint par mer, au moisde novembre, 
de Nice a Antibes, et, en mars 1749, ses deux ba- 
taillons, ayant 6te trouv6s trop faibles, furent fon- 
dus en un seul. 

Royal-Italien fit partie , en 1756 , de FexpMition 
de Minorque. 11 se signala par des prodiges de valeur 
k la prise de Mahon. A I'attaque du 27 juin , il for- 
mait la t^te de la colonne du centre, dont les efforts 
devaient se diriger sur la lunette de I'Ouest et sur la 
redoute Caroline. Le signal fut donn6 a dix heures 
du soir. En un clin d'oeil , ces braves soldats s'empa- 
r^rent des chemins converts , coupferent les palissa- 
des , enclouerent douze canons et en bris^rent les 
affuts. Celte brillante affaire cotita la vie au capitaine 
de Modene; le colonel reform^ d-'Elva , les capitaines 
Patrizzi, Pierardi, comte Monaldi , Tenesoli, mar- 
quis Botta (1) et le lieutenant de grenadiers Gancelli, 



(i ) Le marquis Charles Botta , capitaine en 1747 , fut plac6 le 28 
juin 1759 a la tete du corps, en quality de colonel-commandant, 
pendant que le marquis Monti servnit dans son grade d*oflicier 
general. 11 exerga aiusi jusqu'en 1780, etdevint brigadier SOavril 
1768 et mar^chal de camp 1*' mars 1780. 



fufiml bkss^sv ipreaqulB toue griiVemeDt. Apr^ Wmh 
4ite6 ^umigfiiem d^ il'Hey le regiment paBcasen Gorme 
^ ii aa[^ma. le dff /no^enibBe <iwee<Mw de GastrieK, 
efaargi id*ap^er >les)]hroiibles e9ieit6s far la riviAit6 
de Baoii >ot A^ Mittra. II vctetforna ie Mmorque en 
«l7^^:deiBeiifraien gannisoD kiGiiiladiella> JusMpi'li la 
paAXv Le lOOkiteMieiutenaiit ,. «anipii& Monti y semait 
peridtinft ce. temps^l^Jiux aFMtes d^'AUemagne dams 
sQfi'Jgi!ade:de;)iHaii^cbad de cavAp^ et pfcevait-deux 
ctups }de> feu aljaf&ire idie Min'dieQ -{i). . 
!:jReDjt9ei£in FftoG^ h\iL fin de i 76S , iRt)7al«Ital]en 
fut mis en garnison k Pcrpignan et, pHaP'OMhre du'21 
d^edlN^ifja^ iil;fiu|;.part6^^)deuoL }bataillon6f»arTineor- 
p0«Mk)sil > dii i#6gidpent Rpyai^Corse qui dbriffa son 
2*(t]ataUl&n. Get brrana^gemeirt ne dWa qiielusqu'an 
16 itoi^lrtbi^e 1765. iRoyaUGorse ayant «1ers 6t6 
i^taWi,-ReyaWtalien.deoiewra sur le pied d-trn ba- 
laillo^ de'neuf ooilipaginies. 31 avait Cfiiitt6 Pfeif^ignan 
eid a^i^il .11763 pour se rendrle & Lille , d'oii ilpassa ii 
Dttukerque en d^csembre 1763 et & Mezi^res en 
aw) l;764v II etait de retour :^ Perpignan en decera- 
bre jt764.9 let depuis il est all6ii Bordeaux en octobre 
176$, k Aire en novembre 1766 et a Marseille en 
juip;176l7. Pasfce en Corse aumoisd'octobrede cette 

■ 

(I) Le regiment avail alors pour lieutenant-colonel Louis Cosia 
de Veritiont, cadet en 4716, lieutenant-colonel 22 mai 1759 et bri- 
gffldier !•' Janvier 1768, auquel succ6da Bulgaro Ansidei, enseigne 
eta 1746; major 19 f6vrier lf66, lieutenant-colonel 4 mai 1771 et 
brigadier T'mars 1780, 



DE l'ancienne infanhprir fran^aise. H^ 

.04)eratioQ^ qipi djf^efi^en^ la i^jujcais^ion .^efinii^ve de 
I'Me. U debaji^M?i k ft^onaqp^ie 3 jw9 1774 et c^ Cpit 
la qu'il se trouva de nouveau porte a deux bataillons, 
le 2j6 avril 1775, par rincorporation du regimeat 
frangai^ de Tournai&i§ cree en 1684. 

Le regiment se mil aussitdt en route pour Toulon 
oil il arriyale 28 raai. Au moisde novembre 1776, 
il ^(^ vmiii^ a.CoUioure; en 1/78, il d6tacha trois 
compagnies a la citadelle de Perpignan. En avril 
1780, on I'envoya k Tile d'Oleron ; il vint i Roche- 
fort en m^i 1781, fit cette ann6e partie du camp de 
Saiftt-Jean d'Angely , command^ pa^r M, de Voyer 
d'Argenson, retourna a I'ilc d'Oleron en novembre 
1782 et a Toulon en d6cembre 1783. II 6tait i 
]VIont()ai|ip]tiin et Briangpn depui^ un an , quand I'or- 
donnance du 17 pars 1788 transforma ses deux 
bataillons en bataillons de chasseurs k pied (1); le 



H) Voici les ar(ic1es les plus iicportants de cette ordonnance du 
n mars 1788 : 

« De par le roi , Sa Majesty ayant , par son ordoanance en date 
ilii meme jour que la pr6siente, jug6 n6cessaire au bien de son 
sc? vi. e , d'entretenir constamment h, la paix un plus grand nombre 
de corps dMnfanterie I6gere, sans augmenter les d^penses de son 
etai inilitaire, elle a ordonn6 et ordonpe ce qui suit : 

« Art. l*^ Sa Majestt^ r6forme , par la pr6sente ordonnance , le 
regiment Royal-Italien et le reconstitue en deux bataillons d'infan- 
l« I ie l»^)f^re , >ou8 le noui , Tun de Chasseurs royauxde Provence et 
Taulre de Chasseurs royaux du Dauphin^. 

u Ai t. 3. Lc bataillon dcs Chasseurs royaux de Provence :fera 



296 HISTOIRE 

!•• |)rit le litre de Chasseurs royaux de Provence 
et le 2' cclui de Chasseurs royaux de Dauphin^. Ces 
deux bataillons , qui devaient k Tavenir se recruter 



form6 du premier bntaillon du regiment Royal-ltalien et le baUul* 
loD des Chasseurs royaux du Dauphin6 sera form6 da feeond 
batailloD du mdme regiment. 

« Art. 4. L'cxc^dant des officiers, has officiers et soldats de ee 
regiment, qui ne seront pas places dans les deux bataiUons de 
Chasseurs nouyellemeDt cr66s , formera le fond du bataiUon des 
Cfuuseurs du Roussillonj que Sa Majest6 met sur pied 

« Art. 6. Le regiment Royal-Ualien, jouissant de la solde 6tran- 
g^re, et les deux bataiUoos qu'il va former, devant successiyement 
et ^ventuellement se composer d'of&ciers et de soldats nationaux, 
etpar consequent, dire payds surle pied des autres bataillons fran- 
^ois, Sa Majesty entend que tons les ofQciers, caporaux, grena- 
diers , appointds , tambours et soldats du regiment Royal- 
Italien , qui auront form6, soit les deux nouyeaux bataillons de 
Chasseurs royaux de Provence et du Dauphin6 , soit le fond du 
bataillon de Chattseurs de Roussillon , que Sa Majestd met sur 
pied , conseryeut , k tiire de supplement d'appointements et de 
soKie, le mdme traitement dont ils jouissoient ou pouyoient jouir 
dans le regiment Royal-ltalien. Ce supplement leur sera payd 
sur la luasse geuerale de chacun des bataillons , oti ils seront en- 
tr^s et s^eteindra successiyement ayec eux 

tt Arf. 8. A regard dusieur marquis de Monty, colonel-proprie- 
taire du susdit regiment, Elie yeat bien , en consideration des 
services dis'ingues de cet officier gtodral , lui donner de mdme , 
k tiire de colonel-proprietaire et ayec les mdmes appointemenis et 
prerogatives dont il jouissoit , le commandement des Chasseurs 
royaux de Provence el du Dauphine , qui vont 6tre formes de son 
regiment. 

« Le dit emploi de colonel-proprietaire sera eteint apre$ lui; et, 
quoique les deux bataillons soient mis , par la , sous soii comman- 
dement , ainsi que sits ne formoient qu^un regiment, ils n^en se- 
ront pas moins separes et independans Tun de Tautre 



DB L\iNGIENNE INFANTERIE FRANgAlSE. 297 

exclusivement de sujels frangais , furent toutefoiii 
kisses, par decision du 17 novembre 1788, en 
propriete au marquis Monti, qui conserva aussi le 
commandement superieur (1). 

Royal-Italien qui avait port6 jusqu'en 1750 Thabit 
brun, avec le collet, les pareraents, la veste et la 
culotte rouges et les boutous jaunes, avait eu depuis 
Thabit gris blanc avec le collet, la veste, les pare^ 
ments et la culotte bleu celeste , et les boutons jau--- 
nes. En i 775, on lui donna I'habit bleu turquin avec 
les revers et parements jonquilles, et le collet rose; 
le reste comrae a toute Tinfanterie, 



CHASSEUnS ROYAIJI DE PROVENCI. 
1"' BATAILLON DE CHASSEURS, 

LIEUreNANTS-COLONELS. 

1. CHAUVET d'ALLONS (Jean-Baptisle), {•' mai 1788. 

2. deCOMEYRAS de PEUDEMAR (Philippe-Cdsar Delpuech), 6 
no\enibre 1791. 

3. GIACOMONI (Gaspard-Vincent-F61 x), 23 novembre 179K 



(1) Le mnrquis Monti avait coDtinu^ & se faire reprt^sentei par 
des oolonels-conimandants, qui fureiit, apf6s le marquis Bofta : 
i" Victor-Aiiiedee Philibert , cheTalirr de Carignan-Racooit 
nomm6 15 aoAi 1780, brigadier 5 decembre 1781 , destitu^ pour 
raalversalioii 7 d6cenibre 1785; 2* Theodore, comte dQ ViptimiUe-? 
La&caris, iJ0iiim6 le U d6cembre 1785. 






4. iJJBRY (Jean-Josepb), iSmai il^ft. 

5. CljM^ZAiULT (Aoitoliie), 8 macs 1793. 

Ce batailion , q^iii devait se recruter exclusiveineiit 
dans la Provence, a ^i organist h AntibesJllquitta 
cette yiile en 1791 pour se rendre k Mona<io. Au 
printeiups de 1792, il fut dirige sur Huningue et 
pariieipa aux premieres operations de h guerre sur 
le IV^in, A fa fin de celte ann6e , on Tettvoya vers les 
P^ri^o^es et il demeu'*a en garriisoh k •Saint-Gaudens 
jusqui'au mois de niars 1793. II rallia alors rarm^e 
des Pyrenees occidental.es et contribua le 31 mars k 
Toccupation de la valine d'Aran. 11 forraait rextrfime 
avant-garde de cette expedition , ou il eut deux hona- 
mes tu6s et cinq blesses. En 1794 , il passa a Tarm^e 
des Pyrenees orientales , et le 16 juin 1795 , il entra 
dans la composition de la 1" demi-brigade I6gfere. 

CHASSEURS R0Y4I1\ DE OAUPHINfi 
2® BATAILLON DE CHASSEURS. 

LIEUTENANTS-COLONELS. 

i. THfiVET DE LESSERT (Jean), 1" mai 1788. 

2. DE TILLY DE PRfiMONT ( Jacques-Lou is-Fran^ois), 5 ttvricr 
1792. 

3. MAZELdu GOULOT (Louis- Frangois-Auguste), 23 mais 1792. 

4. MARTIMPREY de ROMfiCOURT (Jean-Joseph-Felix), \0 juin 
1792. 

Organise a Briangon , ce bataillon qui devait se 
recruter dans le Daupbine^ fut envoy6 en 1789 k 



DE l'aNGIENNK INFANTBRIE FRAIigAISE. ^Qj) 

P6rigueux. 11 etait en 1790 k Romans et il contribua 
k I'occupation et a la pacification du CiOmtat venais- 
sin. Au commencement de 1792, il etait en garnison 
a Orange. 11 se repdi.t §ur Jj^js Alpes, au camp de 
Toiirnoux, au d6but de la guerre et participa a la 
conquete de la Savoie. Apr^s la campagne il fut mis 
en garnison a Celle^ et en 1 7.9,3 U ,rptourna a Tarmee 
des Alpes, a\ec laquelle il a toujours servi jusqu'a 
son aqnalgame dans la 2' leg^re , qui fut effectu^ 
en 1794. 



300 



HISTOIRE 



REGIMENT D*ERNIST, 



63* RteiMENT d'infanterie. 



Lawfeld. 



COLONELS. 



i. Comte d'ERLACH (Jean-Jacques), 17 f6vner 1672. 
% MANUEL (Albert), septembre 1694. 

3. DE VILLARS-CHANDIEU (Charles), 17 Janvier 1701. 

4. MAY (B6at-Loui8), 9 mai 1728. 

5. DE BETTENS (Georges Mannlich), 15 aoAl 1739. 

6. JENNER (Samuel), 23 juillet 1751. 

7. Baron d'ERLACH de RIGGISBERG (Abraham), 21 f6vrier 1762. 

8. Biron d'ERNEST (B^at-Rodolphe), 24 noyembre 1782. 

Jusqu'a Louis XIV, aucun des nombreux r6gi- 
ments suisses qui avaienl ete appeles a servir sous 
les drapeaux de la France, excepte le regiment des 
Gardes, ne fut entretenu d'une maniere perraanente. 
Leur temps de service 6tait habituellement de quatre 
ans , apr^s lesquels ils etaient renvoyes dans leurs 
foyers et remplaces par d'autres , si la guerre exigeait 
Temploi de ces troupes auxiliaires. 

Louis XIV est le premier roi qui ait eu I'idee d'en- 
trelenir en tous temps un certain nombre de r^i- 



DB l'aNGIENNE INFAMT8RIB FRANgAISB. 301 

ments d'infanterie Suisse dans ses armies. En 1671, 
il chargea Pierre Sluppa, capitaine aux Gardes 
Suisses, d'aller negocier aupr^s des Cantons la lev6e 
et la cession de quatre regiments. Cette n^gociation 
eut un plein succes, comme on le pense bien , et les 
capitulations furent sign^esle 14 aout de cette annee. 
Les quatre regiments arriv^rent en France dans les 
premiers jours de 1672; ils furent admis le 17 fevrier 
k la solde de la France et prirent rang k la suite des 
corps sur pied a cette epoque. 

Le regiment, dont nous allons raconler Thistoire, 
est le premier de ces quatre corps. 11 fut leve k Berne 
par le comte d'Erlach (1) et demeura jusqu'a la fin 
exclusivement compose de Bernois. Nous donnons 
d'abord ia capitulation en vertu de laquelle il fut 
mis sur pied, comme specimen de ce genre de 
trait6s. 

« Capitulation du regiment d'infanterie Suisse 
d*Erlach , compose de douze compagnies, chacune de 
200 hommeSf demandee au nom de Sa Majesie tres- 
chretienne par if. Stuppa, capitaine y muni des lettres 
de creance et d'un plein pouvoir , d la ville et re- 
publique de Berne ; la levee duquel a ete accordee 
par le Conseil souverain^ sous les conditions 5iii- 
vantes , pour leurs bourgeois et sujets seulement : 



(1) Le corate d'Erlach, capitaiue aux Gardes, 6tait brigadier du 
27 mars 1668; ii deyint mardchal de camp 25 f^Yrier i676 et 
lieulenant-g^n^ral 24 aoil^i 1688. Jeao-Louisde Muralt, lieu tenant- 
colonel 17 f^TFier 1672 , fut fait brigadier 16 Juillet iC77. 



302 HBTOlitB 

c Art. 1^ — Cette lev6e de 2,400 homnieA sera 
form^e en un regiment dont le colonel setA f)diir- 
geois de la ville de Berne , pendant tout le ferape 
que le regiment sera sur pied. 

<K Aet. 2. — La solde de chaquc homme sera de 
fiix 6cus petits de Berne, TScu k raison de 58 solsde 
France. 

« Akt. 3. — Lorsqu'une compagnie atira 180 
hommes 6fF6ct)fs, elle sera pay6e comme coibpl^fe, 
c'est-i-dire pour 200 hommes. 

« Akt. 4. — Si une compagnie passe le riorabne de 
180 hommes, il sera pay^ au capitaine lesdfts six 
teus de Berne pour chaque homme qu'iT Aura de 
surplus. 

c( Art. 5. — Quand one compagnie aura nioins de 
ISO hommes, on ne j[il|lm que les effeCtifs. 

« Art. 6. — Si uitte cOmpagnie vicntii6treruiri6e 
pendant une campa^dj.^ Mailt enli'Se atec 180 
honiines effectif^, 6n accot'dera au capitaine un ter- 
me raisomigible pour reniettre la compagnie,. pen- 
dant lequel tettips it sem toujoari^ paye compfd. 

« Art. 7. — Le colonel et les capitdines seront 
payes r6gati^rement tons les m6is , k rdison de donze 
mois par an. 

« Art. 8. — Les capitoirres^Seront oblrgfes d'etitre- 
tenir une bonne coinpajgiiievc<^mposee de bons 
oiBoiers et soldaUy tpus t)inii%fiois qu s^jitts de la 
yiUede>Beme, ^de payer iM^^feulefiaDts et^nsei^ 
gnes ^ ausisi him qtre les bas ofBciers et sddats. 



DE l'angienne mrAmgmm fran^aise 309 

«Aht. 9i — On aYanoera^ehdquf^capitafn^4^0OO' 
livres^pour la leiv^e de sa compagnie^ laqn^Akf s^tti^ 
me sera retenue pendant les six derilfefi^ itioiS die Ifl 
premiere annee dc service. 

« Art. 1 0. — Le roi fourtiira l^^lape poi^t ceftfe 
nouvelle letee depuis Gex jusqu'^ la gat^hi^drl, 
gratis. 

a Art. U • — L'6tat-miy|or de et ffigirta^iif Serti 
pay6 sur le pied de celui d^^ GArdes S^iHHM , i^Oif : 
2y000 livres par mois. 

a Art. 1 2. — Tous le^ oapttaine^'prd^Ute do il 
venir doiverit ^tre bourgeois de Bertie^^ 

< Art. 13. — On aura soin de s6pan^^ le m6i1M 
r^ti'ilsera possible pendant la eampagne^ le^ eotti- 
pagniesde ce regiment, pourqu'il pUiM^ reildredft 
meilleurs services. 

« Art. 14. — On {^sera pn^s^Ttts au« r^tlMis et 
ron paiera les soldftts prisonnters^^ de m^^me ^iid Itfs 
soldats malades, moy^nnant de botis eeftifi<)at». 

a Art. 15. — II sera permis auk soldats d'tlti^ 
compagnie licenciee de s'engager dan^ une anfipffe 
compagnie de Berne , sinon le capitaine s^tirdblig§ 
de les ramener au canton avec le dra^atii 

« Art. 16. — On ne se servira aucunetnMt de ctl 
regiment contre les puissances de 111 mdtde lldK^ii 
que la ville de Berne, ni en ancufi^ tri^Ufflei dpBii 
seit contraire aui anctatities ailimee^^ de8R|«ieH^ 66' 
raiment jouira poMr iMteft mti^ A^^x^tAf^btA ^ 
privileges €ft bto^fiitei^ ,^doH f/Mtk iibrit^tttmA0A^ 



304 HISTOIRS 

la religion, la justice particuli^re , dont laconnais- 
sance appartiendra aux officiers seuls du regiment y 
qui auront droit de connaitre de tous les crimes et 
d^lits qui pourroient 6tre commis par aucun des offi- 
ciers ou soldats du corps, d'instruire le procte aux 
criminels et de prononcer contre eux des jugemeots 
sansappol, comine aussi pour ce qui concerne la 
Iibert6 des soldats malades aux hdpitaux et autres 
choses contenues aux anciens traits. 

«Art. 17. — La pr^scnte capitulation ncregarde 
uniquement que la levee de ce regiment, sans qu'on 
puisse (ireraucune consequence qui soit prejudicial 
ble aux anciennes alliances. 

« Art. 18. — On s'est pronais de part et d'autre de 
tenir exactement et fideiement Texecution du con- 
tenu des articles ci-dessus. » 

Gertesde telles conditions etaientdures, etpuisque 
Louis XIY les a accept^es au moment oil il en trait 
en campagne contre la HoUande et ses allies , on est 
oblige d'admettre qu'a cette epoque , on ne pouvait 
point compter sur la valeur des regiments fran^ais 
de nouvelle lev6e. 

Les capitulations des autres regiments suisses 
etaient un peu moins fibres que celle du regiment 
de Berne. Ces autres corps n'appartenaient point ex- 
clusivement k un canton ; ils etaient avou^s par tous 
les cantons catholiques. Geux-ci refusaient le ser- 
vice contre la maison d'Autriche au dela du Rhin 
et au de\k des Pyrenees, toutes les fois que le roi 



OE L AlfCiniNB INFAinniB FRANCAISB. 305 

ou le dauphin ne se mettaient point en personne k 
la tSte dcs armees. 

Le regiment d'Erlach, en arrivant de Suisse ^ ne 
fit que traverser la France. II se rendit imm^iate- 
ment k I'arm^e des Pays-Bas et d^buta par une 
chicane, a Le 17 mai 1672, le roi 6tant k Yizet pr^ 
de Maestrichi, le prince de Conde vint dire k Sa 
Majesty quele regiment d'Erlach, qui 6toit dans son 
corps d'armee, ne vouloit pas servir contre la Hol- 
lande, pays protestant. Le roi envoya vers le corps 
Pierre Stuppa , qui parvint k arranger Taffaire. » 
Erlach fit done ses premieres armes avec distinction 
au siege de Nim^gue, et fut ensuite dirig^ vers le 
duch^ de Cleves pour y passer Thiver ; raais arriyi 
k Kaysersvsraerth, ii souleva une nouvelle difficulty 
en refusant de passer le Rhin. Le prince de Condi, 
irrite, le fit cerner et lui donna le choix de franchir 
le fleuve ou d'etre jet6 dedans. II passa, mais en 
protestant, et le prince de Cond6 fut bl&mi. 

En 1673, Erlach sert au siige de Maestricht. U y 
repousse vigoureusement une sortie le 21 juin ; son 
major y est tui. Le 1 i aout 1674, il est k la bataille 
de S^neff ; il y perd beaucoup de monde k Tattaque 
du village deFay. En 1675 , il est envoys k Farmee 
de Roussillon comraand^e par le marichaldeSchom- 
berg : c'etait pour 6viter les embarras resultant de 
Tinterpr^tation de la capitulation, en ce qui con- 
cerne le respect des anciennes alliances. Le raiment 
debute sur cette fronti^re par le si6ge de Bellegarde 

■JtT. DB L'aHC. INrAMTBRlB rRAM^AISB. T. TI. SO 



i 



306 HiSTOiRB 

el par la prise de la chapelle de Notre-Dame di 
tello. A la fin de la campagne, 11 entre en gai 
k Bellegarde, oil il passe toule Fannie 1676. I 
tre dans les rangs de Tarm^e active en 1677, < 
des prodiges de valeur le 4 juillet au combat d'Es 
les. Un ensoigne, 12 sergents et 45 soldats ^ 
dent la vie : 4 lieutenants et 1 1 6 hommcs ^ 
blesses. En mai 1678^ il fait le si^ge de Puycei 
il y monte cinq fois la garde de tranch^e. Ce 
lui coilte le lieutenant Diesbach, Tenseigne 9 
et Faide-major Guider : le lieutenant-colon 
Muralt y est Irfes-grifevement bless^. Trois co 
gnies sont mises en garnison dans Puycerda, 
peu de temps apr^s, la paix ram^ne tout le r^gi 
en France. 

Erlach fit la campagne de 1684 sous le mar 
de Cr6qui, et servit au siege de Luxembourg, 
tourn^ en Roussillon en 1 688 , il se signale Yi 
suivante k la prise de Gampredon. Le 19 ma 
d^tachement retranch^ sur la montagne Saint 
toine se defend bravement contre une nu6e di 
quelets et occupe fortement ce poste qui do 
Gampredon. Apres la capitulation de cette p 
devant laquelle il avail perdu un capitaine, ErI 
est mis en garnison et est aussitdt appel6 k la d^fd 
contre une arm6e espagnole. Le 21 juillet, u 
taillon de quatre compagnies, qui occupait une 
son situie k mi-c6te dans le vallon, est attaqu^ 
' -^- vigueur par le regiment espagnol de Los Amai 



h4 



DE l'angiennb infanterie fran^aisb* 307 

II le repousse etblesse le colonel don Fernando d'Avila 
qui d^nieure prisonnier. En 1690, len^ajorRollaqd, 
a la t^te des grenadiers, dcfait un parti de mique- 
lets pr^s du cap de Loscot. Le 4 mai 1691 , Erlacb 
investit la Seu d'Urgell qui est emport^e et ou sont 
faits prisonniers deux des meilleurs regiments castil- 
lans, los Golorados (les rouges) et los Amarillos (les 
jaunes). La campagne de 1692 est insignifiante , 
mais en 1693, Eriach contribue h la prise de Roses^ 
et le 27 mai 1694, il se distingue k labataiiledu Ter^ 
II se distingue encore cette derniere ann6e aux si^es 
de Palamos, de Girone, d'Oslalrich et de CastelfoUit 
et prend, au mois de septembre , le pom de Ma^ 
nuel. 

En 1695, un balaillon de Manuel etait ch^rg^ de 
la garde d'Ostalrich ; les deux autres vont au sepours 
de CastelfoUit assi^g^ et, en 1697, tout le regiment 
prend part au siege de Barcelone. Le capitaipe 
Diesbach y est tu6 (1 ). 

Le regiment, devenu Villars-Chandieu (2), servit 
k Tarm^e de Flandre en 1 701 et les ann^es suivantes. 
II contribua k la defaite des Hollandais sous Nime- 
gue en 1702, et se trouva en 1 703 au combat d'Ec- 



(1) Le regiment avail alors pour lieutenant- colonel , depnis U W 
noyembre 1694, Jean-Rodoiphe May, entr6 au corps en 1678 
comme sous-lieutenant , qui obtint un regiment en 1702. 

(2) M. de Yillars-Chandieu serrait aux Gardes Suisses dhs IBIS, 
11 fut fait brigadier 3 Janvier 1696 , man§chal dt camp 26 octolm 
1704 et Iieutenani-g6n6ral l** juillet 1722. 



308 HISTOIRI 

keren. Ilcommenc^a la campagnede 1704 entre le 
Rhin et la Moselle et joignit le 8 aoiit sous Namur 
le corps d'arm^e que commandait le marquis de 
Bedmar. II se trouva en 1 706 k la bataille de Ra- 
milies et en 1708 il combattit avec un rare courage 
k AudenaerdC; ou il perdit le capitaine Henri Leisler. 
Aprfes la d6route de Tarm^e , ses deux premiers ba- 
taillons furent jet6s dans Gand et le troisi^me se r6- 
fugia k Lille ou il prit part k la belle defense du ma- 
r^chal de Boufflers. Villars-Chandieu combattit k 
Malplaquet en 1709 et, en 1712, il contribua en en- 
tier ou par detachements k la defense d'Arras^ a la 
victoire de Denain eta la reprise de Douai, du Quesnoy 
et de Bouchain. II perdit le capitaine Martin Win- 
ger au bombardement d'Arras^le capitaine Wisching 
devant le Quesnoy, le capitaine Steigner et le lieu- 
tenant de grenadiers Gaudard devant Bouchain. 

En 1713, le regiment passa k I'arm^e d'AUemagne 
et fut employ^ au siege de Landau. Dans la nuit du 
4 au 5 aout, une de ses compagnies de grenadiers 
avec trois compagnies de grenadiers irlandais, fit 
I'attaque du Pkt& qui fut emporte avec la plusgrande 
resolution malgr^ le feu du reduit de la demi-lune. 
Des 100 hommes qui d^fendaient le Pkt^y 99 furent 
tu6s ou noy^B, le capitaine seul eut la vie sauve et 
demeura prisonnier. Pendant que les grenadiers tra- 
vaiUaient k se loger dans cet ouvrage^ le reste du 
raiment repoussa une sortie dans laquelle p^rirent 
le major Mannlich, les capitaines de Yillars et Samuel 



DB L^ANGIElfNE INFANTfiRIB FRAN^AISB. 309 

Roy et le lieutenant Willemain. En 1715, aprfes la 
paix de Rastadt , le regiment fut r6duit k deux ba- 
taillons. 

R^tabli k trois bataillons le 10 novembre 1733 , 
le regiment , qui depuis cinq ans portait le nom de 
May (1) , quitta sa garnison de Givet pour se rendre 
a Tarmee du Rhin. II assista en 1735 au combat de 
Klausen et fut de nouveau reduit a deux bataillons 
le 8 Janvier 1737. II etait alors a Metz. 

Piendant la guerre de la succession d'Autriche , le 
regiment portait le nom de Bettens (2). Pendant que 
I'armoe frangaise franchissait le Rhin et se dirigeait 
vers la Bohfirae, il fut plac6 au camp de Dunkerque, 
sous les ordres du bailli de Givry. II travailla aux 
retranchements de ce camp et les garda jusqu'au 
mois d'octobre 1742 ; il fut alors envoye k Douai , 
oil il passa toute rann6e 1743. Le 3* bataillon, re- 
mis sur pied le 22 seplembre de cette annee, fut 
etabli a Aire. En 174 4 , Bettens fut appele au camp 
de Courtrai, el au mois d'octobre il fut partag^en- 
tre Menin et Ypres. II quitta ces villes le 11 avril 
1 745 pour aller camper sous Maubeuge. Un bataillon 

(1) May cnseizne en 1690, lieutenant-colonel 30 mai 1721, briga- 
dier 1*''aoOt 173 i. 11 fut rem place comme lieutenant-colonel au corps, 
le 9 inai 1728, par Sigismond Manuel, enseigne en 1689 et brigadier 
15ao0ti739. 

(2) Bottcns, capitaine en !689 au regiment de Salis, lieutenant- 
colonel 8 avril 1705 , brigadier l*'f6vrier 1719 et mar^chal de camp 
1 " aoi!it 1 73 i , eut d'abord le regiment dont il etait lieutenant-colonel. 
Pa&s^ k celui-ci, il deyint lieuienant-g^n^ral 15 aoOt 1739. 



310 UlSTOtRB 

demeura^Maubeuge, etlesautresserendirent bient6t 
au siege de Tournai, oil ils perdirent 29 hommes. lis 
quitt^rent les tranch^esle 9 mai pour alter au-devant 
derennemidansla plaine deFontenoy. Labrigadede 
Bettens fut charg^e de construire pendant la nuit du 
10 au 11 trois redoutes entre les \illages de Fontenoy 
et d'Anthoing, et elle les garda pendant la bataiUe. 
Cette brigade, compos^e de deux bataillonsde Bettens 
et de trois de Diesbach , avait un bataillon dans 
chacnne de ces redoutes destinies k dgfendre ie 
chemin d'Anthoing k Fontenoy, dont Tennemi aurait 
pu proGter pour arriver sur notre flanc. Les deux au- 
tres bataillons sciutenaient quatre regiments de dra- 
gons commandes par le due de Chevreuse et le 
marquis de Beauffremont. Tous les efforts de Tenne- 
mi pour percer de ce cdt6 furent rendus inutiles 
par I'in^branlable fermele des Suisses. Bettens per- 
dit dans cette memorable journ^e 49 hommes; 
73 furent blesses. Le sous-lieutenant Rodolphe 
Tscharner fut le seul officier tu6. 

Apr^s la bataille de Fontenoy , le r6giment re- 
tourna devant Tournai, et fit le si6ge de la cita- 
delle, puis ceux d'Audenaerde, OstendeetNieuport. 
Le lieutenant-colonel d'Erlach-Schailau (1) enleva 
avec la plus grande valeur le fort Wirwoot, d'oii 
d^pendait la prise de Nieuport. Bettens termina 



(l)Sigis(nond d'Erlach-Schadau, lieutenant-colonel 15 aodt 1739, 
brigadier 2 mai 1744. 



DB l'aNGIENNE INFANTERIE FRAN^AISE. 311 

cette belle campagne par le si6ge d'Ath ; il y fut re- 
joint par le 3" bataillon qui fut charge de servir Tar- 
tillerie. Le regiment prit ses quartiers d'hiver a 
Tournai, d'oii il parlit en fevrier 1746 pour aller 
faire le siege de Bruxelles, oil il perdit 14 hommes. 
II revint ensuite a Tournai et quitta definitivement 
cette ville au mois de mai pour se rendre au si6ge 
de la citadelle d'Anvers. Au mois de juillet, il ^tait 
avee Beauvoisis au camp du Pare prfes de Louvain , 
et soutint un beau combat le i 4 aout au village de 
Perwer. En septembre , il se rendit devant Namur 
et prit poste entre la Sambre et la Meuse. 11 6tait de 
lranch6e le jour oil capitula le fort d'Orange. Deux 
jours auparavant les grenadiers s'etaient distingu^s 
en emportant les palissades de ce fort et y avaient 
perdu onze hommes. Le regiment joignit ensuite k 
Tongres la grande armee et combatt t a Rocoux, le 
1 1 octobre , dans la division du marquis de Gontades. 
Apres cette affaire , il fut envoye a Bruxelles , puis k 
Bruges et Nieuport oil il passa Thiver. II fut employ^ 
au commencement de 1747 a la conqu^te des places 
maritimes de la Flandre hollandaise. 11 fit seul le 
siege du fori de la Perle, contribua k celui de 
Lieftenhoeck , se couvrit de gloire k la prise 
d'Hulst , oil il perdit 27 grenadiers le 3 mai k Fatta- 
que du redan de Zandberg , et servit encore k la sou- 
mission d'Axel. Apres cette expedition , quand le re- 
gimen I d'Auvergne entra dans Anvers, Bettens'1§ 
remplaga au camp de DocI , posle essentiel pour s'op- , 






312 BisTonui 

poser au d^barquement de Tennemi sur la rive gau- 
che de TEscaut , et enfin , le 28 mai y il se rendit au 
camp de Malines , oii il fut charge , avec La Marck , 
de la garde des moulins de Rousselagre. il travailla 
quelque temps h la reparation des digues qui entou- 
raient ce poste , et il fut rappel^ k la grande arm^ 
pour prendre part k la bataille de Lawfeld. Destine 
k Fattaque de gauche du village de ce nom^ il y en- 
tra la baionnette au bout du fusil sans tirer un seul 
coup et pen6tra jusqu'i la demi^re haie. Malgr^ la 
vivacity du feu de I'ennemi , Bettens se maintint der- 
rifere un ravin qui coupe le village en deux et attendit 
I'an'ivee des Irlandais. L'attaque recommen^a alors 
avec une nouvelle furie et fut enfin couronn^e de 
succ^s. II reQut ensuite Tordre de marcher au village 
d'Ulitinghem qu'il garda jusqu'a la nuit. Les pertes 
du corps k Lawfeld furent enormes. Le lieutenant- 
colonel d'Erlach-Schadau (1), le major Louis May, 
les capitaines Willemain , Sandoz , Ferrier de Bellerve, 
le lieutenant Chiffette, les enseignes Pol et Repingon, 
et les sous-lieutenants Ilghedefrey et Taitaz rest^- 
rent sur le champ de bataille avec 132 bas-officiers 
et soldats. Le regiment se mit imm^diatement en 
route pour la Normandie , et il fit la carapagne de 
1748 sur les c6tes de Bretagne , qu41 protegea con- 



(i) Gabriel d*Erlach-Schadau, lieutenant-colonel i 9 mni 1746, est 
reaiplac67 aotlt 1 747 par Jean-Louis Mannlich de LaChennelas, entr^ 
au serrlce en 1 709 et brigadier 23 juillet 175 i . 



DB l\i«GIBNNB INFAirrERIB FRAN(A18I. 313 

tre les entreprises des Anglais. Deux bataillons de- 
meurerent k I^ndernau jusqu'k la paix; le 2* 6tait 
a Bellisle-en-mer. 

Le regiment prit en 1751 le nom de Jenner (1) et 
fit partie en 1753 du camp de Gray. II fut r6duit k 
deux bataillons le 1*' avril 1756, el fut design^ au 
mois d'oclobre pour faire partie des vingt bataillons 
de secours que Louis XV avait promis a Marie-Therfese; 
mais la France se trouva elle-m6me engagee dans la 
guerre de Sept Ans, et Jenner fut envoy6 k I'arm6e 
du Bas-Rhin. II prit part en 1757 a la victoire 
d'Haastembeck et a la conquSte de T^lectorat de 
Hanovre , assista en 1758 k la bataille de Cr6feld et 
fit en 1759 le siege de Miinster oil le colonel Jenner 
fut blesse et le lieutenant-colonel de La Chennelas 
tue. En 1760 , le corps combat a Corbach sous le 
comte de Saint-Germain ; il passe sous les ordres du 
chevalier du Muy et se couvre de gloire a Warbourg, 
oil , avec Bourbonnais, La Couronne et Lochmann, 
il soutient Teffort de Tennemi et favorise la rctraite 
de Tarmee : le colonel Jenner y est encore bless6. En 

1761 , il se trouve aux affaires de Willingshausen et 
fait partie du detachemont qui pousse une points 
dans Telectorat de Hanovre. Revenu de cette expedi- 
tion il prend ses quartiers d'hiver a Gueldres, et en 

1762 y k la signature des preliminaires de la paix , il 



(i ) Jenner , enseigne en \ 727 , brigadier 10 Kvrier \ 759, mar^chal 
de camp 2 \ f^Trier i 762, pass^ k un autre corps suissj . 



314 HI8T0IRE 

est envoye k Strasbourg. 11 portait alors Ic nom 
d'Erlach (1). 

II alia successivement en 1763 k Phalsbourgy 
Metz at Longwy. II revint a Phalsbourg en aoiit 1765 
et fut appelc en 1766 au camp de Compi^gne. II se 
rendit cnsuitc k Verdun en aoill 1766, k Lille en 
mai 1768, a Cambrai en Janvier 1769, a Tool en 
aout 1769, a ChiJiteaulin en Janvier 1771, k Cond^ 
en juin 1771, a Saarlouis en octobre 1772, a 
Phalsbourg en septembre 1774 , au Fort-Louis du 
Rhin en juin 1775, a Saarlouis en juin 1776, au 
Quesnoy en octobre 1776, k Montmedy et Thionville 
en mai 1777, a Marseille en novembre 1778 et a 
Toulon en octobre 1781. Ce fut \k qu'il regut son 
dernier colonel, le baron d'Ernest (2). Au mois desep- 
tembre 1783, Ernest fut envoye a Montdauphin et 
Tannee suivante il passa en Corse, oil il occupa Calvi 
et Saint-Florent jusqu'au mois de mai 1789. 

Les premiers orages de la revolution firent rap- 
pelerce regiment Suisse surle continent. 11 fut d'abord 
place a Aubagne et Toulon , et au mois d'avril 1 790, 
quand Marseille commenca a s'agiter , il entra dans 



(1) Le baron d'Erlach, enseigne au corps en 1733, brigadier 1*' 
Janvier 1748 et marechal de camp 20 fevrier 1761 , deTint lieute- 
nant-g^n^ral i^' mars 1780. Paul d*Aulbonne , sous-lieutenant en 
172T, 61ait lieutenant-colonel depuis le 26 aoiit 1759. 

(2) Le baron d'Ernest, capitaine au corps en 1762, lieutenant- 
colonel 5juin 1774, brigadier l^'^ Janvier 1784 et marshal decamp 
9 mars 1788. 



DB L^ANGIENNE INFANTERIE FRAN^AISE. 315 

cette ville el regut Tordre de remplacer, dans la 
garde des forts , le regiment de Vexin et la garde 
nationale. Ge fut la I'origine de la- haine vou^e au 
corps par les Proven^aux. 

Des troubles graves eclat^rent au raois de decem- 
bre a Aix; 400 horames d'Ernesl partirent de Mar- 
seille pour Aix, mais Tentree de la ville leur fut 
refusee et ils rentrferent a Marseille , oil ils furent 
fort mal accueillis. La paix se maintint toutefois 
encore pendant quelque temps. Le 16 octobre 1791, 
les querelles les plus graves 6claterent entre les Mar- 
scillais et les Suisses; des rixes sanglantes eurent 
lieu au theatre, et cela dura jusqu'au 23, les auto- 
rit6s militaires ayant pris ce jour-la le parti de con- 
signer le regiment dans ses casernes. Au mois de 
novembre , Ernest trouva un raoyen honorable de 
sortir de cette fausse position ; des commissaires de 
TAssemblee nationale ^talent arrives pour organiser 
le Comtat venaissin , et reunissaient des troupes k 
Sorgues pour chasser d'Avignon le fameux Jourdan, 
qui 5 avec quatre ou cinq cents brigands, d6solait le 
pays. Ernest fit partie de cette exp6dition; iloccupa 
Carpentrasle 3 novembre et Avignon le 1 1 . Quelque 
temps aprfes les evenements le ramen^rent k Aix , oil 
il fut poursuivi par la haine des Marseillais. Le 26 fe- 
vrier 1792, la municipalit6 d'Aix, avertie qu'un 
gros corps de Marseillais avec six canons suivait le 
chemin d'Aix , somme le regiment de marcher k sa 
rencontre. Ernest et les Marseillais sont bientdt en 



316 HISTOIBB 

presence, etilr6sulte des pourparlers que les Mar- 
seillais se sont mis en campagne parce qu*on les a 
assures que la ville d'Aix 6tait tyrannis^e par les 
aristocrates el le regiment Suisse. Tout cela ^tait 
stupide ; rnais quand une id^e stupide est entree 
dans la t^te du peuple, celui-ci met tout son 
amour-propre a la poursuivre. Le peuple done 
demande que le regiment soit renvoy6 et dit qu'en 
cas de refus, il atlaquera. Les chefs du regiment 
firent alors rentrer leurs soldats dans les quartiers; 
mais la troupe marseillaisc grossissait, se recrutait 
de tons les garnements d'Aix, et la position devenait 
extr^mement perilleuse. Le 28^ les Marseillais, las 
d'altendre et echauffes par deux jours de bravades et 
de bavardages, se disposent a demolir les casernes, 
et deja leurs canons sont braqu^s sur les murailles. 
Les officiers d'Ernest, bien d^cid^s a ne point enga- 
ger un combat auquel tout les soUicilait, la plus 
juste colere et la certitude de voir aux premiers 
coups de feu les talons de leurs meprisables ennemis , 
calculant que la victoire, dans les circonstances ou ils 
se trouvaient, pouvait avoir des suites funestes , se 
r^signerent a sortir de la caserne , ne demandant 
autre chose que le passage libre. 11 arriva ce qui 
arrive toujours quand on a affaire a des sauvages 
sans nom, sans foi et sans mandat. Les soldats 
suisses furent separ6s, desarmes et maltrait^s. Cepen- 
dant la municipality, comprenant toute la gravity des 
evenements qui venaient de se passer, parvint a 



DB l'AHCIEHNB INFANTBtIB FRAHfAUB. 317 

faire rendre au regiment presque loutes ses armes et 
le fit partir pourToulun. 

D^ le 1 6 mars , le senat de la R6publique de Berne 
6crivait k Louis XVI : 

« Sire, le regiment d'Ernest, avou6 par notre 
s^nat, le plus ancien regiment suissc de ligne au 
service de la couronne de France, qu'il a servie 
depuis plus d'un si^cle avec fid^lit^ , et dontia con- 
duile a 61& sans reproche, ce regiment a eu le 26 
fevrier, ^ Aix , le soitle plus mortifiapt et le raoins 
m6rit^. Assailli par une troupe inBniment sup^rieure 
en nombre, Ii6 par une loi (la loi martiale), dont 
il avail jur^ robservation , qui le mettait dans I'im- 
po«Ribilite de se defendre, (rahi peut-Stre par ceux 
qui devaieiiliui donnerun appui, il s'est vu forc^ de 
poser les armes... En ^ ' jutre las 

ennemis declares de voire ait quitt6 

les armes qu'avec la vie. 

« Nous nechcrcherons a sensiBir 

lit^ de Votre Majeste par U de trahi- 

son et de sedition qui ontaccompagn^ce malheureux 
evenement; nous n'essaierons pas de retracer la 
profonde et douloureuse impression qu'il nous a fait 
eprouver, de ra^me qu'a tout notre pays. 

a Dans ces circonstances, il ne nous reste qu*^ reti- 
rer notre rfigimenl, ses/services Jie pouvant plus 
etrc utiles h Voire Maj^l^/ SQa : faonneur ne lui 
permet plus de prolong0r'^lbi^t^w|ir ,daus un pays 
oil ni Talliance, ni sa c&pitulatiW^e lui procurent 



318 HISTOIRB 

plus la s^curit^ necessaire. Nous avons d^j^ fait part 
de cette determination k notre regiment d'Ernest; 
nous attendons , en consequence , de Tamour de la 
Justice qui caract6nse Voire Majaste , qu'elle voudra 
bien donner des ordres afin qu'on lui rende ses ar- 
mes, qui sont sa propriety et dont il a et6 priv^ d'uDe 
maniere 1res-ill6gale ct violente. 

«VotrcMajest6, ainsi que ses tr^s-augustes pr^d^- 
cesseurs, ont donn^ dans tons les lemps aux troupes 
suisses en general , et k notre regiment en parti- 
culier ^ des preuves si convaincantes de leur haute 
condance et bienveillance royale, que nous ne 
devons pas douter que Voire Majesty accueillera 
favorablement notre demande et qu'elle daignera 
par consequent ordonner incessarament qu'on lui 
accorde une retraite sAreet honorable, et qu'on lui 
assigne la route la plus commode pour se rendre 
danssa patrie.,, etc.* 

Le regiment d'fi^ptfutv en ^^<^^ reuni kRomans, 
et un ordre du 26 tnai 1792 le dirigea sur la 
Suisse par la route du Fort de I'Ecluse et Gex. Le 
canton de Berne lui avait nomme dei^ le 6 mai un 
nouveau colonel : c'etait son ancien major Beat Louis 
de Watteville , qui le conduisit presque aussitdt en 
Piemont, au service du roi de Sardaigne. 

Apres les premiers aion|e£|t£f de mauvaise humeur, 
le canton de Berne y desireu)c de rester en paix avec 
la Republique fran^soj^' titpipela le regiment de 
Watteville en SuittiS, ptt.ll-ftit maintenu sur pied 



Dl l'aNCIENNE INFAimDtIB FRAR^AISB. 319 

pour faire respecter ia neutrality des cantons helve- 
tiques. Un decret du 22 germinal an HI , 6inan6 de 
la Convention nationale , lui assura les pensions qui 
avaient ete reglees sous le precedent gouvernement 
et fit payer I'arri^re. 

Ce regiment avait eu douze drapeaux , dont un 
drapeau -colonel blanc seme de fleurs de lis d or et 
charge des armes de France, et onze drapeaux d'or^ 
donnance dont les quartiers ^taient partages en 
quatre flammes ondees, deux jaunes alternant avec 
deux rouge et bleue. Sous M. d'Erlach de Riggisberg, 
les flammes etaient rouges, blanches et noires. 

La tenue, depuis que Tuniforme avait 6te donni 
aux Suisses, avait consists en habit et veste rouge 
garn:^ro. cnlotte et parements bleu de roi , boutons 
blancs, paltes ordiuaires garnies de trois boutons et 
autant de boutonnieres bleues , la veste garnie de 
boutonniferes jusqu'a la ceinture et orn6e de brande- 
bourgs et d'un galon blanc, chaji^u bord6 d'argent. 
Les sergents ont port6 Thabit bleu a parements rou- 
ges jusqu'en 1776. Cette ann6e, la lenue fut modi- 
fiee et le regiment eut I'habit rouge, avec collet, 
revers et parements noirs ; veste , culotte , passepoils 
et boutons blancs. 



320 HIBTOIKB 



RtemiNT Dl SALIMANAN. 



64* Rl^GlMENT d'iNFANTERIB. 



Auiilium nostrum k Domino. 
Dbvisb du ai«IIBNT. 



GOLOKELS. 



1. STUPPA (Pierre), 17 f^trier 1672. 

2. BRENDLfi (Jo»t), 17 Janvier 1701. 

3. DB S£ED0RF (Jean-Balthasar Fegeli) , 13 aTril 1738. 

4. DB BOCCARD (Frangois-Philippe), 5 mars 1752. 

5. Baron de SALIS-SAMADE (Vincent Guy), 7 ATril 1782. 

Le deuxifeme des regiments suisses capitul6s par 
Pierre Stuppa, fut donn^ k cet officier (1), qui le 
conduisit des son arriv^e en France k Tarm^e des 
Pays-Bas^ commandecparie roicn person ne. Stuppa 
d^buta avec distinction au si6ge de Doesbourg , au 
combat de Woerden et a la prise d'Utrecht , oil il 

(1) Pierre Stuppa, nomm^ colonel desGardes Suisses en 1685, c-oii- 
serra n6anmoins son regiment jusqu^k sa mort, arriT^e le 8jaiiTier 
1 701 . 11 le fit commander par le lieutenant-colonel. Le premier lieu- 
tenant-colonel du corps fut Jean-Bnptiste Stuppa qui leva un regiment 
en 1 677 ; puis Gabriel Hessy , capilaine k la creation , lieutenant - co- 
lonel 20 janTier 1 677 et colonel d*un regiment en 1 689. 



DB l'aNCIBNNB INFANTBRIB FRANgAlSB. 321 

resta en garnison jusqu'au 7 novembre 1673. En 
quittant Utrecht, il se rendit a Niraegue et Wesel, 
et fit partie au mois de decembre de Texp^dilion 
conduite par le due de Luxembourg sur les canaux 
geles de la Hoilande. Apr^s la destruction de Bode- 
grave et de Swamnierdara, il revint sur la fronti^re 
de France, fit partie en 1674 de Tarm^e du prince 
de Cond6 et se distingua a la bataille de Seneff. Le 
capitaine Daniel Biirckart perit avec un grand nom* 
bre d'autres officiers a I'atlaque du village de Fay. 
En 1675^ Stuppa contribue k la prise de Liege et 
couvre les sieges de Dinant, Huy et Limbourg. En 
1676, il fait ceux de Landrecies et de Cond^, ^t 
protege rarmeequiassiegeBouchain, Saint-Ghislaia 
et Aire. En 1677, le regiment, qui sefaisait appeler 
Stuppa vieux, pour se distinguer d'un autre r6gi* 
ment Suisse du m^me nom, lev6 cette ann6e, servit 
au si^ge de Cambrai et de sa citadelle. II fit ensuite 
partie du corps que Louis XIV envoya le 7 avril au 
secours du due d'0rl6ans occupy au si^ge de Saint- 
Omer et menace par le prince d'Orange. II se trouva 
ainsi a la bataille de Gassel oil il ^prouvades pertes 
sensibles : le capitaine Beusell, deux lieutenants at 
trois enseignes y furent blesses. Le regiment termina 
cette campagne par la prise de Saint-Omer et de 
Saint-Ghislain et comment cdle de 1678 paries 
sieges de Gand et d' Ypres. Le 1 1 aout, il fut s6rieu- 
sement engage k la bataille de Saint-Denis ^ il y eut 
sept officiers bless6$. 

WUft. Dl L'iJIt. mrAllTWUI f lAM^AltS. T. n. 2< 



3tS nsTOiBB 

Stuppa vieux fit partie en 1684 de rarmto qui 
couvrit les operations du si6ge de Luxembourg. En 
1689, te 1*' bataiilon se trouva au combat de Wal- 
court; le lieutenant Frey, depuis lieutenant-colonel, 
y futblesse. En 1690, le corps tout entier itaiti 
Faring du marechal de Luxembourg. U se conduisit 
taillamment, le r'juillet, k la bataille dePleurus; 
ily eut quatrc ofTiciers blesses. II terminacettecampar 
gne k Staden et prit ses quarliers d'hiver k Gourtrai. 
II sortit de cette place en Janvier 1691 pour aller 
lever des contributions dans le pays de Wags, et au 
mois de mars, il se rendit au si^ge de Mons , oh il 
prit poste k Nimy. Apr^s la prise de Mons, il alia 
achever la campagne a Ypres et prit encore ses quar- 
tiers d'hiver k Gourtrai. Ce fut cette annee qu'on y 
forma pour la premiere fois, ainsi que dans les autres 
regiments suisses, des compagnies provisoires de 
grenadiers, qui furent compos^es des meilleurs sol- 
dats de toutes les compagnies. 

Stuppa sortit de Gourtrai en mai 1692 et fut dp- 
pel6 au si6ge de Namur. La ville capitula immMia*- 
tement et le regiment y entra pour participer de ce 
c6te k Tattaque des chMeaux, et particuli^rement k 
cielle du Fort-Guillaume. Dans la nuit du 17 au 18 
juin, il repoussa une sortie qui lui blessa mortelle'^ 
iMnt le lieutenant-colonel Frey. Le major ^recher 
eut le m6me sort au dernier assaut, qui fut livr^ avec 
une si admirable ardeur que le roi donna un louis 
d'or k chaque grenadier. A la batailto de Steenkerque^ 



Di l'angibnnb tmififitii prancaisi. ^|9 

la 3 aoi^t, Stuppa eUK plcio^ en (kuxiem^ \\gm 4fi^ 

ri^re Bourbon o^is ; il y eut affairs aux Ci^i'dt^s ])9f* 
noises, contre lesquelles il soutint un (eu terrible 
qui dura plus d'qne heure^ sans qu'aucune des deux 
trovpes se montr^t ebranl^. Enfin Stuppa, ^utciau 
par les Gardes Suisse^, mit Tepee a la o^ain et enh 
fon^ tes Danois. Des officicrs des qualre batailioqai 
il n'y eut que trois capitaines qui reviprent de cet(^ 
charge sans biessure. Les tues 6taient Iq Ueutenanle 
colonel Russinger, le major Courten, les capitaina^ 
Zurlauben, Burckart^ Socin, Lahire (1), Sulzeir^ 
Tellung et deux lieutenants. Le colonel Stuppa fut 
bless^ et avec lui dix-neuf aulres ofliciers. Pour 1^ 
sergents et soldats^ 613 iurent frappte, dont %4$ 
niortellement. Apr^s cette glorieuse aOairQ^ leg d^ 
bris du r^ginsent furent mis en garnison k Lille^ d'oii 
lis sortirent vers la f^te de Noel pour aller prendre 
Furnes, 

La campagne de 1603 ne fut pas moins bellO' 
Apres avoir contribu^ a la conqu^te d'Huy, Stuppa, 
embrigadi avec Surbeck^ arrive sur le champ de ba* 
taille de Neer^uden« Toutes les relations epnteiq- 
poraines saccordent a dire que le suoc^ de cetjbe 
grande journee fut surtout du ^ la valeur extraor- 
dinaire deploy6e par celle brigade. Le r^[iiiieot y 
fit de grande$ peries, parmi lesquellea I'hi^toira ^e 

« I » » III ■■! I ■ « > I I < ■ m ■! I t n ^^^i^ry^^*^y^y<><>»'»— ^— 

(i) Jean-Pierre de Lahire, enseigne en i670, lieutenanUeolonel 
2 BMr9 1705, el Irrigadi^r 3 uril i72«. 



324 lUTOUB 

signale que la mort du capitaine Petitot. Le lieute- 
nant Jeannerct fut tu6 peu apr^s au si^ de Ghar- 
leroi. Apres ce si^ge, le 4' bataillon resta dans la 
ville conquise : le i" fut envoys a Landrecies, le 2' a 
Valenciennes et le 3* k Maubeuge. La campagne de 
1694, que Stuppa fit sous les ordres du dauphin, 
ne pr^sente que la fameuse marche de Wignamont 
au pont d'Espierres. Apr^s avoir pass6 I'hiver k 
Douai et Gambrai, le regiment se remit en campagne 
en 1695, difendit le fort et le canal de La Knocque, 
oil Tenseigne Sock fut tu6, fit au inois de juillet le 
si^ge de Dixmude et participa au mois d'aoiHt au 
bombardement de Bruxelles. U pnssa I'hiver suivant 
k Courtrai) servit quelque temps en Flandre en 1696 
et fut envoys k Amiens et Abbeville pour la s<iret6 
des c6tes de Picardie menaces par les Anglais. En 
passant k Arras, le regiment fut la victimed'un 6pou- 
vantable accident. Les 3" et 4* bataillons avaient 6t6 
log^sdans rH6tel-de-VilIe. Le plancher du deuxi^me 
^tage c^a sous le poids du 4« bataillon qui tomba 
sur le 3®, II y eut 1 50 hommes tu^s, pu bless^. En 
1 697, Stuppa revint en Flandre et seryit sous Cattinat 
k la prise d'Ath. A la paix de Riswick, il fut mis en 
garnison k Lille. II fit partie en 1 698 du camp de 
Compi^ne, et k la separation des troupes il se rcndit 
k Douai ou il fut reduit k trois bataillons. 

Devenu Brendle (1) en 1701 , le regiment se rendit 



(i) BrendU, du canton d'ArgoTiey cadet aux Gardea en IMS, 



DB l'AiNGIENNB INFANTBRIB FRAN^AISB. 3S$ 

cette annee dans les Pays-Bas espagnols; il travailla 
aux lignes d' An vers et eut ses quartiers d'hiver k 
Ruremonde. II se trouva en 1702 k la canonnade 
de Peer et au siege de Traerbach, apres lequel il 
alia tenir garnison a Bruges. Ge Put la et pendant 
I'hiver de 1703 a 1 704 que les piques furent suppri- 
mees. Les piquiers, qui jusqu'alors avaient conserve 
le costume national, furent armes de fusils et habill6s 
de rouge comme les autres soldats (1). La mSme 
mesure fut prise a la m^me epoque dans tons les 
r6giments suisses. 

En 1704, Brcndle fut dirige ^ur Tirlemont et fit 
partie du camp de Neershespen commando par M. 
d'Artagnan. Ce corps, compose de cinq regiments 
suisses, fut reuni au mois de mai a Tarmee du mar*: 
quis de Bedmar campe a Saint-Trond. En 1705^ 



lieuten.-uit-colonei de ce revnment 20 DOTembre 1692, brigadier 
29 Janvier 1702, marechal de camp 20 mars 1709, lieutenant-g^- 
ueral 2 juillet 1710. 11 avail ete remplaci^ comme lieutenaiit-colo- 
iiel le 10 f^vricr 4701 par Francois d'Affry, qui obtint plus tard un 
regiment. 

(1) Le premier uniforme du regiment 6tait ainsi r6gl6 : habit 
garance, parements^ collet, yeste et culotte bleus , boutons blaacs, 
pattes ordinairesgarnies de trois boutons et aufant de boutonni^res 
bleucs; le cdt^ gauche de Thabit est garni d'une patte de quatre 
doigts de large qui descend jusqu^k la pocheet portant des bouton- 
ni^res bleues; douze boutons sur la Teste de deuiendeux, chapeau 
horde d'argent. En 1764, le corps avait la couleur distinctiye blan- 
che, et en 1770 il prit le jaune citron, pour \% collet, let reten ot 
les parements. 



Brendii servit au si^ d^Huy; il fut entaiite dMatM 
de TarfD^ de Flandre pour allcr joindte le mai^tehti 
de Yillars au cam^ de Sierk sur la Moselle. Ra^ipeli 
bienldt dans les Pays^Bas , on le cbargea de In garde 
des lignes depuis le bas d'AlE^me jusqu'j^ Natmir. 11 
hiverha k Namur. Au commencement de 1706^ il 
tnarcha au secours dii Fort-Louis du Rhin. A son 
retour eu Flandre , les 1« et 3* bataillons furent jetes 
diin6 Mons et le 2* dans Alh : deuit cents homfnes 
furent d^tach^s de Mons pour garder Termonde. Ges 
deux cents hommes, ainsi que le batailloil qui Stait 
k Ath, furent bientdt faits prisonniers de guerre par 
les Allies; mais une grande partie des soldats parvint 
h s'^chapper^ et le 2* bataillon fut reorganise k Lan- 
drecies la m^me ann^e. Le capitaine Iseling et le 
Ueutenant Husy avaient ^t^ tues a la defense d'Ath. 
En 1707, le regiment fut detach^ de Tarm^e de 
Flandre pour allcr au secours de Toulon assi^g^. par 
les Imp^riaux. Ce siege ayant ele Iev6 et les ennemis 
ayant repass^ le Var, Brendlg n'alla que jusqu'i 
Monteiimarty et on I'envoya terminer la campagne 
k Lauterbourg. En 1708, il etait de retour en 
Flandre. II §e trouva a la bataille d' AudenaSrde , oil 
11 fut peu engage, demeura au camp dc Meldert pen- 
dant le siege de Lille et prit ses quartiers d'hiver k 
Mons. II combattit vaillamment I'ann^e suivante k 
Malplaqiiet; il y soutint les efforts de la brigade de 
Pi6mont et favorisa la retraile de la Maison du roi. 
Dans cette belle retraite , Brendl^ faisait I'exIrAni^ 



DE l'ANGIENNB INFANXBMB FRANgAMB. 3ST 

arriere-garde de toute I'arm^e. Elle <;outa la vk au 
capitaine Geschwind. 

Le regiment se retira a Douai et prit une beUe 
part a la defense de cette place en 1710. A|>rtela 
capitulation, il fut k Arras et, en 1711 , il se fit 
remarquer a ia prise d'assaut du fort d'Arleux. II 
entra ensuite dans Valenciennes , que Tenn^mi me- 
nagait, et y passa Thiver. II contribua parliculiere? 
ment en 1712 au succ^s de Tentreprise deDenain, 
fit les sieges de Marchiennes , de Douai et du Quesnoy 
et revint hiverner a Valenciennes. En 1713 »il iservit 
au siege de Landau oil, le 2 juillet, il contriboa avec 
Navarre a repousser une sortie qui mil un instant 
en peril les travaux du siege. Le capitaine Wickbart 
et les lieutenants Horner et Ze-Rhym y perdirent la 
vie. Pendant le siege de Fribourg , Brendle demeu- 
ra sur la rive gauche du Rhin dans les lignes de la 
Lauter, et a la paix il fut mis en garnison a Metz. 
Le 2® bataillon fut envoye a Troyes, en juillet 1714> 
pour r^parer les immonses deg&ts qu'avait faits une 
inondation de la Seine. Ce bataillon fut ensuite 
envoye a Avesnes. Les deux autres quitterent eo 
m6me temps Metz pour vcnir a Maubetrge et Philippe- 
ville. Le 3^ balaillon fut reforme en 1716. 

En 1733, Brendle fit partie du corps de reserve 
de Tarraee d'AHeraagne. II ful employife en 1734 au 
siege de Touvrage a cornes de Philisbourg^^ituA^iV 
de^a du fleuve. Get ouvrage capitula sous w^^^Jw- \ 



ij-i. 




■ f h 



328 nmToiiiB 

peaux (1). Le l** juin, jour de I'ouverture de la tran- 
chee devant Philisbourg, il avait victorieusement 
repouss^ iin parii qui voulait Hetniire le pont de 
communication du basRhin. Ilcommengala cam- 
pagnc de 1735 k la m^me armie et alia renforcer, 
au mois d*ociobre, le corps que le comte de Bellisle 
commandait sur la Moselle. II acheva la campagne 
au camp de Saint-Maximin : ses grenadiers seuls 
se trouY^rent k I'affaire de Klausen. 

En 1 742, le corps, qui portail le nom de Siedorf (2) 
depuis quatre ans, fut employe a Tarm^e d'obsenra- 
tion de la frontiere des Pavs-Bas. A la fin de la 
campagne, il fut ^tabli k Maubeuge oil il demeura en 
garnison toute Tann^e suivante. II servit, en 1744, 
au sijfege de Menin, couvrit ceux d'Ypres el de Fumes 
et acheva la campagne au camp de Courtrai. II com- 



(1) Les drapeaux d'ordonnance de ce regiment aTaieit chacun 
de leurs quartiers partag^ en quatre ilammes ondul^s, dont deax 
blanches alternant avec uue bleue et une rouge. Le drapeau-colonel 
portait cette devise en lettresiror : AuxUium nostrum d Domino. Les 
drapeaux d'ordonnance n'^taient pas invariables dans les regiments 
suisses. Quelques colonels obtinrent la permission de fidre porter 
leurs couleurs. Ainsi, sous M. de Boccard , les carr^s a^aient sept 
flammes, une cramoisie au milieu, puis, de chnque c6t6 en s'61oi- 
gnant, une noire , une jaune et une bleue. 

(2) S^edorf, du canton de Fribourg, ex-major aux Gardes, bri- 
gadier 1'^ Janvier 1740, mar^chal de camp 2 mai 1744 et 
lieutenant-general iO mai 1748. Jean-Rodolphe Frey, enseigne au 

. Gui*ps en 4685 , fut nomm^ lieutenant- colonel 29 aoM 1734 et bri- 
gadier i3aTril 1738. 



DE L^ANGIBNNE INFANTERIE FRAN^AISE. 326 

menQa celle de 1745 siir le bas Rhin avec le prince 
de Conti, rallia le 20 juin Tarmee de Flandre, servit 
au 8i6ge d'Audenaerde et du fort Placetidal, marcha 
sur Gand avec le cotnte de Lowendhal et fut employe 
au siege d'Ostende. Dans la nuit du 21 aoOt, ses trois 
corapagnies de grenadiers emporferent le chemin 
couvert et y firent prisonniiTs trois otticiers et 72 
hommes. La place capitula le lendemain sous les 
drapeaux de S6edorf. Le regiment fit encore cette 
ann^e les sieges de Nieuporl et d'Ath ; il passa Thiver 
a Beaumont dans le Hainaut. En fevrier 1746, il fut 
appele au siege de Bruxelles ; il concourut ensuite 
a la conqufite de la ciladelle d'Anvers, couvrit le siege 
de Nainur el assisia a la bataille de Rocoux. II fut 
envoye, a la fin de cette campagne, sur les cdtes de 
Normandie, et il passa Tannee 1747 a Valognes, qu'il 
quittaau mois de novembre pourse rendre a Verdun. 
En 1748, il marcha par Ic Luxembourg et le 
Limbourg, sous les ordres du comte de Lowendhal, 
pour faire Tinvestissement de Maestricht. II servit au 
siege de cette place et fut ensuite cantonne entre 
Maeshicht et Aix-la-Chapelle. Apresla signature de la 
paix, on Tenvoya a Metz. 

Le regiment, qui avait pris le nom de Boccard (1) 
en 1752, fut envoye sur les c6tes de la Provence au 



(1) Boccard, du canton de Soleure, major aui Gardes en 1728, 
brigadier 1 *' mai 1 745 , mar^chal de camp iO ma> 1 748 et lieutenant- 
gto^rtl i 7 d^cembre 1 7S0. 



330 HlftTOlM 

dibut de la guen*e de Sept Ans. II faisait partie de la 
reserve du corps exp^ditionnaire de Minorque. II 
d^bicha le 1*' novembre son 1^ bataillon en Goirse; 
oe bataillon occupa Calvi jusqu'en fevrier 1750. Le 
raiment fut dirig^ cette annee sur Tarmte d'AUe- 
magne. II ne paratt point avoir pris une part active 
a la guerre jusqu'en 1762. Pendant cette derni^re 
campagne, il formait brigade avec Diesbach sous 
les ordres du baron de Zurlauben. II d^fendit les 8^ 
9 et 1 aoAt, les retranchements de la montagoe de 
Melsungen sur la Fulda, sous un feu des plus vifs 
des Allies commandos par lord Granby. II fit Tarridre* 
garde dc Tarmee le 18 aout sans se laisser entamer, 
marcha le 30 vers Friedberget se trouva le 21 septem- 
bre a Tattaque du chateau d'Amenebourg sur TOhm. 
Cent un hommes de la brigade furent tu^s dans cette 
affaire. 

A la paix j Boccard se rendit a Weissembourg , 
d'oii il passa a Strasbourg en decembre 1763^ k 
Weissembourg en mai 1764, a Landau en octobre 
1765 et k Phalsbourg en aoikt 1766. II fut appele en 
juillet 1769 au campde Verberie. Apresla lev^edu 
camp, il se rendit a Arras, puis a Aire en octobre 
1769, k Carhaix et Ch4teauneuf du Faou en Janvier 

1771, a Maubeuge en juin 1771 , a Belfort en juiii 

1772, a Grenoble en septembre 1773, k Weissem- 
bourg en aout 1775, a Saarlouis en octobre 1776, 
a Thionville et Saarlouis en mai 1777, k Phalsbourg 
en octobre 1777, a Bethune en avril 1778 et a Calais 



«• 

* 



DB l'aNCIBNNB INFANTBRIB FRAN^AISB. 3SI 

cette annee dans les Pays-Bas espagnols; il travailla 
aux lignes d*Anvers et eut ses quartiers d*hiver k 
Ruremonde. II se trouva en 1702 k la canonnade 
de Peer et au siege de Traerbach, apr^s lequel il 
alia tenir garnison a Bruges. Ce fut Ik et pendant 
rhiver de 1703 a 1 704 que les piques furent suppri- 
mees. Les piquiers, qui jusqu'alors avaient conserve 
le costume national, furent arm^s de fusils et habillte 
de rouge comme les autres soldats (1). La rndme 
mesure fut prise a la m^oie epoque dans tous les 
regiments suisses. 

En 1704, Brendl^ fut dirige 3ur Tirlemont et fit 
partie du camp de Ncershespen command6 par M, 
d'Artagnan. Ce corps, compose de cinq regiments 
suisses, fut r^uni au mois de mai k I'arm^e du mai^ 
quis de Bedmar campo a Saint-Trond. En 1705i 



iieuten:int-coloiiel de ce regiment 20 DOTembre 1602, brigaditr 
29 Janvier 1702, marechal de camp 20 mars 1709, lieutenanUg^- 
ueral 2 juillet 1710. 11 avail ete remplac^ comme lieutenaDt'Colo- 
nel Ic 10 fevrier 1701 par Francois d^Affrj, qui obtint plus tard im 
regiment. 

(1) Le premier untforme du regiment 6tait ainti r6gU : babft 
garance, paremenfs^ collet, Teste et culotte bleiu , boutons bUaciy 
pattes ordinairesgamies de trois boutons et aufant de boutonni^ret 
bleucs ; le c6t^ gauche de Phabit est garni d*nne pttte de qofttre 
doigts de large qui descend jusqu*i U poeheet portant dei booUm- 
nitres bleues; douze boutons sur la Yeste de deuxendeui* c h ap e au 
horde d'argent. En 1764, le corps avail U eouLeur distioeliTe blan- 
che, et en 1770 i! prit le jaane citron, poor la eollei, lea revara o( 
les parements. 



332 H18T0IIB 

diers de Salis-Samade serviront les canons des rera- 
parls et fiiront presque lous tu^s paries embrasures. 
Onze , qui surv^curent, furent arrachesk la fureur 
des vainqueui*s par la g6n6rense intervention des 
(iardes Frangaiscs. Cc ne Tut pas sans peine, car les 
vainqueurs deia Bastille ^taient surtoutirrit^ contre 
ce regiment jaune, dont iis ignoraient le nom, mais 
dont Tarrivee k Paris ne leur avail pr^sag^ rien de 
bon. 

Apr^s^ cette revolution , Salis-Samade , qui s'^tait 
retire h Pontoise, puis k Ecouis, regut Tordre de se 
rend re a Rouen el plus lard k Yvetot. Le 7 fevrier 
1790 , ii pr^ta le sermenl civique comme loules les 
autres troupes. En f^vrier 1701, un d^tachement ful 
envoy6 k Caudebec pour y reprimer les troubles 
graves qui avaient interrompu la tranquillity de cette 
petite ville. Au mois de septembre, le 2^ bataillon 
ful dirige sur Givet et, en d^cembre, sur Arras. II 6tait 
revenu k Rouen en Janvier 1792. Pendant le mdme 
temps, le 1*' bataillon avail 616 plac6 au Havre. 
G'esl dans cette position que le regiment ful licencie, 
conform^ment au decret du SOaoilt 1792. 



^.>**-:*f> ^' 



BB L ANCtENHR inFANTBHIB FIIA^CAIBS. 



it&mm \tt mNViKU. 



65" RfiGIMBNT d'iNFANTBRIB. 



h marche de ton bonne grice. 

I.E MARECBAL DK LuiMIOUM. 



I. DE SALIS-ZIZERS (Rodolphe), 17 ftvrler 1672. 
a. POHLIER (Jeau), oclobre 1690. 

3. DE REYNOLD (Pi-aii<;ois), 30 septembre 1692. 

4. Ui; CASTELLAS (Fnugois-Nicolas-Allierl), 25 juin 1702. 

5. DE BETTENS (Geoi 

6. MONNIN (Francois 

7. Baron de REDING ) man I7S6. 

8. PFIFFER DE WYH 763. 
». deSONNEMBERG (768. 

Ce regiment, le (roisi^me des quatre r^imeols 
suisses admiii a la solde de ia France le 17 f^vrier 
1672, £chut en pariage k M. de Salis-Zizers, et Of 
ses premieres armc lit. 

Le 28 septembre il II 

comballit a SenefT ne 

Sury a Tattaqiie di au 

moisde mai 1676 B i 



334 aisToiii 

celui d'Aire. En mars 1677, il est au siige de 
Valenciennes , el le 28 du m^me mois il ouvre la 
tranchee devant Cainbrai avec Ics Gardes. II serf en 
1678 aux sieges de Gand et d'Ypres, et ce fut lui qui 
prit possession dTpres le jour de la capitulation. 

En 1684, Salis fait partie de Tarmie qui couvre 
le siege de Luxemboai*g. II jse trouve en 1689 au 
combat de Walcourt et se distingue Tannic suivante 
k la bataille de Fleurus. II y perd un capitaine; le 
colonel, trois capitaines et cinq lieutenants y sont 
blesses (1). 

Le rc^giment, sous le nom de Porlier, avait en 
1691 ses quatre balaillons au siege de Mons. II se 
distingua extr^mcment k I'assaut du 7 avril, oii un 
aide-major et un lieutenant rcQurent des blessures. 
Mons se rendit le lendemain. Un bataillon y resta en 
garnison ; les trois autres assist^rent au combat de 
Leuze et pass^r^nt rhiver k Courtrai. L'ann^e 1692 
fut glorieuse pour left Suisses. Porlier d^buta par le 
siege des ville et ch&teaux de Namur ; une compa- 
gnie de grenadiers s y distingua le 22 juin k I'assaut 
du Fort-Guillaume. Le 3 aotit fut livr^e la bataille de 
Steenkerque oil le corps s' acquit une gloire immor- 
telle. II arriva des premiers au secours de Bourbon- 
nais. Le colonel Porlier le pla^a de fa^on k boucher 



(1) M. de Salii-Zizerti dti'eftiilniidesGrisoDs, brigadier 24 f^yrier 
1676 et mar^chal de oain|KS4 aibilt 1688, mourut le 16 octobre des 
fuites de sa bleemre. Soii-niiDoemur, Forlier, 6tait de Berne. 



DB L^ANGIBNNB INFANTBRIB FRAIffAISB. 33&^ 

line trouee par iaqiielle Tennemi allait percer et 
donna le temps aux Gardes Fran^aises et Suisses 
d'arriver sur ce point dangereux. Ce fut la g6n6reuse 
resistance du corps qui d6cida la victoire, mais le 
colonel y fut tue en faisant des actions d'une rare in- 
tr^pidite. « J'y envoyai, dit le marechal de Luxem- 
bourg dans son rapport , la brigade de Porlier qui 
marche de fort bonne gr4(*e ; elle revolt un si grand 
feu que nous trouv^raes tous que c'etoit toujours 
beaucoup a ce regiment de se soutenir en plaine, 
quoiqu'il n'avang&t pas autant que nous Taurions 
desir6. Le pauvre colonel agit k son ordinaire pour 
mener son regiment comme il le vouloit, et tout le 
monde en fut fort content; mais malheureusement 
il fut tue, el, raalgr6 sa perte , Salseguaibre 
(Saltzgeber), son lieulenant-colonet, tint si bien le 
regiment en cette place qu'on ne s'aperQUt point de 
la perte qu*il avail faite. » Outre le colonel, le corps 
perdit huit officiers et 93 hommes. Le nombre des 
blesses monta i 276 hommes, dont 16 officiers, par- 
mi lesquels se trouvait le capitaine de Bettens, depuis 
colonel. 

Le regi ment, passe aux ordres de M. de Reyn(Hd (1 ), 
assista encore cette an nee au bomhardement de 
Charleroi. II commenga la campagnede 1693 par le 



(i) Le coloael Reynold et son successeur, le colonel Castellas, 
scut paryenus, le premier k la t^te du regiment des Gardes Suisses, 
el le second a la charge de tieutBiumt-eolondl du mteae corps. 



33^ HinroiiB 

siege d'Huy et combattit avcc la plus grande diRtino- 
tion a Neenvinden, le 29 juillet. II participa It la 
premiere attaque dece village a neuriieuresdu ma- 
tin et y perdit le capilaine Roch de Wallier. Le colo- 
nel et le capilaine de Bettens y furent bless^. 
Reynold fit au inois de seplembre le si^ge de Char- 
leroi. II prit part jusqu'en 1696 k toutes les opera- 
tions de Fannie de Flandre et passa au camp de 
Deynse les deux dernieres campagnes de cette guerre. 
II servit encore sur cette fronti^re en 1701^ et, ie 
11 juin 1702, on le trouve sous le nom de Castellas 
a la defaite des Hollandais sous les murs de Nim^ue. 
Apr^s cette affaire, il fut mis en garnison dans la 
citadelle de Liege, oii la presque totality du corps se 
laissa surprendre au mois de novembre , fut faite 
prisonni^re de guerre et conduite en Hollaode. Le 
plus grand nombre des prisonniei*s parvint k s'6* 
chapper au commencement de 1703 et ie regiment 
se r^tablit au mois de mai a Cambrai. II se rendit de 
la a Anvers, oil le roi lui fit donner des armes* 11 
servit en 1 704 aux sieges d'Huy et de Liege, fit par- 
tie du camp de Tirlemont el entra ensuite dans les 
lignesde Namur oii il passa I'annee 1705. L'ann6e 
suivante il combat a Ramilies, deux officiers y sont 
tu^set le lieutenant-colonel de Beltensetait parmi les 
blesses. Castellas commence lacampagne de 1707 en 
Flandre au camp de Gemblours; il part de \k pour 
alter au secours de la Provence envahie par les Au- 
trichiens et les Piemontais. Des son arriv^e, il est 



DE l'aNGIENNB INPANTERIE FRAN(AISB. 631 

jet^ dans Toulon dont le siege est Iev6 dix joui*s 
apr^s. II poursuit Fennemi dans sa retraite jusqu'jt 
Nice et passe Thiver dans cetle ville. En 1708, une 
partie du regiment est plac6o a Briangon ; le rcste 
opere sur les Alpes et contribue, le 15 aoiil, a chas- 
ser les Allies d'Exiles etdu col d*Argeville. Castellas 
demeure sur cette frontiere jusqu'en 1712, sous les 
ordres du marechal de Berwick, defendant les passa- 
ges des montagnes depuis Grenoble jusqu'au Yar* 
A la fin de 1 7 1 2, le gros du regiment 6tait k Colmar, 
lorsqu'il regut Tordre dc partir pour la Catalogue, 
oil Girone etait s6rieusement menac^e. II contribua 
h la levee de ce siege au mois de Janvier 1713 et fit 
toute cette campagne en Catalogue sous le comte de 
Fiennes. Elle se passa en escarmouches avec \es gue- 
rillas. En 1714, les Irois bataillons firent lesi6ge de 
Barcelone, oil perirent le major et cinq autres ofti- 
ciers : qualre y furent blesses. Le lieutenant-colonel 
de Bettens, quoique dangereusement malade, se fit 
porler sur la breche le jour de I'assaut. Castellas revint 
en 1715 en Provence et fut reduit a deux bataillons. 
Castellas fut employ^, en 1719, k Tarmee d'Espa- 
gne. II contribua a la prise de Fontarabie, 4e 
Castelleon et de Saint-S^bastien et commen^a le 
siege de Boses, qui fut abandonn6 k cause du mau- 
vais temps. Cette guerre n'eut pas de suite. Le re- 
giment, devenu Bettens (1), se trouvait en 1725 k 



(1) Bettens, du canton de Berne, est detenu plus tard colonel 
du I*' regiment suisse. 

nST. DB L*AIfC. UWAIITBRIB nUlfQAISB. T. TI. 22 



338 UISTOIRE 

Strasbourg, lors de I'arriv^e de Marie Lekzinska. Ua 
fait sur la rive gauche du Rhin les trois campagnes 
de la guerre de la succession de Pologne. 

Quand s'ouvrit la guerre de la succession d*Au- 
triche, le regiment portait le nom de Monnin (1). 
II servit d'abord a la defense des frontiferes de 
Flandre, et fut mis en 1 7 42 en garnison k Saint-Omer. 
En 1743, il fut dirigg sur le Palatinat, et il fit la 
campagne avec les Gardes Suisses k la garde du pont 
de Rhein-Emkheim prfes de Worms. Envoy6 en- 
suite k Landau, que les ennemis menjiQaient, deux 
compagnies de grenadiers et deux piquets ex^cu- 
tferent le 23 novembre, a\ec un d6tachement du re- 
giment de Conde, un beau coup de main sur les 
magasins que Tarmee autrichienne avait a Ettingen 
de Tautre c6te du Rhin. En 1744, Monnin continua 
de tenir garnison a Landau jusqu'a Tarriv^^ du roi^ 
qu'il suivit au si^ge de Fribourg. Pass6 en Flandre 
en juin 1745, il fit le siege d'Audenaerde. En Janvier 
1746, il se rend au siege de Bruxelles, oil il occupe 
le faubourg de Flandre; il fait ensuite le si^ge de 
Mons sous les ordres du prince de Conti, rejoint 
Tarm^e du roi devant Namur, est post^ enlre la 
Sambre et la Mouse, contribue k la prise du fort 
d'Orange, et enfin assiste sans combattre k la bataille 



(i) Monnin, lieutena^t•colonel au corps 4 aotlt 1722, bngad er 
f *' aoiit 1734; marshal de camp i*>' Janvier i 740 et lieutcnant-g^ 
ii6ral !•' mai 1745. U 4tait de Neufch&teL 



DE l'angiennb infanterie fran^aisb. 339 

d'e Rocoux. En avril 1747, il fail partie du corps 
expeditionnaire du comte de Lowendhal,*participe k 
la prise de TEcliise, du Sas de Gand oil le capitaine 
Petitot a une jambe emportee par un boulet , et 
du fort Philippine; il rallie ensuite Tarraee du roi 
au camp de Tongres et se couvre de gloire a la ba- 
taille de Lawfeld. 11 attaque, avec Beltens, le village 
de Lawfeld jusqu'^ six fois, et a plus de la moili^ de 
son effectif mis hors de combat. Le lieutenant-colo- 
nel Marquis (1) y est mortellement frapp6. Le 29 
aout, deux bataillons quittent le camp de Tongres 
pour se rendre au siege de Berg-op-Zoom. Apr6s la 
prise do cette place, qui couta la vie au capitaine 
Malliardoz, le regiment se met en route & marches 
forcees pour Calais que semblait menacer une esca- 
dre anglaise. Monnin fait lacampagne de 1748 sur 
les c6tes de Normandie, ayant son principal quartier 
a Caen, oil il se relablit des pertes qu'il a eprouvees 
a Lawfeld et Berg-op-Zoom. En 1754, on le voit au 
camp d'Alsace. 

En 1756, il prend le nom de Reding (2) et en 
mars 1 757, il se rend par Li6ge el Stokheim a I'ar- 
mee du marechal d'Estr6es. II se trouve le 24 juillet 
a la bataille d'Haastembeck, oil le capitaine Biltner 

(\) Louis Marquis, nomm6 lieutenant-colonel 5 aoAt 1739 et 
brigadier 2 mai 1744. 

(2) Reding, du canton de Schwitz, capitaiue au corps en 1719, 
lieutenant-colonel 29 octobre 1747, brigadier 10 mai 1748. mar6- 
chal de camp 20 f^vrier 1761. 




340 HiSToni 

et un lieutenant sont blesses; il accompagne enniite 
le marechal de Richelieu dans son expedition de 
Hanovre. II contribue k la prise de Minden et de 
Hanovre ct reste en repos au camp d'Halberstadt 
jusqu'au 7 octobre. II quitte alors Tarm^ de 
Richelieu pour aller ren forcer celle de Soubise else 
trouveainsi, le 5 novembro, k la malheureuse ba- 
taille de Rosbach. II y perdit le lieutenant Muller, et 
parmi ses nombreux blesses sc trouvaient left capi- 
taines Reynold, Montaudon, Schatzel, Wiltz et six 
lieutenants. Reding servit en 1758 souslecomte de 
Clermont et acheva de se miner le 23 juin k la ba- 
taille de Gr^feld, Rentr^ alors en France, il fut mis 
en garnison k Huningue, oil il 6tait k port^e de re- 
cevoir des recrues. 

On \oit le regiment, devenu PfiCfer (1), en garni- 
son a Colmar a la fin de 1762. 11 passe de \kk 
Phalsbourg en mai 1763, puis a Bitche en aoAt 
1765, a Tours en avril 1766, a Verdun en decern- 
bre 1766, a Metz en aoiit 1767 et k Saarlouis en 
octobre 1768. Ce fut peu apres qu'il devint la pro- 
priety de M. de Sonnemberg, son dernier colonel (2), 
qui leconduisit I'annee suivante au camp de Verberie. 



(1) Pfiflfer de Wyher, de Lucerne, est parvenu le 20 avril 1768 
au grade de lieutenant-general. 

(2) Sonnemberg, de Lucerne, a et6 non)m6 brigadier 12 novem- 
bre 1770, et marechal de camp 5 d^cembre 1781. Joseph Ulrich 
Goldlin deTieffenau, lieutenant-colonel 26 d^cembre 1768, fut fait 
brigadier 5 d^cembre 1781 ct marechal de^camp 9 iQai& n8& 



DB l'aNCIENNE INPANXERIB FRANgAISB. 341 

Apres ce camp, il se rendit au Forl-Louis dii Rhiii 
en aoAl 1769, et de la a Aire en Janvier 1771, a 
Dottai icn avril 1772, a Gonde en octehre d772, % 
Douai en aout 1774, aMontmedy en novembre 1774, 
k BesanQon en octobre 177*61, a Antibes ret Monaco 
en octobre 477^^ la Toulon en d6cembre 4778, a 
Ba&tiaeit Sai^Eil-Fiorent en juillet il77l9. ]l»ne revint 
a Toulon que le 28 avril 1784 et fut immediatement 
dirige sur Mont Dauphin. II occupa la garnison de 
Marseille en octobre 1787, et en avril 1788 il vint k 
BesanQon, d'oii il passa au mois de juin suivant a 
Grenoble. 

Sonnemberg fut dirige, en septembre 1789, sur 
Lyon, oil la presence des soldats suisses excita une 
vive fermentation. Les choses arri#rent k u«n tel 
point que le regiment fut oblige de seretirer dans 
ses casernes et d'y demeurer consigne. Gependant 
il se concilia bientot I'almitie des Lyonnais par une 
demarche spontanee, dont on le loua fort dans le 
temps. c< Le 9 levrrer 1790, vingt soldats, d^put^s 
par leurs camarades, se rendirent, sans armes, au 
magasin k poudre garde par la milice nationale, et 
la, s*adressant aux officiers et soldats de cette .garde, 
avec I'enthousiasme de Tbonneuret du d^vouement ; 
Nous venons, dirent-ils, au nom de nos camarades, 
vous annoncer que si, pour la defense de votre poste, 
il vous arrive d'avoir besoin dc secours, nous nous 
offrons avec transport. Le plus beau moment pour 
nous scrait celui oil nos services ne laisseront plus 



342 HISTOIEB 

doutcr k cettc ville que nous rneritons voire esttilie, 

voire confiance et voire amitie » A la stiite de 

cette demarche, le meilleur accord s'^tablit entre 
Sonnemberg et la railice citoyenne. (^la dura ju6- 
qu'au 26 juillet. Ce jour-lk, la demission du com* 
niandant de la garde nalionale causa dans Lyon une 
6mcule terrible ; le peuple forga les postes de Tarse- 
nal, el le regiment fut requis par la municipality de 
marcher a la defense des lois. Les d^fenseurs de la 
loi sont en France sou vent consider^s comme des 
ennemis. Sonnemberg en fit I'experience : il r^tablit 
la paix et la tranquillity dans la ville de Lyon et re- 
cueillit pour recompense la haine des habitants. 
Bient6t les troubles d'Avignon vinrcnt donner au re- 
giment une autre occupation. Le 2' bataillon quitta 
Lyon, le l"juin 1791, pour se rendre a Pierrelatte, 
et fit partic du premier corps assemble pour mettre 
un lennc aux abominables d6sordres qui d^solaient le 
Com tat vcnaissin et surtout les villes d'Avignon et 
d'Orange. II demeura quelque temps dans cette der- 
niere ville et la quitta au mois de septembre pour se 
rendre a Metz oil arrivait en m6me temps le 1" ba- 
taillon parti de Lyon. 

Sonnemberg fut mis en garnison a Saarlouis en 
mai 1792 , il complait dans Tarmfee du Centre, et ce 
fut dans cette ville que son Hcenciemenl fut op^r^ 
quatre mois plus lard. 

Les drapeaux d'ordonnance de ce r6giment pre- 
sentaient dans chaque carre quatre flammes ond^es, 



DE L^ANGIENNK INFANTERIE FRANgAISE. 343 

« 

deux jaiines et deux noires. Le Medaillon de 1771 
donnc un autre drapeau, dans lequel cliaque carre 
etait partage en sept flammes , une blanche au mi- 
lieu, puis de chaque cote, en s'eloignant, une rouge, 
une blanche et une bleu celeste. 

L'ancien uniformeconsistait en : un habit garance, 
collet , veste , parements et culotte bleus , boutons 
blancs, pattcs ordinaires garnies de cinq boutons el 
boutonnieres; trois sur la raanche; I'habit et la 
veste avaient des boutonnieres bleues des deux cdtes ; 
chapeau borde d'argent. 

Vers 1760, le regiment avait les parements, les re- 
vers et le collet bleu celeste, avec la doublure, la 
veste et la culotte blanches. En 1770, le bleu de roi 
remplaga le bleu celeste. 



■ I 



.• ■■*■ 














344 HIITOIRft 



REGIIUNT M CA8TBLLAS. 



66« BJfiGIMENT d'iNFANTERIE, 



Tidone et Vintimiglia. 



COLONELS. 



i. PFIFFER DE WYHER (FranQois), 17 f^vrier 1672. 

2. HESSY (Gabriel), 20 d6cembro 1689. 

3. DE BURKY (Joseph Protais), 30 novembre 1729. 

4. DE TSCHL'DY (Pierre), 9 d6cembre 1737. 

5. DE VIGIER DE STEINBRUG (FranQois-Joseph-Guillauuie), 16 iiiai 

1740. 

6. DE CASTELLAS (Rodolphe), 14 mars 1756. 

Le regiment de Pfiffer, le dernier des quatre lev6s 
par les soins de Pierre Stuppa , fit la campagne de 
1672 en HoUande. Compl^tfe I'annee suivante par 
I'incorporation de quelqiies d6tacheraents qui exc6- 
daient TefTectif des Gardes Suisses, il servit au siege 
de Maestricht. Apres la prise de cette pla^e, il fut 
. envoy6 k Ulrocht, qu'il evacua le 27 octobre pour se 
.. *? Prendre k Nimfegue. II fit par tie en 1674 de rarm^ 



DB L^ANGIENNB INFANTERIB FRAN^AISB. 345 

du prince de Conde et combatlit k Seneff, oil le co- 
lonel Pfiffer (1 ) fut blesse a Fattaque du village de 
Fay. En 1675, ii etait de Tlarm^c d'observation qui 
couvrit les sieges de Dinant, Huy et Limbourg. En 
1676, il prit part, sous les ordres du roi , aux sieges 
de Conde, de Bouchain et d'Aire. L'annee suivante, 
Pfiffer servait sous les ordres du due d'0rl6ans. II 
ouvrit la tranchee devant Saint-Omer, dans la nuit 
du 4 au 5 avril, avec Navarre et Touraine, et se trou- 
va le 1 1 a la bataille de Cassel. Sa brigade etait plac6e 
au centre de la 2* ligne et s'y distingua beaucoup. 
Le regiment ne perdit qu'un lieutenant, mais il eut 
beaucoup de blesses, parmi lesquels se trouvaient 
les capital nes Bogeli, Markdossi et Aeth et trois offi- 
ciers inferieurs. Le regiment acheva le si6ge de 
Sainl-Omer et contritua encore cette ann6e k la 
prise de Saint-Ghislain. II debutaen 1678 parle si6ge 
de Gand, qui fut suivi de celui d'Ypres, et combaitit 
avec valeur k Saint-Denis. 

En 1683, Pfiffer fit partie de I'arm^e de Flandre. 
II contribua au mois de novembrei la prise do Cour- 
trai et de Dixmude et passa Thiver a Courtrai. L'an- 
n6e suivante il couvrit les operations du si6ge de 
Luxembourg. II servit en l689, sous le mar6(ihal 
d'Hurai^res, et assista au cornbat de WklcoiiVt. Eii 



(I) Pnffer de Wylier, 6t' Lucerrtfl , ful fttlt brigadier Wf^trlW 
1677, ct uiarechal da cuinp 24 aodl If)li8« 



346 HISTOIRB 

1690, sous le nom de Hessy (1), il se distingua a 
Fleur.is. II fit en lG9i le sie^e de Mons et passa en 
1692 a i'armee que Catlinat comniandait sur les Al- 
pes. II fut d'abord mis en garnison a Pignerol, qu'il 
defendit energiqueraent pendant les mois de juilict 
et d'aout 1693. Apres la levee du siege, il sortit de 
celle place pour rallier Tarmee et il assista k la ba- 
taille de la Marsaglia. En 1694, Gattinat remploya k 
la L arde des defiles des Alpes. Au mois de novembre 
deux balaillons rentrent dans Pignerol ; ils y sent 
rejoints par les deux aulres en 1696, et apr^s la si- 
gnature des preliminaires de la paix avec [e due de 
Savoie, le regiment est dirige sur la frontifere de 
Flandre, oil il fail le siege d'Ath en 1697. 

Hessy fut rappele en 1701 a Tarm^e de Flandre. 
II travailla cette ann^e aux lignes d'Anvers. 
En 1702, il concourut a la d^iaite des Hollandais 
a Nim^gue et a la prise de la Chartreuse de Li6ge. II 
prit ses quarliers d'hiver dans le pays de Waes, et en 
1703, il combattit a\ec eclat a Eckeren. En 1704, 
apres les revers de Tarmce d'AUemagne, il courut 
vers le Rhin et jeta ses 2^ et 3« bataillons dans Lan- 
dau. Ges deux bataillons s'acquirent beaucoup de 
gloire k la defense de Landau : le capitaine Bufifel se 
fit surtout remarquer en defendant avec sa compa- 



(1) Hessy, du canton de Claris, est devenu brigadier 30 mars 
4693, mar^chal decamp 23 decembre 1702 etlieutenant-g6n6ral26 
octobre 1704. 



DE L^AlfCIENNE INFANTERIE FRAN$A1SB. 347 

gnie la lunette de la porte de France. Apr^s la ca- 
pitulation de Landau , les 2* et 3^ bataillons furent 
mis en garnison a Phalsbourg et Sarrebourg : le l^'f 
etait retourne en Flandre. En 1705, le regiment tout 
enticr fut envoye a I'armee que le raar^chal de Tesse 
comraandait en Espagne. Hessy fut employe au si6ge 
de Gibraltar qu'on fut oblige de lever , raarcha au 
secours de Badajoz et contribua k en faire lever le 
siege. En 1706, il servit sous le mar^chal de Berwick. 
D6tache seul au mois d'octobre, il forga la garnison 
de Cuen^a, compos6e de 2,000 homraes, a se rendre 
prisonniere de guerre. 11 participa ensuite a la prise 
de Carthagene. II etait Tannee suivante a la bataille 
d'Almanzaeta lasouraission du royauraede Valence. 
En 1708, on le trouvo k la prise de L6rida et de 
Tortose et a la canonnade de Puente-Major. 11 prit 
part, en 1709, a la defaite du general Franckemberg 
pres deGirone, et il passa ensuite dans le Languedoc, 
d'oii il retourna en Flandre en 1710. Le regiment 
se distingua fort en 1712 a I'attaque de Denain et 
au siege du Quesnoy , oil il perdit le capitaine de 
Ballhazard. Ses trois capitainesde grenadiers furent 
Messes le 17 oclobre aVatfaque du cherain couvert 
et de la lunette de Bouchain. En 1713, Hessy se 
rendit sur le Bhin et contribua a la reprise de Kay- 
serslautern et de Landau. Le lieutenant La Harpe fut 
tu6 devant Landau. 

La guerre ayant eclate, en 1719, entre la France 
et TEspagne, Hessy fut envoy6 sur les Pyr6n6eB et fit 



348 ntsToiBB 

les sieges de Fontarabie ct de Saint-S^basbien. II de- 
meura ensuite longtcmps dans le M'idi, faisant par- 
tie du cordon sanitaire qui cnveloppait Mai'seille. tl 
prit le nom de Burky en 1729 (1). 

En d^cembre 1733, Burky quitte ses quartiers du 
Roussillon pour 6lre cantonn^ dans difierentes villes 
du Languedoc. II s'embarque k Toulon, le 8 no- 
irembre 1734, pour aller renforcer Tarm^e d'ltalie , 
qu'il joint k Modene le 1 3 Janvier suivant. 11 occupe 
d'abord divers postesdansle Modenaisetle Mantouan, 
et passe enfin le Mincio le 18 juin k Go'ito. Aprte la 
dispersion des troupes imp^riales, il fut mis en gar- 
nison k Guastalla, oil 1,300 hommes lui furent en- 
lev^spar la fi^vre. II quitta eette ville le 22avril 1736 
pour renlrer en France, el fut 6tabli a Perpignan , 
CoUioure et Montlouis. En 1738, il fut envoys ^'Ein- 
brun ; il portait alors le nom de Tschudy. 

Devenu Vigier (2) 'en 1740 , le regiment quitta 
Embrun en 1742 pour serendre dans les enwrons 
do Toulon qu'inquietail la presence d'une flotle an- 
glaise. II fit, en 1743, partis de Tarm^e des Alpes et 



(1) Burky, de Fribourg, ayait M lieutenant-colonel au corps et 
deyint brigadier le i" f6vrier 471 9» Son successeur Tschudy ^lait 
du canton de Claris. 

(2) Vigier, de Soleure, sorteit-des Gardes; il fut fait brigadier 
1» janyier 1740, mar^chal de camp 2 mai 1744 et lieutenant-g^n^^ 
ral 10 mai 1748. Jean Aleiandre, chevalier de Balthazard, cadet en 
1706 et lieuteuant-colonel 26 octcbre 1738, fut fait brigadier 2 mai 
1744 et mar^ohal de camp i^ janyier 17!48. 




^<^ 



DK l'AMCIBNNB IHFANTBRIB FRANgAISB. 3^ 

se troiiva, Ic 5 octobre, a I'attaque des retranche- 
mcnts de La Chenal et du village de Pont, que I'eo- 
nemi abandonna pour conserver la position de la 
evee dc Villarette. Le regiment bivouaqua trois nuits 
pour attaquer I'ennemi, perdit beaucoup de monde 
par le canon dcs retranchemenls et fut oblige de se 
retirer le 10, la neige et les tcmp^tes ayant fait 
echouer I'entreprise. II vit encore ses ran^ s'^clair- 
cir pendant la retraite et surtout au passage du eol 
de Saint-Veran, oil 200 hommes moururentdefroid. 
II se relira a Gniltestre et Montdanphin ou jl passa 
I'hivci'. L'annec suivantc, Vigier tenta plusieurs fois 
de penelrer dans ie comte de Nice par Vitelle; mais 
n'ayant pu en venir a bout, il essaya de franchir Le 
Pallion, torrent que les pluif^sgrossissaienten co mo- 
ment a vne d'ceil. Le i'* bataillon r^ussit a toucher 
■'autre bord; mais le i' fut compl^tement arr£t6. 
Trois enseignes, qui s'l^tiii^l^iH!^ dans le tqrrent 
pour exciter les soldals^^'<^t^r]^ent daus lo tar- 
rent; on ne retrouva leurd drapeaux que le lende- 
main a la grille de Nice. Plusieurs 6oldat« furent 
aussi noycs. Le passage fut alors remia .it Ia auil 
du 19au 20 avril, et te regiment deboucbaenfin par le 
Montc-Grosso. Le iour mtime, et par dettchemjns 
reputes inacce i^tf 

de Montalban < I'en- 

nemi de rentri itt^es 

puur marcher el il 

I'eut tolalemer ueal 



350 DISTOIRE 

mariqu^. Les Pi6montais s'en aper^urent, et par un 
feu des plus vifs ils forcerent Vigier k abandonner 
le terrain et k regagner le Pallion. Le regiment eul 
dans cette affaire quatre officiers tu^ , cinq blesses 
et 300 hommes mis hors de combat. Le colonel, en 
tombant d'une roche, se blessa dangereuseraent au 
genou. Le prince de Conti consola le corps de son 
^chec en lui prodiguant des 6loges m^rites et le ren- 
voya en Provence pour s'y refaire. 

Yigier tenta de rejoindre I'arm^e pendant le si^e 
de Coni, maisl'^tat des chemins, la rupture desponts 
et le debordement des eaux lui oppos^rent des obsta- 
cles insurmontables. Si les ofRciers n*eussent pris k 
temps le parti de r6trograder, le regiment 6tait perdu. 
Un quart d'heure aprfes son depart, le terrain qu'il 
occupait 6tait cernc par les eaux et submerge. Ce ne 
ful qu'a grand'peine qu'il put regagner Saint-Paul 
en Provence. Quelque temps apr^s, fl essaya encore 
une fois de passer, mais aussi inutilement que la pre- 
miere fois. Le prince de Conti lui exp^dia alors 
Tordre de se rendre k Levenzo dans le comte de Nice, 
et d'observer les d6bouch6s des Alpes de ce cdt6-l&. 
II fut rejoint dans cetle position, au mois de novem- 
bre, par le 3* bataillon remis sur pied cette ann^e k 
Embrun. 

Le 25 Janvier 1745, Vigier quitta encore le comt^ 
de Nice pour repasser le Var. Le 1" bataillon fut 
place k La Ciotat, le 2« k Hydres et le 3^ k Ollioules. 
Ce dernier fut renYoyd^ au mois de mai, ^Yintimiglia 



DB l'AKGIENKB INFANTERIB FRAH(AUB. 351 

et s'empara le T' juillet du ch4tcdu de Dolce-Aqua 
et du poste d'Isola que les Piemontais avaient occu- 
py. Le 15 avril 1746, ce rafime bataillon quitta 
Vintimiglia pour une expedition sur les bains d'Acqui 
dans le Montferrat et il y fit 100 prisonniers. Le 30 
avril, tout le regiment fut reuiii a Rivalta diBormida 
a Tarm^e du marechal de Maillebois et prit part au 
siege d'Acqui. Apres la conqu6te de cette place, le 3« 
bataillon retourna a Vintimiglia. Les deux premiers 
se trouverent, le 10 aout, k la balaille de Tidone et s'y 
couvrirent d'unegloire immortelle, en arrStantl'en- 
nemi qui esperait d6lruire Tarmee frangaise en re- 
Iraite, au moment oil elle voudrait franchir la riviere 
du Tidone. Press6 par les Autrichiens sur la voie ro- 
maine, qui conduit a Castel San-Giovannq, Vigier 
leur tint t6te pendant cinq heures et supporta seul 
sur ce point I'effort de I'ennemi, jusqu'au moment 
oil il regut Tordrc de se retirer, ce qu'il fit en bon 
ordre. Cette bataille, qui fut suivie de I'evacuation 
complete de litalie, couta au regiment 500 honimes 
tues oil blesses. Le lieutenant-colonel de Balthazard 
y fut blesse et eut un cheval tu6 sous lui. 

Le regiment se retira k Saint-Laurent du Var et 
de la en Provence. Le 3* bataillon, renferm6 dans le 
ch&teau de Vintimiglia, fut oblige de capituler le 23 
octobre. Trois jours auparavant, il avail repouss^ un 
assaut et tu6 500 hommes aux Allies. « La resistance 
qu'a faite cette garnison, dit une relation contempo* 
raine, est des plus belles, et fait le plus grand 



351 HISTOIlllB 

bonneur au halaillon, qui y perdit 118 honimes sur 
300, et ill son brave commandant^ ie capitainc 
Di^ffenthalcr. » 

En fdvrier 1747, le regiment, aprfes avoir formi 
un bataiilon de guerre de 700 hommes, qui fut en- 
voy6 au secours de GSnes, partit pour Besangon oil 
il devait faire des recrues. II en revint au mois de 
mai, campa d'abord h Hyeres, puis passa dans le 
comt^ de Nice el s*embarqua le 8 octobre k Ville- 
franche pour se rendre a G^nes. Mais assailli en mer 
par une bourrasque, ii fut jet^ dans Tile de Capra'ia 
oil il faillit mourir de faim. II aborda enfin a Sestri 
di Levante et y passa I'hiver, charg6 de la garde de 
la riviere de G6nes et du golfe de la Spezzia. 11 6tait 
en 1748 k Chiavari, lors de la publication de Tar- 
mistice qui preceda la paix. 11 se rendit alors k Nice 
et vint le 14 decembre, par mer, a Antibes, sauf trois 
piquets qui passy^rent en Corse, oil ils demeur^renf 
jusqu'en 1751. Vigier fut envoye cette derni^re 
ann^e a Lyon et plus tard k Belfort et a Lille. 

En 1757, sous le nom de Castellas (1), le regiment 
fait partie de Tarm^e d'Allemagne. II contribue a la 



(i) Castellas, de Fribourg, ^tait entr6 comiie cadet dans Bettena 
en i723. 11 est devenu brigadier i*^ mai 1745, mar^chal de canlp 
\0 mai 1748 et lieutenant-g^D^ral 17 di^cembre 1759. 11 a eu pour 
lieutenants- colonels: Pierre Girardier, cadet en 1705, lieutenant- 
colonel 19 octobre 1749, brigadier 1^' mai 1758; Nicolas Hermann 
Kleim, enseigoe en 1719, major 19 noYembre 1747, lieutenant-co- 
k>ml 23 mar^ 176^, et marshal de c^mp 3 je^nvicr 1770; et Antoine 



DK L AnCIENNB llfPANTERlE FRANCAISB. 

crut ^oir, dans 
chose qui afiecta 
Cette affaire don 
une discussion ti 
le regiment fut 
point pour long! 
taillon ^tait k L 
tailloa passa , an 
se rendit dans le 
Le 3 d6cerabi 
du i' balaillon, 
toire du district 
compagnie de gr 
au village de f 
^taient en pleint 
point faire feu. 1 
cette circonslan 
accueillirent la i 
capitaine Saint 
Gourdon J et lei 
chement k coup 
avail deploy^ le 
loi martialc, et 
sous les armes 
mais gardes nat 
peur des coups 
sur la troupe. 1 
que Ton chercl 
leur offrant de 



370 

voisine de Tiglise, s'y retrancha et menaga de fain 
feu si on I'attaquait ; enfin , apr^s une nuit de da- 
meurs et de vociferations , paysans et gardes natio'- 
naux suiyirent les conscils de la prudence, rentr^rent 
chez eux, et le d^tachement put regagner Gahors 
sans 6tre inqui^t^. 

Cette affaire amena des d^sordres graves. Les agi- 
tateurs parvinrent, en fevrier 1791, k ameuler 
centre le bataillon de Languedoc les sokiats de 
Champagne ot de Royal-Navarre , qui tenaient aussi 
gamison k Cahors , et , pendant plusieurs jours , les 
grenadiers de Languedoc furent obliges de satisfeim 
k un grand nombre de duels. Les autorit^ ne puf- 
rent mettre fin k cette querelle qu'en s^parant les 
corps ; le 2* bataillon de Languedoc alia done , le 
21 mars, rejoindre le 1*' k Figeac. Celui-ci n'^itait 
pas plus tranquille. Entrain^ par les d^lamations 
furibondes des clubistes , il s'empara de la caisse du 
regiment, contenant 25,000 francs , et par puniUon 
il fut envoys k Auch a la fin d'avriL 

Au mois de septembre , le regiment entier cban- 
gea de garnison. Le 1*" bataillon fut dir^[6 surLyon, 
et le 2* sur Orange. Le 1**' bataillon, dont on se mS- 
fiait, fut arrets k Clermont ; le 2« continua sa route 
et fitpartie du petit corps d'arm^ qui se rSunit k Sor- 
gues pour prendre possession du Cojntat venaisain 
et combattre la bande de Jourdan. 

En avril 1792, le regiment de Languedoc fut ap- 
pel^ k Vwm6e des Alpes. A peine arrive k Grenobie, 
le 17 mai , il s'lnsurge centre son colonel , M. Re- 



gnaud, 
g6n6ral 

etdelaL 
de repe: 
et dirig< 

Pendi 
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1 '.^•'■■*' 



372 HI8T01RI 



EiGIHENT Dl BEADCI. 



68* REGIMENT d'iNFANTERIE. 



Ilinden. 



COLONELS OU MESTRES DE CAMP. 



i. Marquis d'HUXELLES (Nicolas du B16), 30 octobre 1673. 

2. Marquis du PLESS1S-BELLI&RE (Henri-FranQois de Roug6), 

22janTier 1675. 

3. Gomte de MONTSORREAU (Louis du Bouchet de Sourches), 

24f6vrier 1692. 

4. Marquis de VAUDREUIL (N. de Rigaud), 26 octobre 1704. 

5. Comte de SOURCHES (Louis-FrauQois du Bouchet), 5 fteptem- 

bre 1706. 
^^ ^. Marquis DE SAINT-SIMON (Henri de RouTroy), 14 juin 1718. 

7. Marquis db PUYGUYON (Charles-Fraogois de Granges de 

Surgferes), 25 novembre 1734. 

8. Comte de REVEL (Francois de Broglie),9aoAt 1742. 

9. Marquis de TALARU-CHALMAZEL (C6sar-Marie), 2 Janvier 

1745. 

10. Due DE MAZARIN (Louis-Guy-Marie d'Aumont), 15 Janvier 

1758. 

11. CheyalierDE LATOUR du PIN LA CHARGE (Jean-Fr6d6rie), 

!•' d6cembre 1762. 

12. Marquis DE THYMINES (Henri-Antoine-Hippolyte de Laiui^ret)^ , 

i3ayrill780. 



DE LANCIENNB INFAHTrailE FBARfAISI. 
13. Chevalier d'ECQUEVILLY (AaMble-Chftrles Hennequin), l" 

mars 1784. 
(4 Marquis de ROQUELAURE (Fraai^is-RoM-Bartbeieaij df 

Bessejouls), 13 mai 1785, 
iS. Marquis de ROCHEPONTAINE, (£tieime-NicoUs-Harie), 30 

octobre 1791. 



374 mvom 

il se trouva k Tattaque du pent de Seckingen, k la 
prise d'assaut de Kelh et k la soumission du chfttetn 
de Lichtemberg. II prit encore part k la camp^glM 
de 1679 con'tre I'^lecteur de Brandebourg et com- 
battit k Ninden. 

Envoys en 1689 a Tarm^e de Roussillon, Plessis- 
Belliere arrive au mois de mai devant Campredon. 
Le 20, Ics grenadiers vont bravement attaquer 
4^000 miquelets assemble au village de Saint-Paul; 
ils les ohassent de hauteur en hauteur, €a tuent un 
grand nombre^ dissipent le reste et rentrent au 
camp avec un riche butin. Le lendemain, le regi- 
ment ouvre la tranch^e en plein jour devant Cam- 
predon , tambours battants et enseignes d^ploy^es, 
et se rend maitre de tous les dehors jusqu'^ trente 
pas de la cr^te du chemin couvert. La viUa capitule 
vingt-quatrc heures apr^s, et Plessis-Belli^re ouvre 
auseitdl la tranch^e devant le chMeau. 11 se trouve 
eneore cettc ann^e a la soumission de RipoU, de 
San Juan do las Abadezas et de toute la valine de 
Ribes. 

Employ6 en 1690 k I'arm^e d'ltalie sous Cattinat, 
le regiment contribue k la prise de Cahours et au 
succes de In journ^e de Staffarde. II 6t2ut plac^ 4 la 
gauche de la 2* ligne , et ex^cuta avec La Sarre et 
Cl^rambault une tr^belle charge qui d^cida lavic- 
toire. Quelques jours 'apres, les grenadiers se trou- 
vaient au coup de main ex6cut6 sur Barges, oii Ton 
fit 2,000 prisonniers. Le regiment servit ensuite au 



DB l'ancibrub iHvinnRiB PEAn^Aisi. 379 

si^ de la vilte et de la citadelle de Siffie, qui se 
rendirent les 12 et 13 novembre, et il y reftta en 
garnisoD. 

En 1691, il contribua h chasser lesVaudois del 
valines de Saint-Martin et de la P^rouse, et se trouva 
aux sieges de Villefranche, Montalbao, Sant 'Ospiuo^ 
Nice« Veillane et Carmagnola. Mia en garnisod daus 
cette deriii^re place, il fut assi^fi au mois d'odto- 
bre par le due de SaToie et I'tieotfeur de Bavi^re. U 
obtint une capitulation honorable et se re xu \ k Pi- 



376 HISTOIRI 

tie des assi^g^s et se logea sur le bastion de Tattaque. 

Montsorreau, port6 k deux bataillons le 1" f6vrier 
1701 , fut employ6 cette annie sur le Rhin. Au mois 
de septembre, le 1" bataillon partit pour Tltalie et 
assisla au combat de Chiari. II passa Thiver kMan- 
toue et se trouvaen 1702 au combat de Santa- Vitto- 
ria^ a la bataille de Luzzara et a la prise de Luzzara 
et de Borgoforte. En 1703, le 1" bataillon fit partie 
du corps dont le due de Venddme se r6serva le com- 
mandement particulier ; il fit I'exp^dition du Tyrol, 
fut d'abord plac6 a Dezenzano sur le lac de Garda, 
puis a Arco, et vint enfin prendre ses quartiersd'hiver 
dans le Montferrat. Cette m^me annte, le 2' bataillon, 
demeur6 a I'armee du Rhin, fit le siege de Brisach, 
oil il perdit un capitaine, et fut charg6, aprfes la ca- 
pitulation de la place, de reconduire la grosse artil- 
lerie a Strasbourg. II fut encore employ6 k la prise 
de Landau, et se mit en route, au mois de novem- 
bre, pour aller rejoindre le 1" bataillon en Italic. 

Le regiment fit en 1704 lessi6gesde Verceil et 
d'lvree, et, sous le nom de Vaudreuil, il commenga, 
au mois de novembre , celui de V6rue, qui le tint 
sur pied tout Thiver. Avant la fin de ce si^ge, Vau- 
dreuil fut d^tach^ sous Jes ordres du due de La 
Feuillade pour se rendre devant Nice et ouvrit , le 
15 mars, la tranchee sous les murs de cette place, 
qui capitula le 2 avril. II se rendit de 1^ au si^ge de 
Chivasso, se trouva plus tard a la bataille de Casr- 
sano, et, au mois de d^cembre^ il retourna devant 



978 nsTom 

fik du cilebre auteur des Memoiresp le regiment fut 
passi en revue par Louis XV, le 21 septembre/daus 
la plaine de Saint-Denis, et partit de \k pour se ren* 
dre k Nantes. C'etait le moment oil les intrigues d^ 
cardinal Alb^roni et de la duchesse du Maine ^talent 
parvenues k troubler les tStes de la noblesse de Bre- 
tagne. Le regent ^tait sans doute bien aise d'avoir 
dans cette province un corps de troupes dont le chef 
lui fillt d^vou^. En 1719, le regiment reprima, en 
effet, quelques tentatives de r^volle et assura I'ex^- 
cution des quatre gentilshommes qui pay^rent de 
leur vie les inquietudes inspir^es au gouvernement 
par la conspiration dite de Gellamare. 

Saint-Simon fait partie en 1727 du camp de la 
Sadne, et, a la fin de 1733, il se rend k Tarmte 
d'ltalie. II y sert cette ann^e k la prise de Gerad'Adda^ 
de Pizzighetone et du chateau de Milan. En 1734, il 
se trouve aux sieges de Novare et de Tortone , aux 
combats de Colorno, aux batailles de Parme et de 
Guastalla, et a la prise de la Mirandole. En 1735^ 
sous le nom de Puyguyon (1), il coniribue a la sou- 
mission de Reggio, Reggiolo, Revere et Governolo, 



Jean-Charles de Gauthier de Girenton, marquis du Rousset. en- 
tr6 au corps en 4694, et lieutennnt-colonel 18 aoiit 1719, a M 
nom m6 brigadier 20 f^vrier 1734 et mar^chal de camp 1^'jnars 
1738. 

(1) M. de Puyguyon est pass6 dans la cavalerie. 11 a obtenu le 
grade de brigadier de cavalerie 20 f^Trier 1743 et celui de mar6- 
chal de camp le 1*' mai 174S. 



380 HISTOtRB 

A la defense et h la reprise de Weissembourg. au 
combat d'Augenheim et au si^ge de Fribourg, oil il 
se distingue le 19 octobre k Tattaque des saillants du 
cbemin couvert. 

En 1745, sous le nom de Talaru, il favorise la 
retraite de M. d'Arnaud, lorsque cetofficier ^vacue 
Hocht; il execute fiferement, le 19 juillet, le passage 
du Rhin en presence de I'ennenai, et il occupe 
Worms pendant le reste de la campagne. Appele en 
Flandre en 1746, il couvre les si6ges de Mons et de 
Gharleroi, fait celui de Saint-Ghislain, est ensuite 
d6tache pour aller s'emparer du poste de Vizet sur 
la Meuse, et il combat a Rocoux dans la brigade de 
Bretagne. 

Retabli a deux bataillons, par ordre du 8 novem- 
bre de cette annee, Talaru est envoy6 au secours de 
la Provence. Arrive sur celte fronti^re le 6 Janvier 
1747, il se fait aussit6t remarquer au passage de 
I'Argens , k la prise du ch&leau de Castellar, k la 
.lev6e du siege d'Antibes, a I'atlaque des retranche- 
ments de Villefranche , de Montalban et de Nice-, a 
la prise de Vinlimille et aux deux combats livrfe sous 
les murs de cette ville. II sert encore sur les Alpes 
en 1748 et est r6duit k un bataillon par I'ordonnance 
du 15 novembre. Celle du 10 fevrier 1749 le remit 
k deux bataillons, par I'incorporation du regiment 
de Beauce, dont, quatorze ans plus tard, il devait 
prendre le nom. 

Talaru fit partie, en 1 754, du camp de Gray et. 



DB l'aNCIENNE INFANTBRIE FRAHfAISE. 381 

en 1755, de celui de Valence. Envoys k la fin de 
cette ann6e en Provenc, il passa, en a^ril 1756, 
dans I'ile de Minorque avec le due de Richelieu, et 
se distingua au siege de Mahon. Les capitaines Belon 
et Dejon, et le lieutenant de grenadiers Hubert fu- 
rent blesses, le 27 juin , k I'assaut du fort Saint-Phi- 
lippe. Le regiment resta k Mahon jusqu'au mois de 
mars 1757. Aussitdt apres sa rentrie en France, il 
futdirig^sur Landau, d'ojiilpassadansla Hesse. On 
le pla^ k Eschweig sur la Werra, pour assurer la 
communication de I'arm^e de Souahe avec cclle de 
Hanovre. Apr6 
la retraite des 
marcha ensuite 
d^cembre, et f 
haut Aller. En 
le nom de Maza 
le 23 juin, Ilia 
1" bataillon sa 
due de Chevrei 
taissa approche 
un feu vif et bie 

Chevreuse de prendre une position avantageuse et 
fit lui-m6me -" ""'-"='" "« *>"" «~i.«. 

Mazarin co 
fit des pertei 
eel les et les 
Salos et No{ 



3tl mnwM 

4tai«nt k lieuien wt-colonel Guyn de La Roobe (1 }, 
Iqf capitaines Oarnaft, (k Marillac^ da C(mmwqu0tf 
8aint-^0virs» de Seilhac, Pierreclave, LoUm de fiwA^ 
joie^ La Yal^Ue, de Carri^re, P^lissieF, Bessop, Ptr* 
chard , de Bard qt dix lieutenants. Les debris 4ii r^t 
(^eot se relir^reqt 4 Cassel. 

Bla^rin fit encojce en Allemagne la campagni^ 4« 
4760, et se trouva aux afibire^. de Gorbach et 4^ 
Warbpurg. Le major de Vaux de Broul^ eut le bras 
gauche fracai^ par uo. boulat k QovhAck : le Ueute-r 
naut Serrurier, depuis marechal de Frauce, wX la 
m&choire bris^e par une balle, k Warbourg. 

En 1761, le regiment alia servir sur lesc cdte^ df 
I'Oc^an^ et, en 1762 , W 1" batailloa fit parU^ 4m 
petit corps d'iafanterie envoye au secoyrs de I'E^^ 
pagnQ qjui venait d^ declarer la guerre au Portugal* 
Ce bataillQu assista au si6ge d'Alm6ida. La pap, fut 
^gn^^ peu apr^s« et Is regiment fut afieqte au ^ervioe 
des ports et colonies, par rordonnaiice dw iO d^ 
cembr^ 1762. II ce$sa ea m^me temps d'^re r^ir 
inent de geutilsbommes et prit le titre de Beauce. 

Le 2" bataiUou quitta Saintes au commenceoaeot 



(1) JAcquM G]ly^ <}e La Roche, lieuten^ au CQrps ea i70i, lieu- 
tenant-colonel !«' mars 1738, brigadier 1*^ maj 1745. 11 eut pour 
successeura deux dies capitahies blesses ayec lui k Minden. H. de 
Marilko paiyitit k la chavge de lieutenant-oolonel le 22 juia 1767, 



DK l'aNCIENNE I)(P)UnBBIB FRAngAIBB 388 

de 1763, pour se rea^n h Cstqss^ihiq* tn i^ fut 
rejoiot par le 1 " batailtpn realrant d'^spfj^oQ, hgj^ 
leur r^unipD, le r^gjinent fut h TquIod, d'ptt U pa^ 
k Neufl>risach en noveinbre 1767, II M ag^\& i^p 
juillet 1 769 au camp de Vepberie prds de Cpmpi^ga^i; 
se rendit au inois d'aoj^t k Land^tvea et ^ A^esfi^, 
qu'il qujtta en octobre ITTOpour aller eq Coree. R«i- 
venu it Tuulon en juillet 1774,. ild^^ s«q S* tllr- 
taillon a Marseille ep aotlt 177$., et ae mit (out 9Qli9 
en route ppur Stra(ibo^rg «p ofitpbr* 1776, U Cut 



"W^"?^ 



384 HISTOIRB 

Nous avons dit dans la notice du regiment de Nor- 
roandie que Funion qui exista entre les raiments 
de Normandie et de Beauce, qui composaient la gar- 
nison de Brest, eut une grande influence sur le main- 
tien de la tranquillity de ce grand port de guerre. Le 
patriotisme de bon aioi , dont ces troupes firent 
preuve dans les premiers moments de la revolution, 
d^plut a certains meneurs de la municipality de 
Brest, qui, vers le milieu deTaDn^e 1790, sur des 
d^nonciations vagues, firent emprisonner M. de Marti- 
net, lieutenant-colonel de Beauce (1). L'affaire ne 
tarda pas cependant a s'^claircir , et I'Assembl^e 
nationale ordonna que cet officier fikt mis en liberie, 
en ajoutant qu'un exc^s de z^le avait 6gar6 la muni- 
cipality brestoise. Gette reparation ne suffit point 
cependant pour calmer I'irritation et la m^fiance des 
soldats, et lorsqu'au mois de Janvier 1791, le regi- 
ment de Beauce re^ut Tordre d'envoyer son l^ ba- 
taillon a Quimper et le 2' k la Louisiane, cette me- 
sure fut consid6r6e par les soldats comme une suite 
de Temprisonnement de M. de Martinet et comme 
refiTct des intrigues des contre-rcvolutionnaires bres- 
tois. Le 2* bataillon, qui 6tait a bord de la flotte depuis 
le mois d'octobre 1790, aussit6t qu'il vit proceder k 
I'appareillage, se mit en insurrection ouverte. Les 
vaisseaux firent voile cependant ; mais les soldats , 



(i) Ce M. de Martinet est le m6me qui est detenu colooel du i^ 
giment de Neustrie. 






fititrainant i 
la traversee 
les debarqui 
t6t les moye 
Martinique 
Cherbourg 1 
que le mini! 
blee iialioa 
faire rentre: 
delle d'Arra 
rag^ par de 
surreclion. 
cela arrive 
dit-on, par 
natale, et q 
porter cL la 1 
Les officien 
all^guant q 
impuissant 
quitter le c 
ment il ne 
se calmer, 
sordre, co 
bataillon fi 
gnit le 31 
Au mois 
le regimen 
II se irouvj 
premieres 



3^ ttlStOIRE 

prise de Quievrain le 29 avril et k la d^route 4u Ipn- 
demain, oil il fit de glorieux mais vains efforts pour 
reprendre Quievrain , dont les hulans autrichiens 
venaient de chasser un bataillon de gardes pationalos 
qu'on y avait laiss6. 

Le T' bataillon, apr^s avoir pris part ilac^Hjpa- 
gne de I'Argonne, passa a Tarniee du Rhii} et servit 
^n 1793 sous Custines. En 1794, il faisait partie ^e 
Tarm^e des Ardennes sous Jourdan et se CQifvrit de 
gloire au combat de Binch et au passage delj^^Sambre. 
Charg6 de la garde d'un pont de bateaux , il sojjtint 
seul I'attaque d'un gros corps autrichien et conserya 
son poste, malgre les boulets qui faisaient de pro- 
fondes brfeches dans ses rangs. Ce bataillon entra le 
22 septembre 1794 dans la composition de I4 127* 
demi-brigade. 

Le 2* bataillon , qui avait continue de servir k 
Tarmee du Nord , passa vers la fin de 1793 dans la 
Vendue, et contribua k I'aneantissement dela graode 
arm6e catholiqne. Avant de quitter Maqbeuge, o^ il 
etait en garnison , ce bataillon , toujours ardent et 
indiscipline, avait] deraande I'epuration de ses nour 
veaux officiers. Seize de ceux-ci avaient et6 arr^t^ 
et quatre d'entre eux avaient ete envoy6sau tribunal 
revolutionnaire , c'est-a-dire k la mqrt. Le 2« batajl^ 
Ion dQ Beauce a disparu dans I'organisation dc la 
128e demi-brigade le 29 juillet 1794, le joiir m^me 
Qu Robespierre, qui avait contri^)u6 k le readre mau- 
vais, recevait le juste prix de ses crimes. 



bB l'aHCIKHNI! irJil'ANlfitlint FIUNfAIU. ^w7 

Les drapeaux d'ordonnance du r6giraent deBeauce 
avaient les deux quarliers tenant ^ la hampe de cou- 
leurjaune, les deux autres6taient, Tun rouge etTau- 
tre violet. 

Ce regiment avail port6 un habH blanc , avec la 
vesie rouge et les boutons jaunes. Les poches , eo 
{)attes ordinaires tres-echaocr^, 6taient garnies de 
cinq boutons. ll y avait aussi cinq boutons sur les 
mancbes; Le chapeau etait bord^ d'or. 

En 1763, il eut le collet et le revers vert de Saxe. 
En 1775, il prit le revers roiige ; de i776iI77fl,il 
eut les i-evers et les parements aurore. 



388 OISTOIRK 



REfilMENT M VIGIBR. 



69* RtoMENT d'iNFANTIRIB. 



Dillembriurg. 



COLONELS. 



i. GBEDER (Wolfgang), 5 d6ccmbre ^673. 

2. GRfiDER (Louis), 15 Janvier i69i. 

3. GREDER (Balthazar), 28 Janvier 1703. 

4. n^AFFRY (Frangois), 22 d6cerabre 1714. 

5. WITTMER (Jeaii-Bnptiste-Andr6), 3 octobre 1734. 

6. Comte de WALDNER de FREUDRNSTEIN (Christian-Fr^d^ric 

Dagobert), 13novembre 1757. 

7. de VIGIER de STEINBRUGG (Robert), 11 mars 1781. 

Ce regiment, le 5« des regiments suisses, fut cr66 
par lettre de cachet du 5 d6cembre 1673. La capi- 
tulation de levee fut sign6e k Soleure le 1 8 du m^me 
mois. 

Gr6der ne servit point avant 1676. II d^buta au 
prin temps de cette annee par le si6ge de Bouchain, 
dont il emporta tous lies dehors, le 10 raai, avec les 
Fusiliers du roi. 11 6tait, en 1677, au siege de Valen- 
ciennes, et fut un des corps detaches le 1 " avril pour 



DE L ANCIEKKB llfl 

aller renforcer Parmee du 
Omer. II combattit bravi 
niajor Zegber y ful raorl 
(aines Fabri , Courten , 
licul<:nant Greder, fils di 
moins grievement blessei 
les si6ge8 de Gand et d'\ 
sement de Mons et se tn 
Denis. 

Gr6der fit pi 
les operations 
servit sous les 
etail an mois ( 
en Flandre. Ui 
mes,comman( 
jour dans une 
i faire sa retra 
Le 27 aoiit, le 
court. II cornt 
I'us, le 1" juill 
dix-buit autre: 
se trouvait le > 
qu'il dut ceder 



(^'aoD^c suivstnte , le regiment fit le si^e de Mqi\^. 
pu il avail son quartier a la B^Ue-Maifio^*, II asi^i^ 
plp^ tard ay combat de Leuze ^t passa V\xi\^v ^ Cour- 
trai* II contribua, en 1692, a la prisQ d^ ISajOQur, et 
se distinguaextrgm^raen t ^ la bataille de Steenki^rque. 
he capilaine Robert Socin, un auti:e officipr el 59 
sergonls ou sojdats y pcrdirent la vie. L9 nombre de§ 
bl^^^s s'61eva k 162, dont sept officierj^ Gr6d§r fit 
encore des prodiges de valeur, en 1693, klabatf^l]^^ 
de. Neerwinden oii il combattit a Tajle. gaupbjB*.Le 
colonel y. reQut deux blessures. Un d^ si^si freres, 1$ 
(japitaine Jean-Georges-Ignace Greder, fut mortell^, 
nxent blcss6. Le regiment terjnina cette qampiigna 
par le siege de Charleroi. 11 passa une p^rtje de ran7 
n^e 1694 dans cette place et fut de laifameuse. m^^r 
che. de Wignamont au pont d'Espierres, H servit, en 
1695, au bombardem(?nt de Bruxell^, en 1697^ au 
si6§9 d'Ath, et en 1698, il fit partie du.cstmp de 
Compiegne. 

Gr6der relourne, en 1701, dans les Pays-Bas, II 
prend part en 1702 au combat de Ninaegue, et en 
n03 a celui d'Eckeren, oil son colonel est blesse. 
11 est ensuite mis en garnison a Termonde, qu'il d^ 
fend en 1704. En 1706, il se troyve a la bataille djp 
Ramilies et rentre apres cette d6faite dans Tep- 
uionde. En 1708, il combat a Audenaerde et se re- 
tire a Gand. En 1709, il assiste a la bataille de Ma^- 
plaquet , et apr^s la retraite de I'armee , il est jete 
dans Aire, qu'il defend energiquement en 1710, pea^ 



dant cir 
d'Aire I 
Omer el 
II serl. 
ct dc B< 
Ler^ 
fut ern[ 
Pologm 
regimei 
du fort 
dii fleu< 
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camp di 

f'7 (I), 
en llali< 
ment, c 
en ^rn 
partie i 
KlauseT 
Au c< 
elait en 



(1) Le 
1116 briKat 

c'iIodfI'i: 



sot H18T0IR1 

il avait deux bataillons dans celte dernifere ville^ et 
le 3* 6tail k Conde. En 1744, il occupa Longwy et 
Monlm^dy, et, sur la (in de la campagne, il fut en- 
voy6 au camp de Courtrai, commands par le marc- 
chal de Saxe. En 1745, pendant que le 3' bataillon 
entrait dans Maubeuge, les deux premiers se rendi- 
rent au siege de Tournai , oil ils furent charges de 
Tinvestissement du cdte du village d'Erre et de la 
chauss6e de Douai. Pendant la bataille de Fontenoy, 
ces bataillons gardaient le pont de bateaux sur TEs- 
caut. Apres la prise de Tournai et de sa citadelle, ils 
se rendirent devant Audenaerde, puis devant Ostende 
etNieuport. Apr^s la souraission de ces trois places, 
ils rejoignirent, le 17 septembre, la grande armee 
pr6s d'Alost, el entrferent bientdten quartiers d'hi- 
ver, les 1" et 3* bataillons a Tournai et le 2« a Ath. 
Au mois de fevrier 1746, pendant le si6ge de Bruxel- 
les, Wittmer occupait Anderlecht : il fit ensuite le 
siege de la citadelle d'Anvers, se distingua au cora- 
bat des Cinq-Etoiles, oil il perdit le capitaine Para- 
viccini, et assista, sans &tre engage, k la bataille de 
Rocoux. En 1747, Wittmer fut envoy6 en Bretagne, 
et passa cette campagne dans les cantonnements de 
la c6te entre Brest vi Saint- Brieuc. A la fin de cetle 
annee, il se rendit a Toul et, en 1748, il futappel6 
au si6ge de Maestricht, oil il fut charge d'une attaque 
sur la rivegauche de la Meuse, pres du village de 
Scharen. 

Wittmer fitpartie, en 1757, de Tarmee du prince 



394 HISTOIBB 

plus grande valeur^ dans les haies du village de Land- 
wernhagen. 

En 1759, Waldner fait partie du corps de reserve 
commande par le due de Broglie et se distingue, le 
1 3 avril y a la bataille de Bergen , ou il soutient la 
premiere attaque dans les vignes du village. Le 
1" aout , il fait de nouveau admirer son courage a 
Minden. Dans ceite affaire, et dans la penible retraite 
qui en fut la cons^uence, le corps perdit les capi- 
taines Jassaud et Hans et Tenseigne Carli. Le lieute- 
nant-colonel Paraviccini y fut encore blesse et le 
major Milliet eut une jambe eraportee par un boulet. 
Le regiment, qui s'etait retire a Dillembourg, y fut 
attaque, le 7 Janvier 1760, par le general Wagen- 
heim, qui avait d'abord surpris et disperse les troupes 
legeres cantonnees aux environs. Abandonn6 a lui- 
m6me dans cette ville ouverte , Waldner s'illustra 
par la plus vigoureuse r6sistance. 11 se defendit de 
rue en rue, et ne se rendit enfin qu'apr^s avoir epuise 
loutes ses munitions, et avoir fait un mal horrible a 
Tennemi. Le brave lieutenant-colonel Paraviccini se 
fit tuer dans cette glorieuse journ6e el le comte de 
Waldner y fut grievement blesse (1). Quelques com- 
pagnies, echapp6es a la capitulation, continuerent de 
servir en Allemagne et honor^renl encore le nom 



(4) Le comte de Waldner, du canton de Soleure, e>t dsYenu 
brigadier 20 mai 1747, mai^chal de catup 1*^^ mai 4758, et lieute- 
nant-g^neral 25 juillet 1762. 



DB l'ancibnnb IIWAKmie nuit^AisE. 9l|ft 

de Waldner au combat de Gorbacb:, oil, a'V«oDIa- 
varre, dies enlevercnt une b^tteriea renaemi. ]»& 
24juin 17&2, ces. OQmpagipifis>furQniserieuseinBal 
engag^es a Grebeiul«ii^; htiit 4^ leura of&:ierB Umt- 
berent eiitue, tesmain^ 4^ lleon^mi; ^rnai emc M 
trouv£^t Le capitaine Lud^egn qui ttA\i Ueae6^ Bnfu^ 
le 20, sepiEiinlitre, ceqMi.nf^aUidu Ec^imeniM ttovcm 
au combat d'Amenebourg et h_ I9, pri»ei do chAtfiM 
4e cenoOT. 

A. la, paix, le r^gimenit de WaJdoec fHt.mi^engftiV' 
nisoD a Schlestadt,_ oi* il m s^l^UXw pen ila, temps. 



396 HISTOIRB 

Vigier s'est rendu k Conde en raai 1783. II a oc- 
cup6 dcpuis Avcsn«;s en octobre 1785, Charlemont 
et Philippcvillc en juin 1787, etToul en raai 1788. 
Au mois dc juillet de cette ann^e, les troubles de 
rirlandc ct la crainte d'une nouvelle guerre mari- 
time le firent envoyer k Nantes , mais il ne resta que 
peu de temps dans cette ville, et il 6tait de retour k 
Toul le 12 noverabre. 

En 1789, au mois de juillet, le regiment de Vigier 
fut appele aux environs de Paris. II arriva jusqu'a 
Brie-Comtc-Robert, regul contre-ordre et retournaa 
Toul. L'affaire des grains et I'approvisionnement de 
Paris fit envoyer k Troyes, au mois de septembre , un 
dfetachement de 400 hommes. Au mois d'aout 1790, 
Vjgier fournit un autre d^tachement de 400 h »mmes 
au petit corps d'arniee avec lequel le marquis de 
Bouille mil a la raison la garnison r6voltee de Nancy. 
Cette expedition couta la vie au lieutenant de gre- 
nadiers Schiiphauwer. On a vu, au regiment de Cas- 
tellas, quelle fut Tissue de cette malheureuse affaire 
et comment Ics regiments de Caslellas et de Vigier, 
reunis en conseil de guerre, furent appel6s ajuger, 
conformement aux lois suisses, les soldats rebelles de 
Ch^teauvieux. L'annee suivante, Vigier fut envoy6 
de Toul a Strasbourg. Son passage k Nancy, le 1 3 
mars, faillit causer de nouveaux desordres. La po- 
pulace de Nancy fut exasperee en voyant dans les 
rangs du regiment deux des quatre petites pieces de 



canon q 
31 aout 
aux arm 
quand 1 
hussards 
Le regiE 
oil il fut 
a Troye! 

En 1 
sans qui 
des deci 
nombre 
piirti da 
vait un 
dcvcnu 

l^e re 
carres f 
deuK na 
encadrc 
blancs < 
donned 
aux cou 
partagfei 
rouges. 

L'uni 
bitet ve 
boutont 
buuloni 



398 m^vinkt 

I'habit ^ait garni d'tine patte JBsqu'li fa pOthfe y et 
6tait orn^ de doilEe boutonniferes bieti^s, de itms to 
trois; les boutofmi^res de la veste ^taietit blanches, 
partag^e^ de m^ine, et le chapeau ^it b^d^ d'ar^ 
gent. En 1776, le regiment eut Thabit t^Ujge atefc 
les parements blano^ 



i. Man; 

2. Chei 

3. Hani 

4. Com 

23 
8. Cem 



II 

7. Due 

8. Com 

9. Har<| 

10. Man] 

11. Han 

I" 

12. Han 

13. Cmn 



400 aiSToiftc! 

14. Marquis de ROQUEFEUILLE (Innocent-Adrien-Uaurice), 27 

avril i788. 

15. MEUNIER (Hugues-Alexaodre-Joseph), 25juillet 1791. 

16. SERURRIER (Jcan-Malhieu-Philibert), 7 aoAt 1792. 

Ce regiment, lev6 par commission du 19 f6vrier 
1674, a porte les noms de ses trois premiers colo- 
nels. Donne d'abord au marquis de Navailles, il fit 
ses premieres armes en Roussillon, sous les ordres 
du mar6chal de Navailles. 11 fit, en 1676, une rude 
guerre aux miquelets espagnols. En 1677, il 6tablit 
sa reputation, le 4 juiliet, a la bataiile d'Espouilles. 
Cette bataiile, oil Tenneiui eut 5,000 hommes tu6s 
et 700 prisonniers, fut une affaire, pour ainsi dire, 
particuli^re aux regiments de Navailles et de Furs- 
lemberg alleraand. Ces deux braves corps, emportes 
par la plus noble emulation, y detruisirent entifere- 
ment les regiments espagnols d'Aragon, de Jtfedina- 
Sidonia, de Monteleone el de Parme. Navailles y per- 
dit le capitaine Langlade et 108 hommes. Parmi les 
officiers blesses se trouvaient les capitaines Saint- 
Geniez, La Barre, Sainte-Colombe, Desviou et Des- 
loches. Le regiment se conduisit avec la m6ine dis- 
tinction, en 1678, au siege de Puycerda. Les capi- 
taines Dubois de La Roche, Dumas et Duprat, les 
lieutenants Sorbet et de Pondieu et Tenseigne La 
Ronce, p6rirent k Tassaut du 3 mai. Puycerda ca- 
pitula le 28, et le 3 juin, le regiment s'empara en 
une heure du chateau de Baga, situe a quatre lieues 
de cette ville. II prit ses quartiers d'hiver k Perpi- 



402 nwteiut 

qui rendirent cc si6ge fameiix, Ics grenadiers^ anx 
ordres de M. dc Bois David, charg^rent les assi6- 
geants k Tarmc blanche et en firenl un carnage ex- 
traordinaire. Cot acte de valeur les rendit redouta- 
bles et leur fit accorder par Louis XIV d'bonorables 
recompenses. Lc prince Charles de Lorraine voulut 
les voir aprfes la capitulation de Mayence. 

Jarz6 commenga la campagne de 1690 en Alle- 
magne, et au mois de join, il fit partie du corps que 
M. de Sainte-Ruth conduisit en Savoie. Ghamb^ry, 
Annecy et Rumilly furent pris, et au mois de ?ept^n- 
bre, le regiment fut r6uni a rarmee de Cattinat. II se 
distingua, sous ce general, k la prise de Suze qui lui 
couta deux olficiers, et passaThivera Pignerol. Au 
printemps de 1691, un d6tacheraent fit avecsuce^ 
la guerre aux Ec^^bets, et rejoignit, le 6 jum, le reste 
du corps occup6 au siege de Carmagnola. Ce fut cette 
ann6e, et par brevet du 22 mai, que le regiment 
prit le titre de 1 1 province de M6doc. 

M^doc fit encore en 1691 le si^ge de Montm^lian. 
II contribua, en 1693, au gain de la bataille de la 
Marsaglia. En 1694, il servait a couvrir les cdtes de 
la Provence. I o 10 octobre, il s'embarqua sur les 
vaisseauxdeTcUiVille, qui le transport^rent ^ Pa)»- 
mos, en Catalogue. 11 deineura dans cette ville jus- 
qu'au si6ge de Barcelone, qui fut Taction principale 
de la campagne de 1697. Dans la premiere garde que 
Medoc monta devant Barcelone, il essuya une sortie 
de 2,000 hommes, qui firent des efforts incroyables 



pour en< 
balierie, 
tiles el ti 
qui t ji r 
soldats 
de Trint 
a Tassai 
baslioD 
port? et 
pour le 
Medo< 
du 1" f( 
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premier 
H&U ee 
parlouti 
dre fut t 
le i^giff 
Brazilly 



404 insToiRE 

colonel de Beaulieu fut fait brigadier el commandant 
de la place de Cremone (1 ). 

Le 1" bataillon de Medoc se (rouva en 1702 k la 
bataille et k la prise de Luzzara, oil son npuveau co- 
lonel, M. de Charaillard, fut bless6 (1). 11 pritpeu de 
part a la campagne de 1703, ayant fe*f6 laisse a De- 
zenzano sur le lac de Garda pendant I'expedition du 
Tyrol. Plus tard, Venddme Temploya au camp de 
San-Benedetto aud6sarmement des troupes du due de 
Savoie, dont on commencait a suspecter les inten- 
tions. Au mois de novembre , 11 6lait au camp de 
Castelnuovo, etil battil, le 20, a Montecuto un corps 
imperial, qui voulait s'eniparer de ce poste, lui tua 
150 hommes et mit le reste en fuite. Le major de 
Brazilly fut blesse dans cette affaire. En 1704, le 
bataillon fut employe aux sieges del Verceil, dlvree 
et de V6rue; Le lieutenant de Montigny fut tu6 de- 
yant Verceil etle capitaine de Villeneuve eul devant 
Verue la t6te fracass6e par une pierre. Medoc se si- 
gnala en 1705 au siege de Chivasso et k la bataille 
de Cassano, ou il perdit les capitaines Saint-Martin 
et Danneau. Apres avoir pass6 Thiver k Mantoue , il 



(1) Charles de Baulieu, entr^ au corps k la creation^ lieuteDnat- 
eolonel T^ aotit 170i, brigadier 9 f6vrier 1702, remplacd en 1703 
par M. de Brazilly. 

(2) Le colonel Ghamillard, fr^re du mtnistre, avail 6t6 capitaine 
de \aisseau. 11 est devenu brigadier 23 d^cembre 1702 et mar^- 
chal de camp 26 octobre 1704. Son successeur, (e .marquis de 
YiU^neg, a 6t6 fait brigadier l*" f^Trier 1719. 



rcjoif 
avec 
Turir 
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1703 
fevrit 
ti^rc 
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Segu 
dc la 
corp( 
Cour 



406 IIISTOIRI 

reclamations el n'avait dure que pendant cette cam-> 
{lagne. Lc 2* bataillon de Medoc avail servi en 1706 
au siege de Rarcelone el y avail perdu le capitaine 
Grandnom el le lieulenanl Lair. En 1707, il avail 
assists k la bataille d'Almanza, oil le capitaine 
Despannay el Taide-major de Villers avaient et6 
blesses, puis au siege de Mequinenza, oil le capi- 
taine de Monlesquiou le ful k son lour, el enfin k 
celui de Lerida, oil il resla en garnison. Pass6 en 
1708 k Tarmee de Calalogne, le bataillon (il le si^ge 
deXoilose donl le chemin convert ful emport6 par 
ses gi enadiers reunis a ceux du regiment du Maine. 
L'atlaque avail ele si vive, que les habitants de 
Tortose, craignanl que leur ville ne ful enlevee d'as- 
saul, s'elaienl mis a sonner le tocsin. A la fin de 
celle annee, le bataillon quilla TEspagne; il servit 
une partie de Tannee 1709 dans le Dauphine et ral- 
lia cnfin le l*' bataillon a Scblestadt. 

Pendant les campagnes suivanles, Medoc ful em- 
ploye a la garde des lignes de la Lauler, k Weissera- 
bourg el aux environs. Appele, en 1713, au si6ge 
de Landau, il se couvril de gloire, le 17 juillet, en 
repoussant avec Navarre une sorlie el en se logeant 
sur les angles saillanls du chemin convert. II perdit 
devant Landau le capitaine de Piosin; les capifaines 
de Giscaro , de Monlesquiou , de Brieu el de Trets y 
furcnl blesses. Le regiment se fit encore remarquor 
celle annee devant Fribourg a cole du regiment de 
Poilou donl il parlageait les quartiers el les travaux. 



DB l'anCIRNNB INP.AltrKlllt FilANgAlSE. 107 

et, la guerre ayanl cesse sur le Pihln, il fut dirig^ 
vers la Catalogne pour coop6ier k la redaotioD de 
Barcelone. A I'assautg6n6raldu ISseptembre 1714, 
les deux bataillonsde M^oc combatUrent it I'aUaq^e 
de gauche avec le regiment de La Marine. Les gre- 
nadiers se porterent k la br^che dii basijon du Levant^ 
la gravirenl 
Cerent dans 1 
y furent mis 
crte, si, au d 
le bastion ei 
assaui coula 
nantsVerdui 
vaietit les ca 
et le lieutena 
gereusement 
bataillon fut 
Pendant 1< 
demeura en ; 
vait en 1731 
don Carlos q 
gimeiit prit 
Gera d'Adda 
min convert 
de grenadiei 
grande partii 
sur lequel ci 
quinze bomn 
nietit brul^, i 



408 BrsTrfriiV 

combe fut aussi blcss('» au siege de Pizzighetone. La 
campagno so Icnniiia par ia prise du ch&teau de 
Nitaii. Au coniniciicement de 1734, ie regiment se 
trouva a la prise de Gremone, de Serravalle, de 
Novare et de Tortone. Le capiiaine de grenadiers 
La Garde Tut (ur en escaladanl le rempart de TcMione^ 
Lc regiment prit alors ses quartiers d'hiver a Marti^ 
gnana pres de Casat-Major, et au mois demai il se ren- 
dit k Guastalla. II eiait de brigade avee Picardie a 
Tattaque de Colorno et k la bataille de Parme^ Dsms 
cette derniere atfaire, il eut la gloire de r^tablir le 
combat, en chargani k la haionnette la colonne au«- 
trichienne qui avait franchi lachauss^e. Aussi eut*iL 
ce jour-li vingt-neuf officiers tu^s ou ble8s6s. Les 
morts etaient le major de Villers, les capitaines 
Danneau, de Martignac, de Lastours, Naturel et 
Bailly, et le lieutenant Bonnecourt. Parrai les bles^s 
se trouvait le colonel due de Crussol d'Uz^s (1), dan- 
gereusenient atteint de deux coups de feu, lelieute^ 
nant-coloneldeTrets (2), les capitaines Saint-Chamas, 
Duvergier,Mareschal,Guiran, el les lieutenants Saint- 
Amand, Biarne,Hcrault, Cirol, Giscard etBoissanne. 
Trop affaibli pour continuer la campagne, Mi6doc 



(\) Le due d^Uzt'^s n ele nomm6 brigndier 1ft I" aoiit 1734. Ses 
deuxsucccsseursin[iniediats,MM.de.LannionetdcBr6hant,sont mou- 
ths, lc premier au ret;ini<*nt de Lyonnals, et le second h Pirardie. 

(2) Alexnndn,' de Gauffredy, chevalier de Trrfs, sous- lieutenant 
en 1696, mnjor 31 iiini 1728, lieuteuint-colonel W septembre i73i 
et brigadier 18 octobre 1734. 



fute 
deG 
dole, 
parfi 
autn 
(leR. 
Lac( 
riva, 
linell 
lepo 
lega 
diers 
priso 



qui f 
quer 
d'Au 

poini 
dans 
l^de 
de VI 
s'elai 



cts'c 
qiioii 

dps I 
datp 



410 IIISTOIRtt 

Medoc sc trouva en 1735 a la prise de Reggiolo , 
qui couta la vie au lieutenant de grenadier Grenet, 
et a celle de Revere. II passa le temps de la tr6ve k 
Brescia, oi renlra en France au moisd'aoikt 1736. 11 
ful aloes mis en garnison a Barcelonnette. 

En 1 737, il occupait Montpellier, Lunel, Ntraes et 
Celte, en 1739 Montlouis, et en 1741 les places des 
C6vennes. qu'il quitta en 1742 pour serendre k I'ar- 
m6e de Bavifere. 

Apr^s avoir occupy Ingolstadt, du 6 mai au 4 sep- 
tembre, Medoc marche au secours de Prague avec le 
regiment de Normandie. Le combat de Plan modifie 
ce projot, et le r6gi'nent enlre en quartiers d'hiver 
k Altembtich et Statt-Amhoff , oil la rigueur de la 
saisoii, les maladies et des marches penibles le rui- 
nent a lei point, qu'au commencement de 1743 il ne 
compcait pas 100 bommes valides sous sesdrapeaux. 
II fut alors envoye k Schmidmiilh, oil il se retablit 
par Tincorporalion de quelques milices. Apres avoir 
occupesuecessivement lespostesd'Ensdorf et d'Edei's- 
hausen, il alia en avril avec Limousin relever la gar- 
nison d'Egra. II fut bloqu6 dans cette ville pendant 
cinq mois, et y eprouva toutes les horreurs de la 
plus crueMe famine. Forces enfin , ie 7 septerabre, 
de so rendre prisonniers de guerre, les malbeursux 
d6bris de Medoc furent dirig6s sur Gratz el Goritz, 
et, au mop/is de la capitulation, !es officiers, separes 
de leurs soldals, furent envoyes a Cop.einilz dans la 
Croatie. Par un raffmemeut de barbare precaution. 



!e lieutenant-color 
Trieste el J3l6 dans 
mo>s, et oij on alia 
sesongles qu'il avs 

En 174i, tousles 
Ce Tut ceite ann^e, 
ic 2' bataillon Tut i 
e'i soidats qui etai43 
6taient renires en 
(aire dePruuieres. 
car CCS malbcureux 
par des hussards q 
de Monilezun, qui 
graves hlessuresal 
pour morl Jans les 
Ic 2° bataillon se fo 
en peu de temps. . 
tdillon I'utechange 
arriva a Strasbourg 
conipoaaient , aprf; 
joindre a Caen le S 

Medoc quitia cetl 
dre k Saini-Omer, 
chal de Saxe assem 
quels p.'irant pari 
d'Anvers. Le I"ao 
I'atifique du posie 
nant Picon y eut u 
tier fit eiisuite le siege de Namur el combattit k 



412 HMTOIRE 

Rocoiix. II y fut charge avcc Bretagne de Tattaque 
du village do Varoux, qui fut cmporle si viveraent 
que Tennemi cut a peine le temps de faire une de- 
charge do son arlilierie. Medoc n'y perdit que trente 
homnies^ panni lesquels se trouvait le capitaine de 
Cirol. Les capital nes deRochepiquet, Brisonnerie et 
LaDeveze, et le lieutenant La Roque,y furent blesses. 
Aprescette bataille, le reginientfutenvoy^ausecours 
de la Provence, et il passa Thiver de 1747 k mettre 
Toulon en ctat de defense. Apres la retraite des Im- 
periaux, il marcha vers le Var et prit part a toutes 
les operations de cette campagne dans le comte de 
Nice. A sa rentree en France, en 1748, il revint a 
Toulon, el au moisdedecembreilse rendita Avallon. 
Son 2* bataillon fut r6fornie a Lyon le 27 decenabre, 
et ce fut a Avallon qu'il regut par incorporation I'an- 
cien regiment de Dauphine, qui devint son 2* batail- 
lon, conformeinent a Tordonnance du 10 mars 
1749. 

Apres cette operation . Medoc se mit en route 
pour Strasbourg, qu'il quitta en mai 1750 pour alter 
a Neufbrisach et Huningue. 11 fut de la a Briangon 
en seplembre 1751, a Toulon en septembre 1752, 
au camp de Beaucaire en aout 1753, et, apres le 
camp, a Perpignan. En seplembre 1754 il se rendit 
a Tournon, et il occupait, depuis octobre 1755, les 
places du Languedoc, lorsqu'il recut I'ordre de se 
rendre a Toulon, oil il s'embarqua le 4 avril 1756 



DE L ANCIENNK INFANTEIIIE FRANCAISE. 



(l)Ler6gimeot STait alors psitf ^ItMel'le' rairqlii»4e'HeBniM, 
Jirigadier 20 t&yriMinit, m»t6obtt\ ie i^mp.^ iwiSe%~ilt&t!ilieu- 
tenaot-g^n^ral eD 1781. Le. marquig^de Cbuaincourt- d4,7ii''7 ^' 
deveou brigadier 22 Janvier 1769 et miirdchal de camp 1" mtra 
1780. Le marquis de Hau^ aoliteiiti les mdtnes grades 3 jaiiVlbk' 
1770 etl" mars 1780. Le. acuuted'ATauijIparvinlauMi I* 1*^1110- 
Tier 1784 et U 9 muM 17^^. Le,u|^flujMsP«q«o(enHl^,^,4lfi,fait 
niaricbal de camp le 1" aiari 17S1, 



414 tfisYoiRle 

Medoc resta en garnison k Mahon pendant toute 
la duree de la guerre de Sept Ans. Revenu a Toulon 
le 15 juin 1763, il fut afiTecie au service des ports et 
colonies ct demeura h Toulon. Pendant son sejour 
dans ce port, ilfournitdes d^tacliements pour Tar- 
meiiient de la flotte de M. de Fabry, qui alia traiter, 
m^che allum^e , avec les Alg^riens. II se reodit en 
novembre 1764 k Marseille, en novenibre 1766 a 
Gap et Brian^n, et il revint k Marseille en octobre 
1767. Le 2* bataillon s'embarqua alorspour la Mar- 
tinique oil il a s6journe jusqu'au l*^' mars 1773. 

Le !«'' bataillon passa en Corse en octobre 1768, 
vint a Monaco en septembre 1770, fut dirige en juin 
1771 sur N6grepelisse et de la, au mo'sde novem- 
bre, sur Montauban, oil il futrejointle 21 raai 1773 
par le 2* bataillon debarqu6 a Rochefort le 1 3 avril 
precedent. Le regiment se mit tout entier en route 
pour Briangon en septembre 1773. II est alle depuis 
k Valenciennes en novembre 1774, au Quesnoy en 
juin 1776 et a Calais en septembre 1776. En 1778, 
il fut employe a la garde des cdtes de la basse Nor- 
mandie, en 1779 a celle des c6tes de Brest, et en 
1780 a celle des cdtes de t'Aunis. En octobre 1781, 
il occupa le Chateau -Trompette de Bordeaux, d'oii 
il fut a Perpigoan en octobre 17»f, a CoHioure en 
octobre 1 784, k B^ziers en octobre 1 785, el k Mont- 
pellier en mars 1788. II retourna k Beziers au mois 
d'octobre, et il se trouvait encore dans cette ville au 
commencement des troubles de 1789. 



DB L^AlfCIENNK INFARTERIR PRANCAISK. 4rll5 

II fut employe pendant I'hiverde IT^O-ireprkner 
les brigandages des contrebandiers de ^lei, (|ui, kla 
faveur des d6sordres qui affligealent le pays, agis- 
saient avec une audace extraordinaire et niutiJaierU 
horriblement les commis des Aides. 

Medoc quilla Beziers le 29 avril 1791 pourse ren- 
dre aPerpignan. Lors du complot du 8 decerabre, 
qui faillit livrer Perpignan aux Espagnols^ le regi- 
ment tint la conduite la plus patriotiqiie et m^rlta les 
eloges de TAssemblee Rationale. 

En 1792, le l^'bataillon fut appelea Tarmige du 
Midi ; le 2' resta a Perpignan. 

Passe k I'arm^e d'llalie en 1793, le !•' bataillon se 
distingua pariiculierement le 28 fevrier au combat 
de Sospello. Le colonel Serurrier (1) y m^rita une 
mention specialedont on 6taitak>rs fori avar<5, sur- 
tout a regard des anciens officiers. Ce batdiUpn se 
Irouva encore celte ann6e au si6ge de Toulon et fut 
yerse le 22 octobre dans la 129® deini-brigade, qui 
continua de combattre k I'armee d'ltalie et qui est 
Tune des souches de la brave 32" du general Bona- 
parte. 

Le 2" bataillon deM6doc fit partie en 1793 de Far- 



(1) Serurrier, mar^chal de France en 1804, ^tait entr6 comoae 
soldat dans le regiment de Beauce en 1755 j il d<'vint enseigne en 
1759 etpassa major dans Medoc le 17 mai 1789. Son pr6d6cesseur, 
Meunier, avail M major et lieutenant-colonel de M^doc ayantd^en 
4tre coloiel. 






- >i 



416 H19T01R£ 

m6e des Pyr^nees-Orientales, et se distingua k la ba- 
laille de Truillas. 11 combattit sur celte frontifere 
jiisqua la conclusion de la paix avcc TEspagne, et il 
entra le5 juillet 1795 dans la composition de la 130° 
demi-brigade, qui passa aussi k Tarmec dltalie* 

M6doc avail port6 jiisqu'i la guerre de Sept Ans 
un costume compost d'habit et culottes blancs, 
parements, collet et veste rouges, boutons blancs 
pattes ordinaires garnies de trojs boutons et autant 
sur la manche, chapeau borrlA d'Hrtr^^ot. De 1763 a 
1775, il eutle revers vertde Saxe Ke r^glement de 
1 775 lui donna les parements et lr>s revers cramois s, 
et celui de 1776 les revers et parements jonquille, 
avcc le collet vert et les boutons blancs. 

Les drapeaux d'ordon nance de ce corps avaient 
deux quartiers rouges cramoisis et deux quartiers 
feuille morte. 



DI l'aRCIENNI INPANTIRIS FRA1«(A18B. 417 



Itmim DE VIVARAIS. 



71« RtelMENT d'iNFANTERIE. 



CtiMBO. 



COLONELS OU MESTRES DE CAMP, 



i. Mar6chal d'ALBRET (C6sar Ph6bus), 1" mars 1674. 

2. Marquis d'ALBRET (Charles Ainanjeu), 22 noYembre 1676. 

3. Marquis de GANDELUS (Louis PoUer de GesTres), 9 aotkt 1678. 

4. Marquis de CL£:RAMBAULT (Philippe de Palluau) , 19 avril 

1679. 

5. Marquis deMIR ABE AU (Jean-AotomeRlquetti), 11 aTrill697. 

6. Marquis de GENSAC (Gilles Geryais de La Roche»LoumagQe), 

7 avril 1711. 

7. Due DE DURAS (Emmanuel-F61icit6 de Durfort), lOmars 1734. 

8. Marquis de BONNAC (FranQois-Armand d'Usson), 6 mars i743. 

9. Due DE COSSE-BRISSAC ( Louis-Jodeph TimoUoD), 25 aoAt 

<749. 

10. Chevalier de LEMPS (Nicolas-Francois de Prunier), 21 scp- 

tembre 1759. 

11. Vicomte de PUYSEGUR ( Barth^lemy-flercule-Athanase de 

Chastenet) 30 noTembre 1761. 

12. Comte de COSSE-BRISSAC (FraD^ois-Artus-Hyacinthe-Timo- 

16od), 13 avril 1780. 

13. Marquis de COURTAVEL de PEZfi (Louif -Francois Ren4), 

10 mars 1788. 

■18T. DB L'aISC. INFANTBRIB FBAlf(AlSB. T. Tl. 27 



418 

14. DE WITTINGHOFF (Fr^d^ric-Ferdinand-Gharles), 5 ttmer 

1792. 

15. DE LA FONTENELLE (Gralien Dumoulin), 8 mars 1793. 

Ce corps, cr6e par commission du I*' mare 1674 , 
au moment oil uneflottebollaiidaise, command^e par 
Ruyter, menaQaitles c6tesde laGuyenne, aet6 forni^ 
a Bayonne par le marechal d'Alfcret (1), qui fut son 
premier colonel et qui le garda jusqu'k sa mort. II 
est demeure regiment de gentilshommes jusqu'i 
ranneel762. 

Lorsque la mort de Turenne eut relev6 le courage 
des Imperiaux, le regiment d'Albret, qui, depuis sa 
formation, 6tait reste en garnison a Bayonne, fut 
appele sur la frontiere d' AUemagne et place a Thioiv- 
ville. II se rendit en 1678 kFribourg el fit ses pre- 
mieres armes, le 23 juillet, k Tattaque des retranc 
chements de la Kintzig. II prit ensuite part i-toutes 
les operations de la fin de cette guerre, et notamment 
au combat d'Offembourg et k la tentative que fift le 
marechal de Cr6qui pour s'emparer de Strasbourg. 
Apres le mauvais succes de cette entreprise, il fut 
laisse avec Rouergue k la garde des forts de Zolhausa 
et de rill, entre Strasbourg et le Rhin. 



(1) L& marechal d'Albret, c6Ubre dans rhistoine aneoddtiqne 
du XYii*' si^cle sous le nom de comte de MiosseDs, avail 6t6.nomiQ6 
marechal de camp 20 mai 1645, lieutenaat-g^o^ral 7 juillet 1650 
et marechal de France 24 sloM 4652. Le marquis d'Albret,8on ne. 
yeu, qui lui succeda, est mont^ au regiment de Navarre. Le mar- 
quis de Gondelus a obtenu Royal- Yaisseaux. 



DK L ANCIENNB INFANTKMB FRANCAIBB. 919 

Le regiment servait en 1690 « sdhs le nomde Cte- 
rambaut (1), It rarme6 d<e Cattinat. U paHict^ cette' 
annee a la prise de Cahours,de' Barges et de Suze> 
else fit remarquer le 1 8 aoul k la bataille de Stafiarde. 
11 y combattit avec La Sarrc a la deuxi^me ligRe^ et 
contribua puissammeiit au succ^s de la derniere 
charge qui d^tennioala d^route de rennerai. 11 cul- 
bata cotiipletement, pour sa part, le r^ghnent pi^ 
montais de La Croix-Blanche et un balaillon des 
Gacdes du due dc Savoie, qui etaieot relraiich^s dam 
unc cassine. Le lieutenant -colonel de Fremont fut 
bless^ dans celte charge. 

En 1691, le regiment fut eaiploy6 aux sieges de' 
Suze, de Villefranche, de Montalban, de Nice, da 
Veillane, de Carmagnola et de Monti^elian. 11 oiar- 
chu, I'aniKe suivante, au secours de Pigiierot et de 
Suze. II se Irouva en 1693, a la bataille de la Marsa- 
glia ct au ravi tail lenient de.Casal. lldemeuva enfin 
sur tes Alpes jusqu'a la signature des pr61iminair8& 
dc la paix, qui fit inlerrompre le si^ge de Valenia. 
llavait pas:<e les ann^es 1694 et- 1695 en garnison^ 
Pignerol et dans les forts enviroonants , et fit la 
catnpagne de 1697 sur le Rhin. U avail pris cette' 
m£me ann^e le nom de Mirabeaa. 



420 HISTOIRI 

Le 1*' C^vrier 1701, le regiment fut port6 k deux 
bataillons. Le T'semit bientdten route pour Tltalie; 
il se trouva aux combats de Carpi et de Ghiari, aprte 
lesquels il fut mis en garnison k Gr^mone oil li se 
trouvait lors de la tentative du prince Eugene pour 
enlever ccte place. Pendant la campagne de 1 702 , 
il servit ^ la bataille de Luzzara etk la prise de Luz- 
zara et de Borgoforte. Le 2* bataillon, qui venait de 
joindre Tarm^e , fut plac6 k son arriv6e k Mantoue , 
d'oii les grenadiers sortirent au mois de d^cerabre 
pour prendre part k la soumission de Governolo. Le 
marquis de Mirabeau y fut bless6. En 1703, ce ba- 
taillon demeura cantonn6 k Bozzolo, Marcaria, Ca- 
nelto et Gozzolo, etle 1*" bataillon, apres avoir com- 
battu a Stradella, fitpartie de Texp^dition du Tyrol 
et se trouva a TaflTaire de Castelnuovo de Bormia et 
a la prise de Nago et d'Arco, puis a la rMuction 
d'Asti et de Villeneuve d'Asti. En 1704, les deux 
bataillons de Mirabeau servirent aux sieges de Ver- 
ceil, dlvree et de Verue. Aprfes la prise de cette 
derni^re ville, en 1705, le regiment passa sous les 
ordres du grand-prieur de Vend6me et campa a 
Moscolino. Le 29 mai, le capitaine de Narbonne fut 
charge d'occuper avec les grenadiers une grosse 
ferme entre le Naviglio et la montagne. II y fut 
attaque dans la nuit du 31 mai par tous les gre- 
nadiers de Tarmee imp^riale soutenus par quatre ba* 
taillons brandebourgeois. Narbonne demeura in^- 
branlable k son poste jusqu'au moment oii le r^gi- 



Di l'angienne infantbrib frahcaisb. 421 

ment de La Marine vint le d61ivrer, Le 16 aout, le 
regiment se conduisit de 1^ mani^re la plus brillante 
a Cassano. II fut un des corps qui y souflfrirent le 
plus. Le colonel y fut blesse et fait prisonnier d^s le 
commencement de Taction. Peu de temps apr^s^, 
le ^'^ bataillon prit ses quartiers d'hiver a Acqua-^ 
Negra et le 2^ k Caneto. 

Le 19 avril 1706, Mirabeau combattit a Calcinate 
dans la brigade d'Anjou. A la fin de mai, 500 hom- 
mes, commandes par le lieutenant-colonel de Nar- 
bonne(l), sedefendirentavec courage dans le chateau 
de Reggio , mais ils (urent obliges de se rendre 
prisonniers de guerre. Le reste du regiment fut em- 
ploye au si6ge de Turin et se trouva, le 9 septembre, 
a la bataille de Gastiglione gagnee par le comte de 
Grancey de Medavy. Le desaslre de Turin ramcna le 
regiment en France. Ilparticipa en 1707 k la defense 
de Toulonetserenditensuitedansle Dauphin6.Il op6-^ 
ra, I'annee suivante, dans la Savoie et la Maurienneet 
prit part a I'attaque de C6sanne. U servit encore sur 
cette fronti^re en 1709, et fut envoy6 en 1-710 i 
I'armee de Flandre, oil il fut embrigad6 avec le r6- 
giment d' Alsace. A la fin de cette ann6e, il cessa de 
porter le nom du marquis de Mirabeau. Get excellent 
officier, qui, pendant son commandement avait 



(i) Remplac^ par Joseph Lamoureux de La Javeli^re, cai^taine 
en i689, major 29 d^cembre 1699, lieutenant-colonel 6 juin 1706, 
brigadier 1*' f^^rier 4719 et mar^chal de camp 20 f^^rier 1734* 



4fS nisToms 

recu viiigt-sept blessures, fiit oblig6 de se retirer, 
estropi^ des deux bras et avec la mftchoire fra- 
cass*e(l). 

Le regiment se trouva en 1711, sous le nom de 
Gensac, k Tattaque d'Arleux ct en 1712 ^ la bataille 
de Denain, oil son nouveau colonel eut le poignet 
bris6 (2). En 1713, il so rendit siir le Rhin et prit 
part aux sieges de Landau et de Fribourg. 

En 1719 , Gensac fut employ^ sur les Pyr6n6es ; 
il faisait partie du corps de reserve. 11 comptait, dans 
la guerre de 1733, k Tarmee du Rhin, et se trouva 
au si^ge de Relh. II entra dans cette place ie 31 octo- 
bre pour y tenir garnison. L'ann6e suivanle, le due 
Jie Duras, son nouveau chef, le conduisit k lattaque 
des lignes d'Ettlingen et au si^ge de Philisbourg. II 
servit encore sur celte frontiere en 1735, combattit 
Il Klausen, et acheva la campagne aux camps dc 
Phaltz et de Saint- Maximin. 

Au mois d avril 1 742, le regiment de Duras so ren- 
dit avec Royal a Tarmee de Bavi^re. II faisait partie 
du corps de reserve aux ordres du comte de Saxe, 
et concourut a la prise d'Elnbogen et de Kaadcn. 
En Janvier 1743, il fut etabli en quartiers d'hiver it 



(i) M. de Mirabeau avait 6t6 Domm^ briiradier le 49 juin 4708. 

(2) M. de Gensac est devenu brigadier 1" fevrier HiS, mar^chal 
de camp 20 fevrier 1734 et lieutenant-generol 1" m<irs 4738. 

M. de Massauvc, enseigne «n 4702, lieutenant-colonel 4*' octo- 
bre 1730, a 616 fait brigadier 2 mai 1744. 



DE l'aNGIENNE INFJmnBRlE FRAN^AISB. 4^ 

Deckendorf: c€st pendant ce quartier d'hiver^uti 
prit le nora de Bonnac. 

Bonnac reprit la campagne le 1" niai ; il se rendit 
a l^lating et, le 17, il coopera k la defense de Dingd-' 
fingen^ avec Picardie et Royal. Le 5 juiu, rarm6e 
autrichienne ayant forc^ les passages du Danube k 
Pochin, il se retira sous Ratisbonne et de la en France, 
ou il rentra au mois de juillet, sauf un piquet laiss6 
dans Ingolstadt, qui ne rejoignit qu'en oetobre k 
Thionville oil le corps avait^te mis en garnison. 

En 1744, Bonnac fait partie de I'arm^e de la 
Moselle ; il contribue a la dSfaite du general Nadaisty 
sur les hauteurs de Saverne, combat k Augenheim, 
et lorsque Tarmee de la Moselle eut 6te reunie k celle 
du Rhin, il fait le si6ge de Fribourg et prend ses 
quartiers d'hiver dans la Souabe. En i 745, il eit 
avec le prince de Conti qui se tient sur la defensive 
au bord du Rhin . II passe Tannte suivante en Flandne 
et fait les sieges de Mons, de Gharlerot et de Naoiur. 
Le 3 oetobre, apres la capitulation de Namur , il est mis 
en garnison dans cette place. Le capitaine de MaiH 
clair avait eu deux cdles bris^es par une grenade 
devant Mons. En 1747, le regiment combat avec vin 
gueur k Lawfeld. Le colonel marquis de Bonnac (1) 

(1) M. de Bonnac, qui succ^dait a M. de Duras mont^ au regi- 
ment d^Auver^De, a et^nomm^ brigadier 27 juillet 1747, mar^chal 
de camp 25 aotit 1749 et lieutenant-g^n^ral 25 juillet 1762. 

Henri, chevalier d'Aspremoot, lieuteoant en 1720^ lieuteHantHSOi; 
lonel 9 avril 1745, est devenu brigadier 27 juillet 1747. 



*> 



424 fliSTOiii 

y perd une jambe. En 1748, pendant le si^e de 
Maestricht, le regiment fait partie du petit corps 
d*observation etabli surla rive droite de laMeuse, en 
arri^re du ch&teau de Cesar, pour la garde dcs ponts 
de communication. A sa rentree en France, le regi- 
ment ful reduit a un bataillon par ordre du 15 no- 
vembre, et retabli k deux bataillons le 10 mars 1749 
par I'incorporalion de i'ancien regiment de Vivarais, 
dont plus tard il prendra le titre. 

En 1757, sous le nom de Cosse, le regiment fait 
partie de Tarm^e du prince de Soubise. II est ^crase 
k Rosbach. Le colonel due de Coss6 estbless6 et pris; 
le lieutenant-colonel de Mauclair (^) re^oit deux 
coups de sabre sur la t^te et tombe aussi entre les 
mains de Tennemi ; le commandant de bataillon de 
Baudeau et le major Dormand sont blesses; le ca- 
pitaine Bonal, et les lieutenants Monteil et S^naut 
sont tu6s; Taide-major de Pagny, les capitaines La 
Valette, Caulmont, Desplan, Le Blanc, Vernon, 
Bachelier, Cartelct, Saint-Maurice. Papus, Maisonade, 
Paussot et huit lieutenants, sont blesses et pris. 

Incapable de continuer le service en Allemagne, 
le regiment est envoye sur les cotes de Bretagne et 
contribue, le 11 septembre 1758, a la d^route des 
Anglais a Saint-Cast. II retourne sur le Rbin, en 



(1) Pierre Bertrand de Mauclair, lieutenant-colonel 15 jaiivier 
1757. 



DB l'aNGIENNE INFAirrERIB FRANCAISB. 4% 

avril 1761, sous le nom de Lemps (1) et fait 'cette 
campagne et la suivante dans la brigade de Dauphin. 
En 1762, il sert au bombardement de Ham, 

A sa rentree en France, il est envoye k Renned, 
et Tordonnance du 10 d6cembre 1762 , en lui don- 
nant Je titre de la province de Vivarais, le fait passer 
au service special des ports et colonies. 

Vivarais, qui avait He envoy6 k Dinan et Saint- 
Servan k la fin de 1762, est all6 au raois de mai de 
Fannee suivante a La Rochelle. Pendant son s^jour 
dans cette ville, il a fourni la garnison de Tile 
d'Oleron. II s'est rendu de \k a Marseille en octobre 
1766, puis a Saint-Oraer en aout 1767, a Valen- 
ciennes en octobre 1 768, et au camp de Verberie en 
juillet 1769. Apres la levee du camp il s'est rendu 
au Quesnoi, et de la a Landernau en Janvier 1771, 
a La Rochelle en avril 1773, k Rayonne en octobre 
1774, a Saint-Omer en novembre 1776, k Aire et 
Saint-Venant en juillet 1778,aHuningue en novem- 
bre 1778, a Valence et Mont-Dauphin en juillet 



(i) M. de Lemps, ex-lieutenant-colonel de Bretagne, a it& Idt 
brigadier 29 mars f758, et mar^chnl decamp 20 .f^vrier 1761. 
Parmi ses successeurs, M. de Puys^gur a M nomm6 brigadier 22 
jaoTier 1769 et mar^cbal de camp l^'mars l']/80; M. de Goss6, bri- 
gadier 1^^ jaoTier 1784 et mar^chal de camp 9 mars 1788; M. de 
La Foutanelle 6tait lieuteDant-coloncl au corps du 29 juin 1792. 

Francois Dumayne de Sainte-Lanne, lieutenaDt-colonel 19 f^Trier 
1766^ est devenu brigadier 1*' mars 1780 et mar^chal d« camp 
l«janTierl784. 



496 (8IITOIRB 

ii779,aMontpellierenTnail780,aDouaiennoTeti]fare 
178i, k Calais en octobre 1783 et k B^thune en 
septcmbre 1786. A la fin de 1787, pendant les troo- 
Ue8 d'lriande, le 2^ balaillon fnt envoye k Caen^ oil 
it oe fit qu'un court sejour. En seplembre 1788, k 
raiment fut appel^ au camp de Saint-Omcr, apres 
lequel il revint k B^thune. 

Son s6jour prolong^ dans cette petite ville avail 
Mabli entre les habitants et les soldats des relations 
M intinaes qu'il devinl necessaire de les rompre. Le 
26 Janvier 1790, k Irois heures du matin^ Vivarais 
MQut Tordre, un peu brusque, de partir le jour 
mkme pour Lens. 11 se met en ix)ute k midi, mais k 
quelque distance de la ville, la plus forte partie du 
raiment fait demi-tour avec les drapeaux et re- 
tourne vers Bethune. Les ofBciers, la plupart des ser- 
gents et une centaine d'hommes, suivent seuls le 
colonel de Courtavel, qui les conduit k Douai. Le 
commandant de Bethune, M. de Beaulaincourt, au 
lailieu des demonstrations d'allegresse des soldata et 
des bourgeois de la ville, demeura fort embarrass^. 
II consentit enfin a recevoir ces hommes rebelled dans 
la place et voulut bien sc contenter d'lin renou- 
vellement du sermenl de fidelite k la Nation, au Roi 
et a la Loi, qui, dans la circonstance, semble 6tre 
venu fort k propos. 

La partie fidele du regiment 6tait arriv6e le 28 Jan- 
vier a Landrecies , oil elle rcQut de nouveaux drapeaux 
et futaussildt diri^^e sur Yerdun, suivie^ ({uel^ues 



DB L'ANGIENNfi IlfFAHtERlB FRANSAISE. tfl 

jours de distance parks soldats de 66thune, qui n*a- 
vaientpas tarde ireconnaitrela pu6rilit6 du motif dfe 
leur rebellion , et qui avaient peut-6tre eu le temps 
de s'apercevoir que le bourgeois cesse d'fitre airaa- 
ble pour le soldat aussitdt que celui-ci lui devienl 
onereux. 

Au mois d'avril, Vivarais fut de nouveau d6chirfe 
par des troubles graves, a propos de rarrestation du 
sergcnt-fourrier Muscar , depuis chef d'un bataiflon 
de volontaires (Union du Bas-Rhin), qui avait ex- 
prime des opinions ultr^-r6volutionnaSries. Cette af- 
faire, qui occupa souvent Tattention de TAssemblKte 
nationale, se tormina en juin 1 791 par la reintegration 
de Muscar, Pendant ce temps, le r6giraent avait et6 
envoy6 a Longwy , d'oii il passa a Metz en janiier 
1792. 

Quand la guerre commen^a^ le V batafllon et tes 
grenadiers du 2* firent partie de Tarmte du Centre; 
le reste demeura a Metz. Les compagnies de gocirre 
assisterent a la bataille de Valmy et se signal^rent 
par leur acharnement k la poursuite des Prossiens. 

Le 1*^ bataillon se rendit en 1793 it Farmte cfu 
Nord et se signala k la prise d'Ypres. G'est i unite 
ses soldats que fut confi6 rhonneur de porter ii Ja 
Convention un des drapeaux pris k rennemi. « Le 
general a pense, dit le rapporteur, qu'un si courts 
geux r^publicain devaitMreconnu dela Convention : 
«on action est digne d'6tre proclam6e. Ce ^oWat, 



428 HBTOni 

dans TafTaire qui a pr^c^d^ la prise d'Ypres, est me- 
nace par un Aulrichien d*un coup de sabre ^ s'il 
ne se rend pas. Un r^publicain ne se rend jamais , 
repond-il. 11 ecartc le coup de sabre ; mais, succom- 
bant sous le nombre, il est fait prisonnier. Bientdt il 
aperQoit pr^s de lui le bataillon auquel il appartient, 
et le combat s'engage entre le bataillon et les Autri- 
chiens. Pendant Taction , Marc Ancogne, c'est son 
nom, s'elance sur le porte-drapeau ennemi, le ren- 
verse, emporte ce signe des esclaves et rejoint son 
bataillon. «> Apr^scette pompeus^ tirade de Barr^re, 
Ancogne obtint les honneurs de la stance et I'acco* 
lade du president. 

Le 1" bataillon de Vivarais fut employe en 1794 
k la conqu^te de la Flandre hoUandaise, et entra le 
22 septembre de cette annee dans la formation de 
la 131* demi-brigade. 

Le 2* bataillon quitta Metz en 1793 , se rendit k 
I'arm^e des Ardennes et fut vers6, le 5 avril 1794 , 
dans la 132' demi-brigade. 

Le regiment de Vivarais avait chaque quartier de 
ses drapeaux d'ordonnance coup6 en damier. Les 
quatre petits carres qui resultaient de ce partage^ 
etaient jaune, noir, rouge et vert. 

L ancien uniformc consistait en habit et culotte 
blancs ; parements, collet et veste rouges ; boutons 
jaunes ; pattes ordinaires garnies de cinq boutons et 
cinq boutons $ur la manQhe; chapeau bord^ d'or. 



Dl L'ANCnSNNfi IlfFAlfTfiRIE FRAN(AMB. 429 

En 1 763, rhabillement tout blanc ^lait distingu^ par 
des parements vert de Saxe. En 1773, le regiment 
prit les parements gris de fer, et de 1776 k 1779, il 
eut les revers et les parements gris de fer y le collet 
aurore et les boutons jaunes. 



iaO HttTOIW 



imiMiiT H miiv. 



72* REGIMENT d'iNFANTERIE. 

WoUenbutteL 

COLONELS OU MESTRES DE CAMP. 

i. Marquis de CASTRIES (Ren6-Gaspard de La Croix), 1" man 
1674. 

2. Marquis de CASTRIES (Joseph-Francois de La Croix), 4 aTril 

1674. 

3. Marquis de MORANGIES (Charles de Molette), 16 ayril 1695. 

4. Due DE LOUVIGNY ( Louis- Antoine-Armand de Gramont), 

2 aoiit 1705. 

5. Marquis de BACQUEVILLE (Jean -Francois Boyvin), 27 Janvier 

1711. 

6. Due DE LA TRgMOUILLE (Charles-Read- Arrnand), 7 octobre 

1728. 

7. Marquis de TESS£ (Rdnd-Mnrio de Froulay), 24 septeiubre 

1731. 

8. Marquis de SENNECTflRE (Henri), 21 ao<!it 1734. 

9. Marquis de CHAILLOU (N. Amelot de Villedomaiii) 10 man 

1739. 

10. Comte DE S£GUR (Henri-Philippe), 22aoilt 1743. 

11. Comte DE GENSAC (Gilles de La Roche)^ 1«' ddcembre 1745. 

12. Marquis de VASTAN (N.), 1« janyier 1748. 



DB L ARCIKIfNE IttTi 
13. Umioia DB B0UU.L£ (Pn 

5 noTsmbre 1761. 
U. Comte DE DURAS (Chu-le» 

Trier 1777. 

15. Chevalier keDAMAS-CRUK 

16. CHAUVET D'ALLONS (Jein 

17. THEVET DE LESSER (Jean 

18. DE BAR (JeRD-Fraaeoia), % 

Ce regiment, cpe6, «i 

(tnTinnnnp Hir I" rnnrs f ft 

1 



432 HISTOIBB 

En 1678, Castries servit encore avec distinction au 
si^ge de Puycerda. Le 16 mai, un d^tachement de 
200 hommes alia s'emparer d'une tour qui com- 
mandait un passage k une lieue de la place et y fit 
40 prisonniers. Le si6ge de Puycerda coAta au regi- 
ment le capitaine de Maransanne, les lieutenants de 
P^refixe et d'Aussaguel et les sous-lieutenants de 
Madi^re, Besson et Grimaldi. Castries resta en gar- 
nison k Puycerda jusqu'^ la paix. 

En 1681 , le regiment 7 d^sign^ pourl'expedition se- 
crete dont le but etait Toccupation de Casal dans le 
Montferrat , arriva le 25 septembrekPignerol , et dans 
la nuit du l*' oclobre, il fut recu dans la citadelle de 
Casal J oil il demeura quelque temps en garnison. En 
1683 , il fut employ^ contre les protestants du Lan- 
guedoc ; le colonel eut un cheval tue sous lui dans 
une rencontre. 

Pass^y Tannic suivante, en Catalogue avec le ma- 
recbal de Bellefonds , Castries se trouva , le 1 1 mai, 
au passage du Ter a Puente-raajor. II y combattit avec 
beaucoup de fermete dans une position d^savanta- 
geuseet perdit six officiers. 11 termina cette campa- 
gne par le si^ge de Girone. 

Au mois d'aout 1688 , il se rendit dans T^lecto- 
rat de Cologne et prit ses quartiers d'hiver k Nuytz. 
Le 12 mars 1689 , il marcha au secours du regiment 
de Fiirstemberg log6 dans les environs y qui s'^tait 
laiss6 surprendre par un gros corps brandebourgeois. 
Depuishuit heures du matin jusqu'ala nuit, Castries 



DI LAHCIBNIfB INTANTiniB PRAII(AUB 

soutint les efforts de plus de 4,000 cKevau 
vint a faire une belle retraite sansse laisser 
II se i-etira k Bonn, et se fit peu apr^s n 
dans la defense de cette place. 

Passcararm^edeFlandreen .1690, ilpf 
lieutenants et eut seize ofBciers blessesli Fl 
colonel etait parmi ces derniers eteut aussi 
tui sous lui. En 1691 , le regiment fit le 
Mons. II ctait plac6^ Glain, quarlierdu lieutenant- 
general de Rubantel. Apr^s la prise de Mens, on 
I'envoya en Alsace. II fit dens campagnes sur cctte 
frontiere, se rendit en 1 694 sur les Alpes, passa I'hi- 
ver suivant k Pignerol, servit en 1696 au si^ge de 
Yalenza, et apr6s que la paix eut U& faite avec le 
due de Savoie, il revint sur le Rhln, et y fut employ^ 
sous le marechal de Choiseul jusqu'^ la paix g^n^ 
rale. II portaitacetteepoque, dppuig trois ans,lenom 
de Morangifes. 

Le regiment, dirige sur 
cerabre 1700, fait la canjp 
rcchal de Villpmv pt Mtr 
et de Chia 
de Cremoi 
Luzzara el 
quartiers i 
Un2'b 
d'abord re 
a la fin di 
garnison c 



434 HiSTomi 

En 1703, le !•' bataillon suit Yenddme dans la 
paysdeTrente, se trbuve h la prise de Nago et d'Arco, 
et plus tard aux combats de Stradella. Apr^s la re- 
traite de rarm^e, les deux bataillons sont jel^ dans 
Torbole, oil ils sont attaqu6s le 19 septembre. 
Quoique les fortifications de cette ville ne consistas- 
sent qu'en quelques redoules construites^ la h4te, 
le regiment fait si bonne contenance , que renneroi 
se retire. Le 11 Janvier 1704, Morangi^s combat ^ 
Castelnuovo de Bormia, ou le colonel est bless^. II 
sert ensuile aux si6ges de Verceil, d'Ivr6e et de V6rue. 
Le 1*" mars 1705, il se distingue h Tattaque du fort 
de rile de Verue, et, k la fin d'avril, il va faire le 
siege de La Mirandole, ou un capitaine est bless^. 
Le 24 juin, il ouvre la tranch6e devant Chivasso, et 
le m6me jour le colonel de Morangifes (1) est mor- 
tellement frapp6 par une balle qui luifracasse I'epaulc. 
Le 16 aout, sous le nom de Louvigny, le regiment 
combat a Gassano : il prend cette ann^e son quarfier 
d'hiver k San-Martino de Bisole. L'ann6e $uivante, 
il se trouve au combat de Calcinato, au si6ge et k la 
bataille de Turin, et, apr^s que I'armee eut repass^ 
les Alpes, il est envoy6 en Flandre, oil il fait la cam- 
pagne de 1707 dans la brigade du regiment de Goii- 



(i) M. de Morangi^s 6tait brigadier du 10 f^yrier 1704. Son sae- 
eesseur, M. de Louvigny, est pass^ an regiment de Pi^mont. 

Ghtries d'Entremaux, liestonant en 1679, major 16 miil 1701, 
lieutenant-colonel 5 noyembre n04, a 6t6'noaiin4 l>i%adi^ i*' 14 
Trier 1719. 



DK L'AKCIEnnE iDPAnTtllllB FRAH^AISI. 4^ 

dria. II assiste en 1708 a la ddfaite d'Audena€rd«, 
el, pendant )e siege de Lille, il demeure au camp de 
Pottes avec Ig chevalier de Croissy. II fait partie , en 
1709, de la brigade de Champagne et appuie les 
efforts de ce \ieux corps h la journee de Malplaquet. 
11 partage en 1710 la fortune de Bourbonoais; i! 
participe en 1711 k I'attaque d'Arleux et Unit \!i 
campagne dans Valenciennes. II s'appelait alors Bac- 
queville. 

En 1712, le regiment de Bacqueville, tonjou^S 
en garnison a Valenciennes, partage, le 10 juilletj 
la gloire que s'acquiert Bourbon au combat de 

Beuvrage, oil ces corps d^firent un parti de fotrrra- 

gears qui etait veil 

place. Le capitaine 

cette action. Apres 

ment sort de Valen 

de Douai, du Quesr 

1713, h I'armee d' 

aotti, ^I'attaque des 

tribue h la defaite i 

cette guerre par le s 

est r^forme en 171 J,. 



436 HISTOIRI 

rinfant don Carlos pendant le s^jour que fait le 
prince dans cette ville. Devenu Tesse cette mdme 
annee, il passe en Italie k rouverliire de la guerre 
de la succession de Pologne et debule par les sieges 
de Gera d'Adda et de Pizzighetone. Le 15 decembre, 
il ouvre la tranchee en m6me temps que les Gardes 
Piemontaises, devant le chateau de Milan. On le 
voit, en 1734, a la prise de Serravalle, de Novare, 
deTortoneet de LaMirandole, a Tattaque deColorno 
et aux batailles de Parme et de Guastalla. Le colo- 
nel de Tesse, qui venait d'obtenir le regiment de La 
Reine, est blesse a Guastalla. 

Sous le nom de Senneclere, ii coopere, en 1735, 
k la soumission de Revere. Rentr6 en France au 
milieu de 1736, il s'embarque pour la Corse au 
mois de Janvier 1739, prend en mars le nom de 
Chaillou, et se distingue, le 3 juin, aux combats de 
San-Giacomo et de Bigorno. 

Rappele sur le continent au debut de la guerre 
de la succession d'Autriche, il demeure sur les cdtcs 
de la Provence de 1741 a 1744. Celte dernifere an- 
n6e, avec le comte de S6gur (1), son nouveau chef, 
il franchit le Var, se trouve a la prise de tons les forts 



(1) Le comte de Segur est pass6 au r^gimeDt devenu Soissonnait. 

Claude FranQois d'Aibois de Montrosier, sous-lieutenant en 1694, 
major 19 f6vrier 1727, lieutenant-colonel 27 octobre 1738, a M 
fait brigadier 18 octobre 1734. Son successeur Hugues Laurencin de 
Cbanz^, lieutenant en 1703, et lieutenant-colonel 10 juin 1743, ob- 
tint aussi le grade de brigadier 10 mai 1748. 



DE l'aMGIENNE INFAimSRIE FRANCAISE. 437 

qui entourent Nice, k la reduction de CMteau-Dau- 
phin et de D6mont, au siege de Coni et a la bataille 
livr6e le 30 septembre sous les murs de cette place. 
En 1745, il se signale aux si6ges de Tortone, de 
Novare , de Serravalle , d'Acqui , d'Alexandrie , de 
Casal , de Pavie, de Plaisance, de Valenza, et le 27 
septembre, au combat du Tanaro. Jet6 k la fin de 
cette ann^e dans Asti avec Lyonnais, il y est fait pri- 
sonnier en 1746. II portait alors le nom de Gensac. 

Echang6 en 1747, le regiment de Gensac ftit re- 
tabli le 1" juillet sur le pied de deux bataillons, et 
il continua de servir sur les Alpes jusqu'i la paix. 
On le reduisit k un bataillon le 30 octobre 1748, 
raais I'incorporation du regiment de Luxembourg le 
reporta a deux bataillons le 10 mars suivant. 

Au d^but de la guerre de Sept Ans, le regiment, 
devenu Vastan, fit partie de Tarmee de Hanovre et 
de Tavant-garde coramand6e par le prince de Beau- 
vau. Le 24 avril 1757, il occupa Miinster sans 
resistance , il assista le 24 juillet k la bataille 
d'Haastembeck, pen^tra jusqu'au fond du Hanovre 
et acheva la campagne au camp d'Halberstadt. Ra- 
mene sur le Rhin dans les premiers mois de 1758, 
il entra le 25 juin dans Dusseldorf avec deux autres 
bataillons fran^ais et huit bataillons palatins. Le 29^ 
M. d'lsselbach, gouverneur de Dusseldorf pour Tim- 
peratrice Marie-Thertee , accepta une capitulation 
que les Frangais refuserent de signer. Vastan joignit 
alors la division de Cbevert et se distingua k Tatta- 



438 msTOiu 

que du pont de Rtes. En 1759, il servait sous M. de 
Gontades. et fut ^cras^, le 1^>^ aoilt, k la bataille de 
Minden. II laissa sur le champ de batailie les capi- 
taines de Baillet, de Mont et Dumerbion, ot les lieu- 
tenants de Gaumont et de Brest. Le colonel de Vastan, 
dangereusement blesse k T^paule, demeura entre les 
mains de Tennemi. Le lieutenant-colonel de Maul- 
mont, les capitaines La Fare, Bellocq, Goste , Man- 
dron, de Portetz, de Vinouse, Laurencin, La Roque, 
Granchin , Taide-major La Roque et six lieutenants 
furent plus ou moins gri^vement blesses. Hors d*6- 
tat de continuer a tenir la campagne , le regiment 
fut renvoye en France et ne reparut a Tarm^e qu'en 
1761. Le 3 octobre de cette annee , le marquis de 
Vastan , aprfes la prise de Wolfenbiittel , 6tait can- 
tonn6 au village d'Oelper, sur la rive gauche de 
rOcker , au-dessous de Brunswick , avec 500 hom- 
mes de son regiment , 300 chevaux et une pi^ce de 
canon. II y fut vivement attaqu6 par le prince Fr6- 
d6ric de Brunswick avec six batailions, soutenus par 
douze escadrons qui avaient a leur t6te le g^n^ral 
Luckner, La plus vigoureuse resistance ne put era- 
p^cher le poste d'etre forc6. Le colonel , abandonn^ 
par sa cavalerie. se fit tuer avec la moiti6 de son ba- 
taillon , dont le reste fut pris. Les ennemis avaient 
perdu plus de 200 hommes. Le r6giment, ruin6 une 
seconde fois, fut donne a M. de Bouill6 (1), et 

(1) M. de BouiU6 a6t4 nomm6 brigadier 3 janTier I^^TO^ mart- 



DE L^ANGIBNNE IllFABITBRIB FRAN^AISB^ ilf 

ne put faire la campagne de 1762^ L'ordonnance du 
10 decembre de cette annee lui fit prendre le iitrt 
de Vexin^ port^ d^japar un autre corps r^form^an 
1749, et I'affecta au service des ports et colonies. 

Vexin, qui a sa rentr6e en France avait 6t6 envoy* 
a Guerande pres de Tembouchure de la Loire, passa 
en 1762 a Saint-Brieuc eten mai 1763 k Loricnt. 
Au mois d'aoM 1765, il s'embarqua pour les Antil-* 
les et fut partage entre la Martinique et la Guade- 
loupe. Le r* bataillon revint en Europe en novenir* 
bre 1771 et fut mis en garnison a Bordeaux, d'oii il 
passa a Blaye en septembre 1771, Le 2« bataillon, 
qui etait reste k la Guadeloupe , rentra k Roehefoft 
le ii avril 1773, etun moisapres, toutle r6gime^{t 
se trouvait dans cette villa. II se rendit au commen-» 
cement de 1774 a Beziers et Alais, et aumoisde no*^ 
vemhre de la m^me annee k Maubeuge , d'ou il est 
alle a Metz en novembre 1 776, k Lille en avril 4 778, 
k Calais en juillet 1778 , a Gaudebec et Pont-Aude- 
mer en juillet 1779, a Evreux en decembre 177^, 
a Pont-Audemer et Honfleur en juin 1760, k Vtlo- 
gnes en octobre 1 780, k Gambrai en octobre 1761 , 
et k Dunkerque en octobre 1782, 



dfii 



chal de camp et gouYerneur de la Martinique 26 f^Tiier 1777 et 
Iieulenant-g4n6ral en 1782. Le eomte de Duras a M fait brigadier 
1*^ mars i780, et mar^chal de camp i«' Janvier HS^- Tb^^vet d^ 
Lesser a obtenu ce dernier grade le23 mars i79^. Chauyet d'AUons 
est pass6 k Lyonnais. II avail 6t6 pr6c6demment lieutenant-colonel 
de RoyaMtalien, puis des Chasseurs royei]^ 4e l^rpTeaee. 



440 HI8T0I1B 

Pendant le s^jour que le regiment fit k Calais 6d 
1 778, un d^tachement d'une quinzaine de chasseurs 
monte sur un bateau smogleur s'empara , le 21 d6- 
cembre j k Tabordage d'un navire anglais arme de 
six canons ct de deux pierriers, qui croisait entre 
Gravelines et Calais, et mena sa prise a Dunkercpie. 
Ce hardi coup de main , dont I'honneur revient en 
graudc partie au soldat-gentilhomme Ch&teauneuf 
de Saint-Priest qui Tavait dirige, est la seule part 
que le corps ait prise a la guerre de Tind^pendance 
des £tats-Unis. 

Vexin s'est rendu de Dunkerque k Tonnay-Cha- 
renteen novembre 1783. Apr^s avoir travaill6 quel- 
C[ue temps au dess^chement des marais de Roche- 
fort, il est alle k Nimes en juillet 1 784, k Perpignan 
en octobre 1 785 ^ enfin a Aix et Marseille en mai 
1788. Ce fut 1^ qu'il subit le contre-coup de la Re- 
volution. 

Le 30 avril 1790, trois compagnies , qui ^taient 
casern6es au fort Notre-Dame-de-la-Garde de Mar- 
seille, furent accusees, non sans quelque raison, 
d'avoir laisse occuper ce fort par la populace mar- 
seillaise. Celte portion du regiment montra , en ef- 
fet, un grand enthousiasme pour la liberte et laissa 
beaucoup k desirer sous le rapport de la discipline. 
Le soir du mfime jour , la garde nationale exigea 
que les forts Saint-Jean et Saint Nicolas lui fussent 
remis, et les commandants de ces forts ob6irent. 
Cette affaire provoqua de vives plaintes port6es par 



le mini 
tionale, 
Marscill 
tionale 
gi merit 
resulla 
Quant ; 
dans la 
dre rle ! 
lite de 
part. < 
passion 
Vexin s 
bre. L 
1791 p 

Au I 
a Besai 
I'envoj 
ciennes 
a Laon 
II prjt 
directe 
mi-brij 

Le 5 
Var, a 
disting 
pello, 
dirigce 
taillon 



442 HISTOM M l'jHICIINNE INfANTBRIfi VAAlf<^illSB. 

n^es-OccidentaleSy se fit encore remarquer dans Tin- 
vasion de la valine de Roncevaux et devint , Je 5 
avril 1795 ^ le noyau de la 134* demi-brigade qui, 
elle aussi , est aliee se fondre en 1796 dans la 70* 
de nouvelle formation. 

Le regiment de Yexin avait des drapeaux jaune 
et noir par carres opposes, 

II a\ait port^ Thabit et la culotte blancs , avee le 
collet noir, la veste rouge et les boutons jaunes ; 
les doubles poches garnies chacune de six boutons 
et trois boutons sur la manchc , le chapeau bord^ 
d'or. En 1763, 11 eut les parements, les revers etle 
collet vert deSaxeavec les boutons blancs. En 1775, 
il etait distingue par les parements noirs. Le r^gle- 
ment de 1776 lui donna le collet rouge, les revers et 
parements vert fonc6 et les boutons blancs. 



R£GIME^ 
R£GIMEI' 
R£GIME( 

RficnuEK 

RfGIMEn 
R£GIHE^ 

R£G[ME^ 

FANIK 

r£gimen 

REGIMEN 

Itfein 



TABLE D£S MATliRBS. 

CHASSEURS ROTAUX DE DAUPHINE, "2* BATAaLON DB CHAS- 
SEURS 298 

RfiGIMENT D'ERNEST , 63^ regibient dinfantebib. . . 300 
RfiGIMKNT DE SALIS-SAMADE , 64" regiment d'hi- 

FANTERIE . . 390 

REIGIMENT DE SOINNEMBERG, 65« ri^gimbnt d'in- 

fanterie 333 

RfiGIMENT DE CASTELLAS, 66« regiment d'infanterie 344 

REGIMENT DE LANGUEDOC, 67' regiment d'infamtbrib 356 

RfiGIMENT DE BEAUCE 68' regiment d'infantbrib. . . 372 

REGIMENT DE VIGIER, 69* regiment d'infanterib. ... 388 

RfiGIMENT DE MfilDOC, 70" regiment d'infanterib 3W 

REGIMENT DE VIVARAIS, IV regiment dinfantebib. 417 

REGIMENT DE VEXIN , 72* regiment d'infantbrik 430 



FIN DE LA TABLE. 



TABLE DES HATdlRES. 



RtelMENT DE C0ND4, ! 

RfiGIM" ' 

B^GIItl 

R^GIM 

RtGIM 
d'i 

Rtsm 

FAI 

siam 

RItGIM 



RgGIHI 



TABLE D£S MATIIeRBS. 

CHASSEURS ROTAOX DE DAUPHTNE, ^2* BATAlLLON DB CHAS- 
SEURS 298 

RlSGIMENT D'ERNEST , 63« regiment d'infanterie. . . 300 

RfiGlMKNT DE SALIS-SAMADE , 64" regiment d'in- 

fanterie • . 390 

REGIMENT DE SOINNEMBERG, 65^ ri^giment d'in- 

FANTERIE 333 

RfiGIMENT DE CASTELLAS, 66« regiment d'infanterie 344 

REGIMENT DE LANGUEDOC, 67* regiment d'infanterie 356 

REGIMENT DE BEAUGE 68« regiment d'infanterie. . . 373 

REGIMENT DE VIGIER, 69* regiment d'infanterie. ... 388 

REGIMENT DE MEDOC, 70« regiment d'infanterie 399 

REGIMENT DE VIVARAIS, 71- regiment d'infantbrib. 417 

REGIMENT DE VEXIN , 72* regiment d'infanterie 430 



FIN DE LA TABLE. 



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S9jdB 'SlOJ9inOX •9.I9UJ .I119[ 9p 91J[BaonBll B| SBO S9[ 

snoj suBp iU9Ams spaniBu suibj[I9 s9[ 9nb 9jiBJ)uod 

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