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Full text of "Histoire de la Réformation de la Suisse .."

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{ 


FROM  THE  L1BRARY  OF 

LOUIS  FITZGERALD  BENSON ,  D. 

BEQUEATHED  BY  HIM  TO 
THE  LIBRARY  OF 
PRINCETON  THEOLOGICAL  SEMINARY 


Section 


mi  i 


HIST 

y^7#*  DE  LA 

RÉFORMA 

//IWroE  la 

S7U  ISSE, 

Où  l'on  voit  tout  ce  qui  s'eft  pâfle  de  plus 
remarquable  ,  depuis  l'An  1^16.  jufqu'en 
l'An  1556.?  dans  les  Eglifes  des  XIII. 
Cantons,  &  des  Etats  Confederez, 
qui  compofent  avec  eux  le  L.  Corps 
Helvetiqjje, 

Par  ABRAHAM   KUGHAÎ,   M.  D.  S.  E. 

&  Professeur  en  Belles  Lettres  dans 
l'Académie  de  Lausanne. 

TOME  SECOND, 


A  GENEVE, 

Chez  MARC -MICHEL  BOUSQUET  et  Comp. 


M  D  C  C  X  X  V  I  I. 


SOMMAIRE 


D  U 


2.  jL  Berne.  Réfolution  prife  pour  l  $2J* 
cette  Difpute,    Invitation,    Refus  des 

4.  Evêques.  Lettre  de  celui  de  Lau-  >°- 

fanne  &  des  Bernois.  Lettre  ^  VI  IL  »• 

Cantons  aux  Bernois:    Leur  réponfe,  jj28. 

Lettre  de  l'Empereur  aux  Bernois  ;  1%. 
Leur    réponfe.    Grand  nombre  de  Sa-  y 

vans  vont  a  cette  Difpute,  Ordre  de  ?  ? 
la  Difpute.    Reg  lemexv  s   fur  ce    ? s 

fujet.  Dix  Théfes  proposes  pour  la  «>- 
Difpute. 

IL  Action  du  7.  Janvier.  L  Thé-  *4. 
fe.  Difcours  ^Haller  j  ^  d'OE- 

COLAMPADE.      DifpUtC     fur     U  JU 

Primauté  &  le  Vicariat  de  Saint  Pier- 
re &c.   Action  du  8-  Janvier.    Dif»   "  ' 
pute  fur  la  même  Que  fi  ton.  Difcours 
de  Z  u  1  n  g  l  e.   action  du  9.  Jan- 
vier.  Suite  de  la  même  Difpute.  Dif'  si . 
cours  de  Capiton  3    de  T  r  a  i- 
g  u  e  r  &   de    B  u  c  e  r.    Action  sq. 
du   10.  Janvier.    Suite  de  li  mnne 


Tom.  Jf. 


A 


Dïf- 


SOMMAIRE. 

|S  Vtfpute.    Protcftaticns  oppofees  de  di- 
I  5 28.  vers  Acteurs.    Action  du  n.  Jan- 
r#-  vier.    Action  du   12.    Les  Théolo- 
giens de  Laufànne  fe  retirent  fécret- 
tement.     Suite    de    la    même  Dif 
pute. 

4M       //  /.  Difpute  fur  la  11  Théfe,  qui 
regarde  les  Commandemens  de  l'E- 
■     glife.  Action  du  13.  Janvier.  Suite 
r,.  de  cette  Dif  pute.  Action  du  14.  Jan- 

97  vier.  Dif  pute  fur  la   III.   Théfe  , 
qui  enfeigne  notre  Rédemption  par 
»  Jesus-Ckrist  feul.    Difpute  fur 
U   IV.  Théfe  ,   qui  rejette  la  Pré- 

\o0.  fence  réelle.  Action  du  15.  Jan- 
vier,   Suite  de    la  Difpute  fur  cet- 

>'>■>■  te   Théfe.    Action   du   16.  Janvier. 

"9  Suite  de  la  même  Difpute.  Action 
du  17.  Janvier.  Suite  de  cette  Dif- 
pute.    Action  du   18.  Janvier.  Sut* 

..s  u  te  de  même.  Action  du  19.  Janvier. 
Bourgawer  fe  déclare  fatisfak 
fur  la  Queslion. 

m*-  IV.  Difpute  fur  la  V.  Théfe  qm 
regarde  la  MeATe.    Difcoufs  de  H  al  I 

W  le  L    Action  du  20.  Janvier.  SuiA 
te  de  la  même  Difpute.    Action  d 

fA   21.  Suite.  On  pajfe  à  la    VI.  The 
fè  ,  qui  regarde  la  parfaite  Médi; 

cic 


S  O  M  M  A  I  R  E. 


îion  de  Jesus-Christ  ,    &  i$2S* 
rejette  l'Invocation  des  Saints.  Un 
P  ai  fan  provoque  [on  Curé  a  la  Dif- 
pute.    Action  du  zi.  Janvier.  On  fe 
repofe  à  caufe  de  la  Fête.  Action  du         <  fi- 
Suite  de  la  Difpute. 

V.  On  pajfe  à  la   VIL  Théfe  , 
qui  regarde  le  Purgatoire  &  [es  con- 
féquences.    Action  du  24.    Janvier.  s 
Suite.    On  pajfe  a  la  V 1 1 1.   Thé-  -  ? 
fe  ,  qui  regarde  les  Images  ;  puis  a 

la  IX.  qui  eft  contre  la  défenfe  du 
Mariage.    Action  du  25.   Janvier.  *f} 
Suite.  Perfonne  n  attaque  la  X.  Théfe. 
Conclufton  de  la  Difpute. 

VI.  Autre  Difpute  à  Berne   en  <*.•*. 
Langue    Latine.    Ecclésiastiques   qui  w 
f ou fc  rivent    aux    Théfe  s.  Jugement 

d'un  Catholique  fur  la  grande  Difpu- 
te. Autre  Difpute  avec  des  Anabap- 
tiftes. 

VII.  Les  Bernois  demandent  con-  1»* 
fil  fur  ce  qu'ils  doivent  faire.    R  E- 

G  l  c.  m  e  n  t  pour  abolir   la   Me  (Te 
&  les  Images  dans  la  Capitale.  Dé- 
part  des  Etrangers.    Edit  général  t+j, 
de    réformation.    Députez    envoyez  *** 
par -tout  le  Canton  ,  pour  y  établir 
A  z  U 

S 


SOMMAIRE. 

la  Réformation*  Elle  est  reçue  ^dans 
le  Canton.  #•  * 

VI IL  Tiavaitx  de  Farel  pour 
la  Réformation  du  Gouvernement  d'Ai- 
gle. 


HISTOIRE 


5 


HISTOIRE 

DE  LA 

REFORMATION 

DELA 

SUISSE. 


LIVRE  QUATRIEME. 

Qui  comprend  la  Difpute  &  la 
Réformation  de  Bern  £. 

I.  SFéE®  E  S  Seigneurs  de  Berne 

Pl>j&  confidérant    tors    les  I  52?. 
fc4^-_^§  rnouvemens  ,  qui  s  ex-  Achcmi- 
citoient  dans  leur  Cn-  gÇg£ 
pitale  6V  dans  leur  Pays  ,  au  fujet 
de  la  Réformation ,  jugèrent  nécef-  Berne. 
faire  d'examiner  enfin  une  bonne  fois 
A   3  &à 


6    Uiftoire  de  la  déformation 

152?.  &  à  fonds,  cette  importante  affai- 
Achemi-  re  %  p0ur  favoir  à  quoi  Ton  devoit 
ThDif  s>en  tenin  P^fieurs  chofes  les  y 
pute  de  engageoient  \  i°.  La  grande  diver- 
Bekne.  fité  des  fentimens  ,  &  de  conduite, 
en  matière  de  Religion  ,  qui  pou- 
voit  avoir  des  fuites  fâcheufes  ,  fi 
Ton  ne  travailloit  à  réunir  folide- 
ment  les  efprits,  en  les  ramenant, 
autant  qu'il  feroit  po/Tlble,aux  mê- 
mes fentimens.  20.  Le  refus  que 
les  Cantons  Catholiques  leur  avoi- 
ent  fait  de  leur  communiquer  l'un 
des  Exemplaires  originaux  des  Ac- 
tes de  la  Difpute  de  Bade.  Enfin 
\C  grand  bruit  que  faifoient  les 
Moines  ,  à  l'occafîon  des  Adminif- 
trateurs  ou  Curateurs  qu'on  leur 
avoit  donnés  ,  &  dont  ils  fe  plai- 
gnoient  vivement ,  comme  d'une 
infraction  à  leurs  droits,  &  d'un 
attentat  contre  la  Religion.  D'ail* 
leurs  ,  la  cîrconftance  paroiffoit  fa- 
vorable. Toutes  les  principales 
Puiffances  Catholiques  de  l'Europe 
étoient  engagées  dans  une  guerre 
fanglante.  Le  Pape  Clément  VII. 
«  étant  ligué  avec  François  I.  Roi 
de  France  (a) ,  contre  l'Empereur 

Char- 


W  sieid.  Liv.  VI. 


de  U  Suffi.  L  i  v.  I V.  7 

Charles  V. ,  la  Ville  de  Rome  avoir  I  52$. 
été  attaquée  le  6.  Mars  de  cette  an-  Berne. 
née  3  par  l'armée  Impériale  -,  prifê 
brufcjuement  3c  pillée  5  3c  le  Pape 
qui  s'étoit  retiré  dans  le  Château  S. 
Ange  y  avec  quelques  Cardinaux  , 
y  fut  afïiégé  durant  fept  mois.  Là- 
deffus  ,  les  Rois  de  France  3c  d'An- 
gleterre fe  liguèrent  enfemble  con- 
tre l'Empereur.  Ferdinand  fon 
Frère  >  qui  avoit  été  couronné  Roi 
de  Bohême  3  3c  qui  prétendoit  être 
Roi  de  Hongrie ,  étoit  engagé  à  ce 
fujet  dans  une  langlante  guerre  con- 
tre les  Turcs  ,  qui  le  chafférent  de 
la  Hongrie  l'an  1525).  3c  même  al- 
lèrent mettre  le  Siège  devant  Vienne 
mais  inutilement. 

Tel  étoit  l'état  de  l'Europe  ,  lorC- 
que  les  Bernois  ,    a  (Terribles    en  r//*/«- 
Grand  Confe^il  le  Dimanche  acres  tionyrie* 
la  S.  Martin? rcîolurent  (a)  unani- 
mément  3c  fans  aucune  contradic-  Difpute. 
tion  >  de  faire  tenir  une  Conféren- 
ce ou  Difpute  de  Religion  dans  leur 
Capitale  ,   au    commencement  de 
Tannée  fui  van  te.    Ils  en  donnèrent 
avis  aux  quatre  Evcques  ,  de  *  Lau, 
A  4  fan, 

(a)  Stetl.  6yo.  Sleid.  Liv.  6. 

f  .  Voyez  parmi  les  Pièces  Juftificatives , 


8  Hiftoire  de  la  déformation 
ï$2 %.  fanne  ,  de  Baie,  de  Confiance  &  de 
Bhrne.  Syon  ,  dont  la  Turifdiction  fpirituel- 
tion  pri-  Ie  s  etendoit  fur  quelque  partie  de 
fepour  de  leur  Canton  ;  les  conjurant  de 
"5e     s'y   trouver  en  perfonne ,   ou  du 

Difpute.     J  .  .  , 

moins  d  y  envoyer  quelques  Dépu- 
tés ,  fous  peine  de  perdre  tous  les 
droits  qu'ils  prétendoient  avoir  fur 
leurs  terres  ,  en  vertu  de  leur  dignité 
Epifcopale.îls  en  donnèrent  aufli  avis 
à  tous  les  Cantons  >  &  à  tous  les  au- 
tres Etats  &:  Villes  libres  du  Corps 
Helvétique  ,  les  priant  d'y  envoyer 
leurs  Théologiens  de  l'un  &  de  l'au- 
tre parti.  Ils  ordonnèrent  {a)  en 
même  tems  à  tous  les  Pafteurs  Se 
Curés  de  leur  Capitale  Se  de  leur 
pays  ,  de  fe  rencontrer  à  Berne  , 
pour  le  premier  Dimanche  de  Jan- 
vier fuivant ,  Se  d'aflifter  à  la  Con- 
férence de  Religion  ,  depuis  le  com- 
mencement jufqu  à  la  fin  ,  fous  pei- 
ne de  perdre  leur  Bénéfices.  Et  par 
une  Proclamation  ,  datée  du  17.  No- 
vembre »  (b)  on  publia  la  réfolu- 
tion  qu'on  avoit  prife  ,  invitant  les 

Sa- 

N°.  1.  qui  font  à  la  fin  de  ce  Tome  3  la 
Lettre  écrite  à  TEvêque  de  Laujanne^ 

U)  Latin.  Mifi,  166. 

W  In  Aclis. 


de  la  Suffi  Liv.  IV.  9 
Savans  de  tonte  nation  ,  &  de  l'un  1  S2$- 
&:  de  l'autre  parti,  de  venir  dans 
leur  Ville  pour  cette  Difpute,  leur^;/p,:, 
promettant  toute   la  liberté  &  la  fe  pour  j 
fureté  ,  qu'ils  pouvcient  défirer.  Ils  ^fUe* 
y  invitèrent  auffi  71)omas  Mourner 
par  une  Lettre  particulière  ?  à  la- 
quelle ils  joignirent  un  fauf-con- 
duit  j  mais  il  ne  trouva  pas  à  pro- 
pos d'y  aller.    Au  lieu  de  cela  il 
publia  un  Libelle  fi  attroce  contre  les 
Bernois,  que  les  Lucernois  n'oférenî 
plus  le  fouffrir  chez  eux,  tellement 
qu'il  quitta  la  SuiiTe  quelque  tems 
après. 

Les  quatre  Evêques  t  refuférent  Refus 

d'afîifter  à  cette  Difpute  ,  &  d'y  en-  £es,  •■ 

ii    /    •  •         i  J  Eveques. 

voyer.   Ils  écrivirent  chacun  en  par-  1 

ticulier  aux  Seigneurs  de  Berne  , 
pour  leur  notifier  leur  refus  j  les  ex- 
hortant en  même  tems  avec  de  g' ari- 
des inftances  ,  à  fe  défifter  de  leur 
deflein.  Comme  la  Ville  de  Berne 
éroit  particulièrement  dans  le  Dio- 
céfe  de  Laufanne,  ces  Seigneurs  -4- 
écrivirent  une  féconde  fois  le  2:. 

A  5  De- 

t  Stetl.  T.  II.  pag.  2. 

4-  LA  tin.  Mijj. 


10  Hiftoire  de  la  Reformation 
1  $2%.  Décembre  >  à  leur  Evêque  *  Sébaf- 
Berne.  tien  de  Alont-Faulcon  ,  pour,  le  con- 
de  YEve-  iurer  Par  'e  ^om  Paftoral  qui  devoir 
nue  de    avoir  pour  eux  ,  de  faire  ce  dont 
Laufan.  on  lavoit  prié  j   ajoûtant  ,  qu'ils 
des  Ber-  trouvoient  fort  étrange  ce  qu'il  leur 
nois.      a  voit  dit  dans  fa  Lettre  ,  qu'il  ri/t- 
voit  pas  des  gens  affez  inftruits  dans 
î Ecriture  Sainte  ,  pour  une  affaire  auffi 
importante  que  ï examen  de  la  Religion. 
Ils  lui  avoient  déjà  repréfenté  dans 
leur  prémiére  Lettre  ,  qu'il  étoit  de 
fon  devoir  ,  non-feulement  de  ton- 
dre fes  Brebis  >  mais  auiTi  de  les 
paître.    On  peut  voir  à  la  fin  de  ce 
Tome  les  Copies  des  deux  Lettres 
des  Bernois  à  TEvêque  de  Laulan- 
ne.    N'ayant  aucune  bonne  raifon 
pour  fë  difpcnfer  d'afTifler  à  .cette 
Difpute  3  ce  Prélat  leur  écrivit  qu'il 
étoit  malade.    Ils  lui  répondirent  le 
cinquième  Janvier ,  „  Que  puifque 
3,  fa  maladie  ,  qui  les  affligeoit  beau- 
s)  coup  ,  ne  lui  permettoit  pas  d'af- 
„  Mer  à  leur  Difpute,  ils  le  prioient 
du  moins  d'y  envoyer  fes  Théo- 
logiens,  fur-tout>celui  quiluifer- 
„  voit  de  Sécrétaire  ;  (  parce  que  fa 

Lettre 

¥  Vovcz  cette  Lettre  entre  les  Piécë* 
3n(lific*tive<.  No.  II. 


de  la  Suffi  Liv.  I  V.  II 
Lettre  leur  faifoit  juger  qu'il  polïé-  I  S  SX- 
doit  bien  l'Ecriture  Sainte,  )  avec^^£* 
?,  quelques  autres,  qui  euffent  les  del'Ex^- 
?)  mêmes  connoiffances ,  promettant  que  de 
5>  de  leur  envoyer  un  Coureur  pu-Laufan" 

,  i-  i     J  v    r»  ne  & 

blic  pour  les  amener  a  Berne  en  ^es  Ber^ 
toute  fûreté  j  &  renouvellant  la  mis. 
5,  menace  qu'ils  avoient  déjà  faite* 
5,  qu'en  cas  de  refus  ,  il  lui  refufe- 
„  roient  dès-lors  tout  ce  qu'il  pré- 
?,  tendoit  avoir  de  droit  Paftoral  fur 
„  leurs  terres  (a). 

Cependant  huit  Cantons  *  Catho- 
liques (b)  émus  dé  cette  entreprife  Lettre 
des  Bernois  ,  s'aflemblérentà  Lucerne^t  VIIL 
vers  le  milieu  de  '  Décembre  5  &  leur 
écrivirent   une  Lettre  fort  vive  3  uoJs, 
pour  les  en  détourner.  Ils  leur  di* 
foient:  „  Qiïils  s'étoient  fans  doute 
>,lairTé  gagner  par  leurs  Prédicateurs, 
>,  qui  vouloienr  couvrir  par  cette 
„  Difpute  la  honte  de  leur  défaite, 
„  6c  la  confufion  dont  ils  avoient 
„  été  couverts  à  celle  de  Bade  :  Que 
„  bien  qu'on  n'eût  point  befoin  de 
>,  difpute  de  Religion,  &  que  Ion 
»  pût  bien  ,  à  l'exemple  de  leurs  Pé- 

A   6  res 
M  Bern.  Latin  Mi(f.  271. 
*  Lucerne  ,  Uri,  Schwitz,*  Fricler*  aM, 
2oug,  Glaris,  Fribour^  &  Solcan  c. 
lîj  SttH.l  c.  Sti'iiLLib.  VI  p.m.160. 


12  Hijloire  de  la  R.éformation 

W  res>  fe  contenter  .  avec  toute  l'E- 
iBeune.  glife,  de  ce  qui  étoit  établi  ;  ce- 
de  VIII.  »  pendant  ils  avoient  confcnti  a  cet- 
Cantons  >,  te  Difpute  de  Bade,  &  qu'il  falloir 
aux  ^  ssy  tenir.  Ils  leurs  répréfentoicnt 
>3  en  fécond  lieu,  la  promelTe  qu'ils 
„  avoient.  donnée  de  bouche  Se  par 
>,  écrit ,  à  la  Pentecôte  de  l'année 
3,  précédente,  aux  Députez  des  fept 
>?  Cantons,  accompagnée  même  ce 
„  Serment  Sec:  Se  eue  la  violer  cé- 
5,  toit  s'attirer  de  la  honte  Se  de 
3,  l'infamie,  Se  donner  lieu  à  des 
„  troubles  Se  des  tumultes  :  Que 
?,  s'il  y  avoir -des  abus  à  redreffer 
„  dans  Je  Gouvernement  Eccl'éfiaf- 
„  tique  i  dont  ils  fe  plaignoitnt 
„  eux- mêmes  aulTi-bien  que  les 
-  Bernois  ,  il  n'étoit  pas  befoin  d'u- 
3,  ne  difpute  pour  ce  deffein  j  qu'on 
3,  pouvoit  fort  bien  le  faire  dans 
3,  les  ÇDiettes,  comme  ils  s'y  étoi- 
»  entdéja  ofFerts  ÔVc:  Enfin  ils  difent,, 
3,  qu'ils  font  îéfclus  de  n'y  envoyer 
»  aucun  de  leurs  fujets.  En  même 
tems  ils  rendirent  puBlique  cette 
Lettre  par  l'imprefllon.  Les  Bernois 
ne  tardèrent  pas  à  répliquer.  Com- 
me ceux  de  Fiibourg  Se  deSoleur- 
rc  leur  font  Alliez  par  des  Traitez 


delà  Saife  Liv.  IV.  I? 

particuliers  de  Combourgeoifie,  ils 
y  envoyèrent  des  Députés,  quatre  Bj**j;* 
dans  chaque  Ville  ,  pour  leur  porter  ^  Viu. 
leur  réponfe  :   mais  pour  les  llx  Cantons 
autres  Cantons  ,  ils  fc  contentèrent  aux  Bcr~ 
de  la  leur  envoyer  par  écrit  le  27. 
Décembre.    Ils    n'y    firent  point 
mention  de   Claris  Se  de]  Soleurre, 
âïant  appris  qùe  ces  deux  Cantons 
n'avoierft  point'  donné  leur  appro- 
bation à  cette  Lettre  des  huit  Can- 
tons ,  quoi  qu'il  y  fuffent  nommez. 
Les  Bernois  difoient  f  entr'autres 
chofes  dans  leur  Lettre  :   Nous  ne  Répcnfe 
pouvons  pas  nier  que  cette  Difpute  de  des  Ber~ 
Eade  naît  été  faite  avec  notre  confen- 
tement.  Alais  nous  ne  [avons  point  au 
jufie  ,  quel  efl  le  parti  qui  a   été  viclo- 
riettx  j  de  quelle  manière  chacun  s'y  est 
conduit  >•  &  ce  que  c'eft  quonj  a  trai- 
té ;  a  moins  que  nous  ne  voulions  ajou- 
ter foi  a  celui  qui  a  *  imprimé  les  Ac~ 
tes  de  cette  Difpute  avec  la  Préface  & 
la  Conclu 'fi on  i    mais  écfl  ce  que  nous 
ne  pouvons  pas  faire     puis  qu'il  rieft 
pas  homme  d'honneur  ni  digne  de  foi;  Us 
ajoutent  ;  „  Que  Ç\  l'on  avoit  voula 
;,  fur  leurs  inftantes  rcquilkions  , 


t  J.utkard.  170.  Hotting,  jyg.  59^ 
*  Thomas  Mo  a  mer» 


14  Hiftoïre  delà  Réformât  ion 

1 52*5.  »  réitérées  plus  dune  fois,  leur 
Berne.  55  laifler  voir  un  des  Exemplaires 
xéponfe  M  Originaux  des  Actes  de  cette  Dif- 

nols  Ber~ 33  Pute  '  *k  y  auroient  Pu  apprendre 
?)  qu  elle  eft  la  véritable  foi ,  &  fe 
?,  pafTer  de  la  Difpute  qu'ils  vou- 
3,  loient  entendre  dans  leur  Ville 
53  &c.  Quils  n'avoient  point  deffein 
„  de  rien  altérer  dans  la  véritable 
3,  Religion  >  mais  d'abolir  des  abus 
3,  Se  des  fuperftitions  qui  s'étoient 

gliflez  dans  le  Service  Divin  &c. 
>3  0«ant  à  ce  qu'on  leur  obje&oit 
33  de  ce  qui  s'étoit  paffé  chez  eux3 
33  à  la  Pentecôte  de  ,1526.  ,  ils  ne 
3>  s'étoient  point  engagés  à  croire  3 

ce  que  croient  les  Députés  des 
>y  Cantons  3  qui  fe  trouvèrent  alors 
S3  à  Berne  ,  fans  y  avoir  été  appel- 
55  lez  3  mais  qu'ils  s'étoient  feule- 
33  ment  engagés  avec  leurs  Sujets  : 
33  Et  que  comme  ils  éprouvoient 
7y  que  ce  ferment  produifoit  plus  de 
?3  mal  que  de  bien  ,  ils  Tavoient 
33  aboli  pour  reprendre  l'Edit  de  l'a  n 
33  1523.  avec  le  confentement  de 
3,  leurs  Sujets  :  CVils  étoient  en 
3,  droit  de  le  faire  ,  fans  que  per- 
35  fonne  y  pût  trouver  à  redire  £cc. 
M  réfolus  d'ailleurs  dobferver  les 

Alliaa- 


de  la  Sui/fë.  L I  v.  IV.     I  5 

Alliances  avec  toute  1  exactitude  I  J  2^ 
„  poflîble  :  Que  fi  leur  deffein  étoit  Berne. 
„  contre  Dieu  8c  contre  la  raifon  >  fe^™J*_ 
„  les  Cantons  s'y  prenoient  fort  mis«. 
,>  mal  pour  les  en  détourner  ,  en 
»  refulant  d'y  envoyer  leurs  Doc- 
3,  teurs  :  Qujls  devroient  plutôt  les 
leurs  envoyer  tous  >  pour  les  inf- 
truire  ,  puif-qu'  ils  ne  cherchoient 
n  que  la  vérité  &:c.  ^'ils  ne  de- 
5,  voient  point  trouver  étrange  la 
>,  réfolùtion  qu'ils  avoient  prife  de 
>,  s'en  tenir  à  ce  qui  feroit  décidé 
s,  par  la  Parole  de  Dieu  ,  puisque 
»  cette  Parole  dure  éternellement. 
Enfin  ils  fe  plaignoient  de  ce  que 
les  Cantons  avoient  fait  imprimer 
leur  Lettre,  ce  qui  étoit  contre  les 
}>  Traités  &c. 

Les  Députez,  envoyez  à  Fribourg 
&  à  Soleurre  ,  eurent  ordre  de  fe 
plaindre  de  la  Lettre  injurieufê  5 
qu'on  leur  avoit  écrite  au  nom  des 
VIII.  Cantons  aflemblez  à  Lucerne, 
&  de  s'informer  fi  ces  deux  Villes  , 
y  avoient  donné  leur  confentement, 
ou  bien  fi  leur  Députés  avoient  outre- 
palTé  leur  commifllon  j  &  favoir  de 
ces  Villes  ,  fi  elles  vouloient  tenir  &c 
garder  encore  la  Bourgoifie ,  on  non  j 

& 


1 6  Hijloire  de  la  Kéformatîon 

I  S^%*  &  de  leur  demander  une  promte  ré- 
Berne >  ponfej  les  Bernois  aïant  fujet  de  s'en 
défier  ,  particulièrement   des  Fri- 
bougeois.'* 

Les  flx  Cantons  t  perfiftérent 
dans  leur  réfolution  de  n'envoyer 
perfonneà  cette  Difpute,&:  même  de 
ne  laiiTer  pafler  par  leur  terre  aucun 
Etranger  ,  qui  voudroit  y  aller.  Les 
Fribourgeois  4-  3  plus  zélez  encore 
que  les  autres,travaillérent  à  fufciter 
de  méchantes  affaires  aux  Bernois  y 
allant  de  Communauté  en  Com- 
munauté pour  exciter  les  fujets  de 
Berne  à  fe  foulever  ;  &  en  même  tems 
ils  écrivirent  en  leur  particulier  une 
Lettre  fort  vive  aux  Bernois,  les  ac- 
eufant  de  violer  leur  Traité  récipro- 
que de  Combourgeoifîe  par  cette 
Difpute ,  qu'ils  avoient  ordonnée  , 
&par  les  nouveautés ,  qu'ils  entre- 
prenoient  en  matière  de  Religion. 
Us  rirent  plus  j  car  ils  défendirent 
aux  fujets  des  Balliages  communs, 
d'affilier  à  cette  difpute,  bien-que  les 
Bernois  y  eulfent  autant  à  com- 
mander qu'eux  *. 

Les 

*  Bcrn.  Inflr.  A.  89» 

y  Hottin^.^).  4,  lailr.  A.  pag. 

*  lioi  tlig.  4c  I, 


deUSttifc.  Liv.  IV.  17 

Les  Bernois  leur  répondirent  {a)\z  I  5^9* 
4.  Janvier  :  y,  Que  c'étoit  plutôt  eux  Berke. 
»  (les  Fribourgeois)  qui  étoient  cou- 
»  pables  d'une  telle  infraction  de 
»  leurs  alliances  mutuelles ,  par  la 
„  Lettre  injurieuie  qu'ils  leur  avoi- 
»  ent  écrite  de  Lucerne  avec  les  au- 
?>  très  Cantons  ,  Se  dont  ils  ne  leur 
»  avoient  fait  aucune  fatisfaclion  > 
>,  Se  par  leurs  mauvaifes  pratiques 
»  Sec.    Ils  leur  offroient  cependant 
yy  de  renouveller  agréablement  leur 
yy  alliance    avec   eux  à  ces  deux: 
yy  conditions  :  io.  Qve  les  Fribour- 
geois ne  s'engageroknt  dans  au- 
cune confpiration    contr'eux.  20. 
Ou  'ûs  ne  feroient  point    entrer  la 
Religion  dans  leur  Alliance.  Les 
autres  Cantons  (b)  Se    Etats  de  la 
Suifle  furent  plus  modérez.  Non- 
feulement  ils  réfolurent  d'envoyer 
leurs  Théologiens   à  cette  Difpu- 
te ,  mais  au/ïi  ils   accordèrent  le 
partage  libre  ,  Se  des  fàuf-conduics 
aux  Etrangers  ,  qui  vouloient  y  al- 
ler. La  Ville  de  S.  Gai ,  entr'autres 
ordonna  à  tous  les  Prêtres  de  la  dé- 
péri- 


(*)  Bern.  Inftr.  A.  84- 
(6)  Hotîing.  400.. 


1 8.  Hijtoire  de  la  RJformation 

1528.  pendance  d'y  aller  aux  dépens  du 

Berne.  pL,b!ic. 
Lettre     T  5T_  r  \  ~  f    .  . 

de  pEm    L  Empereur  (a)  Charles  V.ecnvit 
pereur    aufÏÏ  aux  Bernois  le  28.  Décembre 
aux.-Bw-  une  Lettre  datée  délire,  pour  les 
détourner  de  leur  deffein ,  leur  re- 
préfentant:       Que  c'étoit  -  là  une 
5,  chofe  qui  n'appartenoit  pas  à  une 
?,  Communauté  ni  à  un  pays  feul  5 
yy  mais  à  tous  les  Etats  Chrétiens 
>y  joints  emfemble  :  Que  d'ailleurs 
y,  il  vouloit  faire  tenir  inceffam- 
yy  ment  un  Concile  3  pour  terminer 
les  différens  de  Religion  >  ou  du 
»  moins  qu'ii  en  feroit  délibérer  à 
33  la  Diète  prochaine  de  Ratisbonne> 
y>  Qu'ils  dévoient   donc  fulpendre 
3)  leur  Difpute  >  jufqu'a  la  fin  de 
„  cette  Diète  :  Que  fi  cependant  ect- 
3>  te  Difpute  fe  faifoit ,  ils  ne  de- 
5>  voient  point  priver  les  quatre 
3>  Evêques  de  leurs  Droits  Epifco- 
3,  paux  ,  parce  qu'ils  n'y  aflîfteroi- 
99  ent  pas.   Il  fit  en  même  tems 
écrire  à  ces  Evêques  ,  de  n'y  point 
aflifter  ,  &  de  faire  même  tous  leurs 
Leur  efforts  pour  l'empêcher. 
■Rcpcnfe.     Les  Bernois  \b)  lui  répondirent 

le 


(*)  Stetler.  1.  C.  I.  2. 

{b)  Sctlt.p.  113.  Hotting.596* 


de  La  ômjje,  Liv.  1  V.  19 

le  6.  Janvier  5  QtSils  étoient  difpo-  1528. 

fés  à  obéir  à  S.  M.  I.  dans  tou-  B£**r*J 
3,  tes  les  chofes  raifonnables  j  mais  ^onfe, 

comme  fà  Lettre  ne  leur  avoir  été 
5>  remife  que  ce  même  jour  ,  &  que 
o  tout  leur  monde  3  qu'ils  avoient 
»  convoqué  ,  étoit  affemblé  dans 
w  leur  Ville  >  il  leur  feroit  impo£ 

fible  de  différer  cette  Conférence 
yy  de  Religion  ,  6c  de  la  renvoyer 
5>  à  ùne  autre  fois  ,  d'autant  plus 
3>  que  jufqu'alors  les  Etats  Chré- 
j,  tiens  n'avoient  encore  rien  fait  , 
33  pour  terminer  les  différens  de  Re- 
33  ligion  qui  duroient  depuis  tant 
3,  d'années  y  &c  que  cela  les  avoit 
3,  obligez  de  faire  tenir  cette  Dif- 
3j  pute  de  Religion  3  mais  pour  eux 
33  &  les  leurs  feulement. 

On  vit  à  cette  Difpute  (a)  un  Grand 
très-grand  nombre  d'Eccléfiaftiques  nombre 
&  de  Savans  ,  non-feulement  de  la  de  s"~ 
SuhTe  ,  mais  aufli  des  pays  voifins ,  Vont  à 
&  particulièrement  de  la  Souabe  ;  cette 
&  I  on  y  compta  350.  Prêtres.  Les  Difî^e. 
Savans  de  Glarù  (b)  de  Scbaffboufe  3 
de  Saint  Gai ,  de  Confiance  ,  d'Ulm  , 
de  Lindau  5  à'Ifni  3  &Augibourg  & 
de  Nordimgue  ôcc.  saflemblérent  à 

Zu- 

{*)  ExAfiis.  {b)  Hotting,  400.  401. 


20  H  îfioire  de  la  Reformaticn 
I  S 28.  Zurich  pour  faire  le  voyage  avec 

Grand'  C6UX  ^  CCtte  ^C  ^  ^  Canton  9 
nombre  ^  aM0*ent  a  Berne.  Les  Magiftrats 
de  Sa-  les  y  régalèrent  tous  enfemble  3  le 
vans  ;our  ^e  ]>an  £t  comrrie  on  apprit 
vont  a  /    •  rr 

cette      *îue  cerraincs  gens  etoient  en  em- 

DifpHte.  buicade  dans  les  Balliages  com- 
muns ,  pour  enlever  Zuingle ,  quand 
il  y  palîeroit  j  ces  Seigneurs  don- 
nèrent une  efcorte  de  300.  hom- 
mes ,  pour  conduire  furement ,  juf- 
qu'à  Berne  ,  cette  Compagnie  com- 
pofée  de  plus  de  cent  Voyageurs, 
Les  Bernois  de  leur  côté  ramarTérent 
tout  autant  de  gens  Savans,  qu'ils 
en  purent  trouver  ,  pour  leur  aider 
à  découvrir  la  vérité  $  jufques  -  là 
qu'ayant  appris  qu'il  y  avoit  à 
Granfon  {a)  un  Cordelier ,  nommé 
De  Marie-Palud  ,  Savant  &  hom- 
me de  bien  >  mais  qui  n'avoit  pas 
le  moyen  de  faire  le  voyage  5  ils 
lui  dépêchèrent  un  Coureur  public, 
le  6.  Janvier  >  avec  une  Lettre  fort 
obligeante ,  pour  l'inviter  à  venir 
à  leur  Difpute ,  &  chargèrent  le  Cou- 
reur de  l'accompagner  ,  &  de  le 
défrayer  par  les  chemins. 

De  Zurich  (b)  il  y  eut  à  Berne  une  ho- 
;  no- 

\     (a)  L*tinMijf.  2.72.  {è)  Ex  AftU% 


delà  Suijfe  Lîv.   IV.  21 

norable  Dépuration,  con  pofée  du  1528. 
Bourgmaître  Rœufl,àz  trois  Confeil-  BtRNE. 
lers,&  plus  de  25.  autres  pei  fonces,  Grand 
tant   de  la  Ville  que  du  Canton  j  ^^re 
dont  là  plupart  y  furent  à  leurs  pro-  vani 
près  dépens, &  qui  affilièrent  àlaDif-  vent  à 
pute  ,  depuis  le  commencement  iuf- 
qu  a  la  fin,entr  autres  uluch  Zuwgle, 
Conrad  Peliuan  ,  Sébafiien  Hoffmeifter> 
Cafpard  Groffman  3  tous  Payeurs  de 
la  Ville  ;  Conrard  Schmid  Comman- 
deur de  Kujfnucht  ,  Pierre  Simler  , 
Pieur  de  Cappel ,  &  Henri  Bulàn- 
ger ,  Régent  au  Collège  du  même 
lieu. 

De  Lucerne  ,  Uri  ,  Schvvitz>  Un- 
dervvald  3  ôc  Zoug  il  n'y  eut  per- 
sonne. 

Les  Bernois  avoient  cependant  in- 
vité d'une  façon  particulière  Thomas 
Mourner  ,  ce  fameux  Cordelier  de 
Lucerne  ,  &  lui  avoient  envoyé 
un  bon  Sauf-conduit  ,  mais  il  ne 
trouva  pas  à  propos  <le  comparoître. 
Il  le  contenta  d'aboyer  de  loin. 

De  Glaris  on  vit  quelques  favans; 
entr  autres  Fridolin  Erunner  >  Pafteur 
de  Matt  ;  qui  dit  ,  „  Ou  i]  avoit 
„  prêché  publiquement,  que  la  MelTe 
»  étoit  une  abomination  >  de  que 

pour 


2  2  Hi foire  de  la  Réformation 

*  J2'8»  3,  pour  cette  caufe  il  y  avoit  renon- 

Berne.  ççiQue  fes  Seigneurs  lui  avoient 
Grand  ^>    ,   c  .  °, 

nombre  »  permis  défaire  le  voyage,  mais 

de  à*-     »  à  Tes  propres  dépens. 
uam  ^       £>e        il  y  eut  une  Députation 
■cette  3    ^e  quelques  Confeillers  ,   &  plù- 
vlfpHte.  fleurs  favans  >  entr'autres  0*- 
colampade ,  &  à  peu- près  tous  les 
mêmes  qui  avoient  été  à  la  Dilpute 
de  Bade, 

De  Fribourg,Conrard  Trsyer  ou  Trai- 
guer  Provincial  des  Augultins  j  mais 
il  dit  qu'il  étoit  là  de  fon  pro- 
pre mouvement  ,  &  fans  aucun 
ordre  de  fes  Supérieurs. 

De  Schaffkoufe  ,  Hem  y  Linke  >  &C 
quelques  autres. 

D' Appenzel)  ThéobaJd  Houter  ,  Cu- 
ré du  Bourg  d3 sippenzell  >  Pélage 
Amfte-n  •  Payeur  de  Troguen  ,  avec 
trois  autres  Pafteurs* 

De  St.  Gai,  le  Botirgmaître  Jo<t- 
chlm  Von  Wadt  ou  Vadian  ,  un  Con- 
feiller,  &  deux  ou  trois  favans  j  Bé- 
nécicl  Bourgavver  Pafteur ,  ck  Domi- 
nique Zi.ii  Régent. 

De  Sienne ,  deux  Minières  >  fa- 
voir  Simpert  Fogt  ,  ou  Baillif  ,  & 
Jacob  Wirben. 

De  Mullhoufe ,  auffi  deux  Minif- 
tres.  De 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.  23 

De  Laufanne  >  il  y  eut  quelques  M28. 
Théologiens  envoyez  par  l'Evêque; 
mais  je  n'ai  pas  pu  en  découvrir  les  nombre 
noms.  de  S*- 

Du  F  a)  s  des  Grïfons  ,  Mekbior  Tili-  v*™  , 
ww»  ,  na  if  de  Lucerne,  Pafteur  d'/<?~  cette 
natz  >  dans  le  Prettïgavv  :  &  le  Pat  D.jpute. 
teur  étlUntz.  Le  premier  y  fut  par 
ordre  de  fon  Eglife. 

De  Confiance  ,  quelques  Confeil- 
lers  3  avec  deux  Miniftres  ,  entr'au- 
tres  Ambroije  Blarer. 

Di  Strasbourg  y  Wblff gang- Fabrice 
Cdfi'^tti  &.  Martin  Bucer, 

D  Aus'ourg,  Conrard  Soniy  Pafteur. 

De  Nuremberg^  André  Althamer  &C.  0r^rg 

La  Difpute  fe  tint  dans  rEglife^eja 
des  Cordeliers  ,  ^Ton  avoit  drelTé  Dijpute* 
deux  efpèces  de  théâtres  ,  l'un  vis- 
à-vis  de  l'autre  5  avec  une  table  à 
chacun  ,  autour  defquelles  les  deux 
parties  pouvoient  commodément 
s'afleoir  &c  difputer.  Dans  l'efpace 
d'entre  les  deux  tables  étoient  qi  a- 
tre  Notaires  alTermentez  ,  pour  re- 
cueillir fidèlement  les  Actes  ,  favoir, 
les  Chanceliers  de- Berne  &  de  So- 
leurre ,  le  Gréfier  de  Berne  ,  &;  le 
Secrétaire  de  Thoune. 

On  élut  quatre  Préfidcnts  >  pour 

diri- 


2  4  Hijloire  de  la  K_c formation 
ï  528.  diriger  la  Difpute  ,  fa  voir  ,  Joachim 
^OrJre  ^a^an  >  Bourgmaîcre  de  Saint  Gai , 
delà     Nicolas  Brh'fer  Doyen  de  Saint  Pier- 
Difpute.  re  de  Baie  ;  Le  Prévôt  d'interlac- 
ken  3  &  à  fa  place,  (  étant  tombé 
.   malade  3  )  l'Abbé  de  Gottjiatn  en- 
fin Conrad  Scbmïd  Commandeur  de 
Kuffnacht  :  Les  Seigneurs  du  Petit 
&  Grand  Confeil  de  Berne  étoient 
aiTis  tout  au  tour  en  rond  ,  avec 
les  Députez  Etrangers  >  &  les  Mi- 
niftres  delà  Ville. 

La  Difpute  dura  tp.  jours  con- 
fécutifs  >  fans  interruptipn  que  d'un 
jour.   Elle  commença  le  Lundi  p*«- 
<^fft+er  Janvier  >  8c  finit  le  27.  On 
difputa  les  Dimanches  tout  comme 
les  autres  jours.     On  s'aflembloit 
deux  fois  chaque  jour,  le  matin  Se 
l'après  diné.    On  commençoit  cha- 
que Se/Tion  par  une  prière. 
jg*         Le  Lundi  6.  Janvier  fut  emploie 
duLundi  *  r^er  ies  préliminaires  de  la  Dif- 
tf.Jan-    pute.    On  ne  s'affembla  qu'après  di- 
vier-      né  j  8c  d'abord  on  falua  toute  l'Af- 
femblée  de  la  part  de  l'Etat.  On 
lut  le  Mandat  ou  la  Proclamation  , 
qui  avoit  été  publiée  au  fujet  de  cet- 
te Difpute.    On  lut  enfuite  les  Ré- 
glemens  qui  avoient  été  faits ,  pour 

que 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.    2  5 
que  tout  s'y  paffat  en  bon  ordre,  1528. 
&  d'une  manière  propre  à  décou-  ^dToV 
vrir  la  vérité.    Et  les  quatre  Pré-duLun- 
lldens  furent  obligez  de  promettre  di  6. 
folemnellement  ,    en  lieu  de  fer-lanvier* 
ment  3  de  faire  obferver  ces  régie- 
mens  avec  exactitude.  Ils  portoient 
entr'autres  : 

,,  io.  Ou  on  b2nniroit  de  la  Di-  menf 
,3  fpute  toutes  injures,  paroles  of-  pour  la 
„  fenfantes  ,  &  tous  les    difcours  ^ute* 
>,  inutiles  ,  qui  ne  feroient  point 

fondez  fur  l'Ecriture. 

„  20.  Que  pour  éviter  toute  proli- 
„  xité  fuperfluë  ,  &  perte  de  tems, 
„  on  nerépéteroit  point  fans  nécefTité 
>,  les  objections  ,  qui  auroient  déjà 
„  é:é  propofées  >  &c  auxquelles  on 
„  auroic  répondu. 

>,  3°.  £^'on  ne  propoferoit  au- 
„  cune  preuve  ,  qui  ne  fût  tirée  de 

l'Ecriture  Sainte  ,  ni  arcune  éx- 
„  plication  de  cere  Ecriture  >  que 

celle  qui  fe  tireroit  de  l'Ecriture 
»,  elle-même  \  C^/'on  ne  reconnoî- 
,,  troit  d'autre  J  ge  ni  d'autre  In- 
terprète de  l'Eciiture  ,  que  l'Ecri- 
3,  ture    elle  -  même   ,  expliquant 

les  palTages  obfcurs  par  ceux  qui 
»  font  clairs. 

Tom.If.  B       40.^'  il 


2  6  Hijîohe  de  la  BJ for  mat  ion 

ï  Ç28.     3,40.  Ou  A  étoit  permis  à  cha- 

rfir*"  "  CLm  de  dljCDUter  en  toute  liberté  , 
:e>  *     3>  &  de  propofer  fins  rien  craindre, 
33  tout  ce  qu'il  jugeroit  être  la  véri- 
>3  té  3  fous  les   conditions  qu'on 
?3  vient  de  marquer. 

Aum*  toutes  les  fois  qu'on  avoit 
fini  la  Difpute  au  fujet  d'une  Thé- 
fe3on  faifoit  crier  publiquement:  S'il 
y  a  quelqu'un  qui  ah  encore  quelque  cbofe 
a  dire  fur  cette  matière  ?  il  lui  eft  per- 
mis de  le  faire. 

Après  qu'on  eut  appelle  tous 
ceux  qui  compofoient  TAlTemblée  , 
félon  le  rang  des  Cantons  &  des 
Eglifes  3  on  afîîgna  à  chacun  fa  pla- 
ce. On  invita  en  même  tems  les 
Chanoines  de  Berne  à  difputer  : 
ils  dirent  qu'ils  n'avoient  rien  à 
propofer  contre  les  Théfes  3  mais 
qu  ils  vouloient  voir  dans  la  Dif- 
pute >  fi  elles  fe  trouveroient  con- 
formes à  la  Parole  de  Dieu. 

Il  fut  auffi  permis  à  tous  ceux 
qui  voudroient  écrire  ce  qui  fe  paf 
foit  3  de  le  faire  librement  5  pour- 
vu qu'ils  indiquaient  leurs  noms 
aux  Notaires  établis  pour  ce  def 
fein  >  qu  ils  promiffent  de  ne  rien 
faire  impnrner  avant  TimpreiTion 

de; 


de  la  Suijfe.  Liv.  IV.  27 

des  Afrçs ,  6c    de  ne  rien  écrire  1 528. 
contre ,  mais  s  ils  trouvoient  qu'il  mfpute 
y  eue  quelque  manquement  dans^B£R" 
ces  Aftes,  d'en  donner  avis  honnête- 
ment aux  Magiftrats  de  Berne  :  enfin 
de  déclarer  qu'ils  n'étoient  point-là 
apoftez  ,  ou  gagés  3  pour  quelque 
mauvais  deiTein,  mais  qu'ils  ne  vou- 
loient  écrire  que  pour  i  avancement 
de  la  vérité. 

Les  Théfes  ,  qui  furent  propo- 
fées  pour  faire  la  matière  de  la  Dif- 
pute ,  étoient  les  dix  fui  van  tes.  D-x 

I.  La  Sainte  Eglife  Chrétienne  ,  defes  pro- 
laquelle Christ  eft  l'unique  Chef,  eftne'epo&es 
de  la  Parole  de  Dieu:demeure  en  elle,  &  ES*1* 

n  écoute  point  la  voix  d'un  Etranger,  » 

I I.  V Eglife  de  Christ  ne  fait 
point  de  Loix  &  d'Ordonnances  fans  la- 
Parole  de  Dieu  ;  Ceft  pourquoi  toutes 
les  Ordonnances  des  hommes  5  quon 
nomme  Commandemens  de  l'Eglife  » 
ne  nous  lient  qu  autant  qu  elles  font  fon- 
dées &  ordonnées  dans  la  Parole  de  Dieu. 

III.  Christ  efifeUl  nôtre  Sageffe , 
notre  Juftice  ,  nôtre  Rédemption  ,  (jr 
fatisfaclion  3  pour  les  péchez  de 
tout  le  Abonde  >•  Ceft  pourquoi  recon- 
noître  un  autre  mérite  à  falut  ,  &  ( 
une  autre  fatisfaclion  pour  le  péché  , 

B  z        ceft  ' 


2  S  Hifloire  de  la  B^éformation 
1528.  cefi  renier  Jésus  - Christ. 

Dïxrl'  *  ^'  ^n  ne  Pcut  $omt  ProHver  Par 
fc  pro.  l'Ecriture  Sainte,  que  le  Corps  &  leSang 

pofées    de  Jesus-Christ  [oient  reçus  réelle- 

pour  la  ment  &  corpore'dement  dans  le  pain  de 

l'Euchariftie. 

V.  La  Meffe  >  telle  quelle  efl  main- 
tenant en  tifage  ,  où  l'on  facrifie  Jé- 
sus* Christ  a  Dieu  le  Pére  ,  pour  les 
péchez  des  vivans  &  des  morts  >  es! 
contraire  a  l'Ecriture  >  un  outrage  fa- 
crilége  que  l'on  fait  au  tres-Saint  Sa- 
crifice  ,  a  la  Pajfion  &  a  la  mort  de 
Jesus-Chiust  j  &  a  caufe  des  ahm 
qui  s'y  commettent  y  une  abomination 
devant  Dieu. 

VI.  Comme  Jesus-Christ  ejl  mort 
feul  pour  nous  ,  auffi  faut-il  qu'il  foit 
le  feul  que  nous  invoquions  ,  comme  nô- 
tre Médiateur  &  nôtre  Intercejseuryentre 
Dieu  le  Pére  3  &  nous  les  Fidèles  :  Ain  fi 
c'eft  fans  aucun  fondement  pris  de  l'E- 
criture ,  qu  on  nous  propofe  a  invoquer 
d'autres  Médiateurs  &  Interccfieurs  , 
qui  font  morts, 

VII.  On  ne  trouve  point  dans  l'E- 
criture j  qu'il  y  ait  après  cette  vie  au- 
cun Purgatoire  ,  ou  lieu  ,  dans  lequel 
les  ames  foient  purgées  par  le  feu,  C'eft 
pourquoi  tous  les  Services  qu'on  a  intro- 
duits , 


de  la  Suffi.  L I  v.  IV.  29 
dmts ,  pour  les  Morts,  comme,  nulles,  1  528. 
Méfies  pour  les  Morts  ,  Offices  ou  Con-  Q^f*s 
vois  funèbres  ,  les  oblations  du  feptiéme  ^Difptnei 
&  du  trentième  jour  >  les  Anràverfai-  de  Ber- 
res  y  les  Lampes ,  les  Cierges  ,  &  autres  NE« 
cbofes  de  cette  nature ,  font  inutiles. 

VIII.  Faire  des  Images  pour  leur 
rendre  un  honneur  religieux  3  efl  une 
cbcfe  contraire  à  la  Parole  de  Lieu  , 
tant  de  £  Ancien  que  du  Nouveau  Tef- 
tament.  Ce  si  pourquoi  il  faut  les  abo- 
lir y  quand  il  y  a  du  danger  ,  qu'on  m 
leur  rende  un  honneur  religieux. 

IX.  Le  Saint  Mariage  ri  efl  défen- 
du a  aucun  ordre  d'homme  dans  ÏEcù- 
ture  ;  mais  il  efl:  ordonné  a  tous  les  or- 
dres éga'emevt ,  pour  éviter  la  fornica- 
tion &  l'impudicité. 

X.  D'autant  que  5  félon  F  Ecriture*) 
un  paillard  manifejle  doit  ttre  excommu- 
nié >  il  fuit  de  la,  qu'il  n'y  a  point  d'ordre 
d'hommes ,  a  qui  la  Paillardife  foit  plus 
pernicieufe,  qu'aux  Eccléfiafliques3a  cau- 
fe  des  fc  and  aie  s  qui  s'en  enfuivent. 

I  I.  Le  Mardi  7.  Janvier  ,  *  la  f*tm 
I.  The'se  fut  mife  fur  le  tapis  ,  &:  i^Se* 
agitée  pendant  cinq  jours.    Ce  fut 
Bcrcbtold  Haller  qui  /îc  l'Ouverture 
delaDifpute.  Après  avoir  JùlaThé- 
fe,  il  fit  un  petit  difeours  pour  l'c- 

*  Ex  Aft.ip.  1.  B  3  chi- 


30  Hijloire  de  la  Kéformation 

ï  528.  claircir  6c  la  prouver.  Il  commença 
I.  Théfe  par  remarquer,  {a)  >,  lO.Quon  avoic 

ler.      "  Pour  diver/ês  raifons,  particulie- 
rs rement  à  caufe  de  l'ambiguïté  du 
33  mot  â'Eglife  ,   que  Ton  prenoit 
53  en  divers  fens ,  &  dont  le  Cler- 
33  gé  Romain  abufoit ,  pour  domi- 
?3  ner  fur  les  confciences  fous  ce 
,3  nom  fpécieux  &c.    Que  le  mot 
))Eg!ife  eft  Grec  d'origine,  (  ««aW*) 
y,  &  lignifie  une  afiemblée  :  qu'ain- 
si fî  l'Ecriture  entend  3  (b)   par  ce 
33  mot  ,    ïafiemblée  des  bons  &  des 
,3  méchans  ,  qui  croyent  en  Jesus- 
33  Christ  3  qui  pour  cette  caufe  eft 
appellée  le  Corps  de  Jesus-Christ 
„  (  Ephef.  IV.)  Se  dans  le  Symbole  > 
3,  la   Communion   des  Saints  :  Que 
,3  comme  chaque  Aftembléc  ou  Socié- 
3,  té  a  quelques  avantages  communs^ 
3,  ainfî  l'Eglife  a  auflî  certains  avan- 
5,  tages  communs  :  un  même  Corps , 
,3  un  même  Efprit >un  même  Seigneur  ^une 
53  même  foi  écc.(Epbef.l  V.)  leChef 
»  de  cette  Eglife  (c)  eft  Jésus- 
,3  Christ  (  £/>/;.  V.  )  qui  la  gou- 
verne  ,  la  protège  ,   &  la  fup- 
3,  porte  dans  fes  infirmitez  :  Que 

corn- 

M      pag.  S-  W  p.  <?•  M  P-  7- 


de  la  duijje.  Liv.  IV.  3f 

s,  comme  la  vie  Se  la  fanté  du  corps  I  5  2  8 • 
3,  dépend  de  ion  union  avec  la  tête,  L  Théfe 

fans  qui  tous  les  membres  font^^l,rs 
5,  fans  vie  6c  fans  force  ,  ainfi  laLLR> 
>,  vie  &  le  falut  des  fidèles  dépend 
5,  de  la  conduite  de  Jésus-Christ  , 

&  de  la  force  qu'ils  tirent  de  lui 

par  la  communion  qu'ils  ont 
,î  avec  lui  (  Jean  XV.  )  de  là  vient 
0  qu'il   eft  appelle  le   Stuvcur  de 

{on  corps,  d'où  il  s'enfuit,  qu'il 
33  n'y  a  aucune  Créature  qui  puif 
55  fe  être  ainfi  Chef  de  l'Eglife, 
„  pour  répandre  les  dons  de  Dieu 
33  dans  nos  cœurs,  pour  nous  for- 
55  tifier  5  nous  CGiïiOicf  3  ce  iiGî«^ 
5>  conduire ,  &:  en  un  mot ,  être 
3,1e  Sauveur  du  Corps  de  Jésus 
,  Christ. 

20.  Que  cette  (a)  Eglife  eft  née 
3  de  la  parole  de  Dieu  ,  dans  le 
,  tems  ,  ayant  été  élue  de  Dieu, 
3  avant  la  Création  du  Monde  5 
,  parole  que  Dieu  rend  vivante  & 
»  efficace  dans  nos  cœurs  ,  &  qui 
,  n'eft  point  autre  que  celle,  qui 
,  eft  dans  l'Ecriture ,  &  qui  eft 
,  prêckée  extérieurement. 

Oue  comme  l'Eglife  eft  renou- 
B  4  vellce 

(*  )  pag.  S. 


32  Hiftoire  de  la  Ké for  mat  ion 

I  528. 55  vellée  &  régénérée  par  cette  pa- 
nifpute rôle  >  aufti  y  eft  -  elle  toûjours 
de  Ber-  3J  attachée  ,  &   n'écoute  point  la 
I.Théfe.  93  voix  ^e  l'Etranger.  D'où  il  con- 
„  cluoit  3    (a)  que,  ce  que  FEcri- 
5>  ture  appelle  l'Eglife  >  eft  laffent- 
s>  blée  entière  de  ceux  qui  fe  con- 
fient  &  qui  croyent  en  Dieu  par 
„  Je  s  us -Christ,  &  non  pas 
53  les   afTemblées    des  Eccléfiafti- 
„  ques  ,  &  que,   ni  le  Pape  ,  ni 
„  aucune   autre    Créature  n'eft  le 
5,  Chef  de  l'Eglife,  mais  Je  su s- 
9j  Christ  feul. 

5,  Apièsce  dilcours  on  appella 
&  ps:  leurs  noms  tous  les  afliftans, 
53  de  tous  Ordres ,  Suifles  &:  Etran- 

33  gers  ;  dont  les  uns  approuvé- 
33  rent  la  Théfe  ,  &;  d'autres  la  re- 
33  jetterent.  Elle  fut  vivement 
3,  combattuë ,  &  elle  occupa  le  ta- 
3,  pis  pendant  cinq  jours  &  demi. 

Difcours  Jean  CEcolampade  (b)  fe 
d  oeco-,  |eya  Sabord  >  &  dit  >  que  com- 
33  me  on  acculoit  les  Proteitans  de- 
33  tre  des  rebelles  &  des  Apoftats 
3,  de  l'Eglife  ,  il  fouhaitoit  de 
>3  répondre  en  deux  mots  3  à  ce  re- 
9)  proche  j  Que  chacun  doit  régler 

fa 


de  la  Suffi  Liv.  IV.  3? 

,  fa  conduite  d'une  manière  à  pou-  1528. 
y  voir   en  rendre  compte  devant  Bîfpute' 
,  Dieu  j  Que  comme  Jerufalem  eft  de  Bêr- 
,  appellée  dans  les  Prophètes,  quel-  £Efhéfe. 
>  quefois  la  Sainte  Cité ,    à  caufe  Difcours 
,  de  fes  habitans  ,  &  quelquefois  d'oeco.  % 
,  fpirituellement  Sodome  &  Egypte?  am^a  * 
,  à  caufe  de  fon  Idolâtrie ,  6c  qu - 
,  ainfi  fes  Jiabitans  ,  qui  rejettoient 
,  fon  idolâtrie,  ne  méritoient  pas 
„  le  nom   de   rebelles  Se  d'Apo- 
„  ftats  ,  &c.  Ouû  en  eft  de  même 
5J  aujourd'hui.     On  ne   peut  pas 

donner  ce  nom  à  ceux  qui  per- 
sévèrent dans  la  foi  en  Jésus - 
yy  Christ,  &c  pour  l'Amour  de 

lui  ont  de  la  Charité  pour  tous 

les  hommes.  Or  j'appelle  ifi  la  foi, 
$y  dit-il,  {a)  non  pas  la  connoiffance 
5,  de  tous  les  articles  particuliers  de 
3,  l'Ecriture  ,  mais  la  Confiance  en 
„  Dieu  &  en  Jesus-Christ Jon 

Envoyé ,  par  laquelle  Foi  on  efl 
,,  difpojé  à  écouter  la  parole  de  Di.u, 

&  dans  un  tel  défir  ,  on  cfl  difpofé 

a  renoncer  plutôt  au  monde  entier  r 
7)  qua  cette  foi  &c. 

Alexius  Gratt',  Dominicain, 
„  (*)  Confefieur  des  Rcligieufcs  du 

B  5       Mena.-  .v  pùrr$ 

U)  pag.II,  {b)  p.  n.&fuiv.  OV« 


34  Hiftoire  de  U  déformation 

X  528.  »  Monaftere  de  Vile,  à  Berne,  fe 
vîfpute  „  mit  fur  les  rangs  pour  combat- 
^  Ber"  v  tre  la  i.Théfe  :  il  avoiioit  que 
LThéle.  v  Jésus  -  Christ  eft  véritable- 
Difpute  „  ment  le  feul  Chef  de  TEglife,  à 

furla/>r/  55  l'égard  de  l'influence  de  grâce  & 
mante  de  j  i  .  r  •  n 
s.  P/Vrr* "  ^e  *a  vie  iplfitueJle  qu  il  corn- 
ée, n  munique  à  fes  membres  :  &  il  le 
33  prouva  par  divers  pâifegcs3(Ephef 
„  I.  &IV.  y^w.  I.)  Mais  il  préten- 
?3  doit  qu'on  ne  peut  pas  dire  qu'il 
33  foit  VUnique  Chef  de  l'Eglife  > 
3>  fes  raifons  étoient  io,  Que  ce  mot 
33  ne  fe  trouve  en  aucun  de  ces 
,3  paflages  :  20.  Que  la  tête  3  outre 
,>  la  proprieié  de  donner  la  vie 
,3  au  Corps  5  a  aufli  celle  de  la 
33  diriger  dans  fes  opérations  ex- 
33  térieures.  3°.  Que  Jésus- Christ 
„  en  quittant  la  Terre  ,  a  laifle 
En  Lieutenant  à  fon  Egjife,  dont 
,3  le  pouvoir  s'étend  même  jufqu'au 
33  Ciel  }  ce  qu'il  voulut  prouver 
3,  par  deux  paflages,  (Jeanl.)  Je- 
9>  sus  -Christ  dit  à  S.  Pierre, 
3,  Tu  c s  Simon  fils  de  Jean  ,  Tu  fe- 
ras  appelle  Céphas ,  ce  qui  sexpli- 
3,  que  par  Pierre,  Or  Cephas  >  dit- 
3,  il ,  eft  Grec  3  ck  flgnirle  un  Chef 
3,  &  (Matth.  XVI.)  Tu  es  Pierre,  & 
3,  fur  cette  Pierre  àcA.  Hallei 


de  la  Suffi  Ll  v.  IV.  35. 
Huiler  lui  répondit,  io,  Que  ii  Difpute 
„  ce  mot  ne  fe  trouvoit  pas  f0r-^BtK" 
,,  mellement  dans  l'Ecriture  ,  on  y  i.xhéfe. 
3,  trouve  la  chofe  :  puifque  S.  Paul 

dit,    que  Jésus -Christ    eft  le 

Sauveur  de  fon  Corps  (Ephef  V.  ) 
3;  ce  qui  ne  convient  à  aucune 
,j  Créature  ;  &  l'Apôtre  fait  aflez 
,,  voir  que  Jésus  -  Christ  eft  le 

Chef  unique  ,  par  cette  raifon  , 
5,  qu'il  dorine  la  vie  à  fon  Corps. 
3,  Or,  ni  S.  Pierre  ,  ni  le  Pape  ne 
3,  font  point  Sauveur  &c.  20.^Vil 
5,  eft  aufli  eifentiel  au  Chef,  ou  à  la 
3,  Tête  3  de  conduire  fon  Corps  3 
3,  &:  de  le  défendre  :  Que  c'eft  auf- 
3,  fi  ce  que  Jésus -Christ  fait  à 

fon  Eglife  :  Dieu  dit  dans  les 
33  Prophètes,  //  J  aura  un  feul  Roi, 
3,  qui  dominera  fur  tous.  Et  fans 
3,  Jésus  -  Christ  fcs  membres  ne 
p,  peuvent  rien  faire,  comme  il  le 
3,  difoit  lui-même.  (Je.in.  XV.  )  Il 
3,  conduit  fes  membres  à  une  vie 
3>  Sainte  ,  au  lieu  que  le  Pape  don- 
5>  ne  des  Indulgences  ,  pour  répan- 
3,  dre  le  fang  Chrétien.  30.  Que  le 
,3  Lieuter\ant  que  Jesus-Christ  a 
?,  laiffé  à  fon  Eglife  ,  en  quittant 
j,  la  Terre  ,   c  eft  le   S,  Efprir  ; 

B  6  comme 


36  Hijloire  delà  déformation 

I  528.  53  comme  il  le  dit  >  (Jean  XVI.)  40. 
Eijpute  55  Que  S.  Pierre  n'eft  point  appellé 
fa  Ber.  99  [a  pierre  fohd Mentale  de  l'Eglife, 
I.Théfe  99  nl  P'mre  M&ulaire,  mais  qu'il  a  été 
'  33  une  pierre  bâtie  fur  le  fonde- 
ment  qui  eft  Jésus  - Christ, 
3,  comme  il  le  dit  lui  -  même  ,  au 
?>  Chap.II.    de    fa  I.  Epitre.  50. 
s,  CVenfîn  Cephas  eft  un  mot  Sy- 
3-,  iaque  ,    &  non  pas  Grec,  qui 
fignifie  une  pierre ,  &  non  pas  une 
5,  tête,  ou  un  Chef. 

Martin  Bucer  (a)  prit  ici 
„  la  parole;  il  réfuta  la  diftinction 
3,  des  deux  ordres  de  propriétez,que 
33  le  Dominicain  5  attribuoit  à  la 
„  tête  3  &  la  conféquence  qu'il  en 
tiroit,  en  dilant,  que  fi  enfeigner 
,3  &:  conduire  eft  une  propriété  du 
„  Chef,  ce  n'eft  pas  pourtant  une 
53  propriété  qui  donne  à  une  per- 
fonne  la  qualité  de  C/;^/  de  l'E- 
glife  ,  dans  Je  fens   que  cette 
3,  dignité  eft  attribuée  à  Jesus- 
Christ  qui  eft  le  Chef  de  TE- 
33  glife,  parce  qu'il  lui  donne  le  fâlut 
5,  &la  vie,  au  lieu  que  ni  S.  Pierre, 
„  ni  aucun  autre  Apôtre  n'a  pu 
?i  faire  autre  chofe  ,  que  prêcher  ex- 
térieur 

U)  pag.  ig. 


de  la  Suife.  L I  V.  I V.  37 

o  térieurement ,  ce  qui  eft  fans  force  152g- 
3>  fi  Jésus  -  Christ  ne  donne  erE- pi/pute 

cace  a  la  parole  dans  les  Cœurs, de  B**- 
»  aufïi  l'Ecriture  appelle  leur  em-j^ 

ploi  *rw  Miniftere  ,  (1.  Cor.  IV.)  Il 
,5  déhoit  donc  le  Dominicain ,  de 
3,  citer  un  pafiage  de  l'Ecriture, 
3,  qui  fit  voir  que  l'emploi  &  Tau- 
3,  thoricé  de  S.  Pierre  lui  acqueroit 
,x  le  titre  de  Chef  de  TEglife. 

Le  Dominicain  (a)  allégua  io0 
ce  que  Jésus  -  Christ  dit  a  S* 
Pierre,  (Luc.  V.  )  Conduis  ta  barque 
3J  avant  dans  la   Mer 3  /« 

filets  &Cé  &  voulut  citer  l'expli- 
cation de  S.  Ghryfoftome  fur  ce 
fujet  :  mais  comme  cela  étoit  con- 
tre les  Réglcmens  de  la  Difpute, 
les  Préfidens  ne  voulurent  pas  le 
lui  permettre.  Il  cita  donc  20.  ce 
que  Jésus- Christ  dit  encore  à. 
Pierre  ,  (Luc.  XXI.  )  J'ai  prié  pour  ta* 
foi  ,  afin  quelle  ne  défaille  point  :  toi 
donc,  quand  tu  feras  converti ,  fortifie 
tes  frères:  30.  le  paffage  de  Matthieu 
XVI.  Tu  es  Pierre  StC.  40.  Jean.  XXL 
J3  Pai  mes  brebis  >  d'où  il  concluoic 
3,  que  S.  Pierre  &  fes  SuccelTeurs 
3j  ont  reçu  le  pouvoir  de  conduira 
B  7  & 

{a)  pag. 


3  8  Hiftoire  de  la  Réformation 

I  528.  »  &  d'enfeigner  l'Eglife  fur  la  Ter- 
Bifpute  3,  re  3  ce  qu'emporte   l'emploi  de 
a<?  Bek-  u  paître},  aufli-bien  que  de  faire  des 
l.Théfe.  53  Ordonnances.    50.  Que  l'Ecriture 
3,  donne  le  nom  de  Chef,  à  d'autres 
3,  emplois  de  moindre  dignité,  com- 
me  quand  Samuel  difoit  au  Roi 
Saiïl)    (1. Sam,  XV.  )    Quand  tu 
étois  petit  a  tes  yeux >  tu  as  été 
,  ,j Vit  Chef  dans  les  Tribus  d'Jfracl, 
&  Amos  VI.  Les  principaux  Chefs 
3,  des  peuples.     60.  Que  fi  S.  Paul 
donne  à  l'emploi  des  Apôtres,  le 
jy  nom  de  Minîftere,  cela  ne  déroge 
3,  point  à  fa  dignité  ,  puifque  ce 
,3  titre  eft  auffi  donné  à  la  dignité 
^royale,  qui  eft  moindre  que  cel- 
53  le  du  Vicaire  de  Jésus -Christ. 
5,  70.  Que  ce  qui  eft  dit  à  S.  Pierre 
„  &  à  fes  Succeflfeurs ,  du  pouvoir 
33  de  lier  Se  de  délier  3  montre  aflez 
?3  qu'ils  font  Chefs  &c.  8°.  Pareille- 
?.  ment  ce  qui  eft  dit  aux  Apôtres* 
;,  Recevez  le  S.  Efprit>  a  quiconque 
5,  vous  pardonnerez  les  péchez  3  Us 
3,  feront  pardonnez  &c.  Ce  qui  em- 
3,  porte ,  non  pas  une  fimple  au- 
7,  thorité  de  gouverner  extérieure- 
3,  ment  5  mais  aufli  le  ^pouvoir  de 
33  dominer  fur  les  ames  ;  Que  du 


de  U  Suffi,  Liv.IV.  39 

3,refte  il  ne  vouloit  point  jufti- j  ç,  2g> 
,5  fier  quelques  abus  dont  on  fe  Difpnte 
„  plaignoit.  de  Ber- 

Bucer  lailTant  à  Ces  (a)  Collègues  le  j^fhéfe. 
foin  de  répondre  aux  paflages  ci- 
tez par  le  Dominicain  ,  fe  contenta 
de  dire.  i°.  »  Que  tout  ce  qui  eft 

attribué  à  S.  Pierre  3  &  à  fes 
„  Succeffeurs,  qui  font  ceux  qui 
„  ont  fon  Efprit  &  fa  foi  >  ne 
„  s  écend  pas  plus  loin,  qu'à  prê- 
>5  cher  extérieurement  l'Evangi- 
»  le  &c.  20.  Sav.l  fut  appelle 
„  Chef  du  Peuple  d  Ifraël  ,  parce 

qu'il  étoit  un  Roi  établi  de  Dieu, 
„  &  qu'il  a  pû  exercer  la  qualité 
yy  de  Chef,  en  gouvernant  éxtéri- 
„  eurement  ce  Peuple:  Mais  qu'il 
„  s'agit   ici    de  1  Eglife  3  qui  eft 

compofée  de  tous  les  Régénérez 
„  par  l'Efprit ,  6c  qui  mènent  une 
»  vie  divine:  Qu'il  n'y  a  perfonne 
„  qui  puiffe  conférer  ce  bonheur  là 
„  que  Jes  us-Christ  qui  feul 
„  peut  changer  les  cœurs.  30,  Que 
>,  le  pouvoir  fpiritutl  s'étend  fur 
»  les  Efprits ,  &  cft  incomparable- 
>,  ment  plus  excellent,  que  le  cor- 

porel>  mais  auili  qu'il  n'appar- 
tient 

(«)  pag.  22.  &  feq. 


40  Hifloire  de  la  déformation 

1  528.  »  tient  qu'à Jesus-Christ,  au- 
Difpute  „  cun  Apôtre,  ni  S.  Pierre  ,  n'ayant 
de  Bek-  9J  jamais  eu  le  pouvoir  de  changer 

LThêfe.  »  les  Cœurs  &c- 

Ainil  fe  parta  l'Action  du  Lundi. 

Action  Le  lendemain  S.  de  Janvier  y 
du  8-  Berchtold  Haller  (a)  ouvrit  laSean- 
janvier.  ce  ^  en  répondant  aux  partages  ci- 
tez par  le  Dominicain.  Il  ré- 
3,  péta  ce  que  Bucer  avoit  dit,  que 
„  les  Apôtres  font  appeliez  Mini- 
>,  flresy  Se  non  pas  Chefs,  ni  Sei- 
„  gneurs  ,  il  y  joignit  le  partage 
3,  de  la  1,  Corinth.  III.  Qui  eft 
3,  Paul?  Qui  eft  Apollos ,  fi  non  des 
3,  Minift.res  de  Dieu  ?  &c.  CWwi  qui 
3,  «      râ»  Sec.  &  celui  de 

3,  S.  Pierre  1.  Epit.  ch.  V.  Paijfcz 
3,  le  troupeau  de  Jésus  -  Christ, 
33  non  point  comme  ayant  domina?- 
3,  tion  &c.  Que  fi  l'emploi  de 
3,  S.  Pierre  le  faifoit  Chef  de  l'E- 
3,  glife  ,  tous  les  Apôtres  auroient 
„  été  aufli  Chefs  de  l'Eglife,  pui£ 
3,  qu'ils  avoient  tous  le  même 
?,  pouvoir^  &  que  même  S.  Paul 
3,  le  feroit  plutôt  que  lui ,  ayant 
y,  plus  travaillé (i.Corinrh. XV.) Que 
»  fi  la  fonction  d'enfeigner  donne  a 

ua 


de  la  Suijje.  Liv.  IV.  41 

„  un  homme  la  dignité  de  Chef,  1528. 
„  S.  Pierre  aura  été    Chef  feule-  DifputJ 
j,  ment  dans  les  lieux,  où  il  a.  de  Ber- 
»  enfeigné  ,  &  les   Apôtres  l'au-***.  ,r 
»  ront  ete  de  même  dans  leurs  de- 
>,  partemens  :  jgw?  ni  le  Pape,  ni 
„  aucun  homme,  ne  pouvant  en- 
„  feigner  un  pays  ,  moins  encore 
>,  toute  la  Terre  ,  aucun  d'eux  ne 
„  peut  ê:re  appelle  Chef  &c. 

Répondant  enfuite  aux  paffa- 
ges  cirez,  il  dit  10.  fur  Luc.  V.  Con- 
duis ta  barque  &c.  &  jette  tes  fi- 
lets &c.  Que  c'eft  là  un  miracle, 
„  qui  ne  donne  aucune  authorité  à 
>,  S.  Pierre,  3c  que  fi  on  le  tour- 

ne  en  allégorie  ,  il  ne  lignifie 
>,  autre  chofe,  lï  non,  qu'il  faut 
>}  être  diligent  dans  fon  emploi. 

„  O^e  les  pafTages  de  Luc, 
>,  XXII.  Fortifie  tes  frères  &c.  Se 
>,  Jean  XXI.  Pat  mes  brebis ,  empor- 
„  tent  un  Miniftére  ,  un  Service, 
„  3c  non  la  qualité  de  Chef. 
>,  Quant  aux  pafTages  de  Matth. 
>,  XVI.  3c  Jean  XX.  Je  Seigneur  y 
„  cnfeigne  une  même  chofe  :  Ce 
>,  qu'il  promet  à  S.  Pierre  en 
„  Matth  XVI.  il  l'exécute  en  S. 
»  Jean  XX,  donnant  à  lui  3c  aux 

autres 


42  Hijloire  de  la  déformation 

I  52 8* 55  autres  Apôtres  les  Clefs  du  Ro- 
Dî foute  j>  yaume  des  Cieux  3  &c.  ce  qu'il 
de  Ber-,,  appelle  dans  l'un  ,  lier  &  délier^ 
IThéfe  55  ^  l'appelle  dans  l'autre  ,  parnon- 
'  3j  fier  les  péchez  &  les  retenir  s  II 
i>  donne  ce  pouvoir ,  non  pas  à  S. 
>,  Pierre  feul,  mais  à  tous  les  Apô- 
3,  très   également  ,  quand  il  leur 
3,  dit  3  Recevez   le   S.  Efprit ,  &c. 
3,  Or  ces  mots  lier  &  délier,  pardon- 
3,  ner  &  retenir  &x.    ne  font  autre 
33  chofe  3  que  prêcher  la  parole  de 
53  Dieu.    On  lie  les  pécheurs  ,  on 
33  leur  retient  les    péchez  3  quand 
33  on  leur  déclare  qu'à  caufe  de  leur 
3>  incrédulité  ils    leur    font  rete- 
,3  nus  &c.  Comme  quand  Dieu  dit 
35  à  Jeremicj    ch.  I.    J'ai  mis  mes 
33  paroles  dans   ta  bouche  3   afin  que 
3.  tu  arraches,  que  tu  démolijfes  Sec. 

il  attribué  à  la  prédication  de 
3,  fon  Prophète  ,  ce  qu'il  fait  lui- 
3,  même.  C'eft  Dieu  feul  qui 
33  pardonne  actuellement  les  pé- 
3,  chez  3  comme  il  le  dit  3  Efaïe 
33  XLUI.  &c. 

Le  Dominicain  voulut  encore 
(a)  prouver  fa  théfe ,  10.  „  parle 
33  pouvoir  de  faire    des  miracles, 

qui 

M  P*g«  33  -  3ï» 


de  la  Suffi.  Li  v.  IV.  43 

3,  qui  fut  donné   aux    Apôtres  :  i  528. 
3,  10.  par  les  prérogatives  de  pri-  Difpme 
»  mauté  que  l'Evangile  attribué  ade  Ber~ 
>,  S.  Pierre:  Il  guériffoit  les  mala-  £ ^héfe. 
3,  des  par  l'ombre  de  fon  corps 

(Ail.V.)  Il  fut  le  prémier  à  propo- 
3)  fer  létablilïement  d'un  Apôtre  à 
3J  la  place  de  Judas,  (Ad. I.)  Dans 
5,  le  Concile  de  Jérufalem ,  il  fut 
3»  le  prémier  9  qui  dit  fon  fenti- 
3,  ment,  (Acl.  XV.)  Ce  fut  lui  qui 
33  fit  punition  d'Ananias  &  de 
„  Saphir  a.  &c.  (Ad.  V.)  Il  fut  le  pré- 
3,  mier  ,  qui  prêcha  aux  Juifs  le 
3,  jour  de  la  Pentecôte,  (Ad.  II.) 
3,  D'où  il  conduoic  >  que  S.  Pierre 

fut  établi  avec  les  autres,  TV///- 
3,  /#r  f0#/v  /<*  terre ,  lui  appli- 
„  quant,  ce  qui    eft  dit  au  Pfau- 

me  44.  (  c  eft  le  45.  félon  iHe- 
3,  breu.)  Il  t'cfl  né  des  fils  au  lieu  des 
9y  pères ,  tu  les  établiras  Princes  fur 
3,  toute  la  terre. 

Bucer  prit  ici  la  parole  ,  &  dit, 
M  »  Que  tous  les  paiTages  nouvel- 
,,  lement  citez  par  le  Dominicain 
3,  ne  prouvoient  autre  chofe  ,  finon 
33  que  S.  Pierre  avoit  été  un  excel- 
3,  lent  Miniftre  de  l'Evangile,  mais 
3,  non  le  Chef  de  lEglife  3  Et  fur 

M  pag.  56.  j  ce 


44  Hijloire  de  la  Réformation 
1528.  ce  que  le  Dominicain  demandoit  à 

df'BEK    ^OI1     tOUr  Pa^Se     ^Xprès  5 

ne.  Jésus -Christ  fut  appelle  le  Chef 
I.Théfe.  unique  de  l'Eglife  ;  il  cita  Ephef  IV. 
où  il  eft  dit ,  Un  Seigneur  ,  &  ï. 
Timoth.  IL  Un  Alédiateur  entre  Dieu 
&  les  hommes  >  ce  qui  fignifie  unfeul 
Seigneur  ,  un  feul  Alédiateur ,  com- 
me quand  nous  difons  dans  le  Sim- 
bole  >  Je  crais  en  un  Dieu  ,  cela  li- 
gnifie en  un  feul  Dnu  &c. 

Après  quelques  autres  Difcours> 
ils  fe  tûrent  tous  deux  ,  &  Theobald 
Houter  (a)  Curé  d'^ppenzell ,  entra 
en  lice.    Il  déclara  d'abord  ,>  Oîiil 
reconnoiffoit  que  Jesus-Christ 
eft  le  Chef  unique  de  l'Eglife  , 
mais  que  cependant  il  a  établi  un 
5,  pouvoir  dans  l'Eglife,  favoir  celui 
3,  de  lier  &  de  délier  >  cirant  pour  cela 
5>  le  palîage  de  Matthieu  XVI.  d'où 
5>  il  concluoit  que  Jesus-Christ  a 
donné  à  S.  Pierre  le  pouvoir  de 
3,  fa  parole  &  de  fes  ordres.  Hailer 
lui  fit  les  réponfes  qui  avoient  été 
déjà  faites  ,  ajourant  le  (/;)  partage 
d'Efaïe  XXII.  Il  ouvre  &  ptrfonnene 
ferme  ècc.  qu'il  appliquoit  à  Dieu  : 
3,  Et  que  quand  même  le  Prêtre 

don- 

0)  pag.  40. 


de  la  Suiffe.  Liv.  I  V.  45 

„  donne  l'abfolution,  cela  eft  inuri-  I  S 2 S. 
„  le  ,  fi  le  pécheur  n'en  eft  alïuré  fft"*' 

te-  ^Ber, 

?)  par  la  toi.  NE. 

Bouter  allégua  (a)  encore  pour  LTEéfel 
prouver  le  pouvoir  de  l'Eglife  >  1. 
Timoth.i.  où  S.  Paul  dit,  qui/  a  li- 
vré a  Satan  Hymenée  &  Alexandre 
&c. 

Hallcr  répondit ,     Que  le  paffage 

de  la  1.  Timoth.  prouve  le  Com- 
3,  mandement  que  Jesus-Christ  a 

donné  à  chaque  Eglife  ,  ou  Pa- 
>,  roilTe,  d'excommunier  &  d'ex- 
>,  clurre  les  pécheurs  fcandaleux  , 
S,(^r//;.XVIII.)  îl  cita  encore  pour 

cela  l'excommunication  lancée  par 
„  l'Apôtre  contre  l'inceftueux.  (I. 
5,  Corinrh.  V.)  étant  prefent  en  efprit 
dans  l'alTemblée  des  Fidèles  de 
Corinthe.  Et  fur  ce  que  le  Curé  fe 
félicitoit  de  ce  que  Haller  reconnoiC- 
foit  ce  pouvoir  de  TEglife,  Haller 
lui  répondit  ,  Que  ce  Comman- 
3,  dément  donné  par  le  Seigneur  à 
5,  chaque  Eglife  ,  d'excommunier 
9%  les  fcandaleux  ,    n'emporte  pas 

un  pouvoir  abfolu  ,  dont  l'Egli- 
3>  fe  puifle  ufer  à  fon  gré  ,  mais 
,3une  authoiiié  ;  qui  tende  au  ûlut 

des 

(*J  iag.4f. 


46  Hijloire  de  la  déformation 

I  Sf8.     des  pécheurs.  répliqua  que 

dffrtT*  73  CCttC  allth°r^  fuppofè  un  pouvoir 
Nti  "  33  donné  à  i'Eglife  ,  Ergo  au  Pape. 
LThêTe.  3,  Hallcr  répondit ,  (a)  Que  ce  pou- 
>,  voir  a  été  donné  ,  non  pas  à  1  E- 
>j  glife  Univerfelle,  (qui  ne  peut  ja- 
»  mais  s'affembler,  )  ni  à  FEglife, 
»  qui  eft  l'ArTemblée  du  Pape  & 
j,  des  Prélats  >  (  car  il  en  ccûteroit 
,>  trop,  fi  Ton  ne  pouvoit  excom- 
9,  munier  un  pécheur  ,  que  dans  de 
5>  telles  aflemblées ,  )  ni  au  Prélat 
3>  ou  à  TEvêque  feulement  3  (  car 
53  il  n'eft  qu'une  perfbnne  feule  5  ) 
3>  mais  à  chaque  Egîife  particulière, 
„  qui  s'attache  à  la  Parole  de  Dieu, 
3>  &  dans  le  fein  de  laquelle  fe  trou- 
33  ve  le  pécheur  fcandaleux.  Ainfi 
5,  FEglife  de  Rome  a  le  pouvoir 
,3  d'excommunier  le  Pape,  s'il  étoit 
un  pécheur  fcandaleux.  Tel  eft 
33  auffi  le  pouvoir  de  toutes  les 
3,  Eglifes  3  de  celle  de  Berne,  d'Ap- 
;.  penzell  &c.  Qu'enfin  il  faut  bien 
33  remarquer  3  que  ce  pouvoir  a  été 
établi  du  Seigneur  ,  non  pas  pour 
3)  le  faire  payer  des  dettes  pécuniai- 
33  res  ,  comme  on  a  miférablement 
33  abufé  jufqu'à  ce  tems-la  3  mais 

fcu- 

O)  pag.  48. 


de  la  Sniffe.  Liv.  IV.  47 
3)  feulement  pour  écarter  les  péchez  1  528. 
„  &  les  fcandales  ,  &c.  /beT 

Ici  Ulrich  Zuingle  (a)  prit  la  pa-  N.E>  R~ 
rôle  ,  &  fit  un  Difcours  pour  éclair-  Difcours 
cir  cette  matière  de  l'Excommuni-  dez«<»- 
cation  ,  &;  fatisfaire  aux  obje&ions^  ' 
du  Curé.    Son  Difcours  revient  en 
fubftance  à  ceci  :  Que  le  paiTage  de 
JVlatth.  XVIII.  Disle  a  fEglife  ,  s  il 
refufe  a  écouter  YEglife  3    qu'il  te  (oit 
comme  un  Païen  ,   &c.  ,5  fait  voir 
v  que  le  pouvoir  d'excommunier 
3,  n'appartient  ni  à  un  homme  >  ni 
3,  à  deux,  ni  à  trois  ,  (  qui  ne  peu- 
,y  vent  qu'avertir  en  particulier  5  ) 
3,  mais  à   lEglife  >  qui  exerce  ce 

pouvoir  avec  fon  Pafteur  5  encore 
5>  ne  réxerce-t-elle  qu'après  avoir 
„  averti  charitablement  le  pécheur  : 
5,  Que  S.  Paul  n'a  pas  excommunié 
5,  feul  l  lnceftueux  de  Corinthe  , 
5J  mais  de  concert  avec  1  Eglife,  ni 
3J  par  un  pouvoir  abfolu  3  mais  au 
3,  nom  &  en  l'authoriré  du  Seigneur 
s,  Je  fus  ;  Que  ce  qu'il  dit  ,  pour  la 
,3  dcHruclion  de  la  Chair  y  fignifie  une 
3,  defiruclion  extérieure  ,  l'Excommu- 
3,  nication  n'étant  autre  chofe,  que 
^l  exclufion  d  un  mauvais  membre, 

qui 

(«)  pag.  49-  S4« 


48  Hifîoire  de  la  BJ formation 

l  528-  î>  qui  eft  déjà  auparavant  rejette  de 
Bifpute  35  Dieu;  &  une  déclaration  de  cequ'rl 
neB£R"  55        cornme  f°us  la  L°i  les  Sacri- 
Icfhèfe.  53  ficateurs  ne  faifoient  pas  les  Lé- 
Dilcours    preux  ,  mais  les  éxaminoient  ,  & 
gîeZUm~  »  après  les  avoir  vus  tels  ,  les  éx- 
55  cluoient  des  Aflemblées  &c.  Qu'il 
35  ne  s'enfuit  nullement  de-là,  qu'il 
3,  y  ait  un  autre  Chef  que  Jesus- 
35  Christ  dans  l'Eglifè  $  puifque  le 
pouvoir    d'excommunier    eft  le 
>3  pouvoir  de  Jésus-Christ.  Une 
,>  excommunication  injufte  étant  une 
,5  tyrannie  :  Que  fi  S.  Paul  dit  avoir 
3,  livré  à  Satan  Alexandre  3c  Hjme- 
y,née  5  cela  ne  veut  pas  dite  5  qu'il 
3,  l'ait  fait  feul  ,  mais  de  concert 
3>  avec  l'Eglifè  ,  dont  ils  étoient 
3>  membres  5  &c. 

Ainfi  fe  paffa  l'Aftion  du  8.  Jan- 
vier. 

Aftion  Le  p.  la  Difpute  (a)  ayant  paru 
^n  9:  un  peu  partiale  à  quelques-uns  3 
*  N  '  parce  qu'il  y  avoit  plr.fieurs  Savans 
à  la  Table  des  Jvliniftres  5  &  pref- 
que  perfonne  de  l'autre  côté  3  les 
Préfidens  ,  par  ordre  du  Sénat ,  di- 
rent j  Que  ceux  qui  voudroient  at- 
taquer la  I«  Théfe  ,  devoi.nt  fe 

trou- 
va) pag.  S4-  v>.--vi 


de  LîSuijJe  Li  v.  IV.  49 
trouver    tous  enfemble    dans    le  I  S 2  8. 
Chœur  ,  Se  choifir  les  plus  habiles  pl^Hte 
dtntreux,  pour  porter  la  parole  NE> 
pour  tous  ,  Se  que  les  plus  Savans  i.Théfe 
dévoient  fe   tenir  près  d'eux  pour  ^l0n 
leur  aider  &c.  [  La  même  choie  fut  |^nv9j'er, 
auffi  permife  aux  Miniftres.  J  Et  que 
ceux  qui  voudroient  difputer ,  de 
part  Se  d'autre  ,  dévoient  mettre 
fur  le  papier  le  neceffaire  ,  Se  lailTer 
le  refte  :  Outils  pouvoient  fe  prêrer 
fecours  mutuellement  ,  envoyer  des 
billets  j  Se  qu'on  ne  devoit  refufer 
à  perfonne   le    pouvoir  de  par- 
ler. 

Après  1  exécution  de  ces  ordres  , 
on  appella  le  Docteur  {a)  Conrard  ^  j'J 
Traigaer  ,  ou  Trejer  de  Fnbourg  en  même. 
Suitfe  ,  Provincial  de  l'Ordre  de  S. 
Auguftin  ,  parce  que  les  Miniftres 
de  Strasbourg  l'avoient  déjà  invite 
à  difputer.  Il  parut  >  Se  entra  en 
Difpute  ,  mais  après  avoir  proteflé, 
qu'il  n'étoit  là  ,  ni  delà  part  de  fes 
Seigneurs  de  Fribourg  ,  ni  de  la 
part  de  l'Evêquc  de  Laufanne,  mais 
uniquement  pour  Ton  propre  comp- 
te ,  Se  que  s'il  difputoir  ,  c'étoit 
par  déférence  pour  LL.  EE.  de  Ber- 

Tom.  //.  C       ne  , 


50  Hifioire  de  la  Réformation 
528.  ne,   foûmettant  fes  fentimens  au 
*'b"r-  iuSement  d«  l'Eglife  Chrétienne  & 
i.       du  Concile  général.    Il  dit  d'abord 
Théfe.  „  Cte  les  deux  premières  Théfes 
n  croient  pas  oppofées  à  la  véri- 
3>  ré  ,  à  les  prendre  au  pied  de  la 
55  lettre  >  mais  quelles  étoient  errc- 
>>  nées  dans  le  fens  qu'on  y  atta- 
choit.  Il  y  oppofoit  les  deux  Thc- 
5,  les  fuivantes. 

La  S.  Eglife  Chrétienne  >  qui  efl 
?5  éternellement  conservée  &  conduite 
5>  ï  Efprit  de  [on  Epoux  >  comme 
,3  n  écoute  point  la  voix  de  /'£- 
33  tranger  5  4#/7j  quiconque  n  écoute  pas 
)<ifa  voix  )  eft  étranger  3      *  Elle  & 

4  C/;r//?  Epoux. 

5  3  CV(?  pourquoi  elle  les  fépare  du  ber- 
,3  C4*7  Chrétien  y  comme  des  deflrucleurs 

^  l'Unité  Chrétienne  ,  tfte-f  fo're- 
,>4iques  ■>  &  il  fe  trouve  en  elle  ,  qui 
„ejl  la  Colomne  &  le  fondement  de 
3  3  la  vérité  $  un  fouverain  pouvoir  > 
5,  pour  décider  les  matières  de  foi. 

Pour  appuyer  fes  deux  Théfes, 
il  dit  ,  3,  Que  quand  il  s  eleve  dans 
„  l'Eglife  des  divifions  fur  les  ma- 
53  tiéres  de  foi  ,  il  eft  néceflaire  qu'il 
53  s'y  trouve  un  Juge  ,  pour  chaf- 
,>  fer  du  Troupeau  les  loups  ravif. 


delà  Suïijc.  Lî  v.  IV.  SI 
„  fans  ,  8c  pour  montrer  qui  eftun  1)28- 
„  Pafteur ,  ou  un  Loup.    Ce  Juge 

ceflTEglife,  comme Jesus-Christ  n/e>  ER~ 
j,  a  dit,  SU  n  écoute  pas  ÏEglife,  qu'il  i.Thèfe. 
5)  te  [oit  comme  un  Pdien  >  &c. 

Wvlffgang  Fabrice  Capiton  {a)  prit 
ici  la  parole,  8c  dit  >  „  Que  l'Eglife  ^feours 
„  eft  l'afTemblée  en  efprit  de  tous  les  £n**  " 
5,  fidèles  ,   comme  membres  d'an 
3,  Corps  ,  vivifiez  &  conduits  uni- 
quement  par  leur  Chef  Jesus- 
Christ  ,  fuivant  ce  que  dit  S. 
;)  Paul ,  ï homme  spirituel  nefl  jugé  de 
5>  perfonne  ,  &  juge  de  toutes  ebofes  > 
5,  (I.Cor.)  Ainfi  l'Ecriture  étant  l'ou- 
vrage  de  l'Efprit  de  Dieu  ,  nul 
3,  autre  moyen  extérieur  n'eft  plus 
3,  propre  ,  pour  rejetter  les  erreurs 
>,  ôcc.  Elle  montre  les  fruits  de  l'ef- 
55  prit  j  &  l'Eglife  regarde  comme 
des  Loups  ceux  qui  en  font  def* 
tituez  ,  Se  les  chalfe  non  par  fa 
33  propre  authorité,  mais  par  celle 
„  de  Jesus-Christ.   Comme  Trejer 
>>  objectoit  ,  que  fi  le  fp'trituel  juge 
3,  de  toutes  ebofes  ,  il  juge  donc  auïli 
5>  de  l'Ecriture  :  Capiton  lui  répon- 
dit ,  Qu\\  juge  des   chofes  qui 
font  foûmifes  à  fon  jugement.  Or 
C  2     ,  IE- 


52  Hiftoin  de  la  Réformât  ion 

1528.  „  l'Ecriture  n'efl  foûmife  au  jnge- 
DifiHte  ment  de  perfonne  :  Quant  au  paf- 
"  »  fage  de  Matth.  XVIII.  S'il  nécou- 
I.Théfe.  >yte  pas  l'Eglife  :  il  s'agit  là  d'une 
dCa?  ,5  ^8^e  particulière  ,  qui  eft  con- 
ton.  duite  par  l'Efprit ,  à  la  charité 

?,  &  à  la  foi ,  &  qui  ne  fait  rien 
o  que  ce  que  le  Seigneur  opère  en 
„  elle  &c.  Enfin  qu'il  ne  s'agit  pas- 
3>  là  d'un  jugement  de  l'Eglife,  pro- 
3,  nonce  fur  une  difpute  de  Reli- 
*>gion  ,  mais  prononcé  contre  un 
pécheur  ,  félon  qu'il  eft  dit  , 
Si  ton  frère  a  péché  contre  toi  , 

(^Traiguer  répliqua  >>  i°  Que 
Repli-  >>  îuger  l'Ecriture  n'eft  pas  la  rejet- 
que  de      ter  ,  mais  c'eft  reconnoître  fi  elle 

Traiguer    ^  a  ^  ^crite  paf  l5£fprjt  deDieUj  Ce 

3,  que  les  Proteftans  ne  peuvent  pas 
3,  refufer  à  TEglife  Chécicnne,  puis 
,3  qu'ils  fe  rattribuënc  eux-mêmes 
3,  jugeant  des  Livres  de  l'Ecriture  , 
3,  Se  faifant  un  très-grand  cas  de 
3,  quelques-uns  ,  comme  des  qua- 
3,  tre  Evangiles  &c.  pendant  qu'ils 
33  en  rejettent  d'autres  5  quoi-que 
3,  reconnus  pour  Canoniques  de- 
33  puis  mille  ans  >   comme  ÏEpîtr 

d 

M  pag.  6u 


deUSuijfe.  Liv.  IV.  53 

de  S.  Jaques  ,  ÏApocalypfe,  Se  quel-  I  528. 
5,  ques  autres  :  d'où  il  s'enfuit  que  Dijpute 
,,1'Eglife  à  ce  pouvoir  aufli  -  bien  ^  Ber- 
55  qu'eux  ,  fuivant  ce  qui  eft  écrit ,  x.  Théfe. 
>,  Eprouvez  les  Efprits  >   s'ils  font  de  ni/cours 

*  Dieu  &c.  ctJrMi' 

3,  20.  Que  fuppofé  que  le  pafla-° 
,3  ge  de  Matth.  XVIII.  (  S'il  ntcou- 
33  te  pat  ÏEglife  )  regarde  un  jnge- 
,3  ment  prononcé  fur  un  péché  ,  ce- 
3,  la  ne  détruit  point  fon  alTertion> 
33  puitqu  il  n'y  a  point  de  plus 
„  grand  péché ;  que  d'exciter  des 
3,  divifions  dans  la  foi  5  Se  de  faire 
,3  des  fchimes  Se  des  feftes  5  Que 
53  de  plus  il  eft  évident,  que  le  Sei- 
33  gneur  y  pari:  du  fcandale  3  puif- 
5j  qu'il  dit  y  fi  un  membre  te  donne  du 
3,  fcandale  ,  coupe-le  ,  &  le  jette  loin 
3>  de  toi  i  ce  qu'il  faut  entendre  des 
5,  membres  fpirituels  dn  Seigneur  , 
3>  à  qui  il  arrive  de  donner  du  fean- 
3,  dale  5  or  il  n'y  en  a  point  de 
3>  plus  grand  >  que  celui  d'exciter 
3,  des  divifions  6c  des  fchifmes. 

55  3°.  Enfin  qu'il  ne  s'agit  pas- 
„  là  d'une  Eglife  particulière  ,  qui 
33  peut  errer  ,  Se  par-!à  eft  rneapa- 
s>  ble  de  juger  des  matières  de  foi, 
53  mais  il  faut  que  nous  ayons  un 
C  3  Juge 


J4  Hifioire  de  la  Reformât  ion 

I  528.  „  Juge  infaillible  ,  tel  qu'eft  TEglife 
vifpuu  \jniverfelle. 
de  Ber- 
ne. Martin  Boutzer  [a)  (  connu 
pifcours  pjus  communément  des  François 

de  Bucer.  K.        _  ,  N  > 

I.Théfe.  *ous  *e  nom  ^e  -Bucer,  )  Collè- 
gue de  Capiton  ,  prit  ici  la  parole 
&  dit  ,  io.  „  Que  l'Apôtre  dit  , 
„  ïhomme  spirituel  juge  &c.  &  non 

t  Af emblée  des  Eccléfiaftiques  dans  un 
„  Concile  ;  car  comme  chaque  Jufte 
3)  doit  vivre  de  fa  foi  ,  aulîi  faut-il 
„  qu'il  juge  &  reconnoifle  pour  lui 
„  même  la  parole  de  Dieu  ,  autre- 
„  ment  il  ne  croiroit  pas  à  Dieu  , 
5,  dont  il  ne  fauroit  pas  la  parole  ; 
3,  d'où  il  s'enfuit  que  tous  les  Chré- 

tiens  >  en  général  &;  en  particu- 

lier,  ont  le  droit  de  juger  de  tou- 
„  te  Doctrine  ,  comme  ÏEglife  de  Ber- 
?,  ne  ,  dit- il ,  £a  entrepris  pr  é fente- 

ment  fort  Chrétiennement  ,  car  tous 
5,  les  vrais  Chrétiens  font  *  fpiritusls» 
5,  ayant  Tefprit  de  Cnrift.  Rom* 
„  VIII. 

2.  Que 

(a)  pag.  6<>. 

*  Les  Allemands  défignent  les  Ecclé- 
fiaftiques par  le  mot  Geiftlich ,  qui  ligni- 
fie proprement.  Spirituel.  C'eit  fur  cette 
ambiguité  de  ce  mot ,  que  roulela  penfée 
de  Bitccr, 


delaSuife.  Liv.  IV.     S  5 

5,  20.  Que  la  diftin&ion  des  Li-.j  528. 
?,  vres  du   Nouvau  Teftament  en  Difpute 
„  Canoniques  ,   &  douteux  ou  Apo-  de  Ber" 
„  ajpto  >    n  etoit  pas    nouvelle  ,  pjfcours 
„  comme   il     prouva  par    l'Hit  de  Bar 
,3  toire  Eccléfiaftique  d'Eufébe,  Liv.  215"/- 

„m.  ch.  2d.  "J 

„  30.         Ton  peut  examiner 
qui  font  ceux  qui  fe  détournent 
de  la  foi  ,  &  qui  en  détournent 
9,  les  autres  :  ou  les  Proteftans,  qui 
5,  prêchent   la   foi   en  Jésus» 
3,  Christ    laquelle    produit  la 
„  Charité  ?   ou   les    Catholiques  , 
5,  qui  renvoyent  au  Pape,  &  aux 
Conciles  ,  (  qui   ont  formé  di- 
3,  vers  Décrets  oppofcz,)   &  aux 
„  Pérès  ,  dont  il  n'y  en  a  aucun, 
qui  n'ait  varié,  ou  akcré  fa  do- 
ftrine  en  divers  endroits  ?  Chez 
les  Proteftans  il  n'y  a  ni  hom- 
3,  me  ni  femme  ,  ni  aucune  difiin- 
3,  ftion  de  cette  nature  à  l'égard  de 
3,  la  foi,  au  lieu  que  les  Catholiques 
3,  ont  divers  ordres  ,  d'Eccléfiafti- 
,j  ques,  de  Séculiers  ,  de  Réguliers, 
de  Religieux,  qui  fe  hait 
3,  fent  mortellement    les   uns  les 
3,  autres ,  comme  entre  Doniïnicams 
>,  &  Cordel'urs  6cc. 

C  4        40,  Qui 


5  6  Hijioire  de  la  déformation  ' 

î  528-     »  4°-  Q£*  la  vérité  ,   il  n  y  a 
nifpute  »  point  d'Eglife  fur  la  Terre  ,  ni 
Ber-  „  d'alTemblée  ,  non    pas  même  fi 
LThéfe.  "  tous  ^es    Chrétiens    du  Monde 
Difcours  »  pou  voient  s'aflembler  ,    qui  ne 
de  Bu-  „  puiffe  errer.    Cependant  chaque 
CER*      y,  fidèle  doit,  avec  S.  Paul,  {avoir 
>9  a  qui  il  a  cru  y  &  juger  par  lui- 
>y  même  du  lens  de  la  parole  de 
„  Dieu.     Mais  11  tin  Chrétien  a 
>}  plus  de  lumière  qu'un  autre  >  il 
yy  peut  les  lui  communiquer  pour 
yy  parvenir  à  la  connoiflance  de  la 
yy  vérité.    Quant  au  refte  >  tandis 
yy  qu'on  eft    en  ce    Monde  ,  nous 
Py  ne  connoiffons  quen  partie  (  I.  Cor. 
yy  XIII.)  Nous  pouvons  ne  pas  er- 
yy  rer  dans   les  points  fondamen- 
taux, qui  reviennent  à  la  foi  en 
yy  Jesus-Christ,  &  errer  fur 
yy  quelques    articles    particuliers , 
yy  comme  il   n'y    a  point  de  Do- 
yy  cteur   fi  favant  ,   qui  fe  puiile 
»  vanter  d'entendre  à  fond  toute 
yy  l'Ecriture  :  mais  ces  erreurs  par- 
yy  ticuliéres  ne  nuifent   point  au 
>;  falut. 

Traiguer  (a)    répliquant    dit  , 
»  i°.  Quf  fi    perfonne   ne  doit 

croire 

M  pag-  70. 


de  U  Suffi.  Liv.  IV.  S7 

>,  croire  fur  les  enfeignemens  d'un  1528. 
„  autre  ,  il  s'étonnoit  pourquoi  les  Dïfpute 
„  Docteurs    Proteftans    prenoient  ^  Ber- 
„  tant  de  peïne  pour  inculquer  au  ^xhéfê- 
>,  Monde  leur  foi  nouvelle.  Difco#rs 
„  20.  Sur  ce   que  Bucer  avoit  deTnAi- 
»  dit ,  que  chaque  Chrétien  a  l'ef-  GUER- 
>,  prit  de  Dieu  ,  il   dit  qu'il  étoic 
>,  furprenant  >    que    les  Docteurs 
,>  Proteftans   ,    qui  piétendoient 
55  avoir  l'efprit  de  Dieu,  fuiîenr  fi 
>,  divifez  dans  leurs  fentimens,  pui£ 
»  que  Luther  &  Zuingle  étoient 
33  de  différente  opinion  fur  la  ma- 
>,  ticre  du  Sacrement.    Que  quoi- 
„  qu'il    n'y    eût    qu'une  dizaine 
yy  d'années  ,    que    cette  nouvelle 
»  foi  eût  paru  au  Monde  ,  il  s'é- 
yy  toit  déjà  formé,  je  ne  fai  com- 
„  bien  de  Sectes   entr'eux ,  qu'on 
5,  nommoit  Luthériens  ,   Zuingltens , 
yy  Occolampadi  -ns  ,  sfnabaptiflts  ,  &c, 
>,  dont  les   Docteurs  avoient  déjà 
?,  écrit  les  uns  contres  les  autres, 
,)  avec   plus   d'aigreur  &:  de  fu- 
3,  leur,  que  les  divers  Ordres  de 
?,  Religieux   n'avoient  jamais  fait 
„  les  uns  contre  les  autres  :  d'où 
yy  il  eft  évident  ,   difoit-il,  que 
7)  renvoyer  chaque  Chrétien  à  1  e- 
C  5  xamen 


5  S  Hiftoirc  de  la  déformation 

1  528.  »  xamen  particulier  de  fon  efprir5 
Ttifpute  c'eft  le  renvoyer  à  l'incertitude 
^Ber"»&  à  l'erreur,  6c  qu'ainfi  rien 
D]fC0Llrs?>  n  eil  plus  utile,  ni  plus  fur  que 
deTRAi~„de  demeurer  dans    l'Unité  de 

î ^héfe  33  *^&^e  '    l  éfprit  de  Dieu  étant 
un  efprit  d'union,  6c  non  de  di- 
33  vifions,* 

»  30.  Qu[\  peut  être  arrivé  que 
?,  quelques  Conciles  auront  chan- 
33  gé  quelques  réglemens  3  que  des 
3,  précèdens  avoient  faits  6c  qu'ils 
>3  ont  été  en  pouvoir  de  le  faire  ; 
„  la  difcipline  pouvant  varier  fe- 
33  Ion  les  tems  6c  les  lieux  ,  mais 
33  il  nioit  qu'aucun  Concile  eût  été 
3,  oppofé  à  l'autre  fur  des  matié- 
33  res  de  foi. 

,3  40.  Que  le  paflage  de  Matth. 
33  XVIII.  qui  concerne  l'Eglife  , 
3,  doit  être  entendu,  6c  d'une  Egii- 
3,  fe  particulière  ,  6c  d'un  Con- 
3>  cile  général.  Quand  il  s'agit  d'un 
33  pécheur  6c  d'autres  affaires  de 
y3  cette  nature  ,  6c  de  peu  d'im- 
33  portance,  une  Eglife  particulière 
5>  eft  funifante  pour  en  juger;  mais 
33  quand  il  s'agit  de  matières  de 
>3  foi  3  de  difputes  à  terminer ,  de 
v  Schifmcs  naiffans>  à  prévenir  6cc. 

caufis 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.    S  9 

„  cailftz  par  des  gens,  qui  ne  veulent  I  J  2  8. 
o  écouter  aucune  Eglife  ,  (Ici,  il  Bifpute 
3,  déploroit  à  ce  fujet  les  Schifmes  de  Ber- 

des  Proteftans ,  Ô£  ceux  de  Bo-  Difcours 
s,  héme,  qu'il  difoit  n'être  venus?  deTRAi- 
?>  que  de  ce  qu'on  ne  vouloit  plus  fu*?"/> 
„  écouter  l'Eglife,)  il  eft  abfolu- L  Theic 

ment  néceffaire  que  l'Eglife  Uni- 
>,  verfelle  prononce  &c.  Il  prit  de 

là  occafion  d'exhorter  les  Ber- 
3,  nois  à  confidérer  >  combien  il  eft 
y»  dangereux  8c   pernicieux  de  fe 

féparer  de  l'Eglife. 

53  5°.  Qu'il  faut ,  pour  erre  fâu- 
33  vé,  croire  tout  ce  que  l'Eglife 
3,  croit ,  puifque  qui  croit  au  Sei- 
5,  gneur  dans  un  point ,  &  non 
33  pas  dans  un  autre,  ne  croit  pas 
,y  le  Seigneur  véritable  en  tousj 
,3  que  cependant  il  n'eft  pas  né* 
33  cefTaire  d'entendre  &  de  croire 
5,  d'une  manière  explicite  tous  les 
33  Articles  de  la  foi ,  mais  qu'il 
n  fuffit  aux  fimplcs  5  de  croire 
3,  avec  1  Eglife  Univerfelle  ,  à  qui 
,j  le  Seigneur  a  promis  Ton  efprit 

jufqu  a  la  fin  du  Monde. 

Le  io.  Janvier  5  Bucer  fit  un  long  t^f0'* 
Kifcours  pour  répondre  à  Traiguer,  Janvk* 
Dabord  (d)  il  l'attaqua  fur  quel- 

W  p.  ?<j,  C  6  ques 


60  Hiftoire  de  la  Rjformation 

Siues  Théfes>  qu'il  avoit  publiées 
Difpute  fous  le  nom  de  Paradoxes  ,  puis 
de  Ber-  venant  à  fa  Queftion,  fi  tEfprit  en- 
f  Théfe  fe'l&ne  tous  ^es  Chrétiens ,  &  qu'on 
Attion  ne  puijfe  avoir  aucune  foi ,  fans  enten- 
du 10.  dre  pur  foi-  même  la  parole  de  Duu3 
Janvier.  £QU  v\eyit  ^uc  ies  j)0fteurs  Proteftans 

prenoient  tant  de  peine  a  répendre 
leur  nouvelle  foi?  il  dit,  que  tous 
les  Chrétiens  favent  (a)  3Jio.  Que 
93  la  prédication  eft  inutile  fans 
5,  l'illumination  intérieure  du  Sei- 
,5  gneur.  20.  Que  cependant  Dieu 
>>  n'a  pas  laifle  d'établir  la  prédi- 

cation  5  afin  que  les  Chrétiens 
o  s'inftruifênt  &  s'édifient  perpé- 
5j  tuellement  les  uns  les  autres  : 
5,  deux  véritez  qui  paroiflent  clai- 
,>  rement  par  ces  mots  de  S.  Paul* 
3,  Qui  eft  Paul,  qui  eft  Apollos  &c. 
,>  Celui  qui  plante  riefl  rien  Sec. 
5>  Quant  à  ce  que  Treyer  appeloit 
»  leur  dofttine  une  nouvelle  foi ,  il 
9>  le  fupportoit  patiemment,  aufli- 
»  bien   que    fes    autres  injures  ; 

quoique  cette  doftrine  foit  aufïi 
9>  ancienne  que  le  Monde ,  Savoir* 
3,  que  l'homme  fe  repofe  fur  la 
9,  bonté  de  Dieu  >   par  Jésus- 

Christ 

'W~pag.8i. 


de  la  Sui/fe.  Liv.  IV.  61 

Christ,  s'afïurant  que    Dieu  1  528, 
l'élévera  enfin  au  bonheur  éter-  Difpute 
nelj  ce  qui  le  difpofe  à  faire  du  *e  B£R" 
bien  à  tout  le  Monde  ;  Que  c  eft  i.xhéfe* 
là  la  foi  que  lui   &  l'es  Collè- 
gues prêchent,  6c  qu'il  s'offroit 
de  fouffrir  la  mort  ,  s'il  en  étoit 
autrement  >    voulant  s'attacher 
uniquement  à    l'Ecriture  Sainte 
qui  eft  la  parole  de  Dieu. 
20.  „  Que  s' il  y  a.  (4)  quelque  dif- 
férence de    fentiment  entre  les 
Proteflans  ,    il  ne  faut  pas  s'en 
étonner,  puifque  >  comme  on  la 
déjà  dit ,  dans  ce  monde  nous  ne 

'connoilfons  quen  partie:  Que  Dieu 
n'éclaire  pas  les  hommes  tout  à 
coup,  mais  peu -à -peu.  Que 
lui,  (Bucer)  avoir  autre  fois  fait 
grand  cas  de  Tljomas  dïAquin  > 
mais  que  Dieu  lui  ayant  fait  la 
grâce  de  découvrir  Tes  erreurs  > 
il  avoit  renoncé   à  ce  Dofteur. 

,  Que  de  même  il  avoir  fait  grand 
cas  de  Luther,  fie  en  faifoit  en- 

1  core ,  mais  que  Dieu  ayant  per- 

,mis,  (afin  qu'on  ne  s'attache  à 
aucun  homme)  qu'il  expliquât 

,  d'une  manière  charnelle  les  pa- 
C  7  rôles 

M  P*g.S4. 


62  Hijloire  de  la  déformation 

1  528.  j>  rôles  de  Jésus -Christ  qui  font 
Difpute  >>  fpirituelles  ,  Ôc  qu'il  confondu 
^Ber-     l'Humanité  de  Jesus-Christ 

I  Théfe  *'  avec  ^a  divinité  3  ^a  gloire  de 
Dieu  demandoic  qu'il  l'abandon- 
9,  nât  dans  ces  articles  ,  d'ailleurs 
prêt  à  le  reconnoître  pour  frère, 
tandis  qu'il  prêchera  que  Jésus- 
5,  Christ   eft  nôtre  unique  Sau- 
veur.      Qu  il    fuffit   qu'on  foit 
d'accord  avec  nous  fur  les  fon- 
démens  du  falut.    Que  ni  Lu- 
ther ,  ni  Zuingle  ,  ni  CEcoIampa- 
>,  de  n'ont  jamais  cherché  à  faire 
r,  des  Sectes  ,  &  des  difciples  ,  qui 
yy  portaffent  leurs   noms  ;  mais  à 
?,  prêcher   la   grâce  de  Dieu  par 
Jésus-  Christ a  exhortant  à  ré- 
?i  gler  notre  foi  6c  nôtre  conduite 
9,  par  l'Ecriture   &    le  Symbole 
?5  des  Apôtres  ;  au  lieu  que  les  Ca- 
tholiques  donnent  à  Jésus- 
>y  Christ  un  AfTocié   qui  eft  le 
i>  Pape ,  &  lui   affocient  des  Mé- 
?J  diateurs  ,    &    d'autres  fatisfa- 
>,  ttions.     Que    c'eft  proprement 
>,  chez  eux  quil  faut  chercher  ceux 
>,  qui  font  des  Seftes  à  part,  10,  en- 
y,  feignant  que  la  Méfie    eft  la 
3)  meilleure  de  toutes  ks  œuvres, 

& 


dcUSuiffe.  Liv.  IV.  63 

8<C  quil  n'y  a  que  les  Prêtres,  I  5  2  8- 
qui  la  puiflent  faire ,  revêtus  Difpute 
comme  ils  le  font  ,  d'un  cara- ^B£R- 
ftére  indélébile  ,  20.  ayant  des  x.Théfc 
Ordres  de  Moines  ,  dont  chacun 
a  Ton  Idole  particulière  ,  comme 
les  Dominicains  ,  qui  prétendent^ 
que  Dominique  a  obtenu  de  la  S, 
Vierge  qu  aucun  Aloine  de  fon  Or- 
dre ne  périffe  éternellement ,  &  les 
Cordeliers,  qui  difent  >  que  Fran- 
çois £  Affife  tire  toutes  .les  années 
du  Purgatoire  tous  les  Cordeliers. 
Mais  les  Proteftans  ne  connoit  / 
fent  qu'un  Dieu  &  un  Sauveur,  7^ 
dont  la  grâce  eft  commune  à 
tous  les  Chrétiens.  Que  s  il  Te 
trouve  des  Seftaires  parmi  les 
Proteftans,  Se  des  divifions  ,  on 
voit  en  cela  raccompliffement 
de  ce  qu'a  dit  le  Seigneur;  Js 
ne  fuis  pas  venu  'mettre  La  paix 
fur  la  terre  &c.  (Matth.X.)  8c 
de  cette  parole  de S.Paul.i.Cor.ir. 
Il  faut  qu  il  y  ait  des  Schifmes  &C 
Tandis  que  tout  étoit  fous  1  em- 
pire du  Démon  ,  tout  éroit 
tranquille  ,  mais  d'abord  qu'il  a 
vu  fon  régne  attaqué  par  la  lu- 
»  miére  de  ÎEvangile  3  il  a  cher- 
ché 


64  Hi/loirc  de  la  Réformation 

I$28."c^  à  étouffer  cette  lumière  par 
BifpHte  >i  des  Schifmes  &  des  héréfies  ,  ou 
de  Ber-     à  l'éteindre  entièrement   par  des 

I  Théfe  55  8uerres  &  ^es  perfécutions  , 
'  3>  comme  on  Ta  vû  déjà  même 
5,  des  le  tems  des  Apôtres  ;  &  que 
,3  les  Ecrits  des  premiers  Pérès  en 
>,  font  foi  &c.  Après  quelques 
,3  autres  reflexions  ,  Bucer  relut  le 
3,  partage  de  la  t.  Corinth.  II.  Le 
33  Spirituel  juge  &c.  &  fit  remar- 
33  quer  que  le  jugement  de  la  vé- 
,3  rité  y  eft  attribué  à  tout  homme 
33  Spirituel  c  eft -à -dire  Chrétien  3 
,3  (car  fans  Tefprit  de  Jesus- 
33  Christ  on  n'eft  pas  à  lui,) 
33  &  non  pas  à  un  Concile}  ni  à  un 
33  Pape &c. Que dailleurs,quand  tous 
,3  les  Conciles  du  Monde  jugeroient3 
,>  &  jugeroient  lainement,  toujours 
33  faut-il  que  chacun  de  nous  Te  ferve 
33  de  fon  propre  jugement ,  éclai-ré 
3,  par  Te/prit  de  vérité  >  que  le 
53  Seigneur  a  promis  à  fes  difei- 
3,  pies  ,  difant  ,   Cet  Efpr'it  ,  (  & 

non  le  Pape  ,  ni  les  Conciles,  ) 
3,  vous  conduira  en  toute  vérité  &c. 
„  Jean  XVI.  x  3. 

111.  Quant  à  ce    que  Treyer 
(4)  prétendait  que  le  paiTage  de 

(4)  pag.  91.  Matth. 


de  la  Suife.  Ll  v.  IV.  65 

>,  Matth.  XVIII.  devoir  au/Ti  s'en-  t  J2  8. 
>,  tendre  de  l'Eglife  Univerfelle  ,  Bifpute 
yy  c  etoit  fans  fondement}  puifque  ^  Blr- 
5,1e  Seigneur  a  promis  aum*  F^iYhéfe 
„  fiftance  de  fon  Efprit  aux  peri- 
yy  tes  affemblées,  même  à  celles  de 
yy  2.  &  de  3.  perfonnes  ajfemblées 
yy  en  fon  nom  >  (  Matth.  XVIII. 
yy  19.  20.)  tellement  que  pour  dé- 
„  couvrir  la  vérité  l'on  n'a  point 
yy  befoin  de  Conciles  &c.  Que 
»  les  Conciles  ne  font  point  un 
yy  moyen  pour  découvrir  la  véri- 
yy  té,  ni  pour  rétablir  la  paix  dans 
yy  l'Eglife  'y  Qve  d'ailleurs  des  dif- 
yy  férences  de  fentimens  3  &  des 
yy  erreurs  même  fur  des  articles 
yy  particuliers,  ne  nuifent  point  au 
>,  falut  ,  tandis  qu'on  retient  le 
>,  fondement,  qui  eft  la  Confiance 
yy  en  Dieu  par  Jesus-Christ  félon 
yy  qu'il  eft  écrit,  Oui  croit  au  Fi  s, 
yy  a  la  vie  &c.  QjSil  ne  vouloit 
»  pas  s'étendre  à  montrer  les  con- 
yy  traditions  ,  où  étoient  tombez 
yy  les  Conciles  5  Qu  'il  fe  contentoit 
yy  de  faire  remarquer  ,  que  dans 
yy  le  dernier  Concile  de  Fome  {a  ) 
yy  on  avoit  établi  ,   Que  ceft  une 

héréfic 

(a)  pag.  94- 


66  Hijloire  de  la  déformation 

1  528.  99  héréfie  abominable ,  de  dire  ,  que  le 
vifpHte  j.  Concile  général  (oit  au  deffus  du  Pa- 
^  Ber-  „  pe  :  ce  que  les  deux  Conciles  de 
1 ^Thcfe  5'  Confiance  &  de  Baie  ont  pofé  com- 
,3  me  une  vérité  falutaire. 

Il  conclut  fon  difcours  en  ex- 
hortant les  Bernois  à  fon  tour*  „  à 
s'attacher  à  la  Doctrine  du  Sei- 
5,  gneur  >  qui  ne  renvoyé  fes  Dif- 
ciples  3  ni  au  Pape  3  comme  à  fon 
5,  Lieutenant  ,  ni  aux  Conciles  , 
3,  mais  les  appelle  à  lui  >  difant  , 
5)  Venez  *  moi 3  vous  tous  &c.  Mat- 
3j  th.  XI. 

Ulrich  Zuingle ,  (.*)  fe  croyant 
blefle  par  le  Difcours  de  Treyer  , 
prit  ici  la  parole  3  pour  fe  juftifler, 
&  dit  3  »  Que  fi  les  Seigneurs  de 
r>  Zurich  avoient  embrafTé  fa  Doc- 
33  trine  5  ils  ne  Tavoient  pas  fait  en 
33  aveugles  ,  mais  après  avoir  re- 
,3  connu  quelle  étoit ,  non  pas  de 
33  lui,  mais  du  Seigneur  ,  l'ayant 
33  mûrement  examinée  3  à  l'imita* 
33  tion  des  Fidèles  de  Bérée*  A  cl. 
„  XVIII.  &c. 

7?  cyer  (b)  fe  leva  pour  répondre, 
&c  commença    un  Difcours  3  qui 
alloit    faire    rouler    la  Difpute 
fur  les  conteftations  ,    qu'il  avoit 
U;  (b)  p. 97,  eues 


âe  U  Suitfe.  L  I  V.  IV.  67 

eues  auparavant  avec  les  deux  Mi-  1528. 
niftres  de  Strasbourg.  Les  Préfidens 
l'interrompirent  3  pour  lui  dire  que5  NE< 
fuivant  l'Edit  des  Seigneurs  de  Ber-  i.Théfe. 
ne  ,  il  devoit  10.  difputer  par  l'E- 
criture. 20.  S  attacher  aux  Théfes 
propofées  ,  &  renvoyer  à  un  autre 
tems  les  difputes  qu'il  avoit  avec 
ces  Meilleurs.  30.  S'abfîenir  d'invec- 
tives &  de  paroles  injurieufes:  qu'à 
ces  conditions  il  pouvoit  parler  en 
toute  liberté. 

Treyer  fe  plaignit  de  ce  qu'on  lui  Frote^_ 
irnpoibit  filence  ,  après  qu'on  avoit  ticmov* 
écouté  tout  au  long  fon  Adverfai-  pofées 
re  Bucer  j  Se  protefta  que  ,  fi  on  ne 
lui  vouloit  pas  permettre  de  parler,  Adieurs 
comme  dans  une  Difpute  libre  3  il 
ne  difputeroit  plus. 

Les  Préfidens  réitérèrent  (a)  >  par 
voye  de  proteftation  ,  Qu^on  ne 
lui  fermoit  point  la  bouche ,  pour 
l'empêcher  de  difputer  fur  les  Thé- 
fes propofées  ,  mais  feulement  fur 
les  Difputes  qu'il  avoit  eues  avec 
les  Docteurs  de  Strasbourg  ,  ÔC 
qu'on  lexhortoit,  &c  le  prioit  mê- 
me de  difputer  contre  les  Miniftrcs 
de  Berne.    Nicole   Briejfer  ajouta 

qu'en 


68  Hiftoire  de  la  Information 

15^8.  qu'en  l'aftreignant  à  difputer  par 
vifpute  l'Ecriture  ,  cela  fienifioit  ,  qu'il 
NE  pourroit  difputer  ,  non -leuleme/ît 
I.Théfe.  en  citant  des  partages  formels  de 
Protejfa-  l'Ecriture  >  mais  auffi  en  propofant 
potée?"  ^es  raifbnncmcns  ,  qui  découlaffent 
de  di-  de  l'Ecriture  comme  des  conlequen- 
vers  ces  légitimement  tirées. 
Acteurs.      Capi(on  ^  BuceY  firent  âUfc  jeurs 

protcftauons  :  10.  Qu'ils  n'avoient 
rien  à  démêler  avec  Treyer  >  qu'en- 
tant qu'il  avoit  vivement  prêché  à 
Strasbourg  contre  les  deux  prémié- 
res  Théfes  de  Berne ,  8c  que  c'étoit 
pour  cette  raifon  ,  qu'ils  avoient 
prié  LL.  EE.  de  Berne  ,  de  l'invi- 
ter à  leur  Difpute  :  20.  Qu^\]s  étoi- 
ent  toujours  prêts  à  lui  répondre  , 
ou  de  bouche  ,  ou  par  écrit  ;  30. 
0«'ils  avoient  même  prié  les  Pré- 
fidens  de  la  Difpute  ,  de  lui  per- 
mettre encore  de  parler  ,  promet- 
tant quant  à  eux  ,  de  ne  lui  rien 
répondre  ,  que  fur  les  chofes  qui 
concernoient  les  Théfes  propofées 
&c. 

Ulrich  Zuïngle  fit  au/fi  une  pro- 
teftation  pour  lui  &  pour  Oeco- 
lampade  î  Que  Treyer  pouvoit 
parler  librement ,  pourvu  que  ce 

fût 


de  U  Suffi.  Liv.  IV.  69 

fût  par  l'Ecriture  j  Se  fans  invecliver.  I  528. 

Après  ces  proteftations  oppofées, 
Trejer  fe  retira  ,  &  ne  parut  plus  :  N-E< 
Houter,  Curé  cX Appenzell  <>  reprit  I.Théfe. 
le  fil  de  la  Difpute ,  qu'il  avoit  com- 
mencé avec  Haller  j  Se  prenant 
droit  fur  ce  qu'il  avoit  dit  de 
l'Excommunication  ,  il  dit  >  (a)  Que 
35  fi  l'Eglife  avoit  abufé  de  fon 
„  pouvoir  à  cet  égard  ,  il  n'était 
3,  pas  là  pour  juftifier  ces  abus.  Mais 
3,  que  3  quoi  qu'il  en  foit  >  le  Sei- 
>,  gneur  a  établi  une  authorité  dans 
33  l'Eglife  pour  la  gouverner  ,  al- 
33  léguant,  (A<ft.  XX.)  Prêtiez  garde  à 
3,  vom  &  a  tout  le  troupeau  fur  le- 

quel  le  S.  Efprït  vom  a  établis  Evê- 

ques  Sec.  Se  (Ephef.  IV.  )  //  a  donné 
3,  les  uns  pour  être  Apôtres  3  les  autres 
3>  Sec.  pour  l'édification  Sec.  Et  com- 

me  mon  Pére  ni*  envoyé  5  je  vota 
»,  envoyé  aujfi.  Autres ,  dit-il  ,  font 
5,  les  Docteurs  ,  autres  les  Pasteurs; 
3,  il  y  a  donc  un  pouvoir  dans  l'E- 
»,  glife  :  car  un  Berger  ou  Pafteur  , 
s,  ayant  droit  de  commander  ,  eft  le 
3^  Chef  de  ceux  à  qui  il  comman- 
33  de:  ce  qui  pourtant  nempêehe  pas, 
>>  que  le  Seigneur  ne   foit  le  Chef 

fupré- 

(*)  pag.  10 1.  &  fuiv. 


70  Hiftolre delà  déformation 

I  528.    fupréme,  comme  quand  il  dit  à  fes 
Dlfpute  ,j  Difciples  ,  Fous  êtes  la  lumière  du 
^Ber-  5J  Monde  ,  il  n'en  avoit  pas  moins 
Ï.Théfe.  "  ra^on  de  dire  >  Je  fuis  la  lumière 
>3  du  Abonde. 

5)  Haller  répondit ,   Que  tous 
,5  ces  paflages   ne  figni fient  qu'un 
„  emploi  dans  FEglife  ,  un  Minif- 
»  tére  3  &  non  pas  une  authorité 
de  C/;^f ,  que  le  titre  d'Evêque 
5,  ne  donne  point  la  qualité  de  Chef 
53  de  l'Eglife ,  autrement  il  y  auroit 
3,  dans  une  même  Eglife  autant  de 
»  Chefs  qued'Evêques5  comme  dans 
53  celle  d'Ephéfe  3  aux  Pafteurs  de 
«  laquelle  S.  Paul  difoit  5  le  S.  Ef- 
,3  prit  vous  a  établis  Evêques,  Il  allé- 
33  gua  encore  pour  prouver  fon  aC- 
ferrions  ce  que  S.  Paul  dit  (1.  Cor. 
33  XII.)  Il  y  a  plufieurs  fortes  de  dons , 
3,  mais  il  y  a  un  feul  Efprit  ;  il  y  a 
,3  auffi  diverfes  adminiftrations  ,  mais 
3,  ily  a  un  seul  Seigneur.  Ajoû- 
33  tez  à  cela  le  paflage  de  il  Pier. 
33  V.  qu'on  a  déjà  cité  3  où  l'Apô- 
33  tre  défend  aux  Pafteurs  de  domi- 
yy  ner  fur  le  troupeau.   Que  fi  les 
yy  Apôtres  font  appeliez  la  lumière 
33  du  Monde  y  ce  n'eft  que  par  par- 
yy  tiçipation  a  étant  illuminez  de  Jé- 
sus- 


delà  Suijfe.  Liv.  IV.  J\ 
„  sus-Christ  ,  qui  eft  la  vraie  Se  1528. 
„  réelle  lumière.  f  df$Hte 

Le  Samedi  1 1.  Janvier  après  Théo-  N^  ER~ 
baldHoutenon  vit  paroître Nicolas  LThefe. 
Christ  en  (a)  Chantre  de  l'Eglife  <A&*9» 
Collégiale  de  Zoffingue  ,  qui  ,  pour 
foûtenir  lauthorité  de  S.  Pierre,  & 
fa  qualité  de  Chef  de  l'Eglife  Uni- 
verselle, fe  fervit  de  ces  deux  ar- 
guments :  3,  io.  Que  Jesus-Christ 

dans  Matth.  XVI.  ne  promit  les 
3,  Clefs  du  Royaume  qu'à  S.  Pierre, 
„  d'où  il  fuit  qu'il  ne  les  a  données 
,>  qu'à  lui  j  car  il  esl  fidèle  dans  fes 
„  promelTes  (  II.  Pierre  III.  )  20.  Il 
„  les  lui  a  données,  ou  fur  le  champ, 
„  ou  après  fa  réfurreftion  ,  lorfqu'il 
„  lui  dit  par  trois  fois,  (Jean  XXI.) 

Pat  mes  brebis ,  mes  agneaux.  Il 
5,  ajoute  ,  (b)  que  le    Seigneur  a 

donné  à  tous  fes  Difciples  le  pou- 

voir  de  lier  &  de  délier  fur  la  ter- 
„  re.  (  Matth.  XVIII.  )  mais  qu'il  a 
„  promis  à  S.  Pierre  (  Matth.XVl.) 
3»  le  pouvoir  de  lier  dans  plufieurs 
„  Cieux. 

Haller  répondit  ,  „  Que  comme 
33  (  Matth.  XVI.  )  S.  Pierre  avoit 
>>  répondu  ,  au  nom  de  tous  les 

Apô* 

Mpap.  m,  &  ûùv.  (*)p,  113, 


72  Hijloire  de  la  ^formation 

1  528.  „  Apôtres  ,  à  la  quefticn  du  Sti- 

df'BER  "  Sneur  >  U  avoic  au^  reçu  la  pro- 
ne.  »  méfie  des  Clefs  au  nom  de  tous  5 
I.Théfe.  »  3c  que  quant  au  paffoge  de  jFr*» 
»  XXI.  il  ne  contenoit  qu'une  éxh 
„  hortation  à  paîcre  les  brebis  du 
3,  Seigneur.  Que  le  Seigneur  a  don- 
>,  né  un  pouvoir  égal  ,  à  tous  les 
„  Apôtres,  quand  il  leur  dit,  (Jean 
„  XX.)  Recevez  le  S.Efprit,à  quiconque 
„  vous  pardonnerez  les  péchez  >  &c. 
jj  Que  par  conféquenr,  comme  le 
3J  dfltf  s'étendoit  à  tous  >  la  pro- 
3,  méfie  de  ce  don  s'étendoit  aufii 
55  à  tous  5  d'autant  plus  que  le  Sei- 
»  gneur  ne  dit  pas  à  Pierre  ,  Tibi 
?j  fili  dabo ,  Je  te  donnerai  à  toi  feul, 
3>  mais  5  _/V     donnerai  &c. 

Ici  Zuingle  prit  la  parole  ,  & 
après  avoir  protefté  qu'il  ne  pré- 
tendoit  point  citer  les  Pérès  de 
l'Eglife  >  pour  foûtenir  une  Doc- 
trine par  leur  authorité ,  mais  feu- 
lement pour  faire  voir  à  leurs  Ad- 
veriaires,  que  leur  Doctrine  eft  quel- 
quefois oppofée  à  celles  de  ces  An- 
ciens Dofteurs  ,  il  cita  S.  j4uguftin> 
qui  ,  expliquant  pourquoi  Jésus- 
Christ  a  dit  par  trois  fois  à  S.Pier- 
re >  Pal  mes  brebis  7  ou  mes  agneaux  , 


ieUSuife.  L  iv.  IV.  73 

fjean  XXL  )  remarque  que  c'étott  1528. 
p^.rce  que  cet  Apôtre  lavoir  renon-  D*(Pute 
:c  trois  fois,   &  que  le  Seigneur  NE# 
avoit  voulu  par-là  lui  rendre  Thon-  i.Théfe. 
neur   8c  la  bonne  réputation  qu'il 
pouvoir,  avoir  perduë  dans  l'efpric 
des  autres  Difciples  ;  qui  ,  à  caufè 
de  fa  lâcheté  dans  fa  triple  abné- 
gation ,  auroient  pû  le  regarder 
comme  indigne   de   l'Apoftolat  > 
&c. 

Jacob  Edlebach  ,  (a)  Chanoi- 
ne de  Zoffmgue ,  fe  mit  enfuite  fur 
les  rangs  ,  mais  il  ne  produifit  rien 
de  nouveau.  Il  prétendit  lO.Quc 

les  Clefs  ont  été  promifes  à  S. 
„  Pierre  fcul,  (Matth.  XVI.)  zo.Que 

le  Seigneur  a  bien  donné  aux  au- 
5,  très  Apôtres  le  pouvoir  de  lier  6c 

de  délier  ,  c'eft-à-dire  >  de  par- 
,j  donner  les  péchez  ,  mais  que  Izs 
,,  Clefs  promifes  à  S.  Pierre  font 

un  pouvoir  particulier  ,  qui  lele- 

ve  au  deiïus  des  autres  ,  félon 
„  qu  il  lui  fut  dit,  (Jean  XXI.)  P/$ 

mes  brebis. 

Haller  répliqua  (h)  ,       iO.  Que 
>,  la  raifon  pour  laquelle  S.  Pierre 
>,  reçut  les  Clefs  ,  fait  voir  qu  elles 
Tu  m.  IL  D  ne 

(*)  p.  no.   Wpag.  m. 


74  Hi  floire  de  la  Information 
'5^8.  „  ne  lui  furent  pas  promifes  à  lui 

i?BERf|  >}  ^eu^  *  *  l'exclufion  des  autres  ; 
Nej  ,j  cette  raifon  5  c'eft  parce  qu'il  cro- 
i.Théfe.  yoit  que  Jesus-Christ  eft  leMef- 
35  fie  >  le  Fiis  du  Dieu  vivant.  Or, 
»  les  Apôtres  croyoient  aufli  la  me- 
>9  me  chofe  ,  comme  S.  Pierre  le 
>?  dit  au  nom  de  tous  5  (Jean  VI.) 

Seigneur  a  qui  nous  en  irions  nous  ? 
„  &c.  20.  l'emploi  de  /W/re 
„  £r?£i*  5  ne  donne  aucune  fupé- 
>3  riorité  à  S.  Pierre  ,  puifque  c'eft 
„  un  emploi  ,  commun  à  tous  les 
„  Pafteurs. 

Nicolas  Chrijien  (a)  reprit  ici  la  pa- 
role ,  &  dit  >  j,  Que  Jesus-Christ 
>,  eft  véritablement  le  Chef  fuprèm 
„  de  l'Eglifcmais  que  par  fon  ordon 
>>  nance  &  celle  des  Apôtres,  il  fau 
qu'il  y  ait  d'autres  Chefs  dan 
> >  l'Eglifc  >  ou  Supérieurs  a  (  pou 
3,  ne  pas  difputer,  pour  le  mot  d 
,,Chef>)  car  il  faut  qu'il  y  ait  d 
„  l'ordre   dans  l'Eglife.  L'Eglife 
y9  Judaïque  avoit  aulîi  fes  Chefs  > 
yy  fes  Supérieurs  »  fes  Juges,  aux- 
yy  quels  il  faloit  recourir  dans  les 
yy  cas  litigieux  (  Deuter,  XVII.  Se 
iJ  XVIII.)  Quk  la  vérité  il  ne  ré- 

con- 

0)  pag.  124. 


de  la  Suffi.  LlV.  IV.  75 

„  connoifToic  pas  dans  l'Eglife  un  [  ^28 
3,  Seigneur  ,  qui  la  tyrannifât ,  mais  nifput 
>;  des  Supérieurs  &:  des  Prélats  9dt  Beh 

qui  Tenfeignent  ,  qui  l'a  ^^-f^ 
3,  dent  ,  qui  la  corrigent  ;  car  s'il  u 
3J  y  étoit  permis  à  chacun  de  faire 
r  ce  qu'il  voudroit ,  il  y  auroit  un 

étrange  défordre.     Il  cita  ce  que 

S.  Paul  dit  ,  I.  Corinrh.  IV.  Que 
3,  voulez-vous  ?  Irai- je  vers  vous  avec 
3,  la  verge  ?  &  Chap.  XII.  Dans  CE- 
„  glife  il  y  a  des  Couvernemens  :  & 
s,  Hébr.  XIII.  Souvenez-vent  de  vos 
3,  Conducteurs  &c.  Obétjfez  à  vos  Con- 

ducleurs  &c. 

//*i//er  répondit  (a)  ,  „  io, 
,j  les  Prélats  ne  font  pas  Chefs  de 
3,  l'Eglile ,  puifque  l'Eglife  n'a  point 
i,  d'autre  Ch^f  ,  que  celui  qui  eft 
>3  fon  Sauveur  j  que  l'Ecriture  ne 
connoit  poinr  de  Prélats  ,  qui 
>,  dominent  ,  mais  des  Payeurs  , 
>3  qui  inftruifent ,  &  prêchent  la 
3>  Parole  de  Dieu.  2°.  Que  l'Eglife 
3j  ne  manque  point  de  bon  ordre  3 
33  puifque  le  Seigneur  y  a  établi  di- 
3,  vers  emplois.  (  I.Cor.XII.  Ej  hef. 
3)  IV.)  30.  Que  l  authorité  des  Pic- 
»  très  de  1  Ancienne  1  ni    de  la  ra- 

D  2  ce 

(#)  pag.  uf. 


76  H'fioïre  de  la  Rcforrnation 

!  „  ce  SAaron  ,  n'était  pas  abfoluë 
pifaute  ?3  §r  foavcraific  >  mais'  d'enfeigner 

I.Théfe.  »  dontS.Paul  parle  (I.  Cor.  IV.)  n'eft 
>>  autre  chofê  que  Y  Excommunication, 
??  comme  il  la  lance  dans  le  Cbap. 
„  V.  contre  Tlnceflueux.  50.  Que 
„  le  pafTage  de  I.  Corinth.  XII.  tou- 
5>  chant  les  Gouvememens  ,  regarde 
53  le  Magiftrat  Civil ,  aufïl-bien  que 
„  le  dernier  paffage  de  Hébr.  XIIL 

Mais  que  celui  qui  le  précède  , 
n  Souvenez-vous  de  vos  Conducteurs  , 
?,  regarde  les  Pafteurs ,  parce  qu'il 

ajoute  5  Oui  vous  ont  annoncé  la  Pa- 
5,  rôle  de  Dieu. 

Ici  CEcolampade  {a)  prit  k  pa- 
role pour  éclaircir  la  matière  :  Il 
fît  d'abord  bien  remarquer  1  état  de 
la  Queftion  5  favoir  ,  Que  Chriiïen 
vouloit  non  pas  donner  à  une  Cré- 
ature la  dignité  de  Jesus-Christ  , 
mais  feulement  une  authorité  fubor- 
donnée  à  la  Tienne ,  qui  s'étendît 
fur  toute  la  Terre  ,  qui  fût  confiée 
à  une  feule  perfonne  ,  comme  à  S. 
Pierre  ,  ou  à  fon  Succeffeur  le  Pa- 
pe.   Pour  répondre  à  cela  >  il  dit , 

Qu  'il  eft  de  la  nature  d'un  Chef, 

dfi 

W  pag-  130. 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.  77 

„  de  gouverner  tous  Tes  membres;  I  $22. 
,>  or  il  eft  impofFible  à  un  homme  jf^*" 

feul>  de  gouverner  toute  l'Eglife   „  " 
„  Chrétienne?qui  s'étend  depuis  l'O-  î.Théfe, 

rient  jufques  à  l'Occident  ,  &  eft 

répanduë  par  toute  la  Terre,  &c. 

Après  cette  longue  difeufion  , 
Chriften  [a]  attaqua  ces  paroles  de 
la  I.  Thcfe,  ÏEglife  eft  née  de  la  Pa- 
ie de  Dieu.  Il  dit  que  l'Ecriture  par- 
le de  4.  Paroles  de  Dieu.  v  10.  La 
3,  Parole  de  Dieu  >  qui  eft  éternel- 
»  le.  (Jean  I.)  20.La  Parole  mife  par 
»  écrit  dans  la  Bibie.  30.  La  Pa- 
„  rôle  qui  eft  prêchée.  40.  Enfin 
„  la  parole  ferréte  ,  que  Dieu  pro- 
33  nonce  dans  les  cœurs  ,  Pfaum. 
>}  84.  (ou  85.  )  J'écouterai  ce  que 
>}  le  Seigneur  dira  en  moi  >  Se  A- 
33  pocalyp.  III.  Voici  ,  je  me  tiens  a 
la  porte  &c.  fi  quelcun  entend  ma  voix 
Sec.  Il  demanda  donc  à  B.  Hallcf  , 
de  laquelle  de  ces  paroles  tEghfe  eft  née? 

Hallcr  répondit  5  CVelIe  eft 
33  née  de  la  Parole  ,  que  Dieu  rend 
y,  efficace  ,  Se  qu'il  prononce  dans 
33  nos  cœurs  ,  qui  eft  la  memcFque 
33  celle  qui  eft  écrite  Se  prêchée.  Jaq. 
>y  I.  Sel.  Pierre  I. 

D  J  Le 

[*]  Ibid. 


78  Hifîoire  delà  déformation 

1528.  Le  Dimanche  12.  Janvier,  les 
Bifpute  Théologiens  envoyez  par  l'Evêque 
k^Ber~  de  Laufanne  ,  mécontens  apparem- 
I.Théfe.  ment  delà  Dilpute  fe  renièrent  fc- 
ABion  crétement  ,  &:  s'en  allèrent  fans  di- 
jxnvler  re  â(^ltu  a  perfonne.  Les  Seigneurs 
Les  de  Berne  en  furent  fort  indignez  , 
Théo-  &  écrivirent  une  Lettre  très  vive 
^deLan  ^ur  ce  ^et  *  l'Evêque.  On  en  peut 
faune  fe  voir  la  copie  entre  les  Pièces  Juftifi- 
retirent  catives  N<>.  III.  Je  ne  fài>  fi  ce  fut 
fecréte-  Guillaume  Farel ,  qui  la  compofa, 
ment.  .    ,  11     a  '   •     j  r 

mais  du  moins  elle  elt  écrite  de  la 

main  dans  le  Régître  *  des  Lettres 
Latines  ,  où  je  l'ai  vue. 

Daniel  Schatt  la],  Curé  de 
Gondifvvyl  ,  attaqua  encore  la  L 
suite  àt  xhéfe  &:  dit,  „  Que  Jesus-Christ 
»  ne  P^t  pas  êtlè~appellé  Chef  uni- 
5,  que  de  l'Eglife ,  félon  fa  Divinité  y 
„  (  puifqu'il  eft  Dieu  avec  le  Pére 
?>  ÔC  le  Saint  Efprit  j  ce  font  trois 
„  perfonnes  ,  qui  font  Chefs  del'E- 
glife  :  )  ni  félon  fon  humanité  > 
»  parce  que  Dieu  eft.  fon  Chef,  (  I. 
yy  Cor.  XI.)  Le  Chef  de  la  Femme  eft 
„  le  Mari ,  &  le  Chef  de  Chrifi  cesl 
„  Dieu  :  il  y  a  donc  un  Chef  au- 
„  defîus  de  Jesus-Christ. 

Zuingle 

*  Archiv.  de  Bern.    [a]  p.  144. 


de  la  Suijfe.  L  I  v.  I V.  79 

Zmngle  répondit  ,   Que  Jésus-  J  52 S. 
Christ  eftle  vrai  8c  unique  Chef  de  Difpute 
l'Egiife  entant  que  Dieu  &  homme  de  Ber" 
tout  enfemble  ,  /ans  excîufîon  des  ^  xhéfe. 
autres  perfonnes  de  la  Divinité  , 
puifque  les  trois  ne  font  qu'un  feul 
Dieu  j  Que  ces  fubtilirez  nefaifoient 
rien   au  fujet  de  la  Difpute  ,  Que 
Dieu  eft  Chef  de  Jesus-Christ  Se 
au-deflus  de  lui  ,  à  l'égard  de  fon 
humanité. 

Gilles   Mourer  de 
pferfcbvvjtl  ,  -parut    enfuite   fur  la 
Scène,  (a)  &  dit  ;  „  10.  laif- 
„  fant  à  Jésus. Christ    la  di- 
gnité  de  Chef  Unique,  entanc 
qu'il  donne  la  vie   &  la  grâce, 
il  faut  reconnoître  dans  l'Eglife 
„uneauthorité,&  un  gouvernement, 
3,  car  S.  Paul  dit ,  (Rom.  XIII.)  Que 
3,  toutes  les  puiffances  font  ordonnées 
3,  de  Dieu  ,  or  Tauthomé  fpirituelle 
ou  Eccléfiaftique  eft  une  de  ces 
puifTanccs  &c.     20.  Que  S.  Paul 
3,  (H.Corinth.  X.  )  fe   glorifie  du 
3,  pouvoir  qu'il  a  voit,    qui  étoit 
3,  un  pouvoir  Spirituel  &c. 

Hallcr  iépondit,  to,  Que  le  paf- 
fage  de  Rom.  XIIJ.  ne  concerne- 
D  4  que 


80  Hijlotre  de  la  Information 

1528.  *es  Magnats  Civils.  20.  Sur 
Dlfyute  U-  Corinth.  X.  ^Vil  ne  nie  pas 
de  Ber-  qu'il  n'y  ait  une  authorité  dans 

fli  'un  Chef,  mais  un  Miniftre  ou  Ad- 
ministrateur, comme  S.  Paul  dit, 
dans  le  même  endroit  ,  qu'il  a 
reçu  ce  pouvoir  du  Seigneur,  non 
pas  pour  détruire ,  mais  pour  édifier. 
Gilles  Mourer  répliqua  (à)  que 

puifqu'il  y  a  quelque  authorité 

dans  l'Eglife  ,  établie  pour  fon 
3,  édification  ,  il  faut  donc  qu'il  y 
„  ait  un  Monarque,  ou  Chef  Su- 
„  périeur  fur  la  Terre ,  pour  l'Ad- 
„  miniftrer  :  Il  le  prouva ,  par  les 
„  figures  de   l'Ancien  Teftament, 

qui  doivent  s'accomplir  dans  le 
3,  Nouveau.  Moïfe  étoit  le  Chef 
,,  de  l'Eglife  Judaïque ,  &  étoit  la 
5,  figure  de  Jésus- Christ,  8c 
3,  Aaron  étoit  fous  lui  ie  Chef  Ec- 
3,  cléfiaftique  ,   figure  de  S.  Pierre, 

à  qui  le  Seigneur  a  donné  cette 
„  authorité  ,  en  lui  difant ,  (  Luc. 
3,  XXII.)  fortifie  tes  frères. 

Haller  répondit  en  deux  mots: 
Que  Moïfe  &  Aaron  ont  été  tous 
deux  des  figures  de  Jesus-Christ 

comme 

M  pag.  iyo. 


de  uSaifi.  L17.  rv.  gf 

comme  il  paroit  par  Hebr.lll.  V.  i$2  8> 
&  VI.  „  Que  quant  au  paffage  de  Di/pute 
3>  S.  Luc,  on  y  avoir  déjà  fumTam-  ^  Be^- 
„  ment  répondu.  ^  i?Théfe 

Jacob  Edlebacb(a)  revint  fur  la  Scè- 
ne ,  de  dir ,  ,,        kiffant  à  J  e  s  u  s- 
Christ  la  qualité  de  Chef  no* 
f«rf/  5:  corporel   ou  réel  de  TE- 
„  glife  ,  il  reconnoic   pourtant  Je 
„  Pape,  pour  un  Chef  établi  de  la 
„  part  de  Je  s  us-Christ,  pour 
„  adminiftrer  les  affaires  générales 
del'Eglife,   fui  vaut  le  pouvoir 
des  Clefs  donné  à  S.  Pierre.  Quant 
à  ce  que  Biicer  avait  dit,  que 
it  chaque  EghTe  a  le  pouvoir  de 

juger  pour   foi-même  ,   fuivant  - 
„  la  promelTe  du  Seigneur  :   ta  ou 
3,  deux  oh  trois  d'entre  vous  ,  feront 
affemblez  en  mon  Nom  ,  &c.  il  en- 
yj  treprit  de  le  réfuter ,  par  ce  qui 
s,  arriva  du  tems  des  Apôrres  ,  à 
l'Eglife  d'Antioche  ,  qui  ,  quoi- 
„  qu'elle  eut  S.  Paul  &  S.  Burna- 
bas ,  ne  voulut  pas  s'en  tenir  à 
leur  décifïon  ,    mais  les  envoya 
9}  tous  deux  à  férufalem  pour  con* 
fulter  les  Apôrres,  &c.  {Acl.  XV.) 
>,  par  la  raifon ,  qu'il  faut  renvoyer 
D  5  ces 


82  Hijloire  de  la  Réformatioti 

1  528.  5>  ces  fortes  de  chofes  aux  Chefs 
Blfpute  >3  &  Conducteurs  de  l'Eglife. 
^Ber-      Buur  >  que  cette  nouvelle  obje- 
l.Théfe.  c*lion  regaidoit,  dit,  ,3  Que  quant 
m  premier  point ,  on  y  avoit 
„  fi  mTamment  répondu  j   &  fur 
3,  le  fécond  ,         fi  l'Eglife  d'An- 
tioche  avoit  bien  fait ,  elle  au- 
5,  roit  reçu  la  doctrine  de  S.  Paul, 
?,  fans  regarder  à  perfonne  d'autre* 
5,  mais  qu'à  caufe  des  conteftations, 
qui  s'y   étoient    élevées  ,  fans 
„  doute  par  des  gens  mal-inren- 
3,  tionnez ,   qui  prenoient  à  tâche 
3,  de  diminuer  la  réputation  de  S. 
5,  Paul,  en  lui  oppofant  S.  Pierre 
„  &  S.  Jaques  &c.  S.  Paul  &  S, 
3>  Barnabas  avoient  bien  voulu  por- 
3,  ter  eux  mêmes  la  chofe  aux  au- 
33  très  Apôtres.   Qu'ainfi  l'Eglife  de 
„  Berne  auroit  mieux  fait,  de  re- 
?5  cevoir  la  doctrine  Evangelique, 
s,  de  la  bouche  de  fes  Minifties, 
33  mais  qu'à  caufe  de  quelques  per- 
3>  fonnes,  qui  fouhaitoient  d'enten- 
33  dre  aulTi  raifonner  les  autres  Do- 
,3  cteurs,  on  avoit  de  même  entrepris 
33  cette  Difpute  :  Et  que  dès-qu'on 
9)  efl  convaincu  qu'une  doctrine  eft 

de 


deUSuife.  Liv.  IV.  83 

,  de  Dieu  ,  on  doit  la  recevoir,  I  528. 
,  fans  regarder  à  perfonne.  Que  Difpute 
,  cependant  s'il  y  avoit  un  As6-de  Ber_ 

1  j      •       j      x  *  NE.  . 

,  tre  en  quelque  endroit  du  Mon-  £  Tnéfc 
„  de  5  il  les    if  oit  confulter  avec 
„  plaifir ,  pour  la  fatisfaftion  des 
Adverfaires.    Alais ,  dit -il,  0^ 
font  ils  ?    Ce  n'eft  pas  allez  de 
dire  que  le  Pape  a  été  établi  pour 
„  cela  5  il  faudroit  auiïi  qu'il  eut 
Tefprit  de   S.  Pierre  ,  car  l'hom- 
me  Animal  ri  entend,    rien  dans  les 
„  chofes  divines.  (I.  Corinth.  IV.  ) 

Sil   m'eft.   permis    de    dire. ici 
mon  Sentiment ,  fans  blefTer  le  re- 
spect qui  eft  dû  à  la  mémoire  de 
nos   Réformateurs ,  il   me  paroit 
que  Bucer  avoit  touché  au  but,  & 
levé  le  nœud  de  la  queftion,  dans 
ces    dernières   paroles  :  Que  pour 
fatisfaire  pleinement    les  Caiholi- 
ques  ,  &  achever  de  lever  le  ban* 
deau  que  les  préjugez  de  l'enfance 
leur  avoient  mis  devant  les  yeux, 
fur  l'authorité  du  Pape  ,   ces  Do- 
cteurs ,  (  après    avoir  prouvé  que 
tout  ce  qui   eft  dit   à    S.  Pierre 
dans  l'Evangile  ,    ne  lui  donnoit 
aucune  dignité  particulière  fur  JE- 
glifcjà  l'exclufion  des  autres  Apô- 
D  6  très 


84  Hiftoire  de  la  déformation 

1523.  rres  )  auroient    pu  cnfuite  dire?, 

Difpufe  qUe>  fuppofé  même  que  S.  Pierre 
*.Ber".cûc  été  établi  Chef  de  l'Eglife, 
I.ïhe^.  ceia  ne  tire  point  à  eonléquence 
pour  les  Papes,  qui  ne  font  nulle- 
ment [es  Suiajjcftrs;  ce  qu'il  efr.  aifé 
de  prouver  ,  ,  i°.  parce -que  S. 
Pierre  n'a  jamais  été  Evêque  de 
Rome.    20.  quand   même  il 

iauroit  été,  les  Papes  n'ont  hérité 
ni  de  [on  pouvoir,  qui  étoit  ex- 
traordinaire,  ni  de  ion  Efptit  >  5c 
qu'ils  n'ont  point  fa  doctrine.  Et 
ils  ^uroient  pu  défier  les  Catholi- 
ques, de.renverfer  ces  deux  propo- 
fitions.  Je  reviens  à  nôtre  Hi- 
ftoire. 

Tnftutt  III.  Le  même  jour  on  pafTa  à  la 
fur  la  II.  Thèse.  François  Kolb  l'expliqua 
n:iheji.  ^^  g,  |a  prouva  en  peu  mots, 

difant  ,  ,3  10.  CVil  ne  s'agit  pas  là 
>>  de  Réglemens  8c  d'Ordonnances 
,j  Civiles,  qui  regardent  les  Corps 
les  Biens,  mais  d'Ordonnan- 
„  ces  Eccléflaftiques,  qui  regardent 
„  le  Salut,   ex  obligent  la  Con- 
feience.    20,  Ouj\  n'y  a  point 
d'homme,  qui  punTe  nous  apren- 
„  dre  la  volonté  du  Pére  >  iî  non 

•  te 


deUSuijfe.  Liv.IV.  8S 

>,  le  Fils  ,  f«i  e/?  ^«  TVr*.  1528. 

>,  (  Jean  I.)  Ceftlui  feul  que  nous  ilH/pute 
»  devons  écouter  comme  la  voix  ^e  Ber_ 
>,  du  Ciel  lordonnc.(Matth.XXIII.)  ^Théfe- 
»  Auffi  a-t-il  ordonné  à  Tes  difci- 
„  pies  (  Mattb.  XXVIII.  )  de  ne  prê- 
>j  cher  que  les  Commandemens 
»  qu'ils  avoient  reçus  de  lui.  3°. 
>,  Ô^'ainfi,  bien  loin  que  les  Com- 
»  mandements  &  les  Traditions 
>}  des  hommes  lient  la  Confcience> 
»  qu'au  contraire  le  Seigneur  les 
»  a  condamnées  ,  lorsqu'elles  font 
»  deftituées  de  l'authorité  de  la  pa- 
„  rôle  de  Dieu:  ( Efaie  XXFX.com- 
»  paré  avec  Afatth.  XV.)  Il  a  aufîl 
yy  défendu  de  nommer  perfonne  > 
l  y,  nôtre  Attitré  ,  notre  Père  ,  on 
»  notre  Docteur  fur  la  Terre.  (Matth. 
y}  XXIII.)  Par  où  Ton  peut  juger 
»  de  quel  efprit  font  menez  ceux 
yy  qui  veulent  être  les  Pérès  &c  les 
yy  Docteurs  infaillibles  de  TEglife.» 
yy  impofer  des  loix  aux  hommes. 
yy  avec  menace  de  damnation  con- 
yy  tre  les  tranfgrelTeurs  ,  exiger 
yy  qu'on  obferve  leurs  loix  plus 
n  que  celles  de  Dieu  j  CePc-  là 
»  ï abomination  qui  seft  mife  dans  le 

>,  //>«  fmti  (Matth.  XXIV.) 

D  7  yr4/; 


86  Hijloire  de  la  déformation 

1  528.  3ean  Boukflab  3  {a)  Maître  d'Ecole 
Difputedz  ZorHngue  ouvrit  la  difpute,  en 
^Ber-  difanti  Que  nous  fommes  obli- 
ïrrhcfe "  8ez  ^e  Pren<3re  inftruftion  d'au- 
très  Livres  >  aufll  -  bien  que  de 
5>  l'Ecriture  :  8c  pour  le  prouver  il 
,y  allégua  Jean  XX.  &  XXI.  Jésus- 
5,  Christ  a  fait  plufieurs  ebofes , 
3,  qui  ne  font  pas  contenues  dans  ce 
>y  Livre  ,  &  d'autres  endroits  ,  où 
„  des  actions  &  des  paroîes  de 
„  Jesus-Christ  ne  font  point 
?3  décrites  5  comme  Matth.  IX. 
?3  Marc.  IV.  ck  VI.  Luc.  II.  III.  V. 
,3  XIII.  &  XIX.  Jean  IV.  &  Act. 
3=3 1.  8c  d'autres  paffages  encore 
,3  où  Ton  voit  3  que  tout  ce  que 
3,3  S.  Paul  a  enfeigné  n-eft  pas  écrit, 
33  Rom.  V.  GW*r.  I.  Aft.  %  &  XIII. 
33  Ephef  VI.  CWo/.  IV.  &  II.  7/- 
5,  w<?f/;.  IL 

Bucer  lui  répondit,  10.  ^a  la 
3,  vérité  Jesus-Christ  a  fait 
a>  &  dit  plufieurs  chofes,  qui  ne  font 
yi  pas  écrites  3  mais  qu'elles  ne  con- 
,3  tiennent  rien  de  nécelTaire  à  falur, 
,y  qui  foit  différent  de  ce  qui  eft 
33  écrit.  S.  Paul  dit  lui-même  de 
,3  l'Ecriture ,  qui    étoit    avant  le 

tems 


de  la  Suijjè,  Ll  V.  IV.  SJ 

„  tems  des  Apôtres  ,  Les  SS.  Let-  \  528. 

très  peuvent  te  rendre  fage  a  falut>  Dijpute 
„(lLTim.III.i5.)20.g«f  toutela  loi  de 
j,  èc  les  Prophètes  le  réduifent  à  u.xhéfe. 
v  ces  deux  Commandements  d'ai- 

mer  Dieu  de  tout  nôtre  Cœur , 
3>  ÔC  nôtre  «  prochain  comme  nous- 
3,  mêmes.    .  . 

Boukjtab  ,  ( ./*  )  pour  prouver 
qu'on  doit  recevoir  pour  régie,  des 
chofes  qui  ne  fe  trouvent  point 
dans  l'Ecriture,  demanda  à  Bucer, 
de  lui  montrer  donc  quelques  paf- 
iages  ,  qui  contiennent  ces  trois 
Articles  du  Symbole 5  //  ejî  defeerdu 
aux  Enfers  i  Je  crois  en  la  S,  Eglife 
Uni  ver f elle ,  &c  la  Communion  des 
Saints* 

Rucer  montra  Je  1.  Article  dans 
Acl.  II.  v.  31.  où  l'Original  porte* 
35  fon  Ame  na  point  '  été  laiffée  U$ 
ri  cpfat  in  Inferis  c'eft  -  à-dire  3  dans 
33  les  Enfers  ,  ou }  la  Région  des 
3,  morts  j  &:  dans  L  Pierre  III.  il  a 
pjêché  aux  Efpnts  ,  qui  font  en 
33  prifon.  Les  deux  autres  Articles, 
,>  il  les  prouva  par  Matth.  XVI.  Sur 
j,  cette  pierre  ,  je  bâtirai  mon  EgHfcx 
„  Matth.  XXVIII.  Je  fuis  avec  vous 

jufauk 

M  pag.  161.  ' 


88  Hiftoire  de  la  P\é format  ion 

1528.  35 fufqua  la  fin  du  monde.  Ephef  I. 
Difpute  „  IV.  &  V.  où  l'Eglife  eft  appellée 
de  Ber-  ^  |g  Corps   de  Jésus  -Crhist 
XLThéfe  >">  cornP0&e  des  Chrétiens,  qui  font 
appeliez  Saints  dans  toutes  lesEpî- 
>,  très  de  S.  Paul,  &  qui  ont  tous 
3y  un    même    Dieu  ,     un  même 
3,  Seigneur  &c.  comme  on  Ta  déjà 
5>  montré. 

Bouffa!;  (a)  obje&a,  J5  5^  l'Arti- 
>3  cle  de  la  Sainteté  de  l'Eglife  feroit 
33  faux,  fi  les  chofes  dont  les  Pro- 
.3  teftans  fe  plaignoient  3  étoient 
33  des  abus  criminels  ,  mais  qu'il 
3,  faut  croire  que  Jésus-Christ 
3,  a  accompli  fa  promette  ;  jfc  fuis 
33  4zw  z/o^j  &c.  Je  fuis  un  ï?on  Ber- 
?,ger,  &c.  ce  qu'il  n'auroit  pas 
J3  fait  3  puifque  ces  chofes  font 
,3  introduites  depuis  1500  ans. 

Bucer  répondit  5  „  (Von  avoit 
3,  déjà  montré  jufqu'à  quel  point 
3,  l'Eglife  peut  errer  j  Que  Dieu  aprez 
33  avoir  fupporté  les  tems  d'aveu- 
,3  glement  ,  avoit  enfin  pris  foin 
33  de  fon  Egli/è  3  afin  que  les  Elus 
3,  ne  fuiTent  pas  féduits  ,  {Matth. 
,i  XXIV.)  Que  la  vérité  a  toujours 
x»  demeuré  dans  l'Eglife 3  mais  non 

pas 

00  pag,  163  > 


deUSuifc.  Liv.  IV,  89 

„  pas  dans  la  même  mefure  &1528. 
3,  chez  tous  les  membres  \  Qu  'A  y  Bifpute 

en   a   eu  quelques-uns  qui  ont  ^  Ber- 

ignoré  ce  que  les  autres  ont  jj  7h£fe 
„  fu  &c. 

Boukjïab  (a)  objecta  encore  d'au- 
tres doctrines,  par  exemple,  fur  la 
Trinité  ,  fur  la  Virginité  de  la  S. 
Vierge  ,  3c  fur  le  Dimanche  & 
les  fêtes  des  Apôtres,  qu'il  préten- 
doit  qu'on  ne  pouvoit  montrer 
par  l'Écriture. 

Bucer  lui  montra  lespaffages  qui 
regardent  la  S.  Trinité:  Touchant 
à  la  fàrginité  de  la  Mére  du  Sei- 
gneur, il  dit  ,  Otie  ce  n'efl:  pas  un 
Article  de  foi.  ^,Et  pour  ce  qui 
„  concerne  le  Dimanche ^  QuaI  n'y  a 

aucun  Commandement  de  le  cé- 
>,  lébrer,  mais  comme  la  Chanté  eft 
3,  toujours  emprcflee  à  établir  ce 

qui  peut  fervir  à  l'édification, 
s,  l'Eglife  a  reçu  volontairement  cet 
,,ufage,  de  célébrer  un  jour  dans 
.>  la  femaine  ,    afin  de  vaquer  à 

1  ouïe  de  la  parole  de  Dieu  : 
,>  comme  aufli  Dieu  avoir  ordonné 
3,  le  Sabbath.  Et  l'obfervation  du 
s.  Dimanche  a  deja  commencé  du 

tems 

fc  H  pag. 


90  Hifloire  de  U  R.éformation 

1528.     tems  des  Apôtres  ,  comme  il  pa- 
nifpute  ,,  roit  par  1.  Corinth.  XVI.  Quant 
^BER-3jailx  fêtes  des  Apôtres  3  jamais 

x/xhéfe 5>  ^es  ^déles  n€  ^es  ont  régardées, 
comme  des  réglemens  qui  liaf- 
fent   la  Confcience.  Enfin  il  fit 
„  remarquer,  que  la   doctrine  des 
,)  Proteftans  eft ,  Ouon  doit  regar- 
„  der   comme  pris    de  l'Ecriture, 
>,  tout  ce  qu'on  y  trouve*  claire- 
rement  exprimé  ,    &    tout  ce 
qu'on  en  peut  tirer  par  des  con- 
3,  féquences  légitimes. 

Zuingle  prit  ici  la  parole  ,  (  a  ) 
pour  éclaircir  l'article  de  la  Virgi- 
nité perpétuelle  de  la  Mére  du  Sei- 
gneur ,  &  la  foûtenir  contre  les 
Catholiques  ,  qui  nioient  que  cet 
article  fe  trouvât  dans  l'Ecriture, 
ni  même  dms  le  fameux  paffage 
d'Ei'aïe  VII.  Voici ,  une  Vierge  en- 
fantera. Il  fit  remarquer,  que  Dieu 
avoit  propofé  au  Roi  Ackaz,  un 
fïgne,  ou  un  miracle  en  confé- 
quence  dequoi  il  dit  ,  Une  Vierge 
enfantera  &c.  Or  il  n'y  a  rien  de 
miraculeux  ,  fi  une  Vierge,  per- 
,9  dant  fa  Virginité  ,  devient  Mé- 
a,  re  ;  mais  de  dé  venir  Mére,  fans 

la 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.  91 

y,  la   perdre  ,  c'eft-là  le  miracle  ;  I  528, 
Ainfi  cet  article  fe  trouve  prou-  Diffute 
„  vê  par  l'Ecriture.  de  Bek" 

r  NE. 

Boukstab  \_  a~]  objecla  encore  i°.Ii.Théfe 
les  réglemens  faits  par  les  Apôtres, 
„  (  Alt  XV.)  dont  S.  Paul  preffoit 
5)  lobfervation  ,  (Acï.XVl.)  20.  di- 
5,  verfes  pratiques  ufnées  depuis 
s,  le  terr.s  des  Apôtres  ,  comme  de 
fe  tourner  du  côré  d'Orient 
»,  pour  prier  la  manière  de  bâ~ 
„  tifer  les  enfans;  le  Carême,  la 
3,  prière  pour  les  morts. 

Bucer  répondit ,  O^e  les  régie- 
,>  mens  des  Apôrres,  dont  il  eft 
,>  pj.rlé  (  Acl.  XV.)  n'ont  point  été 
o  faits  pour  lier  la  confcience-  mais 
,>  feulement  autant  que  la  charité 
,5  engageoit  les  Gentils  à  les  ob- 
,>  ferver  pour  un  tems  ,  par  égard 
*,  pour  les  foibles.  Quant  à  tout 
33  le  refte ,  nous  avons  l'ordre  ex- 
33  près   de  l'Apôtre  ,  (CololT.  N.) 

Que  perfonne  ne  vous  maîtrife^  &cc. 
o  Pourquoi  vous  charge -t  -on  d'or- 
3,  donnantes  ,  comme  fi  vous  viviez 
33  au  monde  j  ne  mange  &c. 

Le 

0]  pag.  171. 


Q 2  Hidolre  de  la  déformation. 

1523.  Le  13.  Janvier  ,  Théobald  Houut* 
DîfpMte  [a~]  Curé  d'Appenzell,  ayant  remis 

de  Bek-  fur  le  tapis  quelques  inftances,  qui 

ILThéfe  av0^ent  été  déjà  fait  es  >  Zuingle 
Action  lui  répondit ,      10.  Qu 'on  ne  nie 

^«  i?"       pas  ,  que  chaque  Eglife  particu- 

Sufte  de  55  e  ne  Pu^e>  dans.  ^es  cas  C1L1* 
la  même  35  lui  arrivent,  fe  réunir,  &  s'a£ 
mfpHte.  ,5  fembler   d'un   commun  accord> 

pour  prier,  pour  jeûner,  &c.  en 
,5  tems  de  guerre  ,'  de  pelle  &c. 
„  L'Eglifè  de  chaque  village  peut 

le  faire:  2 o.  Mais  qu'une  Eglife 

ne  peut  pas  impofer  un  joug  à 
5,  une  autre  j  mais  cette  autrç 
3,  peut  s'y  foûmettre  pour  un  tems> 
3,  par  principe  de  charité,  &  pour 
35  le  bien  ,  &  s'en  défîller  enfuite, 

lorfque  la  Charité  ne  l'exige  plus. 
,,  Ain  fi  la  Chariré  engageoit  les 
3>  premiers  Chrétiens  d'entre  les 
,,  Gentils,  à  obferver  le  règlement 

des  Apôtres  ,  touchant  lablti- 
3,  nence  des    chofes   étouffées,  & 

du  fang,  pour  ne  pas  feanda- 
„  lifer  les  Juifs-Chétiens.  Aujourd'hui 

que  cette  raifon  ne  fubfîlte  plus* 

ni  le  commun  des  Chrétiens,  ni 
3,  les  Papes  mêmes  ne  fe  font  au- 
cun 

M  pag.  176. 


delà  Suiffc.  Liv.  IV.  93 

cun  fcrupulc  de  manger  de  ces  1$2$. 
5,  fortes    de    viandes  ,  perfuadez 
„  qu'ils  font  que  le  règlement  des  ne#Ber" 
»,  Apôtres  ne  lie  point  leur  Con-  n.Thtfe 
„  fcience. 

Le  même  jour  le  Confeil  de 
Berne '[4]  renouvella  le  iéglement 
qui  avoit  été  fait  quelques  jours 
auparavant  ,  pour  le  bon  ordre  de 
la  difpure  >  &  défendit  à  tous  les 
Ecclefiaftiques  de  la  Capitale  & 
du  Canton  ,  de  fe  retirer  de  la 
difpute  ,  qu'après  qu'elle  feroit 
finie. 

Alexius  Gratt  [  £  ]  parut 
alors  fur  les  rangs,  &  après  avoir 
approuvé  la  Théfe  >  prife  difoit- il, 
dans  un  bon  fens ,  il  dit,  \0  „Que 
„  l'Eglife  Chrétienne  eft  conduire 
„  à  perpétuité  par  le  S.  Efprit  ;  &: 

pour   le  prouver ,  il  cita  ,  Jean 

XVI.  J'ai  encore  plufieurs  chofes  a 
s,  vous  dire y  mats  vous  ne  le  pouvez 
>,  pas  porter  maintenant  >  mais  quand 

/' Efprit  de  vérité  fera  venu  ,  il  vous 
,,  conduira  en  toute  vérité  \  &  (l.Tim. 
,>  III.)  CEgïtfe  efi  la  Colomne  &  Capuï 
,>  de  la  vérité.  io.  Que  par  confé- 
>,  quent  on  doit  recevoir,  com- 
me 

M  pag.  177.    [*]pag.  179. 


ç  4  Hl [foire  de  la  R  c format  ion 

Î  528.  5j  me  la  vérité  ,  les  déci  fions  &  les 
vifpute  ordonnances  de  l'Eglife,  comne 
de  Ber-  „  S.  Paul  louë  les  Thelïaloniciens 
?yE;ur.  >)  d'avoir  reçu  fa  prédication  > 
iLlhe%  (l.7»f/4/.  II.) 

Huiler  lui  répondit,      io.  Que 
9,  les  pafïages  de  Jean  XIV.  XVI. 
3,  6c  XII.  ne  prouvent  point  que  le 
3,  S.  Efprit  ait  enfeigné  une  autre 
doctrine,  que  celle  de  Je  sus - 
3,  Christ;  D'autant  plus  que  le 
33  Seigneur  a  dit,  (Matth.  XXVIII.) 
yi  Enfeignez  -  leur  à  garder  les  ebofes 
33  que  je  vous  aï  commandées,  10.  Que 
33  î'Eglife  efî  la   Colomne  &  l'a- 
33  pui  de  la  vérité ,  en   ce  qu'elle 
33  eft  fondée,  fur  la  vérité  &  non 
»  fur  des  Doctrines  ou  Traditions 
humaines  3  lui  étant  défendu  d  e- 
coûter  ceux  qui  apportent  une 
autre  doftrine,  que  celle  de  Je- 
,y  sus  -  Christ.  (  II.  Jean  III.  )  Que 
„  les  ThefTaloniciens  avoient  bien- 
3,  fait  de  recevoir  la  doctrine  de  S. 
P,  Paul ,  puifqu'elle  étoit  divine. 

Ici  Bucer  prit  la  parole  [_a~]  &C 
demanda  à  Gratt  ,  ce  qu  'il  entent  oit 
par  I'Eglife  ?  Gratt  répondit ,  Quil 
entendoit  par-Jà  ,    tous  ceux  qui 

dans 

M  pag.  i.S5. 


delaSuiffe.  Liv.  IV.  95 

dans  la  S.  Eglife  Chrétienne  font  nez  I  528. 
en  Dieu  ,  par  le  S.  Efprit,  &  par  pifpute 
l'eau  &  par  la  parole  de  vie.     Com-^  B£R- 
me  donc  l'Eglife  eft  unique,  maii.Thcfc 
Colombe  ëft   unique,  (Cantique  VI.) 
Il  n'y  aura  quune  [euh  bergerie,  (  Jean. 
X.)  ,,Si  elle   fait  quelques  régie- 
5,  mens  ,  conduite  comme  elle  eft 
par   le  S.  Efprit  ,    elle  n'erre 
point,  Se  Ton  doit  recevoir  fes 
99  Ordonnances  ,  quand  même  el- 
les  ne  fe  trouvent  pas,  en  tout 
3,  autant  de  termes  ,   dans  l'Ecri- 
,5  ture  Sainte.     Oue  l'Eglife,  dans 
les  ordonnances  qu'elle  a  faites, 
comme  de  jeûner  >   de  s'abftenir 
5,  de  viande,  &  de  ne  faite  point 
3,  de  noces  en  Caréné  de  cenfurer 
,3  les  pécheurs  &c.  n'a  fait  qu'at- 
33  tacher  à  certains  tems  des  régies 
générales  ,   qui  fe  trouvent  dans 
.,  l'Ecriture,  félon  le  pouvoir  qu'en 
ont  les  Conciles  qui  la  iépréfen- 
3,  tent  &c. 
Bwer  répliqua  brièvement,  ,,CVon 
„  avoit  déjà  prouvé  que  la  vraye 
„  Eglife  ne  fait  point    de  régie- 
33  mens  qui  ne   foient  dauement 
3,  fondez  en  l'Ecriture  :  Que  JcsOr- 
>>  donnances  de  l'Eglife  ,  comme 

defenfe 


ç  6  Hljloire  àc  la  KJfûrmaiiô» 

î  5  2  8 .  5)  de  fer,  k  du  mariige  ,  difri^ftion 
Difpnte  ,3  de  )o\\xs  Se  de  viandes,  font  ap- 
d*  Be*  „  pelles  des  Doctrines  de  Dht- 
ILThéfe  »  ^  >  Par  l'Apôtre  S.  Paul  (/.  Ti- 
;«(?r/;.  IV. 

Gratt ,  la']  pour  foûtenir  la  dé- 
fenfe  de  manger  de  la  viande  ,  Se 
le  jeûne,  cita  Rom.  XIV.  Il  eft 
bon  de  ne  point  manger  de  vian- 
de &c.  quand  un  frère  s  en  fcandalife> 
Se  II.  Corinth.  VI.  Nous  devons 
nous  montrer  en  tout  comme  Aïuù- 
ftres  de  Dieu ,  en  patience  &c.  en 
jeunes  &  en  veilles,  en  chafteté  &c. 
Se  Joël  II.  Convertirez.  -  vous  Sec.  en 
jeûnes ,  Sec.  Enfin  pour  prouver  le 
Célibat  des  Ecdéfiaftiques,  il  cita 
ï.  Corinth.  VII. 

Bucer  reliqua  >  que  ces  paffages 
ne  lignifient  autre   chofe  ,  finon 

qu'un  Chrétien  sabi'tient  d'ufèr 
5, de  fa  liberté,  quand  il  pourroit 

être  en  fcandale  à  un  frère ,  Se 

le  détourner  de  la  foi:  Que  du 
5,  refte  S.  Paul  appeHe  fort  en  U 
„foi,  celui  qui  croit  qu'il  lui  eft 
>,  permis  de  manger  de  tout  Sec. 

Quant  au  Célibat  Sec.  il  en  fera 
5,  parlé  dans  la  fuite, 

Bcukz 

M  pag.  I9i. 


de  la  Smtfe.  Liv.  IV.  97 

Boukjtab  fe  mit  ici  de  la  partie  ,  I  528- 
r]  &  voulut  prouver  le  Carême  ,  Difpute 
ar  les  exemples  de  Moïfe  ,  d'Elie,  de  Slr- 
:  de  Jesus-Christ  qui  ont  jeûné  xx/j^éfe 
hacun  40.  jours  ,  &  qu'il  eft  écrit, 
^Jesus-Christ  a  fouffert  pour  nous, 
l  «0/**  laijfant  un  modèle  afin  que  nous 

[unions [es  traces,  I.  Pierre  II.  Quand 
,  e/?-<re  ,  (  ajoûra-t-il  d'un  air 
,  dévot  )  que  nous  [ouvrirons  quelque 
,  chofe  pour  L'amour  du  Seigneur  ,  fi. 
,  wotf5  ne  voulons  pas  feulement  nous 
,  pajfer  de  viande  40.  jours  ,  pour  l'a- 
,  mour  de  lui  ?  &  L  Jean  IL  Nous 
,  devons  vivre  ,  comme  il  a  vécu, 

Bu:er  répondit,  \o,„Que  les  exem- 
,  pies  pi  opofez,  ne  prouvent  point, 
„  quel'Eglife  ait  le  droit  de  faire  des 
„  Loix ,  fans  la  Parole  de  Dieu  > 
>  lef  juelles  lient  la  confeience.  20. 
,  Oinnt  à  ce  qu'on  dit  de  lourTric 
.,  quelque  chofe  pour  le  nom  du 
,  Seigneur  ;  Nous  devons  fouffrir 
„  les  affligions  qu'il  nous  envoyé  > 

6c  non  celles  que  nous  choififlons. 
n  30.  Nous  devons  vivre  comme 

Jésus-Christ  a  vécu ,  dans  la  ver- 
>,  tu  &  la  chaiité  ,  mais  il  ne  fuit 
„  pas  de  là  ,  que  nous  devions  , 
Ton:.  IL  E  com- 


ç  8  Hifloire  de  la  Réformation 

1528.  3,  comme  lui  paflcr  40.  jours  ,  fans 

fe'BEK  "  manSer  n*  ^oire  3  s  ^  falloit  l5i- 
NE  "  3,  miter  en  tout  ,  il  faudroit  aufll 
II.Théfe  5>  faire  des  miracles  &c. 

ABïon  ^e  ^arc**  I4"  Janvier  on  paffa  à 
dîl  lâfm    la  IK.  Thèse  [a]  Ôc  fît  un 

janvier,  petit  difcours  pour  l'éclaircir  &  en 
piqûre  montrer  la  vérité  ,  en  rapportant 
iïl.Thé-  ^es  Paffages  de  l'Ecriture  >  fur  le£ 
fe.  quels  elle  eft  fondée.  ,>  Après  quoi 
,3  il  fît  [6]  remarquer;  ro.^f  la  Paro- 
,3  le  de  Dieu  nous  éxhorte  par-tout 
5,  aux  bonnes  œuvres  ,  comme  étant 
„  des  fruits  de  l'Efprit  ,  &  des 
,3  preuves  de  notre  foi  &  de  nôtre 
-  '  „  charité.  (RM*!.)  mais  quelle  nous 
33  défend  de  nous  y  confier  ,  &  d'y 
3,  chercher  nôtre  juftice.  (Deut.  IX. 
3,  E/ifc  X.  7#**  II.  Se  III.)  &  le  Sei- 
?,  gneur  le  fait  voir  (  Luc  XVIII.  ) 
,i  par  la  Parabole  du  Pharifien  & 
î,  du  Péager.  io. Que  nos  bonnes  œu- 
»  vres  doivent  avoir  pour  but  U 
3>  gloire  de  Bleu  ,  (  Matth.  V.  &  I 
,3  Corinth.  X.  &c  IL  Corinth.  V.)  & 
33  l'édification  de  prochain.  1°-  Qu 
3,  fi 3  en  divers  endroirs  ,  TÉcritur 
,3  promet  une  récompenfê  à  no 
>,  bonnes  œuvres  3  comme  Matth 

V 

M  pag.  loi.   |>]  p.  204. 


deUSuiffc.  Liv.  IV.  99 

„  V.  G  en.  XV.  Efa.  XL.  nous  ne  i  52  8. 

devons  pas  croire  qu  elles  méri-  Difpute 
5,  tent;  mais  ces  récompenfes  font  de  Ber" 
un  don  de  la  grâce  de  Dieu,  îiLThé- 
Boukïiab  prit  la  parole  &  dit,  fe. 
„  (a)  Que  fi  un  homme ,  qui  a  vé- 
„  eu  dans  le  péché  avant  fon  bâ- 
3>  téme  ,  reçoit  la  foi  ôc  le  bâtéme, 
fes  péchez  lui  font  pardonnez  j 
„  mais    s'il    pèche  mortellement 
,3  après  fon  bâtéme  ,  il  faut  qu'il 
3,  appaife  Dieu  par  la  Confeiïion, 
3,  par  la  repentance  ,  par  la  péni- 
3,  tence ,  ou  par  des  bonnes  ceu- 
3,  vres  -,  faute  dequoi  il  fera  traité 
3,  félon  fes  œuvres.    Il  allégua  en- 
core  ,  pour  prouver  le  mérite  des 
œuvres  3  les  partages  qui  leur 
5,  promettent  la  vie  éternelle 5  par 
„  ce  que  l'Ange  dit  à  Corneille  , 
L  Act.  X.   Tes  aumônes  &  tes  prières 
3,  (ont  montées  devant  Dieu',  &c  ce 
33  partage  du  livre  de  Tobie  ,  Les 
3,  péchés  font  nettoyez  par  ïaumône  & 
•  3,  par  la  foi. 

Buter  répondit,    io.  „  Que  les 
„  péchez  ne  nuifent  point  à  ceux, 
'„qui  croyent  en  Jésus  -  Christ 
„  parce-que  le  Seigneur  les  a  cx- 
E  2  piéz 

(*)  pag.  105.  &  fuiv. 


ï  OO  Hijloire  de  U  Ké for  mat  ion 

1  528.  "  P^z  &  (lu^  fanclifie  fes  fidéles> 
Difpute  5>  afin  qu'il  faffent  de  bonnes  œu- 
^BER-35vres.    20.  Que  Ha!  1er  a  montré 
îlLThé- 53  fuffifàmmen:  que  les  bonnes  au- 
fe.        ?3  vres  ne  méritent  point:  30.  Om 
le  difcours  de  l'Ange  à  Corneille 
n'emporte   aucune    mention  de 
5,  mérite.    40.  jg^'on  peut  donner 
5,  un  bon  fens  au  paiïage  dcTobie: 
5,  quoique  livre  Apocryphe,  en  ce 
„  que ,  plus  la  foi  eft  vive  ,  plus 
aufîi  elle  porte  à  la  charité ,  qui 
fait  diftribuer  les  aumônes  ;  enfin 
plus  on  eft  avancé  dans  la  foi  & 
„  dans  la  charité ,  &  plus  auilî 
3>  l'on  a  d'éloignement  pour  le  pé« 
3,  ché.    50.  Que  les  bonnes  œuvres 
»  ne  méritent  rien ,  prémiérement 
p>  parce  qu'après  avoir  fait  tout  ce 
que  nous  devons  ,  nous  ne  fom- 
mes  que  des  ferviteurs  inutiles 
3,  (Luc.XVU.)  &  en^fecond  lieu  par 
3,  ce  qu'elles  ne  font  pas  de  nous 
3>'mais  du  S.  Efp^t  >  qui  les  pro 
3,  duit  en  nous  :  ce>qui  a  fait  dir 
s,  à  S.  Auguih'n  ,  que  Dieu  recom 
3>  penfe  en  nous  fes  propres  œuvre: 
Bonifiai?  objecta  encore,  Oh 
3,  fi  même  Jesus-Christ  a  fatisfa 
s?  pour  les  péchez  de  tout  le  mor 

d 


de  U  Su/jfe.  L  i  v.  IV.  ICI 

„  de  ,  il  faut  que  nous  nous  ren-  j  52 S- 
dions  participans  de  fa  fatisfac-  Difpute 

„  tion  -,  &  fur  ce  que  Bucer  difoir,  de  Ber- 
QttïX  eft  écrit ,  Qui  aura  cru>  &c.  NE'T]^ 

»  fera  fauve  \  il  dit ,  Que  fi  cela  de-  rCt' 
voie  s'entendre  fans  aucune  re- 
ftriftion,  ce  feroit  un  commande- 
ment  fuperfîu  ,  que  celui  que  le 
Seigneur  nous  a  donné  >  de  dire 
tous  le  jours  >  Pardonne  nous  nos 

„  offenfes  &c. 

Bucer  répondit,  Que  nous  ren- 
dre  participans  de  la  latis  faction 
de  Jésus-  Christ  >  eft  une  cho- 
fe  qui  ne  dépend  pas  de  nous  > 
mais  de  Dieu:  Que  c'effc  Dieu 

L  qui  donne  la   foi    par  laquelle 

L,  nous  y  avons  part;  Qtfcndn  de- 
mander  pardon  de  les  péchez, 
n'eft  pas  fatisfaire  pour  les  pé- 

'„chez. 

Ici  trois  Minières  du  Canton 
d'Appenzell  ,  (a)  Pelage  Am  Stein, 
VFalther  Klarer  ,  &  Aîattb'iat  Xcslcr, 
appelèrent  en  difpute  le  Curé  d'Ap- 
penzell ,  Ihéobald  Ilou.'cr  ,  laccu- 
fant  d'avoir  enfeigné  ,  que  Jesus- 
Christ,  n'a  fouflert  que  pour  le 
péché  originel ,  &:  qu'il  impofoit 
E  3       à  fou 

f  4  )  raS'  2Lr4> 


1 02  Hijloire  de  la  déformation 

IJ28.  à  (on  peuple  diverfes  œuvres  pour 

Difpute  mériter  &c. 

de  Ber-     Monter   dit  3  „  Qui\  avoit  prê- 

îii.  Thé-  "  cn^  *îuc  JESUS  "  Christ  a  fouf- 
îe.        »  fert  pour  le  péché  originel,  mais 
>,  fans  nier,  qu'il  nous  ait  rachetez 
„  de  tous  nos  autres  péchés  :  Que 
5,  cependant  il  faut,  que  nous  fat 
9*  fions  auflî  quelque  choie  ,  pour 
ne  pas  paroître  vuides  :  Ow'il 
„  nous  ordonne  lui-même  de  faire 
de  bonnes  œuvres.    Que  comme 
S.  Paul  nous  apprend  que  toute 
notre  capacité  ,  ou  fufficance  ,  vient 
?,  de  Dieu  ,  aufîi  S.  Pierre  nous  mon- 
3,  tre  qu'en  vivant  faintement  nous 
„  nous  rendons  dignes  de  nôtre 
9,  Sauveur ,  quand  il  dit ,  Etudiez, 
3,  vous  par  des  bonnes  œuvres  a  af- 
tifcrmir  votre  vocation  &  votre  été» 
P,  clion  II.  Ep.  I. 

Pelage  remercia  Dieu  3  de  ce  que 
le  Curé  venoit  de  dire  ,  touchant 
la  latis  faction  du  Seigneur ,  affu- 
rant  ne  lui  avoir  jamais  ouï  rien 
dire  de  femblable  dans  leur  pays  : 
Que  quant  au  refte  >  ils  étoient  de 
fon  fentiment  à  l'égard  des  vérita- 
bles bonnes  œuvres  >  Quelles  font 
un  fruit  de  la  grâce  de  Dieu,  d'où 


de  la  ômjje.  Ll  v.  IV.  103 
il  doit  condurre  qu'elles  ne  méti-  1528. 
tent  rien.  Difyute 

Houter  (a)  voulut  prouver  le de  BiX- 
mérite  des  œuvres  10.  „  par  Texem-  ^f-r/y... 
3>  pie  d'Ezéchias  ,  qui  répréfentant  fe, 

à  Dieu,  fa  bonne  vie  paiTée,  fut 
„  exaucé.  (  II.  Rois  XX.)  20.  Celui 
3>  de  Marie  Madelaine  ,  dont  le 
n  Seigneur  loiia  l'action ,  que  Tes 
?,difciples  blâmoient.  30.  Parla 
Parabole  des  Ouvriers  ,  Matth. 
XX.  où  il  eft  dit,  Appelle  les  Ou- 
vriers, &  leur  p. lie-  leur  Çalaire  y  & 
1.  Corinth.  III.  Chacun  recevra  l.i 
récowpenfe  du  Soigneur  félon  [on 
travail. 

Péiage  répliqua  ,  Que  les  bonnes 
œuvres  étant  des  fruits  de  la  grâ- 
ce de  Dieu  ne  peuvent  pas  méri- 
ter -,  comme  dit  S.  Paul:  Si  cefl par 
grâce ,  ce  rieft  plus  par  œuvres.  Ceux 
qui  ne  connoiffeni  pas  la  juftue  de 
Dieu  y  cherchent  a  établir  la  leur  pio~ 
pre ,  Rom.  X. 

Joseph  Forer,  (b)  Miniflrc 
de  Herifavvy  dans  le  même  Canton 
d'Appenzell,  fe  leva  &  dit,  qu'il 
ctoit  du  fentiment  des  Minières 
de  Berne.  „  £/v'aucune  œuvre,  au- 
E  4  cune 

(«;  pag.217.  {b)  p.  ny. 


104  Hijloire  de  la  déformation 

M 2 8.  33  cune  Souffrance  du  tems  préfent 
Difpute  97  n'eft  comparable  à  la  gloire  à  ve- 
àe  Ber-  „  nir  &c.    Que  fi  nous  devions 

NE.  A  r 

flL  »  erre  iauvez  par  nos  propres  œu- 
fe.  '  55  vres ,  Jesus-Christ  auroic  fouf- 
55  fert  inutilement.  Que  cependant 
,5  il  ne  s'enfuit  pas  de  là  5  que 
j,  Dieu  ne  recompenfe  les  bonnes 
o  œuvres ,  que  nous  faifons  par  fâ 
„  grâce. 

D$«f<?      Le  même  jour  14.  Janvier  ,  on 

IV  Thé  Pa^a  a  ^a  ^HESE  >  S"*  e^  con" 
fe.     '  tre  la  préfence  réelle.     Elle  occupa 

long-tems  le  tapis  ;  aufïi  remplit- 
elle  5  comme  la  piémiére,  plus  de 
150.  pages  dans  les  Ailes.  Elle 
fut  combattuë  par  deux  Théolo- 
giens Proteftansj  qui  étoient  dans 
les  idées  de  Luther. 

François  Kolb ,  (a)  fit  l'ouver- 
ture de  la  difpute  &  prouva  la 
Théle  par  un  petit  difcours  ,  après 
quoi  Bénédicl  Bourgavver ,  Pafteur  de 
la  ville  de  S.  Gai ,  qui  quoique 
bon  Proteftant  d'ailleurs  5  étoit  tou- 
jours dans  les  vieux  préjugez  de  la 
préfence  réelle,  attaqua  la  Théfe  par 
deux  argumens5  tirez  delaToute- 
puiffance  &  de  la  vérité  du  Sei- 
gneur 

W  pag.  225. 


de  la  Suffi,  LïV.IV.  105 
gneur   io.  Il  a  dit,  le  pain  que     1  S- 
donnerai,  efi  ma  chair  ,  que  je  don-  vifpute 
nerai  pour  la  vie  du  monde.  Il  a  ac-^  BeR~ 
compli  ,  dit-il,  cette  promette  dans  ly^hb 
la  S.  Cène,  en  donnant  le  pain  * 
le  vin  ,  &  difant ,  Prenez  >  mangez, 
ceci  efl   mon   corps  j  &c.  ceci  efi  le 
fang  du  Nouveau  Teflament,  20.  Tout  ce 
qui  efl  impojjible  aux  hommes  ,  efi  p of- 
fice à  Dieu,  Matrh.  XIX. 

Zuingle  répondit ,  (a),  ,rO.  Que 
5,  le  pafTage  de  S.  Jean  porte  fa  ré- 

ponfe,  fa  voir  ,  non  pas  que  le 

Seigneur  veuille  donner  fa  chair 
„  à  manger  dans  le  pain,  mais  il 

entend  par  le  pain,  la  confola- 

tion  Se  l'arTurance  qu'il  nous 
5,  donne  par  fa  mort,  dans  laquelle 
y,  il  a  donné  fa  chair  pour  la  vie  du 
5,  tnonde.  C'elt.  donc  la  chair  du 
5,  Seigneur  donnée,  (  c'eft-à-dire  à  la 
?,  mort ,  ck  facrifiée)  pour  la  vie 
y,  du  Monde ,  qui  vivifie  ,  &  non 

mangée  :  ce  que  Dieu  n'a  jamais 
»,  dit.   20.  Dieu  n'a  point  promis 

de  donner  fa  chair  à  ma/)ger 
yy  corporellement.  Citer  ici  la  Tou- 
3,  te  -  puilTance  de  Dieu  cft  un  argu- 
>;  ment  fuperflu  ,  car  Dieu  ne  fait 

E  5  pas. 

(*)  pag.  11C. 


I O  6  Hijioire  de  la  RJformMion 

IJ28.  "  Pas  tout  ce  ^  Peut  '  ^  d'ail— 
m/put e  y  y  leurs  il  n'agit  jamais  contre  fa 
de  Ber-  „  parole. 

iVThé-     ^e  ^credi  *5»«  Janvier  Bourga- 
fe.'       iwr>  continua  [*]  fa  difpute  avec 
A&ioh  Zuingle ,  &;  elle  roula  toute  en- 

Unvier  r^re  9  ^ur  ^e  ^ens  ^U  ^  ^aut  donner 
Suite  dé  aux  paroles  du  Seigneur ,  {Jean  VI.) 
la  même  Bourgawer   dit,    >,  Que    nous  ne 
Vtjpxte  ^  devons  pas    rejetter  une  chofe 
oy  parce  que  nous  ne  la  comprenons 
5,  pas }  nous  ne  favons  pas ,  par 
5,  exemple,  comment  fe  forment  les 
os  d'un  enfant  dans  le  fein  de 
3>  fa  mérej  Que  nous  devons  ame- 
py  ner    nôtre    Raifon    captive  à 
35  l'obe'nTance  de  Jesus-Christ 
„  (IL  Cor.X.)  ^//'autrement  il  y  au- 
3,  roit  bien  des  choies  >  que  nous 
3,  ne  croirions  point ,  ne  les  com- 
prenant  pas.  20.  Que  h  Seigneur 
3,  ayant  dit  ,  Le  pain  que  je  donnerai 
3,  eft  ma  chair  ,  que  je  donnerai  pour 
y,  la  vie  du  monde ,  propofe  deux 
3>promefTes  >   la    ire-  de  changée 
du  pain  en  fa  chair,  ce  qu'il  ac- 
5,  complit  dans  la  S.  Cène,  en  di- 
3,  fant,  Prenez  >  &c.  ceci  eft  mon 
9,  corps  $  la  2de-  de  fe  livrer  à  la 

(*)  pag.  2ip. 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.  107 
„  mort  ;  pour  nous  procurer  la  1  528. 

»  vie.  Difpute 

Zuingle  (a)  laiflant  à  part  îa  ire-  de  Ber- 
„  réflexion,  qu'il  regardoit  comme  jy-yg^ 
„  fuperfluë ,  répondit  à  la  2de-  Que  fe/  r 
„  pour  comprendre  le  fens  de  ces 

paroles  ,  il  faut  remonter  à  cel- 
„  les  qui  précédent.  Il  a  dit ,  J s 
3,  fuis  le  pain  de  vie  ,  qui  eft  defcen- 
?,  du  du  Ciel  ,  quiconque  mangera  de 
5,  ce  pain  vivra  éternellement.  Vou- 
3>  lant  donc  expliquer  ce  que  c'efi 
?>  que  ce  pain,  il  ajoute,  Et  le 
5,  pain  que  \e  donnerai  ,  c'eft  ma 
5,  chair  &c.  il  eft  évident ,  qu  il 
3,  parle  du  pain,  dont  il  a  déjà  parlé, 
3,  qui  eft  lui-même,  comme  s'il  di- 
?,  foit  :  Afin  que  vous  fâchiez  corn- 
3,  ment  je  fuis  du  pain  qui  donne 
3,  la  vie  ,  c'eft  que  je  livrerai  ma 
3,  chair  (  mon  corps  )  à  la  mort  , 

pour  la  vie  du  Monde.  Et  corn- 
3,  me  Bourgawer  oppofa  ces  paro- 
3,  les  ,  En  vérité  ,  je  vous  dis  ,  fi 
3,  vous  ne  mangez  là  chair  du  fils 
3,  de  l'homme  &c.  Ala  chair  eft  vrai- 
?,  ment  viande  &c.   Zuingle  (b  )  fie 

une  courte  paraphrafe  de  tout  ce 
3^  Chap.  VI.  depuis  le  v.  32.  juf- 
E  6  qu'au 
U)  pag.  231.  il)  p.  133. 


1 08  Hiftoire  de  U  déformation 

I  Ç2 8. 55  qu'au  58.  pour  montrer  qu'il 
Utfpute  >>  n'y  eft  point  parlé  d'une  mandu- 
de  Ber-,,  cation  charnelle  ou  corporelle, 
Sî*  ,  ,  i>  nécelTaire  pour  avoir  la  vie:  Que 
fe^  le  Seigneur  voyant  que  les  Juifs 

ne  comprenoient  point  ce  qu'il 
yy  leur  avoit  dit ,  qu'il  étoit  le  pain 
>,  defeendu  du  Ciel>  le  leur  expliqua 
»  en  difant  ,  Ceft  ici  la  volonté  de 
yy  mon  Pére  ,  que  quiconque  contenu 
>}  pie  le  Fils  ,  &  croit  en  lui  >  ait  U 
»  vie  étemelle  ,  &  je  le  reffufcheraî 
9)  au  dernier  jour  :  Que  dans  la  fuite , 
»  comme  les  Juifs  difoient ,  en- 
y,  tr'eux.  Comment  celui-ci  eft-il  de- 
yy  feendu  du  Ciel  ?  (par  où  l'on  voir, 
3)  que  par  le  mot  de  pain  ,  ils 
yy  avoient  fort  bien  compris  qu'il 
y,  ne  s'agit  que  de  la  foi  &:  de  la 
yy  confiance  en  lui,  )  il  leur  répon- 
yy  dit ,  Ne  mur  mer  ez  point  &c.  Nul 
yy  ne  peut  venir  a  moi  ,  fi  le  Pére  nâ 
yy  le  tire  &c.  preuve  que  venir  a 
yy  lui  y  &  croire  en  lui  y  eft  la  mê- 
yy  me  chofe,  que  manger  fa  chair, 
yy  Après  quoi  il  dit  clairement  & 
5,  3c  fans  figure,  (  v.  47.  )  Qui  croit 
en  moi  ,  a  U  vie  éternelle.  Et 
yy  ajoutant  immédiatement  après» 
»     [uU  h  puk  de  vie ,  il  eft  clair, 


de  la  Suffi  LlV.  IV.  109 

»  qu  il  ne  parle  pas  dvun  pain  Sa- 
»,  cramentel,  car  un  tel  pain  n'eft^BER- 
»  pas  un  pain  de  vie,  puis  qu'une  |*E- 
»  infinité  de  gens  en  mangent,  qui  ^e  J 
»,  n'ont  point  Ja  vie.  Autrement 
»,  fi  le  Sacrement  donnoit  la  vie, 
»,  il  y  auroit  deux  moyens  pour  être 
»,  fauvez,  l'un  dans  la  manduca- 
»,  tion  charnelle  de  fon  Corps  Se 
»,  de  fon  Sang  dans  le  Sacrement, 
»,  &   l'autre   dans  fa    mort.  Ec 
de  plus  les  Apôtres  &  les  autres 
»,  difciples ,  qui  rirent  la  première 
»,  Cène  avec  lui  ,   auroient  déjà 
>,  aquis  la  vie  éternelle  par  cette 
>,  manducation   Sacramenule  >  &C 
>,  ainfi  la  mort  du  Seigneur  auroit 
„  été  fuperfhë.    Et  fur  une  nou- 
>,  velle  inftance  de  Bourgawer  ,  il 
„  fit  (a)  remarquer  que  fon  raifon- 
„  nement  faifoit  un  Cercle  vicieux. 
Notre  difficulté ,  dit -il,  efi  de  favoir^ 
fi  ces  paroles ,   Ceci  eft  mon  Corps, 
doivent   être  entendues  groJ]iérement> 
&  au  pied  de  la  lettre,     ht  notre  Ad- 
verfe    partie  ne  pouvant  pas  ,  com- 
me je  cro;s ,  fit  foâtenir  pat  ces  paro- 
'es ,  elle  cherche  une  paiole  de  pro- 
mejfe,  mais  il  ne  s  y  trouve  point  de  pre- 
meffe  du  Sacrement  >  duquel  il  efi  que- 
M  p.  24 1.  £  7  jffrfe 


ï  I O  Hijloire  de  U  Réformatiow 

ï  $2%.fli°n'  &  four  prouver  que  dans  ce  paf- 
Dlfpute  (âge  la  il  y  a  une  promeffe>  ils  ven- 
de Ber  ient  le  prouver  par  les  paroles  memesy 
lV  Thc-P0Ur  ? exPitcatton  desquelles  ils  avoient 
fe.        employé  ce  raifonnement. 

Après  Bourgawer,  lcMaitre  d'E- 
cole de  ZofEngue,  nommé  Bou^- 
ftab  y  fe  mit  fur  les  rangs ,  &  ce 
fut  Oecolampade  qui  lui  répondit. 
Il  ne  fit  que  répéter  (  a  )  le  raifon- 
nement de  Burgawer  fur  ces  mots 
de  Jean  VI.  Le  pain  que  je  donne- 
rai Sec.  3>  &  ajouta  que,  fi  l'on  pou- 
3,  voit  ^admettre  les  explications 
„  des  Pérès ,  il  pourroit  citer  Ori- 
3)  gene,  S.  Cyprien,  S.  Hilaire  ,  S. 
yy  Jérôme  ,  S.  Ambroife  ,  Cyrille, 
„  S.  Chryfoftome  ,  &  Théophy- 
y>  lacté  >  qui  tous  >  dit -il,  on  ex- 
yy  pliqué  unanimément  les  paroles 
yy  en  queftion  ,  du  Sacrement  de 
„  l'Euchariftie. 

Oecolampade  lui  répondit,  „^on 
5>  n  étoit  pas  là  aflemblé  pour  écou- 
yy  ter  les  anciens  Docteurs:  quant 
yy  à  fon  raifonnement ,  Zuingle  y 
yy  avoit  déjà  répondu. 

Le  Curé  d'Appenzell  fe  leva  ici, 
pour  faire  remarquer ,  (  b  )  „  Que 

Zuingk 

U)  pag.247.  {b)  pag.  241;. 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.  III 

3,  Zuingle  a  voit  traduit  en  latin  152  g. 
y)  les  mots  de  l'Original  de  cette  Difpute 
„  manière.    Partis  autem  quem  ego  de  Ber- 

dabo  >  pour  faire  fentir  qu'il  ne  Jy'^^, 
>,  s'agit  dans  ce  paffage ,  que  d'un  fea* 

feul  &  même  pain  >  &  non  pas 
3,  de  deux  ,  comme  l'avoit  préten- 
3,  du  Bourgawer  :    Il  croyoit  que 

cerre  Traduction  étoit  fauffe  , 
33  parce  que  S.  Jérôme ,  ou  l'Au- 
33  theur  de  la  Vulgare,  a  traduit, 
3,  Et  panis  quem  ego  dabo.  Cepen- 
,3  dant  comme  il  avoua  qu'il  n'en- 
,j  tendoir  pas  le  Grec,  il  s'en  rap- 
33  portoi:  à  ceux  qui  peuvent  con- 
,>  fiilter  l'Original. 

Zuingle  répondit,  3,  Qrfil  s'en 
n  rapportoit  à  l'Original  ,  qui  por- 
»  te  \  0  xffeç  fi  &c.  ce  qui  figni- 
3,  fie  punis  autem  &c.  Or  le  pain 
„  &c. 

Bourgawer  [a~\  fe  remit  fur  les 
rangs  &  cita  pour  prouver  la  pré- 
fence  réelle  ,  l'Inftitution  de  la  S, 
Cene  ,  Céci  efi  mon  Corps ,  Ceci  efi 
mon  Sang  &c. 

Oecolampade  répondit ,  ,>  Que  s'a- 
„  giflant  là  d'un  Sacrement  3  il 
3j  faloit  ,  pour  avoir  le  vrai  fens 

M 


1 1 2  Hifloire  de  la  déformation 

I  »  de  ces  paroles,  faire  attention  à 
Difpiite  »  la  nature  des  Sacremens,  dans  les- 
de  Ber-,,  quels  il  y  a  toujours  deux  cho- 

ÏV  Thé  "^Sî  ^'une  ^  e^  ^e  %ne  '  & 
fe.     "  >>  l'autre  qui  eft  la  chofe  figniflée, 

»  comme  dans  le  Bâtéme,  où  l'eau 

,y  eft  la  figure  de  la  grâce  du  S. 

Efprit ,  &  de  la  régénération  i 
?,  Ainfi  dans  le  Sacrement  de  l'Eu- 
5,  chariftie,le  pain  &  le  vin  font  la 
5,  figure  du  Corps  &  du  Sang  du 

Seigneur. 

Bourgavver  fit  divers  raifonne- 
rnens  embarraflez  fur  la  nature  & 
l'Ufage  des  Sacremens  de  l'Ancien 
&  du  Nouveau  Teftament  ,  mais- 
cntr'autres  il  fe  félicita  de  ce  qu'CE- 
colampade  n'apportoit  aucun  pat 
fage  pour  prouver  fon  fentiment. 

Oecolampa.de  répliqua  ,  »  Que 
5>  toute  la  difficulté  roulant  fur  le 
9>  fens  qu'on  doit  donner  au  mot 
>*Eft>  dans  ces  paroles  ,  Ceci  eft 
?>  mon  Corps ,  il  faut  les  expliquer 
5>  félon  /' Analogie  de  la  foi,  (Rom* 
53  XII.  )  On  ne  peut  les  expliquer 
s,  que  littéralement  ou  figurément  -y  Ci 
:yon  les  explique  littéralement  * 
j3  pour  y  trouver  la  préfence  réelle, 
ft»ïl  s'cnfuivra  que  Jésus  -  Christ 

Dieu. 


de  la  Suffi.  Li  v.  IV.    1 1  3 

»  Dieu  Se  homme  tout  enfenble  ,  a  I  52 S. 
„  pris  à  foi  le  Dain  en  fa  Nature,  pifpute 

n  x  r    •  •  B£R- 

„  ce  qui  elt  contre  notre  roi ,  puis  N£ 
>,  qu'il    eft    écrit  ,    (  Hcbr.  II.  )  IV- Thé- 
„  qu'il  a  pris  nôtre  Nature ,  de  la  fe. 
„  femence  d'Abraham,  &  non  celle 
„  des  Anges,  ni  aucune  autre  Créa- 
>,  ture.  Si  on  veut  les  expliquer 
„  figurément ,  on  n'y    peut  point 
„  cheicher  d'autre  figure  ,  que  celle 
„  que  nous  établirions,  toutes  les 
„  autres  font  contraires  à   la  foi, 
>,  qui  pofe  ,   que   Jésus  -  Christ 
>,  esl  monté  au  Ciel  Sec.    Enfin  il  fit 
remarquer   à    Bourgawer  , 
„  quil  rejettoit  lui-même  le  fens 
„  litreral  fans  y  penftr  ,  Se  qu'il 
„  admettoit  un  fens  de  ^giUQ^  fon 
„  explication  revenant  à  ceci  ,  Le 
„  Corps  efl  fous  le  pain  :  Le  fang  efl 
fous  le  vin  Sec. 

Le  Jeudi  1 6.  Janvier,  {b  )  Bourga-  -Aftion 
-Mer,   pour  prouver  fon  explica-  iaunvl^" 
tion  ,  cira       io.  Jean.  XX.  où  suite  de 
„  Jesus-Christ  fou ffl a  contre  fes  1*XJ$*- 
„difciples,  leur  difant ,  Recevez 

S.  Efprit,  non  pas  que  le  fourfle  réelle. 
„  fut  le  S.  Efprit  ,  mais  qu'il  lac- 
„  compagnoit,  Se  qu«  lefprit  leur 

fut 

(*)  pag.atfi.  [b)  ibidem. 


1 1 4  Hiftoire  de  la  i\eformation 
Ï  528.  „  fut  donné  avec  ou  par  ce  mo- 
pifpnte  >3  yen:  2o,  Les  manières  de  parler 

de  Ber-      j  j.  j 

NE  ,j  ordinaires  3  comme  quand  on 
IV. Thé-  »  dit  d'un  fer  chaud,  wi/*  d# 

»  &  d'un  verre  plein  de  vin ,  voila 
„  du  vin.  Quant  au  refte  il  avouoit 
»  que  la  manducation  corpo- 
?>  relie  étoit  inutile  pour  le  falut, 
»  fi  elle  étoit  deftituée  de  la  foi, 
?3  &c.  30.  Ces  paroles  de  I.  Co- 
y>  rinth.  X.  qu'il  rapporta  de  cette 
yy  manière  :  Le  pain  que  nous  rom- 
yy  pons  y  neft-il  pas  la  dijîrïbution  du 
y,  Corps  ^Jesus-Christ  ? 

Oecolampade  lui  répondit  >3io.Qfie> 
yy  malgré  qu'il  en  eût  ,  il  faioic 
5,  qu'il  admit  un  fens  de  n*gure> 
y,  car  (pour  éckircir  les  exemples 
y,  qu'il  apportoit,)  on  ne  dit  pas 
5,  d'un  fer  chaud ,  ce  fer  eft  du  feu  , 
3,  ni  d'un  verre  de  vin ,  ce  verre  eft 
y}  du  v'm  :  mais  en  diiant  ,  voiia 
yy  du  feu  y  voila  du  vin  >  on  entend 
5>  que  le  feu  eft  contenu  dans  le 
5,  fer  ,  &  le  vin  dans  Je  verre;  mais 
non  le  fer  changé  en  feu  ,  ni  le 
5)  verre  en  vin.  Que  de  même  le 
9y  fouffle  du  Seigneur  n'a  pas  été 
y3  réellement  le  S.  Efprit ,  mais  un 
»  figne  de  cet   efprit  :  20.  Qtiil 

ckoit 


de  U  àmfje.  LIV.  IV.     I 1$ 

„  citoit  mal  les  paroles  de  I.  Co- 1  528* 

rinth.  X.   car  il  n'y  a  pas  Le  Difpute 
J9pain  &c.  eft  la  diftribution  :  mais,  de  Ber= 
,  5,  Z>  pain,  que  nùus  rompons  3  ne(t  -  il  iv .Thé- 
>,pas  la  Communion  du  Corps  de  Cbriftffe. 
L,  Il  ne  dit  pas  non   plus  ,  Dans 

le  pain  eft  la  Communion  du  Corps 
5>  &c.  Se  le  fens  de  ces  paroles  pa- 

roit  encore  clairement  par  ce  qui 
„  fuit,  Car  nous  qui  fommes  plufîeurs9 
L  fommes  un  pain  &  un  Corps  ,  parce 
5,  que  nous  fommes  tous  participans 
L  du  même  pain.  Il  ajoura  >  que 
5,  nous  renions  pas,  que  nous  ne 

mangions  le  Corps  de  Jesus- 
3,  Christ  &  que  nous  ne  beu- 

vions  Ton  fang  ,  mais  nous  le 
L  faifons  fpirituellement  par  la  foi, 
,>loîfque  nous  croyons,  que  nous 
3,  fommes  réconciliez  à  Dieu  par  la 
j>  mort  de  Jésus -Christ. 

Il  y  avoit  dans  l'aiTemblée  un 
Théologien  Proteftant  ,  nommé 
Althamer,  de  Nuremberg ,  qui 
étoit  aufll  dans  les  idées  de  Luther, 
fur  la  préfence  réelle.  Il  avoit  écrit 
un  Traité,  pour  concilier  les  paf- 
fages  de  l'Ecriture  ,  qui  femblent 
fe  contredire,  &:  entr  autres  il  avoit 
tâché  d'expliquer  les  palfages,  qui 

com- 


I  r  6  Hifloire  de  la  Information 

1  528.  battent  la  préfence  réelle.  De  plus 
Bifpute  il  avoit  publié  quelque  chofe  fur 
de  Ber-Jç  Sacrement.    Il  avoit  été  invité  à 
IV.Thé-  cette  bifpute ,   &  il  fouffi  it  *  que 
fe.        le  parti  Catholique  le  choifit  pour 
défendre  la  Doctrine   de  la  pré- 
fence réelle  ,  ce  qui  fit  croire  à 
quelques-uns,  quoique  mal-à-pro- 
pos ,  qu'il  avoit  embraflfé  de  nou- 
veau la  Religion  Romaine. 

Il  répondit  donc  {a)  au  paflage 
.  de  I.  Corinth.  X.  Le  pain  que  nous 
rompons  rieji  il  pas  la  Communion  ? 
•  Que  l'interprétation  de  Bourgawer 
étoit  foiide  ï  parce  que  le  Grec 
nowavisti  5>  Ot/on  traduit  par  Com- 
munion, fîgnirîe  au/îî  diftribution,  &C 
„  pour  le  prouver  il  cira  Rom.  XV". 
„  v.  16.  &  II.  Corinth.  VIII.  v.  4. 

où  ce  mot  eft  employé  pour  de- 
„  figner  des  Aumônes  3  ou  Contribua 
,3  tions  charitables. 

Occolampade  répliqua  (  b  )  Que 
3>  ceux  qui  entendent  le  Grec  fa- 
o  vent  ,  que  le  mot  navtcv'tx  figni- 
5>  fie  Communion ,  &  Société  de  gens 
33  qui  participent  enfemble  à  quelque 
3,  chofe,  Se  eft  dérivé  de  nom*  Corn- 

m  un  ; 

*  Lavât,  39. 


de  la  Suife.  Liv.  IV.  1 17 

•i,  mun  j  Que  quand  on  a  commu-  I  S 2 8. 

L  nion   à  une  chofe  ,  qui  eft  en  P'Jt»** 
.         .         ,  dt  Ber- 

plus  périt  nombre  qre  nous  ,  eu  KE 

L  au  deiîus  de  nous,  cela  le  peut  îv.Thé- 

j,,  faire  en  deux  manières  ,    ou  à 

recevoir ,  ou  à  dïjhïouer.     Or  s'a- 

giflant  ici  de  la  grâce  de  Dieu, 

nous    n'y    avons  Communion 

L,  qu'en  la  recevant  >   &  non  en  la 

„  diftribuant ,  puifque  la  antiibuer 

5,  eft    une   chofe  qui  n'appartient 

qu'à  Dieu  >  les  hommes  ne  font 

5,  que  les  Miniftres  &  les  Annon- 

5,  ciatcurs  de  cetre   Commurion  : 

-,  &  c'eft  dans  ce  fens  que  fe  prend 

9,  ce  mot  jufqu'à  quatre  fois  dans 

,3  la  F.  Ep.  de  S.  Jean  chap.  L  Les 

5J  palTages  vitez  par  Althamer  em- 

33  portent  toûjouis   une  Communion 

3,  ou  panicipaiion.    S'il  faloit  expli- 

:,  quer  toujours  ce  mot  par  diffrp- 

3,  butïon  ,  comment  entendroit  -  on 

o  ces  paroles  de  II  Corii  th.I.  Ncus 

»  femmes  notvwot  (  participant  ) 

>»  foitjfrances  ?  il  s'enfuivroit  de  là 

que  nous    femmes  difirilutturs  de 

„  fou frarues  Sec. 

Api  es  quelques  autres  diftours 

d'Althamer  ,    de  Bourgawcr  ,  & 

d'Oecolampadc,  qui  n'écoient  aune 

chofe 


1 1 8  Hiflolre  de  la  Rjformation 
M^S.chofe  que  des   répétitions  &  des 
deB  *^  édairciiTemens  ^e  ^urs  premiers  rai- 
KB  ER"  fonnements5Z«/«^prit(^)  la  parole, 
ÏV.Thc-  &  pour  donner  le  vrai  fens  du  paf- 
fage  de  I.  Corinth.  X.  il  fit  remar- 
quer io.  Que  le  but  de  S.  Paul  eft 
de  relever  Terreur  de  ceux  ,  qui 
3,  croyoient  pouvoir   manger  des 
s,  viandes    facrifiées  aux    Idoles  , 
„  fans  bleffer  leur  confeience.  Pour 
les  convaincre  qu'ils  fe  rendoient 
3>  coupables  par  là  d'Idolâtrie ,  il 
3,  fait  un   raifonnement  ,    qui  rc- 
3,  vient   en  fubftance   à  ceci.  Un 
5>  homme  ne  peut  pas  être  membre  de 
3,  deux    Sociétez    ou  Communautés 
3,  oppofées.    Si  un  homme  eft  membre 
3>  de  Jesus-Christ  &  de  fon  Eglife» 
33  comment  peut-il  être  membre  de  ÏE- 
,5  glife  du  Diable  ?   20.  Que  l'Apôtre 
25  pour  faire  fentir  la  force  de  fon 
3,  raifonnement ,  dit,  La  Coupe  &C, 
3,  que  nous  beniffons ,  rieft-elle  pas  U 
>,  notvùtpiu  Communion  du  fang  de 
3,  C/;?iy??(&  non  pas  hCommunicê- 
tion  ou  diftribution)  comme  il  eft 
3,  dit  dans  le  Symbole  ,  la  Commu- 
5,  mon  des  Saints.    Le  pain  que  nous 
9y  rompons ,  n'efl-il  pas  U  Communion 

du 

"W  pag-  2Sv 


de  la  Suife.  Liv.  IV.  119 
,  du  Corps  de  Chrifti  Paroles  où  l'A-  152  g, 
,  pôtre  fait  allufion  à  l'ufage  des  Difptte 
,  Signes,  en  ce  que  ceux  qui  ufent  de 
.,  enfemble  des  mêmes  Sacremens,  jy'j^^ 

compofent  enfemble  une  Eglife  fe, 

ou  une  Communion  :  il  nomme 
L  donc  la  Communion  du  Corps  &  du 
i„  Sang  de  Jésus-  Christ  tous 
L  ceux  qui  ufent  enfemble  du  Sa- 

crement  de  fon  Corps  6c  de  fon 
„  Sang.  30.  Cela  paroit  par  le 
L,  raifonnement  qui  fuit  ;  Car ,  (die- 
»,  il,  NB. )  nous  qui  fommes  plufieurs 
,„  fommes  un  pain  &  un  corps ,  parce- 
>,  que  nous  parthipons  tous  a  un  même 
L  pain  NB.  Il  ne  dit  pas  à  un  mê- 
„  me  corps. 

Le  Vendredi  17.  Janvier,   (a)  Am0n 
Bourgavver  ,   pour  prouver  la  pré-  du  *7« 
fence  réelle  ,  cita  la  Loi  $  Exode 
XII.    „  Oui  ordonnoit  aux   Juifs  de  la 
>,  de  manger  l'Agneau  de   Pâque,  même 
„  comparée  avec    I.  Corinth.  V.  Di^ute- 
<>,  Chrijl  notre   Paque  a  été  facrifié  ; 
k,  d'où  il   concluoit  ,  que  comme 
>,  les  Juifs  mangeoient  réellement 
„  Ja  chair  de   l  Agneau  ,    il  faut 
i„  aufl],  pour  qu'une  figure  réponde 
„  à  l'autre,  que  les  Chrétiens  man- 
gent 

(  *  )  pag. 


I  20  Hijloire  de  la  BJ for  mat  ion 

I  52  8»  »  Eent  réellement  la  chair  de  Je- 
Difpute  5)  sus-Christ,  le  vrai  Agneau 
de  Ber-  „  de  Dieu   Ôcc.  comme  il  a  dit, 
IV  Thé  *'  Mangez  Ceci  efi  mon  Corps  Sec. 
fe.  Oecolampade  répondit ,  ,,  Que  le 

»  paffage  de  L  Connth.  V.  ne  prouve 
„  rien  de  femblable ,  parce  qu'il  ne 
»  s'y  agit  point  de  recevoir  un  Sa- 
„  crement  ,  mais  d'apprendre  aux 
>,  Chrétiens  qui  veulent  avoir  part 
>,  par  la  foi  aux  fruits  du  facrifice 
„  du  Seigneur,  qu'ils  doivent  être 
>,  purs,  &  féparer  du  milieu  d'eux 
„  tous  les  pécheurs  fcandaleux, 
>,  qu'il   compare   à    du   levain  ; 

comme  les  Juifs  mangeoient  la 
>,  Pâque  avec  du  pain  fans  levain, 
>,  20.  (M  il  faut  fans  doute  qu'une 
figure  ou  cérémonie  ait  de  la 
-  >,  convenance  avec  l'autre  j  8c  c'eft- 
>,  ce  qui  fe  trouve  ici.  Les  Juifs 
„  mangeant  l'Agneau  de  Pâque, 
„  rendoient  grâces  à  Dieu  de  leur 
„  délivrance  5  Ainfi  en  faifant  la 
»  Céne  ,  nous  rendons  grâces  à 
»  Dieu  de  la  nôtre. 

Zuingle  prit  ici  la  parole,  (a)  & 
pour  éclaircir  cette  matière,  il  fit 
»  remarquer  que  la  Loi  ayant  eu 

l'om- 
it) pag.  294-  Se  fuÎYi 


de  U  Suffi.  Liv.  IV.     12  r 

t ombre  des  biens  a  venir  (Hebr. X.)  I  528. 
les  chofes ,  qui  y  avoient  quel-  Difpute 
que  ulage  de  figure  ,  ne  répré-  de  Ber' 
fentoient  pas   ces  biens  à  venir  fv.Thé- 
comme  ils  font ,  mais  en   om-  fe. 
bre  ôVc  ainfi  ce  qu'on  y  voyoit 
réellement  &  corporeilement  doit 
être  ici  Spirituel ,  fi  tant  eft  que 
Jésus -Christ  foit  la  Lumière, 
la  Vie  &  la  Vérité.     Ce  donc 
que  Ton  tuoit  l'Agneau  Pafcal  , 
3c  qu'on  le  mangeoit  ,  figuroit 
la  mort  de  Jésus  -  Christ 
qui    doit  être  mangé  par  nous 
Spirituellement ,  en  ce  que  nous 
croyons  >  &  nous  nous  confions 
en  lui.    Ceft  ce  que  Jésus  - 
;  Christ  explique  nettement  lui- 
même  (Jean  VI.  )  quand  il  dit,  Je 
fuis  le  pain  de  vie  ;  qui  vient  a 
moi ,   ri  aura  jamais  faim  ,   &  qui 
•  croit  en  moi  ,  n'aura  jamais  foif  : 
où  il  eft.  clair  que  Jesus-Christ 
prend  ces  deux  phrafes  ,  venir  à 
lui  >  3c  croire  en  lui  >    pour  la 
même  chofe:  8c  veut  dire,  que 
;  qui  croit  en  lui  ,  n'a  plus  de  défir 
:  pour  d'autres  confolations  ,  d'où 
.l'on  doit  conduire;  qu'il  n'eft 
.  point  parlé   de   la  confolation, 
Tom.  II.  F  qu'on 


12  2  Hifl cire  de  la  Information 
1  528.  „  qu'on  redre  delà  manducacion 
fc^"te»  charnelle  du  corps  du  Seigneur, 
me.  »t  Ajoutez  qu'il  y  dit  encore  >  Ce/? 
tV.Thé- ÏEfprït  qui  vivifie  ;  la  chair  ne  pro- 
^        5,  fite  de  rien.  A/es  paroles  font  tjpritt 

3>&  vie. 

Bourgavver .  objefta  encore  [V| 
a,  Que  Dieu  a  toujours  accompli 
>,  dans  l'Ancien  &  le  Nouveau  TeC 
3,  tament  ce  qu'il  a  dit  ,  ou  promis, 

Ain  fi  il  4  la  parole  &  toutes  cho- 
„  (es  ont  été  faites.  Pfau.  32.  (ou  $3.) 
3,  Ainfï  il  a  rendu  féconde  Sara  ie- 

Ion  fa  promcfle  ,  (Gen. XVIII.) car 
,,rien  n'eft  impoilible  à  Dieu.  Efaic 
3,  LV.  &c.  zo.Oueks  paroles  du  Sd- 
„  gneur  font  toujours  accompagnées 
3,  de  la  vertu  coopérante  de  Ton  Ef- 
33  prit  j  c'eft  ainfï  que  l'Evangile  esl 
3,  la  puïfance  de  Dieu  pour  le  falut  &c. 
33  Rom.  I. 

Zuingle  répondit  ,  5,  Ou\\  n'eft 
3,  pas  queftion  de  favoir  ,  fi  Dieu. 
3,  accomplir  toujours  fes  promefifes, 

(  perfonne  n'en  doute  3  )  mais 
5,  s'il  a    promis    de  donner  fon 

Corps  à  manger  réellement  dans 
3,  l'EuchaVillie  ,  &:  fi  en  particuliei 
3,  fa  parole  extérieure  porte  toû 

jour: 

W  pag.  yOi.  &  fui  y. 

Jifl 


âeUSuiffc.  Lïv.  IV,  123 

5)  jours  avec  elle  ce  qu'elle  fignine,  *  528. 

ou  ce  qu'elle  promet  ;  C'ejt  ce  ^e  'lfPute 
o  qu'on  nie.   Dieu  ordonne  à  Abrâ-  neBer" 
,>  ham  de  lui  facrifier  Ton  fils,  mais  IV.Thé- 
5,  il  révoqua  enfuite  cet  ordre.  Tous  *~e- 
„  ceux  à  qui  l'Evangile  eft  prêché 

ne  font  pas  fauvez  :  l'Evangile 

n'eft  pas  la  puiffance  de  Dieu,  pour 
„  le  falut  de  tous  ;  mais  pour 
,3  ceux-là  feulement  qui  font  appel- 
3J  lez  &c. 

La  Difpure  roula  enfuite  long- 
tems  fur  ce  que  Bourgawer  préten- 
doit,  que  la  parole  du  Seigneur  3 
Prenez  mangez  y  Ceci  efi  mon  Corps  5 
reçue  avec  foi ,  s'accompîiffoit,  Se 
rendoit  le  Corps  du  Seigneur  pré- 
fent  3  ce  que  Zuingle  Se  CEcolam- 
pade  refutoient  par.  divers  raifonne- 
mens. 

Bourgawer  (a)  cita  enfuite  ces  pa- 
roles 3  Beuvez-en  tous  3  Ceci  eïi  mon 
Sang  ,  le  Sang  du  Nouveau  Teftamcnt 
qui  efi  répandu  pour  vous  i  3,  d'où  il 
?>  conclut  que  dans  l'Euchariitie  on 
33  boit  réellement  le  même  Sang  de 
»  Je  sus-Christ,  qui  a  été  ré- 
3,  pandn  fur  la  Croix,  il  voulut 
3,  illuftrer  cela  par  Exod.  XXIV.  où 
F  |  il 


124  Hîftolre  cle  la  Ré  for  mat  ion 

J  528.     il  eft  dit,  qu'après  que  Moïfe  eut 

i^EUte  "  1Û  aU  PeuPle  le*  Livre  dc  1>Allian- 
ne.  ER*3»ce  '  &:  que  le  Peuple  eut  accepté 
iV.Thé-  33  cette  Alliance,  Moïfe  prie  du  Sang, 
•!~        7>  6c  en  fît  afperfion  fur  le  Peuple, 
9S  en  difant ,  CV/?  ici  le  Sjtng  de  ï AU 
?,  liant  e  ,  que  Dieu  a.  traitée  avec  voit** 
3,  Afin  donc  que  la  figure  foie  ac- 
3,  compile,  il  faut  que  »  comme  il  y 
9~,  avok  là  du  vrai  Sang  ,  il  y  en  ait 
33  auffi  ici  dans  le  Sacrement  par  la 
5>  Toute  -  puiffance  &c  la  Vérité  de 
5,  Jesus-Christ  ,  qui  a  dit ,  Ceci  efi 
î?  mon  Sang. 


3,  quand  on  n'a  pas  de  bonnes  preu- 
ves  tirées  du  Nouveau  Teftamenr, 
3,  on  ne  doit  point  recourir  aux  fi« 
,5  gures  de  l'Ancien.  20.  Que  cette 


3,  été  une  figure  du  Sacrement ,  & 
3,  les  Juifs  n'ayant  point  bû  de  ce 
9a  Sang.  30.  Que  nôtre  Alliance  2 
3,  été  ratifiée  en  ia  Croix,  où  Jésus-! 
3,  Christ  a  répandu  fon  Sang  ,  & 
,,  où  Dieu  le  Pére  ,  à  caufe  de  £; 
>,  parfaite  obéïlTance  ,  lui  a  donn  i 
,,  fes  Elus  y  8c  que  l'afperfion  dl 
ti  fon  Sang  fe  fait  dans  chaque  Fi1- 


Oecolampade  répondit 


io.  Que 


a&ion  de  Mcïfe  ne  prouve  point 
ce  qu'on  prétend  ,  n'ayant  point 


de  là  Smfei  Lîv.  IV.  I2> 

„  déle  ,  lorfqu'il  Ht  excité  &  fanftr  1528. 

fié  par  Je  S.  Efpiit  ;  ce  qui  e&ïaf-  iifpu  i 

perfton  dont  parle  S.  Pierre  I.  Epi-  de  Ber* 
„  tr.  I.  40.  Enfin  nul  ne  reçoit  Ûir  îy"xhé> 
3,  gnement  l'Euchariftie  y  qui  n'ait  fe. 
3,  déjà  la  foi ,   par  conféquent  qui 
ti  n  ait  part  au  Sang  du  'Seigneur. 

On  ne -peut  donc  pas  dirô  ,  qu'il 
3,  n'ait  part  à  ce  Sang  que  dans  le 
33  Sacrement. 

Bourgavver  {a)  demanda  à  (Hco- 
lampade  ,     jg^eft-ce  donc  que  le 
33  Seigneur  donna  à  fes  Difciples  , 
3,  quand  il  leur  pré/enta  le  Calice  » 
3,  Se  qu'il  leur  die  ,  Bcuvez  en  tous  1 
Ceci  efl  mon  San?  &c.  Oecolampade 
lui  répondit ,     Que  le  Seigneur  don- 
n  na  du  vin  ,  non  pas  cependant 
3,  comme  du  vin  commun  ou  pro~ 
3,  fane  ,  mais  afin  qu'il  leur  fervit 
s,  de  mémorial  de  fa  mort  3  &  les 
J}  engageât  à  rendre  à  Dieu  leurs  ac- 
3,  tions  de  grâces  :  Et  pour  prou- 
î5  ver  qu'il  donna  du  vin  à  boire, 
3)  5c  non  pas  du  Sang  >  il  efl  dit,  // 
33  prit  le  Calice  ,  (  il  n'eft  pas  dit  plein 
3,  de  Sang  )  le  bénit  ,  &  le  donna  a  [es- 

Difciples.    Et  fur  ce  que  Bourga- 
3,  wer  infiftoit  en  difant ,  que  le  Sei- 
F  3  gneur. 


126  Hijîoire  de  la  Re 'formation 

1  528.  >'  gncur  donna  du  Sang  à  boire  à  fes 
BifpHte  >3  Difciples  ,  puifque  fes  paroles  leur 
de  Ber-     annonçaient  du  Sang ,  leur  ayant 

iV  Thé  33      9  ^ecl     mon  ^an£*  Oecolam- 
fe/    v  3?  Pade  lui  fit  remarquer  que  fon 
3,  raifonnement  étoitune  pétition  de 
principe  :  Enfin  il  dit ,  qu'il  n'eft 
pas  extraordinaire  à  l'Ecriture  de 
„  donner  à  un  Sacrement  le  nom 
,>  de  la  chofè  lignifiée  >  comme  la 
„  Circoncilion  eft  appellée  l'alliance 
de  Dieu ,  Gen.  17, 
Le  Samedi  18.  Janvier  (a)  Bour- 
ABion  gawer  objecta  3  ioOJ  Que  fi  Je  su  s- 
du        3>  Christ  n'avoit  pas  voulu  don- 
SMfa'dè  "  ner  réellement  f°n  Corps  Se  fon 
la  même  33  Sang  dans  le  Sacrement  >  mais  en 
Difpute.  J?  faire  feulement  un  acte  de  com- 
,3  mémoration  ,  il  lui  auroit  fufïit 
3,  de  dire  3  Prenez  mangez  y  beuvez- 
„  en  tous  ,  faites  ceci  en  mémoire  de  moi 
3,  &c,  il  n'auroit  point  été  néceffai- 
33  re  qu'il  ajoutât ,  Ceci  efi  mon  Corps 
3,  Ceci  efl  mon  Sang.  20.  Que  le  pafTage 
i,  de  Genef.  XVII.  touchant  la  Cir- 
33  concifionn'eftpasfemblable  à  celui 
3,  dont  il  s'agit,  parce  qu'il  porte  fon 
3,  explication  ,  il  y  eft  dit,  fous  cir- 
„  concirez  &c.  afin  que  ce  [oit  un  figne 

de 

M  pag-  ilU  &  fuiv. 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.   127  1528. 

&  de  mon  Alliance  entre  moi  &  vous-  f/Ç^^ 

Au  lieu  qu'ici  lee  Seigneur  ne  dit  ne. 
,>  pas  a  Ce  Calice  eft  le  figue  de  mon  IV.  Thé* 
(3  Sang  ,  mais  ce  fi  mon  Sang,  le  Sang  ^* 
„  de  la  Nouvelle  Alliance. 

Oecolamfade  répondit,  ,3  io.  Que 
„  pour  faire  un  Sacrement ,  il  faut 
j  une  parole  qui  foit  jointe  à  un 
„  Elément ,  Quil  faloit  montrer  de 
„  quoi  il  vouloit  qu'on  fit  la  com- 
,  mémoration ,  &  c'eftee  que  le  Sei- 

gneur  fit  en  difànt ,  Ceci  efi  mon 
„  Corps  y  qui  efi  rompu  pour  vous;  Mon 
,  Sang  y  qui  efi  répandu  pour  plufieurs: 
5  Mais  cela  ne  prouve  pas  que  le 

Pain  foit  de  la  Cb.iir  ,  &:  que  le 
*  Vin  foit  du  Sang  9  CGmme  auflfi 
f,  Bourgawer  le  reconnoifloic  ,  di- 
„  faut  que  ,  Ceci  efi  mon  Corps ,  fi- 
,  gv; i ne  ,  fous  ou  dans  ceci  efi  mon 

Corps.  S.  Paul  fortifie  cette  penfée, 
pl.  Cor.  XI.  où  après  avoir  rappor- 
té les  paroles  de  rinftitution  ,  il 
>,  dit  par  forme  d'explication  >  Cap. 

toutes  les  feis  que  vous  mangerez  de 
,3  ce  Pain  ,  (  &  non  de  ce  Corps  ,  ) 

cr  que  vous  bohez  de  cette  Coupe, 
0  (  Se  non  de  ce  Sang  >  )  vous  annon- 

cerez  la  Aîort  du    Seigneur.  10. 
„  Que  quand  meme  le  paflage  de 
F  4  Ce- 


128  Hiftoire  de  la  BJformatiûn  " 

I  528.  Genef.  XVII.  porte  fon  explication, 
Bifpute  „  cela  n'empêchç  pas  qu'il  ne  ferve 
«^Ber-  i9  ici  au  fujet ,  parce  qu'il  s  agit  là 
TV* Thé-  5>  ^e  1  u^ge  d'un  Sacrement,  &  que 
fc.  Ton  doit  apprendre  par  un'pafTage 

^  de  l'Ecriture  à  expliquer  ceux  qui 
roulent  fur  des  fujets  femblables» 
n  Ainfi  S.  Luc  &  S.  Paul  faifant  di- 
„  re   à  Jésus  -  Christ  >  Ce  Calice 
eft  le  Nouveau  Teflament  en  mon 
„  Sang  >  il  eft  bien  évident  5  qu'il 
,a  faut  prendre  ces  paroles  dans  un 
3y  fens  de  figure  3  car  au  pie  de  la 
lettre  ,  un  Calice  n  eft  pas  un  Tef- 
„  tamenr. 

Zuingle  prit  ici  la  parole ,  {a) 
&  demanda  à  Bourgawer ,  ce  qu'il 
entendoit  par  le  Nouveau  Tefta- 
ment  ?  Bourgawer  répondit ,  Que 
c'eft  le  pardon  des  péchez  par  le  Sang 
de  ]  e  s  v  s-C  h  r  1  s  t  3  (  I.  Jean  I.) 
Le  Sang  de  J  e  s  u  s-C  h  r  i  st  nom 
nettoyé  de  tout  péché.  Zuingle  lui 'fit 
voin  Quon  ne  peut  donc  pas  prendre 
ces  mots  au  pié  de  la  lettre.  „  Ce  Ca- 
ri lice  eft  le  Nouveau  Teflament  >  autre- 
,.ment  il  faudroit  dire  qu  il  y  a  deux 
o  Nouveaux  Teftaments  ,  l'un  dans 
„  le  Sang  du  Seigneur  ,  &  l'autre 
dans  le  Calice. 

C*j  pag.  31$.  Bour- 


deUSuiJfe.  LlV.IV.  Ï29 

Bourgawer  objecta  encore  (a)  I.  I  52 8. 
Cor.  XI.  Celui  qui  mangera  de  ce  Pain,  Dlfpute 
&  boira  de  ce  Calke  indignement ,  fe  de  B£R- 
rend  coupable  du  Corps  &  du  Sang  du  ivVxhé- 
Seigneur^ —  il  ne  difcerne  point  le  Corps  fe, 
du  Seigneur, 

Zuingle  répondit ,  J3  Que  ces  parc- 

les  n'établiffent  point  Ja  piéfence 
y>  réelle  ,  mais  la  renverfent  plutôt; 
,y  puifqu'il  eft  dit  ,  Celui  qui  mangera, 
y,  de  ce  Pain  ,  (  &  non  de  cette  Chain) 
„  Celui  qui  boira  de  ce  Galice  5  (  3c 

non  de  ce  Sang,)  Adanger  &  boire 
,3  dignement ,  c'eft  y  venir  avec  foy: 
jjAinfi  celui  qui  mange  indignement  3 
>,  c'eft-à-dire  ,  fans  foy,  fe  rend  cou- 
,,pable  du  Corps  &  du  Sang  du  Seigneur^ 
3,  il  pèche  contr'eux  3  (  non  en  les 
33  mangeant  3c  buvant  corporelle- 
3,  ment  avec  une  bouche  indigne  3 
3J  mais  )  en  ce  qu'il  n'a  pas  la  foi  > 
>,  3c  que  cependant  allant  au  Sacre- 
>,  ment  avec  les  autres,  &  faifant 
3,  femblant  d'avoir  la  foi  en  la  mort 
33  du  Seigneur  ,  il  deshonore  ces 
},  Symboles  du  Corps  3c  du  Sang 
„  du  Seignenr,  3c  par-là  déshonore 
33  ce  Corps  lui  -  même  ,  comme  fl 
3)  quelcun  déshonoroit  les  Armes  de 

F  5  la 


ï  30  Hijloire  delà  déformation 

I  52S.  55  la  Ville  de  Berne  ,  en  les  perçant 

Difpute  j>  malicieufèment  3  les  gâtant ,  il  ne 

de  Ber-  j,  feroit  pas  du  mal  aux  Bernois 

ÏSa-»i:j  »  mêmes  ,  mais  il  feroit  coupable, 
IV.  îrre-  .,  .  Ar   r  . 

3.  tout  comme  s  il  leur  en  eut  rait 

„  en  leur  perfonne.  Et  quant  à  l'au- 

3,  tre  exprefllon  5  Ne  dij  cerne  point  le 

s>  Corps  du  Seigneur  ,  cela  lignifie  fim- 

>,  plement  9  C[#'un  indigne  commu- 

3,  niant  méprife  la  Sainte  Céne  3  en 

33  ce  qu'il  y  va  comme  à  un  repas 

33  commun  :  Il  ne  fait  aucun  cas  de 

33  la  A/ort  de  Jésus -Christ  ,  qui  eft 

33  délignée  ordinairement  par  ce  mot3 

o  le  Corps  du  Seigneur* 

Bourgawer  répliqua  (a)  ,  ,3  Que 

,3  quand  même  S.  Paul  parle-là  d'un 

?,  Pain  ,  il  ne  s'enfuit  pas  qu'il  ne 

?,  s'y  agiiTe  que  du  Pain  ,  que  c'eft 

3,1'  ufage  affez  ordinaire  de  l'Ecritu- 

>3  re  3  de  laifler  à  une  chofé  le  nom 

3,  de  celle  dont  elle  a  été  faite.Ain- 

,3  fi  l'homme  eft  appelle  terre  >  Gc- 

33  nef.  II.  Ainfi  le  Serpent  de  Moife 

3,  eft  appelle  une  Verge  ;  quant  il  eft 

3,  dit  3  Exod,  V.  La  Verge  à  Aaron 

3,  engloutit  les  Verges  des  Magiciens 

&c. 

Zuinglc  avoua  cet  ufage  de  l'E- 
crit uie 


de  la  Suffi.  L  ï  v.  IV.  I  3 1 

crkure  ;  „  mais  il  dit  qu'il  ne  pou-  I  528. 
3,  voit  pas  avoir  ici  lieu  3  parce  Difpmt 
3, qu'il  faudroit  reconnoitre  un  chan-  ^£S£R" 
„  gement  delà  flibftance  du  pain  iv.  Thé 

en  celle  du  Corps  du  Seigneur  3  fë« 
3,  ce  queBourgav/er  n  admettoit  pas. 
3,  Enfuite  pour  une  plus  ample  in£ 
33  trut"iion  de  fes  Auditeurs  ,  il  fît 
3,  une  expofïtion  fuivie  des  princi- 
3)  pales  raifons  5  qui  l'avoient  enga- 
3,  gé  à  rejetter  le  dogme  de  la  pré- 
33  ience  réelle.  Il  rapporta^)  10. 
3,  Les  divers  raifonnemens  qu'on  a 
3,  déjà  vus  3  tirez  du  Chap.  VI.  de 
5,  20.         ce  dogme  cil 

;,  contraire  à  la  foi  Chrétienne  5 
33  puifque  nous  croyons  que  Jesus- 
3,  Christ  eft  monté  au  Ciel  ,  3c 
,j  qu'il  n'en  fortira  qu'au  dernier  jour, 
33  pour  juger  &c.  5  d'où  il  s'enfuit 
„  qu'à  l'égard  de  Ton  humanité  ,  il 
?,  n'eft  que  dans  un  lieu  à  la  fois  , 
3,  quoi  que  la  vertu  de  Dieu  Toit 
3,  par-tour.  50.  Ce  que  S.  Paul  di: 
II.  Corinth.  V.  Nous  ne  comio'iffons 
plus  pcrfonne  félon  la  chair,  &  quand 
même  nous  aurions  connu  Jts  us- 
Christ  félon  la  chair  ,  net: s  ne  /.. 
reconnoiffuns  plus  ainfi  j  par  où  il  pa- 
F  6  loin 


1  32  HiJloiYe  de  la  Réformatkn 

I  528.  5»  roit  ^  que  l'Apôtre  ne  cherchcit 
Difpute  ,>  rien  dans  la  chair  &  l'extérieur 
de  Ber-  n  de  jESus-CHRisT3pclir  la  rcdemp- 

IV  Thé- 5î  t*on*  ^es  av*s  ^ue  ^e  ^tl_ 
fe.'       5?  gneur  donnoit  Matth.  XXIV.  de 

,«  ne  pas  croire  aux  faux  Prophètes.. 

3,  qui  viendr oient  dire  3     Mejfie  eft- 

>3  /à        #we  Chambre  ,  ou  d^;?; 

55  Campagne.  50.  £W  c'eft  ainfi  que 

5.  dans  le  Vieux  Teftarnent  l'Agneau 

5,  de  Pique  eft  appelle  Exod.  Xïï,. 

„  La  Pâque  ou  le  pafîage  du  Seigneur  ,. 

3,  ce  qui  lignifie  3  une  figure  ,  un 

5,  mémorial  du  paffage  du  Seigneur, 

3,  Il  ajouta  que  les  Pérès  S.  Ambroi- 

3>  fe,  S.  Jérôme  5c  Tertullien  a  voient 

parlé  comme  lui.  <5^>.  Enfin  que. 
33  S.  Luc  décrivant  la  manière  dont 
3,  les  premiers  Chrétiens  célébroient 
>3  l'Euchariftie  ,  l'appelloit  un  pain,. 
>3  Ils  per.féveroient  tous-  3  dit-il ,  (  Ach 
33  IL  )  dans  la  Doctrine  des  Apôtres  , 
y)  dans  la  fraclïon  du  pain  >  &  dans  la. 
33  prière  $  paroles  3  où  félon  une  fi- 
3,  gure  de  Rhétorique  3  allez  com- 
33  mune  5  deux  fujets  font  exprimez 
5,  par  l'un  d'eux  3  le  pain  efl;  ici  mis* 
,3  pour  le  pain  &  le  vin. 

Bourgawer  objecta  (a)  contre  la, 

preuve 

M  p.  34S- 


de  la  Suiffe.  L I V.  IV.  I  3  3 

preuve  tirée  de  TAicenfion  du  Sei-  f  5  2  S  - 
gneur.  ,>  io.  Que  Je  s  us-Christ,  eft  Difpute 
„  un  avec  le  Pére  ,  (Jean  X.)  &  que  ^eBer- 
3,  toute  puijiance  lui  a  été  donnée  dans  iv.  Thé- 
*  le  Ciel  &  fur  la  Terre  ,  &:  qu  ainfi  & 
7,  il  doit  bien  favoir  le  moyen  de 
„  Faire  part  de  fon  Corps  dans  le 
y,  Sacrement ,  félon  fes  paroles  >  Ce- 
3,  ci  eft  mon  &c.  20.  Que  dans  ce. 
v  Corps  Jesus-Christ  a  fait  plu- 
,>  fleurs  miracles  >  comme  celui  de, 
3,  la  multiplication  des  pains  5  d'oà 

il  fuit,  qu'il  peut  multiplier  fon 
v>  Corps,  i®.  Que  nous  n'avons  que 
3,  deux  yeux  ,  6c  cependant  nous 
33  appercevons  par  leur  moyen  une 
3,3  multitude  d'hommes  3  de  une  mê- 
„  me  parole  eft  entendue  de  plu- 
>,  fleurs  oreilles  &c. 

Bu;cr  répondit ,  10.  3)  Que  S.  Paul 
33  I.  Cor.  XI  a  cru  3  comme  nous , 
>>  que  le  Corps  de  Jesus-Christ 
y,  n  eft  point  préfent  à  f  Euchariftie, 
3,  puifqu'il  en  fait  confifter  Tufage 
,3  à  annoncer  la  mort  du  Seigneur  jus- 

que  s  a  ce  qu'il  vienne  j  II  ne 
x 3  vient  donc  pas  dans  le  Pain.  20.. 
>3  Que  fi  Jesus-Christ  5  félon. 
î,  1  ordonnance  de  Dieu  ,  ne  doit: 
»  plus  être  avec  nous  corporelle- 

ment 


134  Hifloire  de  la  Information 

1  523.  »  nient  depuis  fon  Afcenfion  3  juf- 
-Difpute  y*  qu'à  fon  retour  pour  le  jugement, 

<J*Ber-  ?)  beaucoup  moins  peut-on  le  man- 

'IV.' Thé-  JJ  ger  corporellement  3  dans  le  pain. 

fe.  30.  Les  Difciples  3  qui  firent  la 

5,  première  Céne  avec  le  Seigneur  5 
virent  bien  qu  il  n'étoit  pas  cor- 
porellement  dans  le  pain  3  pui£ 
3,  qu'il  étoit  à  Table  avec  eux  > 
3,  aufifi  n'avoient-il  pas  deuxCorps5 
3>  dont  l'un  vifible  tenoit  l'autre  en- 
3,  tre  fes  mains  >  qui  étoit  invifible> 
3^  ce  qui  eft  d'une  abfurdité  palpa- 
5,  ble.  4°.  Répondant  directement 
3>  aux  objections  ,  il  dit ,  prémiére- 
3,  ment  5  One  fi  même  Jesus-Christ 
33  eft  un  avec  le  Pére  ,  c'eft  félon  fa 
33  Divinité  3  mais  non  félon  fon  hu- 
5,  manité  ,  qui  n  eft  point  confon- 
3,  due  avec  fa  Divinité  >  &  qui  eft 
,3  toûjours  renfermée  dans  fes  bor- 
3,  nés.  En  fécond  lieu  >  Ou  il  a  fait 
33  plu-fieurs  miracles  y  mais  qu'il  a 
laifle  toûjours  à  fon  Corps  la  na- 
3,  ture  d'un  vrai  Corps  ;  ôc  qu'il 
3>  n'a  jamais  été  préfent  en  tous 
3,  lieux  ;  &c  enfin  ,  Que  les  compa- 
5>  raifons  tirées  de  l'œil  &  del'oreil- 
3,  le  ne  quadrent  point  ici,  où  il  s'a- 
»  git  de  prouver  la  Toute-piéfence 
d'un  corps.  Bout- 


de  la  Suffi.  L I  v.  IV.     I  3  $ 

Bourgavver  (a)  objecta  io.3jrarti-  î  5 2 S. 

cle  fuivant  du  Symbole  ,  //  s  eft  Difpute 
9i  ajfis  a  U  droite  de   Dieu  fon  Père,  BER~ 

La  droite  de  Bien  eft  fa  gloire  &  îv.  Thé- 

fa  puirTance  qui  eft  en  tous  lieux:  fè. 
,,Le  Corps  de  Jesus-Christ  eft  donc 
5,  auiïi  ,   en  tous  lieux.     20.  Les 

partages  où  il  eft  dit,  que  Jésus- 
5,  Christ  entra  les  portes  étant 
„  fermées,  &  qu'il  fortit  du  fé« 
„  pulchre.  30.  Si  cela  n'étoit  [esus- 
3,  Christ  ne  feroit  pas  Dieu  & 

homme  tout  enfemble  >  mais  on 
i,ne  pourrait  lui  donner  que  Jetî- 
5J  tre  de  Tùeophorus  3  c  eft -à-dire, 
y,  porte  -  Dieu  ,  n  ayant  Dieu  en  lui 
>,  que  par  grâce. 

Bucer  répondit ,  io,  5>  CVil  ne 
„  s'enfuit  point,  de  ce  que  la  droite 
3,  ou  la  puilTance  de  Dieu  foit  pré- 
>,  fente  en  tous  lieux  ,  que  l'huma- 

nité  de  Jesus-Christ  ,  y  foit  aufli. 

Jésus  -  Christ  homme  ne  perd 
„  rien  dans  le  Ciel  de  la  nature 
3,  humaine.  Nous  efpérons  aufll 
>,  d'être  élevez  à  la  gloire  de  Dieu, 
„  mais,  nous  ne  ferons  pas  pré- 

fens  en  tous  lieux.  20.  Qujl 
>y  neft  point  dit,  que  le  Corps  de 

Jésus- 

Wpag.  3^P. 


136  Hiftoire  de  la  Réformat  ion 

I  52  8- »  Jésus-Christ  ait  pafle  a  travers 
Difpute     les  portes  fermées ,  &  à  travers 
nEBer"  »  la  pierre  du  fépulchre  &c.  Quel- 
IV.Thé-  »  ques  fens  qu'on  donne  à  ces  pat 
,,fages,  ils  ne  prouvent  point  la 
„  préfence  réelle  ni  la  toute  pré- 
sence du  Corps  de  Jesus-Christ» 
3,  30.  L'objection  du  Theophorus  fent 
3,  rEutychianifme ,  fuppofant  que 
53  Thumanité  de  Jésus  -  Christ  eft 
33  confondue  avec  fa  Divinité. 
Action      Le  Dimanche  19.  Janvier,  Béné- 
^u  lP-  ditt  Bourgavver  {a)  déclara  publique- 
ment  devant  toute laflemblée,  jffr'il 
*wer  fe  étoit   fatisfait   des  réponfes  que 
déclare  Zuingle  ,  Oecolampade   &  Bucer 
fatisfait.  âvojent  fajtes  a  fes  objections  ,  Se 

qu  ainfi  il  ne  combattroit  plus  la 
Théfe  3  étant  pleinement  éclairé  fur 
cette  matière  ,  &  priant  Dieu  de 
l'éclairer  lui  &  les  autres  de  plus 
en  plus  fur  les  véritez  divines. 


avoit  déclaré  devant  le  Confeil* 
qu'il  y  iroit  dans  la  difpofition  ds 

donner. 


delà  Suïffé.  Liv.  IV.  137 

donner  inflruction  &  d'en  recevoir,  I  528* 
3c  dans  l'efpérance  d'y  en  trouver,  Dîfpute 
&  qu'il  1  avoit  trouvée  ,  dont  lui,  ^  Ber" 
(Zilli)  beniffoit  Dieu  ,  le  priant  de  iv.Thé- 
donner  à  Bourgawer  les  lumières 
néceffaires  pour  tout  le  refte  ,  & 
un  cœur  pour  y  perle vérer  jufqu'à 
la  fin  :  Cmi\  pouvoit  affurer  ,  que 
dans    l'Eglife  de  S.  Gall,  on  avoit 
fait  tout  ion  pofllble  depuis  long- 
tems  >  pour  prêcher  unanimement 
la  parole  de  Dieu  &:c. 

Théobald  Houter  (a)  Curé  d'Ap- 
penzell  ,  recommença  la  difpute> 
&c.  remit  fur  le  tapis  quelques- 
unes  des  objections  de  Bourgawer, 
avec  quelques  additions  j  par  exem- 
ple, io.  y,  Que  fi  le  mot  Eft  devoit 
„  fe  prendre  pour  fignifier  ou  répré- 
[enter ,  cela  iroit  au  renverfement 

de  la  foi,  puis  qu'il  faudroit  l'ex- 
„  pliquer  auffi  de  même  en  d'au- 
„  très  endroits  ,  comme  quand  il 
„  eft  dit ,  La  parole  a  été  faite  chair: 
),  Jean  I.  Aujourd'hui  le  Sauveur  vous. 
,y  e/i  né.  Luc.  II.  20.  Sur  ces  mots. 
,,  La  chah  ne  profite  de  rien.  Jesus- 
3,  Christ  ne  dit  pas,  A/akhair  : 
»  il  ne  parle  donc  point  là  de  fa 

chair 


I  3  8  Hijloire  de  la  Réformation 

I  528.  3>  chair,  mais  de  l'entendement  char- 
Bifhute  „  nel  :  comme  quand  le  Seigneur 
BER-„dit  à  S.  Pierre,  La  Chair  &  le 
IV.Thé-  >>  $ang  ne  t  a  Pomt  révélé  cela  :  8c 
fé.     "  33  Rom.  VIII.  La  Sagejfe  de  la  Chair 

&c.  30.  Que  les  Docteurs  Prote- 
„  flans  donnoient  trop  à  la  foi,  Se 

qu'ils  ne  dévoient  pas  oublier  la 
3,  Charité  ,  fans  laquelle  la  Foi  eft 
3>  inutile  I.  Cor.  XIII.  40.  Que  la 
3,  féance  de  Jésus  -  Christ  à  la 

droite  de  Dieu  n'empêche  pas 
3,  qu'il  ne  foit  toujours  avec  nous 
3,  corporellement,  comme  quand  il 
3,  s'apparut  à  Saul  fur  le  chemin 

de  Damas,  Act.  IX.  Enfin  Que  le 
„  paffage  de  Match.  XXIV.  Si  l'on 
3,  vous  dit ,  il  eft  ici ,  il  eft  la  &c.  ne 
„  regarde  point  le  Sacrement,  mais 

les  derniers  tems  ,  dans  lefquds 
3>il  arrivera  des  maux  étranges  &c.  • 

Zuingle  (a)  répondit  ,1.  „  Que 
9)  le  mot  Ejl  fe  prend  tantôt  dans 

un  fens  de  figure  ,  tantôt  dans 
3,  un  fèns  propre,  félon  que  le  de* 

mande  l'Analogie  de  la  foi.  II. 
3,  Que  le  Seigneur  difant ,  la  ehair 

ne  profite  de  rien  >  (  Jean  VI.  )  a 
„  parlé  de  fa  chair ,  comme  cela 

pa- 


delà  Suife.  Liv.  IV.  139 

paroit  io.  en  ce  qu'il  répond  au  152g. 

murmure  des  Juifs  >  qui  ne  pou-  Difpute 
^voient  pas  fouffur  qu'il  voulut  ^  Ber- 
5,  leur  donner  fa  chair  à  manger  >  iv.Thé- 
5,  20.  l'article  en  ces  mots  la  Chair  »  fe. 
y  peut  être  traduit  fort  bien  Cette 
3>  chair  :  comme  i  xo-^cç  (Jcanl.  )  a 
>,  été  traduit ,  Cette  parole.    30.  Le 
3>  Seigneur  dit  auflj  j  Cefi  ï  Efprit 
5)  qui   vivifie  :  il  ne  dit  pas  mon 

Efprit.  Cependant  il  parle  de  fon 
5>  Efprit.  III.  quand  on  parle 
»  de  la  foi 3  on  entend  toujours  la 
,,  véritable  ,  qui  n'eft  jamais  fépa- 
,j  rée  de  la  Charité,  n'étant  autre 
5>  chofe  qu'un  *  acte  ferme  &  une  zr- 
5,  deux  du  cœur  de  l'homme  envers  Dieu. 

IV.  Que  Tapparirion  de  Jésus- 
„  Christ  à  S.  Paul  fur  le  che- 

min  de  Damas  s'eft  faite  par  le 
33  Miniftére  des  Anges  ;  Que  ça  été 
33  une  exftafe  3  dans  laquelle  il  fut 
>3  ravi  au  troifiéme  Ciel  ,  comme 
»  il  le  dit  IL  Corinth,  XIII.  &  fup- 
>,  pofé  que  Jesus-Christ  foit  de- 

feendu  corporellement  en  terre, 
3,  pour  apparoître  à  S.  Paul  ,  il  ne- 
„  toit  pas  à  la  droite  de  Dieu,  du- 
rant 


*  JEÏa  ungizjvvyffeltê  Verrichtung  und 
krunjl  desmenfchlicheu  Hertz.cn  gegen  GoM* 


1 40  Hijloîre  de  la  déformation 

1  528.  ,J  rant  ce  terr*s-là.    V.  Enfin  que 

JDifpufe  "  les  derniers  tems  fignifient  toû- 
Ber-    jours  dans  l'Evangile  les  tems  de- 

IV.Thé-  »  Pu^s  Jésus -Christ  jufqu'à  la  fin 

fe.        3,  du  monde. 

Walther  Klarer,  {a  )  Pafteur 
de  Hundvvjl ,  dans  le  Canton  d'Ap- 
penzell  fe  mit  aufli  fur  les  rangs, 
&  provoqua  à  la  difpute  Théobald 
Houter,  lui  demandant,  fi  Jesus- 
Christ  a  donné  à  manger  à  fes  di- 
fciples  dans  le  Sacrement  fon 
Corps  mortel  &  pajfible  ,  ou  fon 
Corps  glorifié*  Houter  ayant  dit,  Que 
c  eft.  le  même  corps  qui  a  fouffert 
pour  nous,  il  lui  répondit,  Que> 
fi  c'eft  celui-là  ,  il  faut  que  nous 
le  mangions  d'une  manière  fenfible, 
car  il  a  fouffert  d'une  manière  fen- 
fible, ce  qui  pourtant  n'arrive  pas. 
Houter  lui  demanda  à  fon  tour,  fi 
Jésus  -  Christ  a  deux  Corps, 
fi  le  corps  qui  a  fouffert  ,  n'eft 
pas  le  même  qui  eft  monté  au  Ciel? 
Walther  lui  répondit,  Que  cette 
queftion  ne  refolvoit  pas  la  fienne, 
&  le  preffa  de  répondre.  Houter 
répondit,  Que  le  Corps  du  Seigneur 
n'eft  pas  mangé  d'une  manière  fen- 
fible, 

M  pag«       6c  fuiv. 


de  la  Suffi.  LïV.  IV.  141 

fible  ,  &c.  Kiarer  conclut  *de  là,  152$. 
Oi£ïl  n'eft  donc  pas  dans  le  Sa-  Dîfpute 
cramenu  ^£  Ber- 

Pelage  Am-Sîcin  ,  (a)  Miniftre  de  iv.'Thé- 
Trogen  ,  dans  le  même  Canton ,  fe. 
dit,  Que  lui  &  fes  deux  Collègues^ 
Waltber  Klarer  ,  8c  Matthias  Refiler, 
Pafteur  de  G  a  ifs  ,  dans  le  même 
Canton  ,  étoient  venus  â  cette  dif- 
pute  'dans  le  deffein  de  foûtenir 
les  X.  ThéTes  (  qu'ils  recevoient 
commes  véritables  ,  )  contre  le  Curé 
d'Appenzell,  qui  vouloit  les  com- 
battre 5  mais  qu'ils  fe  déportoient 
tous  trois  de  difputer  contre  lui, 
voyant  que  ces  autres  Dofteurs 
s'en  aquittoient  mieux,  qu'ils  n'au- 
roient  lu  faire  :  Oue  du  refte  c'étoit 
l'intention  de  leurs  Seigneurs  & 
Supérieurs  du  Canton  d'Appenzell, 
en  les  envoyant  à  cette  difpute  > 
qu'ils  fiflent  tous  attention  aux  ve- 
rriez qu'on  dêmontreroit  par  la  pa- 
role de  Dieu. 

Matthias  ,  Miniftre  de  Sœngen9 
[b)  appelle  à  cette  difpute  pour  y 
rendre  raifon  de  fa  foi  ,  de  la  part 
du  Commandeur  de  Kufinacht>  Col- 
lateur  de  fon  Eglife  ,  fe  leva  ,  &c 

dit, 

{s)  pag.  571,  {b)  p.  375. 


1 42  Hifroire  de  la  ^formation 

1528.  dit >  Que  )ufques-là  il  avoit  réfor- 
Difputc  me  Ton  Eglife  félon  la  parole  de 
de  Ber-  Dieu  :  que  du  relie  il  avoit  été,  fur 

NE  /  /• 

ÎV.Thé-  la  préî'ence  réelle  ,   dans  les  idées 
Te.        de  Bourgawer  ,  mais  que,  comme 
lui ,  il  avoit  été  fatisfait  des  expli- 
cations &:  inftiTctions  données  par 
les  Doreurs  Réformez. 

Conrad  Som,  de  Rothen-Acker^ 
(a)  Miniftre  à  Ulm  >  déclara  aufii 
devant  Taffemblée  ,  Qu\\  tenoit 
pour  faintes  Se  véritables  les  X. 
Théfes  propofëes  ,  en  particulier  la 
IV.  Se  Qu\\  en  avoit  prêché  la  do- 
ctrine à  fon  Eglife  j  Ou  ayant  été 
fort  mal-traité  à  fe  fujet  par  le  D. 
Eckïus  &Jngol(lad,  qui  avoit  écrit 
un  libelle  contre  lui ,  il  lavoit 
provoqué  à  venir  difputer  avec  lui 
à  Berne  fur  ces  mâtiéres  ;  mais  qu'il 
l'avoic  refufé ,  s'exeufant  fur  la 
brièveté  du  tems ,  quoi  qu'il  eût 
eu  trois  femaines  pour  faire  le  vo- 
yage d'Ingolftad  à  Berne ,  ajoutant 
dans  fa  lettre,  diverfes  exprefllons 
grofliéres  Se  injurieufes  contre  la  dif- 
pute  de  Berne  &c. 
V.  Théfe.  IV.  Le  même  jour  19.  Janvier  {b) 
on  paiïa  enfin  à  la  V.  Thèse  qui  eft 

contre 

Wpap.374.  Wp-37tf. 


de  la  Suffi.  Liv.  I V.  143 
contre  le  Sacrifice  de  la  Mcjfe.    Elle  j  ^2 g. 
fut  agitée  pendant  deux  jours,  BifPute 

Huiler  fît  d'abord  un  difcours  af-  dt  Bjejl- 
fez  étendu,  pour  en  montrer  la  vé-  vj]-^fe 
rite.  Il  prouva  ,>  I.  Qiul  eft  ccn-  Difcours 
„!re  ï  El  .urne  de  vouloir  oj/rir  Je-  de  Hal- 

sus-Christ  peur   les  péchez  desLsL^% 
>,vivans  &  des  morts:  parce  qu'il 
3,  a  parfaitement  fatisfait  pour  nos 
;j  péchez  feul  de  fans  ailociés  (Efa» 
3Î  LXliî  )  d'où   il  s'enfuit  *  Que 

celui  qui  enfeigne  que  Jesus- 
33  Christ  n'a  pas  fait  tout  ce  qu'il 
3>  faut  faire  pour  nôtre  Rédem- 
33  ption,  dit  qu'il  eft  un  Rédempteur 
53  imparfait  ,  &  ainfi  le  renonce 
,3  pour  fon  Rédempteur.  Tels  font 
5i  tous  ceux  qui  veulent  offrir  le 
o  Seigneur  de  nouveau  3  &  qui  at- 
5,  tribuënt  le  falut  aux  œuvres, 
53  particulièrement  à  la  Mefle  qu'ils 
33  élèvent  comme  l'oeuvre  la  plus 

excellente;  &c.  Que  le  Sacrifice 
,3  de  la  MelTe  eft  contre  l'Inftitu- 
î,  tion  du  Seigneur;  puis  qu'il  a  or- 
,3  donné  Amplement  de  manger,  de 
33  boire  ,  de  célébrer  la  mémoire  de  la 
J3  mort,  afin  d'en  rendre  grâces  à 
33  Dieu  ,  or  lien  de  tout  cela  n'eft 
5>  un  facrifice.D'aillcurs  dans  un  Sa- 
crifice, 


1 44  Hiftoire  de  la  K^c formation 

52S. „  crifice,  celui  qui  offre  doit  être 
\fpute     pjus  excejlent  que  ]a  v' intime  Sa- 

BeR-      r  -ri  r  ^  r^-  v 

3,  crihee  ,  ann  queDieu  1  agrée  pour 
Théfe  99  l'amour   du  facririant  ,  comme 

il  agréa  le  facrirîce  d'Abel  ;  il  faut 
5>  donc  que  les  Prêtres  foient  plus 

excellens  que  Jesus-Christ 
3,  qu'ils  veulent  offrir  à  Dieu. 

II.  Que  le  facrifice  de  la  Mefïe 
s,  eft  un  outrage,  qu'on  fait  à  ce- 
3,  lui  du  Seigneur.  Outre  les  preu- 
3,  ves  qu'on  vient  de  voir,  il  cita 
5>  les  pafTages  des  Hebr.  Chap.  V. 
„  VII.  IX.  &  X.  Par  où  il  paroit, 
5,  Que  Jesus-Christ  a  été  offert 
?>  une  fois  ,  Qujl  seft  offert  lui- 
,3  même,  non  l'Eglife  ,  ni  les  Prê- 
3,  très  y  Qu  'A  a  une  Sacrirîcature 
5,  éternelle  ,  ainfi  il  n'a  point  be- 
5,  foin  de  SucceiTeur,  ni  de  fup- 
>,  plement  ?  Qu'il  paroit  devant  la 
33  face  de  Dieu ,  où  il  intercède  pour 
»  nous  ,  il  n'a  donc  pas  befoin, 
p^que  perfonne  le  représente  :  Qu'il 
33  a  tout  confommé  par  fon  unique 
33  facrifke  3  on  n'a  donc  pas  befoin 
3,  de  celui  des  Prêtres  :  Quil  a 
3,  obtenu  une  rédemption  éternelle. 
33  Quelles  ames  les  Pierres  rache- 
3,  teront-ils  donc  par  leur  Méfie  ? 

Que 


de  la  Suiffc.  Lï  v.  IV.  I4S 

Que  là  où  il  y  a  remitfion  du  pé-  152g, 
ché  ,  il  n'y  a  plus  de  Sacrifice  Difpute 
pour  le  péché.  </*Ber- 
II  prouva  IÏL  »  Que  la  Afejfe  avec  y^j^ 
tous  [es  accompagnements  eft  une  abo-  fe] 
mination  devant  Dieu>  étant  contre 
rinftitution  du  Seigneur,  contre 
fa  gloire  ,  &  contre  fa  parole  : 
,  Premièrement  que  le  Prêtre  com-  y*™* 
,  munie  feul  :     Tout   ce  fatras 
3  d'Onctions ,  d'habits,  de  Croix, 
,  cette  diftinction  de  perfonnes  & 
,  de  tems,  eft  contraire  à  la  liberté 
,  Chrétienne  :     Ou  il  eft  étrange 
3  qu'on  interdife  toutes  les  années 
3  le  Sacrement  aux  Laïques  fcanda- 
>  leux ,  pendant  qu'on  le  laifle  cé- 
,  lébrer  tous  les  jours  à  des  Prêtres 
,  qui  le  font  encore  plus  ^  &  Qu'on 
,  prétende  qu'elle  eft  falutaire  aux 
,  vivans  &  aux  morts,  au  lieu  que 
j  le  jugement  de  Dieu  eft  dénoncé 
à  ceux  qui  communient  indigne- 
ment.   Qu'on  y  lit  les  Evangi- 
les &  les  Epîtres  en  Langue  non 
entendue  du  Peuple ,  ce  qui  eft 
contre  la  doctrine  de  St.  Paul 
Rom.    XV.  &  I.  Cor.  XIV. 
Ou  on  y  donne  la  Communion 
au  Peuple  fous  une  feule  efpéce^ 
Tom.  II.  G  con- 


146  Hijl oh e  de  la  B^c formation 

1528.  >3  contre  l'ordonnance  du  Seigneur. 
Blfpute  9Ù  Qu'on  y  élève  l'hoftié  Se  qu'on  la 
^E  Ber"     fait  adorer  comme  Dieu  ;  Outie 
V.  Thé-,;>]es  autres    abus  de  la  Meffe  , 
comme  quand  on  la  dit  ,  pour 
s>  guérir  des  maladies^pour  détourner 
; .  des  fléaux  ckc. 

Il  finit  en  avertiffant  de  3.  chofes 
ceux  qui  voudroient  attaquer  la 
Théfe  :  i°.  Que  pour  abréger,  ils 
3i  ne  dévoient  point  argumenter  par 
>,  les  figures  ,  puis  qu'on  1  econnoif. 
^foit  de  part  ôc  d'autre,  qu'elles 
ne  prouvent  rien  :  ni  par  les  facri- 
,,fices  de  l'Ancien  Teftament:  puis 
3 y  qu'ils  ont  eu  ieur  accompliiTement 
33  en  Jesus-Christ  ,  Hébreux 
33X.  10.  Qifils  ne  dévoient  pas 
j,non  plus  fc  fonder  (ut  les  pafla- 
„ges  d'Efaïe  XIX.  LVI.LXVI. 
3>Sopbon.  UL  &  Malaçh.  I.  &  III. 
33  parce  que  les  Sacrifices ,  dont  il  y 
_->,eft  parlé,  font  communs  à  tous 
>,les  Chrétiens,  &:  ce  font  nos 
3,  Corps  &  nos  personnes  ,  (  Romains 
,,XII.  )  ou  des  Sacrifices  de  lotian- 
ges  ,  (  Pfaume  L.  )  ou  d'Offices  de 
Charité.  (  Hébreux  XIII.)  »  30. 
Qu'ils  ne  dévoient  pas  non  plus 
^alléguer  l'Authorité  de  l'Eglife  : 

5:0  uis! 


de  la  Suffi.  Lï  v.  IV.  147 
puis  qu'elle  a  été  renverfée  par  les  I  5  28. 
yj  deux  premières  Théfes.  Dijpute 
Boukftab  (a)  voulut  prouver  ie  ^  Ber- 
Sacrifice  de  la  Meffe  par  rhiftoire  de  v.  Thé. 
Melchîfédek  ,  »  difant,  Que  Melchi-  fe. 
,,fédek  a  été  figure   de  Jesus- 
,j  Christ,  &  que  comme  il  offrit 
, ,  du  pain  &  du  Vin  à  Abraham , 
[3  &  que  ce  pain  Se  ce  vin  ont  été 
,3  une  figure  de  Je  s  us-Chri  st,  il 
„  faut  aufli  que   Je  s  us-Christ 
93  offre  un  Sacrifice  de  pain  &  de 
,.,vinj  ou  de  fon  Corps  dans  l'et 
9j  péce  du  pain  :    Et  pour  prouver 
^  que  cette  action  de  Melchîfédek 
>y  étoit  un  Sacrifice,  il  dit  que  Moï- 
33k  remarque  qu'il  étoit  Sacrifie  a- 
3i  teur  du  Dieu  Souverain. 

Haller  répondit     ,j  io.  Que  fi 
Moïfê  remarque  que  Melchifédek 
,,a  été  Sacrificateur,  aufli-bien  que 
,,Roi,  St.  Paul  nous  aprend,(He- 
.,.>  breux  VII.)  quel  efl  l'ufage  de  cet- 
te  remarque  ,  favoir  >  pour  mon- 
3,trer  que  ce  Saint  homme  étoit  la 
figure  de  Jésus-Christ  ,  (Pfaume 
CX.)  20.  Ou  il  n'eit  point  dit,  qu'il 
3>  ait  Sacrifie ,  ou  offert  en  Sacrifice  du 
j^pain  6c  du  vin  ,  à  Abraham  ,  & 
G  2  «30, 

topag.381. 


148  Hiftoire  de  la  déformation 

528.  i3  go.  ^VAbraham  n'auroit  pas  per- 

^"ber  55  m*s  4u  on  cut  offert  un  Sacri- 
ne.  r  "  fice ,  &quainfil'on  eût  facrifié  à 
V.  Thé-     une  Créature. 

Gilles  Mourer  (a)  vint  au  fecours 
de  Boukftab  ,  &  preffant  le  même 
argument,  il  dit      10,  Que  l'Ordre 

de  Melchifédek,  n'eft  aucre  chofe> 
à.i  que  d'avoir  offert  du  pain  &  du 
^,  vin  ,  dJoù  il  fuit  que  Jesus- 
jjChrist  étant  Sacrificateur ,  de 
?3  cet  ordre  éternellement  >  doit  avoir 

quelque  chofe  à  offrir,  Se  par  con- 
séquent du  pain,  pour  accomplir 
jjla  figure.  20.  Que  du  refte  Mel- 
,,chifédek  n'offrit  pas  fon  Sacrifice 
33  à  Abraham  mais  à  Dieu. 

Haller  lui  répondit,  3>Quz  St. 
33  Paul  explique  clairement ,  He- 
^breux  VII.  en  quoi  &  comment 
3  3  Jésus  -Christ  eft  Sacrifiaceur  fe- 
33  Ion  l'ordre  de  Melchifédek,  fa- 
^voir,  .gw'il  eft  Roi  de  Juslice  Se 
3  3<1q  paix  (  Car  il  eft  nôtre  juftice  , 

I.Cor.  I.  Se  notre  />d/*,  Ephef.  I.) 

facrificateur  du  Dieu  Souverain  ,  qui 
ojs'eft  offert  lui-même,  aulieu  qu'il 

n'eft  point  dit  ce  que  Melchifédek 
33  offrit  3    Que  comme  l'Ecriture  ne 

par- 
te) pag.  iSt. 


de  U  Suife.  L I  v.  I V.    1 49 

parle  ni  de  là  naiffance  ni  de  la  W"25> 
„  mort  de  Milchifédek ,  il  a  été  un  ffl%k 
3 y  type  de  la  Divinité  de  Je  s  us- ne.  , 

Christ  &  de  fa  Sacrihcature  V.  Thé- 

éternelle,  fuivant  laquelle  il  n'a  e" 

point  eu  de  fucceffeur  &c. 

Le  Lundi  20.  Janvier  Gilles  Mou-  Action 
rer  (a)  remit  encore  fur  le  tapis  le  du  20. 
»  même  argument ,  foûtenant  que  J*nvur* 
sspour  l'accompliffement  éxaft  de  la 
^figure,  il  faloit  que  le  Sacrifice' du 
^Seigneur  fût  fous  l'efpéce  du  pain  > 
xpour  teffembler  à  celui  de  Melchi- 
xfédek,  qui  n'offrit  que  du  pain  tk. 
wdu  vin,  félon  qu'il  eft  dit,  Il  offrit 
ndu  pain  &  du  vin  ,  car  il  étoit  Sacrifia 
dateur  &c.  Il  voulut  encore  prou- 
ver ce  Sacrifice  de  pain  &  de  vin  , 
»par  les  Proverbes  de  Salomon,  Ch. 
»ÏX.  La,  fageffe  s  eft  bâti  une  maifon 
»8cc.  Elle  afacrifié  [es  facrifîces ,  Elle 
»a  mixtionné  fon  vin ,  &  plus  bas  , 
feriez  mangez  de  mon  pain  ,  &  buvez 
nde  mon  vin  &c.  Or  cela  ne  fe  fait 
55que  dans  la  Meffe. 

Zuingle  (b)  prit  ici  la  parole  pour 
répondre,  &  dit,  :>io.  Qnj\  n'eft 
,5point  écrit  que  Melchifédek  ait  fa- 
:;cnhe  du  pain  ÔC  du  vin  :    zo.  Que 
G  1  ,,\z 

(a)  pag.  38S.   (b)  pag.  390. 


150  Hijloire  de  la  Reformât  ion 

I  528.  55*e  Car  >  n'eft  pas  dans  le 

nifpute .  »Texte  Hébreu  ,  non  plus  que  dans 
£*E  Ber-  »le  Grec  :    Que  quand  même  il  y  fe- 
V.  Thé-  5>roit,  il  ne  prouveroit  point  ce  prê- 
te»       »tend.u  facrifîce.     30,  Prérendre  que 
MMelchifédek  n'a  rien  facriflé  que  du 
55pain  &  du  vin  ,  quand  il  la  appor- 
té à  Abraham,  ceft  une  pétition  de 
«principe  5  c  eft  cela  même  qui  eft 
«en  queftion.    40,  Que  Melchifédek 
55eft  une  figure  de  J  e  s  u  s-C  hrist 
«qui  s'eft  facrifië  foi  même  >  fie  non 
«pas  un  type  des  Pierres;  5°.  Que 
.  asle  paffage  des  Proverbes  ne  preuve 
»rien  en  faveur  de  la  Mefle ,  car  il 
»ne  dit  point  que  la  Sagefle  ait  fa- 
«enflé  du  pain  &  dii  vin. 

BouJ^fîab  revint  fur  les  rangs ,  (a) 
&  dit  »Qt/il  ne  vouîoit  pas  juftifler 
«les  mauvais  Piètres,  mais  Que  ce- 
pendant la  Mefle  eft  une  bonne  ceu- 
«vre  Se  que  les  Prêtres  font  coope- 
orateurs  avec  Jésus  -  Crhist  } 
«puisqu'il  nous  eft  ordonné  de  prier 
«les  uns  pour  les  autres  ,  Jaques  V. 
K>i  6*  Que  perfonne  n'a  deflein  de  dés- 
5>honnorer  Jesus-Ch  rist  j  Que 
55ce  qu'on  a  ajcû;é  à  l'Inftitution  du 
«Seigneur,  n'eft  pas  mauvais;  &:  Que 

atOUÎ 

M  paR.  394- 


de  la  Suiffe  Ll  V.  IV.     I  fi 

»tout  ce  qui  fe  fait  pour  la  gloire  de  I  528. 
wDieu  ,  n'étant  pa\s  direftement  op-  Difpute 
55pofé  à  fa  Parole,  doit  fubfifter.  ^Ber- 

Bucer  lui  répondit  »iO,  One  il  v.  Thé- 
smous  devons  prier  les  uns  pour  les  fe- 
^autres,  cela  ne  prouve  point  que  la 
rsMeflfe  foit  une  bonne  œuvre  ,  puif- 
î^que  Dieu  y  eft  outragé  par  ce  pré- 
tendu nouveau  Sacrifice.  20.  Que 
«les  additions ,  qu'on  a  faites  a  HnC- 
sstitution  du  Seigneur,  font  mau- 
»vaifes  &  contraires  à  fa  gloire, 

Boukjlab  dit ,  (a)  Quii  avoit  ouï 
„  dire  à  des  perfonnes ,  qui  enten- 
3,  doient  l'Hébreu  ,  que  le  mot  qui 
3,  fignifie  faire  ,  fe  prend  auffi  quel- 
3,  quefois  pour  [facrifier  :  Qtéâinfi  il 
3,  faut  le  prendre  dans  ce  fens  > 
3,  quand  le  Seigneur  dit.  Faites  ceÀ 
33  en  mémoire  de  moi. 

Bucer  répondit ,£Vil  eft  vrai  que 
3,  le  Verbe  Hébreu  Hafah  \  qui  fi- 
3,  gnihe  faire  ,  fe  prend  quelquefois, 
3,  mais  rarement  pour  facrifier;  &  feu- 
3,  lement  lors  qu'on  y  joint  le  nom 
3,  de  la  chofe  facrifiée  ;  ce  qui  ne  fe 
3,  peut  pas  apliquer  ici,  où  le  Sei- 

gneur  dit ,  Faites  ceci  en  mémoire 
3,  de  moi ,  après  avoir  dit ,  Preuez> 
G  4  3,  man- 

(a)  pag.  39 v 


I  52  Hiftoire  de  U  Ké for  mat  ion 

I  528.  s»  m*ngez  &c.  il  eft  évident,  que/ai- 
T>îrpnte  »  re  ne  /ignifie  là  proprement  autre 
de  Bek-    choie,  que  manger  &  boire. 

Thé-  Boukfiab  infifta  encore  ,  en  difant 
Te.  „  io,  Que  les  palïages  de  lEpître 
3,  aux  Hébreux,  citez  pour  prouver 
3,  l'éternité  ,  la  perfection  &  1  unité 
3,  de  la  Sacrificature  de  Jésus- 
?3  Christ  &  de  fa  rédemption, 
?,  n'étoient  point  oppoiez  au  facri- 
3,  fîce  delà  Mené ,  mais  feulement  à 
3>  ceux  des  Sacrificateurs  Levitiques. 
5,  20.  Que  la  perfeftion  de  la  Satis- 
„  faction  n'empêche  pas  ,  qu'il  ne 
3J  faille  aufTi  que  nous  fa/Tions  quel- 
3,  que  chofe  de  nôtre  côté ,  autre- 
ment  tous  les  hommes  feroienc 
3,  fâuvez,  &  il  n'y  en  auroit  point 
»  de  damnez.  30.  Que  puifque 
33  Jes  us-Christ  eft  lacrificateur 
?,  éternellement,  il  faut  qu'il  ait  un 
3,  facrifice  à  faire  tous  les  jours  3 
33  ainfi  qu'il  eft  offert  dans  les  myf 
itères. 

Bucer  (a)  répondit  „I.  Que  Jfcsus- 
3,  Christ  a  confommé  pour  toû- 
»,  jours  3  par  un  feiil  facrifice  ceux 
3,  qui  fontfanctifiez^  d'où  il  fuit  clai- 
reaient,  qu'il  n'y  a  plus  de  lieu  à 

>>  au- 

1  (a)  pag.  399. 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.  153 

»  aucun  Sacrifice;  autrement  fi  la  1528. 

yy  MelTe  eft  utile  aux  Chrétiens  ,  Difpute 

„  Jesus-Christ  n'a  rien  confommé  de  Ber- 

»  par  fon  Sacrifice.  II.  jgail  en  eft  v^Théfe 

»  de  même  de  fa  parfaite  fatisfa&ion 

»  que  nous  devons  embralTer  par 

5>  une  foi  vive,  comme  il  a  été  dit  fur 

»  la  III.  Théfe.  III.  Que  le  Sacrifice 

35  de  Jesus-Christ  eft"  unique  ,  & 

yyOue  l'éternité  de  la  Sacrificature 

3>  confiftc  io.  en  ce  que  la  vertu  de 

3,  fon  Sacrifice  dure  éternellement , 

?>  20.  En  ce  qu'il  eft  toujours  vis» 

»  vant  ,  pour  intercéder  pour  nous 

5>  auprès  de  Dieu  }  jufqu  à-ce  qu'il 

33  remette  le  Royaume  à  Dieu  fon 

>3  Pére. 

Gilles  Mourer  (a)  fe  fervit  de  l'ar- 
gument du  Port  Royal  8c  du  P.  Fer- 
fton,  (  qui  long-tem«  après  lui  ont 
prétendu  trouver  la  MelTe  dans  l'E- 
criture ;  )  je  veux  dire  le  paffage  des 
u4cl.X\l\.  v.  2.  qu'il  traduifoit,  com- 
me Us  [acrifioient  au  Seigneur. 

Bucer  répondit.  Que  le  mot  Grec 
*Mf*çys"iv  de  l'Original  >  ne  ilgni- 
„  fie  point  Sacrifier,  mais  feivir  3 
„  adminijlrer  >  comme  il  paroit  par 
33  Ilcb.l  .où  il  eft  dit  3  que  les  Anges 
G  5  font 

H  paj.  4Cfc, 


154  Hijloire  de  la  déformation 
I  $28»  )3  font  xsîjxpymx  wêùfHXTK  des  Efprits 
d^BEK* "  àdmhiijlrateurs  ,  &  non  Sacrifie a- 
KE.    R    3>  teurs  >  Ain  fi  &  P*ul  ,  XIII, 
V.ïhéfe    6.  dit  que  les  Princes  font  KsTJis^oî 
3,  des  Adminiftrateurs  5  favoir,  de  la 
Juftice  &  de  la  Tranquillité  pu- 
3>  blique. 

Mourer  répliqua  ;  »  io.  Que  le 
Savant  Erafme ,  qui  entendoit 
„  très-bien  le  Grec  ,  &  qui  étoit 
»  encore  en  vie  >  avoit  traduit  le 
5,  mot  Grec  par  Sacrifier  ,  au  lieu 
y,  que  la  Vulgate  a  traduit ,  Minif* 
5,  trantibus  Mis.  2°.  nous  nous 
3,  rendons  participans  du'  Sacrifice 
^  de  Jesus-Christ  ,  par  le  moyen 
yy  de  la  MelTe  >  en  priant  Dieu  ,  Se 
3,  lui  préfentant  le  Sacrifice  de  fon 
„  Fils.  3°.  Il  demanda  aufîi  ,  Quel 
^  étoit  donc  le  fervice  que  faifoient 
aî  les  Docteurs  d'Antioche  ?  Aéï* 
XIIL 

{a)  répondit  ,  i-o.  jg//il 
5,  avoit  prouvé  par  deux  paflages 
parallèles  le  vrai  fens  du  mot 
^  \€Îlx?)fiu  }  &  Qi£\\  étoit  furprer 
y,  nant ,  qu  on  voulût  fuivre  le  fens 
9y  d'Erafme  ,  au  lieu  de  la  Vulgate, 
„  qu'on  attribué'  à    S.  Jérôme  y  h 

h- 


delaSuiffe.  Liv.  IV.  155 

»  laquelle  on  a  paru  tant  attaché.  1528. 
55  20.  Que  tous  les  vrais  Chrériens  Bifvute 
5,  font  fans  Meffe  ce  qu'on  prétend  &  Ber- 
J5  faire  en  la  Meffe.  30.  Que  le  fer-  v.théfe 
9j  vice  des  Dofteurs  d'Antioche  étoit 
53  une  prière  fervente  ,  qui  étoit  or- 
,3  dinairement  jointe  au  jeûne  ,  du- 
quel  il  eft  fait  mention  dans  le 
3;  même  endroit. 

Mourer  (a)  cita  enfuite  le  partage 
de  Malachie  III.  où  il  eft  parlé  de 
3,  Sacrifices.  Bucer  fit  voir  fans  pei- 
ne  que  cela  ne  prouve  rien  en  fa- 
veur  de  la  Meffe.  Mourer  (b)  ci- 
3,  ta  enfuite  Daniel  XII.  où  il  eft  par- 
3,  lé  du  Sacrifice  perpétuel  des  Juifs, 
3,  &  prétendoit  qu  i]  s'y  agît  de  la 
3,  Meffe.  Zuingle  lui  fit  voir  aifé- 
P)  ment  qu'il  fe  trompoit. 

Boukjiab  vint  ici  au  fecours  de^ 
Mourer  3  (c)  &  pour  montrer  que 
fon  dernier  argument  étoit  folide  > 
3,  il  dit  3  Que  le  paffage  de  Daniel 
3,  XI.  qui  regarde  celui  qui  s  élevé- 
ra  contre  tout  ce  qui  eft  Dieu,  dé-. 
3,  figne  TAnte-Chrift  ,  &  qui  eft  pa- 
3,  rallele  à  celui  de  II.  Thifi,  B.  où 
il  eft  parlé  de  £  Homme  de  péché  : 
?>  Qne  celui  de  Daniel  XII.  où  il 

G  6         eft  . 
M  pag.  407.  W  p.  4M.  [#]  p.  4iS- 


156  Hiftoire  de  la  RJ formation 

1  528.  55  e^  Paflé  d'un  tems  ,  de  deux  tems, 
Vifpute  35  &  d'une  moitié  de  tems  ,  &  enfui- 
de  Ber-     te  de  1290.  jours  ,  eft  parallèle  à 

V^fhéfe  5>  Ce^U*  ^e  ^^P0CatyP(e  XIII.  ton- 
3,  chant  l'Eglife  qui  s'eft  enfuie  dans 
53  le  défert  pour  y  être  nourrie  un 
3,  tems  3  tems  &c.  &  il  y  elt 

?3  dit  3  que  cela  doit  durer  42.  mois. 
Enfin  Que  3  comme  il   eft  dit  3 
Daniel  XII.  Heureux  eft  celui  qui 
?3  4fre^  &c.  Ainfi  on  trouve  Mat- 
33  th.  XXIV.  Celui  qui  perfe've'rera  juf- 
33  qu'a  la  fin  5  fera  fauve'.  Puis  donc 
?3<|ue  Daniel  parle  de  l'abolition 
3,  du  Sacrifice  perpétuel  »  durant  2. 
o,  ans  &  demi  5  &:  que  les  paroles 
du  Nouveau  Teftamcnt  s  accor- 
,3  dent  bien  avec  celles  de  Daniel , 
,3  qui  précédent  &  qui  fuivent  3  il 
a,  s'enfuit  que!  le  Sacrifice  perpétuel, 
^  ,3  qui  doit  ceffer  pendant  3.  ans  & 
,3  demi  ,  eft  la  Mené  :  &  que  ta- 
33  bominatiôn  de  la  défolation  5  dont 
0,  parle  Daniel  5  &  que  les  Difciples 
3>  du-  Seigneur  dévoient  voir  >  n'eft 
33  autre  chofe  que  la  défolation  de 
5>  l'Eglife  ,    par  l'abolition  de  la 
33  Mené.  Enfin  il  défioit  les  Protêt 
33  tans,  de  lui  montrer  un  tems,  ou 
»  un  an  >  depuis  les  Apôtres  3  où 

Ion 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.  157 

3,  Ton  n'eût  pas  regardé  le  Sacre-  j  ^28. 
3,  ment  du  Corps  de  Chrift  >  comme  Difpute 
5>  un  Sacrifice.  de  Ber- 

Oecolatnpade  (a)  parut  un  peu  pi-  yE^fe 
que  du  raifonnement  de  ce  Maître 
d'Ecole  ;  il  lui  répondit  3  v  i°. 

QtSon  voit  allez  dans  l'Hiftoire  » 
,3  comme  quoi  les  Prophéties  de 
3)  Daniel  touchant  les  j.  ans  ÔC 
,3  demi  3  6c  la  deftruftion  du  Tem- 
3,  pie  de  Jérufalem  ,  ont  été  accom- 
,3  plies  5  ajoutant  que  l'explication 
3,  &  1  application  qu'il  faifoit  de 
5)  ces  Prophéties  étoient  outragean-» 
33  tes  pour  les  Reformez,  au/ïî-bien 
?3  que  fans  intelligence  3  (  il  eft  jeu- 
33  ne  3  dit-il  3  nom  le  lui  pardonnons  >  ) 
93  comme  fi  fe  tenir  éxa&ement  aux 
33  termes  de  rinftitûtion  du  Sei- 
5,  gneur  dans  le  Sacrement  ,  étoit 
3,  une  chofe  Anti-Chrétienne.  20, 
?a  Que  le  paffage  de  lApocalypfe 
3>  ne  regardoit  pas  un  fimple  efpace 
3>  de  3.  ans  &  demi  ,  mais  tout  le 
33  tems  qui  a  dû  s'écouler  depuis 
o  TApoitafie  3  jufqu'à  la  venue  du 
:>  Seigneur.  30.  Que  par  l'Ante- 
5,  Chrift  on  n'entend  pas  une  feule 
33  perfonneij  &  i2«'il,  eft  affez.  clair, 

qui 

M  pag-  4»> 


158  Hijloîre  de  U  Réformation 

I  S 2 S.  "qui  eft:  celui  qui  s'eft  aflls  depuis 
Difpnte     quelque'  tcms  à  la  place  de  Dieu, 
dJ  B£R-„  &  dans  fon  Temple,  IL  TheJfaL 
V/rhéfe 55       Que  Ton  confidére  feulement 
,3  ce  que  c  eft  qui  fait  de  la  peins 
3,  à  ces  gens  ,  qui  veulent  un  autre 
5)  Chef ,  que  J  e  s  u  s-C  hrist  dans 
TEglife  Chrétienne  :  Qu\\  eft  ai- 
5,  fé  de  voir  dans  quel  parti  il  faut 
chercher  la  femme  qui  fuit  la  per- 
5,  fécution  ,  &c  fe  fâuva  dans  un  dé- 
3,  fert  j  de  quel  côté  font  les  perfé^ 
3,  cuteurs  ;  &  combien  de  Dottri- 
3,  nés  blafphématoires  on  y  a  enfei- 
gnées  depuis  plufieurs  centaines 
3,  d'années. 
ABîon      Le  Mardi  21.  Janvier  Jean  Man- 
duzi.    neberg  (a)  fe  mit  furies  rangs,  & 
ÏZTdc  ob)e<fla  Pour  lc  Sacrifice  de  la  Méf- 
ia même  fe  ,  le  paffage  de  Héb.  V.  qu'il  rap- 
Difpute.  porta  de  cette  manière  :  Chaque  E- 
veque  ou  Pontife  ,  pris  d'entre  les  hom- 
mes ,  efi  établi  fur  les  hommes  ,  en- 
vers Dieu  ,  pour  offrir  des  dons  &  des 
ffterifices  pour  le  péché:   „  l'Apôtre 
„  ayant  écrit  cela  3  après  le  tems  de 
3,  Jesus-Ckrist  ,  il  y  a  donc  enco- 
5;  re  un  facrifice  pour  le  péché,  après 
,3  celui  de  Jésus  Christ. 

HaU 

M  pag.  42.0, 


"  de  la  Suffi.  Liv.  IV.  159 

Haller.  S.  Paul  compare  là  la  Sa-  152S. 
crificature    de  l'Ancien   Teftament  Difpute 
avec  la  Sacrificature  de  J  e  s  u  s-  de  Ber~ 
Christ,  ,>  favoir,  Que  comme  les  Sa-  v.Théfe 
3,  crificateurs  de  l'Ancien  Teftament 
■»  offroient  des  dons  &  des  Sacrifi- 

ces  pour  le  péché  ,  ainfi  Je  su s- 
y>  Christ  le  Souverain  Sacrificateur 
33  s'eft  offert  lui  -  même  pour  nos 
5,  péchez  &c. 

Bouk^fiab-  (a)  objecta  contre  ce 
qu'Huiler  avoit  dit  des  abus  de  la 
Meffe  3  „  Que  par  rapport  aux  ha* 
3,  bits  précieux  des  Sacrificateurs,  on 
:,en  voitrOrdonnanceis.W.XXVIIÏ. 

XXXV.&  XXXIX.&:  à  l'égard  de 
„  ï'Onclion  ,  Marie  MagdeJaine  l'a 
>,  pratiquée  loiïablement  envers  Je- 
33  sus  -  Christ.  Luc  VIL  j?#5ainfi 
>,  chacun  peut  lervir  Dieu  avec  des 
3,  chofes  extérieures  &  des  offran- 
ts des  ,  quoi-que  ,  ajoûta-t-il  5  U  s  y 
commette  quelquefois  de  grands  abus. 
Et  quant  aux  péchez  &  aux  abus ,  je 
ne  prétens  point  les  défendre  &  les  foû- 
ten'ir  ;  mais  je  dis  qu  'ils  nom  ont  attiré 
bien  du  mal, 

Haller.  ,3  iO.  S.  Paul  nous  exhor- 
5>  te  3  Cal.  V.  à  demeurer  fermes 

dans 

M  Pag-  4*4-  &  fuiv. 


1 60  Hiftoire  de  U  Réformation 

I  528.  dans  k  liberté  y  que  le  Seigneur 
vifpute  »  nous  a  aquife  ,  comme  donc  les 
^*  Ber-  >9  Cérémonies  établies  fans  la  paro- 

VEThéfe  53  *e  ^e  ^*eu  5  tiennent  ^es  confeien- 
ces  captives  ,  nous  avons  raifon 
„  de  les  rejetter  ,  n'étant  plus  fous 
3,  le  joug  fervile  de  la  Loi.  20. 
„  Marie  Magdelaine  a  montré  fa  foi 
5,  par  une  œuvre  de  charité  >  ou  d'à- 
„  mour,  envers  Jesus-Christ,  nous 
„  devons  faire  la  même  chofe  en- 
35  vers  nos  prochains. 

Le  même  jour  (a)  on  paffa  à  la 

vi.Théfe.  vi.  Thèse  >  qui  regarde  la  média- 

Ta^fkn     tlQn  Par^te  ^e  JeSUS-Chri  S  T. 

provo-   Après  que  Fr.  Kolb  eut  fait  un  pe- 
quefon  tit  difeours  pour  la  prouver  >  un 
UUDif-  Pay^an  nom>mé  y  Jean  Wecbter  >  du 
pute.     Bailliage  de  Schenkeberg ,  au  Canton 
de  Berne  >  provoqua  à  la  Difpute  , 
le  Curé  de  Brouk  ,  Jean  Lotbftetter. 
Quelques  mois  auparavant  le  Curé 
avoit  prêché  l'invocation  des  Saints> 
&  avoic  éxhorté  fortement  fes  Pa- 
roifliens  à  recourir  à  TintercelTion 
de  la  S.  Vierge  >  &  des  autres  Saints; 
fie  ce  Payfan  Tavoit  refuté  publi- 
quement.   On  les  avoit  appeliez 
tous  deux  à  Berne  >  pour  y  termi- 
ner 


de  USuiffe.  Ll  v.  IV.  l6ï 

ner  leur  difpute.  Locbftetter  fe  trou-  1528. 
va  dans  l'Arîemblée  ,  mais  il  ne  vou-  Difpute 
tut  point  accepter  le  défit  du  Pay-  de  Bbr- 
fan  ,  difant,  qu'il  laiiToit  la  difpute  vi'jhé- 
a  de  plus  favans  que  lui.  fe/ 

Gilles  Mourer  (a)  commença  donc 
la  Difpute  3  &  entreprit  de  ioûtenir 
l'Invocation  des  Saints.  Il  dit 
Oinl  eft  écrit >  Matth.  XV.  que  tou- 
te plante  que  le  Pére  naura  pas  plan- 
ta j  fera  déracinée  ,  c'eft- à-dire  >  tou- 
te Doctrine  &c.  ;  »  Que  la  doctrine 
5,  de  la  Théfe  avoit  été  avancée  5  il 
„  y  avoit  plus  de  mille  ans  ,  par  Vi- 
,,gilantiii5  5  mais  qu'elle  a  été  détrui- 
3)  te  jufqu  alors  >  &  qu'ainfi  on  ne 

devoit  pas  la  renouvelles  20. 
m  ^«  il  avoùoit  bien  ,  que  Jesus- 
yy  Christ  eft  nôtre  unique  Média- 
>,  teur ,  entant  qu'il  nous  a  racheté; 
>,  mais  Qiïil  y  a  un  fécond  ordte 
»  de  Médiateurs  >  dont  parle  l'E- 
55  criture  ,  &  ce  font  ceux  qui  prient 
5,  pour  nous.  Ainfi  S.  Paul  dans 
3,  toutes  fes  Epîtres  prie  pour  ceux 
»*  à  qui  il  écrit  3  &  demande  aûfli 
9>  les  prières  de  quelques  -  uns.  II. 
,>  Theff.  III.  fi  donc  les  Saints  qui 
33  font  fur  la  Terre  peuvent  prier 

pour 

M  pag-434. 


I  62  Hiftoirc  de  la  déformation 

I  528.  v  pour  nous  ,  les  Saints  qui  font 
DifpHte>>  dans  le  Ciel  ,  peuvent  bien  aufîî 
do  Ber-  ,>  le  faire  ,  puifque  nous  fommes 
JLÎ*.  ,  tous  membres  en  Jesus-Christ. 
fc.        I.  Corinth.  XII. 

Zmngle  répondit  5  io.  Ot£on  ne 

peut  prouver  par  aùcun  endroit 
5,  de  la  Bible  3  Quon  ait  jamais  re- 

couru  à  rintercefïion  des  Saints  : 
3,  Ainfî   cette  doctrine  >  ne  venant 

point  de  Dieu  5  doit  être  détrui- 
5,  te  ,  félon  AUttlu  XV.    20.  Que 

l'Ecriture  Sainte  ne  connoit  qu'un 
„  feul  Médiateur  3  qui  nous  a  ra- 

chetez  ,  &  Que  S.  Paul ,  parlant 

du  Corps  de  Jesus-Christ  ,  dont 
5>  nous  fommes  membres  5  ne  parle 
5J  que  de  l'Eglifè  3  qui  eft  fur  la 
3,  terre  j  car  quoi-que  les  Saints,  qui 
3>  font  dans  le  Ciel,  foientles  mem- 
>,  bres  de  TEglife  triomphante  5  & 
>,  nos  membres  à  cet  égard,ils  ne  font 
3,  plus  nos  membres  à  l'égard  des 
3,  miféres  de  cette  vie,  auxquelles  ils 

nefont  point  expofez, ni  parconfé- 
35qtient  membres  de  l'Eglifè  militante 

Gilles  Mourer  cita  Apocal.  V.  où 
il  eft  parlé  des  4.  animaux  &  des  24. 
Anciens  >  qui  avoient  chacun  leurs 
Phioles  pleines  de  parfums  >  qui 

font 


delaSuiJJe  LlV.  IV.  1 63 

font  les  prières  des  Saints» .  Zuingk  152&. 
lui  répondit  tout  (a)  féchement  qu'il  Dijpute 
ne  reconnoirToit  point  l'authorité  du  de  Ber- 
Livre  de  l'Apocalypfe >   ne  le  re-  vLThê- 
gardant  point  comme  Canonique  ;  fe, 
foûtenant  qu'il  n'y  a  ni  Livre  *  ni 
Hiftoire*,  qui  nous  apprenne  que 
ce  Livre  foit  de  Jean  l'Evangelifte. 

Aîourer  (b)  voulut  encore  prou- 
ver ;  »  Que  les  Saints  prient  pour 
»  nous  dans  le  Ciel  >  parce  qu'ils 
5,  font  animez  de  la  même  charité, 
3,  qui  nous  engage  à  prier  ici -bas 
>,  fur  la  terre  les  uns  pour  les  au- 
„  très  j  car  la  charité  ne  défaudra 
„  jamais ,  (  h  Corinth.  XIII.)  &  mê- 
>y  me  la  Charité  des  Saints  dans  le 
>,  Ciel  eft  plus  parfaitcque  celle  des 
jj  Saints  qui  font  fur  la  terre. 

Zuïngle.  L'Apôtre  (  I.Cor.XIII.) 
»  ne  décrit  pas  la  Charité  que  les 
yy  Bien-heureux  ont  dans  le  Ciel  , 
>}  qui  eft  une  joye  &  une  allégref. 

fe 

*  Il  fe  trompoit  ici.  &  Irenée  Ecrivait! 
du  H.  Siècle  ,  Difciple  de  S.  Polycœrpe,  qui 
l'avoir  été  de  S.  Jean  l'Apôtre  »  attribue 
formellement  ce  Livre  à  ce  Saint  Apô- 
tre. Voyez  Ton  Livre  contre  les  Heréfies, 
Liv.  I.  c17.cVLiv.il.  c.  Ç7.  cV  Liv.  V.c  50. 
Voyez  auflî  fuftin  Af*r/yr.  Dialog.  p.  m.  89. 
(a)  pag.  458439-  tW  P-  44P. 


ï  64  Hiftoire  de  la  ^formation 

1  528.  »  fe  éternelle  9  fans  aucune  douleur 
Dlfputc  „  ni  inquiétude  j  mais  celle  que  les 
^Ber-  ^  hommes  ont  ici-bas  fur  la  terre, 
vI.  Thê-  »  ainfi  ^  k  Charité  des  Bien-heu- 
fe.  j,  reux  eft  plus-  parfaite  &c.  cela  ne 
„  fait  rien  contre  nôtre  Théfe. 

Mourer  (a).  „  S'il  ne  convenoit 
>,  pas  aux  Bien -heureux  de  prier 
?j  pour  nous ,  parce  qu'ils  font  dans 
3,  le  Ciel  ,  cela  ne  conviendroit  pas 
3,  non  plus  à  Jesus-Christ. 

Zuingle.  Si  nous  croyons  que 
5>  Jesus-Christ  intercède  pour 
3,  nous  dans  le  Ciel  ,  ceft  parce 
3,  que  l'Ecriture  Sainte  nous  Tenfei- 
„gne. 

Mourer  (b).  Le  Seigneur  dit  » 
Jean  XVII.  Pére  3  je  leur  ai  donné  la 
gloire  >  que  tu  mas  donnée,  afin  qu'ils 
[oient  un^comme  nous  fommes  un:  je  fuis 
en  eux  ôcc.  5>  S'ils  font  un  avec  Je- 
3>  sus-Christ  3  ils  prient  donc  pour 
3,  nous. 

Zuingle.  Jesus-Christ  ne  parle 
,3  point  des  Bien-heureux  3  qui  font 
3,  hors  de  ce  Monde. 

Mourer  (c).  Le  palfage  de  Jerem. 
XV.  prouve  auiïi  l'IntercefTion  des 
Saints  :  Quand  Moife  &  Samuel  fe- 

r oient 

M  p.  441.   M  p.  445-  (0  P-  444. 


delà  Suijfc.  LlV.  IV.  1 65 

rotent  devant  moi  >  dit  le  Seigneur,  1528. 
mon  ame  ne  fe  tourner  oit  joint  vers  ce  Difpute 
Peuple.  de  be^- 

Zuingle.  Puifque  >  félon  vous  ,  vi.  Thé- 
Moïfe  &  Samuel   n'étoient  pas  fe. 
>>  dans  le  Ciel  3  mais  dans  les  Lim- 
,3  bes  ,   cet   argument  ne  prouve 
23  rien. 

Ici  le  Payfan  Jean  Wechter  {a)  fe 
mit  de  la  partie  ,  &  obje&a  à  Mou- 
rer,  Efaie  LXIII.  Tu  es  notre  Pére> 
Abraham  ne  nous  connoït  peint  3  ffraël 
ne  nous  avoue  point, 

Afourer.  Cela  fe  doit  entendre  de 
la  perfonne  ,  &  quand  même  on 
•  avouëroit  que  les  Anciens  Pérès > 
5,  qui  étoient  dans  le  Fauxbourg 
>,  des  Enfers  ,  ne  favoient  pas  tou- 

tes  nos  affaires  d'ici  fur  la  terre  > 
„  beaucoup  plus  pourtant,  peuvent- 
5,  ils  le  favoir  dans  le  Ciel.  Et  fi 
33  le  mauvais  Riche  a  prié  dans  TEn- 
3,  fer  (  Luc  XVI.  )  pour  fes  frères  » 
33  qui  étoient  fur  la  terre  ,  beaucoup 

plus  devons  -  nous  croire  que  les 
33  Elus  peuvent  prier  Dieu  pour 
3,  nous  dans  le  Ciel. 

Zuingle.  Cette  Parabole  nous  ap- 
prend que  les  Morts  priéroient  en 

vain 

M  p.  44f. 


166  Hiflolre  delà  Réformaiiôn 

1  528-  vain  ,  quand  même  ils  prieroient. 
Bifpuie Elle  lignifie  en  particulier  5  Que 
^L»er-  J?  cel3X  qUl  merrent  route  leur  con- 
V..  Thé-  »  fiance  en  Dieu,  repréfentez  par 
fe-         3)  Lazare  ,  font  reçus  dans  la  félici- 
3,  té  dès  qu'ils  meurent  5  Que  ceux 
3,  au  contraire  ,  qui  vivent  au  gré 
de  leurs  cupiditez,  feront  damnez 
33  éternellement. 

Le  Mecredi  22.  Janvier  étant  le 

^ffa™  îour  de  St  ^mcent  >  Patron  de  la 
Janvier  Ville  de  Berne  >  &  par  conféquent 
On  fe  une  très-grande  fête  >  Ton  *  n'y  dit 
repofe  à  pma  p0jnti    Les  Chanoines  de  la 
la  Fête.  Collégiale  de  S.  Vincent  avoient  ac- 
coutumé de  faire  de  grandes  réjouit- 
fances  ce  jour-là.   Ils  demandèrent 
aux  Magiftrats  ,  Ce  qu  'ils  dévoient 
faire  ?  t   On  leur  répondit  ,  Que 
ceux  d'entr'eux  >  qui  reconnoifîoi- 
ent  pour  véritable  la  doctrine  des 
Théfes  ,  ne  dévoient  point  dire  la 
Méfie  j  mais  Que  les  autres  pou- 
voient  éxercer  leurs  Cérémonies  > 
comme  à  l'ordinaire.  Ainfi  les  Mar- 
guiiliers   allumèrent  les   Cierges  > 
pour  les  Matines  ,  ck  pour  tous  les 
autres  Offices  de  la  journée.  Mais 

il 


*  Ex  Ail.  p.  447. 
t  bitL  U..p.  6.  Hotting.  404. 


deUSuifcLiv.  IV.  1 67 

il  n'y  eut  perfonne  ,  qui  fit  dire  ni  (  528. 

Matines  ,  ni  Vêpres  >    ni  Grande  >  Bifpute 

ni  Petite  Mefle  ,  ni  aucun  autre  des  de  Ber" 

Offices  religieux.  Il  n'y  eut  que  les  s  ^ 

Bouchers  y  qui  pour  honorer  la  fête  fe. 

firent  chanter  une  Mcffe  par  leurs 

deux  Chapelains  >  fur  leurs  Autels; 

ÔC  le  lendcn.ain  ils  firent  dire  une 

Mefle  d'Anniverfaire  pour  les  Mors, 

L'Organifte  ,  au  lieu  du  Afagrrficat, 

joiia  fur  l'Oigue  de  ÏBgUCt  cette 

Chanfon  ,  O  pauvie  Judas  ,  qu  as-tu 

fait  &  avoir  trahi  ton  Seigneur\  Ce  fut 

là  la  dernière  pièce  >  qui  fut  jouée 

fur  cette  Orgue  y  câr  bien-tôt  après 

.on  l'abbatit. 

Le  Jeudi  23.  Janvier  on  revint  à 

la  Difputc.    Bol  kftab  (a)  pour  foû-  Action 

tenir  l'Invocation  des  Saints  , .  de  ^u  2.3- 

>i    •         /1  lanvier. 
prouver  qu  jIs  intercèdent  pour  nous  J  Suite 

dans  le  Ciel  3   cita  10.  Luc  XVI.  de  la 
Faites-vous  des  amis  des  richeffes  \n%-  meme 
ques  ,  afin  que  quand  vous  défaudrez  y  DWHte' 
il  vous  reçoivent  dans  les  Tabernacles, 
»  Or  ,  dit-il  ,  ils  ne  peuvent  nous 
y  introduire  >  que  par  les  prières 
»  qu'ils  font  pour  Nous.  20.  L'é- 
»  xemple  des  Apôtres  ,  qui  ont  prié 
>,  fur  la  Terre  pour  d'autres  person- 
nes,; 

(  h  )  pag.  447. 


1 68  Hïftoire  delà  Réformai  ion 

I  528.  »       j  &  qui  par  conféquent  font 
Difpute  »  la  même  chofe  dans  le  Ciel.  30. 
de  Ber-  yy  Daniel  IV.  v.  13.  Voici  >  un  Veïl- 
VLThé-  "  ^ant  &  m  Saint  defeendit  des  deux: 
fe.        »  &  plus  bas  v.  17.  qu'il  traduifoit 
>,  ainfi  :    La  chofe  eft  décrétée  dans 
„  le  jugement  des  Veillans  ,  &  le  dif- 
cours  des  Saints  ,  &  la  prière  >  d'où 
„  il  concluoit  que  les  Saints  prient 
>j  dans  le  Ciel. 

Haller  répondit,  „  io.  Que  Luc 
>,  XVT.  s'entend  des  Saints  qui  font 
»  fur  la  terre  ,  qui  prient  pour  nous, 
,j  à  l'occafion  du  bien  que  nous  leur 
„  faifons  ,  dans  leurs  befoins  ;  Se 
»  ils  nous  reçoivent  dans  les  Ta- 
»  bernacles  éternels  ,  entant  que  le 
„  Seigneur  récompenfe  ,  comme  fait 
>,  à  lui-même  ,  le  bien  qu'on  leur  a 
>,  fait.  20.  Les  Apôtres ,  tandis 
>,  qu'ils  ont  été  fur  la  terre  ,  ont 
»  exécuté  le  commandement  du  Sei- 
„  gneur  ,  priant,  prêdunt  Ôcc.mais 
„  depuis  leur  mort ,  Dieu  leur  a 
donné  quelque  chofe  de  meilleur, 
»  favoir,  une  joye  éternelle.  30.  Le 
»y  partage  de  Daniel  ne  regarde  point 
5,  cette  matière  ,  il  s'y  agit  des  Vi- 
„  vans  ,  qui  étoient  tourmentez  par 
»,  le  Tyran. 

Ici 


de  la  Suife.  Liv.  I  V.     1 69 

Ici  Occolampade  (a)  vint  au  fe-  j  ç 2 8. 
cours  d'Hallcr  >  pour  refoudre  l'ob-  Dlfpute 
jeftion  tijée  du  paffage  de  Daniel  :  de  Ber- 
II  rît  remarquer  qu'à  le  traduire  éxa-  yi'-j-j^ 
clément  ,  il  porte  :  Cela  a  été  pronon-  çc' 
cé  dans  l1  Admhift  ration  des  Veillansy 
&  à  été  demandé  dans  la  Conférence 
des  Sain t s  ;  n  ce  qui  monrre  qu'il  ne 
j,  s'agit  point  là  de  prière. 

Boifkjlab  cita  encore  (b)  iO.  Job. 
>,  XXXIII.  qu'il  traduifoit  de  cette 
»  manière  ,  «S*/7  y  a  la  un  Ange  > 
yy  qui  parle  pour  lut  ,  qui  fajfc  con- 
yy  noitre  la  probité  de  l'homme  ,  il 
yy  aura  pitié  de  lui  &c.  d'où  il  fuie 
yy  que  les  Anges  prient  pour  nous> 
yy  &:  à  plus  forte  raifon  les  Saints. 
»  Il  apuya  cela  par  Zachar.  I.  où 
»  il  eft  dit ,  l'Ange  de  Dieu  parla, 
yy  &  dit  y  Eternel  dts  Armées  ,  jus- 
y}  ques  à  quand  ri  auras -tu  pas  futé 
yy  &c.  20.  Qj\\  pourroit  auffi  citer 
»  des  preuves  tirées  de  Tobie,  Ra~ 
yy  rue  ,  ks  Maccabées  ,  &  ÏApoca- 
yy  lypfe  y  fi  on  ne  les  réjettoit  pas. 

(Jtcolampade  répondit   10.  „  Que 
yy  le   partage  de  Job  XXXIII.  ne 
yy  parle  point   de    prière  d'Ange, 
»  mais  qu'un  Ange  exhorte  ,  ou 
Ton!.  IL  H  aver- 

(  0)  pag.  4<;o.  (é) 


170  Hîjloire  de  la  déformation 

T  5 2 8 .  «avertit  l'homme,  Se  l'inflruit  , 
ÏDifputë  »  enforte  que  l'homme  prie  Dieu, 
de  Ber  >y  &  il  obtient  grâce.    Le  partage 
VIThé-  5>  ^e  %6chdTte  ne  prouve  point  non 
{Se.         y,  plus  les  prières  des  Anges,  mais 
>,  il  contient  une  Villon,  dont  le 
„  but  ehV  d'aprendre  au  Lecleur, 
w  que  le  tems  du  rétablifliment  de 
„  Jérufalern  approchoit.    20.  CVil 
»  navoit  pas  lieu  de  fe  plaindre, 
»  de  ce  qu'on  ne  vouloit  pas  ad- 
„  mettre  des  preuves  tirées  des  Li- 
,j  vres    Apocryphes  ,  puisqu'ils 
»  n'ont  point  d'authorité. 

Boukftab  {a)  objecta,  io,,  Quon 
„  doit  le  fervir  des  Livres  que  l'E- 
„  glife  Chrétienne  a  reconnus  pour 
>,  bons >  Se  que  fans  elle  on  ne 
fauroit  pas  queîs  Evangiles  il 
„  faut  reconnoître  pour  Canoni- 
yy  ques  ,  puifque  plufieurs  en  ont 
yy  écrit  â  Se  20.  Que  ceux  qui  re- 
yy  jettent  l'Apocaiypfe  ,  rejettent 
yy  au/Ii  l'E pitre  aux  Hébreux  Se  di- 
y}  fent  qu'elle  n'eft  pas  de  S.  Paul, 
„  quoique  les  Proteftans  en  tirent 
yy  leurs  meilleures  preuves ,  à  leur 
„  fens  ,  contre  le  Sacrifice  de  la 
^  Meffe. 

Zu'mgU 

M  Pag-  -W- 


deU  Sut jfe.  Liv.  IV.     17 1 

Zuinglc,  que  ce  reproche  touchoir,  H  2  8. 
répondit,  „  Que  nous  nous  krvons  V'fp*** 
„  volontiers  des  Livres  de  l'Eglife,  n'e#Ber' 
>,  mais  de  chacun   félon  Ton  mé-vi.Thé- 
>,  rite  j  £>#'il  y  a  des  livres  Apo-fc. 
>,  cryphes  3    qu'on  peut  lire  avec 
>,  fruit ,  mais  dont  on  rie  peut  pas 
n  tirer  des  preuves ,  pour  décider 
35  des  points  de  doctrine  \  Qri\\  n'y 
„  a  que  les  livres  reconnus  pour 
3,  Canoniques  3  qui  ayent  cet  ufage. 
,3  Que  pour  cette  caufe  il  avoir  é:é 
3>  fagement  réglé  dans  cette  difpute, 
?3  de  n'admettre    aucune  preuve, 
,3  que  celle  qu'on  pouvoit  tirer  des 
3,  livres  5   reconnus  généralement 
3,  par  tour.    Que  quant  à  l'Epure 
3,  aux  Hébreux,  il  la  croyoit  Ca- 
3,  nonique  3  &:  écrite  par  S.  Paul, 
,  3  à  caufe  de  fon  ftyle  ôc  de  fes  rai- 
33  fonnemens  ;   mais  que  du  refte, 
3,  quand  on  la  mettroit  à  quartier 
33  dans  la  difpute  de  la  MerTc  il  y 
33  auroit  allez  de  preuves  ,  contre 
3,  ce  prétendu  Sacrifice  dans  les  au- 
3,  très  Epitres  Ôc  Jes  Evangiles. 

Tbéobald  Houter  (a)  fe  mit  auffi 
fur  les  rangs  ,  &  dit  io.  „  Que  les 
5>  Saints  dans  le  Ciel  fe  conforment 
H  2  fans 


172  Hifiwe  de  la  Réformât  ion 

1  528.  »  fans  doute  à  l'exemple  de  leur 
DifpHte  >,  Chef  Jésus  - Christ,  qui  pris 
de  Ber-  >}  pour  nous  ,  &  qu'ainfi  ils  prient 

VI. Thé-  3y  au^*    2°*  ^  ^   e^  ^c> 

fe.         >s  (>/'/7j        femblablei   aux  Anges  -y 

,j  ils  prient  donc  aufïi  pour  nous, 
>>  comme  les  Anges  le  font  3  qui 
font  des Efprits  adminiftrateu s.  30. 
,>  Il  cira  la  prière  de  Salomon  (  I. 
s.  Rois  VIII.  )  demandant  à  Dieu 
„  qu'il  exauçât  ceux  qui  le  prie- 
,5  roient  dans  fon  Temple  ;  ce  qui 
5,  prouvoit ,  félon  lui ,  les  péléri- 
„  nages.    40.  Enfin  le  miracle  de 
?,  la  réfurrection  d'une  homme,  qui 
5,  avoit  touché  les  os  du  Prophète 
„  ELrffié.  IL  Rois  XIII. 

Zmngle  (a)  dit  1  o.  „  Que,  de  ce 
que  Jésus  -  Christ  ,  intercède 
3,  pour  nous  3  cela  ne  tire  point 
à  conféquence  pour  les  Saints  5 
3,  car  c'eft  lui  qui  eft  nôtre  Avocat 
3,  auprès  du  Père.  Son  intercef. 
33  fion  3  ayant  été  faite  une  fois  , 
3,  eft  fuffifante  pour  toute  Téter- 
,3  nité  &  n'eft  autre  choie  que  la 
>,  fâtisfaftion  pour  nos  péchez; 
>3  d'où  il  s'enfuit  que  nul  ne  peut 
„  intercéder  comme  lui  pour  nous 

auprès 

M  pag.  450. 


de  la  Suffi.  Liv.  I  V.  173 

»,  auprès  de  Dieu.  20.  Nous  nions  I  528. 
>,  que  les  Anges  prient  ou  intercé-  f/^^ 
>,  dent  pour  nous,  comme  TEgiife  NE# 
»,  Romaine  l'entend.    30.  Les  paf-  VI.  Thé- 

fages  tirez  de  l'Ancien  Teftament 
5,  ne  peuvent  rien  pour  le  tems  du 
3,  Nouveau,  après  ce  que  le  Sei- 

gneur  a  dit  Jean  IV.  Le  tcms  vient 

^'ow  n  adorera  plus  fur  cette  A/on- 
3.  tagne  >  »i  4  Jérufalcm.  40.  Le  corps 
35d'Ëlifée  n'avoit  pas  aprèsTamort, 
5,  la  venu  de  vivifier  >  non  plus 

qu'il  ne  l'avoit  eu  pendant  fa  viV* 
9,  mais  tous  les  miracles  font  l'ou- 

vrage  de  la  puiiïance  de  Dieu. 

Paul  Beck,  (a)  Minière  de 
Giftingen  fe  leva  ici,  &  dit,  (///'ayant 
été  établi  par  le  Confeil  de  la  ville 
d'Ulm ,  Miniftre  de  la  petite  ville 
de  Gifflingen  ,  qui  elt  de  fa  dépen- 
dance ,  il  y  avoit  prêché  la  parole 
de  Dieu  ,  félon  les  ordres  qu'on 
lui  en  avoit  donnez ,  le  plus  pu- 
rement qu'il  lui  avoit  été  pcfTible} 
qu'il  y  avoit  prêché  en  particulier 
la  Dcftrine  des  dix  Théfes  propo- 
fées  j  Ot£un  Curé  de  cette  ville  là, 
nommé  George  OJfvvald ,  l'avoit 
fouvent  attaqué  en  Chaire  ,  iniurié* 
H  3  & 


1 74  Hiftoire  de  la  Réformai  ion 

I  528.  &  taxé  d'héréfie  ;   Qu'a  cette  oc- 
nifpute  cafion  ,  lui ,  (  Beck)  l'avoit  provo- 
de  Ber-  qUé  à  venir    difputer  avec  lui  à 
VLThé-  Berne;  Q^il  lavoit  long-tems  at- 
fe.;        tendu  5  mais    qu'enfin    il  voyoit 
qu'il  n'étoit  pas  venu  :  Qu'il  pro- 
teftoit ,  qu'il  étoit  prêt  de  défen- 
dre fa  doclrine  contre  ce  Curé,  ou 
contre  tout  autre  >  qui  paroîtroit 
en  fon  nom. 

V.  Ainfi  finit  la  difcuiTion  de 
VII.Thé  la  VI.  Thèse,  (a)  On  palTa  enfuite 
fe*  à  la  VII.  qui  regarde  le  Purgatoire 
&  fes  Conféquences,  Menés  pour  les 
morts  &c.  Elle  fut  débatuë  le  refte 
de  ce  jour-là,  &  la  matinée  du  len- 
demain. 

Haller  prouva  d  abord  la  Théfe 
par  Texpofition  des  principaux  pak 
îâges  3  qui  prouvent  la  plénitude 
du  falat,  que  l'on  trouve  en  Jésus- 
Christ;  &  excluent  par  conféquent 
tout  Purgatoire  ;  Se  par  ce  que  die 
le  Seigneur  au  Brigand  Converti  fur 
la  Croix,  Tu  feras  aujourd'hui  avec 
îj  moi  en  Paradis.  20.  Par  le  filence 
„  de  l'Ecriture  de  l'Ane.  &duNou- 
3,  veau  Teftament  3  qui  n'en  dit  pas 
un  mot  :  30.  Ce  qui  achève  de 

de 

M  pag.  46-4- 


de  la  Smfe.  JLl  v.  IV.  175 

5,  de  rendre  cette  Doctrine  fufpecte,  I  52g. 
y,  c'eft  que  toutes  les  œuvres,  qui  Bifvutc 
>,  fervent  à  en  délivrer  les  Ames,  ^  be^- 
3,  fe  font  ou  fe  rachètent  par  argent,  yH.Ths 
3,  ce  qui ,  s'il  étoit  fondé,  rendroit  fe, 
3,  le  falut  plus   aifé   aux  riches 

qu'aux  pauvres  ,  contre  la  décîa- 
„  ration  formelle  du  Seigneur.  Ajoû- 

tant ,  qu'on  ne  prétend  point  con- 
\*>  damner  par  »  là  le  foin  pieux 
3,  d'cnfevelir  honorablement  les 
„  morts. 

Jean  Manneberger  allégua  >  pouï 
prouver  le  Purgatoire  {a)  diver- 
ses preuves  ,  dont  quelques-unes 
étoient  aflez  grorefqucs.  Les  plus 
plaufîbles  étoient  tirées  io,  de 
Jean  XIV.  Il  y  a  pluficurs  demeures 
dans  la  maifon  de  mon  Pére,  La 
maifon  du  Pére  >  dit-il  ,  eft  dou- 
„  ble  5  l'une  eft  celle  de  la  récom- 
3,  penfe,  3c  l'autre  ,  celle  de  la 
„  punition,  dont  parle  S.  Paul, 
3,  Ephef  IV.  //  eft  descendu  aux  par- 
„  tïes  baffes  de  la  Terre.  Nous  trou- 
„  vons  dans  l'Enfer  trois  étages, 
33  le  Haut  ,  (  I.  Sam.  II.  Le  Seigneur 
conduit  en  Enfer  ,  &  en  retire.  ) 
»  Le  Alilieu  >  (Pfau.  85.  Tu  as  Sei- 
H  4  gneuy 

M  pag.  46?. 


I76  Hiftoire  de  la  Ré  formation 

I  528.  **gneuY  délivré  mon  ame,  du  bas  En* 
Difpute  ,,fer.)  Le  Bas:  Zachar.  IX.  Tu  as 
de  Ber-  5J  retiré  tes  prifonniers  ,  par  le  Sang 
VU  Thé "  ^e  ton  Teftament  ,  hors  de   la  fojfe 
fe,        >j  0«  W  #7  4  />0///r  <^V4«  j  c'eft-à-dire 
s,  point  de    délivrance.  20. 
3,  perfonne  ne  peut  entrer  dans  ie 
5?  Ciel  ,   qui  foit  fouillé  ou  taché 
Pfau.  14.  (15.)  Qui  eft  -  ce  qui 
3,  entrera  dans  ton  Ttbernacle  ?  &c. 
3,  z/ir  fans  fouillure  ,  &c. 

Z -vigie  (a)  réfuta  tous  fes  rai- 
fonnements.  II  fie  voir  en  particulier 
„  io.  Que  dans  le  paffage  de  S. 
3,  Jean,  Chap.  XIV.  il  ne  s'agir  que 
5,  du  Ciel,  &  non  de  l'Enfer,  ni  du 
9,  Purgatoire.  Que  celui  des  Epbef  * 
3,  Chap.  IV.  ne  regarde  pas  non  plus 
le  Purgatoire,  mais  la  Terre,  Se 
3,  que  l'Apôtre  veut  dire,  que  Jesus- 
3,  Christ  eft  defeendu  du  Ciel  en 
3>  Terre,  &c.  Il  faut  aufli  Savoir,  que 
35  le  mot  fnferi,  qu'on  traduit  Enfer, 
3,  ne  lignifie  pas  feulement  le  lieu 
3,  des  Damnez  ,  mais  en  général 
3,  l'Etat  des  Ames  après  cette  vie> 
»  comme  cela  paroit  par  l'Article 
a,  du  Symbole,  //  eft  defeendu  aux 
3,  Enfers.     Jesus-Christ  n'a 

ni 

U)  pag.  4#M70.. 


de  la  Suffi.  Li  v.  IV.  177 

ni  vifité,ni  délivré  les  Damnez}  1528. 
y,  mais  il  a  feulement  tiré  de  leur  D:fp!ttc 

^  .        •  /      1  •  /  •    de  Ber- 

*  inquiétude  ceux  qui  etoient  pn-  NE^ 

„  vez  de  la  face  de  Dieu  ,  Se  qui  VII.  Thé 

3J  pourtant  avoient  vécu  dans  la 

pieté  Se  dans  la  foi  5  avec  Abra- 
„  ham  5  ce  font  ceux  là  qu'il  a  vi- 
3,  fitez  Se  délivrez,  comme  il  eft  dit 

I.  Pierre  I.  3.  Gen.  XLIV.  Ainfi 
„  conduire  en  Enfer  Se  en  retirer  >  ne 
•3  lignifie  autre  choie  finon  faire 
33  mourir ,  &  rendre  la  'vie.  Quant 
53  à  ces  degrez  de  haut  Se  de  bas,  ils 
,3  n'ont  aucun  fondement  dans  l'E- 
5,  criturePf.85.la  Langue  Hébraique 
33  n'a  point  de  Comparatif.  20. 
33  Rien  de  fouillé  n'entre  dans  le 
i3  Ciel  3  mais  notre  pureté  vient  de 
j^Dieu,  qui  juftifie,  Rom.  VIII. 

Oecolampade  prit  ici  la  parole 
pour  éclaircir  le  palTage  de  Zachar* 
IX.  Il  dit  (a)  3,  Qui!  fignifie  ,  que 
3)  nous  avons  été  délivrez  par  Je- 
5,  sus-Christ  d'un  rude  efclavage, 
3,  qui  eft  celui  du  péché.  Etat  qu'il 
33  compare  à  une  folTe  >  oii  il  n'y 
H  5       a  point 

(a)  pag.  471. 

*  Er  hat  allein  die  ufi  dem  Verlangen 
gen &mm en ,  die  4a  des  Gottlichen  Ange, 
Jtchts  bcruubct  WAren  &c. 


178  Hijloire  de  la  Information 

1528.  >  3  a  point  d'eau  3  c'efl  -  à  -  dire  point 
Mftute     de  confolation  j  &  ne  regarde 
de  B£R-  „  point  des  peines    qu'on  doive 
Vli.Thé  »  fûbir  après    cette   vie  ,  Jesus- 
fe.        a,  Christ  nous  a  délivré  de  l'En- 
3,  fer  3  par  le  mérite  de  la  paillon.» 
5,  &  il  n'y  a  plus  ni  jugemenr  ni 
3,  punition  à  craindre  pour  les  fidé- 
-,  les  après  la  mort. 

Boukflab  voulut  aufl]  prouver  le 
3,  Purgatoire.  Il  cita  10.  5,Matth- 
3,  XII.  ïhomr.-.e  vendra  compte  de  toute 
3>  parole  oifeufe  j  les  paroles  oifeu- 
3,  les  ne  font  pas  des  péchez  mor- 
i>  tels  qui  excluent  du  falut ,  mais 
xi  il  faut  qu'on  en  /bit  purifié;  car 
„  il  eft  'dit ,  Efa.  XXXV.  Le  che- 
y»  min  fera  appelle  f oint  y  le  Souillé  n  y 
s,  paffera  point.  10,  Jl  peut  arriver 
?,  qu'un  homme  aura  une  foi  véri- 
table  3  mais  imparfaite  5  comme 
33  Pierre  5  Matth.  XIV.  30.  Le  jeune 
..3  homme  3  qui  parla  au  Seigneur* 
>j  avoir  gardé  tous  les  Commande- 
33  mens  3  cependant  le  Seigneur  lui 
33  dit,  fi  tu  veux  être  parfait  3 
3,  &c.  Il  feroit  donc  mort  3  fans 
33  péché  mortel  3  mais  dans  l'im- 
>>  perfection ,  dont  il  auroit  eu  be- 

foin 


de  la  iutjje.  Ll  V.  IV.  179 

„  forn  d'être  purifié.    40.  Pfau.  65.  1  52  g, 
Nous  avons  paffe  par  l'eau  &  pxr  Difputê 
le  feu  ,   &   tu  nous    as    conduits  deÂBEt* 
dans  le  repos  ;  &  Jerem.  XXXI.  yj[  T^ 
„  Je  les  conduirai   a  travers  fimpé-fe. 
3,  tuofité  des  eaux  ,  dans  le  droit  che- 
3j  min  ,  ^«i  conduit  à  la  vie  éternelle.* 
„  &  ECu  XLIII.  &  XL VII.  où  il 
5>  eft  parlé  ,  de  l'eau  &  du  feu  3  à 
3)  travers   lesquels    Dieu  conduit 
jj  fon  peuple. 

Zuingle  répondit  (a)  io.  }>  Que 
5,  la  vraye  foi  confîfte  à  croire,  que 
3î  Jesus-Christ  eft  k  fils  de  Dieu., 
,3  &  qu'il  eft  à  nous.  Celui  qui 
s,  a  une  telle  foi  ,  quelque  petite 
33  qu  elle  foit  eft_  fauve.  Qui  croit 
»,  en  moi  a  la  vie  éternelle  ,  dit  le 
>>  Seigneur  ,  Jean  VI.  Mais  dans  la 
3,  foi  3  Dieu  donne  à  l'un  des  ceu- 
r%  vres  plus  précieufes  qu'à  l'autre. 
,3  II  donne  aulTi  une  gloire  plus 
33  brillante  5  félon  la  mefure  des 
93  œuvres  &  de  la  foi,  qu'il  a  don- 
33  née.    Le  paffage  d'Efaie  XXXV. 

parle  de  la  voye  de  l'Evangile, 
3>  &  lignifie  que  tous  ceux  qui  ) 
3>  marchent ,  ne  feront  point  fouiL 
;)  kz.     20.  Ou  il  faut  bien  croire, 

H  6  c&s 

M  P^.  474, 


1 80  Hifloïre  de  la  Réformat  ton 

1  528.  "  ce  <îue  *e  Seigneur  dit  des  pa- 
DifpMte  5>  rôles  oifeufes  ,  mais  que  le  Sang 
de  Ber-  55  de  Jesus-Christ   nous  nettoyé 

VII  Thé  **  ^e   t0Ut   P^cn^'      2° >  Quant  au 
fe.  '      3,  jeune  homme  de  l'Evangile  ,  il 
jo  avoit  des  œuvres,  mais  fans  foi, 
„  fon  cœur  çroit  plein  d'avarice,  Se 
attaché  à  fes  biens  ,   &  ce  fut 
feulement  pour  lui  faire  fentir 
»,  fon  hypocrifie,  que  Jesus-Christ 
3>lui   dit,  Fend  tous  tes  biens  &c» 
40.  Les  pafTages  de  Jérem.  XXXI. 
„  du  Pf.  65.   &  d'Efaïe,  ne  par- 
3,  lent  point  de  Purgatoire  ,  autre- 
„  ment  il  faudroit  croire  un  Pur- 
>,  gatoire  d'eau,    auiïî-bien  qu'un 
3,  de  feu ,  mais   ils  défignent  les 
>,  diver/es  afflictions  &  les  châti- 
3,  mens  ,   que  Dieu  difpenfe  aux 
33  hommes  ,  dans  ce  monde. 

fyukjïab  cita  encore  (a)  I.  Cor* 
III.  L'œuvre  de  chacun  fera  manife/iée, 
car  le  jour  la  déclarera ,  parce-qu'elle 
fera  découverte  par  le  feu  3  &  le  feu 
éprouvera  quelle  fera  l'œuvre  de  cha- 
cun. Si  l'œuvre  de  quelcun  demeure , 
il  en  recevra  le  falaire  >  fi  l'œuvre  de 
quelqu  un  brûle  t'il  en  fouffrira  de  la  perte; 
mais  il  fera  ftuvé}  quant  à  lui  toute 

fois 

(*)  pag.  477» 


de  la  Suitfe.  L 1  v.  I V.     1 8 1 

fois  comme  par  le  feu  -,  S.  Paul  ne  parle  j  528. 
pas  du  feu  de  ce  monde,  car  il  Dîftute 
n'eft  pas  falutaire  ;  ni  du  feude^BER- 
l'Enfer,  car  il  eft  éternel.  Vii.Thé 

Haller ,  S.  Paul  ne  parle  pas  defe. 
Purgatoire  ,  mais  de  l'épreuve  de 
»3  la  do&rine  :  comme  il  paroitpar 
5,  tout  ce  qui  précède  5  Ce  feu  qui 
3,  manifefte  l'œuvre  de  chacun, 
n  c'eft  la  perfécut'ton  ,  {a)  qui  fait 

voiry  qui  font  ceux  qui  ont  en- 
„  feigné  fidèlement   ou  négligem- 

ment  ,  par  la  fermeté  ou  la  lâ- 
„  cheré  de  leurs  Auditeurs,  qui  pa- 

roit  dans  ce  tems-là.  Ainfi  ïœu- 
>,  vre  d'un  Prédicateur  brûle,  quand 

fes    Auditeurs    périffenr ,  mais 

quant  à  lui  il  eft  fàuvé,  s'il  de- 
>,  meure  ferme  dans  le  feu  de  la 
>,  tentation.  L'œuvre,  dont  S.  Paul 
„  parle  ,  ce  font  donc  les  Audi- 
>,  teurs:  comme  I.  Corinth.IX.  iVV- 
„  te  s- vous  pas  mon  œuvre  au  Seigneur 
yy  &c.  Zachar.  XIII.  Je  les  conduirai 
„  par  le  feu  ,  &  les  éprouverai,  com- 
>,  me  on  éprouve  for  Ôcc.  s'entend 
3,  des  perfécutions.  Attion 

Le  Vendredi  24.  Janvier,  Bouk-du  24. 
ftab  objecta  (b)  contre  la  réponfe Janvier. 

H  7       d  Haller  Umême 

(4)  pag,47p,    Wp.48c.  Difpute 


182  Hijioire  de  la  Réformât  ien 

1  528.  d  Haîler  >  que  le  jour  du  Seigneur 
Difpute  fignifie  la  mort  de  chacun  :  comme 

de  Ber-  „  I,  Theff.  V.  Le  jour  du  Seigneur 

VII  Thé  n  v'un^ra  *    comme  le  larron  en  la 

fe.  '      »  nuit. 

Hailer.  S.  Paul  s'explique  lui- 
même  /.  Thejf.  V.  parlant  exprefle- 
ment  du  dernier  jour,  mais  I.  Ccr, 
III.  il  s'agit  du  tems  de  la  perfé- 
eution. 

Boukjlab  objecta  io.  w  contre  le 
>,  raifonnement  tiré  de  l'hiftoire  du 
„  Brigand  converti,^)  Que  ceux  qui 

comme  lui,  fouffriront  la  peine  de 
>,  leurs  péchez  ,  ou  feront  péni- 
„  tence ,  avec  une  foi  parfaite,  re- 
„  cevront  la  même  recompenfe  à 
>y  or,  pour  avoir  une  foi  parfaite  » 
?;  il  faut  accomplir  tout  ce  que  le 
>,  Seigneur  a  enfeigné  ;  Il  y  en  a  bien 
>,  peu  qui  le  fallent.  20.  ^Que  les 
?>  Meffes  pour  les  morts  ,  quoique 
„  payées  par  les  riches,  font  auiîi 
5>  du  bien  aux  pauvres,-  parce  qu'on 

n'en  fait  aucune  ,  qu'on  n'y  prie 
y9  pour  eux,  &  que  s'ils  n'ont  pas 
„  dequoi  les  payer,  ils  en  ont  la 
„  volonté  ,  dont  le  Seigneur  leur 
„  tient   compte  5    comme  on  le 

voit 

M  pag>  48 


de  la  Smjje.  Ll  v.  IV.  1 83 

y,  voit  par  l'exemple  de  k  pitte  de  1528. 
„  la  veuve  ,  qui  fut  louée  par  le  Bifpute 
„  Seigneur,  Marc,  XII.  Enfin  Matth.  Bée» 
„  V,  Accorde -toi  avec  ton  ennemi,  vil  Thé 
>,  pendant  que  tu  es  en  chemin  &c*  fe. 

„  le  Juge  te  livrera  a  [on  fergent, 

„  qui  te  mettra  en  prifon  ;    tu 

»  n'en  fortiras  point  que  tu  n'aies 
„  payé  le  dernier  quadrain.  Cette 
jj  prifon  eft.  un  lieu  mitoyen  entre 
>,  le  Ciel  &:  l'Enfer ,  d'où  l'on  fort> 
„  quand  on  a  payé. 

Haller.  10.  ,3  l'Objection  (4)  tirée 
>,  du  Brigand  converti  n'a  pas  bc- 
„  foin  de  réponfe,  non  plus  que 
»  celle  qui  eft  tirée  de  la  foi.  20.  Si 
y,  les  riches  ne  croyoient  pas  que 
»  les  MelTes,  qu'ils  font  dire  >  leur 
>,  fiftent  plus  de  bien  qu'aux  pau- 
>j  vres  >  ils  les  laifTeroient  bien-tôt> 
»  quand  même  on  diroit  dix  Fide- 
toliim.  30.  Le  paflage  de  Aiattb* 
3>  V.  ne  prouve  autre  chofe  finon, 
>>  qu'un  homme  qui  a  olfenfé  fon 
,>  prochain  ,  fera  précipité  dans 
>>  l'Enfer ,  s'il  n'a  pas  foin  de  fe 
3,  réconcilier  avec  lui  pendant  fa 
3>vie;  de  le  difeours  du  Seigneur 
3)  eft  figuré  ,  &  pris  de    ce  que 

doi: 


I  84  Hijloire  de  la  Réformation 

I  Ç2 8-  "  doit  fa*re  un  Débiteur,  appelle 
Difpute  53  en  Juftice  par  fon  Créancier  ,  il 
^  Ber-  3>  doit  payer  de  bonne  heure  >  faute 
Vli.Thé  "  deqtioi  il  fera  mis  en  prifon 
fc.  '      »  &c. 

Boukjlab  cira  encore  (  a  )  Efa. 
.   XXIV.  Ils  feront  enfermez  dans  la 
prifon  y   &  feront  vifitez  au  bout  de 
plufieurs  jours  :  le  mot  de  prifon  ne 
peut  pas  lignifier  là  une  demeure 
éternelle  &  Pfau.  141.    Tire  mon 
Ame   de  prifon  :  d'où   il  concluoit 
que  dans  .tous  ces  paffages  le  mot 
de  prifon  a  le  même  fens. 

Oecolampade  prit  ici  la  parole  5 
Se  dit,  Que  dans  cepaiTage  le  mot 
3,  Vifiter  ,  ne  s'entend  pas  de  la 
3,  confolation  >  ou  de  la  délivrance^ 
3,  mais  de  la  punition  ,  &  que  fi 
3,  l'on  vouloit  en  tirer  une  Allégo- 
99  rie ,  il  s'appliqueroit  plutôt  aux 
33  Damnez  ,  qu'aux  fidèles.  Que 
„  quant  (b)  au  Pfau.  141.  (142.) 
?,  le  titre  feul  fait  voir  dequoi  il 
3>.s'y  agit,  puisqu'il  porte,  quil 
3,  fut  fait  par  David,  quand  il  et  oit 
»  dans  la  Caverne.  Ain  fi  la  prifon  dont 
33  il  demande  d'être  délivré,  n'eft 

autre 

H  pag.  485-    (£j  p. '48?> 


de  la  Suffi  Liv.IV.    T 85 
,  autre  chofe  ,  que  la  perfécution  1  5^8* 
ï  de  Saiil.  d?&™ 

Tbéobald  Houter  (a)  objefta  aufll  NE# 
,  io.  f|.  Samuel  Chap.  XII.  où  il  cft  Vlî.Thc 
,  dit ,  Qj  David  ayant  reconnu  ^ 
,  fon  péché,  &  s'en  étant  repenti, 
,  Dieu  le  lui  pardonna  ;  cependant 
5  il  faJ ut  qu'il  enduiâtune  punition, 
,  car  fon  enfant  mouiut  >  félon  que 

>  le  Prophète  lui  dit  ,  Le  Seigneur 
,  a  fa':t  gaffer  ton  péché  fur  un  autres 
3  preuve  qt  e  Dieu  pardonne  quel- 
,  que  fois  ,  &  que  cependant  la 
,  punition  fuit.  20.  Quoique  Jesvs- 
,  Christ  ait  fatisfait  pour  les 
,  péchez  de  tout  U  Monde  >  ce- 
,  pendant  quelques-uns  font  dam- 
,  nez.  Il  a  enlevé  le  péché  origi- 
,  nel,  il  faut  pourtant  bâuzer  les 
,  enfans  ,  autrement  ils  ne  feroient 
,  pas  fauvez.  Il  a  enlevé  toutes 
,  les  maladies  Se  la  mort ,  cepen- 
,  dant  nous  tombons  dans  la  ma- 

>  ladie,  &  dans  la  mort:  Quoi- 
,  qu'il  ait  fatisfait  par  fa  miféri- 
,  corde ,  fa  juftice  veut  pourtant, 
,  que  nous  falTions  tout  ce  quidé- 
,  pend  de  nous  ,  Joël  II.  Couver* 
»  tijfez-vous  a  moi  de  tout  vôtre  cœury 

en 

M  pag.  488. 


I  §6  Hijloire  de  la  déformation 

1  528.  5?  en  pleurs*  en  jeûnes  &c.  d'où  il 
mfpute  fuit ,  que  la  pénitence  doit  avoir 
de  Ber-  3>  quelque  chofe  d'affligeant,  &:  que 

Vli.Thé  "  ^  *  on  ne  ^e  Pur^e  Pas  îù-bas, 
fe.        j>  il  faut   que  cela  fe  fafle  dans 
l'autre  monde.  $o.S.Jeanl.Ep. 
„  Chap.  V.  parle  d'un  péché  qui 
„  n'eft  pas  à  la  mort  ,  pour  lequel 
il  veut  qu'on  prie ,  &  d'un  pé- 
ché  qui  cft  à  la  mort,  pour  le- 
quel  il  ne  veut  pas  qu'on  prie. 
5,  Cela  regarde   ceux  qui  font  en 
9i  Purgatoire ,  car  on  ne  prie  pas 
3,  pour  ceux  qui  font  en  Enfer  &c. 
s,  40.  Matth.  XII.  le  Seigneur  dit, 
3,  Le  péché  contre  le  S.  EJ'prit  ne  fera 
3 ,  pardonné  5  ni  dans  ce    Monde,  ni 
„  dans  l'autre.  Il  y  aura  donc  quel- 
53  que  péché  >  qui  fera  pardonné 
33  dans  l'autre  monde  ,  ce  qui  ne 
peut  regarder  que  le  Purgatoire. 
Zuingle  (a)  Le  but  de  ce  difeours 
eft  de  prouver  qu'il  y  a  un  Purga- 
toire ,   parce  qu'il  faut  que  nous 
fatisfafîions  pour  nos  péchez. Or 
»  on  a  montré,  que  Jesus'Christ 
33  eft  nôtre  feul  Sauveur,  qui  a 
3,  pleinement  fatisfait  pour  nous. 
53  i°.  Si  David  a  fouffert  un  châti- 
ment, 

M  pag.  490. 


de  la  Suijfe>  Liv.IV.  187 

„  ment ,  cela  ne  prouve  point  un  152g 
„  Purgatoire,  puisqu'il  s'en:  paflé  Difput 
„  dans  cette  vie;  ni  une  fatisfa-  ^  Ber 
>,  ftion  pour  le  péché,  &c.  Rom.  Vj 
»  VIII.  mais  prouve  que  Dieu  en-  fe. 
>,  voye  les  arrli&ions,  pour  nous 
„  éprouver,  &  nous  tenir  dans  l'o- 
„  bciflancs  >  Rom,  V.  20.  On  nie 
„  que  les  Enfans  ne  puiiTent  être 
>,  fauvez  ,  fans  batême.  Si  nous 
>,  fommes    obligez    de    mourir , 

nonobftant  que  le  Seigneur  foie 
„  mort  pour  nous ,  cela  ne  prouve 
„  point  le  Purgatoire.    Toutes  Jes 

œuvres,  qui  fe  font  pour  fatis- 
„  faire  à  la  juftice  de  Dieu ,  ané- 
„  antiffent  le  mérite  de  Jesus- 
„  Christ.  Rien  ne  peut  fubfi- 
>,  fter  devant  Dieu  ,  que  la  juftice 
>,  de  la  foi.  30.  Le  paffage  de  S. 
>,  Jean  ne  prouve  pas  non  plus  le 
>,  Purgatoire  j  Il  y  a  un  péché  pour 
„  lequel  on  ne  doit  pas  prier  ,  Donc 
»  il  y  a  un  Purgatoire ,  eft  un  rai- 
>,  fonnement  qui  n'eft  nullement 
„  concluant.  40.  Le  paiTage  de 
>,  Matth.  XII.  ne  prouve  point 
>,  que  quelques  péchez  foient  par- 
>,  donnez  dans  l'autre  Mondes  le 
»  Seigneur  k  fert  d'une  façon  de 

parki 


ï  8  8  Hiftoire  de  la  déformation 

1  528.  „  parler  vulgaire,  pour  dire  que  le 
Bifpute    p^hé  contre  le  S.  Efpric  ne  fera 

de  B£R-      .  1  / 

NE        „  jamais  pardonne. 
VILThê     Bml^tAb  objefta  1  °.  Gen.XLIX.  où 
fe*        il  eft  dit  quejofeph  enfevélit  fon 
Pére ,  &   mena  deuil  fur  lui  fept 
jours  ;    „  Nomb.  XX.    &  Deuter: 
„  XXXII.  Moïfe  &  Aaron  furent 
>?  pleurez  trente  jours  après  leur 
yy  mort  :  ce  qui  prouve  qu'on  peut 
%  yy  légitimement  faire  un  fèrvice  pour 
„  les  morts  ,  le 7e-  &  le  50e-  jour. 
yy  20.  Si  les  Apôtres  ne  l'ont  pas 
yy  fait  ,   c'eft  qu'ils  furent  obligez 
d'aller  prêcher  par  tout  le  monde. 
Mais  leurs  SuccefTeurs  l'ont  fait. 
yy  Si  S.  Luc  n'en  parle  point,  c'efè 
parce  qu'il  n'a  pas  pu  décrire  ce 
„  qui    ne  s'eft  fait  que  100.  ou 
yy  200.  ans  après  lui. 

Haîler.  (a)  10.  Ces  exemples  de 
l'Ancien    Teitament  n'authorifent 
point  le  fervice  pour  les  morts, 
non  plus  que   le  Purgatoire  >  ces 
foins  de  fépulture   &  ces  pleurs 
étoient  plûtôt   pour  les  vivans , 
que  pour  les  morts  y     favoir  pour 
leur  remettre  en  mémoire  la  pro- 
mefle  faite  aux  Pères.     Le  fer- 
vice 


de  la  Suffi.  L I  v.  I V.     1 89 

„  vice  pour  les  morts  eftune  charge  1528» 
,3  pour  les  pauvres  >  &:  une  mar-  nifpute 
„  que  d'incrédulité.  2°.  Si  lesApô-^*  Ber- 
5,  très  avoient  cru  un  Purgatoire,  T^ 
35  &  que  les  furfrages  des  Vivans  fe.  ' 
>,  eullent  été  utiles  aux  morts,  fans 
33  doute  ils  auroient  bien  prié  pour 

les  morts  ,  &  nous  aurcient  en- 
,3  feigné  à  le  faire.  On  voit  le 
3,  contraire  en  S.  Paul,  qui  éxhorte 
„  I.  Theffal.  IV.  à  ne  point  pkurer 

les  morts,  comme  ceux  qui  n'ont 

point  d'efpérance. 

On  paffa  enfuite  à  la  VIII.These,  Vim 
qui  regarde  les  Images.  7&*fi« 

François  Kolb  la  prouva  {a)  par 
Exod.  XX.  Deuter.  IV.  I.  Corinth. 
VI.  &  X  &c. 

Boukftab  dit  d'abord  ,  „  Qu'A 
3,  ne  croyoit  pas  qu'il  y  eût  au- 
„  cun  Chrétien  ,  qui  fût  du  fenti- 

ment  qu'on  doive  adorer  les  Ima- 
3,  ges  ,  ou  leur  rendie  l'honneur  > 
„  qui   n'eft  dû  qu  a  Dieu.  Mais 

qu'il  eft  pcm.is  de  faire  des  Ima- 
»  ges  >  quand  on  n'en  fait  pas  des 
,,  Idoles,  comme  Mnife  fît  les  deux 
>,  Chérubins  fur  J'Ajthe  ,  Exod. 
3,  XXV.    &    le    feipent  d'airain, 

qu'on 

(«)  pag.  498.  (^)pag.4^. 


I ÇO  Hiftoire  de  la  ^formation 

I528'3,  qu'on  laiiTa  fu bfi fier  ,  jufquà  ce 
Bifpute  5,  qu'on  vint  à  l'adorer;  ce  qui  en- 
^E  Ber"  »  gagea  le  Roi  Ezéchias  à  le  brifer, 
Vin.    ?>  II.  Rois  VIII.  Ainfi  Nous  les  Cbré- 
Théfe.  9m  tiens  ,  dit  \\,  qui  avons  la  cennoif- 
»  fance  de  Dieu  &  de  [es  Saints ,  & 
3,  qui  ne  les  avons  pas  vu  ,  nous  pou- 
>,  vous  aujfi  avoir  leurs  Images ,  com~ 
5>  me   S,  Paul  dit  ,   Rom.  T.  Les 
35  invisibles  de  Dieu,  fe  voyent 

5,  comme  a  l'œil  3  par  les  Créatures  du 
3,  monde  &c.on  peut  donc  avoir  des 
33  images  pour  mémorial. 

Zuingle.  Les  exemples  propofez 
des  Chérubins  &  du  Serpent  d'ai- 
rain, font  pour  nous,  car  nous  ne 
condamnons  que  les  Images,  qu'on 
honore.  „  Du  refte  il  n'eft  pas 
„  nécelTairc  d'avoir  les  Images  des 
5,  Saints,  puisque  leurs  vertus  ne 
peuvent  erre  repréfentées  par  au- 
cune  image  morte.  Les  Créatu- 
5,  res,  dont  parle  S.  Paul.  Rom.  h 
3,  ne  font  pas  des  Images,  faires 
33  de  main  d'homme  ,  mais  les  ou- 
?.  vrages  de  la  main  de  Dieu. 

Bonkjtab  (a)  On  a  des  le  commen- 
cement établi  des   Images  3  pour 
rinftru&ion  des  idiots  j  6û  comme 
on  fait  aiTez  aujourd'hui  5  Q£il 
U)  pag.  foi.  ne 


de  la  Smfe.  Liv.  I V.  îçi 

,,ne  faut  point  les    honorer,  je  I  528. 

,>  ferois  d'avis  de  les  hilTer  fbbfi-  Dlfpu. 

>y  lier  ,  oour  ne  point  donner  de  ?f  ^ 

r  j  f  Berne. 
„  icandale.  vill. 

Zuingle.  Dieu  qui  fait  toutes  cho-  Théfe. 
fes  ,  avant  qu'elles  arrivent ,  >3  a 
„  bien  fû  que  fi  Ton  é.igeoit  des 
>,  Images  dans  des  lieux  facrez ,  on 
,j  ne  manqueroit  pas  dans  la  fuite 
n  des  tems  »  de  les  honorer  ;  c'eir, 
„  pourquoi  il  Ta  défendu.  Nous  ne 
5>  devons  donc  pas  prétendre  être 
3,  plus  fages  que  lui,  en  gardant 
yy  les  Images  ,  fous  prétexte  qu'il 
3,  n'y  a  point  de  danger.  Celui  qui 
5,  aime  le  darger ,  y  tombera  3  Ecclé- 
>5  ilaftiq.  III. 

Tliéobald  Houter  (a)      dit  que  le 

2,  commandement  de  l'Exode  Chap. 

3,  XX.  qui  défend  les  Images  >  ne 
3,  regarde  point  celles  des  Chrétiens; 
car  il  y  eft  dit  ,  Tu  ne  les  adoreras 
point.  Il  faudrort  être  bien  fou,  dit-il, 
de  regarder  le  bois  ou  la  pierre ,  com- 
me [on  Dieu  y  &  de  leur  rendre  ïbon- 
neur  qui  eft  dû  à  Dieu  y  &c.  comme 
les  fàjtns  ont  fait  &c.  ce  qui  feroit 
une  Idolâtrie  \  ce  qu  aucun  Chrétien  , 
fefpérc  ,  na  jamais  fait.    Le  palïage 

de 

W  paç.  soi. 


192  Hiftffire  de  la.  Refbrtmithn 

1  528.  ^e  DiUter'  IV.  cité  par  Koîb.  Vom 

Difpu-  prendrez  garde  a  vos  ames  >  vm  no- 
te de  <vù  aucune  figure  ,  le  jour  que  le 

*vnfE'  Se*&nem  vous  Par^a  cn  H°rilj  >  &c. 
Théfe.    »  nepaile  point  de  la  figure  de  J  e- 
sus-Christ  que  nous  avons 

Znlngle.  (a)  Ce  raifonnement  eft 
tiré  de  la  boutique  de  Faber  ,  ainfi, 
3>  il  n'y  a  point  d'autre  réponfeà  y 
33  faire  >  que  celle  que  le  Sénat  de 
53  Zurich  a  faite  fur  un  fujet  pareil, 
à  l'Evêque  de  Confiance.  Le  paC 
>,  fage  du  Deutcron.  Ch.  IV.  défend 
,j  éxpreflement  de  faire  aucune  ima- 
5,  ge  de  Dieu.  Or,  fi  Ton  ne  doit 
„  point  faire  d'Images  à  celui  qui 
5,  feul  eft  Dieu  ,  &  qu'on  doit  ho- 
3,  norer  >  beaucoup  moins  doit-on 
3,  faire  des  Images  3  à  ceux  qu'on 
„  ne  doit  pas  hoi.orer,  comme  Dieu. 
,3  II  faut  aujji  tenir  pour  ce)  tain  ,  ajoô- 
33  ta-t  il  3  quon  na  commencé  à  faire 
>,  des  /mages  ,  qu'après  quon  a  regar- 
,3  dé  comme  des  Dieux  &  des  LibJra* 
„  teurs  y  ceux  a  qui  l'on  en  a  fait. 
*  Darm-  >>  On  n'a  point  é.  îgé  de  *  dévLoïr  à 
b*JPL'l*  33  boyau  ,  à  S.  Erafme  ,  que  dès  qu'on 
,3  a  cm  3  qu'il  guéniïoit  ks  maux 

imé- 


de  la  Suffi.   LlV.  IV.  193 

intérieurs  du  corps  s  comme  la  1 5  2 8. 
3,  Colique.  Difpu- 

On  pafla  (4)  enfuite  à  la  IX.The- 
se  ,  qui  eft  contre  la  défenfe  du  ma-  ix.Théfe 
riage.    Elle  n'occupa  pas  beaucoup 
le  tapis  ,  non  plus  que  la  précé- 
dente. 

Haller  la  prouva  par  un  petit  dit 
cours ,  après  quoi. 

Jacob  Wirben  Miniftre  de 
Sienne  {b)  fe  leva  ,  &  dit  ^  Ou  il 
tenoit  pour  véritables  les  X.  Thé- 
fes  propofées  ;  Qu\\  étoit  venu  dans 
cette  AlTemblée  ,  dans  le  delTein  de 
rendre  raifon  de  fa  doflrine  >  à  qui- 
conque la  lui  demanderoit  ,  &  en 
particulier  à  ceux  qui  Tavoient  trai- 
té de  Prédicateur  de  Menfonge  ,  &  de 
Violateur  de  Vœux  >  à  caufe  de  fon 
Mariage  ,  comme  il  l'avoit  déclaré 
publiquement  en  Chaire ,  le  prémier 
Dimanche  de  Janvier  5  provoquant 
fes  Adverfaires  à  parler  Se  à  difputer 
contre  lui  fur  ce  fujet.  Perfonne  ne 
parut. 

Bou'zft.ib  ,  qui  fut  le  feul  oppo- 
fant  ;  dit.  10,  Le  S.  Mariage  n'eft: 
s,  défendu  à  aucun  Ordre  d'Hom- 

me  ,  ni  dans  l'Ancien  ni  dans  le 

Tom.  II.  I  Nou- 

M  pag.  r~î>  W  p.  S°7- 


1 94  Hiftoirc  de  la  Réformaticn 
I  5  28.  »  Nouveau  Teftament ,  finon  feule- 
Difpn-  j>  ment  à  celui  qui  le  le  défend.  Or 
te  de  5J  qU'il  doive  être  conftamment  dé- 
IXRThé- "  fenc*u  à  celui  qui  fe  le  défend  , 
fe.'  on  le  peut  prouver  par  l'exemple 

,3  d'Ananias  Se  de  Saphira  fa  fem- 
me  3  qui  ayant  voué  librement 
5,  leur  bien  >  Se  en  ayant  retenu  une 
5,  partie  ?  furent  punis  de  mort  fu- 
}>  bite  3  d'où  il  s'enfuit  que  dès  qu'on 
7,  a  fait  un  vœu  de  s'abftenir  d'u- 
ne  chofe  5  elle  n'eft  plus  permifè. 
?>  io.  Le  pafTage  de  S.  Paul ,  I.  Ti- 
33  moth.  III.  qui  dit  >  Que  i'Evêque 
3,  doit  être  mari  tfttnc  jeule  femme  , 
?3  ne  fignifie  pas  qu'il  doive  être 
3,  marié  3  autrement  Jesus-Christ, 
o  S.  Jean  l'Evangelifte  ,  Se  d'autres» 
3,  auroient  dû  l'être  ,  mais  comme 
33  dans  ce  tems-là  il  y  avoit  peu  de 
3,  jeunes  gens  ,  non  mariez,  inftruits 
3,  dans  les  Saintes  Lettres  3  Se  ca- 
33  pables  de  prêcher  l'Evangile  ,  il 
faloit  bien  néceflairement  prendre 
,3  des  hommes  âgez  Se  mariez  3  afin 
33  qu'ils  puffent  prêcher  d'exemple, 
33  (  comme  le  Seigneur  l'ordonne  > 
33  Matth.  V.  Que  votre  lumière  luife 
33  devant  les  hommes  3  Sec.  )  ce  que 
les  jeunes  gens  font  rarement.  30 

Ce 


de  la  Suifle.  Liv.  IV.     19  j 

,  Ce  que  l'Apôtre  dit  >  que  la  dé-  I  52 8. 

,  fenfe  du  mariage  ,  eft  une  Dofîri-  Difpu- 

y  ne  des  Diables  ,  eft  vrai  de  la  ma- te 

y  niére  que  Marcion  &  Tatien  l'ont  ^RThé- 

,  défendu  5  mais  cela  ne  fe  fair  pas  fe. 

,  préfentement  ,  Car  quant  a  moi  y 

,  dit-il >  je  ne  puis  pas  me  plaindre  > 

,  que  le  mariage  m  ait  été  défendu:  j  au- 

»  rois  pu  me  le  défendre  moi-même  par 

„  un  vœu. 

Zuingle.      io.  La  faute  {a)  d'A- 

nanias  &  de  Saphira  n'a  point  été 
3>  une  violation  d'un  vœu,  mais 
;>  une  hypocrifie  ,  ils  voulurent  pa- 

roître  aufli  libéraux  que  d'autres 
;,  Chrétiens  ,  ce  qu'ils  n'étoient  p.*.s. 
3,  Le  don  de  Continence  étant  un 
5,  don  de  Dieu  ,  qui  n'eft  pas  don- 
j,  né  à  tous  j  en  faire  un  vœu  eft 
5>  une  témérité,  &:  non  un  fervice 
>,  qu'on  rende  à  Dieu  j  aufll  S.Paul 
?>  dit ,  que  fi  un  homme  ne  peut 
,}  pas  fe  contenir  3  il  doit  fe  marier  , 

car  il  vaut  mieux  fe  marier  que  bru- 
„  1er,  I.  Cor.  VII.  2°.  Nous  ne  di- 

fons  point  que  TEvéque  foit  obli- 
>,  gé  de  fe  marier  ,  à   moins  qu'il 

ne  puilïepas  vivre  pureme'nt  dans 
3,1e  Célibat.  30,   Vouloir  reftiein- 
I  z  dre 


196  Hijlolre  de  la  'RJformatim 

I52S.  5>  dre  la  décifion  de  S.Paul  aux  Mat" 
Vifyu-  jj  cionites  &  aux.Difciples  de  Tatien» 
te  de     5j  eft.  ttnc  i]luflon  j  car  l'Apôtre  par- 

fx*!^-  55  ^  ^*ans  aucunc  reftriftion,  de  tous 
fe.        3>  ceux  qui  défendent  le  Mariage  > 
5j  de  quelque  manière  que  ce  foit. 

Boukftab  obje&a  encore  (a)  io. 
>5  Que  le  don  de  Continence  n'eft 
refufé  à  perfonne,  fuivant  S.  Paul 
qui  dit  I.  Cor.  I.  Dieu  efi  fidèle  , 
7«i  permettra  pas  que  vous  foyez 
55  tentez  au  delà  de  vos  forces  ôcc.  20. 
53  Si  S.  Paul  dit  3  qu'il  vaut  mieux 
r3  fe  marier  5  que  brûler  ,  chacun 
5>  doit  s'examiner  ,  avant  que  d'en- 
trer  dans  les  SS.  Ordres.  3  o,0£on 
33  ne  peut  rien  prouver  de  plus  par 
3J  S.  Paul  ,  finon  qu'un  homme  de 
3,  bien  ,  qui  eft  marié  3  peut  être 
>,  ordiné  Prêtre  5  comme  cela  fe  pra- 
>,  tique  parmi  les  Grecs  ,  mais  non 
33  qu'un  Prêtre  puiiTe  fe  marier.  .40. 
33  Comme  on  obje&oit  le  mariage 
53  des  Apôtres  ,  &  des  prémiers 
9»  Evangeliftes  5  par  Ex.  de  S.  Pbi- 
3,  ,  qui  avoit  4.  filles  Vierges, 
,3  &  Prophétefles  ,  ^7.  XXI.  il  dit, 
>3  qu'ils  s'éroient  mariez ,  pendant 
^  qu'ils  étoient  encore  fous  la  Loi, 

(*)  pag.  fXL. 


de  la  Suijje.  L I V.  I  V.   1 97 

,j  &  avant  que  d'avoir  été  zppdliz  1  528* 
„  par  Tïsus-Christ  j  &  qu'on  ^lfP^g 
>>  ne  peut  point  prouver  pariEcn-  Nr< 
5J  ture  »  qu'aucun  d  eux  ,  ni  aucun  IX.Thé* 
3j  Prêtre  ,  fe  Coït  marié  ,   avec  le  te* 
„  confenrernent  de  l'Eglife.  50.  En- 
33  fin  pour  prouver  qu'on  eft  obligé 
5>  de  garder  le  vœu  de  chafteté  y 
?>  quand  on  l'a  fait ,  il  cita  l.Timotb. 
3,  V.  où  l'Apôtre  blâme  les  jeunes 
75  Veuves  >  qui  ,  après  s'être  vouées 
53  au  fervice  du  Seigneur  veulent  fe 
33  marier. 

Zuïngle  répondit  (a),  io.  Le  Sei- 
,3  gneur  nie  que  la  Continence  (bit 
>â  donnée  à  tous  5  Matth.  XIX. Cba- 
3J  c««  3  dit-il  ,  nefi  pas  capable  de  ce- 
37  la.  Le  paffagc  de  I.  Cor.  I.  fait 
j5  pour  nous  >  car  Dieu  ne  nous 
33  contraint  point  à  des  chofes,  qui 
33  ne  font  pas  en  nôtre  pouvoir  5 
„  c'eft  pourquoi  il  a  établi  le  Ma- 
35riage  ,  pour  un  remède  à  l'incon- 
3,  tinence.  20.  Qnj\  faille  s'éxami- 
3,  ner  ayant  que  d'entreprendre  quel- 
que  chofe  >  cela  eft  vrai  dans  tous 
les  deffeins  pieux  &:  légitimes  ; 
m  mais  il  ne  fuit  point  delà,  qu'on 
7,  doive  ôter  aux  gens  la  liberté 
I  3  du 

M  pag.  Çi3„&  fui*. 


198  Hilîoire  de  la  Réformation 

1  528.  35  du  mariage ,  qui  eft  donnée  à  tous 
Difpute  „  les  hommes  3  fans  exception.  30. 
^tBer-  H  eft  ridicule  de  prétendre,  qu'on 
IX.  Thé-  3'  ne  peut  pas  prouver  par  TEcritu- 
fe.  re  ?  qu'un  Prêtre  puilïe  fe  marier, 

„  tandis  qu'on  accorde  qu'un  hom- 
3>  me  marié  peut-être  ordiné  Prêtre. 
5,  Si  le  mariage  n'eft  point  un  ob- 
33  ftacle  à  un  homme  pour  être  reçu 
3,  Prêtre  eu  Evêque  ,  il  n'eft  donc 
3,  point  un  obftacle  pour  l'être  \  & 
5J  fi  un  homme  marié  peut  être  éta- 
35  bit  Evêque  ,  un  Evêque  établi  pzut 
3,  être  marié  3  &  par  conféquent  le 
33  marier.  40.  Le  raifonnement  tiré 
33  de  ce  que  les  Apôtres  fe  font  ma- 
3,  riez  3  avant  que  d'être  appeliez 
„  par  Jesus-Christ  eft  frivole.  Si 
y,  le  mariage  eût  été  oppofé  à  la 
35  Sainteté  de  l'état  Eccléfiaftique, 
3,  Jesus-Christ  les  auroit  obiï- 
>,  gez  à  y  renoncer.  D'ailleurs  on 
33  avance  fans  fondement  qu'aucun 
35  des  prémiers  Difciples  de  Jesus- 
yy  Christ  ne  s  eft  marié  5  après 
33  avoir  été  appelle  par  lui.  On  ne 
yy  peut  pas  prouver  la  négative  fur 
33  ce  fujet  par  l'Ecriture  5  non  plus 
:>,  que  l'affirmative.  50.  Le  partage 
33  de  I,  Timotb,  V,  ne  prouve  point 


de  la  Suffi.  L I  v.  IV.     1 99 

3>  ce  qu'on  prétend  en  tirer  en  fa-  I  52S. 
„  veur  du  vœu  de  Continence.    I!  Ttifpute 
y}  y  parle  des  jeunes  Veuves,  quide  B£R* 
„  vouloient  être    reçues  avec   les  ix.Thê- 
„  Vieilles  ,  fur  l'état  de  l'Egîife  >  fe.. 
„  pour  être  entretenues  à  fes  dépens, 
„  &  qui  déshonoroient  leur  condi- 
»  tion ,  par  une  vie  libertine  ;  l'A- 
»  pâtre  défend  de  les  recevoir  dans 
^  cet  état ,  &  veut  qu  elles  fe  ma- 
»  rient. 

Le  Samedi  2<.  Janvier  ,  W  Bou!>-,j  .n. 
ftab  cita  encore  les  Vœux  authon-  ^  2,<;. 
fez  fous   l'Ancien  Teftament  ,    &  Janvier, 
quelques  autres  petits  argumens,  de 
peu  d'importance  >  auxquels  je  ne 
m'arrêterai  pas.  Z tringle  6c  OtcoUm- 
de  y  répondirent. 

Cela  étant  fait ,  Ambroise  Bla- 
rer  ,  (£)  Miniftre  de  Confiance  ,  fe 
leva  5  &  dit ,  les  Seigneurs  de 
Berne  ayant  invite  Mefileurjï  de  Con- 
fiance à  envoyer  à  leur  Difpute  quel- 
cun  de  leurs  Minières  ,  ces  Magis- 
trats y  avoient  envoyé  avec  lui 
des  Députez  de  leur  Confeil.  Qwa 
quant  à  lui  ,  il  étoit  là  pour  rendre 
raifon  de  la  Doctrine  ,  conforme 
aux  Théfes  >  devant  tout  le  monde, 
I  4  & 

Mpap.  Ç/7.  W 


200  Hiftoïre de  la  Réformat  ion 

I  528.&  en  particulier  de  répondre  aux 
Difpute  Libelles  que  le  Docteur  Eckjus ,  & 
^  Ber- Un  Dominicain  de  Rothvvjl,  nom- 
IX.Thé-  m^  George  Nevvdorffer  avoient  écrits 
fe.        contre  lui. 

XTly>fe  Le  même  jour  on  paffa  à  la  X. 
*  Théfe  ,  qui  dénonce  l'Excommuni- 
cation à  ceux  qui  vivent  manifefte- 
ment  dans  l'impureté  &c.  Fr.  Kolb 
la  prouva  {a)  par  un  petit  difcours. 
Mais  il  ne  fe  trouva  perfbnne  qui 
la  voulut  attaquer. 

Le  refte  du  jour  ,    &  le  26, 
Cok-  du  mois  fe  pafférent  en  divers  dif- 
CLU"     cours  >  qui  firent  la  Conclufion  de 
de  la     cette  grande  affaire,  (b)  Boukïiab  piia 
Dfiute  modeftement  l'Affemblée  de  lexcu- 
fer  >  9j  S'il  n'avoit  pas  mieux  com- 
,5  battu  ,  n'étant  pas  exercé  dans 
>,  ce  genre  d'efcrime  5  Que  d'ail- 
5,  leurs  il  y  avoit  du  côté  des  Ré- 
„  formez,  beaucoup  plus  de  Savans, 
»  que  du  leur. 

Haller  (c)  éxhorta  les  Magiftrats 
à  réformer  l'Eglife  fuivant  1  exem- 
ple des  bons  Rois  de  Juda  >  Ezé- 
cbias  8c  Jofias  :  &  les  Pafteurs  >  à 
paître  faintement  &  fidèlement 
leurs  Troupeaux  ,    par  une  faine 

te 

W  p.  fiç.  ^)  P.  p&t  (0  p.  #7. 


de  U  Suife.  Liv.  IV.  201 

Doctrine  Se  par  une  vie  éxem-  1528. 
plaire.  D/'fpxte 
Zuingle  parla  (a)  enfuite  tant  pour  ^Ber- 
lui ,  qu'au  nom  d'Gecolampade  > 
de  Capiton  Se  de  Bucer,  Se  dit  , 
„  Que  fi  Ton  n'avoit  pas  apporté 
3,  toutes  les  preuves  ,  qu'on  avoit 
s,  en  main  ,  pour  démontrer  la  vé- 
3,  rité  des  Théfes  3  ce  n  avoit  été 
*3  que  pour  épargner  le  tems  8c  les 
33  frais  Que  du  refte  3  fi  Eckjm  Se 
33  les  autres  Docteurs  Catholiques 
»  n'avoient  pas  été  préfens  à  cette 
33  Difpute  ,  on  pouvoit  pourtant 
33  dire  ,  qu'on  les  y  avoit  enten- 
33  dus  3  puifqu'on  y  avoit  propofé 
33  tous  les  argumens  3  dont  ils  fe 
7)  fervoienr  &c. 

Joacbim  Vadian  (b)  3  l'un  des 
quatre  Préfidens  de  la  Difpute  ? 
>3  parlant  pour  lui  Se  pour  fes  Col- 
33  lègues  ,  dit ,  QtfEux  Se  les  Sé- 
5,  cretaires  établis  pour  recueillir 
33  les  Actes  de  cette  Difpute  ,  s'é- 
53  toient  éfforcez  de  s'en  aquiter  avec 
53  toute  réxactitude  Se  l'impartialr- 
3,  té  ,  dont  ils  étoient  capables,  les 
33  faifant  toujours  foigneufement 
3;  collationner  3  dans  l'intervalle  d'u- 
I  5  ne 
W  P*g«        W  p.  532.- 


2 62  Hifloïrede  la  Reformation 

lî?  8  »»  ne  Séance  à  l'autre:  Qt/ils  rerr.et- 
Dïfpute  o  toient  ainfi  ces  Aftes  à  LL.  EE. 
de  B t  r-  „  les  Seigneurs  de  Berne  :  fVcnfin, 
cvê'lu-  *  s  ^  y  avoir  quelcun  des  Difpu- 
jfo»  de    53  tans  ,  qui  crut ,  qu'on  n'eut  pas 
hD;f-       bien  rapporté  fes  raifonnemens  , 
*Mp*      j,  il  leur  feroit  permis  de  montrer 
5,  encore  ce  jour-là  aux  Préfidcns  , 
3,  le  manquement  dont  ils  croiroi- 
3,  ent    avoir    fujet    de  fe  plain- 
dre. 

Enfin  Haller  remercia  toute  Fat 
femblée  ,  au  nom  de  la  part  des 
Magiftrats. 

Ainfi  finit  cette  grande  Se  im- 
portante Conférence  3  après  avoir 
duré  19.  jours  confécutifs  5  fans  in- 
terruption que   d'un  feul  jour.  Les 
Magiftrats  en  firent  imprimer  les 
Actes  à  Zurich ,  &  il  s'en  eft  fait 
encore  un  Edition  depuis?  à  Berne 
l'an  \6o%.  in  40.   C'eft  celle  que 
j'ai  3  &  donc  je  me  fuis  fervi  s  car 
je  n'ai  pas  vû  la  prémiére. 
Autre      V-  Cette  difpute  fe  fit  toute  en 
m/pute  Allemand.    Ainfi  les  fujets  de  Ber- 
en  Lan-  ne  y  dont  ]a  Langue  Maternelle  eft 
f me.  *~  la  Françoife  *    qui   étoient  alors 
ceux  du   Gouvernement   $  Aigle > 
ceux  des  Bailiages  d'CMe  &  de 

Cran* 


de  la  Sut fe.  Liv.  IV.  203 

Granfon,  &  une  partie  de  celui  de  I  52S. 
Morat  ,   n'a  voient    point    pu  s'y  Berne. 
trouver  ,  du  moins  pour  en  tirer 
du  fruir.   C'cff  pourquoi  les  Sei- 
gneurs firent  faire  une  difpute  en 
leur  faveur  ,  en   Langue  Latine. 
Farel  y  ^ut  le  principal  Tenant 
pour  les  Réformez  j  6c  un  Théolo- 
gien de  Paris,  Docteur  de  Sorbone, 
le  principal  Oppofant.    Mais  com- 
me cette  difpute  rie  fe  fit  point  avec 
h.  gravité  néceiTaire  ,      avec  le  fé- 
ri&ux  que  demandoit  une  affaire 
de  cette  importance  ,   le  Docteur 
propofant  des  argumens ,  qui  n'é- 
toient  bons  qu'à  faire  rire,   *  elle 
fut  interrompit  de   bonne  heure, 
&  l'on  n'y  fit  aucune  attention.  La 
préface  des  Actes  de  la  difpute  Al- 
lemande promettoit  la  publication 
de    ceux   de  la   difpute  Latine  ; 
mais  on  n'en  a  rien  fait.  Appa- 
remment qu'on  n'a  pas  jugé  qu'ils 
en  valulTent  la  peine. 

Après  la  difpute  ,  les  Seigneurs  EcclïJTs-. 
demandèrent  t  aux  Chanoines  tef'f*** 
aux  autres  Ecclcfiaftiques  de  l^crlvciît 
ville  ,  &  de  leur  Canton  ,  s'ils  vou-  aux  Thé. 
hrient  feuferire  a  cesThéftsti.L,t$  Cha-  1 
I  6  noincs. 


204  Hiftoire  de  la  Information 

1528.  noines  y  foufcrivirent  tous; comme 
Bekne-  aufli    le  Prieur  &;   le  Soûprieur 
Kcvlé/ïa*  des  Dominicains,  avec  fix  de  leurs 
qw'fouf- ^Confiéres  j  &  52.  Curez  &  autres 
cruent   Bénéficiers ,  tant  de  la  ville,  que 
auxrhe-  Ju  payS  Allemand  j   dans  lequel 
***        nombre  on  ne  trouve  que  ceux  de 
deux  villes  ,  favoir  ,  les  quatre  Ec- 
défiaftiques  de  Thèmes  Se  un  Cha- 
pelain d'Erlab  ou  Serlier.    Du  pays 
Romand,  comme  nous  l'appelions, 
il  n'y  eut  que  Farel  ,  qui  y  fouf- 
crivir. 

Juge-      Un  Prêtre  de  Soleurre,  nomm* 
ment      Jaques  de  Mmifter  ,  ardent  &  zélé 
d_un  Ca-  Catholique ,  qui  fut  préfent  à  cette 
fu?  laUe  difpute  3  étant  de  retour  chez  lui, 
grande   en  envoya   la  relation,  faite  à  fa 
dtifpute.  manière  ,   à  un  Chanoine   de  Tes 
amis,  à  Mayence.  On  peut  voir  la 
Copie  entière  de  fa  lettre,  à  la  * 
fin  de  ce  Volume.    Il  y  témoigne 
être  fort  mécontent  des  Evêques 
de  Suifle  ,  de  ce  qu'ils  n'avoient 
pas  envoyé  leurs  Savans  à  Berne.. 
II  décrit  TrahgHery  ou  Treyer  comme 
un  Moine  qui  riavoit   qu'un  fot 
babil  avec  beaucoup  de  préemption, 
&  qui,  quand  il  avoit  falu  diiputer 

par 

*  Voy,  entre  les  Pièces  JuJHficat.  N*>JV*. 


de  la  Suffi.  Liv.  IV.  20S 

par  l'Ecriture,  écoic  refté  muët  ,  &  I  5 2 S 
s'étoit  retiré.  Il  y  raille  le  pau-  Berne* 
vre  Dominicain  ,  qui  avcic  voulu 
faire  du  mot  Cepbas  ,  (  qui  eft  Sy- 
riaque ,  &  lignifie  pierre,  )  un  mot 
Grec  ,  qui  lignifie  tête.  Il  déplore 
le  funefte  fuccès  qu'a  eu  le  parti 
Catholique  dans  cette  difpute, 
ajoûtant  ,  qu'on  auroit  pû  aifé- 
ment  y  remédier ,  fi  les  Evêques 
avoient  été  plus  attachez,  a  l'étude , 
qiïa  leurs  Maitreffes  &c. 

Après  certe  grande  difpute ,  on  difpute 
en  tint  encore  (a)  une  autre  ,  de^S^f 
moindre  apparat,  avec  huit  Ana-  ti/les. 
baptiftes  ,  qui  étoient  dans  les  pri- 
ions. On  les  conduifit  dans  l'Hô- 
tel de  ville,  &  on  les  fît  difputer 
avec  cinq  Théologiens  ,  qui  rirent 
tous  leurs  efforts  auprès  d'eux  , 
pour  les  ramener.  Ce  fut  une  di£- 
pute  réglée,  dont  les  Aéles  furent 
rédigez  par  écrit  par  deux  Secrétai- 
res affermentez.  Après  la  difpute, 
fept  d'entreux,  qui  étoient  étran- 
gers, perfiftant  opiniatrément  dans 
leurs  erreurs  ,  furent  bannis  du 
pays  Le  huitième  ,  qui  éroit  un 
pauvre  batelier  de  Berne ,  fe  re* 
I  7  connut 

(0  Stctl.  I.  c.  pag. 


206  Hijloire  delà  Re 'formation 

IS23.  connut  ,    demanda     pardon  & 
Berne,  l'obtint. 

Les  Ber-    VII.  Après  toutes  ces  difputes?  Se 
nois  de-  les  diveriês  fouferiptions  des  Eccléfia- 
"^^^iliques,  il  s'agiffoitde  mettre  Ja  main 
fur  ce  '  à  l'œuvre  pour  la  Réformation  de  l'E- 
qu'ils    glife.  Le  Confeil  fouverain,  (a)  trou- 
4°.^ent  vant  la  chofe  de  grande  conféquen- 
ce,  confulta  là-deflus  toutes  les  per- 
fonnes  de  confîdêration  qui  fe  trou- 
voient  en  ville  ,  Ecdéfiaftiques  Se 
Séculiers,  tant  Etrangers,  que  gens 
du  pays.    Trois   Préfidens  de  la 
difpute  ,  Joacbïm  Vadian  ,  l'Abbé  de 
Gottftatt,  Se   le    Commandeur  de 
Kufinacht ,  étoient  d'avis  qu'on  de- 
voit  inceffamment  confommer  ce 
grand  ouvrage.    Le  préfident  Bâ- 
lois  croyoit  au  contraire,  que  dans 
une  affaire  fi  importante  il  ne  fe» 
roit  pas  bon  d'aller  trop  vite,  mais 
qu'il  vaudroit    mieux    avancer  à 
pas  lents,  Se  ne  rien  innover  ians 
y  avoir  bien  penfé.    D'autre  côté 
des  Ecdéfiaftiques  du  Canton,  qui 
étoient  encore  bons  Catholiques, 
&:  qui  avoient  refufé  de  fouferire 
aux  X.  Théfes  >  prétendant  n'avoir 
pas  été  fi  bien  vaincus  dans  la  dit 
X  pute, 

[a]  Stetl.  Ç..<?, 


delaSuife.  Liv.  IV,  207 

pute  ,  qu'ils  n'eufTent  encore  fou-  1  528» 
tenu  leur  Doctrine  par  de  bonnes  Berne, 
raifons  tirées  de  l'Ecriture,  deman- 
doient  qu'on  ne  fe  harât  point  de 
faire  des  changemens  dans  la  Reli- 
gion :  mais  qu'on  fe  contentât  de 
îeur  prefcrire   une   certaine  régie, 
comment  ils  dévoient  fe  conduire 
dans  leur  Miniftére  ,  tant  à  l'égard 
de  la  Méfie  ,    que  des  autres  Cé- 
rémonies. Là-delTus  les  (a)  Magiftrats 
affcmblez    en   Confeil    Souverain  Ç***  a- 
réfolurent,   5J  Que  la   Afejfe  feroit  bolir  h 
?,  abolie  dans  leur  ville,  avec  cette  Mejfe  & 

m  expreffe  i  efei  ve  ,  que  s'il  fe  trou- ^es 

\  y        1     ,    .  f«  dans 

voit  quelqu  un  qui  pût  les    con-ja  Capi* 

3,  vaincre  d  erreur,   par    l'Ecriture  taie, 

,3  Sainte ,  ils  recevroient  fes  inftru- 

33  «fiions  de  bon  Cceur  :  Et  quant 

au  pays,    il  fur  ordonné,  que 

33  chaque   Pafleur  s'en  tiendroit  à 

3,  ce  qu  il  avoir  fouferit,  en  atten- 

3,  dant  nouvel  ordre       Er  d'abopd 

on  démolit  les  autels  drns  les  Egli- 

.  fes  &:  l'on  ôta  les  Images  ,  &  on 

les  brûla  ,   le  27.  Janvier,     il  fut 

en   même  tems   permis  à  chacun 

d'enlever  ce  qui   lui  appartenoit. 


M  stctl,  6.  a* 


208  Hiftoirc  dt  la  déformation 

I'528.  ^r  en  autels  >  foit  en  ornemens 
Berne.  d'Eglife.  Divers  Bourgeois  ,  qui 
étoient  encore  dans  leurs  anciens 
préjugez,  voyoient  tous  ces  chan- 
gerons avec  beaucoup  de  douleur: 
néanmoins  tout  fe  paffa  paifi- 
blement  Se  fans  que  perfonne  re- 
muât. 

^es^E-  Cependant  les  étrangers  (a)  tant 
trangers  Ecclefiaftiques  que  Séculiers  >  le" 
retirèrent  après  avoir  vû  les  Egli- 
fes  purgées.  Le  Magiftrat  défraya 
tous  ceux  qu'il  avoir  invité,  & 
les  fit  efeorter  par  200.  hommes 
jufques  aux  frontières  de  Zurich, 
pour  les  garantir  contre  les  inful- 
tes  de  ceux  des  V.  Cantons.  Car 
ceux-ci  3  ayant  appris  de  bonne 
heure  TilTue  de  la  difpute  de  Ber- 
ne ,  entrepirent  de  fermer  le  paf- 
fàge  à  Bremgarte  &  à  Mellingue». 
aux  Zuricois  &  aux  autres  qui  re- 
viendroient  de  Berne  :  Mais  leurs 
efforts  furent  inutiles.  Le  Magis- 
trat de  Zurich  régala  les  Députés 
de  Berne,  tk  diftribua  50.  gouldes 
aux  200.  foldats  de  l'efcorte. 

Avant  que  de  frapper  le  grand 
toup>  ks  (b)  Magiftrats  de  Berne, 

voulu* 

£*]  StetL  6.  b.  (£)Id.  ibià.  fàftr.  A.  90.. 


de  la  Suiffe.  Lïv.  IV.  2CÇ 

voulurent  s'affurer  de  leur  Bour-i$2g. 
geoifie.    Ils  rirent  affembler  le  2.  Berne. 
Février,  toute  la  Communauté  dans 
1'Eghïè  3  bourgeois  ,  habitans  >  Maî- 
tres &  valets  s  &  lur  rirent  prêter 
ferment,  de  loûcenir  &  de  défen- 
dre les  Grand  &    Petit  Confeils, 
dans  tout    ce    qu'ils    entrepren- . 
droienr,  foit  pour  le  bien  de  1E- 
glife,  Toit  pour  celui  de  l'Etat.  Af- 
fluez de  ce  coté  là,  ils  drelTérent 
un  Edit   de  Réformation,  qu'ils  Edlt  g£- 
publiérent  &   rirent  imprimer  ,  le  0?ral  de 
7. Février:  D'autant  (a)  difoient-ils,  JjjfEjJ 

wowj  appartient  ,  f«  qualité  de 
Alagiftrats  ,  </e  î/0#j  donner  nos  foins, 
à  vous  nos  fujets  que  Dieu  nous  a 
confiez  >  non- feulement  pour  vous  con- 
duire à  toute  bonêteté  dans  les  affai- 
res Civi'esy  mais  aujfi  de  vous  fournir 
les  moyens  ,  de  parvenir  a  une  véri- 
table Foi  Chrétienne,  {autant  que  Dieu 
nous  en  fait  la  grâce  ,  )  &  de  vous 
montrer  un  bon  éxemple  ,  &c.  a  ces 
Caufes  &c.  L'Edit  contenoit  XIII, 
Articles  ,  dont  voici  le  précis. 

I.  Ils  aprouvent  &  confirment 
les  X.  Tbéfes  de  leurDifpute,  or- 
donnant à  tous  leurs  Sujets  de  les 

rece- 
la] Mandat:  Bue  h  pag.  1. 


2 1 0  Hiftoire  de  la  K.éformation 

IS28.  recevoir  ,  &  de  s'y  conformer  \  dé- 
Berne  clarant  &  prenant  Dieu  à  témoin, 

dcRCfoS  ^UC  S'^S  n  ^t0*ent  Pas  perfuadez, 
matin'  <\UQ  cela  eft  agréable  à  Dieu  ,  ils 
n'auroient  pas  fait  cette  innova- 
tion ,  défendant  à  tous  les  Curez 
&  Miniftres ,  de  rien  enfeigner,  ni 
parler  contre  ces  Théfes,  fous  peine 
d'être  cafTez. 

II.  Ils  dépouillent  les  quatre  Evê- 
qties  ,  de  Confiance  y  de  Baie  ,  de 
Laufanne  8c  de  Syon,  de  toute  Juris* 
dïft'ion  frirituelle  ,  qu'ils  pourroient 
pi  étendre  fur  leurs  fujets ,  parce 
qu'ils  n'avcient  pas  affilié  à  la  di£. 
pute  j  difant,  que  s'ils  avoient  fû 
de  pouvoir  maintenir  leur  doctrine 
&  leur  pouvoir  3  par  la  Parole  de 
Dieu,  ils  fe. oient  bien  venus  :  Ils 
leur  laifîent  du  refte  leur  Jurifdï- 
élion  temporelle, 

III.  &  IV.  Ils  déchargent  les 
Doyens  &  les  Cameriers  des  Cha- 
pitres ,  du  Serment  qu'ils  prêtoient 
aux  Evêques  ,  &:  veulent  qu'ils  le 
prêtent  à  LL.  EE.  Ordonnent  de  j 
dépofèr  le*  Doyens  ,  qui  s'oppofe^ 
roient  à  l'Evangile  >  &c  d'en  établir 
d'autres  pour  veiller  fur  les  Curez, 
&  prendre  garde  s  ils  enfeignoient  | 

pure- 


de  la  Smjft*  L  i  v.  IV.  211 

purement  &  s'ils    vivoient  bien  ;  1528. 
On  on  devoir  cenfurer  dans  les  Cha-  Berne. 
pitres  y  ceux   qui  ne  s'acquitoient  Articles 
pas  de  leur  devoir  ,  &:    inftruire  JrtiîZ' 
ceux  qui  croient  dans  Terreur  :  Que 
s'ils  ne  fe  corrigeoient  pas ,  LL. 
EE.  veulent  qu'on  les  en  avertiffe, 
afin  d'en  mettre  d'autres  en  leur 
place  :  Enfin  ils  ne  veulent  pas  per- 
mettre que   leurs  Miniftres  fôient 
obligez    d'alTjfter  davantage  ,  aux 
Chapitres  qui  fe  tiennent  hors  de 
leurs  terres. 

V.  Que  la  A/eJfe  &  les  Images  fe- 
ront abolies  à  Berne  pour  jamais  , 
à  moins  qu'on  ne  leur  falîe  voir 
qu'ils  ont  en é.  Et  comme  ils  fa- 
vent  qu'il  y  a  dans  leur  pays,  di- 
verfes  Eglifes  &  perfbnnes  particu- 
lières ,  qui  ,  faute  d'inftruction  > 
étoient  encore  foibles,  &  avoient 
de  léloignement  pour  la  Réforma- 
tion, LL.  EE.  ne  veulent  pas  les 
traiter  rudement;  mais  avoir  pitié 
d'eux,  prier  Dieu  pour  leur  con- 
verfion  ,  &  leur  lailTer  la  liberté 
d'abolir  eux-mêmes  la  MeiTe  &  les 
Images  à  la  pluralité  des  fuffrages  j 
Ordonnant  cependant  aux  deux 
partis  y  de  ne  fe  point  choquer 

ni 


2 1  2  Hiftoire  de  la  Réformation 

Ï  528.n*  infulrer  les  uns  les  autres. 
Berne.  VI.  QifAs  veulent  abolir  généra- 
Articles  lement  tout  ce  qui  eft  contraire  à 
Z$£M  P^le  de  Dieu,  à  la  paix  ,  à 
l'union  ,  &  au  bien  public  ;  &c. 

VII.  &  VIII.  Bien  qu'on  abolilTe 
la  Aleffe  ,  les  Fêtes  5  les  Vigiles,  les 
Anniverfaires ,  les  4.  Temps >  les  Offi- 
ces des  Morts ,  &  autres  fondationsj 
LL.  EE.  ne  veulent  pas  que  qui 
que  ce  foit  retire  à  lui ,  les  cenfes, 
rentes  ,  &c  biens  fonds  >  afïignez 
pour  ces  ufàges  ,  mais  entendent 
que  ceux  qui  les  doivent  ,  conti- 
nueront à  les  payer  >  afin  que  les 
Eccléfiaftiques  >  qui  ont  des  Béné- 
fices dans  les  Couvens  ,  dans  les 
Eglifes  3  Se  ailleurs  j  en  jouiffent 
pendant  toute  leur  vie  >  èc  ainfi 
meurent  en  paix  j  après  leur  mort, 
difent-ils  ,  nous  ferons  ce  que  l'équité 
demandera  de  nous  ;  Non  pas  que  nous, 
voulions  tirer  ces  biens-la  a  nôtre  pro- 
fit ,  mais  nous  en  ordonnerons  d'une  telle 
manière  que  nous  efpérons  de  rendre  bon 
Compte  de  nôtre  conduite  5  devant  Dieu 
&  devant  les  hommes.  Ils  permettent 
cependant  aux  particuliers  ,  qui  au- 
r oient  donné  quelque  chofe  aux 
Couvens  3  de  aux  Eglifes ,  de  le 

repreu- 


de  U  Suffi.  Liv.IV.  213 

reprendre  5  permettent  pareillement  T  5 2 8. 
aux  fondateurs  des  Chapekinies  ,  &c  Berne. 
autres  petits  bénéfices  ,  qui  ne  font  ^^jjj-jjf 
pas  des  '  Cures ,  de  les  reprendre,  m*ttirû' 
eux  ou  leurs  defcendans  s  comme 
auffi  aux  Confrairies  ou  Sociétez, 
qui  auroient  fait  de  pareilles  fon- 
dations. Et  comme  il  y  avoit  pîu- 
fieurs  Cures  unies  à  des  Couvens, 
les  Avouez  (  Vôgt  )  de  ces  Couvens, 
&  les  Maires  ■  de  ces   Eglifes  dé- 
voient faire  voir  le  revenu  de  cha- 
cune, afin  que  LL.  EE.  ordonnent 
ce  que  chaque  Eglile  devra  avoir 
de  revenu  :  Défendent    aux  Sei- 
gneurs ,  Patrons  &  Collateurs  des 
Eglifes,  d'en  diminuer  les  revenus* 
ÔC  de  s'en  approprier  aucun. 

IX.  Pour  éviter  le  fcandale,  on 
hifle  tous  les  ornemens  dEglife, 
jufqu'à  nouvel  ordre  >  permettant 
néanmoins,  aux  Confrairies,  (qu'on 
nomme  vulgairement  abbayes,)  & 
aux  perfonnes  particulières,  qui  au- 
roient des  Autels,  &  des  Chape- 
lainies  en  leur  propre,  de  les  ôter 
de-là  ,  s'ils  le  veulent. 

X.  On  permet  le  mariage  aux 
Eccléfialtiqu^s. 

XI.  On  permet  à  chacun ,  de 

manger 


2  14  Hïjloire  de  la  Réformation 

Î  528<nianger  en  tout  tems  ,  de  toute 
Bekne.  forte  de  viande,  avrec  Action  de 
é^lffor  £races  >  Pourvû   que  cela  fe  faiTe 
f nation.  '  modeftement  fans  donner  du  fean- 
dale  au  prochain,  particulièrement 
dans  les  Hôtelleries  \  défendant  aux 
Hôtes  ,  de  contraindre  les  gens  à 
manger  de  la  viande  dans  les  jours 
-   maigres.     Ils  défendent  en  même 
tems  de  boire  avec  excès ,  Se  d'y- 
vrogner  dans  les  Tavernes  ,  même 
d'y  boire  au  delà  de  o.  heures  du 
foir  ,  fous  peine  de  dix  livres  & 
plus. 

XII.  On  permet  aux  Religieux 
&C  aux  Religieufes ,  de  demeurer 
dans  leurs  Couvens ,  s'ils  le  fouhai- 
tent ,  à  condition  de  n'y  recevoir 
plus  perfonne  >  permis  à  ceux  &£ 
celles ,  qui  voudront  en  fortir,  d'en 
emporter  tout  ce  qu'ils  y  auront 
apporté  j  &  s'ils  fe  marient,  &  que 
cela  ne  leur  fufrife  pas  j  LL.  EE. 
les  affilieront  des  biens  du  Cou- 
vent. Ceux  qui  fortiront  S  foit 
qu'ils  fe  marient,  ou  non  ,  devront 
quitter  l'habit  de  Tordre ,  pour 
en  prendre  un  plus  décent. 

XIII.  Enfin  tous  les  Pafteurs  fe-» 
ront  obligez  de  prêcher  quatre  fois 

par 


de  la  Suffi.  Lrv.  IV.  215 

par  femaine.Le  Dimanche >  le  Lundi,  OQ 

ïeMecredi,  &  le  Vendredi,  fous  g  5^' 

peine  de  Caflationjà  la  rcfervc  des  Articles 

tems  de  femailles  ,  de  Moiilons  &c  àzRéfo** 

de   Vendanges  ,  &c.  où  les  pay-^'^ 

fans  ne  pourroient  pas  aller  ks 

écouter  fur  femaine. 

Cela  étant  fait  >  ils  réfolurcnt 15 
-,  ,  .  envoyez: 

d  envoyer  des  Députez  dans  toutes  par  tollt 

les  Paroifles  de  leur  domination,  le  Can- 

pour  y  établir  la  Réformation.    Ils  ton  ' 
*      1  J    »  v    %>  pour  y 

en  donnèrent  avis  a  1  avance  aux  établir  ' 

Paroifles,  afin  que  tous  les  hommes,  la  Réfor- 
qui  s'y  trouvoient ,  fuffent  prêts  à  m*tl0n« 
paroître  dans  ces  Aflemblées  ,  des 
l'âge  de  14.  ans.  {a)  Les  Députez 
partirent  le  23.  Février,  avec  or- 
dre de  faire  alTembler  chaque  Pa- 
roifTe  ,  d'y  faire  lire  à  haute  voix 
l'Edit  de  Réformation  ,  qu'on  vient 
de  voir  ,  qu'ils  avoient  fait  impri- 
mer j  d'accompagner  chaque  article 
d'un  petit  difeours,  s'ils  le  trou- 
voient à  propos  ,  pour  faire  con- 
noître  aux  fujets  ,  les  raifons  de  la 
conduite  de  leur  fouverain,  &  la 
droiture  de  fes  intentions  :  En  par- 
ticdiei  fur  Je  3e"  article-,  là  où  il  y 
avoir  des  Doyens,  on  devoit  les 

avertir 

(*)  Injlrutt.   A.  oj. 


2 1 6  Hijloire  de  la  Réformation 

1528.  avertir  de  fe  rendre  à  Berne,  le 
Bekne.  Mécredi  après  la  mi-Carème,  pour 
Députez,  apprendre  plus  au  long  la  réfolutioa 
par°touC deLL.EE.  Sur  le  6e-  article,  qui 
le  Can-  portoit  que  LL.EE.vouIoient  abolir 
ton.      tcat  ce  qui  étoit  oppofé  à  la  parole 
de  Dieu,  à  la  paix  8c  à.  l'union  & 
au  bien  Commun  5  les  Députez  eu- 
rent ordre  de  repréfenter  que  LL. 
EE.  vouloient  abolir  entièrement," 
dans  peu  de  tems ,   comme  l'hon- 
neur *   &  la    raifon  les  y  enga- 
geoient ,  toutes  les  penftons  8c  les 
préfents  des  Princes  Etrangers ,  qui 
fervoient  à  fomenter  &  à  produire 
des  guerres  étrangères  ,  8c  des  di- 
vifions  domeftiques.  Enfin  que  LL, 
EE.  ne  vouloient  point  fouffrir  les 
Anabaptiftes  ,   mais  que  par  tout 
où  Ton  en  trouveroit  ,  on  devoit 
les  leur  livrer.    Après  cette  lecture 
&  ces  éxhortations,  les  Députez  eu- 
rent ordre  : 

io.  De  remontrer  aux  Peuples, 
Que  LL.  EE.  ?iant ,  par  zélé  pour 
la  gloire  de  Dieu  ,  fait  tenir  chez 
eux ,  une  difputc  de  Religion  à 
grands  fiais  >  ce  qui  leur  avoir  at- 
tiré, au  dedans  8c  au  dehors  des 

injures 

*  Mit  Ehren  uni  Titien  % 


de  U  Smjfe.  L  I  v .  IV.    2 1 J 

injures  >  des  outrages  &  de  grofles  i  c,  2 
menaces  j  nonobftant    routes  ccsbern 
chofes  ,  ils  ont  continué  leur  Réfor  Arricl 
mation  ,  félon  la  Parole  de  Dieu  îj^^jj 
que  dans  cette  circonftance  ils  fou- 
haitoient  que  les   fujets  fe  confor- 
maient à  leur  Souverain. 

iot  De  demander  en  chaque  Pa- 
roilTe les  fentimens  de  chacun  j  LL, 
EE.  fouhaitant  de  favoir  qu'elle 
fera  la  volonté  de  leurs  fujets,  tou- 
chant le  Réformation,  bien  qu'ils 
ne  doutent  pas  qu'on  ne  l'accepte 
par  tout ,  puifque  déjà  depuis  fort- 
long  -  temsy  la  pluralité  Cemportoit  en 
faveur  de  la  prédication  de  la  Pa- 
role de  Dieu.  Ils  dévoient  donc 
recueillir  les  fuffrages  ;  faifant  refter 
ceux  qui  vouloient  fe  conformer  au 
Souverain ,  &  retirer  à  part  ceux 
qui  le  refuferoient ,  &  demander  à 
chaque  parti  leur  réponfe  par  écrit, 

30.  Que  fi  dans  une  Commu- 
nauté qui  auroit  plufieurs  ParoiiTes> 
la  pluralité  l'emportoit  pour  la 
Mefle,ilsdevroient  interroger  chaque 
ParoilTe  à  part,  pour  voir  celle  où  la 
pluralité  feroit  pour  la  Réformation. 

40.  Quand  môme  une  Commune 
ou  une  ParoilTe  voudra  garder  le 
Tom.  IL  K  Papifme 


218  Hi  flohe  de  la  déformation 

1  528.  Papifme  ,  cependant  les  Prêcres ,  Se 
Berne,  les  Curez ,  qui  auront  embrafte  h 
j\mcies  Réformation  ,  &  ligné  les  Dix  Ar- 

formttn.6*  tiZ^QS  c*e  *a  Difpute  de  Berne  ,  fe- 
tion.      ront  maintenus   dans  leurs  Cures 
Se  bénéfices5&:  ne  célébreront  aucune 
Cérémonie  Papiftique. 

50"  Les  Prêtres  qui  n'auront  li- 
gné ni  pour  l'un  ,  ni  pour  l'autre 
parti ,  feront aufll  obligez  de  s'abfts- 
nir  de  toute  pratique  de  Catholicité. 

63.  Mais  là  où  il  fe  trouvera  des 
Prêrres  qui  voudront  combattre  les 
dix  Articles  ,  s'ils  font  dans  une 
Egiife  ,  ou  la  pluralité  l'emporte  en 
faveur  de  la  JVleiTe  j  LL.  EE.  per- 
mettent de  la  célébrer  jufqu'à  nouvel 
ordre  >  mais  là  où  elle  eft  abolir,  ils 
défendent  à  ces  Prêtres  de  la  célébrer. 

En  même  tems  ils  dévoient  (a)  y 
joindre  cette  double  proteftation  de 
la  part  de  LL.  EE.  10.  Que  no- 
nobftant  ces  changemens  >  qu'on  faf- 
foit  dans  la  Religion  ,  l'on  ne  pré- 
tendoit  point  fe  détacher  des  Can- 
tons ,  mais  qu'on  étoit  toujours  ré- 
folu  de  s'aquiter  envers  eux  5  de 
tout  ce  qu'on  leur  devoit,  en  ver- 
tu des  Alliances  ;  20.  Et  Que  fi 
quelqu'un  leur  montroit  quelque  cho- 
00  Stetl.  7.  a.  & 


de  U  Suijje.  Ll  V.  I  V.  219 

fe  de  meilleur  par  l'Ecriture*  ils  fe-  i  528. 
roient  toujours  difpofez  à  l'écouter,  berne. 

Ainfi  fut  établie  la  Réformation     ^  v 
dans  le  Canton  de  Berne  >  après  JjSg* 
avoir  été  établie  dans  la  Capitale,  dans  je 
La  {a)  plupart  des  Sujets  fe  confor-  Canton, 
mérent  agiéablement  à  leur  Souve- 
rain.   Dans  (b)  les  Villes  de  ÏJEr- 
gaw  ,  fa  voir  ,  Zoffingue  ,  Arbourg  > 
Aratt  ,  &.  Brouck^y  la  Méfie  fut  abo- 
lie &  les  Images  brûlées  3  au  mois 
de  Mars.    Il  y  avoit  à  Bure  une 
Image  de  Nôtre-Dame  >  qui  avoit 
la  réputation  de  reflufeiter  les  avor- 
tons &  les  enfans  >  morts  fâns  bâ- 
tême  ,  &  avoit  amaffé  un  thréfor 
de  plus  de  trente  mille  livres.  El- 
le fut  aulTi  brûlée  >  au  grand  regret 
de  quelques  fuperftitieux  ,  qui  s'i- 
maginèrent que  le  Ciel  feroit  quel- 
que miracle  en  fa  faveur. 

Le  Prévôt  &  les  Religieux  (c)  d3 In- 
terlaken  *  remirent  volontairement 
leur  Monaftére  entre  les  mains  du 
Souverain  5     en  fe  refervant  une 
penfion  viagère  >  &  Ton  y  établit 
K  2  da- 
ta) Stetl.  ibid.     (  b)  Hottlng.  410. 
fc]  Stetl.  7.  a.  Inftr.  A.  103. 
*  Monaftére  de  Chartreux  ,  fitué  inter 
Lacus  ,  entre  les. Lacs  de  Thoune  &  de 
Uricntz... 


22  O  Hiftoire  de  la  Reformœtton 

1528.  d'abord  un  Baillif,  vers  le  commen- 
Berne.  cernent  de  Mars.    Autant  en  rirent 
Refor-  Jc  Prévôt  &  les  Chanoines  de  (a) 
reçuë*   2°ffingue  vers  le  tems  de  la  Pen- 
dans  le   tecôte,  &  Ton  y  établit  un  Minière. 
Canton.     La  joye  fut  fi  grande  à  Berne  , 
de  1  etabliffement  de  la  Réformation, 
que  pour  honorer  cette  heureufe 
journée ,   les  Magiftrats  ouvrirent 
la  priion  (/;)  à  deux  féditieux;  qui 
ayant  été  bannis  du  Pays  ,  avoient 
eu  l'audace  d'y  rentrer.    Ils  permi- 
rent même  aux  autres  Exilés  ,  de 
revenir  dans  leur  Patrie  ,  difant , 
Si  un  Roi  ou  un  Empereur  faifoit  [on 
entrée  dans  nôtre  Ville  ,  nous  relâche- 
rions  les  malfaiteurs  ,  en  les  exhortant 
a  fe  corriger  :    Et  maintenant  que  le 
Roi  des  Rois  ,   &  le  Prince  de  nos 
ames  ,  le  Fils  de  Dieu  9  qui  eft  aujfi 
nôtre  Frère ,  eft  entré  chez  nous ,  &  1 
relâché  ceux  qui  méritoient  une  prijon 
éternelle  >    pourquoi  ne  voudrions-nous 
pas  honorer  fon  arrivée  ,  en  faijant  une 
femilable  grâce  a  ceux  qui  nous  ont  of- 
fenfés  ?  Sleidan  ajoute  (c)  que  pour 
conferver  la  mémoire  de  leur  Ré- 
for- 

U)  Innruct.  A.  148. 

\l)Lnthard.  177.  Scultet.  p.  m.  T 4 1 , è Capi- 1 
tone  in  Hofcxiv,  p.  270. 
ifi)  Livre  VI.  p.  m.  161. 


delà  Suiffe.  Liv.  IV.  221 

formation  ,  ils  en  firent  écrire  Tan-  1)28. 
née  Se  le  jour  en  Lettres  d'or  fur  une  Berne. 
Colomne.    On  ne  peut  pas  nier 
que  k  fujet  n'en  valût  bien  la  peine; 
cependant  on  ne  trouve  aucune  tra- 
ce de  ce  fait  dans  nos  Autheurs. 

La  Monnoye  fe  reffentit  aufïl  de 
la  Réformation.  Au  lieu  qu'on  y 
mettoit  auparavant  la  Tête  &  la 
Légende  de  S.  Vincent ,  Patron  de 
la  Ville  ;  on  y  mit  depuis  à  fa 
place,  l'Ecu  de  Berne,  avec  cette 
Légende;  Berchtold.  V.  2  a- 
king  duxGondjtor,    Cet  ufage 


K  j        a  du- 


222  Hijloire  de  la  Ré  formation 
1528.  a  duré  jufques  vers  Tan  itf/o.quon 
bannit  de  la  Monnoye  le  Fondateur 
de  la  Ville ,  pour  lui  fubftituer  le 
nom  de  Dieu  ,  par  cette  Légende  > 
Dominus  Providebit. 
Ajgli       ^a  Réformation    s'établit  auflï 
dans  le  Gouvernement   d'aigle  , 
quoique  avec  quelque  peine,  (a)  Le 
Syndic  d'Aigle  ,  appuie  par  le  Gou- 
verneur >  Jean  de  Bex  >  &  par  fbn 
Lieutenant,  Félix  de  Diesbach,  lia 
une  fi  forte  partie  contre  Far  eh  qu'il 
le  fît  chaffer.  Les  Seigneurs  l'ayant 
appris  en  écrivirent  une  Lettre  de 
reproches  à  Diesbach  >  le  1 3 .  Fé- 
vrier >  lui  ordonnant  de  nouveau, 
de  protéger  FareU  &  de  lui  faire 
une  penfion  fumTante  ,  à  prendre 
fur  les    biens   d'Eglife  ,  voulant 
qu'on  prêchât  l'Evangile  en  toute 
liberté  >  par  tous  les  IV.  Mande- 
mens ,  dans  les  lieux  où  on  le  fou- 
haittera  >  ou  bien  dans  ceux  où  la 
néceflïté  le  demandera.    Farel  >  de 
retour  à  Aigle  avec  ces  ordres  >  re- 
commença à  prêcher  le  Dimanche  1 6. 
Février  (£).  Mais  comme  il  prêchoit, 
plufieurs  Bourgeois  revinrent  à  la 
porte  du  Temple  ,  faire  du  bruit 

pour 

M  MS.  Grojf.    j>]  MS.XH/V***. 


de  la  Suffi.  Ll  v.  IV.    22  3 

pour  l'interrompre  ,  &  il  y  eut  un  I  5  2g. 
grand  tumulte  a  cette  occafion.    Ils  Aigle. 
en  vinrent  même  à  cet  excès  d  in- 
folence  ,  que  de  faire  barre  le  Tam- 
bour par  la  Ville  ,  pour  convoquer 
une  alTemblée  contre  les  Réformés  > 
dont  ceux-ci  fe  plaignirent  à  leurs 
Seigneurs.    Le  Syndic  cabala  aufli 
de  nouveau  ,  pour  faire  chaffer  Fa- 
rel  une  féconde  fois  !  envoyant  des 
gens  aux  autres  Mandemens  ,  &  y  . 
allant  lui  même  ,  pour  les  attirer  à 
fon  parti.    Le    Curé   ou  Vicaire 
d'Aigle  ,  nommé  Guillaume  Orfinier> 
l'empêchoit  aulTi  de  toute  fa  force 
de  prêcher.  Pendant  ces  mouvcmens 
différens  ,  les  Députez  de  Berne  ar- 
rivèrent au  Pays  ,  &  ayant  aflem- 
blé  toutes  les  ParoiiTes   des  IV. 
Mandemens  ,     qui    compofent  le 
Gouvernement  d'Aigle  ,  (a)  trois 
de  ces  ParoiiTes  embrafférent  la  Ré- 
formation à  la  pluralité  des  voix, 
favoir  ,  sJigle  ,  Olon ,  &  Bex.  Les 
Seigneurs  l'ayant  appris  ,    y  envo- 
yèrent de  nouveaux  Députez  ,  le  1 2. 
Mars  ,  avec  ordre   io.  de  témoi- 
gner à  ces  trois  Paroiffes  ,  Que  LL. 
-EE.  voyoient  avec  plaifir  qu'ils 

K  4  euf- 

■  •-)  In  Jim  ci.  A-  loi  . 


224  Hijloire  de  la  Information 

I  528.  euflent  embraffé  la  Réformation.  io. 
Aigle.  De  leur  dire  qu'ils  ne  dévoient  pas 
vendre  les  Imâges  ,    mais  les  brû- 
ler. 30.  D'établir  une  bonne  pen- 
fion  au  Miniftre  d'Aigle  ,  ^.D'ex- 
horter les  autres  Paroiffes  à  fe  con- 
former à  leur  Souverain  ^  leur  pro- 
mettant qu'on  leur  envoïeroit  bien- 
tôt des  Miniftres.  50.  De  donner 
charge  au  Lieutenant  du  Gouver- 
neur d'Aigle ,   de  faire  un  Inven- 
taire de  tous  les  Joyaux  del'Egli- 
fè  du  lieu.    La  Paroifle  de  Bex  (a) 
parut  plus  prompte  que  fes  voifins 
-zélé  de  à  embraffer  la  Réformation.  Im- 
ceuxde  patiens  d'abolir  chez  eux  la  Meffe 
Bex.  jcs  images  5  ji{s  avoient  peine 

d'attendre  l'arrivée  des  Députez  de 
Berne  >  qui  dévoient  venir  régler 
ces  changemens  ,  leur  ayant  été  dé- 
fendu de  rien  innover  fans  eux. 
Leurs  Seigneurs  ,  informez  de  leur 
bonne  volonté  &  de  leur  ardeur  , 
ordonnèrent  >  le  May  ,  d'abolir 
inceffamment  la  Meffe  dans  cette 
Eglife-là  ,  &  d'en  ôter  les  Images; 
&  d'en  faire  autant  dans  les  Egli- 
fes  ,  où  le  Peuple  le  fouhaiteroic  ; 
mais  que  dans,  les  Paroiffes  >  où  le 

Peu- 

(*)  MS.  Des-Loè's, 


'de  la  Suiffe.  L I  V.  I V.  22  5 

Peuple  ne  le  voudroit  pas  ,  on  ne 
devoit  rien  faire  jufqu'à  l'arrivée  de  *  5 
leurs  Députez  :  ce  qui  fut  ponftu-  Al( 
ellement  éxécuté.  Il  n'en  étoit  pas 
ainfi  à  Aigle.  Les  Catholiques  , 
(a)  qui  y  éroient  toujours  en  allez 
bon  nombre  >  voyoient  avec  dou- 
leur le  renverfernent  des  Autels  >  & 
la  deftru&ion  des  Images,  rejettoient 
la  Réformation  Se  inquiétoient  ceux 
qui  la  faifoient.  Les  Seigneurs  en 
ayant  eu  avis  ,  donnèrent  ordre  , 
(le  25.  Avril ,  )  au  Lieutenant  du 
Gouverneur  ,  de  les  reprimer  ,  & 
en  cas  de  récidive  ,  de  les  leur  en- 
voyer à  Berne  ,  pour  y  être  punis. 
Us  lui  ordonnèrent  en  même  tems 
de  bien  traiter  tous  les  Minières 
que  Farel  établiroit  ,  Se  de  leur  fai- 
re donner  une  penfion  fumTante.  Ils 
joignirent  à  ces  ordres  une  inftruc- 
tion  icéllee  ,  qui  contenoit  une  ef- 
pèce  de  Liturgie,  ou  de  formulai- 
re 5  pour  ladrniniftration  des  Sa- 
cremens  >  Se  la  bénédiction  du  Ma- 
riage. Qnelque  tems  après  ,  (  le 
27.  Mars  )  ils  envoyèrent  ordre  de 
chalTer  (ù)  le  Vicaire  £  Or  mont  9  nom- 

K  5  mi 

(a)  MSC.  Schoupart. 
ij>)  Latin.  Mif'z$i.  b. 


226  Hijloîre  de  la  déformation 

ï  5  2  S  •  m^  Pierre  Golioux  y  qui  tenoit  cette 
Aigle.  Cure  de  la  part  de  Jean  Grand  Cha- 
noine de  Laufanne  ^  mais  (a)  cet 
ordre  ne  fut  point  exécuté. 

Il  y  avok  toujours  à  Aigle  des 
(b)  gens  qui  parloient  mal  des  Ber- 
nois &  des  Miniftres.  D'autre  côté 
plufieurs  Payfans  des  quatre  Man- 
demens  ,  comprenant  mal  la  Doc- 
rrine  de  la  liberté  Evangelique  > 
prétendirent  ne  plus  devoir  3  ni 
cenfes  ,  ni  dîmes  ,  &  ne  les  vou- 
îoient  point  payer  >  difant  que  tout 
devroit  être  commun.  Il  y  eut  mê- 
me un  nommé  Gaman  d'Aigle  > 
qui  étant  à  Berne  accula  Fard 
d'avoir  prêché ,  qu'on  ne  devoit 
payer  ni  Dîmes  3  ni  Cenfes >  ce  qui 
étoit  faux.  Les  Bernois  envoyè- 
rent des  Députez  (  le  %.  Juillet  ,  ) 
pour  aller  à  Aigîe  mettre  la  dernière 
main  à  f  ouvrage  de  la  Réformation, 
établir  des  Miniftres  où  l'on  en 
manquoit,  établir  en  particulier  d  au- 
thorité,  Farel  à  Aigle >  &  Robert  à 
Bex  j  confirmer  ceux  que  ces  deux 
auroient  déjà  établis  j  ils  dévoient 
punir  par  prifon  &  par  amende  ceux 
qui  avoient  mal  parlé  de  leurs  Sei- 
gneurs 

W  Inft>  A.  ibid..  {b)  Inft.  A.  i<,%. 


dtUSuitfe.  Liv.  IV.  227 

gneurs  &  des  Miniftrcs  :  Et  afin  que  I  528. 
les  Papiftes  ne  s'imaginaiTent  pas  Aigle. 
vainement  de  voir  jamais  rétablir 
l'Idolâtrie  >  ces  Députez  eurent  or- 
dre de  brifer  ou  brûler  toutes  les 
images  ,  de  démolir  les  Autels,  & 
de  paifer  l'éponge  fur  les  peintures 
des  murailles.  lis  dévoient  en  mê- 
me tems  éxhorcer  les  Payfans  à 
payer  les  dîmes  &  les  cenfes  >  avec 
menace  de  châiimens  5  &  s'informer 
touchant  Farel  Sec.  Enfin  déclarer  à 
ceux  (TOrmont  que  LL.  EE.  vouloi- 
ent  abfolument  qu'ils  quittaient  la 
Meffe  ,  comme  les  trois  autres  Man- 
demens  ,  en  faire  fortir  le  vieux 
Vicaire ,  &  y  établir  un  Miniftre  ou 
deux  3  &  agir  en  cette  affaire  avec 
le  confeil  de  Farel  &  de  Robert. 

Les  Députez  étant  venus3  prirent 
information  fur  l'accufation  intentée 
*  par  Gaman  ,  contre  Farel  :  Gaman 
ne  l'ayant  pas  pu  prouver ,  fut  con- 
damné à  lui  faire  réparation  ,  &  à 
dix  florins  d'amende.  Environ  le 
même  tems  F;;rel  étant  allé  prêcher 
au  village  à'Olon  &  ceux  d'entre  les 
Payfans  >  qui  étoient  encore  Catho- 
liques ,  notent  pas  le  maltraiter  , 
K  6  % 

*lribii&JUi9fc 


228  Hifioire  de  la  Reformatiez 

I  528-  lâchèrent  contre  lui  leurs  femmes  , 
Aigle.  ^e  battirent.  Il  y  eut  même  un 
homme  appelle  Antoine  Nicodej  y 
qui  renverfa  la  Chaire.  Les  Bernois 
en  ayant  eu  avis  >  mirent  tous  les 
hommes  &:  les  femmes  du  Village  à 
l'amende  de  cinq  florins.  Le  Curé, 
nommé  Guillaume  Bioïey  ,  qui  avoit 
dit  la  Méfie  à  Pâque  fut  mis  à  l'a- 
mande de  dix  florins.  Les  hommes 
&  les  femmes  3  dans  tout  le  Gou- 
vernement ,  inrerrompoient  les 
Miniftres  en  Chaire  ;  &  alloient 
hors  de  la  Paroiiïe  pour  entendre  la 
Méfie  >  Confefler  ,  bâtifer  j  &c.Tout 
cela  fut  défendu  par  de  nouveaux 
Edits ,  (en  Août,  )  fous  peine  ar- 
bitraire. En  même  tenu  LL.EE.laif- 
férent  à  Farci ,  &:  à  Simon  ,  Miniftres 
d'Aigle  ,  le  choix  d'avoir  deux  cent 
florins  pour  leur  penfïon  ,  ou  de  ti- 
rer les  rentes  ,  cenfes  ,  dîmes  ,  &  le 
domaine  de  leurs  Cures.  Ils  prirens 
le  dernier  parti» 


Fin  du  Livre  IV. 


SCM, 


22ç 

SOMMAIRE 

D  U 

CINQUIEME  LIVRE. 

I.  Troubla  dans  le  Canton  de  Berne  I  5  2  S. 
au  Sujet  de  U  Religion,  Troubles  dln~ 
terlacken  calmez-  Prononciation 
rffj  &rjtf/  non  iutérejfez*  Traite  mu- 
tuel entre  le  Souverain  &  les  Sujets. 
Relique  de  S.  Béat  enfevélie.  Autres 
troubles  dans  le  même  Canton, 

ïl.  Académie  fondée  aBcrne.YLvn  fur  '2'>y 
lesFête-,  Autre  Edit  contre  les  Images  &  1 
la  Meffe.  Ré  formation  a  Berne  a  l'égard 
des  mœurs *Etablijfemem  d'un  Confiftoi*-  ' 
re.  Abolition  des  fervices  étrangers. 

III.  Propres  de  la  Ré  formation   a  ^ 
Claris.  Les  Réformez  y  font  le  plus 
grand  nombre.  Divi fions.  Troubles  a 
Schwanden.  Troubles  a  Baie  ,  au  [u- 

jet  des  Images.  Suite  de  Ré  formation 
a  Bienne  ,  a  S.  Gai  &  a,  Mullhoufe. 
Lettre  de  C  Empereur  aux  Cantons 
Catbol  ques. Réformation  ûVBremgartc. 

IV.  Affaires  de  Gcncve.  Négotia- 
tion  entre  Genève  &  les  Aîammelusy 
les  Armes  du  Duc  de  Savoy e  abbatues 
a  Genève.  Journée  a  Payerne.  Ligue 
des  Gentils-hommes  de  la  Cueillére. 
Mauvaife  conduite  de  ï  Eve  que  dcGe~  *>/f 


23o  SOMMAIRES  Liv.V. 

1528.  neve.    Commencement  de  Ré  formation. 
Attentat  de  CEvêque.    Dijcours  pru- 
dent  de  Fr.  Bonnivard.    La  Réfor- 
mat ion  combattue  a  Genève  par  les 
FrihoxugçoisiSoutenuë  par  /^Bernois. 
?  xi-  On  conduite  Bonnivard. SaRéponfe.Mou- 
venions  du  Duc  de  Savoy e  contreGeneve. 
■ivs.     V.  Thourgaw.    Contcflations  entre 
les  Cantons  au  fujet  des  Seigneuries  corn- 
munc 's.  Rheinthal.  LeTbourgavv  avan- 
ce  vers  laRéformation,  Le  Tockebourg 
de  même»  Zurich  affemble  un  Synode. 
n?^.     VI.  Berne.  Troubles  du  Hasle>  fo- 
mentez par  ceux  d'Underwald.  Les 
.  3°y-  Catholiques  fe  rebellent.    Ligue  des 
Montagnards.    Préparatifs  de  guerre* 
3,7  Renfort,  de  l'armée  Bernoife.  Les  trou- 
pes ÂUndervvald  reculent  >    &  quit- 
c*.  tent  la  partie.  Rebelle  érigé  en  Mar- 
tyr chez  les  Catholiques.  Soumiffion 
des  rebelles. 
3>v     VII.  Réformatlon  du  Monaftere  de 
s**.  S.Jean  près  d'Erlach.  Conte jiation 
de  Berne  avec  So leurre  pour  quelques 
3^1-  biensEccléfiafiiques.  Fondations  pieufes 
3*7.  a  Berne.  Difiribution  de  biens  dEglife* 
•3<u$.     VIII.  Bons  Réglemens  a  Moudon  ,  Ex- 
3m-  communication   lancée  contre  cette  ville, 
s?  7   UEvéïue  de  Laufanne  fe  montre  ennemi 
3wK  des  Bernois.  Alliance  défenfîve  des  villes  rém 
341  .  formées.  Grifons.  Progrès  de  U  Réformation. 
Ht*  Confpiration  des  Catholiques^  découverte  & 
punie*  LUS  IOI- 


23  I 

c&  Z£5  ZkS) 

HISTOIRE 

DE  LA 

REFORMATÎON 

DELA 

SUISSE. 

_ 

LIVRE  CINQUIEME, 

Qui  comprend  la  Suite  de  lœ 
Ké for  mai  ion  de  Berné  >  & 
divers  antres  événemens  de 
Tannée  1  s  2  8. 


î. 


Es  habitans  du  Gouver-  j^o 

q  §ff nement  d'^le  ne  ^urent  T;ouble) 

UMèM  Pas  *es  *euls>  SU1  exci- dans  le 


térent  des  troubles  à  Toccaiion  de  Canton 
la  Réformation.    Cela  fe  vit  aufli  ^  BaEuR~ 
en  quelques  endroits  du  pays  Al-  fujet  de 
lemand.    Lentzbourg ,  Froutïgue  &  k 
le         Sibetbal  ne  vouloient  point  ' 
la  recevoir*  (a)  Les  fujers  desMo- 

naftérsa 


2  32  Hiftoire  de  la  Kéformation 

Ï  528.  naftéres  ne  fe  contenaient  pas  de 
Troubles  l'abolition  des  abus  &  des  fupers- 
Canton  t*t*ons  >   ^s  vouloient  encore  être 
de  Berne  affranchis  des  Dîmes  &  des  Cen- 
au  fujet  fes  *.    Ceux  d5  Interlaken  ,  &  des 
^lja     lieux  voifins  de   Berne  ,  parurent 
gion.     les  P1US  animez.  Frouùgue  avoit  re- 
noncé d'abord  à  la  Méfie  ,  &  aboli 
les  Images  :  mais  irritez  de  fe  voir 
obligez  de  payer  les  dîmes  &  les 
cenfes  comme  auparavant,  ils  réta- 
blirent la  Meffe,  Les  Seigneurs  de 
^edes  ^erne  *eur  envoyétent  des  Députez, 
Veplte^  le*27,  May.  (a)  pour  les  exhorter 
pour  Jes  à  revenir  à  la  Réformation  ,  &  à 
appaifer  ne  pas  fe  lajffer  féduire  de  nou- 
veau.    La   Commune  à'Adelbode 
n'avoit  point  voulu  entendre  par- 
ler de  changemens  de  Religion.  Les 
Députez  eurent  ordre    d'y  aller, 
d'affembler  ces  gens-là,  &  de  leur 
dire  \  Que  s'ils  ne  vouloient  pas 
quitter  la  Meffe,  qu'ils  permirent 
du  moins  qu'on  leur  envoyât  un 
habile  Miniftre  pour  les  inftruire. 
Trou-     Ceux  & Interlacken  ,  indignez  de 
Mes      la  cefiion  que  les  Religieux  avoienc 
à'intcr-  £a-te  ^  ]ur  Couvent  aux  Seigneurs 
Lacken.     .     _  ,  _  , 

de  Berne  ,  envoyèrent  une  Dépura- 

don. 


*  Stctthr  Ii.7.    (a)  \nih.  A.  14^. 


de  la  Suffi.  Liv.  V.     2  33 

tion  à  Berne,  *  pour  demander  152S. 
d'être  affranchis  de  toutes  leurs  re- 
devances envers  cette  maifon.  Et 
comme  on  ne  leur  répondit  pas  d'a- 
bord à  leur  gré  >  ils  fe  mutinèrent, 
&  menacèrent  de  s'affranchir  eux- 
mêmes.  On  y  envoya  un  Con- 
seiller de  Berne  pour  leur  remontrer 
leur  devoir?  accompagné  du  nou- 
veau Baiiiif  d'Interlacken  >  Se  de 
l'Avoyer  d'Underfevven.  Mais  les 
payfans  >  irritez  de  voir  qu'on  ne 
leur  donnoit  que  des  paroles  , 
voulant  fe  faire  juftice  à  eux-mê- 
mes, fe  jettérent  en  armes  fur  le 
Couvent  d'Interlacken  ,  avec  une 
telle  furie ,  que  ces  trois  Magiftrats 
eurent  de  la  peine  à  fe  fauver  d'en- 
tre leurs  mains.  L'Avoyer  d'Erlacb 
y  accourut  avec  des  Députez  du 
confeil  deTIjoune-,  mais  il  ne  trouva 
pas  plus  de  refpecT:  &  de  foûmiflion 
que  les  autres.  Ils  chafférenr  auflî 
leur  Miniftre  ,  qui  fut  obligé  de 
s'enfuir  dans  les  Alpes  ;  &  ils  ap- 
pelèrent à  leur  fecours  leurs  voi- 
fins  du  Canton  d'Undervvald  ,  qui 
leur  envoyèrent  deux  Députez,  pour 
examiner  l'état  des  affaires.  Ces 

mêmes 

*  StetL  7.  b.  Ilotting.  41 


2  34  Hijioire  de  la  Réformation 

1  528.  mêmes  Payfans  fe  jetterent  dans  la 
Troubles  ville  de  Thoune  ,   au  nombre  d'en- 
dans  le  viron  mille  hommes,    réfolus  de 
^Berne  Portcr  ^eurs  armes  jufqu  à  Berne  > 
au  fujet  mais  le  Bourgeoifie  de  Thoune,  fidèle 
^!a.    à  fon  Souverain  3  ne  voulut  pas  les 
e  lZl0n"  laiffer  paffer,  &  quoiqu'ils  fuflent 
fecourus  par  un  parti  de  ceux  du 
pays  de  Hxfle>  cependant  ils  ne  pu- 
rent rien  *  faire  ,  &  ils  renvoyè- 
rent les  Députez  .d'Undervvald. 
Ceux  du  Bas-Sibentbal ,   de  Tboune, 
d'Underfcvven  &  d'Unfpurwen ,  &C. 
s'oppoférent  vivement  à  eux>  tel- 
lement qu'ils  fe  virent  contrains 
d'accepter  une  Trêve.  On  y  envoya 
deux  +  Députez  ,  qui  >  appuyez 
des  fujets  fidèles  ,  des  lieux  que  je 
viens  de  nommer,  engagèrent  les 
rebelles  à  rentrer  dans  leur  devoir, 
en  leur  promettant  leur  grâce  de  la 
part  du  Souverain  ;  ce  qui  fe  fit  le 
Trou.  2 5-  Avril  &  Ton  convint  que  l'on 
lies  Cal-  on  éxamineroit  amiablement  leurs 
mez*     prétentions,  dans  une  journée  par- 
ticulière >  qui  fut  marquée  au  4. 
May  fuivant. 

Comme 


*  StctI.S.  a. 

t  Savoir,  H.'tpfcbc  Thriïoneï  3  &z  nïU 
Uiling  Banderec. 


deUSuifc.  Lîv.  V.  235 

Comme   cette  affaire    étoit  de  152 
grande  conféquence  ,  les  Bernois  Berne 
prirent  toutes  les  mefures  pofilbles 
pour  leur  fureté.     Ils  firent  faire 
bonne  garde  par  tout  *,  appelèrent 
leurs  alliez  de  Fribourg,  de  Soieurre> 
de  Bienne  &  de   Laufanne ,  à  leur 
fecours  ;  rirent  exhorter  leurs  fujets 
à  la  fidélité  j  kur  firent  demander 
leurs  fentimens  fur  cette  affaire,  ÔC 
leur   ordonnèrent   d'envoyer  des 
Députez  de  chaque  Balliage ,  pour 
affilier  à  cette  Conférence.  Les  fen- 
timens des  fujers  furent  partagez  ; 
mais  cependant  le  plus  grand  nom- 
bre fe  trouva  difpofé  à  garder  la  fi- 
délité à  leur  Souverain.    Le  jour 
étant  venu  ,  l'Avoyer  (a)  de  Berne 
reprocha  aux  payfans  d'Interlacken 
leur  rébellion  ,  bc  fit  lire  les  Arti- 
cles de  leurs  plaintes:  On  les  éxa- 
mina  3  les  Magiftrats  y  répondirent 
pour  foûtenir  leurs  Droits,  cepen- 
dant en  ufant   de    modération  à 
leur  égard ,  &  leur  cédant  quelque 
chofe.    Les  Députez  du  pays,  qui 
étoient    là  comme  arbitres  entre 
leur  Souverain  &  les  rebelles  d'In- 
teriacken  >  ayant   éxaminé  les  rai- 

fons 

M  Stetl.  8.  b. 


2  36  Hijloire  de  la  Réformât  ion 
1  528.  fons  de  part  &  d'autre  ,  pronon- 
îronovi-  cerent  unanimement  de  la  manière 
fui  vante:   10.  „  Que  la  ville  de 
jets  non  »  Berne    demeûreroit  en  paifible 
intêref-  „  poffelTion  de  tous  fes  droits,  &c. 
^e2,       5>  &  Q£ eux, comme  fidèles  fujets, 
M  y  maintiendroient  leur  Souve- 
„  rain.  20.        ceux  d'înterlacken 
>,  6c  leurs  adhérans   rendroient  à 
leurs  Seigneurs  de  Berne  l'obéïf- 
»  fance  qu'ils  leur  doivent,  &  leur 
?,  payeroient  les  dîmes  &  les  Cen- 
les  :  50.  Que  pour  ce  qui  regarde 
leurs  autres  griefs  ,  on  envoye- 
3,  roit  àlnterlacken  même  une  Dé- 
putation  de  la  ville  &  du  Can- 
5,  ton  pour  les   examiner  fur  les 
3,  lieux,&  pour  chercher  les  moyens 
d'accommoder  tout.    40.  Enfin 
Que  le  Souverain ,  à  leur  prière, 
5,  pardonneroit  aux  rebelles  j  avec 
5,  déclaration   que  ,    s'ils  retour- 
5,  noient  en  faute  ,  on  aideroit  fé- 
5,  rieufement  à  les  punir  9  comme 
Traité    5,  ils   le   mériteroient .    La  def- 

mutuel  fus  jes  Seigneurs  (a)  de  Ber- 
entre  le       0   ,        r  P  v .  '  r 

Souve-   ne  &  *curs  '"jets  convinrent  enfem- 

rain   &  ble  ,  tk  fe  promirent  mutuellement 

les  fu-  je  fe  défendre  &  de  fe  maintenir 

Jets'  les 


f»  ld.  9.  a. 


delà  Suffi.  LlV.  V.     2  37 

les  uns  les  autres  dans  la  poiTefllon  \ 
de  leurs  droits  légitimes,  cependant 
fans  préjudice  de  la  Réformation. 
Et  l'on  fît  de  tout  cela  un  Traite 
en  forme,  qui  fut  rédigé  par  écri:, 
&  fcéllé  en  préfence  d'une  Députa- 
tion  de  Zurich.  En  exécution  de 
cette  fentence  on  députa  huit  per- 
sonnes de  Berne,  quatre  du  Petit 
&  quatre  du  grand  Confeil  ,  avec 
un  Député  de  chacune  de  ces  quatre 
villes  ,  Thoune  ,  Baurgdorff  ou  Ber- 
thoul,  Lentzbourg  &  Mdavv,  &  cinq 
autres  du  refte  du  pays.  Les  Dépu- 
tez étant  arrivez  à  Interlacken  le  17. 
May,  examinèrent  avec  beaucoup 
de  patience  les  plaintes  de  ces  gens- 
là  pendant  douze  jours.  Ceux  de 
Gr'mdelvvaîd  étoient  les  plus  roi- 
des  j  8c  vouloient  abfolument  ou 
qu'on  rétablît  la  Méfie  ,  ou  qu'on 
les  affranchît  des  Dîmes  &  des 
Cenfes.  Enfin  l'on  en  vint  à  un  bon 
accommodement  ,  qui  contenoit 
pour  la  plus  grande  partie,  divers 
adouciiTemens  à  ïcg^d  des  dîmes, 
des  cenfes  &  des  autres  droits  ;  de 
plus  une  levée  de  5000.  livres  de 
bien  fonds  en  faveur  des  pauvres, 
8c    la  diftabution  des  aumônes. 

Les 


2  38  Hijloire  de  la  Réformai ion 

î  528«  Les  frais  de  cette  affemblée  tombé- 
TroubUs  rent  fur  les  Moines ,  qui  avoient 
calmez.  poiTecé  Interlacken  &  qi  i  fe  repen- 
tant de  la  démarche  qu'ils  avoient 
faite,  avoient  beaucoup  donné  lieu 
à  ces  troubles.  L'accommodement 
fur  accep'é  ,  &  ratifié  par  le  Con- 
feil  fouverain  de  Berne. 

Relique  ^  y  &yoit  °*ans  M  ^  v°ifina£e> 
de  s.  une  Caverne ,  où  Ton  tenoit  une 
2é*t  en-  têre  ,  qu  on  difoit  erre  la  tête  de  S. 
evehe.  ^at  At  prérendu  Apôtre  du  pays, 
Ceioit  un  lieu  fort  confidérable 
chez  les  fuperftitieux,  qui  s'y  ren- 
doient  de  tous  cotez  en  pélérinage. 
Comme  Ton  fut  ,  qu'un  certain 
Prêtre  avoit  entrepris  d'enlever 
cette  tête  ,  pour  l'emporter  dans 
quelque  ville  Ca  holique  ,  les  Ber- 
nois 3  pour  prévenir  les  abus  qui 
pouvoient  s'en  enfuivre,  y  envo- 
yèrent trois  Députez  ,  qui  la  firent 
enlever  le  1 8-  May  ,  &  la  firent  en- 
fevélir  honorablement  dans  le  Cou- 
vent d'Interlack  n.  Nonobftant  cette 
expédition  ,  Ton  a  vu  ,  dans  ces 
derniers  tems  5  un  Ecrivain  SuilTe 
Catholique,  *  qui  n'a  pas  fait  dif- 
ficulté 


(/î)  Stetl.ZJ,  a. 

*  Murer,  Helvetia  Sacra. 


de  U  Suffi  Liv.  V.  239 

ficulté  d'écrire,  que   dans  ce  tems  I  $2£* 
là  un  Catholique   du    voifinage  ,  Relique 
prévenant  la  diligence  des  Bemoi  ,  c;e  s* 
avoit  porté  cet:e  tête  dans  fa  mai-  rkYé]je.  ' 
fon,  &  que  2(5.  ans  après,  c Mt-à- 
dire,  l'an  1554.  il  avoit  découvert 
ce  précieux  thiéfor  à  un  Seîgneut 
de  Lucerne  ,  en  l'aiTurant  par  fer- 
ment ,  que   c'etoit  là  la  véritable 
rélique  de  S.  Beat  :  &  qi  e  c'tft  par 
ce   moyen  qu'on   la    poflede  au- 
joiud'hui  à  Lucerne  9  dans  laGrande 
Egliff  de  S.  Léger.    U  faut  a\  ouer 
que  la  foi  des  Catholiques  a  des 
fondemens    admirables  ,    Se  qu'ils 
ont,  pour  foûtenir    leurs  faintes 
décou\ ertt-s  ,  Se  le  culte    de  leur 
Peuple  ,  des   preuves  auxquelles 
il  n'y  a  rien  à  répliquer. 
Les  troubles  d'Intcrl  ken  étoient  à  Autres 

/  \     1  ,  trouble'^ 

peine  calmez,  qu  on  en  vit  d au- 
tres dans  les  Balliages  de  Nidavv  > 
de  Frienisherg  ,  Se  de  Serîitr.  Dans 
le  prérr.ier,  les  Payfans  fe  jettérenc 
fur  le  Couvent  de  Gottfiatt  ,  Se  le 
pillèrent  ;  ceux  de  la  Juridiction  de 
ZoUickhofen  en  firent  autant  au  Mo- 
nafté/e  de  Fr'uri'tsberg  ,  qu'on  avoit 
érigé  en  Ealliage.  Les  uns  &  les 

au- 


240  Hijîoire  de  la  Réformât  ion 

2  autres  demandoient  le  même  affran* 

7         chiffement  que  ceux  d'Interlacken  ; 

/filtres 

troubles.  Les  Villes  de  Berne  de  de  Bienne 
envoyèrent  dans  ces  deux  Monas- 
tères des  Députez  ,  qui  rirent  ren- 
trer les  mutins  dans  leur  devoir. 
Ceux  du  Gouvernement  d'Aivlc 
continuèrent  aufTi  leur  mutinerie  > 
quoi-que  avec  moins  d'éclat.  Mais 
le  nouveau  Gouverneur  qu'on  leur 
donna  3  Rodolf  Naigheli  ,  fit  fi 
bien  par  fa  prudence  ,  qu'il  calma 
tout. 

Ceux  du  Haut-Sibetbal  perfiité- 
rent  dans  leur  réfolution  ,  de  ne 
point  renoncer  à  la  Meffe ,  &  chaf- 
férent  le  Miniflre  qu'on  leur  avoit 
donné.  Autant  en  firent  ceux  de 
Frouùgue  ,  qui  pillèrent  la  Maifon 
de  Hean  Huiler  leur  Miniilre(^) ,  & 
le  mal-traitérent  tellement  en  fa  per- 
forme ,  que  le  pauvre  homme  dé- 
goûté d'habiter  parmi  de  femblables 
gens  ,  prh  le  parti  de  demander  fon 
congé  >  &  de  fe  retirer  à  Zurich?  où 
on  lui  donna  TEglife  de  Bulacb,  Il 
eut  un  fils  nommé  auiTi  Jean,  qui 
fut  appelle  pour  être  Miniftrc  à  Ber- 
ne Tan  1 547« 

Il.Pen- 

(*)  Id.  io.  au 


Je  la  Suiffe.  Lî  v.    V.  241 

Iï.  Pendant  tous  ces  troubles,  Q 
les  Bernois  ne  ceiïérent  point  de  tra_^r  /^ef  * 
vailler  à  leur  Réformation.   Et  çf  a-  m-e  ton- 
bord  ,   pour  tranfmettre  à  la  pofté-  dée  à 
rué  un  fi  précieux  avantage  j  pour  b^ne. 
avoir  un  Séminaire  de  bons  Paf- 
teurs  ,  ils  fondèrent  une  Académie, 
&  un  Grand  Collège.    Et  comme 
dans  tout  ce  grand  nombre  u'Ecclé- 
fiaftiques  ,  qu'ils  avoient  dans  leur 
Ville,  il  ne  s'ei  trouvoit  pas  un 
feul  qui  fûc  capable  d'enfeigner  les 
Langues  Hébraïque  &  G;ecque,  (a) 
ils  écrivirent  à  leurs  Alliez  de  Zu-  . 
rich  (le  12.  Février,  )  pour  leur 
demander  Sêbaftien  Hoffmeifter  ,  & 
Gafpur  Grofîvun  ,   qui  tournant  Ton 
nom  en  Grec  ,   fe  faiToit  appeller 
Megander.    Outre  ces   deux  Doc- 
teurs >   qui   dévoient  enfeigner  la 
Théologie  ,  on  fit  venir  du  même 
Canton  un  jeune  Savant  nommé  Jean 
Rbt'llicanuî ,  pour  enfeigner  le*  Lan- 
gues Saintes.  Grojfman  ou  Megander 
fur  tout  à  la  fois  Miniftre  &:  Pro- 
fe fleur  en  Théologie.    Il  demeura 
ians  Berne  jiifqu'à  F  n  1538.  qu'il 
[etourna  à-  Zurich.    Hojfwdftcr  fut 
ians  la   fuite  Miniftre  à  Zoflingue. 
Tom.  IL  L  Lors 

{a)  LntharU  T.  1.  p.  i?o-  Hottlng.  414. 


242  Hijloire  de  U  Réformation 

Lorfqu  il  fut  arrivé  à  Berne  ,  dans 
152  8 .  ie  tems  dont  je  parle,  il  écrivit  à 
mie  (on-  es  amis»letât  ou  il  avoit  trouve 
déeà     TEglife  de  cette  Ville-là,  &  il  leur 
Beb.ne.  en  parloit  en  ces  termes  j  //  me  fem- 
ble  que  le  Peuple  de  Berne  neft  pas  fi 
corrompu  que  nos  Zuricois.  Car  on  voie 
dans  leur  habillement  l'ancienne  fimpli- 
cité  Suifie.    Je  fouhaiterois  que  vous 
fuffiez  >  avec  quelle  diligence  ,  avec 
quelle  dévotion  3  non-feulement  le  Peu- 
ple ,  mais  aujfi  les  Seigneurs ,  vont  a 
la  S.  Céne.   Je  nen  (ai  aucun  >  qui  [oit 
demeuré  en  arriére  :  De  forte  que  fefpé- 
re  ,  que  ceux  qui  jufquià  fe  Jont  oppo- 
fez  a  l'Evangile  ,  pourront  être  ga- 
gnez. 

On  oblervoit  encore  à  Berne  à 

Edit  Peu  Pr^s  toutes  ^es  Fêtes  de  l'Eglife 
fur  les  Romaine.  Les  Magiftrats  publièrent 
Fêtes*  (le  21.  Juin)  un  Edit  fur  cette 
matière  ,  Se  reduifirent  les  Fêtes  à 
un  nombre ,  qui  leur  parut  petit  , 
en  comparaifon  de  l'ancienne  prati- 
que. Cet  Edit  portoit  défenle  de 
chommer  d'autres  Fêtes ,  que  les 
fuivantes  j  lavoir  ,  xo.  les  Diman- 
ches. 20.  Les  jours  des  SS.  apôtres. 
30.  Noël.  4°.  &  Etienne.  50.  Le 
Nouvel  An,  6°.  Les  Rois.  70.  La 


de  la  Suijje.  Ll  v.  V.  243 

Fête  de  S.  Vincent ,  Patron  de  la  Vil- 
le. 8°-  la  Chandeleur,  po.  \Annoncia-  I  Ç  2  S. 
tion.  io°-  Piques,  no.  Le  Lundi  d*  furE^xsT 
Pâques.  120.  UAfcenfion.  130.  La 
Pentecôte.  14.0,  Le  Z,#«^j  i3^- 
tecote.  150.  Les  D/a;  m///?  Chevaliers, 
qu'on  chommeroit  jufqu'après  le  Ser- 
mon* itfo.  &  JeanBâtifle.  lyO.VAf- 
fomption  delà  S.  Vierge  ,  &  18°.  la 
Touffaint  >  en  tout  26.  Fêtes ,  (outre 
les  Dimanches  3  )  dans  lefquelles  on 
devoit  chommer  :  cependant  avec 
cette  referve  ,  Que  les  Miniftres 
pourroient  permettre  le  travail  à 
leurs  Paroifïiens  ,  fur-tout  en  Eté  > 
pour  recueillir  les  fruits  de  la  Terre, 
lorfquon  en  verroit  une  néceiTité  * 
indifpenfable. 

Dans  le  même  Edit  >  ils  défen- 
dirent de  prêter  Serment  au  nom  des 
Saints  5  voulant  qu'on  ne  le  fit  qu'au 
nom  de  Dieu  feul. 

La  Semaine  fuivante  ,  ils  plublié-  Autre 
rent  encore  (  le  28.  Juin)  un  nou-EDiT 
vel  Edit  de  Réformation  ,  t  con- COlltre 
tre  les  Images  &  la  Méfie.  10.  l\sfess  g£ 
y  ordonnoient  d'abbattre  &  debri- Meje. 
fer  toutes  les  Images  ,  &  de  démo- 
li %  lit 


*  B.  Arch.  Mand.  p.  If. 
1  ibid.  p.  16. 


244  Hifîoire  de  la  déformation 

2~  lir  les  Autels  ,  foit  dans  les  Eglifes, 

Au cre  ^0lZ  ^ans  ^es  ^a^r°ns'  2°#  Comme 
Edit  divers  Prêtres  >  tant  du  pays ,  qu'E- 
contre  trangers  ,  s'ingeroient  de  dire  la 
les  ima-  ]y|e[fe  dans  ]es  lieux  où  elle  étoit 
ges  &  la    ,    , .  j  ,  . 

Me(fe%     abolie  y  on  y  déclarait  ,  qu  on  ne 

leur  accorderoit  aucune  protection; 
on  ordonnoit  même  de  les  pourfui- 
vre  ouvertement,  les  Baillifs  &  les 
autres  Officiers  Civils  croient  char- 
gez de  veiller  fur  eux  3  de  les  fai* 
fîr  3  tout  autant  qu'ils  en  pourroient 
attraper  &  de  donner  avis  de  leur 
détention  au  Souverain.  On  devoit 
traiter  de  la  même  manière  tous  ceux 
qui  parieroientinjurieufement  contre 
les  Seigneurs  de  Berne.  (  Les  Catho- 
liques >  tant  du  Canton  que  du  voi- 
finage  ,  déclamoient  horriblement 
contre  ces  Seigneurs.  )  Enfin  fi  ces 
Calomniateurs  ,  après  une  telle  pu- 
nition, ne  le  corrigeoient  pas,  il  étoit 
permis  à  chacun  de  les  maltraiter 
en  leurs  perfonnes  *  .  comme  des 
gens  dévouez  à  la  vengeance  pu- 
blique. On  ordonnoit  en  même  rems 
de  punir  tous  ceux  ,  qui  foûte- 
noient  ces  Piètres  it£V.3c"Uiies  ,  ou 
qui  leur  donnoiçnt  retraite.  A  l'é- 
gard 

Dcm  Vogcl  im  Lufft  erlmbt  fcyn. 


de  la  Suffi.  Liv.  V.  24S 
gard  des  Prêtres  ,  qui  étoient  enco- 
re foibles  en  la  foi  ,   Zuïngle  pria  !^ 
qu'on    ufât  de    patience     envers  ^RNE* 
eux.  f 

La  foi  n'eft.  pas  de  tous.  La  Ré- 
formation n'avoit  pas  été  égale- 
ment goû  ée  par  tous  les  Bourgeois 
&  les  Sujets  de  Berne.  Il  y  avoir 
encore  des  gens  ,  qui  alloient  en* 
tenire  la  MeiTe  dans  le  voifinage. 
Cela  f.:t  défendu  par  un  nouvel  E- 
dit  3  [le  22.  Décembre  ]  fous  pei- 
ne de  dépofition  pour  les  gens  d'Of- 
fice ,  &  de  punition  arbitraire  pour 
les  particuliers.  4- 

Mais  la  Réformation  de  la  Doc- 
trine &  du  Culte  religieux  eft  i nu- infer- 
tile fans  celle  des  mœurs  :  G'eft  ce  mation 
que  les  Bernois  comprirent  parfai-  ^c^urs 
tement  bien.    Ils  détruifirent  toutes  ' 
(a)  les  Maifons  de  débauche  qu'il  y 
avoit  dans  leur  Ville  ,  6c  la  purgè- 
rent des  femmes  de  mauvaife  vie , 
qui  y  étoient  auparavant  en  fi  grand 
nombre,  qu'elles  remplifloient  une 
ruë  entière ,  &  ils  les  chaiférent  tou- 
tes.   En  même  tems  ils  établirent 
L  3  un 

■f  Hotting.  4tç. 

4-  B.  Mandat,  p.  17. 

[*»]  Lathard  178,  b.  &fuiv.  Hottlng. 414. 
415. 


246  Hijloire  de  la  déformation 

un  Consistoire  ,  pour  veiller  fur 
ï)2ô.  jes  mœurs  du  Troupeau  ,  &  pour 
EtabHf-  exeicer  la  Difcipline  Eccléfiaftique. 
fement   Les  premiers  5  qui  compofércnt  cet- 
àunCon.  te  Compagnie,  furent   les  deux 
J>/to>re.    pafteurs  de  i  Eglife ,  HaUer  &  Grof 

man  ,  &  trois  Seigneurs  de  l'Etat  > 
Antoine  MU ,  Théobald  UErlach  & 
Guillaume  Schvvander.  On  donna  en 
même  tems  à  ce  nouveau  Tribunal, 
le  pouvoir  de  juger  les  caufes  d'U- 
fure  &  de  Mariage.  Ils  permirent 
auflî  à  chacun  de  reprendre  les  do- 
nations &  les  fondations  qu'on 
avoit  faites  ,  pour  des  Ufages  fu- 
perftitieux ,  pour  des  luminaires  > 
des  anniveriaires  >  &c.  jufqu'à  la 
3e.  générarion  j  mais  non  pas  ce 
qui  avoit  été  donné  aux  Eglifès  9 
pour  y  entretenir  des  Pafteurs  ,  & 
pour  y  faire  prêcher  laParole  deDieu. 
Le  Confiftoire  fut  chargé  de  régler 
les  dinicultez ,  qui  pourroient  fur- 
venir  à  ce  fujet  entre  les  particu- 
liers. Il  y  eut  plus  de  8oo.  perfon- 
nes  >  qui  reprirent  ce  qui  avoit  été 
donné  >  ou  par  eux  ou  par  leurs 
Pérès  &  Mères  >  ou  par  leurs 
Grand-péres  &  Grand- mères  ;  fans 
compter  les  familles  les  plus  No- 
bles 


de  la  Suife.Llv.  V.  247 

bles  ,  auxquelles  on  reftitua  les  ren- 
tes de  leurs  Chapelles  ,  avec  les 
Vafes  fie  les  ornemens  facrez.  Le 
refte  fut  employé  à  de  bons  ufages, 
au  fervice  de  l'Eglife  >  de  à  l'entre- 
tien des  Pauvres. 

Pendant  qu'ils  fe  réformoient  eux- 
mêmes  >  ils  eurent  aufll  foin  des  E- 
glifes  de  leur  Canton.  Une  perfon- 
ne  de  (a)  l'Etat  fut  envoyée  fecret- 
tement  >  ÔC  incognito ,  par  tout  le 
pays ,  pour  vifiter  les  Eglifes  3  &C 
éxaminer  la  capacité  Se  la  conduite 
des  Pafteurs.  Enfuite  on  affembla 
toutes  les  Clafles  ou  Chapitres  3  les 
unes  après  les  autres  >  &  Ton  fit 
Téxamen  de  tous  les  Miniftres,  qui 
les  compofoienr.  Cet  ufage  s'eft 
confervé  jufqu'à  préfent  5  mais  ce 
qui  dans  le  commencement,  fe  faifoit 
dans  une  vue  férieufe  de  remédier 
aux  maux  d'une  Eglifè,  a  dégénéré 
à  peu-près  en  fimple  formalité.  Et 
comme  par  le  grand  Edit  de  Réfor- 
mation ,  l'on  avoit  défendu  à  tous 
les  Pafteurs  des  frontières  5  qui  jus- 
qu'alors avoient  été  membres  de 
quelque  Chapitre  des  pays  Etran- 
gers 3  de  s'y'  rendre  à  l'avenir  >  &c 
L  4  de 

(.1)  Hotting.  414. 


M28 

Ber\f. 

Etablif 
femcnt 
d'un 
Con- 
jîftoîre. 


Abr  li- 

tion  des 
Services 
Etran- 
gers. 


248  Hiftoire  de  la  Reformatiez 

de  les  reconnoître  ,  leur  ordonnant 
au  contraire  de  fe  joindre  aux  Cha- 
pitres  du  pays ,  les  plus  proches  ; 
les  (a)  Miniftres  des  Bailliages  de 
Nid  au  ,  d*  Aibtrg  &  de  Snlier  ou 
Erlacb ,  qui  dépendoient  aupara- 
vant ,  les  uns  du  Chapitre  de  «S*. 
Àislr  ,  &  les  autres  de  celui 
v  riche  ,  formèrent  entr'eux  une 
ClaiTe  à  part ,  8c  élurent  pour  leur 
Doyen  Jean  Bertschi  ,  Minière 
de  Walperfvvyh  ce  qui  fut  approu- 
vé de  LL.  EÉ.  le  16  Avril. 

L'ab<  iition  des  Services  Etranges 
Se  des  Penfor.s  ne  fut  pas  l'un  des 
moins  beaux  endroits  de  la  Réfor- 
mation de  Berne  \  mais  elle  Tauroit 
été  encore  plus,fi  on  l'eut  confervée. 
Piufîeurs  perfonnes  pieufes  la  folli- 
citoient  avec  chaleur.  Cependant 
pour  ne  rien  précipiter  dans  une  af- 
faire de  cette  importance  >  les  Sei- 
gneurs jugèrent  à  propos  ,  de  pren- 
dre là-defîus,  les  avis  de  toutes 
les  Communautez  de  leur  pays.  La 
pluralité  l'emporta  de  beaucoup  en 
faveur  de  cette  abolition.  Les  Sei- 
gneurs y  donnèrent  les  mains  ?  Se 
publié) ent    le  24.  Août,  un  Edic 

pro- 

[«]  Arch.  Mer»,  Ht  29?.  b». 


,dcU  Suif}}.  Liv.  V.  249 

provifionnel,  pour  défendre  cette  iç.2g. 
pratique,  en  attendant  un  Edit  com-  Berne. 
plet  {a).  L'année  (ûiVante  pour  com- 
mencer par  eux-mêmes  ,  Se  pour 
donner  bon  exemple  à  leurs  Sujets, 
tous  les  Seigneurs  de  l'Etat,  depuis 
le  premier  jufqu'au  dernier ,  aflem- 
blez  en  Confeil  Souverain,  piêté- 
rent  Serment  de  renoncer  à  toute 
penfion  de  Princes  Etrangers  ,  Se 
à  leur  fervice  ;  Se  ils  en  donnèrent 
avis  à  leurs  Sujers  (ù)  ,  le  21.  Sep- 
tembre 152p.  Enfin  l'on  publia  FE- 
dit  projette  (r)  pour  cette  Réforme. 
On  y  dit ,  D'autant  que  les  dons  & 
les  penfions  des  Princes  &  Potentats  > 
de  la  manière  qu'on  les  a  pris  jufqux 
préfent  (  fâvoir,  aux  dépens  de  ion 
fan  g  Se  du  fang  d'autrui ,  )  à1  ïiu- 
rérèt  particulier  ,  [ont  les  plus  grandis 
abominations  devant  Dieu  ,  qui  aveu- 
glent &  fafetnent  *  entièrement  les 
coeurs  des  hommes  ,  en  forte  que  par-là  *  y 
tous  les  Confeils  &  les  jugements  dé-  Mander* 
viennent  fufpecis ,  &  l'on  ne  fe  fie  plus 
a,  ceux  qui  en  font  entachez  ,  parti- 
culièrement à  la  Afjçjft rature  :  Et 
j,  Que  déplus  on  à  vu  par-la  de  puif- 
L  5  fars 

(  a)    Mandat  B.  p.  170» 
U')  Htmèm  B.  p.  :^x. 
(0  Ib.  p.  172», 


2J0  Hifloïre  de  la  déformation 
I  5?g.  >,  fans  Royaumes,  Villes  &  Pays 
Berne.  »,  ruinez,  comme  t  Rome  tk  d'au- 
Aboli-  ?  tres  puiiTantes  Villes  ;  A  ces  c a u- 
tion  des  n  • 

Services  "  SES  5  Pour  éloigner  tous  ces  maux, 

Etran-  >>  &  conferver  nos  villes  ,  nos  ter- 
gers..  99  res  &  nos  Sujers  ,  dans  un  état 
5,  paifible,  tranquille  ,  &  Chiêtien, 
»  en  confédération  des  maux  ,  des 
p  pertes  &  des  médiïànces  ,  qu'on 
,j  avoit  effuyées  par  le  parlé  >  ou 
5,  nôtre  honneur  avoit  été  attaqué  > 
3>&  afin  que  nous  puifîlons  éviter 
5,  la  colère  de  Dieu  ,  nous  avons  re- 
„  çu  8c  arrêté  l'Ordonnance  fui- 
fEwig.  ,j  vante  &  +  perpétuelle  ,  &  nous 
„  avons  juré  à  Dieu  de  la  garder  à 
,3  perpétuïré. 

„  Premièrement ,  comme  il  eft  rai- 
53  fonnable  que  celui  qui  fait  la  Loi 
3,  s'y  foûmette  le  prémier  >  &  l'ob~ 
53  fei  ve  dans  fa  conduite  >  auffi  eft- 
3>  ce  entière  volonté ,  Que  nous 

w  &  nos  defeendans  renoncions  en- 
V  tiêrement  à  toutes  fortes  de  Dons> 
33  Préfens ,  Loyers  &  Penfions  de 
wtous  Princes  ôcSeigneurs  Etrangers: 

Dé- 

t  Rome  avoit  été  prife  &  pillée  l'an 
152.7.  par  l'armée  Impériale  ,  comman- 
dée par  un  Général  François  ,  &  compo* 
fée  d'Efpagnols  &  d'Allemands,.  Sur  quoi* 
Voyez,  Sletdan,  Liv.  VL 


de  la  Suiffe.  Liv.  V.  2  51 
?,  Défendons  à  tous  nos  Bourgeois  ij2g. 
„  ou  Habitans  de  Berne  ,  &  géné"  Berne, 
3,  ralement  à  tous  nos  Sujets  &  Ha- 
33  birans  de  nos  terres  ,  de  quelque 
„  condition  qu'ils  puifl'ent  être ,  de 
3,  prendre  ou  recevoir  aucun  argent 
,5  ni  autre  prefent5  de  quelque  Prin- 
33  ce  ou  Seigneur  que  ce  foit  5  de 
,3  quelque  manière  que  ce  foit  >  ou 
33  par  don  de  préfent  5  ou  par  pro- 
33  merTe  pour  l'avenir  ,  ni  médiate- 
,3  ment  ni  immédiatement. 

3,  Que  ni  la  Ville  de  Berne  5  ni 
,3  aucune  autre  Ville  ou  Communau- 
33  té  ,  ni  aucun  Particulier^  ne  pren- 
33  dra  abfolument  rien  ^  Excepté 
53  feulement  ce  qui  étoit  conforme 
3,  au  Traité  de  la  paix  générale 
?3  de  la  SuirTc  5  (  Landsfrid  )  &  aux 
3>  autres  Traitez  précédents  >  favoir> 
0)  i°.  la  Penfioa  qui  eft  due  au 

Thréfor  public  de  la  Ville  de 
3J  Berne  >  pour  caufe  de  la  paix 
5,  co.icluë  à  Fribourg  ,   entre  la 

France  &  la  SuirTc.  20.  Celle 
33  qui  revenoit  de  l'union  hérédi- 
3,  taire  avec  l'Autriche  Se  la  Bcur- 
i-igogne*  30,  Enfin  celle  qui  reve- 
?J  noit  des  anciennes  Alliances  de  la 
»  Ville  de  Berne  avec  la  Maifon 

L  d  de 


2  52  Hijlôire  de  la  R.éfcY?natio}i 

I5'28."  ^e  $avoye  *  toute  autre  penfion 
Berne.  »  excluë.  ■ 

Aboli-  NB.  L'article  de  cette  dernière 
tio:ides       fion    fuc    fcyé  le  Tuiiiec 

Etran-  1 544--  If  ne  faut  pas  oublier,  que 
gers.  déjà  dès  Je  24.  Avril  152  à.  ife 
donnèrent  (a)  charge  à- leurs  Dé- 
*  putez  pour  la  Diète  affembiée  à  £/t-j 
w»e  ,  d'exhorter  fortement  tous 
les  Cantons  ,  à  renoncer  à  toutes 
les  pendons  Etrangères  ,  en  leur 
remontrant  les  dangers  t ,  lès  maux: 
8c  le  déshonneur  >  qui  leur  en  re- 
venoient.  J'ay  raporté  tout  de  fui- 
te ce  qui  regardoit  cette  grande  af- 
faire s  pour  n'être  pas  obligé  d'y 
revenir. 

Les  Bernois  ne  fe  contentèrent 
pas  de  fai^e  la  Loy.  Ils  l'cbfir- 
vérenr.  Car  comme  il  arriva  qu'en- 
viron le  mois  d'Août ,  le  Roi  de 
France  demanda  6000,  hommes 
aux  Cantons  enfemble  ,  les  Bernois 
lui  refuférent  leur  quote-part,  ré- 
pondant qu'ils  s'étoient  liez  &  en- 
gagez avec  leurs  Sujets  ,  de  renon- 
cer à  toutes  penfions  >  6c  guer- 
res 

(a)  Bern.  Inftr.  A.  n6. 
t  Schand  und  Schaden  derhnlb  emftètn* 
d*»*  uné  Kwh  f'ùrer  t*>h  hforgtn  fn. 


de  la  Suiffc.  L I  v.   V,  253 

res  étrangères  ,  &  que  *  ce  n'etoit  1528» 
pas  une  cbofe  qui  leur  convint  ,  cIcBerne-, 
donner  à  préfent  des  troupes  au 
Roy.   Ils  lui  en  refuférent  (  a)  en- 
core une  féconde  fois,  le  26.  Sep- 
tembre. 

III.  La  Réformation  des  Bernois  progrés- 
eut  de  grandes  Se  d'heureufes  iftldelàW- 
fluences  fur  divers  autres  Etats  de-^."**' 
la  Suuie  :  En  particulier  les  Refor-  Glaris 
niez  du  Canton  de  Glaris  prirent  . 
courage  ,  (b)  Se  Fridolin  Brunner>  Pa- 
yeur de  Matt ,  étant  de  retour  de 
Berne  >  on  brifa  quelques  Images 
dans  fon  Eglife.    Il  y  eut  des  gens 
à  Scbvvjtnden  ,  qui  forcèrent  de  nuit 
la  porte  du  Temple ,  en  emportè- 
rent la  plus  grande  partie  des  Ima*. 
ges,  Se  les  jettérent  dans  la  Rivière 
de  la  Lint.    Quelques  jours  après, 
à  l'entrée  du     Caiême    ceux  de 
Matt ,  prirent  aulTi  la  réfolution  de 
brûler  toutes  leurs  Images  :    Se  en 
divers  lieux  le  nombre  des  Réfor- 
mez alloit  en  croiffant.     Les  Ca- 
tholiques ,   irritez  de  ces  change- 
mens,  firent  convoquer  une  alTem- 

blée 

00  Ibid.  p.  2.18.  (l>)  Hotting.  4i<5.  Se  fuiw 

*  Es.wkre  ihncn  nicht  gtiegm,  Iftffo» 
,A*  100.  b„ 


254  Hifloire  de  U  Information 

I$[28.blée  générale  du  pays  pour  le  15V 
Progrès  Mars,  &  obtinrent  en  même  temps 
de  la  fo- un  Traité,   par  lequel  il  fut  dit, 
tion\    QO?  n*  ^es  Eccléfiaftiques ,  ni  les 
Claris,  hahitans  ou  advenaires  n'y  aiîlfte- 
roient  point.    Les  Cantons  Réfor- 
mez &  Catholiques  y  (a)  envoyè- 
rent leurs  Députez ,  châcun  pour 
veiller  aux  Intérêts  de  fa  Religion. 
Dans  cette  affemblée  les  Catholi- 
ques  emportèrent  ,  à  la  pluralité 
de  33.  voix,  Que  l'on  s'en  tiendroit 
à  la  réponfe  que  l'on  avoit  faite 
Lp.^y-   aux  cinq  Cantons,  l'année  précé- 
dente.   Mais  les  Réformez  ne  vou- 
lurent pas  fe  conformer  à  cette  ré- 
folution.     Le  Dimanche  fuivanr, 
ceux  de  la  Paroiffe  d'Elm  brûlèrent 
leurs  Images,  &  ceux  de  Betfcbvvam 
den  en  firent   autant  ,   huit  jours 
après  ,    quinze  jours    avant  Pâ- 
ques. 

Dans  ce  temps-là  le  Canton  de 
Claris  étoit  partagé  en  IX.  Paroif- 
fes.  Celles  d'tlm  &  de  Mm 
étoient  tout  entière  pour  la  Ré- 
formation, à  la  referve  de  5.  ou  6, 
perfonnes.    A  SçhvvAnden  &c  Bttt- 

fcbvvan-  3l 

(  a)  Ceux  de  Berne  eurent  leurs  InitrU;  ï 
(Bons  le  ii.  Mars,  Lillr.  A  p.y5.. 


de  la  Suijje  LlV.  V.     2  55 

fibvvanden  ,  les    deux    Religions  I  528- 
avoient  chacune  un  fort  parti  ,  & 
chacune    un    Pafteur  particulier. 
Dans  les  cinq  autres  Paroiffes,  il 
y  avoit  plufieurs  Réformez  ,  mais 
les   Catholiques  y  étoient  les  plus  . 
puifTans.     Cependant    les  efprits 
étoient   fort   échauffez  de  part  & 
d'autre  ,  &  les  Réformez  ne  pou- 
voient  pas    difllmukr  le  chagrin 
qu'ils  avoient,  de  la  répenfe  qu'on 
avoit  faite  en  dernier  lieu  aux  V9 
Cantons.    Ceft  pourquoi  dans  urt 
Triple  Coufetl ,   artembié  le  Mardi 
après  Pâques,  il  fut  arrêté,  Que 
quiconque  contreviendrok  à  la  ré- 
folurion   contenuë  dans   cette  ré- 
ponfe,  feroit  tenu  pour  un  mal-ho- 
nête  homme.    Les  Réfcrn  ez  pri- 
rent patience  >  en  attendant  raffem- 
blée  géné  aie  ,  qui  devoit  fe  tenir 
le  prémier  Dimanche  de  May.  Elle 
k  tint  à  S.hvvanden>  Se  il  fut  ré- 
folu  que  les  habitars  advenaires 
y  donneroient  kur  fuffage.  Mais 
les  Catholiques  3  ayant  compté  les 
voix  à  l'avance ,  &c  remarqué,  que 
la  pluralité  l'eirporteioit  en  faveur 
de  la  Réformation,  ne  voulurent 
point  i'y  foûmettre  s  &  quand  il 

s'agit 


256  Hijloire  de  la  Kcformation 

T528-  s'agit  d'élire  des  Juges  ,  la  divifion 
ARIS  fut  fi  grande   qu'on  ne  put  point 

fions!  convenir,  &  l'on  fe  fépara  fans  rien 
conclurre.  On  convoqua  donc  une 
autre  afîembiée  générale,  le  Diman- 
che fuivant ,  10e  de  May  ,  &  il  s'y 
trouva  des  Députez  des  autres  Can- 
tons des  deux  Religions.  On  y 
lut  le  livre  des  Loix  fondamentales 
du  pays  ,  &  l'on  prê  a  le  ferment 
ordinaire  d'cbferver  ces  Loix.  Les 
Réformez  demandèrent  qu'on  leur 
permît  d'avoir  des  Pafteurs  Evan- 
geliques.  Les  Catholiques  le  refu- 
férent  ,  fe  feparérent  d'avec  eux  > 
pour  faire  corps  à  part;  &  appuyez 
des  Députez  d'Uri ,  ils  demandè- 
rent qu'on  s'en  tint  à  la  dernière 
réponfe  ,  faite  aux  V.  Cantons,  of- 
frant de  difputer  leur  droit  cen- 
traux devant  les  onze  Cantons  ; 
car  ils  ne  reconnoilfoient  plus  Zu- 
rich pour  Canton.  Mais  les  Réfor- 
mez s'y  oppoféient,  difant  j  >,CVil 
„  falloit  s'en  tenir  à  leurs  Loix 
fondamentales  >  qu'on  venoit  de 
r>  jurer,  lesquelles  donnent  le  poir- 
*  voir  aux  gens  du  pays,  de  ter- 
yy  min?r  les  affaires  à  la  pluralité 
•,,>  des  (uftiagcs.  Ils  ajoutaient,  qu« 

cétoit 


de  La  Suffi.  L I  V.   V.  2  57 

>,  c  étoir  une  affaire  qui  regardoir  f52£, 

„  leur  pays  feul ,  &    nul   autre  ;  Claris 

CVainfi  ils  ne  orétendoient  pas,  Plv^- 
— ,  ,i     r a         r/       m  lions. 
„  qu  elle  rue  ponee  ailleurs,  que 

dans  raff.mblée  du  pays  même} 
>5  &  qu'ils  ne  reconnoirToient  point 
>3  d'aï  tre  juge,,.  Cette  divifion 
dura  long-iems  ,  &:  pendant  tout 
ce  temps-là  il  n'y  eut  dans  le  Can- 
ton, ni  Ccnfeil  d'Etat  ni  Tribunal 
de  Jufiice  ;  parecque  les  Ji-ges  n'é- 
toient  pas  élus  ;  &  que  les  Ca- 
tholiques ne  vouloient  point  affi- 
ler au  Confeil  d'Etat,  jufqu'à  la 
décifîon  de  la  chofe  }  d'autant  plus 
qu'ils  voyoient  que  drns  ce  Con- 
feil  le»  Réformez  é*oient  fupétieurs 
en  nombre.  Les  Cantons  s'aiTem- 
bléient  fouvent  pour  accommoder 
les  parties,  mate  inutilement;  Ce- 
pendant le  nombre  de  s  Réformez 
s'accrut  tellement  dans  le  Bonrg  de 
Glaris ,  Oue-,  vers  le  milieu  d'Octo- 
bre ,  ils  oférent  purger  leurs  Tem- 
ples, d'une  bonne  partie  des  Ima- 
ges qui  s'y  voyoient.  lis  en  jet- 
térent  quelques-unes  dans  la  Litit, 
3c  mutilèrent  les  autres.  Les 
Eglifes  de  Kirchenzen  &  de  Nider- 
Vrncn  fumrent  bien-tot  leur  exem- 
ple 


258  Hiftoirt  de  la  ^formation 

IS28.  pie.  Elm9  Matt  &  Bettfchvvanden 
Glaris  détruifirent  auffi  les  Imagées  >  qui 
étoient  demeurées  de  refte  chez 
eux  j  à  Schvvanden  les  Réformez 
étoient  fupérieurs  en  nombre  aux 
Catholiques  :  cependant  ils  convin- 
rent avec  eux  de  fouffrir  les  Ima- 
ges »  jufqu'à  la  fête  de  Noël ,  dans 
Tefpérance  que  dans  cet  intervalle 
de  tems  la  divifion,  qui  régnoit 
encore  dans  le  pays,fe  termineroit. 
Comme  le  terme  approchoit  ,  &c 
que  les  Réformez  fouffroicnt  beau- 
coup, parceque-  jufqu'alors  on  n'a- 
voit  eu  dans  le  pays  ni  Confeil  ni 
Judicature ,  les  Catholiques  les  ca- 
reflerent  tant,  qu'ils  leur  accordè- 
rent encore  un  mois  de  terme  5  à 
condition  qu'on  laifTeroit  à  leur 
Miniftre  ;  Pierre  Rumelin  >  la  paifî- 
ble  poffeflion  de  la  maifon  de  Cure. 
Mais  Je  lendemain  ,  21.  Décembre» 
les  femmes  s'attroupèrent,  pendant 
que  la  plupart  des  hommes  étoient 
à  Glaris  au  marché  ,  ÔC  brifé  ent 
plufieurs  Images.  Comme  les  Ca- 
tholiques accufoient  le  Miniftre  de 
prêcher  des  menfonges,  il  les  pro- 
voqua à  venir  dans  lEglife  ,  le  2  7. 
Décembre  diiputer  avec  lui.  Mais, 

au 


de  la  Suffi.  Liv.  V.  259 

au  lieu  de  comparoître ,  quelques-  I 
uns  d'cntr'eux  ,  pour  vanger  leurs  Glaris 
Images?  allèrent  autour  du  Tem-  J?lvi- 
ple  avec  le  tambour,  pendant  que  lons* 
les  Réformez    ecoient    affemblez , 
entrèrent  enfuite  dans   la  maifon 
duMiniftre  ,  Se  y  briférent  les  four- 
neaux Se  les  fenêtres.   Les  Réfor- 
mez irritez  d'une  telle  ii  fclence, 
s'en  vangérent  fur  les  Images  8c  les 
Autels,  qu'ils   détruisent  entière- 
ment. Les  Catholiques,  de  leur  côté, 
commirent  divers  défordre?,  Se  au- 
roient  même  rafé  l'Eglife,  fi  l'on 
ne  les  en  avoit  empêché.    Ainfi  fi- 
nit l'année  dans  ce  pnys-Jà. 

Les  choies  fe  parlèrent  un  peUBALEa 
plus  doucement  à  Baie.  La  MelTe 
avoit  été  abolie  dans  l'Eglife  de  S9 
Martin  ,  Se  aux  Auguftins.  Mais 
les  Images  y  étoient  encore,  *  Cinq 
Bourgeois ,  animez  d'un  zélé  outré, 
entrèrent  dans  l'Eglife  de  S.  Mar- 
tin, le  Lundi  de  Pâques  13.  Avril, 
fans  la  permiflion  du  Magiftrat,  Se 
fans  la  participation  d'Oecolampade> 
Pafteur  de  cette  ParoinVlà  ,  Se  en 
enlevèrent  toutes  les  Images.  Ils 

fuient 


*  JVurflif.  Lib.  VIL  C.  20.  Seult.  p.  ra. 
147.  Hottinir.  410, 


26o  Hlfloire  de  la  i\é format  ion 

I  528.  furent  mis  en  piifon.     Mais  cela 
B  a  l  e.  n'empêcha  pas  ,  qu'il  ne  s'en  trou- 
Trou-  vâc  2  a    autres,  qui,  le  Lundi  fui- 

bies   au  £         1        a  >  _,•  • 

fujecc|es  vant ,  tirent  la  même  expédition 

images,   ches  les  Auguftins.  Les  ParoiiTiens 
d'Oecolampade  préfentérent  requêre 
aux;  MaginVats,  pour  la  liberté  de 
ces  priionniers.  Ils  Furent  appuyez 
par  290,.  autres  Bourgeois,  qui  fe 
{oignirent  à  eux.  Le  Conftil  ieur 
ord  Mina  de  fe  rcîi-cr<  n  ais  ils  s'ex- 
euférent  de    fc    faire  »   j  fqu;à  ce 
qu'on  leur  eût  accor  ê  \twx  deman- 
de. Le  Confeil  relS  hâ  les  prifon- 
niers  ,  &:  en  même  tems  donna  or- 
dre )  le  15.  Avril  ,  de  faire  ôter  les 
Images  dans  cinq  Eglife^  ,  à  S.  Afar- 
tin  ,  aux  Auguftins,  à  ï Hôpital,  à  S. 
Léonard     &  aux  Corde  ter  s  j  avec 
défenfe  ex^relTe  de  les  ôrer  dans 
les  aurres  Temples,  ou  d'y  Faire 
aucun  changement,  fous  une  peine 
arbifairej  défenfe  de  s'injurier  les 
uns  les  autres  fous  la  même  peine  > 
enfin  âêfcnfc  d'éxcirer  des  fédùions 
&:  de  faire  des  afTemblèes  tumul- 
tueufes  ;  fous  peine  de  mort.  Mais 
les  B  urgeois  ne  furent  pas  encore 
comensj  parce  qu'on  ne  fâtisfaifoit 
pas  à  la  requête  qu'ils  avoient  pré- 

f;ntée 


de  la  Suifft ?LlV.  V.  26î 

fentée  >  pour  établir  l'union  entre  j  52  8* 
leurs  Prédicateurs.  Zurich  Se  Berne  B  all 
l'ayant  eu  avis  de  cette  divifion3  y,,Trou* 
envoyèrent  des  Députez,    le  H\fuWdes 
Aviil  ,  peur  contribuer  à  y  1  établir  images". 
la  paix.    Ils  leur  donnèrent  ordre 
(a)  en  même  tems  de  Te  plaindre, 
de  ce  qu'on   avoit   permis  à  Bile 
l'impreiTion  des  Libelles  diffamatoi- 
res ,  que  Fabcr   &  Eckius  avoient 
écrits  centre  la  Difpute  de  Berne; 
de  demander  qu'on  impofât  filencc" 
aux  Prédicateurs  ,  qui  ne  tiroîent 
pas  leur  Doctrine  de  la  leule  pa- 
role de  Dieu  ,  &  de  propofer  un 
Traire   mutuel  d'Alliance  particu- 
lière &  de  Combourgecifie  ,  pour 
l&airïtenir   la    Réformation.  Ces 
Députtz  demandèrent  a'être  enten- 
dus devant  le  Grand  &  Souverain 
Confeil.    Mais  comme  les  princi- 
paux Seigneurs  de  l'Etat  étoient  en- 
core bons  Catholiques  ,  craignant 
que  le  Con'eil  Souverain  n'a^icât 
leurs  propofirio-^s ,  &  qu'ainfi  leur 
R'  li^ion  ne  fur  en  danger,  ils  i  en- 
voyérert  honr;ê:emenr  cii  De;  utez, 
fous  piéiexte  qi  e  le  Le:  publiez 
avoient  furH/amn.tnt  remédié   ^1  x 

défor- 

[a)  Brrr  l.Hr.A.  Il£  JlurJïijXc. 


262  Hijloire  de  la  Ré  for  mat  ion 

î528«  défbrdres  des  Prédicateurs.  Envi- 
Bale.  ron  le  même  tems  ,  Oecolampade 
ayant  perdu  fa  Mére,  qui  condui- 
foit  fa  maifon  ,  fe  maria  avec 
une  jeune  Veuve  de  bonne  famille, 
mais  peu  accommodée  de  biens  (4). 
Bîenne  La  ville  de  Bienne  avoit  toujours 
%eré^or'  fuivi  les  traces  des  Bernois,  elle 
le  fit  aufli  dans  cette  occafion.  Le 
5.  Février,  dix  jours  après  la  Dit 
pute  de  Berne,  le  grand  Confeil 
de  la  ville  réfolut  de  détruire  les 
Images  &  les  Autels.  Il  fut  per- 
mis à  chacun  de  reprendre  les  Ima- 
ges &  les  ornements  qu'il  avoit 
donnez  aux  Eglifes ,  &  on  mit  les 
autres  à  l'écart ,  fous  une  voûte, 
jufma  nouvel  ordre:  mais  il  n'y 
eut  point  befoin  d'ordre  pour  les 
rendre  inutiles.  Quelque  tems 
après,  on  brûla  les  unes,  on  brifa 
les  autres  ;  enfin  on  les  détruifit 
toutes.  Jean  Wîrien  fut  quelque 
tems  feul  Miniftre,  &:  prêchoit 
tous  les  jours.  Dans  la  fuite  il  eut 
pour  Collègue,  un  nommé  W'olff- 
gang  ,  chaffé  du  Canton  de  Glaris, 
ÔC  enfin  George  Stchdi  ?  qui  avoic 

été 

|>]  Hotti»gA,Ç*     {h)  Xçct&U  3  fol.  10. 
Hottiug,  41 


delà  Suifjc.  LlV.  V.  263 
été  Pafteur  de  Weinïgue*  On  fît  1  528. 
le  même  traitement  aux  Images,  à  S.  G  al 
S.  Gai ,  à  Confiance  ,  à  Lindan  >  &  g  ^ 
en  divers  autres  lieux  3  après  la  Dif-  me. 
pute  de  Berne.  AS.  G  al,  (a)  les 
Bourgeois  de  la  Paroiffe  de  & 
Magnu$ï  prièrent  les  Magiftrats,  de 
leur  permettre  d'ôter  de  leur  Tem- 
ple cette  pierre  d'achoppement , 
qu'on  y  avoit  laiflee  depuis  deux 
ans,  à  caufe  des  prétentions  de 
l'Abbé  fur  ce  Temple.  Le  Magi- 
ftrat  le  leur  ayant  permis  ;  le  2  g. 
Février  ,  pourvu  que  tout  fe  fi: 
fans  fcandale,  ils  enlevèrent  toutes 
les  Images ,  &  démolirent  tous  les 
Autels  a  la  referve  du  Grand-Au- 
tel. Les  pièces  d'argenterie  >  qui 
fervoicnt  à  cette  Egliie,  entr'autres 
une  main  de  S.  AUgnus  3  qui  éroit 
d'argent  3  furent  portées  à  la  Mon- 
noye  >  pour  y  être  converties  en 
efpèces ,  ÔC  diftribuées  aux  pau- 
vres. On  défendit  à  tous  les  Prê- 
tres >  qui  étoient  Bourgeois  de  dire 
la  Melfe  dans  la  ville  &  dans  fon 
refïort.  Quelques-uns  d'cntr'eux, 
qui  croient  zélez  Catholiques  ,  ai- 
mèrent mieux   renoncer    à  leur 

Bour- 

(*)  Scnlt.  143.  Hotthg. 415.  416. 


264  Hïfioire  de  la  BJ formation 

S.Gai.  Boiirgetniie  que  d'cbeïr ,  &  re- 
tirèrent dans  l'Abaïe.  Les  Con- 
seillers ,  qui  étaient  encore  Carho- 
liques,  furent  privez  de  leurs  ËmJ 
plois  ,  cependant  fans  préjudice  de 
leur  honneur. 
Ré  for-  L'exemple  des  Bernois  fer  vit 
nmtion  d'encouragement  à  ceux  de 

ihouse.  Aiu\lbou\2.  Il  y  avoit  deja  cinq  ans, 
qu'on  y  avoit  aboli  la  Mefle  ,  les 
ordres   Religieux ,   Se  le  Célibat 
des  Ecdéfiaftiques  :  Mais  à  caufe 
des  vives  follicitations  des  Can- 
tons, &c  des  menaces  de  leurs  voi- 
fins  >  ils  n'avoient  pas  ofé  toucher 
au  rsfte.  Cette  année  ils  repriient 
(à)  courage  ,  &c  témoignèrent  tant 
d'ardeur   à  purger  leurs  Temples 
d'Im.  ges  ,  qu'ils  n'épargnèrent  pas 
même  les  vitres  peintes  des  fenê- 
tres. On  épargna  avec  grand  peine 
Lettre  celles  de  YEgkk  Parôiflîajé* 
de  l'Ein.      Cependant  l'Empereur  Charles 
aST"    V'  ^riyTt  de  Barges  en  Efpagne,  {h) 
Cantons  aux  deux  Cantons  d'Uri  6c  de  Se- 
Catholi-  leurre ,  &  apparemment  aufïi  aux 
^ucs'     autres  Catholiques  ,  le  3.  Février, 
pour  !  s  iouër  &  hs  remercier  de 
leur  zèle  pour  la  Religion  Romaine. 

Ilavoi* 

[  >]  Hott'wg*  424,  {b)    Hctting,  42,3. 


de  la  Suffi.  LlV.  V.  265 

Il  avoit  railon,  car  ces  Meilleurs  ne  I  $2  8. 
|i  s'épargnoient  pas.    Ils  étoient  toû- 
I  jours  à  l'affût ,  pour  s'oppofer  aux 
S  prétendues    héréfies  ,  qui  fe  glif- 
I  foient  dans  les  Seigneuries  com- 
[  rnunes.  Mais  au  lieu  que  les  Zu« 
ricois  avoient  été  méprifez  jufqu'a- 
t  lors  j  la  Réformation  étant  défor- 
i  mais  appuyée  par  les  Bernois  5  les 
affaires  des  Réformez  s'y  avancé- 
j  rent  heureufemenr.    Car  comme  à 
I  Bremgarte,  les  Bourgeois  eurent  xt-Kffor^-1' 
connu  la  vérité,  par  la  lecture  deg^EM_Ci 
l'Ecriture  Sainte  &  des  Livres  Evan-  garte. 
geliques  5  les  Cantons  de  Lucerne^ 
Uri ,  Scbvvitz  >  &  Claris  3  follici- 
rez  par  Honegker  ,   Avoyer  de  la 
ville  3  y  envoyèrent  une  Dépura- 
tion ,  avec  ordre   de  retirer  tous 
les  Nouveaux  Teftaments  &  les  Li- 
vres Evangeliques  d'entre  les  mains 
des  Bourgeois  ,  dans  le  deffein  de 
les  envoyer  enfuite  à  Bade.  Mais 
Zurich  &c  Berne  en  ayant  eu  avis> 
y   envoyèrent    auiïi    leurs  Dépu- 
tez ,  pour  empêcher  l'exécution  de 
cet  ordre.    Et  la  chofe  en  refta  là 
pour  le  coup.  A  cette  occafion  les 
deux   Cantons   demandèrent  aux 
autres,  qu'il  fût  permis  dans  leurs 
Tom.  IL         M  Seigneu- 


2lS6  Hlftoîre  de  la  déformation 

1 528.  Seigneuries  Communes  de  lire  U 
Sainte  Ecriture,  d'entendre  prêcher 
la  parole  de  Dieu,  de  manger  gras 
dans  les  tems  défendus  >  &  toutes 
les  autres  chofes  qui  ne  font  pas 
défendues  dans  la  parole  deDieu> 
Se  de  ne  point  châtier  les  Prédica- 
teurs ,  qui  régloient  par  cette  pa- 
role, leur  Doctrine  Se  leur  vie. 
Affaires       *V\  Tandis  que  tout  étoit  en  - 
de  Ge-  mouvement  dans  la  SuifTe  ,  pour 
neve  en  la  Réformâtion  de  l'Eglife,  les  Ge- 
nevois  s'en  donnoient  de  leur  côté 
pour  le  maintien  de  leurs  franchi- 
ïes  Se  de  leurs  libertez  ,  Se  pour 
fe  garantir  contre  les  furprifes  Se 
les  attaques  du  Duc  de  Savoye  Se 
de  fes  partifans.    On  a  vu  ci  def- 
fus  à  Tan  1526,  en  abrégé,  ce  qui 
s'eft  paiTé  entre  ce  Prince  Se  eux, 
des  Tan  15:11.  jufqu'à  la  Conclu- 
jfion  du  Traité    d'Alliance   Se  de 
Combourgeoifie ,  qu'ils  contractè- 
rent avec  les    deux  Cantons  de 
Berne  Se  de    Fribourg ,    Se  quel- 
ques -  unes  des  fuites  qu'eut  cette 
Alliance.    Quatre  ans  fe  paflerent 
des-Ià  dans  des  agitations  perpé- 
tuelles ,  entre  le  Duc  Se  les  Gene- 
vois s  Se  en  plufieurs  négociations 

qui 


de  la  Suîjje.  Liv.  V.  26j 

'qui  furent  toutes  infru&ueuies.  Le  Affaire 
Duc  auroit  bien  vouiu  employer  ^e 
la  force  ,  pour  réduire  les  Genevois  _ 
à  Ton  obeïfiance,  mais  il  craignoic 
les  Cantons ,  3c  en  attendant  une 
occafion  favorable,  il  leur  faifoit 
fecrettement  tout  le  mal  qu'il  pou- 
voit,  &  les  harceloit  par  divers 
endroits.  Il  arriva  même  une  fois, 
que  les  Savoyards  ayant  apris 
que  l'Evêque  de  Genève,  Pierre  de 
U  Beatime  ,  vouloit  fe  retirer  en 
Bourgogne  le  13.  de  Juillet  de  l'an 
1527.  *  le  Capitaine  des  Archers 
du  Duc  fît  une  confpiration ,  avec 
quelques  Gentils  -  hommes  ,  pour 
S'enlever  à  la  porte  de  Genève, 
quand  il  fortirci:  ,  3c  le  conduire 
■  Chamberi,  eu  le  tuer.  On  de- 
voir furprendre  en  même  tems  la 
ville,  &;  égorger  les  Confeillers 
avec  quelques-uns  des  principaux 
Bourgeois.  Mais  cette  confpira- 
tien,  ayant  été  découverte  échoua; 

les  Genevois  en  donnèrent  in- 
ScfTamment  avis  à  leurs  alliez  de 
Berne  &  de  Friboure,  •+  L'Evêque 
ayant  pris  fon  teins  fe  retira  en 
Bourgogne.  Il  avoic  fouhaité  d  en- 
M  2  'treï 
*  Refit  II.  17.  18.  t  Bern.  Inftr,  A.  31. 


268  Hifloire  de  la  Réformation 

Affaires  trcr  dans  le  Traité  d'Alliance  des 

de  Ge-  Genevois  >  avec  Berne  &cFribourg> 
neve en       .    ,     „  ^  *• 

fr27   mais  *es  ^ernois  Ie  lul  avoient  * 
réfufé.    Pour  y  entrer  par  un  au- 
tre endroit  ,   ce  Prélat  ,  quelque 
tems  avant  fon  départ ,  fit  alTem- 
foler   le    Confeil  général  ,  le  15. 
Juillet.    Il  s'y  trouva  en  perfonne, 
&  y  paffa  trois  Actes  ;  le  ier-  pour 
approuver  &C  confirmer  l'Alliance 
faite  avec  les  Cantons  ;  le  zd-  pour 
demander   la    Bourgeoifie   de  la 
ville,  qu'on  lui  accorda  ,  &  le  }e" 
pour  céder  aux  Syndics  &  au  Con- 
feil la  connoiffance  des  caufes  Ci- 
viles, t  Cependant  s'étant  brouillé 
enfuite  avec  la  ville ,  au  commen- 
cement de  l'an  1528.  il  fit  afficher 
aux  portes  des  Eglifes  une  révo- 
cation de  ce  pouvoir  ,  qu'il  avoit 
donné  5  mais  on  s'en  moqua.  Les 
Genevois  de  leur  co:é  5  charmez 
de  la  douceur  de  la  liberté  dont  ils 
jouifToient,  Se  la   comparant  avec 
ïefclavage  ?  dans  lequel  le  Duc  les 
avoit  tenus  >  ne  lui  vouloient  plus 

^'^i""  fien  accorder.  Les  Alammdus,  ban- 

ations       .  , 

entre     nis  de    Genève  ,   portèrent  leurs 

\csGene-  plaintes  à  Berne  >  contre  leurs  Con- 

f»»l*\     1  *jML  zO.  b.    t  Rofit.  Liv.  IL  Ch.  17. 


de  la  Suijfe.  LlV.V.      2 69 

citoyens  \  &  les  Bernois  ayant  in-  Affaires 
.  ,  1      ^  i  z.  de  Ge- 

vite  les  Genevois  a  envoyer  uneNEVEen 

Dépuration  à  Berne  >  pour  chercher  15  2.7-. 
les  voyes  d'un  accommodement 
amiable  avec  ces  gens-là;  ce  diffé- 
rend fut  examiné  le  25.  Août  1 527, 
dans  le  Confeil  fouverain  de  Berne, 
qui ,  pour  réunir  les  parties  ,  prc-_ 
nonca  ;  *  „  Que  18.  des  principaux 
>,  Mammelus  ,  qui  étoient  les  plus 
yy  coupables?  ne  pourroient  jamais 
yy  rentrer  dans  Genève,  &;  qu'ils 
^  payeroient  à  la  ville  de  Genève 
y,  20.  Mille  Ecus  d'or  pour  tous 
yy  dommages  &  intérêts  ,  moyen- 
yy  nant  quoi  la  ville  leur  relâche- 
yy  roit  les  biens,  qu'elle  leur  avoit 
arrêrez  'y  &  les  autres  feroient 
yy  reçus  en  grâce ,  pourvu  qu'ils 
3,  juralTent  fidélité  à  la  ville  ,  com- 
>3  me  bons  Citoyens  ,  &  qu'ils  fit 
yy  fent  les  autres  fatis fa&ion s  rai- 
„  fonnables  „  .  Mais  ni  l'Ambaf- 
fadeur  du  Duc  de  Savoy e,  ni  les 
Députez  de  Genève  ,  ne  furent 
contents  de  cette  décifïon  ,  deman- 
dant un  jugement  de  juftice.  Dans 
le  même  tems  le  Duc  reçut  une 
nouvelle  mortification  à  Genève, 
M  3  L'an 

*  9.  Arch.  Info.  41. 


270  Hijloire  de  la  Réformât  ion 

Affaires  T  >  -i        •   c  -  c 

de  Ge-  ^an  l*il9'  "  avoit  fait  mettre  les 

KEvt  en  Armes  en  fculpture  far  le  frontis- 
1527.  pice  du  Château  de  Tlsle.  Quelques 
me*  fj~  ^*enevo*s  »  aidez  par  les  domcfti- 
Duc  *1  *iues  ^e  1  Eveque  >  (a)  allèrent  les 
batuès  à  arracher  de  nuit,  le  5.  d'Août  3c 
Geneye  les  jettérent  dans  le  Rhône.  Ils 
perfiftérent  auiïi  dans  leur  anime- 
îîté  contre  les  Mammelus  exilez, 
&  3  quelque  inftance  que  fiffent  les 
Bernois   >   pour   qu'on  accordât 
grâce,  du-moins  à  ceux  d'entr'eux 
qui  étoient  les  moins  coupables, 
ils  ne  voulurent  jamais  y  confen- 
tir.   Bien  loin  de  là  ,  ils  conhTqué- 
rent  tous  les  biens  ,  {b)  qui  pou- 
voient  leur  tomber  entre  les  mains. 
Les  Mammelus  ,  ne  trouvant  pas 
leur  compte  avec  les  armes  char- 
nelles ,  cherchèrent  les  Spirituelles» 
&  recoururent  à  l'Archevêque  de 
Vienne  ,  comme  Métropolitain  de 
Genève.    A  leur  follicitation  ,  ce 
Prélat  excommunia  les  Genevois, 
tant  le  Magiftrat  que  le  Peuplé. 
Mais  le  Confèil  Général  de  la  Bour- 
geoifie  ,  aflemblé  le  29.  Décembre 

1527-. 

W  Ibid.  p.  Ï3«  &■  Stetl.  6yi.  Chr.  Rofet 
II.  20.  ik)  B.  Arch.  Lut,  Miff.274-  Chr.. 


de  la  Suijfe.  Ll  v.   V.  27 1 

1Ç27.  défendit,  fous  de  rigoureu-  AfFa 
fes  peines ,  de  reconnoître  à  lave-  * 
nir  l'Archévêque  de  Vienne ,  &  fa  3 
Gour  fpirituelle  ,  &  d'obéir  même 
à  aucunes  lettres  Apoftoliques,  qu  à 
celles  qui  viendroient  immédiate- 
ment de  leur  Evêque.  Cette  ty- 
rannie des  Eccléfiaftiques  aigrifToit 
les  efprits  ,  Ôc  les  difpofoit  à  écou- 
ter les  Do&eurs  de  la  Réformation. 
Cependant  le  Duc ,  voyant  qu'il 
rTavançoit  rien  par  la  voyc  de  la 
négotiation  ,  penfa  à  prendre  Ge*» 
neve  par  force  >  animé  par  le  bon 
fuccès  de  l'Empereur  Charles  V> 
fon  Beaufrére,  qui  venoit  de  pren- 
dre Rome.  Il  fit  donc  grand  amas 
de  gens  de  guerre,  pour  battre  Ge- 
nève tout  de  bon  ,  &  tenir  tête 
aux  Canrons  ,  qui  vouloientla  foûj 
tenir.  Mais  peu  de  tens  après, 
comme  il  étoit  piêr  à  faire  mar- 
cher fts  troupes,  la  guerre  fe  ral- 
luma de  nouveau  entre  l'Empereur 
&  le  Roi  de  France  ,  Se  celui  -  et 
même  lui  demanda  paffage  par  la 
Savoye,  pour  fon  Armée.  Ainfï 
voyant  que  la  conjoncture  ne  lui 
étoit  pas  favorable ,  il  laiffa  les  (a) 
M  4  armes 

(a)  Utl  pag.  4fl>. 


272  Hidoire  de  la  Réformatioit 

1  528  armes  pour  reprendre  la  voye  de 
wfxNEvEia  négociation.  II  âfm  donc  des 
AmbafTadeurs  à  Berne,  au  commen- 
cement dé  l'année  1528.  pour  por- 
ter de  nouvelles  plaintes  contre 
les  Genevois.  Les  Bernois  en  écri- 
virent (le  20.  Janvier  )  à  leurs  Alliez 
de  Genève ,  leur  marquant  jour- 
née (a)  au  Dimanche  fuivant  de 
Littare,  pour  paroître  par  leurs  Dé- 
putez 3  avec  ceux  de  S.  A.  &  ré- 
pondre à  ce  qui  leur  étoit  im- 
pofé. 

Journée     La  journée  ayant  été  remife  à 
à  Payer-  Payerne ,  au  p.  ou  10.  de  May, 
les  Bernois  y  envoyèrent  cinq  Dé- 
puter ,  &  les  Fribourgeois  un  pa- 
reil nombre,  pour  entendre  les  Dé- 
putez du  Duc  &  ceux  de  Geneve3 
&  travailler  à  pacifier  leur  diffé- 
rend. Les  Bernois  (b)  confentoienr, 
que  Ton  diminuât  la  fomme  de  20. 
Mille  Ecus ,  qu'on  avoit  impofée 
aux  principaux  Exilez  >•  mais  ils 
vouloient  auflî  que  les  Genevois  ne 
fuffent  point  contraints  à  recevoir 
ceux  des  Exilez,  qui  avoient  com- 
mis de  grands  crimes  $  enfin  ils 

VCU- 
fa)  B.  Arch.  Latin.  Miff.  1.  C 
(*)  JtoUnftr.  15p. 


deUSuiffc.  Llv.  V.  273 

vouloient  qu'on  examinât  les  Droits  1  52  8- 
du  Duc  pour  le  Vidomnat ,  8c  qu'on  Gesbye 
les  lui  laifiât ,  au  tant  quils  ne 
feroient  point  oppofez  aux  privi- 
lèges de  la  Bourgeoifie.  Mais  cette 
journée  fut  aufïî  infru&ueufe,  parce 
que  TAmbarTadeur  du  Duc  ne  vou- 
lut point  y  comparoître  >  ni  faire 
voir  les  Droits  de  fon  Maître  pour 
le  Vidomnat  de  Genève;  c'eft  pour- 
quoi elle  fut  remife  à  Fribourg  au 
$0.  d'Aouft  >  où  les  Bernois  (a)  en- 
voyèrent auiïl  quatre  Députez. 

Cependant  il   fe  fît  au  pays  de  Ligne 
Vaud  (en  Oftobre  1 5 1 7)  une  confpi-  d? GLtn' 
ration  de  toute  la  Nobleiie  contre  mgsdeU 
Genève,  qui  caufa  de  grands  maux.  CutilUn 
On  Tappella  la  Confpiration  de  U 
Cueillére  parce  ,  dit-on  ,  qu'ils^  l  a- 
voient  faite  en  mangeant  du  ris  à 
la  Cueillére  ,  au  Château  de  Bur~ 
finel  ,  (b)  chez  un  des  principaux, 
&c  quils  prirent  pour  marque  de 
leur  Confrairie  une  cueillére  d  or  eu 
d'argent ,  qu  ils  s'obligèrent  de  por- 
ter pendue  au  cou  ,  attachée  à  un 
ruban,  fous  peine  à  celui  qui  éreie 
fuipris  Uns  la  porter,  de  payer  une 
M  5  certaine 

(*)  Ibi.i.  10;.  [b)  Leti  4;y.  460.  StHmjf. 
M^Cj.  2'komj.JJlt  p.  3. 


274  Hijloire  de  la  RJ formation 

1528.  certaine  Amende,  applicable  au  pro- 
Gene  ve  fît  de  la  Compagnie.  Cette  Com- 
pagnie étoit  compofée  de  plus  de 
foixante  Gentils-hommes ,  tant  du 
pays  de  Faud  ,  que  de  la  Savoye, 
depuis  Moudon  jufqu'à  Chamberi. 
Ils  avoient  pour  Chefs  ,  François  de 
PowN/^rre,Gentil-homme  Savoyards 
Ain  bel  Manger  od>  Baron  de  la  Sarra, 
&  Henri  de  Cojoney  Seigneur  de  Sj 
Martin.  C'étoit  une  efpéce  deChe-^ 
Valérie ,  où  il  n'entroit  que  des 
Gentils  -  hommes  ,  iujets  du  Duc. 
Ils  tenoient  chaque  année  leurs  ak 
femblées  à  Nyon >  le  premier  de 
Janvier  $  &  leurs  affemblées  du- 
roient  quelque  fois  plus  de  huit 
jours.  Ils  s'y  occnpoient  à  termi- 
miner  les  différends  qui  arri voient 
entr'eux  ,  Se  à  former  leurs  déli- 
bérations. Ils  fe  gardoient  tous  une 
grande  fidélité  (a)  Se  fi  l'un  deux 
étoit  offenfé  par  quelqu'un,  qui  ne 
fût  pas  de  la  bande ,  tous  les  au- 
tres lui  aidoient  à  le  vanger,  ou  à 
lui  faire  rendre  fatisfa&ion.  Les 
Evêques  de  Genève  &  de  Laufanne 
entrèrent  dans  cette  confpiration  » 
ôc  on  les  accula  même  avec  beau- 
coup 

M  MSC.  ThomX  c. 


'delà  Suffi.  Lit.  V.  275 

feoup  de  vraifemblance  d'en  avoir  28. 
été  les  (a)  Autheurs.  Genève 

D  abord  ces  Gentils-hommes  Jt-- 
ren:  amas  de  monde^'&j  conduits  par 
les  Gens  de  l'Evêque  deGeneve5lans 
attendre  rifluë.  des  journées  donc 
f ai  parlé,  marquées  à  Payerne  &:  en 
fuitte  à  Fribourg  >  ils  fe  mirent  à 
faire  des  courfes  autour  de  Genève* 
commettant  diverfes  hoftilitez  con- 
tre les  Genevois  ,  jufques-là  qu'ils 
en  pendirent  un  jour  dix-fept  tout- 
à-la  fois  (b)  proche  du  Pont  d'Ac- 
ve  le  16.  Novembre  1527,  Les 
Genevois  recoururent  à  Berne  &  à 
Fribourg  ,  pour  avoir  du  fecours. 
Les  deux  Villes  qui  ne  vouloient 
pas  rompre  avec  le  Duc  >  fe  con- 
tentèrent d'envoyer  à  Genève  qua- 
tre Députez  chacune  >  pour  appai- 
fer  les  troubles  par  leur  autho- 
rite  j  mais  cette  Dêputation  ne  pro- 
duifit  pas  un  grand  effer ,  étant  fort 
ordinaire,  dit  Leti  (c)  ,  que  U  lan- 
gue d'un  Ambajfadettr  ri  épouvante  pas 
l'épée  d  un  bon  foldat. 

Les  Genevois  fe  plaignirent  par- 
M  6  ticu- 

r«]  Bullitif.  Hift.'Rcform.  MSC-H.  60. 

Turret.  Réf.  MSC 

(b)  B.  A»ch.  Lat.MifT.285.  bi 

(0 


276  Hijloire  de  la  Rêformation 
1528.  riculiérement  de  leur  Evêque ,  qui 
Genève  fè  déclaroit  leur  ennemi  ,  au  lieu- 
Mauvai-  cqu^il  auroit  dû  fe  joindre  à  eux.  Il 
duitede  envoya  à  Berne  (  en  Juillet  )  un 
l'Evéque  Député  ,  nommé  François  de  Mon- 
de Gem~ dalla ,   pour  f«  juftifîer  ,   &  pour 
accufer  les  Genevois.  Les  Députez 
de  ceux-ci  fe  défendirent.  La  conclu- 
lîon  fut.  Que  les  Bernois  écrivirent  (le 
31. Juillet)  à  l'Eveque?  pour  l'éxhor- 
ter  à  faire  la  paix  avec  fes  Sujets,  & 
à  les  traiter  favorablement  3  le  me- 
naçant qu'à  défaut  de  cela  >  (^)  ils 
donneroient  à  leur  Combourgeois  de 
Geneve,le  fecours  qu'éxigeroit  d'eux 
leur  Combourgeoifie. 

Pendant  toutes  ces  agitations ,  le» 
1  çom_  fentimens  des  Réformés  fe  répandi- 
mence-  rent  dans  Genève.  Et  comme  les 
ment  de  Eccléfiaftiques  y  étoient  fort  mé- 

mationà  Pr^ez  à  cau^e  ^e  ^eur  ignorance  y 
Genève.  &  de  leur  corruption  ,  l'on  ofa  ré- 
voquer en  doute  les  doctrines  qu'ils 
enfeignoient  ,  &  l'on  fe  mit  à  dis- 
puter fur  les  dogmes  >-  qui  parta- 
'  geoient  l'Allemagne.  En  particulier 
l'Evêque  s'y  étoit  rendu  fore 
odieux  >  par  une  infamie  dont  il  fe 

cou- 

(*)  B.  4rck.  Ut.  Mitt.lc*  : 


delà  Suffi.  Lrv.  V.  277 

couvrit,  ayant  {a)  enlevé  en  Carê-  1528* 
me  (  Tan  1 527.  )  une  fille  de  bonne  Genève 
Maifon.   Cet  enlèvement  fît  grand  Attentat 
bruit  ;  le  Peuple  s  attroupa  autour  ^L  de"* 
de  la  Maifon  de  l'Evêque  ,  &  l'o-  Genève, 
bligea  à  rendre  la  fille  à  fes  parens. 
Vers  le  commencement  de  Tan  1 528. 
on  s'échauffa   particulièrement  fur 
deux  articles  3  la  Réforme  du  Cler- 
gé &:  la  défenfe  de  manger  de  la 
viande  en   certains  tems.  Néan- 
moins le  Confeil  défendit ,  fous  de 
grofles  peines  ,  d'en  manger  dans  les 
tems  défendus. 

J'ai  remarqué  ci-deffus  , .'  que  les 
Mammelm  éxilez  recoururent  à  Vien- 
ne en  Dauphiné  >  &  qu'ils  y  ob- 
tinrent de  la  Cour  Archiépifcopale  > 
un  Décret  d'Interdit  >  contre  la  Vil- 
le de  Genève  j  mais  que  ce  Décret 
n'eut  aucune  fuite.  François  Bon-  Difcoin  j 
nivard  Prieur  de  S.  Vïiïor  ,  allant  ^Ll^ 
à  Berne  avec  les  Députez  de  Gene-  f0is  Boni 
ve  j  trouva  ce  Décret  affiché  aux  nivard.. 
portes  des  Eglifès,dans  les  Villages, 
qui  étoient  fur  la  route.  Il  voulut 
le  lire.   Un  des  Députez  lui  ayant 
remontré  ,  que  s'il  le  lifoit,  il  tom* 

bero  ..c 

'   (*)  Scuît.  II.  351.  Spanhàm  il,  Chron> 
Pfiiï  IL  15, 


278  Hiftoire  de  la  Rêformation 

F528  .  bsroit  fous  l'interdit  ,  le  Prieur» 
Genève  homme  fage  &  de  grand  fens  ,  lui 
Dilcours  répondit ,  \a~]  Si  vous  avez  banni  les 
de  Fran-  Mammelus  fans  caufe  ,  vous  êtes  vous* 
pi*  B  07i-  mêmes  excommuniez  de  Dieu;  &  ces! 
mvard.  j"a  malédittion  que  vous-  devez  crain» 
dre  ,  &  non  celle  des  hommes.  Si  vous 
avez  eu  raifoïi  de  le  faire  ,  l'Arche' 
vêque  na  aucun  pouvoir  fur  vos  conf 
àences.  S'il  vous  excommunie  ,  le  Pa* 
pe  Berchtold  ,  [  entendant  le  Ré- 
formateur de  Berne  ,  ]  vous  en  av** 
faudra  facilement.  Et  fâchez  que  la 
confeience  ne  reconnoit  aucun  autre  Tri- 
bunal ,  que  celui  de  Dieu  >  Que  ni  le 
Diable  ,  ni  le  Pape  ne  peuvent  faire 
aucun  mal ,  qua  ceux  qui  les  craignent* 
&  que  leurs  foudres  ne  peuvent  faire 
autre  chofe  que  du  bruit.  Ces  dis- 
cours du  Prieur,  joint  aux  exhor- 
tations de  ceux  de  Berne ,  donnè- 
rent aux  Genevois  le  courage  de  fé- 
coiier  le  joug  du  Pape,  long-tems 
avant  que  d'abandonner  TEgllfe  Ro- 
maine. Déjà  dès  cette  année  il  y 
avoic  dans  Genève  un  petit  nom- 
bre de  Réformez  >  qui  avoient  deux 
des  Syndics  dans  leur  parti,  /àvoir> 
Besançon  Hugues,    &  Etienne 

Ma.-. 

£|]  Spanheim  Gcn.  Kêftit.      .&fci*  . 


'delà  Suiffc.  Liv.  V.  279' 
Macheret.  Au  commencement  de  \  J28- 
cette  année ,  ils  avoient  envoyé  à  Genevi 
la  Difpute  de  Berne  ,  [  où  ils  fu- 
rent aufïl  invitez ]  trois  de  leurs 
Théologiens  ,  avec  le  conientement 
(a)  fécrer  de  TEvêque,  Ces  3.  Théo- 
logiens  étoient  le  Chanoine  De  Fer- 
nez  ,  Jean  le  Fevre  ,  Prévôt  des 
Macchabées  3  &  le  P.  Az.ier  ,  Cor- 
delier.  Après  la  conclufion  de  la 
Difpute.,  quelques  mécontens  du 
Canton  de  Berne  allèrent  à  Genève, 
&  y  parlèrent  fortement  contre  la 
nouvelle  Reforme.  D'autre  côté  5 
divers  Bernois  Reformez, Marchands 
ôc  autres  y  allèrent  suffi ,  &c  Te  mi- 
rent à  parler  contre  les  abus  du 
Clergé  ,  contre  la  défenfe  de  la  vian- 
de ,  &  d  autres  chofes  femblables  > 
tellement  que  les  Prêtres  perdirent 
beaucoup  de  leur  crédit  dans  Telprit 
[£]  de  quelques  Genevois.  Les  Fri- 
bourgeois,  aprenant  ces  chofes,  en- 
voyèrent des  Députez  à  Genève-* 
les  ménaçant  de  rompre  leur  alliance., 
s'ils  abandonnoient  l'ancienne  Religion 
que  leurs  Ancêtres  avoient  fuivit  depuis 
tant  de  Siédes  >  pour  en  embrajfa  une 

71  OU- 

ta)  Ceft  ce  dit  Lcti  p.  4tf8.  4^.  mais  il 
y  a  lieu  d'en  douter,  (  ê}  l.c. 


2  80  Hijloire  de  la  Réformatîon 

1528.  nouvelle ,  qui  riétoit  que  la  production 
Genève  de  la  jaloufie  &  de  la  vengeance  d'un 

URéfor-  ^p0/}at  9  comme  Luther.  D'autre  cô- 
combat-  te  'es  Bernois  y  envoyèrent  des  De- 
tuë  à     putez  ,  qui  ne  travaillèrent  pas  avec 

^a^les  mo*ns  ^e  cna^eur  3  à  entretenir  les 
Prl^r-  Genevois  dans  les  bons  fentimens  , 
geois.      qu'ils  avoient  pour  la  Réformation. 
Ils  leur  répréfentoient  ,  Que  l'Eglife 
en  général  ,  &  en  particulier  celle  de 
Soute-  Genève  3  avoit  trop  befoin  de  Réfor*- 
nue  par  mation  ■>  pour  négliger  de  mettre  en 
ï2otfer'  œuvre  les  moyens  qui  fe  préfentoient  à 
eux  y  Que  d'ailleurs  ,  pour  avoir  un 
bon  rempart  contre  la  violence  de  leurs 
ennemis  >  qui  et oient  puijfans ,  il  faloit 
travailler  a  s'attirer  la  faveur  de  Dieu, 
qui  étoit  plus  pui/ant  queux  tous  ;  & 
qu'il  n'y  avoit  pas  de  meilleur  moyen 
pour  cela  >  que  d'abolir  les  abus  de  l'E*> 
glife  &  les  fuperftitions,  pour  la  ramener 
a  l'ufage  des  Apôtres  &c. 

Ces  répréfentanons  >  fi  oppoféeSj 
de  deux  Cantons  alliez,  de  l'a- 
pui  defquels  on  avoit  befoin,  in- 
triguèrent beaucoup  les  Genevois  ; 
&C  entretinrent  la  divifion  parmi 
eux  j  de  forte  que  fi  Dieu  n'eût  con- 
fervé  cette  Ville  3  comme  par  mi- 
racle 


de  la  Suffi.  Liv.  V.    28 ï 

racle,  elle  {a)  feroit  fouvent  tom-  152g, 
bée  au  pouvoir  de  fes   ennemis.  Genève 

I  Ainfi  les  uns  demandant  la  Réfor-  J^j^^" 
mation  de  quelques  abus  ,  &  de  Bonn^ 
certains  défordres  du  Clergé  ,  les  vard* 
autres  s'y  oppofant ,  ils  convinrent 
de  confulter  le  Prieur  de  S,  Viclor , 

|  dont  la  fagefle  de  la  prudence,  auffi 
bien  que  la  probité  ,  étoient  recon- 
nuës  de  tout  le  Monde.  Il  leur  ré- 
pondit (ù)  :  , y  Qu'il  éroit  à  fouhai- 
ter  ,  qu'il  fe  fît  quelque  chan- 
v  gement  dans  l'Eglife  ,  mais  u"sa^»- 
3,  changement  qui  confiftât' à  corri-/?. 
5,  ger  le  mal  ,  &  non  pas  à  le  dé- 
3,  guifer  :  Que  véritablement  on 
3,  avoit  befoin  de  Réformation  , 
5,  qui  n'étoit  pas  feulement  nécet 
35  faire  pour  le  Clergé  ,  mais  aufîi 
s,  pour  ceux  qui  la  fouhaitoient  : 
9,  Que  fi  les  Eccléfiaftiques  étoient 
„  coupables  de  quelques  péchés,  il 
3>  y  en  avoit  plufieurs  d'entre  le 
35  Peuple  3  qui  étoient  dans  le  mê- 
3,  me  cas  ;  Que  des  gens  qui  étoient 

3,  couverts  de  défauts  >  n  agiiToient: 
pas  prudemment  de  confeiller  une 
%>  réforme  ,  &  qu'ils  ne  pouvoient 

pas 

(  *  )  Leti  464. 


282  Hiftohc  de  la  BJformation 

Ï  52S.  ,:  pas  l'entreprendre  avec  fuccès  : 
Genève  3)  Que  ce  que  Ton  haïiToit  dans  le 
33  Clergé  ,  ce  n'étoit  pas  tant  leurs 
?J  crimes  ,  que  leurs  brigues  :  Que 
Ton  ne  demandoit  pas  la  fin  des 
3>  vices >  mais  celle  des  vicieux  , 
95  non  pas  pour  qu'il  en  arrivât  du 
35  bien  à  la  Ville  ,  mais  à  ceux  qui 
y,  vouloient  pouvoir  vivre  dans  là 
33  débauche  fans  concurrens  :  Qu  'ils 
3,  dévoient  bien  penfer,  que  quand 
33  ils  auroient  chalTé  leur  Clergé  ,  3c 
o>  reçu  les  Minières  à  fa  place,  ceux- 
33  ci  n'auroient  pas  pour  leurs  déré» 
3,  glemens  ,  ia  même  connivence» 
3?  qu'avoient  les  Prêcres  \  parce  que 
n  le  Ciergé  Romain  étant  corrom- 
33  pu  ,  comme  le  refte  d.s  hommes, 
?3  toleroic  bien  des  chofes  ,  que  les 
3>  Minières  ne  toleroient  point  :  Que 
s,  les  Prêtres  preffoient  TobéilTa^ce 
aux  ordres  des  Papes  ,  &  négir- 
,j  g^oient  les  Commandemens  de 
3,  Dieu,  mais  que  les  Miniftres  ne 
3,  rvcevoient  que  les  Commandé- 
es mens  de  Dieu  5  &  ne  faifoient 
»,  aucun  cas  du  refte.  Qu  '\\s  devoi- 
sy  ent  donc  bien  s'examiner  ,  s'ils 
fe  propofoient  de  réformer  leur 
3,  viea  aufll-bien  que  leur  doctrine: 

fia 


de  la  Suiffc.  Liv.  V.  253 

55  fi  c'étoic  là  leur  deffein  ,  ils  ï  J2S- 
>,  pouvaient  mettre  courageufement  Genevi 
s,la  main  à  l'œuvre,  finon,  qu'ils 

ne  dévoient  plus  parler  de  réfor- 
y,  me  :  Que  s'ils  vouioient  vivre, 
3,  comme  ils  faifoicnt  ,  ils  ne  de- 

voient  pas  être  furpris  >  fi  les  au- 

très  nevivoient  pas  mieux  qu'eux: 
55  Que  fi  donc  ils  vouloient  rêfor- 
3,  mer  le  Clergé ,  il  êtoit  néceffaire 
5,  qu'ils  donnaient  un  bon  éxem- 
„  pie,  eux  qui  étoient  les  Chefs  , 
5,6c  qu'il  n'y  avoit  point  de  meil- 

leure  reforme  ,  que  de  commen- 
5,  ccr  chacun  par  foi-même.  Par  de 
tels  difcours  il  rabattit  un  peu 
les  empreflemens  des  plus  échauf- 
fez. 

Parmi  tous  ces  Contraftes  ,  le 

Duc  ne   s'endormoit  pas.     Perfif-  Mouve* 
j        i      i  r  i    •      j>       •  îr.ens  du 

tant  dans  la  relolunon  d  avoir  Ge-  £UQ  je 

neve  ,  par  la  rufe ,  ou  par  la  for-  Savoye 
ce  ,  il  amaffa  du  Monde  ,  &  fît  fai-  «*ntrc 
re  quelques  courfes  fur  les  Gene- 
vois. Ceux  -  ci  (a)  recoururent  à 
leur  Alliez  de  Berne  &  de  Fribourg, 
&C  les  preiïerent  tant  ,  que  quelques 
volontaires  paflercnt  à  Genève  ,  à 
l'indu  Se  fans  le  confentement  de 

leurs 

W)  Stit,  T.II.51.  b.  ChtOû.  Rofit.  U.ïU. 


284  Hifioire  de  la  Réformât  ion 

I  528-  ^eurs  Seigneurs  ,  Se  non  pas  en- 
Genève  voyez  par  leurs  Supérieurs  5  com- 
Mouve-  me  l'écrit  *  Let'u    Mais  on  leur 

mens  du  ^Cïlvlt  fortement  ,  de  ne  faire  tort 
,Ducde   x  r  .       .  , 

Savoye  a  9U1  ^ue  ce  *01t  »  °*âns  cette  expe- 
concre  dition  ,  de  payer  leur  dépenfe  >  3c 
G^eve,  ne  pomt  fortir  de  Genève  en 
armes,  fous  l'obligation  fermenta- 
le  ,  qu'ils  avoient  à  leurs  Seigneurs 
&c  Supérieurs.  Ils  oblervérent  éxa- 
ctement  cette  ordonnance  j  &  quel- 
que tems  après  ?  ils  s'en  retournè- 
rent chacun  (a)  chez  foi.  Cepen- 
dant les  Cantons  de  Berne  &  de 
Fribourg  s'employèrent ,  de  toutes 
leurs  forces, à  faire  obtenir  une  bonne 
paix  aux  Genevois.  Il  y  eut  une 
journée  à  Berne  ,  le  24.  Décembre* 
où  ,  à  la  Requête  des  Genevois  > 
(b)  les  Bernois  jugèrent,  que  le 
Duc  de  Savoye  produiroit  fes  tî:resa 
&  fes  droits,  touchant  le  Vidom- 
nat  de  Genève.  La  Sentence  étoit 
jufte  ,  néanmoins  elle  fut  rejeïtée  > 
&  *  les  hoftilitez  continuèrent. C'eft 

affez 

*  p.  4<5Z.       (m)  Leti  462. 
(b)   Bern.  Inftr.  B.  2J<>. 

*  Leti  dit,  pag.  466.  que  l'on  conclut 
à  S.  Julien  une  Trêve  de  deux  ans,  qui  fut 
fîgr.ée  le  jour  des  Rois  de  l'année  fiuvante 
1^9.  Mais  je  ne  trouve  point  ce  fait  dans 
mes  Autheurs,  ni  imprimez,  ni  manuferits.. 


de  U  Suitfe.  LlV.  V.     28 5 

aflez  parlé  de  Genève.  Retournons 
dans  la  Suifïe  Allemande ,  &  voyons 
ce  qui  s'y  paffoic  en  matière  de  Re- 
ligion. 

V.  Les  Seigneuries  communes  du 
ïburgavv  &  du  Rheinthal  firent  pa-  ^/ 
rcîcre  cette  année -là  beaucoup  de  entre  les 
zélé  pour  l'Evangile  ,   nonobftant  Cantons 
les  violentes  oppofitions  qu'elles  Roiijjon 
avoient  à  erTuyer.    Quelques  -  uns  des 
Li)  des   Cantons  ,  Seigneurs   du  gnsur"s 

rr.,  r  j  r»  commît- 

Thourgaw  ,  nrent  ordonner  aux  Pa-  ^ 
roifles  qui  avoient  des  Pafteurs  Ré- 
formez de  les  chafler.  Mais  les  Zu- 
ricois  écrivirent  an  Baillif  du  pays, 
de  laiffer  les  Minières  en  repos.  Et 
comme  dans  une  Diète  le  Baillif 
porta  cette  affaire  devant  les  Can- 
tons ,  les  Bernois  n'y  voulurent  d'a- 
bord avoir  aucune  part ,  (b)  ni  s'op- 
pofer  à  la  pluralité  des  fuîTrages 
des  Cantons  j  ni  de  ceux  du  pays. 
Mais  quelques  tems  après,  ils  chan- 
gèrent de  fentiment  ,  à  l'égard  de 
ce  dernier  article,  ils  fe  joignirent 
aux  Zuricois  le  16.  Octobre,  pour 
déclarer  aux  autres  Cantons; Ou\\s 
j)  ne  foufrriroient  point ,  qu  un  Peu- 
ple 


(.*)  Hottlng.  414. 

M  Inilr.  A.  IOO.  b. 


286  Hlflolre  de  la  Information 

t-"vo   >>  pie  qui  leur  étoit  aflujetti,  aulfr- 
•S  ?"  5>  bien  qu'aux  Cantons  Ca;holiques, 
rww      »  &        louhaicoïc  -qu  on  lui  pie- 
entre  les     char  purement  l'Evangile,  en  fut 
panj°ns  »  empêché.  Les  Catholiques  rejette- 
Religion  3>  rent  hautement  cette  propofuion, 
des  S«-  »  difant  ,        >   quand  une  chofe 
gveurtes  3j  avoit  pafTé  entre  les  Cantons  à 
nés.    '  >y  k  pluralité  des  voix  ,  il  faloit 
>5  que  la  .partie  la  plus  foible  s'y 
5,  fournit.    Zurich  &  Berne  ,  ré- 
3,  pondirent  ;  Que,  quand  il  s'agi- 
5,  roit  d'affaires  temporelles  ,  enrr - 
55  autres  de  celles  qui  ètoient  corn- 
3>  prifes  dans  leurs  Alliances,  ils  ne 
:>  s'oppoferoient  point  à  la  plura- 
Z  lire  des  fiifFrages     mais  Que  la 
3>  Parole  de  Dieu  ne  peut  point 
,>  être  foûmife  au  jugement  &  aux: 
35  fuffrages  des  hommes  ;  du 
3,  refte  ils  n'avoient  point  deffein  de 
3,  contraindre  perfonne  à  embraffer 
3>  leur  Religion  ,  comme  on  les  en 
3,  aceufoit  ,  mais  feulement  qu'ils 
3,  ne  fouffriroient  point  5  que  dans 
les  Sc'gneuries  Communes  ,  les 
3,  Paroilîes  qui  fouhaitoient  £Von 
*Jeur  prêchât  le  pur  Evangile  >  en 
5,  fu  lient  détournées  par  la  violence, 
33  ou  qu'on  les  maltraitât  pour  ce 

fu- 


deUSuiffc.  Liv.  V.  227 

„  fujet.    Enfin  BaU ,  Sihaffhoufe  $C 

Apvcnx.tll ,  interpoférent  leurs  bons    ^  ' 
J-  i     i     u  r  Can- 

omces  pour  accommoder  la  cnolc,  10NS. 

tellement  que  la  difficulté  n'alla 
pas  plus  loin,  (a)  Ce  qu  il  y  eut 
de  particulier  dans  cette  occaiion  -, 
c'en:  que  le  Roy  de  France  fit  ex- 
horter les  Suiffes  à  demeurer  étroi- 
tement unis.  Un  Lecteur  judicieux 
comprend  aifément  >  que  ce  n'éroit 
pas  par  affection  pour  eux  ,  mais 
parce  .qu'il  avoit  befoin  de  leurs 
troupes.  Les  Communautez  de 
Steckborem  y  [b~]  Ermatingen  3  Arbon? 
mpfcbacb  ,  &  quelques  autres  ,  qui 
(  à  la  referve  des  deux  premières,) 
appartiennent  ou  a  rÈvêqie  de 
Conftance  ,  ou  à  l'Abbé  de  S.  GaU 
convinrent  à  la  pluralité  des  furfra- 
ges  ,  d  embralïer  l'Evangile  ;  &  en- 
votèrent  des  Députez  à  Zurich  , 
pour  demander  la  protection  de  cet- 
te Ville.  Les  Zuiicois  écrivirent  à 
ces  deux  Piciats  ,  en  faveur  de  ces  jf^fl 

'  ,  de  la  Re- 

Communautez.  Dans  le  même  tems  jorma- 
Aitlictten  de  quelques  autres  Com-  J'**darw 
munautez  du  Fbeintbd  tcoutoient  \y^ein- 
avec  un  grand  fruit  les  Prédications 

de 


(*\    Hùtin".  QL<t 

CAJ  ^-  ibid.  &  fuiv. 


288  Hijloire  de  la  Réformation 

de  Pelage  Am-Stein,  Pafteur  de 
Dans  les  Troguen  ,  au  Canton  d'Appenzell.  Et 
rhTcom-  ceux  d' Alt  sletten  demandèrent  unMi- 
munes*  niftre  aux  Zuricois,  qui  leur  envoyè- 
rent Jean  Valentïn  Fort-muller  (a)  > 
de  Waldshout,  Les  deux  Prélats, 
au  lieu  de  répondre  aux  Zuricois  > 
écrivirent  aux  V.  Cantons  ,  pour 
les  exhorter  à  ioûtcnir  chez  leurs 
Sujets  la  Catholicité  chancelante  , 
les  affurant  que  s'ils  ne  s'oppofoi- 
ent  pas  de  vive  force  aux  nouveaux 
Prédicateurs,  c'ètoit  fait  de  l'ancien- 
ne Religion  dans  le  Tljourgavv  3  le 
Rheinîhal ,  &  les  terres  de  F  Abbaye 
de  S.  Gai.  Là-deflus  le  Baillif*  du 
Thourgaw  convoqua  à  Fravvenfeld) 
pour  le  10.  Novembre  ,  tous  les 
Seigneurs  de  fa  Jurifdiction  tant  Sé- 
culiers ,  qu'  Eccléfiafhques  ,  &  les 
Députez  des  ParoilTes.  Les  Dépu- 
tez des  VII.  Cantons  s'y  trouvè- 
rent ;  &  tout  cela  fe  fit  fans  la  par- 
ticipation des  Zuricois  ,  comme  s'ils 
n'avoient  pas  eu  autant  à  comman- 
der en  ce  pays-là  ,  que  les  autres. 
Mais*  ils  ne  laifférent  pas  d'y  en- 
voyer un  Député,  pour  parler  aufîi 
de  leur  part  aux  Communautez  a£ 

fem- 

1*)  Li.  ibU. 


de  la  Suijfe,  Liv.  V.  289 

femblées  (*)•  Il  fe  fit  une  autre  af-  ï  528» 
fem-blée  le  30.  Novembre,  où  les 
Députez  des  V.  Cantons  exhortè- 
rent les  Communautez  à  perfèvérer 
dans  la  Religion  Romaine  ;  &  à 
prêter  main  forte  au  Baiilif,  quand 
il  voudroit  punir  les  contrevenants, 
les  affinant  de  leur  protection  ,  au 
cas  qu'on  en  vint  à  une  guerre  pour 
ce  fujet.  Les  Députez  des  Commu- 
nautez répondirent  ,  qu'ils  éxami- 
neroient  cette  demande,  &  qu'ils 
fe  rendroient  à  Weinfelden  ,  au  bout 
de  huit  jours  ,  pour  apporter  la  ré- 
ponfe  de  leurs  Paroiffes.  Cepen- 
dant la  Réformation  croiiToit  toû-  Progrès 
jours  dans  le  pays.   A  Fravvenfeld  deRefor* 
Se  dans  la  plupart  des  Eglifes  du  m^°s\ 
Tljourgavv  (b)  on  abolit  la  Mefle  ,  ThourS 
les  Images  &  les  Cérémonies  Pa-^v. 
pales.    A  Arbon  cela  fe  fit  le  5.N0- 
vembre.  Ceux  de  Afammeren  jette- 
rent  leurs  Images  dans  le  Lac.  Un 
Moine  SuiiTe  ,  nommé  Lang  ,  a  eu 
l'extravagance  d  écrire  ,   Que  dans 
cette  occaflon  l'Image  de  S.  Blaife 
setoit  tenue  débout  dans  l'eau,  fie 
avoit  traverfé  le  Lac  à  la  nage,  juf- 
Tom.  II.  N  qu'à 


(<i>  Jd.  pag.  41 6, 
Vf  M.  pag.  416. 


2  90  Hiftoire  de  la  Réforœation 

ï  S2S.  qu'à  Catahorn.  Quand  le  jour  de 
Progrès  laffemblée  du  pays  fut  venu  ,  il 
deRefor.  s'v  trouva  des  Députez  de  Zurich 

?W-  &  de  Berne  M  <3ui  exhortèrent  ce 
gaw.  Peuple  à  ne  point  fe  départir  du 
bon  voifinage  3c  de  l'amitié  qu'ils 
yy  avoient  cultivée  de  tout  tems  avec 
j,  les  Zuricois  ;  &  les  affurérent  , 
yy  Qi/h.  la  vérité  ils  ne  vouloient 
contraindre  perfonne  à  embraf. 
yy  fer  leur  Religion-}  mais  ^/5ils 
yy  avoient  promis  leur  protection 
yy  aux  Eglifes  ,  qui  fouhaitoient 
yy  qu'on  leur  prêchât  le  pur  Evan- 
yy  gile,  &  Qu'on  ne  fouffriroit  plus> 
yy  que  perfonne  fut  maltraité  pour 
yy  caufe  de  Religion  ,  dans  les  Sei- 
yy  gneuries  Communes.  Ainfi  la 
plus  grande  partie  des  Communau- 
tez  de  ce  pays-là  fe  déclara  pour  la 
Réformation  5  en  proteftant  >  Que, 
quant  au  refte  ,  ils  s'aquiteroient 
toûjours  envers  leurs  Souverains 
Seigneurs  ,  de  tout  ce  qu'iîs  leur 
dévoient ,  comme  de  fidèles  Sujets. 
La  Réformation  fit  aufîi  des  progrès 
au  Rheintbal  ,  tellement  que  ceux 
d'Altftetten  brûlèrent  leurs  Images 
le  30.  Novembre  (b) 

On 

p.  417«  lk)  Id.1p.416. 


de  la  Suffi.  Liv.  V.  291 

On  vit  aufli  la  Réformation  s'a-  1528. 
vanccr  dans  le  Tockebomg  (./).    Il  y  &  dans 
avoir  deja  quelques  années,  qu'on  le  Toche- 
jy  prêchoit  l'Evangile.  Cependant 
lia  MeiTe  ,  les  Autels  ,  les  Images  > 
|&c.  y  étoient  encore  tolérez.  Mais 
|  cette  année  les  Tockebourgeois  pur- 
gèrent leurs  Eglifes  de  ce  vieux  le- 
>vain.    La  même  chofe  fe  fît  aufïl 
(dans  les  terres  de  l'Abbé  de  S.  Jean. 
=  Déjà  dès  l'an  1526'.  l'Abbé  de  S. 
\  Jean  s'é^oit  plaint  à  celui  de  S.  GaL 
comme  Protecteur  de  Ton  Couvent, 
des  changements  de  Religion  qui  fe 
faifoient  dans  fes  terres.    Et  l'Abbé 
de  S.  Gai  luy  ayant  répondu,  qu'il 
,  n'étoit  pas  affez  puiffant  pour  le  fe- 
,  courir  ,   &  qu'il  pouvoir  chercher 
du  fecours  ailleurs  ,  il  s'étoit  mis 
:  fous  la  protection  de    Schvvhz  & 
de  Claris.    Et  d'abord  ces  deux 
Cantons,  voulurent  exiger  des  fu- 
jets  de  cet  Abbé,  qu'ils  leur  prê- 
!  taflent  ferment  de  fidélité,  mais  ils 
le  leur  refuférent ,  leur  difant  ,  (b) 
[  Qu  As  avoienr  un  Traité  de  Com- 
bourgeoifie  avec  eux,  &c  qu'ainfï 
ils  éroient  leurs  Compatriotes  ,  Se 
non  pas  leurs  f  jets.    Cette  année 
N  z        Si  h  v  vit  % 
(4)  ibid.  p.  417.  (b)  ibi  i,  p.  41g. 


2Q2  Hifloire  de  la  Ré  formation 

1  528.  Schvvhz  ordonna  à  ceux  d'entr'  eux, 
Tocke-  qui  avoient  embrafTé  la  Réforma- 
bourg,    tion ,  de  rétablir  la  Meffe  ;  mais  ils 
le  refuférent  aufîi,   nonobftant  les 
menaces  qu'on  leur  faifoit.  Li  ville 
de  Lïechtenfleig)  Capitale  du  Tocke- 
bourg ,  fe  réforma  aufïl.  Là  deflus> 
nouvelle    plainte    du  Canton  de 
Scbvvitz  dans  la  Diète  ;  Quelques 
Cantons  Catholiques  écrivirent  aulll 
vivement  à  ce  fujet  ,   à  ceux  de 
Liechtenjleig,  Schwitz  auroit  voulu 
qu'on  eût  pris  les  armes  pour  ran- 
ger ce  Peuple  par  la  force  ;  mais  les 
autres  Cantons,  plus  prudens  ou 
plus  modérez,  ne  trouvèrent  pas  à 
propos  de  féconder  fon  zélé.  Les 
fujets  de  l'Abbé  de  S.  Jean  avoient 
imploré  le  fecours  de  Zurich  Se  de 
Berne  ;  Se   l'avoient  obtenu ,  du 
moins  en  partie  (a  ). 
-Zurich     Us  eft    tems  de  revenir  à  ces 
Nouvel  deux  premiers  Cantons.    Il  y  avoir 
|*'jf  de  toujours  à  Zurich  des  gens  ,  ^  qui 
gion.     n'avoient  pas  pû  goûter  la  Réfor- 
mation 'j  qui  ne  vouloient  point 
écouter  les  Sermons  ,  ni  aller  à  la 
S.  Céne.  Le  9.  Décembre  ,  (^)  on 
fit  un  Règlement  concernant  ces 

gens- 

[*]id.  p.  419.  [£]**/.  p.  414. 


delà  Suife.  Lïv.  V.  293 

gens-là  ,  qui  les  excîuoit  de  la  Ma-  1528» 
!  giftrature  ,  8c  qui  dépouilloit   de  Zurich 
1  leurs  emplois  >  ceux  qui  en  étoienc 
revêtus.    On  avoir  aufîi   fait  des 
!  plaintes    contre   divers  Pafteurs, 
i  tant  à  l'égard   de  leur  conduire, 
que  de  leur  Doctrine.    On  affem- 
j  bla  donc  un  Synode  à  Zurich,  (a)  synodes. 
I  au  Printems  ,  pour  y  remédier  >  6c 
Ton  y  appella  tous  les  Palteurs, 
!  tant  de  la  ville  que  du  Canton. 
I  On  leur  fit  prêter  un  ferment  à 
tous:  on   y  examina  la  conduite 
!  de  chacun  d'eux.    On   châtia  les 
i  coupables  ,  &  Ton  y  fit  des  Régle- 
l  mens,  pour  pourvoir  à  ce  qui  man- 
!  quoit    encore  pour  le    bien  des 
Eglifes.    Quelque  tems  après,  on 
tint   un  autre  Synode  ,   où  Ton 
appella  tous  les  Chapelains  ,  les 
Moines  3c   autres  qui  recevoienr 
penfion  des  biens  de  l'Eglife.  .  On 
les  examina  aufïî:  on  leur  fit  pic- 
ter  un  ferment  ;  3c  ceux  qui  furent 
trouvez  propres  pour  exercer  leMi- 
niftere  ,  furent  exhortez  à  l'entre- 
prendre. 

Ce  fut  dans  ces  alTemblées,  que 
les  Zuricois  firent  de  nouveaux 
N  3  Régie- 

M' Mi  p.  42-3. 


294  Hijloire  de  la  Reformat  ion 

I  j  2  8 .  Règlements  pour  perfeftioner  leur 
Zurich  Gouvernement    Ecdéfiaftique.  Tel 
Nou-fut   entr  autres   l'établiflement  de 
VRégîe-    *eur  Synode  général  >  qui  s'affem- 
ments.    ble  deux  fois  châque  année  à  Zu- 
rich ,  au  Printems,  Se  en  Automne. 
(a)  Les  Miniftres  du  Canton  font 
partagez  en  huit  Clajfes  ou  Chapi- 
tres i  comme  ils  les  appellent  ;  Sa- 
voir,  I.  Celle  du  Lac  de  Zurich  > 
compofée  de  24.  Minières.  II.  Celle 
du  Frey-Ampt)  *  qui  en   a  14, 
III.  Celle  de  Steïn->  qui  en  à  12.  IV. 
Celle  de  Winterthour  ,  qui  en  à  30» 
V.  Celle  d'Ellg,  qui  en  à  8.  Vf.  Celle 
d9Obervvetzikomm  ,   qui  en  à  12. 
VII.  Celle  d'Untervvetzikvwm  >  qui 
en  à  19.  Enfin  VIII.  Celle  de  Re- 
genfperg,  qui  en  à  2p.  en  tout  148» 
-    Miuiftres.  Tous  ces  Miniftres  com- 
pofent  la  plus  grande    partie  du 
Synode  3  dont  je  viens  de  parler  j 

je 

(a)  Bluntfchli  ,  Memorabilia  Tigurina. 
12.  à  Zurich  17^4.  pag.  264. 

*  Il  ne  faut  pas  confondre  le  Freyi* 
Ampty  qui  eft  un  quartier  du  Canton  de 
Zurich  ,  près  du  Mont  Albife ,  avec  les 
Freyen  JEmpter }c'eft-à-dire  Balliages  Libres, 
qui  eft  une  Seigneurie  commune  >  qui 
appartenoit  autrefois  aux  7.  anciens  Can- 
tons :  mais  aujourd'hui  depuis  la  guerre 
de  l'an  1712.  Berne  fait  le  81Î1C.  Seigneur. 


delaSuijfe  Liv.  V.     29  5 

je  dis  la  plus  grande  partie:  car  ils  1  528. 
ne  font  pas  les  feuis  :  Comme  Je  Synode 
Thourçavv  &  le  Rbeinthal ,  font  en  de  Zu~ 

•  R  I C  H» 

bonne  partie  Réformez  >  8c  que  ces 
deux  Provinces  appartiennent  en 
commun  aux  VÏIÎ.  anciens  Cantons, 
dont  Zurich  eft  le  premier  j  que 
d'ailleurs  elles  font  dans  le  voifî- 
nage  de  Zurich  ,  qui  peut  mieux 
avoir  infpeclion  fur  leurs  Eglifes, 
que  les  autres  >  pour  toutes  ces 
raifons  leurs  Minières  font  obligez 
de  paroître  au/Ti  dans  le  Synode  de 
Zurich,  -pour  y  rendre  raifon  de 
leur  Doctrine  Se  de  leur  conduite. 
(a)  Les  Minières  du  Thourgavv 
compofent  entr'eux  trois  Claffes  ou 
Chapitres:  I.  Celle  de  Fravvenfeld, 
compofée  de  17.  Minières  5  II.  Celle 
de  Stcckhoren  >  qui  en  à  15.  &  IIÏ. 
Celle  du  Haut-Thourgavv ,  qui  en 
à  14.  en  tout  46.  Les  Miniftres 
du  Rhùnthal  ne  font  entr'eux 
qu'une  petite  ClafTe,  n'étant  pas 
plus  de  7.  Ainfi  ce  Synode  eft  com- 
pofé  de  201.  Minières.  Tous  ces 
Minières  ,  dont  je  viens  de  faire 
l'enumeration,  tant  Paftcurs  en  Chef, 
que  Diacres,  ou  féconds  Pafteurs; 

N  4  tant 

[a]  id,  p.  26).  166. 


296  Hijloire  de  la  Reformater* 

I  528.  tant  ceux  de  la  ville  Capitale ,  que 
Synode  ceux  de  la  Campagne,  &  des  au- 
de   Zu-  tres  villes  ,  font  appeliez  à  ce  Sy- 
node 5  pour  le  fuiet  que  je  viens  de 
marquer,  qui  eft  d'y  rendre  compte 
de  la  manière  dent  ils  exercent  leur 
Emploi,  foit  du  coté   de  l'infini* 
ftion ,  de  la  Prédication,  &  de  la 
Doclrine,  foit  du  coté  de  la  con- 
duite ,  tant  à  l'égard   de  TEglife, 
qu'a  l'égard  de  leurs  perfonnes  &c 
de  leurs  Maifons.    Il  y  a  toujours 
un  des  Bourgmaîtres  de  la  ville  , 
avec  huit  autres  Seigneurs  ,  tirez 
du  Grand  6c  du  Petit  Confeil,  qui 
a/Tîften:  à  ce  Synode,  au  nom  du 
Magiftrat.    On  leur  adrelïe  lesRe- 
préfentations  ou  les  Rémontrances> 
que  les  Miniftres  peuvent  avoir  à 
faire  à  la  Seigneurie  ,  &  l'on  y  fait 
des  projets  de  règlements  pour  le 
bien  des  Eglifes.  Mais  afin  que  tout 
s'y  paiTe  en  meilleur  ordre,  chaque 
ClaiTe  s'afTemble  dans  fon  départe- 
ment un  jour  ou  deux   avant  le 
Synode,  Se  éxamine  les  affaires  qui 
doivent  s'y  porter.    Avant  ces  a£ 
femblées,  chaque  Doyen>  (  c/eft  ainfi 
qu'on  nomme  le  Chef  ou  le  Modé- 
rateur de  la  ClalTe,  )   doit  vi/îter 

cous. 


de  la  Suffi.  Liv.  V.  297 

tous  les  Minières  de  fon  départe-  152g, 
ment;  &  s'informer;  Quelles  font  Synode 
les  Etudes  qu'ils  font  ?  Quels  font  les  de  Zu» 
Livres  qu'ils  ont  &  qu'ils  lifent?  S'ils  RICH' 
font  exacts  a.  s'acquiter  de  leur  devoir 
dans  l'Inftruclion  &  la  Prédication  f 
S'ils  ont  bien  foin  des  Pauvres  &  des 
Malades?  Si  outie  la  Prédication  & 
rinflruclion  publique  ,  ils  saquïtent 
aujft  des  autres  parties  de  leur  devoir? 
Si  le  Doyen  en  trouve  quelqu'un 
en  défaut ,  il  doit  le  cenfurer  en 
particulier,  pouvû  que  la  faute  ne 
(bit  pas  bien  confidérable  ;  autre* 
ment  il  doit  le  raporter  à  l'affem- 
blée.  Si  la  Cenfure  ne  produit  au- 
cun fruit,  on  le  défère  à  des  Exa- 
minateurs ,  qui  le  font  venir  devant 
eux  y  ou  qui  même  portent  la 
chofe  devant  le  Synode,  fi  elle  eft 
confidérable. 

La  veille  du  Synode  général,  les 
Doyens  s'afTemblent  à  Zurich,  avec 
Mtflieurs  les  *  Chanoines ,  pour  dé- 
libérer avec  eux,  fur  les  chofes  qui 
N  5  doivent. 

*  On  appelle  à  Zurich  Chor  -  Herreu 
c'eft-a-dire  Chanoines ,  dix  Hcclé fî a ft i c] 1 1 es  , 
Palteurs  &  Pr^fetfeurs ,  qui  ont  contervé 
entr'eux  dix  Prébendes  des  anciens  Cha- 
noines de  la  Grande  Eglifcv 


298  Hi,  îoire  de  la  déformation 
jrog  doivent  ê:re  portées  dans  le  Syno- 
Zurich         ^  devant  Leurs  Excellences. 
Synode.   Et  comme  on  fuit  à  Zurich  le  mê- 
me ufage  ,  qui  eil  écabli  par  toute 
la  S;.ilTe  Réformée,  de  donr.ei  Tlm- 
pofition  des  Mains  ,  ôc  le  Caractère 
de  Miniftre   aux  Propofms ,  fans 
leur  donner  aucune  Eglise  à  fervir;- 
(  ufage  en  quoi  Ton  fe  trouve  dif- 
férent des  Eglifes  de  France  8c  des 
P^ys  Bas  ,  qui  ont  retenu  à  cet 
égard  la  difcipline  de  l'Ancienne- 
Eglift  ;  )  ces  jeunes  Miniftres  ,  que 
nous  nommons  Impofitionnaires  ,  * 
ont  le  droit  d'aiTifter  à  ce  Synode, 
s'ils  le  fouhaitent  j  afin  de  fe  former 
de  bonne  heure  aux  affaires.  Ajou- 
tons enfin  que,  pour  engager  les 
jeunes  Minières  ,     à  continuer 
leurs  études  ,  8c  à  ne  s'y  point  re- 
lâcher ,  quand  même  ils  font  char- 
gez du  foin  d'une  Eglife  ,   on  les 
oblige  de  foûtenir  ,  à  leur'tour,  pu- 
bliquement   des  Théfes  ,  fous  la 
préfidence  d'un  ProfclTeur  de  Théo- 
logie ,  le  lendemain  du  Synode  ; 
ayant  au  deiTous  deux  des  Etu- 

dians 

'  *  A  Zurich  on  les  appelle  Exfpefianten  : 
à  Berne  ,  Exam'waten  ,•  &  à  Genève* 
jïpotres. 


delà  SuiJJe.  Liv.  V.  299 
I  dians,  qui  répètent  les  objections  1528. 
des  Oppofans. 

Les  Bernois  ont  aufîi  3  à  deux  Berne. 
différences  près,  la  même  Difcipli- 
ne  ,  pour  engager  leurs  Minières  , 
à  s'acquiter  exactement  &  conftam- 
ment  de  leurs  devoirs.  Leur  pays 
Allemand  eft  partagé  en  VIII.  Claf- 
;  fes  ,  ou  Chapitres  ,  qui  font  en- 
femble  240.  Minières  j  Sans  com- 
pter 7.  Minières  ,  que  les  Sei- 
gneurs de  Berne  ont  eu  la  charité 
de  fonder  dans  le  pays  de  Vaud  > 
en  divers  tems  5  depuis  30.  à  40. 
ans  en  ça  ,  pour  l'édification  des 
Colonies  Allemandes  ,  qui  s'y  font 
répanduës  ;  Ces  ClafTes  font  celles 
de  Berne ,  de  Thoune  >  de  Bourg- 
dorff ,  de  Nidavv  ,  de  Burcn  ,  de 
Langhenthal  7  àAravv  3  ÔC  de 
Brouk. 

Elles  s'affemblent  toutes  les  an- 
nées autour  de  la  Pentecôte  ,  cha-  - 
cune  dans  la  principale  Place  de 
fon  Département  ,  mais  elles  ne 
forment  jamais  d  Affemblée  gé- 
nérale a  ou  de  Synode  Provin- 
cial. 

Ceft  là  la  prémiére  différence, 
La  féconde  ,  c  eft  que  les  Impofi- 

tion- 


300  HUloire  de  la  Rjformation 

î  528»  tionnaires  n'affiftent  point  à  ces 
Berne  aflemblées. 

bles  de*"  ^enc^ant  Sue  *€S  Bernois  tra- 

ite/?*.,    vaiiioient  à  établir  la  Réformation4 
chez  eux  ,  &  à  l'affermir  chez  leurs 
Alliez  ?  il  s'éleva  contr'eux  un  ora- 
ge ,  qui  penfa  avoir  de  funeflcs 
fuites  y    mais    qu'ils  difllpérent 
heureufement.     {&)  Les  gens  du 
pays  de  Hafie  >  (b)  qui  font  fujets- 
de  Berne  >  mais  avec  de  très-beaux 
privilèges  ,   avoient  été  des  pré- 
miers  du  Canton  à  embraffer  la 
Réformation.      C'écoit  même  m 
partie  à  leur  prière  &  à  leur  fol- 
licitation  ,  que  leurs  Seigneurs  a- 
voient  ordonné  uneDifpute  folem- 
nelle  de  Réligion  dans  leur  Capi- 
tale,   Cependant  quelques  tems  a- 
près  >  en  partie  par  légèreté  ,  en 
partie  gagnez  par  les  Sollicitations 
de  ceux  du  Canton  d'Undervvald , 
leurs  voifins  3  ils  avoient  réfolu- 
(  le  7.  Juin  )  dans  leur  Affembléc 
générale  >  à  la  pluralité  de  40, 
voix  ,  de  reprendre  la  Religion  Ca- 
tholique 5  jufqu'à  la  décifion  d'un 
Concile  Univerfel.    Cette  rêfolu* 

tion 

U)  $>tettier-\l.  p.lOï  CCC. 
((?)  Bem%  Inih'.A. 


fdeU  Suiffc.  JLiv.  V.    30  f 

rion  fut  prife  en  préfence  de  quel-  I  52  8- 
eues  perfonnes  du  Canton  d'Un-  Berne 
dervvaid  ,  qui  s'y  trouvèrent.  De- 
plus  le  même  Canton  >  qui  fous 
prétexte  du  droit  de  protection 
qu'il  a  fur  le  Couvent  (TEngelberg^ 
|  de  l'Ordre  des  Bénédictins  (  dont 
l'Abbé  avoit  Ja  Collarure  de  l'E- 
glife  de  Brientz  *  )  prétendait  y 
maintenir  la  Religion  Catholique  , 
y  avoit  envoyé  un  Prêtre  3  pour 
célébrer  la  Méfie  >  &  enfuite  deux 
autres  pour  faire  la  Fête-Dieu. 
Les  Bernois  envoyèrent  un  Dépu- 
té à  ce  (a)  Canton-là,  le  16.  Juin, 
pour  lui  reprocher  toutes  ces  cho- 
fes  ,  &  que  de  plus  il  avoir  tra- 
vaillé en  public  de  en  particulier  à 
porter  leurs  fujets  de  Hafie  à  la  ré- 
bellion ,  8c  pour  lui  déclarer  qu'ils 
ne  vouloient  abfolument  fouffrir  au- 
cun Prêtre  Catholique  dans  leurs 
terres.  Ils  en  envoyèrent  auTi  un 
le  même  jour  à  ceux  de  Hajle  > 
&c  de  Brientz  ?  pour  les  porter  z 
reprendre  la  Réformation  ,  qu'ils 
avoient  embrafiée  volontairement  ; 
&  leur  ordonner  de  bannir  tous 
les  Prêtres  Catholiques  3  à  moins 

qu'iL 

•  00  lkid*  Inf(r.A.pri49. 


302  Hijloire  de  la  Reformation 

I  ^28.         n  y  en  euc  quelquun5  quife 
Berne   ^c  ^ort  ^e  *es  convaincre  d'erreur 
Trou-  par  l'Ecriture  j  auquel  cas  on  de- 

^Hafl*6   yolt  ^>env°yer  à  Berne ,  avec  un 
fauf-conduit ,  pour  y  expofer  fes 
raifons.    Et  comme  ceux  du  Haut- 
Sibenthd  étoient  toujours  zélez  pour 
la  Religion  Romaine  ,  on  y  envo- 
ya un  Député  le  i.  Juillet ,  (a)  pour 
leur  repréfenter,  Quïls  feroient  plai- 
fir  à  leurs  Seigneurs  >  d'embrafler 
la  Réformation  ,  ou  du  moins  de 
permettre  qu'on   la  leur  prêchât. 
Les  Députations  au  Canton  d'Un- 
dervvald  &  au  pays  de  Halle  fu- 
rent inutiles   :     Ceux  de  Hafle  » 
bien  loin  d'obéir,  demandèrent  un 
Prêtre  au  Canton  d'ITW  ,  qui  le 
leur  accorda  :    Et  ce  Prêtre  vint 
au  pays  ,    accompagné  de  deux 
Confeillers  de  ce  Canton  -  là  ,  & 
de  huit  autres  hommes  ,  au  Ion  du 
tambour  (b)  &  des  fifres.  Cepen- 
dant il  y  avôit  dans  le  pays  un 
grand  nombre  de  bons  Réformez  > 
qui  voyant  avec  douleur  (c)  cette 
conduite  de  leurs  Compatriotes  , 

fe 


(a)  Ib'ul.  p.  1^9. 

(b)  Ibiâ.  p.  \6). 

(c)  Steitler  1.  c.  pag.io.  b, 


de  la  Suffi.  Liv.  V.  30? 

fe  lièrent  enfemble  ,  pour  ne  point  1528. 
fe  départir  de  la  Réformation  >  ni  Berne 
de  robéiffance  duë  à  leur  Souve- 
rain.   Cette  différence  de  fentimens 
produifit  entr'eux  une  grande  divi- 
(ion  j   &  pendant  que  les  Réfor- 
mez ne  s'appuïoient  que  fur  leurs 
Magiftrats  légitimes  ,  leurs  Adver- 
faires  s'appuyoient  fur  le  fecours 
de   ceux  du  Haut  -  Sibentbal  5  de 
Fr  ou  ligue  ,  à'zs£fcbi  ,  &  de  BïientZî 
&    particulièrement    du  Canton 
d'Undervvald.    Les  Bernois  leur 
envoyèrent  derechef  un  Député  le 
9.  Juillet  >  pour  leur  reprocher  leurs 
divifions  >  8c  pour  faire  revenir  les 
Mutins  à  leur  devoir  (a)  mais  inu- 
tilement.    Ils  écrivirent  au/îi  au 
Canton  d'Un  ,  pour  fe  plaindre  de 
l'envoy  de  ce  Prêrre  :    Ce  Canton 
s'exeufa  du  mieux  qu'il  put  là-def- 
fus,  difant  ,  Que  cela  s'etoit  fait 
peut-être  à  l'infcu  du  Confeil  Sou- 
verain ?  8c  rejetant  la  faute  fur- 
quelques  particuliers  du  pays.  Ce- 
pendant les  Bernois  ayant  publié 
un  nouvel  Edït  3  poi.r  porter  leurs 
fujets  à  obferver  les  Loix  dt  leur 
Réformation ,  les  Mutins  de  Halle 

leur 

W  £.  Inftr.A.p.  Itffc 


304  Hijloire  de  la  Ré  formation 

.  I  528.  leur  répondirent  3  Ou  ils  prétendaient 
Bep.îse  demeurer  dans  le  même  état ,  ou  ils 
bifide1  s  etotent  trouvez  >  quand  ils  avoient 
Majle,  ?aP  fous  ieur  domination  ,  &  leur 
offrirent  de  plaider  leurs  Droits 
contr'eux  devant  les  Cantons  5  di- 
fant  3  Que  de  faire  du  tort  à  leurs 
Prêtres,  c'écoit  une  chofe  contrai- 
re à  leurs  Privilèges.  Les  Bernois 
leur  envoyèrent  à  ce  fujet  une  troi- 
fiéme  Députation  ,  pour  les  rame- 
ner à  leur  devoir  ,  mais  elle  fut 
aulTi  inutile  que  les  précédentes. 
Les  Rebelles  avoient  pris  leur  par- 
ti ,  &  ils  comptoient  fur  le  fecours 
des  Cinq  Cantons  Catholiques  (a)  , 
qu'ils  avoient  demandé.  Cepen- 
dant ils  fe  trompèrent  à  cet  égard. 
Car  Lucerne  >  Uri  ,  Scbvvitz  >  & 
Zoug  ne  leur  en  voulurent  point 
donner  j  &  même  Uri  Se  Zoug 
le  leur  refuférent  en  des  termes  fort 
vifs.  Les  Bernois  ,  pour  ne  rien 
négliger  de  ce  qui  pouvoit  fauver 
leurs  Sujets  5  eurent  la  bonté  de 
leur  envoyer  encore  le  2.  Août  y 
des  Députez  de  quatre  Villes  >  de 
quatre  Balliages  >  &  des  quatre  Ju- 
rifdi&ions  de  la  Ville ,  mais  inuti- 
lement,. 

ia)  St et tlcr  le.  p.rr. 


delaSuiffe.  LîV.  V.  305 

kmein.  Les  Rebelles  dirent,  Qu  'ils  I  52  S> 
rancir  oient  réponje  au  bout  de  l'y.  jours.  Berne 
Dans  le  même  tems  ceux  d'Under- 
vvald  ie  déclarant  tout  ouverte- 
ment >  envoyèrent  des  Députez  à 
Bricntz ,  pour  y  établir  un  Prêtre 
dans  les  formes  ,  comme  Prote- 
cteurs de  l'Abbé  d'Engelberg.  Les 
I  Députez  Bernois  trouvèrent  ce  chan- 
gement à  Brientz  à  leur  retour  >  Se 
difputérent  fur  ce  fujet  avec  eux  > 
foûrenant  que  l'Abbé  n'avoit  aucun 
pouvoir  de  faire  un  tel  changement y 
en  vertu  de  fon  droit  de  Coiiatu- 
re  ,  puifqu'il  n'y  avoit  pas  la  moin- 
dre Jurifdic*lion.  Les  Bernois  >  ne 
voulant  fe  porter  aux  dernières  ex- 
trémitez  qu'à  regret  >  écrivirent  en- 
core aux  Rebelles  >  une  longue  Let- 
tre, pour  leur  repréfenter  les  Droits 
authentiques  qu'ils  avoient  fur  eux, 
depuis  près  de  200.  ans  j  mais 
bien  loin  d'y  faire  aucune  atten- 
tion ,  ils  convoqué]  ent  une  affem- 
blée  générale  du  (a)  pays,  (le  30. 
d'Août  j  )  où  jl  fe  trouva  30.  hom- 
mes du  Canton  d'I/ndervvald.  Les 
Rebelles  y  firent  tous  leurs  efforts 
pour  attirer  à  leur  parti  leurs  Corn- 

patrio- 
te idt  p. Ta, 


306  Hifioire delà  déformation 

I  Ç 2 8 .  patriotes  Réformez  \  mais  ceux- ci 
Berne  demeurèrent  fermes  dans  leur  fidéli- 
Tr^u"té  envers  leurs  Souverains  Sei- 
ffafie^  gneurs  ,  &  envoyèrent  quelques 
Députez  à  Berne  ,  pour  les  infor- 
mer de  ce  qui  le  paiToit ,  &  implo- 
rer leur  fecours.  Les  Bernois  en- 
voyèrent encore  de  nouveaux  Dé* 
putez  au  Canton  d'Undervvald  ,  a- 
vec  ordre  d'aller  de  là  dans  le  pays 
de  Hafle  :  mais  inutilement  encore.. 
Ceux  de  Froutigue  &  de  GrïndeU 
<vvald  commirent  de  nouveaux  dé- 
sordres ,  (a)  Se  les  Sujets  du  Cou- 
vent d' IntarUcke  ,  dans  une  a  fie  râ- 
blée générale  ,  qu'ils  tinrent  le  Di- 
manche 27.  Septembre  à  Interlak* 
même,  oférent  cenfurer  le  Prévôt  & 
les  Moines  >  de  ce  qu'ils  avoient  re- 
mis leur  Maifon  aux  Bernois  ,  & 
le  Piévôc  ,  qui  n'étoit  pas  fort  por- 
té pour  fes  Seigneurs  ,  fe  réconcilié 
avec  ces  Rebelles.  Le  même  jour 
ceux  de  Gr'mddvv.xld  chalTérent  leur 
Minières  &:  quelques  jours  après 
de  concert  avec  les  aunes  Sujets 
dlnterlack;  ,  ck  ceux  de  Halle  ,  ils 
commirent  divers  défordres  :  quoi- 
que leurs  Seigneurs  euiîent  offert  de 

fou- 

W  Ici.  p.n. 


delà  Suife.  LïV.V.  307 

foûmettre  leur  différent  à  la  décifion  1  52 3» 
de  quelques  Juges  choifîs  ,  de  la  Berne 
Ville  &  du  Canton  pour  le  16,  Se-  t  Trou* 
ptembre.    Les  Seigneurs  ,  voyant 
qu'il  n'y  avoit  plus  de  moyen  de 
ramener  ces  gens  là  par  la  douceur  1 
&  par  1  équité  ,  prirent  enfin  la  ré- 
folution  de  les  y  contraindre  par  la 
force.    Et  d'abord  ils  donnèrent  a- 
vis  à  leurs  Sujets  ,  de  leur  duTein  , 
par  des  Députez  ,  leur  demandant 
leur  fêntiment.  Le  plus  grand  nom- 
bre répondit ,  Qu\\s  etoient  dlfpo- 
fez  à  foutenir  leur  Souverain  de 
tout  leur  pouvoir  ,  mais  ceux  de 
YOberUnd  >   voifîns  des  Rebelles  > 
ne  fe  trouvèrent  pas  difpofez  de  la 
même  manière.  Et  même  dans  une 
Conférence ,  que  les  Sujets  d'Iiiter- 
lacke  y  tinrent  le  22.  Octobre  avec  Mgue 
ceux  de  Hafle  ,  du   Haut  Sïbenthal>  Jj^nta- 
d'<is£fchi  ,  de  Froutigue  &  de  if^- gnards . 
ûgue  ,  ils  fe  liguèrent  tous  ,  par 
ferment  prêté  aux  Saints  ,  de  ne  fe 
point  départir  de  leur  ancienne  Re- 
ligion ,  de  ne  point  foûmettre  leur 
différend  à  d'autres  Juges  qu'aux 
VII.  anciens  Cantons  ,  de  s'âquiter 
pourtant  d'ailleurs  des  autres  an- 
ciens devoirs  qu'ils  dévoient  à  leurs 

Sei- 


308  Hijloire  de  la  Réformât  ion 

1  528  Seigneurs   >     mais    de    ne  pas 
Berne   foufrir  qu'on  châtiât  ou  maltraitât 
Trou-  perfonne  pour  cette  affaire  >  &:  de 
ëeï  e   maintenir  le  Couvent  en  fon  état 

Huile*  .  r       .  A 

entier  :  enfin  de  remplir  eux-mê- 
mes les  charges  >  comme  ils  rirent 
fur  le  champ.  En  même  tems  ils 
rirent  fortir  la  Baillive  (a) ,  ils  s'em- 
parèrent des  pafTages  ,  &  envoyè- 
rent à  leurs  Seigneurs  une  Lettre 
fort  infoîente  ,  où  ils  leur  deman- 
doient  >  s'ils  voulaient  être  leurs  Fro- 
tecleurs  ou  non  ?  Qtuls  le  leur  fiffent 
f avoir  y  afin  cjiïiis  pufient  prendre  leurs, 
mefures  la-dejjus.  Cependant  tous 
les  Sujets  d'Interlacke  ne  fe  laifle- 
rent  pas  entraîner  au  mouvement 
de  cette  rébellion.  Ceux  SUnfpun- 
nen  &  ôïUnderfevven  >  &  une  cen- 
taine d'autres  demeurèrent  fidèles  à 
leurs  Seigneurs.  Les  Bernois  pri- 
rent enfin  les  armes  ,  Se  (  dans  une 
Diète  alTernblée  le  19.  Novembre) 
demandèrent  du  lecours  aux  autres 
Cantons.  Us  en  demandèrent  auffi 
à  tous  leurs  autres  Alliez.  Les  Zu- 
ricois  l'accordèrent  de  fort  bonne 
grâce  5  ((■')  difant,  Que  le  tort  quon 

faifoit 


(*)  Stettl.  p.  14. 
{k)  Hottin»,  434. 


delaSuife.  Liv.   V,  309 

fdifoit  a  leurs  Alliez,  de  Berne,  on  1  528. 
te  faijolt  à  eux-mêmes  ,  &  que  Caffai-  Berne 
re  dis  Bernois  éto  t  la  leur  propre. 
Mais  il  n  en  fut  pas  de  même  des 
autres  Cantons.  Fnbourg  &  Soleur- 
re  Je  refuférent  tout  net  ,  parce  qu'il 
s'agiiToit  de  Rcl  gion.  Les  V.  Can- 
tons &:  Fribourg  rirent  plus  j  non 
feulement  les  premiers  refi  férent 
du  feco  >rs  aux  Bernois  >  mais  mê- 
me ils  envoyèrent  ordie  à  Bremgartt 
&  à  Melitngue  ,  de  ne  point  laiffer 
parler  les  troupes  de  Zurich  ,  qui 
ir oient  joindre  celles  de  Berne. 

Les  Fribourgeo's  aufïl  penférent 
tout  de  bon  à  faire  la  guerre  aux  Ber- 
nois ,  &  à  joindre  leurs  troupes  à 
celles  des  Rebelles  i  &  ils  l'auroienc 
fait  ,  fi  les  Bernois  n'euffent  pas 
bien-tôt  triomphé  de  leurs  ennemis. 
Dans  ce  deffein  ils  demandèrent  du 
fecours  à  leurs  Alliez  de  Genève 
(a)  &  de  Laufanne  (ù) ,  aulïi  -  bien 
que  les  Bernois.  Les  Genevois 
donnèrent  du  Secours  aux  Bernois 
&  aux  Fribourgeois.  Laufanne  don- 
na au/fi  (c)66.  Arquebufiers  aux 

Ber- 

(a)  Spon.  I.503. 

{b)  Arch.  Lamf.  voyez  leur  Lettre  entre 

les  Pièces  JuJIificatives  N-  V. 

ic  )  MSC.  Pinaut,  MSC  L*»f.  33 1.  b. 


3 1 0  Hifloire  de  la  déformation 

Ï  528.  Bernois  \  je  n'ai  pas  pu  découvrir 
Berne   fi  elle  en  donna  aux  Fribourgcois  ; 

Trou-  mafs  la  paix  qui  fut  Faite  bien -tôt 
Hafle  C  aPres  9  rendit  ce  fecours  inutile* 
Les  autres  Alliez  de  Berne  ,  quoi- 
que Catholiques  ,  fe  montrèrent 
meilleurs  amis  des  Bernois  :  non- 
feulement  la  ville  de  Biennc  leur  en- 
voya du  Secours  ?  mais  aufïi  celle 
de  Payerne,  qui  avoit  ,  depuis  quel- 
ques centaines  d'années  ,  un  Trai- 
té de  Combourgeoifle  avec  Berne  , 
&  les  Comtes  de  Neuchâtel  ,  &  de 
Valengin.    Avant  qu'on  en  vint  à 
un  combat  ,   quelques  Députez , 
tant  de  Thoune  ,  que  du  Mande- 
ment de  Sefftigue  ,  &  des  deux  «Sï- 
benthals ,  allèrent  ,  de  leur  propre 
mouvement ,  faire  une  dernière  ten- 
tative auprès  des  Rebelles  ,  &  ob- 
tinrent d'eux  qu'ils  fe  foûmettroient 
à  la  décifion  de  i%.  Juges,  choifis 
de  la  Ville  ôc  du  Pays ,  fous  la  pré- 
fidence  d'un  Bourgeois  de  Thoune, 
ce  qu'ils  n'accordèrent  pourtant  que 
fous  la  referve  de  leurs  droits  ,  &  de 
pouvoir  chercher  encore  leur  Droit  par 
devant  d'autres  Juges.    Cette  reftri- 
clion  de  la  part  des  Rebelles  étoit 
trop  captieufs  pour  qu'on  y  put 

avoir 


de  la  Suiffe.  Li  v.  V.    3  î  I 

avoir  aucun  égard.    D'ailleurs  Iejj28. 
fecours  qu'ils  attendoient  d'Urader-  Berne 
vvald  arriva  le  njpme  jour  3  ainfi 
l'on  ne  penfa  plus  de  part  &  d'au- 
tre ,  qu'à  en  venir  aux  mains.  Les 
Bernois  ,  en  attendant  que  toutes 
leurs    troupes   furTent  affemblées  , 
[a)  envoyérent'une  bonne  garni  Ton  à 
Thoune  ,  fous  la  conduite  de  Nico- 
las Manuel  ,  Banderet  :  &  quel- 
ques jours  après  >  un  petit  Camp- 
volant  ,  fous  la  conduite  &  Antoine  Pf^r^ 
Bifchoff  Se  de  Sulfice   Haller  ,  au^Jrr^ 
nombre  de  300.  hommes  >  qui  joi- 
gnirent près  de  Thoune,  deux  cents 
hommes  du  pays  d'enhaut  ,  qui 
étoient  demeurez  fidèles.  Les  trou- 
pes d'Undervvald  ,  au  nombre  de 
800.  hommes  ,  ayant  la  bannière 
de  leur  Canton  ,  fe  rendirent  Maî- 
tres de  Brientz  le  Jeudi  29.  Octo- 
bre ,  Se  enfuite  du  Couvent  d'/nter- 
lacke  3  &  de  la  petite  Ville  d'Under- 
frvven.    Le  Camp-volant  des  Ber- 
nois voulut  attaquer  les  ennemis 
dans  ces  deux  portes  ,  quoique  de 
beaucoup  Supérieurs  en  nombre,  car 
ils  n'étoient  pas  moins  de  1300. 
Mais  quelques  Députez  de  LuLerne 

te 

(a)Stettl.  p.  if. 


3 1 2  Htftoire  de  la  Information 

&  de  Baie  ,  avec  quelques  autres 

Be^ne   du  Pays  ,  les  ayant  conjuré  de  ne 

Trou-  rjen  précipiter  >  ils  promirent  de  le 
oies  de        •  -  r    >\   ■  >     •   /  j 

tenir  en  repos  ,  julqu  a  1  arrivée  de 

leur  grande  Armée  }  ou  jufcju'à-ce 
qu'ils  euflent  une  réponfe  latisfai- 
fants  ,  à  condition  que  leurs  enne- 
mis fe  retiraient  àïUnderfevven  à  In- 
terlacke,pour  y  demeurer  aufTi  en  re- 
pos :  ce  qui  fut  fait.  Peu  de  jours 
nenfon  après5arriverent  àUnderfevven  (a) les 
ce  r.ar=  troupes  de  Thoune,  du  Bas-Sibentbal, 
mêeBer-  &  de  YEmmetbai  :  ce  que  voyant 
noife.  ceux  d'Underwald  >  incommodez 
d'ailleurs  par  les  pluyes  froides 
qu'il  faifoit  >  &:  craignant  d'être 
enfermez  par  les  neiges  3  ils  fe  re- 
tirèrent à  Brientz  >  fans  brùit ,  avec 
les  Rebelles.  Le  lendemain  le  bruit 
s'étant  répandu  ,  que  les  ennemis 
avoient  pillé  le  Couvent  d'Interla- 
cke>  6c  brifé  tout  ce  qu'ils  n'avo- 
ient  pas  pû  emporter  ,  Bischoff 
voulut  les  aller  attaquer  avec  fou 
Camp-volant  ;  mais  quelques-uns 
des  Députez  des  deux  Cantons , 
dont  on  a  parlé  ,  s'y  étant  oppo- 
fez;  il  prit  avec  lui  Jacob  Wa- 
gner  &  Jean  Friching  , 

& 

0)  Stettl.  p.itf. 


de  U  'Suffi.  L i  v.  V.  313 

&c  une  douzaine  de  bons  Soldats  ,  I  52  8- 
Se  courut  du  côté  du  Couvent  ; 
iCeux  d'Undervvald  qui  s'y  étoient 

campez,  en  furent  tellement  effra- 

1  u      >  Les 

yez  ,  que  quelques-uns  a  entr  eux  trollpes 

prirent  la  fuite  j  Se  les  Bernois  fe  iïUnder- 
faifirent  du  Couvent.    La  grande  ^yWre 
armée  de  Berne  arriva  à  Iboune  le  cu  ent* 
j Samedi  2.  Novembre  avec  la  ban- 
nière de  la  ville  ,  fous  la  cpi  duite 
ide  l'Avoyer  d'Erlach  ;  foît  fa- 
tigué du  mauvais  tems.    Le  lende- 
main elle  joignit  le  Camp- volant  à 
[Undcrfevve.    L'armée  campa  paitie 
à  Underfevve ,  partie  à  Interlacke  > 
&  partie  dans  les  villages  veifins  , 
Iparticuliéiement   à    GrhuUlvvdd  ; 
Se  fe  répandit  par  tout  fans  trou- 
ver aucune  relibnee.    Les  troupes  &  -tm 
d'Undervvald    s'en     retourhéient  tent  la 
dans  leur  pays  ,  abandonnant  hon-  partie* 
teufement  leurs  nouveaux  Alliez  } 
&  ceux-ci  fe  trouvant  fans  apui , 
furent  contraints  de  fe  foûrnettre  à 
leurs  Seigi  eurs.  Les  Aurheurs  de  la 
rébellion  i'ènfij'irent  dans  le  Can- 
eton dUm [crvvald  :  cependant  on 
I  en  faifit  un  ,  nommé  JtAti  Jm-Sandt 
I  Jjue  l'en  f  z  mouiir ,  Se  fa  tête  fut 
I  fhm         ,  O  mi- 


314  Hijloire  de  la  Pjformation 
mife  fur  un  piéu:(*)mais  quelque  Ca- 

iubflU    °^iC^  *a  PÏ1Z  de  ™t>&  Remporta 
^y^^i  Saxele  ,  dans  le  Canton  d'Under- 
Mxrtyr  vvald  ,  où  on  la  garde  comme  une 
chez  les  précieu(ê  relique,  &  on  Ta  hono- 
cmes.     ree  "e  cetre  Inscription  :    Ceft  ici 
la  tête  de  Jean  Jm-Sand,  d'beià 
reufe  mémoire,  qui  a  été  martirifé  pour 
la  foy  Chrétienne,    Un  tel  martyr 
peut  faire  paroii  aux  Garniers  ,  aux 
Clémens  ,  aux  Guignards ,  &  à  d'au- 
tres de  ce  Caractère  3  que  la  véné- 
Trou  râ^e  Compagnie  des  Jéfuitcs  a  ca- 
bles de  "  norn&z-    Les  maifons  de  ces  chefs 
Hajs.     des  Rebelles  furent  pillées  ,  {b)  8c 
leurs  biens  confifquez  au  profit  du 
Souverain.    Cependant  on  les  ren- 
dit ,  dans  la  fuite ,  à  leurs  femmes 
&  à  leurs  enfans  ,  pour  montrer 
qu'on  aimoit  mieux  exercer  h  Clé- 
mence que  la  Sévérité.  L'Armée 
Bernoife  ne  trouvant  point  d'enne- 
mis à  combattre  >  l'Avoyer  d'£r- 
Uch  3  fit  fommer  tous  les  fujets  re- 
belles du  pays  de  Hafle ,  &  du  Bal-  ] 
liage  d'interlacke ,  de  fe  rendre  à 
diferétion  ,  8c  de  paroître  devant 
luy  le  4.  Novembre  en  rafè  campa- 
gne 


(a)  Hotttng.  4?^. 

[£]  Stettl.  p.  16.  b.&  17. 


de  la  Suffi.  Liv.    V.  3  I  5 

2;ne  >  devant  le  Couvent  dlnterk'  IJ2  8. 
:ke  ,  pour  y  recevoir  fes  ordres.  Trou- 
(1  rangea  ce  jour  là  Ton  armée  en' Mes  de 
bataille  fit  faire  une  décharge  gé-  H*fle* 
lîérale  de  toute  la  moufqueterie  Se 
le  la  gioJe  artillerie  >  pour  faire 
:omprendre  aux  Rebelles  ,  qu'on 
ivoit  en  main  dequoi  les  dompter  j 
;nfuite  ayant  ouvert  les  rangs,  il 
it  mettre  l'armée  en  rond  ,  laiiTant 
an  grand  efpace  vuide  au  milieu, 
fl  y  fit  entrer  tous  les  Sujets  de  Haf- 
le  Se  d'Interlacke  ;  plaça  les  Su- 
jets fidèles  Se  obéïlïans  à  fa  droite  > 
8c  les  Rebelles  à  fa  gauche  :  donna 
aux  premiers  les  louanges  qu'ils 
méritoient  j  Se  fe  tournant  enfuite 
rçrs  les  féconds  ,  qui  étoient  au 
lombre  de  500.  hommes  ,  il  Jeur 
addreffa  une  grave  Se  vive  cenfure* 
leur  reprochant  leur  rébellion  Se 
leur  parjure  5  Se  leur  fit  fentir  > 
que  les  tenant  entre  fes  mains , 
environnez  de  toutes  parts  de  fes 
troupes  ,  on  pouvoic  fe  vanger 
deux  ,  Se  les  tailler  en  pièces.  Ce 
difeours  les  toucha  fi  vivement  3 
qu'ils  fe  jetterent  tous  à  genoux  , 
demandèrent  grâce  ,  confeffanr 
humblement  leur  faute.  On  en  pu- 
O  |  Dit 


3  1 6  Hijlolrc  de  la  RJf&m&tivn 

I52S.  nie  quatre  de  mort  3  5c  lAvoyer 
Fin  des  déclara  aux  autres  >  qu'on  leur  fai- 
fcbubles  ^0|t  grâCe  9  sà  condition  qu'ils  ac- 
cepteroient  12.  articles  qu'il  leur 
propofa.  II  leur  ôta  h  Bannière  > 
les  Drapeaux  ,  &  le  Seau  de  leur 
pays.  Il  fit  auuj  fomrner  ceux  du 
-  Hattt-Sibentbal ,  de  Froutigue  de  de 
Spietz  >  de  fe  foûmettre  3  &  de 
rentrer  dans  Fobéïflânce  5  &;  le* 
uns  &  les  autres  ,  voyant  qu'il 
n'y  avoit  point  d'autre  parti  à 
prendre  ,  fe  fournirent  abfolument. 
Ainfi  les  Bsrnois  eurent  le  bon- 
heur de  terminer ,  fans  coup  férir* 
rm  tumulte  ?  qui  fêrnbloit  d'abord 
devoir  entraîner  une  grande  erTu- 
flon  de  fang.  Peu  de  jours  après, 
on  vit  arriver  à  Berne  des  (a)  Dé- 
putez de  divers  Etats ,  qui  venoient 
offrir  leur  médiation  dans  cette  af- 
faire •  :  de  Lucerne  ,  d'Uri  ,  de 
Schvvltz  >  de  Zoug  Se  de  Vdlaisy 
de  l'Evèque  dz  Baie  ,  de  la  Régenct 
Autrichienne  d'Enfisbeim  >  &  des  Vil- 
les de  Fribourg  ,  de  Baie  ,  de  S,haff- 
houfe  ,  de  Strasbourg  ,  de  Confiance  . 
de  S.  Gai  &  de  RtthvvjL  Ceuj 
des  Cantons  Catholiques  ôc  de  Val- 
lais 

W  StettL  i£.b, 


de  la  Suiffe.  Liv.  V.  317 

lais  y  tâc  hoient  d'excufer  leurs  Al-  j  ç 2  S . 
liez  d'Undervvald  ,  d'avoir  donné  berne 
du  Secours  à  ces  Rebelles  ,  difanc  'y 
?>  Que  cela  s'étoit  fait  contre  la  vo- 
>,  lonté  du  Confdl  Souverain  dit 
pays  ,    Que  c'étoient  quelques 
3,  jeunes  gens  ,  qui  ,  en  Fabien  ce 
y,  des  plus  Sages  >  avoient  entraîne 
]„  les  autres  >  &c.    C'ed  ainfi  qu'en 
j  certaines  occahons  ?  les  gens  rufez 
j  favent  s'y  prendre  d'une  telle  ma- 
>  niére  >  que  fi  leurs  entreprifes  ne 
'  rétifîiffent  pas  ,  ils  puiiTent  les  dé- 
favouër  :  Difpofez  à  s'en  faire  hoï> 
neur ,  &  à  s'en  piévaloir  ,  fi  elles 
j  Smflifient  au  gré  de  leurs  défirs, 
Les  Bernois  renvoyèrent  civilement 
tous  ces  Députez  ,  les  remerciant 
de  leurs  peines  >    &  les  aflurant 
qu'ils  traiteroient  leurs  Sujets  félon 
toutes  les  régies  de  l'équité.  Mais 
ils  reprochèrent  doucement  à  ceux 
deF;ibourg,  la  violation  qu'ils  a- 
voient  faite  de  leurs  trairez  mutuels, 
ayant  non -feulement  refufé  de  les 
«courir  dans  leur  befoin  ;  comme 
ils  y  éroient  obligez  5  mais  même 
demandé  du  Secours  pour  leur  faire 
la   guerre.    Bien  -  toc  après  ,  ils 
rendirent  au  pays  de  Halle  fa  Ban- 
O  3  nieic 


3  ï  8  Hijloirc  de  la  Réformation 

1528.  niére  &  les  privilèges  ,  à  la  re- 
B_rne.  quête  de  ceux  qui  leur  avoient  été 
fidèles  3  à  condition  que  le  Con- 
feil  de  Berne  éliroit  à  l'avenir  , 
Y  Amman,  le  Bandent  du  pays  , 
le  Tribunal  des  Quinze  ,  &  qu'il 
auroit  le  pouvoir  de  les  prendre 
ou  dans  la  Ville  ,  ou  dans  le  pays 
de  Halle.  Ceux  des  Sujets  d'Inter- 
lacke  (a)  y  qui  avoient  été  fidèles  à- 
leurs  Seigneurs  ,  obtinrent  auiïi  la 
même  grâce  pour  leur  pays.  Un- 
Autheur  Suiffe,  (ù)  bon  Catholique, 
nous  a  appris  que  l'Abbé  d'Engem 
berg  &  fes  Moines  avoient  été  les 
principaux  promoteurs  de  ce  tu- 
multe ,  qui  dura  environ  9.  mois  : 
que  l'Abbé  lui-même  prêchoit  aux 
Rebelles  ,  jufques  aux  derniers 
jours. 

DifficuL  yij§  lcs  Bernois  eurent  aufll 
quel-°Ur  quc4ues  autres  difficultez  à  effrayer, 
ques  au  fujet  de  quelques  biens  Eccléfia- 
biemà'E-  ftiques.  Comme  ils  vouloient  ré- 
vecles  former  Ie  Monaftère  de  S.  Jean, 
Vil. Can P^s  d'Erlacb,  ou,  Serlier ,  les  Can- 
tonsCa-tons  Catholiques,  qui  polTédoient 
q«^T"  alors  avec  eux  le  Comté  de  Neu- 
x    *     châtel  s'y  oppoférent.foûtenant  que 

ce 


de  la  Suffi  Ll  V.  V.  31? 

ce  Monaîiere étroit de la  Souveraineté  1)28. 
i  deNeuchâtel;  &;  (*)  prétendant  pour  Bernr 
le  moins  y  avoir  la  moitié  du  droit 
de  protection.    Mais  les  Bernois  > 
qui  avoient  eu  depuis  long  -  terns 
j  la   Souveraine'é  de  ce  Couvent, 
fans  aucune  oppofition  de  la  parc 
des  Princes  de  Neuchâtel  ,  n'eu- 
rent aucun  égard  à  cette  oppofition. 
Ils  y  brûlèrent  les  images  ,  prirent 
entre  leurs  mains  les  ornements  de 
I  l'Eglife  ,  &  défendirent  [h)  à  l'Abbé 
du  Lieu  &  à  fes  Moines  d'y  dire 
!  plus  la  MelTe.      D'autre  côté  le 
\  Baillif  de  Neuchâtel  Vit  faifir  tou-  V" '  */0jh*i 
tes  les  rentes  du  Couvent  ,  qui  k 
trouvoient  dans  ce  Comté.    Il  y 
eut  auiïi  d'autres  Puiffances  hors  de 
la  Suiffe  >  entr'autres  les  Régences 
d'Enfisbeim  ,  de  Spire  &  à'in  fprucl^ , 
qui  rirent  faifir  tous  les  biens  qui  ap- 
partenoient  aux  villes  de  Zurich  3 
de  Berne  ôc  de  Confiance  ,  à  cau- 
fe  du  changement  qu'on  avoit  fait 
dans  les  Monaftéres.    Les  Bernois 
envoyèrent  des  Députez  ,  le  io. 
Août  ,  à  Zurich  ,  (c)  pour  écrire  de 
concert  à  ces  Régences,  Que  fi  el- 
O  4  les 

(a)  B.  Inftr.  A.  p.  130. 14^. 

U)  B.Lat'mMïiliEz.  («J  B.  Inftr.  A.  19U 


320  Hïjloire  de  la  Ké formation 

ï  5 2  8 .  ne  vouloient  pas  relâcher  ces 
Bep.ne.  biens ,  on  uferoit  de  reprefailles. 
Difïicul-  Jls  eurent  aufïi  des  diflicukez  avec 

l$dc*rre.  *e  ^anton  ^e  S0'ieii™e  »  pour  le  mê- 
me fujet.  (a)  Quelques  Commu- 
nautez  de  ce  Canton, qui  dévoient  des 
dînes  à  l'Abbaye  de  Gottfttit ,  &  au 
Chapitre  de  Zeffingue ,  refuférent  de 
les  payer  :  comme  Selfacb  Se  Trm 
kehacb  :  &  même  ceux  de  Trinke- 
bach  menacèrent  le  Collefteur  des 
dîmes  de  Zoffi  igné  ,  de  TarTommer. 
Les  Bernois  s'en  plaignirent  à  leurs. 
Alliez  de  la  ville  de  Soleurre  ,  mais 
ils  n'en  reçurent  aucune  réponfe  : 
ce  qui  leur  ht  foupçonner  que  les 
Magistrats  vouloient  foû:enir  les 
Payfàns  dans  leur  refus.  Ils  leur 
envoyèrent  donc  des  Députez  le  4. 
Juillet  ,  pour  demander  réponfe  : 
mais  la  réponfe  *  fut  ,  Qi£on  m 
fouffriroit  point  que  les  Payfims  payaf- 
fent  aux  Bernois  les  revenus  de  leurs. 
Afdifons  Religieufes,  Les  Bernois 
en  furent  fort  irritez,  &  déclarèrent 
aux  Députez  de  Soleurre,  Que  s'ils 
ne  vouloient  pas  leur  relâcher  les 

Dîj 

(a)  Ih.  163.  &  Vil. 

¥  Cette  Réponfe  fut  envoyée  pur  des 
Députez  le  17, Juillet. 


de  la  Suiïje.  L i  V.  V.     32  ï 

pferies   &  les  Cenfes,  qu'on  leur  [528. 
avoir  fait  arrêter,  on  uferoit  de  re-BERNEi 
pré  failles  à  leur  égard.    La  menace 
opéra  ,  &:  l'affaire  fut  terminée. 
,    Toutes  ces  difficulrez  ne  les  re-  Fondât  î~ 
butèrent  point.    Ils  difpoférent  des  ^/^Bei 
biens   Eccléfiaftiques  >   comme  ils  nl. 
jugèrent  le  plus  convenable.  Ils 
établirent  la  fondation  pieufe  ,  (a) 
qu'on  appelle  Mottflhafè  3  en  faveur 
ides  pauvres  Ecolierr.    Ils  transfé- 
rèrent au  Couvent  des  Dominicains 
l'Hôpital  d'en-bas  ,  qui  nourrifloit 
7.  Prêtres ,  &z  qui  tomboit  en  rui- 
ne >  Se  luy  donnèrent  le  nom  de 
Grand  -  Hôpital,  &  y  annexèrent  di- 
vers biens  confidérables  ,  entr'au- 
tres  la  jolie  Isle  ,  qui  eft  dans  le 
Lac  de  Bienne  ,  d  une  lieuë  de  cir- 
cuit ou  environ  ,  avec  tous  fes  fonds." 
&  fes  rentes. Ils  raférent  le  vieux  Hô- 
pital ,  ils  vendirent  une  partie  de, 
la  place  ,  3c  firent  de  l'autre  un 
Cimetière.  Ils  firent  encore  da*$r  la 
fuite  divers  établiiït;ments  charita- 
bles ,  fi  avantageux  pour  les  Pau- 
,  vres  ,  qu'on  difoit  communément  y 
Quilriy  avoit  point  de  gins  plus  pauvres-, 
h  Berne,  que  ceux  qui  fe  nourrijfo'unt  de 
O  5  kuy. 

00  Stettl,  10.  ba. 


322  Hifioirc  de  la  RJformatiou 

1528.  leur  travail.    Ils  firent  aufli  à  leurs 

Berne,  fujets  diverfes  donnations  de  biens 

Diftnbu  Eccléfiaftiques  pour  des  ufages 
tiondes     .  *  •     •!  n  1  t •  ti 

biens      pieux  ,  ou  utiles  au  Public.  Ils 

âEgUfe.  afîlgnérent  à  la  ville  de  Zojfingue  , 
une  rente  perpétuelle  de  cent  * 
Malt  ers  de  blé  ,  à  prendre  fur  les 
revenus  du  Chapitre  ,Ja  moitié  ap- 
plicable au  Soulagement  des  Pau» 
vres  y  Se  l'autre-  à  l'entretien  des 
bâtimens  de  la  Ville  &  du  Collège», 
Ils  donnèrent  aulïi  quelques  biens 
du  Couvent  S  Interlacke  à  la  ville 
de  Tboune ,  pour  fon  Collège  \  Se 
de  ceux  de  Ktmïgsfelde  5  à  la  ville 
de  BroucJ^,  pour  le  fien.  (a)  Les 
Chevaliers  de  l'Ordre  de  l'Hôpital 
de  Jérufalem  >  qu'on  a  appelle  dans 
la  fuite  l'Ordre  de  Malte  ,  polTé- 
doient  une  Cornmanderie  à  Boukst. 
Les  Bernois  écrivirent  le  26.  Juin  à' 
Philippe  s  de  Villiers  ,  de 
ï Ifie-  Adam  î  leur  Grand  Maître  > 
Que  puifque  les  Chevaliers  avoient 
perdu  rifle  de  Rhodes  ,  &  pour 
d'autres  raifons  ,  ils  ne  vouloient 

plus 

*  LeMalter  eft  une  efptce  de  mefure 
dont  on  fe  fert  dans  l  Mrgivv,&:  comprend 
à  ce  qu'on  m'a  dit  feize  bôifleaux3melure  de 
cePais-Jà. 

M  Scult.  14 r.c. Mcgamlro  in Ephcf.p.iJ I. 


delaSuitfe.  L  ï  v.  V.  323 

plus  leur  biffer  payer  les  rentes  de  ï  528. 
Bouksi  ,  mais  convertir  à  l'ufage 
des  Pauvres  tout  ce  que  leur  Ordre 
pofTédoit  dans  le  Canton,  (a)  Sa(Tes  R( 
VIII. Avant  que  de  fo-rtir  de  ce  Can*  ghmens 
tomla  vérité  de  PHiftoôre  veut  que  je  à  Mou- 
rende  ici  à  la  Bourgeoifie  de  Mou-  D0Nl 
don  ,  la  juftice  qui  luy  eft  due. 
Pendant  que  les  Eccléfiaftiques,  qui 
auroient  dû  édifier  les  Peuples  par 
une  vie  exemplaire  ,  les  fcandali- 
foient  par  une  conduite  déréglée  9 
les  Laïques,  plus  Religieux  qu'eux, 
prenoient  foin  de  la  réformation 
des  mœurs.  Les  Bourgeois  de 
Moudon  3  aflemblez  le  1.  Novem- 
bre ,  firent  divers  Règle  mens 
de  police  3  (ù)  entr'autres  ces  deux  : 
io.  5,  Tous  ceux  qui  joueront  les 
5)  jours  de  Fêtes  5  durant  l'office  di- 
53  vin  3  payeront  10.  Sous  d'amen- 
,3  de.  Ceux  qui  joueront  de  nuit, 
33  foie  aux  Cartes  5  foit  à  d'autres 
33  jeux  ,  au  delà  de  p.  heures  ,  pa- 
j3  yeront  60.  Soûs  d'amende,  mon- 
53  noye  de  Laufànne  1  3c  les  Caba- 
33  retiers, qui  les  laifleront  jouer, chez 
o  eux,  feront  aufli  mis  à  l'amende. 
20.  Quiconque  aura  bJafphé- 
O  6  me 
MLat.Mifl*,i8i.b.  [ù}Ri£>J?r.d:  Moudcn. 


324  Hiftoire  de  la  déformation 

î  Ç 2 8 .  nU  Nom  de  Dieu  ,  jurant  par  la 
*  °u-  >>  chair,  par  le  fang  ,  &  autres  blaf- 
0N"      3,  phén-es  >  dévia  baifer  la  terre. 
3,  S'il  ne  le  veut  pas  >  il  demeure- 
5,  ra  3«  h>  lires  au  Carcan  :  &;  cela 
pour  la  première  &  pour  la  fe- 
,>  coude  faute.    Mais  pour  la  troi- 
*  fiéme  il  fera  d'abord  mis  au  Car- 
can  ,  fans  baifer  la  terre.    Et  fi 
quelqu'un  l'entend  ,   &  ne  le  ra- 
3>  porte  pas  3  il  payera  5.  Sous  d'à? 
„ mande. 

Suivant  ces  Réglemens  ,  quelques 
jours  après  ,  on  mit  un  Cordon- 
nier à  l'amande  ,  de  60.  Sous  ,  pour 
avoir  joué  toute  la  nuit  aux  Cartes 
dans  la  niaifon. 
Excom      ^  arriva  encore  un 'autre  chofe 
munie*  à  la  ville  de  Moudon  ,  qui  mérite 
tion  lan-  d'être  raportée.    Lan  1 51 9.  Ja- 
tee  con-  QUES  Cornas  >  autrement  C/;?j- 
vîîle,     res  i  Banderet  de  cette  Ville  ,  luj 
pour  fait  demandait  certains  biens  meubles 
pecum-       immeubles ,  qu'il  prétendoit  luy 
appartenir >  &:  comme  en  les  luy 
refufoit ,  il  fît  venir  de  Rome  un 
Monitoire  Apoftolique  ,  portant  ex- 
communication contre  les  Bourgeois 
de  Moudon  ,  s'ils  ne  le  fatisfai- 
foient  pas  >  même  avec  i  pouvoir 


de  U  Suife.  Ll  v.   V.  32  5 

Timplorer  le  bras  féculier.  Le 
Donfeil  de  Moudon  députa ,  le  7.         °  ' 
Vvril  ,    quatre  Perfonnes   de  fon  don.°L% 
Zotps  5  pour  aller  à  Rorr\e  ,  fol- 
liciter  k  levée  de  cette  Excommu- 
nication.   Cornas  fit  mettre  en  pri- 
on  ces  Députez  par  deux  fois  à 
lonie  j   mais  le  Gouverneur  >  a- 
yant  reconnu  leur  innocence  ,  les  fit. 
relâcher  à  chaque  fois.   Quand  Cor- 
nas fut  de  retour  de  Rome  à  Mou- 
don  lan  1525.  le  Confeil  voulut  à 
fon  tour  le  faire  mettre  en  prifon  5. 
mais  Pierre  de  Beuufort  ,  alors  Bail? 
p|&  Gouverneur  du  Pays  de  Vaud,. 
lui  en  refufa  la  permifllon.  Cs 
procès  dura  dix  années  entières. 
Les  Parties  plaidèrent  en  Cour  de 
Rome  Se  ailleurs  >  par  devant  des 
jjlges  déléguez  du  Pape  5  &  pen- 
dant tout  ce  tems  là  les  Députez, 
de.  Moudon  étoient  excommuniez. 
Enfin  comme  la  chefe  train  oit  ex- 
trêmement en  longueur  ,  le  Duc 
de  Savoye  s'en  mêla  cette  année 
&  les  mit  d'accord  à  Cbamèerjf  ,  au 
mois  de  Miy.    L'un  des  articles 
de  l'accord  fut ,  O^e  Cornas  con- 
fentoic  ,  à  ce  que  les  Députez  pu£ 
fenc  obtenir  dèîie  relevez  de  leuc 

ex- 


326  Hifloire  de  la  Réformation- 

1  5  28.  excommunication.    Il  faloit  aller 
Mou-  à   Rome  la  demander   au  Pape 

D0N-  Clément  VII,  Mais  comme  la 
chofe  êtoic  fort  difficile  ,  à  caufe  de 
la  guerre,  qui  étoit  alors  en  Italie, 
ils  s'adreflerent  à  Sébaftien  de  Mont- 
faulcon  }  Evêque  de  Laufanne  ,  pour 
le  prier  de  fufpendre  cette  Excom- 
munication ,  pour  un  certain  tems, 
jufqu'à-ce  qu'ils  en  euflent  obtenu 
l'entière  abfolutidh  du  Pape  ,  dé- 
clarant qu'ils  vouloient  toûjours  ê- 
tre  enfans  obêiffans  aux  commande* 
mens  de  la  S.  Mère  Eglife.  LEvê- 
que  leur  accorda  leur  requête  3  & 
fufpendit  cette  excommunication 
pour  trois  mois  &  demi  3  favoir 
dès  le  5.  jour  d'Octobre ,  datte  de 
fbn  Ottroy  ,  jufqu  au  20.  Janvier. 
Le  motif  qu'il  donne  de  cet  Ot- 
troy j  mérite  attention  :  Défirant , 
dit-il  5  de  pourvoir  au  Salut  de  leur 
âme  3  comme  nous  y  fommes  obligez  > 
en  considérant  que  notre  S.  Eglife  >  ne 
ferme  jamais  [on  giron  à  quiconque 
recourt  à  elle  3  &  les  très  -  me'c  hantes 
erreurs  3  femées  dans  nôtre  Diocèse , 
par  les  faux  dogmes  de  Luther,  (  il 
vouloit  parler  de  la  Réformarion  de 
Berne  8c  du  Canton  3  )  &  craignant 

qu'à 


de  la  Suffi.  Liv.  V.  327 
qua   ïoccaÇion  des    choses   sus-  152 80 

MENTIONNEES  5   (ce  long  &  fa-  MoU« 

cheux  procès  >  &  l'Excommunica-  D0N' 
tion  lancée  en  conféquence  ,  )  il  ne 
s'en  produife  encore  d'autres  &c.  Sans 
doute  cette  tyrannie  du  Clergé  Ro- 
main, aliénoit  extrêmement  les  Ef- 
prits  5  &:  les  difpofoit  à  goûter  la 
Réformation.  C'cft  ce  que  le  bon 
Evêque  fentoit  fort  bien.  Les  Dé- 
putez de  Moudon  préfentérent  re- 
quête au  Pape  Clément  VII.  pour 
avoir  Tabfolution  ,  dont  je  viens  de 
parler.  Il  en  renvoya  l'examen  au 
Prévôt  d' Aofle  3  avec  pouvoir  de 
les  abfoudre  ;  ce  qcTil  fit  le  12. 
Octobre.  Il  falut  encore  porter 
lacté  de  leur  abfolution  à  Laufan- 
ne  5  pour  y  être  ratifié  &  confir- 
mé \  *  comme  il  le  fut  le  30.  A- 
vril  152p.  par  Claude  de  Montfaul- 
con  ,  Docteur  ès  droits  %  Thréfo- 
rier  &  Officiai  de  TEvêque. 

On  vient  de  voir  ,  de  quel  ceil  L'Eyê- 
TEvêque  de  Laufanne  regardoit  les  tîue/^e 
Relormez  &  la  Rerormation.  Il^fc 
fut  extrêmement  irrité  contre  les  montre 

Bernois  ,  à  caufe  de  la  leur  ,  &  *nnen1TU 

..  des  fier. 

Jl  ?ioii% 

*  On  peut  voir  toutes  les  Pic-ces  de 
CC  procès  dans  les  Archives  dt  Moudon» 


32  S  Hijloire  delà  Réformât  ion 

T  528.  ^  leur  donna  dès-lors  diverfes  préu- 
Mou-  ves  de  fon  inimitié  :  mais  ce  fut 

DCL'Evè-  )u^ement  ce  S10  ^UY  attira  &  ruine, 
que  de  Vmo,  eft  fine  viribus  ira.  EUes  fe- 
Laufan-  roient  trop  longues  à  rapporter. 

Te  me  contenterai  d'en  mettre  ici. 
deux  traits  ,  qu'il  fit  cette  année. 
Il  fut  fort  irrité  contre  les  Laufan- 
nois  >  de  ce  qu'ils  avoient  donné  du 
fecours  aux  Bernois  ,  pour  la  guer- 
re de  Hdflim  (a)  Ce  fecours  qui 
confiftoit  en  66.  Arquebufiers  ,  é- 
tant  de  retour  ,  TEvêque  voulut 
mettre  ces  Soldats  en  prifon  s  pour 
les  punir  de  leur  expédition  >  qu'ils 
avoient  faite  contre  fon  gté.  Mais 
eux  firent  enfemble  une  efpéce  de 
conjuration  pour  leur  défenfè  ,  &c 
fe  promirent  réciproquement  avec 
ferment,  Que  fi  l'Evêque  vorloit 
mettre  la  main  fur  quelqu'un  d'en- 
tr  eux  »  tous  les  autres  employe- 
roient  tout  leur  pouvoir  pour  le  dé- 
livrer ,  &  Qi/As  fe  fcûtiendroient 
les  uns  les  autres  jufqu'à  la  mort] 
L'Evêque  ,  ayant  fû  cette  conjura- 
tion ,  n'ofa  pas  les  entreprendre  , 
6c  les  laifla  en  repos.  Mais  il  dé- 
chargea la  Colèîe  fur  un  pauvre 

Cor- 

M  MSC.  ftamb 


de  la  Suiffe,  Liv.  V.  329 

Cordeiier  François  Réformé,  nom-  i  $28. 
mé  Jean  Clerc,  (a)  Après  la  difpu-  L'Eve- 
te  de  Berne,  ce  Cordeiier  s'en  re- que  de 
tournant  chez  luy  >  paffa  par  Fii- 
bourg ,  s?y  croyant  en  fureté  ,  à  l'a- 
bri  du  Sauf  -  Conduit ,  qu'il  avoit 
des  Bernois  ,  &c  écant  à  table  ,  il 
dit ,  Que  les  Bernois  avoient  fait  Chré- 
tiennement de  changer  cette  faufie  Reli- 
gion ,  en  une  Chrétienne.  Sur  quoi 
il  fut  faifi  par  les  Fribourgeois  ,  qui 
le  menèrent  garotté  à  l'Evêque  de 
Laufanne  y  6c  i'accuférent  d'héréfie, 
Les  Bernois  prièrent  l'Evêque  ,  (par 
Une  Lettre  du  <?.  Mus  ,  )  de  relâ- 
cher ce  Moine,  en  confédération,  du 
Sauf  -  conduit  ,  qu'il  avoit  d'eux  , 
s'il  ne  vouloit  pas  les  chagriner. 
L'Evêque  leur  ayant  i  epondu  ,  Que 
ce  Aîoine  étoit  détenu  jujement  pour  [es 
héréfies  >  les  Bernois  luy  récrivirent^ 
Qu'ils  nétoient  pas  c  ont  en  s  de  fa  ré* 
ponfe  i  le  priant  encou  une  fois  de  le 
relâcher  ,  a  moins  qu'il  n'eut  d'autres 
crimes  ,  que  celuy  de  la  prétendue  héré- 
fie  :  fur  tout  qu'il  fe  gardât  bien  de  le 
faire  torturer  ,  &  de  le  faire  mourir  , 
qu  autrement  ils  uferoient  de  reprcfailUs 
fur  quelqu'un  de  fis  gens. 

L'Eve- 

[*]  B.  Latin.  Miff.  27*.  b.  176. 181. 


330  Hifioire  de  la  Réformation 

1528.     L'Evêque  leur  répondit  gracieu- 
L'Evê-  fement ,  &  leur  promit  de  relâcher 
que  de  ce  Moine  :  mais  il  ne  tint  pas  pa- 
„et        roie  >  au  contraire  il  le  ht  transfé- 
rer à  Ripaille  ,  après  lavoir  détenu 
quelques  femaines  dans  fes  prifons. 
donne        Cependant   les    Laufannois  fe 
du  mé-   plaignirent  aux  Bernois  3  de  la  con- 
contente  duhe  de  leur  Evêqtfe  (a)  :  de  ce  qu'il 
Ville a    mettoit  des    Etrangers   dans  fes 
Cours  de  Juflice ,  àîexclufion  des 
Bourgeois  ;  &  que  contre  la  Pro- 
nonciation 5  faite  entre  luy  &  eux, 
par  les  trois  villes  de  Berne  5  Fri- 
bourg  ck  Soleurre  ;  (  portant  qu'il 
feroit  battre  de  bonne  monnoye  , 
fous  peine  d'une  certaine  Amande  j  ) 
il  avoit  fait  battre  une  monnoye, 
qui  ne  valoit  rien.    Les  Bernois 
en  écrivirent  5  le  31.  Mars,  à  TE- 
vêque  ,   l'exhortant  à  caffer  cette 
monnoye  >  &  à  en  faire  battre  de 
meilleure.    L'Evêque  ne  répondit 
rien  à  cette  Lettre  >  c'eft  pourquoi 
les  Bernois  luy  écrivirent  de  nou- 
veau pour  le  même  lu  jet ,  le  16. 
May  :  &  en  même  terns  luy  repro- 
chèrent la  violation  de  la  parole  , 
qu'il  leur  avoit  donnée  5  pour  Je 

re- 

M  ibiA,  176.  &r  igi. 


delà  Suffi.  Liv.  V.  331 
relâchement  du  Moine  Jean  Clerc  >  j  $28. 
luy  demandant ,  qu'il  le  mit  enfin  lau- 
en  liberté.    Je  n'ai  pas  pû  décou-  SANNE* 
vrir  la  fuite  de  cette  affaire. 

L'Evêque  voyant  les  Laufannois  Mouve- 
liez  avec  ceux  de  Berne  par  un  J^Lj^ 
Traité  d'Alliance  »  craignit  qu'ils  contre  h 
rumitaffent  leur  conduite  à  l'égard  Rffornm 
de  la  Religion.  Pour  prévenir  un  uon% 
(tel  changement  ,  il  fit  alTembler 
I  toute  la  Bourgeoifie  5  le  Dimanche 
8.  Mars  ,  &  les  fit  exhorter  forte- 
ment à  perféverer  dans  l'ancienne 
j  Religion  &  à  rejetter  ce  qu'il  ap- 
:  peiioic  le  Luther anifme.  Je  dis 
j  qu'il  les  fit  exhorter  j  car  il  n'afi- 
fta  pas  lui-même  à  l'Affemblée..  Il 
auroit  crû  peut  -  être  déroger  à  fa 
grandeur  &;  à  fâ  dignité  ,  s'il  avoit 
pris  la  peine  d'adreiTer  en  perfonne 
à  fon  Peuple  quelque  éxhortation 
paflorale.  En  même  tems  il  fit  fai- 
re des  plaintes  >  de  ce  que  les  Con- 
feils  s'étoient  faifis  du  grand  Hôpi- 
tal de  N.  Dame  ,  difant  que  fes 
Predéceffeurs  lavoient  fondé  :  en 
quoi  il  fe  trompoit  j  car  cet  Hôpi- 
tal avoit  été  fondé  feulement  avec 
l'approbation  ,  vu  ï Atle  de  la  fonda- 
tion   de    l'Evêque    Guillaume  de 

Champ- 


332  Hi/iûire  delà  Information 

1  528.  ChAmP~  Ptnt ,  lan  128Z.  &  non  à 
Lau-  fes  dépens  ,  ni  par  fes  foins.  Sur 

sanne.  ]e  preniier  article  les  Bourgeois  ré- 
pondirent lechemcnt.  Nous  fommA 
tous  bons  Chrétiens  ,  &  que  celui  qui 
fera  faute  ,  fait  puni  par  voje  de  droit* 
Sar  le  fécond  Article  /  ils  dirent, 
Qu$  s'ils  s5 croient  chargez  de  l'Hô- 
pical  ,  c'étoit  à  caufe  de  fa  pauvre- 
té t  j  les  Ecdefiaftiques ,  qui  ert 
avoient  la  direction  ,  l'ayant  laiiTé- 
ruiner ,  ou  l'ayant  même  ruiné  pac 
leur  mauvaife  conduite. 

Mais  quelque  aigreur  qu'il  y  eût 
entre  la  Ville  &  i'Evêque  ,  les  Lau- 
fannois  éteient  toujours  bons  Ca-* 
tholiques  :  quelque  liai  Ton  qu'ils 
eaffent  avec  les  Bernois  >  ris  a- 
voient  toujours  le  chêrne  attache! 
ment  pour  leur  Religion.  Us  le  fi- 
rent voir  vers  la  fin  de  cette  année. 
Après  que  les  troubles  du  Pays  de 
Halle  eurent  é:é  terminez  ,  les  Sei- 
gneurs de  Berne  ,  renvoyant  à\Lau- 
fanne  les  Soldats  que  cette  Ville 
leur  avoit  donnez  ,  leur  firent  fins 
doute  quelque  ouverture  fur  la  Re- 
ligion. Il  efl  certain  par  les  Ren- 
tres ,  qu'on  leur  fit  alors  une  pro- 

t  me.  L*uf.  jif.b. 


de  la  Sutjfc  L I  v.  V.  333 

pofirion  de  cette  nature  :  &  elle  I  52 S- 
ne  pût  venir  que  des  Bernois ,  quoi-  L 
que  ces  Re^kres  ne  les  nomment  SAÎÎNE- 
pas.    Quoiqu'il  en  foit  3  les  Cori- 
{èils  &  les  Bourgeois  ,  alïemblez 
pour  délibérer  fur  ce  fiijet ,  furent 
tous  du  fentiment,  qu'ils  exprimè- 
rent en  ces  termes  :  De  vouloir  vi- 
v)e  bien    &   bonnet emcv.t  ,  comme 
leurs  Prcdécefîeuïs  ;  De  vouloir  être 
bons  Chrétiens  ,  &  vivre  félon  Dieu  ; 
fans  ia/ïreindre  pourtant  à  faire  au- 
cun fiai  ut  (a). 

Cependant  comme  les  Eccléfia-  SonCIer 
fliques  fcandaliioient  tous  les  ho-  fe  î", 
netes  gens  par  leur  vie  déréglée  , 
Q/<e  non -feulement  les  Chanoines 
Séculiers  de  la  Cathédrale  :  mais 
aufh  les  Chanoines  Réguliers  de  S. 
Maire  ,  &  les  Dominicains  &  les 
Cordeliers  de  la  Ville  ,  ten oient 
des  Concubines ,  dans  leurs  Cou- 
vents j  l'AiTi-iriblée  ,  dont  je  viens 
de  parier,  ju^ca  nécefTaiie  d'arrê- 
ter le  cours  de  ces  deiordres  :  8c 
députa  cinq  Confeillers  ,  pour  ai- 
le1 parléi  à  ces  bons  EccJéfiaftiqi.es, 
fie  kur  dénoncer  +  de  nouveau,  de 

châtier 

(*)  MSC.  Lauf.  H3. 
1"  (e-te  DémiKu.-.  • .'  ri  leur  avoit  été 
deja  laiic  lani.ee  pKtcdenîe  1527, 


3-34  Hifloire  de  la  Rt 'formation 

Ï  528-  charter  leurs  Concubines  ,  *  de  leu  i 

Lau-  Maisons  rdigïeufes  ,  &  de  vivre  bon- 
sanne.  nétement  çeion  D\Cu  i  ce  qUi  fat  e. 

xécurê  le  lendemain  (a). 

Je  n'ai  pas  trouvé  dans  les  Ré- 
gi cres  quel  fut  le  Succès  de  cette 
députation  :  mais  la  Suite  le  fie 
bien  voir  :  &  les  plaintes  étranges 
que  les  Laulannois  portèrent  ,  cinq 
ans  apiès  ,  je  veux  dire  Fan  153g. 
contre  les  dérèglements  incroyables 
de  leur  Clergé ,  &  que  j'ai  rapor- 
tées  ailleurs  t  ;  démontrèrent  que 
ces  gens-là  étoient  des  Pécheurs  ab- 
folum<mt  incorrigibles  5  Ainfi  il 
n'y  a  pas  lieu  de  s'étonner  ,  fi  dans 
le  tems  de  la  Réformation  on  les 
traita  avec  un  peu  de  dureté.  On 
les  regardoit  prefque  comme  des 
Monftres  ,  indignes  de  la  moindre 
confideration. 

Il  y  a  beaucoup  d'apparence  qu'ils 
portèrent  des  plaintes  à  Fribourg 
contre  les  Laufannois  ,  à  cette  oc- 
cafion  j  (  car  c'étoit-là  leur  refuge 
ordinaire  >  )  Se  qu'ils  les  y  accusè- 
rent de  méditer  quelque  changement 

de 

*  ab  eorum  Réliçionibus. 
U)  Ibid. 

t  Voyez  les  dans  le  Difcours  Prélimi» 
nzire  du  1.  Tome  ,  page  31.55.34» 


delà  SuiJJe.  Lï  v.  V.    33  S 

le  Religion  ,  fous  prétexte  de  re-  j 
ormer  les  mœurs  de  leur  Clergé.  lau- 
;>uoi  qu'il  en  foit ,  les  Seigneurs  de  SANN£" 
«ribourg  écrivirent  fortement  aux 
^aufannois  fur  ces  matières.  La 
Sourgeoifie  fut  affemblée  ,  le  Sa- 
nedi  z6.  Décembre  pour  entendre 
a  lecture  de  leur  Lettre.  Apiès 
ette  lecture  ,  il  fut  réfciu  de  dépu- 
er quelques  Confèillers  à  Fribourg 
!30ur  informer  ces  Seigneurs  de  la 
vérifé  ;  &  leur  dire  >  Que  le  ferai- 
ment  général  de  la  Bourgenïfie  et  oit  de 
vuivre  bien  &  félon  D'au  ,  comme  leurs 
Wrédéceffeurs  fans  sadreindre,  pourtant 
m  aucun  règlement  3   ni  fe  foumetre  a 
tu i  une  peine  {a). 

Cette  année  il  arriva  qu'un  Prê- 
tre >  Vicaire  de  Pully  >  accompagné 
de  quelques  autres  hommes  ,  tua 
un  Chapelain  ,  nommé  Louis  Per- 
ret. Il  fut  faifi  par  les  Officiers 
de  l'Evêque  ,  &  conduit  en  prifon. 
Quelques  jours  après  ,  il  trouva  le 
moyen  de  s  évader  do  fa  prifon  ,  & 
de  fe  fiuver  dans  le  Couvent  des 
Cordeliers  de  S.  François.  L'Evê- 
que craignant  apparemment  de  fe 
commettre  avec  les  Moines  >  s'il 

en- 

W  MSC.  Unf.  355.  b. 


3  3  6  Ht  fi  oh  e  de  la  Reformât  ton 

0O  entreprenoit  feul  de  vicier  leurs 

^     '  privilèges  Se  leurs  immunitez  >  .s5a- 

sanneV^  dreifa  au  Conftil  ,  &:  le  fit  prier 

par  deux  de  fes  G  m*  ci  ers  >  l'un 

Chanoine  ,    8c   l'autre  Chârchin 

aOuchy  ,  de  lui  aider  à  faire  laifir 

ce  Prifonnier.    Le  Confeil  dépura 

4.  Confeillers  pour  requérir  le  F'm 

Gardien  du  Couvent  ,  de  laiffcr 

prendre  ce  Vicaire  >  lui  promettant 

«que  cela  ne  tireroit  point  à  confé- 

quence  ,  &  qu'on  lui  donneroic  un 

Prêtre  Acte  en  forme  3   portant  afiûrancc 

meoUr."  qu'une  telle  conduite  ne  préjudiciel 
îner  ar-    »  .        .  .  . 1      ,  r 

rachéd'u  roit  point  aux  immunitez  de  ion 

neEglife.  Couvent  :  ce  qui  fut  fait.  Tel 
étoi:  le  tour  qu'il  faloit  prendre, 
pour  arracher  un  Meurtrier  du  pied 
des  Autels  $  lefquels  félon  la  pra- 
tique de  TEglife  Romaine  3  fontl'a- 
zyle  des  Scélérats  (a). 

Lts  Laufannois  eurent  encore  un 
autre  affaire  avec  le  Cardinal  Ser- 
vi ati s  ,  au  fujet  des  biens  de  Mon- 
~tperon  ,  petite  Abbaye  ,  fituée  dans 
le  B  is  du  Jorat ,  à  deux  lieuës  de 
Laufanne  :  Ce  Cardi  ial  ,  qui  l'a- 
voit  obtenue  d'un  Pape ,  &  qui  en 
prenok  le  rit  e  cf$>bç  ,  y  tenol 

un 


de  la  Suitfe.  LiV.  V.  337 

un  Religieux,  qui,  fous  le  nom  de  1528* 
Prieur  >  n'étoit  que  ion  fermier  ,  Lau- 
&  lui  en  envoyait  les  rentes  à  Ro-  sanne. 
me  5  ne  réfervant  que  ce  qu'il  faloit 
pour  nourrir  maigrement  les  Reli- 
gieux ,  de  laiiTant  dépérir  les  bâti- 
mens  5   faure  de  réparaion.  Au 
commencement  de  cette  année  1528. 
Jes   Religieux   s'en  plaignirent  au 
Confeil  de  Lauffcme,  le  p-ianr  de 
les  foûtenir  ,  puifque  la  Ville  avoit 
,  droit   à'Avojcrïe  fur  leur  Maifon. 
i  Ils  réitérèrent  la  même  demande 
au  Mois  d'Avril  fuivant  ,  que  leur 
!  Prieur  étoit  venu  à  n  ourir.  Le 
Confeil  les  écouta  favorablement  Se 
le   28.  Mai  il  leur  donna  deux 
Curateurs  ou  Adminiftrateurs  3  un 
|  Chanoine  Se  un  Cor.feiiltr,  avec 
I  pouvoir  d'en  retenir  les  rentes  ,  Se 
de  les  appliquer  au  profit  de  ce:te 
Maifon.    Peu  de  jours  après  un 
Moine  qui  étoit  couru  à  Rome  > 
auprès  du  Cardinal  Serviatis ,  pour 
prendre  de  lui  cette  Abbaye  à  fer- 
me >  Se  qui-  fouhaîtak  que  le  Con- 
feil de  Laufanne  le  reconnût  en  cet- 
te qualité. '   Les  Laufannois  firent*'"'  6>h*'r*fa 
plus.    Le  Lundi  après  le  Diman- 
che de  la  Trinité >  ils  élurent  de  leur 
Tom.  IL  P  propre 


338  Hiftohe  de  la  Réformât  ion 

1  528.  propre  authorité  un  Abbé  de  Mon- 
\    Lau-  theron  ,  &  déférèrent  cette  dignité 
bannis.  ^  un  chanoine  de  leur  Cathédrale  , 
nommé  Amedée  Ravier  ,  en  fon  ab- 
fence   ;    3c   députèrent  quelques 
Confeillers   à  Montheron  3  pour 
préfenter  cette  éledion  aux  Moines 
du  lieu  ,  qui  l'agréèrent  *.  Mais 
les  Laufannois  ne  fe  foûtinrent  pas 
dans  cet  Acte  de  vigueur  :  l'efpric 
de  la  Catholicité  ,  dont  ils  étoient 
remplis  ,  ne  le  leur  permettoit  pas. 
Ainfi  le  Cardinal  demeura  en  poC 
feflion  de  l'Abbaye  ,  &  continua 
d'en  tirer  les  rentes  >  jufqucà  Tan- 
née de  la  Réformation  :  comme  on 
Taprend  par  la  Suite  des  Regîtres. 
Alliance     £>ans  ^e  même  tems  les  Seigneurs 
defenfive  de  Zurich  &  de  Berne  (a) ,  voyant 
entre  les  que  les  Cantons  Catholiques  té- 
y^j.es     moignoient  tant  d'animofité  con- 
mées.     tr  eux  »  &  qu  11s  s  etoient  engagez 
réciproquement  à  perfévérer  dans 
la  Religion  Romaine  ,  prirent  aufli 
des  mefurcs  pour  leur  conferva- 
tion  >  &  pour  celle  de  la  Réfor- 
mation >    qu'ils    avoient  établie. 
Ainfi,  le  25.  Juin,  les  deux  vil- 
les 


*  MSC.  Laitf.  b. 
[a]  Stcttltr  ll.ZQ.  Hotti,^.^!. 


de  la  Snijfc .  Liv.  V.  339 

i:s  firent  enfemble  un  Traite  jj2 8* 
particulier  d'Alliance^  de  Combour- 
geolfie  Chrétienne  ,  par  lequel  elles 
s'engagèrent  mutuellement  3  io.  A 
fc  défendre  &  à  fe  foûrenir ,  tant 
pour  le  temporel  que  pour  le  fpi- 
ntuel.  20.  A  protéger  leurs  Sujets 
des  Seigneuries  Communes  ,  qui 
fouhaireroient  la  Réformation  ,  3c 
qni  Tembrafferoient  à  la  'pluralité 
des  fuffrages.  30.  A  LiiTer  entière 
liberté  de  confeience  à  ceux  qui 
vouloient  perfévérer  dans  la  Reli- 
gion Romaine  ;  le  tout  avec  cette 

1  exprelTe  referve  ,  Que  pour  tout  le 
refte,c'eft-à-dire>  pour  toutee  qui  ne 
regardoit  point  la  Religion  ,  Elles 
obferveroient  toujours  éxa&ement  > 
envers  les  autres  Cantons ,  tous 
les  devoirs  ,  qui  leur  étoient  im- 
pofez  par  leurs  Alliances  récipro- 
ques.   Au  mois  de  Novembre  fui- 

;  vant ,  les  deux  Cantons  reçurent 
la  ville  de  S.  Gai  dans  cette  nou- 
velle Alliance  ;  &  Tannée  fuivante 
152p.  Bknm  >  en  Janvier  ,  à  la  re- 
quifirion  de  Berne  ;  &c  Mulhoufe 
en  Février  ,  à  la  requifition  de 
Zurich.  Enf\n  Baie  y  entra  auflï  le 
3.  Mars.  L'Etat  de  Zurich  s'étoit 
P  z  déjà 


34o  Hifloire  de  la  Réformât  ion 

I52S.  ^  Ie  25*  Décembre  de  Tannée 
Alliance  1527.  par  un  Traité  femblable  , 
de/en/ive  avcc  }a  Ville  de  Confiance  >  qui 
avoit  embraffé  la  Réformation  peu 
de  tems  auparavant  (a).  Les  Ber- 
nois avoient  fait  la  même  alliance 
le  31.  Janvier  1528.  H  étoit  fti- 
pnlé  dans  ces  Traitez  :  Que  cette 
Alliance  dureroit  10.  ans  :  Que 
quand  ces  Villes  feroient  attaquées 
pour  caufe  de  Religion  >  Elles  Te 
défendroient  réciproquement  5  de 
toutes  leurs  forces  8c  chaque  par- 
tie à  Ces  propres  dépens  (b).  Les 
deux  Cantons  rirent  comprendre  la 
Ville  de  Confiance  dans  le  nou- 
veau Traité  conclu  avec  S.  Gai , 
8c  fuccefîivement  avec  les  autres 
Villes  réformées  delaSuiiTe.  Les 
Ambafladeuts  de  l'Empereur  8c  les 
Envoyez  de  la  Ligue  de  Suabe  s'en 
plaignirent  aux  Cantons  ,  dans 
une  Diète  atfemblée  à  Lucerne. 
Mais  on  leur  répondit  en  peu  de 
mots  :  5?  Ou  lis  n'avoient  point  de 
5,  raiion  de  le  plaindre,  puif^ue  dans 
„  ces  Traitez  d'Alliance  on  avoit  ré- 
J}  fervé  TEmpeieur   &  l'Empire  > 

,3  com- 
te) Hottinç.  184.  lUfm.  6%6. 
{b)  £.  LnuY.  H.  15». 


de  la  Suffi.  Llv.  V.  341 
„  comme  au/fi  la  Maifon  a  Aurri-  I  S  2  S  - 
„  chè  »  &  toutes  les  Alliances  plus 
>,  anciennes  *. 

Il  eft  tems  de  parler  du  Pays  des 
Grifons.  La  Réformation  y  rît  Giu- 
des  progrès  cette  année.  La  Pa-  fwiès 
roilTe  de  Davos  {a)  y  &c  quelques  de  la  5£ 
autres  ,  abolirent  la  Méfie,  tesf°.rma- 
Images  &  tout  le  refte  de  l'atti- 
rail Catholique  ;  nonohftant  la  vi- 
ve réfiftance  du  parti  oppofé.  Il 
y  eut  suffi  deux  Ligues  ,  qui  éta- 
blirent des  Confiftoires  ,  pour  l'ad- 
miniftration  de  la  Difcipline  Ecclé- 
fîaftique  &C.  &:  ordonnèrent  que 
chaque  Jurifdivftion  auroit  fon  Ccn- 
fiftoire  particulier.  Les  Catholi- 
ques 3  au  défefpoir  de  ces  change- 
rons, formèrent  un  complot  pour 
maflacrer  les  Réformez  ;  mais  ce 
déreftable  complot  fut  découvert  de 
bonne  heure  >  &  tourna  à  leur  con- 
fufion.  Il  y  avoir  trois  ans ,  que 
Paul  Zlegler  ,  Evêque  de  Coire  ,  ne 
pouvant  plus  fe  réfoudre  à  vivre 
dans  fa  Cathédrale,  depuis  que  la 
Réformation  avoit  commencé  à  s'y 
P  3  intro- 


*  *Mkn688. 

[*]  Hottin*.  417.  Se  ait.  14S. 


342  Hîfloïre  de  la  Rejormation 

I  528.  introduire  "  setoit  retiré    à  Fut -fte- 
Gri-  bourg  j  dans  le  deffein  d'y  tranf- 
S°cmfpi-  Porter    &    réfidence  Epi/copale. 
r/r^V»  Jaques  de  Medkïs  ,  Châtelain 

des  Ca-  de  Aîuj[(a)  >  avoit  envie  de  faire 

ques"«ié-torn^er  cet  ^véche  entre  Les  mains 
couverte  de  fon  Frère  Angclo  ,  qui  fut 
&punie.  dans  la  fuite  Pape  >  fous  le  nom  de 
Pie  IV.  &  Ton  devoit  pourvoir  ail- 
leurs Paul  Zieglcr  >  de  quelque  boa 
Bénéfice.  Ces  deux  hommes  don- 
noient  leur  Sœur  en  mariage  à 
Wolffgang  Theodoric  ,  Com- 
te de  Hoben-Ems  :  Jean  An  gel  o  la 
devoit  accompagner  en  litière  ,  fous 
prétexte  d'indifpolîtion  ,  avec  un 
bon  nombre  de  Soldats  ,  amafïez 
comme  pour  lui  faire  honneur. 
La  Noce  devoit  paffer  par  Coire , 
&  toute  cette  troupe  devoit  fe  jet- 
ter  fur  les  Réformez  ,  qui  ne  s'at- 
tendoient  à  rien  de  femblable  ,  6c 
les  malTacrer.  Mais  heureufement 
le  complot  fut  découvert  d'affez 
bonne  heure  >  pour  en  prévenir 
l'exécution.  Théodore  Schleghel  , 
Abbé  de  &  Lucis  ,  qui  y  étoit  en- 
tré ,  fut  faifi  3    &  interrogé >  il 

con- 

(a)  Sprecher.  249.  2^0.     Scult.  14.9- 
Stumtf.  L.X.C.y.p.623. 


de  la  Suffi  Liv.  V.  343 

fafla  tout.    Les  III.  Ligues  Juy  1528» 
firent  fon  procès  >  Se  le  comdam-  Gla- 
nèrent à  avoir  la  tête  tranchée  -y  SONS 
ce  qui  fut  exécuté  au  mois  de  Jan- 
vier ,  de  Tannée  fuivante  1525?. 
fans  aucun  refpeft  pour  fa  tonfure. 
Ainfi  finit  Fan  1528. 

Fin  dn  V.  Livre, 


P  4  SOM- 


344 

SOMMAIRE 

D  U 

SIXIEME  LIVRE. 

1528.      ^  Baie.  Mouvemcns  pour  la  Ri* 
\$2<).  formaîîon*     Affemblée  de  la  Bour- 
3éj   gecifte    renvoyée  :  Nouvelle  AfTem- 
3&t>.   blée.    Dîfpojïtions  pour  leur  def enfin 
Alarme  dans  la  Vtlle.    Images  abba* 
3^  tués.    Nouveaux  Réglemens  de  Po- 
itâ-  jice  &  de  Religion.    Retour  du  cal* 
me.    Départ  ^TErasme  &  du  Clergé 
3^)-  Catholique.    Z'Univerfité  eft  remifc 
fur  un  bon  pi:d.    Simon  Grynaus  > 
&  Sebastien  Munster  :  leur  M* 
3ro.  ftoire.  Moines  fécularifez-    Vœu  té* 
si*  méraire  de  P.  Kesseler.  Mullhou- 
fè  &  Bienne  dans  l'Alliance  des  Can- 
tons Réformez.. 

IL  Zurich.  Nouvel  Edit  de  Réfor* 
s+f.  tnation.    Berne.  Réforme   du  Clergé 
$r£  Catholique.    Réformaticn  des  mœurs. 
37e)-  Règlement  pour  le  Confiftoïre  de 
Berne ,  à-  pour  ceux  du  Pays. 

111.  Glaris.    Rétablifftmcnt  de  la 
Concorde.    Règlement  de  Religion. 
**4  S.  Gai.   Réformation  du  Temple  de 

ÎAb. 


du  Liv.  VI.  345 

ï Abbaye.    Faujïes  Reliques.  Bienne. 
Troubles  de  Religion  appaifeZ*  **? 

IV.  Progresse  la  FJformation  dans  J?r' 
le  Thourgavv  ,  à  BifchofTzell  ,  a 
Fravenfeld  ,  a  DielTthofe  3  à  Mcl- 
lingue  >  &  à  Bremgarte  :  dans  les 
Balliages  Libres  ,  &  dans  le  Pays  de 
Gafler.  Le  Tockebourg  fe  réfor*  ?7  7 
me  entièrement. 

V.  Mouvement  des  Cantons  Catho-  0 
lïques.    Wefen  ,  &  Schennis  Je  ré- 
forment.    Négociation  des  Bernois  a  *'*  ■ 
Fribourg   &  a  Soleurre.    Troubles  «*>s- 
entre   les  Cantons  au  Sujet  de  celui 
d'Underwald.  A JJcmblée générale  du 
Iho'trgavv.     Nouveaux    Griefs    de  ^9- 

!  de  Zu  i  h  contre  les  Cantons  Catholi- 
ques. Martyre  du  Minière  Keyser. 

VI.  Lettre  du  Roi  Ferdinand 

aux  Cantons.    Continuation  des  trou-  ? 
lies  entre  les  Cantons.    Mouvement  *** 
de   Guerre.    Négociation  de  Paix.  **** 
Traite'  de  Paix  de  Religion  entre 
j  les  Cantons.  Articles  de  ce  Traité.  Ac- 
:  commodément  de  Berne  avec  Under» 
vvald.  Mécontentements  dans  la  Suiffe.  *  *  *• 

VII.  Suite  de  la  Réformation  dans 
le  Canton  d'Appcnzell  >  &  dans  le 
Comté  de  Bade.  Réformation  de 
SchaiThoufs. 

P  5       Vlll  & 


346  SOMMAIRE 

VIII.  S.  Gai.  Difficultés  au  Su* 
us?-  jet  dun    nouvel    Abbé.  Nouveaux 

Troubles  entre  les  Cantons.  Réfor- 
m  ■'.  nùtion  de  Schwartzbourg. 

IX.  Moines  fécularifez  dans  le 
Canton  de  Berne.  Donations  faites 
aux  Villes  d'Arberg  &  d'Undeife- 
vven.  Réformation  de  Zurzach  & 
autres  lieux  du  Comté  de  Bade.  SuU 
te  de  Réformation  dans  le  Thourgavv, 
à  Rhynavv  &  à  Gathnarg.  Synode 
du  TJjourgavv. 

4S°.  X.  Commencement  de  Réformation  a, 
wri-  Sokurre.  Divifion  a  ce  Sujet.  Rëgle- 

ment  pour  la  liberté  de  confcience.  Nou- 
W  veaux  Troubles.     Retour  du  calme. 

Edit  nouveau  pour  la  liberté  de  con- 

fcience.   Grifons.    Réformation  dans 

i'Engadine. 

XL  Occafions  delà  Conférence 
**M  de  Marpourg.  Origine  du  nom  de  Pro- 
W*.  testant.  Aftes  de  cette  Conférence. 
mM.  Sueur  Argloife.  Confejfion  de  foi  fi- 

gnée  par  les  deux  Partis.  Le  Landgra-- 

<ve  de  Hefie  approuve  le  fentiment  de 
>  Zuingle. 

XII.  Troubles  de  Rothvvyl.  Aha\ 
<&*  batiftes.   Conférence  des  Minislres  de 

Baie  avec  eux. 


HISTOI- 


347 

HISTOIRE 

DE  LA 

REFORMATION 

DELA 

SUISSE, 

LIVRE  SIXIEME. 

Qui  contient  entr  autres  chofes  > 
la  Réformation  de  Bale  & 
de  Schaffhouse  ;  les  -pre- 
miers mouvemens  de  Guerre 
de  Religion  ,  &  la  Paix  qui 
les  fuivit. 

IWff We  1529.  a  été  fignalcc'J^f* 
ç<j  WèM  dans  la  Suifïe  par  de  grands 
événemens.    On  y  a  vu, 


entr  autresj  la  Réformation  de  deux 
Canrons  >  Balf  èc  Schaffhouse  , 
&  de  plufieurs  autres  iiewx  ,  avec 
une  Guexre  Civile  ,  qui  fembloit 
P  6  £L 


348  Hijloire  de  la  déformation 
Introdu-  d'abord  devoir  entraîner  de  grands 
maux  ,  mais  qui  fut  heureufement 
terminée  >  prefque  aufli-iôt  que 
commencée  ,   fans  avoir  caufé  la 
moindie  erTuflon  de  fang.    On  peut 
y  joindre  le  Colloque  ou  la  Con- 
férence de  Marpourg*  en  re  des  Théo- 
logiens choifîs  de  l'Allemagne  & 
de  la  SuifTe  ,  fur  les  articles  de  Re- 
ligion ,   qui  divifoient  les  Eglifes 
Pro^ftantes.. 
I  $2  8  .     I*  Les  commencemens  de  la  Ré- 
Ball  formation   de  Baie  furent  un  peu 
tumultueux  ,  mais  là   fin  en  fut 
heureufe  ;  ck  tous  les  troubles  , 
qui  s'y  étoient  élevez  pour  caufe  de 
Religion  ,  fe  terminèrent  ,  fans  qu'il 
fût  fait  aucun  mal  à  Perfonne ,  ni 
en  fon  corps  »  ni  en  fes  biens.  Le 
nombre  des  Réformez  étoit  de  beau- 
coup plus  grand  que  celui  des  Ca- 
tholiques ,  car  ils  étoient  2500* 
Mouvez  contre  <Soo.    Le  Sénat  croyoit  a- 
mem      voir  furfifamment  remédié  aux  dék 
pour  la    ordres  ,  par  fon  dernier  Décret  ; 
dation.  mais  *a  Dwilion  alloit  roujouts  en 
croiflant.  C'eft  pourquoi  (a)  le  Mé- 
credi  23e.  Décembre  1528.  trois 
cents  Bourgeois  >  de  plus >  tirez 

de 

{*)  Wurflif,  Lib.7.  C.li.  KUtihr  njv 


de  la  Suitfe.  Liv.  VI.  349 

Hc  toutes  les  Tribus  de  la  Ville  j 
î  'aiTemblérent  dans   l'Abbaye   des  b 

ardinùrs  ,  mais  fans  armes,  &  y 
Hrefférent  une  Requête,  fort  longue 
K  fort  prelTan  e  ,  par  laquelle  ils 
orioienr  leurs  Magiflrars  au  nom 
[le  Dieu  ,  tk  pour  rétablir  l'union 
lk  la  confiance  dms  la  Ville  ,  d'a- 
polir  enfin  la  MeiTc:  5  &  d'interdire 
la  prédication  aux  Cath  liques  , 
lufqu'à  ce  qn'ils  ei  fient  prouvé  leur 
r.oftrine  par  l'Ecriture  ,  -orrrai  t  de 
[  éprendre  la  MelTe  ,  d'abord  qu'on 
leur  auroit  mrnné  par  la  Parole 
Ile  Dieu  5  qn\  1  e  eft  benne.  A/aïs 
f?  elle  cfi  une  ib^mbution  dezant  Dieu^ 
iifoient-ils  ,  pourq«oy  voudrions-nous 
pour  faire  plaifir  aux  Piètres,  nous 
Uttirer  la  colère  de  Dieu  &c.  Pour» 
moi  voudrions  -  nous  combattre  comte 
Va  vérité  &  contre  le  S.  Pfpit  ?  Et 
jfe  prorofant  l'objection  qu'on  fai- 
foit  alors  contre  la  piétention  des 
Réformateurs  ,  tiiée  de  ce  que  les 
Controver  fes  de  Religion  avoient 
cre  flffifamment  édaircies  d  puis 
long-rems  par  les  Conciles  &c  par 
les  Pérès  de  l'Eglife  ,  ils  répon- 
doient  j  „  Qu'on  ne  pouvoit  pas 
fuivre  le*  Conciles  avec  fureté  , 

»  par- 


3  $0  Hijloire  de  la  Réformation 

1  528.  "  Parce  qu'ils  ont  fouvent  erré  ,  & 
B  a  l  e.*  »  prononcé  contre  la  vérité  ,  & 
Mouve-  >y  qu'ils  ont  été  oppofez  les  uns 

"ouda  "  aUX  autres  &c*  ^s  répondoient 
^Réforma-  enfuite  à  la  Requête,  que  les  Ca- 
tion*.  tholiques  pouvoient  préfenter, 
pour  être  maintenus  dans  leur  an- 
cienne Religion  :  Vous  pouvez  juger, 
difoient  ils  >  laquelle  de  nos  deux  Re- 
quêtes esj  la  plus  raifonnable  &c.  Ils 
demandent  d'être  laijfez  dans  leurs  an* 
dens  ufages ,  qui  ne  fervent  ni  à  la 
gloire  de  Dieu  ,  ni  a  la  paix  de  la* 
Ville  :  Nous  au  contraire  ,  nous  de- 
mandons une  chofe ,  qui  fert  a  glori- 
fier Dieu ,  &  qui  efi  utile  à  eux  & 
à  nous  &c.  Sur  ce  qu'on  leur  ob- 
jeftoit  :  ^£on  ne  doit  contraindre 
Perfonne  à  la  foi  ,  ils  répondirent , 
Que  ce  riétoit  pas  leur  deffein  de  l'en- 
treprendre y  puisque  ceft  Dieu  feul , 
qui  donnt  la  foi  >  mais  que  cependant 
il  ri  y  a  point  de  Magistrat  Chréten  > 
qui  doive  tolérer  les  faux  Prophètes 
&  autres  fcandales  :  comme  une  Mè- 
re feroit  inexcufable  ,  fi  elle  permet- 
toit  à  fes  filles  de  fréquenter  des  fem- 
mes débauchées  ,  en  difant  y  Qifil  faut 
que  ce  foit  Dieu  qui  la  tire.  &c. 
Les  Catholiques  de  leur  cô:é  s'a£ 

fera- 


deUSuife.  LlV.  VI.    3  S I 

!  cmblérenr  (a)  aulTi ,  mais  en  armes,  1528a 
|  jour  s'oppofer  aux  Réformez.  Le  B  a  l  e, 
.  Sénat  ordonna  aux  uns  6c  aux 
mtres  de  fe  retirer  dans  leurs  mai- 
sons ,  &  de  s'y  tenir  en  repos* 
Les  Réformez  portèrent  leur  Re- 
buête  au  Bourgmaîcre  J,  Henri 
ïMcliinger ,  qui  éroit  zélé  Catholi- 
que. Il  refufa  de  la  recevoir  >  3c 
leur  ordonna  par  leurs  Sermens  de 
(fe  retire;  chez  eux  ,  mais  ils  réfo- 
rurerit  de  den^euer  enfembîe  ,  juf- 
qu'à-ce  qu'ils  euiTent  été  entendus. 
Ainfi  le  Sénat  leur  envoya  deux 
des  principaux  Magiftrats  pour  re- 
cevoir leur  Requête  ,  6c  pour  leur 
ordonner  de  fe  retirer  dans  leurs 
maifons.  Ils  obéirent  ,  mais  en 
priant  leurs  Seigneurs  ,  de  leur 
rendre  dans  deux  jours  une  répon- 
fe  favorable.  Le  Sénat  ne  fe  prefla 
point  de  répondre  :  Divers  Magi- 
ftrats tenoient  pour  la  vieille  Reli- 
giort.  La  nuit  du  25.  au  16,  Dé- 
cembre,  Ls  Caholiqnes  ('>)  qui  é* 
toient  principalement  ceux  du  Quar- 
tier d'au  delà  du  Rhin  ,  qu'on  ap- 
pelle la  Petite  Baie  >  s  aflembléienc 

en 

(  1)  IVurfllf.  1.  c.  p.  Çtf<J. 

{b)  n'urJlijA.y.  C.12m  Klatib.  1 1<;.  J 


352  Hifloire  de  la  Réformation 

1  528.  en  armes.    Les  Réformez  ,  l'ayant 
Bale.  apris  s'affemblérent  auffi  en  armes 
Tumulte  eux  &  ]eurs  domeftiques,  d'abord  au 
de  nuit.  nombre  de  800.  hommes  j  &  leur 
nombre  croiiTant  de  moment  à  autre* 
ils  fe  virent  jufq  i'à  3000.  s'étant 
partagez  en  trois  Corps ,  ils  parlè- 
rent la  nuit  fous  les  firmes.    Le  Sé- 
nat s'aflembla  précipitamment  \  & 
envoya  des  Députez  aux  deux  par- 
tis >  pour  leur  ordonner  de  fe  reti- 
rer >  &  de  mettre  bas  les  armes  $ 
mais  aucun  des  deux  ne  voulut  o- 
béir  >  étant  également  animez  de  la 
crainte  d'une  furprife.    Enfin  le  Sé- 
nat leur  propofa  ,  de  choifir  des 
Commis  ,  qui  agiroient  au  nom  de, 
tous  ,  mais  qui  ne  pourroient  rien 
condurre  ,  fans  la  participation  de 
toute  la  Communauté  ,  &  que  tout 
le  refte  fe  retircroit.    Cette  propo- 
fition  fut  acceptée  >  les  Réformez, 
choifirent    trente    hommes  d'en- 
tr'eux  ,  &  les  Catholiques  en  choi- 
firent  auflfi  ,   quelques  -  uns.  Pen- 
dant tout  le  tems  que  ces  troubles 
durèrent  ,  on  ne  laiiïa  que  deux 
portes  de  la  Ville  ouvertes  3  avec 
Une  bonne  garde. 

Le  Sénat  s'aflembla  4-  jours  con- 
fie u- 


de  la  Suffi.  Liv.  VI.    3 S 3 
fecutifs  ,  fans  prendre-aucune  réfo  \  $2£. 
lution  j  &  le  Mardi  29.  il  reçut  (4) I  b  a  l  e. 
lune  Requête  des  Catholiques  qui 
demandoient  inftamment  d'être  laif- 
fez  au  bénéfice  du  dernier  Edit ,  Se 
en  liberté  de  confeience.  Cepen- 
dant le  bruit  de  ces  troubles  de  Ba- 
ie s'étant  répandu  parlaSuifle  ?  les 
[Cantons  de  Zurich  ,  Berne  ,  Luccr- 
ne  ,    Url  >  Scbvvitz  >    &  quelques 
autres  >  &c  les  Villes  de  Strasbourg 
i&  de  JPfuliboufe  >•  y  envoyèrent  des 
{Députez  ,  four  orTrir  leur  média- 
tion.   Le  Sénat  les  reçut  avec  joye, 
p&  leur  donna  permiffion  d'interpo- 
;fcr  leurs  bons  offices  ,  pour  ié:a- 
jblir  la  paix.  Le  même  jour  ,  (Mar-  * 
di  29.  Décemb.  )  le  Sénat  nomma 
quatre  Confeillers  >  &  quatre  Bour- 
igeois  >  qu'on  chargea  de  chercher 
:un  moyen  pour  accorder  les  deux 
parties.    Ces  huit  Commis  convin- 
rent enfemble  des  quatre  Articles 
fuivans  \ 

10.  Qu'on  prêeberoit  publiquement 
Vkv.ingile  dans  tous  les  Temples  : 

20.  Que  les  P/édicateun  (b)  con- 
\fér  croient  enfemble  au  moins  une  fois 

chaque 

(a)   Wwrft.  f.C.pag.Çdff.  Kl*Hb.l\6% 
9)  Wurjlif.  J.c.  166,  KUub.  1 17, 


3  54  Hifloire  de  la  Rjformdtion 

I  529»  c^aclÎU  femaine  ,pour  sinftruire  mutuel- 
Bale.  lement  dans  la  Parole  de  Dieu. 
Articles  Que  ceux  qui  introduiraient 

fJz^°~  quelque  nouveauté  contre  la  Parole  de 
Dieu,  ou  qui  ne  pourroient  pas  pou- 
ver  leur  doclrine  par  l'Ecriture  ,  jm 
roient  dépofez  de  leurs  Emplois. 

4°-  Que  pour  ce  qui  regarde  la 
Mefle,  Perfonne  ne  devra  entreprendre 
de  rien  prefcnre  aux  Magiftrats  j  ni 
contraindre  quelqu'un  par  la  .force  a 
aller  à  la  AJeJfe ,  ou  à  la  quitter  ,  mais, 
qu'on  laijfera  a  chacun  pleine  liberté  de 
conscience. 

Ces  articles  ayant  été  propofez 
0  aux  deux  partis ,  les  Réformez  ne 
les  trouvèrent  pas  fuffifans  pour 
rétablir  la  paix ,  c'eft  pourquoi  ils 
refuférent  de  les  accepter  ;  deman- 
dèrent une  réponfe  plus  famfai* 
fanre,  &  prièrent  les  Suifks  Ré- 
formez, de  les  foûtenir  ,  à  forme 
de  leur  Alliance.  Le  Sénat  pour 
lesfamfire  révoqua  le  4e-  article, 
&  (a)  à  fa  place  ,  il  fut  dit.  Qu  on 
tiendroit  une  Difpute  publique  fur 
la  Mie  ,  le  fécond  Dimanche  après 
la  Pentecôte,  &  qu'en  attandant, 


U)  Idem,  ibid» 


dt  la  Smtfc.  L I  v.  VI.  355 

n  ne  célebreroit  la  Meffc  que  dans 
trois  Temples  une  feule  fois  chaque  *  5^9* 
Ur$  Savoir  la  grande  Meffc.  lMj£jj£t 
Catholiques  furent  mécontens    de  propo- 
les  Réglemens,  &  demandèrent  que  fez. 
is  Réformes  fe  contentaffent  des 
;inq  Temples  qu'on  leur  avoic  cédez, 
le  Sénat,  pour  leur  donner  quel- 
ue  fatisfaûion  ,  défendit  de  chan- 
P  les- Pfeaumes  en  allemand  dans 
ks  Temples  ,   où  on  ne  les  âvoit 
U>as  encore  chantez  5  mais  cette  dér 
"snce   penfa  caufer  de  nouveaux 
((roubles  >•  fi  les  Députez  de  Zurich 
ic  de  Berne  n'euffent  porté  les  Ré- 
formez à  s'y  foûmettre. 

1  Cependant  les  Théologiens  Ca- 
holiques  refuférent  d'obéir  à  ces 
louveaux  Réglemens.  Loin  de  eon- 
érer  (a)  amiablemenr  fur  les  points 
lontroverfcz  ,  avec  les  Théologiens 
déformez  :  les  uns  quittèrent  la  Vil- 
le, &  les  autres  crioient  en  Chaire 
l'une  manière  féditieufe ,  contre  les 
téformez  5  Se  pour  cette  caufê  on 
cur  défendit  de  prêcher.  Ainfî 
juatre  Eglifes  ,  1^  Cathédrale  ,  S. 
Pierre  ,  S.  Théodore ,  &  S.  Ulrich, 

furent 


(«)  n'nYftif%  L  c.  p.  ç$8.  WUmk  1 19. 10, 


356  Hijloire  de  la  déformation 

1  529.  furent  1 5.  jours  fans  Prêche  &;  fans 

Bail  Meffe. 

Les  Commis  de  la  Bourgeoifie 
(a)  s'en  plaignirent  au  Sénat  ,  le 
priant  de  pourvoir  les  Eglifes  de 
bons  Prédicateurs,  afin  que  le  Peuple 
fût  édifié  :  ce  qui  leur  fut  promis. 
Le  Dimanche  fuivant  5  (24.  Janvier) 
Sebaflicn  Afuller,  Prédicateur  de  S, 
Pierre  zélé  Catholique  >  monta  en 
Chaire  ,  &  y  prêcha  d'une  manière 
violente  contre  les  Réformez,  les 
chargeant  d'injures groflîéres.  Quel- 
ques Réformez  qui  éroient  alle2 
l'écouter  ,  eurent  à  ce  fujet  de 
greffes  paroles  avec  quelques  Ca- 
tholiques ,  &  peu  s'en  falut  qu'il 
n'y  eut  des  coups  donnez.  A  ce:te 
occafion  toute  la  Bourgeoifie  Ré- 
formée s'affembla  &  chargea  fe s  Com- 
mis de  fe  plaindre  au  Sénat  >  Que  les 
Réglérnens  nouveaux  ,  concernant  la 
Prédication  Se  la  Meffe  ,  n'étoient 
point  -obfervez  ;  &  de  demander, 
que  les  Eglifes  fuff.nt  pourvues 
de  bons  Préiicideurs  ,  qui  leur 
prêchaffentla  pure  Parole  de  Dieu. 
Le  Sénat  les  renvoya  {b)  avec  de 

bonnes 

[s)  Iid.ibid. 

(b)  ïVurftif.^fa  KUlib.  Ilx. 


de  la  Suffi.  Liv.  VI.  .357 

ormes  paroles,  leur  promettant  j  529. 
te  leur  donner  dans  peu  une  ré-  3  a l e. 
i  onfe  favorable.  Mais  quinze  jours 
t:  paflerent  (a)  fans    qu'on  leur 
lendit  aucune  réponfe  j  &  cepen- 
ant  les  Catholiques  continuohnt 
ans  leurs    emportemens  ,  ufans 
le  menaces  ,  d'injures  &  d'invec- 
Ives   fanglanres  contre  les  Réfor- 
mez.   Tout  cela  rendit  le  Sénat 
B-iipecT:  aux  Commis  ;  &:  craignant 
ue  leur  Bourgeoise  ne  les  foup- 
jonnât   eux  mêmes  de  collufion 
vec  les  Magiftrats,  ils  convoquè- 
rent toute  la  Bourgeoifie  ,  le  lundi 
.  Février.    Huit   cents  hommes 
afîemblérent  aux  Cordeliers  -,  te*f[?*£\ 
près  avoir  prié  Dieu  de  les  diriger  ^^-^ 
dans  leurs  Délibérations  ,  où  il  s'a-  geoifie. 
;ifloit  de  fa  Gloire  ,  ils  convinrent 
le  demander  ces  deux  chofes  au 
>énat  ;     i°-  Que  d'autant  qu'on 
i  obfervoit  point  le  Traité  ,  &  que 
es  Catholiques  pcrfévei oient  dans 
eurs  menaces  &c  dans  leurs  info- 
ences  ,  on  nevouloit  plus  foiifFiir, 
que  les  Sénateurs  ,  qui  étoient  pa- 
■ens   ou  alliez  des  Ecclcfialliques 
Papilles  ,    alTjlaflent  aux  délibéra- 
tions 

(#)  fVtirJlif.  L7.C.  2}.  Khub.  m. 


358  Hijloire  de  la  ^formation  1 

Ï  529.  tlons  du  Sénat,  lors  qu'il  sagil  t 
B  a  le.  foir.  de  la  Religion  ,  mais  qu'  0 
en  fuffenc  exclus  ;  cependant  fan 
Bour      aucun  préjudice  de  leur  honneur 
geoi/îe.   2°'  comme   la  Magiftratur 

étoit  entre  les   mains  d'un  peti 
nombre  de  Perfonnes  ,  qui  difpo 
foient  trop  des  affaires  à  leur  gré 
on  fouhaitoit  qu'à  l'avenir  les  Séna 
teurs  ne  fuffent  points  élus  fans  1 
participation  des  Slzeniers  ,  ni  le 
les  Chefs  des   Tribus ,  (  Zunfft 
Jlfeifler  )  ni  les  Sizeniers  ,  fans  1; 
participation  de  la  Bourgeoifîe.  L 
Sénat  {a)  voulût  d'abord  difToudn 
cette  Affemblée  par  fa  feule  authorité 
mais  les  Bourgeois  n'étant  pas  di( 
pofez  à  obéir ,   il  fe  trouva  fort  em 
barraffé  ,   &    demeura  affembl< 
dès  le  matin  jufqu'à  5.  heures  di 
foir ,  avec  les  Commis.  Enfin 
ordonna  aux  Commis  de  retourne! 
auprès  des  Bourgeois  ,  &  de  les*  éx- 
horter  à  prendre  patience  jufqu'au 
lendemain  ,  les  afîurant  qu'on  leui 
donneroit  une  réponfe  ,  dont  ils  au 
roient  lieu  d'être  fatisfaits.  Les 
Commis   exécutèrent  leur  ordre 
quoi  qu'avec  peine.    Mais  le  calme 

ne 

l*yrurftifAx.?. tfO,  Klaub.  1 15 . 1 14- 


Renvolée 


de  la  Suijfe.  Liv.  VI.    3  59 

le  dura  pas  long-tems.    Les  Bour-  1529,, 
reois  refléchiflant  ce  foir  même  (*)Bale. 
ur  ce  que  le  Sénat  avoir  été  aflem- 
>lé  tour  le  jour  ,  fans  leur  donner 
jne  réponfe  décifive  ,  foupçonné- 
ent  quelque  complot  caché  ,  &C 
;raignirent  qu'on  ne  les  eut  fépa- 
ez  >  pour  les  égorger  fans  peine 
durant  la  nuit.    Là-deflus ,  fortant, 
le  table  ,  à  6.  heures  du  foir  y  ils  fe 
:ommuniquérent  leur  penféeles  uns 
tux  autres  ,  &  dans  un  moment  il  Nouvel* 
e  trouva  1200.  hommes  aflemblez  ^iffà^i 
bien  armez.  Ils  rirent  venir  leurs  Bourge- 
Commis,  &  les  chargèrent  de  de-oifie. 
nander  que  le  Sénat  s'aflemblât  in- 
ceiTammcnt  ,    voulant  abfclument 
avoir  ure  réponfè  finale  ce  jour-là 
même.    Le  Sénat  aflemblé  délibéra 
fur  cette  affaire  jufqu'à  p.  heures  du 
'bir ,  &  envoya  les  Commis  aux 
Bourgeois,  pour  leur  répiéfenter  , 
Que-te  ums  ne  permettoit  pas  de 
délibérer  à  fond,  fur  une  affaire  de 
zette  importance  ,  mais  qu'ils  de- 
ivoient  fe  retirer  &  attendre  juf- 
qu  au  lendemain  ,  qu'on  leur  ren- 
droit  fûrement  réponfe.    Les  Bour- 
geois ,  (  regardant  cette  propofi- 

tion 

l*]fyurftift\,ç.$.tf<M70,Klaul.  129,2.24. 


3  60  Htjlolre  de  la  déformation 

I  529.  tlon  comme  ur*  leurre  ,   qu'on  leur 

Bale.    préfentoit ,  pour  les  diiTiper  ,  )  re- 
Nonvel-  fuférent  de  fe  féparer  ,   de  dirent 
blée     *  qu'abfolument  >  une  fois  pour  tou- 
tes 5  ils  vouloient  avoir  réponfe  cette 
nuit  méme.LesSdgneursA'oyant  leur 
fermeté,  &;  jugeant  bien  qu'il  n'y  avoit 
pas  moyen  de  reculer  d'avantage  leur 
accordèrent  enfin  leur  demande,  con- 
cernant les  Sénateurs  alliez  ou  parens 
desPi êtres, %c  les  alTurêrent;que  quant 
au  refte  >  on  régleroit  les  affaires  de  la 
Religion  &  de  la  police,  de  la  manière 
qu'ils  le  fouhaitoient.  Les  Bourgeois 
acceptèrent  cette  réponfe  ;  mais  n'a- 
yant pas  tout  ce  qu'ils  demaridoient 
ils  n'en  furent  pas  iatisfaits,&:  ne  vou- 
lurent point  fe  féparer ,  6c  fe  retirer 
dans  leurs  maifons,que  cette  affaire 
nefûtentiérerement  finie.  Cependant 
pour  ne  pas  paroîrre  avoir  trop  de  du- 
reté pour  leurs  Magiftrats  >  ils  lailTé- 
rent  lever  le  Sénat  :  mais  d'autre 
.  coté  >  ayant  toujours  dans  rcfprit 
le  foupçon  de  quelque  complo: ,  ils 
r    ne  négligèrent  pas  les  précautions 
tion       necellaires  pour  leur  iurete.    Ils  le 
pour  f    partagèrent  en  trois  Corps  ,  qui  fe 
leur  dé-  logèrent  en  trois  Quartiers  dilférens  : 
Ils  pointéient  fix  pièces  de  Canon 

pies 


deUSuiffe.  Liv.  VI.  361 

prés  de  l'Hôtel  de  ville  }  ils  fe  bar-  j  pç, 
ricadérent,  6c  tendirent  les  chai-  b  al  e, 
nés  des  ruës  ,  allumèrent  les  fa- 
naux des  Carrefours  >  &  rirent  fai- 
re bonne  garde  fur  les  Tours  6c  aux 
iportes  :  ce  que  voyant  quelques 
Miagiftrats  ,  entr'auercs  Henri  MeU 
ùnger  ,  Bourg-Maî:re ,  6c  fon  gen- 
dre Egolff  cTOffenbourg  >  Confeiller  » 
1s  fe  retirèrent  fecretement  cette  mè- 
ne nuit  de  la  Ville.  Leur  évafion 
uigmenta  (a)  le  foupçon  des  Bour- 
geois ,  de  forte  qu  ils  redoublèrent 
:eur  vigilance  ,  6c  ramaflerent  en- 
:ore  une  plus  grande  quantité  d'ar- 
mes à  feu  &  d'autres,  6c  fe  ren- 
forcèrent jufqu'au  nombre  de  deux 
nille.  Le  jour  étant  .venu  ,  Mardi 
?e.  Février,  vers  les  8.  heures  du 
"natin,  les  Commis  des  Bourgeois, 
eur  rapportèrent  de  la  part  du  Sé- 
iat  ,  Que  les  Sénateurs  qu'ils  a- 
yoient  défignez  ,  feroient  exclus 
des  délibérations  ,  quand  il  s'a- 
i^iroit  d'affaires  de  Religion  :  ils 
Iraient  12.  en  tout  ,  dont  il  y  en 
ivoit  4.  de  la  Nobleffe.  Mais  ces 
Sénateurs  (ù)  ne  voulurent  pas  fe 
Tom.  II.  fou- 

[»)  iVur&if.  kc.f7l.  Klanh.  116. 

(£)  OecoUmfad.  ap,  Sculter.  p.m.jS6« 


362  FJijloire  de  la  déformation 

^529/  foùmctre  à  cet  arrêt,  Se  préfenté- 
Bale.  rentre  Droit  à  la  Bourgeoise  par 
devant  les  Cantons.  Les  Bourgeois 
ccmfentirent  d'y  plaider  leur  caufe, 
à  condition  que  ce  feroit  aux  dépens 
duPublic,mais  cjueces  Meilleurs  plai- 
deroient  leurcaufe  à  leurs  propres  dé- 
pens. Cependant  les  autres  Sénateurs 
continuèrent  leurs  délibérations,  (a) 
mais  dans  le  delTein  de  tirer TarTa ire 
en  longueur  de  tout  leur  pouvoir.En 
vain  un  Bourgeois  nommé  Jacob 
Jrm  harangua  vivement  le  Sénat  : 
toutes  fes  follicitarions  furent  inuti- 
les.   Il  étoit  Midi  fonné  ,  Se  le  Sé- 
nat n'avoit  rien  conclu  (/>)  5  lorfquc 
les  Bourgeois  ,  confirmez  de  plus 
en  plus  dans  leur  foupçon  ,  par 
une  telle  conduite  de  leurs  Magi- 
ftrats  j  détachèrent  40.  hommes  , 
pour  aller  vifiter  tous  les  portes  de 
la  ville  ,  de  peur  de  quelque  fur- 
prife.  Ces  40.  hommes  après  avoir 
fait  la  revuë  de  divers  endroits  >  en- 
trèrent dans  l  Eslife  Cathédrale  ,  & 
comme  l'un  d  eux  donna  un  coup 
de  fa  hallebarde  à  la  porte  d'une 
armoire  ,  où  il  y  avoit  des  Images 5 

il  y 

\a]  Klaub-  127. 
{b)~H'nrftA.Q.  KUub.l.C. 


dtUSuiffe.  Liv.  VI.  363 

1  y  en  eût  une  qui  tomba,  &qui  1  Ç29- 

c  hrifa.    Quelques  Catholiques  ,  b  a  l  e. 

jui  fe  trouvérent-là  >   les  infulcé- 

ent     là  -  deflus   j     mais    eux  > 

l'ayant    point    d'ordre  d'entre- 

>rendre  aucune  voye  de  fait ,  fe  re- 

irérent  fans  leur  répondre.  Cepen- 

...  r  •  Alarma 

f.ant  11  arriva  ,  on  ne  lait  comment,  clans  ia 

;ue  le  bruit  fe  répandit  dans  la  Vil-  ville. 

qu'il  y  avoit  un  tumulte  dans 

ette  Eglife  :  furquoi  les  Réformez 

étachérent  inceffamment  300.  hom- 

des  de  leur  Corps ,  pour  aller  au 

cours  de  leurs  gens.    Ces  300. 

encontrérent  les  40.  en  chemin,  3>c 

eux-ci  (a)  fe  joignant  à  eux  ,  re- 

ournérent  fur  leurs  pas  ,  Se  allé- 

ent  dans  la  Cathédrale  3  réfblus  de 

étruire  tous  les  Inftrumens  &  les 

objets  de  l'Idolâtrie,  qui  étoient  des 

|iatiéres  de  difeorde  entre  les  Con- 

jitoyens.    Les  Pierres  ayant  fermé 

butes  les  portes  de  l'Eglife  au  ver- 

ou  j  ces  34.0.  hommes  en  enfon-  tues. 

rrent  une  &  biiférent  &  renverfé- 

pnt  toutes  les  Images  ,  les  Autels 

ik  les  Tableaux.    Le  Sénat  y  en- 

;oya  încefTamment  quelques  Sei- 

neurs  ,  pour  les  arrêter  j  mais  ils 

Q^z  ne 

i       \i)  mtrfl.  l.c.  Kïuul.  llg. 


364  Hiftoirc  de  la  ^formation 

1529.  ne  furent  point  écoutez  ;  Il  y  ei 
Bal  h.  eut  même  un  qui  leur  dit  [a)  ,  C 

âzmh*  ^Ue  V0US  n  avez  ?as  faire  Par  trot 
Ville.     années  de  délibération  ,  nous  allons  l'a 

chever  dans  une  heure.  De-là  ils  pal 

firent  dans  l'Eglife  de  S.  Ulrich 

8c  en  fuite  dans  les  autres ,  où  il 

firent  la  même  expédition.  Le 

Bourgeois  de  la  petite  Bile ,  qu 

étoient  prefque  tous  Catholiques 

voiant  que  la  partie  étoic  trop  for 

te  ,  prièrent  les  autres  de  leur  per 

mettre  9  de  purger  eux-mêmes  leu 

Eglife ,  d'Images  Se  d'autres  orne 

mens  ;   ce  qui  leur  fut  accordé 

Les  340.  aiant  ainfi  fait  Je  tour  d 

la  Ville  ,    allèrent  rejoindre  leur 

gens  :   &  aprenant  que  le  Séna 

n'avoit  point  encore  rendu  de  ré 

ponfe  pofitive ,  ils  les  follicitéren 

à  aller  à  l'Hôtel  de  Ville,  voi 

ce  que  les  Magiftrats  y  faifoienî 

Ceux-ci  leur  envoyèrent  des  Dépu 

tez ,  pour  les  exhorter  à  fe  tem 

dans  les  bornes  de  la  modeftie  l 

du  devoir  ;  mais  les  Bourgeois  ré 

pondirent ,  qu'ils  vouloient  avoi 

une  réfolution  décifive  Un 

heu 


(a)  Oecolamp.  l.c  p.lS7« 


delà  Suife.  Liv.  VI.  365 

iieure  après  ,  le  Sénat  accorda  en-  1529. 
[in  la  rèfolurion  ,  qu'on  demandoit  B  a  le. 
Ivec  tant  d'inftance  :  10.  Que  ks  Kou' 
jmplois  de  la  Magiftrature  (croient 
i  lonnez  de  la  manière  que  Ja  Bour-  deReîi- 
|;eoifie  le  fouhaitoit  ;  20.  6^  dès  |^°p0^ 
le  jour  là  même  (a)  les  Idoles  ferc-  ^ 
ent  ren  ver  fées  ,  &  la  M  elfe  abolie 
l>ar  toute  la  Ville  ôc  dans  tout  le 
fcanton.     30.  Enfin  ,  Que  dans  les 
délibérations  ,    qui  intéreiTent  la 
|;loire  de  Dieu ,  ou  le  bien  de  l'E- 
lat  ,  on  prendroit  les  avis  des  Tri- 
>us  ,    &  de  60.   Bourgeois  ;  £c 
ïju'on  y  procédcroit  inceffamment . 
Les  Bourgeois  ,  aiant  reçu  cette  ré- 
uonfe  ,  fe  retirèrent  (b)  conrens  chez 
!:ux  ;  &  ainfi  la  journée  fe  termina 
"ans  qu'il  y  eut  un  feul  coup  don- 
ié.    Le  lendemain  10.  Février  (c) , 
ijui  étoit  le  Mécredi  des  Cendres,  on 
If  éduifit  toutes  les  Images  en  cendres. 
'3'abord  on  crut  bien  faire,  d'en  di- 
Iribuer  le  bois  aux  Pauvres  ;  mais 
i:omme  on  vit  qu'ils  fe  qi:creJloient 
pour  le  partage,  &:  que  de  la  que- 
nelle ils  en  venoient  aux  coups  , 


on 


(a)  Oecolamp.  1.  c.p.  1 88- 

(b)  KUub.  130. 


366  Hiftoirede  la  Réformât  ton 

I  529»  on  ^es  ^eur  ota#    L'on  en  fie  douze 
Bale.  monceaux,  que  Ton  brûla  au  grand 
Retour   déplaifir  des  Bigots.    Le  Vendredi 
ducalme  12.  Février  ,  toutes  les  Tribus  de 
la  Ville  ,  avec  leurs  Commis  ou 
Elus  ,  approuvèrent  les  Décrets  du 
Sénat ,  &c  fe  réconcilièrent  de  bonne 
Foi  avec  leurs  Magiftrats  ,  &  Je  len- 
demain la  Bourgeoifie  leur  prêta  les 
Sermens  ordinaires. 

Le  jour  du  grand  trouble  {a)  le 
Sénat  avoit  écrit  à  divers  Cantons, 
pour  implorer  leur  fecours  contre  la 
Bourgeoifie.      Quatre  d'entr'eux, 
Zurich  ,  Berne ,  Solcitrre  Se  Scbaffboufe 
y  envoiérent  inceffamment  leurs  Dé- 
putez: mais  (b)  ces  Députez  n'ar- 
rivèrent que   quand  tout  fut  ac- 
commodé, tellement  que  leurs  foins 
furent  fuperflus.  Le  jour  dont  nous 
venons  de  parler,  je  veux  dire  y  le 
Vendredi   12.  Février,  il  fut  fait 
k   un   Décret    irrévocable    portant  : 
reforme  »  Q^on  aboliroit  pour  jamais  dans 
entière-  ,,la  Ville  &  dans  le  Canton  Jes  Ima- 
men:-     »  ges  ,  la  Meffe   &  tout  l'attirail 
>,  Papiftique  3  àc  Que  l'on  pourvoi- 

„  roic 

(a)  Stetl.  T.  IL  p.  H,  llbi  pro  X/.  F.h, 

legenduin  ix. 


de  la  Suffi.  Li  v.  VI.  367 

I»  roit  les  Eglifes  de  bons  Payeurs,  j  529. 

„  pour  y  p-rêcher  la  Parole  de  Dieu.  gAlE 
■  Le  Dimanche  fuivant  (a)  on  chan- 
I  ta  lesPfeaurnes  allemands  dans  tous 
lies  Temples.    Le  même  pur  ta 
S  bruit  fe  répandit  par  la  Ville  ,  que 
|ceux  de  le  petite  Bile  avoient  ca- 
I  ché  quelques  Images,  &  cela  penfa 
I  caufer  un  nouveau  tumulc.  Déji 
300.  hommes  armez  s'étoient  avan- 
cez jufquau  pont  du  Rhin  >  dans 
Je  deffein  d'enlever  ces  Images  de 
vive  force  ;  mais  des  Perfcnnes  d'au- 
thorité  engagèrent  les  gens  de  cette 
1  paroifTe  -  la  3  à  les  livrer  fans  ré- 
fiftance  ;  &  elles  furent  inceffam- 
menc  brûlées  fur  la  place  du  Tem- 
ple même  3    d'où  on  les  avoit  ti- 
rées. 

Le  18.  Février  on  publia  une  Am* 
Jémnifiie  générale  pour  tout  ce  qui  Publiee* 
séroit   palTé ,   &:  permifïion  aux 
Bourgeois  qui  étoient  fortis  de  la 
Ville  ,  d'y  rentrer  ,  pourvu  qu'ils 
ne  fufTcnt  point  coupables  de  trahi- 
fon    ou  d'autre  crime.   La  plupart 
des  Nobles  n  ayant  pas  voulu  re- 
venir, {h)  à  caufe  de  la  Réforma- 
0^4  tion, 

(a)  H'urjlis.  1.  C.  p.  Ç73.  KUut>. 

(#)  simhrRefy,  Helvet.  p.  no. 


368  Hljloire  de  la  Reformai  io^ 

IS29.  Xlon>  qu'ils  haïiïoient,  ils  furent 
B  A  L  E    exclus  du  Sénat  pour  toujours. 
Départ       Après  cette  grande  révolution,  le 

^afme  Catho]ique  fordt  de  Ja  Viflej 

clergé    M  les  Chanoines  de  la  Cathédrale, 
Catholi-  &  leurs  Chapelains  fe  retirèrent  à 
lHe*       Fribourg  en  Brisgavv.  Plufieurs  fa- 
vans  hommes,  cntr'autres  le  fameux 
Erasme  ,  &  Glarean  ,  les  y  fui- 
virent.  Erafme  laiiîa  ces  deux  Dif- 
tiques  pour  ion  Adieu  à  Bâle  : 
Jam  Bafilea  vale ,  qua  non  Urbs  altéra 
multis 

Annis exhibait  gratins  bofpitium* 
Hlnc  precor  omnia  Ut.i  tibi  j  fimul  il* 
lad  ,  Erafmo 
Hojpes  utï  ne  uaquam  trift'tor  ad- 
veniat, 

L'Evêqùe  faifoic jdéja  dès-long- 
tems  fa  réfidence  à  Porentru,  il  F  y 
fixa  pour  toûjours  ,  &  il  établit  fes 
Cours  Eccléfiaftiques  à  Ahkirchy 
petite  Ville  du  Suntgavv,  Il  ne  fera 
pas  inutile  d  ajouter  ici,  que  (b)  les 
Chanoines  vécurent  paifiblement  à 
Frihourg  >  avec  leurs  Concubines* 
jufqu'à  Tan  1543.5  que  le  Confeil 

de 


(a)  J'1'Urflif.  1.  c.  <;74.Klaub.  I?2. 
(£)  Hotting.  450.    Wagner  Mer  c  tir  lus 
&elvet,  in  articule  Arhshclm* 


de  la  Suffi.  Liv.  VI.  369 
de  cette  Ville  -  là  ne  voulut  plus  1529. 
les  leur  fouffrir  ,   Se  leur  fit  dé-j&^Vï 
Fenfe  de  les  tenir.   Ils  préfentérent 
requére  pour  faire  révoquer  un  or- 
dre qui  leur  étoit  fi  dur  ,  deman- 
dant d'ècre  maintenus  dans  leurs 
meiens  ufages,  de  menaçant,  en  cas 
je  refus,  de  fe  retirer  ailleurs.  Mais 
:omme  ils  virent  que  le  Confeil  fe 
noquoit  de  ces  menaces  ,  &  per- 
îftoit  dans  fa  réfolution  ,  ils  obéï- 
*ent  &  demeurèrent  dans  la  Ville; 
Se   leurs  Succeffeurs  y    ont  aufïl 
bit  leur  réfidence   tous  enfemble, 
ufqu'à-ce  que  cette  Ville  fut  prife 
par  les  François,  lors  de  la  guerre 
ie  1672.  Alors  ils  fe  traniporté- 

ent  à  ArUsheim  ,  dans  la  Seigneu- 
rie deBirfeckj  qui  appartient  à  1£- 
j/êque  titulaire  de' Baie,  &  y  bâti- 
rent une  belle  Eglife  avec  des  mai- 
Ions  fort  propres  pour  eux-,  ôc  C'cft 
I  à  où  ils  font  aujourd'hui. 

Après  le  départ  de  tant  d'Ecde-  VUni- 

laftiques  &:  de  gens  favans  ,  VUn'i-v^fi^' 
2/erfité  de  Baie  fe  trouva  fort  dé-J^™ 

jourvue.  (a)  Les  Magiftrars  pri-bonpie< 
:  ent  entre  leurs  mains  les  Archives, 

es  Rcgîtres ,  fef  Joyaux  >  fon  Sceptre 

CL5  & 


370  HijloiYC  de  la  Kjformation 
Sale   &  f0n  Seau  ,  afin  que  rien  ne  '  fe 

tablie.  plirent  les  Chaires  vacantes.  On 
(4)  appella  Simon  Grynj^us  ,po'jr 
exercer  la  Profeffion  de  Théologie, 
&  Sebastien  Munster  ,  pour  celle 
d'Hébreu.  Gryn&us  éioit  né  à  Ilo- 
henzillercn  l'an  1493.  Il  a  voit  ré- 
genté quelque  tems  à  Bude  en  Hon- 
grie ,  après  quoi  il  avoir  été  Pro- 
feffeur  en  Grec  à  Heidelberg  >  dès 
l'an  1523.  Munftcr  étoit  né  à  /«ge/- 
Tan  1489.  U  entra  d'abord 
dans  l'Ordre  des  Cordeliers ,  où  il 
étudia  l'Hébreu  fous  Conrad  Pellican$ 
il  quitta  en  fuite  l'Ordre,  Se  fut 
auiTi  quelque  tems  ProfeiTeur  à  Hei- 
delberg. 

Momes  Vers  le  milieu  du  mois  de  Mars 
îeculari-  on  (£)  fit  un  Règlement  au  fujet  des 
Moines  &c  des  Nonnains.  On  leur 
ordonna  aux  uns  &  aux  autres, 
de  quitter  les  pratiques  &  l'habit 
grotefque  de  leurs  Ordres  ,  pour 
s'habiller  à  la  mode  du  pays  ,  & 
en  noir  ,  &:  d'à/Mer  aux  Affem- 
blées  publiques  de  Religion.  On 
permit  de  demeurer  dans  les  Cou- 
Yens, 


la"]  Hotting.  4^1. 

|>]  ^«ry?//;  1.  c.  $7<J> 


de  la  Suïfe.  Liv.  VI.  371 

vens,  à  ceux  qui  le  fouhaitérent,  1529* 
pourvu  qu'ils  y  vécuffent  honére^BAiF. 
ment.  Ceux  qui  foi  tirent  du  Cou- 
vent ,  foit  pour  fe  marier  ,  foit  fans 
defTein  de  fe  marier,  eurent  despen- 
fions  viagères. 

On  furpritcinq  Dominica'ns  9  qui 
vouloient  piller  leur  Couvent,  & 
on  les  mit  en  prifon.  La  plupart  des 
Eccléfiaftiquts  ,  Séculiers  6c  Régu- 
liers, fe  marièrent.  Les  autres  fu- 
rent fommez  de  quitter  leurs  Con- 
cubines, ou  de  les  époufer.  Déplus, 
tous  les  gens  d:Eglife  furent  obli- 
gez de  prê:er  ferment  à  la  Ville, 
comme  les  autres  Bourgeois.  Il  y 
en  eut  quelques  -  uns  ,  qui  aimè- 
rent mieux  fortir  ,  que  de  fe  foû- 
mettre  à  tcus  ces  Rég^emens. 

On  vit  arriver  alors  une  avan-  Voeu  ré 
ture  finsuliére  ,   qui  mérite  d'être  méraire 
rapportée  ,  pour  faire  voir  de  quel-  Yjektlt* 
le  importance  il  eft  ,  de  ne  point 
s'engager  imprudemment  dans  des 
vœux  ,  de  qu'avant  que  d'en  faire 
il  y  faut  bien   penfer  ;   au  moins 
quand  il  s'agit  de  voeux  ,  qui  peu- 
ven:  intérelfer  la  vie  toute  entière. 
Apres  que  le  Magistrat  eut  permis 
le  nuruge  au  Cie  gé  Séculier  &:  fl  é- 
0^6  gnîièx>i 


372  Hijloire  de  la  Reformat  ion 

*  529»  gulier  >  un  bon  EccIéfiaftique,nom- 

?TALE.  mé  Pierre  Kcffder  *>  voulant  ap- 
Vœu  du  -  r  ■  •  »••  r 

P. Keffe-  paremment  taire  voir,  que  s  il  le 

1er.  '  maiioir ,  c'étoit  fans  aucune  vue 
d'intérêt,  fit  vœu  (un  matin  qu'il 
fortoit  pour  aller  à  l'Eglifej)  d'épou- 
fer  la  prémiére  fille  qu  il  rencon- 
trerait en  fon  chemin  ,  pourvu; 
qu'elle  agréât  la  propofition  qu'il 
lui  en  feroit.  Etant  en  rue,  il  ren- 
contra une  Mendiante ,  qui  lui  de- 
manda iaumône.  Il  lui  dit  :  Si 
je  fazois  que  tu  voulujfes  te  bien 
conduire  >  je  te  ferois  une  aumô- 
ne ,  dent  tu  auras  lieu  de  te  ré- 
jouir toute  ta  vie.  Si  tu  voulois  avoir 
bien  foin  de  moi,  je  tépouferoïs  tout  a 
l'heure.  La  fille,  qui  ne  s'atrencloit 
pas  à  une  offre  fi  généreufe  ,  lui 
promit  tout  ce  qu'il  voulut.  Il 
l'époufa;  mais  il  s'en  trouva  mal, 
&  il  fe  pJaignoit  fou  vent ,  qu'//  na- 
z-oit  jamais  fait  d'aumône  plus  -mal 
placée  y  que  celle  qu'il  avoit  faite  a  fa 
Femme  ,  en  la  tirant  de  la  mendicité 
pour  l'éfoufer.  Au  refte  les  Hiftoriens 
Eâlois  t  nous  apprennent  que  la 


*  Grofs.  Basl.  Chron.  p.  163.  Theod, 

Zuin^eri  Thea.tr.  Vit  a  Hnmanx 
7  Idem*£/V.p«  iCOi 


de  la  Stujje.  Liv.  VI.  373 

-ie  de  leurs  Eccléfnftiques  de  l'un 
\C  de  l'autre  féxe  ,  etok  fort  déré- 
;lée  fur  le  chapitre  de  l'impureté. 
.esCordeliers  entr  autres  enkvoient 
es  femmes  des  Bourgeois,  &  les 
iroient  dans  leur  Couvent  en  les 
nettant  dans  des  Corbeilles  :  Se  les 
leligieufes  de  S.  Claire  ,  tîroient 
|ulTi  de  jeunes- hommes  dans  leur 
haifon  avec  des  cordes,  après  avoir 
•erec  le  toi:  &  levé  des  tuiles, 
"es  défordres,  qui  éroient  publics, 
voient  infpiré  à  la  Bourgeoise  une 
;rande  indignation  contre  ces  Ordres 
. rérendus  Religieux. 

Apres  cela  les  MagiflratS  ,  Çt) 
ffemblez  en  Conleil  Souverain,  le 
•rémier  d'Avril  ,  réglèrent  la  ferme 
u  fervice  Divin,  3c  l'exercice  de  la 
)ifcipline  Eccléfiaftique  5  Se  ces 
légîemens  furent  rendus  publics 
ar  l'imprefTion  ;  Eien-tôr  après  (ù) 
n  vendit  à  l'encan  tous  les  orne- 
icns  d'Eglife,  les  habits  facrez  ôVc.  3 
C  l'argent  qu'on  en  tira  ,  fut  em- 
loic  au  foulagement  des  Pauvres. 

Cefl:  ainfl  que  fe  fît  la  Réforma- 
ion  de  Baie.    Ajourons  que  cette 
'ille  entra  dans  i  Alliance  particu- 
liers 

(«)  VL'Hr/lifA.c.  Kls*h.  m< 


374  Hifioire  de  la  Information 

1  529»  liére  des  Villes  Réformées  ,  (.1)  le  3. 
Zurich  Mars;  comme  on  l'a  déjà  die. 
ijr  sn  Celle  de  Mullboufe  y  étoit  (!>)  en- 
fe  &  tree  quelque  teins  auparavant,  fa- 
Bienne  voir  le  Dimanche  14.  Février.  Les 
Bernois  l'y  avoient  reçuë  à  la  fol- 

lAllian-         .       .         j       rr  •  1^ 

cèdes     ^citation  des  Zunccis.    De  même 
Cantons  la  Ville  de  Sienne  y  fut  auffi  reaë, 
Réfor-    à  la  recommandation  des  Bernois. 
Mais  comme  cette  Ville  n  eft  pas  Sou- 
veraine ck  qu'elle  dépend  de  l'Eve- 
que  titulaire  de  Baie  ,  il  fin  (c)  ex- 
preiTément  refervé ,  le  10.  Février, 
dans  le  Traité  qui  en  fut  fait ,  Que 
cette  alliance  ne  regarderoit  que  les 
Intérêts  de  la  Religion,  Se  Que  du 
refte  elle  ne  dérogeroit  en  rien  aux 
droits  de  l'Evêque. 
Zurich-     IL  Pendant  que  les  Bâlois  croient 
Sifde  occuPçz  ^u  ^°*n  ^e  réformer  leur 
Réfor-    Egl ife  ,  les  Zurkois  3c  les  BcrnoU 
HMtion.  ajoûroient  auflj  quelques  nouveaux 
traits  à  leur  Réformation,  feit  peur 
l'arTcrmir,  foit  pour  la  perfection- 
ner.   A  Zurich  il  y  avoit  encore  di- 
verfes  perfonnes  (d)    qui  confer- 
voient  le  leva  in  du  Papiime  dans 

k 

b    JBern.  bi(h.  A.  265*. 

c  ibid.  p.'v;-;. 
d  tiQttmg. 


de  la  Suffi.  Liv.  VI.  375 

m  cœur  ,  Se  qui  alloient  à  la  Melïe  M^9- 
i.ans  les  lieux  Catholiques  du  voi- ZuRICHt 
.  nage.    Les  M:giilrats  le  défendi- 
ez: par  un  Edit,  publié  vers  le 
lîilieu  'de  Janvier  >  fous  une  cer- 
taine peine. 

I  On  défendit  auffi  ,  par  un  antre 
IEdit  ,  les  débauches  3  les  mafearades, 
ik.  autres  excès  qui  le  co/nmer- 
f  oient  dans  les  tems  des  Rois  6c  du 
1  Carne  val  &c.  (a) 

y  Dés  le  commencement  de  Tannée  Berne. 
les  Bernois  réformèrent  diverfes 
jVlaifons  Religieufes.  Pierre  D'en- 
klisberg  ,  Chevalier  Comman- 
deur de  Bitchfi ,  leur  remit  (y)  fa 
(Commanderie  3  &:  le  Jeudi  28.  Jan- 
jvier  j  ils  lui  donnèrent  en  échange 
pour  fon  entretien  le  Château  de 
BrenigArte>  avec  quelques  autres  ter- 
res, mais  pour  fa  vie  feulement;  ôc 
lui  alignèrent  une  groile  penfion  en 
argent  &  en  denrées. 

Ils  alignèrent  aufll  (c)  une  pen-  Réforme 
lion  à  chacun  de  leurs  Chanoines^  f?^*- 
&:  au  lieu  d'argent  lejr  donnèrent  fholiqu<: 
des  Conftituûons  de  rentes  pour 

leur 

Cm)  LL  ibid. 

W)  Hem.  Inftr.  H.  $24. 

(0  An  î-.B.t.  *  >Pnteà*8fHck>DD-V.l<MS. 

M  0.  p.  8. 


I  529. 

Berne 

Réforme 
du  Cler- 
gé Ca- 
tholique 


Re for- 
mation 
des 

mœurs. 


376  Hijloire  de  La  Réformation 

leur  payement,  (a)  Il  y  en  eut 
quelques-uns  qui  furent  Minières. 

Catherine  Trouksess  , 
née  Baronne  de  Waldbourg  ,  AbefTe 
de  Kunigsfeld ,  fommée  par  les  Sei- 
gneurs ,  de  fortir  de  fon  Abbaye  > 
(b)  avec  les  Filles,  qui  s'y  trouvoient 
de  refte  ,  leur  obéit ,  &  remit  cette- 
Maifon  entre  leurs  mains  au  com- 
mencement de  May, moyennant  une 
penfion  viagère.  On  en  ufa  de  la 
même  manière  envers  tous  les  au- 
tres gens  d'Eglile  >  de  l'un  &  de 
l'autre  Séxe.  Cette  Abbefle  fe  ma- 
ria, {c)  quelque  tems  après,  avec 
nnZuricois,  nommé  George  G 'ddlïn-^ 
Chevalier. 

En  réformant  les  Maifons  ,  ils 
penférent  auflî  à  réformer  les  moeurs. 
Le  Mardi  après  Pâques ,  ils  publiè- 
rent un  Edit  contre  ryvrognerie, 
&  les  Juremens  :  Le  commence- 
ment en  eft  fort  beau  :  &autant> 
difent-ils,  que  chaque  Puijfance  Su- 
périeure eft  établie  de  Dieu ,  pour 
maintenir  le  bien  &  punir  le  mal>  (d) 

pour. 

(*1  ib.  p.  & 
(b)  tt.p.  is5- 

le]  Hottin.  144. 


deïaSuife.Lw.  VL  377 

m/f  caufe  il  nous  convient ,  con:-  I  S 29' 
ne  i   rffj  Magifttats  Chrétiens ,  Berne^ 
?onducleurs  Souverains  ,  /o«r  ï av An- 
iment de  la  gloire  de  Dieu ,  pour  la 
■yopagatïon  aes  bonnes  mœurs  ,  cor,:- 
ne  au  (fi  pour  la  Correction  ,  première* 
ment  de  nous- mêmes  >  cy  ensuite  de 
ous  nos  fujets  &c.  &  la  nécejfite'  ïc- 
\:ige  auffi  >  de  faire  des  Ordonnances, 
\  outre  les  blasphèmes  Sec. 

La  Réformation  ne  fut  pas  reçuë 
ipanimémentj  ni  tout  d'un  coup  par 
outie  Canton.  Il  y  avoir, en  divers 
jeux,  des  gens  qui  haïîToient  les  Mi- 
iiiftres.quiles  injurioient,  méaifcient 
Teux  Se  de  leur  do£trine>&  leur  con- 
jredifoient  tout  haut  ,  quand  ils 
toient  en  Chaire.  Il  y  av  oit  au  fil 
les  Baillifs  ,  qui ,  toujours  Catholi- 
[ues  dans  le  Cœur,  étoient  les  pré- 
niers  à  donner  de  mauvais  exerci- 
ses ,  car  ils  n'alloient  point  aux 
ermons  Se  ne  communioient  point, 
.es  Seigneurs  ,  pour  y  mettre  ordre, 
>ubliérent  le  8.  d'Août  ,  un  nou- 
el  Edit  (a)  portant  ordre  aux 
3aillifs,  io.  De  s'informer  exafle- 
nent  des  faits,  quand  il  en  arrive- 

roi: 

(*)  Ibid.  p.  2,1. 


3  78  Hijloire  de  la  Kéformatîon 
*  529-  roit  de  fcmblables ,  de  donner  cita- 
^fb?E'  t,on  211  x  Capables  par  devanr  le 
muthn    Confîftoire  Suprême  de  Berne;,  8c 
des        d'y  aller  eux-mêmes  >  pour  faire  un 
mœurs.    rap0rt  fidèle  ,  afin  que  les  Cou- 
pables fuiTent  punis.    20.  De  don- 
ner eux-mêmes  bon  exemple  ,  en 
obfervant  les  Loix  de  la  Réforma- 
tion. 

Par  un  Edit  du  4e-  Novembre, 
ils  abolirent  Tu/âge  de  fonner  les 
Ave  Maria.  D 'autant ,  difent-ils,  que 
nous  fommes  obligés  ,  de  conduire  a  la 
véritable  Religion  ,  (  autant  que  Dieu 
nous  en  fait  la  grâce  )  nos  fujets  ,  fur 
les  quels  nous  fommes  établis  far  l'or- 
donnance de  Dieu  >  &  comme  a  canfe 
de  ceux  qui  ét oient  foiblcs  en  la  foi, 
nous  avons  toléré  jufques  ici  quelques 
Cérémonies  extérieures,  que  nous  jouî- 
mes obligés  d'abolir  peu  a  peu,  comme 
aujfi  nous  en  avons  le  deffe'in:  A  ces 
causes  ,  pour  éviter  du  fcandale,  nous 
abolijfons  ïufage.  de  fonner  les  Ave 
Maria  ,  qui  s'eft  pratiqué  matin  & 
foir  jufqu  a  prefent  :  Car  il  ne  convient 
point  a  un  Chrétien,  de  prier  d'une 
autre  manière  >  que  celle  que  Je  fus- 
Chrifi ,  notre  Souverain  Doffeu,  ,  la 


Je  la  Suffi.  LlV.  VI.  379 

faefte  Eternelle  de  Dieu ,  (a)  nous  a  en-  1  529. 
(eignée.  Et  rn  £ . 

L'Edit  du  £e-  d'Août,  dcfen- 
doic  de  porter  des  Patenôtres  ;  mais 
comme  il  n'étoit  pas  obfervé  par 
tout,  on  fe  vie  obligé  d'en  renou- 
velier  la  defenfe ,  le  17.  Avril  1535. 
,fous  peine  de  dix  Livres  d'amande 
;pour  la  première  fois  >  de  20.  Livres 
pour  la  fécond?  ,  &  ainfi  de  fuite, 
augmentant  toujours  de  dix.  L'an- 
née 1530.  on  publia  un  nouvel 
Edit  de  Réformation  ,  où  Ton 
,confîrme   tous  les   précédens.  (b) 

Le  8e"  Mars,  (c)  ils  publièrent 
une  Liturgie  ,  &  un  formulaire  d'u- 
;niformi:é  ,  pour  la  célébration  des 
deux  Sacremens  ,  &  pour  la  béné- 
diction du  Mariage.  Ils  la  firent  im- 
primer, &  l'envoyèrent  enfuite  à  tous 
les  Miniftres  de  leur  Canton,pour  s'y 
conformer. On  régla  aufli  leConfiftoi-  „ ,  . 
re  de  Berne,  &;  félon  ce  Règlement,  il  mfnt 
devoit  être  compofé  de  deux  Mini- pour  le 
ftres,dedeuxConfeillers,&  de  deux^p'" 
Notables  du  Grand  Confeil:  (au-g^^; 
ourd'hiu  il  y  en  a  quatre  de  ce 

dernier 


M  Ibid.  p.  l^, 

mi. 

0  lb.  p.  18. 


3  8  O  Hijîolre  de  la  RJformation 

I  529.  dernier  Confeil  ;)  &  les  deux  Con- 
Berne.  feillers  dévoient  préfider  tour  à  toûr 
R'*u-    durant  deux  mois:  Il  fut  anê:é,que 
pour  le  ^es  Jugements  de  ce  Confiftoire  fe- 
Confiftoi~  roient  fans  appel,  à  moins  que  quel- 
r<?ue  Ber  qu'un  ne  pût  faire  voir  une  lézion 
énorme  ,  auquel  cas  il  pourroit  re- 
courir au  Sénat.     On  p  .blia  en  mê- 
me tems  des  Lotx  Ùonfifioriales ,  pour 
la  Ré  Formation  des  mœurs  ,  contre 
les  débauches,  l'impureté  &c.  pour 
les  affaires  matrimoniales  5  &  LL. 
EE.  fe  refervérent  le  droit  de  corri- 
ger, d'augmenter,  ou  de  diminuer 
ces  Loix. 

&  pour  ^s  ordonnèrent  en  même  tems  3 
ceux  du  que  dans  le  Pays,  chaque  Paroiffe 
Pays.  auroit  Ion  Confiftoire  ,  compofé 
d'un  Miniftre  &  de  deux  hommes 
de  bien  pour  le  moins  ,  qui  auro- 
ient  le  pouvoir  de  punir  conjointe- 
ment avec  le  Haut-Officier.  Les 
Confiftoires  dévoient  avoir  l'œil  fur 
la  doctrine  fie  la  conduire  des  Pa- 
yeurs. Aucun  ne  pouvoir  être  reçu 
Miniftre  dans  le  Pays  ,  à  moins 
que  les  Seigneurs  Patrons  ,  ou  Col- 
lateurs  ,  ne  l'euffent  préfenré  au 
Confiftoire  de  Berne ,  pour  y  être 
examiné.  Qjiand  le  Baillif  ou  Haut 


delaSmtfe.  Liv.  VI.  381 

Officier,  ou  d'autres  négligeoient  r  529. 
de  corriger  les  vices,  l.s  autres  ,  Berne. 
avec  le  Minière  ,  dévoient  en  don- 
ner avis  au  Confiiloirc  de  Berne , 
qui  étoic  chargé  de  rapor:er  la  cho- 
fe  au  Confeil.  Ces  ordonnances 
dévoient  être  lues  en  Chaire  deux 
fois  par  an  (a).  Cette  année  Berch- 
told  Haller  fe  maria  ,  ôc  époufà 
une  fille  de  30.  ans  *. 

III.  On  a  vu  ci-delTus  les  trou-  Glaris 
bles  ,  qui  agitèrent  le  Canton  de  P 
Glaris  ,  &  qui  allèrent  fi  loin > 
qu'on  y  vécut  durant  quelques  fe- 
maines  dans  une  efpéce  d'Anarchie. 
Ils  continuèrent  encore  au  commen- 
cement de  cette  année  ,  mais  ils  fu- 
rent enfin  terminez  heureufement(£). 
Le  22.  Janvier,  le  Land- Amman  > 
ou  Chef  du  pays  >  convoqua  par 
ferment  les  Confeillers  d'Etat ,  à 
Glaris,  quoi  qu'ils  fufTent  divifez 
fur  l'article  de  la  Religion.  Il  leur 
propofa  quelques  articles  ,  pour  ré- 
gler la  forme  du  Gouvernement ,  & 
les  engagea  à  prendre  en  main  l'ad- 
ininiftration  des  affaires  >  de  con- 
cert, 

(  a)  Ibid.  p.  17. 
*  Hotting.  p.  476. 
(£)  Hotting.  4^ 


382  Hijlo'm  de  la  'formation 

I  529.cert  5  tant  pour  la  Juftice  ,  que  j 
Glaris  pour  la  Police,  fans  aucun  égard 
à  la  différence  de  Religion.  Ces 
articles  furent  ac  eprez  provifion- 
nellement  ,  jufqu'à-ce  que  les  divi- 
fions  fulîent  abfolument  terminées. 
Et  dès-lors  les  Chambres  recom- 
mencèrent à  s'aiîembler  ,  &  à  faire 
leurs  fondions  comme  auparavant. 
Le  17e.  Avril,  on  affembla  un 
Rétablif- grand  Confeil ,  qu'on  appelle  en  ce 
fement    pays-là  Double  Conjcil  *  ,  pour  con- 
concor-  f°mrner  l'heureux  ouvrage  de  la 
de.        réunion.    L'on  y  élut  30.  hommes, 
1 5.  de  chaque  parti ,  pour  en  dre£ 
fer  enfemble  les  Articles.    Ces  arti- 
cles furent  portez  à  l'ArTemblée  gé- 
nérale du  Pays  ,  convoquée  le  ier. 
Dimanche  de  May  ,  comme  à  l'ac- 
coutumée ,  &  ils  y  furent  approu- 
vez prefque  unanimement.  Ils  por- 
toient  en  fubftance  : 
Régie-        „  10.  Que  dans  les  lieux  où  la 
ment  de  \  Mefîe  8c  les  Images  étoient  enco- 
e  îgion  ^  re  ^ur  p-e(j^  on  |es  y  laifferojt  fut,. 

yy  fifter  >  à  moins  qu'une  Paroifle 
„  ne  les  abolit  elle-même  ,  à  la  plu- 
3,  ralité  des  fuffrages.  Et  Que  dans 
„  les  lieux  >  où  on  les  avoit  abo- 
ulies» 

*  Zweyfncher  Rat!?* 


de  la  Suife.  Liv.  VI.  383 

t ,  lies  ,  la  chofe  en  refteroit-U.  Que  \  $29. 
if,  cependant,  fi  un  Malade  deman-  Glaris 
f ,  doit  qu'on  lui  adminiinâr  les  Sa- 

,  cremens  à  la  manié  e  des  Catho- 

[  liques  ,  on  ne  pourroic  pas  le  lui 
L  refufer. 

i?  20.  Q^e  tous  les  Prédicateurs 

,  ne  prêche,  oient  que  la  Parole  de 
t;  Dieu  ,  c'eft-à-dire  ,  ce  qu'ils  croi- 
I,  roient  pouvoir  prouver  par  l'E- 
I,  crkure  Sainte.    Que  ceux  qui  ne 

,  le  feroient  pas  ,  feroient  punis  , 
V  aufTi-bien  que  celui  qui  les  accu- 
i,,  feroit  fauiïement  de  prêcher  le 
I>  menfonge. 

r*  1°'  Q**  trus  ïes  Prédicateurs 
L  iroient  &  vien droient  librement 
I,  Se  en  toute  fureté  par  tout  le 
L  pays. 

»  40.  Que  l'on  obferveroit  les  Fé- 
,  tes  fuivartes  :  Premièrement  les 
,  Dimanches  *3  de  plus  ,  les  Fêtes  des 
!,  Douze  Apôtres  ;  quatre  Fêtes  de 
\  il*  S.  Vierge  <>  h  Fête-Dieu  >  &  en- 
[j  fin  les  Fêtes  de  S.  Jean  Baptiste  ,  de 

>  S.  Alarte  Aiadelainc ,  dé  S.  Fru- 

>  dolin  *  ,  &  ce  S.  Hilaire. 

Le  Mardi  après  cette  AiTemblée 

g*- 

*  S.  Fridolîn  eft  regarde  à  Claris 
:omme  le  premier  Apôue\iu  pays. 


384  Hijloire  de  la  B^éformatkn  I 
1529.  générale,  un  Triple  Confeil  publil 
Giaris  une  Ammslie  pour  tout  ce  qui  s'*I 
toîr  paiTé  :  &  abolie  toutes  les  irï 
jures  ,  que  Ton  s'ètoit  dit  de  pailj 
&  d'autre  3  au  fujet  de  la  Religion! 
S.  Gai.      On  fit  au/Fi  de  nouveaux  prcl 
grès  à  S,  Gai,  par  raport  à  la  Rt  j 
formation.    Juïques  ici  Ton  n'y  * 
voit  réformé  que  les  Temples  qi 
appartenoient    proprement    à  1 
Bourgeoise,  &  l'on  n'avoitpoin, 
encore  touché  à  celui  de  l'Abbay 
■  qui  fembloit  n'être  pas  foûmis 
leur  authorité.  Mais  le  23.  Févrie 
(a) ,  les  Magiftrats  ,  afTemblez  er 
Confeil  Souverain  réfoluient ,  d'à 
bolir  auiïi  les  Autels ,  les  Images 
les  Tableaux  ,  &  autres  chofes  d< 
cette  nature  dans  ce  Temple  >  & 
dans  fes  Chapelles  ,  tout  comm( 
on  avoit  fait 'dans  ceux  de  la  Ville; 
&:  de  ferrer  dans  un  lieu  propre 
ks  Linges  d'Autel ,  les  Croix,  les 
Chandeliers  >  &  en  général  tous  les 
ornemens  de  cette  Eglife  ,  faits  d'oi 
ou  d'argent.  Pour  prouver  le  droit 
qu'ils  prétendoient  avoir  de  faire 
cette  réformation  ,  ils  difoient,  que 

le 

U)  Scxltet.  T.  ILp.m.  I9I.I92.  Hortiȣ. 


delà  Suffi.  Liv.  VI.  38$ 

le  Temple  de  l'Abbaye  avoit  été  j 
TEglife  commune  de  toute  la  Vil- s.  Gal. 
le  j  Se  qu'une  partie  confîdérable 
de  fes  ornemens  ,  appartenoit  en  ^^aT' 
propre  à  la  Bourgeoise.  Le  Doyen  Temple 
5c  les  Religieux  de  TAbb^ye  s'op-^'-^- 
poférent  vivement  à  l'exécution  de^' 
ce  Décret >  mais  il  falut  céder  à  la 
rorce.  Les  Magiftrats  ordonnèrent 
aux  Bourgeois  affemblez  de  l'exé- 
cuter ,  Se  ils  le  firent  inceffamment 
<e  jour- même  >  avec  tant  de  dili- 
gence >  que  dans  deux  heures  5  tou- 
tes les  Images  furent  enlevées  Se 
knifes  en  un  monceau.  On  brifa  cel- 
les qui  écoient  de  pierre  >  Se  l'on 
bn  fît  fervir  les  quartiers  à  bâtir, 
tenant  à  celles  de  bois ,  on  en 
remplir  quarante  Cb arrêtes  ,  d'au- 
<:res  difent  4.6.  Se  on  les  porta  dans 
riin  lieu  hors  de  la  Ville ,  ou  on 
les  brûla  toutes.  Le  lendemain  ils 
détrui firent  tous  les  Autels  ,  qui 
Soient  au  nombre  de  trente -trois. 
On  vendit  tous  leurs  ornemens  , 
(5c  l'on  en  diftiib'îa  l'argent  aux 
Pauvre*.  Le  7.  Mars  les  Réformez 
s'y  aflemblérent  pour  la  première 
Pois  ,  Se  lAlTemblée  fut  fi  nombreu- 
fe  ,  qu'on  y  compta  plus  de  3000. 
Tom-  //.  R  ames. 


386  Hijloire  de  la  RJfôrmation 

1  520.  ames.  Dominique  Zilli  fît  le 
S.  G  al.  Sermon  ,  &  au  lieu  de  la  Méfie,  For 
y  chanta  le  Pfeaume  LI.  Il  y  avok 
dans  cette  Eglife  une  grande  croix 
d'argent  doré  ,  pour  laquelle  les  Ca- 
tholiques avoient  une  particulière 
dévotion  ,  difant  qu'elle  renfermoii 
des  Reliques  d'un  fort  grand  prix, 
Mais  on  en  découvrit  alors  l'impo- 
fture.  On  l'ouvrit  en  préfence  de 
MéUwès  3oact]im  Vdd'tan  ,  Bourgmaître  ,  & 
'  'de  plufieurs  autres  Perfonnes  de 
diitindion  ,  entr'autres  d'un  Députe 
de  Claris  >  bon  Catholique.  Elle 
étoit  creufe  :  Au-dedans  ,  au  lieu 
de  Reliques  >  on  n'y  trouva  que  de 
la  poix-réfine  ,  don:  elle  éroit  rem- 
plie j  avec  quelques  vieilles  peti- 
tes pièces  de  monnoye ,  &  deux 
cornets  d'yvoire.  Sur  l'un  des  deux 
étoit  écrit  :  Une  \urrc  du  S.Sépulcre, 
&  quand  on  l'eut  ouvert ,  on  } 
trouva  une  Coquille  d'Efcargot.  Le 
Député  de  Glaris  ,  voyant  cette  Co- 
quille ,  fut  piqué  ,  contre  les  au- 
theurs  d'une  telle  impofture ,  & 
changea  dès-lors  de  fen  ri  ment  fur  la 
Religion.  On  l'a  lui  donna  ,  poui 
l'emporter  chez  lui  ,  &:  l'a  faire 
voir.  Les  Chafïes3où  l'on  difoit  que 

re- 


■delaSuife.  Llv.   VI.  387 

epofoient  les  Corps  de  &  Gal,  &c  j  $29* 

e  S.  Otbmar,  étoient  enrichies  d'or,  s.  Gal, 

'argent ,  de  perles  ,  de  d'autres  Fauffes 
.    &         '  •    r        A     1  -Reliques* 
terres  precicules.    On  les  ouvrit  J 

iifli ,  &:  au  lieu  de  Corps  Saints  3 
ion  n'y  trouva  que  quelques  peti- 
ts Images  de  bois,  quelques  vieux 
[.inges  tout  ufez  ,  un  Ci  âne >  &: 
Ijne  grotte  Dent. 

[  Il  y  avoit  encore  à  S.  Gal  ,  un 
Souvent  de  Religicufes ,  appelle  de 
Catherine.  Le  Doreur  Schap- 
eller  les  inftruifit  avec  tant  de 
Juccès  ,  que  ,  renonçant  au  Vœu 
Lui  les  engageoit  à  une  Clôture 
>erpé:uelle  ,  elles  forcirent  volon- 
airement  de  leur  Monaftére >  le  2  u 
/lay  y  3c  quelques-unes  fe  rriarié- 
ent. 

Quelques  Cantons  Catholiques 
oioient  tous  ces  changemens  avec 
in  extrême  déplaifîr  ,  cV  mena- 
oient  h  Ville  de  S.  Gal  ,  de  l'aban- 
onner  dans  le  tems  qu'elle  auroic 
efoin  de  leur  Secours  ,  fi  elle  ne 
enonçoic  à  fa  Réfoimation.  Ces 
nenaces  engagèrent  les  S.tint-Galiois 
1  rechercher  l'alliance  particulière  de 
Zurich  &  de  Berne  ,  laquelle  leur 
:ut  accordée, 

R  2  Quel- 


388  H/jîoire  de  la  Reformation 

1  529.  Quelque  tems  auparavant,  fa- 
S.  Gal.  voir  ,  le  4.  Février  ,  on  convoqua 
dans  la  Ville  de  S.  Gal ,  un  Syno- 
de  ,  compofé  des  Payeurs  de  cette 
Ville  ,  &:  de  ceux  de  quelques  Egli- 
fes  du  voiiînage  ,  pour  régler  la  for- 
me du  Service  Divin  ,  &  de  l'admi- 
nifhacion  des  Sacremens  5  la  Litur- 
gie >  &e. 

Sienne  L'Eglifê  de  Bienne  marchoit  con- 
'  ftamment  fur  les  traces  de  celle  de 
Berne.  Le  30.  d'Août  de  Tan  1528. 
{a)  le  Confeii  de  Bienne  permit  à 
tous  ceux  qui  avoient  donné  quel- 
que chofe  à  l'Eglife ,  pour  des  ufa- 
ges  fuperftitieux  ,  foit  eux-mêmes > 
foit  leurs  parens  ,  dont  ils  étoient 
héritiers  légitimes  ,  tant  Etrangers, 
que  Naturels  du  Pays  ,  de  retirer 
leurs  fondations  ,  en  payant  le  20e. 
denier  ,  pour  la  traite  foraine  ,  s'ils 
étoient  Etrangers  ,  &  le  40e.  s'ils 
étoient  du  Pays  :  avec  cette  condi- 
tion, que  les  Etrangers  fe:  oient  ob- 
ligez de  jurer  ,  qu'ils  favoient  fort 
bien  >  que  ces  donations  ne  font 
d'aucun  ufàge  pour  les  Morts.  En 
conféquence  de  cette  permifîion, 
plufîeurs  Perfonncs ,  Etrangers  &: 

au- 

W  nmxit  Hiil.  msc 


de  la  Suffi  LlV.  VI.  389 

autres,  retirèrent  enfemble  une  fom-  \  529* 
me  confidérable  des  biens  de  l'Egli-  Bienm. 
fe  de  Bienne.  Au  commencement 
de  l'an  152p.  cette  Eglife  fe  trouva 
prefque  dans  la  même  fituation 
qu'avoit  été  celle  de  Baie.  Les 
Confeillers  étoient  la  plûpart  Ca- 
tholiques ,  foit  dans  le  Cœur,  foit 
à  découvert  :  mais  la  Bourgeoifie 
ijétoit  Réformée.  Le  Maire  de  l'Evê- 
que  ?  nommé  Simon  de  Reimenftall , 
fit  enforte  que  l'on  appella  par  de- 
vant le  Confeil  *  George  Stehe- 
lïk  ,  Pafteur  de  la  Ville.  Les  Con- 
feillers lui  parlèrent  fort  rudement, 
ÔC  le  Secrétaire  Catholique,  homme 
violent ,  (  comme  on  l'a  vu  ci-def- 
fus  3  )  lui  objecta  16.  articles  ,  qu'il 
avoit  prêchez  contre  la  vieille  Reli- 
gion. Q^and  il  s'agit  de  juger  fur 
cette  affaire  ,  le  Confeil  fe  trouva 
partagé.  Les  uns  auroient  voulu  le 
condamner  à  la  mort.  D'autres  opi- 
noient  à  le  faire  chaffer.  Mais  la 
pluralité  des  fuffrages  emporta  ,  que 
s'il  pouvoir  prouver  par  l  Ecriture  , 
les  a  ticlcs  qu'on  lui  objectoit,  il 
feroit  confervé  dans  fon  Emploi. 
Nicolas  Schnell  ,  Bourgeois 
R  3  de 

*  Hotting.  4)5l, 


390  Hiftoire  de  la  "RJ formation 
1^29.  de  Bienne  ,  qui  étoit  Abbé  de  Belle. 
Bien  ne.  l*J  >  dans  la  Piévôté  des  Frmcbei 
Montagnes  ,  faifoit  tous  fes  efforts  . 
pour  empêcher  la  Réformation  par- 
mi fes  Concitoyens.   Quand  le  joui 
fut  venu*,  que  Ton  dcvoit  renou- 
veler les  Sermens  de  la  Ville  ,  les 
Bourgeois  ,  qui  voyoient  avec  dou- 
leur cette  difpofition  de  la  plupart 
de  leurs  Magiftrats  ,  ne  voulurent 
pas  leur  prêter  les  Sermens  ordi- 
naires ,  &c  demandèrent   que  Ton 
otât  du  Confeil,  tous  ceux  qui  s  op- 
pofoient  à  la  Parole  de  Dieu.  Le 
Confeil  recourut  aux  Bernois  >  les 
priant  d'interpoler  leurs  bons  offi- 
ces ,  avec  les  Députez  de  lEvêque* 
pour  pacifier  cette  affaire.  Mais  tou- 
te h  Bourgeoifîe  ,  alfemblée  le  20. 
Février  ,  réfolut  de  ne  plus  fouffrir 
à  l'avenir  aucun  Magiftrat ,  qui  re- 
tiendroit  les  Images  chez  lui ,  3c  ce 
fut  dans  le  même  mois  >  comme 
on  Ta  dit  ci-deifus  5  qu  elle  entra 
dans  l'Alliance  particulière  des  Villes 
v  Réformées, 
dfla  a/-     IV'  L'Exemple  des  deux  plus 
forma-    puilfans  Cantons  de  la  Suiffe  ,  7a1.- 
fûj/ans  ricf)  &  Berne  5  ^ut  au^  d'une  gran" 
gwv"r~  ^e  m^ueace  3  Pour  divers  autres 

lieux. 


de  la  Suffi.  Li  v.  VI.  391 

[lieux,   fur-tout  dans  les  Seigneur  i  c.29'. 
tries  communes.     La  Réformation 
«avança  dans  le  Thourgaw  Se  dans 
lies  Balliages  Libres.     ^  Bifcljofzell9^B.^of 
liViJIe  (a)  du  Thourgaw  ,^n  délibé-^. 
Ira  fur  les  affaires  de  la  Religion.  Le 
ïConfeil  fit  appeller  les  Prêtres  ,  le 
5.  Février ,  &  leur  ordonna  d'étu- 
Idier  l'Ecriture  ,  Se  de  montrer  par 
r:e  Saint  Livre  ,  fi  Dieu  approuve  les 
\ldolcs  ou  non  ?    Ils  répondirent  , 
tou'on  ne  pouvait  défendre  ni  la  AIefic> 
mi  les  Idoles  ,  par  faut  Imité  de  ï  Ecri- 
ture.   Là  demis  on  abolit  la  Méfie 
pc  les  Images  ,  Se  Ton  ordonna  de 
prêcher  purement  la  Parole  de  Dieu. 
IAmbroise  Blarer  f  Théologien 
de  Conftance  >  fut  un  excellent  in- 
(ftrument  dans  la  main  du  Seigneur  * 
pour  réformer  cette  Eglife. 
!    Quelque  tems  après  (b)  ,  vers  le  à  JMqfSu 
'•milieu  de  Mars  ,  la  Ville  de  Diefie-  hofi- 
\hofe  ,   renonça  aufïi  à  la  Mefle  Se 
aux  Images. 

1    La  Ville  de  (c)  Fravvenfeld  ,  Ca-  à  Fraw- 
pitale  du  Thourgaw,  fit  aufli  \*e"felA* 
même  chofe,environ  le  même  tems. 

R  4,  C'ett 

[4]  sic»/*,  p.  m.  192. 

t  Uotting.  46O. 
{b\  Scultet,  l.c.  r^, 
(0  ld.  ibid. 


392  Hijloire  de  la  Ré  formation 

I  529.  Ceftaufli  (4)  y  fans  doute,  dans 
Progrès  les  mêmes  conjonctures  ,  que  la 
de  Ré.  plupart  des  habitans  de  ce  Pays-là 
^tion*~  s'engagèrent  enfemble  à  embraffer 
la  Réformation  >  &  envoyèrent  des 
Députez  à  Zurich  5  pour  le  faire 
favoir  aux  Seigneurs  de  ce  Can- 
ton ,  qui  eft  le  premier  de  leurs 
Souverains  >  &  les  prier  de  leur 
envoyer  des  Miniftres. 
*  ,  La  Réformation  avoit  aufll  fait 
lingue.  des  pr°gres  a  Aleutngue  ,  petite 
Ville  ,  fur  la  Rujf  >  mais  les  habi- 
tans n'ofoient  pas  s'expofer  au  ref- 
fentiment  des  Cantons  Catholiques 
Lurs  Souverains.  Les  Seigneurs 
de  (b)  Berne  leur  écrivirent  pour  les 
encourager  à  embralTer  l'Evangile  > 
fans  fe  laiffer  effrayer  par  aucun 
danger.  Animez  par  cette  Lettre  , 
ils  renoncèrent  au  Papifme  ,  &:  le 
Samedi  veille  de  Pâques  >  27.  Mars, 
ils  enlevèrent  toutes  les  Images  de 
leur  Eglife  Paroifllale ,  &  les  brûlè- 
rent fyr  la  place  de  l'Eglife  >  & 
congédièrent  les  Prêtres  ,  qui  vou- 
loient  perféverer  dans  la  Religion 
Catholique.    En  même  tems  ils  en 

don- 


(*)  llotting.  457. 

\k)  Ststl.  II.  22,  b.  MSC.  Groof, 


delà  Smffe.  L  I  v.  VI.  393 

donnèrent  avis  aux   Seigneurs  de  IJ2Ç. 
Berne  ,  fe  recommandant  aleur  pro- 
tection.   L'on  peut  voir  dans  Srctt- 
ler  leur  Lettre  toute  entière  ,  qui 
eft  pleine  de  courage  &  de  zèle. 

Bremzarte  *  >  autre  Ville  fur  la   à  Br#» , 
Fujs ,  fut  affermie  cette  année  dans  iane* 
la  Doflrine  de  l'Evangile ,  par  les 
deux  Bullinger  >   Pére  8c  Fils. 
Henri  Bulinger  le  Pére  ,   Curé  de 
cette  Ville- là  depuis  l'an  1506.  , 
avoit  fenti  quelque  chofe  des  er- 
reurs 8c  des  Superftitions  de  TE- 
glife  Romaine  >  mais  faute  de  lu- 
mière ,  ou  de  courage  ,  il  ne  s'étoit 
point  encore  déclaré  contre  cette 
Eglife.    Il  le  fit  cette  année,  à 
l'entrée  du  Carême.    Il  monta  en 
chaire  ,   &  dit  à  fes  Auditeurs  : 
,3,  QuA  y  avoit  23.  ans  ,  qu'il  leur 
Lj  prêchoit  :    Que  véritablement  il 
i3,  leur  avoit  toujours  piêché  ce  qu'il 

regardoit  comme  la  vérité  ,  mais 
3,  Ou_  A  avoit  été  aveugle  ,  &:  dans 
;>  les  ténèbres  ,  comme  les  autres  : 
R  5  Quîl 

*  Bremcarte  nppartenoit  alors  aux 
J 'VIII. Anciens  Cantons.    Aujourd'hui  de- 
:  puis  la  Paix  tic  l'an  i~iz,  elle  appartient 
aux  Cantons  de  Zurich  &  de  Btrne  \  tk 
celui  de  QUr'n  y  a  c  on  1er  v  é  fon  droit 
I  pour  L 

8.. 


394  Hiftoire  de  la  Reformât  ion 

1  5 29»  v  Quù  en  demandoit  pardon  à 
Brim-  Dieu  >  &  que  déformais  il  étoic 
'  97  réiolu  3  avec  le  fec  jurs  de  fa  gra- 
ce  de  leur  montrer  le  droit  che- 
3,  min  du  Salut  5  &  de  les  conduire 
33  à  Jcfus-Chrift  feul  (<*).  L'Avo- 
yer  de  la  Ville  3  nommé  Honeg- 
kek  y  l'entendant  païkr  de  cetta 
manière  ,  loi  tic  de  l'Eglise  tout  en 
colère  5  &  cabala  tant  contre  lui 
parmi  la  Bourgeoifie  3  qu'il  obtint 
de  le  faire  dépofer  3  &.  de  Faire  éta- 
blir à  fa  pLce,  un  Bourgeois  za-. 
lé  Catholique..  Cependant  la  Ville 
étoit  partagée.  La  Réformation  y 
avoit  fait  des  piogiè>.  Et  comme  , 
à  la  follicitation  è'HotHgker  3  les 
cinq  Cantons  Catholiques  y  envoyè- 
rent des  Députez  pour  obliger  les» 
Bourgeois  à  perfévérer  dans  la  Rvhv 
gion  Romaine  5  les  Réfor  ez  re- 
coururent aux  Seigneurs  de  Zurich>: 
pour  en  obtenir  aulTi  une  Députa- 
tion  en  leur  faveur.  La  divifion 
alla  fi  loin  ,  qu'il  s'en  fallut  peu 
que  les  Bourgeois  ne  priflent  les 
armes  3  les  i*ns  contre  les  autres. 
Mais  lès  Députez  de  Zuruh  & 
Wtmber  Scbodeler ,   ancien  Avoyer 

de 


delà  Suffi.  Liv.  VI.  395 
de  la  Ville  ,  empêchèrent  qu'on  jjj  99. 
n'en  vint  aux  coups  >  &c  calmèrent  Brea- 
ks efprits.  Après  que  le  trouble  garte. 
fut  palTé  ,  les  Bourgeois  s'érant  aA 
fembkz  pour  délibérer  fur  l'affaire 
de  la  Religion  >  les  Réformez  fe 
trouvèrent  Supérieurs  en  nombre  , 
&:  il  fut  refolu  à  la  pluralité  des 
voix  :  ;>  Ou on  abolircit  la  MefTe* 
3,  &  tout  le  fatras  des  Inventions  hu- 
maki  es  ;  c'eft  ainfi  qu'ils  s'expli- 
quoient  :  CVon  aboliroit  aulll 
les  Images  ,  &  £«son  les  ferre- 
3>  roit  en  quelque  endroit  :  enfin 
3,  Qu'on  demanderoit  un  Pafteur 
3,  Réformé.  Le  17.  (a)  Avril  ,  les 
Bernois  leur  envoyèrent  des  Dépu« 
tez  3  pour  les  éxhorter  à  l'union  , 
&  à  demeurer  fermes  dans  la  refo- 
lution  qu'ils  avoient  prife  à  la  plu* 
ralité  des  voix  ,  de  s'attacher  à 
l'Evangile,  Le  premier  Pafteur 
qu'on  leur  donna?  fut  Gervais 
Schouler  ,  qui  ëtoi:  alors  en  Al- 
face  ,  Pafteur  de  Bifcbvvj'er  ,  pies 
de  Strasbourg.  Le  fécond  fut  Hen- 
ri Bullinger  3  le  Jeune  .  fiis  de 
celui  dont  on  vient  de  parler.  Le 
Lundi  iyme.M  May  ,  lendemain  de> 
R  6  la 

0]  Ber».  Inftr.  z8& 


396  Hijloire  de  la  ^formation 

I  Ç 29.  ^a  Pentecôte  ,  ils  briférent  leurs  Au- 
Brem-  tels  &:  brûlèrent  leurs  Images  >  8c 
c  ari£.  pour  montrer  qu'ils  fe  propofoient 
la  Réformation  des  mœurs  5  aum- 
bien  que  celle  de  la  Religion  >  ils 
publièrent  un  Edit  fort  févére  con- 
tre les  Jurement  ,  Yimpudicité  >  Xj- 
vrognerïe  &  autres  excès. 
Progrès      Dans  1$  même  tems  (a)  IX.  !Pa- 
de  i&/br- roiifes  du  Balliage  nommé  Freyâ 
mation    ts£mter  >  ou  B  alliage  s  Libres  >  *dans 
bÏÏLjm ,e  Wa&hmhd  >  embrafférent  aum  k 
Libres.    Réformation,  &  le  24.  May  ellss 
brûlèrent  leurs  Images  en  prefence 
du  Baillif.  En  même  tems  ils  envo- 
yèrent a  Zurich ,  demander  des  Mî- 
niftres ,  qu'on  leur  accorda. 
Ga  1er        Gafter  eft  (b)  un  petit  pays  entre 
'    les  Lacs  de  Zurich  &  de  Wyable/latt>. 
appartenant  aux  Cantons  deSchvvitz 

(a)  SCultet.  193.  te  Hotting,  469.  Rhan* 

702. 

*  Il  eftlelong  delaZte/}.  Autrefois  il 
étoit  fournis  aux  Vit.  Anciens  Cantons  > 
mais  depuis  l'an  17 12.  une  moitié  elt  toute, 
entière  aux  deux  Cantons  Zurich  &  Ber- 

ne y .  avecle  droit  dzGUris  pour^-  L'autre 

moitié  elt  aux  VIII.  Anciens  Cantons.  On 
n'y  voit  que  des  Villages,  mais  il  s'y  trou- 
ve quelques  riches  Couvents  ,  comme 
Mouri,  (Jnadentbul ,  &  HermetfchvvyU 
{l),H9iting.  4s6Y 


de  la  Suijje.  Ll  v.  VI.  397 

&  deGlaris.  On  y  voit  un  Bourg,  1  5^  9- 
autrefois  fermé  de  murailles  ,  nom-  ^Vesen* 
mé  Wefen  ,  fitué  à  ftflîic  du  lac  de 
de  Wahleftatt  j    &  à  quelque  di- 
ftance  de  la  >  un  autre  Bourg, nom- 
mé Schennis  ,  où  eft  une  ancienne  Schennis 
Abbaye  de  Filles  de  grande  qualité, 
.conduire    par  une  Abbeffe  qui  a 
le  titre   de  PrincefTe.    Cette  année 
la  Réformstion  s'introduifitdans  ce 
Pays  là.    Le  dernier  Dimanche  de 
'  Janvier  5  ceux  de  Wefen ,  de  Scben- 
nis ,  &  de  divers  autres  lieux  re- 
noncèrent à  la  .Méfie.     On  croit 
;que  l'inftrument  de  leur  Réforma- 
ftion  fut   Baltbazar  Tra.bfel  >  Curé 
kT^f,  dans  le  Canton  deSchvvrz, 
le  premier  Eccléfiafïique  Suiffe,  qui 
ofa  fe  marier  dans  ce  Siècle -la, 
mais  qui  l'ayant  fait  dans  un  tems, 
où  une  telle  entreprife  étcitencoïc 
hors  de  faifon  ,  fut  chaflé  de  feu 
Eglife,  6c  fe  retira  dans  ce  Pays- 
là. 

Le  Tockenbourg ,  qui  efl  dans  le  LelV- 

voifinage  du  Gafter  ,  mit  la  der-  ^bourg 
•i  •^rr>'^  •  rie  retoft 

nierc  main  a  la  Reformation.    Le  n  en. 

Samedi  i  3.  Février  >  (a)  il  s'y  af-  tiére, 

fembla  une  cfpéce  de  Sjnode  Nttio-  menti 

M  ld,  tfO., 


39  8  Hijloire  de  la  Réformat  ion  • 

I  529.  nal  >  compofé  du  Confeil  d'Etat  du 
Le  Toc-  Pays  &  de  tous  les  Minières  ;  pour 
keboH  g  établir  un  bon   ordre  dans  les  af- 

meréen-r"  faires  de  la  Reiiêion-  L  °n  J  dreffa 
tiére-     des  Réglemens,  conllftant  en  15. 

ment,  articles  :  On  y  difoit  entr  autres  : 
„  On  devra  adminiftrer  la  S.  Céneà 
>,une  Eglife  >  toutes  les  fois  qu'elle 
„la  fouhaitera:  Mais  on  la  célébre- 
ra pour  le  moins  dans  les  trois 
^grandes  Fêtes  de  Tannée.  Aucun 
«Miniftre  ne  doit  ni  prêcher  ni 
^entreprendre  rien  de  nouveau, de 
?,fon  chef  &  de  fa  propre  authorité, 
?, mais  communiquer  la  chofe  au 
>,Synode  ,  pour  y  être  examinée. 
L'an  15Ç3.  il  fut  ordonné  que 
le  Synode  s'artembleroit  tous  les 
ans  à  Liechtenfteig,  Capitale  du  Pays» 
le  3e-  Mardi  après  Pâques  ;  Que  cer 
pendant  les  Modérateurs  auioient 
le  pouvoir  de  le  convoquer  extra- 
ordinairement  toutes  les  fois  qu'ils 
le  jugeroient  nécerTaire.  Ce  Syn.o* 
de  s'afTemble  en  préfence  de  trois 
NotablesRéformeZjDéputez  du  Pays 
dont  l'un  eft  du  Quartier  d'en-haui,  le 
fécond  du  Quamer  d'en-bas ,  &  le 
troifiéme  eftun  Bourgeois  de  Liech- 
tenfteig, 

V. 


de  la  Suffi  Liv.  VI.  399 

V.  Pendant  tous  ces  mouvemens  *  52 9^ 
:  des  Réformez  ,  les  Catholiques  ne  jJJjJJ^ 
s'endormoienc    pas.     Refolus    de  Cantons 
I  maintenir  leur  Religion  à  quelque  Catholi- 
:  prix  que  ce  fut  ,  &  non  contens  4u£Si 
t  de  la  ligue  particulière  qu'ils  avoient 
rfaite  entr'eux ,  ils  cherchèrent  du 
rfecours  étranger,  foitquils  n'enflent 
(d'autre  vuë  que  de    Te  maintenir 
ïcontre  leurs  Alliez  Réformez,  foit 
Muils  enflent  deiTti;i  de  les  opprî- 
Imer.  Quoiqu'il  en  £  it  les  Députez 
I  des  V.  Cantons  (a)  Catholiques  fu- 
irent (  au  mois  de  Février)  à  Fe.'d- 
ykjrch  ,  petite  ville  du  Tyrol ,  &  y 
[traitèrent  une  Alliance  avec  les  En- 
fvoyez   de  Ferdinand  d'^Iurrnu^ 
Roi  de  Tohnne  &  aHongiie  ,  pour  le 
maintien  delà  Religion  Catholique;- 
Et  elle  fut  {h)  juiéede  part  &  d'au- 
tre  à  W'aldshout ,  le  25.  d'Avril. 

Environ  lemêmetems  les  deux  M  *?efen  ïc 
~  ~  .  <  ,    _>  '  reforme*. 

Cantons  v^eigneurs  eu  pays  de  Ca- 
fter. ~yant  api is  que  les  h-.bitans  vou- 
loient  renoncer  à  la  Meflq  ,  &  biûler 
leurs  Images  j  Ceux  de  Schvvitz  les 
en  voulurent  décourner,  en  leur  rc- 

pié- 

U)  Hottir.g  444. 
(ù)  Stetl.  1  c.  18.  a.. 
(<•)  Hotiing.  456.  457. 


400  Hi(lolre  delà  Réformation 

529-  préfentantle  ferment  de  fidélité  qu'ils 
•fi*  fe  leur  avoient  juré.  Ceux  de  Wefen 
L°riT)e.  répondirent  :  „  Que  dans  toutes 
53 les  affaires  temporelles  ils  étoient 
„refolus  de  rendre  à  leurs  Souve- 
rains toute  i'obéiffance  qu'ils  leur 
^dévoient,  comme  il  convient  a 
»des  gens  d'honneur  :  mais  Que 
»dans  les  chofes  qui  regardent  la 
?J  Religion,  il  vaut  mieux' obéir  a  Dieu 
„qu 'aux hommes.  Comme  les  Députez 
de  ce  Canton  leur  faifoient  des  me- 
naces à  ce  fujetj  on  raporte  que 
des  jeunes  garçons ,  ayant  tiré  quel- 
ques Images  de  leurs  Eglifes  ,  en 
leur  préfence  >  les  portèrent  dans 
un  Carrefour ,  &  leur  dirent  :  Fo- 
yez  >  ce  chemin -la  conduit  ^Schvvitz, 
celui  -  ci  à  Glaris ,  cet  autre  a  Zu- 
rich ,  &  le  quatrième  à  Coire.  Choi- 
fijfez  lequel  il  vous  plaira.  On  vous 
donnera  faaf-ïonduit  pour  y  aller.  Mais 
fi  vous  ne  pouvez  pas  vous  bouger  de 
la  place  >  nous  vous  allons  brûler.  Et  là 
deffus  ils  les  jetteront  dans  le  feu.. 
Les  Députez  prirent  cela  pour  un 
affront  >  &  s'en  allèrent  fort  irritez. 
Il  y  eut  auffi  quelques  Catholiques, 
de  Glaris  ,  qui  allèrent  à  Wefèrjj 
&.  querellèrent  ces  gens  -  là.  Mais 

ceux 


de  la  Suijfe.  L  I  v.  VI.   40 1 

ceux-ci  leur  payèrent  vertement;  15-9» 
&  des  paroles  Ton  en  vint  aux 
coups  ,  tellement  qu'il  y  eut  14. 
Personnes  bleffées  >  &  à  grand  peine 
pût  -  on  mettre  enrr'eux  la  paix.  Le 
jour   de  h  Chandeleur,   ceux  de  iscben* 
Schennis  abolirent  aufli  les  Images.  m\  <^e 
Nonobftant  le  mauvais  fuccès  cle  la  meme* 
•tentative  que  Schvvitz  avoit  faite 
la  W'efcn  ,  les  V.  Cantons  Catholi- 
ques envoyèrent  enfemble  une  Dé- 
puration folemnelle  au  Pays  de 
'  Gaffer ,  &   à  Wefen  en  particulier, 
pour  détournerce  Peuple  de  la  Pvé- 
formation.    Mais  ils  leur  répondi- 
rent. „  Que  fi  Ton  pouvoir  les  con- 
vaincre d'erreur  par  i'Ecriture,ils 
»étoient  prêts  à  fe  laifTer  inftruire. 
Et  comme  on  continuoit  à  leur 
faire  de  grandes  menaces  ,  nonob- 
ftant  qu'ils  offrifTent  de  rendre  rai- 
fon  de  leur  conduite  par  les  voyes 
de  droit ,  ils  implorèrent  la  pro- 
tection de  Zurich  ,  &  l'obtinrent  : 
ce  qui ,  comme  on  peut  penfer,ne 
fut  pas  vu  de  bon  œil  par  les  Can- 
tons Catholiques. 

H'aurre  coté  les  deux  Cantons 
Réformez  ,  Zurich  &  Berne  3  furent 
fort  offenfez  per  les  libelles  diffama» 

toires 


402  Ui/loire  de  la  Réformation 
I  529»  toires  que  Monrner  ne  cefîoit  de  dé- 
Schennis  cocher  contr'eux  à  Lucerne  ,  mais 
de  mê-    plus  offenfez  encore  contre  les  Lu- 
me-       cernois  ,  qui  le  fouffroient.    Et  le 
19,  Février,  ils  y  (a)  envoyèrent 
des  Députez  pour  faire  partie  à  ce 
Moine  infolent ,  &  pour  demander 
qu'il  en  fut  puni.    Mais  loin  de  leur 
rendre  jultice,  comme  cela  fe  doit 
entre  Souverains,  on  le  fît  évader. 

Négotia-     Le  CantonsRéformez  étoient  auffi 
tion  des  fort  mal  fatisfaits  de  l'Alliance  que 
?£™01S  les  V.  Catholiques  venoient  de  faire 
bourg  &  avec  îa  Maifon  d'Autriche,  ennemie 
à  soleur-  jurés  des  Suifles.  C'eft  pourquoi  les 
Bernois  ,  (  b  )  pour   erre  en  garde 
contre  toute  forte  de  flirprife  ,  en- 
voyèrent des  Députez  à  Fribourg.8c 
à-Soleurre,  pour  leur  demander,*;* 
que  l'on  avoit  a  attendre  d'eux  dans  les 
conjonctures  dangereufes,  ou  l'on  fe  trou- 
voit  ?  Les  deux  villes  répondirent 
fort   obligeamment   afîurant  leurs 
chers  Alliez  &  Combourgeois  de  Berne» 
qu'on  s'aquitteroit  envers  eux ,  de 
tous  les  devoirs  de  fidèles  Alliez  8c 
Combourgeois  j  feulement  qu'on  les 


(a)  B<?r»Inftr.  16$. 
$j  Stett.  j.  c.  27.  b. 


de  la  Suiffe.  L I  V.  VI.  403 

fupplioit  de  pardonner  à  ceux  d'Un-  I  52 9* 
dervvald.     '  Ttmhies 
Les  Bernois  étoient  irritez  contr^  cantons 

'  ceux  de  ce  Canton,  à  cau/è  du  fè-aufujet 
cours  q iTj Js  avoient  donnez  à  leur  de  celui 
fujets  rebelles  de  Hufie  ,  &  ne  vou- 

\  loient  plus  (a)  les  regarder  comme 
Alliez,  &  Membres  ciu  Corps  Hel- 
vétique, ni  les  admettre  dans  les 
Diéces  ,  ni  même  fourîrir,  ou  rece- 
voir les  Baillifs,  que  ce  Canton  de- 
voit  envoyer  cette  année  -  là  ,  félon 
fon  rang,  à  Bade,  &c  aux  Bai.iages 
Iàjïcs.  Zurich  étoit  dans  le  même 
fentiment  ,  mais  les  Cantons  Ca- 
tholiques apuyoient  celui  d'Under- 
vvald.  Toutes  ces  chofes  enfem- 
ble  menaçoient  la  SuilTe  des  trou- 
bles, qu'on  vie  éclorre  quelque  rems 
après. 

Pour  les  prévenir  ,  {(?)  les  Dépu- 
tez de  Baie  ,  de  Scbaffhoufe ,  à  Ap- 
penzdl  ,  &  des  Grimons  ,  travaillè- 
rent à  pacifier  cette  affaire  dans  trois 
Dictes  alfemblées  à  ce  fujet ,  &  fi- 
rent le  2  2.  Mars  un  projet  d'accom- 
modement. Les  Bernois  étoient  af- 
fez  difpofez  à  l'accepter  ,  n  ayant 

point 

(*)  Id.  28.  Zi  Hotting. 
(£j  Stetl,  ïk  Hotting.  l.c. 


404  Hiftoirc  de  la  Rc 'format ion 

1  529.  Pomc  d'envie  de  faire  la  guerre  % 
"C a n-  étant  d'ailleurs  ferrement  follicite2 
Subies  *  Ce^a  3  tant  Par         D^Purez  Mé- 

entre  les  diateurs  >  que  par  ceux  de  Glaris, 
Cantons  de  Fribourg ,  &  de  Soleurre.  Mais 
au  fujet  jes  ^uricois  5  que  Berne  s'étoit 
ce  celui     .  •     /    rr      1        1  a 

d'Untler.  ajoint  comme  înterefiez  dans  la  me- 

^W,  me  querelle  ,  ne  voulurent  point 
accepter  cet  accommodement  ,  ne 
le  trouvant  ni  honorable  ,  ni  avan- 
tageux ,  &  le  24.. Mars  ,  ils  folli- 
citèrent  ,  fortement  les  Bernois  à 
le  rejetter.  Ceux-ci  embarraflez  fur 
le  parti  qu'ils  avoient  à  prendre  , 
ne  leur  donnèrent  point  de  répon- 
fe  pofitive  ,  prétextant  la  Fête  de 
Pâques  qu'on  alloit  célébrer  j  &  le 
tems  où  ils  étoient ,  de  renouvel- 
ler  les  Charges  de  l'Etat  ,  &  d'é- 
lire les  Baillifs.  Le  15.  d'Avril,  les 
Villes  Réformées  tinrent  une  Affem- 
blée  à  Berne,  6c  le  zi.  fuivant  à 
Zurich.  Il  fe  trouva  dans  cette  der- 
nière des  Députez  des  Cantons  neu- 
tres ,  Glaris  ,  Baie  ,  Soleurre,  Scbaff- 
houfe  &  ;4ppenzelL  Tous  ces  VIL 
Cantons  envoyèrent  des  Députez 
auprès  des  V.  Catholiques?  pour 
les  exhorter  à  renoncer  à  l'Alliance 
qu'ils  venoient  de  contracter  avec 

le 


de  la  Suiffe.  L I  v .  VI.    40  5 

jlle  Roi  Ferdinand  >  à  bien  confi-  1529. 
lliérer  la  teneur  de  l'Alliance  mutiel-  Can- 
|le  &  perpétuelle  du  Corps  Helvé-  l?f^Ui 
;  tique,  &  le  bien  de  leur  commune  entre  les 
Patrie  ,  qui  ne  peut  pas  s'accorder  Cantons 

j        au*  c       ~  *        aii  lu  jet 

.(avec    des    Alliances    Etrangères  ,  ^c  ce'jLli 

&C.  àVndèr- 

t\  Avant  le  départ  de  ces  Députez,  wald. 
il  en  vint  à  Berne 3  de  quatre  Can- 
ïtons  ,  (w)  Lucerne  ,  UVi  ,  Scbvzitz  > 
f;&  ^«^3   avec  un  plein -  pouvoir 
de  celui  d'I/nderwald ,  qui  paru- 
rent devant  le  Grand-Confeil  3  le 
22.  Avril  ,  fe  plaignant  des  Zuri- 
tcois  ,  qui  avoient  3  difoient-ils,  fait 
de   grands  préparatifs   de  guerre, 
ylpour  tomber   fur    eux  ,  &  priant 
leurs  chers  Alliez  de  Berne,  de  fe 
.'déclarer  ,  s  ils  zoulolcnt  obferver  les 
Alliances  a  l  ur  égard  >  ou  non  ?  &C 
de  leur  donner  leur  refolution  par 
écrit.    Les  Bernois  leur  répondirent 
lionêtement  ,    &  les  affurérent  , 
[qu'ils  feroient  inceffamment  leurs  éffoïts> 
{pour  rétablir  la  paix  &  l'union.  Mais 
cette    démarche    des  Catholiques 
îétoit  une  feinte  grofTiére  >  pour  ca- 
cher leur  mauvais  delTein  j  &:  pour 
déucher  les  Bernois  d'avec  les  Zu- 

ricois, 

M  %tttl.  l.c.ip.a, 


40'6  Hlftoire  de  U  Réformât  ion 

Î  529.  ricois  ,  comme  on  va  le  voir  par 
CAN-la  fuite.    Et  les  plaintes  ,  qu'ils 

ton>.  faifoient  contre  les  Zuricois  ,  ne 
partoient  pas  d'un  meilleur  princi- 
pe.' Les  Zuricois  apprenoient  de 
routes  parts  qu'on  faifoit  contr'eux 
de  terribles  menaces  ;  qu'on  comp- 
tait beaucoup  fur  la  nouvelle  Al- 
liance faite  avec  îe  Roi  Ferdinand* 
Ils  crurent  néceffaire  de  fe  tenir  fur 
leur  garde  ,  &  ordonnèrent  à 
tous  leurs  (a)  Sujets  (le  3.  Mars,) 
de  faire  la  même  choie  :  tk  le  mois 
fui  van  t  >  par  un  nouvel  Edit  ,  ils 
leur  ordonnèrent  aulTi  de  vi- 
vre en  paix  avec  tout  le  mon- 
de ,  de  leur  défendirent  d'exciter 
aucun  trouble  5  feulement  que  com- 
me il  paroiffoit  que  les  affaires  fe 
difpofoient  à  une  guerre  ,  on  leur 
recommandoit  de  fe  tenir  piêts  à 
tout  événement ,  avec  leurs  armes. 
Anfli  donnérent-ils  ordre  (£)  à  leurs 
Dépurez  ,  qui  dévoient  aller  auprès 
des  Cinq  Cantons  ,  avec  ceux  des 
fix  autres  ,  de  réfuter  cette  plain- 
te ,  &  quelques  autres  qu'on  fai- 
foit. 

Ces 


(a)  Hotïing.  46^.466. 


de  La  Suffi.  Liv.  VI.  407 

Ces  Députez  des  feft    Cantons  1529. 
pacifiques  ,  auprès  des  Cinq  Catho-  Can- 
iiques  >  y  furent  mal  reçusj  5c  me-  TONS- 
ne  en  quelques-uns  (a)  on  ne  vou- 
lut pas  les  laiiïer  paroître  devant 
jÀflemblçe  générale,  félon  Fufage, 
[Se  comme  ils  en  écoient  chargez  par 
eurs  Inftructions.    Ceux  d'Under- 
vald  >  déjà  coupables  ,  &  plus  in- 
ôlens   que  les  autres  ,  firent  faire 
les  peintures  infâmes  des  Villes  de 
Zurich  y  de  Berne  ,  de  Baie  ,  &  de 
Scbaffhoufe ,  &  pendirent  {b)  leurs 
icufîons  au  gibet.  Les  uns  fk  lei 
lutres  rirent  des  réponfes  ,  qui  mar- 
quoient  une  extrême  aigreur  contre 
es  Réformez  ,  &  en  particulier  con- 
xe  Zurich.  Ceux  d'Un derwald  ré- 
pondirent encore  plus  *  arrogam- 
inent  que  les  autres  ;  &  fort  pour 
:ette  raifon  même  ,  foit  par  bra- 
vade ,  ils  refuférent  de  donner  leur 
:éponfe  par  écrit. 

Environ  le  même  tems,  le  Mar- 
di (c)   20.  Avril,  les  V.  Cantons 

Ca- 

,  U)  Stettler  I-C.19.  Rhar, .702. Hott ing. 46g, 
j    {b    Stettl.  l.c.  Sleidan  Lib.  VI.p.m.174. 

*  AT^?//  r#/tf  mAgnm  mal  a  fui  crcfl  auc.acia. 
xaufi.  ,  Creditur  à  multis  fiuuci  t.  JuvtNAL> 
,  Satyr.XI II.  V.109. 

(c;  Rb**,  701.  kiotting.  467.  j 


408  Hifloire  de  la     for  mat ion 

\  5  29 .  Catholiques  convoquèrent  à  Wein* 
AJfem-  /W</*«  j*  AiTemblée  générale  du  Thour- 
nérafe"  8aw*  Une  telle  convocation  parut 
c\u  xbour  ^ufpefte  aux  Zuricois  >  qui  y  en- 
*aw .  voyérent  au/Ti  des  Députez.  Les 
Catholiques  efpéroient  que  ce  Peu- 
ple fe  déclareroit  en  leur  faveur  > 
&  pour  la  vieille  Religion  :  mais 
rAlTemblée  résolut  de  s'attacher  à  la 
Doftrinc;  Eva?  gelique.  Les  Dépurez 
des  Cantons  Ca  holiques  s'y  plai- 
gnirent des  Cantons  Réformez  , 
difant  5  i^a'on  blefïbit  les  droits  de 
leur  Souveiaineté,  &  vouloient  faire 
croire  à  ceux  de  leur  Religion  , 
que  les  Reformez  avoient  defTeinde 
les  contraindre  par  la  force  à  re- 
noncer à  la  Mefle  >  ou  de  les  mal- 
traiter en  d'autres  manières  :  mais 
il  ne  fut  pas  mal-aifé  aux  Députez 
de  Zurich  de  réfuter  cette  calom- 
nie. On  prétend  que  Wtinfdden  a  eu 
pour  Réformateur  Jean  Zwjck  > 
Miniftre  de  Confiance. 

Cependant  tout  {a)  paroifloit  fè 
difpofer  à  la  guerre.  Les  Catholi- 
ques faifoient  feu  &c  flamme  con- 
tre les  Réformez,  &  évaporoient 
leur  aigreur  contr'eux  >  par  mille 

traits 

U)  StmUr  ibicl 


de  la  Suffi.  Liv.VI.  409 

rraits  infolens  ,  par  des  injures  ,  l$29» 
jar  des  menaces  ,  &c  autres  gentil- 
elles  de  cette  nature.   Six  Cantons 
îeutres  ,  [a]  Glaris  ,  Baie,  Friboutgt 
Soleurre  ,  Schdffboufe  &  AffmiA  o 
îrent  tous  leurs  efforts  pour  réta- 
blir la  paix  ,  dans  une  Diere  aflem- 
>lée  à  Bade  ,  le  Vendredi  7.  May, 
bllicitant  vivement  Zurich  &:  Berne 
l'accepter   le  projet  d'accommode- 
jnenc  >  qu'ils  avoient  fait  ci  -  de- 
vant.     Les    Bernois  y  auroient 
u  affez  de  penchant  ,  mais  les  Zu- 
iicois  ne  le  voulurent  point  ,  à 
jnoins  qu'on  n'y  établit ,  par  un  ar- 
ticle exprès  >  le  libre  exercice  de  la 
Religion.    D'autre   cô:é  ceux  du 
ipanton  de  Schvvitz  faifoient  tout 
m  mal  qu'ils  pouvoient  aux  Zuri-  Inou' 
lois.   Quelques  Bourgeois  de  Zu-  Griefs  de 
[îich  [£]  y  étant  allez  ,   pour  fe  Zurich 
[jiire  payer  de  ceux  qui  leur  de-  [c°sn^n 
,  voient ,  au  lieu  de  leur  rendre  juftice  tons  ça, 
finies  chargea  de  coups  ;  &  quelque  tholi- 
\\zms  après  ,  on  y  brûla  lin  Miniftre  <luçs' 
i:'uricois.   On  avoit  chaflé  le  MU 
'  Tor,u  IL  S  nilke  * 


M  Stetl.  ibid. 
[fi]  Sleidanl.ç* 


4 1 0  HiJI  aire  de  la  Réformât  ion 

r 529.  niftre  tiOberkvtcb  (b)  dans  le  Payj 
de  Gafter.  Pour  remplir  fa  place  j 
Martyre  l'Eglife  adreiïa  une  vocation  à  Ja- 
duMini-coB  Keyseb.  >  furnommé  Schloffer  > 
^Key"  natif  (ÏUtznach  ,  petite  Ville  di 
même  Pays,  &  Miniftre  de  Scbvver- 
tzenbacb  ,  dans  le  Canton  de  Zu- 
rich 3  près  du  Lac  de  Greijfenfée.  Il 
accepta  la  vocation  ,  mais  ne  pou- 
vant pas  quitter  entièrement  fon 
Eglife  ,  avant  la  S.  Martin  ,  il  al- 
loit  tous  les  Samedis  pour  y  prêcher. 
Un  jour  qu'il  y  alloit ,  comme  à 
l'ordinaire  ,  (  c'étoit  le  22.  May,  ) 
parlant  dans  un  bois  ,  près  à'Eftben- 
bacb  ,  territoire  de  Gafter  ,  quatre 
hommes  apoftez  l'y  enlevèrent ,  & 
le  conduifirent  à  SJjvvïtz  ,  où  dans 
fêpt  jours  ,  fon  procès  lui  fut  fait  , 
&  parfait,  &  le  2p.  May  il  fut 
condamné  au  feu.  En  vain  le  Can- 
ton de  GlarU  >  Confeigneur  du  pays, 
protefta  contre  une  violence  fi  in- 
ouïe ,  qu'on  avoit  faite  à  fon  in- 
fçu  ,  &  qui  bleffoit  fon  authorité  , 
d'autant  plus  que  cette  année-là  le 
Baillif  régnant  du  Pays  étoit  de 
Glaris  :  En  vain  il  voulut  tirer  en 
droit  le  Canton  de  SchvvitK  5  pour 

lui 

M  Hotting.  469. 


de  la  Suiffe  LlV.  VI.  4H 

lui  en  demander  raifon.  En  vain  i  $29* 
le  Canton  de  Zurich  intercéda  pour 
ce  Miniftre  >  6c  par  Lettre  ,  &  par 
une  Députation  expreiTe.  Ceux  de 
Schvvitz  fe  moquèrent  de  tout  cela. 
Ils  vouloient  une  vi&ime.  La  Sen- 
tence fut  exécutée  5  8c  Keyfer  fut 
brûlé.  Le  Pauvre  homme  parut 
d'abord  fort  abbatu  ,  quand  il  le 
vit  dans  la  prifon.Maislorfqu'ilfe  vit 
conduit  au  lupplice,il  reprit  courage3 
&  mourut  en  invoquant  perpétuel- 
lement le  nom  du  Seigneur  Jésus  > 
au  milieu  des  flammes. 

VI.  On  peut  bien  juger  que  de 
femblables  procédures  n'étoient  pas 
fort  propres  à  réunir  les  coeurs  ,  &  Lettre 
à  rétablir  la  paix.    Le  Roi  Ferdi-  duRoi 
nand  (a)  écrivit  aux  Cantons  >  n and" 
pour  les  y  éxhorter  ;   mais    fa  auxCan* 
Lettre  n'étoit  pas  non  plus  fortpro-  tons* 
pre  à  gagnerles  cœurs^érant  remplie 
d'inve&ives ,  8c  d'injures  contre  les 
'  Réformez  6c  contre  la  Réformation, 
:  Mais  comme  les  Turcs  lui  faifoient 
I  alors  une  cruelle  guerre  >  &  que 
même  ils  mirent  le  Siège  devant 
Vienne  ,  ce  Prince  ne  fe  mêla  plus 
guéres  des  affaires  des  StiilTeSi 

S  2  Les 

[•]  Hottingt<\6%. 


412  Hiftcire  de  la  Réformation 

I52p.     ^es  deux  Cantons  de  Zuiich  & 
Conri-    de  Berne  (a),  mal  fatisfaits ,  comme 
nuanon  on  peur  juger  ,  des  Cinq  Cantons 
^^"Catholiques,   &  particulièrement 
tre  les    de  celui  d'I/ndervvald  >  écrivirent 
Cantons  à  celui  de  Lucerne  ,  qu'ils  ne  fouf- 
friroient  point  qu'on  introduit  les 
Bailiifs  d'C/ndet  vvald  ,  ni  à  Bade> 
ni  aux  Baliiages  Libres  ,  comme 
fon  tour  l'y  appelloit  >  que  leur 
difficulté  ne  fut  terminée.    Mais  le 
Canton  (b)  d'Undervvald  ne  vou- 
lut point  entendre  parler  de  négo- 
ciation ,  &  réfolut  d'aller  inthroni- 
ûr  fes  deux  Bailiifs  de  vive  force  5 
&  les  quatre  autres  Cantons  Catho- 
liques lui  promirent  leur  Secours. 
Les  Villes  Réformées  conférèrent 
là-deflus  à  Arau  dès  le  24.  May  , 
mais  on  n'y  convint  de  rien.  Les 
Zuricois  vouloient  qu'on  fe  mit  in- 
celTamment  en  Campagne  ;  les 
Bernois  au  contraire  auroient  mieux 
aimé  la  Paix.    Tandis  qu'on  déli- 
beroit  ,  il  arriva  deux  autres  cho- 
fès  ,  qui  engagèrent  l'Etat  de  Zu- 
rich à  entreprendre  enfin  la  guerre 
tout  de  bon.  Dans  un  tumulte  ar- 


[#]  Hottin*.  4<9g. 
[>]  Stttthrl  c. 


de  la  Suffi .  Liv.  VI.  4*3 

rivé  au  Thourgaw  ,  vers  le  milieu  j  ç 2 0* 

de  May  ,  un  Gentil -homme  Ca-Conti- 

tholique  ,  nommé  Henp.i  Lantz-,  nuation 
/  \        j>  j    e  i       *  at$ trou- 

va) tua  d  un  coup  de  feu  un  honne-^f  err_ 

te  homme  du  pays  >  qui  vouloir  y  treies 
mettre  la  Paix.    Trois-cents  Pay-  Canton? 
fans  l'afllégerent  pour  ce  fujet  dans 
fon  Château  de  Liebenfels  ,  deman- 
dant qu'il  fût  fait  juftice  de  lui , 
tout  comme  d'un  homme  de  baffe 
Condition'.'  L'Etat  de  Zurich  prit 
le  parti  des  Payfans  ,  &:  déclara  > 
(  le  16.  Juin  ,  )  que  fi  Ton  ne  vou- 
loit  pas  faire  juftice  de  ce  Gentil- 
homme,  il  leur  donneroit  du  Ca- 
non pour  battre  en  ruine  fon  Châ- 
teau. Enfin  le  Château  fut  pris  ,  3c 
le  vieux:  Laraz  Pére  du  Meurtrier  fe 
vit  obligé  de  payer  une  fomme 
d'argent   aux  Parens    du   Mort , 
pour  avoir  la  paix.   D'aune  côté, 
au  commencement  de  Juin  (4)5detBÉ- 
■cents  homnres  du  Fa! liage  Libre  , 
craignant  la  venue  d'un  Bùllif  Ca- 
tholique,  parce  qu'ils  avoient  em- 
brade  la  Réformation  ,  demandè- 
rent confeil  &  fecours  ,  à  leurs  Sei. 
gneurs  de  Zurich.    Ceux-ci  y  en- 
S  3  voie- 

Jl  Steti.  hcjKjéi 


414  Hijloire  de  la  Réformât  ion 

1 529.  voierent  200.  hommes   avec  une 
Conti-  Députation,  (le 4. Juin,  )  le  joue 
nuation  même  que  le  nouveau  Baillif  devoit 

îîe^zn  y  ^âire  ^on  entl^e  *  &  s'emparèrent 
treles"  du  riche  Monaftére  de  Mowtu  Le 
Cantons  lendemain  ils  envoyèrent  500.  hom- 
mes à  Bremgarten  ,  &  de  là  à  Mou* 
ri.  Ils  publièrent  en  même  tems  (a) 
un  Manifeste  ,  pour  montrer  la 
juftice  de  leurs  armes.  Ils  y  allé* 
guoient  tous  les  faits  dont  on  vient 
de  parler  ,  &  en  particulier  l'Allian- 
ce que  les  Cinq  Cantons  avoient 
faite  avecleRoi  Ferdinand,  pour 
opprimer  la  véritable  Religion  ;  8c 
ils  remarqaoient  >  Qu  il  avoit  été 
ftipulé  dans  cette  Alliance ,  que 
„  toutes  les  terres  qu'ils  pourroient 
53  conquerir^en  deçà  du  Rhin  ,  par 
„  le  Secours  de  Ferdinand  ,  leur  ap- 
5j  partiendroient  en  propre  ,  paE 
35  où  il  étoit  aifé  de  voir  ,  que  leur 
3,  but  dans  cette  Alliance  avoit  été 
3,  de  dépouiller  les  Réformez  ,  en 
3,  fe  liguant  avec  l'ancien  Ennemi 
33  de  la  Nation. 

A  la  prémiére  nouvelle  de  ces 
rnouvemens  (b)  quatre  Cantons  neu- 
tres 


[a]  Sleidan.  VI.p.m.174. 


de  U  Suffi.  Liv.  VI.  415 

très  5  Glaris  ,  Baie  ,  Soleurre  ,  &  1  529 
!  Schaffhoufe  ,  envoyèrent  incefïam-  Mouve- 
\  ment  leurs  Députez  à  Zurich  ,  pour  mcns  de 
détourner  cette  Ville  du  deflein  de  Suerre- 
1  faire  la  guerre}  mais  inutilement.Les 
Zuricois  leur  repondirent  ,  Qui/j 
ri  av  oient  que  trop  de  fujet  de  la  faire, 
&  qu'ils  les  pioient  de  leur  donner  du 
fecours  en  vertu  de  leurs  alliances. 
Ils  envoyèrent  un  Héraut  déclarer 
1  la  guerre  en  forme  aux  V.  Cantons  , 
par  une  Lettre  ,  où  ils  fc  plaigno- 
ient  entr'autres  5  Que  le  nouveau 
Baillif  qui  devoit  venir  d'Under- 
vvald  à  Bade  ,  avoit  menacé  de 
mal-traiter  les  Réformez.  En  mê- 
me tems  ils  mirent  4000.  hommes 
fur  pied  ,  avec  la  Bannière  de  leur 
Ville,  fous  la  conduite  d'un  Con- 
feiller,  nommé  George  Berger, 
&  envoyèrent  trois  autres  petits 
Corps  >  l'un  dans  le  Gafter  ,  l'autre 
du  côté  d'Einfidle  ,  &  le  troilléme 
dans  le  Thourgavv.  Le  gros  de  l'ar- 
mée prit  le  chemin  de  Cappel  le  p. 
Juin.  Les  Bernois  n'agréoient  point 
1  équipée  des  Zuricois  ,  qui  s'étoit 
faite  fans  leur  aveu.  Cependant 
pour  ne  pas  manquer  a  leurs  Al- 
liez 5  ils  leur  envoyèrent  du  Se- 
S  4       cours  5 


416  Hïfioire  de  la  Reformât  io» 

I  529*  cours  5  d'abord  6000.  hommes, 
Mouve-  commandez  par  Sebastien  de 
mens  de  Diesbach  ,  Avoyer  ,  8c  enfuire 
guerre.  4000.  fous  la  conduire  de  Jean 
d'Erlach  ,  ancien  Avoyer  5  8c 
pour  leur  propre  fureté  ils  portè- 
rent divers  petits  corps  le  long  des 
frontières  de  Lucerne  &  d'Under- 
vvald.  Les  Villes  de  Baie,  de  J 
Gai ,  de  Mullbcufe  8c  de  Bienne , 
les  Pays  de  Toc^e  bourg  &  de  Gaffer y 
8c  de  Wêfen  leur  donnèrent  aufii  du 
Secours  (a).  Les  V.  Cantons  Ca- 
tholiques fe  mirent  aufïi  en  campa- 
gne ,  le  8.  Juin  ayant  à  leur  Se- 
cours 1500.  Fallaïfans.  Comme 
l'armée  de  Zurich  8c  celle  des  V. 
Cantons  étoient  prêtes  d'en  venir 
aux  mains  >  Jean  (b)  Aibli  ,  Land- 
Amman  de  Glaris  ,  follicita  fi  vi- 
vement les  Commandans  des  deux 
armées  3  de  fufpendre  tout  a&e 
d'hoftilué  ,  qu'ils  confentirent  à 
une  trêve  de  quelques  jours.  Ber- 
ne convoqua  une  journée  à  Arau  , 
pour  le  12.  Juin  ,  afin  d'y  traiter  de 
la  Paix,  Les  cinq  Cantons  ,  qui 
étoient  demeurez  neutres  >  favoir 

M  Stetl.51.  a. 

\b  S/W/.jua.  Hottinj.qyi.  Khan.yoU 


de  la  Suffi.  Liv.  VI.  417 

Claris  (a)>  Fnbourg  >Soleurre  >  Schaff-  I  $2Ç. 
fjoufe  &  Appenzdl  ,  y  envoyèrent  Négocia. 
leurs  Dépurez  ,  pour  faire  la  fon-  £*g  de 
ftion  de  Médiateurs.    Les  Grifons  > 
les  villes  de  Strasbourg  ,  de  Confian- 
ce y  de  Rothvvjl  &  de  Sargans  y  en- 
voyèrent auffi  les  leurs,  pour  le 
même  defTein.    Dès  que  la  fufpen- 
fion  (£)  d'armes  fut  publiée  dans  les 
deux  Camps  3  on  y  vit  les  Officiers 
&  les  Soldats  3  renoncer,  du  moins 
en  apparence,  à   toute    inimitié  -, 
&  fe  faire  réciproquement  des  ho- 

'  nêtetez  ,  comme  s'ils  ne  fe  fuflent 
portez  qu'à  regret  à  combattre  les 

;  uns  contre  les  autres  :  De  forte  que 
Jacob  Stourm  ,  Député  de  Straf- 
bourg  difoit  ,  vous  autres  Suifies  » 

[vous  êtes  d'étranges  gens  ;  quand  mê- 
me vous  êtes  divifez  3  vous  êtes  néan- 
moins unis  ,  &  vous  n  oubliez  pas  vo- 
tre ancienne  amitié.  Un  fi  beau  com- 
mencement donnoit  lieu  d'efpérer 
qu'on  auroit  la  Paix.  Effectivement 
elle  fut  bientôt  conduë ,  &  la  guer- 

Irefe  termina  ,  fans  que  Pcrfonnc  eut 
eu  befoin  de  tirer  l'épée. 

La  Négociation  de  la  Paix  (r)du- 
S  Ç  ra 

x    Stctl.11.3,  ù  Hcttir.^.^ru 

0  Id.  ibjd. 


41 8  Htjlûïre  de  la  Réformatiov 

î  52 9«  ra  près  de  15.  jours.  Ce  qui  en  ar- 
Négocïa-  rêta  le  plus  la  conclufion  ;  furent 

pak.de  deux  Articles  9ue  les  Cantons  Ré- 
formez dernandoient  avec  chaleur , 
&  que  les  Catholiques  rejettoient 
avec  la  même  fermeté  :  faveir.. 
10.  Qt£i\  fût  permis  de  prêcher  l'E- 
vangile dans  les  V.  Cantons ,  de 
l'y  embraffer  &  de  l'y  exercer  libre- 
ment. 2°.  Que  l'on  y  renonçât 
fclennellement  3c  par  ferment  à 
toutes  les  penfions  des  Cours  Etran- 
gères ,  3c  Qhoïï  punit  ceux  qui  en 
prendroient  j  comme  on  l'avoit  fait 
dans  toutes  les  Villes  Souveraines 
&  Réformées  de  la  Suifle  :  Car  on 
fugeoit  ,  que  puifque  la  prémiére 
difficulté  étoit  venue  de  l'affaire  des 
penfions  étrangères  ,  il  n'y  avoir, 
point  de  Paix  folide  à  efpérer  3  à 
moins  qu'on  n'y  abjurât  par  toutoces 
fortes  de  penfions  >  3c  qu'on  ne 
châtiât  ceux  qui  en  prenoient.  En- 
fin ,  après  bien  des  débats  ,  on 
Traite'  convint  d'un  Traite'  de  Paix  ,  qui 
dQlReiï  futconc^u  &  fignéle  26.  Juin,  3t 
giohçn-  conÇu  en  XVII.  Articles.  Comme 
tie  les  il  a  été  le  fondement  3c  le  modèle 
Cantons  de  tous  les  Traitez  de  Paix  de  Re- 
ligion >  qui  ont  été  faits  entre  les 

Can-- 


de  la  Suffi.  Liv.  VI.  419 

Cantons  ,  [a]  j'en  raporterai  ici  fi-  î  529. 
délernenc  la  Subftance  : 

I.  Quant  à  la  Parole  de  Dieu,  r.7 

, —      •    ,  n  r  \  ,  Liberté 

comme  la  Foi  n  ejt  pas  une  cboje  a  1a-  de  Con_ 
quelle  on  doive  porter  les  hommes  par  la  fciehce 
contrainte  s  on  ne  contraindra  pGint  c^^r'cs 
les  Cinq  Cantons  ,  ni  leurs  Sujets  a  re°n  *J 
ï 'embraffer.    Mats  pour  ce  qui  regarde  les  Sei- 
Mes  *  Confederez  des  Cantons ,  &  les  gneuries 
Seigneuries  Communes  ,   dans  les  cominu- 
lieux  où  l'on  a  aboli  la  Jllcffe  >  brûlé 
ou  détruit  les  Images  ,  on  ne  devra 
punir  perfonne  pojir  ce  fujet.    Mais  là- 
où  la  Meffe  ,  &  les  autres  Cérémonies 
font  encore  en  ufage  >  on  n'y  doit  ufer 
d'aucune  contrainte  i  ni  leur  envoyer 
îou  lùur  établir  aucun  Aliniftre  >  s'il 
n'y  eft  demandé  à  la  pluralité  des  voix. 
Ce  qui  aura  été  réfolu  dans  une  Paroif- 
fe  y  i  la  pluralité  des  voix  5  de  quitter 
la  Meffe  ou  de  la  garder  ,  comme  auffi 
de  manger  des  viandes  ,  que  Dieu  n'a 
point  défendues  ,  fera  obfcrvé  tant  qu  il 
plaira  aux  Paroijficns.     Enfin  aucune 
I  partie  n'infultera  l'autre  ,  fur  le  fujet 
de  fa  Religion. 

II.  L'Alliance  contractée   avec  le 
S  6  Roi 
(a)  Ex  Acils  publicis.  Voyez  le  Trai- 
rfe'  entier  tout  au  long  entre  les  Pièces 
^ficat'ivcs  N°  V. 
*  Zugcwanilttn. 


42  0  Hijloire  de  U  Réformât  ion 

î'529»i^  Ferdinand,  n'ayant  été  faite  , 
Traite'  que  pour  caiife  de  Religion  ,  (  n  étant 

il  \Al'  ^US  n^cefî*ÎYe  >  ptàfyw  >        les  fiins 
lùmce  "  des  Médiateurs ,  il  a  été  réfolu  quon 
des  v.     n'ufera  d'aucune  contrainte  ,  &  qu'on 
Cantons  ninfultera  perfonne  ,  pour  fait  de  Re'i- 
Roi  Veï-&ton  3  /  ^  ^  Cantops  y  renonceront 
tiinand    abfolument  &  en  remettront  inceffam- 
segêe-     ment  le  Traité  original  entre  les  maim 
des  Médiateurs  3  avant  que  les  armées* 
décampent  »  pour  être  biffé  ^  lacéré  & 
mis  en  pièces.    Quant  au  Traité  d'Al- 
liance Se  de  Cornbourgeoifie  nouvel- 
lement contracté  >  (  le  12.  Mars  pré- 
cédent entre  les  V.  Cantons  &  le 
Vailais  >  )  on  en  traitera  dms  les  Vie- 
Us  >  le  tout  fans  préjudice  des  Trairez 
de  Cornbourgeoifie  contractez  entre- 
les  fix  Villes  Réformées  ,  Zurich  , 
Berne  ,  Baie  ,  Saint-Gall  >  Mutthoit* 
fe  &  Bienne. 

III.  Les  Six  Filles  fusmentionnéer 
nt.  tes  prient  encore  tûs-inftamment  les  V. 

V7. On-  rant0RS  de  renoncer  aux  Services, 

tonsiont  r  ,r 

priez  d'à  aux  Penîions  ,  &  aux  Prefens  'des 

bolir  les  Rois  &  des  Princes ,  pour  le  bien  com- 
Venfions  mm  de  ja  patr;et  Que  fi  leur  prière 
Etrange-    ,  — ,f    y  ,    f  r 

res%        n  *™  «  aucune  efficace  ,  il  a  ete  exprej- 

fement  convenu  ,  que  ceux  des  V,  Can- 
tons ne  prendront  point  dans  leurs  Trou* 

pes 


it  Ut  Su/fe.  L I  v.  VI.    42  F 

pes  &  ne  conduiront  point  a  la  guerre  \  J2'9« 
au  Service  des  Primes  Etrangers ,  /^Traite' 
fujets  des  VL  Villes ,  fous  dts  fevhes  ^  2-iiX> 
punitions  ,    en   corps   &   vie  >  tant 
pour  Us  Soldats  3  que  fmf  les  Enrôla 
leurs. 

W.  Quant  à  ceux  qui  iiUnbuètit  iV.Surfc 
ces  Penfions  ;  &  ceux  qui  les  *'f*'-jjj^e 
vent  ,  on  ne  peut  pas  les  punir  encore , 
parce  que  leurs  Magistrats  le  leur  ont 
permis  >  mais  lorfque  5  dans  la  fuite  5 
cette  pratique  fera  abolie  ,  on  pourra 
punir  ceux,  qui  contreviendront  aux 
Ordonnances. 

V.  Comme  quelques  Cantons  avoient    v<  £e5 
formé  des  AlTernblées  a  Beckenriedt ,  Cantons' 
au  ailleurs  ,  cela  ne  devra  plus  fe  fai-  11  f  ^'v^-' 
re  :  ni  les  quatre  *  Canrons  du  Lac  ,  feMé*s 
ni  les  autres  ne  sajfembleront  plus  4j^arées* 
ptrt.,  pour  les  affaires  qui  regardent  le 
Corps  Helvétique;  ce  qui  ne  pourroiû 
produire  aucun  bien  :     Afais  il  leur  fe- 
ra permis  de  saffembler  la  ou  ils  vou- 
dront y  pour  leurs  affaires  particuliè- 
res. 

VI.  Comme  il  étoit  fo  u  vent  arrivé,  vu  Et  ne 
que  quelques  Cantons  avoient  traité  &  Çrcn' 

publie 

*  Vier  Waldftett  :  Ce  font  L:<ccr??c3  Uri 3 
îthvyitzj  &  Undervvatd, 


422  Hijioire  de  la  Bjformatiot, 

I529*  publié  de  certaines  affaires ,  au  nom  de 
Traite'  tous  les  Cantons  ,  quoique  d'autres  Can- 

plusle*"  îons  ny  euffenî  eu  aucune  PAlt  >  &  n'y 
nom  de   euffenî  point  confenti  ,  cela  ne  devra  plus 
\igéné-    Çe  faire  a  l'avenir  >  &c. 
rztte^  QQmme  on  a  demandé  au  Can- 

Sçhw'its  ton  de  Schvvits  une  penfion  raifonnable 
payera    pour  les  enfans  de  feu  M.  Jacob  * 

pemion   schj0ffer  .  i€S  faux  parties  ont  remis 

aux  en-  3  f 

fans  du    cette  affaire  aux  Médiateurs  ,  qui  ont 

Miniftre  plein-pouvoir  de  prononcer  la  diffus. 

Schloffcr. 

vtii-  Les  VIII.  Tous  les  Edits  &  les  Re- 
Edits  glemens  ,  publiez  par  l'une  ou  l'autre 
de  Réfor-  ^  m        toutes  enfemble, 

mat  ion  * 
des  VI.  concernant  la  Parole  ae  Dieu  5  devront 

Villes     demeurer  en  leur  force  >  fans  que  per- 

font&c.  fonne  ait  drott  de  5 J  °^er  :  Et  ^ 
ou  l'on  a  aboli  la  Miffe,  les  Images^ 

les  Ornemens  d'Egbfes  >  &  les  autres 
chofes  qui  appartiennent  au  Service  Di- 
vin ,  Perfonne  ne  devra  être  inquiété 
pour  ce  fujel -,  ni  fottîdté  a  rétablir  ces 
chofes-la  ni  puni:  mais  bien  -  entendu 
encore ,  que  Perfonne  ne  devra  être  con- 
traint à  embraffer  une  Religion. 

1X3 


*  C'eft  ce  Miniftre  qui  avoir  été  marty- 
rifé,  ou  brûlé,  p-ur  caufe  de  Religion, 
clans  le  Canton  de  $ckvvit&.  Voyez  a* 
cteffus  pa^e  410.  &  41  !• 


deUSuifie.  Liv.  VI.  42  J 

IX.  IL  y  aura  de  part  &  d'autre  pleï-  f  5  2Ç. 
\ne  &  entière  amniftie  pour  toutes  les  traitl 
}  Villes,  Communautés,   Villages  ,  faàetdiK 

Perfonnes  particulières ,  qui  ont  à°nnê  m° 
I  du  fecours  à  tune  ou  ï autre  des  par-  pour 
1  ties ,  [avoir  ,  pour  les  Villes  de  Baie,  tous  les 
S.  Ga! ,  Mulihoufe ,  &  Bienne  $  /><w* 
le  Thourgavv  ,  pour  Bremgarten,  rans  des 
Mellingue,  /»0#r  /e  RheinrhaL  pourdtux 
les  fujetsde  l'Abbaye  de  S.  Gai,  pour  Pra'tl£S* 
ceux  des  Balliages  libres >  dans  /'Er- 
gaevv  j  pareillement  le  Tockebourg, 
Gaftel,  Wefen,  &  autres  lieux  ,  qui 
ont  donné  du  fecours  aux  deux  Villes 
de  Zurich  &  de  Berne  j  &  pareillement 
auffi  pour  tous  ceux  qui  ont  donné  du 
fecours  aux  V.  Cantons ,  entr  autres  les 
ValJaifans. 

X.  Toutes  les  injures  &   les  pa- 
rôles  choquantes  j   qui  ont  été  e™-\\Sef&* 
ploj/ées  de  part  &  d'autre  ,   jusqu'à  défen- 
fréfent  5  au  fujet  de  la  Religion  3  d'une  dues. 
manière  groffiére  &  infolente,  &  qui 

ont  été  l'origine  de  cette  divifion,  devront 
être  entièrement  abolies  de  part  &  d'au- 
tre'^ ceux  qui  i  ontreviendront  a  cette 
ordonnance devront  êtte  punis  par  leurs 
A/agiftrats  ,  en  corps  &  biens  ,  des  qu'on 
les  leur  déférera* 

XI.  Tous  Us  Arrêts  qu'on  a  tnu  W.Les 

pofez 


424  Hiftoire  de  la  Réfotynœtion 
1  529  pofez  en  Suijfe,fur  les  Cenfes,  rentes 
IdT^Patf  ^  4Htres  ^nm  &  revenus,  apparte- 
Rentzs  '  nans  *  des  Egtifcs  5  &  *  des  Commtà 
dues  aux  mutez  >  où  ton  a  aboli  la  Altjfe  ,  de* 
Rcjor-  vYont  être  levez  5  &  abolis  j  &  ceux 
doivent  doivent  ces  rentes  &  cenfes  &ct  les 
être  p>  payeront. 

yées.         XII.  Th.  Mourner  fera  obligé  de 
Mour-  ^e  Parotrre  a  B'tde  ,  devant  les  Média* 
ner  àolt  teurs ,  pour  répondre  aux  plaintes  que 
Çaroitre  les  deux  Filles  de  Zurich  &  de  Berne 

pour6    owf  *  ^*rf*  fo;irr*  ^5  (  au  fu jet  ds 
donner    fes  libelles  diffamatoires  j)  d* 
fatisfa-    Lucerne  l'y  obligeront  j      il  devra  être 

tons"  de  Strasbourg  &  de  Con- 

Réfor-     fiance  ont  demandé  d'être  difpenfez  de 
meXjm      juger  de  cette  affaire. 
xm.  Les     XIII.  Pour  ce  qui  regarde  les  Frais, 
Média  t  que  les  deux  Filles  de  Zurich  &  de  Ber* 
teurs  re-        ^^^^  ^       Alliez  ,       tftfrm  A7» 
les  frai  s  terefjez  dans  cette   affaire  ,  o»f  e/e 
obligez  de  foutenir  ,   0«  r/o?:?^  plein 
guerre.    p0UVOîr  aux  Médiateurs  de  les  régler^ 
dans  l'efpérance  qu'on  a  >  qu'ils  exami- 
neront la  ebofe  avec  exactitude,  & 
qu'us  prononceront  en  gens  d'honneur  : 
Ce  qui  devra  fe  faire  inceff animent  dans 
ïefpace  de  15.  jours  après  la  Conclufior* 
de  ce  Traité^  faute  de  quoi  les  VL  Vil* 


de  la  Suiffe.  LlV.  VI.  42  S 

les  pourront  interdire  tout  commerce  a-  ï  5^9* 
vec  les  F.  Cantons.  J 

XIV.  Les  Médiateurs  auront  le  XIV*  %Cm 
pouvoir  de  régler  en  même  îems  TAc~  commo* 

COMMODEMENT  ,  de  CCUX  fUndtf+^jj^** 

vvald  avec  Berne  ;  &  il  dépendra  des  jerway 

Bernois  ,  ^//c  Ai  décifion  de  ce  diffé-  avec 

re^d  Ce  faffe  à  l'amiable  5  ou  a  rigueur  de  Berne, 
.   .  remis 
droit.  aux  Me- 

XV.  Aucune  des  parties  ne  doit  ufer  diateurs. 
de  violence  contre  l'autre  pour  fait  ^eXV'n^^ 
Religion  ;  &  outre  ces  articles,  les  deux  ^VqÇ.  ^ 
parties  demeureront  en  pleine  &  paifi-feflion 
blc  pofieflion  de  leurs  B alliage s>  ^i- de  les 

•       n       a  -        t  '  i  ts  Droits  a> 

pie  une  s ,  Pays,Su]ets,  Libertez*  ^iWJ'âefes 
Vf  âge  s  &c.  comme  ils  les  ont  pojfédé  Biens 
avant  cette  déclaration  de  guerre  ~&c.  &c- 
Au  refie  les  quatre  Cantons  de  Zurich, 
Lucerne,  Schvvits  &  Glaris épren- 
dront ,  en  confidération  la  Ville  de  S.  On  fou- 
Gai ,  &  la  Soutiendront  dans  l'embar-  [iCyj«? 
ras  ou  elle  fe  trouvera  caufe  de  [on  Ab-  jcs.G\J. 
baye. 

XVI.  Comme  ceux  du  Thourgavv  xV,1-  ®l\ 
ont  fait  diverfes  plaintes  ,  [entr  autres,  c" 
qu'on  leur  donnoit  des  Baillifs ,  fcn-Grf^du 
nés,  violens,  emportez  &c,  ]  Zurich 

&  Berne  déclarent > que  Uur  mtentièn^ 
eft  ,  qu'on  donne  aces  bonnes  go: s ,  <ta 
Baillifs  pieux,  de  fens  rajfts  ,  dr  ./c 

bonne< 


426  Hiftoire  de  la  Reformaiion 

Tr^-te  ^onnes  mœurs  >  &  1ue  ceux  de  Zoug 
de  Faix.  J  envoyent  inceffamment  un  autre  Bail- 
li f ,  a  (a place  de  Jacob  S:ocker  >  Que 
de  même  on  doit  dépoferfjns*dé!ai:Mzr- 
tin  Werli,  Land-  Amman  de  la  Pro- 
vince 5  &  en  élire  un  autre  à  fa  place  : 
Que  les  autres  Cantons ,  qui  ont  part 
à  la  Souveraineté  du  Tourgavv  se m 
gagcrSht  a  la  même  chofe  &  devront 
promettre  aux  deux  Villes  de  Zurich  & 
de  Berne,  de fe  joindre  avec  elles  ,  au 
plutôt ,  &  fans  délai ,  pour  redrejfer  les 
griefs  &  régler  les  affaires  de  cette 
Province. 

Xvn.Les     XVII.  Les  Cantons  jureront  de  non- 

Can-      veau  tous  enfemble  &  fur  le  champs  leur 

tons  re-  ancienne  Alliance  ,  félon  £  ancien  ufaçe, 
nouvel-  .  /  .  0   ^        ,  d.« 

leront  la  avec^e  Traite  de  ùtantz  ,  &  cette  Paix 

Confede-  Nationale  qu'on  vient  de  conclurre. 
HelTen  XVIII.  Enfin  il  y  aura  de  part  & 
que.  '  d'autre  une  Paix  ferme  &  inviolable  5 
on  oubliera  tout  ce  qui  s"ejl  paffé  entre  les 
deux  partis,  leurs  adher  ans  &  leurs  Al- 
liez, j  &  Perfonne  ne  fera  inquiété  ni  pour 
ce  qu  il  aura  fait  3ni  pour  ce  qu  il  aura  dit 
contre  ceux  du  parti  oppofé  au  fien  &c. 

On  fie  deux  Copies  de  ce  Traité, 
en  papier,  en  attendant  qu'on  pûc 
en  dreffer  les  Attes  en  parchemin  -r 
&  ces  Copies  furent  cachetées  des 

cachets 


de  la  Suffi.  Liv.  VI.  427 

achets  de  4.  de  ces  Médiateurs,  &  I  $29* 
;elLz  du  feau  du  Canton  de  Zoug.  Traite' 
jl  fut  ordonné  que  quelques-uns  de  deFaix* 
es  Médiateurs  ,  iroient  à  Bade  avec 
n  Secrétaire,  pour  y  dreffer  les 
i&es,  &  qu'enfuite  le  Secrétaire 
iroit  dans  les  VI.  Villes  ,  &  les  V. 
Cantons  >  intéreflez  dans  cette  guer- 
[5 ,  pour  faire  appofer  leurs  féaux 
[  ces  A&es  5  après  -  quoi  il  les  leur 
lemettroit,  à  chacun  le  rien. 
'  Après  la  conclufion  de  ce  Traité 
ss  deux  armées  fe  retirèrent j  mais 
vant  leur  départ ,  les  V.  Cantons 
nvoyérent  dans  le  Camp  des  Zuri- 
ois ,  le  Traité  de  leur  Alliance  avec 
îRoi  Ferdinand  ,quifut  inceflam- 
îent  déchiré,  &mis  en  pièces.  * 

Les  Députez  Médiateurs  s'aiîem- 
lérent  d'abord  après ,  pour  exécu- 
sr  les  choies  dont  ils  étoient chargez 
ar  le  Traité.  Ils  réglèrent  les  frais 
ueles  V.  Cantons  dévoient  payer 
ux  Vf.  Villes ,  &  les  taxèrent  à  trois 
lille  Ecus  d'or.  Ils  conclurent  Accom- 
iufïi  l'accommodement  de  Berne,  mode- 
vec  le  Canton  d'Undervvald ,  &î?**Ldc 

,  /  t    •       .  v  rr  BernC 

iondamnerent  celui  -  ci  a  payer  aiifli  avecUn- 
ux  Bernois  trois -mille  Ecus  d'or,  defwaluk 

pour 

*  Khein%  70^.  706. 


428  Hifloirede  la  Rêformation 

î  5^9-  pour  tous  frais.    Le  payement  d 
Canton  d'Undervvald  fe fit  en  deu: 
termes.  Il  paya  (a)  ^oo/Ecus  a 
mois  de  Mars  de  l'année  fuivant 
1530.  les  autres  1500.  le  20.  Ma 
de  l'an  1531.  * 
Mêto'jh       M  fembloir  que  ce  Traité  de  Pai: 
tente-     devoit  affurer  la  tranquillité  delaSuii 
dansl  mais  il  ne  le  fît  point.  Les  deu: 

Suiflè!  Partis  ne  l'acceptèrent  qu'à  regret 
chacun  de  fon  côté  en  étoit  mécon 
tentj  &  les  Cantons  Catholique 
en  particulier ,  fâchez  (b)  d'avoir  ced 
aux  Réformez  plus  qu'ils  n'auroien 
voulu  ,  n'attendoient  qu'une  occa 
fîon  plus  favorable,  pour  remettr 
leurs  affaires  fur  pied.AuffiZuiNGL: 
(c)  qui  ccnnoiffoit  parfaitement  leu 
difpofition  ,  n'approuvoit  poin 
qu'on  s'accommodât  fi  mollemen 
avec  eux.  Il  auroit  voulu  que 
pendant  qu'on  en  avoit  les  moyens 
on  lvs  eût  humilié,  pour  les  mettr 
hors  d'érat  de  nuire  ,  comme  on  fai 
aux  bêces  féroces  ,  qu'on  ne  peut  ja 
mais  apprivoifer.  Et  la  fuite  fît  biei 
voir  >  qu'il  avoit  raifon.  Carquanc 

le: 

M  Inftr.  B.  ^97. 
*  B.  Spr.  B.  E  E.  121. 
(M  Sntler.  1.  c.  32.  b. 
(c)U.  51.  a. 


de  U  Suife.  LlV.  VI.  429 
s  V.  Cantons  Catholiques  congé-  1  529» 
érent  (u)  leur  armée  ,  ils  jurèrent 
us  enfemble  de  confei  ver  leur  an- 
snne  Religion  ,  &  de  punir  tous 
ux  qui  embrafleroient  celle  qu'ils 
►pelloient  nouvelle.  Bien  plus,  au 
ois  de  Novembre  fuivanr,ils  envo- 
ient en  grand  Secret  1  Amman  de 
Mg,  à  l'Empereur  Charles  V.  en 
alie>  (  )  pour  follicirer  ce  Prince  à 
ire  la  guerre  aux  Cantons  Réfor- 
ez,  lui  promettant  de  le  fecourk 
toutes  leurs  forces.  Et  les  Ecclé- 
iftiqucs  Catholiques  de  la  Suifle> 
oient  extiêmement  mécontens  de 
'i  l'Empereundu  Roi  Ferdinand, 
:  du  Pape  3  &  en  parloient  *  in- 
Jemment,  parce  qu'ils  n  agiiToient 
as  allez  vivement  à  leur  gré  ,  pour 
:conder  l'ardeur  de  leur  Zèlemeur- 
ier>  à  opprimer  les  Réformez.  . 
VII.  Tous  ces   mouvemens  de 
uerre,  n'arrêtèrent  point  les  pro-  watian 
ris  de  la  Réformation.  dans  le 

A  HniftU,  gros  Bourg  du  Canton 
'AppcnzelL  (c)  on  avoit  reçu  l'E-  z*U4 

vangile 

(a)  Ho  t  tin  g. 

\b)  MSC.  G  roof. 

*  Paùjt,  K*yfer  uni  Konig  feye  tin  Bah 

zi'uie  der  andere% 
(0  Hctting.  470, 


4  30  Hiftoire  de  la  Réformât  ion 
*  529»  vangile  parles  foins  de  Jean  Tha-  i> 
Siitfor      R1NG>  L'Evêque  de  Confiance  l'éx-  F 

communia  ,   &  le  fît  chalïer.    Un  ï° 
dans  le    Prédicateur  Catholique,  nommé  y<>-  Ej 

dV^». M  Forter  > #y  détruifit  ce  quelautrc  ■» 
*  avoir  édifié    Mais  les  Brebis  ,  qui  k 
ne  connoifloient  pas  la  voix  de  cet 
Etranger ,  ne  voulurent  point  le- 
coûter,  &  prièrent  TEglife  Réfor- « 
mée  de  Conftance  3de  leur  prêter^;-  à 
^r<?i/^  Blârer  pour  un  mois  »  en  atten-  i< 
dant  qu'on  eut  trouvé  un  Pafteur.  Il  tr 
commença  d'y  prêcher  1  t^r.  May,  f 
Et  dans       Pendant  le  Cours  de  la  guerre  I 
le  Com-  trois  Parroiffes  (^)  du  Comté  de  Ba-  1 
de.favoir  Schlkren>Kordorff,  &  Difri-  1 
^fw,  embralTérent  la  Réformation,  1 
le  6e-  &  le  7?:  de  Juin.    Le  Pa-  \ 
fleur  de  cette  dernière  étoit  Beat  i 
Gherung  ,de  Afunfter  ems£rgavv»  n 
Le  23e-  d'Août  tous  les  Religieux  de 
Wettingue  richeAbba'ïe  de  Tordre  de 
Citeaux  ,  près  de  Bade,  renoncèrent 
aufli  à  leurhabit,&  auPapifme3àIa  re- 
ierve  d'un  feul ,  &  convertirent  leur 
Maifon  en  un  Collège,  fur  le  modèle 
de  celui  de  Cappel.    Leur  Abbé  .y 
confentit,  quoiqu'à  regret  >  &:  les 
larmes  aux   yeux  ,  priant  que 

du 


[<*]  M.  47h 


de  la  Saife.  L i  v.  VI.    43 1 

|  lu  moins  on  ne  brûlât  pas  les  Ima-  \*>2% 
*ges.    Ils  promirent  de  donner  de 
!  Dons  Payeurs  à  Bade,  &:  aux  autres 
rEglifeSj  dont  ils  avoie*  t  le  Patro- 
lat.    Nicolas  Manuel  Banderet 
i  de  Berne  (>*)  &  Bernhard  Brun- 
IteRj  deGlaris,  Ancien  Baillif  de 
Bade,  eurent  beaucoup  de  part  à 
Bette  Réformation.    Berne  écrivit 
%i  ces  Religieux  (ô)  pour  les  loiër 
de  ce  qu'ils  venoient  de  faire,  les 
:  en  remercier  &  les  afiïïrer  qu'on  les 
protégeroit.    Zurich  &  Berne  ex- 
portèrent ceux  de  Bade  à  imiter  cet 
Exemple,   mais  ils   le  refuférent. 
■I  n'en  fut  pas  de  même  des  Villa- 
|ges  de(<)  WurenlofsSc  de  Vislïsbachy 
qui  fe  reformèrent  dnns  le  même 
mois.   Ils  furent  fuivis  du  Com- 
mandeur de  Hitz.kilcb>  le  4.  Sep- 
tembre. 

Mais  la  Réformation  la  plus  con-  Réfor- 
fidérable,  arrivée  dans  cette  faifon-  T^P'V 
là,  fut  celle  de  la  Ville  &  du  Can-  gf* 
ton  de  Scbaffboujfe.   (d)  Elle  fe  fit 
lentement  3  &  cette  affaire  uainadès 

lr 

(*)  Stetler  1.  c.  23.  a. 
(    {b)  MSC.  Groo/s. 
(A  Hotting,  47 j. 

(<0S<r«/r.  p.  m.  190.  Strtl.  13.  llQttir.i* 


432  Hijtoire  dclaPK  é format  Ion 
1.5 2 9-  le  commencement  de  l'année  ji.fquà 

Je  refor-  vier  ,  le  Maginrat,  ordonna  aux 
mg'  deux  Couvents  de  la  Ville ,  de  fe 
deffaifir  avant  la  Pentecôte,  des 
Terres,  qu'ils  poiïédoient  dans  le 
pays  de  Hegavv,  Se  de  les  vendre. 
Il  fut  aufïi  ordonné  de  ne  rien  in- 
nover en  matière  de  Religion ,  ians 
la  volonté  du  Confeil  Souverain. 
Vers  le  milieu  d'Avril  >  on  établit 
quelques  Commis  du  Petit  &  du 
GrandConfeil,  pour  éxaminer  mû- 
rement cette  importante  affaire.  Le 
Vendredi  22.  Juillet  >  on  fit  enlever 
toutes  les  Images  de  la  Chapelle 
de  Sfùnt  Wolffgang  hors  de  la  Ville  ; 
on  en  démolit  les  Autels  :  &  ce  qui 
s'y  trouva  de  précieux,  fut  vendu 
aux  Bourgeois,  ou  remis  entre  les 
mains  des  Magiftrats. 

Cependant  il  y  avoit  une  gran- 
de divifion  dans  la  Ville.  Chaque  | 
parti  cherchoir  à  fe  maintenir  ,  &C 
imploroit  le  fecours  des  Cantons 
de  fa  Réligion.  Vers  la  fin  de  Sep-  I 
tembre  ,  Zurich,  Berne,  Baie,  S. 
Gai,  &  Mulhoufe  y  envoyèrent 
des  Députez;  qui  ayant  demandé 
d'être  entendus  dans  le  Grand  Con- 
feil* 


de  la  Suife.Lîv.  VI.  433 
feil  >  le  30.  du  mois,  les  éxhoité- *  $29* 
,rent  à  fe  déterminer  enfin  ,  &  à  con-Ko"t!5*. 
fommer  cour2geufement  l'heureux 
Ouvrage    de  .leur   Réformation  » 
„puifqu'ils  avoient  reconnu  fur  ce 
»fujet  la  volonté  de  Dieu  3  comme 
„ils  l'avoient  déjà  fait  voir  ,  en  a- 
„bolilTant  tant  de  Méfies  ,  d'Im.2ges 
>y$c  de  Moineries  :    Que  par  là 
„ils  glorifi croient  Dieu,  3c  rérabli- 
,3rount  le  calme,  &:  la  tranquillité 
„dans  leur  Ville  :  Que  du  refte,  on 
„les  afluroit  qu'on  les  fecourroit 
î  ^toujours  de  Corps  &:  de  biens, rou- 
|>,tes  les  fois   qu'ils  feroient  atta- 
fe„quez.  Le  Petic-Confeil ,  fin-tout 
«quelques  Confeillers  ,  tenoientpour 
la  Religion  Catholique  j   mais  la 
fBourgeoifie    affemblée  l'emporta 
fcpour  la  Réformation  ,  à  la  plurali- 
ste   des  voix.    Enfuite  de  cette 
Iré'olurjon  ,  l'on  abolit  la  MelL  & 
wes  I  nagjs  par  toute  la  Ville.  On 
(ferma  les  Eglifes  des  Cordeliers  & 
[des  RJ  gi.ufes  de   S.  Agnes.  On 
Lbiûla  quelques  Images,  entr'autres 
[lia  Statue  Cc>loflalc   du  Seigneur, 
Iqu'on  appelloit  vulgairement  le  * 

Tom.  IL  T  Grand 

I    *   D.r   grojfe  Htrre  Gott   von  Sck.iff. 
I  houjtn. 


434  Hiftoire  de  la  Réformation. 

1  529-  Grand  Bon  Dieu  de  Scbaffhoufc.  Quand 
Schaff-  on  Tabattic  ,  elie  tomba  fur  le  Bap- 
tiitere  ,  qui  ne  pouvant  icutenir  le 
poids  énorme  de  cette  lourde  ma- 
chine ,  en  fut  brifé.  Quelques  fa- 
milles confidérables  furent  fi  fâchées 
de  cette  révolution  ,  qu'elles  quit- 
tèrent la  Ville.  Quelque  temsaprè?, 
eiies  voulurent  y  revenir ,  mais  on 
ne  trouva  pas  à  propos  de  les  rece- 
voir. La  Ville  entra  enfuite  dans 
l'Alliance  t  particulière  des  Cantons 
Réformez.  Le  10  e  de  Novembre 
on  publia  un  Edit,  qui  donnoit 
aux  Ecciéfîaftiques ,  de  l'un  &  de 
l'autre  fexe  >  la  permiiTion  de  fe 
marier  >  &  conrlrmcit  l'Edit  précé- 
dent >  qui  défendoit  aux  Piètres  de 
tenir  des  Concubines.  Erasme 
Ritter,  Pafteur  &  Réformateur 
de  la  Ville  ,  époufa  une  Religieufè, 
nommée ,  Anna.  Egkenftcrff,  feeur  de 
l'Abbé  AHcheL  Le  25.  du  même 
mois  on  établit  un  Confiftoire.  On 
travailla  aufll  à  réformer  les  Eglifes> 
des  terres  fujettes  de  la  Ville,  com- 
me Kilchberg ,  Bufingen  >  Dœrfflmgen 
Sec.  Les  Zuricois  eurent  une  fi  gran- 
de joye  de  la  Réformation  de  leurs 

Alliez 

t  Hoîting.^6. 


de  la  Su/fe.  LlV.Vt  435 

Alliez  &  voifins    de   Schaffhoufey  I$29« 

qu'ils  leur  en  écrivirent  une  Lettre 
1  de  félicitation. 

VIII.  Il  arriva  une  autre  chofe,  s-  Gal* 

(a)  qui  caufa  un  grand  bruit  dans  la 
;  fuire  ,  parmi  les  Cantons  :  ce  fut 
1  l'entreptif:  de  la  Ville  "de  Zurich 
j  fur  l'Abbaye  de  S.  Gai.  Il  eft  tems 
^  d'en  parler  ici.  L'Abbé ,  nommé 
f  François  Gheisberger  fe  Tentant 

malade  fe  fit  transporter  à  Rofcbacb% 

Se  y  mourut,  dans  la  Semaine  Sain- 
1  te  le  Mardi  23.  Mars.    On  tint  fa 

mort  cachée  jcfqu'au  Vendredi  fai- 
I  vant  >•   pour  donner  le  tems  aux  B}(fîcuU 

Religieux  ,  qui  ètoient  alors  à  Lin-  tfZ- au 

fidlen  >  de  fe  ralTemblcr ,  pour  élire  j.J^ 
j  un  autre  Abbé.   Les  IV.  Cantons  nouvel 

Protecteurs  de   l'Abbaye,  étoient  A^é- 
:  partagez  fur  le  fujet  de  c^tte  élec- 
)  tion.     Luceme    &C   Schvvitz  >  qui 
I  craign oient  qu'en  ne  pj ojfitât  de  la 

vacance  ,  pour  réformer  les  Moi- 
!  nés,  les  follicitoient  à  y  procéder 
I  inceffamment.  Zurich  &  Glaris  au 
j  contraire  s'y  oppoTbient  pa.-  la  mê- 
|  me  raifon.  Les  Moines  pour  ê:re 
[  en  liberté ,  s'aflemblércnt  à  Rrferfcb- 
T  z  vijfl 
M  Hottiîig.  456. 4#7. 


436  Hïjlobe  de  la  Réformât  ion 

1^29-  vvjl  Se  élurent  Kiltan  Kdiuffiin ,  aû- 
S.  G  al.  par,,  vant  Lieutenant  de  Wjt  Se  grand 
Sommelier  de  l'Abbaye.  Zurich  Se 
Claris  ne  voulurent  point  recon- 
roitie  ce  nouvel  Abbé ,  qu'à  ces 
Conditions  :  io.  Cu  \\  prouveroit 
par  l'Ecriture  ,  eue  routes  les  prati- 
ques Monacales  5  les  Frocs  ,  la  MefTe 
&c.  étoient  agréables  à  Dieu  :  2<>. 
Que  s'il  ne  le  pouvoir  pas  pion- 
ver,  L  i  Se  ion  Couvent  quine- 
roient  l'habit  3  Se  les  ufages  iuper- 
ftitieux  de  leur  Ordre,  Se  qu'il  ne 
feroit  plus  Abbé,  ni  Seigneur  ,  mais 
A  iminiftrateur  &  Lieutenant ,  qui 
rendroit  compte  annuellement  aux 
quatre  Cantons  protecteurs  j  &  que 
ce  qui  fc  trouveroit  de  refte  ?  feioit 
employé  au  profit  des  Pauvres.  30, 
Otion  redrefferoit  les  charges  in- 
fupportables  ,  qu'on  avoit  impofé 
aux  Sujets  de  l'Abbaye  ,  contre  la 
Parole  de  Dieu  :  Car  l'Abbé  défunt 
avoit  fort  mal- traité  les  Réformez. 
Le  Docteur  Schappelcr  Se  les  autres 
Ivliniftres  de  S.  GA ,  compoférent 
42.  Thtfes  contre  les  Inventions  & 
le->  Doctrines  humaines  ,  les  Prati- 
ques àiverfes  de  h  Rdigion  Catho- 
îique3  Se  en  particulier  conue  celles 

des 


delaSuiffe.  Liv.  VL  437 

des  Moines.  Ils  les  firent  impri-ÏS^Q 
mer  5  6c  off  irent  de  les  foûtenir  S.  Gai 
dans  une  Difpure  publique.  L'Ab- 
bé fe  moqna  de  tout  cela  (a)  ;  pré- 
tendit que  les  droits  de  Ton  Abbaye 
étoi^nt  fufnYamment  à  couvert  par 
les  Bulles  des  Papes  6c  les  Diplômes 
des  Empe  eurs  >  6c  qu'il  n'avoit 
que  faire  de  difputer  fur  ce  fujer  ; 
&  il  fommoit  les  Zuricois  de  le 
protéger  lui  6c  fon  Abbaye  >  à  for- 
me du  Traité  fait  avec  eux  par 
fes  Prédecefleurs.  Zurich  6c  Glaris 
le^  follicitérent  de  nouveau  à  fe 
trouver  à  une  Conférence  avec  leurs 
Députez  ,  à  Wyl  >  à  Rofchach  ,  ou 
à  tel  autre  lieu  des  Teires  de  l'Ab- 
bjye,  qu'il  lui  plair  oit  ;  6c  lui  fi- 
rent dit  e ,  s'il  prétendoit  qiï on  b  pro- 
tégeât confie  la  Volonté  de  Dieu  & 
contre  la  Jufiice?  Mais  l'Abbé  ,  ap- 
puyé par  Lucerne  6c  Schvvitz,  qui 
ï'aiTûi  oient  de  leur  pr.neclion ,  ne 
voulut  entrer  en  aucune  Conférence. 
Glaris  lui  promit  auiTi  enfin  fa  pro- 
tection ,  pourvu  qu'il  renonçât  à 
l'habit  de  l'Ordre 5  à  moins  qu'il  ne 
pût  en  foûtenir  la  validité  par  la 
Parole  de  Dieu.  Mais  il  n'en  vott- 
T  3  lut 


438  Hijîoire  de  la  Réformât  ion 

ï$29-  lut  rien  faire,  d autant  plus  qu'il 
S. Gai.  âVoit  de  groffes  rentes  >  au  delà 
du  Rh;n  ,  qu'il  auroic  infaillible- 
ment pcrduëï.  Le  18.  May  il  en- 
voya des  Dépurez  à  Gliris  pour 
prier  le  Grand  Confeil  d'Etat,  de 
le  maintenir  dans  fes  droits,  à  for- 
me d  i  Traité ,  particulièrement ,  di- 
foit-ih  parce  que  Dieu  na  donné  au- 
cun règlement  fur  les  Habits.  Et  quel 
mal  fait  le  froc?  En  même  tems  il 
fit  demander  au  Pape  la  confirma- 
tion de  fon  Election.  Mais  quelques 
{a)  femaines  après  ,  &  avant  que  de 
l'avoir  obtenue  ,  il  fe  f.ifit  du 
thréfor  ,  de  l'argent  &  des  titres  de 
fon  Abbaye ,  &:  fe  retira  fecrette- 
ment  à  Bregbentz>  petite  Viile  au 
de  la  du  Rhin  fur  le  Lac  de  Con- 
fiance qui  appartient  à  la  Maifon 
d'Autriche  >  &  y  acheta  le  (Châ- 
teau de  FVoljfourt ,  où  il  établit 
fa  réfidence  avec  fes  Moine*.  Il 
fe  fit  auiTi  donner  par  l'Empereur 
Charles  V.  l'inveftiture  de  tout 
le  temporel  du  Couvent,  &  en 
particulier  du  Tock^bourg  ,  &  de  la 
terre  à!  AnvvjU  Non  cornent  d'u- 
ne telle  démarche  ,  ilfcllicita  Marc 

de 

(a)  HQtting%W% 


de  la  Suife.  Lîv.  VI.  439 

de  Hohen-Ems ,  Baillif  Autrichien  à  I  529. 
I  Breghentz ,  delui  donner  diifecours,  S.Gal. 
K'irnaginant  que  la  Ville  3c  les  Ter- 
res de  S.  Gai  étant  fans  armes,  on 
ipourroit  s'en  emparer  par  furpri- 
ife.  Ce  Baillif  le  lui  accorda,  3c 
!  comme  les  Sujets  d'Autrkbe  ne  vou- 
lurent pa/  marcher  dans  cette  occa- 
fion,  il  £t  venir  quelqres  centaines 
de  Bavarois  ,  pour  leur  faire  paf 
fer  le  Lac.  Mais  s  étant  apperçu 
que  toutes  les  frontières  de  la  Suif, 
fe  étoient  pourvues  de  monde,  3c 
iqu'on  y  faifoit  bonne  garde  3  il  -fe 
retira.  Par  une  telle  conduite  cet 
Abbé  s'attira  l'indignation  des  Can- 
tons y  3c  ils  le  regardèrent  com- 
me une  homme  fugitif,  qui  avoit 
jperdu  tous  les  droits  ,  qu'il  pi  et  en- 
doit  s'attribuer. 

Pendant  ces  troubles  de  S.  Gai,  j^ou. 
on  penfa  en  voir  naître  de  nou-  veaux 

veaux  dans  tout  le  Corps  Helvéti'-  Troubles 
s  entre  les 

que.    L  accommodement  des  Can-  Cantons 

tons  avoit  été  fait  à  la  hâte  ,  3c 
jil  s'en  falut  peu  qu'il  ne  fut  bien- 
tôt rompu  ,  3c  que  l'on  ne  reprit 
les  armes.  Les  Catholiques  (4)  ne 
pouvoient  pas  fe  réfoudre  de  payer 
T  4  aux 

W  M.  474. 


440  Hiftoire  de  la  Reformatiez 

1529  a"x  R^ormez  les  fr Àls  de  la  guerre. 
Nou.  D'autre  côté  les  Réformez  étoient 
veaux  indignez  contre  les  Lucernois  ,  de 
Tr0iç\ts CC  Cîu  ^S  av°ient  laiffé  échapper 
Cantons  d'entre  ^eurs  mains  le  Moine  fédi- 
tieux  Thomas  Ajourner  3  &;  ils  per- 
fîftoient  à  demander  qu'on  accordât 
liberté  de  confeience  dans  les  V, 
Cantons.  On  tint  diverfes  Diètes 
dans  les  mois  de  Juillet  &  d'Août, 
&  au  commencement  de  Seprembre, 
pour  ajufter  ces  différens  :  mais 
{âns  fuccès.  Les  Catholiques  per- 
fiftoient  [a]  toujours  dans  leur  re- 
fus >  de  fatisfaire  à  la  prononcia- 
tion des  Arbitres  ,  &  de  payer  au- 
cuns frais  de  guerre.  Les  Bernois 
voyant  cela  recoururent  à  la  force  , 
pour  mettre  les  autres  à  la  raifon, 
&  le  Jeudi  16.  Scptemb.  ils  défen- 
dirent à  leurs  Sujets  tout  commerce 
avec  les  V.  Cantons  ,  Se  principa- 
lement dslailïer  palier  aucune  den- 
rée pour  eux  $  &  deux  jours  après, 
ils  ordonnèrent  une  levée  de  douze 
mille  hommes  auxquels  on  com- 
manda de  fe  tenir  piêts  à  mar- 
cher au  prémier  ordre.  Là-delîus 
la  Diète  [b~\  fe  reflembla  le  23.  du 

mê- 

W  MSC.  àrolf.     b  Hottin».  474. 


de  la  Suijje.  L I  v.  VI.  44  ï 
même  mois  ,  Se  enfuite  le  30.  &  j 
l'on  y  conclut  un  nouvel  accommo-  Nou- 
dement.    On  convint  entr'autres  ,  veaux 

3,  Que  dans  les  Seigneuries  commu-  Trouh\es 
o      >  entre  les 

!  ?,  nés  y  là  où  la  pluralité  des  voix  Cantons 

>,  l'emporteroit  à  l'avenir  ,  pour,  ou 
3,  contre  la  Réformation  ,  la  cho- 
„  fe  en  demeureroit  là  :  X^'aucun 
5>  Canton  n'y  envoyeroit  des  Dépu- 
33  tez  j  afin  de  laiffer  aux  opinans 
33  liberté  entière  :    Ou  on  admet- 
3,  troit  à  ces  délibérations  les  jeunes 
1 33  hommes  >  dès  l'âge  de  14.  ans 
&c>    Le  24.  Septembre  on  drefla  le 
nouveau  Traité  pour  éclaircir  &  re- 
;  drefler  le  Précédent  5  6c  le  15.  Oc- 
I  tobre  les  XII.  [4]  Cantons  publiè- 
rent de  concert  un  Edit  3  pour  éx- 
liorter  leurs  Sujets  communs  >  à  vi- 
'  vre  enfemble  en  paix  ,  avec  défen- 
fè  de  s'injurier  ou  de  s'infulter  mu- 
tuellement pour  caufe  de  Religion  , 
fous  des  grottes  peines.    On  tint 
;  deux  Diètes  dans  ce  mois  d'Oftob. 
:  pour  renouveiler  les  Sermens  des 
'anciennes  Alliances.   Les  Réformez 
|  Voulurent  (/;)  toujours  refeiver  que 
Cela  fe  fît  félon  l'ancien  ufage,  fanr 
T  5  que, 


f«]  U.  ib.  &sm/.3i.bi  n<¥ 
L  &]  Inllr.  B.  3n.j64-  »tti»f.47î. 


442  Hïfloire  de  la  Réformation 

Ï529.  clue  Gela  Portât  aucun  préjudice  à  h 

Parole  de  Dieu. 
Réforma.  Les  Bernois  eurent  aufli  quel- 
tionde  que  difficulté  avec  les  Fubourgeois 
loitfg.art^  au  ^u)et  du  B-Uuge  de  Scbvvartz- 
bourg  ,  que  ces  deux  Cantons  pofle- 
denc  en  commun  ;  chacun  d'eux 
s'y  inter-ffant  pour  fa  "  Religion, 
La  Doctrine  Evang.lique  y  avoic 
été  piêchée  ,  &  Ton  y  [a~J  étoit  di- 
vifé  îur  la  Religion  ;  les  uns  vou- 
lant recevoir  la  Réformation  ,  &c 
les  autres  la  rejectant.  Berne  en- 
voya des  Députez  aux  Paroiiïes  de 
SihvViiYtxbourg  &  de  Gougkuberg  > 
le  20.  d'A« -ut  3  pour  les  éxhorter  à 
la  Paix.  Et  comme  ces  Commu- 
naux z  dévoient  s'affembler  ,  pour 
régler  l'affaire  de  la  Religion  à  la 
pluralité  des  voix  ,  les  Députez 
eurent  ordre  de  convoquer  l'Affem- 
blée  ,  &;  de  leur  reprêfenter  : 
5,  Que  la  foi  étant  un  don  de  Dieu  , 
3>  on  ne  vouloit  contraindre  Per- 
5,  fonne  à  embraffer  la  Réforma- 
»  tion  :  Que .  néanmoins  comme 
5,  chaque  IVhgiftrat  Chrétien  eft 
3>  obligé  de  maintenir  fes  Sujets 
55  dans  la  vérité  >  ils  font  réïbluy  de 

MI***'*** 


deUSuiffi.  Liv.  VI.  443 
protéger  tous  ceux  de  leurs  Sujets  \  ^29. 
?)  des  Terres  médiates  5  qui  embraf-  schwaru 
„  feront  l'Evangile.  Leurs  Inftru- boLirs- 
ctions  poitoient  aufli  ,  Que  là  où 
la  pluralité  l'emportèrent  pour  l'E- 
vangile y  la  moindre  partie  devoir 
céder  ;  mais  Que  là  où  elle  Fem- 
porteroit  pour  Ja  Meffe  ,  LL.  EE. 
vouloient  protéger  les  Réformez  : 
Que  cependant  pour  éviter  toute 
contefbtion  ,  ils  veulent  bien  que 
les  Prêtres  y  célèbrent  la  Meffe  3 
pourvu  qu'ils  s'en  contentent  ,  & 
qu'ils  ne  piêchent  point  :  &  que 
l'on  prêche  toujours  la  Réformation 
avant  la  Méfie  :  Que  pour  le  refte 
il  devoit  êcre  défendu  à  chacun  fous 
de  certaines  peines  d'inquiéter  ou 
d'injurier  Perfonne  pour  fa  Reli- 
gion. Dans  cette  occafion  les  deux 
Paroiffes  ,  qu'on  vient  de  nommer a 
embrafférent  la  Réformation  ;  &c 
d'abord  la  Religion  Catholique  y 
fut  abolie.  Les  Fiibou  geois  vou- 
lurent s'y  oppofer  ,  ck  piétendi:ent 
que  du  moins  on  laiffât  fubfifter  le 
libre  exercice  de  la  Religion  Catho- 
lique. Pour  cet  effet  ils  envoiérenr 
des  Députez  à  Berne  ,  au  commen- 
cement de  Décembre  avec  ordre  de 
T  6  pouf- 


444  Hijloïre  de  la  Reformatiez 

1529.  pouffer  cette  affaire.  Les  Bernois 
leur  répondirent  ,  le  8.  du  même 
mois  (a)  „  £Vils  vouioicnt  lailïer 
?3  les  chofes  à  Scbvvartzbourg  &  à 
«  Gougkuberg  dans  l'état  où  elles 
3,  étoient  :  Que  par  conféquent  ils 
ne  permettroient  point  qu'on  cic 
«  la  Meffe  ,  ni  qu1  on  pratiquât  au- 
»,  cune  Cérémonie  Papiftique  dans 
5>  les  Temples  :  Que  cependant  ils 
3,  confentoient ,  en  faveur  des  fei- 
5>  bles  ,  qu'on  le  fît  à  Schvvartz- 
3,  bourg  dans  la  Chapelle  ,  6c  à 
>>  Gougkisberg  dans  le  Beinhaiis  5 
bien  entendu  que  cette  concefïion. 
ne  préjudicieroit  point  à  leurs 
droits  *, 

mines     IX.   Les  Bernois  continuèrent 
fhulari-  cette  année  (b)  a  réformer  diverfes 
^dans  Maifons   Religieufes.    Henri  Rouf 
jQfli   "  Abbé  de  Troub  traira  avec  eux  pour 
mille  gotildes  >   &  leur  remit  fon 
Couvent  ,  ck  les  Seigneurs  lui  don- 
nèrent des  Lettres  de  Rente  pour 

paye* 

(a)  Ibid.375. 

*  Il  eft  à  remarquer  ,  que  quoique 
Berne  Se  Friboiirg  poiledent  ce  Balliage  en 
commun  ,  cependant  par  un  ancien  Trai- 
té de  l'an  14^5.  Berne  y  a  vies  droits  plus' 
étendus  que  Fribourg  •  p.e.  les  ApptU ;  ft . 
portent  à  Berne  &  non  a  Fribourg. 

(fl  B.  Initr.  H.  Mfk  b. 


de  là  Smfe.  Lïv.  VI.  445 

payement,  le  16.  Juillet.  Le  8.  I  5  29> 
d'Août  (a)  ils  écrivirent  à  Rodo'f  de 
Benedictis  ,  Abbé  de  ï  Jsle  de  S.  Jean* 
près  de  Cerlier  ,  que  voyant  qu'il 
ctoit  extrêmement  endetté,  &  qu'il 
s'endetteit  tous  les  jours  ,  telle- 
ment que  fes  dettes  ruïncroient  un  - 
jour  ic  Couvent ,  ils  lui  ordonno- 
ient  de  fe  rendre  à  Berne  , 
k  Jeudi  fuivant ,  &:  d  avertir  fes 
Moines  d'envoyer  aufll  quelqu'un 
d'eux ,  pour  traiter  en  leur  nom. 
Ils  obéirent  5  £1  le  16.  du  même 
mois  >  ils  remirent  leur  Couvent 
\b~]  à  leurs  Seigneurs  avec  fes  biens 
&  fes  dettes  ,-  moyennant  cent  Ecus 
d'or  ,  qu'on  leur  donna  à  chacun. 
L'Abbé  neréfigna  que  le  3.  Septem- 
bre. Il  eut  pour  fa  portion  ,  \_c~\ 
deux  mille"  Ecus  d  Or  au  Soleil. 
Dans  le  même  tems  le  Prévôt  de 
Wangue  (d)  traita  au fli  avec  eux  ,  & 
leur  aiant  remis  fort  Abbaïe  ,  il  fe 
maria.  Jls  lui  firent ,  (  le  18.  Dé- 
cembre 3  )  une  penfion  viagère  pour 
lui ,  &:  pour  fa  Femme.  LL.  EE. 
donnèrent  aufli  [  le  22,  Octobre]  > 

|  1  Hài 

a  Lutin.  Aîi,f.  2.88. 
h  B.Inftr.  I.  p.l. 
c  Ibld.  p. 3. 

4  J*. 


446  Hijloire  de  la  Réfcrmation 

j^2Ç)'  à  la  Ville  cTArberg  [a]  toutes  les 
jyonn-  terres  &  les  revenus  attachez  à  la 
f/<?» faite  Meffe  de  Matines,  &  deux  Mai- 

d'^X'k  **ons  de  ^  ^ure  avec  ^eurs  rentes  i 
^fr^3     afin  d'employer  ces  revenus  à  l'en- 
tretien des  Pauvres.  Ils  eurent  auffi 

&  à  cel  ^°^n  ^C  recornPen^er  ceux  â'Under- 
îe  tCUnl  fevven  [fi]  ,  pour  la  fidélité  qu'ils 
derfe-     leur  avoient    témoigné    dans  la 
vvc/t,     guerre  des  Rebelles  ,  &  de  les  dé- 
dommager des  pertes  qu'ils  avoient 
fouffertes  de  la  part  des  troupes 
d'Undervvald  &  de  leurs  AiTociez. 
Pour  cet  effet  ils  leur  donnèrent  j 
[  le  12.  Décembre  ,  ]  des  biens  du 
Couvent  d'Interlaken. 

Dans  l'Automne  de  la  même  an- 
née ,  la  Réformation  fit  encore  des 
prog  és  en  divers  endroits  de  la 
Suiffe.  J'ai  déjà  parlé  ci-defTus  de 
ceux  qu'elle  avoit  fait  pendant  l'Eté 
dans  le  Comté  de  Bade.  Elle  n'en 
Ifcéfor-    demeura  pas  là  :  Au  mois  d'Ofto- 

de*"^"-  bre  3  Zur^  h  (0  gros  Bourg  fur  le 
%ach  &  Rhin  ,  célèbre  pour  fes  foires ,  em- 
autres    bi  affa  la  Réformation  ,  &  abolit  les 

Comté  *  Ima8es*  Trois  des  Chanoines  de 
de  Bad£  •  ÏBrj 

A  lb%  p.  il.  b. 

b   Ib.  p.  1  8- 

t  Yfrunà  t*d  PVidem. 

ç  Uotting.  475.  Scfflu 


de  la  Suffi.  Liv.  VI.  447 

TEglife    Collégiale   de  S.  Perene  >  I  52Ç, 
embraflérent  la  Réformarion.  Les 
autres  fe  retirèrent  à  Waldshout. 
Zurzach  fut  faivi  des  Villages  de 

Degkerfeld  ,  Dettingén  ,  Cadelbctvg 
&  Gebisiiorff.  Ce  dernier  (<*)  rci  on- 
ça  au  Papifme  ,  au  mois  de  No- 
vembre, &  recourut  au  Goiuer- 
neur  de  K  migsfc-ld  ,  pour  lui  de- 
mander un  Mmiftre  [  qu'il  obtint  ] 
psrceque  cette  Eglife  dépendoit  de 
Kunigsfeld  pour  la  Collature. 

La   Réformation  s'avança  au/fi  Suite  de 
dans  le  Thourgaw.    Rhynaw  ,  pe-  R«or* 
rite  ville  fur  le  Rhin  ,  avec  une  an-  SnS,Cj£ 
cienne  Abbaye  de  Bénédictins  ,  (b)  Thour- 
combattit  long-rems  pour  la  Ré-Zav,v- 

*      ■      •  B  l  .3  Rhy. 

formation  ,  avant  que  dy  parvenir.  navv 
L'Abbé  ,  Henri  de  Mandacb  >  s'y 
oppofa  vivement ,  &  fit  chiffer  les 
deux  Miniftres  oui  la  piê.hoient, 
ÎVlais  étant  venu  à  moiuir,  le^  Bourv 
geois  reprirenr  courage  ,  &  résolu- 
rent à  la  pluralité  dts  voix,  d'abolir 
la  Religion  Romaine  dar  s  leur  ville 
&  dans  l'Abbaïe  ,  &  brûlèrent  les 
Images  des  deux  Eglises.  La  Pâ-JT  f 
roifle  de  Gachnang  fit  auffi  la  même  nmg\ 

cho- 


a  MSC.  Groff, 
è  tiQttmg,  474, 


448  Hijloire  de  la  déformation 

l  529.  chofe.  A  cette  occafion  [a]  les  Can- 
tons 5  Seigneurs  du  Thourgïvv, 
refolurent  d'établir  un  Adminiftra- 
teur  fur  lès  Couvents  de  ce  Pays- 
là  ?  qui  font  en  grand  nombre.  Ils 
y  envoyé; ent  des  Députez,  pour 
vifiter  ces  Couvents  6c  ordonnèrent 
au  Secrétaire  Ballival ,  de  drefler  un 
Inventaire  de  tous  leurs  biens  &C 
leurs  titres  :  afin  que  les  Religieux 
&  les  Religieufes  rendilfent  compte 
toutes  les  années  au  Baillif ,  de 
leur  ad  niniftration.  La  plupart  de 
ces  Monaftères  s'oppofoient  de  tou- 
te lsiur  force  aux  progrès  de  la  Ré- 
foimation  :  mais  le  zélé  que  le 
Peuple  de  ce  Pays-  là  témoignoit 
pour  la  Réformation  >  furmontoit> 
tous  les  obftacles.  On  célébra  mê- 
Synode  me  je  IOt  Décembre  un  Synode  [£] 
Thour-  Provincial  à  Fravvenfeld  5  Capitale 
gaw.  du  Pays  ,  compofé  des  Miniftres  du 
Thourgavv.  On  y  invita  toutes 
les  Villes  &:  les  Pays  Réformez  du 
voifinage  ,  Zurich,  S.  Gai ,  Appen- 
zell,  le  Rheinthal ,  le  Tockebourg» 
&:  les  Sujets  de  i'Abbaye  de  S. Gai. 
L'Etat  de  Zurich  y  envoya  deux 

DcJ 

a  II.  47  v 

b  tymng.  479. 4B03 


de  la  Suffi.  L I  v.  VI.  449 

Députez  de  la  Magiftramre  ,  avec  | 
trois  Théologiens ,  Zuingle  ,  Pet- 
ite m  &:  CoUin  >  autrement  Am-Bu~ 
bel.  On  y  vie  Scbappeler  &  Zilli  , 
Pafteurs  de  S.  Gai ,  &:  Jean  Zvvïek^ 
de  Confiance  j  la  Noblefle  du 
Thourgivv  $  &  en  tout  500.  Ec* 
eléfiaftiques  ,  Pafteurs  >  Vicaires  & 
Chapelains.  Il  fut  permis  à  chacun 
d'y  parler  en  toute  liberté  ,  fur  la 
Doctrine  de  TEuchariftie.  On  y 
traita  auffi  de  l'Excommunication. 
On  y  conféra  avec  les  Anabâtiftes  , 
qu'on  y  avoir  auffi  invitez  ;  8c 
comme  le  Canton  d'Appenzell  y 
avoit  envoyé  les  Siens  ,  on  exami- 
na les  Aftes  d'une  Conférence  tenue 
à  Teuffen  avec  ces  Sectaires  >  &  on 
les  éclaira  fi  bien  ,  qu'on  en  gagna 
le  plus  grand  nombre.  Enfin  l'on 
y  examina  la  doctrine  Se  la  condui- 
te des  Eccléiiaftiques  ,  &  l'on  dé- 
pofa  plufieurs  Miniftres  ignorans. 
Par  tous  ces  endroits  ce  Synode 
produifit  un  grand  fruit  dans  l'Egli* 
fe  Réformée. 

Il  s'étoit  auffi  tenu  un  Synode  à 
Rhyne.k  dans  le  Rhinthal ,  quelque 
tems  auparavant  :  mais  je  n'en  ai 
pas  trouvé  les  Acles. 

X.Lcs 


450  Hidoire  de  la  BJformation 

Î529.  ^  Les-Catholiques  de  leur  côte 
ne  négligeoient  rien  ,  pour  foûtenir 
leur  Religion  chancellante.  Ils  em- 
pêchèrent la]  que  la  Bourgeoifie  de 
Aiomi  >  dans  le  Bailliage  libre  , 
n'embraflat  là  Réformation  ,  quoi- 
que le  plus  grand  nombre  des  voix 
portât  là.  On  dépouilla  un  hom- 
me ,  qui  débitoit  des  Livres  Evan- 
geliques  dans  le  Bailliage  de  Sargans. 
Et  de  tous  cotez  on  les  entendoit 
perpétuellement  faire  des  menaces 
contre  les  Réformez. 

Mais  ce  fut  particulièrement  à 
Héfor-  Soieurre  ,  qu'ils  rirent  les  plus  vio- 
tnttHon   }ens  efforts  ,  pour  y  érouffer  la  Ré- 
mencée  formation.    Elle  y  avoit  fait  des 
à  So-    prog/ès  confidé  ables  ,    depuis  la 
leurre  £)ifpute  de  Berne»  apparemment 
par  les  foins  de  Philippe  Grotz* 
de  Zoug  ,    Piédicatcur  Reformé  * 
qui  s'y  trouvoir.   La  divifîon  y  fut 
fort  vive  ce  re    ani  ée  ,  (b  )  parce 
que  les  deux  Partis  éroient  fv-rts,  ÔC 
l'on  ne  pouvoir  pas  piévoir  de  q«*el 
côté   la    vi£bû'e   toun  eroit.  Les 
Bourgeois  ôc  les  Savans  (c)  étoient 

pour 

M  u.  480. 

{b)  Stetl.  16.  b. 
(c)  fyttixg.  477. 


de  la  Suilfe.  Ll  V.  VL  45 1 

[pour  la  Réformation  j  mais  les 
[Grands  tk  les  Chanoines  de  1  Eglife  1 5 2  '  * 
[Collégiale  de  S.  Urfe  >  éccient  con- 
Itre.  Pendant  que  les  Reformez  étoi- 
lent  encore  en  petit  nombre  ,  on  [a] 
les  perfécuta  en  diverfts  manières , 
ou  par  la  prifon  3  ou  par  des  aman- 
ides  3  ou  par  le  banniffement.  Mais 
Inonobftanc  ces  mauvais  traitements^ 
[leur  nombre  ne  lairTa  pas  de  s'aug- 
menter j  Se  au  bout  de  quelque 
tems  ,  ils  trouvèrent  plus  de  faveur 
au  Confeil  ,  &  on  leur  permit  d'a- 
voir un  Miniftre  pour  leur  prêcher 
[librement  félon  la  pureté  de  l'E- 
(vangile.  Quelque  tems  après,  on 
ivcuiut  obliger  ce  rVJinifti  e  à  célé- Mvi/to» 
brer  la  Mdfe.  II  le  refufa,  &  fcsàcefu)et 
Auditeur*  l'appuyèrent,  Cetre  con- 
teftation  eau  fa  une  grande  rumeur 
dans  la  Ville.  L'Etat  de  Berne  en 
ayant  eu  [£]  avis  ,  y  envoya  prom- 
ptement  cinq  Dèpu  ez  du  Confeil, 
pour  y  mettre  la  Paix.  Zurich  y 
envoya  aufïi  les  fiens.  Le  Diman- 
che ip.  de  Septembre  ,  le  Grand 
Confeil  fut  arTemblé  ,  en  préfence 
de  ces  Députez,  &:  cent  Réformes 

tant 

U)  MSC  GrooJT, 

W  satlt  1,  c. 


4 S 2  Hijloire  delà  Rc 'formation 

H20.  tant  de  ce  Confeil  que  de  la  Bour- 
soLeur-  geoifjç  y  parurent  >  pour  demander 
liberté  de  confcience.  L'un  d'entr'- 
eux  ,  pailant  au  nom  de  tous  ,  fit 
un  beau  difeours  \  où  il  fc 
5,  plaignit  des  perfécutions  qu'on 
3,  leurs  avoir  faite>  \  tandis  qu'on 
s,  laifloic  impunis  les  crimes  &  la 
5,  paillardife  des  Prêtres.  Il  repré- 
3>  fenta  ,  que  nonobfta:  t  une  corïï 
duite  fi  duse  de  lcuis  Supérieurs^ 
33  les  déformez  leur  avoient  été 
3;  toujours  fournis  &  fidèles  j  & 
3,  qu'ils  le  vouloient  toujours  être; 
33  Mais  que  du  refle  il  n'éroit  pas 
3,  po/Tibie  au  Miniftre  >  [  q*  e  U 
5,  Co  ifeil  leur  avoir  accordé  ,  ]  de 
53  dire  la  Mette  ,  pu  if  qu'tlle  éroii 
p}  une  abomination  ;  Qu'ils  devoi- 
>3  ent  donc  è  coi  former  à  la  Ré- 
33  forn  arion  de  leurs  Alliez  Se  Corn- 
53  bourgeois  dt  Berne»  à  moins  que 
33  les  P.  êtres  ne  p  <rent  prouver  pai 
3,  1  Ecritur.  ,  &  la  IVkiTe  &  les  au- 
33  tre-.  céiémonies  Papales,  Q^e  s'i) 
33  le  faifoient  ,  ils  metti oient  Jeun 
33  biens  &  leur  vie  pour  les  foute* 
3;  nir  j  Que  fi  au  contraire  ils  ne  î< 

pou- 


M  MSC.  Grcof 


de  U  Saife.  L  r  v.  VI.  4)3 

»  pou  voient  pas  ;  ils  prioient  leu^s  j  >2Q. 
»  Seigneurs  de  arte~    &    d'abolir  soleu*- 
„  ro.iC;s  ces  abominations  ,  pour 
„  ne  retenir  que  la  pure  Parole  de 
>,  Die  . 

Les  Dépurez  de  Zurich  &  de 
Berne  appuyèrent  la  demande  des 
Réformez.  Us  repté&nrércfit  aux 
Magiftrats  ,  Que  cei>  gens-là  ne  de- 
mandoitnr  rien  de  déraifonnable  ; 
les  éxhor  érent  à  chercher  ce  qui 
pouvoir  contribuër  à  l'avancement 
de  la  gloire  de  Dieu  >  &  à  h  tran- 
quillité de  leur  Etat  }  &  leur  mi- 
rent devant  les  ye^x  les  bien*  qui 
leur  reviendrevent  >  s  ils  embr^flei- 
enc  la  Réform.'iti  n  avec  eux.  Ces 
deux  rcpré-cnraiinns  produifnent 
leur  effet.    Le  Grand  Confeil  accor-  Régie- 

la  Ces    d#UX     chofeS  :     lO.'C//^  \q  ment 

Mi  iftre  Réformé  ne   feroit^poinr  ^"^a 
obligé  de  diie  U  MelTe.  20.  Qui  dis  de  Coin- 
ce moment  on  publieroi:  dans  tou-  cience. 
te  retendue  de  leurs  Te  res  ,  un 
Edit  q  i   pe-nvr  roic  à    tous  les 
Pafteurs  des  Egli  es  de  piévher  la 
Parole  Êe  Dieu  purement  &  en  tou- 
te libéré,  no;  obftant  les  Edks  pié- 
tedens  contraires  à  cela. 

Ce 


454  Hifloire  de  la  Reformât  Ion 

l  529.     Ce  fut  un  bonheur  ,  que  [<]  les 

soLEim-  Députez  de  Zurich  >  de  Berne  & 

Régie-  de  Baie  fe  trouvér^nt-là  ,  pour  cal- 

ment  ^  mer  les  efprits  5  car  fans  eux  on  en 

pour  là  fcrojt  Venu  à  des  actes  de  violence; 
liberté  A        -  .  1 

de  conf-  cp1  auroient  pu  cauler  quelque  mai- 

cience.  fâcre. 

L'Edit  qui  accordoit  liberté  de 
confeience  fut  publié  ;  mais  il  ne 
fut  pas  capable  d'arrêter  le  zélé  fu- 
rieux des  Catholiques.  Ils  ne  cet 
férent  de  mal- traiter  les  Réformez, 
&  Ton  en  feroit  venu  à  un  tumul- 
te dangereux  ,  fi  les  Bernois  n'y 
eufllnt  promptement  envoyé  [  le 
25.  Novembre^  ]  4.  Députez  de 
Nou-  leur  Confeil ,   pour  [  b  ]  employer 

TtfuJles  ^eurs  k°ns  offices  ,  au  rétablifîement 
de  la  Paix.  Mais  à  peine  les  Dé- 
putez de  Berne  furent-ils  de  retour 
chez  eux  ,  que  les  Catholiques  re- 
commencèrent à  remuer.  Un  jour 
même  ils  en  vinrent  jufques-là,  que 
de  vouloir  attaquer  les  Réformez 
à  force  ouverte  5  &  dans  ce  defïein 
fermèrent  les  portes  de  la  Ville,  & 
pointèrent  le  Canon.  Les  Bernois 
l'ayant  fçu,  y  envoyèrent  inceflarr)- 

ment 

(4)  Stetl.  17,  a.  Rhm.  70p. 
(*j  stttL  17.  a. 


de  la  Suijfe.  Liv.  VI.  4S5 

ment  4.  Députez.    Le  Jeudi  [*]  2.  1  529. 
Décembre  ,   le  Grand  Confeil  fut  sol e u 
aflemblé  en  leur   préfence  3c   les  1 
Réformez  demandoient  juftice  con- 
tre leurs  Adverfaires  ,  qui  avoient 
violé  >  avec  tant  de  hauteur  ,  l'Edit 
qu'on  avoit  publié  ,  pour  accorder 
liberté   de  confeience  j  Se  dirent 
qu'ils  ne  vouloient  plus  fiéger  avec 
eux  dans  le  Confeil.     Là-delTus  il 
y  eut  une  grande  divifion  dans  TAf- 
femblée  5   quelques-uns  des  Magis- 
trats voulant  que  les  Catholiques  3 
Autheurs  de  ces  tumultes  5  fulTent 
Punis  ,  &c  les  autres  ne  le  voulant 
(pas.    Les  Députez  de  Berne  cffij- 
jtent  leur  médiation  aux  deux  Par- 
tis.  Les  Réformez  ,    pour  donner  . 
[à  leurs  Adverfaires  un  exemple  de 
modération  Chrétienne  3  fe  radou- 
cirent à  leur  égard  5  déclarèrent  qu'ils 
vouioient  bien  fe  délifter  de  la  de- 
mande qu'ils  faifoient  qu'on  les  pu- 
nît ,  leur  pardonner  2  &  fiéger  avec 
eux  dans  le  Confeil  ,  pourvû  qu'on 
ne  fît  rien  chiure  l'Evangile  :  Ce 
qui  leur  fut  promis.   Ainfi  la  déci- 
fion  fut  remife  au  lendemain  ;  8c 
ce  jour-là  étant  venu  ,  tout  fut  pa- 
cifié 

(*)  MSÇ.  Grooff% 


456  Hijlohe  de  la  Réformation 

ÎÎ^Ç-cifié.  Les  Magiftrats  de  Soleurre 
kl.  furent  fi  famfaits  des  foins  de 

du  calme 'eU'S  ^ons  ^]'  ez  ^e  ^erne»  Pour 
appaifer  1  s  troubles  qui  s'étoient 

élevez  au  milieu  d'eux  ,  qu'ils  leur 
envoyé' ent  des  Députez  quelques 
j  >urs  amès  ,  (  céto  t  le  10.  Déceml 
b  e)  potu  Icf s  en  remercier  f  lemnelle-  I 
n  e  n.  Il  fur  permis  de  nouveau  : 
à  Philippe  Grorz  ,  &  encore  (h)  à 
Un  autre  de  prêcher  aux  Réformez, 
&  pour  cet  effet  ,  on  y  appella 
une  féconde  fois  ,  un  excellent  Thé- 
ologien n^mn.é  Oiber  ,  qui  y  avoiç 
déjà  ptê  hé  auparavant.  Le  21  Dé- 
cembre le  Grand  Confeil  publia 
un  nouvel  Edit  ,  pour  établi  la 

^IJ,,  liberté  de  confeience  par  tour  le 
nouveau  y  »•  • 

pour  la  Canton  :  3>  D  autant ,  y  ai  oit-on  > 
liberté    n  qUÇ  h  p0j  eft  un  don  Ijbie  de  la 

tience^'  »  £nce  de  D,eu  3  Sl,e  Perfonne  ne 
„  peut  ni  donner  >  ni  ôter ,  ni  par 
„  conféquent  régler  avec  un  empi- 
„  reabfolu;  Çhe  l'Empire  de  la  con- 
?,  feience  n'appartient  qu'à  Dieu  , 
5,  pour  cette  cauie  on  permettoit  à 
5>  tous  les  Sujets  &  Habitans  du 
Canton  >   de  fuivre  la  Religion 

que 

{a)  Stettl.  te. 

(£)  Hotting.  477.  .478. 


I 


delaSmffe.  Liv.  VI.  457 

„  que  leur  confcierrce  leur  difteroit  \ 
>,  être  la  meilleure.  Ils  envoyèrent 
auifi  des  Députez  par  tout  le  Can- 
ton i  pour  exhorter  leurs  Sujets  à 
déclarer  librement  leurs  fcntimens 
fur  la  Religion  ;  S'ils  fouhaitoient 
de  garder  la  Meffe  ou  non.  Les 
Sujets  répondirent  j  Qu'ils  laif- 
5,  foient  à  leurs  Seigneurs ,  le  foin 
y)  de  décider  de  cette  affaire  j  per- 
>,  fuadez  ,  que  comme  de  bons 
„  Pérès  &  de  bons  Pafteurs  ,  ils 
»  ne  voudroient  leur  montrer  que 
,3  le  bon  chemin.  Ils  ne  furent  pas 
contens  de  cette  réponfe  j  ils  ren- 
voyèrent des  Députez  >   pour  en 

:  demander  une  plus  précile  j  Se  alors 
il  y  eut  34.  Paroifles  3  qui  fe  dé- 
clarèrent ouvertement  pour  la  Ré- 
formation  ,  ôc  10.  qui  furent  pour 
la  MeiTe. 

Les  Bernois  pofTédent  en  Haute 
Jurifdiclion  quelques  Villages  ,  le 
long  de  L'Are  ,  &  Soleurre  y  a  la 
Balte  Juftice.  Les  [a)  prémiers  y 
établirent  la  Réforniation  au  mois 

We  Juillet ,  fuivant  la  teneur  du  Trai- 
té de  paix.    Ils  y  envoyèrent  des 
Députez  j   pour  aifembler  les  Pa_ 
Tom.  II.  V  roik 

;a)  Ecrn.  Inth.  B.  525. 


458  Hijlolre  de  U  ^formation 

1  529.  fdiffieds  &  leur  faire  palier  à  la  plu- 
ralité des  /iîfffages  ,  s'ils  écoient 
réfolus  d'embraffer  la  Réformation> 
ou  de  la  rejetter.  Les  Députez 
eurent  ordre  d'aller  auparavant  à 
Soleurre  >  pour  communiquer  la 
chofe  aux  Magiftrats  >  parce  qu'ils 
ne  vouloient  pas  le  faire  à  leur 
infçu. 

GrI"     La  Réformation  avançoit  lente- 

SONS.  .    ,  T  ' 

ment  parmi  les   unions  excepte 
dans  \  Engadine.     Un  Moine  Italien 
[a]  prêcha  l'Evangile  dans  la  Vd- 
Teiline,    Il  fut  cité  pour  ce  fujet  par 
devant  les  Seigneurs  des  III.  Li- 
gues ,  affemblez  à  liantz  >  environ 
le  mi-Gai  ême  :  &  il  lui  fut  défen- 
,  du  de  prêcher  ,  Se  même  on  le  ban- 
nit de  la  Val-Telline.    Mais  un  des 
Seigneurs  Députez  le  prit  avec  lui , 
&  le  mena  dans  le  Pays  de  Pregbell; 
ou  PerghelL  :  De  là  il  fut  appelle 
par  un  Homme  de  confidération , 
Réfor-  dans  £  Engadine  ,  où  l'Evangile  n'a- 
dans      voit  point  encore  ete  annonce,  oa 
VEnga-    prédication    y    caufa   d'abord  un 
dine*      grand  tumulte  :   Cependant  tout 
s'y  termina  fans  qu'il  arrivât  aucun 
mal  à  perfonne-*    Enfin  ,  au  mois 

d'A- 


de  la  Suffi.  Liv.  VI.  459 

d'Avril,  les  Paroifllens  convinrent  à  1529» 
la  pluralité  des  voix  ,  qu'il  lui  fe- 
roit  permis  de  p  êcher.  Ainfi  il 
-prêcha  à  ceux-la  même  ,  qui  avo- 
ient  contribué  à  le  faire  exiler  :  Se 
la  Réformation  y  fît  de  grands 
progrès  en  peu  de  tems.  Il  n'en 
éroit  pas  de  même  dans  le  relie  du 
Pays  des  Grifons.  C'efr.  pour- 
quoi Dorffman  ,  Pafteur  Réformé  de 
Coire  >  fe  préfenta  de  nouveau , 
par  devant  les  Seigneurs  des  III.  Li- 
gues >  aflemblez  en  Juillet  , 
dans  cette  Ville -là,  pour  leur  de- 
mander une  nouvelle  Conférence 
de  Religion  ;  mais  il  ne  fut  pas 
écouté. 

XI.  Les  Proteftans  d'Allemagne  Occa- 
avoient  les  mêmes  combats  à  foâlfî°ns'^e 
tenir  de  la  part  des  Ca  holiques  ,  Ia  C  A 
que  les  Réformez  de  la  Suifle  ,  &  mar_ 
il  auroit  été  à  fouhaiter  ,  pour  Tin-  pojrg. 
térêt  des  uns  &  des  autres  ,  qu'ils 
euflent  été  étroirement  unis  enfem- 
:ble  ,  pour  rcfiller  à  leurs  ennemis 
communs.     La  Diète  de  l'Empire 
is'èrant  (./)  affcmbléeà  Spire  au  mois 
de  Mars  ,  J.s  Ça  Imliques  voulu- 
rent  y  faiic  palier  a  la  plui  alité  dcs 
V  2  fuL 
(*)  Sleidan  Lib.VI.  p. m.  171. 173. 


4  6  O  Hijloire  de  la  K^é for  mat  ion 

1 5  2Ç.  fuffrages   un  Décret,   qui  reftrai- 
Ow/è'-gnoit  la  Liberté  de  confcience  ,  ac- 
r*»<?«  de  corcJée  par  un  aucre  Décret  trois 
pourg.  ans  auparavant.    Les  Electeurs  de 
Saxe  &.  de  Brandebourg  ,  les  Ducs 
de   Lunebotirg  ,  le    Landgrave  de 
Hejfe  >  8c  ie  Prince  &Anhalt ,  rirent 
une  Proteftation  folennelle  contre 
ce  Décret ,  &  en  appellérent  à  l'Em- 
pereur ,  qui  étoit  alors  en  Efpagne, 
&  à  un  Concile  Libre.    Les  villes 
de  Strasbourg  ,   Nuremberg  ,    Ulm , 
Origine  Confiance  >    Reut lingue  y  Wtnfheim  > 
du  nom  Memmingue  ,  Lindavv  3  K'empten  , 
fjnrt0te'  Heitbrun,  Ifnj  \  mifftbourg  ,  Nord- 
lingue  &  &       ,  fe  joignirent  à  ces 
Princes  ,  &  flgnérent  leur  Protefta- 
tion  Se  leur  Appel  :  &:  c'eft  de  là, 
[  pour  Je  remarquer  ici  en  paflfant ,  ] 
qu'eft  venu  le  nom  de  Protestans, 
qu'on  a  donné  aux  Réformez. 

Les  Catholiques  avoient  travail- 
lé à  divifer  les  Proteftans  de  la  Sa- 
xe ,  d'avec  ceux  de  la  Haute  Alle- 
magne ,  parce  qu'ils  n'étoient  pas 
d'accord  entr'eux  fur  la  préfence 
réelle  du  Corps  du  Seigneur  dans 
l'Euchariftie  5  &  dans  ce  deiTein  ils 
avoient  fait  inférer  dans  leur  Dé- 
cret 3  ena'autres  chofes  >  Quon  ne 

recc- 


de  U  Suijfe.  L  i  v.  VI.     46 1 

recevroit  point  U  Doctrine  de  ceux,  1529. 
qui  enfeignoïent  touchant  U  S.  Cène  du 
Seigneur  3  autrement  qu'on  ne  fait  d.tns 
ï  EgiiÇe  >  favoir  dans  l'Eglife  Ro- 
maine j  où  l'on  enfeigne  la  préfen- 
ce  réelle.  Les  Princes  Se  les  Villes 
Evangeliques  connure.it  le  piège , 
&  le  réfutèrent ,  dans  leur  Prote- 
ftation  :  difant  :  ne  conve- 

5,  noir  point  de  faire  un  Décret  de 
,5  cette  nature  contre  ceux  qui  ne 
>>  croyoient  pas  la  préfence  réelle  , 
3,  puifquel'Edit  de  l'Empereur  n'en 

parloit  point  ,  ck  Que  d'ailleurs 
a  on  n'avoit  ni  cité  ni  entendu  les 
5>  défenfeurs  de  cette  doctrine  :  & 
5,  qu'il  faloit  bien  confidérer  mûre- 
3,  ment  combien  il  eft  contraire  à  la 
3,  juftice  &  à  l'équité  j  de  décréter 
35  quoi  que  ce  foit ,  dans  des  cho- 
3>  fes  de  cette  importance  ,  fans 

avoir  entendu  les  parties  inte- 
3,  reflees. 

Cependant  les  Théologiens  des 
deux  partis  Proteftans  s'écoient 
faits  réciproquement  une  guerre 
cruelle  dans  leurs  écrits  -,  &  l'ai- 
greur alloit  en  croisant  de  part  & 
d'autre  >  bien  loin   de  diminuer. 

V  1  II  y 


462  Hiftoire  de  la  Réformation 

I529.*l  y  W  a  voit  dans  l'Empire  diver- 
Confé.  fes  Perfonnes  de  mérite  ,  qui  voyo- 
rence  de  ient  avec  douleur  ,  qu'un  Sacrement 
four  g  ^taD**  Par  *e  Seigneur  3  pour  être 
un  Symbole  &  un  Inflrument  d'U- 
nion &  de  Concorde  entre  fes  Difci- 
ples  ,  fût  une  matière  3c  une  fource 
de  divifion  \  &  que  la  différence 
de  fenrimens  fur  ce  feul  article  fût 
un  ob.ftacle  à  l'entière  union  des  Ré- 
formez :  &  ils  fouhaitoient  qu'on 
pût   apporter  du  remède  à  un  fi 
grand  mal.    On  crut  qu'une  Con- 
férence entre  les  Théologiens  des 
deux  partis  pourroit  produire  un  fi 
bon  effet.     C'eft  pourquoi  Philip- 
pe   Landgrave   de  Heffe  ,  Prince 
d'un  rare  mérite  ,  &  d'une  grande 
pieté  ,  ayant  communiqué  la  choie 
à  fes  Alliez  3  &  follicité  les  SuiiTes 
à  contribuer  à  une  fi  bonne  œuvre  ; 
convoqua  une  AiTembléede  Théolo- 
giens à  Marpourg  ,  ville  de  fa  dé- 
pendance ,  pour  y  conférer  enfem- 
bleamiablement  &  en  Charité  Chré- 
tienne.   Zuïngle  de  Oecolampade  s'y 
rendirent  les  prémiers  ,  &:  en  paf- 
fant  à  Strasbourg  ils  pli  ent  avec 
eux  Martin  Bucer  3  &  Gafpar  He- 

d'ion 

(a)  Sleid,  L.6.  p. m.  I7f.  Lavât .  41» 


de  la  Suffi.  Lîv.  VI.  463 

d\on.  Après  eux  ,  y  arrivèrent  de  I  529. 
Saxe ,  Luther  ,  Mclanchthon  5  Jufie 
J 'on as  ;  de  Nuremberg  ,  André 
Ofiander  >  de  Halle  en  Souabe  3 
Jean  B  entius  >  8c  d'Augsbourg  > 
Etienne  AgrkoU. 

Luther  (.1)  ne  goûroit  point  le 
projet  d'une  telle  Conférence  8c 
le  1 3.  Juin.il  écrivit  au  Landgrave, 
Qu'il  k  ^rwf  ,  de  bien  examiner  fi 
une  telle  Conférence  feroit  mile  ou  in- 
utile :  put  [que  ,  difoit-il ,  les  Zuin- 
gliens  voudraient  a  peine  recov.noïtre 
leurs  Erreurs,  &  que  ,  quant  a  lui  , 
il  ne  pouvait  point  changer  de  fcmiment. 
Avec  de  femblables  difpofirions  ,  il 
avoit  raifon  de  croire  que  la  Con- 
férence feroit  inutile. 

Le  Landgrave  de  {b)  HelTe  vou-  Actes  de 
lut  qu'avant  que  de  conférer  en  pu-  cette 
plie  ,  Luther  conférât  en  particu- 
lier  avec  Oecoîampade  j  8c  Me- 
lanchthon  avec  Zuingle.  Cela  /e 
fît  le  Vendredi  1.  d'Oclobre ,  mais 
fans  fuccès.  C'eft  pourquoi  l'on 
en  vint  à  une  Conférence  publique  , 
qui  fe  tint  les  deux  jours  fuivanrs  > 
en  préfence  du  Landgrave  de  de 
V  4  tou- 

(a)  Sculi.  T. H.  p. m.  197% 
\k)  id.ib.  p.; 98. 


464  Hijloire  de  la  ^formation 
1529.  toutefa  Cour.  Luther  en  fit  l'ou- 
confé-  verture ,  &  d'abord  il  prétendit 
rence  de  qu'on  devoit  difputer  fur  toute  la 
Religion  Chrétienne,  aceufant  Zuin- 
gle  d  avoir  enieigne  diverfes  er- 
reurs 5  il  finit  fon  difeours ,  en 
proteftant  ,  Qu'il  sa  voit  ,  que, 
quant  a  lui ,  il  avoit  écrit  la  Feïiié  , 
fur  la  Dottrine  du  Sacrement ,  &  qu'il 
vouloit  perféverer  dans  ce  qu'il  avoit 
écrit.  Dès-là  il  n'y  avoit  plus  qu'à 
fouferire  aveuglément  à  fes  écrits  > 
&  à  dire  ivjis  *4>x  >  &  Amen.  Zuin- 
gle  lui  répondit  :  5,  Que  cette  Con- 
a,  férence  avoit  été  ordonnée  9  non 
3,  pas  pour  difputer  des  antres  Ar- 
5,  ticles  ,  mais  uniquement  de  1  Eu- 
5,  chariftie  >  Que  fi  Ton  pouvoit 
35  convenir  fur  ce  fujet ,  il  ne  refu- 
5>  feroit  pas  de  parler  auffi  des  au- 
3,  très  Doctrines.  Ainfl  Ton  en 
vint  à  la  difpute. 

Luther  ayant  obtenu  du  Land- 
grave la  permifllon  de  parler  le 
prémier ,  dit  d'abord  ,  (a)  qu'a- 
vant que  de  difputer  fur  l'article  de 
la  S.  Céne ,  il  faloit  difputer  far 
la  Divinité  de  Jésus -Christ  ,  fur 
fes  deux  Natures  ,  fur  le  Bat  ê  me  , 

fur 

[*]Sf*/mT,  H.  p.  m.  lie. 


de  USuife.  Liv.  VI.  465 

fur  la  Juftification  par  la  foi  ,  &  ^  S 29^ 
fur  quelques  autres  articles  5  puif- 
que  les  Théologiens  SuirTes  n'étoi- 
cnt  pas  d'accord  avec  les  Saxons 
fur  ces  matières.  Oecolampade  & 
Zuingle  lui  répondirent  l'un  &  l'au- 
tre »  »  ^w'ils  étoient  d'accord  avec 
„  lui  fur  ces  matières  ,  &  qu'ainfi 
„  l'on  n'avoit  à  difputer  que  fur 
>,  l'article  de  la  S.  Céne  5  d'autant 
plus  que  c'étoit  pour  ce  fujet  qu'on 
étoit  affemblé.  Luther  commença 
donc  la  Difpute  en  difant  ,  Qu'il 
ne  pouvoir  pas  s'éloigner  le  moins  du 
monde  du  fens  littéral  de  ces  paroles  , 
Ceci  est  mon  Corps  i  &  que  ceux 
qui  étoient  d'un  autre  fentiment  dé- 
voient alieguer  leurs  preuves,  CEco- 


lampade  dit ,   pour  prérniére  rai-j'o^11 
fon  >  »  Ou  on  ne  peut  pas  nier  qu'il  Umpade, 
»  n'y  ait  dans  l'Ecriture  diverfes  &  Rc- 
»  expreflions  figurées  ,  mêraphori-  ^Luther* 
«  ques  >  métonymiques  ,  &;  autres 
»  femblables  >  Que  ces  mots  Ceci 
eft  mon  Corps  peuvent  être  de  ce  nom- 
bre j  comme  quand  il  t(l  dit*  Jean 
est  Elie  y   La  piètre  étoit  Chnït  : 
Je  suis  le  Sep  :  La  jcmence  ett  U 
farole.    Luther  lui  ayant  accordé 
V  5  cela 


46  6  Hijloire  de  la  Réformation 

I  Ç29-  c  la  00  >  il  en  conclud  5  qu'il  fal- 
Cc  /v-  Ici:  aufli  prendre  ces  paroles  dans 
rence  de  un  fens  fîguré  j  par  la  raiion  que 
rouRG   JESUS' Christ  47*^*  rtjtfrl  (  Jean 
VI.  )       manducation   orale    de  [on 
Corps  ,  il  ne  fa  pas  par  conséquent  inû 
tïtuée  dam  la  Céne, ,  Luther  répon- 
dit à  cela  ,    n.Que  Jésus -Christ 
„  n'a  point  rejette  Ja  manducation 
„  oî  aie  de  (on  corps ,  mais  la  m*« 
>y  nïére  de  cette  manducation ,  fa- 
y>  voir,  une  mai.ducation  grofllére  , 
comme  quand  on  mange  de  la 
cruir  de  bœuf  &c.  CEcoIarrpade 
prit  de  là  occafîon  de  parler  d'une 
double  manière  d'entendre  les  pa- 
roles du  Seigneur,  3,  l'une  baffe  8c 
5,  charnelle ,  &    l'antre  fublhne  &C 
7>  Spirituelle  >  Que  c  à  à  la  fpiri- 
3,  tuelle  que  ie  Seigneur  veut  qu'on 
>,  s'attache.  Luther  répliqua,  Qu'on 
5,  ne  peut  ru  ne  doit  point  piendre 
,3  les  paroles  de  la  Céne  dans  un 
fens  fpirituel  feulement,  puifque 
,>  le  pardon  des   péchez  ,    la  vie 
éternelle  >    ék  le  Royaume  des 
5>  Cieux  font  attach:  z  par  la  Paro- 
5>  le  de  Dieu  à  ces  chofts  .  baiTes 
5>  &  charnelles  3  comme  elles  paroit 
9>  fent.  h 

(a)  Ici.  p.  217» 


de  la  Suiffe.  L  l  v.  VI.  467 

(Ecolampade  dit,  Que  le  pajïage  I  5^9* 
de  Jean  VI.  n  ordonne  que  lamanduca- 
tion  fpirituellc ,  à  quelle  fuffit  peur  le 
Jalut  >  foûtenant   Que  la  corporelle 
rieft  ni  commandée  ni  utile,   (a)  Lu- 
ther répondit  y  5j  QuA  ne  nioit  point 
yy  la  manducation  fpirituelle  j  bien 
„  loin  de  là:  qu'il  enfeignoit  qu'el- 
>3  le  eft  nécelTaiie  ,  Mais  qu'on  a 
„  tort  d'en  conduire  5  que  la  cor- 
»  porelle  foit  inutile  &  non  récef- 
»  faire  5  puifque  le  Seigneur  l'a  for- 
»  mellement  inftituée  ,  en  difant  , 
„  Faites  ceci  Sec.  Ôc  qu'il  eft  conf- 
yy  tant  5  que  fes  paroles  5  en  quel- 
>5  que  lieu  qu  elles  foyent  ,  font 
yy  les  paroles   de  la  vie  éternelle. 
SU  me  commandoit  ,  ajouta-t-il  ,  de 
manger  de    la  fiente  ?  je  le  ferois  , 
fâchant    que    cela    me    feroh  falu* 
taire. 

Zuingle   entrant   enfuite  (b)  en 
Difpute  avec  Luther ,  l'accufa  de  pré-  ÇifcourS 
juge,  lur  ce  qu  il  proteftoit  de  ne  gie  fa 
vouloir  point  changer  de  fentime.nt.  difpute 
11  aj  >ûta  y  55  Qtèïl  ne  vouloit  point  |^  f 
55  lui  parler  ~dui  ement  5  ni  fe  fou- 

venir  de  ce  qu'ils  pouvoient  avoir 
»  écrit  de  dur  l'un  contre  l'autre  ; 

V  6  qu'il 


468  Hïfîoire  de  U  déformation 

1529.  "  ^u'^  s'appliqueroic  uniquement  à 
ConfL   »  tirer  la  vérité  des  ténèbres  ,  au- 
rsnce  de  >y  tant  qu'il  lui  feroit  poflîble  y  Que 
'  îs1ar*     >,  quant  au  refte  on  ne  devoit  ac- 
„  cufer  perlonne  d  herefie  a  caulc 
5,  de  cette  différence  de  fentimens. 
Venant  enfuite  au  fait ,  il  dit  „  Que 
v  le  Seigneur  a  voulu  (  Je*»  VI.  ) 
?,  prévenir  Terreur  des  Juifs  fur  la 
>,  manducation  orale  de  fa  Chair  > 
d'où  il  concluoit ,  que  ces  paroles, 
La  Chair  ne  profite  de  rien  3  doivent 
être  rapportées  à  cette  manducation. 
craie. 

Luther  (a).  Cela  ne  fait  rien  con^ 
tre  moi  :  Cela  prouve  feulement , 
Qu'il  eft  inutile  de  manger  U  Ci?aïr  de 
Chrift  >  Ce  que  j'accorde  à  1  égard 
des  impies  >  &  quand  je  l'accorde- 
rois  aufli  à  l'égard  des  gens  de  bien, 
il  ne  s'enfuit  pas  que  le  Corps  de 
Jesus-Christ  ne  foit  pas  dans  la 
Céne  >  &  qu'il  en  faille  expliquer 
les  paroles  figurémenr., 

Zuingle  repréfenta  encore,  „  Que 
?,  puifqu'il  y  adiverfesexpreflions  H- 
»  guiées  dar  s  l'Ecriture  comme  p.e. 

La  Vaque  eft  le  pajïage  du  Seigneur  >  il 
„  faut  prendre  de  la  même  manière 

le& 

0)  U,  D.  2,1 9. 


de  la  Suffi  Liv.  VI.  469 

»  les  paroles  de  la  Céne  ,  comme  il  15^9 
y)  paroit  par  Jean  VI.  ou  la  mandu- 
„  cation  fpiiicuclle  eft  commandée  > 
»  6c  la  chamelle  rejettée.  Luther 
foûtint  que  les  autres  exprefTions 
figurées  de  l'Ecriture  ne  tirent  point 
à  confëquence  pour  ces  paroles  Ce- 
ci cft  mon  Corps  : Que  le  pafTage 
»  de  la  Pique  cft  une  Allégorie  y 
„  J^fc't!  reconnoiflcit  la  manducarion 
»  fpi rituelle  3  mais  qu'elle  n'exclud 
„  pas  la  corporelle. 

Après  midi  Zuinglc  rentrant  en 
Difpute  avec  Luther  >  le  preffa  par 
ces  quatre  raifons. 

I.  Que  Jesus-Christ  en  incul- 
quant la  manducarion  fpirituelle 
(  Jean  VI.  )  a  rejette  la  charnelles 
&  Que  Luther  lui-même  ,  dans  une 
+  Poftille  fur  le  Dimanche  de  la 
Septuagefime  avoit  expliqué  ces  pa- 
roles ,  la  Chair  ne  profite  de  rien,  non 
d'une  explication  chamelle >  *  mais  D,e.  c.Ar" 
de  la  chair  même  de  Jesus-Christ  ttllectn, 
(a)  de  que  Melanchton  avoit  aufïl 

écrit 

t  Les  Théologiens  Allemands  appellent 
Tojlilles  les  Sermons  qu'ils  compoienc  fur 
les  Sections  Dominicales  de  l'année. 

(*)  Id.  zi,o. 


470  Hijloire  de  la  déformation 

I  529-  écrit  fur  ce  partage  ,  *  Que  ce  n  eft 

&nf*~  ,  quë  fat  la  parole  qu'il  faut  manger 

Max!  ^  Jesus-Christ.  . 

P0L7RG.  .II.  .gf/e  les  Pérès  Orthodoxes  ont 
raporté  les  paroles  du  Seigneur  non 
à  la  viande  3  mais  à  la  Réfurrec- 
tion. 

III.  Que  Melanchton  dans  leur 
Conférence  particulière  avoit  avoué, 

que  les  paroles  ne  font  autre  cbofe  que 
fignifier  ;  d'où  il  s'enfuit  ,  que  le. 
Corps  du  Seigneur  ri  eft  pas  dans  le 
pain. 

IV.  Qu  i\  faut  nécelTairement  re- 
connoître  un  trope,  ou  expreiTion 
figurée  dans  les  paroles  du  Seigneur^ 
parce  que  les  Articles  du  Symbole 
I  exigent ,  Il  eft  monté  au  Ciel ,  il  eft 
ajfis  à  la  droite  du  Pére, 

Luther.  ï.  Il  ne  s'agit  point  ici 
de  ce  que  j'ai  écrit ,  ou  Melanch- 
ton :  Je  ne  veux  rien  foûrenir  ici 
que  ce  qui  s'accorde  avec  la  Paro- 
le de  Dieu.  Il  s'agit  de  prouver  que 
le  Corps  de  Jésus  Christ  ne  peut 
pas  être  dans  la  Céne* 

II.  Je  l'accorde  ,  mais  il  ne  fuit 
pas  de  là ,  que  la  Chair  de  Jésus- 

Christ 

*  Verbo  tantùm  Chrijîum  manducandun* 


dè  la  Suffi.  Ll  V.  VI.  471 

Christ  ne  foit  pas  une  viande,  ou  I  5 2 9^ 
qu'elle  loir  inurile, 

III.  Melanchton  a  dit  cela;  mais 
lors-quon  prononce  les  paroles  par 
]e  commandement  de  Dieu  ,  &  en 
fon  nom  5  alors  elles  ne  lignifient 
pas  feulement  ,  mais  aufli  elles 
font  Se  apportent  ce  qu  elles  ligni- 
fient. 

IV.  Pourquoi  (*)  ne  mettez-vous 
pas  un  trepe  ou  figure  dans  ces 
paroles.  A  eft  monté  au  Ciel  ,  plu- 
tôt que  dans  les  paroles  de  la  Cè- 
ne ? 

Zuingle.  C\(l  parce  qu'elles  n'en 
ont  p  s  befoin. 

Luther.  Ni  celles  de  la  Cène. 

Oeco.a:npade  vint  enfuitc.   I.  On 
obtient^  dit-il*  par  la  feule  régè-  le  2IjJ^ 
ncraJon  l'entrée  au  Royaume  des  te  ïoe- 
Cieux,  Jean  III. v. 3.  la  manducation  colampa- 
corporelle  du  Corps  de   Jésus-  -tJ^ 
Christ  eft  donc  inutile  pour  ce 
fujet. 

Luther.  Dieu  a  plufieurs  moyens 
en  main  pour  produire  &  augmen- 
ter en  nous  la  Foy -,  comme  l'Ouïe 
delà  Parole,  le  Batême  ,  la  Man- 
ducation  du  Corps  du  Seigneur. 

Ainfi . 

M  ti.  211, 


472  Hiflôire  de  U  T^éformatron 

1^29»  Ainfi  vôtre  conféquence  eft  mal  ti- 
Confi  rée.   Et  même  pour  cette  mandu- 
vence  de  cation  il  faut  un  homme  régénéré  , 
Mar-     qUj  croye  &r  puiffe  manger  vérita- 
biement. 

IL  Oecolampade.  Jhsus-Christ 
quitté  le  monde  5  il  s'en  eft  allé  au 
Pére.  Son  Corps  n'eft  donc  pas  dans 
le  Pain. 

Luther.  II  a  dit  (  Luc  XXIV.  ) 
Ce  font  là  les  paroles  que  je  vous  ai  di~ 
tes  >  lorfque  jétois  encore  avec  Fous  : 
ce  qui  donne  à  entendre  >  comment 
il  a  quitté  le  monde  (a). 

1 III.  Oecolampade.  Le  Dogme  de 
la  manducation  orale  du  Corps  de 
Chrift  eft  erroné  ,  parce  qu'il  dé- 
truit l'efpérance  de  nôt^  Réfurrec- 
tion  j  ce  qui  le  prouve  par  Rom. 
VIII.  Celui  qui  a  reffufcité  Je  s  us- 
Christ  d'entre  les  morts  Sec. 

Luther.  Bien  loin  que  cette  pré- 
fence  du  Corps  de  Jésus  -  Christ 
nous  ôte  cette'  efpérance  ,  qu'au 
contraire  elle  l'a  fortifie ,  puifque 
c'eft  une  parole  attachée  à  une  grâ- 
ce prornife.  Si  vous  croyez  la  chair 
de  Jesus-Ghrist  inutile  ,  à  vous 
permis.   Nous  avons  pour  nous  la 

Pa- 


delà  Suffi.  Liv.  VI.  473 

Parole  de  Dieu.  Le  Corps  du  Sei-  I 
gneur  doit  être  en  la  Cène ,  & 
nous  erre  donné  à  manger.  Mon 
Seigneur  Jesus-Christ  le  peut  fa- 
cilement puifqu' il  le  veut  j  il  la  dit, 
&  je  m'attacherai  conftamment  à  fes 
paroles  >  jufqu'à-ce  qu'il  m'ait  dit 
le  contraire  par  fa  Parole. 

IV.  Occolampade.  Un  véritable 
Corps  tel  que  celui  de  Jesus-Christ 
n'eft  qu'en  un  feul  lieu  à  la  fois. 

Luther.  C'eft  là  un  raifonnement 
Mathématique  ,  qui  n'a  poinr  lieu 
ici.  Il  faut  des  paffages  de  l'Ecri- 
ture. 

V.  Occolampade.  Il  eft  écrit  (  a  ) 
Matth.  XXVI.  Vom  aurez  toujours 
les  Pauvres  avec  vom  ,  mais  vous  ne 
m'aurez  pas  toujours.  Or  Jésus- 
Christ  eft  toûjours  préfent  &:  avec 
tous  les  fiens  félon  fa  Divinité  &c. 
Quand  donc  il  dit  ,  Qu'il  fera  ab- 
fent ,  cela  ne  peut  s'entendre  que 
félon  fon  Humanité.  Il  n'eft  donc 
pas  corporellement  dans  la  Céne. 

Luther.  Ce  raifonnement  cft  de 
tous  ceux  qu'on  a  alléguez  ,  celui 
qui  a  quelque  apparence  j  mais  fi 
ces  paroles  ne  s'accordent  pas  avec 

celles 

(*)  U.  223. 


474  Hifioire  de  la  Rè formation 

1529.  celles  ds  la  Céne,  pourquoi  n'y 
confé.  cherchez-vous  pas  une  figure  plutôt 
rencêàe  qUe  fans  celle  de  la  Céne  ?  Jésus- 

tovrc  ^HR1ST  n  a  voulu  dire  autre  chofe> 
finon  qu'il  ne  fera  plus  avec  nous 
d'une  manière  à  avoir  befoin  de 
nos  fervices  5  mais  qu'il  donneroit 
les  Pauvres  à  fa  place  ,  à  qui  nous 
pourrions  faire  du  bien  pour  l'amour 
de  lui  &c. 

VI.  Occolampade.  Si  Jesu!-Christ 
nous  3  donné  fon  Corps  ,  il  la 
donné  fans  doute  tel  qu'il  la  eu  j 
or  il  l'a  eu  pafTibie  3c  mortel  5  ce 
ft'eft  donc  pas  la  manducation  cor- 
porelle qui  eft  requife  3.  mais  la  fpi- 
rituelle, 

Luther.  C'eft  là  un  argument  tiré 
de  la  raifon.  La  Céne  me  propo- 
fè  un  Corps  utile  à  manger.  Mais 
s'il  eft  mortel  ou  paflfible  ,  [  chofes 
qui  font  des  accidens  ,  j  je  ne  m'en 
mets  non  plus  en  peine  ,  que  de 
favoir  quel  éroit  l'habit  de  Jesus- 
Christ  quand  il  fit  la  Céne. 

Zuingle  prit  ici  la  parole  (a).  Il 
eft  étonnant ,  dit  -il  à  Luther,  que 
vous  ne  voulut  reconnoître  aucun  tro- 
pe  dans  les  paroles  de  la  Céne  ,  &  ce- 

pen+., 

{a)  là. 


de  la  Sut fe.  Liv.  VI,    37 S 

fendant  vous  y  mettez  une  Synecdo-  1)29» 
che.  * 

Luther.   Cetre  figure  eft  fi  fré- 
quente non-feulement  dans  l'Ecritu- 
re ,  mais  auflî  dans  toutes  les  Lan- 
gues ,  que  nous  ne  pouvons  point 
nous  en  palier.    JEJle  a  lieu  p.  e. 
quand  ce  qui  contient,  n  aine  après 
I  foi  la  chofe  qu'il  contient ,  &  au 
|  contraire  \  comme  fi  un  Roi  dit  à 
fon  Serviteur,  Apporte  moi  monépée, 
il  entend  qu'il  lui  apporte  auffi  le 
fourreau  ,    quoiqu'il  ne  l'ait  pas 
•  ordonné  expreflemenr.    Il  en  eft 
t  de  même  du  Sacrement  où  il  eft 
i  appelle  pain  3  quoique  le  co:ps  y  foie 
,  aufli  fig  lifié  ,  8c  au  contraire. 

Zuïngle.  Si  le  corps  de  Jesus- 
t  Christ  eft  en  divers  lieux  ,  les  nô- 
i  très  feront  auiïi  en  plufieurs  lieux 
différens  tout  à  la  fois  >  après  la  Ré- 
funection  ;  puifqu'ils  doivent  erre 
rendus  conformes  à  fon  Corps  glo- 
rieux ,  Rom.  VIII..  Et  s'il  a  été 
fait  femblable  à^rous  à  tous  égards, 
à  la  referve  du  Pèche  ,  lorfqu'il  a 
été  trouvé  en  figure  d'homme , 
Phi.tp.  II.  &  que  nous  ne  pouvons 
pas  être  en  plufieurs  lieux  à  la  fois, 


4L 

476  Hifloire  de  la  T^é formation 
I529.  Jésus- Christ  ne  le  peut  pas  non 

Confé-  plus. 

rence  de  Luther.  Le  premier  raifonnement 
pourg.  ne  fet*  nen  *  ^â  Queftion  ,  puif 
qu'il  eft  tiré  de  l'accident  à  l'a  fub- 
ftance.  Et  quand  il  feroit  de  quel- 
que ufage  ,  il  ne  prouvèrent  (a)  au- 
tre choie  ,  fmon  que  la  forme  de 
nos  corps  fera  fen  blable  à  celle  du 
•  Corps  de  Jesus-Christ  :  &  il  ne 
s'en  fuit  point  nécelTairement  que 
nous  devions  erre  femblables  à  Ion 
Corps  en  puifTance  ,  à  moins  que 
Dieu  n'en  voulût  difpenfer  par  une 
réfoiution  &  d'une  manière  particu- 
lière. Le  fécond  argument  ne  prou- 
ve pas  mieux  ,  puifqu'il  conclud 
pareillement  de  l'accident  à  la  fub- 
ftance.  Vous  pourriez  conclurre  de 
la  même  manière  ,  qu'il  a  eu  une 
femme  ,  qu'il  a  eu  les  yeux  noirs  , 
parce  que  être  dans  le  lieu  eft  un  ac- 
cident. 

Enfin  Luther  proférant  ces  mots 
de  la  Céne  ,  Hoc  est  Corpus 
meum  5  s'écria  comme  par  une  fail- 
lie ,  Mes  très-cher  s  Mefficurs  ,  puis- 
que voila,  les  paroles  de  mon  Seigneur 
Jji  s  u  s  -Christ,    Ceci  eft  mon 

corps 

00  hl.Zif. 


de  la  Suffi.  L I  v.  VI.  477 

corps  :  en  vérité  je  ne  p\ï>  point  m'en  I 
départir  9    mais  il  faut  que  je  confejfe 
&  que  je  croye  que  le  Corps  de  Je  s  u  s- 
Christ  eft  la. 

Zuingle.  Et  bien  !  Monfîeur  le 
Docteur  ,  vous  mettez  donc  le 
Corps  de  Je_us-Christ  localement 
dans  la  Céne  :  car  vous  dites  >  Il 
faut  que  le  Corps  de  Jesus-Christ 
foit  là.  La  {ïbi)  eft  un  adverbe  de 
lieu. 

Luther,  J'ai  rapporté  tout  Am- 
plement les  paroles  de  Je  s  us- 
Christ  &  je  n'ai  penfé  à  rien 
moins  qu'à  ces  fortes  de  fuiprifes. 
Mais  puifque  vous  voilez  ainfi  a- 
gir  captieuferrent  ,  je  protefte  con- 
tre cela  ,  comme  j'ai  déjà  fait  j  je 
neveux  rien  avoir  à  faire  avec  les 
raifonnemens  Mahématique<.  ,  ain- 
fi je  rejette  du  texte  de  la  Céne  l'ad- 
verbe M  >  La  :  car  le  Seigneur  a 
dit  ,  Ceci  [  &  non  pas  là  ]  eft  mon 
Corps.  Si  ce  Corps  eft  d.ins  un  lieii 
ou  hors  d'un  lieu  ,  j'aime  mieux 
l'ignorer  que  le  favoir  :  puifque 
Dieu  ne  l'a  point  encore  révélé , 
&  qu'aucun  Homme  au  monde  no 
peut  le  prouver. 

Ain- 


478  Hiftoire  de  la  déformation 

Î  529.     Ainfi  finit  la  Conférence  du  Sa- 

Confé-  mccli. 
renée  de  Le  Dimanche  matin  (a)  Zuingle 
fouKG  ^  Luther  difputérent  de  nouveau 
eniemble.  Zuingle  prefTa  ce  raifon- 
nement  le  Corps  de  Jesus-Christ  eji 
fini.  Il  eji  donc  dans  un  lieu.  Luther 
rejetta  de  nouveau  les  raifbnnemens 
Mathématiques  ,  recourant  à  la 
Toute-puiffance  de  Dieu. 

Zuingle.  Du  pouvoir  à  l'être  il  n'y 
a  point  de  conféquence.  Il  faut 
prouver  qu'un  Corps  eft  en  divers 
lieux  à  la  fois. 

Luther.  Je  l'ai  déjà  fouvent  prou- 
vé par  ces  paroles  >  Ceci  eji  ?nen 
Corps. 

Zuingle  reprocha  à  Luther  3  qu'il 
tomboit  toujours  dans  une  pétition 
de  principe  3  &  il  prouva  par  un 
paffage  de  Fulgence  ,  que  çà  été 
auffi  le  fentiment  de  l'Antiquité  ; 
Que  le  Corps  de  Jésus -Christ  efi 
dans  un  feul  lien* 

Luther  éluda  le  témoignage  de 
Fulgence  ,  en  difant  que  cet  Au- 
theur  n'y  paile  pas  de  1 .1  Céne  ,  8c 
revint  à  fon  grand  cheval  de  ba- 
taille :  difant ,  Le  Corps  de  Je  s  us- 
Christ 

(a)  Id.116. 


de  la  Suiffe.  L I  v.  VI.  479 
Christ  peut  être  en  pluficurs  lieux , 
car  il  dit  ,  Ceci  eft  mon  Corps  :  il 
ejî  donc  la  dans  le  pain. 

Zuingle.  S'il  eft  la  dans  le  pain  3 
il  eft  donc  la  comme  dans  un  lieu. 

Luther.  Qu'il  foit  dans  un  lieu  , 
qu'il  n'y  foit  pas  3  j'en  laifle  le  foin 
à  Dieu.  Il  a  dit  ,  Ceci  eft  mon  Corps  ; 
Cela  me  fuffit. 

Zuingle.  (a)  Vous  retombez  tou- 
jours dans  une  pétition  de  principe  ; 
vous  fuppofez  ce  qui  eft  en  queftion. 
C  eft  tout  de  même  que  fi  quelqu'un 
difoit ,  Quand  Jesus-Christ  a  die 
fur  la  Croix  à  Marie  fa  Mére  >  par- 
lant de  S.  Jean  ,  Voila  votre  fils  ,  ces 
paroles  font  de  la  dernière  clarté  ; 
quoique  S.  Jean  ne  fut  pas  le  propre 
fils  de  Marie.  Il  faut  répondre  à  la 
Queftion  >  Si  le  Corps  de  Jes us- 
Christ  eft  dans  un  lieu. 

Jean  Brentnis  ,  Théologien  de 
Hall  en  Souabe ,  répondit.  Qu'il  ejl 
dans  un  lieu.  Zuingle  lut  à  cet:e  oc- 
cafion  les  paroles  de  S.  Auguftin  à 
Dardanus  ,  où  il  dit ,  Qu'un  Corps 
ne  peut  pas  être  un  corps  ,  s'il  ntft  pas 
dans  un  lieu.  Luther  lépondit  ,  com- 
me au  paflage  de  FuJgence  >  i^ue  S. 

Au- 


480  Hiftoire  de  la  BJ format ion 

1  529»  Auguftin  ne  parle  pas  là  de  la  Ce* 
Confe  ne }  ^  ^  avoua  ,  que  le  Corps  de 

rence  de   T  ^  ,  a  ,        ,  „ 

Mar.  Jésus  -  Christ  neft  pas  dans  le  Sa- 
pourg.  crement  comme  dans  un  lieu.  Oeco- 
lampade prie  droit  fur  cet  aveu  ,  & 
en  concl  ï-  j  Que  le  Corps  de  Jé- 
sus Chri  t  n'tlt  pas  là  corporelle- 
ment  ÔC  réellement  puifque  c'eft 
une  propriété  des  Corps  d'être  dans 
un  lieu. 

Après  dîné  Oecolampade  répéta 
l'aveu  que  Luther  avoir  fait  le  ma- 
tin ,  Que  le  Corps  de  Je>us-Christ 
neft  pas  dans  le  Sacrement  comme  dans 
un  lieu  ,  Se  le  pria  le  plus  civile- 
ment qu'il  étoit  poflible  de  mettre  à 
quartier  toute  chicane  &  de  dé- 
clarer 5  Comment  le  Corps  de  Jesus- 
Christ  efi  dans  le  Sacrement  ?  On 
lût  encore  alors  les  partages  de  S. 
Auguftin  &  de  Fulgence. 

Luther.  Ceft  en  vain  que  vous 
me  preffez  ,  je  ne  m'avancerai  pas 
davantage.  Vous  avez  S.  Auguftin 
&  Fulgence  pour  vous  j  mais  les 
autres  Pérès  font  de  nôtre  côté  (  ?)• 

Oecolampade.  Nous  fouhaitom 
d'entendre  aufli  ces  Péresjcar  ils  font 
pour  Nous. 

Lu* 

l»  Id,  218. 


de  la  Suffi  Liv.  VI.  48 r 

Luther.  Nous  ne  vous  les  nom-  IJ29» 
nierons  pas.  Les  paroles  du  Sei- 
gneur nous  fanaient.  Quand  S.  Au- 
guftin  a  écrie  fur  ce  fujet  ,  il  éroit 
encore  jeune ,  Se  il  a  écrie  d'une 
manière  embrouillée. 

OecoUmpade.  Si  nous  citons  les 
Pérès ,  ce  neft  pas  pour  foûtenir 
noire  fentiment  par  leur  authorité  ; 
mais  feulement  pour  faire  voir  que 
c'eft  à  tort  qu'on  nous  accu/ê  d'être 
des  Novateurs. 

Enfiite  Oecolampade  cita  un  au- 
tre paflage  de  S.  Auguftin ,  pour 
montrer  que  Jesus-Christ  a  eu  un 
Corps  >  qui  a  dû  être  dans  un  lieu 
occ. 

Luther.  J'ai  déji  répondu  à  ces 
fortes  de  raifonnemens  ;  fi  vous  en 
avez  de  plus  fjrts  >  pro  iuifez-les  : 
Ces  raifonnemens  ne  peuvent  pas 
me  faire  dévoyer  des  parohs  de  la 
Céne. 

Oecolampade.  Si  ces  raifonnemens 
ne  vous  frapent  point  ,  ce  feroit 
en  vain  qu'on  vous  citeroit  les  dis- 
cours de  mille  Pérès.  Ainfi  il  me 
paroit  qu'il  vaut  mieux  quitter  la 
Difpute. 

Luther  éxhorta  Zuingle  &  Oeco- 
Tom%  //.  X  lampa* 


482  Hifloire  de  la  déformation 
1  $29.  lampade ,  à  l'amour  de  Ja  Goncor- 

rtnce^lè  ^  '  ^  *  entrer  ^aîlS         fennrnerlt , 

Ma*-  6  °lui  ^roit  fondé  >  difoit-il,  fur  la 

i'ouRG  claire  Parole  de  Dieu. 

Zuingle  >  Oecolampade  &  Bucer 
de  leur  côté  protégèrent  devant 
toute  l'Affemblée  ,  One  Luther  n'a- 
voit  point  défendu  fon  fentiment 
par  la  Parole  de  Dieu  :  Ou  on  lui 
avoit  montré  clairement  fon  erreur 
par  la  Parole  de  Dieu  &;  par  des 
paffages  des  Pérès. 

Telle  fut  la  fin  de  cette  Conféren- 
ce (a).  Elle  auroit  duré  plus  long- 
tems  >  &  félon  le  fentiment  de 
quelques  Perfonnes  ,  elle  ne  fe  fe- 
roit  pas  terminée  fans  fruit ,  fi  mal- 
heureufement  elle  n'eut  été  rompue 
par  un  accident  imprévu  &  des  plus 
fâcheux.  Une  maladie  horrible  & 
contagieufe  ,  d'une  cfpéce  toute 
Sueur  nouvelle   &c    jufqu'alors   inouïe  , 

Angloi-  (  nommée  la  Sueur  Anglotfe  >  parce 

*e»  qu'elle  avoit  commencé  en  Angle- 
terre ,  )  fit  un  ravage  incroyable 
dans  la  Haute  &  Baffe  Allemagne  , 
8c  fe  fit  fentir  à  Marpourg  >  dans  le 
tems  de  cette  Conférence  {b).  Ainfî 

cha- 


(a)  U.  219. 

\0)  Sleidan  Lib.cit.p.m.176.  Scult.ÏA. 


delà  SuiJJe.  Liv.  VI.  483 

chacun  ne  penfà  qu'à  fe  retirer  chez  I  S  29* 
foi.  Cependant  afin  qu'il  ne  parût 
pas  que  1  s  Théologiens  des  deux 
partis  furTenc  auiïl  éloignez  les  uns 
des  autres ,  comme  on  Tauroit  pû 
croire  >  &  que  cette  Conférence  eut 
été  tenuë  inutilement  j  ils  dreflerent 
une  petite  Confefîlon  de  foy  (<*-)> 
conçuë  en  XV.  Anicles  ?  qu'iL  li- 
gneront de  part  &  d'autre,  le  3. 
cTOctobie.  Je  la  raporterai  ici  tou- 
te entière  : 

I.  Nous  croyons  &  penfons  unani-  Confefio 
mément  de  paît  &  (T attire  >  qu'il  y  a^e  &i  fi. 
un  feul  vrai  Dieu  de  native  ,  Créateur  j^j^x 
de  tout  £  Uni  vers  ,  unique  en  ejfcnce  y  partis. 
&  triple  m  perfonnes  ,  [avoir  ,  Pére  > 

Fils  &  S.  Efyrit  >•  comme  il  à  été  en- 
feigne  dans  le  Concile  de  Nicée  ,  & 
félon  le  Symbole  de  Nicée  qui  es!  reçu 
par  toute  l 'Eglife  Chrétienne. 

II.  Nous  croyons  que  ,  non  le  Pére , 
ni  le  S.  t'Jpïit  ,  mais  le  Fils  de  Dieu  le 
Pére  y  vrai  Dieu  3  s'eft  fait  homme  , 
par  l'Opération  du  S.  Efprit ,  fans  au- 
cune cohabitation  d'homme  ;  qu'il  e(t 
né  de  la  S.  Plerge  Maue  ,  félon  la 
Chair  3  parfait  en  corps  &  en  ame , 

X  2  fem- 
[*]  ScultAx.p  119. 


484  H ifloire  de  la  déformation 

1  529»  fnnbUkls  aux  autres  hommes  3  fans  au* 

Confes  cun  péché, 

sion  de  jxi.  Que  Tesus-Christ  ce  Fils  de 
pour  t.  Bïeu  &  de  Marie  ,  fans  divifion  de 
perfonne  >  a  été  crucifié  four  nous ,  a 
été  mis  a  mort  ,  &  enfevèli  ,  qu  il  e(i 
rejfufcitê  des  morts  5  qu'il  eji  monté  au 
Ciel  ,  qu  'il  eji  affis  a  la  dextre  de 
Dieu  ,  étant  Seigneur  de  toutes  les 
Créatures  ■>  &  qu'il  doit  venir  pour  ju- 
ger les  vivans  &  les  morts. 

IV.  Nous  croyons  que  le  Péché  ori- 
ginel y  qui  a  été  propage  d'Adam  juf- 
qua  nous  par  la  génération  charnelle, 
eji  un  tel  péché  ;  qu'il  foûmet  tous  les 
hommes  a  la  condamnation  ,  &  que  , 
fi  Jesus-Christ  ne  nous  eut  fecourm 
par  fa  mort  ,  &  par  fa  vie ,  il  nom 
y  auroit  falu  mourir  de  la  mort  étemel- 
le ?  &  nous  n  aurions  jamais  pu  par- 
venir au  Royaume  de  Dieu  &  a  la  Fé- 

.  Ikitê  éternelle. 

V.  Nous  croyons  ,  que  nous  fommes 
rachetez  &  délivrez  du  Péché  originel 
&  de  tous  les  autres  péchez  >  &  de  U 
mort  éternelle  ,  lorfque  nous  croyons  au 
Fils  de  Lieu  mort  pour  nous  :  &  que 
fans  cette  Fcy  nous  ne  pouvons  être  dé- 
livrez d'aucun  péché  >  par  aucune  œu- 
vre j  ou  Ordre  &c. 

Vl.Oue 


de  la  Sttijfe.  Liv.  VI.  4S5 

VI.  Que  cette  Foy  eft  un  don  de  1529- 
Dïeu  >  lequel  nous  ri  obtenons  par  au- 
cunes œuvres  ou  mérites ,    qui  ayent 
précédé  3  &  que  nous  ne  pouvons  point 

avoir  par  nos  propres  forces.  A-fax  le 
S.  Ejprit ,  fait  &  produit  la  Foi  dans 
nos  Cœurs  ,  ou  &  quand  il  veut  ,  ierf- 
que  nous  écoutons  F  Evangile  ou  la  pa- 
role de  Jesus-Christ. 

VII.  Nous  croyons  que  cette  Foy 
eft  nôtre  Juftice  devant  Dieu  ,  à  cau< 
fe  de  laquelle  Dieu  nous  repute  juftes  , 
Gens  de  bien  &  Saints  ,  fans  aucunes 
œuvres  &  mérites  de  natte  pan  , 
que  par  cette  Foy  il  nous  délivre  du  Pé- 
ché ,  de  la  Ài/ort  ,  de  £ Enfer  >  nous 
reçoit  en  grâce  ,  &  nous  fauve  pour  fa- 
mour  de  \on  Fils  en  qui  nom  croyons  3 
&  que  par  cette  Foy  nous  fommes  faits 
partiiipans  de  tous  les  bénéfices  ,  de 
Jesus-Christ  ,  de  fa  Juftice  &  de 
fa  vie  :  Cefl  pourquoi  nous  condam- 
nons tout  le  Monachar  &  les  Vœux  , 
lorfquon  croit  qu'ils  font  utiles  pour  It 
falut. 

VIII.  Nous  croyons  que  le  S. F '/prit , 
(  a  parler  de  la  voye  ordinaire  ,  )  71  ac- 
corde a  perfonne  cette  Foy  &  fou  don  , 
fans  que  la  Parole  ait  été  f fichée \  ou 
que  C  Evangile  de  Jlsvs  -  Christ  ait 

X  3  été 


486  Hijloiredela  déformation 

1529.       connu  :  mais  il  opère  &  produit  U 
Confes  Foy  Par  &   *vk  1*  parole  prêchée  , 
sion  de  quand  &  dans  ceux   qu'il  lui  plaît , 
Rom.  X. 

pourg.  ^  Baptême  efl  un  Sacre- 

ment inflitué  de  D'un,  pour  produire 
&  fccller  cette  Foy  :  Et  d'autant  que 
ce  commandement  de  I)ieu  ,  Allez  & 
Bâtifez  5  &  cette  promejfe  de  Dieu  , 
Qui  aura  crû  >  8cc.  eft  enfermée  dans 
le  Baptême  :  il  n'efl  pas  un  fimple  Si- 
gne  ou  marque  de  la  profejfion  Chré- 
tienne ,  -mais  il  eft  un  figne  &  une  œu„ 
vre  de  Dieu,  qui  requiert  de  notie 
coté  la  Foy  ,  par  laquelle  nous  fommes 
tégénerez. 

X.  Que  cette  Foy  ,  par  F  efficace  du 
S.  Efprit  y  après  que  par  elle  nous  avons 
été  jufti fiez  &  fanclifiez  >  opère  par 
nous  les  bonnes  œuvres  ,  /avoir  l'amour 
du  Prochain  ,  l'Invocation  de  Dieu  > 
&  la  Patience  dans  la  Croix, 

XI.  Que  la  Confejfion  ,  ou  la  de- 
mande de  Confeil  &  d'abfolution  ,  que 
l'on  fait  à  [on  Pajleur  3  ou  a  [on  Pro- 
chain y  quoiqu'elle  ne  doive  point 
être  forcée  5  mais  libre  ,  eft  cependant 
trez  utile  &  digne  d'être  éprouvée,  pour 
les  Confiances  trift  es  &  affligées  ,  ou 
tombées  dans  les  péchez  ou  dans  ïer- 

rcur, 


de  la  Suiffc.  Liv.  VI.  487 

reur  ,  principalement  à  caufe  de  l'ab-  \ 
folution  ou  confolaùm  de  C  Evangile  , 
Usuelle  efl  la  vraje  Abfjlucion. 

XII.  Que  les  Magiftr attires, les  Loix 
civiles,  Us  Jugcmens  &  les  Ordonnant 
cespoliti]'ies3en  quelques  lieux qu on  les 
trouveront  un  ordre  bon  &  légitime;  & 
ne  font  point  défendus  3  comme  quelques 
Papisles  &  Anabatiftts  le  crojent  & 
ï enseignent  :  Max  que  le  Chrétien , 
qui  efi  appelle  a  la  Magiftrature  par 
élection  ou  par  fa  N.iifiance  ,  peut  bien 
être  fauvé par  lafoy  en  Jésus-Christ^ 
Qi^il  en  eft  de  cela  ,  tout  comme  de 
r Etat  du  Aîariage  ,  de  celui  d'un  Pè- 
re &  d'uie  Mérc ,  d'un  Maître  ou 
d'une  Alaitrejle  dcc. 

XIII.  Les  Traditions  3  comme  ou 
les  appelle  ou  les  Ordonnances  Ec- 
cléfiaftiques  ,  faites  par  les  hommes , 
fi  elles  ne  font  pas  manifeftemrnt  oppo- 
fées  a  la  Parole  de  Dieu  ,  peuvent 
être  librement  gardées  ou  omifes  ,  fé- 
lon que  font  les  hommes  ,  avec  lefquels 
nous  nous  trouvons  ;  enforte  que  nous 
évitions  les  Jcandales  non  nécejf.iires  , 
&  que  no  us  travaillions  a  entretenir  la 
Paix.  Mais  la  Défenfe  du  Mariage 
des  Eccléfiafliques  eft  une  Doctrine  des 
Diables. 

X  4  XIV, 


488  Hiftoire  de  la  Réformatio/( 

1529.  XIV.  Quant  a  la  Cene  de  Notre 
Confes  Seigneur  Jésus- Christ  ,  Nous  éro- 
sion de yons  tous  ,  éJ  fommes  de  ce  fentiment  > 

^çottrg  Qrfiï  faut  falre  fom  les  deux  efpèctsy 
félon  [on  Inftitution,  Que  la  MefTe 
neft  point  une  œuvre  ,  par  laquelle  on 
puiffe  obtenir  la  grâce  a  un  autre  hom- 
me ,  [oit  mort  ,  [oit  vivant  :  Que 
le  Sacrement  de  ï 'Autel  esl  le  Sacre- 
ment du  vrai  Corps  &  du  Sang  de 
Jesus-Christ  5  &  que  la  mandu- 
cation  fpirituelle  de  ce  Corps  &  de 
ce  Sarg  ,  esl  princi paiement  nécef- 
faire  a  chaque  Chrétien . 

XV.  Pareillement  a  l'égard  de  IV 
fage  du  Sacrement  3  Nous  fommes 
d'accord  j  Qu'il  a  été  donné  &  or- 
donné de  Dieu  ,  comme  la  Parole  > 
pour  exciter  les  Confciences  infirmes  a 
la  Foy  &  a  la  Charité ,  par  le  S, 
bfprit. 

Enfin  quoique  nous  n'ayons  point 
été  préfentement  d'accord  ,  fur  la  Que- 
ftion  y  Si  le  vrai  Corps  &  le  Sang 
du  Seigneur  eft  préfent  corporelle-, 
men:  dans  le  pain  8c  dans  le  vin  de 
la  Céne  ?  Cependant  chaque  partie 
témoignera  de  la  Charité  Chrétienne  a 
l'autre  ,  autant  que  fa  Confcien- 
ce  s'y  accordera  >  &  l'une  &  l'au- 
tre 


de  la  Suffi.  Liv.  VI.  489 
tre  partie  priera  Dieu  ardemment  ,  de  [ 
nous  conduire  dans  la  véritable  Doctri- 
ne par  {on  Efprit.  Amen. 

Signé  ,  Martin  Luther  ,  Phi- 
lippe  Melanchton  ,  Jufte  Jonas  > 
André  Osiander  ,  Jean  Brenttus, 
&  Etienne  Agricola  :  puis  nos 
Théologiens  5  Jean  Oecolampa- 
de  ,  Ulrich  Zuingle  ,  Alartin  Bu- 
cer  &  Gafpar  Hedion. 

On  voir  à  Zurich  un  des  Exem- 
plaires Originaux  de  cette  Confef- 
fion  >  où  Oecolampade  ,  Zuingle  & 
leurs  deux  Collègues  font  fignez 
les  premiers  ,  &  enfuite  Luther 
avec  Tes  Partifans  ,  que  je  viens  de 
nommer. 

Pour  comprendre  tout  le  fens  de 
la  conclufion  de  cette  Confejfion  de 
Foi  ,  il  faut  favoir  que  Zuingle  &: 
les  autres  Théologiens  de  la  Haute 
Allemagne  ,  de  Ton  parti  y  dernr.n- 
doient  à  Luther  ,  qu'il  les  reconnût 
pour  Tes  Fréies  ,  lui  offrant  la  mê- 
me chofe  de  leur  coté.  Luther  leur 
répondit  fort  fièrement ,  &;  les  trai- 
ta en  petits  garçons  >  ou  3  pour 
mieux  dire  ,  en  Hérétiques  fîéfez , 
leur  difant ,  (a)  Qu'il  ét oit  fort  éton- 

X  5  né 

{a)  Scult%  L  c.  10\. 


490  Hiftoire  de  La  Ré  formation 

I529»  né  >.  comment  ils  pouvoient  le  regar- 
ConféJ-  4er  comme  leur  Frère ,  s'ils  ne  croy- 

^Mar-  0ltnt  ?as  féneufement  <iue  fa  doclrine 
pourg.  fa  véritable.  Comme  fi  des  Frères 
ne  pouvoient  pas  être  de  différens 
fentimens  fur  des  Articles  ,  qui  ne 
font  pas  fondamentaux  ,  fans  ceffer 
de  fe  regarder  mutuellement  com- 
me Frées.  Enfin  pourtant  il  fe  ra- 
doucit un  peu  ,  &  voici  comment: 
Il  faut  l'entendre  parler  lui -même. 
Nous  leur  avons  accordé  ,  (  difoit-il  > 
à  un  de  fes  amis  ,  )  comme  on  l'a  mis 
dans  î  Article  dernier  >  qua  la  vérité 
ils  ne  f  rount  pas  no*  Frères  j  mais  que 
■cependant  on  ne  leur  refujeroit  pas  nos 
fentimens  de  Charité  Chrétienne  ,  que 
l'on  doit  même  a  un  ennemi  {a).  Le 
Landgrave  exhorta  aufTi  Luther  à 
la  même  chofe  (b) ,  &  ayant  fait 
manger  tous  ces  Théologiens  à  la 
tabls  ,  avant  leur  départ ,  il  eut  la 
fàti&faftion  de  les  voir ,  fe  donner 
réciproquement  la  main  de  paix  , 
avant  que  de  fe  féparer. 

Au  rdte>  quoi  que  cette  Confé- 
rence ne  produifit  pas  tout  le  fruit 
qu'on  en  attendoic  >  elle  ne  fut 

pour- 

[a]  U.  20  f. 
\b~\  Hotting.  490.491. 


de U  Sage.  Liv.  VI.'  49  ï 

pourtant  pas  inutile.  Elle  fervit?  à  1529 
faire  voir  que  les  Théologiens  cies 
deux  Partis  n'étoient  pas  fi  éloi- 
gnez les  uns  des  autres  ,  comme 
les  Catholiques  auroient  voulu  le 
faire  accroire.  Elle  fervit  à  di/Tiper 
les  foupçons  5  que  Luther  &  fes 
Partions  avoient  conçus  contre 
l'Orthodoxie  de  Zuingle  &  d'Oeco- 
lampade.   Enfin  elle  fervit  à  eagner  T   r  . 

■  '    »       î  /  \      o     r      rwî?  r  1      Le  tand- 

is Landgrave  (a) ,  oc  ion  Theolo-  grave  de 

gien  François  Lambert  >  (  dont  j'ai  H  esse 
parlé  dans  le  Tome  L  à  l'an  1522.)  jP[°me 
&  prefque  tous  les  Seigneurs  de  la  me^de 
Cour  de  Caiïe^  L'Illuftre  Prince  ,  ZaingU . 
que  je  viens  de  nommer  3  fit  l'hon- 
neur à  Zuingle  >  de  lui    écrire  de 
fa  propre  main  }      CVil  étoit  en- 
3>  tiérement  dans  fes  idées  fur  la 
>>  matière  du  Sacrement  ,  6c  qu'il 
3,  défapprouvoit  tout-à  fait  le  ichif- 
3>  me  ,  que  Luther  &  Melanchton 
?,  faifoient  à  cette  oc:rfion,,.Il  finit 
fa  Lettre  par  ces  paroles  >  Vous  ne 
devez  point  douter  ,  que  je  ne  demeu- 
re conftamment  dans  la  vérité  5    s  il 
fiait  a  Dieu  :  &  il  ri  y  aura  m  Papc> 
ni  Empefeur  5  ni  Luther  ,    ni  Me- 
lanchton3  qui  me  fafîs  charger  de  pen~ 
X  6  fée. 


492  Hlfloire  de  la  Réformation 

I  529./^-  Q:  ant  à  Lambert,  il  avoir  été 
IfiLand-  jufqu'âlors  dans  les  idées  de  Lu- 
gra-veàc  ther  fur  la  préfence  réelle.  Cepen- 
approu-  ^ant  conime  il  cherchoit  unique- 
ve  le  ment  ,  &  de  bonne  foi  la  vérité  , 
fenti-  ^   il  éroît  venu  a  la  Conférence  avec 

lt£lgh.  Un    efPrit    lîbre   de  t0Ut  Préjugé  > 
'  réfolu  d'embrafler  la  vérité  ,  autant 

qu'il  la  connoîtroit.  Il  y  écouta  at- 
tentivement les  raifons  ,  qui  furent 
alléguées  de  part  6c  d'autre  ,  6c  en 
fortit  convaincu  ,  que  Zuingle  de 
fes  Collègues  avoient  raifon.  C'èft 
ce  qu'il  fît  favoir  aux  Miniftres  de 
Strasbourg  ,  par  une  ConfeJJion  de 
Foi  ,  qu'il  leur  adrefla  Tannée  fui- 
vante  ,  6c  qui  fut  imprimée  après 
fa  mort. 

îmefl? C      Le  Scmmie  du.  Luthêranifme  ne- 
gence     t0lt  pas  encore  alors  au  point  où 
des  Egli-  on  l'a  vu  depuis  ,  6c  où  on  le  voit 
^Haut}*  encore  aujourd'hui.    Plufieurs  Egli- 
Mhma  ^es  &  Villes  confidérables  dekSouabe 
gne  avec  de  TAlfàce  6c  de  quelques  autres  Pro- 
files de  vinces  de  la  Haute  Allemagne,  vi- 
voient  dans  une  étroite  union  ,  oC 
dans  une  correfpondance  tout  -  à- 
fait  fraternelle  avec  les  E£)ifes  de 
la  SuifTe.    On  en  a  déjà  vû  divers 
exemples  dans  cette  Hiftoire.  Par 

éxem* 


de  la  Suijjc.  Liv.   VI.  493 

exemple  ,   au  commencement  de 
Fan  1528.  on  vit  à  la  Difpute  de 
Berne  >   plufieurs  Théologiens  de 
ces  Provinces,  ou  envoyez  par  leurs 
Eglifes  ,  8c  par  leurs  Magiftrats  > 
ou  qui  y  étoiem  venus  de  leur  pro- 
pre mouvement.  Ainfi  les  Théolo- 
giens de  Strasbourg  3  Martin  Bucey 
&:  Gafpar  Hcdion,  parurent  à  la  Con- 
férence de  Marpourg,  comme  Par- 
tifans  de  Zuingle  5   &  Ja  Ville  c^e 
Strasbourg  entra  cette  même  année, 
peu  avant  Noël  >   dans  l'Alliance 
défenflve  des  Villes  Réformées  de 
la  SuifTe  >  pour  l'efpace  (a)  de  quin- 
ze ans.    De  même  au  commence- 
ment de  cette  année  les  Bernois  ap- 
pelèrent Eucer  3  pour  être  leur  Paf- 
teur  (b)  j  mais  ils  ne  le  purent  pas 
obtenir  3  pajce  que  la  Ville  de  Stras- 
bourg embrafla  la  Réformation  5  le 
20.  Février  ,    par  une  réfolution 
commune  de  la  Bourgcoifie  &  de 
la  Magistrature.  Ai.ifi  aulli  (c)  cette 
même  année  le  Sénat  de  la  Ville 
d'Um  >  indigné  contre  leurs  Pierres, 

qui 

(a)  PPurftis  Lib.  VÏIT.  Cap.  4.  p.flfr. 
{b)  Farelli  Vita  MSC.  ap.  Hotting.  47g; 
(f)  Hottino.  482. 483.  Sr«/r.  p  m.  194, 
Scafr.  p.  m.  181.  Sttid,  VI.  p.ni.  16& 


494  Hifloire  de  la  Kéformation 

I  S 2  9»  qui  avoient  refufé  de  rendre  raifon 
de  leur  Foi  ,  leur  défendit  de  plus 
due  1  Mcffe  >  8c  envoya  un  des 
Pa fleurs  de  la  Ville  à  Bâle  &  à 
Zurich  >  auiïi  bien  qu'à  Confiance, 
pour  examiner  les  Cérémonies  & 
les  Rires  religieux  qu'on  y  obfer- 
voit.  Simpert  Foyt  ,  Miniftre  de 
Aiemmingue  continuoit  dansfon  ami- 
tié pour  Zuingle  >  tout  comme  il 
avoir  fait  étant  à  Bienne  :  de  forte 
que  Memmingue  demanda  un  Mi- 
niftre à  Zurich.  Pareillement  les 
Villes  de  la  Haute  Souabe,  Kewpten, 
Jfny  &  quelques  autres ,  faifoient 
beaucoup  de  cas  de  Zuingle  3  fe  te- 
noient  attachées  aux  Cantons  ré- 
formez ,  &  recouroient  à  eux  pour 
avoir  du  fecours  dans  les  tems  dif- 
ficiles. Et  même  Ulrich  Duc  de 
Wirtemberg  fit  l'honneur"  à  Zuingle 
de  lui  envoyer  des  Députez  ,  pour 
lui  demander  confeil  fur  de  certai- 
nes chofe*. 

XII.  Ce  funefte  Schifme  ne  fut 
pas  le  feul  fujet  d'arrMion  >  qu  eu- 
rent les  Eglifes  Réformées  de  la 
Suiffe  ,  dans  l'année  1529.  Elies 
en  eurent  encore  deux  autres  fort 
fenfibles  ,  les  Troubles  de  Rotb- 

<vvyl 


de  la  Suifje  Liv.  VI.  49* 

vvyl  6c  ceux  des  Anabafti^eu         ï  5 2 9» 

Rôtbvml,  Ville  Im peri.ile  du 
Cercle  de  So'.abe  ,  près  de  la  lour-  W1L> 
ce  du  N^kie  ?  étoit  alors  oa*u  l'Al- 
liance des  Cantons  ,  d.5pi-i  Tan 
1510.  (<t)  &  fâifoiî  partie  de  la  Con- 
fédération du  Louable  Corps  Hcl- 
vel'ique  *  ,  tout  comme  Àduiiboufe 
quoi  que  fituée  hors  de  Te  ceinte 
delà  SuilTe.  La  Réformation  y  avoir 
aufli  fair  des  prog  es  ,  par  les  Coins 
de  Conb-ad  Stuckli  leur  Miniftre. 
Apièsla  conclufion  de  la  Paix  Na- 
tionale entre  les  Cantons  &c  leurs 
Conféderez,  les  Réformez  de  cette 
Ville-là  ,  ne  fe  contentant  pas  de 
la  tolérance  qu'on  leur  accordoit  , 
&  croyant  leur  nombre  plus  grand 
qu'il  n'étoit,  demandèrent  confor- 
mément à  ce  Traité,  qu'on  déci- 
dât a  la  pluralité  des  voix,  filon 
aboliroit  la  MefTe,  ou  non  ?  Cette 
propofition  excita  l'indignation  des 
Catholiques  qui  étoienr  appuyez 

du 

{a)  Simler  Refp.  Héîvet.  Lib.  t. 

*  Elle  a  perdu  ce  droit  lors  de  la  guer- 
re des  Suédois  l'an  I6"jz.  ayant  reçu  gar- 
nifon  Impériale  ,  contre  Ton  Traité  ;  au 
lieu  de  demeurer  dans  la  neutralité,  o^ie 
les  Sui£es   avoient   embrali'ée.  Hotting. 

JC46\ 


49  6  Hijloirc  de  la  RJformœtion 

I529.  du  Sénat  r  &  qui  d  ailleurs  crai- 
Troubles  gnoient  de  perdre  par  ce  change- 
deRoTH-  ment ,  les  avantages  qui  leur  re- 
venoient ,  d'avoir  une  Régence  Im- 
périale dans  leur  Ville.  AinfL  pour 
être  les  plus  forts  ,  ils  firent  venir 
leurs  Partifans  de  la  Campagne ,  la 
veille  de  TAffemblée }  &  le  lende- 
main la  Bourgeoifie  s'étant  parta- 
gée par  Tribus  ?  félon  Tufage  des 
Villes  d'Allemagne  ,   la  pluralité 
l'emporta  en  faveur  de  la  Méfie  > 
de  fix  Tribus  contre  cinq  (b).  Et 
dès  linftant  les  Catholiques  fe  mi- 
rent à  mal -traiter  les  Réformez 
avec  fureur.  Non-feulement  ils  dé- 
poférent  tous  ceux  qui  avoient  des 
Emplois  >  mais  ils  en  emprifonné- 
rent  quelques-uns  ,    les  jettérenc 
dans  des  cachots  ,  &  les  mirent  au 
carcan  ;  enfin  ils  chafférent  tous  les 
Réformez  fans  exception,  hommes, 
femmes  8c  enfans  >  au  nombre  de  + 
400.  perfonnes  ,  dont  il  en  y  eut 
80.  qui  fe  réfugièrent  à  Zurich  , 
d'autres  à  Strasbourg  &  à  Confian- 
ce j  &  quelques-uns  à  Berne.  En- 
tre 

[£]  S'etl.  II.14.  a.  Hotting*  476.  477. 
t  tiiultct  dit  38S  p.  m.  z<>4> 


de  la  Suffi.  L  i  v.  VI.  497 

rre  ces  derniers  il  y  eut  Fa  1ère  An-  j  $29« 
selme  5  Docteur  en  Médecine,  qui  Roth- 
fut  fort  confideré  à  Berne  ,  à  caufe  wyl. 
de  fon  grand  favoir  5    &  qui  s'y 
étant  déji  fait  connoître  auparavant, 
parce  qu'il  y  avoit  été  Chanoine 
&  Régent  d'Ecole ,  avoit  gagné  la 
confiance  des  Magiftrats  :  de  forte 
qu'on  le  chargea  d'écrire  THiftoire 
de  Berne  >  &  on  lui  a/ïigna  pour 
cet  effet  une  bonne  penilon  en  ar- 
gent Se  en  denrées  >  avec  un  loge- 
ment. Ainiî  il  n'eut  pas  lieu  de  re- 
gretter fa  première  Patrie. 

Cette  difperfion  des  Réformez, 
de  Rothwyl  occupa  long-tems  les 
Cantons  Réformez.  Ils  fe  donnè- 
rent beaucoup  de  mouvemens,  au- 
près de  la  Magiff rature  de  Roth- 
wyl ,  pour  obtenir  quelque  adou- 
ciffement  aux  Refngi.z  de  ce  te 
Ville-là.  Les  Bernois  en  particulier 
y  contribuèrent  plufieurs  fois  ,  par 
leurs  foins  &  par  leurs  follicitaiions, 
mais  ce  fut  toujours  inutilement  (j). 

Les  Anabatiit.es  donnèrent  aullî 
beaucoup  d'occupation    aux  Can- 
tons ,  par  les  défordres,  qu'ils  cau- 
férent  en  divers  endioits,  particu- 
lière- 

W  B.  Inftr.  397. 447* 


498  Hifloire  de  la  déformation 

I  529.  liérement  dans  le  Canton  de  Baie- 
Roth-  Il  eft  bon  d'entendre  fur  ce  fujet  , 
WYL'  Christian  Wurstisen, Profelîeur 
en  Mathématique  dans  rUmvejfué 
de  Bâle,  &  qui  af  publié  J'Hiftoire 
de  ce  Canton-là,  Tan  1580.  Voici 
Comme  il  en  parle  (£). 

5>  Cette  Se&e  cT 'Anabaptifies  com- 
Defcrip-  pofée  pour  la  plupart  de  Gens  du 
non  des     Peupie  &  de  flmpies  payfans  > 

tifies  etoit  de  dittercns  ientimens.  Prei- 
3>  que  chacun  d'eux  avoient  quel- 

que  imagination  particulière  >  par 
5,  où  ils  renverfoient  plafieurs  arri- 
?>  cles  de  la  Religion  Chrétienne. 
„  Cependant  ils  s'accordoient  tous 

dans  les  articles  fuivans  >  à  rejet* 
„  ter  le  Papifme  >  à  fe  vanter  de 
3,  fonges  divins  ,  fe  Révélations,  cï Ex* 
3,  tafes  &  de  diverfes  Infpirat ions  du 
3>  S.  Efprit  j  à  prendre  Jes  termes 
y,  dç  l'Ecriture  grofliérement  au  pied 
3>  de  la  lettre  >  pour  foûtenir  leur 
3,  Doctrine.  Avec  cela  ils  affe&oient 
3,  un  grand  air  de  probité  &  de 
33  fainteté  j  ils  cenfuroient  vivement 
3>  les  vices ,  parloient  beaucoup  de 
3,  la  régénération  du  vieil  homme  > 

por- 

(*)  Lib.VIII.  CI.  &fuiv. 


de  U  SuiJJe.  L I  v.  VI.  499 

3,  portoient  des  habits  fort  fimples,  I  S 2  9* 
5,  &  fans  aucune  plifîure  i  avoient  Aj[ah^' 
3,  toujours  un  air  grave  ce  morne,  J 
ô  &  ne  portoiént  point  d'armes. 

Par  une  telle  conduite  >  douce 
5,  &  paifible  >  ils  atriroient  à  eux 
3,  un  grand  nombre  de  Perfonnes 
3,  {impies^  mais  cependant  la  plû- 
3,  part  d'entr'eux  écoient  des  fédi- 
3,  tieux  3  &c. 

33  Les  divers  articles  de  leur  Do- 
>,  ctrine  erronée  regardoient  en  par- 
3,  tie  le  Spirituel  3  &c  en  partie  le 
3,  Temporel.  Sur  le  premier  5  ils 
J5  enfeignoient  5  Que  le  Baptême 
„  des  enfans  venoic  du  Diable  , 
3,&  de  la  boutique  du  Pape,  c'eft 
,3  pourquoi  ils  fe  faifoient  bâtifer  de 
3,  nouveau.  Que  les  Enfans  n'ont 
3,  poi  it  le  Péché  originel  ?  ou  du 
,  moins  qu'il  n\ft  pas  damnable. 
,3  Que  l'Eglife  de  Je  s  us  -Christ 
3,  (qui  nefe  trouvoit,  félon  eux,  que 
o  dans  leur  Communion  5  )  éioit 
33  fans  péché  ?  pure  &  nette  :  Que 
3,  nos  Eglifes  é:oient  plongées  dans 
33  le  péché  ,  &  déplaifoient  à  Dieu} 
33  c'eft  pourquoi  ils  fe  féparoient  des 
5J  autres  Chrétiens  3  &  faifoient 
>>  leurs  Aflemblées  dans  les  Bois 


50O  Hiftoire  de  la  déformation 

ï  529»  5j  Se  dans  les  Montagnes.   A  le- 
Anitbap-  garcj  du  Gouvernement  Civil  & 
1  es'     du  Temporel,  ils  difoient ,  QtSzu- 
cun  Chrétien  ne  peut  exercer  la 
Magiftrature  3  &  porter  1  epés  , 
53         pour  cette  caufe  on  ne  de- 
5,  voit  louffrir  aucun  autre  Supérieur 
5,  que  les  Miniftres  de  l'Evangile: 
„  Que  ceux  qui  prennent  des  pen- 
fions  5  ne  font  pas  de  véritables 
Docteurs  :  ^a'on  ne  doit  point 
,3  prêter  ferment  ,    ni  pofTéder  des 
Seigneuries  ni' d'autres  biens  en 
„  propre  ,  mais  qu'il  faut  avoir  tout 
5,  en  commun. 

Comme  donc  ces  Doctrines 
tendoient  non-feulement  à  féduire 
les  ames  >  mais  au/fi  à  troubler 
5,  l'Etat,  à  infj'irer  du  mépris  pour 
35  la  Magiftrature  à  -  xciter  des  dé- 
33  fordres  Se  des  rebellions  ,  com- 
3,  me  on  l'avoit  vu  mauifeften  ent 
33  peu  de  tems  a  pa- avant  dans  l'af- 
o  faire  de  Muntzer  ,  Se  qu'on  le 
33  vit  encore  bien-:ô"  après  dans  les 
33  troubles  de  la  ville  de  Munster  -y 
33  aulTi  les  Minières  de  la  Parole  de 
33  Dieu  leur  reiiftoient  de  toute  Ic;r 
3-,  force  avec  l'épée  de  la  Parole  de 
3,  Dieu  3  Se  les  Magiftrats  avec  cel- 
3>  le  du  bras  fèculier.  II 


de  U  Suife.  Liv.  VI.  SOI 

Il  ajoute  que  nonobftant  les  diver-  1529. 
fes  Difpu:es  &  Conférences  qu'on  A?iabaç~ 
eut  avec  eux  ,   leur  nombre  fe  mul-  tiftes* 
tiplia  tellement  ,    que  les  Magis- 
trats fe  virent  obligez  d'employer 
.  toutes  fortes  de  moyens  contr'eux. 
„  Dans  les  Etats  Papilles  ,  dit-il  3 
on  les  condamnoit  à  la  mort.Par- 
mi  les  Réformez  ,  ils  étoient  pour 
„  la  plupart  châtiez  par  empiifon- 
,5  nemenr.     Ceux  qui  vouloient 
,9  quiter  la  Se&e  ,   étoient  obli- 
„  gez  de  faire  abjuration.  Mais 
53  ceux  qui  ne  vouloient   point  fe 
3,  laifler  inftruire  par  Ja  Parole  de 
„  Dieu  3  étoient  bannis.  Et  corn- 
33  me  3  fuivant  leurs  principes,  ils 
33  ne  vouloient  pas  prêter  le  ferment 
»,  de  banniflement  >    auquel  on  les 
3,  avoit  condamnez  ,  on  fe  conten- 
,,  ta  3  dans  les  commencemens,  de 
leur  fimple  promeiTe.  Mais  quand 
33  ils  revenoient  dans  le  Pays,  par 
,3  mépris  pour    leurs  Supérieurs  3  . 
33  on  les  contraignoit  par  une  Ion- 
33  gue  &c  rude  prifon  à  prêter  Je 
ferment.  Si  quelqu'un  d  eux  vio- 
loir  fon  feiment  ,    on   lui  infli- 
.3  geoit  une   punition  flédifTantc  : 
>,Et  fi,  après  tout  cela,  ils  retour- 

noien 


502  Hi/loirede  la  Réformation 

î 529.  >>  noient  encore  à  leurs  premiers 
Anab*p-  55  égaremens  ,  on  les  puniiîoit  avec 
tifiet»     3)  p]us  de  féverité. 

3,  L'an    1 529,  neuf  Anabaptiftes 
Confé-  >9  furent  faifis  à  Baie  5   &  mis  en 
veceux  *3  prifon.   On  les  fit  venir  devant 
à         55  le  Sénat  ,    on  appella  aulTi  les 
3>  Miniftres  pour  conférer  avec  eux. 
>5  D'abord  Oecolampade  leur  expli- 
,5  qua  en  peu  de  mots  le  Symbole 
„  des  Apôtres  8c  celui  de  S.  Atba- 
55  nafe  5  &;  leur  repréfenta  que  c'é- 
,5  toit-là  la  véritable  &  indubitable 
Foi  Chrétienne  5    que  Jésus- 
„  Christ  &  fes  Apôtres  avoient 
3,  prêchée  j    qu'il  avoir  aufîi  an- 
,5  noncée  &  enfeignée  avec  fes  Col- 
35  lègues  ;  prêt  à  répondre  à  tous 
,5  ceux  qui  étoicnt  d'un  autre  fen- 
33  timent.  Quainti  ces  gens  -  là  (  les 
3,  Anabaptiites  >  )  avoient  tort  de  le 
55  traiter  de  Séducteur  &  de  faux 
35  Docteur. 

35  Après  ce  di/cours  le  Bourgmaî- 
h  tre  Adelbere  Meyer  ,  dit  aux  A- 
3,  nabaptiftes;  Qt£ih  venoient  d'en- 
;a  tendre  une  bonne  explication  de 
33  la  foi  Chrétienne  ;  &  que,  puif- 
55  qu  'ils  je  plaignoient  des  Miniftres 
3,  dans  hurs  Affemblées  &  dehors  5  ils 

»de- 


de  la  Suffi.  Ll  V.  VI.  5<03 

„  dévoient  présentement  parier  a  ceeuf  I  S  2  9  • 
„  ouvert ,  &  expofer  hardiment  ce  qui  Atna^h 
>,  leur  faifoit  de  la  peine.  Mais -il  n'y 
„  en  eut  pas  un  feul  >  qui  lui  ré- 

pondit  un  mot  \  ils  fe  contenté- 
,5  rent  de  fe  regarder  les  uns  les  au- 
3,  très.  Alors  le  premier  Huifïier 
„  de  la  Chambre  ,  dit  à  l'un  d'eux, 
»  qui  était  Tourneur  de  fa  profef- 

fion  ,  D"oti  vient  que  tu  ne  parles 
5,  pas  pré  fente  nient ,  après  avoir  tant 
3>  jafé  ailleurs ,  en  rué  3  dans  les  bouti- 
33  que  s  3  &  dans  la  prifon  ?  Comme 
,3  ils  gardoient  encore  le  filence  , 
33  Marc  Hedelin  ,  Chef  des  Tri- 
,3  bus  ,  s'adrelfa  au  Principal  de  ces 
33  gens-là  j  &  lui  dit  :  Que  réponds- 
3,  tu  3  Frère  ,  ace  qui  t*a  été propofé  ? 
5,  l'Anabiptifte  lui  répondit ,  je  ne 
33  vous  reconnois  point  pour  Frère.  Com- 
33  ment  ?  lui  dit  ce  Seigneur  ,  Parce , 
33  dit  l'autre  ,  que  vous  netes  point 
33  Chrétien.  Amendez-vous,  prémiére- 
>,  ment  3  corrigez-vous  3  &  quittez  U 
»  Afagift rature.  En  quoi  penfes-tu 
33  donc }  lui  dit  Heidelin  ,  que  je 
3)  pèche  tant  ?  Fous  le  [avez  ttk%%  lui  ré- 
:>  pondit  l'Anabaptifte. 

3,  Le  Bourgmaîrre  prit  la  parole, 

6c  lui  ordonna  de  lépondre  avec 

33  mo- 


5  04  Hifioire  de  la  déformation 
„  modeftie  8c  avec  douceur,  5c  le 
tuhs^'  99  Pre^a  vivement  de  parler  fur  h 
1  €S'      3,  qusftion  ,  dont  il  s'agiiToit  ,  fur 
„  quoi  il  répondit ,    Qu'il  ne  croyoit 
, ,  pas  qu'un  Chrétien  put  être  dans  une 
Magiftrature  inondai  ne  ,  parce  que 
?,  celui  qui  combat  avec  ïépée  ,  périra 
par  l'épie  :  Que  le  Batême  des  en- 
3)  fans  eft  du  Diable  ,  &  une  inven- 
3,  non  du  Pape  >  on  doit  bâtiferles  A- 
,>  dultes  ,  &  non  les  petits  enfans  ,  fe- 
,3  /a»  tordre  de  Jésus-Christ. Matrh. 
3,  XXVIII. 

,3  Oecolampade  entreprit  de  le  re- 
53  futer  3  avec  toute  la  douceur  pot 
33  fible  &  de  lui  faire  voir  ,  que  les 
53  paiTages  qu'il  avoit  citez  ,  avoient 
„  tout  un  autre  Sens  3  comme  tous 
,3  les  anciens  Docteurs  en  faifoient 
53  foi.  Mes  chers  Amis  ,  dit  il  5  vous 
3,  n'entendez  pas  ?  Ecriture  Sainte  & 
3,  vous  la  maniez  fort  grojfiérement, 
33  Et  comme  il  alloit  continuer  pour 
53  leur  montrer  Je  véritable  fens  de 
5,  ces  partages  ,  l'un  d'entr'eux  >  qui 
5,  écoit  Meunier  ,  l'interrompit ,  le 
33  traitant  de  SéditcliUr  ,  qui  caquetoit 
3,  bennoup  ,  Se  dit  ,  Que  ie  qu'il  a-  \ 
3,  voi  -la  ail 1 gué  contreux  >  ne  faifoit 
93  rien  au  fujet.    Qu'ils  avoient  entre 


delà  Suffi.  Liv.  VI.  505 

les  mains  la  pure  &  propre  parole  de  j  5  2  9* 
•j  Dieu  3  &  qu'ils  vouloient  s'y  atta- 
cher  toute  leur  vie  ,  Que  le  S.  Ef- 
j,  prit  parloit  maintenant  par  lui  ,  il 
s'excufoit  en  même  tems  de  ne  pas  par- 
,3  1er  eloquemment  5  difânt ,  quil  na- 
3,  voit  pas  étudié  3  qu'il  n  avoit  été 
33  dans  aucune  Univerfité  3  &  que  des 
3,  fa  je«nej[e  il  avoit  h  ai  la  Sageffe 
»  humaine  >  qui  efi  pleine  de  trompe- 
33  ries.  Qn'/7  connoifloit  bien  la  rufe 
3  3  des  Scribes  ,  qui  cherchaient  perpé- 
3,  tuellement  k  offufquer  les  yeux  des 
33  Simples.  Après  quoi  il  fe  mit  à 
33  crier  3  &  à  pleurer,  difant  \  Qu'rf- 
3,  près  avoir  oui  la  Parole  de  Dieu  3 
3,  il  avoit  renoncé  a  fa  vie  déréglée  s 
33  &  que  ma  menant ,  que  par  le  Ba- 
33  tême  il  avoit  reçu  le  pardon  defes  pé- 
»  chez  3  il  étoit  perfécuté  de  chacun  : 
33  aï  lieu  que  dans  le  tems  qu  'il  étoit 
>»  plongé  dans  toute  forte  de  vi  es  ,  per- 
3,  fonne  ne  £  avoit  châtié  ,  ni  mis  en  pr'r 
•3  fon  y  comme  en  lui  faifoit  préjente- 
'  33  ment.    Qu'on  l'avoir  enfermé  dans  U 

1  3,  Tour  y  comme  un  Meurtrier  •>  Quel 
33  étoit  donc  fon  crime  &c.    La  Con- 

1  3,  férence  aysnt  duré  jufqu'à  l'heure 

:  33  du  dîner,  le  Scnar  fe  k-va. 

33  Aptes  diner  3  le  Sc-nat  sétant 
Tonu  IL 1  Y  raf- 


$06  Hifloire  de  la  déformation 

■ï  529»  „  raffembJé  ,  les  Miniftres  entré- 
Lonfe-  ^  rent  encore  en  conférence  avec  les 

Y6YICC  ,  _  — 

de  Bà-  »  Anabaptiftes  ,  au  fujec  de  la  Ma- 
ie avec  >,  giftrature.  Et  comme  l'un  deux 
îlltptû.  99  eut  donné  des  réponfès  afltz  fa- 
Jles9  »  tisfaifantes  fur  les  queftions  , 
„  qu'on  lui  avoir  propofées  >  cela 
>,  fit  chagrin  aux  autres  ,  de  ce 
»  qu'il  n'étoit  pas  ferme  dans  leur 
»  doctrine.  C'eft  pourquoi  iis  ttn- 
3j  terrompircnt ,  Laijfe-nous  parler  , 
yy  lui  dirent-ils  ,  nous  qui  entendons 
»  mieux  l'Ecriture ,  &  qui  -pourrons 
»  mieux  répondre  fur  ces  articles ,  que 
»  to'h  qui  es  encore  un  Novice ,  &  qui 
yy  nés  pas  capable  de  défendre  notre  foi 
yy  contre  les  Renards.  Alors  le  Tour- 
yy  neur  entrant  en  difpute ,  foûtinc 
yy  que  S.  Paul ,  Pom.  XIII.  parlant 
»  des  Puifîances  iupérieores  ,  n'en- 
yy  tend  point  les  Magiftrats  ,  mais 
y,  les  Supéiieurs  Eccléfiaftiques. 
>,  Oecolampade  lui  nia  cela  >  &  lui 
yy  demanda  ,  Ln  quel  endroit  de  la 
yy  Bible  il  le  trouvoit  ,  &  comment 
il  le  prouveroit  ?  L'Autre  lui  dit , 
„  Feuilletiez  auffi  tout  f  Ancien  &  Je 
^  Nouveau  Teslament ,  fi  vous  y  trou- 
>,  ve™?:  >  que  vous  devez  tirer  une 
yy  penfion  3   vous  avez  meilleur  tems 

que 


de  la  Sui/Je.  Liv.  VI.  507 

»  que  moi ,  qui  fuis  obligé  de  me  nour-  j 
>}  rir  du  travail  de  mes  mains  5  pour 
„  n'être  à  charge  à  perforine.  Cette 
„  pJaifante  faillie  fît  un  peu  rire  les 
„  Afliftans  \  Oecolampade  leur  dit, 
>,  Aleffieurs  ,  il  ncft  pas  tems  mainte- 
y}  nant  de  rire  :  fi  je  reçois  de  l'Eglife 
,j  mon  entretien  &  ma  nourriture  ,  je 
,j  puis  prouver  par  £  Ecriture  ,  que  cela 
>,  eft  raifonnable  :  ainfi  ce  font  la  des 
»  difcours  féditicux.  Priez  plutôt  pour 
>,  la  gloire  duSeigneur  afin  queDieu  amoU 
„  liffe  leurs  cœurs  endurcis  &  les  éc  laire, 

yy  Après  plufieurs  autres  difcours, 
s,  comme  le  tems  de  fe  lever  ap- 
„  prochoit ,  il  y  en  eut  un  ,  qui 
»  n'avoit  rien  dit  de  tout  le  jour  > 
„  qui  fe  mit  à  heurier  &  à  pleurer. 
„  Le  dernier  jour  eft  a  la  porte  ,  di- 
„  foit-il  ,  amendez- vous  ,  la  toignée 
>y  eft  déjà  mife  a  l'arbre  >  ne  noir  a  (fez 
»  donc pai  ainfi  nôtre  dottrine  fur  le  Ba- 
yy  terne,  je  vous  en  prie  pour  l'amour  de 
y,  J. Christ  ne  perfecutez  pas  les  Gens 
yy  de  bien  :  Aous  fommes  Gens  de  bien: 
yy  certainement  le  juste  Juge  viendra 
>ybïeti-rôt,&  fera  périr  tous  les  Àléchans. 

yy  Le  Bourginjiîrrc  l'inrorc^mpit 
»  pour  lui  dire  ,        'on  navuit  pa6 
»  befoin  de  cette  lamentation  >  qu'il 
Y  2  j,  de  y 


508  Hifloire  de  la  Réformation 

1 529  »  devnt  raifoaner  fur  les  Articles, 
Confe.  ^  ^ont  11  étoit  queïïhn.    Il  voulue 

rence  de  •  r      1  a 

Baie  a-  n  continue  iur  le  même  ton  ,  mais 
vecdes  »  on  ne  le  lui  permit  pis.  E  ifi  1  le 
A**h*t-  M  Bourg  mhre  j  fl: î jfî a  la  conduite 
tJ  eSt     »  du  Sénat ,  à  l'égard  des  Anabapti- 
»  ftes  :  Il  repiéienta,  Won  les 
9,  a  voit  anê;ez  >  non  pas  à  caufe  de 
»  l'Evangile  ,  ni  à  caufe  de  leur 
»  bonne  conduits  >  rn.us  à  caufe  de 
»  leurs  déréglemens  ,  de  leur  par- 
>,  jure  Se  de  leur  fédition.   Que  l'un 
»  d'eux  avoit  commis  On  meurtre  ; 
»  Un  autre  avoit  enfeigné  ,  qtr'on 
„  ne  doit  point  payer  les  Dîmes  5 
„    »  Un   troifiéme  avoit  excité  des 
9,  troubles  Sec.     jg^e  c'étoit  pour 
»  ces  crimes  qu'on  les  avoit  faifis , 
»j  jufqu'à-ce  qu'on  eue  décidé  quel 
„  traitement  on  leur  feroit  Sec. 

»  Dans  ce  moment  l'un  d'en- 
»  tr'eux  fe  mit  à  crier ,  Mesfréres^ 
»  »e  refiliez  point  au  Méchant.  Quand 
7y  même  l'ennemi  feroit  devant  la  por- 
»  te  ,  ne  la  fermez  pas.  Laiffez-les 
»  venir  ,  ils  ne  peuvent  rien  faire  con- 
>y  tre  nous  >  fans  la  volonté  du  Père , 
»  puifque  nos  çbeveux  font  comptez* 
„  Je  dis  bien  plus.  Il  ne  faut  pas  même 
jy  re'fifter  à  un  Brigand  dans  un  bois. 

N 


de  U  Suiffh.  L  î  v.  VI.  S09 
»  Ne  croyez-vous  pas  que  Dieu  ait  foin  \ 
„  de  vous  ?  On  lui  impofa  file^ice. 

Pour  couper  court  >  le  fuccès  de 
la  Conférence  ,  fut  ,  qu'il  y  eut 
trois  Anabaptiftes  qui  recoururent 
leur  cireur ,  &  qui  Fabandonné- 
rent.  Les  autres  5  qui  fe  vantoient 
d'avoir  remporté  la  victoire  3  furent 
bannis  (a). 

Ils  s'en  trouva  trois  dans  IeCanton 
de  Berne  ,  qui  furent  traitez  plus  fé- 
vé.ement,  les  Magiftrats  les  con- 
damnèrent à  être  noïez  :  non  pas , 
à  la  vérité  >  pour  caufe  de  leur  er- 
reur >  mais  à  caufe  de  leur  défobé- 
"iiTance  opiniâtre  ,  parce  qu'ayant 
été  bannis  jufqu  à  3.  fois  ,  i]<  éto- 
ient  toujours  revenus  dans  le  Pays3 
au  mépris  de  leur  ferment  &  du 
Souverain  {b).  A  Zoug  unAnabap- 
tifte  fur  condamné  aulTi  à  être  noyé, 
parce  qu'il  n'avoit  pas  voulu  prê- 
ter le  ferment  de  banniiTement  (c). 

Un  de  leurs  Docteurs  nommé 
Louis  Hetzer  favant  dans  les  trois 
Langues ,  compofa  un  Livre  abo- 
minable contre  Ja  Divinité  éternel- 
le du  Fils  de  Dieu  ;  mais  Zuingle  3 
Y  3  qui 
U)  id.  Le  pag*ç8o< 

tîjkc)  Hotttng.q)%. 


510  Hiftoire  de  la  RJ for  mat  ion 

I529.  qui  l'eut  entre  les  mains,  en  empê- 

Confém  cha  l'impreffion  &  lefupprima 
rence  de  qq  malheureux  avoit  1$.  femmes 

des  J**-  tout  *  *a  f°*s  M*    W  ^ut  *âifi  à 
baptîftes.  Confiance  ,  &:  foit  pour  fes  crimes 
foit  pour  fes  héréTies  >  il  fut  con- 
damné ,   le  4.  Février  ,  à  avoir  la 
têce  tranchée.  Il  fè  conduifît  d'une 
telle  manière  dans  fa  prifon  >  que 
Zvvick^i  qsi  l'accompagna  juf. 
qu'au  lieu  du  fupplice  >  en  prit  oc- 
cafîon  d'écrire  >  O  qu'il  es!  aifê  dt 
difputer   de  plufieurs  cbofes  >  lorfque 
nous  n'avons  pas  beaucoup  de  cbofes  a 
faire:    Mais  quand  on  eft  aux  appro- 
ches de  la  mort  >  tout  cela  pAjïe.  Il 
avoit  ofé  quelques  fois  difputer  fur 
fes  adultères  >  pour  les  foûtenir  par 
l'Eaiture.    Il  demanda  qu'on  fup- 
primâc  divers  Ecrits  qu'il  avoit  com- 
pofez  ,  parricul  é  ement  fou  Li'/re 
touchant  Jesus-Christ.    Il  témoi- 
gna un  fi  grand  repentir  de  fa  vie 
déréglée  ,  qu'allant  au  fupplice ,  il 
dit ,  Qu'il  riétoit  pas  digne  de  marcher 
dans  ce  chemin.    Anivé  fur  l'écha- 
faut  ,  il  recira  le  Pfcaume  XXV.  & 
la  Prière  Dominicale  >  &  finit  fa 

Prié- 

(#)  Seul >. p.ioo.  HottingA.c. 
\b)QïT\\Annri.  ad  a.  Ifipi $.4. 


de  la  Suijfe  L  I  v,  VI.  SIX 
Prière,  par  Jesus-Christ  le  San- 1$20. 
vew  de  tout  le  monde  ,  par  fon  S  ang  op- 
tez. Plufieurs  Anabaptiftes  ,  qui'^ 
étoient  préfens  >  sattendoient  à 
Fouir  parler  fur  leur  Doctrine  &: 
contre  les  Minières  ;  mais  il  ne 
dit  pas  un  mot  fur  ce  fujet.  Il  a- 
voua  dans  la  prifon ,  que  fouvent 
dans  fes  prières  ,  &  fondant  en 
larmes  >  il  fe  plaignoir  ,  pour  ainfi 
dire  .  à  Dieu  ,  pourquoi  il  navoit 
pas  pu  châtier  ou  corriger  un  fi  Miféra- 
ble  homme  ?  Ç^and  fa  Sentence  de 
mort  lai  eut  été  prononcée  ,  Main- 
tenant >  dit  il  >  je  fuis  jugé  félon  mon 
fouhait  ;  pwfque  Dieu  môtc  enfin  a 
moi-même  3  qui  nui  pas  pu  vaincre 
cette  chair  pécher  efie  (a).  Non  oh- 
fiant  ces  preuves  éclatantes  d'un 
mal-faiteur  ,  condamné  à  la  more 
pour  fes  crimes  ,  &  (  de  fon  propre 
aveu,  avec  juftice;  les  Anabaptiftes 
de  Hollande  n'ont  pas  laiffé  de  le 
placer  dans  leur  Martyrologe,  &  de  le 
mettre  au  rang  des  Martyrs  (b)>  avec 
de  grandes  louanges. 

~]a\  ïcult. z.  p. m. 260.  Hotting.499. 
[£]  A  lapag.i8.Ju  Martyrol,  Harlem.  Viii, 
Oi  ul  Annal.  J.c.p.50. 

Fin  du  VI.  Livre,  &  du  Tome  II. 

Y  4  RE- 


512. 


RECUEIL 


JUSTIFICATIVES. 


Pour  le  Tome  Second. 


Première  Lettre   des  Seigneurs  de 
Berne  a  ÏEvêque  de  Laufarme  du 
27  Novembre  15  27. 
*  Revtr^ndo    in  Chrifto  Patri  & 
Domino  ,  D.  SebaftUm  de  Mon- 
tefalcone  ,  Antiftiti  &  Piincipi 
Laufannenfi  > 
D,  noftro  finguUriter  colendo, 

SEfe  totos  dedunt ,  Reverendifli- 
me  Pater  >  Paftor  vigil Antifiime  $ 
„  Etfi  elapfis  diebus  faepiufculè  pro- 
3,  pter  praefentem  fidei  dilTenfionem 
55  Mandata  in  publicum  ediderimus, 
55  eâ  fpe  f.etiut  noftrae  ditioni  fobdi- 

5,tOS 

*  Latin,  Mi  (fis  p.ltfp. 


D  E 


î. 


pour  le  Tome  IL     5  I  3 

5,  tos  co  pac"to  in  altam  pacem  &  j 
„  tranquiiliratem  reponeremus  ,  in- 
0  que  Verae  Chriftianae  fidei  unitatem 
redaclos  ,  Deo  Optimo  Maximo 
„  obtempérantes  redderemus,  Quod 
non  tantum  fru&us  protulit,  quin 
,3  fubinde  difpar  fidei  intelleftus  pro- 
fluxeric  ;  ob  id  generalem  Difputa- 
tionem  inftituere  nobis  conducibile 
vifum  eft  ,  quod  ex  libello,  quem 
55  vobis  cum  his  tranfmiuimus  3  edi- 
33  fcere  poteritisjobnixè  precanteS)ea 
33  quae  Paternitatem  veftram  concer- 
33  nunt,(ut  veftri  eft  muneris,)adim- 
plere  ac^nitemini.    Nam  herdè  fî 
3,  quid  per  vos  omiiTum  fuerit  5  cer- 
tum  habeatis  nos  contra  vos  a&u- 
,3  ros  quae  nece/ïîtas  &è  noftrum  de- 
,3  cretum  exquirunt.UtautemPater- 
3,  nitati  veftrae  fui/que  Doâis  Viris 
,3  nulla  occafio  decur  ab  hac  diiTerta- 
33  tione  fe  abfentandijomnibus  &fm- 
33  gulis  per  praefentes  falvum  condu- 
3,  dlum  ,  commeatumque  damus  ad 
53  nos  veniendi,  patrioique  Lares  re- 
3,  vifendi  ,  fuis  tamen  fumpnbus  , 
3,  commeatuque  erga  alios  fervato. 
33  Haec  boni  confulite,  hifquc  locum 
„  date,quum  Paternitatis  veftrae  of- 
fkium  fit;  non  folum  tondcre,  vc- 
Y  5  3,  rum 


$14    Pièces  jujtificatives 

1527'  »  rum  etiam  Chrifti  oves  pafcere 
,5  valete  bafîlicè. 
Datum  27.  Novembris  1527. 

Conful  Aûnor  Aiajorque  Se* 
natus  Vrbis  Bernenfis. 

I  I. 

Seconde  Lettre  des  Seigneurs  de  Ber- 
ne a  ÏEveque  de  Laufanne,  duzi%. 
Décembre  1527. 

*  TTUmili  recommendatinne  prae- 
JLJi  miiTa,  Reverendifllme  Pater , 
»  Paftor  vigilantiiïjme  j  ?vVidimus  , 
3>  perlegimus  &  intelleximus  eaquae 
3,R.  Ptas.  Va.  iiiteris  noftns  Jup*r 
3>  inftitura  Difputatione  rtfpondet  5 
„  IiTiprimis  mentionem    faciendo , 
3>  R.Ptem.  V.  aegro  acerboque  animo 
5  5,  fulcepilTe  fidei  dubirationem  exor- 
& 9t  tam,quae  coacervaris  turbis  venti- 
5)  lari  debear,  abfqueautf  horirate  il- 
,lius>  qui  D.  Pétri  vicem  implere 
j5  fahoafferitur,  quum  nec  vira  nec 
5  doftrinâ  ilii  adfîmilari  p^iTîr ,  nec 
,  quantum  culex  Elephanto.  Caete- 
3,  ros  Praelatos  &  Piincipes  Chriftia- 
,  nos  obmittimus  ,  qui  quantum 
^  Reip.  Chriftianae  profint>  aut  con~ 
*£x  eod.  lib.  p,  270.  «fa- 


pour  le  Tome  IL  $\$ 

„fulant,  omnibus  3  quibus  veritas  l$2j. 

cordi  eftjudicandum  relinquimus. 
„  Quod  autem  Divini  cultus  5  verse- 
s,  que  fidei  doctrina  fint  in  vulgus 
3,  prodendijvelillud  Evangeliumde- 
3>  monftrat  5  quod  Mundi  Servator 
„  Chriftus  Jefus  Difcipulis  fuis  in  u- 

niverfum  Orbem  miflis>omni  Cre- 
5>  aturae  Evangelium  praedicare  com- 
33  mifit.Caeterùm  quod  ad  tàm  ardu- 
5,  um  negotiû  viros  Sacrae  Scriprurae 
33  peritos  in  promptu  non  habeatis  , 
3,  non  fatis  mirari  poiTumus  ;  quum 
3,  &  Pafturae  veftrae  officium  requi- 
33  ratjPaftorale  pedum  ad  oves  reti- 
?J  nendas  fêmper  paratum  habere,&: 
33  verae  fîdei  pabulum  illii  omni  mo- 
33  mento  manducatum  praebere.  Que 
o  fir,ut  nec  brumae  intempéries,  nec  • 
5,  maris  procellofa  tëpeftas  ptem,  Va 
3,  ab  invirarione  hac  avertere  debeato 
»  nec  in  aliud  tempus  id  prorogare 
a,  poiïimus  ;  Quocircà  R.  Ptem.V.  ite- 

rùm  atqueiterùm  admonemus,pre- 
o  camur  &  inflantililmè  requirimus, 
3>  primis  noftris  litteris  ob  hanc  cau- 
J3  familli  deltinatis  fatisfaciat,locum- 
3,  que  det>ut  non  folum  Pafturœ  ve- 
53  ftrae  efïkacia  >   verùm  eriam  corn- 

mifii  Grcgis  amor  in  publicum 
Y  6  3-p:o- 


S  1:6     Pièces  Jujlificatives 

^527.  prodeat.  Gratia  6c  Pax  Dei  fit  vo- 
r>  bifcum  5  Amen.  Datum  Die  Lunae 
s>  23.  Decembr.  1527. 

Cotiful  Senatu [que  Urbis  Bernenfis, 

III. 

Troifiéme  Lettre  des  Seigneurs  de 
Berne  a  ÏEvèque  de  Laufanne  dit 
12  Janvier  1528. 

If 5  28»  *  Tî  Everwdijfîme  Pr<zful  ,  Praevia 
-IV  Commendatione  débita, Spes 
3,  nebis  crat  Pateinitatem  Veftram 
Difputationem  noftram  ad  illuf- 
35  trandam  gloriam  Dei  &  finceri- 
3,  tatem  fidei  noftrorum  promoven- 
35  dam  3  dumtaxat  inftitutam,  fuo 
33  Confijio  &  aiiéthoritate  non  honef- 
3,  taturam  tantùm  3  fed  &  nobifeum 
33  moderaturam3  qu6&  decentiiis  6c 
3,  majori  cum  fru&u  veritatis  abfolr 
33  veretur.  Confiderabamus  enim 
3,  hîc  cùm  officium  P.K  ttim  noftra 
33  in  eam  mérita.  Quid  namquemar 
33  gis  ex  efficio  Epifcopi  ,  quàm 
33  fummam  impendere  curam?  quo 
33  fuae  fidei  commifîi  >  in  tempore 
53  cibum  virae  percipiant  3  hoc  eft, 
verbum  fâlutis  agnofeant  ?  Quod 
3>  quàm  fuerit  3  non  nobis  folùm 

fed. 

*  Zx  cod,  Lih.  paç.  272..  b. 


pour  le  Tome  IL       y  1 7 

»  fed  toti  ferè  Orbi  obfcuratum  >  ï  S 2 S , 

?,  ne  dicam  prorfus  fublatum  ,  da- 

»  mat  in  primis  vel  Primorum  in 

35  Ecclefiaftico  Ordine  vita.  Ut  igi- 

?3  tur  nihil  aequè  pium  inftiruere 

5)  nos  potuimus  ,    quàm  exemplo 

»  Berœenfium  Ecclefise  ,   Actor.  17, 

,5  Scrutari  in  Seripturis  de  praedica- 

5,  to  nobis  EvangeNo  5  ita  jure  fane 

99  oprimo  de  A/7",  fperabamus  ,  ad- 

55  jumento  nobis  ,  fi  non  per  fe  ip- 

fam  >  faltem  per  Doclos  fuos  fu- 
5,  turam  ftudiofifîlmè,  id  quod  cer- 
„  te  &  noftra  in  illam  ftudia  at- 
3,  que    officia    meruerant.  His 

perpenfis  ,  non  potuit  nobis 
5,  non  moleftiffimum  efle >  non  fo- 
3,  Jùm  P.  ipfam  non  ad  veuille,  fed 
3,  etiam  quos  miferat  Doclos  ,  in- 
3,  falutatis  nobis  >  nondum  ad  finein 
3,  Difputatione  perduftà  3  hinc  abi- 
33  ifle.  Erant  &c  firientes  veritatis 
,3  aures  3  &  indubiè  inter  nos  Do- 
:,  minus  3  qui  fe  vel  tribus  in  no- 
,3  mine  fuo  congrcgati*  adfuturum 
,5  promiiïit.  Jam  cum  ilii  ,  &  fui> 
33  (  nam  effe  Do&ores  Thcologos 
,>  intelleximus,  )  de  IW.  (quae  pras- 
33  cipuum  curare  hoc quod  cam 

oravimus  , .  ex  officio  dçbet  3  ) 

offi-i  • 


51 8    Pièces  J-uJlificatives 

8»  ,5officii  immemores  fèfe  declararunt; 
3j  tum  expertes  adeb  omnis  huma- 
,j  nitatis ,  ut  nobis  fignificare  abi- 

tûs  fui  cauffas  non  fuftinuerint , 
3,  verendum  nobis  eft,  ut  Sanftum 
3,  Inftitutum  Noftrum  ,   quod  illis 

tàm  difplicuit ,  (  ut  ab  eo  praeter 
3,  ullam  rationem  >  &  contra  fuam, 
»  &:  P.  V.  dignitatem  furtim  fub- 
3,  duxerint ,  )  iniquis  fuis  praejudi- 
,3  ciis  fint  infamaturi  ;  à  quo  ut  ab- 
53  fterreat  eos  Pcas.  Va.  petimusj  & 
33  Jure  noftro  requirimus.  Si  nam- 
^3  que  hujus  quippiam  âuderent  , 
5,  praedicimus  id  nos  ita  acceptu- 
33  ros  >  ut  procul  dubio  ,  favente 
3>  Domino  y  futùrum  fit,  quod  tàm 
33  eos  3  quàm  alios  qui  eâ  in  re 
3,  ipfis  confenferint  ,  pœniteat.Mo- 
»  nemus  ergo  in  tempore.  Reliqua 
„  quae  hâc  de  re  P.tem  y.  feire 
?3  volemus  5  perferibemus,  ubi  ab- 
3>  foluta  ,  favente  Chrifto  ,  fuerit 
,3  noftra  Difputatio.  Servatori  No- 
,3  ftro  jefu  Chrifto  P.tem  y.  com- 
*  mendamus.  Datum  iz.  die  Ja- 
3»  nuarii  1528. 

Conful  Senatufque  XJrbis 
Bertiertjis, 


pour  le  Tome  IL  519 
IV. 


Jacobi  Afonaflericnfîs  ,  Sacrificuli  Sa- 
lodorani  Epistola.  ad  Amïcum^  de 
Difputatione  Bernenfis  ,  die  29, 
Januarii  1528. 

*  Clariflimo  viro  Jureconfulto,  Do- 
mino Sigismundo  de  S.  Tru- 
dône  ,  Canonico  &  Cuftodi  infi- 
gnis  Collegii  apud  S.  Viclorem 
Mogunt  'u  y  Domino  &  Fratri  fuo 
obfervando. 

5,  S.  P.  D.  Mirari  te  exiftimo  5 
3,  quidnam    acridem  ,  quod  fero 

adeb  ad  vos  fcnbam.  Caufam 
„  fuilFe  fcito  co^ciliabulum  vel  dif- 
yi  puitionem  ,  (  dtfputationem  dicere 
35  vol  bam  )  Lutberanorum  ,  vel  po- 
3,  tiùs  Zvv'.ngiïanoYum  h<erericorum3 
33  Bernae  habitam.  Utcu.nque  enim 
33  négocia  ui gèrent  >•  pr.»fertim  Ca- 
,3  nonicatus  apud  D.  Afatn'uium  » 
yy  quem  ante  bimeftre  tcmpi  s  Ger- 
yy  manus  meus  milirans  imer  Larro- 
„  nés  Romae  mihi  i  •  petravi:,  (mi- 
3>  litum  enim  ,  quàm  Cardinalium 

modo 

*  Ex  Ahr%  sctdtet  Annalib-  Evang.  D*+ 
*d>  II.  ad  A. 


520    Pièces  Jujlificatives 

1  528.  , 5  modo  opéra  mihi  utilior  Romae 
fcierat,  )  utcunque  3  inquam,  haec 
5,  &  alia  negotia  me  urgerent,  iub- 
5>  flflere  tamen  libuit  •*  videreque  , 
55  quo  evafura  effet  rabies  ,  &  quàm 
curae  effet  Epifcopis  noftris  Eccie- 
fia  :  Sed  quid  dicam  ?  Querimur 
3,  partim  de  dexreritate  haeretico-* 
3,  rum  >  partim  de  conniventia  Prin- 
3J  cipum  3  per  multi  etiam  fata  in- 
3,  cufamus.  Sed  quod  equidem  di- 
5  3  cere  ioleo,  veriflîmè  in  his  haere- 
33  ticorum  comitiis  comperi.  Ruunt 
„  res  noftrae  folâ  noftrâ  inertiâ  ,  & 
33  quia  Litteratos  nullos  noftri  Cory- 
phaei  alunt. 

Effecerant  quidem  fidi  nobis  fer- 
,3  vatores  Bernae  ?  &  ii  certè,  apud 
33  quos  ha&enus  fumma  rerum  fuit, 
33  ut  &  Epifcopi  3  quibus  eft  Eccle- 
„  fiae  in  illorum  ditione  juiifdiftio, 
53  additis  etiam  minis  3  ad  fuam  diA 
33  putarionem  vocarentur,  fed  nullâ 
9>  aliâ  fpe  5  quàm  ut  Erudkos  i  111 
J3  adducerent ,  qui  hctreticos  confu- 
3)  tarent.  Std  quid  ?  Nemo  illorum 
3,  vel  ipfe  venir,  vel  Eruditos  mifit: 
3j  Gallos  quosdam  n.ifit  Lwfanien- 
33  y^jfed  anrequam  congreds.'en  ur, 
»  reyocavit  eos.  Venir  poil  ali^uot 

died 


four  le  Tome  IL  $21 

dies  AugufHnianus  quidam  Frater,  1528* 
„  Provincialem  fâkltabant    ac  Tr<e- 
„  gerinum  dicebant  :  Sed  loquenriae 
„  aliquid  ,  erudirionis  ac  eloqven- 
»  tiae  nihil  in  eo  deprehenfum  eft. 
Ubi  enim  Scripturae  exigebantur  7 
maluit  abire  3  quàm  difputare.  E- 
quidem  in  eo  nihil  vidi  ,  quam 
5>  Monachum  ,  eumque  frontofum  > 
licet  alii  nefcio  quid  de  eo  praedi- 
cent.  Clamo/îor  alius,  fed  nequa- 
,>  quam  doftior  Dominicafter  per 
3,  dies  aliquot  fcrepuic  ex  fcripturis} 
3,  fed  quàm  fclicirer  ,  hinc  conjice, 
33  Probatvrus  Pontifîcem  quoque  effe 
33  Capuc  Ecclefiae  ,  adduxit  id  à  Pe- 
3,  tro  eum  accepilTe,  qui  adeo  fuiflet 
3,  à  Domino  vocarus  Ceph.ts  *  Caput: 
y>  fie  enim  le  legiiTe  aubat  in  voca- 
bulariis.  Vide ,  qualcs  habeamus 
3>  propugnatores  :    &  adhuc  mi- 
y,  ramur  ,   vulgo    nos  contemni  > 
,3  Ôc  paflîm  mulcos   à  nobis  defi- 
33  cere  ?  Difputaïunr  praeteiea  très 
33  aut  quatuor  Sacrifici  >  cum  quo- 

dam 

*  Ce  Prêtre  fe  moque  ici  de  cette  ànerie 
du  Dominicain}  mais  il  ne  prend  pas  garde, 
que  cette  moquerie  rejaillit  (ur  le  kecueil 
des  Décrits  de  Grœtien,  où  elle  fe  trouve. 
Diciinfi.  XXII.  C. 


522     Pièces  J-uJlificatives 

1  528.  3>  dam  Ludimagiftro  ,  quem  t  Lite- 
53  vAT/n  >  vocant.  Non  malus  homo, 
,>ut  videbatur  j  quique  unus  plus 
,3  ftudii  prae  fe  ferebat  defendendi 
3>  Ecclefiam  8c  fcripta  Patrum  quàm 
5,  quotquot  fuerurit  in  illis  comitiis. 
3,  Sed  deerant  vires. A  Fabro  noftro, 
33  Majufcules,  Roffenfî  ,  quae  tu  fcis? 
0  onrnia  3  nequaquam  tam  firma  aut 
3>  arguta  >  ut  oportebat  3  in  Hasreti- 
33  cos  congefta  5  diligenter  propone- 
o  bat.  Sed  Pradatorum  &  CapLuli 
>3  Bernenfîum  audi  conftantiam.Cùm 
33  uno  aut  ait  ro  excepte  nemo  eo- 
sirum  non  agnofceiet  blafphemos  il- 
33  los  haereticomm  articidos  ,  omni- 
3j  bus  tamen  fubfuipkrunt  finguli  » 
»  idque  m  Capitulo  corg  ;  gati,  tan- 
3>tùm  quod  indoftseBeitjae  nihil  pcA 
33  fent  haeretici  objice-e.  Si  ^ordati 
3,  fuiflent  j  vel  mediocri  dexteritate 
y>  praediti  ,  ita  val'b't  adh'  c  f.i<fbio 
>>  noftra  Bornas,  fi  nihil  al i :  d  ,  ut  in 
3,  ann.im  ufljue  potuiffent  difputari- 
33  onem  extraheie.  Sec)  fi;  decet  nos 
53  pœnas  dare  conten  p^arumLittera- 
3,  rum  ,  &  negleflû  ftudio  urr.Ho- 
>>  rum  vero  infanum  confilium  fequu- 

ti 

t  C  eft  Boukjfab  ,  dont  le  nom  fîgnifie 
en  Allemand  une  Lettre, 


pour  le  Tome  IL  523 

Jati  funt  in  dirione  Bernatium.  Mo-  j 
„  nachi  &  Sacrifki.   Habent  autem 

Pàrochias  304.  praeter  diriflima 
>>  quaedam  Caenobia  &  Collegia  > 

forte  plus  minus  triginta  >  in  fide 
>,  Ecclefiae  perfcrerantia. 

De  haereticis  forte  eu  pis  ut  feri- 

bam  :  fed  quid  mihi  Se  tibicaufarn 
3J  ingeram  doloris  ?  fèribam  de  pou- 
9,  cis   Facilis  iilis  pugna  fuie  3  cùm 

nuili  inftructi  coràm  ftarentAnta- 
„  g  jniftae.Itapararos  no:-.  vidi.quin> 
>}  fi  dextri  homines  adfuiffe;t  > .  & 
„  in  feripturis  verfaii,  fi  non  in  om- 
5>  nibus  illos  viciflenc  (  Quis  enim 

vincerec  quovis  Corinthio  aere  lo- 
,y  quaciores  ?  pra;fertim  cum  noflra 
;,omnia  non  aper  è  ex  feripturis  pio- 
„  bari  pofîi  k,)  remorati  tamen  fui£ 
5>  fent  in  dubio  illorum  co  tatus.O  fi 
>>  vel  unus  trafmus  commiffus  i  1  lis 

fuiflet  !  vidi  enim  faepè  de  rcfpon- 
>j  fionibus  inter  eos  non  convenire. 
s,  Vidi  anxiè  alii  alium  ,  quid  dice- 
5,  ret ,  fuggerere.  Vidi  de  germano 
»  quorumdam  locorum  /ènfu  haererc. 
>>  Ita  inftruûo  &;  dextio  Difpurato- 
jj  ri  aptiflima  anfae  fuiflent  confun- 
3,  dendi  lllos ,  aufthoritatifque  adi- 
j>  mendae  illis  >  atque  ita  vaftatio- 

nem 


524     Piéees  Juflificatives 

,>  nem,quam  invexerunt  revoca^di, 
>,  Quanquam  autem,  fe  viros  haere- 
„  lici  contra  fe  habuiffent ,  cautiùs 
7y  &  conf  jltiùs  fua  egiffent.  Suntque 
y,  admodum  quidam  eorum,  qui  ut 
i,  folum  Zvvingiii  vehementia  tan" 

tum  ira  excitari  potuerunt.Admo  * 
5>  dum  enirn  ille  continué  fervebatr 
,3  Er  ufui  nobis  fuiffet  &  décorum  , 
5,  atque  authoritatem  illius  immi- 
33  nuiffemns  ;  Do&ior  tamen  haec 
3^  Beliua  eft  qnàm  pucabam.Nafutus 
„OecolampAdius  in  Prophetis  ille  3c 
33  Hi  braea  lmgua  praellare  videtur  : 
9>  Scd  nihil  il  1  i  ubertate  ingenii  &c  ex- 

ponendi  perfpicuitate  j  tamen  in 
,3  Graecisj  fi  non  major  ,  par  illi, 
53  Q^iid  nunc  impoftor,  Capïto  va- 
3>  leat  3  non  potuit  dijudicare.  Pauca 
33  enim  loquutus  eft.  Plura  Snapba- 
»  nicus  Bucerus ,  qui  fi  eruditione 
33  linguarum  fcientiâ  par  effet  Zwin- 
33  glio  6c  Oecolampadio  9  nobis  ma-» 
33  gis  metuendus  effet.  Ira  difficile 
3,  commovetur  Beftiola  ,  Se  fatis  lu- 
»,  culenter  fua  proponir.  Sed  quid  ? 
33  Iniquiflîmè  vides  rem  noftram 
,3  comparatam  coram  exei  citatiflîmis 
33  haereticis.  Unus  &  alter  latravit 

facnficulus,  qui  vigiliis  canendis, 

non 


four  le  Tome   H,  52$ 

„  non  difputando  ,  erant  exercitati ,  j  J28* 
5>  bonus  ilULudia.jgifter  LkteMÛb* 
>>  ne  parum  licterata. 

„  Quem  autem  evenrum  habuit 
3,  difputatio?  ïndignum  noltâ  dili- 
»  g  ntiâ.  Cùm  difputatio  finita  elTet 
>,  25.Januaiii,  uniiifque  Senatûs  de- 
»  crcto  confulrum  <ft,ut  omnes  À«ae, 
yy  Scaruae5MijTae,  &  quidquid  cultus 
»  divini  &:  Ceremoniarum  eft  Eccle- 
9>  fias  in  oppido  Bernae,  &  omnibus 
»  Vîcis  &c  Pfigis  ipforum  impeuo 
>j  fubje&is ,  ubi  non  m?jor  Populi 
pars  id  fcrato  elimineutur,  nec  un- 
»  quam  recipiantur.  O  tempora  ,  ô 
ù  moies  3  6  noftram  focoidiam  ! 
»  Qiîarn  facile  potuiifet  hoc  malum 
9)  caveii  >  fi  fiud'io  forum  quam  fcorto- 
,y  rum  nolbi  Epifcopi  amantiores  effent. 
yy  Sed  dicts  :  Nullane  fpes,  hos  ne- 
»  fariorum  haejericorum  conatus  re- 
yy  fringendos  ?  Ccrtè  per  pauca.No- 
yy  fti  ferccitarem  hujus  Gentis>quam 
yy  nihil  aliud  fubvenit,  quam  qubd 
,>  Nemo  adeb  idoneus  contra  haei c- 
yy  ticos  piodire  fuit  au  fus.  Luiernani 
yy  cum  Primoribus  P^gorum  aliquot 
yy  fedulb  fane  navârunt  operam  :  fe- 
yy  dulioreni  cenèquàm  omnes  Epif- 
>>  copi  ut  ifta  impediientur.Scd  duni 


526    Pièces  Juflïficatives 

Î528*  »  majis  adeo  defenforibus  noftras 
>,  partes  apparuerunt ,  xudis  Plebs 
»  nudos  quoque  veritate  arbitrata 
»  eft  3  vicitque  pars  major  melio- 
5?  rem.  Nam  Ttgurini  omnia  porTunt 
3,  apud  illos  ,  quos  fcis  Se  exercita- 
5,  tifllmos  effe  dolis,  &  incompara- 
j,  bili  pertinaciâ.  Quid  nunc  faciant 
»3  alii  :  Senatum  quoque  Bafilienfem 

fcis  metu  Plebis  fuac,  qutm  incan» 
3,  tat  Oecolampadius ,  non  tàm  erudi- 
tione  quàm  hypocrifi  fuâ,  nihil  pof- 

fe.  Idem  paulo  poft  ufu  veniet  & 
s,  aliis.Unum  equidem  timeo,paulo 
5,  poft  Helvetios  sequè  Pontificis  ex- 
3,  cufTuros  jugum  atque  exeufferunt 
3,  jam  pridem  Cœfaris.  L't  utinam 
„  Conslantia,  &  aliquot  Urbes  Impe- 
3,rii,  non  fequantur  exemplum. 

Rts  Cœfaris  ferè  lîc  habent  in  Ita- 
3>  lia>  ÔC  Régis  Hangar  or  um  in  Hun- 
,,  garia  »  fient  Saxonia  s  ut  fruftrà  in 
5,  praefenti  ab  ipfi  fperemus  haereticos 
33  opprimendos.  Nifî  nos  exfeindi 
33  volumns,  ad  cas  arces  nebis  con- 
3,  fugiendum  eft  3  quibus  primum 
33  crevit  Ec  Jefia  ,  eruditionem  & 
o  mores  aliquâ  fahem  fpecie  Jauda- 
33  biles.  Sed  de  his  facis.  Domino 
33  Zdelio  da  hai>  legendas  3  &  con- 

jun- 


pour  le  Tome  IL  527 

,9  jun&as  his  da  Domino  L(yflro,\\or-  j  J28« 

tareque  ut  rem  meam  amet  dili- 
5,  genrer.  Dominum  Rodolpbum  die 
3>  penfionem  Laufanienfan  ad  Fn*«- 
cofordium  emporium  expe&are.  Sa- 
,>  luta  amicos  ,  &  commenda  me 
35  Domino  Decano.  Vale  féliciter  cum 

tua  Hildegarde  ,  &  pufione 
3,  Soloîbari.  29.  Januarii. 

T.  Jacob  us  Monafterienfis. 

V. 

Lettre  *  4&  Fribourgeois  ^«  Gw- 

/t'//  de  Laufanne, 

Aux  Nobles  Magnifiques  ,  Syndi- 
ques &  Confejl  de  la  Ciré  de  Lau- 
sanne y  Nos  finguiiers  Amis  Se 
très  CJiier*  Bourgeois. 

,3  ^^JOltes  Sec.  Très  chters  &  bons 
w.-*-^  -^;wjj      Fr^«.v  Corn  bourgeois  >  j  08 
J5  A  Fous  nous  nous  rec  ommandons,  Tous 
,9  f aijant  f avoir  comment  femmes  ad- 

monmftez  de  nos  Alliez,  >  leur  aider 
33  maintenir  nôtre  ancienne  Cbrcttmne 
3, yVy  ;  £r  />o«w  ^//f  a/*  jomwis  tenus 

de  faire  ,  tant  par  nos  Alitâmes  , 

que 

*  Tirée  des  Archives  de  laufanne. 


528     Pièces  Jujiificatives 
M 28. 5J  que  par  nos  *  Seréments  ,  /"^//j 
mens.1    "  P**  de  la  i  Bourgeifie* 

i  B^ur-  5*  que  nous  z  appy  i  cinquante  3  C0/0- 
geoi/îe.  „  vriniers,  de  vos  4  Compagnons  équip- 
par^ez.   }>       ^  cc  ^ue  appartient  en  guerre  > 

3  Ar  <*J^  quand  les  manderons  que  5  vie- 
québu-  „gncnt  a.com;agner  notre  6  bannière, 
4SoMats  >?  lJu  -  avon<  fiance  m  Vous-.  Vous 

5  Vie.i- ,5  difant  À\  i  u  :  Ce  le  dernier  jour  d'O- 
nent.         &obn  >  anno  28. 
*  Armée  jjAdvoyer,  Périt  &:  Grand  Confeil 
de  la  Ville  de  Fnbourg. 

VI. 

Premier  Traite  de  Paix  de  Reli- 
gion j  towc/«  ewfre  /fj  Cantons  y  le 
2  <S.  152p.  Traduit  de  l'Origi- 
nal 'allemand  • 

ïc?Q  *NJf°us  ^on^illers  &  Envoyez 
I  5 1  y •         ^es  yilles  &  des  Pays  deHieux 
ci-deflbuv  nommez.    Savoir  De 
„  Glaris  ,  Jean  <ts£bli ,  Amman  , 
3,  Conrad  SJù ■  dler,  Fridolin  Matthis  , 
3,  Copfeillers  :  De  Fr  / bourg  ;  Jean 
Lindther>  Jaques  Frcjùourger,  Con- 
3,  feillers  :  De  Soleurre  Pierre  He- 
„  £o/f  ,  ancien  Avouer,  Urft  Sta 
>,  Thréforier  ,  BénCdïtl  Afansfï* ,  Je- 
7 orne  de  Luternauvv ,  Rodoljf  Vogcl- 

Jang 


pour  le  Tome  II.  529 

^fatig^  Confeillers  du  Petit  &  Grand  1  c 
„  Confeil  :  De  Schaffhouse,  Jean 
3,  Jaques  Alourbacb  ,  Keller  , 

35  Cbriflophle  AmGrut,  Jean  Rudolf  > 
,3  Confeillers  :  D'Atpenzell  ,  17/- 
„  nV/;  Yfcnhout  ,  Ulrich  Broger  ,  tous 
3,  deux  anciens  Arnmans  :  Alattbieu 
5,  Zidler  ,  ancien  Chancelier  ,  Séba- 
;5        Dxring ,  Confeiller  :  Des  IîL 

Lignes  des  Grisons  5  Conrad  de 
,3  Lumbris,  Amman  j  Amman  AI  a  n- 
»  ritZi  ancien  Juge  du  Pays ,  Thomas 
,3  Caslelberger ,  Pierre  Woljf,  Chance- 
3,  lier  3  Matin  Stger ,  Simon  Arnold 

Lieutenant  de  la  Ligue  Haute  : 
3,  Ulrich  Gersler  ,  ancien  Bourgmaî- 
33  tre  de  Coire  ,  Guillaume  Migglï  , 
3,  Gaudcntim  de  Cajiclmour  ,  Baillif  de 
5,  Furftenavv ,  Zacharie  Noth  \  delà 
33  Ligue  de  la  Cad  de  a  :  Ulrich 
syWoljfi  Simon  Zindel  Juge,  Os  bon 
33  Lientz  >  de  la  Ligue  des  dix  ju- 

3,  RISDICTIONS.       De  ROTHWEIL  > 

3,  George  de  Zimmcrcn,  Bourgmanre  > 
33  Louis  lPernber,Conft]\\çr.  DcSap.- 
3,  gans,  Jean  Habermullt-r,  Jean  irai- 
5,  tber.    De  Strasbourg,  Jean 
Stourm,  ancien  *  Maire,  Conrad  Jo-  v  57 
ban  Concilier.  Et  de  Constance  meift 
5>  Jacob  Zelkïi  Bourgmaîtrc  :  Cou- 
Lom%  IL  Z  fef- 


530     Pièces  Jujîjficatives 

I  S29.  »  feflbns  &  faifons  favoir  manifdte- 
5,  ment  à  chacun  par  les  préfentes  : 
„  Que  comme  depuis  quelque  tems 
en  ça  il  s'efc  élevé  quelques  diffi- 
3,  cultez  ,  difcorde  &  différends,  en- 
tre  les  Nobles  ,  généreux,  pieux , 
,,  magnifiques  ,  prudens  &  fages , 
Bourgmaitres,Avoyers,Confeillers 
,,8i  toutes  lesBourgeoifies  des  deux 
^Villes, Zurich  &BERNE,d'un  côte; 
8cles  généreux^agnifiques.pieux, 
prudens  &fages,  Avoyers,  Land- 
Ammans  ,  Confeijlers,  &  toutes 
5,  les  Communautez  6c  patriotes  , 
3,  des  Cantons  fous  nommez,LucER- 
NE?  Uri>  Sghwits,  Underw^ald 
au  deiTus  &  au  deiïous  du  Kern- 
„  vvald,  Se  Zoug  ,  avec  le  Quartier 
Extérieur,  qui  y  appartient,  d'au- 
3,  tre  part  $  au  fujet  de  plufîeurs  &c 
3,  diverfes  chofes  ,    félon  qu  elles 
33  font  mentionnées  ci-après  dans  les 
3,  Articles  >  Ces  diffieultcz  &  ces  dif- 
33  férends  font  allez  fi  loin  3  qu'ils 
3,  ont  produit  de  la  haine  &  une  en- 
,3  tiére  inimitié,  tellement  que  la  fuf. 
3,  ditte  Ville  de  Zurich  a  envoyé  dé- 
3,  clarer  ouvertement  la  guerre  aux- 
,  3  dits  V.  Cantons,  Lttcerne,  Ur'hSch- 
n  vvitS)  XJndervvald  Se  Zoug  >  3c  en- 
fui tç 


pchy  le  Tome  IL       53 1 

„  fuite  conjointement  avec  les  géné-  j 
„  reux  ,  magnifiques  ,  pieux  ,  pru- 
„  dens  ,  fpe&ables  &  fages  ,  leurs 
„  Combourgeois ,  de  /?trw<?,  BâU,  S. 
3t  Gai)  Mullhoufe  &  Biennç*  avecleurs 
»  autres  Partifans  &  Adherans  1  fe 
»  font  mis  en  campagne,  avecleurs 
yy  Bannières  &.Enfeignes  déployées, 
„  &  avec  toutes  leurs  forces,  c'eft 
>,  pourquoi  les  fufdirs  cinq  Cantons 
,3  Luceme,  Uri,  Scbvvitz>  Utidcrvvald 
3,  &  Zoug  *  le  font  aufïi  mis  en  dé- 
5J  fenfe,  &c  en  campagne,  avec  ieurs 
33  forces  ,  leurs  Bannières  tk  Enfei- 
3,  gnes. 

»i  Et  Nos  Seigneurs  &  Supérieurs 
33  de  Nous  tous  les  Envoyez  ci-def- 
;,  fus  nommez  ,  ayant  apris  cette 
3,  divifion  &  inimitié, laquelle  leur  à 
33  caufé  véritablement  un  très-grand 
3,  déplaifir,  ils  nous  ont  envoyé  tous 
33  enfemblc ,  &;  chacun  en  particu- 
3,  lier  3  auprès  des  deux  fufdittes 
3,  parties  ,  avec  un  commandement 
,3  exprès  ,  de  travailler  vigoureufe- 
3,  ment  dans  cette  grande  6c  dilHcile 
3,  affaire,  afin  d'éviter  <Sc  de  préve- 
,3  nir  la  divilion  du  Loiiable  Corps 

Helvétique  ,  les  miféres  ,  les  mal- 
joueurs,  ck  leifufion  du  Sang  Chré- 
Z  z        tien  t 


532     Pièces  '  Jujlijicativcs 

i52Ç.  ?>  tien,  qui  pourroient  s'en  enfuir  :  - 
»  &:  qu  elles  prennent  en  confidéVa- 
tion  la  profpérité,  l'utilité,  &  la 
3J  gloire  de  tout  le  Corps  Helvéti- 
3,  que,  &  de  toute  la  Nation  Alle- 
„  mande j  &  quelles  nous  permet- 
3,  tent  &  nous  ottroyent  à  Nous  les 
3,  fufdits  Envoyez  y  comme  Média- 
î3  mus  amiables  ,  de  chercher  quel- 
3,  ques  moyens  3  pour  terminer  par 
»9  la  douceur  &  à  l'amiable  leur  ini- 
33  mitié  Se"  leur  conteftation  guerrié- 
33  ve,  pour  éviter  les  malheurs  fuf- 
33  mentionnez  ,  comme  auffi  celui  de 
3,  faire  des  Veuves  &des  Orphelin?. 
3>  Et  ayant  trouvé  accès  auprès  def- 
o  dittes  deux  Parties  ,  pour  les  rac- 
a,  commoder  &  les  réunir  par  la  dou- 
3,  ceur  3  au  fujet  de  ces  chofes  }  A 
3.  ces  caufes,  après  beaucoup  de  pei- 
3,  ne  &  de  travail  3  &  après  avoir 
33  fuffifamment  entendu  les  plaintes 
,3  &  les  réponfes  defdittes  deux  Par- 
33  ties  j  Nous  les  fufnommezMédia- 
53  teurs  &  Arbitres  amiables  ,  avons 
53  prononcé  &c  arrêté  entr'elles  les 
33  moyens  &  articles  fuivans  ,  félon 
3,  qu'il  eft  exactement  contenu  & 
33  mis  par  écrit  ci-deflbus  d'un  ar- 
53  ticle  à  l'autre. 

En 


pour  le  Tome  IL  533 

En  I.  lieu  ,  concernant  la  Parole  *529- 
>,  de  Dieu  ,  d'autant  que  la  Foi  n'eft 
3,  pas  une  chofe  ,  à  laquelle  perfon- 
,3  ne  doive  être  contraint  ;  par  con-  * 
o  féquent  les  V.  Cantons  &  les  leurs 
>3  ne  feront  point  contraints  à  cefu- 
3>  jet  5  Mais  pour  ce  qui  eft  des  Con- 
33  fédérez  ,  tk  des  Bailliages  2  oùlon 
3>  a  drok  de  conimandei  :*vec  les  au- 
»  tres  ^ans  les  lieux,  cù  les  gens 
5>  auront  aboli  la  Mcffe  3  brûlé  ou 
3>  ô:é  les  Images  *  ils  ne  devront 
3,  point  être  punis  3  en  Corps,  hon- 
33  neur  &:  bien.  Mais  là  où  la  Méfie 
3,  &  les  autres  Cérémonies  fubfit 
3,  tent  encore  ,  on  ne  doit  leur  faire 
33  aucune  violence  ;  on  ne  doitauili 

leur  envoyer,  leur  établir  ou  don- 
3,  ner  aucun  Miniftre ,  fi  cela  n'y  eft 
,3  pas  réfolu  par  la  pluralité.  Mais 
,3  ce  qui  aura  été  réfolu  entre  les  Pa- 
3,  roifliens  >  à  la  pluralité  des  voix, 
J?  fur  la  confervation  ou  l'abolition 
3,  de  la  MelTe  3  pareillement  au  fu- 
3,  jet  des  viandes,  que  Dieu  n'a  pas 
33  défendu  de  manger  ;  cela  reftera 
,3  en  fa  force  tant  qu'il  plaira  aux 
3,  Paroifliens  :  Et  aucune  partie  ne 
33  maltraitera  ou  moleftera  l'autre  à 
,3  caufe  de  fa  foi. 

z  3  à* 


534    Pièces  Jujlificatives 

II.  Concernant  l'alliance  &  fU- 
$29»     nion  Ferdinandine  ,  d'autant  qu'elle 

?)  a  été  faite  uniquement  à  caufe  de 
»  la  Religion  ,  8c  que  préfentement 
«  les  Arbitres  ont  fait  cet  accommo- 
»  dément  5  ^/'aucune  Partie  ne  doit 
?,  faire  violence  à  l'autre ,  ni  la  mo- 
»  lefter ,  ni  la  haïr  3  à  caufe  de  fa  re- 
>y  ligion  >  pour  cette  caufe  elle/era 
>,  incefïarnment  livrée  &  remife  en- 
»  tre  les  mâins  des  Arbitres  ,  avant 
3,  que  les  armées  décampent  j  les 
»  fceaux  en  feront  arrachez, les  Let- 

très  feront  coupées  &  déchirées  , 
„  enforte  que  chacun  en  puiffe  voir 
9,  les  pièces  j  8c  elle  fera  nulle  & 
9)  de  nul  ufage  :  8c  aucune  Partie  ne 
j,  pourra  plus  s'en  fervir  3  ni  de  pa- 
„  reilles  à  l'avenir.  Touchant  les  au- 
„  très  Traitez  de  CombourgeoifiejÔC 
3,  d'Alliances  ,  qui  ont  été  nouvelle- 
3,  ment  contractez  5  on  éxaminera 

dans  les  Diétes3  comment  onvou- 
3>  dra  fe  conduire  à  cet  égard,Le  tout 
?,  fans  aucun  préjudice  de  la  Com- 
3,  bourgeoifie  Chrétienne  contractée 
?3  entre  les  fix  Villes ,  Zurich ,  itowe, 
3,  i^/e,  5.  6W5  Mullhoufe  3  Bïenney  8c 

autres. 

III.  Touchant  l'ufage  de  prendre 

des 


pour  le  Tome  IL  535 
des  penfions  ,  des  appointemens 
3,  des  dons  &c  des  prèfens,  de  la  part 
?j  des  Rois  ,  des  Princes  tk.  des  Sei- 
J5  gneurs  ,  les  VI.  Villes  Zurich, Ber- 
,,ne ,  Baie,  S.  Gai,  Afullboufe  Se  Bicn- 
3,  ne  3  avec  d'autres  ,  leurs  Confede- 
5>  rez,  prient  de  nouveau  tiès-inftam- 
33  ment  les  V.  Cantons  &  leurs  Com- 
as munautez,  de  renoncer  entièrement 
3,  au  fervice  de  tous  Piinces  ck  Sei- 
33  gneurs,  à  leurs  penfions,  appoin- 
3,  te nens  &  dons  ,  de  les  abolir  5  &: 
3,de  le  faire  en  confidèration  denô- 
33  tre  Patrie.  Q^c  fi  cependant  certe 
33  prière  ne  pouvoit  avoir  aucun  flic- 
3,  ces  >  il  a  été  ici  expreflement  con- 
3,  venu  3  Que  fi  un  homme  ou  plu- 
û  fieurs  ,  des  V.  Cantons  ,  enrolloit 
3,  quelqu'un  des  VI.  Villes  3  ou  de 
,3  leurs  fujets5  pour  Soldats,  les  pre- 
»3  noit  3  ck  les  emmenoit  à  h  guerre, 
,3  tel  ou  tels  devront  être  punis  de 
3,  mort,  par  leurs  Seigneurs  &.  leurs 
s ,  Magiftrats  ,  lorfqn  on  le  leur  fera 
,3  favoir.  Et  fi  les  VI.  Villes  peuvent 

attraper  ces  Emolleurs  dans  leurs 
3,  terres  ,  elles  les  puniront  de  la  mfc 
3,  me  manière. 

IV  Qjand  à  la  punition  des  prin- 
,>  cipaux  Autheurs  5  &  des  Diftiibu- 
Z  4  teurs 


536    Pièces  Juflijicalives 

gt  J3  teurs  de  ces  penfions,  Nous  'ne 
pouvons  pas  trouver  ,  Nous  au- 
o  très  Arbitres ,  qu'on  puifle  les  pu- 
3,  nir  j  puifque  chacun  a  eu  permiC- 
yy  fion  de  fes  Magiftrars  d'en  prendre. 
,>  Mais  fi  à  l'avenir  on  les  abolit  ce- 
>>  lui  qui  tombera  en  faute  fera  puni 
3,  alors  y  comme  il  l'aura  mérité,  en 
,5  fon  corps  &  en  fes  biens. 

V.Touchant  ce  que  quelques  Can- 
„  tons  s'affemblent  en  Diète  à  Bec- 
5,  kenriedt  >  ou  en  d'autres  lieux,  dé- 
;>  formais  ni  les  4,.*  Cantons  Fon 'tiers , 
3,  ni  d'autres  Villes  qui  ont  enfem- 
»  ble  des  Traitez  de  Combourgeoi- 
33  fie  3  ne  s'affembleront  plus  s  pour 
s,  aucune  chofe,  qui  interdis  tous  les 
33  Cantons  enfemble,  en  aucun  lieu  ; 
,3&:  ne  feront  plus  ainfi  les  choies 
33  en  fccret>  car  il  feroit  à  eraindre 
3,  qu'une  telle  conduite  ne  produifi: 
3,  rien  de  bon.  Mais  s'il  y  a  des  Can- 
0  tons  unis  entr'eux  par  des  Traitez 
3,  de  Combourgeoiile  ou  d'anciennes 
?5  Alliances  ;  &  qu'il  y  eut  des  affai- 
res  fur  le  tapis,  qui  les  concernât 
93  fent  eux  feuls  3  ils  pourront  pour 

ces 

*  F/aldflett.  Ce  font  les  4.  Cantons  qui 
font  autour  d'un  même  Lac  »  Lucerney  Wi, 
SchwitZj  &  UndervvaM, 


pour  le  Tome  IL  $37 

ces  fortes  de  chefes  s'affcmbler  où  1529. 
ils  voudront j  &  quand  on  s'af- 
5>  femblera  en  Diète,  ils  devront  tra- 
vailler  foigneufement  avec  les  au- 
,y  très  ,  à  régler  les  affaires  a  fans  in- 
»3  trigues  &:  fans  le  divifer. 

Vî.  D'autant  qu'il  a  fouvent  été 
33  dit  dans  les  Diètes,  que  quelques 
Cantons  ont  écrit  &:  négocié  >  au 
>i  nom  de  tous  les  Cantons3  des  Vil- 
f       les  de  des  Pays  î  quoi  que  les  au- 
33  très  Cantons  n'eulfent  eu  aucune 
33  part  à  ces  négociations  3  Se  n'y 
3,  eurfent  point  donné  leur  confente- 
3,  nient,  on  devra  à  l'avenir  s  abfte- 
3,  nir  de  ttlles  chofes,  &c  les  Can- 
3,  tons ,  qui  feront  ces  écritures,  s'y 
33  nommeront    &c    fouferiront  par 
,3  leurs  noms  ,   &  on  n'y  mêlera 
s,  point  les  Cantons  3  qui  ne  favent 
rien  de  cette  affaire»  &c  qui  n'y  ont 
3>  pas  confenti  ;  &  on  n'y  fera  au- 
3,  cure  mention  d'eux. 

Vil.  Concernant  les  er.fans  de  feu 
,,  Mr.  Jacob  Schlofier,  comme  en  a 
demandé  pour  eux  à  ceux  de  Sch- 
5,  witz  une  penfion  &  entretien  con- 
,,  venable;  les  deux  Parties  nous  ont 
,,  confié  cette  affaire,  à  nous  les  Ar- 
bitres;  Ainfi  le  règlement  que  nous 
Z  5  fc- 


5  38     Pièces  Juftijicatives 

>>  ferons  fur  ce  fujet ,  devra  être  re- 
Se  exécuté. 

VIII*  Toutes  les  Ordonnances  Se 

les  Edits,queles  VI.  Villes, Zurich, 
„  Berne  ,  Baie  ,  S.  G  ah  Mullbonfe  Se 
n  Bienne  ont  faits  Se  publiez, foit  tou- 
,>  tes  enfernble,  foi:  chacune  à  part  3 
?,  au  fujet  de  la  Parole  de  Dieu  fub- 
3,  fieront  &  demeureront  en  leur  for- 

ce  ,  fermes  Se  immuablesjfans  em- 
3,  péchement  &  fans  oppofition  de 
5>  perfonne.  Comme  aufli  là  où  l'on 

aura  aboli  la  MdTe,  les  Images, les 
y}  ornemens  d'Eglife  ,  Se  autres  ap- 
„  partenances  du  fer  vice  divin}  que 

chacun  de  quelque  Magiftrat  qu'il 
>,  dépendej  fera  dès  à  piéfenten  tou- 

te  fureté  pour  ce  fait  >  que  ces  cho- 

fes  ne  feront  point  rétablies  >  Se 
3>  qu'on  n'en  donnera  ni  ordre  ni 

permiflion  ,  Se  qu'on  ne  châtiera 
5,  perfonne  à  ce  fujet.  Bien  entendu 
3,  pourtant  qu'on  n'employera  la 
3,  contrainte  contre  perfonne  en  ma- 
3>  tiére  de  Religion, 

IX.  Que  tous  ceux  qui  fe  font  mis 
3,  en  campagne  avec  les  deux  Villes 
33  de  Zurich  Se  de  Berne,  ou  qui  leur 
33  ont  donné  alTiftance,  fecours,con- 
3j  feil>  ou  qui  les  ont  favorifé  5  dans 

cette 


pour  le  Tome  IL  539 

3)  cette  expédition  de  guerre, de  quel-  j 

que  manière  que  la  chofe  ait  été 
5,  faite,  foit  Bile,  S.  Gai  >  Afullhoufe  > 
},Bietine,lç  Tbourgavv  i  Bremgarte , 
,,  Alellingue ,  le  Rbeintbal ,  les  Sujets 
s,  de  r Abbaye  de  S.  Gal>  les  Bailliages 

Libres  &:  communs  dans  t^£r- 
jfgèWi  pare'Uement  le  Tockebourg  , 
3,  le  Gaftel,  Wefen  >  Se  d'autres  5  tous 

ceux-là, foit  en  général,  foit  en  par- 
3,  tkulier  ,  foit  qu'ils  foient  en  quel- 
3î  que  dépendance  des  deux  Villes 
3>  ou  non,  foit  que  ce  foyent  des  per- 

fonnes  feules,  ou  des  Communau- 
3,  tez,  Villages  ou  Villes,  qu'il  ne 
s,  leur  fera  fait  aucun  mal ,  pour  s  e- 
3,  tre  ainfi  joint  à  Elles  5  Se  pour  leur 
3,  avoir  donné  fecours,  confeil,  &  af- 
3,  fiftance,  par  amitié  ,  Mais  on  ne 
3>  devra  ni  les  inquiéter,  foit  par  des 
3,  paroles,  foi:  par  des  effets,  ni  les 
„  molefter  3  en  un  met  ils  devront 
«  o  être  abfolument  impunis.  Il  en  fe- 
,3  ra  atifli  de  même  de  tous  ceux  qui 
,3  font  venus  au  fecours  des  V.  Can- 
3,  tons}  Se  qui  leur  ont  prêté  fecours 
3,&  aflîftance  ;  foit  les  VaIJaifans  , 
,}  foit  des  Communautez  ou  des  per- 
,>  fonnes  feules,  Ecclelinftiques  ,  ou 

Séculiers  ,  fans  aucune  exception  -, 
Z  6  Se 


540    Pièces  Justificatives 

1  S 29»  „  Se  il  doit  être  arrêté  ,  conclud  & 
,,fcellé,  que  la  chofe  fera  ainfî  fer- 
,,mement  Se  inviolablement  obfervée 

X.  Quant  aux  paroles  choquantes 
Se  injurieufes*  dont  on  s'eft  fervi 
jufqu'à  prélent  de  part  Se  d'autre, 
au  fujet  de  la  Religion,  d'une  ma- 

„  niére  afïurément  groiTiére&  impu- 
i3  dentedefquelles  ont  donné  naiffan- 
»  ce  à  cette  divifion  ,  on  devra  dé- 
formais  s'en  abftenir  entièrement 
des  deux  cotez,  Se  les  abolir  pour 
jamais  ,  enforte  que  dès  à  préfent 
„  Se  pour  ï'avenir  dans  toutes  les 
„  parties  il  n'en  foit  plus  parlé  ,  Se 
„  ceux  qui  feront  Se  agiront  contre 
cela,  ces  tefraftaires  Se  tranfgref- 
feurs  feront  punis  par  leurs  Sei- 
„  gneurs  Se  Supérieurs,  félon  qu'ils 
»  l'auront  mérité,  en  corps  Se  en 
biens,  dès  qu'on  les  leur  déférera, 
„  fans  oppofition  de  perfonne. 

XI.  Que  tous  les  arrêts,  qu'on  a 
„  mis  jufqu'à  préfent  dans  ia  SuifTe, 
„  fur  les  Cenfes  ,  Rentes,  Intérêts  , 
„  Revenus  Se  biens',  qui  ont  appar- 
„  tenu  jufques  ici  à  des  Eglifes  Se 
„  à  des  Gommunautez  Religieufes , 
„  dans  les  lieux  où  l'on  a  aboli  la 
„  Meffe,  feront  enlevez,  annuliez  Se 

cafTez 


pour  le  Tome  IL       54  f 

„  caffez,-  3c  déformais  ces  fortes  de 
Cenfes,  rentes  &  intérêts  devront 
être  payées. 

XII.  Au  fujet  de  Mo  urne  r  >  il  a  été 
»  convenu,  qu'il  comparoitra  à  Ba- 
>j  de.  en  Droit,  devant  les  Arbitres, 
yy  qui  négocient  préfentement  dans 
»  cette  affaire  ,  pour  répondre  aux 
5J  plaintes  ou  prétentions  des  deux 
„  Villes  Zurich  8c  Berne  ;  &  que  ceux 
y,  de  Lucerne,  fans  aucune  contradic- 
„  tion,  l'obligeront  à  cela  ;  &  qu'il 
yy  fera  puni  comme  il  la  mérité.  Ce- 
J?  pendant  on  veut  bien  difpenferles 
3,  deux  Villes  de  Strasbourg  &  de 
y,  Confiance  ,  de  cette  affaire,  à  leur 

prière  :  8c  au  relie  de  la  part  des 

Seigneurs  de  Supérieurs  des  autres 
3,  Arbitres;  favoir  >  de  chaque  Can- 

ton  des  Alliez  8c  des  Conféderez, 
,3  on  envoyera  à  Bade  ,  pour  tenir 

cette  journée,  deux  des  Envoyez* 
„  qui  ont  aflilté  à  cette  négocia- 

tion. 

XIII.  (>iant  aux  frais  que  les  deux 
3,  Villes  de  Zurich  8c  de  Berne  ,  avec 
5,  leurs  Adhérens  Se  leurs  Partifans, 
yy  ont  été  obligez  de  faire  ,  on  remet 

cette  affaire  aux  Arbitres  ,  pour 
prononcer  là-deflus  après  connoif- 


542      Pièces  Jiisiifcaîives 

„  fance  de  caufe  ,  dans  ïefpérance  qu'ils 

examineront  avec  attention  l'importance 
„  du  fujet,  qu'ils  confidéreront  qu'on  a 
>,  été  engagez  à  ce  mouvement  de  guerre, 
,»  3z  qu'ils  procéderont  à  cet  examen  avec 

tant  d'application  &  de  zélé  qu'on  n'ait 
3,  point  de  reproche  à  leur  faire.  Ce  que 

defïus  doit  s'exécuter  dans  les  1^.  pré- 
:,  miers  jours  après  la  conclu/ion  de  la 
3,  paix  :  S'il  ne  te  fait  pas  dans  ce  tems-là  ; 
„  lefdittes  VI.  Villes  devront  rompre  tout 
5J  commerce  avec  les  V.  Cantons. 

XIV.  On  doit  reprendre  prélèvement 
3.  l'affaire  de  la  paix  d'Underwald,  &  elle 
,5  fera  vuidée  parles  Arbitres,  le  jour 
»,  qu'ils  prononceront  fur  le  fujet  des  frais 
3«  de  la  guerre.  Et  il  dépendra  de  la  Ville 
„  de  Berne,  que  les  Arbitres  traittcnt  cette 
33  affa;re  à  l'amiable,  ou  à  la  rigueur  de 
33  droit. 

XV.  Que  les  deux  Parties  demeureront 
,>  dans  leur  religion  .  aum"  long.tems  qu'il 
3,  leur  plaira;  &  qu'aucune  Partiei  emo- 
„leltera  ni  inquiétera  l'autre  à  ce  fujet. 
,3  Mais  au  relie ,  mis  à  part  ces  Arti- 
3,  cles,  les  deux  Parties  devront  demeu- 
33  rer  dans  tous  leurs  Balliages  ,  Seiçneu- 
o  ries,  Pays  Sujets,  territoires,  franchifes» 
,»  droitures,  coutumes,  anciennes  prati- 
3,  ques,  &  bons  &  louables  ufages,  delà 
3,  manière  qu'ils  les  ont  polTedé  enfemble, 
33  avant  cette  déclaration  de  guerre  &  ces 
a,  holtilitez  ,  fans  aucun  empêchement  > 
,,  oppofition  &  contradiction ,  Cependant 
,3  que  les  4.  Cantons  3  Zurich  ,  Luceme  j 

Schwitzj  &  Glaris,  prendront  en  confi- 
ô  dération  3  comme  il  convient,  la  Ville 
,>  de  S.  G*l ,  au  fujet  du  Monaftére»  qui 
3,  eft  dans  leur  Ville,  &  des  autres  em- 
3,  barras  qu'elle  peut  avoir  ,  &  qu'on  leur 
„  prêtera  fecours  en  cette  affaire-  XVI. 


pour  le  Tome  IL  543 

XVL  Comme  les  gens  du  Thourgwv 

font  des  plaintes  fort  vives  de  tous  les  I  5^9* 
„  grieffs  qu'ils  ont ,  &  particulièrement 
m  {ont  mention  entr'àutres  de  ce  qui  elt 

de  notoriété  publique  ,  Nous  les  deux 
,,  Villes  de  Zurich  ik  de  Berne, voulons  & 

entendons  férieulement  &:  nous  plait; 
3,  que  ces  bonnes  gens  du  Thourgavv  à 
33  l'avenir  ,  lorfque  le  cas  écherra 3  foient 

pourvu  de  Baillifs  &  Officiers  pieux, 
33  honorables  ,  graves  ,  &  de  bonnes 
3,  mœurs  y  &  en  particulierqu  a  la  place 
>,du  Baillf  d'aprèient,.?*-///**  Stocker ,ceux 
3,deZoug  y  établirent  incelTamment  un 
3,  autre  Baillifs  &:  que  demême  fans  délai 
,3  Martin  F/eerli  ,  icit  dépofé  de  ion  em- 
3,  ploi,  &  qu'on  mette  à  fa  place  un  autre 
•33  Land- Amman.  La  même  en  ;fe  dit  être 
3,  aufli  promife  parles  autres  Cantons, qui 
3.  ont  part  au  Thourgavv ,  &  cela  doit 
3,  être  compris  dans  ceite  paix,  Et  pour  les 
3,  autres  articles  &  griefs  des  Thourgo- 
3,  viens,  les  autres  Cantons  Nous  promet- 
3,  troi;t  à  nous  les  deux  Villes  de  Zurich 
3,  &  de  Berne,  d'examiner  ces  chofes  de 
3,  concert  avec  Nous  à  la  première  Diète, 
,,  Tans  aucun  renvoi  ni  délai ,  &  de  leur 
3,  adoucir  &  de  régler  leurs  griefs,  félon 
,,  le  droit  &  l'équité,  de  la  manière  qu'on 
5,  en  pourra  convenir. 

XVII.  S'^'on  jurera  &:  confirmera  ince.^ 
3,  famment  nôtre  Alliance,  (  ou  Conféde- 
3,  ration,)  comme  on  l'a  pratiqué  d  ancien- 
3,  neté  ,  conjointement  avec  la  convention 
3,  de  stantz, ,  &  cette  paix  Naionnale  > 
„  qu'on  vient  de  conclurre.  « 

Et  pour  conclulion  de  la  chofe,  par  le 
3,  préfent  Traité,  cette  aigreur  &  inimitié, 
„animoiïté,  divifion,  &  troubles}  &:ccqui 
33  s'eft  paflé  entre  les  fufdices  Parties, leurs 

Allie* 


5  44     Pièces  Justificatives 
ai  Alliez,  Adhérans  Se  Partifans,  fans-  aa- 
•  ,,  cune  exception  ni  referve,  &tous  les 
„  difeours  qu'auroient  pu  tenir  des  Corn- 
„  munautez  ou  des  perfonnes  feules,  foit 
3,  que  cela  regarde  une  Ville  ,  un  pavs  , 
des  Minières ,  ou  d'autres  perfonnes 
particulières  ,  toutes  ces  chofes  devront 
0  être  pardonnées  &  quittées  ,  en  forte 


3,  aller  &  venir,  Se  négocier,  îfoit  dans 
a,  les  Villes  ,  foit  à  la  Campagne,  lesur.s 
3,  parmi  les  autres  ,  en  toute  liberté  Se  fu- 
5,  reté  ,  fans  être  inquiété  ,  puni  ou  mo- 
lefté,  pour  ces  fortes  de  difeours  qui  ont 
>>  été  tenus;  Se  qu'en  tout  tems  à  l'avenir 
o  ils  perfévéreront  &  vivront  en  bonne 
3>  amitié  &  en  bon  voifîns»  comme  il  con- 
3,  vient  à  de  bons  Alliez  SuhTes.  En  par- 
ticulier  aucun  SuiiTe  ne  doit  fe  mettre 
>,dans  quelque  parti  contre  d'autres ,  ni 
3»  prendre  la  marque  ou  la  Livrée  d'une 
faclion,  Se  fur-tout  'aucune  partie  ne 
doit  tourner  en  mal  ce  que  l'autre  aura 
3,  fait  en  ces  occafîons  ,  ni_  en  rappeller 
, ,  le  fouvenir  ,  car  cette  affaire  Se  cette 
3,  inimitié  ne  doit  abfolument  porter  au- 
cun  préjudice  ni  dommage  à  aucune  par- 
„  tie  en  fon  honneur  Se  fa  réputation  ,  en 
,2  aucune  manière  ,  ni  par  aucun  endroit. 

Et  après  que  Nous  les  fufmeniionnez 
3,  Arbitres  Se  Médiateurs  amiables  avons 
montré  les  fufdits  Articles  »  moyens  8c 
3,  convenans  à  toutes  les  Parties  nommées 
3,ci-deiTus,  aux  Capitaines,  aux  Bande- 
,,rets  ,  aux  Enfeigncs ,  aux  Confeillers , 
„  aux  Chefs  de  bandes  Se  à  toutes  leurs 
Troupes  affemblées  ;  Se  les  avons  fait 
lire  devant  Eux  ,  de  mot  a  mot ,  ils 
„  ont  accepté  avec  remerciement  tous  les 
3,  Articles  écrits  ci- deifus  3  tant  en  général 


côtés  on  puiife  par  tout 


qu'en 


pour  le  Tome  IL  545 
3,  qu'en  particulier,  pour  leurs  Seigneurs  1  p 
3»  &  Supérieurs,  &  aufii  pour  Eux-mêmes,  * 
o  pour  les  garder,  cbferver,  &:  s'y  con- 
„  former  entièrement ,  comme  aufli  ils  fe 
3>  font  engagez  à  tout  cela  &  l'ont  voué 
33  &  promis  »  fîncérement  en  gens  d'hon* 
3>  n'eur,  fidèlement  &  (ans  fraude» 

Et  d'autant  que,  faute  de  parchemin, 
33  &  pour  d'autres  inconvéniens  on  ne 
33  peut  pas  maintenant  dreffer  dans  le 
„  Camp  les  Actes  Originauz  ;  Nous  les 
3,  Arbitres,  Nous  avons  établi  quelques- 
3»  uns  d'entre  Nous ,  pour  aller  à  Bade 
>,  avec  un  Secrétaire,  avec  ordre  de  n'en 
3,  point  partir  »  que  les  Actes  Originaux 
3,  n'ayent  été  drefTcz,  conformément  aux 
3,  Copies  &  fcellcz  de  ces  Arbitres  déie- 
3,  guez,  au  nom  de  Nous  tous  ,  &  qu'en- 

lùite  ce  Secrétaire  ira  par  tout  où  il  faut, 
3,  dans  les  VI.  Villes,  &:  auffi  chez  les  V. 
3, Cantons,  &  fera  attacher  le  grand  Seau 
33  de  chaque  Canton  8c  1-ays  à  ces  Actes, 
3,  &  enfuite  les  remettra  aux  Parties;  & 
1, qu'il  n'y  aura  aucun  délai  dans  cette 
»,  affaire.  Et  afin  que  la  chofe  foit  »ainfî 
,,obfervée  fermement  &  avec  certitude, 
3,  Nous  les  fufnommez  Arbitres  ,  Jean 
33  &hlt  Amman  de  Glaris  »  Jaques  Frey- 
„  bourger  ,  Pierre  Hebolt  ,  ancien  Avoyer 
3,  de  Soleurre  ,  GtMdtntiMt  De  c^ftelmcur 
,.,  Bailli f  de  Eurftenavv  ,  Nous  avons,  pour 
,,  ferme  témoignage  ,  appliqué  nos  pro- 

près  féaux  &c  cachets  ,  pour  nous  & 
„pour  nos  autres  Collègues  kifnommez, 

a  ces  deux  écrits  .  qui  font  mot  pour 

mot,  de  la  même  teneur.  Et  pour 
„  plus  grande  fureté  &  véritable  connr- 

mation  de  toutes  les  chofes  &:  Articles 
„  écrits  ci  deflus  »  Nous  l'Amman»  >  le 
A  a  Con- 


546  Pièces  Juftîficatives  Sec. 

I  $2Q.5'  Confeil  Se  toute  h  Communauté  de  Li 
"    Ville  de  Zoug  3  nous  avons  auffi  fait 
3J  appliquer  à  ces  Lettres  le  feau  de  nôtre 
5,  Ville  ,  &  de  nôtre  Quartier  commun 
3)  de  Zou»  ,  tant  pour  nous-mêmes,  que 
3,  pour  &  au  nom  des  4.   Cantons  fuf- 
3i  nommez  ,  Luc er ne,  Uri,  Schvvitz, ,  & 
Underwald  ;   &  enfuite  les  avons  li- 
3,vvez  &  remis  entre  les  mains  de  nos 
y,  Féaux,  Chers,  Anciens  Alliez  &Con- 
3,  fédérez  des  Vl.Villes  ,  de  Zurich  ,  Ber- 
yi  ne  ,  Baie  ,  S.  Gai  ,  Mullkoufe  &  Biertne. 
3,  Le  Vendredi  après  le  jour  de  S.  ]ean 
5,  Baptifte  l'an  après  la  naiflance  de]ESUS- 
Christ  nôtre  Sauveur  1^29. 


Fin  des  Pièces  Juftîficatives 
du  Tom.  II, 


ER 


ERRATA, 


Changemens  &  Additions  four 
le  Tome  IL 

Pag.  5.  &  les  fui  vantes  jufqu'àla  16. 
inclus?  an  lieu  de  1528.  au  haut 
de  la  marge  lifez  1517. 

Pag.  7.  lig.  11.  après  S.  Martin  ajou- 
tez de  l'an  1527. 

pag.  14.  lig.  17.  des  Députés  tf/flfcles 
Députés. 

pag.  13.  lig.  1$.  8c  Ton         où  Ton. 
pag.  24.  /y.  15.  Se  16.  prémier  lifez 
émt- 

pag.  98.  lig*  16.  Rom.  lifez  Philipp. 
pag.  145.  lig.  p.  que  //Tjjyç  parce  que. 
pag.  153./^.  ip.Vernon  ///f?  Veron. 
/M£.2ôo.      dernière  fainte  tf/f*  faine. 
221.  %  14.  FUNDATOR 
CONDITOR. 
272.  lig.  1.  arriva  ///fS  envoya. 
pag.  310.  //£.  13. Comtes  Com- 
tez. 

pag.  31p.  15.  après  Ncufchatel 
ajoutez  qui  étoit  de  Fribourg. 

331.  lig.  penult.  vu  de  la 

fondation  effacez  ces  mots  ,  &  les 
portés  en  notte  pur  citation  >  au 
b.ts  de  la  page, 
pag*  H?**  à  la  Citation  MSC,  lifez 

Ma- 


Manuel  ;  on  donne  ce  nom  en  ■  Smffç 
aux  Regîtres  des  Confcils  &  des  7u- 
bunaux^  ïl  y  a  la  même  faute  aux 
pages  fûivantes  333.  3  3.5...  &  3  3  8 . 

M?-  3  37-  %-2  8.  après  qualité  ajoutez 
on  le  lui  refu/à. 
369.       22.  ^reç  pour  eux. 

fMf  4' 3.       22.  &  23.  deux  cent 
hommes  itfez  les  gens. 

Au  bas  note  b.  1.  c.  ajoutez  p. 
30.  a. 

pag.  437.        14.  les  li fez  le. 
43 9-      S.  par  ///ês  pas.