{
FROM THE L1BRARY OF
LOUIS FITZGERALD BENSON , D.
BEQUEATHED BY HIM TO
THE LIBRARY OF
PRINCETON THEOLOGICAL SEMINARY
Section
mi i
HIST
y^7#* DE LA
RÉFORMA
//IWroE la
S7U ISSE,
Où l'on voit tout ce qui s'eft pâfle de plus
remarquable , depuis l'An 1^16. jufqu'en
l'An 1556.? dans les Eglifes des XIII.
Cantons, & des Etats Confederez,
qui compofent avec eux le L. Corps
Helvetiqjje,
Par ABRAHAM KUGHAÎ, M. D. S. E.
& Professeur en Belles Lettres dans
l'Académie de Lausanne.
TOME SECOND,
A GENEVE,
Chez MARC -MICHEL BOUSQUET et Comp.
M D C C X X V I I.
SOMMAIRE
D U
2. jL Berne. Réfolution prife pour l $2J*
cette Difpute, Invitation, Refus des
4. Evêques. Lettre de celui de Lau- >°-
fanne & des Bernois. Lettre ^ VI IL »•
Cantons aux Bernois: Leur réponfe, jj28.
Lettre de l'Empereur aux Bernois ; 1%.
Leur réponfe. Grand nombre de Sa- y
vans vont a cette Difpute, Ordre de ? ?
la Difpute. Reg lemexv s fur ce ? s
fujet. Dix Théfes proposes pour la «>-
Difpute.
IL Action du 7. Janvier. L Thé- *4.
fe. Difcours ^Haller j ^ d'OE-
COLAMPADE. DifpUtC fur U JU
Primauté & le Vicariat de Saint Pier-
re &c. Action du 8- Janvier. Dif» " '
pute fur la même Que fi ton. Difcours
de Z u 1 n g l e. action du 9. Jan-
vier. Suite de la même Difpute. Dif' si .
cours de Capiton 3 de T r a i-
g u e r & de B u c e r. Action sq.
du 10. Janvier. Suite de li mnne
Tom. Jf.
A
Dïf-
SOMMAIRE.
|S Vtfpute. Protcftaticns oppofees de di-
I 5 28. vers Acteurs. Action du n. Jan-
r#- vier. Action du 12. Les Théolo-
giens de Laufànne fe retirent fécret-
tement. Suite de la même Dif
pute.
4M // /. Difpute fur la 11 Théfe, qui
regarde les Commandemens de l'E-
■ glife. Action du 13. Janvier. Suite
r,. de cette Dif pute. Action du 14. Jan-
97 vier. Dif pute fur la III. Théfe ,
qui enfeigne notre Rédemption par
» Jesus-Ckrist feul. Difpute fur
U IV. Théfe , qui rejette la Pré-
\o0. fence réelle. Action du 15. Jan-
vier, Suite de la Difpute fur cet-
>'>■>■ te Théfe. Action du 16. Janvier.
"9 Suite de la même Difpute. Action
du 17. Janvier. Suite de cette Dif-
pute. Action du 18. Janvier. Sut*
..s u te de même. Action du 19. Janvier.
Bourgawer fe déclare fatisfak
fur la Queslion.
m*- IV. Difpute fur la V. Théfe qm
regarde la MeATe. Difcoufs de H al I
W le L Action du 20. Janvier. SuiA
te de la même Difpute. Action d
fA 21. Suite. On pajfe à la VI. The
fè , qui regarde la parfaite Médi;
cic
S O M M A I R E.
îion de Jesus-Christ , & i$2S*
rejette l'Invocation des Saints. Un
P ai fan provoque [on Curé a la Dif-
pute. Action du zi. Janvier. On fe
repofe à caufe de la Fête. Action du < fi-
Suite de la Difpute.
V. On pajfe à la VIL Théfe ,
qui regarde le Purgatoire & [es con-
féquences. Action du 24. Janvier. s
Suite. On pajfe a la V 1 1 1. Thé- - ?
fe , qui regarde les Images ; puis a
la IX. qui eft contre la défenfe du
Mariage. Action du 25. Janvier. *f}
Suite. Perfonne n attaque la X. Théfe.
Conclufton de la Difpute.
VI. Autre Difpute à Berne en <*.•*.
Langue Latine. Ecclésiastiques qui w
f ou fc rivent aux Théfe s. Jugement
d'un Catholique fur la grande Difpu-
te. Autre Difpute avec des Anabap-
tiftes.
VII. Les Bernois demandent con- 1»*
fil fur ce qu'ils doivent faire. R E-
G l c. m e n t pour abolir la Me (Te
& les Images dans la Capitale. Dé-
part des Etrangers. Edit général t+j,
de réformation. Députez envoyez ***
par -tout le Canton , pour y établir
A z U
S
SOMMAIRE.
la Réformation* Elle est reçue ^dans
le Canton. #• *
VI IL Tiavaitx de Farel pour
la Réformation du Gouvernement d'Ai-
gle.
HISTOIRE
5
HISTOIRE
DE LA
REFORMATION
DELA
SUISSE.
LIVRE QUATRIEME.
Qui comprend la Difpute & la
Réformation de Bern £.
I. SFéE® E S Seigneurs de Berne
Pl>j& confidérant tors les I 52?.
fc4^-_^§ rnouvemens , qui s ex- Achcmi-
citoient dans leur Cn- gÇg£
pitale 6V dans leur Pays , au fujet
de la Réformation , jugèrent nécef- Berne.
faire d'examiner enfin une bonne fois
A 3 &à
6 Uiftoire de la déformation
152?. & à fonds, cette importante affai-
Achemi- re % p0ur favoir à quoi Ton devoit
ThDif s>en tenin P^fieurs chofes les y
pute de engageoient \ i°. La grande diver-
Bekne. fité des fentimens , & de conduite,
en matière de Religion , qui pou-
voit avoir des fuites fâcheufes , fi
Ton ne travailloit à réunir folide-
ment les efprits, en les ramenant,
autant qu'il feroit po/Tlble,aux mê-
mes fentimens. 20. Le refus que
les Cantons Catholiques leur avoi-
ent fait de leur communiquer l'un
des Exemplaires originaux des Ac-
tes de la Difpute de Bade. Enfin
\C grand bruit que faifoient les
Moines , à l'occafîon des Adminif-
trateurs ou Curateurs qu'on leur
avoit donnés , & dont ils fe plai-
gnoient vivement , comme d'une
infraction à leurs droits, & d'un
attentat contre la Religion. D'ail*
leurs , la cîrconftance paroiffoit fa-
vorable. Toutes les principales
Puiffances Catholiques de l'Europe
étoient engagées dans une guerre
fanglante. Le Pape Clément VII.
« étant ligué avec François I. Roi
de France (a) , contre l'Empereur
Char-
W sieid. Liv. VI.
de U Suffi. L i v. I V. 7
Charles V. , la Ville de Rome avoir I 52$.
été attaquée le 6. Mars de cette an- Berne.
née 3 par l'armée Impériale -, prifê
brufcjuement 3c pillée 5 3c le Pape
qui s'étoit retiré dans le Château S.
Ange y avec quelques Cardinaux ,
y fut afïiégé durant fept mois. Là-
deffus , les Rois de France 3c d'An-
gleterre fe liguèrent enfemble con-
tre l'Empereur. Ferdinand fon
Frère > qui avoit été couronné Roi
de Bohême 3 3c qui prétendoit être
Roi de Hongrie , étoit engagé à ce
fujet dans une langlante guerre con-
tre les Turcs , qui le chafférent de
la Hongrie l'an 1525). 3c même al-
lèrent mettre le Siège devant Vienne
mais inutilement.
Tel étoit l'état de l'Europe , lorC-
que les Bernois , a (Terribles en r//*/«-
Grand Confe^il le Dimanche acres tionyrie*
la S. Martin? rcîolurent (a) unani-
mément 3c fans aucune contradic- Difpute.
tion > de faire tenir une Conféren-
ce ou Difpute de Religion dans leur
Capitale , au commencement de
Tannée fui van te. Ils en donnèrent
avis aux quatre Evcques , de * Lau,
A 4 fan,
(a) Stetl. 6yo. Sleid. Liv. 6.
f . Voyez parmi les Pièces Juftificatives ,
8 Hiftoire de la déformation
ï$2 %. fanne , de Baie, de Confiance & de
Bhrne. Syon , dont la Turifdiction fpirituel-
tion pri- Ie s etendoit fur quelque partie de
fepour de leur Canton ; les conjurant de
"5e s'y trouver en perfonne , ou du
Difpute. J . . ,
moins d y envoyer quelques Dépu-
tés , fous peine de perdre tous les
droits qu'ils prétendoient avoir fur
leurs terres , en vertu de leur dignité
Epifcopale.îls en donnèrent aufli avis
à tous les Cantons > & à tous les au-
tres Etats &: Villes libres du Corps
Helvétique , les priant d'y envoyer
leurs Théologiens de l'un & de l'au-
tre parti. Ils ordonnèrent {a) en
même tems à tous les Pafteurs Se
Curés de leur Capitale Se de leur
pays , de fe rencontrer à Berne ,
pour le premier Dimanche de Jan-
vier fuivant , Se d'aflifter à la Con-
férence de Religion , depuis le com-
mencement jufqu à la fin , fous pei-
ne de perdre leur Bénéfices. Et par
une Proclamation , datée du 17. No-
vembre » (b) on publia la réfolu-
tion qu'on avoit prife , invitant les
Sa-
N°. 1. qui font à la fin de ce Tome 3 la
Lettre écrite à TEvêque de Laujanne^
U) Latin. Mifi, 166.
W In Aclis.
de la Suffi Liv. IV. 9
Savans de tonte nation , & de l'un 1 S2$-
&: de l'autre parti, de venir dans
leur Ville pour cette Difpute, leur^;/p,:,
promettant toute la liberté & la fe pour j
fureté , qu'ils pouvcient défirer. Ils ^fUe*
y invitèrent auffi 71)omas Mourner
par une Lettre particulière ? à la-
quelle ils joignirent un fauf-con-
duit j mais il ne trouva pas à pro-
pos d'y aller. Au lieu de cela il
publia un Libelle fi attroce contre les
Bernois, que les Lucernois n'oférenî
plus le fouffrir chez eux, tellement
qu'il quitta la SuiiTe quelque tems
après.
Les quatre Evêques t refuférent Refus
d'afîifter à cette Difpute , & d'y en- £es, •■
ii / • • i J Eveques.
voyer. Ils écrivirent chacun en par- 1
ticulier aux Seigneurs de Berne ,
pour leur notifier leur refus j les ex-
hortant en même tems avec de g' ari-
des inftances , à fe défifter de leur
deflein. Comme la Ville de Berne
éroit particulièrement dans le Dio-
céfe de Laufanne, ces Seigneurs -4-
écrivirent une féconde fois le 2:.
A 5 De-
t Stetl. T. II. pag. 2.
4- LA tin. Mijj.
10 Hiftoire de la Reformation
1 $2%. Décembre > à leur Evêque * Sébaf-
Berne. tien de Alont-Faulcon , pour, le con-
de YEve- iurer Par 'e ^om Paftoral qui devoir
nue de avoir pour eux , de faire ce dont
Laufan. on lavoit prié j ajoûtant , qu'ils
des Ber- trouvoient fort étrange ce qu'il leur
nois. a voit dit dans fa Lettre , qu'il ri/t-
voit pas des gens affez inftruits dans
î Ecriture Sainte , pour une affaire auffi
importante que ï examen de la Religion.
Ils lui avoient déjà repréfenté dans
leur prémiére Lettre , qu'il étoit de
fon devoir , non-feulement de ton-
dre fes Brebis > mais auiTi de les
paître. On peut voir à la fin de ce
Tome les Copies des deux Lettres
des Bernois à TEvêque de Laulan-
ne. N'ayant aucune bonne raifon
pour fë difpcnfer d'afTifler à .cette
Difpute 3 ce Prélat leur écrivit qu'il
étoit malade. Ils lui répondirent le
cinquième Janvier , „ Que puifque
3, fa maladie , qui les affligeoit beau-
s) coup , ne lui permettoit pas d'af-
„ Mer à leur Difpute, ils le prioient
du moins d'y envoyer fes Théo-
logiens, fur-tout>celui quiluifer-
„ voit de Sécrétaire ; ( parce que fa
Lettre
¥ Vovcz cette Lettre entre les Piécë*
3n(lific*tive<. No. II.
de la Suffi Liv. I V. II
Lettre leur faifoit juger qu'il polïé- I S SX-
doit bien l'Ecriture Sainte, ) avec^^£*
?, quelques autres, qui euffent les del'Ex^-
?) mêmes connoiffances , promettant que de
5> de leur envoyer un Coureur pu-Laufan"
, i- i J v r» ne &
blic pour les amener a Berne en ^es Ber^
toute fûreté j & renouvellant la mis.
5, menace qu'ils avoient déjà faite*
5, qu'en cas de refus , il lui refufe-
„ roient dès-lors tout ce qu'il pré-
?, tendoit avoir de droit Paftoral fur
„ leurs terres (a).
Cependant huit Cantons * Catho-
liques (b) émus dé cette entreprife Lettre
des Bernois , s'aflemblérentà Lucerne^t VIIL
vers le milieu de ' Décembre 5 & leur
écrivirent une Lettre fort vive 3 uoJs,
pour les en détourner. Ils leur di*
foient: „ Qiïils s'étoient fans doute
>,lairTé gagner par leurs Prédicateurs,
>, qui vouloienr couvrir par cette
„ Difpute la honte de leur défaite,
„ 6c la confufion dont ils avoient
„ été couverts à celle de Bade : Que
„ bien qu'on n'eût point befoin de
>, difpute de Religion, & que Ion
» pût bien , à l'exemple de leurs Pé-
A 6 res
M Bern. Latin Mi(f. 271.
* Lucerne , Uri, Schwitz,* Fricler* aM,
2oug, Glaris, Fribour^ & Solcan c.
lîj SttH.l c. Sti'iiLLib. VI p.m.160.
12 Hijloire de la R.éformation
W res> fe contenter . avec toute l'E-
iBeune. glife, de ce qui étoit établi ; ce-
de VIII. » pendant ils avoient confcnti a cet-
Cantons >, te Difpute de Bade, & qu'il falloir
aux ^ ssy tenir. Ils leurs répréfentoicnt
>3 en fécond lieu, la promelTe qu'ils
„ avoient. donnée de bouche Se par
>, écrit , à la Pentecôte de l'année
3, précédente, aux Députez des fept
>? Cantons, accompagnée même ce
„ Serment Sec: Se eue la violer cé-
5, toit s'attirer de la honte Se de
3, l'infamie, Se donner lieu à des
„ troubles Se des tumultes : Que
?, s'il y avoir -des abus à redreffer
„ dans Je Gouvernement Eccl'éfiaf-
„ tique i dont ils fe plaignoitnt
„ eux- mêmes aulTi-bien que les
- Bernois , il n'étoit pas befoin d'u-
3, ne difpute pour ce deffein j qu'on
3, pouvoit fort bien le faire dans
3, les ÇDiettes, comme ils s'y étoi-
» entdéja ofFerts ÔVc: Enfin ils difent,,
3, qu'ils font îéfclus de n'y envoyer
» aucun de leurs fujets. En même
tems ils rendirent puBlique cette
Lettre par l'imprefllon. Les Bernois
ne tardèrent pas à répliquer. Com-
me ceux de Fiibourg Se deSoleur-
rc leur font Alliez par des Traitez
delà Saife Liv. IV. I?
particuliers de Combourgeoifie, ils
y envoyèrent des Députés, quatre Bj**j;*
dans chaque Ville , pour leur porter ^ Viu.
leur réponfe : mais pour les llx Cantons
autres Cantons , ils fc contentèrent aux Bcr~
de la leur envoyer par écrit le 27.
Décembre. Ils n'y firent point
mention de Claris Se de] Soleurre,
âïant appris qùe ces deux Cantons
n'avoierft point' donné leur appro-
bation à cette Lettre des huit Can-
tons , quoi qu'il y fuffent nommez.
Les Bernois difoient f entr'autres
chofes dans leur Lettre : Nous ne Répcnfe
pouvons pas nier que cette Difpute de des Ber~
Eade naît été faite avec notre confen-
tement. Alais nous ne [avons point au
jufie , quel efl le parti qui a été viclo-
riettx j de quelle manière chacun s'y est
conduit >• & ce que c'eft quonj a trai-
té ; a moins que nous ne voulions ajou-
ter foi a celui qui a * imprimé les Ac~
tes de cette Difpute avec la Préface &
la Conclu 'fi on i mais écfl ce que nous
ne pouvons pas faire puis qu'il rieft
pas homme d'honneur ni digne de foi; Us
ajoutent ; „ Que Ç\ l'on avoit voula
;, fur leurs inftantes rcquilkions ,
t J.utkard. 170. Hotting, jyg. 59^
* Thomas Mo a mer»
14 Hiftoïre delà Réformât ion
1 52*5. » réitérées plus dune fois, leur
Berne. 55 laifler voir un des Exemplaires
xéponfe M Originaux des Actes de cette Dif-
nols Ber~ 33 Pute ' *k y auroient Pu apprendre
?) qu elle eft la véritable foi , & fe
?, pafTer de la Difpute qu'ils vou-
3, loient entendre dans leur Ville
53 &c. Quils n'avoient point deffein
„ de rien altérer dans la véritable
3, Religion > mais d'abolir des abus
3, Se des fuperftitions qui s'étoient
gliflez dans le Service Divin &c.
>3 0«ant à ce qu'on leur obje&oit
33 de ce qui s'étoit paffé chez eux3
33 à la Pentecôte de ,1526. , ils ne
3> s'étoient point engagés à croire 3
ce que croient les Députés des
>y Cantons 3 qui fe trouvèrent alors
S3 à Berne , fans y avoir été appel-
55 lez 3 mais qu'ils s'étoient feule-
33 ment engagés avec leurs Sujets :
33 Et que comme ils éprouvoient
7y que ce ferment produifoit plus de
?3 mal que de bien , ils Tavoient
33 aboli pour reprendre l'Edit de l'a n
33 1523. avec le confentement de
3, leurs Sujets : CVils étoient en
3, droit de le faire , fans que per-
35 fonne y pût trouver à redire £cc.
M réfolus d'ailleurs dobferver les
Alliaa-
de la Sui/fë. L I v. IV. I 5
Alliances avec toute 1 exactitude I J 2^
„ poflîble : Que fi leur deffein étoit Berne.
„ contre Dieu 8c contre la raifon > fe^™J*_
„ les Cantons s'y prenoient fort mis«.
,> mal pour les en détourner , en
» refulant d'y envoyer leurs Doc-
3, teurs : Qujls devroient plutôt les
leurs envoyer tous > pour les inf-
truire , puif-qu' ils ne cherchoient
n que la vérité &:c. ^'ils ne de-
5, voient point trouver étrange la
>, réfolùtion qu'ils avoient prife de
>, s'en tenir à ce qui feroit décidé
s, par la Parole de Dieu , puisque
» cette Parole dure éternellement.
Enfin ils fe plaignoient de ce que
les Cantons avoient fait imprimer
leur Lettre, ce qui étoit contre les
}> Traités &c.
Les Députez, envoyez à Fribourg
& à Soleurre , eurent ordre de fe
plaindre de la Lettre injurieufê 5
qu'on leur avoit écrite au nom des
VIII. Cantons aflemblez à Lucerne,
& de s'informer fi ces deux Villes ,
y avoient donné leur confentement,
ou bien fi leur Députés avoient outre-
palTé leur commifllon j & favoir de
ces Villes , fi elles vouloient tenir &c
garder encore la Bourgoifie , on non j
&
1 6 Hijloire de la Kéformatîon
I S^%* & de leur demander une promte ré-
Berne > ponfej les Bernois aïant fujet de s'en
défier , particulièrement des Fri-
bougeois.'*
Les flx Cantons t perfiftérent
dans leur réfolution de n'envoyer
perfonneà cette Difpute,&: même de
ne laiiTer pafler par leur terre aucun
Etranger , qui voudroit y aller. Les
Fribourgeois 4- 3 plus zélez encore
que les autres,travaillérent à fufciter
de méchantes affaires aux Bernois y
allant de Communauté en Com-
munauté pour exciter les fujets de
Berne à fe foulever ; & en même tems
ils écrivirent en leur particulier une
Lettre fort vive aux Bernois, les ac-
eufant de violer leur Traité récipro-
que de Combourgeoifîe par cette
Difpute , qu'ils avoient ordonnée ,
&par les nouveautés , qu'ils entre-
prenoient en matière de Religion.
Us rirent plus j car ils défendirent
aux fujets des Balliages communs,
d'affilier à cette difpute, bien-que les
Bernois y eulfent autant à com-
mander qu'eux *.
Les
* Bcrn. Inflr. A. 89»
y Hottin^.^). 4, lailr. A. pag.
* lioi tlig. 4c I,
deUSttifc. Liv. IV. 17
Les Bernois leur répondirent {a)\z I 5^9*
4. Janvier : y, Que c'étoit plutôt eux Berke.
» (les Fribourgeois) qui étoient cou-
» pables d'une telle infraction de
» leurs alliances mutuelles , par la
„ Lettre injurieuie qu'ils leur avoi-
» ent écrite de Lucerne avec les au-
?> très Cantons , Se dont ils ne leur
» avoient fait aucune fatisfaclion >
>, Se par leurs mauvaifes pratiques
» Sec. Ils leur offroient cependant
yy de renouveller agréablement leur
yy alliance avec eux à ces deux:
yy conditions : io. Qve les Fribour-
geois ne s'engageroknt dans au-
cune confpiration contr'eux. 20.
Ou 'ûs ne feroient point entrer la
Religion dans leur Alliance. Les
autres Cantons (b) Se Etats de la
Suifle furent plus modérez. Non-
feulement ils réfolurent d'envoyer
leurs Théologiens à cette Difpu-
te , mais au/ïi ils accordèrent le
partage libre , Se des fàuf-conduics
aux Etrangers , qui vouloient y al-
ler. La Ville de S. Gai , entr'autres
ordonna à tous les Prêtres de la dé-
péri-
(*) Bern. Inftr. A. 84-
(6) Hotîing. 400..
1 8. Hijtoire de la RJformation
1528. pendance d'y aller aux dépens du
Berne. pL,b!ic.
Lettre T 5T_ r \ ~ f . .
de pEm L Empereur (a) Charles V.ecnvit
pereur aufÏÏ aux Bernois le 28. Décembre
aux.-Bw- une Lettre datée délire, pour les
détourner de leur deffein , leur re-
préfentant: Que c'étoit - là une
5, chofe qui n'appartenoit pas à une
?, Communauté ni à un pays feul 5
yy mais à tous les Etats Chrétiens
>y joints emfemble : Que d'ailleurs
y, il vouloit faire tenir inceffam-
yy ment un Concile 3 pour terminer
les différens de Religion > ou du
» moins qu'ii en feroit délibérer à
33 la Diète prochaine de Ratisbonne>
y> Qu'ils dévoient donc fulpendre
3) leur Difpute > jufqu'a la fin de
„ cette Diète : Que fi cependant ect-
3> te Difpute fe faifoit , ils ne de-
5> voient point priver les quatre
3> Evêques de leurs Droits Epifco-
3, paux , parce qu'ils n'y aflîfteroi-
99 ent pas. Il fit en même tems
écrire à ces Evêques , de n'y point
aflifter , & de faire même tous leurs
Leur efforts pour l'empêcher.
■Rcpcnfe. Les Bernois \b) lui répondirent
le
(*) Stetler. 1. C. I. 2.
{b) Sctlt.p. 113. Hotting.596*
de La ômjje, Liv. 1 V. 19
le 6. Janvier 5 QtSils étoient difpo- 1528.
fés à obéir à S. M. I. dans tou- B£**r*J
3, tes les chofes raifonnables j mais ^onfe,
comme fà Lettre ne leur avoir été
5> remife que ce même jour , & que
o tout leur monde 3 qu'ils avoient
» convoqué , étoit affemblé dans
w leur Ville > il leur feroit impo£
fible de différer cette Conférence
yy de Religion , 6c de la renvoyer
5> à ùne autre fois , d'autant plus
3> que jufqu'alors les Etats Chré-
j, tiens n'avoient encore rien fait ,
33 pour terminer les différens de Re-
33 ligion qui duroient depuis tant
3, d'années y &c que cela les avoit
3, obligez de faire tenir cette Dif-
3j pute de Religion 3 mais pour eux
33 & les leurs feulement.
On vit à cette Difpute (a) un Grand
très-grand nombre d'Eccléfiaftiques nombre
& de Savans , non-feulement de la de s"~
SuhTe , mais aufli des pays voifins , Vont à
& particulièrement de la Souabe ; cette
& I on y compta 350. Prêtres. Les Difî^e.
Savans de Glarù (b) de Scbaffboufe 3
de Saint Gai , de Confiance , d'Ulm ,
de Lindau 5 à'Ifni 3 &Augibourg &
de Nordimgue ôcc. saflemblérent à
Zu-
{*) ExAfiis. {b) Hotting, 400. 401.
20 H îfioire de la Reformaticn
I S 28. Zurich pour faire le voyage avec
Grand' C6UX ^ CCtte ^C ^ ^ Canton 9
nombre ^ aM0*ent a Berne. Les Magiftrats
de Sa- les y régalèrent tous enfemble 3 le
vans ;our ^e ]>an £t comrrie on apprit
vont a / • rr
cette *îue cerraincs gens etoient en em-
DifpHte. buicade dans les Balliages com-
muns , pour enlever Zuingle , quand
il y palîeroit j ces Seigneurs don-
nèrent une efcorte de 300. hom-
mes , pour conduire furement , juf-
qu'à Berne , cette Compagnie com-
pofée de plus de cent Voyageurs,
Les Bernois de leur côté ramarTérent
tout autant de gens Savans, qu'ils
en purent trouver , pour leur aider
à découvrir la vérité $ jufques - là
qu'ayant appris qu'il y avoit à
Granfon {a) un Cordelier , nommé
De Marie-Palud , Savant & hom-
me de bien > mais qui n'avoit pas
le moyen de faire le voyage 5 ils
lui dépêchèrent un Coureur public,
le 6. Janvier > avec une Lettre fort
obligeante , pour l'inviter à venir
à leur Difpute , & chargèrent le Cou-
reur de l'accompagner , & de le
défrayer par les chemins.
De Zurich (b) il y eut à Berne une ho-
; no-
\ (a) L*tinMijf. 2.72. {è) Ex AftU%
delà Suijfe Lîv. IV. 21
norable Dépuration, con pofée du 1528.
Bourgmaître Rœufl,àz trois Confeil- BtRNE.
lers,& plus de 25. autres pei fonces, Grand
tant de la Ville que du Canton j ^^re
dont là plupart y furent à leurs pro- vani
près dépens, & qui affilièrent àlaDif- vent à
pute , depuis le commencement iuf-
qu a la fin,entr autres uluch Zuwgle,
Conrad Peliuan , Sébafiien Hoffmeifter>
Cafpard Groffman 3 tous Payeurs de
la Ville ; Conrard Schmid Comman-
deur de Kujfnucht , Pierre Simler ,
Pieur de Cappel , & Henri Bulàn-
ger , Régent au Collège du même
lieu.
De Lucerne , Uri , Schvvitz> Un-
dervvald 3 ôc Zoug il n'y eut per-
sonne.
Les Bernois avoient cependant in-
vité d'une façon particulière Thomas
Mourner , ce fameux Cordelier de
Lucerne , & lui avoient envoyé
un bon Sauf-conduit , mais il ne
trouva pas à propos <le comparoître.
Il le contenta d'aboyer de loin.
De Glaris on vit quelques favans;
entr autres Fridolin Erunner > Pafteur
de Matt ; qui dit , „ Ou i] avoit
„ prêché publiquement, que la MelTe
» étoit une abomination > de que
pour
2 2 Hi foire de la Réformation
* J2'8» 3, pour cette caufe il y avoit renon-
Berne. ççiQue fes Seigneurs lui avoient
Grand ^> , c . °,
nombre » permis défaire le voyage, mais
de à*- » à Tes propres dépens.
uam ^ £>e il y eut une Députation
■cette 3 ^e quelques Confeillers , & plù-
vlfpHte. fleurs favans > entr'autres 0*-
colampade , & à peu- près tous les
mêmes qui avoient été à la Dilpute
de Bade,
De Fribourg,Conrard Trsyer ou Trai-
guer Provincial des Augultins j mais
il dit qu'il étoit là de fon pro-
pre mouvement , & fans aucun
ordre de fes Supérieurs.
De Schaffkoufe , Hem y Linke > &C
quelques autres.
D' Appenzel) ThéobaJd Houter , Cu-
ré du Bourg d3 sippenzell > Pélage
Amfte-n • Payeur de Troguen , avec
trois autres Pafteurs*
De St. Gai, le Botirgmaître Jo<t-
chlm Von Wadt ou Vadian , un Con-
feiller, & deux ou trois favans j Bé-
nécicl Bourgavver Pafteur , ck Domi-
nique Zi.ii Régent.
De Sienne , deux Minières > fa-
voir Simpert Fogt , ou Baillif , &
Jacob Wirben.
De Mullhoufe , auffi deux Minif-
tres. De
de la Suffi. Liv. IV. 23
De Laufanne > il y eut quelques M28.
Théologiens envoyez par l'Evêque;
mais je n'ai pas pu en découvrir les nombre
noms. de S*-
Du F a) s des Grïfons , Mekbior Tili- v*™ ,
ww» , na if de Lucerne, Pafteur d'/<?~ cette
natz > dans le Prettïgavv : & le Pat D.jpute.
teur étlUntz. Le premier y fut par
ordre de fon Eglife.
De Confiance , quelques Confeil-
lers 3 avec deux Miniftres , entr'au-
tres Ambroije Blarer.
Di Strasbourg y Wblff gang- Fabrice
Cdfi'^tti &. Martin Bucer,
D Aus'ourg, Conrard Soniy Pafteur.
De Nuremberg^ André Althamer &C. 0r^rg
La Difpute fe tint dans rEglife^eja
des Cordeliers , ^Ton avoit drelTé Dijpute*
deux efpèces de théâtres , l'un vis-
à-vis de l'autre 5 avec une table à
chacun , autour defquelles les deux
parties pouvoient commodément
s'afleoir &c difputer. Dans l'efpace
d'entre les deux tables étoient qi a-
tre Notaires alTermentez , pour re-
cueillir fidèlement les Actes , favoir,
les Chanceliers de- Berne & de So-
leurre , le Gréfier de Berne , &; le
Secrétaire de Thoune.
On élut quatre Préfidcnts > pour
diri-
2 4 Hijloire de la K_c formation
ï 528. diriger la Difpute , fa voir , Joachim
^OrJre ^a^an > Bourgmaîcre de Saint Gai ,
delà Nicolas Brh'fer Doyen de Saint Pier-
Difpute. re de Baie ; Le Prévôt d'interlac-
ken 3 & à fa place, ( étant tombé
. malade 3 ) l'Abbé de Gottjiatn en-
fin Conrad Scbmïd Commandeur de
Kuffnacht : Les Seigneurs du Petit
& Grand Confeil de Berne étoient
aiTis tout au tour en rond , avec
les Députez Etrangers > & les Mi-
niftres delà Ville.
La Difpute dura tp. jours con-
fécutifs > fans interruptipn que d'un
jour. Elle commença le Lundi p*«-
<^fft+er Janvier > 8c finit le 27. On
difputa les Dimanches tout comme
les autres jours. On s'aflembloit
deux fois chaque jour, le matin Se
l'après diné. On commençoit cha-
que Se/Tion par une prière.
jg* Le Lundi 6. Janvier fut emploie
duLundi * r^er ies préliminaires de la Dif-
tf.Jan- pute. On ne s'affembla qu'après di-
vier- né j 8c d'abord on falua toute l'Af-
femblée de la part de l'Etat. On
lut le Mandat ou la Proclamation ,
qui avoit été publiée au fujet de cet-
te Difpute. On lut enfuite les Ré-
glemens qui avoient été faits , pour
que
de la Suffi. Liv. IV. 2 5
que tout s'y paffat en bon ordre, 1528.
& d'une manière propre à décou- ^dToV
vrir la vérité. Et les quatre Pré-duLun-
lldens furent obligez de promettre di 6.
folemnellement , en lieu de fer-lanvier*
ment 3 de faire obferver ces régie-
mens avec exactitude. Ils portoient
entr'autres :
,, io. Ou on b2nniroit de la Di- menf
,3 fpute toutes injures, paroles of- pour la
„ fenfantes , & tous les difcours ^ute*
>, inutiles , qui ne feroient point
fondez fur l'Ecriture.
„ 20. Que pour éviter toute proli-
„ xité fuperfluë , & perte de tems,
„ on nerépéteroit point fans nécefTité
>, les objections , qui auroient déjà
„ é:é propofées > &c auxquelles on
„ auroic répondu.
>, 3°. £^'on ne propoferoit au-
„ cune preuve , qui ne fût tirée de
l'Ecriture Sainte , ni arcune éx-
„ plication de cere Ecriture > que
celle qui fe tireroit de l'Ecriture
», elle-même \ C^/'on ne reconnoî-
,, troit d'autre J ge ni d'autre In-
terprète de l'Eciiture , que l'Ecri-
3, ture elle - même , expliquant
les palTages obfcurs par ceux qui
» font clairs.
Tom.If. B 40.^' il
2 6 Hijîohe de la BJ for mat ion
ï Ç28. 3,40. Ou A étoit permis à cha-
rfir*" " CLm de dljCDUter en toute liberté ,
:e> * 3> & de propofer fins rien craindre,
33 tout ce qu'il jugeroit être la véri-
>3 té 3 fous les conditions qu'on
?3 vient de marquer.
Aum* toutes les fois qu'on avoit
fini la Difpute au fujet d'une Thé-
fe3on faifoit crier publiquement: S'il
y a quelqu'un qui ah encore quelque cbofe
a dire fur cette matière ? il lui eft per-
mis de le faire.
Après qu'on eut appelle tous
ceux qui compofoient TAlTemblée ,
félon le rang des Cantons & des
Eglifes 3 on afîîgna à chacun fa pla-
ce. On invita en même tems les
Chanoines de Berne à difputer :
ils dirent qu'ils n'avoient rien à
propofer contre les Théfes 3 mais
qu ils vouloient voir dans la Dif-
pute > fi elles fe trouveroient con-
formes à la Parole de Dieu.
Il fut auffi permis à tous ceux
qui voudroient écrire ce qui fe paf
foit 3 de le faire librement 5 pour-
vu qu'ils indiquaient leurs noms
aux Notaires établis pour ce def
fein > qu ils promiffent de ne rien
faire impnrner avant TimpreiTion
de;
de la Suijfe. Liv. IV. 27
des Afrçs , 6c de ne rien écrire 1 528.
contre , mais s ils trouvoient qu'il mfpute
y eue quelque manquement dans^B£R"
ces Aftes, d'en donner avis honnête-
ment aux Magiftrats de Berne : enfin
de déclarer qu'ils n'étoient point-là
apoftez , ou gagés 3 pour quelque
mauvais deiTein, mais qu'ils ne vou-
loient écrire que pour i avancement
de la vérité.
Les Théfes , qui furent propo-
fées pour faire la matière de la Dif-
pute , étoient les dix fui van tes. D-x
I. La Sainte Eglife Chrétienne , defes pro-
laquelle Christ eft l'unique Chef, eftne'epo&es
de la Parole de Dieu:demeure en elle, & ES*1*
n écoute point la voix d'un Etranger, »
I I. V Eglife de Christ ne fait
point de Loix & d'Ordonnances fans la-
Parole de Dieu ; Ceft pourquoi toutes
les Ordonnances des hommes 5 quon
nomme Commandemens de l'Eglife »
ne nous lient qu autant qu elles font fon-
dées & ordonnées dans la Parole de Dieu.
III. Christ efifeUl nôtre Sageffe ,
notre Juftice , nôtre Rédemption , (jr
fatisfaclion 3 pour les péchez de
tout le Abonde >• Ceft pourquoi recon-
noître un autre mérite à falut , & (
une autre fatisfaclion pour le péché ,
B z ceft '
2 S Hifloire de la B^éformation
1528. cefi renier Jésus - Christ.
Dïxrl' * ^' ^n ne Pcut $omt ProHver Par
fc pro. l'Ecriture Sainte, que le Corps & leSang
pofées de Jesus-Christ [oient reçus réelle-
pour la ment & corpore'dement dans le pain de
l'Euchariftie.
V. La Meffe > telle quelle efl main-
tenant en tifage , où l'on facrifie Jé-
sus* Christ a Dieu le Pére , pour les
péchez des vivans & des morts > es!
contraire a l'Ecriture > un outrage fa-
crilége que l'on fait au tres-Saint Sa-
crifice , a la Pajfion & a la mort de
Jesus-Chiust j & a caufe des ahm
qui s'y commettent y une abomination
devant Dieu.
VI. Comme Jesus-Christ ejl mort
feul pour nous , auffi faut-il qu'il foit
le feul que nous invoquions , comme nô-
tre Médiateur & nôtre Intercejseuryentre
Dieu le Pére 3 & nous les Fidèles : Ain fi
c'eft fans aucun fondement pris de l'E-
criture , qu on nous propofe a invoquer
d'autres Médiateurs & Interccfieurs ,
qui font morts,
VII. On ne trouve point dans l'E-
criture j qu'il y ait après cette vie au-
cun Purgatoire , ou lieu , dans lequel
les ames foient purgées par le feu, C'eft
pourquoi tous les Services qu'on a intro-
duits ,
de la Suffi. L I v. IV. 29
dmts , pour les Morts, comme, nulles, 1 528.
Méfies pour les Morts , Offices ou Con- Q^f*s
vois funèbres , les oblations du feptiéme ^Difptnei
& du trentième jour > les Anràverfai- de Ber-
res y les Lampes , les Cierges , & autres NE«
cbofes de cette nature , font inutiles.
VIII. Faire des Images pour leur
rendre un honneur religieux 3 efl une
cbcfe contraire à la Parole de Lieu ,
tant de £ Ancien que du Nouveau Tef-
tament. Ce si pourquoi il faut les abo-
lir y quand il y a du danger , qu'on m
leur rende un honneur religieux.
IX. Le Saint Mariage ri efl défen-
du a aucun ordre d'homme dans ÏEcù-
ture ; mais il efl: ordonné a tous les or-
dres éga'emevt , pour éviter la fornica-
tion & l'impudicité.
X. D'autant que 5 félon F Ecriture*)
un paillard manifejle doit ttre excommu-
nié > il fuit de la, qu'il n'y a point d'ordre
d'hommes , a qui la Paillardife foit plus
pernicieufe, qu'aux Eccléfiafliques3a cau-
fe des fc and aie s qui s'en enfuivent.
I I. Le Mardi 7. Janvier , * la f*tm
I. The'se fut mife fur le tapis , &: i^Se*
agitée pendant cinq jours. Ce fut
Bcrcbtold Haller qui /îc l'Ouverture
delaDifpute. Après avoir JùlaThé-
fe, il fit un petit difeours pour l'c-
* Ex Aft.ip. 1. B 3 chi-
30 Hijloire de la Kéformation
ï 528. claircir 6c la prouver. Il commença
I. Théfe par remarquer, {a) >, lO.Quon avoic
ler. " Pour diver/ês raifons, particulie-
rs rement à caufe de l'ambiguïté du
33 mot â'Eglife , que Ton prenoit
53 en divers fens , & dont le Cler-
33 gé Romain abufoit , pour domi-
?3 ner fur les confciences fous ce
,3 nom fpécieux &c. Que le mot
))Eg!ife eft Grec d'origine, ( ««aW*)
y, & lignifie une afiemblée : qu'ain-
si fî l'Ecriture entend 3 (b) par ce
33 mot , ïafiemblée des bons & des
,3 méchans , qui croyent en Jesus-
33 Christ 3 qui pour cette caufe eft
appellée le Corps de Jesus-Christ
„ ( Ephef. IV.) Se dans le Symbole >
3, la Communion des Saints : Que
,3 comme chaque Aftembléc ou Socié-
3, té a quelques avantages communs^
3, ainfî l'Eglife a auflî certains avan-
5, tages communs : un même Corps ,
,3 un même Efprit >un même Seigneur ^une
53 même foi écc.(Epbef.l V.) leChef
» de cette Eglife (c) eft Jésus-
,3 Christ ( £/>/;. V. ) qui la gou-
verne , la protège , & la fup-
3, porte dans fes infirmitez : Que
corn-
M pag. S- W p. <?• M P- 7-
de la duijje. Liv. IV. 3f
s, comme la vie Se la fanté du corps I 5 2 8 •
3, dépend de ion union avec la tête, L Théfe
fans qui tous les membres font^^l,rs
5, fans vie 6c fans force , ainfi laLLR>
>, vie & le falut des fidèles dépend
5, de la conduite de Jésus-Christ ,
& de la force qu'ils tirent de lui
par la communion qu'ils ont
,î avec lui ( Jean XV. ) de là vient
0 qu'il eft appelle le Stuvcur de
{on corps, d'où il s'enfuit, qu'il
33 n'y a aucune Créature qui puif
55 fe être ainfi Chef de l'Eglife,
„ pour répandre les dons de Dieu
33 dans nos cœurs, pour nous for-
55 tifier 5 nous CGiïiOicf 3 ce iiGî«^
5> conduire , &: en un mot , être
3,1e Sauveur du Corps de Jésus
, Christ.
20. Que cette (a) Eglife eft née
3 de la parole de Dieu , dans le
, tems , ayant été élue de Dieu,
3 avant la Création du Monde 5
, parole que Dieu rend vivante &
» efficace dans nos cœurs , & qui
, n'eft point autre que celle, qui
, eft dans l'Ecriture , & qui eft
, prêckée extérieurement.
Oue comme l'Eglife eft renou-
B 4 vellce
(* ) pag. S.
32 Hiftoire de la Ké for mat ion
I 528. 55 vellée & régénérée par cette pa-
nifpute rôle > aufti y eft - elle toûjours
de Ber- 3J attachée , & n'écoute point la
I.Théfe. 93 voix ^e l'Etranger. D'où il con-
„ cluoit 3 (a) que, ce que FEcri-
5> ture appelle l'Eglife > eft laffent-
s> blée entière de ceux qui fe con-
fient & qui croyent en Dieu par
„ Je s us -Christ, & non pas
53 les afTemblées des Eccléfiafti-
„ ques , & que, ni le Pape , ni
„ aucune autre Créature n'eft le
5, Chef de l'Eglife, mais Je su s-
9j Christ feul.
5, Apièsce dilcours on appella
& ps: leurs noms tous les afliftans,
53 de tous Ordres , Suifles &: Etran-
33 gers ; dont les uns approuvé-
33 rent la Théfe , &; d'autres la re-
33 jetterent. Elle fut vivement
3, combattuë , & elle occupa le ta-
3, pis pendant cinq jours & demi.
Difcours Jean CEcolampade (b) fe
d oeco-, |eya Sabord > & dit > que com-
33 me on acculoit les Proteitans de-
33 tre des rebelles & des Apoftats
3, de l'Eglife , il fouhaitoit de
>3 répondre en deux mots 3 à ce re-
9) proche j Que chacun doit régler
fa
de la Suffi Liv. IV. 3?
, fa conduite d'une manière à pou- 1528.
y voir en rendre compte devant Bîfpute'
, Dieu j Que comme Jerufalem eft de Bêr-
, appellée dans les Prophètes, quel- £Efhéfe.
> quefois la Sainte Cité , à caufe Difcours
, de fes habitans , & quelquefois d'oeco. %
, fpirituellement Sodome & Egypte? am^a *
, à caufe de fon Idolâtrie , 6c qu -
, ainfi fes Jiabitans , qui rejettoient
, fon idolâtrie, ne méritoient pas
„ le nom de rebelles Se d'Apo-
„ ftats , &c. Ouû en eft de même
5J aujourd'hui. On ne peut pas
donner ce nom à ceux qui per-
sévèrent dans la foi en Jésus -
yy Christ, &c pour l'Amour de
lui ont de la Charité pour tous
les hommes. Or j'appelle ifi la foi,
$y dit-il, {a) non pas la connoiffance
5, de tous les articles particuliers de
3, l'Ecriture , mais la Confiance en
„ Dieu & en Jesus-Christ Jon
Envoyé , par laquelle Foi on efl
,, difpojé à écouter la parole de Di.u,
& dans un tel défir , on cfl difpofé
a renoncer plutôt au monde entier r
7) qua cette foi &c.
Alexius Gratt', Dominicain,
„ (*) Confefieur des Rcligieufcs du
B 5 Mena.- .v pùrr$
U) pag.II, {b) p. n.&fuiv. OV«
34 Hiftoire de U déformation
X 528. » Monaftere de Vile, à Berne, fe
vîfpute „ mit fur les rangs pour combat-
^ Ber" v tre la i.Théfe : il avoiioit que
LThéle. v Jésus - Christ eft véritable-
Difpute „ ment le feul Chef de TEglife, à
furla/>r/ 55 l'égard de l'influence de grâce &
mante de j i . r • n
s. P/Vrr* " ^e *a vie iplfitueJle qu il corn-
ée, n munique à fes membres : & il le
33 prouva par divers pâifegcs3(Ephef
„ I. &IV. y^w. I.) Mais il préten-
?3 doit qu'on ne peut pas dire qu'il
33 foit VUnique Chef de l'Eglife >
3> fes raifons étoient io, Que ce mot
33 ne fe trouve en aucun de ces
,3 paflages : 20. Que la tête 3 outre
,> la proprieié de donner la vie
,3 au Corps 5 a aufli celle de la
33 diriger dans fes opérations ex-
33 térieures. 3°. Que Jésus- Christ
„ en quittant la Terre , a laifle
En Lieutenant à fon Egjife, dont
,3 le pouvoir s'étend même jufqu'au
33 Ciel } ce qu'il voulut prouver
3, par deux paflages, (Jeanl.) Je-
9> sus -Christ dit à S. Pierre,
3, Tu c s Simon fils de Jean , Tu fe-
ras appelle Céphas , ce qui sexpli-
3, que par Pierre, Or Cephas > dit-
3, il , eft Grec 3 ck flgnirle un Chef
3, & (Matth. XVI.) Tu es Pierre, &
3, fur cette Pierre àcA. Hallei
de la Suffi Ll v. IV. 35.
Huiler lui répondit, io, Que ii Difpute
„ ce mot ne fe trouvoit pas f0r-^BtK"
,, mellement dans l'Ecriture , on y i.xhéfe.
3, trouve la chofe : puifque S. Paul
dit, que Jésus -Christ eft le
Sauveur de fon Corps (Ephef V. )
3; ce qui ne convient à aucune
,j Créature ; & l'Apôtre fait aflez
,, voir que Jésus - Christ eft le
Chef unique , par cette raifon ,
5, qu'il dorine la vie à fon Corps.
3, Or, ni S. Pierre , ni le Pape ne
3, font point Sauveur &c. 20.^Vil
5, eft aufli eifentiel au Chef, ou à la
3, Tête 3 de conduire fon Corps 3
3, &: de le défendre : Que c'eft auf-
3, fi ce que Jésus -Christ fait à
fon Eglife : Dieu dit dans les
33 Prophètes, // J aura un feul Roi,
3, qui dominera fur tous. Et fans
3, Jésus - Christ fcs membres ne
p, peuvent rien faire, comme il le
3, difoit lui-même. (Je.in. XV. ) Il
3, conduit fes membres à une vie
3> Sainte , au lieu que le Pape don-
5> ne des Indulgences , pour répan-
3, dre le fang Chrétien. 30. Que le
,3 Lieuter\ant que Jesus-Christ a
?, laiffé à fon Eglife , en quittant
j, la Terre , c eft le S, Efprir ;
B 6 comme
36 Hijloire delà déformation
I 528. 53 comme il le dit > (Jean XVI.) 40.
Eijpute 55 Que S. Pierre n'eft point appellé
fa Ber. 99 [a pierre fohd Mentale de l'Eglife,
I.Théfe 99 nl P'mre M&ulaire, mais qu'il a été
' 33 une pierre bâtie fur le fonde-
ment qui eft Jésus - Christ,
3, comme il le dit lui - même , au
?> Chap.II. de fa I. Epitre. 50.
s, CVenfîn Cephas eft un mot Sy-
3-, iaque , & non pas Grec, qui
fignifie une pierre , & non pas une
5, tête, ou un Chef.
Martin Bucer (a) prit ici
„ la parole; il réfuta la diftinction
3, des deux ordres de propriétez,que
33 le Dominicain 5 attribuoit à la
„ tête 3 & la conféquence qu'il en
tiroit, en dilant, que fi enfeigner
,3 &: conduire eft une propriété du
„ Chef, ce n'eft pas pourtant une
53 propriété qui donne à une per-
fonne la qualité de C/;^/ de l'E-
glife , dans Je fens que cette
3, dignité eft attribuée à Jesus-
Christ qui eft le Chef de TE-
33 glife, parce qu'il lui donne le fâlut
5, &la vie, au lieu que ni S. Pierre,
„ ni aucun autre Apôtre n'a pu
?i faire autre chofe , que prêcher ex-
térieur
U) pag. ig.
de la Suife. L I V. I V. 37
o térieurement , ce qui eft fans force 152g-
3> fi Jésus - Christ ne donne erE- pi/pute
cace a la parole dans les Cœurs, de B**-
» aufïi l'Ecriture appelle leur em-j^
ploi *rw Miniftere , (1. Cor. IV.) Il
,5 déhoit donc le Dominicain , de
3, citer un pafiage de l'Ecriture,
3, qui fit voir que l'emploi & Tau-
3, thoricé de S. Pierre lui acqueroit
,x le titre de Chef de TEglife.
Le Dominicain (a) allégua io0
ce que Jésus - Christ dit a S*
Pierre, (Luc. V. ) Conduis ta barque
3J avant dans la Mer 3 /«
filets &Cé & voulut citer l'expli-
cation de S. Ghryfoftome fur ce
fujet : mais comme cela étoit con-
tre les Réglcmens de la Difpute,
les Préfidens ne voulurent pas le
lui permettre. Il cita donc 20. ce
que Jésus- Christ dit encore à.
Pierre , (Luc. XXI. ) J'ai prié pour ta*
foi , afin quelle ne défaille point : toi
donc, quand tu feras converti , fortifie
tes frères: 30. le paffage de Matthieu
XVI. Tu es Pierre StC. 40. Jean. XXL
J3 Pai mes brebis > d'où il concluoic
3, que S. Pierre & fes SuccelTeurs
3j ont reçu le pouvoir de conduira
B 7 &
{a) pag.
3 8 Hiftoire de la Réformation
I 528. » & d'enfeigner l'Eglife fur la Ter-
Bifpute 3, re 3 ce qu'emporte l'emploi de
a<? Bek- u paître}, aufli-bien que de faire des
l.Théfe. 53 Ordonnances. 50. Que l'Ecriture
3, donne le nom de Chef, à d'autres
3, emplois de moindre dignité, com-
me quand Samuel difoit au Roi
Saiïl) (1. Sam, XV. ) Quand tu
étois petit a tes yeux > tu as été
, ,j Vit Chef dans les Tribus d'Jfracl,
& Amos VI. Les principaux Chefs
3, des peuples. 60. Que fi S. Paul
donne à l'emploi des Apôtres, le
jy nom de Minîftere, cela ne déroge
3, point à fa dignité , puifque ce
,3 titre eft auffi donné à la dignité
^royale, qui eft moindre que cel-
53 le du Vicaire de Jésus -Christ.
5, 70. Que ce qui eft dit à S. Pierre
„ & à fes Succeflfeurs , du pouvoir
33 de lier Se de délier 3 montre aflez
?3 qu'ils font Chefs &c. 8°. Pareille-
?. ment ce qui eft dit aux Apôtres*
;, Recevez le S. Efprit> a quiconque
5, vous pardonnerez les péchez 3 Us
3, feront pardonnez &c. Ce qui em-
3, porte , non pas une fimple au-
7, thorité de gouverner extérieure-
3, ment 5 mais aufli le ^pouvoir de
33 dominer fur les ames ; Que du
de U Suffi, Liv.IV. 39
3,refte il ne vouloit point jufti- j ç, 2g>
,5 fier quelques abus dont on fe Difpnte
„ plaignoit. de Ber-
Bucer lailTant à Ces (a) Collègues le j^fhéfe.
foin de répondre aux paflages ci-
tez par le Dominicain , fe contenta
de dire. i°. » Que tout ce qui eft
attribué à S. Pierre 3 & à fes
„ Succeffeurs, qui font ceux qui
„ ont fon Efprit & fa foi > ne
„ s écend pas plus loin, qu'à prê-
>5 cher extérieurement l'Evangi-
» le &c. 20. Sav.l fut appelle
„ Chef du Peuple d Ifraël , parce
qu'il étoit un Roi établi de Dieu,
„ & qu'il a pû exercer la qualité
yy de Chef, en gouvernant éxtéri-
„ eurement ce Peuple: Mais qu'il
„ s'agit ici de 1 Eglife 3 qui eft
compofée de tous les Régénérez
„ par l'Efprit , 6c qui mènent une
» vie divine: Qu'il n'y a perfonne
„ qui puiffe conférer ce bonheur là
„ que Jes us-Christ qui feul
„ peut changer les cœurs. 30, Que
>, le pouvoir fpiritutl s'étend fur
» les Efprits , & cft incomparable-
>, ment plus excellent, que le cor-
porel> mais auili qu'il n'appar-
tient
(«) pag. 22. & feq.
40 Hifloire de la déformation
1 528. » tient qu'à Jesus-Christ, au-
Difpute „ cun Apôtre, ni S. Pierre , n'ayant
de Bek- 9J jamais eu le pouvoir de changer
LThêfe. » les Cœurs &c-
Ainil fe parta l'Action du Lundi.
Action Le lendemain S. de Janvier y
du 8- Berchtold Haller (a) ouvrit laSean-
janvier. ce ^ en répondant aux partages ci-
tez par le Dominicain. Il ré-
3, péta ce que Bucer avoit dit, que
„ les Apôtres font appeliez Mini-
>, flresy Se non pas Chefs, ni Sei-
„ gneurs , il y joignit le partage
3, de la 1, Corinth. III. Qui eft
3, Paul? Qui eft Apollos , fi non des
3, Minift.res de Dieu ? &c. CWwi qui
3, « râ» Sec. & celui de
3, S. Pierre 1. Epit. ch. V. Paijfcz
3, le troupeau de Jésus - Christ,
33 non point comme ayant domina?-
3, tion &c. Que fi l'emploi de
3, S. Pierre le faifoit Chef de l'E-
3, glife , tous les Apôtres auroient
„ été aufli Chefs de l'Eglife, pui£
3, qu'ils avoient tous le même
?, pouvoir^ & que même S. Paul
3, le feroit plutôt que lui , ayant
y, plus travaillé (i.Corinrh. XV.) Que
» fi la fonction d'enfeigner donne a
ua
de la Suijje. Liv. IV. 41
„ un homme la dignité de Chef, 1528.
„ S. Pierre aura été Chef feule- DifputJ
j, ment dans les lieux, où il a. de Ber-
» enfeigné , & les Apôtres l'au-***. ,r
» ront ete de même dans leurs de-
>, partemens : jgw? ni le Pape, ni
„ aucun homme, ne pouvant en-
„ feigner un pays , moins encore
>, toute la Terre , aucun d'eux ne
„ peut ê:re appelle Chef &c.
Répondant enfuite aux paffa-
ges cirez, il dit 10. fur Luc. V. Con-
duis ta barque &c. & jette tes fi-
lets &c. Que c'eft là un miracle,
„ qui ne donne aucune authorité à
>, S. Pierre, 3c que fi on le tour-
ne en allégorie , il ne lignifie
>, autre chofe, lï non, qu'il faut
>} être diligent dans fon emploi.
„ O^e les pafTages de Luc,
>, XXII. Fortifie tes frères &c. Se
>, Jean XXI. Pat mes brebis , empor-
„ tent un Miniftére , un Service,
„ 3c non la qualité de Chef.
>, Quant aux pafTages de Matth.
>, XVI. 3c Jean XX. Je Seigneur y
„ cnfeigne une même chofe : Ce
>, qu'il promet à S. Pierre en
„ Matth XVI. il l'exécute en S.
» Jean XX, donnant à lui 3c aux
autres
42 Hijloire de la déformation
I 52 8* 55 autres Apôtres les Clefs du Ro-
Dî foute j> yaume des Cieux 3 &c. ce qu'il
de Ber-,, appelle dans l'un , lier & délier^
IThéfe 55 ^ l'appelle dans l'autre , parnon-
' 3j fier les péchez & les retenir s II
i> donne ce pouvoir , non pas à S.
>, Pierre feul, mais à tous les Apô-
3, très également , quand il leur
3, dit 3 Recevez le S. Efprit , &c.
3, Or ces mots lier & délier, pardon-
3, ner & retenir &x. ne font autre
33 chofe 3 que prêcher la parole de
53 Dieu. On lie les pécheurs , on
33 leur retient les péchez 3 quand
33 on leur déclare qu'à caufe de leur
3> incrédulité ils leur font rete-
,3 nus &c. Comme quand Dieu dit
35 à Jeremicj ch. I. J'ai mis mes
33 paroles dans ta bouche 3 afin que
3. tu arraches, que tu démolijfes Sec.
il attribué à la prédication de
3, fon Prophète , ce qu'il fait lui-
3, même. C'eft Dieu feul qui
33 pardonne actuellement les pé-
3, chez 3 comme il le dit 3 Efaïe
33 XLUI. &c.
Le Dominicain voulut encore
(a) prouver fa théfe , 10. „ parle
33 pouvoir de faire des miracles,
qui
M P*g« 33 - 3ï»
de la Suffi. Li v. IV. 43
3, qui fut donné aux Apôtres : i 528.
3, 10. par les prérogatives de pri- Difpme
» mauté que l'Evangile attribué ade Ber~
>, S. Pierre: Il guériffoit les mala- £ ^héfe.
3, des par l'ombre de fon corps
(Ail.V.) Il fut le prémier à propo-
3) fer létablilïement d'un Apôtre à
3J la place de Judas, (Ad. I.) Dans
5, le Concile de Jérufalem , il fut
3» le prémier 9 qui dit fon fenti-
3, ment, (Acl. XV.) Ce fut lui qui
33 fit punition d'Ananias & de
„ Saphir a. &c. (Ad. V.) Il fut le pré-
3, mier , qui prêcha aux Juifs le
3, jour de la Pentecôte, (Ad. II.)
3, D'où il conduoic > que S. Pierre
fut établi avec les autres, TV///-
3, /#r f0#/v /<* terre , lui appli-
„ quant, ce qui eft dit au Pfau-
me 44. ( c eft le 45. félon iHe-
3, breu.) Il t'cfl né des fils au lieu des
9y pères , tu les établiras Princes fur
3, toute la terre.
Bucer prit ici la parole , & dit,
M » Que tous les paiTages nouvel-
,, lement citez par le Dominicain
3, ne prouvoient autre chofe , finon
33 que S. Pierre avoit été un excel-
3, lent Miniftre de l'Evangile, mais
3, non le Chef de lEglife 3 Et fur
M pag. 56. j ce
44 Hijloire de la Réformation
1528. ce que le Dominicain demandoit à
df'BEK ^OI1 tOUr Pa^Se ^Xprès 5
ne. Jésus -Christ fut appelle le Chef
I.Théfe. unique de l'Eglife ; il cita Ephef IV.
où il eft dit , Un Seigneur , & ï.
Timoth. IL Un Alédiateur entre Dieu
& les hommes > ce qui fignifie unfeul
Seigneur , un feul Alédiateur , com-
me quand nous difons dans le Sim-
bole > Je crais en un Dieu , cela li-
gnifie en un feul Dnu &c.
Après quelques autres Difcours>
ils fe tûrent tous deux , & Theobald
Houter (a) Curé d'^ppenzell , entra
en lice. Il déclara d'abord ,> Oîiil
reconnoiffoit que Jesus-Christ
eft le Chef unique de l'Eglife ,
mais que cependant il a établi un
5, pouvoir dans l'Eglife, favoir celui
3, de lier & de délier > cirant pour cela
5> le palîage de Matthieu XVI. d'où
5> il concluoit que Jesus-Christ a
donné à S. Pierre le pouvoir de
3, fa parole & de fes ordres. Hailer
lui fit les réponfes qui avoient été
déjà faites , ajourant le (/;) partage
d'Efaïe XXII. Il ouvre & ptrfonnene
ferme ècc. qu'il appliquoit à Dieu :
3, Et que quand même le Prêtre
don-
0) pag. 40.
de la Suiffe. Liv. I V. 45
„ donne l'abfolution, cela eft inuri- I S 2 S.
„ le , fi le pécheur n'en eft alïuré fft"*'
te- ^Ber,
?) par la toi. NE.
Bouter allégua (a) encore pour LTEéfel
prouver le pouvoir de l'Eglife > 1.
Timoth.i. où S. Paul dit, qui/ a li-
vré a Satan Hymenée & Alexandre
&c.
Hallcr répondit , Que le paffage
de la 1. Timoth. prouve le Com-
3, mandement que Jesus-Christ a
donné à chaque Eglife , ou Pa-
>, roilTe, d'excommunier & d'ex-
>, clurre les pécheurs fcandaleux ,
S,(^r//;.XVIII.) îl cita encore pour
cela l'excommunication lancée par
„ l'Apôtre contre l'inceftueux. (I.
5, Corinrh. V.) étant prefent en efprit
dans l'alTemblée des Fidèles de
Corinthe. Et fur ce que le Curé fe
félicitoit de ce que Haller reconnoiC-
foit ce pouvoir de TEglife, Haller
lui répondit , Que ce Comman-
3, dément donné par le Seigneur à
5, chaque Eglife , d'excommunier
9% les fcandaleux , n'emporte pas
un pouvoir abfolu , dont l'Egli-
3> fe puifle ufer à fon gré , mais
,3une authoiiié ; qui tende au ûlut
des
(*J iag.4f.
46 Hijloire de la déformation
I Sf8. des pécheurs. répliqua que
dffrtT* 73 CCttC allth°r^ fuppofè un pouvoir
Nti " 33 donné à i'Eglife , Ergo au Pape.
LThêTe. 3, Hallcr répondit , (a) Que ce pou-
>, voir a été donné , non pas à 1 E-
>j glife Univerfelle, (qui ne peut ja-
» mais s'affembler, ) ni à FEglife,
» qui eft l'ArTemblée du Pape &
j, des Prélats > ( car il en ccûteroit
,> trop, fi Ton ne pouvoit excom-
9, munier un pécheur , que dans de
5> telles aflemblées , ) ni au Prélat
3> ou à TEvêque feulement 3 ( car
53 il n'eft qu'une perfbnne feule 5 )
3> mais à chaque Egîife particulière,
„ qui s'attache à la Parole de Dieu,
3> & dans le fein de laquelle fe trou-
33 ve le pécheur fcandaleux. Ainfi
5, FEglife de Rome a le pouvoir
,3 d'excommunier le Pape, s'il étoit
un pécheur fcandaleux. Tel eft
33 auffi le pouvoir de toutes les
3, Eglifes 3 de celle de Berne, d'Ap-
;. penzell &c. Qu'enfin il faut bien
33 remarquer 3 que ce pouvoir a été
établi du Seigneur , non pas pour
3) le faire payer des dettes pécuniai-
33 res , comme on a miférablement
33 abufé jufqu'à ce tems-la 3 mais
fcu-
O) pag. 48.
de la Sniffe. Liv. IV. 47
3) feulement pour écarter les péchez 1 528.
„ & les fcandales , &c. /beT
Ici Ulrich Zuingle (a) prit la pa- N.E> R~
rôle , & fit un Difcours pour éclair- Difcours
cir cette matière de l'Excommuni- dez«<»-
cation , &; fatisfaire aux obje&ions^ '
du Curé. Son Difcours revient en
fubftance à ceci : Que le paiTage de
JVlatth. XVIII. Disle a fEglife , s il
refufe a écouter YEglife 3 qu'il te (oit
comme un Païen , &c. ,5 fait voir
v que le pouvoir d'excommunier
3, n'appartient ni à un homme > ni
3, à deux, ni à trois , ( qui ne peu-
,y vent qu'avertir en particulier 5 )
3, mais à lEglife > qui exerce ce
pouvoir avec fon Pafteur 5 encore
5> ne réxerce-t-elle qu'après avoir
„ averti charitablement le pécheur :
5, Que S. Paul n'a pas excommunié
5, feul l lnceftueux de Corinthe ,
5J mais de concert avec 1 Eglife, ni
3J par un pouvoir abfolu 3 mais au
3, nom & en l'authoriré du Seigneur
s, Je fus ; Que ce qu'il dit , pour la
,3 dcHruclion de la Chair y fignifie une
3, defiruclion extérieure , l'Excommu-
3, nication n'étant autre chofe, que
^l exclufion d un mauvais membre,
qui
(«) pag. 49- S4«
48 Hifîoire de la BJ formation
l 528- î> qui eft déjà auparavant rejette de
Bifpute 35 Dieu; & une déclaration de cequ'rl
neB£R" 55 cornme f°us la L°i les Sacri-
Icfhèfe. 53 ficateurs ne faifoient pas les Lé-
Dilcours preux , mais les éxaminoient , &
gîeZUm~ » après les avoir vus tels , les éx-
55 cluoient des Aflemblées &c. Qu'il
35 ne s'enfuit nullement de-là, qu'il
3, y ait un autre Chef que Jesus-
35 Christ dans l'Eglifè $ puifque le
pouvoir d'excommunier eft le
>3 pouvoir de Jésus-Christ. Une
,> excommunication injufte étant une
,5 tyrannie : Que fi S. Paul dit avoir
3, livré à Satan Alexandre 3c Hjme-
y,née 5 cela ne veut pas dite 5 qu'il
3, l'ait fait feul , mais de concert
3> avec l'Eglifè , dont ils étoient
3> membres 5 &c.
Ainfi fe paffa l'Aftion du 8. Jan-
vier.
Aftion Le p. la Difpute (a) ayant paru
^n 9: un peu partiale à quelques-uns 3
* N ' parce qu'il y avoit plr.fieurs Savans
à la Table des Jvliniftres 5 & pref-
que perfonne de l'autre côté 3 les
Préfidens , par ordre du Sénat , di-
rent j Que ceux qui voudroient at-
taquer la I« Théfe , devoi.nt fe
trou-
va) pag. S4- v>.--vi
de LîSuijJe Li v. IV. 49
trouver tous enfemble dans le I S 2 8.
Chœur , Se choifir les plus habiles pl^Hte
dtntreux, pour porter la parole NE>
pour tous , Se que les plus Savans i.Théfe
dévoient fe tenir près d'eux pour ^l0n
leur aider &c. [ La même choie fut |^nv9j'er,
auffi permife aux Miniftres. J Et que
ceux qui voudroient difputer , de
part Se d'autre , dévoient mettre
fur le papier le neceffaire , Se lailTer
le refte : Outils pouvoient fe prêrer
fecours mutuellement , envoyer des
billets j Se qu'on ne devoit refufer
à perfonne le pouvoir de par-
ler.
Après 1 exécution de ces ordres ,
on appella le Docteur {a) Conrard ^ j'J
Traigaer , ou Trejer de Fnbourg en même.
Suitfe , Provincial de l'Ordre de S.
Auguftin , parce que les Miniftres
de Strasbourg l'avoient déjà invite
à difputer. Il parut > Se entra en
Difpute , mais après avoir proteflé,
qu'il n'étoit là , ni delà part de fes
Seigneurs de Fribourg , ni de la
part de l'Evêquc de Laufanne, mais
uniquement pour Ton propre comp-
te , Se que s'il difputoir , c'étoit
par déférence pour LL. EE. de Ber-
Tom. //. C ne ,
50 Hifioire de la Réformation
528. ne, foûmettant fes fentimens au
*'b"r- iuSement d« l'Eglife Chrétienne &
i. du Concile général. Il dit d'abord
Théfe. „ Cte les deux premières Théfes
n croient pas oppofées à la véri-
3> ré , à les prendre au pied de la
55 lettre > mais quelles étoient errc-
>> nées dans le fens qu'on y atta-
choit. Il y oppofoit les deux Thc-
5, les fuivantes.
La S. Eglife Chrétienne > qui efl
?5 éternellement conservée & conduite
5> ï Efprit de [on Epoux > comme
,3 n écoute point la voix de /'£-
33 tranger 5 4#/7j quiconque n écoute pas
)<ifa voix ) eft étranger 3 * Elle &
4 C/;r//? Epoux.
5 3 CV(? pourquoi elle les fépare du ber-
,3 C4*7 Chrétien y comme des deflrucleurs
^ l'Unité Chrétienne , tfte-f fo're-
,>4iques ■> & il fe trouve en elle , qui
„ejl la Colomne & le fondement de
3 3 la vérité $ un fouverain pouvoir >
5, pour décider les matières de foi.
Pour appuyer fes deux Théfes,
il dit , 3, Que quand il s eleve dans
„ l'Eglife des divifions fur les ma-
53 tiéres de foi , il eft néceflaire qu'il
53 s'y trouve un Juge , pour chaf-
,> fer du Troupeau les loups ravif.
delà Suïijc. Lî v. IV. SI
„ fans , 8c pour montrer qui eftun 1)28-
„ Pafteur , ou un Loup. Ce Juge
ceflTEglife, comme Jesus-Christ n/e> ER~
j, a dit, SU n écoute pas ÏEglife, qu'il i.Thèfe.
5) te [oit comme un Pdien > &c.
Wvlffgang Fabrice Capiton {a) prit
ici la parole, 8c dit > „ Que l'Eglife ^feours
„ eft l'afTemblée en efprit de tous les £n** "
5, fidèles , comme membres d'an
3, Corps , vivifiez & conduits uni-
quement par leur Chef Jesus-
Christ , fuivant ce que dit S.
;) Paul , ï homme spirituel nefl jugé de
5> perfonne , & juge de toutes ebofes >
5, (I.Cor.) Ainfi l'Ecriture étant l'ou-
vrage de l'Efprit de Dieu , nul
3, autre moyen extérieur n'eft plus
3, propre , pour rejetter les erreurs
>, ôcc. Elle montre les fruits de l'ef-
55 prit j & l'Eglife regarde comme
des Loups ceux qui en font def*
tituez , Se les chalfe non par fa
33 propre authorité, mais par celle
„ de Jesus-Christ. Comme Trejer
>> objectoit , que fi le fp'trituel juge
3, de toutes ebofes , il juge donc auïli
5> de l'Ecriture : Capiton lui répon-
dit , Qu\\ juge des chofes qui
font foûmifes à fon jugement. Or
C 2 , IE-
52 Hiftoin de la Réformât ion
1528. „ l'Ecriture n'efl foûmife au jnge-
DifiHte ment de perfonne : Quant au paf-
" » fage de Matth. XVIII. S'il nécou-
I.Théfe. >yte pas l'Eglife : il s'agit là d'une
dCa? ,5 ^8^e particulière , qui eft con-
ton. duite par l'Efprit , à la charité
?, & à la foi , & qui ne fait rien
o que ce que le Seigneur opère en
„ elle &c. Enfin qu'il ne s'agit pas-
3> là d'un jugement de l'Eglife, pro-
3, nonce fur une difpute de Reli-
*>gion , mais prononcé contre un
pécheur , félon qu'il eft dit ,
Si ton frère a péché contre toi ,
(^Traiguer répliqua >> i° Que
Repli- >> îuger l'Ecriture n'eft pas la rejet-
que de ter , mais c'eft reconnoître fi elle
Traiguer ^ a ^ ^crite paf l5£fprjt deDieUj Ce
3, que les Proteftans ne peuvent pas
3, refufer à TEglife Chécicnne, puis
,3 qu'ils fe rattribuënc eux-mêmes
3, jugeant des Livres de l'Ecriture ,
3, Se faifant un très-grand cas de
3, quelques-uns , comme des qua-
3, tre Evangiles &c. pendant qu'ils
33 en rejettent d'autres 5 quoi-que
3, reconnus pour Canoniques de-
33 puis mille ans > comme ÏEpîtr
d
M pag. 6u
deUSuijfe. Liv. IV. 53
de S. Jaques , ÏApocalypfe, Se quel- I 528.
5, ques autres : d'où il s'enfuit que Dijpute
,,1'Eglife à ce pouvoir aufli - bien ^ Ber-
55 qu'eux , fuivant ce qui eft écrit , x. Théfe.
>, Eprouvez les Efprits > s'ils font de ni/cours
* Dieu &c. ctJrMi'
3, 20. Que fuppofé que le pafla-°
,3 ge de Matth. XVIII. ( S'il ntcou-
33 te pat ÏEglife ) regarde un jnge-
,3 ment prononcé fur un péché , ce-
3, la ne détruit point fon alTertion>
33 puitqu il n'y a point de plus
„ grand péché ; que d'exciter des
3, divifions dans la foi 5 Se de faire
,3 des fchimes Se des feftes 5 Que
53 de plus il eft évident, que le Sei-
33 gneur y pari: du fcandale 3 puif-
5j qu'il dit y fi un membre te donne du
3, fcandale , coupe-le , & le jette loin
3> de toi i ce qu'il faut entendre des
5, membres fpirituels dn Seigneur ,
3> à qui il arrive de donner du fean-
3, dale 5 or il n'y en a point de
3> plus grand > que celui d'exciter
3, des divifions 6c des fchifmes.
55 3°. Enfin qu'il ne s'agit pas-
„ là d'une Eglife particulière , qui
33 peut errer , Se par-!à eft rneapa-
s> ble de juger des matières de foi,
53 mais il faut que nous ayons un
C 3 Juge
J4 Hifioire de la Reformât ion
I 528. „ Juge infaillible , tel qu'eft TEglife
vifpuu \jniverfelle.
de Ber-
ne. Martin Boutzer [a) ( connu
pifcours pjus communément des François
de Bucer. K. _ , N >
I.Théfe. *ous *e nom ^e -Bucer, ) Collè-
gue de Capiton , prit ici la parole
& dit , io. „ Que l'Apôtre dit ,
„ ïhomme spirituel juge &c. & non
t Af emblée des Eccléfiaftiques dans un
„ Concile ; car comme chaque Jufte
3) doit vivre de fa foi , aulîi faut-il
„ qu'il juge & reconnoifle pour lui
„ même la parole de Dieu , autre-
„ ment il ne croiroit pas à Dieu ,
5, dont il ne fauroit pas la parole ;
3, d'où il s'enfuit que tous les Chré-
tiens > en général &; en particu-
lier, ont le droit de juger de tou-
„ te Doctrine , comme ÏEglife de Ber-
?, ne , dit- il , £a entrepris pr é fente-
ment fort Chrétiennement , car tous
5, les vrais Chrétiens font * fpiritusls»
5, ayant Tefprit de Cnrift. Rom*
„ VIII.
2. Que
(a) pag. 6<>.
* Les Allemands défignent les Ecclé-
fiaftiques par le mot Geiftlich , qui ligni-
fie proprement. Spirituel. C'eit fur cette
ambiguité de ce mot , que roulela penfée
de Bitccr,
delaSuife. Liv. IV. S 5
5, 20. Que la diftin&ion des Li-.j 528.
?, vres du Nouvau Teftament en Difpute
„ Canoniques , & douteux ou Apo- de Ber"
„ ajpto > n etoit pas nouvelle , pjfcours
„ comme il prouva par l'Hit de Bar
,3 toire Eccléfiaftique d'Eufébe, Liv. 215"/-
„m. ch. 2d. "J
„ 30. Ton peut examiner
qui font ceux qui fe détournent
de la foi , & qui en détournent
9, les autres : ou les Proteftans, qui
5, prêchent la foi en Jésus»
3, Christ laquelle produit la
„ Charité ? ou les Catholiques ,
5, qui renvoyent au Pape, & aux
Conciles , ( qui ont formé di-
3, vers Décrets oppofcz,) & aux
„ Pérès , dont il n'y en a aucun,
qui n'ait varié, ou akcré fa do-
ftrine en divers endroits ? Chez
les Proteftans il n'y a ni hom-
3, me ni femme , ni aucune difiin-
3, ftion de cette nature à l'égard de
3, la foi, au lieu que les Catholiques
3, ont divers ordres , d'Eccléfiafti-
,j ques, de Séculiers , de Réguliers,
de Religieux, qui fe hait
3, fent mortellement les uns les
3, autres , comme entre Doniïnicams
>, & Cordel'urs 6cc.
C 4 40, Qui
5 6 Hijioire de la déformation '
î 528- » 4°- Q£* la vérité , il n y a
nifpute » point d'Eglife fur la Terre , ni
Ber- „ d'alTemblée , non pas même fi
LThéfe. " tous ^es Chrétiens du Monde
Difcours » pou voient s'aflembler , qui ne
de Bu- „ puiffe errer. Cependant chaque
CER* y, fidèle doit, avec S. Paul, {avoir
>9 a qui il a cru y & juger par lui-
>y même du lens de la parole de
„ Dieu. Mais 11 tin Chrétien a
>} plus de lumière qu'un autre > il
yy peut les lui communiquer pour
yy parvenir à la connoiflance de la
yy vérité. Quant au refte > tandis
yy qu'on eft en ce Monde , nous
Py ne connoiffons quen partie ( I. Cor.
yy XIII.) Nous pouvons ne pas er-
yy rer dans les points fondamen-
taux, qui reviennent à la foi en
yy Jesus-Christ, & errer fur
yy quelques articles particuliers ,
yy comme il n'y a point de Do-
yy cteur fi favant , qui fe puiile
» vanter d'entendre à fond toute
yy l'Ecriture : mais ces erreurs par-
yy ticuliéres ne nuifent point au
>; falut.
Traiguer (a) répliquant dit ,
» i°. Quf fi perfonne ne doit
croire
M pag- 70.
de U Suffi. Liv. IV. S7
>, croire fur les enfeignemens d'un 1528.
„ autre , il s'étonnoit pourquoi les Dïfpute
„ Docteurs Proteftans prenoient ^ Ber-
„ tant de peïne pour inculquer au ^xhéfê-
>, Monde leur foi nouvelle. Difco#rs
„ 20. Sur ce que Bucer avoit deTnAi-
» dit , que chaque Chrétien a l'ef- GUER-
>, prit de Dieu , il dit qu'il étoic
>, furprenant > que les Docteurs
,> Proteftans , qui piétendoient
55 avoir l'efprit de Dieu, fuiîenr fi
>, divifez dans leurs fentimens, pui£
» que Luther & Zuingle étoient
33 de différente opinion fur la ma-
>, ticre du Sacrement. Que quoi-
„ qu'il n'y eût qu'une dizaine
yy d'années , que cette nouvelle
» foi eût paru au Monde , il s'é-
yy toit déjà formé, je ne fai com-
„ bien de Sectes entr'eux , qu'on
5, nommoit Luthériens , Zuingltens ,
yy Occolampadi -ns , sfnabaptiflts , &c,
>, dont les Docteurs avoient déjà
?, écrit les uns contres les autres,
,) avec plus d'aigreur &: de fu-
3, leur, que les divers Ordres de
?, Religieux n'avoient jamais fait
„ les uns contre les autres : d'où
yy il eft évident , difoit-il, que
7) renvoyer chaque Chrétien à 1 e-
C 5 xamen
5 S Hiftoirc de la déformation
1 528. » xamen particulier de fon efprir5
Ttifpute c'eft le renvoyer à l'incertitude
^Ber"»& à l'erreur, 6c qu'ainfi rien
D]fC0Llrs?> n eil plus utile, ni plus fur que
deTRAi~„de demeurer dans l'Unité de
î ^héfe 33 *^&^e ' l éfprit de Dieu étant
un efprit d'union, 6c non de di-
33 vifions,*
» 30. Qu[\ peut être arrivé que
?, quelques Conciles auront chan-
33 gé quelques réglemens 3 que des
3, précèdens avoient faits 6c qu'ils
>3 ont été en pouvoir de le faire ;
„ la difcipline pouvant varier fe-
33 Ion les tems 6c les lieux , mais
33 il nioit qu'aucun Concile eût été
3, oppofé à l'autre fur des matié-
33 res de foi.
,3 40. Que le paflage de Matth.
33 XVIII. qui concerne l'Eglife ,
3, doit être entendu, 6c d'une Egii-
3, fe particulière , 6c d'un Con-
3> cile général. Quand il s'agit d'un
33 pécheur 6c d'autres affaires de
y3 cette nature , 6c de peu d'im-
33 portance, une Eglife particulière
5> eft funifante pour en juger; mais
33 quand il s'agit de matières de
>3 foi 3 de difputes à terminer , de
v Schifmcs naiffans> à prévenir 6cc.
caufis
de la Suffi. Liv. IV. S 9
„ cailftz par des gens, qui ne veulent I J 2 8.
o écouter aucune Eglife , (Ici, il Bifpute
3, déploroit à ce fujet les Schifmes de Ber-
des Proteftans , Ô£ ceux de Bo- Difcours
s, héme, qu'il difoit n'être venus? deTRAi-
?> que de ce qu'on ne vouloit plus fu*?"/>
„ écouter l'Eglife,) il eft abfolu- L Theic
ment néceffaire que l'Eglife Uni-
>, verfelle prononce &c. Il prit de
là occafion d'exhorter les Ber-
3, nois à confidérer > combien il eft
y» dangereux 8c pernicieux de fe
féparer de l'Eglife.
53 5°. Qu'il faut , pour erre fâu-
33 vé, croire tout ce que l'Eglife
3, croit , puifque qui croit au Sei-
5, gneur dans un point , & non
33 pas dans un autre, ne croit pas
,y le Seigneur véritable en tousj
,3 que cependant il n'eft pas né*
33 cefTaire d'entendre & de croire
5, d'une manière explicite tous les
33 Articles de la foi , mais qu'il
n fuffit aux fimplcs 5 de croire
3, avec 1 Eglife Univerfelle , à qui
,j le Seigneur a promis Ton efprit
jufqu a la fin du Monde.
Le io. Janvier 5 Bucer fit un long t^f0'*
Kifcours pour répondre à Traiguer, Janvk*
Dabord (d) il l'attaqua fur quel-
W p. ?<j, C 6 ques
60 Hiftoire de la Rjformation
Siues Théfes> qu'il avoit publiées
Difpute fous le nom de Paradoxes , puis
de Ber- venant à fa Queftion, fi tEfprit en-
f Théfe fe'l&ne tous ^es Chrétiens , & qu'on
Attion ne puijfe avoir aucune foi , fans enten-
du 10. dre pur foi- même la parole de Duu3
Janvier. £QU v\eyit ^uc ies j)0fteurs Proteftans
prenoient tant de peine a répendre
leur nouvelle foi? il dit, que tous
les Chrétiens favent (a) 3Jio. Que
93 la prédication eft inutile fans
5, l'illumination intérieure du Sei-
,5 gneur. 20. Que cependant Dieu
>> n'a pas laifle d'établir la prédi-
cation 5 afin que les Chrétiens
o s'inftruifênt & s'édifient perpé-
5j tuellement les uns les autres :
5, deux véritez qui paroiflent clai-
,> rement par ces mots de S. Paul*
3, Qui eft Paul, qui eft Apollos &c.
,> Celui qui plante riefl rien Sec.
5> Quant à ce que Treyer appeloit
» leur dofttine une nouvelle foi , il
9> le fupportoit patiemment, aufli-
» bien que fes autres injures ;
quoique cette doftrine foit aufïi
9> ancienne que le Monde , Savoir*
3, que l'homme fe repofe fur la
9, bonté de Dieu > par Jésus-
Christ
'W~pag.8i.
de la Sui/fe. Liv. IV. 61
Christ, s'afïurant que Dieu 1 528,
l'élévera enfin au bonheur éter- Difpute
nelj ce qui le difpofe à faire du *e B£R"
bien à tout le Monde ; Que c eft i.xhéfe*
là la foi que lui & l'es Collè-
gues prêchent, 6c qu'il s'offroit
de fouffrir la mort , s'il en étoit
autrement > voulant s'attacher
uniquement à l'Ecriture Sainte
qui eft la parole de Dieu.
20. „ Que s' il y a. (4) quelque dif-
férence de fentiment entre les
Proteflans , il ne faut pas s'en
étonner, puifque > comme on la
déjà dit , dans ce monde nous ne
'connoilfons quen partie: Que Dieu
n'éclaire pas les hommes tout à
coup, mais peu -à -peu. Que
lui, (Bucer) avoir autre fois fait
grand cas de Tljomas dïAquin >
mais que Dieu lui ayant fait la
grâce de découvrir Tes erreurs >
il avoit renoncé à ce Dofteur.
, Que de même il avoir fait grand
cas de Luther, fie en faifoit en-
1 core , mais que Dieu ayant per-
,mis, (afin qu'on ne s'attache à
aucun homme) qu'il expliquât
, d'une manière charnelle les pa-
C 7 rôles
M P*g.S4.
62 Hijloire de la déformation
1 528. j> rôles de Jésus -Christ qui font
Difpute >> fpirituelles , Ôc qu'il confondu
^Ber- l'Humanité de Jesus-Christ
I Théfe *' avec ^a divinité 3 ^a gloire de
Dieu demandoic qu'il l'abandon-
9, nât dans ces articles , d'ailleurs
prêt à le reconnoître pour frère,
tandis qu'il prêchera que Jésus-
5, Christ eft nôtre unique Sau-
veur. Qu il fuffit qu'on foit
d'accord avec nous fur les fon-
démens du falut. Que ni Lu-
ther , ni Zuingle , ni CEcoIampa-
>, de n'ont jamais cherché à faire
r, des Sectes , & des difciples , qui
yy portaffent leurs noms ; mais à
?, prêcher la grâce de Dieu par
Jésus- Christ a exhortant à ré-
?i gler notre foi 6c nôtre conduite
9, par l'Ecriture & le Symbole
?5 des Apôtres ; au lieu que les Ca-
tholiques donnent à Jésus-
>y Christ un AfTocié qui eft le
i> Pape , & lui affocient des Mé-
?J diateurs , & d'autres fatisfa-
>, ttions. Que c'eft proprement
>, chez eux quil faut chercher ceux
>, qui font des Seftes à part, 10, en-
y, feignant que la Méfie eft la
3) meilleure de toutes ks œuvres,
&
dcUSuiffe. Liv. IV. 63
8<C quil n'y a que les Prêtres, I 5 2 8-
qui la puiflent faire , revêtus Difpute
comme ils le font , d'un cara- ^B£R-
ftére indélébile , 20. ayant des x.Théfc
Ordres de Moines , dont chacun
a Ton Idole particulière , comme
les Dominicains , qui prétendent^
que Dominique a obtenu de la S,
Vierge qu aucun Aloine de fon Or-
dre ne périffe éternellement , & les
Cordeliers, qui difent > que Fran-
çois £ Affife tire toutes .les années
du Purgatoire tous les Cordeliers.
Mais les Proteftans ne connoit /
fent qu'un Dieu & un Sauveur, 7^
dont la grâce eft commune à
tous les Chrétiens. Que s il Te
trouve des Seftaires parmi les
Proteftans, Se des divifions , on
voit en cela raccompliffement
de ce qu'a dit le Seigneur; Js
ne fuis pas venu 'mettre La paix
fur la terre &c. (Matth.X.) 8c
de cette parole de S.Paul.i.Cor.ir.
Il faut qu il y ait des Schifmes &C
Tandis que tout étoit fous 1 em-
pire du Démon , tout éroit
tranquille , mais d'abord qu'il a
vu fon régne attaqué par la lu-
» miére de ÎEvangile 3 il a cher-
ché
64 Hi/loirc de la Réformation
I$28."c^ à étouffer cette lumière par
BifpHte >i des Schifmes & des héréfies , ou
de Ber- à l'éteindre entièrement par des
I Théfe 55 8uerres & ^es perfécutions ,
' 3> comme on Ta vû déjà même
5, des le tems des Apôtres ; & que
,3 les Ecrits des premiers Pérès en
>, font foi &c. Après quelques
,3 autres reflexions , Bucer relut le
3, partage de la t. Corinth. II. Le
33 Spirituel juge &c. & fit remar-
33 quer que le jugement de la vé-
,3 rité y eft attribué à tout homme
33 Spirituel c eft -à -dire Chrétien 3
,3 (car fans Tefprit de Jesus-
33 Christ on n'eft pas à lui,)
33 & non pas à un Concile} ni à un
33 Pape &c. Que dailleurs,quand tous
,3 les Conciles du Monde jugeroient3
,> & jugeroient lainement, toujours
33 faut-il que chacun de nous Te ferve
33 de fon propre jugement , éclai-ré
3, par Te/prit de vérité > que le
53 Seigneur a promis à fes difei-
3, pies , difant , Cet Efpr'it , ( &
non le Pape , ni les Conciles, )
3, vous conduira en toute vérité &c.
„ Jean XVI. x 3.
111. Quant à ce que Treyer
(4) prétendait que le paiTage de
(4) pag. 91. Matth.
de la Suife. Ll v. IV. 65
>, Matth. XVIII. devoir au/Ti s'en- t J2 8.
>, tendre de l'Eglife Univerfelle , Bifpute
yy c etoit fans fondement} puifque ^ Blr-
5,1e Seigneur a promis aum* F^iYhéfe
„ fiftance de fon Efprit aux peri-
yy tes affemblées, même à celles de
yy 2. & de 3. perfonnes ajfemblées
yy en fon nom > ( Matth. XVIII.
yy 19. 20.) tellement que pour dé-
„ couvrir la vérité l'on n'a point
yy befoin de Conciles &c. Que
» les Conciles ne font point un
yy moyen pour découvrir la véri-
yy té, ni pour rétablir la paix dans
yy l'Eglife 'y Qve d'ailleurs des dif-
yy férences de fentimens 3 & des
yy erreurs même fur des articles
yy particuliers, ne nuifent point au
>, falut , tandis qu'on retient le
>, fondement, qui eft la Confiance
yy en Dieu par Jesus-Christ félon
yy qu'il eft écrit, Oui croit au Fi s,
yy a la vie &c. QjSil ne vouloit
» pas s'étendre à montrer les con-
yy traditions , où étoient tombez
yy les Conciles 5 Qu 'il fe contentoit
yy de faire remarquer , que dans
yy le dernier Concile de Fome {a )
yy on avoit établi , Que ceft une
héréfic
(a) pag. 94-
66 Hijloire de la déformation
1 528. 99 héréfie abominable , de dire , que le
vifpHte j. Concile général (oit au deffus du Pa-
^ Ber- „ pe : ce que les deux Conciles de
1 ^Thcfe 5' Confiance & de Baie ont pofé com-
,3 me une vérité falutaire.
Il conclut fon difcours en ex-
hortant les Bernois à fon tour* „ à
s'attacher à la Doctrine du Sei-
5, gneur > qui ne renvoyé fes Dif-
ciples 3 ni au Pape 3 comme à fon
5, Lieutenant , ni aux Conciles ,
3, mais les appelle à lui > difant ,
5) Venez * moi 3 vous tous &c. Mat-
3j th. XI.
Ulrich Zuingle , (.*) fe croyant
blefle par le Difcours de Treyer ,
prit ici la parole 3 pour fe juftifler,
& dit 3 » Que fi les Seigneurs de
r> Zurich avoient embrafTé fa Doc-
33 trine 5 ils ne Tavoient pas fait en
33 aveugles , mais après avoir re-
,3 connu quelle étoit , non pas de
33 lui, mais du Seigneur , l'ayant
33 mûrement examinée 3 à l'imita*
33 tion des Fidèles de Bérée* A cl.
„ XVIII. &c.
7? cyer (b) fe leva pour répondre,
&c commença un Difcours 3 qui
alloit faire rouler la Difpute
fur les conteftations , qu'il avoit
U; (b) p. 97, eues
âe U Suitfe. L I V. IV. 67
eues auparavant avec les deux Mi- 1528.
niftres de Strasbourg. Les Préfidens
l'interrompirent 3 pour lui dire que5 NE<
fuivant l'Edit des Seigneurs de Ber- i.Théfe.
ne , il devoit 10. difputer par l'E-
criture. 20. S attacher aux Théfes
propofées , & renvoyer à un autre
tems les difputes qu'il avoit avec
ces Meilleurs. 30. S'abfîenir d'invec-
tives & de paroles injurieufes: qu'à
ces conditions il pouvoit parler en
toute liberté.
Treyer fe plaignit de ce qu'on lui Frote^_
irnpoibit filence , après qu'on avoit ticmov*
écouté tout au long fon Adverfai- pofées
re Bucer j Se protefta que , fi on ne
lui vouloit pas permettre de parler, Adieurs
comme dans une Difpute libre 3 il
ne difputeroit plus.
Les Préfidens réitérèrent (a) > par
voye de proteftation , Qu^on ne
lui fermoit point la bouche , pour
l'empêcher de difputer fur les Thé-
fes propofées , mais feulement fur
les Difputes qu'il avoit eues avec
les Docteurs de Strasbourg , ÔC
qu'on lexhortoit, &c le prioit mê-
me de difputer contre les Miniftrcs
de Berne. Nicole Briejfer ajouta
qu'en
68 Hiftoire de la Information
15^8. qu'en l'aftreignant à difputer par
vifpute l'Ecriture , cela fienifioit , qu'il
NE pourroit difputer , non -leuleme/ît
I.Théfe. en citant des partages formels de
Protejfa- l'Ecriture > mais auffi en propofant
potée?" ^es raifbnncmcns , qui découlaffent
de di- de l'Ecriture comme des conlequen-
vers ces légitimement tirées.
Acteurs. Capi(on ^ BuceY firent âUfc jeurs
protcftauons : 10. Qu'ils n'avoient
rien à démêler avec Treyer > qu'en-
tant qu'il avoit vivement prêché à
Strasbourg contre les deux prémié-
res Théfes de Berne , 8c que c'étoit
pour cette raifon , qu'ils avoient
prié LL. EE. de Berne , de l'invi-
ter à leur Difpute : 20. Qu^\]s étoi-
ent toujours prêts à lui répondre ,
ou de bouche , ou par écrit ; 30.
0«'ils avoient même prié les Pré-
fidens de la Difpute , de lui per-
mettre encore de parler , promet-
tant quant à eux , de ne lui rien
répondre , que fur les chofes qui
concernoient les Théfes propofées
&c.
Ulrich Zuïngle fit au/fi une pro-
teftation pour lui & pour Oeco-
lampade î Que Treyer pouvoit
parler librement , pourvu que ce
fût
de U Suffi. Liv. IV. 69
fût par l'Ecriture j Se fans invecliver. I 528.
Après ces proteftations oppofées,
Trejer fe retira , & ne parut plus : N-E<
Houter, Curé cX Appenzell <> reprit I.Théfe.
le fil de la Difpute , qu'il avoit com-
mencé avec Haller j Se prenant
droit fur ce qu'il avoit dit de
l'Excommunication , il dit > (a) Que
35 fi l'Eglife avoit abufé de fon
„ pouvoir à cet égard , il n'était
3, pas là pour juftifier ces abus. Mais
3, que 3 quoi qu'il en foit > le Sei-
>, gneur a établi une authorité dans
33 l'Eglife pour la gouverner , al-
33 léguant, (A<ft. XX.) Prêtiez garde à
3, vom & a tout le troupeau fur le-
quel le S. Efprït vom a établis Evê-
ques Sec. Se (Ephef. IV. ) // a donné
3, les uns pour être Apôtres 3 les autres
3> Sec. pour l'édification Sec. Et com-
me mon Pére ni* envoyé 5 je vota
», envoyé aujfi. Autres , dit-il , font
5, les Docteurs , autres les Pasteurs;
3, il y a donc un pouvoir dans l'E-
», glife : car un Berger ou Pafteur ,
s, ayant droit de commander , eft le
3^ Chef de ceux à qui il comman-
33 de: ce qui pourtant nempêehe pas,
>> que le Seigneur ne foit le Chef
fupré-
(*) pag. 10 1. & fuiv.
70 Hiftolre delà déformation
I 528. fupréme, comme quand il dit à fes
Dlfpute ,j Difciples , Fous êtes la lumière du
^Ber- 5J Monde , il n'en avoit pas moins
Ï.Théfe. " ra^on de dire > Je fuis la lumière
>3 du Abonde.
5) Haller répondit , Que tous
,5 ces paflages ne figni fient qu'un
„ emploi dans FEglife , un Minif-
» tére 3 & non pas une authorité
de C/;^f , que le titre d'Evêque
5, ne donne point la qualité de Chef
53 de l'Eglife , autrement il y auroit
3, dans une même Eglife autant de
» Chefs qued'Evêques5 comme dans
53 celle d'Ephéfe 3 aux Pafteurs de
« laquelle S. Paul difoit 5 le S. Ef-
,3 prit vous a établis Evêques, Il allé-
33 gua encore pour prouver fon aC-
ferrions ce que S. Paul dit (1. Cor.
33 XII.) Il y a plufieurs fortes de dons ,
3, mais il y a un feul Efprit ; il y a
,3 auffi diverfes adminiftrations , mais
3, ily a un seul Seigneur. Ajoû-
33 tez à cela le paflage de il Pier.
33 V. qu'on a déjà cité 3 où l'Apô-
33 tre défend aux Pafteurs de domi-
yy ner fur le troupeau. Que fi les
yy Apôtres font appeliez la lumière
33 du Monde y ce n'eft que par par-
yy tiçipation a étant illuminez de Jé-
sus-
delà Suijfe. Liv. IV. J\
„ sus-Christ , qui eft la vraie Se 1528.
„ réelle lumière. f df$Hte
Le Samedi 1 1. Janvier après Théo- N^ ER~
baldHoutenon vit paroître Nicolas LThefe.
Christ en (a) Chantre de l'Eglife <A&*9»
Collégiale de Zoffingue , qui , pour
foûtenir lauthorité de S. Pierre, &
fa qualité de Chef de l'Eglife Uni-
verselle, fe fervit de ces deux ar-
guments : 3, io. Que Jesus-Christ
dans Matth. XVI. ne promit les
3, Clefs du Royaume qu'à S. Pierre,
„ d'où il fuit qu'il ne les a données
,> qu'à lui j car il esl fidèle dans fes
„ promelTes ( II. Pierre III. ) 20. Il
„ les lui a données, ou fur le champ,
„ ou après fa réfurreftion , lorfqu'il
„ lui dit par trois fois, (Jean XXI.)
Pat mes brebis , mes agneaux. Il
5, ajoute , (b) que le Seigneur a
donné à tous fes Difciples le pou-
voir de lier & de délier fur la ter-
„ re. ( Matth. XVIII. ) mais qu'il a
„ promis à S. Pierre ( Matth.XVl.)
3» le pouvoir de lier dans plufieurs
„ Cieux.
Haller répondit , „ Que comme
33 ( Matth. XVI. ) S. Pierre avoit
>> répondu , au nom de tous les
Apô*
Mpap. m, & ûùv. (*)p, 113,
72 Hijloire de la ^formation
1 528. „ Apôtres , à la quefticn du Sti-
df'BER " Sneur > U avoic au^ reçu la pro-
ne. » méfie des Clefs au nom de tous 5
I.Théfe. » 3c que quant au paffoge de jFr*»
» XXI. il ne contenoit qu'une éxh
„ hortation à paîcre les brebis du
3, Seigneur. Que le Seigneur a don-
>, né un pouvoir égal , à tous les
„ Apôtres, quand il leur dit, (Jean
„ XX.) Recevez le S.Efprit,à quiconque
„ vous pardonnerez les péchez > &c.
jj Que par conféquenr, comme le
3J dfltf s'étendoit à tous > la pro-
3, méfie de ce don s'étendoit aufii
55 à tous 5 d'autant plus que le Sei-
» gneur ne dit pas à Pierre , Tibi
?j fili dabo , Je te donnerai à toi feul,
3> mais 5 _/V donnerai &c.
Ici Zuingle prit la parole , &
après avoir protefté qu'il ne pré-
tendoit point citer les Pérès de
l'Eglife > pour foûtenir une Doc-
trine par leur authorité , mais feu-
lement pour faire voir à leurs Ad-
veriaires, que leur Doctrine eft quel-
quefois oppofée à celles de ces An-
ciens Dofteurs , il cita S. j4uguftin>
qui , expliquant pourquoi Jésus-
Christ a dit par trois fois à S.Pier-
re > Pal mes brebis 7 ou mes agneaux ,
ieUSuife. L iv. IV. 73
fjean XXL ) remarque que c'étott 1528.
p^.rce que cet Apôtre lavoir renon- D*(Pute
:c trois fois, & que le Seigneur NE#
avoit voulu par-là lui rendre Thon- i.Théfe.
neur 8c la bonne réputation qu'il
pouvoir, avoir perduë dans l'efpric
des autres Difciples ; qui , à caufè
de fa lâcheté dans fa triple abné-
gation , auroient pû le regarder
comme indigne de l'Apoftolat >
&c.
Jacob Edlebach , (a) Chanoi-
ne de Zoffmgue , fe mit enfuite fur
les rangs , mais il ne produifit rien
de nouveau. Il prétendit lO.Quc
les Clefs ont été promifes à S.
„ Pierre fcul, (Matth. XVI.) zo.Que
le Seigneur a bien donné aux au-
5, très Apôtres le pouvoir de lier 6c
de délier , c'eft-à-dire > de par-
,j donner les péchez , mais que Izs
,, Clefs promifes à S. Pierre font
un pouvoir particulier , qui lele-
ve au deiïus des autres , félon
„ qu il lui fut dit, (Jean XXI.) P/$
mes brebis.
Haller répliqua (h) , iO. Que
>, la raifon pour laquelle S. Pierre
>, reçut les Clefs , fait voir qu elles
Tu m. IL D ne
(*) p. no. Wpag. m.
74 Hi floire de la Information
'5^8. „ ne lui furent pas promifes à lui
i?BERf| >} ^eu^ * * l'exclufion des autres ;
Nej ,j cette raifon 5 c'eft parce qu'il cro-
i.Théfe. yoit que Jesus-Christ eft leMef-
35 fie > le Fiis du Dieu vivant. Or,
» les Apôtres croyoient aufli la me-
>9 me chofe , comme S. Pierre le
>? dit au nom de tous 5 (Jean VI.)
Seigneur a qui nous en irions nous ?
„ &c. 20. l'emploi de /W/re
„ £r?£i* 5 ne donne aucune fupé-
>3 riorité à S. Pierre , puifque c'eft
„ un emploi , commun à tous les
„ Pafteurs.
Nicolas Chrijien (a) reprit ici la pa-
role , & dit > j, Que Jesus-Christ
>, eft véritablement le Chef fuprèm
„ de l'Eglifcmais que par fon ordon
>> nance & celle des Apôtres, il fau
qu'il y ait d'autres Chefs dan
> > l'Eglifc > ou Supérieurs a ( pou
3, ne pas difputer, pour le mot d
,,Chef>) car il faut qu'il y ait d
„ l'ordre dans l'Eglife. L'Eglife
y9 Judaïque avoit aulîi fes Chefs >
yy fes Supérieurs » fes Juges, aux-
yy quels il faloit recourir dans les
yy cas litigieux ( Deuter, XVII. Se
iJ XVIII.) Quk la vérité il ne ré-
con-
0) pag. 124.
de la Suffi. LlV. IV. 75
„ connoifToic pas dans l'Eglife un [ ^28
3, Seigneur , qui la tyrannifât , mais nifput
>; des Supérieurs &: des Prélats 9dt Beh
qui Tenfeignent , qui l'a ^^-f^
3, dent , qui la corrigent ; car s'il u
3J y étoit permis à chacun de faire
r ce qu'il voudroit , il y auroit un
étrange défordre. Il cita ce que
S. Paul dit , I. Corinrh. IV. Que
3, voulez-vous ? Irai- je vers vous avec
3, la verge ? & Chap. XII. Dans CE-
„ glife il y a des Couvernemens : &
s, Hébr. XIII. Souvenez-vent de vos
3, Conducteurs &c. Obétjfez à vos Con-
ducleurs &c.
//*i//er répondit (a) , „ io,
,j les Prélats ne font pas Chefs de
3, l'Eglile , puifque l'Eglife n'a point
i, d'autre Ch^f , que celui qui eft
>3 fon Sauveur j que l'Ecriture ne
connoit poinr de Prélats , qui
>, dominent , mais des Payeurs ,
>3 qui inftruifent , & prêchent la
3> Parole de Dieu. 2°. Que l'Eglife
3j ne manque point de bon ordre 3
33 puifque le Seigneur y a établi di-
3, vers emplois. ( I.Cor.XII. Ej hef.
3) IV.) 30. Que l authorité des Pic-
» très de 1 Ancienne 1 ni de la ra-
D 2 ce
(#) pag. uf.
76 H'fioïre de la Rcforrnation
! „ ce SAaron , n'était pas abfoluë
pifaute ?3 §r foavcraific > mais' d'enfeigner
I.Théfe. » dontS.Paul parle (I. Cor. IV.) n'eft
>> autre chofê que Y Excommunication,
?? comme il la lance dans le Cbap.
„ V. contre Tlnceflueux. 50. Que
„ le pafTage de I. Corinth. XII. tou-
5> chant les Gouvememens , regarde
53 le Magiftrat Civil , aufïl-bien que
„ le dernier paffage de Hébr. XIIL
Mais que celui qui le précède ,
n Souvenez-vous de vos Conducteurs ,
?, regarde les Pafteurs , parce qu'il
ajoute 5 Oui vous ont annoncé la Pa-
5, rôle de Dieu.
Ici CEcolampade {a) prit k pa-
role pour éclaircir la matière : Il
fît d'abord bien remarquer 1 état de
la Queftion 5 favoir , Que Chriiïen
vouloit non pas donner à une Cré-
ature la dignité de Jesus-Christ ,
mais feulement une authorité fubor-
donnée à la Tienne , qui s'étendît
fur toute la Terre , qui fût confiée
à une feule perfonne , comme à S.
Pierre , ou à fon Succeffeur le Pa-
pe. Pour répondre à cela > il dit ,
Qu 'il eft de la nature d'un Chef,
dfi
W pag- 130.
de la Suffi. Liv. IV. 77
„ de gouverner tous Tes membres; I $22.
,> or il eft impofFible à un homme jf^*"
feul> de gouverner toute l'Eglife „ "
„ Chrétienne?qui s'étend depuis l'O- î.Théfe,
rient jufques à l'Occident , & eft
répanduë par toute la Terre, &c.
Après cette longue difeufion ,
Chriften [a] attaqua ces paroles de
la I. Thcfe, ÏEglife eft née de la Pa-
ie de Dieu. Il dit que l'Ecriture par-
le de 4. Paroles de Dieu. v 10. La
3, Parole de Dieu > qui eft éternel-
» le. (Jean I.) 20.La Parole mife par
» écrit dans la Bibie. 30. La Pa-
„ rôle qui eft prêchée. 40. Enfin
„ la parole ferréte , que Dieu pro-
33 nonce dans les cœurs , Pfaum.
>} 84. (ou 85. ) J'écouterai ce que
>} le Seigneur dira en moi > Se A-
33 pocalyp. III. Voici , je me tiens a
la porte &c. fi quelcun entend ma voix
Sec. Il demanda donc à B. Hallcf ,
de laquelle de ces paroles tEghfe eft née?
Hallcr répondit 5 CVelIe eft
33 née de la Parole , que Dieu rend
y, efficace , Se qu'il prononce dans
33 nos cœurs , qui eft la memcFque
33 celle qui eft écrite Se prêchée. Jaq.
>y I. Sel. Pierre I.
D J Le
[*] Ibid.
78 Hifîoire delà déformation
1528. Le Dimanche 12. Janvier, les
Bifpute Théologiens envoyez par l'Evêque
k^Ber~ de Laufanne , mécontens apparem-
I.Théfe. ment delà Dilpute fe renièrent fc-
ABion crétement , &: s'en allèrent fans di-
jxnvler re â(^ltu a perfonne. Les Seigneurs
Les de Berne en furent fort indignez ,
Théo- & écrivirent une Lettre très vive
^deLan ^ur ce ^et * l'Evêque. On en peut
faune fe voir la copie entre les Pièces Juftifi-
retirent catives N<>. III. Je ne fài> fi ce fut
fecréte- Guillaume Farel , qui la compofa,
ment. . , 11 a ' • j r
mais du moins elle elt écrite de la
main dans le Régître * des Lettres
Latines , où je l'ai vue.
Daniel Schatt la], Curé de
Gondifvvyl , attaqua encore la L
suite àt xhéfe &: dit, „ Que Jesus-Christ
» ne P^t pas êtlè~appellé Chef uni-
5, que de l'Eglife , félon fa Divinité y
„ ( puifqu'il eft Dieu avec le Pére
?> ÔC le Saint Efprit j ce font trois
„ perfonnes , qui font Chefs del'E-
glife : ) ni félon fon humanité >
» parce que Dieu eft. fon Chef, ( I.
yy Cor. XI.) Le Chef de la Femme eft
„ le Mari , & le Chef de Chrifi cesl
„ Dieu : il y a donc un Chef au-
„ defîus de Jesus-Christ.
Zuingle
* Archiv. de Bern. [a] p. 144.
de la Suijfe. L I v. I V. 79
Zmngle répondit , Que Jésus- J 52 S.
Christ eftle vrai 8c unique Chef de Difpute
l'Egiife entant que Dieu & homme de Ber"
tout enfemble , /ans excîufîon des ^ xhéfe.
autres perfonnes de la Divinité ,
puifque les trois ne font qu'un feul
Dieu j Que ces fubtilirez nefaifoient
rien au fujet de la Difpute , Que
Dieu eft Chef de Jesus-Christ Se
au-deflus de lui , à l'égard de fon
humanité.
Gilles Mourer de
pferfcbvvjtl , -parut enfuite fur la
Scène, (a) & dit ; „ 10. laif-
„ fant à Jésus. Christ la di-
gnité de Chef Unique, entanc
qu'il donne la vie & la grâce,
il faut reconnoître dans l'Eglife
„uneauthorité,& un gouvernement,
3, car S. Paul dit , (Rom. XIII.) Que
3, toutes les puiffances font ordonnées
3, de Dieu , or Tauthomé fpirituelle
ou Eccléfiaftique eft une de ces
puifTanccs &c. 20. Que S. Paul
3, (H.Corinth. X. ) fe glorifie du
3, pouvoir qu'il a voit, qui étoit
3, un pouvoir Spirituel &c.
Hallcr iépondit, to, Que le paf-
fage de Rom. XIIJ. ne concerne-
D 4 que
80 Hijlotre de la Information
1528. *es Magnats Civils. 20. Sur
Dlfyute U- Corinth. X. ^Vil ne nie pas
de Ber- qu'il n'y ait une authorité dans
fli 'un Chef, mais un Miniftre ou Ad-
ministrateur, comme S. Paul dit,
dans le même endroit , qu'il a
reçu ce pouvoir du Seigneur, non
pas pour détruire , mais pour édifier.
Gilles Mourer répliqua (à) que
puifqu'il y a quelque authorité
dans l'Eglife , établie pour fon
3, édification , il faut donc qu'il y
„ ait un Monarque, ou Chef Su-
„ périeur fur la Terre , pour l'Ad-
„ miniftrer : Il le prouva , par les
„ figures de l'Ancien Teftament,
qui doivent s'accomplir dans le
3, Nouveau. Moïfe étoit le Chef
,, de l'Eglife Judaïque , & étoit la
5, figure de Jésus- Christ, 8c
3, Aaron étoit fous lui ie Chef Ec-
3, cléfiaftique , figure de S. Pierre,
à qui le Seigneur a donné cette
„ authorité , en lui difant , ( Luc.
3, XXII.) fortifie tes frères.
Haller répondit en deux mots:
Que Moïfe & Aaron ont été tous
deux des figures de Jesus-Christ
comme
M pag. iyo.
de uSaifi. L17. rv. gf
comme il paroit par Hebr.lll. V. i$2 8>
& VI. „ Que quant au paffage de Di/pute
3> S. Luc, on y avoir déjà fumTam- ^ Be^-
„ ment répondu. ^ i?Théfe
Jacob Edlebacb(a) revint fur la Scè-
ne , de dir , ,, kiffant à J e s u s-
Christ la qualité de Chef no*
f«rf/ 5: corporel ou réel de TE-
„ glife , il reconnoic pourtant Je
„ Pape, pour un Chef établi de la
„ part de Je s us-Christ, pour
„ adminiftrer les affaires générales
del'Eglife, fui vaut le pouvoir
des Clefs donné à S. Pierre. Quant
à ce que Biicer avait dit, que
it chaque EghTe a le pouvoir de
juger pour foi-même , fuivant -
„ la promelTe du Seigneur : ta ou
3, deux oh trois d'entre vous , feront
affemblez en mon Nom , &c. il en-
yj treprit de le réfuter , par ce qui
s, arriva du tems des Apôrres , à
l'Eglife d'Antioche , qui , quoi-
„ qu'elle eut S. Paul & S. Burna-
bas , ne voulut pas s'en tenir à
leur décifïon , mais les envoya
9} tous deux à férufalem pour con*
fulter les Apôrres, &c. {Acl. XV.)
>, par la raifon , qu'il faut renvoyer
D 5 ces
82 Hijloire de la Réformatioti
1 528. 5> ces fortes de chofes aux Chefs
Blfpute >3 & Conducteurs de l'Eglife.
^Ber- Buur > que cette nouvelle obje-
l.Théfe. c*lion regaidoit, dit, ,3 Que quant
m premier point , on y avoit
„ fi mTamment répondu j & fur
3, le fécond , fi l'Eglife d'An-
tioche avoit bien fait , elle au-
5, roit reçu la doctrine de S. Paul,
?, fans regarder à perfonne d'autre*
5, mais qu'à caufe des conteftations,
qui s'y étoient élevées , fans
„ doute par des gens mal-inren-
3, tionnez , qui prenoient à tâche
3, de diminuer la réputation de S.
5, Paul, en lui oppofant S. Pierre
„ & S. Jaques &c. S. Paul & S,
3> Barnabas avoient bien voulu por-
3, ter eux mêmes la chofe aux au-
33 très Apôtres. Qu'ainfi l'Eglife de
„ Berne auroit mieux fait, de re-
?5 cevoir la doctrine Evangelique,
s, de la bouche de fes Minifties,
33 mais qu'à caufe de quelques per-
3> fonnes, qui fouhaitoient d'enten-
33 dre aulTi raifonner les autres Do-
,3 cteurs, on avoit de même entrepris
33 cette Difpute : Et que dès-qu'on
9) efl convaincu qu'une doctrine eft
de
deUSuife. Liv. IV. 83
, de Dieu , on doit la recevoir, I 528.
, fans regarder à perfonne. Que Difpute
, cependant s'il y avoit un As6-de Ber_
1 j • j x * NE. .
, tre en quelque endroit du Mon- £ Tnéfc
„ de 5 il les if oit confulter avec
„ plaifir , pour la fatisfaftion des
Adverfaires. Alais , dit -il, 0^
font ils ? Ce n'eft pas allez de
dire que le Pape a été établi pour
„ cela 5 il faudroit auiïi qu'il eut
Tefprit de S. Pierre , car l'hom-
me Animal ri entend, rien dans les
„ chofes divines. (I. Corinth. IV. )
Sil m'eft. permis de dire. ici
mon Sentiment , fans blefTer le re-
spect qui eft dû à la mémoire de
nos Réformateurs , il me paroit
que Bucer avoit touché au but, &
levé le nœud de la queftion, dans
ces dernières paroles : Que pour
fatisfaire pleinement les Caiholi-
ques , & achever de lever le ban*
deau que les préjugez de l'enfance
leur avoient mis devant les yeux,
fur l'authorité du Pape , ces Do-
cteurs , ( après avoir prouvé que
tout ce qui eft dit à S. Pierre
dans l'Evangile , ne lui donnoit
aucune dignité particulière fur JE-
glifcjà l'exclufion des autres Apô-
D 6 très
84 Hiftoire de la déformation
1523. rres ) auroient pu cnfuite dire?,
Difpufe qUe> fuppofé même que S. Pierre
*.Ber".cûc été établi Chef de l'Eglife,
I.ïhe^. ceia ne tire point à eonléquence
pour les Papes, qui ne font nulle-
ment [es Suiajjcftrs; ce qu'il efr. aifé
de prouver , , i°. parce -que S.
Pierre n'a jamais été Evêque de
Rome. 20. quand même il
iauroit été, les Papes n'ont hérité
ni de [on pouvoir, qui étoit ex-
traordinaire, ni de ion Efptit > 5c
qu'ils n'ont point fa doctrine. Et
ils ^uroient pu défier les Catholi-
ques, de.renverfer ces deux propo-
fitions. Je reviens à nôtre Hi-
ftoire.
Tnftutt III. Le même jour on pafTa à la
fur la II. Thèse. François Kolb l'expliqua
n:iheji. ^^ g, |a prouva en peu mots,
difant , ,3 10. CVil ne s'agit pas là
>> de Réglemens 8c d'Ordonnances
,j Civiles, qui regardent les Corps
les Biens, mais d'Ordonnan-
„ ces Eccléflaftiques, qui regardent
„ le Salut, ex obligent la Con-
feience. 20, Ouj\ n'y a point
d'homme, qui punTe nous apren-
„ dre la volonté du Pére > iî non
• te
deUSuijfe. Liv.IV. 8S
>, le Fils , f«i e/? ^« TVr*. 1528.
>, ( Jean I.) Ceftlui feul que nous ilH/pute
» devons écouter comme la voix ^e Ber_
>, du Ciel lordonnc.(Matth.XXIII.) ^Théfe-
» Auffi a-t-il ordonné à Tes difci-
„ pies ( Mattb. XXVIII. ) de ne prê-
>j cher que les Commandemens
» qu'ils avoient reçus de lui. 3°.
>, Ô^'ainfi, bien loin que les Com-
» mandements & les Traditions
>} des hommes lient la Confcience>
» qu'au contraire le Seigneur les
» a condamnées , lorsqu'elles font
» deftituées de l'authorité de la pa-
„ rôle de Dieu: ( Efaie XXFX.com-
» paré avec Afatth. XV.) Il a aufîl
yy défendu de nommer perfonne >
l y, nôtre Attitré , notre Père , on
» notre Docteur fur la Terre. (Matth.
y} XXIII.) Par où Ton peut juger
» de quel efprit font menez ceux
yy qui veulent être les Pérès &c les
yy Docteurs infaillibles de TEglife.»
yy impofer des loix aux hommes.
yy avec menace de damnation con-
yy tre les tranfgrelTeurs , exiger
yy qu'on obferve leurs loix plus
n que celles de Dieu j CePc- là
» ï abomination qui seft mife dans le
>, //>« fmti (Matth. XXIV.)
D 7 yr4/;
86 Hijloire de la déformation
1 528. 3ean Boukflab 3 {a) Maître d'Ecole
Difputedz ZorHngue ouvrit la difpute, en
^Ber- difanti Que nous fommes obli-
ïrrhcfe " 8ez ^e Pren<3re inftruftion d'au-
très Livres > aufll - bien que de
5> l'Ecriture : 8c pour le prouver il
,y allégua Jean XX. & XXI. Jésus-
5, Christ a fait plufieurs ebofes ,
3, qui ne font pas contenues dans ce
>y Livre , & d'autres endroits , où
„ des actions & des paroîes de
„ Jesus-Christ ne font point
?3 décrites 5 comme Matth. IX.
?3 Marc. IV. ck VI. Luc. II. III. V.
,3 XIII. & XIX. Jean IV. & Act.
3=3 1. 8c d'autres paffages encore
,3 où Ton voit 3 que tout ce que
3,3 S. Paul a enfeigné n-eft pas écrit,
33 Rom. V. GW*r. I. Aft. % & XIII.
33 Ephef VI. CWo/. IV. & II. 7/-
5, w<?f/;. IL
Bucer lui répondit, 10. ^a la
3, vérité Jesus-Christ a fait
a> & dit plufieurs chofes, qui ne font
yi pas écrites 3 mais qu'elles ne con-
,3 tiennent rien de nécelTaire à falur,
,y qui foit différent de ce qui eft
33 écrit. S. Paul dit lui-même de
,3 l'Ecriture , qui étoit avant le
tems
de la Suijjè, Ll V. IV. SJ
„ tems des Apôtres , Les SS. Let- \ 528.
très peuvent te rendre fage a falut> Dijpute
„(lLTim.III.i5.)20.g«f toutela loi de
j, èc les Prophètes le réduifent à u.xhéfe.
v ces deux Commandements d'ai-
mer Dieu de tout nôtre Cœur ,
3> ÔC nôtre « prochain comme nous-
3, mêmes. . .
Boukjtab , ( ./* ) pour prouver
qu'on doit recevoir pour régie, des
chofes qui ne fe trouvent point
dans l'Ecriture, demanda à Bucer,
de lui montrer donc quelques paf-
iages , qui contiennent ces trois
Articles du Symbole 5 // ejî defeerdu
aux Enfers i Je crois en la S, Eglife
Uni ver f elle , &c la Communion des
Saints*
Rucer montra Je 1. Article dans
Acl. II. v. 31. où l'Original porte*
35 fon Ame na point ' été laiffée U$
ri cpfat in Inferis c'eft - à-dire 3 dans
33 les Enfers , ou } la Région des
3, morts j &: dans L Pierre III. il a
pjêché aux Efpnts , qui font en
33 prifon. Les deux autres Articles,
,> il les prouva par Matth. XVI. Sur
j, cette pierre , je bâtirai mon EgHfcx
„ Matth. XXVIII. Je fuis avec vous
jufauk
M pag. 161. '
88 Hiftoire de la P\é format ion
1528. 35 fufqua la fin du monde. Ephef I.
Difpute „ IV. & V. où l'Eglife eft appellée
de Ber- ^ |g Corps de Jésus -Crhist
XLThéfe >"> cornP0&e des Chrétiens, qui font
appeliez Saints dans toutes lesEpî-
>, très de S. Paul, & qui ont tous
3y un même Dieu , un même
3, Seigneur &c. comme on Ta déjà
5> montré.
Bouffa!; (a) obje&a, J5 5^ l'Arti-
>3 cle de la Sainteté de l'Eglife feroit
33 faux, fi les chofes dont les Pro-
.3 teftans fe plaignoient 3 étoient
33 des abus criminels , mais qu'il
3, faut croire que Jésus-Christ
3, a accompli fa promette ; jfc fuis
33 4zw z/o^j &c. Je fuis un ï?on Ber-
?,ger, &c. ce qu'il n'auroit pas
J3 fait 3 puifque ces chofes font
,3 introduites depuis 1500 ans.
Bucer répondit 5 „ (Von avoit
3, déjà montré jufqu'à quel point
3, l'Eglife peut errer j Que Dieu aprez
33 avoir fupporté les tems d'aveu-
,3 glement , avoit enfin pris foin
33 de fon Egli/è 3 afin que les Elus
3, ne fuiTent pas féduits , {Matth.
,i XXIV.) Que la vérité a toujours
x» demeuré dans l'Eglife 3 mais non
pas
00 pag, 163 >
deUSuifc. Liv. IV, 89
„ pas dans la même mefure &1528.
3, chez tous les membres \ Qu 'A y Bifpute
en a eu quelques-uns qui ont ^ Ber-
ignoré ce que les autres ont jj 7h£fe
„ fu &c.
Boukjïab (a) objecta encore d'au-
tres doctrines, par exemple, fur la
Trinité , fur la Virginité de la S.
Vierge , 3c fur le Dimanche &
les fêtes des Apôtres, qu'il préten-
doit qu'on ne pouvoit montrer
par l'Écriture.
Bucer lui montra lespaffages qui
regardent la S. Trinité: Touchant
à la fàrginité de la Mére du Sei-
gneur, il dit , Otie ce n'efl: pas un
Article de foi. ^,Et pour ce qui
„ concerne le Dimanche ^ QuaI n'y a
aucun Commandement de le cé-
>, lébrer, mais comme la Chanté eft
3, toujours emprcflee à établir ce
qui peut fervir à l'édification,
s, l'Eglife a reçu volontairement cet
,,ufage, de célébrer un jour dans
.> la femaine , afin de vaquer à
1 ouïe de la parole de Dieu :
,> comme aufli Dieu avoir ordonné
3, le Sabbath. Et l'obfervation du
s. Dimanche a deja commencé du
tems
fc H pag.
90 Hifloire de U R.éformation
1528. tems des Apôtres , comme il pa-
nifpute ,, roit par 1. Corinth. XVI. Quant
^BER-3jailx fêtes des Apôtres 3 jamais
x/xhéfe 5> ^es ^déles n€ ^es ont régardées,
comme des réglemens qui liaf-
fent la Confcience. Enfin il fit
„ remarquer, que la doctrine des
,) Proteftans eft , Ouon doit regar-
„ der comme pris de l'Ecriture,
>, tout ce qu'on y trouve* claire-
rement exprimé , & tout ce
qu'on en peut tirer par des con-
3, féquences légitimes.
Zuingle prit ici la parole , ( a )
pour éclaircir l'article de la Virgi-
nité perpétuelle de la Mére du Sei-
gneur , & la foûtenir contre les
Catholiques , qui nioient que cet
article fe trouvât dans l'Ecriture,
ni même dms le fameux paffage
d'Ei'aïe VII. Voici , une Vierge en-
fantera. Il fit remarquer, que Dieu
avoit propofé au Roi Ackaz, un
fïgne, ou un miracle en confé-
quence dequoi il dit , Une Vierge
enfantera &c. Or il n'y a rien de
miraculeux , fi une Vierge, per-
,9 dant fa Virginité , devient Mé-
a, re ; mais de dé venir Mére, fans
la
de la Suffi. Liv. IV. 91
y, la perdre , c'eft-là le miracle ; I 528,
Ainfi cet article fe trouve prou- Diffute
„ vê par l'Ecriture. de Bek"
r NE.
Boukstab \_ a~] objecla encore i°.Ii.Théfe
les réglemens faits par les Apôtres,
„ ( Alt XV.) dont S. Paul preffoit
5) lobfervation , (Acï.XVl.) 20. di-
5, verfes pratiques ufnées depuis
s, le terr.s des Apôtres , comme de
fe tourner du côré d'Orient
», pour prier la manière de bâ~
„ tifer les enfans; le Carême, la
3, prière pour les morts.
Bucer répondit , O^e les régie-
,> mens des Apôrres, dont il eft
,> pj.rlé ( Acl. XV.) n'ont point été
o faits pour lier la confcience- mais
,> feulement autant que la charité
,5 engageoit les Gentils à les ob-
,> ferver pour un tems , par égard
*, pour les foibles. Quant à tout
33 le refte , nous avons l'ordre ex-
33 près de l'Apôtre , (CololT. N.)
Que perfonne ne vous maîtrife^ &cc.
o Pourquoi vous charge -t -on d'or-
3, donnantes , comme fi vous viviez
33 au monde j ne mange &c.
Le
0] pag. 171.
Q 2 Hidolre de la déformation.
1523. Le 13. Janvier , Théobald Houut*
DîfpMte [a~] Curé d'Appenzell, ayant remis
de Bek- fur le tapis quelques inftances, qui
ILThéfe av0^ent été déjà fait es > Zuingle
Action lui répondit , 10. Qu 'on ne nie
^« i?" pas , que chaque Eglife particu-
Sufte de 55 e ne Pu^e> dans. ^es cas C1L1*
la même 35 lui arrivent, fe réunir, & s'a£
mfpHte. ,5 fembler d'un commun accord>
pour prier, pour jeûner, &c. en
,5 tems de guerre ,' de pelle &c.
„ L'Eglifè de chaque village peut
le faire: 2 o. Mais qu'une Eglife
ne peut pas impofer un joug à
5, une autre j mais cette autrç
3, peut s'y foûmettre pour un tems>
3, par principe de charité, & pour
35 le bien , & s'en défîller enfuite,
lorfque la Charité ne l'exige plus.
,, Ain fi la Chariré engageoit les
3> premiers Chrétiens d'entre les
,, Gentils, à obferver le règlement
des Apôtres , touchant lablti-
3, nence des chofes étouffées, &
du fang, pour ne pas feanda-
„ lifer les Juifs-Chétiens. Aujourd'hui
que cette raifon ne fubfîlte plus*
ni le commun des Chrétiens, ni
3, les Papes mêmes ne fe font au-
cun
M pag. 176.
delà Suiffc. Liv. IV. 93
cun fcrupulc de manger de ces 1$2$.
5, fortes de viandes , perfuadez
„ qu'ils font que le règlement des ne#Ber"
», Apôtres ne lie point leur Con- n.Thtfe
„ fcience.
Le même jour le Confeil de
Berne '[4] renouvella le iéglement
qui avoit été fait quelques jours
auparavant , pour le bon ordre de
la difpure > & défendit à tous les
Ecclefiaftiques de la Capitale &
du Canton , de fe retirer de la
difpute , qu'après qu'elle feroit
finie.
Alexius Gratt [ £ ] parut
alors fur les rangs, & après avoir
approuvé la Théfe > prife difoit- il,
dans un bon fens , il dit, \0 „Que
„ l'Eglife Chrétienne eft conduire
„ à perpétuité par le S. Efprit ; &:
pour le prouver , il cita , Jean
XVI. J'ai encore plufieurs chofes a
s, vous dire y mats vous ne le pouvez
>, pas porter maintenant > mais quand
/' Efprit de vérité fera venu , il vous
,, conduira en toute vérité \ & (l.Tim.
,> III.) CEgïtfe efi la Colomne & Capuï
,> de la vérité. io. Que par confé-
>, quent on doit recevoir, com-
me
M pag. 177. [*]pag. 179.
ç 4 Hl [foire de la R c format ion
Î 528. 5j me la vérité , les déci fions & les
vifpute ordonnances de l'Eglife, comne
de Ber- „ S. Paul louë les Thelïaloniciens
?yE;ur. >) d'avoir reçu fa prédication >
iLlhe% (l.7»f/4/. II.)
Huiler lui répondit, io. Que
9, les pafïages de Jean XIV. XVI.
3, 6c XII. ne prouvent point que le
3, S. Efprit ait enfeigné une autre
doctrine, que celle de Je sus -
3, Christ; D'autant plus que le
33 Seigneur a dit, (Matth. XXVIII.)
yi Enfeignez - leur à garder les ebofes
33 que je vous aï commandées, 10. Que
33 î'Eglife efî la Colomne & l'a-
33 pui de la vérité , en ce qu'elle
33 eft fondée, fur la vérité & non
» fur des Doctrines ou Traditions
humaines 3 lui étant défendu d e-
coûter ceux qui apportent une
autre doftrine, que celle de Je-
,y sus - Christ. ( II. Jean III. ) Que
„ les ThefTaloniciens avoient bien-
3, fait de recevoir la doctrine de S.
P, Paul , puifqu'elle étoit divine.
Ici Bucer prit la parole [_a~] &C
demanda à Gratt , ce qu 'il entent oit
par I'Eglife ? Gratt répondit , Quil
entendoit par-Jà , tous ceux qui
dans
M pag. i.S5.
delaSuiffe. Liv. IV. 95
dans la S. Eglife Chrétienne font nez I 528.
en Dieu , par le S. Efprit, & par pifpute
l'eau & par la parole de vie. Com-^ B£R-
me donc l'Eglife eft unique, maii.Thcfc
Colombe ëft unique, (Cantique VI.)
Il n'y aura quune [euh bergerie, ( Jean.
X.) ,,Si elle fait quelques régie-
5, mens , conduite comme elle eft
par le S. Efprit , elle n'erre
point, Se Ton doit recevoir fes
99 Ordonnances , quand même el-
les ne fe trouvent pas, en tout
3, autant de termes , dans l'Ecri-
,5 ture Sainte. Oue l'Eglife, dans
les ordonnances qu'elle a faites,
comme de jeûner > de s'abftenir
5, de viande, & de ne faite point
3, de noces en Caréné de cenfurer
,3 les pécheurs &c. n'a fait qu'at-
33 tacher à certains tems des régies
générales , qui fe trouvent dans
., l'Ecriture, félon le pouvoir qu'en
ont les Conciles qui la iépréfen-
3, tent &c.
Bwer répliqua brièvement, ,,CVon
„ avoit déjà prouvé que la vraye
„ Eglife ne fait point de régie-
33 mens qui ne foient dauement
3, fondez en l'Ecriture : Que JcsOr-
>> donnances de l'Eglife , comme
defenfe
ç 6 Hljloire àc la KJfûrmaiiô»
î 5 2 8 . 5) de fer, k du mariige , difri^ftion
Difpnte ,3 de )o\\xs Se de viandes, font ap-
d* Be* „ pelles des Doctrines de Dht-
ILThéfe » ^ > Par l'Apôtre S. Paul (/. Ti-
;«(?r/;. IV.
Gratt , la'] pour foûtenir la dé-
fenfe de manger de la viande , Se
le jeûne, cita Rom. XIV. Il eft
bon de ne point manger de vian-
de &c. quand un frère s en fcandalife>
Se II. Corinth. VI. Nous devons
nous montrer en tout comme Aïuù-
ftres de Dieu , en patience &c. en
jeunes & en veilles, en chafteté &c.
Se Joël II. Convertirez. - vous Sec. en
jeûnes , Sec. Enfin pour prouver le
Célibat des Ecdéfiaftiques, il cita
ï. Corinth. VII.
Bucer reliqua > que ces paffages
ne lignifient autre chofe , finon
qu'un Chrétien sabi'tient d'ufèr
5, de fa liberté, quand il pourroit
être en fcandale à un frère , Se
le détourner de la foi: Que du
5, refte S. Paul appeHe fort en U
„foi, celui qui croit qu'il lui eft
>, permis de manger de tout Sec.
Quant au Célibat Sec. il en fera
5, parlé dans la fuite,
Bcukz
M pag. I9i.
de la Smtfe. Liv. IV. 97
Boukjtab fe mit ici de la partie , I 528-
r] & voulut prouver le Carême , Difpute
ar les exemples de Moïfe , d'Elie, de Slr-
: de Jesus-Christ qui ont jeûné xx/j^éfe
hacun 40. jours , & qu'il eft écrit,
^Jesus-Christ a fouffert pour nous,
l «0/** laijfant un modèle afin que nous
[unions [es traces, I. Pierre II. Quand
, e/?-<re , ( ajoûra-t-il d'un air
, dévot ) que nous [ouvrirons quelque
, chofe pour L'amour du Seigneur , fi.
, wotf5 ne voulons pas feulement nous
, pajfer de viande 40. jours , pour l'a-
, mour de lui ? & L Jean IL Nous
, devons vivre , comme il a vécu,
Bu:er répondit, \o,„Que les exem-
, pies pi opofez, ne prouvent point,
„ quel'Eglife ait le droit de faire des
„ Loix , fans la Parole de Dieu >
> lef juelles lient la confeience. 20.
, Oinnt à ce qu'on dit de lourTric
., quelque chofe pour le nom du
, Seigneur ; Nous devons fouffrir
„ les affligions qu'il nous envoyé >
6c non celles que nous choififlons.
n 30. Nous devons vivre comme
Jésus-Christ a vécu , dans la ver-
>, tu & la chaiité , mais il ne fuit
„ pas de là , que nous devions ,
Ton:. IL E com-
ç 8 Hifloire de la Réformation
1528. 3, comme lui paflcr 40. jours , fans
fe'BEK " manSer n* ^oire 3 s ^ falloit l5i-
NE " 3, miter en tout , il faudroit aufll
II.Théfe 5> faire des miracles &c.
ABïon ^e ^arc** I4" Janvier on paffa à
dîl lâfm la IK. Thèse [a] Ôc fît un
janvier, petit difcours pour l'éclaircir & en
piqûre montrer la vérité , en rapportant
iïl.Thé- ^es Paffages de l'Ecriture > fur le£
fe. quels elle eft fondée. ,> Après quoi
,3 il fît [6] remarquer; ro.^f la Paro-
,3 le de Dieu nous éxhorte par-tout
5, aux bonnes œuvres , comme étant
„ des fruits de l'Efprit , & des
,3 preuves de notre foi & de nôtre
- ' „ charité. (RM*!.) mais quelle nous
33 défend de nous y confier , & d'y
3, chercher nôtre juftice. (Deut. IX.
3, E/ifc X. 7#** II. Se III.) & le Sei-
?, gneur le fait voir ( Luc XVIII. )
,i par la Parabole du Pharifien &
î, du Péager. io. Que nos bonnes œu-
» vres doivent avoir pour but U
3> gloire de Bleu , ( Matth. V. & I
,3 Corinth. X. &c IL Corinth. V.) &
33 l'édification de prochain. 1°- Qu
3, fi 3 en divers endroirs , TÉcritur
,3 promet une récompenfê à no
>, bonnes œuvres 3 comme Matth
V
M pag. loi. |>] p. 204.
deUSuiffc. Liv. IV. 99
„ V. G en. XV. Efa. XL. nous ne i 52 8.
devons pas croire qu elles méri- Difpute
5, tent; mais ces récompenfes font de Ber"
un don de la grâce de Dieu, îiLThé-
Boukïiab prit la parole & dit, fe.
„ (a) Que fi un homme , qui a vé-
„ eu dans le péché avant fon bâ-
3> téme , reçoit la foi ôc le bâtéme,
fes péchez lui font pardonnez j
„ mais s'il pèche mortellement
,3 après fon bâtéme , il faut qu'il
3, appaife Dieu par la Confeiïion,
3, par la repentance , par la péni-
3, tence , ou par des bonnes ceu-
3, vres -, faute dequoi il fera traité
3, félon fes œuvres. Il allégua en-
core , pour prouver le mérite des
œuvres 3 les partages qui leur
5, promettent la vie éternelle 5 par
„ ce que l'Ange dit à Corneille ,
L Act. X. Tes aumônes & tes prières
3, (ont montées devant Dieu', &c ce
33 partage du livre de Tobie , Les
3, péchés font nettoyez par ïaumône &
• 3, par la foi.
Buter répondit, io. „ Que les
„ péchez ne nuifent point à ceux,
'„qui croyent en Jésus - Christ
„ parce-que le Seigneur les a cx-
E 2 piéz
(*) pag. 105. & fuiv.
ï OO Hijloire de U Ké for mat ion
1 528. " P^z & (lu^ fanclifie fes fidéles>
Difpute 5> afin qu'il faffent de bonnes œu-
^BER-35vres. 20. Que Ha! 1er a montré
îlLThé- 53 fuffifàmmen: que les bonnes au-
fe. ?3 vres ne méritent point: 30. Om
le difcours de l'Ange à Corneille
n'emporte aucune mention de
5, mérite. 40. jg^'on peut donner
5, un bon fens au paiïage dcTobie:
5, quoique livre Apocryphe, en ce
„ que , plus la foi eft vive , plus
aufîi elle porte à la charité , qui
fait diftribuer les aumônes ; enfin
plus on eft avancé dans la foi &
„ dans la charité , & plus auilî
3> l'on a d'éloignement pour le pé«
3, ché. 50. Que les bonnes œuvres
» ne méritent rien , prémiérement
p> parce qu'après avoir fait tout ce
que nous devons , nous ne fom-
mes que des ferviteurs inutiles
3, (Luc.XVU.) & en^fecond lieu par
3, ce qu'elles ne font pas de nous
3>'mais du S. Efp^t > qui les pro
3, duit en nous : ce>qui a fait dir
s, à S. Auguih'n , que Dieu recom
3> penfe en nous fes propres œuvre:
Bonifiai? objecta encore, Oh
3, fi même Jesus-Christ a fatisfa
s? pour les péchez de tout le mor
d
de U Su/jfe. L i v. IV. ICI
„ de , il faut que nous nous ren- j 52 S-
dions participans de fa fatisfac- Difpute
„ tion -, & fur ce que Bucer difoir, de Ber-
QttïX eft écrit , Qui aura cru> &c. NE'T]^
» fera fauve \ il dit , Que fi cela de- rCt'
voie s'entendre fans aucune re-
ftriftion, ce feroit un commande-
ment fuperfîu , que celui que le
Seigneur nous a donné > de dire
tous le jours > Pardonne nous nos
„ offenfes &c.
Bucer répondit, Que nous ren-
dre participans de la latis faction
de Jésus- Christ > eft une cho-
fe qui ne dépend pas de nous >
mais de Dieu: Que c'effc Dieu
L qui donne la foi par laquelle
L, nous y avons part; Qtfcndn de-
mander pardon de les péchez,
n'eft pas fatisfaire pour les pé-
'„chez.
Ici trois Minières du Canton
d'Appenzell , (a) Pelage Am Stein,
VFalther Klarer , & Aîattb'iat Xcslcr,
appelèrent en difpute le Curé d'Ap-
penzell , Ihéobald Ilou.'cr , laccu-
fant d'avoir enfeigné , que Jesus-
Christ, n'a fouflert que pour le
péché originel , &: qu'il impofoit
E 3 à fou
f 4 ) raS' 2Lr4>
1 02 Hijloire de la déformation
IJ28. à (on peuple diverfes œuvres pour
Difpute mériter &c.
de Ber- Monter dit 3 „ Qui\ avoit prê-
îii. Thé- " cn^ *îuc JESUS " Christ a fouf-
îe. » fert pour le péché originel, mais
>, fans nier, qu'il nous ait rachetez
„ de tous nos autres péchés : Que
5, cependant il faut, que nous fat
9* fions auflî quelque choie , pour
ne pas paroître vuides : Ow'il
„ nous ordonne lui-même de faire
de bonnes œuvres. Que comme
S. Paul nous apprend que toute
notre capacité , ou fufficance , vient
?, de Dieu , aufîi S. Pierre nous mon-
3, tre qu'en vivant faintement nous
„ nous rendons dignes de nôtre
9, Sauveur , quand il dit , Etudiez,
3, vous par des bonnes œuvres a af-
tifcrmir votre vocation & votre été»
P, clion II. Ep. I.
Pelage remercia Dieu 3 de ce que
le Curé venoit de dire , touchant
la latis faction du Seigneur , affu-
rant ne lui avoir jamais ouï rien
dire de femblable dans leur pays :
Que quant au refte > ils étoient de
fon fentiment à l'égard des vérita-
bles bonnes œuvres > Quelles font
un fruit de la grâce de Dieu, d'où
de la ômjje. Ll v. IV. 103
il doit condurre qu'elles ne méti- 1528.
tent rien. Difyute
Houter (a) voulut prouver le de BiX-
mérite des œuvres 10. „ par Texem- ^f-r/y...
3> pie d'Ezéchias , qui répréfentant fe,
à Dieu, fa bonne vie paiTée, fut
„ exaucé. ( II. Rois XX.) 20. Celui
3> de Marie Madelaine , dont le
n Seigneur loiia l'action , que Tes
?,difciples blâmoient. 30. Parla
Parabole des Ouvriers , Matth.
XX. où il eft dit, Appelle les Ou-
vriers, & leur p. lie- leur Çalaire y &
1. Corinth. III. Chacun recevra l.i
récowpenfe du Soigneur félon [on
travail.
Péiage répliqua , Que les bonnes
œuvres étant des fruits de la grâ-
ce de Dieu ne peuvent pas méri-
ter -, comme dit S. Paul: Si cefl par
grâce , ce rieft plus par œuvres. Ceux
qui ne connoiffeni pas la juftue de
Dieu y cherchent a établir la leur pio~
pre , Rom. X.
Joseph Forer, (b) Miniflrc
de Herifavvy dans le même Canton
d'Appenzell, fe leva & dit, qu'il
ctoit du fentiment des Minières
de Berne. „ £/v'aucune œuvre, au-
E 4 cune
(«; pag.217. {b) p. ny.
104 Hijloire de la déformation
M 2 8. 33 cune Souffrance du tems préfent
Difpute 97 n'eft comparable à la gloire à ve-
àe Ber- „ nir &c. Que fi nous devions
NE. A r
flL » erre iauvez par nos propres œu-
fe. ' 55 vres , Jesus-Christ auroic fouf-
55 fert inutilement. Que cependant
,5 il ne s'enfuit pas de là 5 que
j, Dieu ne recompenfe les bonnes
o œuvres , que nous faifons par fâ
„ grâce.
D$«f<? Le même jour 14. Janvier , on
IV Thé Pa^a a ^a ^HESE > S"* e^ con"
fe. ' tre la préfence réelle. Elle occupa
long-tems le tapis ; aufïi remplit-
elle 5 comme la piémiére, plus de
150. pages dans les Ailes. Elle
fut combattuë par deux Théolo-
giens Proteftansj qui étoient dans
les idées de Luther.
François Kolb , (a) fit l'ouver-
ture de la difpute & prouva la
Théle par un petit difcours , après
quoi Bénédicl Bourgavver , Pafteur de
la ville de S. Gai , qui quoique
bon Proteftant d'ailleurs 5 étoit tou-
jours dans les vieux préjugez de la
préfence réelle, attaqua la Théfe par
deux argumens5 tirez delaToute-
puiffance & de la vérité du Sei-
gneur
W pag. 225.
de la Suffi, LïV.IV. 105
gneur io. Il a dit, le pain que 1 S-
donnerai, efi ma chair , que je don- vifpute
nerai pour la vie du monde. Il a ac-^ BeR~
compli , dit-il, cette promette dans ly^hb
la S. Cène, en donnant le pain *
le vin , & difant , Prenez > mangez,
ceci efl mon corps j &c. ceci efi le
fang du Nouveau Teflament, 20. Tout ce
qui efl impojjible aux hommes , efi p of-
fice à Dieu, Matrh. XIX.
Zuingle répondit , (a), ,rO. Que
5, le pafTage de S. Jean porte fa ré-
ponfe, fa voir , non pas que le
Seigneur veuille donner fa chair
„ à manger dans le pain, mais il
entend par le pain, la confola-
tion Se l'arTurance qu'il nous
5, donne par fa mort, dans laquelle
y, il a donné fa chair pour la vie du
5, tnonde. C'elt. donc la chair du
5, Seigneur donnée, ( c'eft-à-dire à la
?, mort , ck facrifiée) pour la vie
y, du Monde , qui vivifie , & non
mangée : ce que Dieu n'a jamais
», dit. 20. Dieu n'a point promis
de donner fa chair à ma/)ger
yy corporellement. Citer ici la Tou-
3, te - puilTance de Dieu cft un argu-
>; ment fuperflu , car Dieu ne fait
E 5 pas.
(*) pag. 11C.
I O 6 Hijioire de la RJformMion
IJ28. " Pas tout ce ^ Peut ' ^ d'ail—
m/put e y y leurs il n'agit jamais contre fa
de Ber- „ parole.
iVThé- ^e ^credi *5»« Janvier Bourga-
fe.' iwr> continua [*] fa difpute avec
A&ioh Zuingle , &; elle roula toute en-
Unvier r^re 9 ^ur ^e ^ens ^U ^ ^aut donner
Suite dé aux paroles du Seigneur , {Jean VI.)
la même Bourgawer dit, >, Que nous ne
Vtjpxte ^ devons pas rejetter une chofe
oy parce que nous ne la comprenons
5, pas } nous ne favons pas , par
5, exemple, comment fe forment les
os d'un enfant dans le fein de
3> fa mérej Que nous devons ame-
py ner nôtre Raifon captive à
35 l'obe'nTance de Jesus-Christ
„ (IL Cor.X.) ^//'autrement il y au-
3, roit bien des choies > que nous
3, ne croirions point , ne les com-
prenant pas. 20. Que h Seigneur
3, ayant dit , Le pain que je donnerai
3, eft ma chair , que je donnerai pour
y, la vie du monde , propofe deux
3>promefTes > la ire- de changée
du pain en fa chair, ce qu'il ac-
5, complit dans la S. Cène, en di-
3, fant, Prenez > &c. ceci eft mon
9, corps $ la 2de- de fe livrer à la
(*) pag. 2ip.
de la Suffi. Liv. IV. 107
„ mort ; pour nous procurer la 1 528.
» vie. Difpute
Zuingle (a) laiflant à part îa ire- de Ber-
„ réflexion, qu'il regardoit comme jy-yg^
„ fuperfluë , répondit à la 2de- Que fe/ r
„ pour comprendre le fens de ces
paroles , il faut remonter à cel-
„ les qui précédent. Il a dit , J s
3, fuis le pain de vie , qui eft defcen-
?, du du Ciel , quiconque mangera de
5, ce pain vivra éternellement. Vou-
3> lant donc expliquer ce que c'efi
?> que ce pain, il ajoute, Et le
5, pain que \e donnerai , c'eft ma
5, chair &c. il eft évident , qu il
3, parle du pain, dont il a déjà parlé,
3, qui eft lui-même, comme s'il di-
?, foit : Afin que vous fâchiez corn-
3, ment je fuis du pain qui donne
3, la vie , c'eft que je livrerai ma
3, chair ( mon corps ) à la mort ,
pour la vie du Monde. Et corn-
3, me Bourgawer oppofa ces paro-
3, les , En vérité , je vous dis , fi
3, vous ne mangez là chair du fils
3, de l'homme &c. Ala chair eft vrai-
?, ment viande &c. Zuingle (b ) fie
une courte paraphrafe de tout ce
3^ Chap. VI. depuis le v. 32. juf-
E 6 qu'au
U) pag. 231. il) p. 133.
1 08 Hiftoire de U déformation
I Ç2 8. 55 qu'au 58. pour montrer qu'il
Utfpute >> n'y eft point parlé d'une mandu-
de Ber-,, cation charnelle ou corporelle,
Sî* , , i> nécelTaire pour avoir la vie: Que
fe^ le Seigneur voyant que les Juifs
ne comprenoient point ce qu'il
yy leur avoit dit , qu'il étoit le pain
>, defeendu du Ciel> le leur expliqua
» en difant , Ceft ici la volonté de
yy mon Pére , que quiconque contenu
>} pie le Fils , & croit en lui > ait U
» vie étemelle , & je le reffufcheraî
9) au dernier jour : Que dans la fuite ,
» comme les Juifs difoient , en-
y, tr'eux. Comment celui-ci eft-il de-
yy feendu du Ciel ? (par où l'on voir,
3) que par le mot de pain , ils
yy avoient fort bien compris qu'il
y, ne s'agit que de la foi &: de la
yy confiance en lui, ) il leur répon-
yy dit , Ne mur mer ez point &c. Nul
yy ne peut venir a moi , fi le Pére nâ
yy le tire &c. preuve que venir a
yy lui y & croire en lui y eft la mê-
yy me chofe, que manger fa chair,
yy Après quoi il dit clairement &
5, 3c fans figure, ( v. 47. ) Qui croit
en moi , a U vie éternelle. Et
yy ajoutant immédiatement après»
» [uU h puk de vie , il eft clair,
de la Suffi LlV. IV. 109
» qu il ne parle pas dvun pain Sa-
», cramentel, car un tel pain n'eft^BER-
» pas un pain de vie, puis qu'une |*E-
» infinité de gens en mangent, qui ^e J
», n'ont point Ja vie. Autrement
», fi le Sacrement donnoit la vie,
», il y auroit deux moyens pour être
», fauvez, l'un dans la manduca-
», tion charnelle de fon Corps Se
», de fon Sang dans le Sacrement,
», & l'autre dans fa mort. Ec
de plus les Apôtres & les autres
», difciples , qui rirent la première
», Cène avec lui , auroient déjà
>, aquis la vie éternelle par cette
>, manducation Sacramenule > &C
>, ainfi la mort du Seigneur auroit
„ été fuperfhë. Et fur une nou-
>, velle inftance de Bourgawer , il
„ fit (a) remarquer que fon raifon-
„ nement faifoit un Cercle vicieux.
Notre difficulté , dit -il, efi de favoir^
fi ces paroles , Ceci eft mon Corps,
doivent être entendues groJ]iérement>
& au pied de la lettre, ht notre Ad-
verfe partie ne pouvant pas , com-
me je cro;s , fit foâtenir pat ces paro-
'es , elle cherche une paiole de pro-
mejfe, mais il ne s y trouve point de pre-
meffe du Sacrement > duquel il efi que-
M p. 24 1. £ 7 jffrfe
ï I O Hijloire de U Réformatiow
ï $2%.fli°n' & four prouver que dans ce paf-
Dlfpute (âge la il y a une promeffe> ils ven-
de Ber ient le prouver par les paroles memesy
lV Thc-P0Ur ? exPitcatton desquelles ils avoient
fe. employé ce raifonnement.
Après Bourgawer, lcMaitre d'E-
cole de ZofEngue, nommé Bou^-
ftab y fe mit fur les rangs , & ce
fut Oecolampade qui lui répondit.
Il ne fit que répéter ( a ) le raifon-
nement de Burgawer fur ces mots
de Jean VI. Le pain que je donne-
rai Sec. 3> & ajouta que, fi l'on pou-
3, voit ^admettre les explications
„ des Pérès , il pourroit citer Ori-
3) gene, S. Cyprien, S. Hilaire , S.
yy Jérôme , S. Ambroife , Cyrille,
„ S. Chryfoftome , & Théophy-
y> lacté > qui tous > dit -il, on ex-
yy pliqué unanimément les paroles
yy en queftion , du Sacrement de
„ l'Euchariftie.
Oecolampade lui répondit, „^on
5> n étoit pas là aflemblé pour écou-
yy ter les anciens Docteurs: quant
yy à fon raifonnement , Zuingle y
yy avoit déjà répondu.
Le Curé d'Appenzell fe leva ici,
pour faire remarquer , ( b ) „ Que
Zuingk
U) pag.247. {b) pag. 241;.
de la Suffi. Liv. IV. III
3, Zuingle a voit traduit en latin 152 g.
y) les mots de l'Original de cette Difpute
„ manière. Partis autem quem ego de Ber-
dabo > pour faire fentir qu'il ne Jy'^^,
>, s'agit dans ce paffage , que d'un fea*
feul & même pain > & non pas
3, de deux , comme l'avoit préten-
3, du Bourgawer : Il croyoit que
cerre Traduction étoit fauffe ,
33 parce que S. Jérôme , ou l'Au-
33 theur de la Vulgare, a traduit,
3, Et panis quem ego dabo. Cepen-
,3 dant comme il avoua qu'il n'en-
,j tendoir pas le Grec, il s'en rap-
33 portoi: à ceux qui peuvent con-
,> fiilter l'Original.
Zuingle répondit, 3, Qrfil s'en
n rapportoit à l'Original , qui por-
» te \ 0 xffeç fi &c. ce qui figni-
3, fie punis autem &c. Or le pain
„ &c.
Bourgawer [a~\ fe remit fur les
rangs & cita pour prouver la pré-
fence réelle , l'Inftitution de la S,
Cene , Céci efi mon Corps , Ceci efi
mon Sang &c.
Oecolampade répondit , ,> Que s'a-
„ giflant là d'un Sacrement 3 il
3j faloit , pour avoir le vrai fens
M
1 1 2 Hifloire de la déformation
I » de ces paroles, faire attention à
Difpiite » la nature des Sacremens, dans les-
de Ber-,, quels il y a toujours deux cho-
ÏV Thé "^Sî ^'une ^ e^ ^e %ne ' &
fe. " >> l'autre qui eft la chofe figniflée,
» comme dans le Bâtéme, où l'eau
,y eft la figure de la grâce du S.
Efprit , & de la régénération i
?, Ainfi dans le Sacrement de l'Eu-
5, chariftie,le pain & le vin font la
5, figure du Corps & du Sang du
Seigneur.
Bourgavver fit divers raifonne-
rnens embarraflez fur la nature &
l'Ufage des Sacremens de l'Ancien
& du Nouveau Teftament , mais-
cntr'autres il fe félicita de ce qu'CE-
colampade n'apportoit aucun pat
fage pour prouver fon fentiment.
Oecolampa.de répliqua , » Que
5> toute la difficulté roulant fur le
9> fens qu'on doit donner au mot
>*Eft> dans ces paroles , Ceci eft
?> mon Corps , il faut les expliquer
5> félon /' Analogie de la foi, (Rom*
53 XII. ) On ne peut les expliquer
s, que littéralement ou figurément -y Ci
:yon les explique littéralement *
j3 pour y trouver la préfence réelle,
ft»ïl s'cnfuivra que Jésus - Christ
Dieu.
de la Suffi. Li v. IV. 1 1 3
» Dieu Se homme tout enfenble , a I 52 S.
„ pris à foi le Dain en fa Nature, pifpute
n x r • • B£R-
„ ce qui elt contre notre roi , puis N£
>, qu'il eft écrit , ( Hcbr. II. ) IV- Thé-
„ qu'il a pris nôtre Nature , de la fe.
„ femence d'Abraham, & non celle
„ des Anges, ni aucune autre Créa-
>, ture. Si on veut les expliquer
„ figurément , on n'y peut point
„ cheicher d'autre figure , que celle
„ que nous établirions, toutes les
„ autres font contraires à la foi,
>, qui pofe , que Jésus - Christ
>, esl monté au Ciel Sec. Enfin il fit
remarquer à Bourgawer ,
„ quil rejettoit lui-même le fens
„ litreral fans y penftr , Se qu'il
„ admettoit un fens de ^giUQ^ fon
„ explication revenant à ceci , Le
„ Corps efl fous le pain : Le fang efl
fous le vin Sec.
Le Jeudi 1 6. Janvier, {b ) Bourga- -Aftion
-Mer, pour prouver fon explica- iaunvl^"
tion , cira io. Jean. XX. où suite de
„ Jesus-Christ fou ffl a contre fes 1*XJ$*-
„difciples, leur difant , Recevez
S. Efprit, non pas que le fourfle réelle.
„ fut le S. Efprit , mais qu'il lac-
„ compagnoit, Se qu« lefprit leur
fut
(*) pag.atfi. [b) ibidem.
1 1 4 Hiftoire de la i\eformation
Ï 528. „ fut donné avec ou par ce mo-
pifpnte >3 yen: 2o, Les manières de parler
de Ber- j j. j
NE ,j ordinaires 3 comme quand on
IV. Thé- » dit d'un fer chaud, wi/* d#
» & d'un verre plein de vin , voila
„ du vin. Quant au refte il avouoit
» que la manducation corpo-
?> relie étoit inutile pour le falut,
» fi elle étoit deftituée de la foi,
?3 &c. 30. Ces paroles de I. Co-
y> rinth. X. qu'il rapporta de cette
yy manière : Le pain que nous rom-
yy pons y neft-il pas la dijîrïbution du
y, Corps ^Jesus-Christ ?
Oecolampade lui répondit >3io.Qfie>
yy malgré qu'il en eût , il faioic
5, qu'il admit un fens de n*gure>
y, car (pour éckircir les exemples
y, qu'il apportoit,) on ne dit pas
5, d'un fer chaud , ce fer eft du feu ,
3, ni d'un verre de vin , ce verre eft
y} du v'm : mais en diiant , voiia
yy du feu y voila du vin > on entend
5> que le feu eft contenu dans le
5, fer , & le vin dans Je verre; mais
non le fer changé en feu , ni le
5) verre en vin. Que de même le
9y fouffle du Seigneur n'a pas été
y3 réellement le S. Efprit , mais un
» figne de cet efprit : 20. Qtiil
ckoit
de U àmfje. LIV. IV. I 1$
„ citoit mal les paroles de I. Co- 1 528*
rinth. X. car il n'y a pas Le Difpute
J9pain &c. eft la diftribution : mais, de Ber=
, 5, Z> pain, que nùus rompons 3 ne(t - il iv .Thé-
>,pas la Communion du Corps de Cbriftffe.
L, Il ne dit pas non plus , Dans
le pain eft la Communion du Corps
5> &c. Se le fens de ces paroles pa-
roit encore clairement par ce qui
„ fuit, Car nous qui fommes plufîeurs9
L fommes un pain & un Corps , parce
5, que nous fommes tous participans
L du même pain. Il ajoura > que
5, nous renions pas, que nous ne
mangions le Corps de Jesus-
3, Christ & que nous ne beu-
vions Ton fang , mais nous le
L faifons fpirituellement par la foi,
,>loîfque nous croyons, que nous
3, fommes réconciliez à Dieu par la
j> mort de Jésus -Christ.
Il y avoit dans l'aiTemblée un
Théologien Proteftant , nommé
Althamer, de Nuremberg , qui
étoit aufll dans les idées de Luther,
fur la préfence réelle. Il avoit écrit
un Traité, pour concilier les paf-
fages de l'Ecriture , qui femblent
fe contredire, &: entr autres il avoit
tâché d'expliquer les palfages, qui
com-
I r 6 Hifloire de la Information
1 528. battent la préfence réelle. De plus
Bifpute il avoit publié quelque chofe fur
de Ber-Jç Sacrement. Il avoit été invité à
IV.Thé- cette bifpute , & il fouffi it * que
fe. le parti Catholique le choifit pour
défendre la Doctrine de la pré-
fence réelle , ce qui fit croire à
quelques-uns, quoique mal-à-pro-
pos , qu'il avoit embraflfé de nou-
veau la Religion Romaine.
Il répondit donc {a) au paflage
. de I. Corinth. X. Le pain que nous
rompons rieji il pas la Communion ?
• Que l'interprétation de Bourgawer
étoit foiide ï parce que le Grec
nowavisti 5> Ot/on traduit par Com-
munion, fîgnirîe au/îî diftribution, &C
„ pour le prouver il cira Rom. XV".
„ v. 16. & II. Corinth. VIII. v. 4.
où ce mot eft employé pour de-
„ figner des Aumônes 3 ou Contribua
,3 tions charitables.
Occolampade répliqua ( b ) Que
3> ceux qui entendent le Grec fa-
o vent , que le mot navtcv'tx figni-
5> fie Communion , & Société de gens
33 qui participent enfemble à quelque
3, chofe, Se eft dérivé de nom* Corn-
m un ;
* Lavât, 39.
de la Suife. Liv. IV. 1 17
•i, mun j Que quand on a commu- I S 2 8.
L nion à une chofe , qui eft en P'Jt»**
. . , dt Ber-
plus périt nombre qre nous , eu KE
L au deiîus de nous, cela le peut îv.Thé-
j,, faire en deux manières , ou à
recevoir , ou à dïjhïouer. Or s'a-
giflant ici de la grâce de Dieu,
nous n'y avons Communion
L, qu'en la recevant > & non en la
„ diftribuant , puifque la antiibuer
5, eft une chofe qui n'appartient
qu'à Dieu > les hommes ne font
5, que les Miniftres & les Annon-
5, ciatcurs de cetre Commurion :
-, & c'eft dans ce fens que fe prend
9, ce mot jufqu'à quatre fois dans
,3 la F. Ep. de S. Jean chap. L Les
5J palTages vitez par Althamer em-
33 portent toûjouis une Communion
3, ou panicipaiion. S'il faloit expli-
:, quer toujours ce mot par diffrp-
3, butïon , comment entendroit - on
o ces paroles de II Corii th.I. Ncus
» femmes notvwot ( participant )
>» foitjfrances ? il s'enfuivroit de là
que nous femmes difirilutturs de
„ fou frarues Sec.
Api es quelques autres diftours
d'Althamer , de Bourgawcr , &
d'Oecolampadc, qui n'écoient aune
chofe
1 1 8 Hiflolre de la Rjformation
M^S.chofe que des répétitions & des
deB *^ édairciiTemens ^e ^urs premiers rai-
KB ER" fonnements5Z«/«^prit(^) la parole,
ÏV.Thc- & pour donner le vrai fens du paf-
fage de I. Corinth. X. il fit remar-
quer io. Que le but de S. Paul eft
de relever Terreur de ceux , qui
3, croyoient pouvoir manger des
s, viandes facrifiées aux Idoles ,
„ fans bleffer leur confeience. Pour
les convaincre qu'ils fe rendoient
3> coupables par là d'Idolâtrie , il
3, fait un raifonnement , qui rc-
3, vient en fubftance à ceci. Un
5> homme ne peut pas être membre de
3, deux Sociétez ou Communautés
3, oppofées. Si un homme eft membre
3> de Jesus-Christ & de fon Eglife»
33 comment peut-il être membre de ÏE-
,5 glife du Diable ? 20. Que l'Apôtre
25 pour faire fentir la force de fon
3, raifonnement , dit, La Coupe &C,
3, que nous beniffons , rieft-elle pas U
>, notvùtpiu Communion du fang de
3, C/;?iy??(& non pas hCommunicê-
tion ou diftribution) comme il eft
3, dit dans le Symbole , la Commu-
5, mon des Saints. Le pain que nous
9y rompons , n'efl-il pas U Communion
du
"W pag- 2Sv
de la Suife. Liv. IV. 119
, du Corps de Chrifti Paroles où l'A- 152 g,
, pôtre fait allufion à l'ufage des Difptte
, Signes, en ce que ceux qui ufent de
., enfemble des mêmes Sacremens, jy'j^^
compofent enfemble une Eglife fe,
ou une Communion : il nomme
L donc la Communion du Corps & du
i„ Sang de Jésus- Christ tous
L ceux qui ufent enfemble du Sa-
crement de fon Corps 6c de fon
„ Sang. 30. Cela paroit par le
L, raifonnement qui fuit ; Car , (die-
», il, NB. ) nous qui fommes plufieurs
,„ fommes un pain & un corps , parce-
>, que nous parthipons tous a un même
L pain NB. Il ne dit pas à un mê-
„ me corps.
Le Vendredi 17. Janvier, (a) Am0n
Bourgavver , pour prouver la pré- du *7«
fence réelle , cita la Loi $ Exode
XII. „ Oui ordonnoit aux Juifs de la
>, de manger l'Agneau de Pâque, même
„ comparée avec I. Corinth. V. Di^ute-
<>, Chrijl notre Paque a été facrifié ;
k, d'où il concluoit , que comme
>, les Juifs mangeoient réellement
„ Ja chair de l Agneau , il faut
i„ aufl], pour qu'une figure réponde
„ à l'autre, que les Chrétiens man-
gent
( * ) pag.
I 20 Hijloire de la BJ for mat ion
I 52 8» » Eent réellement la chair de Je-
Difpute 5) sus-Christ, le vrai Agneau
de Ber- „ de Dieu Ôcc. comme il a dit,
IV Thé *' Mangez Ceci efi mon Corps Sec.
fe. Oecolampade répondit , ,, Que le
» paffage de L Connth. V. ne prouve
„ rien de femblable , parce qu'il ne
» s'y agit point de recevoir un Sa-
„ crement , mais d'apprendre aux
>, Chrétiens qui veulent avoir part
>, par la foi aux fruits du facrifice
„ du Seigneur, qu'ils doivent être
>, purs, & féparer du milieu d'eux
„ tous les pécheurs fcandaleux,
>, qu'il compare à du levain ;
comme les Juifs mangeoient la
>, Pâque avec du pain fans levain,
>, 20. (M il faut fans doute qu'une
figure ou cérémonie ait de la
- >, convenance avec l'autre j 8c c'eft-
>, ce qui fe trouve ici. Les Juifs
„ mangeant l'Agneau de Pâque,
„ rendoient grâces à Dieu de leur
„ délivrance 5 Ainfi en faifant la
» Céne , nous rendons grâces à
» Dieu de la nôtre.
Zuingle prit ici la parole, (a) &
pour éclaircir cette matière, il fit
» remarquer que la Loi ayant eu
l'om-
it) pag. 294- Se fuÎYi
de U Suffi. Liv. IV. 12 r
t ombre des biens a venir (Hebr. X.) I 528.
les chofes , qui y avoient quel- Difpute
que ulage de figure , ne répré- de Ber'
fentoient pas ces biens à venir fv.Thé-
comme ils font , mais en om- fe.
bre ôVc ainfi ce qu'on y voyoit
réellement & corporeilement doit
être ici Spirituel , fi tant eft que
Jésus -Christ foit la Lumière,
la Vie & la Vérité. Ce donc
que Ton tuoit l'Agneau Pafcal ,
3c qu'on le mangeoit , figuroit
la mort de Jésus - Christ
qui doit être mangé par nous
Spirituellement , en ce que nous
croyons > & nous nous confions
en lui. Ceft ce que Jésus -
; Christ explique nettement lui-
même (Jean VI. ) quand il dit, Je
fuis le pain de vie ; qui vient a
moi , ri aura jamais faim , & qui
• croit en moi , n'aura jamais foif :
où il eft. clair que Jesus-Christ
prend ces deux phrafes , venir à
lui > 3c croire en lui > pour la
même chofe: 8c veut dire, que
; qui croit en lui , n'a plus de défir
: pour d'autres confolations , d'où
.l'on doit conduire; qu'il n'eft
. point parlé de la confolation,
Tom. II. F qu'on
12 2 Hifl cire de la Information
1 528. „ qu'on redre delà manducacion
fc^"te» charnelle du corps du Seigneur,
me. »t Ajoutez qu'il y dit encore > Ce/?
tV.Thé- ÏEfprït qui vivifie ; la chair ne pro-
^ 5, fite de rien. A/es paroles font tjpritt
3>& vie.
Bourgavver . objefta encore [V|
a, Que Dieu a toujours accompli
>, dans l'Ancien & le Nouveau TeC
3, tament ce qu'il a dit , ou promis,
Ain fi il 4 la parole & toutes cho-
„ (es ont été faites. Pfau. 32. (ou $3.)
3, Ainfï il a rendu féconde Sara ie-
Ion fa promcfle , (Gen. XVIII.) car
,,rien n'eft impoilible à Dieu. Efaic
3, LV. &c. zo.Oueks paroles du Sd-
„ gneur font toujours accompagnées
3, de la vertu coopérante de Ton Ef-
33 prit j c'eft ainfï que l'Evangile esl
3, la puïfance de Dieu pour le falut &c.
33 Rom. I.
Zuingle répondit , 5, Ou\\ n'eft
3, pas queftion de favoir , fi Dieu.
3, accomplir toujours fes promefifes,
( perfonne n'en doute 3 ) mais
5, s'il a promis de donner fon
Corps à manger réellement dans
3, l'EuchaVillie , &: fi en particuliei
3, fa parole extérieure porte toû
jour:
W pag. yOi. & fui y.
Jifl
âeUSuiffc. Lïv. IV, 123
5) jours avec elle ce qu'elle fignine, * 528.
ou ce qu'elle promet ; C'ejt ce ^e 'lfPute
o qu'on nie. Dieu ordonne à Abrâ- neBer"
,> ham de lui facrifier Ton fils, mais IV.Thé-
5, il révoqua enfuite cet ordre. Tous *~e-
„ ceux à qui l'Evangile eft prêché
ne font pas fauvez : l'Evangile
n'eft pas la puiffance de Dieu, pour
„ le falut de tous ; mais pour
,3 ceux-là feulement qui font appel-
3J lez &c.
La Difpure roula enfuite long-
tems fur ce que Bourgawer préten-
doit, que la parole du Seigneur 3
Prenez mangez y Ceci efi mon Corps 5
reçue avec foi , s'accompîiffoit, Se
rendoit le Corps du Seigneur pré-
fent 3 ce que Zuingle Se CEcolam-
pade refutoient par. divers raifonne-
mens.
Bourgawer (a) cita enfuite ces pa-
roles 3 Beuvez-en tous 3 Ceci eïi mon
Sang , le Sang du Nouveau Teftamcnt
qui efi répandu pour vous i 3, d'où il
?> conclut que dans l'Euchariitie on
33 boit réellement le même Sang de
» Je sus-Christ, qui a été ré-
3, pandn fur la Croix, il voulut
3, illuftrer cela par Exod. XXIV. où
F | il
124 Hîftolre cle la Ré for mat ion
J 528. il eft dit, qu'après que Moïfe eut
i^EUte " 1Û aU PeuPle le* Livre dc 1>Allian-
ne. ER*3»ce ' &: que le Peuple eut accepté
iV.Thé- 33 cette Alliance, Moïfe prie du Sang,
•!~ 7> 6c en fît afperfion fur le Peuple,
9S en difant , CV/? ici le Sjtng de ï AU
?, liant e , que Dieu a. traitée avec voit**
3, Afin donc que la figure foie ac-
3, compile, il faut que » comme il y
9~, avok là du vrai Sang , il y en ait
33 auffi ici dans le Sacrement par la
5> Toute - puiffance &c la Vérité de
5, Jesus-Christ , qui a dit , Ceci efi
î? mon Sang.
3, quand on n'a pas de bonnes preu-
ves tirées du Nouveau Teftamenr,
3, on ne doit point recourir aux fi«
,5 gures de l'Ancien. 20. Que cette
3, été une figure du Sacrement , &
3, les Juifs n'ayant point bû de ce
9a Sang. 30. Que nôtre Alliance 2
3, été ratifiée en ia Croix, où Jésus-!
3, Christ a répandu fon Sang , &
,, où Dieu le Pére , à caufe de £;
>, parfaite obéïlTance , lui a donn i
,, fes Elus y 8c que l'afperfion dl
ti fon Sang fe fait dans chaque Fi1-
Oecolampade répondit
io. Que
a&ion de Mcïfe ne prouve point
ce qu'on prétend , n'ayant point
de là Smfei Lîv. IV. I2>
„ déle , lorfqu'il Ht excité & fanftr 1528.
fié par Je S. Efpiit ; ce qui e&ïaf- iifpu i
perfton dont parle S. Pierre I. Epi- de Ber*
„ tr. I. 40. Enfin nul ne reçoit Ûir îy"xhé>
3, gnement l'Euchariftie y qui n'ait fe.
3, déjà la foi , par conféquent qui
ti n ait part au Sang du 'Seigneur.
On ne -peut donc pas dirô , qu'il
3, n'ait part à ce Sang que dans le
33 Sacrement.
Bourgavver {a) demanda à (Hco-
lampade , jg^eft-ce donc que le
33 Seigneur donna à fes Difciples ,
3, quand il leur pré/enta le Calice »
3, Se qu'il leur die , Bcuvez en tous 1
Ceci efl mon San? &c. Oecolampade
lui répondit , Que le Seigneur don-
n na du vin , non pas cependant
3, comme du vin commun ou pro~
3, fane , mais afin qu'il leur fervit
s, de mémorial de fa mort 3 & les
J} engageât à rendre à Dieu leurs ac-
3, tions de grâces : Et pour prou-
î5 ver qu'il donna du vin à boire,
3) 5c non pas du Sang > il efl dit, //
33 prit le Calice , ( il n'eft pas dit plein
3, de Sang ) le bénit , & le donna a [es-
Difciples. Et fur ce que Bourga-
3, wer infiftoit en difant , que le Sei-
F 3 gneur.
126 Hijîoire de la Re 'formation
1 528. >' gncur donna du Sang à boire à fes
BifpHte >3 Difciples , puifque fes paroles leur
de Ber- annonçaient du Sang , leur ayant
iV Thé 33 9 ^ecl mon ^an£* Oecolam-
fe/ v 3? Pade lui fit remarquer que fon
3, raifonnement étoitune pétition de
principe : Enfin il dit , qu'il n'eft
pas extraordinaire à l'Ecriture de
„ donner à un Sacrement le nom
,> de la chofè lignifiée > comme la
„ Circoncilion eft appellée l'alliance
de Dieu , Gen. 17,
Le Samedi 18. Janvier (a) Bour-
ABion gawer objecta 3 ioOJ Que fi Je su s-
du 3> Christ n'avoit pas voulu don-
SMfa'dè " ner réellement f°n Corps Se fon
la même 33 Sang dans le Sacrement > mais en
Difpute. J? faire feulement un acte de com-
,3 mémoration , il lui auroit fufïit
3, de dire 3 Prenez mangez y beuvez-
„ en tous , faites ceci en mémoire de moi
3, &c, il n'auroit point été néceffai-
33 re qu'il ajoutât , Ceci efi mon Corps
3, Ceci efl mon Sang. 20. Que le pafTage
i, de Genef. XVII. touchant la Cir-
33 concifionn'eftpasfemblable à celui
3, dont il s'agit, parce qu'il porte fon
3, explication , il y eft dit, fous cir-
„ concirez &c. afin que ce [oit un figne
de
M pag- ilU & fuiv.
de la Suffi. Liv. IV. 127 1528.
& de mon Alliance entre moi & vous- f/Ç^^
Au lieu qu'ici lee Seigneur ne dit ne.
,> pas a Ce Calice eft le figue de mon IV. Thé*
(3 Sang , mais ce fi mon Sang, le Sang ^*
„ de la Nouvelle Alliance.
Oecolamfade répondit, ,3 io. Que
„ pour faire un Sacrement , il faut
j une parole qui foit jointe à un
„ Elément , Quil faloit montrer de
„ quoi il vouloit qu'on fit la com-
, mémoration , & c'eftee que le Sei-
gneur fit en difànt , Ceci efi mon
„ Corps y qui efi rompu pour vous; Mon
, Sang y qui efi répandu pour plufieurs:
5 Mais cela ne prouve pas que le
Pain foit de la Cb.iir , &: que le
* Vin foit du Sang 9 CGmme auflfi
f, Bourgawer le reconnoifloic , di-
„ faut que , Ceci efi mon Corps , fi-
, gv; i ne , fous ou dans ceci efi mon
Corps. S. Paul fortifie cette penfée,
pl. Cor. XI. où après avoir rappor-
té les paroles de rinftitution , il
>, dit par forme d'explication > Cap.
toutes les feis que vous mangerez de
,3 ce Pain , ( & non de ce Corps , )
cr que vous bohez de cette Coupe,
0 ( Se non de ce Sang > ) vous annon-
cerez la Aîort du Seigneur. 10.
„ Que quand meme le paflage de
F 4 Ce-
128 Hiftoire de la BJformatiûn "
I 528. Genef. XVII. porte fon explication,
Bifpute „ cela n'empêchç pas qu'il ne ferve
«^Ber- i9 ici au fujet , parce qu'il s agit là
TV* Thé- 5> ^e 1 u^ge d'un Sacrement, & que
fc. Ton doit apprendre par un'pafTage
^ de l'Ecriture à expliquer ceux qui
roulent fur des fujets femblables»
n Ainfi S. Luc & S. Paul faifant di-
„ re à Jésus - Christ > Ce Calice
eft le Nouveau Teflament en mon
„ Sang > il eft bien évident 5 qu'il
,a faut prendre ces paroles dans un
3y fens de figure 3 car au pie de la
lettre , un Calice n eft pas un Tef-
„ tamenr.
Zuingle prit ici la parole , {a)
& demanda à Bourgawer , ce qu'il
entendoit par le Nouveau Tefta-
ment ? Bourgawer répondit , Que
c'eft le pardon des péchez par le Sang
de ] e s v s-C h r 1 s t 3 ( I. Jean I.)
Le Sang de J e s u s-C h r i st nom
nettoyé de tout péché. Zuingle lui 'fit
voin Quon ne peut donc pas prendre
ces mots au pié de la lettre. „ Ce Ca-
ri lice eft le Nouveau Teflament > autre-
,.ment il faudroit dire qu il y a deux
o Nouveaux Teftaments , l'un dans
„ le Sang du Seigneur , & l'autre
dans le Calice.
C*j pag. 31$. Bour-
deUSuiJfe. LlV.IV. Ï29
Bourgawer objecta encore (a) I. I 52 8.
Cor. XI. Celui qui mangera de ce Pain, Dlfpute
& boira de ce Calke indignement , fe de B£R-
rend coupable du Corps & du Sang du ivVxhé-
Seigneur^ — il ne difcerne point le Corps fe,
du Seigneur,
Zuingle répondit , J3 Que ces parc-
les n'établiffent point Ja piéfence
y> réelle , mais la renverfent plutôt;
,y puifqu'il eft dit , Celui qui mangera,
y, de ce Pain , ( & non de cette Chain)
„ Celui qui boira de ce Galice 5 ( 3c
non de ce Sang,) Adanger & boire
,3 dignement , c'eft y venir avec foy:
jjAinfi celui qui mange indignement 3
>, c'eft-à-dire , fans foy, fe rend cou-
,,pable du Corps & du Sang du Seigneur^
3, il pèche contr'eux 3 ( non en les
33 mangeant 3c buvant corporelle-
3, ment avec une bouche indigne 3
3J mais ) en ce qu'il n'a pas la foi >
>, 3c que cependant allant au Sacre-
>, ment avec les autres, & faifant
3, femblant d'avoir la foi en la mort
33 du Seigneur , il deshonore ces
}, Symboles du Corps 3c du Sang
„ du Seignenr, 3c par-là déshonore
33 ce Corps lui - même , comme fl
3) quelcun déshonoroit les Armes de
F 5 la
ï 30 Hijloire delà déformation
I 52S. 55 la Ville de Berne , en les perçant
Difpute j> malicieufèment 3 les gâtant , il ne
de Ber- j, feroit pas du mal aux Bernois
ÏSa-»i:j » mêmes , mais il feroit coupable,
IV. îrre- ., . Ar r .
3. tout comme s il leur en eut rait
„ en leur perfonne. Et quant à l'au-
3, tre exprefllon 5 Ne dij cerne point le
s> Corps du Seigneur , cela lignifie fim-
>, plement 9 C[#'un indigne commu-
3, niant méprife la Sainte Céne 3 en
33 ce qu'il y va comme à un repas
33 commun : Il ne fait aucun cas de
33 la A/ort de Jésus -Christ , qui eft
33 délignée ordinairement par ce mot3
o le Corps du Seigneur*
Bourgawer répliqua (a) , ,3 Que
,3 quand même S. Paul parle-là d'un
?, Pain , il ne s'enfuit pas qu'il ne
?, s'y agiiTe que du Pain , que c'eft
3,1' ufage affez ordinaire de l'Ecritu-
>3 re 3 de laifler à une chofé le nom
3, de celle dont elle a été faite.Ain-
,3 fi l'homme eft appelle terre > Gc-
33 nef. II. Ainfi le Serpent de Moife
3, eft appelle une Verge ; quant il eft
3, dit 3 Exod, V. La Verge à Aaron
3, engloutit les Verges des Magiciens
&c.
Zuinglc avoua cet ufage de l'E-
crit uie
de la Suffi. L ï v. IV. I 3 1
crkure ; „ mais il dit qu'il ne pou- I 528.
3, voit pas avoir ici lieu 3 parce Difpmt
3, qu'il faudroit reconnoitre un chan- ^£S£R"
„ gement delà flibftance du pain iv. Thé
en celle du Corps du Seigneur 3 fë«
3, ce queBourgav/er n admettoit pas.
3, Enfuite pour une plus ample in£
33 trut"iion de fes Auditeurs , il fît
3, une expofïtion fuivie des princi-
3) pales raifons 5 qui l'avoient enga-
3, gé à rejetter le dogme de la pré-
33 ience réelle. Il rapporta^) 10.
3, Les divers raifonnemens qu'on a
3, déjà vus 3 tirez du Chap. VI. de
5, 20. ce dogme cil
;, contraire à la foi Chrétienne 5
33 puifque nous croyons que Jesus-
3, Christ eft monté au Ciel , 3c
,j qu'il n'en fortira qu'au dernier jour,
33 pour juger &c. 5 d'où il s'enfuit
„ qu'à l'égard de Ton humanité , il
?, n'eft que dans un lieu à la fois ,
3, quoi que la vertu de Dieu Toit
3, par-tour. 50. Ce que S. Paul di:
II. Corinth. V. Nous ne comio'iffons
plus pcrfonne félon la chair, & quand
même nous aurions connu Jts us-
Christ félon la chair , net: s ne /..
reconnoiffuns plus ainfi j par où il pa-
F 6 loin
1 32 HiJloiYe de la Réformatkn
I 528. 5» roit ^ que l'Apôtre ne cherchcit
Difpute ,> rien dans la chair & l'extérieur
de Ber- n de jESus-CHRisT3pclir la rcdemp-
IV Thé- 5î t*on* ^es av*s ^ue ^e ^tl_
fe.' 5? gneur donnoit Matth. XXIV. de
,« ne pas croire aux faux Prophètes..
3, qui viendr oient dire 3 Mejfie eft-
>3 /à #we Chambre , ou d^;?;
55 Campagne. 50. £W c'eft ainfi que
5. dans le Vieux Teftarnent l'Agneau
5, de Pique eft appelle Exod. Xïï,.
„ La Pâque ou le pafîage du Seigneur ,.
3, ce qui lignifie 3 une figure , un
5, mémorial du paffage du Seigneur,
3, Il ajouta que les Pérès S. Ambroi-
3> fe, S. Jérôme 5c Tertullien a voient
parlé comme lui. <5^>. Enfin que.
33 S. Luc décrivant la manière dont
3, les premiers Chrétiens célébroient
>3 l'Euchariftie , l'appelloit un pain,.
>3 Ils per.féveroient tous- 3 dit-il , ( Ach
33 IL ) dans la Doctrine des Apôtres ,
y) dans la fraclïon du pain > & dans la.
33 prière $ paroles 3 où félon une fi-
3, gure de Rhétorique 3 allez com-
33 mune 5 deux fujets font exprimez
5, par l'un d'eux 3 le pain efl; ici mis*
,3 pour le pain & le vin.
Bourgawer objecta (a) contre la,
preuve
M p. 34S-
de la Suiffe. L I V. IV. I 3 3
preuve tirée de TAicenfion du Sei- f 5 2 S -
gneur. ,> io. Que Je s us-Christ, eft Difpute
„ un avec le Pére , (Jean X.) & que ^eBer-
3, toute puijiance lui a été donnée dans iv. Thé-
* le Ciel & fur la Terre , &: qu ainfi &
7, il doit bien favoir le moyen de
„ Faire part de fon Corps dans le
y, Sacrement , félon fes paroles > Ce-
3, ci eft mon &c. 20. Que dans ce.
v Corps Jesus-Christ a fait plu-
,> fleurs miracles > comme celui de,
3, la multiplication des pains 5 d'oà
il fuit, qu'il peut multiplier fon
v> Corps, i®. Que nous n'avons que
3, deux yeux , 6c cependant nous
33 appercevons par leur moyen une
3,3 multitude d'hommes 3 de une mê-
„ me parole eft entendue de plu-
>, fleurs oreilles &c.
Bu;cr répondit , 10. 3) Que S. Paul
33 I. Cor. XI a cru 3 comme nous ,
>> que le Corps de Jesus-Christ
y, n eft point préfent à f Euchariftie,
3, puifqu'il en fait confifter Tufage
,3 à annoncer la mort du Seigneur jus-
que s a ce qu'il vienne j II ne
x 3 vient donc pas dans le Pain. 20..
>3 Que fi Jesus-Christ 5 félon.
î, 1 ordonnance de Dieu , ne doit:
» plus être avec nous corporelle-
ment
134 Hifloire de la Information
1 523. » nient depuis fon Afcenfion 3 juf-
-Difpute y* qu'à fon retour pour le jugement,
<J*Ber- ?) beaucoup moins peut-on le man-
'IV.' Thé- JJ ger corporellement 3 dans le pain.
fe. 30. Les Difciples 3 qui firent la
5, première Céne avec le Seigneur 5
virent bien qu il n'étoit pas cor-
porellement dans le pain 3 pui£
3, qu'il étoit à Table avec eux >
3, aufifi n'avoient-il pas deuxCorps5
3> dont l'un vifible tenoit l'autre en-
3, tre fes mains > qui étoit invifible>
3^ ce qui eft d'une abfurdité palpa-
5, ble. 4°. Répondant directement
3> aux objections , il dit , prémiére-
3, ment 5 One fi même Jesus-Christ
33 eft un avec le Pére , c'eft félon fa
33 Divinité 3 mais non félon fon hu-
5, manité , qui n eft point confon-
3, due avec fa Divinité > & qui eft
,3 toûjours renfermée dans fes bor-
3, nés. En fécond lieu > Ou il a fait
33 plu-fieurs miracles y mais qu'il a
laifle toûjours à fon Corps la na-
3, ture d'un vrai Corps ; ôc qu'il
3> n'a jamais été préfent en tous
3, lieux ; &c enfin , Que les compa-
5> raifons tirées de l'œil & del'oreil-
3, le ne quadrent point ici, où il s'a-
» git de prouver la Toute-piéfence
d'un corps. Bout-
de la Suffi. L I v. IV. I 3 $
Bourgavver (a) objecta io.3jrarti- î 5 2 S.
cle fuivant du Symbole , // s eft Difpute
9i ajfis a U droite de Dieu fon Père, BER~
La droite de Bien eft fa gloire & îv. Thé-
fa puirTance qui eft en tous lieux: fè.
,,Le Corps de Jesus-Christ eft donc
5, auiïi , en tous lieux. 20. Les
partages où il eft dit, que Jésus-
5, Christ entra les portes étant
„ fermées, & qu'il fortit du fé«
„ pulchre. 30. Si cela n'étoit [esus-
3, Christ ne feroit pas Dieu &
homme tout enfemble > mais on
i,ne pourrait lui donner que Jetî-
5J tre de Tùeophorus 3 c eft -à-dire,
y, porte - Dieu , n ayant Dieu en lui
>, que par grâce.
Bucer répondit , io, 5> CVil ne
„ s'enfuit point, de ce que la droite
3, ou la puilTance de Dieu foit pré-
>, fente en tous lieux , que l'huma-
nité de Jesus-Christ , y foit aufli.
Jésus - Christ homme ne perd
„ rien dans le Ciel de la nature
3, humaine. Nous efpérons aufll
>, d'être élevez à la gloire de Dieu,
„ mais, nous ne ferons pas pré-
fens en tous lieux. 20. Qujl
>y neft point dit, que le Corps de
Jésus-
Wpag. 3^P.
136 Hiftoire de la Réformat ion
I 52 8- » Jésus-Christ ait pafle a travers
Difpute les portes fermées , & à travers
nEBer" » la pierre du fépulchre &c. Quel-
IV.Thé- » ques fens qu'on donne à ces pat
,,fages, ils ne prouvent point la
„ préfence réelle ni la toute pré-
sence du Corps de Jesus-Christ»
3, 30. L'objection du Theophorus fent
3, rEutychianifme , fuppofant que
53 Thumanité de Jésus - Christ eft
33 confondue avec fa Divinité.
Action Le Dimanche 19. Janvier, Béné-
^u lP- ditt Bourgavver {a) déclara publique-
ment devant toute laflemblée, jffr'il
*wer fe étoit fatisfait des réponfes que
déclare Zuingle , Oecolampade & Bucer
fatisfait. âvojent fajtes a fes objections , Se
qu ainfi il ne combattroit plus la
Théfe 3 étant pleinement éclairé fur
cette matière , & priant Dieu de
l'éclairer lui & les autres de plus
en plus fur les véritez divines.
avoit déclaré devant le Confeil*
qu'il y iroit dans la difpofition ds
donner.
delà Suïffé. Liv. IV. 137
donner inflruction & d'en recevoir, I 528*
3c dans l'efpérance d'y en trouver, Dîfpute
& qu'il 1 avoit trouvée , dont lui, ^ Ber"
(Zilli) beniffoit Dieu , le priant de iv.Thé-
donner à Bourgawer les lumières
néceffaires pour tout le refte , &
un cœur pour y perle vérer jufqu'à
la fin : Cmi\ pouvoit affurer , que
dans l'Eglife de S. Gall, on avoit
fait tout ion pofllble depuis long-
tems > pour prêcher unanimement
la parole de Dieu &:c.
Théobald Houter (a) Curé d'Ap-
penzell , recommença la difpute>
&c. remit fur le tapis quelques-
unes des objections de Bourgawer,
avec quelques additions j par exem-
ple, io. y, Que fi le mot Eft devoit
„ fe prendre pour fignifier ou répré-
[enter , cela iroit au renverfement
de la foi, puis qu'il faudroit l'ex-
„ pliquer auffi de même en d'au-
„ très endroits , comme quand il
„ eft dit , La parole a été faite chair:
), Jean I. Aujourd'hui le Sauveur vous.
,y e/i né. Luc. II. 20. Sur ces mots.
,, La chah ne profite de rien. Jesus-
3, Christ ne dit pas, A/akhair :
» il ne parle donc point là de fa
chair
I 3 8 Hijloire de la Réformation
I 528. 3> chair, mais de l'entendement char-
Bifhute „ nel : comme quand le Seigneur
BER-„dit à S. Pierre, La Chair & le
IV.Thé- >> $ang ne t a Pomt révélé cela : 8c
fé. " 33 Rom. VIII. La Sagejfe de la Chair
&c. 30. Que les Docteurs Prote-
„ flans donnoient trop à la foi, Se
qu'ils ne dévoient pas oublier la
3, Charité , fans laquelle la Foi eft
3> inutile I. Cor. XIII. 40. Que la
3, féance de Jésus - Christ à la
droite de Dieu n'empêche pas
3, qu'il ne foit toujours avec nous
3, corporellement, comme quand il
3, s'apparut à Saul fur le chemin
de Damas, Act. IX. Enfin Que le
„ paffage de Match. XXIV. Si l'on
3, vous dit , il eft ici , il eft la &c. ne
„ regarde point le Sacrement, mais
les derniers tems , dans lefquds
3>il arrivera des maux étranges &c. •
Zuingle (a) répondit ,1. „ Que
9) le mot Ejl fe prend tantôt dans
un fens de figure , tantôt dans
3, un fèns propre, félon que le de*
mande l'Analogie de la foi. II.
3, Que le Seigneur difant , la ehair
ne profite de rien > ( Jean VI. ) a
„ parlé de fa chair , comme cela
pa-
delà Suife. Liv. IV. 139
paroit io. en ce qu'il répond au 152g.
murmure des Juifs > qui ne pou- Difpute
^voient pas fouffur qu'il voulut ^ Ber-
5, leur donner fa chair à manger > iv.Thé-
5, 20. l'article en ces mots la Chair » fe.
y peut être traduit fort bien Cette
3> chair : comme i xo-^cç (Jcanl. ) a
>, été traduit , Cette parole. 30. Le
3> Seigneur dit auflj j Cefi ï Efprit
5) qui vivifie : il ne dit pas mon
Efprit. Cependant il parle de fon
5> Efprit. III. quand on parle
» de la foi 3 on entend toujours la
,, véritable , qui n'eft jamais fépa-
,j rée de la Charité, n'étant autre
5> chofe qu'un * acte ferme & une zr-
5, deux du cœur de l'homme envers Dieu.
IV. Que Tapparirion de Jésus-
„ Christ à S. Paul fur le che-
min de Damas s'eft faite par le
33 Miniftére des Anges ; Que ça été
33 une exftafe 3 dans laquelle il fut
>3 ravi au troifiéme Ciel , comme
» il le dit IL Corinth, XIII. & fup-
>, pofé que Jesus-Christ foit de-
feendu corporellement en terre,
3, pour apparoître à S. Paul , il ne-
„ toit pas à la droite de Dieu, du-
rant
* JEÏa ungizjvvyffeltê Verrichtung und
krunjl desmenfchlicheu Hertz.cn gegen GoM*
1 40 Hijloîre de la déformation
1 528. ,J rant ce terr*s-là. V. Enfin que
JDifpufe " les derniers tems fignifient toû-
Ber- jours dans l'Evangile les tems de-
IV.Thé- » Pu^s Jésus -Christ jufqu'à la fin
fe. 3, du monde.
Walther Klarer, {a ) Pafteur
de Hundvvjl , dans le Canton d'Ap-
penzell fe mit aufli fur les rangs,
& provoqua à la difpute Théobald
Houter, lui demandant, fi Jesus-
Christ a donné à manger à fes di-
fciples dans le Sacrement fon
Corps mortel & pajfible , ou fon
Corps glorifié* Houter ayant dit, Que
c eft. le même corps qui a fouffert
pour nous, il lui répondit, Que>
fi c'eft celui-là , il faut que nous
le mangions d'une manière fenfible,
car il a fouffert d'une manière fen-
fible, ce qui pourtant n'arrive pas.
Houter lui demanda à fon tour, fi
Jésus - Christ a deux Corps,
fi le corps qui a fouffert , n'eft
pas le même qui eft monté au Ciel?
Walther lui répondit, Que cette
queftion ne refolvoit pas la fienne,
& le preffa de répondre. Houter
répondit, Que le Corps du Seigneur
n'eft pas mangé d'une manière fen-
fible,
M pag« 6c fuiv.
de la Suffi. LïV. IV. 141
fible , &c. Kiarer conclut *de là, 152$.
Oi£ïl n'eft donc pas dans le Sa- Dîfpute
cramenu ^£ Ber-
Pelage Am-Sîcin , (a) Miniftre de iv.'Thé-
Trogen , dans le même Canton , fe.
dit, Que lui & fes deux Collègues^
Waltber Klarer , 8c Matthias Refiler,
Pafteur de G a ifs , dans le même
Canton , étoient venus â cette dif-
pute 'dans le deffein de foûtenir
les X. ThéTes ( qu'ils recevoient
commes véritables , ) contre le Curé
d'Appenzell, qui vouloit les com-
battre 5 mais qu'ils fe déportoient
tous trois de difputer contre lui,
voyant que ces autres Dofteurs
s'en aquittoient mieux, qu'ils n'au-
roient lu faire : Oue du refte c'étoit
l'intention de leurs Seigneurs &
Supérieurs du Canton d'Appenzell,
en les envoyant à cette difpute >
qu'ils fiflent tous attention aux ve-
rriez qu'on dêmontreroit par la pa-
role de Dieu.
Matthias , Miniftre de Sœngen9
[b) appelle à cette difpute pour y
rendre raifon de fa foi , de la part
du Commandeur de Kufinacht> Col-
lateur de fon Eglife , fe leva , &c
dit,
{s) pag. 571, {b) p. 375.
1 42 Hifroire de la ^formation
1528. dit > Que )ufques-là il avoit réfor-
Difputc me Ton Eglife félon la parole de
de Ber- Dieu : que du relie il avoit été, fur
NE / /•
ÎV.Thé- la préî'ence réelle , dans les idées
Te. de Bourgawer , mais que, comme
lui , il avoit été fatisfait des expli-
cations &: inftiTctions données par
les Doreurs Réformez.
Conrad Som, de Rothen-Acker^
(a) Miniftre à Ulm > déclara aufii
devant Taffemblée , Qu\\ tenoit
pour faintes Se véritables les X.
Théfes propofëes , en particulier la
IV. Se Qu\\ en avoit prêché la do-
ctrine à fon Eglife j Ou ayant été
fort mal-traité à fe fujet par le D.
Eckïus &Jngol(lad, qui avoit écrit
un libelle contre lui , il lavoit
provoqué à venir difputer avec lui
à Berne fur ces mâtiéres ; mais qu'il
l'avoic refufé , s'exeufant fur la
brièveté du tems , quoi qu'il eût
eu trois femaines pour faire le vo-
yage d'Ingolftad à Berne , ajoutant
dans fa lettre, diverfes exprefllons
grofliéres Se injurieufes contre la dif-
pute de Berne &c.
V. Théfe. IV. Le même jour 19. Janvier {b)
on paiïa enfin à la V. Thèse qui eft
contre
Wpap.374. Wp-37tf.
de la Suffi. Liv. I V. 143
contre le Sacrifice de la Mcjfe. Elle j ^2 g.
fut agitée pendant deux jours, BifPute
Huiler fît d'abord un difcours af- dt Bjejl-
fez étendu, pour en montrer la vé- vj]-^fe
rite. Il prouva ,> I. Qiul eft ccn- Difcours
„!re ï El .urne de vouloir oj/rir Je- de Hal-
sus-Christ peur les péchez desLsL^%
>,vivans & des morts: parce qu'il
3, a parfaitement fatisfait pour nos
;j péchez feul de fans ailociés (Efa»
3Î LXliî ) d'où il s'enfuit * Que
celui qui enfeigne que Jesus-
33 Christ n'a pas fait tout ce qu'il
3> faut faire pour nôtre Rédem-
33 ption, dit qu'il eft un Rédempteur
53 imparfait , & ainfi le renonce
,3 pour fon Rédempteur. Tels font
5i tous ceux qui veulent offrir le
o Seigneur de nouveau 3 & qui at-
5, tribuënt le falut aux œuvres,
53 particulièrement à la Mefle qu'ils
33 élèvent comme l'oeuvre la plus
excellente; &c. Que le Sacrifice
,3 de la MelTe eft contre l'Inftitu-
î, tion du Seigneur; puis qu'il a or-
,3 donné Amplement de manger, de
33 boire , de célébrer la mémoire de la
J3 mort, afin d'en rendre grâces à
33 Dieu , or lien de tout cela n'eft
5> un facrifice.D'aillcurs dans un Sa-
crifice,
1 44 Hiftoire de la K^c formation
52S. „ crifice, celui qui offre doit être
\fpute pjus excejlent que ]a v' intime Sa-
BeR- r -ri r ^ r^- v
3, crihee , ann queDieu 1 agrée pour
Théfe 99 l'amour du facririant , comme
il agréa le facrirîce d'Abel ; il faut
5> donc que les Prêtres foient plus
excellens que Jesus-Christ
3, qu'ils veulent offrir à Dieu.
II. Que le facrifice de la Mefïe
s, eft un outrage, qu'on fait à ce-
3, lui du Seigneur. Outre les preu-
3, ves qu'on vient de voir, il cita
5> les pafTages des Hebr. Chap. V.
„ VII. IX. & X. Par où il paroit,
5, Que Jesus-Christ a été offert
?> une fois , Qujl seft offert lui-
,3 même, non l'Eglife , ni les Prê-
3, très y Qu 'A a une Sacrirîcature
5, éternelle , ainfi il n'a point be-
5, foin de SucceiTeur, ni de fup-
>, plement ? Qu'il paroit devant la
33 face de Dieu , où il intercède pour
» nous , il n'a donc pas befoin,
p^que perfonne le représente : Qu'il
33 a tout confommé par fon unique
33 facrifke 3 on n'a donc pas befoin
3, de celui des Prêtres : Quil a
3, obtenu une rédemption éternelle.
33 Quelles ames les Pierres rache-
3, teront-ils donc par leur Méfie ?
Que
de la Suiffc. Lï v. IV. I4S
Que là où il y a remitfion du pé- 152g,
ché , il n'y a plus de Sacrifice Difpute
pour le péché. </*Ber-
II prouva IÏL » Que la Afejfe avec y^j^
tous [es accompagnements eft une abo- fe]
mination devant Dieu> étant contre
rinftitution du Seigneur, contre
fa gloire , & contre fa parole :
, Premièrement que le Prêtre com- y*™*
, munie feul : Tout ce fatras
3 d'Onctions , d'habits, de Croix,
, cette diftinction de perfonnes &
, de tems, eft contraire à la liberté
, Chrétienne : Ou il eft étrange
3 qu'on interdife toutes les années
3 le Sacrement aux Laïques fcanda-
> leux , pendant qu'on le laifle cé-
, lébrer tous les jours à des Prêtres
, qui le font encore plus ^ & Qu'on
, prétende qu'elle eft falutaire aux
, vivans & aux morts, au lieu que
j le jugement de Dieu eft dénoncé
à ceux qui communient indigne-
ment. Qu'on y lit les Evangi-
les & les Epîtres en Langue non
entendue du Peuple , ce qui eft
contre la doctrine de St. Paul
Rom. XV. & I. Cor. XIV.
Ou on y donne la Communion
au Peuple fous une feule efpéce^
Tom. II. G con-
146 Hijl oh e de la B^c formation
1528. >3 contre l'ordonnance du Seigneur.
Blfpute 9Ù Qu'on y élève l'hoftié Se qu'on la
^E Ber" fait adorer comme Dieu ; Outie
V. Thé-,;>]es autres abus de la Meffe ,
comme quand on la dit , pour
s> guérir des maladies^pour détourner
; . des fléaux ckc.
Il finit en avertiffant de 3. chofes
ceux qui voudroient attaquer la
Théfe : i°. Que pour abréger, ils
3i ne dévoient point argumenter par
>, les figures , puis qu'on 1 econnoif.
^foit de part ôc d'autre, qu'elles
ne prouvent rien : ni par les facri-
,,fices de l'Ancien Teftament: puis
3 y qu'ils ont eu ieur accompliiTement
33 en Jesus-Christ , Hébreux
33X. 10. Qifils ne dévoient pas
j,non plus fc fonder (ut les pafla-
„ges d'Efaïe XIX. LVI.LXVI.
3>Sopbon. UL & Malaçh. I. & III.
33 parce que les Sacrifices , dont il y
_->,eft parlé, font communs à tous
>,les Chrétiens, &: ce font nos
3, Corps & nos personnes , ( Romains
,,XII. ) ou des Sacrifices de lotian-
ges , ( Pfaume L. ) ou d'Offices de
Charité. ( Hébreux XIII.) » 30.
Qu'ils ne dévoient pas non plus
^alléguer l'Authorité de l'Eglife :
5:0 uis!
de la Suffi. Lï v. IV. 147
puis qu'elle a été renverfée par les I 5 28.
yj deux premières Théfes. Dijpute
Boukftab (a) voulut prouver ie ^ Ber-
Sacrifice de la Meffe par rhiftoire de v. Thé.
Melchîfédek , » difant, Que Melchi- fe.
,,fédek a été figure de Jesus-
,j Christ, & que comme il offrit
, , du pain & du Vin à Abraham ,
[3 & que ce pain Se ce vin ont été
,3 une figure de Je s us-Chri st, il
„ faut aufli que Je s us-Christ
93 offre un Sacrifice de pain & de
,.,vinj ou de fon Corps dans l'et
9j péce du pain : Et pour prouver
^ que cette action de Melchîfédek
>y étoit un Sacrifice, il dit que Moï-
33k remarque qu'il étoit Sacrifie a-
3i teur du Dieu Souverain.
Haller répondit ,j io. Que fi
Moïfê remarque que Melchifédek
,,a été Sacrificateur, aufli-bien que
,,Roi, St. Paul nous aprend,(He-
.,.> breux VII.) quel efl l'ufage de cet-
te remarque , favoir > pour mon-
3,trer que ce Saint homme étoit la
figure de Jésus-Christ , (Pfaume
CX.) 20. Ou il n'eit point dit, qu'il
3> ait Sacrifie , ou offert en Sacrifice du
j^pain 6c du vin , à Abraham , &
G 2 «30,
topag.381.
148 Hiftoire de la déformation
528. i3 go. ^VAbraham n'auroit pas per-
^"ber 55 m*s 4u on cut offert un Sacri-
ne. r " fice , &quainfil'on eût facrifié à
V. Thé- une Créature.
Gilles Mourer (a) vint au fecours
de Boukftab , & preffant le même
argument, il dit 10, Que l'Ordre
de Melchifédek, n'eft aucre chofe>
à.i que d'avoir offert du pain & du
^, vin , dJoù il fuit que Jesus-
jjChrist étant Sacrificateur , de
?3 cet ordre éternellement > doit avoir
quelque chofe à offrir, Se par con-
séquent du pain, pour accomplir
jjla figure. 20. Que du refte Mel-
,,chifédek n'offrit pas fon Sacrifice
33 à Abraham mais à Dieu.
Haller lui répondit, 3>Quz St.
33 Paul explique clairement , He-
^breux VII. en quoi & comment
3 3 Jésus -Christ eft Sacrifiaceur fe-
33 Ion l'ordre de Melchifédek, fa-
^voir, .gw'il eft Roi de Juslice Se
3 3<1q paix ( Car il eft nôtre juftice ,
I.Cor. I. Se notre />d/*, Ephef. I.)
facrificateur du Dieu Souverain , qui
ojs'eft offert lui-même, aulieu qu'il
n'eft point dit ce que Melchifédek
33 offrit 3 Que comme l'Ecriture ne
par-
te) pag. iSt.
de U Suife. L I v. I V. 1 49
parle ni de là naiffance ni de la W"25>
„ mort de Milchifédek , il a été un ffl%k
3 y type de la Divinité de Je s us- ne. ,
Christ & de fa Sacrihcature V. Thé-
éternelle, fuivant laquelle il n'a e"
point eu de fucceffeur &c.
Le Lundi 20. Janvier Gilles Mou- Action
rer (a) remit encore fur le tapis le du 20.
» même argument , foûtenant que J*nvur*
sspour l'accompliffement éxaft de la
^figure, il faloit que le Sacrifice' du
^Seigneur fût fous l'efpéce du pain >
xpour teffembler à celui de Melchi-
xfédek, qui n'offrit que du pain tk.
wdu vin, félon qu'il eft dit, Il offrit
ndu pain & du vin , car il étoit Sacrifia
dateur &c. Il voulut encore prou-
ver ce Sacrifice de pain & de vin ,
»par les Proverbes de Salomon, Ch.
»ÏX. La, fageffe s eft bâti une maifon
»8cc. Elle afacrifié [es facrifîces , Elle
»a mixtionné fon vin , & plus bas ,
feriez mangez de mon pain , & buvez
nde mon vin &c. Or cela ne fe fait
55que dans la Meffe.
Zuingle (b) prit ici la parole pour
répondre, & dit, :>io. Qnj\ n'eft
,5point écrit que Melchifédek ait fa-
:;cnhe du pain ÔC du vin : zo. Que
G 1 ,,\z
(a) pag. 38S. (b) pag. 390.
150 Hijloire de la Reformât ion
I 528. 55*e Car > n'eft pas dans le
nifpute . »Texte Hébreu , non plus que dans
£*E Ber- »le Grec : Que quand même il y fe-
V. Thé- 5>roit, il ne prouveroit point ce prê-
te» »tend.u facrifîce. 30, Prérendre que
MMelchifédek n'a rien facriflé que du
55pain & du vin , quand il la appor-
té à Abraham, ceft une pétition de
«principe 5 c eft cela même qui eft
«en queftion. 40, Que Melchifédek
55eft une figure de J e s u s-C hrist
«qui s'eft facrifië foi même > fie non
«pas un type des Pierres; 5°. Que
. asle paffage des Proverbes ne preuve
»rien en faveur de la Mefle , car il
»ne dit point que la Sagefle ait fa-
«enflé du pain & dii vin.
BouJ^fîab revint fur les rangs , (a)
& dit »Qt/il ne vouîoit pas juftifler
«les mauvais Piètres, mais Que ce-
pendant la Mefle eft une bonne ceu-
«vre Se que les Prêtres font coope-
orateurs avec Jésus - Crhist }
«puisqu'il nous eft ordonné de prier
«les uns pour les autres , Jaques V.
K>i 6* Que perfonne n'a deflein de dés-
5>honnorer Jesus-Ch rist j Que
55ce qu'on a ajcû;é à l'Inftitution du
«Seigneur, n'eft pas mauvais; &: Que
atOUÎ
M paR. 394-
de la Suiffe Ll V. IV. I fi
»tout ce qui fe fait pour la gloire de I 528.
wDieu , n'étant pa\s direftement op- Difpute
55pofé à fa Parole, doit fubfifter. ^Ber-
Bucer lui répondit »iO, One il v. Thé-
smous devons prier les uns pour les fe-
^autres, cela ne prouve point que la
rsMeflfe foit une bonne œuvre , puif-
î^que Dieu y eft outragé par ce pré-
tendu nouveau Sacrifice. 20. Que
«les additions , qu'on a faites a HnC-
sstitution du Seigneur, font mau-
»vaifes & contraires à fa gloire,
Boukjlab dit , (a) Quii avoit ouï
„ dire à des perfonnes , qui enten-
3, doient l'Hébreu , que le mot qui
3, fignifie faire , fe prend auffi quel-
3, quefois pour [facrifier : Qtéâinfi il
3, faut le prendre dans ce fens >
3, quand le Seigneur dit. Faites ceÀ
33 en mémoire de moi.
Bucer répondit ,£Vil eft vrai que
3, le Verbe Hébreu Hafah \ qui fi-
3, gnihe faire , fe prend quelquefois,
3, mais rarement pour facrifier; & feu-
3, lement lors qu'on y joint le nom
3, de la chofe facrifiée ; ce qui ne fe
3, peut pas apliquer ici, où le Sei-
gneur dit , Faites ceci en mémoire
3, de moi , après avoir dit , Preuez>
G 4 3, man-
(a) pag. 39 v
I 52 Hiftoire de U Ké for mat ion
I 528. s» m*ngez &c. il eft évident, que/ai-
T>îrpnte » re ne /ignifie là proprement autre
de Bek- choie, que manger & boire.
Thé- Boukfiab infifta encore , en difant
Te. „ io, Que les palïages de lEpître
3, aux Hébreux, citez pour prouver
3, l'éternité , la perfection & 1 unité
3, de la Sacrificature de Jésus-
?3 Christ & de fa rédemption,
?, n'étoient point oppoiez au facri-
3, fîce delà Mené , mais feulement à
3> ceux des Sacrificateurs Levitiques.
5, 20. Que la perfeftion de la Satis-
„ faction n'empêche pas , qu'il ne
3J faille aufTi que nous fa/Tions quel-
3, que chofe de nôtre côté , autre-
ment tous les hommes feroienc
3, fâuvez, & il n'y en auroit point
» de damnez. 30. Que puifque
33 Jes us-Christ eft lacrificateur
?, éternellement, il faut qu'il ait un
3, facrifice à faire tous les jours 3
33 ainfi qu'il eft offert dans les myf
itères.
Bucer (a) répondit „I. Que Jfcsus-
3, Christ a confommé pour toû-
», jours 3 par un feiil facrifice ceux
3, qui fontfanctifiez^ d'où il fuit clai-
reaient, qu'il n'y a plus de lieu à
>> au-
1 (a) pag. 399.
de la Suffi. Liv. IV. 153
» aucun Sacrifice; autrement fi la 1528.
yy MelTe eft utile aux Chrétiens , Difpute
„ Jesus-Christ n'a rien confommé de Ber-
» par fon Sacrifice. II. jgail en eft v^Théfe
» de même de fa parfaite fatisfa&ion
» que nous devons embralTer par
5> une foi vive, comme il a été dit fur
» la III. Théfe. III. Que le Sacrifice
35 de Jesus-Christ eft" unique , &
yyOue l'éternité de la Sacrificature
3> confiftc io. en ce que la vertu de
3, fon Sacrifice dure éternellement ,
?> 20. En ce qu'il eft toujours vis»
» vant , pour intercéder pour nous
5> auprès de Dieu } jufqu à-ce qu'il
33 remette le Royaume à Dieu fon
>3 Pére.
Gilles Mourer (a) fe fervit de l'ar-
gument du Port Royal 8c du P. Fer-
fton, ( qui long-tem« après lui ont
prétendu trouver la MelTe dans l'E-
criture ; ) je veux dire le paffage des
u4cl.X\l\. v. 2. qu'il traduifoit, com-
me Us [acrifioient au Seigneur.
Bucer répondit. Que le mot Grec
*Mf*çys"iv de l'Original > ne ilgni-
„ fie point Sacrifier, mais feivir 3
„ adminijlrer > comme il paroit par
33 Ilcb.l .où il eft dit 3 que les Anges
G 5 font
H paj. 4Cfc,
154 Hijloire de la déformation
I $28» )3 font xsîjxpymx wêùfHXTK des Efprits
d^BEK* " àdmhiijlrateurs , & non Sacrifie a-
KE. R 3> teurs > Ain fi & P*ul , XIII,
V.ïhéfe 6. dit que les Princes font KsTJis^oî
3, des Adminiftrateurs 5 favoir, de la
Juftice & de la Tranquillité pu-
3> blique.
Mourer répliqua ; » io. Que le
Savant Erafme , qui entendoit
„ très-bien le Grec , & qui étoit
» encore en vie > avoit traduit le
5, mot Grec par Sacrifier , au lieu
y, que la Vulgate a traduit , Minif*
5, trantibus Mis. 2°. nous nous
3, rendons participans du' Sacrifice
^ de Jesus-Christ , par le moyen
yy de la MelTe > en priant Dieu , Se
3, lui préfentant le Sacrifice de fon
„ Fils. 3°. Il demanda aufîi , Quel
^ étoit donc le fervice que faifoient
aî les Docteurs d'Antioche ? Aéï*
XIIL
{a) répondit , i-o. jg//il
5, avoit prouvé par deux paflages
parallèles le vrai fens du mot
^ \€Îlx?)fiu } & Qi£\\ étoit furprer
y, nant , qu on voulût fuivre le fens
9y d'Erafme , au lieu de la Vulgate,
„ qu'on attribué' à S. Jérôme y h
h-
delaSuiffe. Liv. IV. 155
» laquelle on a paru tant attaché. 1528.
55 20. Que tous les vrais Chrériens Bifvute
5, font fans Meffe ce qu'on prétend & Ber-
J5 faire en la Meffe. 30. Que le fer- v.théfe
9j vice des Dofteurs d'Antioche étoit
53 une prière fervente , qui étoit or-
,3 dinairement jointe au jeûne , du-
quel il eft fait mention dans le
3; même endroit.
Mourer (a) cita enfuite le partage
de Malachie III. où il eft parlé de
3, Sacrifices. Bucer fit voir fans pei-
ne que cela ne prouve rien en fa-
veur de la Meffe. Mourer (b) ci-
3, ta enfuite Daniel XII. où il eft par-
3, lé du Sacrifice perpétuel des Juifs,
3, & prétendoit qu i] s'y agît de la
3, Meffe. Zuingle lui fit voir aifé-
P) ment qu'il fe trompoit.
Boukjiab vint ici au fecours de^
Mourer 3 (c) & pour montrer que
fon dernier argument étoit folide >
3, il dit 3 Que le paffage de Daniel
3, XI. qui regarde celui qui s élevé-
ra contre tout ce qui eft Dieu, dé-.
3, figne TAnte-Chrift , & qui eft pa-
3, rallele à celui de II. Thifi, B. où
il eft parlé de £ Homme de péché :
?> Qne celui de Daniel XII. où il
G 6 eft .
M pag. 407. W p. 4M. [#] p. 4iS-
156 Hiftoire de la RJ formation
1 528. 55 e^ Paflé d'un tems , de deux tems,
Vifpute 35 & d'une moitié de tems , & enfui-
de Ber- te de 1290. jours , eft parallèle à
V^fhéfe 5> Ce^U* ^e ^^P0CatyP(e XIII. ton-
3, chant l'Eglife qui s'eft enfuie dans
53 le défert pour y être nourrie un
3, tems 3 tems &c. & il y elt
?3 dit 3 que cela doit durer 42. mois.
Enfin Que 3 comme il eft dit 3
Daniel XII. Heureux eft celui qui
?3 4fre^ &c. Ainfi on trouve Mat-
33 th. XXIV. Celui qui perfe've'rera juf-
33 qu'a la fin 5 fera fauve'. Puis donc
?3<|ue Daniel parle de l'abolition
3, du Sacrifice perpétuel » durant 2.
o, ans & demi 5 &: que les paroles
du Nouveau Teftamcnt s accor-
,3 dent bien avec celles de Daniel ,
,3 qui précédent & qui fuivent 3 il
a, s'enfuit que! le Sacrifice perpétuel,
^ ,3 qui doit ceffer pendant 3. ans &
,3 demi , eft la Mené : & que ta-
33 bominatiôn de la défolation 5 dont
0, parle Daniel 5 & que les Difciples
3> du- Seigneur dévoient voir > n'eft
33 autre chofe que la défolation de
5> l'Eglife , par l'abolition de la
33 Mené. Enfin il défioit les Protêt
33 tans, de lui montrer un tems, ou
» un an > depuis les Apôtres 3 où
Ion
de la Suffi. Liv. IV. 157
3, Ton n'eût pas regardé le Sacre- j ^28.
3, ment du Corps de Chrift > comme Difpute
5> un Sacrifice. de Ber-
Oecolatnpade (a) parut un peu pi- yE^fe
que du raifonnement de ce Maître
d'Ecole ; il lui répondit 3 v i°.
QtSon voit allez dans l'Hiftoire »
,3 comme quoi les Prophéties de
3) Daniel touchant les j. ans ÔC
,3 demi 3 6c la deftruftion du Tem-
3, pie de Jérufalem , ont été accom-
,3 plies 5 ajoutant que l'explication
3, & 1 application qu'il faifoit de
5) ces Prophéties étoient outragean-»
33 tes pour les Reformez, au/ïî-bien
?3 que fans intelligence 3 ( il eft jeu-
33 ne 3 dit-il 3 nom le lui pardonnons > )
93 comme fi fe tenir éxa&ement aux
33 termes de rinftitûtion du Sei-
5, gneur dans le Sacrement , étoit
3, une chofe Anti-Chrétienne. 20,
?a Que le paffage de lApocalypfe
3> ne regardoit pas un fimple efpace
3> de 3. ans & demi , mais tout le
33 tems qui a dû s'écouler depuis
o TApoitafie 3 jufqu'à la venue du
:> Seigneur. 30. Que par l'Ante-
5, Chrift on n'entend pas une feule
33 perfonneij & i2«'il, eft affez. clair,
qui
M pag- 4»>
158 Hijloîre de U Réformation
I S 2 S. "qui eft: celui qui s'eft aflls depuis
Difpnte quelque' tcms à la place de Dieu,
dJ B£R-„ & dans fon Temple, IL TheJfaL
V/rhéfe 55 Que Ton confidére feulement
,3 ce que c eft qui fait de la peins
3, à ces gens , qui veulent un autre
5) Chef , que J e s u s-C hrist dans
TEglife Chrétienne : Qu\\ eft ai-
5, fé de voir dans quel parti il faut
chercher la femme qui fuit la per-
5, fécution , &c fe fâuva dans un dé-
3, fert j de quel côté font les perfé^
3, cuteurs ; & combien de Dottri-
3, nés blafphématoires on y a enfei-
gnées depuis plufieurs centaines
3, d'années.
ABîon Le Mardi 21. Janvier Jean Man-
duzi. neberg (a) fe mit furies rangs, &
ÏZTdc ob)e<fla Pour lc Sacrifice de la Méf-
ia même fe , le paffage de Héb. V. qu'il rap-
Difpute. porta de cette manière : Chaque E-
veque ou Pontife , pris d'entre les hom-
mes , efi établi fur les hommes , en-
vers Dieu , pour offrir des dons & des
ffterifices pour le péché: „ l'Apôtre
„ ayant écrit cela 3 après le tems de
3, Jesus-Ckrist , il y a donc enco-
5; re un facrifice pour le péché, après
,3 celui de Jésus Christ.
HaU
M pag. 42.0,
" de la Suffi. Liv. IV. 159
Haller. S. Paul compare là la Sa- 152S.
crificature de l'Ancien Teftament Difpute
avec la Sacrificature de J e s u s- de Ber~
Christ, ,> favoir, Que comme les Sa- v.Théfe
3, crificateurs de l'Ancien Teftament
■» offroient des dons & des Sacrifi-
ces pour le péché , ainfi Je su s-
y> Christ le Souverain Sacrificateur
33 s'eft offert lui - même pour nos
5, péchez &c.
Bouk^fiab- (a) objecta contre ce
qu'Huiler avoit dit des abus de la
Meffe 3 „ Que par rapport aux ha*
3, bits précieux des Sacrificateurs, on
:,en voitrOrdonnanceis.W.XXVIIÏ.
XXXV.& XXXIX.&: à l'égard de
„ ï'Onclion , Marie MagdeJaine l'a
>, pratiquée loiïablement envers Je-
33 sus - Christ. Luc VIL j?#5ainfi
>, chacun peut lervir Dieu avec des
3, chofes extérieures & des offran-
ts des , quoi-que , ajoûta-t-il 5 U s y
commette quelquefois de grands abus.
Et quant aux péchez & aux abus , je
ne prétens point les défendre & les foû-
ten'ir ; mais je dis qu 'ils nom ont attiré
bien du mal,
Haller. ,3 iO. S. Paul nous exhor-
5> te 3 Cal. V. à demeurer fermes
dans
M Pag- 4*4- & fuiv.
1 60 Hiftoire de U Réformation
I 528. dans k liberté y que le Seigneur
vifpute » nous a aquife , comme donc les
^* Ber- >9 Cérémonies établies fans la paro-
VEThéfe 53 *e ^e ^*eu 5 tiennent ^es confeien-
ces captives , nous avons raifon
„ de les rejetter , n'étant plus fous
3, le joug fervile de la Loi. 20.
„ Marie Magdelaine a montré fa foi
5, par une œuvre de charité > ou d'à-
„ mour, envers Jesus-Christ, nous
„ devons faire la même chofe en-
35 vers nos prochains.
Le même jour (a) on paffa à la
vi.Théfe. vi. Thèse > qui regarde la média-
Ta^fkn tlQn Par^te ^e JeSUS-Chri S T.
provo- Après que Fr. Kolb eut fait un pe-
quefon tit difeours pour la prouver > un
UUDif- Pay^an nom>mé y Jean Wecbter > du
pute. Bailliage de Schenkeberg , au Canton
de Berne > provoqua à la Difpute ,
le Curé de Brouk , Jean Lotbftetter.
Quelques mois auparavant le Curé
avoit prêché l'invocation des Saints>
& avoic éxhorté fortement fes Pa-
roifliens à recourir à TintercelTion
de la S. Vierge > & des autres Saints;
fie ce Payfan Tavoit refuté publi-
quement. On les avoit appeliez
tous deux à Berne > pour y termi-
ner
de USuiffe. Ll v. IV. l6ï
ner leur difpute. Locbftetter fe trou- 1528.
va dans l'Arîemblée , mais il ne vou- Difpute
tut point accepter le défit du Pay- de Bbr-
fan , difant, qu'il laiiToit la difpute vi'jhé-
a de plus favans que lui. fe/
Gilles Mourer (a) commença donc
la Difpute 3 & entreprit de ioûtenir
l'Invocation des Saints. Il dit
Oinl eft écrit > Matth. XV. que tou-
te plante que le Pére naura pas plan-
ta j fera déracinée , c'eft- à-dire > tou-
te Doctrine &c. ; » Que la doctrine
5, de la Théfe avoit été avancée 5 il
„ y avoit plus de mille ans , par Vi-
,,gilantiii5 5 mais qu'elle a été détrui-
3) te jufqu alors > & qu'ainfi on ne
devoit pas la renouvelles 20.
m ^« il avoùoit bien , que Jesus-
yy Christ eft nôtre unique Média-
>, teur , entant qu'il nous a racheté;
>, mais Qiïil y a un fécond ordte
» de Médiateurs > dont parle l'E-
55 criture , & ce font ceux qui prient
5, pour nous. Ainfi S. Paul dans
3, toutes fes Epîtres prie pour ceux
»* à qui il écrit 3 & demande aûfli
9> les prières de quelques - uns. II.
,> Theff. III. fi donc les Saints qui
33 font fur la Terre peuvent prier
pour
M pag-434.
I 62 Hiftoirc de la déformation
I 528. v pour nous , les Saints qui font
DifpHte>> dans le Ciel , peuvent bien aufîî
do Ber- ,> le faire , puifque nous fommes
JLÎ*. , tous membres en Jesus-Christ.
fc. I. Corinth. XII.
Zmngle répondit 5 io. Ot£on ne
peut prouver par aùcun endroit
5, de la Bible 3 Quon ait jamais re-
couru à rintercefïion des Saints :
3, Ainfî cette doctrine > ne venant
point de Dieu 5 doit être détrui-
5, te , félon AUttlu XV. 20. Que
l'Ecriture Sainte ne connoit qu'un
„ feul Médiateur 3 qui nous a ra-
chetez , & Que S. Paul , parlant
du Corps de Jesus-Christ , dont
5> nous fommes membres 5 ne parle
5J que de l'Eglifè 3 qui eft fur la
3, terre j car quoi-que les Saints, qui
3> font dans le Ciel, foientles mem-
>, bres de TEglife triomphante 5 &
>, nos membres à cet égard,ils ne font
3, plus nos membres à l'égard des
3, miféres de cette vie, auxquelles ils
nefont point expofez, ni parconfé-
35qtient membres de l'Eglifè militante
Gilles Mourer cita Apocal. V. où
il eft parlé des 4. animaux & des 24.
Anciens > qui avoient chacun leurs
Phioles pleines de parfums > qui
font
delaSuiJJe LlV. IV. 1 63
font les prières des Saints» . Zuingk 152&.
lui répondit tout (a) féchement qu'il Dijpute
ne reconnoirToit point l'authorité du de Ber-
Livre de l'Apocalypfe > ne le re- vLThê-
gardant point comme Canonique ; fe,
foûtenant qu'il n'y a ni Livre * ni
Hiftoire*, qui nous apprenne que
ce Livre foit de Jean l'Evangelifte.
Aîourer (b) voulut encore prou-
ver ; » Que les Saints prient pour
» nous dans le Ciel > parce qu'ils
5, font animez de la même charité,
3, qui nous engage à prier ici -bas
>, fur la terre les uns pour les au-
„ très j car la charité ne défaudra
„ jamais , ( h Corinth. XIII.) & mê-
>y me la Charité des Saints dans le
>, Ciel eft plus parfaitcque celle des
jj Saints qui font fur la terre.
Zuïngle. L'Apôtre ( I.Cor.XIII.)
» ne décrit pas la Charité que les
yy Bien-heureux ont dans le Ciel ,
>} qui eft une joye & une allégref.
fe
* Il fe trompoit ici. & Irenée Ecrivait!
du H. Siècle , Difciple de S. Polycœrpe, qui
l'avoir été de S. Jean l'Apôtre » attribue
formellement ce Livre à ce Saint Apô-
tre. Voyez Ton Livre contre les Heréfies,
Liv. I. c17.cVLiv.il. c. Ç7. cV Liv. V.c 50.
Voyez auflî fuftin Af*r/yr. Dialog. p. m. 89.
(a) pag. 458439- tW P- 44P.
ï 64 Hiftoire de la ^formation
1 528. » fe éternelle 9 fans aucune douleur
Dlfputc „ ni inquiétude j mais celle que les
^Ber- ^ hommes ont ici-bas fur la terre,
vI. Thê- » ainfi ^ k Charité des Bien-heu-
fe. j, reux eft plus- parfaite &c. cela ne
„ fait rien contre nôtre Théfe.
Mourer (a). „ S'il ne convenoit
>, pas aux Bien -heureux de prier
?j pour nous , parce qu'ils font dans
3, le Ciel , cela ne conviendroit pas
3, non plus à Jesus-Christ.
Zuingle. Si nous croyons que
5> Jesus-Christ intercède pour
3, nous dans le Ciel , ceft parce
3, que l'Ecriture Sainte nous Tenfei-
„gne.
Mourer (b). Le Seigneur dit »
Jean XVII. Pére 3 je leur ai donné la
gloire > que tu mas donnée, afin qu'ils
[oient un^comme nous fommes un: je fuis
en eux ôcc. 5> S'ils font un avec Je-
3> sus-Christ 3 ils prient donc pour
3, nous.
Zuingle. Jesus-Christ ne parle
,3 point des Bien-heureux 3 qui font
3, hors de ce Monde.
Mourer (c). Le palfage de Jerem.
XV. prouve auiïi l'IntercefTion des
Saints : Quand Moife & Samuel fe-
r oient
M p. 441. M p. 445- (0 P- 444.
delà Suijfc. LlV. IV. 1 65
rotent devant moi > dit le Seigneur, 1528.
mon ame ne fe tourner oit joint vers ce Difpute
Peuple. de be^-
Zuingle. Puifque > félon vous , vi. Thé-
Moïfe & Samuel n'étoient pas fe.
>> dans le Ciel 3 mais dans les Lim-
,3 bes , cet argument ne prouve
23 rien.
Ici le Payfan Jean Wechter {a) fe
mit de la partie , & obje&a à Mou-
rer, Efaie LXIII. Tu es notre Pére>
Abraham ne nous connoït peint 3 ffraël
ne nous avoue point,
Afourer. Cela fe doit entendre de
la perfonne , & quand même on
• avouëroit que les Anciens Pérès >
5, qui étoient dans le Fauxbourg
>, des Enfers , ne favoient pas tou-
tes nos affaires d'ici fur la terre >
„ beaucoup plus pourtant, peuvent-
5, ils le favoir dans le Ciel. Et fi
33 le mauvais Riche a prié dans TEn-
3, fer ( Luc XVI. ) pour fes frères »
33 qui étoient fur la terre , beaucoup
plus devons - nous croire que les
33 Elus peuvent prier Dieu pour
3, nous dans le Ciel.
Zuingle. Cette Parabole nous ap-
prend que les Morts priéroient en
vain
M p. 44f.
166 Hiflolre delà Réformaiiôn
1 528- vain , quand même ils prieroient.
Bifpuie Elle lignifie en particulier 5 Que
^L»er- J? cel3X qUl merrent route leur con-
V.. Thé- » fiance en Dieu, repréfentez par
fe- 3) Lazare , font reçus dans la félici-
3, té dès qu'ils meurent 5 Que ceux
3, au contraire , qui vivent au gré
de leurs cupiditez, feront damnez
33 éternellement.
Le Mecredi 22. Janvier étant le
^ffa™ îour de St ^mcent > Patron de la
Janvier Ville de Berne > & par conféquent
On fe une très-grande fête > Ton * n'y dit
repofe à pma p0jnti Les Chanoines de la
la Fête. Collégiale de S. Vincent avoient ac-
coutumé de faire de grandes réjouit-
fances ce jour-là. Ils demandèrent
aux Magiftrats , Ce qu 'ils dévoient
faire ? t On leur répondit , Que
ceux d'entr'eux > qui reconnoifîoi-
ent pour véritable la doctrine des
Théfes , ne dévoient point dire la
Méfie j mais Que les autres pou-
voient éxercer leurs Cérémonies >
comme à l'ordinaire. Ainfi les Mar-
guiiliers allumèrent les Cierges >
pour les Matines , ck pour tous les
autres Offices de la journée. Mais
il
* Ex Ail. p. 447.
t bitL U..p. 6. Hotting. 404.
deUSuifcLiv. IV. 1 67
il n'y eut perfonne , qui fit dire ni ( 528.
Matines , ni Vêpres > ni Grande > Bifpute
ni Petite Mefle , ni aucun autre des de Ber"
Offices religieux. Il n'y eut que les s ^
Bouchers y qui pour honorer la fête fe.
firent chanter une Mcffe par leurs
deux Chapelains > fur leurs Autels;
ÔC le lendcn.ain ils firent dire une
Mefle d'Anniverfaire pour les Mors,
L'Organifte , au lieu du Afagrrficat,
joiia fur l'Oigue de ÏBgUCt cette
Chanfon , O pauvie Judas , qu as-tu
fait & avoir trahi ton Seigneur\ Ce fut
là la dernière pièce > qui fut jouée
fur cette Orgue y câr bien-tôt après
.on l'abbatit.
Le Jeudi 23. Janvier on revint à
la Difputc. Bol kftab (a) pour foû- Action
tenir l'Invocation des Saints , . de ^u 2.3-
>i • /1 lanvier.
prouver qu jIs intercèdent pour nous J Suite
dans le Ciel 3 cita 10. Luc XVI. de la
Faites-vous des amis des richeffes \n%- meme
ques , afin que quand vous défaudrez y DWHte'
il vous reçoivent dans les Tabernacles,
» Or , dit-il , ils ne peuvent nous
y introduire > que par les prières
» qu'ils font pour Nous. 20. L'é-
» xemple des Apôtres , qui ont prié
>, fur la Terre pour d'autres person-
nes,;
( h ) pag. 447.
1 68 Hïftoire delà Réformai ion
I 528. » j & qui par conféquent font
Difpute » la même chofe dans le Ciel. 30.
de Ber- yy Daniel IV. v. 13. Voici > un Veïl-
VLThé- " ^ant & m Saint defeendit des deux:
fe. » & plus bas v. 17. qu'il traduifoit
>, ainfi : La chofe eft décrétée dans
„ le jugement des Veillans , & le dif-
cours des Saints , & la prière > d'où
„ il concluoit que les Saints prient
>j dans le Ciel.
Haller répondit, „ io. Que Luc
>, XVT. s'entend des Saints qui font
» fur la terre , qui prient pour nous,
,j à l'occafion du bien que nous leur
„ faifons , dans leurs befoins ; Se
» ils nous reçoivent dans les Ta-
» bernacles éternels , entant que le
„ Seigneur récompenfe , comme fait
>, à lui-même , le bien qu'on leur a
>, fait. 20. Les Apôtres , tandis
>, qu'ils ont été fur la terre , ont
» exécuté le commandement du Sei-
„ gneur , priant, prêdunt Ôcc.mais
„ depuis leur mort , Dieu leur a
donné quelque chofe de meilleur,
» favoir, une joye éternelle. 30. Le
»y partage de Daniel ne regarde point
5, cette matière , il s'y agit des Vi-
„ vans , qui étoient tourmentez par
», le Tyran.
Ici
de la Suife. Liv. I V. 1 69
Ici Occolampade (a) vint au fe- j ç 2 8.
cours d'Hallcr > pour refoudre l'ob- Dlfpute
jeftion tijée du paffage de Daniel : de Ber-
II rît remarquer qu'à le traduire éxa- yi'-j-j^
clément , il porte : Cela a été pronon- çc'
cé dans l1 Admhift ration des Veillansy
& à été demandé dans la Conférence
des Sain t s ; n ce qui monrre qu'il ne
j, s'agit point là de prière.
Boifkjlab cita encore (b) iO. Job.
>, XXXIII. qu'il traduifoit de cette
» manière , «S*/7 y a la un Ange >
yy qui parle pour lut , qui fajfc con-
yy noitre la probité de l'homme , il
yy aura pitié de lui &c. d'où il fuie
yy que les Anges prient pour nous>
yy &: à plus forte raifon les Saints.
» Il apuya cela par Zachar. I. où
» il eft dit , l'Ange de Dieu parla,
yy & dit y Eternel dts Armées , jus-
y} ques à quand ri auras -tu pas futé
yy &c. 20. Qj\\ pourroit auffi citer
» des preuves tirées de Tobie, Ra~
yy rue , ks Maccabées , & ÏApoca-
yy lypfe y fi on ne les réjettoit pas.
(Jtcolampade répondit 10. „ Que
yy le partage de Job XXXIII. ne
yy parle point de prière d'Ange,
» mais qu'un Ange exhorte , ou
Ton!. IL H aver-
( 0) pag. 4<;o. (é)
170 Hîjloire de la déformation
T 5 2 8 . «avertit l'homme, Se l'inflruit ,
ÏDifputë » enforte que l'homme prie Dieu,
de Ber >y & il obtient grâce. Le partage
VIThé- 5> ^e %6chdTte ne prouve point non
{Se. y, plus les prières des Anges, mais
>, il contient une Villon, dont le
„ but ehV d'aprendre au Lecleur,
w que le tems du rétablifliment de
„ Jérufalern approchoit. 20. CVil
» navoit pas lieu de fe plaindre,
» de ce qu'on ne vouloit pas ad-
„ mettre des preuves tirées des Li-
,j vres Apocryphes , puisqu'ils
» n'ont point d'authorité.
Boukftab {a) objecta, io,, Quon
„ doit le fervir des Livres que l'E-
„ glife Chrétienne a reconnus pour
>, bons > Se que fans elle on ne
fauroit pas queîs Evangiles il
„ faut reconnoître pour Canoni-
yy ques , puifque plufieurs en ont
yy écrit â Se 20. Que ceux qui re-
yy jettent l'Apocaiypfe , rejettent
yy au/Ii l'E pitre aux Hébreux Se di-
y} fent qu'elle n'eft pas de S. Paul,
„ quoique les Proteftans en tirent
yy leurs meilleures preuves , à leur
„ fens , contre le Sacrifice de la
^ Meffe.
Zu'mgU
M Pag- -W-
deU Sut jfe. Liv. IV. 17 1
Zuinglc, que ce reproche touchoir, H 2 8.
répondit, „ Que nous nous krvons V'fp***
„ volontiers des Livres de l'Eglife, n'e#Ber'
>, mais de chacun félon Ton mé-vi.Thé-
>, rite j £>#'il y a des livres Apo-fc.
>, cryphes 3 qu'on peut lire avec
>, fruit , mais dont on rie peut pas
n tirer des preuves , pour décider
35 des points de doctrine \ Qri\\ n'y
„ a que les livres reconnus pour
3, Canoniques 3 qui ayent cet ufage.
,3 Que pour cette caufe il avoir é:é
3> fagement réglé dans cette difpute,
?3 de n'admettre aucune preuve,
,3 que celle qu'on pouvoit tirer des
3, livres 5 reconnus généralement
3, par tour. Que quant à l'Epure
3, aux Hébreux, il la croyoit Ca-
3, nonique 3 &: écrite par S. Paul,
, 3 à caufe de fon ftyle ôc de fes rai-
33 fonnemens ; mais que du refte,
3, quand on la mettroit à quartier
33 dans la difpute de la MerTc il y
33 auroit allez de preuves , contre
3, ce prétendu Sacrifice dans les au-
3, très Epitres Ôc Jes Evangiles.
Tbéobald Houter (a) fe mit auffi
fur les rangs , & dit io. „ Que les
5> Saints dans le Ciel fe conforment
H 2 fans
172 Hifiwe de la Réformât ion
1 528. » fans doute à l'exemple de leur
DifpHte >, Chef Jésus - Christ, qui pris
de Ber- >} pour nous , & qu'ainfi ils prient
VI. Thé- 3y au^* 2°* ^ ^ e^ ^c>
fe. >s (>/'/7j femblablei aux Anges -y
,j ils prient donc aufïi pour nous,
>> comme les Anges le font 3 qui
font des Efprits adminiftrateu s. 30.
,> Il cira la prière de Salomon ( I.
s. Rois VIII. ) demandant à Dieu
„ qu'il exauçât ceux qui le prie-
,5 roient dans fon Temple ; ce qui
5, prouvoit , félon lui , les péléri-
„ nages. 40. Enfin le miracle de
?, la réfurrection d'une homme, qui
5, avoit touché les os du Prophète
„ ELrffié. IL Rois XIII.
Zmngle (a) dit 1 o. „ Que, de ce
que Jésus - Christ , intercède
3, pour nous 3 cela ne tire point
à conféquence pour les Saints 5
3, car c'eft lui qui eft nôtre Avocat
3, auprès du Père. Son intercef.
33 fion 3 ayant été faite une fois ,
3, eft fuffifante pour toute Téter-
,3 nité & n'eft autre choie que la
>, fâtisfaftion pour nos péchez;
>3 d'où il s'enfuit que nul ne peut
„ intercéder comme lui pour nous
auprès
M pag. 450.
de la Suffi. Liv. I V. 173
», auprès de Dieu. 20. Nous nions I 528.
>, que les Anges prient ou intercé- f/^^
>, dent pour nous, comme TEgiife NE#
», Romaine l'entend. 30. Les paf- VI. Thé-
fages tirez de l'Ancien Teftament
5, ne peuvent rien pour le tems du
3, Nouveau, après ce que le Sei-
gneur a dit Jean IV. Le tcms vient
^'ow n adorera plus fur cette A/on-
3. tagne > »i 4 Jérufalcm. 40. Le corps
35d'Ëlifée n'avoit pas aprèsTamort,
5, la venu de vivifier > non plus
qu'il ne l'avoit eu pendant fa viV*
9, mais tous les miracles font l'ou-
vrage de la puiiïance de Dieu.
Paul Beck, (a) Minière de
Giftingen fe leva ici, & dit, (///'ayant
été établi par le Confeil de la ville
d'Ulm , Miniftre de la petite ville
de Gifflingen , qui elt de fa dépen-
dance , il y avoit prêché la parole
de Dieu , félon les ordres qu'on
lui en avoit donnez , le plus pu-
rement qu'il lui avoit été pcfTible}
qu'il y avoit prêché en particulier
la Dcftrine des dix Théfes propo-
fées j Ot£un Curé de cette ville là,
nommé George OJfvvald , l'avoit
fouvent attaqué en Chaire , iniurié*
H 3 &
1 74 Hiftoire de la Réformai ion
I 528. & taxé d'héréfie ; Qu'a cette oc-
nifpute cafion , lui , ( Beck) l'avoit provo-
de Ber- qUé à venir difputer avec lui à
VLThé- Berne; Q^il lavoit long-tems at-
fe.; tendu 5 mais qu'enfin il voyoit
qu'il n'étoit pas venu : Qu'il pro-
teftoit , qu'il étoit prêt de défen-
dre fa doclrine contre ce Curé, ou
contre tout autre > qui paroîtroit
en fon nom.
V. Ainfi finit la difcuiTion de
VII.Thé la VI. Thèse, (a) On palTa enfuite
fe* à la VII. qui regarde le Purgatoire
& fes Conféquences, Menés pour les
morts &c. Elle fut débatuë le refte
de ce jour-là, & la matinée du len-
demain.
Haller prouva d abord la Théfe
par Texpofition des principaux pak
îâges 3 qui prouvent la plénitude
du falat, que l'on trouve en Jésus-
Christ; & excluent par conféquent
tout Purgatoire ; Se par ce que die
le Seigneur au Brigand Converti fur
la Croix, Tu feras aujourd'hui avec
îj moi en Paradis. 20. Par le filence
„ de l'Ecriture de l'Ane. &duNou-
3, veau Teftament 3 qui n'en dit pas
un mot : 30. Ce qui achève de
de
M pag. 46-4-
de la Smfe. JLl v. IV. 175
5, de rendre cette Doctrine fufpecte, I 52g.
y, c'eft que toutes les œuvres, qui Bifvutc
>, fervent à en délivrer les Ames, ^ be^-
3, fe font ou fe rachètent par argent, yH.Ths
3, ce qui , s'il étoit fondé, rendroit fe,
3, le falut plus aifé aux riches
qu'aux pauvres , contre la décîa-
„ ration formelle du Seigneur. Ajoû-
tant , qu'on ne prétend point con-
\*> damner par » là le foin pieux
3, d'cnfevelir honorablement les
„ morts.
Jean Manneberger allégua > pouï
prouver le Purgatoire {a) diver-
ses preuves , dont quelques-unes
étoient aflez grorefqucs. Les plus
plaufîbles étoient tirées io, de
Jean XIV. Il y a pluficurs demeures
dans la maifon de mon Pére, La
maifon du Pére > dit-il , eft dou-
„ ble 5 l'une eft celle de la récom-
3, penfe, 3c l'autre , celle de la
„ punition, dont parle S. Paul,
3, Ephef IV. // eft descendu aux par-
„ tïes baffes de la Terre. Nous trou-
„ vons dans l'Enfer trois étages,
33 le Haut , ( I. Sam. II. Le Seigneur
conduit en Enfer , & en retire. )
» Le Alilieu > (Pfau. 85. Tu as Sei-
H 4 gneuy
M pag. 46?.
I76 Hiftoire de la Ré formation
I 528. **gneuY délivré mon ame, du bas En*
Difpute ,,fer.) Le Bas: Zachar. IX. Tu as
de Ber- 5J retiré tes prifonniers , par le Sang
VU Thé " ^e ton Teftament , hors de la fojfe
fe, >j 0« W #7 4 />0///r <^V4« j c'eft-à-dire
s, point de délivrance. 20.
3, perfonne ne peut entrer dans ie
5? Ciel , qui foit fouillé ou taché
Pfau. 14. (15.) Qui eft - ce qui
3, entrera dans ton Ttbernacle ? &c.
3, z/ir fans fouillure , &c.
Z -vigie (a) réfuta tous fes rai-
fonnements. II fie voir en particulier
„ io. Que dans le paffage de S.
3, Jean, Chap. XIV. il ne s'agir que
5, du Ciel, & non de l'Enfer, ni du
9, Purgatoire. Que celui des Epbef *
3, Chap. IV. ne regarde pas non plus
le Purgatoire, mais la Terre, Se
3, que l'Apôtre veut dire, que Jesus-
3, Christ eft defeendu du Ciel en
3> Terre, &c. Il faut aufli Savoir, que
35 le mot fnferi, qu'on traduit Enfer,
3, ne lignifie pas feulement le lieu
3, des Damnez , mais en général
3, l'Etat des Ames après cette vie>
» comme cela paroit par l'Article
a, du Symbole, // eft defeendu aux
3, Enfers. Jesus-Christ n'a
ni
U) pag. 4#M70..
de la Suffi. Li v. IV. 177
ni vifité,ni délivré les Damnez} 1528.
y, mais il a feulement tiré de leur D:fp!ttc
^ . • / 1 • / • de Ber-
* inquiétude ceux qui etoient pn- NE^
„ vez de la face de Dieu , Se qui VII. Thé
3J pourtant avoient vécu dans la
pieté Se dans la foi 5 avec Abra-
„ ham 5 ce font ceux là qu'il a vi-
3, fitez Se délivrez, comme il eft dit
I. Pierre I. 3. Gen. XLIV. Ainfi
„ conduire en Enfer Se en retirer > ne
•3 lignifie autre choie finon faire
33 mourir , & rendre la 'vie. Quant
53 à ces degrez de haut Se de bas, ils
,3 n'ont aucun fondement dans l'E-
5, criturePf.85.la Langue Hébraique
33 n'a point de Comparatif. 20.
33 Rien de fouillé n'entre dans le
i3 Ciel 3 mais notre pureté vient de
j^Dieu, qui juftifie, Rom. VIII.
Oecolampade prit ici la parole
pour éclaircir le palTage de Zachar*
IX. Il dit (a) 3, Qui! fignifie , que
3) nous avons été délivrez par Je-
5, sus-Christ d'un rude efclavage,
3, qui eft celui du péché. Etat qu'il
33 compare à une folTe > oii il n'y
H 5 a point
(a) pag. 471.
* Er hat allein die ufi dem Verlangen
gen &mm en , die 4a des Gottlichen Ange,
Jtchts bcruubct WAren &c.
178 Hijloire de la Information
1528. > 3 a point d'eau 3 c'efl - à - dire point
Mftute de confolation j & ne regarde
de B£R- „ point des peines qu'on doive
Vli.Thé » fûbir après cette vie , Jesus-
fe. a, Christ nous a délivré de l'En-
3, fer 3 par le mérite de la paillon.»
5, & il n'y a plus ni jugemenr ni
3, punition à craindre pour les fidé-
-, les après la mort.
Boukflab voulut aufl] prouver le
3, Purgatoire. Il cita 10. 5,Matth-
3, XII. ïhomr.-.e vendra compte de toute
3> parole oifeufe j les paroles oifeu-
3, les ne font pas des péchez mor-
i> tels qui excluent du falut , mais
xi il faut qu'on en /bit purifié; car
„ il eft 'dit , Efa. XXXV. Le che-
y» min fera appelle f oint y le Souillé n y
s, paffera point. 10, Jl peut arriver
?, qu'un homme aura une foi véri-
table 3 mais imparfaite 5 comme
33 Pierre 5 Matth. XIV. 30. Le jeune
..3 homme 3 qui parla au Seigneur*
>j avoir gardé tous les Commande-
33 mens 3 cependant le Seigneur lui
33 dit, fi tu veux être parfait 3
3, &c. Il feroit donc mort 3 fans
33 péché mortel 3 mais dans l'im-
>> perfection , dont il auroit eu be-
foin
de la iutjje. Ll V. IV. 179
„ forn d'être purifié. 40. Pfau. 65. 1 52 g,
Nous avons paffe par l'eau & pxr Difputê
le feu , & tu nous as conduits deÂBEt*
dans le repos ; & Jerem. XXXI. yj[ T^
„ Je les conduirai a travers fimpé-fe.
3, tuofité des eaux , dans le droit che-
3j min , ^«i conduit à la vie éternelle.*
„ & ECu XLIII. & XL VII. où il
5> eft parlé , de l'eau & du feu 3 à
3) travers lesquels Dieu conduit
jj fon peuple.
Zuingle répondit (a) io. }> Que
5, la vraye foi confîfte à croire, que
3î Jesus-Christ eft k fils de Dieu.,
,3 & qu'il eft à nous. Celui qui
s, a une telle foi , quelque petite
33 qu elle foit eft_ fauve. Qui croit
», en moi a la vie éternelle , dit le
>> Seigneur , Jean VI. Mais dans la
3, foi 3 Dieu donne à l'un des ceu-
r% vres plus précieufes qu'à l'autre.
,3 II donne aulTi une gloire plus
33 brillante 5 félon la mefure des
93 œuvres & de la foi, qu'il a don-
33 née. Le paffage d'Efaie XXXV.
parle de la voye de l'Evangile,
3> & lignifie que tous ceux qui )
3> marchent , ne feront point fouiL
;) kz. 20. Ou il faut bien croire,
H 6 c&s
M P^. 474,
1 80 Hifloïre de la Réformat ton
1 528. " ce <îue *e Seigneur dit des pa-
DifpMte 5> rôles oifeufes , mais que le Sang
de Ber- 55 de Jesus-Christ nous nettoyé
VII Thé ** ^e t0Ut P^cn^' 2° > Quant au
fe. ' 3, jeune homme de l'Evangile , il
jo avoit des œuvres, mais fans foi,
„ fon cœur çroit plein d'avarice, Se
attaché à fes biens , & ce fut
feulement pour lui faire fentir
», fon hypocrifie, que Jesus-Christ
3>lui dit, Fend tous tes biens &c»
40. Les pafTages de Jérem. XXXI.
„ du Pf. 65. & d'Efaïe, ne par-
3, lent point de Purgatoire , autre-
„ ment il faudroit croire un Pur-
>, gatoire d'eau, auiïî-bien qu'un
3, de feu , mais ils défignent les
>, diver/es afflictions & les châti-
3, mens , que Dieu difpenfe aux
33 hommes , dans ce monde.
fyukjïab cita encore (a) I. Cor*
III. L'œuvre de chacun fera manife/iée,
car le jour la déclarera , parce-qu'elle
fera découverte par le feu 3 & le feu
éprouvera quelle fera l'œuvre de cha-
cun. Si l'œuvre de quelcun demeure ,
il en recevra le falaire > fi l'œuvre de
quelqu un brûle t'il en fouffrira de la perte;
mais il fera ftuvé} quant à lui toute
fois
(*) pag. 477»
de la Suitfe. L 1 v. I V. 1 8 1
fois comme par le feu -, S. Paul ne parle j 528.
pas du feu de ce monde, car il Dîftute
n'eft pas falutaire ; ni du feude^BER-
l'Enfer, car il eft éternel. Vii.Thé
Haller , S. Paul ne parle pas defe.
Purgatoire , mais de l'épreuve de
»3 la do&rine : comme il paroitpar
5, tout ce qui précède 5 Ce feu qui
3, manifefte l'œuvre de chacun,
n c'eft la perfécut'ton , {a) qui fait
voiry qui font ceux qui ont en-
„ feigné fidèlement ou négligem-
ment , par la fermeté ou la lâ-
„ cheré de leurs Auditeurs, qui pa-
roit dans ce tems-là. Ainfi ïœu-
>, vre d'un Prédicateur brûle, quand
fes Auditeurs périffenr , mais
quant à lui il eft fàuvé, s'il de-
>, meure ferme dans le feu de la
>, tentation. L'œuvre, dont S. Paul
„ parle , ce font donc les Audi-
>, teurs: comme I. Corinth.IX. iVV-
„ te s- vous pas mon œuvre au Seigneur
yy &c. Zachar. XIII. Je les conduirai
„ par le feu , & les éprouverai, com-
>, me on éprouve for Ôcc. s'entend
3, des perfécutions. Attion
Le Vendredi 24. Janvier, Bouk-du 24.
ftab objecta (b) contre la réponfe Janvier.
H 7 d Haller Umême
(4) pag,47p, Wp.48c. Difpute
182 Hijioire de la Réformât ien
1 528. d Haîler > que le jour du Seigneur
Difpute fignifie la mort de chacun : comme
de Ber- „ I, Theff. V. Le jour du Seigneur
VII Thé n v'un^ra * comme le larron en la
fe. ' » nuit.
Hailer. S. Paul s'explique lui-
même /. Thejf. V. parlant exprefle-
ment du dernier jour, mais I. Ccr,
III. il s'agit du tems de la perfé-
eution.
Boukjlab objecta io. w contre le
>, raifonnement tiré de l'hiftoire du
„ Brigand converti,^) Que ceux qui
comme lui, fouffriront la peine de
>, leurs péchez , ou feront péni-
„ tence , avec une foi parfaite, re-
„ cevront la même recompenfe à
>y or, pour avoir une foi parfaite »
?; il faut accomplir tout ce que le
>, Seigneur a enfeigné ; Il y en a bien
>, peu qui le fallent. 20. ^Que les
?> Meffes pour les morts , quoique
„ payées par les riches, font auiîi
5> du bien aux pauvres,- parce qu'on
n'en fait aucune , qu'on n'y prie
y9 pour eux, & que s'ils n'ont pas
„ dequoi les payer, ils en ont la
„ volonté , dont le Seigneur leur
„ tient compte 5 comme on le
voit
M pag> 48
de la Smjje. Ll v. IV. 1 83
y, voit par l'exemple de k pitte de 1528.
„ la veuve , qui fut louée par le Bifpute
„ Seigneur, Marc, XII. Enfin Matth. Bée»
„ V, Accorde -toi avec ton ennemi, vil Thé
>, pendant que tu es en chemin &c* fe.
„ le Juge te livrera a [on fergent,
„ qui te mettra en prifon ; tu
» n'en fortiras point que tu n'aies
„ payé le dernier quadrain. Cette
jj prifon eft. un lieu mitoyen entre
>, le Ciel &: l'Enfer , d'où l'on fort>
„ quand on a payé.
Haller. 10. ,3 l'Objection (4) tirée
>, du Brigand converti n'a pas bc-
„ foin de réponfe, non plus que
» celle qui eft tirée de la foi. 20. Si
y, les riches ne croyoient pas que
» les MelTes, qu'ils font dire > leur
>, fiftent plus de bien qu'aux pau-
>j vres > ils les laifTeroient bien-tôt>
» quand même on diroit dix Fide-
toliim. 30. Le paflage de Aiattb*
3> V. ne prouve autre chofe finon,
>> qu'un homme qui a olfenfé fon
,> prochain , fera précipité dans
>> l'Enfer , s'il n'a pas foin de fe
3, réconcilier avec lui pendant fa
3>vie; de le difeours du Seigneur
3) eft figuré , & pris de ce que
doi:
I 84 Hijloire de la Réformation
I Ç2 8- " doit fa*re un Débiteur, appelle
Difpute 53 en Juftice par fon Créancier , il
^ Ber- 3> doit payer de bonne heure > faute
Vli.Thé " deqtioi il fera mis en prifon
fc. ' » &c.
Boukjlab cira encore ( a ) Efa.
. XXIV. Ils feront enfermez dans la
prifon y & feront vifitez au bout de
plufieurs jours : le mot de prifon ne
peut pas lignifier là une demeure
éternelle & Pfau. 141. Tire mon
Ame de prifon : d'où il concluoit
que dans .tous ces paffages le mot
de prifon a le même fens.
Oecolampade prit ici la parole 5
Se dit, Que dans cepaiTage le mot
3, Vifiter , ne s'entend pas de la
3, confolation > ou de la délivrance^
3, mais de la punition , & que fi
3, l'on vouloit en tirer une Allégo-
99 rie , il s'appliqueroit plutôt aux
33 Damnez , qu'aux fidèles. Que
„ quant (b) au Pfau. 141. (142.)
?, le titre feul fait voir dequoi il
3>.s'y agit, puisqu'il porte, quil
3, fut fait par David, quand il et oit
» dans la Caverne. Ain fi la prifon dont
33 il demande d'être délivré, n'eft
autre
H pag. 485- (£j p. '48?>
de la Suffi Liv.IV. T 85
, autre chofe , que la perfécution 1 5^8*
ï de Saiil. d?&™
Tbéobald Houter (a) objefta aufll NE#
, io. f|. Samuel Chap. XII. où il cft Vlî.Thc
, dit , Qj David ayant reconnu ^
, fon péché, & s'en étant repenti,
, Dieu le lui pardonna ; cependant
5 il faJ ut qu'il enduiâtune punition,
, car fon enfant mouiut > félon que
> le Prophète lui dit , Le Seigneur
, a fa':t gaffer ton péché fur un autres
3 preuve qt e Dieu pardonne quel-
, que fois , & que cependant la
, punition fuit. 20. Quoique Jesvs-
, Christ ait fatisfait pour les
, péchez de tout U Monde > ce-
, pendant quelques-uns font dam-
, nez. Il a enlevé le péché origi-
, nel, il faut pourtant bâuzer les
, enfans , autrement ils ne feroient
, pas fauvez. Il a enlevé toutes
, les maladies Se la mort , cepen-
, dant nous tombons dans la ma-
> ladie, & dans la mort: Quoi-
, qu'il ait fatisfait par fa miféri-
, corde , fa juftice veut pourtant,
, que nous falTions tout ce quidé-
, pend de nous , Joël II. Couver*
» tijfez-vous a moi de tout vôtre cœury
en
M pag. 488.
I §6 Hijloire de la déformation
1 528. 5? en pleurs* en jeûnes &c. d'où il
mfpute fuit , que la pénitence doit avoir
de Ber- 3> quelque chofe d'affligeant, &: que
Vli.Thé " ^ * on ne ^e Pur^e Pas îù-bas,
fe. j> il faut que cela fe fafle dans
l'autre monde. $o.S.Jeanl.Ep.
„ Chap. V. parle d'un péché qui
„ n'eft pas à la mort , pour lequel
il veut qu'on prie , & d'un pé-
ché qui cft à la mort, pour le-
quel il ne veut pas qu'on prie.
5, Cela regarde ceux qui font en
9i Purgatoire , car on ne prie pas
3, pour ceux qui font en Enfer &c.
s, 40. Matth. XII. le Seigneur dit,
3, Le péché contre le S. EJ'prit ne fera
3 , pardonné 5 ni dans ce Monde, ni
„ dans l'autre. Il y aura donc quel-
53 que péché > qui fera pardonné
33 dans l'autre monde , ce qui ne
peut regarder que le Purgatoire.
Zuingle (a) Le but de ce difeours
eft de prouver qu'il y a un Purga-
toire , parce qu'il faut que nous
fatisfafîions pour nos péchez. Or
» on a montré, que Jesus'Christ
33 eft nôtre feul Sauveur, qui a
3, pleinement fatisfait pour nous.
53 i°. Si David a fouffert un châti-
ment,
M pag. 490.
de la Suijfe> Liv.IV. 187
„ ment , cela ne prouve point un 152g
„ Purgatoire, puisqu'il s'en: paflé Difput
„ dans cette vie; ni une fatisfa- ^ Ber
>, ftion pour le péché, &c. Rom. Vj
» VIII. mais prouve que Dieu en- fe.
>, voye les arrli&ions, pour nous
„ éprouver, & nous tenir dans l'o-
„ bciflancs > Rom, V. 20. On nie
„ que les Enfans ne puiiTent être
>, fauvez , fans batême. Si nous
>, fommes obligez de mourir ,
nonobftant que le Seigneur foie
„ mort pour nous , cela ne prouve
„ point le Purgatoire. Toutes Jes
œuvres, qui fe font pour fatis-
„ faire à la juftice de Dieu , ané-
„ antiffent le mérite de Jesus-
„ Christ. Rien ne peut fubfi-
>, fter devant Dieu , que la juftice
>, de la foi. 30. Le paffage de S.
>, Jean ne prouve pas non plus le
>, Purgatoire j Il y a un péché pour
„ lequel on ne doit pas prier , Donc
» il y a un Purgatoire , eft un rai-
>, fonnement qui n'eft nullement
„ concluant. 40. Le paiTage de
>, Matth. XII. ne prouve point
>, que quelques péchez foient par-
>, donnez dans l'autre Mondes le
» Seigneur k fert d'une façon de
parki
ï 8 8 Hiftoire de la déformation
1 528. „ parler vulgaire, pour dire que le
Bifpute p^hé contre le S. Efpric ne fera
de B£R- . 1 /
NE „ jamais pardonne.
VILThê Bml^tAb objefta 1 °. Gen.XLIX. où
fe* il eft dit quejofeph enfevélit fon
Pére , & mena deuil fur lui fept
jours ; „ Nomb. XX. & Deuter:
„ XXXII. Moïfe & Aaron furent
>? pleurez trente jours après leur
yy mort : ce qui prouve qu'on peut
% yy légitimement faire un fèrvice pour
„ les morts , le 7e- & le 50e- jour.
yy 20. Si les Apôtres ne l'ont pas
yy fait , c'eft qu'ils furent obligez
d'aller prêcher par tout le monde.
Mais leurs SuccefTeurs l'ont fait.
yy Si S. Luc n'en parle point, c'efè
parce qu'il n'a pas pu décrire ce
„ qui ne s'eft fait que 100. ou
yy 200. ans après lui.
Haîler. (a) 10. Ces exemples de
l'Ancien Teitament n'authorifent
point le fervice pour les morts,
non plus que le Purgatoire > ces
foins de fépulture & ces pleurs
étoient plûtôt pour les vivans ,
que pour les morts y favoir pour
leur remettre en mémoire la pro-
mefle faite aux Pères. Le fer-
vice
de la Suffi. L I v. I V. 1 89
„ vice pour les morts eftune charge 1528»
,3 pour les pauvres > &: une mar- nifpute
„ que d'incrédulité. 2°. Si lesApô-^* Ber-
5, très avoient cru un Purgatoire, T^
35 & que les furfrages des Vivans fe. '
>, eullent été utiles aux morts, fans
33 doute ils auroient bien prié pour
les morts , & nous aurcient en-
,3 feigné à le faire. On voit le
3, contraire en S. Paul, qui éxhorte
„ I. Theffal. IV. à ne point pkurer
les morts, comme ceux qui n'ont
point d'efpérance.
On paffa enfuite à la VIII.These, Vim
qui regarde les Images. 7&*fi«
François Kolb la prouva {a) par
Exod. XX. Deuter. IV. I. Corinth.
VI. & X &c.
Boukftab dit d'abord , „ Qu'A
3, ne croyoit pas qu'il y eût au-
„ cun Chrétien , qui fût du fenti-
ment qu'on doive adorer les Ima-
3, ges , ou leur rendie l'honneur >
„ qui n'eft dû qu a Dieu. Mais
qu'il eft pcm.is de faire des Ima-
» ges > quand on n'en fait pas des
,, Idoles, comme Mnife fît les deux
>, Chérubins fur J'Ajthe , Exod.
3, XXV. & le feipent d'airain,
qu'on
(«) pag. 498. (^)pag.4^.
I ÇO Hiftoire de la ^formation
I528'3, qu'on laiiTa fu bfi fier , jufquà ce
Bifpute 5, qu'on vint à l'adorer; ce qui en-
^E Ber" » gagea le Roi Ezéchias à le brifer,
Vin. ?> II. Rois VIII. Ainfi Nous les Cbré-
Théfe. 9m tiens , dit \\, qui avons la cennoif-
» fance de Dieu & de [es Saints , &
3, qui ne les avons pas vu , nous pou-
>, vous aujfi avoir leurs Images , com~
5> me S, Paul dit , Rom. T. Les
35 invisibles de Dieu, fe voyent
5, comme a l'œil 3 par les Créatures du
3, monde &c.on peut donc avoir des
33 images pour mémorial.
Zuingle. Les exemples propofez
des Chérubins & du Serpent d'ai-
rain, font pour nous, car nous ne
condamnons que les Images, qu'on
honore. „ Du refte il n'eft pas
„ nécelTairc d'avoir les Images des
5, Saints, puisque leurs vertus ne
peuvent erre repréfentées par au-
cune image morte. Les Créatu-
5, res, dont parle S. Paul. Rom. h
3, ne font pas des Images, faires
33 de main d'homme , mais les ou-
?. vrages de la main de Dieu.
Bonkjtab (a) On a des le commen-
cement établi des Images 3 pour
rinftru&ion des idiots j 6û comme
on fait aiTez aujourd'hui 5 Q£il
U) pag. foi. ne
de la Smfe. Liv. I V. îçi
,,ne faut point les honorer, je I 528.
,> ferois d'avis de les hilTer fbbfi- Dlfpu.
>y lier , oour ne point donner de ?f ^
r j f Berne.
„ icandale. vill.
Zuingle. Dieu qui fait toutes cho- Théfe.
fes , avant qu'elles arrivent , >3 a
„ bien fû que fi Ton é.igeoit des
>, Images dans des lieux facrez , on
,j ne manqueroit pas dans la fuite
n des tems » de les honorer ; c'eir,
„ pourquoi il Ta défendu. Nous ne
5> devons donc pas prétendre être
3, plus fages que lui, en gardant
yy les Images , fous prétexte qu'il
3, n'y a point de danger. Celui qui
5, aime le darger , y tombera 3 Ecclé-
>5 ilaftiq. III.
Tliéobald Houter (a) dit que le
2, commandement de l'Exode Chap.
3, XX. qui défend les Images > ne
3, regarde point celles des Chrétiens;
car il y eft dit , Tu ne les adoreras
point. Il faudrort être bien fou, dit-il,
de regarder le bois ou la pierre , com-
me [on Dieu y & de leur rendre ïbon-
neur qui eft dû à Dieu y &c. comme
les fàjtns ont fait &c. ce qui feroit
une Idolâtrie \ ce qu aucun Chrétien ,
fefpérc , na jamais fait. Le palïage
de
W paç. soi.
192 Hiftffire de la. Refbrtmithn
1 528. ^e DiUter' IV. cité par Koîb. Vom
Difpu- prendrez garde a vos ames > vm no-
te de <vù aucune figure , le jour que le
*vnfE' Se*&nem vous Par^a cn H°rilj > &c.
Théfe. » nepaile point de la figure de J e-
sus-Christ que nous avons
Znlngle. (a) Ce raifonnement eft
tiré de la boutique de Faber , ainfi,
3> il n'y a point d'autre réponfeà y
33 faire > que celle que le Sénat de
53 Zurich a faite fur un fujet pareil,
à l'Evêque de Confiance. Le paC
>, fage du Deutcron. Ch. IV. défend
,j éxpreflement de faire aucune ima-
5, ge de Dieu. Or, fi Ton ne doit
„ point faire d'Images à celui qui
5, feul eft Dieu , & qu'on doit ho-
3, norer > beaucoup moins doit-on
3, faire des Images 3 à ceux qu'on
„ ne doit pas hoi.orer, comme Dieu.
,3 II faut aujji tenir pour ce) tain , ajoô-
33 ta-t il 3 quon na commencé à faire
>, des /mages , qu'après quon a regar-
,3 dé comme des Dieux & des LibJra*
„ teurs y ceux a qui l'on en a fait.
* Darm- >> On n'a point é. îgé de * dévLoïr à
b*JPL'l* 33 boyau , à S. Erafme , que dès qu'on
,3 a cm 3 qu'il guéniïoit ks maux
imé-
de la Suffi. LlV. IV. 193
intérieurs du corps s comme la 1 5 2 8.
3, Colique. Difpu-
On pafla (4) enfuite à la IX.The-
se , qui eft contre la défenfe du ma- ix.Théfe
riage. Elle n'occupa pas beaucoup
le tapis , non plus que la précé-
dente.
Haller la prouva par un petit dit
cours , après quoi.
Jacob Wirben Miniftre de
Sienne {b) fe leva , & dit ^ Ou il
tenoit pour véritables les X. Thé-
fes propofées ; Qu\\ étoit venu dans
cette AlTemblée , dans le delTein de
rendre raifon de fa doflrine > à qui-
conque la lui demanderoit , & en
particulier à ceux qui Tavoient trai-
té de Prédicateur de Menfonge , & de
Violateur de Vœux > à caufe de fon
Mariage , comme il l'avoit déclaré
publiquement en Chaire , le prémier
Dimanche de Janvier 5 provoquant
fes Adverfaires à parler Se à difputer
contre lui fur ce fujet. Perfonne ne
parut.
Bou'zft.ib , qui fut le feul oppo-
fant ; dit. 10, Le S. Mariage n'eft:
s, défendu à aucun Ordre d'Hom-
me , ni dans l'Ancien ni dans le
Tom. II. I Nou-
M pag. r~î> W p. S°7-
1 94 Hiftoirc de la Réformaticn
I 5 28. » Nouveau Teftament , finon feule-
Difpn- j> ment à celui qui le le défend. Or
te de 5J qU'il doive être conftamment dé-
IXRThé- " fenc*u à celui qui fe le défend ,
fe.' on le peut prouver par l'exemple
,3 d'Ananias Se de Saphira fa fem-
me 3 qui ayant voué librement
5, leur bien > Se en ayant retenu une
5, partie ? furent punis de mort fu-
}> bite 3 d'où il s'enfuit que dès qu'on
7, a fait un vœu de s'abftenir d'u-
ne chofe 5 elle n'eft plus permifè.
?> io. Le pafTage de S. Paul , I. Ti-
33 moth. III. qui dit > Que i'Evêque
3, doit être mari tfttnc jeule femme ,
?3 ne fignifie pas qu'il doive être
3, marié 3 autrement Jesus-Christ,
o S. Jean l'Evangelifte , Se d'autres»
3, auroient dû l'être , mais comme
33 dans ce tems-là il y avoit peu de
3, jeunes gens , non mariez, inftruits
3, dans les Saintes Lettres 3 Se ca-
33 pables de prêcher l'Evangile , il
faloit bien néceflairement prendre
,3 des hommes âgez Se mariez 3 afin
33 qu'ils puffent prêcher d'exemple,
33 ( comme le Seigneur l'ordonne >
33 Matth. V. Que votre lumière luife
33 devant les hommes 3 Sec. ) ce que
les jeunes gens font rarement. 30
Ce
de la Suifle. Liv. IV. 19 j
, Ce que l'Apôtre dit > que la dé- I 52 8.
, fenfe du mariage , eft une Dofîri- Difpu-
y ne des Diables , eft vrai de la ma- te
y niére que Marcion & Tatien l'ont ^RThé-
, défendu 5 mais cela ne fe fair pas fe.
, préfentement , Car quant a moi y
, dit-il > je ne puis pas me plaindre >
, que le mariage m ait été défendu: j au-
» rois pu me le défendre moi-même par
„ un vœu.
Zuingle. io. La faute {a) d'A-
nanias & de Saphira n'a point été
3> une violation d'un vœu, mais
;> une hypocrifie , ils voulurent pa-
roître aufli libéraux que d'autres
;, Chrétiens , ce qu'ils n'étoient p.*.s.
3, Le don de Continence étant un
5, don de Dieu , qui n'eft pas don-
j, né à tous j en faire un vœu eft
5> une témérité, &: non un fervice
>, qu'on rende à Dieu j aufll S.Paul
?> dit , que fi un homme ne peut
,} pas fe contenir 3 il doit fe marier ,
car il vaut mieux fe marier que bru-
„ 1er, I. Cor. VII. 2°. Nous ne di-
fons point que TEvéque foit obli-
>, gé de fe marier , à moins qu'il
ne puilïepas vivre pureme'nt dans
3,1e Célibat. 30, Vouloir reftiein-
I z dre
196 Hijlolre de la 'RJformatim
I52S. 5> dre la décifion de S.Paul aux Mat"
Vifyu- jj cionites & aux.Difciples de Tatien»
te de 5j eft. ttnc i]luflon j car l'Apôtre par-
fx*!^- 55 ^ ^*ans aucunc reftriftion, de tous
fe. 3> ceux qui défendent le Mariage >
5j de quelque manière que ce foit.
Boukftab obje&a encore (a) io.
>5 Que le don de Continence n'eft
refufé à perfonne, fuivant S. Paul
qui dit I. Cor. I. Dieu efi fidèle ,
7«i permettra pas que vous foyez
55 tentez au delà de vos forces ôcc. 20.
53 Si S. Paul dit 3 qu'il vaut mieux
r3 fe marier 5 que brûler , chacun
5> doit s'examiner , avant que d'en-
trer dans les SS. Ordres. 3 o,0£on
33 ne peut rien prouver de plus par
3J S. Paul , finon qu'un homme de
3, bien , qui eft marié 3 peut être
>, ordiné Prêtre 5 comme cela fe pra-
>, tique parmi les Grecs , mais non
33 qu'un Prêtre puiiTe fe marier. .40.
33 Comme on obje&oit le mariage
53 des Apôtres , & des prémiers
9» Evangeliftes 5 par Ex. de S. Pbi-
3, , qui avoit 4. filles Vierges,
,3 & Prophétefles , ^7. XXI. il dit,
>3 qu'ils s'éroient mariez , pendant
^ qu'ils étoient encore fous la Loi,
(*) pag. fXL.
de la Suijje. L I V. I V. 1 97
,j & avant que d'avoir été zppdliz 1 528*
„ par Tïsus-Christ j & qu'on ^lfP^g
>> ne peut point prouver pariEcn- Nr<
5J ture » qu'aucun d eux , ni aucun IX.Thé*
3j Prêtre , fe Coït marié , avec le te*
„ confenrernent de l'Eglife. 50. En-
33 fin pour prouver qu'on eft obligé
5> de garder le vœu de chafteté y
?> quand on l'a fait , il cita l.Timotb.
3, V. où l'Apôtre blâme les jeunes
75 Veuves > qui , après s'être vouées
53 au fervice du Seigneur veulent fe
33 marier.
Zuïngle répondit (a), io. Le Sei-
,3 gneur nie que la Continence (bit
>â donnée à tous 5 Matth. XIX. Cba-
3J c«« 3 dit-il , nefi pas capable de ce-
37 la. Le paffagc de I. Cor. I. fait
j5 pour nous > car Dieu ne nous
33 contraint point à des chofes, qui
33 ne font pas en nôtre pouvoir 5
„ c'eft pourquoi il a établi le Ma-
35riage , pour un remède à l'incon-
3, tinence. 20. Qnj\ faille s'éxami-
3, ner ayant que d'entreprendre quel-
que chofe > cela eft vrai dans tous
les deffeins pieux &: légitimes ;
m mais il ne fuit point delà, qu'on
7, doive ôter aux gens la liberté
I 3 du
M pag. Çi3„& fui*.
198 Hilîoire de la Réformation
1 528. 35 du mariage , qui eft donnée à tous
Difpute „ les hommes 3 fans exception. 30.
^tBer- H eft ridicule de prétendre, qu'on
IX. Thé- 3' ne peut pas prouver par TEcritu-
fe. re ? qu'un Prêtre puilïe fe marier,
„ tandis qu'on accorde qu'un hom-
3> me marié peut-être ordiné Prêtre.
5, Si le mariage n'eft point un ob-
33 ftacle à un homme pour être reçu
3, Prêtre eu Evêque , il n'eft donc
3, point un obftacle pour l'être \ &
5J fi un homme marié peut être éta-
35 bit Evêque , un Evêque établi pzut
3, être marié 3 & par conféquent le
33 marier. 40. Le raifonnement tiré
33 de ce que les Apôtres fe font ma-
3, riez 3 avant que d'être appeliez
„ par Jesus-Christ eft frivole. Si
y, le mariage eût été oppofé à la
35 Sainteté de l'état Eccléfiaftique,
3, Jesus-Christ les auroit obiï-
>, gez à y renoncer. D'ailleurs on
33 avance fans fondement qu'aucun
35 des prémiers Difciples de Jesus-
yy Christ ne s eft marié 5 après
33 avoir été appelle par lui. On ne
yy peut pas prouver la négative fur
33 ce fujet par l'Ecriture 5 non plus
:>, que l'affirmative. 50. Le partage
33 de I, Timotb, V, ne prouve point
de la Suffi. L I v. IV. 1 99
3> ce qu'on prétend en tirer en fa- I 52S.
„ veur du vœu de Continence. I! Ttifpute
y} y parle des jeunes Veuves, quide B£R*
„ vouloient être reçues avec les ix.Thê-
„ Vieilles , fur l'état de l'Egîife > fe..
„ pour être entretenues à fes dépens,
„ & qui déshonoroient leur condi-
» tion , par une vie libertine ; l'A-
» pâtre défend de les recevoir dans
^ cet état , & veut qu elles fe ma-
» rient.
Le Samedi 2<. Janvier , W Bou!>-,j .n.
ftab cita encore les Vœux authon- ^ 2,<;.
fez fous l'Ancien Teftament , & Janvier,
quelques autres petits argumens, de
peu d'importance > auxquels je ne
m'arrêterai pas. Z tringle 6c OtcoUm-
de y répondirent.
Cela étant fait , Ambroise Bla-
rer , (£) Miniftre de Confiance , fe
leva 5 & dit , les Seigneurs de
Berne ayant invite Mefileurjï de Con-
fiance à envoyer à leur Difpute quel-
cun de leurs Minières , ces Magis-
trats y avoient envoyé avec lui
des Députez de leur Confeil. Qwa
quant à lui , il étoit là pour rendre
raifon de la Doctrine , conforme
aux Théfes > devant tout le monde,
I 4 &
Mpap. Ç/7. W
200 Hiftoïre de la Réformat ion
I 528.& en particulier de répondre aux
Difpute Libelles que le Docteur Eckjus , &
^ Ber- Un Dominicain de Rothvvjl, nom-
IX.Thé- m^ George Nevvdorffer avoient écrits
fe. contre lui.
XTly>fe Le même jour on paffa à la X.
* Théfe , qui dénonce l'Excommuni-
cation à ceux qui vivent manifefte-
ment dans l'impureté &c. Fr. Kolb
la prouva {a) par un petit difcours.
Mais il ne fe trouva perfbnne qui
la voulut attaquer.
Le refte du jour , & le 26,
Cok- du mois fe pafférent en divers dif-
CLU" cours > qui firent la Conclufion de
de la cette grande affaire, (b) Boukïiab piia
Dfiute modeftement l'Affemblée de lexcu-
fer > 9j S'il n'avoit pas mieux com-
,5 battu , n'étant pas exercé dans
>, ce genre d'efcrime 5 Que d'ail-
5, leurs il y avoit du côté des Ré-
„ formez, beaucoup plus de Savans,
» que du leur.
Haller (c) éxhorta les Magiftrats
à réformer l'Eglife fuivant 1 exem-
ple des bons Rois de Juda > Ezé-
cbias 8c Jofias : & les Pafteurs > à
paître faintement & fidèlement
leurs Troupeaux , par une faine
te
W p. fiç. ^) P. p&t (0 p. #7.
de U Suife. Liv. IV. 201
Doctrine Se par une vie éxem- 1528.
plaire. D/'fpxte
Zuingle parla (a) enfuite tant pour ^Ber-
lui , qu'au nom d'Gecolampade >
de Capiton Se de Bucer, Se dit ,
„ Que fi Ton n'avoit pas apporté
3, toutes les preuves , qu'on avoit
s, en main , pour démontrer la vé-
3, rité des Théfes 3 ce n avoit été
*3 que pour épargner le tems 8c les
33 frais Que du refte 3 fi Eckjm Se
33 les autres Docteurs Catholiques
» n'avoient pas été préfens à cette
33 Difpute , on pouvoit pourtant
33 dire , qu'on les y avoit enten-
33 dus 3 puifqu'on y avoit propofé
33 tous les argumens 3 dont ils fe
7) fervoienr &c.
Joacbim Vadian (b) 3 l'un des
quatre Préfidens de la Difpute ?
>3 parlant pour lui Se pour fes Col-
33 lègues , dit , QtfEux Se les Sé-
5, cretaires établis pour recueillir
33 les Actes de cette Difpute , s'é-
53 toient éfforcez de s'en aquiter avec
53 toute réxactitude Se l'impartialr-
3, té , dont ils étoient capables, les
33 faifant toujours foigneufement
3; collationner 3 dans l'intervalle d'u-
I 5 ne
W P*g« W p. 532.-
2 62 Hifloïrede la Reformation
lî? 8 »» ne Séance à l'autre: Qt/ils rerr.et-
Dïfpute o toient ainfi ces Aftes à LL. EE.
de B t r- „ les Seigneurs de Berne : fVcnfin,
cvê'lu- * s ^ y avoir quelcun des Difpu-
jfo» de 53 tans , qui crut , qu'on n'eut pas
hD;f- bien rapporté fes raifonnemens ,
*Mp* j, il leur feroit permis de montrer
5, encore ce jour-là aux Préfidcns ,
3, le manquement dont ils croiroi-
3, ent avoir fujet de fe plain-
dre.
Enfin Haller remercia toute Fat
femblée , au nom de la part des
Magiftrats.
Ainfi finit cette grande Se im-
portante Conférence 3 après avoir
duré 19. jours confécutifs 5 fans in-
terruption que d'un feul jour. Les
Magiftrats en firent imprimer les
Actes à Zurich , & il s'en eft fait
encore un Edition depuis? à Berne
l'an \6o%. in 40. C'eft celle que
j'ai 3 & donc je me fuis fervi s car
je n'ai pas vû la prémiére.
Autre V- Cette difpute fe fit toute en
m/pute Allemand. Ainfi les fujets de Ber-
en Lan- ne y dont ]a Langue Maternelle eft
f me. *~ la Françoife * qui étoient alors
ceux du Gouvernement $ Aigle >
ceux des Bailiages d'CMe & de
Cran*
de la Sut fe. Liv. IV. 203
Granfon, & une partie de celui de I 52S.
Morat , n'a voient point pu s'y Berne.
trouver , du moins pour en tirer
du fruir. C'cff pourquoi les Sei-
gneurs firent faire une difpute en
leur faveur , en Langue Latine.
Farel y ^ut le principal Tenant
pour les Réformez j 6c un Théolo-
gien de Paris, Docteur de Sorbone,
le principal Oppofant. Mais com-
me cette difpute rie fe fit point avec
h. gravité néceiTaire , avec le fé-
ri&ux que demandoit une affaire
de cette importance , le Docteur
propofant des argumens , qui n'é-
toient bons qu'à faire rire, * elle
fut interrompit de bonne heure,
& l'on n'y fit aucune attention. La
préface des Actes de la difpute Al-
lemande promettoit la publication
de ceux de la difpute Latine ;
mais on n'en a rien fait. Appa-
remment qu'on n'a pas jugé qu'ils
en valulTent la peine.
Après la difpute , les Seigneurs EcclïJTs-.
demandèrent t aux Chanoines tef'f***
aux autres Ecclcfiaftiques de l^crlvciît
ville , & de leur Canton , s'ils vou- aux Thé.
hrient feuferire a cesThéftsti.L,t$ Cha- 1
I 6 noincs.
204 Hiftoire de la Information
1528. noines y foufcrivirent tous; comme
Bekne- aufli le Prieur &; le Soûprieur
Kcvlé/ïa* des Dominicains, avec fix de leurs
qw'fouf- ^Confiéres j & 52. Curez & autres
cruent Bénéficiers , tant de la ville, que
auxrhe- Ju payS Allemand j dans lequel
*** nombre on ne trouve que ceux de
deux villes , favoir , les quatre Ec-
défiaftiques de Thèmes Se un Cha-
pelain d'Erlab ou Serlier. Du pays
Romand, comme nous l'appelions,
il n'y eut que Farel , qui y fouf-
crivir.
Juge- Un Prêtre de Soleurre, nomm*
ment Jaques de Mmifter , ardent & zélé
d_un Ca- Catholique , qui fut préfent à cette
fu? laUe difpute 3 étant de retour chez lui,
grande en envoya la relation, faite à fa
dtifpute. manière , à un Chanoine de Tes
amis, à Mayence. On peut voir la
Copie entière de fa lettre, à la *
fin de ce Volume. Il y témoigne
être fort mécontent des Evêques
de Suifle , de ce qu'ils n'avoient
pas envoyé leurs Savans à Berne..
II décrit TrahgHery ou Treyer comme
un Moine qui riavoit qu'un fot
babil avec beaucoup de préemption,
& qui, quand il avoit falu diiputer
par
* Voy, entre les Pièces JuJHficat. N*>JV*.
de la Suffi. Liv. IV. 20S
par l'Ecriture, écoic refté muët , & I 5 2 S
s'étoit retiré. Il y raille le pau- Berne*
vre Dominicain , qui avcic voulu
faire du mot Cepbas , ( qui eft Sy-
riaque , & lignifie pierre, ) un mot
Grec , qui lignifie tête. Il déplore
le funefte fuccès qu'a eu le parti
Catholique dans cette difpute,
ajoûtant , qu'on auroit pû aifé-
ment y remédier , fi les Evêques
avoient été plus attachez, a l'étude ,
qiïa leurs Maitreffes &c.
Après certe grande difpute , on difpute
en tint encore (a) une autre , de^S^f
moindre apparat, avec huit Ana- ti/les.
baptiftes , qui étoient dans les pri-
ions. On les conduifit dans l'Hô-
tel de ville, & on les fît difputer
avec cinq Théologiens , qui rirent
tous leurs efforts auprès d'eux ,
pour les ramener. Ce fut une di£-
pute réglée, dont les Aéles furent
rédigez par écrit par deux Secrétai-
res affermentez. Après la difpute,
fept d'entreux, qui étoient étran-
gers, perfiftant opiniatrément dans
leurs erreurs , furent bannis du
pays Le huitième , qui éroit un
pauvre batelier de Berne , fe re*
I 7 connut
(0 Stctl. I. c. pag.
206 Hijloire delà Re 'formation
IS23. connut , demanda pardon &
Berne, l'obtint.
Les Ber- VII. Après toutes ces difputes? Se
nois de- les diveriês fouferiptions des Eccléfia-
"^^^iliques, il s'agiffoitde mettre Ja main
fur ce ' à l'œuvre pour la Réformation de l'E-
qu'ils glife. Le Confeil fouverain, (a) trou-
4°.^ent vant la chofe de grande conféquen-
ce, confulta là-deflus toutes les per-
fonnes de confîdêration qui fe trou-
voient en ville , Ecdéfiaftiques Se
Séculiers, tant Etrangers, que gens
du pays. Trois Préfidens de la
difpute , Joacbïm Vadian , l'Abbé de
Gottftatt, Se le Commandeur de
Kufinacht , étoient d'avis qu'on de-
voit inceffamment confommer ce
grand ouvrage. Le préfident Bâ-
lois croyoit au contraire, que dans
une affaire fi importante il ne fe»
roit pas bon d'aller trop vite, mais
qu'il vaudroit mieux avancer à
pas lents, Se ne rien innover ians
y avoir bien penfé. D'autre côté
des Ecdéfiaftiques du Canton, qui
étoient encore bons Catholiques,
&: qui avoient refufé de fouferire
aux X. Théfes > prétendant n'avoir
pas été fi bien vaincus dans la dit
X pute,
[a] Stetl. Ç..<?,
delaSuife. Liv. IV, 207
pute , qu'ils n'eufTent encore fou- 1 528»
tenu leur Doctrine par de bonnes Berne,
raifons tirées de l'Ecriture, deman-
doient qu'on ne fe harât point de
faire des changemens dans la Reli-
gion : mais qu'on fe contentât de
îeur prefcrire une certaine régie,
comment ils dévoient fe conduire
dans leur Miniftére , tant à l'égard
de la Méfie , que des autres Cé-
rémonies. Là-delTus les (a) Magiftrats
affcmblez en Confeil Souverain Ç*** a-
réfolurent, 5J Que la Afejfe feroit bolir h
?, abolie dans leur ville, avec cette Mejfe &
m expreffe i efei ve , que s'il fe trou- ^es
\ y 1 , . f« dans
voit quelqu un qui pût les con-ja Capi*
3, vaincre d erreur, par l'Ecriture taie,
,3 Sainte , ils recevroient fes inftru-
33 «fiions de bon Cceur : Et quant
au pays, il fur ordonné, que
33 chaque Pafleur s'en tiendroit à
3, ce qu il avoir fouferit, en atten-
3, dant nouvel ordre Er d'abopd
on démolit les autels drns les Egli-
. fes &: l'on ôta les Images , & on
les brûla , le 27. Janvier, il fut
en même tems permis à chacun
d'enlever ce qui lui appartenoit.
M stctl, 6. a*
208 Hiftoirc dt la déformation
I'528. ^r en autels > foit en ornemens
Berne. d'Eglife. Divers Bourgeois , qui
étoient encore dans leurs anciens
préjugez, voyoient tous ces chan-
gerons avec beaucoup de douleur:
néanmoins tout fe paffa paifi-
blement Se fans que perfonne re-
muât.
^es^E- Cependant les étrangers (a) tant
trangers Ecclefiaftiques que Séculiers > le"
retirèrent après avoir vû les Egli-
fes purgées. Le Magiftrat défraya
tous ceux qu'il avoir invité, &
les fit efeorter par 200. hommes
jufques aux frontières de Zurich,
pour les garantir contre les inful-
tes de ceux des V. Cantons. Car
ceux-ci 3 ayant appris de bonne
heure TilTue de la difpute de Ber-
ne , entrepirent de fermer le paf-
fàge à Bremgarte & à Mellingue».
aux Zuricois & aux autres qui re-
viendroient de Berne : Mais leurs
efforts furent inutiles. Le Magis-
trat de Zurich régala les Députés
de Berne, tk diftribua 50. gouldes
aux 200. foldats de l'efcorte.
Avant que de frapper le grand
toup> ks (b) Magiftrats de Berne,
voulu*
£*] StetL 6. b. (£)Id. ibià. fàftr. A. 90..
de la Suiffe. Lïv. IV. 2CÇ
voulurent s'affurer de leur Bour-i$2g.
geoifie. Ils rirent affembler le 2. Berne.
Février, toute la Communauté dans
1'Eghïè 3 bourgeois , habitans > Maî-
tres & valets s & lur rirent prêter
ferment, de loûcenir & de défen-
dre les Grand & Petit Confeils,
dans tout ce qu'ils entrepren- .
droienr, foit pour le bien de 1E-
glife, Toit pour celui de l'Etat. Af-
fluez de ce coté là, ils drelTérent
un Edit de Réformation, qu'ils Edlt g£-
publiérent & rirent imprimer , le 0?ral de
7. Février: D'autant (a) difoient-ils, JjjfEjJ
wowj appartient , f« qualité de
Alagiftrats , </e î/0#j donner nos foins,
à vous nos fujets que Dieu nous a
confiez > non- feulement pour vous con-
duire à toute bonêteté dans les affai-
res Civi'esy mais aujfi de vous fournir
les moyens , de parvenir a une véri-
table Foi Chrétienne, {autant que Dieu
nous en fait la grâce , ) & de vous
montrer un bon éxemple , &c. a ces
Caufes &c. L'Edit contenoit XIII,
Articles , dont voici le précis.
I. Ils aprouvent & confirment
les X. Tbéfes de leurDifpute, or-
donnant à tous leurs Sujets de les
rece-
la] Mandat: Bue h pag. 1.
2 1 0 Hiftoire de la K.éformation
IS28. recevoir , & de s'y conformer \ dé-
Berne clarant & prenant Dieu à témoin,
dcRCfoS ^UC S'^S n ^t0*ent Pas perfuadez,
matin' <\UQ cela eft agréable à Dieu , ils
n'auroient pas fait cette innova-
tion , défendant à tous les Curez
& Miniftres , de rien enfeigner, ni
parler contre ces Théfes, fous peine
d'être cafTez.
II. Ils dépouillent les quatre Evê-
qties , de Confiance y de Baie , de
Laufanne 8c de Syon, de toute Juris*
dïft'ion frirituelle , qu'ils pourroient
pi étendre fur leurs fujets , parce
qu'ils n'avcient pas affilié à la di£.
pute j difant, que s'ils avoient fû
de pouvoir maintenir leur doctrine
& leur pouvoir 3 par la Parole de
Dieu, ils fe. oient bien venus : Ils
leur laifîent du refte leur Jurifdï-
élion temporelle,
III. & IV. Ils déchargent les
Doyens & les Cameriers des Cha-
pitres , du Serment qu'ils prêtoient
aux Evêques , &: veulent qu'ils le
prêtent à LL. EE. Ordonnent de j
dépofèr le* Doyens , qui s'oppofe^
roient à l'Evangile > &c d'en établir
d'autres pour veiller fur les Curez,
& prendre garde s ils enfeignoient |
pure-
de la Smjft* L i v. IV. 211
purement & s'ils vivoient bien ; 1528.
On on devoir cenfurer dans les Cha- Berne.
pitres y ceux qui ne s'acquitoient Articles
pas de leur devoir , &: inftruire JrtiîZ'
ceux qui croient dans Terreur : Que
s'ils ne fe corrigeoient pas , LL.
EE. veulent qu'on les en avertiffe,
afin d'en mettre d'autres en leur
place : Enfin ils ne veulent pas per-
mettre que leurs Miniftres fôient
obligez d'alTjfter davantage , aux
Chapitres qui fe tiennent hors de
leurs terres.
V. Que la A/eJfe & les Images fe-
ront abolies à Berne pour jamais ,
à moins qu'on ne leur falîe voir
qu'ils ont en é. Et comme ils fa-
vent qu'il y a dans leur pays, di-
verfes Eglifes & perfbnnes particu-
lières , qui , faute d'inftruction >
étoient encore foibles, & avoient
de léloignement pour la Réforma-
tion, LL. EE. ne veulent pas les
traiter rudement; mais avoir pitié
d'eux, prier Dieu pour leur con-
verfion , & leur lailTer la liberté
d'abolir eux-mêmes la MeiTe & les
Images à la pluralité des fuffrages j
Ordonnant cependant aux deux
partis y de ne fe point choquer
ni
2 1 2 Hiftoire de la Réformation
Ï 528.n* infulrer les uns les autres.
Berne. VI. QifAs veulent abolir généra-
Articles lement tout ce qui eft contraire à
Z$£M P^le de Dieu, à la paix , à
l'union , & au bien public ; &c.
VII. & VIII. Bien qu'on abolilTe
la Aleffe , les Fêtes 5 les Vigiles, les
Anniverfaires , les 4. Temps > les Offi-
ces des Morts , & autres fondationsj
LL. EE. ne veulent pas que qui
que ce foit retire à lui , les cenfes,
rentes , &c biens fonds > afïignez
pour ces ufàges , mais entendent
que ceux qui les doivent , conti-
nueront à les payer > afin que les
Eccléfiaftiques > qui ont des Béné-
fices dans les Couvens , dans les
Eglifes 3 Se ailleurs j en jouiffent
pendant toute leur vie > èc ainfi
meurent en paix j après leur mort,
difent-ils , nous ferons ce que l'équité
demandera de nous ; Non pas que nous,
voulions tirer ces biens-la a nôtre pro-
fit , mais nous en ordonnerons d'une telle
manière que nous efpérons de rendre bon
Compte de nôtre conduite 5 devant Dieu
& devant les hommes. Ils permettent
cependant aux particuliers , qui au-
r oient donné quelque chofe aux
Couvens 3 de aux Eglifes , de le
repreu-
de U Suffi. Liv.IV. 213
reprendre 5 permettent pareillement T 5 2 8.
aux fondateurs des Chapekinies , &c Berne.
autres petits bénéfices , qui ne font ^^jjj-jjf
pas des ' Cures , de les reprendre, m*ttirû'
eux ou leurs defcendans s comme
auffi aux Confrairies ou Sociétez,
qui auroient fait de pareilles fon-
dations. Et comme il y avoit pîu-
fieurs Cures unies à des Couvens,
les Avouez ( Vôgt ) de ces Couvens,
& les Maires ■ de ces Eglifes dé-
voient faire voir le revenu de cha-
cune, afin que LL. EE. ordonnent
ce que chaque Eglile devra avoir
de revenu : Défendent aux Sei-
gneurs , Patrons & Collateurs des
Eglifes, d'en diminuer les revenus*
ÔC de s'en approprier aucun.
IX. Pour éviter le fcandale, on
hifle tous les ornemens dEglife,
jufqu'à nouvel ordre > permettant
néanmoins, aux Confrairies, (qu'on
nomme vulgairement abbayes,) &
aux perfonnes particulières, qui au-
roient des Autels, & des Chape-
lainies en leur propre, de les ôter
de-là , s'ils le veulent.
X. On permet le mariage aux
Eccléfialtiqu^s.
XI. On permet à chacun , de
manger
2 14 Hïjloire de la Réformation
Î 528<nianger en tout tems , de toute
Bekne. forte de viande, avrec Action de
é^lffor £races > Pourvû que cela fe faiTe
f nation. ' modeftement fans donner du fean-
dale au prochain, particulièrement
dans les Hôtelleries \ défendant aux
Hôtes , de contraindre les gens à
manger de la viande dans les jours
- maigres. Ils défendent en même
tems de boire avec excès , Se d'y-
vrogner dans les Tavernes , même
d'y boire au delà de o. heures du
foir , fous peine de dix livres &
plus.
XII. On permet aux Religieux
&C aux Religieufes , de demeurer
dans leurs Couvens , s'ils le fouhai-
tent , à condition de n'y recevoir
plus perfonne > permis à ceux &£
celles , qui voudront en fortir, d'en
emporter tout ce qu'ils y auront
apporté j & s'ils fe marient, & que
cela ne leur fufrife pas j LL. EE.
les affilieront des biens du Cou-
vent. Ceux qui fortiront S foit
qu'ils fe marient, ou non , devront
quitter l'habit de Tordre , pour
en prendre un plus décent.
XIII. Enfin tous les Pafteurs fe-»
ront obligez de prêcher quatre fois
par
de la Suffi. Lrv. IV. 215
par femaine.Le Dimanche > le Lundi, OQ
ïeMecredi, & le Vendredi, fous g 5^'
peine de Caflationjà la rcfervc des Articles
tems de femailles , de Moiilons &c àzRéfo**
de Vendanges , &c. où les pay-^'^
fans ne pourroient pas aller ks
écouter fur femaine.
Cela étant fait > ils réfolurcnt 15
-, , . envoyez:
d envoyer des Députez dans toutes par tollt
les Paroifles de leur domination, le Can-
pour y établir la Réformation. Ils ton '
* 1 J » v %> pour y
en donnèrent avis a 1 avance aux établir '
Paroifles, afin que tous les hommes, la Réfor-
qui s'y trouvoient , fuffent prêts à m*tl0n«
paroître dans ces Aflemblées , des
l'âge de 14. ans. {a) Les Députez
partirent le 23. Février, avec or-
dre de faire alTembler chaque Pa-
roifTe , d'y faire lire à haute voix
l'Edit de Réformation , qu'on vient
de voir , qu'ils avoient fait impri-
mer j d'accompagner chaque article
d'un petit difeours, s'ils le trou-
voient à propos , pour faire con-
noître aux fujets , les raifons de la
conduite de leur fouverain, & la
droiture de fes intentions : En par-
ticdiei fur Je 3e" article-, là où il y
avoir des Doyens, on devoit les
avertir
(*) Injlrutt. A. oj.
2 1 6 Hijloire de la Réformation
1528. avertir de fe rendre à Berne, le
Bekne. Mécredi après la mi-Carème, pour
Députez, apprendre plus au long la réfolutioa
par°touC deLL.EE. Sur le 6e- article, qui
le Can- portoit que LL.EE.vouIoient abolir
ton. tcat ce qui étoit oppofé à la parole
de Dieu, à la paix 8c à. l'union &
au bien Commun 5 les Députez eu-
rent ordre de repréfenter que LL.
EE. vouloient abolir entièrement,"
dans peu de tems , comme l'hon-
neur * & la raifon les y enga-
geoient , toutes les penftons 8c les
préfents des Princes Etrangers , qui
fervoient à fomenter & à produire
des guerres étrangères , 8c des di-
vifions domeftiques. Enfin que LL,
EE. ne vouloient point fouffrir les
Anabaptiftes , mais que par tout
où Ton en trouveroit , on devoit
les leur livrer. Après cette lecture
& ces éxhortations, les Députez eu-
rent ordre :
io. De remontrer aux Peuples,
Que LL. EE. ?iant , par zélé pour
la gloire de Dieu , fait tenir chez
eux , une difputc de Religion à
grands fiais > ce qui leur avoir at-
tiré, au dedans 8c au dehors des
injures
* Mit Ehren uni Titien %
de U Smjfe. L I v . IV. 2 1 J
injures > des outrages & de grofles i c, 2
menaces j nonobftant routes ccsbern
chofes , ils ont continué leur Réfor Arricl
mation , félon la Parole de Dieu îj^^jj
que dans cette circonftance ils fou-
haitoient que les fujets fe confor-
maient à leur Souverain.
iot De demander en chaque Pa-
roilTe les fentimens de chacun j LL,
EE. fouhaitant de favoir qu'elle
fera la volonté de leurs fujets, tou-
chant le Réformation, bien qu'ils
ne doutent pas qu'on ne l'accepte
par tout , puifque déjà depuis fort-
long - temsy la pluralité Cemportoit en
faveur de la prédication de la Pa-
role de Dieu. Ils dévoient donc
recueillir les fuffrages ; faifant refter
ceux qui vouloient fe conformer au
Souverain , & retirer à part ceux
qui le refuferoient , & demander à
chaque parti leur réponfe par écrit,
30. Que fi dans une Commu-
nauté qui auroit plufieurs ParoiiTes>
la pluralité l'emportoit pour la
Mefle,ilsdevroient interroger chaque
ParoilTe à part, pour voir celle où la
pluralité feroit pour la Réformation.
40. Quand môme une Commune
ou une ParoilTe voudra garder le
Tom. IL K Papifme
218 Hi flohe de la déformation
1 528. Papifme , cependant les Prêcres , Se
Berne, les Curez , qui auront embrafte h
j\mcies Réformation , & ligné les Dix Ar-
formttn.6* tiZ^QS c*e *a Difpute de Berne , fe-
tion. ront maintenus dans leurs Cures
Se bénéfices5&: ne célébreront aucune
Cérémonie Papiftique.
50" Les Prêtres qui n'auront li-
gné ni pour l'un , ni pour l'autre
parti , feront aufll obligez de s'abfts-
nir de toute pratique de Catholicité.
63. Mais là où il fe trouvera des
Prêrres qui voudront combattre les
dix Articles , s'ils font dans une
Egiife , ou la pluralité l'emporte en
faveur de la JVleiTe j LL. EE. per-
mettent de la célébrer jufqu'à nouvel
ordre > mais là où elle eft abolir, ils
défendent à ces Prêtres de la célébrer.
En même tems ils dévoient (a) y
joindre cette double proteftation de
la part de LL. EE. 10. Que no-
nobftant ces changemens > qu'on faf-
foit dans la Religion , l'on ne pré-
tendoit point fe détacher des Can-
tons , mais qu'on étoit toujours ré-
folu de s'aquiter envers eux 5 de
tout ce qu'on leur devoit, en ver-
tu des Alliances ; 20. Et Que fi
quelqu'un leur montroit quelque cho-
00 Stetl. 7. a. &
de U Suijje. Ll V. I V. 219
fe de meilleur par l'Ecriture* ils fe- i 528.
roient toujours difpofez à l'écouter, berne.
Ainfi fut établie la Réformation ^ v
dans le Canton de Berne > après JjSg*
avoir été établie dans la Capitale, dans je
La {a) plupart des Sujets fe confor- Canton,
mérent agiéablement à leur Souve-
rain. Dans (b) les Villes de ÏJEr-
gaw , fa voir , Zoffingue , Arbourg >
Aratt , &. Brouck^y la Méfie fut abo-
lie & les Images brûlées 3 au mois
de Mars. Il y avoit à Bure une
Image de Nôtre-Dame > qui avoit
la réputation de reflufeiter les avor-
tons & les enfans > morts fâns bâ-
tême , & avoit amaffé un thréfor
de plus de trente mille livres. El-
le fut aulTi brûlée > au grand regret
de quelques fuperftitieux , qui s'i-
maginèrent que le Ciel feroit quel-
que miracle en fa faveur.
Le Prévôt & les Religieux (c) d3 In-
terlaken * remirent volontairement
leur Monaftére entre les mains du
Souverain 5 en fe refervant une
penfion viagère > & Ton y établit
K 2 da-
ta) Stetl. ibid. ( b) Hottlng. 410.
fc] Stetl. 7. a. Inftr. A. 103.
* Monaftére de Chartreux , fitué inter
Lacus , entre les. Lacs de Thoune & de
Uricntz...
22 O Hiftoire de la Reformœtton
1528. d'abord un Baillif, vers le commen-
Berne. cernent de Mars. Autant en rirent
Refor- Jc Prévôt & les Chanoines de (a)
reçuë* 2°ffingue vers le tems de la Pen-
dans le tecôte, & Ton y établit un Minière.
Canton. La joye fut fi grande à Berne ,
de 1 etabliffement de la Réformation,
que pour honorer cette heureufe
journée , les Magiftrats ouvrirent
la priion (/;) à deux féditieux; qui
ayant été bannis du Pays , avoient
eu l'audace d'y rentrer. Ils permi-
rent même aux autres Exilés , de
revenir dans leur Patrie , difant ,
Si un Roi ou un Empereur faifoit [on
entrée dans nôtre Ville , nous relâche-
rions les malfaiteurs , en les exhortant
a fe corriger : Et maintenant que le
Roi des Rois , & le Prince de nos
ames , le Fils de Dieu 9 qui eft aujfi
nôtre Frère , eft entré chez nous , & 1
relâché ceux qui méritoient une prijon
éternelle > pourquoi ne voudrions-nous
pas honorer fon arrivée , en faijant une
femilable grâce a ceux qui nous ont of-
fenfés ? Sleidan ajoute (c) que pour
conferver la mémoire de leur Ré-
for-
U) Innruct. A. 148.
\l)Lnthard. 177. Scultet. p. m. T 4 1 , è Capi- 1
tone in Hofcxiv, p. 270.
ifi) Livre VI. p. m. 161.
delà Suiffe. Liv. IV. 221
formation , ils en firent écrire Tan- 1)28.
née Se le jour en Lettres d'or fur une Berne.
Colomne. On ne peut pas nier
que k fujet n'en valût bien la peine;
cependant on ne trouve aucune tra-
ce de ce fait dans nos Autheurs.
La Monnoye fe reffentit aufïl de
la Réformation. Au lieu qu'on y
mettoit auparavant la Tête & la
Légende de S. Vincent , Patron de
la Ville ; on y mit depuis à fa
place, l'Ecu de Berne, avec cette
Légende; Berchtold. V. 2 a-
king duxGondjtor, Cet ufage
K j a du-
222 Hijloire de la Ré formation
1528. a duré jufques vers Tan itf/o.quon
bannit de la Monnoye le Fondateur
de la Ville , pour lui fubftituer le
nom de Dieu , par cette Légende >
Dominus Providebit.
Ajgli ^a Réformation s'établit auflï
dans le Gouvernement d'aigle ,
quoique avec quelque peine, (a) Le
Syndic d'Aigle , appuie par le Gou-
verneur > Jean de Bex > & par fbn
Lieutenant, Félix de Diesbach, lia
une fi forte partie contre Far eh qu'il
le fît chaffer. Les Seigneurs l'ayant
appris en écrivirent une Lettre de
reproches à Diesbach > le 1 3 . Fé-
vrier > lui ordonnant de nouveau,
de protéger FareU & de lui faire
une penfion fumTante , à prendre
fur les biens d'Eglife , voulant
qu'on prêchât l'Evangile en toute
liberté > par tous les IV. Mande-
mens , dans les lieux où on le fou-
haittera > ou bien dans ceux où la
néceflïté le demandera. Farel > de
retour à Aigle avec ces ordres > re-
commença à prêcher le Dimanche 1 6.
Février (£). Mais comme il prêchoit,
plufieurs Bourgeois revinrent à la
porte du Temple , faire du bruit
pour
M MS. Grojf. j>] MS.XH/V***.
de la Suffi. Ll v. IV. 22 3
pour l'interrompre , & il y eut un I 5 2g.
grand tumulte a cette occafion. Ils Aigle.
en vinrent même à cet excès d in-
folence , que de faire barre le Tam-
bour par la Ville , pour convoquer
une alTemblée contre les Réformés >
dont ceux-ci fe plaignirent à leurs
Seigneurs. Le Syndic cabala aufli
de nouveau , pour faire chaffer Fa-
rel une féconde fois ! envoyant des
gens aux autres Mandemens , & y .
allant lui même , pour les attirer à
fon parti. Le Curé ou Vicaire
d'Aigle , nommé Guillaume Orfinier>
l'empêchoit aulTi de toute fa force
de prêcher. Pendant ces mouvcmens
différens , les Députez de Berne ar-
rivèrent au Pays , & ayant aflem-
blé toutes les ParoiiTes des IV.
Mandemens , qui compofent le
Gouvernement d'Aigle , (a) trois
de ces ParoiiTes embrafférent la Ré-
formation à la pluralité des voix,
favoir , sJigle , Olon , & Bex. Les
Seigneurs l'ayant appris , y envo-
yèrent de nouveaux Députez , le 1 2.
Mars , avec ordre io. de témoi-
gner à ces trois Paroiffes , Que LL.
-EE. voyoient avec plaifir qu'ils
K 4 euf-
■ •-) In Jim ci. A- loi .
224 Hijloire de la Information
I 528. euflent embraffé la Réformation. io.
Aigle. De leur dire qu'ils ne dévoient pas
vendre les Imâges , mais les brû-
ler. 30. D'établir une bonne pen-
fion au Miniftre d'Aigle , ^.D'ex-
horter les autres Paroiffes à fe con-
former à leur Souverain ^ leur pro-
mettant qu'on leur envoïeroit bien-
tôt des Miniftres. 50. De donner
charge au Lieutenant du Gouver-
neur d'Aigle , de faire un Inven-
taire de tous les Joyaux del'Egli-
fè du lieu. La Paroifle de Bex (a)
parut plus prompte que fes voifins
-zélé de à embraffer la Réformation. Im-
ceuxde patiens d'abolir chez eux la Meffe
Bex. jcs images 5 ji{s avoient peine
d'attendre l'arrivée des Députez de
Berne > qui dévoient venir régler
ces changemens , leur ayant été dé-
fendu de rien innover fans eux.
Leurs Seigneurs , informez de leur
bonne volonté & de leur ardeur ,
ordonnèrent > le May , d'abolir
inceffamment la Meffe dans cette
Eglife-là , & d'en ôter les Images;
& d'en faire autant dans les Egli-
fes , où le Peuple le fouhaiteroic ;
mais que dans, les Paroiffes > où le
Peu-
(*) MS. Des-Loè's,
'de la Suiffe. L I V. I V. 22 5
Peuple ne le voudroit pas , on ne
devoit rien faire jufqu'à l'arrivée de * 5
leurs Députez : ce qui fut ponftu- Al(
ellement éxécuté. Il n'en étoit pas
ainfi à Aigle. Les Catholiques ,
(a) qui y éroient toujours en allez
bon nombre > voyoient avec dou-
leur le renverfernent des Autels > &
la deftru&ion des Images, rejettoient
la Réformation Se inquiétoient ceux
qui la faifoient. Les Seigneurs en
ayant eu avis , donnèrent ordre ,
(le 25. Avril , ) au Lieutenant du
Gouverneur , de les reprimer , &
en cas de récidive , de les leur en-
voyer à Berne , pour y être punis.
Us lui ordonnèrent en même tems
de bien traiter tous les Minières
que Farel établiroit , Se de leur fai-
re donner une penfion fumTante. Ils
joignirent à ces ordres une inftruc-
tion icéllee , qui contenoit une ef-
pèce de Liturgie, ou de formulai-
re 5 pour ladrniniftration des Sa-
cremens > Se la bénédiction du Ma-
riage. Qnelque tems après , ( le
27. Mars ) ils envoyèrent ordre de
chalTer (ù) le Vicaire £ Or mont 9 nom-
K 5 mi
(a) MSC. Schoupart.
ij>) Latin. Mif'z$i. b.
226 Hijloîre de la déformation
ï 5 2 S • m^ Pierre Golioux y qui tenoit cette
Aigle. Cure de la part de Jean Grand Cha-
noine de Laufanne ^ mais (a) cet
ordre ne fut point exécuté.
Il y avok toujours à Aigle des
(b) gens qui parloient mal des Ber-
nois & des Miniftres. D'autre côté
plufieurs Payfans des quatre Man-
demens , comprenant mal la Doc-
rrine de la liberté Evangelique >
prétendirent ne plus devoir 3 ni
cenfes , ni dîmes , & ne les vou-
îoient point payer > difant que tout
devroit être commun. Il y eut mê-
me un nommé Gaman d'Aigle >
qui étant à Berne accula Fard
d'avoir prêché , qu'on ne devoit
payer ni Dîmes 3 ni Cenfes > ce qui
étoit faux. Les Bernois envoyè-
rent des Députez ( le %. Juillet , )
pour aller à Aigîe mettre la dernière
main à f ouvrage de la Réformation,
établir des Miniftres où l'on en
manquoit, établir en particulier d au-
thorité, Farel à Aigle > & Robert à
Bex j confirmer ceux que ces deux
auroient déjà établis j ils dévoient
punir par prifon & par amende ceux
qui avoient mal parlé de leurs Sei-
gneurs
W Inft> A. ibid.. {b) Inft. A. i<,%.
dtUSuitfe. Liv. IV. 227
gneurs & des Miniftrcs : Et afin que I 528.
les Papiftes ne s'imaginaiTent pas Aigle.
vainement de voir jamais rétablir
l'Idolâtrie > ces Députez eurent or-
dre de brifer ou brûler toutes les
images , de démolir les Autels, &
de paifer l'éponge fur les peintures
des murailles. lis dévoient en mê-
me tems éxhorcer les Payfans à
payer les dîmes & les cenfes > avec
menace de châiimens 5 & s'informer
touchant Farel Sec. Enfin déclarer à
ceux (TOrmont que LL. EE. vouloi-
ent abfolument qu'ils quittaient la
Meffe , comme les trois autres Man-
demens , en faire fortir le vieux
Vicaire , & y établir un Miniftre ou
deux 3 & agir en cette affaire avec
le confeil de Farel & de Robert.
Les Députez étant venus3 prirent
information fur l'accufation intentée
* par Gaman , contre Farel : Gaman
ne l'ayant pas pu prouver , fut con-
damné à lui faire réparation , & à
dix florins d'amende. Environ le
même tems F;;rel étant allé prêcher
au village à'Olon & ceux d'entre les
Payfans > qui étoient encore Catho-
liques , notent pas le maltraiter ,
K 6 %
*lribii&JUi9fc
228 Hifioire de la Reformatiez
I 528- lâchèrent contre lui leurs femmes ,
Aigle. ^e battirent. Il y eut même un
homme appelle Antoine Nicodej y
qui renverfa la Chaire. Les Bernois
en ayant eu avis > mirent tous les
hommes &: les femmes du Village à
l'amende de cinq florins. Le Curé,
nommé Guillaume Bioïey , qui avoit
dit la Méfie à Pâque fut mis à l'a-
mande de dix florins. Les hommes
& les femmes 3 dans tout le Gou-
vernement , inrerrompoient les
Miniftres en Chaire ; & alloient
hors de la Paroiiïe pour entendre la
Méfie > Confefler , bâtifer j &c.Tout
cela fut défendu par de nouveaux
Edits , (en Août, ) fous peine ar-
bitraire. En même tenu LL.EE.laif-
férent à Farci , &: à Simon , Miniftres
d'Aigle , le choix d'avoir deux cent
florins pour leur penfïon , ou de ti-
rer les rentes , cenfes , dîmes , & le
domaine de leurs Cures. Ils prirens
le dernier parti»
Fin du Livre IV.
SCM,
22ç
SOMMAIRE
D U
CINQUIEME LIVRE.
I. Troubla dans le Canton de Berne I 5 2 S.
au Sujet de U Religion, Troubles dln~
terlacken calmez- Prononciation
rffj &rjtf/ non iutérejfez* Traite mu-
tuel entre le Souverain & les Sujets.
Relique de S. Béat enfevélie. Autres
troubles dans le même Canton,
ïl. Académie fondée aBcrne.YLvn fur '2'>y
lesFête-, Autre Edit contre les Images & 1
la Meffe. Ré formation a Berne a l'égard
des mœurs *Etablijfemem d'un Confiftoi*- '
re. Abolition des fervices étrangers.
III. Propres de la Ré formation a ^
Claris. Les Réformez y font le plus
grand nombre. Divi fions. Troubles a
Schwanden. Troubles a Baie , au [u-
jet des Images. Suite de Ré formation
a Bienne , a S. Gai & a, Mullhoufe.
Lettre de C Empereur aux Cantons
Catbol ques. Réformation ûVBremgartc.
IV. Affaires de Gcncve. Négotia-
tion entre Genève & les Aîammelusy
les Armes du Duc de Savoy e abbatues
a Genève. Journée a Payerne. Ligue
des Gentils-hommes de la Cueillére.
Mauvaife conduite de ï Eve que dcGe~ *>/f
23o SOMMAIRES Liv.V.
1528. neve. Commencement de Ré formation.
Attentat de CEvêque. Dijcours pru-
dent de Fr. Bonnivard. La Réfor-
mat ion combattue a Genève par les
FrihoxugçoisiSoutenuë par /^Bernois.
? xi- On conduite Bonnivard. SaRéponfe.Mou-
venions du Duc de Savoy e contreGeneve.
■ivs. V. Thourgaw. Contcflations entre
les Cantons au fujet des Seigneuries corn-
munc 's. Rheinthal. LeTbourgavv avan-
ce vers laRéformation, Le Tockebourg
de même» Zurich affemble un Synode.
n?^. VI. Berne. Troubles du Hasle> fo-
mentez par ceux d'Underwald. Les
. 3°y- Catholiques fe rebellent. Ligue des
Montagnards. Préparatifs de guerre*
3,7 Renfort, de l'armée Bernoife. Les trou-
pes ÂUndervvald reculent > & quit-
c*. tent la partie. Rebelle érigé en Mar-
tyr chez les Catholiques. Soumiffion
des rebelles.
3>v VII. Réformatlon du Monaftere de
s**. S.Jean près d'Erlach. Conte jiation
de Berne avec So leurre pour quelques
3^1- biensEccléfiafiiques. Fondations pieufes
3*7. a Berne. Difiribution de biens dEglife*
•3<u$. VIII. Bons Réglemens a Moudon , Ex-
3m- communication lancée contre cette ville,
s? 7 UEvéïue de Laufanne fe montre ennemi
3wK des Bernois. Alliance défenfîve des villes rém
341 . formées. Grifons. Progrès de U Réformation.
Ht* Confpiration des Catholiques^ découverte &
punie* LUS IOI-
23 I
c& Z£5 ZkS)
HISTOIRE
DE LA
REFORMATÎON
DELA
SUISSE.
_
LIVRE CINQUIEME,
Qui comprend la Suite de lœ
Ké for mai ion de Berné > &
divers antres événemens de
Tannée 1 s 2 8.
î.
Es habitans du Gouver- j^o
q §ff nement d'^le ne ^urent T;ouble)
UMèM Pas *es *euls> SU1 exci- dans le
térent des troubles à Toccaiion de Canton
la Réformation. Cela fe vit aufli ^ BaEuR~
en quelques endroits du pays Al- fujet de
lemand. Lentzbourg , Froutïgue & k
le Sibetbal ne vouloient point '
la recevoir* (a) Les fujers desMo-
naftérsa
2 32 Hiftoire de la Kéformation
Ï 528. naftéres ne fe contenaient pas de
Troubles l'abolition des abus & des fupers-
Canton t*t*ons > ^s vouloient encore être
de Berne affranchis des Dîmes & des Cen-
au fujet fes *. Ceux d5 Interlaken , & des
^lja lieux voifins de Berne , parurent
gion. les P1US animez. Frouùgue avoit re-
noncé d'abord à la Méfie , & aboli
les Images : mais irritez de fe voir
obligez de payer les dîmes & les
cenfes comme auparavant, ils réta-
blirent la Meffe, Les Seigneurs de
^edes ^erne *eur envoyétent des Députez,
Veplte^ le*27, May. (a) pour les exhorter
pour Jes à revenir à la Réformation , & à
appaifer ne pas fe lajffer féduire de nou-
veau. La Commune à'Adelbode
n'avoit point voulu entendre par-
ler de changemens de Religion. Les
Députez eurent ordre d'y aller,
d'affembler ces gens-là, & de leur
dire \ Que s'ils ne vouloient pas
quitter la Meffe, qu'ils permirent
du moins qu'on leur envoyât un
habile Miniftre pour les inftruire.
Trou- Ceux & Interlacken , indignez de
Mes la cefiion que les Religieux avoienc
à'intcr- £a-te ^ ]ur Couvent aux Seigneurs
Lacken. . _ , _ ,
de Berne , envoyèrent une Dépura-
don.
* Stctthr Ii.7. (a) \nih. A. 14^.
de la Suffi. Liv. V. 2 33
tion à Berne, * pour demander 152S.
d'être affranchis de toutes leurs re-
devances envers cette maifon. Et
comme on ne leur répondit pas d'a-
bord à leur gré > ils fe mutinèrent,
& menacèrent de s'affranchir eux-
mêmes. On y envoya un Con-
seiller de Berne pour leur remontrer
leur devoir? accompagné du nou-
veau Baiiiif d'Interlacken > Se de
l'Avoyer d'Underfevven. Mais les
payfans > irritez de voir qu'on ne
leur donnoit que des paroles ,
voulant fe faire juftice à eux-mê-
mes, fe jettérent en armes fur le
Couvent d'Interlacken , avec une
telle furie , que ces trois Magiftrats
eurent de la peine à fe fauver d'en-
tre leurs mains. L'Avoyer d'Erlacb
y accourut avec des Députez du
confeil deTIjoune-, mais il ne trouva
pas plus de refpecT: & de foûmiflion
que les autres. Ils chafférenr auflî
leur Miniftre , qui fut obligé de
s'enfuir dans les Alpes ; & ils ap-
pelèrent à leur fecours leurs voi-
fins du Canton d'Undervvald , qui
leur envoyèrent deux Députez, pour
examiner l'état des affaires. Ces
mêmes
* StetL 7. b. Ilotting. 41
2 34 Hijioire de la Réformation
1 528. mêmes Payfans fe jetterent dans la
Troubles ville de Thoune , au nombre d'en-
dans le viron mille hommes, réfolus de
^Berne Portcr ^eurs armes jufqu à Berne >
au fujet mais le Bourgeoifie de Thoune, fidèle
^!a. à fon Souverain 3 ne voulut pas les
e lZl0n" laiffer paffer, & quoiqu'ils fuflent
fecourus par un parti de ceux du
pays de Hxfle> cependant ils ne pu-
rent rien * faire , & ils renvoyè-
rent les Députez .d'Undervvald.
Ceux du Bas-Sibentbal , de Tboune,
d'Underfcvven & d'Unfpurwen , &C.
s'oppoférent vivement à eux> tel-
lement qu'ils fe virent contrains
d'accepter une Trêve. On y envoya
deux + Députez , qui > appuyez
des fujets fidèles , des lieux que je
viens de nommer, engagèrent les
rebelles à rentrer dans leur devoir,
en leur promettant leur grâce de la
part du Souverain ; ce qui fe fit le
Trou. 2 5- Avril & Ton convint que l'on
lies Cal- on éxamineroit amiablement leurs
mez* prétentions, dans une journée par-
ticulière > qui fut marquée au 4.
May fuivant.
Comme
* StctI.S. a.
t Savoir, H.'tpfcbc Thriïoneï 3 &z nïU
Uiling Banderec.
deUSuifc. Lîv. V. 235
Comme cette affaire étoit de 152
grande conféquence , les Bernois Berne
prirent toutes les mefures pofilbles
pour leur fureté. Ils firent faire
bonne garde par tout *, appelèrent
leurs alliez de Fribourg, de Soieurre>
de Bienne & de Laufanne , à leur
fecours ; rirent exhorter leurs fujets
à la fidélité j kur firent demander
leurs fentimens fur cette affaire, ÔC
leur ordonnèrent d'envoyer des
Députez de chaque Balliage , pour
affilier à cette Conférence. Les fen-
timens des fujers furent partagez ;
mais cependant le plus grand nom-
bre fe trouva difpofé à garder la fi-
délité à leur Souverain. Le jour
étant venu , l'Avoyer (a) de Berne
reprocha aux payfans d'Interlacken
leur rébellion , bc fit lire les Arti-
cles de leurs plaintes: On les éxa-
mina 3 les Magiftrats y répondirent
pour foûtenir leurs Droits, cepen-
dant en ufant de modération à
leur égard , & leur cédant quelque
chofe. Les Députez du pays, qui
étoient là comme arbitres entre
leur Souverain & les rebelles d'In-
teriacken > ayant éxaminé les rai-
fons
M Stetl. 8. b.
2 36 Hijloire de la Réformât ion
1 528. fons de part & d'autre , pronon-
îronovi- cerent unanimement de la manière
fui vante: 10. „ Que la ville de
jets non » Berne demeûreroit en paifible
intêref- „ poffelTion de tous fes droits, &c.
^e2, 5> & Q£ eux, comme fidèles fujets,
M y maintiendroient leur Souve-
„ rain. 20. ceux d'înterlacken
>, 6c leurs adhérans rendroient à
leurs Seigneurs de Berne l'obéïf-
» fance qu'ils leur doivent, & leur
?, payeroient les dîmes & les Cen-
les : 50. Que pour ce qui regarde
leurs autres griefs , on envoye-
3, roit àlnterlacken même une Dé-
putation de la ville & du Can-
5, ton pour les examiner fur les
3, lieux,& pour chercher les moyens
d'accommoder tout. 40. Enfin
Que le Souverain , à leur prière,
5, pardonneroit aux rebelles j avec
5, déclaration que , s'ils retour-
5, noient en faute , on aideroit fé-
5, rieufement à les punir 9 comme
Traité 5, ils le mériteroient . La def-
mutuel fus jes Seigneurs (a) de Ber-
entre le 0 , r P v . ' r
Souve- ne & *curs '"jets convinrent enfem-
rain & ble , tk fe promirent mutuellement
les fu- je fe défendre & de fe maintenir
Jets' les
f» ld. 9. a.
delà Suffi. LlV. V. 2 37
les uns les autres dans la poiTefllon \
de leurs droits légitimes, cependant
fans préjudice de la Réformation.
Et l'on fît de tout cela un Traite
en forme, qui fut rédigé par écri:,
& fcéllé en préfence d'une Députa-
tion de Zurich. En exécution de
cette fentence on députa huit per-
sonnes de Berne, quatre du Petit
& quatre du grand Confeil , avec
un Député de chacune de ces quatre
villes , Thoune , Baurgdorff ou Ber-
thoul, Lentzbourg & Mdavv, & cinq
autres du refte du pays. Les Dépu-
tez étant arrivez à Interlacken le 17.
May, examinèrent avec beaucoup
de patience les plaintes de ces gens-
là pendant douze jours. Ceux de
Gr'mdelvvaîd étoient les plus roi-
des j 8c vouloient abfolument ou
qu'on rétablît la Méfie , ou qu'on
les affranchît des Dîmes & des
Cenfes. Enfin l'on en vint à un bon
accommodement , qui contenoit
pour la plus grande partie, divers
adouciiTemens à ïcg^d des dîmes,
des cenfes & des autres droits ; de
plus une levée de 5000. livres de
bien fonds en faveur des pauvres,
8c la diftabution des aumônes.
Les
2 38 Hijloire de la Réformai ion
î 528« Les frais de cette affemblée tombé-
TroubUs rent fur les Moines , qui avoient
calmez. poiTecé Interlacken & qi i fe repen-
tant de la démarche qu'ils avoient
faite, avoient beaucoup donné lieu
à ces troubles. L'accommodement
fur accep'é , & ratifié par le Con-
feil fouverain de Berne.
Relique ^ y &yoit °*ans M ^ v°ifina£e>
de s. une Caverne , où Ton tenoit une
2é*t en- têre , qu on difoit erre la tête de S.
evehe. ^at At prérendu Apôtre du pays,
Ceioit un lieu fort confidérable
chez les fuperftitieux, qui s'y ren-
doient de tous cotez en pélérinage.
Comme Ton fut , qu'un certain
Prêtre avoit entrepris d'enlever
cette tête , pour l'emporter dans
quelque ville Ca holique , les Ber-
nois 3 pour prévenir les abus qui
pouvoient s'en enfuivre, y envo-
yèrent trois Députez , qui la firent
enlever le 1 8- May , & la firent en-
fevélir honorablement dans le Cou-
vent d'Interlack n. Nonobftant cette
expédition , Ton a vu , dans ces
derniers tems 5 un Ecrivain SuilTe
Catholique, * qui n'a pas fait dif-
ficulté
(/î) Stetl.ZJ, a.
* Murer, Helvetia Sacra.
de U Suffi Liv. V. 239
ficulté d'écrire, que dans ce tems I $2£*
là un Catholique du voifinage , Relique
prévenant la diligence des Bemoi , c;e s*
avoit porté cet:e tête dans fa mai- rkYé]je. '
fon, & que 2(5. ans après, c Mt-à-
dire, l'an 1554. il avoit découvert
ce précieux thiéfor à un Seîgneut
de Lucerne , en l'aiTurant par fer-
ment , que c'etoit là la véritable
rélique de S. Beat : & qi e c'tft par
ce moyen qu'on la poflede au-
joiud'hui à Lucerne 9 dans laGrande
Egliff de S. Léger. U faut a\ ouer
que la foi des Catholiques a des
fondemens admirables , Se qu'ils
ont, pour foûtenir leurs faintes
décou\ ertt-s , Se le culte de leur
Peuple , des preuves auxquelles
il n'y a rien à répliquer.
Les troubles d'Intcrl ken étoient à Autres
/ \ 1 , trouble'^
peine calmez, qu on en vit d au-
tres dans les Balliages de Nidavv >
de Frienisherg , Se de Serîitr. Dans
le prérr.ier, les Payfans fe jettérenc
fur le Couvent de Gottfiatt , Se le
pillèrent ; ceux de la Juridiction de
ZoUickhofen en firent autant au Mo-
nafté/e de Fr'uri'tsberg , qu'on avoit
érigé en Ealliage. Les uns & les
au-
240 Hijîoire de la Réformât ion
2 autres demandoient le même affran*
7 chiffement que ceux d'Interlacken ;
/filtres
troubles. Les Villes de Berne de de Bienne
envoyèrent dans ces deux Monas-
tères des Députez , qui rirent ren-
trer les mutins dans leur devoir.
Ceux du Gouvernement d'Aivlc
continuèrent aufTi leur mutinerie >
quoi-que avec moins d'éclat. Mais
le nouveau Gouverneur qu'on leur
donna 3 Rodolf Naigheli , fit fi
bien par fa prudence , qu'il calma
tout.
Ceux du Haut-Sibetbal perfiité-
rent dans leur réfolution , de ne
point renoncer à la Meffe , & chaf-
férent le Miniflre qu'on leur avoit
donné. Autant en firent ceux de
Frouùgue , qui pillèrent la Maifon
de Hean Huiler leur Miniilre(^) , &
le mal-traitérent tellement en fa per-
forme , que le pauvre homme dé-
goûté d'habiter parmi de femblables
gens , prh le parti de demander fon
congé > & de fe retirer à Zurich? où
on lui donna TEglife de Bulacb, Il
eut un fils nommé auiTi Jean, qui
fut appelle pour être Miniftrc à Ber-
ne Tan 1 547«
Il.Pen-
(*) Id. io. au
Je la Suiffe. Lî v. V. 241
Iï. Pendant tous ces troubles, Q
les Bernois ne ceiïérent point de tra_^r /^ef *
vailler à leur Réformation. Et çf a- m-e ton-
bord , pour tranfmettre à la pofté- dée à
rué un fi précieux avantage j pour b^ne.
avoir un Séminaire de bons Paf-
teurs , ils fondèrent une Académie,
& un Grand Collège. Et comme
dans tout ce grand nombre u'Ecclé-
fiaftiques , qu'ils avoient dans leur
Ville, il ne s'ei trouvoit pas un
feul qui fûc capable d'enfeigner les
Langues Hébraïque & G;ecque, (a)
ils écrivirent à leurs Alliez de Zu- .
rich (le 12. Février, ) pour leur
demander Sêbaftien Hoffmeifter , &
Gafpur Grofîvun , qui tournant Ton
nom en Grec , fe faiToit appeller
Megander. Outre ces deux Doc-
teurs > qui dévoient enfeigner la
Théologie , on fit venir du même
Canton un jeune Savant nommé Jean
Rbt'llicanuî , pour enfeigner le* Lan-
gues Saintes. Grojfman ou Megander
fur tout à la fois Miniftre &: Pro-
fe fleur en Théologie. Il demeura
ians Berne jiifqu'à F n 1538. qu'il
[etourna à- Zurich. Hojfwdftcr fut
ians la fuite Miniftre à Zoflingue.
Tom. IL L Lors
{a) LntharU T. 1. p. i?o- Hottlng. 414.
242 Hijloire de U Réformation
Lorfqu il fut arrivé à Berne , dans
152 8 . ie tems dont je parle, il écrivit à
mie (on- es amis»letât ou il avoit trouve
déeà TEglife de cette Ville-là, & il leur
Beb.ne. en parloit en ces termes j // me fem-
ble que le Peuple de Berne neft pas fi
corrompu que nos Zuricois. Car on voie
dans leur habillement l'ancienne fimpli-
cité Suifie. Je fouhaiterois que vous
fuffiez > avec quelle diligence , avec
quelle dévotion 3 non-feulement le Peu-
ple , mais aujfi les Seigneurs , vont a
la S. Céne. Je nen (ai aucun > qui [oit
demeuré en arriére : De forte que fefpé-
re , que ceux qui jufquià fe Jont oppo-
fez a l'Evangile , pourront être ga-
gnez.
On oblervoit encore à Berne à
Edit Peu Pr^s toutes ^es Fêtes de l'Eglife
fur les Romaine. Les Magiftrats publièrent
Fêtes* (le 21. Juin) un Edit fur cette
matière , Se reduifirent les Fêtes à
un nombre , qui leur parut petit ,
en comparaifon de l'ancienne prati-
que. Cet Edit portoit défenle de
chommer d'autres Fêtes , que les
fuivantes j lavoir , xo. les Diman-
ches. 20. Les jours des SS. apôtres.
30. Noël. 4°. & Etienne. 50. Le
Nouvel An, 6°. Les Rois. 70. La
de la Suijje. Ll v. V. 243
Fête de S. Vincent , Patron de la Vil-
le. 8°- la Chandeleur, po. \Annoncia- I Ç 2 S.
tion. io°- Piques, no. Le Lundi d* furE^xsT
Pâques. 120. UAfcenfion. 130. La
Pentecôte. 14.0, Le Z,#«^j i3^-
tecote. 150. Les D/a; m///? Chevaliers,
qu'on chommeroit jufqu'après le Ser-
mon* itfo. & JeanBâtifle. lyO.VAf-
fomption delà S. Vierge , & 18°. la
Touffaint > en tout 26. Fêtes , (outre
les Dimanches 3 ) dans lefquelles on
devoit chommer : cependant avec
cette referve , Que les Miniftres
pourroient permettre le travail à
leurs Paroifïiens , fur-tout en Eté >
pour recueillir les fruits de la Terre,
lorfquon en verroit une néceiTité *
indifpenfable.
Dans le même Edit > ils défen-
dirent de prêter Serment au nom des
Saints 5 voulant qu'on ne le fit qu'au
nom de Dieu feul.
La Semaine fuivante , ils plublié- Autre
rent encore ( le 28. Juin) un nou-EDiT
vel Edit de Réformation , t con- COlltre
tre les Images & la Méfie. 10. l\sfess g£
y ordonnoient d'abbattre & debri- Meje.
fer toutes les Images , & de démo-
li % lit
* B. Arch. Mand. p. If.
1 ibid. p. 16.
244 Hifîoire de la déformation
2~ lir les Autels , foit dans les Eglifes,
Au cre ^0lZ ^ans ^es ^a^r°ns' 2°# Comme
Edit divers Prêtres > tant du pays , qu'E-
contre trangers , s'ingeroient de dire la
les ima- ]y|e[fe dans ]es lieux où elle étoit
ges & la , , . j , .
Me(fe% abolie y on y déclarait , qu on ne
leur accorderoit aucune protection;
on ordonnoit même de les pourfui-
vre ouvertement, les Baillifs & les
autres Officiers Civils croient char-
gez de veiller fur eux 3 de les fai*
fîr 3 tout autant qu'ils en pourroient
attraper & de donner avis de leur
détention au Souverain. On devoit
traiter de la même manière tous ceux
qui parieroientinjurieufement contre
les Seigneurs de Berne. ( Les Catho-
liques > tant du Canton que du voi-
finage , déclamoient horriblement
contre ces Seigneurs. ) Enfin fi ces
Calomniateurs , après une telle pu-
nition, ne le corrigeoient pas, il étoit
permis à chacun de les maltraiter
en leurs perfonnes * . comme des
gens dévouez à la vengeance pu-
blique. On ordonnoit en même rems
de punir tous ceux , qui foûte-
noient ces Piètres it£V.3c"Uiies , ou
qui leur donnoiçnt retraite. A l'é-
gard
Dcm Vogcl im Lufft erlmbt fcyn.
de la Suffi. Liv. V. 24S
gard des Prêtres , qui étoient enco-
re foibles en la foi , Zuïngle pria !^
qu'on ufât de patience envers ^RNE*
eux. f
La foi n'eft. pas de tous. La Ré-
formation n'avoit pas été égale-
ment goû ée par tous les Bourgeois
& les Sujets de Berne. Il y avoir
encore des gens , qui alloient en*
tenire la MeiTe dans le voifinage.
Cela f.:t défendu par un nouvel E-
dit 3 [le 22. Décembre ] fous pei-
ne de dépofition pour les gens d'Of-
fice , & de punition arbitraire pour
les particuliers. 4-
Mais la Réformation de la Doc-
trine & du Culte religieux eft i nu- infer-
tile fans celle des mœurs : G'eft ce mation
que les Bernois comprirent parfai- ^c^urs
tement bien. Ils détruifirent toutes '
(a) les Maifons de débauche qu'il y
avoit dans leur Ville , 6c la purgè-
rent des femmes de mauvaife vie ,
qui y étoient auparavant en fi grand
nombre, qu'elles remplifloient une
ruë entière , & ils les chaiférent tou-
tes. En même tems ils établirent
L 3 un
■f Hotting. 4tç.
4- B. Mandat, p. 17.
[*»] Lathard 178, b. &fuiv. Hottlng. 414.
415.
246 Hijloire de la déformation
un Consistoire , pour veiller fur
ï)2ô. jes mœurs du Troupeau , & pour
EtabHf- exeicer la Difcipline Eccléfiaftique.
fement Les premiers 5 qui compofércnt cet-
àunCon. te Compagnie, furent les deux
J>/to>re. pafteurs de i Eglife , HaUer & Grof
man , & trois Seigneurs de l'Etat >
Antoine MU , Théobald UErlach &
Guillaume Schvvander. On donna en
même tems à ce nouveau Tribunal,
le pouvoir de juger les caufes d'U-
fure & de Mariage. Ils permirent
auflî à chacun de reprendre les do-
nations & les fondations qu'on
avoit faites , pour des Ufages fu-
perftitieux , pour des luminaires >
des anniveriaires > &c. jufqu'à la
3e. générarion j mais non pas ce
qui avoit été donné aux Eglifès 9
pour y entretenir des Pafteurs , &
pour y faire prêcher laParole deDieu.
Le Confiftoire fut chargé de régler
les dinicultez , qui pourroient fur-
venir à ce fujet entre les particu-
liers. Il y eut plus de 8oo. perfon-
nes > qui reprirent ce qui avoit été
donné > ou par eux ou par leurs
Pérès & Mères > ou par leurs
Grand-péres & Grand- mères ; fans
compter les familles les plus No-
bles
de la Suife.Llv. V. 247
bles , auxquelles on reftitua les ren-
tes de leurs Chapelles , avec les
Vafes fie les ornemens facrez. Le
refte fut employé à de bons ufages,
au fervice de l'Eglife > de à l'entre-
tien des Pauvres.
Pendant qu'ils fe réformoient eux-
mêmes > ils eurent aufll foin des E-
glifes de leur Canton. Une perfon-
ne de (a) l'Etat fut envoyée fecret-
tement > ÔC incognito , par tout le
pays , pour vifiter les Eglifes 3 &C
éxaminer la capacité Se la conduite
des Pafteurs. Enfuite on affembla
toutes les Clafles ou Chapitres 3 les
unes après les autres > & Ton fit
Téxamen de tous les Miniftres, qui
les compofoienr. Cet ufage s'eft
confervé jufqu'à préfent 5 mais ce
qui dans le commencement, fe faifoit
dans une vue férieufe de remédier
aux maux d'une Eglifè, a dégénéré
à peu-près en fimple formalité. Et
comme par le grand Edit de Réfor-
mation , l'on avoit défendu à tous
les Pafteurs des frontières 5 qui jus-
qu'alors avoient été membres de
quelque Chapitre des pays Etran-
gers 3 de s'y' rendre à l'avenir > &c
L 4 de
(.1) Hotting. 414.
M28
Ber\f.
Etablif
femcnt
d'un
Con-
jîftoîre.
Abr li-
tion des
Services
Etran-
gers.
248 Hiftoire de la Reformatiez
de les reconnoître , leur ordonnant
au contraire de fe joindre aux Cha-
pitres du pays , les plus proches ;
les (a) Miniftres des Bailliages de
Nid au , d* Aibtrg & de Snlier ou
Erlacb , qui dépendoient aupara-
vant , les uns du Chapitre de «S*.
Àislr , & les autres de celui
v riche , formèrent entr'eux une
ClaiTe à part , 8c élurent pour leur
Doyen Jean Bertschi , Minière
de Walperfvvyh ce qui fut approu-
vé de LL. EÉ. le 16 Avril.
L'ab< iition des Services Etranges
Se des Penfor.s ne fut pas l'un des
moins beaux endroits de la Réfor-
mation de Berne \ mais elle Tauroit
été encore plus,fi on l'eut confervée.
Piufîeurs perfonnes pieufes la folli-
citoient avec chaleur. Cependant
pour ne rien précipiter dans une af-
faire de cette importance > les Sei-
gneurs jugèrent à propos , de pren-
dre là-defîus, les avis de toutes
les Communautez de leur pays. La
pluralité l'emporta de beaucoup en
faveur de cette abolition. Les Sei-
gneurs y donnèrent les mains ? Se
publié) ent le 24. Août, un Edic
pro-
[«] Arch. Mer», Ht 29?. b».
,dcU Suif}}. Liv. V. 249
provifionnel, pour défendre cette iç.2g.
pratique, en attendant un Edit com- Berne.
plet {a). L'année (ûiVante pour com-
mencer par eux-mêmes , Se pour
donner bon exemple à leurs Sujets,
tous les Seigneurs de l'Etat, depuis
le premier jufqu'au dernier , aflem-
blez en Confeil Souverain, piêté-
rent Serment de renoncer à toute
penfion de Princes Etrangers , Se
à leur fervice ; Se ils en donnèrent
avis à leurs Sujers (ù) , le 21. Sep-
tembre 152p. Enfin l'on publia FE-
dit projette (r) pour cette Réforme.
On y dit , D'autant que les dons &
les penfions des Princes & Potentats >
de la manière qu'on les a pris jufqux
préfent ( fâvoir, aux dépens de ion
fan g Se du fang d'autrui , ) à1 ïiu-
rérèt particulier , [ont les plus grandis
abominations devant Dieu , qui aveu-
glent & fafetnent * entièrement les
coeurs des hommes , en forte que par-là * y
tous les Confeils & les jugements dé- Mander*
viennent fufpecis , & l'on ne fe fie plus
a, ceux qui en font entachez , parti-
culièrement à la Afjçjft rature : Et
j, Que déplus on à vu par-la de puif-
L 5 fars
( a) Mandat B. p. 170»
U') Htmèm B. p. :^x.
(0 Ib. p. 172»,
2J0 Hifloïre de la déformation
I 5?g. >, fans Royaumes, Villes & Pays
Berne. », ruinez, comme t Rome tk d'au-
Aboli- ? tres puiiTantes Villes ; A ces c a u-
tion des n •
Services " SES 5 Pour éloigner tous ces maux,
Etran- >> & conferver nos villes , nos ter-
gers.. 99 res & nos Sujers , dans un état
5, paifible, tranquille , & Chiêtien,
» en confédération des maux , des
p pertes & des médiïànces , qu'on
,j avoit effuyées par le parlé > ou
5, nôtre honneur avoit été attaqué >
3>& afin que nous puifîlons éviter
5, la colère de Dieu , nous avons re-
„ çu 8c arrêté l'Ordonnance fui-
fEwig. ,j vante & + perpétuelle , & nous
„ avons juré à Dieu de la garder à
,3 perpétuïré.
„ Premièrement , comme il eft rai-
53 fonnable que celui qui fait la Loi
3, s'y foûmette le prémier > & l'ob~
53 fei ve dans fa conduite > auffi eft-
3> ce entière volonté , Que nous
w & nos defeendans renoncions en-
V tiêrement à toutes fortes de Dons>
33 Préfens , Loyers & Penfions de
wtous Princes ôcSeigneurs Etrangers:
Dé-
t Rome avoit été prife & pillée l'an
152.7. par l'armée Impériale , comman-
dée par un Général François , & compo*
fée d'Efpagnols & d'Allemands,. Sur quoi*
Voyez, Sletdan, Liv. VL
de la Suiffe. Liv. V. 2 51
?, Défendons à tous nos Bourgeois ij2g.
„ ou Habitans de Berne , & géné" Berne,
3, ralement à tous nos Sujets & Ha-
33 birans de nos terres , de quelque
„ condition qu'ils puifl'ent être , de
3, prendre ou recevoir aucun argent
,5 ni autre prefent5 de quelque Prin-
33 ce ou Seigneur que ce foit 5 de
,3 quelque manière que ce foit > ou
33 par don de préfent 5 ou par pro-
33 merTe pour l'avenir , ni médiate-
,3 ment ni immédiatement.
3, Que ni la Ville de Berne 5 ni
,3 aucune autre Ville ou Communau-
33 té , ni aucun Particulier^ ne pren-
33 dra abfolument rien ^ Excepté
53 feulement ce qui étoit conforme
3, au Traité de la paix générale
?3 de la SuirTc 5 ( Landsfrid ) & aux
3> autres Traitez précédents > favoir>
0) i°. la Penfioa qui eft due au
Thréfor public de la Ville de
3J Berne > pour caufe de la paix
5, co.icluë à Fribourg , entre la
France & la SuirTc. 20. Celle
33 qui revenoit de l'union hérédi-
3, taire avec l'Autriche Se la Bcur-
i-igogne* 30, Enfin celle qui reve-
?J noit des anciennes Alliances de la
» Ville de Berne avec la Maifon
L d de
2 52 Hijlôire de la R.éfcY?natio}i
I5'28." ^e $avoye * toute autre penfion
Berne. » excluë. ■
Aboli- NB. L'article de cette dernière
tio:ides fion fuc fcyé le Tuiiiec
Etran- 1 544-- If ne faut pas oublier, que
gers. déjà dès Je 24. Avril 152 à. ife
donnèrent (a) charge à- leurs Dé-
* putez pour la Diète affembiée à £/t-j
w»e , d'exhorter fortement tous
les Cantons , à renoncer à toutes
les pendons Etrangères , en leur
remontrant les dangers t , lès maux:
8c le déshonneur > qui leur en re-
venoient. J'ay raporté tout de fui-
te ce qui regardoit cette grande af-
faire s pour n'être pas obligé d'y
revenir.
Les Bernois ne fe contentèrent
pas de fai^e la Loy. Ils l'cbfir-
vérenr. Car comme il arriva qu'en-
viron le mois d'Août , le Roi de
France demanda 6000, hommes
aux Cantons enfemble , les Bernois
lui refuférent leur quote-part, ré-
pondant qu'ils s'étoient liez & en-
gagez avec leurs Sujets , de renon-
cer à toutes penfions > 6c guer-
res
(a) Bern. Inftr. A. n6.
t Schand und Schaden derhnlb emftètn*
d*»* uné Kwh f'ùrer t*>h hforgtn fn.
de la Suiffc. L I v. V, 253
res étrangères , & que * ce n'etoit 1528»
pas une cbofe qui leur convint , cIcBerne-,
donner à préfent des troupes au
Roy. Ils lui en refuférent ( a) en-
core une féconde fois, le 26. Sep-
tembre.
III. La Réformation des Bernois progrés-
eut de grandes Se d'heureufes iftldelàW-
fluences fur divers autres Etats de-^."**'
la Suuie : En particulier les Refor- Glaris
niez du Canton de Glaris prirent .
courage , (b) Se Fridolin Brunner> Pa-
yeur de Matt , étant de retour de
Berne > on brifa quelques Images
dans fon Eglife. Il y eut des gens
à Scbvvjtnden , qui forcèrent de nuit
la porte du Temple , en emportè-
rent la plus grande partie des Ima*.
ges, Se les jettérent dans la Rivière
de la Lint. Quelques jours après,
à l'entrée du Caiême ceux de
Matt , prirent aulTi la réfolution de
brûler toutes leurs Images : Se en
divers lieux le nombre des Réfor-
mez alloit en croiffant. Les Ca-
tholiques , irritez de ces change-
mens, firent convoquer une alTem-
blée
00 Ibid. p. 2.18. (l>) Hotting. 4i<5. Se fuiw
* Es.wkre ihncn nicht gtiegm, Iftffo»
,A* 100. b„
254 Hifloire de U Information
I$[28.blée générale du pays pour le 15V
Progrès Mars, & obtinrent en même temps
de la fo- un Traité, par lequel il fut dit,
tion\ QO? n* ^es Eccléfiaftiques , ni les
Claris, hahitans ou advenaires n'y aiîlfte-
roient point. Les Cantons Réfor-
mez & Catholiques y (a) envoyè-
rent leurs Députez , châcun pour
veiller aux Intérêts de fa Religion.
Dans cette affemblée les Catholi-
ques emportèrent , à la pluralité
de 33. voix, Que l'on s'en tiendroit
à la réponfe que l'on avoit faite
Lp.^y- aux cinq Cantons, l'année précé-
dente. Mais les Réformez ne vou-
lurent pas fe conformer à cette ré-
folution. Le Dimanche fuivanr,
ceux de la Paroiffe d'Elm brûlèrent
leurs Images, & ceux de Betfcbvvam
den en firent autant , huit jours
après , quinze jours avant Pâ-
ques.
Dans ce temps-là le Canton de
Claris étoit partagé en IX. Paroif-
fes. Celles d'tlm & de Mm
étoient tout entière pour la Ré-
formation, à la referve de 5. ou 6,
perfonnes. A SçhvvAnden &c Bttt-
fcbvvan- 3l
( a) Ceux de Berne eurent leurs InitrU; ï
(Bons le ii. Mars, Lillr. A p.y5..
de la Suijje LlV. V. 2 55
fibvvanden , les deux Religions I 528-
avoient chacune un fort parti , &
chacune un Pafteur particulier.
Dans les cinq autres Paroiffes, il
y avoit plufieurs Réformez , mais
les Catholiques y étoient les plus .
puifTans. Cependant les efprits
étoient fort échauffez de part &
d'autre , & les Réformez ne pou-
voient pas difllmukr le chagrin
qu'ils avoient, de la répenfe qu'on
avoit faite en dernier lieu aux V9
Cantons. Ceft pourquoi dans urt
Triple Coufetl , artembié le Mardi
après Pâques, il fut arrêté, Que
quiconque contreviendrok à la ré-
folurion contenuë dans cette ré-
ponfe, feroit tenu pour un mal-ho-
nête homme. Les Réfcrn ez pri-
rent patience > en attendant raffem-
blée géné aie , qui devoit fe tenir
le prémier Dimanche de May. Elle
k tint à S.hvvanden> Se il fut ré-
folu que les habitars advenaires
y donneroient kur fuffage. Mais
les Catholiques 3 ayant compté les
voix à l'avance , &c remarqué, que
la pluralité l'eirporteioit en faveur
de la Réformation, ne voulurent
point i'y foûmettre s & quand il
s'agit
256 Hijloire de la Kcformation
T528- s'agit d'élire des Juges , la divifion
ARIS fut fi grande qu'on ne put point
fions! convenir, & l'on fe fépara fans rien
conclurre. On convoqua donc une
autre afîembiée générale, le Diman-
che fuivant , 10e de May , & il s'y
trouva des Députez des autres Can-
tons des deux Religions. On y
lut le livre des Loix fondamentales
du pays , & l'on prê a le ferment
ordinaire d'cbferver ces Loix. Les
Réformez demandèrent qu'on leur
permît d'avoir des Pafteurs Evan-
geliques. Les Catholiques le refu-
férent , fe feparérent d'avec eux >
pour faire corps à part; & appuyez
des Députez d'Uri , ils demandè-
rent qu'on s'en tint à la dernière
réponfe , faite aux V. Cantons, of-
frant de difputer leur droit cen-
traux devant les onze Cantons ;
car ils ne reconnoilfoient plus Zu-
rich pour Canton. Mais les Réfor-
mez s'y oppoféient, difant j >,CVil
„ falloit s'en tenir à leurs Loix
fondamentales > qu'on venoit de
r> jurer, lesquelles donnent le poir-
* voir aux gens du pays, de ter-
yy min?r les affaires à la pluralité
•,,> des (uftiagcs. Ils ajoutaient, qu«
cétoit
de La Suffi. L I V. V. 2 57
>, c étoir une affaire qui regardoir f52£,
„ leur pays feul , & nul autre ; Claris
CVainfi ils ne orétendoient pas, Plv^-
— , ,i r a r/ m lions.
„ qu elle rue ponee ailleurs, que
dans raff.mblée du pays même}
>5 & qu'ils ne reconnoirToient point
>3 d'aï tre juge,,. Cette divifion
dura long-iems , &: pendant tout
ce temps-là il n'y eut dans le Can-
ton, ni Ccnfeil d'Etat ni Tribunal
de Jufiice ; parecque les Ji-ges n'é-
toient pas élus ; & que les Ca-
tholiques ne vouloient point affi-
ler au Confeil d'Etat, jufqu'à la
décifîon de la chofe } d'autant plus
qu'ils voyoient que drns ce Con-
feil le» Réformez é*oient fupétieurs
en nombre. Les Cantons s'aiTem-
bléient fouvent pour accommoder
les parties, mate inutilement; Ce-
pendant le nombre de s Réformez
s'accrut tellement dans le Bonrg de
Glaris , Oue-, vers le milieu d'Octo-
bre , ils oférent purger leurs Tem-
ples, d'une bonne partie des Ima-
ges qui s'y voyoient. lis en jet-
térent quelques-unes dans la Litit,
3c mutilèrent les autres. Les
Eglifes de Kirchenzen & de Nider-
Vrncn fumrent bien-tot leur exem-
ple
258 Hiftoirt de la ^formation
IS28. pie. Elm9 Matt & Bettfchvvanden
Glaris détruifirent auffi les Imagées > qui
étoient demeurées de refte chez
eux j à Schvvanden les Réformez
étoient fupérieurs en nombre aux
Catholiques : cependant ils convin-
rent avec eux de fouffrir les Ima-
ges » jufqu'à la fête de Noël , dans
Tefpérance que dans cet intervalle
de tems la divifion, qui régnoit
encore dans le pays,fe termineroit.
Comme le terme approchoit , &c
que les Réformez fouffroicnt beau-
coup, parceque- jufqu'alors on n'a-
voit eu dans le pays ni Confeil ni
Judicature , les Catholiques les ca-
reflerent tant, qu'ils leur accordè-
rent encore un mois de terme 5 à
condition qu'on laifTeroit à leur
Miniftre ; Pierre Rumelin > la paifî-
ble poffeflion de la maifon de Cure.
Mais Je lendemain , 21. Décembre»
les femmes s'attroupèrent, pendant
que la plupart des hommes étoient
à Glaris au marché , ÔC brifé ent
plufieurs Images. Comme les Ca-
tholiques accufoient le Miniftre de
prêcher des menfonges, il les pro-
voqua à venir dans lEglife , le 2 7.
Décembre diiputer avec lui. Mais,
au
de la Suffi. Liv. V. 259
au lieu de comparoître , quelques- I
uns d'cntr'eux , pour vanger leurs Glaris
Images? allèrent autour du Tem- J?lvi-
ple avec le tambour, pendant que lons*
les Réformez ecoient affemblez ,
entrèrent enfuite dans la maifon
duMiniftre , Se y briférent les four-
neaux Se les fenêtres. Les Réfor-
mez irritez d'une telle ii fclence,
s'en vangérent fur les Images 8c les
Autels, qu'ils détruisent entière-
ment. Les Catholiques, de leur côté,
commirent divers défordre?, Se au-
roient même rafé l'Eglife, fi l'on
ne les en avoit empêché. Ainfi fi-
nit l'année dans ce pnys-Jà.
Les choies fe parlèrent un peUBALEa
plus doucement à Baie. La MelTe
avoit été abolie dans l'Eglife de S9
Martin , Se aux Auguftins. Mais
les Images y étoient encore, * Cinq
Bourgeois , animez d'un zélé outré,
entrèrent dans l'Eglife de S. Mar-
tin, le Lundi de Pâques 13. Avril,
fans la permiflion du Magiftrat, Se
fans la participation d'Oecolampade>
Pafteur de cette ParoinVlà , Se en
enlevèrent toutes les Images. Ils
fuient
* JVurflif. Lib. VIL C. 20. Seult. p. ra.
147. Hottinir. 410,
26o Hlfloire de la i\é format ion
I 528. furent mis en piifon. Mais cela
B a l e. n'empêcha pas , qu'il ne s'en trou-
Trou- vâc 2 a autres, qui, le Lundi fui-
bies au £ 1 a > _,• •
fujecc|es vant , tirent la même expédition
images, ches les Auguftins. Les ParoiiTiens
d'Oecolampade préfentérent requêre
aux; MaginVats, pour la liberté de
ces priionniers. Ils Furent appuyez
par 290,. autres Bourgeois, qui fe
{oignirent à eux. Le Conftil ieur
ord Mina de fe rcîi-cr< n ais ils s'ex-
euférent de fc faire » j fqu;à ce
qu'on leur eût accor ê \twx deman-
de. Le Confeil relS hâ les prifon-
niers , &: en même tems donna or-
dre ) le 15. Avril , de faire ôter les
Images dans cinq Eglife^ , à S. Afar-
tin , aux Auguftins, à ï Hôpital, à S.
Léonard & aux Corde ter s j avec
défenfe ex^relTe de les ôrer dans
les aurres Temples, ou d'y Faire
aucun changement, fous une peine
arbifairej défenfe de s'injurier les
uns les autres fous la même peine >
enfin âêfcnfc d'éxcirer des fédùions
&: de faire des afTemblèes tumul-
tueufes ; fous peine de mort. Mais
les B urgeois ne furent pas encore
comensj parce qu'on ne fâtisfaifoit
pas à la requête qu'ils avoient pré-
f;ntée
de la Suifft ?LlV. V. 26î
fentée > pour établir l'union entre j 52 8*
leurs Prédicateurs. Zurich Se Berne B all
l'ayant eu avis de cette divifion3 y,,Trou*
envoyèrent des Députez, le H\fuWdes
Aviil , peur contribuer à y 1 établir images".
la paix. Ils leur donnèrent ordre
(a) en même tems de Te plaindre,
de ce qu'on avoit permis à Bile
l'impreiTion des Libelles diffamatoi-
res , que Fabcr & Eckius avoient
écrits centre la Difpute de Berne;
de demander qu'on impofât filencc"
aux Prédicateurs , qui ne tiroîent
pas leur Doctrine de la leule pa-
role de Dieu , & de propofer un
Traire mutuel d'Alliance particu-
lière & de Combourgecifie , pour
l&airïtenir la Réformation. Ces
Députtz demandèrent a'être enten-
dus devant le Grand & Souverain
Confeil. Mais comme les princi-
paux Seigneurs de l'Etat étoient en-
core bons Catholiques , craignant
que le Con'eil Souverain n'a^icât
leurs propofirio-^s , & qu'ainfi leur
R' li^ion ne fur en danger, ils i en-
voyérert honr;ê:emenr cii De; utez,
fous piéiexte qi e le Le: publiez
avoient furH/amn.tnt remédié ^1 x
défor-
[a) Brrr l.Hr.A. Il£ JlurJïijXc.
262 Hijloire de la Ré for mat ion
î528« défbrdres des Prédicateurs. Envi-
Bale. ron le même tems , Oecolampade
ayant perdu fa Mére, qui condui-
foit fa maifon , fe maria avec
une jeune Veuve de bonne famille,
mais peu accommodée de biens (4).
Bîenne La ville de Bienne avoit toujours
%eré^or' fuivi les traces des Bernois, elle
le fit aufli dans cette occafion. Le
5. Février, dix jours après la Dit
pute de Berne, le grand Confeil
de la ville réfolut de détruire les
Images & les Autels. Il fut per-
mis à chacun de reprendre les Ima-
ges & les ornements qu'il avoit
donnez aux Eglifes , & on mit les
autres à l'écart , fous une voûte,
jufma nouvel ordre: mais il n'y
eut point befoin d'ordre pour les
rendre inutiles. Quelque tems
après, on brûla les unes, on brifa
les autres ; enfin on les détruifit
toutes. Jean Wîrien fut quelque
tems feul Miniftre, &: prêchoit
tous les jours. Dans la fuite il eut
pour Collègue, un nommé W'olff-
gang , chaffé du Canton de Glaris,
ÔC enfin George Stchdi ? qui avoic
été
|>] Hotti»gA,Ç* {h) Xçct&U 3 fol. 10.
Hottiug, 41
delà Suifjc. LlV. V. 263
été Pafteur de Weinïgue* On fît 1 528.
le même traitement aux Images, à S. G al
S. Gai , à Confiance , à Lindan > & g ^
en divers autres lieux 3 après la Dif- me.
pute de Berne. AS. G al, (a) les
Bourgeois de la Paroiffe de &
Magnu$ï prièrent les Magiftrats, de
leur permettre d'ôter de leur Tem-
ple cette pierre d'achoppement ,
qu'on y avoit laiflee depuis deux
ans, à caufe des prétentions de
l'Abbé fur ce Temple. Le Magi-
ftrat le leur ayant permis ; le 2 g.
Février , pourvu que tout fe fi:
fans fcandale, ils enlevèrent toutes
les Images , & démolirent tous les
Autels a la referve du Grand-Au-
tel. Les pièces d'argenterie > qui
fervoicnt à cette Egliie, entr'autres
une main de S. AUgnus 3 qui éroit
d'argent 3 furent portées à la Mon-
noye > pour y être converties en
efpèces , ÔC diftribuées aux pau-
vres. On défendit à tous les Prê-
tres > qui étoient Bourgeois de dire
la Melfe dans la ville & dans fon
refïort. Quelques-uns d'cntr'eux,
qui croient zélez Catholiques , ai-
mèrent mieux renoncer à leur
Bour-
(*) Scnlt. 143. Hotthg. 415. 416.
264 Hïfioire de la BJ formation
S.Gai. Boiirgetniie que d'cbeïr , & re-
tirèrent dans l'Abaïe. Les Con-
seillers , qui étaient encore Carho-
liques, furent privez de leurs ËmJ
plois , cependant fans préjudice de
leur honneur.
Ré for- L'exemple des Bernois fer vit
nmtion d'encouragement à ceux de
ihouse. Aiu\lbou\2. Il y avoit deja cinq ans,
qu'on y avoit aboli la Mefle , les
ordres Religieux , Se le Célibat
des Ecdéfiaftiques : Mais à caufe
des vives follicitations des Can-
tons, &c des menaces de leurs voi-
fins > ils n'avoient pas ofé toucher
au rsfte. Cette année ils repriient
(à) courage , &c témoignèrent tant
d'ardeur à purger leurs Temples
d'Im. ges , qu'ils n'épargnèrent pas
même les vitres peintes des fenê-
tres. On épargna avec grand peine
Lettre celles de YEgkk Parôiflîajé*
de l'Ein. Cependant l'Empereur Charles
aST" V' ^riyTt de Barges en Efpagne, {h)
Cantons aux deux Cantons d'Uri 6c de Se-
Catholi- leurre , & apparemment aufïi aux
^ucs' autres Catholiques , le 3. Février,
pour ! s iouër & hs remercier de
leur zèle pour la Religion Romaine.
Ilavoi*
[ >] Hott'wg* 424, {b) Hctting, 42,3.
de la Suffi. LlV. V. 265
Il avoit railon, car ces Meilleurs ne I $2 8.
|i s'épargnoient pas. Ils étoient toû-
I jours à l'affût , pour s'oppofer aux
S prétendues héréfies , qui fe glif-
I foient dans les Seigneuries com-
[ rnunes. Mais au lieu que les Zu«
ricois avoient été méprifez jufqu'a-
t lors j la Réformation étant défor-
i mais appuyée par les Bernois 5 les
affaires des Réformez s'y avancé-
j rent heureufemenr. Car comme à
I Bremgarte, les Bourgeois eurent xt-Kffor^-1'
connu la vérité, par la lecture deg^EM_Ci
l'Ecriture Sainte & des Livres Evan- garte.
geliques 5 les Cantons de Lucerne^
Uri , Scbvvitz > & Claris 3 follici-
rez par Honegker , Avoyer de la
ville 3 y envoyèrent une Dépura-
tion , avec ordre de retirer tous
les Nouveaux Teftaments & les Li-
vres Evangeliques d'entre les mains
des Bourgeois , dans le deffein de
les envoyer enfuite à Bade. Mais
Zurich &c Berne en ayant eu avis>
y envoyèrent auiïi leurs Dépu-
tez , pour empêcher l'exécution de
cet ordre. Et la chofe en refta là
pour le coup. A cette occafion les
deux Cantons demandèrent aux
autres, qu'il fût permis dans leurs
Tom. IL M Seigneu-
2lS6 Hlftoîre de la déformation
1 528. Seigneuries Communes de lire U
Sainte Ecriture, d'entendre prêcher
la parole de Dieu, de manger gras
dans les tems défendus > & toutes
les autres chofes qui ne font pas
défendues dans la parole deDieu>
Se de ne point châtier les Prédica-
teurs , qui régloient par cette pa-
role, leur Doctrine Se leur vie.
Affaires *V\ Tandis que tout étoit en -
de Ge- mouvement dans la SuifTe , pour
neve en la Réformâtion de l'Eglife, les Ge-
nevois s'en donnoient de leur côté
pour le maintien de leurs franchi-
ïes Se de leurs libertez , Se pour
fe garantir contre les furprifes Se
les attaques du Duc de Savoye Se
de fes partifans. On a vu ci def-
fus à Tan 1526, en abrégé, ce qui
s'eft paiTé entre ce Prince Se eux,
des Tan 15:11. jufqu'à la Conclu-
jfion du Traité d'Alliance Se de
Combourgeoifie , qu'ils contractè-
rent avec les deux Cantons de
Berne Se de Fribourg , Se quel-
ques - unes des fuites qu'eut cette
Alliance. Quatre ans fe paflerent
des-Ià dans des agitations perpé-
tuelles , entre le Duc Se les Gene-
vois s Se en plufieurs négociations
qui
de la Suîjje. Liv. V. 26j
'qui furent toutes infru&ueuies. Le Affaire
Duc auroit bien vouiu employer ^e
la force , pour réduire les Genevois _
à Ton obeïfiance, mais il craignoic
les Cantons , 3c en attendant une
occafion favorable, il leur faifoit
fecrettement tout le mal qu'il pou-
voit, & les harceloit par divers
endroits. Il arriva même une fois,
que les Savoyards ayant apris
que l'Evêque de Genève, Pierre de
U Beatime , vouloit fe retirer en
Bourgogne le 13. de Juillet de l'an
1527. * le Capitaine des Archers
du Duc fît une confpiration , avec
quelques Gentils - hommes , pour
S'enlever à la porte de Genève,
quand il fortirci: , 3c le conduire
■ Chamberi, eu le tuer. On de-
voir furprendre en même tems la
ville, &; égorger les Confeillers
avec quelques-uns des principaux
Bourgeois. Mais cette confpira-
tien, ayant été découverte échoua;
les Genevois en donnèrent in-
ScfTamment avis à leurs alliez de
Berne & de Friboure, •+ L'Evêque
ayant pris fon teins fe retira en
Bourgogne. Il avoic fouhaité d en-
M 2 'treï
* Refit II. 17. 18. t Bern. Inftr, A. 31.
268 Hifloire de la Réformation
Affaires trcr dans le Traité d'Alliance des
de Ge- Genevois > avec Berne &cFribourg>
neve en . , „ ^ *•
fr27 mais *es ^ernois Ie lul avoient *
réfufé. Pour y entrer par un au-
tre endroit , ce Prélat , quelque
tems avant fon départ , fit alTem-
foler le Confeil général , le 15.
Juillet. Il s'y trouva en perfonne,
& y paffa trois Actes ; le ier- pour
approuver &C confirmer l'Alliance
faite avec les Cantons ; le zd- pour
demander la Bourgeoifie de la
ville, qu'on lui accorda , & le }e"
pour céder aux Syndics & au Con-
feil la connoiffance des caufes Ci-
viles, t Cependant s'étant brouillé
enfuite avec la ville , au commen-
cement de l'an 1528. il fit afficher
aux portes des Eglifes une révo-
cation de ce pouvoir , qu'il avoit
donné 5 mais on s'en moqua. Les
Genevois de leur co:é 5 charmez
de la douceur de la liberté dont ils
jouifToient, Se la comparant avec
ïefclavage ? dans lequel le Duc les
avoit tenus > ne lui vouloient plus
^'^i"" fien accorder. Les Alammdus, ban-
ations . ,
entre nis de Genève , portèrent leurs
\csGene- plaintes à Berne > contre leurs Con-
f»»l*\ 1 *jML zO. b. t Rofit. Liv. IL Ch. 17.
de la Suijfe. LlV.V. 2 69
citoyens \ & les Bernois ayant in- Affaires
. , 1 ^ i z. de Ge-
vite les Genevois a envoyer uneNEVEen
Dépuration à Berne > pour chercher 15 2.7-.
les voyes d'un accommodement
amiable avec ces gens-là; ce diffé-
rend fut examiné le 25. Août 1 527,
dans le Confeil fouverain de Berne,
qui , pour réunir les parties , prc-_
nonca ; * „ Que 18. des principaux
>, Mammelus , qui étoient les plus
yy coupables? ne pourroient jamais
yy rentrer dans Genève, &; qu'ils
^ payeroient à la ville de Genève
y, 20. Mille Ecus d'or pour tous
yy dommages & intérêts , moyen-
yy nant quoi la ville leur relâche-
yy roit les biens, qu'elle leur avoit
arrêrez 'y & les autres feroient
yy reçus en grâce , pourvu qu'ils
3, juralTent fidélité à la ville , com-
>3 me bons Citoyens , & qu'ils fit
yy fent les autres fatis fa&ion s rai-
„ fonnables „ . Mais ni l'Ambaf-
fadeur du Duc de Savoy e, ni les
Députez de Genève , ne furent
contents de cette décifïon , deman-
dant un jugement de juftice. Dans
le même tems le Duc reçut une
nouvelle mortification à Genève,
M 3 L'an
* 9. Arch. Info. 41.
270 Hijloire de la Réformât ion
Affaires T > -i • c - c
de Ge- ^an l*il9' " avoit fait mettre les
KEvt en Armes en fculpture far le frontis-
1527. pice du Château de Tlsle. Quelques
me* fj~ ^*enevo*s » aidez par les domcfti-
Duc *1 *iues ^e 1 Eveque > (a) allèrent les
batuès à arracher de nuit, le 5. d'Août 3c
Geneye les jettérent dans le Rhône. Ils
perfiftérent auiïi dans leur anime-
îîté contre les Mammelus exilez,
& 3 quelque inftance que fiffent les
Bernois > pour qu'on accordât
grâce, du-moins à ceux d'entr'eux
qui étoient les moins coupables,
ils ne voulurent jamais y confen-
tir. Bien loin de là , ils conhTqué-
rent tous les biens , {b) qui pou-
voient leur tomber entre les mains.
Les Mammelus , ne trouvant pas
leur compte avec les armes char-
nelles , cherchèrent les Spirituelles»
& recoururent à l'Archevêque de
Vienne , comme Métropolitain de
Genève. A leur follicitation , ce
Prélat excommunia les Genevois,
tant le Magiftrat que le Peuplé.
Mais le Confèil Général de la Bour-
geoifie , aflemblé le 29. Décembre
1527-.
W Ibid. p. Ï3« &■ Stetl. 6yi. Chr. Rofet
II. 20. ik) B. Arch. Lut, Miff.274- Chr..
de la Suijfe. Ll v. V. 27 1
1Ç27. défendit, fous de rigoureu- AfFa
fes peines , de reconnoître à lave- *
nir l'Archévêque de Vienne , & fa 3
Gour fpirituelle , & d'obéir même
à aucunes lettres Apoftoliques, qu à
celles qui viendroient immédiate-
ment de leur Evêque. Cette ty-
rannie des Eccléfiaftiques aigrifToit
les efprits , Ôc les difpofoit à écou-
ter les Do&eurs de la Réformation.
Cependant le Duc , voyant qu'il
rTavançoit rien par la voyc de la
négotiation , penfa à prendre Ge*»
neve par force > animé par le bon
fuccès de l'Empereur Charles V>
fon Beaufrére, qui venoit de pren-
dre Rome. Il fit donc grand amas
de gens de guerre, pour battre Ge-
nève tout de bon , & tenir tête
aux Canrons , qui vouloientla foûj
tenir. Mais peu de tens après,
comme il étoit piêr à faire mar-
cher fts troupes, la guerre fe ral-
luma de nouveau entre l'Empereur
& le Roi de France , Se celui - et
même lui demanda paffage par la
Savoye, pour fon Armée. Ainfï
voyant que la conjoncture ne lui
étoit pas favorable , il laiffa les (a)
M 4 armes
(a) Utl pag. 4fl>.
272 Hidoire de la Réformatioit
1 528 armes pour reprendre la voye de
wfxNEvEia négociation. II âfm donc des
AmbafTadeurs à Berne, au commen-
cement dé l'année 1528. pour por-
ter de nouvelles plaintes contre
les Genevois. Les Bernois en écri-
virent (le 20. Janvier ) à leurs Alliez
de Genève , leur marquant jour-
née (a) au Dimanche fuivant de
Littare, pour paroître par leurs Dé-
putez 3 avec ceux de S. A. & ré-
pondre à ce qui leur étoit im-
pofé.
Journée La journée ayant été remife à
à Payer- Payerne , au p. ou 10. de May,
les Bernois y envoyèrent cinq Dé-
puter , & les Fribourgeois un pa-
reil nombre, pour entendre les Dé-
putez du Duc & ceux de Geneve3
& travailler à pacifier leur diffé-
rend. Les Bernois (b) confentoienr,
que Ton diminuât la fomme de 20.
Mille Ecus , qu'on avoit impofée
aux principaux Exilez >• mais ils
vouloient auflî que les Genevois ne
fuffent point contraints à recevoir
ceux des Exilez, qui avoient com-
mis de grands crimes $ enfin ils
VCU-
fa) B. Arch. Latin. Miff. 1. C
(*) JtoUnftr. 15p.
deUSuiffc. Llv. V. 273
vouloient qu'on examinât les Droits 1 52 8-
du Duc pour le Vidomnat , 8c qu'on Gesbye
les lui laifiât , au tant quils ne
feroient point oppofez aux privi-
lèges de la Bourgeoifie. Mais cette
journée fut aufïî infru&ueufe, parce
que TAmbarTadeur du Duc ne vou-
lut point y comparoître > ni faire
voir les Droits de fon Maître pour
le Vidomnat de Genève; c'eft pour-
quoi elle fut remife à Fribourg au
$0. d'Aouft > où les Bernois (a) en-
voyèrent auiïl quatre Députez.
Cependant il fe fît au pays de Ligne
Vaud (en Oftobre 1 5 1 7) une confpi- d? GLtn'
ration de toute la Nobleiie contre mgsdeU
Genève, qui caufa de grands maux. CutilUn
On Tappella la Confpiration de U
Cueillére parce , dit-on , qu'ils^ l a-
voient faite en mangeant du ris à
la Cueillére , au Château de Bur~
finel , (b) chez un des principaux,
&c quils prirent pour marque de
leur Confrairie une cueillére d or eu
d'argent , qu ils s'obligèrent de por-
ter pendue au cou , attachée à un
ruban, fous peine à celui qui éreie
fuipris Uns la porter, de payer une
M 5 certaine
(*) Ibi.i. 10;. [b) Leti 4;y. 460. StHmjf.
M^Cj. 2'komj.JJlt p. 3.
274 Hijloire de la RJ formation
1528. certaine Amende, applicable au pro-
Gene ve fît de la Compagnie. Cette Com-
pagnie étoit compofée de plus de
foixante Gentils-hommes , tant du
pays de Faud , que de la Savoye,
depuis Moudon jufqu'à Chamberi.
Ils avoient pour Chefs , François de
PowN/^rre,Gentil-homme Savoyards
Ain bel Manger od> Baron de la Sarra,
& Henri de Cojoney Seigneur de Sj
Martin. C'étoit une efpéce deChe-^
Valérie , où il n'entroit que des
Gentils - hommes , iujets du Duc.
Ils tenoient chaque année leurs ak
femblées à Nyon > le premier de
Janvier $ & leurs affemblées du-
roient quelque fois plus de huit
jours. Ils s'y occnpoient à termi-
miner les différends qui arri voient
entr'eux , Se à former leurs déli-
bérations. Ils fe gardoient tous une
grande fidélité (a) Se fi l'un deux
étoit offenfé par quelqu'un, qui ne
fût pas de la bande , tous les au-
tres lui aidoient à le vanger, ou à
lui faire rendre fatisfa&ion. Les
Evêques de Genève & de Laufanne
entrèrent dans cette confpiration »
ôc on les accula même avec beau-
coup
M MSC. ThomX c.
'delà Suffi. Lit. V. 275
feoup de vraifemblance d'en avoir 28.
été les (a) Autheurs. Genève
D abord ces Gentils-hommes Jt--
ren: amas de monde^'&j conduits par
les Gens de l'Evêque deGeneve5lans
attendre rifluë. des journées donc
f ai parlé, marquées à Payerne &: en
fuitte à Fribourg > ils fe mirent à
faire des courfes autour de Genève*
commettant diverfes hoftilitez con-
tre les Genevois , jufques-là qu'ils
en pendirent un jour dix-fept tout-
à-la fois (b) proche du Pont d'Ac-
ve le 16. Novembre 1527, Les
Genevois recoururent à Berne & à
Fribourg , pour avoir du fecours.
Les deux Villes qui ne vouloient
pas rompre avec le Duc > fe con-
tentèrent d'envoyer à Genève qua-
tre Députez chacune > pour appai-
fer les troubles par leur autho-
rite j mais cette Dêputation ne pro-
duifit pas un grand effer , étant fort
ordinaire, dit Leti (c) , que U lan-
gue d'un Ambajfadettr ri épouvante pas
l'épée d un bon foldat.
Les Genevois fe plaignirent par-
M 6 ticu-
r«] Bullitif. Hift.'Rcform. MSC-H. 60.
Turret. Réf. MSC
(b) B. A»ch. Lat.MifT.285. bi
(0
276 Hijloire de la Rêformation
1528. riculiérement de leur Evêque , qui
Genève fè déclaroit leur ennemi , au lieu-
Mauvai- cqu^il auroit dû fe joindre à eux. Il
duitede envoya à Berne ( en Juillet ) un
l'Evéque Député , nommé François de Mon-
de Gem~ dalla , pour f« juftifîer , & pour
accufer les Genevois. Les Députez
de ceux-ci fe défendirent. La conclu-
lîon fut. Que les Bernois écrivirent (le
31. Juillet) à l'Eveque? pour l'éxhor-
ter à faire la paix avec fes Sujets, &
à les traiter favorablement 3 le me-
naçant qu'à défaut de cela > (^) ils
donneroient à leur Combourgeois de
Geneve,le fecours qu'éxigeroit d'eux
leur Combourgeoifie.
Pendant toutes ces agitations , le»
1 çom_ fentimens des Réformés fe répandi-
mence- rent dans Genève. Et comme les
ment de Eccléfiaftiques y étoient fort mé-
mationà Pr^ez à cau^e ^e ^eur ignorance y
Genève. & de leur corruption , l'on ofa ré-
voquer en doute les doctrines qu'ils
enfeignoient , & l'on fe mit à dis-
puter fur les dogmes >- qui parta-
' geoient l'Allemagne. En particulier
l'Evêque s'y étoit rendu fore
odieux > par une infamie dont il fe
cou-
(*) B. 4rck. Ut. Mitt.lc* :
delà Suffi. Lrv. V. 277
couvrit, ayant {a) enlevé en Carê- 1528*
me ( Tan 1 527. ) une fille de bonne Genève
Maifon. Cet enlèvement fît grand Attentat
bruit ; le Peuple s attroupa autour ^L de"*
de la Maifon de l'Evêque , & l'o- Genève,
bligea à rendre la fille à fes parens.
Vers le commencement de Tan 1 528.
on s'échauffa particulièrement fur
deux articles 3 la Réforme du Cler-
gé &: la défenfe de manger de la
viande en certains tems. Néan-
moins le Confeil défendit , fous de
grofles peines , d'en manger dans les
tems défendus.
J'ai remarqué ci-deffus , .' que les
Mammelm éxilez recoururent à Vien-
ne en Dauphiné > & qu'ils y ob-
tinrent de la Cour Archiépifcopale >
un Décret d'Interdit > contre la Vil-
le de Genève j mais que ce Décret
n'eut aucune fuite. François Bon- Difcoin j
nivard Prieur de S. Vïiïor , allant ^Ll^
à Berne avec les Députez de Gene- f0is Boni
ve j trouva ce Décret affiché aux nivard..
portes des Eglifès,dans les Villages,
qui étoient fur la route. Il voulut
le lire. Un des Députez lui ayant
remontré , que s'il le lifoit, il tom*
bero ..c
' (*) Scuît. II. 351. Spanhàm il, Chron>
Pfiiï IL 15,
278 Hiftoire de la Rêformation
F528 . bsroit fous l'interdit , le Prieur»
Genève homme fage & de grand fens , lui
Dilcours répondit , \a~] Si vous avez banni les
de Fran- Mammelus fans caufe , vous êtes vous*
pi* B 07i- mêmes excommuniez de Dieu; & ces!
mvard. j"a malédittion que vous- devez crain»
dre , & non celle des hommes. Si vous
avez eu raifoïi de le faire , l'Arche'
vêque na aucun pouvoir fur vos conf
àences. S'il vous excommunie , le Pa*
pe Berchtold , [ entendant le Ré-
formateur de Berne , ] vous en av**
faudra facilement. Et fâchez que la
confeience ne reconnoit aucun autre Tri-
bunal , que celui de Dieu > Que ni le
Diable , ni le Pape ne peuvent faire
aucun mal , qua ceux qui les craignent*
& que leurs foudres ne peuvent faire
autre chofe que du bruit. Ces dis-
cours du Prieur, joint aux exhor-
tations de ceux de Berne , donnè-
rent aux Genevois le courage de fé-
coiier le joug du Pape, long-tems
avant que d'abandonner TEgllfe Ro-
maine. Déjà dès cette année il y
avoic dans Genève un petit nom-
bre de Réformez > qui avoient deux
des Syndics dans leur parti, /àvoir>
Besançon Hugues, & Etienne
Ma.-.
£|] Spanheim Gcn. Kêftit. .&fci* .
'delà Suiffc. Liv. V. 279'
Macheret. Au commencement de \ J28-
cette année , ils avoient envoyé à Genevi
la Difpute de Berne , [ où ils fu-
rent aufïl invitez ] trois de leurs
Théologiens , avec le conientement
(a) fécrer de TEvêque, Ces 3. Théo-
logiens étoient le Chanoine De Fer-
nez , Jean le Fevre , Prévôt des
Macchabées 3 & le P. Az.ier , Cor-
delier. Après la conclufion de la
Difpute., quelques mécontens du
Canton de Berne allèrent à Genève,
& y parlèrent fortement contre la
nouvelle Reforme. D'autre côté 5
divers Bernois Reformez, Marchands
ôc autres y allèrent suffi , &c Te mi-
rent à parler contre les abus du
Clergé , contre la défenfe de la vian-
de , & d autres chofes femblables >
tellement que les Prêtres perdirent
beaucoup de leur crédit dans Telprit
[£] de quelques Genevois. Les Fri-
bourgeois, aprenant ces chofes, en-
voyèrent des Députez à Genève-*
les ménaçant de rompre leur alliance.,
s'ils abandonnoient l'ancienne Religion
que leurs Ancêtres avoient fuivit depuis
tant de Siédes > pour en embrajfa une
71 OU-
ta) Ceft ce dit Lcti p. 4tf8. 4^. mais il
y a lieu d'en douter, ( ê} l.c.
2 80 Hijloire de la Réformatîon
1528. nouvelle , qui riétoit que la production
Genève de la jaloufie & de la vengeance d'un
URéfor- ^p0/}at 9 comme Luther. D'autre cô-
combat- te 'es Bernois y envoyèrent des De-
tuë à putez , qui ne travaillèrent pas avec
^a^les mo*ns ^e cna^eur 3 à entretenir les
Prl^r- Genevois dans les bons fentimens ,
geois. qu'ils avoient pour la Réformation.
Ils leur répréfentoient , Que l'Eglife
en général , & en particulier celle de
Soute- Genève 3 avoit trop befoin de Réfor*-
nue par mation ■> pour négliger de mettre en
ï2otfer' œuvre les moyens qui fe préfentoient à
eux y Que d'ailleurs , pour avoir un
bon rempart contre la violence de leurs
ennemis > qui et oient puijfans , il faloit
travailler a s'attirer la faveur de Dieu,
qui étoit plus pui/ant queux tous ; &
qu'il n'y avoit pas de meilleur moyen
pour cela > que d'abolir les abus de l'E*>
glife & les fuperftitions, pour la ramener
a l'ufage des Apôtres &c.
Ces répréfentanons > fi oppoféeSj
de deux Cantons alliez, de l'a-
pui defquels on avoit befoin, in-
triguèrent beaucoup les Genevois ;
&C entretinrent la divifion parmi
eux j de forte que fi Dieu n'eût con-
fervé cette Ville 3 comme par mi-
racle
de la Suffi. Liv. V. 28 ï
racle, elle {a) feroit fouvent tom- 152g,
bée au pouvoir de fes ennemis. Genève
I Ainfi les uns demandant la Réfor- J^j^^"
mation de quelques abus , & de Bonn^
certains défordres du Clergé , les vard*
autres s'y oppofant , ils convinrent
de confulter le Prieur de S, Viclor ,
| dont la fagefle de la prudence, auffi
bien que la probité , étoient recon-
nuës de tout le Monde. Il leur ré-
pondit (ù) : , y Qu'il éroit à fouhai-
ter , qu'il fe fît quelque chan-
v gement dans l'Eglife , mais u"sa^»-
3, changement qui confiftât' à corri-/?.
5, ger le mal , & non pas à le dé-
3, guifer : Que véritablement on
3, avoit befoin de Réformation ,
5, qui n'étoit pas feulement nécet
35 faire pour le Clergé , mais aufîi
s, pour ceux qui la fouhaitoient :
9, Que fi les Eccléfiaftiques étoient
„ coupables de quelques péchés, il
3> y en avoit plufieurs d'entre le
35 Peuple 3 qui étoient dans le mê-
3, me cas ; Que des gens qui étoient
3, couverts de défauts > n agiiToient:
pas prudemment de confeiller une
%> réforme , & qu'ils ne pouvoient
pas
( * ) Leti 464.
282 Hiftohc de la BJformation
Ï 52S. ,: pas l'entreprendre avec fuccès :
Genève 3) Que ce que Ton haïiToit dans le
33 Clergé , ce n'étoit pas tant leurs
?J crimes , que leurs brigues : Que
Ton ne demandoit pas la fin des
3> vices > mais celle des vicieux ,
95 non pas pour qu'il en arrivât du
35 bien à la Ville , mais à ceux qui
y, vouloient pouvoir vivre dans là
33 débauche fans concurrens : Qu 'ils
3, dévoient bien penfer, que quand
33 ils auroient chalTé leur Clergé , 3c
o> reçu les Minières à fa place, ceux-
33 ci n'auroient pas pour leurs déré»
3, glemens , ia même connivence»
3? qu'avoient les Prêcres \ parce que
n le Ciergé Romain étant corrom-
33 pu , comme le refte d.s hommes,
?3 toleroic bien des chofes , que les
3> Minières ne toleroient point : Que
s, les Prêtres preffoient TobéilTa^ce
aux ordres des Papes , & négir-
,j g^oient les Commandemens de
3, Dieu, mais que les Miniftres ne
3, rvcevoient que les Commandé-
es mens de Dieu 5 & ne faifoient
», aucun cas du refte. Qu '\\s devoi-
sy ent donc bien s'examiner , s'ils
fe propofoient de réformer leur
3, viea aufll-bien que leur doctrine:
fia
de la Suiffc. Liv. V. 253
55 fi c'étoic là leur deffein , ils ï J2S-
>, pouvaient mettre courageufement Genevi
s,la main à l'œuvre, finon, qu'ils
ne dévoient plus parler de réfor-
y, me : Que s'ils vouioient vivre,
3, comme ils faifoicnt , ils ne de-
voient pas être furpris > fi les au-
très nevivoient pas mieux qu'eux:
55 Que fi donc ils vouloient rêfor-
3, mer le Clergé , il êtoit néceffaire
5, qu'ils donnaient un bon éxem-
„ pie, eux qui étoient les Chefs ,
5,6c qu'il n'y avoit point de meil-
leure reforme , que de commen-
5, ccr chacun par foi-même. Par de
tels difcours il rabattit un peu
les empreflemens des plus échauf-
fez.
Parmi tous ces Contraftes , le
Duc ne s'endormoit pas. Perfif- Mouve*
j i i r i • j> • îr.ens du
tant dans la relolunon d avoir Ge- £UQ je
neve , par la rufe , ou par la for- Savoye
ce , il amaffa du Monde , & fît fai- «*ntrc
re quelques courfes fur les Gene-
vois. Ceux - ci (a) recoururent à
leur Alliez de Berne & de Fribourg,
&C les preiïerent tant , que quelques
volontaires paflercnt à Genève , à
l'indu Se fans le confentement de
leurs
W) Stit, T.II.51. b. ChtOû. Rofit. U.ïU.
284 Hifioire de la Réformât ion
I 528- ^eurs Seigneurs , Se non pas en-
Genève voyez par leurs Supérieurs 5 com-
Mouve- me l'écrit * Let'u Mais on leur
mens du ^Cïlvlt fortement , de ne faire tort
,Ducde x r . . ,
Savoye a 9U1 ^ue ce *01t » °*âns cette expe-
concre dition , de payer leur dépenfe > 3c
G^eve, ne pomt fortir de Genève en
armes, fous l'obligation fermenta-
le , qu'ils avoient à leurs Seigneurs
&c Supérieurs. Ils oblervérent éxa-
ctement cette ordonnance j & quel-
que tems après ? ils s'en retournè-
rent chacun (a) chez foi. Cepen-
dant les Cantons de Berne & de
Fribourg s'employèrent , de toutes
leurs forces, à faire obtenir une bonne
paix aux Genevois. Il y eut une
journée à Berne , le 24. Décembre*
où , à la Requête des Genevois >
(b) les Bernois jugèrent, que le
Duc de Savoye produiroit fes tî:resa
& fes droits, touchant le Vidom-
nat de Genève. La Sentence étoit
jufte , néanmoins elle fut rejeïtée >
& * les hoftilitez continuèrent. C'eft
affez
* p. 4<5Z. (m) Leti 462.
(b) Bern. Inftr. B. 2J<>.
* Leti dit, pag. 466. que l'on conclut
à S. Julien une Trêve de deux ans, qui fut
fîgr.ée le jour des Rois de l'année fiuvante
1^9. Mais je ne trouve point ce fait dans
mes Autheurs, ni imprimez, ni manuferits..
de U Suitfe. LlV. V. 28 5
aflez parlé de Genève. Retournons
dans la Suifïe Allemande , & voyons
ce qui s'y paffoic en matière de Re-
ligion.
V. Les Seigneuries communes du
ïburgavv & du Rheinthal firent pa- ^/
rcîcre cette année -là beaucoup de entre les
zélé pour l'Evangile , nonobftant Cantons
les violentes oppofitions qu'elles Roiijjon
avoient à erTuyer. Quelques - uns des
Li) des Cantons , Seigneurs du gnsur"s
rr., r j r» commît-
Thourgaw , nrent ordonner aux Pa- ^
roifles qui avoient des Pafteurs Ré-
formez de les chafler. Mais les Zu-
ricois écrivirent an Baillif du pays,
de laiffer les Minières en repos. Et
comme dans une Diète le Baillif
porta cette affaire devant les Can-
tons , les Bernois n'y voulurent d'a-
bord avoir aucune part , (b) ni s'op-
pofer à la pluralité des fuîTrages
des Cantons j ni de ceux du pays.
Mais quelques tems après, ils chan-
gèrent de fentiment , à l'égard de
ce dernier article, ils fe joignirent
aux Zuricois le 16. Octobre, pour
déclarer aux autres Cantons; Ou\\s
j) ne foufrriroient point , qu un Peu-
ple
(.*) Hottlng. 414.
M Inilr. A. IOO. b.
286 Hlflolre de la Information
t-"vo >> pie qui leur étoit aflujetti, aulfr-
•S ?" 5> bien qu'aux Cantons Ca;holiques,
rww » & louhaicoïc -qu on lui pie-
entre les char purement l'Evangile, en fut
panj°ns » empêché. Les Catholiques rejette-
Religion 3> rent hautement cette propofuion,
des S«- » difant , > quand une chofe
gveurtes 3j avoit pafTé entre les Cantons à
nés. ' >y k pluralité des voix , il faloit
>5 que la .partie la plus foible s'y
5, fournit. Zurich & Berne , ré-
3, pondirent ; Que, quand il s'agi-
5, roit d'affaires temporelles , enrr -
55 autres de celles qui ètoient corn-
3> prifes dans leurs Alliances, ils ne
:> s'oppoferoient point à la plura-
Z lire des fiifFrages mais Que la
3> Parole de Dieu ne peut point
,> être foûmife au jugement & aux:
35 fuffrages des hommes ; du
3, refte ils n'avoient point deffein de
3, contraindre perfonne à embraffer
3> leur Religion , comme on les en
3, aceufoit , mais feulement qu'ils
3, ne fouffriroient point 5 que dans
les Sc'gneuries Communes , les
3, Paroilîes qui fouhaitoient £Von
*Jeur prêchât le pur Evangile > en
5, fu lient détournées par la violence,
33 ou qu'on les maltraitât pour ce
fu-
deUSuiffc. Liv. V. 227
„ fujet. Enfin BaU , Sihaffhoufe $C
Apvcnx.tll , interpoférent leurs bons ^ '
J- i i u r Can-
omces pour accommoder la cnolc, 10NS.
tellement que la difficulté n'alla
pas plus loin, (a) Ce qu il y eut
de particulier dans cette occaiion -,
c'en: que le Roy de France fit ex-
horter les Suiffes à demeurer étroi-
tement unis. Un Lecteur judicieux
comprend aifément > que ce n'éroit
pas par affection pour eux , mais
parce .qu'il avoit befoin de leurs
troupes. Les Communautez de
Steckborem y [b~] Ermatingen 3 Arbon?
mpfcbacb , & quelques autres , qui
( à la referve des deux premières,)
appartiennent ou a rÈvêqie de
Conftance , ou à l'Abbé de S. GaU
convinrent à la pluralité des furfra-
ges , d embralïer l'Evangile ; & en-
votèrent des Députez à Zurich ,
pour demander la protection de cet-
te Ville. Les Zuiicois écrivirent à
ces deux Piciats , en faveur de ces jf^fl
' , de la Re-
Communautez. Dans le même tems jorma-
Aitlictten de quelques autres Com- J'**darw
munautez du Fbeintbd tcoutoient \y^ein-
avec un grand fruit les Prédications
de
(*\ Hùtin". QL<t
CAJ ^- ibid. & fuiv.
288 Hijloire de la Réformation
de Pelage Am-Stein, Pafteur de
Dans les Troguen , au Canton d'Appenzell. Et
rhTcom- ceux d' Alt sletten demandèrent unMi-
munes* niftre aux Zuricois, qui leur envoyè-
rent Jean Valentïn Fort-muller (a) >
de Waldshout, Les deux Prélats,
au lieu de répondre aux Zuricois >
écrivirent aux V. Cantons , pour
les exhorter à ioûtcnir chez leurs
Sujets la Catholicité chancelante ,
les affurant que s'ils ne s'oppofoi-
ent pas de vive force aux nouveaux
Prédicateurs, c'ètoit fait de l'ancien-
ne Religion dans le Tljourgavv 3 le
Rheinîhal , & les terres de F Abbaye
de S. Gai. Là-deflus le Baillif* du
Thourgaw convoqua à Fravvenfeld)
pour le 10. Novembre , tous les
Seigneurs de fa Jurifdiction tant Sé-
culiers , qu' Eccléfiafhques , & les
Députez des ParoilTes. Les Dépu-
tez des VII. Cantons s'y trouvè-
rent ; & tout cela fe fit fans la par-
ticipation des Zuricois , comme s'ils
n'avoient pas eu autant à comman-
der en ce pays-là , que les autres.
Mais* ils ne laifférent pas d'y en-
voyer un Député, pour parler aufîi
de leur part aux Communautez a£
fem-
1*) Li. ibU.
de la Suijfe, Liv. V. 289
femblées (*)• Il fe fit une autre af- ï 528»
fem-blée le 30. Novembre, où les
Députez des V. Cantons exhortè-
rent les Communautez à perfèvérer
dans la Religion Romaine ; & à
prêter main forte au Baiilif, quand
il voudroit punir les contrevenants,
les affinant de leur protection , au
cas qu'on en vint à une guerre pour
ce fujet. Les Députez des Commu-
nautez répondirent , qu'ils éxami-
neroient cette demande, & qu'ils
fe rendroient à Weinfelden , au bout
de huit jours , pour apporter la ré-
ponfe de leurs Paroiffes. Cepen-
dant la Réformation croiiToit toû- Progrès
jours dans le pays. A Fravvenfeld deRefor*
Se dans la plupart des Eglifes du m^°s\
Tljourgavv (b) on abolit la Mefle , ThourS
les Images & les Cérémonies Pa-^v.
pales. A Arbon cela fe fit le 5.N0-
vembre. Ceux de Afammeren jette-
rent leurs Images dans le Lac. Un
Moine SuiiTe , nommé Lang , a eu
l'extravagance d écrire , Que dans
cette occaflon l'Image de S. Blaife
setoit tenue débout dans l'eau, fie
avoit traverfé le Lac à la nage, juf-
Tom. II. N qu'à
(<i> Jd. pag. 41 6,
Vf M. pag. 416.
2 90 Hiftoire de la Réforœation
ï S2S. qu'à Catahorn. Quand le jour de
Progrès laffemblée du pays fut venu , il
deRefor. s'v trouva des Députez de Zurich
?W- & de Berne M <3ui exhortèrent ce
gaw. Peuple à ne point fe départir du
bon voifinage 3c de l'amitié qu'ils
yy avoient cultivée de tout tems avec
j, les Zuricois ; & les affurérent ,
yy Qi/h. la vérité ils ne vouloient
contraindre perfonne à embraf.
yy fer leur Religion-} mais ^/5ils
yy avoient promis leur protection
yy aux Eglifes , qui fouhaitoient
yy qu'on leur prêchât le pur Evan-
yy gile, & Qu'on ne fouffriroit plus>
yy que perfonne fut maltraité pour
yy caufe de Religion , dans les Sei-
yy gneuries Communes. Ainfi la
plus grande partie des Communau-
tez de ce pays-là fe déclara pour la
Réformation 5 en proteftant > Que,
quant au refte , ils s'aquiteroient
toûjours envers leurs Souverains
Seigneurs , de tout ce qu'iîs leur
dévoient , comme de fidèles Sujets.
La Réformation fit aufîi des progrès
au Rheintbal , tellement que ceux
d'Altftetten brûlèrent leurs Images
le 30. Novembre (b)
On
p. 417« lk) Id.1p.416.
de la Suffi. Liv. V. 291
On vit aufli la Réformation s'a- 1528.
vanccr dans le Tockebomg (./). Il y & dans
avoir deja quelques années, qu'on le Toche-
jy prêchoit l'Evangile. Cependant
lia MeiTe , les Autels , les Images >
|&c. y étoient encore tolérez. Mais
| cette année les Tockebourgeois pur-
gèrent leurs Eglifes de ce vieux le-
>vain. La même chofe fe fît aufïl
(dans les terres de l'Abbé de S. Jean.
= Déjà dès l'an 1526'. l'Abbé de S.
\ Jean s'é^oit plaint à celui de S. GaL
comme Protecteur de Ton Couvent,
des changements de Religion qui fe
faifoient dans fes terres. Et l'Abbé
de S. Gai luy ayant répondu, qu'il
, n'étoit pas affez puiffant pour le fe-
, courir , & qu'il pouvoir chercher
du fecours ailleurs , il s'étoit mis
: fous la protection de Schvvhz &
de Claris. Et d'abord ces deux
Cantons, voulurent exiger des fu-
jets de cet Abbé, qu'ils leur prê-
! taflent ferment de fidélité, mais ils
le leur refuférent , leur difant , (b)
[ Qu As avoienr un Traité de Com-
bourgeoifie avec eux, &c qu'ainfï
ils éroient leurs Compatriotes , Se
non pas leurs f jets. Cette année
N z Si h v vit %
(4) ibid. p. 417. (b) ibi i, p. 41g.
2Q2 Hifloire de la Ré formation
1 528. Schvvhz ordonna à ceux d'entr' eux,
Tocke- qui avoient embrafTé la Réforma-
bourg, tion , de rétablir la Meffe ; mais ils
le refuférent aufîi, nonobftant les
menaces qu'on leur faifoit. Li ville
de Lïechtenfleig) Capitale du Tocke-
bourg , fe réforma aufïl. Là deflus>
nouvelle plainte du Canton de
Scbvvitz dans la Diète ; Quelques
Cantons Catholiques écrivirent aulll
vivement à ce fujet , à ceux de
Liechtenjleig, Schwitz auroit voulu
qu'on eût pris les armes pour ran-
ger ce Peuple par la force ; mais les
autres Cantons, plus prudens ou
plus modérez, ne trouvèrent pas à
propos de féconder fon zélé. Les
fujets de l'Abbé de S. Jean avoient
imploré le fecours de Zurich Se de
Berne ; Se l'avoient obtenu , du
moins en partie (a ).
-Zurich Us eft tems de revenir à ces
Nouvel deux premiers Cantons. Il y avoir
|*'jf de toujours à Zurich des gens , ^ qui
gion. n'avoient pas pû goûter la Réfor-
mation 'j qui ne vouloient point
écouter les Sermons , ni aller à la
S. Céne. Le 9. Décembre , (^) on
fit un Règlement concernant ces
gens-
[*]id. p. 419. [£]**/. p. 414.
delà Suife. Lïv. V. 293
gens-là , qui les excîuoit de la Ma- 1528»
! giftrature , 8c qui dépouilloit de Zurich
1 leurs emplois > ceux qui en étoienc
revêtus. On avoir aufîi fait des
! plaintes contre divers Pafteurs,
i tant à l'égard de leur conduire,
que de leur Doctrine. On affem-
j bla donc un Synode à Zurich, (a) synodes.
I au Printems , pour y remédier > 6c
Ton y appella tous les Palteurs,
! tant de la ville que du Canton.
I On leur fit prêter un ferment à
tous: on y examina la conduite
! de chacun d'eux. On châtia les
i coupables , & Ton y fit des Régle-
l mens, pour pourvoir à ce qui man-
! quoit encore pour le bien des
Eglifes. Quelque tems après, on
tint un autre Synode , où Ton
appella tous les Chapelains , les
Moines 3c autres qui recevoienr
penfion des biens de l'Eglife. . On
les examina aufïî: on leur fit pic-
ter un ferment ; 3c ceux qui furent
trouvez propres pour exercer leMi-
niftere , furent exhortez à l'entre-
prendre.
Ce fut dans ces alTemblées, que
les Zuricois firent de nouveaux
N 3 Régie-
M' Mi p. 42-3.
294 Hijloire de la Reformat ion
I j 2 8 . Règlements pour perfeftioner leur
Zurich Gouvernement Ecdéfiaftique. Tel
Nou-fut entr autres l'établiflement de
VRégîe- *eur Synode général > qui s'affem-
ments. ble deux fois châque année à Zu-
rich , au Printems, Se en Automne.
(a) Les Miniftres du Canton font
partagez en huit Clajfes ou Chapi-
tres i comme ils les appellent ; Sa-
voir, I. Celle du Lac de Zurich >
compofée de 24. Minières. II. Celle
du Frey-Ampt) * qui en a 14,
III. Celle de Steïn-> qui en à 12. IV.
Celle de Winterthour , qui en à 30»
V. Celle d'Ellg, qui en à 8. Vf. Celle
d9Obervvetzikomm , qui en à 12.
VII. Celle d'Untervvetzikvwm > qui
en à 19. Enfin VIII. Celle de Re-
genfperg, qui en à 2p. en tout 148»
- Miuiftres. Tous ces Miniftres com-
pofent la plus grande partie du
Synode 3 dont je viens de parler j
je
(a) Bluntfchli , Memorabilia Tigurina.
12. à Zurich 17^4. pag. 264.
* Il ne faut pas confondre le Freyi*
Ampty qui eft un quartier du Canton de
Zurich , près du Mont Albife , avec les
Freyen JEmpter }c'eft-à-dire Balliages Libres,
qui eft une Seigneurie commune > qui
appartenoit autrefois aux 7. anciens Can-
tons : mais aujourd'hui depuis la guerre
de l'an 1712. Berne fait le 81Î1C. Seigneur.
delaSuijfe Liv. V. 29 5
je dis la plus grande partie: car ils 1 528.
ne font pas les feuis : Comme Je Synode
Thourçavv & le Rbeinthal , font en de Zu~
• R I C H»
bonne partie Réformez > 8c que ces
deux Provinces appartiennent en
commun aux VÏIÎ. anciens Cantons,
dont Zurich eft le premier j que
d'ailleurs elles font dans le voifî-
nage de Zurich , qui peut mieux
avoir infpeclion fur leurs Eglifes,
que les autres > pour toutes ces
raifons leurs Minières font obligez
de paroître au/Ti dans le Synode de
Zurich, -pour y rendre raifon de
leur Doctrine Se de leur conduite.
(a) Les Minières du Thourgavv
compofent entr'eux trois Claffes ou
Chapitres: I. Celle de Fravvenfeld,
compofée de 17. Minières 5 II. Celle
de Stcckhoren > qui en à 15. & IIÏ.
Celle du Haut-Thourgavv , qui en
à 14. en tout 46. Les Miniftres
du Rhùnthal ne font entr'eux
qu'une petite ClafTe, n'étant pas
plus de 7. Ainfi ce Synode eft com-
pofé de 201. Minières. Tous ces
Minières , dont je viens de faire
l'enumeration, tant Paftcurs en Chef,
que Diacres, ou féconds Pafteurs;
N 4 tant
[a] id, p. 26). 166.
296 Hijloire de la Reformater*
I 528. tant ceux de la ville Capitale , que
Synode ceux de la Campagne, & des au-
de Zu- tres villes , font appeliez à ce Sy-
node 5 pour le fuiet que je viens de
marquer, qui eft d'y rendre compte
de la manière dent ils exercent leur
Emploi, foit du coté de l'infini*
ftion , de la Prédication, & de la
Doclrine, foit du coté de la con-
duite , tant à l'égard de TEglife,
qu'a l'égard de leurs perfonnes &c
de leurs Maifons. Il y a toujours
un des Bourgmaîtres de la ville ,
avec huit autres Seigneurs , tirez
du Grand 6c du Petit Confeil, qui
a/Tîften: à ce Synode, au nom du
Magiftrat. On leur adrelïe lesRe-
préfentations ou les Rémontrances>
que les Miniftres peuvent avoir à
faire à la Seigneurie , & l'on y fait
des projets de règlements pour le
bien des Eglifes. Mais afin que tout
s'y paiTe en meilleur ordre, chaque
ClaiTe s'afTemble dans fon départe-
ment un jour ou deux avant le
Synode, Se éxamine les affaires qui
doivent s'y porter. Avant ces a£
femblées, chaque Doyen> ( c/eft ainfi
qu'on nomme le Chef ou le Modé-
rateur de la ClalTe, ) doit vi/îter
cous.
de la Suffi. Liv. V. 297
tous les Minières de fon départe- 152g,
ment; & s'informer; Quelles font Synode
les Etudes qu'ils font ? Quels font les de Zu»
Livres qu'ils ont & qu'ils lifent? S'ils RICH'
font exacts a. s'acquiter de leur devoir
dans l'Inftruclion & la Prédication f
S'ils ont bien foin des Pauvres & des
Malades? Si outie la Prédication &
rinflruclion publique , ils saquïtent
aujft des autres parties de leur devoir?
Si le Doyen en trouve quelqu'un
en défaut , il doit le cenfurer en
particulier, pouvû que la faute ne
(bit pas bien confidérable ; autre*
ment il doit le raporter à l'affem-
blée. Si la Cenfure ne produit au-
cun fruit, on le défère à des Exa-
minateurs , qui le font venir devant
eux y ou qui même portent la
chofe devant le Synode, fi elle eft
confidérable.
La veille du Synode général, les
Doyens s'afTemblent à Zurich, avec
Mtflieurs les * Chanoines , pour dé-
libérer avec eux, fur les chofes qui
N 5 doivent.
* On appelle à Zurich Chor - Herreu
c'eft-a-dire Chanoines , dix Hcclé fî a ft i c] 1 1 es ,
Palteurs & Pr^fetfeurs , qui ont contervé
entr'eux dix Prébendes des anciens Cha-
noines de la Grande Eglifcv
298 Hi, îoire de la déformation
jrog doivent ê:re portées dans le Syno-
Zurich ^ devant Leurs Excellences.
Synode. Et comme on fuit à Zurich le mê-
me ufage , qui eil écabli par toute
la S;.ilTe Réformée, de donr.ei Tlm-
pofition des Mains , ôc le Caractère
de Miniftre aux Propofms , fans
leur donner aucune Eglise à fervir;-
( ufage en quoi Ton fe trouve dif-
férent des Eglifes de France 8c des
P^ys Bas , qui ont retenu à cet
égard la difcipline de l'Ancienne-
Eglift ; ) ces jeunes Miniftres , que
nous nommons Impofitionnaires , *
ont le droit d'aiTifter à ce Synode,
s'ils le fouhaitent j afin de fe former
de bonne heure aux affaires. Ajou-
tons enfin que, pour engager les
jeunes Minières , à continuer
leurs études , 8c à ne s'y point re-
lâcher , quand même ils font char-
gez du foin d'une Eglife , on les
oblige de foûtenir , à leur'tour, pu-
bliquement des Théfes , fous la
préfidence d'un ProfclTeur de Théo-
logie , le lendemain du Synode ;
ayant au deiTous deux des Etu-
dians
' * A Zurich on les appelle Exfpefianten :
à Berne , Exam'waten ,• & à Genève*
jïpotres.
delà SuiJJe. Liv. V. 299
I dians, qui répètent les objections 1528.
des Oppofans.
Les Bernois ont aufîi 3 à deux Berne.
différences près, la même Difcipli-
ne , pour engager leurs Minières ,
à s'acquiter exactement & conftam-
ment de leurs devoirs. Leur pays
Allemand eft partagé en VIII. Claf-
; fes , ou Chapitres , qui font en-
femble 240. Minières j Sans com-
pter 7. Minières , que les Sei-
gneurs de Berne ont eu la charité
de fonder dans le pays de Vaud >
en divers tems 5 depuis 30. à 40.
ans en ça , pour l'édification des
Colonies Allemandes , qui s'y font
répanduës ; Ces ClafTes font celles
de Berne , de Thoune > de Bourg-
dorff , de Nidavv , de Burcn , de
Langhenthal 7 àAravv 3 ÔC de
Brouk.
Elles s'affemblent toutes les an-
nées autour de la Pentecôte , cha- -
cune dans la principale Place de
fon Département , mais elles ne
forment jamais d Affemblée gé-
nérale a ou de Synode Provin-
cial.
Ceft là la prémiére différence,
La féconde , c eft que les Impofi-
tion-
300 HUloire de la Rjformation
î 528» tionnaires n'affiftent point à ces
Berne aflemblées.
bles de*" ^enc^ant Sue *€S Bernois tra-
ite/?*., vaiiioient à établir la Réformation4
chez eux , & à l'affermir chez leurs
Alliez ? il s'éleva contr'eux un ora-
ge , qui penfa avoir de funeflcs
fuites y mais qu'ils difllpérent
heureufement. {&) Les gens du
pays de Hafie > (b) qui font fujets-
de Berne > mais avec de très-beaux
privilèges , avoient été des pré-
miers du Canton à embraffer la
Réformation. C'écoit même m
partie à leur prière & à leur fol-
licitation , que leurs Seigneurs a-
voient ordonné uneDifpute folem-
nelle de Réligion dans leur Capi-
tale, Cependant quelques tems a-
près > en partie par légèreté , en
partie gagnez par les Sollicitations
de ceux du Canton d'Undervvald ,
leurs voifins 3 ils avoient réfolu-
( le 7. Juin ) dans leur Affembléc
générale > à la pluralité de 40,
voix , de reprendre la Religion Ca-
tholique 5 jufqu'à la décifion d'un
Concile Univerfel. Cette rêfolu*
tion
U) $>tettier-\l. p.lOï CCC.
((?) Bem% Inih'.A.
fdeU Suiffc. JLiv. V. 30 f
rion fut prife en préfence de quel- I 52 8-
eues perfonnes du Canton d'Un- Berne
dervvaid , qui s'y trouvèrent. De-
plus le même Canton > qui fous
prétexte du droit de protection
qu'il a fur le Couvent (TEngelberg^
| de l'Ordre des Bénédictins ( dont
l'Abbé avoit Ja Collarure de l'E-
glife de Brientz * ) prétendait y
maintenir la Religion Catholique ,
y avoit envoyé un Prêtre 3 pour
célébrer la Méfie > & enfuite deux
autres pour faire la Fête-Dieu.
Les Bernois envoyèrent un Dépu-
té à ce (a) Canton-là, le 16. Juin,
pour lui reprocher toutes ces cho-
fes , & que de plus il avoir tra-
vaillé en public de en particulier à
porter leurs fujets de Hafie à la ré-
bellion , 8c pour lui déclarer qu'ils
ne vouloient abfolument fouffrir au-
cun Prêtre Catholique dans leurs
terres. Ils en envoyèrent auTi un
le même jour à ceux de Hajle >
&c de Brientz ? pour les porter z
reprendre la Réformation , qu'ils
avoient embrafiée volontairement ;
& leur ordonner de bannir tous
les Prêtres Catholiques 3 à moins
qu'iL
• 00 lkid* Inf(r.A.pri49.
302 Hijloire de la Reformation
I ^28. n y en euc quelquun5 quife
Berne ^c ^ort ^e *es convaincre d'erreur
Trou- par l'Ecriture j auquel cas on de-
^Hafl*6 yolt ^>env°yer à Berne , avec un
fauf-conduit , pour y expofer fes
raifons. Et comme ceux du Haut-
Sibenthd étoient toujours zélez pour
la Religion Romaine , on y envo-
ya un Député le i. Juillet , (a) pour
leur repréfenter, Quïls feroient plai-
fir à leurs Seigneurs > d'embrafler
la Réformation , ou du moins de
permettre qu'on la leur prêchât.
Les Députations au Canton d'Un-
dervvald & au pays de Halle fu-
rent inutiles : Ceux de Hafle »
bien loin d'obéir, demandèrent un
Prêtre au Canton d'ITW , qui le
leur accorda : Et ce Prêtre vint
au pays , accompagné de deux
Confeillers de ce Canton - là , &
de huit autres hommes , au Ion du
tambour (b) & des fifres. Cepen-
dant il y avôit dans le pays un
grand nombre de bons Réformez >
qui voyant avec douleur (c) cette
conduite de leurs Compatriotes ,
fe
(a) Ib'ul. p. 1^9.
(b) Ibiâ. p. \6).
(c) Steitler 1. c. pag.io. b,
de la Suffi. Liv. V. 30?
fe lièrent enfemble , pour ne point 1528.
fe départir de la Réformation > ni Berne
de robéiffance duë à leur Souve-
rain. Cette différence de fentimens
produifit entr'eux une grande divi-
(ion j & pendant que les Réfor-
mez ne s'appuïoient que fur leurs
Magiftrats légitimes , leurs Adver-
faires s'appuyoient fur le fecours
de ceux du Haut - Sibentbal 5 de
Fr ou ligue , à'zs£fcbi , & de BïientZî
& particulièrement du Canton
d'Undervvald. Les Bernois leur
envoyèrent derechef un Député le
9. Juillet > pour leur reprocher leurs
divifions > 8c pour faire revenir les
Mutins à leur devoir (a) mais inu-
tilement. Ils écrivirent au/îi au
Canton d'Un , pour fe plaindre de
l'envoy de ce Prêrre : Ce Canton
s'exeufa du mieux qu'il put là-def-
fus, difant , Que cela s'etoit fait
peut-être à l'infcu du Confeil Sou-
verain ? 8c rejetant la faute fur-
quelques particuliers du pays. Ce-
pendant les Bernois ayant publié
un nouvel Edït 3 poi.r porter leurs
fujets à obferver les Loix dt leur
Réformation , les Mutins de Halle
leur
W £. Inftr.A.p. Itffc
304 Hijloire de la Ré formation
. I 528. leur répondirent 3 Ou ils prétendaient
Bep.îse demeurer dans le même état , ou ils
bifide1 s etotent trouvez > quand ils avoient
Majle, ?aP fous ieur domination , & leur
offrirent de plaider leurs Droits
contr'eux devant les Cantons 5 di-
fant 3 Que de faire du tort à leurs
Prêtres, c'écoit une chofe contrai-
re à leurs Privilèges. Les Bernois
leur envoyèrent à ce fujet une troi-
fiéme Députation , pour les rame-
ner à leur devoir , mais elle fut
aulTi inutile que les précédentes.
Les Rebelles avoient pris leur par-
ti , & ils comptoient fur le fecours
des Cinq Cantons Catholiques (a) ,
qu'ils avoient demandé. Cepen-
dant ils fe trompèrent à cet égard.
Car Lucerne > Uri , Scbvvitz > &
Zoug ne leur en voulurent point
donner j & même Uri Se Zoug
le leur refuférent en des termes fort
vifs. Les Bernois , pour ne rien
négliger de ce qui pouvoit fauver
leurs Sujets 5 eurent la bonté de
leur envoyer encore le 2. Août y
des Députez de quatre Villes > de
quatre Balliages > & des quatre Ju-
rifdi&ions de la Ville , mais inuti-
lement,.
ia) St et tlcr le. p.rr.
delaSuiffe. LîV. V. 305
kmein. Les Rebelles dirent, Qu 'ils I 52 S>
rancir oient réponje au bout de l'y. jours. Berne
Dans le même tems ceux d'Under-
vvald ie déclarant tout ouverte-
ment > envoyèrent des Députez à
Bricntz , pour y établir un Prêtre
dans les formes , comme Prote-
cteurs de l'Abbé d'Engelberg. Les
I Députez Bernois trouvèrent ce chan-
gement à Brientz à leur retour > Se
difputérent fur ce fujet avec eux >
foûrenant que l'Abbé n'avoit aucun
pouvoir de faire un tel changement y
en vertu de fon droit de Coiiatu-
re , puifqu'il n'y avoit pas la moin-
dre Jurifdic*lion. Les Bernois > ne
voulant fe porter aux dernières ex-
trémitez qu'à regret > écrivirent en-
core aux Rebelles > une longue Let-
tre, pour leur repréfenter les Droits
authentiques qu'ils avoient fur eux,
depuis près de 200. ans j mais
bien loin d'y faire aucune atten-
tion , ils convoqué] ent une affem-
blée générale du (a) pays, (le 30.
d'Août j ) où jl fe trouva 30. hom-
mes du Canton d'I/ndervvald. Les
Rebelles y firent tous leurs efforts
pour attirer à leur parti leurs Corn-
patrio-
te idt p. Ta,
306 Hifioire delà déformation
I Ç 2 8 . patriotes Réformez \ mais ceux- ci
Berne demeurèrent fermes dans leur fidéli-
Tr^u"té envers leurs Souverains Sei-
ffafie^ gneurs , & envoyèrent quelques
Députez à Berne , pour les infor-
mer de ce qui le paiToit , & implo-
rer leur fecours. Les Bernois en-
voyèrent encore de nouveaux Dé*
putez au Canton d'Undervvald , a-
vec ordre d'aller de là dans le pays
de Hafle : mais inutilement encore..
Ceux de Froutigue & de GrïndeU
<vvald commirent de nouveaux dé-
sordres , (a) Se les Sujets du Cou-
vent d' IntarUcke , dans une a fie râ-
blée générale , qu'ils tinrent le Di-
manche 27. Septembre à Interlak*
même, oférent cenfurer le Prévôt &
les Moines > de ce qu'ils avoient re-
mis leur Maifon aux Bernois , &
le Piévôc , qui n'étoit pas fort por-
té pour fes Seigneurs , fe réconcilié
avec ces Rebelles. Le même jour
ceux de Gr'mddvv.xld chalTérent leur
Minières &: quelques jours après
de concert avec les aunes Sujets
dlnterlack; , ck ceux de Halle , ils
commirent divers défordres : quoi-
que leurs Seigneurs euiîent offert de
fou-
W Ici. p.n.
delà Suife. LïV.V. 307
foûmettre leur différent à la décifion 1 52 3»
de quelques Juges choifîs , de la Berne
Ville & du Canton pour le 16, Se- t Trou*
ptembre. Les Seigneurs , voyant
qu'il n'y avoit plus de moyen de
ramener ces gens là par la douceur 1
& par 1 équité , prirent enfin la ré-
folution de les y contraindre par la
force. Et d'abord ils donnèrent a-
vis à leurs Sujets , de leur duTein ,
par des Députez , leur demandant
leur fêntiment. Le plus grand nom-
bre répondit , Qu\\s etoient dlfpo-
fez à foutenir leur Souverain de
tout leur pouvoir , mais ceux de
YOberUnd > voifîns des Rebelles >
ne fe trouvèrent pas difpofez de la
même manière. Et même dans une
Conférence , que les Sujets d'Iiiter-
lacke y tinrent le 22. Octobre avec Mgue
ceux de Hafle , du Haut Sïbenthal> Jj^nta-
d'<is£fchi , de Froutigue & de if^- gnards .
ûgue , ils fe liguèrent tous , par
ferment prêté aux Saints , de ne fe
point départir de leur ancienne Re-
ligion , de ne point foûmettre leur
différend à d'autres Juges qu'aux
VII. anciens Cantons , de s'âquiter
pourtant d'ailleurs des autres an-
ciens devoirs qu'ils dévoient à leurs
Sei-
308 Hijloire de la Réformât ion
1 528 Seigneurs > mais de ne pas
Berne foufrir qu'on châtiât ou maltraitât
Trou- perfonne pour cette affaire > &: de
ëeï e maintenir le Couvent en fon état
Huile* . r . A
entier : enfin de remplir eux-mê-
mes les charges > comme ils rirent
fur le champ. En même tems ils
rirent fortir la Baillive (a) , ils s'em-
parèrent des pafTages , & envoyè-
rent à leurs Seigneurs une Lettre
fort infoîente , où ils leur deman-
doient > s'ils voulaient être leurs Fro-
tecleurs ou non ? Qtuls le leur fiffent
f avoir y afin cjiïiis pufient prendre leurs,
mefures la-dejjus. Cependant tous
les Sujets d'Interlacke ne fe laifle-
rent pas entraîner au mouvement
de cette rébellion. Ceux SUnfpun-
nen & ôïUnderfevven > & une cen-
taine d'autres demeurèrent fidèles à
leurs Seigneurs. Les Bernois pri-
rent enfin les armes , Se ( dans une
Diète alTernblée le 19. Novembre)
demandèrent du lecours aux autres
Cantons. Us en demandèrent auffi
à tous leurs autres Alliez. Les Zu-
ricois l'accordèrent de fort bonne
grâce 5 ((■') difant, Que le tort quon
faifoit
(*) Stettl. p. 14.
{k) Hottin», 434.
delaSuife. Liv. V, 309
fdifoit a leurs Alliez, de Berne, on 1 528.
te faijolt à eux-mêmes , & que Caffai- Berne
re dis Bernois éto t la leur propre.
Mais il n en fut pas de même des
autres Cantons. Fnbourg & Soleur-
re Je refuférent tout net , parce qu'il
s'agiiToit de Rcl gion. Les V. Can-
tons &: Fribourg rirent plus j non
feulement les premiers refi férent
du feco >rs aux Bernois > mais mê-
me ils envoyèrent ordie à Bremgartt
& à Melitngue , de ne point laiffer
parler les troupes de Zurich , qui
ir oient joindre celles de Berne.
Les Fribourgeo's aufïl penférent
tout de bon à faire la guerre aux Ber-
nois , & à joindre leurs troupes à
celles des Rebelles i & ils l'auroienc
fait , fi les Bernois n'euffent pas
bien-tôt triomphé de leurs ennemis.
Dans ce deffein ils demandèrent du
fecours à leurs Alliez de Genève
(a) & de Laufanne (ù) , aulïi - bien
que les Bernois. Les Genevois
donnèrent du Secours aux Bernois
& aux Fribourgeois. Laufanne don-
na au/fi (c)66. Arquebufiers aux
Ber-
(a) Spon. I.503.
{b) Arch. Lamf. voyez leur Lettre entre
les Pièces JuJIificatives N- V.
ic ) MSC. Pinaut, MSC L*»f. 33 1. b.
3 1 0 Hifloire de la déformation
Ï 528. Bernois \ je n'ai pas pu découvrir
Berne fi elle en donna aux Fribourgcois ;
Trou- mafs la paix qui fut Faite bien -tôt
Hafle C aPres 9 rendit ce fecours inutile*
Les autres Alliez de Berne , quoi-
que Catholiques , fe montrèrent
meilleurs amis des Bernois : non-
feulement la ville de Biennc leur en-
voya du Secours ? mais aufïi celle
de Payerne, qui avoit , depuis quel-
ques centaines d'années , un Trai-
té de Combourgeoifle avec Berne ,
& les Comtes de Neuchâtel , & de
Valengin. Avant qu'on en vint à
un combat , quelques Députez ,
tant de Thoune , que du Mande-
ment de Sefftigue , & des deux «Sï-
benthals , allèrent , de leur propre
mouvement , faire une dernière ten-
tative auprès des Rebelles , & ob-
tinrent d'eux qu'ils fe foûmettroient
à la décifion de i%. Juges, choifis
de la Ville ôc du Pays , fous la pré-
fidence d'un Bourgeois de Thoune,
ce qu'ils n'accordèrent pourtant que
fous la referve de leurs droits , & de
pouvoir chercher encore leur Droit par
devant d'autres Juges. Cette reftri-
clion de la part des Rebelles étoit
trop captieufs pour qu'on y put
avoir
de la Suiffe. Li v. V. 3 î I
avoir aucun égard. D'ailleurs Iejj28.
fecours qu'ils attendoient d'Urader- Berne
vvald arriva le njpme jour 3 ainfi
l'on ne penfa plus de part & d'au-
tre , qu'à en venir aux mains. Les
Bernois , en attendant que toutes
leurs troupes furTent affemblées ,
[a) envoyérent'une bonne garni Ton à
Thoune , fous la conduite de Nico-
las Manuel , Banderet : & quel-
ques jours après > un petit Camp-
volant , fous la conduite & Antoine Pf^r^
Bifchoff Se de Sulfice Haller , au^Jrr^
nombre de 300. hommes > qui joi-
gnirent près de Thoune, deux cents
hommes du pays d'enhaut , qui
étoient demeurez fidèles. Les trou-
pes d'Undervvald , au nombre de
800. hommes , ayant la bannière
de leur Canton , fe rendirent Maî-
tres de Brientz le Jeudi 29. Octo-
bre , Se enfuite du Couvent d'/nter-
lacke 3 & de la petite Ville d'Under-
frvven. Le Camp-volant des Ber-
nois voulut attaquer les ennemis
dans ces deux portes , quoique de
beaucoup Supérieurs en nombre, car
ils n'étoient pas moins de 1300.
Mais quelques Députez de LuLerne
te
(a)Stettl. p. if.
3 1 2 Htftoire de la Information
& de Baie , avec quelques autres
Be^ne du Pays , les ayant conjuré de ne
Trou- rjen précipiter > ils promirent de le
oies de • - r >\ ■ > • / j
tenir en repos , julqu a 1 arrivée de
leur grande Armée } ou jufcju'à-ce
qu'ils euflent une réponfe latisfai-
fants , à condition que leurs enne-
mis fe retiraient àïUnderfevven à In-
terlacke,pour y demeurer aufTi en re-
pos : ce qui fut fait. Peu de jours
nenfon après5arriverent àUnderfevven (a) les
ce r.ar= troupes de Thoune, du Bas-Sibentbal,
mêeBer- & de YEmmetbai : ce que voyant
noife. ceux d'Underwald > incommodez
d'ailleurs par les pluyes froides
qu'il faifoit > &: craignant d'être
enfermez par les neiges 3 ils fe re-
tirèrent à Brientz > fans brùit , avec
les Rebelles. Le lendemain le bruit
s'étant répandu , que les ennemis
avoient pillé le Couvent d'Interla-
cke> 6c brifé tout ce qu'ils n'avo-
ient pas pû emporter , Bischoff
voulut les aller attaquer avec fou
Camp-volant ; mais quelques-uns
des Députez des deux Cantons ,
dont on a parlé , s'y étant oppo-
fez; il prit avec lui Jacob Wa-
gner & Jean Friching ,
&
0) Stettl. p.itf.
de U 'Suffi. L i v. V. 313
&c une douzaine de bons Soldats , I 52 8-
Se courut du côté du Couvent ;
iCeux d'Undervvald qui s'y étoient
campez, en furent tellement effra-
1 u > Les
yez , que quelques-uns a entr eux trollpes
prirent la fuite j Se les Bernois fe iïUnder-
faifirent du Couvent. La grande ^yWre
armée de Berne arriva à Iboune le cu ent*
j Samedi 2. Novembre avec la ban-
nière de la ville , fous la cpi duite
ide l'Avoyer d'Erlach ; foît fa-
tigué du mauvais tems. Le lende-
main elle joignit le Camp- volant à
[Undcrfevve. L'armée campa paitie
à Underfevve , partie à Interlacke >
& partie dans les villages veifins ,
Iparticuliéiement à GrhuUlvvdd ;
Se fe répandit par tout fans trou-
ver aucune relibnee. Les troupes & -tm
d'Undervvald s'en retourhéient tent la
dans leur pays , abandonnant hon- partie*
teufement leurs nouveaux Alliez }
& ceux-ci fe trouvant fans apui ,
furent contraints de fe foûrnettre à
leurs Seigi eurs. Les Aurheurs de la
rébellion i'ènfij'irent dans le Can-
eton dUm [crvvald : cependant on
I en faifit un , nommé JtAti Jm-Sandt
I Jjue l'en f z mouiir , Se fa tête fut
I fhm , O mi-
314 Hijloire de la Pjformation
mife fur un piéu:(*)mais quelque Ca-
iubflU °^iC^ *a PÏ1Z de ™t>& Remporta
^y^^i Saxele , dans le Canton d'Under-
Mxrtyr vvald , où on la garde comme une
chez les précieu(ê relique, & on Ta hono-
cmes. ree "e cetre Inscription : Ceft ici
la tête de Jean Jm-Sand, d'beià
reufe mémoire, qui a été martirifé pour
la foy Chrétienne, Un tel martyr
peut faire paroii aux Garniers , aux
Clémens , aux Guignards , & à d'au-
tres de ce Caractère 3 que la véné-
Trou râ^e Compagnie des Jéfuitcs a ca-
bles de " norn&z- Les maifons de ces chefs
Hajs. des Rebelles furent pillées , {b) 8c
leurs biens confifquez au profit du
Souverain. Cependant on les ren-
dit , dans la fuite , à leurs femmes
& à leurs enfans , pour montrer
qu'on aimoit mieux exercer h Clé-
mence que la Sévérité. L'Armée
Bernoife ne trouvant point d'enne-
mis à combattre > l'Avoyer d'£r-
Uch 3 fit fommer tous les fujets re-
belles du pays de Hafle , & du Bal- ]
liage d'interlacke , de fe rendre à
diferétion , 8c de paroître devant
luy le 4. Novembre en rafè campa-
gne
(a) Hotttng. 4?^.
[£] Stettl. p. 16. b.& 17.
de la Suffi. Liv. V. 3 I 5
2;ne > devant le Couvent dlnterk' IJ2 8.
:ke , pour y recevoir fes ordres. Trou-
(1 rangea ce jour là Ton armée en' Mes de
bataille fit faire une décharge gé- H*fle*
lîérale de toute la moufqueterie Se
le la gioJe artillerie > pour faire
:omprendre aux Rebelles , qu'on
ivoit en main dequoi les dompter j
;nfuite ayant ouvert les rangs, il
it mettre l'armée en rond , laiiTant
an grand efpace vuide au milieu,
fl y fit entrer tous les Sujets de Haf-
le Se d'Interlacke ; plaça les Su-
jets fidèles Se obéïlïans à fa droite >
8c les Rebelles à fa gauche : donna
aux premiers les louanges qu'ils
méritoient j Se fe tournant enfuite
rçrs les féconds , qui étoient au
lombre de 500. hommes , il Jeur
addreffa une grave Se vive cenfure*
leur reprochant leur rébellion Se
leur parjure 5 Se leur fit fentir >
que les tenant entre fes mains ,
environnez de toutes parts de fes
troupes , on pouvoic fe vanger
deux , Se les tailler en pièces. Ce
difeours les toucha fi vivement 3
qu'ils fe jetterent tous à genoux ,
demandèrent grâce , confeffanr
humblement leur faute. On en pu-
O | Dit
3 1 6 Hijlolrc de la RJf&m&tivn
I52S. nie quatre de mort 3 5c lAvoyer
Fin des déclara aux autres > qu'on leur fai-
fcbubles ^0|t grâCe 9 sà condition qu'ils ac-
cepteroient 12. articles qu'il leur
propofa. II leur ôta h Bannière >
les Drapeaux , & le Seau de leur
pays. Il fit auuj fomrner ceux du
- Hattt-Sibentbal , de Froutigue de de
Spietz > de fe foûmettre 3 & de
rentrer dans Fobéïflânce 5 &; le*
uns & les autres , voyant qu'il
n'y avoit point d'autre parti à
prendre , fe fournirent abfolument.
Ainfi les Bsrnois eurent le bon-
heur de terminer , fans coup férir*
rm tumulte ? qui fêrnbloit d'abord
devoir entraîner une grande erTu-
flon de fang. Peu de jours après,
on vit arriver à Berne des (a) Dé-
putez de divers Etats , qui venoient
offrir leur médiation dans cette af-
faire • : de Lucerne , d'Uri , de
Schvvltz > de Zoug Se de Vdlaisy
de l'Evèque dz Baie , de la Régenct
Autrichienne d'Enfisbeim > & des Vil-
les de Fribourg , de Baie , de S,haff-
houfe , de Strasbourg , de Confiance .
de S. Gai & de RtthvvjL Ceuj
des Cantons Catholiques ôc de Val-
lais
W StettL i£.b,
de la Suiffe. Liv. V. 317
lais y tâc hoient d'excufer leurs Al- j ç 2 S .
liez d'Undervvald , d'avoir donné berne
du Secours à ces Rebelles , difanc 'y
?> Que cela s'étoit fait contre la vo-
>, lonté du Confdl Souverain dit
pays , Que c'étoient quelques
3, jeunes gens , qui , en Fabien ce
y, des plus Sages > avoient entraîne
]„ les autres > &c. C'ed ainfi qu'en
j certaines occahons ? les gens rufez
j favent s'y prendre d'une telle ma-
> niére > que fi leurs entreprifes ne
' rétifîiffent pas , ils puiiTent les dé-
favouër : Difpofez à s'en faire hoï>
neur , & à s'en piévaloir , fi elles
j Smflifient au gré de leurs défirs,
Les Bernois renvoyèrent civilement
tous ces Députez , les remerciant
de leurs peines > & les aflurant
qu'ils traiteroient leurs Sujets félon
toutes les régies de l'équité. Mais
ils reprochèrent doucement à ceux
deF;ibourg, la violation qu'ils a-
voient faite de leurs trairez mutuels,
ayant non -feulement refufé de les
«courir dans leur befoin ; comme
ils y éroient obligez 5 mais même
demandé du Secours pour leur faire
la guerre. Bien - toc après , ils
rendirent au pays de Halle fa Ban-
O 3 nieic
3 ï 8 Hijloirc de la Réformation
1528. niére & les privilèges , à la re-
B_rne. quête de ceux qui leur avoient été
fidèles 3 à condition que le Con-
feil de Berne éliroit à l'avenir ,
Y Amman, le Bandent du pays ,
le Tribunal des Quinze , & qu'il
auroit le pouvoir de les prendre
ou dans la Ville , ou dans le pays
de Halle. Ceux des Sujets d'Inter-
lacke (a) y qui avoient été fidèles à-
leurs Seigneurs , obtinrent auiïi la
même grâce pour leur pays. Un-
Autheur Suiffe, (ù) bon Catholique,
nous a appris que l'Abbé d'Engem
berg & fes Moines avoient été les
principaux promoteurs de ce tu-
multe , qui dura environ 9. mois :
que l'Abbé lui-même prêchoit aux
Rebelles , jufques aux derniers
jours.
DifficuL yij§ lcs Bernois eurent aufll
quel-°Ur quc4ues autres difficultez à effrayer,
ques au fujet de quelques biens Eccléfia-
biemà'E- ftiques. Comme ils vouloient ré-
vecles former Ie Monaftère de S. Jean,
Vil. Can P^s d'Erlacb, ou, Serlier , les Can-
tonsCa-tons Catholiques, qui polTédoient
q«^T" alors avec eux le Comté de Neu-
x * châtel s'y oppoférent.foûtenant que
ce
de la Suffi Ll V. V. 31?
ce Monaîiere étroit de la Souveraineté 1)28.
i deNeuchâtel; &; (*) prétendant pour Bernr
le moins y avoir la moitié du droit
de protection. Mais les Bernois >
qui avoient eu depuis long - terns
j la Souveraine'é de ce Couvent,
fans aucune oppofition de la parc
des Princes de Neuchâtel , n'eu-
rent aucun égard à cette oppofition.
Ils y brûlèrent les images , prirent
entre leurs mains les ornements de
I l'Eglife , & défendirent [h) à l'Abbé
du Lieu & à fes Moines d'y dire
! plus la MelTe. D'autre côté le
\ Baillif de Neuchâtel Vit faifir tou- V" ' */0jh*i
tes les rentes du Couvent , qui k
trouvoient dans ce Comté. Il y
eut auiïi d'autres Puiffances hors de
la Suiffe > entr'autres les Régences
d'Enfisbeim , de Spire & à'in fprucl^ ,
qui rirent faifir tous les biens qui ap-
partenoient aux villes de Zurich 3
de Berne ôc de Confiance , à cau-
fe du changement qu'on avoit fait
dans les Monaftéres. Les Bernois
envoyèrent des Députez , le io.
Août , à Zurich , (c) pour écrire de
concert à ces Régences, Que fi el-
O 4 les
(a) B. Inftr. A. p. 130. 14^.
U) B.Lat'mMïiliEz. («J B. Inftr. A. 19U
320 Hïjloire de la Ké formation
ï 5 2 8 . ne vouloient pas relâcher ces
Bep.ne. biens , on uferoit de reprefailles.
Difïicul- Jls eurent aufïi des diflicukez avec
l$dc*rre. *e ^anton ^e S0'ieii™e » pour le mê-
me fujet. (a) Quelques Commu-
nautez de ce Canton, qui dévoient des
dînes à l'Abbaye de Gottfttit , & au
Chapitre de Zeffingue , refuférent de
les payer : comme Selfacb Se Trm
kehacb : & même ceux de Trinke-
bach menacèrent le Collefteur des
dîmes de Zoffi igné , de TarTommer.
Les Bernois s'en plaignirent à leurs.
Alliez de la ville de Soleurre , mais
ils n'en reçurent aucune réponfe :
ce qui leur ht foupçonner que les
Magistrats vouloient foû:enir les
Payfàns dans leur refus. Ils leur
envoyèrent donc des Députez le 4.
Juillet , pour demander réponfe :
mais la réponfe * fut , Qi£on m
fouffriroit point que les Payfims payaf-
fent aux Bernois les revenus de leurs.
Afdifons Religieufes, Les Bernois
en furent fort irritez, & déclarèrent
aux Députez de Soleurre, Que s'ils
ne vouloient pas leur relâcher les
Dîj
(a) Ih. 163. & Vil.
¥ Cette Réponfe fut envoyée pur des
Députez le 17, Juillet.
de la Suiïje. L i V. V. 32 ï
pferies & les Cenfes, qu'on leur [528.
avoir fait arrêter, on uferoit de re-BERNEi
pré failles à leur égard. La menace
opéra , &: l'affaire fut terminée.
, Toutes ces difficulrez ne les re- Fondât î~
butèrent point. Ils difpoférent des ^/^Bei
biens Eccléfiaftiques > comme ils nl.
jugèrent le plus convenable. Ils
établirent la fondation pieufe , (a)
qu'on appelle Mottflhafè 3 en faveur
ides pauvres Ecolierr. Ils transfé-
rèrent au Couvent des Dominicains
l'Hôpital d'en-bas , qui nourrifloit
7. Prêtres , &z qui tomboit en rui-
ne > Se luy donnèrent le nom de
Grand - Hôpital, & y annexèrent di-
vers biens confidérables , entr'au-
tres la jolie Isle , qui eft dans le
Lac de Bienne , d une lieuë de cir-
cuit ou environ , avec tous fes fonds."
& fes rentes. Ils raférent le vieux Hô-
pital , ils vendirent une partie de,
la place , 3c firent de l'autre un
Cimetière. Ils firent encore da*$r la
fuite divers établiiït;ments charita-
bles , fi avantageux pour les Pau-
, vres , qu'on difoit communément y
Quilriy avoit point de gins plus pauvres-,
h Berne, que ceux qui fe nourrijfo'unt de
O 5 kuy.
00 Stettl, 10. ba.
322 Hifioirc de la RJformatiou
1528. leur travail. Ils firent aufli à leurs
Berne, fujets diverfes donnations de biens
Diftnbu Eccléfiaftiques pour des ufages
tiondes . * • •! n 1 t • ti
biens pieux , ou utiles au Public. Ils
âEgUfe. afîlgnérent à la ville de Zojfingue ,
une rente perpétuelle de cent *
Malt ers de blé , à prendre fur les
revenus du Chapitre ,Ja moitié ap-
plicable au Soulagement des Pau»
vres y Se l'autre- à l'entretien des
bâtimens de la Ville & du Collège»,
Ils donnèrent aulïi quelques biens
du Couvent S Interlacke à la ville
de Tboune , pour fon Collège \ Se
de ceux de Ktmïgsfelde 5 à la ville
de BroucJ^, pour le fien. (a) Les
Chevaliers de l'Ordre de l'Hôpital
de Jérufalem > qu'on a appelle dans
la fuite l'Ordre de Malte , polTé-
doient une Cornmanderie à Boukst.
Les Bernois écrivirent le 26. Juin à'
Philippe s de Villiers , de
ï Ifie- Adam î leur Grand Maître >
Que puifque les Chevaliers avoient
perdu rifle de Rhodes , & pour
d'autres raifons , ils ne vouloient
plus
* LeMalter eft une efptce de mefure
dont on fe fert dans l Mrgivv,&: comprend
à ce qu'on m'a dit feize bôifleaux3melure de
cePais-Jà.
M Scult. 14 r.c. Mcgamlro in Ephcf.p.iJ I.
delaSuitfe. L ï v. V. 323
plus leur biffer payer les rentes de ï 528.
Bouksi , mais convertir à l'ufage
des Pauvres tout ce que leur Ordre
pofTédoit dans le Canton, (a) Sa(Tes R(
VIII. Avant que de fo-rtir de ce Can* ghmens
tomla vérité de PHiftoôre veut que je à Mou-
rende ici à la Bourgeoifie de Mou- D0Nl
don , la juftice qui luy eft due.
Pendant que les Eccléfiaftiques, qui
auroient dû édifier les Peuples par
une vie exemplaire , les fcandali-
foient par une conduite déréglée 9
les Laïques, plus Religieux qu'eux,
prenoient foin de la réformation
des mœurs. Les Bourgeois de
Moudon 3 aflemblez le 1. Novem-
bre , firent divers Règle mens
de police 3 (ù) entr'autres ces deux :
io. 5, Tous ceux qui joueront les
5) jours de Fêtes 5 durant l'office di-
53 vin 3 payeront 10. Sous d'amen-
,3 de. Ceux qui joueront de nuit,
33 foie aux Cartes 5 foit à d'autres
33 jeux , au delà de p. heures , pa-
j3 yeront 60. Soûs d'amende, mon-
53 noye de Laufànne 1 3c les Caba-
33 retiers, qui les laifleront jouer, chez
o eux, feront aufli mis à l'amende.
20. Quiconque aura bJafphé-
O 6 me
MLat.Mifl*,i8i.b. [ù}Ri£>J?r.d: Moudcn.
324 Hiftoire de la déformation
î Ç 2 8 . nU Nom de Dieu , jurant par la
* °u- >> chair, par le fang , & autres blaf-
0N" 3, phén-es > dévia baifer la terre.
3, S'il ne le veut pas > il demeure-
5, ra 3« h> lires au Carcan : &; cela
pour la première & pour la fe-
,> coude faute. Mais pour la troi-
* fiéme il fera d'abord mis au Car-
can , fans baifer la terre. Et fi
quelqu'un l'entend , & ne le ra-
3> porte pas 3 il payera 5. Sous d'à?
„ mande.
Suivant ces Réglemens , quelques
jours après , on mit un Cordon-
nier à l'amande , de 60. Sous , pour
avoir joué toute la nuit aux Cartes
dans la niaifon.
Excom ^ arriva encore un 'autre chofe
munie* à la ville de Moudon , qui mérite
tion lan- d'être raportée. Lan 1 51 9. Ja-
tee con- QUES Cornas > autrement C/;?j-
vîîle, res i Banderet de cette Ville , luj
pour fait demandait certains biens meubles
pecum- immeubles , qu'il prétendoit luy
appartenir > &: comme en les luy
refufoit , il fît venir de Rome un
Monitoire Apoftolique , portant ex-
communication contre les Bourgeois
de Moudon , s'ils ne le fatisfai-
foient pas > même avec i pouvoir
de U Suife. Ll v. V. 32 5
Timplorer le bras féculier. Le
Donfeil de Moudon députa , le 7. ° '
Vvril , quatre Perfonnes de fon don.°L%
Zotps 5 pour aller à Rorr\e , fol-
liciter k levée de cette Excommu-
nication. Cornas fit mettre en pri-
on ces Députez par deux fois à
lonie j mais le Gouverneur > a-
yant reconnu leur innocence , les fit.
relâcher à chaque fois. Quand Cor-
nas fut de retour de Rome à Mou-
don lan 1525. le Confeil voulut à
fon tour le faire mettre en prifon 5.
mais Pierre de Beuufort , alors Bail?
p|& Gouverneur du Pays de Vaud,.
lui en refufa la permifllon. Cs
procès dura dix années entières.
Les Parties plaidèrent en Cour de
Rome Se ailleurs > par devant des
jjlges déléguez du Pape 5 & pen-
dant tout ce tems là les Députez,
de. Moudon étoient excommuniez.
Enfin comme la chefe train oit ex-
trêmement en longueur , le Duc
de Savoye s'en mêla cette année
& les mit d'accord à Cbamèerjf , au
mois de Miy. L'un des articles
de l'accord fut , O^e Cornas con-
fentoic , à ce que les Députez pu£
fenc obtenir dèîie relevez de leuc
ex-
326 Hifloire de la Réformation-
1 5 28. excommunication. Il faloit aller
Mou- à Rome la demander au Pape
D0N- Clément VII, Mais comme la
chofe êtoic fort difficile , à caufe de
la guerre, qui étoit alors en Italie,
ils s'adreflerent à Sébaftien de Mont-
faulcon } Evêque de Laufanne , pour
le prier de fufpendre cette Excom-
munication , pour un certain tems,
jufqu'à-ce qu'ils en euflent obtenu
l'entière abfolutidh du Pape , dé-
clarant qu'ils vouloient toûjours ê-
tre enfans obêiffans aux commande*
mens de la S. Mère Eglife. LEvê-
que leur accorda leur requête 3 &
fufpendit cette excommunication
pour trois mois & demi 3 favoir
dès le 5. jour d'Octobre , datte de
fbn Ottroy , jufqu au 20. Janvier.
Le motif qu'il donne de cet Ot-
troy j mérite attention : Défirant ,
dit-il 5 de pourvoir au Salut de leur
âme 3 comme nous y fommes obligez >
en considérant que notre S. Eglife > ne
ferme jamais [on giron à quiconque
recourt à elle 3 & les très - me'c hantes
erreurs 3 femées dans nôtre Diocèse ,
par les faux dogmes de Luther, ( il
vouloit parler de la Réformarion de
Berne 8c du Canton 3 ) & craignant
qu'à
de la Suffi. Liv. V. 327
qua ïoccaÇion des choses sus- 152 80
MENTIONNEES 5 (ce long & fa- MoU«
cheux procès > & l'Excommunica- D0N'
tion lancée en conféquence , ) il ne
s'en produife encore d'autres &c. Sans
doute cette tyrannie du Clergé Ro-
main, aliénoit extrêmement les Ef-
prits 5 &: les difpofoit à goûter la
Réformation. C'cft ce que le bon
Evêque fentoit fort bien. Les Dé-
putez de Moudon préfentérent re-
quête au Pape Clément VII. pour
avoir Tabfolution , dont je viens de
parler. Il en renvoya l'examen au
Prévôt d' Aofle 3 avec pouvoir de
les abfoudre ; ce qcTil fit le 12.
Octobre. Il falut encore porter
lacté de leur abfolution à Laufan-
ne 5 pour y être ratifié & confir-
mé \ * comme il le fut le 30. A-
vril 152p. par Claude de Montfaul-
con , Docteur ès droits % Thréfo-
rier & Officiai de TEvêque.
On vient de voir , de quel ceil L'Eyê-
TEvêque de Laufanne regardoit les tîue/^e
Relormez & la Rerormation. Il^fc
fut extrêmement irrité contre les montre
Bernois , à caufe de la leur , & *nnen1TU
.. des fier.
Jl ?ioii%
* On peut voir toutes les Pic-ces de
CC procès dans les Archives dt Moudon»
32 S Hijloire delà Réformât ion
T 528. ^ leur donna dès-lors diverfes préu-
Mou- ves de fon inimitié : mais ce fut
DCL'Evè- )u^ement ce S10 ^UY attira & ruine,
que de Vmo, eft fine viribus ira. EUes fe-
Laufan- roient trop longues à rapporter.
Te me contenterai d'en mettre ici.
deux traits , qu'il fit cette année.
Il fut fort irrité contre les Laufan-
nois > de ce qu'ils avoient donné du
fecours aux Bernois , pour la guer-
re de Hdflim (a) Ce fecours qui
confiftoit en 66. Arquebufiers , é-
tant de retour , TEvêque voulut
mettre ces Soldats en prifon s pour
les punir de leur expédition > qu'ils
avoient faite contre fon gté. Mais
eux firent enfemble une efpéce de
conjuration pour leur défenfè , &c
fe promirent réciproquement avec
ferment, Que fi l'Evêque vorloit
mettre la main fur quelqu'un d'en-
tr eux » tous les autres employe-
roient tout leur pouvoir pour le dé-
livrer , & Qi/As fe fcûtiendroient
les uns les autres jufqu'à la mort]
L'Evêque , ayant fû cette conjura-
tion , n'ofa pas les entreprendre ,
6c les laifla en repos. Mais il dé-
chargea la Colèîe fur un pauvre
Cor-
M MSC. ftamb
de la Suiffe, Liv. V. 329
Cordeiier François Réformé, nom- i $28.
mé Jean Clerc, (a) Après la difpu- L'Eve-
te de Berne, ce Cordeiier s'en re- que de
tournant chez luy > paffa par Fii-
bourg , s?y croyant en fureté , à l'a-
bri du Sauf - Conduit , qu'il avoit
des Bernois , &c écant à table , il
dit , Que les Bernois avoient fait Chré-
tiennement de changer cette faufie Reli-
gion , en une Chrétienne. Sur quoi
il fut faifi par les Fribourgeois , qui
le menèrent garotté à l'Evêque de
Laufanne y 6c i'accuférent d'héréfie,
Les Bernois prièrent l'Evêque , (par
Une Lettre du <?. Mus , ) de relâ-
cher ce Moine, en confédération, du
Sauf - conduit , qu'il avoit d'eux ,
s'il ne vouloit pas les chagriner.
L'Evêque leur ayant i epondu , Que
ce Aîoine étoit détenu jujement pour [es
héréfies > les Bernois luy récrivirent^
Qu'ils nétoient pas c ont en s de fa ré*
ponfe i le priant encou une fois de le
relâcher , a moins qu'il n'eut d'autres
crimes , que celuy de la prétendue héré-
fie : fur tout qu'il fe gardât bien de le
faire torturer , & de le faire mourir ,
qu autrement ils uferoient de reprcfailUs
fur quelqu'un de fis gens.
L'Eve-
[*] B. Latin. Miff. 27*. b. 176. 181.
330 Hifioire de la Réformation
1528. L'Evêque leur répondit gracieu-
L'Evê- fement , & leur promit de relâcher
que de ce Moine : mais il ne tint pas pa-
„et roie > au contraire il le ht transfé-
rer à Ripaille , après lavoir détenu
quelques femaines dans fes prifons.
donne Cependant les Laufannois fe
du mé- plaignirent aux Bernois 3 de la con-
contente duhe de leur Evêqtfe (a) : de ce qu'il
Ville a mettoit des Etrangers dans fes
Cours de Juflice , àîexclufion des
Bourgeois ; & que contre la Pro-
nonciation 5 faite entre luy & eux,
par les trois villes de Berne 5 Fri-
bourg ck Soleurre ; ( portant qu'il
feroit battre de bonne monnoye ,
fous peine d'une certaine Amande j )
il avoit fait battre une monnoye,
qui ne valoit rien. Les Bernois
en écrivirent 5 le 31. Mars, à TE-
vêque , l'exhortant à caffer cette
monnoye > & à en faire battre de
meilleure. L'Evêque ne répondit
rien à cette Lettre > c'eft pourquoi
les Bernois luy écrivirent de nou-
veau pour le même lu jet , le 16.
May : & en même terns luy repro-
chèrent la violation de la parole ,
qu'il leur avoit donnée 5 pour Je
re-
M ibiA, 176. &r igi.
delà Suffi. Liv. V. 331
relâchement du Moine Jean Clerc > j $28.
luy demandant , qu'il le mit enfin lau-
en liberté. Je n'ai pas pû décou- SANNE*
vrir la fuite de cette affaire.
L'Evêque voyant les Laufannois Mouve-
liez avec ceux de Berne par un J^Lj^
Traité d'Alliance » craignit qu'ils contre h
rumitaffent leur conduite à l'égard Rffornm
de la Religion. Pour prévenir un uon%
(tel changement , il fit alTembler
I toute la Bourgeoifie 5 le Dimanche
8. Mars , & les fit exhorter forte-
ment à perféverer dans l'ancienne
j Religion & à rejetter ce qu'il ap-
: peiioic le Luther anifme. Je dis
j qu'il les fit exhorter j car il n'afi-
fta pas lui-même à l'Affemblée.. Il
auroit crû peut - être déroger à fa
grandeur &; à fâ dignité , s'il avoit
pris la peine d'adreiTer en perfonne
à fon Peuple quelque éxhortation
paflorale. En même tems il fit fai-
re des plaintes > de ce que les Con-
feils s'étoient faifis du grand Hôpi-
tal de N. Dame , difant que fes
Predéceffeurs lavoient fondé : en
quoi il fe trompoit j car cet Hôpi-
tal avoit été fondé feulement avec
l'approbation , vu ï Atle de la fonda-
tion de l'Evêque Guillaume de
Champ-
332 Hi/iûire delà Information
1 528. ChAmP~ Ptnt , lan 128Z. & non à
Lau- fes dépens , ni par fes foins. Sur
sanne. ]e preniier article les Bourgeois ré-
pondirent lechemcnt. Nous fommA
tous bons Chrétiens , & que celui qui
fera faute , fait puni par voje de droit*
Sar le fécond Article / ils dirent,
Qu$ s'ils s5 croient chargez de l'Hô-
pical , c'étoit à caufe de fa pauvre-
té t j les Ecdefiaftiques , qui ert
avoient la direction , l'ayant laiiTé-
ruiner , ou l'ayant même ruiné pac
leur mauvaife conduite.
Mais quelque aigreur qu'il y eût
entre la Ville & i'Evêque , les Lau-
fannois éteient toujours bons Ca-*
tholiques : quelque liai Ton qu'ils
eaffent avec les Bernois > ris a-
voient toujours le chêrne attache!
ment pour leur Religion. Us le fi-
rent voir vers la fin de cette année.
Après que les troubles du Pays de
Halle eurent é:é terminez , les Sei-
gneurs de Berne , renvoyant à\Lau-
fanne les Soldats que cette Ville
leur avoit donnez , leur firent fins
doute quelque ouverture fur la Re-
ligion. Il efl certain par les Ren-
tres , qu'on leur fit alors une pro-
t me. L*uf. jif.b.
de la Sutjfc L I v. V. 333
pofirion de cette nature : & elle I 52 S-
ne pût venir que des Bernois , quoi- L
que ces Re^kres ne les nomment SAÎÎNE-
pas. Quoiqu'il en foit 3 les Cori-
{èils & les Bourgeois , alïemblez
pour délibérer fur ce fiijet , furent
tous du fentiment, qu'ils exprimè-
rent en ces termes : De vouloir vi-
v)e bien & bonnet emcv.t , comme
leurs Prcdécefîeuïs ; De vouloir être
bons Chrétiens , & vivre félon Dieu ;
fans ia/ïreindre pourtant à faire au-
cun fiai ut (a).
Cependant comme les Eccléfia- SonCIer
fliques fcandaliioient tous les ho- fe î",
netes gens par leur vie déréglée ,
Q/<e non -feulement les Chanoines
Séculiers de la Cathédrale : mais
aufh les Chanoines Réguliers de S.
Maire , & les Dominicains & les
Cordeliers de la Ville , ten oient
des Concubines , dans leurs Cou-
vents j l'AiTi-iriblée , dont je viens
de parier, ju^ca nécefTaiie d'arrê-
ter le cours de ces deiordres : 8c
députa cinq Confeillers , pour ai-
le1 parléi à ces bons EccJéfiaftiqi.es,
fie kur dénoncer + de nouveau, de
châtier
(*) MSC. Lauf. H3.
1" (e-te DémiKu.-. • .' ri leur avoit été
deja laiic lani.ee pKtcdenîe 1527,
3-34 Hifloire de la Rt 'formation
Ï 528- charter leurs Concubines , * de leu i
Lau- Maisons rdigïeufes , & de vivre bon-
sanne. nétement çeion D\Cu i ce qUi fat e.
xécurê le lendemain (a).
Je n'ai pas trouvé dans les Ré-
gi cres quel fut le Succès de cette
députation : mais la Suite le fie
bien voir : & les plaintes étranges
que les Laulannois portèrent , cinq
ans apiès , je veux dire Fan 153g.
contre les dérèglements incroyables
de leur Clergé , & que j'ai rapor-
tées ailleurs t ; démontrèrent que
ces gens-là étoient des Pécheurs ab-
folum<mt incorrigibles 5 Ainfi il
n'y a pas lieu de s'étonner , fi dans
le tems de la Réformation on les
traita avec un peu de dureté. On
les regardoit prefque comme des
Monftres , indignes de la moindre
confideration.
Il y a beaucoup d'apparence qu'ils
portèrent des plaintes à Fribourg
contre les Laufannois , à cette oc-
cafion j ( car c'étoit-là leur refuge
ordinaire > ) Se qu'ils les y accusè-
rent de méditer quelque changement
de
* ab eorum Réliçionibus.
U) Ibid.
t Voyez les dans le Difcours Prélimi»
nzire du 1. Tome , page 31.55.34»
delà SuiJJe. Lï v. V. 33 S
le Religion , fous prétexte de re- j
ormer les mœurs de leur Clergé. lau-
;>uoi qu'il en foit , les Seigneurs de SANN£"
«ribourg écrivirent fortement aux
^aufannois fur ces matières. La
Sourgeoifie fut affemblée , le Sa-
nedi z6. Décembre pour entendre
a lecture de leur Lettre. Apiès
ette lecture , il fut réfciu de dépu-
er quelques Confèillers à Fribourg
!30ur informer ces Seigneurs de la
vérifé ; & leur dire > Que le ferai-
ment général de la Bourgenïfie et oit de
vuivre bien & félon D'au , comme leurs
Wrédéceffeurs fans sadreindre, pourtant
m aucun règlement 3 ni fe foumetre a
tu i une peine {a).
Cette année il arriva qu'un Prê-
tre > Vicaire de Pully > accompagné
de quelques autres hommes , tua
un Chapelain , nommé Louis Per-
ret. Il fut faifi par les Officiers
de l'Evêque , & conduit en prifon.
Quelques jours après , il trouva le
moyen de s évader do fa prifon , &
de fe fiuver dans le Couvent des
Cordeliers de S. François. L'Evê-
que craignant apparemment de fe
commettre avec les Moines > s'il
en-
W MSC. Unf. 355. b.
3 3 6 Ht fi oh e de la Reformât ton
0O entreprenoit feul de vicier leurs
^ ' privilèges Se leurs immunitez > .s5a-
sanneV^ dreifa au Conftil , &: le fit prier
par deux de fes G m* ci ers > l'un
Chanoine , 8c l'autre Chârchin
aOuchy , de lui aider à faire laifir
ce Prifonnier. Le Confeil dépura
4. Confeillers pour requérir le F'm
Gardien du Couvent , de laiffcr
prendre ce Vicaire > lui promettant
«que cela ne tireroit point à confé-
quence , & qu'on lui donneroic un
Prêtre Acte en forme 3 portant afiûrancc
meoUr." qu'une telle conduite ne préjudiciel
îner ar- » . . . . 1 , r
rachéd'u roit point aux immunitez de ion
neEglife. Couvent : ce qui fut fait. Tel
étoi: le tour qu'il faloit prendre,
pour arracher un Meurtrier du pied
des Autels $ lefquels félon la pra-
tique de TEglife Romaine 3 fontl'a-
zyle des Scélérats (a).
Lts Laufannois eurent encore un
autre affaire avec le Cardinal Ser-
vi ati s , au fujet des biens de Mon-
~tperon , petite Abbaye , fituée dans
le B is du Jorat , à deux lieuës de
Laufanne : Ce Cardi ial , qui l'a-
voit obtenue d'un Pape , & qui en
prenok le rit e cf$>bç , y tenol
un
de la Suitfe. LiV. V. 337
un Religieux, qui, fous le nom de 1528*
Prieur > n'étoit que ion fermier , Lau-
& lui en envoyait les rentes à Ro- sanne.
me 5 ne réfervant que ce qu'il faloit
pour nourrir maigrement les Reli-
gieux , de laiiTant dépérir les bâti-
mens 5 faure de réparaion. Au
commencement de cette année 1528.
Jes Religieux s'en plaignirent au
Confeil de Lauffcme, le p-ianr de
les foûtenir , puifque la Ville avoit
, droit à'Avojcrïe fur leur Maifon.
i Ils réitérèrent la même demande
au Mois d'Avril fuivant , que leur
! Prieur étoit venu à n ourir. Le
Confeil les écouta favorablement Se
le 28. Mai il leur donna deux
Curateurs ou Adminiftrateurs 3 un
| Chanoine Se un Cor.feiiltr, avec
I pouvoir d'en retenir les rentes , Se
de les appliquer au profit de ce:te
Maifon. Peu de jours après un
Moine qui étoit couru à Rome >
auprès du Cardinal Serviatis , pour
prendre de lui cette Abbaye à fer-
me > Se qui- fouhaîtak que le Con-
feil de Laufanne le reconnût en cet-
te qualité. ' Les Laufannois firent*'"' 6>h*'r*fa
plus. Le Lundi après le Diman-
che de la Trinité > ils élurent de leur
Tom. IL P propre
338 Hiftohe de la Réformât ion
1 528. propre authorité un Abbé de Mon-
\ Lau- theron , & déférèrent cette dignité
bannis. ^ un chanoine de leur Cathédrale ,
nommé Amedée Ravier , en fon ab-
fence ; 3c députèrent quelques
Confeillers à Montheron 3 pour
préfenter cette éledion aux Moines
du lieu , qui l'agréèrent *. Mais
les Laufannois ne fe foûtinrent pas
dans cet Acte de vigueur : l'efpric
de la Catholicité , dont ils étoient
remplis , ne le leur permettoit pas.
Ainfi le Cardinal demeura en poC
feflion de l'Abbaye , & continua
d'en tirer les rentes > jufqucà Tan-
née de la Réformation : comme on
Taprend par la Suite des Regîtres.
Alliance £>ans ^e même tems les Seigneurs
defenfive de Zurich & de Berne (a) , voyant
entre les que les Cantons Catholiques té-
y^j.es moignoient tant d'animofité con-
mées. tr eux » & qu 11s s etoient engagez
réciproquement à perfévérer dans
la Religion Romaine , prirent aufli
des mefurcs pour leur conferva-
tion > & pour celle de la Réfor-
mation > qu'ils avoient établie.
Ainfi, le 25. Juin, les deux vil-
les
* MSC. Laitf. b.
[a] Stcttltr ll.ZQ. Hotti,^.^!.
de la Snijfc . Liv. V. 339
i:s firent enfemble un Traite jj2 8*
particulier d'Alliance^ de Combour-
geolfie Chrétienne , par lequel elles
s'engagèrent mutuellement 3 io. A
fc défendre & à fe foûrenir , tant
pour le temporel que pour le fpi-
ntuel. 20. A protéger leurs Sujets
des Seigneuries Communes , qui
fouhaireroient la Réformation , 3c
qni Tembrafferoient à la 'pluralité
des fuffrages. 30. A LiiTer entière
liberté de confeience à ceux qui
vouloient perfévérer dans la Reli-
gion Romaine ; le tout avec cette
1 exprelTe referve , Que pour tout le
refte,c'eft-à-dire> pour toutee qui ne
regardoit point la Religion , Elles
obferveroient toujours éxa&ement >
envers les autres Cantons , tous
les devoirs , qui leur étoient im-
pofez par leurs Alliances récipro-
ques. Au mois de Novembre fui-
; vant , les deux Cantons reçurent
la ville de S. Gai dans cette nou-
velle Alliance ; & Tannée fuivante
152p. Bknm > en Janvier , à la re-
quifirion de Berne ; &c Mulhoufe
en Février , à la requifition de
Zurich. Enf\n Baie y entra auflï le
3. Mars. L'Etat de Zurich s'étoit
P z déjà
34o Hifloire de la Réformât ion
I52S. ^ Ie 25* Décembre de Tannée
Alliance 1527. par un Traité femblable ,
de/en/ive avcc }a Ville de Confiance > qui
avoit embraffé la Réformation peu
de tems auparavant (a). Les Ber-
nois avoient fait la même alliance
le 31. Janvier 1528. H étoit fti-
pnlé dans ces Traitez : Que cette
Alliance dureroit 10. ans : Que
quand ces Villes feroient attaquées
pour caufe de Religion > Elles Te
défendroient réciproquement 5 de
toutes leurs forces 8c chaque par-
tie à Ces propres dépens (b). Les
deux Cantons rirent comprendre la
Ville de Confiance dans le nou-
veau Traité conclu avec S. Gai ,
8c fuccefîivement avec les autres
Villes réformées delaSuiiTe. Les
Ambafladeuts de l'Empereur 8c les
Envoyez de la Ligue de Suabe s'en
plaignirent aux Cantons , dans
une Diète atfemblée à Lucerne.
Mais on leur répondit en peu de
mots : 5? Ou lis n'avoient point de
5, raiion de le plaindre, puif^ue dans
„ ces Traitez d'Alliance on avoit ré-
J} fervé TEmpeieur & l'Empire >
,3 com-
te) Hottinç. 184. lUfm. 6%6.
{b) £. LnuY. H. 15».
de la Suffi. Llv. V. 341
„ comme au/fi la Maifon a Aurri- I S 2 S -
„ chè » & toutes les Alliances plus
>, anciennes *.
Il eft tems de parler du Pays des
Grifons. La Réformation y rît Giu-
des progrès cette année. La Pa- fwiès
roilTe de Davos {a) y &c quelques de la 5£
autres , abolirent la Méfie, tesf°.rma-
Images & tout le refte de l'atti-
rail Catholique ; nonohftant la vi-
ve réfiftance du parti oppofé. Il
y eut suffi deux Ligues , qui éta-
blirent des Confiftoires , pour l'ad-
miniftration de la Difcipline Ecclé-
fîaftique &C. &: ordonnèrent que
chaque Jurifdivftion auroit fon Ccn-
fiftoire particulier. Les Catholi-
ques 3 au défefpoir de ces change-
rons, formèrent un complot pour
maflacrer les Réformez ; mais ce
déreftable complot fut découvert de
bonne heure > & tourna à leur con-
fufion. Il y avoir trois ans , que
Paul Zlegler , Evêque de Coire , ne
pouvant plus fe réfoudre à vivre
dans fa Cathédrale, depuis que la
Réformation avoit commencé à s'y
P 3 intro-
* *Mkn688.
[*] Hottin*. 417. Se ait. 14S.
342 Hîfloïre de la Rejormation
I 528. introduire " setoit retiré à Fut -fte-
Gri- bourg j dans le deffein d'y tranf-
S°cmfpi- Porter & réfidence Epi/copale.
r/r^V» Jaques de Medkïs , Châtelain
des Ca- de Aîuj[(a) > avoit envie de faire
ques"«ié-torn^er cet ^véche entre Les mains
couverte de fon Frère Angclo , qui fut
&punie. dans la fuite Pape > fous le nom de
Pie IV. & Ton devoit pourvoir ail-
leurs Paul Zieglcr > de quelque boa
Bénéfice. Ces deux hommes don-
noient leur Sœur en mariage à
Wolffgang Theodoric , Com-
te de Hoben-Ems : Jean An gel o la
devoit accompagner en litière , fous
prétexte d'indifpolîtion , avec un
bon nombre de Soldats , amafïez
comme pour lui faire honneur.
La Noce devoit paffer par Coire ,
& toute cette troupe devoit fe jet-
ter fur les Réformez , qui ne s'at-
tendoient à rien de femblable , 6c
les malTacrer. Mais heureufement
le complot fut découvert d'affez
bonne heure > pour en prévenir
l'exécution. Théodore Schleghel ,
Abbé de & Lucis , qui y étoit en-
tré , fut faifi 3 & interrogé > il
con-
(a) Sprecher. 249. 2^0. Scult. 14.9-
Stumtf. L.X.C.y.p.623.
de la Suffi Liv. V. 343
fafla tout. Les III. Ligues Juy 1528»
firent fon procès > Se le comdam- Gla-
nèrent à avoir la tête tranchée -y SONS
ce qui fut exécuté au mois de Jan-
vier , de Tannée fuivante 1525?.
fans aucun refpeft pour fa tonfure.
Ainfi finit Fan 1528.
Fin dn V. Livre,
P 4 SOM-
344
SOMMAIRE
D U
SIXIEME LIVRE.
1528. ^ Baie. Mouvemcns pour la Ri*
\$2<). formaîîon* Affemblée de la Bour-
3éj gecifte renvoyée : Nouvelle AfTem-
3&t>. blée. Dîfpojïtions pour leur def enfin
Alarme dans la Vtlle. Images abba*
3^ tués. Nouveaux Réglemens de Po-
itâ- jice & de Religion. Retour du cal*
me. Départ ^TErasme & du Clergé
3^)- Catholique. Z'Univerfité eft remifc
fur un bon pi:d. Simon Grynaus >
& Sebastien Munster : leur M*
3ro. ftoire. Moines fécularifez- Vœu té*
si* méraire de P. Kesseler. Mullhou-
fè & Bienne dans l'Alliance des Can-
tons Réformez..
IL Zurich. Nouvel Edit de Réfor*
s+f. tnation. Berne. Réforme du Clergé
$r£ Catholique. Réformaticn des mœurs.
37e)- Règlement pour le Confiftoïre de
Berne , à- pour ceux du Pays.
111. Glaris. Rétablifftmcnt de la
Concorde. Règlement de Religion.
**4 S. Gai. Réformation du Temple de
ÎAb.
du Liv. VI. 345
ï Abbaye. Faujïes Reliques. Bienne.
Troubles de Religion appaifeZ* **?
IV. Progresse la FJformation dans J?r'
le Thourgavv , à BifchofTzell , a
Fravenfeld , a DielTthofe 3 à Mcl-
lingue > & à Bremgarte : dans les
Balliages Libres , & dans le Pays de
Gafler. Le Tockebourg fe réfor* ?7 7
me entièrement.
V. Mouvement des Cantons Catho- 0
lïques. Wefen , & Schennis Je ré-
forment. Négociation des Bernois a *'* ■
Fribourg & a Soleurre. Troubles «*>s-
entre les Cantons au Sujet de celui
d'Underwald. A JJcmblée générale du
Iho'trgavv. Nouveaux Griefs de ^9-
! de Zu i h contre les Cantons Catholi-
ques. Martyre du Minière Keyser.
VI. Lettre du Roi Ferdinand
aux Cantons. Continuation des trou- ?
lies entre les Cantons. Mouvement ***
de Guerre. Négociation de Paix. ****
Traite' de Paix de Religion entre
j les Cantons. Articles de ce Traité. Ac-
: commodément de Berne avec Under»
vvald. Mécontentements dans la Suiffe. * * *•
VII. Suite de la Réformation dans
le Canton d'Appcnzell > & dans le
Comté de Bade. Réformation de
SchaiThoufs.
P 5 Vlll &
346 SOMMAIRE
VIII. S. Gai. Difficultés au Su*
us?- jet dun nouvel Abbé. Nouveaux
Troubles entre les Cantons. Réfor-
m ■'. nùtion de Schwartzbourg.
IX. Moines fécularifez dans le
Canton de Berne. Donations faites
aux Villes d'Arberg & d'Undeife-
vven. Réformation de Zurzach &
autres lieux du Comté de Bade. SuU
te de Réformation dans le Thourgavv,
à Rhynavv & à Gathnarg. Synode
du TJjourgavv.
4S°. X. Commencement de Réformation a,
wri- Sokurre. Divifion a ce Sujet. Rëgle-
ment pour la liberté de confcience. Nou-
W veaux Troubles. Retour du calme.
Edit nouveau pour la liberté de con-
fcience. Grifons. Réformation dans
i'Engadine.
XL Occafions delà Conférence
**M de Marpourg. Origine du nom de Pro-
W*. testant. Aftes de cette Conférence.
mM. Sueur Argloife. Confejfion de foi fi-
gnée par les deux Partis. Le Landgra--
<ve de Hefie approuve le fentiment de
> Zuingle.
XII. Troubles de Rothvvyl. Aha\
<&* batiftes. Conférence des Minislres de
Baie avec eux.
HISTOI-
347
HISTOIRE
DE LA
REFORMATION
DELA
SUISSE,
LIVRE SIXIEME.
Qui contient entr autres chofes >
la Réformation de Bale &
de Schaffhouse ; les -pre-
miers mouvemens de Guerre
de Religion , & la Paix qui
les fuivit.
IWff We 1529. a été fignalcc'J^f*
ç<j WèM dans la Suifïe par de grands
événemens. On y a vu,
entr autresj la Réformation de deux
Canrons > Balf èc Schaffhouse ,
& de plufieurs autres iiewx , avec
une Guexre Civile , qui fembloit
P 6 £L
348 Hijloire de la déformation
Introdu- d'abord devoir entraîner de grands
maux , mais qui fut heureufement
terminée > prefque aufli-iôt que
commencée , fans avoir caufé la
moindie erTuflon de fang. On peut
y joindre le Colloque ou la Con-
férence de Marpourg* en re des Théo-
logiens choifîs de l'Allemagne &
de la SuifTe , fur les articles de Re-
ligion , qui divifoient les Eglifes
Pro^ftantes..
I $2 8 . I* Les commencemens de la Ré-
Ball formation de Baie furent un peu
tumultueux , mais là fin en fut
heureufe ; ck tous les troubles ,
qui s'y étoient élevez pour caufe de
Religion , fe terminèrent , fans qu'il
fût fait aucun mal à Perfonne , ni
en fon corps » ni en fes biens. Le
nombre des Réformez étoit de beau-
coup plus grand que celui des Ca-
tholiques , car ils étoient 2500*
Mouvez contre <Soo. Le Sénat croyoit a-
mem voir furfifamment remédié aux dék
pour la ordres , par fon dernier Décret ;
dation. mais *a Dwilion alloit roujouts en
croiflant. C'eft pourquoi (a) le Mé-
credi 23e. Décembre 1528. trois
cents Bourgeois > de plus > tirez
de
{*) Wurflif, Lib.7. C.li. KUtihr njv
de la Suitfe. Liv. VI. 349
Hc toutes les Tribus de la Ville j
î 'aiTemblérent dans l'Abbaye des b
ardinùrs , mais fans armes, & y
Hrefférent une Requête, fort longue
K fort prelTan e , par laquelle ils
orioienr leurs Magiflrars au nom
[le Dieu , tk pour rétablir l'union
lk la confiance dms la Ville , d'a-
polir enfin la MeiTc: 5 & d'interdire
la prédication aux Cath liques ,
lufqu'à ce qn'ils ei fient prouvé leur
r.oftrine par l'Ecriture , -orrrai t de
[ éprendre la MelTe , d'abord qu'on
leur auroit mrnné par la Parole
Ile Dieu 5 qn\ 1 e eft benne. A/aïs
f? elle cfi une ib^mbution dezant Dieu^
iifoient-ils , pourq«oy voudrions-nous
pour faire plaifir aux Piètres, nous
Uttirer la colère de Dieu &c. Pour»
moi voudrions - nous combattre comte
Va vérité & contre le S. Pfpit ? Et
jfe prorofant l'objection qu'on fai-
foit alors contre la piétention des
Réformateurs , tiiée de ce que les
Controver fes de Religion avoient
cre flffifamment édaircies d puis
long-rems par les Conciles &c par
les Pérès de l'Eglife , ils répon-
doient j „ Qu'on ne pouvoit pas
fuivre le* Conciles avec fureté ,
» par-
3 $0 Hijloire de la Réformation
1 528. " Parce qu'ils ont fouvent erré , &
B a l e.* » prononcé contre la vérité , &
Mouve- >y qu'ils ont été oppofez les uns
"ouda " aUX autres &c* ^s répondoient
^Réforma- enfuite à la Requête, que les Ca-
tion*. tholiques pouvoient préfenter,
pour être maintenus dans leur an-
cienne Religion : Vous pouvez juger,
difoient ils > laquelle de nos deux Re-
quêtes esj la plus raifonnable &c. Ils
demandent d'être laijfez dans leurs an*
dens ufages , qui ne fervent ni à la
gloire de Dieu , ni a la paix de la*
Ville : Nous au contraire , nous de-
mandons une chofe , qui fert a glori-
fier Dieu , & qui efi utile à eux &
à nous &c. Sur ce qu'on leur ob-
jeftoit : ^£on ne doit contraindre
Perfonne à la foi , ils répondirent ,
Que ce riétoit pas leur deffein de l'en-
treprendre y puisque ceft Dieu feul ,
qui donnt la foi > mais que cependant
il ri y a point de Magistrat Chréten >
qui doive tolérer les faux Prophètes
& autres fcandales : comme une Mè-
re feroit inexcufable , fi elle permet-
toit à fes filles de fréquenter des fem-
mes débauchées , en difant y Qifil faut
que ce foit Dieu qui la tire. &c.
Les Catholiques de leur cô:é s'a£
fera-
deUSuife. LlV. VI. 3 S I
! cmblérenr (a) aulTi , mais en armes, 1528a
| jour s'oppofer aux Réformez. Le B a l e,
. Sénat ordonna aux uns 6c aux
mtres de fe retirer dans leurs mai-
sons , & de s'y tenir en repos*
Les Réformez portèrent leur Re-
buête au Bourgmaîcre J, Henri
ïMcliinger , qui éroit zélé Catholi-
que. Il refufa de la recevoir > 3c
leur ordonna par leurs Sermens de
(fe retire; chez eux , mais ils réfo-
rurerit de den^euer enfembîe , juf-
qu'à-ce qu'ils euiTent été entendus.
Ainfi le Sénat leur envoya deux
des principaux Magiftrats pour re-
cevoir leur Requête , 6c pour leur
ordonner de fe retirer dans leurs
maifons. Ils obéirent , mais en
priant leurs Seigneurs , de leur
rendre dans deux jours une répon-
fe favorable. Le Sénat ne fe prefla
point de répondre : Divers Magi-
ftrats tenoient pour la vieille Reli-
giort. La nuit du 25. au 16, Dé-
cembre, Ls Caholiqnes ('>) qui é*
toient principalement ceux du Quar-
tier d'au delà du Rhin , qu'on ap-
pelle la Petite Baie > s aflembléienc
en
( 1) IVurfllf. 1. c. p. Çtf<J.
{b) n'urJlijA.y. C.12m Klatib. 1 1<;. J
352 Hifloire de la Réformation
1 528. en armes. Les Réformez , l'ayant
Bale. apris s'affemblérent auffi en armes
Tumulte eux & ]eurs domeftiques, d'abord au
de nuit. nombre de 800. hommes j & leur
nombre croiiTant de moment à autre*
ils fe virent jufq i'à 3000. s'étant
partagez en trois Corps , ils parlè-
rent la nuit fous les firmes. Le Sé-
nat s'aflembla précipitamment \ &
envoya des Députez aux deux par-
tis > pour leur ordonner de fe reti-
rer > & de mettre bas les armes $
mais aucun des deux ne voulut o-
béir > étant également animez de la
crainte d'une furprife. Enfin le Sé-
nat leur propofa , de choifir des
Commis , qui agiroient au nom de,
tous , mais qui ne pourroient rien
condurre , fans la participation de
toute la Communauté , & que tout
le refte fe retircroit. Cette propo-
fition fut acceptée > les Réformez,
choifirent trente hommes d'en-
tr'eux , & les Catholiques en choi-
firent auflfi , quelques - uns. Pen-
dant tout le tems que ces troubles
durèrent , on ne laiiïa que deux
portes de la Ville ouvertes 3 avec
Une bonne garde.
Le Sénat s'aflembla 4- jours con-
fie u-
de la Suffi. Liv. VI. 3 S 3
fecutifs , fans prendre-aucune réfo \ $2£.
lution j & le Mardi 29. il reçut (4) I b a l e.
lune Requête des Catholiques qui
demandoient inftamment d'être laif-
fez au bénéfice du dernier Edit , Se
en liberté de confeience. Cepen-
dant le bruit de ces troubles de Ba-
ie s'étant répandu parlaSuifle ? les
[Cantons de Zurich , Berne , Luccr-
ne , Url > Scbvvitz > & quelques
autres > &c les Villes de Strasbourg
i& de JPfuliboufe >• y envoyèrent des
{Députez , four orTrir leur média-
tion. Le Sénat les reçut avec joye,
p& leur donna permiffion d'interpo-
;fcr leurs bons offices , pour ié:a-
jblir la paix. Le même jour , (Mar- *
di 29. Décemb. ) le Sénat nomma
quatre Confeillers > & quatre Bour-
igeois > qu'on chargea de chercher
:un moyen pour accorder les deux
parties. Ces huit Commis convin-
rent enfemble des quatre Articles
fuivans \
10. Qu'on prêeberoit publiquement
Vkv.ingile dans tous les Temples :
20. Que les P/édicateun (b) con-
\fér croient enfemble au moins une fois
chaque
(a) Wwrft. f.C.pag.Çdff. Kl*Hb.l\6%
9) Wurjlif. J.c. 166, KUub. 1 17,
3 54 Hifloire de la Rjformdtion
I 529» c^aclÎU femaine ,pour sinftruire mutuel-
Bale. lement dans la Parole de Dieu.
Articles Que ceux qui introduiraient
fJz^°~ quelque nouveauté contre la Parole de
Dieu, ou qui ne pourroient pas pou-
ver leur doclrine par l'Ecriture , jm
roient dépofez de leurs Emplois.
4°- Que pour ce qui regarde la
Mefle, Perfonne ne devra entreprendre
de rien prefcnre aux Magiftrats j ni
contraindre quelqu'un par la .force a
aller à la AJeJfe , ou à la quitter , mais,
qu'on laijfera a chacun pleine liberté de
conscience.
Ces articles ayant été propofez
0 aux deux partis , les Réformez ne
les trouvèrent pas fuffifans pour
rétablir la paix , c'eft pourquoi ils
refuférent de les accepter ; deman-
dèrent une réponfe plus famfai*
fanre, & prièrent les Suifks Ré-
formez, de les foûtenir , à forme
de leur Alliance. Le Sénat pour
lesfamfire révoqua le 4e- article,
& (a) à fa place , il fut dit. Qu on
tiendroit une Difpute publique fur
la Mie , le fécond Dimanche après
la Pentecôte, & qu'en attandant,
U) Idem, ibid»
dt la Smtfc. L I v. VI. 355
n ne célebreroit la Meffc que dans
trois Temples une feule fois chaque * 5^9*
Ur$ Savoir la grande Meffc. lMj£jj£t
Catholiques furent mécontens de propo-
les Réglemens, & demandèrent que fez.
is Réformes fe contentaffent des
;inq Temples qu'on leur avoic cédez,
le Sénat, pour leur donner quel-
ue fatisfaûion , défendit de chan-
P les- Pfeaumes en allemand dans
ks Temples , où on ne les âvoit
U>as encore chantez 5 mais cette dér
"snce penfa caufer de nouveaux
((roubles >• fi les Députez de Zurich
ic de Berne n'euffent porté les Ré-
formez à s'y foûmettre.
1 Cependant les Théologiens Ca-
holiques refuférent d'obéir à ces
louveaux Réglemens. Loin de eon-
érer (a) amiablemenr fur les points
lontroverfcz , avec les Théologiens
déformez : les uns quittèrent la Vil-
le, & les autres crioient en Chaire
l'une manière féditieufe , contre les
téformez 5 Se pour cette caufê on
cur défendit de prêcher. Ainfî
juatre Eglifes , 1^ Cathédrale , S.
Pierre , S. Théodore , & S. Ulrich,
furent
(«) n'nYftif% L c. p. ç$8. WUmk 1 19. 10,
356 Hijloire de la déformation
1 529. furent 1 5. jours fans Prêche &; fans
Bail Meffe.
Les Commis de la Bourgeoifie
(a) s'en plaignirent au Sénat , le
priant de pourvoir les Eglifes de
bons Prédicateurs, afin que le Peuple
fût édifié : ce qui leur fut promis.
Le Dimanche fuivant 5 (24. Janvier)
Sebaflicn Afuller, Prédicateur de S,
Pierre zélé Catholique > monta en
Chaire , & y prêcha d'une manière
violente contre les Réformez, les
chargeant d'injures groflîéres. Quel-
ques Réformez qui éroient alle2
l'écouter , eurent à ce fujet de
greffes paroles avec quelques Ca-
tholiques , & peu s'en falut qu'il
n'y eut des coups donnez. A ce:te
occafion toute la Bourgeoifie Ré-
formée s'affembla & chargea fe s Com-
mis de fe plaindre au Sénat > Que les
Réglérnens nouveaux , concernant la
Prédication Se la Meffe , n'étoient
point -obfervez ; & de demander,
que les Eglifes fuff.nt pourvues
de bons Préiicideurs , qui leur
prêchaffentla pure Parole de Dieu.
Le Sénat les renvoya {b) avec de
bonnes
[s) Iid.ibid.
(b) ïVurftif.^fa KUlib. Ilx.
de la Suffi. Liv. VI. .357
ormes paroles, leur promettant j 529.
te leur donner dans peu une ré- 3 a l e.
i onfe favorable. Mais quinze jours
t: paflerent (a) fans qu'on leur
lendit aucune réponfe j & cepen-
ant les Catholiques continuohnt
ans leurs emportemens , ufans
le menaces , d'injures & d'invec-
Ives fanglanres contre les Réfor-
mez. Tout cela rendit le Sénat
B-iipecT: aux Commis ; &: craignant
ue leur Bourgeoise ne les foup-
jonnât eux mêmes de collufion
vec les Magiftrats, ils convoquè-
rent toute la Bourgeoifie , le lundi
. Février. Huit cents hommes
afîemblérent aux Cordeliers -, te*f[?*£\
près avoir prié Dieu de les diriger ^^-^
dans leurs Délibérations , où il s'a- geoifie.
;ifloit de fa Gloire , ils convinrent
le demander ces deux chofes au
>énat ; i°- Que d'autant qu'on
i obfervoit point le Traité , & que
es Catholiques pcrfévei oient dans
eurs menaces &c dans leurs info-
ences , on nevouloit plus foiifFiir,
que les Sénateurs , qui étoient pa-
■ens ou alliez des Ecclcfialliques
Papilles , alTjlaflent aux délibéra-
tions
(#) fVtirJlif. L7.C. 2}. Khub. m.
358 Hijloire de la ^formation 1
Ï 529. tlons du Sénat, lors qu'il sagil t
B a le. foir. de la Religion , mais qu' 0
en fuffenc exclus ; cependant fan
Bour aucun préjudice de leur honneur
geoi/îe. 2°' comme la Magiftratur
étoit entre les mains d'un peti
nombre de Perfonnes , qui difpo
foient trop des affaires à leur gré
on fouhaitoit qu'à l'avenir les Séna
teurs ne fuffent points élus fans 1
participation des Slzeniers , ni le
les Chefs des Tribus , ( Zunfft
Jlfeifler ) ni les Sizeniers , fans 1;
participation de la Bourgeoifîe. L
Sénat {a) voulût d'abord difToudn
cette Affemblée par fa feule authorité
mais les Bourgeois n'étant pas di(
pofez à obéir , il fe trouva fort em
barraffé , & demeura affembl<
dès le matin jufqu'à 5. heures di
foir , avec les Commis. Enfin
ordonna aux Commis de retourne!
auprès des Bourgeois , & de les* éx-
horter à prendre patience jufqu'au
lendemain , les afîurant qu'on leui
donneroit une réponfe , dont ils au
roient lieu d'être fatisfaits. Les
Commis exécutèrent leur ordre
quoi qu'avec peine. Mais le calme
ne
l*yrurftifAx.?. tfO, Klaub. 1 15 . 1 14-
Renvolée
de la Suijfe. Liv. VI. 3 59
le dura pas long-tems. Les Bour- 1529,,
reois refléchiflant ce foir même (*)Bale.
ur ce que le Sénat avoir été aflem-
>lé tour le jour , fans leur donner
jne réponfe décifive , foupçonné-
ent quelque complot caché , &C
;raignirent qu'on ne les eut fépa-
ez > pour les égorger fans peine
durant la nuit. Là-deflus , fortant,
le table , à 6. heures du foir y ils fe
:ommuniquérent leur penféeles uns
tux autres , & dans un moment il Nouvel*
e trouva 1200. hommes aflemblez ^iffà^i
bien armez. Ils rirent venir leurs Bourge-
Commis, & les chargèrent de de-oifie.
nander que le Sénat s'aflemblât in-
ceiTammcnt , voulant abfclument
avoir ure réponfè finale ce jour-là
même. Le Sénat aflemblé délibéra
fur cette affaire jufqu'à p. heures du
'bir , & envoya les Commis aux
Bourgeois, pour leur répiéfenter ,
Que-te ums ne permettoit pas de
délibérer à fond, fur une affaire de
zette importance , mais qu'ils de-
ivoient fe retirer & attendre juf-
qu au lendemain , qu'on leur ren-
droit fûrement réponfe. Les Bour-
geois , ( regardant cette propofi-
tion
l*]fyurftift\,ç.$.tf<M70,Klaul. 129,2.24.
3 60 Htjlolre de la déformation
I 529. tlon comme ur* leurre , qu'on leur
Bale. préfentoit , pour les diiTiper , ) re-
Nonvel- fuférent de fe féparer , de dirent
blée * qu'abfolument > une fois pour tou-
tes 5 ils vouloient avoir réponfe cette
nuit méme.LesSdgneursA'oyant leur
fermeté, &; jugeant bien qu'il n'y avoit
pas moyen de reculer d'avantage leur
accordèrent enfin leur demande, con-
cernant les Sénateurs alliez ou parens
desPi êtres, %c les alTurêrent;que quant
au refte > on régleroit les affaires de la
Religion & de la police, de la manière
qu'ils le fouhaitoient. Les Bourgeois
acceptèrent cette réponfe ; mais n'a-
yant pas tout ce qu'ils demaridoient
ils n'en furent pas iatisfaits,&: ne vou-
lurent point fe féparer , 6c fe retirer
dans leurs maifons,que cette affaire
nefûtentiérerement finie. Cependant
pour ne pas paroîrre avoir trop de du-
reté pour leurs Magiftrats > ils lailTé-
rent lever le Sénat : mais d'autre
. coté > ayant toujours dans rcfprit
le foupçon de quelque complo: , ils
r ne négligèrent pas les précautions
tion necellaires pour leur iurete. Ils le
pour f partagèrent en trois Corps , qui fe
leur dé- logèrent en trois Quartiers dilférens :
Ils pointéient fix pièces de Canon
pies
deUSuiffe. Liv. VI. 361
prés de l'Hôtel de ville } ils fe bar- j pç,
ricadérent, 6c tendirent les chai- b al e,
nés des ruës , allumèrent les fa-
naux des Carrefours > & rirent fai-
re bonne garde fur les Tours 6c aux
iportes : ce que voyant quelques
Miagiftrats , entr'auercs Henri MeU
ùnger , Bourg-Maî:re , 6c fon gen-
dre Egolff cTOffenbourg > Confeiller »
1s fe retirèrent fecretement cette mè-
ne nuit de la Ville. Leur évafion
uigmenta (a) le foupçon des Bour-
geois , de forte qu ils redoublèrent
:eur vigilance , 6c ramaflerent en-
:ore une plus grande quantité d'ar-
mes à feu & d'autres, 6c fe ren-
forcèrent jufqu'au nombre de deux
nille. Le jour étant .venu , Mardi
?e. Février, vers les 8. heures du
"natin, les Commis des Bourgeois,
eur rapportèrent de la part du Sé-
iat , Que les Sénateurs qu'ils a-
yoient défignez , feroient exclus
des délibérations , quand il s'a-
i^iroit d'affaires de Religion : ils
Iraient 12. en tout , dont il y en
ivoit 4. de la Nobleffe. Mais ces
Sénateurs (ù) ne voulurent pas fe
Tom. II. fou-
[») iVur&if. kc.f7l. Klanh. 116.
(£) OecoUmfad. ap, Sculter. p.m.jS6«
362 FJijloire de la déformation
^529/ foùmctre à cet arrêt, Se préfenté-
Bale. rentre Droit à la Bourgeoise par
devant les Cantons. Les Bourgeois
ccmfentirent d'y plaider leur caufe,
à condition que ce feroit aux dépens
duPublic,mais cjueces Meilleurs plai-
deroient leurcaufe à leurs propres dé-
pens. Cependant les autres Sénateurs
continuèrent leurs délibérations, (a)
mais dans le delTein de tirer TarTa ire
en longueur de tout leur pouvoir.En
vain un Bourgeois nommé Jacob
Jrm harangua vivement le Sénat :
toutes fes follicitarions furent inuti-
les. Il étoit Midi fonné , Se le Sé-
nat n'avoit rien conclu (/>) 5 lorfquc
les Bourgeois , confirmez de plus
en plus dans leur foupçon , par
une telle conduite de leurs Magi-
ftrats j détachèrent 40. hommes ,
pour aller vifiter tous les portes de
la ville , de peur de quelque fur-
prife. Ces 40. hommes après avoir
fait la revuë de divers endroits > en-
trèrent dans l Eslife Cathédrale , &
comme l'un d eux donna un coup
de fa hallebarde à la porte d'une
armoire , où il y avoit des Images 5
il y
\a] Klaub- 127.
{b)~H'nrftA.Q. KUub.l.C.
dtUSuiffe. Liv. VI. 363
1 y en eût une qui tomba, &qui 1 Ç29-
c hrifa. Quelques Catholiques , b a l e.
jui fe trouvérent-là > les infulcé-
ent là - deflus j mais eux >
l'ayant point d'ordre d'entre-
>rendre aucune voye de fait , fe re-
irérent fans leur répondre. Cepen-
... r • Alarma
f.ant 11 arriva , on ne lait comment, clans ia
;ue le bruit fe répandit dans la Vil- ville.
qu'il y avoit un tumulte dans
ette Eglife : furquoi les Réformez
étachérent inceffamment 300. hom-
des de leur Corps , pour aller au
cours de leurs gens. Ces 300.
encontrérent les 40. en chemin, 3>c
eux-ci (a) fe joignant à eux , re-
ournérent fur leurs pas , Se allé-
ent dans la Cathédrale 3 réfblus de
étruire tous les Inftrumens & les
objets de l'Idolâtrie, qui étoient des
|iatiéres de difeorde entre les Con-
jitoyens. Les Pierres ayant fermé
butes les portes de l'Eglife au ver-
ou j ces 34.0. hommes en enfon- tues.
rrent une & biiférent & renverfé-
pnt toutes les Images , les Autels
ik les Tableaux. Le Sénat y en-
;oya încefTamment quelques Sei-
neurs , pour les arrêter j mais ils
Q^z ne
i \i) mtrfl. l.c. Kïuul. llg.
364 Hiftoirc de la ^formation
1529. ne furent point écoutez ; Il y ei
Bal h. eut même un qui leur dit [a) , C
âzmh* ^Ue V0US n avez ?as faire Par trot
Ville. années de délibération , nous allons l'a
chever dans une heure. De-là ils pal
firent dans l'Eglife de S. Ulrich
8c en fuite dans les autres , où il
firent la même expédition. Le
Bourgeois de la petite Bile , qu
étoient prefque tous Catholiques
voiant que la partie étoic trop for
te , prièrent les autres de leur per
mettre 9 de purger eux-mêmes leu
Eglife , d'Images Se d'autres orne
mens ; ce qui leur fut accordé
Les 340. aiant ainfi fait Je tour d
la Ville , allèrent rejoindre leur
gens : & aprenant que le Séna
n'avoit point encore rendu de ré
ponfe pofitive , ils les follicitéren
à aller à l'Hôtel de Ville, voi
ce que les Magiftrats y faifoienî
Ceux-ci leur envoyèrent des Dépu
tez , pour les exhorter à fe tem
dans les bornes de la modeftie l
du devoir ; mais les Bourgeois ré
pondirent , qu'ils vouloient avoi
une réfolution décifive Un
heu
(a) Oecolamp. l.c p.lS7«
delà Suife. Liv. VI. 365
iieure après , le Sénat accorda en- 1529.
[in la rèfolurion , qu'on demandoit B a le.
Ivec tant d'inftance : 10. Que ks Kou'
jmplois de la Magiftrature (croient
i lonnez de la manière que Ja Bour- deReîi-
|;eoifie le fouhaitoit ; 20. 6^ dès |^°p0^
le jour là même (a) les Idoles ferc- ^
ent ren ver fées , & la M elfe abolie
l>ar toute la Ville ôc dans tout le
fcanton. 30. Enfin , Que dans les
délibérations , qui intéreiTent la
|;loire de Dieu , ou le bien de l'E-
lat , on prendroit les avis des Tri-
>us , & de 60. Bourgeois ; £c
ïju'on y procédcroit inceffamment .
Les Bourgeois , aiant reçu cette ré-
uonfe , fe retirèrent (b) conrens chez
!:ux ; & ainfi la journée fe termina
"ans qu'il y eut un feul coup don-
ié. Le lendemain 10. Février (c) ,
ijui étoit le Mécredi des Cendres, on
If éduifit toutes les Images en cendres.
'3'abord on crut bien faire, d'en di-
Iribuer le bois aux Pauvres ; mais
i:omme on vit qu'ils fe qi:creJloient
pour le partage, &: que de la que-
nelle ils en venoient aux coups ,
on
(a) Oecolamp. 1. c.p. 1 88-
(b) KUub. 130.
366 Hiftoirede la Réformât ton
I 529» on ^es ^eur ota# L'on en fie douze
Bale. monceaux, que Ton brûla au grand
Retour déplaifir des Bigots. Le Vendredi
ducalme 12. Février , toutes les Tribus de
la Ville , avec leurs Commis ou
Elus , approuvèrent les Décrets du
Sénat , &c fe réconcilièrent de bonne
Foi avec leurs Magiftrats , & Je len-
demain la Bourgeoifie leur prêta les
Sermens ordinaires.
Le jour du grand trouble {a) le
Sénat avoit écrit à divers Cantons,
pour implorer leur fecours contre la
Bourgeoifie. Quatre d'entr'eux,
Zurich , Berne , Solcitrre Se Scbaffboufe
y envoiérent inceffamment leurs Dé-
putez: mais (b) ces Députez n'ar-
rivèrent que quand tout fut ac-
commodé, tellement que leurs foins
furent fuperflus. Le jour dont nous
venons de parler, je veux dire y le
Vendredi 12. Février, il fut fait
k un Décret irrévocable portant :
reforme » Q^on aboliroit pour jamais dans
entière- ,,la Ville & dans le Canton Jes Ima-
men:- » ges , la Meffe & tout l'attirail
>, Papiftique 3 àc Que l'on pourvoi-
„ roic
(a) Stetl. T. IL p. H, llbi pro X/. F.h,
legenduin ix.
de la Suffi. Li v. VI. 367
I» roit les Eglifes de bons Payeurs, j 529.
„ pour y p-rêcher la Parole de Dieu. gAlE
■ Le Dimanche fuivant (a) on chan-
I ta lesPfeaurnes allemands dans tous
lies Temples. Le même pur ta
S bruit fe répandit par la Ville , que
|ceux de le petite Bile avoient ca-
I ché quelques Images, & cela penfa
I caufer un nouveau tumulc. Déji
300. hommes armez s'étoient avan-
cez jufquau pont du Rhin > dans
Je deffein d'enlever ces Images de
vive force ; mais des Perfcnnes d'au-
thorité engagèrent les gens de cette
1 paroifTe - la 3 à les livrer fans ré-
fiftance ; & elles furent inceffam-
menc brûlées fur la place du Tem-
ple même 3 d'où on les avoit ti-
rées.
Le 18. Février on publia une Am*
Jémnifiie générale pour tout ce qui Publiee*
séroit palTé , &: permifïion aux
Bourgeois qui étoient fortis de la
Ville , d'y rentrer , pourvu qu'ils
ne fufTcnt point coupables de trahi-
fon ou d'autre crime. La plupart
des Nobles n ayant pas voulu re-
venir, {h) à caufe de la Réforma-
0^4 tion,
(a) H'urjlis. 1. C. p. Ç73. KUut>.
(#) simhrRefy, Helvet. p. no.
368 Hljloire de la Reformai io^
IS29. Xlon> qu'ils haïiïoient, ils furent
B A L E exclus du Sénat pour toujours.
Départ Après cette grande révolution, le
^afme Catho]ique fordt de Ja Viflej
clergé M les Chanoines de la Cathédrale,
Catholi- & leurs Chapelains fe retirèrent à
lHe* Fribourg en Brisgavv. Plufieurs fa-
vans hommes, cntr'autres le fameux
Erasme , & Glarean , les y fui-
virent. Erafme laiiîa ces deux Dif-
tiques pour ion Adieu à Bâle :
Jam Bafilea vale , qua non Urbs altéra
multis
Annis exhibait gratins bofpitium*
Hlnc precor omnia Ut.i tibi j fimul il*
lad , Erafmo
Hojpes utï ne uaquam trift'tor ad-
veniat,
L'Evêqùe faifoic jdéja dès-long-
tems fa réfidence à Porentru, il F y
fixa pour toûjours , & il établit fes
Cours Eccléfiaftiques à Ahkirchy
petite Ville du Suntgavv, Il ne fera
pas inutile d ajouter ici, que (b) les
Chanoines vécurent paifiblement à
Frihourg > avec leurs Concubines*
jufqu'à Tan 1543.5 que le Confeil
de
(a) J'1'Urflif. 1. c. <;74.Klaub. I?2.
(£) Hotting. 450. Wagner Mer c tir lus
&elvet, in articule Arhshclm*
de la Suffi. Liv. VI. 369
de cette Ville - là ne voulut plus 1529.
les leur fouffrir , Se leur fit dé-j&^Vï
Fenfe de les tenir. Ils préfentérent
requére pour faire révoquer un or-
dre qui leur étoit fi dur , deman-
dant d'ècre maintenus dans leurs
meiens ufages, de menaçant, en cas
je refus, de fe retirer ailleurs. Mais
:omme ils virent que le Confeil fe
noquoit de ces menaces , & per-
îftoit dans fa réfolution , ils obéï-
*ent & demeurèrent dans la Ville;
Se leurs Succeffeurs y ont aufïl
bit leur réfidence tous enfemble,
ufqu'à-ce que cette Ville fut prife
par les François, lors de la guerre
ie 1672. Alors ils fe traniporté-
ent à ArUsheim , dans la Seigneu-
rie deBirfeckj qui appartient à 1£-
j/êque titulaire de' Baie, & y bâti-
rent une belle Eglife avec des mai-
Ions fort propres pour eux-, ôc C'cft
I à où ils font aujourd'hui.
Après le départ de tant d'Ecde- VUni-
laftiques &: de gens favans , VUn'i-v^fi^'
2/erfité de Baie fe trouva fort dé-J^™
jourvue. (a) Les Magiftrars pri-bonpie<
: ent entre leurs mains les Archives,
es Rcgîtres , fef Joyaux > fon Sceptre
CL5 &
370 HijloiYC de la Kjformation
Sale & f0n Seau , afin que rien ne ' fe
tablie. plirent les Chaires vacantes. On
(4) appella Simon Grynj^us ,po'jr
exercer la Profeffion de Théologie,
& Sebastien Munster , pour celle
d'Hébreu. Gryn&us éioit né à Ilo-
henzillercn l'an 1493. Il a voit ré-
genté quelque tems à Bude en Hon-
grie , après quoi il avoir été Pro-
feffeur en Grec à Heidelberg > dès
l'an 1523. Munftcr étoit né à /«ge/-
Tan 1489. U entra d'abord
dans l'Ordre des Cordeliers , où il
étudia l'Hébreu fous Conrad Pellican$
il quitta en fuite l'Ordre, Se fut
auiTi quelque tems ProfeiTeur à Hei-
delberg.
Momes Vers le milieu du mois de Mars
îeculari- on (£) fit un Règlement au fujet des
Moines &c des Nonnains. On leur
ordonna aux uns & aux autres,
de quitter les pratiques & l'habit
grotefque de leurs Ordres , pour
s'habiller à la mode du pays , &
en noir , &: d'à/Mer aux Affem-
blées publiques de Religion. On
permit de demeurer dans les Cou-
Yens,
la"] Hotting. 4^1.
|>] ^«ry?//; 1. c. $7<J>
de la Suïfe. Liv. VI. 371
vens, à ceux qui le fouhaitérent, 1529*
pourvu qu'ils y vécuffent honére^BAiF.
ment. Ceux qui foi tirent du Cou-
vent , foit pour fe marier , foit fans
defTein de fe marier, eurent despen-
fions viagères.
On furpritcinq Dominica'ns 9 qui
vouloient piller leur Couvent, &
on les mit en prifon. La plupart des
Eccléfiaftiquts , Séculiers 6c Régu-
liers, fe marièrent. Les autres fu-
rent fommez de quitter leurs Con-
cubines, ou de les époufer. Déplus,
tous les gens d:Eglife furent obli-
gez de prê:er ferment à la Ville,
comme les autres Bourgeois. Il y
en eut quelques - uns , qui aimè-
rent mieux fortir , que de fe foû-
mettre à tcus ces Rég^emens.
On vit arriver alors une avan- Voeu ré
ture finsuliére , qui mérite d'être méraire
rapportée , pour faire voir de quel- Yjektlt*
le importance il eft , de ne point
s'engager imprudemment dans des
vœux , de qu'avant que d'en faire
il y faut bien penfer ; au moins
quand il s'agit de voeux , qui peu-
ven: intérelfer la vie toute entière.
Apres que le Magistrat eut permis
le nuruge au Cie gé Séculier &: fl é-
0^6 gnîièx>i
372 Hijloire de la Reformat ion
* 529» gulier > un bon EccIéfiaftique,nom-
?TALE. mé Pierre Kcffder *> voulant ap-
Vœu du - r ■ • »•• r
P. Keffe- paremment taire voir, que s il le
1er. ' maiioir , c'étoit fans aucune vue
d'intérêt, fit vœu (un matin qu'il
fortoit pour aller à l'Eglifej) d'épou-
fer la prémiére fille qu il rencon-
trerait en fon chemin , pourvu;
qu'elle agréât la propofition qu'il
lui en feroit. Etant en rue, il ren-
contra une Mendiante , qui lui de-
manda iaumône. Il lui dit : Si
je fazois que tu voulujfes te bien
conduire > je te ferois une aumô-
ne , dent tu auras lieu de te ré-
jouir toute ta vie. Si tu voulois avoir
bien foin de moi, je tépouferoïs tout a
l'heure. La fille, qui ne s'atrencloit
pas à une offre fi généreufe , lui
promit tout ce qu'il voulut. Il
l'époufa; mais il s'en trouva mal,
& il fe pJaignoit fou vent , qu'// na-
z-oit jamais fait d'aumône plus -mal
placée y que celle qu'il avoit faite a fa
Femme , en la tirant de la mendicité
pour l'éfoufer. Au refte les Hiftoriens
Eâlois t nous apprennent que la
* Grofs. Basl. Chron. p. 163. Theod,
Zuin^eri Thea.tr. Vit a Hnmanx
7 Idem*£/V.p« iCOi
de la Stujje. Liv. VI. 373
-ie de leurs Eccléfnftiques de l'un
\C de l'autre féxe , etok fort déré-
;lée fur le chapitre de l'impureté.
.esCordeliers entr autres enkvoient
es femmes des Bourgeois, & les
iroient dans leur Couvent en les
nettant dans des Corbeilles : Se les
leligieufes de S. Claire , tîroient
|ulTi de jeunes- hommes dans leur
haifon avec des cordes, après avoir
•erec le toi: & levé des tuiles,
"es défordres, qui éroient publics,
voient infpiré à la Bourgeoise une
;rande indignation contre ces Ordres
. rérendus Religieux.
Apres cela les MagiflratS , Çt)
ffemblez en Conleil Souverain, le
•rémier d'Avril , réglèrent la ferme
u fervice Divin, 3c l'exercice de la
)ifcipline Eccléfiaftique 5 Se ces
légîemens furent rendus publics
ar l'imprefTion ; Eien-tôr après (ù)
n vendit à l'encan tous les orne-
icns d'Eglife, les habits facrez ôVc. 3
C l'argent qu'on en tira , fut em-
loic au foulagement des Pauvres.
Cefl: ainfl que fe fît la Réforma-
ion de Baie. Ajourons que cette
'ille entra dans i Alliance particu-
liers
(«) VL'Hr/lifA.c. Kls*h. m<
374 Hifioire de la Information
1 529» liére des Villes Réformées , (.1) le 3.
Zurich Mars; comme on l'a déjà die.
ijr sn Celle de Mullboufe y étoit (!>) en-
fe & tree quelque teins auparavant, fa-
Bienne voir le Dimanche 14. Février. Les
Bernois l'y avoient reçuë à la fol-
lAllian- . . j rr • 1^
cèdes ^citation des Zunccis. De même
Cantons la Ville de Sienne y fut auffi reaë,
Réfor- à la recommandation des Bernois.
Mais comme cette Ville n eft pas Sou-
veraine ck qu'elle dépend de l'Eve-
que titulaire de Baie , il fin (c) ex-
preiTément refervé , le 10. Février,
dans le Traité qui en fut fait , Que
cette alliance ne regarderoit que les
Intérêts de la Religion, Se Que du
refte elle ne dérogeroit en rien aux
droits de l'Evêque.
Zurich- IL Pendant que les Bâlois croient
Sifde occuPçz ^u ^°*n ^e réformer leur
Réfor- Egl ife , les Zurkois 3c les BcrnoU
HMtion. ajoûroient auflj quelques nouveaux
traits à leur Réformation, feit peur
l'arTcrmir, foit pour la perfection-
ner. A Zurich il y avoit encore di-
verfes perfonnes (d) qui confer-
voient le leva in du Papiime dans
k
b JBern. bi(h. A. 265*.
c ibid. p.'v;-;.
d tiQttmg.
de la Suffi. Liv. VI. 375
m cœur , Se qui alloient à la Melïe M^9-
i.ans les lieux Catholiques du voi- ZuRICHt
. nage. Les M:giilrats le défendi-
ez: par un Edit, publié vers le
lîilieu 'de Janvier > fous une cer-
taine peine.
I On défendit auffi , par un antre
IEdit , les débauches 3 les mafearades,
ik. autres excès qui le co/nmer-
f oient dans les tems des Rois 6c du
1 Carne val &c. (a)
y Dés le commencement de Tannée Berne.
les Bernois réformèrent diverfes
jVlaifons Religieufes. Pierre D'en-
klisberg , Chevalier Comman-
deur de Bitchfi , leur remit (y) fa
(Commanderie 3 &: le Jeudi 28. Jan-
jvier j ils lui donnèrent en échange
pour fon entretien le Château de
BrenigArte> avec quelques autres ter-
res, mais pour fa vie feulement; ôc
lui alignèrent une groile penfion en
argent & en denrées.
Ils alignèrent aufll (c) une pen- Réforme
lion à chacun de leurs Chanoines^ f?^*-
&: au lieu d'argent lejr donnèrent fholiqu<:
des Conftituûons de rentes pour
leur
Cm) LL ibid.
W) Hem. Inftr. H. $24.
(0 An î-.B.t. * >Pnteà*8fHck>DD-V.l<MS.
M 0. p. 8.
I 529.
Berne
Réforme
du Cler-
gé Ca-
tholique
Re for-
mation
des
mœurs.
376 Hijloire de La Réformation
leur payement, (a) Il y en eut
quelques-uns qui furent Minières.
Catherine Trouksess ,
née Baronne de Waldbourg , AbefTe
de Kunigsfeld , fommée par les Sei-
gneurs , de fortir de fon Abbaye >
(b) avec les Filles, qui s'y trouvoient
de refte , leur obéit , & remit cette-
Maifon entre leurs mains au com-
mencement de May, moyennant une
penfion viagère. On en ufa de la
même manière envers tous les au-
tres gens d'Eglile > de l'un & de
l'autre Séxe. Cette Abbefle fe ma-
ria, {c) quelque tems après, avec
nnZuricois, nommé George G 'ddlïn-^
Chevalier.
En réformant les Maifons , ils
penférent auflî à réformer les moeurs.
Le Mardi après Pâques , ils publiè-
rent un Edit contre ryvrognerie,
& les Juremens : Le commence-
ment en eft fort beau : &autant>
difent-ils, que chaque Puijfance Su-
périeure eft établie de Dieu , pour
maintenir le bien & punir le mal> (d)
pour.
(*1 ib. p. &
(b) tt.p. is5-
le] Hottin. 144.
deïaSuife.Lw. VL 377
m/f caufe il nous convient , con:- I S 29'
ne i rffj Magifttats Chrétiens , Berne^
?onducleurs Souverains , /o«r ï av An-
iment de la gloire de Dieu , pour la
■yopagatïon aes bonnes mœurs , cor,:-
ne au (fi pour la Correction , première*
ment de nous- mêmes > cy ensuite de
ous nos fujets &c. & la nécejfite' ïc-
\:ige auffi > de faire des Ordonnances,
\ outre les blasphèmes Sec.
La Réformation ne fut pas reçuë
ipanimémentj ni tout d'un coup par
outie Canton. Il y avoir, en divers
jeux, des gens qui haïîToient les Mi-
iiiftres.quiles injurioient, méaifcient
Teux Se de leur do£trine>& leur con-
jredifoient tout haut , quand ils
toient en Chaire. Il y av oit au fil
les Baillifs , qui , toujours Catholi-
[ues dans le Cœur, étoient les pré-
niers à donner de mauvais exerci-
ses , car ils n'alloient point aux
ermons Se ne communioient point,
.es Seigneurs , pour y mettre ordre,
>ubliérent le 8. d'Août , un nou-
el Edit (a) portant ordre aux
3aillifs, io. De s'informer exafle-
nent des faits, quand il en arrive-
roi:
(*) Ibid. p. 2,1.
3 78 Hijloire de la Kéformatîon
* 529- roit de fcmblables , de donner cita-
^fb?E' t,on 211 x Capables par devanr le
muthn Confîftoire Suprême de Berne;, 8c
des d'y aller eux-mêmes > pour faire un
mœurs. rap0rt fidèle , afin que les Cou-
pables fuiTent punis. 20. De don-
ner eux-mêmes bon exemple , en
obfervant les Loix de la Réforma-
tion.
Par un Edit du 4e- Novembre,
ils abolirent Tu/âge de fonner les
Ave Maria. D 'autant , difent-ils, que
nous fommes obligés , de conduire a la
véritable Religion , ( autant que Dieu
nous en fait la grâce ) nos fujets , fur
les quels nous fommes établis far l'or-
donnance de Dieu > & comme a canfe
de ceux qui ét oient foiblcs en la foi,
nous avons toléré jufques ici quelques
Cérémonies extérieures, que nous jouî-
mes obligés d'abolir peu a peu, comme
aujfi nous en avons le deffe'in: A ces
causes , pour éviter du fcandale, nous
abolijfons ïufage. de fonner les Ave
Maria , qui s'eft pratiqué matin &
foir jufqu a prefent : Car il ne convient
point a un Chrétien, de prier d'une
autre manière > que celle que Je fus-
Chrifi , notre Souverain Doffeu, , la
Je la Suffi. LlV. VI. 379
faefte Eternelle de Dieu , (a) nous a en- 1 529.
(eignée. Et rn £ .
L'Edit du £e- d'Août, dcfen-
doic de porter des Patenôtres ; mais
comme il n'étoit pas obfervé par
tout, on fe vie obligé d'en renou-
velier la defenfe , le 17. Avril 1535.
,fous peine de dix Livres d'amande
;pour la première fois > de 20. Livres
pour la fécond? , & ainfi de fuite,
augmentant toujours de dix. L'an-
née 1530. on publia un nouvel
Edit de Réformation , où Ton
,confîrme tous les précédens. (b)
Le 8e" Mars, (c) ils publièrent
une Liturgie , & un formulaire d'u-
;niformi:é , pour la célébration des
deux Sacremens , & pour la béné-
diction du Mariage. Ils la firent im-
primer, & l'envoyèrent enfuite à tous
les Miniftres de leur Canton,pour s'y
conformer. On régla aufli leConfiftoi- „ , .
re de Berne, &; félon ce Règlement, il mfnt
devoit être compofé de deux Mini- pour le
ftres,dedeuxConfeillers,& de deux^p'"
Notables du Grand Confeil: (au-g^^;
ourd'hiu il y en a quatre de ce
dernier
M Ibid. p. l^,
mi.
0 lb. p. 18.
3 8 O Hijîolre de la RJformation
I 529. dernier Confeil ;) & les deux Con-
Berne. feillers dévoient préfider tour à toûr
R'*u- durant deux mois: Il fut anê:é,que
pour le ^es Jugements de ce Confiftoire fe-
Confiftoi~ roient fans appel, à moins que quel-
r<?ue Ber qu'un ne pût faire voir une lézion
énorme , auquel cas il pourroit re-
courir au Sénat. On p .blia en mê-
me tems des Lotx Ùonfifioriales , pour
la Ré Formation des mœurs , contre
les débauches, l'impureté &c. pour
les affaires matrimoniales 5 & LL.
EE. fe refervérent le droit de corri-
ger, d'augmenter, ou de diminuer
ces Loix.
& pour ^s ordonnèrent en même tems 3
ceux du que dans le Pays, chaque Paroiffe
Pays. auroit Ion Confiftoire , compofé
d'un Miniftre & de deux hommes
de bien pour le moins , qui auro-
ient le pouvoir de punir conjointe-
ment avec le Haut-Officier. Les
Confiftoires dévoient avoir l'œil fur
la doctrine fie la conduire des Pa-
yeurs. Aucun ne pouvoir être reçu
Miniftre dans le Pays , à moins
que les Seigneurs Patrons , ou Col-
lateurs , ne l'euffent préfenré au
Confiftoire de Berne , pour y être
examiné. Qjiand le Baillif ou Haut
delaSmtfe. Liv. VI. 381
Officier, ou d'autres négligeoient r 529.
de corriger les vices, l.s autres , Berne.
avec le Minière , dévoient en don-
ner avis au Confiiloirc de Berne ,
qui étoic chargé de rapor:er la cho-
fe au Confeil. Ces ordonnances
dévoient être lues en Chaire deux
fois par an (a). Cette année Berch-
told Haller fe maria , ôc époufà
une fille de 30. ans *.
III. On a vu ci-delTus les trou- Glaris
bles , qui agitèrent le Canton de P
Glaris , & qui allèrent fi loin >
qu'on y vécut durant quelques fe-
maines dans une efpéce d'Anarchie.
Ils continuèrent encore au commen-
cement de cette année , mais ils fu-
rent enfin terminez heureufement(£).
Le 22. Janvier, le Land- Amman >
ou Chef du pays > convoqua par
ferment les Confeillers d'Etat , à
Glaris, quoi qu'ils fufTent divifez
fur l'article de la Religion. Il leur
propofa quelques articles , pour ré-
gler la forme du Gouvernement , &
les engagea à prendre en main l'ad-
ininiftration des affaires > de con-
cert,
( a) Ibid. p. 17.
* Hotting. p. 476.
(£) Hotting. 4^
382 Hijlo'm de la 'formation
I 529.cert 5 tant pour la Juftice , que j
Glaris pour la Police, fans aucun égard
à la différence de Religion. Ces
articles furent ac eprez provifion-
nellement , jufqu'à-ce que les divi-
fions fulîent abfolument terminées.
Et dès-lors les Chambres recom-
mencèrent à s'aiîembler , & à faire
leurs fondions comme auparavant.
Le 17e. Avril, on affembla un
Rétablif- grand Confeil , qu'on appelle en ce
fement pays-là Double Conjcil * , pour con-
concor- f°mrner l'heureux ouvrage de la
de. réunion. L'on y élut 30. hommes,
1 5. de chaque parti , pour en dre£
fer enfemble les Articles. Ces arti-
cles furent portez à l'ArTemblée gé-
nérale du Pays , convoquée le ier.
Dimanche de May , comme à l'ac-
coutumée , & ils y furent approu-
vez prefque unanimement. Ils por-
toient en fubftance :
Régie- „ 10. Que dans les lieux où la
ment de \ Mefîe 8c les Images étoient enco-
e îgion ^ re ^ur p-e(j^ on |es y laifferojt fut,.
yy fifter > à moins qu'une Paroifle
„ ne les abolit elle-même , à la plu-
3, ralité des fuffrages. Et Que dans
„ les lieux > où on les avoit abo-
ulies»
* Zweyfncher Rat!?*
de la Suife. Liv. VI. 383
t , lies , la chofe en refteroit-U. Que \ $29.
if, cependant, fi un Malade deman- Glaris
f , doit qu'on lui adminiinâr les Sa-
, cremens à la manié e des Catho-
[ liques , on ne pourroic pas le lui
L refufer.
i? 20. Q^e tous les Prédicateurs
, ne prêche, oient que la Parole de
t; Dieu , c'eft-à-dire , ce qu'ils croi-
I, roient pouvoir prouver par l'E-
I, crkure Sainte. Que ceux qui ne
, le feroient pas , feroient punis ,
V aufTi-bien que celui qui les accu-
i,, feroit fauiïement de prêcher le
I> menfonge.
r* 1°' Q** trus ïes Prédicateurs
L iroient & vien droient librement
I, Se en toute fureté par tout le
L pays.
» 40. Que l'on obferveroit les Fé-
, tes fuivartes : Premièrement les
, Dimanches *3 de plus , les Fêtes des
!, Douze Apôtres ; quatre Fêtes de
\ il* S. Vierge <> h Fête-Dieu > & en-
[j fin les Fêtes de S. Jean Baptiste , de
> S. Alarte Aiadelainc , dé S. Fru-
> dolin * , & ce S. Hilaire.
Le Mardi après cette AiTemblée
g*-
* S. Fridolîn eft regarde à Claris
:omme le premier Apôue\iu pays.
384 Hijloire de la B^éformatkn I
1529. générale, un Triple Confeil publil
Giaris une Ammslie pour tout ce qui s'*I
toîr paiTé : & abolie toutes les irï
jures , que Ton s'ètoit dit de pailj
& d'autre 3 au fujet de la Religion!
S. Gai. On fit au/Fi de nouveaux prcl
grès à S, Gai, par raport à la Rt j
formation. Juïques ici Ton n'y *
voit réformé que les Temples qi
appartenoient proprement à 1
Bourgeoise, & l'on n'avoitpoin,
encore touché à celui de l'Abbay
■ qui fembloit n'être pas foûmis
leur authorité. Mais le 23. Févrie
(a) , les Magiftrats , afTemblez er
Confeil Souverain réfoluient , d'à
bolir auiïi les Autels , les Images
les Tableaux , & autres chofes d<
cette nature dans ce Temple > &
dans fes Chapelles , tout comm(
on avoit fait 'dans ceux de la Ville;
&: de ferrer dans un lieu propre
ks Linges d'Autel , les Croix, les
Chandeliers > & en général tous les
ornemens de cette Eglife , faits d'oi
ou d'argent. Pour prouver le droit
qu'ils prétendoient avoir de faire
cette réformation , ils difoient, que
le
U) Scxltet. T. ILp.m. I9I.I92. Hortiȣ.
delà Suffi. Liv. VI. 38$
le Temple de l'Abbaye avoit été j
TEglife commune de toute la Vil- s. Gal.
le j Se qu'une partie confîdérable
de fes ornemens , appartenoit en ^^aT'
propre à la Bourgeoise. Le Doyen Temple
5c les Religieux de TAbb^ye s'op-^'-^-
poférent vivement à l'exécution de^'
ce Décret > mais il falut céder à la
rorce. Les Magiftrats ordonnèrent
aux Bourgeois affemblez de l'exé-
cuter , Se ils le firent inceffamment
<e jour- même > avec tant de dili-
gence > que dans deux heures 5 tou-
tes les Images furent enlevées Se
knifes en un monceau. On brifa cel-
les qui écoient de pierre > Se l'on
bn fît fervir les quartiers à bâtir,
tenant à celles de bois , on en
remplir quarante Cb arrêtes , d'au-
<:res difent 4.6. Se on les porta dans
riin lieu hors de la Ville , ou on
les brûla toutes. Le lendemain ils
détrui firent tous les Autels , qui
Soient au nombre de trente -trois.
On vendit tous leurs ornemens ,
(5c l'on en diftiib'îa l'argent aux
Pauvre*. Le 7. Mars les Réformez
s'y aflemblérent pour la première
Pois , Se lAlTemblée fut fi nombreu-
fe , qu'on y compta plus de 3000.
Tom- //. R ames.
386 Hijloire de la RJfôrmation
1 520. ames. Dominique Zilli fît le
S. G al. Sermon , & au lieu de la Méfie, For
y chanta le Pfeaume LI. Il y avok
dans cette Eglife une grande croix
d'argent doré , pour laquelle les Ca-
tholiques avoient une particulière
dévotion , difant qu'elle renfermoii
des Reliques d'un fort grand prix,
Mais on en découvrit alors l'impo-
fture. On l'ouvrit en préfence de
MéUwès 3oact]im Vdd'tan , Bourgmaître , &
' 'de plufieurs autres Perfonnes de
diitindion , entr'autres d'un Députe
de Claris > bon Catholique. Elle
étoit creufe : Au-dedans , au lieu
de Reliques > on n'y trouva que de
la poix-réfine , don: elle éroit rem-
plie j avec quelques vieilles peti-
tes pièces de monnoye , & deux
cornets d'yvoire. Sur l'un des deux
étoit écrit : Une \urrc du S.Sépulcre,
& quand on l'eut ouvert , on }
trouva une Coquille d'Efcargot. Le
Député de Glaris , voyant cette Co-
quille , fut piqué , contre les au-
theurs d'une telle impofture , &
changea dès-lors de fen ri ment fur la
Religion. On l'a lui donna , poui
l'emporter chez lui , &: l'a faire
voir. Les Chafïes3où l'on difoit que
re-
■delaSuife. Llv. VI. 387
epofoient les Corps de & Gal, &c j $29*
e S. Otbmar, étoient enrichies d'or, s. Gal,
'argent , de perles , de d'autres Fauffes
. & ' • r A 1 -Reliques*
terres precicules. On les ouvrit J
iifli , &: au lieu de Corps Saints 3
ion n'y trouva que quelques peti-
ts Images de bois, quelques vieux
[.inges tout ufez , un Ci âne > &:
Ijne grotte Dent.
[ Il y avoit encore à S. Gal , un
Souvent de Religicufes , appelle de
Catherine. Le Doreur Schap-
eller les inftruifit avec tant de
Juccès , que , renonçant au Vœu
Lui les engageoit à une Clôture
>erpé:uelle , elles forcirent volon-
airement de leur Monaftére > le 2 u
/lay y 3c quelques-unes fe rriarié-
ent.
Quelques Cantons Catholiques
oioient tous ces changemens avec
in extrême déplaifîr , cV mena-
oient h Ville de S. Gal , de l'aban-
onner dans le tems qu'elle auroic
efoin de leur Secours , fi elle ne
enonçoic à fa Réfoimation. Ces
nenaces engagèrent les S.tint-Galiois
1 rechercher l'alliance particulière de
Zurich & de Berne , laquelle leur
:ut accordée,
R 2 Quel-
388 H/jîoire de la Reformation
1 529. Quelque tems auparavant, fa-
S. Gal. voir , le 4. Février , on convoqua
dans la Ville de S. Gal , un Syno-
de , compofé des Payeurs de cette
Ville , &: de ceux de quelques Egli-
fes du voiiînage , pour régler la for-
me du Service Divin , & de l'admi-
nifhacion des Sacremens 5 la Litur-
gie > &e.
Sienne L'Eglifê de Bienne marchoit con-
' ftamment fur les traces de celle de
Berne. Le 30. d'Août de Tan 1528.
{a) le Confeii de Bienne permit à
tous ceux qui avoient donné quel-
que chofe à l'Eglife , pour des ufa-
ges fuperftitieux , foit eux-mêmes >
foit leurs parens , dont ils étoient
héritiers légitimes , tant Etrangers,
que Naturels du Pays , de retirer
leurs fondations , en payant le 20e.
denier , pour la traite foraine , s'ils
étoient Etrangers , & le 40e. s'ils
étoient du Pays : avec cette condi-
tion, que les Etrangers fe: oient ob-
ligez de jurer , qu'ils favoient fort
bien > que ces donations ne font
d'aucun ufàge pour les Morts. En
conféquence de cette permifîion,
plufîeurs Perfonncs , Etrangers &:
au-
W nmxit Hiil. msc
de la Suffi LlV. VI. 389
autres, retirèrent enfemble une fom- \ 529*
me confidérable des biens de l'Egli- Bienm.
fe de Bienne. Au commencement
de l'an 152p. cette Eglife fe trouva
prefque dans la même fituation
qu'avoit été celle de Baie. Les
Confeillers étoient la plûpart Ca-
tholiques , foit dans le Cœur, foit
à découvert : mais la Bourgeoifie
ijétoit Réformée. Le Maire de l'Evê-
que ? nommé Simon de Reimenftall ,
fit enforte que l'on appella par de-
vant le Confeil * George Stehe-
lïk , Pafteur de la Ville. Les Con-
feillers lui parlèrent fort rudement,
ÔC le Secrétaire Catholique, homme
violent , ( comme on l'a vu ci-def-
fus 3 ) lui objecta 16. articles , qu'il
avoit prêchez contre la vieille Reli-
gion. Q^and il s'agit de juger fur
cette affaire , le Confeil fe trouva
partagé. Les uns auroient voulu le
condamner à la mort. D'autres opi-
noient à le faire chaffer. Mais la
pluralité des fuffrages emporta , que
s'il pouvoir prouver par l Ecriture ,
les a ticlcs qu'on lui objectoit, il
feroit confervé dans fon Emploi.
Nicolas Schnell , Bourgeois
R 3 de
* Hotting. 4)5l,
390 Hiftoire de la "RJ formation
1^29. de Bienne , qui étoit Abbé de Belle.
Bien ne. l*J > dans la Piévôté des Frmcbei
Montagnes , faifoit tous fes efforts .
pour empêcher la Réformation par-
mi fes Concitoyens. Quand le joui
fut venu*, que Ton dcvoit renou-
veler les Sermens de la Ville , les
Bourgeois , qui voyoient avec dou-
leur cette difpofition de la plupart
de leurs Magiftrats , ne voulurent
pas leur prêter les Sermens ordi-
naires , &c demandèrent que Ton
otât du Confeil, tous ceux qui s op-
pofoient à la Parole de Dieu. Le
Confeil recourut aux Bernois > les
priant d'interpoler leurs bons offi-
ces , avec les Députez de lEvêque*
pour pacifier cette affaire. Mais tou-
te h Bourgeoifîe , alfemblée le 20.
Février , réfolut de ne plus fouffrir
à l'avenir aucun Magiftrat , qui re-
tiendroit les Images chez lui , 3c ce
fut dans le même mois > comme
on Ta dit ci-deifus 5 qu elle entra
dans l'Alliance particulière des Villes
v Réformées,
dfla a/- IV' L'Exemple des deux plus
forma- puilfans Cantons de la Suiffe , 7a1.-
fûj/ans ricf) & Berne 5 ^ut au^ d'une gran"
gwv"r~ ^e m^ueace 3 Pour divers autres
lieux.
de la Suffi. Li v. VI. 391
[lieux, fur-tout dans les Seigneur i c.29'.
tries communes. La Réformation
«avança dans le Thourgaw Se dans
lies Balliages Libres. ^ Bifcljofzell9^B.^of
liViJIe (a) du Thourgaw ,^n délibé-^.
Ira fur les affaires de la Religion. Le
ïConfeil fit appeller les Prêtres , le
5. Février , & leur ordonna d'étu-
Idier l'Ecriture , Se de montrer par
r:e Saint Livre , fi Dieu approuve les
\ldolcs ou non ? Ils répondirent ,
tou'on ne pouvait défendre ni la AIefic>
mi les Idoles , par faut Imité de ï Ecri-
ture. Là demis on abolit la Méfie
pc les Images , Se Ton ordonna de
prêcher purement la Parole de Dieu.
IAmbroise Blarer f Théologien
de Conftance > fut un excellent in-
(ftrument dans la main du Seigneur *
pour réformer cette Eglife.
! Quelque tems après (b) , vers le à JMqfSu
'•milieu de Mars , la Ville de Diefie- hofi-
\hofe , renonça aufïi à la Mefle Se
aux Images.
1 La Ville de (c) Fravvenfeld , Ca- à Fraw-
pitale du Thourgaw, fit aufli \*e"felA*
même chofe,environ le même tems.
R 4, C'ett
[4] sic»/*, p. m. 192.
t Uotting. 46O.
{b\ Scultet, l.c. r^,
(0 ld. ibid.
392 Hijloire de la Ré formation
I 529. Ceftaufli (4) y fans doute, dans
Progrès les mêmes conjonctures , que la
de Ré. plupart des habitans de ce Pays-là
^tion*~ s'engagèrent enfemble à embraffer
la Réformation > & envoyèrent des
Députez à Zurich 5 pour le faire
favoir aux Seigneurs de ce Can-
ton , qui eft le premier de leurs
Souverains > & les prier de leur
envoyer des Miniftres.
* , La Réformation avoit aufll fait
lingue. des pr°gres a Aleutngue , petite
Ville , fur la Rujf > mais les habi-
tans n'ofoient pas s'expofer au ref-
fentiment des Cantons Catholiques
Lurs Souverains. Les Seigneurs
de (b) Berne leur écrivirent pour les
encourager à embralTer l'Evangile >
fans fe laiffer effrayer par aucun
danger. Animez par cette Lettre ,
ils renoncèrent au Papifme , &: le
Samedi veille de Pâques > 27. Mars,
ils enlevèrent toutes les Images de
leur Eglife Paroifllale , & les brûlè-
rent fyr la place de l'Eglife > &
congédièrent les Prêtres , qui vou-
loient perféverer dans la Religion
Catholique. En même tems ils en
don-
(*) llotting. 457.
\k) Ststl. II. 22, b. MSC. Groof,
delà Smffe. L I v. VI. 393
donnèrent avis aux Seigneurs de IJ2Ç.
Berne , fe recommandant aleur pro-
tection. L'on peut voir dans Srctt-
ler leur Lettre toute entière , qui
eft pleine de courage & de zèle.
Bremzarte * > autre Ville fur la à Br#» ,
Fujs , fut affermie cette année dans iane*
la Doflrine de l'Evangile , par les
deux Bullinger > Pére 8c Fils.
Henri Bulinger le Pére , Curé de
cette Ville- là depuis l'an 1506. ,
avoit fenti quelque chofe des er-
reurs 8c des Superftitions de TE-
glife Romaine > mais faute de lu-
mière , ou de courage , il ne s'étoit
point encore déclaré contre cette
Eglife. Il le fit cette année, à
l'entrée du Carême. Il monta en
chaire , & dit à fes Auditeurs :
,3, QuA y avoit 23. ans , qu'il leur
Lj prêchoit : Que véritablement il
i3, leur avoit toujours piêché ce qu'il
regardoit comme la vérité , mais
3, Ou_ A avoit été aveugle , &: dans
;> les ténèbres , comme les autres :
R 5 Quîl
* Bremcarte nppartenoit alors aux
J 'VIII. Anciens Cantons. Aujourd'hui de-
: puis la Paix tic l'an i~iz, elle appartient
aux Cantons de Zurich & de Btrne \ tk
celui de QUr'n y a c on 1er v é fon droit
I pour L
8..
394 Hiftoire de la Reformât ion
1 5 29» v Quù en demandoit pardon à
Brim- Dieu > & que déformais il étoic
' 97 réiolu 3 avec le fec jurs de fa gra-
ce de leur montrer le droit che-
3, min du Salut 5 & de les conduire
33 à Jcfus-Chrift feul (<*). L'Avo-
yer de la Ville 3 nommé Honeg-
kek y l'entendant païkr de cetta
manière , loi tic de l'Eglise tout en
colère 5 & cabala tant contre lui
parmi la Bourgeoifie 3 qu'il obtint
de le faire dépofer 3 &. de Faire éta-
blir à fa pLce, un Bourgeois za-.
lé Catholique.. Cependant la Ville
étoit partagée. La Réformation y
avoit fait des piogiè>. Et comme ,
à la follicitation è'HotHgker 3 les
cinq Cantons Catholiques y envoyè-
rent des Députez pour obliger les»
Bourgeois à perfévérer dans la Rvhv
gion Romaine 5 les Réfor ez re-
coururent aux Seigneurs de Zurich>:
pour en obtenir aulTi une Députa-
tion en leur faveur. La divifion
alla fi loin , qu'il s'en fallut peu
que les Bourgeois ne priflent les
armes 3 les i*ns contre les autres.
Mais lès Députez de Zuruh &
Wtmber Scbodeler , ancien Avoyer
de
delà Suffi. Liv. VI. 395
de la Ville , empêchèrent qu'on jjj 99.
n'en vint aux coups > &c calmèrent Brea-
ks efprits. Après que le trouble garte.
fut palTé , les Bourgeois s'érant aA
fembkz pour délibérer fur l'affaire
de la Religion > les Réformez fe
trouvèrent Supérieurs en nombre ,
&: il fut refolu à la pluralité des
voix : ;> Ou on abolircit la MefTe*
3, & tout le fatras des Inventions hu-
maki es ; c'eft ainfi qu'ils s'expli-
quoient : CVon aboliroit aulll
les Images , & £«son les ferre-
3> roit en quelque endroit : enfin
3, Qu'on demanderoit un Pafteur
3, Réformé. Le 17. (a) Avril , les
Bernois leur envoyèrent des Dépu«
tez 3 pour les éxhorter à l'union ,
& à demeurer fermes dans la refo-
lution qu'ils avoient prife à la plu*
ralité des voix , de s'attacher à
l'Evangile, Le premier Pafteur
qu'on leur donna? fut Gervais
Schouler , qui ëtoi: alors en Al-
face , Pafteur de Bifcbvvj'er , pies
de Strasbourg. Le fécond fut Hen-
ri Bullinger 3 le Jeune . fiis de
celui dont on vient de parler. Le
Lundi iyme.M May , lendemain de>
R 6 la
0] Ber». Inftr. z8&
396 Hijloire de la ^formation
I Ç 29. ^a Pentecôte , ils briférent leurs Au-
Brem- tels &: brûlèrent leurs Images > 8c
c ari£. pour montrer qu'ils fe propofoient
la Réformation des mœurs 5 aum-
bien que celle de la Religion > ils
publièrent un Edit fort févére con-
tre les Jurement , Yimpudicité > Xj-
vrognerïe & autres excès.
Progrès Dans 1$ même tems (a) IX. !Pa-
de i&/br- roiifes du Balliage nommé Freyâ
mation ts£mter > ou B alliage s Libres > *dans
bÏÏLjm ,e Wa&hmhd > embrafférent aum k
Libres. Réformation, & le 24. May ellss
brûlèrent leurs Images en prefence
du Baillif. En même tems ils envo-
yèrent a Zurich , demander des Mî-
niftres , qu'on leur accorda.
Ga 1er Gafter eft (b) un petit pays entre
' les Lacs de Zurich & de Wyable/latt>.
appartenant aux Cantons deSchvvitz
(a) SCultet. 193. te Hotting, 469. Rhan*
702.
* Il eftlelong delaZte/}. Autrefois il
étoit fournis aux Vit. Anciens Cantons >
mais depuis l'an 17 12. une moitié elt toute,
entière aux deux Cantons Zurich & Ber-
ne y . avecle droit dzGUris pour^- L'autre
moitié elt aux VIII. Anciens Cantons. On
n'y voit que des Villages, mais il s'y trou-
ve quelques riches Couvents , comme
Mouri, (Jnadentbul , & HermetfchvvyU
{l),H9iting. 4s6Y
de la Suijje. Ll v. VI. 397
& deGlaris. On y voit un Bourg, 1 5^ 9-
autrefois fermé de murailles , nom- ^Vesen*
mé Wefen , fitué à ftflîic du lac de
de Wahleftatt j & à quelque di-
ftance de la > un autre Bourg, nom-
mé Schennis , où eft une ancienne Schennis
Abbaye de Filles de grande qualité,
.conduire par une Abbeffe qui a
le titre de PrincefTe. Cette année
la Réformstion s'introduifitdans ce
Pays là. Le dernier Dimanche de
' Janvier 5 ceux de Wefen , de Scben-
nis , & de divers autres lieux re-
noncèrent à la .Méfie. On croit
;que l'inftrument de leur Réforma-
ftion fut Baltbazar Tra.bfel > Curé
kT^f, dans le Canton deSchvvrz,
le premier Eccléfiafïique Suiffe, qui
ofa fe marier dans ce Siècle -la,
mais qui l'ayant fait dans un tems,
où une telle entreprife étcitencoïc
hors de faifon , fut chaflé de feu
Eglife, 6c fe retira dans ce Pays-
là.
Le Tockenbourg , qui efl dans le LelV-
voifinage du Gafter , mit la der- ^bourg
•i •^rr>'^ • rie retoft
nierc main a la Reformation. Le n en.
Samedi i 3. Février > (a) il s'y af- tiére,
fembla une cfpéce de Sjnode Nttio- menti
M ld, tfO.,
39 8 Hijloire de la Réformat ion •
I 529. nal > compofé du Confeil d'Etat du
Le Toc- Pays & de tous les Minières ; pour
keboH g établir un bon ordre dans les af-
meréen-r" faires de la Reiiêion- L °n J dreffa
tiére- des Réglemens, conllftant en 15.
ment, articles : On y difoit entr autres :
„ On devra adminiftrer la S. Céneà
>,une Eglife > toutes les fois qu'elle
„la fouhaitera: Mais on la célébre-
ra pour le moins dans les trois
^grandes Fêtes de Tannée. Aucun
«Miniftre ne doit ni prêcher ni
^entreprendre rien de nouveau, de
?,fon chef & de fa propre authorité,
?, mais communiquer la chofe au
>,Synode , pour y être examinée.
L'an 15Ç3. il fut ordonné que
le Synode s'artembleroit tous les
ans à Liechtenfteig, Capitale du Pays»
le 3e- Mardi après Pâques ; Que cer
pendant les Modérateurs auioient
le pouvoir de le convoquer extra-
ordinairement toutes les fois qu'ils
le jugeroient nécerTaire. Ce Syn.o*
de s'afTemble en préfence de trois
NotablesRéformeZjDéputez du Pays
dont l'un eft du Quartier d'en-haui, le
fécond du Quamer d'en-bas , & le
troifiéme eftun Bourgeois de Liech-
tenfteig,
V.
de la Suffi Liv. VI. 399
V. Pendant tous ces mouvemens * 52 9^
: des Réformez , les Catholiques ne jJJjJJ^
s'endormoienc pas. Refolus de Cantons
I maintenir leur Religion à quelque Catholi-
: prix que ce fut , & non contens 4u£Si
t de la ligue particulière qu'ils avoient
rfaite entr'eux , ils cherchèrent du
rfecours étranger, foitquils n'enflent
(d'autre vuë que de Te maintenir
ïcontre leurs Alliez Réformez, foit
Muils enflent deiTti;i de les opprî-
Imer. Quoiqu'il en £ it les Députez
I des V. Cantons (a) Catholiques fu-
irent ( au mois de Février) à Fe.'d-
ykjrch , petite ville du Tyrol , & y
[traitèrent une Alliance avec les En-
fvoyez de Ferdinand d'^Iurrnu^
Roi de Tohnne & aHongiie , pour le
maintien delà Religion Catholique;-
Et elle fut {h) juiéede part & d'au-
tre à W'aldshout , le 25. d'Avril.
Environ lemêmetems les deux M *?efen ïc
~ ~ . < , _> ' reforme*.
Cantons v^eigneurs eu pays de Ca-
fter. ~yant api is que les h-.bitans vou-
loient renoncer à la Meflq , & biûler
leurs Images j Ceux de Schvvitz les
en voulurent décourner, en leur rc-
pié-
U) Hottir.g 444.
(ù) Stetl. 1 c. 18. a..
(<•) Hotiing. 456. 457.
400 Hi(lolre delà Réformation
529- préfentantle ferment de fidélité qu'ils
•fi* fe leur avoient juré. Ceux de Wefen
L°riT)e. répondirent : „ Que dans toutes
53 les affaires temporelles ils étoient
„refolus de rendre à leurs Souve-
rains toute i'obéiffance qu'ils leur
^dévoient, comme il convient a
»des gens d'honneur : mais Que
»dans les chofes qui regardent la
?J Religion, il vaut mieux' obéir a Dieu
„qu 'aux hommes. Comme les Députez
de ce Canton leur faifoient des me-
naces à ce fujetj on raporte que
des jeunes garçons , ayant tiré quel-
ques Images de leurs Eglifes , en
leur préfence > les portèrent dans
un Carrefour , & leur dirent : Fo-
yez > ce chemin -la conduit ^Schvvitz,
celui - ci à Glaris , cet autre a Zu-
rich , & le quatrième à Coire. Choi-
fijfez lequel il vous plaira. On vous
donnera faaf-ïonduit pour y aller. Mais
fi vous ne pouvez pas vous bouger de
la place > nous vous allons brûler. Et là
deffus ils les jetteront dans le feu..
Les Députez prirent cela pour un
affront > & s'en allèrent fort irritez.
Il y eut auffi quelques Catholiques,
de Glaris , qui allèrent à Wefèrjj
&. querellèrent ces gens - là. Mais
ceux
de la Suijfe. L I v. VI. 40 1
ceux-ci leur payèrent vertement; 15-9»
& des paroles Ton en vint aux
coups , tellement qu'il y eut 14.
Personnes bleffées > & à grand peine
pût - on mettre enrr'eux la paix. Le
jour de h Chandeleur, ceux de iscben*
Schennis abolirent aufli les Images. m\ <^e
Nonobftant le mauvais fuccès cle la meme*
•tentative que Schvvitz avoit faite
la W'efcn , les V. Cantons Catholi-
ques envoyèrent enfemble une Dé-
puration folemnelle au Pays de
' Gaffer , & à Wefen en particulier,
pour détournerce Peuple de la Pvé-
formation. Mais ils leur répondi-
rent. „ Que fi Ton pouvoir les con-
vaincre d'erreur par i'Ecriture,ils
»étoient prêts à fe laifTer inftruire.
Et comme on continuoit à leur
faire de grandes menaces , nonob-
ftant qu'ils offrifTent de rendre rai-
fon de leur conduite par les voyes
de droit , ils implorèrent la pro-
tection de Zurich , & l'obtinrent :
ce qui , comme on peut penfer,ne
fut pas vu de bon œil par les Can-
tons Catholiques.
H'aurre coté les deux Cantons
Réformez , Zurich & Berne 3 furent
fort offenfez per les libelles diffama»
toires
402 Ui/loire de la Réformation
I 529» toires que Monrner ne cefîoit de dé-
Schennis cocher contr'eux à Lucerne , mais
de mê- plus offenfez encore contre les Lu-
me- cernois , qui le fouffroient. Et le
19, Février, ils y (a) envoyèrent
des Députez pour faire partie à ce
Moine infolent , & pour demander
qu'il en fut puni. Mais loin de leur
rendre jultice, comme cela fe doit
entre Souverains, on le fît évader.
Négotia- Le CantonsRéformez étoient auffi
tion des fort mal fatisfaits de l'Alliance que
?£™01S les V. Catholiques venoient de faire
bourg & avec îa Maifon d'Autriche, ennemie
à soleur- jurés des Suifles. C'eft pourquoi les
Bernois , ( b ) pour erre en garde
contre toute forte de flirprife , en-
voyèrent des Députez à Fribourg.8c
à-Soleurre, pour leur demander,*;*
que l'on avoit a attendre d'eux dans les
conjonctures dangereufes, ou l'on fe trou-
voit ? Les deux villes répondirent
fort obligeamment afîurant leurs
chers Alliez & Combourgeois de Berne»
qu'on s'aquitteroit envers eux , de
tous les devoirs de fidèles Alliez 8c
Combourgeois j feulement qu'on les
(a) B<?r»Inftr. 16$.
$j Stett. j. c. 27. b.
de la Suiffe. L I V. VI. 403
fupplioit de pardonner à ceux d'Un- I 52 9*
dervvald. ' Ttmhies
Les Bernois étoient irritez contr^ cantons
' ceux de ce Canton, à cau/è du fè-aufujet
cours q iTj Js avoient donnez à leur de celui
fujets rebelles de Hufie , & ne vou-
\ loient plus (a) les regarder comme
Alliez, & Membres ciu Corps Hel-
vétique, ni les admettre dans les
Diéces , ni même fourîrir, ou rece-
voir les Baillifs, que ce Canton de-
voit envoyer cette année - là , félon
fon rang, à Bade, &c aux Bai.iages
Iàjïcs. Zurich étoit dans le même
fentiment , mais les Cantons Ca-
tholiques apuyoient celui d'Under-
vvald. Toutes ces chofes enfem-
ble menaçoient la SuilTe des trou-
bles, qu'on vie éclorre quelque rems
après.
Pour les prévenir , {(?) les Dépu-
tez de Baie , de Scbaffhoufe , à Ap-
penzdl , & des Grimons , travaillè-
rent à pacifier cette affaire dans trois
Dictes alfemblées à ce fujet , & fi-
rent le 2 2. Mars un projet d'accom-
modement. Les Bernois étoient af-
fez difpofez à l'accepter , n ayant
point
(*) Id. 28. Zi Hotting.
(£j Stetl, ïk Hotting. l.c.
404 Hiftoirc de la Rc 'format ion
1 529. Pomc d'envie de faire la guerre %
"C a n- étant d'ailleurs ferrement follicite2
Subies * Ce^a 3 tant Par D^Purez Mé-
entre les diateurs > que par ceux de Glaris,
Cantons de Fribourg , & de Soleurre. Mais
au fujet jes ^uricois 5 que Berne s'étoit
ce celui . • / rr 1 1 a
d'Untler. ajoint comme înterefiez dans la me-
^W, me querelle , ne voulurent point
accepter cet accommodement , ne
le trouvant ni honorable , ni avan-
tageux , & le 24.. Mars , ils folli-
citèrent , fortement les Bernois à
le rejetter. Ceux-ci embarraflez fur
le parti qu'ils avoient à prendre ,
ne leur donnèrent point de répon-
fe pofitive , prétextant la Fête de
Pâques qu'on alloit célébrer j & le
tems où ils étoient , de renouvel-
ler les Charges de l'Etat , & d'é-
lire les Baillifs. Le 15. d'Avril, les
Villes Réformées tinrent une Affem-
blée à Berne, 6c le zi. fuivant à
Zurich. Il fe trouva dans cette der-
nière des Députez des Cantons neu-
tres , Glaris , Baie , Soleurre, Scbaff-
houfe & ;4ppenzelL Tous ces VIL
Cantons envoyèrent des Députez
auprès des V. Catholiques? pour
les exhorter à renoncer à l'Alliance
qu'ils venoient de contracter avec
le
de la Suiffe. L I v . VI. 40 5
jlle Roi Ferdinand > à bien confi- 1529.
lliérer la teneur de l'Alliance mutiel- Can-
|le & perpétuelle du Corps Helvé- l?f^Ui
; tique, & le bien de leur commune entre les
Patrie , qui ne peut pas s'accorder Cantons
j au* c ~ * aii lu jet
.(avec des Alliances Etrangères , ^c ce'jLli
&C. àVndèr-
t\ Avant le départ de ces Députez, wald.
il en vint à Berne 3 de quatre Can-
ïtons , (w) Lucerne , UVi , Scbvzitz >
f;& ^«^3 avec un plein - pouvoir
de celui d'I/nderwald , qui paru-
rent devant le Grand-Confeil 3 le
22. Avril , fe plaignant des Zuri-
tcois , qui avoient 3 difoient-ils, fait
de grands préparatifs de guerre,
ylpour tomber fur eux , & priant
leurs chers Alliez de Berne, de fe
.'déclarer , s ils zoulolcnt obferver les
Alliances a l ur égard > ou non ? &C
de leur donner leur refolution par
écrit. Les Bernois leur répondirent
lionêtement , & les affurérent ,
[qu'ils feroient inceffamment leurs éffoïts>
{pour rétablir la paix & l'union. Mais
cette démarche des Catholiques
îétoit une feinte grofTiére > pour ca-
cher leur mauvais delTein j &: pour
déucher les Bernois d'avec les Zu-
ricois,
M %tttl. l.c.ip.a,
40'6 Hlftoire de U Réformât ion
Î 529. ricois , comme on va le voir par
CAN-la fuite. Et les plaintes , qu'ils
ton>. faifoient contre les Zuricois , ne
partoient pas d'un meilleur princi-
pe.' Les Zuricois apprenoient de
routes parts qu'on faifoit contr'eux
de terribles menaces ; qu'on comp-
tait beaucoup fur la nouvelle Al-
liance faite avec îe Roi Ferdinand*
Ils crurent néceffaire de fe tenir fur
leur garde , & ordonnèrent à
tous leurs (a) Sujets (le 3. Mars,)
de faire la même choie : tk le mois
fui van t > par un nouvel Edit , ils
leur ordonnèrent aulTi de vi-
vre en paix avec tout le mon-
de , de leur défendirent d'exciter
aucun trouble 5 feulement que com-
me il paroiffoit que les affaires fe
difpofoient à une guerre , on leur
recommandoit de fe tenir piêts à
tout événement , avec leurs armes.
Anfli donnérent-ils ordre (£) à leurs
Dépurez , qui dévoient aller auprès
des Cinq Cantons , avec ceux des
fix autres , de réfuter cette plain-
te , & quelques autres qu'on fai-
foit.
Ces
(a) Hotïing. 46^.466.
de La Suffi. Liv. VI. 407
Ces Députez des feft Cantons 1529.
pacifiques , auprès des Cinq Catho- Can-
iiques > y furent mal reçusj 5c me- TONS-
ne en quelques-uns (a) on ne vou-
lut pas les laiiïer paroître devant
jÀflemblçe générale, félon Fufage,
[Se comme ils en écoient chargez par
eurs Inftructions. Ceux d'Under-
vald > déjà coupables , & plus in-
ôlens que les autres , firent faire
les peintures infâmes des Villes de
Zurich y de Berne , de Baie , & de
Scbaffhoufe , & pendirent {b) leurs
icufîons au gibet. Les uns fk lei
lutres rirent des réponfes , qui mar-
quoient une extrême aigreur contre
es Réformez , & en particulier con-
xe Zurich. Ceux d'Un derwald ré-
pondirent encore plus * arrogam-
inent que les autres ; & fort pour
:ette raifon même , foit par bra-
vade , ils refuférent de donner leur
:éponfe par écrit.
Environ le même tems, le Mar-
di (c) 20. Avril, les V. Cantons
Ca-
, U) Stettler I-C.19. Rhar, .702. Hott ing. 46g,
j {b Stettl. l.c. Sleidan Lib. VI.p.m.174.
* AT^?// r#/tf mAgnm mal a fui crcfl auc.acia.
xaufi. , Creditur à multis fiuuci t. JuvtNAL>
, Satyr.XI II. V.109.
(c; Rb**, 701. kiotting. 467. j
408 Hifloire de la for mat ion
\ 5 29 . Catholiques convoquèrent à Wein*
AJfem- /W</*« j* AiTemblée générale du Thour-
nérafe" 8aw* Une telle convocation parut
c\u xbour ^ufpefte aux Zuricois > qui y en-
*aw . voyérent au/Ti des Députez. Les
Catholiques efpéroient que ce Peu-
ple fe déclareroit en leur faveur >
& pour la vieille Religion : mais
rAlTemblée résolut de s'attacher à la
Doftrinc; Eva? gelique. Les Dépurez
des Cantons Ca holiques s'y plai-
gnirent des Cantons Réformez ,
difant 5 i^a'on blefïbit les droits de
leur Souveiaineté, & vouloient faire
croire à ceux de leur Religion ,
que les Reformez avoient defTeinde
les contraindre par la force à re-
noncer à la Mefle > ou de les mal-
traiter en d'autres manières : mais
il ne fut pas mal-aifé aux Députez
de Zurich de réfuter cette calom-
nie. On prétend que Wtinfdden a eu
pour Réformateur Jean Zwjck >
Miniftre de Confiance.
Cependant tout {a) paroifloit fè
difpofer à la guerre. Les Catholi-
ques faifoient feu &c flamme con-
tre les Réformez, & évaporoient
leur aigreur contr'eux > par mille
traits
U) StmUr ibicl
de la Suffi. Liv.VI. 409
rraits infolens , par des injures , l$29»
jar des menaces , &c autres gentil-
elles de cette nature. Six Cantons
îeutres , [a] Glaris , Baie, Friboutgt
Soleurre , Schdffboufe & AffmiA o
îrent tous leurs efforts pour réta-
blir la paix , dans une Diere aflem-
>lée à Bade , le Vendredi 7. May,
bllicitant vivement Zurich &: Berne
l'accepter le projet d'accommode-
jnenc > qu'ils avoient fait ci - de-
vant. Les Bernois y auroient
u affez de penchant , mais les Zu-
iicois ne le voulurent point , à
jnoins qu'on n'y établit , par un ar-
ticle exprès > le libre exercice de la
Religion. D'autre cô:é ceux du
ipanton de Schvvitz faifoient tout
m mal qu'ils pouvoient aux Zuri- Inou'
lois. Quelques Bourgeois de Zu- Griefs de
[îich [£] y étant allez , pour fe Zurich
[jiire payer de ceux qui leur de- [c°sn^n
, voient , au lieu de leur rendre juftice tons ça,
finies chargea de coups ; & quelque tholi-
\\zms après , on y brûla lin Miniftre <luçs'
i:'uricois. On avoit chaflé le MU
' Tor,u IL S nilke *
M Stetl. ibid.
[fi] Sleidanl.ç*
4 1 0 HiJI aire de la Réformât ion
r 529. niftre tiOberkvtcb (b) dans le Payj
de Gafter. Pour remplir fa place j
Martyre l'Eglife adreiïa une vocation à Ja-
duMini-coB Keyseb. > furnommé Schloffer >
^Key" natif (ÏUtznach , petite Ville di
même Pays, & Miniftre de Scbvver-
tzenbacb , dans le Canton de Zu-
rich 3 près du Lac de Greijfenfée. Il
accepta la vocation , mais ne pou-
vant pas quitter entièrement fon
Eglife , avant la S. Martin , il al-
loit tous les Samedis pour y prêcher.
Un jour qu'il y alloit , comme à
l'ordinaire , ( c'étoit le 22. May, )
parlant dans un bois , près à'Eftben-
bacb , territoire de Gafter , quatre
hommes apoftez l'y enlevèrent , &
le conduifirent à SJjvvïtz , où dans
fêpt jours , fon procès lui fut fait ,
& parfait, & le 2p. May il fut
condamné au feu. En vain le Can-
ton de GlarU > Confeigneur du pays,
protefta contre une violence fi in-
ouïe , qu'on avoit faite à fon in-
fçu , & qui bleffoit fon authorité ,
d'autant plus que cette année-là le
Baillif régnant du Pays étoit de
Glaris : En vain il voulut tirer en
droit le Canton de SchvvitK 5 pour
lui
M Hotting. 469.
de la Suiffe LlV. VI. 4H
lui en demander raifon. En vain i $29*
le Canton de Zurich intercéda pour
ce Miniftre > 6c par Lettre , & par
une Députation expreiTe. Ceux de
Schvvitz fe moquèrent de tout cela.
Ils vouloient une vi&ime. La Sen-
tence fut exécutée 5 8c Keyfer fut
brûlé. Le Pauvre homme parut
d'abord fort abbatu , quand il le
vit dans la prifon.Maislorfqu'ilfe vit
conduit au lupplice,il reprit courage3
& mourut en invoquant perpétuel-
lement le nom du Seigneur Jésus >
au milieu des flammes.
VI. On peut bien juger que de
femblables procédures n'étoient pas
fort propres à réunir les coeurs , & Lettre
à rétablir la paix. Le Roi Ferdi- duRoi
nand (a) écrivit aux Cantons > n and"
pour les y éxhorter ; mais fa auxCan*
Lettre n'étoit pas non plus fortpro- tons*
pre à gagnerles cœurs^érant remplie
d'inve&ives , 8c d'injures contre les
' Réformez 6c contre la Réformation,
: Mais comme les Turcs lui faifoient
I alors une cruelle guerre > & que
même ils mirent le Siège devant
Vienne , ce Prince ne fe mêla plus
guéres des affaires des StiilTeSi
S 2 Les
[•] Hottingt<\6%.
412 Hiftcire de la Réformation
I52p. ^es deux Cantons de Zuiich &
Conri- de Berne (a), mal fatisfaits , comme
nuanon on peur juger , des Cinq Cantons
^^"Catholiques, & particulièrement
tre les de celui d'I/ndervvald > écrivirent
Cantons à celui de Lucerne , qu'ils ne fouf-
friroient point qu'on introduit les
Bailiifs d'C/ndet vvald , ni à Bade>
ni aux Baliiages Libres , comme
fon tour l'y appelloit > que leur
difficulté ne fut terminée. Mais le
Canton (b) d'Undervvald ne vou-
lut point entendre parler de négo-
ciation , & réfolut d'aller inthroni-
ûr fes deux Bailiifs de vive force 5
& les quatre autres Cantons Catho-
liques lui promirent leur Secours.
Les Villes Réformées conférèrent
là-deflus à Arau dès le 24. May ,
mais on n'y convint de rien. Les
Zuricois vouloient qu'on fe mit in-
celTamment en Campagne ; les
Bernois au contraire auroient mieux
aimé la Paix. Tandis qu'on déli-
beroit , il arriva deux autres cho-
fès , qui engagèrent l'Etat de Zu-
rich à entreprendre enfin la guerre
tout de bon. Dans un tumulte ar-
[#] Hottin*. 4<9g.
[>] Stttthrl c.
de la Suffi . Liv. VI. 4*3
rivé au Thourgaw , vers le milieu j ç 2 0*
de May , un Gentil -homme Ca-Conti-
tholique , nommé Henp.i Lantz-, nuation
/ \ j> j e i * at$ trou-
va) tua d un coup de feu un honne-^f err_
te homme du pays > qui vouloir y treies
mettre la Paix. Trois-cents Pay- Canton?
fans l'afllégerent pour ce fujet dans
fon Château de Liebenfels , deman-
dant qu'il fût fait juftice de lui ,
tout comme d'un homme de baffe
Condition'.' L'Etat de Zurich prit
le parti des Payfans , &: déclara >
( le 16. Juin , ) que fi Ton ne vou-
loit pas faire juftice de ce Gentil-
homme, il leur donneroit du Ca-
non pour battre en ruine fon Châ-
teau. Enfin le Château fut pris , 3c
le vieux: Laraz Pére du Meurtrier fe
vit obligé de payer une fomme
d'argent aux Parens du Mort ,
pour avoir la paix. D'aune côté,
au commencement de Juin (4)5detBÉ-
■cents homnres du Fa! liage Libre ,
craignant la venue d'un Bùllif Ca-
tholique, parce qu'ils avoient em-
brade la Réformation , demandè-
rent confeil & fecours , à leurs Sei.
gneurs de Zurich. Ceux-ci y en-
S 3 voie-
Jl Steti. hcjKjéi
414 Hijloire de la Réformât ion
1 529. voierent 200. hommes avec une
Conti- Députation, (le 4. Juin, ) le joue
nuation même que le nouveau Baillif devoit
îîe^zn y ^âire ^on entl^e * & s'emparèrent
treles" du riche Monaftére de Mowtu Le
Cantons lendemain ils envoyèrent 500. hom-
mes à Bremgarten , & de là à Mou*
ri. Ils publièrent en même tems (a)
un Manifeste , pour montrer la
juftice de leurs armes. Ils y allé*
guoient tous les faits dont on vient
de parler , & en particulier l'Allian-
ce que les Cinq Cantons avoient
faite avecleRoi Ferdinand, pour
opprimer la véritable Religion ; 8c
ils remarqaoient > Qu il avoit été
ftipulé dans cette Alliance , que
„ toutes les terres qu'ils pourroient
53 conquerir^en deçà du Rhin , par
„ le Secours de Ferdinand , leur ap-
5j partiendroient en propre , paE
35 où il étoit aifé de voir , que leur
3, but dans cette Alliance avoit été
3, de dépouiller les Réformez , en
3, fe liguant avec l'ancien Ennemi
33 de la Nation.
A la prémiére nouvelle de ces
rnouvemens (b) quatre Cantons neu-
tres
[a] Sleidan. VI.p.m.174.
de U Suffi. Liv. VI. 415
très 5 Glaris , Baie , Soleurre , & 1 529
! Schaffhoufe , envoyèrent incefïam- Mouve-
\ ment leurs Députez à Zurich , pour mcns de
détourner cette Ville du deflein de Suerre-
1 faire la guerre} mais inutilement.Les
Zuricois leur repondirent , Qui/j
ri av oient que trop de fujet de la faire,
& qu'ils les pioient de leur donner du
fecours en vertu de leurs alliances.
Ils envoyèrent un Héraut déclarer
1 la guerre en forme aux V. Cantons ,
par une Lettre , où ils fc plaigno-
ient entr'autres 5 Que le nouveau
Baillif qui devoit venir d'Under-
vvald à Bade , avoit menacé de
mal-traiter les Réformez. En mê-
me tems ils mirent 4000. hommes
fur pied , avec la Bannière de leur
Ville, fous la conduite d'un Con-
feiller, nommé George Berger,
& envoyèrent trois autres petits
Corps > l'un dans le Gafter , l'autre
du côté d'Einfidle , & le troilléme
dans le Thourgavv. Le gros de l'ar-
mée prit le chemin de Cappel le p.
Juin. Les Bernois n'agréoient point
1 équipée des Zuricois , qui s'étoit
faite fans leur aveu. Cependant
pour ne pas manquer a leurs Al-
liez 5 ils leur envoyèrent du Se-
S 4 cours 5
416 Hïfioire de la Reformât io»
I 529* cours 5 d'abord 6000. hommes,
Mouve- commandez par Sebastien de
mens de Diesbach , Avoyer , 8c enfuire
guerre. 4000. fous la conduire de Jean
d'Erlach , ancien Avoyer 5 8c
pour leur propre fureté ils portè-
rent divers petits corps le long des
frontières de Lucerne & d'Under-
vvald. Les Villes de Baie, de J
Gai , de Mullbcufe 8c de Bienne ,
les Pays de Toc^e bourg & de Gaffer y
8c de Wêfen leur donnèrent aufii du
Secours (a). Les V. Cantons Ca-
tholiques fe mirent aufïi en campa-
gne , le 8. Juin ayant à leur Se-
cours 1500. Fallaïfans. Comme
l'armée de Zurich 8c celle des V.
Cantons étoient prêtes d'en venir
aux mains > Jean (b) Aibli , Land-
Amman de Glaris , follicita fi vi-
vement les Commandans des deux
armées 3 de fufpendre tout a&e
d'hoftilué , qu'ils confentirent à
une trêve de quelques jours. Ber-
ne convoqua une journée à Arau ,
pour le 12. Juin , afin d'y traiter de
la Paix, Les cinq Cantons , qui
étoient demeurez neutres > favoir
M Stetl.51. a.
\b S/W/.jua. Hottinj.qyi. Khan.yoU
de la Suffi. Liv. VI. 417
Claris (a)> Fnbourg >Soleurre > Schaff- I $2Ç.
fjoufe & Appenzdl , y envoyèrent Négocia.
leurs Dépurez , pour faire la fon- £*g de
ftion de Médiateurs. Les Grifons >
les villes de Strasbourg , de Confian-
ce y de Rothvvjl & de Sargans y en-
voyèrent auffi les leurs, pour le
même defTein. Dès que la fufpen-
fion (£) d'armes fut publiée dans les
deux Camps 3 on y vit les Officiers
& les Soldats 3 renoncer, du moins
en apparence, à toute inimitié -,
& fe faire réciproquement des ho-
' nêtetez , comme s'ils ne fe fuflent
portez qu'à regret à combattre les
; uns contre les autres : De forte que
Jacob Stourm , Député de Straf-
bourg difoit , vous autres Suifies »
[vous êtes d'étranges gens ; quand mê-
me vous êtes divifez 3 vous êtes néan-
moins unis , & vous n oubliez pas vo-
tre ancienne amitié. Un fi beau com-
mencement donnoit lieu d'efpérer
qu'on auroit la Paix. Effectivement
elle fut bientôt conduë , & la guer-
Irefe termina , fans que Pcrfonnc eut
eu befoin de tirer l'épée.
La Négociation de la Paix (r)du-
S Ç ra
x Stctl.11.3, ù Hcttir.^.^ru
0 Id. ibjd.
41 8 Htjlûïre de la Réformatiov
î 52 9« ra près de 15. jours. Ce qui en ar-
Négocïa- rêta le plus la conclufion ; furent
pak.de deux Articles 9ue les Cantons Ré-
formez dernandoient avec chaleur ,
& que les Catholiques rejettoient
avec la même fermeté : faveir..
10. Qt£i\ fût permis de prêcher l'E-
vangile dans les V. Cantons , de
l'y embraffer & de l'y exercer libre-
ment. 2°. Que l'on y renonçât
fclennellement 3c par ferment à
toutes les penfions des Cours Etran-
gères , 3c Qhoïï punit ceux qui en
prendroient j comme on l'avoit fait
dans toutes les Villes Souveraines
& Réformées de la Suifle : Car on
fugeoit , que puifque la prémiére
difficulté étoit venue de l'affaire des
penfions étrangères , il n'y avoir,
point de Paix folide à efpérer 3 à
moins qu'on n'y abjurât par toutoces
fortes de penfions > 3c qu'on ne
châtiât ceux qui en prenoient. En-
fin , après bien des débats , on
Traite' convint d'un Traite' de Paix , qui
dQlReiï futconc^u & fignéle 26. Juin, 3t
giohçn- conÇu en XVII. Articles. Comme
tie les il a été le fondement 3c le modèle
Cantons de tous les Traitez de Paix de Re-
ligion > qui ont été faits entre les
Can--
de la Suffi. Liv. VI. 419
Cantons , [a] j'en raporterai ici fi- î 529.
délernenc la Subftance :
I. Quant à la Parole de Dieu, r.7
, — • , n r \ , Liberté
comme la Foi n ejt pas une cboje a 1a- de Con_
quelle on doive porter les hommes par la fciehce
contrainte s on ne contraindra pGint c^^r'cs
les Cinq Cantons , ni leurs Sujets a re°n *J
ï 'embraffer. Mats pour ce qui regarde les Sei-
Mes * Confederez des Cantons , & les gneuries
Seigneuries Communes , dans les cominu-
lieux où l'on a aboli la Jllcffe > brûlé
ou détruit les Images , on ne devra
punir perfonne pojir ce fujet. Mais là-
où la Meffe , & les autres Cérémonies
font encore en ufage > on n'y doit ufer
d'aucune contrainte i ni leur envoyer
îou lùur établir aucun Aliniftre > s'il
n'y eft demandé à la pluralité des voix.
Ce qui aura été réfolu dans une Paroif-
fe y i la pluralité des voix 5 de quitter
la Meffe ou de la garder , comme auffi
de manger des viandes , que Dieu n'a
point défendues , fera obfcrvé tant qu il
plaira aux Paroijficns. Enfin aucune
I partie n'infultera l'autre , fur le fujet
de fa Religion.
II. L'Alliance contractée avec le
S 6 Roi
(a) Ex Acils publicis. Voyez le Trai-
rfe' entier tout au long entre les Pièces
^ficat'ivcs N° V.
* Zugcwanilttn.
42 0 Hijloire de U Réformât ion
î'529»i^ Ferdinand, n'ayant été faite ,
Traite' que pour caiife de Religion , ( n étant
il \Al' ^US n^cefî*ÎYe > ptàfyw > les fiins
lùmce " des Médiateurs , il a été réfolu quon
des v. n'ufera d'aucune contrainte , & qu'on
Cantons ninfultera perfonne , pour fait de Re'i-
Roi Veï-&ton 3 / ^ ^ Cantops y renonceront
tiinand abfolument & en remettront inceffam-
segêe- ment le Traité original entre les maim
des Médiateurs 3 avant que les armées*
décampent » pour être biffé ^ lacéré &
mis en pièces. Quant au Traité d'Al-
liance Se de Cornbourgeoifie nouvel-
lement contracté > ( le 12. Mars pré-
cédent entre les V. Cantons & le
Vailais > ) on en traitera dms les Vie-
Us > le tout fans préjudice des Trairez
de Cornbourgeoifie contractez entre-
les fix Villes Réformées , Zurich ,
Berne , Baie , Saint-Gall > Mutthoit*
fe & Bienne.
III. Les Six Filles fusmentionnéer
nt. tes prient encore tûs-inftamment les V.
V7. On- rant0RS de renoncer aux Services,
tonsiont r ,r
priez d'à aux Penîions , & aux Prefens 'des
bolir les Rois & des Princes , pour le bien com-
Venfions mm de ja patr;et Que fi leur prière
Etrange- , — ,f y , f r
res% n *™ « aucune efficace , il a ete exprej-
fement convenu , que ceux des V, Can-
tons ne prendront point dans leurs Trou*
pes
it Ut Su/fe. L I v. VI. 42 F
pes & ne conduiront point a la guerre \ J2'9«
au Service des Primes Etrangers , /^Traite'
fujets des VL Villes , fous dts fevhes ^ 2-iiX>
punitions , en corps & vie > tant
pour Us Soldats 3 que fmf les Enrôla
leurs.
W. Quant à ceux qui iiUnbuètit iV.Surfc
ces Penfions ; & ceux qui les *'f*'-jjj^e
vent , on ne peut pas les punir encore ,
parce que leurs Magistrats le leur ont
permis > mais lorfque 5 dans la fuite 5
cette pratique fera abolie , on pourra
punir ceux, qui contreviendront aux
Ordonnances.
V. Comme quelques Cantons avoient v< £e5
formé des AlTernblées a Beckenriedt , Cantons'
au ailleurs , cela ne devra plus fe fai- 11 f ^'v^-'
re : ni les quatre * Canrons du Lac , feMé*s
ni les autres ne sajfembleront plus 4j^arées*
ptrt., pour les affaires qui regardent le
Corps Helvétique; ce qui ne pourroiû
produire aucun bien : Afais il leur fe-
ra permis de saffembler la ou ils vou-
dront y pour leurs affaires particuliè-
res.
VI. Comme il étoit fo u vent arrivé, vu Et ne
que quelques Cantons avoient traité & Çrcn'
publie
* Vier Waldftett : Ce font L:<ccr??c3 Uri 3
îthvyitzj & Undervvatd,
422 Hijioire de la Bjformatiot,
I529* publié de certaines affaires , au nom de
Traite' tous les Cantons , quoique d'autres Can-
plusle*" îons ny euffenî eu aucune PAlt > & n'y
nom de euffenî point confenti , cela ne devra plus
\igéné- Çe faire a l'avenir > &c.
rztte^ QQmme on a demandé au Can-
Sçhw'its ton de Schvvits une penfion raifonnable
payera pour les enfans de feu M. Jacob *
pemion schj0ffer . i€S faux parties ont remis
aux en- 3 f
fans du cette affaire aux Médiateurs , qui ont
Miniftre plein-pouvoir de prononcer la diffus.
Schloffcr.
vtii- Les VIII. Tous les Edits & les Re-
Edits glemens , publiez par l'une ou l'autre
de Réfor- ^ m toutes enfemble,
mat ion *
des VI. concernant la Parole ae Dieu 5 devront
Villes demeurer en leur force > fans que per-
font&c. fonne ait drott de 5 J °^er : Et ^
ou l'on a aboli la Miffe, les Images^
les Ornemens d'Egbfes > & les autres
chofes qui appartiennent au Service Di-
vin , Perfonne ne devra être inquiété
pour ce fujel -, ni fottîdté a rétablir ces
chofes-la ni puni: mais bien - entendu
encore , que Perfonne ne devra être con-
traint à embraffer une Religion.
1X3
* C'eft ce Miniftre qui avoir été marty-
rifé, ou brûlé, p-ur caufe de Religion,
clans le Canton de $ckvvit&. Voyez a*
cteffus pa^e 410. & 41 !•
deUSuifie. Liv. VI. 42 J
IX. IL y aura de part & d'autre pleï- f 5 2Ç.
\ne & entière amniftie pour toutes les traitl
} Villes, Communautés, Villages , faàetdiK
Perfonnes particulières , qui ont à°nnê m°
I du fecours à tune ou ï autre des par- pour
1 ties , [avoir , pour les Villes de Baie, tous les
S. Ga! , Mulihoufe , & Bienne $ /><w*
le Thourgavv , pour Bremgarten, rans des
Mellingue, /»0#r /e RheinrhaL pourdtux
les fujetsde l'Abbaye de S. Gai, pour Pra'tl£S*
ceux des Balliages libres > dans /'Er-
gaevv j pareillement le Tockebourg,
Gaftel, Wefen, & autres lieux , qui
ont donné du fecours aux deux Villes
de Zurich & de Berne j & pareillement
auffi pour tous ceux qui ont donné du
fecours aux V. Cantons , entr autres les
ValJaifans.
X. Toutes les injures & les pa-
rôles choquantes j qui ont été e™-\\Sef&*
ploj/ées de part & d'autre , jusqu'à défen-
fréfent 5 au fujet de la Religion 3 d'une dues.
manière groffiére & infolente, & qui
ont été l'origine de cette divifion, devront
être entièrement abolies de part & d'au-
tre'^ ceux qui i ontreviendront a cette
ordonnance devront êtte punis par leurs
A/agiftrats , en corps & biens , des qu'on
les leur déférera*
XI. Tous Us Arrêts qu'on a tnu W.Les
pofez
424 Hiftoire de la Réfotynœtion
1 529 pofez en Suijfe,fur les Cenfes, rentes
IdT^Patf ^ 4Htres ^nm & revenus, apparte-
Rentzs ' nans * des Egtifcs 5 & * des Commtà
dues aux mutez > où ton a aboli la Altjfe , de*
Rcjor- vYont être levez 5 & abolis j & ceux
doivent doivent ces rentes & cenfes &ct les
être p> payeront.
yées. XII. Th. Mourner fera obligé de
Mour- ^e Parotrre a B'tde , devant les Média*
ner àolt teurs , pour répondre aux plaintes que
Çaroitre les deux Filles de Zurich & de Berne
pour6 owf * ^*rf* fo;irr* ^5 ( au fu jet ds
donner fes libelles diffamatoires j) d*
fatisfa- Lucerne l'y obligeront j il devra être
tons" de Strasbourg & de Con-
Réfor- fiance ont demandé d'être difpenfez de
meXjm juger de cette affaire.
xm. Les XIII. Pour ce qui regarde les Frais,
Média t que les deux Filles de Zurich & de Ber*
teurs re- ^^^^ ^ Alliez , tftfrm A7»
les frai s terefjez dans cette affaire , o»f e/e
obligez de foutenir , 0« r/o?:?^ plein
guerre. p0UVOîr aux Médiateurs de les régler^
dans l'efpérance qu'on a > qu'ils exami-
neront la ebofe avec exactitude, &
qu'us prononceront en gens d'honneur :
Ce qui devra fe faire inceff animent dans
ïefpace de 15. jours après la Conclufior*
de ce Traité^ faute de quoi les VL Vil*
de la Suiffe. LlV. VI. 42 S
les pourront interdire tout commerce a- ï 5^9*
vec les F. Cantons. J
XIV. Les Médiateurs auront le XIV* %Cm
pouvoir de régler en même îems TAc~ commo*
COMMODEMENT , de CCUX fUndtf+^jj^**
vvald avec Berne ; & il dépendra des jerway
Bernois , ^//c Ai décifion de ce diffé- avec
re^d Ce faffe à l'amiable 5 ou a rigueur de Berne,
. . remis
droit. aux Me-
XV. Aucune des parties ne doit ufer diateurs.
de violence contre l'autre pour fait ^eXV'n^^
Religion ; & outre ces articles, les deux ^VqÇ. ^
parties demeureront en pleine & paifi-feflion
blc pofieflion de leurs B alliage s> ^i- de les
• n a - t ' i ts Droits a>
pie une s , Pays,Su]ets, Libertez* ^iWJ'âefes
Vf âge s &c. comme ils les ont pojfédé Biens
avant cette déclaration de guerre ~&c. &c-
Au refie les quatre Cantons de Zurich,
Lucerne, Schvvits & Glaris épren-
dront , en confidération la Ville de S. On fou-
Gai , & la Soutiendront dans l'embar- [iCyj«?
ras ou elle fe trouvera caufe de [on Ab- jcs.G\J.
baye.
XVI. Comme ceux du Thourgavv xV,1- ®l\
ont fait diverfes plaintes , [entr autres, c"
qu'on leur donnoit des Baillifs , fcn-Grf^du
nés, violens, emportez &c, ] Zurich
& Berne déclarent > que Uur mtentièn^
eft , qu'on donne aces bonnes go: s , <ta
Baillifs pieux, de fens rajfts , dr ./c
bonne<
426 Hiftoire de la Reformaiion
Tr^-te ^onnes mœurs > & 1ue ceux de Zoug
de Faix. J envoyent inceffamment un autre Bail-
li f , a (a place de Jacob S:ocker > Que
de même on doit dépoferfjns*dé!ai:Mzr-
tin Werli, Land- Amman de la Pro-
vince 5 & en élire un autre à fa place :
Que les autres Cantons , qui ont part
à la Souveraineté du Tourgavv se m
gagcrSht a la même chofe & devront
promettre aux deux Villes de Zurich &
de Berne, de fe joindre avec elles , au
plutôt , & fans délai , pour redrejfer les
griefs & régler les affaires de cette
Province.
Xvn.Les XVII. Les Cantons jureront de non-
Can- veau tous enfemble & fur le champs leur
tons re- ancienne Alliance , félon £ ancien ufaçe,
nouvel- . / . 0 ^ , d.«
leront la avec^e Traite de ùtantz , & cette Paix
Confede- Nationale qu'on vient de conclurre.
HelTen XVIII. Enfin il y aura de part &
que. ' d'autre une Paix ferme & inviolable 5
on oubliera tout ce qui s"ejl paffé entre les
deux partis, leurs adher ans & leurs Al-
liez, j & Perfonne ne fera inquiété ni pour
ce qu il aura fait 3ni pour ce qu il aura dit
contre ceux du parti oppofé au fien &c.
On fie deux Copies de ce Traité,
en papier, en attendant qu'on pûc
en dreffer les Attes en parchemin -r
& ces Copies furent cachetées des
cachets
de la Suffi. Liv. VI. 427
achets de 4. de ces Médiateurs, & I $29*
;elLz du feau du Canton de Zoug. Traite'
jl fut ordonné que quelques-uns de deFaix*
es Médiateurs , iroient à Bade avec
n Secrétaire, pour y dreffer les
i&es, & qu'enfuite le Secrétaire
iroit dans les VI. Villes , & les V.
Cantons > intéreflez dans cette guer-
[5 , pour faire appofer leurs féaux
[ ces A&es 5 après - quoi il les leur
lemettroit, à chacun le rien.
' Après la conclufion de ce Traité
ss deux armées fe retirèrent j mais
vant leur départ , les V. Cantons
nvoyérent dans le Camp des Zuri-
ois , le Traité de leur Alliance avec
îRoi Ferdinand ,quifut inceflam-
îent déchiré, &mis en pièces. *
Les Députez Médiateurs s'aiîem-
lérent d'abord après , pour exécu-
sr les choies dont ils étoient chargez
ar le Traité. Ils réglèrent les frais
ueles V. Cantons dévoient payer
ux Vf. Villes , & les taxèrent à trois
lille Ecus d'or. Ils conclurent Accom-
iufïi l'accommodement de Berne, mode-
vec le Canton d'Undervvald , &î?**Ldc
, / t • . v rr BernC
iondamnerent celui - ci a payer aiifli avecUn-
ux Bernois trois -mille Ecus d'or, defwaluk
pour
* Khein% 70^. 706.
428 Hifloirede la Rêformation
î 5^9- pour tous frais. Le payement d
Canton d'Undervvald fe fit en deu:
termes. Il paya (a) ^oo/Ecus a
mois de Mars de l'année fuivant
1530. les autres 1500. le 20. Ma
de l'an 1531. *
Mêto'jh M fembloir que ce Traité de Pai:
tente- devoit affurer la tranquillité delaSuii
dansl mais il ne le fît point. Les deu:
Suiflè! Partis ne l'acceptèrent qu'à regret
chacun de fon côté en étoit mécon
tentj & les Cantons Catholique
en particulier , fâchez (b) d'avoir ced
aux Réformez plus qu'ils n'auroien
voulu , n'attendoient qu'une occa
fîon plus favorable, pour remettr
leurs affaires fur pied.AuffiZuiNGL:
(c) qui ccnnoiffoit parfaitement leu
difpofition , n'approuvoit poin
qu'on s'accommodât fi mollemen
avec eux. Il auroit voulu que
pendant qu'on en avoit les moyens
on lvs eût humilié, pour les mettr
hors d'érat de nuire , comme on fai
aux bêces féroces , qu'on ne peut ja
mais apprivoifer. Et la fuite fît biei
voir > qu'il avoit raifon. Carquanc
le:
M Inftr. B. ^97.
* B. Spr. B. E E. 121.
(M Sntler. 1. c. 32. b.
(c)U. 51. a.
de U Suife. LlV. VI. 429
s V. Cantons Catholiques congé- 1 529»
érent (u) leur armée , ils jurèrent
us enfemble de confei ver leur an-
snne Religion , & de punir tous
ux qui embrafleroient celle qu'ils
►pelloient nouvelle. Bien plus, au
ois de Novembre fuivanr,ils envo-
ient en grand Secret 1 Amman de
Mg, à l'Empereur Charles V. en
alie> ( ) pour follicirer ce Prince à
ire la guerre aux Cantons Réfor-
ez, lui promettant de le fecourk
toutes leurs forces. Et les Ecclé-
iftiqucs Catholiques de la Suifle>
oient extiêmement mécontens de
'i l'Empereundu Roi Ferdinand,
: du Pape 3 & en parloient * in-
Jemment, parce qu'ils n agiiToient
as allez vivement à leur gré , pour
:conder l'ardeur de leur Zèlemeur-
ier> à opprimer les Réformez. .
VII. Tous ces mouvemens de
uerre, n'arrêtèrent point les pro- watian
ris de la Réformation. dans le
A HniftU, gros Bourg du Canton
'AppcnzelL (c) on avoit reçu l'E- z*U4
vangile
(a) Ho t tin g.
\b) MSC. G roof.
* Paùjt, K*yfer uni Konig feye tin Bah
zi'uie der andere%
(0 Hctting. 470,
4 30 Hiftoire de la Réformât ion
* 529» vangile parles foins de Jean Tha- i>
Siitfor R1NG> L'Evêque de Confiance l'éx- F
communia , & le fît chalïer. Un ï°
dans le Prédicateur Catholique, nommé y<>- Ej
dV^». M Forter > #y détruifit ce quelautrc ■»
* avoir édifié Mais les Brebis , qui k
ne connoifloient pas la voix de cet
Etranger , ne voulurent point le-
coûter, & prièrent TEglife Réfor- «
mée de Conftance 3de leur prêter^;- à
^r<?i/^ Blârer pour un mois » en atten- i<
dant qu'on eut trouvé un Pafteur. Il tr
commença d'y prêcher 1 t^r. May, f
Et dans Pendant le Cours de la guerre I
le Com- trois Parroiffes (^) du Comté de Ba- 1
de.favoir Schlkren>Kordorff, & Difri- 1
^fw, embralTérent la Réformation, 1
le 6e- & le 7?: de Juin. Le Pa- \
fleur de cette dernière étoit Beat i
Gherung ,de Afunfter ems£rgavv» n
Le 23e- d'Août tous les Religieux de
Wettingue richeAbba'ïe de Tordre de
Citeaux , près de Bade, renoncèrent
aufli à leurhabit,& auPapifme3àIa re-
ierve d'un feul , & convertirent leur
Maifon en un Collège, fur le modèle
de celui de Cappel. Leur Abbé .y
confentit, quoiqu'à regret > &: les
larmes aux yeux , priant que
du
[<*] M. 47h
de la Saife. L i v. VI. 43 1
| lu moins on ne brûlât pas les Ima- \*>2%
*ges. Ils promirent de donner de
! Dons Payeurs à Bade, &: aux autres
rEglifeSj dont ils avoie* t le Patro-
lat. Nicolas Manuel Banderet
i de Berne (>*) & Bernhard Brun-
IteRj deGlaris, Ancien Baillif de
Bade, eurent beaucoup de part à
Bette Réformation. Berne écrivit
%i ces Religieux (ô) pour les loiër
de ce qu'ils venoient de faire, les
: en remercier & les afiïïrer qu'on les
protégeroit. Zurich & Berne ex-
portèrent ceux de Bade à imiter cet
Exemple, mais ils le refuférent.
■I n'en fut pas de même des Villa-
|ges de(<) WurenlofsSc de Vislïsbachy
qui fe reformèrent dnns le même
mois. Ils furent fuivis du Com-
mandeur de Hitz.kilcb> le 4. Sep-
tembre.
Mais la Réformation la plus con- Réfor-
fidérable, arrivée dans cette faifon- T^P'V
là, fut celle de la Ville & du Can- gf*
ton de Scbaffboujfe. (d) Elle fe fit
lentement 3 & cette affaire uainadès
lr
(*) Stetler 1. c. 23. a.
( {b) MSC. Groo/s.
(A Hotting, 47 j.
(<0S<r«/r. p. m. 190. Strtl. 13. llQttir.i*
432 Hijtoire dclaPK é format Ion
1.5 2 9- le commencement de l'année ji.fquà
Je refor- vier , le Maginrat, ordonna aux
mg' deux Couvents de la Ville , de fe
deffaifir avant la Pentecôte, des
Terres, qu'ils poiïédoient dans le
pays de Hegavv, Se de les vendre.
Il fut aufïi ordonné de ne rien in-
nover en matière de Religion , ians
la volonté du Confeil Souverain.
Vers le milieu d'Avril > on établit
quelques Commis du Petit & du
GrandConfeil, pour éxaminer mû-
rement cette importante affaire. Le
Vendredi 22. Juillet > on fit enlever
toutes les Images de la Chapelle
de Sfùnt Wolffgang hors de la Ville ;
on en démolit les Autels : & ce qui
s'y trouva de précieux, fut vendu
aux Bourgeois, ou remis entre les
mains des Magiftrats.
Cependant il y avoit une gran-
de divifion dans la Ville. Chaque |
parti cherchoir à fe maintenir , &C
imploroit le fecours des Cantons
de fa Réligion. Vers la fin de Sep- I
tembre , Zurich, Berne, Baie, S.
Gai, & Mulhoufe y envoyèrent
des Députez; qui ayant demandé
d'être entendus dans le Grand Con-
feil*
de la Suife.Lîv. VI. 433
feil > le 30. du mois, les éxhoité- * $29*
,rent à fe déterminer enfin , & à con-Ko"t!5*.
fommer cour2geufement l'heureux
Ouvrage de .leur Réformation »
„puifqu'ils avoient reconnu fur ce
»fujet la volonté de Dieu 3 comme
„ils l'avoient déjà fait voir , en a-
„bolilTant tant de Méfies , d'Im.2ges
>y$c de Moineries : Que par là
„ils glorifi croient Dieu, 3c rérabli-
,3rount le calme, &: la tranquillité
„dans leur Ville : Que du refte, on
„les afluroit qu'on les fecourroit
î ^toujours de Corps &: de biens, rou-
|>,tes les fois qu'ils feroient atta-
fe„quez. Le Petic-Confeil , fin-tout
«quelques Confeillers , tenoientpour
la Religion Catholique j mais la
fBourgeoifie affemblée l'emporta
fcpour la Réformation , à la plurali-
ste des voix. Enfuite de cette
Iré'olurjon , l'on abolit la MelL &
wes I nagjs par toute la Ville. On
(ferma les Eglifes des Cordeliers &
[des RJ gi.ufes de S. Agnes. On
Lbiûla quelques Images, entr'autres
[lia Statue Cc>loflalc du Seigneur,
Iqu'on appelloit vulgairement le *
Tom. IL T Grand
I * D.r grojfe Htrre Gott von Sck.iff.
I houjtn.
434 Hiftoire de la Réformation.
1 529- Grand Bon Dieu de Scbaffhoufc. Quand
Schaff- on Tabattic , elie tomba fur le Bap-
tiitere , qui ne pouvant icutenir le
poids énorme de cette lourde ma-
chine , en fut brifé. Quelques fa-
milles confidérables furent fi fâchées
de cette révolution , qu'elles quit-
tèrent la Ville. Quelque temsaprè?,
eiies voulurent y revenir , mais on
ne trouva pas à propos de les rece-
voir. La Ville entra enfuite dans
l'Alliance t particulière des Cantons
Réformez. Le 10 e de Novembre
on publia un Edit, qui donnoit
aux Ecciéfîaftiques , de l'un & de
l'autre fexe > la permiiTion de fe
marier > & conrlrmcit l'Edit précé-
dent > qui défendoit aux Piètres de
tenir des Concubines. Erasme
Ritter, Pafteur & Réformateur
de la Ville , époufa une Religieufè,
nommée , Anna. Egkenftcrff, feeur de
l'Abbé AHcheL Le 25. du même
mois on établit un Confiftoire. On
travailla aufll à réformer les Eglifes>
des terres fujettes de la Ville, com-
me Kilchberg , Bufingen > Dœrfflmgen
Sec. Les Zuricois eurent une fi gran-
de joye de la Réformation de leurs
Alliez
t Hoîting.^6.
de la Su/fe. LlV.Vt 435
Alliez & voifins de Schaffhoufey I$29«
qu'ils leur en écrivirent une Lettre
1 de félicitation.
VIII. Il arriva une autre chofe, s- Gal*
(a) qui caufa un grand bruit dans la
; fuire , parmi les Cantons : ce fut
1 l'entreptif: de la Ville "de Zurich
j fur l'Abbaye de S. Gai. Il eft tems
^ d'en parler ici. L'Abbé , nommé
f François Gheisberger fe Tentant
malade fe fit transporter à Rofcbacb%
Se y mourut, dans la Semaine Sain-
1 te le Mardi 23. Mars. On tint fa
mort cachée jcfqu'au Vendredi fai-
I vant >• pour donner le tems aux B}(fîcuU
Religieux , qui ètoient alors à Lin- tfZ- au
fidlen > de fe ralTemblcr , pour élire j.J^
j un autre Abbé. Les IV. Cantons nouvel
Protecteurs de l'Abbaye, étoient A^é-
: partagez fur le fujet de c^tte élec-
) tion. Luceme &C Schvvitz > qui
I craign oient qu'en ne pj ojfitât de la
vacance , pour réformer les Moi-
! nés, les follicitoient à y procéder
I inceffamment. Zurich & Glaris au
j contraire s'y oppoTbient pa.- la mê-
| me raifon. Les Moines pour ê:re
[ en liberté , s'aflemblércnt à Rrferfcb-
T z vijfl
M Hottiîig. 456. 4#7.
436 Hïjlobe de la Réformât ion
1^29- vvjl Se élurent Kiltan Kdiuffiin , aû-
S. G al. par,, vant Lieutenant de Wjt Se grand
Sommelier de l'Abbaye. Zurich Se
Claris ne voulurent point recon-
roitie ce nouvel Abbé , qu'à ces
Conditions : io. Cu \\ prouveroit
par l'Ecriture , eue routes les prati-
ques Monacales 5 les Frocs , la MefTe
&c. étoient agréables à Dieu : 2<>.
Que s'il ne le pouvoir pas pion-
ver, L i Se ion Couvent quine-
roient l'habit 3 Se les ufages iuper-
ftitieux de leur Ordre, Se qu'il ne
feroit plus Abbé, ni Seigneur , mais
A iminiftrateur & Lieutenant , qui
rendroit compte annuellement aux
quatre Cantons protecteurs j & que
ce qui fc trouveroit de refte ? feioit
employé au profit des Pauvres. 30,
Otion redrefferoit les charges in-
fupportables , qu'on avoit impofé
aux Sujets de l'Abbaye , contre la
Parole de Dieu : Car l'Abbé défunt
avoit fort mal- traité les Réformez.
Le Docteur Schappelcr Se les autres
Ivliniftres de S. GA , compoférent
42. Thtfes contre les Inventions &
le-> Doctrines humaines , les Prati-
ques àiverfes de h Rdigion Catho-
îique3 Se en particulier conue celles
des
delaSuiffe. Liv. VL 437
des Moines. Ils les firent impri-ÏS^Q
mer 5 6c off irent de les foûtenir S. Gai
dans une Difpure publique. L'Ab-
bé fe moqna de tout cela (a) ; pré-
tendit que les droits de Ton Abbaye
étoi^nt fufnYamment à couvert par
les Bulles des Papes 6c les Diplômes
des Empe eurs > 6c qu'il n'avoit
que faire de difputer fur ce fujer ;
& il fommoit les Zuricois de le
protéger lui 6c fon Abbaye > à for-
me du Traité fait avec eux par
fes Prédecefleurs. Zurich 6c Glaris
le^ follicitérent de nouveau à fe
trouver à une Conférence avec leurs
Députez , à Wyl > à Rofchach , ou
à tel autre lieu des Teires de l'Ab-
bjye, qu'il lui plair oit ; 6c lui fi-
rent dit e , s'il prétendoit qiï on b pro-
tégeât confie la Volonté de Dieu &
contre la Jufiice? Mais l'Abbé , ap-
puyé par Lucerne 6c Schvvitz, qui
ï'aiTûi oient de leur pr.neclion , ne
voulut entrer en aucune Conférence.
Glaris lui promit auiTi enfin fa pro-
tection , pourvu qu'il renonçât à
l'habit de l'Ordre 5 à moins qu'il ne
pût en foûtenir la validité par la
Parole de Dieu. Mais il n'en vott-
T 3 lut
438 Hijîoire de la Réformât ion
ï$29- lut rien faire, d autant plus qu'il
S. Gai. âVoit de groffes rentes > au delà
du Rh;n , qu'il auroic infaillible-
ment pcrduëï. Le 18. May il en-
voya des Dépurez à Gliris pour
prier le Grand Confeil d'Etat, de
le maintenir dans fes droits, à for-
me d i Traité , particulièrement , di-
foit-ih parce que Dieu na donné au-
cun règlement fur les Habits. Et quel
mal fait le froc? En même tems il
fit demander au Pape la confirma-
tion de fon Election. Mais quelques
{a) femaines après , & avant que de
l'avoir obtenue , il fe f.ifit du
thréfor , de l'argent & des titres de
fon Abbaye , &: fe retira fecrette-
ment à Bregbentz> petite Viile au
de la du Rhin fur le Lac de Con-
fiance qui appartient à la Maifon
d'Autriche > & y acheta le (Châ-
teau de FVoljfourt , où il établit
fa réfidence avec fes Moine*. Il
fe fit auiTi donner par l'Empereur
Charles V. l'inveftiture de tout
le temporel du Couvent, & en
particulier du Tock^bourg , & de la
terre à! AnvvjU Non cornent d'u-
ne telle démarche , ilfcllicita Marc
de
(a) HQtting%W%
de la Suife. Lîv. VI. 439
de Hohen-Ems , Baillif Autrichien à I 529.
I Breghentz , delui donner diifecours, S.Gal.
K'irnaginant que la Ville 3c les Ter-
res de S. Gai étant fans armes, on
ipourroit s'en emparer par furpri-
ife. Ce Baillif le lui accorda, 3c
! comme les Sujets d'Autrkbe ne vou-
lurent pa/ marcher dans cette occa-
fion, il £t venir quelqres centaines
de Bavarois , pour leur faire paf
fer le Lac. Mais s étant apperçu
que toutes les frontières de la Suif,
fe étoient pourvues de monde, 3c
iqu'on y faifoit bonne garde 3 il -fe
retira. Par une telle conduite cet
Abbé s'attira l'indignation des Can-
tons y 3c ils le regardèrent com-
me une homme fugitif, qui avoit
jperdu tous les droits , qu'il pi et en-
doit s'attribuer.
Pendant ces troubles de S. Gai, j^ou.
on penfa en voir naître de nou- veaux
veaux dans tout le Corps Helvéti'- Troubles
s entre les
que. L accommodement des Can- Cantons
tons avoit été fait à la hâte , 3c
jil s'en falut peu qu'il ne fut bien-
tôt rompu , 3c que l'on ne reprit
les armes. Les Catholiques (4) ne
pouvoient pas fe réfoudre de payer
T 4 aux
W M. 474.
440 Hiftoire de la Reformatiez
1529 a"x R^ormez les fr Àls de la guerre.
Nou. D'autre côté les Réformez étoient
veaux indignez contre les Lucernois , de
Tr0iç\ts CC Cîu ^S av°ient laiffé échapper
Cantons d'entre ^eurs mains le Moine fédi-
tieux Thomas Ajourner 3 &; ils per-
fîftoient à demander qu'on accordât
liberté de confeience dans les V,
Cantons. On tint diverfes Diètes
dans les mois de Juillet & d'Août,
& au commencement de Seprembre,
pour ajufter ces différens : mais
{âns fuccès. Les Catholiques per-
fiftoient [a] toujours dans leur re-
fus > de fatisfaire à la prononcia-
tion des Arbitres , & de payer au-
cuns frais de guerre. Les Bernois
voyant cela recoururent à la force ,
pour mettre les autres à la raifon,
& le Jeudi 16. Scptemb. ils défen-
dirent à leurs Sujets tout commerce
avec les V. Cantons , Se principa-
lement dslailïer palier aucune den-
rée pour eux $ & deux jours après,
ils ordonnèrent une levée de douze
mille hommes auxquels on com-
manda de fe tenir piêts à mar-
cher au prémier ordre. Là-delîus
la Diète [b~\ fe reflembla le 23. du
mê-
W MSC. àrolf. b Hottin». 474.
de la Suijje. L I v. VI. 44 ï
même mois , Se enfuite le 30. & j
l'on y conclut un nouvel accommo- Nou-
dement. On convint entr'autres , veaux
3, Que dans les Seigneuries commu- Trouh\es
o > entre les
! ?, nés y là où la pluralité des voix Cantons
>, l'emporteroit à l'avenir , pour, ou
3, contre la Réformation , la cho-
„ fe en demeureroit là : X^'aucun
5> Canton n'y envoyeroit des Dépu-
33 tez j afin de laiffer aux opinans
33 liberté entière : Ou on admet-
3, troit à ces délibérations les jeunes
1 33 hommes > dès l'âge de 14. ans
&c> Le 24. Septembre on drefla le
nouveau Traité pour éclaircir & re-
; drefler le Précédent 5 6c le 15. Oc-
I tobre les XII. [4] Cantons publiè-
rent de concert un Edit 3 pour éx-
liorter leurs Sujets communs > à vi-
' vre enfemble en paix , avec défen-
fè de s'injurier ou de s'infulter mu-
tuellement pour caufe de Religion ,
fous des grottes peines. On tint
; deux Diètes dans ce mois d'Oftob.
: pour renouveiler les Sermens des
'anciennes Alliances. Les Réformez
| Voulurent (/;) toujours refeiver que
Cela fe fît félon l'ancien ufage, fanr
T 5 que,
f«] U. ib. &sm/.3i.bi n<¥
L &] Inllr. B. 3n.j64- »tti»f.47î.
442 Hïfloire de la Réformation
Ï529. clue Gela Portât aucun préjudice à h
Parole de Dieu.
Réforma. Les Bernois eurent aufli quel-
tionde que difficulté avec les Fubourgeois
loitfg.art^ au ^u)et du B-Uuge de Scbvvartz-
bourg , que ces deux Cantons pofle-
denc en commun ; chacun d'eux
s'y inter-ffant pour fa " Religion,
La Doctrine Evang.lique y avoic
été piêchée , & Ton y [a~J étoit di-
vifé îur la Religion ; les uns vou-
lant recevoir la Réformation , &c
les autres la rejectant. Berne en-
voya des Députez aux Paroiiïes de
SihvViiYtxbourg & de Gougkuberg >
le 20. d'A« -ut 3 pour les éxhorter à
la Paix. Et comme ces Commu-
naux z dévoient s'affembler , pour
régler l'affaire de la Religion à la
pluralité des voix , les Députez
eurent ordre de convoquer l'Affem-
blée , &; de leur reprêfenter :
5, Que la foi étant un don de Dieu ,
3> on ne vouloit contraindre Per-
5, fonne à embraffer la Réforma-
» tion : Que . néanmoins comme
5, chaque IVhgiftrat Chrétien eft
3> obligé de maintenir fes Sujets
55 dans la vérité > ils font réïbluy de
MI***'***
deUSuiffi. Liv. VI. 443
protéger tous ceux de leurs Sujets \ ^29.
?) des Terres médiates 5 qui embraf- schwaru
„ feront l'Evangile. Leurs Inftru- boLirs-
ctions poitoient aufli , Que là où
la pluralité l'emportèrent pour l'E-
vangile y la moindre partie devoir
céder ; mais Que là où elle Fem-
porteroit pour Ja Meffe , LL. EE.
vouloient protéger les Réformez :
Que cependant pour éviter toute
contefbtion , ils veulent bien que
les Prêtres y célèbrent la Meffe 3
pourvu qu'ils s'en contentent , &
qu'ils ne piêchent point : & que
l'on prêche toujours la Réformation
avant la Méfie : Que pour le refte
il devoit êcre défendu à chacun fous
de certaines peines d'inquiéter ou
d'injurier Perfonne pour fa Reli-
gion. Dans cette occafion les deux
Paroiffes , qu'on vient de nommer a
embrafférent la Réformation ; &c
d'abord la Religion Catholique y
fut abolie. Les Fiibou geois vou-
lurent s'y oppofer , ck piétendi:ent
que du moins on laiffât fubfifter le
libre exercice de la Religion Catho-
lique. Pour cet effet ils envoiérenr
des Députez à Berne , au commen-
cement de Décembre avec ordre de
T 6 pouf-
444 Hijloïre de la Reformatiez
1529. pouffer cette affaire. Les Bernois
leur répondirent , le 8. du même
mois (a) „ £Vils vouioicnt lailïer
?3 les chofes à Scbvvartzbourg & à
« Gougkuberg dans l'état où elles
3, étoient : Que par conféquent ils
ne permettroient point qu'on cic
« la Meffe , ni qu1 on pratiquât au-
», cune Cérémonie Papiftique dans
5> les Temples : Que cependant ils
3, confentoient , en faveur des fei-
5> bles , qu'on le fît à Schvvartz-
3, bourg dans la Chapelle , 6c à
>> Gougkisberg dans le Beinhaiis 5
bien entendu que cette concefïion.
ne préjudicieroit point à leurs
droits *,
mines IX. Les Bernois continuèrent
fhulari- cette année (b) a réformer diverfes
^dans Maifons Religieufes. Henri Rouf
jQfli " Abbé de Troub traira avec eux pour
mille gotildes > & leur remit fon
Couvent , ck les Seigneurs lui don-
nèrent des Lettres de Rente pour
paye*
(a) Ibid.375.
* Il eft à remarquer , que quoique
Berne Se Friboiirg poiledent ce Balliage en
commun , cependant par un ancien Trai-
té de l'an 14^5. Berne y a vies droits plus'
étendus que Fribourg • p.e. les ApptU ; ft .
portent à Berne & non a Fribourg.
(fl B. Initr. H. Mfk b.
de là Smfe. Lïv. VI. 445
payement, le 16. Juillet. Le 8. I 5 29>
d'Août (a) ils écrivirent à Rodo'f de
Benedictis , Abbé de ï Jsle de S. Jean*
près de Cerlier , que voyant qu'il
ctoit extrêmement endetté, & qu'il
s'endetteit tous les jours , telle-
ment que fes dettes ruïncroient un -
jour ic Couvent , ils lui ordonno-
ient de fe rendre à Berne ,
k Jeudi fuivant , &: d avertir fes
Moines d'envoyer aufll quelqu'un
d'eux , pour traiter en leur nom.
Ils obéirent 5 £1 le 16. du même
mois > ils remirent leur Couvent
\b~] à leurs Seigneurs avec fes biens
& fes dettes ,- moyennant cent Ecus
d'or , qu'on leur donna à chacun.
L'Abbé neréfigna que le 3. Septem-
bre. Il eut pour fa portion , \_c~\
deux mille" Ecus d Or au Soleil.
Dans le même tems le Prévôt de
Wangue (d) traita au fli avec eux , &
leur aiant remis fort Abbaïe , il fe
maria. Jls lui firent , ( le 18. Dé-
cembre 3 ) une penfion viagère pour
lui , &: pour fa Femme. LL. EE.
donnèrent aufli [ le 22, Octobre] >
| 1 Hài
a Lutin. Aîi,f. 2.88.
h B.Inftr. I. p.l.
c Ibld. p. 3.
4 J*.
446 Hijloire de la Réfcrmation
j^2Ç)' à la Ville cTArberg [a] toutes les
jyonn- terres & les revenus attachez à la
f/<?» faite Meffe de Matines, & deux Mai-
d'^X'k **ons de ^ ^ure avec ^eurs rentes i
^fr^3 afin d'employer ces revenus à l'en-
tretien des Pauvres. Ils eurent auffi
& à cel ^°^n ^C recornPen^er ceux â'Under-
îe tCUnl fevven [fi] , pour la fidélité qu'ils
derfe- leur avoient témoigné dans la
vvc/t, guerre des Rebelles , & de les dé-
dommager des pertes qu'ils avoient
fouffertes de la part des troupes
d'Undervvald & de leurs AiTociez.
Pour cet effet ils leur donnèrent j
[ le 12. Décembre , ] des biens du
Couvent d'Interlaken.
Dans l'Automne de la même an-
née , la Réformation fit encore des
prog és en divers endroits de la
Suiffe. J'ai déjà parlé ci-defTus de
ceux qu'elle avoit fait pendant l'Eté
dans le Comté de Bade. Elle n'en
Ifcéfor- demeura pas là : Au mois d'Ofto-
de*"^"- bre 3 Zur^ h (0 gros Bourg fur le
%ach & Rhin , célèbre pour fes foires , em-
autres bi affa la Réformation , & abolit les
Comté * Ima8es* Trois des Chanoines de
de Bad£ • ÏBrj
A lb% p. il. b.
b Ib. p. 1 8-
t Yfrunà t*d PVidem.
ç Uotting. 475. Scfflu
de la Suffi. Liv. VI. 447
TEglife Collégiale de S. Perene > I 52Ç,
embraflérent la Réformarion. Les
autres fe retirèrent à Waldshout.
Zurzach fut faivi des Villages de
Degkerfeld , Dettingén , Cadelbctvg
& Gebisiiorff. Ce dernier (<*) rci on-
ça au Papifme , au mois de No-
vembre, & recourut au Goiuer-
neur de K migsfc-ld , pour lui de-
mander un Mmiftre [ qu'il obtint ]
psrceque cette Eglife dépendoit de
Kunigsfeld pour la Collature.
La Réformation s'avança au/fi Suite de
dans le Thourgaw. Rhynaw , pe- R«or*
rite ville fur le Rhin , avec une an- SnS,Cj£
cienne Abbaye de Bénédictins , (b) Thour-
combattit long-rems pour la Ré-Zav,v-
* ■ • B l .3 Rhy.
formation , avant que dy parvenir. navv
L'Abbé , Henri de Mandacb > s'y
oppofa vivement , & fit chiffer les
deux Miniftres oui la piê.hoient,
ÎVlais étant venu à moiuir, le^ Bourv
geois reprirenr courage , & résolu-
rent à la pluralité dts voix, d'abolir
la Religion Romaine dar s leur ville
& dans l'Abbaïe , & brûlèrent les
Images des deux Eglises. La Pâ-JT f
roifle de Gachnang fit auffi la même nmg\
cho-
a MSC. Groff,
è tiQttmg, 474,
448 Hijloire de la déformation
l 529. chofe. A cette occafion [a] les Can-
tons 5 Seigneurs du Thourgïvv,
refolurent d'établir un Adminiftra-
teur fur lès Couvents de ce Pays-
là ? qui font en grand nombre. Ils
y envoyé; ent des Députez, pour
vifiter ces Couvents 6c ordonnèrent
au Secrétaire Ballival , de drefler un
Inventaire de tous leurs biens &C
leurs titres : afin que les Religieux
& les Religieufes rendilfent compte
toutes les années au Baillif , de
leur ad niniftration. La plupart de
ces Monaftères s'oppofoient de tou-
te lsiur force aux progrès de la Ré-
foimation : mais le zélé que le
Peuple de ce Pays- là témoignoit
pour la Réformation > furmontoit>
tous les obftacles. On célébra mê-
Synode me je IOt Décembre un Synode [£]
Thour- Provincial à Fravvenfeld 5 Capitale
gaw. du Pays , compofé des Miniftres du
Thourgavv. On y invita toutes
les Villes &: les Pays Réformez du
voifinage , Zurich, S. Gai , Appen-
zell, le Rheinthal , le Tockebourg»
&: les Sujets de i'Abbaye de S. Gai.
L'Etat de Zurich y envoya deux
DcJ
a II. 47 v
b tymng. 479. 4B03
de la Suffi. L I v. VI. 449
Députez de la Magiftramre , avec |
trois Théologiens , Zuingle , Pet-
ite m &: CoUin > autrement Am-Bu~
bel. On y vie Scbappeler & Zilli ,
Pafteurs de S. Gai , &: Jean Zvvïek^
de Confiance j la Noblefle du
Thourgivv $ & en tout 500. Ec*
eléfiaftiques , Pafteurs > Vicaires &
Chapelains. Il fut permis à chacun
d'y parler en toute liberté , fur la
Doctrine de TEuchariftie. On y
traita auffi de l'Excommunication.
On y conféra avec les Anabâtiftes ,
qu'on y avoir auffi invitez ; 8c
comme le Canton d'Appenzell y
avoit envoyé les Siens , on exami-
na les Aftes d'une Conférence tenue
à Teuffen avec ces Sectaires > & on
les éclaira fi bien , qu'on en gagna
le plus grand nombre. Enfin l'on
y examina la doctrine Se la condui-
te des Eccléiiaftiques , & l'on dé-
pofa plufieurs Miniftres ignorans.
Par tous ces endroits ce Synode
produifit un grand fruit dans l'Egli*
fe Réformée.
Il s'étoit auffi tenu un Synode à
Rhyne.k dans le Rhinthal , quelque
tems auparavant : mais je n'en ai
pas trouvé les Acles.
X.Lcs
450 Hidoire de la BJformation
Î529. ^ Les-Catholiques de leur côte
ne négligeoient rien , pour foûtenir
leur Religion chancellante. Ils em-
pêchèrent la] que la Bourgeoifie de
Aiomi > dans le Bailliage libre ,
n'embraflat là Réformation , quoi-
que le plus grand nombre des voix
portât là. On dépouilla un hom-
me , qui débitoit des Livres Evan-
geliques dans le Bailliage de Sargans.
Et de tous cotez on les entendoit
perpétuellement faire des menaces
contre les Réformez.
Mais ce fut particulièrement à
Héfor- Soieurre , qu'ils rirent les plus vio-
tnttHon }ens efforts , pour y érouffer la Ré-
mencée formation. Elle y avoit fait des
à So- prog/ès confidé ables , depuis la
leurre £)ifpute de Berne» apparemment
par les foins de Philippe Grotz*
de Zoug , Piédicatcur Reformé *
qui s'y trouvoir. La divifîon y fut
fort vive ce re ani ée , (b ) parce
que les deux Partis éroient fv-rts, ÔC
l'on ne pouvoir pas piévoir de q«*el
côté la vi£bû'e toun eroit. Les
Bourgeois ôc les Savans (c) étoient
pour
M u. 480.
{b) Stetl. 16. b.
(c) fyttixg. 477.
de la Suilfe. Ll V. VL 45 1
[pour la Réformation j mais les
[Grands tk les Chanoines de 1 Eglife 1 5 2 ' *
[Collégiale de S. Urfe > éccient con-
Itre. Pendant que les Reformez étoi-
lent encore en petit nombre , on [a]
les perfécuta en diverfts manières ,
ou par la prifon 3 ou par des aman-
ides 3 ou par le banniffement. Mais
Inonobftanc ces mauvais traitements^
[leur nombre ne lairTa pas de s'aug-
menter j Se au bout de quelque
tems , ils trouvèrent plus de faveur
au Confeil , & on leur permit d'a-
voir un Miniftre pour leur prêcher
[librement félon la pureté de l'E-
(vangile. Quelque tems après, on
ivcuiut obliger ce rVJinifti e à célé- Mvi/to»
brer la Mdfe. II le refufa, & fcsàcefu)et
Auditeur* l'appuyèrent, Cetre con-
teftation eau fa une grande rumeur
dans la Ville. L'Etat de Berne en
ayant eu [£] avis , y envoya prom-
ptement cinq Dèpu ez du Confeil,
pour y mettre la Paix. Zurich y
envoya aufïi les fiens. Le Diman-
che ip. de Septembre , le Grand
Confeil fut arTemblé , en préfence
de ces Députez, &: cent Réformes
tant
U) MSC GrooJT,
W satlt 1, c.
4 S 2 Hijloire delà Rc 'formation
H20. tant de ce Confeil que de la Bour-
soLeur- geoifjç y parurent > pour demander
liberté de confcience. L'un d'entr'-
eux , pailant au nom de tous , fit
un beau difeours \ où il fc
5, plaignit des perfécutions qu'on
3, leurs avoir faite> \ tandis qu'on
s, laifloic impunis les crimes & la
5, paillardife des Prêtres. Il repré-
3> fenta , que nonobfta: t une corïï
duite fi duse de lcuis Supérieurs^
33 les déformez leur avoient été
3; toujours fournis & fidèles j &
3, qu'ils le vouloient toujours être;
33 Mais que du refle il n'éroit pas
3, po/Tibie au Miniftre > [ q* e U
5, Co ifeil leur avoir accordé , ] de
53 dire la Mette , pu if qu'tlle éroii
p} une abomination ; Qu'ils devoi-
>3 ent donc è coi former à la Ré-
33 forn arion de leurs Alliez Se Corn-
53 bourgeois dt Berne» à moins que
33 les P. êtres ne p <rent prouver pai
3, 1 Ecritur. , & la IVkiTe & les au-
33 tre-. céiémonies Papales, Q^e s'i)
33 le faifoient , ils metti oient Jeun
33 biens & leur vie pour les foute*
3; nir j Que fi au contraire ils ne î<
pou-
M MSC. Grcof
de U Saife. L r v. VI. 4)3
» pou voient pas ; ils prioient leu^s j >2Q.
» Seigneurs de arte~ & d'abolir soleu*-
„ ro.iC;s ces abominations , pour
„ ne retenir que la pure Parole de
>, Die .
Les Dépurez de Zurich & de
Berne appuyèrent la demande des
Réformez. Us repté&nrércfit aux
Magiftrats , Que cei> gens-là ne de-
mandoitnr rien de déraifonnable ;
les éxhor érent à chercher ce qui
pouvoir contribuër à l'avancement
de la gloire de Dieu > & à h tran-
quillité de leur Etat } & leur mi-
rent devant les ye^x les bien* qui
leur reviendrevent > s ils embr^flei-
enc la Réform.'iti n avec eux. Ces
deux rcpré-cnraiinns produifnent
leur effet. Le Grand Confeil accor- Régie-
la Ces d#UX chofeS : lO.'C//^ \q ment
Mi iftre Réformé ne feroit^poinr ^"^a
obligé de diie U MelTe. 20. Qui dis de Coin-
ce moment on publieroi: dans tou- cience.
te retendue de leurs Te res , un
Edit q i pe-nvr roic à tous les
Pafteurs des Egli es de piévher la
Parole Êe Dieu purement & en tou-
te libéré, no; obftant les Edks pié-
tedens contraires à cela.
Ce
454 Hifloire de la Reformât Ion
l 529. Ce fut un bonheur , que [<] les
soLEim- Députez de Zurich > de Berne &
Régie- de Baie fe trouvér^nt-là , pour cal-
ment ^ mer les efprits 5 car fans eux on en
pour là fcrojt Venu à des actes de violence;
liberté A - . 1
de conf- cp1 auroient pu cauler quelque mai-
cience. fâcre.
L'Edit qui accordoit liberté de
confeience fut publié ; mais il ne
fut pas capable d'arrêter le zélé fu-
rieux des Catholiques. Ils ne cet
férent de mal- traiter les Réformez,
& Ton en feroit venu à un tumul-
te dangereux , fi les Bernois n'y
eufllnt promptement envoyé [ le
25. Novembre^ ] 4. Députez de
Nou- leur Confeil , pour [ b ] employer
TtfuJles ^eurs k°ns offices , au rétablifîement
de la Paix. Mais à peine les Dé-
putez de Berne furent-ils de retour
chez eux , que les Catholiques re-
commencèrent à remuer. Un jour
même ils en vinrent jufques-là, que
de vouloir attaquer les Réformez
à force ouverte 5 & dans ce defïein
fermèrent les portes de la Ville, &
pointèrent le Canon. Les Bernois
l'ayant fçu, y envoyèrent inceflarr)-
ment
(4) Stetl. 17, a. Rhm. 70p.
(*j stttL 17. a.
de la Suijfe. Liv. VI. 4S5
ment 4. Députez. Le Jeudi [*] 2. 1 529.
Décembre , le Grand Confeil fut sol e u
aflemblé en leur préfence 3c les 1
Réformez demandoient juftice con-
tre leurs Adverfaires , qui avoient
violé > avec tant de hauteur , l'Edit
qu'on avoit publié , pour accorder
liberté de confeience j Se dirent
qu'ils ne vouloient plus fiéger avec
eux dans le Confeil. Là-delTus il
y eut une grande divifion dans TAf-
femblée 5 quelques-uns des Magis-
trats voulant que les Catholiques 3
Autheurs de ces tumultes 5 fulTent
Punis , &c les autres ne le voulant
(pas. Les Députez de Berne cffij-
jtent leur médiation aux deux Par-
tis. Les Réformez , pour donner .
[à leurs Adverfaires un exemple de
modération Chrétienne 3 fe radou-
cirent à leur égard 5 déclarèrent qu'ils
vouioient bien fe délifter de la de-
mande qu'ils faifoient qu'on les pu-
nît , leur pardonner 2 & fiéger avec
eux dans le Confeil , pourvû qu'on
ne fît rien chiure l'Evangile : Ce
qui leur fut promis. Ainfi la déci-
fion fut remife au lendemain ; 8c
ce jour-là étant venu , tout fut pa-
cifié
(*) MSÇ. Grooff%
456 Hijlohe de la Réformation
ÎÎ^Ç-cifié. Les Magiftrats de Soleurre
kl. furent fi famfaits des foins de
du calme 'eU'S ^ons ^]' ez ^e ^erne» Pour
appaifer 1 s troubles qui s'étoient
élevez au milieu d'eux , qu'ils leur
envoyé' ent des Députez quelques
j >urs amès , ( céto t le 10. Déceml
b e) potu Icf s en remercier f lemnelle- I
n e n. Il fur permis de nouveau :
à Philippe Grorz , & encore (h) à
Un autre de prêcher aux Réformez,
& pour cet effet , on y appella
une féconde fois , un excellent Thé-
ologien n^mn.é Oiber , qui y avoiç
déjà ptê hé auparavant. Le 21 Dé-
cembre le Grand Confeil publia
un nouvel Edit , pour établi la
^IJ,, liberté de confeience par tour le
nouveau y »• •
pour la Canton : 3> D autant , y ai oit-on >
liberté n qUÇ h p0j eft un don Ijbie de la
tience^' » £nce de D,eu 3 Sl,e Perfonne ne
„ peut ni donner > ni ôter , ni par
„ conféquent régler avec un empi-
„ reabfolu; Çhe l'Empire de la con-
?, feience n'appartient qu'à Dieu ,
5, pour cette cauie on permettoit à
5> tous les Sujets & Habitans du
Canton > de fuivre la Religion
que
{a) Stettl. te.
(£) Hotting. 477. .478.
I
delaSmffe. Liv. VI. 457
„ que leur confcierrce leur difteroit \
>, être la meilleure. Ils envoyèrent
auifi des Députez par tout le Can-
ton i pour exhorter leurs Sujets à
déclarer librement leurs fcntimens
fur la Religion ; S'ils fouhaitoient
de garder la Meffe ou non. Les
Sujets répondirent j Qu'ils laif-
5, foient à leurs Seigneurs , le foin
y) de décider de cette affaire j per-
>, fuadez , que comme de bons
„ Pérès & de bons Pafteurs , ils
» ne voudroient leur montrer que
,3 le bon chemin. Ils ne furent pas
contens de cette réponfe j ils ren-
voyèrent des Députez > pour en
: demander une plus précile j Se alors
il y eut 34. Paroifles 3 qui fe dé-
clarèrent ouvertement pour la Ré-
formation , ôc 10. qui furent pour
la MeiTe.
Les Bernois pofTédent en Haute
Jurifdiclion quelques Villages , le
long de L'Are , & Soleurre y a la
Balte Juftice. Les [a) prémiers y
établirent la Réforniation au mois
We Juillet , fuivant la teneur du Trai-
té de paix. Ils y envoyèrent des
Députez j pour aifembler les Pa_
Tom. II. V roik
;a) Ecrn. Inth. B. 525.
458 Hijlolre de U ^formation
1 529. fdiffieds & leur faire palier à la plu-
ralité des /iîfffages , s'ils écoient
réfolus d'embraffer la Réformation>
ou de la rejetter. Les Députez
eurent ordre d'aller auparavant à
Soleurre > pour communiquer la
chofe aux Magiftrats > parce qu'ils
ne vouloient pas le faire à leur
infçu.
GrI" La Réformation avançoit lente-
SONS. . , T '
ment parmi les unions excepte
dans \ Engadine. Un Moine Italien
[a] prêcha l'Evangile dans la Vd-
Teiline, Il fut cité pour ce fujet par
devant les Seigneurs des III. Li-
gues , affemblez à liantz > environ
le mi-Gai ême : & il lui fut défen-
, du de prêcher , Se même on le ban-
nit de la Val-Telline. Mais un des
Seigneurs Députez le prit avec lui ,
& le mena dans le Pays de Pregbell;
ou PerghelL : De là il fut appelle
par un Homme de confidération ,
Réfor- dans £ Engadine , où l'Evangile n'a-
dans voit point encore ete annonce, oa
VEnga- prédication y caufa d'abord un
dine* grand tumulte : Cependant tout
s'y termina fans qu'il arrivât aucun
mal à perfonne-* Enfin , au mois
d'A-
de la Suffi. Liv. VI. 459
d'Avril, les Paroifllens convinrent à 1529»
la pluralité des voix , qu'il lui fe-
roit permis de p êcher. Ainfi il
-prêcha à ceux-la même , qui avo-
ient contribué à le faire exiler : Se
la Réformation y fît de grands
progrès en peu de tems. Il n'en
éroit pas de même dans le relie du
Pays des Grifons. C'efr. pour-
quoi Dorffman , Pafteur Réformé de
Coire > fe préfenta de nouveau ,
par devant les Seigneurs des III. Li-
gues > aflemblez en Juillet ,
dans cette Ville -là, pour leur de-
mander une nouvelle Conférence
de Religion ; mais il ne fut pas
écouté.
XI. Les Proteftans d'Allemagne Occa-
avoient les mêmes combats à foâlfî°ns'^e
tenir de la part des Ca holiques , Ia C A
que les Réformez de la Suifle , & mar_
il auroit été à fouhaiter , pour Tin- pojrg.
térêt des uns & des autres , qu'ils
euflent été étroirement unis enfem-
:ble , pour rcfiller à leurs ennemis
communs. La Diète de l'Empire
is'èrant (./) affcmbléeà Spire au mois
de Mars , J.s Ça Imliques voulu-
rent y faiic palier a la plui alité dcs
V 2 fuL
(*) Sleidan Lib.VI. p. m. 171. 173.
4 6 O Hijloire de la K^é for mat ion
1 5 2Ç. fuffrages un Décret, qui reftrai-
Ow/è'-gnoit la Liberté de confcience , ac-
r*»<?« de corcJée par un aucre Décret trois
pourg. ans auparavant. Les Electeurs de
Saxe &. de Brandebourg , les Ducs
de Lunebotirg , le Landgrave de
Hejfe > 8c ie Prince &Anhalt , rirent
une Proteftation folennelle contre
ce Décret , & en appellérent à l'Em-
pereur , qui étoit alors en Efpagne,
& à un Concile Libre. Les villes
de Strasbourg , Nuremberg , Ulm ,
Origine Confiance > Reut lingue y Wtnfheim >
du nom Memmingue , Lindavv 3 K'empten ,
fjnrt0te' Heitbrun, Ifnj \ mifftbourg , Nord-
lingue & & , fe joignirent à ces
Princes , & flgnérent leur Protefta-
tion Se leur Appel : &: c'eft de là,
[ pour Je remarquer ici en paflfant , ]
qu'eft venu le nom de Protestans,
qu'on a donné aux Réformez.
Les Catholiques avoient travail-
lé à divifer les Proteftans de la Sa-
xe , d'avec ceux de la Haute Alle-
magne , parce qu'ils n'étoient pas
d'accord entr'eux fur la préfence
réelle du Corps du Seigneur dans
l'Euchariftie 5 & dans ce deiTein ils
avoient fait inférer dans leur Dé-
cret 3 ena'autres chofes > Quon ne
recc-
de U Suijfe. L i v. VI. 46 1
recevroit point U Doctrine de ceux, 1529.
qui enfeignoïent touchant U S. Cène du
Seigneur 3 autrement qu'on ne fait d.tns
ï EgiiÇe > favoir dans l'Eglife Ro-
maine j où l'on enfeigne la préfen-
ce réelle. Les Princes Se les Villes
Evangeliques connure.it le piège ,
& le réfutèrent , dans leur Prote-
ftation : difant : ne conve-
5, noir point de faire un Décret de
,5 cette nature contre ceux qui ne
>> croyoient pas la préfence réelle ,
3, puifquel'Edit de l'Empereur n'en
parloit point , ck Que d'ailleurs
a on n'avoit ni cité ni entendu les
5> défenfeurs de cette doctrine : &
5, qu'il faloit bien confidérer mûre-
3, ment combien il eft contraire à la
3, juftice & à l'équité j de décréter
35 quoi que ce foit , dans des cho-
3> fes de cette importance , fans
avoir entendu les parties inte-
3, reflees.
Cependant les Théologiens des
deux partis Proteftans s'écoient
faits réciproquement une guerre
cruelle dans leurs écrits -, & l'ai-
greur alloit en croisant de part &
d'autre > bien loin de diminuer.
V 1 II y
462 Hiftoire de la Réformation
I529.*l y W a voit dans l'Empire diver-
Confé. fes Perfonnes de mérite , qui voyo-
rence de ient avec douleur , qu'un Sacrement
four g ^taD** Par *e Seigneur 3 pour être
un Symbole & un Inflrument d'U-
nion & de Concorde entre fes Difci-
ples , fût une matière 3c une fource
de divifion \ & que la différence
de fenrimens fur ce feul article fût
un ob.ftacle à l'entière union des Ré-
formez : & ils fouhaitoient qu'on
pût apporter du remède à un fi
grand mal. On crut qu'une Con-
férence entre les Théologiens des
deux partis pourroit produire un fi
bon effet. C'eft pourquoi Philip-
pe Landgrave de Heffe , Prince
d'un rare mérite , & d'une grande
pieté , ayant communiqué la choie
à fes Alliez 3 & follicité les SuiiTes
à contribuer à une fi bonne œuvre ;
convoqua une AiTembléede Théolo-
giens à Marpourg , ville de fa dé-
pendance , pour y conférer enfem-
bleamiablement & en Charité Chré-
tienne. Zuïngle de Oecolampade s'y
rendirent les prémiers , &: en paf-
fant à Strasbourg ils pli ent avec
eux Martin Bucer 3 & Gafpar He-
d'ion
(a) Sleid, L.6. p. m. I7f. Lavât . 41»
de la Suffi. Lîv. VI. 463
d\on. Après eux , y arrivèrent de I 529.
Saxe , Luther , Mclanchthon 5 Jufie
J 'on as ; de Nuremberg , André
Ofiander > de Halle en Souabe 3
Jean B entius > 8c d'Augsbourg >
Etienne AgrkoU.
Luther (.1) ne goûroit point le
projet d'une telle Conférence 8c
le 1 3. Juin.il écrivit au Landgrave,
Qu'il k ^rwf , de bien examiner fi
une telle Conférence feroit mile ou in-
utile : put [que , difoit-il , les Zuin-
gliens voudraient a peine recov.noïtre
leurs Erreurs, & que , quant a lui ,
il ne pouvait point changer de fcmiment.
Avec de femblables difpofirions , il
avoit raifon de croire que la Con-
férence feroit inutile.
Le Landgrave de {b) HelTe vou- Actes de
lut qu'avant que de conférer en pu- cette
plie , Luther conférât en particu-
lier avec Oecoîampade j 8c Me-
lanchthon avec Zuingle. Cela /e
fît le Vendredi 1. d'Oclobre , mais
fans fuccès. C'eft pourquoi l'on
en vint à une Conférence publique ,
qui fe tint les deux jours fuivanrs >
en préfence du Landgrave de de
V 4 tou-
(a) Sculi. T. H. p. m. 197%
\k) id.ib. p.; 98.
464 Hijloire de la ^formation
1529. toutefa Cour. Luther en fit l'ou-
confé- verture , & d'abord il prétendit
rence de qu'on devoit difputer fur toute la
Religion Chrétienne, aceufant Zuin-
gle d avoir enieigne diverfes er-
reurs 5 il finit fon difeours , en
proteftant , Qu'il sa voit , que,
quant a lui , il avoit écrit la Feïiié ,
fur la Dottrine du Sacrement , & qu'il
vouloit perféverer dans ce qu'il avoit
écrit. Dès-là il n'y avoit plus qu'à
fouferire aveuglément à fes écrits >
& à dire ivjis *4>x > & Amen. Zuin-
gle lui répondit : 5, Que cette Con-
a, férence avoit été ordonnée 9 non
3, pas pour difputer des antres Ar-
5, ticles , mais uniquement de 1 Eu-
5, chariftie > Que fi Ton pouvoit
35 convenir fur ce fujet , il ne refu-
5> feroit pas de parler auffi des au-
3, très Doctrines. Ainfl Ton en
vint à la difpute.
Luther ayant obtenu du Land-
grave la permifllon de parler le
prémier , dit d'abord , (a) qu'a-
vant que de difputer fur l'article de
la S. Céne , il faloit difputer far
la Divinité de Jésus -Christ , fur
fes deux Natures , fur le Bat ê me ,
fur
[*]Sf*/mT, H. p. m. lie.
de USuife. Liv. VI. 465
fur la Juftification par la foi , & ^ S 29^
fur quelques autres articles 5 puif-
que les Théologiens SuirTes n'étoi-
cnt pas d'accord avec les Saxons
fur ces matières. Oecolampade &
Zuingle lui répondirent l'un & l'au-
tre » » ^w'ils étoient d'accord avec
„ lui fur ces matières , & qu'ainfi
„ l'on n'avoit à difputer que fur
>, l'article de la S. Céne 5 d'autant
plus que c'étoit pour ce fujet qu'on
étoit affemblé. Luther commença
donc la Difpute en difant , Qu'il
ne pouvoir pas s'éloigner le moins du
monde du fens littéral de ces paroles ,
Ceci est mon Corps i & que ceux
qui étoient d'un autre fentiment dé-
voient alieguer leurs preuves, CEco-
lampade dit , pour prérniére rai-j'o^11
fon > » Ou on ne peut pas nier qu'il Umpade,
» n'y ait dans l'Ecriture diverfes & Rc-
» expreflions figurées , mêraphori- ^Luther*
« ques > métonymiques , &; autres
» femblables > Que ces mots Ceci
eft mon Corps peuvent être de ce nom-
bre j comme quand il t(l dit* Jean
est Elie y La piètre étoit Chnït :
Je suis le Sep : La jcmence ett U
farole. Luther lui ayant accordé
V 5 cela
46 6 Hijloire de la Réformation
I Ç29- c la 00 > il en conclud 5 qu'il fal-
Cc /v- Ici: aufli prendre ces paroles dans
rence de un fens fîguré j par la raiion que
rouRG JESUS' Christ 47*^* rtjtfrl ( Jean
VI. ) manducation orale de [on
Corps , il ne fa pas par conséquent inû
tïtuée dam la Céne, , Luther répon-
dit à cela , n.Que Jésus -Christ
„ n'a point rejette Ja manducation
„ oî aie de (on corps , mais la m*«
>y nïére de cette manducation , fa-
y> voir, une mai.ducation grofllére ,
comme quand on mange de la
cruir de bœuf &c. CEcoIarrpade
prit de là occafîon de parler d'une
double manière d'entendre les pa-
roles du Seigneur, 3, l'une baffe 8c
5, charnelle , & l'antre fublhne &C
7> Spirituelle > Que c à à la fpiri-
3, tuelle que ie Seigneur veut qu'on
>, s'attache. Luther répliqua, Qu'on
5, ne peut ru ne doit point piendre
,3 les paroles de la Céne dans un
fens fpirituel feulement, puifque
,> le pardon des péchez , la vie
éternelle > ék le Royaume des
5> Cieux font attach: z par la Paro-
5> le de Dieu à ces chofts . baiTes
5> & charnelles 3 comme elles paroit
9> fent. h
(a) Ici. p. 217»
de la Suiffe. L l v. VI. 467
(Ecolampade dit, Que le pajïage I 5^9*
de Jean VI. n ordonne que lamanduca-
tion fpirituellc , à quelle fuffit peur le
Jalut > foûtenant Que la corporelle
rieft ni commandée ni utile, (a) Lu-
ther répondit y 5j QuA ne nioit point
yy la manducation fpirituelle j bien
„ loin de là: qu'il enfeignoit qu'el-
>3 le eft nécelTaiie , Mais qu'on a
„ tort d'en conduire 5 que la cor-
» porelle foit inutile & non récef-
» faire 5 puifque le Seigneur l'a for-
» mellement inftituée , en difant ,
„ Faites ceci Sec. Ôc qu'il eft conf-
yy tant 5 que fes paroles 5 en quel-
>5 que lieu qu elles foyent , font
yy les paroles de la vie éternelle.
SU me commandoit , ajouta-t-il , de
manger de la fiente ? je le ferois ,
fâchant que cela me feroh falu*
taire.
Zuingle entrant enfuite (b) en
Difpute avec Luther , l'accufa de pré- ÇifcourS
juge, lur ce qu il proteftoit de ne gie fa
vouloir point changer de fentime.nt. difpute
11 aj >ûta y 55 Qtèïl ne vouloit point |^ f
55 lui parler ~dui ement 5 ni fe fou-
venir de ce qu'ils pouvoient avoir
» écrit de dur l'un contre l'autre ;
V 6 qu'il
468 Hïfîoire de U déformation
1529. " ^u'^ s'appliqueroic uniquement à
ConfL » tirer la vérité des ténèbres , au-
rsnce de >y tant qu'il lui feroit poflîble y Que
' îs1ar* >, quant au refte on ne devoit ac-
„ cufer perlonne d herefie a caulc
5, de cette différence de fentimens.
Venant enfuite au fait , il dit „ Que
v le Seigneur a voulu ( Je*» VI. )
?, prévenir Terreur des Juifs fur la
>, manducation orale de fa Chair >
d'où il concluoit , que ces paroles,
La Chair ne profite de rien 3 doivent
être rapportées à cette manducation.
craie.
Luther (a). Cela ne fait rien con^
tre moi : Cela prouve feulement ,
Qu'il eft inutile de manger U Ci?aïr de
Chrift > Ce que j'accorde à 1 égard
des impies > & quand je l'accorde-
rois aufli à l'égard des gens de bien,
il ne s'enfuit pas que le Corps de
Jesus-Christ ne foit pas dans la
Céne > & qu'il en faille expliquer
les paroles figurémenr.,
Zuingle repréfenta encore, „ Que
?, puifqu'il y adiverfesexpreflions H-
» guiées dar s l'Ecriture comme p.e.
La Vaque eft le pajïage du Seigneur > il
„ faut prendre de la même manière
le&
0) U, D. 2,1 9.
de la Suffi Liv. VI. 469
» les paroles de la Céne , comme il 15^9
y) paroit par Jean VI. ou la mandu-
„ cation fpiiicuclle eft commandée >
» 6c la chamelle rejettée. Luther
foûtint que les autres exprefTions
figurées de l'Ecriture ne tirent point
à confëquence pour ces paroles Ce-
ci cft mon Corps : Que le pafTage
» de la Pique cft une Allégorie y
„ J^fc't! reconnoiflcit la manducarion
» fpi rituelle 3 mais qu'elle n'exclud
„ pas la corporelle.
Après midi Zuinglc rentrant en
Difpute avec Luther > le preffa par
ces quatre raifons.
I. Que Jesus-Christ en incul-
quant la manducarion fpirituelle
( Jean VI. ) a rejette la charnelles
& Que Luther lui-même , dans une
+ Poftille fur le Dimanche de la
Septuagefime avoit expliqué ces pa-
roles , la Chair ne profite de rien, non
d'une explication chamelle > * mais D,e. c.Ar"
de la chair même de Jesus-Christ ttllectn,
(a) de que Melanchton avoit aufïl
écrit
t Les Théologiens Allemands appellent
Tojlilles les Sermons qu'ils compoienc fur
les Sections Dominicales de l'année.
(*) Id. zi,o.
470 Hijloire de la déformation
I 529- écrit fur ce partage , * Que ce n eft
&nf*~ , quë fat la parole qu'il faut manger
Max! ^ Jesus-Christ. .
P0L7RG. .II. .gf/e les Pérès Orthodoxes ont
raporté les paroles du Seigneur non
à la viande 3 mais à la Réfurrec-
tion.
III. Que Melanchton dans leur
Conférence particulière avoit avoué,
que les paroles ne font autre cbofe que
fignifier ; d'où il s'enfuit , que le.
Corps du Seigneur ri eft pas dans le
pain.
IV. Qu i\ faut nécelTairement re-
connoître un trope, ou expreiTion
figurée dans les paroles du Seigneur^
parce que les Articles du Symbole
I exigent , Il eft monté au Ciel , il eft
ajfis à la droite du Pére,
Luther. ï. Il ne s'agit point ici
de ce que j'ai écrit , ou Melanch-
ton : Je ne veux rien foûrenir ici
que ce qui s'accorde avec la Paro-
le de Dieu. Il s'agit de prouver que
le Corps de Jésus Christ ne peut
pas être dans la Céne*
II. Je l'accorde , mais il ne fuit
pas de là , que la Chair de Jésus-
Christ
* Verbo tantùm Chrijîum manducandun*
dè la Suffi. Ll V. VI. 471
Christ ne foit pas une viande, ou I 5 2 9^
qu'elle loir inurile,
III. Melanchton a dit cela; mais
lors-quon prononce les paroles par
]e commandement de Dieu , & en
fon nom 5 alors elles ne lignifient
pas feulement , mais aufli elles
font Se apportent ce qu elles ligni-
fient.
IV. Pourquoi (*) ne mettez-vous
pas un trepe ou figure dans ces
paroles. A eft monté au Ciel , plu-
tôt que dans les paroles de la Cè-
ne ?
Zuingle. C\(l parce qu'elles n'en
ont p s befoin.
Luther. Ni celles de la Cène.
Oeco.a:npade vint enfuitc. I. On
obtient^ dit-il* par la feule régè- le 2IjJ^
ncraJon l'entrée au Royaume des te ïoe-
Cieux, Jean III. v. 3. la manducation colampa-
corporelle du Corps de Jésus- -tJ^
Christ eft donc inutile pour ce
fujet.
Luther. Dieu a plufieurs moyens
en main pour produire & augmen-
ter en nous la Foy -, comme l'Ouïe
delà Parole, le Batême , la Man-
ducation du Corps du Seigneur.
Ainfi .
M ti. 211,
472 Hiflôire de U T^éformatron
1^29» Ainfi vôtre conféquence eft mal ti-
Confi rée. Et même pour cette mandu-
vence de cation il faut un homme régénéré ,
Mar- qUj croye &r puiffe manger vérita-
biement.
IL Oecolampade. Jhsus-Christ
quitté le monde 5 il s'en eft allé au
Pére. Son Corps n'eft donc pas dans
le Pain.
Luther. II a dit ( Luc XXIV. )
Ce font là les paroles que je vous ai di~
tes > lorfque jétois encore avec Fous :
ce qui donne à entendre > comment
il a quitté le monde (a).
1 III. Oecolampade. Le Dogme de
la manducation orale du Corps de
Chrift eft erroné , parce qu'il dé-
truit l'efpérance de nôt^ Réfurrec-
tion j ce qui le prouve par Rom.
VIII. Celui qui a reffufcité Je s us-
Christ d'entre les morts Sec.
Luther. Bien loin que cette pré-
fence du Corps de Jésus - Christ
nous ôte cette' efpérance , qu'au
contraire elle l'a fortifie , puifque
c'eft une parole attachée à une grâ-
ce prornife. Si vous croyez la chair
de Jesus-Ghrist inutile , à vous
permis. Nous avons pour nous la
Pa-
delà Suffi. Liv. VI. 473
Parole de Dieu. Le Corps du Sei- I
gneur doit être en la Cène , &
nous erre donné à manger. Mon
Seigneur Jesus-Christ le peut fa-
cilement puifqu' il le veut j il la dit,
& je m'attacherai conftamment à fes
paroles > jufqu'à-ce qu'il m'ait dit
le contraire par fa Parole.
IV. Occolampade. Un véritable
Corps tel que celui de Jesus-Christ
n'eft qu'en un feul lieu à la fois.
Luther. C'eft là un raifonnement
Mathématique , qui n'a poinr lieu
ici. Il faut des paffages de l'Ecri-
ture.
V. Occolampade. Il eft écrit ( a )
Matth. XXVI. Vom aurez toujours
les Pauvres avec vom , mais vous ne
m'aurez pas toujours. Or Jésus-
Christ eft toûjours préfent &: avec
tous les fiens félon fa Divinité &c.
Quand donc il dit , Qu'il fera ab-
fent , cela ne peut s'entendre que
félon fon Humanité. Il n'eft donc
pas corporellement dans la Céne.
Luther. Ce raifonnement cft de
tous ceux qu'on a alléguez , celui
qui a quelque apparence j mais fi
ces paroles ne s'accordent pas avec
celles
(*) U. 223.
474 Hifioire de la Rè formation
1529. celles ds la Céne, pourquoi n'y
confé. cherchez-vous pas une figure plutôt
rencêàe qUe fans celle de la Céne ? Jésus-
tovrc ^HR1ST n a voulu dire autre chofe>
finon qu'il ne fera plus avec nous
d'une manière à avoir befoin de
nos fervices 5 mais qu'il donneroit
les Pauvres à fa place , à qui nous
pourrions faire du bien pour l'amour
de lui &c.
VI. Occolampade. Si Jesu!-Christ
nous 3 donné fon Corps , il la
donné fans doute tel qu'il la eu j
or il l'a eu pafTibie 3c mortel 5 ce
ft'eft donc pas la manducation cor-
porelle qui eft requife 3. mais la fpi-
rituelle,
Luther. C'eft là un argument tiré
de la raifon. La Céne me propo-
fè un Corps utile à manger. Mais
s'il eft mortel ou paflfible , [ chofes
qui font des accidens , j je ne m'en
mets non plus en peine , que de
favoir quel éroit l'habit de Jesus-
Christ quand il fit la Céne.
Zuingle prit ici la parole (a). Il
eft étonnant , dit -il à Luther, que
vous ne voulut reconnoître aucun tro-
pe dans les paroles de la Céne , & ce-
pen+.,
{a) là.
de la Sut fe. Liv. VI, 37 S
fendant vous y mettez une Synecdo- 1)29»
che. *
Luther. Cetre figure eft fi fré-
quente non-feulement dans l'Ecritu-
re , mais auflî dans toutes les Lan-
gues , que nous ne pouvons point
nous en palier. JEJle a lieu p. e.
quand ce qui contient, n aine après
I foi la chofe qu'il contient , & au
| contraire \ comme fi un Roi dit à
fon Serviteur, Apporte moi monépée,
il entend qu'il lui apporte auffi le
fourreau , quoiqu'il ne l'ait pas
• ordonné expreflemenr. Il en eft
t de même du Sacrement où il eft
i appelle pain 3 quoique le co:ps y foie
, aufli fig lifié , 8c au contraire.
Zuïngle. Si le corps de Jesus-
t Christ eft en divers lieux , les nô-
i très feront auiïi en plufieurs lieux
différens tout à la fois > après la Ré-
funection ; puifqu'ils doivent erre
rendus conformes à fon Corps glo-
rieux , Rom. VIII.. Et s'il a été
fait femblable à^rous à tous égards,
à la referve du Pèche , lorfqu'il a
été trouvé en figure d'homme ,
Phi.tp. II. & que nous ne pouvons
pas être en plufieurs lieux à la fois,
4L
476 Hifloire de la T^é formation
I529. Jésus- Christ ne le peut pas non
Confé- plus.
rence de Luther. Le premier raifonnement
pourg. ne fet* nen * ^â Queftion , puif
qu'il eft tiré de l'accident à l'a fub-
ftance. Et quand il feroit de quel-
que ufage , il ne prouvèrent (a) au-
tre choie , fmon que la forme de
nos corps fera fen blable à celle du
• Corps de Jesus-Christ : & il ne
s'en fuit point nécelTairement que
nous devions erre femblables à Ion
Corps en puifTance , à moins que
Dieu n'en voulût difpenfer par une
réfoiution & d'une manière particu-
lière. Le fécond argument ne prou-
ve pas mieux , puifqu'il conclud
pareillement de l'accident à la fub-
ftance. Vous pourriez conclurre de
la même manière , qu'il a eu une
femme , qu'il a eu les yeux noirs ,
parce que être dans le lieu eft un ac-
cident.
Enfin Luther proférant ces mots
de la Céne , Hoc est Corpus
meum 5 s'écria comme par une fail-
lie , Mes très-cher s Mefficurs , puis-
que voila, les paroles de mon Seigneur
Jji s u s -Christ, Ceci eft mon
corps
00 hl.Zif.
de la Suffi. L I v. VI. 477
corps : en vérité je ne p\ï> point m'en I
départir 9 mais il faut que je confejfe
& que je croye que le Corps de Je s u s-
Christ eft la.
Zuingle. Et bien ! Monfîeur le
Docteur , vous mettez donc le
Corps de Je_us-Christ localement
dans la Céne : car vous dites > Il
faut que le Corps de Jesus-Christ
foit là. La {ïbi) eft un adverbe de
lieu.
Luther, J'ai rapporté tout Am-
plement les paroles de Je s us-
Christ & je n'ai penfé à rien
moins qu'à ces fortes de fuiprifes.
Mais puifque vous voilez ainfi a-
gir captieuferrent , je protefte con-
tre cela , comme j'ai déjà fait j je
neveux rien avoir à faire avec les
raifonnemens Mahématique<. , ain-
fi je rejette du texte de la Céne l'ad-
verbe M > La : car le Seigneur a
dit , Ceci [ & non pas là ] eft mon
Corps. Si ce Corps eft d.ins un lieii
ou hors d'un lieu , j'aime mieux
l'ignorer que le favoir : puifque
Dieu ne l'a point encore révélé ,
& qu'aucun Homme au monde no
peut le prouver.
Ain-
478 Hiftoire de la déformation
Î 529. Ainfi finit la Conférence du Sa-
Confé- mccli.
renée de Le Dimanche matin (a) Zuingle
fouKG ^ Luther difputérent de nouveau
eniemble. Zuingle prefTa ce raifon-
nement le Corps de Jesus-Christ eji
fini. Il eji donc dans un lieu. Luther
rejetta de nouveau les raifbnnemens
Mathématiques , recourant à la
Toute-puiffance de Dieu.
Zuingle. Du pouvoir à l'être il n'y
a point de conféquence. Il faut
prouver qu'un Corps eft en divers
lieux à la fois.
Luther. Je l'ai déjà fouvent prou-
vé par ces paroles > Ceci eji ?nen
Corps.
Zuingle reprocha à Luther 3 qu'il
tomboit toujours dans une pétition
de principe 3 & il prouva par un
paffage de Fulgence , que çà été
auffi le fentiment de l'Antiquité ;
Que le Corps de Jésus -Christ efi
dans un feul lien*
Luther éluda le témoignage de
Fulgence , en difant que cet Au-
theur n'y paile pas de 1 .1 Céne , 8c
revint à fon grand cheval de ba-
taille : difant , Le Corps de Je s us-
Christ
(a) Id.116.
de la Suiffe. L I v. VI. 479
Christ peut être en pluficurs lieux ,
car il dit , Ceci eft mon Corps : il
ejî donc la dans le pain.
Zuingle. S'il eft la dans le pain 3
il eft donc la comme dans un lieu.
Luther. Qu'il foit dans un lieu ,
qu'il n'y foit pas 3 j'en laifle le foin
à Dieu. Il a dit , Ceci eft mon Corps ;
Cela me fuffit.
Zuingle. (a) Vous retombez tou-
jours dans une pétition de principe ;
vous fuppofez ce qui eft en queftion.
C eft tout de même que fi quelqu'un
difoit , Quand Jesus-Christ a die
fur la Croix à Marie fa Mére > par-
lant de S. Jean , Voila votre fils , ces
paroles font de la dernière clarté ;
quoique S. Jean ne fut pas le propre
fils de Marie. Il faut répondre à la
Queftion > Si le Corps de Jes us-
Christ eft dans un lieu.
Jean Brentnis , Théologien de
Hall en Souabe , répondit. Qu'il ejl
dans un lieu. Zuingle lut à cet:e oc-
cafion les paroles de S. Auguftin à
Dardanus , où il dit , Qu'un Corps
ne peut pas être un corps , s'il ntft pas
dans un lieu. Luther lépondit , com-
me au paflage de FuJgence > i^ue S.
Au-
480 Hiftoire de la BJ format ion
1 529» Auguftin ne parle pas là de la Ce*
Confe ne } ^ ^ avoua , que le Corps de
rence de T ^ , a , , „
Mar. Jésus - Christ neft pas dans le Sa-
pourg. crement comme dans un lieu. Oeco-
lampade prie droit fur cet aveu , &
en concl ï- j Que le Corps de Jé-
sus Chri t n'tlt pas là corporelle-
ment ÔC réellement puifque c'eft
une propriété des Corps d'être dans
un lieu.
Après dîné Oecolampade répéta
l'aveu que Luther avoir fait le ma-
tin , Que le Corps de Je>us-Christ
neft pas dans le Sacrement comme dans
un lieu , Se le pria le plus civile-
ment qu'il étoit poflible de mettre à
quartier toute chicane & de dé-
clarer 5 Comment le Corps de Jesus-
Christ efi dans le Sacrement ? On
lût encore alors les partages de S.
Auguftin & de Fulgence.
Luther. Ceft en vain que vous
me preffez , je ne m'avancerai pas
davantage. Vous avez S. Auguftin
& Fulgence pour vous j mais les
autres Pérès font de nôtre côté ( ?)•
Oecolampade. Nous fouhaitom
d'entendre aufli ces Péresjcar ils font
pour Nous.
Lu*
l» Id, 218.
de la Suffi Liv. VI. 48 r
Luther. Nous ne vous les nom- IJ29»
nierons pas. Les paroles du Sei-
gneur nous fanaient. Quand S. Au-
guftin a écrie fur ce fujet , il éroit
encore jeune , Se il a écrie d'une
manière embrouillée.
OecoUmpade. Si nous citons les
Pérès , ce neft pas pour foûtenir
noire fentiment par leur authorité ;
mais feulement pour faire voir que
c'eft à tort qu'on nous accu/ê d'être
des Novateurs.
Enfiite Oecolampade cita un au-
tre paflage de S. Auguftin , pour
montrer que Jesus-Christ a eu un
Corps > qui a dû être dans un lieu
occ.
Luther. J'ai déji répondu à ces
fortes de raifonnemens ; fi vous en
avez de plus fjrts > pro iuifez-les :
Ces raifonnemens ne peuvent pas
me faire dévoyer des parohs de la
Céne.
Oecolampade. Si ces raifonnemens
ne vous frapent point , ce feroit
en vain qu'on vous citeroit les dis-
cours de mille Pérès. Ainfi il me
paroit qu'il vaut mieux quitter la
Difpute.
Luther éxhorta Zuingle & Oeco-
Tom% //. X lampa*
482 Hifloire de la déformation
1 $29. lampade , à l'amour de Ja Goncor-
rtnce^lè ^ ' ^ * entrer ^aîlS fennrnerlt ,
Ma*- 6 °lui ^roit fondé > difoit-il, fur la
i'ouRG claire Parole de Dieu.
Zuingle > Oecolampade & Bucer
de leur côté protégèrent devant
toute l'Affemblée , One Luther n'a-
voit point défendu fon fentiment
par la Parole de Dieu : Ou on lui
avoit montré clairement fon erreur
par la Parole de Dieu &; par des
paffages des Pérès.
Telle fut la fin de cette Conféren-
ce (a). Elle auroit duré plus long-
tems > & félon le fentiment de
quelques Perfonnes , elle ne fe fe-
roit pas terminée fans fruit , fi mal-
heureufement elle n'eut été rompue
par un accident imprévu & des plus
fâcheux. Une maladie horrible &
contagieufe , d'une cfpéce toute
Sueur nouvelle &c jufqu'alors inouïe ,
Angloi- ( nommée la Sueur Anglotfe > parce
*e» qu'elle avoit commencé en Angle-
terre , ) fit un ravage incroyable
dans la Haute & Baffe Allemagne ,
8c fe fit fentir à Marpourg > dans le
tems de cette Conférence {b). Ainfî
cha-
(a) U. 219.
\0) Sleidan Lib.cit.p.m.176. Scult.ÏA.
delà SuiJJe. Liv. VI. 483
chacun ne penfà qu'à fe retirer chez I S 29*
foi. Cependant afin qu'il ne parût
pas que 1 s Théologiens des deux
partis furTenc auiïl éloignez les uns
des autres , comme on Tauroit pû
croire > & que cette Conférence eut
été tenuë inutilement j ils dreflerent
une petite Confefîlon de foy (<*-)>
conçuë en XV. Anicles ? qu'iL li-
gneront de part & d'autre, le 3.
cTOctobie. Je la raporterai ici tou-
te entière :
I. Nous croyons & penfons unani- Confefio
mément de paît & (T attire > qu'il y a^e &i fi.
un feul vrai Dieu de native , Créateur j^j^x
de tout £ Uni vers , unique en ejfcnce y partis.
& triple m perfonnes , [avoir , Pére >
Fils & S. Efyrit >• comme il à été en-
feigne dans le Concile de Nicée , &
félon le Symbole de Nicée qui es! reçu
par toute l 'Eglife Chrétienne.
II. Nous croyons que , non le Pére ,
ni le S. t'Jpïit , mais le Fils de Dieu le
Pére y vrai Dieu 3 s'eft fait homme ,
par l'Opération du S. Efprit , fans au-
cune cohabitation d'homme ; qu'il e(t
né de la S. Plerge Maue , félon la
Chair 3 parfait en corps & en ame ,
X 2 fem-
[*] ScultAx.p 119.
484 H ifloire de la déformation
1 529» fnnbUkls aux autres hommes 3 fans au*
Confes cun péché,
sion de jxi. Que Tesus-Christ ce Fils de
pour t. Bïeu & de Marie , fans divifion de
perfonne > a été crucifié four nous , a
été mis a mort , & enfevèli , qu il e(i
rejfufcitê des morts 5 qu'il eji monté au
Ciel , qu 'il eji affis a la dextre de
Dieu , étant Seigneur de toutes les
Créatures ■> & qu'il doit venir pour ju-
ger les vivans & les morts.
IV. Nous croyons que le Péché ori-
ginel y qui a été propage d'Adam juf-
qua nous par la génération charnelle,
eji un tel péché ; qu'il foûmet tous les
hommes a la condamnation , & que ,
fi Jesus-Christ ne nous eut fecourm
par fa mort , & par fa vie , il nom
y auroit falu mourir de la mort étemel-
le ? & nous n aurions jamais pu par-
venir au Royaume de Dieu & a la Fé-
. Ikitê éternelle.
V. Nous croyons , que nous fommes
rachetez & délivrez du Péché originel
& de tous les autres péchez > & de U
mort éternelle , lorfque nous croyons au
Fils de Lieu mort pour nous : & que
fans cette Fcy nous ne pouvons être dé-
livrez d'aucun péché > par aucune œu-
vre j ou Ordre &c.
Vl.Oue
de la Sttijfe. Liv. VI. 4S5
VI. Que cette Foy eft un don de 1529-
Dïeu > lequel nous ri obtenons par au-
cunes œuvres ou mérites , qui ayent
précédé 3 & que nous ne pouvons point
avoir par nos propres forces. A-fax le
S. Ejprit , fait & produit la Foi dans
nos Cœurs , ou & quand il veut , ierf-
que nous écoutons F Evangile ou la pa-
role de Jesus-Christ.
VII. Nous croyons que cette Foy
eft nôtre Juftice devant Dieu , à cau<
fe de laquelle Dieu nous repute juftes ,
Gens de bien & Saints , fans aucunes
œuvres & mérites de natte pan ,
que par cette Foy il nous délivre du Pé-
ché , de la Ài/ort , de £ Enfer > nous
reçoit en grâce , & nous fauve pour fa-
mour de \on Fils en qui nom croyons 3
& que par cette Foy nous fommes faits
partiiipans de tous les bénéfices , de
Jesus-Christ , de fa Juftice & de
fa vie : Cefl pourquoi nous condam-
nons tout le Monachar & les Vœux ,
lorfquon croit qu'ils font utiles pour It
falut.
VIII. Nous croyons que le S. F '/prit ,
( a parler de la voye ordinaire , ) 71 ac-
corde a perfonne cette Foy & fou don ,
fans que la Parole ait été f fichée \ ou
que C Evangile de Jlsvs - Christ ait
X 3 été
486 Hijloiredela déformation
1529. connu : mais il opère & produit U
Confes Foy Par & *vk 1* parole prêchée ,
sion de quand & dans ceux qu'il lui plaît ,
Rom. X.
pourg. ^ Baptême efl un Sacre-
ment inflitué de D'un, pour produire
& fccller cette Foy : Et d'autant que
ce commandement de I)ieu , Allez &
Bâtifez 5 & cette promejfe de Dieu ,
Qui aura crû > 8cc. eft enfermée dans
le Baptême : il n'efl pas un fimple Si-
gne ou marque de la profejfion Chré-
tienne , -mais il eft un figne & une œu„
vre de Dieu, qui requiert de notie
coté la Foy , par laquelle nous fommes
tégénerez.
X. Que cette Foy , par F efficace du
S. Efprit y après que par elle nous avons
été jufti fiez & fanclifiez > opère par
nous les bonnes œuvres , /avoir l'amour
du Prochain , l'Invocation de Dieu >
& la Patience dans la Croix,
XI. Que la Confejfion , ou la de-
mande de Confeil & d'abfolution , que
l'on fait à [on Pajleur 3 ou a [on Pro-
chain y quoiqu'elle ne doive point
être forcée 5 mais libre , eft cependant
trez utile & digne d'être éprouvée, pour
les Confiances trift es & affligées , ou
tombées dans les péchez ou dans ïer-
rcur,
de la Suiffc. Liv. VI. 487
reur , principalement à caufe de l'ab- \
folution ou confolaùm de C Evangile ,
Usuelle efl la vraje Abfjlucion.
XII. Que les Magiftr attires, les Loix
civiles, Us Jugcmens & les Ordonnant
cespoliti]'ies3en quelques lieux qu on les
trouveront un ordre bon & légitime; &
ne font point défendus 3 comme quelques
Papisles & Anabatiftts le crojent &
ï enseignent : Max que le Chrétien ,
qui efi appelle a la Magiftrature par
élection ou par fa N.iifiance , peut bien
être fauvé par lafoy en Jésus-Christ^
Qi^il en eft de cela , tout comme de
r Etat du Aîariage , de celui d'un Pè-
re & d'uie Mérc , d'un Maître ou
d'une Alaitrejle dcc.
XIII. Les Traditions 3 comme ou
les appelle ou les Ordonnances Ec-
cléfiaftiques , faites par les hommes ,
fi elles ne font pas manifeftemrnt oppo-
fées a la Parole de Dieu , peuvent
être librement gardées ou omifes , fé-
lon que font les hommes , avec lefquels
nous nous trouvons ; enforte que nous
évitions les Jcandales non nécejf.iires ,
& que no us travaillions a entretenir la
Paix. Mais la Défenfe du Mariage
des Eccléfiafliques eft une Doctrine des
Diables.
X 4 XIV,
488 Hiftoire de la Réformatio/(
1529. XIV. Quant a la Cene de Notre
Confes Seigneur Jésus- Christ , Nous éro-
sion de yons tous , éJ fommes de ce fentiment >
^çottrg Qrfiï faut falre fom les deux efpèctsy
félon [on Inftitution, Que la MefTe
neft point une œuvre , par laquelle on
puiffe obtenir la grâce a un autre hom-
me , [oit mort , [oit vivant : Que
le Sacrement de ï 'Autel esl le Sacre-
ment du vrai Corps & du Sang de
Jesus-Christ 5 & que la mandu-
cation fpirituelle de ce Corps & de
ce Sarg , esl princi paiement nécef-
faire a chaque Chrétien .
XV. Pareillement a l'égard de IV
fage du Sacrement 3 Nous fommes
d'accord j Qu'il a été donné & or-
donné de Dieu , comme la Parole >
pour exciter les Confciences infirmes a
la Foy & a la Charité , par le S,
bfprit.
Enfin quoique nous n'ayons point
été préfentement d'accord , fur la Que-
ftion y Si le vrai Corps & le Sang
du Seigneur eft préfent corporelle-,
men: dans le pain 8c dans le vin de
la Céne ? Cependant chaque partie
témoignera de la Charité Chrétienne a
l'autre , autant que fa Confcien-
ce s'y accordera > & l'une & l'au-
tre
de la Suffi. Liv. VI. 489
tre partie priera Dieu ardemment , de [
nous conduire dans la véritable Doctri-
ne par {on Efprit. Amen.
Signé , Martin Luther , Phi-
lippe Melanchton , Jufte Jonas >
André Osiander , Jean Brenttus,
& Etienne Agricola : puis nos
Théologiens 5 Jean Oecolampa-
de , Ulrich Zuingle , Alartin Bu-
cer & Gafpar Hedion.
On voir à Zurich un des Exem-
plaires Originaux de cette Confef-
fion > où Oecolampade , Zuingle &
leurs deux Collègues font fignez
les premiers , & enfuite Luther
avec Tes Partifans , que je viens de
nommer.
Pour comprendre tout le fens de
la conclufion de cette Confejfion de
Foi , il faut favoir que Zuingle &:
les autres Théologiens de la Haute
Allemagne , de Ton parti y dernr.n-
doient à Luther , qu'il les reconnût
pour Tes Fréies , lui offrant la mê-
me chofe de leur coté. Luther leur
répondit fort fièrement , &; les trai-
ta en petits garçons > ou 3 pour
mieux dire , en Hérétiques fîéfez ,
leur difant , (a) Qu'il ét oit fort éton-
X 5 né
{a) Scult% L c. 10\.
490 Hiftoire de La Ré formation
I529» né >. comment ils pouvoient le regar-
ConféJ- 4er comme leur Frère , s'ils ne croy-
^Mar- 0ltnt ?as féneufement <iue fa doclrine
pourg. fa véritable. Comme fi des Frères
ne pouvoient pas être de différens
fentimens fur des Articles , qui ne
font pas fondamentaux , fans ceffer
de fe regarder mutuellement com-
me Frées. Enfin pourtant il fe ra-
doucit un peu , & voici comment:
Il faut l'entendre parler lui -même.
Nous leur avons accordé , ( difoit-il >
à un de fes amis , ) comme on l'a mis
dans î Article dernier > qua la vérité
ils ne f rount pas no* Frères j mais que
■cependant on ne leur refujeroit pas nos
fentimens de Charité Chrétienne , que
l'on doit même a un ennemi {a). Le
Landgrave exhorta aufTi Luther à
la même chofe (b) , & ayant fait
manger tous ces Théologiens à la
tabls , avant leur départ , il eut la
fàti&faftion de les voir , fe donner
réciproquement la main de paix ,
avant que de fe féparer.
Au rdte> quoi que cette Confé-
rence ne produifit pas tout le fruit
qu'on en attendoic > elle ne fut
pour-
[a] U. 20 f.
\b~\ Hotting. 490.491.
de U Sage. Liv. VI.' 49 ï
pourtant pas inutile. Elle fervit? à 1529
faire voir que les Théologiens cies
deux Partis n'étoient pas fi éloi-
gnez les uns des autres , comme
les Catholiques auroient voulu le
faire accroire. Elle fervit à di/Tiper
les foupçons 5 que Luther & fes
Partions avoient conçus contre
l'Orthodoxie de Zuingle & d'Oeco-
lampade. Enfin elle fervit à eagner T r .
■ ' » î / \ o r rwî? r 1 Le tand-
is Landgrave (a) , oc ion Theolo- grave de
gien François Lambert > ( dont j'ai H esse
parlé dans le Tome L à l'an 1522.) jP[°me
& prefque tous les Seigneurs de la me^de
Cour de Caiïe^ L'Illuftre Prince , ZaingU .
que je viens de nommer 3 fit l'hon-
neur à Zuingle > de lui écrire de
fa propre main } CVil étoit en-
3> tiérement dans fes idées fur la
>> matière du Sacrement , 6c qu'il
3, défapprouvoit tout-à fait le ichif-
3> me , que Luther & Melanchton
?, faifoient à cette oc:rfion,,.Il finit
fa Lettre par ces paroles > Vous ne
devez point douter , que je ne demeu-
re conftamment dans la vérité 5 s il
fiait a Dieu : & il ri y aura m Papc>
ni Empefeur 5 ni Luther , ni Me-
lanchton3 qui me fafîs charger de pen~
X 6 fée.
492 Hlfloire de la Réformation
I 529./^- Q: ant à Lambert, il avoir été
IfiLand- jufqu'âlors dans les idées de Lu-
gra-veàc ther fur la préfence réelle. Cepen-
approu- ^ant conime il cherchoit unique-
ve le ment , & de bonne foi la vérité ,
fenti- ^ il éroît venu a la Conférence avec
lt£lgh. Un efPrit lîbre de t0Ut Préjugé >
' réfolu d'embrafler la vérité , autant
qu'il la connoîtroit. Il y écouta at-
tentivement les raifons , qui furent
alléguées de part 6c d'autre , 6c en
fortit convaincu , que Zuingle de
fes Collègues avoient raifon. C'èft
ce qu'il fît favoir aux Miniftres de
Strasbourg , par une ConfeJJion de
Foi , qu'il leur adrefla Tannée fui-
vante , 6c qui fut imprimée après
fa mort.
îmefl? C Le Scmmie du. Luthêranifme ne-
gence t0lt pas encore alors au point où
des Egli- on l'a vu depuis , 6c où on le voit
^Haut}* encore aujourd'hui. Plufieurs Egli-
Mhma ^es & Villes confidérables dekSouabe
gne avec de TAlfàce 6c de quelques autres Pro-
files de vinces de la Haute Allemagne, vi-
voient dans une étroite union , oC
dans une correfpondance tout - à-
fait fraternelle avec les E£)ifes de
la SuifTe. On en a déjà vû divers
exemples dans cette Hiftoire. Par
éxem*
de la Suijjc. Liv. VI. 493
exemple , au commencement de
Fan 1528. on vit à la Difpute de
Berne > plufieurs Théologiens de
ces Provinces, ou envoyez par leurs
Eglifes , 8c par leurs Magiftrats >
ou qui y étoiem venus de leur pro-
pre mouvement. Ainfi les Théolo-
giens de Strasbourg 3 Martin Bucey
&: Gafpar Hcdion, parurent à la Con-
férence de Marpourg, comme Par-
tifans de Zuingle 5 & Ja Ville c^e
Strasbourg entra cette même année,
peu avant Noël > dans l'Alliance
défenflve des Villes Réformées de
la SuifTe > pour l'efpace (a) de quin-
ze ans. De même au commence-
ment de cette année les Bernois ap-
pelèrent Eucer 3 pour être leur Paf-
teur (b) j mais ils ne le purent pas
obtenir 3 pajce que la Ville de Stras-
bourg embrafla la Réformation 5 le
20. Février , par une réfolution
commune de la Bourgcoifie & de
la Magistrature. Ai.ifi aulli (c) cette
même année le Sénat de la Ville
d'Um > indigné contre leurs Pierres,
qui
(a) PPurftis Lib. VÏIT. Cap. 4. p.flfr.
{b) Farelli Vita MSC. ap. Hotting. 47g;
(f) Hottino. 482. 483. Sr«/r. p m. 194,
Scafr. p. m. 181. Sttid, VI. p.ni. 16&
494 Hifloire de la Kéformation
I S 2 9» qui avoient refufé de rendre raifon
de leur Foi , leur défendit de plus
due 1 Mcffe > 8c envoya un des
Pa fleurs de la Ville à Bâle & à
Zurich > auiïi bien qu'à Confiance,
pour examiner les Cérémonies &
les Rires religieux qu'on y obfer-
voit. Simpert Foyt , Miniftre de
Aiemmingue continuoit dansfon ami-
tié pour Zuingle > tout comme il
avoir fait étant à Bienne : de forte
que Memmingue demanda un Mi-
niftre à Zurich. Pareillement les
Villes de la Haute Souabe, Kewpten,
Jfny & quelques autres , faifoient
beaucoup de cas de Zuingle 3 fe te-
noient attachées aux Cantons ré-
formez , & recouroient à eux pour
avoir du fecours dans les tems dif-
ficiles. Et même Ulrich Duc de
Wirtemberg fit l'honneur" à Zuingle
de lui envoyer des Députez , pour
lui demander confeil fur de certai-
nes chofe*.
XII. Ce funefte Schifme ne fut
pas le feul fujet d'arrMion > qu eu-
rent les Eglifes Réformées de la
Suiffe , dans l'année 1529. Elies
en eurent encore deux autres fort
fenfibles , les Troubles de Rotb-
<vvyl
de la Suifje Liv. VI. 49*
vvyl 6c ceux des Anabafti^eu ï 5 2 9»
Rôtbvml, Ville Im peri.ile du
Cercle de So'.abe , près de la lour- W1L>
ce du N^kie ? étoit alors oa*u l'Al-
liance des Cantons , d.5pi-i Tan
1510. (<t) & fâifoiî partie de la Con-
fédération du Louable Corps Hcl-
vel'ique * , tout comme Àduiiboufe
quoi que fituée hors de Te ceinte
delà SuilTe. La Réformation y avoir
aufli fair des prog es , par les Coins
de Conb-ad Stuckli leur Miniftre.
Apièsla conclufion de la Paix Na-
tionale entre les Cantons &c leurs
Conféderez, les Réformez de cette
Ville-là , ne fe contentant pas de
la tolérance qu'on leur accordoit ,
& croyant leur nombre plus grand
qu'il n'étoit, demandèrent confor-
mément à ce Traité, qu'on déci-
dât a la pluralité des voix, filon
aboliroit la MefTe, ou non ? Cette
propofition excita l'indignation des
Catholiques qui étoienr appuyez
du
{a) Simler Refp. Héîvet. Lib. t.
* Elle a perdu ce droit lors de la guer-
re des Suédois l'an I6"jz. ayant reçu gar-
nifon Impériale , contre Ton Traité ; au
lieu de demeurer dans la neutralité, o^ie
les Sui£es avoient embrali'ée. Hotting.
JC46\
49 6 Hijloirc de la RJformœtion
I529. du Sénat r & qui d ailleurs crai-
Troubles gnoient de perdre par ce change-
deRoTH- ment , les avantages qui leur re-
venoient , d'avoir une Régence Im-
périale dans leur Ville. AinfL pour
être les plus forts , ils firent venir
leurs Partifans de la Campagne , la
veille de TAffemblée } & le lende-
main la Bourgeoifie s'étant parta-
gée par Tribus ? félon Tufage des
Villes d'Allemagne , la pluralité
l'emporta en faveur de la Méfie >
de fix Tribus contre cinq (b). Et
dès linftant les Catholiques fe mi-
rent à mal -traiter les Réformez
avec fureur. Non-feulement ils dé-
poférent tous ceux qui avoient des
Emplois > mais ils en emprifonné-
rent quelques-uns , les jettérenc
dans des cachots , & les mirent au
carcan ; enfin ils chafférent tous les
Réformez fans exception, hommes,
femmes 8c enfans > au nombre de +
400. perfonnes , dont il en y eut
80. qui fe réfugièrent à Zurich ,
d'autres à Strasbourg & à Confian-
ce j & quelques-uns à Berne. En-
tre
[£] S'etl. II.14. a. Hotting* 476. 477.
t tiiultct dit 38S p. m. z<>4>
de la Suffi. L i v. VI. 497
rre ces derniers il y eut Fa 1ère An- j $29«
selme 5 Docteur en Médecine, qui Roth-
fut fort confideré à Berne , à caufe wyl.
de fon grand favoir 5 & qui s'y
étant déji fait connoître auparavant,
parce qu'il y avoit été Chanoine
& Régent d'Ecole , avoit gagné la
confiance des Magiftrats : de forte
qu'on le chargea d'écrire THiftoire
de Berne > & on lui a/ïigna pour
cet effet une bonne penilon en ar-
gent Se en denrées > avec un loge-
ment. Ainiî il n'eut pas lieu de re-
gretter fa première Patrie.
Cette difperfion des Réformez,
de Rothwyl occupa long-tems les
Cantons Réformez. Ils fe donnè-
rent beaucoup de mouvemens, au-
près de la Magiff rature de Roth-
wyl , pour obtenir quelque adou-
ciffement aux Refngi.z de ce te
Ville-là. Les Bernois en particulier
y contribuèrent plufieurs fois , par
leurs foins & par leurs follicitaiions,
mais ce fut toujours inutilement (j).
Les Anabatiit.es donnèrent aullî
beaucoup d'occupation aux Can-
tons , par les défordres, qu'ils cau-
férent en divers endioits, particu-
lière-
W B. Inftr. 397. 447*
498 Hifloire de la déformation
I 529. liérement dans le Canton de Baie-
Roth- Il eft bon d'entendre fur ce fujet ,
WYL' Christian Wurstisen, Profelîeur
en Mathématique dans rUmvejfué
de Bâle, & qui af publié J'Hiftoire
de ce Canton-là, Tan 1580. Voici
Comme il en parle (£).
5> Cette Se&e cT 'Anabaptifies com-
Defcrip- pofée pour la plupart de Gens du
non des Peupie & de flmpies payfans >
tifies etoit de dittercns ientimens. Prei-
3> que chacun d'eux avoient quel-
que imagination particulière > par
5, où ils renverfoient plafieurs arri-
?> cles de la Religion Chrétienne.
„ Cependant ils s'accordoient tous
dans les articles fuivans > à rejet*
„ ter le Papifme > à fe vanter de
3, fonges divins , fe Révélations, cï Ex*
3, tafes & de diverfes Infpirat ions du
3> S. Efprit j à prendre Jes termes
y, dç l'Ecriture grofliérement au pied
3> de la lettre > pour foûtenir leur
3, Doctrine. Avec cela ils affe&oient
3, un grand air de probité & de
33 fainteté j ils cenfuroient vivement
3> les vices , parloient beaucoup de
3, la régénération du vieil homme >
por-
(*) Lib.VIII. CI. &fuiv.
de U SuiJJe. L I v. VI. 499
3, portoient des habits fort fimples, I S 2 9*
5, & fans aucune plifîure i avoient Aj[ah^'
3, toujours un air grave ce morne, J
ô & ne portoiént point d'armes.
Par une telle conduite > douce
5, & paifible > ils atriroient à eux
3, un grand nombre de Perfonnes
3, {impies^ mais cependant la plû-
3, part d'entr'eux écoient des fédi-
3, tieux 3 &c.
33 Les divers articles de leur Do-
>, ctrine erronée regardoient en par-
3, tie le Spirituel 3 &c en partie le
3, Temporel. Sur le premier 5 ils
J5 enfeignoient 5 Que le Baptême
„ des enfans venoic du Diable ,
3,& de la boutique du Pape, c'eft
,3 pourquoi ils fe faifoient bâtifer de
3, nouveau. Que les Enfans n'ont
3, poi it le Péché originel ? ou du
, moins qu'il n\ft pas damnable.
,3 Que l'Eglife de Je s us -Christ
3, (qui nefe trouvoit, félon eux, que
o dans leur Communion 5 ) éioit
33 fans péché ? pure & nette : Que
3, nos Eglifes é:oient plongées dans
33 le péché , & déplaifoient à Dieu}
33 c'eft pourquoi ils fe féparoient des
5J autres Chrétiens 3 & faifoient
>> leurs Aflemblées dans les Bois
50O Hiftoire de la déformation
ï 529» 5j Se dans les Montagnes. A le-
Anitbap- garcj du Gouvernement Civil &
1 es' du Temporel, ils difoient , QtSzu-
cun Chrétien ne peut exercer la
Magiftrature 3 & porter 1 epés ,
53 pour cette caufe on ne de-
5, voit louffrir aucun autre Supérieur
5, que les Miniftres de l'Evangile:
„ Que ceux qui prennent des pen-
fions 5 ne font pas de véritables
Docteurs : ^a'on ne doit point
,3 prêter ferment , ni pofTéder des
Seigneuries ni' d'autres biens en
„ propre , mais qu'il faut avoir tout
5, en commun.
Comme donc ces Doctrines
tendoient non-feulement à féduire
les ames > mais au/fi à troubler
5, l'Etat, à infj'irer du mépris pour
35 la Magiftrature à - xciter des dé-
33 fordres Se des rebellions , com-
3, me on l'avoit vu mauifeften ent
33 peu de tems a pa- avant dans l'af-
o faire de Muntzer , Se qu'on le
33 vit encore bien-:ô" après dans les
33 troubles de la ville de Munster -y
33 aulTi les Minières de la Parole de
33 Dieu leur reiiftoient de toute Ic;r
3-, force avec l'épée de la Parole de
3, Dieu 3 Se les Magiftrats avec cel-
3> le du bras fèculier. II
de U Suife. Liv. VI. SOI
Il ajoute que nonobftant les diver- 1529.
fes Difpu:es & Conférences qu'on A?iabaç~
eut avec eux , leur nombre fe mul- tiftes*
tiplia tellement , que les Magis-
trats fe virent obligez d'employer
. toutes fortes de moyens contr'eux.
„ Dans les Etats Papilles , dit-il 3
on les condamnoit à la mort.Par-
mi les Réformez , ils étoient pour
„ la plupart châtiez par empiifon-
,5 nemenr. Ceux qui vouloient
,9 quiter la Se&e , étoient obli-
„ gez de faire abjuration. Mais
53 ceux qui ne vouloient point fe
3, laifler inftruire par Ja Parole de
„ Dieu 3 étoient bannis. Et corn-
33 me 3 fuivant leurs principes, ils
33 ne vouloient pas prêter le ferment
», de banniflement > auquel on les
3, avoit condamnez , on fe conten-
,, ta 3 dans les commencemens, de
leur fimple promeiTe. Mais quand
33 ils revenoient dans le Pays, par
,3 mépris pour leurs Supérieurs 3 .
33 on les contraignoit par une Ion-
33 gue &c rude prifon à prêter Je
ferment. Si quelqu'un d eux vio-
loir fon feiment , on lui infli-
.3 geoit une punition flédifTantc :
>,Et fi, après tout cela, ils retour-
noien
502 Hi/loirede la Réformation
î 529. >> noient encore à leurs premiers
Anab*p- 55 égaremens , on les puniiîoit avec
tifiet» 3) p]us de féverité.
3, L'an 1 529, neuf Anabaptiftes
Confé- >9 furent faifis à Baie 5 & mis en
veceux *3 prifon. On les fit venir devant
à 55 le Sénat , on appella aulTi les
3> Miniftres pour conférer avec eux.
>5 D'abord Oecolampade leur expli-
,5 qua en peu de mots le Symbole
„ des Apôtres 8c celui de S. Atba-
55 nafe 5 &; leur repréfenta que c'é-
,5 toit-là la véritable & indubitable
Foi Chrétienne 5 que Jésus-
„ Christ & fes Apôtres avoient
3, prêchée j qu'il avoir aufîi an-
,5 noncée & enfeignée avec fes Col-
35 lègues ; prêt à répondre à tous
,5 ceux qui étoicnt d'un autre fen-
33 timent. Quainti ces gens - là ( les
3, Anabaptiites > ) avoient tort de le
55 traiter de Séducteur & de faux
35 Docteur.
35 Après ce di/cours le Bourgmaî-
h tre Adelbere Meyer , dit aux A-
3, nabaptiftes; Qt£ih venoient d'en-
;a tendre une bonne explication de
33 la foi Chrétienne ; & que, puif-
55 qu 'ils je plaignoient des Miniftres
3, dans hurs Affemblées & dehors 5 ils
»de-
de la Suffi. Ll V. VI. 5<03
„ dévoient présentement parier a ceeuf I S 2 9 •
„ ouvert , & expofer hardiment ce qui Atna^h
>, leur faifoit de la peine. Mais -il n'y
„ en eut pas un feul > qui lui ré-
pondit un mot \ ils fe contenté-
,5 rent de fe regarder les uns les au-
3, très. Alors le premier Huifïier
„ de la Chambre , dit à l'un d'eux,
» qui était Tourneur de fa profef-
fion , D"oti vient que tu ne parles
5, pas pré fente nient , après avoir tant
3> jafé ailleurs , en rué 3 dans les bouti-
33 que s 3 & dans la prifon ? Comme
,3 ils gardoient encore le filence ,
33 Marc Hedelin , Chef des Tri-
,3 bus , s'adrelfa au Principal de ces
33 gens-là j & lui dit : Que réponds-
3, tu 3 Frère , ace qui t*a été propofé ?
5, l'Anabiptifte lui répondit , je ne
33 vous reconnois point pour Frère. Com-
33 ment ? lui dit ce Seigneur , Parce ,
33 dit l'autre , que vous netes point
33 Chrétien. Amendez-vous, prémiére-
>, ment 3 corrigez-vous 3 & quittez U
» Afagift rature. En quoi penfes-tu
33 donc } lui dit Heidelin , que je
3) pèche tant ? Fous le [avez ttk%% lui ré-
:> pondit l'Anabaptifte.
3, Le Bourgmaîrre prit la parole,
6c lui ordonna de lépondre avec
33 mo-
5 04 Hifioire de la déformation
„ modeftie 8c avec douceur, 5c le
tuhs^' 99 Pre^a vivement de parler fur h
1 €S' 3, qusftion , dont il s'agiiToit , fur
„ quoi il répondit , Qu'il ne croyoit
, , pas qu'un Chrétien put être dans une
Magiftrature inondai ne , parce que
?, celui qui combat avec ïépée , périra
par l'épie : Que le Batême des en-
3) fans eft du Diable , & une inven-
3, non du Pape > on doit bâtiferles A-
,> dultes , & non les petits enfans , fe-
,3 /a» tordre de Jésus-Christ. Matrh.
3, XXVIII.
,3 Oecolampade entreprit de le re-
53 futer 3 avec toute la douceur pot
33 fible & de lui faire voir , que les
53 paiTages qu'il avoit citez , avoient
„ tout un autre Sens 3 comme tous
,3 les anciens Docteurs en faifoient
53 foi. Mes chers Amis , dit il 5 vous
3, n'entendez pas ? Ecriture Sainte &
3, vous la maniez fort grojfiérement,
33 Et comme il alloit continuer pour
53 leur montrer Je véritable fens de
5, ces partages , l'un d'entr'eux > qui
5, écoit Meunier , l'interrompit , le
33 traitant de SéditcliUr , qui caquetoit
3, bennoup , Se dit , Que ie qu'il a- \
3, voi -la ail 1 gué contreux > ne faifoit
93 rien au fujet. Qu'ils avoient entre
delà Suffi. Liv. VI. 505
les mains la pure & propre parole de j 5 2 9*
•j Dieu 3 & qu'ils vouloient s'y atta-
cher toute leur vie , Que le S. Ef-
j, prit parloit maintenant par lui , il
s'excufoit en même tems de ne pas par-
,3 1er eloquemment 5 difânt , quil na-
3, voit pas étudié 3 qu'il n avoit été
33 dans aucune Univerfité 3 & que des
3, fa je«nej[e il avoit h ai la Sageffe
» humaine > qui efi pleine de trompe-
33 ries. Qn'/7 connoifloit bien la rufe
3 3 des Scribes , qui cherchaient perpé-
3, tuellement k offufquer les yeux des
33 Simples. Après quoi il fe mit à
33 crier 3 & à pleurer, difant \ Qu'rf-
3, près avoir oui la Parole de Dieu 3
3, il avoit renoncé a fa vie déréglée s
33 & que ma menant , que par le Ba-
33 tême il avoit reçu le pardon defes pé-
» chez 3 il étoit perfécuté de chacun :
33 aï lieu que dans le tems qu 'il étoit
>» plongé dans toute forte de vi es , per-
3, fonne ne £ avoit châtié , ni mis en pr'r
•3 fon y comme en lui faifoit préjente-
' 33 ment. Qu'on l'avoir enfermé dans U
1 3, Tour y comme un Meurtrier •> Quel
33 étoit donc fon crime &c. La Con-
1 3, férence aysnt duré jufqu'à l'heure
: 33 du dîner, le Scnar fe k-va.
33 Aptes diner 3 le Sc-nat sétant
Tonu IL 1 Y raf-
$06 Hifloire de la déformation
■ï 529» „ raffembJé , les Miniftres entré-
Lonfe- ^ rent encore en conférence avec les
Y6YICC , _ —
de Bà- » Anabaptiftes , au fujec de la Ma-
ie avec >, giftrature. Et comme l'un deux
îlltptû. 99 eut donné des réponfès afltz fa-
Jles9 » tisfaifantes fur les queftions ,
„ qu'on lui avoir propofées > cela
>, fit chagrin aux autres , de ce
» qu'il n'étoit pas ferme dans leur
» doctrine. C'eft pourquoi iis ttn-
3j terrompircnt , Laijfe-nous parler ,
yy lui dirent-ils , nous qui entendons
» mieux l'Ecriture , & qui -pourrons
» mieux répondre fur ces articles , que
» to'h qui es encore un Novice , & qui
yy nés pas capable de défendre notre foi
yy contre les Renards. Alors le Tour-
yy neur entrant en difpute , foûtinc
yy que S. Paul , Pom. XIII. parlant
» des Puifîances iupérieores , n'en-
yy tend point les Magiftrats , mais
y, les Supéiieurs Eccléfiaftiques.
>, Oecolampade lui nia cela > & lui
yy demanda , Ln quel endroit de la
yy Bible il le trouvoit , & comment
il le prouveroit ? L'Autre lui dit ,
„ Feuilletiez auffi tout f Ancien & Je
^ Nouveau Teslament , fi vous y trou-
>, ve™?: > que vous devez tirer une
yy penfion 3 vous avez meilleur tems
que
de la Sui/Je. Liv. VI. 507
» que moi , qui fuis obligé de me nour- j
>} rir du travail de mes mains 5 pour
„ n'être à charge à perforine. Cette
„ pJaifante faillie fît un peu rire les
„ Afliftans \ Oecolampade leur dit,
>, Aleffieurs , il ncft pas tems mainte-
y} nant de rire : fi je reçois de l'Eglife
,j mon entretien & ma nourriture , je
,j puis prouver par £ Ecriture , que cela
>, eft raifonnable : ainfi ce font la des
» difcours féditicux. Priez plutôt pour
>, la gloire duSeigneur afin queDieu amoU
„ liffe leurs cœurs endurcis & les éc laire,
yy Après plufieurs autres difcours,
s, comme le tems de fe lever ap-
„ prochoit , il y en eut un , qui
» n'avoit rien dit de tout le jour >
„ qui fe mit à heurier & à pleurer.
„ Le dernier jour eft a la porte , di-
„ foit-il , amendez- vous , la toignée
>y eft déjà mife a l'arbre > ne noir a (fez
» donc pai ainfi nôtre dottrine fur le Ba-
yy terne, je vous en prie pour l'amour de
y, J. Christ ne perfecutez pas les Gens
yy de bien : Aous fommes Gens de bien:
yy certainement le juste Juge viendra
>ybïeti-rôt,& fera périr tous les Àléchans.
yy Le Bourginjiîrrc l'inrorc^mpit
» pour lui dire , 'on navuit pa6
» befoin de cette lamentation > qu'il
Y 2 j, de y
508 Hifloire de la Réformation
1 529 » devnt raifoaner fur les Articles,
Confe. ^ ^ont 11 étoit queïïhn. Il voulue
rence de • r 1 a
Baie a- n continue iur le même ton , mais
vecdes » on ne le lui permit pis. E ifi 1 le
A**h*t- M Bourg mhre j fl: î jfî a la conduite
tJ eSt » du Sénat , à l'égard des Anabapti-
» ftes : Il repiéienta, Won les
9, a voit anê;ez > non pas à caufe de
» l'Evangile , ni à caufe de leur
» bonne conduits > rn.us à caufe de
» leurs déréglemens , de leur par-
>, jure Se de leur fédition. Que l'un
» d'eux avoit commis On meurtre ;
» Un autre avoit enfeigné , qtr'on
„ ne doit point payer les Dîmes 5
„ » Un troifiéme avoit excité des
9, troubles Sec. jg^e c'étoit pour
» ces crimes qu'on les avoit faifis ,
»j jufqu'à-ce qu'on eue décidé quel
„ traitement on leur feroit Sec.
» Dans ce moment l'un d'en-
» tr'eux fe mit à crier , Mesfréres^
» »e refiliez point au Méchant. Quand
7y même l'ennemi feroit devant la por-
» te , ne la fermez pas. Laiffez-les
» venir , ils ne peuvent rien faire con-
>y tre nous > fans la volonté du Père ,
» puifque nos çbeveux font comptez*
„ Je dis bien plus. Il ne faut pas même
jy re'fifter à un Brigand dans un bois.
N
de U Suiffh. L î v. VI. S09
» Ne croyez-vous pas que Dieu ait foin \
„ de vous ? On lui impofa file^ice.
Pour couper court > le fuccès de
la Conférence , fut , qu'il y eut
trois Anabaptiftes qui recoururent
leur cireur , & qui Fabandonné-
rent. Les autres 5 qui fe vantoient
d'avoir remporté la victoire 3 furent
bannis (a).
Ils s'en trouva trois dans IeCanton
de Berne , qui furent traitez plus fé-
vé.ement, les Magiftrats les con-
damnèrent à être noïez : non pas ,
à la vérité > pour caufe de leur er-
reur > mais à caufe de leur défobé-
"iiTance opiniâtre , parce qu'ayant
été bannis jufqu à 3. fois , i]< éto-
ient toujours revenus dans le Pays3
au mépris de leur ferment & du
Souverain {b). A Zoug unAnabap-
tifte fur condamné aulTi à être noyé,
parce qu'il n'avoit pas voulu prê-
ter le ferment de banniiTement (c).
Un de leurs Docteurs nommé
Louis Hetzer favant dans les trois
Langues , compofa un Livre abo-
minable contre Ja Divinité éternel-
le du Fils de Dieu ; mais Zuingle 3
Y 3 qui
U) id. Le pag*ç8o<
tîjkc) Hotttng.q)%.
510 Hiftoire de la RJ for mat ion
I529. qui l'eut entre les mains, en empê-
Confém cha l'impreffion & lefupprima
rence de qq malheureux avoit 1$. femmes
des J**- tout * *a f°*s M* W ^ut *âifi à
baptîftes. Confiance , &: foit pour fes crimes
foit pour fes héréTies > il fut con-
damné , le 4. Février , à avoir la
têce tranchée. Il fè conduifît d'une
telle manière dans fa prifon > que
Zvvick^i qsi l'accompagna juf.
qu'au lieu du fupplice > en prit oc-
cafîon d'écrire > O qu'il es! aifê dt
difputer de plufieurs cbofes > lorfque
nous n'avons pas beaucoup de cbofes a
faire: Mais quand on eft aux appro-
ches de la mort > tout cela pAjïe. Il
avoit ofé quelques fois difputer fur
fes adultères > pour les foûtenir par
l'Eaiture. Il demanda qu'on fup-
primâc divers Ecrits qu'il avoit com-
pofez , parricul é ement fou Li'/re
touchant Jesus-Christ. Il témoi-
gna un fi grand repentir de fa vie
déréglée , qu'allant au fupplice , il
dit , Qu'il riétoit pas digne de marcher
dans ce chemin. Anivé fur l'écha-
faut , il recira le Pfcaume XXV. &
la Prière Dominicale > & finit fa
Prié-
(#) Seul >. p.ioo. HottingA.c.
\b)QïT\\Annri. ad a. Ifipi $.4.
de la Suijfe L I v, VI. SIX
Prière, par Jesus-Christ le San- 1$20.
vew de tout le monde , par fon S ang op-
tez. Plufieurs Anabaptiftes , qui'^
étoient préfens > sattendoient à
Fouir parler fur leur Doctrine &:
contre les Minières ; mais il ne
dit pas un mot fur ce fujet. Il a-
voua dans la prifon , que fouvent
dans fes prières , & fondant en
larmes > il fe plaignoir , pour ainfi
dire . à Dieu , pourquoi il navoit
pas pu châtier ou corriger un fi Miféra-
ble homme ? Ç^and fa Sentence de
mort lai eut été prononcée , Main-
tenant > dit il > je fuis jugé félon mon
fouhait ; pwfque Dieu môtc enfin a
moi-même 3 qui nui pas pu vaincre
cette chair pécher efie (a). Non oh-
fiant ces preuves éclatantes d'un
mal-faiteur , condamné à la more
pour fes crimes , & ( de fon propre
aveu, avec juftice; les Anabaptiftes
de Hollande n'ont pas laiffé de le
placer dans leur Martyrologe, & de le
mettre au rang des Martyrs (b)> avec
de grandes louanges.
~]a\ ïcult. z. p. m. 260. Hotting.499.
[£] A lapag.i8.Ju Martyrol, Harlem. Viii,
Oi ul Annal. J.c.p.50.
Fin du VI. Livre, & du Tome II.
Y 4 RE-
512.
RECUEIL
JUSTIFICATIVES.
Pour le Tome Second.
Première Lettre des Seigneurs de
Berne a ÏEvêque de Laufarme du
27 Novembre 15 27.
* Revtr^ndo in Chrifto Patri &
Domino , D. SebaftUm de Mon-
tefalcone , Antiftiti & Piincipi
Laufannenfi >
D, noftro finguUriter colendo,
SEfe totos dedunt , Reverendifli-
me Pater > Paftor vigil Antifiime $
„ Etfi elapfis diebus faepiufculè pro-
3, pter praefentem fidei dilTenfionem
55 Mandata in publicum ediderimus,
55 eâ fpe f.etiut noftrae ditioni fobdi-
5,tOS
* Latin, Mi (fis p.ltfp.
D E
î.
pour le Tome IL 5 I 3
5, tos co pac"to in altam pacem & j
„ tranquiiliratem reponeremus , in-
0 que Verae Chriftianae fidei unitatem
redaclos , Deo Optimo Maximo
„ obtempérantes redderemus, Quod
non tantum fru&us protulit, quin
,3 fubinde difpar fidei intelleftus pro-
fluxeric ; ob id generalem Difputa-
tionem inftituere nobis conducibile
vifum eft , quod ex libello, quem
55 vobis cum his tranfmiuimus 3 edi-
33 fcere poteritisjobnixè precanteS)ea
33 quae Paternitatem veftram concer-
33 nunt,(ut veftri eft muneris,)adim-
plere ac^nitemini. Nam herdè fî
3, quid per vos omiiTum fuerit 5 cer-
tum habeatis nos contra vos a&u-
,3 ros quae nece/ïîtas &è noftrum de-
,3 cretum exquirunt.UtautemPater-
3, nitati veftrae fui/que Doâis Viris
,3 nulla occafio decur ab hac diiTerta-
33 tione fe abfentandijomnibus &fm-
33 gulis per praefentes falvum condu-
3, dlum , commeatumque damus ad
53 nos veniendi, patrioique Lares re-
3, vifendi , fuis tamen fumpnbus ,
3, commeatuque erga alios fervato.
33 Haec boni confulite, hifquc locum
„ date,quum Paternitatis veftrae of-
fkium fit; non folum tondcre, vc-
Y 5 3, rum
$14 Pièces jujtificatives
1527' » rum etiam Chrifti oves pafcere
,5 valete bafîlicè.
Datum 27. Novembris 1527.
Conful Aûnor Aiajorque Se*
natus Vrbis Bernenfis.
I I.
Seconde Lettre des Seigneurs de Ber-
ne a ÏEveque de Laufanne, duzi%.
Décembre 1527.
* TTUmili recommendatinne prae-
JLJi miiTa, Reverendifllme Pater ,
» Paftor vigilantiiïjme j ?vVidimus ,
3> perlegimus & intelleximus eaquae
3,R. Ptas. Va. iiiteris noftns Jup*r
3> inftitura Difputatione rtfpondet 5
„ IiTiprimis mentionem faciendo ,
3> R.Ptem. V. aegro acerboque animo
5 5, fulcepilTe fidei dubirationem exor-
& 9t tam,quae coacervaris turbis venti-
5) lari debear, abfqueautf horirate il-
,lius> qui D. Pétri vicem implere
j5 fahoafferitur, quum nec vira nec
5 doftrinâ ilii adfîmilari p^iTîr , nec
, quantum culex Elephanto. Caete-
3, ros Praelatos & Piincipes Chriftia-
, nos obmittimus , qui quantum
^ Reip. Chriftianae profint> aut con~
*£x eod. lib. p, 270. «fa-
pour le Tome IL $\$
„fulant, omnibus 3 quibus veritas l$2j.
cordi eftjudicandum relinquimus.
„ Quod autem Divini cultus 5 verse-
s, que fidei doctrina fint in vulgus
3, prodendijvelillud Evangeliumde-
3> monftrat 5 quod Mundi Servator
„ Chriftus Jefus Difcipulis fuis in u-
niverfum Orbem miflis>omni Cre-
5> aturae Evangelium praedicare com-
33 mifit.Caeterùm quod ad tàm ardu-
5, um negotiû viros Sacrae Scriprurae
33 peritos in promptu non habeatis ,
3, non fatis mirari poiTumus ; quum
3, & Pafturae veftrae officium requi-
33 ratjPaftorale pedum ad oves reti-
?J nendas fêmper paratum habere,&:
33 verae fîdei pabulum illii omni mo-
33 mento manducatum praebere. Que
o fir,ut nec brumae intempéries, nec •
5, maris procellofa tëpeftas ptem, Va
3, ab invirarione hac avertere debeato
» nec in aliud tempus id prorogare
a, poiïimus ; Quocircà R. Ptem.V. ite-
rùm atqueiterùm admonemus,pre-
o camur & inflantililmè requirimus,
3> primis noftris litteris ob hanc cau-
J3 familli deltinatis fatisfaciat,locum-
3, que det>ut non folum Pafturœ ve-
53 ftrae efïkacia > verùm eriam corn-
mifii Grcgis amor in publicum
Y 6 3-p:o-
S 1:6 Pièces Jujlificatives
^527. prodeat. Gratia 6c Pax Dei fit vo-
r> bifcum 5 Amen. Datum Die Lunae
s> 23. Decembr. 1527.
Cotiful Senatu [que Urbis Bernenfis,
III.
Troifiéme Lettre des Seigneurs de
Berne a ÏEvèque de Laufanne dit
12 Janvier 1528.
If 5 28» * Tî Everwdijfîme Pr<zful , Praevia
-IV Commendatione débita, Spes
3, nebis crat Pateinitatem Veftram
Difputationem noftram ad illuf-
35 trandam gloriam Dei & finceri-
3, tatem fidei noftrorum promoven-
35 dam 3 dumtaxat inftitutam, fuo
33 Confijio & aiiéthoritate non honef-
3, taturam tantùm 3 fed & nobifeum
33 moderaturam3 qu6& decentiiis 6c
3, majori cum fru&u veritatis abfolr
33 veretur. Confiderabamus enim
3, hîc cùm officium P.K ttim noftra
33 in eam mérita. Quid namquemar
33 gis ex efficio Epifcopi , quàm
33 fummam impendere curam? quo
33 fuae fidei commifîi > in tempore
53 cibum virae percipiant 3 hoc eft,
verbum fâlutis agnofeant ? Quod
3> quàm fuerit 3 non nobis folùm
fed.
* Zx cod, Lih. paç. 272.. b.
pour le Tome IL y 1 7
» fed toti ferè Orbi obfcuratum > ï S 2 S ,
?, ne dicam prorfus fublatum , da-
» mat in primis vel Primorum in
35 Ecclefiaftico Ordine vita. Ut igi-
?3 tur nihil aequè pium inftiruere
5) nos potuimus , quàm exemplo
» Berœenfium Ecclefise , Actor. 17,
,5 Scrutari in Seripturis de praedica-
5, to nobis EvangeNo 5 ita jure fane
99 oprimo de A/7", fperabamus , ad-
55 jumento nobis , fi non per fe ip-
fam > faltem per Doclos fuos fu-
5, turam ftudiofifîlmè, id quod cer-
„ te & noftra in illam ftudia at-
3, que officia meruerant. His
perpenfis , non potuit nobis
5, non moleftiffimum efle > non fo-
3, Jùm P. ipfam non ad veuille, fed
3, etiam quos miferat Doclos , in-
3, falutatis nobis > nondum ad finein
3, Difputatione perduftà 3 hinc abi-
33 ifle. Erant &c firientes veritatis
,3 aures 3 & indubiè inter nos Do-
:, minus 3 qui fe vel tribus in no-
,3 mine fuo congrcgati* adfuturum
,5 promiiïit. Jam cum ilii , & fui>
33 ( nam effe Do&ores Thcologos
,> intelleximus, ) de IW. (quae pras-
33 cipuum curare hoc quod cam
oravimus , . ex officio dçbet 3 )
offi-i •
51 8 Pièces J-uJlificatives
8» ,5officii immemores fèfe declararunt;
3j tum expertes adeb omnis huma-
,j nitatis , ut nobis fignificare abi-
tûs fui cauffas non fuftinuerint ,
3, verendum nobis eft, ut Sanftum
3, Inftitutum Noftrum , quod illis
tàm difplicuit , ( ut ab eo praeter
3, ullam rationem > & contra fuam,
» &: P. V. dignitatem furtim fub-
3, duxerint , ) iniquis fuis praejudi-
,3 ciis fint infamaturi ; à quo ut ab-
53 fterreat eos Pcas. Va. petimusj &
33 Jure noftro requirimus. Si nam-
^3 que hujus quippiam âuderent ,
5, praedicimus id nos ita acceptu-
33 ros > ut procul dubio , favente
3> Domino y futùrum fit, quod tàm
33 eos 3 quàm alios qui eâ in re
3, ipfis confenferint , pœniteat.Mo-
» nemus ergo in tempore. Reliqua
„ quae hâc de re P.tem y. feire
?3 volemus 5 perferibemus, ubi ab-
3> foluta , favente Chrifto , fuerit
,3 noftra Difputatio. Servatori No-
,3 ftro jefu Chrifto P.tem y. com-
* mendamus. Datum iz. die Ja-
3» nuarii 1528.
Conful Senatufque XJrbis
Bertiertjis,
pour le Tome IL 519
IV.
Jacobi Afonaflericnfîs , Sacrificuli Sa-
lodorani Epistola. ad Amïcum^ de
Difputatione Bernenfis , die 29,
Januarii 1528.
* Clariflimo viro Jureconfulto, Do-
mino Sigismundo de S. Tru-
dône , Canonico & Cuftodi infi-
gnis Collegii apud S. Viclorem
Mogunt 'u y Domino & Fratri fuo
obfervando.
5, S. P. D. Mirari te exiftimo 5
3, quidnam acridem , quod fero
adeb ad vos fcnbam. Caufam
„ fuilFe fcito co^ciliabulum vel dif-
yi puitionem , ( dtfputationem dicere
35 vol bam ) Lutberanorum , vel po-
3, tiùs Zvv'.ngiïanoYum h<erericorum3
33 Bernae habitam. Utcu.nque enim
33 négocia ui gèrent >• pr.»fertim Ca-
,3 nonicatus apud D. Afatn'uium »
yy quem ante bimeftre tcmpi s Ger-
yy manus meus milirans imer Larro-
„ nés Romae mihi i • petravi:, (mi-
3> litum enim , quàm Cardinalium
modo
* Ex Ahr% sctdtet Annalib- Evang. D*+
*d> II. ad A.
520 Pièces Jujlificatives
1 528. , 5 modo opéra mihi utilior Romae
fcierat, ) utcunque 3 inquam, haec
5, & alia negotia me urgerent, iub-
5> flflere tamen libuit •* videreque ,
55 quo evafura effet rabies , & quàm
curae effet Epifcopis noftris Eccie-
fia : Sed quid dicam ? Querimur
3, partim de dexreritate haeretico-*
3, rum > partim de conniventia Prin-
3J cipum 3 per multi etiam fata in-
3, cufamus. Sed quod equidem di-
5 3 cere ioleo, veriflîmè in his haere-
33 ticorum comitiis comperi. Ruunt
„ res noftrae folâ noftrâ inertiâ , &
33 quia Litteratos nullos noftri Cory-
phaei alunt.
Effecerant quidem fidi nobis fer-
,3 vatores Bernae ? & ii certè, apud
33 quos ha&enus fumma rerum fuit,
33 ut & Epifcopi 3 quibus eft Eccle-
„ fiae in illorum ditione juiifdiftio,
53 additis etiam minis 3 ad fuam diA
33 putarionem vocarentur, fed nullâ
9> aliâ fpe 5 quàm ut Erudkos i 111
J3 adducerent , qui hctreticos confu-
3) tarent. Std quid ? Nemo illorum
3, vel ipfe venir, vel Eruditos mifit:
3j Gallos quosdam n.ifit Lwfanien-
33 y^jfed anrequam congreds.'en ur,
» reyocavit eos. Venir poil ali^uot
died
four le Tome IL $21
dies AugufHnianus quidam Frater, 1528*
„ Provincialem fâkltabant ac Tr<e-
„ gerinum dicebant : Sed loquenriae
„ aliquid , erudirionis ac eloqven-
» tiae nihil in eo deprehenfum eft.
Ubi enim Scripturae exigebantur 7
maluit abire 3 quàm difputare. E-
quidem in eo nihil vidi , quam
5> Monachum , eumque frontofum >
licet alii nefcio quid de eo praedi-
cent. Clamo/îor alius, fed nequa-
,> quam doftior Dominicafter per
3, dies aliquot fcrepuic ex fcripturis}
3, fed quàm fclicirer , hinc conjice,
33 Probatvrus Pontifîcem quoque effe
33 Capuc Ecclefiae , adduxit id à Pe-
3, tro eum accepilTe, qui adeo fuiflet
3, à Domino vocarus Ceph.ts * Caput:
y> fie enim le legiiTe aubat in voca-
bulariis. Vide , qualcs habeamus
3> propugnatores : & adhuc mi-
y, ramur , vulgo nos contemni >
,3 Ôc paflîm mulcos à nobis defi-
33 cere ? Difputaïunr praeteiea très
33 aut quatuor Sacrifici > cum quo-
dam
* Ce Prêtre fe moque ici de cette ànerie
du Dominicain} mais il ne prend pas garde,
que cette moquerie rejaillit (ur le kecueil
des Décrits de Grœtien, où elle fe trouve.
Diciinfi. XXII. C.
522 Pièces J-uJlificatives
1 528. 3> dam Ludimagiftro , quem t Lite-
53 vAT/n > vocant. Non malus homo,
,>ut videbatur j quique unus plus
,3 ftudii prae fe ferebat defendendi
3> Ecclefiam 8c fcripta Patrum quàm
5, quotquot fuerurit in illis comitiis.
3, Sed deerant vires. A Fabro noftro,
33 Majufcules, Roffenfî , quae tu fcis?
0 onrnia 3 nequaquam tam firma aut
3> arguta > ut oportebat 3 in Hasreti-
33 cos congefta 5 diligenter propone-
o bat. Sed Pradatorum & CapLuli
>3 Bernenfîum audi conftantiam.Cùm
33 uno aut ait ro excepte nemo eo-
sirum non agnofceiet blafphemos il-
33 los haereticomm articidos , omni-
3j bus tamen fubfuipkrunt finguli »
» idque m Capitulo corg ; gati, tan-
3>tùm quod indoftseBeitjae nihil pcA
33 fent haeretici objice-e. Si ^ordati
3, fuiflent j vel mediocri dexteritate
y> praediti , ita val'b't adh' c f.i<fbio
>> noftra Bornas, fi nihil al i : d , ut in
3, ann.im ufljue potuiffent difputari-
33 onem extraheie. Sec) fi; decet nos
53 pœnas dare conten p^arumLittera-
3, rum , & negleflû ftudio urr.Ho-
>> rum vero infanum confilium fequu-
ti
t C eft Boukjfab , dont le nom fîgnifie
en Allemand une Lettre,
pour le Tome IL 523
Jati funt in dirione Bernatium. Mo- j
„ nachi & Sacrifki. Habent autem
Pàrochias 304. praeter diriflima
>> quaedam Caenobia & Collegia >
forte plus minus triginta > in fide
>, Ecclefiae perfcrerantia.
De haereticis forte eu pis ut feri-
bam : fed quid mihi Se tibicaufarn
3J ingeram doloris ? fèribam de pou-
9, cis Facilis iilis pugna fuie 3 cùm
nuili inftructi coràm ftarentAnta-
„ g jniftae.Itapararos no:-. vidi.quin>
>} fi dextri homines adfuiffe;t > . &
„ in feripturis verfaii, fi non in om-
5> nibus illos viciflenc ( Quis enim
vincerec quovis Corinthio aere lo-
,y quaciores ? pra;fertim cum noflra
;,omnia non aper è ex feripturis pio-
„ bari pofîi k,) remorati tamen fui£
5> fent in dubio illorum co tatus.O fi
>> vel unus trafmus commiffus i 1 lis
fuiflet ! vidi enim faepè de rcfpon-
>j fionibus inter eos non convenire.
s, Vidi anxiè alii alium , quid dice-
5, ret , fuggerere. Vidi de germano
» quorumdam locorum /ènfu haererc.
>> Ita inftruûo &; dextio Difpurato-
jj ri aptiflima anfae fuiflent confun-
3, dendi lllos , aufthoritatifque adi-
j> mendae illis > atque ita vaftatio-
nem
524 Piéees Juflificatives
,> nem,quam invexerunt revoca^di,
>, Quanquam autem, fe viros haere-
„ lici contra fe habuiffent , cautiùs
7y & conf jltiùs fua egiffent. Suntque
y, admodum quidam eorum, qui ut
i, folum Zvvingiii vehementia tan"
tum ira excitari potuerunt.Admo *
5> dum enirn ille continué fervebatr
,3 Er ufui nobis fuiffet & décorum ,
5, atque authoritatem illius immi-
33 nuiffemns ; Do&ior tamen haec
3^ Beliua eft qnàm pucabam.Nafutus
„OecolampAdius in Prophetis ille 3c
33 Hi braea lmgua praellare videtur :
9> Scd nihil il 1 i ubertate ingenii &c ex-
ponendi perfpicuitate j tamen in
,3 Graecisj fi non major , par illi,
53 Q^iid nunc impoftor, Capïto va-
3> leat 3 non potuit dijudicare. Pauca
33 enim loquutus eft. Plura Snapba-
» nicus Bucerus , qui fi eruditione
33 linguarum fcientiâ par effet Zwin-
33 glio 6c Oecolampadio 9 nobis ma-»
33 gis metuendus effet. Ira difficile
3, commovetur Beftiola , Se fatis lu-
», culenter fua proponir. Sed quid ?
33 Iniquiflîmè vides rem noftram
,3 comparatam coram exei citatiflîmis
33 haereticis. Unus & alter latravit
facnficulus, qui vigiliis canendis,
non
four le Tome H, 52$
„ non difputando , erant exercitati , j J28*
5> bonus ilULudia.jgifter LkteMÛb*
>> ne parum licterata.
„ Quem autem evenrum habuit
3, difputatio? ïndignum noltâ dili-
» g ntiâ. Cùm difputatio finita elTet
>, 25.Januaiii, uniiifque Senatûs de-
» crcto confulrum <ft,ut omnes À«ae,
yy Scaruae5MijTae, & quidquid cultus
» divini &: Ceremoniarum eft Eccle-
9> fias in oppido Bernae, & omnibus
» Vîcis &c Pfigis ipforum impeuo
>j fubje&is , ubi non m?jor Populi
pars id fcrato elimineutur, nec un-
» quam recipiantur. O tempora , ô
ù moies 3 6 noftram focoidiam !
» Qiîarn facile potuiifet hoc malum
9) caveii > fi fiud'io forum quam fcorto-
,y rum nolbi Epifcopi amantiores effent.
yy Sed dicts : Nullane fpes, hos ne-
» fariorum haejericorum conatus re-
yy fringendos ? Ccrtè per pauca.No-
yy fti ferccitarem hujus Gentis>quam
yy nihil aliud fubvenit, quam qubd
,> Nemo adeb idoneus contra haei c-
yy ticos piodire fuit au fus. Luiernani
yy cum Primoribus P^gorum aliquot
yy fedulb fane navârunt operam : fe-
yy dulioreni cenèquàm omnes Epif-
>> copi ut ifta impediientur.Scd duni
526 Pièces Juflïficatives
Î528* » majis adeo defenforibus noftras
>, partes apparuerunt , xudis Plebs
» nudos quoque veritate arbitrata
» eft 3 vicitque pars major melio-
5? rem. Nam Ttgurini omnia porTunt
3, apud illos , quos fcis Se exercita-
5, tifllmos effe dolis, & incompara-
j, bili pertinaciâ. Quid nunc faciant
»3 alii : Senatum quoque Bafilienfem
fcis metu Plebis fuac, qutm incan»
3, tat Oecolampadius , non tàm erudi-
tione quàm hypocrifi fuâ, nihil pof-
fe. Idem paulo poft ufu veniet &
s, aliis.Unum equidem timeo,paulo
5, poft Helvetios sequè Pontificis ex-
3, cufTuros jugum atque exeufferunt
3, jam pridem Cœfaris. L't utinam
„ Conslantia, & aliquot Urbes Impe-
3,rii, non fequantur exemplum.
Rts Cœfaris ferè lîc habent in Ita-
3> lia> ÔC Régis Hangar or um in Hun-
,, garia » fient Saxonia s ut fruftrà in
5, praefenti ab ipfi fperemus haereticos
33 opprimendos. Nifî nos exfeindi
33 volumns, ad cas arces nebis con-
3, fugiendum eft 3 quibus primum
33 crevit Ec Jefia , eruditionem &
o mores aliquâ fahem fpecie Jauda-
33 biles. Sed de his facis. Domino
33 Zdelio da hai> legendas 3 & con-
jun-
pour le Tome IL 527
,9 jun&as his da Domino L(yflro,\\or- j J28«
tareque ut rem meam amet dili-
5, genrer. Dominum Rodolpbum die
3> penfionem Laufanienfan ad Fn*«-
cofordium emporium expe&are. Sa-
,> luta amicos , & commenda me
35 Domino Decano. Vale féliciter cum
tua Hildegarde , & pufione
3, Soloîbari. 29. Januarii.
T. Jacob us Monafterienfis.
V.
Lettre * 4& Fribourgeois ^« Gw-
/t'// de Laufanne,
Aux Nobles Magnifiques , Syndi-
ques & Confejl de la Ciré de Lau-
sanne y Nos finguiiers Amis Se
très CJiier* Bourgeois.
,3 ^^JOltes Sec. Très chters & bons
w.-*-^ -^;wjj Fr^«.v Corn bourgeois > j 08
J5 A Fous nous nous rec ommandons, Tous
,9 f aijant f avoir comment femmes ad-
monmftez de nos Alliez, > leur aider
33 maintenir nôtre ancienne Cbrcttmne
3, yVy ; £r />o«w ^//f a/* jomwis tenus
de faire , tant par nos Alitâmes ,
que
* Tirée des Archives de laufanne.
528 Pièces Jujiificatives
M 28. 5J que par nos * Seréments , /"^//j
mens.1 " P** de la i Bourgeifie*
i B^ur- 5* que nous z appy i cinquante 3 C0/0-
geoi/îe. „ vriniers, de vos 4 Compagnons équip-
par^ez. }> ^ cc ^ue appartient en guerre >
3 Ar <*J^ quand les manderons que 5 vie-
québu- „gncnt a.com;agner notre 6 bannière,
4SoMats >? lJu - avon< fiance m Vous-. Vous
5 Vie.i- ,5 difant À\ i u : Ce le dernier jour d'O-
nent. &obn > anno 28.
* Armée jjAdvoyer, Périt &: Grand Confeil
de la Ville de Fnbourg.
VI.
Premier Traite de Paix de Reli-
gion j towc/« ewfre /fj Cantons y le
2 <S. 152p. Traduit de l'Origi-
nal 'allemand •
ïc?Q *NJf°us ^on^illers & Envoyez
I 5 1 y • ^es yilles & des Pays deHieux
ci-deflbuv nommez. Savoir De
„ Glaris , Jean <ts£bli , Amman ,
3, Conrad SJù ■ dler, Fridolin Matthis ,
3, Copfeillers : De Fr / bourg ; Jean
Lindther> Jaques Frcjùourger, Con-
3, feillers : De Soleurre Pierre He-
„ £o/f , ancien Avouer, Urft Sta
>, Thréforier , BénCdïtl Afansfï* , Je-
7 orne de Luternauvv , Rodoljf Vogcl-
Jang
pour le Tome II. 529
^fatig^ Confeillers du Petit & Grand 1 c
„ Confeil : De Schaffhouse, Jean
3, Jaques Alourbacb , Keller ,
35 Cbriflophle AmGrut, Jean Rudolf >
,3 Confeillers : D'Atpenzell , 17/-
„ nV/; Yfcnhout , Ulrich Broger , tous
3, deux anciens Arnmans : Alattbieu
5, Zidler , ancien Chancelier , Séba-
;5 Dxring , Confeiller : Des IîL
Lignes des Grisons 5 Conrad de
,3 Lumbris, Amman j Amman AI a n-
» ritZi ancien Juge du Pays , Thomas
,3 Caslelberger , Pierre Woljf, Chance-
3, lier 3 Matin Stger , Simon Arnold
Lieutenant de la Ligue Haute :
3, Ulrich Gersler , ancien Bourgmaî-
33 tre de Coire , Guillaume Migglï ,
3, Gaudcntim de Cajiclmour , Baillif de
5, Furftenavv , Zacharie Noth \ delà
33 Ligue de la Cad de a : Ulrich
syWoljfi Simon Zindel Juge, Os bon
33 Lientz > de la Ligue des dix ju-
3, RISDICTIONS. De ROTHWEIL >
3, George de Zimmcrcn, Bourgmanre >
33 Louis lPernber,Conft]\\çr. DcSap.-
3, gans, Jean Habermullt-r, Jean irai-
5, tber. De Strasbourg, Jean
Stourm, ancien * Maire, Conrad Jo- v 57
ban Concilier. Et de Constance meift
5> Jacob Zelkïi Bourgmaîtrc : Cou-
Lom% IL Z fef-
530 Pièces Jujîjficatives
I S29. » feflbns & faifons favoir manifdte-
5, ment à chacun par les préfentes :
„ Que comme depuis quelque tems
en ça il s'efc élevé quelques diffi-
3, cultez , difcorde & différends, en-
tre les Nobles , généreux, pieux ,
,, magnifiques , prudens & fages ,
Bourgmaitres,Avoyers,Confeillers
,,8i toutes lesBourgeoifies des deux
^Villes, Zurich &BERNE,d'un côte;
8cles généreux^agnifiques.pieux,
prudens &fages, Avoyers, Land-
Ammans , Confeijlers, & toutes
5, les Communautez 6c patriotes ,
3, des Cantons fous nommez,LucER-
NE? Uri> Sghwits, Underw^ald
au deiTus & au deiïous du Kern-
„ vvald, Se Zoug , avec le Quartier
Extérieur, qui y appartient, d'au-
3, tre part $ au fujet de plufîeurs &c
3, diverfes chofes , félon qu elles
33 font mentionnées ci-après dans les
3, Articles > Ces diffieultcz & ces dif-
33 férends font allez fi loin 3 qu'ils
3, ont produit de la haine & une en-
,3 tiére inimitié, tellement que la fuf.
3, ditte Ville de Zurich a envoyé dé-
3, clarer ouvertement la guerre aux-
, 3 dits V. Cantons, Lttcerne, Ur'hSch-
n vvitS) XJndervvald Se Zoug > 3c en-
fui tç
pchy le Tome IL 53 1
„ fuite conjointement avec les géné- j
„ reux , magnifiques , pieux , pru-
„ dens , fpe&ables & fages , leurs
„ Combourgeois , de /?trw<?, BâU, S.
3t Gai) Mullhoufe & Biennç* avecleurs
» autres Partifans & Adherans 1 fe
» font mis en campagne, avecleurs
yy Bannières &.Enfeignes déployées,
„ & avec toutes leurs forces, c'eft
>, pourquoi les fufdirs cinq Cantons
,3 Luceme, Uri, Scbvvitz> Utidcrvvald
3, & Zoug * le font aufïi mis en dé-
5J fenfe, &c en campagne, avec ieurs
33 forces , leurs Bannières tk Enfei-
3, gnes.
»i Et Nos Seigneurs & Supérieurs
33 de Nous tous les Envoyez ci-def-
;, fus nommez , ayant apris cette
3, divifion & inimitié, laquelle leur à
33 caufé véritablement un très-grand
3, déplaifir, ils nous ont envoyé tous
33 enfemblc , &; chacun en particu-
3, lier 3 auprès des deux fufdittes
3, parties , avec un commandement
,3 exprès , de travailler vigoureufe-
3, ment dans cette grande 6c dilHcile
3, affaire, afin d'éviter <Sc de préve-
,3 nir la divilion du Loiiable Corps
Helvétique , les miféres , les mal-
joueurs, ck leifufion du Sang Chré-
Z z tien t
532 Pièces ' Jujlijicativcs
i52Ç. ?> tien, qui pourroient s'en enfuir : -
» &: qu elles prennent en confidéVa-
tion la profpérité, l'utilité, & la
3J gloire de tout le Corps Helvéti-
3, que, & de toute la Nation Alle-
„ mande j & quelles nous permet-
3, tent & nous ottroyent à Nous les
3, fufdits Envoyez y comme Média-
î3 mus amiables , de chercher quel-
3, ques moyens 3 pour terminer par
»9 la douceur & à l'amiable leur ini-
33 mitié Se" leur conteftation guerrié-
33 ve, pour éviter les malheurs fuf-
33 mentionnez , comme auffi celui de
3, faire des Veuves &des Orphelin?.
3> Et ayant trouvé accès auprès def-
o dittes deux Parties , pour les rac-
a, commoder & les réunir par la dou-
3, ceur 3 au fujet de ces chofes } A
3. ces caufes, après beaucoup de pei-
3, ne & de travail 3 & après avoir
33 fuffifamment entendu les plaintes
,3 & les réponfes defdittes deux Par-
33 ties j Nous les fufnommezMédia-
53 teurs & Arbitres amiables , avons
53 prononcé &c arrêté entr'elles les
33 moyens & articles fuivans , félon
3, qu'il eft exactement contenu &
33 mis par écrit ci-deflbus d'un ar-
53 ticle à l'autre.
En
pour le Tome IL 533
En I. lieu , concernant la Parole *529-
>, de Dieu , d'autant que la Foi n'eft
3, pas une chofe , à laquelle perfon-
,3 ne doive être contraint ; par con- *
o féquent les V. Cantons & les leurs
>3 ne feront point contraints à cefu-
3> jet 5 Mais pour ce qui eft des Con-
33 fédérez , tk des Bailliages 2 oùlon
3> a drok de conimandei :*vec les au-
» tres ^ans les lieux, cù les gens
5> auront aboli la Mcffe 3 brûlé ou
3> ô:é les Images * ils ne devront
3, point être punis 3 en Corps, hon-
33 neur &: bien. Mais là où la Méfie
3, & les autres Cérémonies fubfit
3, tent encore , on ne doit leur faire
33 aucune violence ; on ne doitauili
leur envoyer, leur établir ou don-
3, ner aucun Miniftre , fi cela n'y eft
,3 pas réfolu par la pluralité. Mais
,3 ce qui aura été réfolu entre les Pa-
3, roifliens > à la pluralité des voix,
J? fur la confervation ou l'abolition
3, de la MelTe 3 pareillement au fu-
3, jet des viandes, que Dieu n'a pas
33 défendu de manger ; cela reftera
,3 en fa force tant qu'il plaira aux
3, Paroifliens : Et aucune partie ne
33 maltraitera ou moleftera l'autre à
,3 caufe de fa foi.
z 3 à*
534 Pièces Jujlificatives
II. Concernant l'alliance & fU-
$29» nion Ferdinandine , d'autant qu'elle
?) a été faite uniquement à caufe de
» la Religion , 8c que préfentement
« les Arbitres ont fait cet accommo-
» dément 5 ^/'aucune Partie ne doit
?, faire violence à l'autre , ni la mo-
» lefter , ni la haïr 3 à caufe de fa re-
>y ligion > pour cette caufe elle/era
>, incefïarnment livrée & remife en-
» tre les mâins des Arbitres , avant
3, que les armées décampent j les
» fceaux en feront arrachez, les Let-
très feront coupées & déchirées ,
„ enforte que chacun en puiffe voir
9, les pièces j 8c elle fera nulle &
9) de nul ufage : 8c aucune Partie ne
j, pourra plus s'en fervir 3 ni de pa-
„ reilles à l'avenir. Touchant les au-
„ très Traitez de CombourgeoifiejÔC
3, d'Alliances , qui ont été nouvelle-
3, ment contractez 5 on éxaminera
dans les Diétes3 comment onvou-
3> dra fe conduire à cet égard,Le tout
?, fans aucun préjudice de la Com-
3, bourgeoifie Chrétienne contractée
?3 entre les fix Villes , Zurich , itowe,
3, i^/e, 5. 6W5 Mullhoufe 3 Bïenney 8c
autres.
III. Touchant l'ufage de prendre
des
pour le Tome IL 535
des penfions , des appointemens
3, des dons &c des prèfens, de la part
?j des Rois , des Princes tk. des Sei-
J5 gneurs , les VI. Villes Zurich, Ber-
,,ne , Baie, S. Gai, Afullboufe Se Bicn-
3, ne 3 avec d'autres , leurs Confede-
5> rez, prient de nouveau tiès-inftam-
33 ment les V. Cantons & leurs Com-
as munautez, de renoncer entièrement
3, au fervice de tous Piinces ck Sei-
33 gneurs, à leurs penfions, appoin-
3, te nens & dons , de les abolir 5 &:
3,de le faire en confidèration denô-
33 tre Patrie. Q^c fi cependant certe
33 prière ne pouvoit avoir aucun flic-
3, ces > il a été ici expreflement con-
3, venu 3 Que fi un homme ou plu-
û fieurs , des V. Cantons , enrolloit
3, quelqu'un des VI. Villes 3 ou de
,3 leurs fujets5 pour Soldats, les pre-
»3 noit 3 ck les emmenoit à h guerre,
,3 tel ou tels devront être punis de
3, mort, par leurs Seigneurs &. leurs
s , Magiftrats , lorfqn on le leur fera
,3 favoir. Et fi les VI. Villes peuvent
attraper ces Emolleurs dans leurs
3, terres , elles les puniront de la mfc
3, me manière.
IV Qjand à la punition des prin-
,> cipaux Autheurs 5 & des Diftiibu-
Z 4 teurs
536 Pièces Juflijicalives
gt J3 teurs de ces penfions, Nous 'ne
pouvons pas trouver , Nous au-
o très Arbitres , qu'on puifle les pu-
3, nir j puifque chacun a eu permiC-
yy fion de fes Magiftrars d'en prendre.
,> Mais fi à l'avenir on les abolit ce-
>> lui qui tombera en faute fera puni
3, alors y comme il l'aura mérité, en
,5 fon corps & en fes biens.
V.Touchant ce que quelques Can-
„ tons s'affemblent en Diète à Bec-
5, kenriedt > ou en d'autres lieux, dé-
;> formais ni les 4,.* Cantons Fon 'tiers ,
3, ni d'autres Villes qui ont enfem-
» ble des Traitez de Combourgeoi-
33 fie 3 ne s'affembleront plus s pour
s, aucune chofe, qui interdis tous les
33 Cantons enfemble, en aucun lieu ;
,3&: ne feront plus ainfi les choies
33 en fccret> car il feroit à eraindre
3, qu'une telle conduite ne produifi:
3, rien de bon. Mais s'il y a des Can-
0 tons unis entr'eux par des Traitez
3, de Combourgeoiile ou d'anciennes
?5 Alliances ; & qu'il y eut des affai-
res fur le tapis, qui les concernât
93 fent eux feuls 3 ils pourront pour
ces
* F/aldflett. Ce font les 4. Cantons qui
font autour d'un même Lac » Lucerney Wi,
SchwitZj & UndervvaM,
pour le Tome IL $37
ces fortes de chefes s'affcmbler où 1529.
ils voudront j & quand on s'af-
5> femblera en Diète, ils devront tra-
vailler foigneufement avec les au-
,y très , à régler les affaires a fans in-
»3 trigues &: fans le divifer.
Vî. D'autant qu'il a fouvent été
33 dit dans les Diètes, que quelques
Cantons ont écrit &: négocié > au
>i nom de tous les Cantons3 des Vil-
f les de des Pays î quoi que les au-
33 très Cantons n'eulfent eu aucune
33 part à ces négociations 3 Se n'y
3, eurfent point donné leur confente-
3, nient, on devra à l'avenir s abfte-
3, nir de ttlles chofes, &c les Can-
3, tons , qui feront ces écritures, s'y
33 nommeront &c fouferiront par
,3 leurs noms , & on n'y mêlera
s, point les Cantons 3 qui ne favent
rien de cette affaire» &c qui n'y ont
3> pas confenti ; & on n'y fera au-
3, cure mention d'eux.
Vil. Concernant les er.fans de feu
,, Mr. Jacob Schlofier, comme en a
demandé pour eux à ceux de Sch-
5, witz une penfion & entretien con-
,, venable; les deux Parties nous ont
,, confié cette affaire, à nous les Ar-
bitres; Ainfi le règlement que nous
Z 5 fc-
5 38 Pièces Juftijicatives
>> ferons fur ce fujet , devra être re-
Se exécuté.
VIII* Toutes les Ordonnances Se
les Edits,queles VI. Villes, Zurich,
„ Berne , Baie , S. G ah Mullbonfe Se
n Bienne ont faits Se publiez, foit tou-
,> tes enfernble, foi: chacune à part 3
?, au fujet de la Parole de Dieu fub-
3, fieront & demeureront en leur for-
ce , fermes Se immuablesjfans em-
3, péchement & fans oppofition de
5> perfonne. Comme aufli là où l'on
aura aboli la MdTe, les Images, les
y} ornemens d'Eglife , Se autres ap-
„ partenances du fer vice divin} que
chacun de quelque Magiftrat qu'il
>, dépendej fera dès à piéfenten tou-
te fureté pour ce fait > que ces cho-
fes ne feront point rétablies > Se
3> qu'on n'en donnera ni ordre ni
permiflion , Se qu'on ne châtiera
5, perfonne à ce fujet. Bien entendu
3, pourtant qu'on n'employera la
3, contrainte contre perfonne en ma-
3> tiére de Religion,
IX. Que tous ceux qui fe font mis
3, en campagne avec les deux Villes
33 de Zurich Se de Berne, ou qui leur
33 ont donné alTiftance, fecours,con-
3j feil> ou qui les ont favorifé 5 dans
cette
pour le Tome IL 539
3) cette expédition de guerre, de quel- j
que manière que la chofe ait été
5, faite, foit Bile, S. Gai > Afullhoufe >
},Bietine,lç Tbourgavv i Bremgarte ,
,, Alellingue , le Rbeintbal , les Sujets
s, de r Abbaye de S. Gal> les Bailliages
Libres &: communs dans t^£r-
jfgèWi pare'Uement le Tockebourg ,
3, le Gaftel, Wefen > Se d'autres 5 tous
ceux-là, foit en général, foit en par-
3, tkulier , foit qu'ils foient en quel-
3î que dépendance des deux Villes
3> ou non, foit que ce foyent des per-
fonnes feules, ou des Communau-
3, tez, Villages ou Villes, qu'il ne
s, leur fera fait aucun mal , pour s e-
3, tre ainfi joint à Elles 5 Se pour leur
3, avoir donné fecours, confeil, & af-
3, fiftance, par amitié , Mais on ne
3> devra ni les inquiéter, foit par des
3, paroles, foi: par des effets, ni les
„ molefter 3 en un met ils devront
« o être abfolument impunis. Il en fe-
,3 ra atifli de même de tous ceux qui
,3 font venus au fecours des V. Can-
3, tons} Se qui leur ont prêté fecours
3,& aflîftance ; foit les VaIJaifans ,
,} foit des Communautez ou des per-
,> fonnes feules, Ecclelinftiques , ou
Séculiers , fans aucune exception -,
Z 6 Se
540 Pièces Justificatives
1 S 29» „ Se il doit être arrêté , conclud &
,,fcellé, que la chofe fera ainfî fer-
,,mement Se inviolablement obfervée
X. Quant aux paroles choquantes
Se injurieufes* dont on s'eft fervi
jufqu'à prélent de part Se d'autre,
au fujet de la Religion, d'une ma-
„ niére afïurément groiTiére& impu-
i3 dentedefquelles ont donné naiffan-
» ce à cette divifion , on devra dé-
formais s'en abftenir entièrement
des deux cotez, Se les abolir pour
jamais , enforte que dès à préfent
„ Se pour ï'avenir dans toutes les
„ parties il n'en foit plus parlé , Se
„ ceux qui feront Se agiront contre
cela, ces tefraftaires Se tranfgref-
feurs feront punis par leurs Sei-
„ gneurs Se Supérieurs, félon qu'ils
» l'auront mérité, en corps Se en
biens, dès qu'on les leur déférera,
„ fans oppofition de perfonne.
XI. Que tous les arrêts, qu'on a
„ mis jufqu'à préfent dans ia SuifTe,
„ fur les Cenfes , Rentes, Intérêts ,
„ Revenus Se biens', qui ont appar-
„ tenu jufques ici à des Eglifes Se
„ à des Gommunautez Religieufes ,
„ dans les lieux où l'on a aboli la
„ Meffe, feront enlevez, annuliez Se
cafTez
pour le Tome IL 54 f
„ caffez,- 3c déformais ces fortes de
Cenfes, rentes & intérêts devront
être payées.
XII. Au fujet de Mo urne r > il a été
» convenu, qu'il comparoitra à Ba-
>j de. en Droit, devant les Arbitres,
yy qui négocient préfentement dans
» cette affaire , pour répondre aux
5J plaintes ou prétentions des deux
„ Villes Zurich 8c Berne ; & que ceux
y, de Lucerne, fans aucune contradic-
„ tion, l'obligeront à cela ; & qu'il
yy fera puni comme il la mérité. Ce-
J? pendant on veut bien difpenferles
3, deux Villes de Strasbourg & de
y, Confiance , de cette affaire, à leur
prière : 8c au relie de la part des
Seigneurs de Supérieurs des autres
3, Arbitres; favoir > de chaque Can-
ton des Alliez 8c des Conféderez,
,3 on envoyera à Bade , pour tenir
cette journée, deux des Envoyez*
„ qui ont aflilté à cette négocia-
tion.
XIII. (>iant aux frais que les deux
3, Villes de Zurich 8c de Berne , avec
5, leurs Adhérens Se leurs Partifans,
yy ont été obligez de faire , on remet
cette affaire aux Arbitres , pour
prononcer là-deflus après connoif-
542 Pièces Jiisiifcaîives
„ fance de caufe , dans ïefpérance qu'ils
examineront avec attention l'importance
„ du fujet, qu'ils confidéreront qu'on a
>, été engagez à ce mouvement de guerre,
,» 3z qu'ils procéderont à cet examen avec
tant d'application & de zélé qu'on n'ait
3, point de reproche à leur faire. Ce que
defïus doit s'exécuter dans les 1^. pré-
:, miers jours après la conclu/ion de la
3, paix : S'il ne te fait pas dans ce tems-là ;
„ lefdittes VI. Villes devront rompre tout
5J commerce avec les V. Cantons.
XIV. On doit reprendre prélèvement
3. l'affaire de la paix d'Underwald, & elle
,5 fera vuidée parles Arbitres, le jour
», qu'ils prononceront fur le fujet des frais
3« de la guerre. Et il dépendra de la Ville
„ de Berne, que les Arbitres traittcnt cette
33 affa;re à l'amiable, ou à la rigueur de
33 droit.
XV. Que les deux Parties demeureront
,> dans leur religion . aum" long.tems qu'il
3, leur plaira; & qu'aucune Partiei emo-
„leltera ni inquiétera l'autre à ce fujet.
,3 Mais au relie , mis à part ces Arti-
3, cles, les deux Parties devront demeu-
33 rer dans tous leurs Balliages , Seiçneu-
o ries, Pays Sujets, territoires, franchifes»
,» droitures, coutumes, anciennes prati-
3, ques, & bons & louables ufages, delà
3, manière qu'ils les ont polTedé enfemble,
33 avant cette déclaration de guerre & ces
a, holtilitez , fans aucun empêchement >
,, oppofition & contradiction , Cependant
,3 que les 4. Cantons 3 Zurich , Luceme j
Schwitzj & Glaris, prendront en confi-
ô dération 3 comme il convient, la Ville
,> de S. G*l , au fujet du Monaftére» qui
3, eft dans leur Ville, & des autres em-
3, barras qu'elle peut avoir , & qu'on leur
„ prêtera fecours en cette affaire- XVI.
pour le Tome IL 543
XVL Comme les gens du Thourgwv
font des plaintes fort vives de tous les I 5^9*
„ grieffs qu'ils ont , & particulièrement
m {ont mention entr'àutres de ce qui elt
de notoriété publique , Nous les deux
,, Villes de Zurich ik de Berne, voulons &
entendons férieulement &: nous plait;
3, que ces bonnes gens du Thourgavv à
33 l'avenir , lorfque le cas écherra 3 foient
pourvu de Baillifs & Officiers pieux,
33 honorables , graves , & de bonnes
3, mœurs y & en particulierqu a la place
>,du Baillf d'aprèient,.?*-///** Stocker ,ceux
3,deZoug y établirent incelTamment un
3, autre Baillifs &: que demême fans délai
,3 Martin F/eerli , icit dépofé de ion em-
3, ploi, & qu'on mette à fa place un autre
•33 Land- Amman. La même en ;fe dit être
3, aufli promife parles autres Cantons, qui
3. ont part au Thourgavv , & cela doit
3, être compris dans ceite paix, Et pour les
3, autres articles & griefs des Thourgo-
3, viens, les autres Cantons Nous promet-
3, troi;t à nous les deux Villes de Zurich
3, & de Berne, d'examiner ces chofes de
3, concert avec Nous à la première Diète,
,, Tans aucun renvoi ni délai , & de leur
3, adoucir & de régler leurs griefs, félon
,, le droit & l'équité, de la manière qu'on
5, en pourra convenir.
XVII. S'^'on jurera &: confirmera ince.^
3, famment nôtre Alliance, ( ou Conféde-
3, ration,) comme on l'a pratiqué d ancien-
3, neté , conjointement avec la convention
3, de stantz, , & cette paix Naionnale >
„ qu'on vient de conclurre. «
Et pour conclulion de la chofe, par le
3, préfent Traité, cette aigreur & inimitié,
„animoiïté, divifion, & troubles} &:ccqui
33 s'eft paflé entre les fufdices Parties, leurs
Allie*
5 44 Pièces Justificatives
ai Alliez, Adhérans Se Partifans, fans- aa-
• ,, cune exception ni referve, &tous les
„ difeours qu'auroient pu tenir des Corn-
„ munautez ou des perfonnes feules, foit
3, que cela regarde une Ville , un pavs ,
des Minières , ou d'autres perfonnes
particulières , toutes ces chofes devront
0 être pardonnées & quittées , en forte
3, aller & venir, Se négocier, îfoit dans
a, les Villes , foit à la Campagne, lesur.s
3, parmi les autres , en toute liberté Se fu-
5, reté , fans être inquiété , puni ou mo-
lefté, pour ces fortes de difeours qui ont
>> été tenus; Se qu'en tout tems à l'avenir
o ils perfévéreront & vivront en bonne
3> amitié & en bon voifîns» comme il con-
3, vient à de bons Alliez SuhTes. En par-
ticulier aucun SuiiTe ne doit fe mettre
>,dans quelque parti contre d'autres , ni
3» prendre la marque ou la Livrée d'une
faclion, Se fur-tout 'aucune partie ne
doit tourner en mal ce que l'autre aura
3, fait en ces occafîons , ni_ en rappeller
, , le fouvenir , car cette affaire Se cette
3, inimitié ne doit abfolument porter au-
cun préjudice ni dommage à aucune par-
„ tie en fon honneur Se fa réputation , en
,2 aucune manière , ni par aucun endroit.
Et après que Nous les fufmeniionnez
3, Arbitres Se Médiateurs amiables avons
montré les fufdits Articles » moyens 8c
3, convenans à toutes les Parties nommées
3,ci-deiTus, aux Capitaines, aux Bande-
,,rets , aux Enfeigncs , aux Confeillers ,
„ aux Chefs de bandes Se à toutes leurs
Troupes affemblées ; Se les avons fait
lire devant Eux , de mot a mot , ils
„ ont accepté avec remerciement tous les
3, Articles écrits ci- deifus 3 tant en général
côtés on puiife par tout
qu'en
pour le Tome IL 545
3, qu'en particulier, pour leurs Seigneurs 1 p
3» & Supérieurs, & aufii pour Eux-mêmes, *
o pour les garder, cbferver, &: s'y con-
„ former entièrement , comme aufli ils fe
3> font engagez à tout cela & l'ont voué
33 & promis » fîncérement en gens d'hon*
3> n'eur, fidèlement & (ans fraude»
Et d'autant que, faute de parchemin,
33 & pour d'autres inconvéniens on ne
33 peut pas maintenant dreffer dans le
„ Camp les Actes Originauz ; Nous les
3, Arbitres, Nous avons établi quelques-
3» uns d'entre Nous , pour aller à Bade
>, avec un Secrétaire, avec ordre de n'en
3, point partir » que les Actes Originaux
3, n'ayent été drefTcz, conformément aux
3, Copies & fcellcz de ces Arbitres déie-
3, guez, au nom de Nous tous , & qu'en-
lùite ce Secrétaire ira par tout où il faut,
3, dans les VI. Villes, &: auffi chez les V.
3, Cantons, & fera attacher le grand Seau
33 de chaque Canton 8c 1-ays à ces Actes,
3, & enfuite les remettra aux Parties; &
1, qu'il n'y aura aucun délai dans cette
», affaire. Et afin que la chofe foit »ainfî
,,obfervée fermement & avec certitude,
3, Nous les fufnommez Arbitres , Jean
33 &hlt Amman de Glaris » Jaques Frey-
„ bourger , Pierre Hebolt , ancien Avoyer
3, de Soleurre , GtMdtntiMt De c^ftelmcur
,., Bailli f de Eurftenavv , Nous avons, pour
,, ferme témoignage , appliqué nos pro-
près féaux &c cachets , pour nous &
„pour nos autres Collègues kifnommez,
a ces deux écrits . qui font mot pour
mot, de la même teneur. Et pour
„ plus grande fureté & véritable connr-
mation de toutes les chofes &: Articles
„ écrits ci deflus » Nous l'Amman» > le
A a Con-
546 Pièces Juftîficatives Sec.
I $2Q.5' Confeil Se toute h Communauté de Li
" Ville de Zoug 3 nous avons auffi fait
3J appliquer à ces Lettres le feau de nôtre
5, Ville , & de nôtre Quartier commun
3) de Zou» , tant pour nous-mêmes, que
3, pour & au nom des 4. Cantons fuf-
3i nommez , Luc er ne, Uri, Schvvitz, , &
Underwald ; & enfuite les avons li-
3,vvez & remis entre les mains de nos
y, Féaux, Chers, Anciens Alliez &Con-
3, fédérez des Vl.Villes , de Zurich , Ber-
yi ne , Baie , S. Gai , Mullkoufe & Biertne.
3, Le Vendredi après le jour de S. ]ean
5, Baptifte l'an après la naiflance de]ESUS-
Christ nôtre Sauveur 1^29.
Fin des Pièces Juftîficatives
du Tom. II,
ER
ERRATA,
Changemens & Additions four
le Tome IL
Pag. 5. & les fui vantes jufqu'àla 16.
inclus? an lieu de 1528. au haut
de la marge lifez 1517.
Pag. 7. lig. 11. après S. Martin ajou-
tez de l'an 1527.
pag. 14. lig. 17. des Députés tf/flfcles
Députés.
pag. 13. lig. 1$. 8c Ton où Ton.
pag. 24. /y. 15. Se 16. prémier lifez
émt-
pag. 98. lig* 16. Rom. lifez Philipp.
pag. 145. lig. p. que //Tjjyç parce que.
pag. 153./^. ip.Vernon ///f? Veron.
/M£.2ôo. dernière fainte tf/f* faine.
221. % 14. FUNDATOR
CONDITOR.
272. lig. 1. arriva ///fS envoya.
pag. 310. //£. 13. Comtes Com-
tez.
pag. 31p. 15. après Ncufchatel
ajoutez qui étoit de Fribourg.
331. lig. penult. vu de la
fondation effacez ces mots , & les
portés en notte pur citation > au
b.ts de la page,
pag* H?** à la Citation MSC, lifez
Ma-
Manuel ; on donne ce nom en ■ Smffç
aux Regîtres des Confcils & des 7u-
bunaux^ ïl y a la même faute aux
pages fûivantes 333. 3 3.5... & 3 3 8 .
M?- 3 37- %-2 8. après qualité ajoutez
on le lui refu/à.
369. 22. ^reç pour eux.
fMf 4' 3. 22. & 23. deux cent
hommes itfez les gens.
Au bas note b. 1. c. ajoutez p.
30. a.
pag. 437. 14. les li fez le.
43 9- S. par ///ês pas.