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HISTOIRE
DE L'ART
PENDANT LA RÉVOLUTION
CONSIDÉRÉ PRINCIPALEMENT DANS LES ESTAMPES
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JULES RENOUVIER
SUIVI D'UNE ÉTUDE DU MÊME SUR ^J.-B. GREUZE
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HISTOIRE DE L'ART
PENDANT LA RÉVOLUTION
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HISTOIRE
DE L'ART
PENDANT LA RÉVOLUTION
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Tons droits résenrés.
I
NOTICE
5011
M. JULES RENOUVIER,
Lorsque M. Renouvier fit son dernier voyage à Paris, dans l'été
de 1860, les amis de son âge qu'il était venu revoir, ceux plus
jeunes dont il aimait aussi à s'entourer, l'avaient retrouvé tou-
jours plus ardent à l'étude et à la recherche. Ne voulant plus se
souvenir du beau livre dont il venait à peine de terminer l'im-
pression, et trouvant qu'il n'avait rien fait tant qu'il lui restait
encore quelque chose à faire, il était tout entier à l'ouvrage qu'il
allait terminer, à celui qu'il préparait pour l'avenir. Quand il est
reparti pour retourner à Montpellier, où il habitait, il se réjouis-
sait d'aller reprendre la plume et continuer le travail dont la
rédaction avait été interrompue par son voyage annuel. C'est à la
mort qu'il est allé. A son arrivée, il a été enlevé par une maladie
aussi rapide que soudaine, et, peu de jours après lui avoir serré
la main, après s'être entretenus avec lui de ses projets et de ses
études, après lui avoir dit au revoir, ses amis ont appris par les
journaux que cet homme tout à l'heure plein de vie était tombé
subitement, et que cette rare intelligence, qui n'avait jamais été
ni plus vive ni plus ferme, serait muette désormais.
La mort d'un honnête homme qui disparaît avant le temps
est toujours regrettable et douloureuse, mais ici la perte ne
VI NOTICE
demeure pas restreinte au cercle privé de la famille; elle en sort
pour devenir publique, car il a péri avec M. Renouvier tout un
trésor d'érudition et de pensées, qui ne sera pas reformé. Il est
donc naturel que sur le coup, et par là sans prétendre parler de
lui complètement, dans cette Revue^ consacrée aux études qui ont
été le meilleur de sa vie, dans \^' Gazette des BeauohArts, qui s'est
honorée de l'avoir au nombre de ses collaborateurs et pour
laquelle il a écrit les dernièri^s pages qui soient sorties de sa
plume, on prenne la parole pour lui rendre la justice qui lui
est due, et pour dire au public, qui ne te sait pas encore assez,
ce qu'était M. Renouvier, et ce quMl a fait pour l'histoire de
l'Art.
11 est mort à Montpellier le 22 septembre 1860; il y était né le
13 décembre 180!|. Ce n'est qu'à trente ans, après une jeunesse
riche de lectures, partagées entre la philosophie, l'histoire et la
poésie, qu'il publia ses deux premiers essais, l'un anonyme, con-
sacré aux vieilles maisons de sa ville natale, l'autre à deux
manuscrits des Archives de la commune de Montpellier. Si peu
importants qu'ils soient comme volume, ils marquent déjà le$
premiers pas de sa voie et montrent en germe des qualités d'es^
prit qui ont toujours progressé, et dont on n'a certainement pas
eu le dernier développement.
Bientôt après, ou pour mieux dire la même année, en 1835, il
commença une publication archéologique et historique sur les
monuments de quelques ancieps diocèses du bas Languedoc. Cet
ouvrage, qui est accompagné de lithographies dues à Fhabile
crayon de son ami M. J.-B. Laurens, l'occupa plusieurs années, de
i835 à 1841 • En même temps le Bulletin monumental, organe de
la Société française d'Archéologie, que M. de Caumont venait de
fonder et dont M* Renouvier a été l'un des premiers inspecteurs
divisionnaires, s'enrichissait de quelques études sur le Midi, qui
i. Cette notice et la bibliographie qui la suit ont d*abord paru dans la
Gazette des BeauoD-ArtSf tome VIII, numéros du 15 octobre 1860, p. 103-111, et
du 15 novembre, p. 351-254; en les réimprimant aujourd'hui, Il n*y a été fait
d'autres cb&OKem«Qti que quelques reotiOeatiens mfttérif U«s.
SUR M. JULES RENOUVIER. vu
ne rentraient pas dans le cadre de son grand ouvrage, et Ton y
peut aller chercher le récit d'une excursion monumentale dans
les vallées des Pyrénées, un essai de classification des églises
d'Auvergne, et un tableau rapide de la peinture sur verre et sur
mur dans le midi de la France.
Tous ces travaux témoignent de la plus sérieuse intelligence
de l'art ogival, malgré la gêne qu'apportait au développement
d'idées générales sur cette matière la nature même des monu-
ments que l'auteur étudiait. Ils ne sont pas, en effet, dans le
vrai courant de l'architecture française; moins hardis, moins
franchement nouveaux parce que les ruines des idées et des mo-
numents antiques restent debout autour d'eux, ils ne suivent
le mouvement artistique du Nord qu'à regret, avec retard,
sans lui rien apporter; ils en ont subi l'influence à contre-cœur,
et ils n'ont pas réussi à en prendre sur lui. L'étude de ces mo-
numents n'est pas un chapitre, c'est un appendice de cette
grande histoire, et il fallait, pour écrire ce complément et pour
bien marquer la différence des caractères et la lutte des deux es-
prits, un homme à qui des études complètes permissent de voir
ce que cet antagonisme persistant avait été contraint d'accepter
de l'art du Nord» né dans le domaine royal, et un homme en
même temps qui dût à sa naissance et à son séjour dans le Midi
la compréhension et la familiarité de cette forme particulière de
l'art gothique.
M. Renouvier ne se borna pas à montrer seulement dans le
Languedoc les traces de l'envahissement de la nouvelle architec-
ture française d'outre-Loire; dans un voyage fait en 1839, son
esprit philosophique poursuivit la même idée sur un autre sol,
encore plus méridional, et ses Notes sur les monuments gothi-
ques de quatre villes italiennes, Florence, Pise, Rome et Naples,
publiées en iSk^ dans le Bulletin monumental, sont inspirées par
ce sentiment, vraiment critique, de la fécondité des comparaisons.
C'est même peut-être, de tous ses premiers ouvrages, le plus inté-
ressant et le plus heureux. La justesse naturelle et sévèrement
ingénieuse du coup d'œil^ la réunion des détails en groupes et la
VIII NOTICE
conclusion du fait à Tidée se remarquent dans cet opuscule, dont
la brièveté relative, dégageant ses observations et ses conclusions
de tout ce qui leur est en réalité étranger, est encore aiguisée
par une forme courte, claire, pleine de traits : sans courir après
un éclat factice, elle donne à la succession des faits exposés et à
ridée qui en résulte une concision nette, qui réunit la force et la
sûreté.
Aussi est-ce le livre qu'il faut citer, à cause de son intérêt plus
général, comme le plus heureux des ouvrages de M. Renouvier
pendant cette première période, qui se caractérise bien nette-
ment par une préoccupation plus grande de TArchitecture. Outre
le mouvement d'idées qui se faisait alors dans ce sens, et auquel
il apportait autre chose que des pierres, son esprit était naturel-
lement porté à s'attacher d'abord à cette forme de l'art ; par
ses conditions de besoin public, de dépenses générales, de lon-
gueur de temps comme construction, de réunion d'hommes
comme ouvriers, elle paraissait à son esprit synthétique la plus
sociale des manifestations intellectuelles et la plus riche en ensei-
gnements sur le génie et les transformations d'un peuple.
Cette étude le mena insensiblement à descendre de l'idée aux
ouvriers et de l'édifice aux artistes, et le travail de cette nouvelle
période se caractérise par le livre des Maîtres de pierre et autres
Artistes gothiques de Montpellier, qu'il publia en 18H» avec
M. Ricard, dans les Mémoires de la Société archéologique de
cette ville ^ La recherche, la découverte et la publication des
documents, dont le texte forme la moitié de ce volume, sont, je
crois, dues surtout à M. Ricard, en même temps que la préface
est plus particulièrement l'œuvre de M. Renouvier. Depuis cette
époque les efforts de travailleurs dévoués n'ont pas cessé d'exhu-
1. M. Renouyier était, depuis le 19 Juin 1838, membre correspondant de la
Société des Antiquaires de France. l\ a été aussi, dès l'origine, c'est-à-dire en
1837, correspondant du premier Comité des Arts et des Monuifients, établi au
ministère de Tlnstruction publique; son nom est encore compris dans Tarrété
de M. de Crouseilhes, du 25 octobre 1851 ; il a dijiparu de la nouvelle liste^
donnée par M. Fortoul le 12 novembre 1852.
SUR M. JULES RENOUVIER. ix
mer et de mettre au jour des pièces de ce genre ; mais, comme
presque tous ont surtout publié des documents épars et sans
rapport entre eux, aucun de leurs livres n'a peut-être l'importance
et la solidité de celui-ci, dont l'ensemble présente une liaison et
une suite presque impossibles, mais toujours désirables dans des
ouvrages de cette nature.
A la suite de ce grand travail, où, tout en voulant n'être qu'un
analyseur et un annotateur exact, M. Renouvier a naturellement
trouvé lieu à l'exposition de plus d'une idée, il fît parattre plu-
sieurs notices plus ou moins courtes, et parmi elles je remar-
querai seulement ses idées pour une classification générale des
monuments; elles témoignent en effet que si, pour être plus
complet, il se restreignait souvent à des points spéciaux, c'était
volontairement et non par impuissance, et que, pour les traiter,
son esprit s'appuyait toujours sur la familiarité des questions les
plus hautes et les plus générales. Mais, à cette époque, la vie
laborieuse de M. Renouvier, qui s'était déjà mêlé à la politique,
fut un moment interrompue par les événements.
La Révolution de 18/»8 avait éclaté, et M. Renouvier, chez qui
l'esprit, l'éducation et les éludes philosophiques avaient déve-
loppé les tendances libérales, que, d'un autre côté, sa valeur per-
sonnelle, son honorabilité et l'estime de sa ville désignaient natu-
rellement, fut d'abord Commissaire du Gouvernement pjrovisoire
et ensuite Député à l'Assemblée. Il ne faillit pas à sa tâche, et il
l'accomplit, comme il faisait toutes choses, avec dévouement,
avec simplicité et avec une profonde honnêteté. Nous n'avons pas
à le suivre sur ce terrain, qui n'est pas du domaine de la critique
artistique ; ici , nous avons à dire seulement qu'à l'heure de la
retraite il put quitter la vie politique, la tête haute, avec la con-
science d'avoir fait ce qu'il avait dû ; aussi, malgré Tinaccomplis-
sement de ses désirs, malgré le sentiment que son pays n'était pas
encore mûr pour ce qu'il considérait toujours comme Tavenir et le
but, ce fut, sinon sans regrets, au moins sans mauvais sentiments,
sans fanfaronnades, sans colères et sans aigreur qu'il vint repren-
dre cette obscurité heureuse de sa vie privée , un moment trou-
X NOTICE
hlée par des devoirs plus impérieux, et, comme le soldat romain
qui, après la défaite ou la victoire, retournait à sa charrue, il ne
tarda pas à revenir labourer de nouveau le champ qu*il s'était
marqué, pour y faire mûrir encore une nouvelle moisson.
Elle fut riche, car le livre qu'il fit ensuite est le plus important
de tous ceux qu'il ait produits. La visée s'était agrandie en même
temps que son expérience, et ce qu'il tenta, ce qui l'occupa de
longues années, ce fut un tableau critique des origines et des
phases de la Gravure, en Italie, en France, en Allemagne et dans
les Flandres, depuis les premiers essais jusqu'au milieu du XVH^
siècle, c'est-à-dire jusqu'au triomphe du métier sur l'Art. Les
Types et manières des Maîtres graveurs parurent, de 1853 à 1856,
dans les Mémoires de l'Académie de Montpellier*, plus particuliè-
rement tournée du côté des sciences, et à laquelle par là même
il faut faire d'autant plus d'honneur d'avoir accueilli et d'avoir
donné au public un travail aussi important et aussi nouveau.
Jusque-là il n'y avait aucune philosophie, presque aucune criti-
que dans l'histoire de la Gravure. Des dictionnaires inachevés,
des catalogues incolores, des monographies matérielles et en
apparence trop développées, parce qu'elles sont en trop petit
nombre, un commencement incomplet d'inventaire, dont les par-
.ties tentées sont de plus remplies d'erreurs, de contradictions et
d'ignorances, — voilà ce que présentaient à peu près les travaux
antérieurs sur l'histoire de la Gravure.
Un seul homme au XVIII* siècle était capable de l'entreprendre;
mais le savant et laborieux Mariette, que M. Renouvier a suivi
plus d'une fois, avait passé toute sa vie à s'y préparer sans la
commencer jamais. M. Renouvier s'est tenu volontairement aux
lignes générales, aux appréciations d'ensemble, qui donnent le
cadre et la place des détails. 11 a étudié, il a compris, il a expli-
qué les origines et les causes ; il a noté les influences et les filia-
tions des époques, des pays et des hommes ; il a formé les grou-
pes, il a donné les caractères et les motifs des progrès et des
i. M, Renouvier en faisait partie depuis sa fondation.
1
SUR M. JULES RENOUVIER. xi
différences. L'estampe, pour lui, n*est pas un morceau de cuivre^
mordu ou taillé, dont l'épreuve est pour le marchand plus ou
moins chère, et pour Tamateur plus ou moins rare, et qui devient
ainsi un objet de commerce et de vanité beaucoup plutôt qu'une
chose belle ou curieuse. Elle est pour M. Renouvier une manifes-
tation dont il cherche le sens et la raison ; il jouit de sa beauté,
quand la beauté s'y rencontre, et il y était plus sensible qu'aucun
autre, mais il sait et il fait lire dans toutes ; il en traduit la lan-
gue, il en déduit les antécédents et les conséquences ; il met
Tordre de la logique et de la vérité dans ces feuilles éparses,
qui n'avaient été que rassemblées, sans être distinguées comme
il convenait. Ce n'est pas un catalogue qu'il a fait, c'est un
livre. Ce n'est pas matériellement qu'il décrit : il comprend et
il fait comprendre, il juge et il classe; au lieu de voir seule-
ment, il étudie et il. conclut. Ce ne sont ni des notes ni des
matériaux ; c'est presque une histoire dans le sens élevé du mot.
Je le répète, c'est l'œuvre capitale de M. Renouvier, et une
œuvre qui restera; mais il était le seul qui n'en fût pas content.
Le long temps qu'il mit forcément à la publier lui montra des
défauts, des lacunes, des erreurs môme dans la première partie,
et il se détermina résolument à la tenir pour non avenue et à la
refaire. Sa fortune, qui lui donnait l'indépendance de son temps,
lui permettait aussi d'employer chaque année plusieurs mois à
des voyages et à des séjours pendant lesquels il n'écrivait jamais,
mais qu'il consacrait tout entiers à voir, à comparer, a vérifier,
à amasser des notes et des impressions, qu'il remportait à son
foyer pour les coordonner et les mettre en œuvre, après les avoir
soumises à l'épreuve d'une sévère critique. C'est à ces voyages et
à ces travaux féconds que nous devons le dernier livre qu'il ait
publié, V Histoire de l'origine et des progrès de la Gravure dans les
Pays-Bas et en Allemagne jusqu'à la fin du XV* siècle. Les ténè-
bres et l'aridité du sujet, la nécessité d'insister sur les détails
matériels de l'érudition, et de laisser subsister dans le travail
déûnitif les traces de l'échafaudage, le rendent forcément moins
vif, moins harmonieux et moins généralement accessible que ses
XII NOTICE
Types et manières ; mais la valeur et la nouveauté n'en sont pas
moindres. II suffit d'ailleurs de rappeler que, TAcadémie de
Bruxelles ayant précisément proposé ce sujet pendant que M. Re-
nouviers'en occupait, il envoya son travail au concours. Les pro-
grammes académiques ont rarement le bonheur d'être traités
par un homme aussi remarquable et aussi fortement préparé ;
aussi l'Académie de Bruxelles ne manqua pas de lui donner le
prix, et c'est elle qui a eu l'honneur d'imprimer le livre.
Pour M. Renouvier, ce n'était que la moitié de la question ; il
avait en môme temps étudié la même histoire en Italie et en
France, et il allait se mettre à l'écrire quand, comme je l'ai dit,
au retour d'un séjour à Paris, où il était venu prendre ses der-
nières notes, une fièvre pernicieuse, que rien ne faisait prévoir,
l'a emporté tout à coup. Il avait cinquante-six ans, l'âge de la
pleine force de l'esprit pour un homme qui a vécu honnêtement
et intellectuellement, l'âge où il est maître comme jamais de sa
pensée et de sa forme, l'âge où ses qualités naturelles se sont
accrues de toutes les puissances de la maturité et de l'étude.
Il est inutile d'augmenter les regrets en parlant des questions
qu'il était indiqué pour élucider, et où pas un autre ne le peut
remplacer; mais, si sa force est maintenant perdue, s'il a mal-
heureusement disparu, c*est le moment de donner une nouvelle
vie à ce qui nous reste de lui. Sa famille et ses amis doivent à
son mérite et à sa mémoire de réunir et de publier en corps ses
dissertations éparses, de faire pour le public un volume de ses
Types et manières, dont les quatre fascicules in-4® sont déjà diffi-
ciles à réunir et incommodes à lire et à consulter, à cause de
leur format et aussi de l'absence des tables nécessaires, la seule
chQ3e qui leur manque et la seule qu'un autre que lui puisse se
permettre d'y ajouter. Ses œuvres ne sont encore connues que du
petit nombre; elles méritent d'arriver au vrai public, qui ne
peut en jouir dans leur état de dispersion actuelle et de rareté.
Son père, qui lui survit, son frère, dont on connaît les travaux
philosophiques, ses neveux, d'autres amis encore, sont en état
de lui rendre ce pieux et dernier service.
SUR M. JULES RENOUVIER. xiii
Ils peuvent peut-être bien plus. M. Renouvier devait publier
cet hiver, pour faire pendant à son Antoine Vérard, une étude
sur Jean Perréal, d'après des documents nouveaux qui lui avaient
^té communiqués par M. RoUe, l'archiviste adjoint de Lyon.
Gomme les quelques bois qui devaient illustrer cette plaquette
étaient déjà faits, il se peut que le travail ait été rédigé *. Peut-
être ne trouvera-t-on, dans les papiers de M. Renouvier, que des
notes pour son HUtoire de la Gravure en France et en Italù au
XY^ siècle*; mais il avait terminé, sinon toujours écrit définiti-
vement , un autre grand ouvrage dont il s'occupait depuis long-
temps. Pour se rapporter à l'époque qui forme le passage du
XVIII* au XIX^ siècle, il n'en serait pas moins tout à fait nouveau,
et le travail sur Prud'hon , qui a été couronné par la Société de
la Gôte-d'Or, n'est qu'un fragment détaché de cette grande étude,
sans avoir eu pour cause le concours.
H ne s'agit de rien moins que de l'art pendant la période révo-
lutionnaire, de ce qu'il a été alors, de ce qu'il voulait être, de ce
que la première République en a fait et voulait en faire. M. Re-
nouvier croyait que, comme tous les temps de troubles trempent
en quelque sorte la génération qui viendra après eux, c'est la
Révolution qui a vraiment renouvelé l'art français et qui a donné
ses artistes à l'Empire, de même que les troubles civils de la fin
du XVI* siècle et le règne de Richelieu ont donné les siens au
1. n a para depuis chez Aubry.
2. Les Origines de la Gravure en France, le Vérard, le GeoflEroy Tory, le
Jean de Paris, et deux notices, qui vont paraître, sur les Gravures en bois
dans les Heures de Simon Vostre, et sur les Portraits d'auteurs dans les livres
du XV* siècle, étaient autant de chapitres, écrits à part et à l'avance, pour être
ensuite remaniés et répandus dans cet ouvrage. Les notes de celui-ci existent,
mais seulement les notes, disjecti menibra pœtœ, et nul autre que M. Renou-
vier Ini-mème ne les peut mettre en œuvre; ce n'est pas seulement la
forme qui manque, mais bien plus encore le plan, le point de départ, la
marche, les développements, les retours et les conclusions de sa pensée. Tout
était dans sa tête, et, si tant est que quelqu'un , en repassant partout où il avait
passé, en revoyant tout ce qu'il avait vu, puisse faire un Uvre avec les maté-
riaux qu'U a laissés, ce serait un autre Uvre que celui de Renouvier.
XIV NOTICE
grand roi. £a même temps il faisait voir que rÂUégorie n'a, dans
l'art révolutionnaire, une si grande place que grâce à son abstrac-
tion, à la fois philosophique et visible, qui y prenait une impor-
tance religieuse et se substituait à tout l'ensemble des représen-
tations hiératiques supprimées par les idées nouvelles, et par là
que c'est Prud'hon, plus que David, qui est le vrai peintre de
l'idée révolutionnaire. On voit quel intérêt le développement de
ces vues premières et incomplètes peut recevoir de la plume de
M. Renouvier, et personne, en reprenant la question, ne peut
prétendre à la traiter comme lui.
Car sa pensée, et c'est là son caractère principal^ avait une
force d'individualité et une nouveauté féconde*, qui, dans la cri-
tique, le mettent et le maintiendront parmi les premiers de ceux
qui se sont, de notre temps et dans notre pays, occupés de l'his-
toire de l'Art. Beaucoup y ont apporté un beau talent, une vive
compréhension des chefs-d'œuvre, une valeur de forme, et par là
une utilité de vulgarisation, qui les rendent plus que recomman-
dables ; mais ils ne peuvent être rapprochés de M. Renouvier,
parce qu'il leur manque cette nouveauté de vues en même temps
que cette largeur, ajoutées à son esprit par la critique et par
l'érudition. Dans le même sens que lui il n'y a vraiment eu que
trois hommes, doués de qualités diverses, mais qui, comme lui,
ont ouvert des routes nouvelles et en ont si bien planté les jalons
que ceux qui s'y engagent n'ont plus qu'à les suivre, pour aller
peut-être plus loin, mais sans faire oublier ceux qui tes ont tra-
cées les premiers. Ces trois hommes, on les a nommés; ce sont :
Émeric David, qui, sans parler de son Histoire de la Peinture au
moyen âge, a créé l'histoire de la Sculpture française de façon
qu'on n'ait plus qu'à le compléter et qu'à le rectifier; M. Léon
de Laborde, qui, par les pointes hardies et incessantes de son
infatigable et intelligente curiosité, a fait plus que personne pour
la connaissance des arts et des artistes des XV® et XVI*» siècles ;
et M. Viollet-Le-Duc, qui a fait sortir les origiûes et le dévelop-
penient de l'art ogival de l'énumération empirique de faits par-
ticuliers, acGumulés^ presque aiu hasard, pour en faire un eopps
I
SUR M. JULES RBNOUVIËR. \\
de doctrine et lui donner le caractère de la science* Tous trois
doivent beaucoup à leurs devanciers; ouiis, ce qui est le point
vraiment capital, ils ont fait un pas décisif d^ns la voie qu'ils
ont choisie. C'est aussi ce qu'a fait M. R^aouvier, et c'est pour
cela qu'il fallait rapprocher ces quatre noms, parce que tous les
quatre, à notre sens, ont le droit d'être proposés comme guides
•et comme exemples.
Mais, pour en revenir à M. Renouvier, s'il peut toujours se
produire une intelligence égale, la sienne ne sera pas remplacée.
Qui réunirait, en effet, des qualités aussi diverses? il sentait vite
et il jugeait lentement ; il voyait juste et il se déliait de lui-même ;
il avait l'instinct et la science^ la modestie et la fermeté ; il était
ardent et contenu; il concevait rapidement et il mûrissait sa
pensée; il avait le sens droit, la sagacité ingénieuse, la critique
sûre, la discussion loyale, l'exposition claire^ nette et précise. 11
apprenait .toujours, parce qu'il ne croyait jamais savoir ce qu'il
ignorait; il commençait par se préoccuper des détails avec une
patience étrange pour un homme qui, une fois qu'il les possédait,
les noyait dans une forme aussi courte que substantielle ; il n'avait
jamais de théories préconçues pour fausser ses observations ; il
étudiait d'abord, il voyait ce qui était, et c'était de ces impres-
sions sincères et répétées, de ces idées particulières et succes-
sives, qu'il arrivait à une idée générale, et il ne l'acceptait pas
sans l'éprouver encore, car, dans le premier travail, il ne donnait
rien au hasard. C'était lentement qu'il préparait, mais, à un
moment donné, tout était prêt et à sa place ; il avait tout à sa
main, et, comme il savait ce qu'il voulait dire et ne disait rien
que ce qu'il voulait, l'œuvre, ainsi mûrie à loisir, s'écrivait rapi-
dement. C'est ce qui donne à son style la vivacité pittoresque, la
franchise du trait, la souplesse et la variété d'allure, et aussi la
légère et piquante bizarrerie qu'on y remarque parfois. Sa plume,
et avec raison, ne reculait, ni devant un mot nouveau, ni devant
une incorrection apparente, ni devant une concision trop ellipti-
que; mais c'est toujours pour mieux frapper l'idée, pour mieux
rendre ce qu'elle devait mettre en lumière, tout en gardant une
XVI NOTICE SUR M. JULES RENOUVIER.
suprême justesse d'expression. Il faut avoir des connaissances
réelles pour se plaire aux Types et manières des Maîtres gravev/rs,
pour profiter de tout ce que ce beau livre renferme de nouveau
et d'excellent, pour voir surtout à quel degré la forme y est le juste
vêtement de la pensée; mais si, comme toutes Içs œuvres pleines
et sérieuses, les Types et manières ont besoin d'être étudiés et
repris, s'ils se refusent à être feuilletés, ils payent largement le'
soin qu'on doit prendre pour en avoir la complète intelligence.
C'est un vrai livre, ce qui est plus rare qu'on ne croit; il est
écrit, et non-seulement il pense, mais il fait penser. Dans un
autre sens, VHistoire de VArt pendant la Révolution est aussi un
livre. M. Renouvier n'est donc pas mort tout entier, puisqu'il
laisse derrière lui des œuvres assez complètes pour mériter de
fixer dans le souvenir la trace de son passage et de ses efforts.
Anatole de Momtaiglon.
Octobre ItMO.
LISTE
BIBLIOGRAPHIQUE ET CHHONOLOGIQUK
DES OUVRAGES ET DES OPUSCULES
DK
M. JULES RENOUVIER.
Des vieilles Maisons de Montpellier. Montpellier, de Timprimerie
de Jean Martel aîné. 1835, in-8° de 21 p., avec deux lithogra-
phies de M. Laurens.
Opuscule anonyme; réimprimé, sans planches, dans le n« i des Mémoires de
la Société archéologique de Montpellier, 1835, in-4o, p. 37-49.
Notice sur deux manuscrits des Archives de la Commune de
Montpellier. Montpellier, M« veuve Picot, juin 1835, in-8° de
31 pages.
La note explicative est signée J. R. Cette notice se rapporte à des recueils
de chartes, publiés depuis par les soins de la Société archéologique de Mont-
pelUer. — La couverture porte Tadresse de Merklein, à Paris.
Monuments de quelques anciens diocèses du Bas Languedoc, ex-
pliqués dans leur histoire et leur architecture par M. J. Renou-
vier, dessinés d'après nature et lithographies par J.-B. Laurens.
Montpellier, in-4°, 1835-1841.
Cet ouvrage, imprimé d'abord chez madame veuve Picot, et depuis 1838 par
Boehm, a paru successivement, de la manière suivante : i'* livraison, 1835,
b
XVIII OUVRAGES ET OPUSCULES
Abbaye de Valmagne, 16 pages et 8 lith. : 2* Livraison^ 1836^ Eglise de Mague-
lone, 48 pages et 6 lith.; 3« livraison^ 1837, Abbaye de Saint-Guillem-du-Dé-
sert^ 40 pages et 15 lith.; 4« livraison, 1838, deux Monastères de femmes, le
Vignogoul et Saint-Félix-de-Montseau, 24 pages et 7 lith.; 5* livraison, Église
dcLodève et Prieuré conventuel de Saint-Michel-de-Grandmont, 1840, 32 pages
et 7 lith.; 6" livraison, Abbaye de Vallemagne et Prieuré de Rèdes, 1841,
24 pages et 8 lithographies. L'introduction, de viii pages, a p u u en 1840.
Cet ouvrage, qui devait avoir 12 livraisons et qui n'a été tiré qu*à 100 exem-
plaires, est très-difficile à trouver complet. Il faut y ajouter l'opuscule suivant,
qui en forme comme le complément :
Monuments divers pris dans les anciens diocèses du Bas
Languedoc, Montpellier, 18[il, in-/»^, 20 pag. et 8 lithog.
Anciennes églises du département de l'Hérault, in-i« (1836-1839).
Publié dans les Mémoires de la Société archéologique de Montpellier, en
deux parties : la première dans le n" 2, 1836, p. 83-118 avec 2 pi.; la seconde
dans le n» 7, 1838, p. 321-48 avec 3 pi.
Excursion monumentale dans les Pyrénées, vallées d'Ossau et de
Lavedan. (1837.)
Dans le Bulletin monumental de M. de Caumont, tome III, in-S» p. 19^.
Essai de classification des églises d'Auvergne, in-8<> d'une feuille
3/4. Caen, Hardel (1837).
Extrait du BtUletin monumental, tome III, 1837, n» 7, p. 375-398.
Notice sur la Peinture, sur verre et sur mur, dans le Midi de la
France. (1839.)
BiHletin monumental, tome V, p. 416-24.
A ces trois opuscules Tarticle de M. Quérard, France littéraire, tome XII,
p. 152-4, et la bibliographie de M. Duplessis, semblent en ajouter un qua-
trième comme ayant paru dans le même recueil , sous ce titre : Du style ogival
et de son introduction dans le midi de la France. C'est une preuve de plus de
la facilité avec laquelle se produit, en bibliographie, une erreur qui, n'existant
dans la pensée de personne, échappe d'abord à la remarque et se répète une
fois commise. La note venait à M. Quérard de M. Renouvier lui-même , qui
avait ajouté ce titre général à ces trois travaux pour montrer la connexité de
jeurs sujets et de leur esprit. C'est l'imprimeur qui, par une simple dispo-
sition typographique, a créé un ouvrage, qui serait très-admissible, mais qui
n'existe pas.
I
DE M.JULES RENOUVIER. MX
Notes sur les monuments gothiques de quelques villes d*Itali^,
Pisç, Florence, Rome, Naples. (Août, septembre et octobre
1839.) Par M. Jules Renouvier, inspecteur divisionnaire des
Monuments historiques. Caen, Hardel, 1841, in-8° de 160 p.
Extrait du Bullelin monumental de M. de Gaurnoot, tome VII.
Sur. des fenêtres de la rue du Baile (à Montpellier), in-k^.
PubUé dans les Mémoires de la Société archéologique de Montpellier, n° 12,
1S42, p. 33-39 avec 1 pi.
Notice littéraire sur M. Ph. de Saint-Paul, in-4°.
Publié dans les Mémoires de la Société archéologique de Montpellier, n" 12,
1842, p. 41-54.
Note sur le bas-relief sculpté au tympan du portail de Téglise de
Guzargues (Hérault, canton de Castries).
Analysée dans le Bulletin du Comité des Monumettls, in-8°, tome II, séance
da23 février 1842, p. 139-41.
Cro(fuis sur le chapitre XXX*' du livre II® de Pantagruel. Trois
planches lithographiées chez Boehm.
Feuilleton signé J. R. dans le Courrier du Midi, journal de V Hérault,
1*2* année, n» 147, Jeudi 8 décembre 1842. Ce n'est qu'un article de journal,
mais plein de cœur et de charme sur les essais lithographies et dessinés d'un
Jeaoe homme, M. Ernest Lafontan , qui venait de mourir à Montpellier, à l'âge
de vingt-deux ans, le f4 septembre 1842. M. Renouvier a souvent écrit dans le
Courrier et dAUS l'Indépendant du ilfidt, jusqu'en 18i8, des articles d'actualités,
Boit politiques soit artistiques, tantôt signés, tantôt anonymes, tantôt sous des
pseudonymes divers; il n'y attachait lui-même aucune importance en dehors
du moment même, et il serait fort difficile d'en dresser la liste. J'ai voulu
seulement, pour ne pas les omettre complètement, citer celui que je con-
naissais, et cela d'autant plus qu'il se rapporte à des amitiés communes.
Ernest Lafontan, que M. Renouvier connut seulement lorsqu'il était allé essayer
de vivre à Montpellier, et pour lequel lui et sa famille avaient été les meilleurs
du monde, est l'ami d'enfance à la mémoire duquel M. de Chenneviëres, qui a
plus tard épousé l'une de ses sœurs, a dédié le premier volume de ses Peintres
provinciaux.
Des fonts baptismaux en plomb de Téglise de Vias, in-i°.
PubUé dans les Mémoires de la Société archéologique de Montpellier, n* 13,
1843, p. 120-34.
XX
OUVRAGES ET OPUSCULES
L'aliénation de ces fonts par le curé de Vias, Taffirmation de Tévèque de
Montpellier qa'il n'y a plus à s'en occuper parce qu'ils ont été fondus, et leur
acquisition par la Société archéologique de l'Hérault, sont l'objet de trois com-
munications analysées dans le Bulletin du Comité des Monuments, tome n,
séance du 9 février 1842, p. 84*6 ; du 27 avril, p. 285 ; du 10 mai 1843, p. 625-7.
Raphaël ou Ghirlandajo.
Article sur un portrait du Musée Fabre , à Montpellier, publié dans le pre-
mier numéro de la Revue du Midi, Montpellier, Gras, in-8<*, l'« série, 1843,
tome I, p. 83-89.
Études, mœurs et modes archéologiques.
Article publié dans le troisième numéro de la Revue du Midi, i^ série, 1843,
tome I, p. 181-199.
Des Maîtres de pierre et des autres artistes gothiques de Mont-
pellier, par J. Renouvier et Ad. Ricard. Montpellier, Jean Mar-
tel aîné. 1844, in-i** de 220 p. avec une planche.
Introduction^ pages 1-103. Documents, pages 104-206. Glossaire, 207-220.
Publié d*abord comme le n° 14 des Mémoires de la Société archéologiqfM de
Montpellier.
Idées pour une classification générale des monuments, par
M. J. Renouvier. Montpellier, Boehm, 1817, in-i° de 30 p.
Extrait des Mémoires de l'Académie de Montpellier, tome I, p. 91-118.
Rapport sur le chapitre du Ministère de l'Intérieur, relatif aux
Musées Nationaux. Paris, de l'Imprimerie de l'Assemblée con-
stituante, 1848, in-4«» de 20 p.
On en peut voir la discussion dans le Moniteur, séance du mercredi 22 no-
yembre, numéro du 23, p. 3308-10, et aussi, p. 3201, le Rapport de M. Renou-
vier, au nom du Comité de l'Intérieur, tendant à proroger, jusqu'à la fin de
l'année 1849, les lois relatives aux étrangers réfugiés en France.
Les Grisettes de race. Montpellier, L. Ghristin (1851), in-8* de
8 p. (Tiré à 50 exemplaires.)
Tirage à part d'un article anonyme, publié dans un petit journal du Midi, le
Babillard, qui n'a eu qu'une existence éphémère. Ce n'est pas, comme le titre
pourrait le faire supposer, une fantaisie littéraire, mais une étude presque
ethnographique, écrite à l'occasion d'une lithographie de M. Laurens, qui avait
dessiné pour ce journal trois ou quatre types de grisettes méridionales.
I
DE M. JULES RENOUVIER. xxi
Sar une figurine en terre cuite, du Cabinet archéologique de
Montpellier, par M. J. Renouvier. Sans date. In-i<» de 12 p.
avec une lithographie.
Extrait des Mémaires de la Société archéologique de Montpellier, n^ 20,
1853, p. 333-42. (G*e8t une représentation de Déesse mère.)
Des types et des manières des Maîtres graveurs pour servir à
rhistoire de la Gravure en Italie, en Allemagne, dans les Pays-
Bas et en France, par Jules Renouvier. Montpellier, 1853-1856,
in-û».
Publié dans les Mémoires de l'Académie des Sciences et Lettres de Mont-
pellier, Section des Lettres, en quatre fascicules, tirés à part.
1" Fascicule. XV« siècle, 1853, in^'» de 116 pages.
2« Fascicule. XVI« siècle, 1854, in-4° de 223 pages.
3* Fascicule. XVI* et XVII* siècle, i'* partie, comprenant les Écoles Italiennes,
Allemandes et Flamandes, juin 1855, in-4o de 126 pages.
4* Fascicule. XVI* et XVII* siècle. 2™* partie, comprenant les Écoles Hollan-
daises et Françaises, in-4^ de 166 pages.
Jean Troy, directeur de l'Académie de peinture, sculpture et gra-
vure de Montpellier.
Publié dans les Archives de VArt français, Documents, 1'* série, t. IV,
tiTndson du 15 septembre 1855, p. 85-93.
Le Musée de Montpellier, par M. Jules Renouvier. Paris, Marti-
oon, 1855, grand in-8^ de 2k p., avec huit bois.
2* Unnison de Tonvrage de M. Laurens : De Lyon à la Méditerranée,
Les peintres et les enlumineurs du roi René. Une Passion de
H46, suite de gravures au burin, les premières avec date.
Montpellier, Jean Martel aîné, 1857, in-/t° de 34 et 12 p. avec
une photographie.
Extraite des Mémoires de la Société archéologique de Montpellier, n°* 24 et
25. — On peut voir, sur la première Notice, deux notes, Tune de M. Vallet de
Virinlle, l'autre de moi , dans les Archives de VArt français, Documents, t. V,
p. 20^214; la seconde a été Tobjet d'une note de M. Vallet de Viriville, dans
le Bulletin de la Société des antiquaires de France, 1857, in-8% p. 169-170, et
d'un bon article de M. de Brou , dans la Revue universelle des Arts, Bruxelles,
1858, Vm, 313-324 : «Découverte de deux gravures, antérieures h la Paix de
flniguerra. B •
XXII OUVRAGES ET OPUSCULES
Les estampes de Geoffroy Tory.
Imprimé dans la Revue universelle des Arts, Bruxelles, 1857, tome V,
p. 510-9. Discussion du livre sur Geoffroy Tory de M. Auguste Bernard, faite
au point de yue de la critique artistique trop négligée par l'auteur.
Les peintres de Tancienne école Hollandaise; Gérard de Saint-
Jean, de Harlem, et le tableau de la Résurrection de Lazare,
par Jules Renouvier. Paris, Rapilly, 1857, in-8° de 20 p. avec
une photographie.
Tiré à 50 exemplaires. Réimprimé dans la Revue universelle des Arts, 1858,
tome VIII, p. 143-21.
Des gravures en bois dans les livres d'Anthoine Vérard, maître
libraire, imprimeur, enlumineur et tailleur sur bois de Paris.
l/i85-1512, par J. Renouvier. A Paris, chez Auguste Aubry;
1859, in-8° de 53 pages, avec pi.
Daté de Montpellier, octobre 1858. Imprimé à Lyon, chez Louis Perrin, et
tiré à 200 exemplaires.
M. Thomas Arnauldet en a rendu compte dans la Gazette des BeauayArts,
du 15 mai 1859, tome II , p. 252-4. — Dans une note d*un article sur Vérard et
ses livres à miniatures au XV' siècle, publié dans le Bulletin du Bibliophile
d*octobre 1860, M. Auguste Bernard a relevé une légère erreur de Tétude de
M. Renouvier ( note D, p. 14 du tirage à part, Paris, Téchener, 1860, p. 14).
Des origines de la Gravure en France.
Publié dans la Gazette des Beaux-Arts, livraison du 1*' avril 1859, tome II,
p. 5-22.
Note sur le portrait d'Agnès Sorel, attribué à Jean Fouquet.
Publiée dans le n" 16 du Journal des Beaux-Arts, de M. Adolphe Siret,
Anvers, grand in-4o, 31 août 1859, p. 123-124. Elle a été réimprimée à la
suite du Jehan de Paris, qu*on verra plus loin dans les Ouvrages posthumes,
Paris, Aubry, 1861, in-»», p. 30-6.
La tête de cire du Musée Wicar à Lille.
Publié dans la Gazette des Beaux-Arts, livraison du 15 septembre 1859,
tomelll, p. 336-341.
Le Musée de Montpellier.
Publié dans la Gazette des Beaux-Arts, livraison du 1'' janvier 1860,
p. 7-23. Remaniement du travail indiqué plus haut sous la date de 1855.
I
DE M. JULES RENOUVIER. xxiii
Histoire de Torigine et des progrès de la Gravure dans les Pays-
Bas et en Allemagne, jusqu'à la fin du XV« siècle, par Jules
Renouvier. Mémoire couronné par TAcadémie royale de Belgi-
que, le 23 septembre 1859. Bruxelles, Hayez, 1860. In-8o de
319 p., avec 2 planches de monogrammes.
Extrait da tome X des Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par
l'Académie, coUection in-S».
Le chapitre sur les gravures aUemandes, p. 194-263, qui sortait du cadre
tnicé par rAcadémie, D*a été imprimé et ne figure que dans le volume tiré à
part Celui-ci se. trouve à Paris chez RaplIIy et chez M"* veuve Renouard.
M. Léon Godard en a rendu compte dans les Beauoo-Arts, 1860, tome I,
liTiaison du 15 novembre 1860, p. 470-2, et M. Emile Galichon dans la Gazette
des BeauoD-Arts, tome X, n<* du 15 avril 1861, p. 65-80.
Restitution à Michel Dorigny d'un groupe, figurant dans un pay-
sage peint sur mur dans une maison des Andelys, et attribué à^
Nicolas Poussin.
Note publiée dans la Gazette des Beaux-Arts, livraison du 15 juillet 1860,
tomeVn, p. 123-124.
Exposition de Montpellier.
Article publié dans la Gazette des Beautc-Arts, du 1«r juin 1860, tome VI,
pag. 302-9, BOUS le pseudonyme de Xavier Nogaret.
Des découvertes nouvelles d*estampes sur bois et sur métal de
TAllemagne.
Publié dans la Gazette des Beaux- Arts, livraison du 15 septembre 1860,
tome VII, p. 321-332. Sur le premier volume de l'ouvrage de M. Passavant :
le Peintre-Graveur,
OUVRAGES POSTHUMES.
Jehan de Paris, varlet de chambre et peintre ordinaire des rois
Charles VIII et Louis XII, par J. Renouvier. Paris, Auguste Au-
bfy, 1861, in-8*> de 37 p. avec deux bois.
Imprimé chez Perrin, à Lyon. Les pages vii-xn sont occupées par une notice
biographiqne, et les pages xm-xvi par une bibliographie sommaire des ouvrage»
de M. Renouvier, dues à M. Georges Duplessis et déjà imprimées, en partie.
XXIV UVRAGES DE M. JULES BENOUVIER.
dans le Bulletin du Bouquiniste^ du 15 octobre 1860. — Les pièces, trouvées
aux Archives de Lyon par M. F. Rolle, et communiquées par lui à M. Renou-
vier, ont été depuis publiées in extenso par M. RoUe, dans les Archives de
VArt français, Paris, Tross, 2* série, tome 1, 1861, p. 1-132.
Des gravures sur bois dans les livres de Simon Vostre, libraire
d'Heures, par Jules Renouvier, avec un avant-propos, par
Georges Duplessis. Paris, Aubry, 1862, in-8®, vni et 2k pages,
avec ûgures.
Imprimé à Lyon, chez Perrin.
Des portraits d'auteurs dans les livres du XV siècle, par Jules
Renouvier, avec un avant-propos par Georges Duplessis.
Actuellement sous presse chez Perrin. Paris, A. Aubry, éditeur.
Histoire de TArt pendant la Révolution, depuis 1789 jusqu'à Tan
XII (1804), considéré principalement dans les estampes, ou-
vrage posthume de Jules Renouvier, suivi d'une étude du
même sur J.-B. Greuze, et publié par les soins de sa famille,
avec une notice biographique et une table par M. Anatole de
Montaiglon. Paris, chez la veuve Jules Renouard, 1862, in-8®
de XXVI, 6 pages non chiffrées et 527 pages, sans la table.
L'étude sur Greuze occupe les pages 481-527.
■i
AVIS DES ÉDITEURS.
Nous n'avons ici rien à dire du livre de M. Renouvier, qui parlera
assez par lui-même; il nous convient seulement de rendre compte de
l'état de son manuscrit, qui sera du reste conservé au Cabinet des
estampes, et des partis qu'il a été nécessaire de prendre pour son impres-
sion.
L'étude sur Greuze, définitivement transcrite et numérotée à part,
n'offrait aucune difficulté. L'histoire de l'Art dans la Révolution, com-
posée de feuillets, parfois de toutes grandeurs, mais en général de la
dimension d'une feuille de très - grand papier à lettres, et heureuse-
ment numérotée par M. Renouvier, sauf une erreur évidente — le dernier
alinéa, devenu 294, était mal chiffré 287 et se trouvait avant La Réveil-
lière-LepauK— se compose de 291 feuillets, et, avec les numéros doubles
marqués de lettres, va jusqu'au delà de 300. La première partie, tout le
Pnxd'hon dans la seconde, et la troisième, n'auraient pas eu besoin d'être
transcrites à nouveau. Mais il n'en était pas toujours ainsi du reste.
Une convention, établie par M. Renouvier pour la facilité des rechei^
ches, était de souligner régulièrement les titres et les sujets des œuvres;
il a fallu faire la plus grande partie de ce travail, qui ne se trouvait
pas avoir la suite et la régularité nécessaires. En même temps , M. Re-
nouvier ne voulait en note. mettre absolument que des renvois biblio-
graphiques, et l'on y trouvera parfois des développements ou des faits
qui seraient mieux dans le texte. Gela vient des corrections, ou plutôt des
additions, que M. Renouvier avait écrites en marge ou sur le verso, et
qu'il comptait refondre dans une révision dernière. Lorsque nous avons
pu, sans rien changer au texte primitif, les y insérer, nous l'avons fait,
et le choix de la place où la nouvelle phrase se pouvait introduire sans
XXVI AVIS DES ÉDITEURS.
inconvénient n'a pas été la partie la moins délicate et la moins difficile
de notre tâche. Au contraire, lorsqu'il y aurait eu à faire une soudure
ou un changement, en un mot, lorsqu'il eût été nécessaire de récrire et
de modifier le texte pour y pouvoir introduire ces additions, nous en
avons fait des notes, contrairement au plan de M. Renouvier/mais pour
que le public sache bien qu'il n'a jamais affaire qu'à lui seul et jamais
à rien qui ne lui soit entièrement personnel. Dans certains cas, il nous
aurait été possible d'ajouter de ces choses que, s'il eût vécu, il eût ajou-
tées lui-même d'après des travaux récents qu'il n'a pas ou le temps de
connaître; mais nous avons particulièrement tenu à ne rien changera un
manuscrit que, malgré ses difficultés, l'on est encore trop heureux d'avoir
trouvé en si bon état.
Quelques notices portent même des indications que nous devons si-
gnaler pour que le lecteur sache à quoi s'en tenir sur le jugement qu'en
portait M. Renouvier, et sur son intention d'y revenir. Hennequin et
Lafitte portent à récrire, Nitot-Dufresneà rc/trc, Chaudet, Lethière,
Pierre Lelu, Wicar< Carie Vernet, à rédiger. Avec le Chaudet, c'est le
Duplessis-Bertaux qui était le plus malade et que M. Renouvier savait
avoir à reprendre à nouveau ; nous nous sommes bornés à disposer dans
son premier article les additions successives dans l'ordre chronologique,
généralement employé par M. Renouvier. En dehors de ces articles,
dont on a sinon la forme dernière, au moins déjà tout le fonds, le reste
se trouve dans son état définitif, et tout notre désir a été de nous tenir
au manuscrit et d'arriver à le comprendre et à le reproduire sans erreurs
et sans infidélités.
Enfin j'ai ajouté au travail de M. Renouvier une table, qui y facilitera
beaucoup les recherches, et que j'ai tâché de rendre la plus utile
possible. J'ai voulu y mettre tous les noms de personnes et de lieux ,
et tous les sujets. Je serais très-heureux si, à l'usage, on trouve que
j'y ai à peu près réussi ; quelques-uns, qui seront toujours à même de
ne pas s'en servir et de la tenir comme non avenue, la trouveront peut-
être trop longue et trop minutieuse; je serais plus disposé à être de
l'avis de ceux qui se plaindraient d'y constater des omissions.
A. DE M.
Croissj et Saonois, septeicbre 1863.
HISTOIRE DE L'ART
PENDANT LA RÉVOLUTION
DBPUI8 17B9 jusqu'à l'an XII ( 1804 )
CONSIDÉRÉE PRINCIPALEMENT DANS LES ESTAMPES.
La Liberté Tonsiarite k retracer tes triomphe»...
Ayei UD caractère national , et qae les générations
qui TOUS succéderont ne puissent tous reproclier de
n'aToir pas paru français dans l'époque la plus
remarquable de notre histoire.
£« minittre de l'Intérieur Binezech aux
arlittei de PÉcole française, le 9 floréal
an iT.
TABLE GÉNÉRALE.
INTRODUCTION.
I.
INSTITOTIONS.
1. — Académie. . .
7
5. — Concours de
7.
— Salons de Tan
2. ~ Salon de 1791.
9
Tan n et de
VI à l'an X. .
27
3. — Salon de 1793.
12
l'an m .....
17
8.
— Sculptures. .
32
4. — Société popu-
6. ^ Salons de l'an
9.
^~ Musées. ...
36
laire des Arts.
15
IV et de l'an V.
22
10.
— Théories. . .
41
II.
1. — CBAVECaS DB SCDLP-
Tuas ET d'architbc-
TVIK.
Moitte 44
Boizot 48
Boichot 52
Hoin 52
Gois 53
Chaadet. 55
M"** Chaadet .... 57
Dardel 57
Prieur 58
BCTthault 60
Desprex 6!
Demachy 64
Honel 65
Baltard 67
ARTISTES.
2. — PEniTRBS d'histoibe.
Lebarbier 71
Leclerc 73
Vincent. ...... 74
David 76
Hennequin 85
Gérard 88
Prudhon 91
CaraflTe 122
Regoault 125
Lafitte 128
Lethière 130
3. — PEnnuBS-ORAVEuas.
Gibelin 133
Lelu 135
Peyron 137
Wicar 139
Gamelin 142
Bertaux 144
Swebach 145
Bidault 146
Sablet 147
4. — OEAVECaS A l'eau-
FORTE.
Denon 149
Dufresne 152
Duplessis-Bertaux . 153
Naudct 159
Châtaignier .... 16 )
Blalbeste 162
Dorgez 163
Dntertre 164
XXX
5. — PEINTRES DE GENRE.
Frago 166
M"« Gérard 170
Huet 173
Caresme 175
VVatteau 177
Desrais 179
Debucourt 182
Mallet 188
Boilly 190
Sicardi 193
Sauvage 195
6. — DESSINATEURS.
Fragonard fils . . . 196
Carie Vernet. ... 200
Isabey 203
Bosio 206
Defraisne 208
Lemire 209
Garnerey 210
Willcmin 212
Dutailly 213
7. — GRAVEURS AU
POINTILLÉ.
Copia 216
Roger 219
Hulk 221
Darcis 222
TOurcaty 223
Tassaert 224
Vérité 226
Tresca 228
Levilly 229
Legrand 230
Ruotte 232
Brion 234
Monsaldy 236
Julien 238
Canu 240
Gautier 240
Maradan 241
Chaponnier 242
Degouy 243
TABLE GÉNÉRALE.
Bonnefoy. ..... 243
RoUet 243
Colibert 244
Simon 244
Marchand 245
Leroy 245
Massol 246
M"« Montaland . . 246
Petit 246
Simon Petit .... 24T
Carpeutier 248
8. — GRAVEURS AU LAVIS
ET EN COULEUR.
Janinet 250
M"" Giacomelli . . 251
Alix 252
Sergent 254
Guyot 259
Levachez 262
Allais 263
Angélique Briceau. 265
Chapuy 265
Morret 267
Lecœur 268
Carrée 269
Descourtis 269
Coqueret 270
Mixelle 270
Basset 271
Chereau 272
Villeneuve 273
M"'« Bergny .... 275
9. — GRAVEURS AU BURIN.
Avril 277
Bervic 279
Miger. 280
Godefroy 281
Anselin 282
Marais 283
Audouin 284
Blot 284
Guérin 285
Tardieu 287
Massard 289
Morel 290
Beljambe 291
Malapeau 292
Mariage 294
Lingée 295
M"" Lingée .... 295
Voyez 290
Pérée 298
Desnoyers 299
Boisson 300
David 302
Ransonnette .... 303
10. — DESSINATEURS ET
GRAVEURS DE VIGNETTES.
Monnet 305
Moreau 308
Marinier 316
Monsiau 318
Queverdo 319
Borel 322
Binet. 323
Choffard 326
Gaucher 328
Ponce 330
Saint-Aubin .... 333
Godefroy 335
Myris 337
Pauquet 338
Baquoy 339
Coiny 340
Lemire 341
Simonet ...... 341
Tilliard 342
Bovinet 342
Masquelier 343
Helman 343
Delvaux 344
Duflos le jeune . . 344
Berthet 345
Girardet 345
Dupréel 346
Demonchy 347
Croisier 347
I
Loayion 348
Blanchard 350
Delaunay 351
Goijy 351
LaSerrie 352
10. — PEINTRES , DESSINA-
TEDRS ET GRAVEDRS DE
PORTRAITS.
Vestier. ...... 354
Cathelin 355
Lebeau 356
TABLE GÉNÉRALE.
Dacreux ....... 357
M™« Guyard .... 359
M™« Benoit 360
H. Ledru 362
Bonneville 364
Jean Guérin .... 366
Fiesinger 366
Elisabeth Herhan . 367
Chrétien 367
Quénedey 368
Gonord 371
Gabriel 371
xixi
12. — GRAVEURS StR BOIS
ET EN UÉDAILLES.
Beugnet 373
Dugourc 374
Duplat 380
Anonymes .... 381
Dupré 384
Duvivier 385
Gatteaux 386
Droz 387
Dumarest 387
Andrieu 387
III.
SUJETS.
1. — ALLÉGORIES. .
391
3. — jodrniSes. . .
439 5. — COSTUME . . .
463
416
4. — PORTRAITS . .
447 6. — CARICATURES .
481
PIN DE LA TABLE GéNÉRALB.
DE L'ART
ET DE SES INSTITUTIONS
PENDANT LA RÉVOLUTION
DB 1789 ▲ l'an xn (1804).
L'art n'est l'imitation de la nature et la création d'un beau
idéal que par le prisme de la société. Les artistes de tous les
temps et de toutes les écoles ne font que répéter le gouverne-
ment, les mœurs, la littérature. AuXVIII^ siècle, oii la France eut
un art qui lui appartient si bien, les peintres originaux, Watteau,
Boucher, Yanloo, Chardin, Greuze, FragonardetVien, n'avaient
été que le miroir de la cour, des salons et des théâtres, l'écho
des poètes, des philosophes, des romanciers et des antiquaires.
La Révolution qui termina ce siècle d'esprit philosophique, de
sentiment naturel, de mœurs légères, de réformes hardies, de
renaissance antique, la Révolution a laissé dans Tart une traînée
en proportion avec son énergie et avec ses illusions fatalement
trompées; mais les faits politiques dont elle est remplie ont tel-
lement occupé et ému ses historiens qu'ils ont passé, sans les
voir, devant ses monuments. Celui qui a écrit l'histoire de la
Révolution avec le plus de cœur et le plus d'esprit dit de son art :
Il se ckerchait comme Vépoque ^. M. Michelet s'est laissé aller à
l'opinion commune, ici d'autant plus spécieuse qu'elle s'appuie
1. Michèle^ Histoire de la Révolution française^ t. VI, 1853, in-8", p. 210.
i
2 INTRODUCTION.
sur des autorités contemporaines et qu'on devait croire compé-
tentes.
Le secrétaire perpétuel de TAcadémie des Beaux-Arts, qui a
écrit depuis 1815 la notice historique des artistes les plus
connus du commencement du siècle, rencontrant la Révolu-
tion au début de leur carrière, passe sur cette époque comme
sur des charbons ardents, omet les œuvres qu'elle a produites ,
ou les salue d'une de ces phrases qui défrayent Téloquence d'aca-
démie, et ne s'arrête pas « sur les ouvrages commandés par
le même tourbillon qui les emporta avant qu'ils fussent terminés,
et dont on essayerait inutilement, pour la gloire de l'artiste
comme pour l'histoire des arts de cette époque, de retrouver
quelques traces^. » Cette objurgation s'adresse aux sculpteurs
de la République dans la personne de Cartelier, auteur des sta-
tues de la Pudeur et de Vergniaud, et l'académicien n'a pas
mieux traité les peintres Prudhon et Gérard, ou les musiciens
Gossec et Méhul, dont les ouvrages révolutionnaires devaient
lui être si bien connus. Mais, pour le secrétaire de l'Académie,
« les années de la Révolution marquèrent un déplorable inter-
valle dans la région des beaux-arts, ainsi que dans toutes celles
qu'une anarchie sanglante couvrait du voile de la terreur*, n
En terrorisant ainsi les arts de la Révolution, M. Quatremère n'a
oublié qu'une chose, c'est de se demander s'ils avaient été fidèles
au programme qu'il leur traçait lui-même en 1791, alors qu'il
était jeune, artiste, membre du Directoire du département,
et qu'il disait : « Le règne de la Liberté doit ouvrir aux arts
une carrière nouvelle...; plus une nation acquiert par le senti-
ment de la liberté l'orgueil d'elle-même, plus elle devient jalouse
de consacrer dans ses monuments la représentation fidèle de ses
mœurs, de ses usages, de ses costumes'. »
i. Quatremèro de Quincy, IhcueU de notices historiqt^es , 1834, in -8»,
page 407.
2. Suite du Recueil de notices historiques, 1837,in-8% p. 200.
3. Quatremère, ConsidércUions.sur les arts du dessin en France,! 791, iû-8%
p; 49-50.
INTRODUCTIOiN. 5
La condamnation de l'art de la Révolation est plus absolue
encore dans les écrits d'un critique émérite, qui à tous ses titres
littéraires peut ajouter celui .d'élève de David et a voulu nous
laisser des mémoires sur son école ^ Selon les principes de M. De-
lécluze, ce qui porte le cachet du temps dans un ouvrage d'art
en est précisément l'inûrmité ; sa manière est ce qui l'empêche
d*être beau» Le beau, dans cette doctrine, n'est d'aucune époque.
Aussi le contemporain et élève de David a-t-il traversé la Révo-
lution sans y voir. Les tableaux les plus originaux de son maître
ne lui paraissent que des œuvres de somnambule; Prudbon n'est
qu'une anomalie, et tous les peintres qu'il juge sont destitués
des qualités de relation qui feront leur titre le plus sûr dans la
postérité.
Mais le réquisitoire le plus violent contre l'art de la Révolution
est celui qui a été lancé dans un travail volumineux sur l'union
des beaux-arts et de l'industrie, publié à l'occasion de l'Exposition
universelle de 1851 *. L'auteur, dont l'esprit et l'érudition sont si
abondants qu'il se trouve souvent entraîné à en abuser, s'est plu
à ignorer et à travestir les dix années de notre histoire les plus
fécondes en institutions vitales pour les arts, en artistes cher-
cheurs d'inspirations originales. Il accuse l'esprit révolutionnaire
d'avoir tué la poésie et les arts. La peinture, dans l'école de
David, « se lave comme un verre d'auberge fraîchement rincé, »
ce qui ne Tempéche pas de trouver bientôt que la nouvelle
oour, amenée par l'Empire, créa des besoins de magnificence
et de représentation très- favorables. On devait s'attendre à
la conclusion, de la part d'un historien qui a voulu rapporter
à la cour de France toutes les influences heureuses arrivées à
notre art.
Ce n'est point ainsi jqu'en jugeait le plus ancien secrétaire de
l'Institut, chargé en 1808 de rédiger le rapport sur l'état des
1. Delécluzc, Louis David, son école et son temps, 1855, in-12.
2. Travaux de la Commission française sur l'industrie des.naliofis, Paris,
Imprim. impér. 1856, t. vni, Beaux-arts, par M. le comte de Laborde, 1,040 p.
in-8«, page 169.
4 INTRODUCTION.
beaux-arts en France depuis 1789. Il ne lui a manqué, comme à
Çhépier, chargé dans les mêmes circonstances du rapport sur la
littérature, qu'une situation moins. asservie. Chénier, en regard
dé la phalange d'orateurs, d'écrivains, de savants, de poètes issus
de la Révolution, se bornait à affirmer que la France agrandie
n'était pas devenue stérile en talents*. Lebreton osa davantage.
U n'a pu se dispenser de la phrase officielle sur 1793 : « Ce n'est
point à cette époque, dit-il, qu'il faut chercher à caractériser
l'état des arts en France ; » mais il a du moins constaté les faits.
H a montré que la peinture était très-riche en talents, au sortir
de l'époque la plus orageuse de la Révolution,* que, de 1789 à
< 1796 et à 1800, les talents éminents en peinture et en sculpture
se présentèrent en foule, et il a été jusqu'à avancer que depuis
tous les signes d'une stagnation et d^une décadence frappaient
les personnes les plus attentives à la marche de l'art ^.
Nous sommes mieux placés maintenant pour juger un art
qui date déjà d'un demi-siècle et qui a subi l'épreuve de la réac-
tion et de la proscription, suites ordinaires de toutes les évolutions
du goût, et la chance de destruction, qui ajoute à l'intérêt de ses
monuments. On commence à les inventorier comme des objets de
curiosité historique. Les uns en font un musée de la République,
et les autres y cherchent des symptômes de la société française'.
Il ne suffit pas cependant de chercher en curieux le côté familier
de la Révolution, de donner l'aspect de la rue et de ramasser les
images et les billets; il n'y a là que le côté superficiel et trivial
d'une société. Montez un peu plus haut et vous verrez son art.
MM. Edmond et Jules de Concourt ont visité curieusement quel-
1. Tableau historique de VétcU et des progrès d» la littérature depuis 4789,.
NoQT. édition ; Paris, 1821 , in-18 , p. 35.
2. Rapport sur les beauoHirts, précédé d'une introduction; séance du Conseil
d'État du 5 mars 1808, 240 p. in-4*. Fragment d*un volume dont l'impression
fut interrompue.
3. Challamel, Histoire-Musée de laRépublique, 1842, 2 vol. in-8*. — Edmond
et Jules de Gonbourt, Histoire de la société française pendant la Révolution
et pendant le Directoire, 1854 et 1855, 2 vol. in-8*.
INTRODUCTION. 5
.ques Salons de peinture de la République; mais il y avait tant de
choses à voir, dans le Paris dont ils dressaient l'inventaire, qu'ils
ne s'y sont pas arrêtés. Pendant la Révolution, la ville est telle-
ment jonchée des loques du XVIIl* siècle, chassées par la bour-
rasque, que leur cœur en est resté navré, et ils n'ont pas aperçu
l'art nouveau qui se dressait sur les ruines de l'ancien. Arrivés au
Directoire, ils ont été si bien amusés par les étourderies des mus-
cadins et distraits par les merveilleuses qu'ils n'ont vu que le côté
ridicule et immoral de l'époque la plus brillante pour les arts de
la République.
Je voudrais examiner les ouvrages d'art produits pendant la
Révolution, en acceptant toutes les conditions que leur firent les
événements. Ces conditions sont complexes, les unes heureuses,
les autres dures et difficiles : Sentiments nouveaux, exaltés jus-
qu'à la passion; renaissance antique, aussi marquée qu'au
XVI^ siècle ; antécédents corrompus et séduisants ; défection du
patronage accoutumé de la Cour, de l'Église, des seigneurs et des
financiers ; gouvernement forcé à la parcimonie ; préoccupations
du public ; enfin, misère inévitable des artistes. Dans cette crise,
cependant, l'art me paraît «se renouveler, acquérir un idéal in-
connu, des types de beautés rajeunis, des réalités plus saisis-
santes et des conceptions plus vastes; il me parait surtout riche
en éléments et en promesses, auxquelles le temps seul a fait
défaut. Pour en donner l'historique et l'inventaire, je me propose
de parcourir les faits généraux relatifs aux arts, les institutions ,
le^concours et les expositions de la République ; ensuite de pas-
ser en revue les artistes qui se sont produits dans les divers
genres de gravure; enfin, de récapituler les sujets principaux
dans lesquels l'actualité et l'innovation ont pu se montrer.
HISTOIRE DE L'ART
PENDANT LA RÉVOLUTION
I
INSTITUTIONS
1. — ACADÉMIE.
Depuis plus d'un siècle TAcadémie royale de peinture exer-
çait une suprématie incontestée ; mais les .doctrines de son en-
seignement classique et ses efforts pour maintenir une noblesse
dans Tart n'avaient point empêché des manières actuelles et
libres de faire irruption dans Técole. Le Brutv^, de David, la
Mort de Socrate, de Peyron, avaient établi, à l'exposition de
1789, le succès de principes nouveaux. Les dernières élections
faites de Denon, de Moreau, de Fragonard, de Debucourt, comme
académiciens ou comme agréés, avaient montré que l'Académie
savait faire quelque place aux genres en faveur. Toutes ses sym-
pathies paraissent d'abord gagnées aux premiers événements de
la Révolution ; les femmes et les filles des académiciens firent
éclater leurs sentiments dans une occasion solennelle. Le 7 sep-
tembre 1789, les femmes artistes, provoquées par M"«» Moitte et
Pajou^ à imiter le patriotisme des dames romaines, se réunirent
1. LAme des dames romaines dans leS dames françaises , par M"* Moitte.
Paris, B. d. iii-8*. — Mémoires et Journal de i.-O. Wille, 1857, 2 vol. in-S»,
t. U, p. 221 et 223. — Les dames nommées sont : M°**' Moitte, Vieo, Lagrenée,
SuTée, Berner, DaTivier, Fragonard, Peyron, David, Vernet, BeUe, Vestier,
Desmarteanx, Beaurarlet, Gomedecerf , et M*^*' Vassé, de Bonrecueil, Vestier,
Gérard f Pithoud, Viefville, Haatemps.
8 INSTITUTIONS.
au nombre de cent trente, apportant leurs pierreries et leurs '
bijoux, et les firent présenter en don patriotique à TÀssemblée
nationale par une députatîon de vingt-deux d'entre elles. « Celles
qui apportaient cette offrande, dit Ghamfort, unissistient aux
grâces de leur sexe la gloire des arts et des talents, partage de
leurs familles, de leurs pères, de leurs époux, et môme le leur
propre, car plus d'une parmi elles pouvait avec succès retracer
sous ses crayons, ou sous ses pinceaux, le tableau dont elle
avait fait partie *. » Des membres de l'Assemblée enthousiasmés
demandèrent que les traits adorables de ces citoyennes fus-
sent transmis à la postérité par le moyen du physionotrace de
Quenedey.
L'harmonie des premiers sentiments fut bientôt troublée.
Dans le cours de l'année 1790, l'Académie se livra à des discus-
sions très-vives. Les idées de justice et d'égalité, qui agitaient
les vocations d'artistes, vinrent lutter contre les privilèges et les
faveurs; les agréés réclamèrent l'égalité des droits avec les aca-
démiciens ; on mit en délibération de nouveaux statuts qui furent
soumis à l'Assemblée nationale. La compagnie y prenait le titre
d'Académie centrale. Ces innovations ne furent votées cependant
qu'après des disputes violentes; elles amenèrent la retraite des
anciens officiers et du président Vien, et une espèce de scissiifti^.
L'Académie de Saint-Luc, la jeunesse des peintres, qui en était
réduite à faire ses expositions annuelles sur la place Dauphine, le
jour de la Fête-Dieu, et les autres sociétés libres de Paris ne
pouvaient manquer de fomenter ces agitations autour de l'Aca-
démie royale.
L'Académie des arts et métiers, qui avait été fondée en 1780,
sous la dénomination de Société libre du Musée de Paris, p^r
Court de Gebelin, Franklin, Desault, Vicq d'Azyr et d'autres
1 . Tableaux historiques de la Révolution française, avec des discours, par
Fauchet, Ghamfort et Ginguené. Paris, 1791>1804, 3 vol. in-l^.
2. Mémoires et Journal de Wille, t. II, p. 242, 265. V. aussi la notice sur
Houdon , rédigée par MM. de Montaiglon et Duplessis, Revue universelle des
arts . 1. 1, p. 341.
ACADÉMIE. 9
savants et artistes, fut la première, parmi les sociétés savantes, à
prêter le serment civique. Elle vint en députation dans l'Assem-
blée des représentants de la Commune de Paris, où des discours
fu];^nt échangés entre son président. M'. Ponce, et deux de ses
membres, MM. Moreau de Saint-Merry et Giraud , et le président
de la Commune de Paris, M. Tabbé Fauchet. Cette Société, disait
M. Ponce, réunie par l'amour de la Liberté à une époque où l'on
osait à peine prononcer ce nom sacré, croirait manquer à son
devoir le plus cher si elle ne venait vous exprimer le vœu de sa
reconnaissance...; nous faisons le serment en vos mains de con- .
sacrer tous nos instants' à propager vos principes, votre patrio-
tisme et votre ^mour pour la liberté *.
Dans Tannée 1790 fut fondée, par l'initiative d'un amateur,
M. de Wailly, la Société des Amis des arts, et la première expo-
sition qu'elle fit de ses tableaux et de gravures montre qu'elle
était alors pour les arts une institution d'un grand service. On y
remarque des tableaux, des esquisses et des dessins de Vien , de
Lagrenée, de Regnault, de Lebarbier, de Peyron, de Monsiau,
de M"* Gérard, des sculptures de Boisot, de Houdon, de Clodion,
de Moitte, de Chaudet, et les gravures de la Mort de Socraie, par
Peyron, et du Sacrifice de la rose, par Gérard, d'après Fragonard.
On rencontre encore les traces des autres expositions qu'elle Gt en
1793 et dans les années suivantes*.
2. — SALON DE 1791.
C'est l'exposition de 1791 qui inaugura pour les arts un nou-
veau régime. Lorsque, par un décret de l'Assemblée nationale,
1. Almanach littéraire, par Daquin, 1791, in-18, p. 126. M. Ponce o*a point
cru devoir insérer ce discours dans le volume qu'il a imprimé : Mélanges sur
les heatLx-arts, Paris, Leblanc, 1826, in-S**.
2. Sociité des amis des arts, Explication des peintures, etc., exposées au
Louvre, et Prospectus de la souscription. Paris, de Timprim. de Didot jeune,
1790, in-8-.
10 INSTIÎOTIONS.
tous les artistes y furent admis, leurs ouvrages occupèrent la
cage du grand escalier du Louvre, le grand salon et une partie
de la Galerie, qui n'était encore ni carrelée, ni parquetée. On sait
que Tancien règlement n'admettait aux honneurs du Salon«que
ceux des membres de l'Académie. Ce corps eut encore cette fois
la prérogative de nommer les commissaires pour l'examen des
ouvrages ; mais, au rapport de Wille, l'un de ces commissaires, il
n'en rejeta que deux. Ce graveur, que son Journal nous fait con-
naître comme un bonhomme allemand doublé d'un badaud pari-
sien, a laissé sur ce Salon une note qui est des plus naïves : « J'y
vis du sublime, dit-il, du beau et bon, du médiocre, du mauvais
et de la croûterie; enfin, le concours est prodigieux, et chacun
promulgue son sentiment. Vous entendez raisonner de véritables
connaisseurs, des demi-connaisseurs, des gens mordants^ des
critiques inexorables, des envieux, des ignorants et des botes ;
les gens absolument sages et justes dans leurs décisions sont ce-
pendant rares*. » 11 y eut des critiques pour exprimer plus vive-
ment le sentiment public : a Le Salon, écrivait Daquin« est le
premier et le plus grand tableau de la liberté que l'on ait encore
offert à nos yeux. C'est dans ce mélange hardi de toutes les pro-
ductions que le génie va prendre de nouvelles forces et la nation
trouver de nouvelles richesses*. » — o Dans un empire où les
hommes sont libres, disait Chéry, les arts doivent l'être aussi; ce
sont eux qui écUirent les hommes, qui agrandissent leur âme et
qui leur font aimer la liberté. L'Assemblée nationale, pénétrée
de ces principes, vient de briser les chaînci^ qui les tenaient
captifs et resserrés; il n'est plus d'intrigues qui retiennent le
génie '. »
Le plus grand triomphe de ce Salon fut pour David. Il y parut
avec ses trois tableaux, les Horaces, Brutus et la Morl de Socrate,
1. Mémoires et Journal de Wille, t. ]I, p. 323.
2,Alfnanach littéraire, 1792, p. 195.
3. ExpliccUUm et critique impartiale de toutes les peintures exposées au
Louvre au mois de' septembre 4794, par M. D., citoyen patriote et véridîque.
Paris, 1791, in-8".
SALON DE 1701. 11
consacrés par des succès qui n'avaient fait que s'accroître, et avec
le dessin du Serment du Jeu de Paume, Autour du maître se ran-
gèrent déjà plusieurs élèves, qui ^attestaient la rapide propagation
de sa manière et entre lesquels on distingua Fabre, avec la Mort
dAbel^ et Yemet, avec le Triomphe de Paul Emile: Les académi-
ciens occupèrent encore beaucoup de place; Vincent, Lebarbier,
Suvée^ Restout, Ménageot, Taillasson y apportèrent des tableaux,
anciens ou nouveaux; mais celui qui s*y montra avec le plus
d'éclat fut Regnault. SocrcUe et Alcibiade, Jupiter et Calisto,
Y Éducation d'Achille, une Scène du déluge obtinrent les plus vifs
éloges, et la critique, qui se plaisait à voir dans la manière de
David ce qu'il y a de plus grand et de plus sublime, reconnaissait
en même temps qu'il n'y avait rien de plus joli et de plus sédui-
sant que la manière de Regnault. Les débuts les plus marquants
forent ceux de Mérimée, élève de Vincent, qui avait fait Vlnno-
cence nourrissant un serpent, de Monsiau, élève de Peyron, de
Robert L.efebvre, élève de Regnault, de Desoria, élève de Restout.
Les peintres qui réussirent le mieux dans les différents genres
qui obtenaient alors la vogue furent : Sauvage pour ses sujets
antiques en façon de bas-reliefs; Taunay, Sablet, Demarne,
Petît-Coupray, Swebach et Boilly, pour leurs scènes familières,
champêtres ou militaires; Bruandet et Valenciennes dans le
paysage ; Ducreux, Vestier, Trînquesse et M"® Guyard dans les
portraits ; Sicardi et Isabey dans les miniatures. On doit enfîn
remarquer plusieurs dessins historiques à la plume et à la pierre
noire : un Combat du ceste de Moitte, Ulysse et Nausicaa de Pey-
ron, Venus et les Amours de Monsiau, un Jeune homme appuyé sur
le dieu Terme de Prudhon.
L'Académie subsista encore pendant l'année 1792. En novembre
elle eut à élire le directeur de l'Académie de France à Rome, en
remplacement de Ménageot , réfractaire à la Révolution , et son
choix tomba sur Suvée ; mais la place fut supprimée quelques
jours aprèâ par la Convention, après un rapport de Romme, appuyé
par David. En 1793 elle prit encore quelque part à l'arrangement
des tableaux dans la galerie du Muséum qui venait d'être fondé ;
12 INSTITUTIONS.
mais, bientôt après, elle succomba, battue en brèche par la divi-
sion de ses membres, par l'hostilité de David et de Restout, et par
r
les attaques des jeunes artistes, qui allèrent jusqu'à envahir le
local de ses séances et y planter le drapeau de Tinsurrection,
croyant ainsi renverser Tordre de la noblesse académique et
conquérir la liberté du génie I
3, — SALON DE 1793.
En juillet 1793 la Convention, au moment même où allait s'ou-
vrir le Muséum national dans la grande galerie du Louvre ^,
décréta la suppression de toutes les académies [et constitua une
Commune générale des arts, où Ton recevait indistinctement tous
les artistes et dont Restout fut le président. C'est au nom des
altistes composant la Commune générale que fut faite l'exposition
qui s'ouvrit le 10 août 1793, l'an II de la République. Il ne faut
pas oublier, en s'informant de cette exposition qui parut d'abord
fort inférieure à celle de 1791, quelles étaient les préoccupations
du jour. Elles sont écrites au préambule du livret : u 11 semblera
peut-être étrange à d'austères répubh'cains de nous occuper des
arts, quand l'Europe coalisée assiège le territoire de là Liberté.
Les artistes ne craignent pas le reproche d'insouciance sur les
intérêts de la patrie. Ils sont libres par essence'... »
Vien, âgé de 77 ans, voulut figurer à cette exposition, et
envoya son tableau d'Hèlme, qui fut acheté par la Nation*. Son
1 . Catalogué des objets contenus dans la galerie du Muséum français, décrété
par la Convention nationale le t! juillet 4795 , Van II de la République fran-
çaise, de rimprimerie de Patry, in-8". Il y a pour les tableaux 537 numéros
et pour les bronzes, bustes, etc., 124 numéros.
2. Description des ouvrages de peinture, etc», eocposés au salon du Louvre
par les artistes composant la Commune générale des arts, le 40 août 4793,
Van II de la République française, A Paris, de rimprimerie V« Hérissant.
3. L*année suivante (messidor an II , juin 1794), Vien envoya au Muséum un
dessin, représentant le Triomphe de la République, comme un hommage à la
SALQN DE 1793. 13
école, déjà vieillie, y était encore représentée par Taîllasson et
par Suvée. David, absorbé par la politique, n'envoya rien, mais
tout le monde avait vu, dans une salle de la Convention, le
tableau, dont il lui avait fait hommage, de Michel Lepelletier sur
son lit de mort, et il travaillait déjà au tableau, qui allait y être
joint, de Marat frappé dans sa baignoire. Ses élèves Gérard, Giro- -
det, Serangeli, tenaient une bonne place. Beaucoup d'académi-
ciens s'étaient -retirés , et ils étaient déjà remplacés par des
peintres venus d'écoles diverses, mais aboutissant à l'imitation
de Tantique, et entraînés par la manière de David, comme Lethièrè,
Gamier, et ceux que nous avons vus au Salon précédent. Regnault
s*àbsenta comme David, et son école ne fut encore représentée
que par Robert Lefèvre. L'école de Dijon vint ici tenir une place
assez considérable par ses tableaux de Devosge, de Naigeon, et
surtout par les portraits et les dessins de Prudhon.
La peinture de genre se montrait partagée entre les sujets de
galanterie cultivés par Schalle et Trinquesse, les sujets de pasto-
rale et de sentiment où brillaient Demarne, Drolling et Taunay,
et les sujets plus décidément actuels, dont les plus piquants inter-
prètes étaient Boilly et Yangopf. Un groupe nombreux était com-
posé des peintres de bivouac, Bertaux, Duplessis, Swebach des
Fontaines^ Carie Yernet. On voit par plus d'un de ces ouvrages
que le genre n'est pas à l'abri de Tinfluence de David; elle
s*étendait même sur les paysages , où Valenciennes , Bidault et
Bourgeois apportaient des dispositions classiques. Les plus ori-
ginaux étaient encore les peintres de vues décoratives ou réelles,
tels que Demachy et Lespinasse.
Les portraits les plus remarquables paraissent ceux de
Loi et un exemple qae sar ses vieux ans il croit devoir à la jeunesse {ArcfUves
dt l'art français, 1. 1, p. 191). La mention, faite par les biographes, d*un prix
remporté par Vien , ne s'applique pas à ce dessin , ainsi que l*a cru l'anno-
tateur de la pièce imprimée dans les ArcfùveSf mais au tableau d'Hélène, qui
est mentionné au livret comme acheté par la Nation, ce qui était, suivant
ravis préliminaire, une récompense nationale accordée aux artistes, d'après le
Jugement de leurs pairs.
14 INSTITUTIONS.
Ducreux qui avait peint Robespierre et Gouthon, de Dumont
qui avait donné le musicien Gherubini et la cantatnce Morichelli,
de Colson qui avait exposé l'actrice Lange, mise en réputation
par le rôle de Paraéla dans la pièce de François de Neufchâteau.
Ces portraitistes, qui ont eu la faveur d'yn jour, mériteraient
souvent d'être relevés de la déchéance qu'ils subirent ensuite, ne
séraît-ce que pour l'avantage qu'ils ont eu de faire d'après nature
des figures caractéristiques du temps.
11 faut enfin tenir compte des dessins, qui occupent dans ces
premières expositions, comme dans toutes les écoles d'alors, une
place importante et qu'on a trop laissé s'amoindrir. Indépen-
damment des maîtres que nous avons déjà nommés, et qui ne
dédaignaient pas de faire part au public d'études sévères, il y eut,
au Salon de 1793, les débuts heureux d'Isabey et de Mallet, et
des succès, fort oubliés aujourd'hui, pour Sergent et Mandevard ;
nous en verrons des traces dans les gravures.
Un intérêt particulier s'attache., il semble, aux peintres qui
avaient traité des sujets d'histoire contemporains : les principaux
étaient le Départ pour les frontières par Petit-Coupray, la Fête des
sans-culottes sur les ruines de la Bastille par Pourcelli, la Montagne
et le Marais par Balzac, le Siège des Tuileries par les braves sans-
culottes par Desfonts. Plusieurs de ces ouvrages sont loués par les
critiques , mais l'obscurité où sont restés ces peintres indique, I
je le crains, qu'ils avaient fait preuve de dvisme plutôt que
de talent, et la critique les avait traités en conséquence. La véri-
table inspiration de la Révolution n'est pas là; elle est dans les
sujets allégoriques et mythologiques, dans les personnages grecs
et romains, où l'idéal des artistes trouvait à se satisfaire; elle
est aussi dans les sujets de sentiments familiers et rustiques,
où perçaient toujours l'entraînement du cœur et l'amour de
la patrie.
SOCIÉTÉ POPULAIRE DES ARTS. 15
4. — SOCIÉTÉ POPULAIRE DES ARTS.
La Commune des arts, à laquelle s'étaient ralliés beaucoup
d'académiciens, et qui était présidée par Restout, peintre pitoyable
et citoyen plus pitoyable encore ^^ se trouva bientôt en arrière du
mouvement révolutionnaire, accusée de préjugés académiques et
abandonnée des patriotes, avant même qu'un décret n'eût pro-
clamé sa dissolution. Les artistes les plus ardents se réunirent et
formèrent, sur la proposition de Sergent, une Société populaire
et républicaine des arts, qui tint ses séances au Louvre, salle du
Laocoon. Le règlement et le compte rendu des séances, depuis le
mois de pluviôse jusqu'au mois de prairial an II (février-
juin il9k), ont été imprimés dans un journal^ rédigé par un des
membres, Detournelle, architecte de mérite, et dans cette dis-
cussion, tenue au moment le plus terrible, on voit, comme dans
une chaudière, bouillonner les principes de l'art nouveau ; des
scories s'y mêlent aux plus grandes épurations, et beaucoup de
ces principes n'ont été que des illusions, mais il en est sorti des
dessinateurs b^n trempés et des artistes penseurs. Poussin, qui
dans son humeur philosophique renia tous ses contemporains^ ne
les désavouerait pas.
• La Société populaire fut présidée tour à tour par Boizot, Esper-
cieux, Eynard, Bienaimé. Elle compta parmi ses membres beau-
coup de noms connus : Chaudet, Stouf, Cartelier, Gérard, Sablet,
Gamier, Laûtte, Laneuville, Houin, Bervic, Ânselin, Bosio, Isa-
»
1. Commissaire du pouvoir exécutif au Garde-Meuble, il fut accusé d*aToir
pris part au toI qui B*y commit et enfermé à Saint-Lazare pendant quinze
mois. Il mourut en 1790.
2. Aux armes et aux arts. Peinture, sculpture, architecture et gravure.
Journal de la Société républicaine des arts, séante au Louvre, salle du Laocoon ,
rédigé par le citoyen Detournelle, architecte. In-8". Six numéros en 301 pages
(les seuls parus), de l'imprimerie de Fautelin.
16 INSTITUTIONS.
bey, Gauthier, Mongin, etc. Elle s^occupa de Tinterprétation des
décrets de la Convention relatifs aux arts, de pétitions au Comité
de l'instruction publique, de lectures historiques comme aliment
au cœur et à Tesprit des artistes, des écoles publiques de modèles,
du moulage des antiques, de la restauration des tableaux, de
l'organisation des fêtes. Des discussions s'établirent sur les
moyens les plus sûrs de faire révolution dans les arts ; quelques-
uns poussèrent le zèle jusqu'à proscrire tout sujet qui ne serait
pas patriotique et à flétrir les tableaux flamands comme ridiculi-
sant l'espèce humaine. C'est le sculpteur Espercieux qui soutint
cette opinion, dans un discours piquant contre le peintre-mar-
chand Lebrun, lequel ne manqua pas de rappeler à son adversaire
le mot de Louis XIV sur les magots, qu'il paraissait justifier. 11 est
curieux en effet de voir la théorie du républicain absolu aboutir
à la même conclusion que celle du roi et par le même motif de
dignité et de beauté dans l'art ; Espercieux ne voyait aussi dans
les tableaux flamands que des magots, qui sont à l'espèce humaine
ce que Polichinelle est à l'Apollon. La question du changement
du costume national y fut traitée avec une importance sur laquelle
nous aurons à revenir. On doit remarquer enfln, comme un
exemple trop rare dans ce temps, au milieu des discussions les
plus vives, l'esprit de bienveillance qui anima les artistes. Les
seules dénonciations qui y furent portées sont celles du directeur
de l'école de Rome, Ménageot , et des élèves Fabre, Gaufiier et
autres, qui avaient refusé leur adhésion à la République et prêté'
serment à Louis XVII, de Doyen, émigré en Russie, et de M™* Le-
brun, émigrée à Vienne ; on y dénonça aussi les estampes indé-
centes qui étaient exposées dans les rues, et l'on juge par les
mots échangés à cette occasion que les Jacobins n'étaient pas
disposés à avoir sur ce sujet la manche aussi large que le clergé
de l'ancien régime.
COiNCOURS DE L'AN II ET DE L'AN IIL 17
5. — CONCOURS DE l'aN II ET DE l'aN III.
Aa mois de brumaire an II (oct. 1793), la Convention institua
un concours pour les prix de sculpture et de peinture, et nomma,
pour le juger, un jury composé de cinquante membres*. On voyait
sur cette liste, après Dufourny , membre du Département, et Pache,
maire de Paris, les artistes les plus connus : Fragonard, Julien,
Chaudet, Dupré, Gérard, Ramey, Prudhon, Caraffe, etc., et des
célébrités de divers genres : Monge, Viçq-d'Azyr, Talma, La-
harpe. Les sujets du concours étaient, pour la sculpture, le
Maître c^ école de Faléries ramené à coups de verges par les enfants
Falisques qu'il avait voulu livrer à Camille; et, pour la peinture,
Brutus, mort dans un combat et ramené à Rome par les Cheva-
tiers. Les opinions motivées du jury, qui ont été imprimées,
donnent Taperçu le plus intéressant de toutes les idées qui fer-
mentaient alors dans la tête des artistes, en même temps qu'elles
fournissent des documents précieux sur quelques-uns. A^oici
l'opinion de Gérard, jugeant le tableau de Brutus : « L'ensemble,
de ce groupe est noble et beau, et il pourrait encore épouvanter
les tyrans; si une main plus expérimentée en eût dirigé Texécu-
tion ; mais l'étude corrige l'inexpérience. Le travail ne donne
point le sentiment, et le sentiment seul peut déterminer le choix
des hommes libres. » Fragonard donne au même tableau le se-
cond prix, a motivé sur des expressions liées à la scène et heu-
reusement senties, des formes qui tiennent à la bonne école, un
principe de couleur qui dérive d'un ton vrai. Quelque manque
de goût arrête avec justice ce que les autres parties prononcent
à une plus haute faveur. » Prudhon se prononce pour le même
ouvrage : « C'est le seul, dit-il, où j'ai vu le germe des grands
i. Un des rédacteurs des Archives de Vart français (M. Duvivicr) Va. fort
incoDftidérément tourné en ridicule dans une note ajoutée à la liste des
grands prii de Rome de TAcadémic, t. V, p. 308.
9
18 INSTITUTIONS.
talents, le sentiment; je Tai trouvé dans l'expression générale
et particulière du sujet, dans le caractère des personnages, môme
dans celui du dessin... Du reste, Texécution du tableau est
faible... » Ce tableau de Brutus, qui eut un second prix, était de
Harriet, élève de David ; il était couronné, suivant les motifs du
jugement, non pas qu'il eût fait le tableau le plus correct, mais
celui où Ton reconnaissait le mieux Timage d*un homme libre
qui vient de mourir pour son pays. Le jury ne décerna pas de
prix pour la sculpture, parce que les ouvrages envoyés manquaient
de sentiment patriotique et révolutionnaire, et que les auteurs
n'avaient su faire du maître d'école de Paieries qu'un Christ
flagellé.
Le jugement sur le tableau de Brutus fut critiqué par Detour-
nelle, qui discuta si le cadavre de Brutus avait le ton de décom-
position convenable après un jour, dans un pays chaud : « 11 faut,
dit-il, que les peintres voient les Catacombes. » Il parle ensuite
de l'expression révolutionnaire : « Dans deux ans, l'on verra
naître une sublimité qui surpassera tout ce que nous admirons
quelquefois avec prévention dans l'antique ; nous ne serons ni
Athéniens, ni Romains, esclaves qui portaient le nom d'hommes
•libres, mais des Français, libres par nature, philosophes par
caractère, vertueux par sentiment et artistes par goftt*. »
L'esprit nouveau qui se montre dans tous ces jugements et qui
domine tout l'art de la Révolution est un sentiment très-général,
très-élevé, mêlé à des préoccupations de la réalité la plus saisis-
sante. Detournelle, comme tous les artistes pénétrés de l'idéal de
leur art, n'a pas manqué de flétrir les expositions de figures de
cire qui prirent une grande vogue pendant ces années; ils fai-
saient cependant quelques concessions à la céroplastie populaire,
la reconnaissaient propre à bien représenter, dans des mains ha-
biles, le sommeil ou la mort ^. Quoi qu'on en pense, il faut tenir
1. Procès-verbal des séances du Jury des arts. De Tlmprimerie natioDale,
in-8«, 90 pages.
2. Journal de /a Société républicaine des arts, p. '20.
CONCOURS DE L'AN II ET DE L'AN III. 10
compte, dans une revue de Tart de ce temps, du cabinet des
figures de cire de Curtius et de la boutique du citoyen Orsy.
L'idée de ces spectacles n'était pas nouvelle; à d'autres époques,
plus favorisées, il semble, à Florence, sous les Médicis, à Paris,
sous Louis XIV, on en avait vu poindre, et il n'est jamais inutile
de s'en informer pour apprécier les ébranlements qu'en reçoit
l'art contemporain. On remarque parmi les portraits, accrédités
vers 1789, Louis-Philippe-Joseph, duc d'Orléans, gravé par G. Fie-
seiiger^ d'après le modèle en cire fait par M. Courigner. Je ne con-
nais que par ce morceau l'artiste qui continuait alors la confec-
tion de ces petits médaillons en cire colorée qui se montrent si
répandus en France pendant le XVI* siècle.
Curtius (Creutz), Allemand établi à Paris depuis 1770, d'abord
au Palais-Royal S et ensuite au boulevard du Temple, n'est pas
cité comme artiste'; cependant, il fit admettre au Salon de
1791 un buste colorié en cire du prince royal {n^ 580) ; Chéry
l'enregistre en l'accueillant de ces mots : a De la nature, » et, en
l'an II , il fit hommage à la Société des Jacobins du buste de
Lajouski. Pendant toute la Révolution, il entretint la curiosité
publique en exposant, dans son salon du boulevard, les effigies
des personnages que les événements mettaient successivement en
vogue : Voltaire, Rousseau, Necker, Franklin, Mirabeau au mo-
ment de sa mort, Brutus, Lucrèce, la Lescombat, Robespierre.
Le pire de tout, c'est qu'au jugement de Detournelle Curtius ne
mettait à la plupart de ses bustes ni la vérité de costume ni la
vérité de physionomie. Orsy, établi au palais Égalité, alla jusqu'à
donner dans son salon des représentations figurées de l'assassi-
nat de Lepelletier et de l'assassinat de Marat, qui émouvaient
i. Article de M. Edouard Fournier dans V Illustrât ion du 27 mai 1852. On
trouve le portrait de Curtius, avec le titre de volontaire do la Bastille, dans la
coUection des portraits au physionotrace de Chrétien.
2. On trouve une vue de son salon de figures dans une suite de petites pièces
joliment burinées et représentant les principaux établissements du palais
Égalité : les Ombres chinoises, les Variétés amusantes, les Comédiens de bois,
le Pavillon de treillage, le café du Cavoau, etc. (Collection Hennin.)
20 INSTITUTIONS.
plus facilement la foule que les tableaux de David à la Conven-
tion. On ne peut donc que constater Tinfluence funeste de ces
mannequins, qui entretenaient le goût public d'éléments pleins à
la fois d'excitation et de dégradation.
Le jury national, nommé par la Convention pour le jugement
du concours, ayant terminé ses fonctions, se forma, de son côté,
en club révolutionnaire. Il eut pour présidents Dardel et Nepveu;
pour secrétaires, Gérard et Topino-Lebrun. Il traita, dans ses
séances, des moyens de faire fleurir les arts, de les encourager,
de leur imprimer un mouvement révolutionnaire. I) resta en bons
rapports de confraternité avec la Société populaire, siégeant dans
la même salle du Laocoon et célébrant à frais communs une plan-
tation d'arbre de la Liberté. Chaudet y fit la motion que tous les
ouvrages indécents fussent immolés à la régénération des arts;
Lesueur lut un mémoire sur l'éducation dans les arts; Prudhon
fit lecture d'un discours, où il considère les arts sous les rapports
philosophiques et en parle dans le genre de Rousseau ; Gérard lut
un discours où il établit l'utilité des arts en principe. De toutes
ces pages, qui seraient si précieuses aujourd'hui, il ne reste que
quelques lignes du procès-verbal recueilli par Detournelle. Les
biographes les plus exacts des artistes qui les avaient écrites n'en
ont pas dit un mot.
Nous en savons assez maintenant pour juger à quelle hauteur
s'étaient placés les artistes de la Révolution ; tout n'était point
illusion dans leurs croyances. Sans doute l'art, tel que nous le
voyons dans le cours de son histoire, est une moisson qqi peut
croître sous tous les régimes, à Thèbes, à Rome, à Reims. Mais
c'est la liberté dans la croyance et dans la patrie qui, sous tous,
les climats, fait mûrir les plus beaux épis, à Athènes, à Bruges,
à Florence. L'histoire constate que les temps d'agitation, funestes
à beaucoup d'intérêts, ne sont pas sans profit pour l'art, et que,
même dans les malheurs de la patrie, quand ces malheurs
laissent éclater de grandes vertus et des sentiments libres, l'art
trouve les sources les plus vives de son inspiration.
Au moment le plus sombre de l'an II, le Comité de salut public.
I
CONCOURS DE L'AN II ET DE L'AN IH. 21
touché de la misère des artistes et mû sans doute encore par le
désir de faire diversion à la tempête qu'il n'avait plus la force de
contenir, fit un effort suprême. Les dispositions des vingt arrêtés
rendus en floréal et signés : Barrère, Carnot, Billaud-Varennes,
CoIlot-d'Herbois, Robert Lindet, Prieur, Robespierre et Couthon,
doivent être citées, non à la décharge des crimes que plusieurs de
ces hommes ont laissé commettre, mais à la gloire d'une époque
qui resta grande au milieu des malheurs de la fatalité. Ces arrêtés^
comprenaient l'embellissement du palais et du jardin national
des Tuileries et de la place.de la Révolution; un monument pour
les défenseurs de la République, le 10 août, sur la place de la
A^ictoire; les statues du Peuple sur le Pont-Neuf, de la Nature sur
la place de la Bastille, de la Liberté sur la place de la Révolution ;
la colonne du Panthéon; la statue de Jean-Jacques Rousseau aiix
Champs-Elysées ; les arènes couvertes pour les concerts du peuple,
sur le local de l'Opéra, entre ia rue de Bondy et le boulevard; la
translation des chevaux de Marly à l'entrée des Champs-Elysées;
la construction d'un temple de l'Égalité au jardin Beaujon;
la statue de la Philosophie dans la première salle du lieu des
séances de la Convention ; l'agrandissement du Muséum d'his-
toire naturelle; la restauration du Muséum des arts. A ces pro-
jets déterminés pour lesquels on établissait des concours, où Ton
faisait appel à des artistes connus, venaient s'ajouter des mesures
générales sur l'Institut national de musique établi dans la mai-
son des Menus, sur l'enseignement des langues étrangères, sur
l*archilecture rurale et sur le costume national.
. Les peintres furent l'objet d'une sollicitude particulière. Un
arrêté du 6 floréal, concernant la peinture et la sculpture, appela
tous les artistes à représenter à leur choix, sur la toile, les épo-
. ques les plus glorieuses de la Révolution française, et à concourir
à l'exécution des monuments en bronze et en marbre à élever à
la gloire de la République '. L'exposition des esquisses et des
i. Moniteur universel, 21 et 22 prairial an II.
2. Journal de la Société populaire, p. 375.
n INSTITUTIONS.
projets était fixée au 10 thermidor. On sait quelle crise vînt la
rendre impossible; mais les travaux avaient été faits, et le juge-
ment du concours, rendu plus tprd, eut pour résultat une série
de prix et de récompenses décernés, depuis 20,000 livres jusqu'à
2,000 livres, dont le total s'éleva à 442,000 livres*. Pour ne parler
ici que des peintres, Gérard obtint le premier prix de 20,000 liv.
pour son esquisse du 10 août; Vincent, le second de 10,000 liv.
pour une Scène vendéenne; les autres prix, de 9,000 à 2,000 liv.,
furent donnés à des peintres en tout genre et dans toutes les
écoles' : Suvée, Garnier, Vernet, Taunay, Peyron,Thévenin, La-
grenée, Meynier, Lethière, Taillasson, Callet, Bidault de Car-
pentras, Vanderburch de Montpellier, Prudhon, Sablet, Chéry,
Fragonard fils, Drolling, Swebach des Fontaines, la citoyenne
Gérard, Landon, Demarne, Sauvage et beaucoup d'autres.
6. — SALONS DE l'aW IV ET DE l'AN V.
L'an IV et l'an V s'ouvrirent en vendémiaire, chacun par un
Salon , et , par les seuls préambules des livrets, on voit quelle
place tenait l'art dans l'imagination publique. Dans le premier,
on rappelle les concours des villes de la Grèce pour l'érection des
monuments et des statues, concours dont les expositions doivent
maintenant offrir l'équivalent ; dans le second est placé le beau
discours du ministre Benezech : a Vous avez prouvé, citoyens,
à la dernière exposition publique, que le génie des arts est resté
le compagnon fidèle du génie de la Liberté. »
Des académiciens reparaissent maintenant, mais comme rajeu-
nis; Vincent^ l'un des plus heureux promoteurs de la rénovation
antique, n'était nullement entré en retraite, cogime le dit son
1. Prix du concours de Tau III, Magasin encyclopédique, t. IV, an IV, ia-8*.
2. Lebrcton , Rapport sur les beaux arts, in-4*, p. 53. Lebreton a consigné
que ces prix ne furent pas payés sur le taux du papier-monnaie, mais d*après
une évaluation en numéraire.
SALONS DE L'AN IV ET DE L'AN V. 23
panégyriste; après avoir obtenu Tun des prix de Tan III, il exposa,
en Tan IV : Guillaume Tell, et, dans les Salons qui suivirent,
rAgriculturCy le Commerce, tableaux exécutés pour le citoyen
Fonfrède, de Toulouse ; la Mélancolie, une grande esquisse de la
Bataille des Pyramides, et plusieurs portraits qui témoignèrent
des impressions produites par les événements sur le peintre d'Aria
et Pœtus et de Zeuxis dwisissant ses modèles pour en former V image
de Vénxis. Regnault exposa plusieurs sujets mythologiques très-
riants, et, à côté, un tableau de dix pieds sur neuf, avec répéti-
tion en petit, sur ce sujet : la Liberté ou la Mort; il appartenait à
la Nation, et doit être roulé maintenant dans quelque galetas du
Louvre. Il n'est plus permis d'en juger que par les critiques qui
en furent faites. M. Quatremère ne le cite même pas dans sa
notice académique, mais on s*en occupa beaucoup dans les jour-
naux, sans compter les plaisanteries qui accueillirent cette inspi-
ration tardive de la Terreur et l'appelèrent un Génie qui pro-
pose la liberté et la mort, ou point de -liberté, mais la mort.
Le critique du Magasin encyclopédique s'élève d'abord contre
le sujet mal choisi qui ne pouvait convenir qu'à Robespierre et à
ses agents, et contre la composition symétrique de ces trois
grandes figures, telles qu'il s'en voit dans les tableaux des premiers
peintres ; il loue ensuite la beauté des formes du Génie ailé, l'éclat
et la fraîcheur du coloris : a A l'exemple des grands maîtres et
même des statuaires antiques, dit-il, le citoyen Regnault a su
réunir l'expression de la jeunesse et de la force, un sentiment
profond et vif, avec la finesse des passages*. » Un autre critique
fort connu, Chaussard, tout en trouvant la composition absurde
quant à la pensée, froidement parallélique quant à l'exécution,
ajoute que le Génie était une magnifique académie, la plus belle
qui soit sortie du pinceau de Regnault; la figure de la femme
celle d'une vierge, et la Mort le plus hideux des spectres, mais
peint avec le plus grand style*.
t. Magasin encyclopédique, t. IV, an IV, p. 481.
3. Le Pausaniat français, 2* éd., Paris, 1808, in-S*, p. 249.
24 INSTITUTIONS.
Le peintre le mieux porté pour exploiter les premiers senti-
ments de réaction était Suvée, dernier directeur nommé de l'Aca-
démie de France à Rome, au moment de sa suppression. 11 avait
exposé un tableau de Cornélie, mère des Gracqutes, un portrait du
citoyen Ginguené, de la Commission executive de Tinstruction
publique, et les portraits d'André Chénier et de Trudaine, deux des
dernières victimes de la Terreur, qu'il avait peints dans les pri-
sons de la Conciergerie, où il était lui-même détenu.
Des peintres plus jeunes, sortis des écoles de Vincent et de
Regnault, montrèrent que l'action vivifiante n'était pas, comme
on Ta cru, tout absorbée dans l'école de David. Meynier, Théve-
nin, Ânsiaux d'un côté, Lafitte, Landon, Menjaud de l'autre,
variaient du moins dans leur manière d'interpréter l'antique.
CarafTe, Desoria, plus indépendants, déployaient dans cette inter-
prétation une audace plus novatrice, mais elle était trop souvent
trahie par l'exécution ; Mérimée exposa une Bacchante jouatU avec
un petit Satyre, qui parut au critique du Magasin encyclopédique
avoir atteint le point précis où l'on n'est jamais au-dessous de la
nature, où on ne la perd jamais de vue, tout en voulant la sur-
passer. Les débuts de Guérin furent les plus brillants. Voici en
quels termes il est salué par un critique qui n'était point étranger
à la culture des arts : « Comme un arbre vigoureux et plein de
sève, qui surpasse bientôt en hauteur les arbres de la forêt
voisine, ainsi le jeune peintre croît et s'élève insensiblement au
sommet de son art *. »
David ne parut qu'au Salon de Tan IV, et pour un tableau peu
important, le portrait d'une femme et de son enfant, mais sa
puissance se montrait toujours dans le succès de ses élèves;
Gérard, qui tint encore le premier rang par son tableau de Bèli-
saire et son portrait d'Isabey ; Carie Vernet, qui exposa les Courses
de char ordonnées par Achille pour les funérailles de Patrocle;
Isabey et Fragonard fils, qui adoucissaient des principes sévères
1. Examen critique et concis des plus beaux ouvrages exposés en Van ÏV, par
J. de La Serrie, in-8*.
SALONS DE L'AN IV ET DE L'AN V. * 25
dans des dessins goûtés d'un public nombreux; Harriet, Gauthe-
rot, Serangeli et d'autres, coryphées nouveaux d'une école à
laquelle la vogue était acquise.
Prudhon n'exposa aussi qu'un portrait, les dessins à l'encre de
Chine de Daphnis et Chloè, et les dessins à la plume de VÂrt
^ aimer. Mais pour qui ne jugeait point l'homme à l'habit et l'ar-
tiste à la dimension de la toile , il y avait déjà là toute l'origina-
lité et tout le charme de sa manière. Beaucoup d'autres, dans ce
temps où les commandes étaient rares, en furent réduits aux
dessins ; les crayons de Sicardi, d'Hilaire Ledru, de M"»« Chaudet,
donnèrent aussi quelque distinction à ces Salons.
Les peintres accrédités pour le portrait étaient alors Laneu-
ville, la citoyenne Auzou, élève de Regnault, et la citoyenne
Bouliar, élève de Duplessis ; ils se partagèrent, avec Ducreux et
Colson, les personnages de l'époque : Volney, professeur; Lenoir,
conservateur du Musée des monuments frsLiK^is; Doissyd'Anglas
et JeanDebry, députés; Lebrun, poêle; Chènier, législateur; la
citoyenne Beauhaimais^ la citoyenne Récamier, la citoyenne La-
bouchardie, la citoyenne Tallien, Pour la plus grande émotion du
public, Laneuville avait représenté celle-ci dans un cachot à la
Force, ayant dans les mains ses cheveux qui viennent d'être
coupés.
La peinture de genre est toujours, de pair la critique et Topi-
nion, tenue à un rang inférieur, et l'on a quelque peine à retrouver
des réputations plus fugitives que les autres. L'attention est due
cependant à Sablet, Fleury, Garnerey, Vallin, ne fût-ce que pour
»
avoir été à leur moment des talents aimés du public. Leurs su-
jets devaient alors, pour plaire, renfermer une pensée allégorique
et se teindre de couleurs antiques. La critique ne peut louer
mieux les tableaux de Fleury et de Vallin qu-'en disant qu'ils
sont spirituellement pensés et qu'ils respirent le bon goût des
anciens.
Le coin des paysages s'augmente dans ces Salons, sans chan-
ger sa décoration historique, des ouvrages de Boquet, de Dunouy,
de Baltard, qui prit le titre d'élève de la nature et de la médi-
26 INSTITOTIONS.
tation, de Hue, qui se fît une célébrité par ses clairs de lune.
Malgré les paroles de Benezech, à Touverture du Saloii de
Tan V, les sujets contemporains n'inspirèrent pas les meilleurs
tableaux. On ne peut signaler qu'à la curiosité la Prise de la
Bastille, par Thévenin ; le Siège de Grandville, par Lesueur; V ac-
tion généreuse du commissionnaire de la Forcc-Can^e, par Legrand.
Quelques-unes de ces toiles, avec beaucoup d'autres, que le cou-
rant des réactions a emportées, sortiront peut-être de la pous-
sière, le jour où, pour former des musées historiques, on
reconnaîtra que les seuls tableaux vrais sont les tableaux contem-
porains.
Les jours les plus difficiles traversés, la République se consa-
crait au dehors par les armes, au dedans par les institutions d'in-
struction publique. En Hollande, sur le Rhin, en Suisse, en Italie
et en Egypte, Hoche, Moreau, Jourdan, Joubert, Masséna et Buo-
naparte réalisaient des conquêtes aussi avantageuses à la France
qu'à la liberté. Dans les sciences et dans les lettres le génie fran-
çais raffermissait aussi son essor; Lagrange et Laplace exposaient
aux Écoles normales les mathématiques et le système du monde;
Volney donnait ses leçons d*histoire; Millin enseignait les antiqui-
tés à la Bibliothèque nationale; Monge professait à TÉCole poly-
technique et Cabanis lisait à l'Institut ses mémoireis sur les rap-
ports du physique et du moral. M"« de Condorcet publiait le
testament de son mari, VEsquisse d^un tableau de Vesprit hu-
main ; M"* de Staël écrivait les livres De l'Influence des Passions
et De la Littérature. La poésie n'était point muette : Chénier,
Parny, Ducis, Andrieux faisaient les vers les plus vifs qu'on eût
entendus depuis Voltaire, et Lemercier osait l'innovation ; dans le
roman, M"« de Souza et M"« Cottin avaient écrit Adèle de Sénange
et Claire d'Albe. Une époque féconde était née, et les arts riants
venaient tous maintenant la doter. Beaucoup d'inconséquences s'y
mêlèrent, il est vrai ; l'on y vit des mœurs plus que frivoles et
comme l'abandon de toute une nation, la jeunesse en tête, qui
s'égara dans les plaisirs, dégoûtée des principes cimentés par le
sang de leurs pères, parce que ces principes n'avaient pas rendu
n
SALONS DE L'AN VI A L'AN X. 57
immédiatement toutes leurs promesses. Mais les arts, dont je
fais l'histoire, s'accommodent aussi des vices, quoi qu'en dise la
morale, et, arrivé à Tan V, qui est le point culminant le plus stable
de la Révolution, je ne peux m'empôcher d'y reconnaître un des
plus beaux moments de Fart français. Apprécié en lui-même, l'art
du Directoire a donc ses titres, comme l'art de la Régence a eu
les siens, et, si je fais cette comparaison ou plutôt cette opposi-
tion, c'est pour que l'on sente à travers quelles évolutions l'es-
prit fait son chemin. Mais, comme comparaison plus juste, il
faudrait peut-être remonter jusqu'à la Renaissance pour retrouver
un mouvement dans l'art aussi intéressant et aussi plein d'expan-
sion; il n'a été que trop court. Parcourons tout ensemble les cinq
Salons ouverts de Tan VI à l'an X.
7. — SALONS DE l'an VI A l'aN X.
L'école de David se présente maintenant avec le nombre et
l'éclat d'une phalange triomphante. Gérard expose r Amour et
Psyché^ les portraits des citoyennes Brongniart, Regnault, Bar^
hier^ Fulchirmi, du directeur La Reveillère-Lepeaux et du général
Moreau. On distingue ensuite : Hennequin, les Remords dOresie;
Gauthcrot, Pyrame et Thisbé; Debret, Aristomène; Barbier,
Othtyade Spartiate; Broc, l'École d'Apelle; Berthon, Phèdre et
Hippolyte; Peytavin, Bouché, Moriès, Bosio et d'autres, dont les
débuts heureux semblaient annoncer une carrière. Girodet,
dont je n'ai pas encore parlé, parce qu'il était en Italie, mais
qui avait déjà débuté en l'an 11 et en l'an IV, en envoyant Endy-
mUm et Hippocrate, se faisait remarquer maintenant par de plus
petits tableaux, des portraits et des dessins. Le plus ébruité fut
le portrait de lf''« Lange qui, par suite de démêlés entrç le
peintre et l'actrice, fut changé en un tableau satirique'sur le
sujet de Danaè. Peut-être que, si cette Danaé, où le peintre avait
28 INSTITUTIONS.
mis toute son humeur et dépensé beaucoup d'érudition, était ex-
posée aujourd'hui au grand Salon de Fécole française, au Louvre,
elle piquerait autrement la curiosité que le tableau du Déluge, prix
décennal qu'on y voit aujourd'hui. Gros, le dernier et le plus
chaleureux des élèves de David, avait aussi débuté aux Salons de
l'an VI et de l'an IX par les portraits du général Berthier, du gé-
néral Buonaparte et par le tableau de Sapho à LeucaU, L'oubli a
frappé plusieurs des noms que je viens de compter, et Técole
tout entière n'a point échappé à la réprobation et au mépris de
la génération qui a suivi, mais c'est surtout parce qu'on l'a jugée
sur ses derniers ouvrages. Je ne la suivrai pas dans les Salons
du Consulat à vie et de l'Empire ; là en effet tous les sujet^î histo-
riques aboutirent à des batailles et à une gloire égoïste. Callet
peignit Buonaparte au 18 brumaire, Gros le peignit à Jaffa,
C. Vernet à Marengo*, Isabey à Sèvres. Il était réservée David de
fournir les plus vastes toiles à l'apothéose pittoresque de l'Em-
pire, depuis le passage des Alpes jusqu'au Sacre et à la Distribu-
tion des aigles ; mais alors l'art dont j'ai voulu faire l'histoire a
sombré. Deux parts sont à faire dans l'école de David ; l'Empire
n'a eu de cette école que la queue; sa tête est à la Révolution.
Quand on la jugera sur ses œuvres les plus vitales, celles de sa
jeunesse, et qu'on la considérera dans ses propres relations, on
reconnaîtra que , dans ses sujets antiques, elle est restée l'inter-
prète de son temps, qu'elle a montré une grande puissance de
dessin, une fière expression de la pensée. Son tort fut d'être fac-
tice, forcée, et d'oublier souvent la nature et le cœur pour l'aca-
démie et l'engouement. Il ne lui manqua même pas l'exagération
fanatique qui ne s'attache qu'aux grandes écoles. Les coutempor
rains se souviennent avec étonnement des tableaux exposés par
Queylar : Ossian chantant Vhymne funèbre dune jeune fille, Danaé
et son fils exposés sur les flots. Le peintre y avait appliqué la théo-
1. Ce portrait, qui fut gravé à Milan par Longhi, passait bAots pour le plus
ressemblant de tous les portraits de Buon^>arte. V. Tannonce du Moniteur,
15 ventôse an VIT.
^
SALONS DE UAN VI A L*AN X. 29
•
rie, dite des primitifs, qui renchérissait sur David dans Tinfa-
tuation de Tantique.
David lui-même, qui semblait vouloir laisser le champ libre à
ses élèves, n'exposa rien dans ces Salons, mais, en Tan VIII, il fit
une exposition particulière dans son atelier, au Louvre, de quel-
ques anciens ouvrages et du tableau des Sabines, qui est resté le
chef-d'œuvre de l'école.
Regnault avait maintenu cependant son crédit, malgré les ana-
thèmes de David, et il voulut aussi avoir son exposition. La même
année il appela le public dans son atelier, où étaient ses tableaux
les plus récents: la Mort de Clèopâtre, Hercule et Alceste, les Trois
Grâces*. En songeant à ces ouvrages tempérés, faciles, et de peu
d'originalité, il nous paraît singulier d'apprendre que David les
disait infectés du virus académique, et qu'il croyait, lui, s'en être
guéri. Pour des juges désintéressés, la manière de Regnault n'é-
tait qu'un compromis facile entre les Académies anciennes et les
nouvelles^ italiennes et françaises. Les élèves qu'il produisit se
distinguent à peine pour nous de ceux de David. C'était d'abord
Guérin, qui eut un succès d'enthousiasme au Salon de l'an VIL
Son tableau avait pour titre : Marcus Sextus, échappé aux pro-
scriptions de Sylla, trouve à son retour sa fille en pleui's auprès de
sa femme expirée. Le sujet, plus encorç que la peinture, fait
comprendre l'admiration publique; elle ne fit que s'accroître
dans les Salons suivants, ou la Séduction, Orphée, Phèdre et Hip-
polyte réunirent les suffrages, qui ne s'accordent pas toujours, des
connaisseurs et des âmes sensibles. Il y eut aussi quelque succès
pour Landon, qui obtint un prix en l'an X pour son tableau de
Paul et Virginie.
Parmi les peintres sortis d'autres écoles, mais tous gravitant
autour de David, on doit citer encore Meynier , qui peignit les
Muses et Apollon; Mérimée, auteur de l'Innocence, de Vertumiw et
Pomone; Thévenin, qui exposa deux sujets diCiuéls, Augereau au ^
pont d'Aréole et la Prise de Gaéte; Perrin, qui exposait depuis
i. Ce tableau appartient à M. Lacaze (A. de M.).
30 , INSTITUTIONS.
Tan II, et, en Tan X, obtint un prix pour son tableau de Socraie
surprenant Alcibiade entre les bras de la Volupté.
Au milieu d'un tel déployement mythologique et héroïque, peu
de faveur ^tait réservé aux sujets de genre, et Ton ne trouve à
ajouter aux noms des peintres cités dans les Salons précédents
que Ponce Camus, Bonnemaison, Leroy. Plusieurs attiraient ce-
pendant l'attention dans un genre intermédiaire, en traitant
familièrement des sujets antiques. On trouvait dans les tableaux
de M*"® Chaudet la simplicité sculpturale unie à la grâce du
dessin, à la douceur du coloris, et plus de sérieux que ne le
ferait supposer leur titre : la Petite fille et son chien^ la Jeune fille et
son chat. La citoyenne Gérard, dans des sujets plus tournés au sen-
timent : une Jeune fille effeuillant une marguerite, les Jeunes époux
lisant leurs lettres d'amour; la citoyenne Ledoux et la citoyenne
Mayer, dans des tableaux dont le sentiment des jeunes filles fai-
sait aussi le sujet, gardaient, comme sous des cendres un peu re-
froidies, quelque chose du feu et des lueurs de Fragonard et de
Greuze. Ces derniers représentants d'une peinture passée vivaient
encore, et c'est parmi les femmes qu'ils avaient trouvé leurs
meilleurs élèves. Le mérite des femmes et leur vaillante partici-
pation aux arts est un des titres distinctifs de ce temps. Il y en
eut, comme la citoyenne Benoist, et, plus tard, M^^*' Mongez, qui
ne craignirent pas d'être initiées aux pratiques les plus viriles
de l'atelier de David. Beaucoup se livraient au portrait. La ci-
toyenne Guyard-Laville, qui épousa ensuite Vincent, se fît une
réputation en ce genre.
Les portraits, pratiqués avec un égal succès par les peintres
d'histoire et par les peintres de genre, trouvaient alors leurs
princes dans des illustrations civiles ou littéraires et dans les
femmes. C'étaient le représentant nègre des colonies, Belley, par
Girodet; la Famille de l orfèvre Auguste, par Gérard j Bréguet, par
Bonnemaison ; la citoyenne Candeille, appuyée sur sa harpe, par
Kinson ; la citoyenne Pipelet; par Desoria ; la citoyenne Saint-Au-
bin, dans le rôle de Lisbeth, par Bouché; la citoyenne Mars, par
la citoyenne Capet, élève de la citoyenne Guyard.
•
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SALOiNS DE L'AN YI A L*AN X. 31
Le paysage ne se relève guère de la pénurie où nous l'avons
vu. A la place de nouveaux paysagistes on trouvera maintenant à
citer des peintres qui n*ont vu que fort indirectement la nature :
Granet, élève de David, qui débute en l'an Vil avec ses intérieurs ;
Crépin, élève de Regnault, qui expose des marines, et Lejeune,
élève de Valenciennes, qui commence ses batailles.
On est étonné de trouver, dans les Salons de Tan VI à Tan X,
aussi peu de sujets nationaux et contemporains. On voit, il est
vrai, dans les premiers, le Triomphe du peuple dans la journée du
10 août, par Hennequin, où le peintre avait représenté, sous des
couleurs sanglantes et des formes aiguës, le peuple en Hercule et
la Liberté en déesse, avec les accompagnements et les oppositions
obligées, la Vérité et la Discorde; le Neuf thermidor, par Mouchet,
autre allégorie qui n'évitait Thorreur qu'en tombant dans la plati-
tude. On remarque encore dans les Salons suivants quelques sujets
militaires, Augereau au pont d'Arcole, par Thévenin ; la Mort de
Marceau, par Lejeune; une Esquisse sur V armée d'Italie, par La-
fitte; le général Budnaparte recevant des prisonniers sur le champ
de bataille^ par Taunay ; mais, pour Tart tel qu'il était alors
constitué, toutes les passions contemporaines posaient en réalité
sous des titres antiques. Périclès et Gracchus étaient nos magis*
trats et nos législateurs; Marcus Sextus, un proscrit rentrant dans
son foyer; Bélisairc, Orphée, Oreste, Philoctète n'étaient que le
prétexte à des peintures de malheurs dont tous avaient été
atteints; en voyant Antigone et Aspasie, chacun songeait à la
femme dévouée, à la beauté charitable, et l'allégorie était entrée
dans les mœurs au point d'instituer un véritable paganisme;
l'Innocence n'était qu'une jeune fille à peine couverte de quelques
draperies blanches entre des fleurs et des colombes, et l'Amour,
cet immortel enfant, alors fort grandi et intervenant en personne
dans les plus vives compositions, obtenait les hommages les plus
réels et les plus nombreux.
On chercherait en vain un sujet religieux : ils avaient disparu
depuis 1791 et ne reparurent qu'en l'an Xll, fort modestement et
par le tableau d'un inconnu, Nivard, quisuivait la voie de réac-
32 INSTITUTIONS.
lion tracée dans le Génie du ChrUtianisme ; c'était une Procession
du culte catholique dans la campagne.'
Pour compléter l'idée qu'on peut se faire du mouvement de
Tart d'une époque renouvelée et variée plus qu'on ne peut le dire,
il faut, presque sur la même ligne, placer les dessins, qui don-
nent tant de physionomie aux Salons delà République. Le dessin
était plus honoré dans les écoles qu'il ne l'est aujourd'hui. David
faisait dessiner longtemps ses élèves avant de les admettre à la
peinturé. Beaucoup de peintres, célèbres par leurs grands tra-
vaux, Lebarbier, CarafTe, Gérard, Girodet, Monsiau, Chaudet,
eurent recours à ce moyen prompt de produire leurs idées. Plu-
sieurs, tels que Fragonard fils, Isabey, Carie Vernet, Lafitte,
Percier, avaient établi leur réputation sur des dessins; Prudhon y
avait mis tout son génie. Les dessinateurs se distinguaient même
dans les portraits ; Isabey avait attiré tous les regards avec le
portrait de M*^ Lange, et Boilly avec V Atelier d' Isabey, où il avait
réuni les portraits de tous les artistes célèbres de son temps.'
Hilaire Ledru et Henri avaient acquis dans ce genre une grande
popularité. Cette aptitude générale atteste combien les principes
et les idées étaient chers à cette génération d'artistes qui ne se
payait pas de mots, qui manquait de chic, de pâte et de touche,
ainsi qu'on le dit aujourd'hui, mais qui n'en tiendra pas moins
sa belle place au soleil, même après que l'école romantique,
récole réaliste et l'école préraphaélite auront pris toute la leur.
8. — SCULPTURE.
J'ai omis, dans la revue des Salons de la République^ de parler
des sculptures, pour en présenter l'état d'ensemble.
La sculpture, art plus essentiellement public et national, reçut
de la Révolution une impulsion aussi grande que le permirent le
calme et la lenteur du travail du ciseau. Beaucoup de ces travaux
n'aboutirent pas, ou ne furent exécutés qu'en argile. 11 fallut
SALONS DE L'AN VI A L'AN X. — SCULPTURE. 33
souvent suppléer au temps par des moyens factices, par des mo-
delages improvisés en plâtre et en carton. Mais tout n*est point
à dédaigner dans ces œuvres d*un jour; la Renaissance en a pro-
duit qui excitent encore l'admiration quand on en trouve Timage.
Les sculpteurs n'avaient pas eu depuis longtemps d'aussi heu-
reuses circonstances que celles qui s'ouvraient à leur art ; ils sai-
sirent avec avidité les grandes idées que la Révolution apportait,
car elles étaient de celles que le marbre seul semble pouvoir tra-
duire, tant il y a d'immortalité et d'immuabilité dans leur essence.
Je fais l'histoire de la sculpture moins encore que celle de la
peinture; ces arts trouveront, s'ils n'ont déjà trouvé, des histo-
riens plus aptes; mais je tiens à signaler ce mouvement extraor-
dinaire dans l'histoire de la sculpture française, parce qu'il
a été méconnu. du plus éclairé de nos historiens d'art, Émeric
David.
Un renouvellement des études, un retour à la vérité et à Tan- c
tique était opéré déjà dans la sculpture avant la Révolution. Il c
était dû à Pigalle, qui avait sculpté le Voltaire nu ; à Pajou, à ^
Goîs ; à Houdon, qui avait fait le Voltaire en toge et le président ^
Washington; à Julien, qui avait fait la Galatée de la laiterie de
Rambouillet; c'étaient là les grandes réputations académiques
illustrées dans les expositions jusqu'à 1789. Des académiciens
plus jeunes, qui avaient cependant plus de quarante ans quand
la Révolution commença, Boizot, Stouf, Roland , Boichot, Moitte,
retrempèrent tous leur talent dans la nouveauté et l'abondance
des sujets qui leur furent fournis. Dans les Salons de l'an II
et de l'an IV, dans les concours pour les figures du Panthéon et
pour les monuments à ériger sur les places publiques, on vit
ces artistes et quelques-uns des plus vieux s'évertuer dans les
représentations nouvelles : la Liberté, la République, la Force,
la Loi, le monument de Voltaire, la statue de Rousseau. 11 n'y a
pas jusqu'au ciseau de Glodion, façonné aux bacchanales du
XVIIl* siècle, qui ne parut avec des allures d'une énergie sévère
dans un groupe du Déluge. Mais les sculpteurs qu'on peut tenir
pour les fils les plus chéris de la Révolution furent ceux de la
3
» I
( ■ ■
I
3i INSTITUTIONS.
génération qui suivit. Beauvallet, Michallon, Ramey, Cartellier,
Espercîeux, Lesueur, Chaudet, Dumont, Bridan fils, Ghinard, âgés
alors de vingt-<:inq à trente ans, membres du Jury du concours ou
de la Société populaire, produisirent leurs premières et leurs plus
belles sculptures dans les Salons de la République; jusqu'à Lemot,
qui, en 1790, remporta le grand prix, et Callamard, grand prix
de Tan VI, qui mourut tfès-jeune, emportant toutes les espé-
rances de la critique. Dans le concours de Tan 111, institué par
le Comité de salut public, dont les sujets étaient la figure du
Peuple, la figure de la Liberté, la statue de la Nature, et la statue
de Rousseau , les premiers prix furent obtenus par Ramey, Le-
mot, Dumont, Michallon de Lyon, Gartellier, Suzanne, Moitte,
Gbaudet, Espercieux, Morgan d'Âbbeville. La plupart de ces
artistes, devenus célèbres, ont été englobés dans la gloire de
l'Empire ; quelques-uns ont même été ralliés au giron de la Res-
tauration par leur historiographe, Quatremère de Quincy ; leur
talent vient de plus loin et de plus haut.
Le plus révolutionnaire de ces sculpteurs, Beauvallet, ne fut
pas le plus habile. On ne sait trop ce que pouvait être la Mon-
tagne, esquisse en terre cuite qui parut au Salon de Tan H. Maïs
on connaît trop les bustes de Lepelletier, de Marat et de Chaiier,
qui furent offerts à la Convention, et reproduits en grand nombre
pour figurer dans toutes les assemblées populaires. Romme dit
que le buste de Lepelletier, représenté dans le costume sévère
d'un sénateur républicain, était digne de rester à la postérité;
l'auteur fut couronné dans une séance du Lycée des arts, inais
Detoumelle trouvait tous ces bustes fort loin du sublime que doit
enfanter dans les arts notre Révolution. 11 manquait dans l'un
l'expression de bonhomie de Ghalier, et dans tous l'ensemble
généra] dans le mouvement des passions de Tâme ^ Les statues
de Moreau et de Bamave, que Beauvallet fit encore, ont obtenu
plus d'approbation. Beauvallet était dessinateur et même gra-
veur. Il publia, en l'an XII, un recueil de fragments d'ardiUecture,
1. Journal de la Société républicaine des arts, pago 21.
i
SALONS DE L'AN VI A L'AN X. — SCULPTURE. 35
sculpture et peinture, dans le style antique, composés, ou recueil*
lis, et gravés au trait par Iqi, et dé4iés à David.
Ramey exposa, de Tan II à Tan IX, unAtiilete phrygien, la figure
du Peuple, J.-J. Rousseau, le Génie des arts, V Amour, Sapho.
Cartellier donna, de 1791 à Tan XII, la Nature, VAmitié^ la Guerre,
la Pudeur, les Jeunes filles Spartiates, Aristide, Vergniaud. Mî-
challoD, Fauteur du monument de Drouais à ^ome, eut le grand
prix pour la statue du Peuple du Pont-Neuf, et se signala par la
statue de Scipion V Africain pour ïe palais des Cinq-Cents, et par
un buste de Jean Goujon pour le Musée des monuments français ;
il mourut à quarante-huit ans, le troisième jour complémentaire
de l'an VI. Lesueur produisit, de Tan II à Tan VIII, Œdipe et Ami-
gone, V Éducation publique, Sapho, statue funéraire de mademoi"
selle Joli endormie. Espercieux fit la Foi conjugale, la Liberté, la
Paix. Chaudet donna, de 1789 à Tan x, la Sensibilité, le Dévoue^
ment à la patrie, V Instruction publique, Paul et Virginie, Cypa-
risse, V Amour. Chînard, à Lyon, avait orné, en 1793, la Maison
commune de deux statues de la Liberté et de V Égalité; en l'an VI,
il flt une esquise improvisée pour le passage du général Buona-
parte, représentant Mars arrêté par la Paix et couronné par la
Victoire, et une Hébé, en Tan X. Dumont, enfin, exposa la,Liberté,
la Première image de la mort, une Baigneuse, le berger Céphale,
Dans toutes ces œuvres, que je n'analyse pas, il y a une gran*
deur de conception si générale, une correction de formes et
d'ajustements si reconnue, qu'on peut affirmer que les siècles de
la monarchie, à qui le temps ni la fortune n'ont manqué, depuis
Goillain et Sarrasin, qui passe pour le régénérateur de l'art, jus-
qu'à Coustou, à l'exception de Puget, qui ne dut rien à la Cour,
n'ont rien produit d'aussi grand. Je n'entends pas déprimer les
autres époques, pas même celle que M. Émeric David cite comme
le terme extrême de la décadence ; car, pour l'historien de l'art,
Bouchardon et Lemoyne sont d'excellents sculpteurs , qui ont su
exprimer sur le marbre les beautés frelatées du règne de ma-
dame de Pompadour. Mais l'admiration qu'on leur garde ne doit
pas exclure celle qui est due aux sculpteurs qui ont su exprimer
36 INSTITUTIONS.
les beautés et les passions du règne de la Révolution. Elle éclate,
en effet, sous son galbe antique, cette beauté contemporaine,
dans les plus idéales statues de Ghaudet ou de Gartellier. On y
sent le marbre échauffée par l'expression d'une vertu fière de sa
liberté, et rappelant quelque type mâle et héroïque jusque dans
les formes féminines.
9. — MUSÉES.
Une destruction immense et aveugle fut le résultat fatal de la
Révolution; d'innombrables objets d*art durent périr avec les
abus et les corruptions, dont ils paraissaient les complices. Ceux
qui se placent au point de vue du passé peuvent le déplorer;
mais, le progrès accepté, Thistorien voit au delà de ces gémisse-
ments. Le renouvellement est la condition de Tart comme de
toutes les autres institutions humaines, comme des végétations
mêmes de la nature. Pour que les produits se succèdent dans son
domaine, il faut souvent que les plantes anciennes aient été arra-
chées et que le sol soit profondément labouré. De bons semis y
périssent avec l'ivraie ; les nouvelles pousses ne sont pas toujours
et nécessairement supérieures aux précédentes, mais elles vivent,
croissent et multiplient; elles donnent à la génération qui vient
les seules fleurs et les seuls fruits dont elle veuille. Au milieu de
la crise, la Convention, toute préoccupée qu'elle était de l'avenir,
n*oublia pas les intérêts de la science et de l'art; dans des ruines
inévitables , mais trop souvent exagérées par les plus mauvais
sentiments, elle donna toujours des avertissements aussi éclairés
que sévères. Les beaux rapports de Grégoire sur le vandalisme
resteront les témoignages de sa sollicitude et de ses lumières ; les
vues les plus hautes sur la mission civilisatrice de la Révolution
viennent toujours s'y mêler aux dénonciations les plus vives des
méfaits commis par l'ignorance et la friponnerie, aux instruc-
tions les plus justes sur la valeur historique des divers monu-
MUSÉES. 37
ments : « La France est vraiment un nouveau monde. Sa nou-
velle organisation sociale présente un phénomène unique dans
rétendue des âges, et peut-être n*a-t-on pas encore observé
qu'outre le matériel des connaissances humaines , par Teffet
de la Révolution elle possède exclusivement une foule d'élé-
ments, de combinaisons nouvelles, prises dans la nature, et
d'inépuisables moyens pour mettre à profit sa résurrection
politique ^. »
Les trop courtes années de la République ne furent pas seule-
ment fécondes en nouveautés de tout ordre; elles saisirent aussi,
mieux qu'on n'avait jamais fait, la valeur des oeuvres du passé
comme étude et comme histoire. Au milieu des préoccupations
politiques, la science eut sa large part; la Convention s'occupa,
dans plusieurs décrets, de la conservation des objets d'art et de
l'organisation des musées.
Quelques jours après le 10 août, le sac des Tuileries et
l'abandon des résidences royales, des palais, des hôtels et des
^lises, ayant mis en dispersion un grand nombre de tableaux et .
d'objets d'art, l'Assemblée législative avait décrété leur réinté-
gration et chargé le ministre Roland de la formation d'un
muséum national. Une commission fut nommée à, cet effet, com-
posée d'artistes et d'experts recommandables : Vincent, Regnault,
JoHain, Pasquter et Lebossu. Le Musée s'ouvrit, l'année suivante
et le 10 aoûtj dans la galerie du Louvre, sous le itre de Musée
central des arts. En nivôse an II, la Convention , sur le rapport
de David, organisa le conservatoire du Muséum en quatre sec-
tions, où furent appelés Fragonard, Bonvoisin, Lesueur et Pi-
cault pour la peinture ; Dardel et Dupasquier pour la sculpture;
David, Leroy et Launoy pour l'architecture; Wicar et Varon pour
les antiquités. Ce conservatoire s'occupa incessamment de l'ar-
rangement des objets qui arrivaient tous les jours au Muséum
i. Rapport sur les destructions opérées par le vandalisme et sur les moyens
de le réprimer, par Grégoire. Séance du 14 fructidor, an second. In-8*, de Tlm-
primerie nationale , p. 22.
38 liNSTITUTIONS.
par les réintégrations de l'intérieur et par les conquêtes de nos
armées, de la restauration des tableaux, de rétablissement de
rimmense parquet, qui remplaça Taire de plâtre qu*on y voyait
auparavant, et des mesures qui facilitaient l'entrée au public et
l'étude aux artistes.
À côté de ce Conservatoire, une Commission temporaire des
arts et des sciences avait été instituée par le Comité d'instruction
publique, en frimaire an II, pour veiller à l'exécution des décrets
nombreux qui avaient été rendus par la Convention sur les
rapports de Grégoire, de Homme, de Lakanal, et qui concernaient
la conservation des objets des sciences et des arts, leur transport,
leur réunion dans des dépôts convenables, leur description et leur
classement. Cette commission, dont faisaient partie des savants,
Monge, Berthollet , Vicq-d'Azy r, Prony, Barbier, Poirier, et des
artistes, Peyron , Bonvoisin et Naigeon, distribua une instruction
sur la manière d'inventorier et de conserver dans toute l'étendue
de la République tous les objets qui peuvent servir aux arts * ; sa
rédaction, signée de Vicq-d'Azyr et de Poirier, ajoutait aux
recommandations pratiques les plus minutieuses les plus belles
considérations sur ces arts, appelés autrefois arts d'agrément,
mais qu'on appellerait plus justement arts de l'histoire. De tous
ces soins, il résulta bientôt que Paris posséda , pour les arts seu*
lement, quatre grands établissements : le Musée central du
Louvre, la galerie du Luxemboui^, le dépôt des Petits-Augustins
et le dépôt de l'hôtel de Nesle. On fonda en outre un musée
spécial de l'École française k Versailles.
Le dépôt provisoire des Petits-Augustins, où Alexandre Lenoir
avait rassemblé, avec un goût bien rare dans ce temps, les
sculptures, exhumées des couvents, des églises et deâ palais
gothiques, ouvert au public dès le 10 août 1793, fut organisé en
1. Instruction sur la manière d'inventorier et de conserver dans toute
Vétendue de la République tous les objets qui peuvent servir atix arts, aiuc
sciences et à l'enseignement , proposée par la Commission temporaire des arts
et adoptée par le Comité dMnstruction publique de la Convention nationale.
Paris, de rimprimerie nationale, Tan II de la République. In-4*, 70 pages.
MUSÉES. 39
musée des noionuments français, le 15 fructidor de Tan 111. U les
avait recueillis, ainsi qu*il le disait, sous la lave brûlante du
Vésuve^ y et ses soins, comme on voit, furent bien reconnus de
l'autorité.
On a publié quelque part la liste des littérateurs et des artistes
pensionnés de Louis XIV , et, si je m*en souviens, cette liste est
loin de répondre à la réputation du règne. Qu'on jette les yeux
sur celle qui fut adoptée par la Convention , le 27 vendémiaire
an II et le 28 germinal an III, sur les rapports de Ghénier et de
Daunou*, et Ton se convaincra que tous les talents et toutes les
misères y étaient considérés. Je ne citerai que les noms suivants
de savants et de littérateurs, sur une liste de plus cent cinquante :
Adanson , Anquetil , Bossut, Delille, Ducis; Laharpe, Larcher,
Lalande, Lamarck, Lebrun, Montucla, Oberlin , Saint-Lambert,
Andrieux, Collin-d'HarlevilIe , Gueroult, Lacretelle, Mentelle,
Pamy, Poirier, Rétif de La Bretonne, Barthélémy, Brunck, Nai-
geon, Pannentier, Sedaine, Gail, Millin, Sylvestre Sacy, Robert
Vaugondy. Les principaux artistes qu'on voit figurer sur cette liste
sont Prudhqp , Regnault, Ramey, Suvée, Carie Vernet, Gérard;
Sablet, Moitte, Vincent, Vien, Devosge. La Convention, avant de
se séparer, avait fondé l'Institut national. Dans cette première
organisation en trois classes, décrétée le 3 brumaire an IV, sur le
rapport de Lakanal, la section de peinture, comprise dans la classe
de la littérature et des beaux-arts, fut composée de six membres :
Vincent, Regnault, Vien, David, Taunay et Van Spaendonck. La
plus terrible magistrature, la Commune, ne manqua pas de zèle
pour les arts et pour les lettres. Elle avait placé une garde parti-
culière au Muséum -, elle demanda un concours pour la restau-
ration des tableaux, et l'on sait, entre autres faits, qu'elle fit
i. Notice sticcinctê des objets de sculpture et architecture réunis au Dépôt
provisoire natiotial, rue des Petits-Augustins , par Alexandre Lenoir, garde
dndit Dépôt, 1793, in-S*. — Notice historique des monuments des arts réunis
au Dépôi national, rue des Petits-Augustins, par Alexandre Lenoir. Paris,
ran IV, in-S*.
2. Moniteur universel , i7 nWtae et 29 germinal an III.
40 INSTITUTIONS.
fermer le théâtre Mohtansier comme trop voisin de la Bibliothèque
nationale.
Le Muséum, bientôt enrichi par les envois des armées de
Sambre-et-Meuse, du Rhin et d'Italie, put agrandir sa galerie et
en former de nouvelles. En l'an V s'ouvrit la collection des dessins
originaux dans la galerie d'Apollon ; quelques mois après, la chal-
cographie, proposée par le général Pommereul, fut instituée par
le ministre Benezech ^ et, la même année, fut arrêtée la création
des musées de département dotés par le Musée central *. La
galerie des antiques avait été disposée avec autant de savoir que
de magnificence, sous la direction de Visconti. Le Cabinet des
médailles, incessamment enrichi comme tous les autres dépôts
publics, s'était réorganisé par la nomination de Millin, qui déjà,
par une loi de Tan IV, avait été chargé d'un cours public d'anti-
quités, pour la plus heureuse instruction du public. Le jardin des
Tuileries avait été embelli d'une nombreuse réunion de statues
comprenant les chefs-d'œuvre de l'art moderne et les copies des
plus beaux morceaux antiques ^. Par un arrêté du Directoire de
1. Chalcographie française, par le général Pommereul, De l'curt de voir dans
les beaiÂX-arts, Paris, an VI, in-S**, p. 257. Le graveur Guyot avait de son côté
proposé au gouvernement un projet sur le même sujet : Plan d'un conserva^
toire ou muséum de gravures^ deux parties, in-S*, Paris, an V.
2. Les lettres des ministres de Tintérieur Benezech, Letourneur et François
de Neufch&teau, ainsi que le rapport de Heurtaut Lamerville au Conseil des
Cinq-Cents, sur les musées des départements, sont cités dans une publication
de 1848 : Travaux de M, de Chennevières, préparatoires et explicatifs du
rapport adressé par M. le Directeur des musées nationaux à M, le Ministre de
l'intérieur sur la nécessité de relier les mutsées des départements au muses
central du Louvre, Paris, imprimerie de Lacour, 45 pages, in-8*.Le ministre de
rintérieur Chaptal sanctionna cette création par son rapport aux Consuls, suivi
de Tarrêté du 14 fructidor an VIII, qui a été imprimé par M. Clément de Ris, dans
les Musées de Province, Paris, Renouard, 1859, in-8*, t. II. Il s'est plu à faire hon-
neur de cette institution au premier Consul, qui ne fit en ceci que suivre une
impulsion donnée et Tabandonna dès quMl fut livré à ses propres inspirations.
3. Description des statues des Tuileries, pdi Millin, conservateur du Muséum
des antiques à la Bibliothèque nationale et professeur national d'histoire et
d'antiquités. Paris, an VI, in-12.
THÉORIES. 41
Tan Vi, rÉcole de France à Rome fut rétablie, Suvée envoyé
comme directeur, et, avec lui, quinze élèves, qui avaient rem-
porté des prix depuis 1791, et parmi lesquels étaient les peintres
Lafitte, Thévenin, Landon et Guérin, les sculpteurs Lemot et
Callamard.
Toutes ces fondations nationales, que le gouvernement qui
suivit n'a fait que développer, doivent faire comprendre, non
moins que la fécondité des Salons, le mouvement et Texaltation
qui alors se portaient sur Tart et qui vinrent se traduire dans la
fête des Arts, solennité inouïe du 9 thermidor an VI. C'est en toute
vérité que Lebrun y chantait :
France heureuse! quelle est ta gloire!
Vicq-d'Azyr et Poirier ne déclamaient pas; ils ne faisaient
que répondre exactement à la pensée la plus haute du moment,
quand ils disaient dans leur instruction : « Et toi , peuple fran-
çais, déclare-toi l'ennemi de tous les ennemis des lettres. Couvre
surtout les arts de ta, puissante égide et sois le conservateur de
leurs travaux, afin que tu puisses dire un jour, comme Démétrius
Poliorcète : « J'ai fait la guerre aux tyrans; mais les arts, les
« sciences et les lettres n*ont jamais en vain réclamé mon appui. »
10. — THÉORIES.
Les exaltés de l'art ne manquaient pas d'ailleurs parmi les
écrivains et les théoriciens. L.a question de l'influence de la pein-
ture sur les mœurs et le gouvernement ayant été mise au con-
cours par la section de l'Institut, voici comment elle fut envisagée
dans le mémoire qui obtint le prix. Considérant d'abord l'art
ancien, où les Athéniens seuls ont fait servir la peinture à la
défense de la liberté comme les prêtres catholiques l'ont fait ser-
vir au maintien de leur religion et de leur puissance , l'auteur
42 INSTITUTIONS.
voudrait que le législateur fit tourner aussi la peinture à la pro-
pagation des vertus qui composent le caractère nationaK H
constate la situation de la France, qui, par un contraste singu-
lier, mais qu'expliquent sa gloire militaire et le désordre de ses
finances, rassemble dans son sein les tableaux des autres nations
et ne saurait payer ceux de ses grands maîtres, où le bouleverse-
ment des fortunes a placé les richesses dans une classe nouvelle
peu accessible aux jouissances que procurent les beaux arts. Le
gouvernement n'est point assez riche pour acheter tous les chefs-
d'œuvre , mais il doit du moins les honorer et leur dispenser la
gloire qui parle plus fort que l'intérêt au cœur des artistes ; il
doit encourager surtout les tableaux les plus propres à l'instruction
du peuple, propager le goût des genres qui plaisent à la patrie.
C'est ainsi qu'on nationalisera la peinture. N'est-ce pas une car-
rière immense et toute nouvelle que d'avoir à peindre l'histoire
des peuples libres, les traits remarquables de la vie publique et
privée des hommes qui ont illustré les annales de la liberté ?
L'auteur ne termine pas sans voir l'achoppement de ces belles
théories : « Mais où trouvera-t-on, dit-il, le Lycurgue de la France?
Quand viendra-t-il enfin nous apprendre à être libres? Quelles
institutions donnera-t-il à ce peuple inconstant et léger, déjà
fatigué d'une liberté qu'il a si chèrement acquise * ? »
Un général d'artillerie amateur des arts, Pommereul, traita la
même année des institutions propres à faire fleurir les beaux-arls
en France en publiant un état des objets d'art dont les musées
avaient été enrichis par la guerre d» la liberté. Il s'attacha à
montrer que la Révolution avait ouvert au génie une carrière
nouvelle , bien préférable à celles qu'offraient la Mythologie, la
Bible et la Légende dorée. « Les secours que présentait la Grèce
i. Rajpport au nom de la Commission nommée pour examiner les discourt
envoyés sur cette question proposée par la Section de peinture : « QueUe a été et
queUe peut être encore Tinflaence de la peinture sur les mœurs et sur le
gouvernement d*un peuple libre? » Lu dans la séance publique de llDstitut
national le 15 germinal an VI; signé : Vien, Vincent, David, Dufourny, Mongcz,
Lcblond, Andrieux. In-4" de i6 pages; Baudouin, impr. de PInstitnt.
THÉORIES. ^ 43
aux arts du dessin notaient pas, disait-il, très-diiïérents de ceux
que leur offre la PYance, car désormais la France libre aura sa
gymnastique , ses jeux publics , ses fêtes nationales, où le génie
saura trouver des sujets dignes de lui ^. »
On trouve chez les étrangers une impression vive de nos arts
républicains. Un Suédois, venu en Fan VIII pour juger de l'état
des arts depuis la Révolution , fut frappé du développement
qu'avait pris le talent pendant les troubles intérieurs, et, en
voyant tant de promesses dans de jeunes talents, il augurait
pour l'École française un rôle aussi brillant que celui qui avait
distingué anciennement l'École italienne '. Bruun-Neergaard ne
manquait pas de goût et de sagacité dans ^es jugements, car le
peintre qu'il sut apprécier entre tous est celui que dédaignaient
alors tous les critiques vulgaires et que repoussaient toutes les
écoles bruyantes, Prudhon; il consacre vingt pages à la descrip-
tion de ses peintures et de ses dessins.
Après des aspirations incommensurables, les peintres de la
République n*ont pu remplir leur vœu ; dans les limites où les
circonstances les ont resserrés, ils l'ont du inoins fait com-
prendre. Ils auraient voulu renouveler les conditions matérielles
et morales du beau, reléguer dans le passé la représentation des
gibets de martyrs, des prisons de moines, des apothéoses de
rois, des bassesses de courtisans et des corruptions de maltresses.
C'est on art à venir. Ils ont réussi du moins, en abandonnant
ces sujets d*église et de cour, qui avaient presque seuls défrayé
leurs devanciers, à peindre encore un coin de l'humanité grande
et forte. L'École de David, dont le caractère fut plutôt un effort
qu'une inspiration véritable et se laissa tout entraîner à la suite
d'un roattre plus asservi à l'étude d'un bas-relief romain qu'à
i. De Vart de voir dant les beaux-arts, trad. de Milizia, suivi des insti-
taUoas propres à les faire fleuiir en France, et d'un état des objets d'art dont
nos musées ont été enrichis pendant la guerre de la liberté, par le général
Pommereul. Paris, an\l, in-8°.
2. Sur la tituation des beaux^rts en France, ou Lettres d*un Danois à son
ami, par T. G. Bruun-Neergaard. Paris, an IX , in-H«, p. 420.
44 . INSTITUTIONS.
celle de a nature, n'a posé qu'un jalon étroit du développement
de la peinture historique ; mais elle a été, pour son époque, une
école assez forte et assez originale pour maintenir à Paris la pri-
mauté de l'art, que plusieurs artistes lui avaient déjà donnée au
XVlll* siècle, et qui est devenue, surtout depuis la Révolution, le
fait capital de Tart moderne. Prudhon, artiste d'un caractère tout
intime, n'exerça qu'une influence latente et ne prit pas de son
vivant la place qui lui était due ; mais il représentera la Révolu-
tion dans les régions primordiales des plus grandes Écoles. Dans
sa manière, aussi neuve qu'antique, c'est-à-dire pénétrée de l'es-
prit même d'une renaissance et « caressée d'un baiser de la
Nature, » il donne là main aux maîtres sublimes de l'Italie et
résume l'élément possible de l'art de son temps. Après en avoir
conçu le type au moment le plus expansif de 89 et l'avoir nourri
aux jours les plus misérables de 93, il l'éleva au plus haut degré
de beauté. Que cette beauté nous soit toujours présente et nous
fortifie au milieu des infirmités trop nombreuses que présente
l'art de la Révolution. L'historien doit son attention à ces infirmi-
tés, car ce sont encore des conditions esthétiques : là, caducités
prolongées des corruptions de l'ancien régime ; ici, étiolements
amenés par l'instabilité des nouveaux gouvernements.
Mais j'ai assez parlé des conditions générales faites à l'art de la
Révolution, et j'ai fait sentir assez la justice qu'il y a à ne les
juger que dans ses véritables relations, pour aborder les artistes
dans les diversités de leur pratique. Je ne les suivrai que dans
les estampes, mais cette recherche suffît à mon but. Ce n'est que'
par les estampes en effet, par ces milliers de feuilles qui se
joignent au livre, sont exposées au carrefour et pénètrent les
maisons et les ateliers, que l'art reçoit la consécration populaire
et qu'on peut juger de la place qu'il lient dans le pays, de la
place qu'il doit tenir dans l'histoire.
II
ARTISTES
1. — GRAVEURS DE SCULPTURE ET D'ARCHITECTURE.
La sculpture, appelée à donner les représentations monumen-
tales des sentiments publics , devait fournir au dessin ses plus
grands motifs et à la gravure ses modèles les plus sérieux.
MOITTE, élève dePîgalle*, statuaire d'une réputation déjà faite
dans le mouvement de la restauration antique qui avait distingué
la sculpture avant 1789, fut des sculpteurs de la Révolution le
premier en évidence. 11 fut choisi pour l'exécution du fronton du
i. lean-GuilIaume Moitte, né à Paris en 1747, grand prix de 1768, agréé de
rAcadémie en i783, mort en iSiO. CattUogue, après décès, par Regnault de La
Lande^ 7 juin 1810, in-8*. Son portrait a été gravé par fifiger, médaillon rond :
Société académique des Enfants d'Apollon. Il était fils d'un graveur, Pierre-
Etienne Moitte. n avait deux sœurs, Àngélique-Rose et Elisàbeth-Mélanie , et
deux frères, François-Auguste et Alexandre, adonnés à la gravure; leur nom
se trouve sur des ouvrages de Greuze, de Debucourt, mais je n'en ai pas trouvé
qui se rapportent à la Révolution. Les seules pièces originales que Ton puisse
citer sont : VÊtuds de la nature, ovale in-4*', pointillé, bistré, peint, dessiné et
gravé par Alexandre Moitte, 1788. C'est une jeune fllle en buste, coiffée de
grandes boucles et vêtue d'amples étoffes, levant les yeux au ciel , une rose
dans une main un livre dans l'autre. — Scène de la tragédie de Charles IX,
bénédiction des armes, les cariatides de Goujon au fond de la salle. A. Moitié,
inv, et sculpt., eau-forte serrée, fine et pittoresque ; in-4*> long. U y a de cette
estampe une autre état plus commun et colorié, avec l'adresse de Chéreau et
les vers de Chénier en marge.
46 ARTISTES. — GRAVEDRS DE SCULPTURE
Panthéon : La Patrie couronnant les Vertus civiques et guerrières^
et des bas-reliefs de Tare de triomphe élevé au Ghamp-de-Mars à
la fête de la Fédération. Detournelle, qui a donné une description
du fronton du Panthéon, louait l'habileté de Moitié à saisir le
caractère antiqne, mais il n'y trouvait pas Toriginalité de la
nature ^. Lebreton le loue davantage et dit qu'il classa Tartiste
parmi nos premiers statuaires*. Il n'a pas Cependant trouvé place
pour un seul de ses ouvrages dans le musée des sculptures
modernes au Louvre. Quelles que soient les qualités qui lui man-
quent pour donner une sculpture en rapport de grandeur avec
les monuments qu*il était appelé à consacrer, les figures de
Moitié, dont nous ne pouvons juger que par les gravures qui
furent faites immédiatement sur ses dessins, paraissent robustes
et mouvementées ; c'est peut-être ce que Émeric David exprimait
en disant que l'énergie de Glycon était plus conforme à son
naturel que la délicatesse de Cléomènes '.
Moitié était un dessinateur fécond ; il avait fourni beaucoup de
dessins à M. Auguste, orfèvre du roi, et plusieurs de ces compo-
sitions en bas-reliefs passèrent dans la gravure; il dessina^ pour le
frontispice de la Galerie de Florence et la dédicace au grand-duc
de Toscane, un génie appuyé à un cippe au milieu d'objets
antiques, 1789, qui fut gravé par Marais. Il a gravé lui-même
deux pièces à Teau-forte :
1. Le triomphe de l'Amour;
2. Le triomphe de Bacchus;
Pièces, in-f*» allongé, signées Moitié deL et seul. Elles sont com-
posées en bas-reliefs avec un grand nombre de figures. Le dessin
est plus rapproché de Vien que de David, mais l'exécution
pittoresque, avec des travaux de pointe qui laissent voir les
méplats multipliés d'un modeleur. Le style de Moitié paraît
avec plus de sévérité dans les gravures au lavis qui repro-
i. Journal de la Société républicaine des arts, in-8°, p. 240 et suiv.
2. Rapport sur les beaua>-arts, in-4°, p. 132.
3. Histoire de la sculpture française', Paris, 1853, iu-12, p. 202.
ET D'ARCHITECTURE. — J.-G. MOITTE. 47
duisirent les bas-reKefs faits pour les monuments de la Révo-
lution.
3. Premier bas -relief placé sur Varc de triomphe élevé au
Champ-de-Mars f inventé et dessiné par Moitte sculpteur. Trais
pièces in-^ allongé, gravées en 1791 par J.-B. Lucien (le trait
parPauquet)* ;
A. La Liberté. In-f^, gravé par Janinet ;
5. LÉgalUé. 1793, idem ;
6. L'athéisme ayant disparu, la Sagesse apparaît au peuple
fnmçais; allégorie de la fête de l'Etre suprême *. A Paris, chez
Joubert graveur. In-k^ allongé.
Ces compositions et ces figures laissent désirer sans doute quant
à l'originalité et à l'énergie révolutionnaire ; Detournelle y regrettait
avec raison un sentiment plus naturel et de plus belles proportions;
mais, dans la donnée d'une réminiscence antique, il y a de la
correction dans les lignes, de l'abondance dans les draperies, et
elles tiennent du calme qui convient à la sculpture. Les gravures
qui donnèrent au dessin de Moitte le plus de distinction furent
celles de Louise P.; le souvenir de Tantique dont elles s'inspirent
laisse percer beaucoup de sentiment :
7. Bacchanls et Bacchantes dressanX un terme ^ n° 1 ;
8. Bacchants et Bacchantes au pied d'un terme, n^ 2. In-f^
allongé, fond noir;
9. Artèmise, n^ 3. In-ii*», gravé par Louise P. ;
10. Bacchantes entre des autels, des termes et des rinceaux.
\n-P allongé, dessiné par Moitte, sculpteur, en 1790, gravé par
L. P. en 1793.
Janinet grava beaucoup d'autres sujets antiques de Moitte en
leur donnant plus de sécheresse et de tension. Un lavis, bistre ou
1 . L*éditeur Joubert, graveur, en publiant ces trois pièces dont il flt hommage
à la seconde Législature, annonçait, dans un prospectus daté de 1792, le second
btfl-relief et une suite, devant former un choix de sujets intéressants poui
servir à l'histoire de la Révolution française.
2. Le Moniteur, 21 février 1703, publia l'annonce et la description de
Testainpe.
48 ARTISTES.— GRAVEURS DE SCULPTURE
rouge, et un fond sombre vienneot leur donner l'elTet violeDt
exigé par le goût du jour.
G*est probablement de Técole de Moitte que sortit l'estampe
suivante :
1 1 . République française, Liberté,ÉgaliU,projet de groupe à exècur
ter au fond du Panthéon français. Ànt. Quatremère inv. et se. In-f<*h.
La sécheresse des contours, Tagencement anguleux des
membres et Tidéal de l'expression, aidés par un lavis rehaussé de
plusieurs teintes, y font bien sentir le mouvement révolution-
naire ; le jeune dessinateur de ce morceau n'est autre que
M. Quatremère de Quincy, devenu sous la Restauration savant
archéologue et esthétiste abstrait, mais alors imbu des passions
de son temps.
Moitte fut dépassé dans l'exécution de beaucoup de monuments
transitoires par des sculpteurs plus jeunes ; mais il obtint encore
le prix au concours de l'an III, pour la statue de Rousseau qui
devait être élevée aux Champs-Elysées : Le citoyen de Genève
méditant le plan de V Emile et examinant les premiers pas de l'en-
fonce, et il fut l'auteur du monument élevé à la mémoire de DesaiXy
qui est dans l'église du mont Saint-Bernard. Nous n'en connais-
sons pas de gravure contemporaine.*
M<"* Moitte (Adélaïde-Marie-Ànne Castillas), que nous avons vue
figurer en tête des dames qui allèrent porter leurs dons patrio-
tiques à l'Assemblée nationale, était aussi artiste, connue, dit-on,
par ses dessins.
BOIZOTS fils d'un dessinateur des Gobelins, académicien
connu par une statue de l'Amour qui est au Louvre , par une
statue de Racine à l'Institut et par des pièces allégoriques et
des bustes, auxquels sa sœur*, artiste assez habile dans la
1. Louift-Simon Boizot, né en 1748, élève de Slodtz, reçu à TAcadémie en
1778; il fut quelque temps président de la Société populaire des arts, en 1806
professeur de dessin aux Écoles impériales; mort en 1809.
2. Marie-Louise-Adélaide Boizot. Le Manuel, qui la dit née aussi en 17i8,
ne cite d'elle que des pièces antérieures à la Révolution.
ET D'ARCHITECTURE. — BOIZOT. 49
gravure au burin, avait donné quelque popularité avant la
Révolution, devint l'inventeur et le dessinateur le plus fécond
et le plus vulgaire des figures d'allégorie en rapport avec l'es-
prit nouveau:
La Liberté, patronne des Français, en buste; ovale, gravée
par Ruotte. \
La Liberté, en pied, brisant un joug, gravée par la citoyenne
Demonchy.
La Liberté, en pied, tenant un joug brisé, etc. ; gravée par la
citoyenne Lingée, f« Lefèvre, chez Basset, en couleur, in-f*».
La Liberté, en buste, rond ; gravée par Darcis, chez Depeuille,
1x1-12.
L'Égalité, en buste, ovale ; gravé par A. Clément, in-^*".
L'ÉgalUé, en buste^ rond, par Darcis, chez Depeuille, in-12.
La Fraternité, en buste, rond, chez Depeuille, in-12.
La RèjhAblique, en pied, ovale^ par Massol, chez Basset, en
couleur, in-f».
La France républicaine , ouvrant son sein à tous les Français,
en buste, ovale ; gravé par Clément, in-4^.
La France républicaine, en buste, rond, par Darcis^ chez
Depeuille, in-12.
La Loi, par Gauthier.
La Nature, en buste, rond, par Darcis, in-12.
La Nature, gravée par Darcis, pièce ronde, in-8*» ; elle presse
de ses deux mains les deux premières de ses mamelles.
L'Innocence, en buste, par Darcis, rond, in-12, chez De-
peuille.
La Vertu, en buste, rond, par Darcis, chez Depeuille, in-12.
Le Triomphe de la vertu républicaine, en pied, ovale, par Darcis,
chez Depeuille, in-8^.
Le Triomphe des victoires républicaines, en pied, ovale, par
Darcis, in-8®.
La Probité, en buste, rond, par Darcis, chez Depeuille, in-12.
La Force, en pied, ovale, par Huot, en couleur, in-ii°.
La Force, en buste, rond, par Darcis, chez Depeuille, in-12.
4
50 ARTISTES. — GRAVEURS DE SCULPTURE
L'Héroïsme français, en pied, ovale, par Gautier Taîné, chez
Basset, in-4«.
La Vérité, en pîed, ovale, par Lefèvre, în-4*».
La Raison, en pied, rond, par Chapuy, grand in-f^, lavis.
La Raison, en buste, gravée par Darcis, rond, in-12, chez
Depeuille.
La Négresse : Moi libre aussi, en buste, rond, par Darcis, chez
Depeuille, in-12.
La belle Nourrice,
Ces figures ne se distinguent ni par la grandeur du trait, ni
par Toriginalité de l'expression ; elles échappent môme par leur
banalité à toute classification d'école; mais le type en est sérieux,
les draperies antiques, les emblèmes faciles à comprendre, et
elles remplissent leur but comme représentations hiératiques. Il
ne s'agissait en effet, pour le dessinateur, que de faire dçs images
patriotiques qui vinssent prendre la place des anciennes images
religieuses, et ses graveurs y ont contribué, en le traduisant de
la manière la plus choyée et la plus banale, le pointillé. Nous
montrerons plus tard les ressources que le Symbolisme révolution-
naire trouve dans l'œuvre de Boizot ; contentons-nous de faire
ressortir l'idéal propre à l'artiste, en décrivant l'une des pièces
citées , VÉgalité. La déesse est représentée de face, la tête dans
une gloire; les cheveux, retombant en boucles désordonnées sur
le front et sur les épaules, sont surmontés d'un bonnet à cimier
de coq ; le buste est vêtu d'une chemise, boutonnée à la gorge et
retenue par une ceinture, mais ouverte pour laisser voir les
deux seins, au milieu desquels est suspendu le niveau.
11 faut convenir que la médiocrité de Boizot sq montre avec
aggravation dans les compositions où il essaya de grouper ses
figures allégoriques et de leur donner quelque signification
idéale ; elles ont eu pourtant leur succès, attesté par les graveurs
qui s'y sont appliqués , en les publiant par paire pour l'ornement
des salons :
Les bonnes lois font le bonheur des peuples ;
La Philosophie éclaire les hommes^ gravé par Prot, in-f*\
ET D'ARCHITECTURE. — BOIZOT. 51
La Liberté^ armée du sceptre de la Raison, foudroie VIgnorance
elle Fanatisme;
La Liberté, soutenue par la Raison, protège l'Innocence et cou-
ronne la Vertu, gravé par Bernier, grand in-^.
La Liberté couronnant la Victoire, gravé par Gautier, în-f® ;
La Philosophie découvrant la Vérité, gravé par Gauthier, in-f«.
L'amour de la patrie inspire le courage, gravé par Tassaert,
ovale, en couleur.
La morale sans réplique, gravé par Darcis, in-f».
La patrie satisfaite, par Colibert, en couleur, în-f®.
Les cendres de Voltaire et de J.-J. Rousseau sont portées au tom--
beau des grands hommes, ovale, par CoJibert.
Le Génie de la nation française reçoit le serment du citoyen, etc.
gravé par Darcis, in-i*».
La constitution de VanlII.
Vous vous tourmentez vainement, etc. ; fructidor an 111. B. inv.
et del, N. se. In-ft*», eau-forte.
Ces grands titres ne servent qu'à faire ressortir la platitude de
compositions, en elles-mêmes fort difficiles à rendre d'une manière
pittoresque; l'on n'y trouve pour intérêt que la valeur symbolique
de quelques figures; cet attrait même vient manquer aux compo-
sitions où Boizot essaya des sujets historiques ou anacréontiques :
Présage de la grandeur future de Servius Tullius, gravé par
B. Roger, dirigé par Copia, in-f» 1.
La Beauté rend les armes à V Amour, gravé par Colibert.
L'Innocence embrasse la Sagesse, idem.
Va où la gloire (appelle, in-f^ 1.
Avec ce talent, façonné aux représentations révolutionnaires,
mais plein d'uniformité, Boizot ne put apporter beaucoup de dis-
tinction aux monuments dont il fut chargé. Les plus connus sont
le Mausolée, voté par l'armée de Sambre-et-Meuse au général
Hoche, la Victoire et les figures allégoriques de la fontaine du
Châtelet. Au concours de l'an III il n'avait figuré qu'à un rang
inférieur à tous les autres sculpteurs que nous avons vus, et il
avait reçu un encouragement de 1,500 livres.
52 ARTISTES. — GRAVEURS DE SCULPTURE
BOICHOTS sculpteur sorti de Técole de Dijon, agréé de TAca-
démie en 1785, membre du Jury au concours de Tan II, se fit
connaître pendant la Révolution par les ouvrages qu'il exécuta sur
le péristyle du Panthéon : la statue de la Force *, et le bas-relief
des droits naturels de l'homme en société, qu'il avait rendu par
une tablette tenue par la Nature, exprimée par une femme moi-
tié nue et moitié vêtue. Au concours de Tan III il eut un prix de
6,000 livres pour le modèle d'une figure à son choix. Émeric
David dit de lui qu'en cherchant le style antique il tomba dans la
manière des Florentins ' ; il nous paraît en effet, dans ses dessins,
musculeux et mouvementé. 11 était surtout dessinateur, et fournit
des sujets pour l'illustration du Théocrite de Gail , tombés entre
les mains de graveurs qui les rapetissèrent. Mais Boichot devait
rencontrer, parmi ses camarades d'école , un graveur mieux fait
pour le traduire ; c'est Hoim ^, qui fut peintre de portrait au pas-
tel et de paysage à la gouache, mais qui ne nous occupe ici que
comme graveur au lavis et à l'eau-forte, et interprète affectionné
des dessins de Boichot '.
Les pièces qui portent les noms des deux artistes, et qui
parurent en partie dans les années précédant la Révolution, sont
peu agréables de formes, d'un dessin inquiet et d'une exécution
pittoresque :
léda, in-8*» L, lavis.
Danaé, in-S** 1., lavis.
i. Guillaume Boichot, né à Chàlons-sur-Saône, en 1738, mort en 1814. Plu-
sieurs biographes lui donnent le prénom de Jean ; il ne prend que celui de
Guillaume dans la notice du Salon de l'an XII , où il exposa les bustes de
Denon et de Bernardin de Saint-Pierre.'
2. Explication du Salon de l'an 77, page 66, n* 1,006. — Les groupes et les
bas-reliefs du Panthéon , tels qu'ils étaient en Tan IV, ont été décrits par le
ï>' Mayer, Fragments sur Paris, 1798, in-12, p. 158.
3. Histoire de la Sculpture française, 1853, in-12, p. 202.
4. Claude Hoin, né à Dijon ^ en 1750, élève de Devosge et de Greuze, peintre
de Monsieur, membre de TAcadémie de Dijon , conservateur du Musée de
Dijon en 1811; mort en 1817.
5. On trouve des dessins de Boichot exposés au Salçn de 1793, n* 510.
■)
ET D'ARCHITECTURE. — BOICHOT. GOIS. 53
Hercule et Omphale, 1786, in-/»** h., eau-forte.
Jésus au tombeau, in-4*» allongé, en frise, lavis,
Assemblée de philosophes; 1788, in-4® 1., lavis.
La toilette de YènuSy frise.
Uoin publia d'autres pièces sur ses propres dessins, ou sur des
sujets de Greuze et de Fragonard, que je ne sépare pas des pré-
cédentes parce qu'en complétant son œuvre elles ont plus d'ac-
tualité, ou traduisent des compositions d'autant plus intéressantes
qu'elles s'écartent des sujets habituels des maîtres:
Apothéose d* Honoré-Gabriel Riquetti^ ci-devant comte de Mira-
heau^ in-f^h., lavis. Dédié aux amis de la Constitution, par Claude
Hoin, peintre de Monsieur, etc.
Génie féminin tenant une lampe et une couronne, în-8® h., trait
d'eau-forte.
La mort de Marie-Madeleine; dessiné par Greuze, in-f*h, lavis.
Lamort d*un moine; H. Fragonard, C^* Hoin se. an IV, in-f» h.,
lavis.
GOIS *, académicien de 1770, professeur des Écoles nationales
de peinture et de sculpture pendant la Révolution, et membre de
la Société républicaine des arts, plus connu par ses projets de
monuments publics que par ses statues, a laissé des gravures
qui, dans leur petite exécution, empruntent quelque intérêt à la
position de l'artiste. Le continuateur du Peintre-graveur français^
vient de cataloguer son œuvre en seize numéros, dont les princi-
pales pièces sont des sujets d'histoire pris dans l'Ancien Testa-
ment, et quelques pièces allégoriques et politiques : le Triomphe
de la Justice et de la Vérité; le Serment des Nobles, 1788 ; Monument
à Louis XYI, restaurateur de la liberté, en quatre planches '.
i. Étienne-Pierre-Adrien Cois, né en 1731, mort en 1823. On a de lui un
joli portrait, gravé au pointiUé par Louise-Françoise Jacquinot, d*après Dû-
ment. In-4* h.
2. Le Peintre-graveur français, continué par M. Prosper de Baudicourt.
^aris, 1850, in-18, 1. 1, p. 142.
3. n y en a une cinquième, de plus petit format ( 1,3.50 de larg. sur 0,82 de
58 ARTISTES. — GRAVEURS DE SCULPTURE
prince de Gondé ; de Pierre-François Legrand, qui grava d*après
lui l'Apothéose de Voltaire; par quelques autres pièces de sa
femme, M'"^^ Dardel, qui a signé plusieurs pièces au pointillé S et
surtout par les ouvrages de Tourcaty^ graveur au pointillé^ qui
devint son gendre. Nous aurons à les voir en leur lieu.
Au salon de 1791, Dardel exposa Tune des compositions que
nous avons citées , un petit groupe en terre cuite,- Turenfie cour-
vrant la France de son bouclier. Au salon de 1793, il exposa
quatre ouvrages plus nouveaux, esquisses en terre cuite et en
plâtre : Newton découvrant la Vérité, Brutus jurant la mort dé
César, la Reprise de Calais, J,fJ. Rousseau.
C'est tout ce que nous trouvons pour justifier la faveur de
David, qui le fit nommer, en Tan II, membre du Conservatoire du
Muséum, en rendant de lui ce témoignage : « Tête active et
républicaine, rempli de talent et doué d'une heureuse imagi-
nation. »
En 1796, Dardel fut nQmmé administrateur du musée de Ver-
sailles, et, en 1800, professeur à Técole de la même ville; il
obtint un prix d'encouragement à l'exposition des projets d'un
monument pour la paix d'Amiens.
PRIEUR. En rencontrant dans les Tableaux historiques de la
Révolution française ces planches, signées Prieur et Berthaud, qui
nous retracent avec tant de netteté les lieux et les édifices qui
furent le théâtre des scènes les plus émouvantes, avec les foules
qui en furent les acteurs et les spectateurs, on se sent pris de la
curiosité de connaître ceux qui, en les voyant, les tracèrent si
tranquillement; mais ces dessinateurs et graveurs d'architecture
sont parmi les moins connus.
11 y a un L. Prieur, ciseleur du Roy, enclos du Temple, qui
invente, dessine et grave , en 1783 , des suites de vases ornés de
figures, des frises et des ornements ; ces morceaux sont exécutés
1. La Danse, la Musique, M"** Dardel sculpt.; fig. en pied dans des
ovales în-4°.
ET D'ARCHITECTURE. — PRIEUR. 59
à Veaa-forte et à la manière du crayon d'une façon assez lourde ^
On trouve d'un autre côté le nom de Prieur, architecte et des-
sinateur, sur des ouvrages qui paraissent au moment de la
Révolution.
Au Salon de 1793, il expose le modèle d*un monument projeté
sur remplacement de la Bastille. C'est sans doute le dessin dont
il existe une gravure, d'un burin assez fin, sous le titre de Temple
dédié à la Liberté, projet en rond, sur^des ruines avec des balustres
historiés de quelques figures, in-f<» 1. avec légende : Prieur ini\
et se. On le trouve encore porté comme architecte, dans V Annuaire
de Landon en l'an XII. Ce Prieur continua son métier de graveur
d'architecture, en publiant des motifs d'ornements antiques, des
vues de monuments de Paris , d'abord gravés au trait et ensuite
lithographies.
C'est sans doute le même artiste qui a gravé un portrait de la
Reine à la Conciergerie signé Prieur fecit^, ouvrage très-froid, au
pointillé et au burin, et qui a lithographie plusieurs grands por-
traits d'après des crayons attribués à Janet.
Enfin on voit surgir un moment Prieur, peintre et dessinateur,
juré au tribunal révolutionnaire et guillotiné en prairial an III '«
Celui-ci nous est môme assez intimement révélé dans sa personne
par un joli dessin de Duplessis Bertaux *. C'est à lui probable-
ment que nous devons attribuer les dessins des Tableaux histo-
riques, car les ouvrages des autres que nous avons énumérés
n*ont avec ces dessins aucune analogie. ^
Voici les principales de ses planches^ signées : Prieur inv. et del.,
Berthault se. :
i. On les trouTO réunis au Cabinet des estampes.
2. La Reine à la Conciergerie, tiré du Cabinet de M. Tabbé Carron. In-4° h.
3. Jean-Louis Prieur, âgé de trente-deux ans, né et domicilié à Paris, ex-juré
au Tribunal révolutionnaire; condamné à mort, le 17 floréal an II, comme
complice deFoaquier-l1nville.Prudhomme,Z)(c(îonnaiVede5 individus envoyés
d la mort judiciairement, Paris, an V, in-8".
4. Chatelet et Leprieur, jurés au Tribunal révolutionnaire, petits portraits
ma crayon. Collection de M. Hennin.
A*—
60 ARTISTES. — GRAVEURS DE SCULPTURE
Serment du Jeu de Paume à Versailles, le 20 juin 1789.
Motion faite au Palais- Royal par Camille Desmoulins, le
12 juillet 1789.
Prise de la Bastille, le U juillet 1789.
Offrandes faites à V Assemblée nationale par les dames artistes,
le 7 septembre 1789.
Le roi arrivant avec sa famille escorté de plus de trente mille
âmes, le 6 octobre 1789.
Travaux du Champ-de-^Mars pou/r la fête de la Fédération, du
H juillet 1790.
Mannequin du pape briUé au PcUais-Royal, le 6 avril 1791*
BERTHAULT*, qui grava les Tableaux de Prieur, est plus facile*
ment reconnu que lui, bien qu*il ait été souvent confondu avec
Bertaux, peintre, dessinateur et graveur de sujets militaires et
familiers^, et avec Duplessis Bertaux, graveur très-répandu, que
nous verrons à une autre place. Une bonne part doit lui revenir
du mérite de ces planches, pour la netteté de la perspective et
pour la saillie des Ggures. Il avait produit, en 1786 et 1787, des
vues intérieures de Paris gravées d'après Lespinasse, que Basan a
citées avec éloges '. Au salon de Tan VIII il exposait encore quatre
vues de Paris d'après les dessins du G. Lespinasse : le Port du
blé, le Port Saint-Paul, le Pont-Neuf et le Pont cirdevant Royal.
C'est à lui qu'appartiennent en partie, et principalement pour la
terminaison au burin , les planches des Voyages de Saint-Non à
1. Pierre Gabriel Berthault, né à Saint-Maur (Seine). LeManuel de Vamateur
d*estampes énumère de lui vingt-neuf articles, en omettant précisément les plus
caractéristiques. On voit son portrait dans la Réunion d'Artistes, peinte par
Boilly en 1800, gravée par A. Clément {n^ 27,Bertault, graveur de batailles); il
y paraît fort âgé.
2. Jacques Bertaux, élève de Bachelier ; on trouve plusieurs de ses ouvrages
aux expositions de Tan II, de Tan IV, de Tan V, de Tan vm et de Tan IX.
3. M. Bonnardot cite quatre vues de Paris, et notamment une vue du Pont
Notre-Dame, avec ses maisons, d'après Le8pina.<ise, gravées avec talent et
vemarquables par l'exactitude locale. Histoire artist. et archéot, de la gravure ,
1849, in-8o, p. 162.
^
ET D'ARCHITECTURE. — DESPREZ. 61
Naples et de Cassas en Syrie. Il exécuta, à la manière des dessins
lavés, plusieurs planches de projets d'architecture et de vues. La ,
pièce la plus locale que je connaisse dans ce genre, parmi celles
qui n'ont point été citées dans le Manuel de Camateur d'es-
tampes, est celle-ci : La fête de la bonne mère, telle qu'elle a été
donnée à Louise Pérignon par ses enfants dans son jardin d'Avr
teuil^ le 27 août 1800 , au milieu de leurs parents et amis , in-f^ 1.
offert par M^ Bélanger, Bourgeois del. Berthault sculp.; c'est une
procession naïve de figures au milieu d'une villa antique très-
joliment arrangée.
Parmi les pièces à sujets, qu'on doit lui attribuer et qui prouvent
mieux encore que les précédentes son habileté à graver les figures,
j'ai distingué :
Le Dentiste ambulant. Wille filius del., in-/i^h., pièce au lavis de
couleur qui porte plusieurs adresses et en tête celle de Berthault
graveur^ rue Saint -Louis au Marais;
La Création^ Raphaël invenit, Berthault sculpsit, in-8° h., pièce
à l'eau-forte, dont un état plus fini porte le nom de Duplessis
Bertaux et l'adresse de Bonneville.
DESPREZ* était un peintre architecte et décorateur, professeur
de dessin à l'École royale militaire, qui, après s'être fait connaître
à Paris par quelques ouvrages excentriques, alla à Rome vers
1780, y gagna l'admiration de Gustave 111, roi de Suède, et s'éta-
blit à Stockholm, où il devint le peintre en titre et l'architecte de
la Cour et de l'Opéra et où il mourut en 1806. Dans les notices
qui ont été données de lui *, on signale surtout son imagination
fougueuse, le style audacieux et l'exécution magique de ses
ouvrages. Je ne veux qu'indiquer les preuves qu'il en a laissées
dans la gravure, et que personne n'a encore recueillies ' ; bien
i. Jeaa-Louis Desprez, né à Lyon vers 1740, mort à Stockholm en 1804,
élère de François Blondel.
2. Dussieux , les Artistes français à V étranger , Paris, 1S56, in-8°, p. 466.
3. Heinecken en a cité que Je n*ai pas vues : Deux décorations pour un opéra
de Stockholm, gravées à i*eau-fort6 et enluminées. Dictionnaire des Artistes
dont nous avons des estampes. Leipzig, 1790, in-8°, t. IV, p. 621.
62 ARTISTES. — GRAVEURS DE SCULPTURE
que ces estampes soient antérieures à la période révolutionnaire,
^ elles sont un symptôme d'innovation et de fougue française, qui,
pour s'être portée au dehors, n*en doit pas moins être comptée
à la gloire du pays et de Tépoque.
Jean-Rodolphe Perronet. J.-L. Desprez del. et sculp., in-h^. Ce
portrait en buste, dans un ovale entouré d'une vignette, est gravé
d'un burin assez habile, mais sec. Desprez, qui n'a fait que ce
portrait, était sans doute élève de ce célèbre ingénieur-architecte.
Projet de temple funéraire destiné à honorer les cendres du Roy
et des grands hommes, dédié à Monsieur de Voltaire, par Desprez,
professeur de dessin à l'École royale militaire, prix de l'Académie
royale en 1766. Trois planches, grand in-f"en largeur, gravées
d'un burin précis, qui ne manque pas d'agrément, et accom-
pagnées d'une dédicace en cinq lignes dont la rédaction est
curieuse'.
Tombeaux égyptiens, Desprez invenit; Desprez à Rome. 4 plan-
ches in-f^ au lavis, aussi remarquables par le fantastique de leur
style que par la lourdeur de leur dessin et la singularité de leur
gravure.
Chimère de M. Desprez, C'est un monstre à trois têtes et à l'état
de squelette, au travers duquel est un cadavre humain. 11 y a
trois états de cette planche in-f°, — le premier sans titre et sans
adresse , avec la signature : Desprez inv. et se., — le second avec
titre et adresses : Chimère de M. Desprez, Desprez inv. et se. avec
privilège du Roy. Prix 8 fr. la feuille, à Paris, chez Jombert, rue
Dauphine. Joullain, quai de la Mégisserie à la ville de Rome.
Huquier, rue des Mathurins,etc.; — le troisième, sans le nom de
l'artiste, avec ce titre : Le tricéphale africain ou le monstre à trois
têtes et une légende en quatre lignes : Cette horrible béte, née
dans les sables de l'Afrique y etc. Se vend à Paris, chez Panseron,
cul-de-sac Sainte-Marie.
Cette pièce, qui parut la veille de la Révolution, au moment où
1. On a une lettre de Voltaire à Desprez, du 6 Juillet 1770, relative à ce
projet. Édition Bcuchot, n<> 5890, LXVI, p. 328. (A. de M.)
ET D^ARCHITEGTURE. — DESPREZ. 65
rimagination française était frappée de toutes les manières, eut
un succès fort indépendant de la question d*art, et pourtant elle
est exécutée avec un talent rare, avec un mélange de travaux,
une pointe qui a toute l'énergie et la précision du burin, et une
légèreté d'effet, qui lui sont particuliers.
Desprez a fourni le dessin de plusieui*s planches du Voyage à
Naples et en Sicile de Saint-Non, et entre autres les deux vues de
Naples pendant la révolution de \àhl , qui sont composées avec
une verve extraordinaire.
Un graveur suédois, Johan-Ffiedrich Martin, a gravé deux
grandes pièces d'après Desprez : Grande promotion au doctorat
pendant le carnaval à Rome et Grande procession pour obtenir des
indulgefices à Rome,
Les biographies de Desprez disent qu'en dehors de ses grands
tableaux il avait fait quelques caricatures où règne beaucoup
d'esprit et de finesse, mais elles n'en désignent aucune. Je crois
avoir été mis sur leurs traces.
La plus importante a été décrite par M. Thomas Amauldet
dans un travail sur les estampes satiriques relatives aux arts et
aux artistes français pendant les XVIl*etXVJIl« siècles: Triomphe
des arts modernes ou carnaval de Jupiter, dédié aux amateurs du
temps. On l'a prise à tort, croyons-nous, pour l'œuvre d'un con-
temporain de Gillot ou de Watteau et pour une tentative de réac-
tion contre leurs arlequinades. C'est une mascarade d'artistes à
Rome, dans le goût de celle que Pierre avait gravée en 1725, et à
laquelle il ne faut pas donner une signification historique trop
précise. Les dieux et les artistes y sont costumés en acteurs du
Théâtre-Italien ; mais il y avait longtemps que ces personnages
avaient cessé de fournir leur masque à la poétique pittoresque de
Gillot, de Watteau et de Coypel , quand la fantaisie d'un artiste
les remit en scène. Cette planche doit avoir été exécutée vers
1780; il suffit de la rapprocher de celle que nous avons décrite
sous le titre la Chimère, pour s'assurer que le même outil
les a gravées. C'est la même façon de renforcer les traits, de
semer les jours, de piquer l'expression et de décorer les fonds
di ARTISTES. — GRAVEURS DE SCULPTURE
avec une aboadance, une fantaisie et une légèreté extraor-
dinaires.
M. Arnauldet a cité les transformations que subit cette planche
en 1789 et en 1791, au moyen de légendes nouvelles; c'est une
ressemblance de plus avec la planche de la Chimère, On la re-
trouve dans les petites pièces qui accompagnent un des libelles
de Pidansat de Mairobert contre le chancelier Maupeou. Aller ius
Sanisonis vires et Canis infandi rabies, in-8^, allégories à nom-
breuses petites figures, qui sont expliquées clairement dans le
texte.
J*ai sous les yeux quatre autres vignettes caricaturales de Des-
prez, mais j'éprouve plus de difficulté à les décrire et à en déter-
miner le sujet; le caprice de l'artiste y a pris des allures passa-
blement cyniques, peut-être à la suite de quelqu'un des ouvrages
de l'abbé Dulaurens, publiés d'abord avec des ûgures que je n'ai
point vérifiées.
DEMACHY, le ûls, est un élève de Robert, que Basan cite après
son père comme graveur en couleur de sujets pittoresques. La
pièce la plus estimable que je connaisse de lui est un Enfant en-
doi^i, qu'il dessina et grava en couleur à Madrid en 1787, d'a-
près un tableau attribué à Murillo. La môme année, à Paris, il se
fit connaître comme dessinateur d'une estampe d'Hémery, Inaxir
guration de la statue de Louis XV en 1787, très-jolie par la réunion
des costumes, la variété des groupes et les heureux effets du
burin. Il exposa : en 1791, des tableaux de ruines anciennes et
Ylntérieur de l'Église de la Madeleine de la Yille-l*Évêque; en 1793,
la Fédération des Français du 14 juillet 1790, plusieurs vues de
Paris, et des morceaux d'architecture. Au Salon de l'an IV, on vît
encore de lui des tableaux représentant des démolitions, et le
Sarcophage de J.-J. Rousseau au Panthéon, effet de lumière. Son
habileté dans la gravure en couleur parait encore dans luie pièce
révolutionnaire qui nous donne des costumes sur des piédestaux
chargés d'emblèmes : Dévouement à la patrie, dix Qgures dispo-
sées en bas-relief^ in-folio. Talamona invenit ; Macbi sculp.
ET D'ARCHITECTURE. ^ HOUEL. 65
UOUEL *, dislingué fort jeune par Mariette, qui loue ses pein-
tures de paysage et ses dessins « à la gouazze »', était agréé de
rAcadémie dès Mlk ; il devint ensuite membre de TAcadëmie
de Rouen et de la Société académique des enfants d'Apollon ; il
exposa encore, en 1791, un paysage orné de figures^ que Chéry
trouve d'un pinceau sec et d'un ton égal ; mais il ne nous appar-
tient que comme dessinateur et graveur de vues de monuments
et de projets d'architecture, qu'il exécuta d'une manière assez
pittoresque. Les plus connues sont les planches qu'il grava au
lavis pour son Voyage des îles de la Sicile de Malte et de Lipari^
de 1782 à 1788; il avait anciennement pratiqué la gravure, sur
les leçons de Leprince pour le lavis, et de Lemire pour le burina
L'un de ses plus anciens ouvrages est le portrait de M. de Ba-
cbaumont/ d'après Carmontelle^ 1761, assis dans un fauteuil, un
livre dans les mains, avec cette devise : Columna stante quiescit K
On ne voit rien de lui dans les expositions de l'an II à l'an X; en
l'an XII seulement, il figure pour quelques vues d'Italie et de
France ; mais il a laissé un certain nombre de pièces d'occasion^
qui se recommandent par leur facture originale :
Revue de la Maison du Roi à la plaine des Sablons; inventé et
gravé par HoueL
Horloge philosophique, iU'k^h. y edLiX'îorie anonyme. Une femme,
nue et nimbée, dressée sur un globe, et tenant un cadran qui
fait cercle autour de son corps; plus bas, un stylobate avec des
figures allégoriques.
i. Jean-Pierre-Loms-Laorent Houel, né & Rouen, en 1735, mort en 1813,
élève de Descamps, de Casanova et de Lemiro. On a de lui un petit portrait,
à la manière du crayon^ in-A^, dans un médaillon : J»-P,'L'L, Houel, amateur^
peintre du Roi, de VAcadémie royale de peinture et de sculpture, dessiné par
Cochin , gravé par M"" Lingée.
2. Abecedario de Mariette, Paris, DumouUn , 185i, in-8*, t. II, p. 385.
Par une singulière erreur M. Leblanc fait de cette pièce deux articles, l'un :
AUegorie; Calumnia (sic) stante quiescit, Tautre : Portrait de Bachaumont;
Manuel de VAmateur étestampes, t. H, Paris, 1856, in-8% p. 395. La pièce est
relative à la colonae de l'Hôtel de Soissons, sauvée par les soins de Ba-
chaumont.
5
66 ARTISTES. — GRAVEURS DE SCULPTURE
Projet d'un moniment public pour être élevé dans une des
places de Paris. Houel inv. et se. in-f« h., lavis bistré; un globe,
surmonté d'un char de la Victoire, porté sur des rochers d'où
s'échappent des Génies, versant des urnes dans un bassin entouré
de quelques figures.
Projets de colonnes départementales ; il y en a plusieurs plan-
ches in-4» et în-f* :
1. Colonne départementale , fût formé de corps nus, les uns
au-Klessus des autres ; stylobate avec figures de soldats gesticu-
lant; terrain peuplé de figures microscopiques.
2. Développement général de la manière dont il conviendrait
de disposer avec leurs attributs les figures allégoriques des Dépar-
tements, qui composent le bas^relief dont est décorée la colonne
qui représente la France. Les figures de cette planche, in-f° h.,
anonyme ^, plus développées et la plupart de femmes très-nues,
montrent toute la manière de l'artiste, très-ressentie dans son
dessin et très-peu dans sa gravure. Elle est destinée, dit la lé-
gende, à être collée sur le fût d'une colonne d'égale grandeur;
cette colonne ainsi décorée deviendra le symbole de la France
personnifiée.
3. Colonne départementale, fût formé de canons, de dra-
peaux, etc., in-4° h.
b. Fûts et chapiteaux, détails de la planche précédente.
Ordre nouveau d'architecture applicable aua colonnes du temple
de la Victoire, fût composé de branches de laurier.
Houel exposa, au Salon de 1806, l'esquisse, peinte à la gouî^he,
d'une colonne représentant la France; mais l'idée et la première
exécution de cette composition appartiennent certainement à
l'an Vin V •
Houel, qui, au dire de son biographe Lecarpentier, était d'une
humeur gaie et lisait volontiers des vers en société, eut une idée
1. J'ai Yu cette planche dans la collection Hennin; les autres sont au Cabinet
des estampes , ou dans mes portefeuiUes.
2. Sur les colonnes départementales, voir Archives de l'Art frcmçais, VI,
p. 340>3i8 (A, de M.).
ET D'ARCHITECTURE. — BALTARD. 67
bizarre pour un dessinateur d'architecture et un graveur de sa
finesse. En Tan VI, il était arrivé de Hollande à la Ménagerie
nationale du Muséum d'histoire naturelle deux éléphants, mâle et
femelle» qui excitèrent une vive curiosité; il voulut écrire leur
histoire et les dessiner dans le plus grand détail :
Le temps noitô fait ^oir enfin les éléphants des différents sexes. H
nous apprend aussi quils se couchent de diverses manières et se
relèvent avec facilité. Tel est le titre d'une publication en 20 plan-
ches in-4<», avec frontispice, inventé, dessiné et gravé par
J.-P. Houel.
On trouvera quelques autres ouvrages de Houel indiqués dans
le Manuel de Vamateur d estampes. Je n'ajouterai que celui-ci :
Rousseau au coin du feu avec ses chats, lithographie in-i!i<> h., «
i après une esquisse que J. Houel, le peintre, fit de J.-J, R. après
(xvoir diné avec iui, te... il 6k*
BALTARD ^ débuta dans les expositions, de 1791 et 1793, par
des paysages, ruines italiennes et soleils couchants, en peinture
et en dessin, qui eurent un certain succès. Ghéry le juge digne de
Claude Lorrain ; Jansen y trouve de l'effet, mais un ton lourd et
peu vrai. 11 exposa ensuite, de Tan IV à Tan VII, de nombreux
paysages, principalement en dessins» dont plusieurs sont donnés
comme faits à Rome^ parmi lesquels je ne remarque, comme pro-
ductions locales, qu'un projet de Monument consacré à la mé-
moire des plénipotentiaires assassinés à Rastadt, qui eut un prix
d'encouragement en Tan VII, et un Paysage héroïque de Cincitt"
natus. Ce qu'il y a de plus- révolutionnaire dans son fait, c'est
qu'au moment où chaque peintre est appelé à désigner son maître,
il prend la qualification d'élève de la Nature et de la Méditation.
Nonobstant ce titre romantique, Baltard s'appliquait à des pro-
jets d'architecture plus positifs, et fit paraître, aux mêmes exposi-
tions, trois projets de ville en esquisse, sur une feuille dédiée aux
malheureux habitants des contrées de l'Ouest, dévastées par la
I. Jean-Pierre Baltard, né à Paris, en 1765, mort en 1846.
68 ARTISTES. — GRAVEURS DE SCULPTURE .
guerre, an projet de salle pour le Conseil des Cinq-Cents, un
projet de monument triomphal des armées de la République à
élever sur l'emplacement du Château-Trompette de Bordeaux.
Enûn, il s'attacha à la gravure, et, bien qu'il n'y apportât qu'an
talent pénible, sa carrière y paraît enfin tout absorbée. Dans
cet œuvre très-nombreux, envahi par le commerce et engagé
dans les ouvrages à souscription, je n'ai' heureusement à noter
que les pièces les plus significatives. Il voulut, dans l'entre-
prise de quelques grands recueils, s'essayer à des maîtres, à
Primatice , à Poussin ; mais ses figures sont mal dessinées , et
tout son mérite est dans quelques productions de circonstance
et dans des vues de n^numents, où il était pittoresque sans
sacrifier l'exactitude. 11 était maladroit dans la taille-douce, assez
pesant dans le maniement de la pointe sur le vernis et dans le
pointillé, sans manquer cependant d'effet. Sa plus grande habi-
leté était dans la gravure au lavis; le meilleur recueil qu'il ait pu-
blié dans ce genre est celui des Monuments antiques et des prin-
cipales fabriques pittoresques de Rome^ &8 pièces in-i!^'', déposées
à la Bibliothèque nationale, le 12 messidor an VIIH.
Voici le choix que j'ai fait dans l'œuvre de Baltard :
Un sans-culotte, instrument de tous les crimes, dansant au mi-
lieu des horreurs, vient outrager VHumanilè, pleurante ctuprès
d'un cénotaphe; U croit voir l'ombre de Vune des victimes de la
Révolution qui le saisit à la gorge : cette effrayante apparition le
suffoque et le renverse. Cette ombre est le profil de Louis XYI ,
fbrmé par le contour du cou et du collet du principal personnage.
In-4° h., anonyme.
La cour du Louvre, Baltard del. et sculp., in-f^ I., lavis, vue de
l'an X, remplie de figures.
Le Triomphe de l'empereur Napoléon I^^, d'après Regnault;
* Costume de femme pour le printemps;
1. Le Manuel de l'Amateur d'estampes donne une liste très-longue de
Tœuvre de Baltard^ en cinq cent quarante-six numéros; il y manque cependant
la plupart des pièces que je donne ici. On y trouve la mention des trois édi-
tions des Vues de Rome, mais non la date de la première que j*ai citée.
ET' D'ARCHITECTURE. — BALTARD. 69
Costume cPun roi de la première race;
Âlphonsine, vignette pour un roman de M"* de Genlis.
Ces quatre planches, grand in-S^* h., font partie du recueil
intitulé : VAthenaewn, publié en cahiers in-/i°, en 1807, et accom-
pagné d'une Gazette de l'amateur des arts, du même format.
Découverte de la vaccine, an IX, in-4° ;
Inoculation de la vaccine ;
Vignettes en tête de placards rédigés par le comte Chaussier,
professeur à TÉcole de médecine.
« Baltard, architecte, dessinateur et graveur, entreprend tous
les ouvrages de gravure en taiile-douce, au pointillé et à la ma-
nière du lavis. » Adresse, historiée d'une figure de l'Architecture
et d'un motif d'architecture dans un paysage, grand in-8® h.^ au
pointillé.
2. — PEINTRES D'HISTOIRE,
LEBÂRBIER. Entre tous les peintres qui avaient déjà, sous le
règne de Louis XVI, adopté une manière imitée tellement quelle-
ment de Tantique, et Tavaient érigée en doctrine et en style aca-
démiques, le plus prolixe et le plus vulgarisé par la gravure fut
Lebarbier*. Élève de Pierre, il avait réformé ses études dans un
voyage à Rome et en Suisse, où il s'était lié particulièrement avec
Gessner, qui, lui aussi, était un des restaurateurs de Tart
antique. 11 avait été reçu de l'Académie en 1785, sur un tableau
de Jupiter efidormi sur le mont Ida, et nommé peintre du Roi.
Son talent avait été tout à fait popularisé par le tableau Les Cana-
diens au tombeau de leur enfant, qui fut gravé par Ingouf. Il
fournit depuis de très-nombreux sujets aux graveurs au burin et
aux graveurs en couleur. Avril, Godefroy, Janinet, furent ses
principaux traducteurs. Il avait joué un rôle actif dans les der-
nières séances de l'Académie * et ne se montra pas au Salon de
l'an II ; mais, dès l'an IV, ses tableaux et ses dessins paraissent à
toutes les expositions. Ce sont d'abord des sujets sévères et patrio-
tiques : La Mère Spartiate^ la Mère des Gracques, Virginie, V Édu-
cation des enfants à Sparte, le Courage héroïque du jeune Desilles,
les Derniers iustants du général Marceau. Ses compositions tour-
nent ensuite au gracieux : Hélène et Paris; le Premier homme et
la Première femme. Tout cela était conçu et exécuté dans une
1. Jean-Jacques-François Lebarbier, né à Rouen , en 1738, mort en 1826.
2. Mémoires et Journal de Wille, Paris, 1857, 2 vol. in-8%t. II, p. 237, 242,
205, 260, 208, 272, 283.
ARTISTES. —PEINTRES D*HISTOIRE. — LEBARBIER. 71
mesure commune, à laquelle le succès ne pouvait manquer, et
que les critiques acceptaient :
J'admire cette Virginie;
Je suis content de Lebarbier;
II n*a pas beaucoup de génie.
Mais ce qu'il fait sent le métier <.
Les Grecs, les Romains et les Français de Lebarbier, loin d'être
des personnages de bas-relief comme ceux de David, n'ont qu'un
type banal, un air théâtral, des formes, débilitées dans leur haute
venue, qui servaient mal ses prétentions philosophiques. C'est
ainsi qu'il avait voulu peindre le premier homme et la première
femme selon les idées de Buffon et de Rousseau : « L'homme
apercevant à son réveil une créature animée, dont la fraîcheur et
la beauté effacent les fleurs qui l'environnent et dont elle semble
fonpée, et l'amour qui, en l'animant de ses feux, lui fait sentir
qu'elle n'est que la moitié d'elle-môme. » Ces deux figures furent
fort admirées au Salon de l'an X; elles avaient, au dire de
Landon , la grâce et la naïveté que nous supposons à la pri-
mitive nature*.
Les compositions de Lebarbier ne paraissent rendues qu'avec
beaucoup de froideur par la gravure au burin, et avec beaucoup
de trivialité par la gravure en couleur ; mais la manière dont il
entendait T antique et dont il sentimentalisait la nature se répan-
dit dans les nombreux sujets qu'il dessina pour les œuvres de
Gessner, publiées de 1786 à 1793, chez Barrois l'aîné, pour les
Poètes grecs, traduits par Gail et imprimés par Didot en l'an III,
et pour beaucoup d'autres publications du même temps. Il eut
pour graveurs Gaucher, Née, Patas, Halbou, Lemire, Thomas,
Dembrnn, Delignon. Â travers Tagrément, plus ou moins grand,
que ces graveurs de vignettes ajoutent aux dessins de Lebarbier,
1. Us Étrivières de Juvérud ou Satyre sur les table<mx exposés en Van V,
in-««, 1796, p. 12.
3. Annaies du Musée, t. m, an XI, in-8°, p. 45.
I
72 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE. ,
il y faut reconnaître de la variété, de l'invention, une mise en
scène vive, des nus corrects, des expressions piquantes et quel*
ques bons costumes.
On le juge avec moins d'indulgence en présence des prin-
cipes de dessin d*après Le Poussin ou autres grands maîtres,
et gravés par Ruotte et Casenave , ou d'après nature, et gravés
par Petit et Lucien *. Ces Principes ne servent qu'à faire res-
sortir la banalité de ses types. Avec de telles pratiques,
Lebarbier professait cependant les théories classiques les plus
pures; il les a exposées dans un écrit : Des causes physiqn>es et
morales qui ont influa sur les progrès de la peinture et de la sculp*
ture chez les Grecs K La cause physique de la perfection de l'art
grec est dans le climat, qui a produit la plus belle race et des
formes de beauté se traduisant dans les traits du visage par
la ligne du nez. La ligne du front et du nez, qui fait un angle
rentrant chez les peuples du Nord, se.rapproche d'autant plus de
la ligne droite qu'on approche de l'Italie, de la Sicile et de la
Grèce. Quant à la cause morale, elle est dans la mythologie, qui
avait divinisé toutes les parties de l'univers et établi des formes
particulières pour tous les dieux ; elle est aussi dans les institu-
tions et dans les mœurs, qui laissaient à la beauté et à la nudité
son plus grand développement. C'est en conséquence de ces prin^
cipes que le peintre proposait, comme le plus grand moyen de
perfectionnement pour l'art, que le gouvernement fît venir de la .
Grèce des modèles pour les artistes. Si Lebarbier n'apporta pas
dans son dessin la sévérité qui fut le propre de David et qui
rallia à ce maître la partie la plus virile de la jeune école, on voit
qu'il n'en était pas moins le propagateur de principes analogues,
et l'interprète exact des idées de son temps.
1. On trouve parmi ces études un Bienheureux , grande tète, gravé à la
sanguine par Carrée, qui n'est autre que le portrait de Louis XVI, ainsi cano-
nisé en 1798.
2. Lu dans la séance publique de la Société philotechnique, le 20 plu-
viôse an IX; à Paris, de rimprimerie des sciences et des arts. Floréal
an IX, in-8».
PIERRE-THOMAS LECLEBC. 73
LEGLERG. Mais, si Ton veut connaître jusqu'à quelle trivialité
étaient descendus les modèles du dessin sous l'influence de l'aca-f
démisme, qui se disait pourtant régénéré par l'étude de l'antique
avant l'intervention de David, on n'a qu'à considérer le Recueil
de feuilles de principes et études de la figure gravées, d'après les
dessins de Pierre-Thomas Leclerc, an VI de la République, par
J.-B. Lucien. Le frontispice allégorique porte le médaillon du
maître : P, Thom. Leclerc, parisinus pictor historiens. Ce Leclerc,
élève de Lagrenée l'aîné, avait publié, avant la Révolution, un
portrait en pied de Marie-Antoinette, en riche costume, qui fut
gravé par Lebeau et des portraits dramatiques qui furent gravés
par Elluin : Mole, dans le rôle de Beverley : « Nature, tu frémis b ;
Rosalie Duplan, de l'Académie royale de musique; M"« Dumesnil.
Il avait publié aussi des cahiers de caprices et pensées, gravés
par lui et terminés par Janinet, dédiés à M. Watelet. C'étaient
des lavis, où la fadeur de Boucher venait se fondre avec le cosr
tome antique et le genre trivial. Dans des modèles académiques
de femmes, gravés à la manière du crayon par Roubillac, le des-
sinateur trouvait un moyen sûr d'avilir la nudité de ses modèles
en l'accusant trop réellement ; il osa cependant donner une édi-^
tien delMrl du dessin de Jean Cousin, revu, corrigé et augmenté,
chez Jean, rue Jean-de-Beauvais, et gravé à la manière du crayon
par Petit. Les vieux modèles du maître du XVI* siècle y subissent
une métamorphose indigne.
On trouve encore^ sous le nom de Leclerc, quelques tableaux et
dessins allégoriques : 1791, le Pacte national, seule estampe citée
dans le ifanue^ de V amateur d estampes. Les Salons de l'an IV et de
Tan V mentionnent un portrait allégorique ; une famille affligée de
la peste; plus divers tableaux et dessins. 11 fit enûn quelques
pièces de costumes ; bien qu'il n'ait su y mettre ni originalité ni
distinction, lettres closes pour son dessin, c'est là qu'il paraît
cependant le moins maussade , grâce à la facétie du sujet : le
Contraste;, l'Observatrice au boulevard de Coblentz; deux pièces en
largeur gravées par Auvray.
(
74 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
VINCENT. Beaucoup d'artistes, à la fin du XVIII» siècle, ouvri-
rent la porte oii David entra en triomphateur ; /VincentS parmi les
élèves de Vien, a été Tun des plus loués pour avoir fait renoncer
l'École française à ce qu'on appelait le goût français. La notice de
ses travaux a été faite * , et sa peinture a été appréciée ; je veux
seulement combler la lacune que ses biographes ont, par répu-
gnance de la Révolution, trouvée dans ses travaux, et marquer sa
place dans quelques estampes qui n'ont point été notées. Il suffit
de parcourir les livrets des expositions, de 1789 à Tan IX, pour y
trouver des ouvrages capitaux du peintre, où sa manière, plus
sage et plus médiocre qu'il ne convenait à son temps, semble
tendre, tantôt à plus d'énergie, tantôt à plus de grâce, sous l'in-
fluence des écoles rivales : en 1789, Zeuxis choisissant pour modèles
les plus belles filles de la ville de Crotone; en 1791, Démocrite chez
les Àbdéritav^s et le Jeune Pyrrhus à la cour de Giaudas, qui
furent loués sans réserve par Chéry ; en Tan IV, Guillaume Tell^
l'un des travaux d'encouragement ordonnés par le gouvernement ;
en l'an VI, r Agriculture : « Pénétré de cette vérité que l'agricul-
ture est la base de la prospérité des États, le peintre a représenté
un père de famille qui, accompagné de sa femme et de sa jeune
fille, vient visiter un laboureur au milieu de ses travaux; il lui
rend hommage en assistant à la leçon qu'il Ta prié de donner à
son fils, dont il regarderait l'éducation comme imparfaite sans
cette connaissance; » ce tableau, qui orne aujourd'hui le musée
de Toulouse, était fait pour le comte Boyer-Fonfrède de Toulouse ;
en Tan IX, la Mélancolie, que Chaussard a louée comme un
tableau romantique, sentimental, peint avec charme, d'un effet
juste et d'un ton inspiré. Le même critique a cité deux autres
tableaux du même temps, un Intérieur domestique, autre ta-
bleau fait pour M. Boyer-Fonfrède, et une esquisse de la Bataille
des Pyramides,
i. François-André Vincent, né à Paris, en 1746, mort en 1816, élève de Vien.
On a son portrait gravé par Parizeau en 1783. *
2. Le Pausanias français, 2« édit. , Paris, 1808, in-8*, p. 97. — Recueil de
Notices historiques, par Quatremère de Quincy. Paris, 1834, în-8% p. 23.
, FRAKÇOIS-ANDRË VINCENT. 75
Je n'ai pas cité les nombreux portraits qu'il Qt pendant la'
même période , et parmi lesquels on remarque ceux de l'auteur
dramatique Desforges, du citoyen Roland, sculpteur, et du citoyen
Amaidt, membre de l'Institut national.
Vincent était un zélé dessinateur, et la collection Atger, à la
bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier, contient
un fort beau choix de ses dessins, depuis les charges des pension-
naires de Rome, ses condisciples, exécutées de 1772 à 1775, jus-
qu'aux études pour le tableau deZeuxis. Il m'appartient d'insister
davantage sur un beau dessin qui fait partie de la collection Hen-
nin ; il suffit pour crever l'une des périodes les plus gonflées de
réloge académique que lui a infligé M. Quatremère. C'est la
Mort de Lepelletier; il est sur son lit, entouré de trois divinités
allégoriques et de trois Grâces qui apportent une couronne et le
triangle de l'Immortalité. Ce dessin à la gouache est signé : Vin-
cent an 2. A cette époque, Vincent avait été destitué de sa place à
la commission du Muséum, sur le rapport de David qui le signa-
lait dans son rapport comme ayant du talent, mais d'un patrie-
tisme sans couleur. Il voulut répondre à ce reproche.
Vinœnt s'essaya quelquefois à la gravure. On en a du moins
conservé deux exemples : un Buste d^ vieillard barbu, modèle
d'atelier, gravé avec un effet assez heureux, et signé au rebours :
Vincent se. 1785 ; une Résurrection de Lazare en quatre figures,
avec une tête en charge à l'angle de gauche, in-^°, gravé dans le
goût d'un amateur.
De tous ses ouvrages, je n'en vois que trois qui aient eu les
honneurs d'une gravure :
Borée enlevant Orithie, dédié au comte de Cessé, gravé par
J. Bouillard;
Mathieu Mole au milieu des ligueurs, pièce grand in-P, seule-
ment au trait, mais suffisante pour donner une idée de cette com-
position académique, de ces impressions dramatiques -et de ces
costumes, où il manque encore tant de vérité malgré la bonne
intention du peintre ^ ;
1. Le tableau existe dann le palais de la Chambre des d4pnt<fs. (A. de M.'
76 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
L'Amour et V Amitié ^ Vincent inv. Copia sculpsit, în-P*. Se
vend à Paris chez Bance le jeune, rue Portefoin. C'est un pointillé
fade, qui ne çauve point la vulgarité des attitudes.
DAVID, le plus sévère des peintres de la renaissance antique,
qui avait exposé, de 1785 à 1789, les Horaces, la Mort deSocrate,
Paris et Hélène, Brutus, était désigné à la Révolution par son
caractère autant que par son talent. Il fut Thomme-lige des
sans-culottes, comme l'avaient été des rois leurs prédécesseurs les
valets de chambre; de là son mérite et ses travers. Je ne cher-
che point ici quelle fut sa valeur absolue comme peintre et sa
place dans Thistoire générale de Tàrt, mais seulement les inspi-
rations et les innovations qu'il puisa dans le grand mouvement,
auquel il prit une part si active et si passionnée. Ce point, le plus
important de sa caVrière, est celui que Ton trouve le plus souvent
omis ou dénaturé dans les nombreux écrits dont il a été l'objet.
En septembre 1790, David fit hommage à l'Assemblée consti-
tuante d'un tableau représentant Louis XVI entrant, le 1(( février,
dans le lieu de ses séances, pour contracter l'engagement d'aimer
et de défendre la constitution qu'elle donnerait ^ Cet ouvrage,
qui n'est mentionné dans aucun des catalogues de l'œuvre du
peintre, dut sans doute disparaître sous le coup des événements.
La même année, David entreprit un sujet d'une plus grande
portée.
Le Serment du Jeu de Paume, dont un dessin à la plume et au
lavis parut au Salon de 1791, et dont il y a au Louvre un grand
«
carton commencé pour la peinture, avec les figures de Bamave,
Mirabeau, Dubois-Crancé' et Gérard, posant nues, le corps ébauché
et la tête déjà toute peinte, nous donne l'effort le plus hardi du
peintre pour réunir les éléments dont se composait son idéal , la
* i. David, Souvenirs historiques, par Alexandre Lenoir; extrait do Journal
de l'Institut historique, 1835, in-8*.
2. Dubois Crancé, député du baHliage de Vitry, prêtant le serment du Jeu
de Paume, premier acte de la souveraineté du peuple en 47S9, i>eiDt par Darid,
gravé par Miger; estampe décrite par M. Bellier de La Chavignerie, Biographie
de Miger, 4856, in-8*, p. 112.
JACQUES-LOUIS DAVID; 77
nature vivante, l'imitation antique et l'enthousiasme patriotique;
Les hommes du temps, pris dans toute la réalité de leurs types
et de leur costume , y étaient élevés au rang des héros par leur
attitude, et au rang des saints par leur expression. Un avis du
livret de 1791 annonçait que, dans son petit dessin, le peintre
n'avait pas eu l'intention de donner la ressemblance aux mem-
bres de l'Assemblée; mais, suivant Chéry, on ne pouvait pas
mieux varier les caractères et les expressions des figures; elles
respiraient l'amour de la patrie, de la vertu et de la liberté ^ ;
cette ressemblance est franchement abordée dans le carton, et
n*enlève rien à la sublimité de la composition. La gravure de ce
tableau, projetée et même mise en souscription, n'a point été
publiée, mais on en peut encore prendre une idée juste dans une
grande pièce à l'eau-forte, qui fut faite alors par Denon, et sans
doute sous les yeux du peintre *.
Lancé au plus épais de l'agitation, David trouva à peine le
temps de peindre trois tableaux sous le coup le plus violent des
événements ; Lepelletier assassiné sur son lit de mort, Marat mour-
ront dans sa baignoire et le jeune Barra mort, ébauche '. Les
deux premiers furent donnés à la Nation, exposés quelque temps
sous un portique, dans la cour du Louvre, et placés ensuite dans
la salie des séances de la Convention. Ces ouvrages, qui n'étaient
destinés qu'à un succès politique de courte durée, furent long-
temps proscrits et évités par la critique. Cependant, l'historien
le plus classique de David a reconnu que ses quatre compositions
révolutionnaires, par la simplicité de l'invention et du faire,
marquent chez le peintre un retour à la naïveté^, et, dans la der-
1. Explication et critique impartiale des peintures exposées au Louvre en
septembre 4791, 4* édit., Paris, 1791, in-S*, p. 20.
2. Cette pièce anonyme n*est pas citée dans les catalogues et doit être rare;
eHe a de dimension 75 centimètres de larg. et 49 cent, tle haut.
.1. Hs sont décrits dans le Catalogue des tableaux.,, de David, mis en vente
en avril 1S26, rédigé par M. Pérignon , in-8<*. Le catalogue annonce quia le
Lepelletier et le Marat, qui n*ont point vu le Jour depuis longtemps, ne seront
point eiposés.
4. David, son école et son temps, Paris, Didier, 1855, in-12, p. 176.
78 ARTISTES. ^ PEINTRES D'HISTOIRE.
niëre et la meilleure notice qui ait été donnée sur le peintre^ on
lit que, dans le tableau de Lepelletier, David attaqua et rendit
la nature dans toute son énergique vérité, et qu'il fut plus vrai
et plus expressif encore dans le tableau de Marat, qui est son
chef-d'œuvre sous le rapport de l'exécution *. Pour juger à quel
degré d'exaltation et de fanatisme pour son modèle était placé
l'artiste quand il peignit ces tableaux, il faut lire le discours qu'il
prononça en présentant son Marat à la tribune de la Convention :
u Citoyens, le peuple redemandait son ami ; sa voix désolée se
faisait entendre, il provoquait mon art, il voulait revoir les traits
de son ami fidèle : « David, saisis tes pinceaux, » s'écria-t-il, etc. *. »
Le tableau de Lepelletier fut reproduit dans un dessin de De-
vosge fils, exposé au Salon de 1793, qui donna lieu au critiqne
Jansen d'exprimer toute son admiration pour le tableau ; il le
proclame sublime par le caractère, le style, TefTet, par la simpli*
cité^ la force et la profondeur de la composition , où il voyait
enfin un sujet moderne traité avec toute la noblesse et le senti-
ment de l'antique '• La tête de Lepelletier fut gravée d'après ce
tableau, de grandeur naturelle, par Copia, avec cette inscription
dans les angles : M^ Lepelletier, premier martyr de la liberté^,
et l'on y trouve un excellent souvenir de l'original.
Le tableau de Marat fut reproduit dans un dessin de Wicar et
gravé par Morel ^. Cette estampe, où l'on lit sur une tablette :
A Marat David, an II; et en marge : David pinxit, Wicar
del. 1793, Morel sculp., est d'un burin trop compassé et
ne rend qu'avec froideur la peinture ; mais le peintre avait fait
du modèle une étude d'après nature à la plume qui a été gravée
1. Histoire des peintres de toutes les écoles, Paris, Renouard, {n-4^.
2. Moniteur universel , 26 brumaire an n, p. 227.'
3. Explication par ordre des numéros, ou jugement motivé des ouvrages de
pe'nture, Paris, Jansen, in-12, p. 46.
4. Il y a des épreuves avec les coins sans inscription.
5. Rapport de David du 24 niv6se an II. Vie de David, par Thomé, Paris,
1826, in-8°, p. 80, où Wicar et De vosge sont nommés, par erreur, Ricard et
Devaux. L'erreur a été répétée par Delécluze, David, etc., p. 161.
JACQUES -LOUIS DAVID. 79
par Ck)pia, de grandeur naturelle, avec fidélité et amour. On y
lit dans les angles: A Marat, l*Ami du peuple, David ^ La tête
ignoble de Marat y était rendue dans toute sa réalité, idéalisée
pourtant encore par le sourire de la mort.
L*ébauche de Barra^ qui est aujourd'hui au musée d'Avignon ,
n'a jamais été gravée. Un critique, M. Miel, la trouve sublime, et
M. Coupin dit que c'est déjà un chef-d'œuvre de sentiment
et d'expression; elle n'est pas moins intéressante que les autres,
en montrant combien le peintre retrempait sa manière au plus
vif de la réalité, de la nature et de la Révolution. Cette pratique,
s'il eût été donné à David de la multiplier, aurait dès lors
poussé l'école dans une voie spacieuse, mieux que ne firent ses
préceptes, qui étaient exclusifs et absolus, et ses programmes, ou
il oubliait trop les conseils d'André Ghénier,
Quand Je lui répétais que la Liberté m&le
Des arts est le génie heureux K
David eut la plus grande part aux mesures prises par la Con-
vention pour l'administration des arts ; c'est sur ses rapports que
Arent rendus les décrets sur la suppression de l'Académie et des
commissions, sur les concours, les jurys, et sur le Conservatoire
du Muséum. On a recueilli les discours qu'il prononça dans toutes
les circonstances où les arts étaient intéressés. En floréal, an II,
il vint à la Société populaire des arts annoncer les derniers appels
faits aux artistes par le Comité de salut public, et entretint long-
temps l'assemblée des grandes vues du Comité pour ce qui con-
cerne les arts et leur gloire '.
i. Il y a des épreuves sans légendes. Romme avait fait c|écréter par la Con>
vention que les tableaux de Marat et de Lepelletier seraient gravés, et que les
planches, dont David surveillerait l'exécution, seraient payées 10,000 livres
chacune au graveur, et remises au peintre. (Moniteur universel, séance du
2i brumaire an II. ) — Le dessin de la tête par David est porté au Cat4iloQue
de vente de ses ouvrages, n° 55.
2. Le Jeu de Paume, à Louis David, Poésies d* André Chénier, Paris, 1840,
in-12, p. XXXI.
3. Journal de la Société républicaine, p. 381 .
SO ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
II fut, conjointement avec Târchitecte Hubert, son beau-frère,
l'ordonnateur des fêtes de la République, depuis la fête des sol-
dats de Chàteauvieux jusqu'à celle de TÊtre suprême. Nous
verrons quelles furent ces fêtes, la grandeur allégorique que le
peintre sut leur donner, et les monuments dont il put fournir les
dessins. II est à regretter que les figures et les groupes compo-
sés par David n'aient pas été plus soigneusement recueillis, ou
du moins gravés. M. Lenoir a décrit les dessins des quatre bas-
reliefs qui décoraient l'arc de triomphe du Champ-de-Mars à la
fête de l'Être suprême; ils représentaient le 10 Août, la Répu-
blique, le règne de la Philosophie, le triomphe de la Sagesse*
Baltard avait fait de ces compositions des dessins réduits ^. Dans
ces esquisses hâtives, le maître s'était peut-être trop souvenu de
ses études romaines, mais elles ne sont jamais sans furie et sans
jet ' ; il y a toujours un mélange curieux de mythologie et de
patriotisme, de mobilier antique, de costume théâtral et d*habits
populaires. On sait que David avait été chargé, par le Comité de
salut public, de lui présenter ses projets pour l'adoption d'un
costume nationaP. Nous verrons que ces costumes, qui furent
gravés par Denon, sans éviter le ridicule qui s'attache à des ré*
formes forcées, n'en attestent pas moins les ressources ingé-
nieuses de l'artiste.
Il semble avoir dépensé tout son système allégorique et fait
passer toute sa fièvre révolutionnaire dans un dessin qui a été
décrit par Lenoir : Projet de rideau pour une représentation à
l'Opéra. 11 représentait le triomphe de la Libeirté et du Peuple
avec plus de trente figures. Un char antique, tiré par quatre tau-
reaux, portant Hercule, la Liberté et l'Égalité entre ses jambes ;
1. David, Souvenirs historiques., extrait du /oumol de V Institut historique,
novembre 1835. U y a beaucoup de détails qui complètent et rectifient souTent
ceux de M» Delécluze.
2. Un élève de David a lithographie, en 1838, nn dessin représentant le
char d'une de ces fêtes.
3. Arrêté du Comité de salut public du 25 floréal. Moniteur universel du
23 prairial an II.
JACQUES-LOUIS DAVID. 81
dciVaDt lui, quatre figures assises et groupées : le Commerce,
FAbondance, les Sciences et les Arts; dans le ciel, la Victoire;
sur la paroi du char, un bas-relief des neuf Muses, et, à la suite,
la mère dés Gracques, Brutus, Guillaume Tell, Marat, Lepelletier,
Chalier, levant le fatal couperet qui fit tomber sa tête, etc., etc.
Un intérêt plus sérieux s'attache aux portraits que David a
f>eints pendant cette période. M. Coupin, auteur de la meilleure
notice que Ton ait peut-être sur David, a décrit trois petits por-
traits, exécutés à )a plume et au lavis, de Pierre Bayle, Beauvais et
Chalier, représentés avec divers attributs : des chaînes, le cou-
teau de la guillotine, etc., et destinés à entrer dans la décoration
de ce rideau de TOpéra, le Triomphe de la Liberté *.
David fit à diverses périodes des portraits plus calmes : Made-
moiselle Lepelletier, fille adoptive de la Nation, Bailly, Grégoire,
Prieur de la Marne, Robespierre, Saint-Just, Jean Bon Saint-André,
Marie Joseph Chénier, Boissy d*Ânglas» Un jeune critique s'est
étonné de trouver dans ces portraits un pinceau froid et soi-
gneux, au lieu de la peinture fougueuse à laquelle il s'attendait' ;
mais David était un praticien dédaigneux de la touche et de
Teffet; il n'en arrivait pas moins par ses moyens sévères à la
vérité et à l'expression. Un de ses plus curieux biographes, qui
fut aussi son élève, cite, comme d'excellents morceaux, les por-
traits de madame Pastoret assise auprès du berceau de son en-
fant, et celui d'Alexandre Lenoir, peint sur un panneau 'de chêne,
dans l'attitude d'un homme qui écrit '. Le souvenir le plus poi-
gnant de l'artiste jacobin est peut-être dans le croquis rapide
qu'il vint surprendre de Marie- Antoinette dans la charrette du
supplice, qu'il épia sur le boulevard, de la fenêtre d'un de ses col-
lègues à la Convention^, et qu'il rendit en quatre traits dans toute
1. Essai sur David, par Coupin. Paris, Renouard, 1827, in-8°, p. 58.
2. Histoire des peintres français au XIX* siècle, par Charles Blanc, t. I"é
Paris, 1845, în-8% p. 191.
3. Lenoir, Souvenirs historiques, p. 8-9.
4. Une copie parfaitement exacte de ce dessin à la plume est dans la col-
lection de M. Hennin, avec Tattcstation que Toriginal, existant dans la collection
6
82 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
la crispation du moment, en cagnotte, les cheveux coupés, et les
mains liées derrière le dos.
Cependant la Terreur était tombée, et David, qui en avait subi
les accès et le délire, après quelques mois de persécution réac-
tionnaire, était rentré dans son atelier. C'est alors qu'envisageant
son art exclusivement, et dans toute la sincérité de ses théories,
il composa le tableau des Sabines : <( Mon intention en faisant ce
tableau, dit-il, était de peindre les mœurs antiques avec une telle
exactitude que les Grecs et les Romains, en voyant mon tableau,
ne m'eussent pas trouvé étranger à leurs coutumes ^ » Mais le
peintre prend le change. Sous un prétexte antique, il ne peignait
que les mœurs du moment, l'influence des sentiments de dou-
ceur et d'indulgence après les discordes , l'intervention des
femmes et des enfants au milieu des combattants, et, malgré
leurs attitudes archaïques, ses figures et ses costumes mêmes
étaient pleins de réalité. Ce fut la cause la plus légitime de son
succès; le tableau fut l'objet d*une exposition publique dans
l'atelier du peintre, où on le vit à côté^des Horaces, de la Mort
de Socrate et de Marat, et qui se prolongea de l'an VIII à J'an XII,
et produisit la somme, considérable pour ce temps, de 65,000 fr.
La plus grosse question soulevée par les critiques, au milieu de
l'admiration générale excitée par l'apparition des Sabines, fut
celle de la nudité des héros; elle était généralement admise par
les artistes, les jeunes gens, les novateurs, et repoussée par les
moralistes et les rétrogrades; l'un d'eux la qualifie d'tmpudeur
antisodale *. On reprocha aussi au peintre d'avoir fait des em-
prunts trop immédiats à l'antiquité, et Ton cita une pierre an-
tique, décrite par Montfaucon, qui avait dû lui servir de modèle.
Mais d'autres aperçurent bien toute l'actualité du sujet : a Ces
scènes exaltant mon imagination, dit Chaussard, en décrivant
Soulavie, lui avait été donné par la citoyenne JuHien, femme du conventionnel^
chez laquelle David s*était rendu pour voir passer le convoi.
i. Le tnbUau des Sabines, exposé publiquement au Poiais-NatioimU des
sciences et des arts, par le citoyen David. Paris, an VllI, in-8% p. 16.
2. Critique du tableau des Sabines. Paris, an VIII, in*8S p. S.
J
JACQUES-LOUIS DAVID. 83
le tableauy je crus voir alors les Français des diiïérents partis
prêts à s'égorger de leurs propres mains » et la Mère-Patrie se le-
vant, se précipitant entre eux et criant : « Arrêtez!... » Ce rap-
prochement que je hasardais, je le communiquai à l'artiste ; il me
répondit : — « Telle était ma pensée, lorsque je saisis les pinceaux ;
<t puissé-je être entendu M » On dit en effet que Tidée lui en vint
alors que, détenu au Luxembourg, il apprit que sa femme, quoi-
que brouillée avec lui, faisait des démarches pour le sauver. On
ne manqua pas non plus de révéler que de belles dames avaient
posé en modèles devant le peintre *, et nous verrons que le fait
est attesté, du moins pour Hersilie. Quelle que soit maintenant
Topinion que Ton s'est faite sur les Sabines, sur ses nudités et ses
attitudes arrangées, sur ses académies irréprochables et ses cou-
leurs sans lumières, ce tableau restera comme le point culminant
du talent d*un maître, et le portrait le plus vrai, dans son idéal,
d'une société exceptionnelle. C'est le sentiment qu'exprimait
Ducis dans ces deux vers d'une épître à Vien, lue à l'Institut
national en l'an Vil :
Le plaisir le plus doux (qui ne Ta pas goûté-?).
Ton tableau nous le crie: ah! c'est Thumanitél
Il faut rapporter au même temps et aux mêmes théories le
portrait de madame Rècamier, que David ne put terminer par
suite de démêlés avec son modèle, qui avait ses raisons pour ne
pas céder aux exigences pittoresques ; il l'a représentée couchée
sur un sofa, et vêtue d'une de ces robes légères qui ne dérobaient
pas plus les formes que la plus simple draperie antique '.
Je n'ai pas à chercher ce que devint David lorsqu'il se trouva
asservi à un nouveau maître, et dut prendre ses inspirations
dans la cérémonie d'un sacre ecclésiastique et la distribution des
aigles dans un camp ; mais on Ta assez vu dans l'époque virile
i. Le Pausanias français, 2» édit. Paris, i808, in-S», p. 160.
2. Mémoires de David, par Miette de Villars. Paris, 1850, in-S^", p. 161.
3. Ikiffid, son école et son temps, par Delécluze, p. 280. V. aussi la lettre
publiée dans le» Archivés de l'Art français, t. I, p. 346.
84 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
de son talent pour juger à quel degré il fut un peintre de Révo-
lution et devint iin grand chef d*école. La postérité ne ratifiera
pas sans doute la place primordiale que lui ont octroyée ses sec-
tateurs; elle ne renfermera pas tout un cours de peinture dans
le pied du fils aîné des Horaces, et ne saluera pas dans sa venue
un prodige, a l'apparition merveilleuse sur notre sol français de
l'art de Périclès, la conquête pour notre pays du genre épique ou
homérique, genre éminemment original et sublime par essence,
inconnu jusqu'alors parmi les modernes, et que David était des-
tiné à nationaliser *. » Mais elle ne pourra s'empêcher d'y voir
l'un des plus puissants changements de l'École française, dont la
vertu essentielle est précisément de changer. L'écart, opéré contre
l'école du XVI1I« siècle par l'école de David, a été retourné contre
celle-ci par les écoles qui l'ont suivie, et la critique, vis-à-vis
d'elle, a subi les fluctuations du goût, successivement romantique,
gothique et réaliste; mais il lui restera toujours sa grande signi-
fication de renaissance révolutionnaire. M. Perron, que je citais
tout à l'heure, n'a pas pu se dissimuler que sa carrière avait été
interrompue, et s'est demandé si tous les hommes de grand mé-
rite venus après David, après avoir bien commencé, ne s'étaient
pas fourvoyés, faute de volonté ou de mission. Nous avons déjà
vu quelle en était la raison. L'Empire étouffa tous les germes
heureux qu'elle pouvait contenir, et ne lui laissa qu'une théorie
étroite et sèche, dont le temps devait faire justice.
David n'a pas eu de graveur affectionné. On trouve plusieurs
noms de graveurs dans la nombreuse liste de ses élèves, mais
aucun d'eux n'a laissé voir dans ses ouvrages qu'il eût contracté
dans cette école autre chose qu'une disposition à traduire tous
les maîtres avec la môme froideur. L'un des tableaux que le
peintre avait exécutés encore dans sa première manière, les amours
de Paris et d'Hélène, commandé par le comte d'Artois, fut gravé
par Giraud Vidal *, l'un des interprètes les plus mous des dessi-
1. Perron, Examen du tableau des Horaces, 1839, in-8®, p. 18, 24, 25.
2. Au Salon de 1793, avec le Songe d'Ênée, gravé, d'après le citoyen David,
par Godefroy.
PHILIPPE-AUGUSTK HENNEQUIN. 85
Dateurs efféminés de i*école de Fragonard *. Huber juge cette
pièce un chef-d'œuvre de composition et de gravure ; mais on en
pensa plus mal ensuite ^^ et la Mort de Sourate eut un traducteur
un peu plus sévère, Massard, mais bien loin encore de l'énergie
nécessaire pour faire ressortir la hardiesse de son innovation.
Après Denon et Copia, qui prirent plusieurs de ses dessins, le
graveur qui Ta le mieux saisi est Morel , que nous rencontrerons
avec les graveurs d'histoire ; il reproduisit Marat, Bélisaii^e, les
Horaces et les Sabines.
On lit, sur une bonne eau-forte du portrait de Pie Vil : Gravé
paf M^ Mongez, d! après un croquis fait surnature par M. David,
premier peintre de S. M. l'Empereur et Roi, în-S» carré, et, comme
cette pièce ne manque pas de nerf, des personnes ont voulu
que David y ait mis la main en partie'. M"*° Mongez avait acquis
cependant dans l'atelier de David un talent assez viril pour
qu'on ne lui conteste pas, sans preuve, un ouvrage qui n'a rien
d'extraordinaire, et qui est sa seule estampe.
Nous n'avons pas à parler des graveurs qui sont venus plus
tard à ses tableaux les plus célèbres, et dont le plus distingué
fut Raphaël Urbain Massard, à qui l'on dut la meilleure gravure
desSabines; nous nous contenterons de nommer Leroux et Po-
trelle, qui ont laissé de bons portraits du maître.
HENNEQUIN *, l'un des anciens élèves de David, avait embrassé
les principes académiques de son maître avec la même rigueur
que ses sentiments révolutionnaires. Se trouvant à Rome comme
grand prix, il avait pris part aux manifestations républicaines
i. EUe est ainsi décrite par Huber : Les Amours de Paris et Hélène, P. David
faciebat Parisiis anno 4778. G, Vidai, sculp,, dédié à M. Vien par David, son
élève, et Vidal, graveur. Tr. gr. pièce in-r>. — M. Coupin dit que le tableau
fut commandé par M. le comte d'Artois, et terminé en 1788 {Essai sur David,
1827, in-8'', p. 21}. U fut exposé au Salon de 1789.
2. Bruun Neergard, Sur la situation des beaua>-arts en France, Paris, 1801,
iD-8% p. 96.
3. Manuel de Vamateur d'estampes^ 1857, t. III, p. 41.
4. Philippe-Auguste Hennequin , né à Lyon en 1763, mort à Tournay en 1833.
86 ARTISTES. — PEINTRES D^HISTOIRE.
faites contre le directeur Ménageot, et avait dû fuir es persécu-
tions qu'elles amenèrent. Venu à Lyon *, il avait été incarcéré
après le 9 thermidor, let, à Paris, il s'était vu aussi traîné en
prison et sauvé seulement par la protection d'un ministre. Dans
ces circonstances, le peintre n'avait pu que s'ancrer dans les
habitudes d'un dessin tendu et d'une composition terrible.
Il exposa, en l'an VII, un tableau de sept mètres: le Triomphe
du Peuple français, ou le 10 Août, qui fut acheté par la Répu-
blique et dont le programme mérite d'être rapporté : « Le Peuple,
armé de sa massue et tenant la balance de la Justice, vient de
renverser le colosse de la Royauté, dont la chute est exprimée
par ses attributs brisés, etc. » (V. Explication, an VII, p. 30.)
Au Salon de l'an VIII, il exposa les Remords d'Oreste, tableau de
cinq mètres, qui obtint le premier prix de la première classe.
Landon y trouve une composition vraiment poétique et un grand
caractère de dessin *. M. Delécluze dit que cet ouvrage fut jugé
détestablement mauvais par les nouveaux élèves de David, et
que son succès au Salon fut préparé par la coterie des artistes
révolutionnaires. Le maître, qui était, lui, de cette coterie, avait
fait un pompeux éloge de l'énergie du tableau d'Hennequin ; il
avait même dit, à cette occasion, que les peintres étaient un vé-
ritable tribunal révolutionnaire de la peinture, et que tous les
genres étaient bons '. Aujourd'hui que le temps a passé sur les
nouveaux comme sur les anciens élèves de cette école, il nous
semble que ceux-ci, qui en représentaient la partie la plus virile
et la plus novatrice, mériteraient, dans un intérêt historique,
d'être relevés de la réprobation qu'ils ont subie.
Le chef-d'œuvre d'Hennequin fut gravé au burin, in-4*» 1., des-
sin par Marchais, eau-forte par Queverdo, terminée par Pigeot
L'auteur en fit plus tard (1820) une lithographie ; mais il avait lui-
1. II dessina une vignette allégorique pour la Section des Droits de rhomme
de Lyon, mais je ne connais que la reproduction moderne {Lyon en 4793,
in-8°, 1847 ), où le style est tout à fait dénaturé.
2. Annales du Musée, t. I, an IX, pi. 51 , p. 105.
3. fj}uis David, son école et son temps. Paris, 1855, in-12, p. 104.
PHILIPPE-AUGOSTE HENNEQUIN. 87
môme perdu la faculté de rendre la manière de l'an Vlil. Tous
ses biographes disent qu'il a fait lui-même beaucoup de gravures.
On ne les trouve nulle part décrites^ ni même énumérées; elles
sont tombées dans le mépris public ; l'énergie de leur manière
les fera un jour rechercher. Voici celles que je connais :
Sous les traits d'un jeune homme ardent et plein de vigueur,
le Français, régénère par la Constitution, s'attache à elle et vole
au Bofiheur, tandis que le Fanatisme aveugle, l'Orgueil et la
féroce Ignorance émoussent leurs traits contre son égide. Inventé
et gravé parPh.-Aug. Hennequin; à Lyon, chez l'auteur, maison
Regrat, etc., in-P* 1. Depuis Hemskerck on n'avait pas vu un tel
développement musculaire.
Milan de Crotone, eau-forte^ au cabinet des Estampes.
Bénédiction du Pape sur les marches d'un palais, et Sauvetage
de femmes noyées, deux pièces en pendant, in-f^, à l'eau-forte.
Les modèles de l'Italie moderne y sont traités à la façon de
mannequins, disloqués pour la plus grande démonstration mus-
culaire.
En vendémiaire an XII, par un gros temps, un bateau de la flot*
tille, poursuivi par les Anglais, était en danger de se perdre; le
chef de bataillon Salomon ceint le drapeau autour de lui pour ne
pas l'abandonner. Belle eau-forte par Hennequin. Collection La-
terrade, !'• partie, n^ 287.
11 fit un tableau de la liberté de r Italie, dédiée aux hommes
célèbres, qui fut gravé par Monsaldy, in-f<* h. Se vend à Paris,
chez Hennequin, rue du Pot-de-Fer, près de la ci-devant église
Saint'Sulpice. Le général Bonaparte, debout auprès du tombeau
de Virgile, tient embrassés le Peuple et la Sagesse; au-dessus
planent la Victoire et la Renommée. Ce dessin a la carrure, la
roideur et la crispation de l'École; la gravure est pointillée d'un
effet sombre.
Hennequin exposa encore, en l'an XII, la Bataille de Quiberon,
et, en 1806, la Bataille des Pyramides, qui fut éclipsée par celle
de Gros. H s'exila à la Restauration et termina sa carrière en
Belgique.
88 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
La carrière de GÉRARD* embrasse trois époques ; si les deux
dernières furent les plus prospères, la première, la plus oubliée
et la seule qui doive nous occuper, est la plus intéressante par la
primeur de ses inspirations. Dans les compositions qu'il fit avant
la Révolution, alors qu'il n'avait encore reçu que les leçons de
Pajou et de Brenet, une Scène de la Peste, esquisse, 1784, la Cha-
rité, 1788, on trouve de la roideur et de la gaucherie avec des
prétentions à faire neuf et grand ; Bruun Neergaard * les a sous
ce rapport mieux jugés que Ghéry, qui les qualifia d'horribles dans
la critique du Salon de 179^*. Mais Gérard devint bientôt l'un
des élèves les plus chers de David , et s'essaya dans des sujets
inspirés par les événements : les Enrôlements volontaires, lors de
la patrie en danger, le Peuple et le. Roi au 10 août dans r Assem-
blée législative; on a même dit qu'il avait aidé son maître dans la
peinture du tableau de Lepelletier-Saint-Fargeau. Le tableau du
Jugement de la chaste Susanne par le prophète Daniel, exposé au
Salon de 1793, fut loué pour sa bonne composition, sa couleur
vigoureuse et Texpression de ses tôtes *.
Les biographes de Gérard *, qui parlent fort peu de ses ouvra-
ges révolutionnaires^ se taisent mieux encore sur ses actes ; il en
reste pourtant quelque renseignement. Àfiilié à la Société popu-
laire des arts, il lut, le 2l\ germinal an II, un discours sur l'utilité
des arts en principe ; membre du jury du concours sur le sujet
de Brutus, il exprima son opinion dans les termes les plus patrio-
tiques : « L'ensemble de ce groupe, disait- il en parlant du
tableau couronné, est noble et beau, et il pourrait encore épou-
vanter les tyrans, si une main plus expérimentée eût dirigé Texé-
1. François Gérard, né à Rome, en 1770; élève de Brenet et de David; prix
de peinture en 1789.
2. De la situation des beaitx-arts en France. Paris, an ÏK , in-S**, p. 3.
3. Explication et critique, p. 18, n° 3.
4. Explication et jugement motivé, Paris, Jansen, in-12, p. 21.
5. Delécluze, Louis David, son école et son temps, 1855, in-12, p. 274. —
Lenormant, François Gérard, peintre àlùstoire, Paris, 1846, in-8**, p. 19.
I
FRANÇOIS GÉRARD. 89
cutioD^ » Oq sait enfin qu'il fut juré du Tribunal révolutionnaire,
réfractaire, il est vrai, autant qu'il put à cette épouvantable fonc-
tion , mais toujours d'un républicanisme fort ardent et qui alla
jusqu'à prendre ombrage d'un voyage de son camarade Gros,
entrepris en 1793, comme d'une émigration ^.
Ces renseignements prêtent à l'interprétation des portraits si
expressifs qui nous sont restés du jeune peintre, dessinés par ses
camarades Gros et Girodet'. Les portraits qu'il fit lui-même à
cette époque ont des qualités de sauvageon qui en élèvent con-
sidérablement le style et qui frappèrent vivement les critiques du
temps. Ce sont lea portraits de if"« Pierre Bazin, 1792, de
M^ Lagrange, 179/i, de 3f"« Brongniart, 1795. « Jeune artiste, »
lui disait le critique de la Décade, Amaury Duval, n toi qui as fait
ce portrait, tu as rendu la nature, tu n'as pas cherché à l'em-
bellir; ainsi peignait Léonard dé Vinci. » Dans des portraits plus
grands^ qui suivirent ceux-ci Jsabey et sa fille, 1795, M^^ RegnauU
de Saint-Jeaiïrd'Angely, La Réveiller e-Lepeaux, la famille Auguste,
on peut dire que Gérard atteignit le point le plus naïf et le plus
vigoureux en même temps de son talent. Il ne lui fut pas donné
de conserver autant de sève dans la peinture historique. Le dessin
du 10 AoiU, présenté au concours de l'an IV, valut au peintre le
grand prix de vingt mille francs, et Bruun Neergaard le dit un
des plus beaux de l'école moderne; mais ce ne fut qu'un projet,
et l'on ne sait ce qu'il est devenu. Autant qu'on en peut juger p^r
l'estampe qui en a été donnée, c'est une composition ^ui ne
manque ni de grandeur ni d'émotion, avec des profils exagérés^
des gestes tendus, et une expression d'énergie outre-passée. Deux
i. Journal de la Société républicaine des arts, Paris, Detournelle, in-8<>,
p. 57, 314, 345. — Procès-verbal de la première séance du Jury des arts, Paris,
an n,m-g°, p. 86.
2. V. Histoire des peintres de toutes les écoles, Gros, par Ch. Blanc, in-4°.
3. Portrait en tête de l'Œuvre du baron Gérard, Paris, Vignères, in-f°. —
Portraits inéditsd'artistes français, par Ph. deChenncvièrcs, lithogr. par Legrip.
Puis, in-f».
90 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
tableaux fondèrent cependant bientôt sa réputation , Bèlisaire et
Psyché,
Bèlkaire, exposé au Salon de Tan IV, eut un de ces succès pro-
clamés par la critique et sanctionnés par des suffrages plus tou-
chants. (( Si je n'étais pas née sensible, disait une dame à Braun
Neergaard, Bèlisaire aurait remporté une victoire sur mon âme;
toutes les fois que j'approche de ce tableau , j'éprouve une cer-
taine mélancolie ; je souffre avec le jeune homme et je sens avec
le vieillard *. » Psyché et V Amour, qui parut au Salon de Tan VI
et qui encourut des observations plus défavorables de la critique,
produisit une émotion plus générale dans lé public. Ces deux
figures répondaient à l'idéal qu'on se faisait alors des contours
les plus purs et des sentiments les plus délicats, et il n'y a pas
jusqu'au ton pâle des chairs qui ne fût une condition suprême de
beauté ; des observateurs de mœurs ont raconté que les dames se
fardèrent le visage de blanc pour se donner un air à la Psyché *.
Gérard eut pour premier graveur Godefroy, que nous verrons
ailleurs ; il fournit aux burins finis et réguliers, réclamés alors
dans l'illustration des livres, de nombreux dessins sur les Amours
de Psydié, Daphnis et Chloé, les Églogues, les Géorgiques, VÉnèide
de Virgile et les Tragédies de Racine, qui ornèrent les belles éditions
de P. Didot l'aîné^. Ces compositions nous semblent aujourd'hui
dépourvues d'esprit et de variété, tout,empreintes de l'affectation
des lignes sculpturales, et asservies de trop près aux habitudes de
l'atelierde David pour rendre leurs magnifiques sujets avec la vé-
rité désirable ; mais il suffit de se rappeler comment ils étaient
traités auparavant dans les plus beaux livres, pour sentir la gran-
deur de leur style, la correction de leur contour et la force de leur
expression. Parmi ceux qui travaillèrent à ces dessins à côté de
Gérard, Girodet les traitait avec fadeur, Percier avec mesquine-
i. De la situation des beauaxirts en France, p. 113.
2. Souvenirs de Paris, par Kotzbue, cités par MM. de Concourt, Histoire de
la Société française sous le Directoire, Paris, Dentu, 1855, in-S», p. 410.
3. la& gravuros furent exposées aux Salons de l'an VII et de Tan Vm.
■5
PIERRE PROD'HON. 91
rie; David lui-même, inventeur peu facile, n*y aurait pas apporté
tant de convenances; Prud'hon seul y savait mettre plus de sou-
plesse et de grâce. Ce fut aussi le seul dont Gérard ne put
supporter la rivalité.
PRUD'HON
PRUD'HON est le peintre par excellence de la Révolution fran-
çaise, et il doit ici être traité avec prédilection. Beaucoup de notices
ont été publiées sur sa vie et ses œuvres, et dans le nombre il y en
a d'excellentes ; je ne les referai pas, mais on a publié depuis des
documents qui font mieux connaître les sources de ses études ;
en se bornant à le considérer par rapport aux circonstances au
milieu desquelles il se produisit, et qui l'inspirèrent le plus vive-
ment, on rencontre un côté de sa carrière tout à fait méconnu et
le fond môme dç son génie. Il fut un de ceux où Ton ne doit pas
craindre de s'étendre et de creuser.
•
1. — ÉTUDES A DIJON ET A ROMR.
tt Pierre Prudon d naquit à Cluny, dans le Maçonnais, le k avril
1758 •, treizième et dernier enfant d'un tailleur de pierres. Élevé
avec tendresse par sa mère et remarqué bientôt à l'école gratuite
de Tabbaye par une vocation prodigieuse pour les arts du dessin*,
il fut envoyé, à seize ans, par M. Tévêque de Mâcon, Mpreau, dans
recelé de M. Devosge, à Dijon.
i. Cette date est ceUe qui résulte de Pacte de naissance. Prudon prit plus
tard le prénom de Pierre-Paul, changea Torthographe de son nom et avança
de quelques années la date de sa naissance, on ne sait pour quels motifs. Ma-
gasin jnit^àregque , année 1857, p. 148, et Archives de Vart français, t. VI,
page 349.
2. On en trouve les preuves, plus ou ou moins légendaires, dans la Notice
historique sur la me et les ouvrages de Prud*hon, lue à l'Institut par M. Qua-
tremère de Quincy, Paris, in-4*, 1824 , et dans la Notice histonque sur la vie
et les ouvrages dé Prud'hon, Paris, Didot, 1824^, in-«. Cette notice est de
M. Voiart, ami du peintre, et rédigée sur les renseigtiements fournis par un
autre de ses amis, M. de Boisf remont.
/
1
94 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
plus éminemment le génie divin de ce grand maître. Après son
École d'Athènes, ce sont ses plus beaux ouvrages, et on pourrait
dire les seuls qui l'égalent, dans le simple de la composition,
comme dans la force de l'expression... Mais quelqu'un qui l'a
surpassé bien au delà dans la pensée, la justesse de la réflexion
et du sentiment , et de plus dans le précis , le moelleux et la
force d'exécution , et dans l'entente du clair-obscur et de la
perspective, c'est l'inimitable Léonard de Vinci, le père, le
prince et le premier de tous les peintres... C'est là mon maître
et mon héros *. »
Messieurs les Élus de Bourgogne avaient ordonné à leur pen-
sionnaire un tableau pour décorer le plafond de leur salle, et ils
avaient fait choix d'abord de r Aurore du Guide au palais Ros-
pigliosi, que Prud'hon trouvait en effet le plus agréable en ce
genre qui soit à Rome; ce plafond ne put être copié. 11 avait
désigné ensuite r Assemblée et le Festin des Dieux à la Farnésiue,
ou le Triomphe de Bacchus de Garrache au palais Farnèse. ce Les
deux premiers, disait-il, quoique exécutés sur les cartons de Ra-
phaël, pèchent beaucoup contre la correction du dessin, mais les
caractères de tête en sont sublimes; le second est faible de cou-
leur... > EnGn on se détermina pour le Triomphe de la Gloire,
plafond de Piètre de Gortone au palais Barberini, que Prud'hon
*
appelle une machine à fracas, mais qui, lorsqu'on le prend partie
par partie» n'est que très-médiocre. Le peintre là décrit avec les
changements qu'il y fait ; il a tâché, autant que possible, de re-
médier au dessin et en quelques endroits des draperies, qui sont
d'un assez mauvais goût dans l'original; on peut l'en croire sur
parole : «Quant aux éloges, disait-il, une copie en mérite peu ^. m
Ge plafond, qui décore aujourd'hui la salle des statues du Musée
de Dijon, fut, selon M. de Saint-Mesmin, exécuté d'abord dans
i . Lettres écrites par Prud'hon K MM. Devosge et Fauconnier, pendant son
voyage en Italie, publiées par MM. Villot, Joliet, Saint-Père et Velée. Archives
de l'art français, t. V, p, 98, 108, liO, H5 et 116.
2. Archives de Vart français, p. 117, 121, 149.
PIERRE PRUD'HON. 95
uoe esqaisse réduite et puis peint en grand ^ U est en effet, de
dimensions plus grandes que celui de Rome, doit avoir des figures
ajoutées et ne garde rien de la manière de Piètre de Gortone. On
y reconnaîtrait plutôt l'étude des maîtres plus anciens, tels que
Raphaël, et plusieurs figures, des groupes entiers, y sont déjà
tout empreints, dans les formes comme dans les lumières, de la
grâce et des tons particuliers à Prud'hon.
Prud'hon parle du reste fort peu de ses travaux. D'après ce
qu'il en disait plus tard, ils se bornaient à des croquis ; le peintre
s'occupait de regarder et d'admirer les chef^-d'œuvre de Home
plus que de les copier *. Vers la fin de son séjour, il fit proposer
aux États, dans le cas où sa pension de trois ans serait renouve-
lée, d'entreprendre plusieurs sujets des actions héroïques du
grand Condé sur les documents historiques qui lui seraient en-
voyés; il ne recherchait ni les protecteurs ni la publicité :
« Comme mon talent n'est pas au point où je le désire, je ne me
soucie pas qu'on me fasse connaître avant le temps'. » Il fuyait
surtout la protection et les conseils du directeur de l'Académie
de France : a M. I^agrenée a sa manière de voir et de faire^ qui
ne cadre guère avec la mienne; par conséquent ses conseils ne
peuvent pas m'étre bons... Un artiste qui étudie doit être
libre, etc. *. »
Les croquis tracés par cette main, que M. de Joursanvault
disait, huit ans auparavant, douée d'une grande facilité et d'une
adrelte peu commune, ont été en partie conservés dans un
album, recueilli par un des nombreux admirateurs du peintre,
M. Marcille, où les traits de son charmant crayon sont mêlés à
des notes de dépenses et à des lettres d*amour ^ Le morceau le
i. Notice des <^et$ d^art exposés au musée de Dijon, Bijon, 1842, in-i2,
page 67.
2. Sur la situation des beauanirts en France, ou Lettr/s d'un Danois, par
BruQD Neergaard. Paris, an IX, in-8<*, p. 136. ^
3. Archives de Vart français, t. V, p. 158, 132.
4. Archivée, t. V, p. 133, 134.
5. Les BeauoD-Arts, revue nouvelle, n° du !•' juin 1860, p. 97-98.
96 ARTISTES. ~ PEINTRES D'HISTOIRE.
plus intéressant que Ton ait conservé de cette époque est son
portrait, qu'il envoya à son ami Dagoumer; le corps et les che-
veux sont esquissés à la plume, mais la tête, de profil, est finie
dans ce pointillé profondément caressé ; Tceil assombri, la lèvre
boudeuse, et Tair rêveur et doux, semblent laisser surprendre,
avec la ressemblance du jeune artiste, les attaches mêmes de son
type *. On voit comment en principes il avait profité : « C'est là
où l'antique et les grands maîtres lèvent tout d'un coup les pré-
jugés qu'on peut avoir pris ailleurs, surtout lorsqu'ils ne se sont
point trop glissés dans la pratique. » Voici toute sa théorie, sous
forme de conseils à son petit Anatole, Devosge le fils, qui concou-
rait alors à Dijon : c Du nerf, de l'expression , un dessin ferme
et grandement senti, des draperies avec des plis grands et dé-
cidés, et du repos dans les parties larges ; joignez à cela un
effet vigoureux et tranquille, afin de faire briller davantage
le mouvement de vos figures*. » Mais c'est dans les deux der-
nières lettres, adressées à M. Fauconnier, que Prud'hon a exprimé
avec le plus d'élévation , quoique dans un langage négligé, tous
ses sentiments sur la peinture et sur les peintres ses contem-
porains. Interrogé sur le mérite des jeunes gens de Rome, il
indique ce 'qui l'éloigné de l'école de David, car, en s'éloignant
deLagrenée, il ne se rapproche nullement de celui-ci : * M. Drouais
est celui qui se distingue le plus^ il suit la manière de M. David,
et cherche tout ce qui peut fasciner et éblouir les yeux de ceux
qui n'ont pas le sentiment fin et délicat. Le désir violent défaire
du fracas, l'ambition .de la gloire et des applaudissements sont
les guides qu'ils suivent; mais, mon ami , l'ambition est souvent
un mauvais guide ; elle ôte cette tranquillité dans l'esprit pour
opérer sainement et avec justesse : une certaine affection , un
certain amour dans ce qu'on fait et non pour ce qu'on fait, et le
plaisir qu'on aura si on réussit, attisent plus efficacement le génie
et aiguillonnent bien mieux le sentiment que ne peuvent faire
1. Chez M. Dromond. Album xi"" 23.
2. Archives y t. V, p. 147.
PIERRE PRUD'HON. 97
toute la torture et l'agitation que se donne un ambitieux *. »
Quelle que fût l'indépendance du pensionnaire de Dijon et son
admiration pour le Vinci , il n'était resté, ni sans relation avec
les artistes qui dominaient à Rome, ni étranger à la révolution
qui s'était faite dans l'art sous l'influence des principes et des
exemples de Raphaël Mengs, de Pompeo Batoni et d'Angelica
Kaufmann. Mengs était venu d'Allemagne apprendre aux Romains
à goûter Fantique; il avait eu la prétention de réunir dans sa
peinture, qui comprenait tous les procédés, la fresque, l'huile,
le pastel et la miniature, l'expression de Raphaël , le coloris du
Titien et le clair-obscur du Corrège, et, dans l'opinion de ses
contemporains, tels que Winckelmann, il avait réussi à surpas-
ser ces maîtres. Batoni, plus iidële et plus favorisé des Grâces,
disait-on, sans avoir moins de considération pour l'antique et
pour Raphaël, était regardé comme le restaurateur de l'école ro-
maine. Angelica Kaufmann avait suivi les mêmes tendances avec
des moyens plus faibles, mais qui n'en étaient que plus agréables
et plus populaires alors qu'elles étaient servies par l'ascendant
d'une femme jeune et belle. 11 y a évidemment, entre ces artistes
et Prud'hon, des rapports généraux de poétique, même recherche
de la grâce et du sentiment dans l'antique, de la pureté et
de la couleur dans quelques maîtres de prédilection ; mais ils
n'enapéchèrent pas notre peintre, après qu'il se fut retrempé en
France, de trouver sa voie et de devenir un maître d'une autre
force et d'une complète originalité. 11 fut lié aussi avec Canova.
M. Voiart raconte que Canova fit de vains efforts pour le retenir
en Italie, qu'il voulut lui payer ses ouvrages et les exposer dans
son atelier pour les faire connaître*. Prud'hon n'a parlé dans ses
lettres que des morceaux antiques qu'il avait vus dans l'atelier de
i. Arc/UveSf t. V, p. 16C.
2. M. Quatremère et M. Voiart disent que Prud'hon ne trouva à faire, eu
arrivant à Paris, cq 1789, que des miniatures, — la miniature ne fut pas dédai-
gnée par Fragonard. Prud'hon en avait déjà fait à Rome. On a de cette façon le
p<^rait du prince Negroni, ovale, en habit bleu, gilet Jaune et cheveux blancs,
qui est d*un ton léger et flou.
dS ARTISTES.— PEINTRES D'HISTOIRE.
Mengs, mais on comprend que le sculpteur, qui, à ce momeat
au faite de la gloire, exécutait à Rome le mausolée de Clément XIII
et le groupe d* Amour et Psyché, ne fut pas sans influence sur
le peintre. Une tendance, alors nouvelle dans les arts, leur est
commune : le désir d'apporter plus de tranquillité dans la com-
position de leurs sujets, plus de vérité dans l'expression, et un
sentiment attendri qui pénètre jusque dans les formes les plus
énergiques.
1. — TRAVât'X DE 1789 A L'aN X.
Sa pension expirée et Tannée 1789 venue, Prud'hon revint à
Paris» où il fut rejoint par sa femme, dont le caractère était si
peu digne du sien^ ainsi que nous l'apprenons déjà par ses lettres
de Rome, et par son enfant. Il s'y trouva dans une position pré-
caire, obligé de recourir à des travaux vulgaires et d'un produit
facile. Il sut déjà y mettre de la conscience et en relever la vul-
garité. Les miniatures et les dessins à la plume et au crayon
étaient alors encore un lot pour le talent; mais ce sont des dé-
buts peu flatteurs pour la vanité d'un artiste; ils attirèrent à
peine l'attention. An Salon universel de 1791, un dessin à la
pierre noire exposé sous ce titre : Un jeune homme appuyé sur le
dieu Terme, n'est enregistré par Chéry qu'avec cette observa-
tion : (( Les jambes sont trop grosses ^ » Les tableaux que Pru-
d'bon a pu faire à cette époque ne sont plus connus. M. Ch. Blanc
cite l'Innocence ^tramée par l'Amour et suivie par le Repentir,
figures à mi-corps, comme exposé en 1791 *, mais le livret n'en
fait pas mention.
Au Salon du 10 août 1793, Prud'hon exposa un grand tableau :
VUnion de l'Amour et de l* Amitié, deux portraits et deux dessins
à la plume, l'un sous le titre de l'Amour réduit à la raison^
l'autre sur un Sujet tiré du premier acte d'Andromaque. Un cri-
1. Ecpplication et critiqw imparticUe, p. 54, n° 5iO.
2. Histoire des peintres de toutes les écoles, in-i°, p. 22.
PIERRE PRUD*HON. 99
tique signala dans ses portraits un bon modelé, une couleur vraie
et, particulièrement pour le portrait de femme, beaucoup de
grâce dans l'air de tête, dans la pose, et de vérité dans les chairs
et les ajustements^; il aurait été sans doute moins clairvoyant
s*il ne s'était mêlé à sa critique quelques sentiments personnels ;
le juge était Jansenet il parlait du portrait de sa sœur, femme
du graveur Copia. Mais le mérite de ce portrait a été ratifié par
un juge moins suspect, M. Charles Blanc, qui a vu encore chez
les demoiselles Jansen, filles du traducteur de Winckelmann, ce
tableau : la Citoyenne Copia, ayant les mains sur les genoux et
portant un adorable petit chapeau ridicule, signéPrud'hon, 1793 ^.
Dès Tan II, Prud'hon avait trouvé dans Copia un graveur fait
pour le traduire avec tout le soin requis, et les pièces qu'ils pu-
blièrent dans les années les plus terribles de la Révolution en
furent le succès de gravure le plus populaire et le plus beau.
La Vengeance de Cèrhs, V Amour réduit à la raison, Le cruel rit
des pleurs qu'il fait verser ^^ furent loués par Detournelle, qui
trouve l'estampe, dans la manière de Bartolozzi, séduisante,
digne d'orner le portefeuille de l'artiste et le cadre de l'amateur ^.
Un rédacteur du Moniteur, en les annonçant avec plus d'éloges
encore, fait une observation qui sent bien son temps : c Peut-
^tre y a-t-il dans la figure de Vénus un peu trop d'air français,
dit-il, mais plus d'une divinité grecque n'aurait pas perdu au
change en prenant cet air-là ^. »
Il faut rapporter à la même époque les cinq vignettes compo-
sées pour la Nouvelle Hèloïse •, qui ont, dans l'œuvre de Prud'hon,
1. Explication et Jugement motivé, Paris, Jausen, iD-12, p. 39, 41.
2. Histoire des peintres français au XIX* siècle, Paris, 1845, in-S*', p. 270.
3. EUes furent exposées au Salon de l'an IV. Quelques états portent eu
maiigc : Tiré du cabinet du Ç, d*Arlet (M. Voiart nomme ce citoyen le comte
d'Harlai, amateur, qui fit travaiUer Prud*hon à peu de frais, Notice, p. 18);
d*aotres : Société des amis des arts,
4. Journal de la Société républicaine des Arts.
5. Moniteur universel, supplément du 0 niYôse an II (S^décwaihre 1793}.
C. On ne sait pour quelle édition projetée furent faites les planches de Copia.
100 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
une importance toute particulière; car, si, dans les compositions^
ii témoignait une vocation pour le costume antique en le pliant
avec une convenance inûnie à des formes actuelles, ici il a
abordé le costume moderne dans ses caprices, les robes à la lévite,
les fichus de linon garnis, la culotte à boucles, le frac à longues
basques et les cheveux en catogan, sans rien sacrifier de la
grâce de ses figures. Vénus, avec les bandeaux qui projettent les
tresses de ses cheveux, sa ceinture nouée sous les seins et son
manteau rabattu sur ses genoux, comme Julie, avec- son petit
chapeau placé en pouf sur une chevelure abondante, et son fichu
menteur noué derrière lataille, sont des figures également pleines
de goût et de style.
Prud*hon avait acquis dès lors une notoriété parmi les peintres;
car on le trouve compris dans la liste des membres du jury pour
le concours des prix de peinture de l'an 11, qui fut adoptée par
la Convention sur la proposition du Comité d'instruction publî*
que. On a son opinion motivée sur le tableau de Brutus par Har-
riet, qui obtint le prix. Elle est, en quelques mots, ce qu'on
pouvait attendre de lui ; il donne son suffrage à ce tableau, quoi-
que faible d'exécution^ a parce que c'est le seul où il ait vu le
germe des grands talents, le sentiment, et il l'y a trouvé dans
l'expression générale et particulière du sujet, dans le caractère
des personnages et même dans celui du dessin *. » Lorsque ce
jury, ayant terminé ses opérations, se forma en Club révolution-
naire des arts, Prud'hon en fut le secrétaire adjoint et lut, dans
une de ses séances, un discours sur les arts dont le journal de
Detournelle ne nous donne malheureusement qu'une mention ;
il les considérait, est-il dit, sous des rapports philosophiques et
en parlait dans le genre de Rousseau *.
A ce moment se rapportent ses dessins d'allégories politiques :
1. Procès-verbal de la première séance du Jury des arts, de Tlmprimerie
nationale, in-8°, p. 32.
2. Journal de la Société répMicaine des arts, Paris, an II, in-8«, p. 283.
PIERRE PRUD'HON. 101
La Liberté, Elle a renversé rhydre de la lyrannie et brisé le joug
du Despotisme, in-8« en hauteur;
La Loi. Le faible trouve sa force dans la Loi qui le protège, in -8°
en largeur ;
L'Égalité. Ils sont égaux dans la société comme devant la Na-
ture, in-8® en largeur;
La Constitution française fondée par la Sagesse sur les bases
immuables des droits de V homme et des devoirs du citoyen, in-
folio en largeur.
Ces dessins furent gravés par Copia, qui n'eut , pour les bien
rendre, qu'à s'attacher à la facture très-finie du dessinateur, qui
avait avancé tous ses travaux exprès pour la gravure, et qui,
grâce à ce soin, peut être apprécié sur ces estampçs comme sur
des originaux.
Les biographes de Prud'hon ont trop insisté sur sa position
misérable à l'époque de la Révolution ; sa condition ne fut pas
pire que celle de beaucoup d'autres ; s'il produisit peu , c'est , à
part la préoccupation des événements, qu'il était difficile pour ses
propres ouvrages et n'était pas propre à la peinture faite vite. Les
dessins, auxquels il pouvait mettre le temps, le faisaient aussi
mieux vivre, et il n'est pas à déplorer qu'il en ait été réduit là,
car ses facultés s'y sont développées avec puissance. Lors des
grands prix d'encouragement accordés en l'an IV par suite du
concours de l'an III, ou la Convention avait appelé tous les
artistes à représenter à leur choix, sur la toile, les époques les
plus glorieuses de la Révolution, Prud'hon fut mentionné deux
fois; il eut 5,000 francs pour le prix donné aux esquisses de
peinture présentées, et 2,000 francs pour les autres prix. Parmi
les tableaux cités de Prud'hon, le seul qui paraisse se rapporter à
ce concours, est celui que mentionne M. Paul Lacroix : a La Prise
de la Bastille, composée de plus de cent cinquante petites
figures; » maison n'en trouve pas d'autre indication*. M. Ch.
Blanc a indiqué un tableau de la même époque : Une jeune
1. Un dessin de Prud'hon, cbez M. Hennin, semble se rapporter à ce tableau.
102 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
femme accompagnée de son enfant, dont on connaît un dessin,
signé: P.-P. Prud'hon, 1794.
Prud'hon n*exposa rien au salon de Tan IV. Ce fut le temps
de ses plus grands chagrins domestiques, comme nous l'appre-
nons par une lettre à Denon, où il implore Tintervention de Tau-
torité contre les excès de sa femme*. M. Voiart nous apprend de
son côté qu'il alla vers cette époque à Rigny, près de Gray en
FrancherComté, où il passa deux années et fit un grand nombre
de portraits à l'huile et au pastel.
11 parut au Salon de Tan V avec le portrait du citoyen Constan-
tin, trois dessins lavés à. l'encre de Chine, sujets du roman de
Daphnis et Chloé, et deux dessins à la plume, sujets tirés de CArt '
cV aimer de Bernard ; au Salon de Tan VI il exposa seulement
un dessin, projet de frise, représentant une Bacchanale, et la gra-
vure originale de Phrosine etMélidor, Les premiers de ces dessins
et cette gravure étaient faits pour les grandes éditions de Didot
aîné, ce qui était encore une commande honorable et lucrative.
Malheureusement Prud'hon ne put la conserver longtemps, pour-
suivi par la jalousie des élèves de David, et en particulier de
Cérard, qui lui fit refuser toute collaboration à l'illustration des
livres de Didot, et exigea même la suppression de son nom sur
une planche déjà faite pour la Thébaïde sur un de ses dessins ^.
Ces vignettes, ainsi que celles qu'il put faire encore pour
Daphnis et Chloé, pour l'Art d'aimer^ et pour la Tribu indienne
de Lucien Bonaparte*, ont cependant dépassé Teur destination
et brisé l'enveloppe où sont restés enfouies celles de ses collabo-
rateurs.
1. Lettre du 7 vendémiaire, an IV, publiée dans les Archives de Vart fran-
çais ^ t. IV, p. 127.
2. In-8<^. Moitte inv., Sisco se. Quelques premières épreuves portent le nom
de Prud'hon.
3. Trois dessins lavés à Tencre de Chine pour Daphnis et Chloé, et deux
dessins à la plume pour VArl d'aimer furent exposés au Salon de Tan V.
4. La Tribu indienne ou Edouard et Stellina, Paris, Honnert, an VII (1799),
2 vol. in-12.
I
PIERRE PRUD'HON. 103
Il descendit môme plus bas et dut prendre des commandes
réservées aux artistes les plus modestes, telles que des figures
pour des têtes de lettres, pour des adresses de marchand et des
bimbeloteries, où il savait mettre ce grain qui se communiquait
à ses graveurs, et qui les fait rechercher toujours à Tégal des
ouvrages les plus soutenus. Toutes ces humbles compositions
ont eu pour heureux interprète le graveur Roger.
Le seul portrait de Prud'hon qui ait été gravé par son premier
et son plus fidèle interprète est une charge, qui attire d'autant
plus l'attention qu'elle est exécutée de main de maître, et que
c'est la seule que s'est permise son esprit ordinairement si sé-
rieux, le Directeur Réveillère, pape des Théophilanthropes* . Le per-
sonnage est représenté à mi-corps, de face, les bras appuyés à
une tribune et la tête tournée à droite, drapé en Démosthène
et coiffé en Lucius Verus, les poings serrés, l'œil enfoncé, le front
carré et les traits inférieurs projetés en avant, avec une expres-
sion qui nous paraît aujourd'hui assez étrangère au caractère
connu du directeur théophilanthrope, et éloignée de tous les
autres portraits, depuis celui que peignit Gérard en 1796 jus-
qu'à celui qu'a modelé David d'Angers , où percent seulement
les épaules gauchies et les traits martelés d'un bonhomme en-
têté. Mais , à ne considérer de cette pièce que la partie pitto-
resque , il y a une pénétration qui ne trouve de comparaison
que dans certaines charges de Léonard de Vinci. Aussi, bien
que la pièce soit anonyme, tout le monde y a reconnu la marque
de Prud'hon ; on la croit gravée par Copia , mais elle est de
celles où le maître a mis la main. On ne s'étonne plus, en effets de
voiries planches, gravées par Copia sur des ouvrages de Prud'hon,
faites avec tant de bonheur dans certaines parties, quand on sait
que le peintre, non content de donner des dessins finis, retou-
1. Ce burlesque pontificat était placé dans le Directoire. Français de Nantes;
rapport des Onze. — Ce portrait rare a été décrit d*abord par M. Villot {Essai
d*ttA catalogue raisonné des gravures et lithographies exécutées par Pruéthon
ou d'après ses compositions. Cabinet de Vamateur^ t. HI.)
Le dessin à la plume, pour la gravure, est dans la collection Marcille.
fl
104 ARTISTES. — PEINTRES D*HISTOIRE.
chait lui-même les épreuves d*essai faites par Copia, par Roger
et par son fils*.
Lebreton, dans son rapport de 1808, parle de Prud'hon dans
ces termes : « Il s'est plus montré comme dessinateur que
comme peintre pendant l'époque où nous nous renfermons, mais
les artistes avaient la persuasion qu'il marquerait un jour dans
l'école par un caractère de talent qui ne serait qu'à lui. Il jus*
tifie pleinement ces favorables augures '. » Nous pouvons dire
qu'il les avait justifiés dès le temps du Directoire et du Consu-
lat par les peintures les plus considérables : c'est sous le Direc-
toire qu'il obtint le logement au Louvre et ensuite au Palais
national des sciences et des arts (Sorbonne).
Il exécuta pour le Gouvernement un tableau allégorique : la
Sagesse et la Vérité descendent sur la terre, et les ténèbres qui la
œuvrent se dissipent à leur approche. Ce tableau de 3 mètres
66 centimètres en carré, exposé au Salon de l'an VII, fut placé
d'abord au musée spécial de l'école française à Versailles, puis
transporté à Saint-Cloud pour servir de plafond à la salle des
gardes, où il fut en partie roussi par un incendie arrivé à la
draperie d'un lustre, lors des fêtes du mariage de Napoléon, et
mis de côté. Il gît aujourd'hui, diminué d'un quart, et détérioré
en plusieurs parties, dans les magasins du Louvre'. On y admi-
rait, dit M. Voiart, la poésie de la pensée et de la composition,
les grandes formes, le charme de la couleur et du pinceau, enfin
une exécution large et moelleusejusqu'alorsjnconnue dans l'école.
Il fut chargé de peindre un plafond, dans la salle du Laocoon
au Louvre, dont le sujet fut V Étude qui guide V essor du Génie, et
cette composition fut reproduite avec une juste appréciation dans
les Annales de Landon ^.
1. Je tiens le fait d'un artiste, M. Dromont, qui a connu et affectionné
Prad*hon, dont il a recueilli des œuvres charmantes, et qui a vu souvent chez
Roger des épreuves retouchées par Prud*hon.
2. Rapport sur les Beaua>'ArtSy iu-4*, p. 67.
3. Rapport de M. Jeanron, directeur des Musées nationaux, du 25 mai i84S.
4. Annales du musée, t. I, an IX, in-8, p. iO.
j
PiBRRË PRUD'HOiN. i03
Le travail le plus précieux de Prud'hon à celle époque fut la
décoration des salons du fournisseur De Lonois, à l'hôtel Saint-
Julien, rue Cerutti (aujourd'hui Laflitte). L'hôtel, qui appartint en-
suite à la reine Hortense, a subi depuis bien des métamorphoses,
et les panneaux de Prudhon se trouvent encore, dit-on, dans les
salons de M. de Rotschild ou dans ceux de la Compagnie du che-
min de fer de Lyon. Grâce à un étranger, Bruun Neergaard,
le plus intelligent appréciateur de nos arts à ce moment , nous
en avons la description la plus précise ^ Les représentations des
panneaux principaux étaient la Richesse, les Arts, le Plaisir, la
Philosophie, figures toutes brillantes de ce bonheur d'allégorie
qui a été le don principal du maître, et composées avec un luxe
d'emblèmes et une abondance d'accessoires qui en faisaient, se-
lon l'expression du Danois, comme un poënie en peinture. On
voyait ensuite dans les pilastres , entre les glaces et au-dessus
des portes, des têtes mythologiques, des compositions en façon
de bas-relief, Parques, Pégases, Enfants, Saisons et Heures, dont
les dessins et les esquisses, aujourd'hui éparpillés, ont fait ap-
précier partout l'invention et le charme ^ Neergaard mentionne
aussi trois plafonds que Prud'hon devait peindre au Louvre^ en
outre de celui dont nous avons parlé; ces peintures ne furent
pas exécutées.
Un concours ayant été ouvert en Tan IX pour l'érection d'une
colonne départementale à la gloire des braves morts dans la
guerre de la liberté, Prudhon fit un projet dont le dessin a été
conservé avec la légende explicative écrite de la main du pein-
tre'. On retrouve dans les figures qui décorent ce projet, avec la
distinction de style ordinaire à son dessin, une heureuse appro-
priation des formes aux lignes architecturales. 11 composa enfin,
sur l'indication de Neergaard, un autre dessin : la Paix, allé-
i. Lettres d'un Danois, p. 120-32.
2. Les esquisses, peintes en petite dimension, des compositions principales
ont fait partie du cabinet Denon et sont maintenant au musée de Montpellier.
3. Ce dessin est dans le cabinet de M. Bérard, architecte à Paris ; l'inscrip-
tion a été publiée dans les Archives de Vart français, t. VI, p. 344-8.
i06 ARTISTES.— PEINTRES D'HISTOIRE.
gorie sur les triomphes du premier Consul, qui fut exposé au
salon de Tan IX avec la proposition de souscription pour la gra-
vure qu'allait exécuter Roger. C'est, avec un tableau de famille
exposé en l'an XI, le seul ouvrage que l'on vit aux dernières expo-
sitions de la République.
Les amis de Prud'hon fixent à ce moment l'époque la plus
triste de sa vie. Les chagrins de ménage qui l'accablèrent alté-
rèrent à jamais son caractère et sa santé et aboutirent à une
séparation, qui, avec les enfants qui lui restèrent sur les bras, ne
fit qu'augmenter sa gêne. Ils déplorent également l'envie et la
critique qui poursuivirent le peintre et voulurent reléguer son
talent dans les dessins et les vignettes ^ Là même, comme nous
l'avons vu, il n'échappa pas aux avanies de ses confrères. Mais
rénumération que nous avons donnée de tous les ouvrages
produits par Prud'hon pendant la période républicaine suffît
pour montrer comment son talent s'y développa malgré les
épreuves.
Ces travaux s'effacèrent devant les productions plus nombreuses
et plus brillantes des deux écoles qui parvenaient à ce moment à
l'apogée du mouvement que leur avait imprimé la Révolution.
David et Regnault, les chefs de ces écoles, non contents de bril-
ler au salon du Louvre, venaient d'ouvrir, en l'an VIII, dans leur
atelier, des expositions qui avaient attiré tout Paris, et marchaient
entourés de nombreux disciples. Gérard, Lethiere, Hennequin,
Topino-Lebrun, Broc et consorts d'un côté, Guérin, Meynier»
Mérimée et bien d'autres, obtenaient la faveur publique par des
moyens plus faciles, ou, comme le disait Prud'hon dans les lettres
que nous avons citées, par le désir violent de faire du fracas. Dans
le dessin même, Isabey, Carie Vernet, Fragonard fils et M"« Chau-
det avaient tous les succès d'agrément. Prud'hon, loin de toute
école, avait dans son idéal quelque chose de concentré, et, dans
sa manière, une personnalité qui échappait à la foule, qui cho-
quait l'amateur vulgaire et qui blessait les rivaux; il passait,
1. Notice historiqtte par Voiart, Paris, 1824, p. 16 et 17.
PIEKRK PnUD'HON. 107
dit Thistorien de David, pour un peintre de mauvais goût. David
l'appelait le Watteau de son temps, et, tout en lui trouvant un
talent sûr, lui reprochait de faire -toujours la même figure ^ ; mais,
^uand la critique a pu devenir historique et tout confronter, les
rôles ont changé. C'est David et ses élèves qui paraissent les plus
uniformes, les plus entachés d'un mauvais goût dans leur imi-
tation judaïque de l'antiquité romaine; Prud'hon se relève avec
son individualité, plus naturellement issue des meilleures tradi-
tions du XVIII* siècle, plus intelligente dans sa façon d'interpré-
ter Vantique, plus pénétrée des sentiments inspirés par la Révo-
lution, plus digne enfm de servir de modèle aux temps qui vont
suivre. Prud'hon ne s'est soustrait à aucune des influences qui ont
retrempé l'art pendant cette période de la fin extrême du XVIII®
siècle : antiquité, sentimentalité, patriotisme ; il s'y est gouverné
avec une indépendance d'invention et une nouveauté de facture,
auxquelles on ne trouve toujours pas de comparaison^ si ce n'est
dans le poète qui, dès les premières années de la Révolution,
avait fait entendre une voix si pure et si neuve :
La Liberté, du génie et de l*art
Touvre tous les trésors. Ta grâce auguste, et fSère
De nature et d*éternité.
Fleurit. Tes pas sont grands. Ton front, ceint de lumière.
Touche les cieux. Ta flamme agite, éclaire.
Dompte les cœurs
Andrb Chrmirr. Ijs Seiment du Jru de Paume.
3. — COMPOSITION ET TÏPE.
Prud'hon innova dans sa composition et dans ses types. Les
sujets par lesquels il débuta et ceux qu'il traita avec une affec-
tion presque exclusive furent des représentations allégoriques et
morales. L'allégorie , employée accidentellement par beaucoup
i. Delécluze. Louis Davidf son école et son temps. Pari», 1855, in-i2,
p. 305.
110 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
posent dans une si belle pyramide, à Cérhs, où trois figures con-
courent au moment le plus ému d'un fait, à Phrosine et Mélidor;
cette invention seule, dit M. Delacroix, le place à côté du Corrège.
Mais ce qui échappe à toute comparaison dans les compositions
de ce grand dessinateur, c*est le type.
(( On rémarquait ordinairement dans les ouvrages de Pru-
d'hon, dit M. Delécluze, des femmes dont les vêtements n'étaient
d'aucun pays ni d'aucun temps, mais qui, par leurs formes suaves
et une expression vive de tendresse, séduisaient toutes les classes
d'amaieurs. Ces femmes n'étaient point belles et se ressemblaient
toutes; leur bouche était grande, leurs yeux profondément en-
châssés et couverts ^ »
Le portrait n'est pas flatté, mais if est assez vrai, comme cha-
cun peut le vérifier, même sur les figures des dessins gravés par
Copia : les nymphes de r Amour réduit à la raison et de le Cruel
rit des plews, la Liberté, les femmes de VHéloïse, etc. Prud'hon
ne prit pas ce type en Bourgogne avant le voyage d'Italie, ni dans
sa femme, qui fut pour lui un attachement si court et si funeste;
il le trouva en général dans les femmes qui se firent distinguer
à Paris dans les premières années de la Révolution par l'expansion
de leur beauté et la chaleur de leur sentiment. Je ne saurais in-
diquer de modèle positif, si ce n'est M"® Copia, que Prud'hon
peignit de grandeur naturelle en 1793*. Mais ce modèle,quel qu'il
fût, était entrevu sous le souvenir de ces bas-reliefs grecs dont
l'artiste avait fait beaucoup d'études; c'est là surtout qu'il avait
trouvé ces arcades sourciliëres profondes et ces grandes bouches
qui prêtent à la fois à la force, à la rêverie et à la tendresse ; il
en avait enfin ravivé la ftamme par son propre idéal. Ce type
persista dans tous ses ouvrages, sauf quelques médications, mais
il fut toujours diversifié selon les caractères qu'il avait à rendre.
L'uniformité de têtes, que nous lui avons vu reprocher et qui
1. Louis David, son école et son temps, p. 303.
2. M. Ch. Blanc a cité ce portrait précieux : a II est charmant; le modèle a
les mains sur ]es genoux, il porte un adorable petit chapeau ridicule. » Histoire
des peintres français au XIX" sièvh. in-8, 1. 1, p. 270.
PIERRR PRUD'HON. lli
»
l'avait été également à Greuze, n'est que l'effet d'une personna-
lité puissante à laquelle les artistes résistent moins que les
autres. Sans dépasser la première période de son œuvre, nous
voyons déjà une suite de figures empreintes des caractères les
plus divers, des femmes dont les traits rendent des tempéra-
ments et des passions opposés dans la manière toujours calme
qui convenait à l'abstraction conçue par le maître : La Liberté,
la Loi, la Sagesse, TÂmour, le Plaisir, la Justice, la Victoire, la
Paix, des enfants, dont tous les mouvements et tous les rires sont
pris le plus près possible de la nature, et pour lesquels ses pro-
pres enfants lui servirent souvent de modèles ^
Considérée dans ce premier développement, la manière de
Prud'hon a paru jusqu'ici contrainte et encore peu fixée dans la
peinture. Dans le rapport officiel que le secrétaire perpétuel de
la quatrième classe de l'Institut avait été chargé de rédiger
en 1808 sur l'état des beaux-arts depuis la Révolution , M. Le-
breton, en proclamant l'intérêt et le charme des ouvrages de
Prud'hon, ne tient compte de ceux qu'il avait produits pendant
l'époque dont il s'occupe que comme de témoignages de son ha-
bileté dans le dessin et de gages de son avenir et de son origi-
nalité*. Il a suffi cependant de rappeler les principales produc-
tions de Prud'hon, pendant l'époque que Ton a regardée comme
la plus désastreuse pour son talent, pour montrer combien il fut
dès lors Inventeur, dessinateur et peintre. En possession des qua-
lités les plus solides et créateur des formes les plus attrayantes,
il a donné un élan nouveau à l'école française, et, dans le laps
des siècles, les générations, accoutumées à chercher dans l'art le
signe le plus vivant des idées et des hommes , trouveront dans ses
ouvrages la plus idéale expression de l'époque révolutionnaire,
comme ils trouveront dans David l'expression de sa plus grande
énergie. Il y a trop d'artistes pour représenter le côté sombre et
1. Notice historique, p. 16.
2. Rapport sur les BeauoD'Arts, précédé d'ane introduction et de la présen-
tation à TEmpercur, le 5 mars 1808. Paris, Imprimerie impériale, in-4°, 240 pa-
ge», p. 67,
112 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
fiévreux de cette époque ; il y en a trop aussi pour en représenter
le côté frivole; faisons une place plus grande à celui qui la vit
dans sa plus grande sérénité. Prud*hon est dans la Révolution
comme un artiste religieux. Sa Liberté s'étaye de la Loi et de la
Sagesse; son Génie est guidé par TÉtude, et, dans son premier
chef-d'œuvre, la Sagesse et la Vérité descendent sur la terre. Il
ne fut pas donné à Tartiste d'accomplir tout son idéal, pas plus
qu'il ne fut donné aux hommes de cette génération de voir se
réaliser leurs illusions ; mais on le voit conserver toujours dans
son cœur le culte des divinités allégoriques qui l'avaient dès
l'abord inspiré.
Aussi nous sera-t-il permis de le suivre au delà de l'époque
que nous avons prise pour limite.
4. — TRAVAUX SOIS L*E1IPIRB ET LA RESTAI; RATION.
Vers le commencement de l'Empire, Prud'hon, à bout de cala-
mités conjugales, et depuis quelque temps séparé, vit luire des
jours meilleurs. Une élève lui était venue, affectionnée et secou-
rable pour lui comme pour ses enfants. C'était M^^® Constance
Mayer, qui s'était attachée à Greuze dans les dernières et les plus
tristes années du vieux peintre et qui, en s'attachant au malheureux
Prud'hon, semblait trouver la continuation des mêmes principes,
une peinture moralisée par le sentiment, ici élevé à sa plus haute
puissance. M"* Mayer avait alors une trentaine d'années; elle
n'en était pas à ses débuts dans la peinture. On l'avait vue, de-
puis l'an V, figurer à chaque Salon avec des portraits à Thuile
ou au crayon et des ouvrages pour médaillons, le plus souvent
une jeune fille ou un enfant tenant une colombe; en l'an X et en
l'an XII elle exposait une Mère et ses enfants devant un tombeau^
et le mépris des richesses ou Hnnocence entre V Amour et la For--
tune. Ces tableaux, dont la critique ne s'est jamais enquis, sont
peut-être intéressants comme un point de transition entre les
deux maîtres de M"»* Mayer; ils montrent du moins dans le choix
des sujets par quelles sympathies elle était appelée à devenir
PIERRE PRUD'HON. 113
l'amie de Prud'hon et le soutien le plus efficace de son génie.
Une assistance d'un autre genre était venue dans le même temps
au peintre; c'était la protection de M. Frochot, préfet de la Seine,
qu'il avait connu en Franche-Comté. Dans la période qui s'écoula
de 1808 à 181/^ Prud'hon, âgé déjà de 50 ans, produisit ses ta-
bleaux les plus accomplis : Diane, implorant /u^pir^r^ plafond du
Louvre ; la Justice et la Vengeance divines poursuivant le Crime ,
tableau commandé pour la salle de la Cour d'assises ; V enlèvement
de Psyché par les Zéphyrs, commandé par M. de Sommariva;
Vénus et Adonis^ exposé en 1812 , qui resta dans l'atelier du
peintre; Zéphyr se balançant au-dessus de Veau, qui fut fait
encore pour M. de Sommariva.
Ces tableaux, que la faveur n'accueillit d'abord qu'avec res-
triction, sont déjà consacrés par l'admiration de deux générations.
Ils Font méritée, non-seulement par les tons séducteurs répan-
dus dans la peinture, mais par les qualités les plus rares de
grandeur et de simplicité dans l'invention, de pureté, de grâce
et de forcé dans les lignes, d'harmonie dans le clair-obscur. La
pensée et l'action même du sujet y sont rendues avec énergie,
avec à-propos, avec sentiment ; la hardiesse et la nouveauté s'y
montrent sans exubérance et sans tapage ; toutes les formes et
toutes les lumières y caressent le regard comme dans la nature.
Diane, planant avec la légèreté la plus calme sur un fond où pa-
raissent noyées dans la lumière les divinités de l'Olympe, vient
poser doucement l'un de ses bras sur les genoux de son père, le
vieux Jupiter, qui lui prend familièrement la main ; Psyché est
emportée doucement par les Zéphyrs, qui prennent leurs plus
souples mouvements pour ne rien déranger au repos de ce corps,
des voiles, qui l'habillent encore en le laissant nu, et des nuages
qui semblent encore le dérober ; Zéphyr se suspend à la branche,
tout frémissant à la fraîcheur de l'eau, qu'efïleure son pied, au
parfum des fleurs, qui se cachaient dans la touffe où il a pénétré.
Enfm, dans le plus important de ces tableaux, où le maître sut
mêler une rare énergie à tous ses autres dons : la Vengeance et
la Justice volent, les bras levés, l'une irritée, l'autre plus calme,
8
416 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
peu à peu sa couleur en lui laissant une grande harmonie et un
éclat argentin. On croit que le peintre avait été amené là par
rimitation des procédés qu'il croyait avoir été employés par le
Corrège^ Au total, ce coloris est plus idéal que vrai, mais, dans
cette partie dé Tart, comme dans les autres, Prud'hon, grand ad-
mirateur de la nature, professait qu'il y a plusieurs manières de
l'interpréter et suivait celle que lui montraient ses yeux et son
esprit*. Il n'en a pas moins approché de très-près la réalité toutes
les fois qu'il s'y est attaché, comme on le voit dans les nombreux
portraits qu'il fit à toutes les époques de sa carrière.
Prud'hon se montre également coloriste dans ses dessins, et,
comme ils remplissent une grande partie de son œuvre et fu-
rent même son plus grand moyen d'influence, il n'est point inu-
tile de connaître les pratiques qu'il y apporta. 11 les exécuta
d'abord au crayon et au pointillé avec beaucoup de fini, comme
les peintres les pratiquaient alors en Italie et en Angleterre pour
l'usage des graveurs et pour l'agrément du public. Il en faisait
d'autres pour la gravure qui étaient finis à la plume, et très-ar-
rêtés dans le contour et le modelé, tantôt par un travail précieux
de pointillé, tantôt par des hachures libres, croisées en losanges
et renforcées de traits pour achever l'effet des chairs et des fonds.
Ces dessins appartiennent plus particulièrement à la première
période de sa carrière.
Les dessins qu'il a exécutés ensuite, et de sa main la plus ma-
gistrale, sont largement esquissés au crayon noir et blanc sur du
papier bleu, quelquefois légers et vagues, d'autres fois très-avan-
cés, mais sans perdre la vivacité et la rudesse du premier tra-
vail, exprimant avec intensité le sentiment du peintre autant
«
par la carrure de leurs lignes que par leur effet lumineux. On ne
saurait énumérer ici les dessins tombés à toutes les époques de
1. Horsiu Déon, De la conservation et de la restauration des tableattx,
Paris, 185i, in-i2, p. 30,'Voiart, Notice historique, p. 40, etCh. Blanc, His-
toire des peintres de toutes les écoles, in- 4".
2, Voiart, Notice historique, p. 37.
PIERRE PRUD'HON. H7
sa main prodigue, recueillis d'abord assez négligemment par ses
amis et ses élèves, et recherchés ensuite avec. toute la passion de
ses admirateurs; mais il faut du moins citer ceux qui, par le
bonheur de leur composition, atteignent à la hauteur des plus
grands ouvrages : tel est le dessin, à la plume et à l'estompe,
rehaussé de blanc, Joseph et Putiphar, qui faisait partie du cabi-
net Marcille ; tel est surtout le dessin du Louvre, le Crime traîné
devant la Justice, page sublime, où la même idée qui a produit le
tableau de la Cour d'assises était exprimée d'une manière plus
monumentale.
Pmd'hon avait fait, pendant la seconde époque de sa vie, plus
d'un portrait de M"« Mayer, Le plus connu est dessiné de gran-
deur naturelle, à Testompe, et rehaussé de blanc. 11 rend avec
une amorce singulière des traits plus piquants que réguliers, un
nez épaté, des yeux couverts, un rire malin ; cette beauté peu
classique aggrava l'affectation dont on pouvait taxer le type de
Prud'hon. On en retrouve la trace dans plusieurs de ses derniers
ouvrages, tels que les dessins des Préparatifs de la guerre, ou des
Deux Enfants jouant avec un chat *; les figures perdent de la pu-
reté et du calme qui avaient toujours distingué ceux de son pre-,
mier et de son meilleur temps.
Prud'hon, qui avait gagné à l'Empire quelqtîes protections et
une décoration, gagna à la Restauration une place à l'Institut.
C'était en 1816, et il avait cinquante-huit ans. Son talent parais-
sait accepté de ses rivaux, maintenant qu'il ne pouvait plus éclip-
ser leur propre gloire. Étranger à toute coterie, il n'avait jamais
obéi qu'à sa passion de l'art, et il produisit encore quelques
ouvrages qui, en (féclinant des hauteurs tout à l'heure atteintes,
montrent encore sa force. Andromaque qui pleure sur le sort de
son fils AstyanaXy dont les traits lui retracent vivement ceux de
son époux, l'Assomption de la Vierge et plusieurs portraits
parurent aux expositions de 1817 et de 1819. Il y avait tant
de candeur dans le génie de Prud'hon qu'il avait pu produire,
i. Au muaéo de Montpellier.
118 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
sans paraître efforcé, en 1810 une Vierge en bitste et mainte-
nant une Assomption, On n'en pourrait pas dire autant des
peintres de Técole de David, qui répugnèrent toujours aux sujets
religieux. Dans V Assomption, qui décore le second grand salon
du Louvre, le peintre a su exprimer la modestie virginale et
l'extase angélique , sans renoncer à la séduction de ses airs de
tête, au vaporeux de ses formes, au prestige de ses lumières. La
critique lui reprocha bien des draperies trop enflées, mais, même
dans la bouche de quelques élèves de David, elle rendit hom-
mage à cette expression de béatitude céleste. Porté cependant
par son génie loin des sentiers battus de la théologie, le peintre
avait voulli à la même époque exprimer dans une composition
allégorique V Assomption et VlmmortaUté; il essaya, dans une es-
quisse colossale en grisaille, de réaliser cette parole du Psal-
miste : « Oh I qui donnera des ailes à mon âme comme à la
colombe, pour m'envoler vers le lieu de. mon repos! » C'est une
femme ailée, les bras étendus, qui a déjà quitté la terre où l'un
de ses pieds n'est plus retenu que par une chatne prête à se bri-
ser; elle s'élève dans un rayon qui perce les nuages, sur un rivage
bordé de flots agités, jonché de bijoux, de draperies et de fleurs,
au milieu desquelles un serpent dresse la tête.
Une épreuve cruelle attendait ses dernières années : M"« Mayer,
l'amie dont le dévouement, l'humeur vive et sentimentale l'a-
vaient consolé des malheurs passés, prise d'un accès de fièvre
chaude le 26 mars 1821, s'était coupé la gorge. Prud'hon ne se
consola plus. 11 trouva encore quelques forces pour achever un
tableau que son amie avait ébauché : la FamillemcUheureuse, dont
il destinait le prix à un monument funéraire, et pour commencer
son dernier tableau, une' Vierge évanouie et une Madeleine en
pleurs, auprès d'v/n Christ expirant. 11 mourut, au plus fort de
cette touchante ébauche, le 16 février 1823, heureux d'aller re-
joindre tout ce qu'il avait aimé, et disant aux amis qui l'entou-
raient : « Ne pleurez point, vous pleurez mon bonheur, » paroles
dignes du peintre dont tout l'idéal avait été un accent de bonté,
un soupir de joie et un cri de justice.
PIERRE PUUD'HON. 119
La France perdait en lui le plus grand des peintres qu'elle eût
eus depuis Poussin et Lesiieur, d'autant plus grand et plus nôtre
qu'à cette noble parenté il avait eu le bonheur d'unir une filia-
tion bien sentie avec les peintres les plus doués du XVlli» siècle
et de représenter dans l'art, avec le plus de sublimité, la plus
grande époque do l'histoire moderne.
5. — GRAVECnS.
Avec une vie aussi traversée et un talent si contesté, on ne
s'étonne pas que Prud'hon n'ait eu que des élèves accidentels et
obscurs: M. Trezel, M. Bralle, M. Boisfremont, M. Constantin,
M. Dubois, peintres ou amateurs, plutôt les amis que les dis-
ciples du peintre. Vers la fin, quand sa réputation eut gr/indi,
des imitateurs lui vinrent, et l'un d'eux, M. Rioult, attira l'atten-
tion en faisant des pastiches de sa peinture ; mais ils étaient de
ces artistes qui avaient promené leur vocation incertaine dans
plusieurs ateliers, et ne trouvèrent pas plus de stimulant dans
ses e&emplçs qu'ils n'en avaient trouvé dans ceux de David et de
Kegnault.
Prud'hon fut plus heureux avec les graveurs. Sa manière étfiit
de celles qui provoquent des qualités originales dans les procé-
dés les plus froids ou les plus vulgaires.
Les graveurs de Prud'hon, en s'attachant d'abord à ses plus
humbles travaux, saisirent le côté le plus actuel de son génie; ils
popularisèrent ses types, et alimentèrent les sympathies, tous les
jours plus nombreuses, qui se sont attachées à sa gloire. De bonne
heure le peintre s'était avisé de graver lui-même ; dahs l'es-
tampe qu'il a laissée de Phrosine et Mélidor on voit avec quelle
supériorité il a su manier la pointe. Grâces à ses leçons , non '
moins qu'à la perfection de ses dessins, un graveur, qui sans lui
se serait perdu dans la foule, Copia, éleva la gravure pointillée à
un degré d'expression nouveau, et sut y répandre des qualités
pittoresques. Sans préjudice de l'agrément obligé dans ce genre,
il en corrigea la monotonie par des travaux à la pointe et au bu-
120 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
rin. A voir les plus belles estampes signées par lui, la Cèrès, la
Liberté, la Constitalion, où le sentiment du maître est si vive-
ment rendu, on dirait quelquefois que sa main est intervenue.
Copia mourut avant les plus grands travaux du peintre et n'a
gravé que ses premiers dessins.
Roger, son élève, fut ensuite pour Prud'hon un traducteur assez
fidèle, mais plus froid. Il mit trop de soins à polir son pointillé,
et trop de régularité dans les coups de burin dont il le reiiforça.
Il n'est guère suffisant que dans la gravure de ses vignettes, et,
quand on le voit appelé à graver ses plus grandes compositions
ou même ses allégories, on regrette de ne plus trouver dans cette
traduction la chaleur d'expression et l'effet de clair-obscur que
Copia savait mieux conserver.
Pcud'hon dirigea quelque temps dans la gravure le premier
fils qu'il avait eu de son malheureux mariage; mais il ne réussit
pas à en faire un artiste. Les excellents dessins qu'il lui donna et
les corrections qu'il fit à ses planches peuvent seuls donner du
prix aux estampes pointillées qui portent le nom de Prud'hoo
fils. Ce sont : des tètes académiques et des académies entières,
où nous apprenons à connaître la sûreté des principes de dessin
du maître ; la première est une tête déjeune fwmmt signée : J. P.
fils ; la plus intéressante est le portrait de Pru^JChon père, jeune,
avec une frisure à marteau et l'habit de 1789. Prud'hon fils se
produisit ensuite sur des compositions autres que celles de son
père, maïs c'étaient de celles qui s'adressaient à des goûts dési-
reux surtout de propreté et de finesse dans les estampes, sujets
d'Amours à légendes emblématiques, portraits en pied d'actrices,
arrivaht à toute leur expression par le coloriage de leur poin-
tillé. Ce travail ne préserva point le graveur de l'inconduite ; il
finit, dit-on, par se faire employé des Pompes funèbres.
Beisson, Villerey, Roy, Dien, qui 'choisirent des dessins plus
sévères ou des compositions plus importantes, sont loin d'y
apporter la distinction qu'on exigerait pour de tels originaux. A
leurs traductions trop appesanties, les-collecteurs préfèrent des
essais de gravure à la pointe, souvent à l'aqua-tinte, qui furent faits
PIERRE PRUD'HON. 121
sur des fragments du peintre. Debuconrt, graveur assez connu par
ses lavis en couleur, grava trois morceaux : la Soif de, l'or, une
Étude de femme à mi-corps et plus tard l* Assomption de la Vierge.
Après que la réputation du peintre fut faite, des graveurs
au burin abordèrent ses ouvrages : Gelée grava la Justice et la
Vengeance; Laugier, Zéphyr (1820); Achille Lefèvre, le Roi de
Rome (1825); Muller, l'Enlèvement de Psyché (1822). Il y a tant
de travail dans ces belles pièces, et, si Ton veut, tant de mérite
pour le graveur que le plus exquis du peintre a disparu. Sa ma- '
nière est en effet des plus rebelles au burin qu'on puisse trouver,
quand le burin prend les allures uniformes et compassées que
l'Académie lui impose.
Heureusement pour les collecteurs d'estampes d'après Pru-
d'hon, la lithographie s'était répandue pendant les dernières an-
nées de sa vie. Il fit sentir lui-même combien ce genre, dans la
modestie de ses procédés, était favorable à sa manière en litho-
graphiant, en 1822, une petite planche de la Famille malheureuse
pour le journal l'Album II avait voulu ainsi donner la plus grande
publicité au tableau de M"« Mayer qu'il venait de terminer. Les
plus habiles dessinateurs sur pierre profitèrent de la leçon.
Aubry le Comte reproduisit en grand, dès 1823, la famille
malheureuse, publia en 1824 V Enlèvement de Psyché, et, dans les
années qui suivirent, plusieurs de ses plus gracieux dessins. Il
ne réussit jamais mieux que quand il assouplit jusqu'au fac-
similé les effets de son crayon gras.
Grevedon, Marin Lavigne, Maurin , Léon Noël, Vidal et
d'autres lithographes moins connus de l'école de la Restauration
empruntèrent à Prud'hon des sujets qui se répandirent vite,
bien qu'ils fussent traduits sans beaucofup de distinction. La
lithographie était alors encore trop préoccupée de la propreté.
Des lithographes plus pittoresques, qui vinrent ensuite et
choisirent des dessins nouvellement trouvés dans les porte-
feuilles' des amis privilégiés de Prud'hon, le traduisirent avec
plus d'amour. Eugène Leroux et Jules Boilly ont fait ainsi com-
prendre à un public nombreux les plus vives esquisses de leur
122 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
admirable modèle. Pour ceux enfin qui trouveraient le crayon
lithographique un vêtement trop négligé pour des beautés si
délicates, est venue cette gravure qui se complique de tous les
genres, en dissimulant le plus qu'elle peut son métier pour
prendre les allures et les aspects de ses originaux. Ces fac-similé,
qui nous rendent déjà avec la dernière perfection les dessins
des vieux maîtres, ne peuvent tarder d'être appliqués à ceux de
Prud'hon; ils serviront à nous faire moins regretter que ses
'' tableaux ne puissent jamais être bien gravés.
CARAFFE*, élève de Lagrenée, revenant de Home au moment
de la Révolution, fut un des plus stricts partisans de Tidéal an-
tique et de rimitation du bas-relief. Comme David, il avait fait
son Serment des Horaces, qui a été gravé au burin par L. Lau-
rence*; en 1793 il exposa trois dessins dont le titre est aussi si-
gnificatif : Le cercle de Popilius, Agis rétablissant à Sparte les lois
de Lycurgue, Agèsilas, et, au Salon de l'an IV, deux tableaux et
quatre dessins sur des sujets antiques ou allégoriques. Un ama-
teur, en rendant compte de ce Salon, apprécie ainsi la peinture
de Caraffe : « Touche facile, ton harmonieux, pinceau moral '. »
Il fut membre du jur^^ pour le concours de Tan H, et son opi-
nion sur les concurrents nous indique ses principes ; il loue, dans
la peinture présentée, l'expression du sentiment de la douleur
qui convient à l'âme forte d'un républicain qui ne se livre point
à l'exagération, et il reproche la négligence de l'étude des bas-
reliefs romains pour adapter les costumes à la scène*.
On le voit atteint de la fièvre révolutionnaire la plus intense
dans une composition gravée sous ce titre : le Thermomètre du
Sans-culotte, L'obscurité de ses allégories et de ses légendes
montre combien le pauvre artiste voyait trouble, non dans son
i. Armand CarafTe, né vers 1700, mort à Paris en 1814. ,
2. Catalogue Paignon^Dijonval, n" 9028.
3. Joseph De la Serrie, Examen critique et concis du Salon de Van !V, in-8o.
4. Procès-verbal des, séances du jury des arts, in-8», p. 43.
ARMAND CARAFFE. 123
patriotisme, mais dans les partis qui luttaient en son nom :
La France^ caractérisée par un lis et par les attributs du Gouver-
nement démocratique, dissipe les ténèbres et présente à l'univers la
Vérité et la Nature, qui montre aux hommes leurs droits ; les des-
potes, semblables aux oiseaux de la nuit, fuient à l'aspect de sa Ivr
tnière. Ce sujet, contenu dans un rond, est cantonné de quatre
médaillpns, qui représentent : le Faux patriotisme, la Présomp-
tion, la Sage confiance et le Vrai patriotisme. La pièce, in-folio
carré, que je viens de décrire en transcrivant sa légende, est gravée
à reau-forte*avec plus d'expression que d'habileté ; elle ne porte
point de nom et de titre ; mais il y en a un autre état, au lavis et
en bistre, qui est signé : Caraffe inv. Guyot exe, et contient un
titre et des légendes ajoutées dans les marges en exergue : ul
Thebmomèhœ du Sams-culotte , ou l'homme qui veut affermir la
République et la sauver d'avec ceux qui voulaient la perdre et éle-
ver des trônes. De chaque côté, et au bas dés médaillons du faux
et du vrai Patriotisme, se déroulent deux chapelets de noms dans
des médaillons ; d'un côté, à gauche : Hébert, Brissot et Péthion,
et des vides remplis à la main ; de l'autre, à droite : Marat, Cou-
thon, Pelletier, Carnot, Saint- Just, Cambon, Sergent, David.
Que le diable et la justice nationale envoie tous les traîtres à la
guillotine; que la raison et la République conserve les bons. Cette
pièce parait antérieure au 9 thermidor, et cependant Robespierre
n'y figure point*.
Caraffe ne figure pas dans le tableau des prix du concours de
l'an III et de l'an IV. Nous apprenons seulement qu'il prit part
à l'un de ces concours, associé à l'architecte Détournelle, pour
un projet de monument à la Concorde , représentant une statue
de la Concorde protégeant deux enfants, qu'elle réunit sous un
dôme soutenu par des colonnes égj'ptiennes*. Jacobin obstiné,
i. DaDs Texemplaire de M. Hennin, les noms sont différents. A gauche :
Bailly, Manuel, Gensonné, Momoro, etc.; à droite : Marat, Saint-Just, Cambon,
David, Carnot, Sergent; Robespierre n'y est pas. In-folio carré, bistre, Caraffe
inv., Guyot exe, à Paris, chez Guyot,
2. Annales du Musée, par Landon, 1. 1, an IX, in-S'', p. 119.
124 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
l'un des orateurs les plus ardents de la Société après le 9 thermi-
dor, attaqué dans les journaux de la réaction comme amant de
la femme de AudouinS il fut emprisonné; délivré au IS vendé-
miaire, journée où il défendit la Convention, il fit un court voyage
en Orient, et reparut avec distinction dans les salons de Tan V,
de l'an VII. de Tan VIII et de l'an X, et obtint en Tan VIII un prix
d'encouragement.
Ses tableaux étaient sur des sujets empruntés à l'allégorie la
plus sévère : VInnocence sous la garde de la Fidélité, gravé par
Perrée, en 1797 ; rÉtiule ramenant aux hommes lassante sous la
figure d'Égya, plafond exécuté pour l'École clinique, rue des
Pères; l'Amour, abandonné de la Jeunesse et des Grâces, se console
dans le sein de l'Antitié des outrages du temps, tableau placé dans
l'appartement de M"» Buonaparte, au Palais des Consuls, gravé
au trait par Normand*; r Espérance soutient le malheureux jus-
qu'au tombeau, gravé au burin par Auguste Desnoyers. La critique
louait dans ses peintures autant le bon goût du dessin et le coloris
suave que l'esprit, l'agrément et l'érudition de Tallégorie; cela
n'a point empêché qu'elles n'aient disparu de tous nos musées.
Carafîe grava lui-même un sujet plus triste encore que les pré-
cédents : le Remords, ou le Criminel vis-à-vis de lui-même, Caraffe
inv. et sculpt., in-i*», 1. ; cette pièce est gravée avec trop de pesan-
teur pour être pittoresque, et ne témoigne guère que de la ten-
sion nerveuse de son esprit et de sa main. Il avait le dessin
robuste, et manquait absolument de souplesse et de légèreté pour
les travaux de la pointe. Il composa dans les mêmes données
plusieurs frontispices, que la gravure nous a conservés : à la
Politique, aux Sciences et aux Arts, gravé par Huet ; le Destin règle
le cours de la vie, gravé par Lefebvre-Marchand ; Annales du
Musée, gravé par Normand.
L'œuvre de Caraffe fut variée par une suite de dessins à l'aqua-
relle sur des sujets arabes ou turcs, scènes et costumes dont
i. Im> Fusée volante, an III, in-8% d«* 5, p. 14.
2. Annales du Miisée, 1. 1, p. 45.
■i
JEAN-BAPTISTE REGNAULT. 125
^udon vante la grâce et la vérité, mais qui nous paraîtraient
CGï*t2dnement beaucoup moins vrais aujourd'hui. Ils n'en appor-
^ient pas moins quelque diversité dans une école trop asservie
aux modèles romains. L'auteur les destinait à un ouvrage sur les
''^œurs des peuples de l'Orient, qu'il aurait sans doute rédigé
^uî-même et où il aurait mis à profit les notes de son voyage.
ai -vu dans la collection Hennin un dessin d'une bataille en
^^l^X^ie, signé et daté : Armand Caraffe, 1801, qui montre un
►in mouvementé et une couleur bigarrée *.
talent qu'il pouvait avoir comme écrivain fut employé dans
*^ ï^wblication du Cours historique et élémentaire de peinture, pre-
'^^i^ïT titre de la Galerie du Musée central, édité par Filhol
^^ '!ï.802. Caraffe rédigea le texte des neuf premières livraisons,
P'^^^édées d'un discours de l'origine et de la marche des arts* ;
^^ ■^ ^ peut guère servir qu'à nous faire mieux connaître le peintre,
^v^^:^ des phrases grosses d'idées, plus étendues que justes, des
lOàpfc cessions chaleureuses prises à la* vue des monuments de
Vtl^ypte et des préoccupations allégoriques invétérées. Tous ces
tt^vaux n'avaient point fait un sort à l'artiste; on ne lui voit
ftvx^re dans les livrets du musée qu'un acquéreur, l'acteur Che-
t^^rd; l'Empire venant, il s'exila en Russie, d'où il ne revint
eu 1812 que pour mourir.
REGNAULT. Le peintre qui balança le mieux l'influence de
David par la portée de son talent et par le nombre de ses élèves
1. Plusieurs dessins orientaux sont portés au Catalogue du cabinet Chenard^
^aris, PaUlet, 1822, in-8°. Ce cabinet , ouvert à beaucoup d'artistes contempo-
rains de Facteur, contenait une autre composition de CarafTe sur un sujet qui
De lui était pas ordinaire, mais quMl avait ?u faire d'après nature : le peintre
qui tire le diable par la queue,
2. Cours historique élémentaire de peinture, ou Galerie complète du Musée
central, publié par Filliol, 1802, in-i". LavaUée en devint le rédacteur à partir
de la dixième livraison. Dans une lettre, insérée dans le Précis historique de
Landon, continué sous le titre de Nouvelles des arts, in-8°, H, 193-6, Caraffe
explique les motifs qui lui ont fait abandonner cette publication, dont il avait
tous les matériaux préparés.
i
126 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
est Regnault*. Ses principes plus aimables étaient puisés aussi
dans l'imitation de l'antique, mais avec une interprétation moins
judaïque. Élevé à Rome dans la pratique des maîtres italiens,
principalement des représentants de la Renaissance nouvelle,
surtout de Raphaël Mengs, il parut en France moins novateur et
moins inspiré par la Révolution; mais il n'en tint pas moins
une place considérable dans le mouvement classique qui pré-
céda, par le tableau de V Éducation d* Achille, qui l'avait fait rece-
voir de l'Académie en 1783, et qui fut popularisé par la gravure
de Bervic.
Au Salon de 1791, Regnault exposa les quatre tableaux les
mieux faits pour asseoir sa réputation. Leur succès avait été com-
plet, mais destitué, par le sujet et malgré tout l'agrément de la
peinture, de tout intérêt palpitant. C'étaient : une Scène du Dé-
luge, qui a été gravé par Ingouf ; Socrate et Alcibiade ", Jupiter et
Calisto, dont on a une estampe par Blot, avec une légende my-
thologique et astronomique.
En Tan IV, Regnault se lança dans un sujet révolutionnaire, et
ne prit pas le plus facile; il voulut représenter l'axiome dés-
espéré la liberté ou la mort, et, pour comble de malheur, son
tableau ne parut qu'à l'issue de la crise pour laquelle il avait été
composé; aussi fut-il jugé sévèrement. Ce tableau a été détruit
sans doute, et il ne nous en restera pas même un croquis. Voici
comment il est décrit dans la Décade : « Un Génie nu est en Tair
au milieu du tableau, entre la Liberté, sous la figure d'une jeune
femme, et la Mort, sous celle d'un squelette enveloppé d'une robe
noire. Le Génie tend un bras vers chacune d'elles, et semble dire
au spectateur: Choisissez. » Le critique relève, en outre du mau-
vais choix et de la bizarrerie du sujet, la figure de la Liberté, qui
était mesquine, et le Génie, qui rappelait le Mercure de la Farné-
sine. Un autre critique, dans le Magasin encyclopédique, exprima
son blâme dans des termes plus curieux : « C'est un génie qui
1. Jean-Baptiste Regnault, né eu 1754, mort en 1829, élève deBardin.
2. Socrate et Alcibiade. Explication du Salon de 1793, p. 157.
JEAN-BAPTISTE REGNAULT. 127
propose la liberté et la mort; point de liberté, mais la mort;
sujet mal choisi, etc. »
Au même Salon, Regnault rentrait en grâce auprès des criti-
ques les plus sévères , en exposant le tableau de Mars enu^ant
chez Vénus et désarmé par les Grâces, Mare, dans cette composi-
tion, n'était que la copie d'une statue antique nouvellement im-
portée et célèbre sous le nom de Mercure, dit le Lantin.
En Pan Vlil, sur l'exemple donné par David, Regnault voulut
avoir son exposition particulière; il admit le public dans son ate-
lier du Louvre, où Ton vit réunis ses principaux tableaux : la Mort
de Cléopâtre, les Trois Grâces ^ Hercule enlevant Alceste, dont son
élève Landon a sanctionné le succès dans les premiers volumes
de ses Annales. Si l'enthousiasme manqua à ce succès, c'est que
ce peintre se tenait dans une mesure trop méticuleuse et une pra-
tique trop peu novatrice. M. Delécluze n*a fait qu'exprimer les
préjugés de l'école de David en qualifiant Regnault de peintre
sans instruction et sans portée*, mais il est certain que son in-
fluence n'est jamais alh^e jusqu'à la portée d'une école. 11 n'inter-
rompit ses sujets mythologiques que pour peindre la mort du gé-
néral Desaix et la Marche triomphale de Napoléon vers le temple de
l'Immortalité, exécutée pour un des plafonds du Sénat, dont on
connaît une petite eau-forte par Baltard. Après les sujets qu'il
fournit à Bervic, à Ingouf et à Blot, ses compositions ne rencon-
trèrent que quelques gravures de hasard. On pourrait citer :
r Amour endormi sur le sein de Psyché, par Beijambe; l'Amour
en gaieté et le Sommeil agréable, par Letellier, et des vignettes
par Ponce, Halbou et d'autres.
De nombreux élèves vinrent attester la vitalité de l'école de
Regnault. M. Delécluze n'a nommé que Guérin et Hersent, qui
sont ix)Slérieurs à notre époque; avant eux, Robert Lefèvre, Lan-
don et Lafitte, connus déjà dans les expositions de 1791, 1793,
avaient du moins montré quelques variétés dans la nouvelle
1. Aujourd'hui dans la collection de M. Lacazc.
2. hmis David, son érole et son temiyi, iii-l'i, p. 301.
128 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
école classique. Le dernier montre , dans une partie de son
œuvre, une accointance assez grande des choses de la Révolution
pour être ici considéré.
LAFITl'E, premier prix de peinture en 1791, ne fit alors à
Rome qu'un court séjour, mais il y retourna à Tépoque du réta-
blissement de l'École, en Tan Vl. Dès le Salon de l'an IV, il expo-
sait des esquisses et des dessins académiques, et, en Tan VI, ime
esquisse de Périclès décernant les prix d* encouragem&nt aux ar-
tistes soiis le portique de l'Odéon, devant le peuple d'AUmies et
V A réopage assemblés ^ .
Son premier Mécène fut un avocat, ami des arts, nommé Poi-
rier, de Dunkerque, qui voulut manifester ses sentiments, au
moment de la réaction thermidorienne, par une gravure, et lui fit
dessiner un sujet empreint de toute Thorreur du moment, sous
le titre : Des formes acerbes, expression de Barrère défendant Lebon,
et avec cette légende : « Cette gravure allégorique, etc. » Le pre-^
mier état est sans nom ; mais il existe un second état, avec ces
mots en marge : « M* Poirier, de Dunkerke, avocat, inv. — Pu-
blié le 13 mai 1795, s> — et, dans la légende, le nom de Joseph
Lebon substitué aux mots a un monstre. » La pièce est gravée
d'une manière un peu pesante, mais avec finesse et d'une pointe
qui rend tout ce que ce dessin a de mordant.
En 1800, Poirier imagina une autre composition allégorique
sous ce titre : Tableau généi^al de la Révolution française tei^miné
par celui de la Paix, qui parut cette fois avec les noms des au-
teurs : « Poirier de Dunkerke, jurisc, invenit, Lafitte del., Ch.
Normand, sculpt. » Le style en est toujours acerbe, avec une
affectation des lignes en bec de corbin ; mais la composition en
est encore plus curieuse. On y voit les Consuls sur le premier
plan avec le Ministre de l'intérieur et un groupe des victimes
1. Triomphe de Voltaire, dessin du char et de quelques détails; bistre
rehaussé de blanc, d*une très-belle exécution, signé L. F.— Lafitte, 1793; chez
M. Hennin.
LAFITTE. 429
de la Révolution, veuves, amies et orphelins, que la Paix
doit consoler ; dans i'éloignement paraissent les Directeurs ,
désignés par Tétendard de la Constitution de Tan III , et la
Terjneur, caractérisée par un Terme à tête de Liberté, une femme
et un enfant égorgés devant lui, et une ronde de Sans-culottes.
Le oitoyen Gazenave devait la graver en manière anglaise, et
oa en publiait le prospectus dans le Précis de Landon , t. 1«%
an X.
A. I3 même époque se rapportent, Federazione délia Republica
Cis€Mrlpina, L. Laûtte pin.. Normand fils se, au trait, in-f*» h., et
de n x: p)etites pièces, qui grandissent beaucoup par la sévérité de leur
dessin. L'une représente la Liberté, assise au milieu des débris
des sltXs et abritant entre ses genoux trois petits enfants ; elle est
gra^v^c dans la même manière que les formes acerbes. L'autre, qui
ï^'^st. qu'au trait, représente un guerrier nu, couronné par là
Viotoire dans un médaillon, avec la légende : Bataille d'Aboukir,
"î ^herm. an VIL
ï-^ talent de Lafitte s'épanouit davantage dans les figures à
^*-oorps qu'il composa des Mois du calendrier républicain. Cette
*<iinirable nomenclature pouvait inspirer mieux; les types des
jeunes filles de Lafitte ne sont pas exempts des banalités de
^■^^^le de Bartolozzi, dues en partie au graveur au pointillé
* '"^soâ. Il y a cependant, dans les têtes, la sentimentalité du temps,
^ "^ cl^xjs les ajustements, une symétrie qui n'est pas sans grâce.
^^^ciémiaire est une forte femme avec des balances, pleines de
^^sins et de pampres broutés par une chèvre; Prairial, une
*<^ncle modeste caressant un nid; Tliermidor, une beauté ardente
^^oiiié l^aignée, et caressée par un cigne.
Qtte s'était fait connaître aussi dès ce temps par un recueil
^ l>rincipes de dessin et d'anatomie à l'usage des Écoles,
^^^v^ à la manière du crayon, sous la direction de J. Couché,
par t^esmarets et M"* Duclos. Une de ces pièces, un Apôtre
^^^ouillé, est signée Marie- Adélaïde-Louise Duclos sculpsit
^^ • Des graveurs en couleur lui avaient emprunté deux sujets :
^^^^"lotte au tombeau de Werther et la Jeune brune ^ et un
0
(
130 ARTISTES. — PEINTRES D'HISTOIRE.
autre graveur anonyme fit d'après lui un portrait de Lebrrni^*
Il devint enQn grand dessinateur de vignettes pouf les livrer,
le plus considéré, après Moreau, dans un genre où la France avait
toujours primé, et les premiers et principaux ouvrages où l'on
trouve de ses gravures sont Paul et Virginie, les Antinous moder-
nes, les œuvres de Destouches, les Fastes de la nation française
par Teruisien d'Haudricourt, in-^% 1807. Il y montre un dessin un
peu pesant et n'évitant pas Tincorrection dans ses petites figures,
mais ne manquant pas de mouvement et d'expression.
Il eut pour principaux graveurs, après ceux que nous avons
nommés : Ponce, Anselin, Delvau, Girard, Ghaponnier.
LETHIÈRE*, prix de peinture en 1786.
L'Mnion; gravé par Ruotte, au Salon de Tan IV.
Brutus^ Guillaume Telly dans des couronnes de chêne, gravés
par Darcis, in-K
Isis ; dessiné à Rome par G. Lethière ; à Paris, chez Girard,
graveur, in-f^^
ÎX thermidor an IL Un génie tutélaire sort du Sénat, armé
d'un glaive flamboyant \ il extermine les ennemis de la France.
L'affreux Tribunal révolutionnaire renversé dans la pouîi-
sière, etc. (six lignes), composé et dessiné par Lethière, gravé
par Goquerét, gr» in-folio allongé, lavis, en façon de bas-relief;
toute Tâpreté davidienne, bouches en arc. L'exemplaire dUGabi-
net des estampes porte l'envoi autographe de Lethière au citoyen
Ducis»
Br\U\U condamnant ses fUs, -^ Virginius . tuant sa fille^ ^-^ k
IX thermidor, frise allégorique ; gravés sur des dessins, par Co-
queret, Salon de l'an VI.
En 1788, sous l'impression des mêmes idées que David, Lethière
avait fait l'esquisse d'un grand tableau de BrtUas candcsmnant
1. Màrt dB Dêsaix, dessin à Tencre de Ghin«; signé Lafltte, soigné tl beau,
ches M. Hennin.
2. GuiUaume Guillon Lethière, oé à la Guadeloupe en 1760, élè?e de DojreB.
GUILLAUME GUILLON LETHIÈRE. 131
ses fils à mort^ esquisse qui reparut au Salon de Tan X, et qui,
rapprochée du tableau de l'année précédente, faisait dire à un
critique quMl avait un goût particulier pour les scènes sanglantes
dant on ne voulait plus :
Toujours du sang, des échafauds,
Lethiere, cachez doDc vos esquisses.
Arleqwn de retour au Muséum, n* II, p. 41.
Au Salon de 1793, il avait fait les figures d'un tableau d'Œdipe
dètacfy^ d*tm arbre par un berger, dont Bidault avait fait le
paysage. L'auteur de l'explication par ordre de numéros, n^ 67,
les trouve d'un effet piquant et faites avec goût dans les ajuste-
^^^^hèe ramenant Euridice des Enfers, ib., n*^ 118. Jansen, en le
criticjtiant (p. 21), trouve la figure d'Euridice d'une idée ingé-
nieus^; a son air de tête impassible, sa pose droite, sans mouve-
"*^en^^ soutenue par une vapeur légère, tout en elle représente
^^e Ombre.»
An Salon tie l'an IV, il se fit remarquer par ses tableaux et ses
dessins:
^€t^on d'Utique. — Brutus. — Virginius, dessin ;
^^npninie chez les bergers^ tableau ;
^* -Amour et les Grâces dérobent la ceinture de Yènus, tableau et
dessîo.
3. — PEINTRES GRAVEURS.
Si le talent de graver n'appartient pas aux plus forts parmi 1
peintres, il est du moins le propre des plus vifs, de ceux qui sonS
le plus tourmentés du désir de rendre promptement et de com
muniquer leurs idées. L'eau-forte y qui de tout temps avait et
pour cela la ressource des peintres, et qui avait trouvé, dans^
l'école française du XVI II*' siècle, de charmants interprètes, «^
compte encore quelques adeptes parmi les peintres de là Révolu
tion; leur persistance est d'autant plus méritoire qu'elle lutt
contre les circonstances les plus défavorables.
»
GIBELIN S peintre et antiquaire d'Aix en Provence, avait pa
dix ans à Rome, et, venu à Paris en 1771, il s'était fait connaît
par les grandes figures monochromes de la nouvelle École d
chirurgie. C'étaient des compositions assez ingénieuses dan^
leurs données mythologique et allégorique, d'un dessin mou er
d'une expression sentimentale, où il n'y "avait d'antique que Ic^
habillements. Émeric David l'a rangé pour cela parmi les p
miers qui firent briller, dans le style de la peinture, l'aurore d
bon goût*. 11 grava à l'eau-forte, au trait et au pointillé, d'un
façon assez libre, qui indique le peintre monochrome et le dessi-
nateur instruit.
1. Esprits Antoine Gibelin, né en 1739, mon en 1814.
2. Vie des artistes anciens et modernes, Paris, Charpentier, in-12, p.
M. Émeric David donne la notice des peintures de Gibelin et de ses ou
imprimés, mais non de ses estampes.
ESPRIT-ANTOINE GIBELIN. 133
1 se servit d'abord de la pointe pour illustrer des livres d'an-
ités*, et, tout en y cherchant Texactitude, il ne peut s'em-
her de donner à ses figures des formes rondes et ressenties,
frontispices et les vignettes de ces livres témoignaient d'ail-
jrs de son esprit d'invention et de la variété de sa pointe.
1 composa séparément quelques pièces allégoriques:
€ Bonheur public, fixé par la naissance du Dauphin, in-h^, h.;
Science observant la Nature, in-4®, h. ;
rojet de médaille pour le bailli de Suffren, in-i**, rond. La
aille fut exécutée par Dupré, en 178/i, mais non achevée, et
'en existe que quelques épreuves.
1 grava deux des grands sujets peints à TÉcole de chirurgie :
sculape dévoilant les secrets de Vanatomie à ses disciples,
,1.;
'Accouchement, in-f* 1., dédié à M. Joseph David, chez la
ve Lagardette;
es estampes, faites d'un travail pittoresque, quoique très-fin
^rès-soigné, particulièrement dans la seconde, qui rappelle
jcmanière de Marcenay, font valoir la composition facile et l'ex-
ingénieuse de ses figures ; elles manquent sans doute
la sévérité exigée dans la peinture murale, mais les écueils du
et y sont heureusement tournés.
^1 Gt quelques sujets dans la manière de Bartolozzi :
-^* Trait inévitable. Maria Campana inv. et pinx., in-12, rond,
*^ - » chez la veuve Lagardette ;
Joseph et Zaluca, in-4**, ovale, anonyme.
Gibelin fut, pendant la Révolution, logé par la Nation, d'abord
^^ ^uvre et puis à la Sorbonne, et il paya son tribut au Salon
^ l'an IV, en exposant un projet de médaille représentant la
^^^etition, qui place sur sa base une' colonne, emblème delà
^^•^stitution française, et deux autres dessins allégoriques : le
A * ^^herches sur Vépoque de Véquitation par le P. Fabricy, Rome, 1764,
^^ ^^- iii-8"; Lettres sur les tours antiques d*Aix, 1787, iii-4; Sur la staltte
^'^adioteur combattant, mémoire lu à Tlnstitut, imp. Panckouke, s. d,,
1 pi.
■ÉMhbii
i3» ARTISTES. — PEINTRES GRAVEDRS.
Tombeau de la Bien-aimée et le Vrai bonheur , dont le livret
explique les emblèmes. C'est à la même époque que se rap-
portent des estampes au pointillé môle de quelques traits de
pointe :
La Coalition, in-4«, rond, chez Depeuille ;
L'Unisson, faisant pendant à la Coalition, inventé et gravé par
Esprit-Antoine Gibelin ;
U Amour agreste, imité de Tantique, et gravé par A. E. G.,
in-&^, rond, chez Joullain^ à la sanguine.
Dans toutes ses compositions, Gibelin n'était pas sorti de l'ai*
légorie gracieuse, qu'il avait apprise en Italie; il en fournit des
sujets à des graveurs italiens accrédités, la Prétresse compatissante
à Porporati, la Correction conjugale à Valperga; parmi les graveurs
français connus, Beisson, qui était son compatriote, est le seul qui
ait reproduit au pointillé un de ses sujets : le Chagrin; post equir
tem sedet atra Cura, in-f®, ovale en 1.
On trouve enfin, sur deux pièces de son dessin, le nom de
Caroline Liottier, qui est sans doute son élève :
Saint Jérôme, M"* Liottier sculp., dédié à mademoiselle de
Cicé, in-i«, h., pointillé, à la sanguine;
Les Sources de la vie et du bonheur, Carolina Liottier sculpsit.,
chez Joullain, in-4°, rond, pointillé, bistre.
Il faut voir peut-être une intention satirique dans cette der-
nière pièce, qui représente une femme accroupie, le sein étalé
entre deux cornes d'abondance d'où ne sortent que des pièces de
monnaie; elle est sans doute de la même date que les pièces ré-
volutionnaires citées plus haut.
En se mêlant assez avant dans l'art révolutionnaire. Gibelin
garda donc tout son caractère d'antiquaire ; il en donna une
preuve plus manifeste en publiant un petit livre de l'Origine et de
la forme du bonnet de la Liberté, qui nous servira de document
dans une autre partie. Les cinq planches qui accompagnent
ce livre ne sont que des exemples de la coiffure symbolique
de l'affranchissement , pris sur les médailles et sur les monu-
ments.
PIERRE LELU. 135
PiEimf LELU, peintre, de ]*Académie de Marseille^, secrétaire
d'ambassade de M. le marquis de Clermont d'Amboise, parcourut
l'Espagne, le Portugal, Tïtalie et plusieurs parties de l'Europe ; il
fut reçu de rAcadémie de Marseille en 1778, et s'exerça, dès 1779,
dans quelques morceaux, gravés à Teau-forte et au lavis dans un
goût analogueii Gibelin d*Aîx. Le cabinet Pafgnon-Dijonval con-
tenait : Vénus s* arrangeant les cheveux devant une glace tenue par
l'Amour; les attitudes de danse de M^^** &uimard, Allard et Pelin,
de rOpéra, 1779, le Devin de village, 1779, la Diseuse de bonne
aventuré, 1779, et Allégorie sur la gloire de Henri IV, 1779". On
peut citer de plus, Vénus sur un dauphin, entre un triton qui
sonne de la conque et des Amours qui lui présentent des coraux.
!n-/i® marqué P. Lelu. inv. et f.
J.-B.-L. de Rome de Lisle, de TAcadémie Impériale des Curieux
de la nature (à Erlangen). P. Lelu ad vivum fecit, 1783, in-S".
En 1785 il dirige la gravure de la collection de M. Vialart de
Saint-Morys le père, collection réunie au Musée national ; pendant
la Révolution les planches de P. Lelu ont servi à fondre des
canons; en 1790, il est auprès de M. de Breteuil.
11 mit son talent au service des événements et des idées nou-
velles, et se lança dans les compositions les plus grandes et les
plus scabreuses, sans avoir la force nécessaire :
Les Amis de la constitution aux mânes de Mirabeau, mort le
2 avril 1791. La consternation générale est exprimée par la France
i. Pierre Lelu, né en 1741, élève de Boucher et de Doyen, mort en 1810;
Notice sur Lelu, par M. Vialart 8aint-Morys, Magasin encyclopédique, 1810,
t. IV, p. 323-28 ; Cataiogue de tableauo) après le décès de Pierre Lelu, peintre
dliistoire, par Regnault, 23 avril 1811. — Joubert nomme uq M. Lelu, h, Ver-
sailles, possédant dans son cabinet le nielle de Fineguerra, la Vierge sur un
irâne, passé depuis dans les cabinets Revit et Durand ; Manuel de l'amateur
destampeSy 1821, 1. 1, p. 43.
2. Cabinet Paignon-Dijonval, par Benard, Paris, 1810, in-4% p. 326,
n* 0381 et suiv. Le Manuel ne donne que sept pièces et pas une parue du
temps de la Révolution ; le Cat^ogue de Vèze, par Vignëres, Paris, 1855, porte
la LanUme magique, le Ménage champêtre, le Cat€Uogue R. D. (Robert Du-
Riesnil), par Defer, 1854, la Fête au dieu Pan,
L
136 ARTISTES. — PEINTRES GRAVEURS.
éplorée, tâchant en vain de retenir la Mort implacable qui nous
enlève une tête si chère ; une foule de peuple et des soldats de
la Patrie joignent leurs efforts aux siens ; leur généreux comman-
dant, ayant pour arme la massue d*Hercule et Tégide de Minerve,
esl accablé de tristesse auprès du lit du mourant. On voit aussi la
Liberté, dans le plus grand abattement, qui ûxe ce génie, expirant
sans avoir pu unir tout ce qu*ii faisait pour elle ; sur le lit est une
plume et des papiers pour conserver la mémoire de la manière
dont il est mort; Ton aperçoit, dans un plan reculé, l'auguste
assemblée qu'il a eu l'honneur de présider et où ses lumières ont
paru avec tant d'éclat, et le tableau se termine par son monu-
ment, qu'un nuage éclatant couvre et au milieu duquel est l'Im-
mortalité. A Paris, par P. Lelu, peintre, de l'Académie de Mar-
seille, demeurant rue Saint-Avoye, n** 23. Grand in-folio en
largeur.
L'artiste est trop semblable à l'écrivain, avec un dessin fautif,
une composition amphigourique, les allégories et le costume
emprunté à la défroque académique; mais il y a de l'énergie
dans l'expression et les mouvements. Trois têtes de Mirabeau,
fort belles: l'un, vivant, dans le médaillon; l'autre, mort, dans
son lit, et le troisième, immortalisé, dans le buste emporté par la
Mort.
La pièce se relève aussi beaucoup par la gravure à la pointe, qui
a de très-vives parties.
Les Droits de Vhomme et du citoyen, P. Lelu inv. et fecit.
Pillot se. Ils sont écrits sur un cippe entre les statues de la Jus-
tice et de la Force, au-dessus d'un bas-relief de l'Age d'or. CtUtis
virtutibtis demum aetas aurea vigebit in secula,
Charlotte Corday, âgée de vingt-cinq ans , dessinée et gravée
d'après nature. Lelu pin., Mge (Mariage) sculp. Ce portrait, dans
la coiffe normande, médaillon ovale, in-8, est assez vrai, mais
de petite expression.
Le Triomphe de la Montagne, P. Lelu del. et sculp^ « Sur un char
civique, etc. » En serrant son dessin et soignant davantage sa gra-
vure, l'artiste n'a fait que mieux paraître les pauvretés de ses atti-
JEAN-FRANÇOIS-PIERRE PEYRON. 137
tudes et de ses expressions. Toutes ses figures crient, mais où est
l'éloquence? Ses types de la Liberté, de TÉgalité et de la Félicité
publique, sont assez jeunes et assez nus, mais où est la distinc-
tion? Cependant elles témoignent quelque étude des figures des
Carraches.
Lelu avait exposé, au Salon de Tan II, un grand nombre de des-
sins sur des sujets très-difficiles, des sujets chrétiens, des sujets
paîenSy l'Aurore, l^Ouragan, et le mouvement de la Terre, suivant
le citoyen de Saint-Pierre, il grava, en 1792, le Massacre des
Innocents, d'après Raphaël, ou plutôt d'après Marc-Antoine. Il ne
faut rien chercher dans cette copie de la grandeur du modèle ;
sa ligne, son dessin, aussi bien que le pointillé, rapetissent sin-
gulièrement ces admirables mères. Il faut seulement savoir gré
à l'artiste d'y avoir songé en cette année-là; l'ombre qu'il en
donna dut faire pâlir l'école de David.
1802; planches de vues et monuments pour les ouvrages de
M. Saint-Mor^'s le fils;
Nombreux dessins d'histoire restés dans sa famille.
M. P. de Baudicour vient de donner de lui une assez ample
notice et de décrire soixante-quinze pièces à l.'eau-forte et au
lavis, dont cinquante-six d'après ses compositions, et dix-neuf
d'après des maîtres italiens, qu'il loue pour la plupart :
Sujet pour une édition de la Mort d'Abel, 1808, dernière pièce;
Judith, 1764; Sacrifice à Pan, 1760; Nativité, 1781; Tancrède et
Herminie, 1781 ; Vénus et l'Amour, 1784 ; les trois Vertus théolo-
gales, P. Lelu \10^; l'Amour et Psyché, d'après un dessin exposé
en M Q3; Allégorie à la mémoire d'Henri IV, 1780; la Raison, la
Vertu, la Force et la Nature, P. Lelu inv. et fecit ; Monument à
Desaix, an VIII ; Allégorie à Napoléon /«', Alix sculpt. ; Paysages,
1781 ; Étude de prophète, de Michel-Ange, 1783; Père étemel de
Corrége; Dieu bénissant le monde, l'Annonciation, de Raphaël.
PEYRON *, l'un des premiers et des plus tenaces promoteurs
de la renaissance antique dans la peinture, selon des principes
1. Jean-Françoift-Pierre PeyroD, né à Aix en 1744, él^ve de Lagrenée Talné.
iâsifa
138
ARTISTES. — PEINTRES GRAVEURS.
quMI avait appris à Àix de Dandré-Bardon et qu'il poursuivit à
Paris et à Rome, concurremment avec Vien et avec David, resta,
plus que ces mattres, loin de la nature, asservi à l'imitation de
l'antique et du Poussin. Il était, au moment de la Révolution,
membre de l'Académie de peinture et secrétaire de la manufac-
ture des Gobelins; les événements n'eurent pour lui, à ce qu'il
parait, que de fâcheux résultats, et sa santé môme en fut altérée,
à ce que disent ses biographes*. Il n'y a dans son œuvre aucun
sujet historique. Au Salon de 1791 il avait exposé des tableaux,
des dessins et des estampes, tous du plus pur grécisme. Le mor-
ceau le plus saillant était la Mort d'Alceste, que Chéry trouvait
d'une composition sage, mais d'un ton noir et d'un silence triste
et profond. On ne le voit pas paraître aux Salons de Tan II et de
Tan IV, mais, au concours de l'an III, il eut un prix de 8,000 fr. —
Après l'an V, il exposa chaque année quelque ouvrage. Le seul^
sujet actuel qui y paraisse est, au Salon de l'an VII, une allégon
faite pour le prix d'encouragement accordé par le jury de l'an III i^
le Temps et Minerve, qui n* accordent V immorlalitb qu'à ceux qum^
ont bien mérité de la Pairie.
Peyron pratiqua la gravure à l'eau-forte avec une aptitude quf
l'aurait mené au succès s'il n'y avait eu dans les amateurs de soinK^
temps trop peu de goût pour les genres pittoresques; les habl— J
tudes de son dessin le reridaient d'ailleurs un peu pesant. II gar-
dait plus de liberté dans les dessins qu'il a exécutés au lavis
Bien que le graveur ait évité tout sujet actuel, je donnerai Is
liste de ses ouvrages originaux, qui paraissent tous exécutés d
puis 1790 :
Socrate prêt à boire la ciguë, etc. P. Peyron inv. pinx.
sculp.,1790, in-f», 1., gravure très-finie, d'après le tableau qui p
rut au même Salon que celui de David, en 1787, que M. ÉmeriE
David considère comme l'époque où la peinture a été totalemeir
r^énérée ;
1. Vies des artistes anciens et modernes, par Émeric David, Paris, Giarpei
tier, 1853, iii-12, p. 209.
JEAN-BAPTISTE WICAR. « 13»
Mort de Sènèque^ P. Peyron pinx, et se., Bogat, orat, etc.,
d'après le tableau qui a remporté le prix en 1773, in-8'', 1. La
gravure est pleine de finesse et modelée en maître ;
Cimon retirant de la prison le corps de son père Miltiade,
in-/i^ 1. ;
Socrates Alcibiadem a Venere et voluptatibm amovens, in-A^, 1.
Ces deux gravures sont colorées, quoique finies, et font bien
paraître la science de composition triste et de dessin rectiligne
Qui était dans sa manière.
Les autres pièces qu'on doit à sa pointe sont une pensée de
^Sainte famille, d'après Raphaël, in-8**, h., et quatre sujets d'après
ï^oussin, in-f», 1. Peyron avait formé une collection de plus de
<^0 dessins de ce maître, son modèle de prédilection, et se pro-
;S=x>sait de les graver; ils étaient commencés et annoncés dans les
^.^^nnales de la calcographie.
Deux tableaux de Peyron ont rencontré des graveurs : les Jeunes
théniensel Athéniennes tirant au sort pour être livrés au Mino^
Z-aure fut gravé en grand, in-^, 1., par Beisson, et en petit,
Ln-8® L, par Monsaldi; Àntigone, sollicitant de son père le pardon
Poiynice, fut gravé par Monsaldi.
il dessina des vignettes pour le Temple de Gnide, pour Salluste,
►ur Crébillon, pour Racine, qui furent gravées, dans les éditions
^e Didot et de Renouard, par Née, de Gbendt, Lemire, Patas,
.Seisson, Massard, Velyn et Dien.
WICAR*. Lorsque M. de Joubert, trésorier^ général des états de
la province de Languedoc et membre honoraire de l'Académie de
3)eînture, se fit, en 178ù, le Mécène de l'ouvrage de la Galerie de
Florence, entrepris par de Marivetz et Lacombe, il choisit comme
dessinateur Wicar de Lille, élève de David, qui fut envoyé à Flo-
rence et y exécuta des dessins dont on loua beaucoup la beauté.
Les connaisseurs y retrouvaient, à ce que rapporte Vallin, scru-
puleusement et savamment rendus le style et le caractère de
1. Jean-Baptiste W^icar, né à UHe en 1762.
i40
• ARTISTES. — PEINTRES GRAVEURS.
chaque maître*. Les gravures, faites sur ces dessins par Lacombe
et Masquelier, en refroidirent sans doute le style; cependant on
peut dire que ce recueil l'emportait sur les précédents recueils
du même genre, sinon par la beauté du burin, au moins pour
l'exactitude du dessin, et l'élève de David y montrait son goût
sévère en accompagnant chaque planche de la reproduction d'une
intaille ou d'un camée antique.
Bien que resté à Florence après 1789, Wîcar y partagea avec
chaleur les sentiments révolutionnaires. Revenu en l'an 11, il porta,
le 28 nivôse, à la Convention, une dénonciation contre les excès
qui avaient chassé de Florence et de Rome les artistes français
républicains, et contre ceux de leurs camarades qui avaient trahi
leur pays, au nombre desquels étaient le directeur Ménageot,
Fabre de Montpellier, Doyen. 11 fut nommé ensuite par la Con-
vention, sur la proposition de David, qui le donna pour un dessf-
nateur justement célèbre et un connaisseur exercé, membre du
Conservatoire du Muséum des arts pour les antiquités, et fit à la
Société populaire des arts un rapport sur les figures antiques du
Muséum. Quelque temps après, il proposa à la même Société un
concours pour l'exécution d'une statue de la Liberté destinée
à orner la salle de ses séances'. Il fit un dessin du Marat
de David, connu par la gravure de Morel, et fut nommé, en
nivôse 179/j, directeur des ateliers de la manufacture de Sèvres*.
11 serait nécessaire, pour connaître le talent de Wicar, d'explo-
rer ses dessins, qui ont été joints sans doute à la collection de
dessins de tous les maîtres qu'il avait recueillis pendant son sé-
jour en Italie, et qu'il légua à sa ville natale *. Je ne puis signaler
ici que deux eaux-fortes, qui ont échappé à l'attention des bio-
graphes et des catalogues. Elles font regretter qu'il n'ait pu cul-
l-
1. Annales de la calcographie, p. 360.
2. Journal, p. 103, 457, 210.
3. Voir le rapport de David dans Delécluze, p. 161.
4. Musée de Lille, par M. Clément de Ris, dans V Artiste; Iconographie lil-
loise^ par M. Arthur Dinaux, Valenciennes, in-^.
H-
JEAN-BAPTISTE WICAR. U\
tiver un genre où il apportait quelques qualités flnement acœn-
tuées.
La figure Liberté et Égalité, le 10 août 1792, l'an /•' de la
République, peint et gravé par le citoyen Wicar, à Florence, en
1793, Van II*, et élevé le 19 mai, au nom du Peuple français, res-
semble trop à une Minerve, d*une expression farouche et d'une
sécheresse davidienne dans le type et dans les formes ; mais les
extrémités et les draperies en sont belles. Cette pièce, in-f», fut
répétée dans le format in>8^ par une pointe plus finie, qui ne put
garder tout le caractère de Toriginal.
Aux défenseurs de la Patrie, la redoute de Montelgino défen-
due par le chef de brigade Rampon et 1,500 Français, le 21 ger-
saiinal an IV. Wicar invenit et fecit Florentin. Nos soldats mon-
trent dans cette pièce le tricorne et la guêtre, les membres trop
aut bâtis et les gestes trop angulaires, que nous leur voyons dans
es pièces de Duplessis Bertaux. La composition, moins habile
'ordonnance, est exécutée d'ailleurs d'une pointe plus colorée.
Wicar dessina en 1794 une Figure de femme à mi^corps tenant
ne urne cinéraire, dans un médaillon, et en 1795 une Figure à
i-corps dans un médaillon, qui fut gravée au burin et d'une ma-
ière dure par Perié. Le génie désespéré de la Liberté fuit, armé
ses poignards, devant un tombeau auprès duquel gisent un roi
t une femme assassinés, et, dans le fond, la façade d'un palais
dossé à une montagne. L'artiste semble avoir dessiné cette figure
l'impression de Tune de ces journées, de prairial ou de ven-
démiaire, qui virent la Convention forcée par une réaction tous
les Jours croissante. 11 revint cette année-là à Florence. En 1797,
3l fut encore désigné par le Directoire pour s'adjoindre à la com-
sdîssion qui allait, à la suite de la conquête, désigner les chefs-
-d'œuvre qui devaient être transportés à Paris. Le zèle qu'il mit à
^^^ette mission lui attira l'une de ces caricatures par lesquelles les
Italiens, ne sachant mieux faire, se vengeaient de la spoliation
^ue leur faisait subir la République française. Wicar est repré-
senté, dans cette eau-forte assez finement traitée, comme un petit
^omme replet à mine réjouie, coiffé d'un énorme claque à pom-
142 ARTISTES. -- PEINTRES GRAVEUR^.
poQ tricolore, ayant soas ie bras un portefeuille et un sabre; un
diablotin à tête de coq vole devant lui emportant un tableau; on
lit 6n légende : Facea disegni per nikbar pitturs^
Grande alUgarie du traité de paix de la Convention avec le
grandniuc de Toscane (25 pluviôse an III), Wicar deL 1795.
Périé aqua forti, an IH ; Hercule, entouré de la Justice, de la Na-
ture et de la Victoire, et de génies assis à sa gaucbe; un per-
sonnage s'avance vers lui escorté par l'Étrurie, etc., et la Dis-
oorde fuit, etc. Gr. in^f^., avant toute lettre; dessiné lourdement,
gravé à Tunisson.
Wicar avait pris le sujet d*un tableau d'histoire dans la Ratifir-
cation du Concordat^ faite à Rome en 1801, entre Pie Vil et le
cardinal Gonsalvi; la gravure au trait, qui en a été faite par
Pietro Fontana, et à la manière noire par Lefèvre Marchand,
montre le parti savant qu'avait tiré Tartiste d'un sujet aussi sim- -
pie, et n'ajoute pas peu à l'intérêt sérieux de l'œuvre succinct ^
que nous avons pu indiquer ici.
Nous n'y ajouterons plus que deux portraits. Le premier est z
le sien, en buste et en catogan , signé Wicar aqua forti 1796 «
Florentiœ; le second celui d'un jeune architecte, pensionnaire s
de la République, Faivre, qui mourut à Rome en l'an VI, et dont ^
ses camarades voulurent laisser un souvenir. J.^fi. Wicar l'avait ^
dessiné l'an i""^; Gounod le grava en Pan VI avec beaucoup ^
d'expression.
JACQUES GAMELIN, de Garcassonne*, professeur de peinture, «
de l'Académie de Saint-^Luc de Rome, artiste touché encore de la ^
flamme qui avait échaufl^ les maîtres de Toulouse, La Page et Ri- —
valz, mania la pointe avec une fougue et une accentuation que ^
l'on n'a point assez remarquées. Le Nouveau Recueil d'ostèologie,
publié à Toulouse en 1779, contient plusieurs compositions de -
batailles, de scènes de salon et de bivouac, interrompues par la
Mort, qui sont gravées avec beaucoup d'expression et de verve
i. Jtcqaes Gaaielin, né àG&rcaasonne en 1738, mort en Tan XL
JACQUES GAMELIN. 143
dans un travail de pointe analogue à celui de Gibelin, mais beau«
coup plus vif et plus pittoresque *.
Il grava, de 1788 à 1795, un assez grand nombre de pièces
isolées : portraits, batailles, études de têtes et d'animaux, qui n'ont
m^ comme la plupart des estampes faites en province, qu'une
publicité très -^restreinte. Le cabinet de Vèze en avait recueilli
irente *.
Je remarquerai seulement quelques morceaux de cet œuvre,
^.r^ês^personnel et très-local :
Jf"* Gamelin, femme de l'auteur;
Portrait de Qamelin fils aîné ;
Louis Gamelin, en chapeau, un sabre sous le bras, 1791 ;
Advinent, peintre en miniature ;
Jf"« Àdvinent, fille de l'auteur;
Berghrô des Alpes, Berger des Alpes, Dame française, dessiné et
•^vé par Gamelin, d'après l'original d'Àdvinent, célèbre peintre
miniature; Gamelin s. 1791;
Cmbai de awalerie. Le dessin original est dans le cabinet de
^ d'Égrefeuillô de Montpellier; composé et gravé par Gamelin,
Gamelin ne quitta pas sa province, et l'on ne voit aucune
ses œuvres figurer aux expositions de la République; mais
%^ fut nommé, en l'an H, peintre à la suite de l'armée des
Ténées-Orien taies, avec le grade de capitaine de génie, fit
lusieurs campagnes et dessina sur le champ de bataille des
squisses , dont il comptait faire les tableaux pour le Gouver-
eiiient« Il mourut, en laissant inachevé un tableau de la bataille
e Marengo'. Ses peintures se voient en grand nombre dans
1. DeimU la mort d« II. Renoarier, M. de ChennevièfM en a parlé dans la
universelle des Artê, n« de février 1S61 , p. 344-6 (A. de M.).
2. Catalogue de la collection de M. le baron de Vèze, Paris, 1855, in-8,
^. 164.
3. Notice sur les honneurs funèbres rendus d Jacques Gamelin, eî éloge
funèbre de J, Gamelm, peintre d^hutoire^professeur de dessin d V Ecole centrale
^e VAude, Garcassonne, an XI, in-8.
444 ARTISTES. — PEINTRES GRAVEURS.
les musées de Carcassonne , Narbonne, Montpellier, Perpignan
et Toulouse.
BERTAUX S peintre de batailles, se présenta à rAcadémie en
1787 et fut refusé; il y avait eu pourtant dix-huit voix pour son
admission, parmi lesquelles était celle de Wille, qui nous a trans-
mis ce fait et s*étonne de ce refus, car il y avait, dit-il, bien du
mérite dans ses ouvrages'. 11 était, en effet, professeur de dessin
à rÉcoIe militaire. Les Salons de Tan II à Tan IX comptent beau-
coup de ses tableaux. Le plus saillant est la Journée du iO août,
tableau de six pieds. Jansen, qui parle assez longuement de ce
morceau, lui reproche d'avoir traité l'action, la plus tumultueuse
qu'on eût jamais vue, avec la froideur d'un mouvement mesuré, et^ ^
de n'y avoir mis ni chaleur de composition, ni effort dans les^^
attitudes, ni expression dans les figures'. Les autres sont des
combats, des marches ou des campements de troupes, sans lieu,
déterminé. Ces soldats sont encore en effet ceux du camp de h
Lune, et, en Tan VIII, il en est à exposer la bataille de Pultava
11 parait avoir été un dessinateur assez exact, et plusieurs gra j
veurs lui ont emprunté des sujets familiers, des figures militaires^&=
et même des portraits.
Le Benedicite, la Marchande d'herbes, la Marchande de marrons^ ^
Suite de di/férentes attitudes de factionnaires, par J. Bertaux^ :3
Gravé à Teau-forte par V'« Chenu, dirigé par Lebas, 1773.
J.-/. Rousseau en pied. Bertaux fecit 1774. Baquoi filius sculp— -^
1777.
Le comte de Provence. Au premier citoyen. Bertaux del. LecœucK
sculp.-in-4<^ h. lavis.
Dans la suite, publiée en 1787 sous le titre de Costumes e^'^
Annales des grands théâtres de Paris, et gravée par Janinet sui^ -i
les dessins de plusieurs, on trouve deux figures. Vrai costume d\
i. Jacques Bertaux, Bertault ou Berthault, né à Arcis, élève de Bachelier.
2. Journal de Wille, H, 147.
3. Explication par ordre des numéros et jugement motivé, Paris, Jansen
in-12, p. 22,
I
JACQUES SWEBACH DESFONTAINES. Ub
temps de Henri IV et Parures, signées Berthaud del. et Bertaux
del. Elles ne se distinguent pas de deux autres qui sont signées :
D. P, Bertaux d. et D. B x*.
Bertaux ne fut point étranger à la pratique de Teau-forte, ainsi
que le prouvent ces deux pièces :
Étudies de chevaux. J. Bertaux s. II y en a six sur la feuille,
in-12 1.;
Les Joueurs flamands. Princes, marquis, comtes, barons, voilà
comme il fallait jouer, non pas des millions. A Paris, chez Nau-
det, marchand d'estampes, quai de la Grève, n® 16.
Cette pièce in-4®, signée J. Bertaux se, doit être ici à un second
état, publié par Naudet avec une inscription, destinée à donner à
son sujet flamand une couleur révolutionnaire.
SWEBACH DESFONTAINES (ou dit Fontaines)* est le premier
cfes peintres et dessinateurs de soldats et de chevaux, auxquels la
Révolution vint donner beaucoup de popularité. Toutes les expo-
sitions, de l'an II à Tan XII, comptèrent de nombreuses composi-
tion.^ de marches de troupes, corps de garde, campements, ren-
*^oCres de cavaliers, combats, marches, vivandiers, manèges,
^^**x*ses et chasses, depuis les plus petits sujets jusqu'aux ba-
^il 1^58 de Monthabor et de Marengo.
^•^rthaud et les autres graveurs des Tableaux de la Révolution
^^ ^xnpruntèrent le dessin de la plupart de leurs scènes militaires.
" ''^cnjrnit môme une composition de V Assassinat de Marat, oii la
'***^^ en scène et la figure de Charlotte Corday ont plus d'à pro-
^^^*^ cjue dans la composition de Duplessis-Bertaux.
'^o^ephrAgricol'Viala, légende en six lignes, lavis de couleur,
P*^*i de paysage et bataille. Swebach Desfontaines del. Descour-
*^ ^^^^., in-f» l. A Paris, chez Descourtis, rue des Grands-Degrés, 1.
^^-^ jeune Darruder. In-f** coul. Descourtis sculp.
~ ^oir la biographie de Duplessis-Bertaux, à qui appartirmnent peut-être
^'*^ar» de ces pièces.
^ -Jacques Swet>acb Desfoataines, ou dit Fontaines, né à Metz le 19 mars 1 769,
«n décembre 1823, élève de Duplessis.
10
146 ARTISTES. — PEINTRES GRAVEURS.
Çafè des Patriotes occupés à lire les décrets de la Gooventîoo,
estampe gravée en couleur par J.-B, Morret, dessinée par Swe>«-
bach Desfontaines. Se vend 10 1. che^ Morret, rue de la Bucherie.
{Moniteur du 19 février 1793.)
Butterbrodt pesant [(76 livres (on le montrait au Palai^Royal) ;
collection Hennin, p. 2.
Il Gt graver par Lecœur, au lavis ou en couleur, le Sem^ent fèr-
dératif du ik juillet 1790, lavis in-4®. Tune des représentations
le3 plus animées de cette grande fête, la salle de bal élevée sur
les ruines de la Bastille, avec Tinscription ; Ici l'on danse \ et lu
Vieillesse d'Annette et I^ubin^ avec romance en cinq couplets*
Il grava lui-même quelques pièces au pinceau et à Teau-forte.
à la manière rapide des peintres :
Campement de troupes, à Teau-forte ;
Des muletiers à la porte d'une hôtellerie, InrU^ 1. Gravé au pin-
ceau;
Petite scène de cavalerie, au lavis.
Plus tard l'artiste, qui fut le peintre militaire le plus petit, le
plus expéditif de TEmpire, résuma son œuvre dans un recueil d€
180 planches, qu'il grava au trait et qu'il intitula Encyclopédie
pittoresque. Toute trace révolutionnaire en a disparu.
BIDAULT, de Carpentras', fut Tun des paysagistes qui brillèrenl
au Salon de 1791. Des cinq tableaux qu'il exposa, Chéry note les
quatre premiers des épithètes les plus flatteuses, et. les qualifie
de ces qaots ; a Toujours du beau et du vrai. » En 1793, il exposa
une vue d'Italie, qui est louée en termes plus chaleureux encora
par Jansen, et une scène ô! Œdipe détaché de V arbre par un berger^
où l.ethière avait fait des figures. Au concours de l'an IH, i
reçut un prix de 6,000 fr, 11 fut, dans les Salons suivants, éclipsa
par son frère et son élève, qui devint un des paysagistes ém^
rites de l'Empire. Mais il doit être signalé aux collecteurs comoM
ayant touché quelque peu à la pointe.
1. JamwU de WUle, U II,.p. 359.
2. Jean-Pierre-Xavier Bidault, né à Garpentras en 1745, mort en 4813.
JACOB 8ABLET. 147
On a bien voulu citer de lui deux vues de Lyon, une rivière et
çiuilre têtes de mouton, qui sont plus fines qu'on ne l'attendrait
d^un peintre et n'en sont pas pour cela meilleures. J'ajouterai à
ces morceaux un autre échantillon de vue plus librement faite :
Arc de triomphe de Marins, près la ville d'Orange, dessiné d'après
nature et gravé par Bidault, 1778, in-4<> 1., et deux petites estam-
pes, petitement faites, mais qui ont quelque mérite historique :
Bu^tc, de Barra couronné de chêne, une pique dans la poitrine.
Méd^tîUon sur deux branches de chêne, in-2/i h. Bidault se.
C^est du jeune Barra qu'ici tu vois Timage ;
Plutôt que d'être esclave, il mourut en héros ; '
Républicain zélé, tu lui dois ton hommage :
Pour régler ta conduite, imite ses travaux.
f«Q^e du grand Saint-Bernard par l armée française^ le 25 flo-
réal ar^ vui. Taunay in. J.-P. Bidault F» in-S^ h.
LET * était resté vingt ans en Italie avec Vien, son maître,
<ïuaiicl il vint en France au moment de la Révolution, et prit part
^^^tes les expositions qui s'ouvrirent depuis 1791 jusqu'à
^^ X., où il tenait l'emploi d'un des meilleurs peintres de genre.
^ Concours de l'an 111, il eut un prix de ù,000 fr. Chéry le ca*
r^ctérise : « Touche fine et moelleuse, coloris vrai, de la chaleur,
^ ^^ vigueur, une main hardie, un beau style *. » De la Serrie
* ^ï^ouve un pinceau suave et fondu '; enfin, on lit dans la Dè-
^^^ c « Parmi les artistes qui s'adonnent aux scènes familières,
^*^t montre le plus d'originalité. 11 a une manière à lui, mais
Sujets ont peu d'intérêt*. » La plupart de ses tableaux étaient
^^ " '^^^^4)b Sablet le jeune, né à Morgy, canton de Berne, en 1751, mort en
•• ^l^ve de Vien.
" ^^-^^jplication et critique impartiale de toutes les peintures, etc., exposés
^■^9>reau mois de septembre 1791, in-8, p. 6, 23.
^Yo^ ^^^^^<imen critique et concis des plus beaux ouvrages exposés en Van IV,
Décade philosophique, t. VII, an IV, in-8.
148 ARTISTES. — PEINTRES GRAVEURS.
des scènes et des costumes d'Italie ; les seuls sujets actuels qu'on
y remarque sont un portrait du C, Chenard en porteur d'eau, le
portrait d*un membre du Corps législatif s* éloignant des tombeaux
où il a gémi sur le sort de cev-x qu'il a perdus par l'effet de la Ré^
volution, et le Départ dun officier de la 2^* demi-brigade.
Pendant son séjour en Italie, en 1785 et 1786, Sablet exécuta
quelques pièces à Teau-forte. Les plus remarquables sont des
études de vieillards barbus, de vieilles femmes et de jeunes filles
groupées d^une façon naturelle, saisies avec vérité et gravées
avec beaucoup de dureté, dans un goût qui se rapproche de celui
que Yien a montré dans quelques eaux-fortes. Il y en a six, signées
J. Sablet pinxit et sculp,, Romse, 1786.
Un graveur suisse établi à Rome, Ducros, exécuta au lavis une
grande composition de Sablet : Scène d enterrement dans un cime-
tière, in-f° allongé, nombreuses figures disposées en façon de
bas-reliefs; mais Testampe qui a le mieux recommandé le nom
du peintre est celle que Copia publia sous ce titre : le Maréchal
de la Vendée, Sablet jeune pinxit, Copia sculpsit : « Ce brave
homme ayant appris que les Chouans avaient attaqué les pa-
triotes très-près de sa commune, quitta sa forge sans autres
armes que son marteau, en terrassa un grand nombre, et revint,
après la victoire, chargé de la dépouille de plusieurs de ces bri-
gands »
h. — GRAVEURS A L'EAU-FORTE.
L'eau-forte, cultivée directement par des dessinateurs et ad-
mise pour les fantaisies de ses procédés et l'inattendu de ses
résultats, a peu de chances de réussite dans un temps où la mode
inci portait d'Angleterre la manière pointillée. On la trouve le plus
souvent réduite à servir de travail préparatoire à des procédés
plus terminés et plus agréables. Ceux qui persistent à la pratiquer
sont entraînés à faire des pastiches ou à imiter des procédé.» qui
en altèrent les conditions les plus heureuses.
DENON, le directeur général des Musées sous l'EmpireS avait
commencé par être conservateur de la collection des pierres gra-
vées de M">« de Pompadour. il fut reçu de l'Académie en 1787,
comme artiste de divers talents et sur une estampe à l'eau-forte,
V Adoration des bergers, d'après Luca Giordano, qu'on disait
faite dans le goût de Rembrandt. 11 était du nombre des amateurs
qui avaient pris, dans les voyages en Italie et dans l'étude des
collections, le goût du dessin et l'habitude du pastiche en gravure.
Caylus, Saint-Non, Campion de Tersan, Théry de Gricourt en ont
laissé qui feraient honneur à des artistes. Denon, qui était en
Italie quand la Révolution éclata, revint pour se faire rayer de la
liste des émigrés, et l'obtint par la faveur de David, qui lui fit
1. Vivant Deoon, né à Ch&lons-sur-Sa6ne en 1747, mort en 1825. Notice
tiécrologique, par Cotipin, extraite de la Revue encyclopédique, 1825, in-8. —
Son œuvre, d'après un catalogue imprimé en 18D3, est de 325 pi. Le Ma--
*itie< donne quatre-vingt-dix-sept numéros et ne mentionne aucune de ses eaux-
'ortes les plus curieuses, ni de ses lithographies.
150 ARTISTES. — GRAVEURS A L'EAU-FORTE.
confier la gravure de ses Costumes républicains. Sa pointe, menée
à traits petits et mous, n*était pas propre à les faire valoir. Il
exposa aux Salons de Tan IV et de Tan V ses principales estampes
à Teau-forte, des sujets saints, d'après Rembrandt et d'autres
peintres, des paysages et des animaux ; mais il ne réussit pas à
remettre ce genre en honneur, en se plaçant à la suite des gra-
veurs tout pittoresques, Rembrandt, Parmesan , Van Dyck, Tie-
polo. Il n'avait rien de leur distinction ; uniforme dans ses coups^
de pointe, rond dans ses lignes, il tirait tout son agrément d
quelques effets de fouillis, de la vivacité de ses physionomies
Pour trouver sa valeur, il faut donc laisser de côté, dans so
œuvre considérable, toutes ses grandes pièces d'après des compo
sitions trop grandes pour lui et ses pastiches d'après les maîtres
pour s'attacher à celles où il a pu plus facilement laisser aile
son esprit, qui était fort alerte, et retracer ce qu'il avait vu des
ses yeux, .qui étaient très-vifs. On sait par sa biographie que les
femmes l'ont, dans l'adolescence et jusque dans la vieillesse,
beaucoup choyé. Celle qui l'a le mieux inspiré est M^ Mosion,
qu'il a gravée, en 1784 et 1787, en buste, à mi-corps et en acadé-
mie, de sa pointe la plus badine, dans ses coifTures les plus ébou-
riffées et dans des formes très-déclives, bien que dessinées d'après
nature de face et de dos : Denon vidit et sM787.
Revenu à Paris pour éviter les peines de l'émigration, Denon
se fit le courtisan de David et grava, pour lui complaire, le Ser-
ment du Jeu de Paume, qui est certainement l'une des plus gran-
des pièces que l'on ait jamais exécutées à l'eau-forte. Il n'y faut
pas chercher l'effet d'ensemble ; le trait de pointe en est maigre,
mais d'une grande dextérité, suffisamment ombrée dans les têtes
pour rendre l'expression, et elle doit être comptée comme la plus
précieuse qu'il ait jamais exécutée, la seule qui soit contempo-
raine du dessin original, et la plus rare par suite de ce que l'au-
teur ne s'en est plus vanté et qu'elle n'est jamais mentionnée
dans son œuvre.
11 fut officiellement désigné pour graver les Costumes républi-
cains imaginés par David. La pointe mince dont disposait Denon
r^l
VIVAIT DÊNON. 191
et lé foiifttiillement de hàdhtti^s qu*il avait àpprià dé Saiht-Noh
avaient fort à faire pour se mesHrer à ces ttiodèles si âolideiftent
établis. Il en rend cependant la tenue acerbe. Il n'y en a eu que
onze pièces.
Il grava le portrait du due d* Orléans en costume civil, Denon
se., in-18, et, sur le dessin d'Isabey, un portrait de Barrére à la
4ribune, pièce in-f°, exécutée précieusement à Teau-forte et au
lavis, Isabey del., Dehon sculp., qui est certainement le pl'iJs
curieux de ceux que Ton peut avoir du rapporteur. II a une figui'e
longue et la bouche en cœur, des cheveux longs, le'col nu et les
deux bras tendus, avec un rapport dans la main gauche ; il est
vêtu d'une redingote à brandebourgs.
Plusieurs estampes de Denon sont datées de 1790 et 1791; tuais
la Révolution n'a guère marqué dans son œuvre, après les Cos-
tumes républicains dont il y a des reproductions en petite que
par une pièce ronde, au lavis bistre^ d'une belle expression, qui
représente une mère, Tœil hagard, tenant son enfant coiffé du
bonnet rouge et un fusil à là main, à moins qu'on ne veuille
mettre aussi sur le compte de la Révolution des pièces de paradis
catholique : Adam et Eve chassés du Paradis, petite pièce ronde,
et le Rêve d'une nonne, in-f<> en h. Mais Denon était un Voltairien
qui, en se rangeant à l'autorité impériale, n'en devint pas plus
moral. 11 a fait bien d'autres pièces libres, et à la fm de sa vie il
lithographiait une pièce allégorique où l'on voyait seize portraits
de sa personne à tous les âges sur un drapeau attaché à la faux
du Temps, tiré d'un côté par l'Amour et de l'autre par la folie,
sur un bout de paysage d'hiver, où on le voyait encore, debout,
couvert de fourrures et réchauffé par un amour. Il mourut à
78 ans, en 1825.
Je n'ai pas à dire quelle fut sons l'Empire l'influeiice de Denon
sur les arts, qu'il appréciait d'une manière générale et histo-
rique S bien qu'il ait dirigé l'École française dans une voie toute
f . n a publié une notice ^ur Gérard Aadran avec des considération^ sur
rbistoire de la Gravure, 9 p. in-fol. et 6 pi.
*=..,-.-
152 ARTISTES. — GRAVEURS A L'EAU-FORJE.
d'adulation', mais la campagne d*Égypte restera le morceau le
plus sérieux de son œuvre.
NITOT (Michel), dit DUFRESNES qualiflé par quelques-uns
amateur, grava à l'eau-forle des fac-similé de dessins d'anciens
maîtres pour le Recueil de Basan : Jésus devant Pilale, de Martin
Schoen, deux Saintes, d'Albert Durer, 1792, deux Têtes de vieil^
lard, de Durer, 1792, Buste de vieillard, de Wille le flls, 1795.
II y a dans ces morceaux un exercice de la pointe plus habile
qu'il n'appartient à un amateur. Les ouvrages de tout genre qui
composent son œuvre sont d'un dessinateur et d'un graveur,
sinon original, au moins très-déterminé.
11 y a des copies de Gallot, de La Belle, de Rembrandt et de
Van Dyck, de nombreux petits morceaux plus ou moins terminés
de statues, pierres gravées et médailles, 8 pièces (cat. Denon),
têtes, médaillons, entre lesquels j'ai remarqué une petite Ggnre
de la Liberté tenant le niveau. Ses sujets les plus actuels sont :
1® Le portrait de saint Hurugue*; qu'il fit jusqu'à trois fois: de
face, de profil et dans un médaillon avec cette légende : Je suis
saint Hurugue, c'est moi qui ai sauvé la France;
2® Une charge, curieuse surtout par sa date : le Père Lanti-
meclie, Dufresne del. et se. 1793. Buvons toujours, n'achetons
i. Michel Nitot,dit Dufresne, né à Chezy>rAbbaye, en i759 (catalogue Denoo).
Le Manuel de l'amateur d'estampes ne donne sous ce nom que les planches de
Flaxman et de Landon, et porte les autres ad nom de Charles Dufresne, avec
les lettres Ds en monogramme. Bas2|n ne nomme dans son Dictionnaire, édi-
tion de 1780, que Charles Dufresne, amati'.ur et homme de lettres, gravant en
lfV90 (sic) pour son amusement; nous ne connaissons Nitot Dufresne que dans
les catalogues de Denon, par Duchesne, de Vèze, et dans son œuvre au Cabinet.
Il est distinct seulement de Defraine, dessinateur de costumes, de vignettes,
de planches pour le Musée Filhol,et graveur de quelques pièces au lavis et au
crayon. Celui-ci était, en Tan XI, professeur pour la figure à TÉcole gratuite de
dessin.
2. C*est donc à tort qu*on a avancé dans le catalogue de la collection Later-
rade, vendue en novembre 1858, qu'il n'existait pas de portrait du temps de ce
personnage
JEAN DUPLESSIS-BERTÂUX. 153
jamais de terre, car, quand U pleut, ça fait de la boue, chez Nau-
det, marchand d'estampes, au Louvre ;
3** Le Républicain Desessarts, en pied, in-8® ;
4® Le Comte Almaviva, 1793, D. Bertaux del., Dufresne se.,
1793, in-8<*, eau-forte légère et artiste ;
5^ Gustave Lazzerini, artistp. du théâtre de l'Opéra^ Buffet,
dessiné par Nitot Dufresne, gravé par C.-E. Gaucher, an X, tète
antique en médaillon, entre une lyre et une couronne.
Il grava également à Teau-forte, mais avec beaucoup de fini,
une pièce in-4®. Dieu créant le premier homme, Raphaël de!.,
Dufresne sculp. , déposé à la Bibliothèque nationale, à Paris,
chez Martin, marchand d'estampes, rue des Fossés-Montmartre,
qui présente cette circonstance singulière que la tête du pre-
mier homme, vue de profil, est celle du premier Consul. L'idée
parut si ingénieuse et si flatteuse pour Tenthousiasme du mo-
aient qu'elle fut avidement saisie. Duplessis-Bertaux et d'autres
firent des gravures, et je ne sais quelle est la première ; mais celle
de Dufresne est la plus grande, et donne le masque le plus res-
semblant du héros.
Dufresne était surtout dessinateur, et grava, au trait, en 1803,
les figures de VOdyssée et de V Iliade , de Flaxman, de V Eschyle,
et dts planches pour les œuvres des peintres de Landon.
Il avait formé une collection d'estampes anciennes fort impor-
tante, qui a été en partie dicrite dans les Annales de la Chalcogra-
Vhk, 1. 1, p. 5 à 136.
DUPLESSIS-BERTAUX *, qui eut une grande réputation sous
'ûnpire et que l'on surnommait, sur le titre même de ses
^^cueils de différents sujets, le Callot de nos jours^ était élève de
'• Jean Daples'sis-Bertaux, né en i747, élève de Vien.
ta ^Uigraphie de Rabbe le dit mort en i815, le Manuel de l'amateur d'es-
^. -'•** en i8i3; la Notice historique sur la gravure à Veau-forte^ pubUée em
*^e son œuvre en 1817, le dit encore vivant; le Manuel même cite de lui
„^^**^^he8 du Voyage de Constantinople^ de Melling, en I8i9.
1750, mort en 1818, d'après Joubert, qui le loue comme un génie de
154 ARTISTES. — GRAVEURS A L'EAU-FORTE.
Vien el de Lebad ; pea disposé pour les longues études et I
grandes figures^ il ne fit pas cependant comme les dessinateu
ordinaires de vignettes qui se mettaient à la suite des peint
d'histoire ; il copia Callot* et Leclefc* et apprit d'eux comment (
met en mouvement de petites figures et coniment on les dispos
dans de grands espaces. 11 fut original en prenant ses modèl<
autour de lui, et en gravant à Teau-forte d'une manière nette »-
ferme; mais il lui manqua, pour mériter le surnom qu'on \m
avait donné, l'expression du dessin et le badiqage de la point»^
11 était, avant la Révolution, professeur de dessin à l'École roya'
militaire; il travailla aux planches du Voyage en Orient, de M.
Ghoiseul, et aux planches du Voyage de Napleé et de Sicile, dé Sain
Non ; il fournit des dessins à la collection des Sujets mèmorabU
de France, gravés en couleur chez Blin; dans ces premières coir^ —
positions, comme dans des vues dessinées et souvent gravées^
par d'autres, les figures pour lesquelles on l'employait rappeller?/
encore les types de l'atelier de Vien. 11 fut ensuite entraîné à des
représentations plus locales et à dçs compositions plus person-
premier ordre et eh fait une biographie de» p!us singulières. Selon lui, Ber-
taux, connu de M. de Marigny, qui lui fait obtenir une pension de 300 francs
de Louis XV, fut élève de Vien, puis de Lebas, professeur de dessin à TÉcole
militaire en 1770, ensuite capitaine de grenadiers au bataillon de la Butte-des-
Moulins, enfln, soit par suite d'un goût inné, soit par d*autres motifs, mort
lieutenant de rex-4* demi-brigade des Vétérans, avec une pension de 450 francs,
n parait avoir mystifié son biographe. De plus, Joubert ajoute : a Sous sa
pointe spirituelle et docile, ainsi qu'à la voix d'un général qui commande, tout
parait s'animer; » il l'appelle : « le digne rival de Leclerc, de La Belle et de
Callot, » et lui fait seulement un léger reproche d'avoir fait ressembler à des
balles de coton ses nuages et sa fumée.
Le Catalogue Rigal, où se trouve xitiQ assez longue liste de son œuvre, n'a
qu'un Bertaux, Jean-Duplessis ; il est certain qu'il y en a trois : Pieire Ber-
thaud, graveur d'architecture; le citoyen Jacques Bertaux, peintre de batailles;
le citoyen Duplessis-Bertaux, dessinateur, ns ont tous deux leur article séparé
\n Salon de Van IV. La question est de savoir si les pièc^és signées : J. Ber-
taux, sont du second ou du troisième.
1. Gabet dit qu'il existe de lui Une copie à la plume de la Tentdiion de
iaint Antoine^ « aussi estimée que l'ofiginal. »
JKAN DUPLIi8SI8*BERTAUX. 155
nèllës » les Cris et métiers de Paris, deS marches dé militaires,
des costumer de comédiens, acteurs des théâtres de la République,
et des scènes de la Révolution :
Tables de la Loi, gravure allégorique gi*. in-f».
A la nation françoise les protestans reconnoissans, gr. in-f».
Louis XVI y Ze 20 juillet, assis, en bonnet rouge ^ la bouteille à la
'ma.m. D. Bertaux, 1792, collection Hennin.
VtAe de la bataille de Jemmapes, gravure à l'eau-forte par Dii-
plessîa-Berteau, sur les dessins de Boizot fils et Ceriot, 'canon-
, annoncée en trois vues. Moniteur du 1*' février 1793.
Fête de la Révmion, dédiée à tous les bons citoyens, P.-A. Wille
m
^aAT. et del., Duplessis-Berteau aqua-f., 1795.
CHateki et Leprieur, jurés au Tribunal révolutionnaire, guillo-
•■■^^s en prairial an 111, petit dessin au crayon, chez M. Hennin.
A^rk IV. Le citoyen Duplessis-Bertaux , dessinateur, rue de la
^^^''olution : des Portraits de comédiens, dessinés à la mine de
t^*omb ; deux Figures de costumes ; une Marche de militaires rejoi-
9^^€tr\t le camp ; Intérieur d'un camp; une Bataille, un représen-
tai y donne des ordres à un général.
Oostwnies d'acteurs de la Comédie-Française avant 1800, vingt
'P^feces, catalogue Desaint.
Topino- Lebrun, Cerachi, Aréna, Demerville, conduits par le
hourreau au pied de l'échafaud (9 juin 1801), petit dessin, chez
M. Hennin.
An XII, rue de la Concorde :
Études de cavaliers dessinés,
Duplessis-Bertaux fut un chaud révolutionnaire, cordelier,
compromis lors de la fermeture de leur club. Ses représentations
en miniature des événements remarquables arrivés aux princi-
paux personnages de la Révolution, qui popularisèrent son talent
et furent gravés, au bas des portraits au lavis de Levachez, dans
les Tableaux historiques de la Révolution française, ne parurent
qu'après le 9 thermidor; ils figurent au Salon de Tan XII. Ce sont
des scènes vraies, rendues d*une manière piquante. Les person-
nages s*y agitent avec feu, et Ton voit d'un coup d'œil jusqu'aux
156
ARTISTES. — GRAVEURS A L'EAU-FORTE.
minuties du fait, du costume et du local : le Serment dans le Jeu
de Paume, Camille DesmoiUins sur une table de café du jardin du
Palais-Royal, Charlotte Corday près de la baignoire de Marat, Lepel-
letier assassiné chez le restaurateur Février, Marat porté en trionir
phe, madame Roland devant le Tribunal révolvrtionnaire, la Nuit du
9 thermidor. Le parti pris de ces corps allongés, de ces bras tendus
et d*un appareil théâtral, tranchant avec la petitesse des figures,
constitue un style maigre, tout à fait insuffisant pour Texpression
des scènes à représenter; la grande netteté de l'outil, sûr dans
ses traits, mais sans sécheresse, piquant dans les ombres jusqu'à
papillotage, et d'une agilité extrême dans l'ajustement de toute
ses figures, les fera toujours admirer.
Ces pièces n'ont que 9 centimètres de hauteur sur 1& centim
très de longueur, mais le dessinateur ne faisait pas paraître d'à
très qualités en agrandissant ses scènes. La Fête à VÉtre supré
le Dévouement de Loiseroles, Robespierre blessé dans VantisaUe
Comité de salut public, V Assassinat deFéraud à la Convention,
Journée du 18 brumaire, traités sur un champ plus vaste ou av
des figures qui permettent plus d'expression, font ressortir davaz
tage ce que sa manière a de trop pointu. Ces pièces étant, d'
leurs, achevées au burin par un graveur plus froid que lui, Be
thaud, elles n*y gagnaient pas en qualités pittoresques. On dit q
Duplessis-Bertaux avait le caractère jovial et mystificateur, gen
d'esprit en vogue sous le Directoire. 11 nous mystifie certainemen^i
en nous faisant prendre ces eaux-fortes subtiles pour des tableaux
de la Révolution, mais il nous amuse ; quand on rencontre ces
pièces en épreuve à l'eau-forte pure avant leur achèvement par
le travail des burinistes, on voit combien sa manière était lumi-
neuse et incisive.
Il était aussi très-habile costumier, et il a l^it draper avec
charme jusqu'à la toge dont s'affublaient les Directeurs, dans la
Journée du 30 prairial an VIL La plus jolie pièce du même temps
que l'on puisse citer de lui, pour l'originalité, l'ingénuité et la
parfaite exécution, est la Bienfaisance ingénieuse de Pradtre et
EUeviou, fait historique du 5 messidor an X. Il était, d'ailleurs.
u-
la
ec
n-
îi-
r-
B
i
JEAN DDPLESSÎS-BERTAUX, 157
^%<îapable de unir ses ouvrages à l'eau-forte avec une grande
"^^bileté de modelé. C'est ainsi qu'il exécuta la gravure d'un
dessin de Raphaël, la Création, qui fit alors beaucoup de bruit
par la ressemblance qu'on y voulut trouver entre le premier
bomme, sortant tout formé des mains du Créateur, et le général
^(ionaparte. Plusieurs graveurs reproduisirent cette maigre aca-
démie en forçant plus ou m'oins l'expression du masque ; celle de
^tipIessis-Bertaux, de format in-12, fut copiée en sens contraire
parBerthaud.
L'iclée saugrenue qui produisit cette estampe germa ; car je ren-
contre en l'an XII, l'année de l'Empire, le frontispice au poin-
tillé d'un méchant poème de la Création, représentant le Créateur
débix>«illant le chaos, et, en légende : Napoléon...
Imite parmi nous Tauteur de la nature
Qui des quatre éléments débrouilla le chaos...
qualités que nous avons reconnues à Duplessis-Bertaux,
te i^endaient très-propre à la composition des batailles et des
^^Ses militaires, qui furent du reste sa première vocation. Les
campagnes d'Egypte et d'Italie lui fournirent les sujets les plus
P^ÎPul aires.
^1 représenta, avec tout l'étapage, les courses militaires dans
1^ désert et dans les plis des montagnes ; sa Bataille de Marengo,
dans un espace de 18 cent, de l. sur 12 cent, de h., montre le
laou vement de deux armées dans la plaine, et, dans les nues, le
S^ni^ de la victoire au milieu des arts répandant l'abondance» des
^"^^^ts exécutant un concert, et des renommées jetant des cou-
'"00*^^8. Pour la composition de la suite des Victoires et con-
^"*'c«t^, il se met après Carie Vernet.
^*^ dehors de ces pièces historiques, qui auront toujours leur
mér^i^ malgré leur sécheresse, Duplessis-Bertaux eut un talent
lûa^^^re, insuffisant dans les pièces sérieuses qu'il a essayées,
les ^4icrements de Poussin ; il a un peu mieux réussi dans les
çevil^s gravures d'après les Flamands ^ Il était dépourvu de Tes-
^^ GraTures pour le Musée Filhol, dès les premières Uvraisons, an X.
V
158 ARTISTES. — GRAVEURS A L'EAlT-FORTE.
prit d'invention, et, parmi ses contemporains, il n'a pas su s'at
cher à un maître, si ce n*est Vernet, avec lequel sa mani(
s'allie le mieux, surtout dans les batailles. Monnet, Lebarbi
Swebach, Denon, Lafitte, lui fournirent des sujets. 11 mit à Te;
forte un sujet sur la mort do Grétry, arrivée en 1813 : (ht
dans la barque à Caron, Joly inv. et del. J. Duplessis-Bert^
aqua forti, in-f". 1., avec quatre vers :
Pour charmer Tennui de la route,
Grétry, sa lyre en main, traversait rAchéron ;
H Ramez donc, » dit-il à Caron,
« Que faiieft-vous? — Técoute. »
Le graveur a bien donné quelque piquant aux tôtes, mais c
faire de plus avec un pareil texte? La platitude du sujet ne Te
pocha pas de ne répéter le groupe principal dans une autre e;
forte, d'après A. P. Vincent.
Je ne citerai plus, dans les suites de Duplessis-Bertaux, t
furent très-répandues sous l'Empire, et dont quelques-unes p<
valent être antérieures, que les Petits métiers et les Cri^ des m
chands ambulants de Paris, qui auront toujours de l'intérêt p«
les curieux, dans la première, on remarquera le Graveur,
Marchand d* estampes, et le titre de la seconde représente un E
lagiste de gravures.
Son œuvre finit par quelques portraits royalistes et une cha.
plaisante de Napoléon en pied, le sabre à l'épaule, bien faite pc
servir de pendant à la charge sérieuse qu'il en avait faite aul
fois.
Le graveur des Journées de la Révolution termina assez mi
rablementsa carrière par les Campagnes du feld-maréchai Wellû
ton, 24 pi., chez Didot, 1818.
Il a illustré quelques autres livres :
Les Contes de La Fontaine ;
La Pucelle; M. Viollet-Le-Duc cite l'édition de Londres, 17
2 vol. in-18, comme celle où sont les vignettes de Duples:
Bertaux {Catalogue, 1847, p. 90).
I
THOMAS-CHARLES NAUDET. IfiO
Biais le volume de cent feuilles militaires est le véritable chef*
d'oeuvre*.
NAUDET', h peine mentionné dans les nomenclatures les plus
minutieuses, commence à poindre en 1791, dans une gravure en
taiJIe-douce : Oh! oh! oh!' oh! quelle est jolie, qui n'est annoncée
que comme une copie, et dans un portrait de Thérèse Levasseur,
femme de Rousseau, Naudet se,, in-f®. Elle est représentée en
pied et de profil. Il exposa, dans les Salons de Tan IV à Tan VII,
quelques gouaches, vues d'\in Marché de Cherbourg, du Grand
Chàrt^iet de Paris et des Tuileries. II grava dès la même époque
des figures de mode, qui ne sont pas les meilleures du temps, et
un assez grand nombre de caricatures, qui se recommandent par
la vérité de Texpression et du costume; elles sont faites d'une
P^iwte assez légère dans sa maigreur. Parmi celles qu'on peut lui
attribuer, bien qu'elles ne soient pas toutes signées, voici les plus
^Ul^nte» :
^e« Physionomies du jour, dessiné et gravé par Naudet, péle-
°^^l^ de têtes et de figures entières sur une feuille in-f», 1. 1! y en
* <l^s exemplaires coloriés au pinceau ;
^« Pavillon de la pai^ dans le jardin du Tribunal, les Adieux
^^* •A.nglais à Paris, dessiné et gravé par N., jolie pièce de 27 fig.,
in^fo , .
^« YmtrUoque, les Anglais au café Borel, in-f*», K, anonyme ;
^irodet apportant au Salon le tableau de if"* Lange en Danaé,
fn-^o carré.
G^tte pièce, qui met en scène une anecdote piquante du Salon
^« l'an VII, a été reproduite dans la Gazette des Beaux-Arts^ , avec
^^^ explication à laquelle on ne peut reprocher qu'une erreur
uao^ le nom de la personne victime de la mystification. C'est
^ ^ laoge un peu mariée avec M. Simons fils, et non M*'^ Can-
3.
Portraits : L-J.-B.^E. Vigéê, littérateur, iii-4«.
Thomas-Charles Naudet, né à Paris.
La OflMtltf dM Beaux 'Artê, article de M. Thomas Araauldet sur les
pes satyriques relatives aux arts et aux artistes, t. IV, 1859^ p, iii.
160 ARTISTES. — GRAVEURS A L*EAU-FORTE.
deille, mariée tout à fait avec M. Jean Simons père, fabricant de
voitures à Bruxelles.
Le^ Ministres anglais, fiers d'avoir rompu leurs traités dans une
orgie, se firent servir un pâté d Amiens qui renfermait un coq
vivant^ déposé à la Bibliothèque nationale, an XI.
Le temps de la gaieté et des caricatures passé, Naudet revint
aux vues de monuments, de ruines, de paysages ^. Le frontis-
pice d'une de ces suites le représente, en costume du temps du
Directoire, assis et dessinant devant un tombeau, in-ft® L II fit
aussi des feuilles d'études, figures militaires et familières, sur
vernis dur, à Timitation de Duplessis-Bertaux^ mais cela ne le
*
mena pas loin, et sans doute ne l'aurait pas fait vivre. 11 était
marchand d'estampes, et son adresse se trouve sur plusieu
pièces, dès 1793*. Tous les collecteurs ont vu son nom écrit de:
rière une multitude de pièces sans choix.
11 avait formé sa fille, Caroline Naudet, dans l'art de la gr — ^
vure, 011 elle s'est fait connaître par un Recueil d objets dari et ^
curiosité, 100 pi. in-f®, 1837. Je ne veux citer d'elle qu'un pg" j
trait de Naudet, assis, son chapeau à la main ; Charles CarolL^ i
Naudet se, 1808, in-i° h.
CHATAIGNIER • fut le principal metteur à l'eau-forte
planches du Musée Filhol commencé en l'an X; elles étaient
plupart dessinées par d'autres, mais il avait la pointe express:
et colorée ; les amateurs doivent en préférer les épreuves, av
qu'elles n'aient été terminées au burin par les graveurs o
i. Le catalogue Rigaly 1817, iii-8, porte un œuvre de Naudet : vues
monuments et de ruines, paysages, études; 39 pièces.
En 1820 il grava des dessins des Voyages pittoresques et historiques du n
de ritalie, 54 planches in-folio, gravées par Debucourt ; le texte était de Bru
Neergard.
2. Naudet, marchand d^estampea au Port-au-Blé ; sur Testampe de M"*
rard : Monsieur Fanfan.
3. Âleiis Châtaignier, né à Nantes en 1772, élève de Queverdo, m
Paris en 1817.
ALEXIS CHATAIGMEB. 10l
^^'^i Bovînet, Villerey ou d'autres; on en a donné la liste*. Il
'^'^tendit graver dans la manière de Rembrandt, en reproduisant
^^* eaux-fortes de ce maître, mais les siennes ne servent qu'à
^ontref qu'il lui manquait absolument la chaleur requise, même
pour comprendre son modèle.
^e veux seulement noter quelques pièces, où il montra quel-
que talent de dessinateur, et où il traduisit les mœurs et les
costumes :
Ahf quelle antiquité. Oh! quelle folie que la nouveauté, in-f» 1.
Châtaignier inv. se.; deux couples montrent le contraste de
costumes, avant et après la Révolution ;
hh î je me sens soulagé, Sept cent- cinquante m'écrasoient. Châ-
taignier del. Un homme du peuple, en jetant à terre son
fardeau , est censé témoigner sa joie du départ de la Con-
vention ;
Aiwiicnce publique du Directoire, dessinée d'après nature par
Châtaignier, in-f® 1.; plus de 25 figures disposées avec symétrie,
mais convenablement à la scène ,-
^^rchand d'habits, habits^ galons ! in-f^ h. ; il vend la défroque
des Directeurs ;
^^^naparte, premier co/isu/, remettant l'épèe dans le fourreau,
^'^■^\ chez Châtaignier;
^ Soutien de la France, allégorie en 8 figures, légende de
Snes, in-f*», chez Châtaignier, rue Jacques, n® 54.
^s pièces sont exécutées proprement, et d'une pointe qui se
'^'^ volontiers, comme la taille-douce, et se mêle de travaux
'^vis. Elles sont souvent coloriées.
f^ataignier fut le graveur principal des costumes officiels des
. '^îtés, après les constitutions de l'an 111 et de Tan Vlll. C'est
^^^*^oins lui qui en fit les planches les plus grandes et les plus
^Itères :
membres du Directoire ;
représentants du peuple en fonction ;
I.
mnuet de Vamatêur (Vesiampes^ 1. 1, p. 63i.
11
164 ARTISTES. — aRAVEURS A UEAU-FORTE.
gravé à Teau-forte par Dorgez, terminé par Chapuy, in-
huît figures, mal bâties dans leur hauteur;
Le Triomphe de la Religion en France sur V Athéisme révol
noire, Monnet del., Dorgez aqua-f., Morret se., 1803, an
plat mélange de figures antiques et d'allégories familières.
Je trouve encore le nom de Dorgez, ^n 1808, sur une eau
représentant la Peste d'Athènes, et en 181 ù, sur une pièce i
sentant le Passage de Louis XVIII sur le Pont-Neuf, le 3 mai
d'après Vincent et Michallon.
DUTERTRE*. On trouve pour la première fois son nom, a
dessinateur, dans les Costumes et Annales des grands théât^
Paris, 1787, où il fit les figures en pied de Prèville, dans 1<
de Crispin , de M Contât dans le rôle de Suzanne, de Mole
le Misanthrope, de M^' Saint-Huberti, rôle de Didon, de Bri
rôle du vieil Horace , de If*»* Dugazdn dans le rôle de Nin
Clairval, de Gardel, de M^ Bellecour, de Caillot, de Rom
qui furent gravés par Janinet, Guyot, Carrée.
Au Salon de Tan V, il exposa douze dessins faits d'apri
fresques et les tableaux de Raphaël au Vatican, d'André deb
à Florence, et de Léonard de Vinci à Milan, qui le mirei
premier rang comme dessinateur'; il s'essaya aussi dans
composition originale intitulée Un Rêve, dessin aux crayons
et blanc, qui parut au Salon de l'an VI, et il composa des vigi
pour le roman de Faublas, qui furent gravées par Lemi
Delaunny en 1793, , ^
Au moment de la campagne d'Egypte, il fut enrôlé ce
dessinateur avec tous les savants qui formèrent l'Institut d'Ég
et c'est dans les dessins et les portraits qu'il fut appelé à
en cette qualité, que se borne dès lors tout l'intérêt de son œ
i. André Dutertre, élève de Vien et de Callet.
2. Rapport sur les beauoHirts, par Lebreton, p. 97 : a M. Dutertre a su
tous les autres par les beaux dessins qu'il a faits d'après Léonard de
Raphaël et le Dominiquin. » Plusieurs de ces dessins ont servi po
gravures au burin de MuUer et de Girardet.
ANDRÉ DUTERTRE. 165
On y trouve les deux portraits les plus vrais de Klèber et de
Desaiis, qui furent gravés par Monsaldi, et une suite de petits
portraits de toutes les illustrations militaires et civiles de l'expé-
dition, qu'il avait dessinés en Egypte et qu'il grava à son retour*.
Je nommerai le général en chef, qui a deux portraits différents,
remarquables seulement par leur maigreur, Murât, Lucien Buo-
îiaparte, Kléber, Desaix, il/«« Verdier, femme du général de bri-
g^ade, les savants Bertholet, Monge, Fourier, Delille, Desgeneltes,
(reoffroy, et les artistes Denon, Jollois, Devillers et Dutertre lui-
même.
Ces petits profils, qu'on trouve à deux états, esquissés seule-
ment à l'eau-forte ou terminés par des travaux de pointe plus
serrés, sont faits avec beaucoup d'accent et même de naïveté ; ils
nous donnent la physionomie la plus intéressante de ces hommes,
qui se recommandèrent depuis à divers titres, et qui alors étaient
animés d'une égale ardeur pour la liberté et pour la gloire.
Dutertre devint ensuite professeur à l'École gratuite de dessin,
et maître de dessin des pages de Leurs Majestés Impériales et
Royales. 11 fit, dans les dernières années de sa vie, quelques
ouvrages de lithographie : études d'après les maîtres, portraits et
planches anatomiques à l'usage des jeunes dessinateurs.
'* ^ suite, qu*OD trouve au Cabinet des Estampes, et qui paraît provenir
oei'aateiu', se compose de i84 portraits.
r
5. — PEINTRES DE GENRE.
1
FRAGONARD • ou Frago, comme l'appelaient ses amis, qui a
cinquante-sept ans en 1789, appartient au mouvement de la v(
delà Révolution ; mais, parmi tous les peintres du XVIII* siècl
poussa si loin Télan de l'école galante qu'il en fut la dernière p
sance et conserva son action môme après que l'école classiqu
fut impatronisée. Ayant voyagé de bonne heure, il en fut viveok
impressionné, et se raffermit, par les études qu'il fit de quelq
maîtres qui lui étaient plus sympathiques, Barocci, Piètre de C^
tone, Solimène, dans ses propres penchants pour la chaleur
l'agitation dans la peinture. Il avait été agréé de Vkcadémie^
en 1765, sur le grand tableau du Grand prêtre Corrèsus s*imm
lantpour sauver Caliirhoè, qui causa une sensation générale, et
que Diderot ne trouva moyen de décrire que sous la forme tf im
rêve * ; mais, jeté bientôt par sa fougue hors des voies tracées par
l'Académie et même hors des façons civiles exigées par la critique,
il renonça aux expositions pour se livrer à ses fantaisies de tous
les genres, ce qui ne l'empêcha pas d'arriver à la plus grande
faveur, car, dans ce temps, il y avait des curieux avides de tous
les raffinements. Par le style et la poésie qui lui étaient naturels,
et par les études italiennes qu'il avait faites, il était à la hauteur
de tous les sujets d'histoire ; la liberté de son esprit et la sou-
plesse de sa main ne le rendaient pas moins propre aux sujets
familiers. Pour dominer dans les uns et dans les autres, il mau-
1. Jean-Honoré Fngonard, né à Grasse en 1732, mort en 1 806.
2. Salon de 1765, édit. Naigeon, t. XIH, p. 250.
-^
i
"■«^^^^HaNM^
JEAN-HONORÉ FRAGONARD. i67
Çtfait de préoîsioQ et de tetiue; son domaine fût Pallégorie, à
bquelk il sut donner l'évidence de la réalité ; il rendait en effet
l'idée mieux que le fait, le mouvement plus que le repos. C'est ce
qu'exprime, avec un esprit scientifique qu'on trouve rarement uni
à taot de goût, Tun de ses plus vifs admirateurs, en disant qu'a-
iors <|ue les autres peintres font de la peinture à l'état statique «
iï erà a fait, lui, à l'état dynamique. Peintre dans toutes les fibres
de son corps et se sentant si fort poussé par le démon de cet art,
qu*il disait dans un langage qu'on doit lui laisser saiis périphrase,
paroe qu'il est de lui : « Je peindrais avec mon cul, » mais avec
cel<a. si subtil, si éthéré, qu'il se sert, pour peindre, moins de lignes
et cle formes que.de couleurs et de tons, employant avec un égal
sucoèstous les moyens : huiles, lavis, crayons, pastels, en les
âx3.nt le moins possible, flocons de laine ou de coton, selon la
critique de Diderot S vapeurs prêtes à s'échapper, selon la cri-
tique plus bienveillante de Gault Saint-Germain '« d'autant plus
heureux à exprimer ce qui ne s'exprime pas. Maître suprême dans
l*es<i visse, à qui il fut donné de garder dans ses ouvrages les
P^us finis, et jusque dans la miniature, la vivacité de l'inspiration.
11 y a pourtant quelques formes auxquelles Frago a donné
^^^^Acoup de réalité, et qui viennent déterminer sa manière: ce
^i^t. les femmes et les enfants. Dans ses types, aussi bien que
dai^3 toute sa poétique, il s'est tenu loin des beautés frelatées de
l^vftc^her. Aussi préoccupé que Greuze d'une beauté effective et
Datufelle, il lui a donné plus de vivacité et d'énergie. Non que
se^ traits soient plus accentués, ses contours plus élégants; il a,
a^ contraire, plus de rondeur et de vaguesse, mais l'expression
se trahit chez elles à la franchise du mouvement et à l'éclat des
yeux. 11 ne sait faire que des costumes chiffonnés , mais il a de
J'effervescence dans les formes, et ses nus sont fomentés par des
effets tout particuliers. Frago fut d'ailleurs plus qu'heureux en
0iénage; il avait épousé M'^" Gérard, née comme lui à Grasse, en
i. GEavres de Diderot, Saton de 1767, édit. Naigeon, t. XV, p. 15.
2. Us trois siècUs de la pemkire, i808, in-S"*, p. t93.
/n
168 ARTISTES. — PEINTRES DE GENRE.
Provence, femme distinguée et habile miniaturiste, et en av
eu plusieurs enfants. En môme temps, il avait gardé avec Iuk
entouré d'une égale affection sa belle-sœur, artiste de la ^
grande distinction, et, dans son langage déshabillé, il appelait ^
lontiersces deux femmes ses poules. Il avait disposé son appar
ment au Louvre avec des décorations bocagères et des déplc
ments de draperies, où ses modèles paraissaient dans des attitu«
mouvementées et d'un jour fantastique. C'est de là que sont sorfl
ses jeunes filles si ardentes et ses mères si tendres, ses Amours
ses marmots : la Fontaine d'amour, le Serment d'amour, le Sam
fice de la rose, le premier Baiser, l'Escarpolette, la Gimblette,
Beignets, V Éducation fait tout, Dites: SHl vousplait, le petit f-
dica^eur, le Berceau^ l'heureuse Fécondité, la jeune Mère, le CT
trat, la Bouquetière, le Pot au lait, et tant d'autres tablea«
esquisses et dessins, qui ne se laissent ni nommer ni décrire, t^
il y a d'entrain.
Frago, à qui tous les moyens étaient bons, se produisit ai.
dans la gravure, mais ce ne fut qu'accidentellement, et il ne H
pas s'attendre à y trouver les dons du peintre et du dessinatei
l'eau-forte, dans ses mains, ne perdit pas ses qualités légères
pénétrantes. Celles qu'il exécuta sur ses dessins^ faits, dans se
voyage en Italie avec l'abbé de Saint-Non, d'après les tableau
des maîtres italiens, servent encore à nous faire connaître s
manière. 11 choisissait de préférence les peintres les plus mouv(
mentes et les plus échauffés de la décadence, Lanfranc, Ricci
Liberi, Tiepolo, et, que leurs sujets fussent des dévotions ou d<
bacchanales, il les dessinait dans sa manière en les traitant d'ui
pointe légère, touffue et lumineuse. Il mit encore plus de bad
nage dans quelques pièces de fantaisie : Satyres s'ébattant avec d
nymphes et des enfants, Faunes'chevauchant au coin d'un boi
Statues en perspective au milieu d'un parc. Il essaya enûn s
grandes compositions dans des pièces à l'eau-forte ou au lavi
l'Armoire, le Receveur d'argent, qui donnent l'effet de ses dessi
les plus fougueux.
II indiqua le laisser-aller qu'il ailnait dans les scènes fan
JEAN-HONORÉ FRAGONARD. 109
Uères, en gravant la première Leçon d'équitation, la Famille du
fermier, de M"* Gérard.
Il était impossible qu'un tel peintre et un tel dessinateur fût
bien traduit par le burin; beaucoup de graveurs s'attachèrent à
ses compositions; ils mirent beaucoup de bonne volonté à s'as-
souplir et à se corrompre, mais ils ne parvinrent à rendre que le
I>liis gros de sa manière. Nicolas Delaunay, élève de Lempereur,
fut le plus distingué et le plus fréquent de ses graveurs, et a su
faire un chef-d'œuvre de gravure des Hasards fi^ureux de V escar-
polette. Giraud Vidal, de Toulouse, graveur plus pesant, mais
très-coloré, — Frago semble avoir appris aux graveurs à mettre
dans leurs gravures plus de lumière, — fit d'après lui jusqu'à six
estanapes. Parmi ceux qui gravèrent ses compositions en plus petit
nombre, on distingue ensuite Beauvarlet, Flipart, Fessard, Henri-
quez, Danzel, Guttenberg, Mathieu, Ponce, Blot, Robert Delaunay.
Beaucoup de ces pièces étaient encore en vogue au moment de la
Révolution ; l'Éducation fait tout et le petit Prédicateur, de De-
launay, parurent au Salon de 1791.
Beaucoup de sujets et de dessins de Frago parurent plus abor-
dables aux graveurs à la manière du crayon, du lavis ou de
couleur. Leur lenteur et leur impéritie n'atteignent pas sans doute
les qualités les plus précieuses de l'original, mais, par leur peu de
prétention , elles pouvaient peut-être les laisser mieux deviner,
^marteau. Charpentier, Bonnet, Janinet, Regnault, l'abbé de
Saint- Non, Legrand, Audebert et d'autres contribuèrent ainsi à la
propagation des compositions les plus fugitives. Elles avaient
fa't à Fragonard, privé de toute autre publicité, la réputation la
plus Soutenue au moment de la Révolution.
^'^^uvre de Frago n'est pas toute en galanteries, en allégories
amoureuses, en fantaisies pittoresques. Il y a bon nombre de
sujets de famille, de morale sentimentale qui, depuis Greuze,
avaient envahi la peinture de genre et accusèrent des tendances
toutes nouvelles dans la société du jour. Ce sont ceux-là qu'il
essay^ de mettre au courant des idées révolutionnaires; mais il
a^ait perdu sa fécondité. On ne le voit se produire à aucune des
iW ARTI8TB6^ — PBINTBfiS PB GENRE.
fœcposîiiona de la Réput^lique, mais il dédi^ au génie de Frankl
une de ses plus belles eaux-fortes, publiée à l'époque de sa moi^-^,
en 1790, où il traduisit, aveo son esianape, le vers i
Eripult cœlo fulmen sceptrumque tyrannis.
David, qui sut Tapprécier malgré la distance de leur peintuT-«,
et qui lui reconnaissait deux grandes qualités, la chaleur et
l'originalité, le fit mettre sur la liste du jury pour le concours die
l'an m, et le plaça au Conservatoire du Muséum ^ Il opina |>o«ir
le tableau d*Harriet, en y louant « des expressions liées ât. la
scène et heureusement senties, des formes qui tiennent a. la
bonne école , un principe de couleur qui dérive d'un ton vrai ^ - »
Les seuls travaux que Ton cite de lui à cette époque sont <^es
suites de dessins pour VArioste, Don Quichotte et les Conter àe
La Fontaine, qui furent en partie gravés par les faiseurs ^^'
vignettes les plus brillants.
L'élève le plus affidé de Frago fut MARGUERITE GÉRARD ', ^^
belle-sœur, non qu'elle eût le secret de sa dynamique et qu'el. ^
ait pu suivre son maître dans ses élans les plus heureux; mar
elle avait vécu trop longtemps en ménage avec lui, elle avc^ittrop^
bien subi son influence pour ne pas garder quelque chose de sa
chaleur sinon de son charme de sentiment, de son procédé sinon
de sa magie de coloris. Elle s'attacha davantage aux vêtements et
réussit fort bien à rendre les éioffes. Elle avait commencé par
des gravures à l'eau-forte d'après des compositions puériles :
Petite fille jouant avec un chat emmailloté, première plcmche de
i/"* Gérard, âgée rfe 16 ans, 1778 ;
Enfant sur un chien, entre sa msre et son père, 2^ planche dédiée
i. « Fragonard a pour lui de nombreux ouvrages; chaleur et originalité, c*est
ce qui le caractérise; à la fois connaisseur et grand artiste, il consacrera ses
vieux ans à la garde des chers-d'œuvre, dont il avait contribué dans sa Jea-
nesse à augmenter le nombre, n
3. Procèê-verbal de la première séance du Jury des arts, in-S;, p. 27.
3. Marguerite Gérard, née à Grasse en 1763.
^
MARGUERITE GÉRARD. i7t
^ ^n$ssi$wrs et dames 4. B.C. été., et depuis elle en fit quelques
^ Mires, d'aprèa Fragonard, d'uoe main plus exeroée.
La plus connue est Monsieur Fanfan jottant avec monsieur Po*
^^i^JUnelle^ ; la pointe y est menée avec les habitudes fourmillantes
« Frago, moins sa verve et sa légèreté.
Elle se produisit pour la première fois comme peintre en 1790,
la première exposition de la Société des Arts, avec un tableau
"«présentant une jeune fUle debout près d*une uAle où sont des in-
tniments de géographie. L'exposition de la même Société, en
793, mentionne un tableau de YArt d'aimer. Au concours de
1. 'an lil, elle reçut un encouragement de 2,000 fr. On voit ensuite
1 es tableaux de la G. Gérard figurer aux expositions du Louvre de
1. ''an VII et de Tan XII; ce sont : un jeune homme offrant tm bou-
; %me jeune fille effeuillant une marguerite, deux jeunes époux
istMnt leur correspondance d'amour^ et beaucoup d'autres sujets
demoiselles pensant à leur amant ou jouant avec leur chat, et
cie mères avec leur nourrisson. Ges, succès se prolongèrent sous
l'Empire, si bien qu'un moment vint où les tableaux de M'* Gé-
rard se vendaient mieux que ceux de Fragonard, dont personne
ne voulait plus. Les critiques du temps prenaient leurs épithètes
les plus tendres et rappelaient leurs souvenirs les plus poétiques
pour parler de cette artiste ; ils étaient également touchés de sa
sensibilité et de sa vertu : « L'âme candide et pure de W^^ Gérard
a répandu une teinte virginale sur toutes les scènes domestiques
auxquelles son pinceau prête tant de charmes... M^^® Gérard marche
seule dans une carrière où son goût et ses mains habiles savent
toujours faire éclore des fleurs... L'artiste a d'autant plus de mé-
rite à bien exprimer des impressions de famille qu'elle s'était
refusée à les éprouver pour n'appartenir qu'à son art ^. > Habituel-
lement elle eut le bonheur de travailler avec Frago aux mômes
i. Ces eaux-fortes sont décrites dans le Catalogue de M. le baron de Vèze,
par Vignères, Paris, 1S55, in-S».
%. CbmaasardU U Pamania» frmçait, <m dêscriptiim du Sahn de 4906, Paris,
iSUS, ilf-8», p. 216.
172 ARTISTES. — PEINTRES DE GENRE.
tableaux ; en citant ceux qui portent les titres de V Enfant chéri,
le Premier pas de l'enfance, le Présent, Je m* occupais de vous, qui
ont été gravés par Vidal, exposés au Salon de 1793, et annoncés,
dans le Mercure, cjomme faits pour plaire à toutes les mères
qui nourrissent et élèvent leurs enfants, on peut ajouter qu'elle
s'était parfaitement approprié la manière de son maître ^ ; c'est ce
qui a fait vendre souvent ses tableaux pour être de Frago lui-même.
Parmi les graveurs au burin qui avaient déjà traduit Frago,
Delaunay, Vidal et Ponce prirent des compositions de M"* Gérard.
Ce sont : les Regrets mérités, par Delaunay en 1791, ovale h.; une
autre composition par Ponce, exposée en 1793; le Triomphe de
Raton, le Présent et Je m'occupais de vous, par Vidal. Miger grava
le petit Espagnol en 1807. Ses compositions convenaient surtout
aux graveurs au lavis et au pointillé; on connaît V Élève intéres-
sante^ par Tassaert, et Geneviève vouée à lamort, par Legrand.
La vertu en Tan VI avait d'ailleurs beaucoup d'indulgence;
M"^ Gérard fit plusieurs dessins pour les romans de Louvet et de
Laclos, qui échurent aux graveurs de vignettes : Halbou, Patas,
Masquelier, Simonet, Baquoy, Pauquetet Trière; on doit remar-
quer que ce sont les plus décentes.
Frago et M"« Gérard trouvèrent auprès d'eux un graveur, dont
je dirai ici quelques mots parce qu'il n'a pas conquis un rang
indépendant; on ne lui a même pas accordé une place dans les
Dictionnaires les plus étendus. H. Gérard , frère de M'^^ Gérard»
est ainsi désigné, dans le livret de la société des Amis des Arts,
en 1790 et 1793, pour les estampes le Sacrifice de la rose et VArt
d'aimer, que la Société donnait à ses souscripteurs. Il flt encore
quelques pièces d'après sa sœur : Dors, mon enfant; V Indécision.
J'ai trouvé son nom sur deux portraits au pointillé :
Ponce Lebrun, auteur du poème de la Nature, Bauménil p.,
Gérard se.; in-4® ovale ;
1. Charles Blanc. Histoire deg peintres de toutes les écoles, in-4% Fragonard,
p. 14.
JEAN-BAPTISTE HUET. 473
Marat, en buste, H. Gérard del., H. Gérard sculp. ; gr. in-f*.
L'ami du peuple a ici Tair bonhomme.
HUET *, le plus briilantet le plus aimable peintre d'animaux du
XVill^ siècle, se trouva dépaysé au moment de la Révolution. Le
récent biographe, qui nous a fait connaître si bien son talent,
nous a raconté cpmment il était, en 1789, capitaine de la milice
tiourgeoise de Sèvres, et comment, en 1792, il prit héroïquement
l'enrôlement de ses trois fils. 11 ne s*accommoda pas aussi bien des
expositions de la République. Accoutumé au succès des Salons de
VAcadémie depuis 1769, il reste absent dans ceux qui s'ouvrirent
de 1789 à Tan VIL En l'an YIII et en Tan IX seulement, on le
voit réapparaître avec des tableaux et des gouaches en assez
grand nombre, tous sur ses sujets affectionnés, des moutons et
des ânes, des laveuses et des pâtres. Rien n*y sent la couleur du
moment, si ce n'est peut-être le soin de la composition et l'ex-
pression de quelque profil, qui font dire à Bruun Neergaard :
« La nature respire duns tout ce xiui sort du pinceau de Uuet...
Ses figures sont bien dessinées et exprimées avec beaucoup de
sentiment *, »
Mais le peintre et le dessinateur, dont les compositions furent
dévolues à des graveurs de plusieurs sortes et qui lui-môme ma-
nia fréquemment la pointe, pourra par là nous être connu sous
un aspect plus actuel; d'autres ont glonûé le côté distingué de
l'artiste; on achève de le caractériser en déterminant son côté
vulgaire et en recherchant les points par lesquels il fut le plus
populaire.
11 faut noter d'abord ses nombreux sujets de galanteries pasto-
rales et mythologiques. Plusieurs rencontrèrent des graveurs au
burin tels que Beauvarlet, Fessard, Saint-Aubin, Godefroy, Voy-
sard ; le plus grand nombre fut gravé, à la manière des goua-
1. Jean-Baptiste Huet, né en 1745, élève de Leprince, mort en 1811.
S. Sur la situation des beauoMkrts en France, ou Lettres d'un DanoiSt
Paris, an IX, in-8% p. 73 et 74.
•J
174 ARTISTES. >- PEINTRES DE GENRE.
ches et des jiastels, par Jubièr, Liger^ LéveiDé, Demartea
Elisabeth Chaillou et Bonnet S qui prolongèrent les habitad
ramollies de Boucher et de Leprince. Il y a parmi ces figure^ s,
volontiers déshabillées, quelques costumes de la veille de la
Révolution :
Le Déjeuner, le Goûter, le Dîner, le Souper, peint par J.-B. Ho^Bt.
Bonnet direxit. In<b* h. Ck)mposition de plusieurs Hgures, pax*^cni
lesquelles on a voulu voir celle du comte de Provence et d'au
céiébrités.du règne de Louis XVI ;
La Déclaration, V Amant fMressant, gravés en coalenr par À.
grand;
Le Départ, le Reiowrdumardhè, gravés en couleur par Legra wr^ d;
La Brouetté, la Troupe ambulante des rues de Paris, Ce qu-m^ ^^^
bon à prendre est bon à garder, gravé par Ghaponnier.
11 y a même quelques sujets révolutionnaires, traités aussi
titement que possible :
Le Départ pour le siège de la Bastille;
La Bastille détruite ou la petite Victoire, sujets d^enfants
Htaires;
Autel de la Liberté française, gravé en couleur par Hellîer C
terrade, 1" partie, n« 482).
Le lion et la lionne. Mark et Constantine, amenés d'Afrique
l'an VI et apprivoisés par Félix Cassai au Musée d'histoire nm
relie, où ils eurent plusieurs portées, furent le sujet d'un
derniers tableaux de Huet, exposé en l'an X, et gravé par Ghl^
laiii en Tan XI.
Les eaux-fortes de Huet, que M. Charles Blanc a jugées « h
ménagées, pleines de lumière, de grâce et de goût, » n'ont pas
dîfcrites comme elles mériteraient. Le catalogue Rîgal les cite
deux articles, l'un de traits d'histoire sainte, bacchanales, scè
villageoises, en 48 estampes tirées sur 20 feuilles; l'autre de suj
1. Les listes les pins amtileB des estampes, d'après Huet, sont dans le
lègue Paignon-DijonYal et dans le catalogue d^estampes de Técole franc
du XVin* siècle appartenant à M. S., Paris, Vigoères, 1856, in-S*;
t-
JACQUES-PHILIPPE GARESHB. 175
*^t vers, études de quadrupèdes, etc., en 50 estampes tirées sur
^ S feuiUes. Les plus anciennes datent de 1770*
Je n'en ai recueilli qu*un petit nombr<e :
TUre : Groupe d'une femme^ la plume à la main, entre des
^Kifants assis au milieu de livres, avec l'inscription : J.^B. Huet,
>^intre de V École française. In-4** 1.
TUre : Deux femmes tenant des guirlandes au haut d'un cippe,
X.es moutons à leurs pieds, avec l'inscription : Œuvres de J-Bé
^uet^ peintre français, gravé à Veavr forte par lui d'après ses dessins
^ tableaux. ln-&« 1.
La Basée, une nymphe ailée marchant sur des fleurs, un arro^
ftoir à la main, entre «quatre ou cinq Amours 2 J.-B. Huet^ Tan 5"^,
Mï-S^ carré.
Vénus sur un char traîné et escorté par des nymphes, des
%mours et des lions. J.-B. Huet, J*an VI. In-^"* long.
Ces pièces sont dessinées d'une manière plus pittoresque qu'a-
gréable, et gravées d'une pointe qui manque de finesse et de
Mgèreté, mais qui est nombreuse et très-lumineuse.
CARESME ', peintre du roi, qui, de l'avis de Diderot, dessinait
::^mnie un fiacre, avait fourni beaucoup de sujets galants aux
noeilleurs graveurs du règne de Louis XVI : Flipart, Hemery,
Voyez , Ck)uché, Anselin, qui l'avaient présenté d'une manière
plus oa moins flatteuse, et aux graveurs en couleur les plus mé-
diocres. Les compositions auxquelles il se plia sous la Révolution
ne montrent pas un homme nouveau, mais les sujets sont inté-
ressants, et le soin avec lequel elles sont gravées leur donne de
l'intérêt. Je ne parle pas de celles qui marquent son entrée dans
Ra politique : Les vœux patriotiques à la naissance du Dauphin,
gravée par Duchesne ; Louis XVI, roi d'un peuple libre^ gravée
par Duchemin, mais bien de celles où il dessina les événements
révolutionnaires :
Bravoure des femmes parisiennes au^p journées des b et6 octobre.
1. Jacquet-WH^po GareBBa» agréé de l*Acadéiiiie «0 1706^ «Ida ea 1775.
476 ARTISTES. — PEINTRES DE GENRE.
Ph. Garesme invenit et sculp. Dédié aux femmes. Ovale in-/i^ h
A Paris, chez Tauteur, rue de la Lune '. Au pointillé bistre.
C'est une de ces pièces où l'immobilité des attitudes et Tagrémeot
des expressions ne servent qu'à mettre en saillie le triste chaos
du sujet ;
Reine Audu ' ;
Exècuiion de M. le marquis deFavras, Pièce coloriée. Laterrade,
l"»p.,p. 82, n°816;
Dernières paroles de Joseph Chalier dans les prisons de Lyon :
« Pourquoi pleurez-vous? La mort n'est rien pour celui dont les
intentions sont droites et dont la conscience fut toujours pure.
Quand je ne serai plus, mon âme ira se perdre au sein de l'Éter-
nel et dans l'immensité qui nous environne. Chalier saura mourir
d'une manière digne de la cause qu'il a soutenue. » Cette plan-
che, dont la souscription est ouverte et dont le Comité de salut
public a retenu un grand nombre d'épreuves, sera gravée en ma-
nière anglaise et dans le même format que le dessin original du
G. Caresme, qui fut présenté à la Convention nationale le 13 ven-
tôse'. Elle aura 1 p. 9 p. de 1. sur 1 p. ^ p. de h. On en vend le
dessin chez Tassaert, graveur, rue Christophe, n** 9, section de la
Cité.
C'est une composition de onze figures : Chalier debout, le bras
levé et prêt à partir, éclairé par un jour de prison, entre le gref-
fier et le bourreau. L'expression en est théâtrale et vulgaire, mais
n'en a que plus de vérité.
Les mêmes artistes produisirent un grand portrait de /. C/ki-
lier, buste antique, dont on trouvera la description à l'article
Tassaert.
On ne trouve le nom de Caresme dans aucune des expositions
de la Révolution.
i. Le catalogue de la collection IjUerrade^ vente de novembre 4858, in-S*,
p. 43, n'^ 427, en porte deux épreuves différentes.
2. EUe est décrite en note des Mémoire* de Wille^ t. Il, p. 227.
3. Réimpression du Moniteur, n^ du 15 ventôse an II, XIX, 618.
LOUIS WATTËAU. 177
WATTEAU, de LîUe*, en sa qualité d'artiste provincial, n'a eu
qu'une vie fort obscure; cependant il dépasse dans ses ouvrages
l'horizon de sa province, sinon comme peintre, du moins comme
■
dessinateur de scènes locales et de costumes. Il était directeur
d'une Académie, d'où sortirent des artistes distingués : Masquelier,
Helman, Roland, Wicar. Cette petite école lilloise sert à consta-
ter, ainsi qu'on pourrait le faire dans quelques autres localités,
qu'au moment de la Révolution il restait encore quelque chose de
ces pauvres écoles provinciales, qui, au XVIII* siècle, avaient eu
leur prospérité. Les principales commandes de Watteau étaient
des dessus de porte, des chaises à porteurs et des éventails, et
nous pouvons juger de sa façon d'ornementer, fort saugrenue et
faisant la charge même du rococo, par les cahiers gravés par
Guyot. Il a pourtant attaché son nom à quelques sujets histori-
ques, si l'on veut bien entendre par là les compositions qui nous
retracent les événements contemporains dans toute leur réalité.
Nous ne citons que celles qui ont été reproduites par la gravure.
La mort du marquis de Montcalm Gozon, gravé par Chevillet
oa Martini. In-k* 1*
Expérience aérostatique de Jf . Blanchard à Lille, le 26 août 1785.
2 pièces gravées, in-f° 1., par Hdman.
Banquet civique donné par. les Gardes nationales de Lille , le
27 juin 1790. In-f-, gravé par Helman.
Confédération des départements du Nord, de la Somme et du
i . Louis Watteau le père, né à Valenciennes en 4730, directeur de rAcadémie
de Lille, destitué et forcé même de quitter la ville vers 1760, pour avoir intro-
duit rétude du modèle nu, fit en 1795 riovcntaire des objets d'art déposés à la
Municipalité; mort en 1798.
François-Louis-Joseph Watteau le fils, né à Valenciennes en 1758, profes-
senr adjoint à son père, élève de Durameau en i786, mort en 1823. Ils traitè-
rent les mêmes sujets. On voit de leurs ouvrages aux musées de Lille et de
Valenciennes. Les meilleurs sont de Watteau âls, et c'est à celui-ci qu*est
due la popularité acquise au nom de Watteau.de Lille. Il est à regretter que
M. Arthur Dinaux en ait trop peu parlé dans son Iconographie lilloise. L'ap-
préciation qu*oa en trouve dans les Musées de province, par M. Clément de Ris,
Paris, Renouard, 1859, 1. 1, est aussi trop insuffisante.
12
178 ARTISTES. — PEINTRES DE GENRE.
Pos-de^alaU, à Lille, le i2 juillet 1790. In-f> )., par Helman.
Le bombardement de Lille, Tan 1^^ de la République. Gravé par
Masquelier, in-4°, et à l'eau-forte, par Verly.
Le plaî à barbe lillois, scène du bombardement, gravé par
François Verly *.
Des dessins et des tableaux de Watteau, parmi lesquels est la
Confédération des trois Départements, ont été recueillis au musée
de Lille. Ils font peut-être juger moins favorablement un artiste
à qui manquèrent tant de qualités essentielles de Tart, dans le
style et dans Texécution. 11 avait pourtant rencontré comme un
autre des graveurs pour ses sujets galants et pour ses sujets mili-*
taires. Fessard a gravé d'après lui deux pièces : Quoi! pas même
la main! Un baiser ou la rose. Martinet publia d'après lui une
suite de sujets militaires, dont on ne peut guère vanter ni l'esprit
ni l'exécution. Liénard et Leroy gravèrent des vignettes qu'il
avait dessinées dans le goiit de Moreau.
Watteau eut quelque temps la vogue à Paris, en 1785, pour
des gravures de modes gravées par Dupin, in-f", eau-forte color.,
qui se distinguent par le ton de leurs légendes. En voici un
échantillon :
« Jeune dame, désœuvrée en apparence, faisant d'un air tendre,
dans une promenade publique, d^s signaux qui annoncent à
quoi se réduisent ses loisirs et ses occupations journalières.
Sa coiffure est un chapeau à la Minerve et une robe de taffetas
retroussée. »
La manière dont il traitait les figures de modes parait avec plus
d'élégance et de finesse dans une suite qui fut gravée en couleur
1. M. A. Dinaux, qui a reproduit plusieurs eaux-fortes de ce Verly, dit cette
pièce gravée d'après L. Watteau ; mais, dans le livret du Musée Wicar (LiUe,
1850, iQ-12, p. 232), le dessin original à l'encre de Chine est porté au nom de
Verly. Il est fait mention dans V Iconographie lilloise d'une autre compoeitMO
satirique de Watteau : Hommage au bon larron par les brocanteurs et les rap^
tasseurd de tableaux. C'est une allusion aux manies de l'amateur d'estampes
Levert de Beaumont.— /cono0irap/iie litloise, Graveurs et amateurs d'estampes
de Lille, par M. Arthur Dinaux, Yalenciennes, s. d., ia-8% f)g., p^ 45, 57^ «lc«
C.-L. DESRAIS. 170
par Guyol : Cris et costumes de Paris, dessinés par Watieaa^ 6 pièces
in-8® h. Chez les Campion frères, etc., 1786. Lecœur grava
d après lui une caricature sur Mesmer : les Folies.
W faut surtout lui savoir gré de nous avoir laissé un trait naïf
du paysagiste Lantara, qui a été gravé au hurio par Guyot«
Watteau, de Lille, se lança un moment au Salon du Louvre. Il
envoya en l'an IV une Fit$ de village, et àQixy. paysages, avec figures
et animaux.
DESRAIS* dessinait, sous le règne de Louis XVI, des portriiîts
qui sont gravés par^ Lebeau et par Dupin , des sujets galants
reproduits par Deny et par Berthe, des figures antiques pour les
éditeurs de Tableaux historiques*, des habillements modernes et
galants, publiés à la suite de ceux de Watteau, et gravés par
Dupin et Ballet, et des parures nouvelles pour le Cabinet des
modes*. Les portraitd les plus saillants sont ceux de Franklifty
Washington, Dupuy, j!f"» Contât; je ne citerai que deux pièces
parmi celles qui eurent les honneurs du burin *. le Couronnement
de Voltaire par les mains de M^ Vestris,
Aux yeux de Paris enchanté,
gravé par Dupin ^ ; le Tombeau de Voltaire foudroyé, gravé par
Letellier. Sa plus belle figure de modes est le Portrait de Marie-
Antoinette, en robe de cour, garnie de perles et de guirlandes,
gravé par Deny. II ne paraît pas comme graveur, mais il a essayé
Teau-forte dans une petite pièce : Des paysans, attablés au coiii de
i. C.-L. Desrais, élève de Casanova.
2. Tableaux des anciens Grecs, Paris, 1785, in-f*». Mariage romain^ Augure,
Amazone, Anacréon, Vestale, gravés en couleurs par Lecœur et par Ridé.
3. Cabinet des modes ou les Modes nouvelles, Paris, Buisson, 1785, în-8».
é. Cette pièce a été citée avec beaucoup de dédain (Revue universelle , des
Arit, t. VTTI, p. 65). Elle a cependant tout ce qu'il faut pour une représentft*>
tion de ce genre : la vérité des physionomies, l'adresse et le piquant de 1»
gravure.
im ARTISTES. — PEINTRES ÛE GENRE.
leur chaumière, et offrant à boire à un passant, iD-12 h., C. L.
Desrais inv., 1771.
En 1789, Desrais fit le portrait d'Àrné, grenadier, qui arrêta
M, Delaunay à la prise de la Bastille, gravé en couleur par Mixelte.
En 1792, il fournit les- dessins de hait médaillons représentant
des événements de la Révolution et des Victoires, qui furent gravés
en deux pièces par Lebeau. Au Salon de 1793, le livret porte
neuf dessins originaux des estampes qui orneront le traité des
Causes révolutionnaires de Duboc père. Le traité ni les estampes
n'ont paru, mais leur titre suffit; on y voyait : la Vérité nue,
l'Entêtement des égoïstes, l'Hydre affreux de la chicane, le Vésuve
de l'ignorance^ l'Ambitieux puni, la France achevant d^exterminer
les vices, le Droit des gens au Paradis terrestre, la Fin de l'homme,
le Résumé de tout.
Avec un tel fonds, Desrais était en mesure d'exploiter Timagerie
révolutionnaire; il ne faut pas chercher dans ses figures plus
d'art que dans les images qui alimentaient auparavant d'autres
dévotions. Leur intérêt est dans la variété des attributs, dont le
dessinateur n'est pas chiche :
La Libei^té, — l'Égalité, gravées en couleur par Philippeaux;
Nègre, moi libre , — Négresse^ moi libre aussi, gravé au poin-
tillé par la C. Montalant;
La Probité, gravé en couleur par Mercier;
Les dix Commandements de la République française, gravé par
Leroy;
V Indivisibilité, gravé en couleur par Duchemîn. C'est on
femme ailée, tenant un faisceau et un glaive, appuyée sur iv
autel où sont trois cœurs enflammés, une couronne, une massv:
et deux mains jointes;
La Raison, gravé en couleur par Carré, avec le faisceau,
mors, le serpent, l'œil et le lion pour emblèmes ;
La Raison, gravé à la manière de crayon par Piton. C'est i
génie féminin, ailé, tenant une palme et une couronne, l'œil
la poitrine, debout auprès d'un roc où sont, les médaillon!
Marat et de Lepelletier;
^ G.-L. DESRAIS. 181
Bustes de Lepelletier, — de Marat, gravés par la citoyenne Mon-
taient.
A ces images Desraîs ajouta la représentation des deux événe-
ments tragiques qui donnèrent à la Révolution les émotions de
martyres : L'Assassinat de Lepelletier, l'Assassinat de Marat, aux-
quels vint faire suite V Assassinat de Collot-dHerbois, et V Arresta-
tion d Amiral, assassin de Collot-d'Herbois, Ces pièces, gravées au
lavis par Marchand, n'attestaientchez le dessinateur et le graveur
que le désir de faire passer des figures vivantes comme dans la
pinombre d'une lanterne magique.
Les circonstances devenues plus gaies , Desrais composa, quel-
ques pièces des mœurs du jour où il fit les frais d*une composi-
tion plus soignée et d'une meilleure gravure :
La promenade da Boulevard italien; quinze figures; deux en-
fants et un petit chien. Avril 1797, gravé par Voysard. Joli burin ;
La promenade de la plaine des Sablons, gravé par Blanchard ;
La promenade du rnqtin au bois de Boulogne ;
La promenade du soir au Boulevard;
Le Médecin aux urines, gravé par M"' Monchy;
La Tireuse de cartes, gravé par Blanchard;
Le Concert de société, parle même;
Le Sérail en boutique, gravé par Fortier ;
frascati, dessiné d'après un croquis pris sur les lieux et gravé
parL. Desrais. In-f» 1.
Il finit, comme tout le monde, par des allusions et des hom-
à la puissance du moment :
JjC Triomphe de Bacchus dans les Indes, dessin à l'encre de
ine, exposé au Salon de Tan VII ;
Jiofmmage des Arts à Buonaparte, premier cansul. Mariage scnlp.
— 8« I.;
J.a Victoire aux ailes de feu, etc., gravé par Benoist, in-8° h. ;
Suonaparte présente V olivier de paix à toutes les puissances de
urope. In-f* 1. Le Campion sculp. ;
Suonaparte, portrait gravé par Ruotte;
J'ie VI agenouillé, gravé par Canu.
«82 ARTISTES. — PEINTRES DE GExNRE.
DEBUGOURT^ agréé de l'Académie, en 1781, comme peintre
de genre, et favorisé du titre de peintre du Roi, s'était fait con-
naître par quelques tableaux que la critique du temps^ trouvait
d'un ton qui tient aux grands maîtres, mais ressemblant trop k
de la porcelaine, et par des gouaches que la gravure en couleur
et au lavis avait popularisées. Leveau, Angélique Moitte, Née et
Masquelier, Guyot, Augustin Legrand avaient reproduit plusieurs
de ses sujets ; souvent il les gravait lui-même au pinceau et par
des procédés qui lui étaient particuliers. Les seuls grands maîtres
dont on voie la trace dans ses compositions sont Greuze et Frago-
nard, mais il ne possède rien des secrets de leur peinture , et il
exprime sa moralité et sa sentimentalité d'une manière beaucoup
plus indiscrète; il les met à la mode de 1787. Si Ton ne tient pas
son goût à un diapason trop élevé, on ne trouve pas sans mérite
les pièces oh il a fixé quelques souvenirs du monde dé la veille
de la Révolution :
Le Menuet de la Mariée, 1786 ;
Allégorie à la mémoire de feu M. de Yergmnes, ministre (fÉtat,
1787;
Les deux Baisers, d'après un tableau exposé au Salon , peint et
gravé par D., 1786;
Trois figures : La Main, la Rose, VOisequ ranimé, peint et
gravé par D., 1787;
L'Escalade, ou les adieux du matin, 1787 ;
Heur et Malheur, au la cruche cassée, 1787;
Annette et Lubin ; M"* Favart dans le rôle d'Annette ; on sait que
dansAnnette, en 1762, et dans Bastienne, dès 1753, M"*' Favart
avait la première introduit sur le théâtre le costume vrai des
paysannes; ces réformes de théâtre touchaient toujours de très-
près à des évolutions dans l'art ;
Le Compliment, ou la matinée du jour de tan, 1787. Peint et
gravé par D. , ovale ;
i. PhUippe-Louis Debucourt, né en 1757, mort en 1832, élève de Vien.
2. Réftexions joyeuses d'un garçon de bonne humeur sur le Salon de 1781,
in-8«.
^.^ààm
. PHILIPPE-LOUIS DEBUCOURT. iS3
Bouquels, ou la fête de la grand'maman, 17884 Dessiné H
Sï"a.vé par D., 7 flg., ovale ;
La Noce au château, 1789.
Debucourt dessinait d'une manière trop arrêtée aux accessoiines
^t. trop monotone dans les têtes et les expressions. Il était pew
^^^cond en inventions et ne se sauvait que par l'actualité de ses
Sujets et une exécution assez chatoyante. Son pinceau ou son
Crayon laissait sur ses planches des esquisses légères, et il les
l'avivait de traits de pointe et de retouches lumineuses. 11 était
enûn très-habile dans le bariolage des couleurs, qu^il exécutait
au moyen de quatre planches; il savait, en leur donnant l'as-
pect le plus joli, y laisser quelques façons pittoresques.
Le plus amusant de cette manière se trouve résumé danç deux
pièces de 1787 :
La promenade de la galerie du Palais-Royal ;
La promenade du jardin du Parais- Royal , in-P* 1, sans sign.
Chez M. Hennin.
On y voit, comme à la chambre claire, grouiller la population
mondaine dans son habit le plus provoquant : le petit-maltre en
frac de satin écarlate à boutons de nacre, la culotte queue-de-
serin, ornée de deux cordons de montre, le chapeau tricorne
à l'Androsmane, ou le chapeau rond à la jockey, les cheveux
arrangés à la Panurge ou à la grecque; les petites-maîtresses,
vêtues de robes en chemise, de fichus bouffants, et coiffées de
ces chevelures à grandes boucles qu'on appelait à la conseillère.
Les premières années de la Révolution sont marquées dans
l'œuvre de Debucourt par des portraits : Louis XVI, en pied et
en buste, dédié à la Nation ; La Fayette, en pied, au lavis; Louise
Philippe d'Orléans, en couleur de bas-relief; et par un sujet de
politique villageoise, gravé par Augustin Legrand : Rèdt é^un
invalide chez un fermier de la Haute Normandie, en leur montra$U
une image représentant le portrait du Roy , accompagné d'une
légende sur la journée du 17 juillet^ La destinée de cette e»-
1 . Cette gravure a été citée et reproduite dans V Histoire-Musée de la Répiir'
bliquê, avec une fausse attribution à Greuze, 1. 1, p. 372.
L-.
184 ARTISTES. — PEINTRES DE GENRE.
tampe fut des plus piquantes. Elle eut trois états, correspondant à
trois phases de la Révolution. Nous venons de voir le premier; le
second parut en Tan II. II consiste dans la substitution du décret
du 18 floréal au portrait du roi, dans l'adjonction de deux images
de la Liberté et de TÉgalité sur les murs de la chaumière et dans
une légende en vers sur le décret de l'Être suprême :
O Diea puissant, Dieu magnanime
Qui nous donnas la liberté
Le troisième état fut fait en l'an VI. On y voit substitués le Traité
de paix avec TEmpire, du 28 germinal an VI, le portrait de Buo-
naparte et la figure de la Paix.
L'artiste continuait cependant la publication de pièces de
mœurs galantes et de costumes du jour :
La Rose mul défendue, 1791;
La Promenade publique, 1792;
Les Plaisirs paternels, in-P> h., peint et gravé par D., agréé de
la ci-devant Académie de Peinture.
Le panorama est à peine changé; les habits sont éclatants,
les chevelures ébouriffées et poudrées, et le petit- maître, en
culotte serin, s'étale sur trois chaises; c'est à peine si l'on aper-
çoit que la Révolution est venue.
Les circonstances devenues plus sérieuses, Debucourt songea
à d'autres figures; il dessina et grava les divinités du moment;
La Liberté. P.-L. Debucourt del. et sculp. Messidor an 11, in-4*;
L'Egalilé. — L'Unité. — La Fraternité.
Ces figures manquent de style et d'expression, mais il y a une
heureuse combinaison d'attributs, des mouvements justes, des
plis nombreux.
11 fit encore un assez heureux emploi des figures et des attri-
buts de la République dans VAlmanach national^ dédié aux amis
de la Constitution, 1791; dans le Calendrier de la République
française pour l'an II, qui a mérité les éloges de Detouruelle *,
1. Journal de la Société populaire dès Arts, p. 301.
PHILIPPE-LOUIS DEBUCOURT. 185
et dans le placard des Droits de Vhomme et du citoyen, dessiné
et gravé par Debucourt, an H, où Tartiste a donné lui-môme
une curieuse description des emblèmes qu'il avait mis en œuvre :
« Au miliea des débris mutilés des odieux monuments de la
tyrannie, etc.*. »
^cUendrier républicain, an ÏII : grande Liberté, assise en haut,
tenant un livre d'aslronomie, un Génie à côté. Encre bistrée.
(Coll- Hennin.)
A>«. Barra. Dédié aux jeunes Français. In-f** octogone. (Coll.
Hennin.)
Sous le Directoire, Debucourt reprit ses sujets anecdotiques et
futiles:
Bénédiction paternelle, ou le départ de laMariée, 1795 ;
^ - M>nit9 de Vhomme et du citoyen. La RépubUque française, couronoée
<^ ^"toiles de rimmortalité, assise sur un siège de pierre qui sert de piédestal
^ux Rtatuettes de la Liberté et de TÉgalité, tenant d*une main la foudre, de
***ttt.r« un rameau d*oIivier : — « République française. Au milieu des débris
^ut.i|^ dog odieux monuments de la tyrannie, renversés par le courage du
peta^^l^ français, les droits sacrés de Tbomme et du citoyen, ensevelis depuis
^^ <le siècles, re; arjissent dans tout leur éclat C'est sur cette base impéris-
w>l^ qu*est élevée la République française, couronnée des étoiles de l'immor-
^^^^, et ayant à ses côtés les statues de la Liberté et de TÉgalité, ses compa-
^^^ inséparables. Elle est assise sur un vaste siège environné d*épis et de ceps
^^ indiquent llieurôuse fertilité de son territoire; d'une main, elle tient la
t<AXdre, pour anéantir les ennemis de son indépendance et de ses lois; de
\ ^tre, elle s*appuie sur le faisceau de Tunité, qu'elle accompagne d'une branche
à olivier, symbole de l'union et de la paix. Sur son front est écrit : Sagesse :
sur sa poitrine : Pudeur; sur sa ceinture : Tempérance. A sa droite, est un
lÎTft! qui renferme ses hommage» à l'Être suprême ; le Joug brisé, sous ses
pieds, indique ses triomphes sur le despotisme et la nature de son gouverne-
inent, qui ne reconnaît pas plus d'esclaves que de maîtres. Cne ruche d'abeilles,
placée près d'elle, au milieu de» instruments de l'agriculture et des attributs
des scieuces et des arts, offre l'emblème du caractère intelligent et laborieux
qui distingtie le peuple français. De l'autre côté, un Génie rend la liberté à des
oiseaux, qui, emblèmes du peuple dont la Liberté a brisé les fers, s'empressent
de laire usage de ce premier des biens pour se réunir autour d'eUe. » Dessiné
et gravé par Debucourt, an U. Ingénieux et même grand; le Génie rappelle
iea enfants de Frago.
^.
im ARTISTES. — PEIMTaCS DE GENRE.
L05 premiers pas de Pmtl et Vir^irUey marft 1796 (vieux style)^ «
grand în-f* ovale, lavis bistré;
Modes et manières du jour, an VIII et IX *;
Plusieurs de ces figures sont des scènes de mœurs quelquefoig^
très-hardies, telles que le Turcarel du jour, la Promenade, les '
Cerises^ l'EscarpotetUy A ce soir, le Prétexte^ la Correspondance
furtive.
Au même temps appartient un beau portrait qu'il grava au
lavis d'après Vangorp : René Jast Hauy, professeur au Muséum
(thistoire naturelle. Hommage d'estime et d'amitié par quelques
amis de la minéralogie, Oyale in-i!i*>.
Sous le Consulat, Tart acaddmisé perdant peu à peu autant de
terrain que la liberté, et le goût public exigeant, dans les points
et les couleurs des estampes à son adresse, la propreté et le fini
comme conditions premières, Débucourt, avant même que la
vieillesse ne vînt, se trouva fort amoindri. Quelques pièces des
premières années du XIX« siècle témoignent plus d'habileté à
saisir l'à-propos que de sentiment pittoresque, mais il ne faut
pas oublier que le goût du moment, autant que la nature des
sujets, demandait avant tout du joli :
Les Visites le i^jour du XIX^ siècle, janvier 1801 , 9 fig. ;
La Femme et le Mari, ou les époux à la mode, fructi-
dor 1803;
Frascati, dessiné d'après un croquis pris sur les lieux et gravé
par D. ;
Les courses du matin, ou la porte d*un riche, ventôse an Xf I ;
V Incendie;
l'Orange, ou le nouveau Jugement de Paris, in-f° K, 10 fig. ;
La manie de la Danse ;
Un Gourmand;
L' Usurier;
Le Canal,
f . 9f()dês et manières (h* jour, à P&ris, à la fin du XVIII* et au eomaieA<9e-
ment du XIX« siècle. CoUectton de 53 gravures. Prix : 18 f^., au bureau eu
Journal des Dames, *
PHILIPPE-LOUIS DEBUCOURT. 187
Un biographe a dit justement^ qu'il fallait» dans l'œuvre de
^^bttcoart, faire la part des ouvrages de commande et destinés à
^^ amateurs vulgaires; il faut de plus faire la part du temps. U
^^mposa, en 1801, huit sujets ea couleur pour un poëme plus
^^ièbre par son luxe typographique que par le nom de son au-
tour, HéroU Léandre^ par le chevalier de Querelles*. Ils sont
exécutés avec le plus grand soin, et pourtant, à l'exception d'un
seul, Us Colombes, où, sous des costumes antiques, le dessinateur
semble avoir fait une fête tout actuelle^ ils ne témoignent que
de son inaptitude à prendre un genre plus relevé et des sujets
classiques.
La Paix, à Bxwnaparle, pacificateur, 18 brximairê, dessiné (A
gravé par Deb., gr. în-f*. Figure assise, entourée d'attributs,
dans un cadre orné d'emblèmes (Hennin).
Sous l'Empire, il fit encore quelques pièces de mœurs : L'Hiver,
ou le mari; — le Printemps, ou les amants; — la Coquette et ses
pUes ; — les petits Messieurs ; — les Galants surannés ; — l'Innocence
du jour. En vieillissant, il perdit peu à peu sa verve; il continua
de produire, mais sur les dessins des autres. Carie Vemet l'ab-
sorba le premier, et, depuis, beaucoup d'autres dessinateurs qui
ne le valaient pas, Mendose, Demartrais, Lecomte. Il publia même
une encyclopédie du dessin : Recueil de principes gravés à la
manière du crayon; il n'est plus qu'un graveur à la merci du
commerce, entièrement absorbé par le métier de l'aqua-tinta,
qu'il transmit à son neveu Jazet.
Les peintures de Debucourt ont, dans ses premiers temps sur-
tout, trouvé des traducteurs, mais, gravées par d'autres au burin
ou autrement, ses compositions perdaient le plus net de leur dis-
tinction :
Le Juge, ou la cruche cassée, gravé par J.-J. Leveau ;
Les Voisines laborieuses^ gravé par Angélique Moitte.
- 1. Biographie universetle et portative des Contemporains, par Ràbbo, etc.,
Paris, 5 roi. iu^*; Supplémeo^ p. IM.
8. IWS QMûA, mu i|»r4°.
Ém
i88 AKTISTES. — PEINTRES DE GENRE.
MALLET*, du môme pays que Fragonard, fut élève de Simon
JuIIien, de Toulon, et reçut à Paris quelques leçons de Prud'hon
et de Mérimée. Il exposa au Salon de 1793 des gouaches qui eu-
rent le plus grand succès ; c'étaient des scènes familières : les -
Soins maternels, une Femme pinçant de la harpe, une Femme àsa ^
toilette, le Sacrifice à la patrie ou le Départ (Tun volontaire. On
loua la lumière, disposée d'une manière ingénieuse, et les figures
ajustées comme l'antique, u On ne peut, disait Jansen, traiter la
gouache avec une touche plus fraîche ni plus spirituelle*. » Le
dernier de ces tableaux, qui traduisait révolutionnairement le
sentiment le plus chevaleresque et reçut une consécration poé-
tique dans la romance de Cécile et Julien ou la Prise de LiUe,
fut gravé au pointillé d'une manière fort agréable par J.-B.
Guyard, in-f° h. :
Biais au premier son du tambour
Il sacrifie à la patrie
SoD bien , sa vie et son amour.
Mallet ne se produisit guère dans la peinture, et on ne le voit
figurer aux expositions suivantes qu'en l'an VI et en l'an VlU,
pour des tableaux représentant un Contert hollandais et un Anti-
quaire, Son œuvre se borna k fournir des sujets mythologiques,
galants et familiers, venant se confondre dans la même fade:ir et
la même petitesse. Ils n'en convenaient que mieux aux graveurs
aux points et aux couleurs. Les plus connus sont :
Les Jeux de l'Amour et les Promesses de VAmovr, gravés par ^
Beijambe ;
Le Voyage à Cytlière et le Retour de l'île d'Amour, gravés par
Saint-Val, annoncés avec éloges dans le Moniteur de l'an 11! ;
La Sonnette^ ou Je twus rappelle à Vordre^ gravé par Guyot,
exposé en 1793;
La jeune Dame lisant une lettre pendant qu'un jeune homme la
chaitëse;
t. Jean-Bupti:ite Mallet, né à Graase en 1759, vivait encore en 1824.
"L Explication et jugement motivé, Paris, Jansen, 1793, ia-12, p. 10 et 11.
JEAN-BAPTISTE MALLËt. igO
«
f^ cletix amies à l'étude. Je m'occupais en attendant, 2 p. in-f° h.
Romain Girard, sculp. Pointillé de couleur. A Paris, chez Gérard,
rue de la Barillerie ;
^ Modèle, gravé par Landelle. \n-k^ 1. 3 fig. point, col.;
^ Nouvelle intéressante, gravé par Mixelle. In-f* 1.; lavis de
coA^ur;
^^ie, ou le premier baiser de l'amour, in-f° h. Mallet pinx. Co-
F sculp. ;
f^ Récréation champêtre, gravé par Prud'hon fils. In-f« 1. ;
Lepetit Redresseur de quilles, P.-M. Alix sculp. In-f* 1. en cou-
leur. Bibl. impér. ;
La Mère de famille, Mallet inv., Roy se. In-i** 1. lavis. Elle
suspend une pique au-dessus du lit où sont couchés ses quatre
enfants.
Dans quelques-uns de ces sujets, comme ceux des petites pièces
rondes, qui servaient pour des fixés de bonbonnières, ses gra-
veurs lui donnaient des faux airs de Prud'hon. J'ai trouvé son
nom sur une seule pièce d'allégorie révolutionnaire : la Bienfai-
sance ^ jeune fille en costume antique, assise vis-à-vis d'un
pélican.
On recherchera davantage les sujets où le dessinateur s'est
î*ervi des costumes du jour, et surtout ceux qui ont rencontré
pour graveur Copia , tels que Julie, ou le premier baiser de l'a-
mour, in-f» h., Chitechit et Par ici, deux pièces in-4® h., tirées du
cabinet du citoyen Darlet, qui nous donnent les airs provoquants
et les toilettes tapageuses des courtisanes de l'an H.
L'estampe la plus intéressante de Mallet, son chef-d'œuvre,
qu'on peut croire à la signature gravée par lui-même, est le Bap^
tème des théophilanthropes dans le temple décadaire. C'est une com-
position de douze figures principales et de cinquante figures ac-
cessoires, où dominent l'orateur théophilanthrope en costume,
étendant les bras, la femme qui offre l'enfant, les parents qui
l'entourent et les amis disposés en groupes animés dans les diffé-
rentes parties de l'église , toute tendue de draperies avec les
placards du nouveau culte : a Liberté des cultes. Adorez Dieu,
190 ARTISTES. ^ PEINTRES DE GENRE.
(( Chérissez vos semblables. Rendez-vous utiles à la patrie, n
dessin D*y manque pas de style, malgré la vérité des costumes». ^^s«,
et la gravure en est faite d'une pointe légère* mais notirne eW'^smX
expressive. La pièce« grand in-f» l., est signée : Mallet* rua Thé — ^^é-
v0Qot« et porte en marge an chiffre (TS en monogramme) entounSL» mé
de rayons*.
Après cet éclat, l'artiste retomba dans les pointillés d'un débita m. «it
facile, et il y en eut pour tous les goûts : la Justice et la ReligimiMr^smi
recouvrent leurs droits, gravé par Prot, dédié à tous Us amis de
vârtu; le Lever et le Coucher, gravés par Chaponnier; ia Som-
nambule, les Cartes, gravés par Cardon ; le Bain d'amour, le LU
d amour, gravés par Prud'hon fils ; motifs de femmes nues, destinés^^^
aux mansardes des vieux garçons^ 11 prolongea sa carrière sous
l'Empire, et produisit même alors des peintures sur des sujet
plus sérieux, qui lui valurent des médailles', mais qui ne l'onl
point classé comme peintre.
BOILLY ' travaillait déjà avant la Révolution ; nous ne le voyoi
se produire qu*au Salon de 1793 avec de jolis tableaux de scèQ<
familières et élégantes, qui offraient un contraste singulier,
avec les mœurs réelles, mais avec les mœurs que des républicains
sévères auraient voulu donner à une société régénérée. Il n*en
recueillait pas moins les suffrages des amateurs : « Voilà, mes-
dames, un peintre qui doit vous être bien cher. Voyez vos jolies
perruques blondes, vos châles tissés par les mains d'Arachné,
vos longues robes à la Cyprienne, vos boudoirs voluptueux, vos
toilettes attrayantes; tout cek, grâce au pinceau de Boilly, vous
méritera dans tous les âges le souvenir des coeurs amoureux de
vos charmes ^. »
1. U y en a deux étate : le deuxième porte le nom en lettres d'imprimerie et
l'adresse : u Se vend chez Tauteur, rue Glt-Ie-Cœur, n** 1^. » (Coll. Heonin.)
2. Dictionnaire des Artistes, par Gabet, Paris, 1831, in-S^.
3. Louis-L^opold Bûilljr, né à l.a Bassée en 1768.
àé Examen critiqtie et concis du ScUon de l'an IV, par Josepii de la Serriez
in-So*
1
LOUIS-LÉOPOLD BOILLY. Ifti
tour la plus grande pc^ularité de l'artiste, ses compositions
i^^^ plus agréables étaient gravées par les plus habiles faiseurs en
{pointillé et en manière noire, sous un titre agaçant :
Le Cadeau, par Bonnefoy, 1793 ;
Hormisoit qui mcU y pense, par le même ; an II ;
U Amant favorisé, par Chaponnier ; in-f° h. ;
La Comparaisofi des petits pieds, par le même;
Ça ira, par Matbias; in-f® h. ;
Ça a été, par Texier ; in-f® h. ;
La Leçon d'amour conjugal, par Petit ; in^f® K ;
ùifends-moi, par le même; in-f^ 1, ;
Poussez ferme ! par Petit ; in-f» l. ;
ÂM qu'il est sot! par le môme ; in-f*" l. ;
La douce Résistance, par Tresca ; in-f^ h. ;
On la tire aujourd'hui, par le même ; in-f° h^
Ces estampes, et d'autres plus vives sans doute, garnissaient
les étalages des marchands d'estampes pendant la Terreur, et
plusieurs scandalisèrent les Jacobins. Boilly fut Tun des artistes
dénoncés par Wicar à la Société des Arts pour leurs gravures in-
décentes. Il vint se justifler en disant que a jamais il n'a dicté
l^ titres' qui sont au bas, que ses tableaux ont été composés
^vaott la Révolution, et qu'il a expié les erreurs d'une composi-
^oa un peu libre en exerçant son pinceau d'une manière plus
digne des arts, et il invite les artistes à venir dans son atelier
r^c>i:ïnaître la vérité de ce qu'il avance*. » Prenons l'excuse pour
ce <ÏM*elJe vaut, et ne regardons, dans les figures de Boilly, que
des lignes et des types. Les femmes, que nous connaissons depuis
Gr^^ze et Fragonard, y prennent des façons à la fois plus rafTi-
né^^ et plus matérielles. Leur beauté, tout à fait affranchie de la
gêt\e des paniers et des baleines, nous donne, de la passion
coOttine du costume, un élégant débraillé. Ces femmes sans corsets,
(jO^ avaient même précédé le temps des sans-culottes, paraissent
jciavec d'autant pins d'énergie qu'elles ont pour adversaires de
1. Jùumat de la Société populaire d$s Arts, p. 3S2«
m AnTÎStES. ^ PEINTRES DE GENRÏ.
très-jeunes freluquets. Le plus grand tort de l'artiste est d'avoii
été trop monotone dans ses compositions.
Des compositions patriotiques, dont Boilly se prévalait pour
faire pardonner ses gaillardises, nous ne connaissons que la Co — ^
carde nationale, gravé par Augustin Legrand, et le PorU-drapeavm^
de la fêle civique, gravé par Copia. C'était, disait-on, le portraitV^î
de l'acteur Chenard, en carmagnole et en sabots, tel qu'il avaitV
ûguré à une fête donnée sur la place de la Révolution, et c'est, de^
toutes les productions de Boilly, celle qui paraît le plus empreinte^s
de ridéal révolu tfonnaire.
Le bon temps, pour Boilly, fut celui du Directoire et du Con-
sulat. Quoiqu'il fut tenu à un rang inférieur par la prépondérance
des peintres d'histoire, et critiqué pour la sécheresse et le trop
grand poli de sa peinture, défauts qui l'avaient fait appeler le
ferblantier, et aussi pour la monotonie de ses figures^ :
Il me souvient de ces mi dois,
Je les ai déjà vus cent fois... *.
Ses tableaux avaient toujours leurs succès au Salon, et il est à
regretter que nous n'ayons plus pour juger de leur mérite que
VAnHvte de la diligence, exposée au Salon de l'an XII et conser-
vée dans un coin du musée du Louvre. Avec quel intérêt nous y
regarderions aujourd'hui Vînttrieur dun atelier de peintre *, ou
la Galerie du palais du Tribunal, qui parurent de l'an VI à
Tan VllI.
11 continua de fournir aux graveurs en pointillé des femmes
en perruque blonde et robe de satin, des amoureux en frac et en
1. Sur la situation des beaux-^rts en France, par Brunn Neergaard, an IX,
in-80, p. 66.
2. Les Êtrivières de Juvénal ou Satire sur les Tableaux de Van K, 1796,
in-12, p. 6. Despazes disait, dans ses Quatre Satyres :
Ses visages ont tous la fraîcheur du matin ;
Les robes qu'il décrit i6at toutes de satin.
3. 11 est décrit par Brunn Neergaard, p. 65.
^
SICARDI. 193
hottes à revers. Il y a toutefois quelques modifications; une
nuance marquée de délicatesse et de mélancolie a remplacé les
;adrs de violence. On ne les voit plus, entraînées par une passion
fougueuse, livrçr à un amant le désordre de leur alcôve. Elles
vivent dans la solitude, ou l'attendent au coin d*une charmille, en
lisant les Passions du jeune Werther, et montrant seulement par
accident la finesse de leur jambe :
La Solitude, gravé par Tresca, in-i'* h.;
La Précaution, gravé par le môme; in-i® h. ;
Im Jarretière, gravé par le môme ; in-4® h.;
La Sauvegarde de l'enfance, gravé par Masolan; in-ri" h. ;
Le jeune Poêle, gravé par Lévilly; in-f® h.
Ses costumes ont toujours Tampleur et la simplicité des pre-
miers jours de la Révolution, et il n*a abordé les modes des In-
croyables que par dérision :
Levrette habillée à la grecque;
La Marche incroyable, gravé par Bonnefoy;
Barbet en costume élégant.
Avec son talent, Boilly devait réussir particulièrement dans le
portrait. Il exposa en Tan VI et en Tan VIIl ceux d'£//mou, de
Boleldieu, et des portraits d'inconnus, faits chacun en une séance
de deux heures. La gravure de Clément nous a conservé la Réu--
niond artistes, assemblage de vingt-neuf têtes qui, dans la variété
de leur âge, de leur coiffure et de leur physionomie, nous don-
nent comme un portrait unique de Tan IX. Nous voyons enfîn,
dans une gravure en couleur de Levachez, un des spectacles les
plus courus de Tan X : Buonaparte, P' consul, à la revue du quin-
Udi !•' messidor.
SICARDI ^, peintre en miniature de Marie-Antoinette, dépassa
le cadre étriqué de son genre en composant des sujets mimiques
en demi-figures, qui furent reproduits par les plus fins graveurs
au pointillé :
I. Sicard, ditSicArdy ou Sicardi, né à Avignon yen 1746, ëlèye de son père.
13
194
ARTISTES. — PEINTRES DE GENRE.
Oh ! che boccone, Renard sculp., 1790 ; in-h"* h. ;
Corne la trovate, Copia sculp.; in-Zi^ h.;
Oh! che gusto^^Tevrier sculp., 1793; in-i» h,;
Mirate che bel visino, Mécou sculp., an XII ; in-f".
Herrot y fait les honneurs de Colombine d'une façon très-a
çante.
Parmi les ouvrages qui se rattachent aux événements, on pc^^^^^
signaler un portrait de Diweyrier, secrétaire de l'Assemblée c::^^^
électeurs de Paris en 1789, etc., dessiné par Sicardi et gravé
Gaucher, en exécution d*un arrêté de l'Assemblée des électe
en 1790; un portrait de Mirabeau, gravé par Copia* avec ui
minutie de traits et de costume plus précieuse qu'expressive,
des figures de la Liberté et de l'Égalité, patronnes des França
gravées par Beljambe, où Ton reconnaît trop le type de sa
iombine. Elles eurent un succès prodigieux; leur jolie tournuc
suscita de nombreuses copies chez Villeneuve et autres m
chands de gravures populaires *.
Tous les Salons de la République, à partir de Tan V, contie
nent des ouvrages de Sicardi, portraits en miniature, à l'hui
ou en dessin. Les seuls nommés sont ceux du C. Mole, en l'an
et de la citoyenne Devienne, en l'an Vil. Son tableau le plus
rieux, exposé en Tan V, représentait un Trait historique de
guerre de la Vendée : Le canonnier Guedeperse caché et pai
par une jeune fille de la commune de Vitré. Mais les pencha
de l'artiste étaient évidemment vers les sujets d'une sentimen
lité moins héroïque; il exposa dans les Salons suivants: deux
fants dénichant des tourterelles, et l'un d'eux éprouvant pour
première fois la sensibilité de son cœur; Pierrot, avec son ûl/^,
dans la cuisine de Colombine.
Sicardi trouva encore alors des graveurs fort agréables : Rog^/*,
son élève Mécou, Bertonnier, Roy, pour reproduire ses scènes
mimiques et les portraits d'actrices, où se résume le plus déûfli
r
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VI,
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3f»^
1. Mirabeau Vaine, peint par Sicardi, gravé par Copia, en couleurs, în-4*h.^
à Paris, chez raiiteui% et chez Joffrais, marchand d'estampes.
2. 'V. TannoDce dans le Moniteur : à Sans-Culotide an //.
PlAT-JOSEPfl SAUVAGE. 195
de son talent : if "« Jh. Bourgoin, ovale gravé par Roy; !/"• Bour-
goin, dessiné et gravé par Bertonnier, in-4^ : buste nu dans les
nuages, une étoile sur la tôte.
SAUVAGE*, académicien depuis 1783, avait mis en vogue un
genre de peinture imitant les bas-reliefs de bronze, de terre
cuite et de marbre^ dont tous les critiques de Salons admirent la
parfaite ressemblance. C'étaient des sujets de sacrifices antiques,
de bacchanales, de femmes jouant avec des enfants. Ces ouvra-
ges, qui ornèrent les Salons de 1791 à Tan Xlï, servirent de mo-
dèles à quelques graveurs en couleur, tels que Sophie Janinet.
il faisait aussi des miniatures, dos camées et des peintures sur
porcelaine. Les sujets les plus piquants que je trouve traités dans
ce genre sont de Tan Vill : Minei-ve donnant une leçon de folie, et
Vénus donnant une leçon de sagesse.
Plusieurs de ses portraits, antérieurs à la Révolution, ont été
gravés par Aug. de Saint-Aubin. Les plus intéressants sont ceux
de Daubenton, 1788, et de Delarive,
Citoyen vertueux, acteur sublime et tendre...
P. Sauvage pinxit, Aug. de Saint-Aubin sculp.
Les petites figures de femmes et d*enfants antiques prêtaient
facilement à des allusions révolutionnaires, et il eii arrangea
quelques-unes qui furent flattées par le pointillé de Copia :
La Liberté, femme assise tenant le bonnet au bout d'une ba-
guette et une couronne suspendue sur un autel. Médaillon rond.
Il y en a une autre estampe au pointillé tricolore par Ressent,
qui a un cadre à vignettes de chêne, historié de quatre petits
médaillons: le coq, le lion, le Génie des rois et le Génie du
peuple. Elle a pour titre : la Liberté couronnant l'Égalité.
UÉgalitéy femme agenouillée devant un autel et le triangle
rayonnant, 1792; médaillon ovale.
Aux vainqueurs d'Albion. Un Génie monté sur .un léopard; mé-
daillon rond.
1. Piat-Joseph Sauvage, né à Tournay, élève de Guérard d'Anvers.
196
ARTISTES. — PEINTRES DE GENRE.
Le Cauchemar de l'Aristocratie. Médaillon ovale.
H fît avec le même graveur les Martyrs de la Liberté, bustes
accolés de Marat et de Lepelletier dans un médaillon rond, pro-
fils fins, exécutés avec un pointillé moelleux relevé de tailles.
Les circonstances changées, Sauvage prit part à la réaction en
composant une allégorie : Une femme expirant sur un canapé,
sous lequel sont les débris de Tautel et du trône, ovale en 1.,
gravé encore par Copia, et en dessinant un médaillon à trois por-
traits, qui rencontra plusieurs graveurs :
Louis XVI, Marie-Antoinette et le Dauphin, gravé par Saint-
Aubin ; in-Zi^ et in-12. Cet état est peut-être antérieur à la Révo-
lution ;
Louis XVI, médaillon suspendu à un tombeau, avec urne et
inscription, gravé par Saint-Aubin;
Louis XVI, avec la scène de la séparation dans la prison du
Temple, pointillé anon. in-8® ;
Louis XVI, en couleur, Ruotte sc;
Louis XYI, avec Tinscription :
Triomphez aujourd'hui, généreuses victimes...
Verzyfecit;
Louis XV U Marie-Antoinette; deux médaillons sur la même
feuille, in-8* 1. A Paris, chez Vérité.
Sauvage quitta Paris en 1808, appelé à Toumay, sa ville na-
tale, pour y être professeur de dessin, et il vendit à cette occa-
sion ses tableaux, gouaches et études, dont la notice ' ne nous a
pas donné une seule des pièces dont nous avons pu lui faire un
œuvre.
1. Catalogué des Tableaux, Gouaches, etc., composant le cabinet et Us
études de M. Sauvage, artiste, chez PaiUet, 1808, in-8«.
6. — DESSINATEURS.
^ï^AGONARD fils* est déjà inscrit parmi les artistes qui ont
eMH>s^ des ouvrages au Salon du Palais national des Arts, le
\^ ^oût 1793, comme âgé de douze ans et logé aux Galeries du
V^^>rre chez le citoyen son père. Ses premiers dessins, exposés
^^ Salon de Tan IV, paraissent composés sous Tinfluence pater-
t^^We; ce sont des sujets tirés des Idylles de Théocrite, une Nymphe
f^ant les ailes de V Amour çt les Égarements de Vamour, Il prit
de bonne heure des leçons de David , et l'on s'en aperçoit aux
dessins qui figurent au Salon de Tan V : César et Cinna; le pre-
fnier Athénien parricide condamné à mourir de faim et privé de
sommeil auprès du cadavre de son père.
Les premiers ouvrages de lui, qui furent {K)pularisés par la
gravure, sont de grands modèles de figures républicaines :
La Liberté, — l'Égalité, — Fragonard fils inv.. Allais sculps., à
Paris, chez Bance, in-jp> h. ;
La Liberté, figure assise; Fragonard fils del.. Allais se, in-h'*;
La Vérité, Mariage sculp. ;
Le Génie français adopte l'Égalité et la Liberté. Il est assis au
milieu et étend les mains sur ces deux figures. In-^ 1. Gravé par
Mariage ;
Le Peuple français, génie ailé , assis, nimbé de la foudre, éten-
1. Alexandre-ÉTariste Fragonard, né à Grasse en 1783 (Gabet). — Suivant
W., je Taurais traité trop bien; il fit plus de peintures que Je n ai dit, eut de
grandes commandes, peinture et architecture, sous l'Empire et la Restauration,
fit une grande fortune quMI mangea, etc.
198 ARTISTES. — DESSINATEURS.
dant les mains sur deux figures debout de la Liberté et de l'Éga-
lité. In-f» larg., pointillé, anonyme;
Les Droits^ de VHomm^, stèle avec placar^d, ornée de deux
cariatides.
Ces figures nous représentent des statues de granit dans une
pose égyptienne, avec des draperies amples, des extrémités sa-
vantes et des formes dont TAntiquité n'avait pas donné le modèle.
On l'es dirait prises plutôt de ces blondes colossales du Palais-
Égalité dont parle M. MicheletS filles Atlas, qui ont porté le
poids de la débauche révolutionnaire; Tartiste a su pourtant
encore les idéaliser, mais dans la même pensée qui avait inspiré
André Chénier composant le poëme de la Nature et décrivant la
Terre au printemps, alors que Jupiter
De sa puissante épouse emplit les vastes flancs*.
Il fit 4axis le même temps deux compositions révolutîoanaires
pour servir de frontispice aux Tableaux de la Révolution fnmr
çaise :
Le Triomphe de la Liberté, gravé à Teau-forte par Coiny et ter-
miné par Malapeau. In-f^ h. ;
La République française, gravée par Copia; in-f® 1.
Il y a ici une ^crète imitation des bas-reliefs, — des contours
angulaires, des formes longues, des nerfs tendus, des profils
aigus. Fragonard dessina aussi, avec beaucoup de maigreur, quel-
ques scènes des Tableaux de la Révolution : Condor cet se donnanl
la mort dans sa prison, gravé à Teau-forte par Duplessis-Ber-
taux, terminé par Berthault, et une composition qui eut beaucoup
de popularité au moment de la réaction thermidorienne : L'Inté-
rieur d'un Comité révolutionnaire sous la Terreur, avec la légende :
Ici on ce tuloyent; — fermez la porte s'il vous plaît ! gravé à Teau-
forte par Malapeau, et terminé par Berthault.
1. Histoire de la BévoluHon, t. V, p. 32.
2. Poésies d'André Chénier, Paris, 1840, in-12, fragoienu d'Hwrmès,
p. 194.
ALEXANDRE-EVARISTE FRAGONARD. 199
Le citoyen Ducancel venait de faire jouer au théâtre des Va-
riétés, eD floréal an III, l'Intérieur des comités révolutionnaires^
hne de ces pièces où l'on s'étonnerait de rencontrer tant de stu-
pidités calomnieuses, si l'on ne savait comment le public se
laisse quelquefois berner, et si Ton n'avait pas vu un auteur dra-
matique, de la même force que Ducancet, M. Clairvilie, traduire
sous les travestissements les plus absurdes les hommes les plus
probes de 18&8. Fragonard n'en agit pas autrement; les Terro-
ristes revêtent dans sa planche un air de Croquemitaine à effrayer
des enfants. La réprobation publique, qu'ils n'avaient que trop
méritée, s'empara de ce type, mais il est tr^s-loin de la vérité,
et, môme comme charge, ne saurait compter dans l'art.
Lee Salons de la République ne montrèrent ensuite Fragonard
que dans des dessins d'Amours et de Psychés et dans quelques
portraits. Il avait conquis une place à côté d'isabey, de Henry et
de Hilaire Ledru. Les graveurs au pointillé s'attachèrent à ses
sujets dans beaucoup d'estampes, qui se tinrent toujours à une
poétique plus élevée que celles de Mallet, mais essayèrent vaine-
ment de rivaliser avec celles de Prud'hon :
L* Amour enseignant à danser à vme jeune fiUe. Commencé par
Copia, terminé par Roger, in-^ h. ;
Jeune fille enlevée par l'Amour. Gravé par B. Roger. Imprimé
par Oien.
Os deux charmantes pièces, dont les dessins furent exposés en
l'an YI , sont la fleur de l'œuvre de Fragonard.
Après Mariage, Copia et Roger, Fragonard eut encore la chance
de rencontrer un autre graveur à sa main, Castel^ qui était du
même pays que lui et son élève :
Vénus à la coquille. Gravé par Castel, déposé à la Bibl. natio-
nale. In-f° h.;
Par eux l'Amour Véclaire, Gravé par Castel. In-f*» h.;
Atala.
Pour connaitre ce que Fragonard put faire encore dans cette
période, il faudrait chercher les sujets des vignettes qu'il des-
sina pour plusieurs ouvrages» et qui furent gravées par Roger,
200 ARTISTES. — DESSINATEURS.
Tardieu, Dupréel, Duval, Pauquet. J'en ai vu beaucoup, sans
savoir toujours à quel livre elles appartiennent; elles se distin-
guent par leur composition, d'un style toujours élevé, par la pro-
portion allongée des figures, par la gracilité et le vêtement dia-
phane des femmes.
La carrière de Fragonard se prolongea longtemps encore sous
l'Empire et sous la Restauration. On a cité les tableaux qui lui
valurent des médailles et la croix, et même des statues pour des
monuments publics. Ces ouvrages, où se décèle trop la commande
des événements politiques les plus éphémères etles moins inspira-
teurs, furent gravés par Lignon, Girardet, Giraud, Allais, Benoist.
Lorsque la lithographie fut venue donner aux dessinateurs un
moyen facile de se produire eux-mêmes, il ne dédaigna pas ce
moyen pour des sujets d'anecdote historique ou de mythologie
classique; malgré le disparate, il y resta toujours quelque chose
d'un artiste ingénieux doublé d'un dessinateur guindé.
CARLE VERNETS prix de peinture en 1782, marié en 1787
avec la fille de Moreau, et agréé de l'Académie de Peinture en 1789,
avait exposé, au Salon de 1791 , le Triomphe de Paul-ÉmUe aprt^ la
défaite de Persèe, composition d'une multitude de figures où les
contemporains admirèrent de belles masses, des détails bien
variés, des têtes de caractère et un dessin très-fini, et où la cri-
tique la plus sagace de notre temps a reconnu un exemple de la
transition entre l'ancien style français et les idées nouvelles re-
présentées par l'école de David, une composition à la fois simple,
rëelle et noble, remarquable par le costume des figures, l'allure
vraie et vive des chevaux *.
Aux Salons de 1793' et de l'an IV, il ne fit que mieux marquer
cette vocation pour les sujets de chevaux, en exposant une Course
i. Charles-Horace Vernet, né à Bordeaux en 1758, élève de Lépicié.
2. Histoire des Peintres de toutes les écoles, Carie Vernet, in-4«, p. 4.
3. An H. Une Chasse dans le genre anglais : v. Explication du Sahn de
mZ, n° 197.
CARLE YERNET. 2(H
de char, une Chasse, les Courses de chars ordonnées par Achille
ptnsr les funérailles de Palrocle. Un critique du Salon de Tan IV
exprimait son admiration en ces termes : « Voilà toute la séduc-
tion du dessin, exprimée ici avec la hardiesse de Garrache, mais
J« Voudrais dans ce tableau plus de fonte*. » Le Magasin encyclo^
V^^ique parlait des Courses de chars avec moins d'indulgence :
* ï^apiUottage, pinceau sec, ton des chairs trop rouge *. » La
^^cLde n'en disait pas plus de bien : « Comment décrire un
^^^eau qui n'offre que des objets entassés et confus, des hommes,
*^ femmes, des enfants, des chars, des chevaux, des lances, des
boucliers, des casques, des tuniques, des manteaux , bien neufs,
Wen éclatants de couleurs'? »
Ces tableaux' né furent pas gravés, et Vernet ne prit pas autre-
ment part au premier mouvement de la Révolution, à laquelle il
resta d'ailleurs hostile, par des motifs personnels que ses biogra-
phes ont racontés, ce qui ne l'avait pas empêché d'obtenir un prix
de 9,000 francs au Concours* de l'an III. Mais, la Terreur passée,
il devint l'un des brillants muscadins de Paris, le dessinateur le
mieux posé de ses chevaux , de ses carrosses et de ses ridicules.
Il ne manqua pas dès lors de graveurs; ses dessins, au crayon
noir ou à l'encre de Chine, passaient sans grand dommage dans
leurs pointillés et leurs lavis. C'étaient principalement des sujets
de chevaux, des Courses, le général Moreau et le général Bonaparte^
les Exercices de Franconi, gravés par Darcis, Schenker, Leva-
chez, Allais, Debucourt et M"« Fanny Vernet. La plus grande
innovation qu'il apporta fut dans la représentation des chevaux,
en substituant l'étude du cheval anglais de course au modèle
du cheval allemand de manège qui était classique en France.
Deux sujets historiques, exposés au Salon de l'an IX, ne sortaient
pas de ce genre : La Mort dHippolyte ; un Conducteur de chars,
venant de remporter le prix de la course , ramène avec lui sa com-
1. Examen eritiqu» et concis, par J. de La Serrie.
3. Mageuin encyclopédique, t. IV, an IV, in-8**.
3. La Décade phUosophique, t. VII, an IV, in-S*».
1NÏ2 ARTIS.TES. — DESSINATEURS.
pagne, Cétaît ausM des sujets d6 batdilles, et ses de^dins de la
campagne d'Italie briHèrent au Salon de Tan XIÏ.
Tablecmx historiques des campagnes et rèvolulions é^ Italie, pen*
dant Us ans ÎV, V, VI et VIF de Vère républicaine, 23 gravures
de 35 cent, sur 25 cent., par les premiers artistes de Paris, sur
les dessins de Carie Vernet. Us sont annoncés dans le MùnUeut
du 11 messidor an VU, et ont été l'objet d'un rapport de Garât a«
Conseil des Anciens, le 9 prairial an Vil* :
En frontispice, le général Bonaparte à chevdU, couronné par une
Victoire qui le suit, gravé par Roger;
!'• livraison : Batailles de Millesimo, de Mondovi; prix 10 fr.,
avec un discours rédigé par un homme de lettres.
Je n'attache, pour ma part, aucun intérêt à ces représentations
de batailles, qui sont faites de chic; mais on remarquera toujours,
dans ce recueil, les scènes révolutionnaires et les fôtes :
Entrée des Français à Milan;
Entrée des Français à Venise ;
Fête de Virgile à Mantoue, le 2l\ vendémiaire an VI, gravée par
Niquet ;
Proclamation de la République romaine, an VI, C. Vemet del.
et inv., l'an 10; Malbesle se. aqua-forti, l'an 10 de la R. F.
Les eaux-fortes sont ordinairement de Duplessis-Bertaux, et les
terminaisons de Simon, Masquelier, Choffart, Saint-Aubin, Dam-
brun, Delaunay jeune. On en refit le titre sous l'Empire (Compo-
gnes de Napoléon le Grand, 1 806), avec portraits en médaillon de
l'Empereur et de l'Impératrice et une jolie eau-forte de Duplessis,
la Bataille des Pyramides.
La popularité la pins bruyante avait accueilli le talent de
Vernet, au Salon otl il avait exposé les Incroijabks et les Mer-
veilleuses, qui furent gravés par Darcis, reproduits et imités
par beaucoup d*autres dans tous les formats. Ces types ont
conquis leur immortalité dans les annales du costume et des
mœurs, comme avaient fait, dans leur temps, les Capitaas elles
1. Moniteur du il, n« 'i^l, p. iOSl.
JKAN-BAPTISTE I5ABEY. ^WZ
Prédeiises de Bosse, les Mexzetiiis et les Coquettes, de Giliot.
Ce n*est pas sèatement par Thabit que les Incroyables iDtâre»«
sent, Tesprit de l'auteur respire aussi dans leur attitude et leur
physionomie; un dessin cassant, un air éventé y accusent aussi
merveilleusement Tesprit du temps. Vemet se répandit dans
beaucoup d'autres figures de char^s qui rentrent dans Tbistoire
des mœurs, mais jamais il ne retrouva la verve de sa jeunesse
du Directoire; il ne nous appartient pas de suivre le peintre de la
Restauration.
Je rappellerai encore , parmi les ouvrages de ses premiers
temps :
Congé absolu. République française, Constitution de Pan III,
dessiné par Carie Vernet, gravé par Godefroy. La République
entre deux Victoires, assise sur un stylobate au pied duquel un
cavalier et un fantassin. Belle pièce en largeur ;
La Brodeuse^ la Vielleuse , gravées en couleur par Scbenker;
Promenade au haras, gravé par Duplessis-Bertaux et ChofTard,
1805 et 1806, in-8 I. ;
Les Anglais à Paris, venus à la paix d'Amiens.
Il eut le bonheur de rencontrer un graveur spirituel dans
Debucourt, devenu incapable d'iftventer pour lui-même, et ses
lavis faciles aidèrent au succès de pièces très-variées :
Route de Saint-Cloiui ;
Amazone et Cavalier anglais;
Cris de Paris;
Exercices de Franconi; ^
Les Anglais en habit habillé ;
La Toilette dun clerc de procureua- ;
Le jour de barbe d'un charbonnier.
ISABEY. La fleur des pois parmi les dessinateurs de l'école de
David fut Isabey *. Fils d'un mirchand d'estampes en cou-
leur de la rue de Gesvres, il fut membre de la Société populaire
i. <I»»-Bapt>sle Isabejr, né à Nancy cq 1767, mort ea iSS6, élève de Dsrld.
204 ARTISTES. *- DESSINATEURS.
des Arts, eU dans la discussion sur les costumes, il demand
qu'on s'occupât d'abord du costume militaire ^ Il ne pouvais^
fleurir que sous le Directoire et le Consulat. Je ne sais si l'o
trouvait quelque sujet révolutionnaire dans les dessins ex
sans désignation dans le Salon de l'an II ; on voit seulement, a
Salon de l'an IV', parmi les dessins au crayon qu'il exposa, e
même temps que des portraits en miniature, un jeune hom
partant pour VarmèCy et un jeune homme revenant de V armée; e
au Salon de Tan VI, la Barque, les Bosquets de M^ Campan. G
simples compositions, dans un ton en contraste avec les efforts
de tant d'autres, lui conquirent tous les suffrages et tous l
cœurs. 11 renouvela le succès de la Barque au Salon de l'an XII
en en expo.sant la gravure. « Cet artiste, jeune encore, a attei
le premier degré de son art, » disait Landon en reproduisant so
dessin de la Barque^. I^es critiques rimeurs du temps lui d
obèrent leurs petits vers :
Ha! comme il me séduit! que ses contours sont fins!
Quel faire plein de goût!... Ho! le charmant génie!
Esprit, correction, facilité, fini,
Grâces et sentiment, il a tout réuni.
Ltt Étrivières de Juvénal, an V, p. 91.
Toi dont le délicat pinceau.
Rival heureux de la nature.
Nous la montre toujours en beau, etc.
Arlequin au Muséum, an XII, p. 21.
Ce joli talent, qu'Isabey trouva moyen de porter dans la repr^""^^
senlation d'une Revue du premier Consul en 1799 *, et ei^^
1. Journal, p. 258.
2. De La Serrie, an IV : « Isabey!!!! il surpasse Clincbetet et la belle Ro-
salba, et de plus il balance Petitot. » Examen critique et concis des ptus beaux
ouvrages exposés en l'an IV, 1795.
3. Annales du Musée.
4. Vernet et Isabey travaillèrent ensemble à un dessin des plus considéra-
bles (5 pieds de long sur 4 de haut), exécuté au lavis et au crayon, ayec lea
JKAN-BAPTISTE ISABEY. M5
suite tune VisUe de V Empereur à la manufacture de Sèvres, le
la, comme on sait, aux titres de Peintre des relations exté-
res, des cérémonies, du Cabinet de l'Empereur, de Directeur
décorations de TOpéra, et enfin de Peintre du Roi. Il n'en
lit pas heureusement Thabitude des dessins de sujets fami-
}, et là fut toujours son plus grand charme,
vogue de la gravure au pointillé, servie par d'habiles des-
sinateurs, suscita, dès les premières annéas de la Révolution, un
geft-kre de dessins au crayon plus finis que ceux qui avaient tou-
jo Cl X3 été usités parles peintres. Isabey et Fragonard y avaient
rév^ssi fort jeunes aux Expositions de Tan II et de Fan IV. Les cri*
tîq ues de l'an VIII et de Tan XII s'élevaient déjà contre les dessins
pointillés, qu'ils appelaient a le marivaudage de la peinture ^ »
Dtereisur le port de Cherbourg, in-f** I., gravé par Piringer.
I^ Coup de vent, femme vêtue à la légère et serrant son enfant
contre son sein, gravé par Aubertin, grand in-f® 1.
l^ Départ, le Retour, gravés par Darcis (chez Basan jeune, chez
M** Darcis et chez Isabey) avec beaucoup de charme, ont le tort
de rappeler des estampes anglaises qui ne brillent que par Texé-
cuiion ; mais il y a ce qu'on prisait alors par-dessus tout, du sen-
timent.
'-^ dessin au pointillé de crayon réussit beaucoup dans le por-
^^^t^ «t Isabey y apporta une légèreté que ses graveurs cherchè-
'^'^^ ^ rendre. On connaît :
^« conventionnel Goujon, gravé par Bonneviile, an IX ;
^^^iry, gravé par J.-P. Simon. Déposé à la Bibl. imp. ;
aa pioceau, et représentant la grande parade qui avait lieu le quintidi
à^ ^^^^«|ue décade, dans la principale cour des Tuileries, en présence du pre-
1^^^^^ Oooftul; plus de trétite personnages à cheval, et Buonaparte d*une ressem-
^'^^^^^^ parfaite. Têtes et architecture d'Isabey, chevaux et le reste de Vernet.
^''^^ dans une exposition payante de Tan VIII {Lettres d*un Danois, p 110).
«^^V y en a au Louvre un croquis plus petit, où Ton reconnaît un fond et des
t^i^ dlsabey, et des chevaux de Vernet, touchés avec beaucoup de localisa-
^ et tfesprit.
1* PeUtêS Vérités au grand jour, an Vin, in-12, p. 88.
306 ARTISTES. — DESSINATEURS.
B^napartô, ^emùr œnsul, par A. Tardiea, an IX ;
Bosquilhn, professear au. Collée de France» par Saiot-Aubi
1798;
Pamy (Collection Laterrade, 2* partie) ;
Hubert Robert, par Miger, an VII ;
/. L B. (Lebarbier de Yalbonne), par Aubertin, en habit
perruque de hussard, et fumant.
Il dessina pour quelques graveurs de vignettes :
M^^ Sombreail sauvant son père aua massacres de S^fUembr
gravé par Duplessis-Bertaux ;
Louis-Philippe Ségur, grand*maStre des cérémonies ; gravé
Urbain Massard.
Les Tombeaux de Paul et Virginie, gravés par Bovinet.
La Barque et le petit Fumeur ont été gravés par Aubertr/7
(Salon de l'an XII).
La Duchesse de Courlande, par Mécou, 1815.
BOSIO. « Je veux faire du grec pur, » disait David à ses élèves,
, et l'un d'eux, professeur de dessin à TÉcole polytechnique depuis
sa création en Tan II, donna la mesure des lignes, des muscles,
des attaches et des formes , prises sur les plus belles statues ami.
ques, pour servir de principes à toutes ses leçons ^ Ne croirait-on
pas que ce traité élémentaire va être dégagé de toute manière? Il
n'en est rien pourtant. Les figures, d'ailleurs correctes et finies,
qui ont été dessinées par Bosio, sont toutes empreintes du type
adopté par David dans les Babines et Léonidas, en même temps
que de la physionomie qui courait les rues vers Tan VIL Y a-t-il
un exemple plus propre à faire sentir Tinanité des théories, qui
cherchèrent la perfection de l'art indépendamment du temps et
du lieu?
Bosio l'aîné s'était fait connaître aux Salons de l'an II et suivants
1. Traité élémentaire des régies du dessin, par le citoyen Bosio, élève de
David, peintre d'histoire, professeur de dessin à l'École polytechnique, Paris,
an IX, in-12, fig.
D. BOSIO. 207
»
par des tableaux de style antique : Hector, sur son lit funèbre,
Parant Andromaque etAstyanax^; Comèlie, mère des Gracques, et
une if arc/wnde d'amours; l'Amour enlevant l'objet qu'il aime sur
le char de la Frivolité; plus tard, il fit /a Mort d'Anchise. Peu nous
importeraient ces banalités de Técole, si leur auteur n'en était
venu à nous représenter le Davidisme en spencer et en camisole,
sans déroger, du reste, à ses principes. 11 est piquant de trouver
'es pi us hautes tbéories de David sur la statuaire antique, et Tin-
térêL d'une composition obtenu par la pose isolée de chaque
figure , appliqués au Coucher et au Lever des ouvrières en linge.
**^%ré l'actualité du costume et des airs, par la sobriété des
détails et la correction des formes, les huit figures que le dessi-
nateur a disposées prennent du style et font un véritable bas-
^^ief, à l'effet duquel concourt l'ameublement, et qui n'est nulle-
ttkent iudécent, malgré le vêtement retroussé de plusieurs de ces
demoiselles. Ces pièces, exécutées assez librement, bien qu'avec
propreté, et relevées d'enluminures, jouiront de plus d'estime,
auprès des curieux, le jour où l'on tiendra plus de compte à l'art
de ses ingénuités que de ses prétentions. Bosio a signé encore,
comme dessinateur, le Colin-Maillard, le Caclie-Cadie, les Quatre
Coins, et on peut croire qu'il a fourni les dessins de beaucoup de
pièces du môme genre :
Le Coup de vent;
Ah! beaucoup t?oi/5 critlqueni, mais peu vous imitent, gravure
en couleur, par Marchand;
Ils t'ont pris, il faut le rendre, par le même;
Costumes d'Incroyables, culotte bas, qui montrent comment
nos Davidiens parvinrent à dessiner le grec avec la même afféte-
rie que les Merveilleuses parlaient le français.
Le Bal de l'Opéra et le Bal de Société, compositions plus grandes,
auxquelles Bosio mit son nom, prouvent à quel point il stéréotypa
f . Hector sur son lit funèbre, avec Andromaque et son fils, par Bosio; ton
trop violet, les draperies bien faites, etc., Explication nM45. Suppl., dessins,
esquisses : Une Femme artiste tenant un burin, le Jugement de Salomon,
208
ARTISTES. — DESSINATEURS.
un seul sourire sur les vrais et les faux visages, mais resterons
comme le miroir d'un monde qu'il est amusant de voir s'amuse
si facilement.
Cinq tableaux de costumes parisiens réunissant cent quarante
trois figures; prix : 33 fr. en couleur, à Paris, au bureau d
Journal des Dames, an XII.
Titre, draperie historiée de chapeaux et de bonnets féminins.^
Bosîo fut un des premiers dessinateurs d*un recueil publié pa^
M. de la Mésangère, l^ Bon Genre, qui commença vers l'an VL
Plusieurs pièces des premiers numéros, le Volant, la Main chaude
portent son nom : D. Bosio del., et les autres étaient l'œuvre d
dessinateurs marchant sur ses brisées, comme Dutailly, etc.
Les Musards de la rue du Coq, Martinet, libraire, n** 124; seizs
figures et plus, in-P 1., $., exécuté dans le goût des dessins à la
plume. Femmes vues par derrière et par devant; Tune à droite
remet sa jarretière. On voit exposé aux vitrines le Suprême bon
ton actuel (Hennin, 1802).
La Bouillotte, V Escamoteur, la Lanterne magique, in-f» 1.
Toutes les figures y sont traitées avec la lenteur des composi-
tions les plus graves, mais elles n'en sont pas moins réelles, et
elles seront un jour recherchées de préférence à celles de la Dis-
tribution des aigles ou de tout autre grand tableau d'apparat.
On a gravé aussi, d'après Bosio, quelques sujets historiques :
Pie VI et le général Cervoni, trad. du dessin original du c. Bosio,
gravé par J.-F. Ribault, élève du c. Ingouf, in-S® pointillé;
Psyché et l* Amour, gravé par Thouvenin, terminé par Chapon-
nier. Que ne leur a-t-il donné des costumes et des accessoires de
grisettes!...
DEFRAINE*, professeur à l'École gratuite de dessin avant 1789,
a d'abord dessiné et gravé des planches pour le Voyage d'Italie de
Saint-Non, pour le Tableau des anciens Grecs de Lecœur. On le
trouve encore signant, en 1789, comme dessinateur, des figures
i. Jean-Florent Defraine, né à Paris en 1754, élève de Lempereur (Basan).
4'
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CHARLES SAUVAGE, Dit LEMIKË. 2<)d
c modes, gravées par Duhamel, et des vignettes dans de mauvais
romans, gravées par N. Thomas, R. Delaunay.
La seule pièce précieuse qu'on lui doive est un portrait de Gus-
t^€xve III, roi de Suède, dessiné et gravé par Defraine, d'après le
buste du professeur Serge), in-8^ La tête est finement traitée à
l.a manière du crayon, et le cadre joliment historié, avec la scène
du bal, le portrait d'Ankarstrom, des instruments, et les em-
l^lèmes de l'assassinat. *
On doit l'estimer aussi pour avoir gravé largement et à la
sanguine les Cariatides de Jean Goujon; gravé, d'après Jean
Goujon, par Defraine père, in-f<» h.
En Tan XII, Defraine était encore professeur de dessin pour la
figure à l'École gratuite, et il a dessiné des planches pour le musée
Filhol.
LEMIREV professeur de dessin à l'École polytechnique après
Bosio, peut trouver place après tous les dessinateurs de la Révo-
lution, comme représentant l'école académique dans son plus
grand éclectisme. Dans le Salon de l'an IV, il avait exposé quel-
ques ligures allégoriques : La Liberté, la Vigilance, l'Amour fou-
Uml les attributs de la Prudence et de la Force. En Tan XI, il
dessina une suite de tètes d'expression, qui étaient destinées à
exprimer toutes les passions, divisées en deux classes, les primi-
tives et les composées, pour lesquelles il empruntait des figures
aux plus célèbres artistes, VAdmiiation à Le Brun, la Joie à Léo-
nard de Vinci, la Haine, à Poussin, le Désir à Guerchin, la Tris-
tesse à Dominiquin. Le Sueur, Le Guide, Rubens et d'autres
peintres, sans compter l'antique, fournissent lès autres exemples.
•
1. Chairies Sauvage, ditLemire père, sculpteur; Joseph Sauvage, ditLemire
aîné, peintre d*histoire, professeur à T École polytechnique; Antoine Sauvage,
dit Lemire Jeune, né en 1773, peintre d'histoire, élève de Regnault et de son
père, professeur à TÉcole polytechnique avec son frère. Il y a pc.it-étre, dans
l«s pièces qiie je cite, des ouvrages des trois, que Je trouve bien distingués
dans le Dictionnaire de Gabet. Ils n*ont pas tant d'importance qu'on ne puisse
les englober.
14
210 ARTISTES. — DESSINATEUftS.
Ces téces flerv«iit dUHustration à une théorie esthétique des f>as
sions, par Gault de Saint-Geroiaia ', qui se proposait surtout d
développer les idées indiquées par Le Brun. Le dessia ne maaqu
pas d'intelligence dans Téclectisme auquel il se plie ; cependan
on y trouve^ avant tout, cette manière mdie et petite que fte
gnault apportait comme tempérantient à l'académisnae sévère d
David. Le poiotillé de Tassaert, qui a gravé ces tétes^ n'était pa
•fait pour en sauver la vulgarité.
Lemire fournit aux Écoles des Principes de dessin; 16 cahier
de 4 pi. i»-f^ terminées par Perrot; chez la veuve Jean.
11 envoya aux expositions de i'£mpire des tableaux qui lui va
lurent des médailles et quelques éloges de Chaussard, mais qu
ne Tout pas classé comme peintre. Il était pauvre dans ses com
positions, si j'en juge par celle que je trouve gravée :
Sapho, dessinée par Lemire aîné, gravée par Lefèvre-Marchand
In-f° 1. lavis.
GÂRNEREY*. Le goût antique s'était si bien vulgarisé, dès U
commencement de la Révolution, qu'il en vint à défrayer U
peinture de genre, les dessins de chambre et la gravure de modes:
Garnerey, peintre, dessinateur et graveur, élève de David, fl^
descendre partout les principes de l'école. La première pièce oi
l'on trouve son nom est le portrait du baron de Ti^nck^ qui, ai
moment de la Révolution, eut une popularité ^ui lui valut le
honneurs d'une pièce au théâtre d'Audinot et d'une image ei
cire au salon de Curtius. Il est intitulé : Célèbre victime, Frédé
rick, baron de Trenck, dessiné d'après nature et gravé pai
F. Garnerey eo 1789. In-f® au crayon bistre.
Garnerey exposa dans les Salons, de 1791 à l'an X, des poi
traits parmi lesquels sont ceux d'Alix, le graveur, et de sa femme
1. ^t passions €t de leur expression générale et particulière sow le rappo»
des beaux-arts, par P.-M. Gault de Saint-Germain, avec flgurea d*afirès 1«
plus célèiares uti&te» qui ont exceUé dans Texpression, dessinées et gravé**
par MM. Lemire et Tassaert, Paris, 180 i, in-S«, 2d pi.
2. Jean-François Garnerey, né à Paris en 1755.
JEAN-FRANÇOIS GARNBASY. 341
des tableaux de scènes familières, costumes français : uoe Femme
pinç€Êv,i de la guitare, une Femme accordant sa harpe » Rmonr d'w^
dèi^r^xi dans sa famille , et des tableaux imitant le bas-reliefs
ianse^n, en parlant d'une de ces scèoest y trouve des draperies
bell^^s comme la nature, mais il n'est pas aussi ceateni des
cbair-s. Je ne crois pas qu'aucun de ces ouvrages ait été g;ravéi.
^dî^ il dessina des monuments et des statues pour les Àndfmtéê
MiaUs de Millln, qui furent gravés par Michel, et quelques
s de circonstance :
^Or-^Uxis, et d'autres portraits en couleur qui furent gravés par
Alix •
/ir^z. République française une et indivisible, gravée par QueverdOi
^t,^ <3e lettre du Comité de Salut public, section de la Guerre*
^*^s^ une petite figure assise, qui reste ignoble au milieu de tous
s&s attributs.
L»^ dessinateur dépensa tout ce qu'il avait de style en eompo*
^*^t. une illustration pour le livre des Fêtes et courtisanes de la
v**eo^^ sous le titre particulier : Vues, costumes, mœurs et usages
^®* /Gammes grecques, dessinés pstr Gamerey, élève de David, et
S'^^'V'^s par Delaunay, d'après les monuments antiques. Ce n'était
4*^^*^n livre de modes, ainsi que l'indiquait >i'éditeur en télé de
^ ^^^^Ckllection de gravures^ a qui doit inspirer, disait-il, aux Frtn-
*^*^ lin intérêt d'autant plus vif que nous retrouvons, dans les
'^ootaments qu'elles représentent, le type des instruments de
'^^sîc^jQe, des ameublements, des costumes, des objets de parure,
^ ^ous les usages enfin que nos femmes empruntent journelle-
"^^nt. aux femmes de l'ancienne Grèce. » Ces nombreuses petites
^^ r«es ne sont gravées qu'au trait; mais elles n'en ont pas moins
^^■^ couleur locale, et, comme on le pense bien, les modèles de
^ *ï*y manquent pas.
^^rnerey composa aussi les frontispices du livre de Chaussard
^^ de quelques autres romans du même temps, qui furent gravés
^ * Pétes et CourtUanes de la Grèce, par CluMunard, ParM« sb Dii 4 Vol.
212 AnnSTES. — DESSINATEURS.
par Robert Delaunay, Delignon. 11 travailla aux Recueils de monu-
ments de Willemin, et continua sa carrière, sous TEmpire et sous
la Restauration, comme peintre et dessinateur vulgaire, rangé
désormais aux sujets monarchiques, aux intérieurs d*église, et
comme professeur de pensionnats. De ses ouvrages de ce temps
je ne citerai qu'une suite de vaisseaux anglais en combat, gravée
au lavis par Debucourt.
WILLEMIN ^ n'est qu'un dessinateur archéologue, mais il avait
delà considération parmi les artistes. Il fut membre du jury pour
le concours de Tan 11, et servit beaucoup la propagation des bons
modèles antiques, des costumes vrais; il fut du petit nombre de
ceux qui engagèrent le goût au delà des modèles vulgaires de
l'antiquité grecque et romaine, et qui explorèrent le domaine du
moyen âge, si mal abordé par les dessinateurs de Montfaucon. Il
avait d'ailleurs de la finesse dans le trait de pointe et pratiquait
facilement la gravure au lavis. Il grava quelques portraits :
Lavaur. AAHeF.ïEiN en ArAne. In-8® oy. laviSi A Paris, chez
Esnault et Rapilly.
Boudierde Villemert, jurisconsulte et journaliste; dessiné pa
M"« El. Méric, élève de M"« Guiard, gravé par Willemin.
Buste de profil, Taillasson pinxit, Willemin sculp., lavis bist
in-4® h.
Hélas! si Jeune encore,
Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur !
Les principaux et les plus anciens recueils publiés par Willemi
sont :
Cfwix de costumes civils et militaires, de meubles et d'ustensiles
des peuples de l'antiquité *.
i. Nicolas-Xavier Willemin, né à Nancy en 17G3, élève de Taillasson et de
Lagrenée, mort en février 1833.
2. Paris, Fauteur, 1798-1802, 2 vol. in-f», 180 planches. Le texte est rédigé
par Tabbé'de TreAsan.
"S
DUTAILLY. 213
- Monuments français inédits pour servir à V histoire des arts ^
'Willemin fut attaché quelque temps au Musée des monuments
français, et il exécuta plusieurs planches pour les dissertations
de Millin.
Il envoya au Salon de l'an VIII un cadre de ses dessins à la
plume et de ses gravures.
DUTAILLY' fut un dessinateur plus mince, mais plus amusant,
sans être moins classique. 11 figure aux expositions : en 1793,
pour les dessins de la Translation de Mickel Lepelleiier au Pan-
théon, qui fut gravé par Guyot; en Tan VI, pour des figures mises
aux gouaches de Mongin, et, en Tan IX, pour une gouache de la
Danse du boléro. Cette danse, importée d*Espagne, devint alors
de mode dans les salons.
Dutailly était à Rome au moment du guet-apens fomenté
contre l'École française. Après quelque temps de prison, il s'é-
tait échappé et vint en France dénoncer Tattentat à la barre de
la Convention. Sur la proposition de David, il lui fut ensuite ac-
cordé un secours.
Les sujets politiques auxquels il fut amené, et qui furent repro-
duits par la gravure, sont en petit nombre :
La Loi, dess. par Dutailly, gravé par Mugof, ov. en couleur.
On doit CL sa patrie le sacrifice de ses plus chères affections, —
Il est glorieux de mourir pour sa patrie, grav. par Coqueret, in-f"
1., lavis en couleur.
Ce sont deux hussards de la Liberté, l'un se séparant de sa
femme et de son père, l'autre mourant entre les bras de sa maî-
tresse.
Plus tard, il dessina Buonaparte plantant un drapeau sur le
pont dArcole, qui fut gravé par Ruotte.
Les petits graveurs* au pointillé et en couleur lui durent en
1. Paris, rauteur, Panckouck^ Leblanc, }IL^* Willemin, 1806-1830, 3 vol.
in-f^, 300 pi. Texte par M. André Pottier,
2. DutalHy, élève de Doyen.
M4 ARTISTES. -- DESSINATEURS.
plus ^nd aembre ces sujets de familiarité puérile et galante
qui les ont de tout temps défrayés :
Paul et Yirg^ie en quatorze petites pièces rondes, gravées par
Guyot ;
Le Caneert, le CoHiV'MaUlarâ, la Sentinelle vigilante. N'aie pas
peur^ ma bonne amie; la Récréation après le dxner^ le Travail
agréable, grav. par la citoyenne Montalan.
Dutailly a signé quelques pièces de la suite intitulée le Bon
genre : le Pont d amour, n"* 66 ; k Colin-Maillard assi»^ n* 67.
Dutailly dessinait, et Ton doit en conclure qu'il en a dessiné
plusieurs autres traitées d'une égale façon.
Les deax pièces capitales de son œuvre, si on le jugeait digne
d'en avoir un, seraient deux jolis pointillés, postérieurs aux pré-
cédents :
VhnitaHon de l'antique, gravé par M"^ Linge;
L'Admiration de l'antique^ Prot sculp.
Oe Qouple, prenant la pose amoureuse de Psyché et de l'Amour,
el ces deux demoiselles iorgaant les beautés masculines de Cas-
tor et PoUux, sont, il est vrai, dans le costume de l'Empire^ mais
te dessin est tçat empreint de la recherche merveilleuse, et la
satire tout à l'adresse des mœurs de la renaissance Fépubli-
caindé
..i^BaB
7. ^GRAVEURS AU POINTILLÉ.
Diderot n'estimait pas beaucoup les graveurs, qui ne lui parais-
saient que des prosateurs se proposant de traduire des poètes; il
faisait cas pourtant de Balechou et de Wille. Lebas avait porté,
croyait-il, le coup mortel à la bonne gravure par une manière
qui lui était propre, et dont l'effet était séduisant. Qu'aurait-ii
donc dit de toutes les manières expéditives et séduisantes qui
firent irruption dans la gravure après Lebas, manière noire, au
pointillé, au lavis,- en couleurs, dites anglaises parce que l'in-
dustrie anglaise avait appelé de partout des graveurs pour les
faire, et avait répandu leurs ouvrages dans tous les pays? Il n'y
a pas un amateur qui n'ait déploré leur succès. Lebreton, en
constatant Tirruptîon qu'elles firent en FYance pendant la Révo-
lution *, condamne l'engouement dont elles furent l'objet. On
doit cependant se l'expliquer : la gravure a pour destinée, après
la fidélité de représentation des scènes de l'histoire et de la na-
ture, la propagation de ses feuilles, et pour cela la promptitude
du travail et son prix ne sont point choses à dédaigner. A la fin
du XVIl!^ siècle, il se manifestait un besoin d'images tout aussi
prononcé que celui du XV«; il était, de plus, beaucoup plus raf-
finé. La gravure sur bois n'y pouvait suffire; la gravure en taille
douce restait trop lente et trop chère; on eut recours à d'autres
noyeas. Un art précieux périclita pe^t-ètre dan& cette évolution ;
1. Rapport sur Us beauaD-arts, iii-4, p. 207 et 208.
216 ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
par compensation, les gormes de Tart nouveau pourront mieut
s'y développer.
♦
COPIA. Les graveurs les plus prompts et les mieux disposés
pour Tart de la Révolution furent ceux qui ne se servaient du
burin que pour des points et des traits imitant les allures, tantôt
finies, tantôt hachurées, du crayon noir ou de la sanguine, et qui
obtenaient à la fois dans leurs estampes la promptitude et l'agré-
ment, selon la méthode établie en Angleterre par Tltalien Barto-
lozzi. Le plus méritant, sinon le plus connu, est Copiai II était
Allemand» et Ton ne sait chez qui il avait fait son apprentissage;
ses premières gravures paraissent dans les livres traduits de
l'allemand par Jansen, qui était, dit-on, son beau-frère. Ses plus
remarquables sont dans les Idées sur le geste et l'action Viéâtrale,
trad. de Engel, 1788, dans l'atlas du Voyage à la recherche de
La Pèrouse*, et dans VHistoire de VArt de Winckelmann. Les pre-
mières sont faites d'après les figures au trait de l'édition alle-
mande, mais elles témoignent d'une grande adresse de pointe;
le travail en est varié, fin et doux, rappelant Geyser et Chod
wiecki. Les planches et fleurons de VHistoire de l'Art, faits e\
1788, comme l'indique le privilège, et d'après les planches d
éditions antérieures de Dresde, de Vienne et de Milan, montrent
sinon un dessinateur original, du moins un graveur délié, moel
leuxet expressif. Dans les plus soignées, telles que V Agate onyad^
de Jupiter (t. !, p. 665), VIsis de la villa Albani (t. I, pi. XI ), la
Tête de Laocoon (t. II, p. 309) et VApollon Sauroctone (t. II, pi. V),
on peut reconnaître combien le graveur avait de dispositions
pour traduire le style antique dans une manière trop molle et
trop enjolivée, mais qui n'en était que mieux faite pour le mettre
en crédit.
On peut commencer l'œuvre de Copia par deux portraits, qui
1 . Louis Copia, né à Landau (livret de Tan VI).
2. Relation du voyage de La Pérouse , fait par ordre de TAssemblëe consti-
tuante..., par le citoyen Labillardière. Paris, Jansen, an Vin, 2 vol. in-4<* et
atlas in-fol.
■J
X^i
LOUIS COPIA. 217
appartiennent aux premières années de la Révolution et sont faits
dans la plus petite manière du graveur :
SUphanie-Félicitè Ducrest, marquise de SUlery, ci-devant corn-
^««se de Genlis, etc.
Vertus, grâces, talents, esprit juste, enchanteur.
Elle a tout ce qu'il faut pour embellir la vie, etc.,
^^^ un écusson orné d'une lampe :
Pour éclairer tu te consumes.
^^Ws pinx., Copia se. Elle est assise à un bureau, la plume à la
^9in, coiffée d'un élégant petit chapeau à la mode.
Mirabeau Vaine ; en buste, d'après Sicardi ; gravé dans la ma-
^ièr^ anglaise la plus édulcorée, les chairs rosées, les habits
^oiés de dentelles, la tête lustrée d'un œil de poudre,
^opia traduisit, de Sicardi, de Mallet, de Fragonard, d'autres
Ou vi-^ges que nous avons cités et qui durent le faire mieux con-
^*^»'^. Il ût, d'après Sauvage, peintre en réputation pour ses imi-
*^^^s de bas-reliefs, des sujets d'allégories politiques :
Liberté,
•égalité,
'^M^ Vainqueurs d'Albion, médaillons in-8^;
^^ cauchemar de V Aristocratie, ovale in-8®;
^ lV>pularisa, par la traduction la plus fidèle, le Marat et le Le-
^^ietier de David.
^^s plus grandes estampes furent empruntées à des peintres
^^^ ne rémoustillèrent pas :
ta Matinée turque ou le Sultan Saladin, dessinée par Lebarbier,
V^^titre du roi, gravée par Copia ; in-f» 1. au burin ;
Sujet d*égloque; Huet inv.. Copia sculp.; in-8® h.;
A. Devosges : Sapho inspirée par V Amour, V Innocence en danger;
Vincent : V Amour et l'Amitié *.
i. Ces deux dernières pièces sont annoncées dans les Nouvelles des Art^ de
Landon^ an XI, comme les dernières productions de Copia, « avantageuse-
9i8 ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
l\ fut iQîeux iospiré par 4^ peiiHres 4e gçar^ \ tes plus
de ces pièces sont celles q^!i\ eaipruota^ h 9(M31y et à SdblQl :
Zr« Ppr^^rop^au d^ to fèi0 civique;
Le Maréchal'ferrant de la Vendée.
Dans ces ouvrages, Copia, correct dans son dessin et modiT
dans ses tons, relevait la monotonie du pointillé par l'emploi fi
quent du burin et de la pointe. On verra par certains qu'il
était fort habile.
Mais le plus grand bonheur de Tartiste fut d*avoir rencont^.
Prud'hon. Le graveur aida le peintre à secouer sa misère et
percer le flot de poussière qui obstruait ses débuts. Celui-^i,
ses conseils et sa coopération, valut au graveur le plus haut ^
lief de son talent et son renom le plus sûr. J'ai suffîsamm^
parlé des gravures qui furent le fruit de leur liaisoa ^. Elle
intime, car nous savons que Prud'hon fit le portrait de M"^ Co]
ils eurent un moment même atelier et mômes élèves. S'il
constant que les planches de Copia n'étaient tirées qu'après
retouches de Prud'hon sur les épreuves d'essai, il n'est pas moi
certain que celui-ci fut conduit par là à ses dessins terminés à
manière des graveurs, et fmit même par trouver chez son éi<
l'indication de certains procédés de gravure qu'il voulut ap)
quer à la planche de Phrosine et Mélidor. Il y en a d*autres
la manière du maître se trouve si naïvement rendue, comi
dans la charge de La Re^lLère, qu'on ne saurait proDoiic==
avec certitude que sa main n'est pas intervenue. Enfin, en p^^^
dant la coopératioQ de Prud'hon, Copia perdit $a plus granv ^
distinction.
La carrière de Copia fut courte; les seules expositioos ov
figure sont celles de l'an iV et de Tan VI. Avec une partie
ment connu par plusieurs estampe» agréables et bien dessinée» d'ajprés^
Prud'hon. »
1. La première annonce que j'en ai trouvée est dans ïq Moniteur du 9 niTôw
an U : V Amour réduit à la raison, « estampe ingénieuse où l'on reconnaît le
moeUeux et la grftce du burin de Copia; les étoffiBs, les chairs, les ornements,
tout a sa touche particuHère et pour ainsi dire sa eouleur. »
BAHTHÉLEUI-JOSEPH ROQEB. 3f0
pièces que noos avons citées, on y voyait encore une pièce diaprés
David ^ Énée H Didon, et une pièc^ d'après Gérard, la Mort de
Turenne. Le dernier. ouvrage ou Ton trouve son nom est proba-
Uement un Buonaparlë à cheval escorté par une Victoire, ngné :
• Copia aqua forti n \ ia pièce est pleine d'accent çt faite sur un
<leniii de Carte Veroet.
ROGER. Un rayon de )a manière de Prud'hon vient encore se
projeter dans l'œuvre de Roger S et cela suffit pour attirer de
l'intérêt sur un graveur qui se réduisit d'ailleurs au r6Ie de
^>^ducteur, 11 travailla, ainsi qu'il nous l'a appris lui même,
dans râtelier de Copia, de 1789 à 1795, et, en l'an Vil, il était
^^é au pavillon des Archives, diez le citoyen Prud'hon. Il s'est
'^Oiirs paré du titre d'élève de Copia et de Prud'hon. Le maître,
"OQt il a gravé plus de vingt dessins, l'avait si bien façonné
în'od croit le voir encore dans les œuvres que le graveur a fait
4 ^prè3 d'autres, aussi bien dans une Vierge d'après Louis Car-
'^che que dans les figures d'après Naigeon, et que ses plus
^^i^bles productions ont pu être placées parmi les trésors de nos
'^•^^feoillea. Qv^\ amateur ne recherche ces petites figures de
^ ^éjfublique, en tête de lettres d'adDEÛnistrations publiques sous
^ ï^irectoire et le Consulat :
^Hrectoire exécutif, constitution de l'an III ; Naigeon Talné deh,
^* Roger se.;
directoire exécutif, même t^-pe (format plus grand) ;
Gouvernement fra/nçais, gravé par 6. Roger, nivôse an VIH;
République française, la Liberté couronnant un génie. En^téte
Brevets d'invention. Prud'lK>n inv., B. Roger se.;
Bmmaparte^ l^ consul de la RépMique, B. Roger se. Départe-
^Qt de la guerre ;
Ministàre de la police générale, Prud'hon inv., B. Roger se.;
i. Baithélemi-Joseph Roger, né à Lodève en 1770, mort en 1840. L'œuvre
^'iiftvait eonaerré pour fui, en 282 pièces, avec un catalogue et une notice
de M main, est aujourd'hui au Cabinet des estampes de la Bibfiothèque na-
tionale.
220
ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
Département de la Seine. Prud'hon inv., B. Roger se. *;
Département de la Seine-Inférieure.
La gravure de Roger prend des coquetteries dont on ne 1*
raitpascru susceptible, et des lumières spirituelles, dans les
gnettes de Daphnis et Chloé et de la Tribu indienne. Elle arr
même à l'expression et à l'énergie dans quelques grandes pièc
l'Amour séduit rinnocence, et la Vengeance divine poursuiM^
Crime, Son chef-d'œuvre, dans les petites dimensions, est pe«^ ^
être l'allégorie de la Paix, qui fut composée pour Bruun Nee^*^
gaardt^.
Roger était, plus encore que Copia, incapable d'un dessin origi^
nal. Une étude de gravure faite en 1788, un Génie tenant un mé-
daillon d*Hercule, que nous trouvons dans son œuvre, suffit pour
marquer la nullité de son talent avant qu'il entrât chez le gra-
veur de Prud'hon. Copia seul ne l'eût point élevé, car on voit une
preuve de leur médiocrité en coopération dans une pièce que
nous avonsrcité de Boizot, et qui est signée : gravé par B. Roger
dirigé par Copia. Sorti de cet apprentissage, où les leçons de
Prud'hon lui profitèrent si bien, il prêta son burin à d'autres
peintres ou dessinateurs, tels que Girodot, Gérard, Carie Vemet,
mais il n'en ressent aucune inspiration; il ne faisait que les en-
joliver. 11 paraît avec plus de distinction, ce me semble, dans des
pièces moins importantes ou moins connues, avec des artistes
qui lui font des dessins plus à sa portée, comme Moreau le jeune
et Fragonard Ois. 11 fit, d'après Percier, une planche de la fon-
taine de Desaix, à la place Danphine, avec le bas-relief du pour-
tour, qui est pleine de style et de sentiment.
L'œuvre de Roger, que je me borne à parcourir, contient enfin
de nombreux portraits, où l'on trouve, sinon de la spontanéité, du
moins un certain agrément. Je ne parle pas dos personnages an-
ciens qu'il fit pour les libraires, mais des figures contemporaines
1 . Roger a noté cette pièce, faite pour le préfet Frochot, comme ayant élé
tirée h 8,000 exemplaires sans qu*un seul travail de la gravure ait disparu.
2. De la situation dês beau3>-^rts en France, an XI, in-8*, p. 133.
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P^^^ï* lesquelles il a eu de bons modèles : Delille, Pierre Camper,
^^^^hij^lon, Lecourhe, la famille de Rechteren d'après Sicardi,
itapol^o^ d'après Desnoyer, M^ Constance de Salm d'après
HUlk m'est d'abord connu par une jolie pièce, gravée au
buriri^ d'un genre que l'on pourrait appeler paysage révolution-
naire :
l»^ Orage, inventé et dessiné par Groenia, gravé à Paris par
^^Ik, 1792. Sur le bord d'un torrent qui déracine de vieux
^^ucs, et à Téclat de la foudre qui renverse une croix et une
^'ïche de madone, deux moines se livrent au désespoir; in-i» 1.;
^ti marge, un globe fleurdelisé et une tiare, tombant au milieu de
liuages sillonnés d*éclairs.
Il travailla avec Copia aux gravures de Y Histoire de VArl de
Winckelmann. L'une de ces planches, Ba5-rc/iéî/* de la villa Albani,
gravée d'un burin doux qui tend au pointillé, est marquée : Hulk
sculp., 179/i. Il grava un grand frontispice pour le Voyage en
Syrie de Cassas. La planche qui représente les Tombeaux sur le
chemin de Beyrouth est signée : Hulk aqua forti, 1793 et ter-
miné en 9k.
Voici encore deux pièces, qui sont flnement exécutées et qui
portent bien la physionomie de leur temps :
La fontaine de la Régénération, dessinée par Monnet, gravée
à Paris par Hulk, l'an IV« de la Républ, franc., 1796; in-f», 1.;
Là, seul, y irai le soir rêver sur son tombeau, Hulk del. et se.,
1794; in-8<», h. C'est le frontispice d'un poème de Desorgues :
Rousseau ou l'Enfance,
Ces débuts intéressants ne firent pas sortir le graveur de la
foule. Il suivit une carrière fort obscure, gravant des vignettes,
des frontispices, des fleurons, quelques portraits et des planches
pour la Description de l'Egypte et le Cours d'Agriculture de
Thouin. Les livres où l'on rencontre ses vignettes, gravées d'apr5s
Moreau, Lebarbier, sont les Œuvres de Hegnard, les Métamor-
phoses d'Ovide et le Comte de Valmont,
Sis ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
DARCIS^ est le ptus popalâire d«8 graveurs de la Bëvoliittoow
Avant il appliquait ses procédés, formés sur les estampes de Por«
pôfati , à des sujets galants : l Accident imprévu et la Sentinelle en
défaut, d*après Lawrence, dédiés au duc d'Orléans, in-f®, h,; la
Ruse d'amour. En 1789 se place un portrait ; M. le marquis de
La Fayette, maréchal de camp et commandani général ée là garde
nationale parisienne, gravé par Darcis de Demierre, in-8*. Au
Salon de 1793, on voyait encore de lui : la Jeune Indienne, et un
ÀmouTy d'après la gravure de Porporati. 11 devint bientôt le gra-
veur le plus fréquent des cooipasitions allégoriques de Boizoi.
Nous en avons donné une assez longue liste. Son dessin mou et
son pointillé monotone ne pouvaient donner aux figures du sculp-
teur le style dont elles étaient si dépourvues. H patut avec plus
d'avantages dans les estampes qu'il put faire ensuite : d'après
Drouais, Marius à Mintumeê, qui parut au Salon de l'an Y;
d'après Lethière, Ju/nius Brutue, et d'après P. Guérin, la BrauiUe
et le Rcuxommodement , deux jolies pièces qui figurèrent au
âaloQ de l'an VIII.
11 en fit de moins sérieuses, et qui ne pouvaient, malgré U
relâchement du temps^ affronter le Salon t
Oui est là? ovale en couleur et en noir; c'est une dame à
bidet; dans le premier étal, elle tient une éponge ; dànà le secom
un linge, pour se cacher Un peu ;
Le Trente et un ou la Maison de prêt sur nantissement, Guéi
del., L. Darcis sculp., 17 fig., in-f*, 1.
Mais son plus grand succès fut obtenu avec l'aldfe de Car/^
Vemet, et dans des figures qui n'exigeaient que quelques qualité^^
agréables de dessin et de gravure :
Les Incroydbles, C. Vernet pinx., Darcis sculp., în-P*, 1., deux
figures:
^ Eh! mate, e*tiBt itoipMsibie; J« te croyait émigiré.
— Ali l e^est incroyable ; voilà Ia Fl«or, mon ei^^fofaiit valet.
i. Louis Darcis, ou d^Arcis, ou DaroU de Damierre.
iBAN-FÀANÇOtft TOURilATY. 4i3
Lu MerwiUeuBiSÊ, G. Vemei dtel., Darcis scul^.^ i&-^, I., trois
figures:
— Quoi! à pied, citoyenne! où est donc votre carrosse?
— Ah] madame, je n*en serions pas moins dans la boue.
Les Payables, chez Darcis, in-f^^ 1. Un jeune homme, la bourse
^ la main, entre deux Glles;
UAnglomane, d'après C. Vernet;
La Course des ckevaux, de C. Vernet ;
Le général Baonaparte à cheval, de C. Vernet.
TOURGÂTY*, gendre du sculpteur Dardel, et devenu, après
l^i, profœseur à TÉcole de Versailles, fit partie, comme gra-
^cur^ du jury pour le concours de l'an II. 11 exposa au Salon
^^ cette année trois estampes, « gravées à la manière an-
^f^ise » : le Départ de Mars pour la guerre, et la Paix qui
^^^'^téine l* Abondance. Ces pièces, faites sur le dessin de Dardel
^ <2^^s la manière de Bartolozzi , en noir ou en bistre, avaient
^JÀ paru avec privilège du Roi et 'dédiées à M» le prince de
une et à M. de Portelande, in-f° ovale, h. La troisième
exposée était le Portrait d'un patriote polonais , que
i^ iik^e connais pas.
1^^ nom de Tourcaty prendra toute sa célébrité du portrait de
JTcxy^cxlÀ to tribune, d'après le peintre inconnu Simon Petit, in-f°, h.
G'^ïst un mélange patient de tous les procédés de la gravure mé-
^^■^i^ijtie, à la roulette, au berceau, aidés d'eau-ïbrte. On ne sau-
t^^V ^ire qu'il est beau, mais Tépileptique « ami du peuple » y
*^ cïsoinme ûgé.
^«i trouve l'adresse de Tourcaty sur une eau-forte importante :
l-^ S8 février 1791 ou la Journée des cfifivaliers du poignard,
Wr*, 1.; mais, d'après une note manuscrite que l'on a lieu de
to\T pour exacte, cette pièce serait d'un artiste inconnu nommé
^* Jean^François Tourcaty, né à Paris en 1703, élèf» de
m ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
Jourdain ^ C'est une composition des plus mesquines dans fa
vérité; elle est pointée avec assez d'habileté.
Le seul biographe qui ait pris note de notre graveur le donne
aussi comme peintre, pour quelques tableaux exposés à Ver-
sailles'. La carrière du graveur paraît, du reste, absorbée par des
travaux de commerce, planches d'histoire naturelle dans la Des-
cription de l'Egypte et dans d'autres grands recueils, et petites
pièces d'imagerie de bonbonnières, où son nom est accolé à celui
de Dutailly.
TASSAERT' débute en pleine Révolution par des ouvrages qui
répondent aux plus vives passions :
M^^'A^-C^* Corday, dessinée d'après nature par Hauer, gravée
par Tassaert sous la direction d'Anselin. C'est le portrait annonce
dans le Journal de Perlet, le 27 juillet 1793, in-f*, h. Au basd^
la marge, la scène de lassassinat en médaillon; encre, bistre, olk
coloris.
L'héroïne est de face, à mi-corps, une main sur la hanche e<^
tenant un éventail, l'autre armée du couteau, la poitrine empn-
sonnée d'un fichu et d'un ôorsage à double ganse, la tête coiiïée
de cheveux à grandes boucles et d'un chapeau.
L'exécution de ce portrait est fine et vigoureuse; l'expression
en est Vive, et, malgré des signes évidents d'enjolivure, c'est un
des meilleurs éléments du portrait vrai que Ton puisse avoir.
/. Chalier, dessiné par Ph.Caresrae, gravé par J.-J.-F. Tassaert,
à Paris, chez l'auteur, rue Christophe, n® 9, section de la Cité,
in-f^, h. ; buste drapé et posé à l'antique dans un médaillon can-
tonné de symboles, le niveau, le bonnet, le flambeau, le papillon.
Le dessinateur et le graveur ont eu l'intention de donner de
l'idéal à leur modèle, peut-être quelque buste envoyé de Lyon,
i. L'épreuve que J'ai est avant la lettre. Elle a appartenu à îff. Robert
Dumesnil , qui Ta annotée d*après un exemplaire avec la lettre, l'adresse et
rinscription manuscrite : Jourdain inv. et sculp., Aix,
2. Gdbet, Dictiotinaire des artistes^ Paris, 1831, in-8*.
3. Jean-Jacque»-François Tassaert.
JEAN-JACQUES-I^RANÇÛIS TASSAERT. 22!>
Qiais leur manière* y a fort mal réussi, l'ai parié, à l'article Ga-
tesme, d'une grande composition surChalier, qui fut aussi gravée
far Tassaert.
Le 31 may 1793, gravé par Tassaert, citoyen français, d'après
ïesquisse du citoyen J.-F, Harriet, gr. in-f®, 1. H y a dans cette
pièce une multitude de figures et une recherche théâtrale de
J'effet, mais rien de ce qu'on pouvait attendre d'un peintre cou-
ronné par le jury,
La Nuit du 9 au 10 thermidor, dessiné par le citoyen Harriet,
^ravé par Tassaert, citoyen français, gr. in-f", 1. On sent peut-être
'Ci rémotion et l'horreur de la scène, par l'effort fait par les
^K^istes pour rendre les figures des conventionnels arrêtés, le
fi'^^c^as des coups de pistolet, la lueur des torches; mais de cet
rt à un beau quelconque il y a encore loin.
triumvir Robespierre, chez Tassaert, graveur, ovale in-8®;
^^^kespierre exprime un cœur dans une coupe :
Ce maître impérieux n*e8t plus qu'un vil coupable, etc.,
^^it vers de la Virginie de Laharpe.
Tassaert fut bientôt ramené à des ouvrages plus calmes, sinon
ïHeiileurs :
LÈlève intéressante, M"« Gérard, élève de Fragonard, pînxit;
seconde édition, retouchée par Tassaert, gr. in-f^, h. ;
Young enterrant sa fille, d'après le dessin de Lemiire jeune ;
Collection de têtes d'expression, d'après Lemire.
On peut compléter un œuvre à Jassaert avec des portraits de
divers formats :
M f^ Clairon;
M. de Latude;
Lavoisier, d'après David (collection Bonneville) ;
Lavoisier écrivant à son bureau ;
Richard Parker, 1797 ;
Danse de Villoison:
Colin dHarleville;
15
226 ARTISTES. — GRAVEURS AU pÛIKTILLÉ.
Et plusieurs portraits de BuanaparU , général « coi
empereur.
SoD pointillé n'était qu'une selle à tous chevaux; ii ava
à Chahep et à Robespierre; en 1806, îl servait à une apot
NapoUan, emperaur, représenté dans* une gloire céleste, j(
gant et prononçant ces paroles : « Dieu me la donne, gar
la touche » ^ eU en 1814, ii servit à ui^e allégorie : la û
tyran, ii?-8® :
Son triomphe fût court, la chute est éterneUc, etc.
Tassuert dirigeait, vers l'an IX, la gravure des ouvre
fleurs de Redouté ; ii avait inventé, disait-il, un outil av^€
ii était en état de saisir les moindres mouvemepts, "et
moyen il croyait pouvoir dans ta gravure approcher autar
nature que daAS le dessina Ii est fâcheux que ce men
procédé ne paraisse en rien dans les ouvrages qu^ nous
d'examiner.
VÉRITÉ' appliqua d'abord aux portriiits son procédé d*
tjllé, qui était assez lumineux. Les $iej)s nous donnant
façon suffisamment exacte dans leur petit format, les ]
nages des premiers temps de )a Révolution :
Louis XVI à cheval ;
Louis XYI, en l?uste, en couleur, chez M"* Bligny :
Monarqufi bi^faisAAt, prptectei^ fXfÔA 4^ z^le, et^.;
La Fayette;
Tkouret :
, A nous donner des lois il s'occupe sans cesse, et^.;
1. Cette estampe est annoncée et décrite fort au lon^ dans les Anna
Chalcographie, in-S», 1806, 1. 1, p. 111.
2. Bruun Neergaard. Sur la situation des beaux-arts en France
in-8% p. 180.
3. Jean-Baptiste Vérité.
Cornas, dessiaé d'après nçiliire par D*^;
CotjLthon, Ducreux pinxit;
Raboui Sainl-Ètienne :
De ses frères proscrits Tespoir et le sovitien ;
CamJbon fUs aîné, fabricant à Montpellier, député du départe-
ment derHéranlt àrAssemblée nationale de 1791 ;
f^^jf^elktier Saint-Fargeau, dessiné sur le plâtre et gravé par
Vérité.
Pu is vinrent quelques Ggnres de dévotion révolutionnaire :
^^''^Mas, Vérité se. :
Dieux ! donnez-nous la mort plutôt c^ue ^esclaya^e ;
Joseph Barra;
^^9'^^icole Viola;
^ JPnix;
^ VérUè.
'• Krava deux grandes pièces : la Journée du 26 juin 1792 et la
*P<*^"«»on de Mark'AïUoineUe cFavec sa famille dans la tour du
''^'^Pic, d'après Bouillon.
^ "*^î« ces compositions, qui ne s'élèvent guère au-dessus de
"**^8erie, furent faites en 1795, et les types révolutionnaires y
P'^Oriçnt l'expression dont les chargea la réaction. A la même
^*^Ue appartiennent les portraits de Louis XVI et Marie-Antoi-
^^, sur la môme feuille, avec la mention de l'exécution, et la
r**inces5e de Lamballe, d'après M°« Lebrun.
^uillon et quelques autres dessinateurs fournirent à Vérité
^^ Sujets d'estampe plus considérables; ils servent du moins à
feire connaître des artistes qui ont eu dans le temps leur succès :
Miîierve protectrice des Arts et de la Sagesse, d'après Bouillpn ;
L'Amour conduit par la Fidélité ;
V Amour fixé par l'An^itiè ;
Offrande à Priape, Serangeli pinxit. Vérité direxit, in-f^, 1.;
M8 ARTISTES^— GRAVEURS AU POINTILLÉ.
Pauvre Jacques, Vangorp delineavit, Vérité sculpsit, ÎD-f»,
h., ovale.
TRESCA\ Sicilien établi à Paris, gravait en 1788, à ce que
nous rapporte Basan, divers sujets à la manière pointillée an-
glaise, qu'il copiait d'après des estampes de plusieurs graveurs
anglais. Ces estampes, qui n'avaient d'anglais que le litre,
étaient empruntées la plupart à des peintres de sujets familiers
et galants de son pays : Pinelli, Gianni, Gipriani*. Il avait
fait pourtant, d'après Lawrence, le^AppréU du ballet, et, d'après
David Àllan, l Origine de la peinture, qui est annoncée dans le
Mercure français de 1792. Boilly le ramena à des sujets tout
français, mais qui ne sont révolutionnaires que pour la morale.
Nous avons cité ces estampes dans l'œuvre du peintre; en voici
une, d'un sujet tout palpitant en l'an VII, qui lui appartient en
propre :
Eulalie, embrasse ton époux, dernière scène de Misanthropie
et Repentir, Tresca sculp., in-f^, l.; sept flgures, d'une expression
merveilleuse et d'un pointillé des plus fins.
L'entreprise la plus sérieuse de Tresca fut la suite des Douze
Mois républicains, d'après Lafitte, dont j'ai fait connaître déjà
quelques types. Ce qui appartient davantage au graveur, c'est la
netteté conservée au dessin, le soin des attributs et peut-être
l'apposition des quatrains, péché mignon de certains graveurs
dans tous les temps. Les jolis bustes féminins de Vendémiaire, de
Nivôse, de Floréal, de Messidor ^ avec le calcul de la durée'des
jours dans les principales villes de l'Europe, n'étaient pas faits
seulement pour servir de modèles dans les lycées, ainsi que le
disait l'annonce de Vallin, mais aussi pour orner les cabinets des
curieux, dont le goût contribue à l'encouragement des beaux-
i. Salvatore Tresca, né à Païenne. V. Catalogue de planches gravies et
estampes, après cessation de commerce de M. Tresca; graveur, par Regoault
DeUlande, 21 février 1X15, in-8*.
2. Nymphs and Cupids; Nymphs bathing; Cipriani piox., Salv. Tresca
sculp., in-4<* 1., à Paris, chez l*aiiteur, rue des BlauTaises-Paroles.
l
SALVATORE TRESCA. 229
arts ^ Il fallait bien la candeur de nos théophilanthropes pour
donner comme modèles à des lycéens des formes aussi accusées
et des vers aussi vifs que ceux qu'on lit nu mois de Germinal :
Tout végète et s*anime au retour des Zéphyrs ;
La Nature à ses lois ramène nos désirs,
Et rage le plus pur apprend des tourterelles
Qu'il est doux de s'aimer et de s*unir comme elles.
Le procédé de Tresca, plus léger que celui de Darcis, fit mieux
valoir encore quelques sujets d'incroyables, qui portent son nom
seul, mais dont le dessin trahit toutes les habitudes de Boilly :
Les Croyables au Perron^ Tresca sculp. ;
Les Croyables au tripot;
Point de convention, Tresca sculp., in-i°, 1.; un jeune homme,
les bottes aux mains d*un décrotteur, offre de l'argent à une fille
qui décampe ;
La Folie du jour, Tresca sculp., in-l», 1.; un jeune homme, en
culotte collante, et une jeune femme, en robe diaphane, dansent
un pas de boléro' devant un ménétrier^ On ne saurait imaginer
une mise en scène plus piquante des travers et des grimaces des
habitués des bals de l'hôtel Mercy et de l'hôtel Thélesson.
LEVILLY' est une assez bonne doublure de Tresca. 11 passe
comme lui de la fabrique italienne anglomanisée et des importa-
tions germaniques à des façons tout à fait françaises. Ses eslam-
i. Annales. de la Chalcographie, Paris, 1806, 1. 1, par 54. La suite, commen-
cée quand le système républicain était encore en vigueur, essayait encore de
•e placer sous TEonpire.
2. Le tribun Gara-Mai Ma, Tun des grands incroyables; Tamant de M*"** do
Gondorcet et de M"* de Fleury, après un voyage en Espagne, avtiit mis à la
mode cette danse, et Teiécuta ches M. de Talleyraud avec M"* Tallien {Sou-
fmûrs du Directoire et de l'Empire^ par H"' la baronne de V..., Paris, iSiS,
in-««, p. 12.)
3. J.-P. Levilly. Je ne trouve, dans les documents à ma portée, aucune men-
tion de cet artiste. 11 n^est point à confondre avec Cbarles-Stanislas Léviillé,
ingénieur à Caen et dessinateur de ruines.
430 ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
pes, plos petites que celles de Darcis et de Tresca, soût poilrtai^^
encore si frottées dû goAt des merveilleuses que je prends no^H
de celles qui me sont tombées sous les yeux et que personne
citées. Beaucoup ne portent que son nom seul :
Les Cerises, Levilly, petit médaillon en couleur;
Le Bain de Virginie, Levilly sculp. : « Un de ces étés qui d(
lent de temps à autre les terres situées entre les Tropiques, et
In-4«, h. ;
What you will; — a Widow; J.-P. Levilly, 2 pièces in-4«, h
Là Rivale désabusée, dessiné et gravé par J.-P. Levilly;
La Valse, Benvell pinx., J.-P. Levilly sculp., in-4®, h. La v:^:^ 1
vint de l'Allemagne et prit vogue dans lefe salons de Tan V; ^]
est ici fort romantisée;
Beautés dansant à la musique de V Amour, J.-P. Levilly sci^ Ip
ih-4*, h. ;
Le Poète, L. Boilly pinxit, J.-P. Levilly sculp., in-f*, h. Uii ^mt^
lesceht, en culotté collailte et bottés à revêts, le calepin à la m .^i^j
s'înspîre auprès de la statue d^Apollon, au coin d'un bosquet <3"
dèiiï jeunes filles l^épîent. C'est le chef-d'œuvre du gravenw, *^
une charmante vignette pour les poésies dont raffolèrent ceim^ ^^
celles qui avaient leurs seize ans vers l'an VI ;
Faites la paix, — C'est inconcevable, tu n'es plus reconnaisscU^^^
Levilly, deux petites pièces rondes; sujets d'incroyables.
Les Cmyabks au Perron, — Tiens, c'est mon valet, autres petîti
pièces rondes, toples réduites des sujets de Vemet et de Dartff
AUGUSTIN LEGRAND * traverse la Révolution avec des estampes,--
de genre galant et sentimental, qu'il prend aux peintres en vogue:
Fragonard : Ma chemise bride, — Télémaque et Eucharis;
1. AugQAtM^ud^^itnOfi Legrândt n^ à Paria en 1705. Le Manwl de VAnka-
teurd'êgtampes le fkit motirir vers IS08, mAis où trouve des publications sotis
son nom jusqu*en 1826. V. Quérard, la Franc» littéraire, t. V, 1833, ia-^%
p. 101. D*aprèB les iaditAtienft du Manad, Legrand, élëve de son père Louis
Legraâd) graveur au burf iH attrait cotnineocé par des vignettes d'après Ceddn
et Eisen.
AUGUSTIN LEGRAND. 231
Hili^ft t la Déd€gràiion, VÀmant pressant ;
Schall : ia Saison desamowrsi Us PetUs Swdojfwês, U Ro^r de
la Mnlleraie.
Datis deux sottes, qui necessèiisnt à aucune époque d*exeiterla
senti meotalité populaire : Geneinève de Brabani et Paul et Vér-
^iéi, c'est eoco^ à Scball et à M^^ Gérard qu'il ôinprUDte ses
Je ne vois de lui que deux piècôs politiques : U RéeU d'un
Invalide, chez un ferinier de ia Eaùiè^Normandié, en lui monltoni
uiw imaqe représentant le portrait du Roi (17 juillet 1789), d'après
Debucourt, dont on connaît les transformations, et la Cocarde
rmUmale, d'après Boilly. Car ce n'est pas à lui qu'appartiennent
sans doute deux pièces signées : Legrand sculp., Mariage républi-
coin et Divorce, in-f», 1.*, qui sont fort curieuses pour le costumei
mais faites au lavis et avec des figures prises dans les Salons de
Curtjus plutôt que dans la nature.
^ugustin Legrand variait ses procédés de gravure à la ma-
'ï'ere du crayon; il dessinait, non pas certes avec pureté^ mais
; ^^ délibérément. On en juge par quelques esquisses qu'il a
^^'tes seul :
^ ^^, — le Rossignol, gravé par Aug. Legrand en tbermidor
^^ in-f«. L, deux estampes très-fines et des meilleures de son
-^ <^€:ord, dessiné et gravé par A. Legrand, in-4®, b. ;
hustes de femmes, qui se font valoir auprès de certains
^^rs par leurs mines sentimentales, leurs costumes roma-
^^^ l^aris, chei Legt-and, rue Jacques, n* 16, \n-ï° 1. Ces pièce» sont sans
~^*^ ^un autre Legrand, P.-F. Legraud, qui a gravé quelques estampes diaprée
'^^^^'» lieroy et d*80tres. Le Mnnuel lui donne sept articles; Je ne le con-
^^ ^Ue par une pièce qui est annoncée dans le Moniteur, 3 mars 1703 :
• *^^^^^r6« anglais : Quand la Pauvreté entre par la porte, V Amour s'envole
^f *<». fenêtre, gravée par P.-F. Legrand, d*après feu Leroi« chez Tauteur, rue
^•*^^""Jacqùcs. LMdéede Cette estampe est ingénieuse et son exécution agréable;
(lO ^^urrait en faire le pendant en attribuant à la Richesse le même eflTet qu'à
\^ ■^•ttvreté; une troimèrae gravure compléterait le sujet ; ce serait la douce
l^^^îocrilé qui rappellerait et fixerait TAmour. »
«32 ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
nesques et surtout par les couleurs dont elles sont bariol
Et des Esquisses des statues, bustes et bas^eliefs, fruits des
quêtes de l'armée d*ltalie, publiées en 1803.
Je ne suivrai pas plus loin le nom d'Augustin Legrand,-
devint une raison de commerce de gravure et d'imprimerie
une multitude de modèles d'école, de chevaux, de sujets de d^
tion et de livres d'éléments et d'images, depuis VArt du
ou le Petit Jean Cousin, et l'Art de broder ou les Ouvrages à M\
guille en général, jusqu'à VHistoire naturelle et à la Morale
action,
RUOTTE *, dodt la première notice nous est donnée par Basan,
avait été à Londres apprendre la manière pointillée chez Barto-
lozzî, où il grava en 1784 la Comtesse d'Arcourt en villageoise,
d'après Angelica Kauffman. Je n'ai noté, des ouvrages de Ruotte
avant la Révolution, que la Comédie, ovale in-f°, chez M"« Breton.
11 exposa au Salon de 1793 une Jeune femme tenant une lettre,
d'après Fragonard, et un Mariage samnite, d'après Monsiau.
A la même époque parurent des pièces empreintes de toute la
couleur du temps :
La Liberté, patronne des Français, en buste dans un ovale,
Boizot del., Ruotle sculpt. Cette figure est empreinte d'une cer-,
taine austérité, la tête coiffée du bonnet, couronnée de chêne et
dans une gloire, la ceinture nouée sous les seins qui font saillie
sous le péplum mouillé ;
La Liberté et l'Égalité unies par la Nature, ^^ixoiie ^ulpsit. C'est
encore une composition toute pleine de l'hiératisme républicain,
dans son pointillé monotone et froid, et qui ne trouve de compa*
raison que dans les Madones d'une autre époque; la Nature est
figurée en Diane multimamme, assise entre deux lions;
La Liberté et l'Égalité au sein dune famille, Ruotte fecit, à
Paris chez Depeuille, in-8<» en hauteur; petit médaillon, au haut
1. UKiift-€harie6 Ruotte, né à Paris en 1754, élève de Lemire et de Barto-
lOMi,
.«*
à
â
LOUIS-CHARLES R130TTE. 233
j»
^■^e pancarte encadrée de faisceaux, et destinée sans doute à
^^ inscriptions civiques.
t>ans les Salons de Tan IV et de Tan V, Ruotte envoya des sujets
^ ^près divers maîtres :
Wnion, d'après Lethière;
la Téie de la Liberté, d'après Bosset ;
La Leçon inutile, d'après Vangorp;
Trois sujets de Paul et Virginie, d'après Vallin ;
Les Mariages samnites, d'après Boizot. Ce titre historique n'est
<Iu'un prétexte pour mettre à la mode antique le sujet commun
du Coucher de la mariée et du Lendemain des noces. Le graveur
De fait qu'ajouter un degré de vulgarité de plus aux figures de
ses dessinateurs.
En l'an IX, Ruotte prenait encore à Lebarbier des Principes
élémentaires de dessin à Vusage de la jeunesse. Ses inventions
paraissent se borner à quelques figures de femmes, allégories ou
héroïnes de roman, et quelques caricatures :
La Paix :
O Paix, flUe du Ciel, console enfin la Terre,
frontispice pour la collection Bonneville;
CécUia; — Metella; Landon, en annonçant ces deux pièces dans
les Annales des Arts de l'an XI, dit que le peintre a réuni, dans
ces portraits d'imagination, la régularité un peu froide des An-
glaises et la grâce plus animée des Françaises ;
Le Bœuf à la mode;
L'Écot : Ruotte fecit an V, in-fol. 1., pièce où figurent Buo-
naparte, l'Empereur, le roi d'Espagne, un Hollandais, le roi d'An-
gleterre et un Garçon de taverne.
L'énumération de l'œuvre de Ruotte serait longue encore si on
rétendait aux planches de livres et aux vignettes auxquelles il
prit part; Je me restreindrai aux portraits, qui portent toujours
leur intérêt malgré l'uniformité du procédé :
Washington, d'après Bonneville, in-8° ;
La princesse de Lamballe, d'après Danloux, 1791, in-/i";
m ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
fjDuds-Ghnrlêi ié Franchi daupbih, d'aprfts Sauvage, 1702 1
PaUoy, în-8»;
Sar r&atel dé U Liberté
II met son cœur et son génie*.* %
if''' Raucourt, d'après Gros, en 1796* ;
Nicolaus Daleyrac, in-4*;
Albouy Dazincourt;
De Piis;
Lapnncesse Caroline de Galles, d'après ft. Cosway;
M^ Gonihier;
Dcrivispère, dans les Amazones;
Le catdinal de Belloy, archevêque de Paris.
BRION DE LÀ TOUH*, fils d*un îngénieiir-géographe du ro/»
se fit quelque occupation d'abord, comme dessinateur, dansde^
portraits qui furent gravés en couleur par Chapuy :
Cagliostro;
Pilaire du Rosier ;
Le Bailli de Suffren ;
Louis XVI .
Le môme graveur fit d'après lui une pièce galàbte, intitulée: la
Réponse embarrassante,
11 composa une Allégorie sur V Assemblée des ^^otables, gravée
par Letuer en douze jours, in-fol. h.; il dessina des planches pour
les Antiquités nationales de Millin, diverses tombes, costumes des
Jacobins f qui ne sont remarquables que par la façon dont les
monuments y sont défigurés, et entreprit la publication des
Voyages dans les Départements. H se signala par la publication de
deux estampes sur Lepelletier et suf Marat :
Assassinat de Michel Lepelletier, Brion pinxit, éditeur et des-
sinateur des Voyages dans les Départements, in-fol. 1., avec une
1. La planche fut commandée par lin amateur d*estam|^s, M. d*llenneville,
et donnée à M"* Raucourt le jour de 9à THe,
2. Louift Briôn de La Tmut le Hls.
I
. ,s
LOUIS BRION DE LA TOUR. 235
^firende eh llroîs Ifgn^s. La composition a sept figures : Lepelletier
^ l'aèsàssin à gauche; à droite trois convives sortent^ 6«ivis d'un
uatrième qui payé là dame du comptoir; la salie du restaura-
'^r Février est meublée à l'antique;
^ ^sassinai de kàrat, composition de dix-huit figures^ prise au tno-
^nt où on emporte le corps et où Ton entraîne Charlotte GordAy.
des estampes sont d'un pointillé asse2 soigné , précieuses pour
costume, assez vraies d'expression ^t fort supérieures à celles
^ I3esrâis*, mais il n'y faut pas chercher un idéal quelconque;
^toiimelle ne trouvait à y louer qile du moUvetaent et du
ï^avail ».
L«e critique de là Décade, Amaury Duval, les loiie davantage :
*^ Cfes ettampes, d'une bontie composition et d'un gradd effet, ijont
^lles qui rendent avec le plus de précision et d'exac^titude les
^^énements qu'elles représentent. Le lieu de la scène a été levé
surplace. Dans l'assassinat de Marat on reconnaît sa chambre;
Vàutetir a ^aisi le moment ou le corps fut transporté de la bâi-
gQoire jusque sur le lit, et où les citoyens armés se saisirent de
lassassin et Tentraînèrent , ce qui donne un mouvement drama-
tique au tableau. Dans l'autre estampe on voit comment l'assas-
sin profita du moment où plusieurs personnes passaient dans le
salon voisin auprès du comptoir pour exécuter son dessin; ces
personnes, qu'on aperçoit au travers d'une arcade, font un effet
très-pittoresque. »
Le mérite de la vérité, qui faisait juger ces compositions avec
faveur, doit plaider encore pour elles et faire supporter leur exé-
cution monotone, leur .dessin tendre, leur expression dure ou
radoucie à l'excès.
1. Brion fut hommage de sa gravure de LepelUtier à la Commune de Paria,
le 29 août 1793; elle est annoncée dans le Moniteur â\i 3 septembre, aji prix
de 5 liv. en noir et de 10 liv. en couleur. La gravure de MareU est annoncée le
1*^ germinal an tî. Elle doit être encon; plus rare que I^autrc, car je ne Tàî vue
qu'au Cabinet des estampes; elle n*est pas chez M. Hennin, ni dans lA collec-
tion Laterrmde.
2. Journal de la Sààiété répïihïicainé dss Arts, ih-8^, p, 30l.
236 ABTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
Ces gravures de Brion sont annoncées comme failes sur àes
tableaux ; mais de ces peintures personne ne parle, et Toa -'^ott
seulement Brion figurer, au Salon de l'an V, comme.élève de f^^^'
tout, avec un tableau intitulé : Première leçon (Tamour.
Il est ensuite cité comme ayant gravé un tableau de Mons/^^ '
exposé en l'an VI , Zeuxis choisissant ses modèles parmi les P^^.^
belles filles de la Grèce, d'où il passe immédiatement à la tradn^^
tion pointillée de trois tableaux de RapbaêP. Sans chercher l^^
pièces, il m'a suffi, pour être édifié sur la fin de Brion, devoir^
celles-ci, par lesquelles je terminerai son article :
La Jardinière coquette : C'est pour lui que je me pare, dessiné et
gravé par Brion, terminé par Duthé, in-fol. en couleur;
Vignette pour le Furet de la littérature, par le citoyen du Cœur-
Joli, an XI ;
La Folie prècliant dans la calliédrale de Paris, « Mes chères
sœurs, le trou du Néant, le trou du Péché, le trou du Monde, sont
les trois trous qui vont faire le. sujet de mon discours : Ave
Maria. »
MONSALDY ' est un graveur au pointillé, se servant quelque
peu du burin et de la pointe, dont personne n'a parlé, si ce n*est
Vallin ', qui l'appelle un jeune artiste plein de mérite. Il était
élève de Peyron et grava d'après lui Antigmve sollicitant Upardofi
de Polynice et les jeunes Athéniens et Athéniennes tirant au sort
pour être livrés au Minotaure^ in-8', I.
Deux autres figures, de l'école académique renforcée, devront
peut-être aussi à son burin quelque vulgarité :
Soldat blessé, figure d'étude peinte à Rome par Drouais ;
Thisbé, d'après un tableau de Gautherot^ exposé en Tan Vil.
i. Manuel dé V Amateur (Tettampes, 1. 1.
2. Le Manuel de VAmateur d'estampes donne un Monsaldy, gnreur M
burin, travaillant à Rome au commencement du MX* siècle, et auteur de deui
portraits : Isaac Newton et Onuphre Scassi,
3. Annales de la Chalcographie, Paris, 1806, in-8<*, p. 104.
MOKSALDY. 237
Les pièces qui suivent, bien que d'une exécution très-méca-
que, se relèvent par leur intérêt historique :
La liberté de V Italie, dédié aux hommes libres, d'après Henné-
c]tiin, in-fol., h.;
Triomphe des armées françaises, in-fol., 1. ; on y voit les géné-
raux Hoche, Jourdan, iMoreau et Buonaparte^ tenant la carte des
contrées qu'ils conquirent à la République ;
L.-CharL'Afit. DesaLjo, portrait en pied, dessiné au Caire paf
Dutertre, an Vil et VIII, Monsaldy se. ;
Jean-Baptiste Klébe7\ portrait en pied, par le môme.
II y a aussi plus de couleur et de soin dans le pointillé que de
correction, dans une composition qu'il fit pour un frontispice
in-fol. : Ici reposent les cendres de Théophile Everyète.
On doit à sa pointe quelques portraits intéressants :
Fouchè, de Nantes, d'après Sambat ;
Lady Hamilton, à trente ans, d'après Romney ;
La reine Hortense, gr. in-8® ;
M*^ Gavaudan, dans le rôle du Diable à quatre^ de la Galerie
théâtrale de Bance.
Mais les estampes qui recommanderont le mieux le nom de
Monsaldy sont celles qu'il nous a laissées des Salons de la Répu-
blique ; une seule porte son nom associé avec celui de Devisme^ ;
mais, en raison de l'obscurité plus grande encore de ce dernier
nom et l'analogie de toutes ces pièces, on jBst autorisé à les attri-
buer pour la plus grande partie à Monsaldy :
Salon de l'an VI, eau -forte non terminée, in-4®, 1. ;
Salon de Van VII ^ eau-forte non terminée, onze flgures de
spectateurs, in-^», 1. ;
Vue des ouvrages de peinture des artistes vivants exposés au
Muséum central des Arts, en Van VIII ^ dessiné et gravé par Mon-
saldy et Devisme, !*•• feuille, 2« feuille, in-fol., 1.;
Vue des ouvrages de peinture exposés au Muséum en l*an IX,
1. Derisme m^est connu seulement par une gravure de grande dimension,
d'après Demarne, ei par des vignettes diaprés Moreau.
!m ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
m
i!)4^ )•! *<ies8iné et gravé par Devisme, eaurforte nod terminée;
dix figures par plusieurs groupes sur le p^rque^; il y ^n a un
é(^^ ayapt toute inscription, che;p M. Nip| ;
Salon de Van X, eau-forte non terminée; huit figures dans la
salle et foule à \s^ porte; iû-4®, 1. \
Un auteur récent a décrit avec esprit le Salon de l'an Vif :
tt Cette eau-forte, très-ii)ordue et encore charboonée par des
retouches à la pointe sèche, est l'œuvre d*un disciple malheureux
de Duplessis-Bertaux. Sa perspective forcenée exagère encore
l'aspect étr^ge des peintures suspendues aux quatre parois du
3.^1on carré; n^algré l'allongement indéfini des figures, émaciées
coqime au sortir d*un laminoir, on reconnaît les tableaux des
plus fervents élèves de Técole Davidienne...; les costumes des
spectateurs ne sont pas ce qu'il y a de moins fantastique*, »
Les autres Salons, restés à Fétat d'esquisse, n*ont pas cet effet de
charbonnage et de perspective en allongement qui on^ éfnoustillé
le critique, mais ils n*en sont pas n^oins atteints de leur fie;
Puplessis^Bertaux, graveur de plus d'adresse et de plus de pra-
tique, n'est pas aussi naïf; sur les estampes de Monsaldy parait
toute la défroque du temps ; les ij\cr<iy(^bles et les merveilleuses se
pavanept ^u premier rang ; au second ce sont les Jocrisses et les
Cadet-Buteux, et, sur les parois, se voient les Muses, de Meynier,
les Remords d'Orestef de Hennequin , et le Dix^uit Brumaire, de
Callet.
LAURENT JULIEN • était le neveu de Simon Julien de Parme,
i. La jplupart de ces pièeee sont de la plus grande rareté; je les ai mes
presque toutes dans la coUection de M. Hennin. Celle qui a été veoduo ea
«vril 1859 ^Catal, Vignères, n" 679; CasutU des Be€uu^4r^, t. q, p. 186}, au
prix de 31 fr., n'est pas, comme on Ta cru, le Salon de Van VIII, décrit par
M. Lagrange, mais celui de Tan IX, car on y voit le Lion de Florence, de Mon-
siau, et le Supplice d*une Vestale, de Peytavin.
2. Joieph Vemet^ sa vie, sa famiUe, son s^lû, d'après des documents iné-
dits, par Léon Lagrange, Bruxelles, in-8*, p. 116 ; extrait de la Revus univer-
selle des Arls de 1858.
3. Joseph-Laurent Julien, mort en 1805.
"^
JOSfiPH^LAURE^T 4ULIËN. m
ni à Toulon, qui, aprà^ ^yi^r travÂIlé dix a»6 à Roma, fut agréé
de rAcadémie en 1779^ figura f^ux Saloua de iiftâ, 1785, 1787,
comme un des réformateurs à la suite de Vieil, et eut enfin une
exposition posthume au Salon de !*an VIII. Ce Julien de Parme a
lui-même gravé huit pièces à i'eau- forte, mais elles sont du
temps de eon séjpur k Rome^; il trouv^ encore quelques gruveurs
an Franee, tele que Carrée, Leo^^it, Pruneau, i^aurent Julien,
qui senl nm^ intéresse ici^ grava d'abord les ouvrages d6
son oncle c
ta HdAe 4i fendue;
Titon et r Aurore ;
L'Étude répand des fleurs sur la vie;
UÀtïHmr de ia gloire fovM aux pi^^ h9 WW^I^ ^ l'Envie ,
peint par Simon Julien et gravé paf Laur^t Julien, $pn nevei).
Ce sont de grandes pièces, in-f*, h., faites au crayon pointillé et
très-renforcées, sans avoir pour cela ni couleur ni style ; tQiit au
plus y trouverait-on quelque réminiscence des modèles de B^rto-
lozzi. La dernière, rafraîchie d'une dédicace aux Soldats françf^is,
était encore annoncée avec son pendant en 1791.
Boby ou la Folle par amour écossaise • S. Julien pina^it- U Julien
sculp, :
A peine ^u printemps de 009 ^9*^5
doDze vers, tirés du Journal de Paris, 1787.
En dehors des inventions de son oncle, le graveur fît quelques
pièces d'allégorie où d'histoire, et des caricatures; maïs il n'avait
rien de ce qui fait distinguer dans ce genre, ni esprit, ni légèreté,
et il n'y suppléait que par des efforts malheureux :
LejeuneDesUlesàr affaire de Nancy, Julien le neveu, gr. in-foi., K;
Guerre a/ux tifrans, paix aux peuples; allégorie sur la paix;
dédié «IX vrais eitoyess ; Joseph i^urent lulien sculpt. in-foK, h.;
la pièce est d'une énergie assez vive, quoique durement gravée;
U Amour en réquisition; Lfiureot Julien, 1795, in-fol., I.;
i. EUes ^ é^ 4éent<w FAT If. RjKisfMKr 4» B^tU^MH» ; ^ (P^Mm 0fav9ur
français continué, U I, in-8°, 1850.
240 ARtlSTËd. --OAAVEORd AV POINTILLÉ.
Pauvre Rentier ruiné; — Merlan à frire, à frire; — le RiAe
du jour, ou le préteur sur gages; gravé par J.-L. Julien ; imitation
des charges de Carie Vernet.
Toute ma complaisance pour les inconnus et les infimes de la
Gravure ne saurait aller jusqu'à ramasser un œuvre et trouver
des titres personnels à la foule des graveurs au pointillé qui tra-
vaillèrent depuis 1789; en voici une kyrielle, dont je me bornerai
à donner le nom et Tindication, en citant ceux de leurs ouvrages
qui ont quelque reflet révolutionnaire.
GANU* n'a qu'un pointillé des plus plats, mais il a quelques
portraits et deux ou trois pièces intéressantes :
Marie-Antoinette, d'après M"« Lebrun ;
Sophie Ruffey;
Robespierre;
Kotzebue;
Grètry;
M^^ de Morency : Docile enfant de la Nature;
Le Temps écarte les nuages de l'Ignorance pour découvrir aux
hommes la douce Égalité, 1795, ovale, in-4*, h.; pointillé et cou-
leur;
Le Français en 1788, 1789, 1793 et 1801, in-8«;
La Solitude, in-fol., h.
GAUTIER' grava pendant la Révolution des pièces allégoriques
assez importantes :
// ôte aux nations le bandeau de l'erreur! A mon ami qui veut
faire ériger dans son jardin un monument à Voltaire; Bélanger
architecte inv,; Gauthier se, in-fol.;
Les douceurs de la Fraternité, d'après Vangorp;
i. Jean-Dominique-Étienne Cana, né en 1768, élève de Delaunây.
2. B. Gaultier, Gautier aîné.
FRANÇOIS MARADAN. 241
La Loi, d'après Boizot; elle tient un livre et une couronne;
ovale in-/»<*, pointillé de cooleur;
L'Héroïsme français, d'après le même;
La Philosophie découvrant la Vérité, d'après le même.
1^ plus remarquable des pièces qu'il grava d'après Boizot est
la Liberté couronnant la Victoire, ïn-P h. ;
La prise d$ la Bastille, avec légende et chanson, chez Gau-
thier.
Mais il prend plus de distinction dans les sujets qu'il em-
prunta à Saint-Aubin. J'ai déjà cité une pièce qu'il grava avec
Sergent; en voici deux qui sont des plus jolies :
: U Hommage réciproque^ Aug. Saint*- Aubin delin», Gauthier
scnlpt. ;
Ce sont deux pendants, au pointillé de couleur, représentant l'un
un jeune homme, les outils de sculpteur à la main, devant un
buste de femme; l'autre une femme décolletée» le crayon à la
main, devant le portrait d'un jeune homme, in-A» h.
Il ût aussi des portraits parmi lesquels je remarque i
Beaumarchais, ^uimt,
Pétion,
Chalier,
Lanjuinais,
Franklin,
Beauhamais,
Robespierre,
Aneastrom, le Brutus suédois.
Qui sont des meilleurs de la collection Boweville ;
Jourdan, d'après Hilaire Ledru*
Jl continua, sous l'Empire, par des portraits officiels et des allé-
gories niaises, et finit, sous la Restauration, par des caricatures.
MARADAN ^ est le graveur d'une paire de pièces de morale
I. François Maradan. Est-ce le libraire-éditeur do nombreux romans in-t2
et in-lS, ornés de vignettes, anonymes on signées : Tom Jones, etc. 7
10
242 ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
révolutionnaire, qui ne sont guère que de Timagerie, quoique le
sujet en soit pris de la donnée de Greuze :
Le Serment conjugal, d'après Senave ;
Le Premier devoir d un phre, d'après le même, gr. in*P» h.
Il est encore connu par des portraits :
M^ Fanny Beauhamais;
George-Anne Bellamy , d'après M"* Laville, femme Benoît ;
Moreau, général en chef de l'armée du Rhin, etc.;
Favard ;
Le docteur Gall^
Et par des vignettes, entre lesquelles on doit une mention au
frontispice du Peintre de Salzbourg, de Charles Nodier, an XI :
Elle dessinait, assise sur une tombe.
CHAPONICR^ était, suivant Basan, un peintre en émail, qui a
préféré à son talent, qui n'a été qu'éphémère, la gravure anglaise
pointillée. En 1786 et 1787, il ne pouvait, en effet, manquer le
succès avec des pièces comme celles-ci :
La Femme de chambre officieuse (the ofBcious waiting woman),
d'après Ghalle ;
Ce qui est bon à prendre est bon à garder, d'après Huet.
Mais on voit encore un exemple de la manière dont il dessinait
et dont il traitait les sujets sur émail, par deux très-petites pièces
ovales au pointillé, qu'on trouve en noir, en rouge ou en couleur :
Offrande à Vénus, — une Vestale.
Il prit quelques sujets à des peintres d'histoire : lo, Danaè^
d'après Regnault ; UÉtude, d'après Prud'hon.
11 fit môme une pièce historique : le Passage du pont dArcoU
par Augereau et Buonaparle, dessiné sur les lieux par Lembert,
dont l'eau-forte pure est assez vive; mais ses pièces les plus con-
sidérables et les plus soignées furent toujours les sujets galants,
qu'il prenait d'après Boilly, Vauthier, Mallet, et mâme d'après
les peintres anglais.
1. Alexandre Chaponier, né à Genève en 1753.
LA CITOYENNE ROLLET. 243
On lui doit aussi des portraits, que son pointillé rendait avec
beaucoup de flatterie :
Joseph Haydn,
M^ YolnaU,
U^ Duchesnois,
LouU-Napolèon, roi de HoUande.
DE GOUY ne faisait que reproduire en petit, et sans doute pour
servir de modèle aux dessinateurs de tabatières, les sujets galants
gravés en grand par Chaponier, Regnault , Tresca, et par les
autres graveurs de Challe, de Boilly, de Sicardi, et au besoin il
en dessinait lui-même pour la plus grande variété de sa suite.
On voit son nom sur un petit portrait de Jérôme Pètion.
BONNEFOY*, qui avait gravé quatre sujets des Contes de La
Fmtaine, d'après Challe, exposa, au Salon de 1793, deux grandes
estampes d'après Boilly : le Cadeau , et Honni soit qui mal y
pense.
Il y a sous son nom deux pièces curieuses à divers titres :
La Marche incroyabley d'après Boilly. Elle est décrite dans le
Moniteur du 5 nivôse an VII : a Parmi les groupes dont cette
marche est formée, on remarque la scène d'un marchand d'ar-
gent, des Merveilleuses, des Incroyables, des dupes, et surtout
un suppôt des fameux Comités révolutionnaires, donnant le bras
à une de ces célèbres Tricoteuses, dignes prétresses du culte de
Robespierre; derrière la marche, on voit un de ces élégants du
jour renversé dans son cabriolet^ etc.; »
La Machine infernale, rue Nicaise, 3 nivôse an IX.
La citoyenne ROLLET, qui n'est pas autrement connue, grava
des portraits, dans la collection Bonnevillc, et quelques pièces :
La Fraternité, dessiné par Boizot, gravé par la cit. RoUet,
méd. ov. in-4® ;
1. Jacques Bonncfoy, né à Arles.
244 ARTISTES. — GRAVEURS AD POINTILLÉ.
Marat, gravé par la cit. Rollet, chez la cit. R., rue des Noyers,
ov. in-/i°;
Le Moniteur du 3 nivôse an II l'annonce, avec celai de Lepel-
letier, u par un artiste connu, au pointillé^ d*un fini précieux et
d'une parfaite ressemblance ; »
La Traite des nègres, gravé par la cit. Rollet, d'après le tableau
de Morland, à Paris, rue Franciade, prix- 6 liv. en noir, 12 liv. en
couleur: a Cette estampe, dit le ifoniffur du 22 ventôse an II, est
du plus bel effet, de cet effet qui invite à penser et qui force à
sentir. »
GOLIBERTS peintre et graveur au pointillé, qui avait fait
d'abord des sujets anglais dans la manière anglaise, et * des
paysages d'après Casanova, parut, au Salon de 1793, avec un
grand nombre de sujets pastoraux. Jausen trouve datis ses tableaux
de la ûnesse et de l'harmonie.
11 grava plusieurs pièces, intéressantes pour la Révolution :
Jean-Marie Roland, ministre de l'intérieur, dessiné d'après
nature et gravé par Nicolas Colibert, in-f> h., pointillé bnio, ou
en couleur ;
Les cendres de Voltaire et de Rousseau sont portées au Panthéon
des grands hommes, d'après Boiseau, ovale en h. ;
La Patrie satisfaite, peint et gravé par Colibert, in-^ h., poin-
tillé de couleur. Un gargon joufflu, en gilet rose et pantalon nan-
kin, s'assoit sur un sac de légumes, la main appuyée sur un
sabre. A ses pieds, un Génie écrit, un autre Génie peint,
et, derrière lui, sur un nuage, la Paix vient le coureoner
de roses.
SIMON*, qui dessina et grava à l'eau-forte une pièce très-
curieuse : Vue du côté oriental de la montagne élevée au Champ de
la Réunion pour la fête de VÈtre suprême, in-f> 1., terminée par
1. Nicolas Colibert, né en 1750, mort en 180C.
2. J.-P. Simon, né à Paris en 1760 (Basan}.
I
JACQUES X.EROY. 245
, était connu auparavant comme ayant fait avec Coiny
finettes des Fables de La Fontaine, éd. de Didot, 1787 ; il fit
îs quelques grandes pièces d'assez bon pointillé, où il signe,
<:omme dessinateur, soit comme graveur, en collaboration
Leroy.
l'an XI, il grava quelques compositions de V Odyssée de
an.
.RCHAND^ professa la gravure en toutes manières et le
sous TËmpire; il fut secondé par sa femme, qui gravait
le lui le pointillé. Je n*ai à le citer ici que pour des pièces
^^ crostumes et de caricatures :
^<^^tmne à la spencer et chapeau à la glaneuse, 1797, J. Mar-
^^^iad sculp. ;
^o^tumè à la Minerve, in-f?, au lavis ;
-Ali / beaucoup vou^ critiquent, mais peu vous imitent, d'après
*^^o, în-P 1. Ce sont deux muscadins, dont l'un fait l*aumône et
^ ^titre fait cirer ses bottes.
LEROY* est déjà donné par Basan comme graveur de vignettes
d'après Gravelot et Marillier, pour les Contes de Fées, les Nouvelles
de la reine de Navarre, On cite aussi de lui un portrait de Beau-
marchais ^ et quelques autres. J'ai vu son nom sur les vignettes
de l'ÈUve de la nature, d'après Watteau de Lille. Il fut un des
faiseurs des vignettes de Rétif de La Bretonne, et son nom se
trouve sur plusieurs pièces révolutionnaires :
Déclaration des droits de Vhomme et du citoyen, stèle historiée
de figures et d'attributs, J. Leroy perfecit, în-f®;
Les dix Commandements de la République française ^ d'après
Désrais;
Droits de Vhomme, stèle avec les portraits de Marat, Lepelle-
tier, tenus par des Libertés, les bustes de Brutus, de Scévola, et
I. Jacques Marchand, né à Parts en 1709, élève de Godefroy (Gabet).
3. Jacques Leroy, né à Paris eti 1739.
r
«
-'''\
^'l^
246 ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
beaucoup d'attributs : le triangle ; l'œil ; un cœur, la pointe sur
une pique; gravé par Leroy, în-P>;
Marie-Antoinette à la Conciergerie^ — Marie-Antoinette séparée
de sa fUle et de sa belle-sosur; deux petites pièces au trait, par
J.-J. Leroy (collection Comberousse, vendue par Vigaères en
mars 1857).
MASSOL, qui n*est guère cité que pour des portraits, — dont le
plus célèbre est Charlotte Corday, d'après Queverdo, avec la
scène de l'assassinat en marge, in-8®, et parmi lesquels je citerai
encore if"* Olivier, d'après Lemire, if oreUel, an XI, — a gravé an
pointillé des compositions allégoriques d'après Queverdo et Tail-
lasson :
La Philosophie devant le cénotaphe de Chalier : « Il aimait la
Liberté, il sut mourir pour elle. » D'après Queverdo, in-8<^ rond,
pointillé en couleur ;
La République^ d'après Boizot, ovale in-f^*, pointillé de couleur;
La Tyrannie révolutionnaire écrasée par les amis de la Constitur
tion de Fan III, d'après Queverdo, in-4« ;
La Force surveillante, d'après Taillasson, in-&^ h.
M"* MONTALANT a fait des portraits, où elle prend quelquefois
le titre de citoyenne :
Benjamin Franklin, d'après Desrais;
Jeas^Paul Marat, d'après le même ;
Vittorio Alfieri, d'après Fabre.
Elle grava aussi, au pointillé de couleur, des sujets familiers
de Dutailly.
PETIT* exposa, au Salon de 1793, une estampe de la Fuiu^de
Caln, pour le poème de Gessner, d'après Lebarbier, et, à celui de
l'an IV, une estampe : Pstjdhé fustigée par les Furies, dont on ne
donne pas le peintre.
I. Jacques-Louis Petit. VAlmanach des Beaux-Artt pour Tan XII le donne
comme graveur en taille-douce, éditeur de la Vie de JésuS'^hrist,
SIMON PETIT. 247
11 grava deux vignettes révolutionnaires :
La Liberté sur un navire, Vivre libre ou mourir, Gatteaux inv.,
Petit scuIPm tête de lettre du Ministère de la marine ;
La LiberU couronnant un Génie, auprès des emblèmes des arls ;
dans le fond, temple, colonne et montagne dans des gloires;
S. Myris inv., L. Petit sculp.
Ce n'est point le même qui avait gravé des pièces d*après Bou-
cher dans la manière du crayon ^, mais c'est bien lui sans doute
qui grava au pointillé plusieurs compositions galantes de Boilly ;
cependant on ne trouve pas, à la signature de ces pièces, le nom
de Petit précédé de Tinitiale du prénom L. ; on trouve, dans le
fond de la veuve Jean, d'autres pièces de pacotille au pointillé,
qui sont signées aussi : Petit, tout court. Le nom de Petit se
trouve encore sur quelques portraits :
M^^ Marie Salle, la Terpsichore française ;
Marie-Thérèse, reine de Hongrie.
D'un autre côté, il y a quelques petites pièces, au burin ou à la
pointe, qui sont dues à L. Petit; ce sont des sujets de la vie de
JémyChrist, dont l'un est daté 1791, ou des reproductions en
miniature de tableaux fameux, la Cène, la Transfiguration. La plus
grande n'est encore qu'une vignette : la Mort d^ Adonis, Boichot
del., L. Petit aqua forti, L. Petit sculp., in-4® h.
SIMON PETTIT ' était un peintre qui exposa, en l'an IV et en
Tan V, de petits tableaux de genre, des portraits et des minia-
tures. Il a laissé quelque trace dans la gravure par trois pièces,
au lavis et au pointillé, qui ne se recommandent qu'à titre de
réminiscences historiques :
L* Anarchiste: Je les trompe tous deux; S. Petit, peintre, sculp.;
Expérience du parachute, le 1" brumaire an Y!, dessiné et gravé
par Simon Petit, avec le portrait de Garnerin et une. longue
légende, in-f» h.;
I. Basan le nomme Jean-Robert Petit, né à Reims en 1743.
?. Simon Petit, rue de Grenelle-Honoré.
f^ 'g'-
2tô ARTISTES. — GRAVEURS AU POINTILLÉ.
Le Secret dévoilé, dédié à la Vengeance^ dessiné et gravé par
SimoD Petit; pièce relative à l'assassinat des plénipotentiaires de
RasUdt, en avril 1799.
CARPENTfER a gravé au burin et au pointillé des. sujets histori-
ques et autres, mais toujours très-petitement :
Le comte de Mirabeau, député, d'après Allais; écu historié d'one
massue et d'un caducée ; petit.in-P ;
U Heure première de la Liberté, 1& juillet 1789, m-S? 1. ;
La Chute du trône, le 10 août 1792 ;
Trois petites statues antiques de femme, L. Carpentier, 1790,
in-i»;
Huit petits sujets historiques, Brion del., Carpentier sculp.^
in-4^; ce sont des planches pour les Antiquités fiatûmaies de
Millin;
Un jeune homme allant prendre un moineau sur le sein dune
jeune fille, Carpçntier sculpsit, terminé par Simon Petit.
8. — GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS
Dans les procédés expéditifs et jolis, par lesquels la Gravnre se
^^Igarise, tout ne tourne pas à la dégradation ; beaucoup d'ar-
^^stes s'y ingénièrent à des effets nouveaux. La gravure au iavi$,
^^ Leprînce, Parizeau, Fragonard et Saint-Non avaient trouvé
*^fit de ressources pittoresques, et où Debucourt se créa, (Àname
'^ous Tavons vu, un genre tout nouveau, servit à beaucoup de
Publications de librairie, sans les préserver du discrédit encouru
P^r une réduction détestable. Telles sont r Histoire de la Grèce,
f^'" Sylvain Maréchal*, le Tc^leau des anciens Grecs et Romains ei
*^nttgvs Rome, par Grasset Saint-Sauveur*, les Épitomes de rhis-
^^^^ des Francs, le Recueil de tous les costumes religieux et mili-
^^fes, par Bar*. On ne trouve là que les figures les plus vulgaires
î^e pouvaient deissiner Desrais, Mixelle, Labrousse et d'autres,
Çuand^ au lieu des modes, ils prenaient quelque costume antique ;
^^^s d'autres graveurs en firent un meilleur usage, aussi bien
ans 1^3 sujets antiques, pour rendre les effets des bas-reliefs, que
^s 1^3 sujets modernes, pour obtenir les tons variés des étoffes
^ 'îterté d'une composition.
» *-^^ figures sont de IlixeUe, Pari», 1787-9.
^^**^*», Campenon, an IV (1796), 2 toI. in-4».
^^ues-Charles Bar, surpris par la Révolutiou pendant la composition
^^^€:ueil de tous les costumes religieux et militaires, en planches coloriées
\y»^&^ 1778etannée8suivantes, 56 livraisons en 6 vol. in-P), en accommoda
^ ^^rtie à Tusage do la Révolution, sous le titre de Mascarades moruuti-
i\^^ ei religieuses, 1792, în-8«, avec des figures au lavis qu*il a signées Ralwlli
»11« Uar?) fecit 1793.
250 ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
Le coloriage mécanique, qui ne fut souvent qu'une application
de plus à tous les genres de gravure, trouva des ressources nou-
velles dans l'imitation des pastels. La boutique de Bonnet, me
Saint-Jacques, qui se disait inventeur du pastel en gravure, fou^
nissait au gros des consommateurs les sujets galants et les atti-
tudes féminines. Son fonds était de jrius de mille pièces, en com-
mençant par deux ou trois sujets de sainteté et finissant par la
BastUle détruite et le Tambour national. Mais nous allons voir des
artistes, moins asservis au commerce, y gagner quelque renom.
JANINET. Le plus célèbre des graveurs en couleur de la fin du
XVIII* siècle fut Janinet* ; il produisait en même temps de grands
sujets historiques d'après Lebarbier, des galanteries d'après Law-
rence^ Carême, Fragonard et Charlier, des ruines d'après Robert
et de Machy. Je ne citerai, parmi les pièces antérieures à la Révo-
lution, et pour leur intérêt particulier, qUe Nina, d'après Hoin,
qui est datée de 1787, l'année même du succès de l'opéra de Pae-
siello, et les personnages de théâtre faits pour le recueil intitulé :
Costumes et Annales des grands théâtres de Paris, 1787-1789 :
M^^ Raucourt rôle de Médée, Prévilk rôle de Crispin, M^ Dugor
zon rôle de Nina, if''« Comtat rôle de Suzanne. Ces pièces sont
gravées en couleur, sur les dessins de Dutertre. 11 fit le portrait
de Franklin en 1789. Son propre portrait, gravé au lavis, ovale
in-8<*, le représente avec un chapeau rond à larges bords et un
habit rayé, louchant légèrement.
Janinet se mêla d'expériences aérostatiques et n'y fut pas heu-
reux ; une ascension manquée au jardin du Luxembourg, en 178i,
lui attira les risées publiques et les caricatures. Wilieen a raconté
quelque chose'.
En 1789, il entreprit la publication de gravures historiques
des principaux événements depuis l'ouverture des États généraux;
f . François Janinet, né en 1752, mort en 1813. Le Manu^ de t'AmaUwr
d'estampes donne de lui 70 numéros, sans citer une seule pièce relative à la.
Révolution.
2. Mémoires et Journal de J.-G. WUlc, t. II, p. Oi.
■^
J
FRANÇOIS ET SOPHIE JANINET. 251
. ^ ^n a d'abord une suite in-8« et d'autres en plus grand format ;
^e citerai que la Fédération, 1790, gr* in-f» 1. Elles sont com-
^^^ plutôt de pratique que sur les lieux, mais Texécution en
^^ toujours agréable.
Voici, de la même année, une pièce d*un autre genre : Projet
im monument à ériger powr le Roi, dédié à l'Assemblée nationale;
OeVarenne, huissier d'honneur, inv.; Moreau, dessinateur et
graveur du roi, deh ; gravé en couleur par Janinet, en 1790, gr.
in-f^h.; statues de Henri IV et de Louis XVI, sur un stylobateomé
de figures allégoriques et entouré de quelques groupes de per-
sonnages du temps ^.
Au Salon de 1793, il exposa des estampes en imitation des ba&-
reliefs : la Conspiration de Catilina, la Mort de Lucrèce, le Premier
pas de l'enfance, etc. Les pièces de ce genre que je connais : des
frises, en figures de bas-relief, datées de 1791 ; la Liberté^ VÈgor
liU, d'après Moitte, montrent chez le graveur assez de force et
de sûreté dans la pratique du des^n et dans les ressources de sa
pratique. U les transmit à sa fille.
SOPHIE JANINET exposa, aux Salons de l'an VU et de l'an VIII,
la Paix, V Abondance, gravures au lavis, à l'imitation des baà-re-
liefs, d'après Sauvage, et un portrait du consul Buonaparte. En
Fan Xf I, devenue M"« Giacomelli, elle se montra dans un tableau :
les Dames romaines apportant au SéneU lewrs bijoux pour la ran-
çon, exigée des Gaulois, mais on ne voit pas qu'elle ait fourni la
carrière d'un peintre, à la juger sur une estampe très-répandue :
r Amour et les Grâces, signée : S. Janinet, F. Giacomelli, inv. et
se.; on voit qu'en apprenant de son père les procédés du lavis,
elle avait contracté, de sa génération et de l'école de David, plus
d&sévérité dans le dessin et plus de scrupule dans le nu.
Il y a une autre M"* Giagomelu, née Billet, qui a été connue
vers ce temps comme cantatrice, et avait quelque habitude de la
1. Les Archives de VArt français, 2* série, t. I, Paris, Tross, 4861, out
publié, p. 321-2, une lettre de Moreau relative à cette composition. (A. de M.)
252 ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
sculpture et de la gravure. On rencontre sous son nom une suite
de sujets tragiques gravés au trait. C'est sans doute celle-ci, dont
la beauté se trouve célébrée dans VAlmanach des Gourmands, à
propos de pêches.
• " *
AUX S filleul de l'acteur Préville, imprimeur en couleurs, est
connu surtout par une suite de portraits en médaillons de Philo-
sophes et de Révolutionnaires, destinée à la décoration du modeste
tabinet de tout citoyen patriote, et chacun y prenait son saint dé
prédilection : Montesquieu, Yoltairef Diderot, Fénelon^ Helvétius,
Rousseau, ou Franklin, Brutus, Lycurgm, Mirabeau, Marat,
Charlotte Càrdày, on les jeunes Barra et Viola. Ces portraits, an-
noncés dans le Moniteur de 179S, et exposés au Salon de Tan lY,
étaient faits d'après les dessins au pastel de Sablet, Garnerey et
d'autres, et l'imprimeur y avait obtenu cet air de vie et d'anima-
tion qui assure le succès et qui à ce moment était prisé au-dessus
de tout le reste. Le graveur alla jusqu'au paroxysme du goût
révolutionnaire et de ses procédés d'enluminure en publiant le
Triomphe de la République, le 9 thermidor de Van H, d*après
Boissîer :
• • •
Les despotes cruels dont nous bravons la rage
Eux-mêmes sur leur tête ont provoqué Torage, etc.
C'est le plus effroyable gftchis de cinabre que Ton puisse pro-
duire. Il appliqua plus heureusement son procédé en gravant des
Costumes antiques, d'après Chéry, Un Costume i officier munici-
pal, d'après Ducreux, et une Galerie des auteurs dramatiques,
musiciens, €tcteurs et actrices, dont lès premières planches sont
annoncées dans le Magasin encyclopédique de l'an IV, et qui com-
mence par le portrait de PréviUe, que le graveur a signé : Des-
siné et gravé par P.-M. Alix, filleul de Prévîlle, imprimeur en
couleur.
Dans le simple procédé du lavis bistré, Alice avait gravé des
\, P.-M. Alix.
.-i.\- «a
P.-M. ALIX. 153
portraits pour la eollectron Levachez, et des compositions de
Moitte en façon de bas-reliefs, qui furent aussi exposés en
Tan IV.
Comme graveur de portraits et de sujets actuels, Alix subit,
comme nous avons vu, la pression des événements. Sous la Ter-
reur, il avait brnlé, à ce que rapporte le docteur Mayer*, la plu-
part de ses meilleures estampes, surtout les portraits des hommes
célèbres, parce qu'on faisait alors des recherches dans les mai-
sons des artistes pour les rendre suspects, et ce n'est qu'après le
9 thermidor qu'il avait osé enrichir des portraits de BaUly et de
lavoisier sa belle suite de portraits enluminés des grands
hommes.
Sous le Directoire, l'imprimerie d'Alix passa à des sujets plus
riants, empruntés à Schall et à Mallet : le Télégraphe d^ Amour, la
'Lanterne magique d^ amour, le petit Redresseur de quilles, en se
tenant toujours trop près de Timagerie du commerce.
11 grava au lavis deux tableaux du Flamand Glaessens, qui,
envoyés à Paris de l'armée de Sambre-et-Meuse, Grent beaucoup
de sensation : le Juge prévaricateur arrêté et écorchi vif, par
ordre de Cambyse ; mais sa gravure n*a fait que dégrader l'expres-
sion des originaux.
II grava en couleur, sur les dessins de Gamerey, la Collection
des nouveaux costumes des autorités oonstitiiées, civiles et tnîtt-
taires, en 26 pi.
L*artiste semblait pourtant capable de mieux, si l'on en juge
par une petite pièce à Taqua-tinta, la Leçon de dessin : Gravé
par P.-M. Alix, déposé à la Bibliothèque impériale. 11 avait
poursuivi sa publication de portraits en médaillons, en y mêlant
des célébrités de toutes les époques : Henri lY, La Fontaine^
if"' de Sèvigné, Linnée, etc. Sa manière ne prend quelque intérêt
que pour des portraits contemporains. Il y a celui du Premier
Consul à deux époques, en Tan VI, d'après Appiani, et en l'an X-
i, FraQtnenlt sur Paris, par Maycr, trad. par' le général Dùmouriez, t. I",
Hambourg, 17d8, in-lS.
2S4 ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
SERGENT*, ûls d'un imprimeur en taille-douce*, apprit la
gravure chez Augustin de Saint-Aubin, et se fit connaître d'abord
comme un dessinateur habile à exploiter l'événement du jour :
Expérience de MM. Charles et Robert dans le jardin des TuHe-
ries, le i^' décembre 1783 ;
Les ducs de Chartres et de Fitz-James signent le proei»'i>erbal de
l'arrivée dans la prairie de Nesle^;
Les Effets du remède au gaz; le malade s'envole par la fenêtre ;
Les Effets du baquet magnétique de Mesmer^ deux pièoed rondes
en couleur;
R est trop tard^ en couleur * ;
La Foire des barricades à Chartres;
L'Enlèvement de mon onde K
Il travailla ensuite à de nombreuses planches pour une CoUeO'
tion des portraits des grands hommes, femmes illustres et sujets
mémorables de la France, gravés au lavis et imprimés en cou-
leur, par Blin *. Ces planches, variées de forme et d'exécution,
témoignent de la facilité dans le dessin et beaucoup de légèreté
et d'agrément dans le travail de gravure ; l'expression en est
gentille, et le costume offre ce compromis entre la vérité et la
convention, que Moreau lui-même n'avait pas dépassé.
En 1789, il prit part à la publication de la Collection des por-
traits des Députés des trois Ordres avec Levachez 7, qui sont
i. A.-F. Sergent-Marceau, né à Chartres en 1751, mort à Nice en 1838.
3. Le nom de Sergent, maître imprimeur en taille-douce, se trouve sur une
adresse gravée, avec encadrement de figures surmontées de Técu de France,
rue des Noyers, vis-à-vis le mur de Saint- Yves, chez le marchand de vin,
itt-8<» carré.
3. Catalogué d'estampês de Bf. Laterrade, 1** partie, novembre 1858, iii-8*,
p. 23, n« 216.
4. Catalogue d'estampes de Vécole française du XVUf siècle, mai 1858,
Paris, Vignères, in-8*, p. 38, n** 506 et 507. La dernière pièce s*est vendue 81 fr.
5. Hubert et Rost, Manuel des curieux, t. 8, Zurich, 1804, in-12, p. 328...
6. 1786, 102 planches en 48 livraisons in-4*.
7. A Paris, chez Levachez, marchand d'estampes sous les colonnades du
PaJais-Royal, et chez Sergent, rue Mauconseil.
A.-F. SERGENT. 2S5
^Ûs aa lavis et dans un 'encadrement bistré^ et il grava avec
^ùi <]aelques portraits plus importants :
^. Necker, historié d'un bas-relief allégorique, gravé d'après
le t^l)]eau original de M. Duplessis, sous la direction de M. de
Saïc^ ^«Aubin , par A.-F. Sergent, in-4«;
(^^i^)rge Washington, gravi, (T après le camie peint par M^ la
"^^^^uise de Bréant, par A. F. Sergent, 1790. ^
^-^"^s premiers mouvements populaires des 12 et 13 juillet 1789,
^^ ^^s fêtes de la Fédération, en 1790, lui donnèrent des sujets
^'^^tampes coloriées :
^ Royal- AUemand sabre le peuple dans les TaHeries^ gr.
\iv^8o h. ;
le Peuple parcourant les rues avec des flambeaux et criant
(m armes (Salon de 1793) ;
Les Gardes-Françaises combattent le Royal-Allemand rue Bass^^
dïirRmpart (Salon de 1793) ;
Le Peuple sauve le duc du Ch&telel ;
Travaux du Champ de Mars ; Louis XVI y travaille le 9 ;
jn-8« 1.;
Arrhie des Députés au Champ de Mars, d'après Barjot, archi-
tecte^ in-4® K
Ces pièces sont faites avec plus de gentillesse que de passion;
les figures y sont expressives, vraies de costume et très-spiri-
tuellement éclairées.
Il fit dans le même temps quelques pièces de politique allégo-
rique d'une composition plus prompte :
La France sauvée du naufrage;
Le Roi brisant les diaînes du tiers état ;
Projet d^un monument élevé à Vhonneur de Louis XVI, voté par
les citoyens du district de Saint-Jacques-P Hôpital, Sergent inv.
et sculp. 1790, gr. in-8*> h. ;
il est trop tard, estampe peinte et gravée en couleur, in-&® I.
(Salon de 1793) ;
Le TiersÈtat, le Clergé et la Noblesse, vérité géométrique, et beau-
coup de petites pièces pour le commerce, telles que des cocardes
I
2M ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
et des garnittirès de boutons, qu'il historiait pour la circonstan-r^E^
Le Salon de 1793, où furent exposées trois des pièces que n(
venons de citer, contenait aussi des Vues de Chartres et de
teaU'Neuf, en dessins.
L'action politique, à laquelle il se trouva uiêlé, le détourna .
Ces travaux, et le seul ouvrage gravé que l'on trouve de lui, d&
les années qui suivirent, est la Carte d^entrée à la CofivmtCm
pièce ronde représentant la Liberté assise de profil, tenante
faisceau et le bonnet.
Sergent, au plus chaud de la mêlée, secrétaire des Jacobs^L^j
ftiembre de la Commune et de la Convention, encourut des a( "^w^b^
sations terribles ; il passa pour septembriseur S mais on a •'^^/^
aussi de lui beaucoup d'actes d'humanité et de moralité. Eitr- ^
nous occupant ici que de ce qu*il a pu faire pour les arts, nous
voyons que son nom s'attache à la fondation du Musée natiooaf
des antiques, aux embellissements des Tuileries, à la création du
Conservatoire de musique et à la loi sur la propriété littéraire. Il
présida la Société populaire des arts, et prit part à ses discus-
sions. Le 3 germinal an II, il parla sur le costume : a Trop long-
temps nous avons porté un habit qui nous assimile à des esclaves;
il faut en créer un qui nous dégage des entraves, sans dérober
les belles formes du corps... » Dans une autre séance, il répondit
à Wicar, qui avait émis une dénonciation violente contre les gra*
vures indécentes ; il dit que les compositions dont on se {riaiot
sont faites depuis longtemps; il demande ensuite comment Ton
pourra retracer la Mythologie, si l'on ne se permet pas de peindre
Danaé ou Léda, et les amours des dieux, tableaux nécessaires
pour donner l'idée de la religion des anciens *.
. 1. Od répandit auBsi que, dans la vente aux enchères qui fut faite, quelques
Jours après les massacres de septembre, des bijoux trouvés sur les corps des
victimes, il s'était fait adjuger i^n beau camée. Ce bruit lui avait fait donner le
surnom d^Agathe. H a essayé de se disculper dans des notes, publiées par NoéJ
Parfait dans la Reviie rétrospective, M. Michelet ne croit qu'imparfaitement à
la Justification. V. Histoire delà Révolution, t. IV, p. 123, 221.
S. Journal de la Société populaire des arts, p. 252, 381.
A.-P. SERGENT. 257
Le règne des Jacobins tombé, Sergeot fut protégé par l'ai-
liaace du général Marceau, dont il avait épousé la sœur, et qu*il
suivit en Allemagne et en Suisse. Marceau tué, c'est autour de son
nom que se rangent les principales productions du graveur :
A la mémoire du général Marceau, mort de ses blessures à Al-
tenkirchen, gravé par Sergent, et offert par son épouse Émira
Marceau, l'an V, in-f® 1., avec légende : Honneurs rendus au
brave Marceau après sa mort; Sergent- Marceau del et sculp.,
aquatinta, an VI, in-[(° 1.
Le général Marceau, en pied ; Sergent-Marceau ad vivum pinx.
et sculp., gr. in-f** h., à Bâle, chez Decker; lavis très-bien
éclairé. Je ne sais si c'est le portrait gravé en couleur qui est
porté au Salon de l'an VI.
L'auteur présenta encore le portrait de Marceau au Corps légis-
latif. J'ai lu une lettre qu'il adressait, à cette occasion, à Goupil-
laud, et dans laquelle il proposait une publication des portraits
des grands hommes avec la sanction obligatoire du Corps légis-
latif, à qui seul appartient, disait-il, le droit de décerner la
gloire.
Sergent exposa : au Salon de l'an VII, des dessins à l'aquarelle,
représentant les costumes des filles suisses et paysannes bernoises,
d'après les femmes qui servaient dans la vacherie suisse, établie
dans le jardin Marbeuf ou d'Idalie; au Salon de l'an IX, un
dessin : Portrait de femme, et une estampe gravée en couleur à
cinq planches : L Ermite du Cotisée, d'après Robert.
Il faut placer à la môme époque les vignettes, %n petit nombre,
qu'il dessina pour les Contes- de La Fontaine , et qui furent
gravées par Duplessis-Bertaux et par Coiny. Ce furent ses der-
niers ouvrages en France. H fut proscrit au 18 brumaire.
Dans son exil, Sergent habita successivement Turin, où il fut
quelque temps bibliothécaire de l'Université, Venise, Brescia et
Milan, où il coopéra à la publication de plusieurs ouvrages de cos-
tumes et d'antiquités S avec gravures coloriées, et où il grava
i. On en trouve la notice dans la France littéraire de Quérard.
n
258 ARTISTES.->GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
aussi quelques pièces isolées, un portrait de Canova, d'après
Appiani, et des Yierges, d'après d'anciens maîtres ^ ce sont du
moins les morceaux qu'on a pu réunir à son œuvre dans le Cabi-
net des estampes. Il mourut à Nice en 1838« âgé de quatre-vingt-
sept ans.
ÉMIRA MARCEAU-DES6RAV1ERS, femme Champion de Cernel
et femme Sergent*, avait appris de bonne heure le dessin et la
gravure de Sergent, et concourut à la gravure des portraits de la
collection de Blin et de Levachez. Les plus notables de ceux qui
portent son nom sont ceux de Descaries, Daguay-Trouin, Pous-
sin, Saffrenr Villiers de l'Isle-Adam.
Elle a signé des pièces de garnitures de boutons, représentant
des scènes dramatiques et des vues de châteaux et maisons roya-
les : M« L« Susanne C.-C. 1788.
Elle exposa en 179S, sous le nom delà citoyenne Cemel, on
assez grand nombre d'ouvrages ; c'est la seule fois qu'elle ait
affronté le grand jour des Salons :
Trois têtes gravées en couleur ;
^Enlèvement nocturne, d'après Baudouin ; .
Vignettes pour la Jérusalem et le poème des Mois, d'après
Cochin;
La Comédie et la Tragédie, estampe d'après Moreau ;
Une estampe pour le poème de la Peinture, d'après Ct)chin ;
Six vignettes pour différents ouvrages, d'après Cochin, Mo-
reau, Monnet, Eisen et Marillier.
Je ne sais si ces pièces donnent quelque idée avantageuse du
talent de notre graveuse^ mais en voici une qui est des pl^iis pi-
i. Là Viefgê (ustsê tenant l'enfant Jésus entre plusieurs saints. ^Tom^ Gaidi,
d* Mftsaccio, dipinae. Egregio lavoro del XV secolo. Scrgent-Marceftu incMft,
1807. n — La Vierge embrassant son fUs, Andréa Salaino, Milanese, dipinae
nel secolo XV; inciso acolori da Sergent -Marceau, 1826, in-4* h.
2. L« surnom d*£mira lui fut donné sans doute par sou mari, car nous la
voyons plus loin signer : Louise-Suzanne Champion-Gemel. Plusieurs de
portraits sont signés : M^ Cernelie.
LAURENT GUYOT, iS9
quantes. Le sujet me paraît upe satire dirigée contre quelque
professeur du temps; est-ce Millin, quelque peu naturaliste et
fort antiquaire?
In intellectu nihil est nisi prius fuerit in sensu, Emira Mar-
ceaxirSergent sciUp.^ an X, in-8° 1.*. Un professeur, en. costume
antique, démontre des objets d'histoire naturelle à une femme
assise à côté de lui et à quatre auditeurs placés plus loin et dont
les costumes sont très-variés.
Elle est dessinée avec esprit, et exécutée en couleur avec beau-
coup de finesse. Et il ne faut pas croire que son mari y ait mis la
main, car il nous a appris lui-même qu'elle n'avait jamais per-
mis que Ton mit sou nom aux gravures auxquelles il avait
travaillé*.
Sergent, le jacobin que l'on connaît et le graveur que nous
avons vu, fut eu elTet le plus rare des n^aris. Arrivé à l'âge de
quatre-vingt-six ans, il nous a fait les honneurs de sa femme, de
toutes les qualités physiques et morales dont elle fut dotée, avec
une candeur et un feu qui n'appartiennent qu'à up adolescent de
quinze ans et à un survivant du culte décadaire. Nous revien-
drons peut-être ailleurs sur le portrait qu'il nous en alsdssé.
GUYOT ', qui tint boutique d'estampes rue Saint-Jacques, a au
grand Gessoer, » fut l'un des graveurs en couleur les plus fécondb ;
il usait aussi au besoin de l'eau-forte, du pointillé et du burin.
Après avoir essayé quelques sujets sérieux à la manière noire ou
il réussit peu, Guyot exploita les sujets galants, d'après les pein»
très Vangoph, Taraval, Fragonard, les figures d'allégorie et les
scènes d'amourette arrangées en dessus de tabatières, les jeux
1. Tai vu cette pièce dans un volume de la coUection Atger, à la BibHo-
théque de la Faculté de médecine de Montpellier.
2. Hommage de V Amour à la Vertu, par un époux, fragment de mon
Albcv et NiGnuM , Brignollcs, 1837, in-8, p. 134.
3. Laurent Guyot, élève de Legrand et de TiUiard, mort vers 1808 {Cata^
lOQUê de tableaux, gouaches et estampes, après le décès de M. Guyot, graveur
et marchand d'estampés, par Regnauit Delalande, 14 nov. 1808, in-8*).
âéO ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVlS ET EN COULEURS.
enfantins, les figures de modes, les modèles de décoration et les
billets de visite :
La Bascule à la barcelonette ;
Les Soins maternels ;
La Lecture interrompue ;
Le Concert, le Colin-Maillard, petites pièces ovales en largeur.
Entre tous ces petits sujets, brillent parleur actualité les scènes
de Paul et Virginie :
Histoire de Paul et Virginie, en dix sujets ronds, eq couleur,
d'après Dutailly ;
Id,, en huit sujets.
De tous les artistes qui fournirent au graveur, le plus original
fut Watteau de Lille. Los Cris et Costumes de Paris * sont le plus
charmant souvenir qu*ait pu garder la gravure du peintre des
habillements galants de la veille de la Révolution.
Guyot emprunta encore à Watteau des cahiers d'arabesques
d*un genre singulier, mais qui sont gravés au lavis d'une façon
légère. Ceux qu*jl tira des dessins faits à Rome par Lavallée
Poussin ne servent qu'à démontrer comment des exemples anti-
ques peuvent se prêter à des formes tout actuelles.
En 1787, il grava des figures de costumes de théâtre d'après
Dutertre.
Les sujets politiques eurent leur part dans cet œuvre, ouvert à
tous les besoins du commerce :
Offrandes sur rautel de la Pairie des citoyennes de Paris et des
4dianomesses de Maubeuge, deux pièces ov. in-8®, d'après Cornu ;
Bas-relief de l'autel de la Patrie, exécuté pour laSédération au
Champ de Mars de 1791, d'après Leseur, in-i*» allongé;
Honoré'Riquelti Mirabeau; son apothéose, d'après Moreau;
Translation de Michel Lepelletier, d'après Garnerey ;
Translation de Voltaire au Panthéon, d'après Dutailly (au Saion
de l'an V) ;
i. Cris et Costumés de Paris, dessinés par Watteau, gravén en coaleur par
Gtiyot, 1780, à Paris, chez Lecampion, etc.
LAURENT GUYOT. 261
jyicloTation des droits de Vhomrne et du citoyen; Lagrenée inve-
nit; Guyot direxit, J. Leroy perfecit; médaillon, historié de Liber-
tés et de Génies du goût ci-devant; burin assez fini; à Paris, chez
Guyot, in-f» h. ;
Vendémiaire; Lagrenée jeune pinx., Guyotdirexit; in-8** ovale,
pointillé de couleur, nymphe assise tenant une urne ; à Paris, chez
Guyot; • ♦
La Fuite à dessein ou le Parjure Louis XVI, chez Guyot; belle
pièce au bistre (Lat.) ;
Bas-reliefs, d'après Moitte :
Médaillons sur des sujets révolutionnaires^
Ces pièces, plus molles de dessin que celles de Janinet et
cependant correctes, sont exécutées en camaïeu, dans des tons
verts rehaussés de blanc d*un effet quelquefois très-fin, ou dans
des tons rouges d'un effet trèfî-agaçant ; le graveur mettait ton-
jours ses procédés les plus soignés dans les petits sujets eroti-
ques, traités maintenant à la grecque, d'après Dutailly ou d'après
Mallet, et le talent qu'il put avoir en propre se dispersa de plus
on plus dans les planches des livres de voyages et d'antiquités. Ce
qu*il y eut peut-être de plus ingénieux est dans un petit nombre
de portraits :
Vien, au burin;
Lanlara :
Je suis le peintre Lantara...
dessiné d'après nature par Watteau fils, 1776; G...., à Paris, chez
les Campion frères, au burin ^ ;
J.-J. Rousseau, en pied;
if. Clairval, rôle de Blondel, dans Richard Cœur de Lion,
d*après Dutertre ;
1. M. Emile BeUier de La Chavignerie, auteur de Rêchercftès sur Lantara,
puis, 1853, in-V", qai a consacré un chapitre aux portraits de Lantaraet fait
lithographicr celui-ci, a oublié de dire qu'il était fait d*après une estampe, et
que cette estampe, était de Laurent Guyot. Elle est, avec les autres portraits
cités ici, au Cabinet des estampes.
252 ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
Dclille, Faurel del., L. Guyot se. Le plus vrai portrait qu'oD
poisse avoir du poëte : culotte courte blanche, habit violet et per-
ruque. Il est sur un petit tertre, au bord d'une petite rivière, les
mains dans les poches, souriant à la rime qu*il vient d'attraper.
En Tan Vil, il dessinait et g^ravait des figures de modes pour le
Journal de Lucet.
Il finit par les planches ûe beaucoup d'entreprises, parmi les-
quelles je ne aterai que le Musie des Monvments français, de
Lenoir.
VACHEZ * nous est connu par un portrait en charge de Voltaire,
exécuté à Teau-forte^t d'un trait assez vif: Œommeuniqtke à tXixU
âge, Vachez del et sculp., Paris, d'après nature, avec huit vers :
Aax yeux de Paris enchanté,
Reçotis cet hommage, etc. ;
Présenté à M. de Voltaire le 30 mars 1778. In-S* h.
On cite ensuite, sous le même nom, des pièces relatives aux
expériences aérostatiques faites de 1783 à 1785.
Nous voyons ensuite Vachez, connu surtout par l'entreprise
de la Collection générale des portraits de MM. les Députés à l'Assem-
blée nationale, à laquelle participèrent Sergent, M"* Cernelle, et
par la suite des portraits, au nombre de soixante-six, qui accom-
pagnent les Tableaux historiques de la Révolution, se borner à
l'exercice de la gravure au lavis et en couleur, pour la publica-
tion de portraits et de sujets de circonstance, et au commerce des
estampes et des tableaux, qu'il exploitait sous les colonnades du
Palais-Royal :
Vue de r intérieur du nouveau Cirque du Palais-RoycU et des
ambassadeurs du nabab Tipon, présentés au Roi le m août 1788,
ik Vachez, ou*Le Vachez, ou Levachez, le père et le fils, tons les deux gra-
veurs et marchands. — Le Mantêel ne donne que Levachez (Charles-Fmnçoi»-
Gabriel) pour les deux dernières pièces que nous avons cîtt«s. Wille nomme
dans ses Mémoires Levachez jeune, imprimeur en taille^ouce, envoyé pftr lui
à Vienne en 1764 {Mémoires et Journal, 1. 1, p. 246).
LOUIS-JEAN ALLAIS. 263
*"«ri« au Cirque par M^ la duchesse d'Orléans, le 13 septembre 1788;
^vachez Dis del. et sculp., in-f** 1. ;
Serment prélé dans le Jeu de Paume de Yetsailles, dédié
"^M. les souscripteurs de la Collection générale des Portraits, etc.;
^H° I. Au milieu du titre, un médaillon emblématique : bonnet,
^che, etc.; . .
Bamave; Alexandre et Charles Lameih; trois bustes dans un
*ïédaillon, en couleur, chez Levachez, in-1 2;
Portraits de Louis XVI, Marie-Antoinette et le Dauphin, accolés
^ôûs un médaillon, avec chant noté au bas :
Vive la Nation, la Liberté, la Loi.
Point^uPsculp., in-8*», chez Levachez;
'Jcczr^Paul Marat, couronné de chêne et de roses, in-8°, chez
1-evaoliez;
^c^T^trait de Buonaparte, premier consul, d*après Boilly et Du-
piessîs-Bertaux; dans le bas la Revue du quintidi;
^Or-trait de Cambacères, second co7\sul, peint par Devouge; Du-
9»essîs-Bertaux, aqua-forti, gravé par Levachez; au-dessous. Pré-
$^^tion par le Sénat du consulat à vie; se vend à Mousseaux,
d\ez Levachez père ;
^evue du quintidi par Buonaparte, premier consul, d'après
Boilly et Duplessis-Bertaux ;
Napoléon, empereur, à cheval, d'après Carie Vernet,
ALLAIS^ commence, je le crains, par des polissonneries de Tan-
cien régime :
L'Enfantillage, d'après Huet, in-8° L ;
La Preuve virginale, d'après Boquet.
Il travailla, dès 1787, aux portraits d'une collection nombreuse :
Galerie universelle des hommes qui se sont illustrés dans Vempire
des lettres, etc., en commençant par celui de l'éditeur, le comte
U LooiflnJean Allait, Dé à Paris en 1762.
264 ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
Sulpice d'Imbert de La Plâtrière, membre de rAcadémie des
Arcades, etc., ad vivum del. Allais, ovale avec deux palmes et un
quatrain laudatif, in-/i«.
Il ût, dès le commencement de la Révolution, quelques por-
traits politiques :
M, Necker, médaillon, historié d*un Génie, d'un aigle et d'au-
tres attributs; in-12 h., à Teau-forte;
Philippe dOrléans, médajilon orné de brandies de chêne et
surmonté d'une gloire ;
Lechapelier, député de Bretagne, dans la collection Levachez.
Ils furent bientôt suivis de pièces révolutionnaires. J'ai déjà cité
les grandes pièces de la Liberté et de V Égalité, gravées d'après
Fragonard; en voici d'autres, qui n'ont pas la même dî|pension;
elles sont aussi très-soignées dans leur pointillé ou leur lavis :
Exposition du corps de Lepelletier, le 2k janvier 1793, in-ft*, au
lavis ;
Égalitéy Liberté et République française, — République, toute
la République, rien que la République, deux figures debout, mé
daillon, pointillé bistre ;
Fête de Vunilè et de V indivisibilité de la République^ 1793.
Constitution républicaine, semblable aux Tables de Moïse, sort
sein de la montagne au milieu des éclairs; médaillon, et revi
portant un faisceau entre des branches de chêne;
IX thermidor; la Convention soutenue par le Peuple, L'Union
la Liberté couronnent d'olivier et de chêne le Peuple français, q
debout, une maîii armée de sa massue, soutient de l'aut
Convention nationale, figurée par un rocher. Dessiné et gravé
L.-J. Allais, médaillon, in-8*>, pointillé noir.
Le reste de l'œuvre d'Allais, qui est encore considérable,
divise en trois parts : l'une, dans laquelle il exploite des port
de vogue et des figures de placard : le docte et malheureux A
lard; Pierre Arètin; Picard, d'après Boilly ; la Petite fille nègre;
Vé7ius hottentote; Catherine Vassent, V héroïne de Noyon; Tau
dans laquelle il grave des sujets de genre d'après quelques peùi-^
très populaires, fioilly, Swebach Desfontaines et Carie Vernet; la
aar
'•n
JEAN-BAPTISTE CHAPUY. 265
^^î5ièmp, OÙ il s*essaya à T interprétation de quelques morceaux
'^Sacrés dans Tart ancien , tels que les sujets de la Création,
^près les Loges de Raphaël, qu'il grava en cinq petites pièces à
^O-forte, et la Joconde de Léonard , qu*il exécuta au burin ;
^is sa facture uniforme était plutôt désignée pour les ouvrages
^® Pac!iotille. Il grava beaucoup de planches de fleurs, d'après la
itOy^xine Valayer-Coster, de la ci-devant Académie, et des vues
^J^^^wdins de Paris, d'après les gouaches du citoyen Mongin. 11
lut ^^-^fjjj j»yQ jgg principaux graveurs de la Descriptian de
AI« <3ÉL10UE BRICEAU, la femme d'Allaîs, était 011e d'un gra-
veur ^^ jg manière du crayon et de M-"'^ Briceau, qui avait le titre
de p^:S ntre du roi et gravait à la gouache. Elle grava dans le même
genr^^ que son mari, et particulièrement en couleur, un grand
nommi^xe de portraits des personnages célèbres de la Révolution :
^^*^^^^au, Mirabeau, Brutus, Lepellelier, Marat, Chalier, Barra,
^^^^ Ces portraits, en grands médaillons ovales, dans le genre
® c^ ^j d'Alix, et signés : a Angélique Briceau, f® Allais, » n'ont
. **** mérite que leur enluminure et leur expression mélodrama-
^^^. lis sont annoncés dans le Moniteur, du 9 floréal an II, avec
^^^ les phrases d'usage.
, ^^ l^ grava encore une des pièces les plus curieuses du régime
. ^n II : les Vingt-cinq préceptes delà raison. C'est une stèle, à
* colonnes de texte, daté de Bordeaux, 28 octobre an II, et signé :
eau et Tallien ; elle est historiée de Génies et d'une Liberté
Vine montagne. In-f> h., lavis, par Angélique Briceau, f« Allais.
^mcade^ qui l'annonça, nous apprend que Grasset de Saint-Sau-
avait été le dessinateur.
^ttepart faite au feu. M"® Allais rentrait dans un genre d'es-
ÏDes plus approprié à son sexe et à son petit talent : des vues
-^^irdins, en couleur, et des placards.
^HAPUY' est le graveur de deux pièces courues de l'ancien
«
«
^« Jean-Baptiste Chapuy, mort en 1802.
200 ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
régime : le Bosquet^d amour ou les trois Sœurs au parc de Saint
Cloud, les Grâces parisiennes ou /a Promenade au bois de Ymceii^^
nés, d*après Lawrence, et de plusieurs autres pièces oioins heu— j
reuses, d'après Lebarbîer, Brion, et d*aotres.
II gravait à la pointe, au lavis et en couleur, et quelquefois suk^j
ses propres dessins. II fut le dessinateur et le graveur du Recuei^^r
de coiffures de cUimss, du sieur Depain>, qui enseignait VariimÈ
coiffer au moment où ces dames avaient cessé d'édifier sur leurv
tête des labyrinthes et des frégates pour adopter la coiffure ^
l'espoir et la coiffure aux charmes de la Liberté. 11 grava j
d'après Dutertre, des portraits d'acteurs dans les Costumes e^
Anv aies des grands théâtres de Paris, 1787. Il publiait en mém^
temps des portraits fort montés en enluminure : Henri IV ^
Louis XVI, Cagliostro, et d'autres que nous avons cités à l'artich
de Brion.
Chapuy grava, en 1700, la Vue du Champ de Mars le jour di&r
serment civique, et, en 1793, la Raison, grande figure au lavis,
d'après Boizot.
En Tan VII, il entreprit un Manuel républicain, en vingt-deux
estampes, sur les vingt-deux articles de la Déclaration des droits
de l'homme et du citoyen ^ qu'il dédia au Directoire, en deman-
dant une souscription pour les Écoles centrales et les Bibliothè-
ques : (( C'est au milieu des guerres que Rome fit élever les plus
beauic monuments : aussi , imitateurs lidèles de ces superbes et
courageux Romains, nous voyons, malgré les énormes dépenses
de la guerre, le commerce et les arts redevenir de plus en plus
florissants par vos soins. »
Malheureusement, Chapuy avait pris pour dessinateur de ses
planches Leclerc, et, outre son enluminure, il y avait joint une
prose peu amusante. L'ouvrage n'eut pas de succès.
Sur ses vieux ans, le graveur composa des pièces plus morales
i. Le Manuel de M. Leblanc cite ce Recueil, en 14 planches.
2. n est annoncé dans le Moniteur du 5 messidor an VII, au prix de 72 fr.
Je n*en ai va que la première livraison avec deux gravure^ : les Lois font leur
sûreté, et les Droits sont l'égalité, la liberté, la sûreté, la propriété, in-f^.
■i
f
. J.-B. MORRfiT. Wl
fue Civiles par où il aVait commencé ; mais ni. l-invention, ni la
légende, n'y pouvaient compenser raffaiblissement de la main :
La JÊ^oraliste. Un vieillard et deux femmes. In-f* pointillé;
L^ Jievtixant, in-4® I., lavis:
Ce Tillageois simple et peu sage
Croit Toir un revenant échappé du tombeau.
Ce n'est que la terreur qui lui peint cette image :
Le fantôme est dans son cerveau.
.MOïHRET' faisait, en commençant, de petites pièces d'amou-
rette - Annette et Lubin, Jeune Fille à sa fenêtre arrosant des fleurs,
^ -^'»>*our5 d'été. Elles étaient assez légèrement gravées au lavis
c^ ^"^ couleur.
/ passa à des pièces politiques, d*abord révolutionnaires, et
ç**^s ooDtre-révolutionnaires :
^^ecfb de Voltaire; on le croirait composé en 1791 ; placard grand
îtv-%«^ ayant en tête le portrait de Voltaire; à Paris, chez Morret,
é^^veur, rue de la Huchette ;
Le Café des patriotes, en 1792, près le club des Jacobins, rue
^int-Honoré ;
Viala couronné par la Liberté, in-f» ovale, avec légende en quatre
lignes;
Buonaparte, premier consul, d'après Âppiani ;
Séance du Conseil des Cinq-Cents à Saint-Cloud, le i^ brumaire
an VIII, avec légende en dix lignes; composition d*une vingtaine
défigures d'une extrême puérilité;
Le Triomplie de la Religion, terminé sur une eau-forte de
Dorgez ;
Pie VII faisant sa prière dans la chapelle du château des Tuile-
ries, en 1805.
«
Bien que touchant Timagerie, ces pièces ont un intérêt de cir-
constance. Il n'y a pas la même curiosité à i'echercher les traits
1. J.-B.. Morret.
268 ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
d'histoire dont il fît encore des estampes ^ Cependant Morret,
en défaut pour le dessin, possédait bien son métier de graveur
coloriste; il fut chargé de ter^iîner deux grandes estampes
d'Alix, d'après Deraarne : la Promenade du matin ou Fénelon,
la Promenade du soir ou Malesherbes, qui sont décrites et louées
par Vallîn ".
Voici encore deux pièces à son nom, témoignant des risées qui
accueillirent quelques tableaux gothiques venus avec quelques
autres des Musées de TAUemagne :
Arrivée à la fontaine de Jouvence, — Effets merveilleux de l^.
fontaine ds Jouvence, imitation libre du tableau de Granach, fa^
sant partie des peintures, dessins, etc., conquis par laGrax^
armée en 1806 et 1807; ïx\-{^ 1., Paquet del., Morret se.
LECCëUR' grava en couleur Desrais, Watteau de Lille,
fraisne, Mouchet, Morland et d'autres. 11 fut heureux surtou t:
traduisant les sujets dessinés par Swebach-Desfontaines. IVcf
avons déjà rencontré ses principales estampes. Parmi les \\èc^^
politiques qu'il put faire encore, et dont beaucoup sont de S(^
invention, je puis citer les suivantes :
Le comte de Provence : Au premier citoyen, d'après Ber-
taux ;
Le terrible Kalianech, monstre amphibie épouvantable et curieux,
trouvé dans les rochers de la baie de Pauliguen ;
Paix générale, an X, Les peuples dansent autour d'un piédestal,
sur lequel est placé le général Buonaparte.
Il fit encore beaucoup de pièces d'amourette, des portrails et
des ornements^ dans le genre des miniatures, des camées et des
stucs.
1. Le Manuel de V Amateur d'estampes le fait graveur au burin, et ne cite
que ces trois pièces : Vœu de Clovis à la bataille de Tolbiac, — BathOde
rachète les esclaves, — Louis d*Assas,
2. Annales de la Chalcographie, Paris, 1806, in-8*, p. 142.
3. Louis Lecœur.
.J
CHARLËS-MELCHIOR DËSCOllRTIS. 260
CARRÉE* mit en couleur, dès 1781 et 1786, des compositions
^«Freudenberger et de Julien de Parme; il fit des portraits, des
Costumes d'après Dutertre, et des vignettes ; il grava, à la manière
tfff crayon, des principes de dessin» et des têtes d'étude, d'après
'es dessinateurs les plus lâchés : Lebarbier, Boizot, Leclerc. Dans
^^ pièces élémentaires, publiées chez Basset, chez Jean ou che2
^peiAÎIle, on ne dédaignait pas d'exploiter la circonstance; il y
^ des têtes coiiïées du bonnet rouge, et plus tard une Étude de
^t^riTë^cureiix, qui n'est autre que le portrait de Louis XVI ; en
'*^^ IX, V Étude de grand homme est le portrait de Buonaparte.
^'^ ST^aveur exposa au Salon de Tan IX deux têtes d'étude, dans le
ftôor-i^ des deux crayons, d'après M***» Boullard : V Attention et la
ioic tranquille. On trouve enfin la gravure de Carrée affectée à
urà siajet mythologique de Guérin : la Nympfie de Flore, et à une
^^^^^ I>osition allégorique de Chéry : une Femme éplorèe, entre un
^^^i^nu qui lui enlève son voile et une mégère qui foule aux
piecis la croix : .
Qui sait lorsque le ciel nous frappe de ses coups, etc.
^^^ît-cele frontispice d'un livre infâme, et Chéry et Carrée ont-
^Vs accolé leurs dessins à l'œuvre d'un maniaque, qui souilla le
.\«tïïps de liberté?
DESCOURTIS* fit des vues de Paris d'après De Machy, des sujets
galants et villageois d'après Schall et d'après Tau nay, qui sont
dans le ton d'avant 1789. On trouve encore son nom sur deux
pièces révolutionnaires :
Le jeune Darruder, d'après Swebach ;
Séance du Corps législatif à l'Orangerie de Saint -Cloud et
journée libératrice du 18 brumaire an VIII (1799), in-f^, à
Paris, chez Descourtis, rue des Grands-Degrés. Composition de
1. Antoine Carrée, élève de Janinet.
2. Charle»-Melchior Descourtis, né à Paris en 1753, élève de Janinet, mort
en 18S6.
270 ARTISTES. -GRAVEURS AO LAVIS ET EN COULEURS.
vingt^quatre Ggures à expressions mélodramatiques , exécutée
au lavis.
COQUERETT* est encore un^lève de Janinet, qui en Tan VI eut
un prix d'encouragement pour ses gravures au lavis et à la rou-
lette. Elles étaient faites sur les dessins de Lethière et nous les
avons déjà citées.
II grava bientôt, daqs le même procédé^ deS: portraits en pied
de généraux d*après Hilaire Ledru et Wicar, dont plusieurs paru-
rent au Salon de l'an VIII, deux compositions de Dutailly et des
dessins de. Carie Veniet, dont les premiers parurent au Salon de
ranIX.
Son œuvre fut ensuite assez considérable et comprit de&
pièces très-diverses d'après d'anciens peintres, des portraits- e*
des vues. Je ne tiens à rappeler ici qu'une petite pièce qu'il gra:
d'après Prud'hon : Psyché et r Amours médaillon ovale, in-8'*.
le charmant maître y est un peu trahi.
MIXELLE^ grava quelques pièces galantes d'après BeaudoK-:^ fx:
Desrais, Mallet. Il répandit ses lavis et ses couleurs, d'une esi^^ca-
tion très-faible, dans les recueils de costurnes de Gra^t ^^
Saint-Sauveur et dans d'autres compilations historiques : Hisl^în^
delà Grèce, Epitome de l'histoire des Francs, dont il fut l'éditeur.
Celle de ses publications qui intéresse l'histoire de la Révolution
est une nombreuse suite de Scènes papulaires. Traits de bienfai-
sance, etc., de l'invention et du dessin de Labrousse ; elles sont
'trop du domaine de l'imagerie pour qu'on s'y arrête. Mixelle avait •
popularisé, dès 1789, la figure et Taction du grenadier qui arrèia
M. de Launay à la porte de la Bastille : Joseph Arné, de la compa-
gnie de Resavelles, etc., dessiné d'après nature par Beauvais,
gravé par Mixelle; scène au bas et quatre lignes de légende,
în-4°.
1. Pierre-Charles Coqueret, né à Paris en 1761, élève de Janiuet.
2. Jean-Marie Mixelle.
.^
BASSET. 471
ïiURUISSEAU S que Basan et Hubert citent comme ayant gravé,
^ la manière du crayon et dn lavrs, des Principes de dessin et
^'architecture d'après Parizeau et Delafosse, était, en l'an V, gra-
^^Urau lavis de la maison de l'Agence des mines de la Républi-
^^e. Jl exposa au Salon de cette année plusieurs gravures au
*^^. Je connais de lui une fijçure en pied, au crayon blanc et
^s sur fond bleu, gr. in-f<>, L" Égalité, tenant le triangle et les droits
^^i'homme, L.-F. du Ruisseau sculp., 1793.
^ans la foule des graveurs qui exploitaient le genre le plus
ftc/lo et le mieux approprié à un goût public devenu tricolore à
tout j>ropos, il faut trier encore quelques marchands. C'était un
^^ag^ assez général que les graveurs vendissent eux-mêmes leurs
estampes, et nous en avons vu beaucoup qui portaient leur
adresse II s'agit maintenant de ceux qui tenaient boutique de
^'^^^^s sortes de pièces et en faisaient étalage dans les quartiers
aïvecrtés à l'industrie de l'imagerie, et qui ne furent pas étrangers
^ »^ exécution de certaines gravures de leurs fonds.
BASSET, marchand d'estampes et fabricant de papiers peints,
^^^ coin de la rue Saint-Jacques et de la rue des Mathurins, avec
* enseigne : Au Basset. 11 se signala dès le commencement de la
dévolution par les caricatures qu'il publia. Il est méchamment
désigné dans un almanach de 1790 : « Basset a servi la patrie en
faisant des caricatures contre les aristocrates; d'abord maigre et
blême comme un abbé d'aujourd'hui, il a* trouvé le moyen de
devenir gras comme un abbé d'autrefois*. » Il tenait aussi des
portraits populaires, des figures républicaines et des planches
d'habillements modernes et galants. Plusieurs de ces pièces» exé-
cutées au pointillé d'une façon uniformément accusée, ou vive-
i. Antoine Duruisseau, né vers 1754.
2. Almanach de 1790, cité dans VHistoire de la Société française, de MM. de
Goncourt, t. I, p. 269.
f
m ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
ment coloriées, et ne portant d'autre sig^nature que son adresse,
paraissent de sa main; il suffit d*en indiquer quelques-unes :
J.-J, Rousseau, né à Genève ; ovale, pointillé très-fin, in-12 ;
La République aux mânes de Chalier et de Barra, ovale, m-k^ h. ;
Moral et Lepelletier, portraits en médaillon à la base d'une
pyramide historiée, gr. in-f» h. ;
La Probité, — la Force, — médaillons coloriés ;
Calendrier de Van II, historié d'emblèmes et de portraits,
gr. in-f";
Collection dhabillements modernes et galants, dessinés par Des-
rais, Basset direxit.
Sous le Directoire et le Consulat, continuant encore la gravure
des compositions de Desrais, il publiait encore, au milieu de
beaucoup de feuilles d'imagerie, quelques bonnes pièces de cos-
tumes, telles que : Entrée au bai paré et masqué; d'une suite inti-
tulée : Modes du jour.
GHÉREAU, rue Saint-Jacques, près la fontaine Saint-Séverin,
Aux deux colonnes, qui tenait imagerie enfantine et galante,
parait avoir gravé au pointillé et en couleur bon nombre de pièces
politiques. Il y en a, parmi celles qui ne portent que son adresse,
qui ne manquent pas de finesse et de soin :
Louis-Philippe-Joseph, duc d'Orléans, ovale colorié in-8" :
Aimé du peuple qu'il soulage,
Il apprend au vice abattu
Que Ton chérit jusqu^à Timage
Des partisans de la vertu ; '
La Liberté, — la Loi, — la Justice, — V Indivisibilili ;
Travaux au Champ de Mars ;
Dons patriotiques ;
M. Lepelletier Saint-Fargeau, buste sur un cippe, couronné par
la Liberté ; ovale in-8°, col. ;
La Constitution paraît sur un piédestal, etc.; nombreuses figu-
res; eau-forte coloriée, in-f® L;
^
1^
VILLENEUVE. 273
Vue du Jardin national et des décorations le jour de la Fête de
rÉire suprême, in-f° I. ;
Vue de la Montagne élevée au Champ de la Réunion, in-f^ I.
VILLENEUVE, dont fiasan cite quelques estampes antérieures
à 1789, et qui grava des costumes de théâtre d*après Chéry, pour
les Recherches de Levacher de Chamois, fut l'un des plus enra-
gés faiseurs de caricatures de la Révolution ; il les gravait, au
lavis et en couleur, d'une façon quelquefois fine et soignée, d'au-
tres fois négligée et dure. Il passe pour l'auteur des portraits des
personnages de l'affaire du Collier, publiés par Basset.
Il entreprit, en 1789, la collection générale des caricatures de
m
la Révolution française, en petits médaillons sur fond rouge, et
c'est là qu'on trouve ses premières pièces, remarquables par leur
expression et leur hardiesse :
Seront-ils toujours d'accord? de Villeneuve sculp., chez Basset ;
Ah! le bon décret! Maudite Rèvolutiori!
Les Crimes des rois;
Les Français d^ autrefois, — les Français d'aujourd'hui;
Prêtre patriote, — Prêtre aristocrate.
Parmi les pièces plus grandes et plus sérieuses qu'il put faire,
je ne rencontre que la Vue du tombeau de J.-J. Rousseau, dessinée
d'après nature ; pièce faite après le décret de l'Assemblée natio-
nale, du 27 août 1791.
11 ne cessa pas d'en faire pendant la Terreur, et ce sont de
tristes images du sentiment populaire, féroce dans ses vengeances
comme on l'avait été tant de fois contre lui :
Louis le traître, lis ta sentence, in-f^* 1. Un bras écrit sur un
mur une légende, semée de sentiments patriotiques et de fautes
d'orthographe, et historiée d'une guillotine ;
Matière à réflexion pour les jongleurs couronnés, in-4** 1. Tête
coupée et dégouttant le sang, dans la main du bourreau, avec
longue légende extraite des écrits de Robespierre, et le bonnet et
le triangle en vedette ;
18
274 ARTISTES.— GRAVEURS AU LAVIS ET EN COULEURS.
Réception de Louis Capet aux Enfers, in~r 1. Affreuse composi-
tion avec légende, et pour écusson la tête coupée ;
Aux mânes de nos frères sacrifiés par le traître : Ecce Custine.
Tête dans la main du bourreau ;
Appel au Diable par les corps sans tête-
Villeneuve a heureusement des pièces moins compromettantes,
bien que d'une couleur prononcée :
Française devenue libre, figure en couleur sur fond rouge ;
La Liberté, patronne des Français, en buste, dans une gloire.^ ^
pointillé in-8° ;.
La Liberté, patronne des Français :
Atnour sacré de la patrie...
en buste, in-4® h., lavis; .
Vue des six stations de la Fête de Vunitè et de r indivisibilité dek.
République, six médaillons sur une feuille, in-4° 1., au lavis.
Les pièces les plus intéressantes de son œuvre sont cependa
les portraits, qu'il faisait en couleur et au lavis, et quelquefi
d'une façon très-soignée :
Voltaire, petit buste de face, gravé en couleur d'une mani
très-vivante ;
Marat, médaillon, sur une pyramide dans un vaisseau, in-i^
« 0 peuple! Marat, ton plus fidèle ami, n'est plus! »
Joubert, bouclier national, aux Armées françaises, composé et
gravé par Villeneuve; le portrait dessiné d'après nature; l*an Vff,
in-4<» h., lavis;
Bonaparte, Cambacérés, Lebrun, premier, second et troi^èm
consuls de la République, graVés en i*an IX par Villeneuve. Trois
têtes accolées, pointillé rouge et bleu, d-après la médaille du
citoyen Andrieu.
On trouve encore, sous le nom de Villeneuve, beaucoup d'ou-
vrages de commerce dont je n*ai pas à tenir compte, mais il
n'est peut-^tre pas inutile d'y noter, comme moralité de sa rage
révolutionnaire, un portrait de Louis XYJII, signé Villeneuve,
aqua-f., 1814. ,, ,
jà
MADAME BERGNY.
275
M™« BERGNY, marchande d'estampes de M"« la princesse de
Lâoiballe, demeurant rue du Coq, publia des portraits marquants
et des pièces révolutionnaires :
Jkfarie-Jos^h Chènier, Sandoz pinx. et sculp., en couleur, chez
AI"^« Bergny;
JLonis- Philippe d'Orléans,
JFlcibaud Saini- Etienne,
Bamave,
.Marat ,
JLepelUtier ,
M^e Triomphe de la Liberté y dédié à la Patrie, par la cit. Bergny,
ste au milieu de figures allégoriques, dians un médaillon de
m^-ileur, in-f*; «
r
JUarat à r immortalité, ovale in-f*;
JLe Triompha de la Montagne;
Premier rendez -vous de Charlotte et de Werther, ia-4<® h.,
l, couleurs. Se vend à Paris, chez Bergny, passage del*HôteV-
^^nthièvre.
9. — GRAVEURS AU BURIN.
J'arrive tardivement aux ouvrages classiques, et, si je n'ai pL
qu'en dernier lieu les estampes qui offrent la gravure dans
procédé le plus accompli, c'est que le burin, avec son tra.
lent, son asservissement à la peinture, sa poursuite d'une n
larité absolue, reste plus étranger aux manières les plusvivarm
Le graveur en taille^ouce, selon Diderot, est proprement c#^
prosateur qui se propose de rendre un poète d'une langue ôbo^
une autre. On peut ajouter qu'il s'attache de préférence airX
poètes morts. Dans les époques révolutionnaires, l'art est trop
impatient pour recourir à une traduction aussi froide. Nous avons
vu que depuis Lebas la gravure au burin avait rompu toutes ses
habitudes. Les peintres les plus courus qu'elle eut à traduire,
tels que Greuze et Fragonard, l'avaient poussée aux libres allures,
et il fallut longtemps avant que la nouvelle école académique
eût formé des burinistes à son usage. Deux grandes entreprises
de gravure témoignaient cependant encore, au moment de la
Révolution, combien cet art comptait de travailleurs : la Galerie
de Florence, commencée par M. de Joubert avec les dessins de
Wicar et les gravures de Marais, Masquelier et beaucoup d'au-
tres; la Galerie du Palais - Royal , commencée en 1786 par
Couché; interrompues d'abord, ces entreprises furent pourtant
poursuivies et offrirent des ressources à de nombreux graveurs
au burin. Dès l'an III, le graveur Pierre Laurent commença la plus
belle et la plus complète reproduction de toutes les richesses du
Musée central des arts, en quatre divisions : Tableaux, statues,
JEAN-JACQUES AVRIL. 27^
bas-reliefs et bronzes, camées et intailles*, qui fut encouraj^ée
P^t* lo Comité d'instruction publique, poursuivie avec l'assistance
d'uxi négociant, Robillard-Péronville, et le concours de cinquante
grav<^iirs. Mais c'est dans des œuvres plus actuelles que nous
*^^*^s à chercher la part de ceux qui se sont le plus distingués.
HIL', qui se présenta sans succès à l'Académie en 1789,
^^^^ît déjà distingué par les grands portraits tragiques de Ducis
^^ ^^ Brizard, d'après M"* Guyard. llétait le graveur qui tradui-
*^*^ ^vec le plus de régularité les peintres les mieux établis, ceux
^^i avaient fait de la réforme antique un pont aux ânes. Les
^^^oiis de 1791 et de 1793 n'eurent pas de gravures plus considé-
^^^es que les siennes :
Coriolanet Vélurie, d'après Lebarbier;
Pénélope et Ulysse ou la Pudeur, d'après Lebarbier;
L'Étude qui veut arrêter le Temps, d'après Ménageot ;
Le Désintéressement de Lycurgue, d'après Lebarbier.
En l'an IV, ce fut :
Comélie présentant à la jeune Campanienne ses enfants comme
sa parure et ses ornements;
La Mère lacèdémonienne remet à son fils un bouclier en lui
' disant : Reviens avec ou dessus.
Quelques efforts qu'ait fait le graveur, dans son travail du
cuivre, pour paraître énergique et chaud, il resta toujours empêtré
dans les pesanteurs de ses 'modèles, et glacé dans les difficultés
de son métier; et pourtant, il y a des auteurs qui citent plusieurs
de ses estampes comme faisant époque dans l'art renouvelé en
France. Avril, dans l'opinion classique, avait ramené la gravure
au burin à ses vrais principes, tant par le choix des sujets que
1. Projet d^association pour Ventreprise de la gravure dés tableaux et mo-
numents composant le Musée central des arts^ Paris, an IX, imprimerie de
Porthman, 20 p. in-8<^. Rapport sur les BeauayArts^ par Lebreton, p. 213.
2. Jean-Jacques Avril, né en i7i4, élève de Wille, mort en 1823. Son portrait
m été gravé par son fils en ISiO, d'après le tableau peint par M"* Auiou en
iH07.
^7« ARTISTES, — QRAVECR6 AU BURIN.
par rintellîgeaca de rexécuUpn*. Pour nous, cç n'est qu'ua
4ucteur médiQcrement jnécarpsé. ■ ^ ,
Jl s'ayentur^ dans quçlq.ues sujets plus actuels, mais son taie
y paraît encore pJws insuffisant et son outil plus rebelle. C'est,
1790, la fij^gènèration jde la Nation française, dédiée et présen
à l'Assemblée nationale comme pouvant être le modèle d
monument public; en 1793, la Bal^Uk de Hçndschpote. On
juger de. la portée de ses, inventions pittoresques dans un rap
sur les cimetières, qu'il adressa à la Commune ^e Paria, au n
de l'administration des Travaux publics'; pu verra aîllep
projet de Champ de loepos, de convoi funèbre et de fêtes de
qu'il proposait. Je dirai ici seulement que le ponument princi
de son Champ de repos était « une statue représentant la Te
enveloppée d'un manteau, à travers lequel sembleraient s'éch
per les bras et les jambes desséchées d'un vieillard ; à ses c6
une corne d'abondance, d'où sortirait up ei^fanjt qui presserait
mamelles et s'attacherait à son sein, tandis que son bras étex%di
présenterait aux spectateurs, avides de s'instruire, une Minerve
déesse de toutes les vertus. On lirait au pied du monument cette
inscription simple : La Vertu survit. »
On ne saurait parcourir ici tout l'œuvre d'Avril, qui grava pen-
dant cinquante-quatre ans plus de cinq cents pièces, selon. le
compte de Joubert, qui y a compris sans doute tous les morceaux
d'orqements et de fleurç qu'il fit pour le commerce; mais il faut
indiquer encore, pour en connaître> tous les côtés, quelques
portraits contemporains : Marie- Antoinette, M^ Vigée-Lebrun,
Mercier, et deux sujets, qu'il voulut composer dans les données
les plus poétiques de l'an X et où il mit les plus grands agrér
ments de sa gravure : rOffrande à l'Amour, le Serment de fidélité.
Il faudrait chercher dans les vignettes les plus misérables pour
1, Maniàfit des^ curi^tix pt des i^vMUurt de rArt, p&r Hu))er et Rost, Zuricli,
180*, t. VIII, p. 325.
%. Rapport dç l'admtnistratim des Travaux publics sur tes cimetières, lu
au Conseil générai par le citoyen Avril, in-^», 98 pages Bans date ni oom d*iiii*
primeur.
"I
CQARLES-CLÉHENT BERVIC. 27«
trouiver quelque objet de comparaison; Texécution au burin
oe Tskii ressortir dans ces grandes pièces que platitudes et incon-
gruité,
BERVIC*, fils d*un maître tailleur de Paris, était entré à qua-
tor-ze ans, en 1770, dans l'atelier de Wille. Son maître le trou-
vait dès lors d'une -physionomie heureuse et dessinant -déjà
joliment bien pour son âge*. En 1784, il était reçu académicien.
Il n^aivait fait encore que des Ouvrages d'après son maître, des
su jetsfarailiersd'après Lépine, et des portraits, lorsqu'il produisit
C^ouis XVI, restaurateur de la Liberté, présenté au Roî et à TAs-
l^lée nationale en 1790. Cette estampe, foite d'après une pein-
tLir-'^ de Callet qui avait figuré au Salon de 1789, et exposée au
S^lon de 1791, plaça Bervic au rang des vrais burinistes. Cette
Q^sil îté était chez lui, comme chez tant d'autres habiles graveurs,
excl osive de toute originalité. 11 était de ceux qui mettent plu-
^^iiï^s années à l'achèvement d'une estampe, et, quoique dessina-
^ur exercé, il éteignit en lui toute velléité d'invention et d'indé-
V^^^ance par un asservissement complet aux difficultés du
^^rtn. Cet âpre côté de l'art a ses attachements, mais le moment
^Wi mal venu pour les ouvrages de patience.
Bervic ne fit pas d'ouvrage révolutionnaire ; il suivit pourtant le
mouvement; il brisa son cuivre du portrait de Louis JK/dans
une des séances de la Société populaire des arts, et fut nommé
par elle membre d'un comité d'instruction.
Les seuls ouvrages de Bervic qui parurent aux expositions de
]a République sont VÉducation d'Achille, d'après Regnault, et
l'Innocence, d'après Mérimée. Ces estampes, exposées en l'an VI ,
firent pâlir les ouvrages de Massard, d'Avril et d'Audouin ; elles
accusaient l'expression dans les figures, l'aspect dans les acces-
i. Charles-dément Bervic, et non Jean-Gui Haume {Biographie universelle,
Sappiément, LVIII, 17i), né en 1750, élève de Wille, mort en 1822. Cata-
icgue des estampes de M, Bervic, par Regnault de La Lande, Paris, 1822, in-8*.
2. Mémoires et Journal de J.-G. Wille, t. II, p. 2Q.
k
m ARTISTES. — GRAVEURS AU BURIN.
soires et la lumière dans l'ensemble, avec une énergie que
gravure avait trop oubliée dans l'exercice du pointillé et de
manière noire. Si, par une réaction trop grande des ressources
burin, on vit l'abus des tailles en treillis, particulièrement da
les chairs, la beauté des fonds et des terrains montra du moi
le mérite de Tartiste. Il ne lui a manqué, pour arriver au prem
rang, que de dissimuler mieux ses manœuvres et aussi de s*at
cher davantage aux peintres de son temps. 11 est à regretter
ne se soit pas incarné David^ Prud*hon ou quelque autre d
Dateur puissant. Mérimée ne fut pas un parangon, et poi
tant Tœuvre qui fera le plus ressouvenir de Bervic, aprte s
Louis XVI, est cette Innocence de l'an VI, qui présente à un
pent le fruit où elle vient de mordre et .sa nudité de quato
ans, à peine abritée d'un brin de feuillage.
Le graveur fit d'autres ouvrages, le Saint Jean de Raph.
pour la Galerie de Florence; pour le Musée Laurent, le Laocooi^
l* Enlèvement de Déjanire, qui eut le prix au concours décennale
Ils servent d'argument, en même temps que les ouvrages de
Boucher-Desnoyers, à ceux qui pensent que la France a ressaisi
le sceptre de la gravure en taille-douce, qu'elle tenait déjà sous
Louis XIV avec Audran et Drevet. Cela peut être si Ton considère
la fidélité du modèle et la sévérité du dessin; mais les burinistes
du siècle monarchique paraîtront toujours fort supérieurs, si l'on
s'attache aux qualités réellement pittoresques du burin.
MIGËRS de la ci-devant Académie royale de peinture, membre
de la Société académique des enfants d'ÂpoIlon, fut un burinîste
médiocre et lent qui ne se distingua, ni dans le genre historique,
ni dans les pièces galantes et les vignettes, mais dont l'œuvre
est intéressant par les portraits. Il réussit là presque autant
que dans la gravure des animaux qui fut son triomphe. Du
reste il était si au dépourvu , quant à l'originalité, qu'il a tou-
i. Simon-Charles Miger, né en 1736, élève de Cocbin et de Wille, mort
en 1820.
i
JEAN GODEFROY. 281
jours, mi^me pour les animaux, emprunté le dessin d'autrui. L'ar-
listtî et son œuvre ont été le sujet d'une monographie *, à laquelle
on peut reprocher sans doute trop de complaisance, mais qui
nous rend bien facile la tâche de signaler le passage de la Révo-
iutioG dans son œuvre. Il grava, sur le dessin de Lagrenée fils,
'^ ^Translation de Vollaire au Panthéon français. Cette grande
Planohe, exécutée dans le goût de celles d'Helman, sera toujours
''^t^ tressante malgré sa lourdeur.
ï^^irmi les portraits de Miger, on doit distinguer d'abord ceux
9u*H grava d'après Fragonard, en*l 788, pour l'^wtofrc de la maison
^ 'Bourbon de Désormeaux; puis quelques portraits politiques :
^ Fayette, Bailly, Delacroix, Hérault de Séchelles, le général
'^^XAf:hard, Quinette ; et enfin des portraits d'artistes et de littéra-
^^ï^ : MoitU, Vien, d'après M"« Guyard*; Hubert Robert, d'après
*s^bey, le chef-d'œuvre du graveur; Laurent, le graveur; Gluck ,
^^i/te, Çuatremère-Dijonval, et son propre portrait, d'après
MV* Capet.
JEAN GODEFROY', qu'il ne faut confondre, ni avec François
Godefroy, que nous verrons parmi les graveurs de vignettes, ni
avec son fils Adrien, se signala pour la première fois, aux Salons
de l'an Vil et de l'an Vili, par des vignettes, plus régulièrement
gravées et de plus grande dimension, pour les belles éditions de
Didot l'aîné : deux sujets de Daphnis et Cliloé, de Gérard; un sujet
d^Andronuujfue, d'après Girodet, et par les grands sujets de Jeunes
fiUes de M"** Chaudet, qui cependant n'étaient gravés qu'au poin-
tillé. On remarqua beaucoup aussi les portraits de la Citoyenne
i. Biographie et catalogue de Vœuvre du graveur Miger, par M. Emile
BeUier de La Chavignerie, Paris, Dumoulin, 1856, in-8°.
2. Cette estampe, présentée à TAcadémie en 17*J0, fut fort applaudie et la
planche acquise au prix de i,600 livres dans la séance du 8 Janvier 1791. Jour-
nal de WiUe, t. II, p. 386 et 388. — La planche est au Louvre; Catalogue de
la Chalcographie, édition de 1851, n» 1832.
3. Jean Godefroy, né à Londres de parents français en 1771, élève de
J.-P. Simon.
282 ARTISTES. ^ GIUYEOaS AU BURIN.
Barbier Walbonne, d'après le tableau peint par Gérard, et les por-
traits du général B-mnaparta, d'après Gérard et Chaudet. L'un de
ces portraits, à cheval, de Chaudet, est arrangé en foraie d'éventaii
avec des ornements de Percier et Fontaine. Celui de M^ Barbier
Walbonne, élève de Garât, assise, ua livre à la main, vêtue en robe
de linon, coiffée en cheveux à l'anglaise et gantée .d« mitaines,
est pointillé avec la plus grande finesse. Cette gravure, premier
ouvrage de J. Godefroy, dit l'inscription, fut l'origine des ré-
compenses que Ton a données en France à la gravure, et obtint
le premier prix. Il n'y avail pas en effet de prix pour la gravure
au concours dé Tan 111. Ces ouvrages valurent à Godefroy, otttre
le prix de gravure, l'emploi de l'un des plus importants traduc-
teurs des tableaux les plus courus. Psyché et i* Amour, de Gérard,
Ossian, de Gérard, la Mort (THippolyte, de Carie Vernet, qui pa-
rurent aux Salons de l'an X et de Tan XII. Bruuïi Neêrgaard dit
qu'il est a dti petit nombre des artistes qui travaillent directe-
ment d'après le tableau, chose indispensable au graveur, sans
quoi il ne peut jamais se mettre dans ia situation du peintre ^ »
Comme les tableaux dont il s'agit ici. sont de ceixx où la txMi-
leur n'a qu'un rôle accessoire, on peut tenir en effet GodeCroy
pour un excellent interprète; il paraîtrait peut-être moins avan-
tageusement, si on le jugeait sur les nombreuses gravures qu'il
fit ensuite d'après les grands peintres italiens.
ANSELIN*, nommé, avec Bervic, pour composer le Comité
d'instruction de la Société populaire des arts, était connu avant
la Révolution par des pièces mythologiques et galantes d'après
Caresme, Borel, et pour un portrait de M^de Pompadour en ber-
gère tenant des fleurs; en 1789, il grava le Siège de Calais, d'après
Berthélemi, très-grande pièce d'une belle facture, qu'il dédia à
1. Sur la situationdes BeauaihAris en France ou Lettres d'un Danois é son
ami, Paris, an IX, in-8*, p. 7S.
2. Jean-Louis Anselin, né à Paris, en 1764, mort en 1S23, bourgeois de
Calais, élève d'Âug. SaintrAubin.
■»
HENRI UAAAIS. 283
TAsjseiaablée natioDale. Il ^pleya ensAïke son burin à reproii^ire
quelques tableaux anciens pour leMM^ée Laurent .et deux ou trois
tableau)^ guî avaient eu du succès aux expositions : le Premier
hornme et la première femme de Lebarbier, Molière lisant son
Tartufe chez Ninon de Lenclps, de Monsiau. Monsiau lui fournit
encore quelques sujets de vignettes, où il montra de la finesse et
de Tagrément. On peut citer le frontispice du Dithyrambe de
Delille, d*après Boizot, et les vignettes pour la Pitié de Delille,
d'après Monsiau et Lebarbier ; mais il fut de ces burinistes, qui
trouvent le moyen dWacer dans leur oBuvre à peu près toute
trace du temps dans lequel ils vivent.
JIARAIS * le premier graveur de la Galerie de Florence, dimé-
nié plus de distinction qu'on ne lui en accorde dans les hrsto-
nques de la gravure. Sa plus ancienne pièce parait être l^Her-
rnite ou k donneur de cfiapelets, d'après Greuze. En 1788, il grava
le portrait de Frédéric le grand, pour la Monarch-ie prussienne
de Mirabeau. Le Frontispice qu!il grava pour la Galerie de Fio-
nmee, portsgit la dédicace de Lacombe au ^and-duc de. Toscane
en m% et représentant le. Génie des arts accoudé sur un cippe,
av^ un bas-relief de noce antique, nous donne un modèle extrê-
mement flatt^^ dans sa taille-douce très-régulière, du sculpteur
Moitié. Les planches qu'il grava ensuite d'après l'antique et
d'après iules Romain sont faites avec une observation des
règles techniques, qui démontre l'erreur de ceux qui ont voulu
réserver pour quelques noms privilégiés et pour le commence-
ment du XIX*' siècle le mérite d'une renaissance de la gravure.
Marais, comme Bervic, employa des tailles d'un parallélisme
rigide, .(i^doucies dans les chairs par des points, renforcées et suf-
fisamment variées dans les draperies etjes fonds. Il sut mode-
ler, sinQU éclairer vivement, ses figures, et son dessin est d'ail-
leurs d'une pureté suffisante, quoique sans beaucoup d'énergie.
Son nom est attaché à la plus jolie des compositions de Gérard
1. Henri MAr&is, né vers 1768.
r
2»4 ARTISTES. — GRAVEURS AU BURIN.
sur Psyché : Ces plaisirs leur eurent bientôl donne un doux gage
leur amour, et au Frontispice du Racine de Didot par Prud'ho
Son Génie et Melpomène le mènent à l'Immortalité, qui fut ex
au Salon de l'an -V. Ce sont des estampes pleines de finesse et
inoelleux, quand on les regarde dans de bonnes épreuves.
On doit enfin à Marais un bon portrait de Basan dans la s
des médaillons de Cochin.
AUDOUINS l'un des graveurs les plus accrédités du M
Laurent, commença par travailler dans la Galerie de Florence,
plus ancienne pièce de lui qui porte une date est le Portrai
Mirabeau^ en 1791. En Tan V, il exposa, avec ses estampes fa
pour ces deux recueils, une Tète de Junius Brulus, et Apo
couronnant la Vérité, d'après Landon. Il atteignit sa plus gra
force de l'an IX à Tan XII, en publiant Jupiter et Ântiope, d'à
Corrége, Buonaparte, premier consul de la République franco
et // n'est plus temps, d'après Bouillon.
Lebreton a reproché à Audouin de ne pas savoir déguiser
le travail de son outil. On peut dire plus; pire que les burinis
qui laissent percer leur cuivre, mais qui du moins en reiieut^^^t
quelque brillant, Audouin paraît graver sur du bronze, sans avc/^
pour cela plus d'énergie; il reste pesant et monotone.
De tous les ouvrages qu'il fit ensuite, et dont on trouvera la
liste dans les Dictionnaires, je ne* citerai que des portraits : le
' général Moreau, Gluck, Elleviou, Ângelica Kaufman, M^ Yigèe-
Lebrun, M^' Saint-Aubin.
BLOT*, l'un des graveurs de la Galerie Lebrun, acquit de la
réputation, dès 1786, par la gravure des deux enfants de
Louis XVI : Monseignewr le Dauphin, et Madame^ fille du Roi,
tenant un nid de fauvettes, d'après M"»* Lebrun. Son burin,
quoique compassé, caresse et adoucit le cuivre; aussi réussit-41
i. Pierre Audouin, né en 1768, élève de Beauvarlet.
2. Maurice Blot, né en 1754, élève de Saint-Aubin, mort en iSiS.
CHRISTOPHE GUÉRIN. Î85
S)ien dans les sujets amoureux et dans les chairs ; il grava avec
succès deux tableaux de Fragonard : le Verrou et le Contrat. Au
Tnilieu des traductions de peintres anciens, qui forment le gros
de son œuvre, on doit distinguer les deux pièces qu*il fit d'après
Regnault : Jupiter et lo; Jupiter, en Diane, et Calisto, qui furent
exposées en Tan VII. L'année suivante, il exposait le Jugement de
Paris, Les seules pièces d'ailleurs qui portent date sont les vignet-
tes qu'il fit pour le Racine et le La Fontaine de Didot.
C'est à lui qu'échut la traduction du tableau capital de l'an VI ,
te Retour de Marcus Sextu^, et il n'en saurait exister de meilleure.
Lebreton, en jugeant cette estampe, qui ne parut qu'au Salon de
l'an Xll, la trouvait inférieure à ses estampes plus anciennes et
laissant désirer plus de transparence et de légèreté. 11 nous
semble que la peinture de Guérin aurait été peu reconnaissabie
dans une gravure aérée et brillante.
CHRISTOPHE GUÉRIN * trouva le moyen de cultiver la gravure,
en taille-douce et au pointillé, à Strasbourg, où il devint profes-
seur de dessin et conservateur du Musée. Ses premiers ouvrages,
où parait déjà un vif talent, sont des portraits :
Le comte de Cagliostro,
De Tami des humaine reconnaissez les traits, etc.,
«
dessiné d'après nature et gravé par Chr. Guérin, 1781, ovale
in-b* h. ;
Mon père, dédié à ses amis, dessiné d'après nature et gravé par
Chr. Guérin, in-b® h.; il est à son établi de graveur de coins ;
François-Xavier Richter, maître de chapelle de la cathédrale de
Strasbourg, G. Guérin s., 1785.
II se fit connaître 'ensuite par de grandes estampes d'après
divers maîtres, qui lui valureift une médaille en 1810. Il suffira
1. Christophe Guérin, né à Strasbourg en 1758, élève de Muller. Gabet, Dic-
tionnaire dex Artistes, 1831, in-8*, p. 339. Omis dans le Manuel del'AmaUur
d^estampês. Le Catalogue De Vër^, n** 207, contient la pièce Portrait dé mon
286
ARTISTES. — GRAVEURS AU BURIN.
de* signaler les estampies d'après ^orfëgê -^^ Amour désa
Yénus, Bi la Madeleine. • : i
Guériii ne vint pas figurerai» expositions' de Paris, m
n'en paya pas moins' son tribut à la Révolution. Voici
estanlpes, qu^on a trop oubliées à Strasbourg :
Hereuli Cotmariemi; dessiné d'après nature et gravé par G^
tophe Guérin. Cet Hercule de Colmar était un honorable bal
et officier mxmicipal, ({ixl, s'en -allant faire patrouille la nuit;^
longue redingote et en tricorne, armé seulement d'un bâton,
dans une nuit qui^ à ce qu'il paraît, foi chaude pour les patrii
du 3 au !^ février 1791 , prononça ces paroles mémorables :
veille pour que les autres dorment. » Pui^e la pointe de Gu^
qui ne manque ni de force ni de bonhomie, transmettre à la
térité la plus reculée l'héroïsme de Stockmeyér;
Liberté-Égalité, G. Guérin fecit. Deux figures debout et.
Génie, assis au milieu, montrant les Droits de l'homme. O
in-f^ La composition et le dessin de ces figures laissent à désî
mais il y a de l'sigrément dans les têtes et de l'habileté datia
pointillé.
Guérin illustra deux éditions de V Homme des champs, in-1.
in-i**, publiées par Levrault en Tan VIII et en Tan IX, de vign^
dessinées avec soin et d'une poiiîte habile et bien fournie, d
un goût qui approche deChodowiecki, sans avoir ni son espri.
sa grâce.
On trouve encore son nom sur un frontispice : Aux màn&^
Mengs, 1795, et sur d'autres vignettes locales.
Parmi les portraits qu'il grava, en voici quelques-uns dont 1
térêt peut s'étendre au delà de Strasbourg :
Moifhier de La Fayette, peint d'après nature par Jean Yey^
gravé par Chr. Guérin ;
Le général Custine^ 1793 ;
Le citoyen Treillard, ministre de la République au congrès c/^
Rastadt ;
Le citoyen Bonnier, T. Hof del., Chr. Guérin sculp. ; à Bâie,
chez L, Decker, libraire.
par
3D,
le
de
'Jh
n
PIERRE-ALEXANDRE TARDIEZ. 281
T^A.RDIEU S en ne s'occirpant principatement quie de portraits,
qi^it la réputatioD de Tundés plus habiles giraveurs modernes*
Son œuvre commence, en 1773, par des études de figures
^I>rèsPoilIy et GolUius. On. remarque, parmi ^es* anciens por^
V€)ltaire, 1783 et 1784, d'après Houdon;
.Henri lY, en pied, d'après Fourbus, 1788 ;
prince de Navarre, en l'eage de quatre ans, d'après
1791;
jS£,aniskLS-'Augv^te, roi de Pologne, 1791 ;
Cy Christine, reine de Suède, d'après Bourdon ;
le comte d'Arundel, d'après Van Dycky qui passe pour son
œuvre.
gravures sont faites d'un burin suffisamment régulier et
, bien qu'il ne dédaigne pas te pointillé pour arriver à une
grande finesse; on y souhaiterait seulement plus de sou-
et de vivacité,
^ndaot la Révolution, Tardieu fut occupé de la gravure des
gnats et des papiers officiels. Les plus beaux types de ces
jers sont de sa main :
uignoX de 50 livres, la Liberté et l'Égalité ;
ssignat de &00 livres, l'aigle ;
ssignat de 1,200 livres, la tête de Cérès;
ssignnt de 2,000 livres, têtes de la Victoire et de la Paix, sta-
de la Liberté et de l'Égalité;
ssodaliondu k frimaire de Van VI, bordure historiée de têtes
ttributs, Percier del. ;
ïtes de lettres du Ministère de la Marine, Vivre libre ou mourir,
liberté sur un navire; Gatteau inv.. Al. Tardieu sculp,;
-Au nom du peuple français, "Neptune sur une proue, dessiné
1. Pierre-Alexaadre' Tardieu, né en 1756, élève de WiUe et de son oncle
^«cque»-OBcolas Tardiea, mon en 1844. Son portrait a été gravé en 18i$ par
H«oriqtiel Dupont, d'après Ingres.
888
ABTISTES. — GRAVEURS AU BURIN.
par Hue, peintre de la Marine, gravé par Al. Tardieu, graveur de
la Marine. Deux modèles de grandeur différente.
Tardieu a aussi abordé la gravure qu'on appelle historiqu^^. U
avait fait quelques pièces pour la Galerie de Florence, et ii fit,
pour le Musée Laurent, V Archange saint Michel de Raphaël ^ qui
parut en l'an X, et la Communian de saint Jérôme. II grava ^^ussi
le Premier Homme et la première Femme, d'après Lebarbier^ 'j^ais
le plus grand succès de Tardieu fut toujours dans le portr^S. t; il
n'avait pas cessé d*en faire pendant la Révolution :
Jean-François Galaup de La Pérouse, gravé d'après une iiac^iQia.
ture, 1793, in-i*»;
Franklin, d'après Duplessis ;
Montesquieu, d'après Chaudet ;
Blauw, ministre plénipotentiaire des Provinces-Unies pr^^sj^
République française, d'après David ;
Ces trois portraits parurent au Salon de l'an V; le dernier ^/
un exemple rare de modelé dans la tête et dans les mains ;
Washington, d'après Houdon, an IX, médaillon in-8^;
Bonaparte, premier consul, an IX, d'après Isabey, médai/-
Ion in-8<> ;
Charette ;
Demoustier, membre de l'Institut;
Catherine, Ivan VI, Alexandre /•*', de Russie;
Louise-Aug,'Wilh,'Amélie, reine de Prusse, d'après M"* Le-
brun, in-i".
Mais le plus capital des portraits de Tardieu fut Paul Barras,
directeur; Hilaire Ledru del., Alexandre Tardieu sculp., an VII.
Il est traiié aves une magnificence de représentation qui peut le
faire mettre en pendant avec n'importe quel autre potentat ; en
habit; manteau richement brodé, bas de soie, chapeau à pana-
ches, baudrier et écharpe à franges d'or; la tête, coiffée à poudre,
ne manque ni de dignité ni de fmesse.
Tardieu grava eufin quelques vignettes : Psyché abandonnée,
d*après Gérard; les Adieux de Louis XYI, d'après Monsiau;
le Frontispice de la Pitié, de Delille; mais il n'avait pas,
JEAN MASSARD. 289
dans le dessin, même ce doD vulgaire qui fait valoir un bon
[modèle.
MÂSSÂRDS agréé de l'Académie depuis 1785, était connu sur-
'.jmmt comme Tun des graveurs affidés de Greuze ; il fit de jolies
^gnettes, d'après Eisen et Gochin, et de nombreux ouvrages pour
^1 Galerie de Florence et le Musée français, qui sont d'un burin
■«rt négligent sans être libre. Parmi les tableaux des peintres en
r-ogue, il choisit la Mort de Socraie, par David, et Oreste et Her-
"^lione, par Girodet, dont les gravures furent exposées aux Salons
Se l'an VI et de l'an Vil. Son burin mou évite assez habilement
i^s sécheresses des modèles, mais il en trahit ainsi les beautés les
plus sérieuses. 11 eut le titre de graveur du roi, et grava, ainsi
que sa sœur, Louise Massard, quelques pièces politiques :
Si ses maximes s'impriment dans nos cœurs, si son âme revit
^ians ses descendants, il a régné. Car. Eisen del., Massard sculp.,
în-8®; •
La France remerciant Vimpératrice Marie-Thérèse de lui avoir
donné sa fille pour reine, Louise Massard ;
EntrevxAe de Louis XVI et de Henri IV, in-P» ;
Capit. Henri Wilson, 1788, M"« Massard sculp., in-8»;
Louis XVI, restaurateur de la Liberté française, 1789, Godefroy
del., Massard, se. reg., direx.
Massard, trop vieux pour prendre une part plus active au mou-
vement de la gravure pendant la Révolution, fut suppléé par ses
trois ûls : Jean-Baptiste^Louis, Félix et Raphaèl-Urbain.
Les premiers ouvrages où Ton trouve leur nom sont les Frises
de Vare de triomphe élevé au Champ de Mars pour la Fédération
de 1790 ; dessiné au Champ de Mars par Félix Massard et terminé
par son frère atné. Indépendamment des gravures qu'ils firent
d'après d'anciens maîtres pour le Musée français, et qui parurent
aux Salohs de l'air Yll et de l'an VllI, on peut citer, comme
ouvrages de circonstance, le Portrait du général Buonaparte,
1. Jeu llAttard, né vers 1740, mort en 1829.
19
990 ARTISTES, -^ GRAVEURS AU BURIN.
médaillon d*apràs Peint, ûi la Paix, précédée de la Renommée H
guidée far la Victoire, amenant Buonaparte sur le sol français^.
Cette allégorie eut l'avantage de servir, douze ans après, avec un
simple changement de portrait, pour la venue de Louis XVill.
Raphaël-Urbain, qui devint Tun des plus forts graveurs de
TEmpire, débuta aux Salons de Tan Vi, de Pan VU et de Tan Vlil,
avec les planches pour le Racine de Didot ; il se recommanda
surtout comme le traducteur le plus régulier des ouvrages de
Gérard et de Girodet. 11 eut encore l'honneur de graver les Sor^
bines de David.
MOREL', à qui on donne le titre d'élève de I^assard, d'Iagouf
et de David, avait dé}à gravé, au moment de la Révolution, que^
ques pièces dans la GaUrie de Florence et des portraits tort habi-
lement faits. On connaît une figure d'après Wicar : Saint Joseph
assis et lisant, signée : A. Morel sculp., 1787, et un portrait de
ùvJbertrand, principal du collège de Navarre, daté d« 1789. En
1793, il fut chargé de graver le tableau de David, Mara;t mourwrU
dans sa baignoire. J'ai déjà parlé de cette estanape; elle n'est
qu'ébauchée, et, si l'on regrette de n'y pas trouver le ton et la
chaleur de l'original, qui se trouvent jusqu'à un certain point
dans la gravure de la tête seule, faite par Copia, elle laisse du
moins peu à désirer quant au trait. Elle doit être bien rare, car
je ne l'ai vue qu'au Cabinet des estampes, et M^ Heanio ne la
possède pas. Ce n'est que cinq ou six ans après que le graveur
produisit, au Salon de l'an VIII, la gravure du SéJûaire^ de David.
Bruun Neergaard, qui en parle à deux reprises, dit que « non-
seulement il s'est servi du grand et du petit tableau du maitre,
il y a môme fait des changements du consentement de son
auteur. » Plus loin, il reconnaît encore que David y a apposé son
i. Cette pièce, In-f h., traitée au pointillé avec quelques traits de burin,
est marquée (fua monogramme^ (brmô des fettres I.-B. M. pour l'eau-tetft, et
de I.-B. Massard pour les têtes.
2. Antoine-Alexandre Morel, né ^ Paris en i785| mort en 1820.
PIERRE fiELJAMBE. 291
ctchet. « Le même graveur, ajoute-t-ii, est dur le point d'entr&-
preodre les Hvraces, Brutus et les Stibines. \\ serait à désirer qo'il
s'oœopàt aussi du Socrate, qui n'est pas trè&-bien grdvé par
Massard^ »
Morel était donc bieu désigné comme le plus digne graveur de
David. Lebreton, parlant de lui quelques années après, à propos
de restampe des Hùraces, qui ne se terminait qu'en IBOS, dit que
son principal mérite est de conserver l'expression originale, mais
qu'il lui reste des progrès à faire pour acquérir, dans le manie-
ment du burin, la facilité et l'assurance qui produisent les beaux
effets de l'art '. Ces espérances ne furent pas réalisées, au moins
en ce qui concerne David; Morel se confina, pour ses grandes
pièces, dans la gravure du Mtbsée français. II grava toutefois
quelques sujets de grandes vignettes, d'après Chaudet, et un
frontispice d'après David ; un Génie de l* Amour et de l'Hymen
œuram swrle gtobe, David de!., More) sculp., 1&§8, inf-B^ rond :
Du sang mêlé de Tibère et du More
Naquit un peuple élégant et poli.
Il fit encore sous le Directoire quelques portraits :
KUber, en pîed, d'après Boilly, m-4";
Masséna, l'enfant gâté de la Victoire, médaillon ovale dams une
couronne de laurier, avec légende : « Ce général fut chargé d'ap-
porter au Directoire les préliminaires de la paix de Leoben ; »
C. de Laclos, auteur des Liaisons dangei-^uses, d'après Carmoï^
tefle, in-S».
BEUAMBE', employé d'abord à la gravure des tableaux de la
Gâterie d Orléans et de petites pièces familières et galantes,
d'après Greuze, Danloux, Leroy, dont les plus célèbres sont là
Petite Nanette en buste, et les deux figures à mi-corps : Ah! si je te
i. B9la sH^uation des Beaux- Arts en France, Paris, an IX, p. 75 et 96.
2. Rapport sur les Beauoo-Arts, in-4«, p. 210.
3. Herre BeUambev né. à Rouen en 1752.
â9ï ARTISTES. --GRAVEURS AU BURIN.
tenais ! — Je t'en ratisse. Il fit exposition de toutes ces estampes au
Salon de 1793. Son burin y était faible et agréable; il n'eut pas
de peine à se réduire aux genres faciles que le moment com-
porta, des portraits et des sujets de circonstance au pointillé :
Bailly, d'après Monnet, 1789; d'après Notté, an II! ;
UÉgalité, diaprés Sicard ;
Le Vertueux Joseph Cange, commissionnaire de Saint-Lazare,
d'après Legrand :
... C'est dans cette classe, autrefois dite obscure^
Qu*on retrouve partout la sensible nature
De <^ hommes de bien d'un esprit ingénu ;
Leur corps respire Tair, leur âme la vertu.
Sbdainb.
Le Moniteur, qui annonce cette gravure le 16 nivôse an III, dit
qu'elle a été présentée à la Convention, qui en a accepté l'hom-
mage. Le trait de vertu de Joseph Gange, que tous les journaux
célébrèrent, fut le sujet d'une comédie par Julie Candeille,
représentée et imprimée en Tan III. Le tableau de Sicot-Legrand,
professeur à Rouen, parut au Salon de l'an V.
Beljambe ne parait à aucune autre exposition. On cite encore de
lui un portrait de J/''« Desgarcins, d'après Monnet, et deux pièces
faites avec Alix, VHèro'isme de V amour et les Victimes de V amour.
Je connais une pièce ovale au pointillé bistre, d'après Monnet,
qui représente une héroïne tragique, le poignard à la main, au
milieu de Génies éplorés; est-ce M^^ Desgarcins ou M''^ Renaud
Vaînéf •
MALÂPEÀU^ grava des vignettes et des portraits pour VEssai
sur la musique de Laborde, les Contes des fées, le Mariage de
Figaro, la Bible et l'Histoire ancienne, d'après Marillier, Saint-
Quentin, Cochin, Moreau, Mirys. On a de lui une jolie pièce
d'après Challe : la Ruelle, et il maniait le burin assez réguliè-
1. Claude-Nicolas lialapeau, né en 1755, élève de Moitte, mort en iS04.
ï
CLAUDE-NICOLAS MALAPEAU. 293
rement pour qu'on l'employât à la gravure de la Galerie de
Florence.
Il traita à l'eau-forte des scènes de la Révolution, et y mit
plus d'effet pittoresque que Duplessis-Bertaux :
Société des Jacobins, rue de l'Église, avec l'inscription:
a Unité... »
Ils ne sont plus ces jour^ de désastre et de deuil, avec huit vers
signés : Miger.
Le titre le plus sérieux du talent de Malapeau dans la gravure
au burin est le frontispice des Tableaux de la Révolution, le
Triomphe de la République, d'après Fragonard fils; son travail
très-fini accuse habilement les formes nerveuses de son modèle.
J*ai parlé ailleurs de cette pièce ainsi que d'une autre, l'Inté-
rieur d'un comité révolutionnaire, à laquelle il coopéra.
En l'an V, Malapeau s'occupa de planches singulières pour le
temps : les Songes drolatiques de Pantagruel, de Vinvention de
maître François Rabelais K L'éditeur avertit que ces figures sont
prises de l'édition de 1565. Il les croit dessinées en Italie par
Rabelais lui-même pour ridiculiser les premiers personnages de
son temps, et surtout la cour de Rome. 11 ajoute que ces plan-
ches, gravées à l'eau-forte, « sont dues aux soins et aux talents
du citoyen Malapeau qui les avait entreprises comme un passe-
temps agréable, et sont devenues un monument pour sa répu-
tation. » Ces planches sont gravées d'une pointe grosse, mais
légère , accentuée , et l'esprit des originaux y est assez bien
reproduit. Les sujets, qui ne sont certainement pas de Rabelais,
sont d'une drôlerie qui sent bien son XVI- siècle, et le succès
n'en fut pas grand en l'an V. Des cent vingt planches faites, à ce
qu'il paratt, par Malapeau, il n'y en eut que soixante publiées le
lendemain de la Terreur; n'avait-il pas dans ce genre ses pré-
rogatives?
Malapeau publia encore, en l'an VII, /*. Raucourt, de la Gomé-
i. A Paris, chez Sallior et Pernier, an V de Tère française, 1797, 60 pi.
în-4».
I
994 ARTISTES. —GRAVEURS AO BURIN.
die-Française, dans Je rôle de Médëe, dess. d'apràs nature et
gravé par Malapeau, in-f» rond. A Ja fin de sa carrière, on le
trouve employé aux gravures du Musée FUhol et aux planches de
voyages pittoresques.
MARIAGES Ses premiers ouvrages sont des portraits :
Greuze, portrait de trois quarts, ovale, io4^, 1785, d'uD burin
très-dur.
Voltaire,
Franklin,
Mirabeau,
Fabre d^Èglantine,
Buzot,
Barrère,
Kersaint,
Le duc de Saint^imon, d'après Vanloo, qui passe pour le por-
trait le plus anciennement gravé de Tauteur des Mémoires.
Il fit ensuite, au pointillé, des pièces de mythologie galante
d'après Ansiaux ou d'autres :
Le Départ du messager d* amour,
Le Retour du messager d'amou/r.
Danseuses de Pompéi ,
Les Deux Jeux, E}gairam se.
En 1792, il grava les planches de la dissertation sur les
variétés naturelles qui caractérisent la physionomie des hommes
des divers climats et différents âges, traduite de Camper par
Jansen ; mais ces planches ne sont qu'une copie de celles qui
avaient paru avec l'original , à Utrecht, en 1785 , grav. par
R, Winkeles*.
Avec Fragonard, il se mit à des pièces plus sérieuses, que nous
avons citées ailleurs, telles que la Vérité, la Raison, les Droits de
Vhomme.
m
1, Loui8*FraDçois Mariage, élère de Berne.
2. Paris, FrançaH, 1792, iD-4% enrichi de 11 planches en taille-dooç^.
GHARLES-LOtlIS LINGÊE. V95
^ ^*^8t élevé un moment jusqu*à la taille-douce pour graver
^^Kjxi^ pièces de la Galerie de Florence et du Mu^ée Laurent ,
^a\^ il n'y brilla pas, et on le vit ensuite confiné dans les
ntft^^ttes des romans les plus vulgaires, où son nom paraît à
cO^^ de ceux de Chaillou, de Binet, de Misbach et de ValHn, la
V^^Part plus obscurs encore que lui ; elles sont gravées pesam-^
ctt^tit, n'ayant pour mérite que leur vulgarité*
LINGÉE^, graveur au burin et à la pointe, a fait des pièces '
d'intérieur d'après Freudenberger, des scènes villageoises d'après
Loutherbourg, des vignettes d'après Cochin, et des portraits. 11
. suffit de citer :
M^'^ Raucourt dans le rôle de MonimjB^ d'après Monnet et
Freudenberger ;
Gertrude, victime de la calomnie, etc. M"** El. Lingée del. ad
vivum, 1791, Ch.-L. Lingée se. 1792. Médaillon, pointillé très*
fiD sur fond noir, in-8**.
Parmi les pièces qu'il put faire en dernier lieu, je ne note que
les jolies pièces d'après Fragonard pour les Contes de La Fontaine,
1795, et ses vignettes, d'après Monnet, pour les Liaisons dange-
reuses. Les épreuves restées à l'eau-forte qu'on en trouve sont
encore assez jolies.
M*« TflÉRfesB-ÉLÉONORE LINGÉE*, fille d'Hémefy, sœur de
M"* Ponce, et plus tard femme Lefebvre, travailla dans plusieurs
genres. Elle maniait au besoin le burin, mais elle usa plus fré-
quemment de la manière au crayon ou du pointillé, et fit res-
source des portraits. Parmi les ouvrages qu'elle fit avant la
Révolution, je ne citerai que les Grâces, d'après Vanloo, pièce au
bunn, in-f*, la Famille de bonnes gens, d'après Cochin, des Têtes
de jeune fille et de jeune garçon, d'après Greuze, pièces à la
i. Charles-Louis Lingée, né en 1751.
9. Tbérè8a''Éléonofe H«mery« femme Lln^ et LefébTre^ née à Paris
yers 1753.
I
1
L,
296 ARTISTES. — ORATEURS AO BURIN.
manière du crayon, et les portraits de Co/ardeau^» d'après Trin-
quesse, et de la Marquise de Villette, d'après Pujos. Elle en fit
beaucoup d'autres d'après Cochin et Moreau.
La citoyenne Ungée exposa au Salon de 1793, mais on ne cite
pas les ouvrages. Voici les estampes qu'elle fit à partir de ce
temps, et qu'on s'est dispensé de citer dans les catalogues :
La Liberté, dessinée par Boizot, gravée par la citoyenne Lingée,
femme Lefèvre, ov. in-4®, pointillé bistre. Elle tient un joug
brisé, une baguette surmontée du bonnet; à côté d'elle, une
corne d'abondance, un chat, et un oiseau s'échappant, le fil à
la patte;
Les Nuages, Bidault del., gravé par M"' Lingée; trois Nymphes,
groupées et enguirlandées au milieu des nues, derrière lesquelles
une vieille se chauffe, in-8*>, au burin.
V Origine de la peinture-. Bouillon del., M"« Lingée, femme
Lefèvre, se., in-4*> 1., pointillé.
Apollon et Cyparisse dans un paysage, trait à l'eau-forte, signé :
Éléonore Lingée.
Le Pauvre jeune homme!
Quel est le plus heureu^xf Déposé à la Bibliothèque nationale,
le 11 messidor an X, dessiné par E. Victoire, gravé par Éléonore,
femme Lefebvre, in-4* 1., au pointillé. Ces deux pièces sont
exécutées d'une façon pénible et maladroite, mais le costume et
mén^ l'expression en font une des plus curieuses représenta-
tions du temps.
VOYEZ l'aIné et VOYEZ jeune *, qui travaillaient de concert, et
depuis 1771, d'après toutes sortes de maîtres, appartiennent au
XVIII® siècle. Les dernières feuilles de leur œuvre seulement
portent quelques estampes qui peuvent servir au tableau des
mœurs et du costume de la veille de la Révolution, telles que la
Visite inattendue, la Toilette, l'Instant favorable, d'après Freu-
1. Nicolaa-Joaeph Voyez Talné, né à Abbeville en 1742; François Voyei le
jeune, né à Abbeville en 1746. lU étaient élôves de Beaayarlet.
^
S98 ARTISTES. ~ GRAVEURS AU BURIN.
pesante^ où Ton sent que la main de Voyez n'atait pas moins
vieilli que son esprit.
PÉRÉE^ est un dessinateur graveur au burin, qui débute au
moment de la Révolution. On voit du moins son iiom pour la
première fois sur deux pièces révolutionnaires :
t aurore de la Raison commence à luire, et k Génie de la LiberU
établit V empire de la Sagesse sur la terre, in-f^ h.; un Géûie ado*
lescent à côté du terme de Minerve;
Les Droits de l'Homme, Perrée sculp., an IV*, in-P* h. Un homme
presque nu tient le titre et un pic, fouie aux pieds les emblèmes
de la Royauté, de la Religion et de la Noblesse, et lève la têie
vers le ciel, d'où part la foudre qui vient embraser les emblèmes»
Ces compositions, d*un dessin académique et d'un burin lourd,
rappellent assez la manière de Regnault, dont on dit que Pérée
était rélève.
11 grava, en 1792, pour une compilation de Soulavie ^« onze têtes
en caricature, qui sont censées les portraits des personnages qui
ont opéré en France la révolution religieuse postérieure à la
révocation de Tédit de Nantes. Ce n*est qu'une copie des portraits
satiriques publiés en Hollande en 1691', faite d'un burin pesant; et
il n'y a rien de changé dans les faces de moines ivrognes que
l'artiste hollandais avait données à M">* de Main tenon, à Louvois
et à Bossuet, ni au soleil encapuchonné qu'il avait donné pour
figure à Louis le Grand.
Dans les gravures que Pérée fit ensuite, de 1795 à 1797, il s'at-
tacha à plusieurs peintres d'histoire, qu'il ne flatte pas, mais qui
sont heureux de l'avoir trouvé, car il donne quelque pérennité
à leurs compositions oubliées. J'ai déjà cité celles de Cbaudet,
i. Jacques-Louis Pérée, né dans le département deTOiseen 1769, élève de
Regnault (Gabet).
2. Mémoires du comte de Maurepas, Paris, Buisson, 1792, 4 vol. io-8o.
3. Is8 Héros de la Ligué ou la Procession monacak conduite par LoîUs X7F
pour la conversion des protestants de son royaume, à Paris, chei \ê père Pétera,
à l^enaeigne de LouU le Grand, 1691, io-4^
AUGDSTE-GASPARD DESNOYERS. 890
qui traduisent avec la dose de sentiment obligé les attitudes du
sculpteur; celles de Wicar, qui appuient trop dans l'expression,
et aussi celle de Caraffe, qui est le chef-d'œuvre du graveur: J7nr
nocence sous la garde de la Fidélité, in-f^ 1.
En voici d'autres :
Leçon à VAmour, A. Devosge înv- del., Pérée sculp., 1196,
in-M.;
PsyM et r Amour, A. Devosge inv. del., Pérée sculp., 1796,
în-f* h. ;
L'Étude de la musique, Bouillon del., J. Pérée sculp., in-P» 1. ;
Il m'a tiré les oreilles, Dauloux del., Pérée sculp., in-f» h. ;
Nous allions de la jalousie à la fureur et de la fureur à la jalou-
sie, chant VI ; vignette in-8®, d'après Clavareau.
Malgré son affection pour des peintres empreints d'un style
nouveau et essayant de côtoyer Prud'hon, Pérée ne les releva pas
de leur médiocrité; il manquait de facilité dans sa gravure, et
même d'agrément, bien qu'il mêlât beaucoup de pointillé à son
burin. Aussi acçomplit-il à peine la carrière d'un artiste. On ne
le voit plus ensuite que confiné dans des travaux subalternes,
pour les Monuments français inédits, de Willemin, et la Descrip-
tion de VÉgypte.
DESNOYERS*, qui devint le graveur classique et lauréat de
l'Empire, le premier graveur du roi, membre de l'Institut, et
baron sous la Restauration, appartient par ses commencements à
la gravure au poinlilié et à la traduction des peintures et des
dessins à succès des Salons de l'an Vil à l'an X; i] avait appris le
dessin chez Lethière, la gravure chez Darcis et chez Tardieu. Ses
premiers ouvrages sont les plus oubliés, et par cela seul les plus
intéressants à citer pour nous :
Le Délire de l'amour, Henry del., Aug. Desnoyers sculp., in-f* h.
Jeune Bacchante se penchant au cou d'un Terme. C'est, dit-on, la
1. Augaste-Gaspftrd-Louift Boucher-Detfnoyers, né à Paris en 1770.
300
ARTISTES. -* GRAVEURS AU BURIN.
première production du graveur, qui la fit à dix- sept ans,
en 1796 ;
Voyage à Cythère ;
Cest sans malice! Jeune fille retroussant sa jupe pour abriter
sa lampe ;
Lèda, d'après Lethîère ;
Hèloïse et Abailard, d'après Lefebvre ;
Vénus désarmant V Amour, d'après Lefebvre; exposée au Salon
de l'an VII, cette planche, bien qu'au pointillé, obtint un prix
de 2,000 fr;;
Dédale et Icare, d'après Landon ; planche de la Société des Amis
des Arts, an X ;
Les pénibles Adieux, d'après Hilatre Ledru, an X;
L'Espérance soutient l'Homme jusqu'au tombeau, d'après une
esquisse du cit. Garaffe; cette planche, la première en taille-
douce qu'ait gravée Desnoyers, eut un prix d'encouragement ;
Jefferson, président des États-Unis d'Amérique; salon de Tan IX.
En l'an Xll, Desnoyers parut dans toute la perfection de son
burin, en exposant la Belle Jardinière, de Raphaël ; l'Amour et
Psyché, de Gérard, et le camée de l'Impératrice, Ptolèmée Philor
delphe et Arsinoé, qui le placèrent déjà au premier rang des gra-
veurs au burin modernes. Lebreton louait surtout dans ses
estampes une grande habileté de dessin, la fidélité de traduction
et l'harmonie.
BEISSONS qu'on fait élève de Wille, avait pris sans doute d<
leçons chez Bounieu, peintre de Marseille et graveur en manièj
noire, peut-être aussi chez Gibelin, peintre d'Aix, qui gravait|
l'eau-forte. G'est d'après eux qu'il grava les plus importants
ses premiers ouvrages :
Le Messager d^ amour, 1787, in-f^ h., d'après Bounieu ;
1. François-Joseph-ÉtieDDe Beisson, né à Alt en 1760, élève de WiUe^i
en 1810.
FRANÇOlS-JOdÉPtt-ÉttENNE BEISSON. 301
Le iJHcggrin monte en croupe et galope avec lui, A.-S. Gibelin,
iay. et del., E. Beisson sculp., in-f» 1., ovale, au pointillé.
Il Ht, vers le mAme temps quelques portraits :
VoiC€ziTey d'après Latour, 1785; — le môme, d'après Houdon,
\ 786, sut r le dessin de Moreau ;
C^t^^^^^r-ine II, d'après Houdon, sur le dessin de Bounieu.
C^^^t. aussi par des portraits qu'il marqua dès le commence-
j0e0^ d^ la Révolution :
C^'^'^^'i^le Desmoulins, d'après Boze ;
lf*»~cr^eau; tl'après le même ;
Peuple, vois ton ami, qui pour la liberté
Au péril de ses jours t*a dit la Térité.
^VM, d'après nature par J. Boze, en avril 1793, l'an I*' de la Ré-
<p0^^^ue française y gravé par E. Beisson, messidor Tan II,
iO-^ carré ^ .
Le burin en est très-fin et l'expression parlante, mais d'une
froideur parfaite. Il est annoncé en ces termes dans le Moniteur
de la 2« sans-culottide de l'an II : « Cette gravure, faite d'après le
s6ul portrait peint d'après nature, du vivant de Marat, réunit la
plus brillante exécution, une manière ferme et vigoureuse, à la
* ressemblance la plus frappante, ce qui doit rendre ce portrait
précieux aux amateurs de l'art et de la Liberté. »
Bei3son fut ensuite occupé aux gravures de grandes vignettes,
pour VArt d aimer, d'après Prud'hon ; pour Racine, d'après Pey-
ron, et pour Horace, d'après Percier. Il grava un portrait de Poe-
siello, d'après M"«Vigée-Lebrun, qui est d'une exécution très-fine.
En dehors de ces ouvrages actuels, il avait été employé, dès 1789,
aux estampes de la Galerie de Florence^ et il devint l'un des gra-
veurs du Musée français, de Laurent.
Mais l'estampe qui lui fit le plus d'honneur fut celle à^^ Jeunes
i. rai vu ce portrait dans la collection Hennin, où est aussi le dessin ori->
gioal de Boze.
309 ARTISTES. ^ GRAVEUR» AD EURIBU
AMwUm et Aihèniennaa tirant (m son powF être livrés au Mkuh
taure s d'après Peyron. Le peintre avait fait, pour servir à eette
gravure, un dessin , qui fut exposé au Salon de Tao VI et pro-
clamé au Champ de Mars comme une des meilieares prodactions
de l'Exposition publique; elle ne parut qu'au Salon de 1806, où
on la trouva d'an très-l^eau burin, mais manquant d'effet.
DAVIDS l'un des graveurs les plus médiocres scMrtrs de l'atelier
de Lebas, après avoir gravé beaucoup de pièces flamandes et (fes
pièces galantes, qui lui avaient procuré le titre de faveur de la
Chambre et du Cabinet de Monsieur, se fit éditeur de nombreux
livres à Ogures, qui tous ne furent pas achevés. Les principaux
sont les Antiquités (THerculanum, avec t^te par SUvain Maré-
chal*; les Antiquités étrusques, avec texte par d'Hancarville';
l'Histoire de France, par Letourneur*; r Histoire d'AngUierre*,
l'Histoire de Russie^, le Muséum de Florenee'', et beaucoup d'au-
tres "• Ces recueils sont remplis de compositions d'un académisme
banal, empruntées au premier dessinateur venu, ou à des repro-
ductions trop peu fidèles de figures antiques, et, lors même que
l'exécution en est soignée, ils attestent chez l'éditeur plus d'ac-
tivité que de talent. Ils ne faisaient que vulgariser beaucoup de
monuments au profit du travail dô reiiaissanee qui s'opérait
alors: David y aida d'une manière encore plus didactique, en
publiant les Éléments du dessin ou Catédiisme à l'usage de ceu^
qui se destinent aux beaux-arts, 1797, in-Zi'', et les Proportions des
pl/us belles figwres de V antiquité, accompagnées deleurdescriptioa
par Winckelmann, 1798, in-4^
1. François-Anne David, né en 1741, élève de Labas, mort en 1S24.
t. Paris, 1780-1803, 12 voK in-4« ou ia-8% 804 flg. aa btatre.
3. Paris, 1785-1788, 5 vol. in-4° ou in-S»; 360 tlg. en couleur.
4. Paris, 1787-1796, 5 vol. in-4<>; 140 fig. en bistre.
5. Paris, 1784-1800, 3 vol. in-4°.
6. Paris, 1799-1805, 3 vol. in-4»; 150 flg.
7. Paria, 1787-1803, 8 vol. ia^°; 553 flg. ea biatre.
8. Ils ont été cités par Brunet, par Quérard et par Gabet.
'i
PIBRRE.NICOLAS RANSONHETTH. 303
Af a1^ l'œuvre de David se reeômmande à nous d'^ne manière
pifff* p>^rticuHère par quelques-unes de ces pièces où riûtérôl
d'acttj^^Wié rachète la médiocrité de l'artiste :
^^^^^M^raU de Monsieur, frère du Roi, d'après Drouais;
^^*^*' ^^mguratiwi da Louis XYI au temple de la Constitution, k té-
vfi^^ -». 790; ÎD-f> ;
I^^^'^M^ -ms XVI à V Assemblée nationale accepte la Constitutions, d'après
Ijej^^^ ^^m.e, peintre du roi, 1791, in-f« ;
^'^ '-^^wiomfjhede la Répuidique française, ConsUtution de Tan VUI,
^♦3f>*>ëtes Monnet, in-f* ;
^ Honneurs du triompha décernés à Bonafiarte,. d'après
irait de, Buenaparie à Marengo.
rieurs de ces estampes parurent à l'exposition de l'an X. La
ire donna lieu à une réclamation de la part de David* Le
<^^^t.r^ des Sabines s'était cru blessé, dans 5on amour-propre,
-^^^Xïe que quelque sot avait p» lui ftltribider l'ouvrage du graveur
ô-^ Monsieur. Heureusement, aucun bieigraphe n'a pu les con*
C*>ûdre, bien qu'ils soient nés à peu d'aonées d'intervalle, et
(nms aussi vers le même temps.
RANSONNETTE *, graveur ordinaire de Monsieur, faisait des
vues d'édifices et de grands sujets fabuleux, moraux ou histori-
ques, qu'il dessinait quelquefois lui-même, ou qu'il empruntait
à des peintres de tout genre, sans leur donner jamais aucune dis-
tinction. Hube& a cité ses plus anciennes estampes. J'ajouterai
\ quelques pièces qui le feront mieux connaître :
[ Nostradamus fils faisant voir à Marie de Médicis, dans l* avenir,
le trône des Bourbons qui lui est destiné ;
VoUaire écrivant la Pucelie, G. de Saint-Aubin inv., N. Ranson-
nette se., in-f^. Le poëte est assis devant une table, assailli
d'Amours, en face des portraits de la Pucelie, d'Agnès et de
Charles VI ;
1. Pierre-Nicolas Ransonuette, né à Paris en 4753.
304 ARTISTES. — GRAVEURS AU BURIN.
Henri IV ramené au Louvre après le coup funeste qu*il reçut
me de la Ferronnerie, N. Ransonnette del. et sculp. , 1790,
gr. in-P» ;
Jnnuguration du buste de Marat, au tombeau qui a été élevé
pour sa gloire et celle de Lazowshi, place de la Réunion, dessiné et
gravé par Ransonnette, l'an II de la République, ia-fol. h; grand
nombre de petites figures sont alignées autpur du monument.
Toutes ces pièces sont faites au burin, mais elles ne s'éloignent
guère plus pour cela d'une imagerie propre et soignée.
Le graveur travailla à des vues d*édifices pour les Antiquités
nationales de Millin et pour d'autres livres S et à des vignettes.
Il s'avilit jusqu'à signer celles des livres de Prudhomme : les
Crimes des Papes, 1792; les Crimes des Empereurs, 1793. Parmi
les livres où fut ensuite employé son burin , on cite LazariUe de
Tormes, de Didot, 1801.
Mais les pièces qui peuvent le mieux recommander Ransonnette
et le faire admettre en bonne compagnie sont deux estampes
faites d'après Luca Penni :
Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, maîtresse de Henri II;
Agnès Sorel, dame de Fromentau, maîtresse de Charles VII, des-
siné et gravé par N. Ransonnette, d'après le tableau de Luca
Penni, in-f" 1.
Je ne sais où le graveur avait vu les tableaux de ce peintre de
l'école de Fontainebleau, mais ses estampes, avec leur facture
appesantie dans tous leurs enjolivements, ne traduisent pas mal
la manière de quelque Italien francisé. Elles ne Sont pas datées,
mais je crois les avoir vues annoncées vers l'an X.
Ce talent des plus plats suffit à Ransonnette pour s'ériger en
professeur sous l'Empire. II publia, en 1806 : Premières Leçons
sur une partie des Sciences et des Arts libèrau>x, présentées à l'In-
stitut des sciences et des arts, 96 gravures in-4®.
i. Le SaloD de Tan VIII a sous ton nom une Vue de V École clinùtue de
médettiiw.
K
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M DCCC LXIII
/ •
^
À
10. — DESSINATEURS ET GRAVEURS
DE VIGNETTES
La librairie du XVIII' siècle s'était signalée par son esprit d'en-
treprise et par son recours intelligent à la gravure au burin pour
les culs-de-lampe et les vignettes. L'illustration de Eisen, Gra-
velot, Mavillier, Tilliard et Moreau, en s'attachant d'abord à nos
auteurs classiques, La Fontaine, Corneille, Racine et Voltaire, leur
avait fait subir le cadre chantourné, l'allégorie mythologique, le
costume galant de l'art à la mode, et cet ornement ne leur était
pas trop disparate. Il s'épanouit avec avantage dans les auteurs
d'ordre inférieur tels que Dorât, deQuerlon, Marmontel, qui, par
leur fond mince et leurs qualités frelatées, laissaient tout l'avan-
tage aux figures. Deux classes de livres vinrent cependant exciter
chez nos dessinateurs un goût de réforme; ce furent d'une part
les traductions d'auteurs anciens, qui servirent le goût des rémi-
niscences antiques, et les romans modernes, qui les portèrent à
mettre dans leurs figures plus de convenances et de naturel.
Beaucoup d'illustrations, entreprises en 1789, furent interrompues
ou déviées par la Révolution ; mais nous verrons que l'imprimerie
ne se borna point à cette multitude de publications journali6res,
destinées aux besoins les plus impatients et aux goûts les moins
délicats, et que plusieurs libraires, Didot, Debure, Jansen, Defer,
de Maisonneuve, Bastien, Renouard, Plassan, Momoro et bossange
fournirent à la gravure des commandes utiles à ses progrès.
Rousseau, l'écrivain .le plus chéri de ce temps, eut, de 1789
à 1801, jusqu'à six éditions en tout format, et toutes ornées do
20
306 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
figures; mais des auteurs de tous les temps y eurent des éditions
restées fameuses, dont nous rencontrerons les estampes; il suffit
ici de citer celles qui ont illustré le nom de Didot, depuis les
petits poètes grecs, traduits par Gail , jusqu'au Racine, qui passe
pour Tun des livres les plus magnifiques que la typographie
d'aucun pays ait produits.
Nous allons passer en revue les artistes qui appliquèrent prin-
cipalement leur talent à l'illustration des livres ; astreints à de
petites compositions, à des figures agréables, tributaires des édi-
teurs, ne cherchant que le succès, ils contribuèrent pour une
grande part à la vulgarité qui entacha fart même dans ses pré-
tentions épiques et classiques, mais ils servirent, et certes ao delà
de leurs visées, Thistoire de l'art, pour avoir reproduit, mieux que
t0ut autre et d*autanl mieux qu'ils le faisaient insciemmem, le
caractère, le goût et les idées de leur temps dans ce qu'il a en de
plus particulier et de plus fugitif. Leurs œuvres éphémères sont
devenues un enseignement et un document sur bien des points,
et c'est pour cela qu'ils méritent l'examen qui leur a été refusé
jusquici par une critique superficielle.
MONNET*, agréé de l'Académie depuis 1765, sans être jamais
reçu, eut le titre de peintre du Roi, pour ses compositions histo-
riques et allégoriques. Diderpt rencontrant, au Salon de 1775,
des dessus de portes .pour le Roi, les qualifie sans ménagement
« deux belles et bonnes croûtes, tout ce qu'il y a de plus mau-
vais en histoire; » quant à ses petits dessins, il les trouve un peu
mieux, mais fort médiocres. Cette médiocrité ne l'empêcha pas
de travailler beaucoup pour les graveurs; il fournit des sujets de
mythologie erotique, des allégories. et des vignettes à Vidal,
Masquelier, Patas, CholTart, Lemire, Deghendt, Levasseur, Duclos,
Trière, David, Michon, Godefroy, Duval. Il avait une manière de
dessiner molle, incorrecte et boursouflée, où des draperies lourdes
faisaient ressortir des nus peu décents; il suffit de citer Testampe
1. Charles Moimet, né ven 1730.
CaARLES MONliEt. 307
âH'^^'Ci^rique Aiix Maries de J.-Ji Rousseau. II avait acquis cepen-
dauftC une grande pratique de la composition allégorique, et,
api'fe^ l'avoir appliquée à des sujets monarchiques comme dans le
ispice du Discours sur les monuments publics : « Français,
roi jure de vous rendre heureux, » gravé par Née et Mas-
<j«^^li«r, et à des sujets religieux , comme la Vierge et les Saints
/tA«C ^tPastour, patrons de Narbonne, gravés par Chofîart, il passa
5a.ns effort aux sujets révolutionnaires : la Constitution, la Li-
frcrtê, la Raison, la Nature, compositions grandes ou petites, pour
6feT\rir de frontispice à des livres, mais il ne prit pas le soin de
ûouner à ces figures d*autres types et d'autres airs qu*à ses
ti^tnphes, et les graveurs habiles, appelés à les traduire, se bor-
î^rentà les enjoliver; nous les avons déjà nommés.
Les vignettes qu'il fit en Tan II, pour, l'édition de Lu&èce
donnée par Didot jeune, se distinguent par un luxe d'enca-
drement allégorique auquel le graveur Choffart eut sans doute
la plus grande part.
Oa recherchera davantage, pour Taclualité de la représen-
tation, les Journées de la Révolution, dont il composa les dessins
pour son ami Helman. Elles sont au nombre de quinze :
Ouverture des États généraux;
Sennent du Jeu de Paume ;
Prise de la Bastille ;
Nuit du k août 1789;
Fédération du ik juillet 1790 ;
Journée du iO août il 9^2;
Pompe funèbre en rhonneùr des martyrs du 10 août;
Journée du 2\ janvier;
10 aou/ 1793, Fontaine de la Régénération;
Journée du 16 octobre;
Le 9 thermidor;
Assassinat de Féraud;
Le 13 vendémiaire;
Assassinat des Plénipotentiaires de RastacU;
19 Brumaire, Buoïiaparte à Saint-Cloud.
308 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
On désirerait que la vérité du costume et la localité de la scène
y eussent été rendues avec plus d*esprit et plus de style, mais
l'artiste, qui savait arranger habilement une figure de conven-
tion, restait monotone et plat en face de la nature.
Pour finir comme il avait commencé, Monflet dessina en 1796
les frontispices et les vignettes pour les Liaisons dangereiises ; une
expression ténébreuse , et des formes grandies et voluptueuses
sans grâce, indiquent trop que l'artiste avait été plus émotionné
par le roman de Laclos que par les événements dont il avait été
témoin. Les graveurs Godefroy, Lingée, Lemire, Trière, Pata,
lui servirent ici d'interprètes. Dans les frontispices d'un livre
utopiste, l'Harmonie hydrovègétale, par Tingénieur Rauch, où se
montre dans un petit espace toute la parade du temps, il fit des
compositions curieuses :
La France régénérée vous demande à recréer cette belle ncUure
sur toute sa surface ;
Elysée; solennité des tombeaux;
Elles furent gravées par Dupréel sous la direction de Tardîeu.
MOREAU LE JEUNE S successeur de Cochin dans la charge de
dessinateur des Menus plaisirs du Roi, s'était exercé de bonne
heure dans tous les enjolivements de la gravure, et, doué d'une
grande fécondité de dessin, qu'il avait appliquée à des travaux
fort divers et dans des voyages en Russie et en Italie, il se dis-
tingua, entre tous les dessinateurs adonnés à l'illustration des
livres, par l'universalité de son goût, la vérité relative de sa aiise
en scène et de son costume. Dans une notice publiée par sa fille
{M"« Vernet) * et dans, tous les articles biographiques qui le con-
:^
3^
1. Jean-Michel Moreau, né à Paris en 1741, mort en 1814, élève de Le Lor-
rain et de Lebas, reçu à TAcadémie en 1789. Son portrait a été gravé par
Saint-Aubin, d*après Cochin, dans la Collection de la Société CLcadéinique des
enfants d'Apollon, 1787, in-8«.
1. Notice manuscrite en tète de Tœuvre de Moreau au Cabinet des estampes,
et imprimée dans les Archit^s de l'Art français, t. I, p. 187. — (Elle est bien
JKAN-MICHEL MOREAU. 309
cesirr-M^iît, il est dit que le voyage en Italie, « qu'il fit en 1785 et à
um^ «poque où sa réputation semblait faite, dessilla ses yeux... et
q«-»'îl faut fixer là le moment de la plus étonnante révolution
q*-* *<i^:m ait jamais eu lieu de remarquer dans la manière de faire
d^KAK^ artiste... » Il est difficile d'apercevoir cette ligne de dé-
n* ^ »*<:::ation dans l'œuvre de Moreau, même en ne.voyant en lui que
1^ ^i^^ssinateur. On se rend compte plus facilement des qualités
<l*-** i 1 put avoir et de ce qui lui manqua, en considérant les sujets
P*** «^<îipaux entre lesquels se divise cet œuvre et qu'il traite éga-
it^^T^ t à toutes les époques de sa carrière : compositions histori-
^^^^^t et allégoriques, scènes de mœurs et de costumes, vignettes
^ ^^ 1 iislrer des livres.
^sins les compositions allégoriques, Moreau, moins inventif que
^^^^oYiin et moins ingénieux que Gravelot et Marillier, innove,
"Ç^r un dessin moins conventionnel et par l'introduction de
^vielques scrupules historiques ; mais, malgré Thabileté de ses
îîgures et Tagrément avec lequel elles sont gravées, il manque
essentiellement d'élévation et de style.
Voici les principales de ces pièces qui se rapportent à la Révo-
lution :
Au Roi; le portrait de Sa Majesté est soutenu par la Justice, etc.;
A la Reine; li portrait de Sa Majesté est soutenu par la Bonté, etc. ;
gravé par Lemire, in-f° h. ;
A un peuple libre l'an l*»" de la Révolution, gravé par Dambrun,
in-4* h. Des groupes de citoyens apportent le méd lillon de
Bailly aux pieds du buste de Louis XVI et le couronnent auprès
de la Bastille en ruine;
Arrivée de J.-J, Rousseau aux Champs Élxjsées. Dédiée aux
bonnes mères;
Socrate environné de Platon, Montagne^ Plutarque et plusieurs
autres philosophes, etc., gravé par C.-F. Macret en 1792, in-f» 1.;
signée de M"** Virnet, mais eUe est de M. Feuillet, ami de la famille Vernet et
bibliothécaire de Tlnstitut, et elle avait été imprimée antérieurement. —
A. de M.)
310 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
Réception de Mirabeau aux Champs Élysées, gravé par Masquer
liçr en 1792.
Les frontispices et les vignettes allégoriques, qu'il dessina en
assez grand nombre, manquent aussi généralement d'invention
et d'esprit. Les pièces qu'il grava lui-même se distinguent loa-
jours par le fini et le brillant de son burin, \fais l'exécution la
plus charmante ne saurait couvrir l'incongruité du style. Dans
une scène de Pygmalion, gravée avec l'éclat le plus vif par Le-
mire, Galatée, descendue de son piédestal, marche légèrement
devant son Pygmalion agenouillé et ébahi , un léger voile voltige
autour de sa nudité sans en cacher une parcelle ; elle va toucher
du bout des doigts la cuisse d'une autre statue de vieillard qui
paraît aussi se ranimer. La disposition de l'atelier, mi -parti
antique et rococo, est du reste ravissante. La pièce, datée de 1778,
est faite pour la Scène lyrique de Rousseau , mais l'une de ses
figures subit révolntionnairement une singulière métamorphose.
Pygmalion, isolé sur une planche, servit à une image dévote
du culte de Robespierre, avec le titre : Adorateur du seul Étr^
suprême^ et six vers en légende ;
C'est cet être infini qu^on craint et qa*on ignore, etc.
•
Les vignettes allégoriques les plus grandioses deMoreau furent
celles qu'il entreprit pour VHistoire générale et particulière des
Religions^ de Stanislas de Laulnaye V qui devait avoir seize
volumes in-ft® et trois cents figures, et qui en resta au premier
volume et à huit planches, parus en 1791. Je ne sais quel des*
sinatcur aurait été assez grand pour traiter ces sujets, mais il
suffira de les indiquer pour qu'on devine combien Moreau était
insuffisant pour les traiter :
Frontispice, assemblage de tous les coites ; gravé par de Lon*
gueil, 1790, in-4*» ;
L Paris, imp. de Didot le jeune, chez Fournier, 1791, in-4''. — Ces plap-
ches ont encore servi pour un ouvrage d'AIexandr^ Leooir : la fnuîch^
Maçonnerie, Paris, Fournier, 1814, in-4».
^
312 ARTISTES.— DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
à Neuwied sur le Rhin, chez la Société typographique, 1789
1 vol. gr. in ^, 36 p. de texte et 26 gravures.
Elles ont été citées, ainsi que leurs contrefaçons, dans ui
volume de M. Monselet» Bètifde La Bretonne, sa vie et ses Amours^-^
Paris, Alvarès, 185^, in-12, p. 160, et dans plusieurs catalogues? ^
mais toutes les descriptions ne sont pas égales, et beaucoup d^ J
pièces avaient paru séparément dans les années précédentes :
Déclaration de grossesse, Martini sculp. ;
Les PrècautionSy Martini seul p. ;
J'en accepte l'heureux présage, Trière sculp. ;
N'ayez pas peur, ma bonne amie, Helman sculp. ;
Cest un fUs, monsieur, Baquoy sculp. :
Les Petits Parrains, Baquoy aqua-f., Patas terminavit ;
Les Délices de la maternité, Helman sculp. ;
L'Accord parfait, Helman sculp. ;
Le Rendez'vous pour Marly, C. Guttenberg sculp. ;
Les Adieux, Delaunay sculp. ;
La Rencontre au bois de Boulogne, H. Guttenberg sculp. ;
La Dame du palais de la Reine, Martini sculp. ;
, Le Lever du petit-maître, Halbou sculp. ;
La Petite Toilette, Martini sculp. ;
La Grande Toilette, Romanet sculp. ;
La Course de chevaux, H. Guttenberg sculp.;
Le Pari gagnée Gamligne sculp. ;
La Partie de whist, Dambrun sculp. ;
Oui ou non, Thomas sculp. 1781;
Le Seigneur chez son fermier, Delignon sculp. ;
La Petite Loge, Patas sculp. ;
La Sortie de l'Opéra, Malbeste sculp. ;
Le Souper fin, Helman sculp. ;
Le Vrai Bonheur, Simonet sculp.
Moreau ne manqua pas d'appliquer aux grands événements
de la Révolution le talent qu'il avait dans la disposition des
multitudes de petites ûgures; il en fit de grandes et de petites
planches :
«la
314 ARTISTES. —DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNRTTES.
comique de Molière respire dans ceux qui ont été faits pour ses
œuvres*. » Enfin, Horace Vernet a voulu faire une pointe
l'honneur du dessinateur de vignettes, dont il était le petit-fils, .
en disant de lui : u Supprimer la queue d'un chien des composi—
tiops de Moreau, c'est comme si Ton enlevait une virgule de la
plus belle phrase de Bossuet*. » Pour parler de lui exactement,
on peut dire qu'il a donné de ses auteurs une illustration plus
ingénieuse qu'aucun autre, plus fidèle et surtout plus appropriée
au goût de son temps. Quant à la vérité hi^rique et locale « il
put aussi l'entrevoir. Son plus grand défaut, dans les ouvrages
élevés, est de manquer d'imagination. C'est ce qu'on voit surtout
dans la suite des figures faites, en 1785, pour i Histoire de France
avec les discours de l'abbé Garnier, et dans celles du Nouveau
Testament de Didot jeune, publié de 1791 à 1801.
Son cachet le plus particulier est l'esprit d'à» propos et de
convenance avec lequel il rend une scène de comédie, de poème
léger, de roman et de conte. Il dessina en 1789 des vignettes
pour la première édition séparée de Paul et Virginie, que l'auteur
annonçait lui-même comme faite en faveur des dames qui dési^
raient mettre ses ouvrages dans leur poche. Dans cet avis au lec-
teur. Bernardin de Saint-Pierre témoigne aussi de ses sentiments
pour l'artiste : a M. Moreau a dessiné les trois premières planches
et en a dirigé la gravure, ainsi que de la quatrième (dessinée par
Vernet), avec cette correction et ce goût dont le rare assemblage
est particulier à ses productions, surtout à celles qu'il affectionne.
Il a donné à chaque site son expression propre, et, cfnoique le
champ en soit très-petit, il y a développé à l'ordinaire ses grands
talents. »
Moreau se mesura encore avec les peintres d'histoire dans les
compositions de la Psyché de La Fontaine, 1795, des Œuvres d»
Montesquieu, an IV, de Mabiy, an VI, de Gessner^ 1799, et de
Tèlémaque, 1802 ; mais sa plus grande force fut toujours dans les
1. Archives de l'Art français, t. I, p. 187.
2. Histoire des Artistes v^an^„ par Tb. SiiT^ti«T 13^*2^ ÎQ^^i P- ^
'\
JEAN-MICHEL MQHJSAD. 31$
j ^t$ qui pouvaient prêter )e plus à la senKibilité qu'il mettait à
^ airs et au développement qa*il savait donner à ses costumes ;
l^ 3pnt ceux des Lettres d'Âbailard et Hélaïse, 1796.
ns avoir la Vjérité de costume que les connaissances histo-
i:ies de son temps ne comportaient pas, Moreau a ëté sous ce
ï>ÏX)rt plus loin que la plupart des dessinateurs de vignettes. Il
ngeai( avec convenance rhabillement moderne, il gardait
naturel en prenant rhabillement antique, et, même eu
tant Thahit de convention qui était alors censé appartenir
jnoyen âge, il ne tombait jamais dans ces disparates que
s avons reprochées à Monnet.
s vignettes de Moreau se répandirent encore dans beaucoup
teurs : Regnard, Delille, Demoiistier, Gresset, Hamilton et
Kxie Boileau; mais je ne signalerai ici que les jolies compositions
^^*iJ mit en tête des Discours historiques sur la peinture et la
Ç^a.vure d'Émeric David, "dans le Musée français de Laurent et
HQJbiiiard-P^ron ville, an X et an XI ; elles offrent l'exemple le plus
^«naarquable du tempérament avec lequel il mélangeait Tbistoire
6t l^aciualité.
I-a première, gravée par Simonet, représente un atelier de
Peinture tout meublé à l'antique, avec des modèles qui posent
pour \énus et les Grâces devant le peintre assis sur un fau-
teuil cl'une coupe infundibuliforme; c'est Zeuxis et les filles de
CrotoKie sans doute, mais c'est aussi, si l'on veut, David
avec finies (Je Bellegarde et de Noailles, Cependant, quant au
iTiod^lé de ses femmes, Moreau n'avait pas changé; il en était
r^li& toujours à des formes toutes ramollies dans leur rotondité,
ijui Ar^naient sans doute de ses premières études e^ de ses pre-
01161*^3 amours chez Le Lorrain et chez Lebas.
1^^ seconde vignette, gravée par Baquoy, représente un e^telier
de Ki^avure où se tiennent le maître devant sa planche, des ama-
^eUt"^ qui le consultent sur le mérite d'une estampe, des appren-
tis ^t des manœuvres livrés aux diverses opérations de l'eau-forte
et ^e la presse. Ils pqt tous de.s habits pris h peu près dans le
^V^* siècle.
3i6 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
Avec toutes les ressources de son crayon, Moreau alimenta u ^ — -
grand nombre de graveurs. Ce sont, après ceux que j'ai déj "^ ^—
cités, Maviez, N. Delaunay, de Longueil, de Ghendt, Bovinet:^ -^^
Ponce, Delvaux, Girardet, Halbou, Martini, Trière, Gnttenberg-
Romanet, Thomas, Malbeste,Delignon. La plupart de ces graveurs,
ont fait tort à leur dessinateur, en le refroidissant et en Tenjoli-'
vant, pour la satisfaction d'un public désireux avant tout d'un»
gravure finie. Cependant Moreau , en sus de la direction qu'il 11
donna toujours à ses graveurs, a laissé de nombreux exemples^-
de la manière dont il maniait la pointe. On ne peut le considérei
comme un graveur original, mais il possédait à fond les fmesseîri
du métier, lui qui n'avait pas craint d'alTronter à vingt-deux ao^
l'imitation d'une baigneuse de Rembrandt; il prépara à l'eau-fort^
des pièces de Baudouin et de Greuze; il grava une vue charmante ^
du tombeau de Jean -Jacques Rousseau, et l'on mettra toujours ei
tête de son œuvre, qui est dans son ensemble de plus de deu:
mille pièces, les petites compositions qu'il signa de son ooi
seul, ne fût-ce que des armoiries historiées et des frontispi(
de catalogues de curiosités.
MARILLIER* fut un dessinateur de vignettes presque aiL..,^ .
abondant que Moreau, niais qui eut moins de portée dani^. .
dessin et un goût plus futile. Sa manière, toute formée au p^'^ „^
épais du XVlll" siècle pour l'illustration de Dorai, de Boucher^ ^q
l'abbé Prévost, d'Arnaud- Daculard et des romanciers les X^^^Mas
vulgaires, ne plaisait que par la vivacité des sujets, que le
tume mythologique faisait seul supporter. Du reste, aussi ■
rieur, dans les vignettes galantes, à Eisen que Halle, son ma» ^ «^^
pouvait l'être à Boucher, il rapetissa à la même mesure /?oii55^^*^»**»
Crèbilion elFènelon, soutenu plus ou moins par ses gravi
qui ne furent autres que ceux que nous avons déjà vus s'exe
avec Monnet et avec Moreau : de Ghendt, Delaunay, Dambr*
rs
r
Mi,
1. Pierre-Clémeat Marillier, né à Dijon en 1740, élève de H&llé,
en 4808.
irt
PIERRE-CLÈMENT MàRILLIRR. 317
Simonnet, Lebeau, Duclos, Dùpréel, Boi^net, Hubert, Lingée.
La plus grande habileté de Marinier consistait à agencer des
figures dans des décorations allégoriques, à historier des chiffres,
^€s fleurs, et à composer toutes sortes d'emblèmes champêtres,
artistiques et littéraires. Ponce, qui était graveur et écrivain,
'® chargea de la composition de deux grands recueils, qu'il
entreprit au moment de la Révolution, le Spectacle historique et
Illustres Français^. On ne trouve guère à louer, dans ces
*x derniers ouvrages, qu'un talent ingénieux d'exhibition. Les
ds hommes, autour desquels se groupent les tableaux de
^^lat-s belles actions, les artistes au milieu de leurs productions,
les poètes au milieu des sujets de leur création, le tout disposé
rfts le même appareil d'ornementation , se rapetissent aux pro-
ions d'une étiquette ou d'une enseigne.
^ec un talent ainsi fait, Marillier n'avait rien de propre à une
■"^"vcDlution. Il ne put dessiner aucun sujet contemporain, mais il
y ^n avait, parmi ceux qu'il était accoutumé à traiter, qui sont de
les temps. 11 eut pour lot, en 1793, de composer des Grâces
r l'Almanach des Muses, et, pour le Petit Chansonnier: les
offrent l'Amour à la Liberté. Le vieux dessinateur se borna
lement à épicer un peu plus ses compositions anacréontiques :
ligures alors ne sont pas seulement nues, elles sont désha-
*>«ll^es.
arillier fut encore chargé d*illustrer la Bible dans une édition
la traduction de Sacy, publiée do 1789 à 180(i'. Ses petites
^^•"nres sont correctement dessinées, ses compositions très-vive-
^it conçues, et il y a aussi peu de religion que possible, ce
"^^^ était alors jugé d'un grand mérite ; mais il fit des vignettes
r d'autres livres de ce temps qui lui fournirent des sujets plus
ropriés à son talent, depuis les Fables de Dorât jusqu'à Faublas.
larillier a peu gravé, si ce n'est dans les ornements et dans la
^ Us Illustres Français, ou Tableau historique des grands hommes de
mcepris dans c\aque genre de célébrité, ouvrage national, Paris, 1790, in-f^.
<-^ La Bible, ornée de 300 figures d*aprëi les dessins de Marillier et Monsiau.
Is, Defer, Maisonneuve et Gay, 1789-1804, 12 voL gr. in-8°.
318 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRÀV. t)E VIGNETTES.
prépiaratiôn des planchés à Têîiu-forter, qui fae Tôbligeaient pa=
uri travail de patience. Dansf lés sujets qu'il a voulu traiter,
poînrte né manquait d'ailleurs nî de force nî dé moelle ; on
peut juger par une pièce, d'après La Rue, que Basan a emplo]
dans son iHctionnaire des graveurs,
•
MONSIAU * à vônTu être un peintre ; reçu à rAtadémîe en 17
après un premier refus, il n'a cessé d'envoyer à tous les Sal
jusqu'à l'an XH des tableaux et des dessins à prétention, d
lesquels des sujets antiques se trouvaient réduits à des pro
tions anecdotiques ou des sujets familiers forcés à des intenti
historiques. D'un côté Ulysse, Philoctète, Zeuxis, Sacrale et À
bîade chez Aspasie, Épotiine et Sabinus; de l'autre, un En
joimnt avec des poupées et des cartes, Petit clair de lune, le
de Florence, Un jeune homme couronnant sa maîtresse des fli
que vend Glycère, bouquetière cf Athènes. Nous ne sommes pJuî
mesure d'apprécier ces ouvages; mais nous voyons, par les c
ques du temps, qu'ils étaient entre le médiocre et le pire
peintre obtint pourtant un prix d'encouragement, et il eat
moment de vogue lorsqu'il composa le tableau de Molière l
Tartufe chez Ninon,
La médiocrité de dessin de Monsiau et la banah'té de ses sir-^^i^
ne laissèrent pas d'attirer des graveurs, principalement dani^^ ^^^®
faiseurs de pointillés, qui ne font qu'aggraver les vices de L , '^"^
modèle.
Le Mariage Samnite et V Amour conduit par la Folie, deux c^ *^*
sins exposés en 1793, furent gravés par Ruotte.
Apelle choisissant ses modèles parmi les plus belles filles dm---^^
ùrèce, les mères s'honorent de les lai présenter, gravé par Bii*""^*f
n'est sans doute que la reproduction de Zeuxis dioisissant ^^
modèles, qui figure en tableau et en dessin au Saloû de Tan Vf-
Le départ d* Adonis et l'Éducation de l'Amour, gravés p^^
M"*"" Demouchy, sont aussi des productions de l'an Vllf.
1 . Nicolas-André Mbûsiau, né à Paris en 1754,: élevé dePeffon^ mort «i itffl.
FBANOOIS-MARIE-ïSfDORE QUEVERDO. 319
Une seule fois, h ce qu'il me semble, Mon.<^iau fat abordé par
un graveur au burin, Cathelin, qui traduisit ÂVigww, figure irès^
païenne, qui est sans doute do la jeunesse du peintre.
MoDsiau aborda qnelqiies compositions d'allégorie politique;
*^ais moios à Taise avec des figures qui demandaient du carac*
^^^^, il n'y naontra que de la mollesse et de la froideur, tout en
^ efforçant d'imiter tes mannequins académiques de David et de
^^>ron :
^onumeru à la gloire de Louis XV!, gravé par Vangelisty.
-4a Liberté triùmphahle^ faisant amarrer le vaisseau, de l'État au
^de la Constitution, entouré des citoyens de toutes Us provins
''^, etc, présenté à V Assemblée nationale le 8 mai 1790, gravé par
^ rd rieau, gr. in-f°.
Les plus belles figures académiques de Monsiau sont ceUeJS qui
^ ^^rent faites pour le frontispice de VAnatomie de Vicq d*Azyr,
^ ^^primée par Didot en 1789.
Le talent de Monsiau parut moins insuffisant dans les dessins
^^ vignettes auxquels il se livra pendant la Révolution, à la suite
^^ Marinier et de beaucoup d'autres. 11 les traita d'abord dan3
^^assez grandes proportions et dans des sujets sérieux, pour le
Rousseau de Didot et Defer-Maisonneuve (1792-1800, in-i«), pour
^<^Mart dAbel deGessner (1793); mais il se répandit ensuite dans
ci «s ouvrages plus légers, tels que : la Pucelle, éditions de Didot^
\191^ et de Crapelet, an Vlll; Faublas, édition de l'an VI; les
Géargiques de Delille, et le Voyage sentimental de Sterne. Dessi-
^iiant correctement ses figures, mais composant avec pauvreté et
froideur, il ne parvient guère à se distinguer que dans la mesure
des graveurs entre les mains desquels il tombe : Cboitard^ Anse-
Un, Dekunay« Lingée, Delvaux, Patas,DeIignoil,Malbeste, Ponce,
Pauquet, Baquoy, Dupréel, Dambrun.
QUEVERDO*, dessinateur d'ornements et graveur d'après Co-
chin , Gcavelot et Marillier, avait fourni quelques sujets de
i. Françoift-Marie-Isidore Queverdo, né en Bretagne en 1740 {Cotai, Pai-
gDon-D|iopTal)»
3i0 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
vignettes à Thérèse Martinet, à Patas, à Dambrun et à d'aut
Il se trouva assez de ressources dans le dessin pour entreprend
directement la fourniture des estampes républicaines de toi
acabit, vues des lieux célèbres, portraits des hommes illustre^
frontispices, emblèmes et placards. Il avait une pointe assez for
qu'il mêlait aux travaux du pointillé et du lavis, livrant
planches à des graveurs plus fins ou plus patients que lui, quai
il voulait donner des ouvrages tout à fait finis. C'est ainsi qir
plusieurs de ses pièces portent à divers titres les noms de Gai
cher, Delignon, Massol, Joseph de La Serrie. 11 n'y faut cherche
ni distinction ni agrément, mais seulement de l'intérêt bis
torique.
Voici le choix que j*ai fait parmi celles auxquelles il travailla ^^^^^ :
Vues du château de Feimey à M. de Voltaire, du côté du nord ^ ^t
du côté du couchant, d'après le dessin de Signi; des paysar:^^ ns
d'opéra, un dessinateur et M. de Voltaire se voient sur la te — Jr-
rasse;
J.'J. Rousseau, portrait au pointillé de couleur, dessiné et grai
à l'eau-forte par Queverdo, terminé par Massol. Dans le bas u.
tombeau, des emblèmes, des enfants et des nourrices : « On dii
un jour à BufTon : Vous avez dit et prouvé avant J.-J. Rou:
que les mères doivent nourrir leurs enfants. — Oui, répondit
illustre naturaliste, nous l'avions tous dit, mais Rousseau sei
commande et se fait obéir ; »
La Régénération de la nation française en 1789, présentée '*
l'Assemblée nationale le 13 juillet 1790, d'après Darvy et Geo^ci^^^^^^^^^''
froy, in-f^ ;
■
Égalité. Les porteurs de cliarbon et les chevaliers de Saint-LouM^ -^z-^is
déposant, à la Municipalité, le signe distinctif qu'ils tiennent ^ ^
r ancien régime, in-f* 1. en noir et en couleur; chez le citoy^^^ -—en
Queverdo peintre et graveur, rue Poupée *;
Charlotte Corday dessinée d'après nature à rinstanl oii elle éc^- ~^ "'
à son père dans sa prison, et le Portrait du citoyen Marat au n^ —^o
1. Annoncé dans le Moniteur du 28 du 1*' mois de Tan II (oct. 1793).
FRANCOIS-MARTE-ISIDORE QUEVERDO. 321
/ OÙ cette fille le poignarde. Le Moniteur l'annonce : « Gravure
iaise faîte avec tout le soin possible; en noir et en couleur;
^*^^z le citoyen Que verdo. Il vend aussi le portrait de Marat à
t:i lit de mort * ; »
Marat en buste, sur un oreiller, et la plaie de la poitrine sai-
nte;
le nouveau Calendrier de la République française pour la
^^~^unime année, inventé, dessiné et gravé par Queverdo, en
ux f.,in-i4« carré. Voici Tannonce du Moniteur : « Ce Calendrier
^té gravé en taille-douce avec le plus grand soin par le citoyen
^everdo. Quatre victimes intéressantes, Marat, Lepelletier,
lierei le jeune Barra y sont représentés avec un uni précieux.
11 y voit aussi des attributs ingénieux : la Liberté, l'Égalité, la
^astice, la Loi et le Génie de la République, gravant, avec îe sceptre
«s lois, les droits sacrés de l'homme et du citoyen. Ce Calen-
ier peut servir à orner les salles d'assemblée des Sociétés
'K^^opulaires et les cabinets des amis de la République*. Prix, 3 1.; »
Maximes du jeune Républicain . « Au sortir du sommeil , que
l^s yeux s'élèvent vers les voûtes du firmament... » ; stèle ornée
^^es figures de la Liberté, de la Raison et de Génies; in-4® h.;
La Tyrannie révolutionnaire écrasée par les amis de la Consti-
tution de Van III, gravé par Massol, in-l®. Un citoyen, vêtu d'un
' ^fcabit à longues basques, foule aux pieds un sans-culotte.
Queverdo fit ensuite, pour les petits livres de la littérature
journalière, beaucoup de compositions allégoriques et de figures
'm^ui ne valent pas la peine d'être décrites, tant il y laissait de vul-
garité : Patries, Libertés et Raisons pour les Âlmanachs et les
Chansonniers; Dieux païens pour la première édition des Lettres à
Emilie de Demoustier; Emblèmes des Fêtes décadaires pour le
[Manuel des autorités constituées de la République en l'an V ; quel-
ques-unes de ces vignettes ont pourtant rencontré pour graveur
<jaucher. Il travailla avec Moreau aux vignettes du Télémaque de
i. Moniteur d\i 3i août 1793.
3. Moniteur du 5 pluviôse an IL
2t
à.
322 ARTISTES. —DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
Didot, en 17^0. De ce métier Queverdo vivait à peine, car nou
tFouvpns, en ra,n III, porté sur la^ liste des littératçars et
artistes qui, sur le rapport de Chénier, reçurent une subventf
de la République.
C*est tout ce qu'on peut recueillir pour sa biographie. II laiî
une fille, Adélaïde, et un fils, Louis-Yves, qui ont pratiqu
gravure ; leurs noms se trouvent 5ur un petit pointillé des peti
Merveilleuses de Carie Vernet, et sur une allégorie : Hercule
Hèbé confiant à Cybèle le premier fruit de leur union, bommag
leurs Majestés Impéria^les et Royales.
BOREL*, l'un des dessinateurs les plus relâchés du règne
Louis XVI, en même temps qu*il fournissait des sujets gala
aux graveurs ordinaires du genre*, se livrait à la composition c
sujets politiques en allégorie : la Guerre d'Amérique, la Naissa
du Dauphin, l'Administration de M. Necker, les Expériences aè
statiques, eu comme ces dernières pièces n'exigeaient pas une
cution aussi patiente, il les gravait quelquefois lui-même à
pointe ou à la manière noire. Huber en a loué le patriotisme; ce
vertu n'amena pourtant chez l'artiste ni grandeur ni origînali
Pendant la Révolution, il dessina :
Pour les Fastes de la Révolution française, rAssemblée nat-
nale, séance du 7 septembre 1789, a Vinstant de Voffre patr^
tique du premier don des dames artistes, gravé par Ponce;
Les vignettes de la tragédie de Charles IX, par Chénier,
de Didot, 1790 ;
Les Dernières paroles et la Mort de Mirabeau , gravfe par
launay le jeune ;
Le PrwMispice de YAlmanadi du P. Gérard, etc.
Il n'y a rien là que de très-vuJgaire, de très-plat, et,
i. Antoioe Borel, né en 1743.
2. Hs sont catalogués dans le Cabinet Paignon^Dijonval, Paris, 1810, i
n»« 9411-9413, et dans le CaUdogue des estampes de Jf. S,.., Vignères, 1
in-8°, n" 3 et 40 à 43.
LOUIS BINET. 32a
UBiqfiie iati^cêt, quelques airs locaux. Il ne renonça pas, en ce
moment, aux pièces de mœurs, et celles-ci empruntent quelque
prix à la vérité du costume, toujours plus piquant dans des
sujets fa^iiliers, devenus tous les jours plus rares dans Tima-
gerîe :
JL* Innocence en danger, 1792, première estampe de la Paysanne
pen^^rtie;
l^^ voilà fait, scène dans le jardin du palais ^alité; gravé par
Huot, in-f« 1.
Hc»rel dessina des vignettes, qui n'étaient pas de nature à se
Taîn^ remarquer dans les livres où elles furent admises. Je n'ai
Qoté que celles de Regnard, éd. de Maradan, 1790, et celles de
uin, éd. de Renouard.
NET* ne s'était guère distingué, parmi les dessinateurs gra-
^^cir*s de la qneue du XVIII® siècle, par les faibles estampes qu'il
«*vaî^ faites d'après Greuze et Marillier, ou par les dessins, plus
feit>΀s encore, qu'il avait pu fournir à Aliamet, à Dugast, lorsque
*^^tî£de La Bretonne le prit pour son dessinateur ordinaire. On
^ ^^time pas à moins de mille le nombre des sujets, qu'il* exécuta
f^^*^»' les œuvres du romancier des coiUurières^de 1789. Pour des
s, saupoudrés à la fois de la dépravation d'un temps de déca-
lî
V
c:e extrême et de Teffervescence d'un temps de révolution, il
^*^^.it des figures d'un ragoût particulier. L'auteur eut la préten-
'^^^ de les inventer lui-même, en faisant travailler Binet sous ses
i:x, d'après des modèles féminins choisis par lui. C'est ce qu'il
^^ expressément dans Momieur Nicolas, et ce qu'il a indiqué
^^sto Paysanne pervertie, dont les planches portent à la table
^^^^ inscription ainsi con4jue : « Rétîf de La Bretonne invenit,
^^ïiet delineavit, Berthet et Leroy inciderunt. » Il n'y a que dos
^îces à relever dans ces figures, des formes impossibles, égale-
ment monstrueuses parle grossissement des seins et des hanches,
^^amincissement de la taille et des pieds, par des mines d>;hont(^es
1. Louis Binet, né en 1744, élève de Beauvarlet.
324 ARTISTES. — DESSINAT. ET CRAV. DE VIGNETTES.
et des attitudes qui , en poursuivant le plus vif de l'action, pas-
sent toujours de l'autre côté de Tart. Ces vices, d'ailleurs, sont si
naïfs, ou plutôt si crus, qu'ils ne trompent personne et restent,
par leur fidélité à leur texte, les témoins les plus palpables d'une
société en déroute, vue dans les passions et la défroque de ses
arrière-boutiques. Dans leurs toilettes tapageuses, les Françaises,
les Parisiennes , les Contemporaines et les Dames nationales de
Rétif et de Binc| n'ont encore quitté aucun des ridicules des
règnes Pompadour et Dubarry; elles sont si bien embarrassées
dans leurs corsets, leurs jupes à paniers aux culs postiches, leurs
coiffures échafaudées et leurs sabots chinois, qu'elles ne peuven
ni marcher ni s'asseoir. S*il est vrai, comme l'a dit le spiritu
biographe que Rétif a rencontré récemment*, qu'un jour viend
où les peintres, les graveurs et les historiens le rechercljeroi
curieusement, comme on recherche ces vieilles tapisseries où soi
reproduits, dans leurs plus p3tits détails, les costumes et 1
mœurs d'un autre âge, on peut croire que les gravures dont
a pris soin d'illustrer tous ses livres n'ajouteront pas peu à ce
curiosité.
Les graveurs qui furent employés aux dessins de Binet □
peuvent pas tous $tre comptés; les plus connus sont Berthe
Giraud, Pauquet, Leroy, Baquoy; tout en s'eiîorçant àparaitw
fins, ils mirent à leur gravure plus de vivacité et de variété qu
leur burin ne comportait d'ordinaire. Leurs vignettes sont d'
leurs si nombreuses et si bien adaptées au texte de leur romai
qu'elles lui servent d'illustration d'une façon analogue à celle d
vignettes sur bois dans les romans d'une époque moins éloign
En faveur de cette relation, voyons-les avec plus d'indulgence.
Le portrait de Nic-Ed. Restif, fUs Edme, 1785, qui inaugu
cette suite de vignettes, est gravé assez lourdement par Berthe
il doit être remarqué pour les emblèmes de son cadre, u
ruche, une poule, une gerbe et une brebis, et pour sa légende :-
1. Rétit de La Rretonnê, sa v!e et ses amours, etc., par Charles BloDseleiC,
Paris, Alvarès, 1854, ia-12, p. 55.
ne
jet,
LOUIS BINET. 325
Son esprit libre et fier, sans gaide, sans modèle, etc.
M. Monselet, qui a cité toutes les planches des livres de Rétif
et en a décrit plusieurs, notamment son portrait, recommande à
l'attention les gravures des Nuits de Paris, qui représentent l'au-
teur, avec son manteau et son chapeau à larges bords, seul et à
pied,séparant des dliellistes, observant des joueurs de billard, sur-'
prenant les secrets d'un mauvais gite, ou accostant une jeune fille
cf ans l'île Saint-Louis*. Mais il faut laisser le plaisir de découvrir
l^s pièces les plus intéressantes de l'œuvre de Binet à ceux qui
a. uront la curiosité de lire les deux cents volumes des Œuvres
c^^mplètes de Rétif. Nous nous sommes bornés à les feuilleter.
Binet dessina encore quelques vignettes pour des livres moins
ii^onnus encore que ceux de Rétif, de ceux qui ne vivent que le
r^^mps de leur étalage derrière les vitres des libraires marchands
6 nouveautés. Il y en a qui ont paru à quelques collectionneurs,
algré leur petitesse, valoir la peine d'être détachées de la bro-
liure où elles moisissaient, parce qu'il y avait quelque rogaton
e l'an Vlll ou de l'an X :
Liberté, descends des deux, Binet del., Gabriel sculp., pointillé
y. in-12;
Foyer du théâtre de Montansier, in-12 1. ;
Répétitian du matin, tableau comique, Binet del., Bovinet se.,
-12 1.
;
Un autre écrivain, dont le talent prolixe et trivial ne fut pas
-ans analogie avec celui de Rétif, Mercier, en publiant le Tableau
e Paris, voulut aussi l'accompagner de planches, et, comme il
^ ^savait inspirées, on a pu croire aussi qu'il les avait faites'. Ces
1. Hétif de La Bretonne, par Charles Mon«e1et, p. 15G.
2. Tableau de Paris ou Explication de différentes figures gravées à Veau^
ïï^yrte pour servir aux différentes éditions du Tableau de Paris, par M, Mercier;
^rerdon, 1787, in-8*. Costumes et mœurs de t'esprit français avant la grande
Hévolulion, Lyon, 1791, in-4o. En annonçant cette seconde édition dans un
catalogue de 1854, le libraire Potier dit faussement que Mercier a gravé lui-
même une partie de ces planchea.
326 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
planches, au nombre de quatre-vingt-seize, furent dessinées
gravées en Suisse, où Mercier s*était un moment réfugié,
Duncker, artiste allemand, qui avait quelque temps travaillé
Paris. Malgré leur facture habile et quelquefois pittoresque, ell
ne rendent les costumes et les physionomies de Paris fju'en ail
mand. Le Peintix d'enseignes (chap. XXXVi}, les Bouquinis
(CXLIV), les Nouvellistes (CXLIX), les Portes cochères (CCCXV),
Carnaval (CCGXXXIl), les Tréteaux des Boulevards (DCXII), so
sans doute des tableaux piquants; il y manque la coule
parisienne.
CHOFFARDS élève de Tornemaniste Babel, fut le graveur 1
plus considérable dans le cul-de-lanipe, la guirlande et le cad
de la vignette. Il suffît, pour établir ^a réputation, de citer s^
coopération aux Contes de La Fontaine, édition des Fermiers gén
raux, 1762, à YHîMoire de la Maison de Bourbon, de Desormeaux
1773, et aux Métamorphoses d'Ovide, édition de Basan et Lemi
1771. 11 eut le mérite de graver avec chaleur quelques composi
tions de Fragonard. Ponce va jusqu'à dire, à propos des vignett
de rOvide, que u chacun des sujets forme à lui seul uû pôem
dans lequel la substance de la fable est conservée en entier
chacun des incidents indiqué, jusque dans les moindres détail
par des accessoires qui peignent les faits au moyen d'allégori
les plus fines et les plus ingénieuses*. » Mais je n'ai pas à appi
cier ici les nombreux ouvrages de Choffard, tant comme dessi
nateur que comme graveur, où il paraît à la suite de Cochin, di
Gravelot, de Moreau et de Monnet. Mon propos est de rappeler
qu'il put faire depuis la Révolution. C^est précisément le côté d
son œuvré que les biographes et les dictionnaires ont totalemeni
oublié • :
1. Pierre-Philippe CbofTard, né en 1730, mort en 1809. Notice succincte des
tableaux^ dessins et estampes, après le décès de M. Choffard, dessincUeur et
graveur t par Regnault de La Lande, 11 sept. 1809, in-8®.
2. PoDce, Mélanges sur les beaua>-artSf 18^, ia-8<>, p. 381.
3. Le Manuel de Vamateur d'estampes donne une Uste de 68 naméros, où m
flgure aucune pièce révolutionnaire.
et
r
a
es
e-
tes
le
nt
PIERRE-PHILIPPE CHOFFARD. 327
'Muse des Beaux-arts met souè la proUction de la Loi le Génie,
l*JÉiude et le Commerce, 1790 ;
Zm Physique, secondée par Iris, montre à Neptune étonné les eaux
tr€M^\sportées sur le somiml des montagnes, 1793 ;
Z,û Constitution de 1793 : « Nous maintiendrons cette belle
CZonsiitulion, nous la défendrons jusqu'à la dernière goutte de
Tiotre sang ; »
Société populaire de ta section Fontaine^e-4irenelle : la Liberté ;
ïïi^daillon ;
Société populaire Lepell'etier; au revers, la Liberté devant Uh
: « Voilà ton modèle — Je suis satisfait d'avoir Versé môû
'^g pour la patrie; » médaillon ; . ,
Commune des Arts de peinture, de sculpture, architecture et gror
; au revers, un Génie nu court ertibrasser la Liberté ; médaillon
Moreau le jeune ;
République française. Constitution de Van IIl , Département de
^^^ Seine; deux figures allégoriques, caractérisées, Tune par une
^*Sogne, l'autre par un miroir et un serpent; médaillon;
^* Amour; il vole au milieu de nuages semés de papillons et de
^^^^^oixibes, entre la lumière et la foudre; des flèches et des fleurs
^ ^^happent de son carquois ; vignette signée : P.-P. Choffard, 1795;
Ruonaj>arte, premier consul, l'an IX, petit portrait en buste ;
^iéber, buste de profil, d'après J. Guérin, le dernier jour de
î'^n VIII, in-l°.
ï^rmi les livres, auxquels il travailla pendant la môme époque,
î^ ne citerai que le Lucrèce, de l'an II, où il releva par de si jolis
^**^ blêmes tes dessins de Monnet.
Choffard était un graveur plus instruit que la plupart de ses
confrères. Il écrivit, à la fin de sa vie, une Notice historique sur
^ ^**t de la gravure en France *, où Ton trouve, à côté des banalités
^^ sujet, plusieurs notions curieuses. H avait alors abjuré les
^'Notice historique sur Vart de la graxmre en France, par P.-P. Gh.;
dawtiDatear et graveur <ii-âeyant de plasieurs académies royales, meinbto de
TAthénée des arts, Paris, an XII, 1804, in-8*.'
328 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
manières de sa jeunesse, et s'inclinait, comme un académicien*
devant M. Vien, Timitation de Tantique et de la belle nature.
Quant à son art, bien qu'il réserve sa plus grande estime pour
l'estampe faite à l'imitation du tableau, il ne manque pas cepen-
dant de constater les variétés introduiti's dans la gravure fran-
çaise par les sujets de genre, les ornements des éditions de luxe
et les manières de crayon et de couleur. Il déplore toutefois la
concurrence, toute commerciale, que nous suscita l'Angleterre, i
la fin du XVIII® siècle, par les gravures qu'elle répandit da
toute l'Europe, et proteste contre la suprématie artistique qu'ç
appuyait par cette production matérielle. Le graveur termina,
notice en adjurant le héros de la France, dans Fintérêt de la
vure, « de reprendre la lance d'or dérobée à l'Argail par l'An
Astolphe. » Môme en écrivant, le dessinateur faisait encore
vignette allégorique. Je préfère celle qu'il a mise en tôte d
notice, et qui représente un atelier de graveur, où il paraît
doute lui-même, au milieu de ses portefeuilles, présentant
estampe, la Madeleine d'Edelinck, à une élève assise d
rétabli.
Il grava, avec un amour tout particulier, un petit portrait
daillon de Basan^ qui est daté de 1790, et un frontispice po
Catalogue de vente après décès* de ce célèbre marchand
tampes : A la mémoire de P.-Fr. Basan, P.- P. Choffa
l'an VII (1798). Le Dieu du Commerce et le Génie de l'Act
déterminent le goût de l'artiste pour les avantages du commet
ils lui facilitent les correspondances de son art chez l'étrang:^
Choiïard exposait encore en l'an Xli une gravure : VOracl^^
amants, et il finit en gravant, d'une main débile, les vignetie^^
la première édition de luxe d'Atala et de René,
GAUCHER" ne fut que graveur, empruntant le plus sou V^r^^
1. CaUUogue raisonné d'un choix précieux de dessins, etc., par L.-F. R6^
gnault, Paris, an VI, in-8*.
2. Charles-Etienne Gaucher, né en 1740, élève de Lebas, moitié 27 brumaire
an XI (1802).
tfe
. \
CHARLES-ETIENNE GAUCHER. 339
les dessins de ses vignettes à Eisen, àCochin, à Moreau, à Lebar*
bier, h Queverdo, à Desrais et à beaucoup d'autres ; mais ce fut un
buriniste des plus fins; il marqua dans le portrait; il se haussa
jusqu'à Texécution de quelques planches pour les Galeries du
Palais-Royal et de Florence, et Ton trouve même, dans son œuvre,
jusqu'à une gravure en fac-similé du dessin, lo main de Micliel''
Ange, qui est exposé au Musée du Louvre. 11 était d'ailleurs versé
^ans la littérature de son art; il a publié des notices de graveurs
anciens *, des mémoires sur les beaux-arts * et une iconologie '.
Dans un ,de ses mémoires, Essai sur le costume national, il
soutient qu'on doit observer le costume français avec un choix
<ie formes pittoresques, et il proteste contre le costume antique
^ûnné par des artistes français à Louis XIV, à Louis XV, à Wash-
ington, à Buffon et à Voltaire. Cependant on ne trouve guère
<lans son œuvre que des applications de ce costume de conven-
tion, qui défraya les allégories imaginée^ par les petits-maîtres
du XVI!1« siècle. C'est ce costume qui prêtait le plus au nu, et
Gaucher gravait le nu avec une douceur toute particulière. Je
ne trouve à citer de lui, comme pièce familière, que celle qu'il
grava d'après Cochin en 1782 et qui représente une Graveuse
dans son atelier. Mais son chef-d'œuvre, comme pièce historique,
est le Couronnement du buste de Voltaire sur le Tlùâtre-Français, le
30 mars 1778, après la sixième représentation d'Irène, qu'il grava
d'après Moreau le jeune. Les premières épreuves de l'estampe
parurent en 1782 à l'adresse de Gaucher; pendant la Révolution
on en publia un second état sous ce lilre : Hommages rendus à
Voltaire, et avec une légende en trois lignes : « Persécuté par le
despotisme et la superstition, etc. A Paris, chez Naudet ».
L'estampe des Hommages rendus à la mémoire de Mirabeau,
T. Grœnia del., C.-S. Gaucher sculp., 1792, rond, in-r», n'est
t]u'une allégorie de la composition la plus puérile maguifique-
1. Dans le Dictionnaire des artistes, par Tabbé deFontenai, Paris, 1776,
2 vol. in-12.
2. Mémoires du Musée de Paris, 1782, in-8<'.
3. Iconologie ou Traité complet des allégories ou emblèmes, 1706, 4 vol. in-8<*.
I
^0 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
ment commentée dans une longue légende : La France èplor
ïappuie sur le tombeau du grand homme, etc.
Gaucher ne fut pas embarrassé de tourner clans un sens révol
tionnaire son matériel iconologique; et l'on trouve, au milieu d
petites pièces, deis adresses et des cachets de Sociétés savant
qui occupent une grande partie de son œuvre, des emblèmes r
publicains en titres, en armoiries et en médaillons; mais o
petites figures de Liberté et d'Égalité ne prennent de lui qu't
burin extrêmement poli.
Parmi les livres de ce temps où il grava dés vignettes, je i
citerai que les Petits poètes grecs traduits par Gail, où il fît *
figures très-petites, très-jolies et très-nues, d'après Lebarbier.
L'œuvre de Gaucher tire sa plus grande valeur des nombrei
portraits qu'il fit à toutes les époques et qui se distinguent p<
leur finesse; je ne ne citerai que ceux de quelques artistes, qi
indiquent ses relations, et ceux de quelques personnages appa
tenant au temps de de la Révolution :
Cochin, buste entouré de fleurs, d'après Monnet, 1785;
A la mémoire de Jacques-Philippe Le Bas; le Génie du dessi
regrette M. Lebas, une Muse, symbole de la gravure, le couronne
d'après Cochin, in-8<>;
Mane-Antoinette, d'après Moreau jeune ;
Florian, 1792;
DuveyiHer, député suppléant à l'Assemblée nationale, d'aprè
Sicacdi ;
Gail, petit buste de profil, coiffé en catogan retroussé;
M^ Roland, diti \UU
Pamxjy an X;
Fortunée B. Briquet, d'après M"« de Noireteirre.
Cette mademoiselle T. de Noireterre avait peint, en 1787, l
portrait dii Gaucher, qui a été gravé par son élève et ami A,-P. de B
PONGE *, graveur de M. le comte d'Artois, fut un graveur é
1 . fïicolab Pbnce^ né eu 174S, élève dé D^unky; tnÀt en 1831 .
^
NICOLAS PONCE. 331
Vignettes laborieux ; il était hbmniè de lettres et désireux de faire
sei-vîr son art à l'utilité publique. En 1789, il fut commandant
de la garde nationale, et empressé de mettre son taîent au èervice
de la patrie. Ces qualités doivent lui être comptées ici, à défaut
d'originalité. Il avait sur son art des idées bornées, le réduisant
à un rôle de traduction avec quelques ressources, propres,
revendiquant la suprématie pour la taille-douce, et il. lutta,
tant qu'il put, contre l'envahissement du genre de gravure
anglais, qu'il appelait 4'omantique * : «Si l'on reproche, dit-il,
aux anciens dessinateurs comme Moreau et autres, aux anciens
8T"aveurs comme Delaunay, Lemire, Saint-Aubin, Duclos, etjC. ,
^e placer toujours leurs sujets au grand soleil, on pourrait
reprocher aux modernes de prendre toujours la cave pour le lieu
<ie I3. scène. »
Après la révolution d'Amérique, Ponce avait entrepris, avec
^^<it?froy, un recueil d'estampes représentant les Événements de
^^ Q'LAerre qui a procuré V indépendance aux États-Unis d' Amérique,
^^ ^ € pi. m-k^. En 1789, il entreprit, avec l'aide de différents
^^s^înateurs et graveurs, leis Fastes de la Révolution française, qui
'"^I^r-^entent les premières grandes journées dans des tableaux
^^^^^^ Jposés d'une multitude de petites figures. Je ne citerai ici que
^^ ^^^JIV juillet MVCCLXXXX , Fédération d^s Français, dédiée aux
^^'*<3es nationales de France par M. Ponce, capitaine dans l'armée
f^*"5 sienne. Dessiné par Mounier, gravé par Giraud le jeune, sous
^ ^^Irection deM. Ponce, gr. in-f» carré, avec longue légende hislo-
^*î ^-^e. Ponce grava encore quelques pièces allégoriques, dont les
F**^^^ importantes furent jointes à une édition in-f« de la Constitvr
^^'^ en 1791. Il borna là ses ouvragés fjolitiques; les circon-
ceà étaient devenues trop tragiques pour un artiste de son
pérament, mais il en avait commencé un autre plus înnô-
t : Les illustres Français, que nous avons déjà apprécié à l'ar-
e de Marinier, qui en fut le dessinateur. Celui-ci fut poursuivi
"^ * Mf-langes sur les beauoD-^rts, Paris, 1826, in-8*, Lettres sur la gtiiTure,
^^ ^«1-282.
332 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
pendant de langues années, et nous le voyons porté aux expo-
tions depuis 1791 jusqu'à Tan XII,
Ce n'est pas le seul ouvrage que Ponce y ait fait figurer.
Salon de 1793 on vit exposé ce qu'il avait produit de plus s. -
lant jusqu'alors : des gravures d'après Baudouin, c'est la Toil^à
VEnVevtment. nocturne; d'après Fragonard et M"* Gérard, c'es^
Verre d'eau, le Pol au lait; des vignettes pour les œuvres
Rousseau^ de Gessner et pour Roland furieux, d'après Cocl» ^
Lebarbier et Marîllier. En l'an V ce fureijt de nouvell' s vignet ^
d'après Regnault, Monsiau et Moreau, pour Virgile, MontesquM
et M'^^^Deshoulières; en l'an VII deux figures d'après Moreau,
Comédie et la Tragédie. Enfin, au Salon de l'an XII, il joignit
ses cadres des Français illustres des estampes classiques d'apC
Lesueur et Vanloo.
La suite de vignettes à laquelle il s'est le plus attaché est ce3
de J.-J. Rousseau, et il publia dès l'an II un recueil destiné
orner toutes les éditions in-8°, réduction fidèle des figures de
grande édition de Didot et Defer-Maisonneuve, précédée du po«
trait de Rousseau d'après Houdon et de son tombeau d'apr«
Monsiau.
On ne saurait dire que Ponce ait jamais prêté de l'esprit et d
charme aux dessins qu'il a gravés. Son burin, correct et mène
coloré, était froid et pesant, et il a eu le malheur de s'attacher ai
genre qui demande le plus de légèreté, et de venir dans ui
temps qui demandait des qualités chaleureuses.
Sa femme, Marguerite Hémery, pratiqua aussi la gravure. EH
appartenait à une famille où d'autres filles montrèrent leur vail
lance dans cet art; mais je ne vois pas qu'elle ait autant marqu
que sa sœur Thérèse-Éléonore Hémery, que nous verrons associé
à son mari Lingée. On ne trouve le nom de M"»* Ponce que su
de petites vignettes, dont la faiblesse indique qu'elle ne pu
apporter à l'atelier de son mari qu'une collaboration insigni
fiante.
^
AUGUSTIN DE SAINT-AUBIN. 333
SAINT-MJBIN \ le sémillant graveur de portraits et de vignet-
tes, nous appartient par une partie de son œuvre, la plus petite,
il est vraî, et la plus appauvrie; il fut de ceux auxquels les événe- .
meûts firent une vieillesse malheureuse. Tous les bonheurs de sa
vie et de son œuvre, aussi bien que ses misères, viennent de nous
être racontés dans une notice, comme les savent seuls écrire les
messieurs de Concourt ", toute bourrée de traits d'esprit, de des-
criptions inépuisables et de révélations anecdotiques. Il n'y aura
plus rien à dire après eux de la Promenade des remparts, ni des
Portraits à la mode, du Concert, ni du Bal paré, ni de ces charmants
portraits de femmes, entre lesquels brille ce\ie A drienne Sophie,
friarq-aise de***, qu'on vent être M"* Saint-Aubin. Quant à la vie
<ie l'artiste, que pourrait-on ajouter à ses lettres, qui nous le
ïnontrent aux prises avec le travail accéléré, alTaibli par le
commerce, le besoin et la maladie, et perdant jusqu'à l'asile de
îa Bibliothèque Nationale, dont il était le dessinateur et le graveur
depuis vingt ans?
n ce m'appartient que de noter un court passage de cette car-
'"ière ; l'intrusion des procédés expéditifs est marquée dans son
oeuvre par les sujets d'estampes au pointillé et en couleur, qu'il
ft>Ufriit à Sergent, à Gautier et à d'autres.
^^înt-Aubin exposa, au Salon de 1793, ses gravures de Vénus
^^^^€iyomène, de Jupiter elLéda, d'après les tableaux de Titien et
^^ '^^ul Véronèse qui étaient au Palais-Royal, et un petit portrait
^^ *Xfcédaillon, d'après Sauvage, imitant le camée. On ne le re-
""^^ ve après qu'au Salon de l'an XII, avec trois cadres de portraits
^^ ^ïcxédaillons. 11 n'avait fait dans l'intervalle que de petits ou-
^**^Ses, qui sont traités cavalièrement par les admirateurs des
^'^^Bues et des fanfioles de sa jeunesse; il y a là pourtant, avec
^^uxes ses finesses de burin, quelques-uns des minois qui les
^^^î^nt charmés:
^* Augustin de Saint-Aubin, né en 1736, mort en 1807.
^- Les Saint'Afibin , étude contenant quatre portraits inédits à l'eau-forte,
^rîa, Deotu, 1850, in-4*«
334 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DÇ VIGNETTES.
Les femmes à balance du Tribunal (U Cassapion;
Les feuilles de laurier des Cartes de citoyen;
Les rayonnements fulgurants de la Loi;
Les Déesses grecques des Encouragements et des Rècomp
nationales ;
Le Génie de la Nation reçoit le serment, base imrnuable d^^ là
royauté, avec buste de Louis XVI ;
Le Premier an de l'Ère républicaine, 21 septembre 1792, vi ^^^^n
style; Axig, Saint-Aubin fecit, médaillon à fond ombré. ^
Liberté assise, appuyée sur l'autel de la Patrie, vis à vis du bu^ ^ss>\e
de J.-J. Rousseau;
Convention nationale, Rép. franc., Représentant dupeuple, if^s^-»^-
bre du Comité dHnspection; Laneuville del., A. Saint-Aubin scu "• ï^-»
médaillon; la Liberté et TÉgalité debout;
République française, Conv, nat,, etc. La Liberté recevant d .^sa-HS
ses bras la Victoire qui la couronne, suivie du Génie de Tal^ ^c^n*
dance. J.-B. Regnault del., Aug. Saint-Aubin sculp. ;
Corps législatif, Conseil des cinq cents, Liberté, Égalité, méda^ ^ -''^
et revers.
De plus, Saint-Aubin, qui avait si bien ftxé la physionomie
la France, comme disent MM. de Concourt, à son plus joli
ment, sut en rendre aussi quelque côté à ce moment d'expans
populaire. Mais ses sujets ne rencontrèrent pas alors des çrave
aussi brillants que Duclos; ils eurent le procédé, expéditif et
ta^t à l'œil, de Sergent, Gautier, Phelippeaux et Moret.
U Heureux Ménage, — V Heureuse Mère, — la Tendresse m
nelle, — la Sollicitade maternelle» Aug. Saint-Aubin inv. et
A Paris, chez Blin, rue des Noyers, et au magasin des Indes et
la Chine, rue Honoré, n° \lil\9.
Ce sont, sous des titres fort tendres, des airs, des costumes
un mobilier tout révolutionnaires; les yeux brillent, les seins fi
péter le corsage, les enfants grouillent, le fourneau s'embrase,
la pique est prête au coin de la crédence.
Je ne saurais indiquer les vignettes et les nombreux portra,-^
auxquels travailla Saint-Aubin pendant cette dernière période
et
>nt
et
ts
^e
FRANÇOIS GODÇFROY- 335
n en trouve jusque dans les premières éditions i'Atala.
ornant aux plus intéressantes, je signalerai seulement
portraits modernes; bien que. traités pl^s négligem-
e les œuvres de son bon temps, ils se distinguent, entre
•aits contemporains, par Téclat et la fermeté de Içur
l, Clavihre (dans la collection Bonoeville) ;
"cet;
lille Renouard, cinq petits bustes, Aug. de &iint-Aubiq
i del. et sculp. An IX, 1800;
, d'après Monnier.
"ROY*, des Académies de Vienoe et de Londres, a fait
des paysages d'après Lantara et Casanova, et des
d'après Cochin, Gravelot, Caresme, Moreau , Lebarbier
et. Son adresse, avec date, se trouve sur deux pièces
au de Rousseau dans Vile des Peupliers ; aux âmes serir-
781,in-foh.;
lence de Charles et Robert aux Tuileries, le 1®' dér
783.
sa plus grande portée dans deux jolies pièces, d'après
*d : Annette à Vâge de quinze ans et Annette à Vâge de
$, qui sont gravées avec assez de soin.
cailla à la suite d'estampes sur les Événements de la
* Amérique, entreprise par Ponce, et produisit, pendant
ition, des pièces historiques et même des placards:
mblée nationale; législature de 1789 à 1790. Liste des
5 dans un cadre de faisceaux, historié des vues de l'autel
rie et de l'intérieur de l'Assemblée;
\me du jeune Desilles, peint par Girardet, gravé par Gode-
i Académies de Vienne, etc., în-8<> carré, avec légende
e;
^is Godefroy, né à Rouen en 1743, élève de Lebas.
336 ARTISTES. -DEÔSÏNAt. ET ORAV. DE VIGTiETTES.
Le Vaisseau la Liberté des rmrs et la République française ^^Êsmnt
et indivisible, ovale, in-12 en 1. ;
Solde de retraite du Ministère de la guerre, tête de lettre, hî:
riée d'une Liberté, d*une Égalité et de soldats, in-f" h. ;
Congé absolu, destiné aux défenseurs de la Patrie. Rèpubli
française. Constitution de Van IIL D'après Carie Vernet. TKr"^«L->is
figures sur un piédestal, accosté d'un fantassin et d'un cavalK. ^3r.
Cette belle pièce, d'un burin fini, figura au Salon de Tan VI a_ "^-^«ec
cette explication : « L'auteur de la gravure oppose, à ce su ^ ^t,
l'esprit du Gouvernement actuel à celui du Gouvernement pr^^^iré-
dent, en remarquant que ci-devant la parcimonie la plus rig^^c^u-
reuse présidait à tout ce qui concernait le soldat, tandis <^ m:Me,
dans les voyages de la Cour, on gravait avec luxe les affiche^E^ ^e
spectacle adressées au domicile des courtisans, et que les iki^k ili-
taires en sous-ordre étaient même exclus des jardins publics. j^«^
Godefroy avait déjà exposé au Salon de 1793 une estampe <•"
Sange d'Énée, d'après le citoyen David. Il exposa encore, ^"
Salon de l'an VI, deux cadres de gravures, parmi lesquelle^^ ^"
nomme une Vue de la forêt des cèdres dans les montagnes gla^^^^^^^^
du Liban, pour le Voyage de Cassas.
Il finit, comme il avait commencé, par des vignettes; les c^-^^"
nières où Ton trouve son nom sont celles des Contes de La
laine, d'après Desenne.
ADRIEN GODEFROY*, fils de François, pratiqua aussi la ta
douce en petit, le pointillé et l'eau-forte, pour des vignette:
des caricatures. C'était le temps où la charge se croyait a
obligée d'emprunter le dessin davidien et la gravure symétri
Le premier ouvrage, et le seul qui le recommande à notre at
lion, est le Thé parisien, suprême bon ton au commencemen
XIX« siècle. Ce sujet amusant, avec plus de vingt figures, est d
tant plus curieux qu'il a pour dessinateur Harriel, le peintre
nous avons vu remporter le prix en l'an H, qui exposa aux Sal
i. Adiien-Pierre-François Godefroy, né en Paris en 1777, élève de son
MTHYS. 337
an VIII quelques tableaux et dessins classiques, et
ne, où il était encore pensionnaire de TAcadëmie de
ist qu'un peintre en miniature et à la gouache qui a
)us les biographes. Le Catalogue Paignon-Dijonval ,
registre, le fait travailler en 1780. Il était élève de
i gravé, avant la Révolution, dans deux pièces cu-
; d'humanité de M. le duc d'Orléans, gravé par Patas,
. avec légende historique, et le portrait de M^ de
i par Copia, in-8°; nous avons déjà décrit ce joli
il fournit une petite tête d'étude, la Réflexion de
n graveur d'Amiens, nommé Bourgeois , qui était
oient un buriniste des plus aigres et n'a point flatté
Il dessina une tête de lettre révolutionnaire, Éga-
avec Génie et attributs, in-4", qui fut gravée par
iroduisit, au Salon de Tan IV, avec des miniatures,
(S à la gouache et des portraits. Mais, si nous lui
i une place que ses petits ouvrages paraissent méri-
t qu'il entreprit de mettre toute VHistoire romaine
d'abord la République, en l'an VIII, et ensuite les
en l'an XII '. Ce n'étaient, comme on voit, que des
circonstance, et une légende historique, imprimée
aque estampe, venait en relever toutes les allusions,
ompositions, plus académiques qu'il n'appartient à
s, sont gravées avec beaucoup de fini par Auvray,
ibrun, etc.
re tableaux parurent au Salon de 1806. V. le Pausanias français,
211.
7, Miris (G., ou S., ou de). Cest peut-être lui qui est nommé
eur, dans une liste des amis de David, donnée dans leslf^mot*
>ar M. Miette de Villars, Paris, 1850, in-S*", p. 35.
) la République romaine, représentée par figures, Paris, Leblanc,
sons, 180 pi. — Histoire des Empereurs. 24 dessins de cet ou-
au Salon de Tan Xil. 11 en a été publié 3 livraisons de 12 est.
09
I
338 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
£a dernier lieu, le nom de Mirys se rencontre, comme dessina-
teur, sur quelques vignettes, de sujet mythologique, allégorique
ou familier, que je ne vois que détachées des livres pour lesquels
elles ont été faites, mais qui portent fort exactement la tournure
de leur date, vers Tan X ou Tan XII. Elles furent gravées par
Baquoy, par Delignon, et même par Saint-Aubin. La plus jolie
que Ton puisse citer est celle qui fut faite pour un poème de
Berchoux, la Danse ou les Dieux de rOpèra, et qui représenta
la rampe de l'Opàra avec une partie de Torchestre, et les deu^i
danseurs Vestrîs et Duport, qui avaient alors toute la fanf^^r
publique.
PAUQUET*, que Basan cite déjà en 1789, comme ayant g^rss^
avec succès des vignettes d'après Moreau , Lebarbier et Maril^"*^^'
fut un des premiers et des plus habiles graveurs de la Galer^-^ ^
Florence. Il dessinait, mettait à l'eau- forte et terminait' ^
estampes avec le même succès. Voici quelques pièces dans dî"*^*^
genres, qui m'ont fait regretter de ne trouver nulle part ^^^
notice de son œuvre :
Songe dÈnèe, L. Pauquet sculp. 1792, in-4» h., d'après Qéf^^'-
Au nom de la RèpMblique française une et indivisible, de^^^°
par Moitié, l'an II, et gr. par Pauquet; tête de pièce officia''®*
in-4® !• au burin ;
L'Amour eîum Nymphe au pied dun terme, d'après Fr^^
nard fils; frontispice in-12;
Le Couronnement de la Vierge, d'après Maso Finiguerra, orf^"^^
de Florence, copié et gravé en 1802, par L. Pauquet. Cette pî^^'
qui fut faite à Tépoque de la découverte de l'original par T^*^
Zani et placée dans son livre *, est accompagnée d'un certifica^t ^^
conservateur des Estampes de la Bibliothèque nationale, Jol3^*
1. JaaQ-Louift-Charles Pauquet, né à Paris eu 1759, élève de Gaucher.
2. Materiali per servire alla storia delVorigine e da^progresai deU'ioci^'*^ .
in rame e in legno, esposlzione deirintereasante acoperta d*uaa stampa o^^^
nale del célèbre Maso Finiguerra fatta nel Gabinetto naaionale di Pari^
D. Pietro Zani fiorentino, Parma, MDCCCII, in-S», p. 201.
É
PIERRE-CHARLES BAQUOY. 330
trouvé que le citoyeu Pauquet avait été un traducteur fidèle
Ute pièce iutéreasaute et qu'il faut être à même de compa-
uue avec l'autre, pour n'être pas surpris ou trompé, en
dant Toriginalité à la copie.. »
L trouve encore le nom de Pauquet sur quelques vignettes
ivres du temps du Directoire, tels que les Liaisons dang^
s, et sur un portrait de Antoine-Michel Filhol, graveur et
ur du Musée de France, in-8^.
•
QUOYS fils et petit-fils de graveurs de vignettes, professeur
^n au collège de la Marche, avait travaillé, avant la Révo-
Q, aux vignettes d'Eisen, de Gravelot et de beaucoup
res^ et iJ avait fait de grandes estampes, dont les plus briK
s faisaient partie du Monurnent du costume physique et mo--
i'après Moreau. Il grava ensuite d'après Lebarbier, pour les
'es de Gessner, et d'après Binet pour les œuvres de Rétif de
étonne. 11 prêta son burin aux dessinateurs maniérés de la
Uition : à Monsiau, à Chaillou, à M°' Gérard et à Fragonard
soit pour des vignettes, soit pour des compositions plus pré-
âuses, et il se laissa aller avec eux à la pratique du pointillé,
le principal graveur de l'Histoire romaine deMirys. On le voit
urs partagé, suivant l'occurrence, entre la pratique sérieuse
irin et l'exercice plus facile de la pointe, maniée d'une façon
ou moins mécanique. Son nom se trouve tantôt sur des
:bes d'anciens peintres, faites pour le Musée Robillard et
ent, tantôt sur des planches du Journal des dames et des
s de La Mésangère. Ces figures de costume parisien, signées :
ît By (Vemet et Baquoy) », méritent quelque attention, parce
les sont d'un moment où l'élégance de renaissance antique
lit point encore tout à fait abandonné la mise des Merveil-
«. Une bribe révolutionnaire peut enfin être ajoutée à
ne de Baquoy; c'est une figure de la Liberté, formant la
des lettres du général Pommereul en l'an XII.
'ierre-Charles Baquoy, aé à iU:ii en 1759, mort on 1H2U.
340 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
COINYS élève de Lebas, déjà désigné par Basan, en 1 "^^89,
comme ayant gravé des paysages à l'eau-forte, et dont les j^^re-
mières vignettes gravées se trouvent dans les Fables de La J^^^^n-
taine, édition de Didot, 1787, où il travailla avec Simon, d^atj^Tès
Duvivier, et dans les Œuvres de Léonard, 1787, où il t^wB-
vailla d'après Moreau, séjourna en Italie pendant les premi^^es
années de la Révolution, et s'y rendit apte à graver des pi^cres
importantes pour la Galerie de Florence et pour le Musée FiUM.^1
Son burin, serré et petit, le rendait pcopre surtout à la composi-
tion deis vignettes dans les plus petits formats. Les principsiiix
ouvrages où il travailla sont les Poésies de Saint-Lambert, 1705,
les Métamorphoses d'Ovide, les Fables et les Contes de La Font€t€'n^>
les Lettres d'une Péruvienne^ an VI, Manon Lescaut, et d'aat«s
romans oubliés. Il les gravait sur ses propres dessins, ou l>i^Q
sur les dessins de Regnault, de Vivier, de Lefebvre, de Chaill^'^'
et quelquefois en collaboration avec d'autres graveurs, tels ^^^^
Simon et Duplessis-Bertaux. C'est à Coiny qu'on impute les
vures d'un recueil sotadique assez célèbre, publié en 179S f^^
Croze Magnan et chez P. Didot*. Ces figures ne sont pas faî*^'
comme parait l'indiquer le titre, d'après des eaux-fortes d'kiM ^^^
tin Carrache, mais d'après des estampes de Pierre de Jode, ^^^'
vées sur les compositions de Carrache.
Coiny travailla enfin à quelques planches de sujets historiq;»^ *^*
dans Us Tableaux de la Révolution, et dans le Voyage de l*Ègt/f^^'
de Denon. 11 grava, d'après Lejeune, la Bataille de Marengo,
est vantée, par l'auteur du Pausanias, comme une des plus bi
du Salon de 1806.
ui
les
i. Jacqae»-Jo8eph Coiny, apprenU orfèvre, élèye de Lebas, gendre de
Legouaz, né à VersaiUes en 1761 , mort en 1809, Catalogue après dôoès,
notice par Regnault Delalande, 1811, in-8^
2. VAritin d^ Augustin Carrache, d*après les gravures à Teau -forte d&
artiste célèbre; A la nouvelle Cythère, SO fig. in-4^ Reproduit en plus
format sous ce titre : Amours des dieux patène, Lampsaque, 1802, 2 vol. î
JEAN-BAPTISTE SIMONET. 341
e personnel des artistes qui travaillèrent pour les vignettes
[>lus nombreux que dans aucun autre genre. Je dois mainte-
t me borner à une mention succincte. Il y a d'abord ceux qui
leur réputation faite et un œuvre tout dévolu au XVIII* siècle,
t la Révolution n'eut que l'effort sénile, et puis ceux qui, par
lédiocrité de leur talent ou l'infériorité de leur emploi, échap-
t à la notice.
EMIRES le graveur le plus brillant peut-être de ceux qui s'at-
lèrent à Eisen et à Gravelot, à soixante-quinze ans faisait
>re des vignettes pour les romans en vogue, en choisissant les
les les plus animées. On trouve son nom sur les gravures
Lettres dAbailardet Hèloïse, d'après Moreau, des Liaisons
gereuses, d'après Monnet, et des Amours du chevalier de Fau-
. d'après Dutertro. Je ne vois pas que l'auteur de l'estampe
bre du Partage de la Pologne ait publié pendant la Révolution
me pièce politique. En l'an VII, il exposait l'une de ses gra-
is les plus importantes sur le sujet le plus vieilli f le Gouver-
* du sérail choisissant des femmes,
MONET*, graveur au burin, qui avait fait des pièces galantes
Linilières d'après Aubry, Baudouin et Greuze, et que nous
às vu interpréter habilement les frontispices et les vignettes
larillier et de Moreau, grava, en 1791, les Premiers martyrs
a Liberté française ou le Massacre de la Garde nationale de
Uiuban^ le X may MDCCLXXXX, composé par B. Espinasse.
e grande pièce n'est qu'un placard historique. Simonet paraît
' plus d'avantage dans les pièces qu'il a gravées pour la Gor
*' d^ Orléans, et il finit en gravant encore d'une main pesante
vignettes pour les Contes de La Fontaine, pour la Pucelle et
^ la Bible; quelques-unes portent les dates de 1793 et de
11.
NoSl Lemire, né à Rouen en 1723, élève de Lebas.
^ean-Baptiste Simonet, né en 1742.
\
342 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
TILLIARDS qui grava des sujets mythologiques d*après Bon-
cher et Challe, des sujets russes d'après Leprince, des sujets fami-
liers et savoyards d'après Greuze et Saint-Aubin^ avait débuté par
une pièce historique, comprise, comme on les traitait alors, allé-
goriquement : la Paix rendue à VEurope en 1763. On distingoe
ensuite dans son œuvre : le Pas de deux dansé par Dauberval et
M^' Allard, d'après Carmontelle. II fît des vignettes d'après Mon*
net et Cochin pour Télèmaque, pour la Jérusalem^ et, en dernier
lieu, quelques planches des Contes de La Fontaine, par Frago-
nard. Cet œuvre se trouve singulièrement varié par de petits
frontispices d'allégorie révolutionnaire :
La Muse des Beaux-arts met sous la protection de la Loi le Ginit
l'Étnde et le Commerce, dessiné par CbofTard^ 1791, gravé
J.-B. Tilliard, in-12 1. ;
Vive la Bipublique ! Nous la maintiendrons, cette belle con&^
tution, nous la défendrons jusqu'à la dernière goutte de do^
sang. Gravé par le cit. Tilliard, in«18 h.
BOVINET* commença par des portraits; plusieurs para
dans la collection Bonneville, où je remarque celui d'Hébert, I
aussi des vignettes, dont les plus jolies sont d'après Moreau.V^^
ses petites pièces historiques :
Buaieê de Lepelleiier et de Marat, Bovinet sculp., Tan II :
Amoureux de la Liberté,
ns ont versé tous deux leur sang pour la Patrie.
Bonaparte à Lonado, le 17 thermidor an IV, d'après Lafitte;
Augereau au pont dArcole, d'après Binet;
Les trois consuls, Bonaparte, Lebrun et Cambacèrès ;
Bataille de Marengo, Bovinet fecit aqua-forti.
11 ût encore quelques petites vignettes d'après Binet, CI^
reau, qui portent leur physionomie du Consulat; mais le p»
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i. Jean-Baptiste Tilliard, né en 1740, élève de Fessard.
2. Edme Bovinet, né à Cbaumont en t767, élève de Patas.
ISIDORE-STANISLAS HELMAN. 343
considérable de son œuvre fut employé à des vues de paysages,
qoi parurent au Salon de Tan VII, et à des planches classiques
pour le Musée Filhol et même pour le Musée Laurent, dont on vit
les plus beaux échantillons au Salon de l'an Xll.
MASQOELIER l'aine ^ , connu surtout par sa collaboration à la
CroUerie de Florence^ avait gravé de petites pièces satiriques sur
Voltaire : le Lever du philosophe de Femey, le Déjeuner de Fem^f,
1775. 11 a fait, d'après Monnet, Morean etLebarfoier, beaucoup de
vignettes et même des estampes d'une certaine importance, dans
lesquelles un autre élève de Lebas, Née', travailla quelquefois
avec lui ; il travailla pendant la Révolution anx planches des Anii-
q^nj^ité^ nationales de Millin , et nous trouvons, dans le nombre,
ime vue de la Société des Amis de la Constitution en séance^ d'après
. ^an <3orp. Vers la fin de sa carrière, il coopéra aux gravures de
'^ C€Mmpagne d Italie, d'après Carie Yernet.
MLASQUELIER tt lEimE*, qui travailla aux mêmes ouvrages que
*^ii parent, a aussi gravé seul des vignettes au burin et au poin-
tîll^^ et une pièce curieuse d'après Watteau de Lille : le Bomhar*
^'^^^^«nt de Lille, en 1792. On trouve encore dans leur csavre
^tielques portraits ;
f^xerre Demours, médecin oculiste, d'après Latour, 1792.
HeLMAN *, graveur de M. le duc de Chartres, fut le plus consi-
dérable de ces artistes qui vinrent de Lille à la fin, du XVIII» siè-
^^^ ; ils n'y constituèrent pas une école, parce qu*ils allèrent tous
l.Loiii»J(»eph Blasquelier, né àLiUe en 1741, ôlèTe de Lebas, mort tti iSll.
^ « Iconographie lilloise, par Bf. A. Dinanx, Valenciennes, s. d., in-S*.
2. François-Denis Née, né vers 1735, mort en 1818. Je n*ai à citer de lui
^in'un portrait de Franklin , d*après Cannontelle.
3. Nicolas-François-Joseph Blasquelier, né à Lille en 17S0, moft en 1809.
4. Isidore-Stanislas Helman, né à Lille en 1743, marchand à Paris, rue
^aint-Honoré, vi»-ii-?is ThMel de NdaUles. V. Icanographie liUoise, par H. A.
^)inauz, Valenciennea, s. d., in-8<>.
344 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
étudier à Paris et chez Lebas, mais ils se rapprochent cependant,
par leur goût pour les xues locales, les représentations épisodi-
ques et les vignettes. Après avoir fait des sujets galants, d'une
exécution fort aimable, d'après Baudouin et d'après Moreau, Hel-
man grava d'après Monnet les grandes pièces des Journées de la
Révolution, dont nous avons déjà parlé, et, d'après Watteau de
Lille : les Expériences aèrostatiques de Blanchard, la Fédération
des Départements du Nord et le Banquet civique de Lille; il inter-
prète d'une manière assez flatteuse des tableaux qui dans leur
verve ne sont point exempts de lourdeur provinciale.
DELVAUXS encore un Lillois, qui avait appris son art chez
Lemire, et s'est fait connaître surtout par les pièces qu'il grava
pour le Cabinet Choiseul et la Galerie du Palais-Royal, a été l'un
des plus petits graveurs de vignettes et de portraits ; il maniait la
pointe avec légèreté et le burin avec douceur. Ses dessinateurs
principaux furent Desrais, Moreau, Bornet, Monsiau; les livres où
l'on trouve le plus souvent son nom furent les Contes de La Fon-
taine, Gessner, Gresset, et le Décaméron de Boccace ; ses portraits
les plus curieux sont ceux de Rousseau, de Dorat^ de Lefranc de
Pompignan. Il exposa en l'an X, entre autres ouvrages, une
estampe d'Héro et Léandre, d'après le tableau d'Harriet, et, en
l'an XII, deux sujets de la Vie d'Héloïse etAbailard.
DUFLOS LE JEUNE *, graveur en communauté avec sa femme,
Elisabeth IrnÊBAULi, travailla d'abord aux vignettes des Œuvres
de Dorât; à des frontispices d'après Cochin et Marillier, parmi les-
quels je note celui qui est intitulé la Vérité, C.-P. Marillier inv.,
P. Duflos le jeune sculp. , in-S® ; à des portraits, où se trouve
Marie'Antoinette,Touzé del., P. Duflos junior sculp., in-f» à l'eau-
forte; elle est en pied avec une robe à paniers. Il se fit ensuite
entrepreneur de la gravure de V Abrégé d'histoire universelle en
i. Remi-Henri-Joseph Delvaax , né à LiUe en 1750, mort en 1823.
2. Pierre Duflos, né à Lyon en 1751.
ABRAHAM GIRARDET. 345
■w*, dessinées par Monnet, Moreau et d'autres, et de deux
leils de Costumes officiels et militaires, Tun antérieur à la
Fl^volution*, l'autre publié en Tan III'. Ces pièces de costumes
trop la fourniture, mais il y en a qui ont leur intérêt,
me VOfficier ou centurion des Élèves ducamp de Mars, 179i, en
€ur.
BERTHET, petit dessinateur, à qui l'on doit V Auguste cérémonie
s^cre de Louis XVI, Ml b, et la Descente de la machine aérostor
'^ de Charles et Robert, 1783, grava des planches d'après Binet
les Œuvres de Rétif de la Bretonne. 11 signa seul nombre de
tes vignettes dans le goût le plus mesquin, de Tan VI à
ï'^ i^ XII, faites pour aller seules ou pour accompagner des livres
^mères :
:ène du foyer Montansier, in-18;
>lie du jour : Vénus ou la prétendue comète, in-12 ov. L, en
leur;
?s vainqueurs des Anglais, deux planches in-12, portant des
'^Taits en médaillons accolés; dans l'une Jeanne d'Arc, Duguay-
'^**<=>^ain, de Tourville; dans l'autre le général Hoche, maréchal de
^^^^^, Dunois le Bâtard et Duguesclin.
CilRARDET*, qui devint sous l'Empire l'un des plus fermes
e'urs du Musée Robillard et Laurent, tant pour les statues et
^es que pour les tableaux des grands maîtres, avait com-
ce par être le graveur le plus précis des Tableaux de la Rèvo-
. Il y a dans ses planches moins de mouvement que dans
• Paris, Duflos, 1785, 5 part., in-S» ou in-4*>, et 200 pi.
"^ J{ecueil (Testampes représentant les grades, les rangs et les dignités, stii-
^^ le costume de toutes les nations existantes, Paris, Duflos, 1780, 2 vol.
*^** -■ 264 pi. en noir et en couleur.
^ Mowveau recueil de costumes militaires français , tant anciens que mo-
r, Paris, Duflos, an m, io-S".
^ Abraham Girardet, né à Neufchàtel en 1764, élève de Nicolet, mort
34Ô ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
celles de Prieur et Berthaud, moins de dramatique que daoi
celles de Duplessis-Bertaux; mais le burin de Girardet, plu
accentué et plus lumineux, donne à chaque figure plus de rdief^
et à l'ensemble plus d'effet et de vérité. II n'existe pas de pan
rama plus exact des plus mémorables journées :
Siège des Français, dessiné d'après nature et gravé par G. ;
Pacte fèdératifde la Bastille, le U juillet 1790, dessiné et gra
par G.;
Vue du Champ de Mars, le l!i juillet 179Q, G. le j. d^^l
et sculp. ;
Translation de Rousseau au Panthéon, Âb. Girardet inveoto
incise ;
Échange des prisonniers en Autriche, le 20 prairial an IV;
Fête de la Fondation de la République, le l*''^ vendémiaire an I
Le talent de Girardet était précieux pour les vignettes; il f tit
employé aux planches des éditions de Didot : dans les ûButr ^^
d'Horace, an VIII; dans les FaJbles de La Fontaine, an X, où il
grava, avec toute la netteté désirable, les dessins de rarchite(=^c
Percier; dans le Racine de l'an IX et dans d'autres livres d'u^^D€
date plus récente. 11 lit aussi quelques portraits; je connais ^^:1<J
moins Claude Fauchet, de la collection Bonneville.
DUPRÉEL, connu dans la gravure en grand par une pi
galante d'après Challe, et par des estampes de la Galerie de F.
rence et du Musée Laurent, débuta au Salon de 17QS par u
estampe ovale : la Liberté, patronne des Français, et par un d
sin : la Liberté, assise sur les degrés du trône, et appuyée sur
vase cinéraire, couronné de lauriers, contenant les restes
Lepelletier, de Marat et des citoyens morts /ô 10 août 17^
tenant dans sa main la figure de la Victoire. Tout le reste
son œuvre se dérobe dans des vignettes plates et froid^^^ *
d'après les dessinateurs ordinaires du genre , dans des liv
parus depuis 1791, les Œuvres de Bernard, de Florian,
Tressan, etc., et dans quelques portraits, parmi lesquels
Diderot, d'après Aubry.
s
e
t
i
MARIE-ANNE CROISIER.
347
riN DE MONCHYS d'abord graveur de vues d'après Hac-
l'autres, empranta des sujets galants à Eisen, à Lepeinire,
à Grangeret, à Hoin, qu'il traita avec fadeur et appesan-
ot. Il fit des vignettes d'après Monnet, Huot, Bomet, pour
vtures de Tèlémaque, les Contes de La Fontaine, le Dècamé-
Boccace ; il grava encore, d'après Monnet, la Prise de Vile
j, le lOjmn 1798, in-f« h.
DE MONCHY, sa femme, qui travailla avec lui à des
îs, doit être signalée pour trois estampes politiques, où
aît avoir eu plus de vivacité que son mari :
cte tacite^ allégorie, avec le buste de Necker, 1789, inventé
lailleur de la ville de Mamers, dessiné par Monnet, gravé
' de Monchy ;
^ais, si fêtais perdue, vous me retrouveriez au cœur de
n; allégorie, avec le buste de Louis XVI, dessinée parMon-
ivée par M"« 4e Moncby;
bertè, en pied, brisant un joug sur son genou, dessiné par
gravé par la cit. Demonchy, in-4° pointillé en couleur.
le manqua pas, sous le Directoire, bien qu'alors elle ne fût
me, de prendre part à la gaieté commune, en gravant une
après Desrais, le Médecin aux urines.
B-ANNE CROISIER ^ élève de Saint-Aubin, commença
; estampes d'une assez grande volée : Vénus corrigetmt
r, d'après Rubens, et le Faune amourev>x, d'après Coypel.
lança, en 1789, dans les estampes politiques, et tomba
après dans les portraits et dans les vignettes, où elle ne
pas même à se faire un nom quelconque. Je ne les signale
ir servir à mon historique :
ireuse administrationj dédiée à 3L Necker, in-f® h., au
t à plusieurs teintes;
tin de Monchy, né en 1746, élèye de Saint-Aubin.
ie-Anne (îroisier, née à Parjs en 1765.
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348 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
L*ŒU du Génie ou les armes de M. Necker. Un œil dans uj
cercle rayonnant. Il y a plusieurs états de cette pièce; l'un
signé : Marie-Anne Croisier del., Guyot sculp., l'autre : Moitt»,
sculp. inv. cr. * ;
Vive la danse et le pas de trois, d'après Touzé, in-4® ovale, ave
deux huitains au bas ;
La Vérité toujours triomphe avec le temps ; à MM. les dépu^^^^^^
des États généraux; Marie-Anne Croisier sculp.; in-f* h. ir^^^^
trois huitains au bas. C'est la composition connue de Françc^^f^
Lemoyne, et la copie de la gravure de Laurent Cars ;
Claude Fauchet, évêque du Calvados, ix)rtrait in-8® avec il
allégorie au bas et des emblèmes ecclésiastiques mêlés au boni
de la Liberté ;
Louis-Philippe d*Orléans, portrait en médaillon, entouré
guirlandes de roses et d'Amours * ;
Brissot, portrait en rond ;
Le Curé patriote, vignette in-8«> :
Travaillez, mes enfants, obéissez aux lois;
Je yeiUerai pour vous et défendrai vos droits.
Je n'ai pas ramassé le nom de Marie-Anne Croisier sur d'aut:
petiles pièces, mais il faut lui imputer les vignettes de d
volumes de Prudhomme : les Crimes des Rois et les Crimes ^r:^^
Reines, 1791. Elles sont au nombre de dix; la première po
pour signature : u Gravée par une patriote. » Elles sont grav<
avec assez de couleur, quoique négligemment dessinées, m
elles n'inspirent guère que le dégoût par leur composition.
LOUVION est un graveur historique déterminé, mais dans
manière la plus petite et la plus déplorable. Il suffira de transcri.
i. Le dessin original deMoitteest dans la collection Hennin.
2. Le Manuel de Vamateur d'estampes de M. Leblanc, qui ne cite qu'un
petit nombre de pièces de Marie-Anne Croisier, en mentionne une : Aux
de LouiS'PhUippe d'Orléans, in-f» h.
is
m^
LOUVION. 349
les titres de ses pièces pour les faire juger; le dessin en est ordi-
nadrement maussade et la gravure à l'avenant :
Citoyens de V Univers, la Bienfaisance les unit tous cTun pôle à
VaxjUre, en mémoire des secours donnés aux malheureux par les
f • F, Maçons pendant le rigoureux hyver de 5789 :
Le bien qu'on fait la veille
Fait le bonheur du genre humain. Dorât.
Dessiné par le F. Desrais, composé et gravé par le F. Louvion,
iii-f^ h.;
AvL nom de la Liberté, tout citoyen est soldat et tout soldat
cit^yy^n; généreux dénouement des Gardes nationales parisiennes au
service de la patrie, présenté et gravé par J.-B. Louvion, né
citoyen, in-f« h. ;
xiis XVI, portrait sur un stylobate historié ;
Jioré'Gabriel'Riquetti Mirabeau ' Tremblez, tyrans, qu*il ne
«'év45-£//e, in-f>l.;
^^jprtsentant du peuple en mission;
)el au Diable pour les corps sans tête sur les jugements de
• Le roi, la reine, le dauphin, leur tôte sous le bras, se pré-
vôt devant Minos : a Infâmes scélérats , monstres affreux,
n'êtes seulement pas dignes des Enfers! » J.-B. Louvion se.
1^ d'une pièce de Villeneuve ;
^'Obleau d'histoire naturelle du Diable :
Ce mélange est affireux, mais il est nécessaire;
Mort terrible aux tyrans! périsse l'arbitraire !
'^ — B. Louvion se., in-8®; chapelet de têtes coupées autour de la
^*^^tte et du couperet : « Avis aux intrigans. Traîtres, regardez
^^*emblez ; elle ne perdra son activité que quand vous aurez
u la vie ; »
cz Surprise anglaise; aux honnêtes gens de tout pays; inventé
Tauteur de la gravure des Formes acerbes (Poirier de
j ^ *-^ ^>kerque ) , gravé à Teau - forte par Louvion , fructidor
^^ III 1
350 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
U ordre et la marche des puissances coalisées contre la Fri
1798, in-M.;
Baonaparte, premier consul.
Si l'on pouvait tenir à savoir ce qu'a fait encore ce pitoyahcznizzjiÉ
graveur, il faudrait chercher les frontispices allégoriques
beaucoup de petits livres, qui ont une couleur révolutionné
prononcée et des vignettes, où sa pointe sale rappelle celle
Marie-Anne Groisier. La seule pièce non politique où se troim^
son nom est citée dans le Catalogue Paignon-Dijonval, le
dez'Vous à la fontaine, d'après Etienne Le Sueur.
BLANCHARD * gravait, dès 1793, des vignettes d'un burin
et serré, d'après ses propres dessins, ou d'après les dessins
Desrais et de Binet. On les trouve dans les Saisons, de Thoi
son, 1795; dans la première édition du Voyage autour de
chambre, an VII, et sans doute dans d'autres petits livres. 11
en cinq médaillons sur une seule feuiMe, les Monuments nalioru
éUvès pour la fête de la Fraternité, célébrée /ô 10 août 17
in-i® 1., chez Blanchard, graveur, rue des Mathurîns.
Il publia aussi, dès cette époque, des portraits, qui sont grîfc^ ^^^és
d'une manière peu agréable, mais vive :
JeanrPaul Marat, l'ami du peuple :
Peuple, vois ton ami, qui pour ta liberté
Au péril de ses jours te dit la yérité ;
Bertrand Pelletier, membre du Collège de pharmacie, de 1
stitut national.
Son nom se trouve sur un assez grand nombre de caricatu
traitées d'une façon peu pittoresque, mais suffisante pour
genre:
Le Poisson des jeunes filles, d'après Desrais, chez Basset;
La Roulette ; maison de jeu sous le Directoire; d'après
La Cage ouverte ou le Désordre dans V atelier du peintre;
1. Blanchard père, né en 1766.
le
JEAN-CLAUDE GORJY. 351
Jeumi Artistes ;
irgantua à son grand couvert;
2Voi« sommes sept, chez Basset;
TireiLse de cartes, dessiné par Desrais;
Concert de société^ dessiné par Desrais ;
Promenade à la plaine des Sablons, mode du jour;
Café du Bel-Air, ou les gourmets du Pont-atUrClvange en jouis-
i, chez Martinet.
L.*cBuvre de Blanchard contient enfin des Vues de Paris, des
pai*3.<les militaires, parmi lesquelles on remarque le Défilé des
troxAjpes, devant le premier Consul, dans la cour des Tuileries,
i'^I>rès Naudet, et des portraits de la. Galerie Napoléon.
£>£LAUNAY LE iBDNE, graveur de sujets galants d'après Borel et
^ul>r^^, et de vignettes pour la jolie édition des Contes de la Reine
JVavarre, peut encore être cité ici pour deux estampes :
JLcL Cachette découverte, d'après Fragonard;
i^^s Regrets mérités, d'après M"* Gérard.
Il fit quelques portraits agréables :
•* de Lafayette,
frhres Montgolfier, d'après Houdon ,
et grava encore des frontispices, des vignettes pour les livres de
1*^1* IX, tels que les Fêles et courtisanes de la Grèce, et pour
^' -Es^f^rance, poëme de M. de Saint-Victor,
^^ clorai cette liste, trop longue, des graveurs de vignettes par
deux noms, qui ne se recommandent pas par le mérite, mais uni-
9«ieiti^m par la qualité d'amateurs.
^^HJY*, romancier sentimental, qui a eu un moment sa petite
psue, de 1785 à 1795, ajoutait souvent à ses petits volumes des
^*&nettes de son cru : «Comp. et del. Gorjy. » Le littérateur qui
^^iographé parmi les Oubliés et les dédaignés de la fin du
* "^^^D-ClaudeGoijy, né à Fontainebleau en 1753, mort en 1795.
352 ARTISTES. — DESSINAT. ET GRAV. DE VIGNETTES.
XYIII^ siècle^^ et qui a spirituellement analysé la mesquinerie
la sensibilité de son talent, a oublié de nous dire que ses vignelt
sont à l'unisson du texte, mais fort refroidies par une gravu
pesante, qui est sans doute le fait des graveurs auxquels Goi
conûait ses dessins. Blançay et Us Tablettes sentimentales, q
n'étaient guère que des lectures de demoiselles, n'avaient p
besoin, en effet, comme Paul et Virginie ou comme Werther, à
vignettes de Moreau et de Duplessis-Bertaux ; il leur suiDsi
d'avoir, comme Estelle ou comme Lolotte et Fanfan, une ima
proprette du héros du roman en frontispice.
DE L\ SERRIE*, littérateur plus ambitieux, a eu aussi pi
d'ambition pittoresque. Ses nombreux petits volumes sur toui
sortes de sujets en prose et en vers, et môme sur les arts, publi
de 1794 à 1812, bien imprimés, au témoignage de Beuchot, et tii
à petit nombre, sont parsemés de frontispices et de vignetl
gravés au pointillé sur des dessins assez maussades, bien qu'
soient empruntés quelquefois à des artistes de talent, à Qu
verdo, qui fut son ami, à Boilly, dont il se dit l'élève, à Copia,
Prud'hon et à Garaffe, qu'il appelle aussi ses amis. Il expos
au Salon de l'an IV, un dessin à la pierre noire : le Sommeil
la Beauté,
On trouvera dans Quérard la liste de ses livres. Je n'en citei
qu'un, omis par l'infatigable bibliographe : V Examen critique
concis des plus beaux ouvrages exposés en Van lY^, avec l'épigi
phe : Ludere, non lœdere, où tous les succès du moment se
chantés dans des termes d'une admiration un peu banale.
Quelque jour peut-être un iconophile, pris d'un sentiment
piété patriotique, inventoriera les nombreuses petites gravui
i. Les Oubliés et les dédaignés ^ figures littéraires de la fin du XVm* 8iè<
par M. Charles Monselet, Alençoa, Poulet-fllalassis, 1857, 2 vol. in-12, t
p. 47-87.
2. François-Joseph de La Serrie, né en Vendée en 1770, mort en 1819.
3. Examen critique et concis des plus beaux ouvrages exposés en Van i
par J. de La Serrie, Paris, 1795, in-12.
I
FRANÇOIS-JOSEPH DE LA SERRIE. 353
Serrie^. Pour moi, qui n'ai pas les mêmes motifs, et qui
q' ati trouvé dans cet amateur qu'une disposition fâcheuse à aplatir
et ^ rapetisser au niveau de son pointillé les sujets poétiques et
môixe historiques, je ne citerai, pour les plus curieux, que deux
ou trois morceaux : son portrait, /. de La Serrie se ipsvm deL,
F» ^ueverdo, aatoris amicus, omament. tnv., 1797, médaillon
historié d'un Amour, in-12, et une estampe d'après Caraffe, v/n
Deslrwteur de tombeaux, dédiée à Linval de Senage.
1 • J*ai Yu le plas grand nombre des vignettes de M. de La Serrie entre les
mains de M. Thomas Arnauldet, employé da Cabinet des estampes, qai porte
un intérêt particulier aux artistes du Poitou et de la Vendée, son pays natal.
'23
ï
il. — PEINTBES, DESSINATEURS ET GRAVEURS
D£ PORTRAITS
r^^
La plupart des peintres et des dessinateurs d'histoire faisaient
des portraits, et beaucoup de graveurs de vignettes relevère.-vz^N
aussi leur œuvre avec des portraits, que nous avons eu souyfc^tv^
l'occasion de citer. Il me reste à donner un rang à quelques
tistes, qui ont fait du portrait leur tâche plus exclusive. Ama
Du val, en rendant compte de ses impressions au Salon de Tan 1
témoigne Tétonnement qu'il éprouve en le trouvant si peu o
forme à l'idéal qu'il s'était fait de l'art au sortir de la crise rév^i^
lutionnaire : « Quel fut mon étonnement I je n'aperçus au p
mier coup d'œil qu'un ramas de portraits, etc. Le Salon n'offlC^"^^^^
plus de portraits de marquises, etc., mais on y voit le représe.
tant au panache tricolore. 0 Vanité! tu es donc le plus impéri
sable de tous les vices! » Les peintres de portraits, qui voient
effet de plus près les masques et qui les traçaient à l'huile, a
pastel ou en miniature, nous font bien connaître leur temps, i
nous aurons pour eux plus d'indulgence que le critique de l'an IV^^
VESTIER^ qui avait été reçu de l'Académie en 1786^ et qu
Wille a beaucoup vanté pour le portrait de sa iillc, grand comm
nature a et d'une belle exécution dans toutes ses parties, princi«
paiement dans les vêtements de satin ', » exposa des portraits
très-flatteurs, aux Salons de 1789 et de 1791. Chéry en louait le
n-
^ris-
:Sen
aa
^
^
i . Antoine Vestier, né à ÀYaHon, élève de Pierre, mort en i805.
2. Journal et Mémoires (le Wille, t. U, p. 119.
LOOIS-JACQUES CAT^ELIN. 355
graod )SiiiKx:è8 fut âfem JUaseris (ie Latude, reteou pei^daxi^ P^^
içinq aq3 4ans diverses prisons d'État , représenta à c$t4 d^ U
BaeitiUe en démolition» des échelles de corde qui avaient ^yi h
aoD évasioQ, et.de la lettre de cachet du 28 février ^756 clouée à
un poteau. Lç peÔAtre le grav^ lui-m^e au poii;itiJllé, in-f>, avec
jcesv^rs.:
Instruit par ses malheurs et sa captivité
A vaincre des tyrans les «fforts et la roge,
n upprit aux Français comment le ?rfd cour^i^e
Pevit ponquérir )a lijserté.
Le travail a une vivacité et un agrément dans les nuances qui
font regretter queVestier ne se soit pas appliqué à d'autres pièces.
Canu en a fait une copie en petit format.
Les portraits de Vestîer parurent encore aux Salons de l'an IV
et des années suivantes, sans que les modèles en soient nommés ;
c'étaient une Jeune femme tenant son enfant qu'elle nourrit, une
Femme tenant une cocarde nationale, un Représentant du peuple
en costume, etc. En l'an XII, aux portreâts et aux miniatures or-
éinaîres était jointe une Bacchante.
Deux pièces, gravées par Tresca : V Absence ressentie QiV Absence
adoucie, in-4^ h., peuvent nous faire juger de >la tournure senti-
mentale que Veetier donnait à ses portraits : ce sont deux jeunes
femmes, 4a gorge découverte; l'une tient une lettre^ Tautre pince
de la guitare.
CATHELIN*, de l'Académie depuis 1777, où il avait été reçu sur
un portrait gravé de l'abbé Terray, était l'un desgv^aveurs les plus
accrédités pour la confection des portraits in-4° et in-8P.i.es4)lus
léobés étaient ceu&de la Cour, Louis XVI, Marie-Antomette, Marie-
Adélaïde de France, princesse de Piémont, la comtesse de Provence,
1. EûDplicaiUmet Critiçme mpariùU^, 1791, p. 12, 1^ 63,.
2. Louis-Jacques Cathelin, né h Paris en 1739, élève de Lebas, reçu à l'Aca-
démie en 1777. Il grava une notice dans le Manuel d'Huber et Rost.
I
350 ARTISTES. — peintres; DESSIN. ET GRAV. DE PORTRAITS.
la conUesse d Artois; les plus intéressants, ceux des artistes et
hommes de lettres : Lebas, son maître, qu'il fit deux fois d'à
le dessin de Cochin, Joseph Yemet, Grétry, Diderot; les seuls
touchent à la politique sont ceux de Turgot et de Frankë-
En 1789 il exposait les portraits de Louis, secrétaire perpétuel
l'Académie royale de chirurgie, et de Balechou d'après le
de M. Amavon, chanoine d'Avignon. Il s'efface entièrement da
les premiers Salons delà Révolution, et ne reparaît qu'en l'an VE
et jusqu'à l'an XII, pour se prévaloir sans doute de son titr&
membre de la ci-devant Académie et en n'exposant que des
traits qui ne paraissent faits que pour des livres. Les plus actis
sont ceux de Buffon, de Bernard de Jussieu, et de Dupont
Nemours, d'après Ducreux.
En dehors des portraits il grava un très-petit nombre de piècr
parmi lesquelles je n'ai à citer qu'Èrigone, d'après le tableau
Monsiau.
as
LEBEAU ^, graveur de M. le duc de Chartres, qui disputa à
thelin la gravure des portraits de cour, était un buriniste mo
habile, qui recourut souvent au pointillé et à des ouvrages
plus petit commerce pour éventails et pour boîtes à bonbons
n'en fut pas moins habile à rendre , avec l'agrément requis,
portraits de théâtre. Les premières pièces que l'on cite de lui
des beautés frelatées de Baudouin : la Gorge naissante, l'Épi
de roses, la Réalité du plaisir, la Partie d'osufs frais, et des
gnettes pour les Contes de Fées, d'après Marillier. Voici ses p
cipaux portraits :
M^ de Pompadour, d'après Queverdo;
Louis XVI; en 177i; 1781, d'après Binet;
Marie-Antoinette, en pied ; d'après Leclerc, en 1774; en 17
d'après Binet ;
Marie-Antoinette, en buste ; dessiné et gravé par Lebeau,
prpfil, in-8'; de face, écu historié de deux Amours, în-8«;
81.
de
1. Pierre-Adrien Lebeau, né en 1744.
JOSEPH DUCREUX. 351
'^ouis XVI et Marie-Antoinette, sur la môme planche;
yfecker, d'après Leclerc;
Franklin, d'après Desrais ;
1/. de Juigné, archevêque et député de Paris;
^^ Raucourt, in-8°, scène de Mithridate au bas ;
tf"« Dutey;
tf"» Olivier, d'après Desrais ;
'^ouise de Warens, d'après F. Battoni, in-8<^ ;
'^a comtesse Du Barry, d'après Marillier, in-8<>.
.je nom de Lebeau ne se trouve dans aucune exposition, mais
ît des vignettes et des figures de costumes, incroyables sous
directoire, troubadours sous l'Empire, et il coopéra à plusieurs
Kiches des Tableaux historiques des Campagnes d'Italie, dessinés
' Desrais, Naudet et Pécheux :
^rise de Toulon par l'armée française , le 9 frimaire an II ,
1)rès Naudet ;
l^onquéte de la flotte hollandaise sur la glace, le 25 nivôse an III,
/près Naudet;
Passage du grand Saint-Bernard par l'armée française, le 5 prai-
1 an VIII^ d'après Naudet ;
Bataille de Marengo commandée par le premier Consul, le 25
fc^irial an VIII, d'après Naudet;
^ie de Bonaparte, premier Consul, d'après Naudet.
Le portraitiste le plus objectif de la Révolution fut DUCREUX *.
Eivait eu la bonne fortune en 1769 d'être envoyé à Vienne
ur faire le portrait de Marie -Antoinette, archiduchesse d'Au-
c;he, et il devint premier peintre de la Reine * ; mais la faveur
t:3r lui s'arrêta là. Il s'était présenté trois fois à l'Académie
^vait été refusé ^. Ses peintures et ses pastels parurent donc en
Hic pour la première fois au Salon de 1791.
^. Joseph Dncreux, né à Nancy en 1737, élève de Latour, mort en 1803.
^. Fabien Pillet, Biographie universelle, t. XII, Paris, Ulchaud , 1814, p. 126.
^. Mémoires et Jotêmal de WUle, t. II, p. 142.
35î^ ARTISTES.— PEINTBÊS, DRSSIN. ET SRAV. DE PORTRAITS.
C'étaient des portraits de persotines ineonnnes, qar Mot a.
vivement loués par Chéry *, et des tètes dé caractère, le
un Bailleur, qui n'étaient encore que des portraît^rf On àppreJaacf
par un passage de ÏExplîdaiiM et Critique impatHaie du Sal^yn
de 1791, que ce livre avstit été attribué par les artistes i
Ducreux.
En 1792, Ducreux parait avoir fa^ttiâ toyagè à LotidteÉi il y
publia du moins iét êfiaux-fonés qui ont plus dé vigueur que
d'effet pittoresque. Ce s(ont encore des portraTits, dsns Kattîtude
de >à joie, du âlystèro, de )a désolation ; i)s sont signée : Engrm^
by J. Dùùféux, paintêr of the quem of Ffancô, L$ndon^ ffubli^i^
by ait author, febr. 2, 1792, in-4^ h. *.
Les Salons des années suivantes présentait iin6 liste intS^^
santé des portraits notables de Ducreux :
Eti 179S, SdirU'Huruge, -^ Couthcfn, ^ Robespierre, ^^ ^
Moqueur, etc. — Jansen en a fait ressortir la vérité, la ^^^'
l'expression, quelquefois trop chargée^;
En Tan IV, la C. Lachabaussière , — Lebrun^ -^ Chènier, '^
Méhul, ^— la Ci Beauhamois;
En l'an V, Boissy d'Anglas, président ûul«' prairial, ^
C. Récamièr, en pied, — laC. Labouchardiei étude d'expressi»^^^^'
En l'an VI, la C. Mihul, — Dupont de Nemours, -^Dussat»^^^'
Étude d* après V auteur;
En l'an VII et en Fan IX, Xavier Audouin, — Reyre, — ^ JT^^"
tier, — le Cousin Jacques, — M^ Hamot, etc.
Âtt milieu de ces portraits^ qui n'attiraient que l'attention (^
intéressés 4 la curiosité publique était toujours avivée par "^ ^
figure môme du peintre, qui avait l'habitude de se prendre pdL-^^^^^
sujet d'étude et se représentait en bâilleur, en dormeur, en riet^ ^^ur,
1. Eoopl'tcaiion et Critique impartiale, par M. Û., èitoyeii patriote et téc
dîque, 1701, in-8% p. 10, 24, 27, 39, 45, 63.
2. Mi P. deBaudicdun les » décfHfl sous les titres de : le Rieur, le Disi
le Jowut ëploré {Lé PeintnhOtaveur frtmçaii cMUmui, t V% in-«», 1859). ^ ^
3. Explication et Jugement Motivé, 1793, iii-18, p. 19, 80, 36«
\
MADAME GUYARD. 350
k^Mieur, avec des traits d'une réalité exagérée. L'une daces
Y^ a été gravée sous le titre de U Joueur:
1 fiwt q«e de mes naai eafia Je me déUimi do»;
2... pînx. L. G. T... sculp. In-f*' en pîed.
»eaucoup de portraits de Ducreux ont ^té gravés ; je puis citer :
^upont de Nemours, gravé par Cathelin, în-îâ ;
antier, gravé par Gaucher ;
umoustîer, gravé par le même;
aharpe, gravé par Mîgneret.
armi les femmes en grand nottibrè, qui, au moment de la
olution, avaient conquis par la culture des ails une position
les idées nouvelles ne firent qne conflfiner, Tune d« plus
inguées fut M»« GUYARD *. Elle avait été reçue de KAcadémio
i783 sur le portrait au pastel de Pajou, et fut gratifiée du titre
peintre du Roi et de premier peintre de Mesdames, fen 1790
I prit une part très-active aux discussions de l'Académie, et
t sur sa motion qu'il fut voté dans uneséance que les femmes,
pouvant parvenir au professorat, ni au gouvernement del'Aca-
die, seraient admises au nombre des conseillers*.
In 1789 elle avait exposé, entre autres portraits au pastel,
dame Victoire, montrant une statue de l'Amitié, sur le piédestal
laquelle on lisait :
Précieose aaz Huxnainfl et chère aux Immortels,
rai seule, auprès du trône, un temple et des autels ^
^ 1791, elle exposa les portraitsde plusieurs députés: Ihifort,
tespierre, Beauhamais, Talleyrand; Ghéry les a loués pour leur
, AdéliddeLabille des Vertus, née en 1740, élève de: François-Ëlie Vincent,
itre en miniature; Latour, peintre au pastel; François-André Vincent le fils,
itre d*histoire. Au Salon de Tan vm, elle prend le nom de « M°** Vincent,
eyant Guyard, élève de son mari; » morte en 1803. (Notice par Lebreton,
^asin encyclopédique, 0" année, I, 405-14.)
. Mémoires et Journal de Wille, t n, p. 1264.
. Explication des peintures de Messieurs de V Académie royale, etc., 1789,
I
360 ARTISTES.— PEINTRbS, DESSIN. ET GRAV. DE PORTRAITS.
vérité et leur bonne couleur; il note particulièrement celuï de
1» m^
'.n
Roberspierre: «Toujours de la vérité, du dessin, un peu grisât
Avant de poser pour ce portrait, Roberspierre avait écrit à Tart^iste
une lettre dès plus aimables, qui a été conservée : « On m'ai, dit
que les Grâces vouloient faire mon portrait, etc. '. »
Avec ce certiûcat de civisme, Tartiste traversa sans doute b:^ea-
reusement la Terreur; on ne voit rien d'elle au Salon de l']^^93,
mais, en Tan IV, en Tan VI et en l'an VIII, elle exposa de n^K)m-
breux portraits, parmi lesquels il y a des personnes à connais re :
le C. Lebreton, chef des bureaux des Musées à l'Instruction pu-
blique; le C. Vincent^ peintre; le C, Charles, professeur de plfc. ^si-
que; la C. Capet, peignant en miniature; la C.Guyard, occu;^ ^^
peindre, ayant derrière elle ses deux élèves favorites, M"* R ^^ose-
mont et M"« Capet.
Entre les portraits de M"« Guyard qui ont servi à la grav^^*^'
on peut citer les suivants :
Madame Elisabeth, gravé par Bartolozzi ;
Yien, gravé par Miger, dédié et présenté à l'Académie, 1^^^ ^^
décembre 1790 ;
Brizard, gravé par Avril.
M« BENOIT. Deux demoiselles LEROUX DE LA VILLE d^5^*^
tèrent au Salon de 1791, en exposant une Arièmise, les Adu^^^'*^^
de Psyché et l'Innocence entre le Vice^et la Vertu. Chéry croît y
connaître la manière de David, mais il pense que ces demoiseL
auraient dû s'en tenir aux expositions de M. Lebrun '. L'aînée ^^
p. 20, n* 85. On voit au Louvre six pastels de M*"* Guyard, parmi lesquels
ceux de Pajou, de Vincent, de Jf"»» Victoire {Notice des dessins placis
les galeries du Musée royal, Paris, 1839, iD-12, p. 239).
1. Ea>plicalion et Critique impartiale, 1791, p. 4, 8, 9, 45.
2. Elle a été imprimée dans la Revue universelle des Arts, publiée par
Lacroix, Paris, 1857, in-8% t. V, p. 87, d'après l'autographe du British Moseu
Miscellaneous papers and letters, Egerton 25.
3. Explication et Critique impartiale, 1791, p. 16, 25, 35.
4. Marie-Guilhelmine Leroux de La Ville, femme Benoist, née à Paris >
1768, morte en 1826, élève de M"*' Lebrun et de David.
-* re-
lies
sont
m,
en
MADAME BENOIT. 361
laquelle appartenait le dernier des tableaux cités, parvint cepen-
dant à percer, par son mariage avec un petit littérateur connu
seulement par des traductions de l'anglais et des tripotages dans
l'affaire de la Compagnie des Indes, par sa liaison avec le litté-
rateur plus célèbre Demoustier, qui en fit son Emilie, et enGn par
ses portraits.
Ce ne furent d'abord, dans les Salons de Tan IV et de l'an V,
qu'un tableau , représentant Sapho et des têtes d'étude, où la cit.
La Ville, femme Benoît, logée au Louvre, s'efforçait de justifier
le titre d'élève de David *. En Tan X elle parut avec plus d'éclat,
en donnant des portraits achevés : une Jevne femme avec un en-
fant^ une Jeune fille portant un pot de fleurs, la Sorcière, une
Négresse. Ce dernier tableau, qu'on voit maintenant au Louvre, fut
cité par Bruun Neergaard, pour la pureté de son dessin. Avec ce
talent si subordonné, Nf"^ Benoît arriva cependant à la plus
grande distinction comme peintre de portraits; elle obtint en
l'an XII la médaille de première classe; elle eut la commande de
tous les personnages qui ont l'habitude des trois étoiles dans les
livrets des expositions, entre lesquels on a distingué la princesse
Èlisa, et depuis elle eut le monopole des portraits impériaux
demandés par les Départements. On se Test parfaitement expli-
qué, quand on a su que M. Benoît était devenu, par la protection
du ministre secrétaire d'État Maret, chef de division du départe-
ment de l'intérieur et directeur de la correspondance '.
Les Lettres à Emilie, où on pouvait espérer de voir des illustra-
tions d'Emilie, sans figures dans l'édition originale, ont des por-
traits de Gaucher, des figures de Monnet dans l'édition in-8° de
1801, et des vignettes de Moreau dans l'édition in-18; maison y
trouve un portrait d'Emilie gravé au pointillé. La tête potelée, la
coiffure en bandeau avec de petits accroche-cœurs et le corsage à
1. Noos apprenons, dans une anecdote racontée par Lenoir (David, Souve-
nirs historiques, extrait du Journal de V Institut historique, novembre 1835),
comment ce maître lui apprenait, en corrigeant le trait d*ane tête, à faire
•d*une Grecque une Romaine.
2. Biographie universelle et portative des contemporains, 1836, in-S", 1. 1.
f
"^
36t ARTISTES. T~PElMTRESv DESSIN. ET GRAV. DE PORTRAITS.
jour, aussi biea que les trois vers en marge, sentent parfaitem^L ^«eiu
leur an XII.
La gravure nous fait connaître deux ouvrages de M"^ Benoî'
George-Anne Bellamy^ actrice du théâtre de Covent-\
portrait gravé par Maradan et publié en tête des Mémo!
de Mistress Bellamy, traduits par M. Benoît, an VII « 2
in-8° ;
Négresse^ gravé au burin par Pauquet, 1829.
M"'^ Benoît s'essaya elle-même à la pointe dans quelques pi
ches, où sont jetés des ûgures allégoriques et mythologiqis
des bustes et des grifronnements..J'en ai du moins une sous 1^
yeux, qui porte une annotation indicative; il y a plus de da.^vi*
disme que de correction.
HILAIRE LEDRU ^ était un dessinateur très-exercé dans 1^
portraits à la mine de plomba qui, sorti un moment d^ ^ ^^
foule, s*éleva jusqu'à des compositions expressives, fut ii^^î^
oublié, et rentra dans sa province, où il mourut misérat:^^^
Plusieurs de ses portraits datent du règne de Louis XVI, ^
Ton a cité , parmi ces premiers ouvrages : M^^ Mézihres, cox^^^^
dienne du Roi*, M^^ Rosalie Levasseur de l'Académie royale ^
innsique, Dalayrac, en pied, tenant sa partition de Nina ou ^
Folle par amour.
Il exposa, de Tan IV à Tan IX, un grand nombre de portnu^^^
ordinairement en pied : le général Pichegru, le générai Buon^^^^''^^^
parte, le citoyen Sdiall, M^ Saint-Aubin, le citoyen Martin, artis^
du théâtre Feydeau, et, sur des sujets familiers, des dessins q
affectaient beaucoup de sentiment :
Un Représentant du peuple, entouré de sa famille, répandant d^
qui
des
de
te
de
1. Hilaire Ledru, né à Opi, village entre Arras et Douai, en 1769, élëre <w
Vien , mort en 1840. M. Bédouin a rédigé sur cet artiste une notice intéressanU^
à laquelle le lecteur curieux de connaître Ledru ne sera pas dispensé c^
recourir. Nous n'avons ici que quelques circonstances de son œuvre afférenU^^^
à notre propos. Gazette des Beaux-Arts, t. ni, p. 230, 18h9, in-8».
2. Le portrait de Sl'^« Mézières a été gravé pour la Gazette des BeaxayÂrts^
HIUURE LEDRD. 3^
'S Mr le tombeau de sa première épouse, d'après le tableau de
k\U an V ;
n homme et une femme à la promenade^ an V;
lludô de femme tenant une lettre, an V ;
'^cène de prison, an VI. C'est le dessin gravé par Desnoyers,
s le titre des Pénibles adieux, II avait eu un grand succès dans
limon réactionnaire, qui y voyait les adieux de la famille
aie, alors que l'artiste avait voulu représenter ceux de la
lille Lesurques;
a Fortune perdue, ou la Mort de la marmotte, an VU ;
iude dune Querculane. La Nymphe des bois, dont la vie est
chée à celle d'un chêne, fait d'inutiles efforts pour ne point
éparer de son écorce frappée de la foudre, an VIII ;
a Mort de La Tour d* Auvergne. Ce dessin est un prix d^encou-
3ment obtenu en l'an VII;
idigence et honneur. Une jeune personne repousse les offres
ictrices qu'un jockey vient lui faire de la part de son mal-
etCtanXIL
es plus célèbres des portraits de Ledru, et notamment ceux
Généraux qui paraissent l'avoir recherché de préférence, ont
montré des graveurs. Le plus considérable fut le royal portrait
Directeur Barras, gravé par Tardieu; le plus joli est sans
te Stanislas de Boufjlers, membre de l'Institut, gravé par
cher, in-12.
es autres sont échus aux pointillés :
7urdan, gravé par Gautier et par Coqueret; •
afond; violon des concerts de l'Opéra et de la rue Chante-
le, gravé par Lambert ;
oubert, gravé par Bourgeois ;
emadotle, gravé par Alix et par Lefebvre;
eumonville, gravé par Gautier et par Coqueret;
fasséna, gravé par Coqueret.
[ilaire Ledru est nommé, dans une chronique de l'an VIH, en
ipagnie d'ïsabey, de Fragonard et de Henry, comme un de
s dont les crayons sont aussi pointus que des aiguilles
364 ARTISTES.— PEINTRES, DESSUS. ET GRAV. DE PORTRAITS.
anglaises ^, ce qui veut dire sans doute que ces messieurs
permettaient des caricatures. Nous voyons, par la Notice
M. Hédouin, qu'il avait assez d'esprit pour cela ; dans les dess
et les documents qu'a pu consulter cet amateur, il n'est pas re
de traces de la bonne humeur qu'il avait dans son bon temps,
plus que de la manière dont il avait accommodé une Quevi
lane; c'aurait été, j'imagine, un piquant contraste avec M^^
zières, qui est accommodée avec une robe en chemide, et
superbe chapeau pouf sur une chevelure poudrée.
BONNEVILLE* n'a pris nulle part rang d'artiste; il était po
tant peintre, dessinateur et graveur. Il exposa, en 1793, trois
traits peints : Malarmè, député et président de la Convention- 1^
31 mai, feu Vabbè Auger, de l'Académie des inscriptions, et 1®
Portrait d'un homme libre; mais sa carrière paraît bornée em^t»"^
deux entreprises de librairie, une Collection de portraits et «^ï*
Traité des monnaies, qui l'ont fait confondre quelquefois a
un littérateur libraire, de même nom, assez célèbre par ses éK
cubrations religieuses, ses journaux et son imprimerie du Ce
social.
Les portraits de Bonneville jouirent de peu d'estime pend
la Révolution. Les personnages ne s'y trouvaient pas sans do
assez flattés, et nous verrons qu'ils valurent à l'artiste une dén
ciation à la Commune; leur exécution est fort inégale, et il y
a un grand nombre qui ne sont que des copies, mais, pour
contemporains, on ne peut douter qu'ils ne fussent sou
dessinés d'après nature, et, par leur caractère de réalité,
deviennent, pour beaucoup de personnages, les plus précieux
consulter. Les uns sont dessinés et gravés par Bonneville, 1
autres confiés à toutes sortes de graveurs, bons et mauvai
Sandoz, Maviez, Gautier, Bovinet, Guibert, Compagnie, Sai
Aubin, Duchemin, Phélipeaux, Huot, Lorieux. Je me bornerai — — ^
1 . Petites vérités au grand jour, Paris, an VIII , 'in-i2, p. 80 et 88.
2. François Bonneville.
FRANÇOIS BONNEVILLE. 305
ir les plus intéressants parmi ceux qui sont signés de son nom
il ^ : F. Bonneville del. et sculp.
Marie-Antoinette, Charlotte Corday d'Armans ',
Za Comtesse de Lamotte, Louvet,
Cagliostro, Laharpe,
V« LambcUle, M.-J. Chénier,
M.'J, Phlipon, femme Roland, Hoche,
Charette^ Lalande^
Camille Desmoulins^ Babeuf,
Saint-Just, Sieyès,
David, DuplessiS'Bertaux.
Pour donner à sa collection un certain idéal, Bonneville pla-
t , au frontispice de ses volumes , des figures symboliques :
gcLiilh, la Justice, le Génie, la Discrétion, et il fit, dans le même
ir^e, des figures d'allégorie populaire : la Liberté; V Égalité; la
^XA-^t, une femme dont les seins sont entourés de rameaux
otiône et qui les presse de Tune et l'autre main ; En liberté
«--y^^e toi, moi égal à toi. Ces bustes, dessinés par lui et gravés
E>ointillé, ne sortent pas de la donnée la plus vulgaire. En con-
'-^^nt sa collection, à mesure que la Révolution s'en allait, il
menta de beaucoup de célébrités appartenant à tous les
s. Il y ajouta même, selon les circonstances, VÉtre suprême.
Vieillard barbu, ayant sur la poitrine le triangle fulgurant,
1>lus tard Jésus-Christ et la Vierge Marie, sans se donner
^utre peine que de copier les types les plus altérés.
On trouve le nom de Bonneville sur une seule composition :
^.Portraits des penonnages célèbres de la RévoMion, par François Bonoe-
^le, avec notices par Quénard; 1. 1 et II, Paris, Tauteur, 1796, an IV, in-é»,
^ portraits et 16 planches de costumes; t. m, Paris, Tauteur, 1797, an VI,
Q portr. et 17 pi. de costumes. L'édition fut renouvelée avec un quatrième
f^Iume, Paris, Saint-Jorre, 1802, et 50 portraits de plus.
2. Ce portrait est annoncé dans le Moniteur du 13 septembre 1793 avec la
f>llectîon : « Les hommes vivants sont gravés sur le portrait peint d'après
lature par Vautour la scélérate M. Charlotte Corday, représentée suivant
e rapport fait par Chabot à a Convention , dessinée d*aprè8 nature et de la
lias grande ressemblance. >
I
3tJ6 ARTISTES.— PEINTRES, DESSIN. ET GRAV. DE PORTRAITS.
le Bastringue, ou la Jolie du jour; elle n^est pas faite poar
ver le graveur du rang médiocre où il s'est placé par la moi
tonie de ses portraits.
JEAN GUÉRIN *, un peintre en miniatures, qui avait du suâ
dans les Salons, de l'an VI à Tan XII, par des portraits
grande miniature, parmi lesquels on remarque le général Klè
qui était aussi de Strasbourg, fournit des modèles à plusiei
graveurs au pointillé, comme Roger; celui qui fut le plus
est Fiesinger.
\rs
^g^-aa^4
FIESINGER ^, Alsacien, qui travailla en divers pays, et gr
plusieurs pièces d'après des maîtres italiens, dont la plus
cienne est datée de 1777, vint à Paris, à ce qu'il paraît, pem
la Révolution, et s'y fit connaître en gravant au pointillé, d'à]
Jean Guérin, les Constituants les plus célèbres et les Généi
des premières guerres de la République. Un de ses plus j
portraits, j'ai cité ailleurs les plus célèbres, est le Z)uc dVrléi
médaillon en couleur, gravé d'après le modèle en cire fait
M. Couriguer, in-8*>; le plus considérable est celui de Mirabt
vu de face, dans un rond in-f**; il est, comme les autres, d*a{
J.Guéria, et marqué « engraved by Fiesinger, London, 1793.
en parut un autre état, marqué « déposé à la Bibliothèque naiio)
le 15 germinal an VI. » Le Manuel, qui ne cite pas ce grand \
trait, différent de celui qui fait partie de la suite in-12, a oi
dans sa liste fort incomplète, Buonaparte, et la suite des G(
Faux, qui est assez connue.
Fiesinger fut employé è la gravure dee Assignais, ^t il
signala par ses essais de gravure en taille-douce sur acier* ;
nous ne pouvons dire ce qui lui appartient dans les figures et
ornements, d'ailleurs si distingués, du papier-monnaie, auq
IRC
1. JeaD Gaérin, né à Strasbourg.
9. 1.-Gabviel Pietinger, né à Qffeiiteofa.
3. Camus, Histoire du Polytypage, Paris, an X,i»»8%:p,'^!7 ei90L
GILLES-LOUIS CflRÉTlEiN. 567
^^Vaillèrent Dupeyrat, Gattcaux, Tardieu, et d'autres graveurs
^^ Cioins ou de lettres. Son plus grand mérite est d*avoîr repro-
^^^t les plus jolies miniatures de Ja Révolution ; mais il n'est
P^^ sorti du cercle des politiques et des militaires.
faprès ce que nous rapporte le docteur Mayer, on ne trouvait
^Ji plus en Tan IV, à Paris, sa collection de portraits, et cet
excellent artiste était allé en Angleterre.
ELISABETH 6. HE2<HÂN a signé aussi nombre de portraits de
^^néraux, gravés dans la même manière et diaprés J. Guérin,
^\]i forent publiés, en l'an VI et Tan VII, chez Renooard et chez
laalRpet. J'ai remarqué son nom, parce qu'il se trouve aussi sur
une jolie pièce au pointillé d'après Barto4ozzi, VAm^ur ti Psyché,
qui existe 4ans <un autre état, accommodé pour la Révolution,
avec le titre V Amour et la Rmson, l'adjonction d'un emblème
i triangle et bonnet, et une iong^ie légende républicaine, à Paris,
chez Joubert.
tCHRÉTIËfil S musicien de la Chapelle du Roi, de la Chambre .et
des concerls particuliers de la Reine, à Versailles, joignait h «on
talent sur le violoocelle quelque industrie du portraits Pour y
aider^ il inventa, en I7S64 le physionotrace; c'était, suivant un
rapport officiel, u la combinaison ingénieuse de deux parallélo-
grammes, dont l'objet est de maintenir parallèlement è elle-
même la règle qui porte l'objectif, ainsi que l'objectif- » Bien
que la mise du dessinateur fût assez mince dans les petits profils
ainsi obtenus, Chrétien avait le plus souvent un collaborateur
pour le dessin ou pour la réduction de ses têtes, Fouquet, Four-
nier ou Quenedey ; il les gravait lui-même au lavis sur du fer-
blanc avec beaucoup de finesse.
Après avoir travaillé quelque temps à Versailles, Chrétien vint
I Paris et trouva beaucoup de pratiques. On vit, au Salon de
1. Gilles-Louis Chrétien, né à Versailles en 1751, mort en 1811.
2. Moniteur de 1812, p. 998. Distribution des prh au Conservatoire des arts
et métiers, compte rendu de M. Mollard.
368 ARTISTES.— PEINTRES, DESSIN. ET GRAY. DE PORTRAITS.
1793, cent épreuves de différents portraits en proûls,
parFouquet, peintre en miniature, et gravés par Chrétien; -au
Salon de Uan IV, douze cadres, contenant chacun cinquante p>c^r-
traits, gravés par Chrétien, inventeur du physionotrace; l^s
Salons de l'an V et de Tan VII en eurent encore plusieurs cadi
Le plus grand nombre de ces portraits regardaient des persoar^
obscures; en voici quelques-uns qui ont mérité d'être conser^v^^
dans quelques collections : Bailly, Chabot, Cov/perin, C\jiTi%^jK^,
Lechapelier, Letoumeur, Marat,' Pètion, Rabaud-Pommier^ ^
C. Cabrol, femme de Rabaut, la C. Robespierre.
Ces portraits sont tous précieux par leur authenticité ; les jpc:^ t-
traits de femmes se distinguent encore par la finesse de la phy^i*^
nomie, l'accoutrement des cheveux et du corsage. Grâce à I^^ *^
naïveté, telles figures inconnues nous intéressent encore, corm^^sM^
images idéales de celles que nous regrettons de ne pas tenir.
L'art et l'industrie du portrait ne menèrent pas Chrétien
loin^ à ce qu'il paraît. La musique resta son art de prédilecti'
il fut musicien de S. M. l'empereur et roi, en 1807, fit jouer^
opéra et composa un livre, la Musique considérée comme scié
naturelle^, avec des planches, qu'il gravait lui-même en 1^ ^^*'
année de sa mort. Bouchardy se donna ensuite comme son i is-^JC-
k
cesseur dans l'exploitation du physionotrace.
QUÉNEDEY*; peintre en miniature, fut associé, dès 178Êl3t «
l'invention de Chrétien, et travailla d'abord avec lui; il se sép^^'^'^
au bout de peu de temps, et exploita le procédé pour son com^^^^'
en employant des graveurs chez lui pour la confection de ^
portraits et en les gravant ensuite lui-même*. Il travaUla à p^^-"^"^
1. Paris, Tauteor et Michaud, 1811, in-S».
• 2. Edme Quénedey, né à Riceys-le-Haut (Aube), 1756, élèye de Derosi^^^^
Dijon, mort en 1830. n a laissé deux fiUes qui ont pratiqué la miniatni^ "^^ ^
la gravure. C'est au gendre de l'une d'elles, excellent bibliothécaire, qu^^ '^^^
dois mes renseignements sur Chrétien et sur Quénedey.
3. Il demeura d'abord' rue Croix-des-Petits^hamps, hôtel de Lussan, ^^ ^
puis cour des Fontaines.
£DME QUENEDEY. 369
[it les premières années de la Révolution. On ne trouve pas
m, il est vrai , dans les livrets des Salons, mais le physio-
e est mentionné honorablement sous son nom, dans une
stance fameuse, à l'Assemblée nationale ; il est annoncé
î Voyageur à Paris de Tannée 1790* ; on trouve parmi ses
ils plusieurs célébrités de ce temps, et en Tau 111, le Monv-
cmouçait encore de lui les portraits de J.-/. Rousseau et de
n. Dans les années qui suivirent, il voyagea, il alla à
les, à Gand, à Hambourg, où il resta cinq ans, faisant
[)alement des miniatures. De retour à i'aris en Tan X, il
la fabrication des portraits '.
i des listes des portraits exécutés par Quénedey, renfermant
e quinze cents noms, divisés par lettres de Talphabet et
Isés par chiffres de 1 à 100. Il y a là le tiers et le quart,
pourtant quelques noms connus, appartenant à des épo-
lîverses :
Faujas de SainP-Fond, Â. b ;
de Montakmbert, B. 3 ;
Lavaur, B. 50 ;
ie Narbonne, B. 63;
de Staël, ambassadrice de Suède, B. 70 ;
David, G. 19 ;
de SairU^imon, GUe du marquis, E. 91 ;
la princesse de Salm, F. 10 ;
Panckoucke, F. 30 ;
r Voyageur à Paris, par Thierry, 1790, 2 vol. in -12. « M. Quénedcy,
en miniature, fait, par le moyen du physionotrace, inventé par
étien , le portrait d*une ressemblance dont le plus habile dessinateur
lerait difficilement. Quatre à cinq minutes suffisent pour calquer la
à Taide de cette machine, et les portraits qui sortent des mains de cet
ne jpeuvent être comparés qu'à ceux qui sont moulés sur nature. Il
ensuite ces portraits à la grandeur de 18 Ugnes et les grave d'une ma-
ui lui est particulière, et dont les connaisseurs admirent le trait. Il en
douze épreuves, avec- la planche et le premier trait grand comme na-
our le prix modique de 24 livres. »
. demeure fut alors rue Neuve-de^Petits-Champs.
24
370 ARTISTES.— PEINTRES, DBS8IN« ET GRAV. DE PORTHAITS
Jf.D«MUe,0.d8;
U^* la moomteuB de BreteuU, G. 6a ;
M. HèrauU de SMyiUes, 6. 71 ;
U^ la vicomtesse de Saint-Priesi, U. 4;
M. le chevalier de Pougens, i. 70;
M. Pigault-Lebrun, Q. 92.
On trouve de plus, dans les collections, beaucoup de poiti — ^ta
de Quénedey qui ne sont point portés sur ses listes et n'osl pat
de numéro d'ordre. Il y en a d'une dimension plus grande, ily
en a même qui sont de face et ont été faits sans le secours do
pbysionotrace. Je noterai encore parmi ceux-ci :
Bamave^ -^Lafeuyette, — Ànachanis ClooU, — Desèze, — dÈ^^'
mesnU^ — Biot, — Monge, dédié aux élèves de l'École polytL. 9^'
nique, in-Zi^*, — Sèb. Bach, — Gréiry, — M^L — plusieura aui
mosidens, et enfin son propre portrait.
Les grands portraits de Quénedey manquent d'art et de
mais, dans ses petits portraits, on retrouve les qualités
nous avons relevées dans ceux de Chrétien. Les profUs de fei
y sont précieux. Le plus rare assurément est celui de M*
Stael^, qui nous la livre dans les plus naïves illusions de
jeunesse, l'œil étincetaint, la bouche grosse et entr'ou^
C'est un trait, sans encadrement et à peine ombré, qui la rep^c9^
sente avec une chevelure à boucles étagées et retombant sui ^'^
nuque, et avec une robe à pèlerine, collerette et fidui enflé ^ ^^
la gorge.
II y a un autre profil de femme, lavé sur fond bistre et siga^^^ °^ '
Quénedey del, et sculp., qui est attribué à Jf"» Tallien. La coiffit-^*'"^
est ornée de l'anadème, conformément aux modèles grecs des^^^-^^^
nés par Willemin, et le corsage, tout ouvert, est retenu s^^^ ^
l'épaule gauche par un camée. On retrouve dans ses traits l'a— ^ ^"
ouvert, le nez fin et la ganache forte, qui sont bien connus par -^'^'^
portrait de Gérard.
1. On le trouve, ainsi que beaucoup d^autres portraits de Quénedey et
Chrétien, au Cabinet des estampes.
i
GABRIEL. 371
GONOADS qo'oQ trouve gravant, dès 17^, d'après Goehin,
an portrait de Lempereur, ancien èdtsvin de la ville de PariÈ, cité
dans le Catalogue Paignon-Dijonval , et des Académies de femme,
au lavis, citées par Basan, publia, en l*an VII, une CoUection des
porhmts des membres composant le Corps législatif. Ce sont de
petits médaillons sur fond noir, encadrés, au nombre de quarante
sur chaque feuille ; il y en a quatre livraisons au moin$. L'exé-
cution ne manque pas de relief, mais le principal mérite de cette
collection consiste dans la rareté des portraits qu'elle renferme ;
le succès dut en être nul et l'édition mise aix pilon.
GABRIEL. Les collecteurs de portraits ont certainement re-
marqué, dans le n(Mnbre des personnages de quelque illustra-
tion dont on édite la ressemblance posthume, souvent avec si peu
de scrupule, les portraits des plus fameux révolutionnaires, des-
sinés d'après nature par Gabriel, gravés à l'eau-forteen imitation
de mine de plomb, et publiés chez Vignères, rue du Carrousel, de
18Z»2 à 18/(6. Marat à la tribune, Couthon, Léonard Bourdon,
Lebon, Hébert, Henriot, Maillard, pour ne citer que les plus sail-
lants, y paraissent avec un accent de vérité souvent cruelle, que
les portraits même contemporains ne 'donnent pas, et ils se seront
demandés qui était ce Gabriel. Voici ce que j'en ai appris.
Vers 18/^0, on voyait souvent passer dans la rue du Carrousel,
autrefois si chère aux iconophiles, un petit vieillard, d'environ
soixante-quinze ans, qui s'arrêtait avec curiosité devant les por-
traits étalés chez Vignères, attiré surtout par ceux de quelque
figure révolutionnaire, devant laquelle il ne pouvait s'empêcher de
murmurer. Il avait été, lui aussi, peintre de portraits dans son hou
temps, ou plutôt dessinateur au crayon de couleur, mais si insou-
1. François Gonord, né à Saint-Germain, graveur dans le genre du crayon
'oubert); Gounord ou Gounard, dessinateur de portraits, graveur dans le
enre des dessins trav. en 1761, 1798 (Zani). — (H y a eu à la même époque
^ Gounod qui a donné des jolis portraits au crayon. J'en ai vu un certain
c^xnbre, et j*en possède même un , représentant mon grand-oncle paternel et
Knô : « Gounod Tec. 1784. » A. de M. )
'i
372 ARTISTES.— PEINTRES, DESSIN. ET GRAV. DE PORTRAITS.
ciant ou si libertador, comme il disait, qu'il ne faisait pas po;
ses modèles et ne saisissait les physionomies qu'au vol; aussi
put-il jamais devenir un artiste, môme pour l'usage des resse
blances de famille. Jeune en 1793, et avide des spectacles rév^<
lutionnaires,11 avait saisi à la Commune, à la Convention
dans la rue, à la pointe de son crayon et dans la coiffe de
chapeau, les physionomies qui l'avaient le plus frappé, et, s*fl
les a chargées quelquefois, c'est uniquement par l'effet de la pr^—
occupation du moment. Ce sont ces croquis que l'éditeur a Tatit,
graver. Ils forment un complément intéressant aux portraits
Bonqeville, de Vérité et de Dejabin , et gardent un cachet
liberté que n'ont jamais des portraits gravés pour le public. •
Gabriel ne fit jamais ressource de la gravure. On lui attribue
cependant un portrait de Bougaintille, au pointillé, in-8<*, et
Mécou grava un portrait de M^ de Maintenon, d'après son dessin,
qui parait fait sur une estampe de Bonnart.
.£l
^
^- GRAVEURS SUR BOIS, GRAVEURS EN MÉDAILLES.
GRAVEURS SUR BOIS.
■--^ gravure en bois, que la famille.des Lesueur avait continuée
*^^s Louis XV, et qu'elle avait heureusement appliquée à la repro-
"^otîon des dessins de maîtres, était, sous Louis XVI, fort négligée
"^Os le commerce des estampes, tout envahi par les manières
pi Us finies du crayon, du pointillé, du lavis et de la couleur. La
nôvol ution eut moins de répugnance pour ses rudes façons, et
ûous allons la voir installée, en concurrence avec la taille-douce,
^^^ l^s têtes de lettres, les frontispices, les assignats, les jour-
ï^ux , indépendamment des placards et des cartes, de tout temps
^^^ol us aux tailleurs de bois.
^RUGNET, prote d'imprimerie, devenu dessinateur et graveur
f ''^guettes et de fleurons, est déjà cité par Papillon pour ses
*^FK>sitions à graver en bois *. On trouve ses gravures au burin
L^irk«» 1^ Œuvres de La Monnaye, 1770; YOraison funèbre de
XV, par M. de Beauvais, 1774*; ]es Contes moraux, de Mar-
*^^^ïitel. 11 avait de la variété dans ses travaux et de la douceur
s ses expressions.
^es gravures en bois échappent plus facilement aux recber-
^ • Traité historique et pratique de la gravure en &oû, Paris, 1766, 2 vol.
'^^-«% t.I,p. 336.
% OEuvres choisies de Bernard de La Monnaye, Paris, 1770, 2 vol. în-4'',
^ piècw (Leblanc). — Oraison funèbre de Louis XV le Bien-Aimé, par M. J.-B.-
C.-N. de Beauvais, évêque de Senlis, Paris, Desprez, 1774, in-4*, 2 pièces.
374
ARTISTES. — GRAVEURS SUR BOIS.
ches ; ce n'était que des fleurons ou des culs-de-lampe pour 1
nement des justifications typographiques. II y en a une qui
sente des enfants au milieu d'objets d'art, en tête des catalogr
de vente de Lebrun, de 1786 à 1788. Voici celles où j'ai tro
son nom et qui se rapportent au temps de la Révolution ; b
coup d'autres ont dû rester anonymes :
Administration centrale des armes. Égalité, Lib&rtè, Beugne'fe
le Génie de la Liberté devant un forgeron; en-tête de lettre;
L'Architecture, femme assise sur une corniche et suspends
un plomb contre un tronçon de colonne; fleuron;
Mercure; vires acquirit eundo; fleuron du Mercure de
Paris, Didot le jeune, an VIIÎ ;
Buste d'Aide le Jeune, d'après un ancien bois;
Marques des Aide, n<** 1, 2, 3 et 4.
Ces dernières pièces ont été faîtes pour la Notice sur les tr'^ris
Manuce, du libraire Renouard, qui a bien voulu dire dans s*
préface « qu'il les tenait de la main de feu Beugnet, l'un de oo^
meilleurs graveurs sur bois^» On apprend par là qu'il venait
mourir en Tan XH.
es
u-
M.;
DUGOURG ^ s'était fait connaître avant la Révolution par
grande gravure au burin, la Prière à Vénus, d'après Netscher
par des dessins de sujets de galanterie, de costume, et même
portraits, fournis à des graveurs, plus habiles que lui à polir 1
ouvrage, Trière, Lebeau, Elluin, Ingouf, A.-F. David. ïl a
essayé de nouveaux procédés dans la gravure des ornements»
ces pièces, les plus intéressantes à rappeler pour l'histoire
la gravure, fournissent l'indice le plus sûr du talent véritable
Dugourc, comme dessinateur et graveur :
Arabesques, inventés et gravés par J.-D. Dugourc, 1782,
Paris, chez Chereau. Six pièces in-8° : l® Titre, 2° la Terre, 3«
i. Notice sur la vie et les ouvrages des trois Manuce, Paris, an
1803, in-go.
2. Jean-Démosthène Dugourc, nô ea 17Ô0 h Paris,8«lonBaaaa,(à V
dit Brulliot), ^lôve de SaintrAubin.
JEAN-DÉMOSTHÈNE DUGOURC. 375
; à* l'Eau, 5*' Vénus ou la Coquetterie, 6^ Mars ou là Guerre;
« pièces sont marquées d'un monogramme : DG.
erres gravées : Guerrier greo défendant un corps. Deux lèles
tes, in-d* h. Essai dessiné par J.-D. Dugourc, et multiplié par
[offman, le 23 avril 178S ;
mime assise, une urne à la main, prhs d*un tombeau, io^^ 1.
i retouché le 22 avril 1783, par i.-D. Dugourc.
isan, en citant les Arabesques de Dugourc, dit : « Il a« ainsi
Lagrenée, fait Tessai de ce genre de gravure, opération chi-
ae par le moyen de laquelle, en deux heures de temps^ on
graver une planche en employant une encre mordante
itée par Hoffmann ; mais cela n'a pas réussi *. » Cela veut
sans doute, que le procédé fut trouvé trop sale, mais on
voir qu'il ne. manque ni de force ni de variété, et qu'il fait
r les qualités solides du dessin de Dugourc. Get|e habileté
les ornements, et dans l'emploi de nouveaux procédés de
ire et d'impression, le servit ; au moment de la Révolution,
tblit une fabrique républicaine de papiers peints, place du
»usel, au ci-devant hôtel Longueville', et se fit une réputa*
^mme décorateur d'arabesques'.
fabrication des papiers peints, qui se faisait au moyen de
thés gravées et de patrons découpés, avec des enluminures,
cie les estampes sur bois, était depuis l'origine entre les
s des mêmes ouvriers, nommés dominotiers, imagers et
siers; mais ils se réduisaient autrefois à des dominos, c'est-
e à des papiers marbrés, ou ornés de Grotesques, pour la
Mure de livres, des coffres, et la décoration des petits cabi-
Par l'effet de la Révolution, ils allaient prendre la plus
de extension pour la décoration des appartements^, et il est
DifitfOMmitri dm ffraoewrt, Paris, 1780, 1. 1, p. 102.
/ûtotre de la SociUé fram^ê pendant la"Hévol%Ui<m , 1854, In-S*, p. 06.
^pùnse à Véorit de M. Beyerié, sur la fabrication des pièces de 45 sols,
apré, graTear général, in-S^, de Timpr. du Cercle social.
JM citoyens Dagnet, Miricants de papiers peints, boalivard du Temple,
Dtèrent à la Gonventioa les Tables de laConstitation de 1703 et ceUes des
i
370 ARTISTES. — GRAVEURS SUR BOIS.
curieux de les voir encore à ce moment-là entre les mains A^
graveurs sur bois. L'abolition des maîtrises ne fit que mî^^^
cimenter l'alliance de l'art et de l'industrie.
Les cartiers tentèrent une innovation et voulurent révoliitioth
ner les rois, les dames et les valets en possession depuis Otat-
les Vif. Delâtre, Mandron, Ybert, Chassonerie, ^inot, Lefer, Meu-
nier et l.achapelle se réunirent pour adopter un modèle oii ces
gothiques figures étaient remplacées par les Sages . Solon, Ca^^^^
Rousseau, Brutus; les Vertus : Justice, Prudence, Uniofi, F(^^ce;
et les Braves : Annibal , Horace, Decius MuSy Scxvola, en co^^-
mes antiques^ Si Ton en juge par le jeu qui porte le nonm ^^
«
Chassonerie, les dessins malhabiles qu'ils adoptèrent ne
gnaient d'aucun progrès dans l'art du cartier. Mais j'en con
un autre sans nom de cartier qui est dessiné et gravé avec
d'expression et d'adresse : il présente en outre cette circons
curieuse que le brave de cœur représente un Sans-culotte, e
brave de trèfle un vainqueur de la Bastille^.
Dugourc se distingua dans la fabrication des cartes repu
caines.
Les figures des cartes de Dugourc, composées de quatre
nies : de la Gueire, du Commerce, de la Paia>ei des Arts; de qu
Libertés : des Cultes, des Professions, du Mariage et de la
et de quatre Égalités : de Devoirs, de Couleur, de Droits et
Rangs, sont dessinées avec tant de fierté qu'elles ont été génét^
lement attribuées à David'. Elles sont pourtant bien signées;
.«^
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ra-
ie
Droits de Thomme, gravées et imprimées en gros caractères, qui furent
dans le lieu de ses séances; ces feuilles avaient 7 pieds de h. sur 3 1/3
large ; Moniteur du 24 pluviôse an II.
1. Ils annoncèrent la mise en vente de leurs nouvelles cartes dans le
teur du 4 ventôse an II.
2. 11 y en a d'autres indiquées dans les Cartes à jouer par Paul Boitea^^
mais sans les détails suffisant! pour les faire connaître.
3. Dictionnaire encyclopédique de la France, par Ph. Lebas. Paris, DidoP^'
1841, in-8°, t. IV, p. 216. Les Cartes à jouer et ta Cartomancie, par
Boiteau, Paris, Hachette, 1854, in-12, p. 120. David fut chargé, en 1808,
Tadministration , de faire faire par ses élèves des dessins de cartes. Des essai
de
it» ^
•%
JEAN-DKMOSTHÈNË DUGOURC. 377
Ghiie de la Guerre porte pour adresse : « Par brevet d'invention,
Jaume et Dugourc » ; un Génie de la République française et VÉga-
lUé de Couleur portent pour signature : n Dugourc inv., Tan II
de la République, par brevet d'invention. » On en a aussi un état
imprimé sur papier avec le prospectus de l'invention : « Par bre-
vet d'invention, nouvelles cartes de la République française. Ces
cartes sont fabriquées par V. Jaume et J.-D. Dugourc. Le dépôt
général est rue Sâint-Nicaise; » in-f° (coll. Hennin).
D'après un document publié il y a quelques années, Henri Saint-
Simon, depuis célèbre par la publication d'idées philosophiques
d'où sortit une secte religieuse, aurait été le créateur de ces cartes
et le propriétaire du brevet en indivis avec les citoyens Jaume et
Dugourc*. Mais ce qui nous intéresse uniquement ici, c'est le
dessin, et l'on ne peut y méconnaître la manière de Dugourc. Le
trait en est fin et bien mouvementé, les têtes sont vives, les cos-
tumes variés, les attributs nombreux. On y sent toutes les res-
sources d'un dessinateur habile à symboliser les figures; dans les
ÈgcUiUs, lecostume, militaire, sans-culotte et judiciaire, est abordé
avec hardiesse. Il est fâcheux seulement que toute la distinction
de ces figures soit dans le trait noir donné par le moule, et
qu'elle ait été compromise par les couleurs imprimées grossière-
ment et sur de mauvais patrons, mais Dugourc n'était pas cartier
et n'eut ici qu'un mauvais enlumineur; c'est sans doute le fait de
Son associé Jaume'.
«
'ureiit faits, mais ils n^ont pas eu de suite. Exposition universelle de 1855, Extrait
les Rapports, par M. Merlin, Paris, Imprimerie impériale, 1856, in-18, p. 126.
i. Souvenirs de la marquise de Créquy, Paris, 1835, t. VII, p. 92. Aucune
biographie de Saint-Simon, à notre connaissance, ne rapporte le fait. Les'
caatériaux dont s*e8t servi le rédacteur de ces Souvenirs ^ M. de Gourchamp ,
ont suspects ; mais il est inadmissible quMl ait imaginé la réimpression d*un
^Tospectus: Par brevet d'invention^ nouvelles cartes à jouer de la République
française, de Vlmprimerie des nouvelles cartes^ rue Saint'NiciUse, et la com-
position d*une lettre où Saint-Simon se déclare le créateur et le propriétaire
-Mi indivis avec les citoyens Jaume et Dugourc.
2. Ils annoncèrent leur invention dans le Journal de Paris; Histoire de la
Société française pendant la Révolution , p. 289.
\
.178 ARTISTES. — GRAVEURS SUR BOIS.
On ne s'étonnera pas de voir ici traités avec importance des
ouvrages aussi é^mentaires. Dans les moments de crise et de
renouvellement de l'art, les éléments prennent le même intérêt
qu'ils avaient aux moments de rorigine, et provoquent les mômes
accidents. Des productions, d'apparence inférienre, niais reoAiût
un germe vivace, prennent le pas sur des productions d*éclat,
mais entachées du vice de mort. Les petits ouvrages, auxquels
Degourc fut amené, en reprenant la pratique de la gravure ea
bois, recommanderont ici son nom mieux qne la belle piice
galante par laquelle il avait commencé :
Liberté; assise, tenant une pique et une couronne, appuyée sur
le socle d'one statue de la Nature :
Républicaio, sois juste et chéris ta patrie;
Dugourc et Dupiat fec.; in^l2 ;
Liberté; assise, à ses pieds un coq et une branche de chèKB® •
RépMique française; Dugourc et Dupiat f.; ovale; tête ^"^
lettre du Ministère de l'intérieur ;
Liberté; assise, accoudée sur un faisceau ; l'Œil rayonnant ^^'
dessus : Comité de législaiion; ovale ;
Liberté; debout sur une nef, tenant un trident et une v^^^'^
enflée : Liberté des mers;
Liberté; assise au milieu d'attributs : Censtitution de l'an /J^^
Directoire exécutif;
Liberté; assise sur une proue, tenant un trident : Marine et ColO'
nies ; ovale ;
Bellone; assise : Armées de terre; ovale;
Justice; assise à côté de l'autel de la Patrie; grand médailloa
octogone;
L'Eloquence; debout à une tribune : lïèfhM>lique f)rançai$e, 7Vt-
bwnat; ovale;
Victoire sur un quadrige; Dugourc et Dupiat se. ;
Génie; tenant un rouleau au*de$sus d'un cippe : Conseil dês
Anciens; ovale;
Génie; tenant des foudres : Victoires ; médaillon rond ;
i
^
JEAN-DEMOSTHÈNE D13G0URC. 379
Génie; daos un cartouche : IHrectoire eùoècutif, Minière des
finances;
Trophée d'armes : Aux Armées fnmçaises victorieuses des puis-
sances coalisées; Dugourc et Duplat fec. ;
Frontispice du livre intitulé : Campagnes des Français, Rapport
de Camot à la Convention^;
Chêne; au-^iessous un^faisceauy une pique et un chien : Forêts
ntuionales; Dugoure et Duplat.
Panoplie dans une couronne de chêne ; Dugourc et Duplat fec. ;
Aigle, les ailes déployées sur un foudre, et des branches de
cliéne; Dugourc et Duplat fec.
Toutes ces petites figures se font remarquer par la force et la
Oouveauté des types, par la convenance des attributs, et, on i>eut
Ic) dire, par le style élevé de la composition; après les belles
Oompositions de Prud*hon, on les distinguera toujours de la foule
clés vignettes officielles, qui n'ont d'intérêt que par leurs emblè-
xneSv Gt. où le dessinateur et le graveur sur bois se montrent éga-
lement maladroits. Ces petites scènes sont gravées d'une ma-
i:aière un peu lourde, mais dans les conditions inhérentes à la
tiaille de bois, quand elle ne cherche pas à imiter la taille-douce,
^vec des traits qui ne se croisent pas et trouvent cependant des
«contours très-justes, des expressions charmantes et des effets
suffisants. Elles sont signées : « Dug. et Dupl. fec.» Les gra-
veurs s'y sont aussi signalés dans les compartiments d'orne-
ments antiques et de faisceaux comiques placés au-dessous des
scèoes. En dehors de ces pièces d'imprimerie officielle, nos gra-
1 . Paris, de Tlmprimerie de la République, messidor an III , in-iS. Le volume
contient de plus un fleuron de titre Qfc une vignette, en tète du rapport, gravés
sur bois. Une note autographe de Carnot, jointe au dessin original à la mine
de plomb du frontispice, portait : « Parmi les dessins présentés pour servir de
frontispice, eelui-d me parait préférable; » Bihliothiqtie Pixérécourt, 1839,
in-8**, n<^ 1899. L^exemplaire auquel se rapporte la note du catalogue n*était
qu*une réimpression sous le titre Exploits dès Français, etc., Bàle, 1796. Le
rapport fut encore publié en placard par Dugourc et Duplat, sous le titre Cam'
pagmes des Français, pancai*te à 4 colonnes historiées de trophées , Paris, de
rimpr. nat., l'an IV.
380 ARTISTES. — GRAVEURS SUK BOIS.
veurs sur bois trouvèrent alors bien peu d'occasions d'exercer
leur talent.
Après cette heureuse excursion dans le domaine de la gravure
en bois, Dugourc fournit des sujets dessinés à des graveurs de
vignettes :
Les Contes de La Fontaine, éd.. Didot in-12, 1795 ;
Buste, médaillon et tombeau de Mane-Èlisabeth Joly, actrice du
Théâtre-Français. Trois pièces in-1 8 gravées par Fortier'.
Il dessina et grava, avec Berthault,un Temple égyptien, in-t^^^y
lavis bistré : J.-D. Dugourc; Dugourc et Berthault sculp.
Il tomba ensuite dans l'illustration de la poésie de TEmpiT^*
le Temple des Souvenirs, — Mes pauvres petits agneaux, — V^^^*
venez, mes chers moiUons, — et dans les vignettes des /r»^'
diAtala, etc., gravées par des pointilleurs qui font de ses de^>si^^
des images; mais la solidité de ses figures s'y fait encore r^^^^^"
naître. On lit sur les pièces A'Atala : « Peint par Dugourc, d^si-
nateurdes Menus plaisirs du roi. » Le vieux cartier républicain a
donc fini par là.
DUPLAT. Dans la plupart des pièces que nous venons de r iter,
on a vu le nom de Duplat associé à celui de Dugourc. Il a -» ^^
plus, signé seul quelques morceaux :
Un Canonnier à sa pièce, Duplat se.;
La Paix, assise, tenant une gerbe et un caducée, au milieu cJ*^^*
tributs, DP.
On peut en conclure qu'il a été plus particulièrement le e-^^^
leur des bois dont Dugourc faisait les dessins*. En l'an XII, il
établi graveur sur bois, rue Serpente. Il est cité avec éloges _
Camus comme ayant gravé pour lui deux planches en fac-sine:^^
T
1 . Pour le Uvre intitulé : Aux mânes de Marie Elisabeth Joly^ etc., par
lomboy, son mari. Paris, an Vn, in-18.
2. Indépendamment des lettres officielles où se rencontrent les bois
nous ayons décrits, on les trouve en grande partie reproduits dans une feu^
de modèles d'imprimerie, avec cette inscription : Gravé sur bois par DupE
à Paris, rue Serpente, n*" 16, imprimé chez GiUé flls.
AiNONYBIES. 381
is bois des livres de Bamberg, de 1/|62^; Texactitude de ces
productions est en effet très - méritoire pour l'époque. En
in Xlil, la Société d'encouragement pour l'industrie nationale
ant ouvert un concours pour la gravure en bois, Duplat obtint
médaille comme étant le seul artiste qui ait conservé en
ance uu art précieux. Les éloges qu'il obtint à cette occasion,
pour des ouvrages qui remontaient au temps de la République
qui étaient faits en collaboration avec Dugourc, sont mérités ;
taille, bien prise dans ses véritables conditions, a des qualités
g^es des meilleurs temps de la gravure en bois, une solidité et
le netteté qui ne nuisent pas à l'effet. Mais Duplat n'était point
1 artiste, et l'encouragement qu'il reçut s'appliquait au polyty-
tge des planches, application heureuse d'une découverte de
mprimerie. Dugourc, à l'influence duquel était due la distinc-
>n de la gravure en bois, n'était pas mentionné dans le ra{^rt.
1 reste, ce ne fut qu'une apparition. Cet art, comme bien d'au-
es, ne devait pas survivre à la Révolution. La Société ayant
aintenu la question pour le prix dans les années suivantes,
iaiprimeur Gillé exposa des modèles de gravure, dont quelques-
os étaient destinés par des artistes comme Tourcaty, et gravés
ir un tailleur qui se nomme Bénard ; elles témoignent d'une
ilière inaptitude*.
ANONYMES. La Révolution, dans le besoin qu'elle eut d'images
bon marché, suscita d'autres gravures sur bois qui sont restées
aonymes. Après les lettres et les circulaires administratives, qui
mtes portaient en tête une Liberté ou quelque autre symbole, il
eut les journaux, les placards et les feuilles criées par les rues,
ù, au milieu de beaucoup d'ouvrages indignes, on rencontre
Qcore des figures intéressantes à divers titres. Je signalerai, soit
our leur exécution, soit pour leur sujet, les pièces qui ne sau-
i. Notice d*un Uyre imprimé à Bamberg. Paris, Baudouin, an VII,iii-4«, p. 28.
2. Bulletin à» la Société d'encouragement, U III, Paris, an XITI, 1805;
innales de la Chalcographie générale, Paris, VaUin, 1800, in-8**, p. 201.
L
382 ARTISTES. —GRAVEURS SUR BOIS.
raient trouver place dans les aotres divisions de ce travail:
Les ti^es et les timbres du BrMéHn des Lois de la RèpnMtfU,
dont les figures et les attributs varies seront décrits ailleurs. | ^
Les cartoiu^i^es et ornements à emblèmes républicains de Timpri-
inerie Tremblay, rue Basse-Saint-Denis. 1 ^
Le titre et les fourneaux du journal d'Hébert : Je suis le vèrtuAk I ^ ^
père Duchesne, foutre ! On y voit un sans-<ulotte, 6n carmagnole |"^
et tricorne, la pipe à la bouche, les pistolets à la ceinture et la
hache levée sur un prêtre suppliant, à c6té d'un poêle oà sont
posés la bouteille et le fusil.
Bustes couronnés de LepelUtier et de Marat, de grandeur natih
relie, dans des médaillons en papier peint. Deux pièces in-f*.
Pelletier, Marat, Barra, Chaiier, Yiala^ cinq médaillons sur une
feuille. Ils sont imprimés sur fond noir, ou sur fond rouge, ^^
tout à fait semblables à des incunables.
Pkantasmagorie. Figure de l'affiche du spectacle de Paul PbU^*
dort« qui démontrait, rue de i^ichelieu, hôtel de Chartres, ^^
moyens qu*ont employés les fourbes de tous les temps pour frap"
per les imaginations faibles» In-f<^, de Timpr. de Valade,
vier 1793 ;
Homm^age à l'Étemel. Profession de foi des hommes libres,
par le citoyen Prévost. Placard ; texte en deux colonnes, dan3 ■*'*
portique historié de figures et d'emblèmes républicains, accc>ï^'
pagnant le décret du 19 floréaL Fait de blocs do bois assemt>l^'
Véritable romance sur les infortunées amours de Paul et 1^*^
ginie, mise au jour et chaniée par le cit. Fleuret. 11 prévieiE^ ^
public que la véritable édition se reconnaît par les gravures ^^
y sont insérées. Huit vignettes dans des ronds illustrent c-^*^
complainte. Sans surfaire ces pauvretés, on peut dire qu^
composition est alerte et les costumes assez bien pris.
Les Ridicules du jour, portraits des jacobins, terroristes, cit>
blés, incroyables, merveilleux et muscadins, paraissant une
par décide chez la citoyenne Prévost, ci-devant brocheuse,
Germain-rAuxerrois, vis-à-vis TAbreuvoir, dans Tailée de V
cier. Cette feuille-portrait est une scène de mœurs gravée a
is
le
1-
k
ANONYMES. 383
e extrême grossièretâ, qui n'empêcbûtt ni la vériié^ ui la vive
>ressioQ des figures ; elle était imprimée en tôte d'une anec-
te et d'une chanson de circonstance.
Les Miracles d'autrefois. L'exécution de ce canard, où se trou*
H représentés le portrait du pape Pie VI, Notre-Dame-de*Lorette,
Buonaparte et Augereau au pont d'Ârcole, est assez preste
QS son imagerie ; mais il ne se recommande que par la pièce
vers imprimée au dos : la Morale des difemeurs du culte de
î pèrts^ sur l'air Tout comme a fait ma mère :
Mes amis soyons catholiques,
Ab}urom la raiaon , l^eBprit^...
La Charité. Elle est debout le pied sur un escabeau et allaite
enfant qui est aussi debout, in-f^ h. Le mouvement de cette
ure est superbe, le profil antique, la coiffure et les draperies
'angées magistralement, et faîtes de tailles pittoresques et
oriés.
La Police; Ministère de la police générale. Elle est assise entre
iix sphinx et tient un flambeau et un miroir ; le coq se dresse
es côtés. Tête de lettre de Fouché, où Ton a vu depuis long-
aps l'ongle de Prud'hon.
La Justice; GrandrJuge et Ministre de la justice. Tôte de lettre
l'an IL .
Ces deux vignettes sont remarquables entre beaucoup d'autres
r leur excellente taille.
La Constitution. Elle est sur un char traîné dans les nues par
coq, et tient dans ses bras une corne d'abondance, une ancre,
1 caducée et une branche d'olivier ; un génie, du côté du soleil,
^ant le médaillon du premier Consul. Frontispice de la Consti-
tion de l'an VI 11, in-i°. ^
m
Tivoli. Affiche des amusements champêtres du dimanche 5 flo-
al an X. Le programme se déploie sur un rideau tenu par deux
1. Une note manoscrite de Texemplaire conservé an Cabinet des estampes
iite : Acheté le 2 garminal de l'an V, à la place des Trois-Mariet»
I
384 ARTISTES. — GRAVEURS EN MÉDAILLES.
danseuses de la plus ferme tournure. On en saluera le type et
récole après cent ans, comme on saluera à leur grâce les ûgures
de la Renaissance. Le dessin courait les rues sous la République,
favorisée à quelques égards comme les époques les plus heu-
reuses ; cela vint, dira-t-on, de la misère des artistes obligés de
s*adonner à des ouvrages de commerce. Cela vient aussi du reaoa-
vellement radical des études; le mérite des œuvres d'art ne se
mesure pas à la somme dont on les paye ; il y a des époques, 1^
nôtre par exemple, où l'on peut s'enorgueillir et de Tabondance
des produits et de la rémunération qu*ils reçoivent, mais où l'on
chercherait en vain une figure originale et vivace, tant les prin-
cipes font défaut.
141
GRAVEURS EN MÉDAILLES.
Les graveurs en médailles laissent peu de traces de leurs
vaux dans les estampes; mais la revue que j'ai voulu fair^
artistes de la Révolution ne serait pas complète si je n'ajou
ceux-ci , qui accusèrent une si vigoureuse impulsion dans
manière de dessiner et de ciseler. Depuis les temps de Delaul
de Coldoré, de Dupré et de Varin, on n'en avait pas vu de
vaillants.
DUPRÉ *, sorti des ateliers de ciselure d'armes de Sa>
Etienne et déjà connu par les belles médailles de l'indépendf'
américaine : Franklin, Paul Jones, et des Communes de ProveC^
le Bailli de Suffren et Desgallois de Latour, projetées et exécu
eu 178? et 1789 sur les idées de Gibelin, fut nommé au conco
en 1791, graveur général des monnaies. Il exposa au Saloiv
cette année, avec plusieurs cadres de monnaies et médailles, d
bas-reliefs en plâtre : Minerve distribuant des couronnes,
1. Augustin Dupré, né à Saint-Étieune en 4748, mort en 1833.
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PIERRE-SIMON-BENJAMIN DUVIVIER. 385
Klèle de la monnaie, qui était, comme on sait, le Génie des
s; il en existe une estampe en grand, au lavis, parBernier, mais
d rend imparfaitement la vigueur de dessin du modèle.
IV^prës ce type officiel, Dupré fît d'autres pièces républicaines,
tre lesquelles on distingue :
La Fédération de Monneron, assignat métallique;
La Régénération du 10 août 1793 ;
La Nature abreuvant les hommes;
Le buste de Chalier, entouré du serpent, emblème d*immorta-
é, projet de médaille;
L'Union et la Force, HerctjUe debout entre la Liberté et l'Égalité,
s ECUS de Tan IV;
La tète de la Liberté^ des Centimes de l'an IV, qui fut faite
iprès un modèle très-connu dont nous parlerons ailleurs.
Jn doit à Dupré le fiJigramme du papier de Tan III , qui repré-
te la figure du Peuple debout, et plusieurs autres sujets de
Qnaies et de médailles, tels que le Peuple assis, portant sur
n,mn les fig^ures de la Liberté et de V Égalité, projet de monnaie
r l'an IV, et la Con^ance relevé le Commerce, médaille de la
i&e des comptes-courants.
'upré possédait la simplicité et l'idéal de composition qui
viennent à la Gravure en médaille ; il était énergique dans le
tour de ses ligures, mais il a manque d'un type unique et
c]ui dominât son dessin , si ce n'est dans le Décime de l'an i V.
t:i 1 an X, il exposa encore des projets de médailles de la Paix
'*'»^ale et du Rétablissement du culte, et des esquisses des
'ailles des Pyramides et d'Aboukir, Il quitta la direction de la
^naie en l'an XI, au moment où la tête de Bonaparte, premier
^til, allait subrepticement se substituer à tous les types répu-
^ins.
^UVIVIER *, le graveur général des monnaies avant la Révolu-
^, académicien depuis 1774, auteur de la plupart des médailles
« Pieir^-Siiuon-Benjauiia Du vivier, né à Paris en 1730, mort en 1819.
25
^
3M ARTISTES. — GRAVEURS EN MÉDAILLES.
historiques du règne de Louis XVI, depuis ce>le de son Mairia^è
jusqu'à celle de son Entrée a Pari» en 17^9, avait concouru avec
Du pré pour la pièce du Gtnie des lois. U était, aussi bien que hi îia^
et Gatteaux et les autres concurrents, promoteur du style antique; ^ ^
mais il était moins heureux dans le système de composition
abrégée, l'expression de force idéalei, la richesse et la clarté
d'emblèmes, qui constituent la perfection du graveur decmas;
on comprend d'ailleurs qu'il était moins disposé à renouveler sa
poétique selon les idées nouvelles. On ne peut citer de lui qu^uoe
^ médaille décidément révolutionnaire, c'est celle du Dix (MHU1792,
Exemple aux peuples, frappée pour la Commune de Paris. Mais,
' dès l'an VI, il exposait la médaille de Buonaparie présentée k
l'Institut : le Général conduit par la Valeur et la Prudence, pré-
sente au Continent ToUvier de la paix, et la Victoire qui le a>iK,^^J^'''^
ronne porte, au lieu de dépouilles militaires, des manuscrits e
TApollon du Belvédère.
Du vivier s'est en outre signalé par plusieurs médailles d'hom
célèbres avant et depuis la Révolution } WasMngkm, Ni
BaiUy, BarMlemy*
GATTEAUX*, graveur des médaîHes du roi dès 1781, av= ait
fait, avant la Révolution, la médaille des Corps des marchand.: — ^ ^
Favénement de Louis XVI, et des médailles sur les aérostats- ^^
fit depuis r Abolition des privilèges, la Fédération des Dèpa^ ^
ments, et fut employé à la gravure des sceaux de l'État et d^
phipart des administrations, et à la confection des assignats,
gnats de vingt-cinq livres et de cinq cents livres, avec la têt^
Louis XVI en médaillon sur fond noir; assignats de dix sovS
de quinze sous, avec les figures de la Liberté et de l'Égalité ^
beaucoup d'autres. Nous avons vu ceux de ces dessins ottci
qui furent reproduits par Tardieu et par Petit.
Parmi les ouvrages que Gatteaux put faire sous le Directoire
le Consulat, on remarque la médaille du Corps législatif, ec
i. Mioolas-Marie Gatteaux, né à Paris en i75i, mort en 4S32.
la
e
et
et
h
4t
k
i
BERTRAND ANDRIEU. 387
Puuoffa fite Rhm par Moreau, en Tan VIU; mais, dô toas ceux
qu'il ût <lans la suite de sa carrière, proloûgëe sous l'Empire et la
Restauration, je ne rappellerai qu'uD jeu de courtes, conforode aux
idées d'un empire restauré, et cette fois dessiné dans la manière
la plus ûdèle aux modèles de David.
DROZ ^ qui avait fait frapper à la Monnaie, en 1786, des pièces
d'or et d'argent par des procédés de son invention, concourait,
en 1791, pour le type du Génie des lois, et, en 1792, appliquait
la gravure en taille-douce à la fabrication des Assignats, avec des
moyens de multiplication tels qu'il fournissait jusqu'à l/i,000
planches d'assignats de vingt-^inq francs ; son nom se voit encore
sur d'autœs assignats. Il fut un des plus zélés à proposer le por-
trait de Buonaparte, dont le modèle en cire fut exposé avec
d'autres au Salon de l'an IX. L'année suivante, il faisait la
médaille d'or de YEa^osition des prodmts de llndystrie.
DUMAREST*, sorti, comme Dupré, des ateliers de Saint-
Étienne, et attaché avant la Révolution à la manufacture de Soho,
près de Birmingham, exposait en 1793 des empreintes de mé-
dailles, parmi lesquelles il faisait remarquer la tête de Rousseau
et le Buste de Brutus; il eut, au concours de l'an III« un prix de
6,000 fr.; il produisit ensuite, en Tan VI, un modèle de médaille
pour les premiers prix de peinture, et les médailles du Conser-
vatoire de musique, de V Institut, de la Paix d'Amiertë.
ANDRIEU*, l'un des concurrents de 1791, s*était déjà dis-
tingué par la médaille de la Prise de la Bastille, Il produisit
ensuite les médailles de la Paix de Lunéville, et de la Bataillr
de Marengo. En l'an VI, il exposa des gravures sur acier dans le
genre de la gravure sur bois. Il prit soin de tirer des épreuves de
ces ouvrages de gravure, qui ont été conservées au Cabinet des
i« JeaO'-PieiTe Droz, né à La Chsnx-de-Fonds «n iTéeyHiott en 1823.
2. Rambert Dumarest, né à Saiiit-Étienne en i7S0, mort en 1806.
3. Bertrand Andrieu.
r
388 ARTISTES. — GRAVEURS EN MÉDAILLES.
estampes. Il y a, en tête de ce petit œuvre, un essai de grav«r«
pittoresque : %m Cheval de trait près d'une botte de foin, dcb^^^
toute la distinction d'Andrieu est dans des œuvres de gravci^K'e
sigillaire.
Ce sont d'abord de petites figures et des ornements pour 1^ ^
assignats : Minerve, — Abondance, — Génies, —Coq, — Bala;n.4>^s^,
— fleurons, — Loi du 2h germinal an XI, — Prospérité, — le (7
seU d'Èlat, Viennent ensuite des têtes antiques et des orneme
pour des textes classiques, Homère, Virgile, qui servirent à ill
trer les éditions stéréotypes.
C'est dans ce temps qu'il fut donné à Tlmprimerie d'ajou
à tous les moyens de propagation, dont elle disposait depuis ^^
XV" siècle, un procédé nouveau dont Tavenir semble illimité.
Stéréotypie, ou l'art de fondre des caractères en creux, de ct^
poser des matrices en relief de pages entières de caractères ^^
de clichés de vignettes en creux et en relief, pour en tirer
épreuves successives, à tout moment susceptibles de correcti
la Stéréotypie, essayée et appliquée sous diverses formes par
graveurs, des mécaniciens et des savants dans la fabrication
assignats, reçut ses dernières applications dans les ateliers
Didot etd'Erhan, en Tan VI*. Ces imprimeurs publièrent» potf
premier spécimen, uîi Virgile in-18 de 400 pages, orné d'une carte
géographique et de vignettes, qui se vendait au prix de 15 sous
l'exemplaire, 3 francs la page de formats, et de 1,200 francs le
stéréotype complet, en formats prêts à être imprimés et pouvant
servir à perpétuité.
Les vignettes, fleurons et culs-de-Iampe, dessinés et gravés
par Andrieu, sont dans la donnée antique la plus cherchée. Le
portrait du titre est une de ces têtes de Muses aux longs cheveux,
placées vis-à-vis d'un masque scénique que l'on prenait autre-
fois pour des portraits de Virgile, et chaque livre se trouve illus-
1. Camus, Histoire et procédés du polytyp<me et stéréotypage ,
Renouard, an X, in-8" — Lambinet, Histoire de la stéréotypie, à la suite de
VOrigine de V imprimerie, Paris, 1810, 2 vol. in-8°, t. Il, p. 107, :;88.
BRRTRAND ANDRIEU. i89
é par des aratores, des aphractes et des auriges, des cnémides,
is glaives et des longues, des canthares et des antéfixes. Ce
est pas un genre d'ornement gai, et l'outil pesant du graveur
en atténue pas la sévérité; mais du moins il est ici mieux à sa
ace que les fleurettes et les mascarons d'Elzevir.
Andrieu fit, aussi pour les éditions stéréotypes, ce triple portrait
connu des inventeurs de rimprimerie. Dans ce petit médaillon
ir fond noir il eut l'esprit d'imiter les plus anciennes repré-
ntations que l'on connaissait des imprimeurs primitifs.
On connaît enfin de lui un jeu de cartes, dont les figures ne
*ot que les types de David, roidis encore et figés par le burin.
c
III
SUJETS
1. — ALLÉGORIES.
La nomenclature des artistes surgis pendant cette période de
quinze années que nous avons parcourue suffît pour faire res-
sortir la fécondité de l'art de la Révolution. Sa nouveauté paraîtra
plus évidente, si l'on interroge la nature des œuvres et si l'on en
recherche les sujets dans leurs principales divisions. Cette revue,
en présentant sous un nouvel aspect plusieurs des pièces déjà
citées, aura de plus cet avantage, pour les collecteurs d'estampes
historiques* de donner une classification pour des pièces anony^
mes, nombreuses à cette époque, et parmi lesquelles il y en a
beaucoup qui sont aussi intéressantes par leur exécution que par.
leur intérêt local. Cette coordination amène d'ailleurs à des expli-
cations nouvelles et fait considérer d'un peu plus près les insti^
ttttions et les mœurs de la société la plus bouleversée qu'on ait
encore vue.
La Révolution, qui était toute philosophique et toute politique
dans son origine, suscita tant de sentiments nouveaux qu'il fallut
aussi qu'elle se fît religieuse, en ce sens qu'elle dut trouver pour
l'art un idéal et un foyer d'inspiration. Les conceptions les plus
élevées de l'esprit humain, les vertus morales et civiles et les bien-
faits de la Nature, furent pris, dans leur sens figuré et leurs formés
c
302 SUJETS. — ALLÉGORIES.
allégoriques, à la place des personnalités, des idoles et des super-
stitions du passé. La plus haute formule du nouveau culte parut
dans l'admirable Calendrier républicain, promulgué par la Con-
vention, à deux reprises, sur les rapports de Romme et de Fabre
d^Églantine*. Ce calendrier réunissait, aux bases astronomiques et
historiques les plus justes qu'on connût alors, les plus heureuses
déductions de l'observation de la nature et de la vie agricole. L'ère
nouvelle empruntait comme un caractère religieux et sacré, ainsi
que le faisait ressortir l'austère conventionnel, à cette circonstance
frappante, et peut^tre unique dans l'histoire, que son point de
départ au 22 septembre 1792, jour de la proclamation de la Répu-
blique et de l'équinoxe d'automne, présente un accord parfait avec
les mouvements célestes, les saisons et les traditions anciennes.
Les symboles, qui y étaient invoqués et commandés au culte et à
l'art, étaient de la plus grande simplicité. Les jours de la Décade
prenaient pour emblèmes : le Niveau, symbole de l'Égalité ; le
Bonnet, symbole de la Liberté; la Cocarde, ou les couleurs natio-
nales; la Pique, arme de l'homme libre; la Charrue, instrument
des forces terriennes ; le Compas, instrument des forces indus-
trielles; le Faisceau, symbole de la force qui natt de l'union ; le
Canon, instrument des victoires; le Chêne, emblème de la géné-
ration et symbole des vertus sociales. Les mois recevaient aussi
une consécration patriotique et philosophique: à la Régénération,
à la Réunion, au Jeu de paume, à la Bastille, au Peuple, à la Mon-
.tagne, à la République, à l'Unité, à la Fraternité, à la Liberté, à
la Justice, à l'Égalité. Les jours complémentaires de l'année,
appelés Sans-culottides, furent affectés à cinq festivités principa-
les : la Vertu, le Génie, le Travail, l'Opinion, les Récompenses et
Franciade. Ces dénominations ne furent point acceptées pour la
1. Ils étaient le résultat des travaux d*une commission dont faisaient partie
Lagrange, Monge, Guyton deMorveau, Pingre, Dupuis, Feri. V. V Instruction sur
rëre de la République et sur la division de Tannée, décrétée par la Convention
nationale le 4 frimaire, et le rapport fait, au nom de la Commission chargée de
la confection du Calendrier, par Fabre d'Églantine. Moniteur universel, Tl et
28 frimaire an 11.
LE CALENDRIER. • 393
f>rauque du Calendrier, qui s'accommoda mieux de Theureuse
fiomenclature qui exprimait, pour chaque mois, à la fois la sai-
son, la température et les productions naturelles; mais elles tra-
«duisent bien les besoins de culte, dont tint surtout compte
^.'iconographie. Je n'ai même point à discuter la valeur et la con-
^^^enance de ces symboles, mais à montrer comment ils passèrent
^ans l'art. L'antiquité des représentations dont ils avaient été
l'objet n'empêcha pas qu'ils ne devinssent, entre des mains ingé-
■nieuses, un élément de rénovation.
Le Calendrier fut, à tontes les époques, le premier champ
exploité par l'iconologie, et, pour mesurer ce qu'en firent les gra-
"^eurs en couleur de la Révolution, il faut songer à ce qu'en avaient
:ffait d'abord des graveurs sur bois du XV" siècle, en y figurant
l'homme planétaire, le Zodiaque et les Saints, puis les graveurs
-su burin de Louis XIV, en y installant le Cercle royal de la Cour
^e France, la nouvelle police établie à Paris ou le Salon do pein-
'•ure de 1699. Maintenant, on y voit développée l'iconologie allé-
gorique des Saisons et des Mois, provoquée par les antiquaires et
Tavivée par la signification révolutionnaire donnée à certains
^emblèmes. Debucourt et Queverdo en firent les modèles les plus
^^rtistement arrangés et les plus complets, par la nomenclature
^es jours en décades, et leur dénomination, prise des animaux, des
'instruments et des produits de l'agriculture. Levachez, Lefèvre,
<}iraud l'aîné, Desmarets et d'autres anonymes en publièrent
<l'intéressants. ^ Ingouf tenta une composition où l'art se résume
*
1. Calendrier tuUionalf calculé pour trente ans, présenté à la Convention en
décembre 1792, par le républicain J.-F. Lefèvre, in-f*, au burin; — Calendrier
pour Tan II, par Debucourt; — Nouveau Calendrier de la République fran-
çaise pour la W année, inventé, dessiné et gravé par Queverdo, en demi-
feuilles in-4*; — Calendrier pour Van II* et IW, chez Basset : Carte du
département de Paris et emblèmes, Honneurs funèbres aux morts du iO août,
Marche des Fédérés (CoM. Laterrade, n« partie, n*i81); — Calendrier de la
République pour la III* année, par Queverdo, en deux feuilles; — Décadaire
des Hommes illustres, par Lefèvre, gr. in-C' ; — Calendrier pour Van III: —
Calendrier perpétuel de la République, 179i; — Calendrier perpétuel, hïbfiriê^
Girault Talné sculpsit; — Calendrier perpétuel, déposé à la Bibliothèque natio-
3M S€JETS. — ALLÉGORIES.
en une démonstration scientifique. Le plus ouriâui assurément,
par l'hiératisme de ses emblèmes, est celui qui fonnait le placard
de la Société des Jacobins; ce ilont ceux que nous avons vus for
mules dans le rapport de Romme ; ils passèrent de là dans tbvH
les ornements officiels, dans les insignes des Sociétés populaires
et des Sections, et dans tontes les images populaires.
' Ls BoimET, qui joua un rôle si significatif pendant l'efiëfveS'
cence révolutionnaire, avait été, chez les Grecà, la coiffure des
prôtres de Mythras et de Menés, des artistes depuis Dédale,
des LacédémonieûS, des Troyens et des Phrygiens ^. Chez les
Romains, fait de feutre, il était devenu te signe de l'affranchis^
sèment; les esclaves mis en liberté prenaient le bonnet dans
le temple de la déesse Féronie, et le peuple tout entier le por-
tait à l'époque des fêtes SatuiHaleS; Tun des meurtriers de
César le porta au bout d'une perche, au témot^age d^Âppien;
on le trouve figuré sur un denier de Id famflle Junia et sur
un bas-relief de la Liberté de la villa Negfoni*. Au moyen âge,
il était encore considéré comme signe de liberté par les éoK.^^'
liers qui le revêtaient en passant âu doctorat, et par les apprenti
qui passaient à la maîtrise*. LeS faiseurs d'emblèmes delà Renar
sance ravalent accepté comme symbole de là Liberté, et on "^e
volt sur les médailles de Henri II, comme signe de la liberté ^fle
l'Allemagne et de Tltalie.
Les iconologistes du XVI !!• siècle le récueillirent dans le mé*^*^^
sens, et il parait', dès la première année de la Révolution, sur ^^
Dftle, an IX, 8éb^ Desittarets Idt. et txnlp,^-^ Annuaire di l'un VII, avec fii
fttléfiMiqaes et cominénioratiTes de Hoche et de Marceaa, ehes le cîl.
taine et le cit. Depemlle, estàtnfie et six feuiHes dMmpreeefen.
1. Vitconti, Musée CfUaramonti, p. S6; Musée Piê-Ciémmtinf t, II, p.
t. III, p. ii4;^Gaylus, Iheueil d*antiquiUs, t. 3, p. 30; Winckelmuin, Mi
wunti tiMdtlt.
2. Hons^z, DieUonnairé d^ Antiquités; Winckelman, Estai mr i'
tf. par JanMo, S fol. ill^^ an VH, p. 446, i70 et êuÎT.
a, V.
LE BONNET. 385
estaitcipes du Serment du Jeu de paume, où, associé à d'autres
eiiil>lèffles, il tient la place des armoiries, entr^ les lignes du
titre et de la dédicace ; sur le sceau de la Municipalité de Paris,
camixiandé par Bailly à Dupré, où il remplace la couronne royale
au-dessus de l'écu aux armes de la Ville ; sur des pièces relatives
à la démolition de la Bastille et à la déclaration des droits, du
20 août 1789^ 11 est placé au dessus du faisceau, des balances
et de la couronne dé chêne, sur les sous et les deux sous
de 1792 et 1793. On en coiffa, par honneur et par dérision,
U>uis XVi, aux Tuileries, le 20 juin, — le souvenir de cette mo-
querie est resté sur plusieurs estampes en couleur* — et Voi-
ture, au théâtre de la Nation, dans une représentation de la
Wort de César*. Il fut placé enfin dans les tableaux emblémati-
ques de la Déclaration des droits de Tbomme, au-dessus du mot
Dieu ^. Il devint la coiffure consacrée de toutes les figures de la
liberté, et, seul, ou porté au bout d'une baguette, qui venait
aussi de la vindicte romaine, ou groupé avec les autres em*
bleuies patriotiques, il figura sur les monnaies, fut arboré sur
^^s pièces officielles et populaires, et se dressa en timbre, à la
place de la couronne et de la tiare, sur ces nouvelles armoiries.
L»a forme en fut variée, tantôt semblable au bonnet de laine et
^^ ooton du paysan avec son bout à mèche , avec une pointe en
^^^ut comme le. bonnet phrygien de P&ris, pendant de côté ou en
^"^^nt, en forme d'œuf , comme, suivant Homère, Tavait porté
^^Y^se, conique comme le bonnet d'affranchi; tantôt rappelant la
^^^aris de soie et de velours avec ses fanons retombant sur les
^K>aule8 et sur le cou, et tantôt rapproché du casque en métal
^^ Minerve et ayant quelquefois un coq pour cimier. On le trouve
4. DéhU}l%tion de la BastilU, ronde d*eiifants autour da bonnet rouge ; —
^^éclmnitùm des Droits de l'homme, par Niquet le jeune, avec danse autour du
surmonté du bonnet rouge {Collection Laterrade, catalogue rédigé par
ocboux, I^* partie, Vignères, novembre 1858, n*> 382 et 399.)
5. V. Collection Laterrade, n« partie, n°* 27-30, p. iO.
3. À. Challame), 3« éd», I, 254.
4. Collection Laterrade, U* partie, p. 193.
396 SUJETS. — ALLÉGORIES.
ainsi façonné dans les figures de la Liberté de Boizot, de Fra
nard et de beaucoup d'autres. De toutes ces formes, le cray^°
de Prud'hon sut faire un composé charmant S sentant VaniiqLi^»
et pourtant très-actuel, crâne, débraillé, et par ses déchinir^es
exprimant les combats qu'avait coûtés la victoire de la Liberté.
La gaieté française, qui dans les plus tristes jours n'avait poirxt
abdiqué, y trouva aussi un motif piquant, bien qu'il témoigcfte
déjà de la folie de la réaction, en essayant d'en affubler l'Amour ^.
Sa couleur fut le rouge, adoptée, selon M. Michelet, comme la
plus gaie. Nous verrons la place qu'il conquit un moment daras
le costume.
Après que beaucoup d'applications forcées en eurent
faites, un artiste antiquaire voulut en faire l'histoire et en r
gler l'eraiploi dans les arts. Gibelin commence par marquer
envahissement : (( Ce symbole, quoiqu'en apparence simple
pacifique, etc. » Il se livre ensuite à des recherches pour établ
son usage chez les anciens» et ses différentes formes chez 1
Asiatiques, les Grecs et les Rofhains; il rappelle l'usage qa'ei
firent les Romains dans le triomphe de Titus, pour exprimer 1
retour à la liberté à la mort de Néron. Gibelin indique aussi soi
emploi dans l'histoire moderne : sous Henri II, où il est l'emblèine
du traité avec Maurice de Saxe et les Luthériens contre Charles-
Quint sur une médaille française imitée de celle de Bnitus, où
figure, entre des légendes à la Liberté, le chapeau entre deux poi-
gnards; en Hollande, où la délivrance du joug de Philippe 11 est
symbolisée dans des médailles portant un chapeau sous deux
mains jointes et une Liberté tenant le chapeau, et, sousCromweli,
dans la médaille faite à l'occasion de la paix entre l'Angleterre
et la Hollande, où deux femmes assises élèvent ensemble un cha-
peau à larges bords. Il termine par des conseils aux arttstes et
au peuple sur la meilleure forme à donner au signe officiel de
la Liberté : « Nos artistes français, etc. »
1. V. le dessin de la ConstxUUiony grayé par Copia.
2. VAmo/wr Sam-Culotte.
LE NlVEAt ET LA PIQUE. 397
L>K MivBAu, ce vieux signe de la Franc-Maçonnerie, est le pre-
mier emblème de l'Égalité. Il paraît^ dès 89, dans des estampes
de circonstance, pour marquer l'égalité des droits entre les trois
Ordres*, et l'égalité des races entre un Nègre, armé de son toma-
hawk, et un Garde national, armé de son fusil ^. Il armorie le Bul-
letin des lois, et blasonne toutes les figures de la seconde Vertu
républicaine, qui le porte sur le sein ou dans la main, et quelque-
fois suspendu dans les balances de la Justice'. Sur un sceau du
Conseil des Cinq-cents il est ûguré comme un niveau d'arpenteur.
Pour les républicains désintéressés de la grande époque, il ne fut
le signe que de l'égalité morale et légale, et non d'une égalité
matérielle qui ne serait qu'un retour stupide à l'état sauvage*.
L'agencement le plus curieux que j'en connaisse est dans le des-
sin qui fut donné par David pour la plaque du ceinturon de Bil-
laud-Varennes, qui représentait le triangle, ayant pour plomb un
.?Iafve au-dessus d'une haie vive 011 il tranche le brin qui domine",
^n en trouve la représentation la plus mystique dans de^ petites
compositions de Sauvage et de Prud'hon, où il paraît dans une
•"ïur^ole l'objet de l'adoration des femmes et des enf.înls; dans
c^s r^eprésentations mystiques, il se réduit à ce simple triangle
^wî était le plus vieux signe de l'Être suprême et aussi de la vertu
ratrice.
Pique, dont un arrêté de la Municipalité avait ordonné la
^^^rîcation au moment de l'armement général de la nation, et
^^^t le serrurier Huzé avait donné le modèle, devenue l'arme du
^'' Lbs trois Ordres avec leurs attributs sous le niveau, in-4<> 1., lavis bistré,
^ ^aris, chez Crépy, rue Saint-Jacques, à Saint-Pierre.
^. L'Égalité, sur un piédestal, suspendant un bonnet et un niveau au-desstis
^yn nègre et d'un garde national, médaillon in-i8, pointillé bistre.
3. V. Bonneville, Boizot, Sauvage, etc.
4. UÊgaliU des droits est la seule égaliU, — A VÊgalité et à la Uberté,
deux figures, in-4« h., en couleur.
5. Sabre de Billaud-Varennes, exécuté sur le dessin de David, pièce gravée;
au Cabinet des estampes, collection de Thistoire de France, 17(4, t. U.
fl
398 SUJETS. ^ ALLÉGORIES.
peuple, des femmes, fot l'attribut obligé de la Libertéi Le nom
de place des Piques fut donné à la place Yeodôme. Le Gdmpas, h
Charrue, le Canon, la Table ou le Livre de la Loi vinrent eo
varier la signification.
Lbs Faisceaux, qui dominent tons ces symboles, étaient aossi
une image de force et d'union prise des Romains, reprise à la
Renaissance, et maintenant très^vulgarisée ; ils portent encore la
couronne de laurier, et la hache entre leurs baguettes liées par
des courroies, comme sur Tare de Titus, mais on y voit aassi des
cœurs enflammés et enlacés, des mains jointes.
Le Chêne récréait de ses branchages tous ces attributs. Le vieil
arbre des forêts druidiques de la Gaule, qui était consacré chez
les Romains à Jupiter et dont on faisait les couronnes civiques, fut
admis par la R^ublique comme emblème de vertu civique. Ses
rameaux ornèrent le Bonnet rouge; ils remplirent les mains de la
Liberté, prête à les distribuera ses fidèles; ils servirent de sup-
ports ou tenants au livre de la Loi, aux Faisceaux et à toutes les
figures composant les nouveaux écus du blason populaire. Romoe
lui donne un grand rôle dans son Annulaire républicain: « Symbole
delà génération, de la force, de la durée ^ consacré aux vertus
civiques, il est digne de devenir dans toute la France l'arbre de
la Liberté. » U fut planté un chêne fédératif, ou arbre de la Fra*
ternité, sur la place de la Fraternité (Carrousel), le 27 jan-
vier 1793.
D'autres arbres furent eûiployés dans un sens emblématique»
soit conformément à leur antique signification, soit avec des
significations nouvelles. On connaît le rôle que joua le peupli^^
autrefois consacré à Hercule, et devenu tout naturellemeot \'^
blême du Peuple.
Fji Tan VU, le Ministre de l'intérieur, voulant planter les carrés
situés devant la Colonnade du Louvre, demanda aux cifûfens
Desfontaines et Thouin de lui indiquer les deux airbres qu'ils
jugeraient les plus propres à servir de symbole aux sciences el
L*GBIL. 390
X arts. Ces siivants indiquèrent le cèdre du Liban pour les
ences el le platane pour les arts^ et Ton peut voir leurs motifii
[)08és dans le Moniteur du 2 floréal. Le citoyen Andrieux, con*
lié aussi, approuva lechoixdu cèdre, mais repoussait le platane,
seraitpce que pour son nom, et proposait à sa place L'acacia,
le cytise, ou le lilas, ou le tilleul.
Beaucoup d'autre» emblèmes curieux devraient être signalés,
[ fallait épuiser le champ de Tlconologie républicaines tels que
Coq, l'Aigle, le Chat, animaux favoris de la République, le
>n, le Pélican, le Serpent, la Ruche d'abeilles, qui était affectée
second décadi de germinal.
Mais, parmi tous les symboles qui timbrèrent l'écu révolution*
lire, le plus vif fut rOËu,, qui devint très-populaire, bien que
name ne l'eût pas mentionné dans ses rapports. Hiéroglyphe,
lulette et ex-^voto chez les Égyptiens, les Grecs et les Romains,
Eil avait été exhumé par les antiquaires, Cay lus el Wiockolmann,
mme un emblème de divinité, de justice, de vigilance, et, du
îptre des rois et des prêtres, il passa à une autre souveraiaeté.
a^ les monnaies, frappées des coins de Ditpré^ il est placé à l'ex*
imité du stylet dont le Génie de la Loi écrit la ConstituUom, au*
sstisdola table des Droits de l'homme. £n 17dU il devient
Biblème de la Constitution, ett se montre* dsos bs transparents
i en célèbrent La fête^ lel& septembre. 11 se place sur le sou
l'an II. Dans les figures allégoriques les plus considérables, il
:upe le sommet du sceptre ou plutôt du calumet que tient la
ison. De là il devint la marque des extraits des |wocès-verbaux
U Convention, l'emblèmeicles Sociétés populaires, surveillantes
l'autorité, et fut placé sur la bannière de la Société des Jaco*
iS; sur leur carte d'entrée, et sur beaucoup de lettres circu-
res et cachets officiels et privés. On consewe au Musée de Lille
cuivre du Comité de surveillance et révolutionnaire : un œil
ns un nuage surmonté du bonnet. La gravure lui doona beau-
ip d'embellissements; ici il brille seul au milieu des nuages,
il est entouré de rayons, inscrit dan&le Uiangle de l'Égalité,
400 SUJETS. — ALLÉGORIES.
dans le cercle de rimmortalité formé par un serpent mordant ^
queue, dans une couronne de chêne, et ainsi assimilé aux images
les plus mystiques du vieux culte, qui plaçait aussi dans les
nuages et les rayons le nom de Jéhovah et le triangle de la Trinité.
On ne comprendrait nullement les arts de la Révolution, si r<Mi
ne tenait pas compte des éléments religieux qui survivaient ai
milieu de tous les besoins d'innovation et de toutes les notioni
philosophiques. Privés du riche héritage fourni aux arts pai
rÉglise et par la Cour, les artistes avaient à improviser des image:
de divinités et de souverainetés nouvelles. Grâce à la considéra
tion de TAntiquité, qui depuis quelque temps travaillait la société
et, comme une autre Renaissance, l'excitait au progrès, ils n<
purent prendre de modèle plus élevé que la statue antique ; mai:
cette statue ne fut que Tarmature ou le noyau sur lesquels furea
appliquées des formes vivantes. L*art des XVIl^ et XVili^ siècle
avait marché sur ces errements, en trouvant pour son iconologi*
conventionnelle une sorte de compromis entre les traditions et le
exigences de ses modes, lorsque la Révolution vint sanctionner 1*
goût d'une renaissance plus radicale. En attendant que l'inspira
tion arrivât pour de véritables créations, les artistes ne ponvaien
mieux faire que de se retremper aux sources les plus pures, ;
celles de l'antiquité; une fois déjà les plus grands des artiste
modernes y avaient puisé. Qu'ils se décidassent pour un costum
antique et nu, comme le leur indiquait le sentiment vif qu'il
avaient de la nature, plutôt que pour un costume réel, comm
avaient eu l'audace de le faire les artistes gothiques, ce n*est pa
ce qui devait entraver leur génie; quelque costume qu'il adopte
le génie est toujours de son temps.
La Liberté était, comme on sait, une divinité chère aux Ro
mains. Le père des Gracques lui avait élevé un temple sur \
montÂventin; elle avait à Rome de nombreuses statues; ell
figura sur les deniers des familles consulaires Cassia et Lunia, e
même sur les monnaies des empereurs Claude et VitelKus, qu
Jt,
LA LIBERTÉ.
4(M
raient moyen d'abriter encore sous cette idole leur despo-
e abject. Cette divinité était alors représentée, soit en buste,
un diadème et des bijoux, soit en pied, vêtue d'une stole,
nt la pique ou la vindicte, la couronne de laurier et le bonnet
1 ^affranchi. Le Moyen âge avait aussi représenté la Liberté au
des Vertus dont il ornait les voussures des portails; on la
m H à Chartres, avec une couronne sur la tête et des couronnes
V* son écu, mais tout enveloppée, comme une chrysalide, des
et des draperies de l'esthétique chrétienne. Les iconolo-
du XVIU* siècle n'avaient fait que reprendre la donnée
que. Moreau, dès 177ô, avait représenté la Liberté sous la
re d'une jeune femme, au milieu d'une gloire, vêtue d'une
ique, tenant un joug brisé et le bonnet au bout d'une pique,
dessinateurs et les graveurs de vignettes, qui furent les inter-
nes les plus prompts des sentiments de 89, firent d'abord des
rtés sur le même modèle, dans des compositions arrangées
façon des vignettes galantes dont ils avaient l'habitude, et
:inées à servir d'illustration aux Almanachs des Muse^et des
.«es, aux Chansonniers patriotes et aux Précis d'histoire de la
"olulion. On les vit même, dans de grandes estampes, intro-
:ve subrepticement la nouvelle figure dans des compositions
«s à d'autres intentions. Telle est l'estampe du Pèlerinage au
^<m de la Liberté, gravée par J. Mathieu, d'après Delaunay de
■"eux, qui n'est que la reproduction, avec changement d'une
le figure, du Pèlerinage à saint Nicolas*. La transformation est
-^ ^tant plus piquante que le saint évêque était, comme on sait,
T^alron de^ filles à marier, et qu'on les voit en foule, dans cette
'^*^*nposition d'une dévotion très-agréable, offrant des fleurs plein
^^ r tablier; le dessinateur révolutionnaire a dû, pour sauver la
'"«àisemblance, faire de sa Liberté un génie mâle.
Grégoire, chargé du rapport sur les sceaux de la République,
1. La première de ces pièces est au Cabinet des estampes; Je ne connais la
Seconde que par l'indication de V Histoire-Musée de la République, 3« édiU,
t«58, 1. 1, p, 502.
26
402 SUJETS. — A^LÉGORIES.
propoBa l'emblème de la Liberté, h aftn qiie nos emblèmefe, (*^'
culant sur le -globe, présentassent à tous les peuples les inn^^^
chéries de la Liberté et de la Fierté rëptiblicalûes* »
Les dessinateurs en grand et les graveurs an pointillé et "^^^^
lavis se trouvèrent appelés à donner les flgores de la Liberté
plus sérieuses et les mieux inspirées de Tesprft notrveau, en h
inventant ou en les empruntant aux sculpteurs et auxipeintres h
plus acci'édités< Nous avons vu celles que Debucotrrt, Queverdc
Démonchy, Ruotte^ Lingée, Bonnevillë, Ghapuy, Jatiinet, AUdh
Mariage, Dardis et Copia produisirent, sur les dessins de Moitié,
Boizot, Desrais, Fi*agonard, Sauvage, Sicardi et Prud'hon. Pour^^
donner une idée de leur nombre et de leur variété, il faudrait^ \
ajouter celles qui parurent chez les marchands d'estampes €hé- ^^
reau, Villeneuve, Basset, Partout, Bance, Faton, dont pinceurs ^
étaient "graveurs, et enôore celles qui sont tout à fait anonymes '
et qui s'élèvent par .leur exécution au-dessus de l'imagerie de
pacdtille. Ce n'est pas tout; il faut compter aussi t^élles qui, gra-
vées au burin bu en bois, marquèrent : lés papiers ofiQciels, les
a^sjgnats, auxquels concoururent d'excellents graveurs^ têts que
Tardieu, les placards, circulaires, lettres et brevets, illiistrés de
figures que l'on n*est point étonné de trouver quelqaefors signées
de noms recommandables, comme ceux de Naigeoh, Dugonrt et
Roger. Toutes ces ligures sont le produit de talents très-inégaux
et quelquefois ti'ès-minceSf'tnais il y a, dans la plupart, quelque
'particularité d'attitude, d'expression ou d'attribut6 à disthigoer,
et les plus médiocres sont souvent celles qui se trouvent le mieux
douées de ces (Qualités , qui constituent Thiéi^tisme et la popula-
rité. Leur ensemble fait ressortir aussi la notion d'un nouveau
type, plus clairement que ne pourrait faire la figure isolée la plus
parfaite. Les Libertés, partant de la ménïe inspiration, gardent
entre elles le monde rapport qu'on observe à toutes les époques
entre les figures d'imagination, divinités, allégories et madones.
Nous pouvons le saisir, aujourd'hui que le Temps est venu leur
donner l'auréole historique. Sous leur costume antique, leur
bonnet phrygien, leur casque athénien ou leur diadème ronfafMt:
j
L'ÉGAiLiT« ^^ LA PRATCtl^ITÉ. 403
avec lQur»luniq«e, leur péplum ou leur "CWftrtiy de; qtfellefl^len-
nent un >J0Ug b#isé, uûe pique, une stôte, la 'foudre ou'legouver-
naiil; «qu'elles soient assises, debout, ou afiëes et rayonnantes ;
■^tès du Qoq «Il af>erte, du chat, du pélican ou 4e f'ai^îe ; au milieu
deslépis, des oornee de fruits ou deeramedux des chênes T-'On>y
peut toujours voir la même femme, dont l'œil s'illumine et dont le
bras se 'tend au sotfffle de la passioûqui commence. Quéllcflgure
plus*nouvel]eaprtfS celles qUe>le temps- Vient de^bdlayer : ,
Et de ces .gnw)4s tOQibeaipf, la belle Li|)erté,
Altière, étincelaote, armée.
Sort
L'idéal de cette 1emme^utiréaHsé'par<Priid^hon^ads soniplus
grand (tharme, mais la beauté en fut féconde, et l'on peut dive
quetoutes Içsiîgures de la Liberté et de la République, produites
pendant la période révolutionnaiTe^eontsœurSé
LesdeuxtautreS'^pensoBnes da laiTrinité républicaine, L'ÉGAurÉ
et LAiFAATHRintÉ: nc: Sauraient lavDirtdes'figures ^uasl< significatives
.et*ne^se distingnientguèfe-que partons attributs. iLaipremière est
caractérisée priQcip0leiiQeat'9iH*\le>NiYaau, la seconde par les Pais-
ceaiux, et, comvie la(Charité^€hréftienQè,<par, desi lofants, fioisot
cependant, dans la suite de ses petites ûgures hiér^Mqv^s, la
représente, les seins nus, avec une couronne de chêne et une
efdntiire de.'^peiurs.
Ge n'est qn'en reqcbérissant'Sur ces emblèmes, et en ajoutant
rdes couronnes, des mains* jointes, des cœurs enflammés^ dc^s-en-
lii«ts ^i s'embrassent, <}u'on parvint à pendre l'Unité et l'Indi-
:yiSiBiUTÉ. Dans un pointillé bistre, ovale in-8°^ de la collection
Benoin, l'Indivisibilité est Une femme drapée, les bras croisés,
adossée à. un faisceau, à côlé d'un lion endormi j Les imagitialions
poétiques, comme Prud'hcm, ^ Sauvage, Debueourt, surent les
:e&primer par des compositions charmantes, où les enfants jouaient
(le|iFemieT''rôle. D'autres artistesse montrèrent plusoGCU()és de
40i SUJETS. — ALLÉGORIES.
l'efTet moral que du beau pittoresque. Le marchand fiance publiait
les Douceurs de la Fraternité, estampe civique et agréable, relative
à la Constitution française de 1793. La République, de Boizot,
gravée en couleur par Massol, montre son cœur rayonnant hors
de la poitrine, de la même manière que le Jésus des jésuite^.
Les Vkrtus, qui avaient été, dans l'antiquité, l'objet de repré-
sentations propagées par les médailles, qu'on trouvait encore
figurées d'une autre manière dans les statues des portails gothi-
ques, dans les tombeaux de la Renaissance, et qui avaient été
enfin si ingénieusement pompadourisées dans les compositions de
Cochin, passèrent maintenant dans des estampes plus vulgaires.
Je ne parle pas ici de toutes les compositions dont elles fournirent
le sujet, mais seulement des estampes qui en donnèrent des types
personnifiés et proposés isolément à la vénération publique : la
Vertu, ailée, avec une couronne sur la tête et un soleil sur la poi-
trine; l'Innocence, coiffée de palmes et une couronne de roses à la
main ; la Force, couronnée de chêne et armée de la massue ; la
Probité, portant une règle, sur laquelle est écrit l'axiome : « Ne
fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qui te soit fait ; » la Jus-
tice y est avec ses balances, la Vérité dans sa nudité et avec son
miroir classique, la Victoire avec sas couronnes, ses palmes et ses
trompettes.
Il faut mettre hors ligne la Raison. Un grand exemple d'audace
fut donné aux artistes par la Commune de Paris, lorsque, à l'insti-
gation de Chaumette et de Momoro, elle érigea à Notre-Dame une
statue vivante, et, pour éviter dans son culte les simulacres fixes
qui auraient trop rappelé la Vierge catholique, elle mit sur le pié-
destal une femme, qui devait par sa beauté animer son rôle et
aussi le moraliser par la sévérité de sa tenue. On trouvait bien
dans l'art et dans le culte anciens des exemples de femmes apo-
théosées, des impératrices romaines érigées en statues de la Pu-
deur, des maîtresses de roi et de pape transformées en Vierges;
au XVIIl' siècle, un recteur anglican, dans un accès d'admiration
LA RAISON. 405
pour une femme, auteur d'une histoire républicaine de l'Angleterre,
Catherine Macaulay, lui avait élevé de son vivant une statue sous
les attributs de la Liberté, dans le chœur de son église^ On vit, en
novembre 1 793, M"« Maillard, de l'Opéra, qui, de toutes les femmes
en évidence, passait pour avoir la tôle la plus admirable e^a plus
magnifique stature, tenir à Notre-Dame la place de la déesse de
la Raison. Elle parut sur Tautel, au sommet de la montagne
dressée dans le chœur, et fut portée au milieu d'une procession
de jeunes filles, vêtue d'une longue tunique blanche avec cein-
ture de pourpre et d'un manteau d'azur, la chevelure retenue par
un bonnet rouge et le bras armé d'une pique. D'autres femmes
remplirent le même rôle dans diverses églises de Paris : Sophie
Momoro à Saint-André-des-Arts; M"« Aubry, de l'Opéra, à Saint-
Eustache; Julie Gandeille à Saint-Gervais, et bien d'autres que
l'on n'a point nommées. Des personnes timorées se sont fort scan-
dalisées de ces faits ; des émigrés ont même raconté que M"' Mail-
lard avait été exposée nue dans le temple*, et des écrivains,
courant après la phrase, ont avancé que M"« Momoro avait paru
dans un costume diaphane qui laissait surprendre tous les secrets
de sa beauté', mais ces détails sont controuvés; Grégoire lui-
même, dans son indignation contre les fêtes de la Raison, qu'il
avait vues, ne les a point admis'. Même après que le culte de la
Raison eut disparu, compromis par des énergu mènes et honni par
Robespierre, l'usage resta, dans plusieurs fêtes de la République,
de représenter en personne la Liberté, l'Égalité et la Fraternité.
A Paris, ce rôle échut à des actrices. En province, il fut souvent
1. Thomas Wilson, recteur de Saint-Étienne de Walbrook, mort en 1784.
V. la Biographie universelle, t. L, p. 607, et XXVI, p. 28. M°" Roland dit dans
ses Mémoires qu*elle eût ambitionné d'être la Macaulay de son pays.
2. Essai historiqiie, moral et littéraire, par M. de Goyon, Berlin, 1795;
— Considérations sur la France, par M. de Maistre.
3. Les Français de la Révolution, par A. Challamel et W. Tenint, in-8«,
p. 3; — les Femmes célèbres de la Révolutiony par E. Lairtullier, 1840, 2 vol.
in-8% t. n,p. 229.
4. Histoire des sectes religieuses, 1. 1, p. 33.
\m SUJETS^ ^ ALLÉGORIES.
rempli par des femmes d'une considération plus sérieuser, par de&
bourgeoises estimées et par des dames cinlevant nohlas. Les
vieillards se souviennent encore de leurs nom& En HolUade^ elles
ne craignirent pas d*ôtre nommées; oi^ sait qu'à l'inauguration
de la Républîqpe batave les déesses de la Liberté furent U** Vaa
der Meer à La H^ye, et M'^*' Thoen à Utrecht.
Les dessinateurs, qui eurent en vue C0S niodèleg, n'en ont pas
été inspirés autrement que nous l'avons vu dans, les figoraft pré*
cédentes. Leur Raison osi une matrone, siégeant auprès d'un lion
et tenant VCEil au bout de son sceptre. Ses représentatîoos varient
par la position et le nombre de ses attributs, l'Œil s'y place quel*
quefois sur la tête et sur la poitripe; elle tient à la main un
flambeau, un rouleau, un mors ou une couronne; e))e a des ailes;
elle est assise sur le lion môme, ou coiffée de sa peau; les g^loos
de sa robe sont brodés de chiffres: k ses pie^s gisent terrpisaés
le Mensonge et |e Fana^isme^; mais on cherchoi a|i milieu de ses
nombreuses estampes et de ses médaillons, l'ouvrage qui en \fOr
mortaliserait le type dans l'art.
De teutes les divinités nouvelles, la plus difficile à aborder par
les artistes paraissait être u Nature, esseùoe adorée de tous,
depuis Rousseau, et dont les plits inspirés avaient voulu faire le
poème I
Océiln étehiel dû bouillonne la vie.
id l'Antiquité fournissait deux modèles^ là Diane ttiultimamme
et l'isis voilée, qui avaient été représentées, surtout par l'art
romain, comme simulacres de la Nature, d'un côté mère et nour-
rice de tout ce qui existe, de l'autre impénétrable à l'hooime, et
qui avaient été déjà exploitées dans l'ioonologie de Gochin et de
Gravelot. Sur cette donnée furent faits les frontispices de plu-
sieurs livres, parus dans les prétnières années de la Bévolu^on,
1. V. Boizot, Darcis et les pièces anonymes reproduites dans 1-
Musée, t. I, p. 481.
i
LA NATURE. 407
^ui avaient la Nature pour thàme^ Les dessinateurs ne reculèrent
pas devant le motif choquant de la multiplicité des mamelles sur
la poitrine d'une femme, et Ton alla jusqu'à la placer en frontis-
pice de livres pour l'enfance, assise sur une montagne et surmon-
tée d'un soleiP. Les dessinateurs s^ieux, tels que Garaffe et
Prud'hon, en sauvèrent presque l'incongruité dans de grandes
compositions ; mais combien celui-ci se montra plus heureuse-
ment inspiré, sans exclure la tradition antique qui était d'obli-
gs^^ipn, lofsqu'i^ représenta la riçhe;?se de 1^ Tf rre sous la ûgpre
^'upe femme offrant des gprbesi, des fleui;^ e^ 4^3 fruit^, au pie4
(^'un Terme multim^pimq^.
Gepçi^dant David en ins^ygura iii) modèle pluç ^rdi; il ^nt de^
siA^ pour |a fête de la pég^nér^tion, célébr^ l^ IÇ aqfit 1793,
€xécu.t^ Sjxr Iq place de la Ba^^ille, pnen^ièrp statjon du cortège, et
4éqît dans |p programme. La stat^^, de la Natwrq, dans le coçtuo^ç
d'jsîs, asçise eqtre deu^f lions, au-dessus d*(ifl J)assin, y fcjisait
jaillir 4^ sps n^amelles deux sources d'equ, images de sop inépui-
sable fécondité. Un souvenir nous en es^ resté d^qç la bel|p. mon-
naie de qinq déciipes, an 11, frappée sur le coin 4e Dupré : Régit-
1. écoute la Nature, elle ne ment jamais.
In-8», au burin;
— Ne prends plus tes leçons de l'Art,
Ne les prends que de la Nature. *
GraYé par Ponce, dessiné par Monnet, in-12, au burin;
— Voulez-Yous être heureux, écoutez la Nature.
Id-13, au burin. — Les plus remarquables ^ont ceux du Lttcréce, de Didot,
io-éo, an il, gravés par Choffard.
S. Li\fre indispensable aux enfants de la LU)erté, avec figures, par les
citoyens Dusausoir et Ginguené; Paris, Dufart, Langlois et Basset, Tan second,
in-18 carré. Le frontispice est divisé en neuf figures : Nature, Raison, Philoso-
phie, Liberté, Égalité, Fraternité, Unité, IndiVisibilité ou la Mort, qui sont le
sujet des catéchismes.
3. Petite pièce au pointillé de couleur, de celles qui furent faites pour Tima-
gerie des confiseurs.
408
SUJETS. — ALLÉGOBIES.
nèration française, et dans plusieurs estampes, qui reproduisirent
ou imitèrent la figure du monument^
Le Comité de salut public voulut perpétuer ce monument, et
proposa pour Tun des sujets du concours de Tan III la figure de
la Nature régénérée, à ériger sur les ruines de la Bastille. Les
sculpteurs Suzanne et Gartelier obtinrent le prix, mais il n'a rien
survécu de leurs ouvrages.
kl6^
%^
^
i^
a^Vfctv
Les Génies. — L'emploi fait par Tart antique des figures d'en-
fants et d'adolescents ailés comme Génies, personnifications plus
complaisantes des passions, des idées, des occupations, des lieux,
avait été repris par les dessinateurs du XVlll* siècle, avec une
recherche qui n'a point été assez remarquée et qui ne relèvera
pas peu Tart de cette époque lorsqu'on voudra faire l'histoire de
ses manières. Que de verve ont déployée Eisen, Cochin et Gravelot
dans cette multitude de Génies allégoriques dont ils ont illustré
la littérature et la philosophie, et qui, de concert avec les Amours,
toujours de mise, avaient supplanté les Anges de la Mythologie
catholique. Ils furent introduits dans les sujets révolutionnaires
par des dessinateurs et deis graveurs de la même école, Saint-
Aubin, Choffard, Lemire. Rien d'étonnant qu'ils ne paraissent pas
d'abord changés de style ; leurs attributs seulement sont autres,
et leur costume classique est quelquefois travesti*.
Une étude plus attentive des enfants et une application plus
ingénieuse de leurs natures à l'allégorie parurent cependant dans
les compositions de plusieurs dessinateurs, tels que Sauvage, De-
1. J*ai cité ceUes de Boizot; je connais encore deux pièces anonymes : la
Nature, in-S» ovale, pointillé bistre; elle est debout, coiffée du lotus, à demi
couverte d'un voile, et presse deux de ses mamelles pour en faire jaillir le
lait ; à ses pieds est une corne d'abondance, etc. ; — la Nature, in-8<* ovale, en
couleur, chez Basset. Elle est assise et allaite de ses seins nus deux enfants,
l'un blanc, l'autre noir; à ses pieds sont les produits de la Terre.
2. Cupidon, tambour-major national^ avec chanson, à Paris, chex Drian-
court {Coll. Lat., p. 36); — l'Amour Volontaire^ — V Amour Sans-Cuiotte, —
i' Amour en carmagnole.
-oen-
eiiine
:era
de
Jollot
oTTlre
^i;Sie
-Jnnt-
SBoas
LE PEUPLE. 409
iDucourt, et, au-dessus de tous, Prud'hon, qui y déploya tout son
ftjonheur d'expression. La production la plus neuve peut-être fut
c^elledu Génie adolescent, qui fut principalement remblème des
Xois et se prêta ensuite à d'autres emblèmes.
Du pré le grava sur les monnaies en or, en argent et en cuivre
<le la République, Dupoyrat sur les timbres et les assignats; et il
:ffut vulgarisé dans des estampes de tout genre^ 11 était nu, ailé, .
portant la flamme au sommet de la tête, et chargé d'attributs qui
<lifrèrent selon son rôle. On les trouve rassemblés dans les quatre
Cénies des Cartes de Dugourt; il prit les talonnières de Mercure
pour symboliser le télégraphe qui venait d'être découvert par
Chappe , adopté par la Convention , et dont les premières dépê-
ches portèrent les victoires de l'armée du Nord*; il prit enfin
les foudres et s'élança dans le quadrige, les palmes et les cou-
ronnes à la main, pour annoncer les victoires des armées répu-
blicaines ^.
Le Peuple. — Pour personnifier le Peuple, ce Génie dut prendre
des formes plus robustes. Ce ne fut plus le jeune homme confiant
et généreux des premières années, mais l'homme mûr et grossi,
ayant déjà usé de sa force jusqu'à l'abus. Il symbolisa ainsi la
Constitution de 93, debout sur les insignes brisés du trône et de
1. Il Tient après mille ans changer nos lois grossières;
— in-8^ au burin, diaprés Moreau ; frontispice de VAlmanach historique de Ra-
baut, 1791 ; — Règne de la Loi, gravé d'après le dessin de Dupré; se trouve
chez Bernier, hôtel des Monnaie^ ; médaillon in-f°, au lavis bistre ; — le Par
triotisme armé protégera la Liberté légale, à Paris, chez Joly ; médaillon in-4%
au pointillé bistre; — H. Reboul, en-tète de lettre représentant le Génie de la
Liberté couronné de trèfles, recevant des mains de Minerve le Bonnet, Camwy
dm deL, Fontana inc., in-S"* 1., au burin; — Alexandre Berthier, général de
dwiiion de V armée dltMe^ in-i» 1.
2. Rapport de Lakanal sur le télégraphe, au nom du Comité d'instruction
publique, 25 juillet 1793; communication de Carnet, au nom du Comité de
aalut public, 15 fructidor.
3. Le Génie des Français apporte des nouvelles, frontispice de VAlmanach
de la Convention pour l'an IIL
4M SUJET)». — ALLÉGORIES.
t^aute], tenant d\ine main la table des droHs de l'homme; ■» de
l^autre un pic, au miiieu des flammes du soleil levant et de h
foudre qui éclate K Dans les statues, qui en furent élevées à la
fête de la Régénération et à la fôlie de l*Être supvôme, David f ^ut
appelé à en donner le modèle. Ce grand peintre ne connut pas le
cOté serein de ta Révolution ; on ne cite pas mépie de lui uc^^ne
(igure de Liberté. En prenant dans Tantique sa figure du Feupia»- .e,
il ne choisit pas le Génie du peuple romain, figure iuvâ[iile, coilMMiée
du modius, à demi di^apée d'un manteau, tenant la pique ou la
oorne d'aboadanoe, ou igure barbue e| calme, couronnée^ vétc^-je
dupallium de Jupiter et tenanlj aus^i la corne d'ehondance; ii
songea encore moins à ce Démon de Parrhasios qpai était t^^o
assemblage de toutes les vertus et de tous les vices. H fit un He^
cule, ici la massue levée ^t terrassant Thydre du Fédéralisme,
la fnassue au r^ios et portant à la main la Liberté et l'Égalité,
programme qu'il en donna accuse plus Tivresse révolutionnaii
que l'inspiration pittoresque. Après avoir donné la forme de so^ ^
colosse, il voulait qu'on lût, écrit sur ses membres : a Lumière^^^*
Nature, Vérité, ForcQ, Travail. » L'idée, qui en est restée dans
quelques gravures, ne montre que des figunes d'aune énergie tou
matérielle '. On en trouve encore un souvenir dans le timbre du
Bulletin des Lois de l'an lU et dans le coin de Técu de l'an IV par
Dupré : Union et Force. Cette figure avait été introduite jusque
dans le filigramme du papier officiel^ dont le cliché fut exécuté
par Dupré.
Ai| concours ouvert par le Çon^ité de salut put^Iiç^ on prgposa
encore une statut çolqs?^le dju /?eî|p{j? frmçqis, h i^Y^T W •»
pointe occidentale de l'Ile, au milieu du Bont-Neuf, et une autre
figure du Peuple détruisant le Despotisme. Plusieurs sculpteurs ob-
tinrentdes prix ou des encouragements: Lemot, Ramey,MichaHon,
Çh^udet, ^oizpt et d'ai|fre.s pour )^ première, I)upi9nt, Sufaqne
1 . Je D*ai va la pièce qu*en reproduction dans V Histoire-Musée de la Réfm-
btique, %, I, p. 437.
2. V. les planches relatàyes aux Fêtes.
ex Boland pour la seconde*. Plusieurs de ces projets parurent d^ut
expositions de l'an IV e^ de l'au Y, mais aucun ne conquil^a popu^
larité. U& étaient d'ailleurs h peine ébatichés que ee peuple, dont
il s'agissait de faire un colosse immuable et le soutien invincible
de la Liberté, n'était qu'un mannequin entraîné par d'autres mor.
biles ; encore quelques mois il sera la dupe; d'un despote.
La représentation la plus significative oo fut donnée par la
gravure dans ce moment suprême '; elle s'élève par «on style fort
aidb-dessus des caricatures vulgaires et sort de la main de quelque
l>avidien émérite, Uennequin sans doute. Le colosse» debout
auprès d'un aqtal et d'un Qénie qui tient deux couronnes su^*
P^Adues sur sa tête» vient de culbuter d'une cbiqu^naude des
Pysmées, rois, papes, généraux et Directeurs, qu'il avait sur les
^■*as ; mais un général, reconnaissable à son masque, s'est glissé
^<^^re ses doigts et se cramponne à sa massue, pour attraper les
^^*>^*xx)nnôs qu'il avait gagnées.
L*allégorie révolutionnaire arriva jusqu'^ saisir dans un sym-
^^î« la terrible Assemblée, en qui s'était ince^rnée un moment la
nté la plus absqlue du peuple , et le prit dan3 u Mom'AÇNH f
mination de la fraction la plus démocratique delaLégi$lativts
la Convention, qui avait été appelée à dominer par 1q dé-^
* finement des passions autant que par la fatalité dçs circon-
^ï^kcîes. Elle fut figurée par un rocher abrupt; \^ Constitution
p O3 y paraît au milieu des éclats de la foudre, comme sur 1^
* *^^ï le Décalogue de Moïse, Ce rocher sert de piédestal à la statuç
^^ ï^cuple, et n'est plus qu'un de ^s attributs port^ à bras tendu ;
^orrne enfin la décoration principale dQS fêles de la Kaison et
l'Être suprême.
L'attirail mythologique et iconographique, que nous venons
^^ parcourir, avait renouvelé suffisamment le matériel <les ate-
i. Rapport sur le concours de sculpture de Tan l|I, par Portigf, 4ffl0<i^MI
mcydopèdique, t. lY, 1795, in-S».
2. La Chiquenaude du Peuple, ïn-P*, lam kinife.
V
412 SUJETS. — ALLÉGORIES.
liers et échauffé jusqu'à Texcès Timagination des artistes. M^ 1
eut, comme en politique, beaucoup d'efforts égarés, et, dan ^ '^
paroxysme, quelque chose qui n'est pas avouable. Les plushal^il^
échouèrent en cherchant la plus complète expression allégori^i^ï»^
de Tart révolutionnaire, et la critique recule devant les com]
tions dans lesquelles les médiocres représentèrent le Triompha
la Montagne^, et le IX thermidor^ ; aussi la détente était-elle i
vitable. Après la crise, le goût antique et allégorique persis
mais les divinités s'effacèrent: au-dessus de toutes les
s'éleva la Victoire; en représaille des maux soufferts arriva /«
Sensibilité, la Pitié, et, de tous les Génies, il semble qu'il n^^c
reste plus qu'un seul, l'Amour, le génie des jeux, des ris et
danses.
La Sensibilité de Tan V n'a pas encore de formes consac
en iconologie ; elle inspira cependant assez d'ouvrages pour q«-m*îl
en résulte un type. L'Antiquité y prêta peu, non pas qu'elle ^3 ôt
manqué de symboles équivalents, tels que Pietas avec sa cigog
Concordia avec ses colombes, mais il fallait un symbole tout
derne pour rendre la contemplation de la nature, l'adoucissem^^^*^^
des mœurs et la subtilisation extrême du sentiment; l'iconol
du XVI 11^ siècle n'en a pas non plus donné de modèle. Le scu
teur Chaudet en avait fait la statue en 1789, et beaucoup de d
sinateurs depuis y avaient fait allusion ; Guérin en donna Tid
dans un tableau qui fit foule'. Dans les régions plus vulgai
une image s'en était répandue qu'il faut saisir; c'est une jeun
femme au profil grec, aux formes délicates, vêtue et coiffée dan^
la mode moderne et légère, alors toute recherchée dans l'antique,
i . Le Triomphe de la Raison et de la Philosophie, gravé par M** ***, d*apTès
Perrin, in-f**, pointUlé en couleur ; — la Montagne enfante la Constituiûm
républicaine, éventail en couleur; — Triomphe de la Religion naturHle sw
V Athéisme, le Fanatisme et la Superstition, in-f*' lavis; — le Triomj^he de
la Montagne, par Lelu, in-f^.
2. Une seule est peutrêtre à excepter : les Formes acerbes, de Lafitte.
3. Marcus Sextus, gravé par Blet. ^
e
L*AMOUR. 413
Qt qui soupire près d'un tombeau^; ses seuls attributs sont des
fleurs, un papillon, un style pour écrire ou dessiner une plainte,
dont le consolateur n'est pas loin.
L.' Amour, qui alors s'incorpora dans l'art, eut aussi sa physio-
aomie, distincte de celles qu'il avait précédemment reçues, mais,
pour ses formes, il n'y avait plus rien à inventer, et l'Antiquité
fournit un de ses plus beaux types. Ce n'est pas l'enfant, dont le
X.VII1® siècle avait trop abusé, mais l'adolescent, dont les sculp-
teurs grecs avaient immortalisé le torse et que Bouchardon avait
repris. Prud'hon en avait donné de charmants modèles*; Gérard
en fi t le tableau le plus admiré du Salon de Tan V ; on le retrouve
dans les compositions de Fragonard, Mallet, Chéry, Dutailly, et
dans les gravures deCoiny, Pauquet, Lingée. 11 n'y garda pas tou-
jours la pureté des ouvrages que nous avons cités les premiers. On
le vit servir à une renaissance trop complète des usages païens, et,
îuî pis est, fournir aux illustrations de romans trop réellement
pris dans les mœurs les plus dissolues d'une époque qui cherchait
^ s'étourdir, et qui sembla donner le spectacle de truies les fai-
blesses après avoir donné l'exemple de tous les dévouements*.
t-o moment était venu où ce ciel allégorique devait disparaître
^t le domaine de l'art tout entier s'obscurcir devant une dernière
^ - Là seul j'irai le soir rèyer sur son tombeau ;
*^^*^tispice des poésies de Desorgues, par Huber; — Elle dessinait (usise sur
'**'* ^^imbê, frontispice du Peintre de Salzbourg, gravé par fiSaradan, dessiné
^^^^ l^aillot; — Humanité, jeune flUe agenouillée déposant une couronne sur un
^^^^>€au où elle écrit les vers du Réveil du Peuple :
Mânes plaintiCs de rinnocence.
Apaisez-vous dans vos tombeaux ;
^û-4« rond, pointillé en couleur.
^. Vignettes de VArt d'aimer^ in-4*', gr. par Copia et Boisson.
3. D'autres estampes, d'autant plus hardies qu'elles ne portent la responsa-
bilit** d'aucun nom connu, le travestirent en personnage politique; ce furent
l'Amour Volontaire, l'Amour Sans-Culotte, eiV Amour qui reçoit une couronne
dês mains de la Patrie et chante ses bienfaits.
41^ SUJETS. —ALLÉGORIES.
^t imique «divinité, la Fortune. La République s'était tien gafdée
àt la mettre au rang de ses Vertus; elle était œUe de Yhmm
qui allait substituer sa personne à la Nation. Les'chèresBllégorieB
de la République lui firent d*abord cortège, la Victoire la pre-
mière, la Paix même, qui était l'invocation de tous les partis
lassfe de leurs luttes; les Ris et les Amours, ïiinsi qu*on levdH
Sans les figures que PrUd'hon, Regnault, Vernet, donnèrent pour
eiïtourage ïiu char de victoire du Général et du premier Consul;
mais on voit dès lors la queue des dessinateurs tourner toutesces
allégories eu adulations de lapersontië^. Ils ne manquèrent même
'pas d'exhumer, pour la plus grande morîalité du cortège, les sym-
boles de la Religion, qui s'étaient depuis douze ans totdlemem
oblitérés, et l'adulation en ce genre fut poussée au point d'asâ-
ftiilér Napoléon au Créateur*.
Legoiit et rintelligenceide l'allégorie s^étaient si bien gétfén-
lisés que chaque grand événement politique fut illustré d'al-
ilégories plus ou moins heureuses. Du Roi et de la France, «n
possession ancienne de rôles obligés dans ces xérémonies, elles
paâsôrent aux trois Ordres et aux Constitutions. Les pièces de oe
genre, qui chargent les collections avec peu de profit pour l'his-
toire et peu d'agrément pour la curiosité, se succèdent en suivant
les phases principales de la Révolution :
Déclaration des droits de l'homme, août 1789 ;
Dans patriotiques des dames, septembre 1789 ;
Abolition des titres de noblesse, juin 1790 ;
Mort de Mirabeau, àvn\ 1791 ;
La Constitutionjurèepar le Roi, septembre 1791;
La fondation de la RépuMique, 10 août 1792 ;
Le Triomphe de la Montagne ;
La Constitution de 1793;
1 . Allégtifie't9kUi9$ à 9tUmapàirtê^^énéràk.é»8. Ormiê^ frwÊçaimti dédié ao
Dirëètoire, par V.-M. Picot, in-f» 1., pointilié;^-. le Sauthné^ la Frmnce. vnc
"^nKende en 4 lignes, chex Ghttaignier, in-f* lu,'' eau-tete etteris.
2. La Création, par DugrandnMDil,i>àn XUI, mi*8S AonHiapioe aa.pMHiUé
s. t. «
ÉVÉNEMENTS POLITIQUES. 415
Le 9 thermidor;
La ConsUtution de Van YIII et le Dix-huit brimiaire;
La Paix, an X.
Indépendamment des compositions d'artistes connus que nous
avons déjà rencontrées sur tous ces thèmes, ils défrayèrent de
nombreuses estampes anôityhlés aii pdntillé, au lavis et en cou-
leur, sans qu'il soit question encore des pièces satiriques aux-
quelles donnèrent lieu les mêmes événements.
2. — FÊTES.
L'art le plus vivant de la Révolution est dans ses fêtes. tîn
grand historien, qui Ta prônée en fils aussi tendre que sincèr^^ -. ^
écrit : « La Révolution est en nous, dans nos âmes; au deli-^^^*^
elle n'a pas de monument! s> On ne doit Tentendre,* sans doi
que pour Tarchitecture, à laquelle il faut un temps et un rei
qui manquèrent à la Révolution ; mais il y a d*autres monume-x^* ^
que œux de pierre et de marbre, et l'on se souviendra toujoi» f^^
bien qu'ils n'aient duré que l'espace d'une décade, de ceux qu^ ^^
Révolution dressa pour ses fêtes. Ils valent ceux qu'à d'au!
époques on avait vus s'élever aux entrées et aux avènements
rois, et ceux qui nous rappellent les marches, processions ^
réjouissances que d'anciennes traditions ont perpétuées dans ^^"^ ^^
villes. L'art s'est souvent accommodé de leurs échafaudages ^^
bois et en plâtre et de leurs mannequins d'oripeaux, et nous "*^
recherchons curieusement les gravures; celles qui se rattache^ '^
aux cortèges et aux stations des fêtes de la Révolution nous pei
dront toujours, mieux qu'aucun récit, les plus grandes émotio
de ce temps de miracles.
« Jusqu'en l'an IV, dit Lebreton, l'architecture ne parut qu
dans les fêtes publiques ; mais les fêtes nombreuses firent presqu
constamment honneur à l'art. On se propose de graver les prin-
cipales, et elles justifieront cet éloge*. » Gomment Lebreton se
flattait-il encore, en 1808, qu'on laisserait publier les souvenirs
les plus émouvants de la République ?
La première à considérer, et la plus belle, fut la Fête de la Fèdè-
1. Rapport sur les Beaux-Arts, in-4o, p. 179.
«
û-
*^
TRANSLATION DE VOLTAIRE AU PANTHÉON. 417
ro/ûm (14 juillet 1790). On ne peut compter les estampes qui la re-
produisirent. Elles sont des meilleures du temps : Ingouf, Massard,
^e/mau, Girardet, Sergent, Janinet, Lecœur, Chapuy, Levachez*.
De g^randes pièces au burin, des pièces à la pointe, plus minutieu-
sement faites, et des pièces au lavis et en couleur, d'un effet plus
igr^able, représentèrent les travaux du Champ de Mars dans son
n»^mble et dans ses épisodes, les différentes vues de la fête,
de triomphe et ses frises, les gradins, Tautel de la Patrie, les
cortèges qui s'y acheminèrent, les foules immenses qui l'en-
raient, et les scènes principales du serment civique; d'autres
s donnent les portraits des héros de la fête, Bailly et La
^tte, les costumes des fédérés et des fédérées, les drapeaux
Districts. Nous avons le complément de la fête dans la déco-
ction de la salle de bal, qui avait été élevée sur le terrain de la
^^st-ille, avec l'inscription : « Ici l'on danse, » et que Swebach et
>^^ucoup d'autres se plurent à dessiner. On trouvera enfin la
ï^^Vsionomie la plus populacière de la fête dans la multitude des
^^èoes sans nom qui se vendaient avec des chansons, en marge de
levers images :
Peaple aiâiable de la France, etc.
Que notre &me soit satisfaite, etc.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira.
La Translation de Voltaire au Panthéon, le 11 juillet 1791, fut
îa première fête philosophique particulièrement chère aux artis-
tes, qui y déployèrent un grand appareil païen et antique. David
en avait dessiné le char; les jeunes peintres et sculpteurs y figu-
rèrent, vêtus à la romaine, et on y chanta, sur la musique de
Gossec, l'hymne de Ghénier :
i. En Yoîci une qui n*a point été décrite : Vue du plan du Champ ds Mars^
tM qu*U a été décoré pour la Confédération du 4 A juUUt 4790, et les élévations
exactes des trois principaux édifices, tels que Tautel, Tamphithéàtre, ainsi que
'Parc de tnomphe a?ec toutes ses inscriptions, etc., in-r* carré, imp. en bistre,
se vend à Paris, chez M^* Prieur, près le sculpteur, vis-ih>yi8 TOpéra.
27
418
SUJETS. — FÊTES.
n renaît parmi nous, grand, chéri, respecté,
Gomme à son dernier Jour, ne prêchant à la terre
Que Dieu seul et la Liberté.
La grande estampe que nous en avo.is, gravée par Miger d'apn^
le dessin de Louis Lagrenée filsS n*est point exempte de lourdeur;
mais on y voit bien la physionomie du cortège au momeol de
l'entrée au Panthéon ; l'arche contenant ses œuvres, entourée des
députa tions des Académies, parmi lesquelles était Beaumarchais:
sa statue (modèle de Houdon)', portée par des hommes vêtus à
l'antique; le char, en mausolée, avec le corps, au-dessus duquel
une Victoire suspend une couronne, escorté d'enfants en Génies
semant des fleurs, de femmes en Muses, le sein nu, jouant de la
lyre, et suivi des rangs pressés des fonctionnaires et des citoyeû^
des instruments, des bannières et des piques.
Un panorama plus exact de la procession se trouve dans ^^^
pièce publiée chez Janet : Ordre du cortège pour la translatiof^ ^*
mânes de Voltaire^, et l'on en voit quelques groupes dans •^^
pièce gravée par Colibert d'après le dessin de Boiseau. Les p-
cipaux avaient été reproduits dans une garniture de boutons.
^r^
F
é
1
\J
vt-
La Fête de la Liberté, célébrée en l'honneur des soldats sui
de Chât'eauvieux, le 15 avril 1792, eut un caractère plus po
laire et une décoration non moins antique que la précédente.'
en peut juger par la gravure de Girardet, qui représente le
tége arrivant sur la place Louis XV. La statue équestre du ro
est encore, mais envahie par les citoyens qui la coiffèrent ^
bonnet rouge. Sur le premier plan est le char, portant au somm
la statue de la Liberté assise; devant et sur ses gradins inférieu
un trépied de parfums et un citoyen qui l'invoque. David e
avait donné le dessin ;. il paraît couvert de bas-reliefs allégorique^
1. Catalogue de son œuvre, n^ 35, p. 73.
2. La statue de toile, qui a été donnée à la Bibliothèque de Rouen par
M. Carpentier, est celle même qui a figuré dans ce cortège; elle est mainte-
nant peinte en bronze, mais elle a été autrefois dorée (A. de M.).
3. Michelet, Histoire de la Révolution, t. IV, p. 77.
r-
îï
du
et
LA FÊTE DE LA LIBERTÉ. 4i0
et escorté de personnages antiques portant des urnes. On voit,
derrière, le sot, monté sur un âne et destiné à servir de plastron
aux quolibets. Il continuait, au service du Peuple, le rôle que le
fou ou le sot en titre -d'office avait rempli autrefois, à la Cour, ali
service des Rois, et, à la ville, dans les processions des Gom-
munes et des Confréries.
La Fête de la troisième Fédération, le ik jullet 1792, dont le
héros était Pétion, fut célébrée au Champ de Mars par Tauto-da-fé
de l'arbre féodal, chargé des armoiries et des titres de la Noblesse.
Deux cérémonies funèbres avaient marqué les premières années
de la Révolution : celle de Franklin, célébrée quelques jours après
la Fédération, et celle de Mirabeau, dont Tapothéose eut lieu le
£§ ftvril 1791, quelques mois avant celle de Voltaire.
L'Église avait encore pris part à ces cérémonies. La pompe
funèbre en l'honneur des citoyens tués au massacre du iO août,
wquï fut célébrée le 26 août 1792 , fut tout antique et païenne.
Elle avait été ordonnée par Sergent, alors chargé des dispositions
^t de la surveillance des cérémonies nationales. On en a décrit
le cortège lugubre, portant les statues de la Loi et de la Liberté;
l*hymne terrible de Gossec :
Vengeance, vengeance étemeUe;
le discours de Chénier, et la pyramide en serge noire dressée
sur le bassin des Tuileries avec l'inscription : Silence, Us reposent.
f^ous ne t'avons trouvée gravée que dans la petite pièce, assez
confuse, publiée par les Révolutions de Paris,
Une fête plus simple fut célébrée le H octobre 1792, sous le
nom de Fête civique en l'honneur de la liberté de la Savoie. Un
cortège, assemblé à la place Louis XV, où une statue de la Liberté
avait remplacé là statue du roi, y chanta la Marseillaise. Chénard,
du théâtre Favart^ y ûgura au premier rang, en carmagnole et en
sabots, ainsi qu'on le voit dans la belle figure de Boilly et de
Copia : le Porte-drapeau de la Fête civique.
L'année 1793 s'ouvrit par la cérémonie funèbre de Lepelletier
et sn translation au Panthéon, qui eut lieu le 2k janvier. Plusieurs
420 SUJETS. — FÊTES.
gravures en font connaître des détails. La plus intéressante est
celle qui reproduit le corps du conventionnel en demi-figure,
couché sur le lit de parade, la tête couronnée de chêne, le trooc
nu et la plaie saignante entre des linges ensanglantés, tel qu'il
était sur le char funèbre.
La fête, projetée pour Tanniversaire du 14 juillet, fut empê-
chée par rassassijiat de Marat et remplacée par les obstqws
de Marat, qui eut aussi sa translation au Panthéon et ses mo-
numents. Le plus curieux est celui que les Cordeliers élevèrent
dans le jardin du Luxembourg pour rendre un culte à son cœur.
Il y en a une bonne gravure, exécutée par Née sur le dessin de
Pillement. Il représentait la porte grillée d'un caveau au milieu
de rochers, surmontés d'une urne et entourés d'arbustes et He
peupliers*.
La Ck)mmune, sous l'administration du maire Pache et du pro-
cureur général Chaumette, provoqua, selon les circonstances, des
fêtes plus populaires que grandes, mais dont la singularité vient
aussi se refléter dans les arts.
Elle célébra, le 28 avril 1793, les obsèques de Lazowski, où l'ef-
figie en cire du sans-culotte du 10 août, modelée par Curtius, fut
portée comme aux antiques funérailles des rois, où le corps fut
promené, entouré de drapeaux tricolores, et inhumé à la place de
la Réunion; sa fille y figurait, décorée d'une branche détachéede
la couronne funèbre et adoptée par la Commune. Le 8 juin, les
citoyens et citoyennes de couleur réunis vinrent recevoir une ban-
nière où était cette inscription : a Droits de l'homme et des
citoyens de couleur; vivre libres ou mourir », allèrent escortés
au Champ de Mars prêter le serment civique, et revinrent à la
Commune déposer leur drapeau, renouveler leur serment et rece-
voir l'accolade fraternelle du président, qui déposa sur la t^te
1. Tombeau de Jean-Paxd Moral, dessiné et gravé d'après le monufl^^
élevé par J.-F. Bfartin, sculp., dessiné d'après nature par Pillement, grst«^ P^
Née, in-f* 1.; — Inauguration du buste de Marat, Tan II de la RépabUipic^
au tombeau qui a été élevé pour sa gloire et celle de Lazowski, place de ^
Réunion, dessiné et gravé par Ransonnete, in-f I.
FÊTE DE LA RÉGÉNÉRATION. 421
d'une citoyenne de couleur, âgée de cent quatorze ans, une cou-
ronne offerte par un jeune citoyen *. Elle célébra les obsèques de
C7halier, où Ton promena le buste en cire, Teffigie, les cendres et
la tète mutilée du Jacobin immolé à Lyon '.
Les noms de ces morts fameux, auxquels furent bientôt
joints ceux de Viala, de Barra et de plusieurs autres citoyens tout
à fait obscurs, constituèrent un véritable culte de martyrs, dont
nous verrons le développement dans les portraits et dont nous
devons noter ici Tensemble bas et cruel. Il est pénible de constater
c]ue le plus populaire de cas monuments et de ces cultes fut celui
de Marat. Pourquoi faut-il que la Révolution, si providentielle
dans sa cause et dans sa fin, ait été condamnée dans ses épreuves
à subir la bassesse et le crime! L'art, qui s'est retrempé en la
traversant, n'a pu rester étranger à ses souillures.
Le 10 août 1793, fut célébrée une fête, de création toute nou-
velle, qui fut appelée la Fête de l'unité et de V indivisibilité de la
République, ou la Fête de la Régénération, de la Nature régénérée.
David en avait donné les dessins et rédigé le programme, qui,
comme tous ceux des fêtes qu'il a fait adopter parla Convention,
est un modèle du genre. Nous avons déjà décrit la figure de la
ÎSature, qui formait la décoration de la première station, et les
figures de la Liberté et du Peuple, qui formaient les troisième et
«quatrième stations. JLe^ médaillons où nous les trouvons gravées
représentent aussi U^rc de triomphe, l'autel de la Patrie et le
monument funèbre, qui formaient les autres stations '. La céré-
monie de la fontaine de la Régénération est retracée tout entière
1. Moniteur universel des 2 mai et 42 juin 1793. Réimpression, XVI, p. 266
«t 606-7.
2. Le 27 brumaire, un portrait de Chalier avait été envoyé par Dorfeuille,
président du tribunal de justice populaire de Commune-Affranchie, à la Com-
mune, qui arrêta que cette gravure serait placée dans le lieu de ses séances, et
chargea Beauvallet, Tun de ses membres, de faire un buste diaprés ce portrait.
{Moniteur universel, i«' frimaire an II.)
3. Monuments nationaux élevés pour la fête de la Fraternité, en médaillons,
chez Blanchard ; — Vue des six différentes stcUions de la fête de VUnité, six
médaillons au lavis, chez Villeneuve, in-f° l. V. Allais.
4,n SUJETS. — FÊTES.
dans une gravure d'Helman. On y chanta une hymne de Varao,
artiste, poète et écrivain, conservateur du Muséum.
Pour avoir l'impression morale de la fête entière, il faut lire
M. M ichelet, qui en a décrit le cortège, ayant pour triomphateurs
les vieillards et les enfants, et pour dépouilles les sceptres et les
couronnes emportés dans un tombereau^. Un artiste nous en a
laissé aussi son impression personnelle; le vieux Wille * raconte,
avec beaucoup de bonhomie, l'effet de ses monuments : THercuie
élevé sur la place des Invalides; Tau tel et la colonne du Champ
de la Fédération; les thermes à Tég^'ptienne de TÉcole militaire,
et, sur la place de la Bastille, la figure colossale de la Nature qui
jetait de Teau par les mamelles : « Je la contemplai, dit-il, avec
un plaisir singulier. Elle est conforme aux statues des Égyptieos
et la masse en général est très-bonne. Je voudrais que quelque
jour cette figure fût érigée en bronze sur cette même place. »
Un mois après cette solennité, le calendner républicain avait
été adopté, et c*est par l'entraînement des mêmes idées que se
produisirent au mois de novembre (brumaire an II) les fius d6 1^
Raison, qui, comme tant d'autres institutions républicaines, n^
sont calomniées que parce qu'on les rend solidaires des héca-
tombes dressées par les énergumènes. Nous avons £t quelle f^^
au point de vue de l'art, sa plus grande innovation ; sa représ^^
tation n'a pas donné lieu à des estampes qui nous soient conni^^'
si ce n'est la petite pièce publiée dans les Révolutions de P(f^^
mais les écrits du temps en ont publié des descriptions a^^
fidèles. Des idées d'art intervenaient toujours dans leur célél^^'^
tion. A Reims, l'un des groupes du cortège se composait d'un chr
drapé d'étoffes rembrunies, supportant le groupe du tableau
Père de famille paralytique, entouré de ses enfants adr^sant
ciel des vœux pour sa conservation*. La poésie en a aussi sa^^
tienne l'idéal :
1. Histoire de la Révolution , t. VI, p. 22i.
3. Journal de Jean-George Wille, t n, p. 387, 389.
3. Bibtiothèftue de V Amateur rémois : Messe des sans^-eulottes, ReinM^ iSSr^
in-46, p. 30.
* ..."S
FÊTES DE LA RAISON. 423
Auguste compagne du sage,
Détruis des rêves imposteurs,
D'un peuple libre obtiens Thommage,
Viens le gouverner par les mœurs,
O Raison, puissance immortelle!
^s les fêtes de la Raison, les seules traces de culte officiel
)n rencontre sont les mariages et les divorces, prononcés en
devant l'officier de l'état civil , dont nous voyons assez bien
monial dans deux estampes de Legrand. Pendant quelque
les enlerrements] tels qu'ils furent réglés par un arrêté de
imune du 27 brumaire an II, furent conduits par un com-
re civil décoré du bonnet rouge, avec des draperies tricolores
raps mortuaires et une espèce de jalon sur lequel seront
ces mots : L'homme juste ne meurt jamais^, A Nevers,
l substitua la statue du Sommeil à la croix dans les cime-
A Montpellier, où le représentant Beauvais était venu mou-
brûla son corps dans une cérémonie funèbre et on recueillit
idres qui furent portées dans une urne au temple de la
et envoyées ensuite à la Convention. Un artiste, un gra-
ont nous avons déjà indiqué les idées, publiait, au nom de
imune, un projet de champ de repos. C'était un clos en-
le deux rangs de peupliers, avec fossé, talus gazonné et
ve, ayant au milieu la statue symbolique de la Terre, et
le massifs de roses, de jasmins et de plantes odoriférantes,
es parties de cyprès, d'ifs, de saules et autres arbustes, où
admettait que des inscriptions publiques et les noms seuls
yens qui avaient bien mérité de la patrie, divisés en plu-
tables : Piété filiale. Bienfaisance, Courage héroïque, Hu-
!, Arts, Littérature, etc. Le projet d'Avril réglait aussi le
qui devait avoir lieu, le visage du mort découvert et le
iuveloppé d'une draperie, à bordure tricolore, à fond blanc
I jeunesse, rouge pour l'âge viril, bleu pour la vieillesse, et
:uée par les trois cas : « 11 croissait pour la patrie, — Il
)Our la patrie, — 11 a vécu pour la patrie. »
mitmiTf 3 frimaire an II (23 novembre 4793).
r
42i SDJETS. — FÊTES.
Dans les temps les plus sombres de la Terreur, quelques fêtes
parurent encore, comme les éclaircies d'un ciel orageux. Le
8 nivôse, Robespierre avait fait décerner les honneurs du Pan-
théon au jeune fiarra; David se chargea de retracer sa mort hé-
roïque, et Barrère en fit envoyer la gravure à toutes les écoles
primaires'.
Le 20 nivôse, on célébra la Fête des Victoires, à roccasion de
la reprise de Toulon. Son ordonnance consistaîti selon le pro-
gramme de David, en quatorze chars, dédiés aux quatorze armées
de la République, escortés de jeunes filles tenant des branches de
laurier, et un char de la Victoire, qui furent conduits prgœs-
sionnellement au temple de l'Humanité (les Invalides) et au
temple de l'Immortalité, élevé sur le Champ de Mars.
Les artistes célébrèrent une fête particulière pourra planunm
de V arbre de la Liberté dans le jardin du Muséum. Le 25 ventèse,
les deux Sociétés d'artistes républicains, les artistes des Gobelins,
des députations du Comité d'instruction publique, des artistes des
différents théâtres et des femmes y assistèrent ; Michau et Ché-
nard y chantèrent VO salutaris, parodie de Gossec; Bienaiméet
Lebrun y prononcèrent des discours, et le président Aynard, eo
plantant l'arbre, fit une libation avec une coupe remplie devin,
qui lui fut présentée par la main d'une jeune fille *.
Les artistes prirent aussi beaucoup de part à la File du Sal-
pêtre, qui fut célébrée le décadi 30 ventôse. Son objet était l'of-
frande faite à la Convention par les élèves, envoyés des districts
pour apprendre à raffiner le salpêtre, à fabnquer la poudre et
fondre les canons, à laquelle les Sections réunirent leurs offi^^
des particulières. Le salpêtre parut dans ce cortège sous toutes 1^
formes, porté sur une peau de lion, en pyramide, en montagne
et en emblèmes républicains, pavoisé de drapeaux, de couronna
et de fleurs. On y vit ensuite, escortés par les ouvriers, chantant
une hymne composée pour la solennité :
i . Histoire parlementaire de la Révolution, t. XXXI, p. 26.
2. Journal de la Société populaire, p. 202.
k
FÊTES NATIONALES. i25
Tremblez, tyrans, voici la foudre !
par les instructeurs, par les agents nationaux des Salpêtres et
poudres et de la Municipalité, les ustensiles de la fabrication, le
salpêtre raffiné, la poudre fabriquée et le canon, fondu et fini
par les élèves, qui furent présentés à la Convention, et dont les
épreuves dans le Jardin national terminèrent la fête*.
La question du culte et des fêtes, Tun des points de discorde
entre les deux factions qui luttaient sur le terrain sanp:lant de la
Terreur, devait rester dégagée de leurs crimes, car jamais on n'y
invoqua des principes subversifs de la morale et de la religion
naturelles. Robespierre s'e» est fait une arme contre ses adver-
saires, mais Cbaumette, mieux que lui, voulait la liberté des
cultes, et Danton, le l*'' frimaire, faisait un discours sur la néces-
sité d'instituer des fêtes nationales auxquelles devaient concourir
les artistes les plus distingués et où le peuple offrirait de Tencens
à l'Être suprême*. Chénier fit aussi un rapport sur l'instruction
publique et sur les fêtes publiques^.
Une organisation des fêtes avait été indiquée par Lakanal, dans
un beau projet de décret d'éducation nationale, 'proposé par
lui à la Convention, au nom du Comité d'instruction publique.
Dans ce projet, les fêtes nationales, instituées dans les cantons,
les districts, les départements, et dans les lieux où l'Assemblée
nationale tient ses séances, étaient de trois sortes et avaient rap-
port aux époques de la Nature, à celles de la Société humaine et
à celles de là Révolution française. Dans les cantons, on célébrait
l'ouverture et la clôture des Travaux de la campagne, la Jeunesse,
le Mariage, la Maternité, la Vieillesse, les Droits de l'homme, la
première union politique et la fête particulière du canton ; dans
le district : le retour de la Verdure, le retour des Fruits, les Mois-
sons, les Vendanges, l'Égalité, la Liberté, la Justice, la Bienfai-
i. Journal de la Société populaire, p. 214; Moniteur universd, 2 ventôse
et 4 germinal an II.
2. Histoire parlementaire, t. XXX, p. 287.
3. Moniteur universel, brumaire an II (8 nov. 1793).
C
496 SUJETS. — FÊTES.
sance, la fête du district; dans le département : le PrîntencBp^i
l'Été, TAutorane, THiver, la Poésie, les Lettres, les Sciences et l^s
Arts, la destruction des Ordres, l'abolition des Privilèges, la fô«e
du département; dans la capitale, on célébrait : la Fraternité cl. a
Genre humaiaau premier jour de Tan, la Révolution française ^■-û
14 juillet, l'Abolition de la royauté et l'établissement de la Rép vJ-
blique au 10 août, le Peuple français un et indivisible au jour c3e
l'acceptation de la Constitution*. Le projet contient beauco«^»p
d'autres détails sur l'organisation intérieure de ces fêtes, quel '«=9n
trouvera certainement utopiques, mais qui n'en étaient que i>X '«js
religieuses et plus inspiratrices pour les artistes.
Robespierre se donna le mérite de l'institution d'un culte na ^tt^o-
nal. Le rapport sur les idées religieuses et le décret de reconn.^B.:£s-
sance de l'Être suprême, du 18 floréal an H, instituèrent les f^^^
nationales pour les trente-six décades de Tannée : àl'Être suprS.K3Qe
et à la Nature, — au Genre humain, — au Peuple français.
aux Rienfaiteurs de l'humanité, — aux Martyrs de la Liberté, à
la Liberté et à l'Égalité, — à la République, — à la Liberté
monde, — à l'Amour de la patrie, — à la Haine des tyrans et
traîtres, — à la Vérité, — à la Justice, — à la Pudeur, — k. '^
Gloire et à l'Immortalité, — à l'Amitié, — à la Frugalité, — ^^
Courage, — à la Ronce foi, — à l'Héroïsme, — au Désintére^^^*"
ment, — au Stoïcisme, — à l'Amour, — à la Foi conjugale,
l'Amour paternel, — à la Tendresse maternelle, — à la Pî
filiale, — à l'Enfance, — à la Jeunesse, — à l'Age viril, — à. ^^
Vieillesse, — au Malheur, — à l'Agriculture, — à l'Industrie, '
à nos Aïeux, — à la Postérité, — au Ronheur.
La première fête, célébrée le 20 prairial, fut la fête la p# ^^
fameuse de la Révolution par la magnificence des apprêts ordc^^'
nés par David, par l'élan de la population et par la part qu'y p^^^
Robespierre. On y chanta l'hymne de Desorgues :
Père de Tunivers, suprême intelligence;
on y sema les roses à profusion. Deux monuments prindpaui
i. Gazette natioruUe ou le Moniteur umoertel, 6 Juillet i!N3, io*^.
-^
LA FÊTE DE L'ÊTRE SUPRÊME. 437
lembièrent les cortèges. L'un, aux Tuileries, représentait
héisme, et, autour de lui, TÂmbition, TÉgoîsme et la fausse
tplicité, au milieu des haillons de la misère et des ornements
esclaves de la Royauté ; il fut brûlé par les mains du.président
[a Convention, et de ses débris s'écKappait la Sagesse. L'autre,
I]hamp de Mars, réprésentait la Montagne, où les chœurs des
"es de famille et des jeunes filles, des adolescents et des vieil-
Is, exécutèrent, au milieu des chants et des symphonies, des
lutions patriotiques ^
Jds graveurs publièrent diverses vues de ces monuments*.
IS la plus détaillée de ces estampes, on voit l'arbre de la
erté au sommet de la montagne, la statue du Peuple au sommet
De colonne, les trépieds où brûle l'encens, et les divers
apes de citoyens qui cheminent le long des tertres abruptes
liantes d'arbustes'. Dans celle, que l'art peut le plus volontiers
uer et qui me paraît due au burin de Marie-Anne Croisier^, on
t l'interprétation la plus populaire du culte de l'Être suprême :
V. la relation de la fête dans la Décade, t. I, an n : « ... Les fenêtres
«s de guirlandes de fleurs et de rameaux de chêne; — les femmes et les
es filles, vêtues de blanc avec des couronnes de pampre sur la tête et des
sa la main; — au Jardin national, la statue colossale de la Sagesse;
ans le cortège, le char, traîné par deux taureaux, portant la Liberté, assise
mbre d*un arbre, avec des gerbes, des instruments d'agriculture, des attri-
des ftrts utiles; — le char portant des aveugles : la République française
•re le malheur; — la Montagne au milieu du Champ de la Réunion. »
Vue du Jardin national et des décorations le jour de la fête de VÊtre
éme, in-f* 1., à Paris, chez Chereau, eau-forte assez soignée et non sans
; — Vue de la montagne élevée au Champ de la Réunion, in-î* 1., chez le
le; — Vue de la montagne et de la colonne^ petite pièce ronde au lavis,
B assez jolie exécution.
Vue du côté orientai de la montagne élevée au Champ de la Réunion, etc.,
1. , dessinée et gravée à Teau-forte par Simon , terminée par Marchand,
ivis.
Fête célébrée en Vhonneur de VÊtre suprême : « Le véritable prêtre de
B suprême, c'est la nature; son temple, Tunivers; son culte, la vérité; ses
, la Joie d*un grand peuple rassemblé pour resserrer les doux nœuds de
iternité et Jurer la mort des tyrans. » In«f<> h., burin.
(1
428 SUJETS. — FÊTES.
uoe famille vieot y offrir ses vœux à deux divinités, placées sur
un tertre à l'ombre d'un chêne, éclairées par TOEil rayonnant : la J^
Nature et la Liberté :
Dissipe nos erreurs, rends-nous bons, rends-nous justes;
Enchaîne la Nature, à tes décrets augustes,
Laisse à Thomme la Liberté.
DBSORonis.
Dans deux estampes publiées chez Faton, VÈducation et l'^^ào-
ration à l'Être suprême^, représentée sous Temblème d'un en» ^an^
ailé, assis et contemplant les merveilles de la Nature, Tinia^^ene
révolutionnaire prenait des allures encore plus hiératiques.
On ne saurait dissimuler que souvent les féte^ républic^ ines
n'aient pris un caractère de trivialité et même de bassesse; nrrsais,
si l'on veut voir avec quelle élévation d'esprit et de cœur ^^lles
étaient comprises par les hommes d'élite, que Ton lise le ^ ivre
de Boissy d'Anglas, qui fut écrit le lendemain de la fête à T ^tre
suprême, dont il retrace les plus pures émotions*. La dégr-^da-
tion des fêtes paraissait surtout dans les pièces de théâtre, où ^^^
en faisait des répétitions mesquines qui n'étaient que des p^ aro-
dies, mais le Comité d'instruction publique s'éleva contre=^ ^
abn«5. et, après un rapport plein de leçons sévères sur la direcn-^^^^"
morale des arts, elle fit interdire sur les théâtres la représe— ^^^^"
tion de la fête à l'Être suprême '.
La dernière fête, dont David traça le plan , était décernée *^^
jeunes Barra et Viala. Le rapport qu'il présenta à la Conventi^ ^jon,
le 23 messidor an II, est le document le plus singulier du d^^^"^
législatif de l'arfiste. Le programme est plein de ces motifs d^^^"^
nous n'avons plus le diapason : les cortèges des enfants et *- "^
mères, des musiciens et des chanteurs, des danseurs et des poët^^^*
arrivés devant le Panthéon, se formaient en demi-cercle, et - '^
i. Elles sont annoncées dans le Moniteur du 27 fructidor an II.
2. Essai sur les Fêtes ruUionaies, adressé à la Convention nationale p^
Boissy d'Anglas, représentant du peuple ; à Paris, de rimprimene polyglotU'r
an II, in-8«.
3. Moniteur universel, 27 messidor an n.
FÊTE DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU. 429
Convention se plaçait sur les degrés du temple. Les images et les
urnes de Barra et de Viala dressées sur un autel au milieu de la
place, des danseuses formaient autour des danses funèbres en y
répandant des cyprès ; le président de la Convention venait les
consacrer à l'Être suprême, et le peuple criait par trois fois : Ils
sont immortels^. Entre les poètes, convoqués particulièrement
par le Comité d'instruction publique, le Moniteur inséra les
stances du citoven Ândrieux :
Tendres mères, séchez vos larmes,
Ce jour o*est point un jour de deuil,
et Thymne du citoyen Davrigny , dont Méhul avait fait la musique :
Autour de ces urnes sacrées,
Flottez, drapeaux ! sonnez, clairons !
La fête fut préparée par la Commune, et les Sections convo-
quées pour Toctidi 8 thermidor. On sait quels événements vinrent
empêcher sa célébration.
Le régime de la Terreur passé, le culte ne fut point précisément
organisé selon le rapport de Robespierre et le décret du 18 floréal
an II, mais il se maintint dans la voie de liberté et de religion
naturelle, ouverte par les fêtes qui précèdent. Le 20 vendémiaire
an III on célébra, après un rapport de Lakanal, la Fête de
J-J, Rousseau, l'homme de la Nature et de la Vérité; la trans-
lation de ses restes au Panthéon fut faite par un cortège où Ton
mit en première ligne les botanistes, les artistes et les artisans,
les mères allaitant leurs enfants; les musiciens et les chœurs
exécutèrent les airs du Devin du village ; la statue de la Liberté
et la statue de Rousseau furent portées au milieu des groupes des
habitants de Franciade et des autres lieux habités par Rousseau '.
Le décadi suivant , ce fut la Fête des Victoires, célébrée, d'après
1. Moniteur universel, 5, 9 et 10 thermidor an II.
2. Rapport sur les honneurs à rendre à la mémoire de J.-J. Rousseau, im-
primé dans Touvrage intitulé : Exposé sommaire des travaux de Joseph La-
kanal, Paris, Didot, 1838, in-8», p. 175.
430 SUJETS. ~ FETES.
le rapport de Chénier, au Champ de la Fédération, par la p
d'un fort qu'exécutèrent les. élèves de l'École de Mars, et jp^v
rentrée du char de la Victoire portant les drapeaux pris sur les
ennemis, et s'avançant vers un temple de l'Immortalité oC^ U
Convention était venue graver les noms des quatorze armées, de
la République ^
La loi du 3 brumaire sur l'organisation de l'instruction pu-
blique, complémentaire de la Constitution de Tan lil, qui éta^ blit
les écoles de service public, les écoles primaires, les écoles < isor
traies et l'Institut, régla les fêtes nationales au nombre de i J^ept
par année : les fêtes de la Fondation de la République, de la W^ leu-
nesse, des Époux, de la Reconnaissance, de l'Agriculture, d^^ e la
Liberté et des Vieillards. Ces fêtes furent célébrées de l'an 1 ^HV à
l'an VII, et plusieurs ont laissé des souvenirs dans les joum^^cnaui
et les mémoires. L'architecte Chalgrin en eut la direction, quv^ ji lui
fait plus d'honneur que la part qu'il put avoir aux constructî. ^ons
de l'église Saint-Sulpice et de l'arc de l'Étoile. Les poètes Leb^B- run,
Chénier, Constance de Salm, Coupigny, Daru, Rouget de LL^Kàsle,
Pamy, Varon, y concoururent, ainsi que les musiciens Ca^^^tel,
Gossec, Méhul, Chérubini. Les dessinateurs y ont trouvé des ^^
tifs pour des estampes sentimentales et champêtres, des éven»' -*tails
et des vues*. Dans l'une de ces fêtes, Antoinette Mirande, ér^Slève
de Lays, qui avait débuté à l'Opéra avec un succès accru pa«: -^^ ^
grande beauté de blonde, avait représenté la nymphe de la S^ -^s^me
sur un char entouré de naïades et de tritons'; un souveni*^ ^^ ^®
i. n y a une estampe de cette fête; dessin d'après nature par le cil
BourjoB, et gra?ure, pour i*eau-forte, du citoyen Blalbeste, et, pou^ ^^
burin, du citoyen Lienard; elle est annoncée dans le Moniteur du 30 ^s. ^'
minai an III. Le Moniteur du 3 brumaire ayait donné aussi un récit dèti^^^*^
de la fête.
2. Le Serment conjugal {Histoire-Musée de la République, t. II, p. 546) ; *^
Fêle de l'Agriculture, dessin d'éventail (Ibid., p. 153); — FéU de la Vieille^^^
(Ibid., p. 158); — Fête nationale du /•' vendémiaire an VU, à l'Hôtd é^
Invalides, in-S» 1., au lavis;— F^f0 à la Vieillesse, Wille fils del., 1794, Duple^
sis-Bertaux se. aqua forti, 1705.
3. Castil-Blaze, Académie impériale de musique, t. II, p. 50.
^J^<
FÊTE DE LA VICTOIRR. 431
cette personnification est peut-être resté dans les heureuses figures
que Prud'hon dessina pour les lettres des Préfectures de la Seine
et de la Seine-Inférieure. Trois solennités nationales de ce temps
ont laissé un grand souvenir historique : la cérémonie funèbre
en l'honneur de Hoche, le 10 vendémiaire an V, qui eut lieu
au Champ de Mars, fut retracée dans plusieurs estampes^ et
inspira des allégories*; la Fête de la Liberté, du 9 thermidor
an VI^ célébrée par l'entrée. triomphale des objets de science et
d'art recueillis en Italie'; et la Fête de la République, du l^' ven-
démiaire an Vil, où le ministre de Tintérieur François (de Neuf-
château) institua la première exposition des produits de l'in-
dustrie ^.
L'effet moral de ces fêtes ne répondait pas toujours à la pensée
de leurs fondateurs et aux efforts de leurs ordonnateurs. Un doc-
teur étranger, qui en a parlé d'une façon impartiale, dit que « la
plupart de ces fêtes ressemblent à un spectacle de l'Opéra, et sous
cet aspect quelques-unes ont un effet pittoresque, agréable pour
l'œil, mais elles n'en ont aucun sur Tâme du spectateur. J'ai été
témoin du peu de part que le public y prend, à la Fête de la Vic-
toire et de la Reconnaissance, le 10 prairial an IV, quoiq^iVlle fût
1. Pompe funèbre en Vkonneur du général Hoche, Labrousse del. et sculp.,
in-8° 1. ; — Cérémonie funèbre de Hoche au Champ de Marsy 40 vendémiaire
an V; pyramides et colonnes avec inscriptions commémoratives, chœurs de
Jeunes filles, effigie du général portée sur un brancard.
2. Prends mon poste, viens, sauve la patrie; — Essuyez vos pleurs, Auge-
reau lui succède, in-4° 1.
3. Fêtes de la Liberté et entrée triomphale des objets des sciences et des arts
recueillis en Italie, programme; à Paris, de rimprimerie de la République,
thermidor an VI, in-4°. — Il y a dans la collection Hennin une pièce anonyme
in-f* 1., traitée à Teau-forte, qui donne une esquisse animée de la fête de Tan VI,
de ses chars : la Liberté, la République eptourée de ses défenseurs, Apollon et
les Muses, les Saisons, etc. ; de ses costumes antiques et militaires, et de la
foule qui les entoure.
4. Fête de la fondation de la République^ programme ; de l'imprimerie de la
République, fructidor an VI; in-4<'; — Fête donnée à Bonaparte, au palais
national du Directoire, après le- traité de Campo-Formio, le W frimaire
an VI, par Berthault, d'après Girardet.
432 SUJETS. — FÊTES.
très-brillante, grandement et noblement ordonnée et dans ^^
juste proportion du Champ de Mars. » L'écrivain s'est con»;©^^
cependant à nous donner de cette fête une description longui
curieuse où il fut surtout impressionné par le discours de Gari
qui ressemblait, dit-il, à une rivière majestueuse, une pei
sublime en entraînant une autres Dans une autre cérémonie
docteur a aussi témoigné de toutes ses émotions en assisl
une représentation du Chant du Départ.
Une organisation plus complète du culte fut favorisée ' par
l'administration du directeur Laréveiilère-Lepeaux. Le Gon^ ^aseîl
des Cinq-cents s'était occupé à plusieurs reprises de l'étab^KDlis-
sement des fêtes décadaires ; la question de la religion natur^^^ — eJie
et de la religion civile avait occupé beaucoup d'orateur^^5 et
d'écrivains, parmi lesquels on remarquait Chénier, Dusaulcfai^Hoy,
Lanthenas, Lequinïo, Leclerc, Léonard Bourdon, Duhot, Ram^^sau.
Les principales églises de Paris avaient reçu de nouvelles d^^di-
caces : Saint-Philippe du Roule à la Concorde, Saint-Roch av
Génie, Saint-Eustache à l'Agriculture, Saint-Germain-rAuxer:«"oîs
à la Reconnaissance, Saint-Laurent à la Vieillesse, Saint-NicoS^^
des-Champs à l'Hymen, Saint-Merry au Commerce, Sainte-N**^'
guérite à la Liberté, Saint-Gervais à la Jeunesse, Saint-Thonc».^^^
d'Aquin à la Paix, Saint-Sulpice à la Victoire, Saint-Jacques- ^"
Haut-Pas à la Bienfaisance, Saint-Médard au Travail, Saint-Étiei» *=*^
du-Mont à la Piété filiale, et Notre-Dame à l'Être suprême. K-J ^^
association se forma pour la célébration d'un culte défini, sou^^ '^
nom de Théophilanthropes, ou adorateurs de Dieu et amis ^^
hommes. Ils n'avaient pour prêtres que des lecteurs et des c^'"^
teurs, vêtus d'un habit français bleu, d'une robe blanche ^^
d'une ceinture rose *. Ils prêchaient la morale la plus simf>'^»
chantaient des hymnes et célébraient les naissances, les maria^^
t. Fragments sur Paris, par FrédérioJean-Laurent Blayer, docteur eo dr<"'
à Hambourg, trad. par le général Dumouriez, 1. 1*', Hambourg, 1798, in^i^
p. 139, etc.
2. Lecteur théophUanHirope en costume^ estampe îa-4<', gravée au laTÎs et
enluminée.
FÊTE DE LA CONCORDE. 433
et les funérailles avec les rites les plus innocents : un autel
antique, une corbeille de fleurs, des guirlandes de rubans, une
urne ombragée de feuillages. Ils firent le panégyrique de Socrate,
de L'Hôpital, de Rousseau, de Vincent de Paul, de Washington;
ils établirent des écoles et publièrent des livres de morale. Les
honnêtes gens ne manquèrent pas à ce culte, ni même les hommes
de mérite. On connaît Laréveillère-Lepeaux, Daubermenil, Haûy,
Mandar, Chemin , Rallier, Dubroca, Sobry, Bernardin de Saint-
Pierre, Dupont de Nemours. Si Thonnêteté dans les principes et la
simplicité dans les sentiments suffisaient pour fonder une secte,
ils auraient mérité de réussir. 11 y faut^ comme on sait, d'autres
mobiles. La Théophilanthropie ne pouvait fournir aux arts de
grands sujets d'inspiration. Les sermons de Dubroca et les hymnes
de Rallier ne nous ont donné ni un orateur ni un poëte. Leurâ
célébrations n*ont guère été saisies par les artistes que par le
côté ridicule. Prud'hon lui-même, le moins satirique de tous les
|)eintres, n'a fait le portrait de leur pontife qu'en charge ^ C'est
aussi dans une intention comique qu'a été faite une petite
estampe, gravée d'un burin très-fin et dans le goût de Girardet; *
on voit dans l'église la statue de la Liberté dans une niche, un
crucifix voilé entre les bustes de Voltaire et de Rousseau , l'ora-
teur en chaire et un groupe d'auditeurs assez bien saisis; l'un
dort, l'autre bâille, un troisième conte fleurette à sa voisine ^
lies Théophilanthropes peuvent pourtant s'enorgueillir d'avoir
fourni le sujet d'une belle eau-forte de Mallet'.
Sous le Consulat, les fêtes s'éloignèrent du caraclèrc de religion
naturelle qu'elles avaient pu prendre sous le Directoire. Les
anniversaires politiques furent détournés des grandes journées
révolutionnaires; les solennités nationales tournèrent en triom-
phes militaires. On célébra de nouveau le 14 juillet sous le nom
de Fête de la Concorde, avec des temples de la Victoire, des jeux
i. V. Prodlion.
2. Un sermon théophUanthrope, ia-i2 en largeur.
3. V. MaUet. On en trouve une reproduction dans VHisUnre-Mwée de la
RépMiqiêe, U II, p. 223.
28
434
SUJETS. — FETES.
olympiques et des revues de troupes * ; un maître de ballets célèbre,
fort hostile aux fêtes républicaines qui dérangeaient beaucoup
ses principes sur la danse, en critiquant vivement la fête des
Victoires et les statues colossales de la Liberté et des deux Renom-
mées qui y figurèrent, et en comparant ironiquement le Directoire
et le muphti de la Théophilanthropie, qui y parurent sur un petit
tertre, à Moïse se plaçant sur le Sinaï pour promulguer sa loi,
aurait préféré, pour la célébration de cette fête de la Victoire, i.^^
représentation du passage du pont de Lodi par les Français ^
exécutée par deux cents pionniers sur le Champ de Mars '. X M
eut encore des Fêtes au Courage, à la Paix générale et mêm^ *^
Triomphe de la République^, Ce n'étaient plus que des moti^
des prétextes pour le triomphe du Général qui allait substitue]
personne à la Nation, et, dans l'intérêt de son despotisme, rel<
tous les préjugés du passé. Le Catholicisme, qui n'avait demai
d'abord que la tolérance et le partage avec les cultes libres, a^
repris en quelques années toute la place, et Buonaparte jugea
de se l'associer ^. Le culte de la Révolution , si Ton peut dons^
ce nom à des principes destitués de mystères, et qui, en aspira"
à la persuasion, se privent de la foi , les idées morales de la Ré'
lution, héritage de la Philosophie du XVlll® siècle, et qui se sé|
rent nettement des excès, des cruautés et des haines qui ont t^
compromis sa cause, n'en avaient pas moins eu un beau déi
loppement, inspirateur des plus grands artistes et des savc
i. Fête du U juillet an IX, in-f* 1., chez HarUnet; — Fête du 44 ji
an IX, vue du temple élevé dans le grand carré des Champa-Élysées, in-r
chez Basset; lavis très-léger.
2. Lettres à un artiste sur les Fêtes pfibliques (par le cit Noyerre),
an IX, in-S% p. 24 et 26.
3. V. les pièces reproduites dans VHistoire^Musée de la Bépuhliq^iê, U
3* éd., p. 358.
4. Les artistes prirent peu de part à la réaction religieuse, et Ton ne troo^^
dans les arts rien d'analogue au mouvement indiqué dans la littérature par
Génie du Christianisme. Les tableaux à sujets religieux, qui avaient
disparu depuis 1793, commencent à reparaître au Salon de Tan XH ; mais t
sont encore si inférieurs et en si petit nombre qu'on n*en saurait tenir compv
are
le
t
ib
te.
FÊTE DES ARTS. 435
les pias éminents; Laplace les inscrivait en ces termes à la fin de
ses Leçons sur le système du monde : « Le plus grand bienfait
des connaissances astronomiques est d'avoir détruit les erreurs
nées de l'ignorance de nos vrais rapports avec la nature *
erreurs d'autant plus funestes, que Tordre social doit reposer
uniquement sur ces rapports. Vérité, justice, voilà ses lois im-
muables* »
Au milieu de Tenthousiasmé produit par la fête nommée la
Fête des Arts, des antiquaires et des artistes s'émurent à la
pensée de ce grand déplacement des monuments de l'Italie, mais
ces plaintes étaient de celles que tout progrès arrache aux amis
du passé. L'Italie, qui les avait laissé détruire ou transporter de
ses places publiques et de ses églises dans les musées, et qui n'en
pouvait plus produire de semblables, était alors moins digne de
les apprécier et de les posséder que la France, au sein de laquelle
vivent maintenant les écoles les plus florissantes. Quel pays pou-
vait d'ailleurs les fêter comme ils le furent à Paris les 9 et 10 ther-
midor de l'an VI ? Les jeunes artistes verront-ils jamais pareille
solennité? Un cortège en trois divisions : la première pour l'His-
toire naturelle, où les professeurs, administrateurs du Muséum
d'histoire naturelle, et les élèves et amateurs escortaient dix chars,
portant des minéraux, des pétrifications, monuments de l'anti-
quité du globe, des végétaux, des graines étrangères^ des ani-
maux féroces, des chameaux et dromadaires, des outils et instru-
ments d'agriculture; la seconde pour les livres, manuscrits,
médailles et caractères d'imprimerie orientale, où les députations
des Sociétés libres, les conservateurs des Bibliothèques, les pro-
fesseurs de l'École polytechnique et du Collège de France,
escortaient six chars, contenant les manuscrits, livres rares et
médailles, terminés par le buste d'Homère; la troisième des
Beaux-arts, avec des bannières où se lisait : « Ils sont enfin
sur une terre libre, » où les jeunes artistes, les artistes lau-
réats, les administrateurs des Musées, les professeurs des Écoles
publiques, escortaient trente chars, sur lesquels étaient pla-
cées les statues antiques les plus célèbres, Apollon et Clio,
1
436
SUJETS. — FÊTES.
V Amour et Psyché, la Vénus du Capitale, le Laocoon, l'ApoU
des tableaux en deux groupes, TÉcole romaine, Raphaël et Do
niquin, TÉcole vénitienne, Titien et Paul Véronèse, et le bu
de Bru tu s.
Les inscriptions de tous ces chars, prises aux auteurs anci^
et modernes, ou inventées, sont marquées du cachet le plus
de l'esprit du temps.
Le Conservatoire y chanta le Carmen seculare d'Horace,
sique de Philidor, et une ode de Lebrun , musique de Lesueu^
le Directoire distribua des médailles aux commissaires et
ronna le buste de Brutus.
Le Directoire et le Corps législatif cherchèrent dans les fô
un moyen de donner de la consistance à des institutions q
venaient battre tous les courants de la mobilité française, et
leur gagner TafTection d'un peuple entraîné par toutes les int
gués des ambitieux. L'architecture, la sculpture, l'éloquence,
poésie, la musique n'y firent pas défaut; il n'y manqua que
qui fait réussir même les platitudes.
Le 1"' vendémiaire an Vil, fut célébré V anniversaire de -
fondation de la République au Champ de Mars; Treilhard pn
nonça un discours ; au palais du Corps législatif s'éleva un a
de triomphe avec la figure de l'Immortalité, les pieds sur de
lions, couronnée par un arc de cercle, écrivant sur une draper
rouge, consacrée à la Constitution de l'an 111 : u Hommes libre
voyez votre ouvrage. » L'intérieur du palais était orné de fleur
et , devant un autel antique, où était placé le livre de la Co
stitution, les représentants vinrent siéger avec leurs enfants
après l'hymne du 1" vendémiaire de Chénier et Martini, chan
par Lays et Chéron , et après un discours prononcé par Daunou
ils renouvelèrent le serment civique.
Le 30 ventôse, pour la Fête de la Souveraineté du Peuple,
les temples décadaires étaient décorés des figures embléma-
tiques de la Souveraineté, debout, et du Peuple, assis et cou-
ronné de chêne et de laurier, ayant à leurs pieds le Despotisme
enchaîné.
FÊTE DE LA PAIX GÉNÉRALE. 437
Dans les fêtes qui suivirent on entendit des cantates de Parny,
de Boisjolin; des discours de Laréveillère-Lepeaux , de François
de Neufchâteau , de Sieyès; de Quinette.
Le 20 prairial, à la fête de la Reconnaissance on joignit une
Fêle funéraire à la mémoire des plénipotentiaires de Rastadt,
L'autel de la Patrie du Champ de Mars fut transformé en Elysée.
La statue de la Liberté s'éleva du milieu d'un massif de chênes
verts, avec un autel de marbre brûlant des bois odorants, des
urnes et des cassolettes , où des jeunes gens entretenaient des
feux. Un cortège solennel s'y rendit, avec les familles de Roberjot
et de Bonnier, portant la figure de la Justice des nations, tenant
d'une main le glaive levé et de l'autre les habits ensanglantés de
Jean Debry ; les hymnes patriotiques y furent chantées, et Garât,
monté sur un socle de marbre noir, prononça un discours qui
était répété dans des tribunes placées à diverses distances. Des
cérémonies eurent lieu aussi aux deux Conseils, au milieu des
décorations funèbres avec des bas-reliefs peints; des discours
furent prononcés par Heurtaut-Lamerville ; par décret spécial, le
C. Girodet fut chargé de peindre l'Assassinat des plénipotentiaires,
et le C. Vemet chargé d'un dessin sur le même sujet, qui devait
être gravé par Bervic.
La fête du Consulat qui fut le mieux acclamée fut la Fête de*la
Paix générale célébrée le 18 brumaire an X. La place de la Con-
corde fut décorée de portiques et couverte de salles de danse; on
éleva sur la rive de la Seine un temple du Commerce et un temple
de la Concorde; on fit partir un ballon où montèrent quatre
aéronautes ; enfin , sur un immense théâtre, dressé à l'entrée des
Champs-Elysées, on joua un spectacle pantomime de la Guerre
avec toutes ses évolutions et ses malheurs, un dénoûment de la
Paix formé par une marche triomphale des généraux, portés
sur des chars et suivis des soldats et du peuple, et un ballet
général de toutes les Nations réconciliées. Je ne parle pas du feu
d'artifice, qui devint alors le final obligé de toutes les fêtes ; ce
détail avait été omis pendant la Révolution , où Ton employait
mieux la poudre, et c'est sans doute pour cela que ces fêtes ont
(1
438
SUJETS. — FÊTES.
été considérées avec mépris par l'artificier Kuggieri , dans
livre sur les fêtes publiques ^
La fête de la Paix générale était conçue sur un plan autreme^
va3te et original, dans un projet qui fut publié par un ancien cl
de brigade d'artillerie et dont on ne saurait donner ici une id
tant il s'y môle d'idées nouveUes, de. motifs empruntés aux scie
ces et aux arts les plus avancés, de monuments pris en Orient
en Grèce, de statues emblématiques de la Paix, de la Raison
de rUumanité, de cortèges d'autorités, d'écoles, d'actrices,
chars symboliques, et enfin d'intermèdes réjouissants da
tous les genres de spectacle, de danse et de restauration. L'e
semble, réglé dans leS'plus grands détails, ne coûtait pas pi
de 300, 00(^ fr., sans qu'on y eût oublié des secours assez la
pour que les pauvres pussent avoir leur part de la fête '.
1. Précis historique sur les fêtes, les spectacles et les r^ouissances
ques, par Claade Ruggieri, Paris, 1830, in-S"», p. 326, etc.
2. Des Fêtes publiques chez les modernes, par J. Grobert, Paris, imp. Dii
jeune, an X, in-8*, p. 131, etc.
•-
3. — JOURNÉES.
Dans le cpurs rapide et serré des faits de la Révolution, les
événements principaux , qui forment comme la charpente de ce
.rame à cent actes, attirèrent les dessinateurs. Depuis les tableaux
[es guerres, massacres et troubles advenus au royaume de France
lu XVI* siècle, les graveurs n'avaient pas eu des compositions
ussi émouvantes à répandre. Les tableaux de la Révolution
^Schurent d'abord à des artistes, habiles à disposer de petites
égares avec propreté et symétrie , et môme à dramatiser leurs
ictions pour l'efTet de leur petit cadre. Us altèrent la grandeur
ii l'expression de leurs scènes par défaut de simplicité et de
'érité, mais, comme ils ne manquent pas d'ailleurs d'exactitude
[ans les lieux et les costumes, on regardera toujours leurs
^^sstampes avec fruit. Pour être indulgents d'ailleuss à leur ,ma-
^«inière, considérons les circonstances, si impétueuses que non-seu-
^«ment elles étaient faites au jour le jour, mais de plus proscrites
^« lendemain ; que leur rareté les protège auprès des amateurs
les plus délicats. Cette rareté n'est pas d'aujourd'hui. Le docteur
'TMayer, qui, en floréal et prairial an IV, parcourait le quai Voltaire,
iTessemblant alors comme aujourd'hui à une galerie d'estampes,
rapporte que u les estampes innombrables qui ont paru pendant
la Révolution et qui y avaient trait ont disparu. 11 n'a vu qu'une
mauvaise estampe représentant l'attaque des Tuileries le 10 août.
Il en a inutilement cherché plusieurs autres, ainsi que les por-
traits des hommes devenus célèbres par la Révolution. Les niar-
I
VI
440 SUJETS.
chands ont brûlé eux-mêmes leurs collections de peur d'
accuses et arrêtés sous le règne de Robespierre *. »
Les estampes de journées eurent pour auteurs Borel et Pon
Prieur et Berthault ', Lépine et Nîquet *, Vangorp et Masqueli
Janinet*, Sergent, Monnet, Moreau, Helman, Flouest, Germ
Girardet, Swebach-Desfontaines, Duplessis-Bertaux, et beau
d'autres, dessinateurs ou graveurs, dont on ne saurait com|>
les pièces, dans les manières les plus faciles du temps, pointill
lavis et couleurs, qui parurent chez les marchands Basset, G
reau, Tardieu, Guyot, Gauthier, Bance, Crepf, Angeliomme.
plus nombreuses et les plus connues représentent les grancz^Kl ^
journées des premières phases : le Serment du Jeu de Paume, i^
Prise de la Bastille, l'Offrande des dames artistes à VAssemS^^ ^Kk
nationale y l'Expédition des femmes à Versailles, VArrestatior-"^^ à
Varennes, On a vu les principales au nom des artistes, mais, pat" -^"nî
les pièces accidentelles et sans aveu, on en trouve encore qrm ^bi-
ques-unes où la préoccupation politique laisse quelque place hm^ ^^
naïveté de la représentation ou au mérite pittoresque. Voici cet ^^ ^
que j'ai remarquées :
Le Serment du Jeu de Paume, dessiné sur les lieux par Flou
Dans la marge, au milieu du titre, un médaillon ovale rep
sentant le bonnet de la Liberté planté sur un rocher, et un na
battu des flots et de la foudre : n Au milieu des orages il no
i. Fragments sur Paris, Hambourg, i796, în-12, p. 20.
2. Les Fastes de la Révolution française,
3. Tableaux historiques de la Révolution française, ayec des discoars, pir
Fauchet, Chamfôrt et Guiguené. Commencée en 1791, cette publication ne fut
terminée qu*en 1804. En Tan VI, on réimprima les quatre-vingts premien
discours, corrigés, ou, comme dit le prospectus, dégagés de toute rouille révo-
lutionnaire.
4. Tableaux gravés de la Révolution française ou les principaux événmnents
depuis l'assemblée des notables, avec une explication des sujets qu*ils repré-
sentent, 1"= et 2*" livraisons, annoncées en 1793, à 12 liv., chez le G. Lépine,
graveur, rue Saint-Hyacinthe. (Deux cadres au Salon de Tan H.)
5. Gravures historiques des Principaux événements depuis Vouverture des
états généraux, par Janinet, 1789, in-S^.
J
JOURNEES. 441
concluit an port de la Liberté. » Malgré la petitesse des figures et
àG lî^ composition , vu Tabsence totale de prétention pittoresque,
je râ*hésite point à préférer cette vue à celle de David. Flouest
^^ ra'est d'ailleurs connu que par des vignettes pour Florian,
'® pK)rtrait d'un centenaire gravé par Angélique Èriceau, et un
tableau exposé en Tan XII : un enfant que Ton ramène de nour-
ï^oe et qui se refuse aux premiers embrassements de sa mère;
Soirée du 30 juin 1789, dédiée à V Assemblée du Palais-Royal,
*^— f^ ovale, eau-forte coloriée ;
La Prise de la Bastille, par Pernet, en couleur ;
— par Germain ;
Le Roi à l'Assemblée (4 février 1790), par David, d'après
jeune ;
Travaux au Champ de Mars (juillet 1790), gr. in-f®, par
gouf, eau-forte;
La Fédération, dessiné sur les lieux au moment de la scène
r Gentot, et gravé par lui-même, gr. in-f" 1., hvis;
Retour des héroïnes de Versailles (5 et 6 octobre 1790), à Paris,
liez Dufour ;
Arrestation à Varenr^es, eau-forte;
Retour de la famille royale à Paris, le 25 juin 1791, en couleur,
ez Basset, par Germain;
Journée du 20 juin 1792, par Vérité, légende en six lignes;
Attaque des Tuileries, le 10 août, chez Villeneuve.
Quelque curieuses que soient ces pièces pour l'iconophile.
On ne peut s'empêcher de les trouver fort inférieures à leurs
Sujets, et de leur appliquer les reproches que Jansen adressait à
un tableau de la journée du Dix août, que Berthaud avait exposé
au Salon de Tan 11 : « Tous ceux qui ont été témoins de cet événe-
ment conviendront avec nous qu'il ne s'est jamais livre aucune
action où il y ait eu plus de confusion et de tumulte. Cependant
l'auteur fait avancer avec la froideur d'un mouvement mesuré les
combattants disposés par pelotons. On n'y sent point cet enthou-
siasme, cette chaleur de composition qui doit inspirer l'effroi ;
point de ces tons chauds qui brûlent la toile, point de ces
442 SUJETS.
expressions dans les figures, de ces efforts dans les attitudes,
œs contrastes de situations, qui impriment le mouvement à tous
les objets. »
il y a une assez longue suite de Journées représentées dans 1«
journal les Révolutions de Paris de Prudhomme. Ce sont de petit^^
estampes platement bousillées ; quelques détails réels peuvex^t
cependant les faire rechercher par l'historien , de préférence ^
des estampes plus grandes et beaucoup mieux exécutées, m^îs
infidèles, telles par exemple que les estampes faites en An(
terre et en Allemagne sur les scènes les plus pathétiques. V«
celles des planches de Prudhomme où paraît quelque vivacité
représentation :
Effigie du pape Pie VI brûlée au Palai^Royal , le k rnai 1791
Réconciliation normande, le 1 juillet 1792, sur la motion per'^
de M, Lamourette;
Mort de Louis XVI, 2 planches;
Brissot et ses complices au Tribunal révolutionnaire, 2 planclk.*
Dépouilles de la superstition apportées dans le sein de la C'
vention nationale.
On trouve pourtant deux grandes pièces à Teau-forte, dont l^s
auteurs ont cherché à éviter le reproche de froideur. L'une ^E5«t
la Prise de la Baslille, gravée par Thévenin *. Le peintre y ma.*^'®
la pointe avec beaucoup de pesanteur, mais l'énergie et le tr^^*^"
chant de son dessin , la férocité de ses expressions, nous donn<^^^^
•
une idée de la secousse imprimée à un élève de Vincent ^r7^'
surpasse ici les élèves de David en efforts nerveux ; la confus*^ ^^
et le tumulte de la scène n'y sont point d'ailleurs diminiz^ -^^'
L'autre pièce est le Massacre de la prison des Carmes, dans les jo"^*''"'
nées de septembre *, ouvrage laborieux et ingrat, pour lequeL "
main a itianqué dans les traits essentiels à l'artiste , qui a cr^'^
compenser les défectuosités en s'appesantissant sur les banalit^^'
L'auteur n'a saisi que le côté morne de son sujet et en est re^^
1. In-f° en largeur.
2. Grand ia-f* en largeur, composition de 26 figure».
JOURNÉES. 443
lé. Il y a une autre pièce du Massacre des Carmes, publiée
l'Accusatewr public, en Tan VI.
xécution de Louis XVI fut retracée dans beaucoup d'estam-
}uoiqu'elies soient inférieures à la composition de Monnet,
9 a qui donnent de Tévénement une représentation plus
•
\cuUon de Loms Capet XYfi du nom, à Paris, chez Basset,
le pièce coloriée ' .
; collections sont garnies de pièces^ de grande dimension et
:ulion très-finie, relatives à la famille royale, aux scènes de
ir du Temple et de Téchafaud ; mais ces pièces, imaginées et
^s à distance, n'ont aucun caractère réellement historique;
iteurs, Benazech, Miller, Schiavonetti et Thelott, n'ont vu
lujet que de Londres et d*Âugsbourg. Je ne citerai ici que
mx sujets dessinés par Bouillon , qui était un dessinateur
k:ole française et dont nous avons rencontré déjà quelques
îs gravées par Audouin, par M"« Lingée et par Vérité :
jement de Marie-Antoinette, Bouillon del. 1796, Casenave
• t
aration de Marie-AntoineUe cFavec sa famUle dans la tour
mple, Bouillon del., 1795, Vérité se.
} deux grandes estampes au pointillé n*ont qu'une ordon-
) et une expression de mélodrame très-refroidies par 1-exé-
Q, mais elles ne choquent pas pourtant comme font les
s que je viens de citer par leur invention étrangère.
3 journées sombres qui suivirent, indépendamment des
; de Helman et de Duplessîs-Bertaux , où elles figurent aussi
"ement et aussi froidement représentées que les autres,
trent des graveurs dont les lavis plus expéditifs et plus gros-
. convenaient mieux aux sujets. De jeunes peintres en four-
it quelquefois les dessins. Tassaert grava le 31 Mai et le
rmidor, d'après Harriet. Dans la première de ces compo-
•oll. Laterrade, 2' partie, n* 91. II y a beaucoup d'autres pièces sur le
sujet.
I
444 SUJETS.
sitions, il y a une multitude de figures et une grande rechercha
de TefTet théâtral sans résultat pittoresque. Dans la second^
on sent Témotion, l'horreur de la scène, l'effort fait par 1^
artistes pour rendre les figures des Conventionnels arrêtés,
fracas des coups de pistolet, la lueur des torches, mais il n')^-
pas autre chose que de l'efTort. Le 9 Thermidor fut aussi gra».
par Goqueret sur le dessin de Lethière. Dans cette estampe
qui porte la date de Tan VI , il y a peut-être plus d'art, mais au ^
plus de froideur. Comme représentation de la scène, il ïm. i
encore préférer à cette composition académique l'ouvrage d'il ^
man , qui a platement rendu la réalité, ou celui de Duplessxs
Bertaux qui lui a donné la forme anecdotique^. Ce dernier gra-
veur a particulièrement réussi dans la représentation des joum^
du Directoire, telles que le 1" Prairial, les 28, 29 et 30 Prairial,
qui admettent plus d'ordre et d'appareil militaire ; cependant m
peut trouver les scènes encore trop arrangées, et il y a plus
d'actualité, sinon plus de talent, dans les pièces qui furent exé-
cutées plus vite et publiées sous le coup de l'événement, telles
que la Journée rfu 18 Fructidor : « Nous ne sortirons pas d'ici »,
eau-forte coloriée, in-fi® 1.
La plus intéressante pour le costume est la Constitutm y
au peuple français le 1*' Vendémiaire an IV^ : elle est d'une exé-j
cution lente, mais assez habile. On y voit les cinq Directeurs soj
le seuil d'un édifice, lisant la Constitution devant un groupe
citoyens où se font remarquer des muscadins et des muscadii
Le\S Brumaire, ce guet-apens où succomba la liberté, fut,
ces dernières journées, celle qui attira les plus nombreuses rej
sentations. Duplessis-Bertaux et Dupréel , Monnet et Heli
Naudet et Lebeau, en firent les planches les plus accréditées]
marchands Morret et Descourtils en publièrent les estam]
plus populaires et les plus vraies, malgré leur exécution m
et leur arrangement mélodramatique :
1. L'ArrestcUion de Bobespierre fut encore dessinée par Barbier
par Sloane.
2. In-f 1., chez DepeuiUe, eau-forte.
JOURNÉES. 445
Séance du Conseil des Cinq-Cents tenue à Saint-doud le 18 hrvr
cLire (xn VJJI; les braves grenadiei^s du Corps législatif en sauvant
UrGnaparte ont sauvé la France, in-4® bd largeur au lavis, avec
:ie légende en neuf lignes, contenant le récit imposteur de Buo-
aiparte ; à Paris , chez Morret ;
Séance du Corps législatif à l'Orangerie de Saint-Clovd. Appa-
t£<mdeBuonaparte et Jou/mée libératrice du 18 brumaire an Y III;
— f« au lavis, chez Descourtils.
Quand on a fait le triage de toutes ces estampes de Journées^
op mêlées d'imageries, ou, ce qui est pire, de platitudes, bien
J*on puisse regretter encore dans la plupart les ressources pit-
^r^esques qui auraient mieux fait ressortir la réalité vivante et la
a^ute expression des scènes révolutionnaires, on les comparera
^pendant avec avantage, soit aux tableaux des Guerres civiles de
^Viarles IX par les tailleurs d'histoire ïortorel et Périssin , soit
^ux planches des Troubles des Pays-Bas par Hogenberg, qui ont
tK)urtant leur réputation faite parmi les estampes historiques. Les
Sans-culottes ont été mieux servis par leurs graveurs que les
Huguenots et que les Gueux. Il y a, dans les tableaux de la Révo-
lution, plus d'observation de détails et plus d'action en gf^néral ;
les foules y prennent une impétuosité que les anciens graveurs ne
savaient pas rendre, et en même temps les individus, les femmes,
les enfants, y sont aussi plus précisément considérés; j'ajoute, en-
core à l'éloge de la Révolution, que les bourreaux de Robespierre
y jouent un rôle, toujours trop considérable sans doute, mais
moins affreux cependant que celui que nous voyons tenir, dans
les tableaux delortorel et dans ceux d'Hogenberg, aux bourreaux
de Charles IX et à ceux du duc d'Albe.
Enfin les estampes de Journées ne sont pas précieuses seule-
ment parce qu'elles nous donnent le mouvement des multitudes,
le geste et l'habit des individus; on y trouve aussi l'aspect des
lieux et des édifices : le Palais-Royal devenu Palais-Égalité, la
place du Carrousel ou de la Réunion, la place Louis XV ou de la
Révolution ou de la Concorde, le Champ de Mars ou de la Fédé-
ration , avec les monuments et les statues de circonstance qui y
n
-^
446 SUJETS. — JOURNÉES.
étaient élevés. Prieur, Berthault, Girardet et Duplessis-Bertaox,
que nous avons vus, ont tous soigné ces accessoires; mais il y
eut aussi des dessinateurs et des graveurs qui ûrent des vuâs
l'objet principal de leurs planches, tels que Demachy et Baltard.
Je citerai ici quelques vues de Paris qui prennent quelque intérêt
du moment où elles furent gravées :
Palais de Justice et Sainte-Chapelle, avec démolition d'ooe
maison en face, Lepagelet, 5 mai 1792, in-&<* L;
Les Jacobins de la rue Saint- Jacques , Duchemindel.^ Michel
sculp.» in-&o h. (Antiquités nationales de Millin);
La Place de la Révolution, in-S"* h. {Histoire des erreurs de la
Révolution, de Prudbomme);
Démolition de deux façades de la place Bellecour à Lyon ; Gouthoa
donne le premier coup de marteau ; in-S^' 1. (même livre).
k. — PORTRAITS.
Ce n'est pas seulement pour la plus grande connaissance de
certains personnages, ou pour le mérite particulier de leur exé-
cution , que les portraits intéressent Thistoire de l'art ; ils ont une
partie plus générale. Les têtes les plus saillantes d'une époque,
auxquelles la curiosité publique s'attache, que Timagination
embellit et que la gravure propage, se condensent bientôt en une
expression commune, qui fait type, domine la manière des
artistes, et s'insinue, en dépit de toutes les théories, dans les
principes mêmes du dessin. La Révolution est déjà assez loin de
nous pour qu'il soit possible de vérifier, sur les portraits de ses
contemporains, une loi que Ton retrouve à toutes les époques.
Seulement, comme le type à dégager n'est pas sans complexité,
il s'agit d'étendre suffisamment ses exemples.
Les portraits les plus répandus par la gravure au XVIIl* siècle
avaient été ceux des hommes de lettres et des artistes; ils pri-
ment ceux des grands seigneurs, auparavant accrédités. En 89
l'intérêt public se porta vivement sur les portraits des membres
de l'Assemblée nationale; il en fut publié plusieurs suites au
burin et au pointillé, au lavis en couleur, qui sont connus sous
les noms de Dejabin , de Levachez ^
i. Colleetion complète d$s portraits de MM. les Députés à V Assemblée naJtUh
rude de 1789; à Paris, chez le sieur Dejabin, marchand d'estampes et éditeur
de cette ooUection, place du Carrousel, 4 vol. in-4'.(Les cuivres du t. IV ont été
détruits.) — Portraits des DéptUés à V Assemblée nationale de 4799, Paris,
Leracliczy iD-4«; 27 cahiers, en noir ou ctrforiés.
44S SUJETS.
Ces portraits, auxquels concoururent un grand nombre d'ar-
tistes, souvent médiocres et travaillant vite, les uns au burin et
d'une façon pauvre, les autres au lavis et d'une façon lourde,
mirent en circulation beaucoup de figures bourgeoises et honnêtes,
qui ne paraissaient pas faites pour le piédestal ; mais, quoi qu'on
puisse dire du peu d'art qui y fut dépensé, l'effet porté était celai
de représentations réelles et de physionomies animées d'uo sen-
timent nouveau.
Le premier portrait venu peut d'abord servir d'exemple; tel
est celui de Louis Charton , manufacturier d'étoffes, membre de
la Commune de Paris en 1789, P. Violet aqua forti :
Digne par ses yertus des plus beaux Jours de Rome, etc.;
mais on en trouve de plus fameux. L'exemple le plus curieux àciter
.peut-être, parce que la valeur propre du personnage n'apporta
aucun obstacle au travail de généralisation de son type, est celui
du père Gérard, député de Bretagne à l'Assemblée nationale, que
Collot-d'Herbois prit pour patron d'un Almanach qui fut cou-
ronné par la Société des Amis de la Constitution, et dont le
portrait, en buste, en pied, fut un des plus répandus*. 11 rappelait
dans ses traits généraux le Père de famille de Greuze, dont la
popularité était acquise. On mettait aussi de la complaisance à
lui donner de l'analogie avec la tête de Franklin, qui avait eu,
quelques années auparavant, tant de succès en France, et dont
la mort, en 1790, fut un regret public et l'occasion de nombreui
portraits ^, entre lesquels on connaît surtout la belle eau-forte
de Fragonard, représentant son apothéose.
Les Constituants célèbres, ceux qui portèrent si haut l'esprit
de patriotisme et l'éloquence de la tribune, étaient faits pour
inspirer d'autres portraits. Les plus soignés dans rexécution
furent ceux de Fiésinger, qui appliqua le procédé flatteur de
Bartolozzi aux profils du miniaturiste Jean Guérin. C'est là qu'on
1. Par Sergent, BoDDeyille, Vérité, Chéreau et plusieurs anonymes.
2. Franklin couronné par la lÀberté: — Id., avec couronne et l^senèe:
« Francklin est mort », et autres. ColL Laterrade^ 1858, p. 81 et 83.
PORTRAITS. 44^
troa?e, sous leur» traits les plus élevés, Mirtibeau, Bamave, Gmr
sonné, Thaurei, Yer^niaud, Rabaud Saint-Étimne, Lêf^pelier,
et les béros de Tarmée : Cibstine, Lecowbe, Kléber, De$aix. Un
profil net, un œil brillant font ressortir chez tous le courage et
Tesprit.
Un procédé nouveau vint alimenter encore le goût des portraits
politiques et familiers, c'est le Physionotrace de Chrétien. Dans
ses petits (urofils en médaillons, trèsrdélicalement touchés à la
pointe et au lavis, il donnait des physionomies où la féalité
paraissait avec beaucoup de piquant, il se propagea dès l'an-
née 1790v et nous lui devons les médaillons les plos vrais de
BaiUy, de Chabot, à!Anacharsis Cloots, de&uyton-Morveau, et de
beaucoup d'autres.
En parcourant ces collections, on apergoit un assez grand
nombre de figures ouvertes, élevées et même poétiques, parmi
lesquelles cependant aucune ne conquit une véritable popularité,
et aussi beaucoup de têtes qui ne sont remarquables que par leur
énergie et leur grossièreté; il est évident que le goût ne put se
rafl&ner à la popularité qui leur fut donnée. LiC portrait capital
de ce moment, Mirabeau, avait une de ces têtes aux traits gros-
soyés, auxquelles le feu intérieur communique une expression
plus sûre qu'à la beauté parfaite. Il fut gravé dans toutes les
manières et de tous les formats : au burin, par Ponce, Audouin et
Mariage; au lavis, par Levaehez et Basset ; en conteur, par Alix ; au
pointillé, par Vérité, Fiésinger, Copia ; mais il fut toujours trop
petitement rendu, et traduit plutôt dans ce qu'il avait de matériel
que dans son idéale Les deux personnes les plus portraitées après
Mirabeau, BaiUy et Lafayelle, qui furent gravés de toutes les
façons, eu pied, en buste et en médaillon, par Miger, Guérin,
Alix, Debucourt, Lecœur, Chereau, le C. Bergny et d'autres, ne
furent pas plus grandies que ne le comportait leur physionomie
ouverte et bonasse. Quelques-uns, parmi ceux qui s'étaient fait
une réputation d'orateur, furent seulement poétisés par l'idéal
d'éloquence que cherchèrent à rendre les dessinateurs et les grar
veurs. Les portraits les plus poétiques de ce temps que je con-
30
>
450 SUJETS.
nai3se sont ceux de quelques jeunes peintres : Gérard, Prud^hon,
Girodeî, Gros, qui ont été conservés par le dessin ou la gravure*.
11 y a dans ces têtes une naïveté si grave, une expression à
creuse, pour des traits juvéniles, qu'on peut y voir tout un horos-
cope. Mais, entre les mains des plus nombreux graveurs, toutes
ces expressions de franchise, de force ou de tristesse, prirent un
caractère déplorable.
Bonneville, qui publia la collection la plus nombreuse des per-
sonnages de la Révolution*, dessinés et gravés de sa main et de
celle de beaucoup d'artistes médiocres, leur conserva un assez
grand caractère de réalité; mais sa manière pointillée ne tendait
pas seulement à les rendre lourds et monotones, elle les assom-
brissait. Son industrie le fit arrêter comme suspect. Le procureur
général de la Commune se plaignit un jour de ce qu'un graveur
nommé Bonneville avait fait son portrait sans son consentement
et l'avait mis en vente, malgré la défense qu'il lui avait faite de
reproduire sa figure et malgré l'offre de lui rembourser le prix
de sa planche pour qu'il la brisât ; il requit , par respect pour les
mœurs, qu'il fût défendu à tout graveur, peintre ou sculpteur,
de vendre ou exposer le portrait d'un homme vivant sans sa
permission '. Vérité, Ganu et tous les inconnus, qui faisaient des
portraits au courant de l'opinion dans les moments les plus agités,
n'y mettaient pas d'autre distinction que le noir de leur pointillé.
^ C'est à ce moment que trois portraits, consacrés par la mort
tragique des personnages, LcpcZ/cîter, Marat et Chalier, arrivèrent
à une popularité tout à fait comparable à celle des images de
dévotion; joints au portrait de Barra et de Viola, faits de fan-
1. Gérard, buste de face, 1791, gravé dans son œuvre en 1853; — Gérard,
de profil, Uthographié d'après un dessin de Girodet {Portraits inédiu d* Ar-
tistes français, par Chennevières et Legrip). — Prud'hon, buste, grayé par
Prud*hon fils; — Girodet, Gros, au Musée de Versailles.
2. Portrcûts des personnages illustres de la Révolution, avec un tableau bi»-
torique et des notices par P. Quénard, Paris., Saiot-Jorre, 1796, 3 vol. in-4'',
avec titres gravés et 208 portraits.
3. Moniteur universel, 14 frimaire an II.
I
PORTRAITS. 451
taisie, et à la tête de Brutus pour laquelle on prenait pour modèle
le plus rébarbatif des bustes romains, ils formaient le laraire de
tout bon républicain. La tête morte des martyrs avait été pro-
menée, en nature ou en effigie de cire, dans la pompe de leurs
funérailles; les plâtres, moulés sur nature, avaient été répandus
en bustes dans les lieux publics et les sociétés populaires; David
les avait peints dans toute l'énergie de la réalité, et les graveurs
au pointillé. Copia, Tassaert, Tourcaty, entre les mains desquels
ils tombèrent, s'étaient attachés avec scrupule à n'en point changer
le caractère. II leur fut encore conservé dans la multitude de ces
images qui vinrent servir la passion politique. Je n'essayerai pas
<ie les compter; on en prend une idée en voyant, par la variété
<ie leurs formes, qu'ils étaient destinés à pavoiser les trophées
publics, à tapisser les salons, les mansardes et les boutiques,
é. orner les cheminées, à parer les boutonnières, à servir de
sinets aux livres, à briller même en bijoux au cou des femmes,
insignes de civisme, images protectrices et amulettes de dévotion
é la République. On a vu les plus remarquables au nom des
artistes qui les ont gravés. Je ne citerai ici que deux estampes de
Jiarat, où sa ressemblance n'est que trop bien rendue : l'une est
celle où il est représenté comme dans la cérémonie de la trans-
lation , le buste sur l'oreiller, la plaie ouverte et teintée de rouge,
•la tête couronnée de chêne, avec l'inscription : Il fut l'ami du
peu/pU, etc.^; l'autre est son portrait au physionotrace; on l'y
voit avec sa lèvre aiguë, sa joue tachée de lèpre et sa queue. Dans
la tête, où Copia avait si bien traduit l'œuvre de David, on
aperçoit encore quelque idéal , celui du moins que donne la
mort ; ici^araît le maniaque dans toute sa bassesse.
On aimerait à citer, en compensation , et pour Thonneur de
l'art de la Révolution, quelque souvenir gravé des figures héroî-
qyes et poétiques de ceux dont la mort fut l'égarement le plus
funeste de la Liberté : Vergniaud, Guadet et Gensonné, le trium-
1. Dessiné d'après nature, le samedi 29 juillet 1793; se vend rue Poupée,
cfaes Que?erdo, iQ-8*> rond.
452 SUJETS.
virât de la Gironde, dans lesquels se personniûe l'éloquence
révolutionnaire ; Bafbaroux, u dont les peintres ne dédaigneraient
pas de prendre les traits pour une tête de l'Antinous; » mais où
les trouver ? Les portraits de ceux en qui Ton voudrait lire quel-
que chose de ce sentiment qui leur ût vouer leur vie à la oa^tU
et leur mémoire à la réprobation, pour la Liberté et pour ce qu'ils
croyaient le salut du pays, Camille Desmoulins^ Danton, Lei^,
Cambon, ne soat point tombés, non plus, dans les mains d'artistes
capables de les rendre. Du reste^ au plus fort de la crise, les 1er*
roristes n'inspirèrent pas un seul ouvrage qui ne fût trivial. O^ui
que David avait peints ne furent pas reproduits par la gravure'*
Robespierre lui-même , qui eut plusieurs portraits, au pastel «t à
l'huile, aux expositions de 1791 et 1793, n'eut que de petits ix>r-
traits gravés dans les collections ordinaires. Les honneurs plus
grands d'une gravure exceptionnelle paraissent réservés au cchoQ'
missionnaire Cange, dont la vertu fut alors célébrée au théâtre
et dans l'estampe de Beljambe*. L'art semblait, par cet api>aw-
vrissement de ses sujets, faire réaction à la trop grande pocDpe
du passé, mais il dépassait le but, et les monstruosités, qu'il pro-
duisit trop souvent alors, furent flétries par les révolulionnaLires
eux-mêmes dans le sein de la Société populaire des Arts, ^^
Hassenfrats et Detoumelle demandèrent que la nation dora^^ât
des encouragements à la gravure pour servir à distribuer c^^ns
les familles des images dignes du peuple, qui feraient out:^^^^
les portraits ridicules dont on inondait les portiques des vi 9^^*
Heureusement pour l'art de la Révolution , les femmes, don- ^^
portraits ont une influence autrement importante que ceux ^^
hommes, chez lesquels la beauté des traits est fort accessc:^^^^ ,
vinrent propager des expressions plus pures et un type plus i
1. Le vertueux Joseph Congé, commissionnaire de Sain^Lçaore,
peint
d*aprè8 nature par Legrand, g^ravé par P. Beljambe, ovale iii-4«, pointiUé bii ^
— Le trait d'humanité de Gange envers un prisonnier et sa famille, l'ai
veille du 9 thermidor, fut récité en vers par Sedaine à une séance du Ly«^^^
et fut le sujet de deux pièces jouées au tbé&tce de U HépuUiq^e et a« tU^ff^^
des Variétés.
PORTRAITS. 453
Les femmes qui attirent le regard en 89 ne sont plus ces visages
affadis par Je plaisir et ces corps déformés par les baleines que
Boucher a représentés. Depuis ce temps, Rousseau les a passion-
nées pour la nature, Greuze et Fragonard les ont peintes sous les
traits voulus par ces nouvelles passions; il y a, sous la variété et
es accidents, toujours les mêmes, de la beauté de chacune, un
léveloppement qui leur est commun et un souffle qui les anime
toutes. En limitant ces observations aux portraits gravés, on voit
3DOore des airs éventés et des traits provoquants, ou des airs
sérieux et des traits touchants; mais les uns et les autres se
mêlent d'un caractère de franchise, de hardiesse et de sentiment,
jui va jusqu'à la virilité ; elles ne se rapprochent pas moins en
in autre point, qui est une grande puissance de formes. Cette
malyse ressort pour moi de Tensemble des portraits d'une pé-
îode, mais je ne mettrais pas sur la voie qui peut mener à la
/ériûer si je n'indiquais pas les plus saillants.
Le premier à citer est Marie-Antoinette. La Reine , en France,
I toujours fourni au type un élément dominateur. 11 avait été
"épandu à, profusion dans la gravure par les burins de Lebeau ,
]athelin, Prévost, Lemire,Macret, Gaucher, Dupin, Hubert, Avril,
îoizot et Voyez; par les couleurs de Bonnet, Sergent, Benoit,
basset et Vérité ; par les costumes de Deny et de Leclerc.
La princesse de Lamballe, surintendante de la maison de la
^eine et son amie intime, avait été aussi peinte par M"« Lebrun,
çravée par Vérité et Bonneville. Elle était jolie, disent des Mé-
noires, sans avoir les traits réguliers pourtant ; d'autres vantent
a fraîcheur de son teint, l'élégance de ses formes et la dignité
le sa démarche.
M^^* Necker, mariée à vingt ans en 1786 avec le baron de Staël ,
ivait publié, en 1788, les lettres sur les écrits de J.-J. Rousseau :
c Et toi, Rousseau, grand homme si malheureux qu'on ose à
leine te regretter sur cette terre que tes larmes ont tant de fois
irrosée, que n'es*tu le témoin du spectacle imposant que va
lonner la France, d'un grand événement préparé d'avance!...
[{enais donc, ô Rousseau , renais de ta cendre. » C'est le portrait
454 SUJETS.
de Quenedey qu'il faut placer en regard du livre. Les Mémoires
et les pamphlets la traitent avec plus de cruauté. M"« de Kéï^alio,
qui rappelle une propriété nationale parce qu'elle avait eu déjà
pour amants affichés le comte Louis de Narbonne et Mathieu de
Montmorency, dit que sa figure ressemble extrêmement à un
rosier chargé de boutons. Nous savons pourtant qu'elle eut
toujours la beauté de son génie, qui éclatait sur sa figure, à uoe
autre époque, ou, alors qu'elle composa le Livre des passions,
celui de la LUtèratv/re, et qu'elle fut liée avec Benjamin Constant
et avec le Directoire, M™* Lebrun la peignit dans toute la sino-
plicité antique de ce temps, coiffée à la Titus, et à une aatr^
époque encore, où Gérard la peignit en Corinne.
Beaucoup d'autres, figurées dans la variété naturelle -^^
leurs traits, peuvent être ramenées à une «physionomie ai^ ^'
logue : M^^ Raucourty M^^ Contai ^ Gertrude, victime de ^^
calomnie; M^ de Genlis, M'^^ d'Oliva, M^ Mosion, jf'^'/u— ^*^
Candeille.
Le type que je cherche à faire ressortir est fixé avec le plus^i^^
distinction dans les portraits des deux grandes célébrités de '^
Bévolution , M^ Roland et Charlotte Corday, sur lesquelles ^^d
s'arrête avec charme.
Nous devons à la gravure les portraits les plus authentiqi^*^ ^
de M^ Roland *, celui du physionotrace, de Bonneville, de G^ «-
cher, de Levachez, et d'autres plus récents. Je n'essayerai pas ^^
choisir entre eux, parce qu'ils me donnent divers aspects de ^^
même beauté. Nous pouvons l'interpréter encore par des téiï*^^^*'
gnages contemporains : « Quelque chose de plus que ce quî ^
trouve ordinairement dans les yeux des femmes, dit Biouffe, 1> *^
lait dans ses grands yeux noirs pleins d'expression et de d<^^'
ceur. » — € Il aurait fallu la peindre, ajoute Champagn^*^^'
lorsqu'elle éprouvait le sentiment délicieux d'une belle actia^ "
Pour Lemontey, elle réalisait l'idée de la Julie de Bousseau. ï^*
même, avec une candeur hardie qui est bien de son temps, p^^
1. Bfanon Phlipon était fille d*un grayeur, et a gravé, dit-on, elle-mèi»^'
PORTRAITS. 455
dans ses Mémoires de ses hanches très-relevées, de sa poitrine
large et superbement meublée.
Cluiriotte Corday excita beaucoup plus la curiosité. Après le
beau portrait gravé par Tassaert d'après Hauer, nous en avons
beaucoup d'aulrcs qui sont faits d*après nature ou reproductions
immédiates, ceux d'Alix en couleur, de Mariage d'après Lelu, de
Bonneville, de Queverdo et d'autres. Ces portraits ne nous trom-
pent pas, car leurs principaux caractères, la douceur des traits,
l'abondance des formes, jointes à la force, à la décence de l'expres-
sion, sont confirmés par le témoignage des journalistes qui l'ont
vue les uns en beau, les autres en laid : dans les Anecdotes de la
Révolution, où sa beauté est fort exactement décrite : u Stature
forte et pourtant élégante et légère ; pas un mouvement en elle
qui ne respirât la grâce et la décence, etc.* » ; dans la Chronique
de Paris, qui l'a peinte dans la charrette et sur l'échafaud même :
tt ses mouvements avaient cet abandon voluptueux et décent qui
est au-dessus de la beauté'»; dans la Gazette nationale, qui parle
par ordre et avec le cynisme de la haine : « ma^ntîen hommasse,
peau blanche et sanguine et une évidence fameuse'. » Le plus sin-
cère des historiens de la Révolution, et celui qui a le mieux connu
ses femmes, leur reconnaît une richesse de hanches et de seins
que les femmes ont rarement. Tous les portraits de la Révolution
accusent en effet ces qualités d'une nature féconde, et, comme
nous le verrons, le costume y prêtait encore. Mais ce développe-
ment de formes se produisait souvent en toute candeur et sans
entraîner de passions immorales. C'est par le cœur que l'on est
pur plus que par le corps. L'antiquité avait eu sa moralité au
milieu de bien d'autres matérialités.
Voilà donc les types qui affectèrent les artistes de la Révolu-
tion, et, si je les ai retrouvés dans mes petits portraits destinés
par la gravure à la plus grande popularité, ils sont bien plus
1. Lairtullier, les Femmes célèbres de la Révolution, Paris, 'IVance, 4840,
^ vol. in-8°, t. I, p. 140.
2. Histoire parlementaire, t. XXVIIT, p. 335.
3. Lairtullier, ibid,, 1. 1, p. 141.
456 SUJETS.
vivement empreints dans les œuvres des peintres en répatation,
qui, aux Salons de l'an II, de l'an IV et de Tan Y, exposèrent des
portraits; mais il est dans la destinée de ces ouvrages de périr. Ils
vaudraient mieux que beaucoup de compositions, ne serait-ce
que par les visages historiques qu'ils reproduisent; mais où
trouver maintenant les portraits de Ducreux, de Dûment, de
Golson, de Laneuville, de M"** Bouliar et de M"** Auzou? Notre
but n'était pas d'ailleurs de les rechercher; ceux de Gérard, pré-
servés par le talent du peintre, et même arrivés récemment à la
publicité de la gravure, suffisent pour prouver à quelles bonnes
inspirations il avait puisé ; M^ Pierre Bazin, peinte en 1792,
M^ de Lagronge, en 179<i, M^ Brongniart, en 1795, sont d'une
vérité que le peintre ne trouva plus dans toutes les illustrations
de l'Empire et de la Restauration. Ce qui frappe surtout, c'est
qu'ils n'ont encore rien d'antique, pas plus dans leurs traits
naïfs, forts et émus, que dans leurs ajustements, leurs cheveux
à l'abandon et leurs corsages desserrés. N'en doit-on pas conclure
que le peintre n'avait encore puisé son inspiration qu'au sein de
la Révolution?
11 rendit du moiqs de son type le côté le plus sévère. Il y en
avait un moins pur, où la beauté n'était choisie que par son côté
le plus matériel , qui prit faveur dans les moments les plus
abandonnés, et qui est représenté par les actrices, les danseuses
et les courtisaneSi dont la beauté est dévolue aux passions les
plus vulgaires et les plus bruyantes. Un historien a parlé des
filles du palais Égalité, choisies comme les bœufs gras, et des
quatre blondes colossales, Atlas de la prostitution, qui ont porté
le poids de l'orgie révolutionnaire. Heureusement pour l'art, les
portraits de celles-ci ne montent jamais jusqu'à lui. Ceux que la
gravure nous a conservés de M^^* Maillard^, de M^ Jullien, ont
bien l'air débraillé qui convient au type, mais il est pris encore
à l'ancien régime; à défaut de modèles contemporains, on le
1. M°' Maillard était une beanté épaiaae et presque ooloteale, aTec une voix
terrible, des membres musculeuz et des mouvements de bacchwita (Mayer).
PORTRAITS, 457
troQve encore communiqué par les graveurs les plus triviaux à
d'anciennes célébrités de la scène. C'est ainsi du moins que je
m'explique les portraits plus modernes de Clairon, de Sophie
Amoult, dans lesquels on ne leur trouve plus cette physionomie
piquante et voluptuen^^r» qui était attachée aux portraits de leur
bon temps, mais des traits masculins et un air de provocation
hardie. Il est maintenant si bien exigé qu'on le trouve transporté
jusqu'aux célébrités féminines de l'antiquité, à Sémiramis et à
Messaîine.
Le temps changea, et le type aussi. Pendant la seconde phase
de la Révolution, les femmes dont les portraits se sont répandus
n'ont plus les grands airs naturels et les physionomies fortes et
tragiques que nous venons de voir. Au-dessus de la régularité des
traits et du sentimentalisme de l'expression, qui plus ou moins
peut les distinguer, se répand une teinte antique. Les artistes,
qui, depuis plusieurs années déjà, cherchent des modèles dans
les bas-reliefs romains et les vases grecs, sont-ils pour quelque
chose dans cette métamorphose? Oui, sans doute, mais leur zèle
n'a pu aller jusqu'à l'oblitération des traits réels ; ils ont eux*
mômes subi dans toutes leurs œuvres l'ascendant de la beauté
vivante. Cette beauté s'enchaîne à beaucoup d'autres occasions :
à la secousse donnée à l'esprit par la violence de la Révolution,
au relâchement des mœurs amené par la réaction, au paganisme
infiltré dans les croyances, à la liberté , toujours active dans les
habitudes. En revenant d'abord aux toilettes les plus négligées
en apparence, en revêtant une robe légère et nouant leur
ceinture sous les seins, les femmes ont donc réellement changé
de masque. Elles ont les lignes sévères et les formes atténuées
du bas-relief, l'expression attendrie jusqu'à la faiblesse et la
pâleur. On a cité les vers de la comédie des Femmes, de De-
moustier :
Les fleurs sur votre teint meurent à peine écloses;
J*y Yois encor des lis, mais j*y cherche des roses.
On peut prendre pour exemples les portraits des Salons que nous
C
458 SUJETS.
avons cités. Les portraits gravés en fournissent de plus nom-
breux et de plus populaires.
Tliérhse Cabarrus, la citoyenne Tallien, Notre-Dame de Ther-
midor, que Laneuville avait peinte au Salon de Tan V, dans un
cachot à la Force, ayant dans les mains ses cheveux qui viennent
d'être coupés, et dont Gérard fit aussi le portrait en pied, a été
gravée en buste par Quenedey au physionotrace, et en pied par
l'artiste anglais William Bond. Ce n'est pas précisément tout ce
qu'on pourrait attendre d'après les Mémoires, qui ont parlé de sa
beauté animée et charihante, de son air qui réunissait la vivacité
.française à la volupté espagnole, de son amabilité, de sa bonté
* et de son esprit, et qui ont aussi parlé de sa liaison avec Barras,
de sa danse du boléro avec Mailla-Gara et de son apparition à
rOpéra avec des bagues aux doigts du pied , mais un ensemble
empreint de simplicité, des traits et des formes arrondis, dont
la grâce, n'ayant absolument plus rien de forcé, est tout en
harmonie avec la mise : une robe des plus molles, agrafée à
peine à l'épaule, et une coiffure en cheveux, à la Titus ou en
perruque, relevée par des bandelettes de camées.
La citoyenne Bonaparte, Notre-Dame des Victoires, dont la
beauté a été moins célèbre et les &;arts moins publiés, à en juger
par ]ps portraits gravés d'après Gérard, avait aussi beaucoup de
simplicité et d'abandon dans une mise tout antique.
Il est regrettable qu'on ne puisse interroger ici les portraits
des autres femmes qui disputèrent de beauté dans les salons du
Petit- Luxembourg ou de l'hôtel Thelusson; M^ de.Condorcet,
M^ de Fleury, M^ de Flahaut, n'ont pas laissé de portrait
gravé.
A défaut, des femmes de moins d'éclat peuvent encore servir
d'exemple :
M^ BenoU, peintre, dont le portrait fut alors vulgarisé sous le
nom d'Emilie ;
M^ Briquet, poète et écrivain, qui mit son portrait en frontis-
pice de son Dictionnaire des Françaises;
Jf "^ Joly ; c'était une actrice aimée et estimée, qui fut remar-
PORTRAITS. 450
c|uée dès le commencement de la Révolution par un pèleri-
nage à Ermenonville, où elle avait été poser sur la tombe
de Rousseau une couronne civique; sa figure, son talent et ses
^vertus furent publiés par son mari avec Taide des crayons de
IDugourc;
Suzanne de Morency :
■
Dodle enfant de la Natare, etc. ;
Despote impitoyable,
Éros vent des sujets, etc. ;
•
<I]e sont les vers de complaisance que mettait au bas de ses por-
^^raits une courtisane de ce temps, qui se distingua de ses pa-
areilles par les romans et les mémoires qu'elle publia de Tan Vil
â Tan X et qu'elle'fit orner de son portrait.
Mais cette époque vit commencer et s'épanouir un portrait
<[ui peut être considéré comme l'expression la plus délicate
^u type du Directoire et l'exemple le plus singulier de sa pro-
pagation.
Juliette Bernard, de Lyon, mariée à quatorze ans, en 179b, au
citoyen Rècamier, banquier à Paris, acquit en un clin d'œil, par
le seul prestige de sa beauté et de sa grâce, un succès qui passa
des salons aux promenades publiques, et des musées aux images
de la i'ue, vulgarisation vraiment unique. En Angleterre, où elle I
avait passé quelques instants, son succès n'avait pas été moins
populaire; Ganova avait fait son buste en Béatrix, Richard Gos-
way l'avait peinte, Bartolozzi l'avait gravée ; ce portrait, emporté
par la mode, avait volé jusqu'en Grèce et dans les Indes; à
Paris, Ducreux, David, Gérard, la représentèrent; la gravure au
lavis et au pointillé multiplia sa figure en buste, en demi-figure
et en pied. Un graveur de coins, Dupré, qui eut à faire en l'an IV
le type d'une tête de la Liberté pour les pièces de cuivre en
décimes et centimes, n'en trouva pas qui répondît mieux à l'idéal
et à la pureté antiques. Gette circonstance, qui n'a point été assez
remarquée par les numismatistes, donnerait seule la mesure de
460 SUJETS.
Tart de la Révolution; la monnaie, appelée à pousser la propa-
gation d'un type jusqu'à ses plus extrêmes limites, nesecontente
plus du type imposé et banal , comme on le voit à toutes les
époç^ues du monnayage moderne, mais prend, au gré de Tartiste,
le type le plus beau. Les graveurs de Gorinthe, au plus beao
temps de la Grèce, n'avaient pas fait mieux.
On peut suivre l'intrusion des portraits du Directoire jusque
dans la peinture historique. David , si réaliste pendant la Terreur
et qui maintenant croyait ne faire que de l'antique, les avait
lui-même subis. Un de ses historiens a raconté comment M"' de
* Bellegarde avait posé pour THersilie du tableau des Sahim^\
mais ce qu'il n'a pas dit , bien qu'il ait pu le voir comme con-
temporain, c'est que le tableau tout entier ne contient que des
portraits du temps, les poses des danseurs parisiens aux jeux
olympiques qu'on célébrait à la fête de la Concorde plutôt que le
combat de Romains et de Sabins. Ce n'est pas sans motif que Voû
chuchotait alors que les femmes les plus élégantes de Paris ^
avaient concouru , comme les Athéniennes au tableau de ZetiîJS.
C'est à cause de cela qu'il restera l'une des œuvres les plus îî^^
rossantes du maître, qui a su exprimer, malgré son académisme
et sous sa nudité antique, la morbidesse et le sentiment do soû
temps.
Pour dire un mot des portraits d'hommes sous le O^^"
toire, je me contenterai de remarquer qu'ils diffèrent e^^ P"
néral des précédents par la finesse de l'expression, l'at^^^^
dissement des traits et Teffémination du type. On s'en a ^sut
rien qu'à regarder les portraits gravés de Barras, La iîévef^^
Cambacérès.
Les poètes et. les écrivains dont les portraits furent le *^*^
saisis par la gravure, à commencer pdiV Rousseau, le plus^-- '
quent de tous, n'aidèrent pas beaucoup à relever l'idéa
types. Ducis, Lebrun , Fàbre (F^Églantine, Pamy, DeliUe,
Sylvain Maréchal, Gail, Demoustier, bien que gravés so
1. Louis David, son école et son temps, par Delécluze, p. 494.
PORTRAITS. 461
3c intelligence, ne noua donnent que des physionomies où
raltleplus petit côté de leur esprit; le plus heureux fut Marie
;eph Chènier, qui, après le buste admirable de Uoudon, a
core un bon portrait gravé en 1789 par Boutelou.
Tous les portraits de cette période sont bientôt dominés par la
e fatidique du général BuonaparU» La gravure, en la mul-
liant dès Tan V, a trop servi au travail d'idéalisation qui
st fait autour de l'homme, à l'enthousiasme militaire qui a
s sous le joug un peuple mobile. David , la première fois qu'il
vit , appela cette tête un camée tout fait. Les plus pures repro-
ctions qu'on ait gravées de ce camée sont :
Les petits portraits d'Elisabeth Herhan, d'après Guérin,
VI;
D'Alexandre Tardieu , d'après Isabey.
On y trouve la silhouette accentuée et le regard perçant du
ros revenu d'Egypte; mais il y en a, dès le Consulat, qui ont
is que la ressemblance :
U Intègre, le Modeste, le Généreux, V Étonnant, le fortuné Libè-
leu/r en chef de r Italie, le principal Domptateur de V Autriche,
tgane imperturbable mu/rissant la paix et les triomphes éclatants
sa patrie, Buonaparic et sa bienraimée épouse Rose-Joséphine,
ede la Pagerie, bustes en regard , médaillons ovales entourés
roses, lavis brillants d'exécution , in-ili<> 1. ;
UHeureuse étoile, buste de face dans une étoile, in-li^ au poin-
té noir;
Bonaparte, premier consul de la République française, buste de
3fil in-/»*», à la pointe et au lavis bleu ;
L'œil fixe, le profil austère et l'arrangement même des cheveux
de l'habit donnent à ceux-ci un caractère hiératique; l'art a
insfiguré le demi-dieu revenu d'Italie. Ce type, tout personnel,
lis qui ne représentait cependant encore que le premier citoyen
la République, passa dans quelques œuvres, heureusement
ipirées de l'école de David à ses débuts. Il n'en fut plus de
ime quand , par une nouvelle transformation , le portrait de
onaparte fut devenu la figure immobilisée et apothéosée d'un
i
462 SUJETS.
empereur. Chez les artistes courbés devant elle, comme chez les
poètes et les savants, on vit s'amoindrir et se perdre tous les élaos
des jours de liberté. Les portraits, aussi bien que les autres œu-
vres, montrent clairement la déchéance que fit subir à l'art le
régime guerrier et despotique. Sauf de trèsirares exceptions, il
n'y a plus qu'un mot pour caractériser le type qui saivit.la
platitude.
.^
5. — COSTUME.
L'homme ne se vêt point selon son désir, quelque volonté
qu'il y mette; la société et les mœurs lui façonnent ses habits
plutôt que rart. Il est curieux cependant de savoir quels furent
ses habits pour mieux le connaître; il importe aussi de rechercher
les modifications que Tart a pu y apporter, le parti qu'if en a
tiré dans certains ouvrages et qu'il en peut tirer maintenant pour
les peintures historiques.
Le premier effet de la Révolution fut une plus grande simpli-
cité et une plus grande aisance dans les habits. Le député à
l'Assemblée nationale portait l'habit à larges basques et à larges
revers, de couleur foncée; la culotte ou haut-de-chausse sans
bretelle, bouclée par un galon au-dessous du genou, et le soulier
à boucle ; la chevelure à boucles collées et poudrées et à catogan
et le jabot. On quittait le rabat, la bourse, les manchettes et
l'épée. Le chapeau rond à larges bords, que Ton appelait à la
Jockey, remplaçait déjà le chapeau à trois cornes nommé à
ê'Androsmane.
Les femmes en 89 portaient des robes très-desserrées à la
taille et quelquefois d'apparence si négligée qu'on les appelait
«n chemise, des caracos, des fichus très-amplement développés
sur la poitrine, et leurs cheveux tout dénoués , retombant en
larges boucles sur le cou ; elles ont quitté les paniers et les
souliers à talons ou sabots chinois. Il ne faut pas prendre trop
Qiu sérieux les Journaux de modes qui ne sont faits que pour
l'amusement des vanités les plus ridicules, mais ils ne sont pas
464 SUJETS.
sans renseignement local ; c'est ainsi que le Magasin des
dont les figures étaient dessinées par Defraine et grav^ par
Duhamel, nous montre, dans Tété de 89, les cheveux en m ■ "ttn
relevés derrière, les grands fichus de gaze soufflée, les robe^ ^s de
linon traînantes, et enfin les bonnets et les rubans aux Or» "dres
réunis et aux couleurs nationales. Le Journal de la mode e&^^ du
goiU'^^ qui vint ensuite, fait voir la grande dame, en robe de » cou-
leurs rayées à la Nation , la religieuse nouvellement rendue ^ à la
société, avec une robe de linon en Vestale et une coiffure ^ à la
Passion avec des fleurs nacarat, et enfin la femme patriote, ^ avec
le nouvel uniforme couleur de drap bleu de roi , chapeau de fe-^^sutre
noir, bourdaloue et cocarde aux trois couleurs. Au milieu de^^»« ces
singularités, la mode constatait cependant ses pertes : a De ^^pui&
longtemps les femmes ne portent plus aucune espèce de pan^c^er,
ni poche, ni coussins. H est à présumer que tout cet attiraiL^^cil est
proscrit pour jamais (hélas I qui pouvait prévoir la crinoline ^mb du
second Empire? ). Aujourd'hui , sous une robe langue ou sonr ^s un
caraco, tous les mouvements de la taille sont aperçus. La coi^fc iffure
des jeunes gens est devenue très-simple; il en est plusieurs^^ss qui
ont fait couper leurs cheveux en rond et qui les portent r sans
poudre. La plus grande simplicité caractérise le petit* ma^g" ^Itre;
il a les cheveux coupés et frisés comme ceux d'une at iMatatoe
antique. )x
Quelques pièces isolées montrent un costume encore plus k P^^^
tique : telle est M^^ Pompon regrettant les Fédérés y elle tient -^ "^
rose à la main, elle est coiffée d'un chapeau rond orné de plu^L^M^^axA
et habillée d'un fichu menteur.
La plus jolie pièce de ce genre que je connaisse est la &^ ^^
chande de journaux; c'est un in-8^ allongé, eo couleur, danm:^^'^^ ^^
goût de Janinet. La marchande est assise à son établi en p^^X ^^
vent, tout enguirlandé de placards, cocardes, rubans, phiiiB i* ■net&>
1. Le Magasin des modes nouvelles françaises et anglaises^ in-8», P=^E^ ^*^
BniBsoD, 1789.
3. U JoiÊmai de la mode et àmgoùt, amusmMnt du sâton et d» Im loim ^'^^f'f
par Lebruo, in-S», 1790.
COSTUME. 465
tranches de chêne, etc.; elle tient à la main le décret pour
'émission des nouveaux assignats; à côté se groupent un passant,
me femme, des enfants (coll. Hennin).
Le Journal des Modes cessa de paraître en février 91. Sa ré-
laction unit en enseignant l'accent musical à donner à la romance,
hose nouvelle alors et qu'on déûnit un air tendre, plaintif et
logoureux :
Une lamière vive et pare
Va de la nuit chasser l'horreur;
a dernière mode est la robe froncée en rideau, à trois ganses ^ ;
*est celle qbe porte Charlotte Gorday dans le portrait delassaert.
»*est ainsi que le costume entre dans le domaine de l'art et de
histoire. L*habit à la française, la culotte et le catogan, que por-
ferent Mirabeau, Vergniaud , Desmoulins et Danton ; les robes en
hemise, les fichus enflés, les caracos en rideau et les boucles
louantes, qui vêtirent M"« Roland, M™* de Condorcet ,. M"« de
Itaël, Charlotte Corday, acquièrent la môme noblesse que le
)ëplum antique ou le surcot gothique. Ce costume est déjà con-
sacré dans des tableaux qui ne périront pas.
Après le 10 août, le haut du pavé appartenant au peuple, la
cnode vint, pour les plus hardis révolutionnaires, du costume sans-
culotte, qui se composait du pantalon large, de la carmagnole ou
veste courte, du bonnet rouge et des sabots. Ce costume, inauguré
déjà par Chenard, porte-drapeau à la fête civique du U octobre
1792, et adopté surtout par les membres du Conseil général de
la Commune, fut dessiné par Sergent, et proposé à l'exposition
du 10 août 1793 : <( Ce n'est autre chose, dit le livret, que l'habit
journalier des hommes de la campagne et des ouvriers des villes.
11 n'y aurait de différence entre les citoyens que dans la qualité
des étoffes. 11 pourrait n'être porté qu'à vingt et un ans, et tien-
drait lieu de la robe virile. » On en avait vu d'autres modèles
1. Le caraco en rideau, c'est-à-dire froncé de trois ganses, de la gorge à la
ceinture, est la mode du Magasin des Modes nouvelles, à son dernier cahier de
lévrier 1701.
30
A9$ SUJETS.
dans une espèce de tableau historique de Pourcelli, la Fête
des S<ms-Culolte& sur les ruines de la Bastille, dont mi soui^ venir
est resté dans une eau-forte sous ce titre : Refrains patrioiiq^^gamiei^.
Les femmes essayèrent aussi quelque costume à runisso^Hc d, el
Ton vit quelques estampes de Française libre, en amaz&m'^ m ^, d(
Bellone et de Jolie Sans-Culotte du i^ aoùt^. Quelques fei
portèrent ce costume ou quelque chose de plus débraillé
roigne de Méricourt, Rose Lacombe, ou d'autres parmi
que Ton a nommées les tricoteuses de Robespierre et les fi
delà guillotine; mais ces excès maniaques ne méritent
rappelés que comme nous rappelions tout à l'heure les exc(
cités des modes élégantes; ils sont du domaine de la
.ture; jamais les révolutionnaires sérieux ne les tolérèrent
furent flétris au sein de la Commune même par ChaumetU
Le Jacobin des jours les plus agités était vêtu proprem(
simplement comme le Girondin ; beaucoup n'avaient pas
le tricorne, les toupets et la queue. Les plus grandes réfc
avaient été de porter un chapeau rond, les cheveux plats et::^ ms
poudre, de porter des habits de couleur brune au Heu de coik leurs
roses et tendres, et do mettre à leurs souliers des cordoscis aa
lieu de boucles. €es innovations avaient été déjà montrées à k
cour de Versailles par Franklin, lorsqu'il vint en 1780*; R<:>lând
avait porté ce costume dans le Conseil de Louis XYI, qui le prit
pour une insolence; il était celui des hommes les plus jeuiies.
C'est te costume que devront adopter les peintres dans les compo-
sitions où ils feront entrer les acteurs qui ont pris les n^Les
historiques au moment le plus terrible; ils réserveront lliabit ^^|
sans-culotte pour les comparses, qui n'ont pas d'autre signe
distinction que cet'habit.
Le Conseil général delà Commune avait adopté généralemei
!.. B^raitu jiaJriotiquef, io-4' L, à Paris, rue du Théàlve-Françait»
2. Femme française libre, iD-4*, au trait, colorié. — La jolie Saïu-Ci
armée en guerre {Histoire-Musée de la Bépul)liq^e, t, I^ p.. 30i ).
3. Histoire parlementaire, t. XXX, ^ 267.
4. Mémoires de Mme Campan, t. I , p. 283.
COSTUME. 467
l'irr coiffore le bonnet rouge; en brumaire an 11, on voulut
ème qu'il décvéiàtt que le bonnet serait porté exclusivement par
( autorités, C0i>dift(iées par le peuple et peiHiant le temps de^
irs fonctions, par ce motif que plusieurs aristocrates le por-
tent et profitaient de ce signe de la liberté pour insulter les
criotes ; mais la Commune se borna à interdire les perruques
ires h la jacobine, dont s'affublaient certaines personnes pour
raltre tantôt comme de viiem républicainsf et tantôt comme des
»Cddins^.
Cependant de^ artiste», fort animés de Vesprit delà Révolution,
ulurent révolutionner le costume. La question fut discutée
ns plusieurs séances de la Société populaire des arrts'. Lesueur
ait commencé par établir que le costume actnèl était indigne
an homme libre et qu'il avait besoin d'être entièrement innové;
percienx proposait le casqoe et la chiamyde des Grec». Wicar
sonnaissail que les femnme» avaient peu de chose à changer,
»i Fon en excepte ces mouchoirs ridiculement gonflés, qui recèlent
jrs charmes les plus agréables, et leurs cheveux ajusté» d'une
anière singulière, » eicroyait qu'elles adopteraient promptement
lui qu'on leur offrirait. On ouvrit enfin un concours. Dans une
itre séance, la citoyeime GésarineBoissard, amie de la nature,
imanda surtout la proscription des corps de baleine, et une
itre citoyenne, mère de famille, demanda le costume dans le
itire antique. Petit-Goupray et Espercieux furent chargés de se
ndre auprès du diTeeteur des costumes du Théâtre de la Répu-
ique pour avoir un modèle et les moyens de couper l'étoffe
une manière convenable.
Le théâtre^ où nos artistes vont chercher leurs nuxlèles, avait
trodoit en effet depuis plusieurs années le costume antique
)ar la représentation de la tragédie. Larive, à la première repré-
intation i*Agis, avait paru portant une cuirasse fort simple et
i. Moniteur universel, 4 et 5 frimaire an II (nov. 1793).
2. Journal de la Société républicaine des arts, par Détonnftille, in-8^
252, 258 et 384.
468 SUJETS.
un manteau blanc, costume lacédémonien que lui avait de^s^ssâné
David, et, au témoignage de Lenoir, les hommes et les femu-^Ljaesà
cette représentation rappelaient les personnages qui figiKi^BureDt
sur les vases grecs. Talma, jouant le rôle de Proculus dans laa^sa tra-
gédie de Brutus, de Voltaire, en 1788, avait porté pour la ^m pre-
mière fois une véritable toge romaine. La renaissance du coslK^ .^tume
théâtral avait été appuyée en 1790 par les publications de I— K Leva-
cher de Chamois *, dont les figures étaient dessinées d'aborc:»— ?d par
Dutertre, Duplessis-Bertaud, et gravées par Janinet, Gin^v-^uyot,
Chapuy et d'autres, puis dessinées par Chéry, et gravées par ^ ^n Alix,
Sergent, Ridé et Villeneuve.
C'est dans la première édition de ce recueil et dans les fi^ CZlgures
de Dutertre qu'on trouve les plus intéressants costumes du thfli:Khéâtre
de 1789 : M^' Ramourt, dans le rôle de Médée ; M^^ ConUU,^^ t, rtie
de Suzanne; M^* Dagazon, rôle de Nina ; M, Chèron, rôle d^Eiad'Aga-
memnon; if** Yestris, dans Polyeucte; M^^ Damesnil, dans
Athalie; M^' Maillard, dans Tarare; M^^* Amout, dans Iphm- ^Atgénie
en Aulide, et beaucoup d'autres.
L'auteur, qui périt aux massacres de Septembre, annoncsave rio-
tention de donner des costumes exacts, ce que n'ont pas fai JUt tou-
jours, selon lui, ni Raphaël, ni Poussin, ni Lesueur, ni Lel^^^nia,
ni même David , et il poussait assez loin l'intelligence de la^ cou-
leur locale pour comprendre que les personnages de Racii^viene
sont souvent que des gentilshommes de la cour de Louis XL ^^ ce
qui , par parenthèse, aurait dû le conduire à les représenter p^lutôt
avec l'habit que l'auteur leur fit porter qu'avec un habit leao ^^^
1. Costumés €t Annales dès grands thé&tres de Paris, 1787-1789. Ce K*«caeil
périodique fut rédigé d*abord par M. Dauberteuil et ensuite par M. de ^^^^^*^
nois. Les figures étaient dessinées par Dutertre, Berthaud, Duplessis-B^'^^
Lebarbier, et gravées par Janinet, Carrée, Chapuy, Phelippeaux, Gujr^^ ^
dernier auteur en fit une seconde publication sous un nouveau titre &t snc
d'autres figures : Recherches sur les Costumes et sur les Théâtres de toui^^ m ^
nations, Paris, 1700, ou 2» édit., an XI, 2 yol. in-4^ 56 fig. en couleur ou sa f
lavis, y compris le portrait de Fauteur et un frontispice aUégorique, dessûé m
par Chéry; gravarea par AUz, Ridé, ViUeneuye, Sergent § ^''
COSTUME. 460
des Grecs. Du reste, les costumes dessinés dans son livre ne sont
que des costumes de théâtre, où la fantaisie avait encore plus de
)art que Thistoire, surtout pour les femmes, les uns accoutrés
lans la mode du jour, les autres assez sottement pris de l'an-
ique. Ceux que l'auteur et l'artiste proposèrent comme l'idéal de
eur réforme étaient, il est vrai, un peu différents, souples,
ransparents, laissant autant de nu que possible, et exacts dans
a limite des connaissances archéologiques du temps, qui ne
'^tendaient guère qu'aux Romains, et ne prenaient les costumes
orientaux , Assuérus, Esther, que dans les figures que Mongez
ppelle barbares. C'est de ce costume théâtral que s'étaient parés
es jeunes artistes à la fête de la translation de Voltaire. Il fut
ans doute admis depuis dans quelques ateliers.
Le Comité de salut public, voulant répondre à une préoccu-
lation universelle, rendit, le 25 floréal de l'an II, un arrêté
our l'amélioration du costume national. Dans cet arrêté, il
nvîte David à lui présenter ses vues et projets sur les moyens
['améliorer le costume national actuel, de l'approprier aux
aœurs républicaines et au caractère de la Révolution, pour en
présenter les résultats à la Convention nationale et recueillir le
oeu de l'opinion publique.
David , ainsi appelé à donner des modèles de costume répu-
ilicaîn, dessina plusieurs figures qui furent gravées par Denon :
Jabit du citoyen français dans l'intérieur, Habit civil du ciloyen
rançais, le Législateur en fonction, le Représentant du peuple aux
irmèes, etc. Ce costume de citoyen était composé principalement
Tune tunique, de pantalons ou plutôt de chausses à pied, de bro-
lequins, d'un bonnet rond à aigrette, d'une ample ceinture et
l'un manteau flottant sur les épaules; il ne fut porté, à ce que
lisent les journaux, que par les jeunes clients du maître, et il
l'échappa pas au ridicule de tous ceux que le temps ne consacre
)as; il ne manquait pas pourtant de convenances hygiéniques et
)ittoresques. On ne sait, la Révolution continuant sur les mêmes
errements, si ce costume aurait lutté avrc avantnge contre le
X)stume sans-culotte; le 9 thermidor les emporta l'un et l'autre.
470 SUJETS.
Au même moment le muscadin faisait son apparition dans le
monde. C'est un point que Thistoire n'a point dëdaigoé d'éclair-
cir. Barbaroux dit, dans ses Mémoires, que Tépithète de muscadin,
appliquée à ceux qui avaient du linge blanc en comparaison
des sans-culottes, prit faveur aussitôt après l'arrivée des Mar-
seillais ^ Selon M. Duchesne, les terroristes de Lyon furent
les premiers qui donnèrent le nom de muscadins aux réqulsi-
tionnaires parvenus à se dérober aux levées'» Enfin Mercier de
Saint-Léger a bien voulu disserter sur Tétymologie du mot, qui
est pris d'une friandise à l'ambre et au musc, fort anciennement
connue et qu'on mangeait pour se parfumer l'haleine'.
Les très-jeunes gens qui , les premiers , réagirent contre la
Terreur sous le patronage de Fréron , faisaient, dans les cafés,
la chasse aux Jacobins, en persiflant les gens sans poudre et les
cheveux noirs. Il n'y a pas de journal de modes à ce moment
pour nous donner le costume de la jeunesse dorée de Fréron,
mais elle est dépeinte, dans les Mémoires, assez bien pour nous
faire juger de l'exactitude des caricatures dont elle fut l'objet.
Ces jeunes gens portaient l'habit carré décolleté, des souliers
très-découverts, les cheveux pendants sur les côtés , retroussés
par derrière avec un peigne, et des tresses nommées cadenettes;
ils étaient armés de cannes courtes et plombées. C'est ce qu'on
appelait le costume à la victime.
hdi Décade philosophique, de fructidor an II, contient une lettre
sur les costumes, écrite par Âmaury Duval, sous le nom de Pofy-
scope, qui vaut la meilleure gravure : « Voici venir U'abord un
de ces êtres qu'on appelait jadis des fats et que l'on désigne au*
jourd'hui sous le nom de muscadin; il marchait en sautillant...
Savez-vous pourquoi ce soi-disant citoyen se balance ainsi, forme
de si petits pas? C'est qu'il ne pourrait hâter sa mardie sans ri^
1. Mémoires de Barharottx, cités par Challamel, 1. 1, p. 356.
2. Observations sur quelques pièces de l^Histoire de France par estampes,
manuscrit du Cabinet des estampes, servant d^éclairdssement au Recueil de
l'bistoirs de Fraoc«.
3. Magasin ffKyçlopédique, t. J, 1795.
COSTUME. 171
quer de partager en deux un vêtement qui doit rester uni. En
effet, les culottes me paraissent bien serrées... Quand le ci-devant
saint-père défendit les culottes étroites par attention pour les
chastes zitelle de Rome, avait-il si grand tort? Autant vaudrait aller
nu. — Et cette poudre qui blanchit ses cheveux, cette petite queue,
roulant sur un frac d'une forme bizarre, cette cravate en nœud
soufflé, ce gilet qui ne descend guère plus bas que Testomac,
et ces souliers, qui ne lui cachent que les doigts du pied et dans
lesquels pourtant il paraît à la torture?... Parurent ensuite cinq
ou six prétendus sans-culottes en pantalons et en vestes. Aimez-
vous mieux ces longues culottes, qui n*ont d'autre avantage que
d'exiger plus de drap? — Mais en revanche on use moins de bas.
— Et cette veste qui' descend à peine sur les reins ! Trouve»-vous
ces vêtements si courts bien gracieux et bien pittoresques ^ ? »
Ce qui frappa le plus un curieux étranger, qui visita Paris le
lendemain du 9 thermidor et observa attentivement les femmes,
c'est que, par mauvaise humeur, elles négligent leur toilette,
qu'elles conduisent elles-mêmes leurs voitures, et diminuent ou
cachent si bien dans les rubans de leur bonnet la cocarde d'or-
donnance, que les sentinelles des Tuileries sont souvent forcées
de les interpeller : « Citoyenne, ta cocarde! » Cette mauvaise hu-
meur ne dura pas. Les recherches et les manèges de la toilette
recommencèrent bientôt.
Le censeur Polyscope prend de même les femmes à partie :
« Depuis quelque temps, elles ont la ridicule manie de cacher leur
véritable chevelure sôus des perruques, peintes de toutes les cou-
leurs*. Une longue robe qui, de ses longs plis, couvre tout leur
1 . La Décade philosoplUque et littéraire^ par une société de républicains, t. H.
La lutte des modes et des mœurs révolutionnaires et réactionnaires est encore
ingénieusement décrite dans un autre article de Polyscope, t III, p. 526.
2. Les perruques, simulant les longues chevelures naturelles, furent portées
surtout en Tan ni. Elles furent attaquées, dans un conte de la Décade, intitulé :
Perruques des muscadins; au théâtre, dans une pièce de Picart : la Perruque
blonde, Henrion publiait, la m^me année, V Histoire secrète de toutes les perru-
ques blondes de Paris. { La Décade pIMosophique et littéraire, t. III, p. 147 et 362.)
47»
SUJETS.
corps et n*est attachée que par une seule ceinture au-<lessous du
sein... — Ce sont sans doute des nourrices, voyez comme leurs
seins se projettent! — Non, ce sont de très-jeunes personnes qui
cherchent des maris ; toutes ont l'air de faire ainsi gonfler les plis
de leurs robes... Voilà comme on abuse des modes raisonnables.
Bientôt on verra le sein d*une femme avant de distinguer son
visage. — De mon temps^ disait un vieillard, on laissait tout cela
à découvert; c'est alors qu'on ne pouvait pas tromper. »
Dans une autre lettre, Âmaury Duval proposa son costume, la
tunique, le caleçon court, genoux et jambes nus, cou ^découvert et
•
manteau, pour les hommes; pour les femmes, tunique tombant
jusqu'aux talons : « Je souhaiterais que vous pussiez la relever plus
ou moins, selon votre goût, soit par les côtés, soit par le devant;
elle en aura plus de grâce... Si la nature vous a donné une jambe
fine, pourquoi la cachez-vous? Créées uniquement pour plaire,
ne négligez aucun de vos avantages. Mais, je vous conjure au
nom du bon goiit, abandonnez pour jamais ces bas, ces jarre-
tières qui divisent si désagréablement d'aussi belles parties de
votre corps... Tout ce que je permettrais, ce serait de chausser un
court brodequin d'étoffe, qui couvrirait, sans le déformer, le bas
seulement de votre jambe... Liez avec des rubans une semelle
sous vos pieds nus... Votre tunique sera très-ouverte par le haut
des deux côtés; il ne faut pas qu'elle vous soit incommode lors-
que vous aurez à remplir le plus sacré des devoirs que vous im*
pose la nature^ celui d'allaiter vos enfants. x> C'est un chef du
bureau des sciences et arts au ministère de l'intérieur qui tenait
ce langage; il fut le programme des femmes du Directoire.
Elles ont mérité d'être stigmatisées de la morale, ces femmes
qui, le lendemain de la Terreur, compromirent leur pitié et leur
sentimentalisme par des mœurs trop faciles; l'esthétique est plus
indulgente, parce qu'elles ûrent à l'art, dans leur costume, la
part plus belle qu'à aucune autre époque. Avec plus d'intrépidité
que n'avaient pu le faire les femmes du XVI® siècle, elles se
mirent sons la protection d'une renaissance grecque et romaine;
mais ce n'était encore qu'une feinte pour montrer des dons tout
.is
la
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COSTUME. 413
nouveaux, la délicatesse, Tesprit de liberté et Texpression de
sensibilité qui n'étaient qu'à elles. Qui ne s'y serait laissé trom-
per? Nous sommes peut-être encore trop près de cette époque,
où vécurent nos mères et nos grand'mères, pour en juger saine-
ment; mais, si on songe aux deux siècles de monarchie et de
courtisans qui avaient précédé, pendant lesquels tant de sots
mannequins, tant de plumes et de paniers, tant de fard et de
poudre, avaient posé devant les artistes, on peut comprendre, je
crois, la beauté du costume du Directoire. Rien ne lui a manqué
d'ailleurs pour devenir historique, car du Journal des Modes il
est passé dans des Salons, décrits par beaucoup de Mémoires,
et dans des ateliers que la gloire a consacrés.
C'est un petit littérateur nommé Sellèque, qui, en société avec
une dame Clément , née Hemery (peut-être de la famille des
graveurs Hemery), connue depuis par des publications archéolo-
giques à Cambrai et à Douai, prit l'initiative d'un Journal des
Dames et des Modes ^,
La Mésangère, ancien doctrinaire et professeur de philosophie
et de belles-lettres, en prit la suite dès l'an IX et l'a maintenu
jusqu'à 1831 à la même hauteur de doctrines. Sans plaisanterie,
il faut le compter en effet, sinon parmi nos dessinateurs de cos*
tumes^ au moins parmi ceux qui ont des premiers compris les
ressources de son histoire. Son cabinet, dispersé à sa mort', ren-
fermait la plus curieuse collection qu'on eût encore formée de
portraits historiques, en miniature et en émail, à Thuile et au
crayon, depuis Diane de Poitiers et Gabrielle d'£strées jusqu'à la
1. Journal det Dames et det Modes, Paris, an V, 1 1, in-8«. La Mésangère fit
one seconde publication des planches sous ce titre : Costumes parisiens de la
/In du XVIII* et du commencement du XIX* siècle, ouvrage commencé le
1*' Juin 1797. Le premier volume, contenant iOO gravures, prix 25 fr., à Paris,
au bureau du Journal des Dames, me Montmartre.
2. Une note du Catalogue de la Bibliothèque impériale dit quMl fut associé
pour les gravures au Journal des Dames dès Torigine; mais le Catalogue de
son Cabinet, précédé d*une notice, ne le désigne jamais comme dessinateur.
3. Catalogue du cabinet de feu M. de La Mésangère, ancien professeur de
belles-lettres et de philosophie, etc., Paris, 1831, in-S«.
4T4 SUJETS.
princesse Borghèse et M*« Georges, et il avait fait travailler à rf^^^
dessins et à des estampes de costumes Vemet, Bosîo, Baqocy^^
Lantë et beaucoup d'autres. ifi
Les premières gravures de ce journal, dans les numéros ^^^^^
Tan V et de Tan VI, nous donnent les plus jolis modales qui se
promenaient alors au petit Goblentz et au jardin d'idalie : par*
niques grecques, cheveux à la Caracalla et chapeaux Spencer;
robes de linon, décolletées et retroussées jusqu'au genou ; cein*
ture à la victime; chemise à la prêtresse; manches, maillots et
chausses en tricot de soie ; petits fichus roses ; souliers attachés
en cothurne; balantines et ridicules, — presque tous ridicules sans
doute, comme il arrive à toutes les poupées de coiffeurs et de
couturières, sauf une ou deux apparitions, qui retracent Téléganœ
et la simplicité antiques et font voir le parti que devaient tirer de
ces modes les femmes bien apprises.
Les figures du journal de La Mésangère se distinguèrent ton*
jours par la correction du dessin et le soin de la gravure; elles
maintinrent, au milieu de beaucoup de disparates, un certain goût
d*élégance antique jusque vers l'an XII, où, sans renoncer à au-
cune des extravagances précédentes, elles perdirent l'avantage,
qu'avait du moins conservé le costume, de ne point contrarier les
formes du corps et de ne point gêner ses mouvements. Voici les
dernières modes que nous y prendrons : les femmes se vêtissent
un peu plus, ou du moins elles en ont l'air ; leurs robes, qui étaient
décolletées par devant au point de laisser voir presque toute leur
gorge, le sont maintenant par derrière de manière à laisser voir
toutes leurs épaules ; leurs bras ne sont plus nus.
Le Journal des Modes reparut en messidor an V^ et eut bientôt
1. Tableau général du goût, des modes et des costumes de Paris : Costumes
de Van VI, in-S», chez Gide ; Costumes de Van VII, t. I«% in-8«; — Costume
français, à Paris, chez Ghéreau, rue JacqueSy 93 pi. ia-f^, eaox-fortnst U y en
a de signées : Deoy, et datées : Tivoly, an VII; — Modes et manières du jour
à Paris, à la fin du XVIIP et au, commencement du XIX* siècle , collection
de 52 gravures, prix 18 fr., à Paris, au bureau du Journal des Ikunes, Gq sont
les figures de Debucourt.
COSTUME. 476
plusieurs rivaux. Deny, Debucourt, Baquoy en étaient les prin-
cipaux graveurs, et ce n*est pas seulement par le costume qu'elles
sont curieuses ; en nous montrant les alternatives des perruqueis
blondes et des coiffures à la Titus, en nous donnant les premières
apparitions du chàle de cachemire et du cothurne, des chapeaux
à la glaneuse et à la Liberté, les modèles des tuniques à la Fiore,
des robes à la Diane et des redingotes à la Galathée, elles forment
le tableau le plus piquant des mœurs, pris à Thôtel de Mercy,
à Frascati et au parc de Monceaux.
C*est à ce moment, vers l'an VII, que la valse allemande fait
apparition. Les journaux de modes nous la font voir dansée au
bal de Mercy par une femme, coiffée à l'Âspasie, avec bandelettes
nacarat, et habillée d'une simple robe de mousseline, d'un spencer
et d'un châle nacarat, et par un jeune homme, en habit puce et
pantalon de nankin collant ; ils la commentent en petits vers :
Walse! danse délicieuse,
La plus favorable à l'amour.
Où dans une étreinte amoureuse
Posais embrasser le contour
Le doux contour d*un sein d^albàtre! ^
Elle fait le sujet de la première gravure du recueil de La Mé-
sangëre : « Le bon genre c'est une danse allemande, dit le texte,
dont nos Françaises raffolent : s'embrasser, se presser et s'entre-
lacer! ))
Les femmes se mettaient volontiers en homme, toutes les fois
que l'occasion s'y prêtait ou que la fantaisie les poussait, et le
Journal des Dames leur donne un costume approprié : de petites
bottes sans revers, l'habit bleu, le pantalon collant de Casimir
jaune et un petit gilet de piqué blanc.
Ces modes et ces mœurs eurent pour coryphées des femmes
que nous connaissons déjà bien par leur portrait : avant toutes
les autres, M"« Tallien, qui parut au bal de l'Opéra dans le
1. Iji Cotrespondance des Dames ou le Journal des Modes et des Spectacles
de Paris, rédigé par J.-J. Lacet, 1. 1, Gide, an VU, in 8*.
II
476 SUJETS.
costume que nous avons vu critiqué par Polyscope, avec des
anneaux d'or aux doigts des pieds; M*"* Récamier, que nous ^^^
trouvons parée en tunique à la Vestale ; — le Journal des Dames
constate encore en Tan XII leur domination suprême : a Les deux
femmes les plus renommées de Paris ne paraissaient plus depuis ^*^
quelque temps : c'était une calamité publique. Que deviendrait le ^^^
firmament privé de ses deux plus beaux astres? Enfin l'une d'elles ^^
s'est montrée mercredi 11 à l'Opéra. Nous avons vu la plus belle,
nous attendons la plus jolie; » — M"* Bonaparte, qui figure, dans
plusieurs journaux de modes, à cheval, à la promenade, ou assise
et parée des camées rapportés d'Italie, et bien d'autres, que ^'^
nomment les Mémoires du temps, telles que la citoyenne Labou- ^^^
chardie,.la citoyenne Lange, sans compter celles que personne ^oe
n'ose nommer. Cette troupe légère avait une singulière idée de la ^la
liberté; l'un de ses poètes lui fait dire :
liberté, yoilà ma devise;
Tous les costumes sont décents;
Honni soit qui s^en scandalise!
Pourquoi porterions-nous des gants.
Ces dames vont bien sans chemise i.
Le nu fut en effet, de tous les costumes de ce temps, le plus ^'^
recherché, le plus habillé, en prenant le mot dans le sens d*une ^®
couturière célèbre : « Ce qui habille le mieux une femme, c'est
le nu ; » la robe et le châle, d'étoffes souples et légères, ne
paraissaient faits que pour le rehausser. Le nu fut plus hardi *''
encore dans les ateliers et au Salon de peinture, où il parut du '^
moins assaini et idéalisé par l'art.
Jusqu'où alla-t-il dans la mode, en messidor de l'an VII? Le ^
fait mérite d'être éclairci. M"« la baronne de V*** raconte qu'elle *
a rencontré un jour, aux Champs-Elysées, une femme d'un main-
tien convenable et au bras d'un homme distingué. Sa robe en
tulie n'avait en dessous qu'une mousseline tellement claire qu'on
1. A. Charlemagne, le Monde incroyable.
\
COSTUME. 477
pouvait distinguer la couleur de ses jarretières, et elle ajoute
qu'elle, se promena assez longtemps sans que le public y fit
beaucoup d'attention ^.
Un journaliste, qui rend compte de l'ouverture de Tivoli , dit
que la décence fut un peu négligée ce jour-là : « Plusieurs déités
parurent dans des costumes si légers, si transparents, qu'elles
privèrent le désir du seul plaisir qui l'alimente, du plaisir de
deviner... Une jeune personne, qui paraissait s'être fait une
étude d'exclure entièrement la décence de sa toilette, éprouva le
désagrément d'être critiquée, blâmée même au point qu'elle fut
obligée de se retirer dans l'Orangerie. Les applaudissements suc-
cédèrent aux murmures, lorsqu'elle parut avec un vêtement moins
léger et dont la décence convenait, beaucoup mieux que la nudité,
aux charmes presque naissants qu'une coquetterie outrée prodi-
guait si imprudemment aux regards de la curiosité *. »
Quant au costume des hommes du Directoire, tout ce qu'on
peut dire de sérieux et en liaison avec ce que nous avons vu de
ceux de la Révolution, c'est qu'ils s'allégèrent beaucoup, et que,
malgré les modes réactionnaires des tresses et des catogans, ils
se dégagèrent, en accusant les formes du corps par le pantalon
collant et en coupant leurs cheveux à la Titus et à la Lantin,
d'après le buste de Titus et la statue de Mercure, dit le Lantin,
que les victoires de la République venaient d'amener au Louvre.
Les artistes essayèrent encore de faire réussir un costume pris
plus scrupuleusement de l'antiquité. Des élèves de David, dans la
fraction qu'on a appelée la secte des Primitifs, Perrié etQuay,
allèrent en ville vêtus en Agamemnon et en Paris; mais ce ne
furent que des excentricités'. Malgré cette simplification réelle
et cette imitation antique, la passion ou plutôt le travers despo-
tique, qui se plait à affuMer le costume de tant de ridicules et
1. Swmenin du Directoire et de l'Empire, par M** la baronne de V***,^
Paria, 1848, ia-8% p. 15.
2. La Correspondance des Dames, par Lucet, t. Il, an Vm, in-8*.
3. Louis Daioid, son école et son temps, p. 91.
478 SUJETS.
•
d'incongruités, ne se produisit jamais avec tant d'effronterie.
Les pièces les plus saiRantes, données par \e Journal des Dames,
sont d'abord les faces nattées, la culotte à l'anglaise et le chapeau
en bateau, et puis les cheveux courts, le pantalon collant, les
cravates hautes, les bottines, les tricornes, les habits à grand
collet et les redingotes. Mais tes incroyables et les merveilleuses,
qui semblent à beaucoup de gens représenter toute xxne épo-
que, n'en représentent pas même réellement le costame; ce
ne sont que des caricatures, et , si la veine en fut riche, ce
n'est pas une raison pour oublier tout ce que l'art sut produire
de sérieux.
Le Directoire mît beaucoup (f importance à ses costumes offi- — 1-
ciels, et une loi complémentaire de la Gonstftutîon de fan ill M II
régla le costume des Législateurs/des Directeurs et des autres
fonctionnaires publics, qui furent dessinés et gravés pour être
joints au corps des lois et être répandus ^ FI n'eut ancune faveur "Xir
dans le public, qui ["appelait un vêtement de ilamine. Vu dans ^^^
son plus riche patron, le portrait du directeur Barras, gravé par "^-*^
Tardieu, ce costume est d'une lourdeur insigne, presque aussi «^^^
stupide que celui des rois, et, dans ses divers patrons, incohérent ^^^
et bariolé. Aussi ne tient-fl aucune place dans l'art; seulement, •- ^»
une partie de sa défiroque passa au Consulat et à l'Empire, qui ^^^
s*en accommodèrent, et Tautre au théâtre, qui en fit longtemps le ^Ic
costume de Robert, chef de brigands.
Pour relever ce qu*îT y avait de pittoresque dans le costume de ^^®
ce temps, il vaut nrieux se souvenfr des peintures, des dessins et 3^^t
des gravures qu'il inspira àr Isabey, à Boilly, i Debucoart, à ^ ^
i. Costumés des membres du Directoire, du Représentant du peuple en fonc- — ^'
tion, du Ministre, etc., dessinés et grarés k Teau-forte par Châtaignier, in-4* h., ^ -*
20 pièces; — Costumes des Représentants du peuple français et fonctionnaires '^^
publics, dessinés et coloriés d'après nature, chez Augrand, in-f* h., figures -^
disposées aotonr de la salle des Anciens; — Conseil des Anciens, ConseU
des Cinq-cents, Costumes des Représentants, Labrousse def. et sculp.; — Cas-
tûmes de membres du Directoire, etc., par François, marcband, d'après
Simon D..., 10 pièces en coulear {Coll. LaSmradè, 2* partie, u^ tSH.)
COSTUME. M
Mallet, et à d'autres plus obscurs, dans toutes sortes de sujets
familiers ou allégoriques. Uo jeune statuaire, élève de Devosge,
en fit une composition ingénieuse sous ce titre : Femmes d'au-
jourdkui. Femmes cCautrefois ^, qui montre la différence de leurs
costumes et de leurs mœurs. Elles forment trois groupes en ligne:
le Moyen-Age avec ses vêtements pesants et fermés; les XVU* et
XVIII® Siècles avec leurs corps de baleine, leurs paniers et leurs
coiffures ébouriffées; le Directoire avec ses robes à plis légers et
ses coiffures à l'antique. La comparaison est toute favorable à
ces dernières. Le peintre ne les a pas môme trop flattées, en leur
donnant, pour patrons, un Amour sentimental et Apollon, à la
place de l'Amour frivole, discret ou chevaleresque, et, pour jouets,
un crayon et une harpe à la place d'un éventail \ jamais les arts
ne tinrent autant de place dans l'éducation des femmes :
Agitant les cordes dociles,
Sur la harpe tes doifçts agiles
Voltigent, guidés par l'Amour*;
jamais le dessin n'était intervenu d*une manière aussi complète
dans le costume des femmes. Aussi peut-on affirmer qu'il ne fut
point étranger aux sculptures et aux tableaux, où la mythologie
et l'allégorie ne furent que des prétextes à des préoccupations
tout actuelles. Le Cyparisse de Chaudet, la Pudeur de Gartelier
et Us trois Horaces de Gois ; les Sabines de David, la PsyM de
Gérard, Y Orphée de Guérin, les trois Grâces de Regnault, le Bain
1. Femmes d* aujourd'hui, Femmes d'autrefois. Gaule inv. et del., Philibert
Bourtrois sculp. Premier groupe, les femmes d'aujourd'hui, leur costume ot
leur occupation : Apollon et l'Amour paraissent y présider; les autres groupes,
formés des femmes d'autrefois, et toujours l'Amour, frivole, discret ou cherale-
resque. Déposé à la Bibliothèque nationale, en messidor an X. A Paris, chez
DepeuiUe, rue des Blathurins-Sorbonne, in-f* 1., eau-forte.
â. Dans une autre estampe traitée plus petitement et en charge, à la ma-
nière de Naudet, sous ce titre : Ils ont été, Us sont et Us seront, on voit une
série de costumes depuis le XIV' siècle, présentés en comparaison arec les
costumes de 92 et de 1800, et escortés par la Folie.
3. Chénier.
480
SUJETS. — COSTUME.
de Virginie de Landon, la Mort dH Hyacinthe de Broc, ne durent
leurs succès, aux expositions de Tan VI, de Tan VIII et de Tan X,
que parce qu'ils représentaient une beauté toute nouvelle sous
un costume fort actuel; c*est pour la même raison qu'ils passèrent
de mode, mais, pour Thistorien qui aime toutes les mani-
festations importantes dans leur temps, ils ne perdront plus
leur valeur.
6. — CARICATURES.
ricature, alerte à saisir les événements extraordinaires
3me de ses satires, n'avait pas manqué de sujets dans
&s qui précédèrent 89 ; la Révolution d'Amérique, le Ma-
î, les Aérostats. Ces pièces avaient même été traitées
fois par des artistes connus : Watteau de Lille, Helman
Qt. Dès les premiers événements de la Révolution, elles
it en nombre formidable et ne cessèrent d'ameuter le
à chaque phase du drame qui se déroulait, devant cha-
premiers rôles qui entraient en scène. Mais le malheur
catures est de tomber facilement entre les mains des
1res dessinateurs et de ceux qui, dépensant tout leur
ins les légendes de leurs estampes, n'en gardent plus
figures. Je ne veux signaler ici que celles qui se recom-
t par quelques qualités de composition , de dessin ou de
tout en les groupant dans Tordre qui leur laisse tout
irêt historique et toute leur moralité, s'il y en a.
"emières et les plus nombreuses s*attaquèrent à l'Aristo-
firent allusion à la victoire du Tiers-État. C'est le Convoi
eur des Abus, le 27 avril et le k mai 1789 * ; V Assemblée
ocrâtes, faite à l'occasion de l'assemblée de la Noblesse
irgé dans la salle des Capucins, en mai 1790, n'est qu'une
1 assez pâle d'une eau -forte très-spirituelle de Foul-
' Aristocrate et la Démocrate, douairière et harengère,
nt l'une son dépit, et l'autre sa joie, du décret de la Décla-
[ pièces in-t* 1., au lavis bistre, l'une chez Sergent^ Taiitm sans nom.
31
I
482 SUJETS.
ration des Droits de l'homme du 20 août * ; les Trois Ordres s(m
le Niveau*, et beaucoup d'autres pièces sur les trois Ordres*.
L'une des plus violentes : un Monstre a trois têtes, désignant ks ,
trois états de V aristocratie, etc. , n'est que l'imitation d'une cari-
cature célèbre de Després; la Marque des sots, dédUeàlaMUsse
savonnée, est la satire la plus sale qu'ait pu imaginer un manant
contre le blason.
Quelques-unes s'adressèrent dès ce moment à l'Église et au
Pape, telles que le Déménagement du Clergé *, — Ecclésiasti(pie
réfractaire,
Au milieu de l^éclat le plus pur
Tu restes dans le clair-obscur;
petite pièce ronde bien gravée ; Ego stuUus propter Chrium;
Miracle de Boulogne-sur-Mer; Fait miraculeux arrivé à Paru
Van du Salut 1791 , pièce qui représente une religieuse foaetlée,
et la blessure, dans une gloire, recevant la palme du martyre*?
Présentation des liaqaenées au Saint-Père; Visite de Pie YI à Mêh
dames à Rome, eau-f. in-^ 1.
Deux journaux entre autres, les Révolutions de France et dé
Brabant, et les Actes dis Apôtres, publiaient des caricatures; mais,
bien que celles de ce dernier journal soient supérieures aux autres,
1^ Deui hustes sur la même feuille, in-f» l.« à Teau-forte. La «econde prt^
à une équivoque obscène.
2. In-4^ 1., lavis bistre, chez Crépy.
3. 7* savais bieth qu' j'aurions not' tour, în-4», eau-forte; — Je fumt «w^
tranquUlité, ia-i*, couleur; — IVEuf à la coque, în-i«, couleur;— E^cort
eiU^ mieux valu plier que rompre, iD-4*, couleur. — Voyez encore d'anf**
pièces : Histoire^Musée de la République, p. 30^ etc*, et Coll. UUrroàê,
p. 32.
4. In-C 1., eau-forte en couleur.
5. V. Histoire des caricatures de la révolte des Français, par Boyer *
Nîmes, 2 parties in-S», p. 1 . L*autcur de ce recueil s'est attaché à reproduire ^
pièces les plus compromettantes pour la Révolution, et les divise en deux)*'*
tics : l» les caricatures faites pour favoriser la révolte et les révoltés; 2" ^
caricatures contre la révolte et les révoltés. Ses reproductions sontassci bien
itxécutées au lavis bistre, in-8» et iii-4<*.
k
CARICATURES. 483
eH68 sont conçues et exécutées dans un genre où Tart n*a rien à
revendiquer.
L'Assemblée nationale, la Garde nationale et la Mairie de
Paris, dans la personne de leurs membres, héros de la Révolu*
tkm f soutiens de la Royauté ou popularités déchues, furent en
butte à des caricatures venant de tous les partis. Les plus exposé»
sont : Lafayette, Bailly, Tabbé Maury, 3rissot, Mirabeau, Bar^
nave, Pétion, Talleyrand, Chabot, Target, le ministre Narbonne,
la baronne Staël , le duc d'Orléans, etc. Ces personnalités, plus
odieuses que spirituelles, sont assez connues ^ Je ne citerai que
le Réfractaire amoureux : a C'est sur cet autel que je prête le
serment» (Coll. Hennin), et les Deux Diables en furewr, le
'iZ avril 1790» dirigée contre l'abbé Maury et d'Epremesnil * 5
le cynisme du sujet est soutenu par un jet assez puissant de
dessin. Beaucoup de ces pièces étaient publiées par les royalistes»
et ce n'étaient pas les moins sanglantes ni les moins obscènes.
Deux auteurs, qui ont beaucoup considéré les caricatures de )â^
Révolution, reprochent à la caricature française de n'être qu'une
^igramme, sans hardiesse de charge ni jet puissant et bizarre de
dessin ^. Cependant, les conditions de la satire la plus acre et de
la bouffonnerie la plus bizarre se trouvent dans les pièces diri«
gées contre la coalition des puissances étrangères, contre les Émi^
grés et l'armée de Condé, contre le ministre Narbonne et M"^ de
L y. Histoirê-Muséê de la RépMique^ t, I, p. 86, 87 et 83; et Collictùm
Latetrade, l'« partie, p. 61, 93 et 109; 2« partie, p, 7, 8 et 9.
2. In-f» h., eau-forte :
Deax diables en volant
Firent une gageure
A qui chlrait le plus pesant
Sur rbumaine nature.
L'un nous chia l'abbé M...j;
L'autre en devint tout pâle,
Bt nous lâcha d'B...j
Et toute sa cabale.
3. Histoire de la société française pendant la Révol%Uion, par M H. deQon-r
iourt, Paris, 1854, in-8% p. 268.
r
484
SUJETS.
Staël, qu'on lui donnait pour maîtresse : Clrand retour du ministre
Linotte, la baronne Sta. tenant son ministre par les lisières, \n-b? K,
lavis bien exécuté; M"* de Staël y paraît avec un corsage évasé,
couvert d'un ûchu, et une perruque poudrée à deux marteaux, à
côté d'une émigrée en costume d'homme. 11 est vrai que le dessin
y paraît le plus souvent subordonné et timide à côté de la
légende; l'esprit en est plus littéraire que pittoresque, et volon-
tiers libertin et môme sale, ce qui n'étonne pas dans le pays de
Rabelais et de Voltaire. V Enjambée impériale^ place Catherine en
l'air, un pied en Russie, l'autre à Constantinople, et, par-dessous,
les rois et le pape, le nez en l'air, lancent chacun leur équivoque.
Le Bombardement de tous les trônes de l'Europe et la chute des
tyrans pour le bonheur de Vunivers^^ qui ne fut faite qu'après le
10 août, ne saurait décemment être décrite; l'Assemblée natio-
nale n'y semble pas plus respectée que les rois, contre lesquels
on la voit braquée dans une posture cynique. Le Pied de nez,
didiè aux Aristocrates^, qui a plus de sagesse qu'il n'appartient,
à la caricature, représente le Génie de la France debout sur 1
globe, couronné par la Victoire au milieu des j)ersonnages abattu
de la Royauté, de la Noblesse et du Clergé. On peut remarquai
encore, pour leur exécution passable, la Coalition des rois ou
brigands couronnés contre la RépiAblique française *, et Ils comp-
taient sur la peau de l'ours avant de l'avoir jeté par terre*.
Après le retour de Varennes et le 10 août, le Roi et la Rein
furent le sujet des insultes les plus licencieuses ; on connaît
Famille des C, ramenée à Vètable^; l'Ègout royal, qui, dans
figures comme dans sa légende, atteint les plus extrêmes limita
du cynisme; les Animaux rares, ou la translation de la Ménage
i. In-P 1., eau-forte coloriée.
2. In-f^ l., eau-forte d^une mauvaise exécution.
3. In-4* h., eau-forte bien traitée.
4. Lavis et couleur, par Marchand et Tavenard.
5. In-4^ 1. Voyez, pour les pièces sur les émigrés, ttistoift-'Musét
République, p. 226, et Coll. Laterrads, p. 56.
6. Coll. Laterrade, p. 51.
e
Je
Ms
me
CAUJCATUUES. iSj
an TcmplCy 20 août 1792; Ma rie-An toinelie y est représentée sous
la figure d'une louve* ;
La Panthère autrichienne, ou Marie-Antoinette, la Médicis du
XVIII^ siècle * ; portrait de Marie-Antoinette dans une lanterne :
« Cette affreuse Messaline, etc. » in-4®, lavis, chez Villeneuve
(Collection Hennin);
Enjambée de la sainte famille des Tuileries, douze figures
gr. în-f*>.
On appliqua aussi à la Reine la figure d*une grande dame,
vue de dos et n'ayant pour vêtement que sa chaussure à talons
et une coiffure en grosses boucles '.
La plupart de ces pièces, devenues très-rares, nous seraient
moins connues si un royaliste n'avait pris le soin de les repro-
duire *.
Le régime de la Terreur, qui ne fut pour personne une époque
de liberté, laissa peu de place aux caricatures ; je n'en connais
qu'un petit nombre qu'on puisse appliquer aux événements des
derniers mois de 93 et des premiers mois de 94 :
La Première réquisition des deux genres : « Ma parole d'hon-
neur, ce sont des enragés. — Pas possible, vous me faites trem-
bler.— Madame, la gloire l'appelle^, »Ce dialogue est élabli entre
trois personnages, une femme, assise sur un canapé, un mus-
cadin.en cadenettes, blotti derrière un paravent, et un Fergent
recruteur. La pièce, assez piquante, où l'on voit paraître un mus-
cadin pour la première fois, fait allusion aux mesures prises par
la Commune, en septembre 1793, contre les jeunes gens qui
essayaient de se soustraire ù la réquisition;
i. 2« partie, p. 12.
2. fbid., p. 13, avec beaucoup d'autres pièces do même genre.
3. Pièce sans titre et anonyme, in-4° h., eau-forte. Il y en eut deux va-
riantes.
4. Histoire des caricatures de la révolte des Français^ 2 p. in-S", 1792.
5. In-f^ h., chez Hull, eau -forte; Cabinet des estampes. Histoire do
France, 1793.
486 SUJETS.
La Lanterne magique. Venez y voir ta religion de nos
et mères pour 20 sols^. Un batteleur montre une procession
des J)adaiids; un singe débite des chapelets.
k
On doit à peine citer, à cause du dégoût qu'elles inspirent^
mauvaises pièces publiées par Villeneuve et par Louvion sur 1
exécutions révolutionnaires» mais il faut montrer jusqu'où la
Caricature osa descendre.
Villeneuve, graveur au lavis et marchand d'estampes» nie^^^Kie
Zacharie, Tuo des plus actifs débitants des portraits de llarat
publia :
Louis le traître^ lis ta sentence; c'est un bras écrivant sur u
mur une légende» semée de sentiments patriotiques et de faut
d'orthographe, et historiée d'une guillotine;
Matière à réflexion pour les jongleurs couronnés; c'est la têt»u^éte
dans la main du bourreau, avec une légende extraite des écrits :M Jts
de Robespierre;
Réception de Louis Capet aux enfers, affreuse composition ave^^^ec
légende, et, pour écusson, la tête coupée.
J.-B. Louvion, mauvais graveur de vignettes, publia: Appe^^oel
au Diable pour les corps sans tête sur les jugements de Dieu, e^^ et
Tableaux d* histoire naturelle du Diable, chapelet des rèvoluti
naires, guirlande de têtes coupées autour de la lunette et d
couteau de la guillotine :
Ce mélange est affreux, mais il est nécessaire t
Mort terrible aux tyrans, périsse ^arbitraire K
Il est bon de savoir que les pièces de ce genre furent proscrite Jes
par les autorités, et jusque dans le sein de la Commune, où Jau^Ei-^iIt
fit un réquisitoire contre ces représentations dégoûtantes dans ' la
séance du 28 germinal an II.
i. H. Strack inv. et sculp., in-f» 1., eau-forte; Cabinet des estampes,
toire de France, 1793.
2. Toutes ces pièces sont au Cabinet des estampes. Histoire de France^ ' ~ '^
et 1794. V. aussi la Collection Laterrade, 2® partie.
CAIUCATURES. 487
J'ai lu quelque part qu'un caricaturiste de la Révolution,
nomaié Hercy, avait fait une gravure de Robespierre, guillotinant
le bourreau, qui lui coûta la vie. On trouve en effet une petite
pièce assez finement gravée sous ce titre : Robespierre gmlloti-
nanî le bourreau, après avoir fait guillotiner * ; il est assis sur utl
tombeau, dans le costume officiel, et tire la corde. Mais ce nom
d'Hercy n'est porté ni dans aucun dictionnaire d'artistes, ni
dans aucune liste des victimes de la Révolution.
Mais c'est au 9 thermidor que le sycophante de la Terreur snMt
à son tour les coups de la caricature. Ils semblent d'abord partir
ée mains aussi ignobles que celles qui l'avaient appuyé. Les pre-
mières sont des bois faits à la hâte :
J'ai joué les Français et la Divinité;
Je meurs sur Téchafaud, je l'ai bien mérité;
Cest ainsi qu*on punit les îraHres; quatre têtes dans la mairi du
]>ourreau ; deux sont marquées des lettres R. B. P. et S. J.
Une petite pièce peut encore être citée, plus pour son sujet que
pour son mérite; Samson en est le héros :
Gouvernement de Robespierre. La scène se passe sur la place de la Révolution :
Admirez de Samson Tintelligence extrême;
Par le couteau fïttal il a tout fait périr.
Dans cet affreux état, que va-t-il devenir?
Il se guillotine lui-même.
Les journaux contre- révolutionnaires eurent aussi leurs
vignettes caricaturales. L'Accusateur public publia le Club de
^alon et l'Europe expirante^ allégorie contre Necker.
Des pièces plus importantes signalèrent le commencement de
^a réaction. J'ai déjà parlé de la dernière scène d'un Comité
Révolutionnaire^ par Fragonard le fils, et des Formes acerbes de
I^aiitte, qui, malgré leur intention sérieuse^ ne sont cependant
"t. In-S®, burin.
loj SUJKTS.
qncî (les caricatures, ta voici qui reulrent luùme dans les o^
diiions du genre :
Le Miroir du passé pour sauvegarder Vavenir, ou Tablec^^^
parlant du Gouvernement cadavero-faminocratique sous la tigr^^^^
cratie de Robespierre et compagnie, avec une légende : a Ver^*^ *^
modérés sur les furieux, etc.* »; après tant d'efforts pour nm^ *^^
titre, il ne reste plus beaucoup de ressources au dessin; la pièc*^::^^
n*est pas cependant sans intérêt avec ses nombreuses ûgures^^^^
finement gravées, dont plusieurs sont des portraits;
L* horrible conspiration de Robespierre dévoilée^;
Aristide et Brise -scellé revenant de travailler la mardum-^r^-^xir
dise ' ;
Un Sans-Culotte, instrument de tous les crimes ^.
Avec le Directoire vinrent les plus beaux jours de la Caricature^^'-Tre.
Gouvernement faible, mœurs libres et sujets riches, rien n* "*" Mn'y
manqua; aussi les dessinateurs et les graveurs s'y appliquèreiEr^K^sDt
assez vaillamment pour former une école originale. Jusque-IM' — là
toutes les manières paraissaient bonnes aux caricatures, le pel^V -tit
burin des vignettes, la pointe rapide ou le lavis superficiel. Lc^^^es
plus habiles étaient celles qui imitaient les façons des Anglai^s: ^s,
passés maîtres dans le genre des charges politiques. On vitalo^ ^rs
ce genre de pièces s'assujettir au dessin rigide de l'école de DaviS: ^id
et au pointillé propre, demandé par les marchands, et cependant ^nt
garder la verve dont la Caricature ne saurait se passer. Elles char ^er-
geaient principalement le costume et les mœurs. Les Muscadins ^cns,
dont nous avons déjà décrit le costume, affublés maintenant cK^^û
nom d'Incroyables, pris d'une de leurs expressions familières: ifc^Wfl
paole d'honjieu, c'est incoyable, et fort raillés par les journalist^^^es
pour l'affectation de leur accent et de leurs modes, fournirent I» M' les
1. Gr. in-f", burin.
2. Poisson inv. et sculp.
3. In-f* I. Se trouve chez le marchand de curiosités, rue Coquillère.
4. In-V, eau- forte, par Baltard. Cette pièce eut plusieurs imitations. V. d'i
très pièces, CoU, LcUerrade, 2« partie.
CARICATUUËS. 480
sujets les plus heureux ^ C'est Carie Vernet qui les inaugura, au
Salon de l'an V, par ses dessins des Incroyables et des Merveil-
leuses*; Tresca, Levilly, Darcis, Bosîo, Naudet le suivirent. La
Folie du jour, où Tresca représenta un pas de deux devant un
ménétrier, peut être comparée à ce que nos graveurs de modes
ont jamais produit de plus comique. Harriet, le peintre lauréat
de Tan III, fit le Thé parisien, composition de plus de dix-huit
figures, gravée par H. Godefroy '. D'autres artistes, moins connus
ou peu désireux de se nommer, attirèrent la vogue par Tactualité
de leurs sujets : le Contraste et l'Observatrice au boulevard de
Coblentz^, la Science du jour, M^^^ Manon et le Perruquier devenu
fournisseur *, l'Arrivée des remplaçants et le Départ des remplacés^,
image du premier renouvellement par tiers des deux Conseils, qui
eut lieu en floréal an V.
Le plus littéraire de tous les éditeurs d'estampes de mœurs
fut La Mesangère, qui à son Jowmal des Dames ajouta une suite
de pièces sous le titre le Bon genre, qu'il poursuivit jusque sous
l'Empire et qu'il commentait encore en 1817. Les premières
pièces de ce recueil, qui seules nous intéressent, donnent des
scènes très-vives et très-locales, dessinées et gravées avec ampli-
fication des principes davidiens :
La Valse;
Les Glaces: a Cette gravure me confirme dans Tidée que les
1. Caricatures parisiennes, chez Martinet {Coll. Hennin, 1795); — A^»/,
Garde à iX)us, ou le Sérail en boutique, 11 fig. très-jolies.
2. La première apparition des Incroyables eut lieu en nivôife an V. La Dé-
C€ule l'annonce en ces termes : « Vernet fils, peintre jeune et déjà célèbre, qui,
dans un genre différent, promet d'atteindre à la réputation de son père, a fait
paraître dernièrement une caricature, ou plutôt un portrait exact de nos
incroyables du jour, qui jouit de beaucoup de vogue ; chacun se procure cette
gravure. L'auteur en annonce le pendant, qui sera le portrait de nos Merveil-
ieuses^ qui ne lui fournira pas moins de quoi s'égayer.» {Décade, an V, n^ 12.)
3. In-fo ]., chez Martinet, libraire, rue du Coq-Saint- Honoré.
4. 2 pièces in-f i., dessinées par Leclerc, gravées par Auvray.
5. Se vend à Paris, chez Toulouse.
6. Deux pièces in-r 1.
1
400 SUJETS.
Parisiennes sont de toutes les femmes celles qui ont le plus d
gràces« même dans les fonctions qui en admettent le moins
comme de manger goulûment, de regarder hardiment, etc. ; »
La Trenis: « Cette danse porte le nom de celui qui en est Tin-
venteur. Point de bal de bon genre où Ton ne danse trois ou .blvu
quatre fois la Trenis, et Ton parlera bientôt de la gavotte de ^^ie
Vestris comme on parlait jadis du menuet d'Exaudet. »
Martinet, marchand d'estampes rue du Coq, dont la boutique^
que nous avons tous vue, donna lieu à une jolie pièce de Bosio ^:^mo
déjà décrite, et qui était sans doute de la famille du Martinet, ,«. «Jt,
ingénieur, dessinateur et graveur du Cabinet du Hoi, publia
aussi dès cette époque deux recueils dont on rencontre
quelques pièces : le Suprême bon ton, où il y a des scèn&s d'm]H:K.Ki]]
excellent dessin, telles que les Nageurs, et Garde à vous, dont j^^Ê j®
citerai une pièce intéressante, Jf''* Chameroy reçue par saink m^-^'m
Thomas, l'an XI. C'était une jolie danseuse, qui mourut oettai^^ute
année-là, à vingt-trois ans, peu munie des sacrements de rÉglise^^^^œ,
que le clergé de Saint-Roch avait refusée, et qu'accueillit l»f le
clergé plus tolérant de Saint-Thomas-d'Âquin. On n'en ût par.^S'cas
une émeute comme plus tard pour M^'® Raucour; on se contëntsjM ^ta
d'en plaisanter, en gravure et en poésie * :
En attendant que l*on vous canonisç,
Vestris, MiUer, Delille et Chameroy,
Vous voilà donc en paix avec TÉglise,
En paradis chacun de vous ira;
Mais que ce soit le plus tard qu*il pourra!
Des gravures plus rapides traitèrent aussi les sujets de m
et les physionomies de caractère dans le Pavillon de la paix
le Jardin du Tribunal, le Cabinet littéraire des artistes réunis.
Physionomies du jour, la Vaccine; mais il faut convenir qu
leurs figures ne sont guère que des mannequins et des masqu
1. Querelle de saint Roch et de saint Thomas sur Vouverture du «mmoc»
céleste à M^* Chameroy : Sœpe, premente Deo, fert Deus altêr op&ra^^
de rimprimerie de Pierre, rue du Paradis, n» 3, in-8*, 8 pages.
ue
CARICATURFS. 491
<|ui ne s'arrangent point en action et ne forment pas de véritables
scènes de mœurs.
Au nombre des frivolités qui gagnèrent alors les mœurs, on doit
compter les mystifications. Les journaux de Tan X furent com-
plices de celle qu'un officier d'état-major monta au détriment
d'un pauvre coutelier, qui avait fait de ses rasoirs une annonce un
peu emphatique. Un souvenir en est resté dans une-eau-fortev
pleine d'humeur, qui représente un coin de galerie de théâtre :
Couronnement de l'illustre coutelier PrésUle au théâtre de la Gaieté,
ie 19 prairial an X, que plus d'un malin iconophile prendra
peut-être pour une des fêtes du Consulat.
Les caricatures politiques ne manquent pas à cette époque^
mais leurs auteurs, qui apportaient plus d'intention scénique,
restent en général inférieurs pour l'exécution :
Constitution de Van III : n En me violant trois fois, ils m'ont
causé la mort*; »
Époque du '6Q floréal l'an V : « Puisque le sort l'a décidé, il
faut enfin m'en aller * ; »
Les plaies de la République ^ ; >
Le Club de salon * ;
Rendez-nous nos cloches, pièce dirigée contre le Club de
Clichy •.
Le personnage politique le plus cruellement tympanisé fut
Barras; on lui donna pour armoiries une guillotine; on le
représenta Entre deux chaises le cul par terre*. La Réveillere-
1. In-4» !., pointiUé.
2. A Paris, chez DepeuiUe, in-1*, eau-forte.
3. Dix petites pièces dans le goût de Duplessis-Bertaux, ayec des légendes
ftentimentales, comme ceUe-ci à la dixième :
Jeunes vierges, pleurez, vous n'aurez plus d'époux;
L'impitoyable Mars les a percés de coups.
4. lD-16 h
5. In-4*.
6. In-f** h., eau-forte en noir et en couleur t « On va au mal par une ponte
insensible; on ne remonte au bien que par on effort. » McTTESQUieo^
492 SUJETS.
Lepeaiix eut los honneurs de meilleures pièces, Mahomet thè
philanthrope ' ; il faut mettre hors ligne celle qui le prit poui
sujet sous ce titre : le Pape des Thcophilanthropes, où Ton ne peu
méconnaître le dessin de Prudhon et la gravure de Copia *
Camus, le financier le plus habile de la Révolution après Cambon
ne fut point épargné*; les généraux Picfiegru, Jourdan eurenr «TMit
leur lardon. Buonaparte lui-même, au milieu de la popularit^^.S'.té
qui le salua, fut percé à jour dans une caricature : le Consulat. ^^ -if.
citoyens, il y a des gens qui prétendent que je vous jette de U^^^ la
poudre aux i/eua?*, et plus tard, en Tan XII : C^est ainsi que ;V^ ^ je
m'cleve, ou Bonaparte aurdessus de ses affaires; il est pendu klvJu,
tenant d'une main des papiers, de l'autre Pichegru. {CoUKMmU.
Hennin.)
Une série de pièces bouffonnes s'attaquèrent au Pape, lorsqu» mLm jue
ses États furent occupés par l'armée d'Italie : Pie YI, effrayé à U^ la
vue de l'armée française, fait Pie VIP, représenté en calembooK M^mar;
Arrihre-garde du Pape, Avant-garde du Pape et Ètat^major a'^L^ du
Pape; Balle d* excommunication du Pape et Portrait dapr^ — ^*rts
nature de la princesse Porcia, sa sœur^; le Traité de paix av^-Kzwvec
Rome"' ; la Paix papale; Enfin les Renards ont laissé Uum-^uMurs
queues • ; Venez voir la religion de nos pères et mbres pour 20 soC^ ^3)ls,
Lanterne nuigique, in-f°l.
On peut bien ranger à côté de ces bouffonneries un placam: -«sard
qui nous rappelle un acte très-révolutionnaire de l'homme q :it=*9"*
1. In-18. Le Directeur, en figure de PolichineUe, élevé sur une roue, eùW'.m^Mmtn
un tas (le 250 bûches et une liasse de 500 fagots, tient suspendus dons n^c^ une
balance le bonnet et la couronne.
2. In-4°. Voyez la description de la pièce à l'article de Prudhon.
3. L'Impayable rentier de VÉtat : Que ne suis-je Camus! B. inv., G. — . D.
pinxit, in-S**, eau-forte dans le goût de Duplessis-Bertaux.
4. Histoire-Musée de la République^ t. II, p. 400.
5. In-fo, pointillé, Vionet sculp.
6. In-f**, ovale, en bois. « Se distribue chez la citoyenne Prévoat. Les coijr^^EJ^^'*'
leurs pourront se procurer cette feuille par rame ou par main. »
7. In-4*, pointillé; — in-8% eau-forte.
8. Voyez d'autres pièces. Coll. Laterrade, 2* partie, p. 34.
câricatouës. 493
devait bientôt relever toutes les idoles : « Notre-Dame de Lorette,
envoyée par le général en chef Buonaparte. Procès-verbal du
26 pluviôse an V : cette image de la Vierge, haute de k pieds, est
de bois de cèdre, sculptée, à ce que l'on dit, par saint Luc ; vieille
robe, de camelot de laine moirée, que Ton dit avoir servi à la
Vierge; trois écuelles ébréchées, de mauvaise faïence, qui, dit-on,
ont fait partie de son ménage, etc.» Ces images et la vue intérieure
de la Santa Casa, avec légende explicative, sont gravées à Teau^
forte et coloriées. Elle fut exposée à la Bibliothèque nationale
jusqu'en 1815, et servait de plastron aux plaisanteries des artistes
comme type de Tart religieux et catholique. Gérard, voulant
exprimer l'effet qu'avait produit sur lui le portrait de l'Empereur
par Ingres, s'était écrié : « Après la figure de Notre-Dame de
Lorette, c'est tout ce que j'ai vu de plus beau ^ »
»
La littérature et la critique, qui faisaient alors une si grande
place à la satire et à l'épigramme, aux récriminations, devaient
fournir leurs victimes à la Caricature. Ce furent les pièces ou les
artistes mirent leurs traits les plus piquants.
La Harpe fut représenté sous la figure d'une bête monstrueuse
affublée d'attributs, la patte sur une harpe, adorée par des moines
et des dévots :
n prit, quitta, reprit le cilice et la haire*t
Delille fut montré dans son costume d'abbé , avec un parasol
et une lorgnette, tournant le dos à la Nature pour regarder un
château fantastique, habité de farfadets qui lui présentent des
hochets :
filijestueux Été, pardonne à mon silence,
Tadmire ton éclat, mais crains ta violence ' ;
Afnaury DiJLvalt assis et écrivant un cahier de la Décade, regar-
1. Lettres d^un artiste sur l'état des arts en France, par Bergeret, Paris,
f B48, in-80, p. 75.
S« In-f*, eau-forte coloriée.
3. In-8% eau-forte coloriée.
m SUJETS.
claii la statue d'Apollon à travers une lunette qui lut était tei
par rignorance; on lit au bas, r Organisateur, et :
La Satire, en leçons, en nouveautés fertile.
Sait seule assaisonner le plaisant et Tutile ^;
Mercier, qui tenait les beaux-arts en grand mépris et qui traita* tai
de prétention absurde Tassimilation qui fut faite des peintres au ^c^K
géomètres et aux poètes dans une pétition, adressée au Conseil de?^^»'^^^
Cinq-Cents par les artistes pour être affranchis de la patente^^».&t
fut le sujet de nombreuses charges, qui le montrèrent sous U M la
forme d'un âne, d'un roquet, de Midas et d'Érostrate * ;
L'abbè Geoffroy, dans une pièce représentant des chênes et de^^-Mes
sapins. Racine, Voltaire, Parny, etc., au tronc desquels s'achaiXL^^ar^
nent des serpents, dont l'un a une tête d'abbé :
C'est ainsi que la terre avec plaisir rassemble, etc.
in-f° h. couleur; Coll. Hennin, an Xll.
On pourrait citer encore, parmi les personnes qui essuyèreoK -^snt
les attaques de la Caricature : l'abbè Poncelin, rédacteur de k la
Gazette française; Garât, le chanteur; Lalande, l'astronome, » . et
bien d'autres sans doute. Les meilleurs dessinateurs ne déda^^ Joi-
gnaient pas de se servir de leur crayon, comme Chénier, LebruK-^^un
et Desorgues de leur plume. Tout le monde sait, dit un critiqua muie,
que les crayons de messieurs Isabey, Fragonard, Henry, Hilaim: M' ire
Ledru, sont aussi pointus que des aiguilles anglaises. Girod»^ .Ksiet
osa porter la caricature jusqu'au Salon; le trait mérite d'êtt ^•'strB
raconté ici , car jamais peut-être la caricature n'avait été appeléi^^ ^
entre les mains d'un peintre de renom, à traduire des mœu.
privées avec tant d'effronterie.
1. In-f 1., eau-forte. L'exemplaire du Cabinet des estampes est accomp^v-^^P*'
gné de la lettre d'envoi au Dépôt national , qui en donne l'interprétation en t^u.^^ lar-
mes assez curieux.
2. Les arts patentés par le décret du 9 fructidor an F, in-f* 1.; — Érostt
moderne écrivant sur les arts, in-8o;
En vain contre les artA ce vieux roquet s'escrino, etc.
CARICATURES. 495
Girodet avait envoyé à Texposition de Tan VII le Portraii de la
'itoyenne Michel Simons , née Lange (n** li8). Élise Lange était
me des beautés du Directoire, célèbre au théâtre par le rôle de
^améla, qu'elle avait joué en 1793, innocente pièce à Tanglaise,
le François de Neufchâteau , qui fit accuser de modération Tau-
«ur, les acteurs et les actrices, et à la ville par sa liaison avec
d"^ Contât dont elle était Télève; elle avait alQrs pour amant ou
»)ur mari (il n'y avait pas beaucoup de différence alors entre
les deux emplois) le citoyen Michel Simons fils, Tun des enrichis
iu jour. Il y eut démêlé entre le modèle et le peintre, si bien
ju'au bout de quelques jours celui-ci remporta son portrait et le
remplaça par une Danaè, C'était encore M"® Lange, à côté d'un
lindon et d'autres accessoires, relevés d'inscriptions embléma-
tiques *,
La mystiGcation, qui amusa beaucoup le public, ne resta pas
laos réplique; un graveur y saisit l'occasion d'une eau-forte:
Hrodel apportant au Salon le tableau de i/^^« Lange^; elle se con^
»ose d'une vingtaine de figures, avec une vue de quelques
ableaux du Salon dans le fond, et, par cette circonstance, comme
lar l'anecdote dont elle garde le souvenir, forme l'une des pages
3S plus piquantes d'un recueil de charges d'autant plus curieu-
es que les artistes y sont à la fois les auteurs et les acteurs. Ce
le fut pas la seule« 11 parut une autre caricature sous le titre :
s Peintre vengé et le dindon humilié ^, où le signalement des
^rsoonages et les circonstances de l'aventure étaient éclaircis
f . M. Delécluze a ruconté le trait et décrit le tableau (Louis David, son
ceife et son temps, p. 261), mais il a été mal informé en l'attribuant à M"* Si-
Qoaa Gandeille. M"^ Julie Candeille, célèbre en 92 par le rôle de la Belle fev-
aière, était, en Tan VII, la femme de M. Jean Simons, de Bruxelles, fabricant
le voitures et père de M. Michel Simons, le tenant de M'^* Élise Lange. C'est
elle-ci qui est nommée dans le livret de Tan VU et dans tous les journaux
Lu temps. De Guérie composa sur en sujet un conte satirique : Stro^onice et son
teintre ou les deux portraits, Paris, brumaire an VIII, in-8*.
2. In-4* carré. La pièce est au Cabinet des estampes, avec une note explica-
.ive qui rattril)uc à Naudet.
3. In-4o 1., chez M. Hennin.
J
490 SUJKTS. -^ CARICATIIRKS.
au complet par des initiales et par une longue légende en
dialogue.
Un grand nombre des estampes auxquelles nous avons touché
dans ces deux derniers chapitres, ont une autre portée que des
modes et des caricatures. Par le champ d'observation, par la géné-
ralité du sujet , comme par le soin de Texécution , ce sont des
pièces de mœurs et de costumes sous une forme comique, où la
vivacité de Tesprit et la plaisanterie de la forme n'enlèvent rie
à la clarté du sens. Quelle histoire et quels Mémoires vaudron
jamais de telles feuilles, pour nous doimer en leçon le spectacl
de nos vices, toujours changeants et toujours les mêmes? G
n'était pas d'ailleurs la première fois que la Gravure se donnai
cette carrière.Voulons-nous trouver une époque comparable, dan
notre imagerie historique? Songeons à ce moment, un siècle
demi en arrière de la Révolution , l'un des plus gais de notr-a:.^
histoire, où, débarrassés d'un triste roi et d'un terrible ministre^»-»,
sous une Régente bonne femme et sous un ministi*e italie
Louis XIV n'étant encore occupé qu'à courir après les filles d'ho
neur de la Reine-mère, nous préludions à la Fronde. Les
phlets et les chansons couraient les rues; ce fut un temps
liesse pour les graveurs de facéties. Saint-Igny et Bosse le
avaient donné la manière ; il en vint une nuée. Inconnus dan
les listes d'artistes patentés et dont les feuilles, dispersées pa /*
tous les vents, n'ont été ramassées que par l'infatigable Marolles,
ils s'appelaient Richer, Ragot, Leblond, Isac, Lagniet-, on leur
doit des images, plus vivantes que toutes celles que peuvent
donner les livres, des capitans et des politiques, des importants
et des précieuses , des muguets et des héroïnes de ruelles, des
galants et des mariées ; là ne manquent pas non plus les tra-
vers de tournures, ni les modes extravagantes, ni les robes
décolletées.
",
ÉTUDE SUR GREUZE
32
ETUDE SUR GREUZE
I. — INTRODUCTION.
Le XVI II" siècle est pour l'art de )a France une époque privi-
légiée. Après l'Italie, qui, depuis le XVI* siècle, avait une primauté
incontestée dans le domaine de la peinture héroïque et idéale,
après la Hollande du XVII* siècle, qui avait conquis une place
exceptionnelle dans la peinture familière et naturelle, après
l'Espagne enfin, qui avait trouvé des sujets de peintures splen*
dtdes dans des passions monastiques, la Fi*ance put enfin secouer
un instinct trop souvent imitateur et obtenir à son tour Torigi-
nalité et la prépondérance. Ce ne fut pas par des moyens sévères.
A une littérature pleine de pompe et d'élégance , à des mœurs
éventées, à toute une société déjà en dissolution, il ne pouvait
convenir que Fart des peintres des fêtes galantes, des mytholo-
gies et des pastorales de la Cour, des portraits à mouches et à
manchettes. Mais pour le génie tout est marchepied , et, dans
Vhistoire de Fart, il faut reconnaître que Watteau, Boucher et
Vanloo ont doté TÉcole française de cette fleur de qualités qui
lui avait longtemps fait défaut, et lui ont donné le droit de preiv*
ère rang parmi celles qui , à leur apogée, imposent des lois et
n*eQ reçoivent pas. Leur manière est une des évolutions intéres-
santes de Timagination , un des côtés nouveaux de l'universelle
beauté. Quand se fit ki réaction à leur règne, on alla jusqu'à dire
qiia celte manière n'était que te mépria-de la beauté vraie, ie
nOO J.-B. GKEUZE.
triomphe du mauvais goût; mais elle sera appréciée selon
mérites, toutes les fois qu'on voudra bien tenir compte de la.
beauté qu'elle peut avoir, sai^s se préoccuper de la beauté d*u
autre temps, et accepter des défauts ou des excès, qui tiennent^Vl
aux circonstances, comme préférables encore aux banalités, quS^ ^i
sont de toutes les époques.
Watteau reste donc le peintre, le mieux tourné et le plus^ kis
brillant, de la coquetterie et de la malice, l'expression uniques» .Kie
d'une nature toute pervertie en élégances; Boucher le peintre \^^M\t
plus facile et le mieux fardé des femmes et des enfants, le plu^ dais
charmant décorateur des my thologies et des pastorales de l'opéra^-"» ^ra
joué par la Ville et par la Cour; Vanloo le peintre le plus histo-«3Uto-
rique du style pompadourisé, le plus habile à tourner dans coc:^ ce
style les mouvements des grands dessinateurs, les tons des grande JE>jds
coloristes et tout l'appareil des grandes machines pittoresques.
Mais tout le XVII 1® siècle n'est pas là. A côté de ces peintres^^^^^
qui nous représentaient la nature de leur temps tout en mimiqu»K^9ue
et en décor, il y avait Chardin, qui, en observant le plus simphf^^i^ple
et le plus réel des choses, en peignant des natures mortes,
chambrières et des enfants, eut le secret des grands artistes
avec une composition naïve, des lignes justes, des tons vrais, i: «, il
sut être aussi actuel, aussi spirituel; il balançait, par la sobriété ^^iété
et la franchise de ses moyens, l'éclat et le prestige de tous le^ K les
autres. 11 y avait Vernet , qui , en prenant pour champ d'obseK ^^ser-
vation les rivages de la mer et la nature méridionale, y saisissai- m: .^ait,
avec autant de promptitude que d'effet, les calmes et les tempête^^^^s,
les accidents du ciel, des vagues et des rochers, et savait encoK ^:^ore
les remplir d'émotions et de drames, en les peuplant de ûgurvr-iK m
agitées et costumées de toute sorte de façons individuelles. Il Mt y
eut enfin Greuze , qui appela sur la peinture des scènes bouK-^r-
geoises un intérêt tout nouveau, et donna à des vieillards, à d ^p-/es
filles et à des enfants vulgaires un caractère dramatique jusqi^^^-i/e^
là dévolu aux figures historiques.
L'originalité de sa vocation est d'autant mieux marquée qu'e=:^ Jle
se produit au fort du succès des peintres précédents, et
J.-B. GRËUZK. 501
d'aulres contrastes qui signalèrent les dernières années du règne
de Louis XV. \ïen avait ouvert une école, oii il voulait renouveler
la peinture d'histoire, avec une imitation commune de la nature
et un sentiment superficiel de Tantique. Fragonard, plus porté
à voir toujours cette nature et cet antique à travers la passion du
jour, atteignait le plus vif des formes en mouvement , de la
lumière vaporeuse et de l'expression du plaisir; il composait des
scènes toutes emportées par le sentiment, et des figures qu'on
ne saurait donner à quelque genre défini, tant elles viennent de
loin- dans le pays de TÂmour.
C'est entre ces deux peintres que se produit Greuze.
II. — DÉBUTS ET VOYAGB EN ITALIE.
Jean-Baptiste Greuze naquit le 21 août 1725*, à ïournus, l'un
des États du Maçonnais et le siège d'une abbaye de Bénédictins.
Peu disposé à se résigner à la profession de son père, qui était
maître maçon, couvreur et entrepreneur, et doué de talents pré-
coces pour le dessin , il parvint à vaincre les obstacles que sa
vocation rencontrait dans l'autorité paternelle, en présentant à
son père, le jour de sa fête, un saint Jacques qui fut pris pour une
gravure*, et bientôt il entra dans Tatelier d'un peintre de Lyon,
nommé Grandon'. C'était un fabricant de tableaux et de poi traits,
1 . Cette date est ceUe de sa naissance, écrite sur la façade de la maison où
il est né. La plupart des biographes Tont inexactement rapportée. M. Fabien
yi\\et{Biographie universelle): 1726; Mariette [Abecedario) : 1728; les registres
de TÂcadémie: 1732.
2. Les biographes ont donné plusieurs légendes sur la précocité de Greuze
et sur Topposition de son père. Nous prenons celle-ci à celui que nous devons
croire le mieux informé : Notice sur Greuze et sur ses ouvrages, par M'"» de
Valory, placée en léte de Greuze, ou V Accordée de village, comédie-vaudeville
dédiée à M^'« Greuze, i8i3, in-8». — (Je l'ai réimprimée dans la Revue univer-
selle des Arts, t. XI, 18G0, p. 248-61 , et 362-77. A. de M. )
3. Le seul dictionnaire qui Tuit cité est celui de Zani, qui le nomme Charles
Grandon et le fait travailler en 1737. — On trouve dans le Catalogue Paignon-
502 J.-B. GREUZË.
et Greuze eo vint à lui en fabriquer uû par jour; mais cet
abondance ne Ta pas sauvé du plus complet oubli. Tous les ou
vrages du maître et de Télëve se sont perdus dans les grenie
de Lyon. Heureusement il nous est resté de ce temps d'appren —
tissage un souvenir, écrit par Grétry, qui nous fait pénétrer dansa
les dispositions intimes de l'artiste : « Greuze, encore enfant eW^^ et
élève de Graudon, père de ma femme, disait souvent : Il faut que^cpue
je fasse un père de famille, et il l'a fait. 11 méditait son sujet dès^^^iès
lors, et son cœur brûlait en secret et respectueusement pour la^f ]a
femme de son maître, qui était belle. Ma femme, très-jeune alors^^s-srs,
le trouvant un jour couché par terre dans Tateiier, lui demands^z^^da
ce qu'il faisait : Je cherche quelque chose, dit-il ; mais elle avaÎM^^^^ait
vu un soulier de sa mère, qu'il dévorait de baisers. CependanaiKuKiot
Greuze avait raison , il cherchait quelque chose; c'est le génie dMz^ de
son art qu'il a trouvé *. »
On ne sait pas précisément en quelle année Greuze vint ^^m à
Paris. D'après M. Fabien Pillet , ce fut avec son maître, et c'est K .Mlk
qu'après quelques études faites à l'Académie, il étonna ses pn^^'sr^ro-
fesseurs en leur montrant son tableau de la Lecture de la BWL^ ^XU.
D'après M"® de Valory, ce n'est qu'après avoir peint ce tables^^^seau
qu'il se rendit à Paris et entra comme élève à l'Académie, où .flcSi iJ
eut dès ce premier moment la protection de M. Silvestre. Qum^m «uoi
qu'il en soit de ses premiers débuts, il fut admis, en 1755, comoEiK ^me
agréé de l'Académie, sur la présentation de Pigale, et il put, m en
cette qualité, exposer au Salon de cette année les ouvrages q^^^^ui
commencèrent sa réputation^ Ce sont : Le Père de Famille lis(ms:^'(int
DiJoDval un portrait de Camille Périchon, prévost des marchands de Ly(
gravé par Schmidt d'après Grandon, in-8®, coll. Odiœuvre ; d'autres le nomm»^
Gromdon , et, bien que ce soient des autorités {Notice de M"'' de Yalory,
de M. Villot), on doit sans doute préférer le nom tel qu'il est écrit par Gj
lui-même dans ses Mémoires. — (Charles Grandon a été peintre en titre
viUe de l^on de 1749 à 1762, et son portrait, peutr-ôtre par lui-même,
depuis peu au Musée de Lyon. A. de M.)
i. Mémoires ou Essai sur la Musique, par le citoyen Grétry, 3 vol
au V, t. U, p. 172.
J.-Bi GREUZË. 503
la BibU à ses enfants^ VAveugle trompé, un Enfant, qui 6*est
endormi sur son livre, \me tête d'après natv/re^ les portraits de
Mi Sylv^tre et de M. Lebas. La critique les accueillit avéc la plus
grande faveur:
« On trouye dans ces tableaux « disait Tauteur des Lettres sur
i$ &ai9n de 1755 « tout ce qu'on ne saurait acquérir ; le génie s'y
montre à chaque pas. Les talents supérieurs de M. Greuze ont
fait désirer à tous ceux qui ont vu ses tableaux que l'auteur élevât
sa muse à un genre un peu plus noble ; il semble qu'il serait
capable de faire quelque chose de plus grand ; cependant c'est à
lui de consulter ses forceSi quid valeant humeri; c'est son génie
qu'il doit suivre) et non les idées du public; » Le critique^ en
admirant ensuite la singularité de sa touche fière et son pinceau
torché^ lui reprochait des figures qui frisent la caricature^ des
ombres trop dures et trop tranchantes:
« Quel peintre! quel compositeur! disait l'auteur àés Sentiments
swr plusieuirs tableaux; Voilà les ouvrages d'un homme dont on
peut se faire gloire; ils font honneur à son esprit, ils font l'éloge
de son cœun On pense qu'il a une àme délicate et sensible; on
voudrait le connaîtrea 11 est le Molière de nos peintres^ pourvu
qu'il soit bien persuadé qu'il n'est que le commencement d'ud
grand homme; »
La protection des amateurs» sans laquelle un artiste ne par-
venait pas à peh:er, ne se fit pas attendre. M. de La Livë de Jully
acheta ses tableaux. M. Gougenot, abbédeChezal^Bencflti voulant
entreprendre le voyage d'Italie pour l'étude de l'antiquité et des
beaux-arts, l'emmena avec lui , en se chargeant de toutes les
dépenses de voyage et de tous les frais qu'exigeraient les études
do jeune peintre. Le départ eut lieu au mois de septetnbre 1755.
On recueille dans les notes de l'àbbé Gougenol ^ un renséi-:
i. Elles ont été analysées par an petit-neveu de Tabbé Gougenot, M. le the-
Yalier Des Mousseaax , qui nous apprend que LAlande s*en était servi dans son
Voya§0d* Italie, publié en 1769; Bwttê univergêtle de» Arts, Bmielto», 1815,
t. I, p. 441. Lalande les avait mentiimiléeB ëàos suptéfaoe*
50i J.-B. GREUZE.
[^iiement court, mais assez piquant sur les études de Greuze k
Rome : « Greuze était le plus capricieux des artistes. Pour le satis-
faire, il fallait réunir en toute hâte les personnages nécessaires à
la composition du tableau dont il s'occupait dans le moment.
Puis, une fois les personnages rassemblés, sa verve, disait-il , était
éteinte; il ne se sentait plus en état de travailler, et il congédiait
ses modèles, qui recevaient cependant le prix convenu pour la
séance. De pareilles fantaisies étaient fréquentes chez cet homme
bizarre. »
L'antiquaire et le peintre s'entendaient, comme on voit, assec
mal. Gougenot termina son voyage dès le mois de mai 1756.
Greuze resta à Rome. L'abbé Barthélémy, qui était en Italie cetl
année-là , rapporte dans une de ses lettres les motifs qui déter-
minaient l'artiste à prolonger son séjour et appelle sur lui h
protection de M. de Marigny. Il cite ensuite quelques-uns de
ouvrages : les portraits de M^ l'Ambassadrice et de M. rAmbas^:^
sadeur (de Stainville), et les Œufs cassés, qu'il décrit avec con^^^.
plaisance ^.
' Nous savons une autre particularité du voyage de Greuze à
Rome, par une aventure romanesque qu'il raconta un jour à d^m^^es
femmes, avec toutes ses péripéties, pour prouver une de c^ — ^es
thèses de morale sentimentale qui lui étaient familières, et qui^^^ia
été rapportée par M"* de Valory. Appelé à donner des leçons ^ de
peinture à la. fille d'un comte del Orr... , il en était devenu amo^:=»ott-
reux. Létitia, qui, selon son expression, avait une tête » de
Cléopâtre, partageait sa passion. 11 résista cependant et ne voulM^ m3\uX
pas, par un mariage clandestin et un enlèvement , trahir la co«i^»-=on-
fiance du père. Avant de la quitter, il fit d'elle un portrait, v==^ Q"'
lui servit plus tard pour la jeune fille de son tableau intitui* M. j/é:
l'Embarras d'une couronne *.
Greuze était parti pour l'Italie avec la réputation d'un arti£.^5fc(e
de grand talent, mais trivial; ses amis comptaient qu'il cbc
i. Voyage de M, Vabbé Barthélémy, Paris, Buisson, an X, in-S**, p. 133.
2. Greuie, ou l'Accordée de village, Notice, p. 5.
J.-B. GREUZË. 505
gérait de genre et qu'il deviendrait un peintre d'histoire : « Qui
sait, écrivait Barthélémy, si la vue et Tétude des tableaux de
Raphaël ne relèveront pas au-dessus de lui-même? » 11 parait
bien qu'il fit quelques efforts pour se donner plus de noblesse
dans le dessin et un coloris plus vigoureux, qu'il fit môme des
copies de Titien. Heureusement sa nature fut assez forte pour
prévaloir. Les tableaux qu'il envoya au Salon de 1757 sont dits
dans le costume italien. Ce sont : les Œufs cassés, le Geste napo-
litain, la Paresseuse , l'Accordeur de guitare.
Nous savons aussi qu'il avait fait beaucoup d'études dessinées
des habillements suivant le costume d'Italie; mais ces sujets et
ces modèles, choisis en dehors des écoles, ne sont italiens qu'à
la surface ; l'artiste y a déjà son caractère et ses habitudes prises.
On a remarqué seulement que sa peinture avait alors un ton plus
chaud. À cette date appartient le portrait qu'il fit de l'abbé Gou-
genot : (( Ce portrait est l'un des meilleurs du grand artiste, dit
M. Des Mousseaux ; il est dans la manière de Van Dyck. On a tou-
jours regretté que, dans le genre du portrait, Greuze ait changé
la manière qu'il avait prise dans cel'ui de l'abbé Gougenot. »
III. — VOGUE.
Greuze revint à Paris dès cette année 1757 ; il avait alors trente-
deux ans, et, dans l'espace de trois ou quatre salons, où il exposa
des portraits, des têtes de caractère et des sujets d'intérêt fami-
lier et moral, qui frappaient vivement le public et qu'il mettait
encore en faveur auprès des amateurs par de vives esquisses, il
se mit au premier rang des réputations. Avant de chercher nous-
mêmes comment il le méritait, écoutons les contemporains.
Mariette, le critique le plus justement accrédité, accueille
d'abord Greuze avec quelque prévention académique, comme
ayant peu profilé du voyage d'Italie, et, bien (ju'il se distingue
506 J.-B. GRËUZE.
par un excellent goût de couleur, « il a choisi pour soa genre
celui des bambochades et tâche d'y mettre de l'intérêt, ce qui
fait que ses tableaux sont fort goûtés; les connaisseurs trouvent
leur compte dans la façon dont ils sont peints; la multitude est
, touchée du choix du sujet, qui se rapproche de nos mœurs et qui
lui sert d'entretien ^« » L'auteur cite ensuite l'Accordée de vUktge,
comme le chef-d'œuvre du peintre pour la touche et la couletin
il remarque^ dans le Paralytique, un sujet triste qui Tem péchera
de trouver des acheteurs ; il admire particulièrement ses portraits
et ses têtes de caractères ; il note enfin que ses dessins, après
avoir été payés prodigieusement par quelques curieux , restent
maintenant invendus dans l'appartement du peintre.
Le gros des critiques ne mettait pas tant de restrictions à ses
éloges : « La grande célébrité de cet artiste doit nous faire crain*
dre de ne pas réussir à donner une assez grande idée de celui
qui fait l'objet actuel de notre admiration '« » Mais ce qu'il y a
de plus curieux pour nous dans les remarques de cette société
d'amateurSy c'est l'analyse qu'on y donne de chaque personnage
de la composition du peintre, et la discussion des rapports vrai-
semblables d'âge et de parenté qu'ils présentent avec ceux d'une
composition précédente. On voit que le public y prenait autant
d'intérêt qu'à une représentation scénique ou à un événe-
ment réel.
Les amateurs les plus empressés d'acheter des tableaux de
Greuze avaient été M. de Jullienne, qui jugea la Petite Fille
baisant la croix de Jésus digne de figurer à côté des tableaux hol-
landais qui composaient son cabinet; M. de La Live de Jully, qui
posséda jusqu'à huit tableaux de lui; M. Duclos Dufresnoy, qui
voulut avoir le grand tableau de S^' Marie égyptienne, que Greuze
avait fait pour répondre à ceux qui lui reprochaient de ne savoir
1. Abecedario, publié par MM. de CheDDevières et Montaiglon, Paris, Do-
moulin, 1853, t. II, p. 329.
2. Descriplion des tableaux exposés au Salon du Loui>re, aivec des remar-
ques, par une société d*amatears. Exlraofdlnalt^ du Mercure de septemlire,
PariSf 1763, in-12, p. 54.
J.-B. GREUZË. 507
peindra ni les figures nues, ni les grandes figures ; M. fioyer de
Fons-Golombe, M. le duc de Choiseul, M. Randon de Boisset. Parmi
les financiers et les seigneurs, dont les mœurs déteignirent trop
sur Tart du XVUi^ siècle, mais qui ne manquèrent ni d'esprit ni
de goût, il y en eut peu qui ne voulussent avoir dans leur
cabinet une tête ou une étude de Greuze^ On en trouvait aussi
chez les artistes. De Troy, qui était directeur de l'Académie de
France à Rome au moment du séjour de Greuze, avait deux
tableaux de lui; Wille, le graveur, acheta dès 1759 des tableaux
et (^es dessins, qu'il a décrits et loués dans ses Mémoires dans les
termes les mieux sentis ; il s'estime heureux de pouvoir donner
son fils pour élève à ce peintre profond et solide ^.
Le plus chaud panégyriste de Greuze fut Diderot : « Voici votre
peintre et le mien , dit-il à Grimm , le premier qui se soit avisé
parmi nous de donner des mœurs à l'art. » Aussi l'écrivain et le
peintre sont-ils maintenant inséparables; telles couleurs et teile
prose. Les Salons de Diderot sont la description la plus animée
qu'on ait écrite d'une société à propos de ses tableaux; tout le
courant des idées et des passions qui l'agitent y passe; c'est pour
cela que les peintres y sont si bien vus, c'est pour cela que les
tableaux de Greuze y sont surtout vivants. On a dit que Greuze
était l'élève de Diderot , et que la Lecture de la Bible était sortie
de VEssai sur la littérature dramatique '. La fih'ation n'est peut-
être pas aussi positive, mais il est certain que le peintre et le
littérateur obéissent au même mouvement. Diderot publia en
1757 le Fils naturel, qui fut le sujet de toutes les lectures, de
toutes les conversations, et de presque tous les éloges de Paris*.
La représentation des mœurs de la vie réelle et le genre honnête
i. On les trouve notées dans les Extraits des catalogues donnés par M. Charles
Blanc: Trésor de la curiosité, Paris, 1857, 2 vol. in-S".
2. Journal et Mémoires de J.-G. Wille, Paris, 1857, 2 vol. in-8«, t. I,
p. 113, 121, etc.
3. Histoire des peintres de toutes les écoles, Paris, Renouard, in-4*'. Greuze,
par M. Ch. Blauc.
4. Année litt^aire, citée par Diderot, OEuvres, Paris, iirière, 1821, t. IV, p. 4.
508 J.-B. GRECZK.
qui y étaient essayas parurent une révolution littéraire. L'année
d'après, il donna le Père de famille, qui fut loué par Voltaire
comme un ouvrage tendre, vertueux et d'un goût nouveau. Ces
pièces ne furent jouées qu'un peu plus tard et n'eurent pas un
grand succès. Enfin, l* Essai sur la littérature dramatique, où
l'auteur systématisait sa poétique nouvelle, ne parut qu'après
le Père de famille. De la lecture de ce morceau il m'est resté cette
opinion que, si du peintre ou du littérateur l'un a fait des em-
prunts à l'autre, c'est plutôt celui-ci que le premier. Diderot n'a
pas caché les leçons et les exemples qu'il recevait souvent de la
peinture. Mais à l'époque où paraissaient ces pièces et ces pein-
tures bourgroises, des causes plus générales avaient pu en donner
le goût, des œuvres littéraires plus fameuses avaient pu servir
d'exemple. C'était vers la douzième année du règne de la demoi-
selle Poisson , marquise de Pompadour, au milieu de la guerre
de sept ans, et au lendemain de la défaite de Rosbach , où la
Noblesse reçut un si rude échec; l'histoire, le théâtre et les
acteurs des grands événements n'étaient pas faits pour inspirer
les poètes et les artistes. L'abbé Prévost avait écrit Manoii Lescaut
et publié Pamela et Clarisse avec un succès qui étonna même
l'Angleterre, fort éloignée de croire tant d'esprit à Pimprimeur
Richardson. Rousseau produisait la Nouvelle Héloïse, Devant ces
lettres de deux habitants d'une petite ville au pied des Alpes, et
devant ces aventures domestiques, pâlirent les grands poèmes de
Télémaque et de la Henriade, Les femmes, les jeunes gens s'ému-
rent; les peintres ne tardèrent pas à subir la même influence. Ce
fut le moment de Greuze. Il reçut de son temps le goût du roman
passionné, du drame familier, et, en l'interprétant avec une heu-
reuse originalité, il contribua à l'avancement de cet esprit, à la
fois patriotique et sentimental, qui règne jusqu'à la fin du
X VI 11« siècle.
J.-B. GREUZE. 509
IV. — TYPES.
L'originalité de Greuze parait aussi bien dans ses types que
dans ses sujets ; en cherchant son type on touche à l'intimité de
sa vie. A peine était-il revenu d'Italie, en se dérobant à la séduc-
tion de la belle Létitia, qu'il fut pris à l'amorce d'une beauté de
comptoir de Paris, M"« Babuti , fllle d'un libraire de la rue Saint-
Jacques. On connaît déjà, par les propos de Diderot, cette figure
« poupine, blanche et droite comme le lis, vermeille comme la
rose ; » on la connaît trop maintenant, depuis la publication d'un
mémoire libellé au nom de Greuze ^ La première fois qu'il la vit
il fut frappé d'admiration, puis, en l'examinant, il trouva sa
physionomie sans caractère et même moutonnière. Il n'en fut
pas moins séduit, et deux ans après marié. Ce fut la fatalité de
sa manière. Au milieu de tous les tableaux donnés par Greuze
aux Salons de 1759 à 1765, domine le portrait de sa femme :
M"* Greuze en vestale. M"** Greuze enceinte, M"« Greuze esquisse
de la femme bien-aimée,M"« Greuze le sein découvert, M"® Greuze
sous le titre de la Philosophie endormie. Où trouver aujourd'hui
ces portraits? Je ne sais, si ce n'est dans les Salons de Diderot. Le
premier ne lui plaît guère, avec ses mains croisées sur sa poitrine^
ce visage long^, etc.; le second l'arrêtait par l'intérêt de son état
et lui faisait ensuite tomber les bras par la belle couleur et la vérité
des détails'; le troisième, avec cette bouche entr'ouverte, ces yeux
nageants, prêtait à l'un de ces contrastes auxquels se complaisait
l'écrivain; il trouvait ici, du front aux joues et des joues vers la
gorge, des passages de ton incroyables, et, dans l'expression, un
1. Archives de VArt français, Paris, Dumoalin, 1853, t. II, p. 153»
2. Salon de 1761 , OEuvres de Diderot, U VIII, p. 53.
3. Salon de 1763, publié par M. Walferdin , Revi*e de Paris, 15 août 18j7 \
rappelé dans le Salon de 1765, OEuvres, t. vni, p. 256.
qIO j.-b« greuze.
passage non moins admirable de la peine au plaisir; le quatrième
enfin lui rappelait une polissonnerie de sa jeunesse, et, après une
analyse mêlée d'admirations et de critiques, il finissait par une
boutade : « Je l'attends à la gorge ; la couleur jaune et la mollesse
sont de madame, mais le défaut de transparence et le mat sont
de monsieur' ; n jamais, en peignant une femme et en décrivant
un portrait, on n'a mieux donné le secret d'une manière. L*un des
biographes du peintre dit qu'il était difficile, en voyant l'homme^
qu'il nous fait de taille moyenne, la tête grosse, les yeux biei^
fendus et l'air ouvert, de ne pas dire, même sans l'avoir connu ^^
(( Voilà Greuze ^. » Combien plus naturellement nous pouvon
crier: « Voilà M"* Greuze, ». devant c^tte peinture poupine, blaa
che et rose , qui tourne facilement à la couleur jaune et bleu
aux tons mats, aux touches molles, devant cette beauté, qui sais?=^^t
d'abord d'admiration et qui paraît ensuite moutonnière.
Greuze eut d'autres types affectionnés. Entre toutes les figura— ares
qu'il créa dominent trois individualités : un enfant aux jou»> .si^es
rebondies, une jeune fille dont les traits candides se mêlent aw^^saux
formes de la nubilité, un vieillard, sur la face duquel vienne -^^^ent
s'accuser toutes les énergies de la vertu patriarcale. Nous r • ne
saurions, faute de renseignements biographiques assez préci-i',:^^cis,
donner un nom à ces personnages; nous pouvons du moins W ^les
localiser dans sa famille et dans celle de ses amis, chez Grandoc:» Kod,
son ancien maître, dont il aimait la femme, et dont la fille, q^::^ qui
était peintre et qui s'appelait Jeannette, épousa Grétry ; de ^ ce
ménage étaient nées trois filles, dont la jeunesse, bientôt rav%^^avie,
fait un roman touchant des Mémoires du musicien. GreLmr^uze
n'excella que dans ces peintures de famille : « Ah ! monsi»' âr/eur
Greuze, » disait Diderot, « que vous êtes différent de yons-mé^^^ême
lorsque c'est la tendresse ou l'intérêt qui guide votre pinces: ^au/
Peignez votre femme, votre maîtresse, votre père, votre m^SSre,
7^
i. Salon de 1765, OEuwes. t. VIII, p. 254,238.
2, Lçcarpentier, Galerie des Peintres célèbres, Rouen «t Paris> iiSf , t* **!]/.
in-8»; Fabien Pillet, Biographie universelle, t. XVIU, p. 402.
J.-B. GREDZE. m
fl
VOS enfents, vos amiti mais je vous conBeille de renvoyer les
autres à Roslin ou à Vanloo ^ » Du reste, le peintre donnait à ces
lypes un costume villageois, parce que la poétique du temps
voulait qu'on plaçât au village la beauté, Tinnocence et la vertu ,
et parce qu'il trouvait là les habits plus étoffés et plus chiffonnés
qui convenaient h sa manière. On ne dit pas qu'il soit jamais
revenu dans son pays qatal , mais le souvenir de son père, mort
en 1769 à soixante-douze ans, dut le poursuivre. Il avait fait
aussi plusieurs portraits qui se conservent dans des familles de
Tournus ^; le fait est que, dans plusieurs de ses tableaux, comme
le Gâteau des Roi», la scène, les caractères et les oostumes vous
transportent en plein Maçonnais.
V. — SUJETS.
L'œuvre nQQ^br^ii^ de Grçu^e peut être rangé en plusieurs
sortes de sujets. Ce sont d'abord des drames de famille^ où s'en-
chaîqent des éyénepi^eats d'après lesquels il serait facile de faire
UQ roms^n, ainsi que le disç^i^ Diderot, et qu'il ne décrivait pas en
moinsi de çiqq ou si^ pages \ Ifi Père de Famille lisant la Bible, le
Paralytique, V Accordée de village^ le Gâteau des Rois» la Mali-
diction 'paternelle/ le Fils puni, la Dame bienfaisante, la Mère
9
bien-aimée, la Belle^Mhre. De ces grandes compositions se déta-
chent de^ scènes <]QfQesUques plus simples, où les enfants jouent
un rOle principal ; les Sevreuses, la Maman ^ le Retour de nourrice,
L'E»fant gâtè^ la M<^'^(Mn<k de marrons, les Petits Orphelins. Par
la pensée du peintre, ces tableaux formaient aussi des romans ;
il lui arrivait même quelquefois de les écrire avant de les peindre,
1. Salop de 1763, Revue de Paris, 15 août 1857.
2. Chez M. Bompard et chez M. Bessard. L'église Sainte-Madeleine deTournus
possède deux tableaux de Greuze« Sou» U Révolution, la ville de Tournus
donna le nom de Greuze k Tune de ses rues, et une inscriptioii y désigne
aujourd'hui la maison où il est né.
M2 J.«B. GREUZE.
et l'on a trouvé dans ses papiers un roman moral, Basile el Tlii-
haut, ou les Deux Éducations, dont il voulait faire une suite de
tableaux ^ Ces scènes vont se simpliGant encore dans des mono-
logues avec des figures isolées, réduites le plus souvent au buste
ou à la tête, mais toujours en corrélation avec le tableau de
famille: la Jeunesse studieuse, le Petit Polisson, la Blanchisseuse^
la Dèvideuse, l'Enfant qui dort, V Enfant qui boude, la Petite Fill^
et sa Poupée, la Petite Fille et son Chien. Mais les sujets auxquels
Greuze réserva ses plus grands soins furent ces jeunes filles^^
appelées à traduire, dans une attitude et un emblème, les accL-
dents et les émotions du cœur. Que ce fussent des ûgures entière^^
des demi-ûgures ou même de simples têtes, on pouvait irr- ^^
Diderot appeler ces tableaux des poëmes : la Jeune Fille pleura^^^^i
son oiseau mort, le Miroir 6mé, la Cruclie cassée, l'Innocence, la
Pensée d'amour, la Prière du matin, la Jeune FUle à la fenéti^^ft,
la Jeune Fille aux fleurs brisées. Quelquefois Greuze a vouki^^voIu
donner à ses 'compositions un costume mythologique et T les
appeler Diane et Calisto, Daphnis et Chloé; mais l'antique et le : « nu
ne convenaient pas à sa manière. Il n*a trouvé son idéal qu^'.suu'aa
plus actuel des mœurs et au plus cossu des costumes de la bor ^i^our-
geoisie, et Diderot a professé que cet idéal valait bien les autr«r— se res;
il disait, sans mâcher les mots, que les tableaux de Grei^^^uze
étaient des tableaux d'histoire aussi bien que les Sept Sacz^^^^cre-
ments du Poussin *. ,
Ce n'était pas l'avis de l'Académie de peinture, et Greuze, qm
tenait à y être reçu avec le rang de peintre d'histoire, eut à faEz^iTaire
un tableau sur un sujet classique. Ce fut SeptimeSévère rep^^pro-
chant à Caracalla d'avoir attenté à sa vie, qui fut exposé en \r^m^69.
1. Greuse, ou V Accordée de eillage, fioiïct^ p. 4. Nous ea avons vu, enu e les
mains du directeur des Archivet de l*Art français, une page, écrite de la ^^mtaJQ
de Greuze, qui vient d*être publiée par lui avec des annotations intéressai vass^
Archives, t. VI, p» 230, 1860. — (Depuis, M. de Chennevières a rétro* -^é er
publié le roman entier, dans l'Annuaire des artistes pour f^/. Paris, Ren<»«f<n/,
in-8% p. 2(>5-73. A. deM.)
i. Essai sur la peinture, OEuvres, t. VIII, p. 484.
J.-B. GBKUZE. 513
L*ouvrage était mauvais de l'avis môme de Diderot : « Grenze,
dit-il , qui connaissait le beau idéal dans son style, ne le con-
naissait pas dans celui-ci *. » L'Académie, sans le repousser,
tenant compte des autres ouvrages du peintre, ne l'admit qu'avec
le titre de peintre de genre, qui donnait dans le corps une
position subalterne et excluait des places de professeur et des
autres fonctions honorifiques. La faveur parut trop mince à
Greuze, qui avait, comme beaucoup d'artistes, un amour-propre
démesuré à l'endroit de ses peintures et aveugle aux défauts des
plus mauvaises. 11 cessa, dès cette année, de participer aux
expositions de l'Académie. L'honorable corps avait joué son rôle
en plaçant Greuze comme elle avait déjà placé Chardin et Vemet,
et mieux qu'elle ne lit pour Fragonard, qui ne fut jamais qu'agréé,
ce qui ue les a pas empêchés d'être les plus grands peintres de
leur temps. Elle n'aurait peut-être pas été aussi sévère pour le
peintre de la Prière à Vamour s'il n'avait pas porté ailleurs ses
prétentions, et surtout si , comme le rapporte Diderot , il n'avait
montré depuis longtemps un mépris franc et net pour ses con-
frères et leurs ouvrages. Son plus grand tort fut do s'obstiner
quelquefois à des sujets historiques ou religieux, auxquels sa
manière était rebelle.
La question des genres ici soulevée est toujours discutable par
la critique, mais toujours aussi tranchée par le génie. Le défaut
de style encouru par Greuze ne fait pas qu'il ne prenne dans
l'histoire de l'art une place supérieure à celle de tel de ses con-
temporains, qui eut du style et qui fut professeur à l'Académie.
S'il n'a pas du style dans le sens classique du mot, il a du moins
un style à lui. Taillasson a dit avec raison de ses têtes et de ses
demi-figures que, quoiqu'elles ne soient pas d'un style historique,
elles ont une sorte de noblesse et de grâce, et toujours de
l'expression. Le reproche qu'on lui fait d'être mélodramatique
et déclamatoire dans ses sujets porte mieux ; mais ce sont des
défauts peut-être inhérents aux qualités qui émeuvent à coup sûr
«
1. SaloD de 1769, Œuvres, t. X, p. 127.
33
514 J.-B. GREUZE.
le plus grand nombre. Le XVIll* siècle s'en servit heureusement
pour sa mission philosophique, comme le témoignent les écrits
de Rousseau, de Diderot, de Buffon, eux aussi non exempts de
déclamation. Faut-il regretter d*en trouver dans les tableaux de
Greuzey si, tout en faisant parler trop haut le cœur de ses jeunes
filles, s'étaler trop théâtralement la morale de ses pères de
famille, il a créé des personnages de chair et d'os qui s*agitent
et crient au souille des passions? Greuze a eu sur la dernière
moitié du XVIII'' siècle une influence d'autant plus grande que,
tout en lui donnant des leçons de morale, il n'a pu s'empêcher
de condescendre* à ses faiblesses. H a cherché la délicatesse des
sentiments dans des figures vulgaires, et il ne les a pas brusque-
ment dépouillées des vices, alors partout choyés et même ennoblis.
Tandis que ses vieillards et ses enfants parlent au siècle la langue
vertueuse de la sagesse et de l'innocence, ses jeunes filles laissent
voir les amorces de l'amour. Succédant aux peintres effrootés
des galanteries de cour et d'opéra , il reprend une pudeur fort
oubliée, vêt simplement ses bourgeoises et ses grisettes, qui
n'oseraient aller en paniers, ou toutes nues, comme les grandes
dames de Boucher; toutefois, leur déshabillé de Siamoise reste
assez ample et leur fichu assez négligemment noué pour que leur
beauté n'y perde aucun de ses avantages. En elles apparaît,
comme dans la Julie de Rousseau et la Manon de Prévost, une
génération de femmes qui se relèvent déjà par le sentiment de
l'abandon où les vices des grands les tiennent plongées^ et qm
sont sincères dans leur passion : ce sont les mères de la géné-
ration de 89.
Vh — PROCÉDÉS.
Un peintre appartient à son temps par ses pratiques aussi bien
que par son esprit, et la critique qu'il subit, même sous le
rapport technique, a ses variations. Diderot, qui avait pour
afxiome Hn& M Nature ne fait riéti d'incorrtfet et qcri plîKjâît la
p>u8 grande qualité du coloriste danâ )e seAtimettt dé la Chfaif,
louait, dans la peinture de Greuze, la beauté de la peau, la vérité
des détails, la largeur et la force de la touche, les heureuit pas-
sages des tons. En le déclarant inférieur à Ténîe/s pour la couleirf ,
a Tassimilait volontiers à Rubens, à Rembrandt et à Van Dyck. H
lui reproche d'un autre côté des disparates de formes dans la
même ligure, et des disparates de nature dans le môme sujet, des
tons faux , mats ou sans transparence, et en général Un coloris
gris oti vîolâtre. A ses yeux Lagrenée était plus éclatant et plus
solide, et Chardin était plus vrai ^
Lescritiques, qui vinrent ensuite, reconnurent dans les ouvrages
de Gretize un dessin ferme, mais manquant d'élégance et faisant
un emploi affecté des méplats, des draperies de mauvais goiH et
d'an ton lourd et sale, une couleur sans transparence dans les
tons, faible dans le clair-obscur, et tirant trop généralement stir
le violet. Mais ils n'en proclamaient pas moin»Greu2e tin peintre
unique pour la beauté dé ses carnations et Texpressioft vraie est
savante de ses tètes*.
Selon la critique allemande et anglaise, Greuze est déterminé
comme ayant une certaine analogie de sentiment avec Sterne, et
comme ayant saisi le caractère français avec autant de succès que
Wilkie a fait le caractère anglais. Son exécution est ensuite trouvée
admirable, quoique d'un ton froid et violet '. L'auteur étranger
le plus récent qu'on puisse citer *, critique très^éclairé^ mais peu
sympathique à l'École française, réclame contre fengouement
actuel des Anglais pour notre peintre r «c Après tout , dit-il , Greuze
n'est qu'un peintre de second ordre ; son dessin est rond et court;
son modelé est lourd et mou; il n'entend guère le clair-obscur;
1. Essai sur la peinture; Salons de 4761, 1765, 4769.
2. Gault de Saint-Germain, les Trois siècles de la peinture en France, t^aris,
18d8, in-8-, p. 254. — Paillot de Montabert, Fabien Pillet, etc.
3. Kugle^, Handbook ofpainiinff, French Schools, London^ 4854, fp^ 325.
4. On sait aujourd'hui que récrirain qui s'est fait une réputation itouVeUe
sons le nom de Wilbem Btkrger n'est autre chose qu'un Francis; (A^ de B.)
^
510 J.-B. GREUZE.
sa naïveté est un peu de Tafféterie; ses mouvements sont ou vul-
gaires ou faussement dramatiques ^ » Nous avons vu comment
on pouvait entendre les défauts d'affectation qui sont ici allégués.
Les vices, reprochés au dessin et au modelé, portent principale-
ment sur les figures nues essayées par le peintre, qui n'était
supérieur que dans les têtes, et restait incorrect, dans les figures
entières, d'autant plus qu'il les habillait moins, différant en
cela de la plupart de ses contemporains, qui savaient par-dessus
tout relever leurs compositions de nudités.
Quant aux autres vices de sa peinture, ceux-là les ont le mieux
compris qui ont dit comment ils tenaient à ses qualités et consti-
tuaient son individualité comme peintre. M. Taillasson a parfai-
tement senti que ses méplats, ses tons violets, ses airs de têtes
uniformes étaient d'ailleurs si pleins de vérité qu'ils faisaient l'ori-
ginalité du peintre, et ne l'empêchaient pas, dans son chef-
d'œuvre, la Petite fille au chien, d'arriver le plus près possible de
la nature*. M. Charles Blanc, le dernier et le plus sagace des cri-
tiques français, en relevant aussi les défauts de la peinture de
Greuze, a montré comment ils servaient à sa manière; il a fait
voir que les disparates d'âge entre la tête et le corps, remarquées
dans ses jeunes filles, servaient à l'expression, mêlée d'innocence
et de péché, qu'il voulait rendre, que la négligence des draperies
faisait valoir l'éclat des chairs, et que l'éparpillement de ses
lumières contribuait au rendu de tous les détails. Il a aussi fait
ressortir la grâce et la passion que le peintre avait tirées du bleu
et du vermillon de sa palette, et il a caractérisé, mieux qu'on ne
l'avait jamais fait, sa touche beurrée, déposant comme des
hachures, multipliant les méplats et les facettes, et arrivant au
fini en écartant la monotonie d'un travail lisse et parfondu *.
Au moment où arrivait Greuze, ce n'était pas tout, pour être
un peintre, d'apporter des types et de représenter des sujets nou-
veaux ; il fallait se distinguer par la touche, raviver les formes
1. Trésort d*art exposés à Manchester, Paris, 1857, in-12, p. 339.
2. Observations sur quelques grands peintres, Paris, 1807, iD-8% p. S38.
3. Histoire des peintres de toutes les écoles, Greuze, iQ-4«.
^
J.-B. GREUZE. 517
et renforcer les expressions par un maniement ressenti du pin-
ceau, par un fard prononcé dans le ton. L'habileté dans la
touche avait été Tallnre, sinon le progrès, du XVII® siècle après
le XVI®, des Flamands et des Espagnols après les Italiens. II
appartint aux Français du XVIII* d'y persévérer avec aggrava-
tion. Watteau, Boucher et Vanloo avaient puisé dans des procé-
dés de touche toute leur séduction ; Chardin et Fragonard, dans
leurs genres si différents, avaient eu les leurs : Greuze, qui avait
étudié particulièrement Rubens, arriva dans son genre à quelque
effet analogue par des moyens à lui. Gardons-nous bien de les
déplorer, quelle que soit l'opinion que nous suggère notre goût
particulier, parce qu'ils sont une des conditions de la supériorité
de ses ouvrnges dans le temps où ils furent peints, et l'une des
causes de l'attachement que leur vouent de nombreux admi-
rateurs.
VII. — CARACTÈRE PERSONNEL ET DÉCLIN.
Greuze n'eut pas l'existence heureuse et brillante à laquelle
semblait l'appeler la faveur de ses ouvrages. La cause de ses
malheurs fut dans son caractère et dans son ménage. Autant
que nous le connaissons par les traits ramassés par ses bio-
graphes, c'était un petit homme, avec une grosse tête et des
yeux vifs, bon et tendre même, mais obstiné, d'un amour-propre
aveugle et d'une franchise rustique, jusqu'au point qu'il refusa,
à ce que raconte Mariette, de faire le portrait de M"® la Dau-
phine, après avoir fait celui de M. le Dauphin, en répondmt
comme un sabotier : « Je ne sais point faire de pareilles têtes*. »
Quand il se fut éloigné de l'Académie, Greuze fit chez lui les
expositions de ses tableaux. Il y trouvait cet avantage de faire
lui-même la description de ses sujets aux visiteurs, et d'y recueil-
lir des compliments qui ne pouvaient être que flatteurs. M"' de
1. AbecedanOf t. II, p. 331.
M8 J.-B. GHEUZE.
Valory a parlé des visites quQ Oreot à soo atelier toui ce que la
Cour renfermais de gens aimables et de mérite et les plus
illustres voyageurs. Celle de Tempereur Joseph 11 mérité d*étre
citée pour sa conversation: après avoir payé un juste tribut
d'éloges aux ouvrages du grand peintre, Tempereur lui demanda
dans quel livre il puisait ses sujets? — Dans mon cœur, répon«
dijt-il. — En ce cas, reprit Tempereiir, vous ne ressemblez point
!fM% autres artJ3tes; vous êtes le peintre et le poète de vos
ouvrages ^ Une visite plus intéressante encore fut celle que lui
0t M"*"* Roland en 1777 , et dont elle parle dans une de ses
lettres k M"® Canet. Le caractère et le talent de Greuze sont
jugés lài ^vec b^aucoup d'esprit, en prose et en vers; la maligne
visiteuse ne manqua pas, tout en admirant la Malédiction pater-
nelU et /a Cruche cassée, de faire poser la vanité du peintre, de
relever la critique qu'il fait de Rubens, et de lui faire raconter
la visite de Joseph 11 ^. Elle voulut aussi faire son observation sur
la Fille à la crache cassée, en reprochant à Greuze de n'avoir pas
fait sa petite assez fâchée pour qu'à l'avenir elle n'eut plus la
tentation de retourner à la fontaine, dût-elle y casser encore sa
cruche.
La faveur de la Cour valut à Greuze le titre de peintre du Roi^
et le logement au Louvre; mais il quitta ce logement par sui<
des désordres de son ménage. Sa femme, immiscée dans le ccwn-
merce d'estampes qu'il faisait en société avec plusieurs graveu^^ts,
gaspilla ses bénéfices, prit des amants, parvint à le dépouL
en s'entendant avec un conseiller au parlement et se jeta
les derniers débordements. Ses vanités, ses infortunes coi
gales, son commerce de gravures l'avaient exposé à des affro]
1. Greuze ou l'Accordée de village, Notice, p. 18.
2. Lettres inédites de Mme Roland, adressées à Mlle Catiet de 1772 à ^ 4780,
Paris, iSil , in-8», t, II, p. 196. Sa conversation avec Joseph H y est rapp^i^^r^
dans des termes un peu différents, et qui paraissent plus eiacts que ceax
donnés par If"* de Valory : « Avez-vous été en Italie, monsieur? — Ov/,
monsieur le comte , j*y ai demeuré deux ans. — Vous n'y avez pas \iWMrwéce
genre, il vous appartient; vous êtes le poâte de vos tableaux. »
J.-B. GREUZE. 51tl
iiB fournirent du moins le sujet d'une caricature qui dut être
publiée vers 1761. Je ne me charge pas d'en interpréter toutes
les allusions, ni d'en transcrire toutes les légendes, mais elle
est dédiée à la irhs-haute, très-plaliante et très-ridicule dame,
femme de J.-B. Greuse, et composée de deux obélisques, où Ton
voit, au milieu de beaucoup d'emblèmes satiriques, le croquis
de la gravure de la Belle-Mhre par Levasseur, et du médaillon du
peintre par Flipart; l'exécution de cette eau-forte, petit in»4^ «Q
hauteur ^ est assez vive et pittoresque. Vers 1784, Greuze put
eniiD obtenir un^ séparation avec partage de biens, et resta
chargé de ses deux filles, avec un avoir de 1^350 livres de rente ^.
Ces filles furent sa consolation. On achève deconnattre l'homme
en apprenant qu'il eut pour la société des femmes, particulièj'ftt
ment pour les plus jeunes, un penchant décidé, qui ne fit que
s'accroître avec l'âge. Des biographes, qui l'ont connu, disent
qu'il était friand de leurs éloges, galant avec elles, et môme
pénétré d'un sentiment vif pour leur excellence. Les vieilles,
au contraire, le faisaient fuir, et une coquette de son voisinage
lui faisait tomber la palette des mains en se montrant à sa
fenêtre avec ses minauderies et son visage fardé. M. Pillet ajoute
qu'il aimait la parure et les habits voyants, et qu'on l'a vu se
promener, en pleine Révolution, avec un habit écariale et l'épéeau
côté '. On sait enfin qu'il eut surtout pour élèves des femmes, sa
fille Anna, sa filleule Caroline Tochon (M"« de Valory), M»® Jubot,
M*"^ Ledoux, M**« Mayer. Nous rencontrerons aussi plusieurs
femmes parmi ses graveurs.
La Révolution trouva Greuze dans une situation précaire, son
talent vieilli, ses tableaux ne se vendant plus, la vogue de ses
estampes passée. 6on genre n'y fut pas tout de suite proscrit; la
1. J'ai TQ cette pièce an Cabinet des estampes. D est à regretter que M. Ar-
nauldet ne l*ait pas décrite dans son article kht les estampes satiriques, bouf-
fonnes et singulières {Gazette des Beaux-Arts, t. IV, octobre 4859).
2. Archives de VArt français, t. Il, p. 453.
3. Lecarpentier, Fabien, Pillet, les Archives et le Journal des Débats, cité
par Ch. Blanc.
5^0 J.-B. GRËUZË.
sensibilité et la moralité de ses sujets se prolongèrent, durant les
premiers Salons de la République, par l'apparition de ses élèves
et par l'imitation de plusieurs peintres connus, tels que Debu-
court, Vangorp, Bailly. On vit même quelquefois des groupes de
ses tableaux mis en scène dans les fêtes républicaines. Mais les
sujets antiques et patriotiques absorbaient désormais l'attention ,
et les sujets familiers durent, pour se faire accueillir, changer de
costume et de manière. Le peintre de r Accordée de village, tout
à fait vieux, essaya de secouer l'abandon et la misère qui l'acca-
blaient. Il exposa, au Salon de l'an VIII, dix-sept ouvrages dans
le goût de ceux qu'il avait toujours faits : des sujets de sentiment,
des têtes de caractère, des portraits. Mais Diderot n'était plus là
pour les décrire, MM. de Julienne et de La Live pour les acheter,
et voici comment ils sont accueillis par la critique la plus bien-
veillante : (c Greuze est un vieillard, qui a paru après Boucher.
Son coloris n'est pas vrai, et son dessin n'est pas pur. David nous
a tellement hal)itués à cette pureté que nous prétendons la ren-
contrer partout; au reste, les compositions de Greuze sont simples
et on y trouve du caractère *. » Cependant la protection de la
République ne lui manqua pas. Son logement au Louvre lui fut
rendu, et il reçut la commande d'un tableau. Il en était réduit
à en solliciter le prix par besoin, avant de l'avoir terminé *.
Greuze envoya encore quelques ouvrages aux Salons de l'an IX et
de l'an XII; on n'y remarqua que la reproduction d'un de ses
anciens tableaux, S^^ Marie Égyplienne, où, pour se confonner au
goût de son temps, le peintre avait changé quelques attributs
etmis'entre les mains de la sainte, au lieu d'une croix, des
flèches brisées, pour indiquer la victoire remportée sur l'amour '.
Il mourut le 21 mars 1805. Pas un peintre, dit M™« Yalory, ne
1 . Sur la situation des beaux-arts en France, ou Lettres d'un Danois^ par
Bruun Neergaard, Paris, an IX, in-8°, p. 67.
2. Letti'ti du 29 pluviôse, an IX, publiée dans l* Iconographie, dans l'Histoire
des peintres de toutes les écoles, et dans les Archives de VArt français, t U,
p. 172.
3. Greuze ou l'Accordée de village, Notice, p. 23.
J.-B. GRELZF.. 521
vint honorer ses obsèques. L'une de ses élèves se cliançea fie la
prière funèbre; elle vint attacher à son cercueil une couronne
d'immortelles avec ces mots : « Ces fleurs, offertes par la plus
reconnaissante de ses élèves, sont Temblème de sa gloire ^
VIII. — GRAVEURS.
On connaîtrait mal l'autorité d'un peintre, sî l'on ne recher-
chait les graveurs qu'ont trouvés ses ouvrages. Le talent de
Greuze était de ceux auxquels ne suffit pas la publicité privilégiée
des riches cabinets. A ses sujets, compris de la multitude, il fallait
la vulgarisation de la gravure, et, si les commandes de la Cour et
la protection de l'Académie lui manquèrent, le corps des gra-
veurs, très-nombreux alors, lui fournit des moyens de succès
plus faciles. Les premiers furent Flipart, Gaillard, Levasseur et
Massard, avec lesquels il contracta une société pour le commerce
des estampes, qui lui avait rapporté jusqu'à 300,000 livres '.
Celui d'entre eux qui a le mieux gravé son peintre est Flipart,
élève de Cars, graveur moelleux, empâté, avançant beaucoup ses
planches à la pointe et à l'eau-forte sans les heurter, et les
reprenant patiemment au burin pour leur donner de la douceur
et de l'éclat. Flipart a aussi traduit Boucher et Natoire, Vien et
Vernet; mais il ne fut jamais plus heureux et plus fidèle a son
original que lorsqu'il a traduit Greuzo. 11 fit en 1763 le por-
trait du peintre, dessiné par lui-même et gravé par son ami;
il se réserva la gravure des trois chefs-d'œuvre, le Paralytique,
1767, l'Accordée de village, 1770, le Gâteau des Rois, 1777, et des
pièces tendres, la Tricoteuse, dédiée à M"« Greuze, 1763, la
1 . Le fait est rapporté dans les journaux du temps, le Moniteur, le Jw^mal
de VEmpire, le Journal des Arts. Ce dernier publia une notice nécrologique et
un éloge par M. Lucas Montigny. Quelques-uns nomment la personne qui
rendit hommage à son cercueil M^* Mayer, mais M"* de Valory, qui doit être
mieux informée, désigne M"* Jubot; Notice, p. 27.
2. Archwet de VArt français, t. II, p. 163.
^ J.-fi. 42REUZH.
Pleureuse ou la perte du eerin, dédiée à la duchesse de Oram^
mont, 1767. il s'était si bien approprié la manière de Greu;»
qu'il la rappelait encore en gravant des compositioiM dont le
dessin, fait par d'autres^ ne le soutenait pas assez. Tidie est le
jolie estampe du Concours pour le prix de Tétude des têtes et
de l'expression, fondé par le comte de Caylus et dessiné par
Gochin le fils en 1761. Il transmit enûn le goût de Greuze à
plusieurs de ses élèves, comme Dannel et Marie Boizot.
I^ouf, élève de Flipart, et après lui le graveur le plus fidèle
de Greuze, a gravé huit de ses tableaux, depuis 1769 jusqu'eq 1773.
C'est à lui que s'adressa Greuze en 1766 pour graver la suite de$
Têtes de différents caractères, dédjées à son ami Wille^. Ces recueil^
furent reproduits et continués par d'autres, notamment pqjr
Lejtelljer, qui en publia plusieurs cahiers. IpgQuf fit daqs le
jfkévf^ genre sept petites têtes, tirées du Paralytique. Ces pièces,
qui s'adressaient aux Académies de dessin, étaient gravées avec
plgs d'intelligence et de souplesse que celles qu'on faisait à
l'usage des salons^
Gaillard et Levasseur, autres associés de Greuze^ étaient des
graveurs bien moins artistes, l'un déjà voué aux peintures
lâchées de Boucher, d'Eisen et de Jeaurat, l'autre aux peintures
académiques de Troy et de Restout ; ils n'apportèrent à Greuze
que le tribut d'un burin suffisamment propre, e( habile à faire
valoir un sujet.
Massard, le plus jeune des associés, donna du moins à Greuze
les prémisses de sa gravure. 11 se fit connaître de 1772 à 1778
par cinq de ses ouvrages capitaux : la Cruche cassée, la Mère bien-
aimée, la Dame bienfaisante, la Mélancolie, la Vertu chancelantC'^
On sait que M">® Greuze avait posé pour plusieurs de ces figures,
et le graveur a constaté cette circonstance dans une petite
1. M. Leblanc ( Manuel de l'amaUur d'estampes, t. II , p. 3S1 ) a donné cette
suite de douze pièces comme gravée par Greuze et copiée enaaite par lagoof.
Wille dit positivement que Greuze la fit graver d'après ses dessins (Jùnmal,
1. 1, p. 313) ; dans la premièn édition, t766, tes douze pièces portent eo eist
la signature dlngouf.
J.-B. GRËUZE. 623
esiampe^jui donne la tête seule dans un cadre avec une esquisse
du tableau dans le bas : Étiule du tableau de la Dame de charitàf
faUe d'après M^ Greuze, 1772.
C'est dans l*œuvre de Moitte, graveur du Roi, de son fils
François-Auguste, de sa fille Rose-Angélique, qu'il faut chercher
le nombre le plus considérable d'estampes d'après Greuze. La
méthode de cet atelier était propre et polie, et il se livra à la
publication des sujets plus petits et des figures de caractère, qui
étaient gravés par paires pour la symétrie d'ornement des salons
de compagnie, où Ton recherchait surtout le fini et, s'il se pou-
vait, le brillant du travail* Les Moitte gravèrent surtout les
sujets italiens de Greuze ; en y mettant quelquefois beaucoup
'de vivacité, ils n'y font pas trouver plus d'expression locale. Us
gravèrent la suite des Divers habillemenls suivant le costume
cFItaliâ, dessinés d'après nature, ornés de fonds par Lallemaad
de Dijon, et tirés du portefeuille de l'abbé Gougenot, 1768. Ce
recpeil, en vingt-cinq pièces, est varié et curieux, mais on
juge, à plus d'une figure, que les graveurs ajoutent encore à
l'esprit parisien avec lequel la nature italienne avait été ici
observée par le dessinateur, quand ils nous donnent la Donna
Fiorentina, con cuffia di farfall'a e con marito per riscaldarsi.
On grava beaucoup Greuze dans l'atelier, fort nombreux, d'un
autre graveur du Roi; Beauvarlet, occupé de beaucoup d'autres
maîtres^ ne dédaigna pas de faire quelques sujets; Françoise
Deschamps, sa femme, et ses élèves Louis Binet, Voyez l'aîné,
Dennel, Hubert, Malœuvre, Porporati en gravèrent aussi. Indépen-
damment des sujets finis pour l'ameublement, quelques-uns de
ceux-ci firent des pièces pins négligées, où la manière du peintre
était cherchée avec plus d'intention pittoresque. Françoise
Deschamps grava avec beaucoup de liberté, et dès 1758, des
études de mendiants, qui ne pouvaient plaire qu'à des amateurs
déterminés.
Parmi ceux qui gravèrent e^ plus petit nombre les ouvrages
de Greuze, il faut distinguer Cars, qui avait donné des leçohs à
Flipart; Jardinier, son élève; Dupuis, et ses élèves, Henriquez et
C
5-24 J.-B. GRl^UZE.
Macret; LebaF, et ses élèves, Aliamct, Martenasie d'Anvers, et
Moreau le jeune. Lebas exposa dès 1757 une gravure d'après
Greuze, des Gens qui écossent des légumes; Moreau, considéré de
bonne heure pour l'habileté de son dessin, fut employé à Teau-
forte de plusieurs planches terminées par d*autres. Il serait
intéressant de rechercher qui a le premier gravé une composi-
tion de Greuze : je puis seulement indiquer une petite estampe de
Marcenay, le Vieillard au bonnet fourré, dont l'original passe pour
être de la main de Greuze en imitation de Rembrandt^. Il y en
a plusieurs épreuves, et Tune d'elles porte pour inscription,
s A. Demarcenay del. et sculp. 1754. » La pointe de Marcenay a
fait disparaître la manière de Greuze, si toutefois elle était
dans ce morceau.
Les portraits, qui tiennent une si grande place dans l'œuvre de
Greuze, n'ont pas eu de nombreux graveurs. Le plus distingué
est Saint-Aubin, qui grava J/"' Babuty, Diderot, FAnguet.
Wille, l'ami de Greuze, ne grava rien d'après lui ; mais il fit
travailler à des ouvrages de lui Moreau et plusieurs de ses
élèves. La plupart étaient des Allemands, et l'on ne doit pas
être étonné de trouver que Guttenberg, Chevillet, Dunkeret
Bause, qui étaient venus à Paris suivre l'atolier de leur compa-
triote, n'aient pas le mieux réussi dans l'interprétation de Greuze.
Cependant Muller se distingua dans la^ gravure du beau portrait
de son maître Wille, et Weishrod dans la reproduction de cinq
létes d'étude. A l'étranger. Greuze trouva encore quelques inter-
prètes : Haid à Augsbourg, Brookshaw et Carbutt à Londres.
On voit qu'au milieu des nombreux burinistes du XV!!!' siècle,
l'interprétation des peintures et des dessins de Greuze appartint
à ceux qui savaient, dans leur propreté, garder le plus de cou-
leur, ou, comme on disait alors, le plus de ragoût. Elle convenait
moins à ceux dont le talent consistait dans la coupe savante d»
cuivre et le fini des travaux. Pourtant aucun de ces interprètes
i.Catalogw des estampes du comte Rigai, p. 213, n» 25. La pièce est an
Cabinet des estampes, OEuvre de Marcênay. n* 4.
i
J
J.-fi. GREUZE. 525
n'a trouvé grâce devant Diderot. Selon ce critique, plus classique
qu'on ne croirait, la Gravure s'en allait de son temps; Lebas lui
avait porté le coup mortel; Wille, seul depuis Baltchou, savait
tenir un burin. Lorsqu'il rencontre, au Salon de 17G7, le Paror
lytique et la Pleureuse de Flipart, il trouve que ses estampes
charbonnées laissent perdre la grâce, la finesse des caractères et
Teffet des tableaux. Quant à Moitte^ dont il avait vu deux pièces
au Salon de 1765, on ne saurait, suivant lui, être plus mauvais ^
En général, les autorités en gravure reprochaient aux graveurs
de Greuze Tâcreté des teintes et la recherche des effets de
manière noire. Pour nous, sans justiûer les incorrections et les
faiblesses qu'ils y ont souvent apportées, nous ne pouvons les
blâmer d'avoir cherché de nouveaux moyens pour rendre une
nouvelle manière, et d'avoir donné au burin d'autres pratiques
que celles qui étaient consacrées par les graveurs d'histoire.
Diderot demandait aussi peut-être à la gravure plus qu'elle ne
peut donner. A distance, lorsque les originaux sont dispersés, on
devient plus indulgent , et Ton tient plus de compte du reflet
que gardent toujours des estampes contemporaines et pour les-
quelles le maître a donné ses conseils. 11 ne faut pas oublier
qu'elles ont dispensé le talent de Greuze dans tous les lieux et
dans tous les rangs, pour la joie des familles et pour la satisfac-
tion des curieux. Leur apparition était un événement dans le
monde des arts, et soulevait des correspondances et des polé-
miques dans les journaux. Quand l'engouement s'en mêla, les
marchands prirent soin de l'entretenir en établissant des grada-
tions d'épreuves et de prix, dont la supercherie et l'agiotage fai-
saient souvent tous les frais', mais la réputation du peintre n'en
était pas moins par là bien établie.
Greuze, qui avait si bien répandu sa manière par ses dessins
i. Salon de 1767, p. 97, et Salon de 1765, p. 399.
2. LBttres d*wi voyageur à Paris, à son ami Charles fMU)es, demeurant à
Londres f siur les now}elles estampes de M. Greuze, Londres et Paris, 1779,
60 p. in-S», et Lettres à M. ***, voyageur à Paris, Amiens et Paris, 1780,
17 p. io-8«.
an lapfîs, au crayon noir ou blanc ou h la sanguine, a-t-^î) gravé
Iui-Riétai6 à )*eau-forte? Des amateurs 1« croient, et ils présentent^
comme des ouvrages d*f maître, deux ou trois pièces fort rares,
qui île se trouvent que dans les collections les plus Complètes
des estampes faites de son œuvre : une tête de femnie coiffée dune
marmotte, une tète de femme coiffée d'un bormei et une planche
ê'ètudes dé têtes et de mains ^ Ces petites pièces, faites d*tine
pointe (jin manque de légèreté, mais non d'expression, ont trop
ppQ d'importance pour qu'on puisse sûrement se prononcer. La
première, signée d'un 0 et authentiquée par une signature auto-
graphe dans deux exemplaires qu'on en a vus récemment, a seule
été admise par les amateurs les plus scrupuleux'; Mais d'autres
vont jusqu'à vouloir qu'il ait lui-même gravé à la pointe la
ftgiire de sa femme, connue sous le titre de la Philosophie endor»
mie. Cette estampe, en effet très-vive et très-large dans les
épreuves d'eau-forte, devient froide et pesante sous le bmîn.
d'Âliamet^
Des amateurs, connus dans les cabinets d'estampes par quelques
essais d'eau-forte, Watelet, de La Live de Jully, de Brèteui}, se
frottèrent à Oreuze ; mais leur pointe débile sarisit imparfaitement
les caractères du peintre. On les retrouve mieux dans les gravures
en fa^^simile de dessins au lavis et au crayon^ qui* commençaient
alors èf se propagea* Louis Bonnet, qui se disait l^nventeur de la
gravure air pastel, grava et dédiât à M^"* Greuze une de des tètes,
dafns lesquelles la femme et la m^anière du peintre étaient ideo-
tifrées ; Hôin graVaf au lavis la S^ Marie Égyptiermt; Gharpeniier,
MC" Lingée, Janinet publièrent dans ce genre des études de
femmes, de mendiants, des télés de jeune fille et de garçoft^ qui
introduisirent les modèles de Gfeuse dans beaucoup d'écoles et
tempérèrent par leur naturel le guindé des modèles académiques.
Au moment delà Révolution, les compositions de Greuze étaient
i^ Marmêl de Vamateur d^estampes, n* 43, 14 et iSu Oo pent Toir ces pidees
aa Cabinet des estampée.
î. Le Péintre-GréMÉT ffaàçait, conthnié par H. Protfper ëe Bnodicoif^
t. 1,1859, p. 129.
à
J.-B. GREUZE. 527
déjà passées aux genres de gravures les plus vulgaires ; Alix, Bon-
net, Bligny et d'autres les avaient mises au pointillé et en cou-
leur, et les avaient fait souvent dégringoler jusqu'à Tiniagerie;
c'a<(t encore un hommage au maître. Les plus grands ne sont pas
exempts de ces sortes de traductions, mais elles n'avaient pas
peu contribué à la démonétisation que Greuze subit au commen-
cement du siècle. Il s'en est relevé ; on peut juger de la place
qu*il a reprise dans l'estime publique parles prix de vente qu'ob-
tiennent aujourd'hui ses ouvrages et par les nouveaux graveurs
qu'ont obtenus ses tableaux et ses dessins. Le burin d'Aristide
Louis et le crayon lithographique d'Aubry Lecomte ont reproduit
V Innocence et la Paix du ménage avec un charme que n'avaient
pas toujours trouvé les graveurs contemporains, et l'un de nos
plus habiles eau-fortistes, Charles Jacques, a su trouver, dans
ses études de Greuze, des motifs encore neufs.
(1
'f
1
rii
rABLE
(A., veut dire Architecte; G., Graveur; P., Peintre; S., Sculpteur. — L'astérisque,
placé avant un article , indique les noms géographiques. — Le tiret remplace le nom
ou le mot qui est en tête de l'article. — Lorsqu'un article est divisé en peinture et
sculpture, peinture désigne tout ce qui est du dessin proprement dit, sans distinction
de dessins do gravures et de tableaux. )
♦ Abbeville (Artistes nés à), 34, 2flC.
Abecedario. Voyez Mariette.
Abeilard, 264, 315, 34t. Voy. Hé-
loîse.
Abeilles, 185. 399. Voy. Ruche.
Abel (la Mort d'), 11, 137, 319.
Abondance (T), 81, 251, 388.
— (Génie de r), 334.
• Aboukir. Voyez Batailles.
Absence (T) adoucie, 355.
— ressentie, 355.
Abus (Convoi du seigneur des), 481.
Acacia ( r ), 399.
Académie ( l'ancienne ) de peinture, 7-
9, 10, 11, 15, 45, 52, 55, 65, 70, 79,
126, 138, 139, 144, 149, 166, 173,
175, 182, 18i, 200, 239, 265, 277,
279, 280, 281, 289, 306, 308, 317,
354, 355, 356, 357, 359, 360, 385,
501, 502, 512-3, 517, 521.
Académies. Voyez Curieux , Lille, Lon-
dres, Marseille, Paris, Rome, Rouen,
Vienne.
Académies, 120.
— de femmes, 371.
Accident imprévu (IM, 222.
Accord (T), 231.
— parfait ( 1' ), 312.
— (Seront-ils toujoure d*), 273.
Accordée de village (T), 506, 511, 520,
521,
— com<idie,50l,504,512,518,520.
Accordeur de guitare (T), 505.
Accouchement (1*), 133.
Accroche-cœurs, 361.
Accusateur public (T), journal, 443,
487.
Achille, 11,24,201.
— (l'Education d'), 126, 279.
Acier (Essais de gravure sur), 366, 387.
Actes des Apôtres, 482.
Activité (le Génie de T), 328.
Adam, ] 57.
— et Eve chassés du paraiis, 151.
Adanson, 391.
.\dieux(lcs), 312.
— (les) du matin, 182.
— (les pénibles), 304), 363.
— Voyez Lesurques, Louis XVI.
Administration (Ihcureusc), 347.
Admiration (1'), 209.
Adonis. Voyez Vénus.
— (le Départ d*), 318.
-(la Mort d'), 247.
Adoration des bergers, 149.
Adresses, 69, 254, 330.
Adrienne-Sophie, marquise de ***, 333.
Aérostats, 177, 250,254, 262, 322, 335,
344, 345, 437.
— (Médailles sur les), 386.
— (Caricatures sur les), 481.
— Voyez Parachute.
Affranchi (Bonnet d*), 401.
Aff'ranchissement chez les Romains,
394.
♦ Afrique, 174.
Advinent, P. en min., 143.
— (M""), 143.
Agamemnon (Rôle d'), 468.
— (Costume d*), porté dans Paris, 477.
Agate onyx, 216.
Age d'or (P), 136.
34
\
530
AGE VIRIL. — AMOUR.
Age viril (r), 426.
— (Draperies mortuaires pour V ), 423.
Agis, tragédie, 467.
— rétablissant les loisdeLycargue,i22.
Agneau, 108.
Agneaux (Mes pauvres petits), 380.
Agriculture (F), 23, 74, 426, 430, 432,
435.
— (Cours d'), 221.
Aïeux (les), 426.
Aigle, 264, 287, 399, 403.
Aigles (Distribution des), 28, 83, 208.
Aiguille (Ouvrages à T), 232.
♦ Aix,138, 224, 300.
— r Artistes nés à), 432, 437, 300.
— (Tours antiques d*),433.
Albe (le duc d*), 445.
Albion (les vainqueurs d*), 495.
Album (le journal T), 121.
Album et Nigrum , 259.
Alceste, 29.
— (Mortd'), 438.
— Voyez Hercule.
Alcibiade, 44, 30.
— Voyez Socrate.
Alcôve, 193.
Aides (les), 374.
* Alençon, 352.
Alexandre I*"' de Russie, 288.
Alfleri (Vittorio), 246.
Aliamet, G., 323, 524, 526.
Alix (P.-M.), G., 437, 489, 240, 214,
252-3, 265, 268, 292, 363, 449, 455,
468 527.
Allais' (Louis-Jean), G., 497, 200, 201,
263, 402, 421.
Allan (David), P., 228.
Allard (Ni^*), danseuse, 435, 342.
Allégories, 92, 414, 445, 394-445.
♦ Allemagne (IM, 230, 257, 394, 442.
— (Musées de 1'), 268.
Almanachs : historique, 409;— lyrique,
463; — littéraire, 9, 40; — national,
484; — de 4790, 274 ; — de la Con-
vention, 409; — des Beaux -Arts,
246 ; — des Muses et des Grâces, 31 7 ,
404; — des Gourmands, 252; — du
Père Gérard , 322 , 448.
Almaviva (le comte), 453.
• Alpes, 508.
— (Passage des), 28.
— Voyez Berger.
Alphabets, 415.
Alphonsine, roman, 69.
♦ Alsace, 306.
* Altenkirchen , 257.
Alvarès, libraire, 312, 324.
Amant (1*) favorisé, 191.
— (F) pressant, 174,231.
Amants (Foracle des), 328.
— Voyez Printemps.
Amaury Duval, 89, 235, 354, 470,471,
472, 476, 493.
Amazone, 179, 203.
— (Costume d'), 466.
Amazones (les), opéra, 234.
Ambitieux puni (T), 180.
Ambition (1*), 427.
Américaine (Médaille de Tindépen-
dance), 384.
* Amérique (la Guerre d*), 322, 331, 335.
— (la Révolution d*), 481.
* Amiens, 337, 525.
— (Paix d'), 203.
— (Pâté d'), 160.
Amies (les deux) à Tétiide, 489.
Amiral, assassin de CoUot-d*lIerbois,
181.
AmiUé (r), 426.
— Statue, 35, 56, 359.
— Voyez Amour.
Amour (P), 31, 46, 51, 57, 93, 98, 99,
m, 131, 151, 222, 231, 327, 412,
413, 426, 479.
— Statue, 35, 48, 59, 98.
— foulant des attributs, 209.
— agreste, 134; en gaieté, 127; frivole,
discret, chevaleresque, 479; senti-
mental, 479; en carmagnole, 408;
en réquisition, 239; sans -calotte,
396, 408, 413; volontaire, 408, 413.
— (Éducation de F), 318.
— et les Grâces, 251 ; — (les Grâces
offrent r) à la Liberté, 317.
— et Psyché, 127, 137, 208, 214, 270, .^
282, 299, 300, 367; sculpture, 98,
— et une Nymphe, 338.
— et la Patrie, 413.
— conduit par la Folie, 318.
— (Triomphe de F), 46.
— enseignant à danser à une Jeune
fille, li>9.
— dérobant une rose, 57.
— séduit l'Innocence, 220; enlève un
femme sur le char de la Frivolité,,^^
207.
— (Leçon à F) 299; réduit à la raison
98,99, 110,218; désarmé par Venu
286; (Nymphe coupant les ailes de V)
197.
— et la Raison , 367.
— conduit par la Fidélité, 227.
— et FAmitié, 76, 98, 217; se consol
avec FAmitié, 124; fixé par FAmiti
227; (Union de F) et de FAmitié, 9
— (leBain d'), 190; (Beautés dansa
â la musique de 1}, 230; (le
quet d»), 265; (le Lit d*), 190,
AMOURé — AHÉTIN.
fin
(Offrande à T), 278; (Première Leçon
d'), 336; (par eux V) l'éclairé, 199;
(Promesses et Jeux de T), 188; (Re-
tour de Hle d' ), 188.
— (le Délire de T), 299; (Héroïsme
de r), 292; (Victimes de V}, 292.
— Voyez : Baiser, Cruel , Cupidon, In-
nocence, Messager, Paternel, Pau-
vreté, Pensée, Pont, Prière, Ruse,
Serment, Vénus.
Amours, 175, 199, 228, 408, 414.
— (Marchande d'),.207.
— (la Saison des), 231.
— (les) d'été, 267.
— Voyez Vénus.
Amulettes, 451.
An ( Premier jour de 1* ;, 426.
Anacréon, 179.
Anadème, 370.
Anarchiste (T), 247.
Anatomie (1'), 133,319.
Ancien Testament, 53.
Ancre, 383.
Andrieu (Bertrand), G. en méd., 274,
387-9.
Andrieux, 26, 39, 42, 429.
— horticulteur, 399.
Andromaque, 207.
— pleurant sur le sort d'Astyanax, 117.
— de Racine, 98, 281.
Androsmane. Voyez Chapeaux.
Ane, 494.
Anecdotes de la Révolution , 455.
Anes, 173.
Angeliomme, éditeur, 440.
Anges, 408.
Anglais (Les vainqueurs des), 345.
— (les) à Paris, 159, 203.
— (les) en habit habillé, 203.
— Voyez Cavalier, Chasse, Vaisseaux.
Anglaise (La surprise), 349.
Anglaises (Modes), 464. Voyez Culotte.
♦ Angleterre, 116, 149, 396, 442, 459.
— { Histoire d' ), 302.
— (Histoire républicaine de T), 405.
Anglomane (T), 223.
Angouléme. Voyez Madame.
Animaux, 173, 280.
— rares (les), 484.
Ankarstrom, 209, 241.
Annales de la Calcographie, 139, 140,
153,226,228,229,268,381.
Anne d'Autriche, 496.
Année littéraire (1'), 507.
Année républicaine (Division de 1'),
392.
— Voyez Calendrier.
Annette, à 15 et & 20 ans, 335.
— (Rôle d'), 182.
Annette et Lubin, 146, 182^ Sô?*
Annibal, 376.
Annonciation (1*), 137.
Annuaire de l'an vu, 394.
— Républicain, 398.
— Des Artistes^ 512.
Anquetil, 39.
Anselin (Jean Louis), G.4 15* 130t 175,
224, 282-3, 319.
Ansiaux, P., 24, 294.
Antigène, 31, 139« 236.
-- Voir Œdipe.
Antinous, 452.
— (les) modernes, 130.
Antiquaire (un), 188,
Antique (l'Admiration et l'Imitation
de 1'), 214.
Antiquité (Ah! quelle), 161.
Antiquités.
— Voyez Cours, Etrusques, Statues.
* Anvers. Voyez Guérard et Martenasie.
Apelle, P., 27, 318.
Apollon, 29, 56, 230, 479.
— Sauroctone, 216.
— du Belvédèi-e, 386, 436, 493.
— et les Muses, 431.
— et Clio, 435.
— et Cyparisse, 296.
— couronnant lia Vérité, 284.
— Voyez Sociétés.
Apôtre (un), 129.
Apôtres (Actes des), 482.
Appiani (Andréa), P., 253, 258, 267,
Appien, 394.
Apulée, 310.
Arabes (sujets), 124.
Arabesques, 260, 374-5.
Arbres de la Uberté, 20, 398, 424, 427.
Arc de Triomphe de Marius, près
d'Orange, 147.
Archimède, 55.
Architecture (r),69, 374.
— de la Révolution, 416.
— ( Graveurs de Sculpture et d'), 45,
69.
— Voyez Prix.
Architecture (Fragments d*), Sculpture
et Peinture dans le style antique, 35.
Archives de l'Art français, 13, 17, 66,
83, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 102,
lOo. 109, 251, 308, 314, 509^ 612,
519,520,521.
" Arcis (Artistes nés à), 144.
♦ Arcole (Pont d'), 29, 31, 213, 242,
342.
Arcourt (La comtesse d'), 232.
Aréna, 155.
Arétin (Pierre), 264.
— (1*) d'Augustin Carrache, 34(t«
I
53^
ARGAIL, — AUBERTIN.
Argail, 328.
Argent (Pièces dM.
— Voyez ECU et Sous (Pièce de 15).
Aria et Pœtus^ 23.
Arioste, 170.
— Voyez Roland.
Aristide, statue, 35.
— nom de Sans-Culotte, 488.
Aristocrates, 481, 484.
Aristocratie, 481.
— (le cauchemar de T), 196, 217.
— (Monstre désignant les trois états
de P). 482.
Aristomène, 27.
Ariequin de retour au Muséum, 131,
204.
* Arles (Artistes nés à), 2i3.
Arlet (le citoyen d*), 99, 189.
Armée de Condé, 483.
Armées de la République :
— d'Italie, 40, 232. Voyez Italie. '
— du Nord, 409.
— des Pyrénées orientales, 143.
— du Rhin, 40.
— de Sambre-et-Meuse, 40, 51, 253.
— (Honneurs rendus aux quatorze),
de la République, 424, 430.
— françaises (Triomphe des), 237.
— Voyez Représentait.
Armes (Administration des), 374.
— Voyez Pique, Sabre, Salnt-Étienne,
Soho.
Armoire (r), 168.
Aroaud-Baculart, 316.
Arnauldet (M. Thomas), 63, 64, 159,
353, 519.
Arnault, poète, 75.
Arnavon, Chanoine et P., 356.
Arné (Joseph), grenadier, 180, 270.
Aroould (Sophie), actrice, 457, 468.
Arpenteur (Niveau d*j, 397.
» Arras, 362.
Arsinoé, 300.
Art d'aimer (!'), 25, 102, 171, 172,
413.
Artémise, 47, 360.
Artisans, 429.
Artiste (Femme), tenant un burin,
207.
Artistes, 389, 424, 429, 435.
— (les jeunes), 351.
— (Réunion d'), 494.
— Voyez Annuaire, Arts, Atelier, Paris
(Cabinet).
Artistes (Dons patriotiques des dames),
7-8, 60, 322, 414, 440.
Artois (le comte d*), 84, 85^ 330.
— (la comtesse d'), 356.
Arts (les), 105,423.
Arts (Génie des), 35, 376.
— (de Torigine et de la marche des',
125.
— (de Futilité des) en principe, %%.
— (rUnion des) du Dessin, 56.
— (Triomphe des) modernes, 63.
— (les) patentés par décret, 494.
— Voyez Athénée, Commission, Com-
mune, Fètçs, Jury, Lycée. Minenre,
Paris (Conservatoire), Sciences, So-
ciétés.
Arundel' (le comte d*), 287.
Asiatiques (lesj, 396.
Aspasie, 31, 318, 475.
Assas (Louis d*), 268.
Assemblée Constituante, 76, 216.
— (Portraits des Députés à V), 448-9.
Assemblée législative, 317, 411.
Assemblée nationale, 9, 10, 48, 227,
262, 273, 278, 279, 283, 303, 319,
320, 322, 335, 369, 425, 440, 418,
463, 483, 484.
— (Portraits des députés à ]*), 417.
Assemblées :
— des Notables, 234, 3.13; — - (Serment,
de r), 313.
— de la Noblesse et du Clergé, 481.
— Populaires (Salles des), 34.
— du Palais Royal, 441.
— des Aristocrates, caricature, 481.
Vssignat métallique, 385.
Assignats, 287, 306, 373, 386, 387, 388^
409, 465.
— (Taux des), 22.
Association du 4 frimaire an vi, 287
Assomption. Voyez Vierge.
Assuérus, 469.
Astolphe, 328.
Astyanax, 2U7.
— Voyez Andromaque.
Atala, 199, 328, 335, 380.
Atelier de peintre (Intérieur d'un*
192, 315, 350.
— de graveur, 328.
— de graveuse, 329.
— de sculpteur, 310.
Atger. Voyez Montpellier.
Athaiie (Rôle d*), 468.
Athéisme (1'). 47, 164, 412, 427.
Athénée des Arts. 327.
AtheniBum (T), 69.
♦ Athènes, 20,41, 128, 197, 318.
— Voyez École, Minotaure, Peste.
Athénien (Casque), 402.
Athéniennes, 460.
Athlète phrygien, statue. 35.
Attendant (Je m*occupais en), 189.
Attention (P), 269.
Aubertin, G., 205, 206.
ai
I
AUBRY. — BARRAS.
533
,P., 341,346,351.
4»«), de l'Opéra, 405.
-Lecomte, lith., 121, 527.
e (École centrale de dessin do T),
•
)ert, G., 160.
lin (Pierre), G., 279, 284, 443,
avier), 358.
""), m,
m (Gérard). G., loi, 280.
(Reine), 176.
• (l'abbé), 364.
•eau (le général), 29, 31, 242, 342,
, 431.
ind, éd., 478.
sbourg, 443, 524.
re,179.
5te, orfèvre, 30, 46.
i famille), 89.
•e (F), 94, 137.
yez Tithon.
9, 195.
la LiberUi, 174.
la Patrie, 260, 334, 335, 378, 417,
,437.
cuil, 61.
nne, 426.
ités constituées (Costumes des),
•.
riche, 461.
change des prisonniers en), 346.
ly. G., 73, 337, 489.
1 (la citoyenne). P., 25, 277, 456.
lion, 35i.
5lB trompé (1*), 503.
çles, 427.
2:non, 356.
rtistes nés à), 193.
lusée d'), 79.
(Jean-Jacques), G., 70, 163, 277-9,
I, 423, 453.
i fils). G., 277.
rd, 424.
B
492.
.-P. de). G., 330.
I, dess., 326.
uf, 305.
ti .M"«). Voyez M""* Greuze.
lanales, 102, 168, 174, 195.
lante, 299, 355.
ec un petit satyre, 24.
lants et Bacchantes, 47.
lus, 46.
'riomphe de), 46, 94 ; — dans les
les, 181.
(Sébastien), 370.
Bachaun^ont, 65.
Bachelier (Jean-Jacques), P., 60, 144.
Bagues aux doiei» des pieds, 45)^, 476.
Baguette, 195, 296.
Baigneuse, sculpture, 35.
Baigneuses (Paysage avec des), 163.
Baignoire. Voyez Marat.
Bailleur (un), 358.
Bailly (Sylvain), 81, 123, 253,281, 292,
309, 368, 386, 395, 417, 449, 483.
Baiser (le premier), 168.
— (le premier) de TAmour, 189.
— (un) ou la Rose, 178.
Baisers (les deux), 182.
Bal de société, 207.
— paré, 333.
— paré et masqué (Entrée au), 272.
— masqué à la naissance du Dauphin,
311.
Balances, 86, 334, 388, 395, 397, 404.
Balantines, petits sacs de femmes, 474.
* Bàle, 115, 257, 286, 379.
Balechou, G., 215, 356, 525.
Baleines. Voyez Corps.
Ballet (les Apprêts du), 228.
— des Nations réconciliées, 437.
Ballet, G., 179.
Battons. Voyez Aérostats.
Baltard (J.-P.),* dess. et G., 25, 67-9,
127, 446, 488.
Bamberg (Bois des livres imprimés à),
381,
Bance le jeune, éditeur, 76, 197, 237,
402, 404, 440.
Baquoy fils. G., 144, 172, 312, 315,
310, 324, 337, 338, 339, 474, 475.
Bar (Jacques-Charles), G., 249.
Barbares (Figures), 4C9.
Barbaroux, 452.
— (Mémoires de), 470.
Barbet en costuAie élégant, 193. *
Barbier, 38.
— (P.), 27, 444.
— (la citoyenne), 27.
Barbier Walbonne (le général), 282.
— (M"«), 282.
Bardin, P., 126, 223.
Barjot (A), 255.
Bamavff, 76, 263, 275, 370, 449, 483.
— Sculpture, 34.
Barocci, P., 166.
Barque (la), 204, 206.
Barra (le jeune), 420; peinture, 77, 79,
147, 185, 227, 252, 265, 272, 321,
382, 424, 450.
— (Honneurs du Panthéon décernés à),
424, 428. Voyez Fêtes.
Barras (Paul), directeur, 288, 363, 460,
478, 491.
534
BARRÈRE. — BERNARDIN DE SAINT-PIERRE.
Barrère, 21, 128, 151, 294, 424.
Barrois aînô, 71.
Barthélémy (l'abbé), 39, 386, 504, 505.
Bartolozzi, G., 99, 120, 133, 216, 223,
232, 239, 360, 459.
Bas, 471, 47».
— de soie, 288.
Bas-reliefs (Imitations de), 195, 211.
Basan (P.-Fr.), 60, 152, 205, 208, 228,
232, 24«, 244, 245, 247, 271, 273,
284, 326, 328, 338, 339, 371, 375.
Bascule à la barcelonette (la), 260.
Basile et Thibaut, roman de Greuze,
512.
Basques et revers d'habits, 321 , 463.
Basset, éditeur d'estampes, 49, 50,
269, 271-2, 273, 350, 351, 393, 402,
407, 408, 434, 440, 441, 449, 453.
Bastien, libraire, 305.
Bastienne (Rôle de), 182.
Bastringue (le), 360.
Bat fie), 231.
Batailles: d'Aboukir,129, 385; en Egypte,
125; de Hondschoote, 278; de Jem-
mapes, 155; de Marengo, 143, 145,
157, 340, 342, 357, 387 (méd.j; de
Millesimo, 202; de Mondovi, 202 ; de
Monthabor, 145; de Pultava, i9H;
des Pyramides, 23, 74, 87, 202, 385 ;
de Quiberon, 87 ; de Rosbach, 508 ;
de Tolbiac, 269.
Bathilde (la reine), 268.
Batoni (Pompeo), P., 97, 357.
Baudicourt (M. Prosper de), 53, 54,
137, 239, 358, 526.
Baudouin, imprimeur, 42, 381.
Baudouin, P., 258, 270, 316, 332, 341,
34i, 356.
Baudrier, 288.
Bauménil, P., 172.
Bause, G., 524.
Bayle (Pierre), conventionnel, 81.
Bazin (M"" Pierre), 89, 456.
Béatrix, 459.
Beauharnais (le général), 241, 359.
— (la citoyenne), 25, 358. Voyez
M"" Bonaparte.
— (Fanny), 242.
Beaumarchais, 241, 245, 418.
— Voyez Almaviva^ Figaro, Suzanne,
Tarare.
* Beaune, 92.
Beauté (la), 93.
-<^ (le Sommeil de la ), 352.
— rend les armes k l'Amour, 51.
Beauvais (M. de), ôvêque de Sentis,
373.
Beauyaîs, convention nel^ 81, 423.
— dessinateur, 270.
Beauvallet, S., 34-5, 421.
Beauvarlet, G., 169, 173, 284, 296, 323,
523.
— (¥»*), G., 7, 523.
Beaux-Arts (Muse des), 327, 342.
— Voyez Almanachs.
Beaux-Arts (les), revue nouvelle, 95.
BefTroy de Reigny, dit le cousin Jacoues,
358.
Beignets (les), 168.
Beisson (François-Joseph-Étiennc), G.,
120, 134, 139, 300-2, 413.
Bélanger, A., 240.
• Belgique, 87.
Bélisaire, 24, 31, 85, 90, 290.
Beljambe (Pierre), G., 188, 194, 291-2,
452.
Bellamy (Mistress George-Anne), 249,
362.
Belle (M™*), 7.
Belle Fermière (Rôle de la), 495.
Belle Jardinière (la), 300.
Belle-Mère (la), 511, 519.
Bellecour (M"'), ia4.
Bellegarde (M°" de), 315, 460.
Belley, représentant des Colonies, 30.
Bellier (M. Emile), 76, 261, 281.
Bellone, 378.
— (Costume de), 466.
Belloy (le cardinal de), 234.
Bénard, 135.
— G. en bois, 381.
Benedicite (le), 14i.
Bénédiction du Pape, 87.
— Voyez Paternelle.
Benezech (Pierre), ministre de l'Inté-
rieur, 22, 25, 40.
Benoist, G., 181, 200, 453.
Benoît (M.), 360,361,362.
— (Marie-Guilhelmine Le Roux de U
Ville, femme). P., 30, 242, 360-2, 458.
Benwell, P., 230.
Bérard(M.), A., 105.
Berceau, toilette et psyché, 114.
— (le), 168.
Berchoux, 338.
Berger et Bergère des Alpes, 143.
Bei^re tenant des fleurs, 282.
Bergeret, P., 493.
fiergny (le cit.). G., 449.
— (M"»«), éd. d'est., 275.
* Berlin, 405.
Bernadette (le général), 363.
Bernard (Gentil), 102, 301, 346.
— Voyez Art d'aimer et Phrosinc.
— (Juliette). Voyez M»* Récsmier.
Bernardin de Saint-Pierre, ^2, 137,
314, 433.
— Voyez Paul et Virginie.
BERNE. — BONAPARTE.
535
* Berne (Canton de), 147.
Bernier, G. et dess., 51, 409.
Bernoises (Paysannes), 257.
Berquin, 323.
Berruer (M""), 7.
Bertaux (Jacques), P. de batailles, 13,
61,144-5,154.
— Dess., 268.
Berthaud, G., 145.
Berthaut, P., 441,468.
Berthaud (Pierre), G. d'arch., 154,
156, 157.
Berthault ( Pierre Gabriel), G., 58, 59,
60-1, 198, 346, 380, 431, 440, 446.
Berthe, G., 179.
Berthelemy, P., 282.
Berthet, G. et Dess., 323, 324, 345.
Berthier (Le général Alexandre), 28,
409.
Berthôlet, 38, 165.
Berthon, P., 27.
Bertonnier, G., 194, 195.
Bervic (Charles-Clément), G., 15, 126,
127, 279-80, 282, 283, 437.
Bessard (M.), 511.
Bessent, G., 195.
Béthune (le prince de), 223.
Beuchot, 62, 352.
Beugnet, G. en bois, 373-4.
Beurnonville (le général)^ 363.
Beverley (Rôle de), 73.
Beyerlé (M.), 375.
* Beyrouth (Tombeaux sur le chemin
de) 221.
Bible Oa),' 42, 292, 317, 341.
— (le Père de famille lisant la). 502.
503, 507, 511.
Bibliothèque de Tamateur rémois,
422.
Bibliothèques. Voyez Londres, Paris,
Rouen , Turin.
Bidault, P., 13, 22, 131, 296.
— (Jean Pierre Xavier), P., 146, 7.
— ( Joseph), le jeune, P., 146.
Bidet (Femme à son), 222.
Bienaimé, 15, 424.
Bienfaisance (la), 189, 423, 425, 432.
Bienfaiteurs de Thumanité, 426.
Bienheureux (Tète de), 72, 269.
Bijoux, 451.
Billard (Joueurs de), 325.
Billaud-Yarennes, 21, 397.
Billet (M'»«). Voyez Giacomelli.
Binet (Louis), Dess. et G., 295,323-5,
339, 342, 345, 350, 356, 523.
Biographie des contemporains, 361.
— universelle, 357, 405, 501, 510.
Biot, 370.
* Birmingham, 387.
Blanc (Charles), 78, 81, 89, 98, 90,
101, 110, 114, 116, 172, 173, 174!
507, 516, 519, 520. "
Blançay, roman, 352.
Blanchard, aéronaute, 177, 344.
— père, G., 181, 350-1.
— éd., 421.
Blanchisseuse (la), 512.
Blauw, ambassadeur des Payi-Bas.
288
Bligny, G., 527.
— (M"), éd. d*est.,226.
Blin, éd. d'est. 154, 254, 258, 334.
Blondel (François), A., 61.
Blondel (Rôle de), 261.
Blot (Maurice), G., 127, 169, 284-5,
412.
Boby, ou la folle par amour, 239.
Boccace (le Décaméron de), 344, 347.
Boccone(Oh! che),194.
Bœuf à la mode (le), 233.
Boichot (Guillaume), S., 33, 52-3.
Boieldieu, 193.
Boileau (Nicolas), 315.
Boilly (Louis Léopold), P., 11, 13, 32,
60, 190-3, 218, 228, 229, 230, 231,
242, 243, 247, 263, 264, 291, 352,
419, 478, 520.
— (Jules), son fils, lithog., 121.
Bois (Graveurs en), 373-84.
Bois. Voyez Boulogne et Vincennes.
Boiseau, dess., 244, 418.
Boisfremont (de), P., 91, 119,
BoisjoUn, 437.
Boissard (la citoyenne Césanne), 467.
Boissier, dess., 252.
Boissy d'Anglas, 25, 81, 358, 428.
Boiteau (M.Paul), 376.
Boizot (Louis-Simon), S., 9, 1.5, 33,
48-51, 220, 232, 233, 243, 246, 269,
283, 296, 347, 395, 397, 402, 404,
4)6, 408. AiO.
— (Marie-Louise-Adelafde), G., 48,
453, 522.
— le fils, dess., 155.
Boléro (la Danse du), 213, 229, 458.
Bombardement des trônes de TEurope,
484.
Bompard (M.), 511.
Bon Saint-André (Jean), 81.
Bon genre (le), suite de gravures,
208, 214, 489.
Bon larron (Hommage au), 178.
Bon ton (le suprême), recueil de gra-
vures, 490.
— (le suprême), actuel, 208.
Bonaparte, 26, 35, 40, 328, 434, 493.
— (le général) : peinture, 28, 31, 87,
165, 201, 202, 223» 226, 237, 868,
536
BONAPARTE. — BOURTROIS.
. 282. 3G2. 366, 414, 434, 461 ; mé-
daille, 380, 387.
Èonaparte premier Consul ; peinture,
153, iOI, 181, 184, 193, 204, 205,
206, 519, 226, 23:i, 251. 2,'î3, 263,
207 , 260, 27 4, 284. 288, 289, 327, 342,
350, 357. 414, 401 ; m«idaille, 385.
— àArcole, 213,242,383.
7- à Jaffa, 28.
— au dix-huit brumaire, 28, 187, 307,
445.
— à Lonado, 342.
— àMarengo, 28, 303, 357.
— à la Malmaison, 28.
— assimilé au Créateur, 157, 414; h
. Adam, 157.
— (le Triomphe de), 106, 303.
— (la Paix amenant) en France, 290.
— conduit à l'Immortalité, 163.
— Caricatures, 411, 492.
— Voyez Napoléon.
Bonaparte (M»'), 114, 124, 202, 458,
476.
— sculpture, 56.
— Voyez Joséphine.
Bonaparte (Lucien), 102.
Bond (William), P., 458.
Bonheur (le), 87, 426.
— (le vrai). 134,312.
Bonnardot, 60.
Bonnefoy, G., 191,243.
Bonnem'aison, P., 30.
Bonnet de la Liberté, 47, 108, 134, 195,
224, 232, 256, 269, 296, 348, 367,
392, 304-6, 399, 401, 409, 440, 492.
— Voyez Phrygien.
— rouge, 155. 209. 273. 395, 396, 398.
405,418,423,465,467.
— rond h aigrette, 469.
— de femmes, 471, ,S26.
Bonnet (Louis), G., 109, 174, 250, 453,
520, 527.
Bonneville (François), P., éditeur et
G., 61, 205, 233, 241, 243, 335, 342,
346, 364-6, .372, 397, 402, 448, 450,
453, 454, 445.
— (Nicolas de), littérateur, 364.
Bonnier (le citoyen), l'un des plénipo-
tiaires de Ra<(tadr, 286, 437.
Bonrecueil (M"«de), 7.
Bonté (la), 309.
Bonvoisin, 37, 38.
Boquet. P. de pays., 25.
* Bordeaux, 265.
— (Art.i't»s nés à), 200
— Château-Trompette, 68.
Borée et Orithyie, 75.
Borel (Antoine), dess., 282, 322-3,
351, 440.
Borghèse (la princesse \ 474.
Borgnet, G., 317.
Bornet, dess., 344, 347.
Bosio, dess., 15, 27, 206-8, 245, 474.
489. » >
Bosquillon, 206.
Bossange, 305.
Bosse (Abrah:im), G., 203, 496.
Bossuet, 314.
Bossut, 39.
Botanistes, 429.
Bottes, 245.
— sans revers. 475.
— à revers, 193, 2:^0.
Bottines, 478.
Bouchardon (Edme), S., 35. 413.
Bouchardy, P. en minât., 368.
Bouché, P., 27.
Boucher (François), P., 1, 73, 135.167,
168, 174, 247, 316, 342, 453, 49î',
500,514,517,520,521, 522.
Boucher-Desnoyers, G., 280, 363.
Boudier de Villemert, 212.
Boue, 153,223.
Boufflers (Stanislas de), 363.
Bougainville, 372.
Bouillard (J.), 75.
Bouillon, P.. 227, 284, 299, 44S.
Bouillotte (la), 208.
Bouliar (la citoyenne). P., 25,456.
Boullard (M»«),269.
* Boulogne-sur-Mer, 482.
— (Flotillede), 87.
— (Miracle de), 482.
Boulogne (Bois de), 181.
— (la Rencontre au bois de), 312.
Bounieu, P., 300.
Bouquet (Jeune homme offrant un ,
171.
Bouauetière (la), 168.
— Voyez Glycère.
Bouquets (les), 183.
Bouquinistes (les). 326.
Bourbon (Histoire de la maison de), 281,
323.
Bourdaloue, ruban de chapoAu, 46i
Bourdon (Léonard), 371, 432.
Bourgeois, dess., 61.
— G., 337,363.
— P. de paysages, 13.
Bourgeoises, 514.
— (Scènes), 500, 508.
• Bourgogne, 110.
— (ÈUtsde), 93, 04,95.
Bourgoin (M«»«), 195.
Bourjos, dess., 430.
Bourreau (le), 486, 487.
Bourse pour les cheveux, 463.
Bourtrois (Philibert), G., 479.
BODTELOUP. — CALEÇON.
537
Bouteloup, G., 57, 461.
Bouton de rose, 297.
Boutons d'habits, 256. 258, 418, 451.
— de nacre, 183.
Bovinet (Edme), G., 161, 206. 316,
325, 342-3, 364.
Boyer de Fons-Colombe (M.), 507.
Boyer de Nimes, 482, 485.
Boyer-Fonfrède (M.), 23, 74.
Boze, P., 301.
Bralle, P., 119.
Bra?es f Les quatre), 376.
Bréant ( La marquise de), P., 255.
Brebis, 324.
Bréguet, 30.
Brenet, 88.
• Brescia, 257. '
• Bretagne, 264, 448.
— Artistes nés en, 319.
Bretelles, 463.
Breteuil (M. de), 135, 526.
— ( la vicomtesse de ), 370.
Breton (M«), éd. d'est., 232.
Brevets d'invention, 219.
Briceau (M«»«), P. du Roi et G.. 265.
— (Angélique), femme Allais, G., 265,
441.
Bridan fils, 34.
Brière, libraire, 507.
Brigands couronnés (Coalition des),
484.
• Brignolles, 259.
Brion deLaTonr (Louis),le fils, dess.,
234-6, 248, 266, 318.
Briquet (Fortunée B.), 330, 458.
Brise-Scellé, 488.
Brissot, 123, 3i8, 483.
— au Tribunal révolutionnaire, 442.
Brizard, l'acteur, 164. 277, 360.
Broc, P., 27. 106, 480.
Brocanteur de tableaux, 178.
Brodequins, 469, 472.
Broder (Art de), 232.
nrodeu»e(la). 203.
Brongniart (M"«), 27, 89, 450.
Brookshaw, G., 524.
Brouette (la), 174.
Hrouille(la), 222.
Bruandet, P., 11.
• Bruges, 20.
Brûlé ( le Corps du représentant Beau-
vais) à Montpellier, 423,
Brunck, 39.
Brune (la jeune). 129.
Brunct (Jean- Jacques-Charles). 302.
Brutus (Lucius-Junius), fondateur de
la République romaine, 245, 252.
— (Buste de,), 19.
— condamnant ses fils, 130.
Brutus (les Licteurs rapportant à) les
corps de ses fils, 7, 10, 391.
— (le Corps de) ramené à Rome par
les chevaliers, 17, 18, 88, 100.
— (Translation du corps de), 54-5.
Brutus (Marins Junius), neveu de Ca-
ton, et l'un des assassins de César,
81, 130, 131, 211,222, 227, 265, 284,
376.
— Buste, 436.
— Médaille, 387, 396.
-^ juratit la mort de César, sculpture,
58.
— Tragédie, 468.
Bruun-Neergard (T.-C), 43, 85. 88, 89,
90, 95, 105, 110, 160, 173, 192, 205,
220, 226, 282, 200, 361, 520.
• Bruxelles, 238, 369, 495, 503.
Bûches, 492.
Bûchez et Roux, 424, 125, 455, 466.
Bufl-on, 71,320, 356,514.
Buisson, libraire, 50i.
Bulletin des Lois, 382, 397, 410, 478.
Burger (William), 515.
Burin ( Graveurs au), 276-304.
Butterbrodt, 146.
Buzot, 294.
Ça a été, 191.
Ça ira, ICI.
Cabanis, 26.
Cabarrus (M"«) Thérèse. Voyez M"«Tal-
lien.
Cabinet du Roi, 490.
— Voyez Modes.
Cabriolet, 243.
Cabrol (la citoyenne), 388.
Cache-cache (le), 2o7.
Cachemire (Chàle de), 475.
Cachette découverte (la), 351.
Cadeau (le), 191, 243.
Cadenettes, 470, 485.
Cadet-Buteux, 2.^.
Caducée, 380, 383.
* Caen, 229.
Cage ouverte (la), 350.
Cagliostro, 23i, 266, 285, 365.
Cagnotte, 83.
Caillot, l'acteur, 16i.
I Cain (Fuite de), 246.
* Caire, 237.
Caisse des comptes courants, 385.
* Calais, 282.
— Ile Siège de), 282.
— (la Reprise de), sculpt., 58.
Calcographie. Voyez Annales, Paris
(Louvre), Pommcrcul.
Caleçon, 472.
&38
CALENDRIER. —CASSAS.
Calendrier républicaiD, 129, 184, 185,
392-4, 422.
— deran U, 272, 321.
Calendriers, 393-4.
Calisto. Voyez Diane.
Callamard, 34, 41.
Callet, P., 28, 164, 238, 279.
Callimaaue, 56.
Callirhoe. Voyez Corrésus.
Callot (Jacques), G., 152, 153, 154.
* Calvados (département du), 348.
Cambacérès, second Consul, 263, 274,
342, 460.
Cambon, 123, 452, 492.
— fils aîné, 227.
* Cambrai, 473.
Cambys^, 253.
Camée, 216, 255, 300, 370, 46i.
Camées, 268.
>- (Bandelettes de), 458, 476.
Camelot de laine moiré, 493.
Camillus (Marcus F urius), 17.
Camisole, 207.
Camligne, 312.
Campagne (Travaux de la), 425.
Campagnes : d'Allemagne (1805), 57.
— d'Italie, 202, 343, 357.
— des Français, 379.
— Voyez Wellington.
Campan (Bosquets de M™*), 204.
— Ses Mémoires, 466.
Campana (Maria), P., 133.
Camper (Pierre), naturaliste., 22i, 294.
Campion (les frères), éd., 179, 261.
Voyez Lecampion.
Campion de Tersan, G., 149.
* Campo-Formio, 431.
Camuccini (Vincenzo), P., 409.
Camus (Armand -Gaston), 227, 366,
380, 388, 492.
Canadiens au tombeau de leur en-
fant, 70.
Canal (le), 186.
Canapé, 196.
Canards, 62, 383.
Candeille (la citovenne Julie), 30, 159,
292, 405, 454, 495.
Cange (Joseph), commissionnaire de la
Force, 26, 292, 452.
Cannes courtes et plombées, 470.
Cannet (M"«), 518.
Canonnier à sa pièce, 380.
Canons, 135, 392, 398, 424, 425.
Canova, S., 97, 98, 258, 459.
Cantates, 437.
— Voyez Hymnes.
Cantons, 425.
Canu (Jean-Dom.-Ét), G.> 181, 240,
355,450.
Capet (Louis). Voyex Enfers et LauisXVl.
Capet (Mil*), p, en miniat., 30, 281,
360.
Capitans, 202, 496.
Caracalla au lit de mort de Septime
Sévère, 512.
— Voyez Coiffures.
Caracos, 463.
— en rideau à trois gansea, 465.
Caraffe (Armand), P., 17, 24, 32, 108,
122-5, 299, 300, 352, 353, 407.
Carbutt, G., 524.
* Carcassonne (Artistes nés à), 142.
— (École de dessin de), 143.
— (Musée de), 144.
Cardon, G., 190.
Caresme (Jacques-Philippe), P., 17&-6,
224, 225, 250, 282, 335.
Caricature (l'art de la), 481 , 483, 486,
488
Caricatures, 62, 63, 103, 140, 158, 159,
178, 179, 250, 273-4, 2Ô&, 336, 343,
349, 350, 351, 364, 411, 433, 4G6,
470, 481-96, 519.
Carlin (l'Education de), 57.
Carmagnole, 192, 382, 419, 465.
Carmen seculare, 436.
Carmontelle, dess., 65, 2M, 342, 343.
Carnaval (le), 326.
— (le) de Jupiter, 63.
Carnot, 21, 123, 379, 409.
Carpentier (L.), G., 248.
— (M. Paul), P., 418.
* Carpentras, 22.
— (Artistes nés à), 146.
Carquois de l'Amour, 327. .
Carrache, P., 94, 136, 201.
— (Augustin), 340.
— (Louis), P., 219.
Carrée (Antoine), G., 72, 164, 180, 230,
269, 468.
Carron (l'abbé), 59.
Carrosses, 201.
Cars (Laurent), G., 348, 521, 523.
Cartelier (Pierre), S., 2, 15, 34, 36,
408, 479.
Cartes à jouer républicaines, 376-7,
409.
— (Essais de) sous l'Empire, 376, 387.
— (les), 190.
Cartes de citoyen, 334.
Cartomancie (ta), 376.
Casanova (François), P., 65, 244, 335.
Casenave, G., 72.
Casimir Jaune, 475.
Casque de Minerve, 395, 402.
— grec, 467.
Cassai (Félix), 174.
. Cassas (Voyage de), 61, 221, 336.
I
CASSIA. — CHARLES IV.
530
i^ famille romaine, 400.
I, G., 199.
-Blaze, 430.
las (Adélaide-Marie-Anne), 48.
r et Poliux, 214.
(Charles-Simon), musicien, 430.
lin ( J.ouis^acques), G., 319, 355-6,
453
rine de Russie, 288, 301, 484.
licisme, 434.
na (Conspiration de), 25i.
an, 4C3, 405, 477.
d'Utique, 131, 376.
!S révolutionnaires, 180.
ier, 203, 336.
glais, 203.
s (le comte de), 149, 394, 399,
ave. G., 129.
! et Julien, romance, 188.
a, 233.
du Liban, 399.
ois de), 493.
[lîv. pour les hommes, 469.
-dessous du sein pour les femmes,
, 472.
yez Grâces, Victime,
uron (Plaque de), 397.
naire (Portrait a'un), 4il.
me de Tan IV, 385, 459.
irion des élèves du camp de Mars,
. *
lie (le berger], sculpture, 35.
de vigne, 184.
lonies nationales (Surveillance
), 419.
, 109, 110, 120, 287.
, Vengeance de), 99,120.
îs (les), 186, 230.
;,155.
1 ou Cernelle (la citoyenne). G.,
, 262.
cchi, 155.
ni (le général), 208.
, 58, 197.
ort de), 394.
(Combat du), 11.
)t, député, 365, 368, 449, 483.
in (le), 134, 301.
ou (Elisabeth), G., 174, 295.
ss., 339, 340.
es (Entre deux), le cul par terre,
•
wrteurs, 177.
)graphie, 40. Voyez Paris (Louvre.)
, 475, 476.
rin. A., 430.
nr (Joseph), 81, 176, 224-5, 226,
, 246, 265, 272, 321, 382, 460.
Chalier (Joseph), sculpture, 34, 224, 385.
Challamel (M. Augustin), 4, 183, 395,
401, 405, 406, 410, 433, 434, 466,
482, 483, 484, 492.
Challe, P. Voyez Schalle.
* Ch&lons-sur-Saône, 52.
— (Artistes nés à), 149.
Chambre (Voyage autour de ma), 350.
Chambrières, 500.
Chameaux, 435.
Chameroy (M»*), 490.
Chamfort, 8, 440.
Champ de repos, 278, 308, 423.
Champagny, 454.
Champion de Cernel (M"*" Louise-Su-
zanne), G., 258.
Champs-Elysées, 309, 310.
Chanoinesses. Voyez Maubeuge.
Chansonnier (Le petit), 317.
— patriote, 401.
Chansons, 417.
Chant du départ, 432.
Chapeau employé comme emblème,396.
Chapeaux d'hommes :
— rond, 250.
— à grands bords, 250, 325.
— rond à la Jockey, 183, 463, 466.
— à panaches, 288.
— à trois cornes à TAndrosmane, 183,
463.
— en bateau, 478.
— claque, 141.
— Voyez Bourdaloue et Tricorne.
Chapeaux de femmes :
— de feutre noir, 464.
— rond, 464.
— Spencer, 474.
— à la Glaneuse, 245, 475.
— à la Liberté, 475.
— ridicule, 110.
Chapelets, 486.
— (Le Donneur de), 283.
Chapiteaux, 66.
Chaponnier (Alexandre), G., 130, 174,
190, 191,208,242.
Chappe, 409.
Chaptal, ministre de Tintérieur, 40.
Chapuy, G., 50, 164, 234, 402, 468.
-- (J.-B.), G., 265-7.
Charbon (Porteurs de), 320.
Charbonnier (Jour de barbe d'un), 203.
Chardin (Jean-Baptiste-Siméon), P., 1,
500, 513, 515, 517.
Charette de la Contrie, général ven-
déen, 288, 365.
Charité (la), 88, 383.
—- (la) chrétienne, 403.
Cliariemagne (A.), 476.
Charies IV, roi d'Espagne, 233.
5i0
CHARLES-QUINT. — CHRIST.
Charles-Quint, 306.
Charles VII, 303, 376.
Charles IX, 445.
— tragédie, 45, 322.
Charles , aiéronaute et professeur de
physlqne, 254, 335, 345, 360.
Charlier, miniaturiste, 250.
Charlotte et Werther, 275.
— au tombeau de Werther, 429.
Charmille, 193.
Charpentier, G., 469, 520.
— libraire, 132,138.
Charrue (la), 392, 398.
Chars de fêtes, 80-4, 34 i, 431, 435-6,
438.
— Voyez Courses, Victoires, Triomphes.
Charton (Louis), manufacturier, 448.
* Chartres (Artistes nés à), 254.
— (Foire des barricades à), 254.
— Statues de la Cathédrale, 401, 404.
— Vues, 256.
*— Voyez Orléans (duc d').
Chasse dans le genre anglais, 200, 201 .
Chassonerie, cartier, 376.
Chat, emblème de la Liberté, 108, 296,
399, 403.
— (Enfants jouant avec un), 57, 117,
170.
Chats (les) de Rousseau, 67.
Châtaignier (Alexis), G., 160-2, 414,
478.
— (Amélie), G., 162.
Chateaubriand (M. de). Voyez Atala,
Génie du Christianisme, René.
* ChâteAuneuf (Vues de), 256.
Chilteauvieux (Soldats suisses de). Voyez
Fêtes.
Châteaux et maisons royales, 258.
Châtelain, G., 174.
Châtelet (Le duc du) sauvé par le peu-
ple. 255.
Châtelet, juré au trib. révol., 59, 155.
Chaudet (Antoine-Denis), S., 9, 15,17,
20, 32, 3i, 35, 36, 55-7, 282, 288,
291, 298, 410, 412, 479.
— (M™«), P., 25, 30, 57, 106, 281.
Chaumette, 404, 420, 425.
* Chaumont (Artistes nés à), 342.
Chaussard : Pausanias français, 23, 74,
82, 83, 171, 210, 337, 340; Fêtes et
courtisanes de la Grèce, 211, 351.
Chausses â pied, 409.
— pour les femmes, 474.
Chaussier (le comte), médecin, 69.
Chaussure. Voyez Bagues, Bottines,
Brodequins, Sabots, Semelle, Sou-
liers.
Chemin-Dupontès (Jean-Baptiste), 413.
Cheminées, 451.
Chemise, 476.
— à la prêtresse, 474.
— Voyez Robes.
— (ma) brûle, 230.
Chenard, chanteur, 125, 448, 492,419,
424, 465.
Chêne, 195,379, 392,398.
— fédératif, 398.
— (Couronne de), 130, 264, 395, 400,
403, 404, 436, 451.
— (Rameaux de), 264, 365, 403, 465.
Chénier (André), 24, 79, 107, 198, 403,
479.
Chénier (Marie-Joseph), 4, 26, 39, 4o,
275, 321, 322, 417, 419, 425, 429,
430,436, 494.
— portraits, 25, 81, 358, 365.
— buste, 461. .
Chennevi^res(M. de), 40,89,143,450,
506, 512.
Chenu (Victoire), G., 144.
♦Cherbourg (Décret sur le port de),205.
— (Marché de), 159.
Chércau, éd. d'estampes, 45, 272-3, 374,
402, 427, 440, 448, 449, 474.
Chéron, chanteur, 436, 468.
Chérubini, 14,430.
Chéry, P., 10, 19, 22, 65, 67, 74, 77,
88, 98, 138, 146, 447, 252, 269, 273,
354. 358, 359, 360, 413, 468.
Cheval de trait, 388.
Chevaux (Études de), 445, 200, 201,
232.
— (la Course de), 312.
— Voyez Marlv.
Cheviilet, G., 177,524.
* Chezal-Benoît (Abbaye de), 503.
* Chezy-rAbbaye,152.
Chicane (l'Hydre de la), 180.
Chien, 379.
— (Enfant sur un), 170.
— Caricatures, 65, 494.
Chimère (la), 62-3, 64.
Chinard, S., .34, 35.
Chiquenaude du peuple (la), 411.
Chit,chit, 189.
Chloé. Voyez Daphnis.
Chodowiecki, G., 215, 286.
Choffart (Pierre -Phi lippe), G., 203,
203, 306, 307, 319, 326-8, 342, 407,
408.
Choiseul (M. de), 154, 507.
— (Cabinet), 344.
Chrétien (Gilles-Louis), inventeur du
physionotrace, 19, .367-8, 449.
Chrétienne (Esthétique), 4^1.
Christ en croix, 118.
— Ego stultus proptcr Christum , 482.
— .Voyez Jésus.
CHRISTINE. — COMBEROUSSE.
541
Christine, reine de Suède, 287.
Chronique de Paris, 455.
Cidaris, coiffure antique, 395.
Cigogne, 327, 412.
Cimetières. Voyez Champ de repos et
Croix.
Cimon retirant de la prison le corps
de Miltiade, 139.
Cincinnatus, peinture, 67.
— statue, 50.
Cinna, 197.
Cinq et six octobre, 175.
Cippe, 378,
Cipriani, P., 228.
Cire (Sculpture en), 18-20, 366, 420,
421, 451.
Cisalpine. Voyez République.
Citoyen français (Habit du) dans Tin-
térieur, 469.
— (Habit civil du), 469.
— Voyez Cartes.
Citoyen (Au premier), 268.
Civilologie portative, 163.
Clairon (M'I"), 225, 457.
Clairval, l'acteur, 164, 261.
Clairville, auteur dramatique, 199.
Claude (Tempereur), 400.
Clavareau , dess., 299, 342.
Clavière, 335.
Clément XIU, 98.
Clément, G., 49, 193.
— (A.). G., 60.
— • (M"«), née Hémery, 472.
Clément de Ris (M.), 40, 140, 177.
Cléomënes, S. grec, ÂQ.
Cléop&tre, 29, 504.
— (Mort de), 127.
Clerc de procureur (Toilette d'un), 203.
Clergé, 484.
— (Déménagement du), 482.
— Voyez Assemblées.
Clermont d'Amboise ( M** de^, 135.
Clinchsted, P. en min., 204.
Clio, statue, 435.
Clodion (Claude Michel, dit). S., 9, 33.
Cloots ( Anacharsis ), 370, 449.
Clovis (Vœu de),. 268.
Club révolutionnaire des Arts, 20, 100.
— (le) de salon, 487, 491.
— (le) de Clichy; Voyez Paris.
* Cluny, 92.
— (Artistes nés à), 91.
Coalisées ( Tordre et la marche dvs
puissances), 350.
Coalition (la), 134, 484.
• Coblentz. Voyez Paris (Boulevards).
Cocarde nationale (la), 192, 231, 355,
392 , 464.
— portée obligatoirement, 471.
Cochin (Charles-Nicolas)s le fils, dess. n
G., 65, 258 , 280, 284, 289, 295, 290,
308, 309, 319, 326, 320, 330, 332, 335,
342, 344, 356, 371 , 404, 406, 408, 522.
Cochons (la Famille des) ramenés à
rétable, 484.
Goclès (Horatius), 376.
Cœur (le), 246.
Cœur-Joli (Le citoyen du), 236.
Cœurs, 180, 246, 398, 403, 404.
CoiflTures des hommes , 193 , 463 , 464 ,
466, 470.
— Frisure à marteaux, 120.
— à la grecque, 183.
— à la Lan tin, 477.
— à la Titus, 454, 458, 464, 475.
— à la Panurge, 183.
Coiffures des femmes, 266, 368, 456,
463, 464, 465, 479.
— à la Conseillère, 183.
— en frégate , 206.
— en labyrinthe, 266.
— échafaudées, 326.
— aux charmes de la Liberté, 266.
— à l'espoir, 266.
— à TAapasie, 475.
— à la Caracalla , 474.
— à la Titus, 454, 458, 464, 475, 477.
- en perruque, 458.
— en bandeau, 361.
— à l'anglaise, 282.
Coiffures. Voyez Bourse, Cadenettes,
Catogan, Faces nattées. Marmotte,
Passion, Peignes, Perruques, Queue,
Toupets, Tresses.
Coins (les quatre), 207.
Coiny T Jacques-Joseph), G., 162, 198,
245, 257, 340, 413.
Coiardeau , 206.
Coldoré, G. en méd., 384.
Colibert (Nicolas), G., 51, 244-5, 418.
Colin d'Harleville, 39, 225.
Colin-Maillard (le), 207,214,260.
Collerette, 370.
Collets (Grands), 478.
Collier (Affaire du), 273.
Collot-d'Herbois, 21, 181, 448.
♦ Colmar, 286.
Colombe (Enfant tenant une), 112.
Colombes, 327, 412.
— (les), 187.
Colombine, 194.
Colonne, emblème do la Constitution ,
133.
Colonnes. Voyez Paris.
— d»'partementftles, 66, 105-6.
Colporteurs, 492.
Colson,13, 25, 456.
Comberoosse (M. de), 246, ,
542
COMÉDIE. — COPIA.
Comédie Ha), 233, 258, 332.
Comète (VôDus, ou la prétendue), 345.
Comité révolutionnaire i Intérieur d*un),
198, 199, 487.
Comités révolutionnaires, 243.
— d'inspection, 334.
— d'instruction publique, 16, 38, 100,
277, 409, 4-24, 428, 429.
— de législation, 378.
— de saiut public, 20, 34, 79, 80, 176,
408,409,410.
Commandements (les dix) de la Répu-
blique française, 180, 245.
Commerce (le), 23, 81, 327, 328, 342,
385.
— (Génie du), 376.
— (Temple du), 437.
Commissaire civil des enterrements,
423.
Commission de Tinstruction publique,
24.
— temporaire des arts, 38.
Commune (la). Voyez Paris.
Commune-AlTranchie (Lyon), 421.
Commune des Arts, 15, 327.
— générale des Arts, 12.
Compagnie, G., 364.
Compagnie des Indes (Affaire de la),361 .
Compas (le), 302, 398.
Compliment (le), 182.
Concert (le), 260, 333.
— de société, 181,214,351.
— hollandais, 188.
Conclamation , 429.
Concordat (Hatidcation du), 142.
Concorde (la), 432.
— sculpture, 123.
— (Temple de la), 437.
Concordia, 412.
Concours de l'an II et de l'an III, 17-
18, 20-22, 282. — Jurys de l'an II,
17, 34, 52, 122, 212, 223; de l'an lU,
. 48, 51, 52, 101, 123, 138, 146, 147,
170,171,201,387,411.
— de l'an IV, 8», 123.
— de l'an IX, 105.
— décennal , 280.
— pour le côbtume, 467.
— de têtes d'expression, 522.
Condé (le grand;, 57, 95.
— (le Prince de), 58, 483.
Condorcet, 26, 198, 335.
— (M™* de), 26, 229, 458, 465.
Confédération des trois départements
du Nord, 178.
Conflance (la), 123.
— (la) relève le commerce, 385.
Confiseurs (Imagerie de), 103, 114,
162, 407.
Congé absolu, 203, 336.
Conjugal (le Serment), 430.
— (la Leçon d'amour), 101.
Conjugale (Correction), 134.
— (laFoi), 35, 426.
Consalvi ( le cardinal ), 142.
Conseil d'État, 388.
Conseil des Anciens, 202, 378, 437,478,
489, 492. .
Conseil des Cinq-Cents, 40, 334, 397,
432, 437, 445, 478, 489, 492, 4M.
Conseillers d'Éut, 162.
Constant (Benjamin), 454.
Constantin, P., 102, 119.
Constantine, lionne, 174.
*• Constantinople, 484.
— (Voyage de), 153.
Constitution française (la), 76, 87, 10!,
108, 120, 272, 303, 307, 319, 331,
396, 399.
— ( Acceptation de la) par Louis XVI,
313, 414, 426.
— de' 1793, 327, 375, 409, 411,412,
414.
— de* l'an II, 478.
— de l'an DI, 219, 246, 321, 327, 342,
378,430,436,491.
— lue au peuple le 1*^*^ vendémiairÊ
an IV, 444.
— de l'an VJII, 303, 383, 415.
— Voyez Liberté.
Consulat (le), caricature, 492.
Consuls (les trois), 128, 162.
— Voyez Bonaparte, Cambacérès, Le-
brun.
Contât (M««), 164, 179, 250,754,468,
495.
Contemporaines (les), 324.
Contes moraux de Marmontel , 373.
Continent (le), 386.
Contraste (le), 73, 480.
Contrat (le), 168, 285.
Convois funèbres, 278, 423.
Convention (la). H, 16, 17, 20, 34, 30,
37,39,79, l60, 140, 161, 176, ^
25(i, 264, 202, 334, 3(54, 372, 375,
392, 393, 409, 414 , 423, 424, 425,
427, 428, 429, 430, 442.
— Médaille, 133.
-- (Carte d'entrée à la), 256.
— (Point de), 229.
— Voyez Almanachs.
Copia'(Louis), G., 70, 78, 79,85,99,
101, 103, 104, 119-20, 148, 189, m
194, 195, 196, 198, 191), 216-9, 221,
290, 337, 396, 402, 413, 419, 449,
451, 492.
— (la citoyenne), 99, 110, 218.
-.(M""), 99.
COQ. — CRÉPY.
543
378, 383, 389, 395, 399, 403.
Lulois, 160, 195.
eret (Pierre -Charles), G., iSO,
K 363, 444.
ette (la) et ses filles, 187.
etterie(ta),375.
éttes (les), 203.
ly d^Arinans (Marie-An ne-Char-
te), 136, 145, 156, 224, 235, 246,
I, 320, 365, 454, 455, 465.
me, 55, 454.
inthe, 460.
lan et Véturie, 277.
3 d*abondance, 410.
Bdecerf (M*"*^), 7.
eilJe (Pierre), 305.
)yez Uinna, Horace, Polyeucte.
Hie, mère des Gracques, 24, 70,
207, 277.
3S de fruit!i, 403.
u, dess., 260.
i législatif, 257, 269, 436, 445.
^ortraits des membres du), 371.
Aédaille du), 386.
i de baleine, 191, 467, 479.
i sans tête (Appel au diable pour
), 349, 486.
ige (le). P., 97, 110, 116, 137,
\, 286.
ispondance furtive (la), 186.
>yez Dames,
sus et Callirboé, 166.
tge, 368.
'asé, 484.
ivert, 370.
double ganse, 224.
jour, 362.
îts, 191, 324.
tne (Piètre de). P., 94, 95, 166.
\ (Le comte de), 75.
ime, 400, 464-80.
itioual, 80, 256, 329, 467, 469-70.
fonument du) physique et moral,
publicain, 469.
} femme pour le printemps, 68.
imes, 161, 183, 204, 256, 206, 345,
f, 374, 453, 457.
$ r antiquité, 212, 249.
publicains, 150, 151, 345.
! Tan VI et de l'an VU, 474.
Sciels, 161-2, 478.
ilitaires français, 345.
)yez Autoritéis, Citoyen, Repré-
tant. Rois.
ay (Richard), P., 234.
urnes, 475.
)yez Souliers.
a (M-»), 26.
Couché (J.), G., 129, 175, 276.
Coucher ( le ), 190.
Couleur (Égalités de), 376, 377.
Couleurs, 463, 464.
— bleu, 475.
— bleu de roi , 464.
— écarlate, 183, 519.
— foncées, 463, 466.
— jaune, 475.
— nacarat, 464, 475.
— nankin , 244, 475.
— puce, 475.
— queue de serin, 183.
— rose, 244, 466, 474.
— rouge. Voyez Bonnet.
— violet, 262.
— Voyez Nationales.
— (Graveurs au lavis et en), 249-75.
Couperin, 368.
Coupigny, 430.
Coupin, 79,81,85,149.
Courage (le), 426.
— héroïque, 423.
Courchamp (M. de), 377.
Couriguer, S. en cire, 19, 366.
Courlande (la duchesse de), 206.
Couronne, 53, 54, 55, 75, 180, 195.
— civique, 398.
— royale, 492.
— (rembarras d'une), 504.
— Voyez Chêne, Laurier, Roses, Im-
moi-telles.
Cours public d'antiquités, 40.
Courses de chars, 201.
— de chevaux, 201.
— du matin (les), 186.
Court de Gebelin, 8.
Courtisanes de Tau II, 189.
Cousin (Jean), P., 73.
— (le petit Jean), 232.
Coussin , servant aux femmes de vertu-
gadin, 464.
Coustou (les), S., 35.
Couthon, 14, 21 , 123, 227, 358, 371 ,
446.
Coypel,P., 63, 347.
Cranach (Lucas), P., 268.
Crapelet, imp., 319.
Cravates en nœud soufflé, 471.
— hautes, 478.
Création (la), 61, 265, 414.
— de rhomme, 153, 157.
Crébillon (Prosper Jolyot de), 139.
— le fils, 316.
Credo de Voltaire, 267.
Crémation (Exemple de), 423.
Crépi n (Louis -Philippe), peintre de
marines, 31.
Crépy, édit., 397, 440,482.
544
CRÊQ13Y. -^ DAVID.
Ci^qny (Souvenirs de la marquise de),
377.
Creutz. Voyez Curtins.
Crime ( la Justice et la Vengeance
divines poursuivant le), 113-4, 117,
121,220.
Crimes. Voyez Empereurs, Papes, Rois,
Reines.
Criminel (le) vis-à-vis de lui-mème,124.
Crinoline, 464.
Crispin (Rôle de), 164, 250.
Critique (la), 493.
Critiquent (Beaucoup vous), mais peu
vous imitent, 207, 245.
Croisier (Marie-Aune), G., 347-8, 330,
427
Croix \ 269, 506, 520.
— des cimetières, 423:
Cromwell, 396.
• Crotone. Vo^ez Zeuxis.
Croyables ( les ), 229, 230, 382.
Croze-Magnan , 340.
Cruche cassée (la), 182, 187, 512, 518,
522.
Cruel (le) rit des pleurs qu*il fait
verser, 99, 110.
Cuirasse, 467.
Cuivre. Voyez Sous.
Culotte courte, 262, 463, 465.
— collante, 230.
— longue, 471.
— à Tanglaise, 478.
— queue de serin, 183, 184.
Culs postiches, 324.
Culte (Morale des défenseurs du) de
nos pères, 383.
— révolutionnaire, 391-415, 425-6,
429, 434.
— décadaire, 259. Voyez Décadaires.
— (Libertés de), 376.
— (Rétablissement du), 31-2, 385,
434,493.
Cupidon tambour-major, 408.
Curé patriote (le), 348.
Curieuse (la), 297.
Curieux de la Nature (Académie des),
135.
Curtiùs, 308, 420.
— (Cabinet des figures de cire de), 19,
210 321.
Custine rie général), 274, 286, 449.
Cybèle, 322.
Cygne, 129. Voyez Léda.
Cyparisse, 296.
— Statue, 35, 56, 479. Voyez Apollon.
Cyprès, 423, 429.
Cythère (Voyage à), 188, 300.
— (la nouvelle), 340.
Cytise (le), 399.
D
D*** (Simon), G., 478.
D*** (G.), P., 492.
Dagoumer, ami de Prudhon, 96.
Daguet, fabricant de papiers peints,
375.
Daleyrac (Nicolas), 234, 362.
Dame (la) bienfaisante, 511, 522.
— (laide charité, 523.
Dames (la Correspondance des), 262,
475, 477.
— (les) nationales, 324.
Danaé, 27, 28, 52, 159, 242, 256, 495.
Dandré-Bardon, P., 138.
Daniel (le Prophète), 88.
Danloux, P., 233, 291, 299.
Dannel, G., 522.
Danois (Lettres d*un). Voyez Bruun
Neergaard.
Danse (la), 58.
— poème, 338.
— (Attitudes de), 134.
,- (la Manie de la), 186.
— (Vive la), 348.
— Voyez Boléro, Gavotte, Menuet,
Trénis, Valse.
Danseurs de Pompéii, 294.
Dante, voyez Béatrix.
Danton, 425, 452, 465.
Danzel, G., 169.
Daphnis et Chloé, 25, 90, 102, 220,
281, 512.
Daquin, 9, 10.
Darcis (Louis), G., 49, 50, 51, 130, 201.
202, 205, 222-3, 229, 230, 299. 402.
406, 489.
— (M™"), 205.
Dardel
irdel (Robert-Guillaume), S.
57-8, 223, 231.
20
(M"«), G., 58.
Darlet, voyez Arlet et Harlai.
Darruder (le jeune), 145, 269.
Daru (le comte), 430.
Darvy, dess^, 320.
Daubenton, 195.
Daubermenil, 433.
Dauberteuil, 468.
Dauberval, danseur, 342.
Daunou, 39, 436.
Dauphin (le). Voyez Louis.
Dauphiue (la), belle tille de Louis X^^'
517.
— (la). Voyez Marie-Antoinette.
David (François-Anne), G., 302-3, 37 *,
441, 469.
David (Jacques-Louis), P., 3, 7, 10-1,
11, li, 13, 18, 20, 24, 27, 28, 29,
30, 31, 32, 34, 39, 42, 43, 46, 54, bS,
DAVID. — DÊPAATEMENTS.
71, 72, 73, 74, 75, 70-85, 86, 88, 90,
91. W5, i02, 106, 107, 111, 115, 118,
119, 1^22, 123, 125, 127, 130, 137,
138, 139, 140, 149, 150, 170, 197,
2IK), 293, 206, 207, 209, 210, 211,
213, 217, 219, 225, 251, 280, 288,
289, 2'.K), 291, 3U3, 306, 315, 319,
336, 337, 31M), 3r.l, 365, 376, 387,
397, 407, 410, 417, 418, 421, 424,
426, 428, 441, 451, 459, 460, 461,
468, 477, 479, 489, 520.
David (Madame), femme du peintre,
83,369.
— (M. Joseph), 133.
David d'Ançers, S., 103.
Davrigny, 429.
Daziiicoiirt (Albouy), 234.
Débats (Journal des), 519.
Debret, P., 27.
Debry (Jean), député, 25, 437.
Debucourt (Philippe-Louis), dess. et
G., 7, 45, 121, 160, 182-V, 201, 203,
212, 231, 249, 393, 402, 403, 449,
474, 475, 478, 520.
Debure, 305.
Décadaires (Fêtes), 321, 426, 432.
— (Temples), 189, 432.
Décade (l^mblëmes des jours de la),
392, 393.
Décade philosophique (la), 120, IW,
201, 235, 265, 427, 470-1, 471-2,
489,493.
Décennaux (Voyez Concours et Prix).
Décime de l'an IV, 385, 459.
Décimes (Pièce de cinq), 407.
Decius Mus, 376.
Decker, G., 257.
— (L.), libraire, 286.
Déclaration (la), 174, 231.
Décorations de théâtre, 61.
Décret (Ah ! le bon), 273.
Dédale, 394.
— et Icare, 300.
Défends-moi, 191.
Defer, expert, 135.
— lib., 305, 317, 319.
Defer-Maisonneuve, lib., 332.
Defi*aine (Jean-Florent), dess. et G.,
152, 2U8-9, 268, 464.
Deghendt, G., 306.
Degouy, G., 243.
Deiabin (Collection), 162, 297, 372,
Déjauire (Knlôvomcnt de), 280.
Déjeuner (le), 174.
Delacroix, 281.
— (M. Eugène), P., 92, 110.
De lAfosae, dess., 271. «
Del&tre, cartier, 376.
545
Delaulne (Etienne), 384.
De Launay (M.), gouverneur de la Bas-
tille, 180, 270.
Delaunay, G., 211, 240, 312, 316, 319,
330, 331. » » ,
— (Nicolas) rainé,G.,164, 109,172,316.
— (Robert) le jeune. G., 169, 202, 201^,
212,322,351. ' '
— de Bayeux, dess., 401.
Delécluze (M. Étienne-Jean), 3, 77, 78
80, 83, 86, 88, 107, 127, 140, 460,'
477,495.
Delignon, G., 71, 212, 312, 310, 310,
320 338.
Delillè (L'abbé), 39, 221, 202, 281, 283,'
288, 315, 319, 335, 370, 460, 493.
— (M>'«), 490.
Delisle, naturaliste, 165.
De Lonois, fournisseur, 105.
Déluge (Scènes du), 11, 28, 114, 126.
— sculpture, 33.
Delvaux (Rerai-Henri- Joseph), G., 130.
316, 319, 344. *- ^> ' »
De Machy le fils, P., 13, 64, 250, 269,
446.
Demarne, P., 11, 13, 237, 268.
Deniarteau, G., 169, 174.
— (M""), 7.
Demartrais, dess., 187.
Dembrun, G., 71, 202, 309, 312, 316,
319,320,337.
Demerville, 155.
Démétri us-Poliorcète, 41.
Demi-brigade (U 20'), 1 48.
Demierre (Darcis de), ^22. Voyez Darcis,
Démocrate (la), caricature, 481.
Démocrite et les .Abdéri tains, 74.
Démon de Parrhasius, 410.
Demonchy (La citoyenne), G., voyez
Monchy.
Déniosthéne, 103.
Demours (Pierre), oculiste, 343.
Demoustier, 288, 315, 321, 359, 361,
457, 460.
Dennel, G., 523.
Denon (Vivant), 7, 52, 77, 80, 85,
102, 105,149-52, 158, 163, 165, 3iO,
469.
— (Catalogue), 152.
Dentelles, 217.
Dentiste ambulant (le), 61.
Dentu, libraire, 90, 333.
Deny, G., 179, 453, 474, 475.
Départ ( le), 2U5.
— Voyez Chant, Frontières.
Départements, 425, 426.
— (Voyages dans les), 234.
— (Fédération des), 386; des départe-
ments du Nord, 177, 344.
35
546
DÉPARTEMENTS. — DIRECTOIRE.
Départements. Voyez Musées.
Depeuille, éditear d'estampes, 49, 50,
134,260,444,479,4»!.
Derivis père, 234.
Desaix (L.-Charl.-Ânt.), général, 165,
237, 449.
— sculpture, 48, 220.
— (U mort de), 127, 130.
— (Monument à), 137.
Desault, 8.
Descamps (Jean-Baptiste), P., 65.
Descartes, 258.
Deschamps (Françoise). Voy. M"* Beau-
varlet.
Descourtils ( Charles-Melchior ) , G.,
145, 269-70, 444, 445.
Desenne, dess., 330.
Desessarts (le républicain), 153.
Desèze, 370.
Desfontaines (le citoyen), 398.
Dcsfonts, P., 14.
Desforges, aut. dram., 75.
Desgallois de Latour, 384.
Desgarcins (M»i«), 292.
Deshoulières (M"«), 332.
Desilles (Trait de courage du Jeune),
70, 239, 335.
Désintéressement (le), 426.
Désir(le), 209, 297.
DesmareU (Séb.), G., 393, 394.
Desmoulins (Camille), 60, 156, 301,
365, 452, 465.
Des Mousseaux (M. le chevalier), 503,
505.
Desnoyers (Aug.-Gaspard-Louis-Bou-
cher). G., 124, 221, 299-300.
Desorgues (Joseph-Théodore) pofite,
221, 413, 426, 428, 494.
Desoria, P., 11, 24, 30.
Desormeaux, 281, 326.
Dospazes, poète satirique, 192.
Despotisme ( le), 410, 436.
Deiprez, imp., 373.
— (Jean-Louis), A. et G., 6f-4, 482.
Desrais (C.-L.), G., 179-81, 235, 245,
249, 268, 270, 272, 329, 344, 547,
3i9, 350, 351, 357, 402.
Dessin (Art du), 232.
— (le Génie du), 330.
— (Éléments du), 302.
— (la Leçon de), 2i>3.
— Voyez Principes.
Dessinateurs, 197-214.
Dessins (Collection de), 40.
IJestin (le) réglant la vie, 124.
Destouches (Néricault), 130.
Détenu (Retour d*un) dans sa famille,
211.
Detournelle, A., 15, 18, 19,20, 34, 46,
47, 89, 99, 100, 123, 184, 235, 452,
467.
Detroy, P., 507, 522.
Dévideuse (la), 512.
Devienne (M"«), 194.
Devin de village ( le), 135, 429.
Devisme, G., 237, 238.
Devoir (Égalités de), 376.
Devosge, P., 13, 39, 52, 91, ^2, 93,94,
169,217,368,479.
— (Anatole), le fils. P., 78, 96, 299.
Dévouement à la pairie, sculpture, 35,
55, 64.
Diable (Appel au) pour les corps sans
tête, 349, 486.
— (Tableau d'histoire naturelle du),
349, 486.
— (le) à quatre, opéra comique, 237.
Diables (les deux) en fureur, 483.
Diane, 56, 232.
— multimamme, 406.
— implorant Jupiter, 113.
— et Calisto, 512.
— Voyez Robe.
Diderot, 166, 167, 175, 215, 252, 27(î,
306, 346, 356, 507, 508, 509, 51(r,
51-2,513,514,520,524,523.
Didon (Rôle de), 164.
— Voyez Énée.
Didot, 71, yO, 91, 102, 139, 158, 16Î,
1H7, 245, 304, 305, 319, 322, 340,
346, 380, 388, 407.
— aîné, 281.
— jeune, 9, 56, 307, 310, 374, 438.
— (Pierre), 310.
— (Firmin), 429.
Dion, G., 56, 120,139,199.
Dieu bénissant le monde, 137.
Dieux païens, 321.
— (Le Festin des), 94.
— (les)derOpéra, 338.
• Dijon, 52, 368.
— Académie, 52.
— (Artistes nés à), 316, 523.
— (l/école de), 13, 52.
— École de dessin, 91, 92.
— Musée, 52, 94, 95.
— Salle des États, 94-5.
Diligence (Arrivée de la), 192.
Dinaux (Arthur), 140, 177, 178, 3».
Dindon humilié (le), 495.
Dîner (le), 174.
Directeurs (les cinq), 129, 156, 161,
411,444,478.
Directoire, 40, 161, 266, 414, 434, 436,.
444, 454, 459, 460, 478, 488, 495.
— exécutif, 219.
— (Audience du), 161.
DIRECTOIRE. — DUPLESSIS-BERTADX.
Hl
Directoire (Femmes du), 472-3.
— (Soavenin eu), m, 47fr.
Discorde (la), 3i, 142.
Discret (an), 35^.
Discrétion (la), 366.
Diseuse de bonne aventure, 435.
Districis, 417, 424, 425, 426.
Dites : S'il vous piait, 168.
Divinité (Emblème de), 399.
Divinités, 402.
Divorce, 231 .
— (Cérémonies du), 423.
Dix août (1792), 22, 31, 80, 86, 88, 89,
144, 248, 307, 340, 4^0, 439, 441
405,406.
— (Martyrs du), 307.
— (la Régénération du), 385.
— (Médaille du), 386.
_ Vovcz Fêtes
Dix-sept juillet (1780), 183.
Dix-huit brumaire (1799), 28, 156, 238.
257, 267, 209, 307, 415, 444-5.
— fructidor (1797), 444.
Dix-huitième siècle (la Peinture du).
1, 499-501. ^
— (la Philosophie du), 514.
Doctorat (Écoliers passant au), 3^4.
Dominiquin (le), P., 164, 209, 436.
Dominos, ou papiers marbrés, 375.
Dominotiers, 375.
Don Quichotte, 170.
Dons patiiotiques, 7-8, 48, 272, 414.
Dorât, 305, 316,344,348.
— (Fables de), 317.
Dorfcuille, 421.
Dorgez, G., 163-4, 267.
Dormeur (un), 358.
♦ Douai, 362, 473.
Douairière, 481.
Douleur (la), 297.
Doyen, P., 16, 130, 135, 140,2*5.
Drapeaux des Districts, 417.
— pris sur l'ennemi, 4^0.
— Voir Fête civique.
• Dresde, 218.
Drevet (Pierre), G., 280.
Driancourt, éd*"., 408.
Droit ^Égalités de), 376.
Droits de THomme et du Citoyen, 136,
163, 185, 197, 245, 261, 266, 286,
294, 298, 376, 395, 399, 410, 414,
420, 425, 482.
— naturels de THomme en société, 52.
Drolling, P.,13, 22.
Dromadaires, 435.
Dromond (M.), 96, 104.
Drouais, P. de portraits, 303.
— (Hubert), P., 96, 222, 236,* son
tombeau à Rome, 35, 54.
Droz (Jean-Pierre), G. en méd.^ 387.
Druidiques (Forôtei, 3^.,
Du Barry (M™*), 3i4, 35l
Dubertrand, 29(r.
Duboc père, 180.
Dubois (M.), 119.
Dubois-Crancé, 76.
Dubroca, 433.
Ducancel, auteur dram., 199.
Duchemin, G., 175, 180,364
Duchesue (M.) aîné, 152, 470.
Duchesnois (M"*), 243.
Docis, 26, 3tl, 83, 130, 277, 460.
Duclos, G., 306,317, 331, 334
— (Marie-Adélaîde-Louise), G., 129.
Duclos-Dufresnoy (M.), 506.
Ducrest (Stéphanie -Félicité). Voyez
Genlis.
Ducreux (Joseph), P., U, 14- 23- 227.
350, 357-9, 456, 459. »'**'»
Ducros, G. suisse, 148.
Dufart, éd„ 407.
Duflos (Pierre) le jeune, G.» 344-â.
Dufourny, 17,42.
Dufresne (Charles), 152.
— Voyez Nitot (Michel).
Dugast, G., 323.
Dugazon (M""'), 164, 250, 464.
Duguay-Trouin, 258, 345.
Dugourc (Jean-Démosthène), CL ea
bois, 374-80, 402, 409, 459.
Dugrandmesnil, 414.
Duguesclin, 345.
Duhamel, G., 209, 464.
Duhot, député aux Cinq-Geats, i32.
Dulaurens (l'abbé), 64.
Dulomboy, 380.
Dumarest (Rambert), G. en méd.
387
Dumesnil (M"«), 468.
— (M™«), 73.
Dumont, P. de portraits, 14, 53, 456.
— S., 34,35,410.
Dumoulin, libraire, 281, 506, 509i.
Dumouriez (le général), 253, 432.
Duncker, G., 326, 524.
•Dunkerque, 128, 349.
Dunois le BAtard, 345.
Dunouy, P. de pays., 25.
Dupeyrat, G., 367, 409.
Dupin, G., 178,179,453.
Duplan (Rosalie), 73.
Duplat, G. en bois, 378, 379, 380-1.
Duplessis (M. Georges), 8.
— (Joseph-Sifrède) , P., 25, 145, 255,»
Duplcssis-Bertaux (Jean), G., 13, 59.
, 60, 61, 141, 145, 153, 153-9, 160^
198, 202, 203, 238, 257, 263* 293^
548
DUPONT. — ÉNÉE.
340, 346, 352, 365, 430, 440, 443, 1
444, 446, 468, 491, 492.
Dupont (Henriquel), G., 287.
Dupont de Nemours, 356, 358, 359,
433.
Duport, danseur, 338.
— député, 359.
Dupré (Augustin), G. en méd., 17, 133,
375, 384-5, 386, 387, 395, 399, 407,
409, 410, 459.
— (Guillaume), G. en méd., 384.
Dupréel, G., 56, 200, 308, 317, 319,
346, 44 (.
Dupuis (C.-F.), 392.
— (N. Gabriel), G., 523.
Dupuy, 179.
Duramèau, P., 177.
Durand (Cabinet), 135.
Durer (Albert), P. et G., 152.
Duruisseau (Antoine ou L.-F.), 271.
Dosaulchoy, 432.
Dusausoir, 407.
Dussaulx, 358.
Dussieux (M. Louis), 61.
Dutailly, éd. d»est., 208, 213-4, 224,
200,261,270, 413.
Dutertre (André), dess. et G., 164-5,
237, 250, 260, 261, 266, 269, 341,
468.
Duthé, G., 236.
— (Ml'«), 357.
Duval (L.), G., 56, 199, 306.
Duveyrier (M.), 194, 330.
Duvivier, 17.
— dess., 340.
— (Pierre-Simon-Benjamin), G. en
méd., 385-6.
E
Eau (P), 375.
Eau-forte (Graveurs à T), 149-65.
Ecclésiastique réfractaire (P), 482.
Écharpe, 288.
École d'Athènes (P), 94.
Écoles de service public, primaires et
centrales, 430, 435, 438.
Écossaise (la folle par amour), 239.
Écossent (Gens qui) des légumes, 524.
Écot (P). 233.
Kcu de Pan iv, 385, 410.
Édelinck, G., 328.
Kdit de Nantes, 298.
Edouard et Stellina, 102, 220.
Éducation (P), 428.
— nationale (Décret sur P), 425.
— (P) publique, statue, 35.
— (P) fait tout, 169.
Éducations (les deux), 512.
Égairam, G., (pseudonyme de Mariage),
294.
Égalité (P), 47, 49, 60, 80, 101, 137,
180, 184, 185, 194, 195, 197, 198,
217, 227, 232, 251, 264, 271, 286,
287, 292, 321, 330, 334, 336, 365,
383, 386, 392, 397, 403, 405, 407,
410, 425, 426.
— Statue, 35, 48.
— (Temple de P), 21.
Égalités (les quatre), 376, 377.
Égerton (lord), 360.
Égide, 54.
Églogue (Sujet d'), 217.
Égoisme (P), 427.
Égoïstes (PËntêtement des), 180.
Kgout (P) royal, 484.
IJgrefeuille (M. d*), 143.
Kg^a, dessin de la Santé; voyez Hygie.
* Égj'pte ( Expédition d' ), 26,125, 152,
157, 164-5, 340.
— (Description de P), 221, 224, 265,
299.
i:gyplien (Temple), 380.
: -yptiensi 399, 422.
i:isen (Charles), dess., 258, 259, 305,
:n6, 329,339, 3il, 347,408, 522.
IJéments (Épreuves par les), 311.
Éléphants, 67.
Élève de la nature, 245.
— intéressante (P), 172, 225.
V.lisa (la princesse), 361.
É lisabetb ( Madame) , sœur de Louis XVI ,
360.
Elleviou, 156, 193, 284.
Elluin, G., 73, 374.
Éloquence (P), 378.
Elysée, 308, 437.
KIzevir, imp., 389.
Émail (Peinture en), 242, 473.
Emblèmes, voyez Allégories passim.
Émeric-David, 33, 35, 46,53, 132, 138,
. 315.
liiiigrés, 484.
I mile (P) de Rousseau, 48.
Emilie (Lettres à), 361-2. Voyez De-
moustier.
Empereurs romains ( Histoire des ),
337.
— (Crimes des), 304.
Encouragement patriotique (1'), 1G3.
Encouragements. Voyejc Gravure et
Prix.
— nationaux, 334.
Encre mordante, 375.
^encyclopédie pittoresque, 146.
Endymion, 27.
Énée (le Songe d*), 84, 336, 338.
— et Didon, 219.
ENFANCE. — FACES NATTÉES.
549
Enfance, 426.
— (le premier pas de 1'), 172, 251.
— (la sauvegarde de T), 193.
Enfant (Dors, mon), 172.
— (r) chéri, 172.
— qui dort, 512.
— qui boude, 512.
— (!') gâté, 511. .
— endormi, 64.
— endormi sur un livre, 503.
— jouant avec des poupées et des car-
tes, 318.
— ramené de nourrice, 441.
— (Jeune femme avec son), 102.
— Voyez Canadiens, Femme.
Enfantillage (P), 263.
Enfants, 105, 108, 117, 174,195, 403,
408-0, 418, 500.
— dénichant des tourterelles, 194.
— Voyez Mères, Sociétés.
Enfers (R^*ception de Louis Capet aux),
274, 486.
Engel, 216.
Enjambée impériale (F), 484.
Enlèvement nocturne (P), 258, 332.
Enrôlements volontaires (les^, 88.
Enseignes (le peintre d*), 326.
Enterrement (Scène d*), 148.
Enterrements ( Cérémonie des), 278,
423.
Épée,463, 519.
Épis, 109, 185, 403.
Éponine et Sabinus, 318.
Époux, 430.
— (Jeunes) lisant leurs lettres d'a-
mour, 30, 171.
— (les) à la mode, 186.
Éprémesnil (M. d'), 370, 483.
Équitation (Époque de r),133.
— (Première leçon d'), 169.
Ère de la République (Instruction sur
1'), 392.
Érigone,319, 356.
* Erlangen, 135.
* Ermenonville (Tombeau de Rousseau
à), 316, 335, 459.
Ermite (1'), 283.
-^ (r)duColisée,257.
Érostrate moderne, 494.
Escalade (1'), 182.
Escamoteur (!'), 208. •
Escarpolette (P), 168, 169, 186, 311.
Eschyle, 153.
Esclaves mis en liberté, 394.
Esculape enseignant, 133.
Esnault, marchand d'estampes, 212.
* Espagne, 135, 229, 499, 517.
Espagnol (le petit), 172.
Espérance (!'), poënie, 351.
Espérance (T) soutient l'homme jus-
qu'au tombeau , 300.
Espercieux, S., 15, 16, 3f , 35, 467.
Espinasse (B.), dess., 341.
Estampes indécentes, 16, 20, 340.
Estelle, roman, 352.
Esther, 469.
Estrées (Gabrielle d'), 473.
Étalagiste de gravures, 158.
État (le Vaisseau de 1'). Voyez Liberté.
États-généraux (Ouverture des), 307 ,
313.
— (Députés des), 348.
Été (l'), 426.
Éternel (Hommage à 1'), 382.
Étoffes ( Différence entre les citoyens
par la qualité des), 465.
— Voyez Casimir, Nankin.
Étoile (l'heureuse), 461.
Étoiles, 185.
Étonnement (!'), 297.
Être suprême (!'), 184, 310, 365, 397,
425, 426, 432.
— (Adoration à 1'), 428.
— Voyez Fêtes.
♦Étrurie (1'), 142.
Étrusques (Antiquités), 302.
Étude (l'), 242, 327, 342.
— répand des fleurs sur la vie, 239.
— guidant l'essor du Génie, 104, 112.
— ramenantauxhommeslaSanté, 124.
— veut arrêter le Temps, 277.
— (1') de la nature, 44.
Eulahe (Rôle d'), 228.
Europe expirante (1'), 487.
Eurydice. Voyez Orphée.
Éventails, 177, 224, 282, 412, 430,479.
Évergète (Tombeau de Théophile), 237.
Exaudet. Voyez Menuet.
Excommunication (Bulle d') du pape,
492.
Exécutions révolutionnaires, 486,
— Voyez Tjouis XVL
Exploits des Français, 379.
Exposition (Première) des produits de
rindustrie, 431.
— universelle de 1851, 3.
Expositions. Vovez Salons.
— payantes, 82, 205.
— des artistes chez eux : Greuzc, 517-
8; —David, 82; — Regnault, 127.
Eynard, 15.
Fabre, P., 11, 140, 246.
Fabre d'Églantine, 294, 392, 460.
Fabricy (le Père), 133.
Faces nattées, 478.
\
S50
FACTIONNAIRES. — FETES.
Factionnaires (Attitudes de), lif.
Fagots, 492.
Faïence (Éciielles de), 493.
Faisceaux, 54, 180, 185, 233, 256, 264,
335, 378, 379, 392, 395, 398, 403.
Faivre, A., 142.
♦ Faléries (Maître d'école de), 17, 18.
Famille des bonnes gens (la), 295,
— (la) malheureuse, 118, 121.
Fanatisme (le), 51, 87, 40C, 412.
Fanfan (Monsieur), 160, 171.
Fantasmagorie, 382.
Fantassin, 203, 336.
Fantelin, imprimeur, 15.
Fard, 473.
Farfalla (Cuffia di>, 523.
Fastes de la Révolution, 322, 331, 440.
— militaire!» de la France, 163.
Faton, éd., 402", 428.
Fats, 470.
Faublas, 164, 317, 319,341.
Fauchet (Tabbé Claude), évèque du
Calvados, 8, 9, 346, 348, 440.
Fauconnier (M.) orfèvre, 93, 94, 96.
Faujas de Saint-Fond, 369.
Faune (le ) amoureux, 347^
Faunes, 168.
Faurel, dess., 202.
Fauteuil, 315.
Favard, 242.
Favart (M"»*), 182.
Favras (Exécution du marquis de),
176.
Fécondité (l'heureuse), 168.
Fédéralisme (Hydre du), 410.
Fédération (la), 251, 255, 307, 385.
— Voyez Départemeuts, Paris.
Fédérés, 464.
— ^Marche des), 393.
— (Costumes des) et des Fédérées, 41 7.
Fées (Contes des), 245, 292, 356.
Félicité publique (la), 137.
Femme à sa toilette, 188.
— accordant sa harpe, 211.
— jouant de la harpe, 188.
— pinçant de la guitare, 211, 3ri5.
— tenant une lettre, 232, 355, 363.
— tenant une cocarde, 355.
— bien-aimée, 509.
— avec un enfant, 361.
— nourrissant son enfant, 355.
— éplorée, 269.
— assise près d'un tombeau, 375.
— de chambre officieuse (la), 242.
Femmes (les) comédie, 457.
— d'aujourd'hui et d'autrefois, 479.
— célèbres de la Révolution, 405, 455.
Féoelon, 252, 268, 369.
— Voyex Télémaque.
Féodal (Auto-da-ié de Farbre), 419.
Féraud (Assassinat de), 156, 307.
Fer-blanc (Physionotraces ^nurôa sur),
367. •
Feri, 392.
Fermier (Famille dij), 169.
— Voyez Normandie, Seignour.
♦ Ferney (Vue du château de), 320.
— (le Lever du philosophe de), 343.
— (le Déjeuner de), 313.
Féronie (La déesse), 394.
Fessard, G.,7î)9, 173, 342.
Fêtes, 416-38.
— publiques (Livres sur les), 438.
— de la Fédération ou du Serment
civique (14 juillet 1790), 46, 60,
64, 146, 255, 260, 266, 289, 331, 340,
416-7, 441.
— Cérémonie funH>re de Franklin
(juillet ou août 1790), 419.
— Cérémonie funèbre de Mirabeau
(4 avril 1791), 419.
— Translation de Voltaire au Panthéon
(11 juillet 1791), 244, 260, 2S1 ,
417-8, 469.
— de la Liberté en l'honneur des sol-
dats suisses de Chàteauvieux (15
avril 1792), 80, 148-9.
— de la troisième Fédération (14 juil-
let 1792), 419.
— Pompe funèbre en l'honneur des
citoyens morts au Dix août (26 août
1792), 393,419.
— civique, en l'honneur de la liberté
de la Savoie (14 octobre 1792), 192,
218, 419, 465.
— Cérémonie funèbre de Lepelleticfr
et sa translation au Panthéon (24
janvier 1793), 213, 260, 204, 419-20.
— Obsèqup-s de Lazowski (28 avril
1793), 420.
— Cérémonie des citoyens et des ci-
toyennes de couleur (8 juin 1793),
420-1.
— Obsèques deMarat (16 juillet 1793),
420,451.
— de l'an 11,311.
— de l'Unité et de l'Indivisibilité de la
République, ou de la Fraternité
(10 août 1793), 221, 307, 350, 407,
410, 421-2.
— de la Raison (brumaire an II, oc-
tobre et novembre 1793), 404-5, 411,
422-3.
— Obsèques de Chalier ( niv6se an II,
décembre 1793-janvier 1794), 421.
— des Victoires à l'occasion dé la paix
de Toulon (20 nivôse an U, 0 j
vier 1794), 424.
FÊTES. — FOLIE.
551
Fêtes. Plantatiofl de Tarbre de laLiberté
au Muséum (25 ventôse an II,
15 mars 1794), 424.
— du Salpêtre (décadi 30 ventôse an II,
20 mars 1794), 424-5.
— de rÊtre suprême (20 prairial an II,
8 juin 1794), 47, 80, 156, 273, 410,
4J1, 426-8.
— en l'honneur de Barra et de Yiila
(devait avoir lieu le 8 thermidor
uill,26juinetl794), 428.
— Translation de Marat au Panthéon
(5« Sansculottide de Tan 11,21 sep-
, tembre 1794), 420, 451.
— de J.-J. Rousseau (20 vendémiaire
an III, 11 octobre 1794), 244, 346,
429-30.
— des Victoires (30 vendémiaire an III,
21 octobre 1794), 162, 429-30.
— de la Victoire et de la Reconnais-
sance (10 prairial an IV, 29 mai 1796),
431-2.
— Cérémonie funèbre en l'honneur
de Hocbe (10 vendémiaire an Y,
1" octobre 1796), 431.
^- donnée à Bonaparte après le traité
de Campo-Formio (20 frimaire an VI,
10 décembre 1797), 431.
— de la Liberté et des Arts (9 thermi-
dor an VI, 27 juillet 1798), 41, 431,
435-6.
— de la fondation de la République
(18 fructidor an VI ,5 4 septembre
1798), 346, 431.
— nationale, ou anniversaire de la
Fondation de la République (1" ven-
démiaire an VU, 22 septembre 1798),
430,431,436.
— de la Souveraineté du Peuple
(30 ventôse an VII, 20 mars 1799),
436.
— de la Reconnaissance et fête funé-
raire à la mémoire des plénipoten-
tiaires de Rastadt (20 prairial an MI,
8 juin 1799), 437.
— de la Concorde (14 juillet an IX,
1801), 433-4, 460.
— de la Paix générale (18 brumaire
an X, 9 novembre 1801), 434,
437-8.
— du Courage, 434.
— du triomphe de la République, 434.
— de la Constitution, 399.
— de la Réunion, 155.
— Voyez Chars, Décadaires.
Feu (le), 375.
Feux d'artifice, 311, 437.
Feuillet (M.), Bib. de l'Institut, 309.
Feutre (Bonnet de), 394.
Février (le restaurateur), 235.
Fichus, 224, 463, 464, 474, 484.
— enflés, 183, 370, 465.
— menteurs, 465.
Fidélité (le Serment de), 27$.
— Voyez Innocence.
Fielding. Voyez Tom Jones.
Fierté (la), 402.
Fiesinger (Jean-Gia)riel), G., 19, 366-7,
448-9.
Figaro (le Mariage de), 292.
Figures de cire, 18-20, 420,
Fila plomb, '374.
Filhol (Ant.-Joseph), G., 339.
— (Musée), 125, 152, 157, 160, 209,
294, 339, 340, 343.
Filiale (Piété), 423, 426, 432.
Fille (Jeune) avec un pot de fleurs,
361.
— efifeuillant une marguerite, 30.
— pleurant sou oiseau, 512.
— à la fenêtre, 512.
— aux fleurs brisées, 512.
— et son chat, 30.
— (Petite) baisant la croix, 506.
— (Petite) et son chien, 30, 512, 51i».
Fils (C'est un), monsieur, 312.
-— (le) naturel, 507.
— (le) puni, 511.
Finiguerra (Maso) orfèvre, 135, 338.
Fitz-James (le duc de), 254.
Flahaut (M°" de), 458.
Flamands (Joueurs), 145»
— (Peintres), 16, 517.
Flambeau, 224, 383, 406.
Flamine (Vêtement de), 478.
Flaxman, S., 152, 153.
Flèches, 327.
— brisées, 520.
Fleuret (le citoyen), 382.
Fleuroiïs, 373, 374.
Fleurs (Gravure de), 226, 265, 278.
Fleury, P., 25.
— (.Madame de), 229, 458.
Flipart, G., 169, 175, 519, 521-2, 523.
Flore (Nymphe de), 269.
Floréal, 228.
• Florence, 19, 20, 139, 140, 141, 142,
164, 238, 338.
— (Galerie de), 46, 139, 162, 276,
280, 283, 284, 288, 289, 290, 293,
295, 301, 329, 338, 340, 343, 346.
— (Muséum de), 302.
— Donna fiorentina, 523.
Florian, 313,330, 346,441.
Floues!, dess., 440-1.
Foi (la Bonne), 347,426.
— (la) conjugale, 426; statue, 35.
FoUe (la), 151, 479.
552
FOLIE. — GABRIEL.
Folio, du Jour ( la), 229, 366, 480.
— prêchant à N.-D. de Paris, 236.
Folies (les), 179.
Fonctionnaires publics, 478.
Fonfrède (le citoyen). Voyez Boyer.
Fontaine d* Amour (la), 168.
Fo n tai ne ( Pierre-François-Léonard ) ,
A., 282.
* Fontainebleau, 351.
Fontaines. Voyez Nature, Régénéra-
tion, Rendez-vous.
Fontana (Pietro), G., 142, 409.
Fontenay (l'abbé de), 329.
Force (la), 49, 137, 232, 376, 404.
— (Attributs de la), 209, 404.
— statue, 33, 52, 136.
— (la) surveillante, 246.
Forêts nationales, 379.
— Voyez Druidiques.
Formes acerbes (les), 128, 129, 349,
412, 487.
Fortier, G., 380.
Fortune (la), 414.
— (la) perdue, 363.
— Voyez Innocence.
Fouché de Nantes, 237, 383, 423.
Foudre (la), 170, 185, 197, 221, 298,
327, 378, 403, 409, 410.
. Foulquier, G., 481.
Fouquet, P. en miniat., 367, 368.
Fouquier-Tinviîle, 59.
Fourier, 165.
Fournier, dessinateur, 367.
— libraire, 310.
— (M. Edouard), 19.
Fournisseur, voyez Perruquier.
Frac, 1H3, 192,471.
Fragonard (Jean-Honoré), P., 1, 7,9,
17, 30, 37, 85,97, 166-70, 171, 172,
1S2, 185, 188, 191, 197, 217, 225,
232, 249, 259, 264, 276, ^81, 285,
295, 326, 332, 335, 339, 342, 351,
448,453, 501,513,517.
— (M"»-). Voyez Gérard.
— fils (Alexandre-Évariste), P., 22, 24,
32, 106, 197-200, 205, 220, 293, 294,
338, 303, 395, 402, 487, 494.
Français (le), 240.
— (le Génie des), 409.
— (les Illustres), 317, 331, 332.
— d'aujourd'hui et d'autrefois, 273.
Français de Nantes, 103.
Française devenue libre, 274.
— (Femme) libre, 460.
Françaises (les), 324.
— (Dictionnaires des), 458.
Françart, libraire, 294.
France (la), 58, 66, 123, 135, 180, 289,
308, à30.
Fiance (le Génie de la), 197, 484.
— (Histoire de), 302, 314.
— fia) républicaine, 49.
— (le soutien de la), 414.
— ( la ) sauvée du naufrage, 255.
— Voyez Marie.
France, libraire, 455.
•Franche-Comté, 102, 113.
Franche-Maçonnerie (la), 310, 397.
Franciade, l'un des jours complémen-
taires, 392.
* Franciade, nouveau nom de Saint-
Denis, 429.
Franklin, 8, 19, 170, 179, 241, 246,
250, 252, 288, 294, 343, 35C, 357,
384, 419, 448, 466.
François II, empereur d'Allemagne,
233.
François, marchand d'est, et G., 478.
François de Neufchàteau , 14 , 40, 431,
437, 495.
Franconi (Exercices de), 201, 203.
Francs (F.pitome de l'histoire des],
249, 270.
Francs-Maçons (Secours donnés aux
malheureux par les), 340.
Fraternité (la), 49, 184, 243, 392, 398,
403, 405, 407.
— (Douceurs de la), 240, 404.
— Voyez Fêtes.
Frédéric II, sculpture, 57.
— peinture, 283.
Fremiet-Monicr (M.), 92.
Fréron (La jeunesse dorée de), 470.
Freuden berger (Sigisniond) dess., 269,
295 296.
Frivolité (ia), 207.
Frochot, préfet de la Seine, 113, 230.
* Fromenteau (Seigneurie de), 30t.
Fronde (la), 496.
Frontières (Départ pour les), 14.
Frugalité (la), 426.
Fruits (le Retour des), 425.
Fulchiron (la citoyenne), 27.
Fume Qc) avec tranquillité, 482.
Fumeur (!e petit), 206.
Furet de la Littérature ( le ), 236.
Furies (les), 246.
— Voyez Psyché.
FusOe volante (le Journal la), 124.
G
Gabet, 57, 154, 1''0, 197, 209, 224,
245, 285, 298, 302.
Gabion (Jeanne- Elisabeth), Voyez
M™« Chaudet.
Gabriel, dess., 371-2.
— G., 325.
J
GAETE. — GILET ROSE.
553
♦ Gaôte (Prise de), 29.
Gaîl, 39, 52, 5«, 71, 306, 330, 460.
Gaillard, G., 521, 522.
Galants, 496.
— (les) surannés, 187.
Galatée, 310.
— Statue, 33.
— Voyez Redingote.
.Galerie des hommes illustres dans
l'empire des lettres, 2C3.
— Napoléon, 351.
— théâtrale, 237.
— des Peintres célèbres, 510.
Gall (le docteur), 242.
Galles (la prince^ Caroline do), 234.
Gamelin (Jacques;, P. et G., 142-4.
— (M"»). i*3.
— fils aîné, 143.
— (Louis), 143.
♦ Gand, 369.
Ganses, voyez Caracos.
Gants, 476.
Garât, 202, 437.
— le chanteur, 282, 494.
Garde à vous, recueil de gravures,
489, 490.
Garde national, 397.
Garde nationale. Voyez Montauban,
Paris, Sèvres.
Gardes françaises, 255.
Gardel, Tacteur, 164.
Gargantua à son grand couvert, 351.
Garnerey (Jean-François), P. et G.,
25, 210-2, 252, 253, 260.
Garnerin, Taéronaute, 2i7.
Garnier,P., 13, 15,22.
— (l'abbé), 314.
Gfktfîau des Rois ( le), 511, 521.
Gatteaux (Nicolas-Marie), G. en méd.,
286, 367, 386-7.
Gaucher (Charles-Ét.), G., 71, 135, 194,
311, 320, 321, 328-30, 3M), 361, 3l53,
453, 454.
Gauffier, P., 16.
♦ Gaule, 398.
Gaulle (Edme), S., 479.
Gault de Saint -Germain, 167, 210,
515.
Gautherot (Claude), 25, 27, 236.
Gauthier, 16.
— G., 49, 51,440.
Gautier, G., 51, 333, 334, 363, 364.
— l'aîné (B.), G., 49, 240-1.
Gavaudan (M™«), 237. •
Gavotte. Voyez Vestris.
Gay, libraire, 317.
Gaz (Effets du remède au), 254.
Gazptte française, 494.
— nationale, voyez Moniteur.
Gazette de l'amateur des arts, 69.
— des Beaux-Arts, 159, 238, 362, 519.
Celée, G., 121.
G néraux (Portraits de), 363, 366, 367.
* Genève, 48, 242, 272.
Geneviève vouée à la mort, 172.
Génie (le), 342, 365, 392, 432.
— du Christianisme (le), 434.
Génies, 53, 66, 112, 115, 1K5, 195, 261,
2r>4, 2r.9, 202, 321, 327, 337, 378,
379, 389, 408-0, 411, 412.
— fies quatre), 376, 409.
— Voyez Abondance, Arts, Activité,
Commerce, Dessin, Français, Guerre,
Lois, Nation, Peuples, République,
Rois.
Genlis (M™« de), 69, 217, 337, 454.
Genre humain, 426.
— (Fraternité du), 426.
Gensonné, 123,449,451.
Gentot, dess. et G., 441.
(leoffroy, dess., 320.
— (L'abbé), 494.
(ieoffroy-Saînt-Hilaire, 165.
Georges III, roi d'Angleterre, 233.
— (M»»-), actrice, 474.
Gtîorgiques (les), 319.
Girard, éd., 189.
— G., 9.
— (François), P., 2, 13, 15,17,20, 22,
21, 27, 30, 31, 39, 56, 88-91, 1(12,
103, 106, 219, 220, 281, 282, 2.S3,
288, 290, 300, 338, 370, 413, 450,
454, 45C>, 458, 459, 479,493.
— (H.), G., 172-3.
— (M"*), femme de Frago, miniatu-
riste, 7, 167.
— (Marguerite Gérard, dite M"»^), belle-
sœur de Frago, P., 7, 9, 22,30, 160,
168, 169, 170-2, 225, 231, 332, 339,
351.
— (le P^re), 76, 322, 448.
Gerbe, 324.
Germain, G., 311, 440, 441.
Germinal, 229, 399.
Gcrtrude, victime de la calomnie, 295,
454.
Gessner (Salomon), dess. et G., 70, 71,
246, 259, 314, 319, 332, 339, 344.
Geyser, G., 216.
Ghendt(de), G., 139,316.
Giacomelli (M"'*), née Billet, G., 251-2.
— (M™*). Voyez Jaoinet (Sophie).
Gianni, dess., 228.
Gibelin (Esprit Antoine), P., 132-4,
143, 300, 301, 384, 396.
Gide, libraire, 474, 475.
Gilet, 471.
— rose, 244.
554
GILLÉ. — GRÉTRY.
Gillé fiU, imprimeur, 380, 381,
Gillot, P., 63, 203.
Gimblette (la), 168.
Ginguené, 8, 24, 407.
Giordano (Luca), P., 149.
Girard, G., 130.
— (Romain), G., 189.
Girardet (Abraham), G. et dess., 164,
200, 313, 316, 335, 345-6, 417, 418,
431, 433, 440, 446.
Giraud, membre du Musée de Paris, 0.
— G., 200, 324.
— rainé. G., 393.
Girault le jeune. G., 311,331.
Girodet, P., 13,27, 30, 32, 89, 90, 114,
159, 220, 221, 281, 289, 290, 437,
450, 494-6.
Gironde (la), 452.
Girondin, 4^66.
Glaces Qeune Femme retirée des), 57.
— (les), sorte de rafraîchissement,
489.
Gladiateur combattant, statue, 133.
Glaneuse, voyez Chapeaux.
Glaucias, voyez Pyrrhus.
Glaive, 130, 180, 397.
Gloire, 51, 426.
— (L*amour de laj, 239. •
— (Triomphe de la), 94.
Gluck, 281,. 284.
Glycère (la Bouquetière), 318.
Glycon, S. grec, 46.
Godefroy, dess. et G., 56, 70, 84, 00,
173, 203, 245, 289, 306, 308, 311.
— (Adrien), G., fils de François, 281,
336-7.
— (François), G., 281, 331, 335-6.
— (H.), G., 489.
— (Jean), G., 281-2.
Goethp. Voyez Charlotte et Werther.
Gois (ÉtieQne-Pierre-Adrien),S., 53-5,
479.
— (Edmc), le flis. S., 55.
Goltzius, G., 286.
Concourt (MM. Edmond et Jules de),
4-5, 90, 271, 333, 334,375, 377,483.
Gooord, G., 371.
Gonthier (M"«), 234.
Gori;e des femmes, 334, 455, 472, 474.
— (la) naissante, 356.
Gorjy (Jean-Claude) ,romancier et dess. ,
3ol-2.
Gossec,'2, 417, 419, 424.
Gougenot (Pabbé), 503, 504, 505, 523.
Goujon, conventionnel, 205.
— (Jean), S., buste, 35, 45, 209.
Gounard ou Gounord, dess. et G., 371.
Gounod, G. 142.
— dess., 371.
Gourmand (un), 186.
Goûter (le), 174.
Gouvernail (le), 403.
Goyon (M. de), 405.
Gracchus, 31.
Grâces (les trois), 29, 75, 124,127,295,
317, 479.
— (les;^ dérobaot la ceinture 4e V(S-
nus, 131.
— Voyez Almanachs.
Gracques (le père des), 400.
— Voyez Cornélie.
Graffigny (M"" de). Voyez PénineoDC.
Grand Homme (Étude de), 269^
Grand*Maman (Fête Me la), 183.
Grande dame (la), 464.
Grandon (Charies), P., 501-2, 510.
— (M™*), 502, 510.
— (M'*« Jeannette), P., 510.
Granet (Marins), P., 31.
*GrandvilIe (siège de), 26.
Grangeret, dess., 347.
*Grasse (artistes nés à), 166,167, 170,
188, 197, 199.
Grasset-Saint-Sauveur, 249, 265, 270.
Gravelot, dess., 245, 305, 309, 319,326,
335, 339, 406, 408.
Graveurs en bois, 373-84.
— au burin, 276-304.
— à Teau-forte, 149-65.
— en lavis et en couleurs, 249-75.
— en médailles, 38-4-9.
— au pastel, 526.
— au pointillé, 215-48.
— de portraits, 354-72.
— de sculpture et d'architecture, 45-
69.
— Voyez Atelier.
Gravure (Muse de la), 330.
— (Encouragements demaQdés pour la),
452.
— Voyez Acier.
Gravures historiques des principaui
ornements, 4t0.
•Gray (Franche-Comté), 102.
Grec (guerrier) défendant un corps,
375.
* Grèce (la), 42, 270, 438, 459, 460.
Grecs (anciens), 179, 208, 249, 396,
399, 469.
— (Causes des progrès des arts chez
les), 72.
— (Petits poètes), 71, 30C, 330. Voyez
Gail.
Croire (l'abbé), 36, 37, 38, 81, 401,
Gressêt, 315, 344.
Grétry, 158, 205, 240, 356, 370, 502,
510.
i
ÛRÉTRY. — HEMSKERCK.
555
Grétry. Voyez Blondel , Richar4 , Ta-
bleau magique, Zémire.
— (M'»'^), 502.
Greuze le père, 501, 5il.
— (Jean-Baptiste), P., 1, 30, 45, 52,
lit, 112, 167, 169, 182, 183, 191,
242, 276, 283, 289, 291, ^94, 295,
316, 323, 341, 342, 422, 448, 453,
499-527.
— CM""-), 509-10, 518-9, 521, 522-3,
524, 526.
— (M»'), 501.
— (MU« Anna), P., 519.
Grevedon, Hth., 121.
Grimm (lé baron de), 507.
Grisettes, 514.
Gfobert (le colonel), 438.
Grœnia (T.), dess., 329.
Gros (Antoine-Jean), P., 28, 87, 80,
234, 450.
Grossesse (Déclaration de), 312.
^Guadeloupe (la), 130.
Guadet, 451.
Guedeperse (le canonnier), 194.
Guérard d'Anvers, P., 195.
Guerchin (le). P., 209.
Guérin, G. en médailles, 285.
— (Christophe», P. et G., 285-0, 449.
— (Jean), P., 327, 366, 367, 448, 461.
— (Pierre), P., 24, 29, 41, 56, 100,
127, 222, 269, 285, 412, 479.
Guérie (de), litt., 495.
Guéroult, 39.
Guerre (la), 375.
— Statué, 35.
— (Génie de la), 376, 377.
— (Préparatifs de la), 117.
Guerres civiles du xvi* siècle, 439,
445.
Gueux (les), 445.
Guibert, G., 364.
Guide (Le), P., 94, 209.
Guillain (Simon), S., 35.
Guillotine, 123, 273, 349, 486, 491.
— (Furies de la), 466.
Guimard (M"'=), danseuse, 1.35.
Guitare. Voyez Accordeur et Femme.
Guizot, 115.
Gustave III, roi de Suède, 61, 209.
Gusto(Oh! che), 194.
Guttenberg. G., 169, 312, 316, 524.
Guyard (J.-B.), G., 188.
— mari de M'"'' Guyard, 359.
— fM"«), P., 11, 30, 212, 277, 281,
359-60.
Guyot, édit., 123.
— (Uurent), G., 164, 177, 179, 182,
213, 214, 259-62, 348, 468.
Guyton-Morveau, 392, 449.
H
Habillements modernes et galants, 272.
Habits d'hommes, 217, 463, 465, 466,
470, 475, 478.
— à la française, 465.
— carrés décolletés, 470.
— à grands collets, 478.
— rayés, 250.
— (Femmes en), 475, 484.
— Voyez Basques.
Hache (la), 398.
Hachette, libraire, 376.
Hackert, P. de pays., 347.
Haid, G., 524.
Haine (la), 209.
Halbou, G., 71, 72, 172, 312, 316.
Halle, P., 316.
«Hambourg, 253, 469, 432, 440.
Hamilton (Antoine), 315.
— (Lady), 237.
Hamot (M"'«), 358.
Hancarville (d'), 302.
Handbook of painting, 515.
Haquenées (Présentation des) au Saint-
Père, 482.
Haras (Promenade au), 203.
Harengère, 481.
Harlai (le comte d'), 99.
Harlowe (Clarisse), 508.
Harpe (La), 479, 493.
Harriet (J. Fulchran), P., 18, 25, 100,
170, 225, 336, 344, 443, 489,
Hassenfrats, 452.
Hauer, P., 224, 455.
Hautemps (M"*), 7.
Hauy (Justr-René), 186, 433.
Haydn (Joseph), 243.
Hébé, 322.
— sculpture, 35.
Hébert, 123, 342,371,382.
Hector sur son lit de mort, 207.
Hédouin (M.) le père, 36^, 364.
Heinecken, 61.
Hélène, 12, 13.
— et Paris, 70, 76, 84, 85.
Helli»ir,G.,174.
Helman (Isidore - Stanislas), G., 177,
281, 307, 312, 343-4, 417, 421, 440,
443, 444, 481.
Héloise et' Abeilard , 299, 315, 340,
344.
— (û nouvelle), 99-100, 109, 110,
508
Helvétius, 252.
Hemery, G., 64, 175, 473.
— (M*i«). Voyez Clément, Uni^ et
Ponce
Hemskerck (Martin), P., 87.
556
HENNEQUIN. — HYMEN.
Hennequîn (Philippe-Auguate), P., 27,
31,85-7,106,238,411?
Henneville (M. d'), 234.
Hennin rCollection de M.), 10,57,59,60,
75, 81,. 101, 123, 125, 128, 130, 146,
155, 183, 185, 187, 190, 208, 2;<5,
238, 290, 348, 377, 403, 431, 485,
494,495.
Henriade (la), 508.
Henri H, 304, 394, 396.
Henri IV, 145, 251,253, 266, 287,289,
304. 111,,
— (Allégorie sur la gloire de), 135,137.
Henrion, 471.
Henriol, 371.
Henriquez, G., 169, 523.
Henry, desis., 32, 199, 2 «9,363, 494.
•Ht^raiilt (dép. de T), 227.
H.^raultde Séchelles, 281, 370.
•Herciilanum (Antiquités d'), 302.
}!orcule, 29, 31,80, 142, 220, 322, 385,
398,410,422.
— et Alceste, 53.
— et Omphale, 127.
Hercy, G., 487.
Herhan, imprimeur, 388.
— (Elisabeth G.), G., 367,461.
Hérissant (la veuve), imprimeur, 12.
Herminie chez les bergers, 131.
— Voyez Tancrède.
Hermione. Voyez Oreste.
Hf^ro et Léandre, 187, 344.
Héroïsme (1'), 426.
— (1') français, 241.
Hersent, P., 127.
Hersilie, 83,v460.
Heur et Malheur, 182.
Heures (les), 105.
Heureux (Quel est le plus), 296.
Heiirtault-Lamerville, 40, 437.
Hippocrafc, 27.
Hippolyte (la Mort d'), 201, 282.
— Voyez Phèdre.
Histoire parlementaire de la Révolu-
tion. Voyez Bûchez.
— universelle en figures, 344.
— Voyez France, Religion, Républi-
que, Romaine, Russie.
Histoire-Musée de la République.Voycz
Challamel.
Histoire naturelle (Planches d'), 221,
Hiver*(r), 426.
— de 1789, 346.
— , ou le Mari, 187.
Hoche, 26, 237, 345, 365.
— Cérémonie funèbre, 431.
— (Mausolée de), 51.
Hof (T.), 280.
Hoffmann (M.), 375.
Hogenberg, G., 445.
Hoin (Claude), P. et G., 15, 52-3,250,
347,526.
Holbein, P., 115.
Hollandais (Concert), 188.
Hollandaise (Prise de la flotte) sur la
glace, 357.
Homère, 153, 388, 395.
•Hollande, 26, 243, 298, 396, 406, 499.
— Voyez République.
Homme (le premier) et la première
Femme, 70, 71,283, 288.
— des champs (1*), 286.
— libre (Portrait d'un), 364.
— planétaire (!'), 393.
— unique à tout âge (1'), 262.
Hommes illustres (Décadaire des), 393.
'Hondschoote. Voyez Batailles.
Honnert, libraire, 102.
Honni soit qui mal y pense, 191, 243.
Horace (Rôle du vieil), 1G4.
— le poète, 301, 346, 436.
Horaces (les), 479.
— (Serment des), 10, 76, 82, 84, 85,
122,291.
Horloge philosophique, 65.
Horsin-Déon, 116.
Hortense (la reine), 105, 237.
Hottentote (la Vénus), 264.
Houchard (le général), 281.
Houdon (Jean-Antoine), S., 8, 9, 33,
287, 288, 301, 332, 351, 418, 461.
Houin, P. Voyez Hoin.
Houel (J.-P.-L.-L.), P., 65-7.
Huber, 85, 271,303, 322.
— et Rost, 254, 278, 355.
Hubert, A., 80.
— G., 317, 413, 453, 523.
Hue, P., 26, 288.
Huot (J.-B.), P., 173-5, 217, 231, 242,
263.
Huguenots, 445.
Hulk, G., 221.
Hull, éd. d'est., 485.
Humanité(r), 68,413, 423.
— stAtue, 438.
— pleurant près d'un tombeau, 68.
Huot, G. et dess., 49, 323, SU, 3<>4.
Huquier, éd., 02.
Hussards, 206.
— de la Liberté, 213.
Iluzé, serrurier, 397.
Hyacinthe (la Moi t d'), 480.
Hydrovégétale (Harmonie), 308.
Hygie, déesse de la santé, 124.
Hymen (1'), 432.
— (Génie de 1') courant sur le globe,
291.
HYMNES. — JEANNE D»ARC.
55?
Hymnes, 417-8, 419, 423, 424-5, 420,
428,429,433,436,437.
I
Iconographie (r), 520.
Iconologie, 329, 393-415.
Ifs, 423.
Ignorance (1'), 51, 87, 180, 493.
Iliade (!'), 153.
Imbert de la Platrièrc (M. d'), 204.
Immortalité, 118, 284,400, 426.
—- statue, 436.
Immortelles (Couronne d'), 521.
Importants, 496.
Imprimerie (Portraits des inventeurs
de r), 389.
Incas (les), 380.
Incendie (!'), 186.
Incroyable (la Marche), 193.
— (le Monde), 476.
Incroyables, 202, 203, 207, 222, 223.
229, 230, 238, 243, 245, 357, 382,
478, 488-9.
Indécision (!*), 172.
•Indes, 459, 474.
— Voyez Compagnie.
Indienne (la Jeune), 222.
Indivisibilité, 18^, 272, 403.
— ou la mort, 407.
Industrie (1'), 426.
— Voyez Exposition, Société.
Ingouf, G., 70, 127, 208,290, 374, 393,
417, 522.
Ingres, P., 287, 493.
Innocence (1'), 11, 29, 31, 49, 51, 279,
280, 404, 413, 512, 527.
— gardée par la Fidélité, 124, 299.
— en danger, 323.
— entre le Vice et la Vertu, 360.
— entre TAmour et la Fortune, 112.
— entraînée par TAmour, Ô8.
— (r) du jour, 187.
— Voyez Amour.
Innocents (Massacre des), 137.
Inscriptions, 436.
— publiques (Tables d*), 423.
Instant favorable (r), 296.
Institut d'Egypte, 104.
— national, 39, 41, 42, 299, 350, 363,
386, 430.
— des sciences et des arts, 304.
Institutions, 7-44.
Instruction publique, sculpture, 35,55.
— (Rapport sur T), 425.
— (Organisation de T), 430.
— Voyez Comités , Commission, Edu-
cation.
Intérieur domestique, 74.
Invalide (Récit d'un), 231.
— Voyez Paris,
lo, 24*2.
Iphigénie en Aulide, 468.
Irène, tragédie, 329.
Isabey, P., 11,14,15, 24,28,32,89,106,
151, 199, 203-6, 281, 288, 363, 461,
478, 494.
— (M"«), depuis M"" Cicéri, 89.
Isac, G., 496.
Isis, 130, 216, 311, 327, 406, 407.
♦ Italie, 72, 116, 135, 147, 149, 308,
310,394,461, 499.
— (Costumes d*), 505.
— (Liberté de T), 87, 237.
— (Voyages dans le nord de V) , 100.
— (Séjour de Greuze en), 501, 503-5,
518.
— (Objets d'art et de science recueillis
en), 431, 43.5-6, 476, 477.
— Voyez Armées, Fêtes.
Italiens (Costumes), 87, 148, 505,523.
— (Peintres), 517.
Ivan VI, 288.
Jabot, 403.
Jacobin, 466.
— Voyez Perruque.
Jacobins. Voyez Paris.
Jacques (le Cousin), 358.
— (Pauvre), 228.
— (Charles), G., 527.
Jacquinot (Louise-Prosper), 53.
♦Jaffa, 28.
Jal, 115.
Jalousie (Nous allions de la) à la fu-
reur... 299.
Janet, dess. dû xvi« siècle, 59, 287.
— édit. d'estampes, 418.
Janinet (François), G., 47,70, 73,164,
169, 250-1,261, 269, 270, 402, 417,
440, 46i, 468, 526.
— (Sophie), G., 195, 251.
Jansen, 67, 78, 99, 131, 144, 146, 188.
211s 216, 244,294, 305, 358, 394, 4il.
Jardinier, G., 523.
Jardinière coquette (la), 236.
Jarretière (la), 193, 208.
Jarretières, 472, 477.
Jaufifret, éditeur-libraire, 367.
Janlt, libraire, 163, 486.
.Jaume(V.), cartier, 377.
Jazet, G., 187.
Jean, éditeur d'estampes, 73,210,269.
— (la veuve), 247.
Jeanne d'Arc, 297, 345.
— Voyez Pucelle (la).
558
JEANRON. — JUPITER.
Jeanron, P., i04.
Jeaurat (Etienne]), P.^ 522«
Jefferson (le président), 30(^.
Jéhovah, 400.
*Jemmapes. Voyez Batailles.,
Jérusalem délivrée (la), 258, 342.
— Voyez Herminie, Tancrède.
Jésuites (le Jésus des), 404.
Jésus-Christ, 305, 404.
— (Vie de), 246, 247.
— la Cène, 247.
— devant Pilate, 152.
— en croix, 118.
— au tombeau, 53,
— Voyez Christ, Lazare, Vierge.
Jeune dame lisant une lettre, 188.
Jeane fille arrosant des fleurs & sa
fenêtre, 267.
— près d'une table, 171.
— Voyez Chat.
Jeune homme embrassant nne Jeune
tille, 56.
— homme et Jeune fille assis près
d'un bois, 56.
^ homme et jeune fille près d'un
tombeau, 56.
^- homme offrant un bouquet, 171.
— homme (le Pauvre), 296.
Jeunes hommes partant et revenant
de l'armée, 204.
Jeunesse (la), 124, 425, 426, 430, 432.
— (Draperies mortuaires pour la),
423.
— dorée (la), 470.
— stucUeuse.^la), 512.
Jeux (les deux), 294.
— olympiques, 434, 460.
Jockey, 363.
— Voyez Chapeaux.
Joconde (la), 265.
Jocrisses, 238.
Jode (Pierre de). G., 340.
Joffrais, marchand d'estampes^ 194.
Joie (la), 209.
, — tranquille (la), 269.
Jolie (Oh! oh ! qu'elle est), 159.
Joliet (M.), 94.
Jollain, 37.
Jollois, 105.
Joly, dess., 158.
— éditeur, 409.
— garde dii Cabinet des estampes,
338.
— (Marie - Elisabeth) , actrice, 380,
458-9; — (Statue funéraire de M"«),
35.
Jombert, éditeur, 62.
Jones (Paul), 384.
Jongleurs couronnés (Matière à ré-
ftextoQ pour les), 273, Afi&i
Joseph et Zaluca, 13^.
— Voyez Putiphar.
Joseph II (l'Empereur), 518.
Joséphine (l'Impératrice), 300.
— Voyez M"* Buonapart«.
Joubert (M. de), 136, 276.
— (le général), 274, 363.
— éd. d'est., 47, 135, 153, 154, 278,
367, 371.
Joueur (un), 358, 359.
— Voyez Beverley.
Joug brisé, 49, 296, 401, 403.
Joullain, éditeur, 62, 134.
Jour de l'an (Matinée du), 182, 186.
Jourdain, dess. et G., 224.
Jourdan (le général), 26, 237, 241, 363,
492.
Journal de l'Empire, 521.
— de l'Institut historique, 76, 80,
361.
— de Paris, 239, 377.
— des Arts, 521.
Journaux (Marchands de), 464-5.
— Voyez Accusateur public. Actes, Af-
bum, Beaux-Arts, Chronique, Dft-
mes. Débats, Décade, Furet, Fusée,
Gazette, Maiaisin, Modes, Moniteur,
Père Duchesne, Perlet, Revue, Ré-
volution, Vérités.
Journées de la Révolution, 307, 344,
439-46.
Jours complémentaires de rannée,392.
Joursanvault (le baron de), 92, 93, 95.
Jouvence (Fontaine de), 268.
Jubier, G., 174.
Jubot (M""'), P., 519, 521.
Judith, 137.
Juge (le), 187.
— prévaricateur écorché, 253.
Juigné(Mgr. de), archevêque de Paris,
357.
Jules Romain, P., 283.
Julie d'Étangcs, 100, 189, 454, M4.
Julien (Joseph-Laurent), G., 238-40.
— S., 17, 33.
— (Simon), dit Julien de Parme, P.,
188,238-9,269.
Jullien, conventionnel, 82.
— (la Citoyenne), 82, 456.
Jullienne (M. de), 506, 520.
Junia, famille romaine, 394.
Jupiter, 198, 216, 398.
— endormi sur l'Ida, 70.
— et Antiope, 284.
— et Calisto, 11, 126, 285.
— et lo, 285.
— Voyez Carnaval, Diane.
JURY. — LANG.
559
Jury des arts, 89, 170.
— BOUT le prix de pemtitre de Tan II,
— Voyez Concours.
Jussieu (Bernaird de), 36<^.
Justice, lit, 136. *42, 190^ fm, 309,
3Î1< 366< 376, 378, 383^ 392, 397,
399, 494, 425, 426.
— (Triomphe de la) et de la Vérhé,
Du.
— (la) des nations, 437.
— divfne. Voyez Crime.
Juvénal (Étm ières de), 7i, 19?, 264.
K
Kalianech (le Terrible), 268.
Kauffmann (Angelica), P., 57, 97, 232,
284
Kéralk) (M«« de), 454.
Kersaint, 294.
Kinson, P., 30.
Klébcr (J.-B.) général, 165, 237, 291,
327, 366, 449.
Kouebue, 90, 240.
Kugler, 515.
* La Bassée 190.
La Belle (Etienne de), 6., 152, 154.
La Billardière, 216.
I^bille (M"« Adélaïde) des Vertus, P.,
30. — Voyez M"»" Guyard.
Laborde (de), auteur de TEssai sur la
musique, 163, 292, 313.
— (M. le Comte Léon de), 3.
Labouchardie (la Citoyenne), 25, 358,
476.
Ubrousse, G. et des^, 249, 270, 478.
I^caze (Collection de M.), 29, 127.
Liicédémonien (Costume), 468.
Lacédémonienne ( la Mère), 277.
Lacédémoniens, 393.
— Voyez Sparte.
Lachaneaussière (la Citoyenne), 350.
Lachapelle, cartier, 376.
* La Chaux-de'Fonds( artistes nés à),
Suisse, 387.
I^oclos (Choderios de), 172, 291, 308.
— Voyez Liaisons dangereuses.
Lacombe, G., 139, 140, 283.
— (Rosei, 406.
Lacour, G., 57.
— imprimeur, 40.
Lacretelle, 39.
Lacroix (». Paul), 101, 360; voyez
Revue.
La Page (Raymond), dess., 142.
La Fayette (Mothier de), 183, 222, 226,
281,286,370,417^449,483.
— (M™* de), 351.
Laffite, P., 15, 24, 32, 41, 127, 12»-30,
158, 228, 342, 412, 487.
I^rond, violon, 363.
Lft Fontaine (Jean de), 253, 285, 305.
— Contes, 158, 170, 243, 257, 2!î)r>^
326, 336, 340, 341, 34^, 344, 347,
380.
— Fables, 245, 340, 346.
— Psyché, 314.
Lagardette (la veuve), éd., 133,
Lagniet, dess. et G., 496.
Lagrange, 26, 392.
— (Madame de), 89, 456.
— (M. Léon), 238.
Lagrenée, P., 9, 22, 212, 261, 375,
515.
— rainé. P., 73, 9.5,96, 108,137.
— le jeune. P., 261.
— (Madame), 7.
— (Louis) le fils. P., 281,418.
Laharpe, 17, 39, 225, 359, 365, 493.
* La Haye (Hollande), 406.
Lairtulher (E.), 405, 455.
Lakanal (Joseph), 38, 39, 409, 425,
429.
Lalande, Tastronome, 39, 365, 493, 503.
La Uve de Jully (M.), 503, 506, 520,
:r>6.
Lallemand de Dijon, P., 523.
Lamarck, 39.
Lamballe (Princesse de), 227, 233,
275, 365, 453.
Lambert, G., 363.
Lambinet, 388.
* I^ Meilleraie ( le Rocher de ), 231 .
Lii Mésangère (M. de), 208, 339, 473-4,
475, 489.
— son cabinet, 473.
Lameth (Alexandre et Charles), 263.
La Monnoye (Bernard de), 373.
Lamotte (la Comtesse de), 365.
Lamourette (Baiser), 442.
Lampe, 53, 300.
* Lampsaque, 340.
* Landau (Allemagne), 216.
Landelle, G., 189.
Landon (Charles-Paul), P., 22, 24, 29,
41, 125, 127, 284, 3(K), 480.
— (Annales de), 57, 71, 86, 104, 123,
124, 127, 204, 233.
— CEuvres des peintres, 152, 153.
— Précis historique, 125, 129.
— Nouvelles des arts, 125, 217.
LancuviUe, P., 15, 25, 334, 456, 458.
Lanfranc, P., 168.
Lang, dess., 347.
5C0
LANGE. — LEFÈVRE.
Lange (M"* Élise), actrice, 14, 27, 32,
159, 476, 495-6.
Langlois, éd., 407.
Languedoc (États de), 139.
Lanjui nais, 241.
Lantara ( Simon-Mathurin ), P., 179,
261.
Lanté, dess., 474.
Lanterne, 485.
— magique (la), 135, 208, 486, 492.
— d*amour, 253.
Lanthenas, 432.
Lantier, 358, 359.
Lantimèche (le Père), 152.
Laocoon, 216, 280.
La Pagerie (Rose Joséphine de), voyez
M™*" Bonaparte.
LaPérouse (J.-F.Galaup de), 216,288.
Laplace, 20, 435.
T Arr^hpi* 39
La Revèillère-Lepeaux, 27, 89, 103,
218, 432, 433, 437, 460, 491-2,
La Rive, Tacteur, 195, 467.
U Serrie (Joseph de),G., 24 , 122 , 147,
190,201, -204,320, 352- J.
Laterrade (Collection), 87, 152, 174,
176, 206, 235, 254, 395, 408, 443,
448, 478, 482, 483, 484, 486, 488,
492.
Latour (Maurice-Quentin de), P., 301,
343, 357, 359.
— Voyez Brion (Louis) et Desgallois.
La Tour d'Auvergne ( la mort de), 363.
Latude (Henri-Mazers de), 225, 355.
Ijiugier, G., 121.
L'Aulnaye (Stanislas de), 310.
Laurence (L.), G., 122.
Laurent (Pierre), G., 276, 281.
— (Musée) ou Musée Français, 162,
280, 283, 284, 288, 289, 291, 205,
301, 315, 339, 343, 345, 346.
Laurier (Couronne de), 291 , 398, 401,
436.
— (branches de), 424.
Lavallée, 125.
Lavallée-Poussin, P., 260.
Lavater, 212, 369.
Laveuses, 173.
Uville (M'^«), P., voyez xM"^' Bcnoist.
I^vis (Graveurs au) et en couleurs,
249-75.
Lavoisier, 225, 253.
l^wrence, dess., 222, 228, 250, 206.
I^ys, chanteur, 430, 436.
Lazare (Résurrection de), 75.
Lazowski, 19, 304, 420.
Lazzerini (Gustave) chanteur, 153.
Lôandre, voyez Héro.
Ubarbier, P., 9, 11, 32, 70-2, 108,
158, 217, 221, 233, 246, 250, 266,
269, 277, 283, 288, 329, 330, 332,
338, 339, 343, 468.
Lebarbier. Voyez Valbonne.
Lebas (Jacques-Philippe), G., 144, 154,
162, 215, 276, 302, 308, 315, 328,
330, 335, 339, 34U 343, 344, 355,
356, 503, 524, 525.
— le Conventionnel, 452.
— (Philippe), bib. de la Sorbonne, 376.
Lebeau (Pierre-Adrien), G., 73, 179,
317, 356-7, 374, 444, 453.
Leblanc, libraire, 9, 213, 337.
— (Charles), 48, 60, 61, 65, 67, 68, 73,
85, 135, 149, 152, 153, 161, 163,
231, 236, 250, 262, 266, 268, 285,
326, 348, 366, 522.
Leblond, 42.
— éd. et G. du XVTI* siècle, 496.
Lebod, 128, 371.
Lebossu, 37.
Lebretou (JoachimJ, 3-4, 22, 46, 104,
111, 164, 215, 277, 285, 291, 300,
359, 360, 416.
Le Brun (Charles), P., 209, 210, 297,
468.
Lebtun, le marchand de tableaux, 16,
374 ; sa Galène, 284, 360.
— (M™«), P., sa femme, 16, 227,278,
284, 288, 301, 360, 453, 454.
— (Ponce-Denis-Ëcouchard) le po€te,
25, 39, 41, 172, 358, 430, 460.
— (le Prince), troisième Consul, 130,
274, 342, 424.
Le Campion, G., 181, 260.
Le Carpentier, P., 66, 510, 519.
Lechapelier, 227, 264, 368, 449.
Leclerc (Jean -Baptiste), convention-
nel, 432.
— G., 453.
— (P.-Th.), P., 73, 206, 269, 356,
357, 489.
— (Sébastien), G., 154.
Lecœur, G., 144, 146, 179, 208, 417,
449.
— (Louis), G., 268.
Lecomte, dess., 187.
Leçon inutile ( la), 233.
— Voyez Amour.
Lecourbe(le Général), 221, 449.
Lecture interrompue (la), 260.
Léda, 52, 256, 300.
Ledoux (M'^'), P., 30, 519.
Ledru (Hiiaire), P., 25, 32, 199, 2 il,
270, 288, 30u, 362-4, 494.
Lefebvre, P. Voyez Robert-Lefebvre.
Lefebvre-Marchand, G., 124, 142, 2t0.
Lefer, cartier.
Lefèvre, G., 50, 30a.
^ ei
LEFÈVRE. — LIBATION.
561
Lefèrr^ (Achille), G., i^i.
— fJ.-F.), G., 393.
— (Femme), G., voyez Ldngée.
Lefranc de Pompignan, 344.
Légende dorée, 42.
Législateurs en fonction, 469, 478.
Législature (la seconde), 47.
Legouaz (Yves), G., 340.
Legrand, G., 169, 259, 423.
— P., 26.
— (A.), 174.
— (Auguste-Claude-Simon ),G.,236-f2.
~ (Augustin), G., 185, 183, 192.
— (Pierre-François), G., 58, 172, 231.
— Voyez Sicot.
Legrip (Frédéric), P. et lith., 89, 450.
Légumes (Sac de), 244.
* Leipzig, 61.
Lejeune, P. de batailles, 31, 340.
— P.duRoi, 303, 441.
Le Lorrain, P., 308, 315.
Lelu (Pierre), P. et G., 135-7, 455.
Lemat, G., 239.
Lembert, dess. et G., 242.
J^emercier (Népomucène), 26.
Lemire (No€l), G., 65, 71, 139, 164,
2.2, 246, 306, 308, 309, 326, 331,
344, 408, 453.
— (Antoine) le jeune. P., 209, 225.
— (Charles) le père. S., 209.
— (Joseph) aîné. P., 209, 210.
Lenionnier (J.-S.), P., 163.
Lemontey, 454.
Lemot (Frédéric), S., 34, 41, 410.
Lemoyne (François), P., 348.
Lempèrcûr, orf. et G., 169, 208, 371.
Lenoir, éd., 297.
~ (Alexandre), 25, 38, 39, 76, 80, 81,
262,310,361,468.
Lenormant (M. Charles), 88.
♦ Leoben. Voyez Paix.
Léonard (Nicolas-Germain), le po€te,
340.
Léonidas, 206.
Léopard, 195.
Lepagelet, dess. et G., 446.
Lepeintre, P., 347.
Lepelletier de Saint-Fargeau (Michel),
123, 346.
— Exposition de son corps, 264, 420.
— Sa translation au Panthéon. Voyez
Fêtes.
— peinture, 13, 75, 77, 78, 79, Bl, 88,
15b, '180, 196, 217, 227, 234-5, 244,
245, 265, 272, 275, 321, 327, 342,
382 450
— sculpture, 19, 34, 181,227.
^ (M"*) sa fille, 81.
Lépine, dess. et G., 279, 440.
Leprieur, juré du Trib. rév., 155.
Lcprince, G. et P., 65, 173, 174, 249,
342.
Lequinio, 432.
Leroux, G., 85. •
— (Eugène), lithog., 121.
Le Roux de la Ville (M"«), P., 360.
— Voyez Benoît (M"«).
Leroy, dess. et P., 30, 231, 291.
— G., 178, 180, 323, 324.
— (Jacques), G., 245-6, 261.
Lescaut (Manon), 340, 508, 514.
Lescombat(la), 19.
Leseur, dess., 260.
Lespinasse, dess., 13, 60.
Lesueur (les), G. en bois, 373.
— (Etienne), dess., 350.
— (Eustache), P., 119, 209, 332, 418.
— (Jean-François) musicien, 436.
— P., et du Conservatoire du Mu-
séum, 26, 37.
— S., 34, 35, 467.
Lesurques (Adieux de la famille), 363.
Letellier, G., 127, 522.
Lethière (Guillaume-Guillon), 13, 22,
106, 130-1, 146, 222, 233, 270, 299,
300, 444.
Letourneur, Ministre de l'intérieur, 40,
368.
— (pierre), 302.
Lettres (les), 426.
— Voyez Péruvienne.
— (Têtes de), 103, 114, 211, 219, 220,
287, 338, 339, 373, 374, 378, 379,
380, 381, 383, 399, 430.
Letuer, G., 234.
Levacher de Chamois, 273, 468.
Levachez, père et fils. G., 155, 193,
201, 253, 254, 258, 262, 264, 393,
417, 447, 449, 454.
Levasseur, G., 306, 519, 521, 522.
— fMH« Rosalie) actrice, 362.
— (Thérèse), veuve de Rousseau, 159.
Leveau (J.-J.), G., 182, 187.
Leveillé, G., 174.
— (Chartes-Stanislas), ing., 229.
Lever (le), 190.
Levert de Beaumont, amateur, 178.
Levilly (J.-P.), G., 193, 229-30, 489.
Le voilà fait, 323.
Levrault, libraire, 286.
Levrette habillée à la grecque, 193.
L'Hôpital (le Chancelier de), 433.
Liaisons dangereuses (les), 291, 295,
308,339,341.
— Voyez Laclos.
* Liban (Forêt des cèdres du), 336.
Libation de vin, 424.
36
5(»
LIBERI. — LOUIS XVI.
Uberi, P., 168.
Liberté (la), 31, 47, 49, 6f , 54, IHM,
108, 109, ilO, 111, 112, 120, 12tf,
136, 137, 141. 152, 1«0, 184, 185,
194, 195, 197; 198, 209, 217, 219,
-232, 233, 247, 251, 250, 201, 204,
265, 207, 272, 274, 286, 287, 290,
297, 307, 321, 325, 327, 330, 334,
336, 339, 340, 347, 305, 374, 378,
381, 385, 386, 392, 394, 395, 390,
397, 398, 400-3, 405, 407, 410, 425,
426, 427, 428, 431, 443.
— (Tète de) ; voir Centime et Décime.
— (Statue de la), .21, 33, 34, 35, 48,
140, 232, 418, 419, 421, 429, 433,
434.
— (Génie de la), 23, 409.
— (l'Heure première de la), 248.
— (Triomphe de la), 79-80, 198, 275.
— du Monde, 426.
— (le Port de la), 441.
— (la) amarrant le vaisseau de l'État
au port de la Constitution, 319.
^~ couronnant la Victoire, 241.
— (la) ou la Mort, 23, 126-7.
-> (la) légale, 409.
— Voyez Autel, Chapeau, Chat, Fêtes,
Licence, Martyrs, Oiseaux, Pèleri-
nage, Temple.
Libertés fies quatre), 376.
Licence (la) corrigée par la Liberté,
163.
Liénard, G., 178, 430.
Liénau, G., 102.
pierre, 50.
Liger, G., 174.
Lignon, G., 199.
Lilas (le), 399.
* UUe : Académie, 177.
— (Artistes nés à), 139, 343, 344.
— Ballon (Ascension de), 177, 344.
— Baxiqubt civique, 177, 344.
~ Bombardement, 178, 343.
— Comité révolutionnaire, 399.
— Conrédération des départements voi-
sins, 177, 344.
— Iconographie lilloise ; voyez Di-
naux.
— Maqicipalité,177.
~ Musée, 140,177,399.
~ Musée Wicar, 178.
— (Prise de), 188.
Lindet (Robert), 21.
Linge blanc, 470.
Lingée (Charles-Louis), G., 295, 308,
317, 319, 402, 413.
^ (la citoy. Thérèse-Éléonore), G.,
40, ô^, 214, 295-0, 332, 443, 528.
Linguet, 524.
Lin née, 253.
Linotte (le Ministre), 484.
Linval de Senage, 353.
Uon (le ), 108, 175, 180, 195, 232, 399,
403, 400, 407, 424.
— et lionne, 174.
— de Florence (le), 238.
Liottier (Caroline), G., 134.
* Lipari (Ile de), 05.
Lisbeth (Rôle de), 30.
Lit de justice, 313.
Lithographie, 80, 86, 121, 165,200.
Littérature (la), 423,493.
•^ dramatique (Essai sur la), 507,
508.
Livres rares, 435.
* Lodève (Artistes nés à), 219.
* Lodi (Passage du pont de), 434.
Loge (la Petite), 312.
Loi (la), 49, 54, 101, 108, 111, H2,
213, 241, 272, 321, 327, 334, 342,
409.
— Statue, 33, 419.
— (Livre de la), 398.
— (Tabler de la), 155, 398.
— (Règne de la), 409.
Lois (le Génie des), 385, 386, 387,
399, 409.
— Voyez Bulletin.
— (les bonnes) font le bonheur des
peuples, 50.
Loiseroles (Dévouement de), 156.
Lolotte et Fanfan, 352.
* Lonado, 342.
* Londres, 158, 232, 281, 358, 360,
443, 515, 524.
— (Académie de), 335.
— British Muséum, 360.
— Covent-Garden (Théâtre de), 362.
Longhi, G., 28.
Longueil (de). G., 310, 316.
* Lorelte (Notre-Dame de), 383, 493.
Lorieux, G., 364.
Lorrain (Claude), P., 67.
Louis XIII, 496.
Louis XIV, 16, 19, 39, 154, 280, 298,
329, 496.
— (Cercle de la cour'de), 393.
— (Gentilshommes de la cour de),
408.
Louis XV, 329, 373, 501.
— (Statue équestre de). Voyez Paris.
— (Oraison funèbre de), 373.
Louis, dauphin, fils de Louis XV, 516.
Louis XVI, 58, 68, 174, 175, 255, 262,
284, 289, 311, 313, 349, 359, 362,
373, 466.
— (Portraits de), 72, 175, 183, 196,
226, 227, 231, 234, ^i63, 266, 209,
LOUIS XVi. — MANCHETTES.
5e3
279, 280, 289, 297, 303, 309, 334,
355, 356, 357, 386,
Louis XVI (Mariage de), 386.
— Sacre à Reims, 311, 345.
— (MoDumeQts à), 53, 310.
— (Projet de monument pour), 251,
255.
— Entrée à Paris, le 6 octobre 1789,
313, 386.
— à l'Assemblée, le 4 février 1790, 76,
441.
— (Fuite de), 261.
— Arre5.tation. Voyez Varonncs.
— Retour de Varennes, 25 juin 1791,
60, 4il .
— dans la Journée du 20 juin 1792,
195, 395.
— Louis le traître, lis ta sentence, 273,
486.
— Adieux à sa famille, 288, 363.
— Exécution, 442, 443.
— Caricatures, 349, 486.
— Voyez Bal, Constitution.
Louis, dauphin, fils de Louis XVI, 19,
175, 196, 234, 263, 284, 311, 349.
— La naissance du Dauphin, 133, 311,
322.
Louis'xvn, 16.
Louis XVIII, 164, 274, 290.
Louis-Napoléon, roi de Hollande, 243.
Louis, chirurgien, 356.
— (Aristide), G., 527.
Loutherbourg (Philippe-Jacq.), P., 295.
Louvet,172, 365.
— Voyez Faublas.
Louvion (J.-B.), G., 348-50, 486.
Louvois (le marquis de), 298.
Lowes (Charles), 525
Liucas-Montigny, 521.
Lucet(J.-J.), 262, 475, 477.
Lucien (J.-B.), G., 47, 72, 73.
LuciusVerus, 103.
Lucrèce, 19.
-:- (Monde), 251.
— (le poëte), 307, 327,407.
Lune (Camp de la), 1 44.
* Lunéville. Voyez Paix.
Luthériens, 396.
Lycée des arts, 34, 452.
Lycurgue, 122, 252.
— (Désintéressement de), 277.
♦ Lyon, 35, 61, 86, 87, 176, 224, 325,
420, 459, 501.
— (Artistes nés à), 85, 344.
— Maison commune, 35.
i— Maison Regrat, 87.
— (Musée de), 502.
— Peintre de la Ville, 502.
— Place Bellecour, 446.
Lyon. Pré voté des marchands, 502.
— Section des Droits de lîbonune. $&
— (Terroristes de), 470, ' ^
— (Vues de), 147.
Lys, 123.
M
Mably(rabbé),314.
Macaulay (Catherine), 405.
Machine infernale (Affaire de U^)« 243.
* Màcon, 91.
* Maçonnais (le), 91,511.
— (États du), 501.
Macret (J.-B.), G., 309, 453, 521.
Madame, fille de Louis XV|, 284. 287.
Madeleine (la), 118, 297, 328.
Madones, 221,232, 402.
* Madrid, 64.
Magasin encyclopédique, 22, 23, 24,
126,135,201,252,359,411,470,
— pittoresque, 91.
— Voyez Modes.
Magnétisme (le), 481,
Mahomet théophilanthrope, 402.
Mailla-Gara (le tribun), 229, 458.
Maillard, 371.
— (M"-), de rOpéra, 405, 450, 468.
Maillots, 474.
Main, 329.
— (la), 182.
— Chaude (la), 208.
— (Quoi! pas même la), 178.
Mains jointes, 180, 398, 403.
Maintenon (M""' de), '^98, 2(72.
Maison militaire du roi, 65.
Maison neuve, libraire, 305, 317, 319.
Maistre (le comte Joseph de), 405^
Maîtrise (Apprentis passant à la), 394.
Malaneau (Claude -Nicolas), fî., 198,
292-4.
Malarmé, député, 364.
Malbeste (Georges), G., 162-3, 202,
312, 316, 319.
Malesherbes, 268.
Malheur(le), 426, 427.
Malice (Cest sans), 300.
Mallet I J.-B.), P., 14, 188-90, 109, 217,
242, 253, 261, 270, 413, 433, 479,
* Malmaison (la), 114.
Malœuvre, G., 5z3.
* Malte (Ile de], 65.
— (Prise de), 347.
Maman (la), 511.
* Mamers (le Bailleui* de la ville ^e)y
347.
Manches, 474.
* Manchester (Trésors d*ivrt exposés U,
516. '•
Manchettes, 463,
564
MANDAR. — MÂHTIN.
Mandar, 433.
Mandevard, P., 14.
Mandron, cartier, 376.
Hanlius (Rôle de), 162.
Manon (MU«),489.
Manteau blanc, 468.
— flotunt, 469, 472.
* Mantoue (Fête de Virgile à), 163, 262.
Manuce (Notice sur les trois), 374.
Manuel (Louis-Pierre), 123.
Manuel républicain, 206.
— des autorités constituées, 321.
— de Tamateur d'estampes. Voyez Le-
blanc (Charles).
— de l'amateur de livres. Voyez Bru-
net.
Manuscrits, 435.
Maradao (François), G., 241-2, 323,
362 413.
Marais (Henri), G., 46, 276, 283-4.
Marais (le), 14.
Marat (Jean-Paul), 123^ 346, 420, 451.
— Portraits, 79, 173, 180, 196, 217,
223, 244, 245, 246, 252, 263, 265,
272, 274, 275, 301, 321, 342, 350,
368, 371, 382, 450, 451.
— Sculpture, 19, 34, 181.
— Scène de l'assassinat, 145, 234,
235, 320.
— Mort, 13, 77, 78, 82, 85, 140, 290.
— Inauguration de son buste, 304, 420.
— Ses obsèques et sa translation au
Panthéon. Voyez Fêtes.
Man>Antoine, G., 137.
Marceau (le général ), 31, 257.
— (Mort de), 70, 257.
Marceau-Desgraviers (Kmira), G., 257,
258-9.
Marcenay, G., 133, 524.
Marchais, dess.., 86.
Marchand, G., 245,427, 494.
Marchand d'habits, 161.
lAarchande d'herbes, 144.
-- de marrons, 144, 511.
— Voyez Amours.
Blarchands d'estampes, 271-5.
Marché ( Départ et retour du ), 174.
MarcUle (M.), 95, 103, 114, 117.
Marcus Sextus, 29, 31, 56, 285, 412.
Maréchal (Sylvain), 249, 302, 460.
* Marengo, 303.
— Voyez Batailles.
Maret, ministre de l'intérieur, 361.
Marguerite (Jeune fille effeuillant une),
171.
Mari (le) ou l'hiver, 187.
Mariage, 425.
— républicain, 231.
^ (Cérémonie du), 423.
Mariage romain, 178.
— samnite, 232, 233, 318.
— (Libertés de), 376.
Mariage (Louis-François), G., 136, 181,
197, 199, 294-5, 402^449, 455.
Marie - Adélaïde - Clotilde - Xaviëre de
France, 297.
Marie-Adélaïde de France, duchesse de
Piémont, 355.
Marie-Antoinette :
— Dauphine, 311, 357.
— Reine, 193, 289, 311, 357, 453.
— Portiaits, 59, 73, 179, 190, 227,
240, 263„ 278, 309, 330, 344, 355,
356, 357, 365, 453.
— Caricatures, 349, 484-5.
— Séparation d'avec sa famille, 227,
246, 443.
— à la Conciergerie, 246.
— Jugement, 443.
— dans la charrette, 81.
Marie-Louise, 114.
Marie-Madeleine, 53.
Marie-Thérèse, reine de Hongrie, 247,
289.
Mariée (Départ de la), 185.
— (Coucher de la), 233.
Mariées, 496.
Mariette (Pierre-Jean), 65, 505.
— Son Abécédaire, 501, 506, 517.
Siarigny (Poisson de Vandières, mar-
quis de), 154, 504.
Marinier (Pierre-Clément), D. et G.,
163, 245, 258, 292, 305, 309, 316-8,
319, 323, 331, 332, 338, 341, 344,
356,357.
Marin-Lavigne, lith., 121.
Marines, 500.
Marius à Minturnes, 222.
— Voyez Arc.
Marivetz(de), 139.
Mark, lion, 174.
*Marly (le rendez-vous pour), 312.
— (Chevaux de), 21.
Marmontei. Voyez Contes moraux et
Incas.
Marmotte (la mort de la), 363.
Marmotte, coiffure, 526.
Marolles (l'abbé de), 496.
Mars, sculpture, 35.
— et Vénus, 127.
— (Départ de) pour la guerre, 223.
Mars ( la cit.), actrice, 30.
Marseillaise (la), 419.
Marseillais (les), 470.
* Marseille (Académie de), 135, 136.
Martenasie, d'Anvers, G., 524.
Martin (Johan Friedrich), G., 63.
— (J.-F.), Sc.,420,
MARTIN. — MÉZIÈRES.
5«5
Martin , le chanteur, 362.
— marchand d*est., 153.
Martinet, édit., 178, 351, 434, 489.
. — G. du Cabinet du Roi, 490.
— (Thérèse), G., 310.
Martini, G., 177, 312,316.
— musicien, 436.
Martyrs de la liberté, 426.
— Voyez 10 août.
Masaccio, P., 258.
Masolan, G. 193.
Masquelier, G., 140, 172, 177, 178,182,
202, 276, 306, 307, 440.
— (Louis-Joseph), Tatné, 343.
— (Nicolas-François-Joseph), le Jeune^
343.
Massacres de septembre , 256 , 442 - 3 ,
468.
— Voyez Innocents.
Massard, G., 139, 279.
— (Félix), G., 289.
— (Jean-Baptiste-Louis), G. 289.
— (Louise), G., 289.
— (Raphael-Urbain), G., 85, 206, 289,
290.
Masséna, 26, 291,363.
Massol, G., 49, 246, 320, 321, 404.
Massue, 264.
Maternelle (la Sollicitude), 334.
— (la Tendresse), 334, 426.
Maternels (Soins), 188, 260.
Maternité, 425.
— (les Délices de la), 312.
Mathias, G., 191.
Mathieu (J.), G., 169, 401.
Matin. Voyez Adieux, Répétition.
* Maubeuge (Chanoinesses de), 260.
Maupeou (le chancelier), 64.
Maurepas (Mémoires de), 298. .
Maurin, lithog., 121.
Maury (rabhé),483.
Maviez, G., 316, 364.
Maximes du jeune républicain, 321.
Mayer (le docteur), 52, 253, 367, 431-2,
439, 456.
Mayer fM"« Constance), 30, 112, 117.
118,121,519,521.
Mazarin (le cardinal), 496.
Mécou, G., 194, 206, 372.
Médailles, 57, 133, 274, 385, 386, 387,
394, 396, 404, 435, 436.
— (Gravure en), 384-9.
Mi^decin aux urines (le), 181, 347.
Médée (Rôle de), 250, 294, 468.
Médicis (les), 19.
— (Marie de), 303.
— (la) du xvm* siècle, 485.
Médiocrité (la douce), 231.
Méhul, 2, 358, 370, 429.
Méhul ( la citoyennej, 358.
Mélancolie (la), 23, 74, 522.
Mélidor. Voyez Phrosine.
Melling (Ant.-Ignace), P., 153.
Melpomène, 284.
Ménage champêtre (le), 135.
— (Theureux), 334.
— (la paix du), 527.
Ménageot, P., 11, 16, 86, 140, 277.
Mendiants (Études de), 523, 526.
Mendose, dessin., 187.
Menés (Prâtres de), 394.
Mengs (Raphaël), P., 97, 98, 126, 286.
Menjaud, P., 24.
Mensonge (le), 406.
Mentelle, 39.
Menuet (le) de la mariée, 182.
— d*Exaudet, 490.
Menus plaisirs du Roi (Dessinateurs
des), 308, 380.
Mercier, G., 180.
— l'auteur, 278, 325-6, 460, 494.
Mercure, 126, 127, 172, 374, 409.
— dit le Lanttn, statue, 447.
Mercure français de 1792, 228.
— de France, 374, 506.
Mère (la Jeune), 168.
— (rHeureuse), 334.
— (la) de famille, 189.
— (la) bien-aimée, 511, 522.
— (Fête de la bonne), 61.
Mères allaitant leurs enfanta, 429.
Méric(M»«El.j, P., 212.
Méricourt (Théroigne de), 466.
Mérimée, P., 11, 24, 29, 106, 279, 280.
Merlan à frire, à frire, 240.
Merlin (M.), 377.
Merveilleuses, 202. 207, 223, 238, 243,
322, 339, 478, 489.
Merveilleux, 382.
Mesdames, filles de Louis XV, 359.
— (Visite de Pie VI à), à Rome, 482.
Mesmer, 179.
— (Effets du baquet de), 254.
Messager d*Amour (le), 300.
— (Départ et retour du), 294.
Messaline, 457, 485.
Messe des Sans-Culottes, 422.
Messidor, 228.
Messieurs (les Petits), 187.
Métastase, 313.
MéteUa, 233.
Métiers (Petits), 159.
* Metz (Artistes nés à], 145.
Meubles. Voyez Berceau.
Meunier, cartier, 376.
Meunier de Querlon, 305.
Meynier, P., 22, 24, 29, 106, 238.
Meâèrea (M"*), actrice^ 362, 364.
tm
MEZZETINS. — MONCHY.
HezzetiM, 203.
Michallon, de Lyon; S., 34, 35, 164,
410.
Michau, chiinteur, 424.
Michaud, 357, 308.
Michel, G., 211.
Michel-Ange, S., 137, 329.
Micbelet (MX 1, 198, 256, 396, 416,
418; 422, 455, 456.
Michon, G.,306.
Hidas, 494.
Miel (M.), 70.
Miette de Villars, 83, 337.
Miger, G., 45, 76, 172, 206, 293, 360,
418, 449.
Migneret, G., 359.
* Milan,28,164, 216, 257.
— (Artistes nés à), 258.
— (Entrée des Français à), 202.
Militaires (Scènes), 145-6, 178.
— Voyez Costumes, Parsîdes, Revues.
Milizla, 43.
Miller, G. anglais, 443.
— danseuse, 490.
* Milles! mo, voyez Batailles.
Millin, 26, 39, 40, 211, 213, 234, 248,
259, 304, 343.
Milon de Crotone, 87.
Miltiade, voyez Ci mon.
Minerve, 03, 108, 278, 298, 388, 395,
409.
— distribuant des couronnes, 384.
— protectrice des Arts, 257.
— donnant une leçon de folie, 195.
— (Costume à la), 245.
— Voyez Temps (le).
Mines (Agence des), 271.
Ministres, 162, 478.
Minos, 349.
Minot, Cartier, 376.
Minotaure (Tirage au sort des Athé-
niens destinés au), 139, 236, 302.
* Minturnes. Voyez Marius.
Mirabeau ( Honoré - Gabriel Riquetti,
comtede), 136, 283, 465.
— Portraits : sculpture, 19; peinture,
76, 194, 360; gravure, 217, 248,
252, 284, 294, 301, 349, 366, 449.
— Caricatures, 483.
— TMortde), 322,414.
— Cérémonie funèbre, 419.
— Son apothéose, 53, 200.
— reçu aux Champs-Elysées, 310.
— (Aux mânes de), 135-6, 329.
Miracles d'autrefois (les), 383.
Mirande (Antoinette), actrice^ 430.
Miroir <^e}, 327, 383,404.
— (lé) briié, 512.
Miiys, dess. et G., 292, 337-8, 339.
Misanthrope (Rôle du], 164.
Misanthropie et repentir, 2i8.
Misbach, G., 295.
Mitaines, 282.
Mithridate, tragédie, 357.
Mixelle (Jean-Marie], G., 180, 189,
249, 270.
Modèle (le), 189.
— nu (Etude du) proscrite, 177.
Modes (Gravures de), 178-9.
Modes (Journaux de), 463, 464.
— Cabinet des modes, 490.
— Journal de la mode et du goût,
464.
— Journal des Dames, 56, 188, 208,
339, 474* 476, 478, 489.
— Journal des Dames et des modes,
473-4.
— Journal des modes, 465, 473, 474-5.
— Journal des modes et des spectacles
de Paris, 262, 475, 477.
— Magasin des modes nouvelles, 264,
465.
— Modes et manières du Jour, 186,
272, 474.
— Voyez Correspondance-
Moine (la Mort d'un), 53.
Moines, 221.
Moineau (Jeune homme allant prendre
un) sur le sein d'une jeune fille,
248
Mois (les), 115, 129, 228.
— f Consécration des), 392.
— (Iconologie des), 393.
— Poème, 258.
Moïse, 264, 411,434.
Moissons (les), 425.
Moitte (Angélique-Rose), 45, 182, 187,
523.
— rElisabeth-Mélanie), 45.
— (Prançois^Auguste) le fils. G., 45,
523.
— (Jean-Guillaume], S., 9, 11, 33, 34,
39, 45-8, 102, 251, 253, 2ttl, 281,
283, 292, 338, 348, 402.
(M"'*), 7, 48.
— (Pierre-Etienne), G., 45, 523.
Mole (Mathieu), 75.
— l'acteur, 73, 174, 194.
Moliëre,313, 314, 503.
— lisant Tartufe, 283, 318.
— Voyez Misanthrope.
Mollard (M.), 367.
Momoro, 123, 305, 404.
— (Sophie), 405.
Monastiques (Mascarades), 249.
Monchy (Martin de). G., 347, 402.
— (M"*« de), sa femme. G., 40, 181,
318, 347.
I
MONDE. — MUSGADINES.
561
Monde (Leçons sur le système du),
435.
* MondoTÎ, voyez Batailles.
Monge, 17, 28, 38, 165, 370, 392,
Mongez, 42, 394, 469.
— (M™'), 30, 85.
Mongin, dess., 16, 213, 265.
Monime (Rôle de), 295.
Moniteur Universel, 21, 28,39, 47, 78,
79, 80, 99, 146, 155, 176, 188, 194,
202, 218, 231, 235, 241, 252, 265,
266, 292, 301, 320, 321, 365, 367,
369, 376, 392, 399, 421, 423, 425,
426,429,430, 450,467, 521.
Monnaies, 399, 400, 409, 460.
— (Graveurs des), 384, 385.
— (Traité de|), 364.
— Voyez Centime, Décime, Écu, Sous.
Monoeron, 385.
Monnet (Charlps), des»., 158, 164, 221,
258, 292, 295, 303, 306-8, 315, 316,
326, 327, 330, 335, 3^11, 342, 343,
344, 345, 347, 361, 440, 443, 444.
Mon nier, dess., 335.
— (M™« de), yoyez RufTey.
Monsaldy, G., 87, 139, 165, 236-8.
Monselet, 312, 324, 325, 351-2.
Monsiau (Nicolas-André), P., 9, 11,
32, 232, 236, 238, 283, 288, 317,
318-9, 332, 339, 344, 356.
Monsieur, comte de Provence, 52, 53,
144, 174, 268, 303.
Monsieur Nicolas, 323.
Montagne (la), 244, 273, 392, 405, 411,
424, 427.
— Peinture, 14.
— Statue, 34.
— (Triomphe de la), 136, 275, 412.
— enfante la Constitution, 412.
Montaiglon (A. de), 8, 2<.l, 62, 66, 75,
143, 251, 309, 371, 418, 501, 502,
506, 512, 515.
— (M. Valentinde),371.
Montaigne, 309. •
Montaland (la citoyenne), 180, 214,
Ï46.
Montalembert (M"" de), 369.
* Montauban (Massacre de la garde
nationale de), 341.
Montcalm-Gozon (le Marquis de), 177.
* Montelgino (Redoute de), 141.
Montesquieu, 56, 252, 288, 313, 314,
332, 491.
Montfaucon (le Père), 82, 212.
Montgolfier (les Frère»), 351.
* Monthabor, voyez Batailles.
Montmorency (Mathieu de), 454.
* Montpellier, 22, 143, 227.
— (Artistes nés à), 140.
Montpellier. Collection Atoer, 75. 959;
— Musée, 105, 117, 144.
— Temple de la Raison, 423.
— Voyez Crémation.
Montre (Cordons de), 183.
Montncla, 39.
Moqueur (un), 358.
Morale (la) en action, 232.
— sans réplique, 51.
Moraliste (le), 267.
Morcau, évêque de Màcon, 91.
Moreau (le Général), 26.
— peinture, 27, 201, 237, 242, 284,
387.
— sculpture, 34.
Moreau (Jean-Michel), dess. et G., 7,
109,130,162,178,200,220, 221,237,
251, 254, 258, 260, 292, 296, 301,
305, 308-16, 316, 321, 326, 327, 329,
330, 331, 332, 335, 338, 339, 340,
an, 342, 343, 344, 345, 352, 361,
401, 409, 440, 524.
Moreau de Saint-Merry, 9.
Morel (Antoine- Alexandre), G., 56, 78,
85, 140, 290-1.
Morellet, 246.
Morency (M"« de), 240, 459.
Moret, G., 334.,
Morgan, d'Abbeville, S., 34.
* Morgy (canton de Berne), 147.
Morichelli, cantatrice, 14.
Moriès, P., 27.
Moriand, P., 244, 268.
Morret (i.-BX G., 146, 164, 267-8,
444, 445.
Mors, 180, 406.
Mort (la), 23, 126,136,142.
— (Première image de la), sculpture,
— Voyez Indivisibilité et Liberté.
— de César (la), tragédie, 395.
Mosion (Madame), 150, 454.
Mouchet, P., 31, 268.
Mouchoirs gonflés, 467.
Mounier, dess., 331.
Mousseline, 475, 476.
Moutons, 173.
— (Venez, mes chers), 380.
Moyen Age, 394, 401, 479.
Mugot, G., 213.
Muguets, 496.
Muletiers à la porte d*nne bètellti ic,
1-46.
Muller, G., 121, 164, 285, 524.
Murillo, 64.
Muscadins, 201, 245, 382, 444, 467,
470-1, 485, 488.
— (les Perruques des), conte, 471 .
Muscadines, 444.,
568
MUSÉE FRANÇAIS. — KIVEAU.
Musée Français. Voyez Laurent.
Musées, 364l, 42, 43.
— Voyez les noms : Filhol, Laurent,
Robillard, Péronville, et les villes :
Lille, Montpellier, Narbonne, Paris,
Perpignan , Rome , Valenciennes ,
Versailles.
— des départements, 40.
— de province. Voyez Ris (Clément
de).
Muses (les), 29, 81, 238, 388, 418,
431.
— Voyez Almanachs, Gio, Gravure,
Melpomène.
Musique (la), 58.
— rmudedela), 299.
— (la) considérée comme science na-
turelle, 368.
Musique de TEmpereur, 368.
Myris (S.), dess., 217, 247.
Mythra (Prêtres de), 394.
N
N. graveur, 51.
Nageurs (les), 490.
Naïades, 430.
Naigeon, P., 13, 93, 219, 402.
— le philosophe, 38, 39, 166.
* Nancy (Affaire de); voyez Desilles.
— (Artistes nés à}, 203, 212, 357.
Nanette ( la petite ) , 291 .
Nankin, étoffe, 475.
* Nantes (Artistes nés à), 160.
— Voyez Edit.
* Naples, 61, 63.
Napoléon (TEmpereur), 157, 158, 202,
204,205,221,226,253.
— ^Mariage de), 104.
— (Sacre de), 83.
— (Allégorie à), 137.
— (Marche de) à Timmortalité, 127.
— (Triomphe de), 68.
— Voyez Bonaparte, Musique, Pages.
Napolitain (le Geste), 505.
* Narbonne, 307.
— (Musée de), 144.
Narbonne (le comte Louis de) mi-
nistre de Louis XVI, 369, 454, 483,
481.
Nation française (Régénération de la),
278.
— (Génie de la), 51, 334.
Nationales (Fêtes), 430.
— (Couleurs) ou à la Nation, 464.
— Voyez Cocardes.
Nations. Voyez Ballet et Justice.
Nativité, 137.
Natoire (Charies), P., 521.
Nature (la), 49, 108, 123, 137, 142,
198, 232, 307, 365, 391, 405-8, 426,
428, 429, 493.
Nature (la), sculpture, 21, 34, 35, 52,
378, 407, 408, 421 , 422.
— Fontaine, 407.
— abreuvant les hommes, 385.
— (Époques de la^, 425.
Natures mortes, 500.
Naudet (Thomas-Charles), G. et md.
d*estampes, 145, 153, 159-60, 329,
351, 357, 444, 479, 489, 495.
— (Caroline), G., 160.
Nausicaa. Voyez Ulysse.
* Navarre, 287. .
Navarre (PHeptaméron de la Reine de),
245,351.
Necker, 19, 255, 264, 347, 348, 357,
386, 487.
— (l'Administration de M.), 322, 347.
— (M"«), voyez Stafil.
Née (François-Denis), G., 71, 139, 182,
307, 343, 420.
Nègre, 397.
— et négresse, 180.
— (la petite fille), 264.
Nègres, 420-1.
— fia Traite des), 244.
— Voyez Fêtes.
Négresse, 50, 361,362.
Negroni (le prince), 97.
Neptune, 287, 327.
Nepveu, 20.
Néron , 396.
* Nesle (la prairie de), 254.
Netscher, P., 374.
Neuf Thermidor, 31, 123, 124, i 30, 156,
225, 252, 264, 307, 412, 415, 443-4,
469, 471.
* Neufchàtel en Suisse, 345.
* Neuwied-sur-le-Rhin , 312.
* Nevers, 423.
Newton (Isaac), 236.
— sculpture, 5iB.
* Nice, 254, 258.
Nicolet, dess. et G.; 345.
Niel (M. Jules), 238.
Nielle (le) de Finiguerra, 135, 338.
Nieuwerkerke (M. de), 40.
Nimbe, 197.
* Nîmes 482.
Nina (Rôle de), 164, 250, 468.
— (Opéra de), 250, 362.
Ninon, 318.
Ninon de Lenclos, 283.
Niquet, G.. 202, 395, 440.
Nitot (Blichel), dit Dufresne, 152-3.
Nivard, P.,3!.
Niveau (le), 47, 152, 224, 392, 397,
403, 482.
NIVOSE. — OUVRIÈRES.
569
Nivôse, 228.
Noailles (M""* de), 315.
Noblesse (la), 484.
— r Abolition des titres de^, 414.
— ^Auto>da-fé des titres ae la), 419.
— (la) savonnée, 482.
Noce antique, 283.
— (la) au ch&teau, 183.
Noces (Lendemain des), 233.
Nodier (Charles), 242, 413.
Noei (Léon), mhog., 121.
Noireterre (M»« T. de). P., 330.
Nonne (Rêve d'une), 151.
Nord (Peuples du), 72.
— (Départemenlftu), 177.
— Voyez Armées.
* Normandie (Scène chez un fermier
de la haute), 183, 231.
Normand (Charles), G., 57, 124, 128,
129.
Nostradamus, 303.
Notables. Voyez Assemblées.
* Notre-Dame de lurette (Objets rap-
portés de la Santa-Casa de), 493.
Notre-Dame de Thermidor. Voyez
M™« Tallien.
Notre-Dame des Victoires. Voyez
M"»* Bonaparte.
Notté, dess., 292.
Nourrice (le Retour de), 511.
Nouveau Testament, 314.
Nouveauté (Quelle folie que la), 161.
Nouvelle Héloise (la), 99, 109, 110.
Nouvelle intéressante (la), 189.
Nouvellistes, 326.
Noverre, maître de ballets, 434.
Noyon (rHéroinede), 264.
Nuages (les), 296.
Nudité (de la) dans les arts, 82.
— (Quasi-) des femmes, 83, 205, 405,
476-7.
Nuits de Paris (les), 325.
Nymphes, 110, 228.
— Voyez Flore, Seine.
0
O saluUris (Parodie de T), 424.
Objets d'art et de curiosité (Recueil
d' ), 160.
Observatrice (1'), 73,489.
Odieuvre (Collection), 502.
Odyssée (1'), 153.
Œdipe recueilli par un berger, 131 ,
146.
— et Antigone, sculpt., 35.
Œil (IM, 180, 246, 348, 378, 399-400,
406 428.
Œuf à la coque (I*), 482.
OEuiS frais (la partie d*), 356.
— (les) cassés, 504, 505.
* Onenbach (Grand-Duché de Hesse-
Darmstadt), 366.
Officier municipal , 252.
Offrandes des dames artistes, 7-8, 60.
* Oise (Département dft T), 298.
Oiseau ranimé H*), 182.
Oiseaux, symbole de liberté, 185, 296.
01iva(M"'d'), 454.
Olivier de la paix, 181, 185, 264, 383,
386.
Olivier (M^^*), 246, 357.
On la tire aujourd'hui, 191.
Oncle (l'Enlèvement de mon), 254.
Opéra (la Sortie de 1'), 312.
Opinion (P), H92.
* Oppy (Paa-de-Calais), 362.
Or (la soif de r), 121.
Orage (F), 221.
* Orange, 147.
Orange (1'), 186.
Ordre f aouvel) d'architecture, 66.
Ordre (Je vous rappelle à 1'), 188.
Ordres (les trois),255,397,4i4,464,482.
— ( Destruction des), 426.
Oreilles (Il m'a tiré les), 299.
Oreste, 31.
— (Remords d»), 27, 86, 238.
— et Hermione, 289.
Orfèvrerie, 114.
— Voyez Nielle.
Organisateur (T), 494.
Orgueil (1'), 87.
Orient, 124, 125,438.
Orithie, 75.
Orléans (Louis-Philippe-Joseph, d'a-
bord duc de Chartres, 254, 3^13, 356 ;
ensuite duc d'), 19, 151, 183, 222,
264, 272, 275, 337, 348, 366, 483.
— (la duchesse d'), sa femme, 263.
— Voyez ftiris (Palais-Royal).
Ornements, 374.
Orphée, 29, 31,479.
— ramenant Eurydice, 131.
Orphelins (les Petits), 511.
Orr... (le comte deir), 504.
— (Letitia dell'), 50», 509.
Orsy (Boutique de figures de cire du
citoyen), 19-20.
Ossian, 28, 282.
Ostéologie (Recueil d'), 142-3.
Othryade, Spartiate, 27.
Oui ou non, 312.
Ouragan (1'), 137.
Ours (Ils comptaient sur la peau de ]')
avant de l'avoir jeté par terre, 484.
Ouvrières en linge (Lever et Coucher
des), 207.
f
570
OVIDE. — PARIS.
Oride (Métamorpboses d*), 2S1, 313,
326, 340.
I
P
P. (Louise), G.; 47.
Pache, maire de Paris, 17, 420.
Pacte national (le), 73.
— tacite (le), 347.
Paesiellp, 250, 301.
Paetus. Voyez Aria,
Pages de l'Empereur, 165.
Paigiion- Dijon val (Catalogue), 122,
135, 174, 322, 337, 350, 371, 501.
Paillet, expert, 125, 196.
Paillot, dess., 413.
Paillot de Montabert, 515.
Paix (la), 105, 111, 163, 184, 187,220,
227, 233, 244, 251, 287, 290, 380,
414, 432.
— Sculpture, 35, 438.
— (Génie de la), 376.
— (la) ramenant TAbondance, 223.
— ha) de 1763, 342.
— (la) de Campo-Formio, 431-
— (la)deLunéville, 387.
— (la) de Léoben,291.
— d'AmieuA, ou Paix générale de Tan X,
58, 268, 415; médaille, 385, 387 ; —
-(Allégorie sur la), 239.
— (Faites la), 230.
— Voyez Fêtes, Olivier.
Pajou, S., 33, 57, 88, 359, 360.
— (M°«), 7.
Palais. Voyez Paris, Rome.
Palais de la Reine (Dame du), 312.
• Palerme, 228.
Palloy, 234.
Palmes. 180, 264, 404, 400.
• Palmyre (Kuines de), 163.
Paméla, roman, 508.
— (Rôle de), 14, 495.
Pan (Sacrifice à), 137.
— (Fête au dieu), 135.
Panckoucke, 133, 213, 369.
Paniers, 191, 324, 463, 464, 473, 479,
514.
— Voyez Coussins, Poches, Tournures.
Panoplie, 379.
Panseron, édit, 62.
Pantagruel (Songes drolatiques de),
293.
Pantalons, 471.
— larges, 465.
— à pieds, 469.
— collants, 471, 475, 478.
Panthère autrichienne (la), 485.
Panurge, 183.
Pape des Théophilanthropes (le), 402.
Papes (Crimes des), 304.
Papes. Voyez Avant -Garde, BénéitiO-
tion, Excommûifiaitiôn , Ifatqueiiées,
Pie VI, Pie VII, Rome.
Papier (FlUgrane du) de Tan m, 385,
410.
Papiers peints, 375-6, 382.
Papillon , G. en bois^ 373.
Papillons, 224, 327.
Paquet, dess., 268.
Par ici, 189.
Parades militidres, 351 «
Parachute (Expérience du), 247.
Paradis terrestre (le droit des gens au),
180.
Paresseuse (la), 50!f
Parfait (Noël), 256.
Pari gagné (le), 312.
Paris, 285.
— (Jugement de), 285.
— et Hélène, 70, 76, 84, 85.
— f Costume de) porté dans Paris 477.
— (Nouveau Jugement de), 186.
* Paris, passim.
— Académies, 418; des arts et mé-
tiers, 8; de chirurgie, 356; des
inscriptions, 364 ; de musique, voyez
Opéra;. centrale de peinture, 8; de
Saint-Luc, 8. Voyez Académie de
peinture.
— Arc de TÉtoile, 430.
— Arènes couverte», 21.
— (Armes de la ville de), 305.
— (Artistes nés à), 45, 67, 73, 74,159,
162, 208, 210, 223, 232, 244, 245,
263, 269, 270, 279, 282, 290, 295,
299, 303, 308, 318, 336, 339, 347,
355, 300, 374, 385, 386.
— Assemblée des Électeurs en 1789,
104.
-^ Assemblée nationale (Vue de T),
335. Voyez Assemblées.
— Bastille (la), 392; — (Départ pour
la prise de la), 26, 60, lOt, 180,241,
248, 270, 307, 440, 441, 442; — mé-
daille, 387; — - (Volontaires de la),
19; — (Un Vainqueur de la), 376;
— (Pacte fédératif de la), 346; —
(Démolition de la), 395; — détruite
(la), 250, 309, 355; — (Fête sur
les ruines de la), 14, 466; — Salle
de bal , 146, 417 ; . — Monument sur
ses ruines, 59, 408.
— Bibliothèques, 435.
— Bibliothèque nationale, 26, 40, 68,
333, 493; — impériale, 473, 479;
Cabinet des Hédailles, 40; Cabinet
4es Estampes, 58, 87, 130, 152, 165,
189, 219, 235, 258, 26|, S9d, 308,
338, 370, 383, 887, 307, m, 470,
i
PARIS.
571
483, 486, 494, 495, 519, 524, 526;
(Dépôt au), 205, 253, 366, 393, 494.
Paris. Boulevard, 21, 81, 18t,326;^de
Coblentz, 73, 489; — Italien, 181;
— du Temple, 19, 375; — Tréteaux
des Boulevards, 326.
— Butte des Moulins (Bataillon de la),
154.
— Cabinet littéraire des artistes, 490.
— Cafés, 470; — du Bel-Air, 351 ; —
Borel, 159; — des Patriotes, 146,
267. — Voyez Palais-Royal.
— Capucins (Salle des), 481.
— Carmes ( Massacre des ), 442-3.
— Chambre des Députés, 75.
— Champ de Mars, ou de la Fédéra-
tion , on de la Réunion , 80, 272 , 302,
4U», 420, 422, 424, 427, 431, 432,
434, 437, 445; — (Travaux au),441 ;
— (Arc de triomphe du), 46, 47,
289, 417 ; — de la Réunion , 244, 273,
427. Voyez Fêtes de la Fédération,
de rÊtre suprême et Distribution des
Ai si es
— Champs-Elysées, ^1, 48, 54, 434,
476.
— Ch&telet (Grand-), 159. .
— Cinq-Cents (Salle des), 08.
— Clichy (Club de la rue de), 491.
— Coblentz (Petit-), 474. Voyez Boule-
vards.
— Collèges : de France, 206, 435; de
la Marche, 339; de Navarre, 290; de
Pharmacie, 350.
— Colonnes: de la Halle au blé, 65;
du Panthéon , 21 .
— Coméd ie-Française .Voyez Théâtres.
— Comité révolutionnaire (Intérieur
d'un ), 293, 487 ; — de Salut public,
156, 211. Voyez Comités
— Commune de Paris, 9, 39, 235, 256,
278, 372, 386, 420, 421, 423, 429,
448, 4M), 467, 485, 486; — (Conseil
général de la), 465, 466.
— Compagnie des Chemins de fer de
Lyon , 105.
— Conciergerie, 24, 59, 246.
— Conservatoire des Arts et Métiers,
367; — de Musique, 21, 256, 436;
médaille, 387.
— Convention (Salle de la), 13, 77,
422. Voyez Convention.
— Cordeliers (Club des), 148.
— Corps des marchands, 386.
— Costumes parisiens (Recueils de),
473, 474, 478.
— (Crisi, métiers, costumes de), 155,
148, 119, 203, 250.
— Cour des Fontaines, 368.
Pàm. Cul-de-«ac Sainte-Marie, 62.
— Écoles : de Chirurgie, 132, 133; Cli-
nique de médecine, 304; gfatuites
de dessin, 152, 165, 208, 209; im-
périales de dessin, 48; des Élèves
protégés, 93; de Mars, 345, 430; de
Médecine, 69; Militaire, 61, 62,
144, 154, 422; Nationales dé pein-
ture et de sculpture, 53; Normales,
26; Polytechnique, 27, 206, 209,
370, 425.
— Enseignes : du Basset, 271 ; des
Deux Colonnes, 272; du Grand Gess-
ner, 259; de Saint-Pierre, 397; de
la Ville de Rome, 62.
— Entrées de Louift XVI, 60, 313,
386.
— Exposition de Tlndustrie (Médaille
de T), 387; — universelle de 1855,
277. Voyez Expositions et Salons.
— Fêtes du mariage de l'Empereur,
114.
— Fontaines : du Cbàtelet, 51 ; Desaix,
220; Saint-Sévenn,272.
— Force(la), 25, 26,458.
— Frascati, 181,186,475.
— Garde-Meuble, 15.
— Garde nationale, 54, 222, 331, 349,
483.
— Gobelins, 138, 424.
— Hôtel de Ville (Bal et festin à T),
311.
— Hôtels ; de Chartres, 382; — Lon-
gneville, 375; — Lussan, 368; —
Mercy (Bal de T), 229, 475; — de
Nesle ( Dépôt de V ), 38; ~ de Noail-
les, 343; —Saint-Julien, 105; — de
Soissons, 65; — Thélusson (Bal de
1'), 229,458.
— Ile Saint-Louis, 325.
— Imprimerie de la République, 371,
431, 435; nationale, 100; impériale,
377.
— Imprimeries: polyglotte, 428; — du
Cercle social, 364,375.
— Institut, 26, 39, 48, 75, 83; — Mé-
daille de r), 387.
— Institut national de musique. Voy.
Conservatoire.
— invalides, 424, 430.
— Jacobins (Couvent des), 446; —
(Costume des religieux), 2ri4; — (So-
ciété des), 16, 19, 124, 191,256,257,
267,293, 382, 39^4; — (Bannière et
carte de la Société des), 399.
— Jardins 265 : — Beauion , 21 ; —
Marbœuf où d'Idalie, 474; (Vacherie
suisse du), 257; — National, 273,
425, 427i — da Tribùnat (Pavilloa
f
572
PARIS.
de la Paix), 459, 490. Voyez Tivoli,
Tuileries.
Paris. Louvre, 304. — Carrés de la Co-
lonnade, 398. —(Cour du), 54, 68.
— (Portiques de la Cour du), 77,
453. — Cariatides de Jean Goujon,
209. — Pavillon des Archives, 249.
— Grand escalier, 10. — Logements
d'artistes, 404, 406, 433, 468, 497,
219, 364, 518, 520. — Ateliers : de
David, 29,406; deRegnault, 427. —
Galerie d*Apollon, 40. — Grand Sa-
lon, 10. — Galerie des Antiques, 40,
256, 477; salle du Laocnon, 45, 20,
404; salle de la Diane, 143; plafonds
de Prud'hon, 405. — Galeries, 497;
galerie du Muséum, 40, 44, 42, 37;
son parquet, 38. — Musée des ta-
bleaux, 192, 361. — (Greniers du),
23, 404. — Musée des sculptures
modernes, 46, 48, 55. Musée des
dessins, 76,205, 329,360. — Chalco-
graphie, 40, 284. — Voyez Musée,
Musées, Muséum, Salons et Société
des Amis des arts.
— Luxembourg (Galerie du), 38; —
(Prison du), 83.— Plafond du Sénat,
427.— Petit-Luxembourg, 458. —
«Jardin : Expériences aérostatiquea ,
250; Monument à Marat, 420.
— LaMadeleine delaVille-rÉvôque,64.
— Magasin des Indes et de la Chine,
334
— (Mairie de), 483.
— Maison des Menus, 21.
— Marseillais (Arrivée des), 470.
— Massacres de Septembre, 206. Voy.
Carmes.
— Ministères: de la Guerre, 336; de
rinstniction publique, 360; de Tln-
. térieur, 378, 472; de la Police, 249,
383.
— (Miracle à), 482.
— Monceaux, 475.
— Monnaies (Hôtel des), 385, 387, 409.
— (Municipalité de), 324, 397; —
(Sceau de la), 395.
— Musée contrai du Louvre, 38.
— Musée national, 135.
— Musée de Paris (Mémoires du), 329.
— Musée des monuments français, 35,
39, 213, 262. Voyez Petits-Augustins.
— Musées (Bureau des), 360; — (Di-
rection des), 149.
— Muséum des arts, 21, 39, 40, 276.
— (Commission du), 75. — (Con-
servatoire du), 37, 58, 79, 440, 470,
422.
— Muséum d'histoire naturelle, 21,
474, 186. — (Jardin du), 424; —
Ménagerie, 67; — Professeurs, 435.
Paris. Notre-Dame, 404, 405, 432: soi-
disant sermon , 236; Sacre de Napo-
léon , 28 , 83.
— (Offrande des citoyennes de), 260.
— Opéra, ou Théâtre de la Nation,
24 , 73, 435, 338, 362, 395, 405, 417,
430, 434, 458; — (Bal de F), 207,
475; — (Co- certs de T), 363; —Dé-
corations, 205; — Rideau, 8(K-4 ; —
(Sortie de T), 462.
— Opéra-BuflTa, 453.
— Palais-Royal ou Égalité, 19, 60, 446,
456, 498, 4^1, 445. — Galerie de U-
hlraux du duc d'Orléans, 162, 276,
291, 329, 344, 344.— Jardin, 483,
323; Pie Vil y est brûlé en effigie,
60, 442; Pavillon de treillage, 49. —
Colonnades, 254, 262; Galerie, 483;
Salle du restaurateur Février, 156,
235; Café du Caveau, 49; Filles, 498,
456. — Cirque, 262; Comédiens de
bois, 49; Ombres chinoises, 49; Va-
riétés amusai^es, 49.
— Palais de Justice, 446: salle des
Assi^, 443, 447. Voyez Tribunal.
— Palais des Cinq-Cents, 35; des Con-
suls, 424; du Corps législatif, 436;
du Directoire, 431. Voyez Jardins.
— Panthéon , 428-9; — (Figures du),
33, 46, 48, 52, 55; — Sarcophage oe
Rousseau, 64. — Voyez Barra, Fêtes,-
Lepelletier, Marat, Rousseau, Vol-
taire.
— Perron (le), 229, 230.
— Petits-Augustina (Dépôt des), 38.
— Places : de la Bastille, 21, 407, 422;
— du Carrousel ou de la Réunion,
304, 371,375,398,420, 445, 447 (voy.
Revue) ; — Dauphine, 8, 220 ; — des
Invalides, 422; — Louis XV, ou de
la Révolution , ou de la Concorde, 64,
418, 419; 21, 492, 437, 445, 416,
( voy. Statue équestre) ; — des Trois-
Maries, 383; — des Victoires, 2! ; —
Vendôme ou des Piques, 398.
— (Police établie à), 393.
— Pompes funèbres, 420.
— Ponts: au Change, 351; — Neuf, 21,
35, 60, 410-4 ; Entrée de Louis XVllI,
464; — Notre-Dame, 60; — Royal,
60.
— Ports : au Blé, 60, 160; — Sainv-
Paul , 60.
— Préfecture de la Seine, 431 .
— Prisons. Voy. Carmes, Conciergerie,
Force, Luxepibourg, Saint -Lazare,
Temple.
PARIS.
573
Paris. Quais: de la Grève, 445; de la
Mégi&serie, 62 ; — Voltoire, 438.
— Remparts (Promenade des), 333.
— Retour des héroïnes de Versailles,
441.
— Revue du Quintidi. Voy. Tuileries.
— Rues : de la Barillerie, 189; —
Basse-du-Rempart ( Gardes-Françai-
ses combattant le Royal-Allemand),
255; —Basse-Saint-Denis, 382; —
de Bondy, 21 ; — de la Bùcherie,
146; — du Carrousel, 371; — Ce-
rutti , 105 ; — Chantereine (Concerts
de la) , 363; — Cristophe, 176, 224;
— de la Concorde, 155; — du Coq,
275, 489; (les Musards de la), 208;
— Coquillière, 488; — Croix-des-
Petits- Champs, 368; — Dauphine,
62; — de rÉglise des Jacobins,
c'est - à - dire Sai nt-Hyaci nthe-Sai nt-
Honoré, 293; — de la Ferronnerie,
304; — des Fossés -Montmartre,
153; — Franciade, 244; — de Ges-
vres, 203; — Gît- le -Cœur, 190;
— des Grands-Degrés, 145, 269;
— de Grenelle- Honoré, 247; — de
la Huchette, 267 ; — Jean-de-Beau-
vais, 73; — Laffitte, 105; — de la
Lune, 176; — des Mathurins, 62,
271, 350; — des Mathurins-Sor-
bonne, 479; — Muuconseil, 254; —
des Mauvaises-Paroles, 228 ; —Mont-
martre, 473 ; — des Noyers, 244, 254,
334; — de Paradis, 490 ; — des Pe-
tits-Augustins, 39; — des Petits-
Champs 369; — Portefoin, 76; —
du Pot-de-Fer, 87 ; — Poupée, 320,
451; — de la Révolution, 155; —
Richelieu , 382 ; — Saint-Denis (voy.
Franciade ) ; — Saint - Germain -
l'Auxerrois, 382; — Saint-Honoré,
267, 334, 343; — Saint-Hyacinthe,
293,440;— Saint-Jacques, 161,231,
250; 259, 271, 272, 397, 446, 474,
509; — Saint-Louis au Marais, 61 ; —
Saint-Nicaise (Machine infernale de
la), 243 ; — des Saints-Pères, 124 ; —
Sainte- Avoye, 136; — Serpente, 380;
— du Théâtre-Français, 466 ; — Thé-
venot, 190; — Zacharie, 297. — ( le
peuple parcourant les) avec des
flambeaux, 255; — (Troupe ambu-
lante des), 174.
— Saint-André-des-Arts, 405; Saint-
Étienne-du-Mont , 432; Saint-Eus-
tache, 405, 432; Sai nt- Germai n-
TAuxerrois, 432; Sain t-Gervais, 405,
432; Saint-Jacques-du-Haut-Pa8,432;
Saint-Jacques-l'Hôpital (District de),
255; Saint- Laurent, 432; Saint -
Lazare (Prison de). 15, 292, 452;
Saint-Médard, 432; Sain^Mer^y, 432;
Saint -Nicolas- des -Champs, 432;
Saint-Roch, 432, 490; Saint-Philippe-
du-Roule, 432; Saint -Sulpice, 87,
430, 432; Saint- Thomas-d*AquiD,
432 , 490^ Saint-Yves, 254.
Paris. Sainte -Chapelle, 446; Sainte-
Marguerite, 432.
— Salon de Curtius, 210.
— Salpêtres (Agence des Poudres et),
425
— Sections, 394, 424, 429; - de la
Cité, 170, 224; — des Cordeliers,
420; — Fontaine de Grenelle, 327;
— Lepelletier, 327.
— Seine, 437.
— Sociétés : des amis de la Consti-
tution en séance, 343. — Philotech-
nique, 72.
— Sorbonne ou Palais national des
Siences et des Arts, 82, 104; Loge-
ments d'artistes, 133.
— Spectacles. Voyez Modes (Journaux
de).
— Statue équestre de Louis XV, 64,
418, 419.
— Tableau de Paris, 325-6,
— Temple (Enclos du), 58; — (Prison
du), 196, 443, 484. Voyez Louis XVI
et Marie-Antoinette.
— Temples: Décadaires, 432, 436; —
du Commerce, 437; — de la Concorde,
437 ; — de rhumanité, 424; — de
rimmortalité, 424, 430; — de la
Victoire, 66.
— Théâtres : (Annales et costumes des
grands) de Paris, 144, 155, 164, 250
266, 468; — d'Audiuot, 428; — Fa-
vart, 419; — de fantasmagorie, 382;
— Feydeau, 362 ; — Français ou de
la République, 155, 294, 311 , 329,
380, 452 ; — Montansier, 40, 325,
345; — de la Nation, voy. Opéra; —
des Variétés, 452 ; — en plein vent,
437.
— Tivoli, 383, 474 ; — (Orangerie de),
477.
— Tribunal révolutionnaire, 59, 156;
— de Cassation ; 334.
— Tuileries (Palais et Jardin des), 21,
40, 159, 254, 256, 427 ; — Événement
du 1? juillet 1789, 313; — Journée
du20juin 1792, 395; — (Attaque des),
441; — ^Siégedes),14; — (Sacdes),
37, 438; voy. Dix août et Sainte-Fa-
mille; — (Chapelle des), 267; —
( Cour des ), 205 ; — ( Revues dans U
»4
PARIS. ^ PÈRE.
cour des), 103, 963, 351. ^ Jardin:
Expériences aérostatic^ues , 335 ;
Royal'AllemaDd sabrant le peuple,
855; bassin; 419; seàtinôlles, 471,
Statues, 471.
Paris. (Vues de), 269,351.
— Voyez Académie de peinture, Aga-
memnon. Assemblées, Bouquinistes,
Cangc, Consul, Convention, Cours,
Diligence, Dix Août, Institut, Jour-
nées, Législature, Lit de Justice,
Louis XVI , L^'Cée, Marchands d'es-
tampes, Marie -Antoinette, Modes,
Neuf Thermidor, Paris, Perruquen,
Prêt, Sociétés, Tableaux, Tribunal
révolutionnaire, etc.
Parisiennes ( les ), 324, 490.
— (Bravoure des femmes), 175.
— (l«s grâces), 490.
Parizeau, dess. et G., 74, 249, 271.
Parker (Richard), 225.
♦ Parme, 338.
— Voyez Julien.
Parmentier, 39.
Parmesan (le). P., 150.
Parny ( Évariste ), 26, 39, 206, 330, 430,
436, 460, 494.
Parques (les), 105.
Parrains (les petits), 312.
Parrhasius, P., 410.
Parricide (Supplice du premier Athé-
nien), 197.
Partout, nom imaginaire d*éditeurd*es-
tampes, 402.
* Pas-de-Calais (Département du), 177.
Pas de deux (le), 489.
— de trois (le), 348.
Pasquier, 37.
Pasquier (Etienne), 394.
Passé (le Miroir du), 488.
Passion (Coiffure à la), 464.
Passions (des) sous le rapport des Beaux-
Arts, 210.
.Pastoret(M'"«), 81.
Patas, G , 71, 139, 172, 306, 308, 311,
312, 310, 320, 337, 342.
Patente (les artistes soumis à la), 494.
Paternel (rAraour), 426.
Paternelle (la Bénédiction), 185.
— (la Malédiction), 510, 518.
Paternels Hes plaisirs), 184.
Pâtres, 173.
Patrie(la), 213, 321,423.
— Sculpture, 46.
— (Amour de la), 426.
— (PAmour de la) inspire le cou-
raffe 51
— (Sacrifice à la), 188, 243.
=1
la) saUsfaite, M, 244.
Patrie, (la) cottronoant les Vertus, 46.
— Voyez Autel, DévoùemenI, Temps.
Patriote (une). Voy. Croitier (Marie-
Anne).
— (Femme), 464.
— Voyez Polonais.
Patriotisme (le vrai et le faux), 123.
— (le) armé, 409.
Patrocle, 2i, 201. ,
Patry, imprimeur, 12.
Paul et Virginie, peinture, 39, 186.
— Sculpture, 35, 55, 56.
— Illustrations, 130, 206, 214, 230,
233, 260, 314, 352.
— Romance, 382.
Paul-Ëmile (Triomphe de), 11, 200.
* Pauliguen (la Baie de), 268.
Pauquet (Jean-Louis-Charles), G., 47,
172, 200, 319, 324, 33K-9, 362, 413.
Pausanias français. Voy. Chaussard.
Pauvreté (Quand la) entre par la porte,
TAmour sort par la fenêtre, 231.
Pa\'ables (les), 223.
* Pays-Bas (Troubles des), 445.
Paysages, 11, 13, 25, 31, 137, 146-7.
Paysan (Bonnet do), 395.
Paysanne (laj pervertie, 323.
Paysans attablés, 179.
Pécheux, P., 357.
Pégase, 105.
Peigne, 470.
Peintre (le) tirant le diable par la queue,
125.
— (le) vengé, 495.
Peintre-Graveur français (le). Voy.Ro-
bert-Dumesnil et Baudicouri.
Peintres de genre, 166-96.
— Graveurs, 132-48.
— d'histoire, 70.
— Voyez Atelier, Enseignes, Paysages.
Peinture (Origine de la), 228.
— (la), poème, 258.
— Voyez Académie.
Pelée '(M.), 94.
Pèlerinage au patron de la Liberté,
40t.
— àSaint^Nicola8,401.
Pélican (le), 188, 399, 403.
Pelin (Mi^*), danseuse, 135.
Pelletier (Bertrand), 350.
Pénélope et Ulysse, 277.
Penni (Lucas), P., 304.
Pensée (la) d'amour, 512.
Péplum antique, 465.
Percier (Charles), A., 32, 90, 220, 282,
287, 301, 346.
Perdrieau, G., 319.
Père (le premier devoir d*un>, 242.
— (le) de famiUe, 448, SP2, 508.
t>*RB. -- PILLEMENT.
675
Père (le) de famille panûylique, 4^,
50ô,MI, y21,5M,6te.
— y oyez Bible, Paternel.
Père Duchesne (lé), jourfial, 382.
Père Éternel/ 131.
Pérée (Jacques^Louis), Q ., 5^7, 4^ ,
298-y.
Périchon (CamiUe), 502.
Périclès, 31.
— déceraant les prixd'encourageiR^Bt,
128.
Périé, G., 142.
Périgaon, expert, 77.
— (Louise), 61.
Périssin, G., 445.
Perlet (Journal de], 224.
Pernier, éditeur, 293.
Péron (M. Alexis), 84.
* Perpignan.
— (Musée de), 144.
Perrié, élève de David, 477.
Perrin, dessinât. , 412.
— P., 29.
Perronet, A. et ingénieuFt 62.
Perrot, G., 210.
Perruque à deux marteaux, 484.
— (la) blonde, comédie, 471.
— Voyez Coiffure.
Perruques de toutes couleurs pour les
femmes, 471.
— blondes, 192, 475; — (Histoire
secrète de toutes les) de Paris, 471.
— grecques, 474.
— noires, 467.
Perruquier (le) devenu fournisseur,
489.
Persée, roi de Macédoine, 200.*
Personnages célèbres de la Révolution,
365, 450.
Péruvienne (Lettres d'une), 340.
Peste (Scène de), 73, 88.
— (la) d'Athènes, 164.
Péters (le Père), 298.
Pétion (Jérôme), 123. 241 , 243, 368,
419, 483.
Petit, G., 72, 73,191, 386.
— (Jacques-Louis ou Louis), G., 246-
7, 311.
— (Jean-Robert), G., 247.
— (Simon), G. et P., 223, 247-8.
Petit-Coupray, P., 11, 14, 4ji7.
Petit-Maître, 464.
— (Lever du), 312.
Petitot, P. en émail , 204.
Peuple (le), 31, 87,197, 264,385, 392,
398,409-11,426.
— Statue, 21, 34, 35, 410-1, 421, 427,
436.
^ (lêR«veiUu),413.
Peuple (Triomphe du), 31, 90, 8Q.
— (la Chiquenaude di|), 411,
Peuples (Génies des), 195.
Peuplier (le), 398, 420, 423.
Peur (N'^ez pas), ma )^pne apiie,
214, dl2.
Peyron (J.-F.-Pierre), P., 7, 9,11, 22,
38, 108, 137-9, 236, 301, 302, 318,
319.
— (M«),7.
Peytavin, P., 27. 238.
Phèdre et Hippolyte, 27, 29.
Phélippeaux, G., 180, 334, 364, 468.
Philidor, musicien, 436.
Philidort (Paul), prestidigitateur, 382.
Philippe II, 396.
Philoctète, 819.
Philosophes (Assemblée de), 53.
Philosophie (la), 50, 51, 105, 246, 407.
— Statue, 21.
— découvrant la Vérité, 51, 241.
— endormie, 509, 526.
— (le Règne de la), 80.
— (Triomphe de la), 412.
— du xvm* siècle, 434;
Phlipon (M"« Manon) Voyez M™* Ro-
land.
PhrosineetMélidor, 102, 110,119,218.
Phrygien (Bonnet), 394, 395, 402.
Physionomies du Jour (les), 490.
Physionotrace, 7, 8, 367-70, 449, 454,
458.
— Vnvez Bouchardy, Chrétien et Qué-
nedey.
Physi4je(la), 327.
Pic(Un), 298, 410.
Picart, auteur dramatique, 264, 471.
Pichegru (le général), 362, 492.
Picot (V.-M.). G., 414.
Pidansat de Mairobert, 64.
Pie VI, pape, 60, 181, 208. 383,442.
— caricatures, 482, 484, 492.
Pie VII, pape; peinture, 85, 142, 267.
— caricature. 492.
Pied de nez (le), 484.
Pieds (la Comparaison des petits), 191.
— Voyez Chaussure.
♦ Piémont, 355.
Pierre (J.-B.-M.), P., 63, 70, 93, 354,
— imprimeur, 490.
Pierres gravées, 149, 375.
Pierrot, 194.
Pietas, 412.
Pigalle (Jean -Baptiste), S., 33, 45,
502.
Pigault-Lebrun, 370.
Piis(de;,234.
Pilâtre au Rosier, aéronaute, 234*
PUlement (Jean), D., 420,
576
PILLET. — P0Ï3SSIN.
Pillet (Fabien), 357, 501, 502, 510,
515, 519.
Pinelli,dess., 228.
Pingre (le Père), astronome, 392. .
Pipelet (la Citoyenne), 30.
— Voyez Salm (Constance de).
Pique 108, 189. 246, 334, 378, 379,
392, 397-8, 401, 403, 410, 418.
Piqué blanc, 475.
Pistolets à la ceinture, 382.
Pithoud (M"«), 7.
Pitié (la), 412.
— (Poëme de la), 283, 288.
Piton, G., 180.
Pixérécourt (Bibliothèque). 379.
Placards, 69, 189, 198, 264, 265, 320,
341 , 373, 381 , 382, 394, 464, 492, 493.
Plaies de la République (les), 491.
Plaisir (le) 105, 111.
— (la Réalité du), 356.
— Voyez Paternel.
Plassan, libraire, 56, 305.
Plat à barbe lillois (le), 178.
Platane (le), 399.
Platon, 309.
Pl&tres moulés sur nature, 451.
Pleureuse (la), 522, 525.
Plier(Mieux eût valu) que rompre, 482.
Plumes, 464. 473.
Plumets, 464.
Plutarque, 309.
Poche, servant aux femmes de vertu-
galle, 464.
Poésie (ia), 426.
Poëte(le),230.
— (le Jeune), 193.
Poignard (les Chevaliers du), 223-4.
Poignards, 396.
Poilly, G., 287.
Poinçot, libraire, 162.
Point, dess., 290.
Pointillé (Graveurs au), 215^8.
Poirier (Dom Germain), 38, 39, 41.
Poirier de Dankerque, avocat, 128-9,
349.
Poisson, G., 488.
Poisson (le) des jeunes .filles, 350.
Poitiers (Diane de), 304, 473.
* Poitou, 353.
Police (la), 383.
Polichinelle, 171,492.
Polisson (le Petit), 512.
Politique (la), 124.
Politiques, 496.
♦ Pologne, 287.
— (le Partage de la), 341.
— Voyez Lazowski et Stanislas.
Polonais (Portrait d'un patriote), 223.
Polyeucte (Rôle de), 468.
Polynice, 139,236.
Polyscope (le Genseor). Voyez kmajory^
Duval.
Polytypagc, 366, 381, 388.
Pommereul (le général ), 40, 42-3.
Pompadour (M- de). 35, 149, 282, 324,
356, 404, 500, 5Ô8.
♦ Pompéi, 294.
Pompon tricolore, 142.
Pompon (M'^^), regrettant les fédérés,
464.
Ponce (Nicolas), G., 9, 127, 130, 16»,
172, 313, 316, 317, 319, 322, 326,
330-2, 335, 407, 440, 449.
— (M™«), G., 295, 332.
Ponce Camus, P., 30.
Poncelin(rabbé\494.
Pont d'amour (le), 214.
Popilius (le Cercle de), 122.
Porbus, P., 287.
Porcelaine. Voyez Sèvres.
Porcia (la princesse), sœur du pape,
492.
Porporati, G., 134, 222, 523.
Porte-drapeau de la fête civique, 192,
218, 465.
Portelance (M. de), 223.
Portes cochères (les), 326.
Porteur d*eau, 148.
Porthmann, imp., 277.
Portraits, 30, 447-62, 524.
— (Peintres, dessinateurs et graveurs
de), 354-72.
— de personnages célèbres de la Ré-
volution, 365, 450. Voyez Assemblée,
Bonneville, Corps législatif, Deja-
bin. Galerie, Généraux, Graveurs,
Vérité.
— historiques (Collection de), 473.
— inédits d'artistes français. 450.
— à la mode (les), 333.
— (les Deux), conte, 495.
Portier, 411.
* Portugal, 135.
Postérité (la), 426.
Pot au lait (le), 168,332.
Potier, libraire, 325.
Potrelle, G., 85b
Pottier(M.André), 213.
Poudre de guerre, 42 i, 425, 437.
— de cheveux, 184, 21 7, 288, 463. 464,
466, 471, 473, 484.
Pougens (le Chevalier de), 370.
Poule, 324.
Poulet-Blalassis, libraire, 332.
Poupées, 318.
Pourcelli, P., 14, 466.
Poussez ferme, 191.
Poussin (NicoU»), P. 15« 56, 68, 72,
à
POUSSIN. — PYRRHUS.
577
ii9, i38, lao, 157, 209, 258, 468,
512.
Pradère, pianfste, 456.
Prairial, 129.
Précaution (la), 193.
Précautions (les), 312.
Précieuses, 203, 496.
Précis historique de la Révolution ,
313,401.
Prédicateur (le Petit), 168, 169.
Préfets, 162.
Premier prairial, 444.
Prendre (Ce qui est bon à), est bon à
garder, 174, 242.
Présage (J*en accepte Theureux), 312.
Présent (le), 172.
PrésiUe (Couronnement du coutelier),
491.
Présomption (la), 123.
Presse (Libertés de), 376.
Prêt sur nantissement (Maison de), 222.
Préteur (le) sur gages, 240.
Prétexte (le), 186.
Prôtre aristocrate, patriote, 272.
Prétresse compatissante. 134.
Préville, 164, 250, 252.
Prévost (l'abbé), 316, 508, 514. Voyez
Lescaut (Manon).
— (la citoyenne), 382, 492.
— (le citoyen), 382.
— G., 453.
Priape (Offrande à), 227.
Prière (la) du matin, 512.
— Oa) ^ TAmour, 513.
Prieur, A. et dess., 59.
— de la Marne, député, 21, 81.
— (Jean-Louis), G., 58-60, 313, 346,
440,446.
— (L.), ciseleur, 58-9.
— (M"'). 417.
Primatice, P., 68.
Primitifs (Secte des), 29, 477.
Principes de dessin, 72, 73, 129, 210,
233.
Printemps, 426.
— (le ) ou les Amants, 187.
Pris (Ils l'ont), il faut le rendre, 207.
Privilèges (Abolition des), 386, 426,
Prix, 318.
— de Rome, 17-8, 45, 128, 139, 200,
336, 387.
— d*architectnre, 62.
— d'encouragement de Tan IV, 101 ;
de Tan VU, 67, 124, 270 363.
— décennaux, 114. Voyez Concours.
Probité (la), 49, 180, 272, 404.
Procession catholique dans la cam-
pagne, 32.
Proculos (Rôle de), 468.
Professions ^Libertés de), 376.
Promenade (la), 186.
— du matin et du soir, 268.
— (Homme et femme à la), 363.
— publique (la), 184.
Prony, 38.
Prophète (Étude de), 137.
Proportions des plus belles figures de
l'antiquité, 302.
Propriété littéraire (loi sur la), 256.
Prospérité, 388.
Prot, G.. 50, 214.
Protestants, 155, 298.
Proue, 378.
Provence (Médaille des Communes de),
384.
— fie comte de). Voyez Monsieur.
— (la comtesse de), 355.
Proverbes, 242.
— Voyez Chaises , Ours , Pauvreté ,
Plier, Prendre.
Prudence (la), 376, 386.
— (Attributs de la). 209.
Prud'homme, 59, 304, 3i8, 419, 422,
442.
Prud'hon (Pierre), P., 2, 3, 11, 13, 17.
20, 22,25, 32, 39, 43, 4i, 91-122,
189,199,218,219, 220, 242, 270,280,
284,299, 301 , 352, 379, 383, 395, 397,
402,403, 407,409, 413,414,430,433,
450, 492.
— (M"»«), 92, 98, 102, 106, 110, 112,
— (Janot), leur premier fils, 92.
— fils. G., 104, 120, 189, 190, 450.
Pruneau, G., 239.
• Prusse, 288.
Psaumes, 118.
Psyché, 27, 56, 90, 98, 199, 270, 284,
479.
— (les Adieux de), 360.
— enlevée par les Zéphyrs, 113, 121.
— (les Amours dej, 90.
— abandonnée, 288.
— fustigée par les Furies, 246.
— de La Fontaine, 314.
— Voyez Amour.
Ptolémée Philadelphe, 300.
Pucelle (la), 158, Ô97, 319, 341.
Pudeur (la), 277, 426.
— Statue, 2, 35, 404, 479.
Puget (Pierre), S. 35.
Pujos, P., 296.
* Pultava. Voyez Batailles.
Putiphar (la Femme de) et Joseph, 117.
Pygmalion, 163, 310.
Pyrame et Thisbé, 27.
♦ Pyramides. Voyez Batailles.
I* Pyrénées-Orientales. Voyez Armées
Pyrrhus chez Glaucias, 74.
57&
QUATRE AOUT. — RÇGHAT.
Quatre août iim (^^it du^ 307.
Quatremëre de Quincy ( Antoine X 2,
23, 34, 48, 74, 75, 91, 07.
Quatremère-Dijonval, 281.
Quay (Maurice), élève de David, 477.
Quéoard (P.)^ littérateur, 365, 450.
Quénedey (Edme), P. en miniaL et G.,
8, 367, 368-70, 454, 458.
Quérard, bibliog., 257, 302, 352.
Querculane (Une), 363, 364.
Querelles (le chevalier de), 187.
Querlon. Voy. Meunier.
Queue (Ul, 451, 466, 471.
Queverdo (François-Marie-Isidore), G.,
86, 160, 246, 319-2-2, 329, 352, 353,
356, 393, 402, 451, 455.
— (Adélaïde), G., 322.
— (Louifr-Yves), G., 322.
Queylar, P., 28.
Qui est là ? 222.
* Quiberon. Voy. Batailles.
QuiUes, 189, 253.
Quinette, 281, 437.
R
R. (la citoyenne), édit. d^estampes, 244.
lUbaud-Pommier, 368.
Rabaut, 368, 400.
Rabaut-Saintr-Étienne, 227, 275, 313,
449.
Rabbê, 153, 187.
Rabelais, 293, 484.
— Voy. Gargantua, Pantagruel, Songes.
Rabelli , G., 249.
Raccommodement (le), 222.
Racine, 305, 313, 468, 494.
— Statue, 48.
-^ édHion Didot, 56, 90, 139,284, 285,
290, 301, 306, 346.
— (Costume des personnages de),
468-Q.
— Voyez Androi;naque, Athalie, Mitbri-
date, Monime, Thébaide.
Ragot, G., 496.
Raison (la), 50, 51, 137, 180, 266, 294,
297,307, 321,399,404-6.
— Statue, 438.
— (les Vingt-cinq préceptes de la),
2Ô5.
— (Triomphe de U), 412.
— Voyez Fèies, MontpelUeVi Reims.
Rallier, 433.
* Rambouillet (Laiterie de), 33.
Rameau , conventionnel^ 432.
I^mey le pève. S., 17, 34, 35, 39, 93,
410.
Rampon, chef de brigade, 141.
Randon de Boisset (M.), 507.
Rang (Égalités de), 376.
Ranson nette (Pierre*Nicolas), G., 303-
4, 420.
Raphaël, P., 61, 93, 94, 95,97,137,
139, 153, 157, 164, 236, 280, 288,
300, 436, 468, 505.
Rapilly, marchand d'estampes, 212.
Rapport sur les beaux-arts. Voyez Le-
breton.
* Rastadt (Assassinat des plénipoten-
tiaires de), 67,248, 307.
— (Congrès de), 286.
— Fôte funéraire, 437.
— Voyez Bon nier, Debry, Roberjot.
Ratisse (Je t'en), 292.
Raton (le Triomphe de), 172.
Rauch, ingénieur, 308.
Raucourt (M'»«}, 234, 250, 293, 295,
357, 454, 468, 490.
Reboul (H.), 409.
Récamier (M.), banquier, 450.
— (M""), 25, 83, 358, 459-60 ,.476.
Receveur d'argent (le), 168.
Rechteren (la famille de), 221.
Récompenses (les), 392.
— nationales, 334.
'Reconnaissance (la), 430, 432, 437.
Récréation (la) après le diner,2i4.
- (la) champêtre, 189.
Redingotes d'hommes, 478 ; à brande-
bourgs, 151.
— à la Galathée, 475.
Redouté (P.-Joscph), P., 226.
Redresseur (le petit) de quilles, 189,
253.
Réflexion de l'Amour (la), 337.
Réfractai re amoureux He), 483.
Refrains patriotiques, -iOO.
Régénération (la), 392.
— de la Nation française, 320, 408.
— (Fontaine de la), 221, 307, 421-2.
— Voyez Fêtes.
Régiments: de Chàteauvieux, 80,41&;
de Royal -Allemand, 255.
Règle (la), 404.
Regnard (Jean-François), auteur dra-
matique, 221, 315,323.
Regnauld, G., 169,243.
Re^nault (Jean-Baptiste), P., 9, 11, 13,
23, 24, 25, 29, 31, 37, 39, 106, 119,
1^5-8, 209, 242, 279, 285, 298, 332,
334, 340, 414, 479.
Regnault de la Lande (L.-F.), 45, 135,
228, 259, 279, 326, 328, 340.
Regnault de SaintJean-d^Angely (M"^),
27, 89.
Regrat, 87.
i
REGRETS. — RIEUR.
m
Regrets (les), 297.
^ im^lit (les), 179, 9Si.
* Reims, 20.
— (Artistes nés à), 247.
— Fête de la Raison, 42^.
— Sacre de Louis XVI, 311, 345.
Reines (les Crimes des), 348.
Religieuse reudue à la sioci^té, 464.
— fouettée, 482.
Religieuses (Rapport sur les idées),
426.
Religion, 190.
— (Triomphe de la), 464, 267.
— (la) de nos pères et mères pour deax
sous, 480, 492.
— naturelle, 432 ; — (Triomphe de la),
412.
— civile, 432.
— révolutionnaire, 395, 415.
— Voyez Culte.
Religions (Histoire des), 310.
Rembrandt (Paul), P., 515, 524.
Remords (le), 124.
Remplaçants et'des remplacés (Arrivée
et départ des), 489.
Renaissance (la), 33, 384, 394, 398, 400,
404.
Renard, G., 194.
Renards (Enfin les) ont laissé leurs
queues, 492.
Renaud (M»-^) l'aînée, 292.
Rendez-vous a la fontaine (le), 350.
René, 328.
Renommée (ta), 57, 87, 290.
Renommées, statues. 434.
Renouard (Antoine-Auguste), éditeur,
139, 305, 323, 367, 374, 388.
— (la famille), 335.
— (la veufe), édit., 40, 177, 507, 542.
Rentier (l'impayable) de l'État, 49ti.
— ruiné (.Pauvre), 240.
Repentir (le), 98.
Répétition du matin, 325.
Réponse embarrassante (la), 234,
Représentant en costume, 355, 478é
— aux armées, 469.
— en mission, 461, 349.
— répandant des fleurs sur le tombeau
de sa première épouse, 362.
République (la), 49, 185, 198, 203, 241,
249, 246, 272, 327, 392, 403,404,
426, 431.
— Sculpture^ 33, 48, 80.
— (Génie de la), 324, 377.
— (Établissement de la), 426, 430w
— (le Triomphe de la),42, 252,293,303.
— (Vive la), 342.
— Voyez Plaies, Commandements,
Sceaux*
République Romaine (Histoire de. la)«
— Batave, 406.
— Cisalpine, 429.
— (Proclamation de la) à Raniè, JOÎ,
Réquisition (la première), 4S5i
Réquisitionnaires réfractaîreà, itÙ^
483, 485. . *
Resavelles (Compagnie de), 270.
Résistance (la douce), 491.
Restauration des tableaux, 38, 391, 446.
Restent, P., 522.
— lefils,P.,41, 42, 45,236.
Résumé de tout (le), 480.
Rétif de la Bretonne, 39, 245, 344-2,
323-5, 339, 345.
Retour (le), 205.
Rôve (un), 464^.
Revenant (le), 267.
Revil (Cabinet), 435.
Révolte des Français ( Histoire des ca-
ricatures de la), 482, 485.
Révolution française, 426.
— (Tableau de la) 128-9.
— (Époques de la), 425.
Révolution de 18^48, 199.
Révolutions de France et d& Brabant^
482.
— de Paris. Voyez Pradhorame.
Revue de Paris, 509,511.
— des Deux Mondes, 92.
— Encyclopédique, 149l
— Rétrospective, 256.
— Universelle des Arts, 8» 443^^ i79k
238, 360, 501, 503.
Revues de troupes, 434.
Reyre, 358.
• Rhin (le), 26.
— (Passage du) par Morcau, 38T»
— Voyez Armées.
Ribault(J.-F.),G.,208.
Ricci (Sebastiano), p., 468.
* Riceys-Ie-Haut (Aube), 368.
Richard (M. Paulin), de la Bibliothèque
impériale, 368.
Richard Coeur de lion, opérap<0miqu«,
261.
Richardson, romancier, 508.
Riche (la porte d'un), 186.
— (le) du jour, 240.
Richelieu (le cardinal), 496.
Richer, G., 496. ♦
Richesse (la), 10&, 234.
Richesses (Mépris des), 442.
Richter (Prançois^Xavier), 285*
Ridé, G., 479,468.
Ridicules, petits sacs de femmes^ It4.
Ridicules du jour (les), 38!iN9,
Rieur (un), 358;
t
580
RIGAL. —ROSE.
Rigal (Catalogue), 154, 160, 174, 524.
• Rigny (Franche-€omté), 102.
Riouffe, 454.
Rïoult, P., 119.
Ris (les), 414.
Rivale désabusée (la), 230.
Rivalz,.P., 142.
Robe, 476, 479.
— en amazone, 466.
— en chemise, 183, 463, 465.
— à la Cyprienne, 191.
— décolletée, 474, 496.
— à la Diane, 475.
— froncée en rideau, 465.
•— à la grecque, 193.
— de linon, 464, 474.
— longue, 464, 471-2. .
— à la Minerve, 245.
— de mousseline, 475.
— à pèlerine, 370.
— rayée, 464.
— de taffetas, 178.
— en tulle, 476.
— en Vestale, 464.
— virile, 465.
Robeijot, Tun des plénipotentiaires de
Rastadt, 437.
Robert, aéronaute, 254, 335, 345.
Robert (Hubert), P., 64, 206, 250, 257,
281.
Robert (Rôle et costume de), chef de
brigands, 478.
Robert-Dumesnil, 135, 224.
Robert-Lefebvre, P., H, 13, 127, 300,
340.
Robespierre, 14, 19, 21, 81, 123, 156,
225, 226, 240, 241, 243, 273, 310, 358,
359, 360, 405, 424, 425, 426, 429, 444,
445, 452, 466, 486, 487, 488.
— (la citoyenne), 368.
Robillard-Péronville, 277, 315.
Rocher, 264.
Rocheux, 395.
Roger (Barthélémy), G., 103, 104, 106,
120, 194, 199, 219-21, 366, 402.
Roi de la première race, 69.
Rois (les), 478, 484.
— (les Crimes des), 273, 348.
— (Costume des), 478.
— (Génie»des), 195.
Roland (Jean-Marie), ministre, 37, 244,
335, 466.
— (M"»*J, 156, 330, 365, 405, 454-5,
465 518
Roland, S.,* 33,75, 177,411.
Roland furieux, 332.
RoUet (la citoyenne), C, 243-4.
Romain (Génie du peuple), 410.
Romaine C Histoire) en vignettes, 337,
339.
Romaines (Dames) apportant au Sénat
leurs bijoux pour la rançon des Gau-
lois 251 .
Romains, 394, 396, 398, 399, 400, 460,
469. Voyez Empereurs, République.
Romances, 188, 382, 465.
Romanet, G., 312, 310.
* Rome, 20, 35, 54, 61, 62, 70, 97, 126,
130, 132, 133, 138, 142, 148, 236,
239, '260, 266, 400, 448.
— (Académie de France à), 11, 16, 24,
40, 63, 85, 95, 96, 122, 128, 140, 142,
213, 337, 507; — (Caricatures des
pensionnaires de T), 75. Voyez Prix
de Rome.
— Académie de Saint-Luc, 142.
— Académie des Arcades, 264.
— Arc de Titus, 398.
— fArtistes nés à), 88.
— Carnaval, 63.
— Colysée, 257.
— (Cour de), 293, 492.
— Farnésine, 94, 120.
— Mascarade d*artistes, 63.
— (Mesdames à), 482.
— Mont Aventin, 400.
— Musées Chiaramoutl et Pie-Glémen-
tin, 394.
— (Monuments antiques et Fabriques
de), 08.
— Palais Barberini et Farnèse, 94.
— Procession pour les Indulgences, 63.
— Promotion au doctorat, 63.
— République Romaine (Proclamation
de la), 202.
— Séjour de Prud*hon, 93-8^ de Greuze,
504.
— Temple de la Liberté, 400.
— Vatican, 164; (Loges du), 2t55.
— Villas: Albani, 216, 221 ; Kégroni,
394.
— (zîtellede), 471.
— Voyez Papes.
Rome (le roi de), 114, 121, 322.
Rome de Usle (J.-B.-L. de), 135.
Romme, conventionnel, 11, 34, 38,79,
398.
— son rapport sur le Calendrier, 392,
394, 399.
Romney, S. anglais, 237.
Rosalba (la). P., 204.
* Rosbach. Voy. Batailles.
Rose (la), 182.
— défendue (la), 239.
— mal défendue (la), 184.
— (le SacriHce de là), 168, 172.
— Voyez Bouton, Couleurs,
ROSÉE. — SAIiNT JACQUES.
5&1
Rosée (la), 175.
Rosemont (M"«), P. en miniat., 360.
Roses, 423, 426, 427, 464.
— (Couronne de), 404.
— (rÉplucheuse de), 356.
Roslin, P., 511.
Rossignol (le), 231.
Rothscliild (M. de), 105.
Roubillac, G., 73.
Roucher, 316. Voy. Mois.
* Rouen, 292, 510.
— Académie, 65.
— (Artistes nés à), 65, 70, 291, 335,
341.
— (Bibliothèque de], 418.
Rouget de Lisle, 430.
Rouleau, 406.
Roulette (la), 350.
Rousseau (Jean- Jacques), 20, 71, 100,
159, 221, 316, 406, 433, 453, 454,
508, 514.
— (Portraits de), 67, 144, 164, 252,
261, 265, 272, 320, 332, 344, 369,
376, 460.
— (Statue de), 21, 33, 34, 35, 48, 58,
429.
— (Buste de), 19, 334, 433.
— (Médaille de), 387.
— porté au Panthéon, 244, 346, 429.
— son sarcophage, 64.
— son tombeau, 273, 316, 335, 459.
— aux Champs-Elysées, 309.
— (Aux mânes de), 307.
— Vignettes pour ses œuvres, 99-100,
162, 305, 313, 319, 332.
— son Pygmalion, 310.
— Voyez Devin, Emile, Ermenonville,
Fêtes, Julie, Levasseur, Nouvelle
Héloîse, Warens.
Roy, G., 120, 189, 194, 195.
Royauté (la), 484.
— (Abolition de la), 426.
Rubans, 464, 471. 472.
Rubons(P.-P.),P., 209.347, 515,517,
518.
Ruche d'abeilles, 185, 324, 399.
Ruelle (la), 292.
Ruelles (Héroïnes des), 496.
Ruffey (Sophie), 240.
Ruggieri (Claude), artificier, 438.
Ruotte (Louis-Charles), G., 49, 72, 130,
181, 196, 213, 232-4, 318, 402.
Ruse d'amour (la), 222.
Russie. 16, 125,308,484.
— (Histoire de), 302.
— Sujets russes, 342.
S. (Catalogue de M. de), 322.
Sabines (les), 29, 82-3, 85, 206, 290,
291, 303, 460, 479.
Sabins, 460.
Sabinus. Voyez Éponine.
Sablet (Jacob) le jeune, P. 11, 15, 22,
25, 39, 147-8, 218, 252.
* Sablons. (Plaine des), 65, 162, 181,
351.
Sabots, 192, 465.
— chinois, 326, 463.
Sabre, 244.
— de Billaud-Varennes, 397.
Sacre de Louis XVI. Voyez Reims.
— ëe Napoléon. Voyez Paris, Notre-
Dame.
Sacrements (les Sept), 4 57, 512.
Sacrifices antiques, 195.-
Sacy (Sylvestre de), 39.
— trad. de la Bible, 317.
Sade (le marquis de), 269.
Sages (les Quatre), 376.
Saçesse (la), 47, 51, 87, 108, 111, 112,
— et la Vérité descendant sur la terre,
104.
— (Triomphe de la), 80.
Saint (Catalogue de), 155.
Saint-Aubin, G. et dess., 173, 195, 196,
202, 206, 241, 285, 308, 331, 338,
342, 347, 364, 408, 524.
— (Augustin de). G., 254, 255, 282,
333-5.
— fGabriei de), dess. et G., 303.
— (la cit.), actrice, 30, 362.
— (M-), 284, 333.
* Saint-Bernard (Mont), 48.
— (Passage du) 147, 357.
* Saint-Cloud (Ch&teau de) : Salle des
Gardes, 104; — (Séance des Cinq-
Cents à), 267; — (Orangerie de),
269, 44o. — Voyez Dix-huit bru-
maire.
— (les Trois sœurs au Parc de), 266.
— (Route de), 203.
* Saint-Denis. Vovez Franciade.
* Saint-Étienne (Artistes nés à), 384,
387.
•— (Ateliers d'armes de), 384, 387.
* Saint-Étienne de Walbrook (Angle-
terre), 405.
* Saint-Germain-en-Laye (Artistes nés
à), 371.
Saint-Huberti (M"«), 164.
Saint-Hurugue, 152, 358.
Saint^Igny, G., 496.
Saint Jacques, 501.
«83
SAINT JEAN. — SAL2B0URG.
Saint Jean, 280, Ï97.
Saint Jérôme, 134.
— - (Communion de)^ 288.
Saint-Jorre, libraire, 365, 450,
Saint Joseph, 200.
Saint-Just, 81, 123, 307, 365, 487.
Saini-Umbert, 30, 56, 340.
'^ Voyez Saisons.
Saint^Louis (Ordre de), 320.
'Saint Luc, 493.
• Saint-Maur (Seine), 60.
Saint-Mesmin (M. de), 94.
Saint Michel (VArchange), 288.
Saint-Morys. Voyez Vialart.
Saint Nicolas, 401.
. Saint-Non (l'abbé de), G., 60, 63, 149,
151, 154, 168, 109, 208, 249.
Saint Pastour, 307.
Saint-Père (M.), 94.
Saint-Pierre. Voyez Bernardin.
Saint- Priest (la Vicomtesse de), 370.
Saint Rnch^ 490.
Saint-Simon (le duc de), 204.
— (le marquis Henri de), 369, 377.
— (M"»« de), fille du marquis, 369.
Saint Thomas, 490.
Saintr-Val, G., 188.
Sainte Famille, 139.
— des Tuileries (la), 485.
Saintes, 152.
Sainte Marie Égyptienne , 506, 520,
526.
Sainte, 393.
' — V03 ez Paris.
Saisons (les), 431.
— (Iconologie des), 393.
— (Poômes des), 105 350.
Saladin (le SulUn), 217.
Salai no (Andréa), P., 258.
Salle (M"« Marie), la danseuse, 247.
Sallier, éd., 293.
Salluste, 139.
Salm (M"»« Constance de), 221, 430.
Voyez Pipelet.
— (la princesse de), 369.
Salomon (Jugement de), 207.
Salomon (le chef do bataillon), 87.
Salon (Amusement du), 404.
Salons de peinture : de 1699, 393; —
de 1755, 502, 503; —de 1757, 505,
524; — de 1759 à 1765, 509 ; — de
1761, 509, 515;— de 1763, 506, 509,
511; — de 1765, 166, 509, 510, 515,
525; _ de 1767, 167, 525;— de
• 1769, 512, 515; — de 1775, 306; —
de 1781,182; — de 1783, 239; — de
1785, 239*; — de 1786, 182; — de
1787,138, 239.
— de 1789, 74, 85, 279, 354, 356, 359.
Salons de peinture : de 1791, 9-11, 19,58,
67, 74, 76. 77, 98, 126, 127, 138, 146,
147, 169, 195, 200, 210, 277, 279, 332,
354, 355,357, 358, 359, 360, 384, 452.
— de 1793, 12-4, 52, 5«, 59, 67, 84,
98, 122, 127, 131, 137, 172 180,
188, 190, 197, 200, 21.3, 222,232,
243, 244, 246, 251, 255, 256, 258,
277, 292, 296, 318, 332, 333, 336,
3i6, 358, 359, 368. 434, 452. 465.
— de ran II, 33, 34, 54, 55, 60, 70,
137, 138, 144, 145, 204. 205, 206,
440, 441, 456.
_ de l'an IV, 33,52, 55, 60, 64, 70, 73,
74, 102, 122, 126, 128, 130, 131,
133, 138, 150, 154, 159, 179, 190,
200, 201, 204, 205, 209, 218, 233,
246, 247, 252, 253, 277, 337, 352,
354, 355, 358, 359, 361, 362, 368,
411, 450.
— de l'an FV et de l'an V, 22-27, 197.
— de l'an Y, 60, 71, 73, 102, 112, 124,
138, 150, 164, 192, 194, 197, 222,
233, 236, 247, 2tV0, 271, 284, 2><8,
202, 332, 337, 358, 361 , 363, 368,
411, 413, 456, 458, 489.
_ de l'an VI à l'an X, 27-32, 57, 210.
— de l'an YI, 74, 90, H)2, 128, 130,
163, 164, 188, 103, 194, 199, 204,
213, 218, 236, 237, 257, 279, 285,
289, 290, 302, 318, 336, 358, 359,
363, 366, 386. 387, 480.
__ de Tan VII, 86, 90, 104, 124, 138,
159, 171, 181, 193, 194, 236, 237,
238, 251, 257, 281, 285, 289, 21K>,
291», 300, 332, 343, 356, 358, 363,
368, 480, 405-6.
— de l'an VIII, 60, 86, 90, 124, 173,
188, 205, 213, 222, 237, 239, 252,
270, 281 , 289, 290, 304, 337, 350,
363, 520.
— de l'an IX, 60, 106, 144, 173, 201,
213, 237-8, 257, 269, 270, 300, 358,
302, 387, 520.
— de l'an X, 71, 112, 124, 131, 147,
174, 210, 238, 282, 299, 303, 344.
361, 387, 4M).
— de l'ail XI, 106, 209.
— de l'an XII, 52, r.5, 112, 145, 155,
171, 192, 195, 204, 205, 2ol, 282,
285, 3rO, 318, 328, 332, 333, 337,
343, 344, 355, 356, 361, 306, 4^4,
441, 520.
— de 1806, 66, 171, 302, 337, 3-40; —
de 1808, 114; — de 1810, 285; —
de 1812, 113;— de 1817, 117; —
de 1819, 117.
Salpêtre (Fête du), 424-5.
Salzbourg (le peintre de), 242, 413.
J
SAMBAT. — SIGNI.
5S3
Sambat, P., 237.
* Sanibre-etr-Meuse. Voyez Armées.
Samson, 64.
^ le bourreau, 155, 487.
Sandoz, dess. et G., 275, 364.
Sans -Culotte (le Thermomètre du),
122-3.
— (Costume de), 465, 466, 469.
— (Jolie) du 10 août, 406.
Sans-Culottes (les), 14, 68, 129, 191,
321, 376, 377, 382, 420, 422, 445,
466, 470. 471, 488.
Sans-culottides, jours complémentai-
res, 392.
Santé. Voyez Hygie.
Sapho, pemture, 28, 210.
— Statue, 35.
Sarrasin (Jacques), S. 35.
Sarto (André del). P., 164.
Satin, 183, 192.
Saturnales (Fêtes), 394.
Satyres, 168.
Saules, 423.
Sauvage, dess., 234, 402, 403, 408.
— (Piat-Joseph), P., Il, 22, 195-6,
217,251,397.
— (Charles, Joseph et Antoine), dess.,
Voy. Lemire.
Sauvetage de femmes noyées, 87.
* Savoie. Voy. Fêtes.
Savoyards (Sujets), 342.
— (les petits), 231.
— Voyez Marmotte.
Saxe (Maurice de), 390.
— (le maréchal de), 345-
Scassi (Onuphre), 236.
Sceaux de la République, 386, 393, 397,
401-2.
Sceptre, 321, 399.
Scévola, 245, 376.
Schalle, Schall ou Challe, P., 13, 231,
24 \ 243, 253, 269, 292, 342, 346,
362 363.
Schenker, G.,201, 203.
Schiavonetti, G., 443.
Schoën (Martin), G., 152.
Science (la) observant la nature, 133.
— (la) du jour, 489.
Sciences et les Arts (les), 81, 124, 398-
9, 426.
Scipion TAfricain, statue, 35.
Sculpture, 32-6.
— (Graveurs de) et d'architecture,
45-69.
Secret dévoilé (le), 248.
Sedaine, 39, 292, 452.
Séduction (la), 29.
Ségur (Louis-Philippe), 206.
Seigneur (le), chez son fermier, 31 i.
* Seine (Nymphe de la), 430.
— (Département de la), 2â0, à27.
— (Préfecture de la), 430.
* Seine-Inférieure (Département de 1&)
220.
— (Préfecture de la), 431.
Seize Octobre^ 307,
Sellèque, littérateur, 473.
Semelle (Chaussure réduite à une)
472.
Sémiramis, 457.
Senave, P., 242.
Sénèque (Mort de), 139,
* Senlis, 373.
Sensibilité, 412.
— Sculpture, 35, 55, 412.
Sensitive (la), sculpture, 56.
Sentinelle vigilante (la), 214.
— çn défaut (la), 222.
Sept (Nous sommes), 351.
Septime-Sévère à son lit de moft,51^.
Sérail (Gouverneur du) choisissant des
femmes, 341.
— (le) en boutique, 181, 489.
Serangeli,P., 13, 25,227.
Sergell,S., 209.
Sergent-Marceau (A-F.), dess. et G.,
14, 15, 123, 241, 254-8, 262» 333,
334, 417, 4l9, 440, 448, 465, 468,
481.
Sergent recruteur, 485.
Serin (la perte du), 522.
Serment du Jeu de Paume. Voyez Ver-
sailles.
— des Nobles, 53.
— civique, 437. Voyez Fête de la Fédé-
ration.
— (le) d'amour, 168.
— Voyez Conjugal.
Serpents, 11, 180, 239, 280, 327, 385,
399, 411, 494.
Servius Tullius, 51.
Séthos, 311.
Sévigné (M™* de), 253.
Sèvres (Manufacture de), 140, 205.
— (Milice bourgeoise de), 173.
Sevreuses (Jesj, 511.
Siamoise (Déshabillé de), 514.
!>icard, dess., 292.
Sicardi, P., Il, 25, 19S-5, 217, 221,
243, 330, 402.
♦Sicile, 63, 65, 72,228.
Sicot-Legrand, P., 292.
Siècles (les trois) de la peinture en
France, 167, 515.
Siège des Français (le) contre la Bas-
tille, 346.
Sieyès (Fabbé), 365, 437.
Signi , dess., 320.
584
SILENCE. — SUÈDE.
Silence (le), tète d'étude, 358.
Sillery (M»'« de). Voyez Genlis.
Silvestre (M.), P., 502, 503.
— (M. Théophile), 314.
Siinon,G., 202,340, 427.
— (J.-P.)i G., 205, 244-5, 281.
Simonet(J.-B.), G., 172, 311, 312, 315,
317, 341.
SimoDs (M. Jean), père, 160, 495. Voy.
Candeille.
— TM. Michel), fils, 159, 495.
— (la citoyenne Michel). Voy. Lange.
Simplicité (la fausse), 427.
* Sinai (le), 411, 434.
Sisco, G., 102.
Sloane, G., 444.
Slodtz, S., 48.
Sobry, 433.
Société française (Histoire de la). Voy.
Goncourt.
Société humaine (Époques de la), 425.
Sociétés : des Amis de la Constitution,
448.
— des Amis des Arts, 9, 55, 99, 171,
172, 300.
— des Bibliophiles (Mélanges de la), 93.
— d'encouragement pour l'industrie
nationale, àSl.
— des Enfants d'Apollon, 45, 65, 280,
308.
— libre du Musée de Paris, 8.
— populaire et républicaine des Arts,
15-6, 20, 34, 48, 53, 79, 88, 99, 140,
191 , 203-4, 256, 279, 282, 452, 467 ;
— (Journal de la), 15, 18, 20, 21,
34, 46, 79, 89, 100, 184, 191, 235,
256, 424, 425, 467.
— des Artistes républicains, 424.
— populaires, 321, 327, 394, 399, 451.
— Typographique, 312.
Socrate, 7, 9, 10, 11, 30, 76, 309,433.
— et Alcibiade, 126, 139, 318.
— (la Mort de), 82, «5, 138, 289, 291.
* Soho, près Birmingham, 387.
Soir (A ce), 186.
Soirée du 30 juin 1789,441.
Soldat blessé, 236.
Soldats, 336.
Soleil, 404, 407.
Solimène, P., 166.
Solitude (la), 193, 240.
Selon, 376.
Sombreuil (M"'), 206.
Sommariva (M. de), 113.
•Somme (Département de la), 177.
Sommeil (Statue du), 423.
— agréable (le), 423.
Somnambule (la), 190.
Songes drolatiques, 293.
Sonnette (la), 188.
Sorcière (la), 361.
Sorel (Agnès), 303, 304.
Sot (le), reste du Fou du Moyen-Age,
419.
— (Ah! qu'il est), 191.
Sots (la Marque des), 482.
Soulavie, 82, 298.
Souliers, 323, 502.
— à boucle, 463.
— à cordons, 466.
— à talons, 463, 485.
— découverts, 463.
— en cothurne, 474.
Souper (le), 174.
— fin (le), 312.
Sources (les) de la vie et du bonheur,
134.
Sous de l'an II, 399.
-: de 1792 et 1793, 395.
— ^ (Pièces de quinze), 375.
Sous-Préfets, 162.
Souvenirs (le Temple des), 380.
Souveraineté, statue, 436.
Souza (M"* de), 26.
* Sparte. Voyez Agis, Laoédémoniens.
Spartiates (jeunes filles), sculpture, 35.
— (Sujets), 70.
Spectacle historique (le), 317.
Spencer, 207, 475.
— (Costume à la), 245.
— Voyez Chapeaux.
Sphinx, 311, 383.
Staél (le baron de), 453.
— (M-* de), 26, 369,370,453-4, 4^5,
Staînville (M. et M™« de), 504.
Stanislas Auguste, roi de Pologne, 287.
Statues antiques, 435-6, 464.
— de femmes, 248.
— Voyez Proportions.
Stèle (une), 403.
Stellina. Voy. Edouard.
Stéréotypie, 388-9.
Sterne (Lawrence), 319, 515.
* Stockholm, 61.
— (Opéra de), 61.
Stockmeyer, bourgeois de Colmar, 286.
Stoïcisme (le), 426.
Stouf, S, 15,33,55.
Strack (H.), G., 486.
* Strasbourg, 285-6.
— (Artistes nés à), 285, 366.
— (Cathédrale de), 285.
— (Musée de), 28o.
Stratonico et son peintre, conie, 495.
Stuc, 268.
Stylet pour écrire, 399.
* Suède, 287, 369.
SUFFREN. — THIBAUT.
585
Suffren (le bailli de), 133, 234, 258,
384.
* Suisse, 26, 70, 257, 326.
— (Costumes), 257.
— Voyez B&le, Berne, la Chaux -de -
Fonds, Zurich.
Sujets, 391-496.
— mémorables de France, 154.
Superstition (la), 412.
— (Dépouilles de la), 442.
Surcot gothique, 465.
Suvée, P., 11, 13, 22, 24,41.
— (M—), 7, 39.
Suzanne (Jugement de la chaste), 88.
Suzanne (Rôle de), 164, 250, 468.
Suzanne, S., 34, 408, 410.
Swebach des Fontaines, 11, 13, 22,
145-6, 158, 264, 268, 269, 417, 440.
Sylla, 29.
Symbolisme révolutionnaire, 50.
* Syrie, 61.
T
T. (L..C.), G., 359.
Tabatières (Dessins de), 250.
Tableau de Paris, 325.
— magique (le), 297.
Tableaux de la vie, 311-2.
— mis en action, 422, 520.
— gravés de la Révolution française,
44U.
— historiques de la Révolution fran-
çaise, 8, 58, 145, 155, 198, 262, 340,
345, 439, 440, 445.
Tablettes sentimentales (les), 352.
Taillasson, P., 11,13, 22, 212, 246, 513,
516.
Talamona, dess., 64.
Talleyrand (M. de), 229, 359, 483.
Tallien, 265.
— (M™*), 25, 229, 370, 458, 475-6.
Talma,l7,162, 468.
Tambour national (le), 250.
Tancrède et Herminie, 137.
Tarare, opéra, 468.
Taraval, P., 259.
Tard (Il est trop), 254, 255.
Tardieu, G., 200, 29!), 308, 363, 367,
386 440 461.
— (Alexandre),'G., 206, 287-9, 478.
— (Jacques-Nicolas), G., 287.
Target, 483.
Tartuffe, 283.
Taschereau (M.). Voyez Revue.
Tassaert fJ.^. François), G., 51, 172,
176, 210, 224 6, 443, 451, 455, 465.
Taunay, P., 11, 13, 22, 31, 39, 147,
269.
Tavenard, G., 484.
Télégraphe (le), 40».
— (le) d'amour, 253.
Télémaque, 315, 321, 342, 347, 508. ,
Tell (Guillaume), 23, 74, 81, 130.
Temple de Gnide (le), 139.
— de la Liberté, 59.
— Voyez Commerce, Concorde, Déca-
daires, Égalité, Ég>'ptién, Paris, Rai-
son, Rome, Souvenirs, Victoire.
Temple funéraire, 62.
Temps (le) écartant les nuages de Ti-
gnorance, 240,
— (le) et Minerve accordant l'immor-
talité à ceux qui ont bien mérité de
la Patrie, 138.
— (Il n'est plus), 284.
Tenais (Ah! si je te), 292.
Teniers (David), P., 515.
Tenint (Wilhelm), 405.
Term.i, 338.
— rjeune homme appuyé sur le dieu),
11, "o.
— (Bacchants et bacchantes au pied
d'un), 47.
Termes à rég3rptienne, 422.
Ternisien d'Haudricourt, 130.
Terray (l'Abbé), 355.
Terre (la), 198, 374.
— Statue, 278, 423.
— (le Mouvement de la), 137.
— (la Richesse de la), 407.
Terreur (la), 129, 485.
Terrier, G., 194.
Terroristes, -182, 452, 470.
Têtes académiques, 120.
— d'expression, 209, 225, 296.
— de différents caractères, 522 , 524,
526.
Texier, G., 191.
Thé (le) parisien, 336, 489.
Théâtre (Costumes de). Voyez Paris,
Théâtres.
Théâtre Italien (Acteurs du), 63.
Thébaide de Racine, 102.
• Thèbes, 20.
Thélott, G., 443.
Théocrite, 52, 197.
Théophilanthropes, 102, 229, 432-3,
492.
— TBaptême des), 189-90.
— (Lecteur^, 432.
— (Sermon), 433.
Théories, 41-4.
Thermidor, 129.
Théry de Gricourt, 149.
Thévenin, 22, 24, 29, 31, 41, 441.
Thibault (Elisabeth), femme Duflos,
G., 344.
Thibaut. Voyez Basile.
5S8
THISBÉ. — TRIOMPHES.
Thîsbé, 236.
— Voyex Pyrame.
Thoen (M"«), 406.
ThoYnas (N.), (5., 71, 209, 312, 3l6.
Thomé, 78.
Thompson, le poète, 350.
Thouih, 221, 398.
Thôuret,'226, 449.
Thouvenin, G., 208.
Tiare, 221.
Tiepolo (Domenîco), P., 150, 168.
Tiers-état (le Roi brisant les chaînes
du), 255, 481.
Tilleul (le), 399.
Tilliard (Jean-Baptiste), 6., 259, 305,
342.
Timbres, 382, 410.
Tipon (le nabab), 262.
Tireuse de cartes (la), 181, 351.
Tiihon et TAurore, 239.
Titien (le) P., 97, 115, 436, 505.
Titus (Triomphe de) 396,
— (Buste de), 477.
— Voyez Coiffure. Rome.
Tochon (M"' Caroline). Voyez Valory.
Toge romaine, 468.
— des directeurs, 156.
Toilette (la), 296, 332, 404.
— (la Petite), 312.
— (la Grande), 312.
* Tolbiac. Voyez Batailles.
Tom Jones, 211.
Tombeau de la bien-aimée, 134.
— (Mère et ses enliints devant un),
112.
Tombeaux, 69, 70, 129, 148, 160. 195,
221,308, 330,375,413.
— égyptiens, 62.
— (Destructeur de), 353.
— Voyez Champs du repos.
Topino-Lebrun, P., 20, 106, 155.
Termes (Lazarille de), 304.
Tortôrel, G., 445.
Toscane (Grand duc de), 46, 142, 283.
Touche (la) en peinture, 516.
* Toulon, 188.
— (Artistes nés à), 239,
— (Prise de), 357.
* Toulouse, 23, 142, 169.
— (École de), 142.
— (Musée de), 74, 144.
Toulouse, éd.,489.
Toupets, 466.
Tour (J^savais bien qu^liariods not*),
482
Teurcaty (J.-f.), G., 58^ 223-4, 381,
451.
* Tournay (BelgiqqeJ, 95, 196.
— (Artistes néft à), l9ft.
Tournures, 496.
* Tournus, 511.
— (Artistes nés à), 501.
— Abbaye de Bénédictin^ 501.
— Rue Ôreuze, 511.
— Sainte-Madeleine; 511.
Tourterelles, 194.
Tourville, 345.
Touzé. P., 297, 344, 348.
Tragédie (la), 258, 332.
Tragique (Réforme du costume), 467-S.
Trait inévitAble (le), 133.
Travail (le), 392, 432.
— (le) agréable, 214.
Travaux publics (Administnlion des),
278.
Treilhard (le citoyen), 286, 436.
Treize vendémiaire, an IV (5 octobre
1795), 307.
Tremblav (Imprimerie), 382.
Trenck (le baron de), 210.
Trenis (la), 490. /
Trente floréal an V (19 mai 1797, Épo-
que du), 491.%
Trente prairial an VII (18 juin 1799),
150.
Trente juin 1789, 441.
Trente et un mai 1793 (Journée du),
163, 225, 443.
Tresca (Salvatore), G., 129, 191, 228-9,
230, 255, 489.
Trésor de la curiosité, 507.
Tressan (Kabbé de), 212.
— (le comte de), 316.
Tresses, 477.
Trezel, P., 119.
Triangle (le), 75, 195, 246, 271, 273,
365, 397, 399, 40J).
Tribu indienne (la). Voyez Edouard et
Stellina, 220.
Tribunal révolutionnaire, 89, 130, 443.
Tricéphale africain, 62.
Tricolores ( Draperies ) employées
comme draps mortuaires, 42j.
— Voyez Cocardes.
Tricorne, 466, 478.
Tricot de soi(», 474.
Tricoteuse (la), 521.
Tricoteuses (les) de Robespierre, 243,
466.
Trident; 378.
Trière, G., 172, 306,308, 312, 316, ^TTÏ.
Trinité (la), 400.
— (la) républicaine, 403.
Trinquesse, P., 11, 13,îi96,
triomphes. Voyez Amourt, bacchus,
Boo&pfttle; Clotf^, Jtistice, Ubéifté,
Napoléon, Paix, Paul-Émile, Htton,
République, Sa^gèi^iiô^ Tbltsl^rfe.
i
TlMSTESSË, — VÉNUS.
m
Tristesse Ha), 209.
Tritons, 430.
Trompettes, 404.
Trônes (la Chute des^ 348,
— (Bombardement des) de l'Europe,
m.
Trophée d'armes. 379.
Tross (Edwin), libraire, 551.
Trous (Sermon des troisX 236.
Tro\'ate (Gome la), IM,
Troyens, 304.
Trudaine, 24.
Tulle, 476.
Tunique pro|x>sèe pour les hotumes et
les femmes, 469, 472.
— à la Vestale, 47G.
Turcaret (le) du jour, 186.
Turcs (sujets), 124.
Turenne (la Mort de), 219.
Turenne, sculpteur, 57, 5S.
Turgot, 350.
• Turin (Bibliothèque de rUnIvgrsilé
de), 257.
Turque (la Matinée), 217.
TjTan (la Chute du), 226.
Tyrannie révolutionnaire (U)^ 246,
321.
Tyrans (Guerre aux), 239.
— (Haine aux) et aux traîtres, 426.
— (Chute des), 48t.
U
Ulysse, 318, 395.
— et Nausicaa, 11.
— et Pénélope, 277.
Union (1'), 130, 233, 264, 376, 385.
— politique (la Première), 425.
Unisson (K), 134.
Unité (r), 184, 392, 403, 407.
— Voyez Fêtes.
Usurier (1'), 186.
* Utrecht, 204, 406.
V*** (la baronne de), 229, 476-7.
Va où la Gloire t'appelle, 51.
Vaccine (Pièces sur la), 69, 490.
Vainqueurs. Voyez Albion.
Vaisseaux : la Liberté des mers et la
République, 336.
— anglais en combat, 212.
Valayer-Coster (M"»'), P., 265.
Valbonne (Le Barbier de), 206,
* Valençiennea^ 140, 34j.
— (Artistes nés 'à), 177.
— (Musée de). 177.
Valenciennes (Pierre-Henri), 1 1 , 1 3, 31 .
Valet (Tiens, c'est mon)^ 230.
Valeur (la), 386.
Vallin, P. et G., 25, 228, 533, 236, 266,
295, 381.
— Voyez Aiiniiles de la Calcographie^
Valmont (le Comte de), roman, z21,
Valory (M»»« de), 501, 50«> 604, MS,
519, 520, 521. •
Valperga, G., 434.
Valse (la), 230, 475, 489.
Vandalisme (Rapport sur le)^ 36-7.
Vanderbuch, P., 22.
Van der Meer (M"'"), 406.
Van-Dyck (Antoine), P., 150, 152, 287,
505, 515,
Van Gopf, P., 13, 25^.
Van Gorp, P., 186, 228, 233, 343, 140,
520.
Vanloo, P., 294. .
— (Carie), P., 1, 296, 332, 499, W)0,
511, 517.
Van Spaendonck, P.^ 391,
Varenne (de), huissier dû l'Assem-
blée, 251.
* Varennes (Arrestation du Roi à), 440,
441.
— (Retour de), 48^1. . .
Varon, conservateur du Muséum, 422,
430.
Vases (Suites de), 58.
— grecs. 457, 468.
Vassé(M"''), 7^-
Vasseut (Catherine), 264.
Vaugondy (Robert de), 39.
Vauthier, dess. et Gr., 57, 242.
Velyn, G., 56, 139.
Vendanges O^s), 425.
* Vendée (Artistes nés en), 352, 353.
— (Guerres de), 194.
— (le Maréchal ferrant de la), 148, 218.
Vendéenne (Scène), 22.
Vendémiaire, 129, 228, 261.
Vengeance divine. Vovez Crime.
* Venise, 115, 257.
Vent (le Coup de), 205, 207.
Ventriloque (le), 159.
Vénus, 23, 99, lOO, 131, 135, 375, 436.
— (Toilette de), 53, 135.
— à la coquille, 199.
— et l'Amour , 137 ; — désarmant
l'Amour, 300 ; — corrigeant l'Amour,
347.
— et les Amours, 11, 175.
— et les Grftces, 315.
— et Adonis, 113.
— donnant une leçon de sagesse, 195.
— C9(fr«iid9 à), 242; — (Prière &),
— Voyez Comète et Hottêhtote,
r
588
VERDIER. — VILLENEUVE.
Verdier (le général), 165.
— (M""), 165.
Verdure (Retour de la), 425.
Vergennes (M. de), 182.
Vergniaud, 149, 451, 463.
— Statue, 2, 35.
Vérité (la), 31, 51, 53, 112, 123, 180,
4197, 227, 284, 294, 341, 348, 404,
426, 429.
— Voyez Sagesse, Justice.
Vérité (Jean-Bapt.), marchand d'est, et
G., 196, 226-8, 372, 441, 443, 449,
450, 453.
Vérités (Petites) au grand jour, 364.
Verly (François), G., 178.
Vernet (Joseph), P., 238, 356,500, 513,
521.
— (Carie), P., 11, 13, 22, 24, 28, 32,
30, 106, 157, 158, 163, 187, 200-3,
201, 205, 219, 220, 222, 223, 230,
240, 263, 264, 270, 282, 314, 322,
336, 339, 343, 414, 437, 474, 489.
— (M""-), 7, 200, 30K, 309, 313.
— (M»*^ Fanny), G., 201.
— (Horace), P., 314.
Véronèse (Paul), P., 436.
Verre d'eau (le), 332.
Verrou (Le), 285.
* Versailles, 135, 224, 392.
— (Artistes nés à), 340, 567.
— Chapelle du Roi, 367.
— Concerts de la Reine, 367.
— (La Cour à), 466.
— École de dessin, 58, 223.
— (Expédition des femmes à), 440,
441.
— Jeu de Paume (Serment du), 11,60,
76-7, 79, 107, 150, 156, 263, 307, 313,
395, 440-1.
— Musée de l'École française, 38, 58,
101.
— Musée actuel, 450.
— Ouverture des États-généraux, 307.
313.
Vertu (la), 49, 51, 137, 360, 392, 404,
— (la) républicaine, 49.
— (la) chancelante, 522.
Vertumne et Pomone, 29.
Vertus (les), 391,401, 404.
— (les Trois) théologales, 137.
— (les Quatre), 376.
— civiques et guerrières couronnées
par la Patrie, 46.
Verzy, G., 196.
Vestale, 179, 238, 242, 508.
— Voyez Robe, Tunique.
Vestes, 471 .
Vestier (Antoine), P., 11, 354-5.
— (M"«), 7. .
Vestier (M"«), 7, 354.
Vestris, danseur, 338, 490.
— (Gavotte de), 490.
— (M"»*), 468.
Vésuve i\e) de Tignorance, 180.
Vétérans ((*" demi-brigade des), 154.
Véturie. Voyez Coriolan.
Vèze (le baron de), 135, 143, 152, 171,
285.
Viala (Joseph Agricol), 145, 227, 252,
265, 267, 382, 420, 428, 450.
Vialart de Saint-Mor>'s, 135, 136.
Vice (le), 300.
Vicq d:Azyr, 8, 17, 38, 41, 310.
Victime (Costume à la), 470.
— (Ceinture à la), 474.
Vict<»ire (la), 51, 6(5, 81, 87, 111, 129,
142, 163, 202, 219, 211, 287, 290,
386, 404, 412, 414, 418, 432, 481,
— Sculpture, 35, 51.
— (Char de la), 66, 424, 430.
— (Temple de la), 66, 433.
— Voyez Fêtes.
Victoire (Madame), fille de Louis XV,
359, 360.
— (E.), dess., 296.
Victoires, 114, 180, 334, 346, 378.
— républicaines, 49.
Vidal (Giraud), G., 84, 169, 306.
-^ lithog , 121, 172.
Viefville (\l"«"), 7.
Viel, G., 56.
Vieillard en bonnet fourré, 524.
— barbu, 75.
Vieillards, 152, 430,500.
Vieillesse (la), 425, 426, 430, 432.
— (Draperies mortuaires pour la), 423.
Vielleuse (la), 203.
Vien (Joseph-Marie), P., 1, 8,9, 12-3,
39, 42, 46, 74, 83, 85, 138, 147, 148,
153, 154, 164, 182, 239, 261, 281,
3-28, 337, 360, 362, 501, 521.
(M"") P., 7.
♦ Vienne '(Autriche^, 16,216, 262, 357.
— (Académie de), 435.
Vierge Marie (la), 118, 258, 307, 365,
402, 404, 493.
— (Couronnement de la), 338.
— (Assomption de la), 117, 118, 121.
Vigée (L.-J.-B.-F), 159.
— Voyez M'"** Lebrun.
Vigilance (la), 209, 399.
Vignères, marchand d'estamp««, 89,
135, 171, 174, 238, 245, 251, 322,
371 , 395.
Village (Fôte de), 179.
Villageois entreprenant (le), 311.
Villeneuve, éd. d'est 194, 273-4, 349,
421, 441, 468, 486.
VILLERËY. — WILLÊ.
^89
Villerev, G., 120, 161,313.
Villes (Esquisses de plans de), 67.
Villette (la Marquise de), 296.
Villiers de l'Isle-Adam, 258.
Villiers du Terrage (M. de), 165.
Vïlloison (J.-B.-G. Danssi» de), 225.
Villot (M. Frédéric), 94, 103, 502.
* Vincennes (Promenade au bois de),
^ 266.
Vincent (A.-P.), P., 158.
— (François-Élie), P. en miniature,
360.
— (François-André), son fils. P., 11,
22, 24, 30, 37, 39, 42, 74-6, 164,
219,359,360,441.
— (M"*), femme du précédent, P.
Voyez M"* Guyard.
Vincent-de-Paul, 433.
Vinci (Léonard de), P., 89, 94, 97, 103,
164, 209, 265.
Vindicte romaine, 395, 401.
Vingt juin 1792, 227, 395, 441.
Vingt et un janvier 1793, 307.
Vingt^Kieux septembre 1792, 392.
Vingt-huit février 1791, 223-4.
Vingt-huit, 29 et 30 prairial, 444.
Vingtième demi-bri^de (Départ d*un
officier delà), 148.
Violet (P.), 448.
VioUet-Leduc (M.) le père, 158.
Vionet, G., 492.
Virgile, 87, 90, 162, 163, 332, 388.
Virginale (la Preuve), 263.
Virginie, fille du romain Virginius,
70, 71.
— tragédie, 225.
Virginie (le Bain de), 230, 479-80.
— Voyez Paul.
Virginius tuant sa fille, 130, 131.
Visconti, Tantiquaire, 40, 394.
Visino (Mirate che bel), 194.
Visite (Billets de), 260.
— inattendue (la), 296.
Visites (les), 186.
Vitellius, 400.
* Vitré en Anjou, 194.
* Vitry (Bailliage de), 76.
Vivier, dess., 340.
Vœux patriotiques (les), 175.
Voiart (M.), 91, 97, 99, 102, 104, 106,
116.
Voisines laborieuses (les), 187.
Voitures (Fabricant de), 160, 495.
— (Femmes conduisant elles-mêmes
leurs), 47 1 .
Volant (le), -208.
Volnais (M»«), 243.
Volney, 25, 26.
Volontaire (Départ d*un), 188,
Voltaire, 62, 252, 329, 419, 468, 484,
494, 508.
— portraits, 252, 262, 267, 274, 287,
294,301,303,320.
— Statues, 19, 33, 418.
— Bustes, 395, 433.
— Caricatures, 343. «
— (Couronnement de), 179, 311, 329.
— (Apothéose de), 58.
— (Translation au Panthéon et triom-
phe de), 128, 244, 260, 281, 417-8,
469.
— (Monuments à), 54, 240.
— Éditions illustrées, 315, 313.
— Voyez BrutuH, Ferney, Fêtes, Hen-
riade, Irène, Mort de César, Proculus,
et Pucelle.
Vous (Je m'occupais de), 172.
Voyage sentimental (le), 319.
Voyageur à Paris (le), 369.
Voyez, l'aîné et le jeune. G., 175,
296-7, 453, 523.
Voysard, G., 173, 181.
W
Wailly (M. de), 9.
♦ Walbrook (Angleterre), 405.
Walferdin (M.), 197, 509.
VVarens (Louise de), 357.
Washington, 33, 221, 233, 255, 288,
329, 386, 433.
Watelet (Claude-Henri), amateur, 73,
526.
Watteau (Antoine), P., 1, 63, 499,
500, 517.
Watteau (Louis), le père. P., 177-9.
Watteau (François-Louis-Joseph), le
fils. P., 177-9, 245, 260, 261, 268,
343,344,481.
Weisbrod, 524.
Wellington (Carhpagnes de), 158.
Werther, 129, 193, 275, 352.
^Weyler (Jean), P., 284.
Whist (la Partie dej, 312.
Wicar (J.-B.), P., 78, 139-42, 177, 191,
256, 270, 276, 290, 299, 467.
Widow(a), 230.
Wilhelmine- Amélie ( Louise - Aug. ),
reine de Prusse, 288.
Wilkie (John), P., 515.
Will (What you), 230.
Willemin (Nic-Xav.), dess., 212-3,
299, 370.
— (Mi'«), 213.
Wille (Jean-Georges), G., 7, 8, 10, 70,
92, 93, 144, 146, 176, 215, 250, 262,
277, 279, 280, 281, 287, 300, 354,
357, 422, 507, 522, 524, 525. .
m
WItLB. - ïtlBlCH-
■ #7, »9, fte, ÎW. Ysabeau, 205.
Wilsop (le capitaine Heari), 2S9.
^ (Thomas), recteur anglais, 40^.
Winckelmann, 97, 99, ^6, 221, 302,
394, 399.
Winckles (RO, G., 294.
ifiwt et lea filles (W CroWne, 23, 74,
75, 23a, 3^5, 318, 460.
Yb^rt, Cartier, 376,
* Yverdon, 325.
Zaluca. Voyei Joseph*
Zani (Tabbè), 338, 371, «M.
Zémire «t Azor, 297.
Zéphyr se balançant sur Teau, 113^
121.
Zéphyrs. Voyez Psyché.
Zodiaque (le), 393.
• ZurTch, 254, 278,
ERRATA.
XiiU U^e 18. La Société 4e U Câte-d'Or, lisez ; L'Académie d^ liMiçon.
Page 19, ligne 9. Courigner, lisez : Couriguer.
Page S6, ligne 6. L'action généreuse du conunissicmnaire de La FQcc»<lai^9f «o qui a
l'air de faire un seul nom, tandis qu'il s'agit 4e Çange, commÀsaioanaire de la prison d#
la Force.
Page 28. C'est à la Malmaison, non à Serres, qulsabey a représenté le premier ConauL
Page 80,»ligne 25. La citojenne Guyard-Laville, Usez : Qujard-LabiHe.
Page 51. Il faut faire un seul alinéa de : La ConstituUoi;! de l'an IXI, e( des deux lignes
suivantes, qui se rapportent à la même pièce.
Page 76, ligne 17. Le 14 février, lisez : le 4.
Page 84 , ligne 17 et note 1. Perron , lisez : Péron.
Page 1 17, ligne 6. Joseph et Putiphar, lisez : et la femme de Putiphar.
Page 152. Le portrait de saint Hurugue, lisez : Saint-Hurugue.
Page 155, ligne 6. Le 20 juillet, lisez : le 20 juin.
Page 156. Catalogue Desaint, lisez : de Saint. Il s'agit de la vente du miniaturiste.
Page 160. Je ne veux citer d'elle qu'un portrait de Naudet, assis, son chapeau à la
main : Charles Caroline Naudet se., 1808. Il faut mettre le prénom de Charles huit mots
avant la place où il s'est glissé, et lire : qu'un portrait de Charles Naudet.
Page 165. ligne 8. Au lieu de Delille, qui est l'orthographe du nom du poète, il faut lire
Delisle. Il s'agit du naturaliste.
Page 192, notes 1 et 8. Brunn Neergaard, lisez : Biaun Neergaard.
Page 220, ligne 20. Girodot, lisez : Oirodet.
Page 229, ligne 20. L'hôtel Thélesson, lisez : Thélusson.
Page 244, ligne 14. Jansen , lisez : Jansen.
Page 2^, ligne 24. S'assoit, lisez : s'asseoit.
Page 252, ligne dernière. Alice, lisez : Alix*
Page 254, note 5. Hubert et Rost, lisez : Huber et Rost.
Page 263. Retranchez les lignes 21 «t 22, qui font double emploi avec les lignes 15
et 16.
Page 271, ligne 1. Hubert, lisez : Huber.
Page 286, ligne 26. Jean Yeyler, lisez : Jean Weyler.
Page 292, ligne 21 . Beljambe ne paraît à aucune autre exposition , ajoutez : qu'à celle
de 1793.
Page 292, ligne 26. M"« Renaud l'atné, lisez: l'aînée.
Page 297, ligne 5. Déjabin , lisez : Dejabin.
Page 299, ligne 11. Dauloux del., lisez : Danloux del.
Page 303, ligne dernière. Charles YI , lisez : Charles VU.
Page 305, ligne 4. Mavillier, lisez : Marillier.
Page 808, ligne 10. Pata, lisez : Patas.
Page 318, ligne 6. Yilleroy, lisez : Tillerej.
Page 84^. li^e 18. Qcssner, lisez : Oessner,
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tion générale des Musses impériaux. Musée du Lou\to. Mobilier do la Couronne. Manufactures impé-
riales. Bibliothèque impériale du Louvre. Service des palais impériaux, bâtiments et domaines de la
Couronne. — .mimstî:re d'état : BAtimenLs civils. Conservation et entretien des monuments publics.
DirfH ti'»n des Meaux-.\rts. Musée des Thermes et de l'hôtel de Cliiny. Ecole impériale et spéciale des Beaux-
Arts. Académie impériale de France, à Rome. Ecole impériale des Beaux-.\rts, à Dijon. Ecole impériale
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jeunes personnes. — ministère dk l'intérieur : Imprimerie, librairie, presse et colportage. Division de
l'imprimerie, de la librairie et de la propriété littéraire. — ministî^rb de l'instruction publique et des
cuLTF.s : Direction du personnel et du secrétariat général. Cabinet. Comité des travaux historiques et des
sociétés savantes. Ecole française d'Athènes. Direction générale de l'administration des Cultes. Commis-
sion des arts et édifices religieux. Tableaux des architectes diocésains. Collège impérial de France. Ins-
titut impérial do France. Etat actuel des Inscriptions et Belles-Lettres. Etat actuel de r.\cadémie des
Beaux-Arts Liste et adresses de MM. les membres des Académies des Beaux-Arts et des Inscriptions et
Belle.^Lettres, par ordre alphabétique. Biltliothèques publiques de Paris. Bibliothèque impériale. Biblio-
thèqt\e Mazarine. Bibliothèque Sainte-Ueneviève. Bibliothèque de l'Arsenal. Bibliothèque de l' Académie
de Paris. Bibliothèque de la Ville do Paris. Muséum d'histoire naturelle. — MiM-sTèRS dbs prN.\NCES :
Commission des monnaies et médailles Musée monétaire. — ministère de la guerre : Dépôt de la
guerre. Dépôt central d'artillerie. Prélecture de la Seine. Service extraordinaire des travaux d'architecture.
Plan de Paris. Service topographique.
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taurateurs do tableaux. Editeurs et marchands d'estampes. Marcliands de curiosités, »l'objets d'art,
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Peintres, Peintres vitriers, Graveurs sur a<;ier et en tailie douce, Graveurs sur bois, en archil»K;turo ;
Sculpteurs statuaires, .\rchitectes, .Vmateurs de tableaux, dessins et estampes, .\mateurs d'objets d'art
et do curiosités. Appendice. — llste des artistes frani^ais et étrangers qui ont obtenu des récompenses
jusqu'en 1809 : Peintres, Sculpteurs et graveurs en médailles, Graveurs, Lithographes, Architectes, 1860.
NOTICES SUR LES BEAUX-ARTS
K. bkllirr de la riiAViGNERiE. Nécrologic arli.stiquo do l'année 1860. Ecoles françaises. Ecoles
étrangères. Nécr<'logie artistique de l'année IHfîl. Ecoles françaises, E<.oles étrangères. — B'^'NNardot {A»,
archéologue. Notice sur les principaux recueils de ii(*.s,sins et d'estampes, relatifs à la topographie et a
l'hi.stoire de Paris, du xvi* au xviiie siècle. — brunbt (G.), de Bordeaux, bibliophile. Bibliographie de la
biograpliie des peintres, 18G1. - Bibliographie des peintres français, 1862. — buroer (W'illonii. Petit
guide des artistes en voyage. Hollande, 1860. Petit guide des artistes -en voyage, Belgique, 1861. Notice
sur les cabinets d'amateurs à Paris, 1800. Petit guide dos artistes en voyage, Allemagne-Rhénane, 18G2.
— CHÉROs (Paul), de la Bibliothèque impériale. Bibliographie des ouvrages sur les Beaux-Arts publiés
en 1850, IStîO, 1801. — chknevikke (le marquis de), conservateur du miLsée du Luxembourg. Un roman de
Greuze, 1801. — couder (A.), de l'Institut. Notes sur le coloris, 1862.— d.aub.an, conservateur du Cabinet
des Estampes de la Bibliothèque impériale. West et sa famille, 1862. — decamps (A -G.), peintre. Auto-
biographie, 1801.— nu .SKiONEUR (J ), statuaire. Essai do catalogue de l'œuvre de Charles Le Brun, 1862.
— FAUCHKux. De quelques collections d'Estampes, 1860. — fournbl (V.). L'art et les artistes en 1861,
1862. — halévy, -secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts. Notice sur Paul Delaroche, 1861. -
HORSTN DKON, peintre. Cabinets d'amateurs à Paris; de quelques collections de tableaux; Notice sur les
cabinets d'amateurs à Paris, 1860;^"bservations sur la tableaumanie, 1861; Cabinets de MM. Budoxe
.Marcillc, Bourlon de Sarty et Lavalard, 1862. — hou.ssayo (Arsène), inspecteur général des Beaux-Arts.
Punit de vue sur l'Ecole Irançaise, 1860. — laborde (comte Léon do), de l'Institut, directeur général
des .\rchives de l'enîpire. Le château du bois de Boulogne, dit de Madrid, 1861.. — Lacroix (Paul), con-
servateur do la bibiiorhèque de l'.Vrsenal, membre de la Commission impériale des monuments historiques.
Les Musées de Kr.ince, 1861; Notice sur les cabinets d'amateurs à Pans, 1861; Liste alphabétique des
membres do r.\radènne de peinture et de sculpture, 1861 ; Notice sur les cabinets d'amateurs a Paris,
Cabinet de M. le comte de Morny, 1862. — ma.ntz (P.). L'art et les artistes en 1859, 1860. — marth»
iHenrii. Ary Schen'er, 1860. — mkrimée (Prosper), de l'Institut, inspecteur général des monuments histo-
riques. Notice sur les travaux de la Commission des monuments historiques, 1861. — michibls (Alfred).
Le portrait dans l'anliquité, 1862. — moncony.s (de). Journal artistique, 1862. — montaiolon (A. de),
de la bibliothèque Sainte-Geneviève. L'art et les arti.stes en 1860. 1861. — mundler (Otto). Notice
nécrologique sur J.-D. Passavant. 1862. — saint-victor (Paul do). Beaux-.\rts, Histoire des peintres de
toutes les écoles, 1860. — sur (Eugène). De la physiologie philosophique appliquée aux arts d'imitation
(Fragments), 18f;2. — soulié (Eud.). conservateur des musées de Versailles. Le cabinet de Girardon, 1860.
— vernkt (Horare), de l'Institut. Droits des peintres et des sculpteurs sur leurs ouvrages. 180S. — vili.ot
(Fréd.), conservateur du Musée des peintures au Louvre. Restauration des tableaux du Louvre, 1860.
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