Skip to main content

Full text of "Histoire de l'art pendant la révolution, considéré principalement dans les estampes;"

See other formats


Google 


This  is  a  digital  copy  of  a  book  thaï  was  prcscrvod  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 

to  make  the  world's  bocks  discoverablc  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 

to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 

are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  maiginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book's  long  journcy  from  the 

publisher  to  a  library  and  finally  to  you. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prcvcnt  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  lechnical  restrictions  on  automated  querying. 
We  also  ask  that  you: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  fivm  automated  querying  Do  nol  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  laige  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attributionTht  GoogX'S  "watermark"  you  see  on  each  file  is essential  for  informingpcoplcabout  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  lesponsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countiies.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can'l  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringement  liabili^  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.   Google  Book  Search  helps  rcaders 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  icxi  of  ihis  book  on  the  web 

at|http: //books.  google  .com/l 


Google 


A  propos  de  ce  livre 

Ceci  est  une  copie  numérique  d'un  ouvrage  conservé  depuis  des  générations  dans  les  rayonnages  d'une  bibliothèque  avant  d'être  numérisé  avec 

précaution  par  Google  dans  le  cadre  d'un  projet  visant  à  permettre  aux  internautes  de  découvrir  l'ensemble  du  patrimoine  littéraire  mondial  en 

ligne. 

Ce  livre  étant  relativement  ancien,  il  n'est  plus  protégé  par  la  loi  sur  les  droits  d'auteur  et  appartient  à  présent  au  domaine  public.  L'expression 

"appartenir  au  domaine  public"  signifie  que  le  livre  en  question  n'a  jamais  été  soumis  aux  droits  d'auteur  ou  que  ses  droits  légaux  sont  arrivés  à 

expiration.  Les  conditions  requises  pour  qu'un  livre  tombe  dans  le  domaine  public  peuvent  varier  d'un  pays  à  l'autre.  Les  livres  libres  de  droit  sont 

autant  de  liens  avec  le  passé.  Ils  sont  les  témoins  de  la  richesse  de  notre  histoire,  de  notre  patrimoine  culturel  et  de  la  connaissance  humaine  et  sont 

trop  souvent  difficilement  accessibles  au  public. 

Les  notes  de  bas  de  page  et  autres  annotations  en  maige  du  texte  présentes  dans  le  volume  original  sont  reprises  dans  ce  fichier,  comme  un  souvenir 

du  long  chemin  parcouru  par  l'ouvrage  depuis  la  maison  d'édition  en  passant  par  la  bibliothèque  pour  finalement  se  retrouver  entre  vos  mains. 

Consignes  d'utilisation 

Google  est  fier  de  travailler  en  partenariat  avec  des  bibliothèques  à  la  numérisation  des  ouvrages  apparienani  au  domaine  public  et  de  les  rendre 
ainsi  accessibles  à  tous.  Ces  livres  sont  en  effet  la  propriété  de  tous  et  de  toutes  et  nous  sommes  tout  simplement  les  gardiens  de  ce  patrimoine. 
Il  s'agit  toutefois  d'un  projet  coûteux.  Par  conséquent  et  en  vue  de  poursuivre  la  diffusion  de  ces  ressources  inépuisables,  nous  avons  pris  les 
dispositions  nécessaires  afin  de  prévenir  les  éventuels  abus  auxquels  pourraient  se  livrer  des  sites  marchands  tiers,  notamment  en  instaurant  des 
contraintes  techniques  relatives  aux  requêtes  automatisées. 
Nous  vous  demandons  également  de: 

+  Ne  pas  utiliser  les  fichiers  à  des  fins  commerciales  Nous  avons  conçu  le  programme  Google  Recherche  de  Livres  à  l'usage  des  particuliers. 
Nous  vous  demandons  donc  d'utiliser  uniquement  ces  fichiers  à  des  fins  personnelles.  Ils  ne  sauraient  en  effet  être  employés  dans  un 
quelconque  but  commercial. 

+  Ne  pas  procéder  à  des  requêtes  automatisées  N'envoyez  aucune  requête  automatisée  quelle  qu'elle  soit  au  système  Google.  Si  vous  effectuez 
des  recherches  concernant  les  logiciels  de  traduction,  la  reconnaissance  optique  de  caractères  ou  tout  autre  domaine  nécessitant  de  disposer 
d'importantes  quantités  de  texte,  n'hésitez  pas  à  nous  contacter  Nous  encourageons  pour  la  réalisation  de  ce  type  de  travaux  l'utilisation  des 
ouvrages  et  documents  appartenant  au  domaine  public  et  serions  heureux  de  vous  être  utile. 

+  Ne  pas  supprimer  l'attribution  Le  filigrane  Google  contenu  dans  chaque  fichier  est  indispensable  pour  informer  les  internautes  de  notre  projet 
et  leur  permettre  d'accéder  à  davantage  de  documents  par  l'intermédiaire  du  Programme  Google  Recherche  de  Livres.  Ne  le  supprimez  en 
aucun  cas. 

+  Rester  dans  la  légalité  Quelle  que  soit  l'utilisation  que  vous  comptez  faire  des  fichiers,  n'oubliez  pas  qu'il  est  de  votre  responsabilité  de 
veiller  à  respecter  la  loi.  Si  un  ouvrage  appartient  au  domaine  public  américain,  n'en  déduisez  pas  pour  autant  qu'il  en  va  de  même  dans 
les  autres  pays.  La  durée  légale  des  droits  d'auteur  d'un  livre  varie  d'un  pays  à  l'autre.  Nous  ne  sommes  donc  pas  en  mesure  de  répertorier 
les  ouvrages  dont  l'utilisation  est  autorisée  et  ceux  dont  elle  ne  l'est  pas.  Ne  croyez  pas  que  le  simple  fait  d'afficher  un  livre  sur  Google 
Recherche  de  Livres  signifie  que  celui-ci  peut  être  utilisé  de  quelque  façon  que  ce  soit  dans  le  monde  entier.  La  condamnation  à  laquelle  vous 
vous  exposeriez  en  cas  de  violation  des  droits  d'auteur  peut  être  sévère. 

A  propos  du  service  Google  Recherche  de  Livres 

En  favorisant  la  recherche  et  l'accès  à  un  nombre  croissant  de  livres  disponibles  dans  de  nombreuses  langues,  dont  le  français,  Google  souhaite 
contribuer  à  promouvoir  la  diversité  culturelle  grâce  à  Google  Recherche  de  Livres.  En  effet,  le  Programme  Google  Recherche  de  Livres  permet 
aux  internautes  de  découvrir  le  patrimoine  littéraire  mondial,  tout  en  aidant  les  auteurs  et  les  éditeurs  à  élargir  leur  public.  Vous  pouvez  effectuer 
des  recherches  en  ligne  dans  le  texte  intégral  de  cet  ouvrage  à  l'adressefhttp:  //book  s  .google .  coïrïl 


■ 

■ 

K^N,,^-**      .-r^' 

*mj 

"^ 


V 


Q,A^^  '^  ^ 


Si 


HISTOIRE 


DE    L'ART 


PENDANT    LA    RÉVOLUTION 


CONSIDÉRÉ     PRINCIPALEMENT    DANS   LES     ESTAMPES 


O  L'  V  R  A  O  F     r  O  S  T  H  l?  M  K 


t>  r. 


JULES  RENOUVIER 


SUIVI  D'UNE  ÉTUDE  DU  MÊME  SUR  ^J.-B.  GREUZE 


AVRC    ONK    NOTICE    BIOORAPHIQUB    KT    UNB    TABLB 


t  k% 


I.  iNATOLE  U  lONTAIGlON 


PREMIERE  PARTIE 


V 


PARIS 

V"  JULES   RENOUARD,  LIBRAIRE-ÉDITEUR 

6  —  ROI!    Df    TOtRNOn   —  6 
M   DCf'C  LXIll 


HISTOIRE   DE  L'ART 


PENDANT   LA   RÉVOLUTION 


1780—1804 


\ 


.     I 


I 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  DE  J.  CLAYB 


RUB    SAINT-BBNOIT,   7 


HISTOIRE 


DE    L'ART 

PENDANT    LA    RÉVOLUTION 

CONBID^Ré    PRINCIPALEMENT    DAMS    LES   ESTAMPES 


OUVRAOB    POSTHUME. 


BB 


JULES   RENOUVIER 


Suivi  d'dne  Étude  du  même  sur  J.-B.  GREUZË 


AVK    UMB    MOnCB    BIOORAPHIQUB    BT    UMB    TABLB 


r  AK 


M.    ANATOLB    DB    MONTAIOLON 


PARIS 

V^»  JULES  RENOUARD,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

6,   RUE    DB    TODRNON, 6 

MDGGCLXII1 
Tons  droits  résenrés. 


I 


NOTICE 


5011 


M.  JULES  RENOUVIER, 


Lorsque  M.  Renouvier  fit  son  dernier  voyage  à  Paris,  dans  l'été 
de  1860,  les  amis  de  son  âge  qu'il  était  venu  revoir,  ceux  plus 
jeunes  dont  il  aimait  aussi  à  s'entourer,  l'avaient  retrouvé  tou- 
jours plus  ardent  à  l'étude  et  à  la  recherche.  Ne  voulant  plus  se 
souvenir  du  beau  livre  dont  il  venait  à  peine  de  terminer  l'im- 
pression, et  trouvant  qu'il  n'avait  rien  fait  tant  qu'il  lui  restait 
encore  quelque  chose  à  faire,  il  était  tout  entier  à  l'ouvrage  qu'il 
allait  terminer,  à  celui  qu'il  préparait  pour  l'avenir.  Quand  il  est 
reparti  pour  retourner  à  Montpellier,  où  il  habitait,  il  se  réjouis- 
sait d'aller  reprendre  la  plume  et  continuer  le  travail  dont  la 
rédaction  avait  été  interrompue  par  son  voyage  annuel.  C'est  à  la 
mort  qu'il  est  allé.  A  son  arrivée,  il  a  été  enlevé  par  une  maladie 
aussi  rapide  que  soudaine,  et,  peu  de  jours  après  lui  avoir  serré 
la  main,  après  s'être  entretenus  avec  lui  de  ses  projets  et  de  ses 
études,  après  lui  avoir  dit  au  revoir,  ses  amis  ont  appris  par  les 
journaux  que  cet  homme  tout  à  l'heure  plein  de  vie  était  tombé 
subitement,  et  que  cette  rare  intelligence,  qui  n'avait  jamais  été 
ni  plus  vive  ni  plus  ferme,  serait  muette  désormais. 

La  mort  d'un  honnête  homme  qui  disparaît  avant  le  temps 
est  toujours  regrettable  et  douloureuse,  mais  ici  la  perte  ne 


VI  NOTICE 

demeure  pas  restreinte  au  cercle  privé  de  la  famille;  elle  en  sort 
pour  devenir  publique,  car  il  a  péri  avec  M.  Renouvier  tout  un 
trésor  d'érudition  et  de  pensées,  qui  ne  sera  pas  reformé.  Il  est 
donc  naturel  que  sur  le  coup,  et  par  là  sans  prétendre  parler  de 
lui  complètement,  dans  cette  Revue^  consacrée  aux  études  qui  ont 
été  le  meilleur  de  sa  vie,  dans  \^' Gazette  des  BeauohArts,  qui  s'est 
honorée  de  l'avoir  au  nombre  de  ses  collaborateurs  et  pour 
laquelle  il  a  écrit  les  dernièri^s  pages  qui  soient  sorties  de  sa 
plume,  on  prenne  la  parole  pour  lui  rendre  la  justice  qui  lui 
est  due,  et  pour  dire  au  public,  qui  ne  te  sait  pas  encore  assez, 
ce  qu'était  M.  Renouvier,  et  ce  quMl  a  fait  pour  l'histoire  de 
l'Art. 

11  est  mort  à  Montpellier  le  22  septembre  1860;  il  y  était  né  le 
13  décembre  180!|.  Ce  n'est  qu'à  trente  ans,  après  une  jeunesse 
riche  de  lectures,  partagées  entre  la  philosophie,  l'histoire  et  la 
poésie,  qu'il  publia  ses  deux  premiers  essais,  l'un  anonyme,  con- 
sacré aux  vieilles  maisons  de  sa  ville  natale,  l'autre  à  deux 
manuscrits  des  Archives  de  la  commune  de  Montpellier.  Si  peu 
importants  qu'ils  soient  comme  volume,  ils  marquent  déjà  le$ 
premiers  pas  de  sa  voie  et  montrent  en  germe  des  qualités  d'es^ 
prit  qui  ont  toujours  progressé,  et  dont  on  n'a  certainement  pas 
eu  le  dernier  développement. 

Bientôt  après,  ou  pour  mieux  dire  la  même  année,  en  1835,  il 
commença  une  publication  archéologique  et  historique  sur  les 
monuments  de  quelques  ancieps  diocèses  du  bas  Languedoc.  Cet 
ouvrage,  qui  est  accompagné  de  lithographies  dues  à  Fhabile 
crayon  de  son  ami  M.  J.-B.  Laurens,  l'occupa  plusieurs  années,  de 
i835  à  1841  •  En  même  temps  le  Bulletin  monumental,  organe  de 
la  Société  française  d'Archéologie,  que  M.  de  Caumont  venait  de 
fonder  et  dont  M*  Renouvier  a  été  l'un  des  premiers  inspecteurs 
divisionnaires,  s'enrichissait  de  quelques  études  sur  le  Midi,  qui 

i.  Cette  notice  et  la  bibliographie  qui  la  suit  ont  d*abord  paru  dans  la 
Gazette  des  BeauoD-ArtSf  tome  VIII,  numéros  du  15  octobre  1860,  p.  103-111,  et 
du  15  novembre,  p.  351-254;  en  les  réimprimant  aujourd'hui,  Il  n*y  a  été  fait 
d'autres  cb&OKem«Qti  que  quelques  reotiOeatiens  mfttérif  U«s. 


SUR  M.  JULES  RENOUVIER.  vu 

ne  rentraient  pas  dans  le  cadre  de  son  grand  ouvrage,  et  Ton  y 
peut  aller  chercher  le  récit  d'une  excursion  monumentale  dans 
les  vallées  des  Pyrénées,  un  essai  de  classification  des  églises 
d'Auvergne,  et  un  tableau  rapide  de  la  peinture  sur  verre  et  sur 
mur  dans  le  midi  de  la  France. 

Tous  ces  travaux  témoignent  de  la  plus  sérieuse  intelligence 
de  l'art  ogival,  malgré  la  gêne  qu'apportait  au  développement 
d'idées  générales  sur  cette  matière  la  nature  même  des  monu- 
ments que  l'auteur  étudiait.  Ils  ne  sont  pas,  en  effet,  dans  le 
vrai  courant  de  l'architecture  française;  moins  hardis,  moins 
franchement  nouveaux  parce  que  les  ruines  des  idées  et  des  mo- 
numents antiques  restent  debout  autour  d'eux,  ils  ne  suivent 
le  mouvement  artistique  du  Nord  qu'à  regret,  avec  retard, 
sans  lui  rien  apporter;  ils  en  ont  subi  l'influence  à  contre-cœur, 
et  ils  n'ont  pas  réussi  à  en  prendre  sur  lui.  L'étude  de  ces  mo- 
numents n'est  pas  un  chapitre,  c'est  un  appendice  de  cette 
grande  histoire,  et  il  fallait,  pour  écrire  ce  complément  et  pour 
bien  marquer  la  différence  des  caractères  et  la  lutte  des  deux  es- 
prits, un  homme  à  qui  des  études  complètes  permissent  de  voir 
ce  que  cet  antagonisme  persistant  avait  été  contraint  d'accepter 
de  l'art  du  Nord»  né  dans  le  domaine  royal,  et  un  homme  en 
même  temps  qui  dût  à  sa  naissance  et  à  son  séjour  dans  le  Midi 
la  compréhension  et  la  familiarité  de  cette  forme  particulière  de 
l'art  gothique. 

M.  Renouvier  ne  se  borna  pas  à  montrer  seulement  dans  le 
Languedoc  les  traces  de  l'envahissement  de  la  nouvelle  architec- 
ture française  d'outre-Loire;  dans  un  voyage  fait  en  1839,  son 
esprit  philosophique  poursuivit  la  même  idée  sur  un  autre  sol, 
encore  plus  méridional,  et  ses  Notes  sur  les  monuments  gothi- 
ques de  quatre  villes  italiennes,  Florence,  Pise,  Rome  et  Naples, 
publiées  en  iSk^  dans  le  Bulletin  monumental,  sont  inspirées  par 
ce  sentiment,  vraiment  critique,  de  la  fécondité  des  comparaisons. 
C'est  même  peut-être,  de  tous  ses  premiers  ouvrages,  le  plus  inté- 
ressant et  le  plus  heureux.  La  justesse  naturelle  et  sévèrement 
ingénieuse  du  coup  d'œil^  la  réunion  des  détails  en  groupes  et  la 


VIII  NOTICE 

conclusion  du  fait  à  Tidée  se  remarquent  dans  cet  opuscule,  dont 
la  brièveté  relative,  dégageant  ses  observations  et  ses  conclusions 
de  tout  ce  qui  leur  est  en  réalité  étranger,  est  encore  aiguisée 
par  une  forme  courte,  claire,  pleine  de  traits  :  sans  courir  après 
un  éclat  factice,  elle  donne  à  la  succession  des  faits  exposés  et  à 
ridée  qui  en  résulte  une  concision  nette,  qui  réunit  la  force  et  la 
sûreté. 

Aussi  est-ce  le  livre  qu'il  faut  citer,  à  cause  de  son  intérêt  plus 
général,  comme  le  plus  heureux  des  ouvrages  de  M.  Renouvier 
pendant  cette  première  période,  qui  se  caractérise  bien  nette- 
ment par  une  préoccupation  plus  grande  de  TArchitecture.  Outre 
le  mouvement  d'idées  qui  se  faisait  alors  dans  ce  sens,  et  auquel 
il  apportait  autre  chose  que  des  pierres,  son  esprit  était  naturel- 
lement porté  à  s'attacher  d'abord  à  cette  forme  de  l'art  ;  par 
ses  conditions  de  besoin  public,  de  dépenses  générales,  de  lon- 
gueur de  temps  comme  construction,  de  réunion  d'hommes 
comme  ouvriers,  elle  paraissait  à  son  esprit  synthétique  la  plus 
sociale  des  manifestations  intellectuelles  et  la  plus  riche  en  ensei- 
gnements sur  le  génie  et  les  transformations  d'un  peuple. 

Cette  étude  le  mena  insensiblement  à  descendre  de  l'idée  aux 
ouvriers  et  de  l'édifice  aux  artistes,  et  le  travail  de  cette  nouvelle 
période  se  caractérise  par  le  livre  des  Maîtres  de  pierre  et  autres 
Artistes  gothiques  de  Montpellier,  qu'il  publia  en  18H»  avec 
M.  Ricard,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de 
cette  ville  ^  La  recherche,  la  découverte  et  la  publication  des 
documents,  dont  le  texte  forme  la  moitié  de  ce  volume,  sont,  je 
crois,  dues  surtout  à  M.  Ricard,  en  même  temps  que  la  préface 
est  plus  particulièrement  l'œuvre  de  M.  Renouvier.  Depuis  cette 
époque  les  efforts  de  travailleurs  dévoués  n'ont  pas  cessé  d'exhu- 

1.  M.  Renouyier  était,  depuis  le  19  Juin  1838,  membre  correspondant  de  la 
Société  des  Antiquaires  de  France.  l\  a  été  aussi,  dès  l'origine,  c'est-à-dire  en 
1837,  correspondant  du  premier  Comité  des  Arts  et  des  Monuifients,  établi  au 
ministère  de  Tlnstruction  publique;  son  nom  est  encore  compris  dans  Tarrété 
de  M.  de  Crouseilhes,  du  25  octobre  1851  ;  il  a  dijiparu  de  la  nouvelle  liste^ 
donnée  par  M.  Fortoul  le  12  novembre  1852. 


SUR  M.  JULES  RENOUVIER.  ix 

mer  et  de  mettre  au  jour  des  pièces  de  ce  genre  ;  mais,  comme 
presque  tous  ont  surtout  publié  des  documents  épars  et  sans 
rapport  entre  eux,  aucun  de  leurs  livres  n'a  peut-être  l'importance 
et  la  solidité  de  celui-ci,  dont  l'ensemble  présente  une  liaison  et 
une  suite  presque  impossibles,  mais  toujours  désirables  dans  des 
ouvrages  de  cette  nature. 

A  la  suite  de  ce  grand  travail,  où,  tout  en  voulant  n'être  qu'un 
analyseur  et  un  annotateur  exact,  M.  Renouvier  a  naturellement 
trouvé  lieu  à  l'exposition  de  plus  d'une  idée,  il  fît  parattre  plu- 
sieurs notices  plus  ou  moins  courtes,  et  parmi  elles  je  remar- 
querai seulement  ses  idées  pour  une  classification  générale  des 
monuments;  elles  témoignent  en  effet  que  si,  pour  être  plus 
complet,  il  se  restreignait  souvent  à  des  points  spéciaux,  c'était 
volontairement  et  non  par  impuissance,  et  que,  pour  les  traiter, 
son  esprit  s'appuyait  toujours  sur  la  familiarité  des  questions  les 
plus  hautes  et  les  plus  générales.  Mais,  à  cette  époque,  la  vie 
laborieuse  de  M.  Renouvier,  qui  s'était  déjà  mêlé  à  la  politique, 
fut  un  moment  interrompue  par  les  événements. 

La  Révolution  de  18/»8  avait  éclaté,  et  M.  Renouvier,  chez  qui 
l'esprit,  l'éducation  et  les  éludes  philosophiques  avaient  déve- 
loppé les  tendances  libérales,  que,  d'un  autre  côté,  sa  valeur  per- 
sonnelle, son  honorabilité  et  l'estime  de  sa  ville  désignaient  natu- 
rellement, fut  d'abord  Commissaire  du  Gouvernement  pjrovisoire 
et  ensuite  Député  à  l'Assemblée.  Il  ne  faillit  pas  à  sa  tâche,  et  il 
l'accomplit,  comme  il  faisait  toutes  choses,  avec  dévouement, 
avec  simplicité  et  avec  une  profonde  honnêteté.  Nous  n'avons  pas 
à  le  suivre  sur  ce  terrain,  qui  n'est  pas  du  domaine  de  la  critique 
artistique  ;  ici ,  nous  avons  à  dire  seulement  qu'à  l'heure  de  la 
retraite  il  put  quitter  la  vie  politique,  la  tête  haute,  avec  la  con- 
science d'avoir  fait  ce  qu'il  avait  dû  ;  aussi,  malgré  Tinaccomplis- 
sement  de  ses  désirs,  malgré  le  sentiment  que  son  pays  n'était  pas 
encore  mûr  pour  ce  qu'il  considérait  toujours  comme  Tavenir  et  le 
but,  ce  fut,  sinon  sans  regrets,  au  moins  sans  mauvais  sentiments, 
sans  fanfaronnades,  sans  colères  et  sans  aigreur  qu'il  vint  repren- 
dre cette  obscurité  heureuse  de  sa  vie  privée ,  un  moment  trou- 


X  NOTICE 

hlée  par  des  devoirs  plus  impérieux,  et,  comme  le  soldat  romain 
qui,  après  la  défaite  ou  la  victoire,  retournait  à  sa  charrue,  il  ne 
tarda  pas  à  revenir  labourer  de  nouveau  le  champ  qu*il  s'était 
marqué,  pour  y  faire  mûrir  encore  une  nouvelle  moisson. 

Elle  fut  riche,  car  le  livre  qu'il  fit  ensuite  est  le  plus  important 
de  tous  ceux  qu'il  ait  produits.  La  visée  s'était  agrandie  en  même 
temps  que  son  expérience,  et  ce  qu'il  tenta,  ce  qui  l'occupa  de 
longues  années,  ce  fut  un  tableau  critique  des  origines  et  des 
phases  de  la  Gravure,  en  Italie,  en  France,  en  Allemagne  et  dans 
les  Flandres,  depuis  les  premiers  essais  jusqu'au  milieu  du  XVH^ 
siècle,  c'est-à-dire  jusqu'au  triomphe  du  métier  sur  l'Art.  Les 
Types  et  manières  des  Maîtres  graveurs  parurent,  de  1853  à  1856, 
dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  Montpellier*,  plus  particuliè- 
rement tournée  du  côté  des  sciences,  et  à  laquelle  par  là  même 
il  faut  faire  d'autant  plus  d'honneur  d'avoir  accueilli  et  d'avoir 
donné  au  public  un  travail  aussi  important  et  aussi  nouveau. 
Jusque-là  il  n'y  avait  aucune  philosophie,  presque  aucune  criti- 
que dans  l'histoire  de  la  Gravure.  Des  dictionnaires  inachevés, 
des  catalogues  incolores,  des  monographies  matérielles  et  en 
apparence  trop  développées,  parce  qu'elles  sont  en  trop  petit 
nombre,  un  commencement  incomplet  d'inventaire,  dont  les  par- 
.ties  tentées  sont  de  plus  remplies  d'erreurs,  de  contradictions  et 
d'ignorances,  —  voilà  ce  que  présentaient  à  peu  près  les  travaux 
antérieurs  sur  l'histoire  de  la  Gravure. 

Un  seul  homme  au  XVIII*  siècle  était  capable  de  l'entreprendre; 
mais  le  savant  et  laborieux  Mariette,  que  M.  Renouvier  a  suivi 
plus  d'une  fois,  avait  passé  toute  sa  vie  à  s'y  préparer  sans  la 
commencer  jamais.  M.  Renouvier  s'est  tenu  volontairement  aux 
lignes  générales,  aux  appréciations  d'ensemble,  qui  donnent  le 
cadre  et  la  place  des  détails.  11  a  étudié,  il  a  compris,  il  a  expli- 
qué les  origines  et  les  causes  ;  il  a  noté  les  influences  et  les  filia- 
tions des  époques,  des  pays  et  des  hommes  ;  il  a  formé  les  grou- 
pes, il  a  donné  les  caractères  et  les  motifs  des  progrès  et  des 

i.  M,  Renouvier  en  faisait  partie  depuis  sa  fondation. 


1 


SUR  M.  JULES  RENOUVIER.  xi 

différences.  L'estampe,  pour  lui,  n*est  pas  un  morceau  de  cuivre^ 
mordu  ou  taillé,  dont  l'épreuve  est  pour  le  marchand  plus  ou 
moins  chère,  et  pour  Tamateur  plus  ou  moins  rare,  et  qui  devient 
ainsi  un  objet  de  commerce  et  de  vanité  beaucoup  plutôt  qu'une 
chose  belle  ou  curieuse.  Elle  est  pour  M.  Renouvier  une  manifes- 
tation dont  il  cherche  le  sens  et  la  raison  ;  il  jouit  de  sa  beauté, 
quand  la  beauté  s'y  rencontre,  et  il  y  était  plus  sensible  qu'aucun 
autre,  mais  il  sait  et  il  fait  lire  dans  toutes  ;  il  en  traduit  la  lan- 
gue, il  en  déduit  les  antécédents  et  les  conséquences  ;  il  met 
Tordre  de  la  logique  et  de  la  vérité  dans  ces  feuilles  éparses, 
qui  n'avaient  été  que  rassemblées,  sans  être  distinguées  comme 
il  convenait.  Ce  n'est  pas  un  catalogue  qu'il  a  fait,  c'est  un 
livre.  Ce  n'est  pas  matériellement  qu'il  décrit  :  il  comprend  et 
il  fait  comprendre,  il  juge  et  il  classe;  au  lieu  de  voir  seule- 
ment, il  étudie  et  il.  conclut.  Ce  ne  sont  ni  des  notes  ni  des 
matériaux  ;  c'est  presque  une  histoire  dans  le  sens  élevé  du  mot. 
Je  le  répète,  c'est  l'œuvre  capitale  de  M.  Renouvier,  et  une 
œuvre  qui  restera;  mais  il  était  le  seul  qui  n'en  fût  pas  content. 
Le  long  temps  qu'il  mit  forcément  à  la  publier  lui  montra  des 
défauts,  des  lacunes,  des  erreurs  môme  dans  la  première  partie, 
et  il  se  détermina  résolument  à  la  tenir  pour  non  avenue  et  à  la 
refaire.  Sa  fortune,  qui  lui  donnait  l'indépendance  de  son  temps, 
lui  permettait  aussi  d'employer  chaque  année  plusieurs  mois  à 
des  voyages  et  à  des  séjours  pendant  lesquels  il  n'écrivait  jamais, 
mais  qu'il  consacrait  tout  entiers  à  voir,  à  comparer,  a  vérifier, 
à  amasser  des  notes  et  des  impressions,  qu'il  remportait  à  son 
foyer  pour  les  coordonner  et  les  mettre  en  œuvre,  après  les  avoir 
soumises  à  l'épreuve  d'une  sévère  critique.  C'est  à  ces  voyages  et 
à  ces  travaux  féconds  que  nous  devons  le  dernier  livre  qu'il  ait 
publié,  V Histoire  de  l'origine  et  des  progrès  de  la  Gravure  dans  les 
Pays-Bas  et  en  Allemagne  jusqu'à  la  fin  du  XV*  siècle.  Les  ténè- 
bres et  l'aridité  du  sujet,  la  nécessité  d'insister  sur  les  détails 
matériels  de  l'érudition,  et  de  laisser  subsister  dans  le  travail 
déûnitif  les  traces  de  l'échafaudage,  le  rendent  forcément  moins 
vif,  moins  harmonieux  et  moins  généralement  accessible  que  ses 


XII  NOTICE 

Types  et  manières  ;  mais  la  valeur  et  la  nouveauté  n'en  sont  pas 
moindres.  II  suffit  d'ailleurs  de  rappeler  que,  TAcadémie  de 
Bruxelles  ayant  précisément  proposé  ce  sujet  pendant  que  M.  Re- 
nouviers'en  occupait,  il  envoya  son  travail  au  concours.  Les  pro- 
grammes académiques  ont  rarement  le  bonheur  d'être  traités 
par  un  homme  aussi  remarquable  et  aussi  fortement  préparé  ; 
aussi  l'Académie  de  Bruxelles  ne  manqua  pas  de  lui  donner  le 
prix,  et  c'est  elle  qui  a  eu  l'honneur  d'imprimer  le  livre. 

Pour  M.  Renouvier,  ce  n'était  que  la  moitié  de  la  question  ;  il 
avait  en  môme  temps  étudié  la  même  histoire  en  Italie  et  en 
France,  et  il  allait  se  mettre  à  l'écrire  quand,  comme  je  l'ai  dit, 
au  retour  d'un  séjour  à  Paris,  où  il  était  venu  prendre  ses  der- 
nières notes,  une  fièvre  pernicieuse,  que  rien  ne  faisait  prévoir, 
l'a  emporté  tout  à  coup.  Il  avait  cinquante-six  ans,  l'âge  de  la 
pleine  force  de  l'esprit  pour  un  homme  qui  a  vécu  honnêtement 
et  intellectuellement,  l'âge  où  il  est  maître  comme  jamais  de  sa 
pensée  et  de  sa  forme,  l'âge  où  ses  qualités  naturelles  se  sont 
accrues  de  toutes  les  puissances  de  la  maturité  et  de  l'étude. 

Il  est  inutile  d'augmenter  les  regrets  en  parlant  des  questions 
qu'il  était  indiqué  pour  élucider,  et  où  pas  un  autre  ne  le  peut 
remplacer;  mais,  si  sa  force  est  maintenant  perdue,  s'il  a  mal- 
heureusement disparu,  c*est  le  moment  de  donner  une  nouvelle 
vie  à  ce  qui  nous  reste  de  lui.  Sa  famille  et  ses  amis  doivent  à 
son  mérite  et  à  sa  mémoire  de  réunir  et  de  publier  en  corps  ses 
dissertations  éparses,  de  faire  pour  le  public  un  volume  de  ses 
Types  et  manières,  dont  les  quatre  fascicules  in-4®  sont  déjà  diffi- 
ciles à  réunir  et  incommodes  à  lire  et  à  consulter,  à  cause  de 
leur  format  et  aussi  de  l'absence  des  tables  nécessaires,  la  seule 
chQ3e  qui  leur  manque  et  la  seule  qu'un  autre  que  lui  puisse  se 
permettre  d'y  ajouter.  Ses  œuvres  ne  sont  encore  connues  que  du 
petit  nombre;  elles  méritent  d'arriver  au  vrai  public,  qui  ne 
peut  en  jouir  dans  leur  état  de  dispersion  actuelle  et  de  rareté. 
Son  père,  qui  lui  survit,  son  frère,  dont  on  connaît  les  travaux 
philosophiques,  ses  neveux,  d'autres  amis  encore,  sont  en  état 
de  lui  rendre  ce  pieux  et  dernier  service. 


SUR  M.  JULES  RENOUVIER.  xiii 

Ils  peuvent  peut-être  bien  plus.  M.  Renouvier  devait  publier 
cet  hiver,  pour  faire  pendant  à  son  Antoine  Vérard,  une  étude 
sur  Jean  Perréal,  d'après  des  documents  nouveaux  qui  lui  avaient 
^té  communiqués  par  M.  RoUe,  l'archiviste  adjoint  de  Lyon. 
Gomme  les  quelques  bois  qui  devaient  illustrer  cette  plaquette 
étaient  déjà  faits,  il  se  peut  que  le  travail  ait  été  rédigé  *.  Peut- 
être  ne  trouvera-t-on,  dans  les  papiers  de  M.  Renouvier,  que  des 
notes  pour  son  HUtoire  de  la  Gravure  en  France  et  en  Italù  au 
XY^  siècle*;  mais  il  avait  terminé,  sinon  toujours  écrit  définiti- 
vement ,  un  autre  grand  ouvrage  dont  il  s'occupait  depuis  long- 
temps. Pour  se  rapporter  à  l'époque  qui  forme  le  passage  du 
XVIII*  au  XIX^  siècle,  il  n'en  serait  pas  moins  tout  à  fait  nouveau, 
et  le  travail  sur  Prud'hon ,  qui  a  été  couronné  par  la  Société  de 
la  Gôte-d'Or,  n'est  qu'un  fragment  détaché  de  cette  grande  étude, 
sans  avoir  eu  pour  cause  le  concours. 

H  ne  s'agit  de  rien  moins  que  de  l'art  pendant  la  période  révo- 
lutionnaire, de  ce  qu'il  a  été  alors,  de  ce  qu'il  voulait  être,  de  ce 
que  la  première  République  en  a  fait  et  voulait  en  faire.  M.  Re- 
nouvier croyait  que,  comme  tous  les  temps  de  troubles  trempent 
en  quelque  sorte  la  génération  qui  viendra  après  eux,  c'est  la 
Révolution  qui  a  vraiment  renouvelé  l'art  français  et  qui  a  donné 
ses  artistes  à  l'Empire,  de  même  que  les  troubles  civils  de  la  fin 
du  XVI*  siècle  et  le  règne  de  Richelieu  ont  donné  les  siens  au 

1.  n  a  para  depuis  chez  Aubry. 

2.  Les  Origines  de  la  Gravure  en  France,  le  Vérard,  le  GeoflEroy  Tory,  le 
Jean  de  Paris,  et  deux  notices,  qui  vont  paraître,  sur  les  Gravures  en  bois 
dans  les  Heures  de  Simon  Vostre,  et  sur  les  Portraits  d'auteurs  dans  les  livres 
du  XV*  siècle,  étaient  autant  de  chapitres,  écrits  à  part  et  à  l'avance,  pour  être 
ensuite  remaniés  et  répandus  dans  cet  ouvrage.  Les  notes  de  celui-ci  existent, 
mais  seulement  les  notes,  disjecti  menibra  pœtœ,  et  nul  autre  que  M.  Renou- 
vier Ini-mème  ne  les  peut  mettre  en  œuvre;  ce  n'est  pas  seulement  la 
forme  qui  manque,  mais  bien  plus  encore  le  plan,  le  point  de  départ,  la 
marche,  les  développements,  les  retours  et  les  conclusions  de  sa  pensée.  Tout 
était  dans  sa  tête,  et,  si  tant  est  que  quelqu'un ,  en  repassant  partout  où  il  avait 
passé,  en  revoyant  tout  ce  qu'il  avait  vu,  puisse  faire  un  Uvre  avec  les  maté- 
riaux qu'U  a  laissés,  ce  serait  un  autre  Uvre  que  celui  de  Renouvier. 


XIV  NOTICE 

grand  roi.  £a  même  temps  il  faisait  voir  que  rÂUégorie  n'a,  dans 
l'art  révolutionnaire,  une  si  grande  place  que  grâce  à  son  abstrac- 
tion, à  la  fois  philosophique  et  visible,  qui  y  prenait  une  impor- 
tance religieuse  et  se  substituait  à  tout  l'ensemble  des  représen- 
tations hiératiques  supprimées  par  les  idées  nouvelles,  et  par  là 
que  c'est  Prud'hon,  plus  que  David,  qui  est  le  vrai  peintre  de 
l'idée  révolutionnaire.  On  voit  quel  intérêt  le  développement  de 
ces  vues  premières  et  incomplètes  peut  recevoir  de  la  plume  de 
M.  Renouvier,  et  personne,  en  reprenant  la  question,  ne  peut 
prétendre  à  la  traiter  comme  lui. 

Car  sa  pensée,  et  c'est  là  son  caractère  principal^  avait  une 
force  d'individualité  et  une  nouveauté  féconde*,  qui,  dans  la  cri- 
tique, le  mettent  et  le  maintiendront  parmi  les  premiers  de  ceux 
qui  se  sont,  de  notre  temps  et  dans  notre  pays,  occupés  de  l'his- 
toire de  l'Art.  Beaucoup  y  ont  apporté  un  beau  talent,  une  vive 
compréhension  des  chefs-d'œuvre,  une  valeur  de  forme,  et  par  là 
une  utilité  de  vulgarisation,  qui  les  rendent  plus  que  recomman- 
dables  ;  mais  ils  ne  peuvent  être  rapprochés  de  M.  Renouvier, 
parce  qu'il  leur  manque  cette  nouveauté  de  vues  en  même  temps 
que  cette  largeur,  ajoutées  à  son  esprit  par  la  critique  et  par 
l'érudition.  Dans  le  même  sens  que  lui  il  n'y  a  vraiment  eu  que 
trois  hommes,  doués  de  qualités  diverses,  mais  qui,  comme  lui, 
ont  ouvert  des  routes  nouvelles  et  en  ont  si  bien  planté  les  jalons 
que  ceux  qui  s'y  engagent  n'ont  plus  qu'à  les  suivre,  pour  aller 
peut-être  plus  loin,  mais  sans  faire  oublier  ceux  qui  tes  ont  tra- 
cées les  premiers.  Ces  trois  hommes,  on  les  a  nommés;  ce  sont  : 
Émeric  David,  qui,  sans  parler  de  son  Histoire  de  la  Peinture  au 
moyen  âge,  a  créé  l'histoire  de  la  Sculpture  française  de  façon 
qu'on  n'ait  plus  qu'à  le  compléter  et  qu'à  le  rectifier;  M.  Léon 
de  Laborde,  qui,  par  les  pointes  hardies  et  incessantes  de  son 
infatigable  et  intelligente  curiosité,  a  fait  plus  que  personne  pour 
la  connaissance  des  arts  et  des  artistes  des  XV®  et  XVI*»  siècles  ; 
et  M.  Viollet-Le-Duc,  qui  a  fait  sortir  les  origiûes  et  le  dévelop- 
penient  de  l'art  ogival  de  l'énumération  empirique  de  faits  par- 
ticuliers, acGumulés^  presque  aiu  hasard,  pour  en  faire  un  eopps 


I 


SUR  M.  JULES  RBNOUVIËR.  \\ 

de  doctrine  et  lui  donner  le  caractère  de  la  science*  Tous  trois 
doivent  beaucoup  à  leurs  devanciers;  ouiis,  ce  qui  est  le  point 
vraiment  capital,  ils  ont  fait  un  pas  décisif  d^ns  la  voie  qu'ils 
ont  choisie.  C'est  aussi  ce  qu'a  fait  M.  R^aouvier,  et  c'est  pour 
cela  qu'il  fallait  rapprocher  ces  quatre  noms,  parce  que  tous  les 
quatre,  à  notre  sens,  ont  le  droit  d'être  proposés  comme  guides 
•et  comme  exemples. 

Mais,  pour  en  revenir  à  M.  Renouvier,  s'il  peut  toujours  se 
produire  une  intelligence  égale,  la  sienne  ne  sera  pas  remplacée. 
Qui  réunirait,  en  effet,  des  qualités  aussi  diverses?  il  sentait  vite 
et  il  jugeait  lentement  ;  il  voyait  juste  et  il  se  déliait  de  lui-même  ; 
il  avait  l'instinct  et  la  science^  la  modestie  et  la  fermeté  ;  il  était 
ardent  et  contenu;  il  concevait  rapidement  et  il  mûrissait  sa 
pensée;  il  avait  le  sens  droit,  la  sagacité  ingénieuse,  la  critique 
sûre,  la  discussion  loyale,  l'exposition  claire^  nette  et  précise.  11 
apprenait  .toujours,  parce  qu'il  ne  croyait  jamais  savoir  ce  qu'il 
ignorait;  il  commençait  par  se  préoccuper  des  détails  avec  une 
patience  étrange  pour  un  homme  qui,  une  fois  qu'il  les  possédait, 
les  noyait  dans  une  forme  aussi  courte  que  substantielle  ;  il  n'avait 
jamais  de  théories  préconçues  pour  fausser  ses  observations  ;  il 
étudiait  d'abord,  il  voyait  ce  qui  était,  et  c'était  de  ces  impres- 
sions sincères  et  répétées,  de  ces  idées  particulières  et  succes- 
sives, qu'il  arrivait  à  une  idée  générale,  et  il  ne  l'acceptait  pas 
sans  l'éprouver  encore,  car,  dans  le  premier  travail,  il  ne  donnait 
rien  au  hasard.  C'était  lentement  qu'il  préparait,  mais,  à  un 
moment  donné,  tout  était  prêt  et  à  sa  place  ;  il  avait  tout  à  sa 
main,  et,  comme  il  savait  ce  qu'il  voulait  dire  et  ne  disait  rien 
que  ce  qu'il  voulait,  l'œuvre,  ainsi  mûrie  à  loisir,  s'écrivait  rapi- 
dement. C'est  ce  qui  donne  à  son  style  la  vivacité  pittoresque,  la 
franchise  du  trait,  la  souplesse  et  la  variété  d'allure,  et  aussi  la 
légère  et  piquante  bizarrerie  qu'on  y  remarque  parfois.  Sa  plume, 
et  avec  raison,  ne  reculait,  ni  devant  un  mot  nouveau,  ni  devant 
une  incorrection  apparente,  ni  devant  une  concision  trop  ellipti- 
que; mais  c'est  toujours  pour  mieux  frapper  l'idée,  pour  mieux 
rendre  ce  qu'elle  devait  mettre  en  lumière,  tout  en  gardant  une 


XVI  NOTICE  SUR  M.  JULES  RENOUVIER. 

suprême  justesse  d'expression.  Il  faut  avoir  des  connaissances 
réelles  pour  se  plaire  aux  Types  et  manières  des  Maîtres  gravev/rs, 
pour  profiter  de  tout  ce  que  ce  beau  livre  renferme  de  nouveau 
et  d'excellent,  pour  voir  surtout  à  quel  degré  la  forme  y  est  le  juste 
vêtement  de  la  pensée;  mais  si,  comme  toutes  Içs  œuvres  pleines 
et  sérieuses,  les  Types  et  manières  ont  besoin  d'être  étudiés  et 
repris,  s'ils  se  refusent  à  être  feuilletés,  ils  payent  largement  le' 
soin  qu'on  doit  prendre  pour  en  avoir  la  complète  intelligence. 
C'est  un  vrai  livre,  ce  qui  est  plus  rare  qu'on  ne  croit;  il  est 
écrit,  et  non-seulement  il  pense,  mais  il  fait  penser.  Dans  un 
autre  sens,  VHistoire  de  VArt  pendant  la  Révolution  est  aussi  un 
livre.  M.  Renouvier  n'est  donc  pas  mort  tout  entier,  puisqu'il 
laisse  derrière  lui  des  œuvres  assez  complètes  pour  mériter  de 
fixer  dans  le  souvenir  la  trace  de  son  passage  et  de  ses  efforts. 


Anatole  de  Momtaiglon. 


Octobre  ItMO. 


LISTE 


BIBLIOGRAPHIQUE    ET    CHHONOLOGIQUK 


DES  OUVRAGES  ET  DES  OPUSCULES 


DK 


M.  JULES   RENOUVIER. 


Des  vieilles  Maisons  de  Montpellier.  Montpellier,  de  Timprimerie 
de  Jean  Martel  aîné.  1835,  in-8°  de  21  p.,  avec  deux  lithogra- 
phies de  M.  Laurens. 

Opuscule  anonyme;  réimprimé,  sans  planches,  dans  le  n«  i  des  Mémoires  de 
la  Société  archéologique  de  Montpellier,  1835,  in-4o,  p.  37-49. 

Notice  sur  deux  manuscrits  des  Archives  de  la  Commune  de 
Montpellier.  Montpellier,  M«  veuve  Picot,  juin  1835,  in-8°  de 
31  pages. 

La  note  explicative  est  signée  J.  R.  Cette  notice  se  rapporte  à  des  recueils 
de  chartes,  publiés  depuis  par  les  soins  de  la  Société  archéologique  de  Mont- 
pelUer.  —  La  couverture  porte  Tadresse  de  Merklein,  à  Paris. 

Monuments  de  quelques  anciens  diocèses  du  Bas  Languedoc,  ex- 
pliqués dans  leur  histoire  et  leur  architecture  par  M.  J.  Renou- 
vier,  dessinés  d'après  nature  et  lithographies  par  J.-B.  Laurens. 
Montpellier,  in-4°,  1835-1841. 

Cet  ouvrage,  imprimé  d'abord  chez  madame  veuve  Picot,  et  depuis  1838  par 
Boehm,  a  paru  successivement,  de  la  manière  suivante  :  i'*  livraison,  1835, 

b 


XVIII  OUVRAGES  ET  OPUSCULES 

Abbaye  de  Valmagne,  16  pages  et  8  lith.  :  2*  Livraison^  1836^  Eglise  de  Mague- 
lone,  48  pages  et  6  lith.;  3«  livraison^  1837,  Abbaye  de  Saint-Guillem-du-Dé- 
sert^  40  pages  et  15  lith.;  4«  livraison,  1838,  deux  Monastères  de  femmes,  le 
Vignogoul  et  Saint-Félix-de-Montseau,  24  pages  et  7  lith.;  5*  livraison, Église 
dcLodève  et  Prieuré  conventuel  de  Saint-Michel-de-Grandmont,  1840,  32  pages 
et  7  lith.;  6"  livraison,  Abbaye  de  Vallemagne  et  Prieuré  de  Rèdes,  1841, 
24  pages  et  8  lithographies.  L'introduction,  de  viii  pages,  a  p  u  u  en  1840. 

Cet  ouvrage,  qui  devait  avoir  12  livraisons  et  qui  n'a  été  tiré  qu*à  100  exem- 
plaires, est  très-difficile  à  trouver  complet.  Il  faut  y  ajouter  l'opuscule  suivant, 
qui  en  forme  comme  le  complément  : 

Monuments   divers   pris   dans  les   anciens    diocèses   du    Bas 
Languedoc,  Montpellier,  18[il,  in-/»^,  20  pag.  et  8  lithog. 

Anciennes  églises  du  département  de  l'Hérault,  in-i«  (1836-1839). 

Publié  dans  les  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Montpellier,  en 
deux  parties  :  la  première  dans  le  n"  2, 1836,  p.  83-118  avec  2  pi.;  la  seconde 
dans  le  n»  7, 1838,  p.  321-48  avec  3  pi. 

Excursion  monumentale  dans  les  Pyrénées,  vallées  d'Ossau  et  de 
Lavedan.  (1837.) 

Dans  le  Bulletin  monumental  de  M.  de  Caumont,  tome  III,  in-S»  p.  19^. 

Essai  de  classification  des  églises  d'Auvergne,  in-8<>  d'une  feuille 
3/4.  Caen,  Hardel  (1837). 

Extrait  du  BtUletin  monumental,  tome  III,  1837,  n»  7,  p.  375-398. 

Notice  sur  la  Peinture,  sur  verre  et  sur  mur,  dans  le  Midi  de  la 
France.  (1839.) 

BiHletin  monumental,  tome  V,  p.  416-24. 

A  ces  trois  opuscules  Tarticle  de  M.  Quérard,  France  littéraire,  tome  XII, 
p.  152-4,  et  la  bibliographie  de  M.  Duplessis,  semblent  en  ajouter  un  qua- 
trième comme  ayant  paru  dans  le  même  recueil ,  sous  ce  titre  :  Du  style  ogival 
et  de  son  introduction  dans  le  midi  de  la  France.  C'est  une  preuve  de  plus  de 
la  facilité  avec  laquelle  se  produit,  en  bibliographie,  une  erreur  qui,  n'existant 
dans  la  pensée  de  personne,  échappe  d'abord  à  la  remarque  et  se  répète  une 
fois  commise.  La  note  venait  à  M.  Quérard  de  M.  Renouvier  lui-même ,  qui 
avait  ajouté  ce  titre  général  à  ces  trois  travaux  pour  montrer  la  connexité  de 
jeurs  sujets  et  de  leur  esprit.  C'est  l'imprimeur  qui,  par  une  simple  dispo- 
sition typographique,  a  créé  un  ouvrage,  qui  serait  très-admissible,  mais  qui 
n'existe  pas. 


I 


DE  M.JULES  RENOUVIER.  MX 

Notes  sur  les  monuments  gothiques  de  quelques  villes  d*Itali^, 
Pisç,  Florence,  Rome,  Naples.  (Août,  septembre  et  octobre 
1839.)  Par  M.  Jules  Renouvier,  inspecteur  divisionnaire  des 
Monuments  historiques.  Caen,  Hardel,  1841,  in-8°  de  160  p. 

Extrait  du  Bullelin  monumental  de  M.  de  Gaurnoot,  tome  VII. 

Sur. des  fenêtres  de  la  rue  du  Baile  (à  Montpellier),  in-k^. 

PubUé  dans  les  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Montpellier,  n°  12, 
1S42,  p.  33-39  avec  1  pi. 

Notice  littéraire  sur  M.  Ph.  de  Saint-Paul,  in-4°. 

Publié  dans  les  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Montpellier,  n"  12, 

1842,  p.  41-54. 

Note  sur  le  bas-relief  sculpté  au  tympan  du  portail  de  Téglise  de 
Guzargues  (Hérault,  canton  de  Castries). 

Analysée  dans  le  Bulletin  du  Comité  des  Monumettls,  in-8°,  tome  II,  séance 
da23  février  1842,  p.  139-41. 

Cro(fuis  sur  le  chapitre  XXX*'  du  livre  II®  de  Pantagruel.  Trois 
planches  lithographiées  chez  Boehm. 

Feuilleton  signé  J.  R.  dans  le  Courrier  du  Midi,  journal  de  V Hérault, 
1*2*  année,  n»  147,  Jeudi  8  décembre  1842.  Ce  n'est  qu'un  article  de  journal, 
mais  plein  de  cœur  et  de  charme  sur  les  essais  lithographies  et  dessinés  d'un 
Jeaoe  homme,  M.  Ernest  Lafontan ,  qui  venait  de  mourir  à  Montpellier,  à  l'âge 
de  vingt-deux  ans,  le  f4  septembre  1842.  M.  Renouvier  a  souvent  écrit  dans  le 
Courrier  et  dAUS  l'Indépendant  du  ilfidt,  jusqu'en  18i8,  des  articles  d'actualités, 
Boit  politiques  soit  artistiques,  tantôt  signés,  tantôt  anonymes,  tantôt  sous  des 
pseudonymes  divers;  il  n'y  attachait  lui-même  aucune  importance  en  dehors 
du  moment  même,  et  il  serait  fort  difficile  d'en  dresser  la  liste.  J'ai  voulu 
seulement,  pour  ne  pas  les  omettre  complètement,  citer  celui  que  je  con- 
naissais, et  cela  d'autant  plus  qu'il  se  rapporte  à  des  amitiés  communes. 
Ernest  Lafontan,  que  M.  Renouvier  connut  seulement  lorsqu'il  était  allé  essayer 
de  vivre  à  Montpellier,  et  pour  lequel  lui  et  sa  famille  avaient  été  les  meilleurs 
du  monde,  est  l'ami  d'enfance  à  la  mémoire  duquel  M.  de  Chenneviëres,  qui  a 
plus  tard  épousé  l'une  de  ses  sœurs,  a  dédié  le  premier  volume  de  ses  Peintres 
provinciaux. 

Des  fonts  baptismaux  en  plomb  de  Téglise  de  Vias,  in-i°. 

PubUé  dans  les  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Montpellier,  n*  13, 

1843,  p.  120-34. 


XX 


OUVRAGES  ET  OPUSCULES 


L'aliénation  de  ces  fonts  par  le  curé  de  Vias,  Taffirmation  de  Tévèque  de 
Montpellier  qa'il  n'y  a  plus  à  s'en  occuper  parce  qu'ils  ont  été  fondus,  et  leur 
acquisition  par  la  Société  archéologique  de  l'Hérault,  sont  l'objet  de  trois  com- 
munications analysées  dans  le  Bulletin  du  Comité  des  Monuments,  tome  n, 
séance  du  9  février  1842,  p.  84*6  ;  du  27  avril,  p.  285  ;  du  10  mai  1843,  p.  625-7. 

Raphaël  ou  Ghirlandajo. 

Article  sur  un  portrait  du  Musée  Fabre ,  à  Montpellier,  publié  dans  le  pre- 
mier numéro  de  la  Revue  du  Midi,  Montpellier,  Gras,  in-8<*,  l'«  série,  1843, 
tome  I,  p.  83-89. 

Études,  mœurs  et  modes  archéologiques. 

Article  publié  dans  le  troisième  numéro  de  la  Revue  du  Midi,  i^  série,  1843, 
tome  I,  p.  181-199. 

Des  Maîtres  de  pierre  et  des  autres  artistes  gothiques  de  Mont- 
pellier, par  J.  Renouvier  et  Ad.  Ricard.  Montpellier,  Jean  Mar- 
tel aîné.  1844,  in-i**  de  220  p.  avec  une  planche. 

Introduction^  pages  1-103.  Documents,  pages  104-206.  Glossaire,  207-220. 
Publié  d*abord  comme  le  n°  14  des  Mémoires  de  la  Société  archéologiqfM  de 
Montpellier. 

Idées  pour  une  classification  générale  des  monuments,  par 
M.  J.  Renouvier.  Montpellier,  Boehm,  1817,  in-i°  de  30  p. 

Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  de  Montpellier,  tome  I,  p.  91-118. 

Rapport  sur  le  chapitre  du  Ministère  de  l'Intérieur,  relatif  aux 
Musées  Nationaux.  Paris,  de  l'Imprimerie  de  l'Assemblée  con- 
stituante, 1848,  in-4«»  de  20  p. 

On  en  peut  voir  la  discussion  dans  le  Moniteur,  séance  du  mercredi  22  no- 
yembre,  numéro  du  23,  p.  3308-10,  et  aussi,  p.  3201,  le  Rapport  de  M.  Renou- 
vier, au  nom  du  Comité  de  l'Intérieur,  tendant  à  proroger,  jusqu'à  la  fin  de 
l'année  1849,  les  lois  relatives  aux  étrangers  réfugiés  en  France. 

Les  Grisettes  de  race.  Montpellier,  L.  Ghristin  (1851),  in-8*  de 
8  p.  (Tiré  à  50  exemplaires.) 

Tirage  à  part  d'un  article  anonyme,  publié  dans  un  petit  journal  du  Midi,  le 
Babillard,  qui  n'a  eu  qu'une  existence  éphémère.  Ce  n'est  pas,  comme  le  titre 
pourrait  le  faire  supposer,  une  fantaisie  littéraire,  mais  une  étude  presque 
ethnographique,  écrite  à  l'occasion  d'une  lithographie  de  M.  Laurens,  qui  avait 
dessiné  pour  ce  journal  trois  ou  quatre  types  de  grisettes  méridionales. 


I 


DE  M.  JULES  RENOUVIER.  xxi 

Sar  une  figurine  en  terre  cuite,  du  Cabinet  archéologique  de 
Montpellier,  par  M.  J.  Renouvier.  Sans  date.  In-i<»  de  12  p. 
avec  une  lithographie. 

Extrait  des  Mémaires  de  la  Société  archéologique  de  Montpellier,  n^  20, 
1853,  p.  333-42.  (G*e8t  une  représentation  de  Déesse  mère.) 

Des  types  et  des  manières  des  Maîtres  graveurs  pour  servir  à 
rhistoire  de  la  Gravure  en  Italie,  en  Allemagne,  dans  les  Pays- 
Bas  et  en  France,  par  Jules  Renouvier.  Montpellier,  1853-1856, 
in-û». 

Publié  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Mont- 
pellier, Section  des  Lettres,  en  quatre  fascicules,  tirés  à  part. 

1"  Fascicule.  XV«  siècle,  1853,  in^'»  de  116  pages. 

2«  Fascicule.  XVI«  siècle,  1854,  in-4°  de  223  pages. 

3*  Fascicule.  XVI*  et  XVII*  siècle,  i'*  partie,  comprenant  les  Écoles  Italiennes, 
Allemandes  et  Flamandes,  juin  1855,  in-4o  de  126  pages. 

4*  Fascicule.  XVI*  et  XVII*  siècle.  2™*  partie,  comprenant  les  Écoles  Hollan- 
daises et  Françaises,  in-4^  de  166  pages. 

Jean  Troy,  directeur  de  l'Académie  de  peinture,  sculpture  et  gra- 
vure de  Montpellier. 

Publié  dans  les  Archives  de  VArt  français,  Documents,  1'*  série,  t.  IV, 
tiTndson  du  15  septembre  1855,  p.  85-93. 

Le  Musée  de  Montpellier,  par  M.  Jules  Renouvier.  Paris,  Marti- 
oon,  1855,  grand  in-8^  de  2k  p.,  avec  huit  bois. 

2*  Unnison  de  Tonvrage  de  M.  Laurens  :  De  Lyon  à  la  Méditerranée, 

Les  peintres  et  les  enlumineurs  du  roi  René.  Une  Passion  de 
H46,  suite  de  gravures  au  burin,  les  premières  avec  date. 
Montpellier,  Jean  Martel  aîné,  1857,  in-/t°  de  34  et  12  p.  avec 
une  photographie. 

Extraite  des  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Montpellier,  n°*  24  et 
25.  —  On  peut  voir,  sur  la  première  Notice,  deux  notes,  Tune  de  M.  Vallet  de 
Virinlle,  l'autre  de  moi ,  dans  les  Archives  de  VArt  français,  Documents,  t.  V, 
p.  20^214;  la  seconde  a  été  Tobjet  d'une  note  de  M.  Vallet  de  Viriville,  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  France,  1857,  in-8%  p.  169-170,  et 
d'un  bon  article  de  M.  de  Brou ,  dans  la  Revue  universelle  des  Arts,  Bruxelles, 
1858,  Vm,  313-324  :  «Découverte  de  deux  gravures,  antérieures  h  la  Paix  de 
flniguerra.  B  • 


XXII  OUVRAGES  ET  OPUSCULES 

Les  estampes  de  Geoffroy  Tory. 

Imprimé  dans  la  Revue  universelle  des  Arts,  Bruxelles,  1857,  tome  V, 
p.  510-9.  Discussion  du  livre  sur  Geoffroy  Tory  de  M.  Auguste  Bernard,  faite 
au  point  de  yue  de  la  critique  artistique  trop  négligée  par  l'auteur. 

Les  peintres  de  Tancienne  école  Hollandaise;  Gérard  de  Saint- 
Jean,  de  Harlem,  et  le  tableau  de  la  Résurrection  de  Lazare, 
par  Jules  Renouvier.  Paris,  Rapilly,  1857,  in-8°  de  20  p.  avec 
une  photographie. 

Tiré  à  50  exemplaires.  Réimprimé  dans  la  Revue  universelle  des  Arts,  1858, 
tome  VIII,  p.  143-21. 

Des  gravures  en  bois  dans  les  livres  d'Anthoine  Vérard,  maître 
libraire,  imprimeur,  enlumineur  et  tailleur  sur  bois  de  Paris. 
l/i85-1512,  par  J.  Renouvier.  A  Paris,  chez  Auguste  Aubry; 
1859,  in-8°  de  53  pages,  avec  pi. 

Daté  de  Montpellier,  octobre  1858.  Imprimé  à  Lyon,  chez  Louis  Perrin,  et 
tiré  à  200  exemplaires. 

M.  Thomas  Arnauldet  en  a  rendu  compte  dans  la  Gazette  des  BeauayArts, 
du  15  mai  1859,  tome  II ,  p.  252-4.  —  Dans  une  note  d*un  article  sur  Vérard  et 
ses  livres  à  miniatures  au  XV'  siècle,  publié  dans  le  Bulletin  du  Bibliophile 
d*octobre  1860,  M.  Auguste  Bernard  a  relevé  une  légère  erreur  de  Tétude  de 
M.  Renouvier  (  note  D,  p.  14  du  tirage  à  part,  Paris,  Téchener,  1860,  p.  14). 

Des  origines  de  la  Gravure  en  France. 

Publié  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  livraison  du  1*'  avril  1859,  tome  II, 
p.  5-22. 

Note  sur  le  portrait  d'Agnès  Sorel,  attribué  à  Jean  Fouquet. 

Publiée  dans  le  n"  16  du  Journal  des  Beaux-Arts,  de  M.  Adolphe  Siret, 
Anvers,  grand  in-4o,  31  août  1859,  p.  123-124.  Elle  a  été  réimprimée  à  la 
suite  du  Jehan  de  Paris,  qu*on  verra  plus  loin  dans  les  Ouvrages  posthumes, 
Paris,  Aubry,  1861,  in-»»,  p.  30-6. 

La  tête  de  cire  du  Musée  Wicar  à  Lille. 

Publié  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  livraison  du  15  septembre  1859, 
tomelll,  p.  336-341. 

Le  Musée  de  Montpellier. 

Publié  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  livraison  du  1''  janvier  1860, 
p.  7-23.  Remaniement  du  travail  indiqué  plus  haut  sous  la  date  de  1855. 


I 


DE  M.  JULES   RENOUVIER.  xxiii 

Histoire  de  Torigine  et  des  progrès  de  la  Gravure  dans  les  Pays- 
Bas  et  en  Allemagne,  jusqu'à  la  fin  du  XV«  siècle,  par  Jules 
Renouvier.  Mémoire  couronné  par  TAcadémie  royale  de  Belgi- 
que, le  23  septembre  1859.  Bruxelles,  Hayez,  1860.  In-8o  de 
319  p.,  avec  2  planches  de  monogrammes. 

Extrait  da  tome  X  des  Mémoires  couronnés  et  autres  Mémoires  publiés  par 
l'Académie,  coUection  in-S». 

Le  chapitre  sur  les  gravures  aUemandes,  p.  194-263,  qui  sortait  du  cadre 
tnicé  par  rAcadémie,  D*a  été  imprimé  et  ne  figure  que  dans  le  volume  tiré  à 
part  Celui-ci  se.  trouve  à  Paris  chez  RaplIIy  et  chez  M"*  veuve  Renouard. 

M.  Léon  Godard  en  a  rendu  compte  dans  les  Beauoo-Arts,  1860,  tome  I, 
liTiaison  du  15  novembre  1860,  p.  470-2,  et  M.  Emile  Galichon  dans  la  Gazette 
des  BeauoD-Arts,  tome  X,  n<*  du  15  avril  1861,  p.  65-80. 

Restitution  à  Michel  Dorigny  d'un  groupe,  figurant  dans  un  pay- 
sage peint  sur  mur  dans  une  maison  des  Andelys,  et  attribué  à^ 
Nicolas  Poussin. 

Note  publiée  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  livraison  du  15  juillet  1860, 
tomeVn,  p.  123-124. 

Exposition  de  Montpellier. 

Article  publié  dans  la  Gazette  des  Beautc-Arts,  du  1«r  juin  1860,  tome  VI, 
pag.  302-9,  BOUS  le  pseudonyme  de  Xavier  Nogaret. 

Des  découvertes  nouvelles  d*estampes  sur  bois  et  sur  métal  de 
TAllemagne. 

Publié  dans  la  Gazette  des  Beaux- Arts,  livraison  du  15  septembre  1860, 
tome  VII,  p.  321-332.  Sur  le  premier  volume  de  l'ouvrage  de  M.  Passavant  : 
le  Peintre-Graveur, 


OUVRAGES    POSTHUMES. 

Jehan  de  Paris,  varlet  de  chambre  et  peintre  ordinaire  des  rois 
Charles  VIII  et  Louis  XII,  par  J.  Renouvier.  Paris,  Auguste  Au- 
bfy,  1861,  in-8*>  de  37  p.  avec  deux  bois. 

Imprimé  chez  Perrin,  à  Lyon.  Les  pages  vii-xn  sont  occupées  par  une  notice 
biographiqne,  et  les  pages  xm-xvi  par  une  bibliographie  sommaire  des  ouvrage» 
de  M.  Renouvier,  dues  à  M.  Georges  Duplessis  et  déjà  imprimées,  en  partie. 


XXIV  UVRAGES   DE  M.  JULES  BENOUVIER. 

dans  le  Bulletin  du  Bouquiniste^  du  15  octobre  1860.  —  Les  pièces,  trouvées 
aux  Archives  de  Lyon  par  M.  F.  Rolle,  et  communiquées  par  lui  à  M.  Renou- 
vier,  ont  été  depuis  publiées  in  extenso  par  M.  RoUe,  dans  les  Archives  de 
VArt  français,  Paris,  Tross,  2*  série,  tome  1, 1861,  p.  1-132. 

Des  gravures  sur  bois  dans  les  livres  de  Simon  Vostre,  libraire 
d'Heures,  par  Jules  Renouvier,  avec  un  avant-propos,  par 
Georges  Duplessis.  Paris,  Aubry,  1862,  in-8®,  vni  et  2k  pages, 
avec  ûgures. 

Imprimé  à  Lyon,  chez  Perrin. 

Des  portraits  d'auteurs  dans  les  livres  du  XV  siècle,  par  Jules 
Renouvier,  avec  un  avant-propos  par  Georges  Duplessis. 

Actuellement  sous  presse  chez  Perrin.  Paris,  A.  Aubry,  éditeur. 

Histoire  de  TArt  pendant  la  Révolution,  depuis  1789  jusqu'à  Tan 
XII  (1804),  considéré  principalement  dans  les  estampes,  ou- 
vrage posthume  de  Jules  Renouvier,  suivi  d'une  étude  du 
même  sur  J.-B.  Greuze,  et  publié  par  les  soins  de  sa  famille, 
avec  une  notice  biographique  et  une  table  par  M.  Anatole  de 
Montaiglon.  Paris,  chez  la  veuve  Jules  Renouard,  1862,  in-8® 
de  XXVI,  6  pages  non  chiffrées  et  527  pages,  sans  la  table. 

L'étude  sur  Greuze  occupe  les  pages  481-527. 


■i 


AVIS  DES  ÉDITEURS. 


Nous  n'avons  ici  rien  à  dire  du  livre  de  M.  Renouvier,  qui  parlera 
assez  par  lui-même;  il  nous  convient  seulement  de  rendre  compte  de 
l'état  de  son  manuscrit,  qui  sera  du  reste  conservé  au  Cabinet  des 
estampes,  et  des  partis  qu'il  a  été  nécessaire  de  prendre  pour  son  impres- 
sion. 

L'étude  sur  Greuze,  définitivement  transcrite  et  numérotée  à  part, 
n'offrait  aucune  difficulté.  L'histoire  de  l'Art  dans  la  Révolution,  com- 
posée de  feuillets,  parfois  de  toutes  grandeurs,  mais  en  général  de  la 
dimension  d'une  feuille  de  très  -  grand  papier  à  lettres,  et  heureuse- 
ment numérotée  par  M.  Renouvier,  sauf  une  erreur  évidente  —  le  dernier 
alinéa,  devenu  294,  était  mal  chiffré  287  et  se  trouvait  avant  La  Réveil- 
lière-LepauK— se  compose  de  291  feuillets,  et,  avec  les  numéros  doubles 
marqués  de  lettres,  va  jusqu'au  delà  de  300.  La  première  partie,  tout  le 
Pnxd'hon  dans  la  seconde,  et  la  troisième,  n'auraient  pas  eu  besoin  d'être 
transcrites  à  nouveau.  Mais  il  n'en  était  pas  toujours  ainsi  du  reste. 

Une  convention,  établie  par  M.  Renouvier  pour  la  facilité  des  rechei^ 
ches,  était  de  souligner  régulièrement  les  titres  et  les  sujets  des  œuvres; 
il  a  fallu  faire  la  plus  grande  partie  de  ce  travail,  qui  ne  se  trouvait 
pas  avoir  la  suite  et  la  régularité  nécessaires.  En  même  temps ,  M.  Re- 
nouvier ne  voulait  en  note. mettre  absolument  que  des  renvois  biblio- 
graphiques, et  l'on  y  trouvera  parfois  des  développements  ou  des  faits 
qui  seraient  mieux  dans  le  texte.  Gela  vient  des  corrections,  ou  plutôt  des 
additions,  que  M.  Renouvier  avait  écrites  en  marge  ou  sur  le  verso,  et 
qu'il  comptait  refondre  dans  une  révision  dernière.  Lorsque  nous  avons 
pu,  sans  rien  changer  au  texte  primitif,  les  y  insérer,  nous  l'avons  fait, 
et  le  choix  de  la  place  où  la  nouvelle  phrase  se  pouvait  introduire  sans 


XXVI  AVIS  DES  ÉDITEURS. 

inconvénient  n'a  pas  été  la  partie  la  moins  délicate  et  la  moins  difficile 
de  notre  tâche.  Au  contraire,  lorsqu'il  y  aurait  eu  à  faire  une  soudure 
ou  un  changement,  en  un  mot,  lorsqu'il  eût  été  nécessaire  de  récrire  et 
de  modifier  le  texte  pour  y  pouvoir  introduire  ces  additions,  nous  en 
avons  fait  des  notes,  contrairement  au  plan  de  M.  Renouvier/mais  pour 
que  le  public  sache  bien  qu'il  n'a  jamais  affaire  qu'à  lui  seul  et  jamais 
à  rien  qui  ne  lui  soit  entièrement  personnel.  Dans  certains  cas,  il  nous 
aurait  été  possible  d'ajouter  de  ces  choses  que,  s'il  eût  vécu,  il  eût  ajou- 
tées lui-même  d'après  des  travaux  récents  qu'il  n'a  pas  ou  le  temps  de 
connaître;  mais  nous  avons  particulièrement  tenu  à  ne  rien  changera  un 
manuscrit  que,  malgré  ses  difficultés,  l'on  est  encore  trop  heureux  d'avoir 
trouvé  en  si  bon  état. 

Quelques  notices  portent  même  des  indications  que  nous  devons  si- 
gnaler pour  que  le  lecteur  sache  à  quoi  s'en  tenir  sur  le  jugement  qu'en 
portait  M.  Renouvier,  et  sur  son  intention  d'y  revenir.  Hennequin  et 
Lafitte  portent  à  récrire,  Nitot-Dufresneà  rc/trc,  Chaudet,  Lethière, 
Pierre  Lelu,  Wicar<  Carie  Vernet,  à  rédiger.  Avec  le  Chaudet,  c'est  le 
Duplessis-Bertaux  qui  était  le  plus  malade  et  que  M.  Renouvier  savait 
avoir  à  reprendre  à  nouveau  ;  nous  nous  sommes  bornés  à  disposer  dans 
son  premier  article  les  additions  successives  dans  l'ordre  chronologique, 
généralement  employé  par  M.  Renouvier.  En  dehors  de  ces  articles, 
dont  on  a  sinon  la  forme  dernière,  au  moins  déjà  tout  le  fonds,  le  reste 
se  trouve  dans  son  état  définitif,  et  tout  notre  désir  a  été  de  nous  tenir 
au  manuscrit  et  d'arriver  à  le  comprendre  et  à  le  reproduire  sans  erreurs 
et  sans  infidélités. 

Enfin  j'ai  ajouté  au  travail  de  M.  Renouvier  une  table,  qui  y  facilitera 
beaucoup  les  recherches,  et  que  j'ai  tâché  de  rendre  la  plus  utile 
possible.  J'ai  voulu  y  mettre  tous  les  noms  de  personnes  et  de  lieux , 
et  tous  les  sujets.  Je  serais  très-heureux  si,  à  l'usage,  on  trouve  que 
j'y  ai  à  peu  près  réussi  ;  quelques-uns,  qui  seront  toujours  à  même  de 
ne  pas  s'en  servir  et  de  la  tenir  comme  non  avenue,  la  trouveront  peut- 
être  trop  longue  et  trop  minutieuse;  je  serais  plus  disposé  à  être  de 
l'avis  de  ceux  qui  se  plaindraient  d'y  constater  des  omissions. 

A.  DE  M. 

Croissj  et  Saonois,  septeicbre  1863. 


HISTOIRE  DE  L'ART 

PENDANT  LA  RÉVOLUTION 

DBPUI8  17B9  jusqu'à  l'an  XII  (  1804  ) 
CONSIDÉRÉE  PRINCIPALEMENT  DANS  LES  ESTAMPES. 


La  Liberté  Tonsiarite  k  retracer  tes  triomphe»... 
Ayei  UD  caractère  national ,  et  qae  les  générations 
qui  TOUS  succéderont  ne  puissent  tous  reproclier  de 
n'aToir  pas  paru  français  dans  l'époque  la  plus 
remarquable  de  notre  histoire. 

£«  minittre  de  l'Intérieur  Binezech  aux 
arlittei  de  PÉcole  française,  le  9  floréal 
an  iT. 


TABLE   GÉNÉRALE. 


INTRODUCTION. 


I. 


INSTITOTIONS. 


1.  —  Académie.  .  . 

7 

5.  —  Concours     de 

7. 

—  Salons  de  Tan 

2.  ~  Salon  de  1791. 

9 

Tan  n  et  de 

VI  à  l'an  X.  . 

27 

3.  —  Salon  de  1793. 

12 

l'an  m  ..... 

17 

8. 

—  Sculptures.  . 

32 

4.  —  Société  popu- 

6. ^  Salons  de  l'an 

9. 

^~  Musées. ... 

36 

laire  des  Arts. 

15 

IV  et  de  l'an  V. 

22 

10. 

—  Théories.  .  . 

41 

II. 


1. — CBAVECaS  DB  SCDLP- 

Tuas    ET    d'architbc- 

TVIK. 

Moitte 44 

Boizot 48 

Boichot 52 

Hoin 52 

Gois 53 

Chaadet. 55 

M"**  Chaadet  ....  57 

Dardel 57 

Prieur 58 

BCTthault 60 

Desprex 6! 

Demachy 64 

Honel 65 

Baltard 67 


ARTISTES. 

2.  —  PEniTRBS  d'histoibe. 

Lebarbier 71 

Leclerc 73 

Vincent.  ......  74 

David 76 

Hennequin 85 

Gérard 88 

Prudhon 91 

CaraflTe 122 

Regoault 125 

Lafitte 128 

Lethière 130 

3.  —  PEnnuBS-ORAVEuas. 

Gibelin 133 

Lelu 135 

Peyron 137 


Wicar 139 

Gamelin 142 

Bertaux 144 

Swebach 145 

Bidault 146 

Sablet 147 

4. — OEAVECaS  A  l'eau- 
FORTE. 

Denon 149 

Dufresne 152 

Duplessis-Bertaux .  153 

Naudct 159 

Châtaignier   ....  16  ) 

Blalbeste 162 

Dorgez 163 

Dntertre 164 


XXX 

5.  —  PEINTRES  DE  GENRE. 

Frago 166 

M"«  Gérard 170 

Huet 173 

Caresme 175 

VVatteau 177 

Desrais 179 

Debucourt 182 

Mallet 188 

Boilly 190 

Sicardi 193 

Sauvage 195 

6.  —  DESSINATEURS. 

Fragonard  fils  .  .  .  196 

Carie  Vernet.  ...  200 

Isabey 203 

Bosio 206 

Defraisne 208 

Lemire 209 

Garnerey 210 

Willcmin 212 

Dutailly 213 

7.  —  GRAVEURS  AU 

POINTILLÉ. 

Copia 216 

Roger 219 

Hulk 221 

Darcis 222 

TOurcaty 223 

Tassaert 224 

Vérité 226 

Tresca 228 

Levilly 229 

Legrand 230 

Ruotte 232 

Brion 234 

Monsaldy 236 

Julien 238 

Canu 240 

Gautier 240 

Maradan 241 

Chaponnier 242 

Degouy 243 


TABLE   GÉNÉRALE. 

Bonnefoy.  .....  243 

RoUet 243 

Colibert 244 

Simon 244 

Marchand 245 

Leroy 245 

Massol 246 

M"«  Montaland  .  .  246 

Petit 246 

Simon  Petit  ....  24T 

Carpeutier 248 

8.  —  GRAVEURS   AU   LAVIS 

ET  EN  COULEUR. 

Janinet 250 

M""  Giacomelli  .  .  251 

Alix 252 

Sergent 254 

Guyot 259 

Levachez 262 

Allais 263 

Angélique  Briceau.  265 

Chapuy 265 

Morret 267 

Lecœur 268 

Carrée 269 

Descourtis 269 

Coqueret 270 

Mixelle 270 

Basset 271 

Chereau 272 

Villeneuve 273 

M"'«  Bergny  ....  275 

9.  —  GRAVEURS  AU  BURIN. 

Avril 277 

Bervic 279 

Miger. 280 

Godefroy 281 

Anselin 282 

Marais 283 

Audouin 284 

Blot 284 

Guérin 285 

Tardieu 287 


Massard 289 

Morel 290 

Beljambe 291 

Malapeau 292 

Mariage 294 

Lingée 295 

M""  Lingée  ....  295 

Voyez 290 

Pérée 298 

Desnoyers 299 

Boisson 300 

David 302 

Ransonnette ....  303 

10.    —   DESSINATEURS     ET 
GRAVEURS  DE  VIGNETTES. 

Monnet 305 

Moreau 308 

Marinier 316 

Monsiau 318 

Queverdo 319 

Borel 322 

Binet. 323 

Choffard 326 

Gaucher 328 

Ponce 330 

Saint-Aubin  ....  333 

Godefroy 335 

Myris 337 

Pauquet 338 

Baquoy 339 

Coiny 340 

Lemire 341 

Simonet  ......  341 

Tilliard 342 

Bovinet 342 

Masquelier 343 

Helman 343 

Delvaux 344 

Duflos  le  jeune  .  .  344 

Berthet 345 

Girardet 345 

Dupréel 346 

Demonchy 347 

Croisier 347 


I 


Loayion 348 

Blanchard 350 

Delaunay 351 

Goijy 351 

LaSerrie 352 

10.  —  PEINTRES  ,  DESSINA- 
TEDRS  ET  GRAVEDRS  DE 
PORTRAITS. 

Vestier.   ......    354 

Cathelin 355 

Lebeau 356 


TABLE    GÉNÉRALE. 

Dacreux  .......  357 

M™«  Guyard  ....  359 

M™«  Benoit 360 

H.  Ledru 362 

Bonneville 364 

Jean  Guérin  ....  366 

Fiesinger 366 

Elisabeth  Herhan  .  367 

Chrétien 367 

Quénedey 368 

Gonord 371 

Gabriel 371 


xixi 

12.  — GRAVEURS  StR  BOIS 
ET  EN  UÉDAILLES. 

Beugnet     373 

Dugourc 374 

Duplat 380 

Anonymes  ....  381 

Dupré 384 

Duvivier 385 

Gatteaux 386 

Droz 387 

Dumarest 387 

Andrieu 387 


III. 


SUJETS. 

1.   —  ALLÉGORIES.   . 

391 

3.  —  jodrniSes.  .  . 

439     5.  —  COSTUME  .    .   . 

463 

416 

4.  —  PORTRAITS  .    . 

447     6.  —  CARICATURES  . 

481 

PIN    DE    LA    TABLE    GéNÉRALB. 


DE    L'ART 


ET    DE   SES   INSTITUTIONS 


PENDANT   LA  RÉVOLUTION 


DB  1789  ▲  l'an  xn  (1804). 


L'art  n'est  l'imitation  de  la  nature  et  la  création  d'un  beau 
idéal  que  par  le  prisme  de  la  société.  Les  artistes  de  tous  les 
temps  et  de  toutes  les  écoles  ne  font  que  répéter  le  gouverne- 
ment, les  mœurs,  la  littérature.  AuXVIII^  siècle,  oii  la  France  eut 
un  art  qui  lui  appartient  si  bien,  les  peintres  originaux,  Watteau, 
Boucher,  Yanloo,  Chardin,  Greuze,  FragonardetVien,  n'avaient 
été  que  le  miroir  de  la  cour,  des  salons  et  des  théâtres,  l'écho 
des  poètes,  des  philosophes,  des  romanciers  et  des  antiquaires. 

La  Révolution  qui  termina  ce  siècle  d'esprit  philosophique,  de 
sentiment  naturel,  de  mœurs  légères,  de  réformes  hardies,  de 
renaissance  antique,  la  Révolution  a  laissé  dans  Tart  une  traînée 
en  proportion  avec  son  énergie  et  avec  ses  illusions  fatalement 
trompées;  mais  les  faits  politiques  dont  elle  est  remplie  ont  tel- 
lement occupé  et  ému  ses  historiens  qu'ils  ont  passé,  sans  les 
voir,  devant  ses  monuments.  Celui  qui  a  écrit  l'histoire  de  la 
Révolution  avec  le  plus  de  cœur  et  le  plus  d'esprit  dit  de  son  art  : 
Il  se  ckerchait  comme  Vépoque  ^.  M.  Michelet  s'est  laissé  aller  à 
l'opinion  commune,  ici  d'autant  plus  spécieuse  qu'elle  s'appuie 

1.  Michèle^  Histoire  de  la  Révolution  française^  t.  VI,  1853,  in-8",  p.  210. 

i 


2  INTRODUCTION. 

sur  des  autorités  contemporaines  et  qu'on  devait  croire  compé- 
tentes. 

Le  secrétaire  perpétuel  de  TAcadémie  des  Beaux-Arts,  qui  a 
écrit  depuis  1815  la  notice  historique  des  artistes  les  plus 
connus  du  commencement  du  siècle,  rencontrant  la  Révolu- 
tion au  début  de  leur  carrière,  passe  sur  cette  époque  comme 
sur  des  charbons  ardents,  omet  les  œuvres  qu'elle  a  produites , 
ou  les  salue  d'une  de  ces  phrases  qui  défrayent  Téloquence  d'aca- 
démie, et  ne  s'arrête  pas  «  sur  les  ouvrages  commandés  par 
le  même  tourbillon  qui  les  emporta  avant  qu'ils  fussent  terminés, 
et  dont  on  essayerait  inutilement,  pour  la  gloire  de  l'artiste 
comme  pour  l'histoire  des  arts  de  cette  époque,  de  retrouver 
quelques  traces^.  »  Cette  objurgation  s'adresse  aux  sculpteurs 
de  la  République  dans  la  personne  de  Cartelier,  auteur  des  sta- 
tues de  la  Pudeur  et  de  Vergniaud,  et  l'académicien  n'a  pas 
mieux  traité  les  peintres  Prudhon  et  Gérard,  ou  les  musiciens 
Gossec  et  Méhul,  dont  les  ouvrages  révolutionnaires  devaient 
lui  être  si  bien  connus.  Mais,  pour  le  secrétaire  de  l'Académie, 
«  les  années  de  la  Révolution  marquèrent  un  déplorable  inter- 
valle dans  la  région  des  beaux-arts,  ainsi  que  dans  toutes  celles 
qu'une  anarchie  sanglante  couvrait  du  voile  de  la  terreur*,  n 
En  terrorisant  ainsi  les  arts  de  la  Révolution,  M.  Quatremère  n'a 
oublié  qu'une  chose,  c'est  de  se  demander  s'ils  avaient  été  fidèles 
au  programme  qu'il  leur  traçait  lui-même  en  1791,  alors  qu'il 
était  jeune,  artiste,  membre  du  Directoire  du  département, 
et  qu'il  disait  :  «  Le  règne  de  la  Liberté  doit  ouvrir  aux  arts 
une  carrière  nouvelle...;  plus  une  nation  acquiert  par  le  senti- 
ment de  la  liberté  l'orgueil  d'elle-même,  plus  elle  devient  jalouse 
de  consacrer  dans  ses  monuments  la  représentation  fidèle  de  ses 
mœurs,  de  ses  usages,  de  ses  costumes'.  » 

i.  Quatremèro  de  Quincy,  IhcueU  de  notices  historiqt^es ,  1834,  in -8», 
page  407. 

2.  Suite  du  Recueil  de  notices  historiques,  1837,in-8%  p.  200. 

3.  Quatremère,  ConsidércUions.sur  les  arts  du  dessin  en  France,! 791, iû-8% 
p;  49-50. 


INTRODUCTIOiN.  5 

La  condamnation  de  l'art  de  la  Révolation  est  plus  absolue 
encore  dans  les  écrits  d'un  critique  émérite,  qui  à  tous  ses  titres 
littéraires  peut  ajouter  celui  .d'élève  de  David  et  a  voulu  nous 
laisser  des  mémoires  sur  son  école  ^  Selon  les  principes  de  M.  De- 
lécluze,  ce  qui  porte  le  cachet  du  temps  dans  un  ouvrage  d'art 
en  est  précisément  l'inûrmité  ;  sa  manière  est  ce  qui  l'empêche 
d*être  beau»  Le  beau,  dans  cette  doctrine,  n'est  d'aucune  époque. 
Aussi  le  contemporain  et  élève  de  David  a-t-il  traversé  la  Révo- 
lution sans  y  voir.  Les  tableaux  les  plus  originaux  de  son  maître 
ne  lui  paraissent  que  des  œuvres  de  somnambule;  Prudbon  n'est 
qu'une  anomalie,  et  tous  les  peintres  qu'il  juge  sont  destitués 
des  qualités  de  relation  qui  feront  leur  titre  le  plus  sûr  dans  la 
postérité. 

Mais  le  réquisitoire  le  plus  violent  contre  l'art  de  la  Révolution 
est  celui  qui  a  été  lancé  dans  un  travail  volumineux  sur  l'union 
des  beaux-arts  et  de  l'industrie,  publié  à  l'occasion  de  l'Exposition 
universelle  de  1851  *.  L'auteur,  dont  l'esprit  et  l'érudition  sont  si 
abondants  qu'il  se  trouve  souvent  entraîné  à  en  abuser,  s'est  plu 
à  ignorer  et  à  travestir  les  dix  années  de  notre  histoire  les  plus 
fécondes  en  institutions  vitales  pour  les  arts,  en  artistes  cher- 
cheurs d'inspirations  originales.  Il  accuse  l'esprit  révolutionnaire 
d'avoir  tué  la  poésie  et  les  arts.  La  peinture,  dans  l'école  de 
David,  «  se  lave  comme  un  verre  d'auberge  fraîchement  rincé,  » 
ce  qui  ne  Tempéche  pas  de  trouver  bientôt  que  la  nouvelle 
oour,  amenée  par  l'Empire,  créa  des  besoins  de  magnificence 
et  de  représentation  très- favorables.  On  devait  s'attendre  à 
la  conclusion,  de  la  part  d'un  historien  qui  a  voulu  rapporter 
à  la  cour  de  France  toutes  les  influences  heureuses  arrivées  à 
notre  art. 

Ce  n'est  point  ainsi  jqu'en  jugeait  le  plus  ancien  secrétaire  de 
l'Institut,  chargé  en  1808  de  rédiger  le  rapport  sur  l'état  des 

1.  Delécluzc,  Louis  David,  son  école  et  son  temps,  1855,  in-12. 

2.  Travaux  de  la  Commission  française  sur  l'industrie  des.naliofis,  Paris, 
Imprim.  impér.  1856,  t.  vni,  Beaux-arts,  par  M.  le  comte  de  Laborde,  1,040  p. 
in-8«,  page  169. 


4  INTRODUCTION. 

beaux-arts  en  France  depuis  1789.  Il  ne  lui  a  manqué,  comme  à 
Çhépier,  chargé  dans  les  mêmes  circonstances  du  rapport  sur  la 
littérature,  qu'une  situation  moins. asservie.  Chénier,  en  regard 
dé  la  phalange  d'orateurs,  d'écrivains,  de  savants,  de  poètes  issus 
de  la  Révolution,  se  bornait  à  affirmer  que  la  France  agrandie 
n'était  pas  devenue  stérile  en  talents*.  Lebreton  osa  davantage. 
U  n'a  pu  se  dispenser  de  la  phrase  officielle  sur  1793  :  «  Ce  n'est 
point  à  cette  époque,  dit-il,  qu'il  faut  chercher  à  caractériser 
l'état  des  arts  en  France  ;  »  mais  il  a  du  moins  constaté  les  faits. 
H  a  montré  que  la  peinture  était  très-riche  en  talents,  au  sortir 
de  l'époque  la  plus  orageuse  de  la  Révolution,* que,  de  1789  à 
<  1796  et  à  1800,  les  talents  éminents  en  peinture  et  en  sculpture 
se  présentèrent  en  foule,  et  il  a  été  jusqu'à  avancer  que  depuis 
tous  les  signes  d'une  stagnation  et  d^une  décadence  frappaient 
les  personnes  les  plus  attentives  à  la  marche  de  l'art  ^. 

Nous  sommes  mieux  placés  maintenant  pour  juger  un  art 
qui  date  déjà  d'un  demi-siècle  et  qui  a  subi  l'épreuve  de  la  réac- 
tion et  de  la  proscription,  suites  ordinaires  de  toutes  les  évolutions 
du  goût,  et  la  chance  de  destruction,  qui  ajoute  à  l'intérêt  de  ses 
monuments.  On  commence  à  les  inventorier  comme  des  objets  de 
curiosité  historique.  Les  uns  en  font  un  musée  de  la  République, 
et  les  autres  y  cherchent  des  symptômes  de  la  société  française'. 
Il  ne  suffit  pas  cependant  de  chercher  en  curieux  le  côté  familier 
de  la  Révolution,  de  donner  l'aspect  de  la  rue  et  de  ramasser  les 
images  et  les  billets;  il  n'y  a  là  que  le  côté  superficiel  et  trivial 
d'une  société.  Montez  un  peu  plus  haut  et  vous  verrez  son  art. 
MM.  Edmond  et  Jules  de  Concourt  ont  visité  curieusement  quel- 

1.  Tableau  historique  de  VétcU  et  des  progrès  d»  la  littérature  depuis  4789,. 
NoQT.  édition  ;  Paris,  1821 ,  in-18 ,  p.  35. 

2.  Rapport  sur  les  beauoHirts,  précédé  d'une  introduction;  séance  du  Conseil 
d'État  du  5  mars  1808,  240  p.  in-4*.  Fragment  d*un  volume  dont  l'impression 
fut  interrompue. 

3.  Challamel,  Histoire-Musée  de  laRépublique,  1842, 2  vol.  in-8*. — Edmond 
et  Jules  de  Gonbourt,  Histoire  de  la  société  française  pendant  la  Révolution 
et  pendant  le  Directoire,  1854  et  1855, 2  vol.  in-8*. 


INTRODUCTION.  5 

.ques  Salons  de  peinture  de  la  République;  mais  il  y  avait  tant  de 
choses  à  voir,  dans  le  Paris  dont  ils  dressaient  l'inventaire,  qu'ils 
ne  s'y  sont  pas  arrêtés.  Pendant  la  Révolution,  la  ville  est  telle- 
ment jonchée  des  loques  du  XVIIl*  siècle,  chassées  par  la  bour- 
rasque, que  leur  cœur  en  est  resté  navré,  et  ils  n'ont  pas  aperçu 
l'art  nouveau  qui  se  dressait  sur  les  ruines  de  l'ancien.  Arrivés  au 
Directoire,  ils  ont  été  si  bien  amusés  par  les  étourderies  des  mus- 
cadins et  distraits  par  les  merveilleuses  qu'ils  n'ont  vu  que  le  côté 
ridicule  et  immoral  de  l'époque  la  plus  brillante  pour  les  arts  de 
la  République. 

Je  voudrais  examiner  les  ouvrages  d'art  produits  pendant  la 
Révolution,  en  acceptant  toutes  les  conditions  que  leur  firent  les 
événements.  Ces  conditions  sont  complexes,  les  unes  heureuses, 
les  autres  dures  et  difficiles  :  Sentiments  nouveaux,  exaltés  jus- 
qu'à la  passion;  renaissance  antique,  aussi  marquée  qu'au 
XVI^  siècle  ;  antécédents  corrompus  et  séduisants  ;  défection  du 
patronage  accoutumé  de  la  Cour,  de  l'Église,  des  seigneurs  et  des 
financiers  ;  gouvernement  forcé  à  la  parcimonie  ;  préoccupations 
du  public  ;  enfin,  misère  inévitable  des  artistes.  Dans  cette  crise, 
cependant,  l'art  me  paraît  «se  renouveler,  acquérir  un  idéal  in- 
connu, des  types  de  beautés  rajeunis,  des  réalités  plus  saisis- 
santes et  des  conceptions  plus  vastes;  il  me  parait  surtout  riche 
en  éléments  et  en  promesses,  auxquelles  le  temps  seul  a  fait 
défaut.  Pour  en  donner  l'historique  et  l'inventaire,  je  me  propose 
de  parcourir  les  faits  généraux  relatifs  aux  arts,  les  institutions , 
le^concours  et  les  expositions  de  la  République  ;  ensuite  de  pas- 
ser en  revue  les  artistes  qui  se  sont  produits  dans  les  divers 
genres  de  gravure;  enfin,  de  récapituler  les  sujets  principaux 
dans  lesquels  l'actualité  et  l'innovation  ont  pu  se  montrer. 


HISTOIRE  DE  L'ART 


PENDANT  LA  RÉVOLUTION 


I 


INSTITUTIONS 


1.    —  ACADÉMIE. 

Depuis  plus  d'un  siècle  TAcadémie  royale  de  peinture  exer- 
çait une  suprématie  incontestée  ;  mais  les  .doctrines  de  son  en- 
seignement classique  et  ses  efforts  pour  maintenir  une  noblesse 
dans  Tart  n'avaient  point  empêché  des  manières  actuelles  et 
libres  de  faire  irruption  dans  Técole.  Le  Brutv^,  de  David,  la 
Mort  de  Socrate,  de  Peyron,  avaient  établi,  à  l'exposition  de 
1789,  le  succès  de  principes  nouveaux.  Les  dernières  élections 
faites  de  Denon,  de  Moreau,  de  Fragonard,  de  Debucourt,  comme 
académiciens  ou  comme  agréés,  avaient  montré  que  l'Académie 
savait  faire  quelque  place  aux  genres  en  faveur.  Toutes  ses  sym- 
pathies paraissent  d'abord  gagnées  aux  premiers  événements  de 
la  Révolution  ;  les  femmes  et  les  filles  des  académiciens  firent 
éclater  leurs  sentiments  dans  une  occasion  solennelle.  Le  7  sep- 
tembre 1789,  les  femmes  artistes,  provoquées  par  M"«»  Moitte  et 
Pajou^  à  imiter  le  patriotisme  des  dames  romaines,  se  réunirent 

1.  LAme  des  dames  romaines  dans  leS  dames  françaises ,  par  M"*  Moitte. 
Paris,  B.  d.  iii-8*.  —  Mémoires  et  Journal  de  i.-O.  Wille,  1857, 2  vol.  in-S», 
t.  U,  p.  221  et  223. — Les  dames  nommées  sont  :  M°**'  Moitte,  Vieo,  Lagrenée, 
SuTée,  Berner,  DaTivier,  Fragonard,  Peyron,  David,  Vernet,  BeUe,  Vestier, 
Desmarteanx,  Beaurarlet,  Gomedecerf ,  et  M*^*'  Vassé,  de  Bonrecueil,  Vestier, 
Gérard  f  Pithoud,  Viefville,  Haatemps. 


8  INSTITUTIONS. 

au  nombre  de  cent  trente,  apportant  leurs  pierreries  et  leurs  ' 
bijoux,  et  les  firent  présenter  en  don  patriotique  à  TÀssemblée 
nationale  par  une  députatîon  de  vingt-deux  d'entre  elles.  «  Celles 
qui  apportaient  cette  offrande,  dit  Ghamfort,  unissistient  aux 
grâces  de  leur  sexe  la  gloire  des  arts  et  des  talents,  partage  de 
leurs  familles,  de  leurs  pères,  de  leurs  époux,  et  môme  le  leur 
propre,  car  plus  d'une  parmi  elles  pouvait  avec  succès  retracer 
sous  ses  crayons,  ou  sous  ses  pinceaux,  le  tableau  dont  elle 
avait  fait  partie  *.  »  Des  membres  de  l'Assemblée  enthousiasmés 
demandèrent  que  les  traits  adorables  de  ces  citoyennes  fus- 
sent transmis  à  la  postérité  par  le  moyen  du  physionotrace  de 
Quenedey. 

L'harmonie  des  premiers  sentiments  fut  bientôt  troublée. 
Dans  le  cours  de  l'année  1790,  l'Académie  se  livra  à  des  discus- 
sions très-vives.  Les  idées  de  justice  et  d'égalité,  qui  agitaient 
les  vocations  d'artistes,  vinrent  lutter  contre  les  privilèges  et  les 
faveurs;  les  agréés  réclamèrent  l'égalité  des  droits  avec  les  aca- 
démiciens ;  on  mit  en  délibération  de  nouveaux  statuts  qui  furent 
soumis  à  l'Assemblée  nationale.  La  compagnie  y  prenait  le  titre 
d'Académie  centrale.  Ces  innovations  ne  furent  votées  cependant 
qu'après  des  disputes  violentes;  elles  amenèrent  la  retraite  des 
anciens  officiers  et  du  président  Vien,  et  une  espèce  de  scissiifti^. 
L'Académie  de  Saint-Luc,  la  jeunesse  des  peintres,  qui  en  était 
réduite  à  faire  ses  expositions  annuelles  sur  la  place  Dauphine,  le 
jour  de  la  Fête-Dieu,  et  les  autres  sociétés  libres  de  Paris  ne 
pouvaient  manquer  de  fomenter  ces  agitations  autour  de  l'Aca- 
démie royale. 

L'Académie  des  arts  et  métiers,  qui  avait  été  fondée  en  1780, 
sous  la  dénomination  de  Société  libre  du  Musée  de  Paris,  p^r 
Court  de  Gebelin,  Franklin,  Desault,  Vicq  d'Azyr  et  d'autres 

1 .  Tableaux  historiques  de  la  Révolution  française,  avec  des  discours,  par 
Fauchet,  Ghamfort  et  Ginguené.  Paris,  1791>1804,  3  vol.  in-l^. 

2.  Mémoires  et  Journal  de  Wille,  t.  II,  p.  242,  265.  V.  aussi  la  notice  sur 
Houdon ,  rédigée  par  MM.  de  Montaiglon  et  Duplessis,  Revue  universelle  des 
arts .  1. 1,  p.  341. 


ACADÉMIE.  9 

savants  et  artistes,  fut  la  première,  parmi  les  sociétés  savantes,  à 
prêter  le  serment  civique.  Elle  vint  en  députation  dans  l'Assem- 
blée des  représentants  de  la  Commune  de  Paris,  où  des  discours 
fu];^nt  échangés  entre  son  président.  M'.  Ponce,  et  deux  de  ses 
membres,  MM.  Moreau  de  Saint-Merry  et  Giraud ,  et  le  président 
de  la  Commune  de  Paris,  M.  Tabbé  Fauchet.  Cette  Société,  disait 
M.  Ponce,  réunie  par  l'amour  de  la  Liberté  à  une  époque  où  l'on 
osait  à  peine  prononcer  ce  nom  sacré,  croirait  manquer  à  son 
devoir  le  plus  cher  si  elle  ne  venait  vous  exprimer  le  vœu  de  sa 
reconnaissance...;  nous  faisons  le  serment  en  vos  mains  de  con- . 
sacrer  tous  nos  instants' à  propager  vos  principes,  votre  patrio- 
tisme et  votre  ^mour  pour  la  liberté  *. 

Dans  Tannée  1790  fut  fondée,  par  l'initiative  d'un  amateur, 
M.  de  Wailly,  la  Société  des  Amis  des  arts,  et  la  première  expo- 
sition qu'elle  fit  de  ses  tableaux  et  de  gravures  montre  qu'elle 
était  alors  pour  les  arts  une  institution  d'un  grand  service.  On  y 
remarque  des  tableaux,  des  esquisses  et  des  dessins  de  Vien ,  de 
Lagrenée,  de  Regnault,  de  Lebarbier,  de  Peyron,  de  Monsiau, 
de  M"*  Gérard,  des  sculptures  de  Boisot,  de  Houdon,  de  Clodion, 
de  Moitte,  de  Chaudet,  et  les  gravures  de  la  Mort  de  Socraie,  par 
Peyron,  et  du  Sacrifice  de  la  rose,  par  Gérard,  d'après  Fragonard. 
On  rencontre  encore  les  traces  des  autres  expositions  qu'elle  Gt  en 
1793  et  dans  les  années  suivantes*. 


2.   —  SALON   DE    1791. 

C'est  l'exposition  de  1791  qui  inaugura  pour  les  arts  un  nou- 
veau régime.  Lorsque,  par  un  décret  de  l'Assemblée  nationale, 

1.  Almanach  littéraire,  par  Daquin,  1791,  in-18,  p.  126.  M.  Ponce  o*a  point 
cru  devoir  insérer  ce  discours  dans  le  volume  qu'il  a  imprimé  :  Mélanges  sur 
les  heatLx-arts,  Paris,  Leblanc,  1826,  in-S**. 

2.  Sociité  des  amis  des  arts,  Explication  des  peintures,  etc.,  exposées  au 
Louvre,  et  Prospectus  de  la  souscription.  Paris,  de  Timprim.  de  Didot  jeune, 
1790,  in-8-. 


10  INSTIÎOTIONS. 

tous  les  artistes  y  furent  admis,  leurs  ouvrages  occupèrent  la 
cage  du  grand  escalier  du  Louvre,  le  grand  salon  et  une  partie 
de  la  Galerie,  qui  n'était  encore  ni  carrelée,  ni  parquetée.  On  sait 
que  Tancien  règlement  n'admettait  aux  honneurs  du  Salon«que 
ceux  des  membres  de  l'Académie.  Ce  corps  eut  encore  cette  fois 
la  prérogative  de  nommer  les  commissaires  pour  l'examen  des 
ouvrages  ;  mais,  au  rapport  de  Wille,  l'un  de  ces  commissaires,  il 
n'en  rejeta  que  deux.  Ce  graveur,  que  son  Journal  nous  fait  con- 
naître comme  un  bonhomme  allemand  doublé  d'un  badaud  pari- 
sien, a  laissé  sur  ce  Salon  une  note  qui  est  des  plus  naïves  :  «  J'y 
vis  du  sublime,  dit-il,  du  beau  et  bon,  du  médiocre,  du  mauvais 
et  de  la  croûterie;  enfin,  le  concours  est  prodigieux,  et  chacun 
promulgue  son  sentiment.  Vous  entendez  raisonner  de  véritables 
connaisseurs,  des  demi-connaisseurs,  des  gens  mordants^  des 
critiques  inexorables,  des  envieux,  des  ignorants  et  des  botes  ; 
les  gens  absolument  sages  et  justes  dans  leurs  décisions  sont  ce- 
pendant rares*.  »  11  y  eut  des  critiques  pour  exprimer  plus  vive- 
ment le  sentiment  public  :  a  Le  Salon,  écrivait  Daquin«  est  le 
premier  et  le  plus  grand  tableau  de  la  liberté  que  l'on  ait  encore 
offert  à  nos  yeux.  C'est  dans  ce  mélange  hardi  de  toutes  les  pro- 
ductions que  le  génie  va  prendre  de  nouvelles  forces  et  la  nation 
trouver  de  nouvelles  richesses*.  »  —  o  Dans  un  empire  où  les 
hommes  sont  libres,  disait  Chéry,  les  arts  doivent  l'être  aussi;  ce 
sont  eux  qui  écUirent  les  hommes,  qui  agrandissent  leur  âme  et 
qui  leur  font  aimer  la  liberté.  L'Assemblée  nationale,  pénétrée 
de  ces  principes,  vient  de  briser  les  chaînci^  qui  les  tenaient 
captifs  et  resserrés;  il  n'est  plus  d'intrigues  qui  retiennent  le 
génie  '.  » 

Le  plus  grand  triomphe  de  ce  Salon  fut  pour  David.  Il  y  parut 
avec  ses  trois  tableaux,  les  Horaces,  Brutus  et  la  Morl  de  Socrate, 

1.  Mémoires  et  Journal  de  Wille,  t.  ]I,  p.  323. 

2,Alfnanach  littéraire,  1792,  p.  195. 

3.  ExpliccUUm  et  critique  impartiale  de  toutes  les  peintures  exposées  au 
Louvre  au  mois  de'  septembre  4794,  par  M.  D.,  citoyen  patriote  et  véridîque. 
Paris,  1791,  in-8". 


SALON  DE   1701.  11 

consacrés  par  des  succès  qui  n'avaient  fait  que  s'accroître,  et  avec 
le  dessin  du  Serment  du  Jeu  de  Paume,  Autour  du  maître  se  ran- 
gèrent déjà  plusieurs  élèves,  qui  ^attestaient  la  rapide  propagation 
de  sa  manière  et  entre  lesquels  on  distingua  Fabre,  avec  la  Mort 
dAbel^  et  Yemet,  avec  le  Triomphe  de  Paul  Emile:  Les  académi- 
ciens occupèrent  encore  beaucoup  de  place;  Vincent,  Lebarbier, 
Suvée^  Restout,  Ménageot,  Taillasson  y  apportèrent  des  tableaux, 
anciens  ou  nouveaux;  mais  celui  qui  s*y  montra  avec  le  plus 
d'éclat  fut  Regnault.  SocrcUe  et  Alcibiade,  Jupiter  et  Calisto, 
Y  Éducation  d'Achille,  une  Scène  du  déluge  obtinrent  les  plus  vifs 
éloges,  et  la  critique,  qui  se  plaisait  à  voir  dans  la  manière  de 
David  ce  qu'il  y  a  de  plus  grand  et  de  plus  sublime,  reconnaissait 
en  même  temps  qu'il  n'y  avait  rien  de  plus  joli  et  de  plus  sédui- 
sant que  la  manière  de  Regnault.  Les  débuts  les  plus  marquants 
forent  ceux  de  Mérimée,  élève  de  Vincent,  qui  avait  fait  Vlnno- 
cence  nourrissant  un  serpent,  de  Monsiau,  élève  de  Peyron,  de 
Robert  L.efebvre,  élève  de  Regnault,  de  Desoria,  élève  de  Restout. 

Les  peintres  qui  réussirent  le  mieux  dans  les  différents  genres 
qui  obtenaient  alors  la  vogue  furent  :  Sauvage  pour  ses  sujets 
antiques  en  façon  de  bas-reliefs;  Taunay,  Sablet,  Demarne, 
Petît-Coupray,  Swebach  et  Boilly,  pour  leurs  scènes  familières, 
champêtres  ou  militaires;  Bruandet  et  Valenciennes  dans  le 
paysage  ;  Ducreux,  Vestier,  Trînquesse  et  M"®  Guyard  dans  les 
portraits  ;  Sicardi  et  Isabey  dans  les  miniatures.  On  doit  enfîn 
remarquer  plusieurs  dessins  historiques  à  la  plume  et  à  la  pierre 
noire  :  un  Combat  du  ceste  de  Moitte,  Ulysse  et  Nausicaa  de  Pey- 
ron, Venus  et  les  Amours  de  Monsiau,  un  Jeune  homme  appuyé  sur 
le  dieu  Terme  de  Prudhon. 

L'Académie  subsista  encore  pendant  l'année  1792.  En  novembre 
elle  eut  à  élire  le  directeur  de  l'Académie  de  France  à  Rome,  en 
remplacement  de  Ménageot ,  réfractaire  à  la  Révolution ,  et  son 
choix  tomba  sur  Suvée  ;  mais  la  place  fut  supprimée  quelques 
jours  aprèâ  par  la  Convention,  après  un  rapport  de  Romme,  appuyé 
par  David.  En  1793  elle  prit  encore  quelque  part  à  l'arrangement 
des  tableaux  dans  la  galerie  du  Muséum  qui  venait  d'être  fondé  ; 


12  INSTITUTIONS. 

mais,  bientôt  après,  elle  succomba,  battue  en  brèche  par  la  divi- 
sion de  ses  membres,  par  l'hostilité  de  David  et  de  Restout,  et  par 

r 

les  attaques  des  jeunes  artistes,  qui  allèrent  jusqu'à  envahir  le 
local  de  ses  séances  et  y  planter  le  drapeau  de  Tinsurrection, 
croyant  ainsi  renverser  Tordre  de  la  noblesse  académique  et 
conquérir  la  liberté  du  génie  I 


3,  —  SALON   DE    1793. 

En  juillet  1793  la  Convention,  au  moment  même  où  allait  s'ou- 
vrir le  Muséum  national  dans  la  grande  galerie  du  Louvre  ^, 
décréta  la  suppression  de  toutes  les  académies  [et  constitua  une 
Commune  générale  des  arts,  où  Ton  recevait  indistinctement  tous 
les  artistes  et  dont  Restout  fut  le  président.  C'est  au  nom  des 
altistes  composant  la  Commune  générale  que  fut  faite  l'exposition 
qui  s'ouvrit  le  10  août  1793,  l'an  II  de  la  République.  Il  ne  faut 
pas  oublier,  en  s'informant  de  cette  exposition  qui  parut  d'abord 
fort  inférieure  à  celle  de  1791,  quelles  étaient  les  préoccupations 
du  jour.  Elles  sont  écrites  au  préambule  du  livret  :  u  11  semblera 
peut-être  étrange  à  d'austères  répubh'cains  de  nous  occuper  des 
arts,  quand  l'Europe  coalisée  assiège  le  territoire  de  là  Liberté. 
Les  artistes  ne  craignent  pas  le  reproche  d'insouciance  sur  les 
intérêts  de  la  patrie.  Ils  sont  libres  par  essence'...  » 

Vien,  âgé  de  77  ans,  voulut  figurer  à  cette  exposition,  et 
envoya  son  tableau  d'Hèlme,  qui  fut  acheté  par  la  Nation*.  Son 

1 .  Catalogué  des  objets  contenus  dans  la  galerie  du  Muséum  français,  décrété 
par  la  Convention  nationale  le  t!  juillet  4795 ,  Van  II  de  la  République  fran- 
çaise, de  rimprimerie  de  Patry,  in-8".  Il  y  a  pour  les  tableaux  537  numéros 
et  pour  les  bronzes,  bustes,  etc.,  124  numéros. 

2.  Description  des  ouvrages  de  peinture,  etc»,  eocposés  au  salon  du  Louvre 
par  les  artistes  composant  la  Commune  générale  des  arts,  le  40  août  4793, 
Van  II  de  la  République  française,  A  Paris,  de  rimprimerie  V«  Hérissant. 

3.  L*année  suivante  (messidor  an  II ,  juin  1794),  Vien  envoya  au  Muséum  un 
dessin,  représentant  le  Triomphe  de  la  République,  comme  un  hommage  à  la 


SALQN  DE  1793.  13 

école,  déjà  vieillie,  y  était  encore  représentée  par  Taîllasson  et 
par  Suvée.  David,  absorbé  par  la  politique,  n'envoya  rien,  mais 
tout  le  monde  avait  vu,  dans  une  salle  de  la  Convention,  le 
tableau,  dont  il  lui  avait  fait  hommage,  de  Michel  Lepelletier  sur 
son  lit  de  mort,  et  il  travaillait  déjà  au  tableau,  qui  allait  y  être 
joint,  de  Marat  frappé  dans  sa  baignoire.  Ses  élèves  Gérard,  Giro-  - 
det,  Serangeli,  tenaient  une  bonne  place.  Beaucoup  d'académi- 
ciens s'étaient  -retirés ,  et  ils  étaient  déjà  remplacés  par  des 
peintres  venus  d'écoles  diverses,  mais  aboutissant  à  l'imitation 
de  Tantique,  et  entraînés  par  la  manière  de  David,  comme  Lethièrè, 
Gamier,  et  ceux  que  nous  avons  vus  au  Salon  précédent.  Regnault 
s*àbsenta  comme  David,  et  son  école  ne  fut  encore  représentée 
que  par  Robert  Lefèvre.  L'école  de  Dijon  vint  ici  tenir  une  place 
assez  considérable  par  ses  tableaux  de  Devosge,  de  Naigeon,  et 
surtout  par  les  portraits  et  les  dessins  de  Prudhon. 

La  peinture  de  genre  se  montrait  partagée  entre  les  sujets  de 
galanterie  cultivés  par  Schalle  et  Trinquesse,  les  sujets  de  pasto- 
rale et  de  sentiment  où  brillaient  Demarne,  Drolling  et  Taunay, 
et  les  sujets  plus  décidément  actuels,  dont  les  plus  piquants  inter- 
prètes étaient  Boilly  et  Yangopf.  Un  groupe  nombreux  était  com- 
posé des  peintres  de  bivouac,  Bertaux,  Duplessis,  Swebach  des 
Fontaines^  Carie  Yernet.  On  voit  par  plus  d'un  de  ces  ouvrages 
que  le  genre  n'est  pas  à  l'abri  de  Tinfluence  de  David;  elle 
s*étendait  même  sur  les  paysages ,  où  Valenciennes ,  Bidault  et 
Bourgeois  apportaient  des  dispositions  classiques.  Les  plus  ori- 
ginaux étaient  encore  les  peintres  de  vues  décoratives  ou  réelles, 
tels  que  Demachy  et  Lespinasse. 
Les   portraits  les   plus   remarquables   paraissent   ceux  de 

Loi  et  un  exemple  qae  sar  ses  vieux  ans  il  croit  devoir  à  la  jeunesse  {ArcfUves 
dt  l'art  français,  1. 1,  p.  191). La  mention,  faite  par  les  biographes,  d*un  prix 
remporté  par  Vien ,  ne  s'applique  pas  à  ce  dessin ,  ainsi  que  l*a  cru  l'anno- 
tateur de  la  pièce  imprimée  dans  les  ArcfùveSf  mais  au  tableau  d'Hélène,  qui 
est  mentionné  au  livret  comme  acheté  par  la  Nation,  ce  qui  était,  suivant 
ravis  préliminaire,  une  récompense  nationale  accordée  aux  artistes,  d'après  le 
Jugement  de  leurs  pairs. 


14  INSTITUTIONS. 

Ducreux  qui  avait  peint  Robespierre  et  Gouthon,  de  Dumont 
qui  avait  donné  le  musicien  Gherubini  et  la  cantatnce  Morichelli, 
de  Colson  qui  avait  exposé  l'actrice  Lange,  mise  en  réputation 
par  le  rôle  de  Paraéla  dans  la  pièce  de  François  de  Neufchâteau. 
Ces  portraitistes,  qui  ont  eu  la  faveur  d'yn  jour,  mériteraient 
souvent  d'être  relevés  de  la  déchéance  qu'ils  subirent  ensuite,  ne 
séraît-ce  que  pour  l'avantage  qu'ils  ont  eu  de  faire  d'après  nature 
des  figures  caractéristiques  du  temps. 

11  faut  enfin  tenir  compte  des  dessins,  qui  occupent  dans  ces 
premières  expositions,  comme  dans  toutes  les  écoles  d'alors,  une 
place  importante  et  qu'on  a  trop  laissé  s'amoindrir.  Indépen- 
damment des  maîtres  que  nous  avons  déjà  nommés,  et  qui  ne 
dédaignaient  pas  de  faire  part  au  public  d'études  sévères,  il  y  eut, 
au  Salon  de  1793,  les  débuts  heureux  d'Isabey  et  de  Mallet,  et 
des  succès,  fort  oubliés  aujourd'hui,  pour  Sergent  et  Mandevard  ; 
nous  en  verrons  des  traces  dans  les  gravures. 

Un  intérêt  particulier  s'attache.,  il  semble,  aux  peintres  qui 
avaient  traité  des  sujets  d'histoire  contemporains  :  les  principaux 
étaient  le  Départ  pour  les  frontières  par  Petit-Coupray,  la  Fête  des 
sans-culottes  sur  les  ruines  de  la  Bastille  par  Pourcelli,  la  Montagne 
et  le  Marais  par  Balzac,  le  Siège  des  Tuileries  par  les  braves  sans- 
culottes  par  Desfonts.  Plusieurs  de  ces  ouvrages  sont  loués  par  les 
critiques ,  mais  l'obscurité  où  sont  restés  ces  peintres  indique,  I 
je  le  crains,  qu'ils  avaient  fait  preuve  de  dvisme  plutôt  que 
de  talent,  et  la  critique  les  avait  traités  en  conséquence.  La  véri- 
table inspiration  de  la  Révolution  n'est  pas  là;  elle  est  dans  les 
sujets  allégoriques  et  mythologiques,  dans  les  personnages  grecs 
et  romains,  où  l'idéal  des  artistes  trouvait  à  se  satisfaire;  elle 
est  aussi  dans  les  sujets  de  sentiments  familiers  et  rustiques, 
où  perçaient  toujours  l'entraînement  du  cœur  et  l'amour  de 
la  patrie. 


SOCIÉTÉ    POPULAIRE  DES  ARTS.  15 


4.   —  SOCIÉTÉ    POPULAIRE    DES    ARTS. 

La  Commune  des  arts,  à  laquelle  s'étaient  ralliés  beaucoup 
d'académiciens,  et  qui  était  présidée  par  Restout,  peintre  pitoyable 
et  citoyen  plus  pitoyable  encore  ^^  se  trouva  bientôt  en  arrière  du 
mouvement  révolutionnaire,  accusée  de  préjugés  académiques  et 
abandonnée  des  patriotes,  avant  même  qu'un  décret  n'eût  pro- 
clamé sa  dissolution.  Les  artistes  les  plus  ardents  se  réunirent  et 
formèrent,  sur  la  proposition  de  Sergent,  une  Société  populaire 
et  républicaine  des  arts,  qui  tint  ses  séances  au  Louvre,  salle  du 
Laocoon.  Le  règlement  et  le  compte  rendu  des  séances,  depuis  le 
mois  de  pluviôse  jusqu'au  mois  de  prairial  an  II  (février- 
juin  il9k),  ont  été  imprimés  dans  un  journal^  rédigé  par  un  des 
membres,  Detournelle,  architecte  de  mérite,  et  dans  cette  dis- 
cussion, tenue  au  moment  le  plus  terrible,  on  voit,  comme  dans 
une  chaudière,  bouillonner  les  principes  de  l'art  nouveau  ;  des 
scories  s'y  mêlent  aux  plus  grandes  épurations,  et  beaucoup  de 
ces  principes  n'ont  été  que  des  illusions,  mais  il  en  est  sorti  des 
dessinateurs  b^n  trempés  et  des  artistes  penseurs.  Poussin,  qui 
dans  son  humeur  philosophique  renia  tous  ses  contemporains^  ne 
les  désavouerait  pas. 

•  La  Société  populaire  fut  présidée  tour  à  tour  par  Boizot,  Esper- 
cieux,  Eynard,  Bienaimé.  Elle  compta  parmi  ses  membres  beau- 
coup de  noms  connus  :  Chaudet,  Stouf,  Cartelier,  Gérard,  Sablet, 
Gamier,  Laûtte,  Laneuville,  Houin,  Bervic,  Ânselin,  Bosio,  Isa- 

» 

1.  Commissaire  du  pouvoir  exécutif  au  Garde-Meuble,  il  fut  accusé  d*aToir 
pris  part  au  toI  qui  B*y  commit  et  enfermé  à  Saint-Lazare  pendant  quinze 
mois.  Il  mourut  en  1790. 

2.  Aux  armes  et  aux  arts.  Peinture,  sculpture,  architecture  et  gravure. 
Journal  de  la  Société  républicaine  des  arts,  séante  au  Louvre,  salle  du  Laocoon , 
rédigé  par  le  citoyen  Detournelle,  architecte.  In-8".  Six  numéros  en  301  pages 
(les  seuls  parus),  de  l'imprimerie  de  Fautelin. 


16  INSTITUTIONS. 

bey,  Gauthier,  Mongin,  etc.  Elle  s^occupa  de  Tinterprétation  des 
décrets  de  la  Convention  relatifs  aux  arts,  de  pétitions  au  Comité 
de  l'instruction  publique,  de  lectures  historiques  comme  aliment 
au  cœur  et  à  Tesprit  des  artistes,  des  écoles  publiques  de  modèles, 
du  moulage  des  antiques,  de  la  restauration  des  tableaux,  de 
l'organisation  des  fêtes.  Des  discussions  s'établirent  sur  les 
moyens  les  plus  sûrs  de  faire  révolution  dans  les  arts  ;  quelques- 
uns  poussèrent  le  zèle  jusqu'à  proscrire  tout  sujet  qui  ne  serait 
pas  patriotique  et  à  flétrir  les  tableaux  flamands  comme  ridiculi- 
sant l'espèce  humaine.  C'est  le  sculpteur  Espercieux  qui  soutint 
cette  opinion,  dans  un  discours  piquant  contre  le  peintre-mar- 
chand Lebrun,  lequel  ne  manqua  pas  de  rappeler  à  son  adversaire 
le  mot  de  Louis  XIV  sur  les  magots,  qu'il  paraissait  justifier.  11  est 
curieux  en  effet  de  voir  la  théorie  du  républicain  absolu  aboutir 
à  la  même  conclusion  que  celle  du  roi  et  par  le  même  motif  de 
dignité  et  de  beauté  dans  l'art  ;  Espercieux  ne  voyait  aussi  dans 
les  tableaux  flamands  que  des  magots,  qui  sont  à  l'espèce  humaine 
ce  que  Polichinelle  est  à  l'Apollon.  La  question  du  changement 
du  costume  national  y  fut  traitée  avec  une  importance  sur  laquelle 
nous  aurons  à  revenir.  On  doit  remarquer  enfln,  comme  un 
exemple  trop  rare  dans  ce  temps,  au  milieu  des  discussions  les 
plus  vives,  l'esprit  de  bienveillance  qui  anima  les  artistes.  Les 
seules  dénonciations  qui  y  furent  portées  sont  celles  du  directeur 
de  l'école  de  Rome,  Ménageot ,  et  des  élèves  Fabre,  Gaufiier  et 
autres,  qui  avaient  refusé  leur  adhésion  à  la  République  et  prêté' 
serment  à  Louis  XVII,  de  Doyen,  émigré  en  Russie,  et  de  M™*  Le- 
brun, émigrée  à  Vienne  ;  on  y  dénonça  aussi  les  estampes  indé- 
centes qui  étaient  exposées  dans  les  rues,  et  l'on  juge  par  les 
mots  échangés  à  cette  occasion  que  les  Jacobins  n'étaient  pas 
disposés  à  avoir  sur  ce  sujet  la  manche  aussi  large  que  le  clergé 
de  l'ancien  régime. 


COiNCOURS  DE  L'AN  II  ET  DE  L'AN  IIL  17 


5.   —  CONCOURS  DE  l'aN  II  ET  DE  l'aN  III. 

Aa  mois  de  brumaire  an  II  (oct.  1793),  la  Convention  institua 
un  concours  pour  les  prix  de  sculpture  et  de  peinture,  et  nomma, 
pour  le  juger,  un  jury  composé  de  cinquante  membres*.  On  voyait 
sur  cette  liste,  après  Dufourny ,  membre  du  Département,  et  Pache, 
maire  de  Paris,  les  artistes  les  plus  connus  :  Fragonard,  Julien, 
Chaudet,  Dupré,  Gérard,  Ramey,  Prudhon,  Caraffe,  etc.,  et  des 
célébrités  de  divers  genres  :  Monge,  Viçq-d'Azyr,  Talma,  La- 
harpe.  Les  sujets  du  concours  étaient,  pour  la  sculpture,  le 
Maître  c^ école  de  Faléries  ramené  à  coups  de  verges  par  les  enfants 
Falisques  qu'il  avait  voulu  livrer  à  Camille;  et,  pour  la  peinture, 
Brutus,  mort  dans  un  combat  et  ramené  à  Rome  par  les  Cheva- 
tiers.  Les  opinions  motivées  du  jury,  qui  ont  été  imprimées, 
donnent  Taperçu  le  plus  intéressant  de  toutes  les  idées  qui  fer- 
mentaient alors  dans  la  tête  des  artistes,  en  même  temps  qu'elles 
fournissent  des  documents  précieux  sur  quelques-uns.  A^oici 
l'opinion  de  Gérard,  jugeant  le  tableau  de  Brutus  :  «  L'ensemble, 
de  ce  groupe  est  noble  et  beau,  et  il  pourrait  encore  épouvanter 
les  tyrans;  si  une  main  plus  expérimentée  en  eût  dirigé  Texécu- 
tion  ;  mais  l'étude  corrige  l'inexpérience.  Le  travail  ne  donne 
point  le  sentiment,  et  le  sentiment  seul  peut  déterminer  le  choix 
des  hommes  libres.  »  Fragonard  donne  au  même  tableau  le  se- 
cond prix,  a  motivé  sur  des  expressions  liées  à  la  scène  et  heu- 
reusement senties,  des  formes  qui  tiennent  à  la  bonne  école,  un 
principe  de  couleur  qui  dérive  d'un  ton  vrai.  Quelque  manque 
de  goût  arrête  avec  justice  ce  que  les  autres  parties  prononcent 
à  une  plus  haute  faveur.  »  Prudhon  se  prononce  pour  le  même 
ouvrage  :  «  C'est  le  seul,  dit-il,  où  j'ai  vu  le  germe  des  grands 

i.  Un  des  rédacteurs  des  Archives  de  Vart  français  (M.  Duvivicr)  Va.  fort 
incoDftidérément  tourné  en  ridicule  dans  une  note  ajoutée  à  la  liste  des 
grands  prii  de  Rome  de  TAcadémic,  t.  V,  p.  308. 

9 


18  INSTITUTIONS. 

talents,  le  sentiment;  je  Tai  trouvé  dans  l'expression  générale 
et  particulière  du  sujet,  dans  le  caractère  des  personnages,  môme 
dans  celui  du  dessin...  Du  reste,  Texécution  du  tableau  est 
faible...  »  Ce  tableau  de  Brutus,  qui  eut  un  second  prix,  était  de 
Harriet,  élève  de  David  ;  il  était  couronné,  suivant  les  motifs  du 
jugement,  non  pas  qu'il  eût  fait  le  tableau  le  plus  correct,  mais 
celui  où  Ton  reconnaissait  le  mieux  Timage  d*un  homme  libre 
qui  vient  de  mourir  pour  son  pays.  Le  jury  ne  décerna  pas  de 
prix  pour  la  sculpture,  parce  que  les  ouvrages  envoyés  manquaient 
de  sentiment  patriotique  et  révolutionnaire,  et  que  les  auteurs 
n'avaient  su  faire  du  maître  d'école  de  Paieries  qu'un  Christ 
flagellé. 

Le  jugement  sur  le  tableau  de  Brutus  fut  critiqué  par  Detour- 
nelle,  qui  discuta  si  le  cadavre  de  Brutus  avait  le  ton  de  décom- 
position convenable  après  un  jour,  dans  un  pays  chaud  :  «  11  faut, 
dit-il,  que  les  peintres  voient  les  Catacombes.  »  Il  parle  ensuite 
de  l'expression  révolutionnaire  :  «  Dans  deux  ans,  l'on  verra 
naître  une  sublimité  qui  surpassera  tout  ce  que  nous  admirons 
quelquefois  avec  prévention  dans  l'antique  ;  nous  ne  serons  ni 
Athéniens,  ni  Romains,  esclaves  qui  portaient  le  nom  d'hommes 
•libres,  mais  des  Français,  libres  par  nature,  philosophes  par 
caractère,  vertueux  par  sentiment  et  artistes  par  goftt*.  » 

L'esprit  nouveau  qui  se  montre  dans  tous  ces  jugements  et  qui 
domine  tout  l'art  de  la  Révolution  est  un  sentiment  très-général, 
très-élevé,  mêlé  à  des  préoccupations  de  la  réalité  la  plus  saisis- 
sante. Detournelle,  comme  tous  les  artistes  pénétrés  de  l'idéal  de 
leur  art,  n'a  pas  manqué  de  flétrir  les  expositions  de  figures  de 
cire  qui  prirent  une  grande  vogue  pendant  ces  années;  ils  fai- 
saient cependant  quelques  concessions  à  la  céroplastie  populaire, 
la  reconnaissaient  propre  à  bien  représenter,  dans  des  mains  ha- 
biles, le  sommeil  ou  la  mort  ^.  Quoi  qu'on  en  pense,  il  faut  tenir 


1.  Procès-verbal  des  séances  du  Jury  des  arts.  De  Tlmprimerie  natioDale, 
in-8«,  90  pages. 

2.  Journal  de  /a  Société  républicaine  des  arts,  p.  '20. 


CONCOURS   DE   L'AN   II   ET  DE   L'AN   III.  10 

compte,  dans  une  revue  de  Tart  de  ce  temps,  du  cabinet  des 
figures  de  cire  de  Curtius  et  de  la  boutique  du  citoyen  Orsy. 
L'idée  de  ces  spectacles  n'était  pas  nouvelle;  à  d'autres  époques, 
plus  favorisées,  il  semble,  à  Florence,  sous  les  Médicis,  à  Paris, 
sous  Louis  XIV,  on  en  avait  vu  poindre,  et  il  n'est  jamais  inutile 
de  s'en  informer  pour  apprécier  les  ébranlements  qu'en  reçoit 
l'art  contemporain.  On  remarque  parmi  les  portraits,  accrédités 
vers  1789,  Louis-Philippe-Joseph,  duc  d'Orléans,  gravé  par  G.  Fie- 
seiiger^  d'après  le  modèle  en  cire  fait  par  M.  Courigner.  Je  ne  con- 
nais que  par  ce  morceau  l'artiste  qui  continuait  alors  la  confec- 
tion de  ces  petits  médaillons  en  cire  colorée  qui  se  montrent  si 
répandus  en  France  pendant  le  XVI*  siècle. 

Curtius  (Creutz),  Allemand  établi  à  Paris  depuis  1770,  d'abord 
au  Palais-Royal  S  et  ensuite  au  boulevard  du  Temple,  n'est  pas 
cité  comme  artiste';  cependant,  il  fit  admettre  au  Salon  de 
1791  un  buste  colorié  en  cire  du  prince  royal  {n^  580)  ;  Chéry 
l'enregistre  en  l'accueillant  de  ces  mots  :  a  De  la  nature,  »  et,  en 
l'an  II ,  il  fit  hommage  à  la  Société  des  Jacobins  du  buste  de 
Lajouski.  Pendant  toute  la  Révolution,  il  entretint  la  curiosité 
publique  en  exposant,  dans  son  salon  du  boulevard,  les  effigies 
des  personnages  que  les  événements  mettaient  successivement  en 
vogue  :  Voltaire,  Rousseau,  Necker,  Franklin,  Mirabeau  au  mo- 
ment de  sa  mort,  Brutus,  Lucrèce,  la  Lescombat,  Robespierre. 
Le  pire  de  tout,  c'est  qu'au  jugement  de  Detournelle  Curtius  ne 
mettait  à  la  plupart  de  ses  bustes  ni  la  vérité  de  costume  ni  la 
vérité  de  physionomie.  Orsy,  établi  au  palais  Égalité,  alla  jusqu'à 
donner  dans  son  salon  des  représentations  figurées  de  l'assassi- 
nat de  Lepelletier  et  de  l'assassinat  de  Marat,  qui  émouvaient 

i.  Article  de  M.  Edouard  Fournier  dans  V  Illustrât  ion  du  27  mai  1852.  On 
trouve  le  portrait  de  Curtius,  avec  le  titre  de  volontaire  do  la  Bastille,  dans  la 
coUection  des  portraits  au  physionotrace  de  Chrétien. 

2.  On  trouve  une  vue  de  son  salon  de  figures  dans  une  suite  de  petites  pièces 
joliment  burinées  et  représentant  les  principaux  établissements  du  palais 
Égalité  :  les  Ombres  chinoises,  les  Variétés  amusantes,  les  Comédiens  de  bois, 
le  Pavillon  de  treillage,  le  café  du  Cavoau,  etc.  (Collection  Hennin.) 


20  INSTITUTIONS. 

plus  facilement  la  foule  que  les  tableaux  de  David  à  la  Conven- 
tion. On  ne  peut  donc  que  constater  Tinfluence  funeste  de  ces 
mannequins,  qui  entretenaient  le  goût  public  d'éléments  pleins  à 
la  fois  d'excitation  et  de  dégradation. 

Le  jury  national,  nommé  par  la  Convention  pour  le  jugement 
du  concours,  ayant  terminé  ses  fonctions,  se  forma,  de  son  côté, 
en  club  révolutionnaire.  Il  eut  pour  présidents  Dardel  et  Nepveu; 
pour  secrétaires,  Gérard  et  Topino-Lebrun.  Il  traita,  dans  ses 
séances,  des  moyens  de  faire  fleurir  les  arts,  de  les  encourager, 
de  leur  imprimer  un  mouvement  révolutionnaire.  I)  resta  en  bons 
rapports  de  confraternité  avec  la  Société  populaire,  siégeant  dans 
la  même  salle  du  Laocoon  et  célébrant  à  frais  communs  une  plan- 
tation d'arbre  de  la  Liberté.  Chaudet  y  fit  la  motion  que  tous  les 
ouvrages  indécents  fussent  immolés  à  la  régénération  des  arts; 
Lesueur  lut  un  mémoire  sur  l'éducation  dans  les  arts;  Prudhon 
fit  lecture  d'un  discours,  où  il  considère  les  arts  sous  les  rapports 
philosophiques  et  en  parle  dans  le  genre  de  Rousseau  ;  Gérard  lut 
un  discours  où  il  établit  l'utilité  des  arts  en  principe.  De  toutes 
ces  pages,  qui  seraient  si  précieuses  aujourd'hui,  il  ne  reste  que 
quelques  lignes  du  procès-verbal  recueilli  par  Detournelle.  Les 
biographes  les  plus  exacts  des  artistes  qui  les  avaient  écrites  n'en 
ont  pas  dit  un  mot. 

Nous  en  savons  assez  maintenant  pour  juger  à  quelle  hauteur 
s'étaient  placés  les  artistes  de  la  Révolution  ;  tout  n'était  point 
illusion  dans  leurs  croyances.  Sans  doute  l'art,  tel  que  nous  le 
voyons  dans  le  cours  de  son  histoire,  est  une  moisson  qqi  peut 
croître  sous  tous  les  régimes,  à  Thèbes,  à  Rome,  à  Reims.  Mais 
c'est  la  liberté  dans  la  croyance  et  dans  la  patrie  qui,  sous  tous, 
les  climats,  fait  mûrir  les  plus  beaux  épis,  à  Athènes,  à  Bruges, 
à  Florence.  L'histoire  constate  que  les  temps  d'agitation,  funestes 
à  beaucoup  d'intérêts,  ne  sont  pas  sans  profit  pour  l'art,  et  que, 
même  dans  les  malheurs  de  la  patrie,  quand  ces  malheurs 
laissent  éclater  de  grandes  vertus  et  des  sentiments  libres,  l'art 
trouve  les  sources  les  plus  vives  de  son  inspiration. 

Au  moment  le  plus  sombre  de  l'an  II,  le  Comité  de  salut  public. 


I 


CONCOURS  DE   L'AN  II   ET  DE  L'AN   IH.  21 

touché  de  la  misère  des  artistes  et  mû  sans  doute  encore  par  le 
désir  de  faire  diversion  à  la  tempête  qu'il  n'avait  plus  la  force  de 
contenir,  fit  un  effort  suprême.  Les  dispositions  des  vingt  arrêtés 
rendus  en  floréal  et  signés  :  Barrère,  Carnot,  Billaud-Varennes, 
CoIlot-d'Herbois,  Robert  Lindet,  Prieur,  Robespierre  et  Couthon, 
doivent  être  citées,  non  à  la  décharge  des  crimes  que  plusieurs  de 
ces  hommes  ont  laissé  commettre,  mais  à  la  gloire  d'une  époque 
qui  resta  grande  au  milieu  des  malheurs  de  la  fatalité.  Ces  arrêtés^ 
comprenaient  l'embellissement  du  palais  et  du  jardin  national 
des  Tuileries  et  de  la  place.de  la  Révolution;  un  monument  pour 
les  défenseurs  de  la  République,  le  10  août,  sur  la  place  de  la 
A^ictoire;  les  statues  du  Peuple  sur  le  Pont-Neuf,  de  la  Nature  sur 
la  place  de  la  Bastille,  de  la  Liberté  sur  la  place  de  la  Révolution  ; 
la  colonne  du  Panthéon;  la  statue  de  Jean-Jacques  Rousseau  aiix 
Champs-Elysées  ;  les  arènes  couvertes  pour  les  concerts  du  peuple, 
sur  le  local  de  l'Opéra,  entre ia  rue  de  Bondy  et  le  boulevard;  la 
translation  des  chevaux  de  Marly  à  l'entrée  des  Champs-Elysées; 
la  construction  d'un  temple  de  l'Égalité  au  jardin  Beaujon; 
la  statue  de  la  Philosophie  dans  la  première  salle  du  lieu  des 
séances  de  la  Convention  ;  l'agrandissement  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle;  la  restauration  du  Muséum  des  arts.  A  ces  pro- 
jets déterminés  pour  lesquels  on  établissait  des  concours,  où  Ton 
faisait  appel  à  des  artistes  connus,  venaient  s'ajouter  des  mesures 
générales  sur  l'Institut  national  de  musique  établi  dans  la  mai- 
son des  Menus,  sur  l'enseignement  des  langues  étrangères,  sur 
l*archilecture  rurale  et  sur  le  costume  national. 
.    Les  peintres  furent  l'objet  d'une  sollicitude  particulière.  Un 
arrêté  du  6  floréal,  concernant  la  peinture  et  la  sculpture,  appela 
tous  les  artistes  à  représenter  à  leur  choix,  sur  la  toile,  les  épo- 
.  ques  les  plus  glorieuses  de  la  Révolution  française,  et  à  concourir 
à  l'exécution  des  monuments  en  bronze  et  en  marbre  à  élever  à 
la  gloire  de  la  République  '.  L'exposition  des  esquisses  et  des 

i.  Moniteur  universel,  21  et  22  prairial  an  II. 
2.  Journal  de  la  Société  populaire,  p.  375. 


n  INSTITUTIONS. 

projets  était  fixée  au  10  thermidor.  On  sait  quelle  crise  vînt  la 
rendre  impossible;  mais  les  travaux  avaient  été  faits,  et  le  juge- 
ment du  concours,  rendu  plus  tprd,  eut  pour  résultat  une  série 
de  prix  et  de  récompenses  décernés,  depuis  20,000  livres  jusqu'à 
2,000  livres,  dont  le  total  s'éleva  à  442,000  livres*. Pour  ne  parler 
ici  que  des  peintres,  Gérard  obtint  le  premier  prix  de  20,000  liv. 
pour  son  esquisse  du  10  août;  Vincent,  le  second  de  10,000  liv. 
pour  une  Scène  vendéenne;  les  autres  prix,  de  9,000  à  2,000  liv., 
furent  donnés  à  des  peintres  en  tout  genre  et  dans  toutes  les 
écoles'  :  Suvée,  Garnier,  Vernet,  Taunay,  Peyron,Thévenin,  La- 
grenée,  Meynier,  Lethière,  Taillasson,  Callet,  Bidault  de  Car- 
pentras,  Vanderburch  de  Montpellier,  Prudhon,  Sablet,  Chéry, 
Fragonard  fils,  Drolling,  Swebach  des  Fontaines,  la  citoyenne 
Gérard,  Landon,  Demarne,  Sauvage  et  beaucoup  d'autres. 


6.   —  SALONS   DE   l'aW   IV   ET   DE   l'AN   V. 

L'an  IV  et  l'an  V  s'ouvrirent  en  vendémiaire,  chacun  par  un 
Salon ,  et ,  par  les  seuls  préambules  des  livrets,  on  voit  quelle 
place  tenait  l'art  dans  l'imagination  publique.  Dans  le  premier, 
on  rappelle  les  concours  des  villes  de  la  Grèce  pour  l'érection  des 
monuments  et  des  statues,  concours  dont  les  expositions  doivent 
maintenant  offrir  l'équivalent  ;  dans  le  second  est  placé  le  beau 
discours  du  ministre  Benezech  :  a  Vous  avez  prouvé,  citoyens, 
à  la  dernière  exposition  publique,  que  le  génie  des  arts  est  resté 
le  compagnon  fidèle  du  génie  de  la  Liberté.  » 

Des  académiciens  reparaissent  maintenant,  mais  comme  rajeu- 
nis; Vincent^  l'un  des  plus  heureux  promoteurs  de  la  rénovation 
antique,  n'était  nullement  entré  en  retraite,  cogime  le  dit  son 

1.  Prix  du  concours  de  Tau  III,  Magasin  encyclopédique,  t.  IV,  an  IV,  ia-8*. 

2.  Lebrcton ,  Rapport  sur  les  beaux  arts,  in-4*,  p.  53.  Lebreton  a  consigné 
que  ces  prix  ne  furent  pas  payés  sur  le  taux  du  papier-monnaie,  mais  d*après 
une  évaluation  en  numéraire. 


SALONS  DE  L'AN   IV  ET  DE  L'AN  V.  23 

panégyriste;  après  avoir  obtenu  Tun  des  prix  de  Tan  III,  il  exposa, 
en  Tan  IV  :  Guillaume  Tell,  et,  dans  les  Salons  qui  suivirent, 
rAgriculturCy  le  Commerce,  tableaux  exécutés  pour  le  citoyen 
Fonfrède,  de  Toulouse  ;  la  Mélancolie,  une  grande  esquisse  de  la 
Bataille  des  Pyramides,  et  plusieurs  portraits  qui  témoignèrent 
des  impressions  produites  par  les  événements  sur  le  peintre  d'Aria 
et  Pœtus  et  de  Zeuxis  dwisissant  ses  modèles  pour  en  former  V image 
de  Vénxis.  Regnault  exposa  plusieurs  sujets  mythologiques  très- 
riants,  et,  à  côté,  un  tableau  de  dix  pieds  sur  neuf,  avec  répéti- 
tion en  petit,  sur  ce  sujet  :  la  Liberté  ou  la  Mort;  il  appartenait  à 
la  Nation,  et  doit  être  roulé  maintenant  dans  quelque  galetas  du 
Louvre.  Il  n'est  plus  permis  d'en  juger  que  par  les  critiques  qui 
en  furent  faites.  M.  Quatremère  ne  le  cite  même  pas  dans  sa 
notice  académique,  mais  on  s*en  occupa  beaucoup  dans  les  jour- 
naux, sans  compter  les  plaisanteries  qui  accueillirent  cette  inspi- 
ration tardive  de  la  Terreur  et  l'appelèrent  un  Génie  qui  pro- 
pose la  liberté  et  la  mort,  ou  point  de  -liberté,  mais  la  mort. 
Le  critique  du  Magasin  encyclopédique  s'élève  d'abord  contre 
le  sujet  mal  choisi  qui  ne  pouvait  convenir  qu'à  Robespierre  et  à 
ses  agents,  et  contre  la  composition  symétrique  de  ces  trois 
grandes  figures,  telles  qu'il  s'en  voit  dans  les  tableaux  des  premiers 
peintres  ;  il  loue  ensuite  la  beauté  des  formes  du  Génie  ailé,  l'éclat 
et  la  fraîcheur  du  coloris  :  a  A  l'exemple  des  grands  maîtres  et 
même  des  statuaires  antiques,  dit-il,  le  citoyen  Regnault  a  su 
réunir  l'expression  de  la  jeunesse  et  de  la  force,  un  sentiment 
profond  et  vif,  avec  la  finesse  des  passages*.  »  Un  autre  critique 
fort  connu,  Chaussard,  tout  en  trouvant  la  composition  absurde 
quant  à  la  pensée,  froidement  parallélique  quant  à  l'exécution, 
ajoute  que  le  Génie  était  une  magnifique  académie,  la  plus  belle 
qui  soit  sortie  du  pinceau  de  Regnault;  la  figure  de  la  femme 
celle  d'une  vierge,  et  la  Mort  le  plus  hideux  des  spectres,  mais 
peint  avec  le  plus  grand  style*. 


t.  Magasin  encyclopédique,  t.  IV,  an  IV,  p.  481. 

3.  Le  Pausaniat  français,  2*  éd.,  Paris,  1808,  in-S*,  p.  249. 


24  INSTITUTIONS. 

Le  peintre  le  mieux  porté  pour  exploiter  les  premiers  senti- 
ments de  réaction  était  Suvée,  dernier  directeur  nommé  de  l'Aca- 
démie de  France  à  Rome,  au  moment  de  sa  suppression.  11  avait 
exposé  un  tableau  de  Cornélie,  mère  des  Gracqutes,  un  portrait  du 
citoyen  Ginguené,  de  la  Commission  executive  de  Tinstruction 
publique,  et  les  portraits  d'André  Chénier  et  de  Trudaine,  deux  des 
dernières  victimes  de  la  Terreur,  qu'il  avait  peints  dans  les  pri- 
sons de  la  Conciergerie,  où  il  était  lui-même  détenu. 

Des  peintres  plus  jeunes,  sortis  des  écoles  de  Vincent  et  de 
Regnault,  montrèrent  que  l'action  vivifiante  n'était  pas,  comme 
on  Ta  cru,  tout  absorbée  dans  l'école  de  David.  Meynier,  Théve- 
nin,  Ânsiaux  d'un  côté,  Lafitte,  Landon,  Menjaud  de  l'autre, 
variaient  du  moins  dans  leur  manière  d'interpréter  l'antique. 
CarafTe,  Desoria,  plus  indépendants,  déployaient  dans  cette  inter- 
prétation une  audace  plus  novatrice,  mais  elle  était  trop  souvent 
trahie  par  l'exécution  ;  Mérimée  exposa  une  Bacchante  jouatU avec 
un  petit  Satyre,  qui  parut  au  critique  du  Magasin  encyclopédique 
avoir  atteint  le  point  précis  où  l'on  n'est  jamais  au-dessous  de  la 
nature,  où  on  ne  la  perd  jamais  de  vue,  tout  en  voulant  la  sur- 
passer. Les  débuts  de  Guérin  furent  les  plus  brillants.  Voici  en 
quels  termes  il  est  salué  par  un  critique  qui  n'était  point  étranger 
à  la  culture  des  arts  :  «  Comme  un  arbre  vigoureux  et  plein  de 
sève,  qui  surpasse  bientôt  en  hauteur  les  arbres  de  la  forêt 
voisine,  ainsi  le  jeune  peintre  croît  et  s'élève  insensiblement  au 
sommet  de  son  art  *.  » 

David  ne  parut  qu'au  Salon  de  Tan  IV,  et  pour  un  tableau  peu 
important,  le  portrait  d'une  femme  et  de  son  enfant,  mais  sa 
puissance  se  montrait  toujours  dans  le  succès  de  ses  élèves; 
Gérard,  qui  tint  encore  le  premier  rang  par  son  tableau  de  Bèli- 
saire  et  son  portrait  d'Isabey  ;  Carie  Vernet,  qui  exposa  les  Courses 
de  char  ordonnées  par  Achille  pour  les  funérailles  de  Patrocle; 
Isabey  et  Fragonard  fils,  qui  adoucissaient  des  principes  sévères 

1.  Examen  critique  et  concis  des  plus  beaux  ouvrages  exposés  en  Van  ÏV,  par 
J.  de  La  Serrie,  in-8*. 


SALONS   DE  L'AN  IV   ET  DE  L'AN   V.        *  25 

dans  des  dessins  goûtés  d'un  public  nombreux;  Harriet,  Gauthe- 
rot,  Serangeli  et  d'autres,  coryphées  nouveaux  d'une  école  à 
laquelle  la  vogue  était  acquise. 

Prudhon  n'exposa  aussi  qu'un  portrait,  les  dessins  à  l'encre  de 
Chine  de  Daphnis  et  Chloè,  et  les  dessins  à  la  plume  de  VÂrt 
^ aimer.  Mais  pour  qui  ne  jugeait  point  l'homme  à  l'habit  et  l'ar- 
tiste à  la  dimension  de  la  toile ,  il  y  avait  déjà  là  toute  l'origina- 
lité et  tout  le  charme  de  sa  manière.  Beaucoup  d'autres,  dans  ce 
temps  où  les  commandes  étaient  rares,  en  furent  réduits  aux 
dessins  ;  les  crayons  de  Sicardi,  d'Hilaire  Ledru,  de  M"»«  Chaudet, 
donnèrent  aussi  quelque  distinction  à  ces  Salons. 

Les  peintres  accrédités  pour  le  portrait  étaient  alors  Laneu- 
ville,  la  citoyenne  Auzou,  élève  de  Regnault,  et  la  citoyenne 
Bouliar,  élève  de  Duplessis  ;  ils  se  partagèrent,  avec  Ducreux  et 
Colson,  les  personnages  de  l'époque  :  Volney,  professeur;  Lenoir, 
conservateur  du  Musée  des  monuments  frsLiK^is;  Doissyd'Anglas 
et  JeanDebry,  députés;  Lebrun,  poêle;  Chènier,  législateur;  la 
citoyenne  Beauhaimais^  la  citoyenne  Récamier,  la  citoyenne  La- 
bouchardie,  la  citoyenne  Tallien,  Pour  la  plus  grande  émotion  du 
public,  Laneuville  avait  représenté  celle-ci  dans  un  cachot  à  la 
Force,  ayant  dans  les  mains  ses  cheveux  qui  viennent  d'être 
coupés. 

La  peinture  de  genre  est  toujours,  de  pair  la  critique  et  Topi- 
nion,  tenue  à  un  rang  inférieur,  et  l'on  a  quelque  peine  à  retrouver 
des  réputations  plus  fugitives  que  les  autres.  L'attention  est  due 
cependant  à  Sablet,  Fleury,  Garnerey,  Vallin,  ne  fût-ce  que  pour 

» 

avoir  été  à  leur  moment  des  talents  aimés  du  public.  Leurs  su- 
jets devaient  alors,  pour  plaire,  renfermer  une  pensée  allégorique 
et  se  teindre  de  couleurs  antiques.  La  critique  ne  peut  louer 
mieux  les  tableaux  de  Fleury  et  de  Vallin  qu-'en  disant  qu'ils 
sont  spirituellement  pensés  et  qu'ils  respirent  le  bon  goût  des 
anciens. 

Le  coin  des  paysages  s'augmente  dans  ces  Salons,  sans  chan- 
ger sa  décoration  historique,  des  ouvrages  de  Boquet,  de  Dunouy, 
de  Baltard,  qui  prit  le  titre  d'élève  de  la  nature  et  de  la  médi- 


26  INSTITOTIONS. 

tation,  de  Hue,  qui  se  fît  une  célébrité  par  ses  clairs  de  lune. 

Malgré  les  paroles  de  Benezech,  à  Touverture  du  Saloii  de 
Tan  V,  les  sujets  contemporains  n'inspirèrent  pas  les  meilleurs 
tableaux.  On  ne  peut  signaler  qu'à  la  curiosité  la  Prise  de  la 
Bastille,  par  Thévenin  ;  le  Siège  de  Grandville,  par  Lesueur;  V ac- 
tion généreuse  du  commissionnaire  de  la  Forcc-Can^e, par  Legrand. 
Quelques-unes  de  ces  toiles,  avec  beaucoup  d'autres,  que  le  cou- 
rant des  réactions  a  emportées,  sortiront  peut-être  de  la  pous- 
sière, le  jour  où,  pour  former  des  musées  historiques,  on 
reconnaîtra  que  les  seuls  tableaux  vrais  sont  les  tableaux  contem- 
porains. 

Les  jours  les  plus  difficiles  traversés,  la  République  se  consa- 
crait au  dehors  par  les  armes,  au  dedans  par  les  institutions  d'in- 
struction publique.  En  Hollande,  sur  le  Rhin,  en  Suisse,  en  Italie 
et  en  Egypte,  Hoche,  Moreau,  Jourdan,  Joubert,  Masséna  et  Buo- 
naparte  réalisaient  des  conquêtes  aussi  avantageuses  à  la  France 
qu'à  la  liberté.  Dans  les  sciences  et  dans  les  lettres  le  génie  fran- 
çais raffermissait  aussi  son  essor;  Lagrange  et  Laplace  exposaient 
aux  Écoles  normales  les  mathématiques  et  le  système  du  monde; 
Volney  donnait  ses  leçons  d*histoire;  Millin  enseignait  les  antiqui- 
tés à  la  Bibliothèque  nationale;  Monge  professait  à  TÉCole  poly- 
technique et  Cabanis  lisait  à  l'Institut  ses  mémoireis  sur  les  rap- 
ports du  physique  et  du  moral.  M"«  de  Condorcet  publiait  le 
testament  de  son  mari,  VEsquisse  d^un  tableau  de  Vesprit  hu- 
main ;  M"*  de  Staël  écrivait  les  livres  De  l'Influence  des  Passions 
et  De  la  Littérature.  La  poésie  n'était  point  muette  :  Chénier, 
Parny,  Ducis,  Andrieux  faisaient  les  vers  les  plus  vifs  qu'on  eût 
entendus  depuis  Voltaire,  et  Lemercier  osait  l'innovation  ;  dans  le 
roman,  M"«  de  Souza  et  M"«  Cottin  avaient  écrit  Adèle  de  Sénange 
et  Claire  d'Albe.  Une  époque  féconde  était  née,  et  les  arts  riants 
venaient  tous  maintenant  la  doter.  Beaucoup  d'inconséquences  s'y 
mêlèrent,  il  est  vrai  ;  l'on  y  vit  des  mœurs  plus  que  frivoles  et 
comme  l'abandon  de  toute  une  nation,  la  jeunesse  en  tête,  qui 
s'égara  dans  les  plaisirs,  dégoûtée  des  principes  cimentés  par  le 
sang  de  leurs  pères,  parce  que  ces  principes  n'avaient  pas  rendu 


n 


SALONS  DE  L'AN  VI  A  L'AN  X.  57 

immédiatement  toutes  leurs  promesses.  Mais  les  arts,  dont  je 
fais  l'histoire,  s'accommodent  aussi  des  vices,  quoi  qu'en  dise  la 
morale,  et,  arrivé  à  Tan  V,  qui  est  le  point  culminant  le  plus  stable 
de  la  Révolution,  je  ne  peux  m'empôcher  d'y  reconnaître  un  des 
plus  beaux  moments  de  Fart  français.  Apprécié  en  lui-même,  l'art 
du  Directoire  a  donc  ses  titres,  comme  l'art  de  la  Régence  a  eu 
les  siens,  et,  si  je  fais  cette  comparaison  ou  plutôt  cette  opposi- 
tion, c'est  pour  que  l'on  sente  à  travers  quelles  évolutions  l'es- 
prit fait  son  chemin.  Mais,  comme  comparaison  plus  juste,  il 
faudrait  peut-être  remonter  jusqu'à  la  Renaissance  pour  retrouver 
un  mouvement  dans  l'art  aussi  intéressant  et  aussi  plein  d'expan- 
sion; il  n'a  été  que  trop  court.  Parcourons  tout  ensemble  les  cinq 
Salons  ouverts  de  Tan  VI  à  l'an  X. 


7.    —  SALONS    DE    l'an  VI   A  l'aN   X. 


L'école  de  David  se  présente  maintenant  avec  le  nombre  et 
l'éclat  d'une  phalange  triomphante.  Gérard  expose  r Amour  et 
Psyché^  les  portraits  des  citoyennes  Brongniart,  Regnault,  Bar^ 
hier^  Fulchirmi,  du  directeur  La  Reveillère-Lepeaux  et  du  général 
Moreau.  On  distingue  ensuite  :  Hennequin,  les  Remords  dOresie; 
Gauthcrot,  Pyrame  et  Thisbé;  Debret,  Aristomène;  Barbier, 
Othtyade  Spartiate;  Broc,  l'École  d'Apelle;  Berthon,  Phèdre  et 
Hippolyte;  Peytavin,  Bouché,  Moriès,  Bosio  et  d'autres,  dont  les 
débuts  heureux  semblaient  annoncer  une  carrière.  Girodet, 
dont  je  n'ai  pas  encore  parlé,  parce  qu'il  était  en  Italie,  mais 
qui  avait  déjà  débuté  en  l'an  11  et  en  l'an  IV,  en  envoyant  Endy- 
mUm  et  Hippocrate,  se  faisait  remarquer  maintenant  par  de  plus 
petits  tableaux,  des  portraits  et  des  dessins.  Le  plus  ébruité  fut 
le  portrait  de  lf''«  Lange  qui,  par  suite  de  démêlés  entrç  le 
peintre  et  l'actrice,  fut  changé  en  un  tableau  satirique'sur  le 
sujet  de  Danaè.  Peut-être  que,  si  cette  Danaé,  où  le  peintre  avait 


28  INSTITUTIONS. 

mis  toute  son  humeur  et  dépensé  beaucoup  d'érudition,  était  ex- 
posée aujourd'hui  au  grand  Salon  de  Fécole  française,  au  Louvre, 
elle  piquerait  autrement  la  curiosité  que  le  tableau  du  Déluge,  prix 
décennal  qu'on  y  voit  aujourd'hui.  Gros,  le  dernier  et  le  plus 
chaleureux  des  élèves  de  David,  avait  aussi  débuté  aux  Salons  de 
l'an  VI  et  de  l'an  IX  par  les  portraits  du  général  Berthier,  du  gé- 
néral Buonaparte  et  par  le  tableau  de  Sapho  à  LeucaU,  L'oubli  a 
frappé  plusieurs  des  noms  que  je  viens  de  compter,  et  Técole 
tout  entière  n'a  point  échappé  à  la  réprobation  et  au  mépris  de 
la  génération  qui  a  suivi,  mais  c'est  surtout  parce  qu'on  l'a  jugée 
sur  ses  derniers  ouvrages.  Je  ne  la  suivrai  pas  dans  les  Salons 
du  Consulat  à  vie  et  de  l'Empire  ;  là  en  effet  tous  les  sujet^î  histo- 
riques aboutirent  à  des  batailles  et  à  une  gloire  égoïste.  Callet 
peignit  Buonaparte  au  18  brumaire,  Gros  le  peignit  à  Jaffa, 
C.  Vernet  à  Marengo*,  Isabey  à  Sèvres.  Il  était  réservée  David  de 
fournir  les  plus  vastes  toiles  à  l'apothéose  pittoresque  de  l'Em- 
pire, depuis  le  passage  des  Alpes  jusqu'au  Sacre  et  à  la  Distribu- 
tion des  aigles  ;  mais  alors  l'art  dont  j'ai  voulu  faire  l'histoire  a 
sombré.  Deux  parts  sont  à  faire  dans  l'école  de  David  ;  l'Empire 
n'a  eu  de  cette  école  que  la  queue;  sa  tête  est  à  la  Révolution. 
Quand  on  la  jugera  sur  ses  œuvres  les  plus  vitales,  celles  de  sa 
jeunesse,  et  qu'on  la  considérera  dans  ses  propres  relations,  on 
reconnaîtra  que ,  dans  ses  sujets  antiques,  elle  est  restée  l'inter- 
prète de  son  temps,  qu'elle  a  montré  une  grande  puissance  de 
dessin,  une  fière  expression  de  la  pensée.  Son  tort  fut  d'être  fac- 
tice, forcée,  et  d'oublier  souvent  la  nature  et  le  cœur  pour  l'aca- 
démie et  l'engouement.  Il  ne  lui  manqua  même  pas  l'exagération 
fanatique  qui  ne  s'attache  qu'aux  grandes  écoles.  Les  coutempor 
rains  se  souviennent  avec  étonnement  des  tableaux  exposés  par 
Queylar  :  Ossian  chantant  Vhymne  funèbre  dune  jeune  fille,  Danaé 
et  son  fils  exposés  sur  les  flots.  Le  peintre  y  avait  appliqué  la  théo- 

1.  Ce  portrait,  qui  fut  gravé  à  Milan  par  Longhi,  passait  bAots  pour  le  plus 
ressemblant  de  tous  les  portraits  de  Buon^>arte.  V.  Tannonce  du  Moniteur, 
15  ventôse  an  VIT. 


^ 


SALONS  DE  UAN  VI  A  L*AN   X.  29 

• 

rie,  dite  des  primitifs,  qui  renchérissait  sur  David  dans  Tinfa- 
tuation  de  Tantique. 

David  lui-même,  qui  semblait  vouloir  laisser  le  champ  libre  à 
ses  élèves,  n'exposa  rien  dans  ces  Salons,  mais,  en  Tan  VIII,  il  fit 
une  exposition  particulière  dans  son  atelier,  au  Louvre,  de  quel- 
ques anciens  ouvrages  et  du  tableau  des  Sabines,  qui  est  resté  le 
chef-d'œuvre  de  l'école. 

Regnault  avait  maintenu  cependant  son  crédit,  malgré  les  ana- 
thèmes  de  David,  et  il  voulut  aussi  avoir  son  exposition.  La  même 
année  il  appela  le  public  dans  son  atelier,  où  étaient  ses  tableaux 
les  plus  récents:  la  Mort  de  Clèopâtre,  Hercule  et  Alceste,  les  Trois 
Grâces*.  En  songeant  à  ces  ouvrages  tempérés,  faciles,  et  de  peu 
d'originalité,  il  nous  paraît  singulier  d'apprendre  que  David  les 
disait  infectés  du  virus  académique,  et  qu'il  croyait,  lui,  s'en  être 
guéri.  Pour  des  juges  désintéressés,  la  manière  de  Regnault  n'é- 
tait qu'un  compromis  facile  entre  les  Académies  anciennes  et  les 
nouvelles^  italiennes  et  françaises.  Les  élèves  qu'il  produisit  se 
distinguent  à  peine  pour  nous  de  ceux  de  David.  C'était  d'abord 
Guérin,  qui  eut  un  succès  d'enthousiasme  au  Salon  de  l'an  VIL 
Son  tableau  avait  pour  titre  :  Marcus  Sextus,  échappé  aux  pro- 
scriptions de  Sylla,  trouve  à  son  retour  sa  fille  en  pleui's  auprès  de 
sa  femme  expirée.  Le  sujet,  plus  encorç  que  la  peinture,  fait 
comprendre  l'admiration  publique;  elle  ne  fit  que  s'accroître 
dans  les  Salons  suivants,  ou  la  Séduction,  Orphée,  Phèdre  et  Hip- 
polyte  réunirent  les  suffrages,  qui  ne  s'accordent  pas  toujours,  des 
connaisseurs  et  des  âmes  sensibles.  Il  y  eut  aussi  quelque  succès 
pour  Landon,  qui  obtint  un  prix  en  l'an  X  pour  son  tableau  de 
Paul  et  Virginie. 

Parmi  les  peintres  sortis  d'autres  écoles,  mais  tous  gravitant 
autour  de  David,  on  doit  citer  encore  Meynier ,  qui  peignit  les 
Muses  et  Apollon;  Mérimée,  auteur  de  l'Innocence,  de  Vertumiw  et 
Pomone;  Thévenin,  qui  exposa  deux  sujets  diCiuéls,  Augereau  au  ^ 
pont  d'Aréole  et  la  Prise  de  Gaéte;  Perrin,  qui  exposait  depuis 

i.  Ce  tableau  appartient  à  M.  Lacaze  (A.  de  M.). 


30  ,  INSTITUTIONS. 

Tan  II,  et,  en  Tan  X,  obtint  un  prix  pour  son  tableau  de  Socraie 
surprenant  Alcibiade  entre  les  bras  de  la  Volupté. 

Au  milieu  d'un  tel  déployement  mythologique  et  héroïque,  peu 
de  faveur  ^tait  réservé  aux  sujets  de  genre,  et  Ton  ne  trouve  à 
ajouter  aux  noms  des  peintres  cités  dans  les  Salons  précédents 
que  Ponce  Camus,  Bonnemaison,  Leroy.  Plusieurs  attiraient  ce- 
pendant l'attention  dans  un  genre  intermédiaire,  en  traitant 
familièrement  des  sujets  antiques.  On  trouvait  dans  les  tableaux 
de  M*"®  Chaudet  la  simplicité  sculpturale  unie  à  la  grâce  du 
dessin,  à  la  douceur  du  coloris,  et  plus  de  sérieux  que  ne  le 
ferait  supposer  leur  titre  :  la  Petite  fille  et  son  chien^  la  Jeune  fille  et 
son  chat.  La  citoyenne  Gérard,  dans  des  sujets  plus  tournés  au  sen- 
timent :  une  Jeune  fille  effeuillant  une  marguerite,  les  Jeunes  époux 
lisant  leurs  lettres  d'amour;  la  citoyenne  Ledoux  et  la  citoyenne 
Mayer,  dans  des  tableaux  dont  le  sentiment  des  jeunes  filles  fai- 
sait aussi  le  sujet,  gardaient,  comme  sous  des  cendres  un  peu  re- 
froidies, quelque  chose  du  feu  et  des  lueurs  de  Fragonard  et  de 
Greuze.  Ces  derniers  représentants  d'une  peinture  passée  vivaient 
encore,  et  c'est  parmi  les  femmes  qu'ils  avaient  trouvé  leurs 
meilleurs  élèves.  Le  mérite  des  femmes  et  leur  vaillante  partici- 
pation aux  arts  est  un  des  titres  distinctifs  de  ce  temps.  Il  y  en 
eut,  comme  la  citoyenne  Benoist,  et,  plus  tard,  M^^*'  Mongez,  qui 
ne  craignirent  pas  d'être  initiées  aux  pratiques  les  plus  viriles 
de  l'atelier  de  David.  Beaucoup  se  livraient  au  portrait.  La  ci- 
toyenne Guyard-Laville,  qui  épousa  ensuite  Vincent,  se  fît  une 
réputation  en  ce  genre. 

Les  portraits,  pratiqués  avec  un  égal  succès  par  les  peintres 
d'histoire  et  par  les  peintres  de  genre,  trouvaient  alors  leurs 
princes  dans  des  illustrations  civiles  ou  littéraires  et  dans  les 
femmes.  C'étaient  le  représentant  nègre  des  colonies,  Belley,  par 
Girodet;  la  Famille  de  l orfèvre  Auguste,  par  Gérard  j  Bréguet,  par 
Bonnemaison  ;  la  citoyenne  Candeille,  appuyée  sur  sa  harpe,  par 
Kinson  ;  la  citoyenne  Pipelet;  par  Desoria  ;  la  citoyenne  Saint-Au- 
bin, dans  le  rôle  de  Lisbeth,  par  Bouché;  la  citoyenne  Mars,  par 
la  citoyenne  Capet,  élève  de  la  citoyenne  Guyard. 


• 


-\ 


t 
i^ 


.0 


V> kV^ 


^'' 


SALOiNS  DE  L'AN  YI  A  L*AN   X.  31 

Le  paysage  ne  se  relève  guère  de  la  pénurie  où  nous  l'avons 
vu.  A  la  place  de  nouveaux  paysagistes  on  trouvera  maintenant  à 
citer  des  peintres  qui  n*ont  vu  que  fort  indirectement  la  nature  : 
Granet,  élève  de  David,  qui  débute  en  l'an  Vil  avec  ses  intérieurs  ; 
Crépin,  élève  de  Regnault,  qui  expose  des  marines,  et  Lejeune, 
élève  de  Valenciennes,  qui  commence  ses  batailles. 

On  est  étonné  de  trouver,  dans  les  Salons  de  Tan  VI  à  Tan  X, 
aussi  peu  de  sujets  nationaux  et  contemporains.  On  voit,  il  est 
vrai,  dans  les  premiers,  le  Triomphe  du  peuple  dans  la  journée  du 
10  août,  par  Hennequin,  où  le  peintre  avait  représenté,  sous  des 
couleurs  sanglantes  et  des  formes  aiguës,  le  peuple  en  Hercule  et 
la  Liberté  en  déesse,  avec  les  accompagnements  et  les  oppositions 
obligées,  la  Vérité  et  la  Discorde;  le  Neuf  thermidor,  par  Mouchet, 
autre  allégorie  qui  n'évitait  Thorreur  qu'en  tombant  dans  la  plati- 
tude. On  remarque  encore  dans  les  Salons  suivants  quelques  sujets 
militaires,  Augereau  au  pont  d'Arcole,  par  Thévenin  ;  la  Mort  de 
Marceau,  par  Lejeune;  une  Esquisse  sur  V armée  d'Italie,  par  La- 
fitte;  le  général  Budnaparte  recevant  des  prisonniers  sur  le  champ 
de  bataille^  par  Taunay  ;  mais,  pour  Tart  tel  qu'il  était  alors 
constitué,  toutes  les  passions  contemporaines  posaient  en  réalité 
sous  des  titres  antiques.  Périclès  et  Gracchus  étaient  nos  magis* 
trats  et  nos  législateurs;  Marcus  Sextus,  un  proscrit  rentrant  dans 
son  foyer;  Bélisairc,  Orphée,  Oreste,  Philoctète  n'étaient  que  le 
prétexte  à  des  peintures  de  malheurs  dont  tous  avaient  été 
atteints;  en  voyant  Antigone  et  Aspasie,  chacun  songeait  à  la 
femme  dévouée,  à  la  beauté  charitable,  et  l'allégorie  était  entrée 
dans  les  mœurs  au  point  d'instituer  un  véritable  paganisme; 
l'Innocence  n'était  qu'une  jeune  fille  à  peine  couverte  de  quelques 
draperies  blanches  entre  des  fleurs  et  des  colombes,  et  l'Amour, 
cet  immortel  enfant,  alors  fort  grandi  et  intervenant  en  personne 
dans  les  plus  vives  compositions,  obtenait  les  hommages  les  plus 
réels  et  les  plus  nombreux. 

On  chercherait  en  vain  un  sujet  religieux  :  ils  avaient  disparu 
depuis  1791  et  ne  reparurent  qu'en  l'an  Xll,  fort  modestement  et 
par  le  tableau  d'un  inconnu,  Nivard,  quisuivait  la  voie  de  réac- 


32  INSTITUTIONS. 

lion  tracée  dans  le  Génie  du  ChrUtianisme  ;  c'était  une  Procession 
du  culte  catholique  dans  la  campagne.' 

Pour  compléter  l'idée  qu'on  peut  se  faire  du  mouvement  de 
Tart  d'une  époque  renouvelée  et  variée  plus  qu'on  ne  peut  le  dire, 
il  faut,  presque  sur  la  même  ligne,  placer  les  dessins,  qui  don- 
nent tant  de  physionomie  aux  Salons  delà  République.  Le  dessin 
était  plus  honoré  dans  les  écoles  qu'il  ne  l'est  aujourd'hui.  David 
faisait  dessiner  longtemps  ses  élèves  avant  de  les  admettre  à  la 
peinturé.  Beaucoup  de  peintres,  célèbres  par  leurs  grands  tra- 
vaux, Lebarbier,  CarafTe,  Gérard,  Girodet,  Monsiau,  Chaudet, 
eurent  recours  à  ce  moyen  prompt  de  produire  leurs  idées.  Plu- 
sieurs, tels  que  Fragonard  fils,  Isabey,  Carie  Vernet,  Lafitte, 
Percier,  avaient  établi  leur  réputation  sur  des  dessins;  Prudhon  y 
avait  mis  tout  son  génie.  Les  dessinateurs  se  distinguaient  même 
dans  les  portraits  ;  Isabey  avait  attiré  tous  les  regards  avec  le 
portrait  de  M*^ Lange,  et  Boilly  avec  V Atelier  d' Isabey,  où  il  avait 
réuni  les  portraits  de  tous  les  artistes  célèbres  de  son  temps.' 
Hilaire  Ledru  et  Henri  avaient  acquis  dans  ce  genre  une  grande 
popularité.  Cette  aptitude  générale  atteste  combien  les  principes 
et  les  idées  étaient  chers  à  cette  génération  d'artistes  qui  ne  se 
payait  pas  de  mots,  qui  manquait  de  chic,  de  pâte  et  de  touche, 
ainsi  qu'on  le  dit  aujourd'hui,  mais  qui  n'en  tiendra  pas  moins 
sa  belle  place  au  soleil,  même  après  que  l'école  romantique, 
récole  réaliste  et  l'école  préraphaélite  auront  pris  toute  la  leur. 


8.    —  SCULPTURE. 

J'ai  omis,  dans  la  revue  des  Salons  de  la  République^  de  parler 
des  sculptures,  pour  en  présenter  l'état  d'ensemble. 

La  sculpture,  art  plus  essentiellement  public  et  national,  reçut 
de  la  Révolution  une  impulsion  aussi  grande  que  le  permirent  le 
calme  et  la  lenteur  du  travail  du  ciseau.  Beaucoup  de  ces  travaux 
n'aboutirent  pas,  ou  ne  furent  exécutés  qu'en  argile.  11  fallut 


SALONS  DE  L'AN   VI  A  L'AN  X.  —  SCULPTURE.  33 

souvent  suppléer  au  temps  par  des  moyens  factices,  par  des  mo- 
delages improvisés  en  plâtre  et  en  carton.  Mais  tout  n*est  point 
à  dédaigner  dans  ces  œuvres  d*un  jour;  la  Renaissance  en  a  pro- 
duit qui  excitent  encore  l'admiration  quand  on  en  trouve  Timage. 
Les  sculpteurs  n'avaient  pas  eu  depuis  longtemps  d'aussi  heu- 
reuses circonstances  que  celles  qui  s'ouvraient  à  leur  art  ;  ils  sai- 
sirent avec  avidité  les  grandes  idées  que  la  Révolution  apportait, 
car  elles  étaient  de  celles  que  le  marbre  seul  semble  pouvoir  tra- 
duire, tant  il  y  a  d'immortalité  et  d'immuabilité  dans  leur  essence. 
Je  fais  l'histoire  de  la  sculpture  moins  encore  que  celle  de  la 
peinture;  ces  arts  trouveront,  s'ils  n'ont  déjà  trouvé,  des  histo- 
riens plus  aptes;  mais  je  tiens  à  signaler  ce  mouvement  extraor- 
dinaire dans  l'histoire  de  la  sculpture  française,  parce  qu'il 
a  été  méconnu. du  plus  éclairé  de  nos  historiens  d'art,  Émeric 
David. 

Un  renouvellement  des  études,  un  retour  à  la  vérité  et  à  Tan-         c 
tique  était  opéré  déjà  dans  la  sculpture  avant  la  Révolution.  Il        c 
était  dû  à  Pigalle,  qui  avait  sculpté  le  Voltaire  nu  ;  à  Pajou,  à  ^ 

Goîs  ;  à  Houdon,  qui  avait  fait  le  Voltaire  en  toge  et  le  président  ^ 

Washington;  à  Julien,  qui  avait  fait  la  Galatée  de  la  laiterie  de 
Rambouillet;  c'étaient  là  les  grandes  réputations  académiques 
illustrées  dans  les  expositions  jusqu'à  1789.  Des  académiciens 
plus  jeunes,  qui  avaient  cependant  plus  de  quarante  ans  quand 
la  Révolution  commença,  Boizot,  Stouf,  Roland ,  Boichot,  Moitte, 
retrempèrent  tous  leur  talent  dans  la  nouveauté  et  l'abondance 
des  sujets  qui  leur  furent  fournis.  Dans  les  Salons  de  l'an  II 
et  de  l'an  IV,  dans  les  concours  pour  les  figures  du  Panthéon  et 
pour  les  monuments  à  ériger  sur  les  places  publiques,  on  vit 
ces  artistes  et  quelques-uns  des  plus  vieux  s'évertuer  dans  les 
représentations  nouvelles  :  la  Liberté,  la  République,  la  Force, 
la  Loi,  le  monument  de  Voltaire,  la  statue  de  Rousseau.  11  n'y  a 
pas  jusqu'au  ciseau  de  Glodion,  façonné  aux  bacchanales  du 
XVIIl*  siècle,  qui  ne  parut  avec  des  allures  d'une  énergie  sévère 
dans  un  groupe  du  Déluge.  Mais  les  sculpteurs  qu'on  peut  tenir 
pour  les  fils  les  plus  chéris  de  la  Révolution  furent  ceux  de  la 

3 


»  I 


(   ■  ■ 


I 


3i  INSTITUTIONS. 

génération  qui  suivit.  Beauvallet,  Michallon,  Ramey,  Cartellier, 
Espercîeux,  Lesueur,  Chaudet,  Dumont,  Bridan  fils,  Ghinard,  âgés 
alors  de  vingt-<:inq  à  trente  ans,  membres  du  Jury  du  concours  ou 
de  la  Société  populaire,  produisirent  leurs  premières  et  leurs  plus 
belles  sculptures  dans  les  Salons  de  la  République;  jusqu'à  Lemot, 
qui,  en  1790,  remporta  le  grand  prix,  et  Callamard,  grand  prix 
de  Tan  VI,  qui  mourut  tfès-jeune,  emportant  toutes  les  espé- 
rances de  la  critique.  Dans  le  concours  de  Tan  111,  institué  par 
le  Comité  de  salut  public,  dont  les  sujets  étaient  la  figure  du 
Peuple,  la  figure  de  la  Liberté,  la  statue  de  la  Nature,  et  la  statue 
de  Rousseau ,  les  premiers  prix  furent  obtenus  par  Ramey,  Le- 
mot,  Dumont,  Michallon  de  Lyon,  Gartellier,  Suzanne,  Moitte, 
Gbaudet,  Espercieux,  Morgan  d'Âbbeville.  La  plupart  de  ces 
artistes,  devenus  célèbres,  ont  été  englobés  dans  la  gloire  de 
l'Empire  ;  quelques-uns  ont  même  été  ralliés  au  giron  de  la  Res- 
tauration par  leur  historiographe,  Quatremère  de  Quincy  ;  leur 
talent  vient  de  plus  loin  et  de  plus  haut. 

Le  plus  révolutionnaire  de  ces  sculpteurs,  Beauvallet,  ne  fut 
pas  le  plus  habile.  On  ne  sait  trop  ce  que  pouvait  être  la  Mon- 
tagne, esquisse  en  terre  cuite  qui  parut  au  Salon  de  Tan  H.  Maïs 
on  connaît  trop  les  bustes  de  Lepelletier,  de  Marat  et  de  Chaiier, 
qui  furent  offerts  à  la  Convention,  et  reproduits  en  grand  nombre 
pour  figurer  dans  toutes  les  assemblées  populaires.  Romme  dit 
que  le  buste  de  Lepelletier,  représenté  dans  le  costume  sévère 
d'un  sénateur  républicain,  était  digne  de  rester  à  la  postérité; 
l'auteur  fut  couronné  dans  une  séance  du  Lycée  des  arts,  inais 
Detoumelle  trouvait  tous  ces  bustes  fort  loin  du  sublime  que  doit 
enfanter  dans  les  arts  notre  Révolution.  11  manquait  dans  l'un 
l'expression  de  bonhomie  de  Ghalier,  et  dans  tous  l'ensemble 
généra]  dans  le  mouvement  des  passions  de  Tâme  ^  Les  statues 
de  Moreau  et  de  Bamave,  que  Beauvallet  fit  encore,  ont  obtenu 
plus  d'approbation.  Beauvallet  était  dessinateur  et  même  gra- 
veur. Il  publia,  en  l'an  XII,  un  recueil  de  fragments  d'ardiUecture, 

1.  Journal  de  la  Société  républicaine  des  arts,  pago  21. 


i 


SALONS  DE  L'AN   VI  A  L'AN   X.  —  SCULPTURE.  35 

sculpture  et  peinture,  dans  le  style  antique,  composés,  ou  recueil* 
lis,  et  gravés  au  trait  par  Iqi,  et  dé4iés  à  David. 

Ramey  exposa,  de  Tan  II  à  Tan  IX,  unAtiilete  phrygien,  la  figure 
du  Peuple,  J.-J.  Rousseau,  le  Génie  des  arts,  V Amour,  Sapho. 
Cartellier  donna,  de  1791  à  Tan  XII,  la  Nature,  VAmitié^  la  Guerre, 
la  Pudeur,  les  Jeunes  filles  Spartiates,  Aristide,  Vergniaud.  Mî- 
challoD,  Fauteur  du  monument  de  Drouais  à  ^ome,  eut  le  grand 
prix  pour  la  statue  du  Peuple  du  Pont-Neuf,  et  se  signala  par  la 
statue  de Scipion  V Africain  pour  ïe  palais  des  Cinq-Cents,  et  par 
un  buste  de  Jean  Goujon  pour  le  Musée  des  monuments  français  ; 
il  mourut  à  quarante-huit  ans,  le  troisième  jour  complémentaire 
de  l'an  VI.  Lesueur  produisit,  de  Tan  II  à  Tan  VIII,  Œdipe  et  Ami- 
gone,  V  Éducation  publique,  Sapho,  statue  funéraire  de  mademoi" 
selle  Joli  endormie.  Espercieux  fit  la  Foi  conjugale,  la  Liberté,  la 
Paix.  Chaudet  donna,  de  1789  à  Tan  x,  la  Sensibilité,  le  Dévoue^ 
ment  à  la  patrie,  V Instruction  publique,  Paul  et  Virginie,  Cypa- 
risse,  V Amour.  Chînard,  à  Lyon,  avait  orné,  en  1793,  la  Maison 
commune  de  deux  statues  de  la  Liberté  et  de  V Égalité;  en  l'an  VI, 
il  flt  une  esquise  improvisée  pour  le  passage  du  général  Buona- 
parte,  représentant  Mars  arrêté  par  la  Paix  et  couronné  par  la 
Victoire,  et  une  Hébé,  en  Tan  X.  Dumont,  enfin,  exposa  la,Liberté, 
la  Première  image  de  la  mort,  une  Baigneuse,  le  berger  Céphale, 

Dans  toutes  ces  œuvres,  que  je  n'analyse  pas,  il  y  a  une  gran* 
deur  de  conception  si  générale,  une  correction  de  formes  et 
d'ajustements  si  reconnue,  qu'on  peut  affirmer  que  les  siècles  de 
la  monarchie,  à  qui  le  temps  ni  la  fortune  n'ont  manqué,  depuis 
Goillain  et  Sarrasin,  qui  passe  pour  le  régénérateur  de  l'art,  jus- 
qu'à Coustou,  à  l'exception  de  Puget,  qui  ne  dut  rien  à  la  Cour, 
n'ont  rien  produit  d'aussi  grand.  Je  n'entends  pas  déprimer  les 
autres  époques,  pas  même  celle  que  M.  Émeric  David  cite  comme 
le  terme  extrême  de  la  décadence  ;  car,  pour  l'historien  de  l'art, 
Bouchardon  et  Lemoyne  sont  d'excellents  sculpteurs ,  qui  ont  su 
exprimer  sur  le  marbre  les  beautés  frelatées  du  règne  de  ma- 
dame de  Pompadour.  Mais  l'admiration  qu'on  leur  garde  ne  doit 
pas  exclure  celle  qui  est  due  aux  sculpteurs  qui  ont  su  exprimer 


36  INSTITUTIONS. 

les  beautés  et  les  passions  du  règne  de  la  Révolution.  Elle  éclate, 
en  effet,  sous  son  galbe  antique,  cette  beauté  contemporaine, 
dans  les  plus  idéales  statues  de  Ghaudet  ou  de  Gartellier.  On  y 
sent  le  marbre  échauffée  par  l'expression  d'une  vertu  fière  de  sa 
liberté,  et  rappelant  quelque  type  mâle  et  héroïque  jusque  dans 
les  formes  féminines. 


9.   —   MUSÉES. 

Une  destruction  immense  et  aveugle  fut  le  résultat  fatal  de  la 
Révolution;  d'innombrables  objets  d*art  durent  périr  avec  les 
abus  et  les  corruptions,  dont  ils  paraissaient  les  complices.  Ceux 
qui  se  placent  au  point  de  vue  du  passé  peuvent  le  déplorer; 
mais,  le  progrès  accepté,  Thistorien  voit  au  delà  de  ces  gémisse- 
ments. Le  renouvellement  est  la  condition  de  Tart  comme  de 
toutes  les  autres  institutions  humaines,  comme  des  végétations 
mêmes  de  la  nature.  Pour  que  les  produits  se  succèdent  dans  son 
domaine,  il  faut  souvent  que  les  plantes  anciennes  aient  été  arra- 
chées et  que  le  sol  soit  profondément  labouré.  De  bons  semis  y 
périssent  avec  l'ivraie  ;  les  nouvelles  pousses  ne  sont  pas  toujours 
et  nécessairement  supérieures  aux  précédentes,  mais  elles  vivent, 
croissent  et  multiplient;  elles  donnent  à  la  génération  qui  vient 
les  seules  fleurs  et  les  seuls  fruits  dont  elle  veuille.  Au  milieu  de 
la  crise,  la  Convention,  toute  préoccupée  qu'elle  était  de  l'avenir, 
n*oublia  pas  les  intérêts  de  la  science  et  de  l'art;  dans  des  ruines 
inévitables ,  mais  trop  souvent  exagérées  par  les  plus  mauvais 
sentiments,  elle  donna  toujours  des  avertissements  aussi  éclairés 
que  sévères.  Les  beaux  rapports  de  Grégoire  sur  le  vandalisme 
resteront  les  témoignages  de  sa  sollicitude  et  de  ses  lumières  ;  les 
vues  les  plus  hautes  sur  la  mission  civilisatrice  de  la  Révolution 
viennent  toujours  s'y  mêler  aux  dénonciations  les  plus  vives  des 
méfaits  commis  par  l'ignorance  et  la  friponnerie,  aux  instruc- 
tions les  plus  justes  sur  la  valeur  historique  des  divers  monu- 


MUSÉES.  37 

ments  :  «  La  France  est  vraiment  un  nouveau  monde.  Sa  nou- 
velle organisation  sociale  présente  un  phénomène  unique  dans 
rétendue  des  âges,  et  peut-être  n*a-t-on  pas  encore  observé 
qu'outre  le  matériel  des  connaissances  humaines ,  par  Teffet 
de  la  Révolution  elle  possède  exclusivement  une  foule  d'élé- 
ments, de  combinaisons  nouvelles,  prises  dans  la  nature,  et 
d'inépuisables  moyens  pour  mettre  à  profit  sa  résurrection 
politique  ^.  » 

Les  trop  courtes  années  de  la  République  ne  furent  pas  seule- 
ment fécondes  en  nouveautés  de  tout  ordre;  elles  saisirent  aussi, 
mieux  qu'on  n'avait  jamais  fait,  la  valeur  des  oeuvres  du  passé 
comme  étude  et  comme  histoire.  Au  milieu  des  préoccupations 
politiques,  la  science  eut  sa  large  part;  la  Convention  s'occupa, 
dans  plusieurs  décrets,  de  la  conservation  des  objets  d'art  et  de 
l'organisation  des  musées. 

Quelques  jours  après  le  10  août,  le  sac  des  Tuileries  et 
l'abandon  des  résidences  royales,  des  palais,  des  hôtels  et  des 
^lises,  ayant  mis  en  dispersion  un  grand  nombre  de  tableaux  et . 
d'objets  d'art,  l'Assemblée  législative  avait  décrété  leur  réinté- 
gration et  chargé  le  ministre  Roland  de  la  formation  d'un 
muséum  national.  Une  commission  fut  nommée  à, cet  effet,  com- 
posée d'artistes  et  d'experts  recommandables  :  Vincent,  Regnault, 
JoHain,  Pasquter  et  Lebossu.  Le  Musée  s'ouvrit,  l'année  suivante 
et  le  10  aoûtj  dans  la  galerie  du  Louvre,  sous  le  itre  de  Musée 
central  des  arts.  En  nivôse  an  II,  la  Convention ,  sur  le  rapport 
de  David,  organisa  le  conservatoire  du  Muséum  en  quatre  sec- 
tions, où  furent  appelés  Fragonard,  Bonvoisin,  Lesueur  et  Pi- 
cault  pour  la  peinture  ;  Dardel  et  Dupasquier  pour  la  sculpture; 
David,  Leroy  et  Launoy  pour  l'architecture;  Wicar  et  Varon  pour 
les  antiquités.  Ce  conservatoire  s'occupa  incessamment  de  l'ar- 
rangement des  objets  qui  arrivaient  tous  les  jours  au  Muséum 

i.  Rapport  sur  les  destructions  opérées  par  le  vandalisme  et  sur  les  moyens 
de  le  réprimer,  par  Grégoire.  Séance  du  14  fructidor,  an  second.  In-8*,  de  Tlm- 
primerie  nationale ,  p.  22. 


38  liNSTITUTIONS. 

par  les  réintégrations  de  l'intérieur  et  par  les  conquêtes  de  nos 
armées,  de  la  restauration  des  tableaux,  de  rétablissement  de 
rimmense  parquet,  qui  remplaça  Taire  de  plâtre  qu*on  y  voyait 
auparavant,  et  des  mesures  qui  facilitaient  l'entrée  au  public  et 
l'étude  aux  artistes. 

À  côté  de  ce  Conservatoire,  une  Commission  temporaire  des 
arts  et  des  sciences  avait  été  instituée  par  le  Comité  d'instruction 
publique,  en  frimaire  an  II,  pour  veiller  à  l'exécution  des  décrets 
nombreux  qui  avaient  été  rendus  par  la  Convention  sur  les 
rapports  de  Grégoire,  de  Homme,  de  Lakanal,  et  qui  concernaient 
la  conservation  des  objets  des  sciences  et  des  arts,  leur  transport, 
leur  réunion  dans  des  dépôts  convenables,  leur  description  et  leur 
classement.  Cette  commission,  dont  faisaient  partie  des  savants, 
Monge,  Berthollet ,  Vicq-d'Azy r,  Prony,  Barbier,  Poirier,  et  des 
artistes,  Peyron ,  Bonvoisin  et  Naigeon,  distribua  une  instruction 
sur  la  manière  d'inventorier  et  de  conserver  dans  toute  l'étendue 
de  la  République  tous  les  objets  qui  peuvent  servir  aux  arts  *  ;  sa 
rédaction,  signée  de  Vicq-d'Azyr  et  de  Poirier,  ajoutait  aux 
recommandations  pratiques  les  plus  minutieuses  les  plus  belles 
considérations  sur  ces  arts,  appelés  autrefois  arts  d'agrément, 
mais  qu'on  appellerait  plus  justement  arts  de  l'histoire.  De  tous 
ces  soins,  il  résulta  bientôt  que  Paris  posséda ,  pour  les  arts  seu* 
lement,  quatre  grands  établissements  :  le  Musée  central  du 
Louvre,  la  galerie  du  Luxemboui^,  le  dépôt  des  Petits-Augustins 
et  le  dépôt  de  l'hôtel  de  Nesle.  On  fonda  en  outre  un  musée 
spécial  de  l'École  française  k  Versailles. 

Le  dépôt  provisoire  des  Petits-Augustins,  où  Alexandre  Lenoir 
avait  rassemblé,  avec  un  goût  bien  rare  dans  ce  temps,  les 
sculptures,  exhumées  des  couvents,  des  églises  et  deâ  palais 
gothiques,  ouvert  au  public  dès  le  10  août  1793,  fut  organisé  en 

1.  Instruction  sur  la  manière  d'inventorier  et  de  conserver  dans  toute 
Vétendue  de  la  République  tous  les  objets  qui  peuvent  servir  atix  arts,  aiuc 
sciences  et  à  l'enseignement ,  proposée  par  la  Commission  temporaire  des  arts 
et  adoptée  par  le  Comité  dMnstruction  publique  de  la  Convention  nationale. 
Paris,  de  rimprimerie  nationale,  Tan  II  de  la  République.  In-4*,  70  pages. 


MUSÉES.  39 

musée  des  noionuments  français,  le  15  fructidor  de  Tan  111.  U  les 
avait  recueillis,  ainsi  qu*il  le  disait,  sous  la  lave  brûlante  du 
Vésuve^ y  et  ses  soins,  comme  on  voit,  furent  bien  reconnus  de 
l'autorité. 

On  a  publié  quelque  part  la  liste  des  littérateurs  et  des  artistes 
pensionnés  de  Louis  XIV ,  et,  si  je  m*en  souviens,  cette  liste  est 
loin  de  répondre  à  la  réputation  du  règne.  Qu'on  jette  les  yeux 
sur  celle  qui  fut  adoptée  par  la  Convention ,  le  27  vendémiaire 
an  II  et  le  28  germinal  an  III,  sur  les  rapports  de  Ghénier  et  de 
Daunou*,  et  Ton  se  convaincra  que  tous  les  talents  et  toutes  les 
misères  y  étaient  considérés.  Je  ne  citerai  que  les  noms  suivants 
de  savants  et  de  littérateurs,  sur  une  liste  de  plus  cent  cinquante  : 
Adanson ,  Anquetil ,  Bossut,  Delille,  Ducis;  Laharpe,  Larcher, 
Lalande,  Lamarck,  Lebrun,  Montucla,  Oberlin ,  Saint-Lambert, 
Andrieux,  Collin-d'HarlevilIe ,  Gueroult,  Lacretelle,  Mentelle, 
Pamy,  Poirier,  Rétif  de  La  Bretonne,  Barthélémy,  Brunck,  Nai- 
geon,  Pannentier,  Sedaine,  Gail,  Millin,  Sylvestre  Sacy,  Robert 
Vaugondy.  Les  principaux  artistes  qu'on  voit  figurer  sur  cette  liste 
sont  Prudhqp ,  Regnault,  Ramey,  Suvée,  Carie  Vernet,  Gérard; 
Sablet,  Moitte,  Vincent,  Vien,  Devosge.  La  Convention,  avant  de 
se  séparer,  avait  fondé  l'Institut  national.  Dans  cette  première 
organisation  en  trois  classes,  décrétée  le  3  brumaire  an  IV,  sur  le 
rapport  de  Lakanal,  la  section  de  peinture,  comprise  dans  la  classe 
de  la  littérature  et  des  beaux-arts,  fut  composée  de  six  membres  : 
Vincent,  Regnault,  Vien,  David,  Taunay  et  Van  Spaendonck.  La 
plus  terrible  magistrature,  la  Commune,  ne  manqua  pas  de  zèle 
pour  les  arts  et  pour  les  lettres.  Elle  avait  placé  une  garde  parti- 
culière au  Muséum  -,  elle  demanda  un  concours  pour  la  restau- 
ration des  tableaux,  et  l'on  sait,  entre  autres  faits,  qu'elle  fit 

i.  Notice  sticcinctê  des  objets  de  sculpture  et  architecture  réunis  au  Dépôt 
provisoire  natiotial,  rue  des  Petits-Augustins ,  par  Alexandre  Lenoir,  garde 
dndit  Dépôt,  1793,  in-S*.  —  Notice  historique  des  monuments  des  arts  réunis 
au  Dépôi  national,  rue  des  Petits-Augustins,  par  Alexandre  Lenoir.  Paris, 
ran  IV,  in-S*. 

2.  Moniteur  universel ,  i7  nWtae  et  29  germinal  an  III. 


40  INSTITUTIONS. 

fermer  le  théâtre  Mohtansier  comme  trop  voisin  de  la  Bibliothèque 
nationale. 

Le  Muséum,  bientôt  enrichi  par  les  envois  des  armées  de 
Sambre-et-Meuse,  du  Rhin  et  d'Italie,  put  agrandir  sa  galerie  et 
en  former  de  nouvelles.  En  l'an  V  s'ouvrit  la  collection  des  dessins 
originaux  dans  la  galerie  d'Apollon  ;  quelques  mois  après,  la  chal- 
cographie, proposée  par  le  général  Pommereul,  fut  instituée  par 
le  ministre  Benezech  ^  et,  la  même  année,  fut  arrêtée  la  création 
des  musées  de  département  dotés  par  le  Musée  central  *.  La 
galerie  des  antiques  avait  été  disposée  avec  autant  de  savoir  que 
de  magnificence,  sous  la  direction  de  Visconti.  Le  Cabinet  des 
médailles,  incessamment  enrichi  comme  tous  les  autres  dépôts 
publics,  s'était  réorganisé  par  la  nomination  de  Millin,  qui  déjà, 
par  une  loi  de  Tan  IV,  avait  été  chargé  d'un  cours  public  d'anti- 
quités, pour  la  plus  heureuse  instruction  du  public.  Le  jardin  des 
Tuileries  avait  été  embelli  d'une  nombreuse  réunion  de  statues 
comprenant  les  chefs-d'œuvre  de  l'art  moderne  et  les  copies  des 
plus  beaux  morceaux  antiques  ^.  Par  un  arrêté  du  Directoire  de 

1.  Chalcographie  française,  par  le  général  Pommereul,  De  l'curt  de  voir  dans 
les  beaiÂX-arts,  Paris,  an  VI,  in-S**,  p.  257.  Le  graveur  Guyot  avait  de  son  côté 
proposé  au  gouvernement  un  projet  sur  le  même  sujet  :  Plan  d'un  conserva^ 
toire  ou  muséum  de  gravures^  deux  parties,  in-S*,  Paris,  an  V. 

2.  Les  lettres  des  ministres  de  Tintérieur  Benezech,  Letourneur  et  François 
de  Neufch&teau,  ainsi  que  le  rapport  de  Heurtaut  Lamerville  au  Conseil  des 
Cinq-Cents,  sur  les  musées  des  départements,  sont  cités  dans  une  publication 
de  1848  :  Travaux  de  M,  de  Chennevières,  préparatoires  et  explicatifs  du 
rapport  adressé  par  M.  le  Directeur  des  musées  nationaux  à  M,  le  Ministre  de 
l'intérieur  sur  la  nécessité  de  relier  les  mutsées  des  départements  au  muses 
central  du  Louvre,  Paris,  imprimerie  de  Lacour,  45  pages,  in-8*.Le  ministre  de 
rintérieur  Chaptal  sanctionna  cette  création  par  son  rapport  aux  Consuls,  suivi 
de  Tarrêté  du  14  fructidor  an  VIII,  qui  a  été  imprimé  par  M.  Clément  de  Ris,  dans 
les  Musées  de  Province,  Paris,  Renouard,  1859,  in-8*,  t.  II.  Il  s'est  plu  à  faire  hon- 
neur de  cette  institution  au  premier  Consul,  qui  ne  fit  en  ceci  que  suivre  une 
impulsion  donnée  et  Tabandonna  dès  quMl  fut  livré  à  ses  propres  inspirations. 

3.  Description  des  statues  des  Tuileries,  pdi  Millin,  conservateur  du  Muséum 
des  antiques  à  la  Bibliothèque  nationale  et  professeur  national  d'histoire  et 
d'antiquités.  Paris,  an  VI,  in-12. 


THÉORIES.  41 

Tan  Vi,  rÉcole  de  France  à  Rome  fut  rétablie,  Suvée  envoyé 
comme  directeur,  et,  avec  lui,  quinze  élèves,  qui  avaient  rem- 
porté des  prix  depuis  1791,  et  parmi  lesquels  étaient  les  peintres 
Lafitte,  Thévenin,  Landon  et  Guérin,  les  sculpteurs  Lemot  et 
Callamard. 

Toutes  ces  fondations  nationales,  que  le  gouvernement  qui 
suivit  n'a  fait  que  développer,  doivent  faire  comprendre,  non 
moins  que  la  fécondité  des  Salons,  le  mouvement  et  Texaltation 
qui  alors  se  portaient  sur  Tart  et  qui  vinrent  se  traduire  dans  la 
fête  des  Arts,  solennité  inouïe  du  9  thermidor  an  VI.  C'est  en  toute 
vérité  que  Lebrun  y  chantait  : 

France  heureuse!  quelle  est  ta  gloire! 

Vicq-d'Azyr  et  Poirier  ne  déclamaient  pas;  ils  ne  faisaient 
que  répondre  exactement  à  la  pensée  la  plus  haute  du  moment, 
quand  ils  disaient  dans  leur  instruction  :  «  Et  toi ,  peuple  fran- 
çais, déclare-toi  l'ennemi  de  tous  les  ennemis  des  lettres.  Couvre 
surtout  les  arts  de  ta,  puissante  égide  et  sois  le  conservateur  de 
leurs  travaux,  afin  que  tu  puisses  dire  un  jour,  comme  Démétrius 
Poliorcète  :  «  J'ai  fait  la  guerre  aux  tyrans;  mais  les  arts,  les 
«  sciences  et  les  lettres  n*ont  jamais  en  vain  réclamé  mon  appui.  » 


10.   —   THÉORIES. 


Les  exaltés  de  l'art  ne  manquaient  pas  d'ailleurs  parmi  les 
écrivains  et  les  théoriciens.  L.a  question  de  l'influence  de  la  pein- 
ture sur  les  mœurs  et  le  gouvernement  ayant  été  mise  au  con- 
cours par  la  section  de  l'Institut,  voici  comment  elle  fut  envisagée 
dans  le  mémoire  qui  obtint  le  prix.  Considérant  d'abord  l'art 
ancien,  où  les  Athéniens  seuls  ont  fait  servir  la  peinture  à  la 
défense  de  la  liberté  comme  les  prêtres  catholiques  l'ont  fait  ser- 
vir au  maintien  de  leur  religion  et  de  leur  puissance ,  l'auteur 


42  INSTITUTIONS. 

voudrait  que  le  législateur  fit  tourner  aussi  la  peinture  à  la  pro- 
pagation des  vertus  qui  composent  le  caractère  nationaK  H 
constate  la  situation  de  la  France,  qui,  par  un  contraste  singu- 
lier, mais  qu'expliquent  sa  gloire  militaire  et  le  désordre  de  ses 
finances,  rassemble  dans  son  sein  les  tableaux  des  autres  nations 
et  ne  saurait  payer  ceux  de  ses  grands  maîtres,  où  le  bouleverse- 
ment des  fortunes  a  placé  les  richesses  dans  une  classe  nouvelle 
peu  accessible  aux  jouissances  que  procurent  les  beaux  arts.  Le 
gouvernement  n'est  point  assez  riche  pour  acheter  tous  les  chefs- 
d'œuvre  ,  mais  il  doit  du  moins  les  honorer  et  leur  dispenser  la 
gloire  qui  parle  plus  fort  que  l'intérêt  au  cœur  des  artistes  ;  il 
doit  encourager  surtout  les  tableaux  les  plus  propres  à  l'instruction 
du  peuple,  propager  le  goût  des  genres  qui  plaisent  à  la  patrie. 
C'est  ainsi  qu'on  nationalisera  la  peinture.  N'est-ce  pas  une  car- 
rière immense  et  toute  nouvelle  que  d'avoir  à  peindre  l'histoire 
des  peuples  libres,  les  traits  remarquables  de  la  vie  publique  et 
privée  des  hommes  qui  ont  illustré  les  annales  de  la  liberté  ? 
L'auteur  ne  termine  pas  sans  voir  l'achoppement  de  ces  belles 
théories  :  «  Mais  où  trouvera-t-on,  dit-il,  le  Lycurgue  de  la  France? 
Quand  viendra-t-il  enfin  nous  apprendre  à  être  libres?  Quelles 
institutions  donnera-t-il  à  ce  peuple  inconstant  et  léger,  déjà 
fatigué  d'une  liberté  qu'il  a  si  chèrement  acquise  *  ?  » 

Un  général  d'artillerie  amateur  des  arts,  Pommereul,  traita  la 
même  année  des  institutions  propres  à  faire  fleurir  les  beaux-arls 
en  France  en  publiant  un  état  des  objets  d'art  dont  les  musées 
avaient  été  enrichis  par  la  guerre  d»  la  liberté.  Il  s'attacha  à 
montrer  que  la  Révolution  avait  ouvert  au  génie  une  carrière 
nouvelle  ,  bien  préférable  à  celles  qu'offraient  la  Mythologie,  la 
Bible  et  la  Légende  dorée.  «  Les  secours  que  présentait  la  Grèce 

i.  Rajpport  au  nom  de  la  Commission  nommée  pour  examiner  les  discourt 
envoyés  sur  cette  question  proposée  par  la  Section  de  peinture  :  «  QueUe  a  été  et 
queUe  peut  être  encore  Tinflaence  de  la  peinture  sur  les  mœurs  et  sur  le 
gouvernement  d*un  peuple  libre?  »  Lu  dans  la  séance  publique  de  llDstitut 
national  le  15  germinal  an  VI;  signé  :  Vien,  Vincent,  David,  Dufourny,  Mongcz, 
Lcblond,  Andrieux.  In-4"  de  i6  pages;  Baudouin,  impr.  de  PInstitnt. 


THÉORIES.  ^     43 

aux  arts  du  dessin  notaient  pas,  disait-il,  très-diiïérents  de  ceux 
que  leur  offre  la  PYance,  car  désormais  la  France  libre  aura  sa 
gymnastique ,  ses  jeux  publics ,  ses  fêtes  nationales,  où  le  génie 
saura  trouver  des  sujets  dignes  de  lui  ^.  » 

On  trouve  chez  les  étrangers  une  impression  vive  de  nos  arts 
républicains.  Un  Suédois,  venu  en  Fan  VIII  pour  juger  de  l'état 
des  arts  depuis  la  Révolution ,  fut  frappé  du  développement 
qu'avait  pris  le  talent  pendant  les  troubles  intérieurs,  et,  en 
voyant  tant  de  promesses  dans  de  jeunes  talents,  il  augurait 
pour  l'École  française  un  rôle  aussi  brillant  que  celui  qui  avait 
distingué  anciennement  l'École  italienne  '.  Bruun-Neergaard  ne 
manquait  pas  de  goût  et  de  sagacité  dans  ^es  jugements,  car  le 
peintre  qu'il  sut  apprécier  entre  tous  est  celui  que  dédaignaient 
alors  tous  les  critiques  vulgaires  et  que  repoussaient  toutes  les 
écoles  bruyantes,  Prudhon;  il  consacre  vingt  pages  à  la  descrip- 
tion de  ses  peintures  et  de  ses  dessins. 

Après  des  aspirations  incommensurables,  les  peintres  de  la 
République  n*ont  pu  remplir  leur  vœu  ;  dans  les  limites  où  les 
circonstances  les  ont  resserrés,  ils  l'ont  du  inoins  fait  com- 
prendre. Ils  auraient  voulu  renouveler  les  conditions  matérielles 
et  morales  du  beau,  reléguer  dans  le  passé  la  représentation  des 
gibets  de  martyrs,  des  prisons  de  moines,  des  apothéoses  de 
rois,  des  bassesses  de  courtisans  et  des  corruptions  de  maltresses. 
C'est  on  art  à  venir.  Ils  ont  réussi  du  moins,  en  abandonnant 
ces  sujets  d*église  et  de  cour,  qui  avaient  presque  seuls  défrayé 
leurs  devanciers,  à  peindre  encore  un  coin  de  l'humanité  grande 
et  forte.  L'École  de  David,  dont  le  caractère  fut  plutôt  un  effort 
qu'une  inspiration  véritable  et  se  laissa  tout  entraîner  à  la  suite 
d'un  roattre  plus  asservi  à  l'étude  d'un  bas-relief  romain  qu'à 

i.  De  Vart  de  voir  dant  les  beaux-arts,  trad.  de  Milizia,  suivi  des  insti- 
taUoas  propres  à  les  faire  fleuiir  en  France,  et  d'un  état  des  objets  d'art  dont 
nos  musées  ont  été  enrichis  pendant  la  guerre  de  la  liberté,  par  le  général 
Pommereul.  Paris,  an\l,  in-8°. 

2.  Sur  la  tituation  des  beaux^rts  en  France,  ou  Lettres  d*un  Danois  à  son 
ami,  par  T.  G.  Bruun-Neergaard.  Paris,  an  IX  ,  in-H«,  p.  420. 


44      .  INSTITUTIONS. 

celle  de  a  nature,  n'a  posé  qu'un  jalon  étroit  du  développement 
de  la  peinture  historique  ;  mais  elle  a  été,  pour  son  époque,  une 
école  assez  forte  et  assez  originale  pour  maintenir  à  Paris  la  pri- 
mauté de  l'art,  que  plusieurs  artistes  lui  avaient  déjà  donnée  au 
XVlll*  siècle,  et  qui  est  devenue,  surtout  depuis  la  Révolution,  le 
fait  capital  de  Tart  moderne.  Prudhon,  artiste  d'un  caractère  tout 
intime,  n'exerça  qu'une  influence  latente  et  ne  prit  pas  de  son 
vivant  la  place  qui  lui  était  due  ;  mais  il  représentera  la  Révolu- 
tion dans  les  régions  primordiales  des  plus  grandes  Écoles.  Dans 
sa  manière,  aussi  neuve  qu'antique,  c'est-à-dire  pénétrée  de  l'es- 
prit même  d'une  renaissance  et  «  caressée  d'un  baiser  de  la 
Nature,  »  il  donne  là  main  aux  maîtres  sublimes  de  l'Italie  et 
résume  l'élément  possible  de  l'art  de  son  temps.  Après  en  avoir 
conçu  le  type  au  moment  le  plus  expansif  de  89  et  l'avoir  nourri 
aux  jours  les  plus  misérables  de  93,  il  l'éleva  au  plus  haut  degré 
de  beauté.  Que  cette  beauté  nous  soit  toujours  présente  et  nous 
fortifie  au  milieu  des  infirmités  trop  nombreuses  que  présente 
l'art  de  la  Révolution.  L'historien  doit  son  attention  à  ces  infirmi- 
tés, car  ce  sont  encore  des  conditions  esthétiques  :  là,  caducités 
prolongées  des  corruptions  de  l'ancien  régime  ;  ici,  étiolements 
amenés  par  l'instabilité  des  nouveaux  gouvernements. 

Mais  j'ai  assez  parlé  des  conditions  générales  faites  à  l'art  de  la 
Révolution,  et  j'ai  fait  sentir  assez  la  justice  qu'il  y  a  à  ne  les 
juger  que  dans  ses  véritables  relations,  pour  aborder  les  artistes 
dans  les  diversités  de  leur  pratique.  Je  ne  les  suivrai  que  dans 
les  estampes,  mais  cette  recherche  suffît  à  mon  but.  Ce  n'est  que' 
par  les  estampes  en  effet,  par  ces  milliers  de  feuilles  qui  se 
joignent  au  livre,  sont  exposées  au  carrefour  et  pénètrent  les 
maisons  et  les  ateliers,  que  l'art  reçoit  la  consécration  populaire 
et  qu'on  peut  juger  de  la  place  qu'il  lient  dans  le  pays,  de  la 
place  qu'il  doit  tenir  dans  l'histoire. 


II 


ARTISTES 


1.  — GRAVEURS  DE  SCULPTURE  ET  D'ARCHITECTURE. 

La  sculpture,  appelée  à  donner  les  représentations  monumen- 
tales des  sentiments  publics ,  devait  fournir  au  dessin  ses  plus 
grands  motifs  et  à  la  gravure  ses  modèles  les  plus  sérieux. 

MOITTE,  élève  dePîgalle*,  statuaire  d'une  réputation  déjà  faite 
dans  le  mouvement  de  la  restauration  antique  qui  avait  distingué 
la  sculpture  avant  1789,  fut  des  sculpteurs  de  la  Révolution  le 
premier  en  évidence.  11  fut  choisi  pour  l'exécution  du  fronton  du 

i.  lean-GuilIaume  Moitte,  né  à  Paris  en  1747,  grand  prix  de  1768,  agréé  de 
rAcadémie  en  i783,  mort  en  iSiO.  CattUogue,  après  décès,  par  Regnault  de  La 
Lande^  7  juin  1810,  in-8*.  Son  portrait  a  été  gravé  par  fifiger,  médaillon  rond  : 
Société  académique  des  Enfants  d'Apollon.  Il  était  fils  d'un  graveur,  Pierre- 
Etienne  Moitte.  n  avait  deux  sœurs,  Àngélique-Rose  et  Elisàbeth-Mélanie ,  et 
deux  frères,  François-Auguste  et  Alexandre,  adonnés  à  la  gravure;  leur  nom 
se  trouve  sur  des  ouvrages  de  Greuze,  de  Debucourt,  mais  je  n'en  ai  pas  trouvé 
qui  se  rapportent  à  la  Révolution.  Les  seules  pièces  originales  que  Ton  puisse 
citer  sont  :  VÊtuds  de  la  nature,  ovale  in-4*',  pointillé,  bistré,  peint,  dessiné  et 
gravé  par  Alexandre  Moitte,  1788.  C'est  une  jeune  fllle  en  buste,  coiffée  de 
grandes  boucles  et  vêtue  d'amples  étoffes,  levant  les  yeux  au  ciel ,  une  rose 
dans  une  main  un  livre  dans  l'autre.  —  Scène  de  la  tragédie  de  Charles  IX, 
bénédiction  des  armes,  les  cariatides  de  Goujon  au  fond  de  la  salle.  A.  Moitié, 
inv,  et  sculpt.,  eau-forte  serrée,  fine  et  pittoresque  ;  in-4*>  long.  U  y  a  de  cette 
estampe  une  autre  état  plus  commun  et  colorié,  avec  l'adresse  de  Chéreau  et 
les  vers  de  Chénier  en  marge. 


46  ARTISTES.  —  GRAVEDRS  DE  SCULPTURE 

Panthéon  :  La  Patrie  couronnant  les  Vertus  civiques  et  guerrières^ 
et  des  bas-reliefs  de  Tare  de  triomphe  élevé  au  Ghamp-de-Mars  à 
la  fête  de  la  Fédération.  Detournelle,  qui  a  donné  une  description 
du  fronton  du  Panthéon,  louait  l'habileté  de  Moitié  à  saisir  le 
caractère  antiqne,  mais  il  n'y  trouvait  pas  Toriginalité  de  la 
nature  ^.  Lebreton  le  loue  davantage  et  dit  qu'il  classa  Tartiste 
parmi  nos  premiers  statuaires*.  Il  n'a  pas  Cependant  trouvé  place 
pour  un  seul  de  ses  ouvrages  dans  le  musée  des  sculptures 
modernes  au  Louvre.  Quelles  que  soient  les  qualités  qui  lui  man- 
quent pour  donner  une  sculpture  en  rapport  de  grandeur  avec 
les  monuments  qu*il  était  appelé  à  consacrer,  les  figures  de 
Moitié,  dont  nous  ne  pouvons  juger  que  par  les  gravures  qui 
furent  faites  immédiatement  sur  ses  dessins,  paraissent  robustes 
et  mouvementées  ;  c'est  peut-être  ce  que  Émeric  David  exprimait 
en  disant  que  l'énergie  de  Glycon  était  plus  conforme  à  son 
naturel  que  la  délicatesse  de  Cléomènes  '. 

Moitié  était  un  dessinateur  fécond  ;  il  avait  fourni  beaucoup  de 
dessins  à  M.  Auguste,  orfèvre  du  roi,  et  plusieurs  de  ces  compo- 
sitions en  bas-reliefs  passèrent  dans  la  gravure;  il  dessina^  pour  le 
frontispice  de  la  Galerie  de  Florence  et  la  dédicace  au  grand-duc 
de  Toscane,  un  génie  appuyé  à  un  cippe  au  milieu  d'objets 
antiques,  1789,  qui  fut  gravé  par  Marais.  Il  a  gravé  lui-même 
deux  pièces  à  Teau-forte  : 

1.  Le  triomphe  de  l'Amour; 

2.  Le  triomphe  de  Bacchus; 

Pièces,  in-f*»  allongé,  signées  Moitié  deL  et  seul.  Elles  sont  com- 
posées en  bas-reliefs  avec  un  grand  nombre  de  figures.  Le  dessin 
est  plus  rapproché  de  Vien  que  de  David,  mais  l'exécution 
pittoresque,  avec  des  travaux  de  pointe  qui  laissent  voir  les 
méplats  multipliés  d'un  modeleur.  Le  style  de  Moitié  paraît 
avec  plus  de  sévérité  dans  les  gravures  au  lavis  qui  repro- 

i.  Journal  de  la  Société  républicaine  des  arts,  in-8°,  p.  240  et  suiv. 

2.  Rapport  sur  les  beaua>-arts,  in-4°,  p.  132. 

3.  Histoire  de  la  sculpture  française',  Paris,  1853,  iu-12,  p.  202. 


ET  D'ARCHITECTURE.  —  J.-G.  MOITTE.  47 

duisirent  les  bas-reKefs  faits  pour  les  monuments  de  la  Révo- 
lution. 

3.  Premier  bas -relief  placé  sur  Varc  de  triomphe  élevé  au 
Champ-de-Mars  f  inventé  et  dessiné  par  Moitte  sculpteur.  Trais 
pièces  in-^  allongé,  gravées  en  1791  par  J.-B.  Lucien  (le  trait 
parPauquet)*  ; 

A.  La  Liberté.  In-f^,  gravé  par  Janinet  ; 

5.  LÉgalUé.  1793,  idem  ; 

6.  L'athéisme  ayant  disparu,  la  Sagesse  apparaît  au  peuple 
fnmçais;  allégorie  de  la  fête  de  l'Etre  suprême  *.  A  Paris,  chez 
Joubert  graveur.  In-k^  allongé. 

Ces  compositions  et  ces  figures  laissent  désirer  sans  doute  quant 
à  l'originalité  et  à  l'énergie  révolutionnaire  ;  Detournelle  y  regrettait 
avec  raison  un  sentiment  plus  naturel  et  de  plus  belles  proportions; 
mais,  dans  la  donnée  d'une  réminiscence  antique,  il  y  a  de  la 
correction  dans  les  lignes,  de  l'abondance  dans  les  draperies,  et 
elles  tiennent  du  calme  qui  convient  à  la  sculpture.  Les  gravures 
qui  donnèrent  au  dessin  de  Moitte  le  plus  de  distinction  furent 
celles  de  Louise  P.;  le  souvenir  de  Tantique  dont  elles  s'inspirent 
laisse  percer  beaucoup  de  sentiment  : 

7.  Bacchanls  et  Bacchantes  dressanX  un  terme  ^  n°  1  ; 

8.  Bacchants  et  Bacchantes  au  pied  d'un  terme,  n^  2.  In-f^ 
allongé,  fond  noir; 

9.  Artèmise,  n^  3.  In-ii*»,  gravé  par  Louise  P.  ; 

10.  Bacchantes  entre  des  autels,  des  termes  et  des  rinceaux. 
\n-P  allongé,  dessiné  par  Moitte,  sculpteur,  en  1790,  gravé  par 
L.  P.  en  1793. 

Janinet  grava  beaucoup  d'autres  sujets  antiques  de  Moitte  en 
leur  donnant  plus  de  sécheresse  et  de  tension.  Un  lavis,  bistre  ou 

1 .  L*éditeur  Joubert,  graveur,  en  publiant  ces  trois  pièces  dont  il  flt  hommage 
à  la  seconde  Législature,  annonçait,  dans  un  prospectus  daté  de  1792,  le  second 
btfl-relief  et  une  suite,  devant  former  un  choix  de  sujets  intéressants  poui 
servir  à  l'histoire  de  la  Révolution  française. 

2.  Le  Moniteur,  21  février  1703,  publia  l'annonce  et  la  description  de 
Testainpe. 


48  ARTISTES.—  GRAVEURS  DE  SCULPTURE 

rouge,  et  un  fond  sombre  vienneot  leur  donner  l'elTet  violeDt 
exigé  par  le  goût  du  jour. 

G*est  probablement  de  Técole  de  Moitte  que  sortit  l'estampe 
suivante  : 

1 1 .  République  française,  Liberté,ÉgaliU,projet  de  groupe  à  exècur 
ter  au  fond  du  Panthéon  français.  Ànt.  Quatremère  inv.  et  se.  In-f<*h. 

La  sécheresse  des  contours,  Tagencement  anguleux  des 
membres  et  Tidéal  de  l'expression,  aidés  par  un  lavis  rehaussé  de 
plusieurs  teintes,  y  font  bien  sentir  le  mouvement  révolution- 
naire ;  le  jeune  dessinateur  de  ce  morceau  n'est  autre  que 
M.  Quatremère  de  Quincy,  devenu  sous  la  Restauration  savant 
archéologue  et  esthétiste  abstrait,  mais  alors  imbu  des  passions 
de  son  temps. 

Moitte  fut  dépassé  dans  l'exécution  de  beaucoup  de  monuments 
transitoires  par  des  sculpteurs  plus  jeunes  ;  mais  il  obtint  encore 
le  prix  au  concours  de  l'an  III,  pour  la  statue  de  Rousseau  qui 
devait  être  élevée  aux  Champs-Elysées  :  Le  citoyen  de  Genève 
méditant  le  plan  de  V Emile  et  examinant  les  premiers  pas  de  l'en- 
fonce,  et  il  fut  l'auteur  du  monument  élevé  à  la  mémoire  de  DesaiXy 
qui  est  dans  l'église  du  mont  Saint-Bernard.  Nous  n'en  connais- 
sons pas  de  gravure  contemporaine.* 

M<"*  Moitte  (Adélaïde-Marie-Ànne  Castillas),  que  nous  avons  vue 
figurer  en  tête  des  dames  qui  allèrent  porter  leurs  dons  patrio- 
tiques à  l'Assemblée  nationale,  était  aussi  artiste,  connue,  dit-on, 
par  ses  dessins. 

BOIZOTS  fils  d'un  dessinateur  des  Gobelins,  académicien 
connu  par  une  statue  de  l'Amour  qui  est  au  Louvre ,  par  une 
statue  de  Racine  à  l'Institut  et  par  des  pièces  allégoriques  et 
des  bustes,   auxquels  sa  sœur*,  artiste  assez  habile  dans  la 

1.  Louift-Simon  Boizot,  né  en  1748,  élève  de  Slodtz,  reçu  à  TAcadémie  en 
1778;  il  fut  quelque  temps  président  de  la  Société  populaire  des  arts,  en  1806 
professeur  de  dessin  aux  Écoles  impériales;  mort  en  1809. 

2.  Marie-Louise-Adélaide  Boizot.  Le  Manuel,  qui  la  dit  née  aussi  en  17i8, 
ne  cite  d'elle  que  des  pièces  antérieures  à  la  Révolution. 


ET  D'ARCHITECTURE.  —  BOIZOT.  49 

gravure  au  burin,  avait  donné  quelque  popularité  avant  la 
Révolution,  devint  l'inventeur  et  le  dessinateur  le  plus  fécond 
et  le  plus  vulgaire  des  figures  d'allégorie  en  rapport  avec  l'es- 
prit nouveau: 

La  Liberté,  patronne  des  Français,  en  buste;  ovale,  gravée 
par  Ruotte.  \ 

La  Liberté,  en  pied,  brisant  un  joug,  gravée  par  la  citoyenne 
Demonchy. 

La  Liberté,  en  pied,  tenant  un  joug  brisé,  etc.  ;  gravée  par  la 
citoyenne  Lingée,  f«  Lefèvre,  chez  Basset,  en  couleur,  in-f*». 

La  Liberté,  en  buste,  rond  ;  gravée  par  Darcis,  chez  Depeuille, 
1x1-12. 

L'Égalité,  en  buste,  ovale  ;  gravé  par  A.  Clément,  in-^*". 

L'ÉgalUé,  en  buste^  rond,  par  Darcis,  chez  Depeuille,  in-12. 

La  Fraternité,  en  buste,  rond,  chez  Depeuille,  in-12. 

La  RèjhAblique,  en  pied,  ovale^  par  Massol,  chez  Basset,  en 
couleur,  in-f». 

La  France  républicaine ,  ouvrant  son  sein  à  tous  les  Français, 
en  buste,  ovale  ;  gravé  par  Clément,  in-4^. 

La  France  républicaine,  en  buste,  rond,  par  Darcis^  chez 
Depeuille,  in-12. 

La  Loi,  par  Gauthier. 

La  Nature,  en  buste,  rond,  par  Darcis,  in-12. 

La  Nature,  gravée  par  Darcis,  pièce  ronde,  in-8*»  ;  elle  presse 
de  ses  deux  mains  les  deux  premières  de  ses  mamelles. 

L'Innocence,  en  buste,  par  Darcis,  rond,  in-12,  chez  De- 
peuille. 

La  Vertu,  en  buste,  rond,  par  Darcis,  chez  Depeuille,  in-12. 

Le  Triomphe  de  la  vertu  républicaine,  en  pied,  ovale,  par  Darcis, 
chez  Depeuille,  in-8^. 

Le  Triomphe  des  victoires  républicaines,  en  pied,  ovale,  par 
Darcis,  in-8®. 

La  Probité,  en  buste,  rond,  par  Darcis,  chez  Depeuille,  in-12. 

La  Force,  en  pied,  ovale,  par  Huot,  en  couleur,  in-ii°. 

La  Force,  en  buste,  rond,  par  Darcis,  chez  Depeuille,  in-12. 

4 


50  ARTISTES.  —  GRAVEURS   DE  SCULPTURE 

L'Héroïsme  français,  en  pied,  ovale,  par  Gautier  Taîné,  chez 
Basset,  in-4«. 

La  Vérité,  en  pîed,  ovale,  par  Lefèvre,  în-4*». 

La  Raison,  en  pied,  rond,  par  Chapuy,  grand  in-f^,  lavis. 

La  Raison,  en  buste,  gravée  par  Darcis,  rond,  in-12,  chez 
Depeuille. 

La  Négresse  :  Moi  libre  aussi,  en  buste,  rond,  par  Darcis,  chez 
Depeuille,  in-12. 

La  belle  Nourrice, 

Ces  figures  ne  se  distinguent  ni  par  la  grandeur  du  trait,  ni 
par  Toriginalité  de  l'expression  ;  elles  échappent  môme  par  leur 
banalité  à  toute  classification  d'école;  mais  le  type  en  est  sérieux, 
les  draperies  antiques,  les  emblèmes  faciles  à  comprendre,  et 
elles  remplissent  leur  but  comme  représentations  hiératiques.  Il 
ne  s'agissait  en  effet,  pour  le  dessinateur,  que  de  faire  dçs  images 
patriotiques  qui  vinssent  prendre  la  place  des  anciennes  images 
religieuses,  et  ses  graveurs  y  ont  contribué,  en  le  traduisant  de 
la  manière  la  plus  choyée  et  la  plus  banale,  le  pointillé.  Nous 
montrerons  plus  tard  les  ressources  que  le  Symbolisme  révolution- 
naire trouve  dans  l'œuvre  de  Boizot  ;  contentons-nous  de  faire 
ressortir  l'idéal  propre  à  l'artiste,  en  décrivant  l'une  des  pièces 
citées ,  VÉgalité.  La  déesse  est  représentée  de  face,  la  tête  dans 
une  gloire;  les  cheveux,  retombant  en  boucles  désordonnées  sur 
le  front  et  sur  les  épaules,  sont  surmontés  d'un  bonnet  à  cimier 
de  coq  ;  le  buste  est  vêtu  d'une  chemise,  boutonnée  à  la  gorge  et 
retenue  par  une  ceinture,  mais  ouverte  pour  laisser  voir  les 
deux  seins,  au  milieu  desquels  est  suspendu  le  niveau. 

11  faut  convenir  que  la  médiocrité  de  Boizot  sq  montre  avec 
aggravation  dans  les  compositions  où  il  essaya  de  grouper  ses 
figures  allégoriques  et  de  leur  donner  quelque  signification 
idéale  ;  elles  ont  eu  pourtant  leur  succès,  attesté  par  les  graveurs 
qui  s'y  sont  appliqués ,  en  les  publiant  par  paire  pour  l'ornement 
des  salons  : 

Les  bonnes  lois  font  le  bonheur  des  peuples  ; 

La  Philosophie  éclaire  les  hommes^  gravé  par  Prot,  in-f*\ 


ET  D'ARCHITECTURE.  —  BOIZOT.  51 

La  Liberté^  armée  du  sceptre  de  la  Raison,  foudroie  VIgnorance 
elle  Fanatisme; 

La  Liberté,  soutenue  par  la  Raison,  protège  l'Innocence  et  cou- 
ronne la  Vertu,  gravé  par  Bernier,  grand  in-^. 

La  Liberté  couronnant  la  Victoire,  gravé  par  Gautier,  în-f®  ; 

La  Philosophie  découvrant  la  Vérité,  gravé  par  Gauthier,  in-f«. 

L'amour  de  la  patrie  inspire  le  courage,  gravé  par  Tassaert, 
ovale,  en  couleur. 

La  morale  sans  réplique,  gravé  par  Darcis,  in-f». 

La  patrie  satisfaite,  par  Colibert,  en  couleur,  în-f®. 

Les  cendres  de  Voltaire  et  de  J.-J.  Rousseau  sont  portées  au  tom-- 
beau  des  grands  hommes,  ovale,  par  CoJibert. 

Le  Génie  de  la  nation  française  reçoit  le  serment  du  citoyen,  etc. 
gravé  par  Darcis,  in-i*». 

La  constitution  de  VanlII. 

Vous  vous  tourmentez  vainement,  etc.  ;  fructidor  an  111.  B.  inv. 
et  del,  N.  se.  In-ft*»,  eau-forte. 

Ces  grands  titres  ne  servent  qu'à  faire  ressortir  la  platitude  de 
compositions,  en  elles-mêmes  fort  difficiles  à  rendre  d'une  manière 
pittoresque;  l'on  n'y  trouve  pour  intérêt  que  la  valeur  symbolique 
de  quelques  figures;  cet  attrait  même  vient  manquer  aux  compo- 
sitions où  Boizot  essaya  des  sujets  historiques  ou  anacréontiques  : 

Présage  de  la  grandeur  future  de  Servius  Tullius,  gravé  par 
B.  Roger,  dirigé  par  Copia,  in-f»  1. 

La  Beauté  rend  les  armes  à  V Amour,  gravé  par  Colibert. 

L'Innocence  embrasse  la  Sagesse,  idem. 

Va  où  la  gloire  (appelle,  in-f^  1. 

Avec  ce  talent,  façonné  aux  représentations  révolutionnaires, 
mais  plein  d'uniformité,  Boizot  ne  put  apporter  beaucoup  de  dis- 
tinction aux  monuments  dont  il  fut  chargé.  Les  plus  connus  sont 
le  Mausolée,  voté  par  l'armée  de  Sambre-et-Meuse  au  général 
Hoche,  la  Victoire  et  les  figures  allégoriques  de  la  fontaine  du 
Châtelet.  Au  concours  de  l'an  III  il  n'avait  figuré  qu'à  un  rang 
inférieur  à  tous  les  autres  sculpteurs  que  nous  avons  vus,  et  il 
avait  reçu  un  encouragement  de  1,500  livres. 


52  ARTISTES.  —  GRAVEURS  DE  SCULPTURE 

BOICHOTS  sculpteur  sorti  de  Técole  de  Dijon,  agréé  de  TAca- 
démie  en  1785,  membre  du  Jury  au  concours  de  Tan  II,  se  fit 
connaître  pendant  la  Révolution  par  les  ouvrages  qu'il  exécuta  sur 
le  péristyle  du  Panthéon  :  la  statue  de  la  Force  *,  et  le  bas-relief 
des  droits  naturels  de  l'homme  en  société,  qu'il  avait  rendu  par 
une  tablette  tenue  par  la  Nature,  exprimée  par  une  femme  moi- 
tié nue  et  moitié  vêtue.  Au  concours  de  Tan  III  il  eut  un  prix  de 
6,000  livres  pour  le  modèle  d'une  figure  à  son  choix.  Émeric 
David  dit  de  lui  qu'en  cherchant  le  style  antique  il  tomba  dans  la 
manière  des  Florentins  '  ;  il  nous  paraît  en  effet,  dans  ses  dessins, 
musculeux  et  mouvementé.  11  était  surtout  dessinateur,  et  fournit 
des  sujets  pour  l'illustration  du  Théocrite  de  Gail ,  tombés  entre 
les  mains  de  graveurs  qui  les  rapetissèrent.  Mais  Boichot  devait 
rencontrer,  parmi  ses  camarades  d'école ,  un  graveur  mieux  fait 
pour  le  traduire  ;  c'est  Hoim  ^,  qui  fut  peintre  de  portrait  au  pas- 
tel et  de  paysage  à  la  gouache,  mais  qui  ne  nous  occupe  ici  que 
comme  graveur  au  lavis  et  à  l'eau-forte,  et  interprète  affectionné 
des  dessins  de  Boichot  '. 

Les  pièces  qui  portent  les  noms  des  deux  artistes,  et  qui 
parurent  en  partie  dans  les  années  précédant  la  Révolution,  sont 
peu  agréables  de  formes,  d'un  dessin  inquiet  et  d'une  exécution 
pittoresque  : 

léda,  in-8*»  L,  lavis. 

Danaé,  in-S**  1.,  lavis. 

i.  Guillaume  Boichot,  né  à  Chàlons-sur-Saône,  en  1738,  mort  en  1814.  Plu- 
sieurs biographes  lui  donnent  le  prénom  de  Jean  ;  il  ne  prend  que  celui  de 
Guillaume  dans  la  notice  du  Salon  de  l'an  XII ,  où  il  exposa  les  bustes  de 
Denon  et  de  Bernardin  de  Saint-Pierre.' 

2.  Explication  du  Salon  de  l'an  77,  page  66,  n*  1,006.  —  Les  groupes  et  les 
bas-reliefs  du  Panthéon ,  tels  qu'ils  étaient  en  Tan  IV,  ont  été  décrits  par  le 
ï>'  Mayer,  Fragments  sur  Paris,  1798,  in-12,  p.  158. 

3.  Histoire  de  la  Sculpture  française,  1853,  in-12,  p.  202. 

4.  Claude  Hoin,  né  à  Dijon  ^  en  1750,  élève  de  Devosge  et  de  Greuze,  peintre 
de  Monsieur,  membre  de  TAcadémie  de  Dijon ,  conservateur  du  Musée  de 
Dijon  en  1811;  mort  en  1817. 

5.  On  trouve  des  dessins  de  Boichot  exposés  au  Salçn  de  1793,  n*  510. 


■) 


ET  D'ARCHITECTURE.  —  BOICHOT.  GOIS.  53 

Hercule  et  Omphale,  1786,  in-/»**  h.,  eau-forte. 

Jésus  au  tombeau,  in-4*»  allongé,  en  frise,  lavis, 

Assemblée  de  philosophes;  1788,  in-4®  1.,  lavis. 

La  toilette  de  YènuSy  frise. 

Uoin  publia  d'autres  pièces  sur  ses  propres  dessins,  ou  sur  des 
sujets  de  Greuze  et  de  Fragonard,  que  je  ne  sépare  pas  des  pré- 
cédentes parce  qu'en  complétant  son  œuvre  elles  ont  plus  d'ac- 
tualité, ou  traduisent  des  compositions  d'autant  plus  intéressantes 
qu'elles  s'écartent  des  sujets  habituels  des  maîtres: 

Apothéose  d* Honoré-Gabriel  Riquetti^  ci-devant  comte  de  Mira- 
heau^  in-f^h.,  lavis.  Dédié  aux  amis  de  la  Constitution,  par  Claude 
Hoin,  peintre  de  Monsieur,  etc. 

Génie  féminin  tenant  une  lampe  et  une  couronne,  în-8®  h.,  trait 
d'eau-forte. 

La  mort  de  Marie-Madeleine;  dessiné  par  Greuze,  in-f*h,  lavis. 

Lamort  d*un  moine;  H.  Fragonard,  C^*  Hoin  se.  an  IV,  in-f»  h., 
lavis. 

GOIS  *,  académicien  de  1770,  professeur  des  Écoles  nationales 
de  peinture  et  de  sculpture  pendant  la  Révolution,  et  membre  de 
la  Société  républicaine  des  arts,  plus  connu  par  ses  projets  de 
monuments  publics  que  par  ses  statues,  a  laissé  des  gravures 
qui,  dans  leur  petite  exécution,  empruntent  quelque  intérêt  à  la 
position  de  l'artiste.  Le  continuateur  du  Peintre-graveur  français^ 
vient  de  cataloguer  son  œuvre  en  seize  numéros,  dont  les  princi- 
pales pièces  sont  des  sujets  d'histoire  pris  dans  l'Ancien  Testa- 
ment, et  quelques  pièces  allégoriques  et  politiques  :  le  Triomphe 
de  la  Justice  et  de  la  Vérité;  le  Serment  des  Nobles,  1788  ;  Monument 
à  Louis  XYI,  restaurateur  de  la  liberté,  en  quatre  planches  '. 

i.  Étienne-Pierre-Adrien  Cois,  né  en  1731,  mort  en  1823.  On  a  de  lui  un 
joli  portrait,  gravé  au  pointiUé  par  Louise-Françoise  Jacquinot,  d*après  Dû- 
ment. In-4*  h. 

2.  Le  Peintre-graveur  français,  continué  par  M.  Prosper  de  Baudicourt. 
^aris,  1850,  in-18, 1. 1,  p.  142. 

3.  n  y  en  a  une  cinquième,  de  plus  petit  format  (  1,3.50  de  larg.  sur  0,82  de 


58  ARTISTES.  —  GRAVEURS  DE  SCULPTURE 

prince  de  Gondé  ;  de  Pierre-François  Legrand,  qui  grava  d*après 
lui  l'Apothéose  de  Voltaire;  par  quelques  autres  pièces  de  sa 
femme,  M'"^^  Dardel,  qui  a  signé  plusieurs  pièces  au  pointillé  S  et 
surtout  par  les  ouvrages  de  Tourcaty^  graveur  au  pointillé^  qui 
devint  son  gendre.  Nous  aurons  à  les  voir  en  leur  lieu. 

Au  salon  de  1791,  Dardel  exposa  Tune  des  compositions  que 
nous  avons  citées ,  un  petit  groupe  en  terre  cuite,-  Turenfie  cour- 
vrant  la  France  de  son  bouclier.  Au  salon  de  1793,  il  exposa 
quatre  ouvrages  plus  nouveaux,  esquisses  en  terre  cuite  et  en 
plâtre  :  Newton  découvrant  la  Vérité,  Brutus  jurant  la  mort  dé 
César,  la  Reprise  de  Calais,  J,fJ.  Rousseau. 

C'est  tout  ce  que  nous  trouvons  pour  justifier  la  faveur  de 
David,  qui  le  fit  nommer,  en  Tan  II,  membre  du  Conservatoire  du 
Muséum,  en  rendant  de  lui  ce  témoignage  :  «  Tête  active  et 
républicaine,  rempli  de  talent  et  doué  d'une  heureuse  imagi- 
nation. » 

En  1796,  Dardel  fut  nQmmé  administrateur  du  musée  de  Ver- 
sailles, et,  en  1800,  professeur  à  Técole  de  la  même  ville;  il 
obtint  un  prix  d'encouragement  à  l'exposition  des  projets  d'un 
monument  pour  la  paix  d'Amiens. 

PRIEUR.  En  rencontrant  dans  les  Tableaux  historiques  de  la 
Révolution  française  ces  planches,  signées  Prieur  et  Berthaud,  qui 
nous  retracent  avec  tant  de  netteté  les  lieux  et  les  édifices  qui 
furent  le  théâtre  des  scènes  les  plus  émouvantes,  avec  les  foules 
qui  en  furent  les  acteurs  et  les  spectateurs,  on  se  sent  pris  de  la 
curiosité  de  connaître  ceux  qui,  en  les  voyant,  les  tracèrent  si 
tranquillement;  mais  ces  dessinateurs  et  graveurs  d'architecture 
sont  parmi  les  moins  connus. 

11  y  a  un  L.  Prieur,  ciseleur  du  Roy,  enclos  du  Temple,  qui 
invente,  dessine  et  grave ,  en  1783 ,  des  suites  de  vases  ornés  de 
figures,  des  frises  et  des  ornements  ;  ces  morceaux  sont  exécutés 


1.  La  Danse,  la  Musique,  M"**  Dardel  sculpt.;   fig.  en  pied  dans  des 
ovales  în-4°. 


ET  D'ARCHITECTURE.  —  PRIEUR.  59 

à  Veaa-forte  et  à  la  manière  du  crayon  d'une  façon  assez  lourde  ^ 

On  trouve  d'un  autre  côté  le  nom  de  Prieur,  architecte  et  des- 
sinateur, sur  des  ouvrages  qui  paraissent  au  moment  de  la 
Révolution. 

Au  Salon  de  1793,  il  expose  le  modèle  d*un  monument  projeté 
sur  remplacement  de  la  Bastille.  C'est  sans  doute  le  dessin  dont 
il  existe  une  gravure,  d'un  burin  assez  fin,  sous  le  titre  de  Temple 
dédié  à  la  Liberté,  projet  en  rond,  sur^des  ruines  avec  des  balustres 
historiés  de  quelques  figures,  in-f<»  1.  avec  légende  :  Prieur  ini\ 
et  se.  On  le  trouve  encore  porté  comme  architecte,  dans  V Annuaire 
de  Landon  en  l'an  XII.  Ce  Prieur  continua  son  métier  de  graveur 
d'architecture,  en  publiant  des  motifs  d'ornements  antiques,  des 
vues  de  monuments  de  Paris ,  d'abord  gravés  au  trait  et  ensuite 
lithographies. 

C'est  sans  doute  le  même  artiste  qui  a  gravé  un  portrait  de  la 
Reine  à  la  Conciergerie  signé  Prieur  fecit^,  ouvrage  très-froid,  au 
pointillé  et  au  burin,  et  qui  a  lithographie  plusieurs  grands  por- 
traits d'après  des  crayons  attribués  à  Janet. 

Enfin  on  voit  surgir  un  moment  Prieur,  peintre  et  dessinateur, 
juré  au  tribunal  révolutionnaire  et  guillotiné  en  prairial  an  III  '« 
Celui-ci  nous  est  môme  assez  intimement  révélé  dans  sa  personne 
par  un  joli  dessin  de  Duplessis  Bertaux  *.  C'est  à  lui  probable- 
ment que  nous  devons  attribuer  les  dessins  des  Tableaux  histo- 
riques, car  les  ouvrages  des  autres  que  nous  avons  énumérés 
n*ont  avec  ces  dessins  aucune  analogie.  ^ 

Voici  les  principales  de  ses  planches^  signées  :  Prieur  inv.  et  del., 
Berthault  se.  : 

i.  On  les  trouTO  réunis  au  Cabinet  des  estampes. 

2.  La  Reine  à  la  Conciergerie,  tiré  du  Cabinet  de  M.  Tabbé  Carron.  In-4°  h. 

3.  Jean-Louis  Prieur,  âgé  de  trente-deux  ans,  né  et  domicilié  à  Paris,  ex-juré 
au  Tribunal  révolutionnaire;  condamné  à  mort,  le  17  floréal  an  II,  comme 
complice  deFoaquier-l1nville.Prudhomme,Z)(c(îonnaiVede5  individus  envoyés 
d  la  mort  judiciairement,  Paris,  an  V,  in-8". 

4.  Chatelet  et  Leprieur,  jurés  au  Tribunal  révolutionnaire,  petits  portraits 
ma  crayon.  Collection  de  M.  Hennin. 


A*— 


60  ARTISTES.  —  GRAVEURS  DE  SCULPTURE 

Serment  du  Jeu  de  Paume  à  Versailles,  le  20  juin  1789. 

Motion  faite  au  Palais- Royal  par  Camille  Desmoulins,  le 
12  juillet  1789. 

Prise  de  la  Bastille,  le  U  juillet  1789. 

Offrandes  faites  à  V Assemblée  nationale  par  les  dames  artistes, 
le  7  septembre  1789. 

Le  roi  arrivant  avec  sa  famille  escorté  de  plus  de  trente  mille 
âmes,  le  6  octobre  1789. 

Travaux  du  Champ-de-^Mars  pou/r  la  fête  de  la  Fédération,  du 
H  juillet  1790. 

Mannequin  du  pape  briUé  au  PcUais-Royal,  le  6  avril  1791* 

BERTHAULT*,  qui  grava  les  Tableaux  de  Prieur,  est  plus  facile* 
ment  reconnu  que  lui,  bien  qu*il  ait  été  souvent  confondu  avec 
Bertaux,  peintre,  dessinateur  et  graveur  de  sujets  militaires  et 
familiers^,  et  avec  Duplessis  Bertaux,  graveur  très-répandu,  que 
nous  verrons  à  une  autre  place.  Une  bonne  part  doit  lui  revenir 
du  mérite  de  ces  planches,  pour  la  netteté  de  la  perspective  et 
pour  la  saillie  des  Ggures.  Il  avait  produit,  en  1786  et  1787,  des 
vues  intérieures  de  Paris  gravées  d'après  Lespinasse,  que  Basan  a 
citées  avec  éloges  '.  Au  salon  de  Tan  VIII  il  exposait  encore  quatre 
vues  de  Paris  d'après  les  dessins  du  G.  Lespinasse  :  le  Port  du 
blé,  le  Port  Saint-Paul,  le  Pont-Neuf  et  le  Pont  cirdevant  Royal. 
C'est  à  lui  qu'appartiennent  en  partie,  et  principalement  pour  la 
terminaison  au  burin ,  les  planches  des  Voyages  de  Saint-Non  à 

1.  Pierre  Gabriel  Berthault,  né  à  Saint-Maur (Seine).  LeManuel  de  Vamateur 
d*estampes  énumère  de  lui  vingt-neuf  articles,  en  omettant  précisément  les  plus 
caractéristiques.  On  voit  son  portrait  dans  la  Réunion  d'Artistes,  peinte  par 
Boilly  en  1800,  gravée  par  A.  Clément  {n^  27,Bertault,  graveur  de  batailles);  il 
y  paraît  fort  âgé. 

2.  Jacques  Bertaux,  élève  de  Bachelier  ;  on  trouve  plusieurs  de  ses  ouvrages 
aux  expositions  de  Tan  II,  de  Tan  IV,  de  Tan  V,  de  Tan  vm  et  de  Tan  IX. 

3.  M.  Bonnardot  cite  quatre  vues  de  Paris,  et  notamment  une  vue  du  Pont 
Notre-Dame,  avec  ses  maisons,  d'après  Le8pina.<ise,  gravées  avec  talent  et 
vemarquables  par  l'exactitude  locale.  Histoire  artist.  et  archéot,  de  la  gravure , 
1849,  in-8o,  p.  162. 


^ 


ET  D'ARCHITECTURE.  —  DESPREZ.  61 

Naples  et  de  Cassas  en  Syrie.  Il  exécuta,  à  la  manière  des  dessins 
lavés,  plusieurs  planches  de  projets  d'architecture  et  de  vues.  La  , 
pièce  la  plus  locale  que  je  connaisse  dans  ce  genre,  parmi  celles 
qui  n'ont  point  été  citées  dans  le  Manuel  de  Camateur  d'es- 
tampes, est  celle-ci  :  La  fête  de  la  bonne  mère,  telle  qu'elle  a  été 
donnée  à  Louise  Pérignon  par  ses  enfants  dans  son  jardin  d'Avr 
teuil^  le  27  août  1800 ,  au  milieu  de  leurs  parents  et  amis ,  in-f^  1. 
offert  par  M^  Bélanger,  Bourgeois  del.  Berthault  sculp.;  c'est  une 
procession  naïve  de  figures  au  milieu  d'une  villa  antique  très- 
joliment  arrangée. 

Parmi  les  pièces  à  sujets,  qu'on  doit  lui  attribuer  et  qui  prouvent 
mieux  encore  que  les  précédentes  son  habileté  à  graver  les  figures, 
j'ai  distingué  : 

Le  Dentiste  ambulant.  Wille  filius  del.,  in-/i^h.,  pièce  au  lavis  de 
couleur  qui  porte  plusieurs  adresses  et  en  tête  celle  de  Berthault 
graveur^  rue  Saint -Louis  au  Marais; 

La  Création^  Raphaël  invenit,  Berthault  sculpsit,  in-8°  h.,  pièce 
à  l'eau-forte,  dont  un  état  plus  fini  porte  le  nom  de  Duplessis 
Bertaux  et  l'adresse  de  Bonneville. 

DESPREZ*  était  un  peintre  architecte  et  décorateur,  professeur 
de  dessin  à  l'École  royale  militaire,  qui,  après  s'être  fait  connaître 
à  Paris  par  quelques  ouvrages  excentriques,  alla  à  Rome  vers 
1780,  y  gagna  l'admiration  de  Gustave  111,  roi  de  Suède,  et  s'éta- 
blit à  Stockholm,  où  il  devint  le  peintre  en  titre  et  l'architecte  de 
la  Cour  et  de  l'Opéra  et  où  il  mourut  en  1806.  Dans  les  notices 
qui  ont  été  données  de  lui  *,  on  signale  surtout  son  imagination 
fougueuse,  le  style  audacieux  et  l'exécution  magique  de  ses 
ouvrages.  Je  ne  veux  qu'indiquer  les  preuves  qu'il  en  a  laissées 
dans  la  gravure,  et  que  personne  n'a  encore  recueillies  '  ;  bien 

i.  Jeaa-Louis  Desprez,  né  à  Lyon  vers  1740,  mort  à  Stockholm  en  1804, 
élère  de  François  Blondel. 

2.  Dussieux ,  les  Artistes  français  à  V étranger ,  Paris,  1S56,  in-8°,  p.  466. 

3.  Heinecken  en  a  cité  que  Je  n*ai  pas  vues  :  Deux  décorations  pour  un  opéra 
de  Stockholm,  gravées  à  i*eau-fort6  et  enluminées.  Dictionnaire  des  Artistes 
dont  nous  avons  des  estampes.  Leipzig,  1790,  in-8°,  t.  IV,  p.  621. 


62  ARTISTES.  —  GRAVEURS  DE  SCULPTURE 

que  ces  estampes  soient  antérieures  à  la  période  révolutionnaire, 
^  elles  sont  un  symptôme  d'innovation  et  de  fougue  française,  qui, 
pour  s'être  portée  au  dehors,  n*en  doit  pas  moins  être  comptée 
à  la  gloire  du  pays  et  de  Tépoque. 

Jean-Rodolphe  Perronet.  J.-L.  Desprez  del.  et  sculp.,  in-h^.  Ce 
portrait  en  buste,  dans  un  ovale  entouré  d'une  vignette,  est  gravé 
d'un  burin  assez  habile,  mais  sec.  Desprez,  qui  n'a  fait  que  ce 
portrait,  était  sans  doute  élève  de  ce  célèbre  ingénieur-architecte. 

Projet  de  temple  funéraire  destiné  à  honorer  les  cendres  du  Roy 
et  des  grands  hommes,  dédié  à  Monsieur  de  Voltaire,  par  Desprez, 
professeur  de  dessin  à  l'École  royale  militaire,  prix  de  l'Académie 
royale  en  1766.  Trois  planches,  grand  in-f"en  largeur,  gravées 
d'un  burin  précis,  qui  ne  manque  pas  d'agrément,  et  accom- 
pagnées d'une  dédicace  en  cinq  lignes  dont  la  rédaction  est 
curieuse'. 

Tombeaux  égyptiens,  Desprez  invenit;  Desprez  à  Rome.  4  plan- 
ches in-f^  au  lavis,  aussi  remarquables  par  le  fantastique  de  leur 
style  que  par  la  lourdeur  de  leur  dessin  et  la  singularité  de  leur 
gravure. 

Chimère  de  M.  Desprez,  C'est  un  monstre  à  trois  têtes  et  à  l'état 
de  squelette,  au  travers  duquel  est  un  cadavre  humain.  11  y  a 
trois  états  de  cette  planche  in-f°,  —  le  premier  sans  titre  et  sans 
adresse ,  avec  la  signature  :  Desprez  inv.  et  se.,  —  le  second  avec 
titre  et  adresses  :  Chimère  de  M.  Desprez,  Desprez  inv.  et  se.  avec 
privilège  du  Roy.  Prix  8  fr.  la  feuille,  à  Paris,  chez  Jombert,  rue 
Dauphine.  Joullain,  quai  de  la  Mégisserie  à  la  ville  de  Rome. 
Huquier,  rue  des  Mathurins,etc.; —  le  troisième,  sans  le  nom  de 
l'artiste,  avec  ce  titre  :  Le  tricéphale  africain  ou  le  monstre  à  trois 
têtes  et  une  légende  en  quatre  lignes  :  Cette  horrible  béte,  née 
dans  les  sables  de  l'Afrique  y  etc.  Se  vend  à  Paris,  chez  Panseron, 
cul-de-sac  Sainte-Marie. 

Cette  pièce,  qui  parut  la  veille  de  la  Révolution,  au  moment  où 

1.  On  a  une  lettre  de  Voltaire  à  Desprez,  du  6  Juillet  1770,  relative  à  ce 
projet.  Édition  Bcuchot,  n<>  5890,  LXVI,  p.  328.  (A.  de  M.) 


ET  D^ARCHITEGTURE.  —  DESPREZ.  65 

rimagination  française  était  frappée  de  toutes  les  manières,  eut 
un  succès  fort  indépendant  de  la  question  d*art,  et  pourtant  elle 
est  exécutée  avec  un  talent  rare,  avec  un  mélange  de  travaux, 
une  pointe  qui  a  toute  l'énergie  et  la  précision  du  burin,  et  une 
légèreté  d'effet,  qui  lui  sont  particuliers. 

Desprez  a  fourni  le  dessin  de  plusieui*s  planches  du  Voyage  à 
Naples  et  en  Sicile  de  Saint-Non,  et  entre  autres  les  deux  vues  de 
Naples  pendant  la  révolution  de  \àhl ,  qui  sont  composées  avec 
une  verve  extraordinaire. 

Un  graveur  suédois,  Johan-Ffiedrich  Martin,  a  gravé  deux 
grandes  pièces  d'après  Desprez  :  Grande  promotion  au  doctorat 
pendant  le  carnaval  à  Rome  et  Grande  procession  pour  obtenir  des 
indulgefices  à  Rome, 

Les  biographies  de  Desprez  disent  qu'en  dehors  de  ses  grands 
tableaux  il  avait  fait  quelques  caricatures  où  règne  beaucoup 
d'esprit  et  de  finesse,  mais  elles  n'en  désignent  aucune.  Je  crois 
avoir  été  mis  sur  leurs  traces. 

La  plus  importante  a  été  décrite  par  M.  Thomas  Amauldet 
dans  un  travail  sur  les  estampes  satiriques  relatives  aux  arts  et 
aux  artistes  français  pendant  les  XVIl*etXVJIl«  siècles:  Triomphe 
des  arts  modernes  ou  carnaval  de  Jupiter,  dédié  aux  amateurs  du 
temps.  On  l'a  prise  à  tort,  croyons-nous,  pour  l'œuvre  d'un  con- 
temporain de  Gillot  ou  de  Watteau  et  pour  une  tentative  de  réac- 
tion contre  leurs  arlequinades.  C'est  une  mascarade  d'artistes  à 
Rome,  dans  le  goût  de  celle  que  Pierre  avait  gravée  en  1725,  et  à 
laquelle  il  ne  faut  pas  donner  une  signification  historique  trop 
précise.  Les  dieux  et  les  artistes  y  sont  costumés  en  acteurs  du 
Théâtre-Italien  ;  mais  il  y  avait  longtemps  que  ces  personnages 
avaient  cessé  de  fournir  leur  masque  à  la  poétique  pittoresque  de 
Gillot,  de  Watteau  et  de  Coypel ,  quand  la  fantaisie  d'un  artiste 
les  remit  en  scène.  Cette  planche  doit  avoir  été  exécutée  vers 
1780;  il  suffit  de  la  rapprocher  de  celle  que  nous  avons  décrite 
sous  le  titre  la  Chimère,  pour  s'assurer  que  le  même  outil 
les  a  gravées.  C'est  la  même  façon  de  renforcer  les  traits,  de 
semer  les  jours,  de  piquer  l'expression  et  de  décorer  les  fonds 


di  ARTISTES.  —  GRAVEURS  DE  SCULPTURE 

avec  une  aboadance,   une  fantaisie  et  une  légèreté  extraor- 
dinaires. 

M.  Arnauldet  a  cité  les  transformations  que  subit  cette  planche 
en  1789  et  en  1791,  au  moyen  de  légendes  nouvelles;  c'est  une 
ressemblance  de  plus  avec  la  planche  de  la  Chimère,  On  la  re- 
trouve dans  les  petites  pièces  qui  accompagnent  un  des  libelles 
de  Pidansat  de  Mairobert  contre  le  chancelier  Maupeou.  Aller ius 
Sanisonis  vires  et  Canis  infandi  rabies,  in-8^,  allégories  à  nom- 
breuses petites  figures,  qui  sont  expliquées  clairement  dans  le 

texte. 

J*ai  sous  les  yeux  quatre  autres  vignettes  caricaturales  de  Des- 
prez,  mais  j'éprouve  plus  de  difficulté  à  les  décrire  et  à  en  déter- 
miner le  sujet;  le  caprice  de  l'artiste  y  a  pris  des  allures  passa- 
blement cyniques,  peut-être  à  la  suite  de  quelqu'un  des  ouvrages 
de  l'abbé  Dulaurens,  publiés  d'abord  avec  des  ûgures  que  je  n'ai 
point  vérifiées. 

DEMACHY,  le  ûls,  est  un  élève  de  Robert,  que  Basan  cite  après 
son  père  comme  graveur  en  couleur  de  sujets  pittoresques.  La 
pièce  la  plus  estimable  que  je  connaisse  de  lui  est  un  Enfant  en- 
doi^i,  qu'il  dessina  et  grava  en  couleur  à  Madrid  en  1787,  d'a- 
près un  tableau  attribué  à  Murillo.  La  môme  année,  à  Paris,  il  se 
fit  connaître  comme  dessinateur  d'une  estampe  d'Hémery,  Inaxir 
guration  de  la  statue  de  Louis  XV  en  1787,  très-jolie  par  la  réunion 
des  costumes,  la  variété  des  groupes  et  les  heureux  effets  du 
burin.  Il  exposa  :  en  1791,  des  tableaux  de  ruines  anciennes  et 
Ylntérieur  de  l'Église  de  la  Madeleine  de  la  Yille-l*Évêque;  en  1793, 
la  Fédération  des  Français  du  14  juillet  1790,  plusieurs  vues  de 
Paris,  et  des  morceaux  d'architecture.  Au  Salon  de  l'an  IV,  on  vît 
encore  de  lui  des  tableaux  représentant  des  démolitions,  et  le 
Sarcophage  de  J.-J.  Rousseau  au  Panthéon,  effet  de  lumière.  Son 
habileté  dans  la  gravure  en  couleur  parait  encore  dans  luie  pièce 
révolutionnaire  qui  nous  donne  des  costumes  sur  des  piédestaux 
chargés  d'emblèmes  :  Dévouement  à  la  patrie,  dix  Qgures  dispo- 
sées en  bas-relief^  in-folio.  Talamona  invenit  ;  Macbi  sculp. 


ET  D'ARCHITECTURE.  ^  HOUEL.  65 

UOUEL  *,  dislingué  fort  jeune  par  Mariette,  qui  loue  ses  pein- 
tures de  paysage  et  ses  dessins  «  à  la  gouazze  »',  était  agréé  de 
rAcadémie  dès  Mlk  ;  il  devint  ensuite  membre  de  TAcadëmie 
de  Rouen  et  de  la  Société  académique  des  enfants  d'Apollon  ;  il 
exposa  encore,  en  1791,  un  paysage  orné  de  figures^  que  Chéry 
trouve  d'un  pinceau  sec  et  d'un  ton  égal  ;  mais  il  ne  nous  appar- 
tient que  comme  dessinateur  et  graveur  de  vues  de  monuments 
et  de  projets  d'architecture,  qu'il  exécuta  d'une  manière  assez 
pittoresque.  Les  plus  connues  sont  les  planches  qu'il  grava  au 
lavis  pour  son  Voyage  des  îles  de  la  Sicile  de  Malte  et  de  Lipari^ 
de  1782  à  1788;  il  avait  anciennement  pratiqué  la  gravure,  sur 
les  leçons  de  Leprince  pour  le  lavis,  et  de  Lemire  pour  le  burina 

L'un  de  ses  plus  anciens  ouvrages  est  le  portrait  de  M.  de  Ba- 
cbaumont/ d'après  Carmontelle^  1761,  assis  dans  un  fauteuil,  un 
livre  dans  les  mains,  avec  cette  devise  :  Columna  stante  quiescit  K 
On  ne  voit  rien  de  lui  dans  les  expositions  de  l'an  II  à  l'an  X;  en 
l'an  XII  seulement,  il  figure  pour  quelques  vues  d'Italie  et  de 
France  ;  mais  il  a  laissé  un  certain  nombre  de  pièces  d'occasion^ 
qui  se  recommandent  par  leur  facture  originale  : 

Revue  de  la  Maison  du  Roi  à  la  plaine  des  Sablons;  inventé  et 
gravé  par  HoueL 

Horloge  philosophique,  iU'k^h. y  edLiX'îorie  anonyme.  Une  femme, 
nue  et  nimbée,  dressée  sur  un  globe,  et  tenant  un  cadran  qui 
fait  cercle  autour  de  son  corps;  plus  bas,  un  stylobate  avec  des 
figures  allégoriques. 

i.  Jean-Pierre-Loms-Laorent  Houel,  né  &  Rouen,  en  1735,  mort  en  1813, 
élève  de  Descamps,  de  Casanova  et  de  Lemiro.  On  a  de  lui  un  petit  portrait, 
à  la  manière  du  crayon^  in-A^,  dans  un  médaillon  :  J»-P,'L'L,  Houel,  amateur^ 
peintre  du  Roi,  de  VAcadémie  royale  de  peinture  et  de  sculpture,  dessiné  par 
Cochin ,  gravé  par  M""  Lingée. 

2.  Abecedario  de  Mariette,  Paris,  DumouUn ,  185i,  in-8*,  t.  II,  p.  385. 
Par  une  singulière  erreur  M.  Leblanc  fait  de  cette  pièce  deux  articles,  l'un  : 
AUegorie;  Calumnia  (sic)  stante  quiescit,  Tautre  :  Portrait  de  Bachaumont; 
Manuel  de  VAmateur  étestampes,  t.  H,  Paris,  1856,  in-8%  p.  395.  La  pièce  est 
relative  à  la  colonae  de  l'Hôtel  de  Soissons,  sauvée  par  les  soins  de  Ba- 
chaumont. 

5 


66  ARTISTES.  —  GRAVEURS  DE  SCULPTURE 

Projet  d'un  moniment  public  pour  être  élevé  dans  une  des 
places  de  Paris.  Houel  inv.  et  se.  in-f«  h.,  lavis  bistré;  un  globe, 
surmonté  d'un  char  de  la  Victoire,  porté  sur  des  rochers  d'où 
s'échappent  des  Génies,  versant  des  urnes  dans  un  bassin  entouré 
de  quelques  figures. 

Projets  de  colonnes  départementales  ;  il  y  en  a  plusieurs  plan- 
ches in-4»  et  în-f*  : 

1.  Colonne  départementale ,  fût  formé  de  corps  nus,  les  uns 
au-Klessus  des  autres  ;  stylobate  avec  figures  de  soldats  gesticu- 
lant; terrain  peuplé  de  figures  microscopiques. 

2.  Développement  général  de  la  manière  dont  il  conviendrait 
de  disposer  avec  leurs  attributs  les  figures  allégoriques  des  Dépar- 
tements, qui  composent  le  bas^relief  dont  est  décorée  la  colonne 
qui  représente  la  France.  Les  figures  de  cette  planche,  in-f°  h., 
anonyme  ^,  plus  développées  et  la  plupart  de  femmes  très-nues, 
montrent  toute  la  manière  de  l'artiste,  très-ressentie  dans  son 
dessin  et  très-peu  dans  sa  gravure.  Elle  est  destinée,  dit  la  lé- 
gende, à  être  collée  sur  le  fût  d'une  colonne  d'égale  grandeur; 
cette  colonne  ainsi  décorée  deviendra  le  symbole  de  la  France 
personnifiée. 

3.  Colonne  départementale,  fût  formé  de  canons,  de  dra- 
peaux, etc.,  in-4°  h. 

b.  Fûts  et  chapiteaux,  détails  de  la  planche  précédente. 

Ordre  nouveau  d'architecture  applicable  aua  colonnes  du  temple 
de  la  Victoire,  fût  composé  de  branches  de  laurier. 

Houel  exposa,  au  Salon  de  1806,  l'esquisse,  peinte  à  la  gouî^he, 
d'une  colonne  représentant  la  France;  mais  l'idée  et  la  première 
exécution  de  cette  composition  appartiennent  certainement  à 
l'an  Vin  V  • 

Houel,  qui,  au  dire  de  son  biographe  Lecarpentier,  était  d'une 
humeur  gaie  et  lisait  volontiers  des  vers  en  société,  eut  une  idée 

1.  J'ai  Yu  cette  planche  dans  la  collection  Hennin;  les  autres  sont  au  Cabinet 
des  estampes ,  ou  dans  mes  portefeuiUes. 

2.  Sur  les  colonnes  départementales,  voir  Archives  de  l'Art  frcmçais,  VI, 
p.  340>3i8  (A,  de  M.). 


ET  D'ARCHITECTURE.  —  BALTARD.  67 

bizarre  pour  un  dessinateur  d'architecture  et  un  graveur  de  sa 
finesse.  En  Tan  VI,  il  était  arrivé  de  Hollande  à  la  Ménagerie 
nationale  du  Muséum  d'histoire  naturelle  deux  éléphants,  mâle  et 
femelle»  qui  excitèrent  une  vive  curiosité;  il  voulut  écrire  leur 
histoire  et  les  dessiner  dans  le  plus  grand  détail  : 

Le  temps  noitô  fait  ^oir  enfin  les  éléphants  des  différents  sexes.  H 
nous  apprend  aussi  quils  se  couchent  de  diverses  manières  et  se 
relèvent  avec  facilité.  Tel  est  le  titre  d'une  publication  en  20  plan- 
ches in-4<»,  avec  frontispice,  inventé,  dessiné  et  gravé  par 
J.-P.  Houel. 

On  trouvera  quelques  autres  ouvrages  de  Houel  indiqués  dans 
le  Manuel  de  Vamateur  d estampes.  Je  n'ajouterai  que  celui-ci  : 

Rousseau  au  coin  du  feu  avec  ses  chats,  lithographie  in-i!i<>  h.,  « 
i après  une  esquisse  que  J.  Houel,  le  peintre,  fit  de  J.-J,  R.  après 
(xvoir  diné  avec  iui,  te...  il 6k* 

BALTARD  ^  débuta  dans  les  expositions,  de  1791  et  1793,  par 
des  paysages,  ruines  italiennes  et  soleils  couchants,  en  peinture 
et  en  dessin,  qui  eurent  un  certain  succès.  Ghéry  le  juge  digne  de 
Claude  Lorrain  ;  Jansen  y  trouve  de  l'effet,  mais  un  ton  lourd  et 
peu  vrai.  11  exposa  ensuite,  de  Tan  IV  à  Tan  VII,  de  nombreux 
paysages,  principalement  en  dessins»  dont  plusieurs  sont  donnés 
comme  faits  à  Rome^  parmi  lesquels  je  ne  remarque,  comme  pro- 
ductions locales,  qu'un  projet  de  Monument  consacré  à  la  mé- 
moire des  plénipotentiaires  assassinés  à  Rastadt,  qui  eut  un  prix 
d'encouragement  en  Tan  VII,  et  un  Paysage  héroïque  de  Cincitt" 
natus.  Ce  qu'il  y  a  de  plus-  révolutionnaire  dans  son  fait,  c'est 
qu'au  moment  où  chaque  peintre  est  appelé  à  désigner  son  maître, 
il  prend  la  qualification  d'élève  de  la  Nature  et  de  la  Méditation. 

Nonobstant  ce  titre  romantique,  Baltard  s'appliquait  à  des  pro- 
jets d'architecture  plus  positifs,  et  fit  paraître,  aux  mêmes  exposi- 
tions, trois  projets  de  ville  en  esquisse,  sur  une  feuille  dédiée  aux 
malheureux  habitants  des  contrées  de  l'Ouest,  dévastées  par  la 

I.  Jean-Pierre  Baltard,  né  à  Paris,  en  1765,  mort  en  1846. 


68  ARTISTES.  —  GRAVEURS  DE  SCULPTURE       . 

guerre,  an  projet  de  salle  pour  le  Conseil  des  Cinq-Cents,  un 
projet  de  monument  triomphal  des  armées  de  la  République  à 
élever  sur  l'emplacement  du  Château-Trompette  de  Bordeaux. 

Enûn,  il  s'attacha  à  la  gravure,  et,  bien  qu'il  n'y  apportât  qu'an 
talent  pénible,  sa  carrière  y  paraît  enfin  tout  absorbée.  Dans 
cet  œuvre  très-nombreux,  envahi  par  le  commerce  et  engagé 
dans  les  ouvrages  à  souscription,  je  n'ai'  heureusement  à  noter 
que  les  pièces  les  plus  significatives.  Il  voulut,  dans  l'entre- 
prise de  quelques  grands  recueils,  s'essayer  à  des  maîtres,  à 
Primatice ,  à  Poussin  ;  mais  ses  figures  sont  mal  dessinées ,  et 
tout  son  mérite  est  dans  quelques  productions  de  circonstance 
et  dans  des  vues  de  n^numents,  où  il  était  pittoresque  sans 
sacrifier  l'exactitude.  11  était  maladroit  dans  la  taille-douce,  assez 
pesant  dans  le  maniement  de  la  pointe  sur  le  vernis  et  dans  le 
pointillé,  sans  manquer  cependant  d'effet.  Sa  plus  grande  habi- 
leté était  dans  la  gravure  au  lavis;  le  meilleur  recueil  qu'il  ait  pu- 
blié dans  ce  genre  est  celui  des  Monuments  antiques  et  des  prin- 
cipales fabriques  pittoresques  de  Rome^  &8  pièces  in-i!^'',  déposées 
à  la  Bibliothèque  nationale,  le  12  messidor  an  VIIH. 

Voici  le  choix  que  j'ai  fait  dans  l'œuvre  de  Baltard  : 

Un  sans-culotte,  instrument  de  tous  les  crimes,  dansant  au  mi- 
lieu des  horreurs,  vient  outrager  VHumanilè,  pleurante  ctuprès 
d'un  cénotaphe;  U  croit  voir  l'ombre  de  Vune  des  victimes  de  la 
Révolution  qui  le  saisit  à  la  gorge  :  cette  effrayante  apparition  le 
suffoque  et  le  renverse.  Cette  ombre  est  le  profil  de  Louis  XYI , 
fbrmé  par  le  contour  du  cou  et  du  collet  du  principal  personnage. 
In-4°  h.,  anonyme. 

La  cour  du  Louvre,  Baltard  del.  et  sculp.,  in-f^  I.,  lavis,  vue  de 
l'an  X,  remplie  de  figures. 

Le  Triomphe  de  l'empereur  Napoléon  I^^,  d'après  Regnault; 
*  Costume  de  femme  pour  le  printemps; 

1.  Le  Manuel  de  l'Amateur  d'estampes  donne  une  liste  très-longue  de 
Tœuvre  de  Baltard^  en  cinq  cent  quarante-six  numéros;  il  y  manque  cependant 
la  plupart  des  pièces  que  je  donne  ici.  On  y  trouve  la  mention  des  trois  édi- 
tions des  Vues  de  Rome,  mais  non  la  date  de  la  première  que  j*ai  citée. 


ET'  D'ARCHITECTURE.  —  BALTARD.  69 

Costume  cPun  roi  de  la  première  race; 

Âlphonsine,  vignette  pour  un  roman  de  M"*  de  Genlis. 

Ces  quatre  planches,  grand  in-S^*  h.,  font  partie  du  recueil 
intitulé  :  VAthenaewn,  publié  en  cahiers  in-/i°,  en  1807,  et  accom- 
pagné d'une  Gazette  de  l'amateur  des  arts,  du  même  format. 

Découverte  de  la  vaccine,  an  IX,  in-4°  ; 

Inoculation  de  la  vaccine  ; 

Vignettes  en  tête  de  placards  rédigés  par  le  comte  Chaussier, 
professeur  à  TÉcole  de  médecine. 

«  Baltard,  architecte,  dessinateur  et  graveur,  entreprend  tous 
les  ouvrages  de  gravure  en  taiile-douce,  au  pointillé  et  à  la  ma- 
nière du  lavis.  »  Adresse,  historiée  d'une  figure  de  l'Architecture 
et  d'un  motif  d'architecture  dans  un  paysage,  grand  in-8®  h.^  au 
pointillé. 


2.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE, 


LEBÂRBIER.  Entre  tous  les  peintres  qui  avaient  déjà,  sous  le 
règne  de  Louis  XVI,  adopté  une  manière  imitée  tellement  quelle- 
ment  de  Tantique,  et  Tavaient  érigée  en  doctrine  et  en  style  aca- 
démiques, le  plus  prolixe  et  le  plus  vulgarisé  par  la  gravure  fut 
Lebarbier*.  Élève  de  Pierre,  il  avait  réformé  ses  études  dans  un 
voyage  à  Rome  et  en  Suisse,  où  il  s'était  lié  particulièrement  avec 
Gessner,  qui,  lui  aussi,  était  un  des  restaurateurs  de  Tart 
antique.  11  avait  été  reçu  de  l'Académie  en  1785,  sur  un  tableau 
de  Jupiter  efidormi  sur  le  mont  Ida,  et  nommé  peintre  du  Roi. 
Son  talent  avait  été  tout  à  fait  popularisé  par  le  tableau  Les  Cana- 
diens au  tombeau  de  leur  enfant,  qui  fut  gravé  par  Ingouf.  Il 
fournit  depuis  de  très-nombreux  sujets  aux  graveurs  au  burin  et 
aux  graveurs  en  couleur.  Avril,  Godefroy,  Janinet,  furent  ses 
principaux  traducteurs.  Il  avait  joué  un  rôle  actif  dans  les  der- 
nières séances  de  l'Académie  *  et  ne  se  montra  pas  au  Salon  de 
l'an  II  ;  mais,  dès  l'an  IV,  ses  tableaux  et  ses  dessins  paraissent  à 
toutes  les  expositions.  Ce  sont  d'abord  des  sujets  sévères  et  patrio- 
tiques :  La  Mère  Spartiate^  la  Mère  des  Gracques,  Virginie,  V Édu- 
cation des  enfants  à  Sparte,  le  Courage  héroïque  du  jeune  Desilles, 
les  Derniers  iustants  du  général  Marceau.  Ses  compositions  tour- 
nent ensuite  au  gracieux  :  Hélène  et  Paris;  le  Premier  homme  et 
la  Première  femme.  Tout  cela  était  conçu  et  exécuté  dans  une 

1.  Jean-Jacques-François  Lebarbier,  né  à  Rouen ,  en  1738,  mort  en  1826. 

2.  Mémoires  et  Journal  de  Wille,  Paris,  1857,  2  vol.  in-8%t.  II,  p.  237,  242, 
205,  260,  208,  272,  283. 


ARTISTES. —PEINTRES  D*HISTOIRE.  — LEBARBIER.       71 

mesure  commune,  à  laquelle  le  succès  ne  pouvait  manquer,  et 
que  les  critiques  acceptaient  : 

J'admire  cette  Virginie; 
Je  suis  content  de  Lebarbier; 
II  n*a  pas  beaucoup  de  génie. 
Mais  ce  qu'il  fait  sent  le  métier  <. 

Les  Grecs,  les  Romains  et  les  Français  de  Lebarbier,  loin  d'être 
des  personnages  de  bas-relief  comme  ceux  de  David,  n'ont  qu'un 
type  banal,  un  air  théâtral,  des  formes,  débilitées  dans  leur  haute 
venue,  qui  servaient  mal  ses  prétentions  philosophiques.  C'est 
ainsi  qu'il  avait  voulu  peindre  le  premier  homme  et  la  première 
femme  selon  les  idées  de  Buffon  et  de  Rousseau  :  «  L'homme 
apercevant  à  son  réveil  une  créature  animée,  dont  la  fraîcheur  et 
la  beauté  effacent  les  fleurs  qui  l'environnent  et  dont  elle  semble 
fonpée,  et  l'amour  qui,  en  l'animant  de  ses  feux,  lui  fait  sentir 
qu'elle  n'est  que  la  moitié  d'elle-môme.  »  Ces  deux  figures  furent 
fort  admirées  au  Salon  de  l'an  X;  elles  avaient,  au  dire  de 
Landon ,  la  grâce  et  la  naïveté  que  nous  supposons  à  la  pri- 
mitive nature*. 

Les  compositions  de  Lebarbier  ne  paraissent  rendues  qu'avec 
beaucoup  de  froideur  par  la  gravure  au  burin,  et  avec  beaucoup 
de  trivialité  par  la  gravure  en  couleur  ;  mais  la  manière  dont  il 
entendait  T antique  et  dont  il  sentimentalisait  la  nature  se  répan- 
dit dans  les  nombreux  sujets  qu'il  dessina  pour  les  œuvres  de 
Gessner,  publiées  de  1786  à  1793,  chez  Barrois  l'aîné,  pour  les 
Poètes  grecs,  traduits  par  Gail  et  imprimés  par  Didot  en  l'an  III, 
et  pour  beaucoup  d'autres  publications  du  même  temps.  Il  eut 
pour  graveurs  Gaucher,  Née,  Patas,  Halbou,  Lemire,  Thomas, 
Dembrnn,  Delignon.  Â  travers  Tagrément,  plus  ou  moins  grand, 
que  ces  graveurs  de  vignettes  ajoutent  aux  dessins  de  Lebarbier, 

1.  Us  Étrivières  de  Juvérud  ou  Satyre  sur  les  table<mx  exposés  en  Van  V, 
in-««,  1796,  p.  12. 
3.  Annaies  du  Musée,  t.  m,  an  XI,  in-8°,  p.  45. 


I 


72  ARTISTES.  —  PEINTRES   D'HISTOIRE.   , 

il  y  faut  reconnaître  de  la  variété,  de  l'invention,  une  mise  en 
scène  vive,  des  nus  corrects,  des  expressions  piquantes  et  quel* 
ques  bons  costumes. 

On  le  juge  avec  moins  d'indulgence  en  présence  des  prin- 
cipes de  dessin  d*après  Le  Poussin  ou  autres  grands  maîtres, 
et  gravés  par  Ruotte  et  Casenave ,  ou  d'après  nature,  et  gravés 
par  Petit  et  Lucien  *.  Ces  Principes  ne  servent  qu'à  faire  res- 
sortir la  banalité  de  ses  types.  Avec  de  telles  pratiques, 
Lebarbier  professait  cependant  les  théories  classiques  les  plus 
pures;  il  les  a  exposées  dans  un  écrit  :  Des  causes physiqn>es  et 
morales  qui  ont  influa  sur  les  progrès  de  la  peinture  et  de  la  sculp* 
ture  chez  les  Grecs  K  La  cause  physique  de  la  perfection  de  l'art 
grec  est  dans  le  climat,  qui  a  produit  la  plus  belle  race  et  des 
formes  de  beauté  se  traduisant  dans  les  traits  du  visage  par 
la  ligne  du  nez.  La  ligne  du  front  et  du  nez,  qui  fait  un  angle 
rentrant  chez  les  peuples  du  Nord,  se.rapproche  d'autant  plus  de 
la  ligne  droite  qu'on  approche  de  l'Italie,  de  la  Sicile  et  de  la 
Grèce.  Quant  à  la  cause  morale,  elle  est  dans  la  mythologie,  qui 
avait  divinisé  toutes  les  parties  de  l'univers  et  établi  des  formes 
particulières  pour  tous  les  dieux  ;  elle  est  aussi  dans  les  institu- 
tions et  dans  les  mœurs,  qui  laissaient  à  la  beauté  et  à  la  nudité 
son  plus  grand  développement.  C'est  en  conséquence  de  ces  prin^ 
cipes  que  le  peintre  proposait,  comme  le  plus  grand  moyen  de 
perfectionnement  pour  l'art,  que  le  gouvernement  fît  venir  de  la . 
Grèce  des  modèles  pour  les  artistes.  Si  Lebarbier  n'apporta  pas 
dans  son  dessin  la  sévérité  qui  fut  le  propre  de  David  et  qui 
rallia  à  ce  maître  la  partie  la  plus  virile  de  la  jeune  école,  on  voit 
qu'il  n'en  était  pas  moins  le  propagateur  de  principes  analogues, 
et  l'interprète  exact  des  idées  de  son  temps. 

1.  On  trouve  parmi  ces  études  un  Bienheureux ,  grande  tète,  gravé  à  la 
sanguine  par  Carrée,  qui  n'est  autre  que  le  portrait  de  Louis  XVI,  ainsi  cano- 
nisé en  1798. 

2.  Lu  dans  la  séance  publique  de  la  Société  philotechnique,  le  20  plu- 
viôse an  IX;  à  Paris,  de  rimprimerie  des  sciences  et  des  arts.  Floréal 
an  IX,  in-8». 


PIERRE-THOMAS  LECLEBC.  73 

LEGLERG.  Mais,  si  Ton  veut  connaître  jusqu'à  quelle  trivialité 
étaient  descendus  les  modèles  du  dessin  sous  l'influence  de  l'aca-f 
démisme,  qui  se  disait  pourtant  régénéré  par  l'étude  de  l'antique 
avant  l'intervention  de  David,  on  n'a  qu'à  considérer  le  Recueil 
de  feuilles  de  principes  et  études  de  la  figure  gravées,  d'après  les 
dessins  de  Pierre-Thomas  Leclerc,  an  VI  de  la  République,  par 
J.-B.  Lucien.  Le  frontispice  allégorique  porte  le  médaillon  du 
maître  :  P,  Thom.  Leclerc,  parisinus  pictor  historiens.  Ce  Leclerc, 
élève  de  Lagrenée  l'aîné,  avait  publié,  avant  la  Révolution,  un 
portrait  en  pied  de  Marie-Antoinette,  en  riche  costume,  qui  fut 
gravé  par  Lebeau  et  des  portraits  dramatiques  qui  furent  gravés 
par  Elluin  :  Mole,  dans  le  rôle  de  Beverley  :  «  Nature,  tu  frémis  b  ; 
Rosalie  Duplan,  de  l'Académie  royale  de  musique;  M"«  Dumesnil. 
Il  avait  publié  aussi  des  cahiers  de  caprices  et  pensées,  gravés 
par  lui  et  terminés  par  Janinet,  dédiés  à  M.  Watelet.  C'étaient 
des  lavis,  où  la  fadeur  de  Boucher  venait  se  fondre  avec  le  cosr 
tome  antique  et  le  genre  trivial.  Dans  des  modèles  académiques 
de  femmes,  gravés  à  la  manière  du  crayon  par  Roubillac,  le  des- 
sinateur trouvait  un  moyen  sûr  d'avilir  la  nudité  de  ses  modèles 
en  l'accusant  trop  réellement  ;  il  osa  cependant  donner  une  édi-^ 
tien  delMrl  du  dessin  de  Jean  Cousin,  revu,  corrigé  et  augmenté, 
chez  Jean,  rue  Jean-de-Beauvais,  et  gravé  à  la  manière  du  crayon 
par  Petit.  Les  vieux  modèles  du  maître  du  XVI*  siècle  y  subissent 
une  métamorphose  indigne. 

On  trouve  encore^  sous  le  nom  de  Leclerc,  quelques  tableaux  et 
dessins  allégoriques  :  1791,  le  Pacte  national,  seule  estampe  citée 
dans  le  ifanue^  de  V amateur  d estampes.  Les  Salons  de  l'an  IV  et  de 
Tan  V  mentionnent  un  portrait  allégorique  ;  une  famille  affligée  de 
la  peste;  plus  divers  tableaux  et  dessins.  11  fit  enûn  quelques 
pièces  de  costumes  ;  bien  qu'il  n'ait  su  y  mettre  ni  originalité  ni 
distinction,  lettres  closes  pour  son  dessin,  c'est  là  qu'il  paraît 
cependant  le  moins  maussade ,  grâce  à  la  facétie  du  sujet  :  le 
Contraste;,  l'Observatrice  au  boulevard  de  Coblentz;  deux  pièces  en 
largeur  gravées  par  Auvray. 


( 


74  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

VINCENT.  Beaucoup  d'artistes,  à  la  fin  du  XVIII»  siècle,  ouvri- 
rent la  porte  oii  David  entra  en  triomphateur  ;  /VincentS  parmi  les 
élèves  de  Vien,  a  été  Tun  des  plus  loués  pour  avoir  fait  renoncer 
l'École  française  à  ce  qu'on  appelait  le  goût  français.  La  notice  de 
ses  travaux  a  été  faite  * ,  et  sa  peinture  a  été  appréciée  ;  je  veux 
seulement  combler  la  lacune  que  ses  biographes  ont,  par  répu- 
gnance de  la  Révolution,  trouvée  dans  ses  travaux,  et  marquer  sa 
place  dans  quelques  estampes  qui  n'ont  point  été  notées.  Il  suffit 
de  parcourir  les  livrets  des  expositions,  de  1789  à  Tan  IX,  pour  y 
trouver  des  ouvrages  capitaux  du  peintre,  où  sa  manière,  plus 
sage  et  plus  médiocre  qu'il  ne  convenait  à  son  temps,  semble 
tendre,  tantôt  à  plus  d'énergie,  tantôt  à  plus  de  grâce,  sous  l'in- 
fluence des  écoles  rivales  :  en  1789,  Zeuxis  choisissant  pour  modèles 
les  plus  belles  filles  de  la  ville  de  Crotone;  en  1791,  Démocrite  chez 
les  Àbdéritav^s  et  le  Jeune  Pyrrhus  à  la  cour  de  Giaudas,  qui 
furent  loués  sans  réserve  par  Chéry  ;  en  Tan  IV,  Guillaume  Tell^ 
l'un  des  travaux  d'encouragement  ordonnés  par  le  gouvernement  ; 
en  l'an  VI,  r Agriculture  :  «  Pénétré  de  cette  vérité  que  l'agricul- 
ture est  la  base  de  la  prospérité  des  États,  le  peintre  a  représenté 
un  père  de  famille  qui,  accompagné  de  sa  femme  et  de  sa  jeune 
fille,  vient  visiter  un  laboureur  au  milieu  de  ses  travaux;  il  lui 
rend  hommage  en  assistant  à  la  leçon  qu'il  Ta  prié  de  donner  à 
son  fils,  dont  il  regarderait  l'éducation  comme  imparfaite  sans 
cette  connaissance;  »  ce  tableau,  qui  orne  aujourd'hui  le  musée 
de  Toulouse,  était  fait  pour  le  comte  Boyer-Fonfrède  de  Toulouse  ; 
en  Tan  IX,  la  Mélancolie,  que  Chaussard  a  louée  comme  un 
tableau  romantique,  sentimental,  peint  avec  charme,  d'un  effet 
juste  et  d'un  ton  inspiré.  Le  même  critique  a  cité  deux  autres 
tableaux  du  même  temps,  un  Intérieur  domestique,  autre  ta- 
bleau fait  pour  M.  Boyer-Fonfrède,  et  une  esquisse  de  la  Bataille 
des  Pyramides, 

i.  François-André  Vincent,  né  à  Paris,  en  1746,  mort  en  1816,  élève  de  Vien. 
On  a  son  portrait  gravé  par  Parizeau  en  1783.       * 

2.  Le  Pausanias  français,  2«  édit. ,  Paris,  1808,  in-8*,  p.  97.  —  Recueil  de 
Notices  historiques,  par  Quatremère  de  Quincy.  Paris,  1834,  în-8%  p.  23. 


,    FRAKÇOIS-ANDRË  VINCENT.  75 

Je  n'ai  pas  cité  les  nombreux  portraits  qu'il  Qt  pendant  la' 
même  période ,  et  parmi  lesquels  on  remarque  ceux  de  l'auteur 
dramatique  Desforges,  du  citoyen  Roland,  sculpteur,  et  du  citoyen 
Amaidt,  membre  de  l'Institut  national. 

Vincent  était  un  zélé  dessinateur,  et  la  collection  Atger,  à  la 
bibliothèque  de  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier,  contient 
un  fort  beau  choix  de  ses  dessins,  depuis  les  charges  des  pension- 
naires de  Rome,  ses  condisciples,  exécutées  de  1772  à  1775,  jus- 
qu'aux études  pour  le  tableau  deZeuxis.  Il  m'appartient  d'insister 
davantage  sur  un  beau  dessin  qui  fait  partie  de  la  collection  Hen- 
nin ;  il  suffit  pour  crever  l'une  des  périodes  les  plus  gonflées  de 
réloge  académique  que  lui  a  infligé  M.  Quatremère.  C'est  la 
Mort  de  Lepelletier;  il  est  sur  son  lit,  entouré  de  trois  divinités 
allégoriques  et  de  trois  Grâces  qui  apportent  une  couronne  et  le 
triangle  de  l'Immortalité.  Ce  dessin  à  la  gouache  est  signé  :  Vin- 
cent an  2.  A  cette  époque,  Vincent  avait  été  destitué  de  sa  place  à 
la  commission  du  Muséum,  sur  le  rapport  de  David  qui  le  signa- 
lait dans  son  rapport  comme  ayant  du  talent,  mais  d'un  patrie- 
tisme  sans  couleur.  Il  voulut  répondre  à  ce  reproche. 

Vinœnt  s'essaya  quelquefois  à  la  gravure.  On  en  a  du  moins 
conservé  deux  exemples  :  un  Buste  d^  vieillard  barbu,  modèle 
d'atelier,  gravé  avec  un  effet  assez  heureux,  et  signé  au  rebours  : 
Vincent  se.  1785  ;  une  Résurrection  de  Lazare  en  quatre  figures, 
avec  une  tête  en  charge  à  l'angle  de  gauche,  in-^°,  gravé  dans  le 
goût  d'un  amateur. 

De  tous  ses  ouvrages,  je  n'en  vois  que  trois  qui  aient  eu  les 
honneurs  d'une  gravure  : 

Borée  enlevant  Orithie,  dédié  au  comte  de  Cessé,  gravé  par 
J.  Bouillard; 

Mathieu  Mole  au  milieu  des  ligueurs,  pièce  grand  in-P,  seule- 
ment au  trait,  mais  suffisante  pour  donner  une  idée  de  cette  com- 
position académique,  de  ces  impressions  dramatiques  -et  de  ces 
costumes,  où  il  manque  encore  tant  de  vérité  malgré  la  bonne 
intention  du  peintre  ^  ; 

1.  Le  tableau  existe  dann  le  palais  de  la  Chambre  des  d4pnt<fs.  (A.  de  M.' 


76  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

L'Amour  et  V Amitié  ^  Vincent  inv.  Copia  sculpsit,  în-P*.  Se 
vend  à  Paris  chez  Bance  le  jeune,  rue  Portefoin.  C'est  un  pointillé 
fade,  qui  ne  çauve  point  la  vulgarité  des  attitudes. 

DAVID,  le  plus  sévère  des  peintres  de  la  renaissance  antique, 
qui  avait  exposé,  de  1785  à  1789,  les  Horaces,  la  Mort  deSocrate, 
Paris  et  Hélène,  Brutus,  était  désigné  à  la  Révolution  par  son 
caractère  autant  que  par  son  talent.  Il  fut  Thomme-lige  des 
sans-culottes,  comme  l'avaient  été  des  rois  leurs  prédécesseurs  les 
valets  de  chambre;  de  là  son  mérite  et  ses  travers.  Je  ne  cher- 
che point  ici  quelle  fut  sa  valeur  absolue  comme  peintre  et  sa 
place  dans  Thistoire  générale  de  Tàrt,  mais  seulement  les  inspi- 
rations et  les  innovations  qu'il  puisa  dans  le  grand  mouvement, 
auquel  il  prit  une  part  si  active  et  si  passionnée.  Ce  point,  le  plus 
important  de  sa  caVrière,  est  celui  que  Ton  trouve  le  plus  souvent 
omis  ou  dénaturé  dans  les  nombreux  écrits  dont  il  a  été  l'objet. 

En  septembre  1790,  David  fit  hommage  à  l'Assemblée  consti- 
tuante d'un  tableau  représentant  Louis  XVI  entrant,  le  1((  février, 
dans  le  lieu  de  ses  séances,  pour  contracter  l'engagement  d'aimer 
et  de  défendre  la  constitution  qu'elle  donnerait  ^  Cet  ouvrage, 
qui  n'est  mentionné  dans  aucun  des  catalogues  de  l'œuvre  du 
peintre,  dut  sans  doute  disparaître  sous  le  coup  des  événements. 
La  même  année,  David  entreprit  un  sujet  d'une  plus  grande 
portée. 

Le  Serment  du  Jeu  de  Paume,  dont  un  dessin  à  la  plume  et  au 
lavis  parut  au  Salon  de  1791,  et  dont  il  y  a  au  Louvre  un  grand 

« 

carton  commencé  pour  la  peinture,  avec  les  figures  de  Bamave, 
Mirabeau,  Dubois-Crancé'  et  Gérard,  posant  nues,  le  corps  ébauché 
et  la  tête  déjà  toute  peinte,  nous  donne  l'effort  le  plus  hardi  du 
peintre  pour  réunir  les  éléments  dont  se  composait  son  idéal ,  la 

*  i.  David,  Souvenirs  historiques,  par  Alexandre  Lenoir;  extrait  do  Journal 
de  l'Institut  historique,  1835,  in-8*. 

2.  Dubois  Crancé,  député  du  baHliage  de  Vitry,  prêtant  le  serment  du  Jeu 
de  Paume,  premier  acte  de  la  souveraineté  du  peuple  en  47S9,  i>eiDt  par  Darid, 
gravé  par  Miger;  estampe  décrite  par  M.  Bellier  de  La  Chavignerie,  Biographie 
de  Miger,  4856,  in-8*,  p.  112. 


JACQUES-LOUIS  DAVID;  77 

nature  vivante,  l'imitation  antique  et  l'enthousiasme  patriotique; 
Les  hommes  du  temps,  pris  dans  toute  la  réalité  de  leurs  types 
et  de  leur  costume ,  y  étaient  élevés  au  rang  des  héros  par  leur 
attitude,  et  au  rang  des  saints  par  leur  expression.  Un  avis  du 
livret  de  1791  annonçait  que,  dans  son  petit  dessin,  le  peintre 
n'avait  pas  eu  l'intention  de  donner  la  ressemblance  aux  mem- 
bres de  l'Assemblée;  mais,  suivant  Chéry,  on  ne  pouvait  pas 
mieux  varier  les  caractères  et  les  expressions  des  figures;  elles 
respiraient  l'amour  de  la  patrie,  de  la  vertu  et  de  la  liberté  ^  ; 
cette  ressemblance  est  franchement  abordée  dans  le  carton,  et 
n*enlève  rien  à  la  sublimité  de  la  composition.  La  gravure  de  ce 
tableau,  projetée  et  même  mise  en  souscription,  n'a  point  été 
publiée,  mais  on  en  peut  encore  prendre  une  idée  juste  dans  une 
grande  pièce  à  l'eau-forte,  qui  fut  faite  alors  par  Denon,  et  sans 
doute  sous  les  yeux  du  peintre  *. 

Lancé  au  plus  épais  de  l'agitation,  David  trouva  à  peine  le 
temps  de  peindre  trois  tableaux  sous  le  coup  le  plus  violent  des 
événements  ;  Lepelletier  assassiné  sur  son  lit  de  mort,  Marat  mour- 
ront dans  sa  baignoire  et  le  jeune  Barra  mort,  ébauche  '.  Les 
deux  premiers  furent  donnés  à  la  Nation,  exposés  quelque  temps 
sous  un  portique,  dans  la  cour  du  Louvre,  et  placés  ensuite  dans 
la  salie  des  séances  de  la  Convention.  Ces  ouvrages,  qui  n'étaient 
destinés  qu'à  un  succès  politique  de  courte  durée,  furent  long- 
temps proscrits  et  évités  par  la  critique.  Cependant,  l'historien 
le  plus  classique  de  David  a  reconnu  que  ses  quatre  compositions 
révolutionnaires,  par  la  simplicité  de  l'invention  et  du  faire, 
marquent  chez  le  peintre  un  retour  à  la  naïveté^,  et,  dans  la  der- 

1.  Explication  et  critique  impartiale  des  peintures  exposées  au  Louvre  en 
septembre  4791,  4*  édit.,  Paris,  1791,  in-S*,  p.  20. 

2.  Cette  pièce  anonyme  n*est  pas  citée  dans  les  catalogues  et  doit  être  rare; 
eHe  a  de  dimension  75  centimètres  de  larg.  et  49  cent,  tle  haut. 

.1.  Hs  sont  décrits  dans  le  Catalogue  des  tableaux.,,  de  David,  mis  en  vente 
en  avril  1S26,  rédigé  par  M.  Pérignon ,  in-8<*.  Le  catalogue  annonce  quia  le 
Lepelletier  et  le  Marat,  qui  n*ont  point  vu  le  Jour  depuis  longtemps,  ne  seront 
point  eiposés. 

4.  David,  son  école  et  son  temps,  Paris,  Didier,  1855,  in-12,  p.  176. 


78  ARTISTES.  ^  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

niëre  et  la  meilleure  notice  qui  ait  été  donnée  sur  le  peintre^  on 
lit  que,  dans  le  tableau  de  Lepelletier,  David  attaqua  et  rendit 
la  nature  dans  toute  son  énergique  vérité,  et  qu'il  fut  plus  vrai 
et  plus  expressif  encore  dans  le  tableau  de  Marat,  qui  est  son 
chef-d'œuvre  sous  le  rapport  de  l'exécution  *.  Pour  juger  à  quel 
degré  d'exaltation  et  de  fanatisme  pour  son  modèle  était  placé 
l'artiste  quand  il  peignit  ces  tableaux,  il  faut  lire  le  discours  qu'il 
prononça  en  présentant  son  Marat  à  la  tribune  de  la  Convention  : 
u  Citoyens,  le  peuple  redemandait  son  ami  ;  sa  voix  désolée  se 
faisait  entendre,  il  provoquait  mon  art,  il  voulait  revoir  les  traits 
de  son  ami  fidèle  :  «  David,  saisis  tes  pinceaux,  »  s'écria-t-il,  etc.  *.  » 

Le  tableau  de  Lepelletier  fut  reproduit  dans  un  dessin  de  De- 
vosge  fils,  exposé  au  Salon  de  1793,  qui  donna  lieu  au  critiqne 
Jansen  d'exprimer  toute  son  admiration  pour  le  tableau  ;  il  le 
proclame  sublime  par  le  caractère,  le  style,  TefTet,  par  la  simpli* 
cité^  la  force  et  la  profondeur  de  la  composition ,  où  il  voyait 
enfin  un  sujet  moderne  traité  avec  toute  la  noblesse  et  le  senti- 
ment de  l'antique  '•  La  tête  de  Lepelletier  fut  gravée  d'après  ce 
tableau,  de  grandeur  naturelle,  par  Copia,  avec  cette  inscription 
dans  les  angles  :  M^  Lepelletier,  premier  martyr  de  la  liberté^, 
et  l'on  y  trouve  un  excellent  souvenir  de  l'original. 

Le  tableau  de  Marat  fut  reproduit  dans  un  dessin  de  Wicar  et 
gravé  par  Morel  ^.  Cette  estampe,  où  l'on  lit  sur  une  tablette  : 
A  Marat  David,  an  II;  et  en  marge  :  David  pinxit,  Wicar 
del.  1793,  Morel  sculp.,  est  d'un  burin  trop  compassé  et 
ne  rend  qu'avec  froideur  la  peinture  ;  mais  le  peintre  avait  fait 
du  modèle  une  étude  d'après  nature  à  la  plume  qui  a  été  gravée 

1.  Histoire  des  peintres  de  toutes  les  écoles,  Paris,  Renouard,  {n-4^. 

2.  Moniteur  universel ,  26  brumaire  an  n,  p.  227.' 

3.  Explication  par  ordre  des  numéros,  ou  jugement  motivé  des  ouvrages  de 
pe'nture,  Paris,  Jansen,  in-12,  p.  46. 

4.  Il  y  a  des  épreuves  avec  les  coins  sans  inscription. 

5.  Rapport  de  David  du  24  niv6se  an  II.  Vie  de  David,  par  Thomé,  Paris, 
1826,  in-8°,  p.  80,  où  Wicar  et  De  vosge  sont  nommés,  par  erreur,  Ricard  et 
Devaux.  L'erreur  a  été  répétée  par  Delécluze,  David,  etc.,  p.  161. 


JACQUES -LOUIS  DAVID.  79 

par  Ck)pia,  de  grandeur  naturelle,  avec  fidélité  et  amour.  On  y 
lit  dans  les  angles:  A  Marat,  l*Ami  du  peuple,  David  ^  La  tête 
ignoble  de  Marat  y  était  rendue  dans  toute  sa  réalité,  idéalisée 
pourtant  encore  par  le  sourire  de  la  mort. 

L*ébauche  de  Barra^  qui  est  aujourd'hui  au  musée  d'Avignon , 
n'a  jamais  été  gravée.  Un  critique,  M.  Miel,  la  trouve  sublime,  et 
M.  Coupin  dit  que  c'est  déjà  un  chef-d'œuvre  de  sentiment 
et  d'expression;  elle  n'est  pas  moins  intéressante  que  les  autres, 
en  montrant  combien  le  peintre  retrempait  sa  manière  au  plus 
vif  de  la  réalité,  de  la  nature  et  de  la  Révolution.  Cette  pratique, 
s'il  eût  été  donné  à  David  de  la  multiplier,  aurait  dès  lors 
poussé  l'école  dans  une  voie  spacieuse,  mieux  que  ne  firent  ses 
préceptes,  qui  étaient  exclusifs  et  absolus,  et  ses  programmes,  ou 
il  oubliait  trop  les  conseils  d'André  Ghénier, 

Quand  Je  lui  répétais  que  la  Liberté  m&le 
Des  arts  est  le  génie  heureux  K 

David  eut  la  plus  grande  part  aux  mesures  prises  par  la  Con- 
vention pour  l'administration  des  arts  ;  c'est  sur  ses  rapports  que 
Arent  rendus  les  décrets  sur  la  suppression  de  l'Académie  et  des 
commissions,  sur  les  concours,  les  jurys,  et  sur  le  Conservatoire 
du  Muséum.  On  a  recueilli  les  discours  qu'il  prononça  dans  toutes 
les  circonstances  où  les  arts  étaient  intéressés.  En  floréal,  an  II, 
il  vint  à  la  Société  populaire  des  arts  annoncer  les  derniers  appels 
faits  aux  artistes  par  le  Comité  de  salut  public,  et  entretint  long- 
temps l'assemblée  des  grandes  vues  du  Comité  pour  ce  qui  con- 
cerne les  arts  et  leur  gloire  '. 

i.  Il  y  a  des  épreuves  sans  légendes.  Romme  avait  fait  c|écréter  par  la  Con> 
vention  que  les  tableaux  de  Marat  et  de  Lepelletier  seraient  gravés,  et  que  les 
planches,  dont  David  surveillerait  l'exécution,  seraient  payées  10,000  livres 
chacune  au  graveur,  et  remises  au  peintre.  (Moniteur  universel,  séance  du 
2i  brumaire  an  II.  )  —  Le  dessin  de  la  tête  par  David  est  porté  au  Cat4iloQue 
de  vente  de  ses  ouvrages,  n°  55. 

2.  Le  Jeu  de  Paume,  à  Louis  David,  Poésies  d* André  Chénier,  Paris,  1840, 
in-12,  p.  XXXI. 

3.  Journal  de  la  Société  républicaine,  p.  381 . 


SO  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

II  fut,  conjointement  avec  Târchitecte  Hubert,  son  beau-frère, 
l'ordonnateur  des  fêtes  de  la  République,  depuis  la  fête  des  sol- 
dats de  Chàteauvieux  jusqu'à  celle  de  TÊtre  suprême.  Nous 
verrons  quelles  furent  ces  fêtes,  la  grandeur  allégorique  que  le 
peintre  sut  leur  donner,  et  les  monuments  dont  il  put  fournir  les 
dessins.  II  est  à  regretter  que  les  figures  et  les  groupes  compo- 
sés par  David  n'aient  pas  été  plus  soigneusement  recueillis,  ou 
du  moins  gravés.  M.  Lenoir  a  décrit  les  dessins  des  quatre  bas- 
reliefs  qui  décoraient  l'arc  de  triomphe  du  Champ-de-Mars  à  la 
fête  de  l'Être  suprême;  ils  représentaient  le  10  Août,  la  Répu- 
blique, le  règne  de  la  Philosophie,  le  triomphe  de  la  Sagesse* 
Baltard  avait  fait  de  ces  compositions  des  dessins  réduits  ^.  Dans 
ces  esquisses  hâtives,  le  maître  s'était  peut-être  trop  souvenu  de 
ses  études  romaines,  mais  elles  ne  sont  jamais  sans  furie  et  sans 
jet  '  ;  il  y  a  toujours  un  mélange  curieux  de  mythologie  et  de 
patriotisme,  de  mobilier  antique,  de  costume  théâtral  et  d*habits 
populaires.  On  sait  que  David  avait  été  chargé,  par  le  Comité  de 
salut  public,  de  lui  présenter  ses  projets  pour  l'adoption  d'un 
costume  nationaP.  Nous  verrons  que  ces  costumes,  qui  furent 
gravés  par  Denon,  sans  éviter  le  ridicule  qui  s'attache  à  des  ré* 
formes  forcées,  n'en  attestent  pas  moins  les  ressources  ingé- 
nieuses de  l'artiste. 

Il  semble  avoir  dépensé  tout  son  système  allégorique  et  fait 
passer  toute  sa  fièvre  révolutionnaire  dans  un  dessin  qui  a  été 
décrit  par  Lenoir  :  Projet  de  rideau  pour  une  représentation  à 
l'Opéra.  11  représentait  le  triomphe  de  la  Libeirté  et  du  Peuple 
avec  plus  de  trente  figures.  Un  char  antique,  tiré  par  quatre  tau- 
reaux, portant  Hercule,  la  Liberté  et  l'Égalité  entre  ses  jambes  ; 

1.  David,  Souvenirs  historiques.,  extrait  du /oumol  de  V Institut  historique, 
novembre  1835.  U  y  a  beaucoup  de  détails  qui  complètent  et  rectifient  souTent 
ceux  de  M»  Delécluze. 

2.  Un  élève  de  David  a  lithographie,  en  1838,  nn  dessin  représentant  le 
char  d'une  de  ces  fêtes. 

3.  Arrêté  du  Comité  de  salut  public  du  25  floréal.  Moniteur  universel  du 
23  prairial  an  II. 


JACQUES-LOUIS  DAVID.  81 

dciVaDt  lui,  quatre  figures  assises  et  groupées  :  le  Commerce, 
FAbondance,  les  Sciences  et  les  Arts;  dans  le  ciel,  la  Victoire; 
sur  la  paroi  du  char,  un  bas-relief  des  neuf  Muses,  et,  à  la  suite, 
la  mère  dés  Gracques,  Brutus,  Guillaume  Tell,  Marat,  Lepelletier, 
Chalier,  levant  le  fatal  couperet  qui  fit  tomber  sa  tête,  etc.,  etc. 

Un  intérêt  plus  sérieux  s'attache  aux  portraits  que  David  a 
f>eints  pendant  cette  période.  M.  Coupin,  auteur  de  la  meilleure 
notice  que  Ton  ait  peut-être  sur  David,  a  décrit  trois  petits  por- 
traits, exécutés  à  )a  plume  et  au  lavis,  de  Pierre  Bayle,  Beauvais  et 
Chalier,  représentés  avec  divers  attributs  :  des  chaînes,  le  cou- 
teau de  la  guillotine,  etc.,  et  destinés  à  entrer  dans  la  décoration 
de  ce  rideau  de  TOpéra,  le  Triomphe  de  la  Liberté  *. 

David  fit  à  diverses  périodes  des  portraits  plus  calmes  :  Made- 
moiselle Lepelletier,  fille  adoptive  de  la  Nation,  Bailly,  Grégoire, 
Prieur  de  la  Marne,  Robespierre,  Saint-Just,  Jean  Bon  Saint-André, 
Marie  Joseph  Chénier,  Boissy  d*Ânglas»  Un  jeune  critique  s'est 
étonné  de  trouver  dans  ces  portraits  un  pinceau  froid  et  soi- 
gneux,  au  lieu  de  la  peinture  fougueuse  à  laquelle  il  s'attendait'  ; 
mais  David  était  un  praticien  dédaigneux  de  la  touche  et  de 
Teffet;  il  n'en  arrivait  pas  moins  par  ses  moyens  sévères  à  la 
vérité  et  à  l'expression.  Un  de  ses  plus  curieux  biographes,  qui 
fut  aussi  son  élève,  cite,  comme  d'excellents  morceaux,  les  por- 
traits de  madame  Pastoret  assise  auprès  du  berceau  de  son  en- 
fant, et  celui  d'Alexandre  Lenoir,  peint  sur  un  panneau  'de  chêne, 
dans  l'attitude  d'un  homme  qui  écrit  '.  Le  souvenir  le  plus  poi- 
gnant de  l'artiste  jacobin  est  peut-être  dans  le  croquis  rapide 
qu'il  vint  surprendre  de  Marie- Antoinette  dans  la  charrette  du 
supplice,  qu'il  épia  sur  le  boulevard,  de  la  fenêtre  d'un  de  ses  col- 
lègues à  la  Convention^,  et  qu'il  rendit  en  quatre  traits  dans  toute 

1.  Essai  sur  David,  par  Coupin.  Paris,  Renouard,  1827,  in-8°,  p.  58. 

2.  Histoire  des  peintres  français  au  XIX*  siècle,  par  Charles  Blanc,  t.  I"é 
Paris,  1845,  în-8%  p.  191. 

3.  Lenoir,  Souvenirs  historiques,  p.  8-9. 

4.  Une  copie  parfaitement  exacte  de  ce  dessin  à  la  plume  est  dans  la  col- 
lection de  M.  Hennin,  avec  Tattcstation  que  Toriginal,  existant  dans  la  collection 

6 


82  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

la  crispation  du  moment,  en  cagnotte,  les  cheveux  coupés,  et  les 
mains  liées  derrière  le  dos. 

Cependant  la  Terreur  était  tombée,  et  David,  qui  en  avait  subi 
les  accès  et  le  délire,  après  quelques  mois  de  persécution  réac- 
tionnaire, était  rentré  dans  son  atelier.  C'est  alors  qu'envisageant 
son  art  exclusivement,  et  dans  toute  la  sincérité  de  ses  théories, 
il  composa  le  tableau  des  Sabines  :  <(  Mon  intention  en  faisant  ce 
tableau,  dit-il,  était  de  peindre  les  mœurs  antiques  avec  une  telle 
exactitude  que  les  Grecs  et  les  Romains,  en  voyant  mon  tableau, 
ne  m'eussent  pas  trouvé  étranger  à  leurs  coutumes  ^  »  Mais  le 
peintre  prend  le  change.  Sous  un  prétexte  antique,  il  ne  peignait 
que  les  mœurs  du  moment,  l'influence  des  sentiments  de  dou- 
ceur et  d'indulgence  après  les  discordes ,   l'intervention  des 
femmes  et  des  enfants  au  milieu  des  combattants,  et,  malgré 
leurs  attitudes  archaïques,  ses  figures  et  ses  costumes  mêmes 
étaient  pleins  de  réalité.  Ce  fut  la  cause  la  plus  légitime  de  son 
succès;  le  tableau  fut  l'objet  d*une  exposition  publique  dans 
l'atelier  du  peintre,  où  on  le  vit  à  côté^des  Horaces,  de  la  Mort 
de  Socrate  et  de  Marat,  et  qui  se  prolongea  de  l'an  VIII  à  J'an  XII, 
et  produisit  la  somme,  considérable  pour  ce  temps,  de  65,000  fr. 
La  plus  grosse  question  soulevée  par  les  critiques,  au  milieu  de 
l'admiration  générale  excitée  par  l'apparition  des  Sabines,  fut 
celle  de  la  nudité  des  héros;  elle  était  généralement  admise  par 
les  artistes,  les  jeunes  gens,  les  novateurs,  et  repoussée  par  les 
moralistes  et  les  rétrogrades;  l'un  d'eux  la  qualifie  d'tmpudeur 
antisodale  *.  On  reprocha  aussi  au  peintre  d'avoir  fait  des  em- 
prunts trop  immédiats  à  l'antiquité,  et  Ton  cita  une  pierre  an- 
tique, décrite  par  Montfaucon,  qui  avait  dû  lui  servir  de  modèle. 
Mais  d'autres  aperçurent  bien  toute  l'actualité  du  sujet  :  a  Ces 
scènes  exaltant  mon  imagination,  dit  Chaussard,  en  décrivant 

Soulavie,  lui  avait  été  donné  par  la  citoyenne  JuHien,  femme  du  conventionnel^ 
chez  laquelle  David  s*était  rendu  pour  voir  passer  le  convoi. 

i.  Le  tnbUau  des  Sabines,  exposé  publiquement  au  Poiais-NatioimU  des 
sciences  et  des  arts,  par  le  citoyen  David.  Paris,  an  VllI,  in-8%  p.  16. 

2.  Critique  du  tableau  des  Sabines.  Paris,  an  VIII,  in*8S  p.  S. 


J 


JACQUES-LOUIS  DAVID.  83 

le  tableauy  je  crus  voir  alors  les  Français  des  diiïérents  partis 
prêts  à  s'égorger  de  leurs  propres  mains  »  et  la  Mère-Patrie  se  le- 
vant, se  précipitant  entre  eux  et  criant  :  «  Arrêtez!...  »  Ce  rap- 
prochement que  je  hasardais,  je  le  communiquai  à  l'artiste  ;  il  me 
répondit  :  —  «  Telle  était  ma  pensée,  lorsque  je  saisis  les  pinceaux  ; 
<t  puissé-je  être  entendu  M  »  On  dit  en  effet  que  Tidée  lui  en  vint 
alors  que,  détenu  au  Luxembourg,  il  apprit  que  sa  femme,  quoi- 
que brouillée  avec  lui,  faisait  des  démarches  pour  le  sauver.  On 
ne  manqua  pas  non  plus  de  révéler  que  de  belles  dames  avaient 
posé  en  modèles  devant  le  peintre  *,  et  nous  verrons  que  le  fait 
est  attesté,  du  moins  pour  Hersilie.  Quelle  que  soit  maintenant 
Topinion  que  Ton  s'est  faite  sur  les  Sabines,  sur  ses  nudités  et  ses 
attitudes  arrangées,  sur  ses  académies  irréprochables  et  ses  cou- 
leurs sans  lumières,  ce  tableau  restera  comme  le  point  culminant 
du  talent  d*un  maître,  et  le  portrait  le  plus  vrai,  dans  son  idéal, 
d'une  société  exceptionnelle.  C'est  le  sentiment  qu'exprimait 
Ducis  dans  ces  deux  vers  d'une  épître  à  Vien,  lue  à  l'Institut 
national  en  l'an  Vil  : 

Le  plaisir  le  plus  doux  (qui  ne  Ta  pas  goûté-?). 
Ton  tableau  nous  le  crie:  ah!  c'est  Thumanitél 

Il  faut  rapporter  au  même  temps  et  aux  mêmes  théories  le 
portrait  de  madame  Rècamier,  que  David  ne  put  terminer  par 
suite  de  démêlés  avec  son  modèle,  qui  avait  ses  raisons  pour  ne 
pas  céder  aux  exigences  pittoresques  ;  il  l'a  représentée  couchée 
sur  un  sofa,  et  vêtue  d'une  de  ces  robes  légères  qui  ne  dérobaient 
pas  plus  les  formes  que  la  plus  simple  draperie  antique  '. 

Je  n'ai  pas  à  chercher  ce  que  devint  David  lorsqu'il  se  trouva 
asservi  à  un  nouveau  maître,  et  dut  prendre  ses  inspirations 
dans  la  cérémonie  d'un  sacre  ecclésiastique  et  la  distribution  des 
aigles  dans  un  camp  ;  mais  on  Ta  assez  vu  dans  l'époque  virile 

i.  Le  Pausanias  français,  2»  édit.  Paris,  i808,  in-S»,  p.  160. 

2.  Mémoires  de  David,  par  Miette  de  Villars.  Paris,  1850,  in-S^",  p.  161. 

3.  Ikiffid,  son  école  et  son  temps,  par  Delécluze,  p.  280.  V.  aussi  la  lettre 
publiée  dans  le»  Archivés  de  l'Art  français,  t.  I,  p.  346. 


84  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

de  son  talent  pour  juger  à  quel  degré  il  fut  un  peintre  de  Révo- 
lution et  devint  iin  grand  chef  d*école.  La  postérité  ne  ratifiera 
pas  sans  doute  la  place  primordiale  que  lui  ont  octroyée  ses  sec- 
tateurs; elle  ne  renfermera  pas  tout  un  cours  de  peinture  dans 
le  pied  du  fils  aîné  des  Horaces,  et  ne  saluera  pas  dans  sa  venue 
un  prodige,  a  l'apparition  merveilleuse  sur  notre  sol  français  de 
l'art  de  Périclès,  la  conquête  pour  notre  pays  du  genre  épique  ou 
homérique,  genre  éminemment  original  et  sublime  par  essence, 
inconnu  jusqu'alors  parmi  les  modernes,  et  que  David  était  des- 
tiné à  nationaliser  *.  »  Mais  elle  ne  pourra  s'empêcher  d'y  voir 
l'un  des  plus  puissants  changements  de  l'École  française,  dont  la 
vertu  essentielle  est  précisément  de  changer.  L'écart,  opéré  contre 
l'école  du  XVI1I«  siècle  par  l'école  de  David,  a  été  retourné  contre 
celle-ci  par  les  écoles  qui  l'ont  suivie,  et  la  critique,  vis-à-vis 
d'elle,  a  subi  les  fluctuations  du  goût,  successivement  romantique, 
gothique  et  réaliste;  mais  il  lui  restera  toujours  sa  grande  signi- 
fication de  renaissance  révolutionnaire.  M.  Perron,  que  je  citais 
tout  à  l'heure,  n'a  pas  pu  se  dissimuler  que  sa  carrière  avait  été 
interrompue,  et  s'est  demandé  si  tous  les  hommes  de  grand  mé- 
rite venus  après  David,  après  avoir  bien  commencé,  ne  s'étaient 
pas  fourvoyés,  faute  de  volonté  ou  de  mission.  Nous  avons  déjà 
vu  quelle  en  était  la  raison.  L'Empire  étouffa  tous  les  germes 
heureux  qu'elle  pouvait  contenir,  et  ne  lui  laissa  qu'une  théorie 
étroite  et  sèche,  dont  le  temps  devait  faire  justice. 

David  n'a  pas  eu  de  graveur  affectionné.  On  trouve  plusieurs 
noms  de  graveurs  dans  la  nombreuse  liste  de  ses  élèves,  mais 
aucun  d'eux  n'a  laissé  voir  dans  ses  ouvrages  qu'il  eût  contracté 
dans  cette  école  autre  chose  qu'une  disposition  à  traduire  tous 
les  maîtres  avec  la  môme  froideur.  L'un  des  tableaux  que  le 
peintre  avait  exécutés  encore  dans  sa  première  manière,  les  amours 
de  Paris  et  d'Hélène,  commandé  par  le  comte  d'Artois,  fut  gravé 
par  Giraud  Vidal  *,  l'un  des  interprètes  les  plus  mous  des  dessi- 

1.  Perron,  Examen  du  tableau  des  Horaces,  1839,  in-8®,  p.  18,  24,  25. 

2.  Au  Salon  de  1793,  avec  le  Songe  d'Ênée,  gravé,  d'après  le  citoyen  David, 
par  Godefroy. 


PHILIPPE-AUGUSTK  HENNEQUIN.  85 

Dateurs  efféminés  de  i*école  de  Fragonard  *.  Huber  juge  cette 
pièce  un  chef-d'œuvre  de  composition  et  de  gravure  ;  mais  on  en 
pensa  plus  mal  ensuite  ^^  et  la  Mort  de  Sourate  eut  un  traducteur 
un  peu  plus  sévère,  Massard,  mais  bien  loin  encore  de  l'énergie 
nécessaire  pour  faire  ressortir  la  hardiesse  de  son  innovation. 
Après  Denon  et  Copia,  qui  prirent  plusieurs  de  ses  dessins,  le 
graveur  qui  Ta  le  mieux  saisi  est  Morel ,  que  nous  rencontrerons 
avec  les  graveurs  d'histoire  ;  il  reproduisit  Marat,  Bélisaii^e,  les 
Horaces  et  les  Sabines. 

On  lit,  sur  une  bonne  eau-forte  du  portrait  de  Pie  Vil  :  Gravé 
paf  M^  Mongez,  d!  après  un  croquis  fait  surnature  par  M.  David, 
premier  peintre  de  S.  M.  l'Empereur  et  Roi,  în-S»  carré,  et,  comme 
cette  pièce  ne  manque  pas  de  nerf,  des  personnes  ont  voulu 
que  David  y  ait  mis  la  main  en  partie'.  M"*°  Mongez  avait  acquis 
cependant  dans  l'atelier  de  David  un  talent  assez  viril  pour 
qu'on  ne  lui  conteste  pas,  sans  preuve,  un  ouvrage  qui  n'a  rien 
d'extraordinaire,  et  qui  est  sa  seule  estampe. 

Nous  n'avons  pas  à  parler  des  graveurs  qui  sont  venus  plus 
tard  à  ses  tableaux  les  plus  célèbres,  et  dont  le  plus  distingué 
fut  Raphaël  Urbain  Massard,  à  qui  l'on  dut  la  meilleure  gravure 
desSabines;  nous  nous  contenterons  de  nommer  Leroux  et  Po- 
trelle,  qui  ont  laissé  de  bons  portraits  du  maître. 

HENNEQUIN  *,  l'un  des  anciens  élèves  de  David,  avait  embrassé 
les  principes  académiques  de  son  maître  avec  la  même  rigueur 
que  ses  sentiments  révolutionnaires.  Se  trouvant  à  Rome  comme 
grand  prix,  il  avait  pris  part  aux  manifestations  républicaines 

i.  EUe  est  ainsi  décrite  par  Huber  :  Les  Amours  de  Paris  et  Hélène,  P.  David 
faciebat  Parisiis  anno  4778.  G,  Vidai,  sculp,,  dédié  à  M.  Vien  par  David,  son 
élève,  et  Vidal,  graveur.  Tr.  gr.  pièce  in-r>.  —  M.  Coupin  dit  que  le  tableau 
fut  commandé  par  M.  le  comte  d'Artois,  et  terminé  en  1788  {Essai  sur  David, 
1827,  in-8'',  p.  21}.  U  fut  exposé  au  Salon  de  1789. 

2.  Bruun  Neergard,  Sur  la  situation  des  beaua>-arts  en  France,  Paris,  1801, 
iD-8%  p.  96. 

3.  Manuel  de  Vamateur  d'estampes^  1857,  t.  III,  p.  41. 

4.  Philippe-Auguste  Hennequin ,  né  à  Lyon  en  1763,  mort  à  Tournay  en  1833. 


86  ARTISTES.  —  PEINTRES  D^HISTOIRE. 

faites  contre  le  directeur  Ménageot,  et  avait  dû  fuir  es  persécu- 
tions qu'elles  amenèrent.  Venu  à  Lyon  *,  il  avait  été  incarcéré 
après  le  9  thermidor,  let,  à  Paris,  il  s'était  vu  aussi  traîné  en 
prison  et  sauvé  seulement  par  la  protection  d'un  ministre.  Dans 
ces  circonstances,  le  peintre  n'avait  pu  que  s'ancrer  dans  les 
habitudes  d'un  dessin  tendu  et  d'une  composition  terrible. 

Il  exposa,  en  l'an  VII,  un  tableau  de  sept  mètres:  le  Triomphe 
du  Peuple  français,  ou  le  10  Août,  qui  fut  acheté  par  la  Répu- 
blique et  dont  le  programme  mérite  d'être  rapporté  :  «  Le  Peuple, 
armé  de  sa  massue  et  tenant  la  balance  de  la  Justice,  vient  de 
renverser  le  colosse  de  la  Royauté,  dont  la  chute  est  exprimée 
par  ses  attributs  brisés,  etc.  »  (V.  Explication,  an  VII,  p.  30.) 

Au  Salon  de  l'an  VIII,  il  exposa  les  Remords  d'Oreste,  tableau  de 
cinq  mètres,  qui  obtint  le  premier  prix  de  la  première  classe. 
Landon  y  trouve  une  composition  vraiment  poétique  et  un  grand 
caractère  de  dessin  *.  M.  Delécluze  dit  que  cet  ouvrage  fut  jugé 
détestablement  mauvais  par  les  nouveaux  élèves  de  David,  et 
que  son  succès  au  Salon  fut  préparé  par  la  coterie  des  artistes 
révolutionnaires.  Le  maître,  qui  était,  lui,  de  cette  coterie,  avait 
fait  un  pompeux  éloge  de  l'énergie  du  tableau  d'Hennequin  ;  il 
avait  même  dit,  à  cette  occasion,  que  les  peintres  étaient  un  vé- 
ritable  tribunal  révolutionnaire  de  la  peinture,  et  que  tous  les 
genres  étaient  bons  '.  Aujourd'hui  que  le  temps  a  passé  sur  les 
nouveaux  comme  sur  les  anciens  élèves  de  cette  école,  il  nous 
semble  que  ceux-ci,  qui  en  représentaient  la  partie  la  plus  virile 
et  la  plus  novatrice,  mériteraient,  dans  un  intérêt  historique, 
d'être  relevés  de  la  réprobation  qu'ils  ont  subie. 

Le  chef-d'œuvre  d'Hennequin  fut  gravé  au  burin,  in-4*»  1.,  des- 
sin par  Marchais,  eau-forte  par  Queverdo,  terminée  par  Pigeot 
L'auteur  en  fit  plus  tard  (1820)  une  lithographie  ;  mais  il  avait  lui- 

1.  II  dessina  une  vignette  allégorique  pour  la  Section  des  Droits  de  rhomme 
de  Lyon,  mais  je  ne  connais  que  la  reproduction  moderne  {Lyon  en  4793, 
in-8°,  1847  ),  où  le  style  est  tout  à  fait  dénaturé. 

2.  Annales  du  Musée,  t.  I,  an  IX,  pi.  51 ,  p.  105. 

3.  fj}uis  David,  son  école  et  son  temps.  Paris,  1855,  in-12,  p.  104. 


PHILIPPE-AUGOSTE  HENNEQUIN.  87 

môme  perdu  la  faculté  de  rendre  la  manière  de  l'an  Vlil.  Tous 
ses  biographes  disent  qu'il  a  fait  lui-même  beaucoup  de  gravures. 
On  ne  les  trouve  nulle  part  décrites^  ni  même  énumérées;  elles 
sont  tombées  dans  le  mépris  public  ;  l'énergie  de  leur  manière 
les  fera  un  jour  rechercher.  Voici  celles  que  je  connais  : 

Sous  les  traits  d'un  jeune  homme  ardent  et  plein  de  vigueur, 
le  Français,  régénère  par  la  Constitution,  s'attache  à  elle  et  vole 
au  Bofiheur,  tandis  que  le  Fanatisme  aveugle,  l'Orgueil  et  la 
féroce  Ignorance  émoussent  leurs  traits  contre  son  égide.  Inventé 
et  gravé  parPh.-Aug.  Hennequin;  à  Lyon,  chez  l'auteur,  maison 
Regrat,  etc.,  in-P*  1.  Depuis  Hemskerck  on  n'avait  pas  vu  un  tel 
développement  musculaire. 

Milan  de  Crotone,  eau-forte^  au  cabinet  des  Estampes. 

Bénédiction  du  Pape  sur  les  marches  d'un  palais,  et  Sauvetage 
de  femmes  noyées,  deux  pièces  en  pendant,  in-f^,  à  l'eau-forte. 
Les  modèles  de  l'Italie  moderne  y  sont  traités  à  la  façon  de 
mannequins,  disloqués  pour  la  plus  grande  démonstration  mus- 
culaire. 

En  vendémiaire  an  XII,  par  un  gros  temps,  un  bateau  de  la  flot* 
tille,  poursuivi  par  les  Anglais,  était  en  danger  de  se  perdre;  le 
chef  de  bataillon  Salomon  ceint  le  drapeau  autour  de  lui  pour  ne 
pas  l'abandonner.  Belle  eau-forte  par  Hennequin.  Collection  La- 
terrade,  !'•  partie,  n^  287. 

11  fit  un  tableau  de  la  liberté  de  r Italie,  dédiée  aux  hommes 
célèbres,  qui  fut  gravé  par  Monsaldy,  in-f<*  h.  Se  vend  à  Paris, 
chez  Hennequin,  rue  du  Pot-de-Fer,  près  de  la  ci-devant  église 
Saint'Sulpice.  Le  général  Bonaparte,  debout  auprès  du  tombeau 
de  Virgile,  tient  embrassés  le  Peuple  et  la  Sagesse;  au-dessus 
planent  la  Victoire  et  la  Renommée.  Ce  dessin  a  la  carrure,  la 
roideur  et  la  crispation  de  l'École;  la  gravure  est pointillée  d'un 
effet  sombre. 

Hennequin  exposa  encore,  en  l'an  XII,  la  Bataille  de  Quiberon, 
et,  en  1806,  la  Bataille  des  Pyramides,  qui  fut  éclipsée  par  celle 
de  Gros.  H  s'exila  à  la  Restauration  et  termina  sa  carrière  en 
Belgique. 


88  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

La  carrière  de  GÉRARD*  embrasse  trois  époques  ;  si  les  deux 
dernières  furent  les  plus  prospères,  la  première,  la  plus  oubliée 
et  la  seule  qui  doive  nous  occuper,  est  la  plus  intéressante  par  la 
primeur  de  ses  inspirations.  Dans  les  compositions  qu'il  fit  avant 
la  Révolution,  alors  qu'il  n'avait  encore  reçu  que  les  leçons  de 
Pajou  et  de  Brenet,  une  Scène  de  la  Peste,  esquisse,  1784,  la  Cha- 
rité, 1788,  on  trouve  de  la  roideur  et  de  la  gaucherie  avec  des 
prétentions  à  faire  neuf  et  grand  ;  Bruun  Neergaard  *  les  a  sous 
ce  rapport  mieux  jugés  que  Ghéry,  qui  les  qualifia  d'horribles  dans 
la  critique  du  Salon  de  179^*.  Mais  Gérard  devint  bientôt  l'un 
des  élèves  les  plus  chers  de  David ,  et  s'essaya  dans  des  sujets 
inspirés  par  les  événements  :  les  Enrôlements  volontaires,  lors  de 
la  patrie  en  danger,  le  Peuple  et  le. Roi  au  10  août  dans  r Assem- 
blée législative;  on  a  même  dit  qu'il  avait  aidé  son  maître  dans  la 
peinture  du  tableau  de  Lepelletier-Saint-Fargeau.  Le  tableau  du 
Jugement  de  la  chaste  Susanne  par  le  prophète  Daniel,  exposé  au 
Salon  de  1793,  fut  loué  pour  sa  bonne  composition,  sa  couleur 
vigoureuse  et  Texpression  de  ses  tôtes  *. 

Les  biographes  de  Gérard  *,  qui  parlent  fort  peu  de  ses  ouvra- 
ges révolutionnaires^  se  taisent  mieux  encore  sur  ses  actes  ;  il  en 
reste  pourtant  quelque  renseignement.  Àfiilié  à  la  Société  popu- 
laire des  arts,  il  lut,  le  2l\  germinal  an  II,  un  discours  sur  l'utilité 
des  arts  en  principe  ;  membre  du  jury  du  concours  sur  le  sujet 
de  Brutus,  il  exprima  son  opinion  dans  les  termes  les  plus  patrio- 
tiques :  «  L'ensemble  de  ce  groupe,  disait- il  en  parlant  du 
tableau  couronné,  est  noble  et  beau,  et  il  pourrait  encore  épou- 
vanter les  tyrans,  si  une  main  plus  expérimentée  eût  dirigé  Texé- 

1.  François  Gérard,  né  à  Rome,  en  1770;  élève  de  Brenet  et  de  David;  prix 
de  peinture  en  1789. 

2.  De  la  situation  des  beaitx-arts  en  France.  Paris,  an  ÏK ,  in-S**,  p.  3. 

3.  Explication  et  critique,  p.  18,  n°  3. 

4.  Explication  et  jugement  motivé,  Paris,  Jansen,  in-12,  p.  21. 

5.  Delécluze,  Louis  David,  son  école  et  son  temps,  1855,  in-12,  p.  274. — 
Lenormant,  François  Gérard,  peintre  àlùstoire,  Paris,  1846,  in-8**,  p.  19. 


I 


FRANÇOIS  GÉRARD.  89 

cutioD^  »  Oq  sait  enfin  qu'il  fut  juré  du  Tribunal  révolutionnaire, 
réfractaire,  il  est  vrai,  autant  qu'il  put  à  cette  épouvantable  fonc- 
tion ,  mais  toujours  d'un  républicanisme  fort  ardent  et  qui  alla 
jusqu'à  prendre  ombrage  d'un  voyage  de  son  camarade  Gros, 
entrepris  en  1793,  comme  d'une  émigration  ^. 

Ces  renseignements  prêtent  à  l'interprétation  des  portraits  si 
expressifs  qui  nous  sont  restés  du  jeune  peintre,  dessinés  par  ses 
camarades  Gros  et  Girodet'.  Les  portraits  qu'il  fit  lui-même  à 
cette  époque  ont  des  qualités  de  sauvageon  qui  en  élèvent  con- 
sidérablement le  style  et  qui  frappèrent  vivement  les  critiques  du 
temps.  Ce  sont  lea  portraits  de  if"«  Pierre  Bazin,  1792,  de 
M^  Lagrange,  179/i,  de  3f"«  Brongniart,  1795.  «  Jeune  artiste,  » 
lui  disait  le  critique  de  la  Décade,  Amaury  Duval,  n  toi  qui  as  fait 
ce  portrait,  tu  as  rendu  la  nature,  tu  n'as  pas  cherché  à  l'em- 
bellir; ainsi  peignait  Léonard  dé  Vinci.  »  Dans  des  portraits  plus 
grands^  qui  suivirent  ceux-ci  Jsabey  et  sa  fille,  1795,  M^^  RegnauU 
de  Saint-Jeaiïrd'Angely,  La  Réveiller e-Lepeaux,  la  famille  Auguste, 
on  peut  dire  que  Gérard  atteignit  le  point  le  plus  naïf  et  le  plus 
vigoureux  en  même  temps  de  son  talent.  Il  ne  lui  fut  pas  donné 
de  conserver  autant  de  sève  dans  la  peinture  historique.  Le  dessin 
du  10  AoiU,  présenté  au  concours  de  l'an  IV,  valut  au  peintre  le 
grand  prix  de  vingt  mille  francs,  et  Bruun  Neergaard  le  dit  un 
des  plus  beaux  de  l'école  moderne;  mais  ce  ne  fut  qu'un  projet, 
et  l'on  ne  sait  ce  qu'il  est  devenu.  Autant  qu'on  en  peut  juger  p^r 
l'estampe  qui  en  a  été  donnée,  c'est  une  composition  ^ui  ne 
manque  ni  de  grandeur  ni  d'émotion,  avec  des  profils  exagérés^ 
des  gestes  tendus,  et  une  expression  d'énergie  outre-passée.  Deux 

i.  Journal  de  la  Société  républicaine  des  arts,  Paris,  Detournelle,  in-8<>, 
p.  57,  314, 345.  —  Procès-verbal  de  la  première  séance  du  Jury  des  arts,  Paris, 
an  n,m-g°,  p.  86. 

2.  V.  Histoire  des  peintres  de  toutes  les  écoles,  Gros,  par  Ch.  Blanc,  in-4°. 

3.  Portrait  en  tête  de  l'Œuvre  du  baron  Gérard,  Paris,  Vignères,  in-f°.  — 
Portraits  inéditsd'artistes  français,  par  Ph.  deChenncvièrcs,  lithogr.  par  Legrip. 
Puis,  in-f». 


90  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

tableaux  fondèrent  cependant  bientôt  sa  réputation ,  Bèlisaire  et 
Psyché, 

Bèlkaire,  exposé  au  Salon  de  Tan  IV,  eut  un  de  ces  succès  pro- 
clamés par  la  critique  et  sanctionnés  par  des  suffrages  plus  tou- 
chants. ((  Si  je  n'étais  pas  née  sensible,  disait  une  dame  à  Braun 
Neergaard,  Bèlisaire  aurait  remporté  une  victoire  sur  mon  âme; 
toutes  les  fois  que  j'approche  de  ce  tableau ,  j'éprouve  une  cer- 
taine mélancolie  ;  je  souffre  avec  le  jeune  homme  et  je  sens  avec 
le  vieillard  *.  »  Psyché  et  V Amour,  qui  parut  au  Salon  de  Tan  VI 
et  qui  encourut  des  observations  plus  défavorables  de  la  critique, 
produisit  une  émotion  plus  générale  dans  lé  public.  Ces  deux 
figures  répondaient  à  l'idéal  qu'on  se  faisait  alors  des  contours 
les  plus  purs  et  des  sentiments  les  plus  délicats,  et  il  n'y  a  pas 
jusqu'au  ton  pâle  des  chairs  qui  ne  fût  une  condition  suprême  de 
beauté  ;  des  observateurs  de  mœurs  ont  raconté  que  les  dames  se 
fardèrent  le  visage  de  blanc  pour  se  donner  un  air  à  la  Psyché  *. 

Gérard  eut  pour  premier  graveur  Godefroy,  que  nous  verrons 
ailleurs  ;  il  fournit  aux  burins  finis  et  réguliers,  réclamés  alors 
dans  l'illustration  des  livres,  de  nombreux  dessins  sur  les  Amours 
de  Psydié,  Daphnis  et  Chloé,  les  Églogues,  les  Géorgiques,  VÉnèide 
de  Virgile  et  les  Tragédies  de  Racine,  qui  ornèrent  les  belles  éditions 
de  P.  Didot  l'aîné^.  Ces  compositions  nous  semblent  aujourd'hui 
dépourvues  d'esprit  et  de  variété,  tout,empreintes  de  l'affectation 
des  lignes  sculpturales,  et  asservies  de  trop  près  aux  habitudes  de 
l'atelierde  David  pour  rendre  leurs  magnifiques  sujets  avec  la  vé- 
rité désirable  ;  mais  il  suffit  de  se  rappeler  comment  ils  étaient 
traités  auparavant  dans  les  plus  beaux  livres,  pour  sentir  la  gran- 
deur de  leur  style,  la  correction  de  leur  contour  et  la  force  de  leur 
expression.  Parmi  ceux  qui  travaillèrent  à  ces  dessins  à  côté  de 
Gérard,  Girodet  les  traitait  avec  fadeur,  Percier  avec  mesquine- 

i.  De  la  situation  des  beauaxirts  en  France,  p.  113. 

2.  Souvenirs  de  Paris,  par  Kotzbue,  cités  par  MM.  de  Concourt,  Histoire  de 
la  Société  française  sous  le  Directoire,  Paris,  Dentu,  1855,  in-S»,  p.  410. 

3.  la&  gravuros  furent  exposées  aux  Salons  de  l'an  VII  et  de  Tan  Vm. 


■5 


PIERRE  PROD'HON.  91 

rie;  David  lui-même,  inventeur  peu  facile,  n*y  aurait  pas  apporté 
tant  de  convenances;  Prud'hon  seul  y  savait  mettre  plus  de  sou- 
plesse et  de  grâce.  Ce  fut  aussi  le  seul  dont  Gérard  ne  put 
supporter  la  rivalité. 

PRUD'HON 

PRUD'HON  est  le  peintre  par  excellence  de  la  Révolution  fran- 
çaise, et  il  doit  ici  être  traité  avec  prédilection.  Beaucoup  de  notices 
ont  été  publiées  sur  sa  vie  et  ses  œuvres,  et  dans  le  nombre  il  y  en 
a  d'excellentes  ;  je  ne  les  referai  pas,  mais  on  a  publié  depuis  des 
documents  qui  font  mieux  connaître  les  sources  de  ses  études  ; 
en  se  bornant  à  le  considérer  par  rapport  aux  circonstances  au 
milieu  desquelles  il  se  produisit,  et  qui  l'inspirèrent  le  plus  vive- 
ment, on  rencontre  un  côté  de  sa  carrière  tout  à  fait  méconnu  et 
le  fond  môme  dç  son  génie.  Il  fut  un  de  ceux  où  Ton  ne  doit  pas 
craindre  de  s'étendre  et  de  creuser. 

• 

1.   —    ÉTUDES    A    DIJON     ET    A    ROMR. 

tt  Pierre  Prudon  d  naquit  à  Cluny,  dans  le  Maçonnais,  le  k  avril 
1758  •,  treizième  et  dernier  enfant  d'un  tailleur  de  pierres.  Élevé 
avec  tendresse  par  sa  mère  et  remarqué  bientôt  à  l'école  gratuite 
de  Tabbaye  par  une  vocation  prodigieuse  pour  les  arts  du  dessin*, 
il  fut  envoyé,  à  seize  ans,  par  M.  Tévêque  de  Mâcon,  Mpreau,  dans 
recelé  de  M.  Devosge,  à  Dijon. 

i.  Cette  date  est  ceUe  qui  résulte  de  Pacte  de  naissance.  Prudon  prit  plus 
tard  le  prénom  de  Pierre-Paul,  changea  Torthographe  de  son  nom  et  avança 
de  quelques  années  la  date  de  sa  naissance,  on  ne  sait  pour  quels  motifs.  Ma- 
gasin jnit^àregque ,  année  1857,  p.  148,  et  Archives  de  Vart  français,  t.  VI, 
page  349. 

2.  On  en  trouve  les  preuves,  plus  ou  ou  moins  légendaires,  dans  la  Notice 
historique  sur  la  me  et  les  ouvrages  de  Prud*hon,  lue  à  l'Institut  par  M.  Qua- 
tremère  de  Quincy,  Paris,  in-4*,  1824 ,  et  dans  la  Notice  histonque  sur  la  vie 
et  les  ouvrages  dé  Prud'hon,  Paris,  Didot,  1824^,  in-«.  Cette  notice  est  de 
M.  Voiart,  ami  du  peintre,  et  rédigée  sur  les  renseigtiements  fournis  par  un 
autre  de  ses  amis,  M.  de  Boisf remont. 


/ 


1 


94  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

plus  éminemment  le  génie  divin  de  ce  grand  maître.  Après  son 
École  d'Athènes,  ce  sont  ses  plus  beaux  ouvrages,  et  on  pourrait 
dire  les  seuls  qui  l'égalent,  dans  le  simple  de  la  composition, 
comme  dans  la  force  de  l'expression...  Mais  quelqu'un  qui  l'a 
surpassé  bien  au  delà  dans  la  pensée,  la  justesse  de  la  réflexion 
et  du  sentiment ,  et  de  plus  dans  le  précis ,  le  moelleux  et  la 
force  d'exécution ,  et  dans  l'entente  du  clair-obscur  et  de  la 
perspective,  c'est  l'inimitable  Léonard  de  Vinci,  le  père,  le 
prince  et  le  premier  de  tous  les  peintres...  C'est  là  mon  maître 
et  mon  héros  *.  » 

Messieurs  les  Élus  de  Bourgogne  avaient  ordonné  à  leur  pen- 
sionnaire un  tableau  pour  décorer  le  plafond  de  leur  salle,  et  ils 
avaient  fait  choix  d'abord  de  r Aurore  du  Guide  au  palais  Ros- 
pigliosi,  que  Prud'hon  trouvait  en  effet  le  plus  agréable  en  ce 
genre  qui  soit  à  Rome;  ce  plafond  ne  put  être  copié.  11  avait 
désigné  ensuite  r  Assemblée  et  le  Festin  des  Dieux  à  la  Farnésiue, 
ou  le  Triomphe  de  Bacchus  de  Garrache  au  palais  Farnèse.  ce  Les 
deux  premiers,  disait-il,  quoique  exécutés  sur  les  cartons  de  Ra- 
phaël, pèchent  beaucoup  contre  la  correction  du  dessin,  mais  les 
caractères  de  tête  en  sont  sublimes;  le  second  est  faible  de  cou- 
leur... >  EnGn  on  se  détermina  pour  le  Triomphe  de  la  Gloire, 
plafond  de  Piètre  de  Gortone  au  palais  Barberini,  que  Prud'hon 

* 

appelle  une  machine  à  fracas,  mais  qui,  lorsqu'on  le  prend  partie 
par  partie»  n'est  que  très-médiocre.  Le  peintre  là  décrit  avec  les 
changements  qu'il  y  fait  ;  il  a  tâché,  autant  que  possible,  de  re- 
médier au  dessin  et  en  quelques  endroits  des  draperies,  qui  sont 
d'un  assez  mauvais  goût  dans  l'original;  on  peut  l'en  croire  sur 
parole  :  «Quant  aux  éloges,  disait-il,  une  copie  en  mérite  peu  ^.  m 
Ge  plafond,  qui  décore  aujourd'hui  la  salle  des  statues  du  Musée 
de  Dijon,  fut,  selon  M.  de  Saint-Mesmin,  exécuté  d'abord  dans 


i .  Lettres  écrites  par  Prud'hon  K  MM.  Devosge  et  Fauconnier,  pendant  son 
voyage  en  Italie,  publiées  par  MM.  Villot,  Joliet,  Saint-Père  et  Velée.  Archives 
de  l'art  français,  t.  V,  p,  98, 108,  liO,  H5  et  116. 

2.  Archives  de  Vart  français,  p.  117, 121, 149. 


PIERRE   PRUD'HON.  95 

uoe  esqaisse  réduite  et  puis  peint  en  grand  ^  U  est  en  effet,  de 
dimensions  plus  grandes  que  celui  de  Rome,  doit  avoir  des  figures 
ajoutées  et  ne  garde  rien  de  la  manière  de  Piètre  de  Gortone.  On 
y  reconnaîtrait  plutôt  l'étude  des  maîtres  plus  anciens,  tels  que 
Raphaël,  et  plusieurs  figures,  des  groupes  entiers,  y  sont  déjà 
tout  empreints,  dans  les  formes  comme  dans  les  lumières,  de  la 
grâce  et  des  tons  particuliers  à  Prud'hon. 

Prud'hon  parle  du  reste  fort  peu  de  ses  travaux.  D'après  ce 
qu'il  en  disait  plus  tard,  ils  se  bornaient  à  des  croquis  ;  le  peintre 
s'occupait  de  regarder  et  d'admirer  les  chef^-d'œuvre  de  Home 
plus  que  de  les  copier  *.  Vers  la  fin  de  son  séjour,  il  fit  proposer 
aux  États,  dans  le  cas  où  sa  pension  de  trois  ans  serait  renouve- 
lée, d'entreprendre  plusieurs  sujets  des  actions  héroïques  du 
grand  Condé  sur  les  documents  historiques  qui  lui  seraient  en- 
voyés; il  ne  recherchait  ni  les  protecteurs  ni  la  publicité  : 
«  Comme  mon  talent  n'est  pas  au  point  où  je  le  désire,  je  ne  me 
soucie  pas  qu'on  me  fasse  connaître  avant  le  temps'.  »  Il  fuyait 
surtout  la  protection  et  les  conseils  du  directeur  de  l'Académie 
de  France  :  a  M.  I^agrenée  a  sa  manière  de  voir  et  de  faire^  qui 
ne  cadre  guère  avec  la  mienne;  par  conséquent  ses  conseils  ne 
peuvent  pas  m'étre  bons...  Un  artiste  qui  étudie  doit  être 
libre,  etc.  *.  » 

Les  croquis  tracés  par  cette  main,  que  M.  de  Joursanvault 
disait,  huit  ans  auparavant,  douée  d'une  grande  facilité  et  d'une 
adrelte  peu  commune,  ont  été  en  partie  conservés  dans  un 
album,  recueilli  par  un  des  nombreux  admirateurs  du  peintre, 
M.  Marcille,  où  les  traits  de  son  charmant  crayon  sont  mêlés  à 
des  notes  de  dépenses  et  à  des  lettres  d*amour  ^  Le  morceau  le 

i.  Notice  des  <^et$  d^art  exposés  au  musée  de  Dijon,  Bijon,  1842,  in-i2, 
page  67. 

2.  Sur  la  situation  des  beauanirts  en  France,  ou  Lettr/s  d'un  Danois,  par 
BruQD  Neergaard.  Paris,  an  IX,  in-8<*,  p.  136.  ^ 

3.  Archives  de  Vart  français,  t.  V,  p.  158, 132. 

4.  Archivée,  t.  V,  p.  133, 134. 

5.  Les  BeauoD-Arts,  revue  nouvelle,  n°  du  !•'  juin  1860,  p.  97-98. 


96  ARTISTES.  ~  PEINTRES   D'HISTOIRE. 

plus  intéressant  que  Ton  ait  conservé  de  cette  époque  est  son 
portrait,  qu'il  envoya  à  son  ami  Dagoumer;  le  corps  et  les  che- 
veux sont  esquissés  à  la  plume,  mais  la  tête,  de  profil,  est  finie 
dans  ce  pointillé  profondément  caressé  ;  Tceil  assombri,  la  lèvre 
boudeuse,  et  Tair  rêveur  et  doux,  semblent  laisser  surprendre, 
avec  la  ressemblance  du  jeune  artiste,  les  attaches  mêmes  de  son 
type  *.  On  voit  comment  en  principes  il  avait  profité  :  «  C'est  là 
où  l'antique  et  les  grands  maîtres  lèvent  tout  d'un  coup  les  pré- 
jugés qu'on  peut  avoir  pris  ailleurs,  surtout  lorsqu'ils  ne  se  sont 
point  trop  glissés  dans  la  pratique.  »  Voici  toute  sa  théorie,  sous 
forme  de  conseils  à  son  petit  Anatole,  Devosge  le  fils,  qui  concou- 
rait alors  à  Dijon  :  c  Du  nerf,  de  l'expression ,  un  dessin  ferme 
et  grandement  senti,  des  draperies  avec  des  plis  grands  et  dé- 
cidés, et  du  repos  dans  les  parties  larges  ;  joignez  à  cela  un 
effet  vigoureux  et  tranquille,  afin  de  faire  briller  davantage 
le  mouvement  de  vos  figures*.  »  Mais  c'est  dans  les  deux  der- 
nières lettres,  adressées  à  M.  Fauconnier,  que  Prud'hon  a  exprimé 
avec  le  plus  d'élévation ,  quoique  dans  un  langage  négligé,  tous 
ses  sentiments  sur  la  peinture  et  sur  les  peintres  ses  contem- 
porains. Interrogé  sur  le  mérite  des  jeunes  gens  de  Rome,  il 
indique  ce 'qui  l'éloigné  de  l'école  de  David,  car,  en  s'éloignant 
deLagrenée,  il  ne  se  rapproche  nullement  de  celui-ci  :  *  M.  Drouais 
est  celui  qui  se  distingue  le  plus^  il  suit  la  manière  de  M.  David, 
et  cherche  tout  ce  qui  peut  fasciner  et  éblouir  les  yeux  de  ceux 
qui  n'ont  pas  le  sentiment  fin  et  délicat.  Le  désir  violent  défaire 
du  fracas,  l'ambition  .de  la  gloire  et  des  applaudissements  sont 
les  guides  qu'ils  suivent;  mais,  mon  ami ,  l'ambition  est  souvent 
un  mauvais  guide  ;  elle  ôte  cette  tranquillité  dans  l'esprit  pour 
opérer  sainement  et  avec  justesse  :  une  certaine  affection ,  un 
certain  amour  dans  ce  qu'on  fait  et  non  pour  ce  qu'on  fait,  et  le 
plaisir  qu'on  aura  si  on  réussit,  attisent  plus  efficacement  le  génie 
et  aiguillonnent  bien  mieux  le  sentiment  que  ne  peuvent  faire 

1.  Chez  M.  Dromond.  Album  xi""  23. 

2.  Archives  y  t.  V,  p.  147. 


PIERRE  PRUD'HON.  97 

toute  la  torture  et  l'agitation  que  se  donne  un  ambitieux  *.  » 
Quelle  que  fût  l'indépendance  du  pensionnaire  de  Dijon  et  son 
admiration  pour  le  Vinci ,  il  n'était  resté,  ni  sans  relation  avec 
les  artistes  qui  dominaient  à  Rome,  ni  étranger  à  la  révolution 
qui  s'était  faite  dans  l'art  sous  l'influence  des  principes  et  des 
exemples  de  Raphaël  Mengs,  de  Pompeo  Batoni  et  d'Angelica 
Kaufmann.  Mengs  était  venu  d'Allemagne  apprendre  aux  Romains 
à  goûter  Fantique;  il  avait  eu  la  prétention  de  réunir  dans  sa 
peinture,  qui  comprenait  tous  les  procédés,  la  fresque,  l'huile, 
le  pastel  et  la  miniature,  l'expression  de  Raphaël ,  le  coloris  du 
Titien  et  le  clair-obscur  du  Corrège,  et,  dans  l'opinion  de  ses 
contemporains,  tels  que  Winckelmann,  il  avait  réussi  à  surpas- 
ser ces  maîtres.  Batoni,  plus  iidële  et  plus  favorisé  des  Grâces, 
disait-on,  sans  avoir  moins  de  considération  pour  l'antique  et 
pour  Raphaël,  était  regardé  comme  le  restaurateur  de  l'école  ro- 
maine. Angelica  Kaufmann  avait  suivi  les  mêmes  tendances  avec 
des  moyens  plus  faibles,  mais  qui  n'en  étaient  que  plus  agréables 
et  plus  populaires  alors  qu'elles  étaient  servies  par  l'ascendant 
d'une  femme  jeune  et  belle.  11  y  a  évidemment,  entre  ces  artistes 
et  Prud'hon,  des  rapports  généraux  de  poétique,  même  recherche 
de  la  grâce  et  du  sentiment  dans  l'antique,  de  la  pureté  et 
de  la  couleur  dans  quelques  maîtres  de  prédilection  ;  mais  ils 
n'enapéchèrent  pas  notre  peintre,  après  qu'il  se  fut  retrempé  en 
France,  de  trouver  sa  voie  et  de  devenir  un  maître  d'une  autre 
force  et  d'une  complète  originalité.  11  fut  lié  aussi  avec  Canova. 
M.  Voiart  raconte  que  Canova  fit  de  vains  efforts  pour  le  retenir 
en  Italie,  qu'il  voulut  lui  payer  ses  ouvrages  et  les  exposer  dans 
son  atelier  pour  les  faire  connaître*.  Prud'hon  n'a  parlé  dans  ses 
lettres  que  des  morceaux  antiques  qu'il  avait  vus  dans  l'atelier  de 

i.  Arc/UveSf  t.  V,  p.  16C. 

2.  M.  Quatremère  et  M.  Voiart  disent  que  Prud'hon  ne  trouva  à  faire,  eu 
arrivant  à  Paris,  cq  1789,  que  des  miniatures,  — la  miniature  ne  fut  pas  dédai- 
gnée par  Fragonard.  Prud'hon  en  avait  déjà  fait  à  Rome.  On  a  de  cette  façon  le 
p<^rait  du  prince  Negroni,  ovale,  en  habit  bleu,  gilet  Jaune  et  cheveux  blancs, 
qui  est  d*un  ton  léger  et  flou. 


dS  ARTISTES.—  PEINTRES   D'HISTOIRE. 

Mengs,  mais  on  comprend  que  le  sculpteur,  qui,  à  ce  momeat 
au  faite  de  la  gloire,  exécutait  à  Rome  le  mausolée  de  Clément  XIII 
et  le  groupe  d* Amour  et  Psyché,  ne  fut  pas  sans  influence  sur 
le  peintre.  Une  tendance,  alors  nouvelle  dans  les  arts,  leur  est 
commune  :  le  désir  d'apporter  plus  de  tranquillité  dans  la  com- 
position de  leurs  sujets,  plus  de  vérité  dans  l'expression,  et  un 
sentiment  attendri  qui  pénètre  jusque  dans  les  formes  les  plus 
énergiques. 

1.  —    TRAVât'X    DE    1789    A    L'aN    X. 

Sa  pension  expirée  et  Tannée  1789  venue,  Prud'hon  revint  à 
Paris»  où  il  fut  rejoint  par  sa  femme,  dont  le  caractère  était  si 
peu  digne  du  sien^  ainsi  que  nous  l'apprenons  déjà  par  ses  lettres 
de  Rome,  et  par  son  enfant.  Il  s'y  trouva  dans  une  position  pré- 
caire, obligé  de  recourir  à  des  travaux  vulgaires  et  d'un  produit 
facile.  Il  sut  déjà  y  mettre  de  la  conscience  et  en  relever  la  vul- 
garité. Les  miniatures  et  les  dessins  à  la  plume  et  au  crayon 
étaient  alors  encore  un  lot  pour  le  talent;  mais  ce  sont  des  dé- 
buts peu  flatteurs  pour  la  vanité  d'un  artiste;  ils  attirèrent  à 
peine  l'attention.  An  Salon  universel  de  1791,  un  dessin  à  la 
pierre  noire  exposé  sous  ce  titre  :  Un  jeune  homme  appuyé  sur  le 
dieu  Terme,  n'est  enregistré  par  Chéry  qu'avec  cette  observa- 
tion :  ((  Les  jambes  sont  trop  grosses  ^  »  Les  tableaux  que  Pru- 
d'bon  a  pu  faire  à  cette  époque  ne  sont  plus  connus.  M.  Ch.  Blanc 
cite  l'Innocence  ^tramée  par  l'Amour  et  suivie  par  le  Repentir, 
figures  à  mi-corps,  comme  exposé  en  1791  *,  mais  le  livret  n'en 
fait  pas  mention. 

Au  Salon  du  10  août  1793,  Prud'hon  exposa  un  grand  tableau  : 
VUnion  de  l'Amour  et  de  l* Amitié,  deux  portraits  et  deux  dessins 
à  la  plume,  l'un  sous  le  titre  de  l'Amour  réduit  à  la  raison^ 
l'autre  sur  un  Sujet  tiré  du  premier  acte  d'Andromaque.  Un  cri- 

1.  Ecpplication  et  critiqw  imparticUe,  p.  54,  n°  5iO. 

2.  Histoire  des  peintres  de  toutes  les  écoles,  in-i°,  p.  22. 


PIERRE    PRUD*HON.  99 

tique  signala  dans  ses  portraits  un  bon  modelé,  une  couleur  vraie 
et,  particulièrement  pour  le  portrait  de  femme,  beaucoup  de 
grâce  dans  l'air  de  tête,  dans  la  pose,  et  de  vérité  dans  les  chairs 
et  les  ajustements^;  il  aurait  été  sans  doute  moins  clairvoyant 
s*il  ne  s'était  mêlé  à  sa  critique  quelques  sentiments  personnels  ; 
le  juge  était  Jansenet  il  parlait  du  portrait  de  sa  sœur,  femme 
du  graveur  Copia.  Mais  le  mérite  de  ce  portrait  a  été  ratifié  par 
un  juge  moins  suspect,  M.  Charles  Blanc,  qui  a  vu  encore  chez 
les  demoiselles  Jansen,  filles  du  traducteur  de  Winckelmann,  ce 
tableau  :  la  Citoyenne  Copia,  ayant  les  mains  sur  les  genoux  et 
portant  un  adorable  petit  chapeau  ridicule,  signéPrud'hon,  1793  ^. 

Dès  Tan  II,  Prud'hon  avait  trouvé  dans  Copia  un  graveur  fait 
pour  le  traduire  avec  tout  le  soin  requis,  et  les  pièces  qu'ils  pu- 
blièrent dans  les  années  les  plus  terribles  de  la  Révolution  en 
furent  le  succès  de  gravure  le  plus  populaire  et  le  plus  beau. 
La  Vengeance  de  Cèrhs,  V Amour  réduit  à  la  raison,  Le  cruel  rit 
des  pleurs  qu'il  fait  verser  ^^  furent  loués  par  Detournelle,  qui 
trouve  l'estampe,  dans  la  manière  de  Bartolozzi,  séduisante, 
digne  d'orner  le  portefeuille  de  l'artiste  et  le  cadre  de  l'amateur  ^. 
Un  rédacteur  du  Moniteur,  en  les  annonçant  avec  plus  d'éloges 
encore,  fait  une  observation  qui  sent  bien  son  temps  :  c  Peut- 
^tre  y  a-t-il  dans  la  figure  de  Vénus  un  peu  trop  d'air  français, 
dit-il,  mais  plus  d'une  divinité  grecque  n'aurait  pas  perdu  au 
change  en  prenant  cet  air-là  ^.  » 

Il  faut  rapporter  à  la  même  époque  les  cinq  vignettes  compo- 
sées pour  la  Nouvelle  Hèloïse  •,  qui  ont,  dans  l'œuvre  de  Prud'hon, 


1.  Explication  et  Jugement  motivé,  Paris,  Jausen,  iD-12,  p.  39,  41. 

2.  Histoire  des  peintres  français  au  XIX*  siècle,  Paris,  1845,  in-S*',  p.  270. 

3.  EUes  furent  exposées  au  Salon  de  l'an  IV.  Quelques  états  portent  eu 
maiigc  :  Tiré  du  cabinet  du  Ç,  d*Arlet  (M.  Voiart  nomme  ce  citoyen  le  comte 
d'Harlai,  amateur,  qui  fit  travaiUer  Prud*hon  à  peu  de  frais,  Notice,  p.  18); 
d*aotres  :  Société  des  amis  des  arts, 

4.  Journal  de  la  Société  républicaine  des  Arts. 

5.  Moniteur  universel,  supplément  du  0  niYôse  an  II  (S^décwaihre  1793}. 
C.  On  ne  sait  pour  quelle  édition  projetée  furent  faites  les  planches  de  Copia. 


100  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

une  importance  toute  particulière;  car,  si,  dans  les  compositions^ 
ii  témoignait  une  vocation  pour  le  costume  antique  en  le  pliant 
avec  une  convenance  inûnie  à  des  formes  actuelles,  ici  il  a 
abordé  le  costume  moderne  dans  ses  caprices,  les  robes  à  la  lévite, 
les  fichus  de  linon  garnis,  la  culotte  à  boucles,  le  frac  à  longues 
basques  et  les  cheveux  en  catogan,  sans  rien  sacrifier  de  la 
grâce  de  ses  figures.  Vénus,  avec  les  bandeaux  qui  projettent  les 
tresses  de  ses  cheveux,  sa  ceinture  nouée  sous  les  seins  et  son 
manteau  rabattu  sur  ses  genoux,  comme  Julie,  avec-  son  petit 
chapeau  placé  en  pouf  sur  une  chevelure  abondante,  et  son  fichu 
menteur  noué  derrière  lataille,  sont  des  figures  également  pleines 
de  goût  et  de  style. 

Prud*hon  avait  acquis  dès  lors  une  notoriété  parmi  les  peintres; 
car  on  le  trouve  compris  dans  la  liste  des  membres  du  jury  pour 
le  concours  des  prix  de  peinture  de  l'an  11,  qui  fut  adoptée  par 
la  Convention  sur  la  proposition  du  Comité  d'instruction  publî* 
que.  On  a  son  opinion  motivée  sur  le  tableau  de  Brutus  par  Har- 
riet,  qui  obtint  le  prix.  Elle  est,  en  quelques  mots,  ce  qu'on 
pouvait  attendre  de  lui  ;  il  donne  son  suffrage  à  ce  tableau,  quoi- 
que faible  d'exécution^  a  parce  que  c'est  le  seul  où  il  ait  vu  le 
germe  des  grands  talents,  le  sentiment,  et  il  l'y  a  trouvé  dans 
l'expression  générale  et  particulière  du  sujet,  dans  le  caractère 
des  personnages  et  même  dans  celui  du  dessin  *.  »  Lorsque  ce 
jury,  ayant  terminé  ses  opérations,  se  forma  en  Club  révolution- 
naire des  arts,  Prud'hon  en  fut  le  secrétaire  adjoint  et  lut,  dans 
une  de  ses  séances,  un  discours  sur  les  arts  dont  le  journal  de 
Detournelle  ne  nous  donne  malheureusement  qu'une  mention  ; 
il  les  considérait,  est-il  dit,  sous  des  rapports  philosophiques  et 
en  parlait  dans  le  genre  de  Rousseau  *. 

A  ce  moment  se  rapportent  ses  dessins  d'allégories  politiques  : 

1.  Procès-verbal  de  la  première  séance  du  Jury  des  arts,  de  Tlmprimerie 
nationale,  in-8°,  p.  32. 

2.  Journal  de  la  Société  répMicaine  des  arts,  Paris,  an  II,  in-8«,  p.  283. 


PIERRE   PRUD'HON.  101 

La  Liberté,  Elle  a  renversé  rhydre  de  la  lyrannie  et  brisé  le  joug 
du  Despotisme,  in-8«  en  hauteur; 

La  Loi.  Le  faible  trouve  sa  force  dans  la  Loi  qui  le  protège,  in -8° 
en  largeur  ; 

L'Égalité.  Ils  sont  égaux  dans  la  société  comme  devant  la  Na- 
ture, in-8®  en  largeur; 

La  Constitution  française  fondée  par  la  Sagesse  sur  les  bases 
immuables  des  droits  de  V homme  et  des  devoirs  du  citoyen,  in- 
folio en  largeur. 

Ces  dessins  furent  gravés  par  Copia,  qui  n'eut ,  pour  les  bien 
rendre,  qu'à  s'attacher  à  la  facture  très-finie  du  dessinateur,  qui 
avait  avancé  tous  ses  travaux  exprès  pour  la  gravure,  et  qui, 
grâce  à  ce  soin,  peut  être  apprécié  sur  ces  estampçs  comme  sur 
des  originaux. 

Les  biographes  de  Prud'hon  ont  trop  insisté  sur  sa  position 
misérable  à  l'époque  de  la  Révolution  ;  sa  condition  ne  fut  pas 
pire  que  celle  de  beaucoup  d'autres  ;  s'il  produisit  peu ,  c'est ,  à 
part  la  préoccupation  des  événements,  qu'il  était  difficile  pour  ses 
propres  ouvrages  et  n'était  pas  propre  à  la  peinture  faite  vite.  Les 
dessins,  auxquels  il  pouvait  mettre  le  temps,  le  faisaient  aussi 
mieux  vivre,  et  il  n'est  pas  à  déplorer  qu'il  en  ait  été  réduit  là, 
car  ses  facultés  s'y  sont  développées  avec  puissance.  Lors  des 
grands  prix  d'encouragement  accordés  en  l'an  IV  par  suite  du 
concours  de  l'an  III,  ou  la  Convention  avait  appelé  tous  les 
artistes  à  représenter  à  leur  choix,  sur  la  toile,  les  époques  les 
plus  glorieuses  de  la  Révolution,  Prud'hon  fut  mentionné  deux 
fois;  il  eut  5,000  francs  pour  le  prix  donné  aux  esquisses  de 
peinture  présentées,  et  2,000  francs  pour  les  autres  prix.  Parmi 
les  tableaux  cités  de  Prud'hon,  le  seul  qui  paraisse  se  rapporter  à 
ce  concours,  est  celui  que  mentionne  M.  Paul  Lacroix  :  a  La  Prise 
de  la  Bastille,  composée  de  plus  de  cent  cinquante  petites 
figures;  »  maison  n'en  trouve  pas  d'autre  indication*.  M.  Ch. 
Blanc  a  indiqué  un  tableau  de  la  même  époque  :  Une  jeune 

1.  Un  dessin  de  Prud'hon,  cbez  M.  Hennin,  semble  se  rapporter  à  ce  tableau. 


102  ARTISTES.  —  PEINTRES   D'HISTOIRE. 

femme  accompagnée  de  son  enfant,  dont  on  connaît  un  dessin, 
signé:  P.-P.  Prud'hon,  1794. 

Prud'hon  n*exposa  rien  au  salon  de  Tan  IV.  Ce  fut  le  temps 
de  ses  plus  grands  chagrins  domestiques,  comme  nous  l'appre- 
nons par  une  lettre  à  Denon,  où  il  implore  Tintervention  de  Tau- 
torité  contre  les  excès  de  sa  femme*.  M.  Voiart  nous  apprend  de 
son  côté  qu'il  alla  vers  cette  époque  à  Rigny,  près  de  Gray  en 
FrancherComté,  où  il  passa  deux  années  et  fit  un  grand  nombre 
de  portraits  à  l'huile  et  au  pastel. 

11  parut  au  Salon  de  Tan  V  avec  le  portrait  du  citoyen  Constan- 
tin, trois  dessins  lavés  à.  l'encre  de  Chine,  sujets  du  roman  de 
Daphnis  et  Chloé,  et  deux  dessins  à  la  plume,  sujets  tirés  de  CArt  ' 
cV aimer  de  Bernard  ;  au  Salon  de  Tan  VI  il  exposa  seulement 
un  dessin,  projet  de  frise,  représentant  une  Bacchanale,  et  la  gra- 
vure originale  de  Phrosine  etMélidor,  Les  premiers  de  ces  dessins 
et  cette  gravure  étaient  faits  pour  les  grandes  éditions  de  Didot 
aîné,  ce  qui  était  encore  une  commande  honorable  et  lucrative. 
Malheureusement  Prud'hon  ne  put  la  conserver  longtemps,  pour- 
suivi par  la  jalousie  des  élèves  de  David,  et  en  particulier  de 
Cérard,  qui  lui  fit  refuser  toute  collaboration  à  l'illustration  des 
livres  de  Didot,  et  exigea  même  la  suppression  de  son  nom  sur 
une  planche  déjà  faite  pour  la  Thébaïde  sur  un  de  ses  dessins  ^. 
Ces  vignettes,  ainsi  que  celles  qu'il  put  faire  encore  pour 
Daphnis  et  Chloé,  pour  l'Art  d'aimer^  et  pour  la  Tribu  indienne 
de  Lucien  Bonaparte*,  ont  cependant  dépassé  Teur  destination 
et  brisé  l'enveloppe  où  sont  restés  enfouies  celles  de  ses  collabo- 
rateurs. 


1.  Lettre  du  7  vendémiaire,  an  IV,  publiée  dans  les  Archives  de  Vart  fran- 
çais ^  t.  IV,  p.  127. 

2.  In-8<^.  Moitte  inv.,  Sisco  se.  Quelques  premières  épreuves  portent  le  nom 
de  Prud'hon. 

3.  Trois  dessins  lavés  à  Tencre  de  Chine  pour  Daphnis  et  Chloé,  et  deux 
dessins  à  la  plume  pour  VArl  d'aimer  furent  exposés  au  Salon  de  Tan  V. 

4.  La  Tribu  indienne  ou  Edouard  et  Stellina,  Paris,  Honnert,  an  VII  (1799), 
2  vol.  in-12. 


I 


PIERRE   PRUD'HON.  103 

Il  descendit  môme  plus  bas  et  dut  prendre  des  commandes 
réservées  aux  artistes  les  plus  modestes,  telles  que  des  figures 
pour  des  têtes  de  lettres,  pour  des  adresses  de  marchand  et  des 
bimbeloteries,  où  il  savait  mettre  ce  grain  qui  se  communiquait 
à  ses  graveurs,  et  qui  les  fait  rechercher  toujours  à  Tégal  des 
ouvrages  les  plus  soutenus.  Toutes  ces  humbles  compositions 
ont  eu  pour  heureux  interprète  le  graveur  Roger. 

Le  seul  portrait  de  Prud'hon  qui  ait  été  gravé  par  son  premier 
et  son  plus  fidèle  interprète  est  une  charge,  qui  attire  d'autant 
plus  l'attention  qu'elle  est  exécutée  de  main  de  maître,  et  que 
c'est  la  seule  que  s'est  permise  son  esprit  ordinairement  si  sé- 
rieux, le  Directeur  Réveillère,  pape  des  Théophilanthropes* .  Le  per- 
sonnage est  représenté  à  mi-corps,  de  face,  les  bras  appuyés  à 
une  tribune  et  la  tête  tournée  à  droite,  drapé  en  Démosthène 
et  coiffé  en  Lucius  Verus,  les  poings  serrés,  l'œil  enfoncé,  le  front 
carré  et  les  traits  inférieurs  projetés  en  avant,  avec  une  expres- 
sion qui  nous  paraît  aujourd'hui  assez  étrangère  au  caractère 
connu  du  directeur  théophilanthrope,  et  éloignée  de  tous  les 
autres  portraits,  depuis  celui  que  peignit  Gérard  en  1796  jus- 
qu'à celui  qu'a  modelé  David  d'Angers ,  où  percent  seulement 
les  épaules  gauchies  et  les  traits  martelés  d'un  bonhomme  en- 
têté. Mais ,  à  ne  considérer  de  cette  pièce  que  la  partie  pitto- 
resque ,  il  y  a  une  pénétration  qui  ne  trouve  de  comparaison 
que  dans  certaines  charges  de  Léonard  de  Vinci.  Aussi,  bien 
que  la  pièce  soit  anonyme,  tout  le  monde  y  a  reconnu  la  marque 
de  Prud'hon  ;  on  la  croit  gravée  par  Copia ,  mais  elle  est  de 
celles  où  le  maître  a  mis  la  main.  On  ne  s'étonne  plus,  en  effets  de 
voiries  planches,  gravées  par  Copia  sur  des  ouvrages  de  Prud'hon, 
faites  avec  tant  de  bonheur  dans  certaines  parties,  quand  on  sait 
que  le  peintre,  non  content  de  donner  des  dessins  finis,  retou- 

1.  Ce  burlesque  pontificat  était  placé  dans  le  Directoire.  Français  de  Nantes; 
rapport  des  Onze.  —  Ce  portrait  rare  a  été  décrit  d*abord  par  M.  Villot  {Essai 
d*ttA  catalogue  raisonné  des  gravures  et  lithographies  exécutées  par  Pruéthon 
ou  d'après  ses  compositions.  Cabinet  de  Vamateur^  t.  HI.) 

Le  dessin  à  la  plume,  pour  la  gravure,  est  dans  la  collection  Marcille. 


fl 


104  ARTISTES.  —  PEINTRES  D*HISTOIRE. 

chait  lui-même  les  épreuves  d*essai  faites  par  Copia,  par  Roger 
et  par  son  fils*. 

Lebreton,  dans  son  rapport  de  1808,  parle  de  Prud'hon  dans 
ces  termes  :  «  Il  s'est  plus  montré  comme  dessinateur  que 
comme  peintre  pendant  l'époque  où  nous  nous  renfermons,  mais 
les  artistes  avaient  la  persuasion  qu'il  marquerait  un  jour  dans 
l'école  par  un  caractère  de  talent  qui  ne  serait  qu'à  lui.  Il  jus* 
tifie  pleinement  ces  favorables  augures  '.  »  Nous  pouvons  dire 
qu'il  les  avait  justifiés  dès  le  temps  du  Directoire  et  du  Consu- 
lat par  les  peintures  les  plus  considérables  :  c'est  sous  le  Direc- 
toire qu'il  obtint  le  logement  au  Louvre  et  ensuite  au  Palais 
national  des  sciences  et  des  arts  (Sorbonne). 

Il  exécuta  pour  le  Gouvernement  un  tableau  allégorique  :  la 
Sagesse  et  la  Vérité  descendent  sur  la  terre,  et  les  ténèbres  qui  la 
œuvrent  se  dissipent  à  leur  approche.  Ce  tableau  de  3  mètres 
66  centimètres  en  carré,  exposé  au  Salon  de  l'an  VII,  fut  placé 
d'abord  au  musée  spécial  de  l'école  française  à  Versailles,  puis 
transporté  à  Saint-Cloud  pour  servir  de  plafond  à  la  salle  des 
gardes,  où  il  fut  en  partie  roussi  par  un  incendie  arrivé  à  la 
draperie  d'un  lustre,  lors  des  fêtes  du  mariage  de  Napoléon,  et 
mis  de  côté.  Il  gît  aujourd'hui,  diminué  d'un  quart,  et  détérioré 
en  plusieurs  parties,  dans  les  magasins  du  Louvre'.  On  y  admi- 
rait, dit  M.  Voiart,  la  poésie  de  la  pensée  et  de  la  composition, 
les  grandes  formes,  le  charme  de  la  couleur  et  du  pinceau,  enfin 
une  exécution  large  et  moelleusejusqu'alorsjnconnue  dans  l'école. 

Il  fut  chargé  de  peindre  un  plafond,  dans  la  salle  du  Laocoon 
au  Louvre,  dont  le  sujet  fut  V Étude  qui  guide  V essor  du  Génie,  et 
cette  composition  fut  reproduite  avec  une  juste  appréciation  dans 
les  Annales  de  Landon  ^. 

1.  Je  tiens  le  fait  d'un  artiste,  M.  Dromont,  qui  a  connu  et  affectionné 
Prad*hon,  dont  il  a  recueilli  des  œuvres  charmantes,  et  qui  a  vu  souvent  chez 
Roger  des  épreuves  retouchées  par  Prud*hon. 

2.  Rapport  sur  les  Beaua>'ArtSy  iu-4*,  p.  67. 

3.  Rapport  de  M.  Jeanron,  directeur  des  Musées  nationaux,  du  25  mai  i84S. 

4.  Annales  du  musée,  t.  I,  an  IX,  in-8,  p.  iO. 


j 


PiBRRË   PRUD'HOiN.  i03 

Le  travail  le  plus  précieux  de  Prud'hon  à  celle  époque  fut  la 
décoration  des  salons  du  fournisseur  De  Lonois,  à  l'hôtel  Saint- 
Julien,  rue  Cerutti  (aujourd'hui  Laflitte).  L'hôtel,  qui  appartint  en- 
suite à  la  reine  Hortense,  a  subi  depuis  bien  des  métamorphoses, 
et  les  panneaux  de  Prudhon  se  trouvent  encore,  dit-on,  dans  les 
salons  de  M.  de  Rotschild  ou  dans  ceux  de  la  Compagnie  du  che- 
min de  fer  de  Lyon.  Grâce  à  un  étranger,  Bruun  Neergaard, 
le  plus  intelligent  appréciateur  de  nos  arts  à  ce  moment ,  nous 
en  avons  la  description  la  plus  précise  ^  Les  représentations  des 
panneaux  principaux  étaient  la  Richesse,  les  Arts,  le  Plaisir,  la 
Philosophie,  figures  toutes  brillantes  de  ce  bonheur  d'allégorie 
qui  a  été  le  don  principal  du  maître,  et  composées  avec  un  luxe 
d'emblèmes  et  une  abondance  d'accessoires  qui  en  faisaient,  se- 
lon l'expression  du  Danois,  comme  un  poënie  en  peinture.  On 
voyait  ensuite  dans  les  pilastres ,  entre  les  glaces  et  au-dessus 
des  portes,  des  têtes  mythologiques,  des  compositions  en  façon 
de  bas-relief,  Parques,  Pégases,  Enfants,  Saisons  et  Heures,  dont 
les  dessins  et  les  esquisses,  aujourd'hui  éparpillés,  ont  fait  ap- 
précier partout  l'invention  et  le  charme  ^  Neergaard  mentionne 
aussi  trois  plafonds  que  Prud'hon  devait  peindre  au  Louvre^  en 
outre  de  celui  dont  nous  avons  parlé;  ces  peintures  ne  furent 
pas  exécutées. 

Un  concours  ayant  été  ouvert  en  Tan  IX  pour  l'érection  d'une 
colonne  départementale  à  la  gloire  des  braves  morts  dans  la 
guerre  de  la  liberté,  Prudhon  fit  un  projet  dont  le  dessin  a  été 
conservé  avec  la  légende  explicative  écrite  de  la  main  du  pein- 
tre'. On  retrouve  dans  les  figures  qui  décorent  ce  projet,  avec  la 
distinction  de  style  ordinaire  à  son  dessin,  une  heureuse  appro- 
priation des  formes  aux  lignes  architecturales.  11  composa  enfin, 
sur  l'indication  de  Neergaard,  un  autre  dessin  :  la  Paix,  allé- 

i.  Lettres  d'un  Danois,  p.  120-32. 

2.  Les  esquisses,  peintes  en  petite  dimension,  des  compositions  principales 
ont  fait  partie  du  cabinet  Denon  et  sont  maintenant  au  musée  de  Montpellier. 

3.  Ce  dessin  est  dans  le  cabinet  de  M.  Bérard,  architecte  à  Paris  ;  l'inscrip- 
tion a  été  publiée  dans  les  Archives  de  Vart  français,  t.  VI,  p.  344-8. 


i06  ARTISTES.—  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

gorie  sur  les  triomphes  du  premier  Consul,  qui  fut  exposé  au 
salon  de  Tan  IX  avec  la  proposition  de  souscription  pour  la  gra- 
vure qu'allait  exécuter  Roger.  C'est,  avec  un  tableau  de  famille 
exposé  en  l'an  XI,  le  seul  ouvrage  que  l'on  vit  aux  dernières  expo- 
sitions de  la  République. 

Les  amis  de  Prud'hon  fixent  à  ce  moment  l'époque  la  plus 
triste  de  sa  vie.  Les  chagrins  de  ménage  qui  l'accablèrent  alté- 
rèrent à  jamais  son  caractère  et  sa  santé  et  aboutirent  à  une 
séparation,  qui,  avec  les  enfants  qui  lui  restèrent  sur  les  bras,  ne 
fit  qu'augmenter  sa  gêne.  Ils  déplorent  également  l'envie  et  la 
critique  qui  poursuivirent  le  peintre  et  voulurent  reléguer  son 
talent  dans  les  dessins  et  les  vignettes  ^  Là  même,  comme  nous 
l'avons  vu,  il  n'échappa  pas  aux  avanies  de  ses  confrères.  Mais 
rénumération  que  nous  avons  donnée  de  tous  les  ouvrages 
produits  par  Prud'hon  pendant  la  période  républicaine  suffît 
pour  montrer  comment  son  talent  s'y  développa  malgré  les 
épreuves. 

Ces  travaux  s'effacèrent  devant  les  productions  plus  nombreuses 
et  plus  brillantes  des  deux  écoles  qui  parvenaient  à  ce  moment  à 
l'apogée  du  mouvement  que  leur  avait  imprimé  la  Révolution. 
David  et  Regnault,  les  chefs  de  ces  écoles,  non  contents  de  bril- 
ler au  salon  du  Louvre,  venaient  d'ouvrir,  en  l'an  VIII,  dans  leur 
atelier,  des  expositions  qui  avaient  attiré  tout  Paris,  et  marchaient 
entourés  de  nombreux  disciples.  Gérard,  Lethiere,  Hennequin, 
Topino-Lebrun,  Broc  et  consorts  d'un  côté,  Guérin,  Meynier» 
Mérimée  et  bien  d'autres,  obtenaient  la  faveur  publique  par  des 
moyens  plus  faciles,  ou,  comme  le  disait  Prud'hon  dans  les  lettres 
que  nous  avons  citées,  par  le  désir  violent  de  faire  du  fracas.  Dans 
le  dessin  même,  Isabey,  Carie  Vernet,  Fragonard  fils  et  M"«  Chau- 
det  avaient  tous  les  succès  d'agrément.  Prud'hon,  loin  de  toute 
école,  avait  dans  son  idéal  quelque  chose  de  concentré,  et,  dans 
sa  manière,  une  personnalité  qui  échappait  à  la  foule,  qui  cho- 
quait l'amateur  vulgaire  et  qui  blessait  les  rivaux;  il  passait, 

1.  Notice  historiqtte  par  Voiart,  Paris,  1824,  p.  16  et  17. 


PIEKRK   PnUD'HON.  107 

dit  Thistorien  de  David,  pour  un  peintre  de  mauvais  goût.  David 
l'appelait  le  Watteau  de  son  temps,  et,  tout  en  lui  trouvant  un 
talent  sûr,  lui  reprochait  de  faire -toujours  la  même  figure  ^  ;  mais, 
^uand  la  critique  a  pu  devenir  historique  et  tout  confronter,  les 
rôles  ont  changé.  C'est  David  et  ses  élèves  qui  paraissent  les  plus 
uniformes,  les  plus  entachés  d'un  mauvais  goût  dans  leur  imi- 
tation judaïque  de  l'antiquité  romaine;  Prud'hon  se  relève  avec 
son  individualité,  plus  naturellement  issue  des  meilleures  tradi- 
tions du  XVIII*  siècle,  plus  intelligente  dans  sa  façon  d'interpré- 
ter Vantique,  plus  pénétrée  des  sentiments  inspirés  par  la  Révo- 
lution, plus  digne  enfm  de  servir  de  modèle  aux  temps  qui  vont 
suivre.  Prud'hon  ne  s'est  soustrait  à  aucune  des  influences  qui  ont 
retrempé  l'art  pendant  cette  période  de  la  fin  extrême  du  XVIII® 
siècle  :  antiquité,  sentimentalité,  patriotisme  ;  il  s'y  est  gouverné 
avec  une  indépendance  d'invention  et  une  nouveauté  de  facture, 
auxquelles  on  ne  trouve  toujours  pas  de  comparaison^  si  ce  n'est 
dans  le  poète  qui,  dès  les  premières  années  de  la  Révolution, 
avait  fait  entendre  une  voix  si  pure  et  si  neuve  : 

La  Liberté,  du  génie  et  de  l*art 
Touvre  tous  les  trésors.  Ta  grâce  auguste,  et  fSère 

De  nature  et  d*éternité. 
Fleurit.  Tes  pas  sont  grands.  Ton  front,  ceint  de  lumière. 

Touche  les  cieux.  Ta  flamme  agite,  éclaire. 

Dompte  les  cœurs 

Andrb  Chrmirr.  Ijs  Seiment  du  Jru  de  Paume. 
3.  —  COMPOSITION    ET    TÏPE. 

Prud'hon  innova  dans  sa  composition  et  dans  ses  types.  Les 
sujets  par  lesquels  il  débuta  et  ceux  qu'il  traita  avec  une  affec- 
tion presque  exclusive  furent  des  représentations  allégoriques  et 
morales.  L'allégorie ,  employée  accidentellement  par  beaucoup 

i.  Delécluze.  Louis  Davidf  son  école  et  son  temps.   Pari»,  1855,  in-i2, 
p.  305. 


110  ARTISTES.  —   PEINTRES   D'HISTOIRE. 

posent  dans  une  si  belle  pyramide,  à  Cérhs,  où  trois  figures  con- 
courent au  moment  le  plus  ému  d'un  fait,  à  Phrosine  et  Mélidor; 
cette  invention  seule,  dit  M.  Delacroix,  le  place  à  côté  du  Corrège. 
Mais  ce  qui  échappe  à  toute  comparaison  dans  les  compositions 
de  ce  grand  dessinateur,  c*est  le  type. 

((  On  rémarquait  ordinairement  dans  les  ouvrages  de  Pru- 
d'hon,  dit  M.  Delécluze,  des  femmes  dont  les  vêtements  n'étaient 
d'aucun  pays  ni  d'aucun  temps,  mais  qui,  par  leurs  formes  suaves 
et  une  expression  vive  de  tendresse,  séduisaient  toutes  les  classes 
d'amaieurs.  Ces  femmes  n'étaient  point  belles  et  se  ressemblaient 
toutes;  leur  bouche  était  grande,  leurs  yeux  profondément  en- 
châssés et  couverts  ^  » 

Le  portrait  n'est  pas  flatté,  mais  if  est  assez  vrai,  comme  cha- 
cun peut  le  vérifier,  même  sur  les  figures  des  dessins  gravés  par 
Copia  :  les  nymphes  de  r Amour  réduit  à  la  raison  et  de  le  Cruel 
rit  des  plews,  la  Liberté,  les  femmes  de  VHéloïse,  etc.  Prud'hon 
ne  prit  pas  ce  type  en  Bourgogne  avant  le  voyage  d'Italie,  ni  dans 
sa  femme,  qui  fut  pour  lui  un  attachement  si  court  et  si  funeste; 
il  le  trouva  en  général  dans  les  femmes  qui  se  firent  distinguer 
à  Paris  dans  les  premières  années  de  la  Révolution  par  l'expansion 
de  leur  beauté  et  la  chaleur  de  leur  sentiment.  Je  ne  saurais  in- 
diquer de  modèle  positif,  si  ce  n'est  M"®  Copia,  que  Prud'hon 
peignit  de  grandeur  naturelle  en  1793*.  Mais  ce  modèle,quel  qu'il 
fût,  était  entrevu  sous  le  souvenir  de  ces  bas-reliefs  grecs  dont 
l'artiste  avait  fait  beaucoup  d'études;  c'est  là  surtout  qu'il  avait 
trouvé  ces  arcades  sourciliëres  profondes  et  ces  grandes  bouches 
qui  prêtent  à  la  fois  à  la  force,  à  la  rêverie  et  à  la  tendresse  ;  il 
en  avait  enfin  ravivé  la  ftamme  par  son  propre  idéal.  Ce  type 
persista  dans  tous  ses  ouvrages,  sauf  quelques  médications,  mais 
il  fut  toujours  diversifié  selon  les  caractères  qu'il  avait  à  rendre. 
L'uniformité  de  têtes,  que  nous  lui  avons  vu  reprocher  et  qui 

1.  Louis  David,  son  école  et  son  temps,  p.  303. 

2.  M.  Ch.  Blanc  a  cité  ce  portrait  précieux  :  a  II  est  charmant;  le  modèle  a 
les  mains  sur  ]es  genoux,  il  porte  un  adorable  petit  chapeau  ridicule.  »  Histoire 
des  peintres  français  au  XIX"  sièvh.  in-8,  1. 1,  p.  270. 


PIERRR  PRUD'HON.  lli 

» 

l'avait  été  également  à  Greuze,  n'est  que  l'effet  d'une  personna- 
lité puissante  à  laquelle  les  artistes  résistent  moins  que  les 
autres.  Sans  dépasser  la  première  période  de  son  œuvre,  nous 
voyons  déjà  une  suite  de  figures  empreintes  des  caractères  les 
plus  divers,  des  femmes  dont  les  traits  rendent  des  tempéra- 
ments et  des  passions  opposés  dans  la  manière  toujours  calme 
qui  convenait  à  l'abstraction  conçue  par  le  maître  :  La  Liberté, 
la  Loi,  la  Sagesse,  TÂmour,  le  Plaisir,  la  Justice,  la  Victoire,  la 
Paix,  des  enfants,  dont  tous  les  mouvements  et  tous  les  rires  sont 
pris  le  plus  près  possible  de  la  nature,  et  pour  lesquels  ses  pro- 
pres enfants  lui  servirent  souvent  de  modèles  ^ 

Considérée  dans  ce  premier  développement,  la  manière  de 
Prud'hon  a  paru  jusqu'ici  contrainte  et  encore  peu  fixée  dans  la 
peinture.  Dans  le  rapport  officiel  que  le  secrétaire  perpétuel  de 
la  quatrième  classe  de  l'Institut  avait  été  chargé  de  rédiger 
en  1808  sur  l'état  des  beaux-arts  depuis  la  Révolution ,  M.  Le- 
breton,  en  proclamant  l'intérêt  et  le  charme  des  ouvrages  de 
Prud'hon,  ne  tient  compte  de  ceux  qu'il  avait  produits  pendant 
l'époque  dont  il  s'occupe  que  comme  de  témoignages  de  son  ha- 
bileté dans  le  dessin  et  de  gages  de  son  avenir  et  de  son  origi- 
nalité*. Il  a  suffi  cependant  de  rappeler  les  principales  produc- 
tions de  Prud'hon,  pendant  l'époque  que  Ton  a  regardée  comme 
la  plus  désastreuse  pour  son  talent,  pour  montrer  combien  il  fut 
dès  lors  Inventeur,  dessinateur  et  peintre.  En  possession  des  qua- 
lités les  plus  solides  et  créateur  des  formes  les  plus  attrayantes, 
il  a  donné  un  élan  nouveau  à  l'école  française,  et,  dans  le  laps 
des  siècles,  les  générations,  accoutumées  à  chercher  dans  l'art  le 
signe  le  plus  vivant  des  idées  et  des  hommes ,  trouveront  dans  ses 
ouvrages  la  plus  idéale  expression  de  l'époque  révolutionnaire, 
comme  ils  trouveront  dans  David  l'expression  de  sa  plus  grande 
énergie.  Il  y  a  trop  d'artistes  pour  représenter  le  côté  sombre  et 

1.  Notice  historique,  p.  16. 

2.  Rapport  sur  les  BeauoD'Arts,  précédé  d'ane  introduction  et  de  la  présen- 
tation à  TEmpercur,  le  5  mars  1808.  Paris,  Imprimerie  impériale,  in-4°,  240  pa- 
ge», p.  67, 


112  ARTISTES.  —   PEINTRES   D'HISTOIRE. 

fiévreux  de  cette  époque  ;  il  y  en  a  trop  aussi  pour  en  représenter 
le  côté  frivole;  faisons  une  place  plus  grande  à  celui  qui  la  vit 
dans  sa  plus  grande  sérénité.  Prud*hon  est  dans  la  Révolution 
comme  un  artiste  religieux.  Sa  Liberté  s'étaye  de  la  Loi  et  de  la 
Sagesse;  son  Génie  est  guidé  par  TÉtude,  et,  dans  son  premier 
chef-d'œuvre,  la  Sagesse  et  la  Vérité  descendent  sur  la  terre.  Il 
ne  fut  pas  donné  à  Tartiste  d'accomplir  tout  son  idéal,  pas  plus 
qu'il  ne  fut  donné  aux  hommes  de  cette  génération  de  voir  se 
réaliser  leurs  illusions  ;  mais  on  le  voit  conserver  toujours  dans 
son  cœur  le  culte  des  divinités  allégoriques  qui  l'avaient  dès 
l'abord  inspiré. 

Aussi  nous  sera-t-il  permis  de  le  suivre  au  delà  de  l'époque 
que  nous  avons  prise  pour  limite. 

4.   —  TRAVAUX    SOIS    L*E1IPIRB    ET    LA    RESTAI;  RATION. 

Vers  le  commencement  de  l'Empire,  Prud'hon,  à  bout  de  cala- 
mités conjugales,  et  depuis  quelque  temps  séparé,  vit  luire  des 
jours  meilleurs.  Une  élève  lui  était  venue,  affectionnée  et  secou- 
rable  pour  lui  comme  pour  ses  enfants.  C'était  M^^®  Constance 
Mayer,  qui  s'était  attachée  à  Greuze  dans  les  dernières  et  les  plus 
tristes  années  du  vieux  peintre  et  qui,  en  s'attachant  au  malheureux 
Prud'hon,  semblait  trouver  la  continuation  des  mêmes  principes, 
une  peinture  moralisée  par  le  sentiment,  ici  élevé  à  sa  plus  haute 
puissance.  M"*  Mayer  avait  alors  une  trentaine  d'années;  elle 
n'en  était  pas  à  ses  débuts  dans  la  peinture.  On  l'avait  vue,  de- 
puis l'an  V,  figurer  à  chaque  Salon  avec  des  portraits  à  Thuile 
ou  au  crayon  et  des  ouvrages  pour  médaillons,  le  plus  souvent 
une  jeune  fille  ou  un  enfant  tenant  une  colombe;  en  l'an  X  et  en 
l'an  XII  elle  exposait  une  Mère  et  ses  enfants  devant  un  tombeau^ 
et  le  mépris  des  richesses  ou  Hnnocence  entre  V Amour  et  la  For-- 
tune.  Ces  tableaux,  dont  la  critique  ne  s'est  jamais  enquis,  sont 
peut-être  intéressants  comme  un  point  de  transition  entre  les 
deux  maîtres  de  M"»*  Mayer;  ils  montrent  du  moins  dans  le  choix 
des  sujets  par  quelles  sympathies  elle  était  appelée  à  devenir 


PIERRE  PRUD'HON.  113 

l'amie  de  Prud'hon  et  le  soutien  le  plus  efficace  de  son  génie. 
Une  assistance  d'un  autre  genre  était  venue  dans  le  même  temps 
au  peintre;  c'était  la  protection  de  M.  Frochot,  préfet  de  la  Seine, 
qu'il  avait  connu  en  Franche-Comté.  Dans  la  période  qui  s'écoula 
de  1808  à  181/^  Prud'hon,  âgé  déjà  de  50  ans,  produisit  ses  ta- 
bleaux les  plus  accomplis  :  Diane,  implorant  /u^pir^r^  plafond  du 
Louvre  ;  la  Justice  et  la  Vengeance  divines  poursuivant  le  Crime , 
tableau  commandé  pour  la  salle  de  la  Cour  d'assises  ;  V enlèvement 
de  Psyché  par  les  Zéphyrs,  commandé  par  M.  de  Sommariva; 
Vénus  et  Adonis^  exposé  en  1812 ,  qui  resta  dans  l'atelier  du 
peintre;  Zéphyr  se  balançant  au-dessus  de  Veau,  qui  fut  fait 
encore  pour  M.  de  Sommariva. 

Ces  tableaux,  que  la  faveur  n'accueillit  d'abord  qu'avec  res- 
triction, sont  déjà  consacrés  par  l'admiration  de  deux  générations. 
Ils  Font  méritée,  non-seulement  par  les  tons  séducteurs  répan- 
dus dans  la  peinture,  mais  par  les  qualités  les  plus  rares  de 
grandeur  et  de  simplicité  dans  l'invention,  de  pureté,  de  grâce 
et  de  forcé  dans  les  lignes,  d'harmonie  dans  le  clair-obscur.  La 
pensée  et  l'action  même  du  sujet  y  sont  rendues  avec  énergie, 
avec  à-propos,  avec  sentiment  ;  la  hardiesse  et  la  nouveauté  s'y 
montrent  sans  exubérance  et  sans  tapage  ;  toutes  les  formes  et 
toutes  les  lumières  y  caressent  le  regard  comme  dans  la  nature. 
Diane,  planant  avec  la  légèreté  la  plus  calme  sur  un  fond  où  pa- 
raissent noyées  dans  la  lumière  les  divinités  de  l'Olympe,  vient 
poser  doucement  l'un  de  ses  bras  sur  les  genoux  de  son  père,  le 
vieux  Jupiter,  qui  lui  prend  familièrement  la  main  ;  Psyché  est 
emportée  doucement  par  les  Zéphyrs,  qui  prennent  leurs  plus 
souples  mouvements  pour  ne  rien  déranger  au  repos  de  ce  corps, 
des  voiles,  qui  l'habillent  encore  en  le  laissant  nu,  et  des  nuages 
qui  semblent  encore  le  dérober  ;  Zéphyr  se  suspend  à  la  branche, 
tout  frémissant  à  la  fraîcheur  de  l'eau,  qu'efïleure  son  pied,  au 
parfum  des  fleurs,  qui  se  cachaient  dans  la  touffe  où  il  a  pénétré. 
Enfm,  dans  le  plus  important  de  ces  tableaux,  où  le  maître  sut 
mêler  une  rare  énergie  à  tous  ses  autres  dons  :  la  Vengeance  et 
la  Justice  volent,  les  bras  levés,  l'une  irritée,  l'autre  plus  calme, 

8 


416  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

peu  à  peu  sa  couleur  en  lui  laissant  une  grande  harmonie  et  un 
éclat  argentin.  On  croit  que  le  peintre  avait  été  amené  là  par 
rimitation  des  procédés  qu'il  croyait  avoir  été  employés  par  le 
Corrège^  Au  total,  ce  coloris  est  plus  idéal  que  vrai,  mais,  dans 
cette  partie  dé  Tart,  comme  dans  les  autres,  Prud'hon,  grand  ad- 
mirateur de  la  nature,  professait  qu'il  y  a  plusieurs  manières  de 
l'interpréter  et  suivait  celle  que  lui  montraient  ses  yeux  et  son 
esprit*.  Il  n'en  a  pas  moins  approché  de  très-près  la  réalité  toutes 
les  fois  qu'il  s'y  est  attaché,  comme  on  le  voit  dans  les  nombreux 
portraits  qu'il  fit  à  toutes  les  époques  de  sa  carrière. 

Prud'hon  se  montre  également  coloriste  dans  ses  dessins,  et, 
comme  ils  remplissent  une  grande  partie  de  son  œuvre  et  fu- 
rent même  son  plus  grand  moyen  d'influence,  il  n'est  point  inu- 
tile de  connaître  les  pratiques  qu'il  y  apporta.  11  les  exécuta 
d'abord  au  crayon  et  au  pointillé  avec  beaucoup  de  fini,  comme 
les  peintres  les  pratiquaient  alors  en  Italie  et  en  Angleterre  pour 
l'usage  des  graveurs  et  pour  l'agrément  du  public.  Il  en  faisait 
d'autres  pour  la  gravure  qui  étaient  finis  à  la  plume,  et  très-ar- 
rêtés dans  le  contour  et  le  modelé,  tantôt  par  un  travail  précieux 
de  pointillé,  tantôt  par  des  hachures  libres,  croisées  en  losanges 
et  renforcées  de  traits  pour  achever  l'effet  des  chairs  et  des  fonds. 
Ces  dessins  appartiennent  plus  particulièrement  à  la  première 
période  de  sa  carrière. 

Les  dessins  qu'il  a  exécutés  ensuite,  et  de  sa  main  la  plus  ma- 
gistrale, sont  largement  esquissés  au  crayon  noir  et  blanc  sur  du 
papier  bleu,  quelquefois  légers  et  vagues,  d'autres  fois  très-avan- 
cés, mais  sans  perdre  la  vivacité  et  la  rudesse  du  premier  tra- 
vail, exprimant  avec  intensité  le  sentiment  du  peintre  autant 

« 

par  la  carrure  de  leurs  lignes  que  par  leur  effet  lumineux.  On  ne 
saurait  énumérer  ici  les  dessins  tombés  à  toutes  les  époques  de 


1.  Horsiu  Déon,  De  la  conservation  et  de  la  restauration  des  tableattx, 
Paris,  185i,  in-i2,  p.  30,'Voiart,  Notice  historique,  p.  40,  etCh.  Blanc,  His- 
toire des  peintres  de  toutes  les  écoles,  in- 4". 

2,  Voiart,  Notice  historique,  p.  37. 


PIERRE   PRUD'HON.  H7 

sa  main  prodigue,  recueillis  d'abord  assez  négligemment  par  ses 
amis  et  ses  élèves,  et  recherchés  ensuite  avec. toute  la  passion  de 
ses  admirateurs;  mais  il  faut  du  moins  citer  ceux  qui,  par  le 
bonheur  de  leur  composition,  atteignent  à  la  hauteur  des  plus 
grands  ouvrages  :  tel  est  le  dessin,  à  la  plume  et  à  l'estompe, 
rehaussé  de  blanc,  Joseph  et  Putiphar,  qui  faisait  partie  du  cabi- 
net Marcille  ;  tel  est  surtout  le  dessin  du  Louvre,  le  Crime  traîné 
devant  la  Justice,  page  sublime,  où  la  même  idée  qui  a  produit  le 
tableau  de  la  Cour  d'assises  était  exprimée  d'une  manière  plus 
monumentale. 

Pmd'hon  avait  fait,  pendant  la  seconde  époque  de  sa  vie,  plus 
d'un  portrait  de  M"«  Mayer,  Le  plus  connu  est  dessiné  de  gran- 
deur naturelle,  à  Testompe,  et  rehaussé  de  blanc.  11  rend  avec 
une  amorce  singulière  des  traits  plus  piquants  que  réguliers,  un 
nez  épaté,  des  yeux  couverts,  un  rire  malin  ;  cette  beauté  peu 
classique  aggrava  l'affectation  dont  on  pouvait  taxer  le  type  de 
Prud'hon.  On  en  retrouve  la  trace  dans  plusieurs  de  ses  derniers 
ouvrages,  tels  que  les  dessins  des  Préparatifs  de  la  guerre,  ou  des 
Deux  Enfants  jouant  avec  un  chat  *;  les  figures  perdent  de  la  pu- 
reté et  du  calme  qui  avaient  toujours  distingué  ceux  de  son  pre-, 
mier  et  de  son  meilleur  temps. 

Prud'hon,  qui  avait  gagné  à  l'Empire  quelqtîes  protections  et 
une  décoration,  gagna  à  la  Restauration  une  place  à  l'Institut. 
C'était  en  1816,  et  il  avait  cinquante-huit  ans.  Son  talent  parais- 
sait accepté  de  ses  rivaux,  maintenant  qu'il  ne  pouvait  plus  éclip- 
ser leur  propre  gloire.  Étranger  à  toute  coterie,  il  n'avait  jamais 
obéi  qu'à  sa  passion  de  l'art,  et  il  produisit  encore  quelques 
ouvrages  qui,  en  (féclinant  des  hauteurs  tout  à  l'heure  atteintes, 
montrent  encore  sa  force.  Andromaque  qui  pleure  sur  le  sort  de 
son  fils  AstyanaXy  dont  les  traits  lui  retracent  vivement  ceux  de 
son  époux,  l'Assomption  de  la  Vierge  et  plusieurs  portraits 
parurent  aux  expositions  de  1817  et  de  1819.  Il  y  avait  tant 
de  candeur  dans  le  génie  de  Prud'hon  qu'il  avait  pu  produire, 

i.  Au  muaéo  de  Montpellier. 


118  ARTISTES.  —  PEINTRES   D'HISTOIRE. 

sans  paraître  efforcé,  en  1810  une  Vierge  en  bitste  et  mainte- 
nant une  Assomption,  On  n'en  pourrait  pas  dire  autant  des 
peintres  de  Técole  de  David,  qui  répugnèrent  toujours  aux  sujets 
religieux.  Dans  V Assomption,  qui  décore  le  second  grand  salon 
du  Louvre,  le  peintre  a  su  exprimer  la  modestie  virginale  et 
l'extase  angélique ,  sans  renoncer  à  la  séduction  de  ses  airs  de 
tête,  au  vaporeux  de  ses  formes,  au  prestige  de  ses  lumières.  La 
critique  lui  reprocha  bien  des  draperies  trop  enflées,  mais,  même 
dans  la  bouche  de  quelques  élèves  de  David,  elle  rendit  hom- 
mage à  cette  expression  de  béatitude  céleste.  Porté  cependant 
par  son  génie  loin  des  sentiers  battus  de  la  théologie,  le  peintre 
avait  voulli  à  la  même  époque  exprimer  dans  une  composition 
allégorique  V Assomption  et  VlmmortaUté;  il  essaya,  dans  une  es- 
quisse colossale  en  grisaille,  de  réaliser  cette  parole  du  Psal- 
miste  :  «  Oh  I  qui  donnera  des  ailes  à  mon  âme  comme  à  la 
colombe,  pour  m'envoler  vers  le  lieu  de. mon  repos!  »  C'est  une 
femme  ailée,  les  bras  étendus,  qui  a  déjà  quitté  la  terre  où  l'un 
de  ses  pieds  n'est  plus  retenu  que  par  une  chatne  prête  à  se  bri- 
ser; elle  s'élève  dans  un  rayon  qui  perce  les  nuages,  sur  un  rivage 
bordé  de  flots  agités,  jonché  de  bijoux,  de  draperies  et  de  fleurs, 
au  milieu  desquelles  un  serpent  dresse  la  tête. 

Une  épreuve  cruelle  attendait  ses  dernières  années  :  M"«  Mayer, 
l'amie  dont  le  dévouement,  l'humeur  vive  et  sentimentale  l'a- 
vaient consolé  des  malheurs  passés,  prise  d'un  accès  de  fièvre 
chaude  le  26  mars  1821,  s'était  coupé  la  gorge.  Prud'hon  ne  se 
consola  plus.  11  trouva  encore  quelques  forces  pour  achever  un 
tableau  que  son  amie  avait  ébauché  :  la  FamillemcUheureuse,  dont 
il  destinait  le  prix  à  un  monument  funéraire,  et  pour  commencer 
son  dernier  tableau,  une'  Vierge  évanouie  et  une  Madeleine  en 
pleurs,  auprès  d'v/n  Christ  expirant.  11  mourut,  au  plus  fort  de 
cette  touchante  ébauche,  le  16  février  1823,  heureux  d'aller  re- 
joindre tout  ce  qu'il  avait  aimé,  et  disant  aux  amis  qui  l'entou- 
raient :  «  Ne  pleurez  point,  vous  pleurez  mon  bonheur,  »  paroles 
dignes  du  peintre  dont  tout  l'idéal  avait  été  un  accent  de  bonté, 
un  soupir  de  joie  et  un  cri  de  justice. 


PIERRE   PUUD'HON.  119 

La  France  perdait  en  lui  le  plus  grand  des  peintres  qu'elle  eût 
eus  depuis  Poussin  et  Lesiieur,  d'autant  plus  grand  et  plus  nôtre 
qu'à  cette  noble  parenté  il  avait  eu  le  bonheur  d'unir  une  filia- 
tion bien  sentie  avec  les  peintres  les  plus  doués  du  XVlli»  siècle 
et  de  représenter  dans  l'art,  avec  le  plus  de  sublimité,  la  plus 
grande  époque  do  l'histoire  moderne. 

5.    —  GRAVECnS. 

Avec  une  vie  aussi  traversée  et  un  talent  si  contesté,  on  ne 
s'étonne  pas  que  Prud'hon  n'ait  eu  que  des  élèves  accidentels  et 
obscurs:  M.  Trezel,  M.  Bralle,  M.  Boisfremont,  M.  Constantin, 
M.  Dubois,  peintres  ou  amateurs,  plutôt  les  amis  que  les  dis- 
ciples du  peintre.  Vers  la  fin,  quand  sa  réputation  eut  gr/indi, 
des  imitateurs  lui  vinrent,  et  l'un  d'eux,  M.  Rioult,  attira  l'atten- 
tion en  faisant  des  pastiches  de  sa  peinture  ;  mais  ils  étaient  de 
ces  artistes  qui  avaient  promené  leur  vocation  incertaine  dans 
plusieurs  ateliers,  et  ne  trouvèrent  pas  plus  de  stimulant  dans 
ses  e&emplçs  qu'ils  n'en  avaient  trouvé  dans  ceux  de  David  et  de 
Kegnault. 

Prud'hon  fut  plus  heureux  avec  les  graveurs.  Sa  manière  étfiit 
de  celles  qui  provoquent  des  qualités  originales  dans  les  procé- 
dés les  plus  froids  ou  les  plus  vulgaires. 

Les  graveurs  de  Prud'hon,  en  s'attachant  d'abord  à  ses  plus 
humbles  travaux,  saisirent  le  côté  le  plus  actuel  de  son  génie;  ils 
popularisèrent  ses  types,  et  alimentèrent  les  sympathies,  tous  les 
jours  plus  nombreuses,  qui  se  sont  attachées  à  sa  gloire.  De  bonne 
heure  le  peintre  s'était  avisé  de  graver  lui-même  ;  dahs  l'es- 
tampe qu'il  a  laissée  de  Phrosine  et  Mélidor  on  voit  avec  quelle 
supériorité  il  a  su  manier  la  pointe.  Grâces  à  ses  leçons ,  non  ' 
moins  qu'à  la  perfection  de  ses  dessins,  un  graveur,  qui  sans  lui 
se  serait  perdu  dans  la  foule,  Copia,  éleva  la  gravure  pointillée  à 
un  degré  d'expression  nouveau,  et  sut  y  répandre  des  qualités 
pittoresques.  Sans  préjudice  de  l'agrément  obligé  dans  ce  genre, 
il  en  corrigea  la  monotonie  par  des  travaux  à  la  pointe  et  au  bu- 


120  ARTISTES.  —  PEINTRES   D'HISTOIRE. 

rin.  A  voir  les  plus  belles  estampes  signées  par  lui,  la  Cèrès,  la 
Liberté,  la  Constitalion,  où  le  sentiment  du  maître  est  si  vive- 
ment rendu,  on  dirait  quelquefois  que  sa  main  est  intervenue. 
Copia  mourut  avant  les  plus  grands  travaux  du  peintre  et  n'a 
gravé  que  ses  premiers  dessins. 

Roger,  son  élève,  fut  ensuite  pour  Prud'hon  un  traducteur  assez 
fidèle,  mais  plus  froid.  Il  mit  trop  de  soins  à  polir  son  pointillé, 
et  trop  de  régularité  dans  les  coups  de  burin  dont  il  le  reiiforça. 
Il  n'est  guère  suffisant  que  dans  la  gravure  de  ses  vignettes,  et, 
quand  on  le  voit  appelé  à  graver  ses  plus  grandes  compositions 
ou  même  ses  allégories,  on  regrette  de  ne  plus  trouver  dans  cette 
traduction  la  chaleur  d'expression  et  l'effet  de  clair-obscur  que 
Copia  savait  mieux  conserver. 

Pcud'hon  dirigea  quelque  temps  dans  la  gravure  le  premier 
fils  qu'il  avait  eu  de  son  malheureux  mariage;  mais  il  ne  réussit 
pas  à  en  faire  un  artiste.  Les  excellents  dessins  qu'il  lui  donna  et 
les  corrections  qu'il  fit  à  ses  planches  peuvent  seuls  donner  du 
prix  aux  estampes  pointillées  qui  portent  le  nom  de  Prud'hoo 
fils.  Ce  sont  :  des  tètes  académiques  et  des  académies  entières, 
où  nous  apprenons  à  connaître  la  sûreté  des  principes  de  dessin 
du  maître  ;  la  première  est  une  tête  déjeune  fwmmt  signée  :  J.  P. 
fils  ;  la  plus  intéressante  est  le  portrait  de  Pru^JChon  père,  jeune, 
avec  une  frisure  à  marteau  et  l'habit  de  1789.  Prud'hon  fils  se 
produisit  ensuite  sur  des  compositions  autres  que  celles  de  son 
père,  maïs  c'étaient  de  celles  qui  s'adressaient  à  des  goûts  dési- 
reux surtout  de  propreté  et  de  finesse  dans  les  estampes,  sujets 
d'Amours  à  légendes  emblématiques,  portraits  en  pied  d'actrices, 
arrivaht  à  toute  leur  expression  par  le  coloriage  de  leur  poin- 
tillé. Ce  travail  ne  préserva  point  le  graveur  de  l'inconduite  ;  il 
finit,  dit-on,  par  se  faire  employé  des  Pompes  funèbres. 

Beisson,  Villerey,  Roy,  Dien,  qui  'choisirent  des  dessins  plus 
sévères  ou  des  compositions  plus  importantes,  sont  loin  d'y 
apporter  la  distinction  qu'on  exigerait  pour  de  tels  originaux.  A 
leurs  traductions  trop  appesanties,  les-collecteurs  préfèrent  des 
essais  de  gravure  à  la  pointe,  souvent  à  l'aqua-tinte,  qui  furent  faits 


PIERRE   PRUD'HON.  121 

sur  des  fragments  du  peintre.  Debuconrt,  graveur  assez  connu  par 
ses  lavis  en  couleur,  grava  trois  morceaux  :  la  Soif  de,  l'or,  une 
Étude  de  femme  à  mi-corps  et  plus  tard  l* Assomption  de  la  Vierge. 

Après  que  la  réputation  du  peintre  fut  faite,  des  graveurs 
au  burin  abordèrent  ses  ouvrages  :  Gelée  grava  la  Justice  et  la 
Vengeance;  Laugier,  Zéphyr  (1820);  Achille  Lefèvre,  le  Roi  de 
Rome  (1825);  Muller,  l'Enlèvement  de  Psyché  (1822).  Il  y  a  tant 
de  travail  dans  ces  belles  pièces,  et,  si  Ton  veut,  tant  de  mérite 
pour  le  graveur  que  le  plus  exquis  du  peintre  a  disparu.  Sa  ma-  ' 
nière  est  en  effet  des  plus  rebelles  au  burin  qu'on  puisse  trouver, 
quand  le  burin  prend  les  allures  uniformes  et  compassées  que 
l'Académie  lui  impose. 

Heureusement  pour  les  collecteurs  d'estampes  d'après  Pru- 
d'hon,  la  lithographie  s'était  répandue  pendant  les  dernières  an- 
nées de  sa  vie.  Il  fit  sentir  lui-même  combien  ce  genre,  dans  la 
modestie  de  ses  procédés,  était  favorable  à  sa  manière  en  litho- 
graphiant,  en  1822,  une  petite  planche  de  la  Famille  malheureuse 
pour  le  journal  l'Album  II  avait  voulu  ainsi  donner  la  plus  grande 
publicité  au  tableau  de  M"«  Mayer  qu'il  venait  de  terminer.  Les 
plus  habiles  dessinateurs  sur  pierre  profitèrent  de  la  leçon. 

Aubry  le  Comte  reproduisit  en  grand,  dès  1823,  la  famille 
malheureuse,  publia  en  1824  V Enlèvement  de  Psyché,  et,  dans  les 
années  qui  suivirent,  plusieurs  de  ses  plus  gracieux  dessins.  Il 
ne  réussit  jamais  mieux  que  quand  il  assouplit  jusqu'au  fac- 
similé  les  effets  de  son  crayon  gras. 

Grevedon,  Marin  Lavigne,  Maurin  ,  Léon  Noël,  Vidal  et 
d'autres  lithographes  moins  connus  de  l'école  de  la  Restauration 
empruntèrent  à  Prud'hon  des  sujets  qui  se  répandirent  vite, 
bien  qu'ils  fussent  traduits  sans  beaucofup  de  distinction.  La 
lithographie  était  alors  encore  trop  préoccupée  de  la  propreté. 

Des  lithographes  plus  pittoresques,  qui  vinrent  ensuite  et 
choisirent  des  dessins  nouvellement  trouvés  dans  les  porte- 
feuilles' des  amis  privilégiés  de  Prud'hon,  le  traduisirent  avec 
plus  d'amour.  Eugène  Leroux  et  Jules  Boilly  ont  fait  ainsi  com- 
prendre à  un  public  nombreux  les  plus  vives  esquisses  de  leur 


122  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

admirable  modèle.  Pour  ceux  enfin  qui  trouveraient  le  crayon 
lithographique  un  vêtement  trop  négligé  pour  des  beautés  si 
délicates,  est  venue  cette  gravure  qui  se  complique  de  tous  les 
genres,  en  dissimulant  le  plus  qu'elle  peut  son  métier  pour 
prendre  les  allures  et  les  aspects  de  ses  originaux.  Ces  fac-similé, 
qui  nous  rendent  déjà  avec  la  dernière  perfection  les  dessins 
des  vieux  maîtres,  ne  peuvent  tarder  d'être  appliqués  à  ceux  de 
Prud'hon;  ils  serviront  à  nous  faire  moins  regretter  que  ses 
''  tableaux  ne  puissent  jamais  être  bien  gravés. 

CARAFFE*,  élève  de  Lagrenée,  revenant  de  Home  au  moment 
de  la  Révolution,  fut  un  des  plus  stricts  partisans  de  Tidéal  an- 
tique et  de  rimitation  du  bas-relief.  Comme  David,  il  avait  fait 
son  Serment  des  Horaces,  qui  a  été  gravé  au  burin  par  L.  Lau- 
rence*; en  1793  il  exposa  trois  dessins  dont  le  titre  est  aussi  si- 
gnificatif :  Le  cercle  de  Popilius,  Agis  rétablissant  à  Sparte  les  lois 
de  Lycurgue,  Agèsilas,  et,  au  Salon  de  l'an  IV,  deux  tableaux  et 
quatre  dessins  sur  des  sujets  antiques  ou  allégoriques.  Un  ama- 
teur, en  rendant  compte  de  ce  Salon,  apprécie  ainsi  la  peinture 
de  Caraffe  :  «  Touche  facile,  ton  harmonieux,  pinceau  moral  '.  » 

Il  fut  membre  du  jur^^  pour  le  concours  de  Tan  H,  et  son  opi- 
nion sur  les  concurrents  nous  indique  ses  principes  ;  il  loue,  dans 
la  peinture  présentée,  l'expression  du  sentiment  de  la  douleur 
qui  convient  à  l'âme  forte  d'un  républicain  qui  ne  se  livre  point 
à  l'exagération,  et  il  reproche  la  négligence  de  l'étude  des  bas- 
reliefs  romains  pour  adapter  les  costumes  à  la  scène*. 

On  le  voit  atteint  de  la  fièvre  révolutionnaire  la  plus  intense 
dans  une  composition  gravée  sous  ce  titre  :  le  Thermomètre  du 
Sans-culotte,  L'obscurité  de  ses  allégories  et  de  ses  légendes 
montre  combien  le  pauvre  artiste  voyait  trouble,  non  dans  son 

i.  Armand  CarafTe,  né  vers  1700,  mort  à  Paris  en  1814.  , 

2.  Catalogue  Paignon^Dijonval,  n"  9028. 

3.  Joseph  De  la  Serrie,  Examen  critique  et  concis  du  Salon  de  Van  !V,  in-8o. 

4.  Procès-verbal  des, séances  du  jury  des  arts,  in-8»,  p.  43. 


ARMAND  CARAFFE.  123 

patriotisme,  mais  dans  les  partis  qui  luttaient  en  son  nom  : 
La  France^  caractérisée  par  un  lis  et  par  les  attributs  du  Gouver- 
nement démocratique,  dissipe  les  ténèbres  et  présente  à  l'univers  la 
Vérité  et  la  Nature,  qui  montre  aux  hommes  leurs  droits  ;  les  des- 
potes, semblables  aux  oiseaux  de  la  nuit,  fuient  à  l'aspect  de  sa  Ivr 
tnière.  Ce  sujet,  contenu  dans  un  rond,  est  cantonné  de  quatre 
médaillpns,  qui  représentent  :  le  Faux  patriotisme,  la  Présomp- 
tion, la  Sage  confiance  et  le  Vrai  patriotisme.  La  pièce,  in-folio 
carré,  que  je  viens  de  décrire  en  transcrivant  sa  légende,  est  gravée 
à  reau-forte*avec  plus  d'expression  que  d'habileté  ;  elle  ne  porte 
point  de  nom  et  de  titre  ;  mais  il  y  en  a  un  autre  état,  au  lavis  et 
en  bistre,  qui  est  signé  :  Caraffe  inv.  Guyot  exe,  et  contient  un 
titre  et  des  légendes  ajoutées  dans  les  marges  en  exergue  :  ul 
Thebmomèhœ  du  Sams-culotte  ,  ou  l'homme  qui  veut  affermir  la 
République  et  la  sauver  d'avec  ceux  qui  voulaient  la  perdre  et  éle- 
ver des  trônes.  De  chaque  côté,  et  au  bas  dés  médaillons  du  faux 
et  du  vrai  Patriotisme,  se  déroulent  deux  chapelets  de  noms  dans 
des  médaillons  ;  d'un  côté,  à  gauche  :  Hébert,  Brissot  et  Péthion, 
et  des  vides  remplis  à  la  main  ;  de  l'autre,  à  droite  :  Marat,  Cou- 
thon,  Pelletier,  Carnot,  Saint- Just,  Cambon,  Sergent,  David. 
Que  le  diable  et  la  justice  nationale  envoie  tous  les  traîtres  à  la 
guillotine;  que  la  raison  et  la  République  conserve  les  bons.  Cette 
pièce  parait  antérieure  au  9  thermidor,  et  cependant  Robespierre 
n'y  figure  point*. 

Caraffe  ne  figure  pas  dans  le  tableau  des  prix  du  concours  de 
l'an  III  et  de  l'an  IV.  Nous  apprenons  seulement  qu'il  prit  part 
à  l'un  de  ces  concours,  associé  à  l'architecte  Détournelle,  pour 
un  projet  de  monument  à  la  Concorde ,  représentant  une  statue 
de  la  Concorde  protégeant  deux  enfants,  qu'elle  réunit  sous  un 
dôme  soutenu  par  des  colonnes  égj'ptiennes*.  Jacobin  obstiné, 

i.  DaDs  Texemplaire  de  M.  Hennin,  les  noms  sont  différents.  A  gauche  : 
Bailly,  Manuel,  Gensonné, Momoro,  etc.;  à  droite  :  Marat,  Saint-Just,  Cambon, 
David,  Carnot,  Sergent;  Robespierre  n'y  est  pas.  In-folio  carré,  bistre,  Caraffe 
inv.,  Guyot  exe,  à  Paris,  chez  Guyot, 

2.  Annales  du  Musée,  par  Landon,  1. 1,  an  IX,  in-S'',  p.  119. 


124  ARTISTES.  —  PEINTRES   D'HISTOIRE. 

l'un  des  orateurs  les  plus  ardents  de  la  Société  après  le  9  thermi- 
dor, attaqué  dans  les  journaux  de  la  réaction  comme  amant  de 
la  femme  de  AudouinS  il  fut  emprisonné;  délivré  au  IS  vendé- 
miaire, journée  où  il  défendit  la  Convention,  il  fit  un  court  voyage 
en  Orient,  et  reparut  avec  distinction  dans  les  salons  de  Tan  V, 
de  l'an  VII.  de  Tan  VIII  et  de  l'an  X,  et  obtint  en  Tan  VIII  un  prix 
d'encouragement. 

Ses  tableaux  étaient  sur  des  sujets  empruntés  à  l'allégorie  la 
plus  sévère  :  VInnocence  sous  la  garde  de  la  Fidélité,  gravé  par 
Perrée,  en  1797  ;  rÉtiule  ramenant  aux  hommes  lassante  sous  la 
figure  d'Égya,  plafond  exécuté  pour  l'École  clinique,  rue  des 
Pères;  l'Amour,  abandonné  de  la  Jeunesse  et  des  Grâces,  se  console 
dans  le  sein  de  l'Antitié  des  outrages  du  temps,  tableau  placé  dans 
l'appartement  de  M"»  Buonaparte,  au  Palais  des  Consuls,  gravé 
au  trait  par  Normand*;  r  Espérance  soutient  le  malheureux  jus- 
qu'au tombeau,  gravé  au  burin  par  Auguste  Desnoyers.  La  critique 
louait  dans  ses  peintures  autant  le  bon  goût  du  dessin  et  le  coloris 
suave  que  l'esprit,  l'agrément  et  l'érudition  de  Tallégorie;  cela 
n'a  point  empêché  qu'elles  n'aient  disparu  de  tous  nos  musées. 

Carafîe  grava  lui-même  un  sujet  plus  triste  encore  que  les  pré- 
cédents :  le  Remords,  ou  le  Criminel  vis-à-vis  de  lui-même,  Caraffe 
inv.  et  sculpt.,  in-i*»,  1.  ;  cette  pièce  est  gravée  avec  trop  de  pesan- 
teur pour  être  pittoresque,  et  ne  témoigne  guère  que  de  la  ten- 
sion nerveuse  de  son  esprit  et  de  sa  main.  Il  avait  le  dessin 
robuste,  et  manquait  absolument  de  souplesse  et  de  légèreté  pour 
les  travaux  de  la  pointe.  Il  composa  dans  les  mêmes  données 
plusieurs  frontispices,  que  la  gravure  nous  a  conservés  :  à  la 
Politique,  aux  Sciences  et  aux  Arts,  gravé  par  Huet  ;  le  Destin  règle 
le  cours  de  la  vie,  gravé  par  Lefebvre-Marchand  ;  Annales  du 
Musée,  gravé  par  Normand. 

L'œuvre  de  Caraffe  fut  variée  par  une  suite  de  dessins  à  l'aqua- 
relle sur  des  sujets  arabes  ou  turcs,  scènes  et  costumes  dont 

i.  Im>  Fusée  volante,  an  III,  in-8%  d«*  5,  p.  14. 
2.  Annales  du  Miisée,  1. 1,  p.  45. 


■i 


JEAN-BAPTISTE    REGNAULT.  125 

^udon  vante  la  grâce  et  la  vérité,  mais  qui  nous  paraîtraient 

CGï*t2dnement  beaucoup  moins  vrais  aujourd'hui.  Ils  n'en  appor- 

^ient  pas  moins  quelque  diversité  dans  une  école  trop  asservie 

aux  modèles  romains.  L'auteur  les  destinait  à  un  ouvrage  sur  les 

''^œurs  des  peuples  de  l'Orient,  qu'il  aurait  sans  doute  rédigé 

^uî-même  et  où  il  aurait  mis  à  profit  les  notes  de  son  voyage. 

ai    -vu  dans  la  collection  Hennin  un  dessin  d'une  bataille  en 

^^l^X^ie,  signé  et  daté  :  Armand  Caraffe,  1801,  qui  montre  un 

►in  mouvementé  et  une  couleur  bigarrée  *. 

talent  qu'il  pouvait  avoir  comme  écrivain  fut  employé  dans 

*^  ï^wblication  du  Cours  historique  et  élémentaire  de  peinture,  pre- 

'^^i^ïT  titre  de  la  Galerie  du  Musée  central,    édité  par   Filhol 

^^    '!ï.802.  Caraffe  rédigea  le  texte  des  neuf  premières  livraisons, 

P'^^^édées  d'un  discours  de  l'origine  et  de  la  marche  des  arts*  ; 

^^  ■^  ^  peut  guère  servir  qu'à  nous  faire  mieux  connaître  le  peintre, 

^v^^:^  des  phrases  grosses  d'idées,  plus  étendues  que  justes,  des 

lOàpfc cessions  chaleureuses  prises  à  la*  vue  des  monuments  de 

Vtl^ypte  et  des  préoccupations  allégoriques  invétérées.  Tous  ces 

tt^vaux  n'avaient  point  fait  un  sort  à  l'artiste;  on  ne  lui  voit 

ftvx^re  dans  les  livrets  du  musée  qu'un  acquéreur,  l'acteur  Che- 

t^^rd;  l'Empire  venant,  il  s'exila  en  Russie,  d'où  il  ne  revint 

eu  1812  que  pour  mourir. 

REGNAULT.  Le  peintre  qui  balança  le  mieux  l'influence  de 
David  par  la  portée  de  son  talent  et  par  le  nombre  de  ses  élèves 

1.  Plusieurs  dessins  orientaux  sont  portés  au  Catalogue  du  cabinet  Chenard^ 
^aris,  PaUlet,  1822,  in-8°.  Ce  cabinet ,  ouvert  à  beaucoup  d'artistes  contempo- 
rains de  Facteur,  contenait  une  autre  composition  de  CarafTe  sur  un  sujet  qui 
De  lui  était  pas  ordinaire,  mais  quMl  avait  ?u  faire  d'après  nature  :  le  peintre 
qui  tire  le  diable  par  la  queue, 

2.  Cours  historique  élémentaire  de  peinture,  ou  Galerie  complète  du  Musée 
central,  publié  par  Filliol,  1802,  in-i".  LavaUée  en  devint  le  rédacteur  à  partir 
de  la  dixième  livraison.  Dans  une  lettre,  insérée  dans  le  Précis  historique  de 
Landon,  continué  sous  le  titre  de  Nouvelles  des  arts,  in-8°,  H,  193-6,  Caraffe 
explique  les  motifs  qui  lui  ont  fait  abandonner  cette  publication,  dont  il  avait 
tous  les  matériaux  préparés. 


i 


126  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

est  Regnault*.  Ses  principes  plus  aimables  étaient  puisés  aussi 
dans  l'imitation  de  l'antique,  mais  avec  une  interprétation  moins 
judaïque.  Élevé  à  Rome  dans  la  pratique  des  maîtres  italiens, 
principalement  des  représentants  de  la  Renaissance  nouvelle, 
surtout  de  Raphaël  Mengs,  il  parut  en  France  moins  novateur  et 
moins  inspiré  par  la  Révolution;  mais  il  n'en  tint  pas  moins 
une  place  considérable  dans  le  mouvement  classique  qui  pré- 
céda, par  le  tableau  de  V Éducation  d* Achille,  qui  l'avait  fait  rece- 
voir de  l'Académie  en  1783,  et  qui  fut  popularisé  par  la  gravure 
de  Bervic. 

Au  Salon  de  1791,  Regnault  exposa  les  quatre  tableaux  les 
mieux  faits  pour  asseoir  sa  réputation.  Leur  succès  avait  été  com- 
plet, mais  destitué,  par  le  sujet  et  malgré  tout  l'agrément  de  la 
peinture,  de  tout  intérêt  palpitant.  C'étaient  :  une  Scène  du  Dé- 
luge, qui  a  été  gravé  par  Ingouf  ;  Socrate  et  Alcibiade  ",  Jupiter  et 
Calisto,  dont  on  a  une  estampe  par  Blot,  avec  une  légende  my- 
thologique et  astronomique. 

En  Tan  IV,  Regnault  se  lança  dans  un  sujet  révolutionnaire,  et 
ne  prit  pas  le  plus  facile;  il  voulut  représenter  l'axiome  dés- 
espéré la  liberté  ou  la  mort,  et,  pour  comble  de  malheur,  son 
tableau  ne  parut  qu'à  l'issue  de  la  crise  pour  laquelle  il  avait  été 
composé;  aussi  fut-il  jugé  sévèrement.  Ce  tableau  a  été  détruit 
sans  doute,  et  il  ne  nous  en  restera  pas  même  un  croquis.  Voici 
comment  il  est  décrit  dans  la  Décade  :  «  Un  Génie  nu  est  en  Tair 
au  milieu  du  tableau,  entre  la  Liberté,  sous  la  figure  d'une  jeune 
femme,  et  la  Mort,  sous  celle  d'un  squelette  enveloppé  d'une  robe 
noire.  Le  Génie  tend  un  bras  vers  chacune  d'elles,  et  semble  dire 
au  spectateur:  Choisissez.  »  Le  critique  relève,  en  outre  du  mau- 
vais choix  et  de  la  bizarrerie  du  sujet,  la  figure  de  la  Liberté,  qui 
était  mesquine,  et  le  Génie,  qui  rappelait  le  Mercure  de  la  Farné- 
sine.  Un  autre  critique,  dans  le  Magasin  encyclopédique,  exprima 
son  blâme  dans  des  termes  plus  curieux  :  «  C'est  un  génie  qui 

1.  Jean-Baptiste  Regnault,  né  eu  1754,  mort  en  1829,  élève  deBardin. 

2.  Socrate  et  Alcibiade.  Explication  du  Salon  de  1793,  p.  157. 


JEAN-BAPTISTE   REGNAULT.  127 

propose  la  liberté  et  la  mort;  point  de  liberté,  mais  la  mort; 
sujet  mal  choisi,  etc.  » 

Au  même  Salon,  Regnault  rentrait  en  grâce  auprès  des  criti- 
ques les  plus  sévères ,  en  exposant  le  tableau  de  Mars  enu^ant 
chez  Vénus  et  désarmé  par  les  Grâces,  Mare,  dans  cette  composi- 
tion, n'était  que  la  copie  d'une  statue  antique  nouvellement  im- 
portée et  célèbre  sous  le  nom  de  Mercure,  dit  le  Lantin. 

En  Pan  Vlil,  sur  l'exemple  donné  par  David,  Regnault  voulut 
avoir  son  exposition  particulière;  il  admit  le  public  dans  son  ate- 
lier du  Louvre,  où  Ton  vit  réunis  ses  principaux  tableaux  :  la  Mort 
de  Cléopâtre,  les  Trois  Grâces  ^  Hercule  enlevant  Alceste,  dont  son 
élève  Landon  a  sanctionné  le  succès  dans  les  premiers  volumes 
de  ses  Annales.  Si  l'enthousiasme  manqua  à  ce  succès,  c'est  que 
ce  peintre  se  tenait  dans  une  mesure  trop  méticuleuse  et  une  pra- 
tique trop  peu  novatrice.  M.  Delécluze  n*a  fait  qu'exprimer  les 
préjugés  de  l'école  de  David  en  qualifiant  Regnault  de  peintre 
sans  instruction  et  sans  portée*,  mais  il  est  certain  que  son  in- 
fluence n'est  jamais  alh^e  jusqu'à  la  portée  d'une  école.  11  n'inter- 
rompit ses  sujets  mythologiques  que  pour  peindre  la  mort  du  gé- 
néral Desaix  et  la  Marche  triomphale  de  Napoléon  vers  le  temple  de 
l'Immortalité,  exécutée  pour  un  des  plafonds  du  Sénat,  dont  on 
connaît  une  petite  eau-forte  par  Baltard.  Après  les  sujets  qu'il 
fournit  à  Bervic,  à  Ingouf  et  à  Blot,  ses  compositions  ne  rencon- 
trèrent que  quelques  gravures  de  hasard.  On  pourrait  citer  : 
r Amour  endormi  sur  le  sein  de  Psyché,  par  Beijambe;  l'Amour 
en  gaieté  et  le  Sommeil  agréable,  par  Letellier,  et  des  vignettes 
par  Ponce,  Halbou  et  d'autres. 

De  nombreux  élèves  vinrent  attester  la  vitalité  de  l'école  de 
Regnault.  M.  Delécluze  n'a  nommé  que  Guérin  et  Hersent,  qui 
sont  ix)Slérieurs  à  notre  époque;  avant  eux,  Robert  Lefèvre,  Lan- 
don et  Lafitte,  connus  déjà  dans  les  expositions  de  1791,  1793, 
avaient  du  moins  montré  quelques  variétés  dans   la  nouvelle 

1.  Aujourd'hui  dans  la  collection  de  M.  Lacazc. 

2.  hmis  David,  son  érole  et  son  temiyi,  iii-l'i,  p.  301. 


128  ARTISTES.  —  PEINTRES   D'HISTOIRE. 

école  classique.  Le  dernier  montre ,  dans  une  partie  de  son 
œuvre,  une  accointance  assez  grande  des  choses  de  la  Révolution 
pour  être  ici  considéré. 

LAFITl'E,  premier  prix  de  peinture  en  1791,  ne  fit  alors  à 
Rome  qu'un  court  séjour,  mais  il  y  retourna  à  Tépoque  du  réta- 
blissement de  l'École,  en  Tan  Vl.  Dès  le  Salon  de  l'an  IV,  il  expo- 
sait des  esquisses  et  des  dessins  académiques,  et,  en  Tan  VI,  ime 
esquisse  de  Périclès  décernant  les  prix  d* encouragem&nt  aux  ar- 
tistes soiis  le  portique  de  l'Odéon,  devant  le  peuple  d'AUmies  et 
V  A réopage  assemblés  ^ . 

Son  premier  Mécène  fut  un  avocat,  ami  des  arts,  nommé  Poi- 
rier, de  Dunkerque,  qui  voulut  manifester  ses  sentiments,  au 
moment  de  la  réaction  thermidorienne,  par  une  gravure,  et  lui  fit 
dessiner  un  sujet  empreint  de  toute  Thorreur  du  moment,  sous 
le  titre  :  Des  formes  acerbes,  expression  de  Barrère  défendant  Lebon, 
et  avec  cette  légende  :  «  Cette  gravure  allégorique,  etc.  »  Le  pre-^ 
mier  état  est  sans  nom  ;  mais  il  existe  un  second  état,  avec  ces 
mots  en  marge  :  «  M*  Poirier,  de  Dunkerke,  avocat,  inv.  —  Pu- 
blié le  13  mai  1795,  s>  —  et,  dans  la  légende,  le  nom  de  Joseph 
Lebon  substitué  aux  mots  a  un  monstre.  »  La  pièce  est  gravée 
d'une  manière  un  peu  pesante,  mais  avec  finesse  et  d'une  pointe 
qui  rend  tout  ce  que  ce  dessin  a  de  mordant. 

En  1800,  Poirier  imagina  une  autre  composition  allégorique 
sous  ce  titre  :  Tableau  généi^al  de  la  Révolution  française  tei^miné 
par  celui  de  la  Paix,  qui  parut  cette  fois  avec  les  noms  des  au- 
teurs :  «  Poirier  de  Dunkerke,  jurisc,  invenit,  Lafitte  del.,  Ch. 
Normand,  sculpt.  »  Le  style  en  est  toujours  acerbe,  avec  une 
affectation  des  lignes  en  bec  de  corbin  ;  mais  la  composition  en 
est  encore  plus  curieuse.  On  y  voit  les  Consuls  sur  le  premier 
plan  avec  le  Ministre  de  l'intérieur  et  un  groupe  des  victimes 


1.  Triomphe  de  Voltaire,  dessin  du  char  et  de  quelques  détails;  bistre 
rehaussé  de  blanc, d*une  très-belle  exécution, signé  L.  F.—  Lafitte,  1793;  chez 
M.  Hennin. 


LAFITTE.  429 

de    la  Révolution,  veuves,   amies  et  orphelins,   que  la  Paix 

doit    consoler  ;  dans  i'éloignement  paraissent  les  Directeurs , 

désignés  par  Tétendard  de  la  Constitution  de  Tan  III ,  et  la 

Terjneur,  caractérisée  par  un  Terme  à  tête  de  Liberté,  une  femme 

et    un  enfant  égorgés  devant  lui,  et  une  ronde  de  Sans-culottes. 

Le    oitoyen  Gazenave  devait  la  graver  en  manière  anglaise,   et 

oa    en  publiait  le  prospectus  dans  le  Précis  de  Landon ,  t.  1«% 

an    X. 

A.   I3  même  époque  se  rapportent,  Federazione  délia  Republica 

Cis€Mrlpina,  L.  Laûtte  pin..  Normand  fils  se,  au  trait,  in-f*»  h.,  et 

de  n  x:  p)etites  pièces,  qui  grandissent  beaucoup  par  la  sévérité  de  leur 

dessin.  L'une  représente  la  Liberté,  assise  au  milieu  des  débris 

des  sltXs  et  abritant  entre  ses  genoux  trois  petits  enfants  ;  elle  est 

gra^v^c  dans  la  même  manière  que  les  formes  acerbes.  L'autre,  qui 

ï^'^st.    qu'au  trait,  représente  un  guerrier  nu,  couronné  par  là 

Viotoire  dans  un  médaillon,  avec  la  légende  :  Bataille  d'Aboukir, 

"î  ^herm.  an  VIL 

ï-^    talent  de  Lafitte  s'épanouit  davantage  dans  les  figures  à 

^*-oorps  qu'il  composa  des  Mois  du  calendrier  républicain.  Cette 

*<iinirable  nomenclature  pouvait  inspirer  mieux;  les  types  des 

jeunes  filles  de  Lafitte  ne  sont  pas  exempts  des  banalités  de 

^■^^^le  de  Bartolozzi,  dues  en  partie  au  graveur  au  pointillé 

*  '"^soâ.  Il  y  a  cependant,  dans  les  têtes,  la  sentimentalité  du  temps, 

^  "^  cl^xjs  les  ajustements,  une  symétrie  qui  n'est  pas  sans  grâce. 

^^^ciémiaire  est  une  forte  femme  avec  des  balances,  pleines  de 

^^sins  et  de  pampres  broutés  par  une  chèvre;  Prairial,  une 

*<^ncle  modeste  caressant  un  nid;  Tliermidor,  une  beauté  ardente 

^^oiiié  l^aignée,  et  caressée  par  un  cigne. 


Qtte  s'était  fait  connaître  aussi  dès  ce  temps  par  un  recueil 

^    l>rincipes   de  dessin  et  d'anatomie  à  l'usage  des  Écoles, 

^^^v^  à  la  manière  du  crayon,  sous  la  direction  de  J.  Couché, 

par    t^esmarets  et  M"*  Duclos.  Une  de  ces  pièces,  un  Apôtre 

^^^ouillé,   est  signée  Marie- Adélaïde-Louise  Duclos  sculpsit 

^^  •  Des  graveurs  en  couleur  lui  avaient  emprunté  deux  sujets  : 

^^^^"lotte  au  tombeau  de  Werther  et  la  Jeune  brune  ^   et  un 

0 


( 


130  ARTISTES.  —  PEINTRES  D'HISTOIRE. 

autre  graveur  anonyme  fit  d'après  lui  un  portrait  de  Lebrrni^* 
Il  devint  enQn  grand  dessinateur  de  vignettes  pouf  les  livrer, 
le  plus  considéré,  après  Moreau,  dans  un  genre  où  la  France  avait 
toujours  primé,  et  les  premiers  et  principaux  ouvrages  où  l'on 
trouve  de  ses  gravures  sont  Paul  et  Virginie,  les  Antinous  moder- 
nes, les  œuvres  de  Destouches,  les  Fastes  de  la  nation  française 
par  Teruisien  d'Haudricourt,  in-^%  1807.  Il  y  montre  un  dessin  un 
peu  pesant  et  n'évitant  pas  Tincorrection  dans  ses  petites  figures, 
mais  ne  manquant  pas  de  mouvement  et  d'expression. 

Il  eut  pour  principaux  graveurs,  après  ceux  que  nous  avons 
nommés  :  Ponce,  Anselin,  Delvau,  Girard,  Ghaponnier. 

LETHIÈRE*,  prix  de  peinture  en  1786. 

L'Mnion;  gravé  par  Ruotte,  au  Salon  de  Tan  IV. 

Brutus^  Guillaume  Telly  dans  des  couronnes  de  chêne,  gravés 
par  Darcis,  in-K 

Isis  ;  dessiné  à  Rome  par  G.  Lethière  ;  à  Paris,  chez  Girard, 
graveur,  in-f^^ 

ÎX  thermidor  an  IL  Un  génie  tutélaire  sort  du  Sénat,  armé 
d'un  glaive  flamboyant  \  il  extermine  les  ennemis  de  la  France. 
L'affreux  Tribunal  révolutionnaire  renversé  dans  la  pouîi- 
sière,  etc.  (six  lignes),  composé  et  dessiné  par  Lethière,  gravé 
par  Goquerét,  gr»  in-folio  allongé,  lavis,  en  façon  de  bas-relief; 
toute  Tâpreté  davidienne,  bouches  en  arc.  L'exemplaire  dUGabi- 
net  des  estampes  porte  l'envoi  autographe  de  Lethière  au  citoyen 
Ducis» 

Br\U\U  condamnant  ses  fUs,  -^  Virginius .  tuant  sa  fille^  ^-^  k 
IX  thermidor,  frise  allégorique  ;  gravés  sur  des  dessins,  par  Co- 
queret,  Salon  de  l'an  VI. 

En  1788,  sous  l'impression  des  mêmes  idées  que  David,  Lethière 
avait  fait  l'esquisse  d'un  grand  tableau  de  BrtUas  candcsmnant 

1.  Màrt  dB  Dêsaix,  dessin  à  Tencre  de  Ghin«;  signé  Lafltte,  soigné  tl  beau, 
ches  M.  Hennin. 

2.  GuiUaume  Guillon  Lethière,  oé  à  la  Guadeloupe  en  1760,  élè?e  de  DojreB. 


GUILLAUME   GUILLON   LETHIÈRE.  131 

ses  fils  à  mort^  esquisse  qui  reparut  au  Salon  de  Tan  X,  et  qui, 
rapprochée  du  tableau  de  l'année  précédente,  faisait  dire  à  un 
critique  quMl  avait  un  goût  particulier  pour  les  scènes  sanglantes 
dant   on  ne  voulait  plus  : 

Toujours  du  sang,  des  échafauds, 
Lethiere,  cachez  doDc  vos  esquisses. 

Arleqwn  de  retour  au  Muséum,  n*  II,  p.  41. 

Au  Salon  de  1793,  il  avait  fait  les  figures  d'un  tableau  d'Œdipe 
dètacfy^  d*tm  arbre  par  un  berger,  dont  Bidault  avait  fait  le 
paysage.  L'auteur  de  l'explication  par  ordre  de  numéros,  n^  67, 
les  trouve  d'un  effet  piquant  et  faites  avec  goût  dans  les  ajuste- 


^^^^hèe  ramenant  Euridice  des  Enfers,  ib.,  n*^  118.  Jansen,  en  le 

criticjtiant  (p.  21),  trouve  la  figure  d'Euridice  d'une  idée  ingé- 

nieus^;  a  son  air  de  tête  impassible,  sa  pose  droite,  sans  mouve- 

"*^en^^  soutenue  par  une  vapeur  légère,  tout  en  elle  représente 

^^e  Ombre.» 

An  Salon  tie  l'an  IV,  il  se  fit  remarquer  par  ses  tableaux  et  ses 
dessins: 

^€t^on  d'Utique.  —  Brutus.  —  Virginius,  dessin  ; 

^^npninie  chez  les  bergers^  tableau  ; 

^* -Amour  et  les  Grâces  dérobent  la  ceinture  de  Yènus,  tableau  et 
dessîo. 


3.  —  PEINTRES  GRAVEURS. 


Si  le  talent  de  graver  n'appartient  pas  aux  plus  forts  parmi  1 
peintres,  il  est  du  moins  le  propre  des  plus  vifs,  de  ceux  qui  sonS 
le  plus  tourmentés  du  désir  de  rendre  promptement  et  de  com 
muniquer  leurs  idées.  L'eau-forte  y  qui  de  tout  temps  avait  et 
pour  cela  la  ressource  des  peintres,  et  qui  avait  trouvé,  dans^ 
l'école  française  du  XVI II*'  siècle,  de  charmants  interprètes, «^ 
compte  encore  quelques  adeptes  parmi  les  peintres  de  là  Révolu 
tion;  leur  persistance  est  d'autant  plus  méritoire  qu'elle  lutt 

contre  les  circonstances  les  plus  défavorables. 

» 

GIBELIN  S  peintre  et  antiquaire  d'Aix  en  Provence,  avait  pa 
dix  ans  à  Rome,  et,  venu  à  Paris  en  1771,  il  s'était  fait  connaît 
par  les  grandes  figures  monochromes  de  la  nouvelle  École  d 
chirurgie.  C'étaient  des  compositions  assez  ingénieuses   dan^ 
leurs  données  mythologique  et  allégorique,  d'un  dessin  mou  er 
d'une  expression  sentimentale,  où  il  n'y  "avait  d'antique  que  Ic^ 
habillements.  Émeric  David  l'a  rangé  pour  cela  parmi  les  p 
miers  qui  firent  briller,  dans  le  style  de  la  peinture,  l'aurore  d 
bon  goût*.  11  grava  à  l'eau-forte,  au  trait  et  au  pointillé,  d'un 
façon  assez  libre,  qui  indique  le  peintre  monochrome  et  le  dessi- 
nateur instruit. 


1.  Esprits  Antoine  Gibelin,  né  en  1739,  mon  en  1814. 

2.  Vie  des  artistes  anciens  et  modernes,  Paris,  Charpentier,  in-12,  p. 
M.  Émeric  David  donne  la  notice  des  peintures  de  Gibelin  et  de  ses  ou 
imprimés,  mais  non  de  ses  estampes. 


ESPRIT-ANTOINE  GIBELIN.  133 

1  se  servit  d'abord  de  la  pointe  pour  illustrer  des  livres  d'an- 
ités*,  et,  tout  en  y  cherchant  Texactitude,  il  ne  peut  s'em- 

her  de  donner  à  ses  figures  des  formes  rondes  et  ressenties, 
frontispices  et  les  vignettes  de  ces  livres  témoignaient  d'ail- 

jrs  de  son  esprit  d'invention  et  de  la  variété  de  sa  pointe. 

1  composa  séparément  quelques  pièces  allégoriques: 

€  Bonheur  public,  fixé  par  la  naissance  du  Dauphin,  in-h^,  h.; 

Science  observant  la  Nature,  in-4®,  h.  ; 
rojet  de  médaille  pour  le  bailli  de  Suffren,  in-i**,  rond.  La 
aille  fut  exécutée  par  Dupré,  en  178/i,  mais  non  achevée,  et 
'en  existe  que  quelques  épreuves. 

1  grava  deux  des  grands  sujets  peints  à  TÉcole  de  chirurgie  : 
sculape  dévoilant  les  secrets  de  Vanatomie  à  ses  disciples, 

,1.; 

'Accouchement,  in-f*  1.,  dédié  à  M.  Joseph  David,  chez  la 
ve  Lagardette; 

es  estampes,  faites  d'un  travail  pittoresque,  quoique  très-fin 
^rès-soigné,  particulièrement  dans  la  seconde,  qui  rappelle 
jcmanière  de  Marcenay,  font  valoir  la  composition  facile  et  l'ex- 
ingénieuse  de  ses  figures  ;  elles  manquent  sans  doute 
la  sévérité  exigée  dans  la  peinture  murale,  mais  les  écueils  du 
et  y  sont  heureusement  tournés. 
^1  Gt  quelques  sujets  dans  la  manière  de  Bartolozzi  : 
-^*  Trait  inévitable.  Maria  Campana  inv.  et  pinx.,  in-12,  rond, 
*^  -  »  chez  la  veuve  Lagardette  ; 

Joseph  et  Zaluca,  in-4**,  ovale,  anonyme. 

Gibelin  fut,  pendant  la  Révolution,  logé  par  la  Nation,  d'abord 

^^   ^uvre  et  puis  à  la  Sorbonne,  et  il  paya  son  tribut  au  Salon 

^    l'an  IV,  en  exposant  un  projet  de  médaille  représentant  la 

^^^etition,  qui  place  sur  sa  base  une' colonne,  emblème  delà 

^^•^stitution  française,  et  deux  autres  dessins  allégoriques  :  le 

A  *  ^^herches  sur  Vépoque  de  Véquitation  par  le  P.  Fabricy,  Rome,  1764, 
^^  ^^-  iii-8";  Lettres  sur  les  tours  antiques  d*Aix,  1787,  iii-4;  Sur  la  staltte 
^'^adioteur  combattant,  mémoire  lu  à  Tlnstitut,  imp.  Panckouke,  s.  d,, 
1  pi. 


■ÉMhbii 


i3»  ARTISTES.  —  PEINTRES  GRAVEDRS. 

Tombeau  de  la  Bien-aimée  et  le  Vrai  bonheur ,  dont  le  livret 
explique  les  emblèmes.  C'est  à  la  même  époque  que  se  rap- 
portent des  estampes  au  pointillé  môle  de  quelques  traits  de 
pointe  : 

La  Coalition,  in-4«,  rond,  chez  Depeuille  ; 

L'Unisson,  faisant  pendant  à  la  Coalition,  inventé  et  gravé  par 
Esprit-Antoine  Gibelin  ; 

U Amour  agreste,  imité  de  Tantique,  et  gravé  par  A.  E.  G., 
in-&^,  rond,  chez  Joullain^  à  la  sanguine. 

Dans  toutes  ses  compositions,  Gibelin  n'était  pas  sorti  de  l'ai* 
légorie  gracieuse,  qu'il  avait  apprise  en  Italie;  il  en  fournit  des 
sujets  à  des  graveurs  italiens  accrédités,  la  Prétresse  compatissante 
à  Porporati,  la  Correction  conjugale  à  Valperga;  parmi  les  graveurs 
français  connus,  Beisson,  qui  était  son  compatriote,  est  le  seul  qui 
ait  reproduit  au  pointillé  un  de  ses  sujets  :  le  Chagrin;  post  equir 
tem  sedet  atra  Cura,  in-f®,  ovale  en  1. 

On  trouve  enfin,  sur  deux  pièces  de  son  dessin,  le  nom  de 
Caroline  Liottier,  qui  est  sans  doute  son  élève  : 

Saint  Jérôme,  M"*  Liottier  sculp.,  dédié  à  mademoiselle  de 
Cicé,  in-i«,  h.,  pointillé,  à  la  sanguine; 

Les  Sources  de  la  vie  et  du  bonheur,  Carolina  Liottier  sculpsit., 
chez  Joullain,  in-4°,  rond,  pointillé,  bistre. 

Il  faut  voir  peut-être  une  intention  satirique  dans  cette  der- 
nière pièce,  qui  représente  une  femme  accroupie,  le  sein  étalé 
entre  deux  cornes  d'abondance  d'où  ne  sortent  que  des  pièces  de 
monnaie;  elle  est  sans  doute  de  la  même  date  que  les  pièces  ré- 
volutionnaires citées  plus  haut. 

En  se  mêlant  assez  avant  dans  l'art  révolutionnaire.  Gibelin 
garda  donc  tout  son  caractère  d'antiquaire  ;  il  en  donna  une 
preuve  plus  manifeste  en  publiant  un  petit  livre  de  l'Origine  et  de 
la  forme  du  bonnet  de  la  Liberté,  qui  nous  servira  de  document 
dans  une  autre  partie.  Les  cinq  planches  qui  accompagnent 
ce  livre  ne  sont  que  des  exemples  de  la  coiffure  symbolique 
de  l'affranchissement ,  pris  sur  les  médailles  et  sur  les  monu- 
ments. 


PIERRE   LELU.  135 

PiEimf  LELU,  peintre,  de  ]*Académie  de  Marseille^,  secrétaire 
d'ambassade  de  M.  le  marquis  de  Clermont  d'Amboise,  parcourut 
l'Espagne,  le  Portugal,  Tïtalie  et  plusieurs  parties  de  l'Europe  ;  il 
fut  reçu  de  rAcadémie  de  Marseille  en  1778,  et  s'exerça,  dès  1779, 
dans  quelques  morceaux,  gravés  à  Teau-forte  et  au  lavis  dans  un 
goût  analogueii  Gibelin  d*Aîx.  Le  cabinet  Pafgnon-Dijonval  con- 
tenait :  Vénus  s* arrangeant  les  cheveux  devant  une  glace  tenue  par 
l'Amour;  les  attitudes  de  danse  de  M^^**  &uimard,  Allard  et  Pelin, 
de  rOpéra,  1779,  le  Devin  de  village,  1779,  la  Diseuse  de  bonne 
aventuré,  1779,  et  Allégorie  sur  la  gloire  de  Henri  IV,  1779".  On 
peut  citer  de  plus,  Vénus  sur  un  dauphin,  entre  un  triton  qui 
sonne  de  la  conque  et  des  Amours  qui  lui  présentent  des  coraux. 
!n-/i®  marqué  P.  Lelu.  inv.  et  f. 

J.-B.-L.  de  Rome  de  Lisle,  de  TAcadémie  Impériale  des  Curieux 
de  la  nature  (à  Erlangen).  P.  Lelu  ad  vivum  fecit,  1783,  in-S". 

En  1785  il  dirige  la  gravure  de  la  collection  de  M.  Vialart  de 
Saint-Morys  le  père,  collection  réunie  au  Musée  national  ;  pendant 
la  Révolution  les  planches  de  P.  Lelu  ont  servi  à  fondre  des 
canons;  en  1790,  il  est  auprès  de  M.  de  Breteuil. 

11  mit  son  talent  au  service  des  événements  et  des  idées  nou- 
velles, et  se  lança  dans  les  compositions  les  plus  grandes  et  les 
plus  scabreuses,  sans  avoir  la  force  nécessaire  : 

Les  Amis  de  la  constitution  aux  mânes  de  Mirabeau,  mort  le 
2  avril  1791.  La  consternation  générale  est  exprimée  par  la  France 

i.  Pierre  Lelu,  né  en  1741,  élève  de  Boucher  et  de  Doyen,  mort  en  1810; 
Notice  sur  Lelu,  par  M.  Vialart  8aint-Morys,  Magasin  encyclopédique,  1810, 
t.  IV,  p.  323-28  ;  Cataiogue  de  tableauo)  après  le  décès  de  Pierre  Lelu,  peintre 
dliistoire,  par  Regnault,  23  avril  1811.  —  Joubert  nomme  uq  M.  Lelu,  h,  Ver- 
sailles, possédant  dans  son  cabinet  le  nielle  de  Fineguerra,  la  Vierge  sur  un 
irâne,  passé  depuis  dans  les  cabinets  Revit  et  Durand  ;  Manuel  de  l'amateur 
destampeSy  1821, 1. 1,  p.  43. 

2.  Cabinet  Paignon-Dijonval,  par  Benard,  Paris,  1810,  in-4%  p.  326, 
n*  0381  et  suiv.  Le  Manuel  ne  donne  que  sept  pièces  et  pas  une  parue  du 
temps  de  la  Révolution  ;  le  Cat^ogue  de  Vèze,  par  Vignëres,  Paris,  1855,  porte 
la  LanUme  magique,  le  Ménage  champêtre,  le  Cat€Uogue  R.  D.  (Robert  Du- 
Riesnil),  par  Defer,  1854,  la  Fête  au  dieu  Pan, 


L 


136  ARTISTES.  —  PEINTRES   GRAVEURS. 

éplorée,  tâchant  en  vain  de  retenir  la  Mort  implacable  qui  nous 
enlève  une  tête  si  chère  ;  une  foule  de  peuple  et  des  soldats  de 
la  Patrie  joignent  leurs  efforts  aux  siens  ;  leur  généreux  comman- 
dant, ayant  pour  arme  la  massue  d*Hercule  et  Tégide  de  Minerve, 
esl  accablé  de  tristesse  auprès  du  lit  du  mourant.  On  voit  aussi  la 
Liberté,  dans  le  plus  grand  abattement,  qui  ûxe  ce  génie,  expirant 
sans  avoir  pu  unir  tout  ce  qu*ii  faisait  pour  elle  ;  sur  le  lit  est  une 
plume  et  des  papiers  pour  conserver  la  mémoire  de  la  manière 
dont  il  est  mort;  Ton  aperçoit,  dans  un  plan  reculé,  l'auguste 
assemblée  qu'il  a  eu  l'honneur  de  présider  et  où  ses  lumières  ont 
paru  avec  tant  d'éclat,  et  le  tableau  se  termine  par  son  monu- 
ment, qu'un  nuage  éclatant  couvre  et  au  milieu  duquel  est  l'Im- 
mortalité. A  Paris,  par  P.  Lelu,  peintre,  de  l'Académie  de  Mar- 
seille, demeurant  rue  Saint-Avoye,  n**  23.  Grand  in-folio  en 
largeur. 

L'artiste  est  trop  semblable  à  l'écrivain,  avec  un  dessin  fautif, 
une  composition  amphigourique,  les  allégories  et  le  costume 
emprunté  à  la  défroque  académique;  mais  il  y  a  de  l'énergie 
dans  l'expression  et  les  mouvements.  Trois  têtes  de  Mirabeau, 
fort  belles:  l'un,  vivant,  dans  le  médaillon;  l'autre,  mort,  dans 
son  lit,  et  le  troisième,  immortalisé,  dans  le  buste  emporté  par  la 
Mort. 

La  pièce  se  relève  aussi  beaucoup  par  la  gravure  à  la  pointe,  qui 
a  de  très-vives  parties. 

Les  Droits  de  Vhomme  et  du  citoyen,  P.  Lelu  inv.  et  fecit. 
Pillot  se.  Ils  sont  écrits  sur  un  cippe  entre  les  statues  de  la  Jus- 
tice et  de  la  Force,  au-dessus  d'un  bas-relief  de  l'Age  d'or.  CtUtis 
virtutibtis  demum  aetas  aurea  vigebit  in  secula, 

Charlotte  Corday,  âgée  de  vingt-cinq  ans ,  dessinée  et  gravée 
d'après  nature.  Lelu  pin.,  Mge  (Mariage)  sculp.  Ce  portrait,  dans 
la  coiffe  normande,  médaillon  ovale,  in-8,  est  assez  vrai,  mais 
de  petite  expression. 

Le  Triomphe  de  la  Montagne,  P.  Lelu  del.  et  sculp^  «  Sur  un  char 
civique,  etc.  »  En  serrant  son  dessin  et  soignant  davantage  sa  gra- 
vure, l'artiste  n'a  fait  que  mieux  paraître  les  pauvretés  de  ses  atti- 


JEAN-FRANÇOIS-PIERRE  PEYRON.  137 

tudes  et  de  ses  expressions.  Toutes  ses  figures  crient,  mais  où  est 
l'éloquence?  Ses  types  de  la  Liberté,  de  TÉgalité  et  de  la  Félicité 
publique,  sont  assez  jeunes  et  assez  nus,  mais  où  est  la  distinc- 
tion? Cependant  elles  témoignent  quelque  étude  des  figures  des 
Carraches. 

Lelu  avait  exposé,  au  Salon  de  Tan  II,  un  grand  nombre  de  des- 
sins sur  des  sujets  très-difficiles,  des  sujets  chrétiens,  des  sujets 
paîenSy  l'Aurore,  l^Ouragan,  et  le  mouvement  de  la  Terre,  suivant 
le  citoyen  de  Saint-Pierre,  il  grava,  en  1792,  le  Massacre  des 
Innocents,  d'après  Raphaël,  ou  plutôt  d'après  Marc-Antoine.  Il  ne 
faut  rien  chercher  dans  cette  copie  de  la  grandeur  du  modèle  ; 
sa  ligne,  son  dessin,  aussi  bien  que  le  pointillé,  rapetissent  sin- 
gulièrement ces  admirables  mères.  Il  faut  seulement  savoir  gré 
à  l'artiste  d'y  avoir  songé  en  cette  année-là;  l'ombre  qu'il  en 
donna  dut  faire  pâlir  l'école  de  David. 

1802;  planches  de  vues  et  monuments  pour  les  ouvrages  de 
M.  Saint-Mor^'s  le  fils; 

Nombreux  dessins  d'histoire  restés  dans  sa  famille. 

M.  P.  de  Baudicour  vient  de  donner  de  lui  une  assez  ample 
notice  et  de  décrire  soixante-quinze  pièces  à  l.'eau-forte  et  au 
lavis,  dont  cinquante-six  d'après  ses  compositions,  et  dix-neuf 
d'après  des  maîtres  italiens,  qu'il  loue  pour  la  plupart  : 

Sujet  pour  une  édition  de  la  Mort  d'Abel,  1808,  dernière  pièce; 
Judith,  1764;  Sacrifice  à  Pan,  1760;  Nativité,  1781;  Tancrède  et 
Herminie,  1781  ;  Vénus  et  l'Amour,  1784  ;  les  trois  Vertus  théolo- 
gales,  P.  Lelu  \10^;  l'Amour  et  Psyché,  d'après  un  dessin  exposé 
en  M Q3;  Allégorie  à  la  mémoire  d'Henri  IV,  1780;  la  Raison,  la 
Vertu,  la  Force  et  la  Nature,  P.  Lelu  inv.  et  fecit  ;  Monument  à 
Desaix,  an  VIII  ;  Allégorie  à  Napoléon  /«',  Alix  sculpt.  ;  Paysages, 
1781  ;  Étude  de  prophète,  de  Michel-Ange,  1783;  Père  étemel  de 
Corrége;  Dieu  bénissant  le  monde,  l'Annonciation,  de  Raphaël. 

PEYRON  *,  l'un  des  premiers  et  des  plus  tenaces  promoteurs 
de  la  renaissance  antique  dans  la  peinture,  selon  des  principes 

1.  Jean-Françoift-Pierre  PeyroD,  né  à  Aix  en  1744,  él^ve  de  Lagrenée  Talné. 


iâsifa 


138 


ARTISTES.  —  PEINTRES  GRAVEURS. 


quMI  avait  appris  à  Àix  de  Dandré-Bardon  et  qu'il  poursuivit  à 
Paris  et  à  Rome,  concurremment  avec  Vien  et  avec  David,  resta, 
plus  que  ces  mattres,  loin  de  la  nature,  asservi  à  l'imitation  de 
l'antique  et  du  Poussin.  Il  était,  au  moment  de  la  Révolution, 
membre  de  l'Académie  de  peinture  et  secrétaire  de  la  manufac- 
ture des  Gobelins;  les  événements  n'eurent  pour  lui,  à  ce  qu'il 
parait,  que  de  fâcheux  résultats,  et  sa  santé  môme  en  fut  altérée, 
à  ce  que  disent  ses  biographes*.  Il  n'y  a  dans  son  œuvre  aucun 
sujet  historique.  Au  Salon  de  1791  il  avait  exposé  des  tableaux, 
des  dessins  et  des  estampes,  tous  du  plus  pur  grécisme.  Le  mor- 
ceau le  plus  saillant  était  la  Mort  d'Alceste,  que  Chéry  trouvait 
d'une  composition  sage,  mais  d'un  ton  noir  et  d'un  silence  triste 
et  profond.  On  ne  le  voit  pas  paraître  aux  Salons  de  Tan  II  et  de 
Tan  IV,  mais,  au  concours  de  l'an  III,  il  eut  un  prix  de  8,000  fr.  — 
Après  l'an  V,  il  exposa  chaque  année  quelque  ouvrage.  Le  seul^ 
sujet  actuel  qui  y  paraisse  est,  au  Salon  de  l'an  VII,  une  allégon 
faite  pour  le  prix  d'encouragement  accordé  par  le  jury  de  l'an  III  i^ 
le  Temps  et  Minerve,  qui  n* accordent  V  immorlalitb  qu'à  ceux  qum^ 
ont  bien  mérité  de  la  Pairie. 

Peyron  pratiqua  la  gravure  à  l'eau-forte  avec  une  aptitude  quf 
l'aurait  mené  au  succès  s'il  n'y  avait  eu  dans  les  amateurs  de  soinK^ 
temps  trop  peu  de  goût  pour  les  genres  pittoresques;  les  habl— J 
tudes  de  son  dessin  le  reridaient  d'ailleurs  un  peu  pesant.  II  gar- 
dait  plus  de  liberté  dans  les  dessins  qu'il  a  exécutés  au  lavis 
Bien  que  le  graveur  ait  évité  tout  sujet  actuel,  je  donnerai  Is 
liste  de  ses  ouvrages  originaux,  qui  paraissent  tous  exécutés  d 
puis  1790  : 

Socrate  prêt  à  boire  la  ciguë,  etc.  P.   Peyron  inv.  pinx. 
sculp.,1790,  in-f»,  1.,  gravure  très-finie,  d'après  le  tableau  qui  p 
rut  au  même  Salon  que  celui  de  David,  en  1787,  que  M.  ÉmeriE 
David  considère  comme  l'époque  où  la  peinture  a  été  totalemeir 
r^énérée  ; 


1.  Vies  des  artistes  anciens  et  modernes,  par  Émeric  David,  Paris,  Giarpei 
tier,  1853,  iii-12,  p.  209. 


JEAN-BAPTISTE  WICAR.  «  13» 

Mort  de  Sènèque^  P.  Peyron  pinx,  et  se.,  Bogat,  orat,  etc., 
d'après  le  tableau  qui  a  remporté  le  prix  en  1773,  in-8'',  1.  La 
gravure  est  pleine  de  finesse  et  modelée  en  maître  ; 

Cimon  retirant  de  la  prison   le  corps  de  son  père  Miltiade, 

in-/i^  1.  ; 

Socrates  Alcibiadem  a  Venere  et  voluptatibm  amovens,  in-A^,  1. 

Ces  deux  gravures  sont  colorées,  quoique  finies,  et  font  bien 

paraître  la  science  de  composition  triste  et  de  dessin  rectiligne 

Qui  était  dans  sa  manière. 

Les  autres  pièces  qu'on  doit  à  sa  pointe  sont  une  pensée  de 
^Sainte  famille,  d'après  Raphaël,  in-8**,  h.,  et  quatre  sujets  d'après 
ï^oussin,  in-f»,  1.  Peyron  avait  formé  une  collection  de  plus  de 
<^0  dessins  de  ce  maître,  son  modèle  de  prédilection,  et  se  pro- 
;S=x>sait  de  les  graver;  ils  étaient  commencés  et  annoncés  dans  les 
^.^^nnales  de  la  calcographie. 

Deux  tableaux  de  Peyron  ont  rencontré  des  graveurs  :  les  Jeunes 
théniensel  Athéniennes  tirant  au  sort  pour  être  livrés  au  Mino^ 
Z-aure  fut  gravé  en  grand,  in-^,  1.,  par  Beisson,  et  en  petit, 
Ln-8®  L,  par  Monsaldi;  Àntigone,  sollicitant  de  son  père  le  pardon 
Poiynice,  fut  gravé  par  Monsaldi. 

il  dessina  des  vignettes  pour  le  Temple  de  Gnide,  pour  Salluste, 
►ur  Crébillon,  pour  Racine,  qui  furent  gravées,  dans  les  éditions 
^e  Didot  et  de  Renouard,  par  Née,  de  Gbendt,  Lemire,  Patas, 
.Seisson,  Massard,  Velyn  et  Dien. 

WICAR*.  Lorsque  M.  de  Joubert,  trésorier^ général  des  états  de 
la  province  de  Languedoc  et  membre  honoraire  de  l'Académie  de 
3)eînture,  se  fit,  en  178ù,  le  Mécène  de  l'ouvrage  de  la  Galerie  de 
Florence,  entrepris  par  de  Marivetz  et  Lacombe,  il  choisit  comme 
dessinateur  Wicar  de  Lille,  élève  de  David,  qui  fut  envoyé  à  Flo- 
rence et  y  exécuta  des  dessins  dont  on  loua  beaucoup  la  beauté. 
Les  connaisseurs  y  retrouvaient,  à  ce  que  rapporte  Vallin,  scru- 
puleusement et  savamment  rendus  le  style  et  le  caractère  de 

1.  Jean-Baptiste  W^icar,  né  à  UHe  en  1762. 


i40 


•     ARTISTES.  —  PEINTRES  GRAVEURS. 


chaque  maître*.  Les  gravures,  faites  sur  ces  dessins  par  Lacombe 
et  Masquelier,  en  refroidirent  sans  doute  le  style;  cependant  on 
peut  dire  que  ce  recueil  l'emportait  sur  les  précédents  recueils 
du  même  genre,  sinon  par  la  beauté  du  burin,  au  moins  pour 
l'exactitude  du  dessin,  et  l'élève  de  David  y  montrait  son  goût 
sévère  en  accompagnant  chaque  planche  de  la  reproduction  d'une 
intaille  ou  d'un  camée  antique. 

Bien  que  resté  à  Florence  après  1789,  Wîcar  y  partagea  avec 
chaleur  les  sentiments  révolutionnaires.  Revenu  en  l'an  11,  il  porta, 
le  28  nivôse,  à  la  Convention,  une  dénonciation  contre  les  excès 
qui  avaient  chassé  de  Florence  et  de  Rome  les  artistes  français 
républicains,  et  contre  ceux  de  leurs  camarades  qui  avaient  trahi 
leur  pays,  au  nombre  desquels  étaient  le  directeur  Ménageot, 
Fabre  de  Montpellier,  Doyen.  11  fut  nommé  ensuite  par  la  Con- 
vention, sur  la  proposition  de  David,  qui  le  donna  pour  un  dessf- 
nateur  justement  célèbre  et  un  connaisseur  exercé,  membre  du 
Conservatoire  du  Muséum  des  arts  pour  les  antiquités,  et  fit  à  la 
Société  populaire  des  arts  un  rapport  sur  les  figures  antiques  du 
Muséum.  Quelque  temps  après,  il  proposa  à  la  même  Société  un 
concours  pour  l'exécution  d'une  statue  de  la  Liberté  destinée 
à  orner  la  salle  de  ses  séances'.  Il  fit  un  dessin  du  Marat 
de  David,  connu  par  la  gravure  de  Morel,  et  fut  nommé,  en 
nivôse  179/j,  directeur  des  ateliers  de  la  manufacture  de  Sèvres*. 

11  serait  nécessaire,  pour  connaître  le  talent  de  Wicar,  d'explo- 
rer ses  dessins,  qui  ont  été  joints  sans  doute  à  la  collection  de 
dessins  de  tous  les  maîtres  qu'il  avait  recueillis  pendant  son  sé- 
jour en  Italie,  et  qu'il  légua  à  sa  ville  natale  *.  Je  ne  puis  signaler 
ici  que  deux  eaux-fortes,  qui  ont  échappé  à  l'attention  des  bio- 
graphes et  des  catalogues.  Elles  font  regretter  qu'il  n'ait  pu  cul- 


l- 


1.  Annales  de  la  calcographie,  p.  360. 

2.  Journal,  p.  103,  457,  210. 

3.  Voir  le  rapport  de  David  dans  Delécluze,  p.  161. 

4.  Musée  de  Lille,  par  M.  Clément  de  Ris,  dans  V Artiste;  Iconographie  lil- 
loise^ par  M.  Arthur  Dinaux,  Valenciennes,  in-^. 


H- 


JEAN-BAPTISTE  WICAR.  U\ 

tiver  un  genre  où  il  apportait  quelques  qualités  flnement  acœn- 
tuées. 

La  figure  Liberté  et  Égalité,   le  10  août  1792,  l'an  /•'  de  la 
République,  peint  et  gravé  par  le  citoyen  Wicar,  à  Florence,  en 
1793,  Van  II*,  et  élevé  le  19  mai,  au  nom  du  Peuple  français,  res- 
semble trop  à  une  Minerve,  d*une  expression  farouche  et  d'une 
sécheresse  davidienne  dans  le  type  et  dans  les  formes  ;  mais  les 
extrémités  et  les  draperies  en  sont  belles.  Cette  pièce,  in-f»,  fut 
répétée  dans  le  format  in>8^  par  une  pointe  plus  finie,  qui  ne  put 
garder  tout  le  caractère  de  Toriginal. 

Aux  défenseurs  de  la  Patrie,  la  redoute  de  Montelgino  défen- 
due par  le  chef  de  brigade  Rampon  et  1,500  Français,  le  21  ger- 
saiinal  an  IV.  Wicar  invenit  et  fecit  Florentin.  Nos  soldats  mon- 
trent dans  cette  pièce  le  tricorne  et  la  guêtre,  les  membres  trop 
aut  bâtis  et  les  gestes  trop  angulaires,  que  nous  leur  voyons  dans 
es  pièces  de  Duplessis  Bertaux.  La  composition,  moins  habile 
'ordonnance,  est  exécutée  d'ailleurs  d'une  pointe  plus  colorée. 
Wicar  dessina  en  1794  une  Figure  de  femme  à  mi^corps  tenant 
ne  urne  cinéraire,  dans  un  médaillon,  et  en  1795  une  Figure  à 
i-corps  dans  un  médaillon,  qui  fut  gravée  au  burin  et  d'une  ma- 
ière  dure  par  Perié.  Le  génie  désespéré  de  la  Liberté  fuit,  armé 
ses  poignards,  devant  un  tombeau  auprès  duquel  gisent  un  roi 
t  une  femme  assassinés,  et,  dans  le  fond,  la  façade  d'un  palais 
dossé  à  une  montagne.  L'artiste  semble  avoir  dessiné  cette  figure 
l'impression  de  Tune  de  ces  journées,  de  prairial  ou  de  ven- 
démiaire, qui  virent  la  Convention  forcée  par  une  réaction  tous 
les  Jours  croissante.  11  revint  cette  année-là  à  Florence.  En  1797, 
3l  fut  encore  désigné  par  le  Directoire  pour  s'adjoindre  à  la  com- 
sdîssion  qui  allait,  à  la  suite  de  la  conquête,  désigner  les  chefs- 
-d'œuvre qui  devaient  être  transportés  à  Paris.  Le  zèle  qu'il  mit  à 
^^^ette  mission  lui  attira  l'une  de  ces  caricatures  par  lesquelles  les 
Italiens,  ne  sachant  mieux  faire,  se  vengeaient  de  la  spoliation 
^ue  leur  faisait  subir  la  République  française.  Wicar  est  repré- 
senté, dans  cette  eau-forte  assez  finement  traitée,  comme  un  petit 
^omme  replet  à  mine  réjouie,  coiffé  d'un  énorme  claque  à  pom- 


142  ARTISTES.  --  PEINTRES  GRAVEUR^. 

poQ  tricolore,  ayant  soas  ie  bras  un  portefeuille  et  un  sabre;  un 

diablotin  à  tête  de  coq  vole  devant  lui  emportant  un  tableau;  on 
lit  6n  légende  :  Facea  disegni  per  nikbar  pitturs^ 

Grande  alUgarie  du  traité  de  paix  de  la  Convention  avec  le 
grandniuc  de  Toscane  (25  pluviôse  an  III),  Wicar  deL  1795. 
Périé  aqua  forti,  an  IH  ;  Hercule,  entouré  de  la  Justice,  de  la  Na- 
ture et  de  la  Victoire,  et  de  génies  assis  à  sa  gaucbe;  un  per- 
sonnage s'avance  vers  lui  escorté  par  l'Étrurie,  etc.,  et  la  Dis- 
oorde  fuit,  etc.  Gr.  in^f^.,  avant  toute  lettre;  dessiné  lourdement, 
gravé  à  Tunisson. 

Wicar  avait  pris  le  sujet  d*un  tableau  d'histoire  dans  la  Ratifir- 
cation  du  Concordat^  faite  à  Rome  en  1801,  entre  Pie  Vil  et  le 
cardinal  Gonsalvi;  la  gravure  au  trait,  qui  en  a  été  faite  par 
Pietro  Fontana,  et  à  la  manière  noire  par  Lefèvre  Marchand, 
montre  le  parti  savant  qu'avait  tiré  Tartiste  d'un  sujet  aussi  sim-  - 
pie,  et  n'ajoute  pas  peu  à  l'intérêt  sérieux  de  l'œuvre  succinct  ^ 
que  nous  avons  pu  indiquer  ici. 

Nous  n'y  ajouterons  plus  que  deux  portraits.  Le  premier  est  z 
le  sien,  en  buste  et  en  catogan ,  signé  Wicar  aqua  forti  1796  « 
Florentiœ;  le  second  celui  d'un  jeune  architecte,  pensionnaire  s 
de  la  République,  Faivre,  qui  mourut  à  Rome  en  l'an  VI,  et  dont  ^ 
ses  camarades  voulurent  laisser  un  souvenir.  J.^fi.  Wicar  l'avait  ^ 
dessiné  l'an  i""^;  Gounod  le  grava  en  Pan  VI  avec  beaucoup  ^ 
d'expression. 

JACQUES  GAMELIN,  de  Garcassonne*,  professeur  de  peinture,  « 
de  l'Académie  de  Saint-^Luc  de  Rome,  artiste  touché  encore  de  la  ^ 
flamme  qui  avait  échaufl^  les  maîtres  de  Toulouse,  La  Page  et  Ri-  — 
valz,  mania  la  pointe  avec  une  fougue  et  une  accentuation  que  ^ 
l'on  n'a  point  assez  remarquées.  Le  Nouveau  Recueil  d'ostèologie, 
publié  à  Toulouse  en  1779,  contient  plusieurs  compositions  de  - 
batailles,  de  scènes  de  salon  et  de  bivouac,  interrompues  par  la 
Mort,  qui  sont  gravées  avec  beaucoup  d'expression  et  de  verve 

i.  Jtcqaes  Gaaielin,  né  àG&rcaasonne  en  1738,  mort  en  Tan  XL 


JACQUES  GAMELIN.  143 

dans  un  travail  de  pointe  analogue  à  celui  de  Gibelin,  mais  beau« 
coup  plus  vif  et  plus  pittoresque  *. 

Il  grava,  de  1788  à  1795,  un  assez  grand  nombre  de  pièces 

isolées  :  portraits,  batailles,  études  de  têtes  et  d'animaux,  qui  n'ont 

m^  comme  la  plupart  des  estampes  faites  en  province,  qu'une 

publicité  très -^restreinte.  Le  cabinet  de  Vèze  en  avait  recueilli 

irente  *. 

Je  remarquerai  seulement  quelques  morceaux  de  cet  œuvre, 
^.r^ês^personnel  et  très-local  : 

Jf"*  Gamelin,  femme  de  l'auteur; 
Portrait  de  Qamelin  fils  aîné  ; 

Louis  Gamelin,  en  chapeau,  un  sabre  sous  le  bras,  1791  ; 
Advinent,  peintre  en  miniature  ; 
Jf"«  Àdvinent,  fille  de  l'auteur; 

Berghrô  des  Alpes,  Berger  des  Alpes,  Dame  française,  dessiné  et 
•^vé  par  Gamelin,  d'après  l'original  d'Àdvinent,  célèbre  peintre 
miniature;  Gamelin  s.  1791; 

Cmbai  de  awalerie.  Le  dessin  original  est  dans  le  cabinet  de 
^  d'Égrefeuillô  de  Montpellier;  composé  et  gravé  par  Gamelin, 

Gamelin  ne  quitta  pas  sa  province,  et  l'on  ne  voit  aucune 

ses  œuvres  figurer  aux  expositions  de  la  République;  mais 

%^  fut  nommé,  en  l'an  H,  peintre  à  la  suite  de  l'armée  des 

Ténées-Orien taies,  avec  le  grade  de  capitaine  de  génie,  fit 

lusieurs  campagnes  et  dessina  sur  le  champ  de  bataille  des 

squisses ,  dont  il  comptait  faire  les  tableaux  pour  le  Gouver- 

eiiient«  Il  mourut,  en  laissant  inachevé  un  tableau  de  la  bataille 

e  Marengo'.  Ses  peintures  se  voient  en  grand  nombre  dans 

1.  DeimU  la  mort  d«  II.  Renoarier,  M.  de  ChennevièfM  en  a  parlé  dans  la 
universelle  des  Artê,  n«  de  février  1S61 ,  p.  344-6  (A.  de  M.). 

2.  Catalogue  de  la  collection  de  M.  le  baron  de  Vèze,  Paris,  1855,  in-8, 
^.  164. 

3.  Notice  sur  les  honneurs  funèbres  rendus  d  Jacques  Gamelin,  eî  éloge 
funèbre  de  J,  Gamelm,  peintre  d^hutoire^professeur  de  dessin  d  V Ecole  centrale 
^e  VAude,  Garcassonne,  an  XI,  in-8. 


444  ARTISTES.  —  PEINTRES  GRAVEURS. 

les  musées  de  Carcassonne ,  Narbonne,  Montpellier,  Perpignan 
et  Toulouse. 

BERTAUX  S  peintre  de  batailles,  se  présenta  à  rAcadémie  en 
1787  et  fut  refusé;  il  y  avait  eu  pourtant  dix-huit  voix  pour  son 
admission,  parmi  lesquelles  était  celle  de  Wille,  qui  nous  a  trans- 
mis ce  fait  et  s*étonne  de  ce  refus,  car  il  y  avait,  dit-il,  bien  du 
mérite  dans  ses  ouvrages'.  11  était,  en  effet,  professeur  de  dessin 
à  rÉcoIe  militaire.  Les  Salons  de  Tan  II  à  Tan  IX  comptent  beau- 
coup de  ses  tableaux.  Le  plus  saillant  est  la  Journée  du  iO  août, 
tableau  de  six  pieds.  Jansen,  qui  parle  assez  longuement  de  ce 
morceau,  lui  reproche  d'avoir  traité  l'action,  la  plus  tumultueuse 
qu'on  eût  jamais  vue,  avec  la  froideur  d'un  mouvement  mesuré,  et^  ^ 
de  n'y  avoir  mis  ni  chaleur  de  composition,  ni  effort  dans  les^^ 
attitudes,  ni  expression  dans  les  figures'.  Les  autres  sont  des 
combats,  des  marches  ou  des  campements  de  troupes,  sans  lieu, 
déterminé.  Ces  soldats  sont  encore  en  effet  ceux  du  camp  de  h 

Lune,  et,  en  Tan  VIII,  il  en  est  à  exposer  la  bataille  de  Pultava 

11  parait  avoir  été  un  dessinateur  assez  exact,  et  plusieurs  gra j 

veurs  lui  ont  emprunté  des  sujets  familiers,  des  figures  militaires^&= 
et  même  des  portraits. 

Le  Benedicite,  la  Marchande  d'herbes,  la  Marchande  de  marrons^  ^ 

Suite  de  di/férentes  attitudes  de  factionnaires,  par  J.  Bertaux^  :3 
Gravé  à  Teau-forte  par  V'«  Chenu,  dirigé  par  Lebas,  1773. 

J.-/.  Rousseau  en  pied.  Bertaux  fecit  1774.  Baquoi  filius  sculp—  -^ 
1777. 

Le  comte  de  Provence.  Au  premier  citoyen.  Bertaux  del.  LecœucK 
sculp.-in-4<^  h.  lavis. 

Dans  la  suite,  publiée  en  1787  sous  le  titre  de  Costumes  e^'^ 
Annales  des  grands  théâtres  de  Paris,  et  gravée  par  Janinet  sui^  -i 
les  dessins  de  plusieurs,  on  trouve  deux  figures.  Vrai  costume  d\ 

i.  Jacques  Bertaux,  Bertault  ou  Berthault,  né  à  Arcis,  élève  de  Bachelier. 

2.  Journal  de  Wille,  H,  147. 

3.  Explication  par  ordre  des  numéros  et  jugement  motivé,  Paris,  Jansen 
in-12,  p.  22, 


I 


JACQUES  SWEBACH  DESFONTAINES.  Ub 

temps  de  Henri  IV  et  Parures,  signées  Berthaud  del.  et  Bertaux 
del.  Elles  ne  se  distinguent  pas  de  deux  autres  qui  sont  signées  : 

D.  P,  Bertaux  d.  et  D.  B x*. 

Bertaux  ne  fut  point  étranger  à  la  pratique  de  Teau-forte,  ainsi 
que  le  prouvent  ces  deux  pièces  : 

Étudies  de  chevaux.  J.  Bertaux  s.  II  y  en  a  six  sur  la  feuille, 
in-12  1.; 

Les  Joueurs  flamands.  Princes,  marquis,  comtes,  barons,  voilà 
comme  il  fallait  jouer,  non  pas  des  millions.  A  Paris,  chez  Nau- 
det,  marchand  d'estampes,  quai  de  la  Grève,  n®  16. 

Cette  pièce  in-4®,  signée  J.  Bertaux  se,  doit  être  ici  à  un  second 
état,  publié  par  Naudet  avec  une  inscription,  destinée  à  donner  à 
son  sujet  flamand  une  couleur  révolutionnaire. 

SWEBACH  DESFONTAINES  (ou  dit  Fontaines)*  est  le  premier 
cfes  peintres  et  dessinateurs  de  soldats  et  de  chevaux,  auxquels  la 
Révolution  vint  donner  beaucoup  de  popularité.  Toutes  les  expo- 
sitions, de  l'an  II  à  Tan  XII,  comptèrent  de  nombreuses  composi- 
tion.^ de  marches  de  troupes,  corps  de  garde,  campements,  ren- 
*^oCres  de  cavaliers,  combats,  marches,  vivandiers,  manèges, 
^^**x*ses  et  chasses,  depuis  les  plus  petits  sujets  jusqu'aux  ba- 
^il  1^58  de  Monthabor  et  de  Marengo. 

^•^rthaud  et  les  autres  graveurs  des  Tableaux  de  la  Révolution 
^^  ^xnpruntèrent  le  dessin  de  la  plupart  de  leurs  scènes  militaires. 
"  ''^cnjrnit  môme  une  composition  de  V Assassinat  de  Marat,  oii  la 
'***^^  en  scène  et  la  figure  de  Charlotte  Corday  ont  plus  d'à  pro- 
^^^*^     cjue  dans  la  composition  de  Duplessis-Bertaux. 

'^o^ephrAgricol'Viala,  légende  en  six  lignes,  lavis  de  couleur, 
P*^*i  de  paysage  et  bataille.  Swebach  Desfontaines  del.  Descour- 
*^  ^^^^.,  in-f»  l.  A  Paris,  chez  Descourtis,  rue  des  Grands-Degrés,  1. 
^^-^  jeune  Darruder.  In-f**  coul.  Descourtis  sculp. 

~     ^oir  la  biographie  de  Duplessis-Bertaux,  à  qui  appartirmnent  peut-être 
^'*^ar»  de  ces  pièces. 

^    -Jacques  Swet>acb  Desfoataines,  ou  dit  Fontaines,  né  à  Metz  le  19  mars  1 769, 
«n  décembre  1823,  élève  de  Duplessis. 

10 


146  ARTISTES.  —  PEINTRES  GRAVEURS. 

Çafè  des  Patriotes  occupés  à  lire  les  décrets  de  la  Gooventîoo, 
estampe  gravée  en  couleur  par  J.-B,  Morret,  dessinée  par  Swe>«- 
bach  Desfontaines.  Se  vend  10  1.  che^  Morret,  rue  de  la  Bucherie. 
{Moniteur  du  19  février  1793.) 

Butterbrodt  pesant  [(76  livres  (on  le  montrait  au  Palai^Royal)  ; 
collection  Hennin,  p.  2. 

Il  Gt  graver  par  Lecœur,  au  lavis  ou  en  couleur,  le  Sem^ent  fèr- 
dératif  du  ik  juillet  1790,  lavis  in-4®.  Tune  des  représentations 
le3  plus  animées  de  cette  grande  fête,  la  salle  de  bal  élevée  sur 
les  ruines  de  la  Bastille,  avec  Tinscription  ;  Ici  l'on  danse  \  et  lu 
Vieillesse  d'Annette  et  I^ubin^  avec  romance  en  cinq  couplets* 

Il  grava  lui-même  quelques  pièces  au  pinceau  et  à  Teau-forte. 
à  la  manière  rapide  des  peintres  : 

Campement  de  troupes,  à  Teau-forte  ; 

Des  muletiers  à  la  porte  d'une  hôtellerie,  InrU^  1.  Gravé  au  pin- 
ceau; 

Petite  scène  de  cavalerie,  au  lavis. 

Plus  tard  l'artiste,  qui  fut  le  peintre  militaire  le  plus  petit,  le 
plus  expéditif  de  TEmpire,  résuma  son  œuvre  dans  un  recueil  d€ 
180  planches,  qu'il  grava  au  trait  et  qu'il  intitula  Encyclopédie 
pittoresque.  Toute  trace  révolutionnaire  en  a  disparu. 

BIDAULT,  de Carpentras',  fut  Tun  des  paysagistes  qui  brillèrenl 
au  Salon  de  1791.  Des  cinq  tableaux  qu'il  exposa,  Chéry  note  les 
quatre  premiers  des  épithètes  les  plus  flatteuses,  et.  les  qualifie 
de  ces  qaots  ;  a  Toujours  du  beau  et  du  vrai.  »  En  1793,  il  exposa 
une  vue  d'Italie,  qui  est  louée  en  termes  plus  chaleureux  encora 
par  Jansen,  et  une  scène  ô! Œdipe  détaché  de  V arbre  par  un  berger^ 
où  l.ethière  avait  fait  des  figures.  Au  concours  de  l'an  IH,  i 
reçut  un  prix  de  6,000  fr,  11  fut,  dans  les  Salons  suivants,  éclipsa 
par  son  frère  et  son  élève,  qui  devint  un  des  paysagistes  ém^ 
rites  de  l'Empire.  Mais  il  doit  être  signalé  aux  collecteurs  comoM 
ayant  touché  quelque  peu  à  la  pointe. 

1.  JamwU  de  WUle,  U  II,.p.  359. 

2.  Jean-Pierre-Xavier  Bidault,  né  à  Garpentras  en  1745,  mort  en  4813. 


JACOB  8ABLET.  147 

On  a  bien  voulu  citer  de  lui  deux  vues  de  Lyon,  une  rivière  et 
çiuilre  têtes  de  mouton,  qui  sont  plus  fines  qu'on  ne  l'attendrait 
d^un  peintre  et  n'en  sont  pas  pour  cela  meilleures.  J'ajouterai  à 
ces   morceaux  un  autre  échantillon  de  vue  plus  librement  faite  : 
Arc  de  triomphe  de  Marins,  près  la  ville  d'Orange,  dessiné  d'après 
nature  et  gravé  par  Bidault,  1778,  in-4<>  1.,  et  deux  petites  estam- 
pes, petitement  faites,  mais  qui  ont  quelque  mérite  historique  : 

Bu^tc,  de  Barra  couronné  de  chêne,  une  pique  dans  la  poitrine. 
Méd^tîUon  sur  deux  branches  de  chêne,  in-2/i  h.  Bidault  se. 

C^est  du  jeune  Barra  qu'ici  tu  vois  Timage  ; 

Plutôt  que  d'être  esclave,  il  mourut  en  héros  ;  ' 

Républicain  zélé,  tu  lui  dois  ton  hommage  : 

Pour  régler  ta  conduite,  imite  ses  travaux. 

f«Q^e  du  grand  Saint-Bernard  par  l armée  française^  le  25  flo- 
réal ar^  vui.  Taunay  in.  J.-P.  Bidault  F»  in-S^  h. 


LET  *  était  resté  vingt  ans  en  Italie  avec  Vien,  son  maître, 

<ïuaiicl  il  vint  en  France  au  moment  de  la  Révolution,  et  prit  part 

^^^tes  les  expositions  qui  s'ouvrirent  depuis   1791  jusqu'à 

^^  X.,   où  il  tenait  l'emploi  d'un  des  meilleurs  peintres  de  genre. 

^   Concours  de  l'an  111,  il  eut  un  prix  de  ù,000  fr.  Chéry  le  ca* 

r^ctérise  :  «  Touche  fine  et  moelleuse,  coloris  vrai,  de  la  chaleur, 

^   ^^    vigueur,  une  main  hardie,  un  beau  style  *.  »  De  la  Serrie 

*  ^ï^ouve  un  pinceau  suave  et  fondu  ';  enfin,  on  lit  dans  la  Dè- 

^^^  c    «  Parmi  les  artistes  qui  s'adonnent  aux  scènes  familières, 

^*^t    montre  le  plus  d'originalité.  11  a  une  manière  à  lui,  mais 

Sujets  ont  peu  d'intérêt*.  »  La  plupart  de  ses  tableaux  étaient 

^^    "    '^^^^4)b  Sablet  le  jeune,  né  à  Morgy,  canton  de  Berne,  en  1751,  mort  en 
••   ^l^ve  de  Vien. 
"     ^^-^^jplication  et  critique  impartiale  de  toutes  les  peintures,  etc.,  exposés 
^■^9>reau  mois  de  septembre  1791,  in-8,  p.  6,  23. 
^Yo^    ^^^^^<imen  critique  et  concis  des  plus  beaux  ouvrages  exposés  en  Van  IV, 


Décade  philosophique,  t.  VII,  an  IV,  in-8. 


148  ARTISTES.  —  PEINTRES  GRAVEURS. 

des  scènes  et  des  costumes  d'Italie  ;  les  seuls  sujets  actuels  qu'on 
y  remarque  sont  un  portrait  du  C,  Chenard  en  porteur  d'eau,  le 
portrait  d*un  membre  du  Corps  législatif  s* éloignant  des  tombeaux 
où  il  a  gémi  sur  le  sort  de  cev-x  qu'il  a  perdus  par  l'effet  de  la  Ré^ 
volution,  et  le  Départ  dun  officier  de  la  2^*  demi-brigade. 

Pendant  son  séjour  en  Italie,  en  1785  et  1786,  Sablet  exécuta 
quelques  pièces  à  Teau-forte.  Les  plus  remarquables  sont  des 
études  de  vieillards  barbus,  de  vieilles  femmes  et  de  jeunes  filles 
groupées  d^une  façon  naturelle,  saisies  avec  vérité  et  gravées 
avec  beaucoup  de  dureté,  dans  un  goût  qui  se  rapproche  de  celui 
que  Yien  a  montré  dans  quelques  eaux-fortes.  Il  y  en  a  six,  signées 
J.  Sablet  pinxit  et  sculp,,  Romse,  1786. 

Un  graveur  suisse  établi  à  Rome,  Ducros,  exécuta  au  lavis  une 
grande  composition  de  Sablet  :  Scène  d enterrement  dans  un  cime- 
tière,  in-f°  allongé,  nombreuses  figures  disposées  en  façon  de 
bas-reliefs;  mais  Testampe  qui  a  le  mieux  recommandé  le  nom 
du  peintre  est  celle  que  Copia  publia  sous  ce  titre  :  le  Maréchal 
de  la  Vendée,  Sablet  jeune  pinxit,  Copia  sculpsit  :  «  Ce  brave 
homme  ayant  appris  que  les  Chouans  avaient  attaqué  les  pa- 
triotes très-près  de  sa  commune,  quitta  sa  forge  sans  autres 
armes  que  son  marteau,  en  terrassa  un  grand  nombre,  et  revint, 
après  la  victoire,  chargé  de  la  dépouille  de  plusieurs  de  ces  bri- 
gands » 


h.  —  GRAVEURS   A   L'EAU-FORTE. 


L'eau-forte,  cultivée  directement  par  des  dessinateurs  et  ad- 
mise pour  les  fantaisies  de  ses  procédés  et  l'inattendu  de  ses 
résultats,  a  peu  de  chances  de  réussite  dans  un  temps  où  la  mode 
inci portait  d'Angleterre  la  manière  pointillée.  On  la  trouve  le  plus 
souvent  réduite  à  servir  de  travail  préparatoire  à  des  procédés 
plus  terminés  et  plus  agréables.  Ceux  qui  persistent  à  la  pratiquer 
sont  entraînés  à  faire  des  pastiches  ou  à  imiter  des  procédé.»  qui 
en  altèrent  les  conditions  les  plus  heureuses. 

DENON,  le  directeur  général  des  Musées  sous  l'EmpireS  avait 
commencé  par  être  conservateur  de  la  collection  des  pierres  gra- 
vées de  M">«  de  Pompadour.  il  fut  reçu  de  l'Académie  en  1787, 
comme  artiste  de  divers  talents  et  sur  une  estampe  à  l'eau-forte, 
V Adoration  des  bergers,  d'après  Luca  Giordano,  qu'on  disait 
faite  dans  le  goût  de  Rembrandt.  11  était  du  nombre  des  amateurs 
qui  avaient  pris,  dans  les  voyages  en  Italie  et  dans  l'étude  des 
collections,  le  goût  du  dessin  et  l'habitude  du  pastiche  en  gravure. 
Caylus,  Saint-Non,  Campion  de  Tersan,  Théry  de  Gricourt  en  ont 
laissé  qui  feraient  honneur  à  des  artistes.  Denon,  qui  était  en 
Italie  quand  la  Révolution  éclata,  revint  pour  se  faire  rayer  de  la 
liste  des  émigrés,  et  l'obtint  par  la  faveur  de  David,  qui  lui  fit 

1.  Vivant  Deoon,  né  à  Ch&lons-sur-Sa6ne  en  1747,  mort  en  1825.  Notice 
tiécrologique,  par  Cotipin,  extraite  de  la  Revue  encyclopédique,  1825,  in-8.  — 
Son  œuvre,  d'après  un  catalogue  imprimé  en  18D3,  est  de  325  pi.  Le  Ma-- 
*itie<  donne  quatre-vingt-dix-sept  numéros  et  ne  mentionne  aucune  de  ses  eaux- 
'ortes  les  plus  curieuses,  ni  de  ses  lithographies. 


150  ARTISTES.  —   GRAVEURS  A  L'EAU-FORTE. 

confier  la  gravure  de  ses  Costumes  républicains.  Sa  pointe,  menée 
à  traits  petits  et  mous,  n*était  pas  propre  à  les  faire  valoir.  Il 
exposa  aux  Salons  de  Tan  IV  et  de  Tan  V  ses  principales  estampes 
à  Teau-forte,  des  sujets  saints,  d'après  Rembrandt  et  d'autres 
peintres,  des  paysages  et  des  animaux  ;  mais  il  ne  réussit  pas  à 
remettre  ce  genre  en  honneur,  en  se  plaçant  à  la  suite  des  gra- 
veurs tout  pittoresques,  Rembrandt,  Parmesan ,  Van  Dyck,  Tie- 
polo.  Il  n'avait  rien  de  leur  distinction  ;  uniforme  dans  ses  coups^ 
de  pointe,  rond  dans  ses  lignes,  il  tirait  tout  son  agrément  d 
quelques  effets  de  fouillis,  de  la  vivacité  de  ses  physionomies 
Pour  trouver  sa  valeur,  il  faut  donc  laisser  de  côté,  dans  so 
œuvre  considérable,  toutes  ses  grandes  pièces  d'après  des  compo 
sitions  trop  grandes  pour  lui  et  ses  pastiches  d'après  les  maîtres 
pour  s'attacher  à  celles  où  il  a  pu  plus  facilement  laisser  aile 
son  esprit,  qui  était  fort  alerte,  et  retracer  ce  qu'il  avait  vu  des 
ses  yeux,  .qui  étaient  très-vifs.  On  sait  par  sa  biographie  que  les 
femmes  l'ont,  dans  l'adolescence  et  jusque  dans  la  vieillesse, 
beaucoup  choyé.  Celle  qui  l'a  le  mieux  inspiré  est  M^  Mosion, 
qu'il  a  gravée,  en  1784  et  1787,  en  buste,  à  mi-corps  et  en  acadé- 
mie, de  sa  pointe  la  plus  badine,  dans  ses  coifTures  les  plus  ébou- 
riffées et  dans  des  formes  très-déclives,  bien  que  dessinées  d'après 
nature  de  face  et  de  dos  :  Denon  vidit  et  sM787. 

Revenu  à  Paris  pour  éviter  les  peines  de  l'émigration,  Denon 
se  fit  le  courtisan  de  David  et  grava,  pour  lui  complaire,  le  Ser- 
ment du  Jeu  de  Paume,  qui  est  certainement  l'une  des  plus  gran- 
des pièces  que  l'on  ait  jamais  exécutées  à  l'eau-forte.  Il  n'y  faut 
pas  chercher  l'effet  d'ensemble  ;  le  trait  de  pointe  en  est  maigre, 
mais  d'une  grande  dextérité,  suffisamment  ombrée  dans  les  têtes 
pour  rendre  l'expression,  et  elle  doit  être  comptée  comme  la  plus 
précieuse  qu'il  ait  jamais  exécutée,  la  seule  qui  soit  contempo- 
raine du  dessin  original,  et  la  plus  rare  par  suite  de  ce  que  l'au- 
teur ne  s'en  est  plus  vanté  et  qu'elle  n'est  jamais  mentionnée 
dans  son  œuvre. 

11  fut  officiellement  désigné  pour  graver  les  Costumes  républi- 
cains imaginés  par  David.  La  pointe  mince  dont  disposait  Denon 


r^l 


VIVAIT  DÊNON.  191 

et  lé  foiifttiillement  de  hàdhtti^s  qu*il  avait  àpprià  dé  Saiht-Noh 
avaient  fort  à  faire  pour  se  mesHrer  à  ces  ttiodèles  si  âolideiftent 
établis.  Il  en  rend  cependant  la  tenue  acerbe.  Il  n'y  en  a  eu  que 
onze  pièces. 

Il  grava  le  portrait  du  due  d* Orléans  en  costume  civil,  Denon 
se.,  in-18,  et,  sur  le  dessin  d'Isabey,  un  portrait  de  Barrére  à  la 
4ribune,  pièce  in-f°,  exécutée  précieusement  à  Teau-forte  et  au 
lavis,  Isabey  del.,  Dehon  sculp.,  qui  est  certainement  le  pl'iJs 
curieux  de  ceux  que  Ton  peut  avoir  du  rapporteur.  II  a  une  figui'e 
longue  et  la  bouche  en  cœur,  des  cheveux  longs,  le'col  nu  et  les 
deux  bras  tendus,  avec  un  rapport  dans  la  main  gauche  ;  il  est 
vêtu  d'une  redingote  à  brandebourgs. 

Plusieurs  estampes  de  Denon  sont  datées  de  1790  et  1791;  tuais 
la  Révolution  n'a  guère  marqué  dans  son  œuvre,  après  les  Cos- 
tumes républicains  dont  il  y  a  des  reproductions  en  petite  que 
par  une  pièce  ronde,  au  lavis  bistre^  d'une  belle  expression,  qui 
représente  une  mère,  Tœil  hagard,  tenant  son  enfant  coiffé  du 
bonnet  rouge  et  un  fusil  à  là  main,  à  moins  qu'on  ne  veuille 
mettre  aussi  sur  le  compte  de  la  Révolution  des  pièces  de  paradis 
catholique  :  Adam  et  Eve  chassés  du  Paradis,  petite  pièce  ronde, 
et  le  Rêve  d'une  nonne,  in-f<>  en  h.  Mais  Denon  était  un  Voltairien 
qui,  en  se  rangeant  à  l'autorité  impériale,  n'en  devint  pas  plus 
moral.  11  a  fait  bien  d'autres  pièces  libres,  et  à  la  fm  de  sa  vie  il 
lithographiait  une  pièce  allégorique  où  l'on  voyait  seize  portraits 
de  sa  personne  à  tous  les  âges  sur  un  drapeau  attaché  à  la  faux 
du  Temps,  tiré  d'un  côté  par  l'Amour  et  de  l'autre  par  la  folie, 
sur  un  bout  de  paysage  d'hiver,  où  on  le  voyait  encore,  debout, 
couvert  de  fourrures  et  réchauffé  par  un  amour.  Il  mourut  à 
78  ans,  en  1825. 

Je  n'ai  pas  à  dire  quelle  fut  sons  l'Empire  l'influeiice  de  Denon 
sur  les  arts,  qu'il  appréciait  d'une  manière  générale  et  histo- 
rique S  bien  qu'il  ait  dirigé  l'École  française  dans  une  voie  toute 

f .  n  a  publié  une  notice  ^ur  Gérard  Aadran  avec  des  considération^  sur 
rbistoire  de  la  Gravure,  9  p.  in-fol.  et  6  pi. 


*=..,-.- 


152  ARTISTES.  —  GRAVEURS  A  L'EAU-FORJE. 

d'adulation',  mais  la  campagne  d*Égypte  restera  le  morceau  le 
plus  sérieux  de  son  œuvre. 

NITOT  (Michel),  dit  DUFRESNES  qualiflé  par  quelques-uns 
amateur,  grava  à  l'eau-forle  des  fac-similé  de  dessins  d'anciens 
maîtres  pour  le  Recueil  de  Basan  :  Jésus  devant  Pilale,  de  Martin 
Schoen,  deux  Saintes,  d'Albert  Durer,  1792,  deux  Têtes  de  vieil^ 
lard,  de  Durer,  1792,  Buste  de  vieillard,  de  Wille  le  flls,  1795. 
II  y  a  dans  ces  morceaux  un  exercice  de  la  pointe  plus  habile 
qu'il  n'appartient  à  un  amateur.  Les  ouvrages  de  tout  genre  qui 
composent  son  œuvre  sont  d'un  dessinateur  et  d'un  graveur, 
sinon  original,  au  moins  très-déterminé. 

11  y  a  des  copies  de  Gallot,  de  La  Belle,  de  Rembrandt  et  de 
Van  Dyck,  de  nombreux  petits  morceaux  plus  ou  moins  terminés 
de  statues,  pierres  gravées  et  médailles,  8  pièces  (cat.  Denon), 
têtes,  médaillons,  entre  lesquels  j'ai  remarqué  une  petite  Ggnre 
de  la  Liberté  tenant  le  niveau.  Ses  sujets  les  plus  actuels  sont  : 

1®  Le  portrait  de  saint  Hurugue*;  qu'il  fit  jusqu'à  trois  fois:  de 
face,  de  profil  et  dans  un  médaillon  avec  cette  légende  :  Je  suis 
saint  Hurugue,  c'est  moi  qui  ai  sauvé  la  France; 

2®  Une  charge,  curieuse  surtout  par  sa  date  :  le  Père  Lanti- 
meclie,  Dufresne  del.  et  se.  1793.  Buvons  toujours,  n'achetons 

i.  Michel  Nitot,dit  Dufresne,  né  à  Chezy>rAbbaye,  en  i759  (catalogue  Denoo). 
Le  Manuel  de  l'amateur  d'estampes  ne  donne  sous  ce  nom  que  les  planches  de 
Flaxman  et  de  Landon,  et  porte  les  autres  ad  nom  de  Charles  Dufresne,  avec 
les  lettres  Ds  en  monogramme.  Bas2|n  ne  nomme  dans  son  Dictionnaire,  édi- 
tion de  1780,  que  Charles  Dufresne,  amati'.ur  et  homme  de  lettres,  gravant  en 
lfV90  (sic)  pour  son  amusement;  nous  ne  connaissons  Nitot  Dufresne  que  dans 
les  catalogues  de  Denon,  par  Duchesne,  de  Vèze,  et  dans  son  œuvre  au  Cabinet. 
Il  est  distinct  seulement  de  Defraine,  dessinateur  de  costumes,  de  vignettes, 
de  planches  pour  le  Musée  Filhol,et  graveur  de  quelques  pièces  au  lavis  et  au 
crayon.  Celui-ci  était,  en  Tan  XI,  professeur  pour  la  figure  à  TÉcole  gratuite  de 
dessin. 

2.  C*est  donc  à  tort  qu*on  a  avancé  dans  le  catalogue  de  la  collection  Later- 
rade,  vendue  en  novembre  1858,  qu'il  n'existait  pas  de  portrait  du  temps  de  ce 
personnage 


JEAN  DUPLESSIS-BERTÂUX.  153 

jamais  de  terre,  car,  quand  U  pleut,  ça  fait  de  la  boue,  chez  Nau- 
det,  marchand  d'estampes,  au  Louvre  ; 

3**  Le  Républicain  Desessarts,  en  pied,  in-8®  ; 

4®  Le  Comte  Almaviva,  1793,  D.  Bertaux  del.,  Dufresne  se., 
1793,  in-8<*,  eau-forte  légère  et  artiste  ; 

5^  Gustave  Lazzerini,  artistp.  du  théâtre  de  l'Opéra^ Buffet, 
dessiné  par  Nitot  Dufresne,  gravé  par  C.-E.  Gaucher,  an  X,  tète 
antique  en  médaillon,  entre  une  lyre  et  une  couronne. 

Il  grava  également  à  Teau-forte,  mais  avec  beaucoup  de  fini, 
une  pièce  in-4®.  Dieu  créant  le  premier  homme,  Raphaël  de!., 
Dufresne  sculp. ,  déposé  à  la  Bibliothèque  nationale,  à  Paris, 
chez  Martin,  marchand  d'estampes,  rue  des  Fossés-Montmartre, 
qui  présente  cette  circonstance  singulière  que  la  tête  du  pre- 
mier homme,  vue  de  profil,  est  celle  du  premier  Consul.  L'idée 
parut  si  ingénieuse  et  si  flatteuse  pour  Tenthousiasme  du  mo- 
aient  qu'elle  fut  avidement  saisie.  Duplessis-Bertaux  et  d'autres 
firent  des  gravures,  et  je  ne  sais  quelle  est  la  première  ;  mais  celle 
de  Dufresne  est  la  plus  grande,  et  donne  le  masque  le  plus  res- 
semblant du  héros. 

Dufresne  était  surtout  dessinateur,  et  grava,  au  trait,  en  1803, 
les  figures  de  VOdyssée  et  de  V Iliade ,  de  Flaxman,  de  V Eschyle, 
et  dts  planches  pour  les  œuvres  des  peintres  de  Landon. 

Il  avait  formé  une  collection  d'estampes  anciennes  fort  impor- 
tante, qui  a  été  en  partie  dicrite  dans  les  Annales  de  la  Chalcogra- 
Vhk,  1. 1,  p.  5  à  136. 

DUPLESSIS-BERTAUX  *,  qui  eut  une  grande  réputation  sous 
'ûnpire  et  que  l'on  surnommait,  sur  le  titre  même  de  ses 
^^cueils  de  différents  sujets,  le  Callot  de  nos  jours^  était  élève  de 

'•   Jean  Daples'sis-Bertaux,  né  en  i747,  élève  de  Vien. 
ta  ^Uigraphie  de  Rabbe  le  dit  mort  en  i815,  le  Manuel  de  l'amateur  d'es- 
^.    -'•**  en  i8i3;  la  Notice  historique  sur  la  gravure  à  Veau-forte^  pubUée  em 
*^e   son  œuvre  en  1817,  le  dit  encore  vivant;  le  Manuel  même  cite  de  lui 
„^^**^^he8  du  Voyage  de  Constantinople^  de  Melling,  en  I8i9. 

1750,  mort  en  1818,  d'après  Joubert,  qui  le  loue  comme  un  génie  de 


154  ARTISTES.  —  GRAVEURS  A  L'EAU-FORTE. 

Vien  el  de  Lebad  ;  pea  disposé  pour  les  longues  études  et  I 
grandes  figures^  il  ne  fit  pas  cependant  comme  les  dessinateu 
ordinaires  de  vignettes  qui  se  mettaient  à  la  suite  des  peint 
d'histoire  ;  il  copia  Callot*  et  Leclefc*  et  apprit  d'eux  comment  ( 


met  en  mouvement  de  petites  figures  et  coniment  on  les  dispos 
dans  de  grands  espaces.  11  fut  original  en  prenant  ses  modèl< 
autour  de  lui,  et  en  gravant  à  Teau-forte  d'une  manière  nette  »- 
ferme;  mais  il  lui  manqua,  pour  mériter  le  surnom  qu'on  \m 
avait  donné,  l'expression  du  dessin  et  le  badiqage  de  la  point»^ 
11  était,  avant  la  Révolution,  professeur  de  dessin  à  l'École  roya' 
militaire;  il  travailla  aux  planches  du  Voyage  en  Orient,  de  M. 
Ghoiseul,  et  aux  planches  du  Voyage  de  Napleé  et  de  Sicile,  dé  Sain 
Non  ;  il  fournit  des  dessins  à  la  collection  des  Sujets  mèmorabU 
de  France,  gravés  en  couleur  chez  Blin;  dans  ces  premières  coir^  — 
positions,  comme  dans  des  vues  dessinées  et  souvent  gravées^ 
par  d'autres,  les  figures  pour  lesquelles  on  l'employait  rappeller?/ 
encore  les  types  de  l'atelier  de  Vien.  11  fut  ensuite  entraîné  à  des 
représentations  plus  locales  et  à  dçs  compositions  plus  person- 

premier  ordre  et  eh  fait  une  biographie  de»  p!us  singulières.  Selon  lui,  Ber- 
taux,  connu  de  M.  de  Marigny,  qui  lui  fait  obtenir  une  pension  de  300  francs 
de  Louis  XV,  fut  élève  de  Vien,  puis  de  Lebas,  professeur  de  dessin  à  TÉcole 
militaire  en  1770,  ensuite  capitaine  de  grenadiers  au  bataillon  de  la  Butte-des- 
Moulins,  enfln,  soit  par  suite  d'un  goût  inné,  soit  par  d*autres  motifs,  mort 
lieutenant  de  rex-4*  demi-brigade  des  Vétérans,  avec  une  pension  de  450  francs, 
n  parait  avoir  mystifié  son  biographe.  De  plus,  Joubert  ajoute  :  a  Sous  sa 
pointe  spirituelle  et  docile,  ainsi  qu'à  la  voix  d'un  général  qui  commande,  tout 
parait  s'animer;  »  il  l'appelle  :  «  le  digne  rival  de  Leclerc,  de  La  Belle  et  de 
Callot,  »  et  lui  fait  seulement  un  léger  reproche  d'avoir  fait  ressembler  à  des 
balles  de  coton  ses  nuages  et  sa  fumée. 

Le  Catalogue  Rigal,  où  se  trouve  xitiQ  assez  longue  liste  de  son  œuvre,  n'a 
qu'un  Bertaux,  Jean-Duplessis  ;  il  est  certain  qu'il  y  en  a  trois  :  Pieire  Ber- 
thaud, graveur  d'architecture;  le  citoyen  Jacques  Bertaux,  peintre  de  batailles; 
le  citoyen  Duplessis-Bertaux,  dessinateur,  ns  ont  tous  deux  leur  article  séparé 
\n  Salon  de  Van  IV.  La  question  est  de  savoir  si  les  pièc^és  signées  :  J.  Ber- 
taux,  sont  du  second  ou  du  troisième. 

1.  Gabet  dit  qu'il  existe  de  lui  Une  copie  à  la  plume  de  la  Tentdiion  de 
iaint  Antoine^  «  aussi  estimée  que  l'ofiginal.  » 


JKAN    DUPLIi8SI8*BERTAUX.  155 

nèllës  »  les  Cris  et  métiers  de  Paris,  deS  marches  dé  militaires, 
des  costumer  de  comédiens,  acteurs  des  théâtres  de  la  République, 
et  des  scènes  de  la  Révolution  : 

Tables  de  la  Loi,  gravure  allégorique  gi*.  in-f». 
A  la  nation  françoise  les  protestans  reconnoissans,  gr.  in-f». 
Louis  XVI y  Ze  20  juillet,  assis,  en  bonnet  rouge ^  la  bouteille  à  la 
'ma.m.  D.  Bertaux,  1792,  collection  Hennin. 

VtAe  de  la  bataille  de  Jemmapes,  gravure  à  l'eau-forte  par  Dii- 
plessîa-Berteau,  sur  les  dessins  de  Boizot  fils  et  Ceriot,  'canon- 
,  annoncée  en  trois  vues.  Moniteur  du  1*'  février  1793. 
Fête  de  la  Révmion,  dédiée  à  tous  les  bons  citoyens,  P.-A.  Wille 

m 

^aAT.    et  del.,  Duplessis-Berteau  aqua-f.,  1795. 

CHateki  et  Leprieur,  jurés  au  Tribunal  révolutionnaire,  guillo- 
•■■^^s  en  prairial  an  111,  petit  dessin  au  crayon,  chez  M.  Hennin. 

A^rk  IV.   Le  citoyen  Duplessis-Bertaux ,  dessinateur,  rue  de  la 
^^^''olution  :  des  Portraits  de  comédiens,  dessinés  à  la  mine  de 
t^*omb  ;  deux  Figures  de  costumes  ;  une  Marche  de  militaires  rejoi- 
9^^€tr\t  le  camp  ;  Intérieur  d'un  camp;  une  Bataille,  un  représen- 
tai y  donne  des  ordres  à  un  général. 

Oostwnies  d'acteurs  de  la  Comédie-Française  avant  1800,  vingt 
'P^feces,  catalogue  Desaint. 

Topino- Lebrun,  Cerachi,  Aréna,  Demerville,  conduits  par  le 
hourreau  au  pied  de  l'échafaud  (9  juin  1801),  petit  dessin,  chez 
M.  Hennin. 
An  XII,  rue  de  la  Concorde  : 
Études  de  cavaliers  dessinés, 

Duplessis-Bertaux  fut  un  chaud  révolutionnaire,  cordelier, 
compromis  lors  de  la  fermeture  de  leur  club.  Ses  représentations 
en  miniature  des  événements  remarquables  arrivés  aux  princi- 
paux personnages  de  la  Révolution,  qui  popularisèrent  son  talent 
et  furent  gravés,  au  bas  des  portraits  au  lavis  de  Levachez,  dans 
les  Tableaux  historiques  de  la  Révolution  française,  ne  parurent 
qu'après  le  9  thermidor;  ils  figurent  au  Salon  de  Tan  XII.  Ce  sont 
des  scènes  vraies,  rendues  d*une  manière  piquante.  Les  person- 
nages s*y  agitent  avec  feu,  et  Ton  voit  d'un  coup  d'œil  jusqu'aux 


156 


ARTISTES.  —  GRAVEURS  A  L'EAU-FORTE. 


minuties  du  fait,  du  costume  et  du  local  :  le  Serment  dans  le  Jeu 
de  Paume,  Camille  DesmoiUins  sur  une  table  de  café  du  jardin  du 
Palais-Royal,  Charlotte  Corday  près  de  la  baignoire  de  Marat,  Lepel- 
letier  assassiné  chez  le  restaurateur  Février,  Marat  porté  en  trionir 
phe,  madame  Roland  devant  le  Tribunal  révolvrtionnaire,  la  Nuit  du 
9  thermidor.  Le  parti  pris  de  ces  corps  allongés,  de  ces  bras  tendus 
et  d*un  appareil  théâtral,  tranchant  avec  la  petitesse  des  figures, 
constitue  un  style  maigre,  tout  à  fait  insuffisant  pour  Texpression 
des  scènes  à  représenter;  la  grande  netteté  de  l'outil,  sûr  dans 
ses  traits,  mais  sans  sécheresse,  piquant  dans  les  ombres  jusqu'à 
papillotage,  et  d'une  agilité  extrême  dans  l'ajustement  de  toute 
ses  figures,  les  fera  toujours  admirer. 

Ces  pièces  n'ont  que  9  centimètres  de  hauteur  sur  1&  centim 
très  de  longueur,  mais  le  dessinateur  ne  faisait  pas  paraître  d'à 
très  qualités  en  agrandissant  ses  scènes.  La  Fête  à  VÉtre  supré 
le  Dévouement  de  Loiseroles,  Robespierre  blessé  dans  VantisaUe 
Comité  de  salut  public,  V Assassinat  deFéraud  à  la  Convention, 
Journée  du  18  brumaire,  traités  sur  un  champ  plus  vaste  ou  av 
des  figures  qui  permettent  plus  d'expression,  font  ressortir  davaz 
tage  ce  que  sa  manière  a  de  trop  pointu.  Ces  pièces  étant,  d' 
leurs,  achevées  au  burin  par  un  graveur  plus  froid  que  lui,  Be 
thaud,  elles  n*y  gagnaient  pas  en  qualités  pittoresques.  On  dit  q 
Duplessis-Bertaux  avait  le  caractère  jovial  et  mystificateur,  gen 
d'esprit  en  vogue  sous  le  Directoire.  11  nous  mystifie  certainemen^i 
en  nous  faisant  prendre  ces  eaux-fortes  subtiles  pour  des  tableaux 
de  la  Révolution,  mais  il  nous  amuse  ;  quand  on  rencontre  ces 
pièces  en  épreuve  à  l'eau-forte  pure  avant  leur  achèvement  par 
le  travail  des  burinistes,  on  voit  combien  sa  manière  était  lumi- 
neuse et  incisive. 

Il  était  aussi  très-habile  costumier,  et  il  a  l^it  draper  avec 
charme  jusqu'à  la  toge  dont  s'affublaient  les  Directeurs,  dans  la 
Journée  du  30  prairial  an  VIL  La  plus  jolie  pièce  du  même  temps 
que  l'on  puisse  citer  de  lui,  pour  l'originalité,  l'ingénuité  et  la 
parfaite  exécution,  est  la  Bienfaisance  ingénieuse  de  Pradtre  et 
EUeviou,  fait  historique  du  5  messidor  an  X.  Il  était,  d'ailleurs. 


u- 


la 
ec 
n- 
îi- 

r- 

B 


i 


JEAN  DDPLESSÎS-BERTAUX,  157 

^%<îapable  de  unir  ses  ouvrages  à  l'eau-forte  avec  une  grande 
"^^bileté  de  modelé.  C'est  ainsi  qu'il  exécuta  la  gravure  d'un 
dessin  de  Raphaël,  la  Création,  qui  fit  alors  beaucoup  de  bruit 
par  la  ressemblance  qu'on  y  voulut  trouver  entre  le  premier 
bomme,  sortant  tout  formé  des  mains  du  Créateur,  et  le  général 
^(ionaparte.  Plusieurs  graveurs  reproduisirent  cette  maigre  aca- 
démie en  forçant  plus  ou  m'oins  l'expression  du  masque  ;  celle  de 
^tipIessis-Bertaux,  de  format  in-12,  fut  copiée  en  sens  contraire 
parBerthaud. 

L'iclée  saugrenue  qui  produisit  cette  estampe  germa  ;  car  je  ren- 
contre en  l'an  XII,  l'année  de  l'Empire,  le  frontispice  au  poin- 
tillé d'un  méchant  poème  de  la  Création,  représentant  le  Créateur 
débix>«illant  le  chaos,  et,  en  légende  :  Napoléon... 

Imite  parmi  nous  Tauteur  de  la  nature 

Qui  des  quatre  éléments  débrouilla  le  chaos... 

qualités  que  nous  avons  reconnues  à  Duplessis-Bertaux, 
te  i^endaient  très-propre  à  la  composition  des  batailles  et  des 
^^Ses  militaires,  qui  furent  du  reste  sa  première  vocation.  Les 
campagnes  d'Egypte  et  d'Italie  lui  fournirent  les  sujets  les  plus 
P^ÎPul  aires. 

^1  représenta,  avec  tout  l'étapage,  les  courses  militaires  dans 
1^  désert  et  dans  les  plis  des  montagnes  ;  sa  Bataille  de  Marengo, 
dans  un  espace  de  18  cent,  de  l.  sur  12  cent,  de  h.,  montre  le 
laou  vement  de  deux  armées  dans  la  plaine,  et,  dans  les  nues,  le 
S^ni^  de  la  victoire  au  milieu  des  arts  répandant  l'abondance»  des 
^"^^^ts  exécutant  un  concert,  et  des  renommées  jetant  des  cou- 
'"00*^^8.  Pour  la  composition  de  la  suite  des  Victoires  et  con- 
^"*'c«t^,  il  se  met  après  Carie  Vernet. 

^*^  dehors  de  ces  pièces  historiques,  qui  auront  toujours  leur 
mér^i^  malgré  leur  sécheresse,  Duplessis-Bertaux  eut  un  talent 
lûa^^^re,  insuffisant  dans  les  pièces  sérieuses  qu'il  a  essayées, 
les  ^4icrements  de  Poussin  ;  il  a  un  peu  mieux  réussi  dans  les 
çevil^s  gravures  d'après  les  Flamands  ^  Il  était  dépourvu  de  Tes- 

^^    GraTures  pour  le  Musée  Filhol,  dès  les  premières  Uvraisons,  an  X. 


V 


158  ARTISTES.  —  GRAVEURS  A  L'EAlT-FORTE. 

prit  d'invention,  et,  parmi  ses  contemporains,  il  n'a  pas  su  s'at 
cher  à  un  maître,  si  ce  n*est  Vernet,  avec  lequel  sa  mani( 
s'allie  le  mieux,  surtout  dans  les  batailles.  Monnet,  Lebarbi 
Swebach,  Denon,  Lafitte,  lui  fournirent  des  sujets.  11  mit  à  Te; 
forte  un  sujet  sur  la  mort  do  Grétry,  arrivée  en  1813  :  (ht 
dans  la  barque  à  Caron,  Joly  inv.  et  del.  J.  Duplessis-Bert^ 
aqua  forti,  in-f".  1.,  avec  quatre  vers  : 

Pour  charmer  Tennui  de  la  route, 
Grétry,  sa  lyre  en  main,  traversait  rAchéron  ; 
H  Ramez  donc,  »  dit-il  à  Caron, 
«  Que  faiieft-vous?  —  Técoute.  » 

Le  graveur  a  bien  donné  quelque  piquant  aux  tôtes,  mais  c 
faire  de  plus  avec  un  pareil  texte?  La  platitude  du  sujet  ne  Te 
pocha  pas  de  ne  répéter  le  groupe  principal  dans  une  autre  e; 
forte,  d'après  A.  P.  Vincent. 

Je  ne  citerai  plus,  dans  les  suites  de  Duplessis-Bertaux,  t 
furent  très-répandues  sous  l'Empire,  et  dont  quelques-unes  p< 
valent  être  antérieures,  que  les  Petits  métiers  et  les  Cri^  des  m 
chands  ambulants  de  Paris,  qui  auront  toujours  de  l'intérêt  p« 
les  curieux,  dans  la  première,  on  remarquera  le  Graveur, 
Marchand  d* estampes,  et  le  titre  de  la  seconde  représente  un  E 
lagiste  de  gravures. 

Son  œuvre  finit  par  quelques  portraits  royalistes  et  une  cha. 
plaisante  de  Napoléon  en  pied,  le  sabre  à  l'épaule,  bien  faite  pc 
servir  de  pendant  à  la  charge  sérieuse  qu'il  en  avait  faite  aul 
fois. 

Le  graveur  des  Journées  de  la  Révolution  termina  assez  mi 
rablementsa  carrière  par  les  Campagnes  du  feld-maréchai  Wellû 
ton,  24  pi.,  chez  Didot,  1818. 

Il  a  illustré  quelques  autres  livres  : 

Les  Contes  de  La  Fontaine  ; 

La  Pucelle;  M.  Viollet-Le-Duc  cite  l'édition  de  Londres,  17 
2  vol.  in-18,  comme  celle  où  sont  les  vignettes  de  Duples: 
Bertaux  {Catalogue,  1847,  p.  90). 


I 


THOMAS-CHARLES  NAUDET.  IfiO 

Biais  le  volume  de  cent  feuilles  militaires  est  le  véritable  chef* 

d'oeuvre*. 

NAUDET',  h  peine  mentionné  dans  les  nomenclatures  les  plus 

minutieuses,  commence  à  poindre  en  1791,  dans  une  gravure  en 

taiJIe-douce  :  Oh!  oh!  oh!' oh!  quelle  est  jolie,  qui  n'est  annoncée 

que  comme  une  copie,  et  dans  un  portrait  de  Thérèse  Levasseur, 

femme  de  Rousseau,  Naudet  se,,  in-f®.  Elle  est  représentée  en 

pied  et  de  profil.  Il  exposa,  dans  les  Salons  de  Tan  IV  à  Tan  VII, 

quelques  gouaches,  vues  d'\in  Marché  de  Cherbourg,  du  Grand 

Chàrt^iet  de  Paris  et  des  Tuileries.  II  grava  dès  la  même  époque 

des  figures  de  mode,  qui  ne  sont  pas  les  meilleures  du  temps,  et 

un  assez  grand  nombre  de  caricatures,  qui  se  recommandent  par 

la  vérité  de  Texpression  et  du  costume;  elles  sont  faites  d'une 

P^iwte  assez  légère  dans  sa  maigreur.  Parmi  celles  qu'on  peut  lui 

attribuer,  bien  qu'elles  ne  soient  pas  toutes  signées,  voici  les  plus 

^Ul^nte»  : 

^e«  Physionomies  du  jour,  dessiné  et  gravé  par  Naudet,  péle- 
°^^l^  de  têtes  et  de  figures  entières  sur  une  feuille  in-f»,  1.  1!  y  en 
*  <l^s  exemplaires  coloriés  au  pinceau  ; 

^«  Pavillon  de  la  pai^  dans  le  jardin  du  Tribunal,  les  Adieux 

^^*  •A.nglais  à  Paris,  dessiné  et  gravé  par  N.,  jolie  pièce  de  27  fig., 
in^fo  ,  . 

^«  YmtrUoque,  les  Anglais  au  café  Borel,  in-f*»,  K,  anonyme  ; 
^irodet  apportant  au  Salon  le  tableau  de  if"*  Lange  en  Danaé, 
fn-^o  carré. 

G^tte  pièce,  qui  met  en  scène  une  anecdote  piquante  du  Salon 
^«  l'an  VII,  a  été  reproduite  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts^ ,  avec 
^^^  explication  à  laquelle  on  ne  peut  reprocher  qu'une  erreur 
uao^  le  nom  de  la  personne  victime  de  la  mystification.  C'est 
^  ^  laoge  un  peu  mariée  avec  M.  Simons  fils,  et  non  M*'^  Can- 


3. 


Portraits  :  L-J.-B.^E.  Vigéê,  littérateur,  iii-4«. 

Thomas-Charles  Naudet,  né  à  Paris. 

La  OflMtltf  dM  Beaux 'Artê,  article  de  M.  Thomas  Araauldet  sur  les 

pes  satyriques  relatives  aux  arts  et  aux  artistes,  t.  IV,  1859^  p,  iii. 


160  ARTISTES.   —  GRAVEURS  A  L*EAU-FORTE. 

deille,  mariée  tout  à  fait  avec  M.  Jean  Simons  père,  fabricant  de 
voitures  à  Bruxelles. 

Le^  Ministres  anglais,  fiers  d'avoir  rompu  leurs  traités  dans  une 
orgie,  se  firent  servir  un  pâté  d Amiens  qui  renfermait  un  coq 
vivant^  déposé  à  la  Bibliothèque  nationale,  an  XI. 

Le  temps  de  la  gaieté  et  des  caricatures  passé,  Naudet  revint 
aux  vues  de  monuments,  de  ruines,  de  paysages  ^.  Le  frontis- 
pice d'une  de  ces  suites  le  représente,  en  costume  du  temps  du 
Directoire,  assis  et  dessinant  devant  un  tombeau,  in-ft®  L  II  fit 
aussi  des  feuilles  d'études,  figures  militaires  et  familières,  sur 
vernis  dur,  à  Timitation  de  Duplessis-Bertaux^  mais  cela  ne  le 

* 

mena  pas  loin,  et  sans  doute  ne  l'aurait  pas  fait  vivre.  11  était 
marchand  d'estampes,  et  son  adresse  se  trouve  sur  plusieu 
pièces,  dès  1793*.  Tous  les  collecteurs  ont  vu  son  nom  écrit  de: 
rière  une  multitude  de  pièces  sans  choix. 

11  avait  formé  sa  fille,  Caroline  Naudet,  dans  l'art  de  la  gr — ^ 
vure,  011  elle  s'est  fait  connaître  par  un  Recueil  d  objets  dari  et  ^ 
curiosité,  100  pi.  in-f®,  1837.  Je  ne  veux  citer  d'elle  qu'un  pg"  j 
trait  de  Naudet,  assis,  son  chapeau  à  la  main  ;  Charles  CarolL^  i 
Naudet  se,  1808,  in-i°  h. 

CHATAIGNIER  •   fut  le  principal    metteur  à  l'eau-forte 
planches  du  Musée  Filhol  commencé  en  l'an  X;  elles  étaient 
plupart  dessinées  par  d'autres,  mais  il  avait  la  pointe  express: 
et  colorée  ;  les  amateurs  doivent  en  préférer  les  épreuves,  av 
qu'elles  n'aient  été  terminées  au  burin  par  les  graveurs  o 

i.  Le  catalogue  Rigaly  1817,  iii-8,  porte  un  œuvre  de  Naudet  :  vues 
monuments  et  de  ruines,  paysages,  études;  39  pièces. 

En  1820  il  grava  des  dessins  des  Voyages  pittoresques  et  historiques  du  n 
de  ritalie,  54  planches  in-folio,  gravées  par  Debucourt  ;  le  texte  était  de  Bru 
Neergard. 

2.  Naudet,  marchand  d^estampea  au  Port-au-Blé  ;  sur  Testampe  de  M"* 
rard  :  Monsieur  Fanfan. 

3.  Âleiis  Châtaignier,  né  à  Nantes  en  1772,  élève  de  Queverdo,  m 
Paris  en  1817. 


ALEXIS  CHATAIGMEB.  10l 

^^'^i  Bovînet,  Villerey  ou  d'autres;  on  en  a  donné  la  liste*.  Il 

'^'^tendit  graver  dans  la  manière  de  Rembrandt,  en  reproduisant 

^^*  eaux-fortes  de  ce  maître,  mais  les  siennes  ne  servent  qu'à 

^ontref  qu'il  lui  manquait  absolument  la  chaleur  requise,  même 

pour  comprendre  son  modèle. 

^e  veux  seulement  noter  quelques  pièces,  où  il  montra  quel- 
que talent  de  dessinateur,  et  où  il  traduisit  les  mœurs  et  les 
costumes  : 

Ahf  quelle  antiquité.  Oh!  quelle  folie  que  la  nouveauté,  in-f»  1. 
Châtaignier  inv.  se.;  deux  couples  montrent  le  contraste  de 
costumes,  avant  et  après  la  Révolution  ; 

hh  î  je  me  sens  soulagé,  Sept  cent- cinquante  m'écrasoient.  Châ- 
taignier   del.    Un  homme  du  peuple,   en  jetant  à  terre  son 
fardeau  ,    est  censé  témoigner  sa  joie  du  départ  de  la  Con- 
vention ; 

Aiwiicnce  publique  du  Directoire,  dessinée  d'après  nature  par 
Châtaignier,  in-f®  1.;  plus  de  25  figures  disposées  avec  symétrie, 
mais  convenablement  à  la  scène  ,- 

^^rchand  d'habits,  habits^  galons  !  in-f^  h.  ;  il  vend  la  défroque 
des  Directeurs  ; 

^^^naparte,  premier  co/isu/,  remettant  l'épèe  dans  le  fourreau, 
^'^■^\  chez  Châtaignier; 
^   Soutien  de  la  France,  allégorie  en  8  figures,  légende  de 
Snes,  in-f*»,  chez  Châtaignier,  rue  Jacques,  n®  54. 
^s  pièces  sont  exécutées  proprement,  et  d'une  pointe  qui  se 
'^'^  volontiers,  comme  la  taille-douce,  et  se  mêle  de  travaux 
'^vis.  Elles  sont  souvent  coloriées. 

f^ataignier  fut  le  graveur  principal  des  costumes  officiels  des 
.       '^îtés,  après  les  constitutions  de  l'an  111  et  de  Tan  Vlll.  C'est 
^^^*^oins  lui  qui  en  fit  les  planches  les  plus  grandes  et  les  plus 
^Itères  : 

membres  du  Directoire  ; 
représentants  du  peuple  en  fonction  ; 


I. 


mnuet  de  Vamatêur  (Vesiampes^  1. 1,  p.  63i. 

11 


164  ARTISTES.  —  aRAVEURS  A  UEAU-FORTE. 

gravé  à  Teau-forte  par  Dorgez,  terminé  par  Chapuy,  in- 
huît  figures,  mal  bâties  dans  leur  hauteur; 

Le  Triomphe  de  la  Religion  en  France  sur  V Athéisme  révol 
noire,  Monnet  del.,  Dorgez  aqua-f.,  Morret  se.,  1803,  an 
plat  mélange  de  figures  antiques  et  d'allégories  familières. 

Je  trouve  encore  le  nom  de  Dorgez,  ^n  1808,  sur  une  eau 
représentant  la  Peste  d'Athènes,  et  en  181  ù,  sur  une  pièce  i 
sentant  le  Passage  de  Louis  XVIII  sur  le  Pont-Neuf,  le  3  mai 
d'après  Vincent  et  Michallon. 

DUTERTRE*.  On  trouve  pour  la  première  fois  son  nom,  a 
dessinateur,  dans  les  Costumes  et  Annales  des  grands  théât^ 
Paris,  1787,  où  il  fit  les  figures  en  pied  de  Prèville,  dans  1< 
de  Crispin ,  de  M  Contât  dans  le  rôle  de  Suzanne,  de  Mole 
le  Misanthrope,  de  M^' Saint-Huberti,  rôle  de  Didon,  de  Bri 
rôle  du  vieil  Horace ,  de  If*»*  Dugazdn  dans  le  rôle  de  Nin 
Clairval,  de  Gardel,  de  M^  Bellecour,  de  Caillot,  de  Rom 
qui  furent  gravés  par  Janinet,  Guyot,  Carrée. 

Au  Salon  de  Tan  V,  il  exposa  douze  dessins  faits  d'apri 
fresques  et  les  tableaux  de  Raphaël  au  Vatican,  d'André  deb 
à  Florence,  et  de  Léonard  de  Vinci  à  Milan,  qui  le  mirei 
premier  rang  comme  dessinateur';  il  s'essaya  aussi  dans 
composition  originale  intitulée  Un  Rêve,  dessin  aux  crayons 
et  blanc,  qui  parut  au  Salon  de  l'an  VI,  et  il  composa  des  vigi 
pour  le  roman  de  Faublas,  qui  furent  gravées  par  Lemi 
Delaunny  en  1793,  ,  ^ 

Au  moment  de  la  campagne  d'Egypte,  il  fut  enrôlé  ce 
dessinateur  avec  tous  les  savants  qui  formèrent  l'Institut  d'Ég 
et  c'est  dans  les  dessins  et  les  portraits  qu'il  fut  appelé  à 
en  cette  qualité,  que  se  borne  dès  lors  tout  l'intérêt  de  son  œ 

i.  André  Dutertre,  élève  de  Vien  et  de  Callet. 

2.  Rapport  sur  les  beauoHirts,  par  Lebreton,  p.  97  :  a  M.  Dutertre  a  su 
tous  les  autres  par  les  beaux  dessins  qu'il  a  faits  d'après  Léonard  de 
Raphaël  et  le  Dominiquin.  »  Plusieurs  de  ces  dessins  ont  servi  po 
gravures  au  burin  de  MuUer  et  de  Girardet. 


ANDRÉ   DUTERTRE.  165 

On  y  trouve  les  deux  portraits  les  plus  vrais  de  Klèber  et  de 
Desaiis,  qui  furent  gravés  par  Monsaldi,  et  une  suite  de  petits 
portraits  de  toutes  les  illustrations  militaires  et  civiles  de  l'expé- 
dition, qu'il  avait  dessinés  en  Egypte  et  qu'il  grava  à  son  retour*. 
Je  nommerai  le  général  en  chef,  qui  a  deux  portraits  différents, 
remarquables  seulement  par  leur  maigreur,  Murât,  Lucien  Buo- 
îiaparte,  Kléber,  Desaix,  il/««  Verdier,  femme  du  général  de  bri- 
g^ade,  les  savants  Bertholet,  Monge,  Fourier,  Delille,  Desgeneltes, 
(reoffroy,  et  les  artistes  Denon,  Jollois,  Devillers  et  Dutertre  lui- 
même. 

Ces  petits  profils,  qu'on  trouve  à  deux  états,  esquissés  seule- 
ment à  l'eau-forte  ou  terminés  par  des  travaux  de  pointe  plus 
serrés,  sont  faits  avec  beaucoup  d'accent  et  même  de  naïveté  ;  ils 
nous  donnent  la  physionomie  la  plus  intéressante  de  ces  hommes, 
qui  se  recommandèrent  depuis  à  divers  titres,  et  qui  alors  étaient 
animés  d'une  égale  ardeur  pour  la  liberté  et  pour  la  gloire. 

Dutertre  devint  ensuite  professeur  à  l'École  gratuite  de  dessin, 
et  maître  de  dessin  des  pages  de  Leurs  Majestés  Impériales  et 
Royales.  11  fit,  dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  quelques 
ouvrages  de  lithographie  :  études  d'après  les  maîtres,  portraits  et 
planches  anatomiques  à  l'usage  des  jeunes  dessinateurs. 

'*  ^  suite,  qu*OD  trouve  au  Cabinet  des  Estampes,  et  qui  paraît  provenir 
oei'aateiu',  se  compose  de  i84  portraits. 


r 


5.  —  PEINTRES  DE   GENRE. 


1 


FRAGONARD  •  ou  Frago,  comme  l'appelaient  ses  amis,  qui  a 
cinquante-sept  ans  en  1789,  appartient  au  mouvement  de  la  v( 
delà  Révolution  ;  mais, parmi  tous  les  peintres  du  XVIII*  siècl 
poussa  si  loin  Télan  de  l'école  galante  qu'il  en  fut  la  dernière  p 
sance  et  conserva  son  action  môme  après  que  l'école  classiqu 
fut  impatronisée.  Ayant  voyagé  de  bonne  heure,  il  en  fut  viveok 
impressionné,  et  se  raffermit,  par  les  études  qu'il  fit  de  quelq 
maîtres  qui  lui  étaient  plus  sympathiques,  Barocci,  Piètre  de  C^ 
tone,  Solimène,  dans  ses  propres  penchants  pour  la  chaleur 
l'agitation  dans  la  peinture.  Il  avait  été  agréé  de  Vkcadémie^ 
en  1765,  sur  le  grand  tableau  du  Grand  prêtre  Corrèsus  s*imm 
lantpour  sauver  Caliirhoè,  qui  causa  une  sensation  générale,  et 
que  Diderot  ne  trouva  moyen  de  décrire  que  sous  la  forme  tf  im 
rêve  *  ;  mais,  jeté  bientôt  par  sa  fougue  hors  des  voies  tracées  par 
l'Académie  et  même  hors  des  façons  civiles  exigées  par  la  critique, 
il  renonça  aux  expositions  pour  se  livrer  à  ses  fantaisies  de  tous 
les  genres,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  d'arriver  à  la  plus  grande 
faveur,  car,  dans  ce  temps,  il  y  avait  des  curieux  avides  de  tous 
les  raffinements.  Par  le  style  et  la  poésie  qui  lui  étaient  naturels, 
et  par  les  études  italiennes  qu'il  avait  faites,  il  était  à  la  hauteur 
de  tous  les  sujets  d'histoire  ;  la  liberté  de  son  esprit  et  la  sou- 
plesse de  sa  main  ne  le  rendaient  pas  moins  propre  aux  sujets 
familiers.  Pour  dominer  dans  les  uns  et  dans  les  autres,  il  mau- 

1.  Jean-Honoré  Fngonard,  né  à  Grasse  en  1732,  mort  en  1 806. 

2.  Salon  de  1765,  édit.  Naigeon,  t.  XIH,  p.  250. 


-^ 


i 


"■«^^^^HaNM^ 


JEAN-HONORÉ   FRAGONARD.  i67 

Çtfait  de  préoîsioQ  et  de  tetiue;  son  domaine  fût  Pallégorie,  à 
bquelk  il  sut  donner  l'évidence  de  la  réalité  ;  il  rendait  en  effet 
l'idée  mieux  que  le  fait,  le  mouvement  plus  que  le  repos.  C'est  ce 
qu'exprime,  avec  un  esprit  scientifique  qu'on  trouve  rarement  uni 
à  taot  de  goût,  Tun  de  ses  plus  vifs  admirateurs,  en  disant  qu'a- 
iors  <|ue  les  autres  peintres  font  de  la  peinture  à  l'état  statique  « 
iï  erà  a  fait,  lui,  à  l'état  dynamique.  Peintre  dans  toutes  les  fibres 
de  son  corps  et  se  sentant  si  fort  poussé  par  le  démon  de  cet  art, 
qu*il  disait  dans  un  langage  qu'on  doit  lui  laisser  saiis  périphrase, 
paroe  qu'il  est  de  lui  :  «  Je  peindrais  avec  mon  cul,  »  mais  avec 
cel<a.  si  subtil,  si  éthéré,  qu'il  se  sert,  pour  peindre,  moins  de  lignes 
et  cle  formes  que.de  couleurs  et  de  tons,  employant  avec  un  égal 
sucoèstous  les  moyens  :  huiles,  lavis,  crayons,  pastels,  en  les 
âx3.nt  le  moins  possible,  flocons  de  laine  ou  de  coton,  selon  la 
critique  de  Diderot  S  vapeurs  prêtes  à  s'échapper,  selon  la  cri- 
tique plus  bienveillante  de  Gault  Saint-Germain '«  d'autant  plus 
heureux  à  exprimer  ce  qui  ne  s'exprime  pas.  Maître  suprême  dans 
l*es<i  visse,  à  qui  il  fut  donné  de  garder  dans  ses  ouvrages  les 
P^us  finis,  et  jusque  dans  la  miniature,  la  vivacité  de  l'inspiration. 
11    y  a  pourtant  quelques  formes  auxquelles  Frago  a  donné 
^^^^Acoup  de  réalité,  et  qui  viennent  déterminer  sa  manière:  ce 
^i^t.  les  femmes  et  les  enfants.  Dans  ses  types,  aussi  bien  que 
dai^3  toute  sa  poétique,  il  s'est  tenu  loin  des  beautés  frelatées  de 
l^vftc^her.  Aussi  préoccupé  que  Greuze  d'une  beauté  effective  et 
Datufelle,  il  lui  a  donné  plus  de  vivacité  et  d'énergie.  Non  que 
se^  traits  soient  plus  accentués,  ses  contours  plus  élégants;  il  a, 
a^  contraire,  plus  de  rondeur  et  de  vaguesse,  mais  l'expression 
se  trahit  chez  elles  à  la  franchise  du  mouvement  et  à  l'éclat  des 
yeux.  11  ne  sait  faire  que  des  costumes  chiffonnés ,  mais  il  a  de 
J'effervescence  dans  les  formes,  et  ses  nus  sont  fomentés  par  des 
effets  tout  particuliers.  Frago  fut  d'ailleurs  plus  qu'heureux  en 
0iénage;  il  avait  épousé  M'^"  Gérard,  née  comme  lui  à  Grasse,  en 


i.  GEavres  de  Diderot,  Saton  de  1767,  édit.  Naigeon,  t.  XV,  p.  15. 
2.  Us  trois  siècUs  de  la  pemkire,  i808,  in-S"*,  p.  t93. 


/n 


168  ARTISTES.  —  PEINTRES  DE  GENRE. 

Provence,  femme  distinguée  et  habile  miniaturiste,  et  en  av 
eu  plusieurs  enfants.  En  môme  temps,  il  avait  gardé  avec  Iuk 
entouré  d'une  égale  affection  sa  belle-sœur,  artiste  de  la  ^ 
grande  distinction,  et,  dans  son  langage  déshabillé,  il  appelait  ^ 
lontiersces  deux  femmes  ses  poules.  Il  avait  disposé  son  appar 
ment  au  Louvre  avec  des  décorations  bocagères  et  des  déplc 
ments  de  draperies,  où  ses  modèles  paraissaient  dans  des  attitu« 
mouvementées  et  d'un  jour  fantastique.  C'est  de  là  que  sont  sorfl 
ses  jeunes  filles  si  ardentes  et  ses  mères  si  tendres,  ses  Amours 
ses  marmots  :  la  Fontaine  d'amour,  le  Serment  d'amour,  le  Sam 
fice  de  la  rose,  le  premier  Baiser,  l'Escarpolette,  la  Gimblette, 
Beignets,  V Éducation  fait  tout,  Dites: SHl  vousplait,  le  petit  f- 
dica^eur,  le  Berceau^  l'heureuse  Fécondité,  la  jeune  Mère,  le  CT 
trat,  la  Bouquetière,  le  Pot  au  lait,  et  tant  d'autres  tablea« 
esquisses  et  dessins,  qui  ne  se  laissent  ni  nommer  ni  décrire,  t^ 
il  y  a  d'entrain. 

Frago,  à  qui  tous  les  moyens  étaient  bons,  se  produisit  ai. 
dans  la  gravure,  mais  ce  ne  fut  qu'accidentellement,  et  il  ne  H 
pas  s'attendre  à  y  trouver  les  dons  du  peintre  et  du  dessinatei 
l'eau-forte,  dans  ses  mains,  ne  perdit  pas  ses  qualités  légères 
pénétrantes.  Celles  qu'il  exécuta  sur  ses  dessins^  faits,  dans  se 
voyage  en  Italie  avec  l'abbé  de  Saint-Non,  d'après  les  tableau 
des  maîtres  italiens,  servent  encore  à  nous  faire  connaître  s 
manière.  11  choisissait  de  préférence  les  peintres  les  plus  mouv( 
mentes  et  les  plus  échauffés  de  la  décadence,  Lanfranc,  Ricci 
Liberi,  Tiepolo,  et,  que  leurs  sujets  fussent  des  dévotions  ou  d< 
bacchanales,  il  les  dessinait  dans  sa  manière  en  les  traitant  d'ui 
pointe  légère,  touffue  et  lumineuse.  Il  mit  encore  plus  de  bad 
nage  dans  quelques  pièces  de  fantaisie  :  Satyres  s'ébattant  avec  d 
nymphes  et  des  enfants,  Faunes'chevauchant  au  coin  d'un  boi 
Statues  en  perspective  au  milieu  d'un  parc.  Il  essaya  enûn  s 
grandes  compositions  dans  des  pièces  à  l'eau-forte  ou  au  lavi 
l'Armoire,  le  Receveur  d'argent,  qui  donnent  l'effet  de  ses  dessi 
les  plus  fougueux. 

II  indiqua  le  laisser-aller  qu'il  ailnait  dans  les  scènes  fan 


JEAN-HONORÉ   FRAGONARD.  109 

Uères,  en  gravant  la  première  Leçon  d'équitation,  la  Famille  du 
fermier,  de  M"*  Gérard. 

Il  était  impossible  qu'un  tel  peintre  et  un  tel  dessinateur  fût 
bien  traduit  par  le  burin;  beaucoup  de  graveurs  s'attachèrent  à 
ses  compositions;  ils  mirent  beaucoup  de  bonne  volonté  à  s'as- 
souplir et  à  se  corrompre,  mais  ils  ne  parvinrent  à  rendre  que  le 
I>liis  gros  de  sa  manière.  Nicolas  Delaunay,  élève  de  Lempereur, 
fut  le  plus  distingué  et  le  plus  fréquent  de  ses  graveurs,  et  a  su 
faire  un  chef-d'œuvre  de  gravure  des  Hasards  fi^ureux  de  V escar- 
polette. Giraud  Vidal,  de  Toulouse,  graveur  plus  pesant,  mais 
très-coloré,  —  Frago  semble  avoir  appris  aux  graveurs  à  mettre 
dans  leurs  gravures  plus  de  lumière,  —  fit  d'après  lui  jusqu'à  six 
estanapes.  Parmi  ceux  qui  gravèrent  ses  compositions  en  plus  petit 
nombre,  on  distingue  ensuite  Beauvarlet,  Flipart,  Fessard,  Henri- 
quez,  Danzel,  Guttenberg,  Mathieu,  Ponce,  Blot,  Robert  Delaunay. 
Beaucoup  de  ces  pièces  étaient  encore  en  vogue  au  moment  de  la 
Révolution  ;  l'Éducation  fait  tout  et  le  petit  Prédicateur,  de  De- 
launay, parurent  au  Salon  de  1791. 

Beaucoup  de  sujets  et  de  dessins  de  Frago  parurent  plus  abor- 
dables aux  graveurs  à  la  manière  du  crayon,  du  lavis  ou  de 
couleur.  Leur  lenteur  et  leur  impéritie  n'atteignent  pas  sans  doute 
les  qualités  les  plus  précieuses  de  l'original,  mais,  par  leur  peu  de 
prétention ,  elles  pouvaient  peut-être  les  laisser  mieux  deviner, 
^marteau.  Charpentier,  Bonnet,  Janinet,  Regnault,  l'abbé  de 
Saint- Non,  Legrand,  Audebert  et  d'autres  contribuèrent  ainsi  à  la 
propagation  des  compositions  les  plus  fugitives.  Elles  avaient 
fa't  à  Fragonard,  privé  de  toute  autre  publicité,  la  réputation  la 
plus  Soutenue  au  moment  de  la  Révolution. 

^'^^uvre  de  Frago  n'est  pas  toute  en  galanteries,  en  allégories 
amoureuses,  en  fantaisies  pittoresques.  Il  y  a  bon  nombre  de 
sujets  de  famille,  de  morale  sentimentale  qui,  depuis  Greuze, 
avaient  envahi  la  peinture  de  genre  et  accusèrent  des  tendances 
toutes  nouvelles  dans  la  société  du  jour.  Ce  sont  ceux-là  qu'il 
essay^  de  mettre  au  courant  des  idées  révolutionnaires;  mais  il 
a^ait  perdu  sa  fécondité.  On  ne  le  voit  se  produire  à  aucune  des 


iW  ARTI8TB6^  —  PBINTBfiS  PB  GENRE. 

fœcposîiiona  de  la  Réput^lique,  mais  il  dédi^  au  génie  de  Frankl 
une  de  ses  plus  belles  eaux-fortes,  publiée  à  l'époque  de  sa  moi^-^, 
en  1790,  où  il  traduisit,  aveo  son  esianape,  le  vers  i 

Eripult  cœlo  fulmen  sceptrumque  tyrannis. 

David,  qui  sut  Tapprécier  malgré  la  distance  de  leur  peintuT-«, 
et  qui  lui  reconnaissait  deux  grandes  qualités,  la  chaleur  et 
l'originalité,  le  fit  mettre  sur  la  liste  du  jury  pour  le  concours  die 
l'an  m,  et  le  plaça  au  Conservatoire  du  Muséum  ^  Il  opina  |>o«ir 
le  tableau  d*Harriet,  en  y  louant  «  des  expressions  liées  ât.  la 
scène  et  heureusement  senties,  des  formes  qui  tiennent  a.  la 
bonne  école ,  un  principe  de  couleur  qui  dérive  d'un  ton  vrai  ^  -  » 

Les  seuls  travaux  que  Ton  cite  de  lui  à  cette  époque  sont  <^es 
suites  de  dessins  pour  VArioste,  Don  Quichotte  et  les  Conter  àe 
La  Fontaine,  qui  furent  en  partie  gravés  par  les  faiseurs  ^^' 
vignettes  les  plus  brillants. 


L'élève  le  plus  affidé  de  Frago  fut  MARGUERITE  GÉRARD  ',  ^^ 
belle-sœur,  non  qu'elle  eût  le  secret  de  sa  dynamique  et  qu'el.     ^ 
ait  pu  suivre  son  maître  dans  ses  élans  les  plus  heureux;  mar 
elle  avait  vécu  trop  longtemps  en  ménage  avec  lui,  elle  avc^ittrop^ 
bien  subi  son  influence  pour  ne  pas  garder  quelque  chose  de  sa 
chaleur  sinon  de  son  charme  de  sentiment,  de  son  procédé  sinon 
de  sa  magie  de  coloris.  Elle  s'attacha  davantage  aux  vêtements  et 
réussit  fort  bien  à  rendre  les  éioffes.  Elle  avait  commencé  par 
des  gravures  à  l'eau-forte  d'après  des  compositions  puériles  : 

Petite  fille  jouant  avec  un  chat  emmailloté,  première  plcmche  de 
i/"*  Gérard,  âgée  rfe  16  ans,  1778  ; 

Enfant  sur  un  chien,  entre  sa  msre  et  son  père,  2^  planche  dédiée 

i.  «  Fragonard  a  pour  lui  de  nombreux  ouvrages;  chaleur  et  originalité, c*est 
ce  qui  le  caractérise;  à  la  fois  connaisseur  et  grand  artiste,  il  consacrera  ses 
vieux  ans  à  la  garde  des  chers-d'œuvre,  dont  il  avait  contribué  dans  sa  Jea- 
nesse  à  augmenter  le  nombre,  n 

3.  Procèê-verbal  de  la  première  séance  du  Jury  des  arts,  in-S;,  p.  27. 

3.  Marguerite  Gérard,  née  à  Grasse  en  1763. 


^ 


MARGUERITE  GÉRARD.  i7t 

^  ^n$ssi$wrs  et  dames  4.  B.C.  été.,  et  depuis  elle  en  fit  quelques 
^  Mires,  d'aprèa  Fragonard,  d'uoe  main  plus  exeroée. 

La  plus  connue  est  Monsieur  Fanfan  jottant  avec  monsieur  Po* 
^^i^JUnelle^  ;  la  pointe  y  est  menée  avec  les  habitudes  fourmillantes 
«  Frago,  moins  sa  verve  et  sa  légèreté. 
Elle  se  produisit  pour  la  première  fois  comme  peintre  en  1790, 
la  première  exposition  de  la  Société  des  Arts,  avec  un  tableau 
"«présentant  une  jeune  fUle  debout  près  d*une  uAle  où  sont  des  in- 
tniments  de  géographie.  L'exposition  de  la  même  Société,  en 
793,  mentionne  un  tableau  de  YArt  d'aimer.  Au  concours  de 
1.  'an  lil,  elle  reçut  un  encouragement  de  2,000  fr.  On  voit  ensuite 
1  es  tableaux  de  la  G.  Gérard  figurer  aux  expositions  du  Louvre  de 
1.  ''an  VII  et  de  Tan  XII;  ce  sont  :  un  jeune  homme  offrant  tm  bou- 
;  %me  jeune  fille  effeuillant  une  marguerite,  deux  jeunes  époux 
istMnt  leur  correspondance  d'amour^  et  beaucoup  d'autres  sujets 
demoiselles  pensant  à  leur  amant  ou  jouant  avec  leur  chat,  et 
cie  mères  avec  leur  nourrisson.  Ges,  succès  se  prolongèrent  sous 
l'Empire,  si  bien  qu'un  moment  vint  où  les  tableaux  de  M'*  Gé- 
rard se  vendaient  mieux  que  ceux  de  Fragonard,  dont  personne 
ne  voulait  plus.  Les  critiques  du  temps  prenaient  leurs  épithètes 
les  plus  tendres  et  rappelaient  leurs  souvenirs  les  plus  poétiques 
pour  parler  de  cette  artiste  ;  ils  étaient  également  touchés  de  sa 
sensibilité  et  de  sa  vertu  :  «  L'âme  candide  et  pure  de  W^^  Gérard 
a  répandu  une  teinte  virginale  sur  toutes  les  scènes  domestiques 
auxquelles  son  pinceau  prête  tant  de  charmes...  M^^®  Gérard  marche 
seule  dans  une  carrière  où  son  goût  et  ses  mains  habiles  savent 
toujours  faire  éclore  des  fleurs...  L'artiste  a  d'autant  plus  de  mé- 
rite à  bien  exprimer  des  impressions  de  famille  qu'elle  s'était 
refusée  à  les  éprouver  pour  n'appartenir  qu'à  son  art  ^.  >  Habituel- 
lement elle  eut  le  bonheur  de  travailler  avec  Frago  aux  mômes 


i.  Ces  eaux-fortes  sont  décrites  dans  le  Catalogue  de  M.  le  baron  de  Vèze, 
par  Vignères,  Paris,  1S55,  in-S». 

%.  CbmaasardU  U  Pamania»  frmçait,  <m  dêscriptiim  du  Sahn  de  4906,  Paris, 
iSUS,  ilf-8»,  p.  216. 


172  ARTISTES.  —  PEINTRES  DE  GENRE. 

tableaux  ;  en  citant  ceux  qui  portent  les  titres  de  V Enfant  chéri, 
le  Premier  pas  de  l'enfance,  le  Présent,  Je  m* occupais  de  vous,  qui 
ont  été  gravés  par  Vidal,  exposés  au  Salon  de  1793,  et  annoncés, 
dans  le  Mercure,  cjomme  faits  pour  plaire  à  toutes  les  mères 
qui  nourrissent  et  élèvent  leurs  enfants,  on  peut  ajouter  qu'elle 
s'était  parfaitement  approprié  la  manière  de  son  maître  ^  ;  c'est  ce 
qui  a  fait  vendre  souvent  ses  tableaux  pour  être  de  Frago  lui-même. 

Parmi  les  graveurs  au  burin  qui  avaient  déjà  traduit  Frago, 
Delaunay,  Vidal  et  Ponce  prirent  des  compositions  de  M"*  Gérard. 
Ce  sont  :  les  Regrets  mérités,  par  Delaunay  en  1791,  ovale  h.;  une 
autre  composition  par  Ponce,  exposée  en  1793;  le  Triomphe  de 
Raton,  le  Présent  et  Je  m'occupais  de  vous,  par  Vidal.  Miger  grava 
le  petit  Espagnol  en  1807.  Ses  compositions  convenaient  surtout 
aux  graveurs  au  lavis  et  au  pointillé;  on  connaît  V Élève  intéres- 
sante^ par  Tassaert,  et  Geneviève  vouée  à  lamort,  par  Legrand. 

La  vertu  en  Tan  VI  avait  d'ailleurs  beaucoup  d'indulgence; 
M"^  Gérard  fit  plusieurs  dessins  pour  les  romans  de  Louvet  et  de 
Laclos,  qui  échurent  aux  graveurs  de  vignettes  :  Halbou,  Patas, 
Masquelier,  Simonet,  Baquoy,  Pauquetet  Trière;  on  doit  remar- 
quer que  ce  sont  les  plus  décentes. 

Frago  et  M"«  Gérard  trouvèrent  auprès  d'eux  un  graveur,  dont 
je  dirai  ici  quelques  mots  parce  qu'il  n'a  pas  conquis  un  rang 
indépendant;  on  ne  lui  a  même  pas  accordé  une  place  dans  les 
Dictionnaires  les  plus  étendus.  H.  Gérard  ,  frère  de  M'^^  Gérard» 
est  ainsi  désigné,  dans  le  livret  de  la  société  des  Amis  des  Arts, 
en  1790  et  1793,  pour  les  estampes  le  Sacrifice  de  la  rose  et  VArt 
d'aimer,  que  la  Société  donnait  à  ses  souscripteurs.  Il  flt  encore 
quelques  pièces  d'après  sa  sœur  :  Dors,  mon  enfant;  V Indécision. 
J'ai  trouvé  son  nom  sur  deux  portraits  au  pointillé  : 
Ponce  Lebrun,  auteur  du  poème  de  la  Nature,  Bauménil  p., 
Gérard  se.;  in-4®  ovale  ; 

1.  Charles  Blanc.  Histoire  deg  peintres  de  toutes  les  écoles,  in-4%  Fragonard, 
p.  14. 


JEAN-BAPTISTE  HUET.  473 

Marat,  en  buste,  H.  Gérard  del.,  H.  Gérard  sculp.  ;  gr.  in-f*. 
L'ami  du  peuple  a  ici  Tair  bonhomme. 

HUET  *,  le  plus  briilantet  le  plus  aimable  peintre  d'animaux  du 
XVill^  siècle,  se  trouva  dépaysé  au  moment  de  la  Révolution.  Le 
récent  biographe,  qui  nous  a  fait  connaître  si  bien  son  talent, 
nous  a  raconté  cpmment  il  était,  en  1789,  capitaine  de  la  milice 
tiourgeoise  de  Sèvres,  et  comment,  en  1792,  il  prit  héroïquement 
l'enrôlement  de  ses  trois  fils.  11  ne  s*accommoda  pas  aussi  bien  des 
expositions  de  la  République.  Accoutumé  au  succès  des  Salons  de 
VAcadémie  depuis  1769,  il  reste  absent  dans  ceux  qui  s'ouvrirent 
de  1789  à  Tan  VIL  En  l'an  YIII  et  en  Tan  IX  seulement,  on  le 
voit  réapparaître  avec  des  tableaux  et  des  gouaches  en  assez 
grand  nombre,  tous  sur  ses  sujets  affectionnés,  des  moutons  et 
des  ânes,  des  laveuses  et  des  pâtres.  Rien  n*y  sent  la  couleur  du 
moment,  si  ce  n'est  peut-être  le  soin  de  la  composition  et  l'ex- 
pression de  quelque  profil,  qui  font  dire  à  Bruun  Neergaard  : 
«  La  nature  respire  duns  tout  ce  xiui  sort  du  pinceau  de  Uuet... 
Ses  figures  sont  bien  dessinées  et  exprimées  avec  beaucoup  de 
sentiment  *,  » 

Mais  le  peintre  et  le  dessinateur,  dont  les  compositions  furent 
dévolues  à  des  graveurs  de  plusieurs  sortes  et  qui  lui-môme  ma- 
nia fréquemment  la  pointe,  pourra  par  là  nous  être  connu  sous 
un  aspect  plus  actuel;  d'autres  ont  glonûé  le  côté  distingué  de 
l'artiste;  on  achève  de  le  caractériser  en  déterminant  son  côté 
vulgaire  et  en  recherchant  les  points  par  lesquels  il  fut  le  plus 
populaire. 

11  faut  noter  d'abord  ses  nombreux  sujets  de  galanteries  pasto- 
rales et  mythologiques.  Plusieurs  rencontrèrent  des  graveurs  au 
burin  tels  que  Beauvarlet,  Fessard,  Saint-Aubin,  Godefroy,  Voy- 
sard  ;  le  plus  grand  nombre  fut  gravé,  à  la  manière  des  goua- 

1.  Jean-Baptiste  Huet,  né  en  1745,  élève  de  Leprince,  mort  en  1811. 
S.  Sur  la  situation  des  beauoMkrts  en  France,  ou  Lettres  d'un  DanoiSt 
Paris,  an  IX,  in-8%  p.  73  et  74. 


•J 


174  ARTISTES.  >-  PEINTRES  DE   GENRE. 

ches  et  des  jiastels,  par  Jubièr,  Liger^  LéveiDé,  Demartea 
Elisabeth  Chaillou  et  Bonnet  S  qui  prolongèrent  les  habitad 
ramollies  de  Boucher  et  de  Leprince.  Il  y  a  parmi  ces  figure^  s, 
volontiers  déshabillées,  quelques  costumes  de  la  veille  de        la 
Révolution  : 

Le  Déjeuner,  le  Goûter,  le  Dîner,  le  Souper,  peint  par  J.-B.  Ho^Bt. 
Bonnet  direxit.  In<b*  h.  Ck)mposition  de  plusieurs  Hgures,  pax*^cni 
lesquelles  on  a  voulu  voir  celle  du  comte  de  Provence  et  d'au 
céiébrités.du  règne  de  Louis  XVI  ; 

La  Déclaration,  V Amant  fMressant,  gravés  en  coalenr  par  À. 
grand; 

Le  Départ,  le  Reiowrdumardhè,  gravés  en  couleur  par  Legra  wr^  d; 

La  Brouetté,  la  Troupe  ambulante  des  rues  de  Paris,  Ce  qu-m^      ^^^ 
bon  à  prendre  est  bon  à  garder,  gravé  par  Ghaponnier. 

11  y  a  même  quelques  sujets  révolutionnaires,  traités  aussi 
titement  que  possible  : 

Le  Départ  pour  le  siège  de  la  Bastille; 

La  Bastille  détruite  ou  la  petite  Victoire,  sujets  d^enfants 
Htaires; 

Autel  de  la  Liberté  française,  gravé  en  couleur  par  Hellîer  C 
terrade,  1"  partie,  n«  482). 

Le  lion  et  la  lionne.  Mark  et  Constantine,  amenés  d'Afrique 
l'an  VI  et  apprivoisés  par  Félix  Cassai  au  Musée  d'histoire  nm 
relie,  où  ils  eurent  plusieurs  portées,  furent  le  sujet  d'un 
derniers  tableaux  de  Huet,  exposé  en  l'an  X,  et  gravé  par  Ghl^ 
laiii  en  Tan  XI. 

Les  eaux-fortes  de  Huet,  que  M.  Charles  Blanc  a  jugées  «  h 
ménagées,  pleines  de  lumière,  de  grâce  et  de  goût,  »  n'ont  pas 
dîfcrites  comme  elles  mériteraient.  Le  catalogue  Rîgal  les  cite 
deux  articles,  l'un  de  traits  d'histoire  sainte,  bacchanales,  scè 
villageoises,  en  48  estampes  tirées  sur  20  feuilles;  l'autre  de  suj 


1.  Les  listes  les  pins  amtileB  des  estampes,  d'après  Huet,  sont  dans  le 
lègue  Paignon-DijonYal  et  dans  le  catalogue  d^estampes  de  Técole  franc 
du  XVin*  siècle  appartenant  à  M.  S.,  Paris,  Vigoères,  1856,  in-S*; 


t- 


JACQUES-PHILIPPE  GARESHB.  175 

*^t  vers,  études  de  quadrupèdes,  etc.,  en  50  estampes  tirées  sur 
^  S  feuiUes.  Les  plus  anciennes  datent  de  1770* 

Je  n'en  ai  recueilli  qu*un  petit  nombr<e  : 

TUre  :  Groupe  d'une  femme^  la  plume  à  la  main,  entre  des 
^Kifants  assis  au  milieu  de  livres,  avec  l'inscription  :  J.^B.  Huet, 
>^intre  de  V École  française.  In-4**  1. 

TUre  :  Deux  femmes  tenant  des  guirlandes  au  haut  d'un  cippe, 
X.es  moutons  à  leurs  pieds,  avec  l'inscription  :  Œuvres  de  J-Bé 
^uet^  peintre  français,  gravé  à  Veavr  forte  par  lui  d'après  ses  dessins 
^  tableaux.  ln-&«  1. 

La  Basée,  une  nymphe  ailée  marchant  sur  des  fleurs,  un  arro^ 
ftoir  à  la  main,  entre  «quatre  ou  cinq  Amours  2  J.-B.  Huet^  Tan  5"^, 
Mï-S^  carré. 

Vénus  sur  un  char  traîné  et  escorté  par  des  nymphes,  des 
%mours  et  des  lions.  J.-B.  Huet,  J*an  VI.  In-^"*  long. 

Ces  pièces  sont  dessinées  d'une  manière  plus  pittoresque  qu'a- 
gréable, et  gravées  d'une  pointe  qui  manque  de  finesse  et  de 
Mgèreté,  mais  qui  est  nombreuse  et  très-lumineuse. 

CARESME  ',  peintre  du  roi,  qui,  de  l'avis  de  Diderot,  dessinait 
::^mnie  un  fiacre,  avait  fourni  beaucoup  de  sujets  galants  aux 
noeilleurs  graveurs  du  règne  de  Louis  XVI  :  Flipart,  Hemery, 
Voyez ,  Ck)uché,  Anselin,  qui  l'avaient  présenté  d'une  manière 
plus  oa  moins  flatteuse,  et  aux  graveurs  en  couleur  les  plus  mé- 
diocres. Les  compositions  auxquelles  il  se  plia  sous  la  Révolution 
ne  montrent  pas  un  homme  nouveau,  mais  les  sujets  sont  inté- 
ressants, et  le  soin  avec  lequel  elles  sont  gravées  leur  donne  de 
l'intérêt.  Je  ne  parle  pas  de  celles  qui  marquent  son  entrée  dans 
Ra  politique  :  Les  vœux  patriotiques  à  la  naissance  du  Dauphin, 
gravée  par  Duchesne  ;  Louis  XVI,  roi  d'un  peuple  libre^  gravée 
par  Duchemin,  mais  bien  de  celles  où  il  dessina  les  événements 
révolutionnaires  : 

Bravoure  des  femmes  parisiennes  au^p  journées  des  b  et6  octobre. 

1.  Jacquet-WH^po  GareBBa»  agréé  de  l*Acadéiiiie  «0  1706^  «Ida  ea  1775. 


476  ARTISTES.  —  PEINTRES  DE  GENRE. 

Ph.  Garesme  invenit  et  sculp.  Dédié  aux  femmes.  Ovale  in-/i^  h 
A  Paris,  chez  Tauteur,  rue  de  la  Lune  '.  Au  pointillé  bistre. 
C'est  une  de  ces  pièces  où  l'immobilité  des  attitudes  et  Tagrémeot 
des  expressions  ne  servent  qu'à  mettre  en  saillie  le  triste  chaos 
du  sujet  ; 

Reine  Audu  '  ; 

Exècuiion  de  M.  le  marquis  deFavras,  Pièce  coloriée.  Laterrade, 
l"»p.,p.  82,  n°816; 

Dernières  paroles  de  Joseph  Chalier  dans  les  prisons  de  Lyon  : 
«  Pourquoi  pleurez-vous?  La  mort  n'est  rien  pour  celui  dont  les 
intentions  sont  droites  et  dont  la  conscience  fut  toujours  pure. 
Quand  je  ne  serai  plus,  mon  âme  ira  se  perdre  au  sein  de  l'Éter- 
nel et  dans  l'immensité  qui  nous  environne.  Chalier  saura  mourir 
d'une  manière  digne  de  la  cause  qu'il  a  soutenue.  »  Cette  plan- 
che, dont  la  souscription  est  ouverte  et  dont  le  Comité  de  salut 
public  a  retenu  un  grand  nombre  d'épreuves,  sera  gravée  en  ma- 
nière anglaise  et  dans  le  même  format  que  le  dessin  original  du 
G.  Caresme,  qui  fut  présenté  à  la  Convention  nationale  le  13  ven- 
tôse'. Elle  aura  1  p.  9  p.  de  1.  sur  1  p.  ^  p.  de  h.  On  en  vend  le 
dessin  chez  Tassaert,  graveur,  rue  Christophe,  n**  9,  section  de  la 
Cité. 

C'est  une  composition  de  onze  figures  :  Chalier  debout,  le  bras 
levé  et  prêt  à  partir,  éclairé  par  un  jour  de  prison,  entre  le  gref- 
fier et  le  bourreau.  L'expression  en  est  théâtrale  et  vulgaire,  mais 
n'en  a  que  plus  de  vérité. 

Les  mêmes  artistes  produisirent  un  grand  portrait  de  /.  C/ki- 
lier,  buste  antique,  dont  on  trouvera  la  description  à  l'article 
Tassaert. 

On  ne  trouve  le  nom  de  Caresme  dans  aucune  des  expositions 
de  la  Révolution. 


i.  Le  catalogue  de  la  collection  IjUerrade^  vente  de  novembre  4858,  in-S*, 
p.  43,  n'^  427,  en  porte  deux  épreuves  différentes. 

2.  EUe  est  décrite  en  note  des  Mémoire*  de  Wille^  t.  Il,  p.  227. 

3.  Réimpression  du  Moniteur,  n^  du  15  ventôse  an  II,  XIX,  618. 


LOUIS  WATTËAU.  177 

WATTEAU,  de  LîUe*,  en  sa  qualité  d'artiste  provincial,  n'a  eu 
qu'une  vie  fort  obscure;  cependant  il  dépasse  dans  ses  ouvrages 

l'horizon  de  sa  province,  sinon  comme  peintre,  du  moins  comme 

■ 

dessinateur  de  scènes  locales  et  de  costumes.  Il  était  directeur 
d'une  Académie,  d'où  sortirent  des  artistes  distingués  :  Masquelier, 
Helman,  Roland,  Wicar.  Cette  petite  école  lilloise  sert  à  consta- 
ter, ainsi  qu'on  pourrait  le  faire  dans  quelques  autres  localités, 
qu'au  moment  de  la  Révolution  il  restait  encore  quelque  chose  de 
ces  pauvres  écoles  provinciales,  qui,  au  XVIII*  siècle,  avaient  eu 
leur  prospérité.  Les  principales  commandes  de  Watteau  étaient 
des  dessus  de  porte,  des  chaises  à  porteurs  et  des  éventails,  et 
nous  pouvons  juger  de  sa  façon  d'ornementer,  fort  saugrenue  et 
faisant  la  charge  même  du  rococo,  par  les  cahiers  gravés  par 
Guyot.  Il  a  pourtant  attaché  son  nom  à  quelques  sujets  histori- 
ques, si  l'on  veut  bien  entendre  par  là  les  compositions  qui  nous 
retracent  les  événements  contemporains  dans  toute  leur  réalité. 
Nous  ne  citons  que  celles  qui  ont  été  reproduites  par  la  gravure. 

La  mort  du  marquis  de  Montcalm  Gozon,  gravé  par  Chevillet 
oa  Martini.  In-k*  1* 

Expérience  aérostatique  de  Jf .  Blanchard  à  Lille,  le  26  août  1785. 
2  pièces  gravées,  in-f°  1.,  par  Hdman. 

Banquet  civique  donné  par.  les  Gardes  nationales  de  Lille ,  le 
27  juin  1790.  In-f-,  gravé  par  Helman. 

Confédération  des  départements  du  Nord,  de  la  Somme  et  du 

i .  Louis  Watteau  le  père,  né  à  Valenciennes  en  4730,  directeur  de  rAcadémie 
de  Lille,  destitué  et  forcé  même  de  quitter  la  ville  vers  1760,  pour  avoir  intro- 
duit rétude  du  modèle  nu,  fit  en  1795  riovcntaire  des  objets  d'art  déposés  à  la 
Municipalité;  mort  en  1798. 

François-Louis-Joseph  Watteau  le  fils,  né  à  Valenciennes  en  1758,  profes- 
senr  adjoint  à  son  père,  élève  de  Durameau  en  i786,  mort  en  1823.  Ils  traitè- 
rent les  mêmes  sujets.  On  voit  de  leurs  ouvrages  aux  musées  de  Lille  et  de 
Valenciennes.  Les  meilleurs  sont  de  Watteau  âls,  et  c'est  à  celui-ci  qu*est 
due  la  popularité  acquise  au  nom  de  Watteau.de  Lille.  Il  est  à  regretter  que 
M.  Arthur  Dinaux  en  ait  trop  peu  parlé  dans  son  Iconographie  lilloise.  L'ap- 
préciation qu*oa  en  trouve  dans  les  Musées  de  province,  par  M.  Clément  de  Ris, 
Paris,  Renouard,  1859, 1. 1,  est  aussi  trop  insuffisante. 

12 


178  ARTISTES.  —  PEINTRES  DE  GENRE. 

Pos-de^alaU,  à  Lille,  le  i2  juillet  1790.  In-f>  ).,  par  Helman. 

Le  bombardement  de  Lille,  Tan  1^^  de  la  République.  Gravé  par 
Masquelier,  in-4°,  et  à  l'eau-forte,  par  Verly. 

Le  plaî  à  barbe  lillois,  scène  du  bombardement,  gravé  par 
François  Verly  *. 

Des  dessins  et  des  tableaux  de  Watteau,  parmi  lesquels  est  la 
Confédération  des  trois  Départements,  ont  été  recueillis  au  musée 
de  Lille.  Ils  font  peut-être  juger  moins  favorablement  un  artiste 
à  qui  manquèrent  tant  de  qualités  essentielles  de  Tart,  dans  le 
style  et  dans  Texécution.  11  avait  pourtant  rencontré  comme  un 
autre  des  graveurs  pour  ses  sujets  galants  et  pour  ses  sujets  mili-* 
taires.  Fessard  a  gravé  d'après  lui  deux  pièces  :  Quoi!  pas  même 
la  main!  Un  baiser  ou  la  rose.  Martinet  publia  d'après  lui  une 
suite  de  sujets  militaires,  dont  on  ne  peut  guère  vanter  ni  l'esprit 
ni  l'exécution.  Liénard  et  Leroy  gravèrent  des  vignettes  qu'il 
avait  dessinées  dans  le  goiit  de  Moreau. 

Watteau  eut  quelque  temps  la  vogue  à  Paris,  en  1785,  pour 
des  gravures  de  modes  gravées  par  Dupin,  in-f",  eau-forte  color., 
qui  se  distinguent  par  le  ton  de  leurs  légendes.  En  voici  un 
échantillon  : 

«  Jeune  dame,  désœuvrée  en  apparence,  faisant  d'un  air  tendre, 
dans  une  promenade  publique,  d^s  signaux  qui  annoncent  à 
quoi  se  réduisent  ses  loisirs  et  ses  occupations  journalières. 
Sa  coiffure  est  un  chapeau  à  la  Minerve  et  une  robe  de  taffetas 
retroussée.  » 

La  manière  dont  il  traitait  les  figures  de  modes  parait  avec  plus 
d'élégance  et  de  finesse  dans  une  suite  qui  fut  gravée  en  couleur 

1.  M.  A.  Dinaux,  qui  a  reproduit  plusieurs  eaux-fortes  de  ce  Verly,  dit  cette 
pièce  gravée  d'après  L.  Watteau  ;  mais,  dans  le  livret  du  Musée  Wicar  (LiUe, 
1850,  iQ-12,  p.  232),  le  dessin  original  à  l'encre  de  Chine  est  porté  au  nom  de 
Verly.  Il  est  fait  mention  dans  V Iconographie  lilloise  d'une  autre  compoeitMO 
satirique  de  Watteau  :  Hommage  au  bon  larron  par  les  brocanteurs  et  les  rap^ 
tasseurd  de  tableaux.  C'est  une  allusion  aux  manies  de  l'amateur  d'estampes 
Levert  de  Beaumont.— /cono0irap/iie  litloise,  Graveurs  et  amateurs  d'estampes 
de  Lille,  par  M.  Arthur  Dinaux,  Yalenciennes,  s.  d.,  ia-8%  f)g.,  p^  45, 57^  «lc« 


C.-L.   DESRAIS.  170 

par  Guyol  :  Cris  et  costumes  de  Paris,  dessinés  par  Watieaa^  6  pièces 
in-8®  h.  Chez  les  Campion  frères,  etc.,  1786.  Lecœur  grava 
d  après  lui  une  caricature  sur  Mesmer  :  les  Folies. 

W  faut  surtout  lui  savoir  gré  de  nous  avoir  laissé  un  trait  naïf 
du  paysagiste  Lantara,  qui  a  été  gravé  au  hurio  par  Guyot« 

Watteau,  de  Lille,  se  lança  un  moment  au  Salon  du  Louvre.  Il 
envoya  en  l'an  IV  une  Fit$  de  village,  et  àQixy.  paysages,  avec  figures 
et  animaux. 

DESRAIS*  dessinait,  sous  le  règne  de  Louis  XVI,  des  portriiîts 
qui  sont  gravés  par^  Lebeau  et  par  Dupin ,  des  sujets  galants 
reproduits  par  Deny  et  par  Berthe,  des  figures  antiques  pour  les 
éditeurs  de  Tableaux  historiques*,  des  habillements  modernes  et 
galants,  publiés  à  la  suite  de  ceux  de  Watteau,  et  gravés  par 
Dupin  et  Ballet,  et  des  parures  nouvelles  pour  le  Cabinet  des 
modes*.  Les  portraitd  les  plus  saillants  sont  ceux  de  Franklifty 
Washington,  Dupuy,  j!f"»  Contât;  je  ne  citerai  que  deux  pièces 
parmi  celles  qui  eurent  les  honneurs  du  burin  *.  le  Couronnement 
de  Voltaire  par  les  mains  de  M^  Vestris, 

Aux  yeux  de  Paris  enchanté, 

gravé  par  Dupin  ^  ;  le  Tombeau  de  Voltaire  foudroyé,  gravé  par 
Letellier.  Sa  plus  belle  figure  de  modes  est  le  Portrait  de  Marie- 
Antoinette,  en  robe  de  cour,  garnie  de  perles  et  de  guirlandes, 
gravé  par  Deny.  II  ne  paraît  pas  comme  graveur,  mais  il  a  essayé 
Teau-forte  dans  une  petite  pièce  :  Des  paysans,  attablés  au  coiii  de 

i.  C.-L.  Desrais,  élève  de  Casanova. 

2.  Tableaux  des  anciens  Grecs,  Paris,  1785,  in-f*».  Mariage  romain^  Augure, 
Amazone,  Anacréon,  Vestale,  gravés  en  couleurs  par  Lecœur  et  par  Ridé. 

3.  Cabinet  des  modes  ou  les  Modes  nouvelles,  Paris,  Buisson,  1785,  în-8». 
é.  Cette  pièce  a  été  citée  avec  beaucoup  de  dédain  (Revue  universelle ,  des 

Arit,  t.  VTTI,  p.  65).  Elle  a  cependant  tout  ce  qu'il  faut  pour  une  représentft*> 
tion  de  ce  genre  :  la  vérité  des  physionomies,  l'adresse  et  le  piquant  de  1» 
gravure. 


im  ARTISTES.  —  PEINTRES  ÛE  GENRE. 

leur  chaumière,  et  offrant  à  boire  à  un  passant,  iD-12  h.,  C.  L. 
Desrais  inv.,  1771. 

En  1789,  Desrais  fit  le  portrait  d'Àrné,  grenadier,  qui  arrêta 
M,  Delaunay  à  la  prise  de  la  Bastille,  gravé  en  couleur  par  Mixelte. 
En  1792,  il  fournit  les- dessins  de  hait  médaillons  représentant 
des  événements  de  la  Révolution  et  des  Victoires,  qui  furent  gravés 
en  deux  pièces  par  Lebeau.  Au  Salon  de  1793,  le  livret  porte 
neuf  dessins  originaux  des  estampes  qui  orneront  le  traité  des 
Causes  révolutionnaires  de  Duboc  père.  Le  traité  ni  les  estampes 
n'ont  paru,  mais  leur  titre  suffit;  on  y  voyait  :  la  Vérité  nue, 
l'Entêtement  des  égoïstes,  l'Hydre  affreux  de  la  chicane,  le  Vésuve 
de  l'ignorance^  l'Ambitieux  puni,  la  France  achevant  d^exterminer 
les  vices,  le  Droit  des  gens  au  Paradis  terrestre,  la  Fin  de  l'homme, 
le  Résumé  de  tout. 

Avec  un  tel  fonds,  Desrais  était  en  mesure  d'exploiter  Timagerie 
révolutionnaire;  il  ne  faut  pas  chercher  dans  ses  figures  plus 
d'art  que  dans  les  images  qui  alimentaient  auparavant  d'autres 
dévotions.  Leur  intérêt  est  dans  la  variété  des  attributs,  dont  le 
dessinateur  n'est  pas  chiche  : 

La  Libei^té,  —  l'Égalité,  gravées  en  couleur  par  Philippeaux; 

Nègre,  moi  libre ,  —  Négresse^  moi  libre  aussi,  gravé  au  poin- 
tillé par  la  C.  Montalant; 

La  Probité,  gravé  en  couleur  par  Mercier; 

Les  dix  Commandements  de  la  République  française,  gravé  par 
Leroy; 

V Indivisibilité,    gravé  en  couleur  par  Duchemîn.  C'est  on 
femme  ailée,  tenant  un  faisceau  et  un  glaive,  appuyée  sur  iv 
autel  où  sont  trois  cœurs  enflammés,  une  couronne,  une  massv: 
et  deux  mains  jointes; 

La  Raison,  gravé  en  couleur  par  Carré,  avec  le  faisceau, 
mors,  le  serpent,  l'œil  et  le  lion  pour  emblèmes  ; 

La  Raison,  gravé  à  la  manière  de  crayon  par  Piton.  C'est  i 
génie  féminin,  ailé,  tenant  une  palme  et  une  couronne,  l'œil 
la  poitrine,  debout  auprès  d'un  roc  où  sont,  les  médaillon! 
Marat  et  de  Lepelletier; 


^    G.-L.  DESRAIS.  181 

Bustes  de  Lepelletier,  —  de  Marat,  gravés  par  la  citoyenne  Mon- 
taient. 

A  ces  images  Desraîs  ajouta  la  représentation  des  deux  événe- 
ments tragiques  qui  donnèrent  à  la  Révolution  les  émotions  de 
martyres  :  L'Assassinat  de  Lepelletier,  l'Assassinat  de  Marat,  aux- 
quels vint  faire  suite  V Assassinat  de  Collot-dHerbois,  et  V Arresta- 
tion d Amiral,  assassin  de  Collot-d'Herbois,  Ces  pièces,  gravées  au 
lavis  par  Marchand,  n'attestaientchez  le  dessinateur  et  le  graveur 
que  le  désir  de  faire  passer  des  figures  vivantes  comme  dans  la 
pinombre  d'une  lanterne  magique. 

Les  circonstances  devenues  plus  gaies ,  Desrais  composa,  quel- 
ques pièces  des  mœurs  du  jour  où  il  fit  les  frais  d*une  composi- 
tion plus  soignée  et  d'une  meilleure  gravure  : 

La  promenade  da  Boulevard  italien;  quinze  figures;  deux  en- 
fants et  un  petit  chien.  Avril  1797,  gravé  par  Voysard.  Joli  burin  ; 

La  promenade  de  la  plaine  des  Sablons,  gravé  par  Blanchard  ; 

La  promenade  du  rnqtin  au  bois  de  Boulogne  ; 

La  promenade  du  soir  au  Boulevard; 

Le  Médecin  aux  urines,  gravé  par  M"'  Monchy; 

La  Tireuse  de  cartes,  gravé  par  Blanchard; 

Le  Concert  de  société,  parle  même; 

Le  Sérail  en  boutique,  gravé  par  Fortier  ; 

frascati,  dessiné  d'après  un  croquis  pris  sur  les  lieux  et  gravé 
parL.  Desrais.  In-f»  1. 

Il  finit,  comme  tout  le  monde,  par  des  allusions  et  des  hom- 
à  la  puissance  du  moment  : 

JjC  Triomphe  de  Bacchus  dans  les  Indes,   dessin  à  l'encre  de 

ine,  exposé  au  Salon  de  Tan  VII  ; 

Jiofmmage  des  Arts  à  Buonaparte,  premier  cansul.  Mariage  scnlp. 
— 8«  I.; 

J.a  Victoire  aux  ailes  de  feu,  etc.,  gravé  par  Benoist,  in-8°  h.  ; 

Suonaparte  présente  V olivier  de  paix  à  toutes  les  puissances  de 

urope.  In-f*  1.  Le  Campion  sculp.  ; 

Suonaparte,  portrait  gravé  par  Ruotte; 

J'ie  VI  agenouillé,  gravé  par  Canu. 


«82  ARTISTES.  —  PEINTRES   DE  GExNRE. 

DEBUGOURT^  agréé  de  l'Académie,  en  1781,  comme  peintre 
de  genre,  et  favorisé  du  titre  de  peintre  du  Roi,  s'était  fait  con- 
naître par  quelques  tableaux  que  la  critique  du  temps^  trouvait 
d'un  ton  qui  tient  aux  grands  maîtres,  mais  ressemblant  trop  k 
de  la  porcelaine,  et  par  des  gouaches  que  la  gravure  en  couleur 
et  au  lavis  avait  popularisées.  Leveau,  Angélique  Moitte,  Née  et 
Masquelier,  Guyot,  Augustin  Legrand  avaient  reproduit  plusieurs 
de  ses  sujets  ;  souvent  il  les  gravait  lui-même  au  pinceau  et  par 
des  procédés  qui  lui  étaient  particuliers.  Les  seuls  grands  maîtres 
dont  on  voie  la  trace  dans  ses  compositions  sont  Greuze  et  Frago- 
nard,  mais  il  ne  possède  rien  des  secrets  de  leur  peinture ,  et  il 
exprime  sa  moralité  et  sa  sentimentalité  d'une  manière  beaucoup 
plus  indiscrète;  il  les  met  à  la  mode  de  1787.  Si  Ton  ne  tient  pas 
son  goût  à  un  diapason  trop  élevé,  on  ne  trouve  pas  sans  mérite 
les  pièces  oh  il  a  fixé  quelques  souvenirs  du  monde  dé  la  veille 
de  la  Révolution  : 

Le  Menuet  de  la  Mariée,  1786  ; 

Allégorie  à  la  mémoire  de  feu  M.  de  Yergmnes,  ministre  (fÉtat, 
1787; 

Les  deux  Baisers,  d'après  un  tableau  exposé  au  Salon ,  peint  et 
gravé  par  D.,  1786; 

Trois  figures  :  La  Main,  la  Rose,  VOisequ  ranimé,  peint  et 
gravé  par  D.,  1787; 

L'Escalade,  ou  les  adieux  du  matin,  1787  ; 

Heur  et  Malheur,  au  la  cruche  cassée,  1787; 

Annette  et  Lubin  ;  M"*  Favart  dans  le  rôle  d'Annette  ;  on  sait  que 
dansAnnette,  en  1762,  et  dans  Bastienne,  dès  1753,  M"*'  Favart 
avait  la  première  introduit  sur  le  théâtre  le  costume  vrai  des 
paysannes;  ces  réformes  de  théâtre  touchaient  toujours  de  très- 
près  à  des  évolutions  dans  l'art  ; 

Le  Compliment,  ou  la  matinée  du  jour  de  tan,  1787.  Peint  et 
gravé  par  D. ,  ovale  ; 

i.  PhUippe-Louis  Debucourt,  né  en  1757,  mort  en  1832,  élève  de  Vien. 
2.  Réftexions  joyeuses  d'un  garçon  de  bonne  humeur  sur  le  Salon  de  1781, 
in-8«. 


^.^ààm 


.  PHILIPPE-LOUIS  DEBUCOURT.  iS3 

Bouquels,  ou  la  fête  de  la  grand'maman,  17884  Dessiné  H 
Sï"a.vé  par  D.,  7  flg.,  ovale  ; 

La  Noce  au  château,  1789. 

Debucourt  dessinait  d'une  manière  trop  arrêtée  aux  accessoiines 
^t.  trop  monotone  dans  les  têtes  et  les  expressions.  Il  était  pew 
^^^cond  en  inventions  et  ne  se  sauvait  que  par  l'actualité  de  ses 
Sujets  et  une  exécution  assez  chatoyante.  Son  pinceau  ou  son 
Crayon  laissait  sur  ses  planches  des  esquisses  légères,  et  il  les 
l'avivait  de  traits  de  pointe  et  de  retouches  lumineuses.  11  était 
enûn  très-habile  dans  le  bariolage  des  couleurs,  qu^il  exécutait 
au  moyen  de  quatre  planches;  il  savait,  en  leur  donnant  l'as- 
pect le  plus  joli,  y  laisser  quelques  façons  pittoresques. 

Le  plus  amusant  de  cette  manière  se  trouve  résumé  danç  deux 
pièces  de  1787  : 

La  promenade  de  la  galerie  du  Palais-Royal  ; 

La  promenade  du  jardin  du  Parais- Royal ,  in-P*  1,  sans  sign. 
Chez  M.  Hennin. 

On  y  voit,  comme  à  la  chambre  claire,  grouiller  la  population 
mondaine  dans  son  habit  le  plus  provoquant  :  le  petit-maltre  en 
frac  de  satin  écarlate  à  boutons  de  nacre,  la  culotte  queue-de- 
serin,  ornée  de  deux  cordons  de  montre,  le  chapeau  tricorne 
à  l'Androsmane,  ou  le  chapeau  rond  à  la  jockey,  les  cheveux 
arrangés  à  la  Panurge  ou  à  la  grecque;  les  petites-maîtresses, 
vêtues  de  robes  en  chemise,  de  fichus  bouffants,  et  coiffées  de 
ces  chevelures  à  grandes  boucles  qu'on  appelait  à  la  conseillère. 

Les  premières  années  de  la  Révolution  sont  marquées  dans 
l'œuvre  de  Debucourt  par  des  portraits  :  Louis  XVI,  en  pied  et 
en  buste,  dédié  à  la  Nation  ;  La  Fayette,  en  pied,  au  lavis;  Louise 
Philippe  d'Orléans,  en  couleur  de  bas-relief;  et  par  un  sujet  de 
politique  villageoise,  gravé  par  Augustin  Legrand  :  Rèdt  é^un 
invalide  chez  un  fermier  de  la  Haute  Normandie,  en  leur  montra$U 
une  image  représentant  le  portrait  du  Roy ,  accompagné  d'une 
légende  sur  la  journée  du  17  juillet^  La  destinée  de  cette  e»- 

1 .  Cette  gravure  a  été  citée  et  reproduite  dans  V Histoire-Musée  de  la  Répiir' 
bliquê,  avec  une  fausse  attribution  à  Greuze,  1. 1,  p.  372. 


L-. 


184  ARTISTES.  —  PEINTRES  DE   GENRE. 

tampe  fut  des  plus  piquantes.  Elle  eut  trois  états,  correspondant  à 
trois  phases  de  la  Révolution.  Nous  venons  de  voir  le  premier;  le 
second  parut  en  Tan  II.  II  consiste  dans  la  substitution  du  décret 
du  18  floréal  au  portrait  du  roi,  dans  l'adjonction  de  deux  images 
de  la  Liberté  et  de  TÉgalité  sur  les  murs  de  la  chaumière  et  dans 
une  légende  en  vers  sur  le  décret  de  l'Être  suprême  : 

O  Diea  puissant,  Dieu  magnanime 
Qui  nous  donnas  la  liberté 

Le  troisième  état  fut  fait  en  l'an  VI.  On  y  voit  substitués  le  Traité 
de  paix  avec  TEmpire,  du  28  germinal  an  VI,  le  portrait  de  Buo- 
naparte  et  la  figure  de  la  Paix. 

L'artiste  continuait  cependant  la  publication  de  pièces  de 
mœurs  galantes  et  de  costumes  du  jour  : 

La  Rose  mul  défendue,  1791; 

La  Promenade  publique,  1792; 

Les  Plaisirs  paternels,  in-P>  h.,  peint  et  gravé  par  D.,  agréé  de 
la  ci-devant  Académie  de  Peinture. 

Le  panorama  est  à  peine  changé;  les  habits  sont  éclatants, 
les  chevelures  ébouriffées  et  poudrées,  et  le  petit- maître,  en 
culotte  serin,  s'étale  sur  trois  chaises;  c'est  à  peine  si  l'on  aper- 
çoit que  la  Révolution  est  venue. 

Les  circonstances  devenues  plus  sérieuses,  Debucourt  songea 
à  d'autres  figures;  il  dessina  et  grava  les  divinités  du  moment; 

La  Liberté.  P.-L.  Debucourt  del.  et  sculp.  Messidor  an  11,  in-4*; 

L'Egalilé.  —  L'Unité.  —  La  Fraternité. 

Ces  figures  manquent  de  style  et  d'expression,  mais  il  y  a  une 
heureuse  combinaison  d'attributs,  des  mouvements  justes,  des 
plis  nombreux. 

11  fit  encore  un  assez  heureux  emploi  des  figures  et  des  attri- 
buts de  la  République  dans  VAlmanach  national^  dédié  aux  amis 
de  la  Constitution,  1791;  dans  le  Calendrier  de  la  République 
française  pour  l'an  II,  qui  a  mérité  les  éloges  de  Detouruelle  *, 

1.  Journal  de  la  Société  populaire  dès  Arts,  p.  301. 


PHILIPPE-LOUIS  DEBUCOURT.  185 

et  dans  le  placard  des  Droits  de  Vhomme  et  du  citoyen,  dessiné 
et  gravé  par  Debucourt,  an  H,  où  Tartiste  a  donné  lui-môme 
une  curieuse  description  des  emblèmes  qu'il  avait  mis  en  œuvre  : 
«  Au  miliea  des  débris  mutilés  des  odieux  monuments  de  la 
tyrannie,  etc.*.  » 

^cUendrier  républicain,  an  ÏII  :  grande  Liberté,  assise  en  haut, 
tenant  un  livre  d'aslronomie,  un  Génie  à  côté.  Encre  bistrée. 
(Coll- Hennin.) 

A>«.  Barra.  Dédié  aux  jeunes  Français.  In-f**  octogone.  (Coll. 
Hennin.) 

Sous  le  Directoire,  Debucourt  reprit  ses  sujets  anecdotiques  et 
futiles: 

Bénédiction  paternelle,  ou  le  départ  de  laMariée,  1795  ; 


^  -    M>nit9  de  Vhomme  et  du  citoyen.  La  RépubUque  française,   couronoée 

<^  ^"toiles  de  rimmortalité,  assise  sur  un  siège  de  pierre  qui  sert  de  piédestal 

^ux     Rtatuettes  de  la  Liberté  et  de  TÉgalité,  tenant  d*une  main  la  foudre,  de 

***ttt.r«  un  rameau  d*oIivier  :  —  «  République  française.  Au  milieu  des  débris 

^ut.i|^  dog  odieux  monuments  de  la  tyrannie,  renversés  par  le  courage  du 

peta^^l^  français,  les  droits  sacrés  de  Tbomme  et  du  citoyen,  ensevelis  depuis 

^^   <le  siècles,  re;  arjissent  dans  tout  leur  éclat  C'est  sur  cette  base  impéris- 

w>l^  qu*est  élevée  la  République  française,  couronnée  des  étoiles  de  l'immor- 

^^^^,  et  ayant  à  ses  côtés  les  statues  de  la  Liberté  et  de  TÉgalité,  ses  compa- 

^^^  inséparables.  Elle  est  assise  sur  un  vaste  siège  environné  d*épis  et  de  ceps 

^^   indiquent  llieurôuse  fertilité  de  son  territoire;  d'une  main,  elle  tient  la 

t<AXdre,  pour  anéantir  les  ennemis  de  son  indépendance  et  de  ses  lois;  de 

\  ^tre,  elle  s*appuie  sur  le  faisceau  de  Tunité,  qu'elle  accompagne  d'une  branche 

à  olivier,  symbole  de  l'union  et  de  la  paix.  Sur  son  front  est  écrit  :  Sagesse  : 

sur  sa  poitrine  :  Pudeur;  sur  sa  ceinture  :  Tempérance.  A  sa  droite,  est  un 

lÎTft!  qui  renferme  ses  hommage»  à  l'Être  suprême  ;  le  Joug  brisé,  sous  ses 

pieds,  indique  ses  triomphes  sur  le  despotisme  et  la  nature  de  son  gouverne- 

inent,  qui  ne  reconnaît  pas  plus  d'esclaves  que  de  maîtres.  Cne  ruche  d'abeilles, 

placée  près  d'elle,  au  milieu  de»  instruments  de  l'agriculture  et  des  attributs 

des  scieuces  et  des  arts,  offre  l'emblème  du  caractère  intelligent  et  laborieux 

qui  distingtie  le  peuple  français.  De  l'autre  côté,  un  Génie  rend  la  liberté  à  des 

oiseaux,  qui,  emblèmes  du  peuple  dont  la  Liberté  a  brisé  les  fers,  s'empressent 

de  laire  usage  de  ce  premier  des  biens  pour  se  réunir  autour  d'eUe.  »  Dessiné 

et  gravé  par  Debucourt,  an  U.  Ingénieux  et  même  grand;  le  Génie  rappelle 

iea  enfants  de  Frago. 


^. 


im  ARTISTES.  —  PEIMTaCS  DE  GENRE. 

L05  premiers  pas  de  Pmtl  et  Vir^irUey  marft  1796  (vieux  style)^  « 
grand  în-f*  ovale,  lavis  bistré; 

Modes  et  manières  du  jour,  an  VIII  et  IX  *; 

Plusieurs  de  ces  figures  sont  des  scènes  de  mœurs  quelquefoig^ 
très-hardies,  telles  que  le  Turcarel  du  jour,  la  Promenade,  les  ' 
Cerises^  l'EscarpotetUy  A  ce  soir,  le  Prétexte^  la  Correspondance 
furtive. 

Au  même  temps  appartient  un  beau  portrait  qu'il  grava  au 
lavis  d'après  Vangorp  :  René  Jast  Hauy,  professeur  au  Muséum 
(thistoire  naturelle.  Hommage  d'estime  et  d'amitié  par  quelques 
amis  de  la  minéralogie,  Oyale  in-i!i*>. 

Sous  le  Consulat,  Tart  acaddmisé  perdant  peu  à  peu  autant  de 
terrain  que  la  liberté,  et  le  goût  public  exigeant,  dans  les  points 
et  les  couleurs  des  estampes  à  son  adresse,  la  propreté  et  le  fini 
comme  conditions  premières,  Débucourt,  avant  même  que  la 
vieillesse  ne  vînt,  se  trouva  fort  amoindri.  Quelques  pièces  des 
premières  années  du  XIX«  siècle  témoignent  plus  d'habileté  à 
saisir  l'à-propos  que  de  sentiment  pittoresque,  mais  il  ne  faut 
pas  oublier  que  le  goût  du  moment,  autant  que  la  nature  des 
sujets,  demandait  avant  tout  du  joli  : 

Les  Visites  le  i^jour  du  XIX^  siècle,  janvier  1801 ,  9  fig.  ; 

La  Femme  et  le  Mari,    ou  les   époux  à   la  mode,    fructi- 
dor 1803; 

Frascati,  dessiné  d'après  un  croquis  pris  sur  les  lieux  et  gravé 
par  D.  ; 

Les  courses  du  matin,  ou  la  porte  d*un  riche,  ventôse  an  Xf  I  ; 

V  Incendie; 

l'Orange,  ou  le  nouveau  Jugement  de  Paris,  in-f°  K,  10  fig.  ; 

La  manie  de  la  Danse  ; 

Un  Gourmand; 

L' Usurier; 

Le  Canal, 

f .  9f()dês  et  manières  (h*  jour,  à  P&ris,  à  la  fin  du  XVIII*  et  au  eomaieA<9e- 
ment  du  XIX«  siècle.  CoUectton  de  53  gravures.  Prix  :  18  f^.,  au  bureau  eu 
Journal  des  Dames,  * 


PHILIPPE-LOUIS  DEBUCOURT.  187 

Un  biographe  a  dit  justement^  qu'il  fallait»  dans  l'œuvre  de 
^^bttcoart,  faire  la  part  des  ouvrages  de  commande  et  destinés  à 
^^  amateurs  vulgaires;  il  faut  de  plus  faire  la  part  du  temps.  U 
^^mposa,  en  1801,  huit  sujets  ea  couleur  pour  un  poëme  plus 
^^ièbre  par  son  luxe  typographique  que  par  le  nom  de  son  au- 
tour, HéroU  Léandre^  par  le  chevalier  de  Querelles*.  Ils  sont 
exécutés  avec  le  plus  grand  soin,  et  pourtant,  à  l'exception  d'un 
seul,  Us  Colombes,  où,  sous  des  costumes  antiques,  le  dessinateur 
semble  avoir  fait  une  fête  tout  actuelle^  ils  ne  témoignent  que 
de  son  inaptitude  à  prendre  un  genre  plus  relevé  et  des  sujets 
classiques. 

La  Paix,  à  Bxwnaparle,  pacificateur,  18  brximairê,  dessiné  (A 
gravé  par  Deb.,  gr.  în-f*.  Figure  assise,  entourée  d'attributs, 
dans  un  cadre  orné  d'emblèmes  (Hennin). 

Sous  l'Empire,  il  fit  encore  quelques  pièces  de  mœurs  :  L'Hiver, 
ou  le  mari;  —  le  Printemps,  ou  les  amants;  —  la  Coquette  et  ses 
pUes  ;  —  les  petits  Messieurs  ;  —  les  Galants  surannés  ;  —  l'Innocence 
du  jour.  En  vieillissant,  il  perdit  peu  à  peu  sa  verve;  il  continua 
de  produire,  mais  sur  les  dessins  des  autres.  Carie  Vemet  l'ab- 
sorba le  premier,  et,  depuis,  beaucoup  d'autres  dessinateurs  qui 
ne  le  valaient  pas,  Mendose,  Demartrais,  Lecomte.  Il  publia  même 
une  encyclopédie  du  dessin  :  Recueil  de  principes  gravés  à  la 
manière  du  crayon;  il  n'est  plus  qu'un  graveur  à  la  merci  du 
commerce,  entièrement  absorbé  par  le  métier  de l'aqua-tinta, 
qu'il  transmit  à  son  neveu  Jazet. 

Les  peintures  de  Debucourt  ont,  dans  ses  premiers  temps  sur- 
tout, trouvé  des  traducteurs,  mais,  gravées  par  d'autres  au  burin 
ou  autrement,  ses  compositions  perdaient  le  plus  net  de  leur  dis- 
tinction : 

Le  Juge,  ou  la  cruche  cassée,  gravé  par  J.-J.  Leveau  ; 

Les  Voisines  laborieuses^  gravé  par  Angélique  Moitte. 

-    1.  Biographie  universetle  et  portative  des  Contemporains,  par  Ràbbo,  etc., 
Paris,  5  roi.  iu^*;  Supplémeo^  p.  IM. 
8.  IWS  QMûA,  mu  i|»r4°. 


Ém 


i88  AKTISTES.  —  PEINTRES  DE  GENRE. 

MALLET*,  du  môme  pays  que  Fragonard,  fut  élève  de  Simon 
JuIIien,  de  Toulon,  et  reçut  à  Paris  quelques  leçons  de  Prud'hon 
et  de  Mérimée.  Il  exposa  au  Salon  de  1793  des  gouaches  qui  eu- 
rent le  plus  grand  succès  ;  c'étaient  des  scènes  familières  :  les  - 
Soins  maternels,  une  Femme  pinçant  de  la  harpe,  une  Femme  àsa  ^ 
toilette,  le  Sacrifice  à  la  patrie  ou  le  Départ  (Tun  volontaire.  On 
loua  la  lumière,  disposée  d'une  manière  ingénieuse,  et  les  figures 
ajustées  comme  l'antique,  u  On  ne  peut,  disait  Jansen,  traiter  la 
gouache  avec  une  touche  plus  fraîche  ni  plus  spirituelle*.  »  Le 
dernier  de  ces  tableaux,  qui  traduisait  révolutionnairement  le 
sentiment  le  plus  chevaleresque  et  reçut  une  consécration  poé- 
tique  dans  la  romance  de  Cécile  et  Julien  ou  la  Prise  de  LiUe, 
fut  gravé  au  pointillé  d'une  manière  fort  agréable  par  J.-B. 
Guyard,  in-f°  h.  : 

Biais  au  premier  son  du  tambour 

Il  sacrifie  à  la  patrie 

SoD  bien ,  sa  vie  et  son  amour. 

Mallet  ne  se  produisit  guère  dans  la  peinture,  et  on  ne  le  voit 
figurer  aux  expositions  suivantes  qu'en  l'an  VI  et  en  l'an  VlU, 
pour  des  tableaux  représentant  un  Contert  hollandais  et  un  Anti- 
quaire, Son  œuvre  se  borna  k  fournir  des  sujets  mythologiques, 
galants  et  familiers,  venant  se  confondre  dans  la  même  fade:ir  et 
la  même  petitesse.  Ils  n'en  convenaient  que  mieux  aux  graveurs 
aux  points  et  aux  couleurs.  Les  plus  connus  sont  : 

Les  Jeux  de  l'Amour  et  les  Promesses  de  VAmovr,  gravés  par  ^ 
Beijambe  ; 

Le  Voyage  à  Cytlière  et  le  Retour  de  l'île  d'Amour,  gravés  par 
Saint-Val,  annoncés  avec  éloges  dans  le  Moniteur  de  l'an  11!  ; 

La  Sonnette^  ou  Je  twus  rappelle  à  Vordre^  gravé  par  Guyot, 
exposé  en  1793; 

La  jeune  Dame  lisant  une  lettre  pendant  qu'un  jeune  homme  la 
chaitëse; 

t.  Jean-Bupti:ite  Mallet,  né  à  Graase  en  1759,  vivait  encore  en  1824. 

"L  Explication  et  jugement  motivé,  Paris,  Jansen,  1793,  ia-12,  p.  10  et  11. 


JEAN-BAPTISTE  MALLËt.  igO 

« 

f^  cletix  amies  à  l'étude.  Je  m'occupais  en  attendant,  2  p.  in-f°  h. 
Romain  Girard,  sculp.  Pointillé  de  couleur.  A  Paris,  chez  Gérard, 
rue  de  la  Barillerie  ; 
^  Modèle,  gravé  par  Landelle.  \n-k^  1.  3  fig.  point,  col.; 
^  Nouvelle  intéressante,  gravé  par  Mixelle.  In-f*  1.;  lavis  de 
coA^ur; 
^^ie,  ou  le  premier  baiser  de  l'amour,  in-f°  h.  Mallet  pinx.  Co- 

F  sculp.  ; 

f^  Récréation  champêtre,  gravé  par  Prud'hon  fils.  In-f«  1.  ; 
Lepetit  Redresseur  de  quilles,  P.-M.  Alix  sculp.  In-f*  1.  en  cou- 
leur. Bibl.  impér.  ; 

La  Mère  de  famille,  Mallet  inv.,  Roy  se.  In-i**  1.  lavis.  Elle 
suspend  une  pique  au-dessus  du  lit  où  sont  couchés  ses  quatre 
enfants. 

Dans  quelques-uns  de  ces  sujets,  comme  ceux  des  petites  pièces 
rondes,  qui  servaient  pour  des  fixés  de  bonbonnières,  ses  gra- 
veurs lui  donnaient  des  faux  airs  de  Prud'hon.  J'ai  trouvé  son 
nom  sur  une  seule  pièce  d'allégorie  révolutionnaire  :  la  Bienfai- 
sance ^  jeune  fille  en  costume  antique,  assise  vis-à-vis  d'un 
pélican. 

On  recherchera  davantage  les  sujets  où  le  dessinateur  s'est 
î*ervi  des  costumes  du  jour,  et  surtout  ceux  qui  ont  rencontré 
pour  graveur  Copia ,  tels  que  Julie,  ou  le  premier  baiser  de  l'a- 
mour,  in-f»  h.,  Chitechit  et  Par  ici,  deux  pièces  in-4®  h.,  tirées  du 
cabinet  du  citoyen  Darlet,  qui  nous  donnent  les  airs  provoquants 
et  les  toilettes  tapageuses  des  courtisanes  de  l'an  H. 

L'estampe  la  plus  intéressante  de  Mallet,  son  chef-d'œuvre, 
qu'on  peut  croire  à  la  signature  gravée  par  lui-même,  est  le  Bap^ 
tème  des  théophilanthropes  dans  le  temple  décadaire.  C'est  une  com- 
position de  douze  figures  principales  et  de  cinquante  figures  ac- 
cessoires, où  dominent  l'orateur  théophilanthrope  en  costume, 
étendant  les  bras,  la  femme  qui  offre  l'enfant,  les  parents  qui 
l'entourent  et  les  amis  disposés  en  groupes  animés  dans  les  diffé- 
rentes parties  de  l'église ,  toute  tendue  de  draperies  avec  les 
placards  du  nouveau  culte  :  a  Liberté  des  cultes.  Adorez  Dieu, 


190  ARTISTES.  ^  PEINTRES  DE  GENRE. 

((  Chérissez  vos  semblables.  Rendez-vous  utiles  à  la  patrie,  n 
dessin  D*y  manque  pas  de  style,  malgré  la  vérité  des  costumes».  ^^s«, 
et  la  gravure  en  est  faite  d'une  pointe  légère*  mais  notirne  eW'^smX 
expressive.  La  pièce«  grand  in-f»  l.,  est  signée  :  Mallet*  rua  Thé — ^^é- 
v0Qot«  et  porte  en  marge  an  chiffre  (TS  en  monogramme)  entounSL»  mé 
de  rayons*. 

Après  cet  éclat,  l'artiste  retomba  dans  les  pointillés  d'un  débita  m.  «it 
facile,  et  il  y  en  eut  pour  tous  les  goûts  :  la  Justice  et  la  ReligimiMr^smi 
recouvrent  leurs  droits,  gravé  par  Prot,  dédié  à  tous  Us  amis  de 
vârtu;  le  Lever  et  le  Coucher,  gravés  par  Chaponnier;  ia  Som- 


nambule, les  Cartes,  gravés  par  Cardon  ;  le  Bain  d'amour,  le  LU 
d amour,  gravés  par  Prud'hon  fils  ;  motifs  de  femmes  nues,  destinés^^^ 
aux  mansardes  des  vieux  garçons^  11  prolongea  sa  carrière  sous 
l'Empire,  et  produisit  même  alors  des  peintures  sur  des  sujet 
plus  sérieux,  qui  lui  valurent  des  médailles',  mais  qui  ne  l'onl 
point  classé  comme  peintre. 


BOILLY  '  travaillait  déjà  avant  la  Révolution  ;  nous  ne  le  voyoi 
se  produire  qu*au  Salon  de  1793  avec  de  jolis  tableaux  de  scèQ< 
familières  et  élégantes,  qui  offraient  un  contraste  singulier, 
avec  les  mœurs  réelles,  mais  avec  les  mœurs  que  des  républicains 
sévères  auraient  voulu  donner  à  une  société  régénérée.  Il  n*en 
recueillait  pas  moins  les  suffrages  des  amateurs  :  «  Voilà,  mes- 
dames, un  peintre  qui  doit  vous  être  bien  cher.  Voyez  vos  jolies 
perruques  blondes,  vos  châles  tissés  par  les  mains  d'Arachné, 
vos  longues  robes  à  la  Cyprienne,  vos  boudoirs  voluptueux,  vos 
toilettes  attrayantes;  tout  cek,  grâce  au  pinceau  de  Boilly,  vous 
méritera  dans  tous  les  âges  le  souvenir  des  coeurs  amoureux  de 
vos  charmes  ^.  » 

1.  U  y  en  a  deux  étate  :  le  deuxième  porte  le  nom  en  lettres  d'imprimerie  et 
l'adresse  :  u  Se  vend  chez  Tauteur,  rue  Glt-Ie-Cœur,  n**  1^.  »  (Coll.  Heonin.) 

2.  Dictionnaire  des  Artistes,  par  Gabet,  Paris,  1831,  in-S^. 

3.  Louis-L^opold  Bûilljr,  né  à  l.a  Bassée  en  1768. 

àé  Examen  critiqtie  et  concis  du  ScUon  de  l'an  IV,  par  Josepii  de  la  Serriez 
in-So* 


1 


LOUIS-LÉOPOLD   BOILLY.  Ifti 

tour  la  plus  grande  pc^ularité  de  l'artiste,  ses  compositions 
i^^^  plus  agréables  étaient  gravées  par  les  plus  habiles  faiseurs  en 
{pointillé  et  en  manière  noire,  sous  un  titre  agaçant  : 

Le  Cadeau,  par  Bonnefoy,  1793  ; 

Hormisoit  qui  mcU  y  pense,  par  le  même  ;  an  II  ; 

U Amant  favorisé,  par  Chaponnier  ;  in-f°  h.  ; 

La  Comparaisofi  des  petits  pieds,  par  le  même; 

Ça  ira,  par  Matbias;  in-f®  h.  ; 

Ça  a  été,  par  Texier  ;  in-f®  h.  ; 

La  Leçon  d'amour  conjugal,  par  Petit  ;  in^f®  K  ; 

ùifends-moi,  par  le  même;  in-f^  1,  ; 

Poussez  ferme  !  par  Petit  ;  in-f»  l.  ; 

ÂM  qu'il  est  sot!  par  le  môme  ;  in-f*"  l.  ; 

La  douce  Résistance,  par  Tresca  ;  in-f^  h.  ; 

On  la  tire  aujourd'hui,  par  le  même  ;  in-f°  h^ 

Ces  estampes,  et  d'autres  plus  vives  sans  doute,  garnissaient 
les  étalages  des  marchands  d'estampes  pendant  la  Terreur,  et 
plusieurs  scandalisèrent  les  Jacobins.  Boilly  fut  Tun  des  artistes 
dénoncés  par  Wicar  à  la  Société  des  Arts  pour  leurs  gravures  in- 
décentes. Il  vint  se  justifler  en  disant  que  a  jamais  il  n'a  dicté 
l^  titres'  qui  sont  au  bas,  que  ses  tableaux  ont  été  composés 
^vaott  la  Révolution,  et  qu'il  a  expié  les  erreurs  d'une  composi- 
^oa  un  peu  libre  en  exerçant  son  pinceau  d'une  manière  plus 
digne  des  arts,  et  il  invite  les  artistes  à  venir  dans  son  atelier 
r^c>i:ïnaître  la  vérité  de  ce  qu'il  avance*.  »  Prenons  l'excuse  pour 
ce  <ÏM*elJe  vaut,  et  ne  regardons,  dans  les  figures  de  Boilly,  que 
des  lignes  et  des  types.  Les  femmes,  que  nous  connaissons  depuis 
Gr^^ze  et  Fragonard,  y  prennent  des  façons  à  la  fois  plus  rafTi- 
né^^  et  plus  matérielles.  Leur  beauté,  tout  à  fait  affranchie  de  la 
gêt\e  des  paniers  et  des  baleines,  nous  donne,  de  la  passion 
coOttine  du  costume,  un  élégant  débraillé.  Ces  femmes  sans  corsets, 
(jO^  avaient  même  précédé  le  temps  des  sans-culottes,  paraissent 
jciavec  d'autant  pins  d'énergie  qu'elles  ont  pour  adversaires  de 

1.  Jùumat  de  la  Société  populaire  d$s  Arts,  p.  3S2« 


m  AnTÎStES.  ^  PEINTRES  DE  GENRÏ. 

très-jeunes  freluquets.  Le  plus  grand  tort  de  l'artiste  est  d'avoii 
été  trop  monotone  dans  ses  compositions. 

Des  compositions  patriotiques,  dont  Boilly  se  prévalait  pour 
faire  pardonner  ses  gaillardises,  nous  ne  connaissons  que  la  Co — ^ 
carde  nationale,  gravé  par  Augustin  Legrand,  et  le  PorU-drapeavm^ 
de  la  fêle  civique,  gravé  par  Copia.  C'était,  disait-on,  le  portraitV^î 
de  l'acteur  Chenard,  en  carmagnole  et  en  sabots,  tel  qu'il  avaitV 
ûguré  à  une  fête  donnée  sur  la  place  de  la  Révolution,  et  c'est,  de^ 
toutes  les  productions  de  Boilly,  celle  qui  paraît  le  plus  empreinte^s 
de  ridéal  révolu tfonnaire. 

Le  bon  temps,  pour  Boilly,  fut  celui  du  Directoire  et  du  Con- 
sulat. Quoiqu'il  fut  tenu  à  un  rang  inférieur  par  la  prépondérance 
des  peintres  d'histoire,  et  critiqué  pour  la  sécheresse  et  le  trop 
grand  poli  de  sa  peinture,  défauts  qui  l'avaient  fait  appeler  le 
ferblantier,  et  aussi  pour  la  monotonie  de  ses  figures^  : 

Il  me  souvient  de  ces  mi  dois, 
Je  les  ai  déjà  vus  cent  fois...  *. 

Ses  tableaux  avaient  toujours  leurs  succès  au  Salon,  et  il  est  à 
regretter  que  nous  n'ayons  plus  pour  juger  de  leur  mérite  que 
VAnHvte  de  la  diligence,  exposée  au  Salon  de  l'an  XII  et  conser- 
vée dans  un  coin  du  musée  du  Louvre.  Avec  quel  intérêt  nous  y 
regarderions  aujourd'hui  Vînttrieur  dun  atelier  de  peintre  *,  ou 
la  Galerie  du  palais  du  Tribunal,  qui  parurent  de  l'an  VI  à 
Tan  VllI. 

11  continua  de  fournir  aux  graveurs  en  pointillé  des  femmes 
en  perruque  blonde  et  robe  de  satin,  des  amoureux  en  frac  et  en 

1.  Sur  la  situation  des  beaux-^rts  en  France,  par  Brunn  Neergaard,  an  IX, 
in-80,  p.  66. 

2.  Les  Êtrivières  de  Juvénal  ou  Satire  sur  les  Tableaux  de  Van  K,  1796, 
in-12,  p.  6.  Despazes  disait,  dans  ses  Quatre  Satyres  : 

Ses  visages  ont  tous  la  fraîcheur  du  matin  ; 
Les  robes  qu'il  décrit  i6at  toutes  de  satin. 

3.  11  est  décrit  par  Brunn  Neergaard,  p.  65. 


^ 


SICARDI.  193 

hottes  à  revers.  Il  y  a  toutefois  quelques  modifications;  une 
nuance  marquée  de  délicatesse  et  de  mélancolie  a  remplacé  les 
;adrs  de  violence.  On  ne  les  voit  plus,  entraînées  par  une  passion 
fougueuse,  livrçr  à  un  amant  le  désordre  de  leur  alcôve.  Elles 
vivent  dans  la  solitude,  ou  l'attendent  au  coin  d*une  charmille,  en 
lisant  les  Passions  du  jeune  Werther,  et  montrant  seulement  par 
accident  la  finesse  de  leur  jambe  : 

La  Solitude,  gravé  par  Tresca,  in-i'*  h.; 

La  Précaution,  gravé  par  le  môme;  in-i®  h.  ; 

Im  Jarretière,  gravé  par  le  môme  ;  in-4®  h.; 

La  Sauvegarde  de  l'enfance,  gravé  par  Masolan;  in-ri"  h.  ; 

Le  jeune  Poêle,  gravé  par  Lévilly;  in-f®  h. 

Ses  costumes  ont  toujours  Tampleur  et  la  simplicité  des  pre- 
miers jours  de  la  Révolution,  et  il  n*a  abordé  les  modes  des  In- 
croyables que  par  dérision  : 

Levrette  habillée  à  la  grecque; 

La  Marche  incroyable,  gravé  par  Bonnefoy; 

Barbet  en  costume  élégant. 

Avec  son  talent,  Boilly  devait  réussir  particulièrement  dans  le 
portrait.  Il  exposa  en  Tan  VI  et  en  Tan  VIIl  ceux  d'£//mou,  de 
Boleldieu,  et  des  portraits  d'inconnus,  faits  chacun  en  une  séance 
de  deux  heures.  La  gravure  de  Clément  nous  a  conservé  la  Réu-- 
niond artistes,  assemblage  de  vingt-neuf  têtes  qui,  dans  la  variété 
de  leur  âge,  de  leur  coiffure  et  de  leur  physionomie,  nous  don- 
nent comme  un  portrait  unique  de  Tan  IX.  Nous  voyons  enfîn, 
dans  une  gravure  en  couleur  de  Levachez,  un  des  spectacles  les 
plus  courus  de  Tan  X  :  Buonaparte,  P'  consul,  à  la  revue  du  quin- 
Udi  !•'  messidor. 

SICARDI  ^,  peintre  en  miniature  de  Marie-Antoinette,  dépassa 
le  cadre  étriqué  de  son  genre  en  composant  des  sujets  mimiques 
en  demi-figures,  qui  furent  reproduits  par  les  plus  fins  graveurs 
au  pointillé  : 

I.  Sicard,  ditSicArdy  ou  Sicardi,  né  à  Avignon  yen  1746, ëlèye  de  son  père. 

13 


194 


ARTISTES.  —  PEINTRES   DE   GENRE. 


Oh  !  che  boccone,  Renard  sculp.,  1790  ;  in-h"*  h.  ; 

Corne  la  trovate,  Copia  sculp.;  in-Zi^  h.; 

Oh!  che  gusto^^Tevrier  sculp.,  1793;  in-i»  h,; 

Mirate  che  bel  visino,  Mécou  sculp.,  an  XII  ;  in-f". 

Herrot  y  fait  les  honneurs  de  Colombine  d'une  façon  très-a 
çante. 

Parmi  les  ouvrages  qui  se  rattachent  aux  événements,  on  pc^^^^^ 
signaler  un  portrait  de  Diweyrier,  secrétaire  de  l'Assemblée  c::^^^ 
électeurs  de  Paris  en  1789,  etc.,  dessiné  par  Sicardi  et  gravé 
Gaucher,  en  exécution  d*un  arrêté  de  l'Assemblée  des  électe 
en  1790;  un  portrait  de  Mirabeau,  gravé  par  Copia*  avec  ui 
minutie  de  traits  et  de  costume  plus  précieuse  qu'expressive, 
des  figures  de  la  Liberté  et  de  l'Égalité,  patronnes  des  França 
gravées  par  Beljambe,  où  Ton  reconnaît  trop  le  type  de  sa 
iombine.  Elles  eurent  un  succès  prodigieux;  leur  jolie  tournuc 
suscita  de  nombreuses  copies  chez  Villeneuve  et  autres  m 
chands  de  gravures  populaires  *. 

Tous  les  Salons  de  la  République,  à  partir  de  Tan  V,  contie 
nent  des  ouvrages  de  Sicardi,  portraits  en  miniature,  à  l'hui 
ou  en  dessin.  Les  seuls  nommés  sont  ceux  du  C.  Mole,  en  l'an 
et  de  la  citoyenne  Devienne,  en  l'an  Vil.  Son  tableau  le  plus 
rieux,  exposé  en  Tan  V,  représentait  un  Trait  historique  de 
guerre  de  la  Vendée  :  Le  canonnier  Guedeperse  caché  et  pai 
par  une  jeune  fille  de  la  commune  de  Vitré.  Mais  les  pencha 
de  l'artiste  étaient  évidemment  vers  les  sujets  d'une  sentimen 
lité  moins  héroïque;  il  exposa  dans  les  Salons  suivants:  deux 
fants  dénichant  des  tourterelles,  et  l'un  d'eux  éprouvant  pour 
première  fois  la  sensibilité  de  son  cœur;  Pierrot,  avec  son  ûl/^, 
dans  la  cuisine  de  Colombine. 

Sicardi  trouva  encore  alors  des  graveurs  fort  agréables  :  Rog^/*, 
son  élève  Mécou,  Bertonnier,  Roy,  pour  reproduire  ses  scènes 
mimiques  et  les  portraits  d'actrices,  où  se  résume  le  plus  déûfli 


r 

rs 

ne 

et 


re 
ar- 


n- 
ile 
VI, 
se- 

-/fi 
se 
ts 

ta- 

'0- 


k 


3f»^ 


1.  Mirabeau  Vaine,  peint  par  Sicardi,  gravé  par  Copia,  en  couleurs,  în-4*h.^ 
à  Paris,  chez  raiiteui%  et  chez  Joffrais,  marchand  d'estampes. 

2.  'V.  TannoDce  dans  le  Moniteur  :  à  Sans-Culotide  an  //. 


PlAT-JOSEPfl   SAUVAGE.  195 

de  son  talent  :  if "«  Jh.  Bourgoin,  ovale  gravé  par  Roy;  !/"•  Bour- 
goin,  dessiné  et  gravé  par  Bertonnier,  in-4^  :  buste  nu  dans  les 
nuages,  une  étoile  sur  la  tôte. 

SAUVAGE*,  académicien  depuis  1783,  avait  mis  en  vogue  un 
genre  de  peinture  imitant  les  bas-reliefs  de  bronze,  de  terre 
cuite  et  de  marbre^  dont  tous  les  critiques  de  Salons  admirent  la 
parfaite  ressemblance.  C'étaient  des  sujets  de  sacrifices  antiques, 
de  bacchanales,  de  femmes  jouant  avec  des  enfants.  Ces  ouvra- 
ges, qui  ornèrent  les  Salons  de  1791  à  Tan  Xlï,  servirent  de  mo- 
dèles à  quelques  graveurs  en  couleur,  tels  que  Sophie  Janinet. 
il  faisait  aussi  des  miniatures,  dos  camées  et  des  peintures  sur 
porcelaine.  Les  sujets  les  plus  piquants  que  je  trouve  traités  dans 
ce  genre  sont  de  Tan  Vill  :  Minei-ve  donnant  une  leçon  de  folie,  et 
Vénus  donnant  une  leçon  de  sagesse. 

Plusieurs  de  ses  portraits,  antérieurs  à  la  Révolution,  ont  été 
gravés  par  Aug.  de  Saint-Aubin.  Les  plus  intéressants  sont  ceux 
de  Daubenton,  1788,  et  de  Delarive, 

Citoyen  vertueux,  acteur  sublime  et  tendre... 

P.  Sauvage  pinxit,  Aug.  de  Saint-Aubin  sculp. 

Les  petites  figures  de  femmes  et  d*enfants  antiques  prêtaient 
facilement  à  des  allusions  révolutionnaires,  et  il  eii  arrangea 
quelques-unes  qui  furent  flattées  par  le  pointillé  de  Copia  : 

La  Liberté,  femme  assise  tenant  le  bonnet  au  bout  d'une  ba- 
guette et  une  couronne  suspendue  sur  un  autel.  Médaillon  rond. 
Il  y  en  a  une  autre  estampe  au  pointillé  tricolore  par  Ressent, 
qui  a  un  cadre  à  vignettes  de  chêne,  historié  de  quatre  petits 
médaillons:  le  coq,  le  lion,  le  Génie  des  rois  et  le  Génie  du 
peuple.  Elle  a  pour  titre  :  la  Liberté  couronnant  l'Égalité. 

UÉgalitéy  femme  agenouillée  devant  un  autel  et  le  triangle 
rayonnant,  1792;  médaillon  ovale. 

Aux  vainqueurs  d'Albion.  Un  Génie  monté  sur  .un  léopard;  mé- 
daillon rond. 

1.  Piat-Joseph  Sauvage,  né  à  Tournay,  élève  de  Guérard  d'Anvers. 


196 


ARTISTES.  —  PEINTRES  DE  GENRE. 


Le  Cauchemar  de  l'Aristocratie.  Médaillon  ovale. 

H  fît  avec  le  même  graveur  les  Martyrs  de  la  Liberté,  bustes 
accolés  de  Marat  et  de  Lepelletier  dans  un  médaillon  rond,  pro- 
fils fins,  exécutés  avec  un  pointillé  moelleux  relevé  de  tailles. 

Les  circonstances  changées,  Sauvage  prit  part  à  la  réaction  en 
composant  une  allégorie  :  Une  femme  expirant  sur  un  canapé, 
sous  lequel  sont  les  débris  de  Tautel  et  du  trône,  ovale  en  1., 
gravé  encore  par  Copia,  et  en  dessinant  un  médaillon  à  trois  por- 
traits, qui  rencontra  plusieurs  graveurs  : 

Louis  XVI,  Marie-Antoinette  et  le  Dauphin,  gravé  par  Saint- 
Aubin  ;  in-Zi^  et  in-12.  Cet  état  est  peut-être  antérieur  à  la  Révo- 
lution ; 

Louis  XVI,  médaillon  suspendu  à  un  tombeau,  avec  urne  et 
inscription,  gravé  par  Saint-Aubin; 

Louis  XVI,  avec  la  scène  de  la  séparation  dans  la  prison  du 
Temple,  pointillé  anon.  in-8®  ; 

Louis  XVI,  en  couleur,  Ruotte  sc; 

Louis  XYI,  avec  Tinscription  : 

Triomphez  aujourd'hui,  généreuses  victimes... 

Verzyfecit; 

Louis  XV U  Marie-Antoinette;  deux  médaillons  sur  la  même 
feuille,  in-8*  1.  A  Paris,  chez  Vérité. 

Sauvage  quitta  Paris  en  1808,  appelé  à  Toumay,  sa  ville  na- 
tale, pour  y  être  professeur  de  dessin,  et  il  vendit  à  cette  occa- 
sion ses  tableaux,  gouaches  et  études,  dont  la  notice  '  ne  nous  a 
pas  donné  une  seule  des  pièces  dont  nous  avons  pu  lui  faire  un 
œuvre. 


1.  Catalogué  des  Tableaux,  Gouaches,  etc.,  composant  le  cabinet  et  Us 
études  de  M.  Sauvage,  artiste,  chez  PaiUet,  1808,  in-8«. 


6.  —  DESSINATEURS. 


^ï^AGONARD  fils*  est  déjà  inscrit  parmi  les  artistes  qui  ont 

eMH>s^  des  ouvrages  au  Salon  du  Palais  national  des  Arts,  le 

\^  ^oût  1793,  comme  âgé  de  douze  ans  et  logé  aux  Galeries  du 

V^^>rre  chez  le  citoyen  son  père.  Ses  premiers  dessins,  exposés 

^^  Salon  de  Tan  IV,  paraissent  composés  sous  Tinfluence  pater- 

t^^We;  ce  sont  des  sujets  tirés  des  Idylles  de  Théocrite,  une  Nymphe 

f^ant  les  ailes  de  V Amour  çt  les  Égarements  de  Vamour,  Il  prit 

de  bonne  heure  des  leçons  de  David ,  et  l'on  s'en  aperçoit  aux 

dessins  qui  figurent  au  Salon  de  Tan  V  :  César  et  Cinna;  le  pre- 

fnier  Athénien  parricide  condamné  à  mourir  de  faim  et  privé  de 

sommeil  auprès  du  cadavre  de  son  père. 

Les  premiers  ouvrages  de  lui,  qui  furent  {K)pularisés  par  la 
gravure,  sont  de  grands  modèles  de  figures  républicaines  : 

La  Liberté,  —  l'Égalité,  —  Fragonard  fils  inv..  Allais  sculps.,  à 
Paris,  chez  Bance,  in-jp>  h.  ; 
La  Liberté,  figure  assise;  Fragonard  fils  del..  Allais  se,  in-h'*; 
La  Vérité,  Mariage  sculp.  ; 

Le  Génie  français  adopte  l'Égalité  et  la  Liberté.  Il  est  assis  au 
milieu  et  étend  les  mains  sur  ces  deux  figures.  In-^  1.  Gravé  par 
Mariage  ; 
Le  Peuple  français,  génie  ailé ,  assis,  nimbé  de  la  foudre,  éten- 

1.  Alexandre-ÉTariste  Fragonard,  né  à  Grasse  en  1783  (Gabet).  —  Suivant 
W.,  je  Taurais  traité  trop  bien;  il  fit  plus  de  peintures  que  Je  n  ai  dit,  eut  de 
grandes  commandes, peinture  et  architecture,  sous  l'Empire  et  la  Restauration, 
fit  une  grande  fortune  quMI  mangea,  etc. 


198  ARTISTES.  —  DESSINATEURS. 

dant  les  mains  sur  deux  figures  debout  de  la  Liberté  et  de  l'Éga- 
lité. In-f»  larg.,  pointillé,  anonyme; 

Les  Droits^  de  VHomm^,  stèle  avec  placar^d,  ornée  de  deux 
cariatides. 

Ces  figures  nous  représentent  des  statues  de  granit  dans  une 
pose  égyptienne,  avec  des  draperies  amples,  des  extrémités  sa- 
vantes et  des  formes  dont  TAntiquité  n'avait  pas  donné  le  modèle. 
On  l'es  dirait  prises  plutôt  de  ces  blondes  colossales  du  Palais- 
Égalité  dont  parle  M.  MicheletS  filles  Atlas,  qui  ont  porté  le 
poids  de  la  débauche  révolutionnaire;  Tartiste  a  su  pourtant 
encore  les  idéaliser,  mais  dans  la  même  pensée  qui  avait  inspiré 
André  Chénier  composant  le  poëme  de  la  Nature  et  décrivant  la 
Terre  au  printemps,  alors  que  Jupiter 

De  sa  puissante  épouse  emplit  les  vastes  flancs*. 

Il  fit  4axis  le  même  temps  deux  compositions  révolutîoanaires 
pour  servir  de  frontispice  aux  Tableaux  de  la  Révolution  fnmr 
çaise  : 

Le  Triomphe  de  la  Liberté,  gravé  à  Teau-forte  par  Coiny  et  ter- 
miné par  Malapeau.  In-f^  h.  ; 

La  République  française,  gravée  par  Copia;  in-f®  1. 

Il  y  a  ici  une  ^crète  imitation  des  bas-reliefs,  —  des  contours 
angulaires,  des  formes  longues,  des  nerfs  tendus,  des  profils 
aigus.  Fragonard  dessina  aussi,  avec  beaucoup  de  maigreur,  quel- 
ques scènes  des  Tableaux  de  la  Révolution  :  Condor  cet  se  donnanl 
la  mort  dans  sa  prison,  gravé  à  Teau-forte  par  Duplessis-Ber- 
taux,  terminé  par  Berthault,  et  une  composition  qui  eut  beaucoup 
de  popularité  au  moment  de  la  réaction  thermidorienne  :  L'Inté- 
rieur d'un  Comité  révolutionnaire  sous  la  Terreur,  avec  la  légende  : 
Ici  on  ce  tuloyent;  —  fermez  la  porte  s'il  vous  plaît  !  gravé  à  Teau- 
forte  par  Malapeau,  et  terminé  par  Berthault. 

1.  Histoire  de  la  BévoluHon,  t.  V,  p.  32. 

2.  Poésies  d'André  Chénier,  Paris,  1840,  in-12,  fragoienu  d'Hwrmès, 
p.  194. 


ALEXANDRE-EVARISTE   FRAGONARD.  199 

Le  citoyen  Ducancel  venait  de  faire  jouer  au  théâtre  des  Va- 
riétés, eD  floréal  an  III,  l'Intérieur  des  comités  révolutionnaires^ 
hne  de  ces  pièces  où  l'on  s'étonnerait  de  rencontrer  tant  de  stu- 
pidités calomnieuses,  si  l'on  ne  savait  comment  le  public  se 
laisse  quelquefois  berner,  et  si  Ton  n'avait  pas  vu  un  auteur  dra- 
matique, de  la  même  force  que  Ducancet,  M.  Clairvilie,  traduire 
sous  les  travestissements  les  plus  absurdes  les  hommes  les  plus 
probes  de  18&8.  Fragonard  n'en  agit  pas  autrement;  les  Terro- 
ristes revêtent  dans  sa  planche  un  air  de  Croquemitaine  à  effrayer 
des  enfants.  La  réprobation  publique,  qu'ils  n'avaient  que  trop 
méritée,  s'empara  de  ce  type,  mais  il  est  tr^s-loin  de  la  vérité, 
et,  môme  comme  charge,  ne  saurait  compter  dans  l'art. 

Lee  Salons  de  la  République  ne  montrèrent  ensuite  Fragonard 
que  dans  des  dessins  d'Amours  et  de  Psychés  et  dans  quelques 
portraits.  Il  avait  conquis  une  place  à  côté  d'isabey,  de  Henry  et 
de  Hilaire  Ledru.  Les  graveurs  au  pointillé  s'attachèrent  à  ses 
sujets  dans  beaucoup  d'estampes,  qui  se  tinrent  toujours  à  une 
poétique  plus  élevée  que  celles  de  Mallet,  mais  essayèrent  vaine- 
ment de  rivaliser  avec  celles  de  Prud'hon  : 

L* Amour  enseignant  à  danser  à  vme  jeune  fiUe.  Commencé  par 
Copia,  terminé  par  Roger,  in-^  h.  ; 

Jeune  fille  enlevée  par  l'Amour.  Gravé  par  B.  Roger.  Imprimé 
par  Oien. 

Os  deux  charmantes  pièces,  dont  les  dessins  furent  exposés  en 
l'an  YI ,  sont  la  fleur  de  l'œuvre  de  Fragonard. 

Après  Mariage,  Copia  et  Roger,  Fragonard  eut  encore  la  chance 
de  rencontrer  un  autre  graveur  à  sa  main,  Castel^  qui  était  du 
même  pays  que  lui  et  son  élève  : 

Vénus  à  la  coquille.  Gravé  par  Castel,  déposé  à  la  Bibl.  natio- 
nale. In-f°  h.; 

Par  eux  l'Amour  Véclaire,  Gravé  par  Castel.  In-f*»  h.; 

Atala. 

Pour  connaitre  ce  que  Fragonard  put  faire  encore  dans  cette 
période,  il  faudrait  chercher  les  sujets  des  vignettes  qu'il  des- 
sina pour  plusieurs  ouvrages»  et  qui  furent  gravées  par  Roger, 


200  ARTISTES.  —  DESSINATEURS. 

Tardieu,  Dupréel,  Duval,  Pauquet.  J'en  ai  vu  beaucoup,  sans 
savoir  toujours  à  quel  livre  elles  appartiennent;  elles  se  distin- 
guent par  leur  composition,  d'un  style  toujours  élevé,  par  la  pro- 
portion allongée  des  figures,  par  la  gracilité  et  le  vêtement  dia- 
phane des  femmes. 

La  carrière  de  Fragonard  se  prolongea  longtemps  encore  sous 
l'Empire  et  sous  la  Restauration.  On  a  cité  les  tableaux  qui  lui 
valurent  des  médailles  et  la  croix,  et  même  des  statues  pour  des 
monuments  publics.  Ces  ouvrages,  où  se  décèle  trop  la  commande 
des  événements  politiques  les  plus  éphémères  etles  moins  inspira- 
teurs, furent  gravés  par  Lignon,  Girardet,  Giraud,  Allais,  Benoist. 
Lorsque  la  lithographie  fut  venue  donner  aux  dessinateurs  un 
moyen  facile  de  se  produire  eux-mêmes,  il  ne  dédaigna  pas  ce 
moyen  pour  des  sujets  d'anecdote  historique  ou  de  mythologie 
classique;  malgré  le  disparate,  il  y  resta  toujours  quelque  chose 
d'un  artiste  ingénieux  doublé  d'un  dessinateur  guindé. 

CARLE  VERNETS  prix  de  peinture  en  1782,  marié  en  1787 
avec  la  fille  de  Moreau,  et  agréé  de  l'Académie  de  Peinture  en  1789, 
avait  exposé,  au  Salon  de  1791 ,  le  Triomphe  de  Paul-ÉmUe  aprt^  la 
défaite  de  Persèe,  composition  d'une  multitude  de  figures  où  les 
contemporains  admirèrent  de  belles  masses,  des  détails  bien 
variés,  des  têtes  de  caractère  et  un  dessin  très-fini,  et  où  la  cri- 
tique la  plus  sagace  de  notre  temps  a  reconnu  un  exemple  de  la 
transition  entre  l'ancien  style  français  et  les  idées  nouvelles  re- 
présentées par  l'école  de  David,  une  composition  à  la  fois  simple, 
rëelle  et  noble,  remarquable  par  le  costume  des  figures,  l'allure 
vraie  et  vive  des  chevaux  *. 

Aux  Salons  de  1793'  et  de  l'an  IV,  il  ne  fit  que  mieux  marquer 
cette  vocation  pour  les  sujets  de  chevaux,  en  exposant  une  Course 

i.  Charles-Horace  Vernet,  né  à  Bordeaux  en  1758,  élève  de  Lépicié. 

2.  Histoire  des  Peintres  de  toutes  les  écoles,  Carie  Vernet,  in-4«,  p.  4. 

3.  An  H.  Une  Chasse  dans  le  genre  anglais  :  v.  Explication  du  Sahn  de 
mZ,  n°  197. 


CARLE  YERNET.  2(H 

de  char,  une  Chasse,  les  Courses  de  chars  ordonnées  par  Achille 
ptnsr  les  funérailles  de  Palrocle.  Un  critique  du  Salon  de  Tan  IV 
exprimait  son  admiration  en  ces  termes  :  «  Voilà  toute  la  séduc- 
tion du  dessin,  exprimée  ici  avec  la  hardiesse  de  Garrache,  mais 
J«  Voudrais  dans  ce  tableau  plus  de  fonte*.  »  Le  Magasin  encyclo^ 
V^^ique  parlait  des  Courses  de  chars  avec  moins  d'indulgence  : 
*  ï^apiUottage,  pinceau  sec,  ton  des  chairs  trop  rouge  *.  »  La 
^^cLde  n'en  disait  pas  plus  de  bien  :  «  Comment  décrire  un 
^^^eau  qui  n'offre  que  des  objets  entassés  et  confus,  des  hommes, 
*^  femmes,  des  enfants,  des  chars,  des  chevaux,  des  lances,  des 
boucliers,  des  casques,  des  tuniques,  des  manteaux ,  bien  neufs, 
Wen  éclatants  de  couleurs'?  » 

Ces  tableaux' né  furent  pas  gravés,  et  Vernet  ne  prit  pas  autre- 
ment part  au  premier  mouvement  de  la  Révolution,  à  laquelle  il 
resta  d'ailleurs  hostile,  par  des  motifs  personnels  que  ses  biogra- 
phes ont  racontés,  ce  qui  ne  l'avait  pas  empêché  d'obtenir  un  prix 
de  9,000  francs  au  Concours* de  l'an  III.  Mais,  la  Terreur  passée, 
il  devint  l'un  des  brillants  muscadins  de  Paris,  le  dessinateur  le 
mieux  posé  de  ses  chevaux ,  de  ses  carrosses  et  de  ses  ridicules. 
Il  ne  manqua  pas  dès  lors  de  graveurs;  ses  dessins,  au  crayon 
noir  ou  à  l'encre  de  Chine,  passaient  sans  grand  dommage  dans 
leurs  pointillés  et  leurs  lavis.  C'étaient  principalement  des  sujets 
de  chevaux,  des  Courses,  le  général  Moreau  et  le  général  Bonaparte^ 
les  Exercices  de  Franconi,  gravés  par  Darcis,  Schenker,  Leva- 
chez,  Allais,  Debucourt  et  M"«  Fanny  Vernet.  La  plus  grande 
innovation  qu'il  apporta  fut  dans  la  représentation  des  chevaux, 
en  substituant  l'étude  du  cheval  anglais  de  course  au  modèle 
du  cheval  allemand  de  manège  qui  était  classique  en  France. 
Deux  sujets  historiques,  exposés  au  Salon  de  l'an  IX,  ne  sortaient 
pas  de  ce  genre  :  La  Mort  dHippolyte  ;  un  Conducteur  de  chars, 
venant  de  remporter  le  prix  de  la  course ,  ramène  avec  lui  sa  com- 

1.  Examen  eritiqu»  et  concis,  par  J.  de  La  Serrie. 
3.  Mageuin  encyclopédique,  t.  IV,  an  IV,  in-8**. 
3.  La  Décade  phUosophique,  t.  VII,  an  IV,  in-S*». 


1NÏ2  ARTIS.TES.  —  DESSINATEURS. 

pagne,  Cétaît  ausM  des  sujets  d6  batdilles,  et  ses  de^dins  de  la 
campagne  d'Italie  briHèrent  au  Salon  de  Tan  XIÏ. 

Tablecmx  historiques  des  campagnes  et  rèvolulions  é^ Italie,  pen* 
dant  Us  ans  ÎV,  V,  VI  et  VIF  de  Vère  républicaine,  23  gravures 
de  35  cent,  sur  25  cent.,  par  les  premiers  artistes  de  Paris,  sur 
les  dessins  de  Carie  Vernet.  Us  sont  annoncés  dans  le  MùnUeut 
du  11  messidor  an  VU,  et  ont  été  l'objet  d'un  rapport  de  Garât  a« 
Conseil  des  Anciens,  le  9  prairial  an  Vil*  : 

En  frontispice,  le  général  Bonaparte  à  chevdU,  couronné  par  une 
Victoire  qui  le  suit,  gravé  par  Roger; 

!'•  livraison  :  Batailles  de  Millesimo,  de  Mondovi;  prix  10  fr., 
avec  un  discours  rédigé  par  un  homme  de  lettres. 

Je  n'attache,  pour  ma  part,  aucun  intérêt  à  ces  représentations 
de  batailles,  qui  sont  faites  de  chic;  mais  on  remarquera  toujours, 
dans  ce  recueil,  les  scènes  révolutionnaires  et  les  fôtes  : 

Entrée  des  Français  à  Milan; 

Entrée  des  Français  à  Venise  ; 

Fête  de  Virgile  à  Mantoue,  le  2l\  vendémiaire  an  VI,  gravée  par 
Niquet  ; 

Proclamation  de  la  République  romaine,  an  VI,  C.  Vemet  del. 
et  inv.,  l'an  10;  Malbesle  se.  aqua-forti,  l'an  10  de  la  R.  F. 

Les  eaux-fortes  sont  ordinairement  de  Duplessis-Bertaux,  et  les 
terminaisons  de  Simon,  Masquelier,  Choffart,  Saint-Aubin,  Dam- 
brun,  Delaunay  jeune.  On  en  refit  le  titre  sous  l'Empire  (Compo- 
gnes  de  Napoléon  le  Grand,  1 806),  avec  portraits  en  médaillon  de 
l'Empereur  et  de  l'Impératrice  et  une  jolie  eau-forte  de  Duplessis, 
la  Bataille  des  Pyramides. 

La  popularité  la  pins  bruyante  avait  accueilli  le  talent  de 
Vernet,  au  Salon  otl  il  avait  exposé  les  Incroijabks  et  les  Mer- 
veilleuses, qui  furent  gravés  par  Darcis,  reproduits  et  imités 
par  beaucoup  d*autres  dans  tous  les  formats.  Ces  types  ont 
conquis  leur  immortalité  dans  les  annales  du  costume  et  des 
mœurs,  comme  avaient  fait,  dans  leur  temps,  les  Capitaas  elles 

1.  Moniteur  du  il,  n«  'i^l,  p.  iOSl. 


JKAN-BAPTISTE  I5ABEY.  ^WZ 

Prédeiises  de  Bosse,  les  Mexzetiiis  et  les  Coquettes,  de  Giliot. 

Ce  n*est  pas  sèatement  par  Thabit  que  les  Incroyables  iDtâre»« 
sent,  Tesprit  de  l'auteur  respire  aussi  dans  leur  attitude  et  leur 
physionomie;  un  dessin  cassant,  un  air  éventé  y  accusent  aussi 
merveilleusement  Tesprit  du  temps.  Vemet  se  répandit  dans 
beaucoup  d'autres  figures  de  char^s  qui  rentrent  dans  Tbistoire 
des  mœurs,  mais  jamais  il  ne  retrouva  la  verve  de  sa  jeunesse 
du  Directoire;  il  ne  nous  appartient  pas  de  suivre  le  peintre  de  la 
Restauration. 

Je  rappellerai  encore ,  parmi  les  ouvrages  de  ses  premiers 
temps  : 

Congé  absolu.  République  française,  Constitution  de  Pan  III, 
dessiné  par  Carie  Vernet,  gravé  par  Godefroy.  La  République 
entre  deux  Victoires,  assise  sur  un  stylobate  au  pied  duquel  un 
cavalier  et  un  fantassin.  Belle  pièce  en  largeur  ; 

La  Brodeuse^  la  Vielleuse ,  gravées  en  couleur  par  Scbenker; 

Promenade  au  haras,  gravé  par  Duplessis-Bertaux  et  ChofTard, 
1805  et  1806,  in-8  I.  ; 

Les  Anglais  à  Paris,  venus  à  la  paix  d'Amiens. 

Il  eut  le  bonheur  de  rencontrer  un  graveur  spirituel  dans 
Debucourt,  devenu  incapable  d'iftventer  pour  lui-même,  et  ses 
lavis  faciles  aidèrent  au  succès  de  pièces  très-variées  : 

Route  de  Saint-Cloiui  ; 

Amazone  et  Cavalier  anglais; 

Cris  de  Paris; 

Exercices  de  Franconi;  ^ 

Les  Anglais  en  habit  habillé  ; 

La  Toilette  dun  clerc  de  procureua- ; 

Le  jour  de  barbe  d'un  charbonnier. 

ISABEY.  La  fleur  des  pois  parmi  les  dessinateurs  de  l'école  de 
David  fut  Isabey  *.  Fils  d'un  mirchand  d'estampes  en  cou- 
leur de  la  rue  de  Gesvres,  il  fut  membre  de  la  Société  populaire 

i.  <I»»-Bapt>sle  Isabejr,  né  à  Nancy  cq  1767,  mort  ea  iSS6,  élève  de  Dsrld. 


204  ARTISTES.  *-  DESSINATEURS. 

des  Arts,  eU  dans  la  discussion  sur  les  costumes,  il  demand 
qu'on  s'occupât  d'abord  du  costume  militaire  ^  Il  ne  pouvais^ 
fleurir  que  sous  le  Directoire  et  le  Consulat.  Je  ne  sais  si  l'o 
trouvait  quelque  sujet  révolutionnaire  dans  les  dessins  ex 
sans  désignation  dans  le  Salon  de  l'an  II  ;  on  voit  seulement,  a 
Salon  de  l'an  IV',  parmi  les  dessins  au  crayon  qu'il  exposa,  e 
même  temps  que  des  portraits  en  miniature,  un  jeune  hom 
partant  pour  VarmèCy  et  un  jeune  homme  revenant  de  V armée;  e 
au  Salon  de  Tan  VI,  la  Barque,  les  Bosquets  de  M^  Campan.  G 
simples  compositions,  dans  un  ton  en  contraste  avec  les  efforts 
de  tant  d'autres,  lui  conquirent  tous  les  suffrages  et  tous  l 
cœurs.  11  renouvela  le  succès  de  la  Barque  au  Salon  de  l'an  XII 
en  en  expo.sant  la  gravure.  «  Cet  artiste,  jeune  encore,  a  attei 
le  premier  degré  de  son  art,  »  disait  Landon  en  reproduisant  so 
dessin  de  la  Barque^.  I^es  critiques  rimeurs  du  temps  lui  d 
obèrent  leurs  petits  vers  : 

Ha!  comme  il  me  séduit!  que  ses  contours  sont  fins! 
Quel  faire  plein  de  goût!...  Ho!  le  charmant  génie! 
Esprit,  correction,  facilité,  fini, 
Grâces  et  sentiment,  il  a  tout  réuni. 

Ltt  Étrivières  de  Juvénal,  an  V,  p.  91. 

Toi  dont  le  délicat  pinceau. 

Rival  heureux  de  la  nature. 

Nous  la  montre  toujours  en  beau,  etc. 

Arlequin  au  Muséum,  an  XII,  p.  21. 

Ce  joli  talent,  qu'Isabey  trouva  moyen  de  porter  dans  la  repr^""^^ 
senlation  d'une  Revue  du  premier  Consul  en  1799  *,   et  ei^^ 

1.  Journal,  p.  258. 

2.  De  La  Serrie,  an  IV  :  «  Isabey!!!!  il  surpasse  Clincbetet  et  la  belle  Ro- 
salba,  et  de  plus  il  balance  Petitot.  »  Examen  critique  et  concis  des  ptus  beaux 
ouvrages  exposés  en  l'an  IV,  1795. 

3.  Annales  du  Musée. 

4.  Vernet  et  Isabey  travaillèrent  ensemble  à  un  dessin  des  plus  considéra- 
bles (5  pieds  de  long  sur  4  de  haut),  exécuté  au  lavis  et  au  crayon,  ayec  lea 


JKAN-BAPTISTE   ISABEY.  M5 

suite  tune  VisUe  de  V Empereur  à  la  manufacture  de  Sèvres,  le 
la,  comme  on  sait,  aux  titres  de  Peintre  des  relations  exté- 
res,  des  cérémonies,  du  Cabinet  de  l'Empereur,  de  Directeur 
décorations  de  TOpéra,  et  enfin  de  Peintre  du  Roi.  Il  n'en 
lit  pas  heureusement  Thabitude  des  dessins  de  sujets  fami- 
},  et  là  fut  toujours  son  plus  grand  charme, 
vogue  de  la  gravure  au  pointillé,  servie  par  d'habiles  des- 
sinateurs, suscita,  dès  les  premières  annéas  de  la  Révolution,  un 
geft-kre  de  dessins  au  crayon  plus  finis  que  ceux  qui  avaient  tou- 
jo  Cl  X3  été  usités  parles  peintres.  Isabey  et  Fragonard  y  avaient 
rév^ssi  fort  jeunes  aux  Expositions  de  Tan  II  et  de  Fan  IV.  Les  cri* 
tîq  ues  de  l'an  VIII  et  de  Tan  XII  s'élevaient  déjà  contre  les  dessins 
pointillés,  qu'ils  appelaient  a  le  marivaudage  de  la  peinture  ^  » 
Dtereisur  le  port  de  Cherbourg,  in-f**  I.,  gravé  par  Piringer. 
I^  Coup  de  vent,  femme  vêtue  à  la  légère  et  serrant  son  enfant 
contre  son  sein,  gravé  par  Aubertin,  grand  in-f®  1. 

l^  Départ,  le  Retour,  gravés  par  Darcis  (chez  Basan  jeune,  chez 
M**  Darcis  et  chez  Isabey)  avec  beaucoup  de  charme,  ont  le  tort 
de  rappeler  des  estampes  anglaises  qui  ne  brillent  que  par  Texé- 
cuiion  ;  mais  il  y  a  ce  qu'on  prisait  alors  par-dessus  tout,  du  sen- 
timent. 

'-^  dessin  au  pointillé  de  crayon  réussit  beaucoup  dans  le  por- 
^^^t^   «t  Isabey  y  apporta  une  légèreté  que  ses  graveurs  cherchè- 
'^'^^  ^  rendre.  On  connaît  : 
^«    conventionnel  Goujon,  gravé  par  Bonneviile,  an  IX  ; 
^^^iry,  gravé  par  J.-P.  Simon.  Déposé  à  la  Bibl.  imp.  ; 


aa  pioceau,  et  représentant  la  grande  parade  qui  avait  lieu  le  quintidi 

à^  ^^^^«|ue  décade,  dans  la  principale  cour  des  Tuileries,  en  présence  du  pre- 

1^^^^^  Oooftul;  plus  de  trétite  personnages  à  cheval,  et  Buonaparte  d*une  ressem- 

^'^^^^^^  parfaite.  Têtes  et  architecture  d'Isabey,  chevaux  et  le  reste  de  Vernet. 

^''^^  dans  une  exposition  payante  de  Tan  VIII  {Lettres  d*un  Danois,  p   110). 

«^^V  y  en  a  au  Louvre  un  croquis  plus  petit,  où  Ton  reconnaît  un  fond  et  des 

t^i^  dlsabey,  et  des  chevaux  de  Vernet,  touchés  avec  beaucoup  de  localisa- 

^  et  tfesprit. 

1*  PeUtêS  Vérités  au  grand  jour,  an  Vin,  in-12,  p.  88. 


306  ARTISTES.  —  DESSINATEURS. 

B^napartô,  ^emùr  œnsul,  par  A.  Tardiea,  an  IX  ; 

Bosquilhn,  professear  au.  Collée  de  France»  par  Saiot-Aubi 
1798; 

Pamy  (Collection  Laterrade,  2*  partie)  ; 

Hubert  Robert,  par  Miger,  an  VII  ; 

/.  L  B.  (Lebarbier  de  Yalbonne),  par  Aubertin,  en  habit 
perruque  de  hussard,  et  fumant. 

Il  dessina  pour  quelques  graveurs  de  vignettes  : 

M^^  Sombreail  sauvant  son  père  aua  massacres  de  S^fUembr 
gravé  par  Duplessis-Bertaux  ; 

Louis-Philippe  Ségur,  grand*maStre  des  cérémonies  ;  gravé 
Urbain  Massard. 

Les  Tombeaux  de  Paul  et  Virginie,  gravés  par  Bovinet. 

La  Barque  et  le  petit  Fumeur  ont  été  gravés  par  Aubertr/7 
(Salon  de  l'an  XII). 

La  Duchesse  de  Courlande,  par  Mécou,  1815. 

BOSIO.  «  Je  veux  faire  du  grec  pur,  »  disait  David  à  ses  élèves, 
,  et  l'un  d'eux,  professeur  de  dessin  à  TÉcole  polytechnique  depuis 
sa  création  en  Tan  II,  donna  la  mesure  des  lignes,  des  muscles, 
des  attaches  et  des  formes ,  prises  sur  les  plus  belles  statues  ami. 
ques,  pour  servir  de  principes  à  toutes  ses  leçons ^  Ne  croirait-on 
pas  que  ce  traité  élémentaire  va  être  dégagé  de  toute  manière?  Il 
n'en  est  rien  pourtant.  Les  figures,  d'ailleurs  correctes  et  finies, 
qui  ont  été  dessinées  par  Bosio,  sont  toutes  empreintes  du  type 
adopté  par  David  dans  les  Babines  et  Léonidas,  en  même  temps 
que  de  la  physionomie  qui  courait  les  rues  vers  Tan  VIL  Y  a-t-il 
un  exemple  plus  propre  à  faire  sentir  Tinanité  des  théories,  qui 
cherchèrent  la  perfection  de  l'art  indépendamment  du  temps  et 
du  lieu? 
Bosio  l'aîné  s'était  fait  connaître  aux  Salons  de  l'an  II  et  suivants 

1.  Traité  élémentaire  des  régies  du  dessin,  par  le  citoyen  Bosio,  élève  de 
David,  peintre  d'histoire,  professeur  de  dessin  à  l'École  polytechnique,  Paris, 
an  IX,  in-12,  fig. 


D.  BOSIO.  207 

» 

par  des  tableaux  de  style  antique  :  Hector,  sur  son  lit  funèbre, 
Parant  Andromaque  etAstyanax^;  Comèlie,  mère  des Gracques,  et 
une  if arc/wnde  d'amours;  l'Amour  enlevant  l'objet  qu'il  aime  sur 
le  char  de  la  Frivolité;  plus  tard,  il  fit /a  Mort  d'Anchise.  Peu  nous 
importeraient  ces  banalités  de  Técole,  si  leur  auteur  n'en  était 
venu  à  nous  représenter  le  Davidisme  en  spencer  et  en  camisole, 
sans  déroger,  du  reste,  à  ses  principes.  11  est  piquant  de  trouver 
'es  pi  us  hautes  tbéories  de  David  sur  la  statuaire  antique,  et  Tin- 
térêL    d'une  composition  obtenu  par  la  pose  isolée  de  chaque 
figure  ,  appliqués  au  Coucher  et  au  Lever  des  ouvrières  en  linge. 
**^%ré  l'actualité  du  costume  et  des  airs,  par  la  sobriété  des 
détails  et  la  correction  des  formes,  les  huit  figures  que  le  dessi- 
nateur a  disposées  prennent  du  style  et  font  un  véritable  bas- 
^^ief,  à  l'effet  duquel  concourt  l'ameublement,  et  qui  n'est  nulle- 
ttkent  iudécent,  malgré  le  vêtement  retroussé  de  plusieurs  de  ces 
demoiselles.  Ces  pièces,  exécutées  assez  librement,  bien  qu'avec 
propreté,  et  relevées  d'enluminures,  jouiront  de  plus  d'estime, 
auprès  des  curieux,  le  jour  où  l'on  tiendra  plus  de  compte  à  l'art 
de  ses  ingénuités  que  de  ses  prétentions.  Bosio  a  signé  encore, 
comme  dessinateur,  le  Colin-Maillard,  le  Caclie-Cadie,  les  Quatre 
Coins,  et  on  peut  croire  qu'il  a  fourni  les  dessins  de  beaucoup  de 
pièces  du  môme  genre  : 
Le  Coup  de  vent; 

Ah!  beaucoup  t?oi/5  critlqueni,  mais  peu  vous  imitent,  gravure 
en  couleur,  par  Marchand; 

Ils  t'ont  pris,  il  faut  le  rendre,  par  le  même; 
Costumes  d'Incroyables,  culotte  bas,  qui  montrent  comment 
nos  Davidiens  parvinrent  à  dessiner  le  grec  avec  la  même  afféte- 
rie que  les  Merveilleuses  parlaient  le  français. 

Le  Bal  de  l'Opéra  et  le  Bal  de  Société,  compositions  plus  grandes, 
auxquelles  Bosio  mit  son  nom,  prouvent  à  quel  point  il  stéréotypa 

f .  Hector  sur  son  lit  funèbre,  avec  Andromaque  et  son  fils,  par  Bosio;  ton 
trop  violet,  les  draperies  bien  faites,  etc.,  Explication  nM45.  Suppl.,  dessins, 
esquisses  :  Une  Femme  artiste  tenant  un  burin,  le  Jugement  de  Salomon, 


208 


ARTISTES.  —  DESSINATEURS. 


un  seul  sourire  sur  les  vrais  et  les  faux  visages,  mais  resterons 
comme  le  miroir  d'un  monde  qu'il  est  amusant  de  voir  s'amuse 
si  facilement. 
Cinq  tableaux  de  costumes  parisiens  réunissant  cent  quarante 


trois  figures;  prix  :  33  fr.  en  couleur,  à  Paris,  au  bureau  d 
Journal  des  Dames,  an  XII. 

Titre,  draperie  historiée  de  chapeaux  et  de  bonnets  féminins.^ 

Bosîo  fut  un  des  premiers  dessinateurs  d*un  recueil  publié  pa^ 
M.  de  la  Mésangère,  l^  Bon  Genre,  qui  commença  vers  l'an  VL 
Plusieurs  pièces  des  premiers  numéros,  le  Volant,  la  Main  chaude 
portent  son  nom  :  D.  Bosio  del.,  et  les  autres  étaient  l'œuvre  d 
dessinateurs  marchant  sur  ses  brisées,  comme  Dutailly,  etc. 

Les  Musards  de  la  rue  du  Coq,  Martinet,  libraire,  n**  124;  seizs 
figures  et  plus,  in-P  1.,  $.,  exécuté  dans  le  goût  des  dessins  à  la 
plume.  Femmes  vues  par  derrière  et  par  devant;  Tune  à  droite 
remet  sa  jarretière.  On  voit  exposé  aux  vitrines  le  Suprême  bon 
ton  actuel  (Hennin,  1802). 

La  Bouillotte,  V Escamoteur,  la  Lanterne  magique,  in-f»  1. 

Toutes  les  figures  y  sont  traitées  avec  la  lenteur  des  composi- 
tions les  plus  graves,  mais  elles  n'en  sont  pas  moins  réelles,  et 
elles  seront  un  jour  recherchées  de  préférence  à  celles  de  la  Dis- 
tribution des  aigles  ou  de  tout  autre  grand  tableau  d'apparat. 

On  a  gravé  aussi,  d'après  Bosio,  quelques  sujets  historiques  : 

Pie  VI  et  le  général  Cervoni,  trad.  du  dessin  original  du  c.  Bosio, 
gravé  par  J.-F.  Ribault,  élève  du  c.  Ingouf,  in-S®  pointillé; 

Psyché  et  l* Amour,  gravé  par  Thouvenin,  terminé  par  Chapon- 
nier.  Que  ne  leur  a-t-il  donné  des  costumes  et  des  accessoires  de 
grisettes!... 

DEFRAINE*,  professeur  à  l'École  gratuite  de  dessin  avant  1789, 
a  d'abord  dessiné  et  gravé  des  planches  pour  le  Voyage  d'Italie  de 
Saint-Non,  pour  le  Tableau  des  anciens  Grecs  de  Lecœur.  On  le 
trouve  encore  signant,  en  1789,  comme  dessinateur,  des  figures 

i.  Jean-Florent  Defraine,  né  à  Paris  en  1754,  élève  de  Lempereur  (Basan). 


4' 


I 


^ 
^ 


îi 


!%^ 


i^ 


CHARLES  SAUVAGE,  Dit  LEMIKË.  2<)d 

c  modes,  gravées  par  Duhamel,  et  des  vignettes  dans  de  mauvais 
romans,  gravées  par  N.  Thomas,  R.  Delaunay. 

La  seule  pièce  précieuse  qu'on  lui  doive  est  un  portrait  de  Gus- 

t^€xve  III,  roi  de  Suède,  dessiné  et  gravé  par  Defraine,  d'après  le 

buste  du  professeur  Serge),  in-8^  La  tête  est  finement  traitée  à 

l.a  manière  du  crayon,  et  le  cadre  joliment  historié,  avec  la  scène 

du  bal,  le  portrait  d'Ankarstrom,  des  instruments,  et  les  em- 

l^lèmes  de  l'assassinat.  * 

On  doit  l'estimer  aussi  pour  avoir  gravé  largement  et  à  la 

sanguine  les  Cariatides  de  Jean  Goujon;  gravé,  d'après  Jean 

Goujon,  par  Defraine  père,  in-f<»  h. 

En  Tan  XII,  Defraine  était  encore  professeur  de  dessin  pour  la 
figure  à  l'École  gratuite,  et  il  a  dessiné  des  planches  pour  le  musée 
Filhol. 

LEMIREV  professeur  de  dessin  à  l'École  polytechnique  après 
Bosio,  peut  trouver  place  après  tous  les  dessinateurs  de  la  Révo- 
lution, comme  représentant  l'école  académique  dans  son  plus 
grand  éclectisme.  Dans  le  Salon  de  l'an  IV,  il  avait  exposé  quel- 
ques ligures  allégoriques  :  La  Liberté,  la  Vigilance,  l'Amour  fou- 
Uml  les  attributs  de  la  Prudence  et  de  la  Force.  En  Tan  XI,  il 
dessina  une  suite  de  tètes  d'expression,  qui  étaient  destinées  à 
exprimer  toutes  les  passions,  divisées  en  deux  classes,  les  primi- 
tives et  les  composées,  pour  lesquelles  il  empruntait  des  figures 
aux  plus  célèbres  artistes,  VAdmiiation  à  Le  Brun,  la  Joie  à  Léo- 
nard de  Vinci,  la  Haine,  à  Poussin,  le  Désir  à  Guerchin,  la  Tris- 
tesse à  Dominiquin.  Le  Sueur,  Le  Guide,  Rubens  et  d'autres 
peintres,  sans  compter  l'antique,  fournissent  lès  autres  exemples. 

• 

1.  Chairies Sauvage,  ditLemire  père,  sculpteur;  Joseph  Sauvage,  ditLemire 
aîné,  peintre  d*histoire,  professeur  à  T École  polytechnique;  Antoine  Sauvage, 
dit  Lemire  Jeune,  né  en  1773,  peintre  d'histoire,  élève  de  Regnault  et  de  son 
père,  professeur  à  TÉcole  polytechnique  avec  son  frère.  Il  y  a  pc.it-étre,  dans 
l«s  pièces  qiie  je  cite,  des  ouvrages  des  trois,  que  Je  trouve  bien  distingués 
dans  le  Dictionnaire  de  Gabet.  Ils  n*ont  pas  tant  d'importance  qu'on  ne  puisse 
les  englober. 

14 


210  ARTISTES.  —  DESSINATEUftS. 

Ces  téces  flerv«iit  dUHustration  à  une  théorie  esthétique  des  f>as 
sions,  par  Gault  de  Saint-Geroiaia  ',  qui  se  proposait  surtout  d 
développer  les  idées  indiquées  par  Le  Brun.  Le  dessia  ne  maaqu 
pas  d'intelligence  dans  Téclectisme  auquel  il  se  plie  ;  cependan 
on  y  trouve^  avant  tout,  cette  manière  mdie  et  petite  que  fte 
gnault  apportait  comme  tempérantient  à  l'académisnae  sévère  d 
David.  Le  poiotillé  de  Tassaert,  qui  a  gravé  ces  tétes^  n'était  pa 
•fait  pour  en  sauver  la  vulgarité. 

Lemire  fournit  aux  Écoles  des  Principes  de  dessin;  16  cahier 
de  4  pi.  i»-f^  terminées  par  Perrot;  chez  la  veuve  Jean. 

11  envoya  aux  expositions  de  i'£mpire  des  tableaux  qui  lui  va 
lurent  des  médailles  et  quelques  éloges  de  Chaussard,  mais  qu 
ne  Tout  pas  classé  comme  peintre.  Il  était  pauvre  dans  ses  com 
positions,  si  j'en  juge  par  celle  que  je  trouve  gravée  : 

Sapho,  dessinée  par  Lemire  aîné,  gravée  par  Lefèvre-Marchand 
In-f°  1.  lavis. 

GÂRNEREY*.  Le  goût  antique  s'était  si  bien  vulgarisé,  dès  U 
commencement  de  la  Révolution,  qu'il  en  vint  à  défrayer  U 
peinture  de  genre,  les  dessins  de  chambre  et  la  gravure  de  modes: 
Garnerey,  peintre,  dessinateur  et  graveur,  élève  de  David,  fl^ 
descendre  partout  les  principes  de  l'école.  La  première  pièce  oi 
l'on  trouve  son  nom  est  le  portrait  du  baron  de  Ti^nck^  qui,  ai 
moment  de  la  Révolution,  eut  une  popularité  ^ui  lui  valut  le 
honneurs  d'une  pièce  au  théâtre  d'Audinot  et  d'une  image  ei 
cire  au  salon  de  Curtius.  Il  est  intitulé  :  Célèbre  victime,  Frédé 
rick,  baron  de  Trenck,  dessiné  d'après  nature  et  gravé  pai 
F.  Garnerey  eo  1789.  In-f®  au  crayon  bistre. 

Garnerey  exposa  dans  les  Salons,  de  1791  à  l'an  X,  des  poi 
traits  parmi  lesquels  sont  ceux  d'Alix,  le  graveur,  et  de  sa  femme 

1.  ^t  passions  €t  de  leur  expression  générale  et  particulière  sow  le  rappo» 
des  beaux-arts,  par  P.-M.  Gault  de  Saint-Germain,  avec  flgurea  d*afirès  1« 
plus  célèiares  uti&te»  qui  ont  exceUé  dans  Texpression,  dessinées  et  gravé** 
par  MM.  Lemire  et  Tassaert,  Paris,  180  i,  in-S«,  2d  pi. 

2.  Jean-François  Garnerey,  né  à  Paris  en  1755. 


JEAN-FRANÇOIS  GARNBASY.  341 

des  tableaux  de  scènes  familières,  costumes  français  :  uoe  Femme 

pinç€Êv,i  de  la  guitare,  une  Femme  accordant  sa  harpe  »  Rmonr  d'w^ 

dèi^r^xi  dans  sa  famille ,  et  des  tableaux  imitant  le  bas-reliefs 

ianse^n,  en  parlant  d'une  de  ces  scèoest  y  trouve  des  draperies 

bell^^s  comme  la  nature,  mais  il  n'est  pas  aussi  ceateni  des 

cbair-s.  Je  ne  crois  pas  qu'aucun  de  ces  ouvrages  ait  été  g;ravéi. 

^dî^    il  dessina  des  monuments  et  des  statues  pour  les  Àndfmtéê 

MiaUs  de  Millln,  qui  furent  gravés  par  Michel,  et  quelques 

s  de  circonstance  : 

^Or-^Uxis,  et  d'autres  portraits  en  couleur  qui  furent  gravés  par 
Alix  • 

/ir^z.  République  française  une  et  indivisible,  gravée  par  QueverdOi 
^t,^  <3e  lettre  du  Comité  de  Salut  public,  section  de  la  Guerre* 
^*^s^  une  petite  figure  assise,  qui  reste  ignoble  au  milieu  de  tous 
s&s    attributs. 

L»^   dessinateur  dépensa  tout  ce  qu'il  avait  de  style  en  eompo* 

^*^t.     une  illustration  pour  le  livre  des  Fêtes  et  courtisanes  de  la 

v**eo^^  sous  le  titre  particulier  :  Vues,  costumes,  mœurs  et  usages 

^®*    /Gammes  grecques,  dessinés  pstr  Gamerey,  élève  de  David,  et 

S'^^'V'^s  par  Delaunay,  d'après  les  monuments  antiques.  Ce  n'était 

4*^^*^n  livre  de  modes,  ainsi  que  l'indiquait >i'éditeur  en  télé  de 

^  ^^^^Ckllection  de  gravures^  a  qui  doit  inspirer,  disait-il,  aux  Frtn- 

*^*^    lin  intérêt  d'autant  plus  vif  que  nous  retrouvons,  dans  les 

'^ootaments  qu'elles  représentent,  le  type  des  instruments  de 

'^^sîc^jQe,  des  ameublements,  des  costumes,  des  objets  de  parure, 

^  ^ous  les  usages  enfin  que  nos  femmes  empruntent  journelle- 

"^^nt.  aux  femmes  de  l'ancienne  Grèce.  »  Ces  nombreuses  petites 

^^  r«es  ne  sont  gravées  qu'au  trait;  mais  elles  n'en  ont  pas  moins 

^^■^  couleur  locale,  et,  comme  on  le  pense  bien,  les  modèles  de 

^  *ï*y  manquent  pas. 

^^rnerey  composa  aussi  les  frontispices  du  livre  de  Chaussard 
^^  de  quelques  autres  romans  du  même  temps,  qui  furent  gravés 

^  *  Pétes  et  CourtUanes  de  la  Grèce,  par  CluMunard,  ParM«  sb  Dii  4  Vol. 


212  AnnSTES.  —  DESSINATEURS. 

par  Robert  Delaunay,  Delignon.  11  travailla  aux  Recueils  de  monu- 
ments de  Willemin,  et  continua  sa  carrière,  sous  TEmpire  et  sous 
la  Restauration,  comme  peintre  et  dessinateur  vulgaire,  rangé 
désormais  aux  sujets  monarchiques,  aux  intérieurs  d*église,  et 
comme  professeur  de  pensionnats.  De  ses  ouvrages  de  ce  temps 
je  ne  citerai  qu'une  suite  de  vaisseaux  anglais  en  combat,  gravée 
au  lavis  par  Debucourt. 

WILLEMIN  ^  n'est  qu'un  dessinateur  archéologue,  mais  il  avait 
delà  considération  parmi  les  artistes.  Il  fut  membre  du  jury  pour 
le  concours  de  Tan  11,  et  servit  beaucoup  la  propagation  des  bons 
modèles  antiques,  des  costumes  vrais;  il  fut  du  petit  nombre  de 
ceux  qui  engagèrent  le  goût  au  delà  des  modèles  vulgaires  de 
l'antiquité  grecque  et  romaine,  et  qui  explorèrent  le  domaine  du 
moyen  âge,  si  mal  abordé  par  les  dessinateurs  de  Montfaucon.  Il 
avait  d'ailleurs  de  la  finesse  dans  le  trait  de  pointe  et  pratiquait 
facilement  la  gravure  au  lavis.  Il  grava  quelques  portraits  : 

Lavaur.  AAHeF.ïEiN  en  ArAne.  In-8®  oy.  laviSi  A  Paris,  chez 
Esnault  et  Rapilly. 

Boudierde  Villemert,  jurisconsulte  et  journaliste;  dessiné  pa 
M"«  El.  Méric,  élève  de  M"«  Guiard,  gravé  par  Willemin. 

Buste  de  profil,  Taillasson  pinxit,  Willemin  sculp.,  lavis  bist 
in-4®  h. 

Hélas!  si  Jeune  encore, 

Par  quel  crime  ai-je  pu  mériter  mon  malheur  ! 


Les  principaux  et  les  plus  anciens  recueils  publiés  par  Willemi 
sont  : 

Cfwix  de  costumes  civils  et  militaires,  de  meubles  et  d'ustensiles 
des  peuples  de  l'antiquité  *. 


i.  Nicolas-Xavier  Willemin,  né  à  Nancy  en  17G3,  élève  de  Taillasson  et  de 
Lagrenée,  mort  en  février  1833. 

2.  Paris,  Fauteur,  1798-1802,  2  vol.  in-f»,  180  planches.  Le  texte  est  rédigé 
par  Tabbé'de  TreAsan. 


"S 


DUTAILLY.  213 

-  Monuments  français  inédits  pour  servir  à  V histoire  des  arts  ^ 
'Willemin  fut  attaché  quelque  temps  au  Musée  des  monuments 

français,  et  il  exécuta  plusieurs  planches  pour  les  dissertations 

de  Millin. 
Il  envoya  au  Salon  de  l'an  VIII  un  cadre  de  ses  dessins  à  la 

plume  et  de  ses  gravures. 

DUTAILLY'  fut  un  dessinateur  plus  mince,  mais  plus  amusant, 
sans  être  moins  classique.  11  figure  aux  expositions  :  en  1793, 
pour  les  dessins  de  la  Translation  de  Mickel  Lepelleiier  au  Pan- 
théon, qui  fut  gravé  par  Guyot;  en  Tan  VI,  pour  des  figures  mises 
aux  gouaches  de  Mongin,  et,  en  Tan  IX,  pour  une  gouache  de  la 
Danse  du  boléro.  Cette  danse,  importée  d*Espagne,  devint  alors 
de  mode  dans  les  salons. 

Dutailly  était  à  Rome  au  moment  du  guet-apens  fomenté 
contre  l'École  française.  Après  quelque  temps  de  prison,  il  s'é- 
tait échappé  et  vint  en  France  dénoncer  Tattentat  à  la  barre  de 
la  Convention.  Sur  la  proposition  de  David,  il  lui  fut  ensuite  ac- 
cordé un  secours. 

Les  sujets  politiques  auxquels  il  fut  amené,  et  qui  furent  repro- 
duits par  la  gravure,  sont  en  petit  nombre  : 

La  Loi,  dess.  par  Dutailly,  gravé  par  Mugof,  ov.  en  couleur. 

On  doit  CL  sa  patrie  le  sacrifice  de  ses  plus  chères  affections,  — 
Il  est  glorieux  de  mourir  pour  sa  patrie,  grav.  par  Coqueret,  in-f" 
1.,  lavis  en  couleur. 

Ce  sont  deux  hussards  de  la  Liberté,  l'un  se  séparant  de  sa 
femme  et  de  son  père,  l'autre  mourant  entre  les  bras  de  sa  maî- 
tresse. 

Plus  tard,  il  dessina  Buonaparte  plantant  un  drapeau  sur  le 
pont  dArcole,  qui  fut  gravé  par  Ruotte. 

Les  petits  graveurs*  au  pointillé  et  en  couleur  lui  durent  en 

1.  Paris,  rauteur,  Panckouck^  Leblanc,  }IL^*  Willemin,  1806-1830,  3  vol. 
in-f^,  300  pi.  Texte  par  M.  André  Pottier, 

2.  DutalHy,  élève  de  Doyen. 


M4  ARTISTES.  --  DESSINATEURS. 

plus  ^nd  aembre  ces  sujets  de  familiarité  puérile  et  galante 
qui  les  ont  de  tout  temps  défrayés  : 

Paul  et  Yirg^ie  en  quatorze  petites  pièces  rondes,  gravées  par 
Guyot  ; 

Le  Caneert,  le  CoHiV'MaUlarâ,  la  Sentinelle  vigilante.  N'aie  pas 
peur^  ma  bonne  amie;  la  Récréation  après  le  dxner^  le  Travail 
agréable,  grav.  par  la  citoyenne  Montalan. 

Dutailly  a  signé  quelques  pièces  de  la  suite  intitulée  le  Bon 
genre  :  le  Pont  d amour,  n"*  66  ;  k  Colin-Maillard  assi»^  n*  67. 
Dutailly  dessinait,  et  Ton  doit  en  conclure  qu'il  en  a  dessiné 
plusieurs  autres  traitées  d'une  égale  façon. 

Les  deax  pièces  capitales  de  son  œuvre,  si  on  le  jugeait  digne 
d'en  avoir  un,  seraient  deux  jolis  pointillés,  postérieurs  aux  pré- 
cédents : 

VhnitaHon  de  l'antique,  gravé  par  M"^  Linge; 

L'Admiration  de  l'antique^  Prot  sculp. 

Oe  Qouple,  prenant  la  pose  amoureuse  de  Psyché  et  de  l'Amour, 
el  ces  deux  demoiselles  iorgaant  les  beautés  masculines  de  Cas- 
tor et  PoUux,  sont,  il  est  vrai,  dans  le  costume  de  l'Empire^  mais 
te  dessin  est  tçat  empreint  de  la  recherche  merveilleuse,  et  la 
satire  tout  à  l'adresse  des  mœurs  de  la  renaissance  Fépubli- 
caindé 


..i^BaB 


7.  ^GRAVEURS  AU  POINTILLÉ. 


Diderot  n'estimait  pas  beaucoup  les  graveurs,  qui  ne  lui  parais- 
saient que  des  prosateurs  se  proposant  de  traduire  des  poètes;  il 
faisait  cas  pourtant  de  Balechou  et  de  Wille.  Lebas  avait  porté, 
croyait-il,  le  coup  mortel  à  la  bonne  gravure  par  une  manière 
qui  lui  était  propre,  et  dont  l'effet  était  séduisant.  Qu'aurait-ii 
donc  dit  de  toutes  les  manières  expéditives  et  séduisantes  qui 
firent  irruption  dans  la  gravure  après  Lebas,  manière  noire,  au 
pointillé,  au  lavis,- en  couleurs,  dites  anglaises  parce  que  l'in- 
dustrie anglaise  avait  appelé  de  partout  des  graveurs  pour  les 
faire,  et  avait  répandu  leurs  ouvrages  dans  tous  les  pays?  Il  n'y 
a  pas  un  amateur  qui  n'ait  déploré  leur  succès.  Lebreton,  en 
constatant  Tirruptîon  qu'elles  firent  en  FYance  pendant  la  Révo- 
lution *,  condamne  l'engouement  dont  elles  furent  l'objet.  On 
doit  cependant  se  l'expliquer  :  la  gravure  a  pour  destinée,  après 
la  fidélité  de  représentation  des  scènes  de  l'histoire  et  de  la  na- 
ture, la  propagation  de  ses  feuilles,  et  pour  cela  la  promptitude 
du  travail  et  son  prix  ne  sont  point  choses  à  dédaigner.  A  la  fin 
du  XVIl!^  siècle,  il  se  manifestait  un  besoin  d'images  tout  aussi 
prononcé  que  celui  du  XV«;  il  était,  de  plus,  beaucoup  plus  raf- 
finé. La  gravure  sur  bois  n'y  pouvait  suffire;  la  gravure  en  taille 
douce  restait  trop  lente  et  trop  chère;  on  eut  recours  à  d'autres 
noyeas.  Un  art  précieux  périclita  pe^t-ètre  dan&  cette  évolution  ; 

1.  Rapport  sur  Us  beauaD-arts,  iii-4,  p.  207  et  208. 


216  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU  POINTILLÉ. 

par  compensation,  les  gormes  de  Tart  nouveau  pourront  mieut 
s'y  développer. 

♦ 

COPIA.  Les  graveurs  les  plus  prompts  et  les  mieux  disposés 
pour  Tart  de  la  Révolution  furent  ceux  qui  ne  se  servaient  du 
burin  que  pour  des  points  et  des  traits  imitant  les  allures,  tantôt 
finies,  tantôt  hachurées,  du  crayon  noir  ou  de  la  sanguine,  et  qui 
obtenaient  à  la  fois  dans  leurs  estampes  la  promptitude  et  l'agré- 
ment, selon  la  méthode  établie  en  Angleterre  par  Tltalien  Barto- 
lozzi.  Le  plus  méritant,  sinon  le  plus  connu,  est  Copiai  II  était 
Allemand»  et  Ton  ne  sait  chez  qui  il  avait  fait  son  apprentissage; 
ses  premières  gravures  paraissent  dans  les  livres  traduits  de 
l'allemand  par  Jansen,  qui  était,  dit-on,  son  beau-frère.  Ses  plus 
remarquables  sont  dans  les  Idées  sur  le  geste  et  l'action  Viéâtrale, 
trad.  de  Engel,  1788,  dans  l'atlas  du  Voyage  à  la  recherche  de 
La  Pèrouse*,  et  dans  VHistoire  de  VArt  de  Winckelmann.  Les  pre- 
mières sont  faites  d'après  les  figures  au  trait  de  l'édition  alle- 
mande, mais  elles  témoignent  d'une  grande  adresse  de  pointe; 
le  travail  en  est  varié,  fin  et  doux,  rappelant  Geyser  et  Chod 
wiecki.  Les  planches  et  fleurons  de  VHistoire  de  l'Art,  faits  e\ 
1788,  comme  l'indique  le  privilège,  et  d'après  les  planches  d 
éditions  antérieures  de  Dresde,  de  Vienne  et  de  Milan,  montrent 
sinon  un  dessinateur  original,  du  moins  un  graveur  délié,  moel 
leuxet  expressif.  Dans  les  plus  soignées,  telles  que  V Agate  onyad^ 
de  Jupiter  (t.  !,  p.  665),  VIsis  de  la  villa  Albani  (t.  I,  pi.  XI  ),  la 
Tête  de  Laocoon  (t.  II,  p.  309)  et  VApollon  Sauroctone  (t.  II,  pi.  V), 
on  peut  reconnaître  combien  le  graveur  avait  de  dispositions 
pour  traduire  le  style  antique  dans  une  manière  trop  molle  et 
trop  enjolivée,  mais  qui  n'en  était  que  mieux  faite  pour  le  mettre 
en  crédit. 

On  peut  commencer  l'œuvre  de  Copia  par  deux  portraits,  qui 

1 .  Louis  Copia,  né  à  Landau  (livret  de  Tan  VI). 

2.  Relation  du  voyage  de  La  Pérouse ,  fait  par  ordre  de  TAssemblëe  consti- 
tuante..., par  le  citoyen  Labillardière.  Paris,  Jansen,  an  Vin,  2  vol.  in-4<*  et 
atlas  in-fol. 


■J 


X^i 


LOUIS  COPIA.  217 

appartiennent  aux  premières  années  de  la  Révolution  et  sont  faits 
dans  la  plus  petite  manière  du  graveur  : 

SUphanie-Félicitè  Ducrest,  marquise  de  SUlery,  ci-devant  corn- 
^««se  de  Genlis,  etc. 

Vertus,  grâces,  talents,  esprit  juste,  enchanteur. 
Elle  a  tout  ce  qu'il  faut  pour  embellir  la  vie,  etc., 

^^^  un  écusson  orné  d'une  lampe  : 

Pour  éclairer  tu  te  consumes. 

^^Ws  pinx.,  Copia  se.  Elle  est  assise  à  un  bureau,  la  plume  à  la 
^9in,  coiffée  d'un  élégant  petit  chapeau  à  la  mode. 
Mirabeau  Vaine  ;  en  buste,  d'après  Sicardi  ;  gravé  dans  la  ma- 
^ièr^    anglaise  la  plus  édulcorée,  les  chairs  rosées,  les  habits 
^oiés  de  dentelles,  la  tête  lustrée  d'un  œil  de  poudre, 
^opia  traduisit,  de  Sicardi,  de  Mallet,  de  Fragonard,  d'autres 
Ou  vi-^ges  que  nous  avons  cités  et  qui  durent  le  faire  mieux  con- 
^*^»'^.  Il  ût,  d'après  Sauvage,  peintre  en  réputation  pour  ses  imi- 
*^^^s  de  bas-reliefs,  des  sujets  d'allégories  politiques  : 
Liberté, 
•égalité, 

'^M^  Vainqueurs  d'Albion,  médaillons  in-8^; 
^^  cauchemar  de  V Aristocratie,  ovale  in-8®; 
^      lV>pularisa,  par  la  traduction  la  plus  fidèle,  le  Marat  et  le  Le- 
^^ietier  de  David. 

^^s  plus  grandes  estampes  furent  empruntées  à  des  peintres 
^^^  ne  rémoustillèrent  pas  : 

ta  Matinée  turque  ou  le  Sultan  Saladin,  dessinée  par  Lebarbier, 
V^^titre  du  roi,  gravée  par  Copia  ;  in-f»  1.  au  burin  ; 
Sujet  d*égloque;  Huet  inv..  Copia  sculp.;  in-8®  h.; 
A.  Devosges  :  Sapho  inspirée  par  V  Amour,  V Innocence  en  danger; 
Vincent  :  V Amour  et  l'Amitié  *. 

i.  Ces  deux  dernières  pièces  sont  annoncées  dans  les  Nouvelles  des  Art^  de 
Landon^  an  XI,  comme  les  dernières  productions  de  Copia,  «  avantageuse- 


9i8  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU   POINTILLÉ. 

l\  fut  iQîeux  iospiré  par  4^  peiiHres  4e  gçar^  \  tes  plus 
de  ces  pièces  sont  celles  q^!i\  eaipruota^  h  9(M31y  et  à  SdblQl  : 

Zr«  Ppr^^rop^au  d^  to  fèi0  civique; 

Le  Maréchal'ferrant  de  la  Vendée. 

Dans  ces  ouvrages,  Copia,  correct  dans  son  dessin  et  modiT 

dans  ses  tons,  relevait  la  monotonie  du  pointillé  par  l'emploi  fi 

quent  du  burin  et  de  la  pointe.  On  verra  par  certains  qu'il 
était  fort  habile. 

Mais  le  plus  grand  bonheur  de  Tartiste  fut  d*avoir  rencont^. 
Prud'hon.  Le  graveur  aida  le  peintre  à  secouer  sa  misère  et 
percer  le  flot  de  poussière  qui  obstruait  ses  débuts.  Celui-^i, 
ses  conseils  et  sa  coopération,  valut  au  graveur  le  plus  haut  ^ 
lief  de  son  talent  et  son  renom  le  plus  sûr.  J'ai  suffîsamm^ 
parlé  des  gravures  qui  furent  le  fruit  de  leur  liaisoa  ^.  Elle 
intime,  car  nous  savons  que  Prud'hon  fit  le  portrait  de  M"^  Co] 
ils  eurent  un  moment  même  atelier  et  mômes  élèves.  S'il 
constant  que  les  planches  de  Copia  n'étaient  tirées  qu'après 
retouches  de  Prud'hon  sur  les  épreuves  d'essai,  il  n'est  pas  moi 
certain  que  celui-ci  fut  conduit  par  là  à  ses  dessins  terminés  à 
manière  des  graveurs,  et  fmit  même  par  trouver  chez  son  éi< 
l'indication  de  certains  procédés  de  gravure  qu'il  voulut  ap) 
quer  à  la  planche  de  Phrosine  et  Mélidor.  Il  y  en  a  d*autres 
la  manière  du  maître  se  trouve  si  naïvement  rendue,  comi 
dans  la  charge  de  La  Re^lLère,  qu'on  ne  saurait  proDoiic== 
avec  certitude  que  sa  main  n'est  pas  intervenue.  Enfin,  en  p^^^ 
dant  la  coopératioQ  de  Prud'hon,  Copia  perdit  $a  plus  granv  ^ 
distinction. 

La  carrière  de  Copia  fut  courte;  les  seules  expositioos  ov 
figure  sont  celles  de  l'an  iV  et  de  Tan  VI.  Avec  une  partie 


ment  connu  par  plusieurs  estampe»  agréables  et  bien  dessinée»  d'ajprés^ 
Prud'hon.  » 

1.  La  première  annonce  que  j'en  ai  trouvée  est  dans  ïq  Moniteur  du  9  niTôw 
an  U  :  V Amour  réduit  à  la  raison,  «  estampe  ingénieuse  où  l'on  reconnaît  le 
moeUeux  et  la  grftce  du  burin  de  Copia;  les  étoffiBs,  les  chairs,  les  ornements, 
tout  a  sa  touche  particuHère  et  pour  ainsi  dire  sa  eouleur.  » 


BAHTHÉLEUI-JOSEPH   ROQEB.  3f0 

pièces  que  noos  avons  citées,  on  y  voyait  encore  une  pièce  diaprés 
David ^  Énée  H  Didon,  et  une  pièc^  d'après  Gérard,  la  Mort  de 
Turenne.  Le  dernier. ouvrage  ou  Ton  trouve  son  nom  est  proba- 
Uement  un  Buonaparlë  à  cheval  escorté  par  une  Victoire,  ngné  : 
•  Copia  aqua  forti  n  \  ia  pièce  est  pleine  d'accent  çt  faite  sur  un 
<leniii  de  Carte  Veroet. 

ROGER.  Un  rayon  de  )a  manière  de  Prud'hon  vient  encore  se 

projeter  dans  l'œuvre  de  Roger  S  et  cela  suffit  pour  attirer  de 

l'intérêt  sur  un  graveur  qui  se  réduisit  d'ailleurs  au  r6Ie  de 

^>^ducteur,  11  travailla,  ainsi  qu'il  nous  l'a  appris  lui  même, 

dans  râtelier  de  Copia,  de  1789  à  1795,  et,  en  l'an  Vil,  il  était 

^^é  au  pavillon  des  Archives,  diez  le  citoyen  Prud'hon.  Il  s'est 

'^Oiirs  paré  du  titre  d'élève  de  Copia  et  de  Prud'hon.  Le  maître, 

"OQt  il  a  gravé  plus  de  vingt  dessins,  l'avait  si  bien  façonné 

în'od  croit  le  voir  encore  dans  les  œuvres  que  le  graveur  a  fait 

4  ^prè3  d'autres,  aussi  bien  dans  une  Vierge  d'après  Louis  Car- 

'^che  que  dans  les  figures  d'après  Naigeon,  et  que  ses  plus 

^^i^bles  productions  ont  pu  être  placées  parmi  les  trésors  de  nos 

'^•^^feoillea.  Qv^\  amateur  ne  recherche  ces  petites  figures  de 

^  ^éjfublique,  en  tête  de  lettres  d'adDEÛnistrations  publiques  sous 

^  ï^irectoire  et  le  Consulat  : 

^Hrectoire  exécutif,  constitution  de  l'an  III  ;  Naigeon  Talné  deh, 
^*  Roger  se.; 

directoire  exécutif,  même  t^-pe  (format  plus  grand)  ; 
Gouvernement  fra/nçais,  gravé  par  6.  Roger,  nivôse  an  VIH; 
République  française,  la  Liberté  couronnant  un  génie.  En^téte 

Brevets  d'invention.  Prud'lK>n  inv.,  B.  Roger  se.; 
Bmmaparte^  l^  consul  de  la  RépMique,  B.  Roger  se.  Départe- 
^Qt  de  la  guerre  ; 

Ministàre  de  la  police  générale,  Prud'hon  inv.,  B.  Roger  se.; 

i.  Baithélemi-Joseph  Roger,  né  à  Lodève  en  1770,  mort  en  1840.  L'œuvre 
^'iiftvait  eonaerré  pour  fui,  en  282  pièces,  avec  un  catalogue  et  une  notice 
de  M  main,  est  aujourd'hui  au  Cabinet  des  estampes  de  la  Bibfiothèque  na- 
tionale. 


220 


ARTISTES.  —  GRAVEURS   AU   POINTILLÉ. 


Département  de  la  Seine.  Prud'hon  inv.,  B.  Roger  se.  *; 

Département  de  la  Seine-Inférieure. 

La  gravure  de  Roger  prend  des  coquetteries  dont  on  ne  1* 
raitpascru  susceptible,  et  des  lumières  spirituelles,  dans  les 
gnettes  de  Daphnis  et  Chloé  et  de  la  Tribu  indienne.  Elle  arr 
même  à  l'expression  et  à  l'énergie  dans  quelques  grandes  pièc 
l'Amour  séduit  rinnocence,  et  la  Vengeance  divine  poursuiM^ 
Crime,  Son  chef-d'œuvre,  dans  les  petites  dimensions,  est  pe«^  ^ 
être  l'allégorie  de  la  Paix,  qui  fut  composée  pour  Bruun  Nee^*^ 
gaardt^. 

Roger  était,  plus  encore  que  Copia,  incapable  d'un  dessin  origi^ 
nal.  Une  étude  de  gravure  faite  en  1788,  un  Génie  tenant  un  mé- 
daillon d*Hercule,  que  nous  trouvons  dans  son  œuvre,  suffit  pour 
marquer  la  nullité  de  son  talent  avant  qu'il  entrât  chez  le  gra- 
veur de  Prud'hon.  Copia  seul  ne  l'eût  point  élevé,  car  on  voit  une 
preuve  de  leur  médiocrité  en  coopération  dans  une  pièce  que 
nous  avonsrcité  de  Boizot,  et  qui  est  signée  :  gravé  par  B.  Roger 
dirigé  par  Copia.  Sorti  de  cet  apprentissage,  où  les  leçons  de 
Prud'hon  lui  profitèrent  si  bien,  il  prêta  son  burin  à  d'autres 
peintres  ou  dessinateurs,  tels  que  Girodot,  Gérard,  Carie  Vemet, 
mais  il  n'en  ressent  aucune  inspiration;  il  ne  faisait  que  les  en- 
joliver. 11  paraît  avec  plus  de  distinction,  ce  me  semble,  dans  des 
pièces  moins  importantes  ou  moins  connues,  avec  des  artistes 
qui  lui  font  des  dessins  plus  à  sa  portée,  comme  Moreau  le  jeune 
et  Fragonard  Ois.  11  fit,  d'après  Percier,  une  planche  de  la  fon- 
taine de  Desaix,  à  la  place  Danphine,  avec  le  bas-relief  du  pour- 
tour, qui  est  pleine  de  style  et  de  sentiment. 

L'œuvre  de  Roger,  que  je  me  borne  à  parcourir,  contient  enfin 
de  nombreux  portraits,  où  l'on  trouve,  sinon  de  la  spontanéité,  du 
moins  un  certain  agrément.  Je  ne  parle  pas  dos  personnages  an- 
ciens qu'il  fit  pour  les  libraires,  mais  des  figures  contemporaines 

1 .  Roger  a  noté  cette  pièce,  faite  pour  le  préfet  Frochot,  comme  ayant  élé 
tirée  h  8,000  exemplaires  sans  qu*un  seul  travail  de  la  gravure  ait  disparu. 

2.  De  la  situation  dês  beau3>-^rts  en  France,  an  XI,  in-8*,  p.  133. 


fflp 


1^    < 


fa,  d'm 


Vf- 


17^ 

/(S.  et  i^ 


ixae 


:<y 


«^' 


fefe 


}ts 


HULK.  m 

P^^^ï*  lesquelles  il  a  eu  de  bons  modèles  :  Delille,  Pierre  Camper, 
^^^^hij^lon,  Lecourhe,  la  famille  de  Rechteren  d'après  Sicardi, 
itapol^o^  d'après  Desnoyer,   M^  Constance   de  Salm  d'après 

HUlk  m'est  d'abord  connu  par  une  jolie  pièce,  gravée  au 
buriri^  d'un  genre  que  l'on  pourrait  appeler  paysage  révolution- 
naire : 

l»^  Orage,  inventé  et  dessiné  par  Groenia,  gravé  à  Paris  par 

^^Ik,  1792.  Sur  le  bord  d'un  torrent  qui  déracine  de  vieux 

^^ucs,  et  à  Téclat  de  la  foudre  qui  renverse  une  croix  et  une 

^'ïche  de  madone,  deux  moines  se  livrent  au  désespoir;  in-i»  1.; 

^ti  marge,  un  globe  fleurdelisé  et  une  tiare,  tombant  au  milieu  de 

liuages  sillonnés  d*éclairs. 

Il  travailla  avec  Copia  aux  gravures  de  Y  Histoire  de  VArl  de 
Winckelmann.  L'une  de  ces  planches,  Ba5-rc/iéî/*  de  la  villa  Albani, 
gravée  d'un  burin  doux  qui  tend  au  pointillé,  est  marquée  :  Hulk 
sculp.,  179/i.  Il  grava  un  grand  frontispice  pour  le  Voyage  en 
Syrie  de  Cassas.  La  planche  qui  représente  les  Tombeaux  sur  le 
chemin  de  Beyrouth  est  signée  :  Hulk  aqua  forti,  1793  et  ter- 
miné en  9k. 

Voici  encore  deux  pièces,  qui  sont  flnement  exécutées  et  qui 
portent  bien  la  physionomie  de  leur  temps  : 

La  fontaine  de  la  Régénération,  dessinée  par  Monnet,  gravée 
à  Paris  par  Hulk,  l'an  IV«  de  la  Républ,  franc.,  1796;  in-f»,  1.; 

Là,  seul,  y  irai  le  soir  rêver  sur  son  tombeau,  Hulk  del.  et  se., 
1794;  in-8<»,  h.  C'est  le  frontispice  d'un  poème  de  Desorgues  : 
Rousseau  ou  l'Enfance, 

Ces  débuts  intéressants  ne  firent  pas  sortir  le  graveur  de  la 
foule.  Il  suivit  une  carrière  fort  obscure,  gravant  des  vignettes, 
des  frontispices,  des  fleurons,  quelques  portraits  et  des  planches 
pour  la  Description  de  l'Egypte  et  le  Cours  d'Agriculture  de 
Thouin.  Les  livres  où  l'on  rencontre  ses  vignettes,  gravées  d'apr5s 
Moreau,  Lebarbier,  sont  les  Œuvres  de  Hegnard,  les  Métamor- 
phoses d'Ovide  et  le  Comte  de  Valmont, 


Sis  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU   POINTILLÉ. 

DARCIS^  est  le  ptus  popalâire  d«8  graveurs  de  la  Bëvoliittoow 
Avant  il  appliquait  ses  procédés,  formés  sur  les  estampes  de  Por« 
pôfati ,  à  des  sujets  galants  :  l  Accident  imprévu  et  la  Sentinelle  en 
défaut,  d*après  Lawrence,  dédiés  au  duc  d'Orléans,  in-f®,  h,;  la 
Ruse  d'amour.  En  1789  se  place  un  portrait  ;  M.  le  marquis  de 
La  Fayette,  maréchal  de  camp  et  commandani  général  ée  là  garde 
nationale  parisienne,  gravé  par  Darcis  de  Demierre,  in-8*.  Au 
Salon  de  1793,  on  voyait  encore  de  lui  :  la  Jeune  Indienne,  et  un 
ÀmouTy  d'après  la  gravure  de  Porporati.  11  devint  bientôt  le  gra- 
veur le  plus  fréquent  des  cooipasitions  allégoriques  de  Boizoi. 
Nous  en  avons  donné  une  assez  longue  liste.  Son  dessin  mou  et 
son  pointillé  monotone  ne  pouvaient  donner  aux  figures  du  sculp- 
teur le  style  dont  elles  étaient  si  dépourvues.  H  patut  avec  plus 
d'avantages  dans  les  estampes  qu'il  put  faire  ensuite  :  d'après 
Drouais,  Marius  à  Mintumeê,  qui  parut  au  Salon  de  l'an  Y; 
d'après  Lethière,  Ju/nius  Brutue,  et  d'après  P.  Guérin,  la  BrauiUe 
et  le  Rcuxommodement ,  deux  jolies   pièces   qui  figurèrent  au 
âaloQ  de  l'an  VIII. 

11  en  fit  de  moins  sérieuses,  et  qui  ne  pouvaient,  malgré  U 
relâchement  du  temps^  affronter  le  Salon  t 

Oui  est  là?  ovale  en  couleur  et  en  noir;  c'est  une  dame  à 
bidet;  dans  le  premier  étal,  elle  tient  une  éponge  ;  dànà  le  secom 
un  linge,  pour  se  cacher  Un  peu  ; 

Le  Trente  et  un  ou  la  Maison  de  prêt  sur  nantissement,  Guéi 
del.,  L.  Darcis  sculp.,  17  fig.,  in-f*,  1. 

Mais  son  plus  grand  succès  fut  obtenu  avec  l'aldfe  de  Car/^ 
Vemet,  et  dans  des  figures  qui  n'exigeaient  que  quelques  qualité^^ 
agréables  de  dessin  et  de  gravure  : 

Les  Incroydbles,  C.  Vernet  pinx.,  Darcis  sculp.,  în-P*,  1.,  deux 
figures: 

^  Eh!  mate,  e*tiBt  itoipMsibie;  J«  te  croyait  émigiré. 

—  Ali  l  e^est  incroyable  ;  voilà  Ia  Fl«or,  mon  ei^^fofaiit  valet. 

i.  Louis  Darcis,  ou  d^Arcis,  ou  DaroU  de  Damierre. 


iBAN-FÀANÇOtft   TOURilATY.  4i3 

Lu  MerwiUeuBiSÊ,  G.  Vemei  dtel.,  Darcis  scul^.^  i&-^,  I.,  trois 
figures: 

—  Quoi!  à  pied,  citoyenne!  où  est  donc  votre  carrosse? 

—  Ah]  madame,  je  n*en  serions  pas  moins  dans  la  boue. 

Les  Payables,  chez  Darcis,  in-f^^  1.  Un  jeune  homme,  la  bourse 
^  la  main,  entre  deux  Glles; 
UAnglomane,  d'après  C.  Vernet; 
La  Course  des  ckevaux,  de  C.  Vernet  ; 
Le  général  Baonaparte  à  cheval,  de  C.  Vernet. 

TOURGÂTY*,  gendre  du  sculpteur  Dardel,  et  devenu,  après 

l^i,  profœseur  à  TÉcole  de  Versailles,  fit  partie,  comme  gra- 

^cur^  du  jury  pour  le  concours  de  l'an  II.  11  exposa  au  Salon 

^^   cette  année  trois  estampes,    «  gravées  à  la  manière  an- 

^f^ise  »  :   le  Départ  de  Mars  pour  la  guerre,  et  la  Paix  qui 

^^^'^téine  l* Abondance.  Ces  pièces,  faites  sur  le  dessin  de  Dardel 

^  <2^^s  la  manière  de  Bartolozzi ,  en  noir  ou  en  bistre,  avaient 

^JÀ     paru  avec  privilège  du  Roi  et  'dédiées  à  M»  le  prince  de 

une  et  à  M.  de  Portelande,  in-f°  ovale,  h.  La  troisième 

exposée  était  le  Portrait  d'un  patriote  polonais ,  que 

i^      iik^e  connais  pas. 

1^^  nom  de  Tourcaty  prendra  toute  sa  célébrité  du  portrait  de 

JTcxy^cxlÀ  to  tribune,  d'après  le  peintre  inconnu  Simon  Petit,  in-f°,  h. 

G'^ïst  un  mélange  patient  de  tous  les  procédés  de  la  gravure  mé- 

^^■^i^ijtie,  à  la  roulette,  au  berceau,  aidés  d'eau-ïbrte.  On  ne  sau- 

t^^V    ^ire  qu'il  est  beau,  mais  Tépileptique  «  ami  du  peuple  »  y 

*^  cïsoinme  ûgé. 

^«i  trouve  l'adresse  de  Tourcaty  sur  une  eau-forte  importante  : 

l-^   S8  février  1791  ou  la  Journée  des  cfifivaliers  du  poignard, 

Wr*,  1.;  mais,  d'après  une  note  manuscrite  que  l'on  a  lieu  de 

to\T  pour  exacte,  cette  pièce  serait  d'un  artiste  inconnu  nommé 

^*  Jean^François  Tourcaty,  né  à  Paris  en  1703,  élèf»  de 


m  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU  POINTILLÉ. 

Jourdain  ^  C'est  une  composition  des  plus  mesquines  dans  fa 
vérité;  elle  est  pointée  avec  assez  d'habileté. 

Le  seul  biographe  qui  ait  pris  note  de  notre  graveur  le  donne 
aussi  comme  peintre,  pour  quelques  tableaux  exposés  à  Ver- 
sailles'. La  carrière  du  graveur  paraît,  du  reste,  absorbée  par  des 
travaux  de  commerce,  planches  d'histoire  naturelle  dans  la  Des- 
cription de  l'Egypte  et  dans  d'autres  grands  recueils,  et  petites 
pièces  d'imagerie  de  bonbonnières,  où  son  nom  est  accolé  à  celui 
de  Dutailly. 

TASSAERT'  débute  en  pleine  Révolution  par  des  ouvrages  qui 
répondent  aux  plus  vives  passions  : 

M^^'A^-C^*  Corday,  dessinée  d'après  nature  par  Hauer,  gravée 
par  Tassaert  sous  la  direction  d'Anselin.  C'est  le  portrait  annonce 
dans  le  Journal  de  Perlet,  le  27  juillet  1793,  in-f*,  h.  Au  basd^ 
la  marge,  la  scène  de  lassassinat  en  médaillon;  encre,  bistre,  olk 
coloris. 

L'héroïne  est  de  face,  à  mi-corps,  une  main  sur  la  hanche  e<^ 
tenant  un  éventail,  l'autre  armée  du  couteau,  la  poitrine  empn- 
sonnée  d'un  fichu  et  d'un  ôorsage  à  double  ganse,  la  tête  coiiïée 
de  cheveux  à  grandes  boucles  et  d'un  chapeau. 

L'exécution  de  ce  portrait  est  fine  et  vigoureuse;  l'expression 
en  est  Vive,  et,  malgré  des  signes  évidents  d'enjolivure,  c'est  un 
des  meilleurs  éléments  du  portrait  vrai  que  Ton  puisse  avoir. 

/.  Chalier,  dessiné  par  Ph.Caresrae,  gravé  par  J.-J.-F.  Tassaert, 
à  Paris,  chez  l'auteur,  rue  Christophe,  n®  9,  section  de  la  Cité, 
in-f^,  h.  ;  buste  drapé  et  posé  à  l'antique  dans  un  médaillon  can- 
tonné  de  symboles,  le  niveau,  le  bonnet,  le  flambeau,  le  papillon. 
Le  dessinateur  et  le  graveur  ont  eu  l'intention  de  donner  de 
l'idéal  à  leur  modèle,  peut-être  quelque  buste  envoyé  de  Lyon, 

i.  L'épreuve  que  J'ai  est  avant  la  lettre.  Elle  a  appartenu  à  îff.  Robert 
Dumesnil ,  qui  Ta  annotée  d*après  un  exemplaire  avec  la  lettre,  l'adresse  et 
rinscription  manuscrite  :  Jourdain  inv.  et  sculp.,  Aix, 

2.  Gdbet,  Dictiotinaire  des  artistes^  Paris,  1831,  in-8*. 

3.  Jean-Jacque»-François  Tassaert. 


JEAN-JACQUES-I^RANÇÛIS  TASSAERT.  22!> 

Qiais  leur  manière*  y  a  fort  mal  réussi,  l'ai  parié,  à  l'article  Ga- 
tesme,  d'une  grande  composition  surChalier,  qui  fut  aussi  gravée 
far  Tassaert. 

Le  31  may  1793,  gravé  par  Tassaert,  citoyen  français,  d'après 
ïesquisse  du  citoyen  J.-F,  Harriet,  gr.  in-f®,  1.  H  y  a  dans  cette 
pièce  une  multitude  de  figures  et  une  recherche  théâtrale  de 
J'effet,  mais  rien  de  ce  qu'on  pouvait  attendre  d'un  peintre  cou- 
ronné par  le  jury, 
La  Nuit  du  9  au  10  thermidor,  dessiné  par  le  citoyen  Harriet, 
^ravé  par  Tassaert,  citoyen  français,  gr.  in-f",  1.  On  sent  peut-être 
'Ci     rémotion  et  l'horreur  de  la  scène,  par  l'effort  fait  par  les 
^K^istes  pour  rendre  les  figures  des  conventionnels  arrêtés,  le 
fi'^^c^as  des  coups  de  pistolet,  la  lueur  des  torches;  mais  de  cet 
rt  à  un  beau  quelconque  il  y  a  encore  loin. 
triumvir  Robespierre,  chez  Tassaert,  graveur,  ovale  in-8®; 
^^^kespierre  exprime  un  cœur  dans  une  coupe  : 

Ce  maître  impérieux  n*e8t  plus  qu'un  vil  coupable,  etc., 

^^it  vers  de  la  Virginie  de  Laharpe. 

Tassaert  fut  bientôt  ramené  à  des  ouvrages  plus  calmes,  sinon 
ïHeiileurs  : 

LÈlève  intéressante,  M"«  Gérard,  élève  de  Fragonard,  pînxit; 
seconde  édition,  retouchée  par  Tassaert,  gr.  in-f^,  h.  ; 
Young  enterrant  sa  fille,  d'après  le  dessin  de  Lemiire  jeune  ; 
Collection  de  têtes  d'expression,  d'après  Lemire. 
On  peut  compléter  un  œuvre  à  Jassaert  avec  des  portraits  de 
divers  formats  : 

M f^  Clairon; 

M.  de  Latude; 

Lavoisier,  d'après  David  (collection  Bonneville)  ; 

Lavoisier  écrivant  à  son  bureau  ; 

Richard  Parker,  1797  ; 

Danse  de  Villoison: 

Colin  dHarleville; 

15 


226  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU  pÛIKTILLÉ. 

Et  plusieurs  portraits  de  BuanaparU ,  général  «  coi 
empereur. 

SoD  pointillé  n'était  qu'une  selle  à  tous  chevaux;  ii  ava 
à  Chahep  et  à  Robespierre;  en  1806,  îl  servait  à  une  apot 
NapoUan,  emperaur,  représenté  dans*  une  gloire  céleste,  j( 
gant  et  prononçant  ces  paroles  :  «  Dieu  me  la  donne,  gar 
la  touche  »  ^  eU  en  1814,  ii  servit  à  ui^e  allégorie  :  la  û 
tyran,  ii?-8®  : 

Son  triomphe  fût  court,  la  chute  est  éterneUc,  etc. 

Tassuert  dirigeait,  vers  l'an  IX,  la  gravure  des  ouvre 
fleurs  de  Redouté  ;  ii  avait  inventé,  disait-il,  un  outil  av^€ 
ii  était  en  état  de  saisir  les  moindres  mouvemepts,  "et 
moyen  il  croyait  pouvoir  dans  ta  gravure  approcher  autar 
nature  que  daAS  le  dessina  Ii  est  fâcheux  que  ce  men 
procédé  ne  paraisse  en  rien  dans  les  ouvrages  qu^  nous 
d'examiner. 

VÉRITÉ'  appliqua  d'abord  aux  portriiits  son  procédé  d* 
tjllé,  qui  était  assez  lumineux.  Les  $iej)s  nous  donnant 
façon  suffisamment  exacte  dans  leur  petit  format,  les  ] 
nages  des  premiers  temps  de  )a  Révolution  : 

Louis  XVI  à  cheval  ; 

Louis  XYI,  en  l?uste,  en  couleur,  chez  M"*  Bligny  : 

Monarqufi  bi^faisAAt,  prptectei^  fXfÔA  4^  z^le,  et^.; 

La  Fayette; 
Tkouret  : 

,  A  nous  donner  des  lois  il  s'occupe  sans  cesse,  et^.; 

1.  Cette  estampe  est  annoncée  et  décrite  fort  au  lon^  dans  les  Anna 
Chalcographie,  in-S»,  1806, 1. 1,  p.  111. 

2.  Bruun  Neergaard.  Sur  la  situation  des  beaux-arts  en  France 
in-8%  p.  180. 

3.  Jean-Baptiste  Vérité. 


Cornas,  dessiaé  d'après  nçiliire  par  D*^; 
CotjLthon,  Ducreux  pinxit; 
Raboui  Sainl-Ètienne  : 

De  ses  frères  proscrits  Tespoir  et  le  sovitien  ; 

CamJbon  fUs  aîné,  fabricant  à  Montpellier,  député  du  départe- 
ment derHéranlt  àrAssemblée  nationale  de  1791  ; 

f^^jf^elktier  Saint-Fargeau,  dessiné  sur  le  plâtre  et  gravé  par 
Vérité. 

Pu  is  vinrent  quelques  Ggnres  de  dévotion  révolutionnaire  : 
^^''^Mas,  Vérité  se.  : 

Dieux  !  donnez-nous  la  mort  plutôt  c^ue  ^esclaya^e  ; 

Joseph  Barra; 
^^9'^^icole  Viola; 
^  JPnix; 
^    VérUè. 

'•  Krava  deux  grandes  pièces  :  la  Journée  du  26  juin  1792  et  la 
*P<*^"«»on  de  Mark'AïUoineUe  cFavec  sa  famille  dans  la  tour  du 
''^'^Pic,  d'après  Bouillon. 

^  "*^î«  ces  compositions,  qui  ne  s'élèvent  guère  au-dessus  de 
"**^8erie,  furent  faites  en  1795,  et  les  types  révolutionnaires  y 
P'^Oriçnt  l'expression  dont  les  chargea  la  réaction.  A  la  même 
^*^Ue  appartiennent  les  portraits  de  Louis  XVI  et  Marie-Antoi- 
^^,  sur  la  môme  feuille,  avec  la  mention  de  l'exécution,  et  la 
r**inces5e  de  Lamballe,  d'après  M°«  Lebrun. 

^uillon  et  quelques  autres  dessinateurs  fournirent  à  Vérité 
^^  Sujets  d'estampe  plus  considérables;  ils  servent  du  moins  à 
feire  connaître  des  artistes  qui  ont  eu  dans  le  temps  leur  succès  : 
Miîierve  protectrice  des  Arts  et  de  la  Sagesse,  d'après  Bouillpn  ; 
L'Amour  conduit  par  la  Fidélité  ; 
V Amour  fixé  par  l'An^itiè  ; 
Offrande  à  Priape,  Serangeli  pinxit.  Vérité  direxit,  in-f^,  1.; 


M8  ARTISTES^—  GRAVEURS  AU   POINTILLÉ. 

Pauvre  Jacques,  Vangorp  delineavit,  Vérité  sculpsit,  ÎD-f», 
h.,  ovale. 

TRESCA\  Sicilien  établi  à  Paris,  gravait  en  1788,  à  ce  que 
nous  rapporte  Basan,  divers  sujets  à  la  manière  pointillée  an- 
glaise, qu'il  copiait  d'après  des  estampes  de  plusieurs  graveurs 
anglais.  Ces  estampes,  qui  n'avaient  d'anglais  que  le  litre, 
étaient  empruntées  la  plupart  à  des  peintres  de  sujets  familiers 
et  galants  de  son  pays  :  Pinelli,  Gianni,  Gipriani*.  Il  avait 
fait  pourtant,  d'après  Lawrence,  le^AppréU  du  ballet,  et,  d'après 
David  Àllan,  l  Origine  de  la  peinture,  qui  est  annoncée  dans  le 
Mercure  français  de  1792.  Boilly  le  ramena  à  des  sujets  tout 
français,  mais  qui  ne  sont  révolutionnaires  que  pour  la  morale. 
Nous  avons  cité  ces  estampes  dans  l'œuvre  du  peintre;  en  voici 
une,  d'un  sujet  tout  palpitant  en  l'an  VII,  qui  lui  appartient  en 

propre  : 

Eulalie,  embrasse  ton  époux,  dernière  scène  de  Misanthropie 
et  Repentir,  Tresca  sculp.,  in-f^,  l.;  sept  flgures,  d'une  expression 
merveilleuse  et  d'un  pointillé  des  plus  fins. 

L'entreprise  la  plus  sérieuse  de  Tresca  fut  la  suite  des  Douze 
Mois  républicains,  d'après  Lafitte,  dont  j'ai  fait  connaître  déjà 
quelques  types.  Ce  qui  appartient  davantage  au  graveur,  c'est  la 
netteté  conservée  au  dessin,  le  soin  des  attributs  et  peut-être 
l'apposition  des  quatrains,  péché  mignon  de  certains  graveurs 
dans  tous  les  temps.  Les  jolis  bustes  féminins  de  Vendémiaire,  de 
Nivôse,  de  Floréal,  de  Messidor ^  avec  le  calcul  de  la  durée'des 
jours  dans  les  principales  villes  de  l'Europe,  n'étaient  pas  faits 
seulement  pour  servir  de  modèles  dans  les  lycées,  ainsi  que  le 
disait  l'annonce  de  Vallin,  mais  aussi  pour  orner  les  cabinets  des 
curieux,  dont  le  goût  contribue  à  l'encouragement  des  beaux- 

i.  Salvatore  Tresca,  né  à  Païenne.  V.  Catalogue  de  planches  gravies  et 
estampes,  après  cessation  de  commerce  de  M.  Tresca;  graveur,  par  Regoault 
DeUlande,  21  février  1X15,  in-8*. 

2.  Nymphs  and  Cupids;  Nymphs  bathing;  Cipriani  piox.,  Salv.  Tresca 
sculp.,  in-4<*  1.,  à  Paris,  chez  l*aiiteur,  rue  des  BlauTaises-Paroles. 


l 


SALVATORE  TRESCA.  229 

arts  ^  Il  fallait  bien  la  candeur  de  nos  théophilanthropes  pour 
donner  comme  modèles  à  des  lycéens  des  formes  aussi  accusées 
et  des  vers  aussi  vifs  que  ceux  qu'on  lit  nu  mois  de  Germinal  : 

Tout  végète  et  s*anime  au  retour  des  Zéphyrs  ; 
La  Nature  à  ses  lois  ramène  nos  désirs, 
Et  rage  le  plus  pur  apprend  des  tourterelles 
Qu'il  est  doux  de  s'aimer  et  de  s*unir  comme  elles. 

Le  procédé  de  Tresca,  plus  léger  que  celui  de  Darcis,  fit  mieux 
valoir  encore  quelques  sujets  d'incroyables,  qui  portent  son  nom 
seul,  mais  dont  le  dessin  trahit  toutes  les  habitudes  de  Boilly  : 

Les  Croyables  au  Perron^  Tresca  sculp.  ; 

Les  Croyables  au  tripot; 

Point  de  convention,  Tresca  sculp.,  in-i°,  1.;  un  jeune  homme, 
les  bottes  aux  mains  d*un  décrotteur,  offre  de  l'argent  à  une  fille 
qui  décampe  ; 

La  Folie  du  jour,  Tresca  sculp.,  in-l»,  1.;  un  jeune  homme,  en 
culotte  collante,  et  une  jeune  femme,  en  robe  diaphane,  dansent 
un  pas  de  boléro'  devant  un  ménétrier^  On  ne  saurait  imaginer 
une  mise  en  scène  plus  piquante  des  travers  et  des  grimaces  des 
habitués  des  bals  de  l'hôtel  Mercy  et  de  l'hôtel  Thélesson. 

LEVILLY'  est  une  assez  bonne  doublure  de  Tresca.  11  passe 
comme  lui  de  la  fabrique  italienne  anglomanisée  et  des  importa- 
tions germaniques  à  des  façons  tout  à  fait  françaises.  Ses  eslam- 

i.  Annales. de  la  Chalcographie,  Paris,  1806, 1. 1,  par  54.  La  suite,  commen- 
cée quand  le  système  républicain  était  encore  en  vigueur,  essayait  encore  de 
•e  placer  sous  TEonpire. 

2.  Le  tribun  Gara-Mai  Ma,  Tun  des  grands  incroyables;  Tamant  de  M*"**  do 
Gondorcet  et  de  M"*  de  Fleury,  après  un  voyage  en  Espagne,  avtiit  mis  à  la 
mode  cette  danse,  et  Teiécuta  ches  M.  de  Talleyraud  avec  M"*  Tallien  {Sou- 
fmûrs  du  Directoire  et  de  l'Empire^  par  H"'  la  baronne  de  V...,  Paris,  iSiS, 
in-««,  p.  12.) 

3.  J.-P.  Levilly.  Je  ne  trouve,  dans  les  documents  à  ma  portée,  aucune  men- 
tion de  cet  artiste.  11  n^est  point  à  confondre  avec  Cbarles-Stanislas  Léviillé, 
ingénieur  à  Caen  et  dessinateur  de  ruines. 


430  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU   POINTILLÉ. 

pes,  plos  petites  que  celles  de  Darcis  et  de  Tresca,  soût  poilrtai^^ 
encore  si  frottées  dû  goAt  des  merveilleuses  que  je  prends  no^H 
de  celles  qui  me  sont  tombées  sous  les  yeux  et  que  personne 
citées.  Beaucoup  ne  portent  que  son  nom  seul  : 

Les  Cerises,  Levilly,  petit  médaillon  en  couleur; 

Le  Bain  de  Virginie,  Levilly  sculp.  :  «  Un  de  ces  étés  qui  d( 
lent  de  temps  à  autre  les  terres  situées  entre  les  Tropiques,  et 
In-4«,  h.  ; 

What  you  will;  —  a  Widow;  J.-P.  Levilly,  2  pièces  in-4«,  h  

Là  Rivale  désabusée,  dessiné  et  gravé  par  J.-P.  Levilly; 

La  Valse,  Benvell  pinx.,  J.-P.  Levilly  sculp.,  in-4®,  h.  La  v:^:^  1 
vint  de  l'Allemagne  et  prit  vogue  dans  lefe  salons  de  Tan  V;  ^] 
est  ici  fort  romantisée; 

Beautés  dansant  à  la  musique  de  V Amour,  J.-P.  Levilly  sci^  Ip 
ih-4*,  h.  ; 

Le  Poète,  L.  Boilly  pinxit,  J.-P.  Levilly  sculp.,  in-f*,  h.  Uii  ^mt^ 
lesceht,  en  culotté  collailte  et  bottés  à  revêts,  le  calepin  à  la  m  .^i^j 
s'înspîre  auprès  de  la  statue  d^Apollon,  au  coin  d'un  bosquet  <3" 
dèiiï  jeunes  filles  l^épîent.  C'est  le  chef-d'œuvre  du  gravenw,  *^ 
une  charmante  vignette  pour  les  poésies  dont  raffolèrent  ceim^  ^^ 
celles  qui  avaient  leurs  seize  ans  vers  l'an  VI  ; 

Faites  la  paix,  —  C'est  inconcevable,  tu  n'es  plus  reconnaisscU^^^ 
Levilly,  deux  petites  pièces  rondes;  sujets  d'incroyables. 

Les  Cmyabks  au  Perron,  —  Tiens,  c'est  mon  valet,  autres  petîti 
pièces  rondes,  toples  réduites  des  sujets  de  Vemet  et  de  Dartff 

AUGUSTIN  LEGRAND  *  traverse  la  Révolution  avec  des  estampes,-- 
de  genre  galant  et  sentimental,  qu'il  prend  aux  peintres  en  vogue: 
Fragonard  :  Ma  chemise  bride,  —  Télémaque  et  Eucharis; 

1.  AugQAtM^ud^^itnOfi  Legrândt  n^  à  Paria  en  1705.  Le  Manwl  de  VAnka- 
teurd'êgtampes  le  fkit  motirir  vers  IS08,  mAis  où  trouve  des  publications  sotis 
son  nom  jusqu*en  1826.  V.  Quérard,  la  Franc»  littéraire,  t.  V,  1833,  ia-^% 
p.  101.  D*aprèB  les  iaditAtienft  du  Manad,  Legrand,  élëve  de  son  père  Louis 
Legraâd)  graveur  au  burf  iH  attrait  cotnineocé  par  des  vignettes  d'après  Ceddn 
et  Eisen. 


AUGUSTIN   LEGRAND.  231 

Hili^ft  t  la  Déd€gràiion,  VÀmant  pressant  ; 

Schall  :  ia  Saison  desamowrsi  Us  PetUs  Swdojfwês,  U  Ro^r  de 
la  Mnlleraie. 

Datis  deux  sottes,  qui  necessèiisnt  à  aucune  époque  d*exeiterla 
senti meotalité  populaire  :  Geneinève  de  Brabani  et  Paul  et  Vér- 
^iéi,  c'est  eoco^  à  Scball  et  à  M^^  Gérard  qu'il  ôinprUDte  ses 

Je  ne  vois  de  lui  que  deux  piècôs  politiques  :  U  RéeU  d'un 
Invalide,  chez  un  ferinier  de  ia  Eaùiè^Normandié,  en  lui  monltoni 
uiw  imaqe  représentant  le  portrait  du  Roi  (17  juillet  1789),  d'après 
Debucourt,  dont  on  connaît  les  transformations,  et  la  Cocarde 
rmUmale,  d'après  Boilly.  Car  ce  n'est  pas  à  lui  qu'appartiennent 
sans  doute  deux  pièces  signées  :  Legrand  sculp.,  Mariage  républi- 
coin  et  Divorce,  in-f»,  1.*,  qui  sont  fort  curieuses  pour  le  costumei 
mais  faites  au  lavis  et  avec  des  figures  prises  dans  les  Salons  de 
Curtjus  plutôt  que  dans  la  nature. 

^ugustin  Legrand  variait  ses  procédés  de  gravure  à  la  ma- 
'ï'ere  du  crayon;  il  dessinait,  non  pas  certes  avec  pureté^  mais 
;  ^^  délibérément.  On  en  juge  par  quelques  esquisses  qu'il  a 
^^'tes  seul  : 

^  ^^,  —  le  Rossignol,  gravé  par  Aug.  Legrand  en  tbermidor 
^^  in-f«.  L,  deux  estampes  très-fines  et  des  meilleures  de  son 

-^  <^€:ord,  dessiné  et  gravé  par  A.  Legrand,  in-4®,  b.  ; 

hustes  de  femmes,  qui  se  font  valoir  auprès  de  certains 
^^rs  par  leurs  mines  sentimentales,  leurs  costumes  roma- 

^^^  l^aris,  chei  Legt-and,  rue  Jacques,  n*  16,  \n-ï°  1.  Ces  pièce»  sont  sans 

~^*^  ^un  autre  Legrand,  P.-F.  Legraud,  qui  a  gravé  quelques  estampes  diaprée 

'^^^^'»  lieroy  et  d*80tres.  Le  Mnnuel  lui  donne  sept  articles;  Je  ne  le  con- 

^^     ^Ue  par  une  pièce  qui  est  annoncée  dans  le  Moniteur,  3  mars  1703  : 

•  *^^^^^r6«  anglais  :  Quand  la  Pauvreté  entre  par  la  porte,  V Amour  s'envole 

^f  *<».  fenêtre,  gravée  par  P.-F.  Legrand,  d*après  feu  Leroi«  chez  Tauteur,  rue 

^•*^^""Jacqùcs.  LMdéede  Cette  estampe  est  ingénieuse  et  son  exécution  agréable; 

(lO  ^^urrait  en  faire  le  pendant  en  attribuant  à  la  Richesse  le  même  eflTet  qu'à 

\^  ■^•ttvreté;  une  troimèrae  gravure  compléterait  le  sujet  ;  ce  serait  la  douce 

l^^^îocrilé  qui  rappellerait  et  fixerait  TAmour.  » 


«32  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU   POINTILLÉ. 

nesques  et  surtout  par  les  couleurs  dont  elles  sont  bariol 
Et  des  Esquisses  des  statues,  bustes  et  bas^eliefs,  fruits  des 
quêtes  de  l'armée  d*ltalie,  publiées  en  1803. 

Je  ne  suivrai  pas  plus  loin  le  nom  d'Augustin  Legrand,- 
devint  une  raison  de  commerce  de  gravure  et  d'imprimerie 
une  multitude  de  modèles  d'école,  de  chevaux,  de  sujets  de  d^ 
tion  et  de  livres  d'éléments  et  d'images,  depuis  VArt  du 
ou  le  Petit  Jean  Cousin,  et  l'Art  de  broder  ou  les  Ouvrages  à  M\ 
guille  en  général,  jusqu'à  VHistoire  naturelle  et  à  la  Morale 
action, 

RUOTTE  *,  dodt  la  première  notice  nous  est  donnée  par  Basan, 
avait  été  à  Londres  apprendre  la  manière  pointillée  chez  Barto- 
lozzî,  où  il  grava  en  1784  la  Comtesse  d'Arcourt  en  villageoise, 
d'après  Angelica  Kauffman.  Je  n'ai  noté,  des  ouvrages  de  Ruotte 
avant  la  Révolution,  que  la  Comédie,  ovale  in-f°,  chez  M"«  Breton. 
11  exposa  au  Salon  de  1793  une  Jeune  femme  tenant  une  lettre, 
d'après  Fragonard,  et  un  Mariage  samnite,  d'après  Monsiau. 

A  la  même  époque  parurent  des  pièces  empreintes  de  toute  la 
couleur  du  temps  : 

La  Liberté,  patronne  des  Français,  en  buste  dans  un  ovale, 
Boizot  del.,  Ruotle  sculpt.  Cette  figure  est  empreinte  d'une  cer-, 
taine  austérité,  la  tête  coiffée  du  bonnet,  couronnée  de  chêne  et 
dans  une  gloire,  la  ceinture  nouée  sous  les  seins  qui  font  saillie 
sous  le  péplum  mouillé  ; 

La  Liberté  et  l'Égalité  unies  par  la  Nature, ^^ixoiie  ^ulpsit.  C'est 
encore  une  composition  toute  pleine  de  l'hiératisme  républicain, 
dans  son  pointillé  monotone  et  froid,  et  qui  ne  trouve  de  compa* 
raison  que  dans  les  Madones  d'une  autre  époque;  la  Nature  est 
figurée  en  Diane  multimamme,  assise  entre  deux  lions; 

La  Liberté  et  l'Égalité  au  sein  dune  famille,  Ruotte  fecit,  à 
Paris  chez  Depeuille,  in-8<»  en  hauteur;  petit  médaillon,  au  haut 


1.  UKiift-€harie6  Ruotte,  né  à  Paris  en  1754,  élève  de  Lemire  et  de  Barto- 

lOMi, 


.«* 


à 
â 


LOUIS-CHARLES    R130TTE.  233 

j» 

^■^e  pancarte  encadrée  de  faisceaux,  et  destinée  sans  doute  à 
^^  inscriptions  civiques. 

t>ans  les  Salons  de  Tan  IV  et  de  Tan  V,  Ruotte  envoya  des  sujets 
^  ^près  divers  maîtres  : 

Wnion,  d'après  Lethière; 

la  Téie  de  la  Liberté,  d'après  Bosset  ; 

La  Leçon  inutile,  d'après  Vangorp; 

Trois  sujets  de  Paul  et  Virginie,  d'après  Vallin  ; 

Les  Mariages  samnites,  d'après  Boizot.  Ce  titre  historique  n'est 
<Iu'un  prétexte  pour  mettre  à  la  mode  antique  le  sujet  commun 
du  Coucher  de  la  mariée  et  du  Lendemain  des  noces.  Le  graveur 
De  fait  qu'ajouter  un  degré  de  vulgarité  de  plus  aux  figures  de 
ses  dessinateurs. 

En  l'an  IX,  Ruotte  prenait  encore  à  Lebarbier  des  Principes 
élémentaires  de  dessin  à  Vusage  de  la  jeunesse.  Ses  inventions 
paraissent  se  borner  à  quelques  figures  de  femmes,  allégories  ou 
héroïnes  de  roman,  et  quelques  caricatures  : 

La  Paix  : 

O  Paix,  flUe  du  Ciel,  console  enfin  la  Terre, 

frontispice  pour  la  collection  Bonneville; 

CécUia;  —  Metella;  Landon,  en  annonçant  ces  deux  pièces  dans 
les  Annales  des  Arts  de  l'an  XI,  dit  que  le  peintre  a  réuni,  dans 
ces  portraits  d'imagination,  la  régularité  un  peu  froide  des  An- 
glaises et  la  grâce  plus  animée  des  Françaises  ; 

Le  Bœuf  à  la  mode; 

L'Écot  :  Ruotte  fecit  an  V,  in-fol.  1.,  pièce  où  figurent  Buo- 
naparte,  l'Empereur,  le  roi  d'Espagne,  un  Hollandais,  le  roi  d'An- 
gleterre et  un  Garçon  de  taverne. 

L'énumération  de  l'œuvre  de  Ruotte  serait  longue  encore  si  on 
rétendait  aux  planches  de  livres  et  aux  vignettes  auxquelles  il 
prit  part;  Je  me  restreindrai  aux  portraits,  qui  portent  toujours 
leur  intérêt  malgré  l'uniformité  du  procédé  : 

Washington,  d'après  Bonneville,  in-8°  ; 

La  princesse  de  Lamballe,  d'après  Danloux,  1791,  in-/i"; 


m  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU  POINTILLÉ. 

fjDuds-Ghnrlêi  ié  Franchi  daupbih,  d'aprfts  Sauvage,  1702 1 

PaUoy,  în-8»; 

Sar  r&atel  dé  U  Liberté 

II  met  son  cœur  et  son  génie*.*  % 

if'''  Raucourt,  d'après  Gros,  en  1796*  ; 

Nicolaus  Daleyrac,  in-4*; 

Albouy  Dazincourt; 

De  Piis; 

Lapnncesse  Caroline  de  Galles,  d'après  ft.  Cosway; 

M^  Gonihier; 

Dcrivispère,  dans  les  Amazones; 

Le  catdinal  de  Belloy,  archevêque  de  Paris. 

BRION  DE  LÀ  TOUH*,  fils  d*un  îngénieiir-géographe  du  ro/» 
se  fit  quelque  occupation  d'abord,  comme  dessinateur,  dansde^ 
portraits  qui  furent  gravés  en  couleur  par  Chapuy  : 

Cagliostro; 

Pilaire  du  Rosier  ; 

Le  Bailli  de  Suffren  ; 

Louis  XVI . 

Le  môme  graveur  fit  d'après  lui  une  pièce  galàbte,  intitulée:  la 
Réponse  embarrassante, 

11  composa  une  Allégorie  sur  V Assemblée  des  ^^otables,  gravée 
par  Letuer  en  douze  jours,  in-fol.  h.;  il  dessina  des  planches  pour 
les  Antiquités  nationales  de  Millin,  diverses  tombes,  costumes  des 
Jacobins  f  qui  ne  sont  remarquables  que  par  la  façon  dont  les 
monuments  y  sont  défigurés,  et  entreprit  la  publication  des 
Voyages  dans  les  Départements.  H  se  signala  par  la  publication  de 
deux  estampes  sur  Lepelletier  et  suf  Marat  : 

Assassinat  de  Michel  Lepelletier,  Brion  pinxit,  éditeur  et  des- 
sinateur des  Voyages  dans  les  Départements,  in-fol.  1.,  avec  une 

1.  La  planche  fut  commandée  par  lin  amateur  d*estam|^s,  M.  d*llenneville, 
et  donnée  à  M"*  Raucourt  le  jour  de  9à  THe, 

2.  Louift  Briôn  de  La  Tmut  le  Hls. 


I 


.  ,s 


LOUIS  BRION   DE  LA  TOUR.  235 

^firende  eh  llroîs  Ifgn^s.  La  composition  a  sept  figures  :  Lepelletier 

^  l'aèsàssin  à  gauche;  à  droite  trois  convives  sortent^  6«ivis  d'un 

uatrième  qui  payé  là  dame  du  comptoir;  la  salie  du  restaura- 

'^r  Février  est  meublée  à  l'antique; 
^  ^sassinai  de  kàrat,  composition  de  dix-huit  figures^  prise  au  tno- 

^nt  où  on  emporte  le  corps  et  où  Ton  entraîne  Charlotte  GordAy. 
des  estampes  sont  d'un  pointillé  asse2  soigné ,  précieuses  pour 
costume,  assez  vraies  d'expression  ^t  fort  supérieures  à  celles 

^    I3esrâis*,  mais  il  n'y  faut  pas  chercher  un  idéal  quelconque; 

^toiimelle  ne  trouvait  à  y  louer  qile  du  moUvetaent  et  du 

ï^avail  ». 
L«e  critique  de  là  Décade,  Amaury  Duval,  les  loiie  davantage  : 

*^  Cfes  ettampes,  d'une  bontie  composition  et  d'un  gradd  effet,  ijont 

^lles  qui  rendent  avec  le  plus  de  précision  et  d'exac^titude  les 
^^énements  qu'elles  représentent.  Le  lieu  de  la  scène  a  été  levé 
surplace.  Dans  l'assassinat  de  Marat  on  reconnaît  sa  chambre; 
Vàutetir  a  ^aisi  le  moment  ou  le  corps  fut  transporté  de  la  bâi- 
gQoire  jusque  sur  le  lit,  et  où  les  citoyens  armés  se  saisirent  de 
lassassin  et  Tentraînèrent ,  ce  qui  donne  un  mouvement  drama- 
tique au  tableau.  Dans  l'autre  estampe  on  voit  comment  l'assas- 
sin profita  du  moment  où  plusieurs  personnes  passaient  dans  le 
salon  voisin  auprès  du  comptoir  pour  exécuter  son  dessin;  ces 
personnes,  qu'on  aperçoit  au  travers  d'une  arcade,  font  un  effet 
très-pittoresque.  » 

Le  mérite  de  la  vérité,  qui  faisait  juger  ces  compositions  avec 
faveur,  doit  plaider  encore  pour  elles  et  faire  supporter  leur  exé- 
cution monotone,  leur  .dessin  tendre,  leur  expression  dure  ou 
radoucie  à  l'excès. 

1.  Brion  fut  hommage  de  sa  gravure  de  LepelUtier  à  la  Commune  de  Paria, 
le  29  août  1793;  elle  est  annoncée  dans  le  Moniteur  â\i  3  septembre,  aji  prix 
de  5  liv.  en  noir  et  de  10  liv.  en  couleur.  La  gravure  de  MareU  est  annoncée  le 
1*^  germinal  an  tî.  Elle  doit  être  encon;  plus  rare  que  I^autrc,  car  je  ne  Tàî  vue 
qu'au  Cabinet  des  estampes;  elle  n*est  pas  chez  M.  Hennin,  ni  dans  lA  collec- 
tion Laterrmde. 

2.  Journal  de  la  Sààiété  répïihïicainé  dss  Arts,  ih-8^,  p,  30l. 


236  ABTISTES.  —  GRAVEURS   AU   POINTILLÉ. 

Ces  gravures  de  Brion  sont  annoncées  comme  failes  sur       àes 
tableaux  ;  mais  de  ces  peintures  personne  ne  parle,  et  Toa   -'^ott 
seulement  Brion  figurer,  au  Salon  de  l'an  V,  comme.élève  de  f^^^' 
tout,  avec  un  tableau  intitulé  :  Première  leçon  (Tamour. 

Il  est  ensuite  cité  comme  ayant  gravé  un  tableau  de  Mons/^^  ' 
exposé  en  l'an  VI ,  Zeuxis  choisissant  ses  modèles  parmi  les  P^^.^ 
belles  filles  de  la  Grèce,  d'où  il  passe  immédiatement  à  la  tradn^^ 
tion  pointillée  de  trois  tableaux  de  RapbaêP.  Sans  chercher  l^^ 
pièces,  il  m'a  suffi,  pour  être  édifié  sur  la  fin  de  Brion,  devoir^ 
celles-ci,  par  lesquelles  je  terminerai  son  article  : 

La  Jardinière  coquette  :  C'est  pour  lui  que  je  me  pare,  dessiné  et 
gravé  par  Brion,  terminé  par  Duthé,  in-fol.  en  couleur; 

Vignette  pour  le  Furet  de  la  littérature,  par  le  citoyen  du  Cœur- 
Joli,  an  XI  ; 

La  Folie  prècliant  dans  la  calliédrale  de  Paris,  «  Mes  chères 
sœurs,  le  trou  du  Néant,  le  trou  du  Péché,  le  trou  du  Monde,  sont 
les  trois  trous  qui  vont  faire  le. sujet  de  mon  discours  :  Ave 
Maria.  » 

MONSALDY  '  est  un  graveur  au  pointillé,  se  servant  quelque 
peu  du  burin  et  de  la  pointe,  dont  personne  n'a  parlé,  si  ce  n*est 
Vallin  ',  qui  l'appelle  un  jeune  artiste  plein  de  mérite.  Il  était 
élève  de  Peyron  et  grava  d'après  lui  Antigmve  sollicitant  Upardofi 
de  Polynice  et  les  jeunes  Athéniens  et  Athéniennes  tirant  au  sort 
pour  être  livrés  au  Minotaure^  in-8',  I. 

Deux  autres  figures,  de  l'école  académique  renforcée,  devront 
peut-être  aussi  à  son  burin  quelque  vulgarité  : 

Soldat  blessé,  figure  d'étude  peinte  à  Rome  par  Drouais  ; 

Thisbé,  d'après  un  tableau  de  Gautherot^  exposé  en  Tan  Vil. 

i.  Manuel  dé  V Amateur  (Tettampes,  1. 1. 

2.  Le  Manuel  de  VAmateur  d'estampes  donne  un  Monsaldy,  gnreur  M 
burin,  travaillant  à  Rome  au  commencement  du  MX*  siècle,  et  auteur  de  deui 
portraits  :  Isaac  Newton  et  Onuphre  Scassi, 

3.  Annales  de  la  Chalcographie,  Paris,  1806,  in-8<*,  p.  104. 


MOKSALDY.  237 


Les  pièces  qui  suivent,  bien  que  d'une  exécution  très-méca- 

que,  se  relèvent  par  leur  intérêt  historique  : 

La  liberté  de  V Italie,  dédié  aux  hommes  libres,  d'après  Henné- 
c]tiin,  in-fol.,  h.; 

Triomphe  des  armées  françaises,  in-fol.,  1.  ;  on  y  voit  les  géné- 
raux Hoche,  Jourdan,  iMoreau  et  Buonaparte^  tenant  la  carte  des 
contrées  qu'ils  conquirent  à  la  République  ; 

L.-CharL'Afit.  DesaLjo,  portrait  en  pied,  dessiné  au  Caire  paf 
Dutertre,  an  Vil  et  VIII,  Monsaldy  se.  ; 

Jean-Baptiste  Klébe7\  portrait  en  pied,  par  le  môme. 

II  y  a  aussi  plus  de  couleur  et  de  soin  dans  le  pointillé  que  de 
correction,  dans  une  composition  qu'il  fit  pour  un  frontispice 
in-fol.  :  Ici  reposent  les  cendres  de  Théophile  Everyète. 

On  doit  à  sa  pointe  quelques  portraits  intéressants  : 

Fouchè,  de  Nantes,  d'après  Sambat  ; 

Lady  Hamilton,  à  trente  ans,  d'après  Romney  ; 

La  reine  Hortense,  gr.  in-8®  ; 

M*^  Gavaudan,  dans  le  rôle  du  Diable  à  quatre^  de  la  Galerie 
théâtrale  de  Bance. 

Mais  les  estampes  qui  recommanderont  le  mieux  le  nom  de 
Monsaldy  sont  celles  qu'il  nous  a  laissées  des  Salons  de  la  Répu- 
blique ;  une  seule  porte  son  nom  associé  avec  celui  de  Devisme^  ; 
mais,  en  raison  de  l'obscurité  plus  grande  encore  de  ce  dernier 
nom  et  l'analogie  de  toutes  ces  pièces,  on  jBst  autorisé  à  les  attri- 
buer pour  la  plus  grande  partie  à  Monsaldy  : 

Salon  de  l'an  VI,  eau -forte  non  terminée,  in-4®,  1.  ; 

Salon  de  Van  VII ^  eau-forte  non  terminée,  onze  flgures  de 
spectateurs,  in-^»,  1.  ; 

Vue  des  ouvrages  de  peinture  des  artistes  vivants  exposés  au 
Muséum  central  des  Arts,  en  Van  VIII ^  dessiné  et  gravé  par  Mon- 
saldy et  Devisme,  !*••  feuille,  2«  feuille,  in-fol.,  1.; 

Vue  des  ouvrages  de  peinture  exposés  au  Muséum  en  l*an  IX, 

1.  Derisme  m^est  connu  seulement  par  une  gravure  de  grande  dimension, 
d'après  Demarne,  ei  par  des  vignettes  diaprés  Moreau. 


!m  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU  POINTILLÉ. 

m 
i!)4^  )•!  *<ies8iné  et  gravé  par  Devisme,  eaurforte  nod  terminée; 

dix  figures  par  plusieurs  groupes  sur  le  p^rque^;  il  y  ^n  a  un 

é(^^  ayapt  toute  inscription,  che;p  M.  Nip|  ; 

Salon  de  Van  X,  eau-forte  non  terminée;  huit  figures  dans  la 
salle  et  foule  à  \s^  porte;  iû-4®,  1.  \ 

Un  auteur  récent  a  décrit  avec  esprit  le  Salon  de  l'an  Vif  : 
tt  Cette  eau-forte,  très-ii)ordue  et  encore  charboonée  par  des 
retouches  à  la  pointe  sèche,  est  l'œuvre  d*un  disciple  malheureux 
de  Duplessis-Bertaux.  Sa  perspective  forcenée  exagère  encore 
l'aspect  étr^ge  des  peintures  suspendues  aux  quatre  parois  du 
3.^1on  carré;  n^algré  l'allongement  indéfini  des  figures,  émaciées 
coqime  au  sortir  d*un  laminoir,  on  reconnaît  les  tableaux  des 
plus  fervents  élèves  de  Técole  Davidienne...;  les  costumes  des 
spectateurs  ne  sont  pas  ce  qu'il  y  a  de  moins  fantastique*,  » 
Les  autres  Salons,  restés  à  Fétat  d'esquisse,  n*ont  pas  cet  effet  de 
charbonnage  et  de  perspective  en  allongement  qui  on^  éfnoustillé 
le  critique,  mais  ils  n*en  sont  pas  n^oins  atteints  de  leur  fie; 
Puplessis^Bertaux,  graveur  de  plus  d'adresse  et  de  plus  de  pra- 
tique, n'est  pas  aussi  naïf;  sur  les  estampes  de  Monsaldy  parait 
toute  la  défroque  du  temps  ;  les  ij\cr<iy(^bles  et  les  merveilleuses  se 
pavanept  ^u  premier  rang  ;  au  second  ce  sont  les  Jocrisses  et  les 
Cadet-Buteux,  et,  sur  les  parois,  se  voient  les  Muses,  de  Meynier, 
les  Remords  d'Orestef  de  Hennequin ,  et  le  Dix^uit  Brumaire,  de 
Callet. 

LAURENT  JULIEN  •  était  le  neveu  de  Simon  Julien  de  Parme, 

i.  La  jplupart  de  ces  pièeee  sont  de  la  plus  grande  rareté;  je  les  ai  mes 
presque  toutes  dans  la  coUection  de  M.  Hennin.  Celle  qui  a  été  veoduo  ea 
«vril  1859  ^Catal,  Vignères,  n"  679;  CasutU  des  Be€uu^4r^,  t.  q,  p.  186},  au 
prix  de  31  fr.,  n'est  pas,  comme  on  Ta  cru,  le  Salon  de  Van  VIII,  décrit  par 
M.  Lagrange,  mais  celui  de  Tan  IX,  car  on  y  voit  le  Lion  de  Florence,  de  Mon- 
siau,  et  le  Supplice  d*une  Vestale,  de  Peytavin. 

2.  Joieph  Vemet^  sa  vie,  sa  famiUe,  son  s^lû,  d'après  des  documents  iné- 
dits, par  Léon  Lagrange,  Bruxelles,  in-8*,  p.  116  ;  extrait  de  la  Revus  univer- 
selle des  Arls  de  1858. 

3.  Joseph-Laurent  Julien,  mort  en  1805. 


"^ 


JOSfiPH^LAURE^T  4ULIËN.  m 

ni  à  Toulon,  qui,  aprà^  ^yi^r  travÂIlé  dix  a»6  à  Roma,  fut  agréé 
de  rAcadémie  en  1779^  figura  f^ux  Saloua  de  iiftâ,  1785, 1787, 
comme  un  des  réformateurs  à  la  suite  de  Vieil,  et  eut  enfin  une 
exposition  posthume  au  Salon  de  !*an  VIII.  Ce  Julien  de  Parme  a 
lui-même  gravé  huit  pièces  à  i'eau- forte,  mais  elles  sont  du 
temps  de  eon  séjpur  k  Rome^;  il  trouv^  encore  quelques  gruveurs 
an  Franee,  tele  que  Carrée,  Leo^^it,  Pruneau,  i^aurent  Julien, 
qui  senl  nm^  intéresse  ici^  grava  d'abord  les  ouvrages  d6 
son  oncle  c 

ta  HdAe  4i  fendue; 
Titon  et  r  Aurore  ; 

L'Étude  répand  des  fleurs  sur  la  vie; 
UÀtïHmr  de  ia  gloire  fovM  aux  pi^^  h9  WW^I^  ^  l'Envie , 
peint  par  Simon  Julien  et  gravé  paf  Laur^t  Julien,  $pn  nevei). 

Ce  sont  de  grandes  pièces,  in-f*,  h.,  faites  au  crayon  pointillé  et 
très-renforcées,  sans  avoir  pour  cela  ni  couleur  ni  style  ;  tQiit  au 
plus  y  trouverait-on  quelque  réminiscence  des  modèles  de  B^rto- 
lozzi.  La  dernière,  rafraîchie  d'une  dédicace  aux  Soldats  françf^is, 
était  encore  annoncée  avec  son  pendant  en  1791. 

Boby  ou  la  Folle  par  amour  écossaise  •  S.  Julien  pina^it-  U  Julien 
sculp,  : 

A  peine  ^u  printemps  de  009  ^9*^5 

doDze  vers,  tirés  du  Journal  de  Paris,  1787. 

En  dehors  des  inventions  de  son  oncle,  le  graveur  fît  quelques 
pièces  d'allégorie  où  d'histoire,  et  des  caricatures;  maïs  il  n'avait 
rien  de  ce  qui  fait  distinguer  dans  ce  genre,  ni  esprit,  ni  légèreté, 
et  il  n'y  suppléait  que  par  des  efforts  malheureux  : 

LejeuneDesUlesàr affaire  de  Nancy,  Julien  le  neveu,  gr.  in-foi.,  K; 

Guerre  a/ux  tifrans,  paix  aux  peuples;  allégorie  sur  la  paix; 
dédié  «IX  vrais  eitoyess  ;  Joseph  i^urent  lulien  sculpt.  in-foK,  h.; 
la  pièce  est  d'une  énergie  assez  vive,  quoique  durement  gravée; 

U Amour  en  réquisition;  Lfiureot  Julien,  1795,  in-fol.,  I.; 

i.  EUes  ^  é^  4éent<w  FAT  If.  RjKisfMKr  4»  B^tU^MH»  ;  ^  (P^Mm  0fav9ur 
français  continué,  U  I,  in-8°,  1850. 


240  ARtlSTËd.  --OAAVEORd  AV  POINTILLÉ. 

Pauvre  Rentier  ruiné;  — Merlan  à  frire,  à  frire;  —  le  RiAe 
du  jour,  ou  le  préteur  sur  gages;  gravé  par  J.-L.  Julien  ;  imitation 
des  charges  de  Carie  Vernet. 


Toute  ma  complaisance  pour  les  inconnus  et  les  infimes  de  la 
Gravure  ne  saurait  aller  jusqu'à  ramasser  un  œuvre  et  trouver 
des  titres  personnels  à  la  foule  des  graveurs  au  pointillé  qui  tra- 
vaillèrent depuis  1789;  en  voici  une  kyrielle,  dont  je  me  bornerai 
à  donner  le  nom  et  Tindication,  en  citant  ceux  de  leurs  ouvrages 
qui  ont  quelque  reflet  révolutionnaire. 

GANU*  n'a  qu'un  pointillé  des  plus  plats,  mais  il  a  quelques 
portraits  et  deux  ou  trois  pièces  intéressantes  : 

Marie-Antoinette,  d'après  M"«  Lebrun  ; 

Sophie  Ruffey; 

Robespierre; 

Kotzebue; 

Grètry; 

M^^  de  Morency  :  Docile  enfant  de  la  Nature; 

Le  Temps  écarte  les  nuages  de  l'Ignorance  pour  découvrir  aux 
hommes  la  douce  Égalité,  1795,  ovale,  in-4*,  h.;  pointillé  et  cou- 
leur; 

Le  Français  en  1788,  1789,  1793  et  1801,  in-8«; 

La  Solitude,  in-fol.,  h. 

GAUTIER'  grava  pendant  la  Révolution  des  pièces  allégoriques 
assez  importantes  : 

//  ôte  aux  nations  le  bandeau  de  l'erreur!  A  mon  ami  qui  veut 
faire  ériger  dans  son  jardin  un  monument  à  Voltaire;  Bélanger 
architecte  inv,;  Gauthier  se,  in-fol.; 

Les  douceurs  de  la  Fraternité,  d'après  Vangorp; 

i.  Jean-Dominique-Étienne  Cana,  né  en  1768,  élève  de  Delaunây. 
2.  B.  Gaultier,  Gautier  aîné. 


FRANÇOIS   MARADAN.  241 

La  Loi,  d'après  Boizot;  elle  tient  un  livre  et  une  couronne; 
ovale  in-/»<*,  pointillé  de  cooleur; 

L'Héroïsme  français,  d'après  le  même; 
La  Philosophie  découvrant  la  Vérité,  d'après  le  même. 
1^  plus  remarquable  des  pièces  qu'il  grava  d'après  Boizot  est 
la  Liberté  couronnant  la  Victoire,  ïn-P  h.  ; 

La  prise  d$  la  Bastille,  avec  légende  et  chanson,  chez  Gau- 
thier. 

Mais  il  prend  plus  de  distinction  dans  les  sujets  qu'il  em- 
prunta à  Saint-Aubin.  J'ai  déjà  cité  une  pièce  qu'il  grava  avec 
Sergent;  en  voici  deux  qui  sont  des  plus  jolies  : 
:  U Hommage  réciproque^  Aug.  Saint*- Aubin  delin»,  Gauthier 
scnlpt.  ; 

Ce  sont  deux  pendants,  au  pointillé  de  couleur,  représentant  l'un 
un  jeune  homme,  les  outils  de  sculpteur  à  la  main,  devant  un 
buste  de  femme;  l'autre  une  femme  décolletée»  le  crayon  à  la 
main,  devant  le  portrait  d'un  jeune  homme,  in-A»  h. 
Il  ût  aussi  des  portraits  parmi  lesquels  je  remarque  i 
Beaumarchais,  ^uimt, 
Pétion, 
Chalier, 
Lanjuinais, 
Franklin, 
Beauhamais, 
Robespierre, 

Aneastrom,  le  Brutus  suédois. 
Qui  sont  des  meilleurs  de  la  collection  Boweville  ; 
Jourdan,  d'après  Hilaire  Ledru* 

Jl  continua,  sous  l'Empire,  par  des  portraits  officiels  et  des  allé- 
gories niaises,  et  finit,  sous  la  Restauration,  par  des  caricatures. 

MARADAN  ^  est  le  graveur  d'une  paire  de  pièces  de  morale 

I.  François  Maradan.  Est-ce  le  libraire-éditeur  do  nombreux  romans  in-t2 
et  in-lS,  ornés  de  vignettes,  anonymes  on  signées  :  Tom  Jones,  etc.  7 

10 


242  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU  POINTILLÉ. 

révolutionnaire,  qui  ne  sont  guère  que  de  Timagerie,  quoique  le 
sujet  en  soit  pris  de  la  donnée  de  Greuze  : 

Le  Serment  conjugal,  d'après  Senave  ; 

Le  Premier  devoir  d un phre,  d'après  le  même,  gr.  in*P»  h. 

Il  est  encore  connu  par  des  portraits  : 

M^  Fanny  Beauhamais; 

George-Anne  Bellamy ,  d'après  M"*  Laville,  femme  Benoît  ; 

Moreau,  général  en  chef  de  l'armée  du  Rhin,  etc.; 

Favard  ; 

Le  docteur  Gall^ 

Et  par  des  vignettes,  entre  lesquelles  on  doit  une  mention  au 
frontispice  du  Peintre  de  Salzbourg,  de  Charles  Nodier,  an  XI  : 
Elle  dessinait,  assise  sur  une  tombe. 

CHAPONICR^  était,  suivant  Basan,  un  peintre  en  émail,  qui  a 
préféré  à  son  talent,  qui  n'a  été  qu'éphémère,  la  gravure  anglaise 
pointillée.  En  1786  et  1787,  il  ne  pouvait,  en  effet,  manquer  le 
succès  avec  des  pièces  comme  celles-ci  : 

La  Femme  de  chambre  officieuse  (the  ofBcious  waiting  woman), 
d'après  Ghalle  ; 

Ce  qui  est  bon  à  prendre  est  bon  à  garder,  d'après  Huet. 

Mais  on  voit  encore  un  exemple  de  la  manière  dont  il  dessinait 
et  dont  il  traitait  les  sujets  sur  émail,  par  deux  très-petites  pièces 
ovales  au  pointillé,  qu'on  trouve  en  noir,  en  rouge  ou  en  couleur  : 
Offrande  à  Vénus,  —  une  Vestale. 

Il  prit  quelques  sujets  à  des  peintres  d'histoire  :  lo,  Danaè^ 
d'après  Regnault  ;  UÉtude,  d'après  Prud'hon. 

11  fit  môme  une  pièce  historique  :  le  Passage  du  pont  dArcoU 
par  Augereau  et  Buonaparle,  dessiné  sur  les  lieux  par  Lembert, 
dont  l'eau-forte  pure  est  assez  vive;  mais  ses  pièces  les  plus  con- 
sidérables et  les  plus  soignées  furent  toujours  les  sujets  galants, 
qu'il  prenait  d'après  Boilly,  Vauthier,  Mallet,  et  mâme  d'après 
les  peintres  anglais. 

1.  Alexandre  Chaponier,  né  à  Genève  en  1753. 


LA  CITOYENNE   ROLLET.  243 

On  lui  doit  aussi  des  portraits,  que  son  pointillé  rendait  avec 
beaucoup  de  flatterie  : 
Joseph  Haydn, 
M^  YolnaU, 
U^  Duchesnois, 
LouU-Napolèon,  roi  de  HoUande. 

DE  GOUY  ne  faisait  que  reproduire  en  petit,  et  sans  doute  pour 
servir  de  modèle  aux  dessinateurs  de  tabatières,  les  sujets  galants 
gravés  en  grand  par  Chaponier,  Regnault ,  Tresca,  et  par  les 
autres  graveurs  de  Challe,  de  Boilly,  de  Sicardi,  et  au  besoin  il 
en  dessinait  lui-même  pour  la  plus  grande  variété  de  sa  suite. 
On  voit  son  nom  sur  un  petit  portrait  de  Jérôme  Pètion. 

BONNEFOY*,  qui  avait  gravé  quatre  sujets  des  Contes  de  La 
Fmtaine,  d'après  Challe,  exposa,  au  Salon  de  1793,  deux  grandes 
estampes  d'après  Boilly  :  le  Cadeau ,  et  Honni  soit  qui  mal  y 
pense. 

Il  y  a  sous  son  nom  deux  pièces  curieuses  à  divers  titres  : 

La  Marche  incroyabley  d'après  Boilly.  Elle  est  décrite  dans  le 
Moniteur  du  5  nivôse  an  VII  :  a  Parmi  les  groupes  dont  cette 
marche  est  formée,  on  remarque  la  scène  d'un  marchand  d'ar- 
gent, des  Merveilleuses,  des  Incroyables,  des  dupes,  et  surtout 
un  suppôt  des  fameux  Comités  révolutionnaires,  donnant  le  bras 
à  une  de  ces  célèbres  Tricoteuses,  dignes  prétresses  du  culte  de 
Robespierre;  derrière  la  marche,  on  voit  un  de  ces  élégants  du 
jour  renversé  dans  son  cabriolet^  etc.;  » 

La  Machine  infernale,  rue  Nicaise,  3  nivôse  an  IX. 

La  citoyenne  ROLLET,  qui  n'est  pas  autrement  connue,  grava 
des  portraits,  dans  la  collection  Bonnevillc,  et  quelques  pièces  : 

La  Fraternité,  dessiné  par  Boizot,  gravé  par  la  cit.  RoUet, 
méd.  ov.  in-4®  ; 

1.  Jacques  Bonncfoy,  né  à  Arles. 


244  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AD  POINTILLÉ. 

Marat,  gravé  par  la  cit.  Rollet,  chez  la  cit.  R.,  rue  des  Noyers, 
ov.  in-/i°; 

Le  Moniteur  du  3  nivôse  an  II  l'annonce,  avec  celai  de  Lepel- 
letier,  u  par  un  artiste  connu,  au  pointillé^  d*un  fini  précieux  et 
d'une  parfaite  ressemblance  ;  » 

La  Traite  des  nègres,  gravé  par  la  cit.  Rollet,  d'après  le  tableau 
de  Morland,  à  Paris,  rue  Franciade,  prix- 6  liv.  en  noir,  12  liv.  en 
couleur:  a  Cette  estampe,  dit  le  ifoniffur  du  22  ventôse  an  II,  est 
du  plus  bel  effet,  de  cet  effet  qui  invite  à  penser  et  qui  force  à 
sentir.  » 

GOLIBERTS  peintre  et  graveur  au  pointillé,  qui  avait  fait 
d'abord  des  sujets  anglais  dans  la  manière  anglaise,  et  *  des 
paysages  d'après  Casanova,  parut,  au  Salon  de  1793,  avec  un 
grand  nombre  de  sujets  pastoraux.  Jausen  trouve  datis  ses  tableaux 
de  la  ûnesse  et  de  l'harmonie. 

11  grava  plusieurs  pièces,  intéressantes  pour  la  Révolution  : 

Jean-Marie  Roland,  ministre  de  l'intérieur,  dessiné  d'après 
nature  et  gravé  par  Nicolas  Colibert,  in-f>  h.,  pointillé  bnio,  ou 
en  couleur  ; 

Les  cendres  de  Voltaire  et  de  Rousseau  sont  portées  au  Panthéon 
des  grands  hommes,  d'après  Boiseau,  ovale  en  h.  ; 

La  Patrie  satisfaite,  peint  et  gravé  par  Colibert,  in-^  h.,  poin- 
tillé de  couleur.  Un  gargon  joufflu,  en  gilet  rose  et  pantalon  nan- 
kin, s'assoit  sur  un  sac  de  légumes,  la  main  appuyée  sur  un 
sabre.  A  ses  pieds,  un  Génie  écrit,  un  autre  Génie  peint, 
et,  derrière  lui,  sur  un  nuage,  la  Paix  vient  le  coureoner 
de  roses. 

SIMON*,  qui  dessina  et  grava  à  l'eau-forte  une  pièce  très- 
curieuse  :  Vue  du  côté  oriental  de  la  montagne  élevée  au  Champ  de 
la  Réunion  pour  la  fête  de  VÈtre  suprême,  in-f>  1.,  terminée  par 

1.  Nicolas  Colibert,  né  en  1750,  mort  en  180C. 

2.  J.-P.  Simon,  né  à  Paris  en  1760  (Basan}. 


I 


JACQUES  X.EROY.  245 

,  était  connu  auparavant  comme  ayant  fait  avec  Coiny 
finettes  des  Fables  de  La  Fontaine,  éd.  de  Didot,  1787  ;  il  fit 
îs  quelques  grandes  pièces  d'assez  bon  pointillé,  où  il  signe, 
<:omme  dessinateur,  soit  comme  graveur,  en  collaboration 
Leroy. 

l'an  XI,  il  grava  quelques  compositions  de  V Odyssée  de 
an. 


.RCHAND^  professa  la  gravure  en  toutes  manières  et  le 
sous  TËmpire;  il  fut  secondé  par  sa  femme,  qui  gravait 
le  lui  le  pointillé.  Je  n*ai  à  le  citer  ici  que  pour  des  pièces 
^^  crostumes  et  de  caricatures  : 

^<^^tmne  à  la  spencer  et  chapeau  à  la  glaneuse,  1797,  J.  Mar- 
^^^iad  sculp.  ; 

^o^tumè  à  la  Minerve,  in-f?,  au  lavis  ; 
-Ali  /  beaucoup  vou^  critiquent,  mais  peu  vous  imitent,  d'après 
*^^o,  în-P  1.  Ce  sont  deux  muscadins,  dont  l'un  fait  l*aumône  et 
^  ^titre  fait  cirer  ses  bottes. 

LEROY*  est  déjà  donné  par  Basan  comme  graveur  de  vignettes 
d'après  Gravelot  et  Marillier,  pour  les  Contes  de  Fées,  les  Nouvelles 
de  la  reine  de  Navarre,  On  cite  aussi  de  lui  un  portrait  de  Beau- 
marchais ^  et  quelques  autres.  J'ai  vu  son  nom  sur  les  vignettes 
de  l'ÈUve  de  la  nature,  d'après  Watteau  de  Lille.  Il  fut  un  des 
faiseurs  des  vignettes  de  Rétif  de  La  Bretonne,  et  son  nom  se 
trouve  sur  plusieurs  pièces  révolutionnaires  : 

Déclaration  des  droits  de  Vhomme  et  du  citoyen,  stèle  historiée 
de  figures  et  d'attributs,  J.  Leroy  perfecit,  în-f®; 

Les  dix  Commandements  de  la  République  française  ^  d'après 
Désrais; 

Droits  de  Vhomme,  stèle  avec  les  portraits  de  Marat,  Lepelle- 
tier,  tenus  par  des  Libertés,  les  bustes  de  Brutus,  de  Scévola,  et 

I.  Jacques  Marchand,  né  à  Parts  en  1709,  élève  de  Godefroy  (Gabet). 
3.  Jacques  Leroy,  né  à  Paris  eti  1739. 


r 

« 

-'''\ 
^'l^ 

246  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU  POINTILLÉ. 

beaucoup  d'attributs  :  le  triangle  ;  l'œil  ;  un  cœur,  la  pointe  sur 
une  pique;  gravé  par  Leroy,  în-P>; 

Marie-Antoinette  à  la  Conciergerie^  —  Marie-Antoinette  séparée 
de  sa  fUle  et  de  sa  belle-sosur;  deux  petites  pièces  au  trait,  par 
J.-J.  Leroy  (collection  Comberousse,  vendue  par  Vigaères  en 
mars  1857). 

MASSOL,  qui  n*est  guère  cité  que  pour  des  portraits, — dont  le 
plus  célèbre  est  Charlotte  Corday,  d'après  Queverdo,  avec  la 
scène  de  l'assassinat  en  marge,  in-8®,  et  parmi  lesquels  je  citerai 
encore  if"*  Olivier,  d'après  Lemire,  if oreUel,  an  XI,  —  a  gravé  an 
pointillé  des  compositions  allégoriques  d'après  Queverdo  et  Tail- 
lasson  : 

La  Philosophie  devant  le  cénotaphe  de  Chalier  :  «  Il  aimait  la 
Liberté,  il  sut  mourir  pour  elle.  »  D'après  Queverdo,  in-8<^  rond, 
pointillé  en  couleur  ; 

La  République^  d'après  Boizot,  ovale  in-f^*,  pointillé  de  couleur; 

La  Tyrannie  révolutionnaire  écrasée  par  les  amis  de  la  Constitur 
tion  de  Fan  III,  d'après  Queverdo,  in-4«  ; 

La  Force  surveillante,  d'après  Taillasson,  in-&^  h. 

M"*  MONTALANT  a  fait  des  portraits,  où  elle  prend  quelquefois 
le  titre  de  citoyenne  : 

Benjamin  Franklin,  d'après  Desrais; 

Jeas^Paul  Marat,  d'après  le  même  ; 

Vittorio  Alfieri,  d'après  Fabre. 

Elle  grava  aussi,  au  pointillé  de  couleur,  des  sujets  familiers 
de  Dutailly. 

PETIT*  exposa,  au  Salon  de  1793,  une  estampe  de  la  Fuiu^de 
Caln,  pour  le  poème  de  Gessner,  d'après  Lebarbier,  et,  à  celui  de 
l'an  IV,  une  estampe  :  Pstjdhé  fustigée  par  les  Furies,  dont  on  ne 
donne  pas  le  peintre. 

I.  Jacques-Louis  Petit.  VAlmanach  des  Beaux-Artt  pour  Tan  XII  le  donne 
comme  graveur  en  taille-douce,  éditeur  de  la  Vie  de  JésuS'^hrist, 


SIMON    PETIT.  247 

11  grava  deux  vignettes  révolutionnaires  : 

La  Liberté  sur  un  navire,  Vivre  libre  ou  mourir,  Gatteaux  inv., 
Petit  scuIPm  tête  de  lettre  du  Ministère  de  la  marine  ; 

La  LiberU  couronnant  un  Génie,  auprès  des  emblèmes  des  arls  ; 
dans  le  fond,  temple,  colonne  et  montagne  dans  des  gloires; 
S.  Myris  inv.,  L.  Petit  sculp. 

Ce  n'est  point  le  même  qui  avait  gravé  des  pièces  d*après  Bou- 
cher dans  la  manière  du  crayon  ^,  mais  c'est  bien  lui  sans  doute 
qui  grava  au  pointillé  plusieurs  compositions  galantes  de  Boilly  ; 
cependant  on  ne  trouve  pas,  à  la  signature  de  ces  pièces,  le  nom 
de  Petit  précédé  de  Tinitiale  du  prénom  L.  ;  on  trouve,  dans  le 
fond  de  la  veuve  Jean,  d'autres  pièces  de  pacotille  au  pointillé, 
qui  sont  signées  aussi  :  Petit,  tout  court.  Le  nom  de  Petit  se 
trouve  encore  sur  quelques  portraits  : 

M^^  Marie  Salle,  la  Terpsichore  française  ; 

Marie-Thérèse,  reine  de  Hongrie. 

D'un  autre  côté,  il  y  a  quelques  petites  pièces,  au  burin  ou  à  la 
pointe,  qui  sont  dues  à  L.  Petit;  ce  sont  des  sujets  de  la  vie  de 
JémyChrist,  dont  l'un  est  daté  1791,  ou  des  reproductions  en 
miniature  de  tableaux  fameux,  la  Cène,  la  Transfiguration.  La  plus 
grande  n'est  encore  qu'une  vignette  :  la  Mort  d^ Adonis,  Boichot 
del.,  L.  Petit  aqua  forti,  L.  Petit  sculp.,  in-4®  h. 

SIMON  PETTIT  '  était  un  peintre  qui  exposa,  en  l'an  IV  et  en 
Tan  V,  de  petits  tableaux  de  genre,  des  portraits  et  des  minia- 
tures. Il  a  laissé  quelque  trace  dans  la  gravure  par  trois  pièces, 
au  lavis  et  au  pointillé,  qui  ne  se  recommandent  qu'à  titre  de 
réminiscences  historiques  : 

L* Anarchiste:  Je  les  trompe  tous  deux;  S.  Petit,  peintre,  sculp.; 

Expérience  du  parachute,  le  1"  brumaire  an  Y!,  dessiné  et  gravé 
par  Simon  Petit,  avec  le  portrait  de  Garnerin  et  une.  longue 
légende,  in-f»  h.; 

I.  Basan  le  nomme  Jean-Robert  Petit,  né  à  Reims  en  1743. 
?.  Simon  Petit,  rue  de  Grenelle-Honoré. 


f^  'g'- 


2tô  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU  POINTILLÉ. 

Le  Secret  dévoilé,  dédié  à  la  Vengeance^  dessiné  et  gravé  par 
SimoD  Petit;  pièce  relative  à  l'assassinat  des  plénipotentiaires  de 
RasUdt,  en  avril  1799. 

CARPENTfER  a  gravé  au  burin  et  au  pointillé  des.  sujets  histori- 
ques et  autres,  mais  toujours  très-petitement  : 

Le  comte  de  Mirabeau,  député,  d'après  Allais;  écu  historié  d'one 
massue  et  d'un  caducée  ;  petit.in-P  ; 

U Heure  première  de  la  Liberté,  1&  juillet  1789,  m-S?  1.  ; 

La  Chute  du  trône,  le  10  août  1792  ; 

Trois  petites  statues  antiques  de  femme,  L.  Carpentier,  1790, 
in-i»; 

Huit  petits  sujets  historiques,  Brion  del.,  Carpentier  sculp.^ 
in-4^;  ce  sont  des  planches  pour  les  Antiquités  fiatûmaies  de 
Millin; 

Un  jeune  homme  allant  prendre  un  moineau  sur  le  sein  dune 
jeune  fille,  Carpçntier  sculpsit,  terminé  par  Simon  Petit. 


8.  —  GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS 


Dans  les  procédés  expéditifs  et  jolis,  par  lesquels  la  Gravnre  se 

^^Igarise,  tout  ne  tourne  pas  à  la  dégradation  ;  beaucoup  d'ar- 

^^stes  s'y  ingénièrent  à  des  effets  nouveaux.  La  gravure  au  iavi$, 

^^  Leprînce,  Parizeau,  Fragonard  et  Saint-Non  avaient  trouvé 

*^fit  de  ressources  pittoresques,  et  où  Debucourt  se  créa,  (Àname 

'^ous  Tavons  vu,  un  genre  tout  nouveau,  servit  à  beaucoup  de 

Publications  de  librairie,  sans  les  préserver  du  discrédit  encouru 

P^r  une  réduction  détestable.  Telles  sont  r Histoire  de  la  Grèce, 

f^'"  Sylvain  Maréchal*,  le  Tc^leau  des  anciens  Grecs  et  Romains  ei 

*^nttgvs  Rome,  par  Grasset  Saint-Sauveur*,  les  Épitomes  de  rhis- 

^^^^  des  Francs,  le  Recueil  de  tous  les  costumes  religieux  et  mili- 

^^fes,  par  Bar*.  On  ne  trouve  là  que  les  figures  les  plus  vulgaires 

î^e  pouvaient  deissiner  Desrais,  Mixelle,  Labrousse  et  d'autres, 

Çuand^  au  lieu  des  modes,  ils  prenaient  quelque  costume  antique  ; 

^^^s   d'autres  graveurs  en  firent  un  meilleur  usage,  aussi  bien 

ans  1^3  sujets  antiques,  pour  rendre  les  effets  des  bas-reliefs,  que 

^s  1^3  sujets  modernes,  pour  obtenir  les  tons  variés  des  étoffes 

^  'îterté  d'une  composition. 

»     *-^^  figures  sont  de  IlixeUe,  Pari»,  1787-9. 
^^**^*»,  Campenon,  an  IV  (1796),  2  toI.  in-4». 

^^ues-Charles  Bar,  surpris  par  la  Révolutiou  pendant  la  composition 

^^^€:ueil  de  tous  les  costumes  religieux  et  militaires,  en  planches  coloriées 

\y»^&^  1778etannée8suivantes,  56  livraisons  en  6  vol.  in-P),  en  accommoda 

^     ^^rtie  à  Tusage  do  la  Révolution,  sous  le  titre  de  Mascarades  moruuti- 

i\^^  ei  religieuses,  1792,  în-8«,  avec  des  figures  au  lavis  qu*il  a  signées  Ralwlli 

»11«  Uar?)  fecit  1793. 


250    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

Le  coloriage  mécanique,  qui  ne  fut  souvent  qu'une  application 
de  plus  à  tous  les  genres  de  gravure,  trouva  des  ressources  nou- 
velles dans  l'imitation  des  pastels.  La  boutique  de  Bonnet,  me 
Saint-Jacques,  qui  se  disait  inventeur  du  pastel  en  gravure,  fou^ 
nissait  au  gros  des  consommateurs  les  sujets  galants  et  les  atti- 
tudes féminines.  Son  fonds  était  de  jrius  de  mille  pièces,  en  com- 
mençant par  deux  ou  trois  sujets  de  sainteté  et  finissant  par  la 
BastUle  détruite  et  le  Tambour  national.  Mais  nous  allons  voir  des 
artistes,  moins  asservis  au  commerce,  y  gagner  quelque  renom. 

JANINET.  Le  plus  célèbre  des  graveurs  en  couleur  de  la  fin  du 
XVIII*  siècle  fut  Janinet*  ;  il  produisait  en  même  temps  de  grands 
sujets  historiques  d'après  Lebarbier,  des  galanteries  d'après  Law- 
rence^ Carême,  Fragonard  et  Charlier,  des  ruines  d'après  Robert 
et  de  Machy.  Je  ne  citerai,  parmi  les  pièces  antérieures  à  la  Révo- 
lution, et  pour  leur  intérêt  particulier,  qUe  Nina,  d'après  Hoin, 
qui  est  datée  de  1787,  l'année  même  du  succès  de  l'opéra  de  Pae- 
siello,  et  les  personnages  de  théâtre  faits  pour  le  recueil  intitulé  : 
Costumes  et  Annales  des  grands  théâtres  de  Paris,  1787-1789  : 
M^^  Raucourt  rôle  de  Médée,  Prévilk  rôle  de  Crispin,  M^  Dugor 
zon  rôle  de  Nina,  if''«  Comtat  rôle  de  Suzanne.  Ces  pièces  sont 
gravées  en  couleur,  sur  les  dessins  de  Dutertre.  11  fit  le  portrait 
de  Franklin  en  1789.  Son  propre  portrait,  gravé  au  lavis,  ovale 
in-8<*,  le  représente  avec  un  chapeau  rond  à  larges  bords  et  un 
habit  rayé,  louchant  légèrement. 

Janinet  se  mêla  d'expériences  aérostatiques  et  n'y  fut  pas  heu- 
reux ;  une  ascension  manquée  au  jardin  du  Luxembourg,  en  178i, 
lui  attira  les  risées  publiques  et  les  caricatures.  Wilieen  a  raconté 
quelque  chose'. 

En  1789,  il  entreprit  la  publication  de  gravures  historiques 
des  principaux  événements  depuis  l'ouverture  des  États  généraux; 

f .  François  Janinet,  né  en  1752,  mort  en  1813.  Le  Manu^  de  t'AmaUwr 
d'estampes  donne  de  lui  70  numéros,  sans  citer  une  seule  pièce  relative  à  la. 
Révolution. 

2.  Mémoires  et  Journal  de  J.-G.  WUlc,  t.  II,  p.  Oi. 


■^ 


J 


FRANÇOIS   ET  SOPHIE  JANINET.  251 

.  ^  ^n  a  d'abord  une  suite  in-8«  et  d'autres  en  plus  grand  format  ; 

^e  citerai  que  la  Fédération,  1790,  gr*  in-f»  1.  Elles  sont  com- 

^^^  plutôt  de  pratique  que  sur  les  lieux,  mais  Texécution  en 

^^  toujours  agréable. 
Voici,  de  la  même  année,  une  pièce  d*un  autre  genre  :  Projet 

im  monument  à  ériger  powr  le  Roi,  dédié  à  l'Assemblée  nationale; 

OeVarenne,  huissier  d'honneur,  inv.;  Moreau,  dessinateur  et 

graveur  du  roi,  deh  ;  gravé  en  couleur  par  Janinet,  en  1790,  gr. 
in-f^h.;  statues  de  Henri  IV  et  de  Louis XVI,  sur  un  stylobateomé 
de  figures  allégoriques  et  entouré  de  quelques  groupes  de  per- 
sonnages du  temps  ^. 

Au  Salon  de  1793,  il  exposa  des  estampes  en  imitation  des  ba&- 
reliefs  :  la  Conspiration  de  Catilina,  la  Mort  de  Lucrèce,  le  Premier 
pas  de  l'enfance,  etc.  Les  pièces  de  ce  genre  que  je  connais  :  des 
frises,  en  figures  de  bas-relief,  datées  de  1791  ;  la  Liberté^  VÈgor 
liU,  d'après  Moitte,  montrent  chez  le  graveur  assez  de  force  et 
de  sûreté  dans  la  pratique  du  des^n  et  dans  les  ressources  de  sa 
pratique.  U  les  transmit  à  sa  fille. 

SOPHIE  JANINET  exposa,  aux  Salons  de  l'an  VU  et  de  l'an  VIII, 
la  Paix,  V Abondance,  gravures  au  lavis,  à  l'imitation  des  baà-re- 
liefs,  d'après  Sauvage,  et  un  portrait  du  consul  Buonaparte.  En 
Fan  Xf  I,  devenue  M"«  Giacomelli,  elle  se  montra  dans  un  tableau  : 
les  Dames  romaines  apportant  au  SéneU  lewrs  bijoux  pour  la  ran- 
çon, exigée  des  Gaulois,  mais  on  ne  voit  pas  qu'elle  ait  fourni  la 
carrière  d'un  peintre,  à  la  juger  sur  une  estampe  très-répandue  : 
r Amour  et  les  Grâces,  signée  :  S.  Janinet,  F.  Giacomelli,  inv.  et 
se.;  on  voit  qu'en  apprenant  de  son  père  les  procédés  du  lavis, 
elle  avait  contracté,  de  sa  génération  et  de  l'école  de  David,  plus 
d&sévérité  dans  le  dessin  et  plus  de  scrupule  dans  le  nu. 

Il  y  a  une  autre  M"*  Giagomelu,  née  Billet,  qui  a  été  connue 
vers  ce  temps  comme  cantatrice,  et  avait  quelque  habitude  de  la 

1.  Les  Archives  de  VArt  français,  2*  série,  t.  I,  Paris,  Tross,  4861,  out 
publié,  p.  321-2,  une  lettre  de  Moreau  relative  à  cette  composition.  (A.  de  M.) 


252    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

sculpture  et  de  la  gravure.  On  rencontre  sous  son  nom  une  suite 
de  sujets  tragiques  gravés  au  trait.  C'est  sans  doute  celle-ci,  dont 
la  beauté  se  trouve  célébrée  dans  VAlmanach  des  Gourmands,  à 
propos  de  pêches. 

•        "  * 

AUX  S  filleul  de  l'acteur  Préville,  imprimeur  en  couleurs,  est 
connu  surtout  par  une  suite  de  portraits  en  médaillons  de  Philo- 
sophes et  de  Révolutionnaires,  destinée  à  la  décoration  du  modeste 
tabinet  de  tout  citoyen  patriote,  et  chacun  y  prenait  son  saint  dé 
prédilection  :  Montesquieu,  Yoltairef  Diderot,  Fénelon^  Helvétius, 
Rousseau,  ou  Franklin,  Brutus,  Lycurgm,  Mirabeau,  Marat, 
Charlotte  Càrdày,  on  les  jeunes  Barra  et  Viola.  Ces  portraits,  an- 
noncés dans  le  Moniteur  de  179S,  et  exposés  au  Salon  de  Tan  lY, 
étaient  faits  d'après  les  dessins  au  pastel  de  Sablet,  Garnerey  et 
d'autres,  et  l'imprimeur  y  avait  obtenu  cet  air  de  vie  et  d'anima- 
tion qui  assure  le  succès  et  qui  à  ce  moment  était  prisé  au-dessus 
de  tout  le  reste.  Le  graveur  alla  jusqu'au  paroxysme  du  goût 
révolutionnaire  et  de  ses  procédés  d'enluminure  en  publiant  le 
Triomphe  de  la  République,  le  9  thermidor  de  Van  H,  d*après 
Boissîer  : 

•  •  • 

Les  despotes  cruels  dont  nous  bravons  la  rage 
Eux-mêmes  sur  leur  tête  ont  provoqué  Torage,  etc. 

C'est  le  plus  effroyable  gftchis  de  cinabre  que  Ton  puisse  pro- 
duire. Il  appliqua  plus  heureusement  son  procédé  en  gravant  des 
Costumes  antiques,  d'après  Chéry,  Un  Costume  i officier  munici- 
pal, d'après  Ducreux,  et  une  Galerie  des  auteurs  dramatiques, 
musiciens,  €tcteurs  et  actrices,  dont  lès  premières  planches  sont 
annoncées  dans  le  Magasin  encyclopédique  de  l'an  IV,  et  qui  com- 
mence par  le  portrait  de  PréviUe,  que  le  graveur  a  signé  :  Des- 
siné et  gravé  par  P.-M.  Alix,  filleul  de  Prévîlle,  imprimeur  en 
couleur. 

Dans  le  simple  procédé  du  lavis  bistré,  Alice  avait  gravé  des 

\,  P.-M.  Alix. 


.-i.\-  «a 


P.-M.  ALIX.  153 

portraits  pour  la  eollectron  Levachez,  et  des  compositions  de 
Moitte  en  façon  de  bas-reliefs,  qui  furent  aussi  exposés  en 
Tan  IV. 

Comme  graveur  de  portraits  et  de  sujets  actuels,  Alix  subit, 
comme  nous  avons  vu,  la  pression  des  événements.  Sous  la  Ter- 
reur, il  avait  brnlé,  à  ce  que  rapporte  le  docteur  Mayer*,  la  plu- 
part de  ses  meilleures  estampes,  surtout  les  portraits  des  hommes 
célèbres,  parce  qu'on  faisait  alors  des  recherches  dans  les  mai- 
sons des  artistes  pour  les  rendre  suspects,  et  ce  n'est  qu'après  le 
9  thermidor  qu'il  avait  osé  enrichir  des  portraits  de  BaUly  et  de 
lavoisier  sa  belle  suite  de  portraits  enluminés  des  grands 
hommes. 

Sous  le  Directoire,  l'imprimerie  d'Alix  passa  à  des  sujets  plus 
riants,  empruntés  à  Schall  et  à  Mallet  :  le  Télégraphe  d^ Amour,  la 
'Lanterne  magique  d^ amour,  le  petit  Redresseur  de  quilles,  en  se 
tenant  toujours  trop  près  de  Timagerie  du  commerce. 

11  grava  au  lavis  deux  tableaux  du  Flamand  Glaessens,  qui, 
envoyés  à  Paris  de  l'armée  de  Sambre-et-Meuse,  Grent  beaucoup 
de  sensation  :  le  Juge  prévaricateur  arrêté  et  écorchi  vif,  par 
ordre  de  Cambyse  ;  mais  sa  gravure  n*a  fait  que  dégrader  l'expres- 
sion des  originaux. 

II  grava  en  couleur,  sur  les  dessins  de  Gamerey,  la  Collection 
des  nouveaux  costumes  des  autorités  oonstitiiées,  civiles  et  tnîtt- 
taires,  en  26  pi. 

L*artiste  semblait  pourtant  capable  de  mieux,  si  l'on  en  juge 
par  une  petite  pièce  à  Taqua-tinta,  la  Leçon  de  dessin  :  Gravé 
par  P.-M.  Alix,  déposé  à  la  Bibliothèque  impériale.  11  avait 
poursuivi  sa  publication  de  portraits  en  médaillons,  en  y  mêlant 
des  célébrités  de  toutes  les  époques  :  Henri  lY,  La  Fontaine^ 
if"'  de  Sèvigné,  Linnée,  etc.  Sa  manière  ne  prend  quelque  intérêt 
que  pour  des  portraits  contemporains.  Il  y  a  celui  du  Premier 
Consul  à  deux  époques,  en  Tan  VI,  d'après  Appiani,  et  en  l'an  X- 

i,  FraQtnenlt  sur  Paris,  par  Maycr,  trad.  par' le  général  Dùmouriez,  t.  I", 
Hambourg,  17d8,  in-lS. 


2S4    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

SERGENT*,  ûls  d'un  imprimeur  en  taille-douce*,  apprit  la 
gravure  chez  Augustin  de  Saint-Aubin,  et  se  fit  connaître  d'abord 
comme  un  dessinateur  habile  à  exploiter  l'événement  du  jour  : 

Expérience  de  MM.  Charles  et  Robert  dans  le  jardin  des  TuHe- 
ries,  le  i^'  décembre  1783  ; 

Les  ducs  de  Chartres  et  de  Fitz-James  signent  le  proei»'i>erbal  de 
l'arrivée  dans  la  prairie  de  Nesle^; 

Les  Effets  du  remède  au  gaz;  le  malade  s'envole  par  la  fenêtre  ; 

Les  Effets  du  baquet  magnétique  de  Mesmer^  deux  pièoed  rondes 
en  couleur; 

R  est  trop  tard^  en  couleur  *  ; 

La  Foire  des  barricades  à  Chartres; 

L'Enlèvement  de  mon  onde  K 

Il  travailla  ensuite  à  de  nombreuses  planches  pour  une  CoUeO' 
tion  des  portraits  des  grands  hommes,  femmes  illustres  et  sujets 
mémorables  de  la  France,  gravés  au  lavis  et  imprimés  en  cou- 
leur, par  Blin  *.  Ces  planches,  variées  de  forme  et  d'exécution, 
témoignent  de  la  facilité  dans  le  dessin  et  beaucoup  de  légèreté 
et  d'agrément  dans  le  travail  de  gravure  ;  l'expression  en  est 
gentille,  et  le  costume  offre  ce  compromis  entre  la  vérité  et  la 
convention,  que  Moreau  lui-même  n'avait  pas  dépassé. 

En  1789,  il  prit  part  à  la  publication  de  la  Collection  des  por- 
traits des  Députés  des  trois  Ordres  avec  Levachez  7,  qui  sont 

i.  A.-F.  Sergent-Marceau,  né  à  Chartres  en  1751,  mort  à  Nice  en  1838. 

3.  Le  nom  de  Sergent,  maître  imprimeur  en  taille-douce,  se  trouve  sur  une 
adresse  gravée,  avec  encadrement  de  figures  surmontées  de  Técu  de  France, 
rue  des  Noyers,  vis-à-vis  le  mur  de  Saint- Yves,  chez  le  marchand  de  vin, 
itt-8<»  carré. 

3.  Catalogué  d'estampês  de  Bf.  Laterrade,  1**  partie,  novembre  1858,  iii-8*, 
p.  23,  n«  216. 

4.  Catalogue  d'estampes  de  Vécole  française  du  XVUf  siècle,  mai  1858, 
Paris,  Vignères,  in-8*,  p.  38,  n**  506  et  507.  La  dernière  pièce  s*est  vendue  81  fr. 

5.  Hubert  et  Rost,  Manuel  des  curieux,  t.  8,  Zurich,  1804,  in-12,  p.  328... 

6.  1786, 102  planches  en  48  livraisons  in-4*. 

7.  A  Paris,  chez  Levachez,  marchand  d'estampes  sous  les  colonnades  du 
PaJais-Royal,  et  chez  Sergent,  rue  Mauconseil. 


A.-F.   SERGENT.  2S5 

^Ûs  aa  lavis  et  dans  un  'encadrement  bistré^  et  il  grava  avec 
^ùi  <]aelques  portraits  plus  importants  : 

^.  Necker,  historié  d'un  bas-relief  allégorique,  gravé  d'après 
le  t^l)]eau  original  de  M.  Duplessis,  sous  la  direction  de  M.  de 
Saïc^ ^«Aubin ,  par  A.-F.  Sergent,  in-4«; 

(^^i^)rge  Washington,  gravi,  (T après  le  camie  peint  par  M^  la 
"^^^^uise  de  Bréant,  par  A.  F.  Sergent,  1790.  ^ 

^-^"^s  premiers  mouvements  populaires  des  12  et  13  juillet  1789, 
^^  ^^s  fêtes  de  la  Fédération,  en  1790,  lui  donnèrent  des  sujets 
^'^^tampes  coloriées  : 

^  Royal- AUemand  sabre  le  peuple  dans  les  TaHeries^   gr. 
\iv^8o  h.  ; 

le  Peuple  parcourant  les  rues  avec  des  flambeaux  et  criant 
(m  armes  (Salon  de  1793)  ; 

Les  Gardes-Françaises  combattent  le  Royal-Allemand  rue  Bass^^ 
dïirRmpart  (Salon  de  1793)  ; 

Le  Peuple  sauve  le  duc  du  Ch&telel  ; 

Travaux  du  Champ  de  Mars  ;  Louis  XVI  y  travaille  le  9  ; 
jn-8«  1.; 

Arrhie  des  Députés  au  Champ  de  Mars,  d'après  Barjot,  archi- 
tecte^ in-4®  K 

Ces  pièces  sont  faites  avec  plus  de  gentillesse  que  de  passion; 
les  figures  y  sont  expressives,  vraies  de  costume  et  très-spiri- 
tuellement éclairées. 

Il  fit  dans  le  même  temps  quelques  pièces  de  politique  allégo- 
rique d'une  composition  plus  prompte  : 

La  France  sauvée  du  naufrage; 

Le  Roi  brisant  les  diaînes  du  tiers  état  ; 

Projet  d^un  monument  élevé  à  Vhonneur  de  Louis  XVI,  voté  par 
les  citoyens  du  district  de  Saint-Jacques-P Hôpital,  Sergent  inv. 
et  sculp.  1790,  gr.  in-8*>  h.  ; 

il  est  trop  tard,  estampe  peinte  et  gravée  en  couleur,  in-&®  I. 
(Salon  de  1793)  ; 

Le  TiersÈtat,  le  Clergé  et  la  Noblesse,  vérité  géométrique,  et  beau- 
coup de  petites  pièces  pour  le  commerce,  telles  que  des  cocardes 


I 


2M    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

et  des  garnittirès  de  boutons,  qu'il  historiait  pour  la  circonstan-r^E^ 

Le  Salon  de  1793,  où  furent  exposées  trois  des  pièces  que  n( 
venons  de  citer,  contenait  aussi  des  Vues  de  Chartres  et  de 
teaU'Neuf,  en  dessins. 

L'action  politique,  à  laquelle  il  se  trouva  uiêlé,  le  détourna  . 
Ces  travaux,  et  le  seul  ouvrage  gravé  que  l'on  trouve  de  lui,  d& 
les  années  qui  suivirent,  est  la  Carte  d^entrée  à  la  CofivmtCm 
pièce  ronde  représentant  la  Liberté  assise  de  profil,  tenante 
faisceau  et  le  bonnet. 

Sergent,  au  plus  chaud  de  la  mêlée,  secrétaire  des  Jacobs^L^j 
ftiembre  de  la  Commune  et  de  la  Convention,  encourut  des  a(  "^w^b^ 
sations  terribles  ;  il  passa  pour  septembriseur  S  mais  on  a  •'^^/^ 
aussi  de  lui  beaucoup  d'actes  d'humanité  et  de  moralité.  Eitr-  ^ 
nous  occupant  ici  que  de  ce  qu*il  a  pu  faire  pour  les  arts,  nous 
voyons  que  son  nom  s'attache  à  la  fondation  du  Musée  natiooaf 
des  antiques,  aux  embellissements  des  Tuileries,  à  la  création  du 
Conservatoire  de  musique  et  à  la  loi  sur  la  propriété  littéraire.  Il 
présida  la  Société  populaire  des  arts,  et  prit  part  à  ses  discus- 
sions. Le  3  germinal  an  II,  il  parla  sur  le  costume  :  a  Trop  long- 
temps nous  avons  porté  un  habit  qui  nous  assimile  à  des  esclaves; 
il  faut  en  créer  un  qui  nous  dégage  des  entraves,  sans  dérober 
les  belles  formes  du  corps...  »  Dans  une  autre  séance,  il  répondit 
à  Wicar,  qui  avait  émis  une  dénonciation  violente  contre  les  gra* 
vures  indécentes  ;  il  dit  que  les  compositions  dont  on  se  {riaiot 
sont  faites  depuis  longtemps;  il  demande  ensuite  comment  Ton 
pourra  retracer  la  Mythologie,  si  l'on  ne  se  permet  pas  de  peindre 
Danaé  ou  Léda,  et  les  amours  des  dieux,  tableaux  nécessaires 
pour  donner  l'idée  de  la  religion  des  anciens  *. 

.  1.  Od  répandit  auBsi  que,  dans  la  vente  aux  enchères  qui  fut  faite,  quelques 
Jours  après  les  massacres  de  septembre,  des  bijoux  trouvés  sur  les  corps  des 
victimes,  il  s'était  fait  adjuger  i^n  beau  camée.  Ce  bruit  lui  avait  fait  donner  le 
surnom  d^Agathe.  H  a  essayé  de  se  disculper  dans  des  notes,  publiées  par  NoéJ 
Parfait  dans  la  Reviie  rétrospective,  M.  Michelet  ne  croit  qu'imparfaitement  à 
la  Justification.  V.  Histoire  delà  Révolution,  t.  IV,  p.  123,  221. 
S.  Journal  de  la  Société  populaire  des  arts,  p.  252,  381. 


A.-P.   SERGENT.  257 

Le  règne  des  Jacobins  tombé,  Sergeot  fut  protégé  par  l'ai- 
liaace  du  général  Marceau,  dont  il  avait  épousé  la  sœur,  et  qu*il 
suivit  en  Allemagne  et  en  Suisse.  Marceau  tué,  c'est  autour  de  son 
nom  que  se  rangent  les  principales  productions  du  graveur  : 

A  la  mémoire  du  général  Marceau,  mort  de  ses  blessures  à  Al- 
tenkirchen,  gravé  par  Sergent,  et  offert  par  son  épouse  Émira 
Marceau,  l'an  V,  in-f®  1.,  avec  légende  :  Honneurs  rendus  au 
brave  Marceau  après  sa  mort;  Sergent- Marceau  del  et  sculp., 
aquatinta,  an  VI,  in-[(°  1. 

Le  général  Marceau,  en  pied  ;  Sergent-Marceau  ad  vivum  pinx. 
et  sculp.,  gr.  in-f**  h.,  à  Bâle,  chez  Decker;  lavis  très-bien 
éclairé.  Je  ne  sais  si  c'est  le  portrait  gravé  en  couleur  qui  est 
porté  au  Salon  de  l'an  VI. 

L'auteur  présenta  encore  le  portrait  de  Marceau  au  Corps  légis- 
latif. J'ai  lu  une  lettre  qu'il  adressait,  à  cette  occasion,  à  Goupil- 
laud,  et  dans  laquelle  il  proposait  une  publication  des  portraits 
des  grands  hommes  avec  la  sanction  obligatoire  du  Corps  légis- 
latif, à  qui  seul  appartient,  disait-il,  le  droit  de  décerner  la 
gloire. 

Sergent  exposa  :  au  Salon  de  l'an  VII,  des  dessins  à  l'aquarelle, 
représentant  les  costumes  des  filles  suisses  et  paysannes  bernoises, 
d'après  les  femmes  qui  servaient  dans  la  vacherie  suisse,  établie 
dans  le  jardin  Marbeuf  ou  d'Idalie;  au  Salon  de  l'an  IX,  un 
dessin  :  Portrait  de  femme,  et  une  estampe  gravée  en  couleur  à 
cinq  planches  :  L Ermite  du  Cotisée,  d'après  Robert. 

Il  faut  placer  à  la  môme  époque  les  vignettes,  %n  petit  nombre, 
qu'il  dessina  pour  les  Contes-  de  La  Fontaine ,  et  qui  furent 
gravées  par  Duplessis-Bertaux  et  par  Coiny.  Ce  furent  ses  der- 
niers ouvrages  en  France.  H  fut  proscrit  au  18  brumaire. 

Dans  son  exil,  Sergent  habita  successivement  Turin,  où  il  fut 
quelque  temps  bibliothécaire  de  l'Université,  Venise,  Brescia  et 
Milan,  où  il  coopéra  à  la  publication  de  plusieurs  ouvrages  de  cos- 
tumes et  d'antiquités  S  avec  gravures  coloriées,  et  où  il  grava 

i.  On  en  trouve  la  notice  dans  la  France  littéraire  de  Quérard. 

n 


258    ARTISTES.->GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

aussi  quelques  pièces  isolées,  un  portrait  de  Canova,  d'après 
Appiani,  et  des  Yierges,  d'après  d'anciens  maîtres  ^  ce  sont  du 
moins  les  morceaux  qu'on  a  pu  réunir  à  son  œuvre  dans  le  Cabi- 
net des  estampes.  Il  mourut  à  Nice  en  1838«  âgé  de  quatre-vingt- 
sept  ans. 

ÉMIRA  MARCEAU-DES6RAV1ERS,  femme  Champion  de  Cernel 
et  femme  Sergent*,  avait  appris  de  bonne  heure  le  dessin  et  la 
gravure  de  Sergent,  et  concourut  à  la  gravure  des  portraits  de  la 
collection  de  Blin  et  de  Levachez.  Les  plus  notables  de  ceux  qui 
portent  son  nom  sont  ceux  de  Descaries,  Daguay-Trouin,  Pous- 
sin, Saffrenr  Villiers  de  l'Isle-Adam. 

Elle  a  signé  des  pièces  de  garnitures  de  boutons,  représentant 
des  scènes  dramatiques  et  des  vues  de  châteaux  et  maisons  roya- 
les :  M«  L«  Susanne  C.-C.  1788. 

Elle  exposa  en  179S,  sous  le  nom  delà  citoyenne  Cemel,  on 
assez  grand  nombre  d'ouvrages  ;  c'est  la  seule  fois  qu'elle  ait 
affronté  le  grand  jour  des  Salons  : 

Trois  têtes  gravées  en  couleur  ; 

^Enlèvement  nocturne,  d'après  Baudouin  ;    . 

Vignettes  pour  la  Jérusalem  et  le  poème  des  Mois,  d'après 
Cochin; 

La  Comédie  et  la  Tragédie,  estampe  d'après  Moreau  ; 

Une  estampe  pour  le  poème  de  la  Peinture,  d'après  Ct)chin  ; 

Six  vignettes  pour  différents  ouvrages,  d'après  Cochin,  Mo- 
reau, Monnet,  Eisen  et  Marillier. 

Je  ne  sais  si  ces  pièces  donnent  quelque  idée  avantageuse  du 
talent  de  notre  graveuse^  mais  en  voici  une  qui  est  des  pl^iis  pi- 

i.  Là  Viefgê  (ustsê  tenant  l'enfant  Jésus  entre  plusieurs  saints.  ^Tom^  Gaidi, 
d*  Mftsaccio,  dipinae.  Egregio  lavoro  del  XV  secolo.  Scrgent-Marceftu  incMft, 
1807.  n  —  La  Vierge  embrassant  son  fUs,  Andréa  Salaino,  Milanese,  dipinae 
nel  secolo  XV;  inciso  acolori  da  Sergent -Marceau,  1826,  in-4*  h. 

2.  L«  surnom  d*£mira  lui  fut  donné  sans  doute  par  sou  mari,  car  nous  la 
voyons  plus  loin  signer  :  Louise-Suzanne  Champion-Gemel.  Plusieurs  de 
portraits  sont  signés  :  M^  Cernelie. 


LAURENT   GUYOT,  iS9 

quantes.  Le  sujet  me  paraît  upe  satire  dirigée  contre  quelque 
professeur  du  temps;  est-ce  Millin,  quelque  peu  naturaliste  et 
fort  antiquaire? 

In  intellectu  nihil  est  nisi  prius  fuerit  in  sensu,  Emira  Mar- 
ceaxirSergent  sciUp.^  an  X,  in-8°  1.*.  Un  professeur,  en.  costume 
antique,  démontre  des  objets  d'histoire  naturelle  à  une  femme 
assise  à  côté  de  lui  et  à  quatre  auditeurs  placés  plus  loin  et  dont 
les  costumes  sont  très-variés. 

Elle  est  dessinée  avec  esprit,  et  exécutée  en  couleur  avec  beau- 
coup de  finesse.  Et  il  ne  faut  pas  croire  que  son  mari  y  ait  mis  la 
main,  car  il  nous  a  appris  lui-même  qu'elle  n'avait  jamais  per- 
mis que  Ton  mit  sou  nom  aux  gravures  auxquelles  il  avait 
travaillé*. 

Sergent,  le  jacobin  que  l'on  connaît  et  le  graveur  que  nous 
avons  vu,  fut  eu  elTet  le  plus  rare  des  n^aris.  Arrivé  à  l'âge  de 
quatre-vingt-six  ans,  il  nous  a  fait  les  honneurs  de  sa  femme,  de 
toutes  les  qualités  physiques  et  morales  dont  elle  fut  dotée,  avec 
une  candeur  et  un  feu  qui  n'appartiennent  qu'à  up  adolescent  de 
quinze  ans  et  à  un  survivant  du  culte  décadaire.  Nous  revien- 
drons  peut-être  ailleurs  sur  le  portrait  qu'il  nous  en  alsdssé. 

GUYOT ',  qui  tint  boutique  d'estampes  rue  Saint-Jacques,  a  au 
grand  Gessoer,  »  fut  l'un  des  graveurs  en  couleur  les  plus  fécondb  ; 
il  usait  aussi  au  besoin  de  l'eau-forte,  du  pointillé  et  du  burin. 
Après  avoir  essayé  quelques  sujets  sérieux  à  la  manière  noire  ou 
il  réussit  peu,  Guyot  exploita  les  sujets  galants,  d'après  les  pein» 
très  Vangoph,  Taraval,  Fragonard,  les  figures  d'allégorie  et  les 
scènes  d'amourette  arrangées  en  dessus  de  tabatières,  les  jeux 

1.  Tai  vu  cette  pièce  dans  un  volume  de  la  coUection  Atger,  à  la  BibHo- 
théque  de  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier. 

2.  Hommage  de  V Amour  à  la  Vertu,  par  un  époux,  fragment  de  mon 
Albcv  et  NiGnuM ,  Brignollcs,  1837,  in-8,  p.  134. 

3.  Laurent  Guyot,  élève  de  Legrand  et  de  TiUiard,  mort  vers  1808  {Cata^ 
lOQUê  de  tableaux,  gouaches  et  estampes,  après  le  décès  de  M.  Guyot,  graveur 
et  marchand  d'estampés,  par  Regnauit  Delalande,  14  nov.  1808,  in-8*). 


âéO    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVlS  ET  EN  COULEURS. 

enfantins,  les  figures  de  modes,  les  modèles  de  décoration  et  les 
billets  de  visite  : 

La  Bascule  à  la  barcelonette  ; 

Les  Soins  maternels  ; 

La  Lecture  interrompue  ; 

Le  Concert,  le  Colin-Maillard,  petites  pièces  ovales  en  largeur. 

Entre  tous  ces  petits  sujets,  brillent  parleur  actualité  les  scènes 
de  Paul  et  Virginie  : 

Histoire  de  Paul  et  Virginie,  en  dix  sujets  ronds,  eq  couleur, 
d'après  Dutailly  ; 

Id,,  en  huit  sujets. 

De  tous  les  artistes  qui  fournirent  au  graveur,  le  plus  original 
fut  Watteau  de  Lille.  Los  Cris  et  Costumes  de  Paris  *  sont  le  plus 
charmant  souvenir  qu*ait  pu  garder  la  gravure  du  peintre  des 
habillements  galants  de  la  veille  de  la  Révolution. 

Guyot  emprunta  encore  à  Watteau  des  cahiers  d'arabesques 
d*un  genre  singulier,  mais  qui  sont  gravés  au  lavis  d'une  façon 
légère.  Ceux  qu*jl  tira  des  dessins  faits  à  Rome  par  Lavallée 
Poussin  ne  servent  qu'à  démontrer  comment  des  exemples  anti- 
ques peuvent  se  prêter  à  des  formes  tout  actuelles. 

En  1787,  il  grava  des  figures  de  costumes  de  théâtre  d'après 
Dutertre. 

Les  sujets  politiques  eurent  leur  part  dans  cet  œuvre,  ouvert  à 
tous  les  besoins  du  commerce  : 

Offrandes  sur  rautel  de  la  Pairie  des  citoyennes  de  Paris  et  des 
4dianomesses  de  Maubeuge,  deux  pièces  ov.  in-8®,  d'après  Cornu  ; 

Bas-relief  de  l'autel  de  la  Patrie,  exécuté  pour  laSédération  au 
Champ  de  Mars  de  1791,  d'après  Leseur,  in-i*»  allongé; 

Honoré'Riquelti  Mirabeau;  son  apothéose,  d'après  Moreau; 

Translation  de  Michel  Lepelletier,  d'après  Garnerey  ; 

Translation  de  Voltaire  au  Panthéon,  d'après  Dutailly  (au  Saion 
de  l'an  V)  ; 

i.  Cris  et  Costumés  de  Paris,  dessinés  par  Watteau,  gravén  en  coaleur  par 
Gtiyot,  1780,  à  Paris,  chez  Lecampion,  etc. 


LAURENT  GUYOT.  261 

jyicloTation  des  droits  de  Vhomrne  et  du  citoyen;  Lagrenée  inve- 
nit;  Guyot direxit,  J.  Leroy  perfecit;  médaillon,  historié  de  Liber- 
tés et  de  Génies  du  goût  ci-devant;  burin  assez  fini;  à  Paris,  chez 
Guyot,  in-f»  h.  ; 

Vendémiaire;  Lagrenée  jeune pinx.,  Guyotdirexit;  in-8**  ovale, 
pointillé  de  couleur,  nymphe  assise  tenant  une  urne  ;  à  Paris,  chez 
Guyot;  •  ♦ 

La  Fuite  à  dessein  ou  le  Parjure  Louis  XVI,  chez  Guyot;  belle 
pièce  au  bistre  (Lat.)  ; 

Bas-reliefs,  d'après  Moitte  : 

Médaillons  sur  des  sujets  révolutionnaires^ 

Ces  pièces,  plus  molles  de  dessin  que  celles  de  Janinet  et 
cependant  correctes,  sont  exécutées  en  camaïeu,  dans  des  tons 
verts  rehaussés  de  blanc  d*un  effet  quelquefois  très-fin,  ou  dans 
des  tons  rouges  d'un  effet  trèfî-agaçant  ;  le  graveur  mettait  ton- 
jours  ses  procédés  les  plus  soignés  dans  les  petits  sujets  eroti- 
ques, traités  maintenant  à  la  grecque,  d'après  Dutailly  ou  d'après 
Mallet,  et  le  talent  qu'il  put  avoir  en  propre  se  dispersa  de  plus 
on  plus  dans  les  planches  des  livres  de  voyages  et  d'antiquités.  Ce 
qu*il  y  eut  peut-être  de  plus  ingénieux  est  dans  un  petit  nombre 
de  portraits  : 

Vien,  au  burin; 

Lanlara  : 

Je  suis  le  peintre  Lantara... 

dessiné  d'après  nature  par  Watteau  fils,  1776;  G....,  à  Paris,  chez 
les  Campion  frères,  au  burin  ^  ; 

J.-J.  Rousseau,  en  pied; 

if.  Clairval,  rôle  de  Blondel,  dans  Richard  Cœur  de  Lion, 
d*après  Dutertre  ; 

1.  M.  Emile  BeUier  de  La  Chavignerie,  auteur  de  Rêchercftès  sur  Lantara, 
puis,  1853,  in-V",  qai  a  consacré  un  chapitre  aux  portraits  de  Lantaraet  fait 
lithographicr  celui-ci,  a  oublié  de  dire  qu'il  était  fait  d*après  une  estampe,  et 
que  cette  estampe,  était  de  Laurent  Guyot.  Elle  est,  avec  les  autres  portraits 
cités  ici,  au  Cabinet  des  estampes. 


252    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

Dclille,  Faurel  del.,  L.  Guyot  se.  Le  plus  vrai  portrait  qu'oD 
poisse  avoir  du  poëte  :  culotte  courte  blanche,  habit  violet  et  per- 
ruque. Il  est  sur  un  petit  tertre,  au  bord  d'une  petite  rivière,  les 
mains  dans  les  poches,  souriant  à  la  rime  qu*il  vient  d'attraper. 

En  Tan  Vil,  il  dessinait  et  g^ravait  des  figures  de  modes  pour  le 
Journal  de  Lucet. 

Il  finit  par  les  planches  ûe  beaucoup  d'entreprises,  parmi  les- 
quelles je  ne  aterai  que  le  Musie  des  Monvments  français,  de 
Lenoir. 

VACHEZ  *  nous  est  connu  par  un  portrait  en  charge  de  Voltaire, 
exécuté  à  Teau-forte^t  d'un  trait  assez  vif:  Œommeuniqtke  à  tXixU 
âge,  Vachez  del  et  sculp.,  Paris,  d'après  nature,  avec  huit  vers  : 

Aax  yeux  de  Paris  enchanté, 
Reçotis  cet  hommage,  etc.  ; 

Présenté  à  M.  de  Voltaire  le  30  mars  1778.  In-S*  h. 

On  cite  ensuite,  sous  le  même  nom,  des  pièces  relatives  aux 
expériences  aérostatiques  faites  de  1783  à  1785. 

Nous  voyons  ensuite  Vachez,  connu  surtout  par  l'entreprise 
de  la  Collection  générale  des  portraits  de  MM.  les  Députés  à  l'Assem- 
blée nationale,  à  laquelle  participèrent  Sergent,  M"*  Cernelle,  et 
par  la  suite  des  portraits,  au  nombre  de  soixante-six,  qui  accom- 
pagnent les  Tableaux  historiques  de  la  Révolution,  se  borner  à 
l'exercice  de  la  gravure  au  lavis  et  en  couleur,  pour  la  publica- 
tion de  portraits  et  de  sujets  de  circonstance,  et  au  commerce  des 
estampes  et  des  tableaux,  qu'il  exploitait  sous  les  colonnades  du 
Palais-Royal  : 

Vue  de  r intérieur  du  nouveau  Cirque  du  Palais-RoycU  et  des 
ambassadeurs  du  nabab  Tipon,  présentés  au  Roi  le  m  août  1788, 

ik  Vachez,  ou*Le  Vachez,  ou  Levachez,  le  père  et  le  fils,  tons  les  deux  gra- 
veurs et  marchands.  —  Le  Mantêel  ne  donne  que  Levachez  (Charles-Fmnçoi»- 
Gabriel)  pour  les  deux  dernières  pièces  que  nous  avons  cîtt«s.  Wille  nomme 
dans  ses  Mémoires  Levachez  jeune,  imprimeur  en  taille^ouce,  envoyé  pftr  lui 
à  Vienne  en  1764  {Mémoires  et  Journal,  1. 1,  p.  246). 


LOUIS-JEAN  ALLAIS.  263 

*"«ri«  au  Cirque  par  M^  la  duchesse  d'Orléans,  le  13  septembre  1788; 
^vachez  Dis  del.  et  sculp.,  in-f**  1.  ; 

Serment  prélé  dans  le  Jeu  de  Paume  de  Yetsailles,   dédié 
"^M.  les  souscripteurs  de  la  Collection  générale  des  Portraits,  etc.; 
^H°  I.  Au  milieu  du  titre,  un  médaillon  emblématique  :  bonnet, 
^che,  etc.;  .        . 

Bamave;  Alexandre  et  Charles  Lameih;  trois  bustes  dans  un 
*ïédaillon,  en  couleur,  chez  Levachez,  in-1 2; 

Portraits  de  Louis  XVI,  Marie-Antoinette  et  le  Dauphin,  accolés 
^ôûs  un  médaillon,  avec  chant  noté  au  bas  : 

Vive  la  Nation,  la  Liberté,  la  Loi. 

Point^uPsculp.,  in-8*»,  chez  Levachez; 

'Jcczr^Paul  Marat,  couronné  de  chêne  et  de  roses,  in-8°,  chez 
1-evaoliez; 

^c^T^trait  de  Buonaparte,  premier  consul,  d*après  Boilly  et  Du- 
piessîs-Bertaux;  dans  le  bas  la  Revue  du  quintidi; 

^Or-trait  de  Cambacères,  second  co7\sul,  peint  par  Devouge;  Du- 
9»essîs-Bertaux,  aqua-forti,  gravé  par  Levachez;  au-dessous.  Pré- 
$^^tion  par  le  Sénat  du  consulat  à  vie;  se  vend  à  Mousseaux, 
d\ez  Levachez  père  ; 

^evue  du  quintidi  par  Buonaparte,  premier  consul,  d'après 
Boilly  et  Duplessis-Bertaux  ; 
Napoléon,  empereur,  à  cheval,  d'après  Carie  Vernet, 

ALLAIS^  commence,  je  le  crains,  par  des  polissonneries  de  Tan- 
cien  régime  : 

L'Enfantillage,  d'après  Huet,  in-8°  L  ; 

La  Preuve  virginale,  d'après  Boquet. 

Il  travailla,  dès  1787,  aux  portraits  d'une  collection  nombreuse  : 
Galerie  universelle  des  hommes  qui  se  sont  illustrés  dans  Vempire 
des  lettres,  etc.,  en  commençant  par  celui  de  l'éditeur,  le  comte 

U  LooiflnJean  Allait,  Dé  à  Paris  en  1762. 


264    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 


Sulpice  d'Imbert  de  La  Plâtrière,  membre  de  rAcadémie  des 
Arcades,  etc.,  ad  vivum  del.  Allais,  ovale  avec  deux  palmes  et  un 
quatrain  laudatif,  in-/i«. 

Il  ût,  dès  le  commencement  de  la  Révolution,  quelques  por- 
traits politiques  : 

M,  Necker,  médaillon,  historié  d*un  Génie,  d'un  aigle  et  d'au- 
tres attributs;  in-12  h.,  à  Teau-forte; 

Philippe  dOrléans,  médajilon  orné  de  brandies  de  chêne  et 
surmonté  d'une  gloire  ; 

Lechapelier,  député  de  Bretagne,  dans  la  collection  Levachez. 
Ils  furent  bientôt  suivis  de  pièces  révolutionnaires.  J'ai  déjà  cité 
les  grandes  pièces  de  la  Liberté  et  de  V Égalité,  gravées  d'après 
Fragonard;  en  voici  d'autres,  qui  n'ont  pas  la  même  dî|pension; 
elles  sont  aussi  très-soignées  dans  leur  pointillé  ou  leur  lavis  : 

Exposition  du  corps  de  Lepelletier,  le  2k  janvier  1793,  in-ft*,  au 
lavis  ; 

Égalitéy  Liberté  et  République  française,  —  République,  toute 
la  République,  rien  que  la  République,  deux  figures  debout,  mé 
daillon,  pointillé  bistre  ; 

Fête  de  Vunilè  et  de  V indivisibilité  de  la  République^  1793. 
Constitution  républicaine,  semblable  aux  Tables  de  Moïse,  sort 
sein  de  la  montagne  au  milieu  des  éclairs;  médaillon,  et  revi 
portant  un  faisceau  entre  des  branches  de  chêne; 

IX  thermidor;  la  Convention  soutenue  par  le  Peuple,  L'Union 
la  Liberté  couronnent  d'olivier  et  de  chêne  le  Peuple  français,  q 
debout,  une  maîii  armée  de  sa  massue,  soutient  de  l'aut 
Convention  nationale,  figurée  par  un  rocher.  Dessiné  et  gravé 
L.-J.  Allais,  médaillon,  in-8*>,  pointillé  noir. 

Le  reste  de  l'œuvre  d'Allais,  qui  est  encore  considérable, 
divise  en  trois  parts  :  l'une,  dans  laquelle  il  exploite  des  port 
de  vogue  et  des  figures  de  placard  :  le  docte  et  malheureux  A 
lard;  Pierre  Arètin;  Picard,  d'après  Boilly  ;  la  Petite  fille  nègre; 
Vé7ius  hottentote;  Catherine  Vassent,  V  héroïne  de  Noyon;  Tau 
dans  laquelle  il  grave  des  sujets  de  genre  d'après  quelques  peùi-^ 
très  populaires,  fioilly,  Swebach  Desfontaines  et  Carie  Vernet;  la 


aar 


'•n 


JEAN-BAPTISTE  CHAPUY.  265 

^^î5ièmp,  OÙ  il  s*essaya  à  T interprétation  de  quelques  morceaux 

'^Sacrés  dans  Tart  ancien ,  tels  que  les  sujets  de  la  Création, 

^près  les  Loges  de  Raphaël,  qu'il  grava  en  cinq  petites  pièces  à 

^O-forte,  et  la  Joconde  de  Léonard ,  qu*il  exécuta  au  burin  ; 

^is  sa  facture  uniforme  était  plutôt  désignée  pour  les  ouvrages 

^®  Pac!iotille.  Il  grava  beaucoup  de  planches  de  fleurs,  d'après  la 

itOy^xine  Valayer-Coster,  de  la  ci-devant  Académie,  et  des  vues 

^J^^^wdins  de  Paris,  d'après  les  gouaches  du  citoyen  Mongin.  11 

lut    ^^-^fjjj  j»yQ    jgg  principaux  graveurs  de  la  Descriptian  de 


AI«  <3ÉL10UE  BRICEAU,  la  femme  d'Allaîs,  était  011e  d'un  gra- 
veur    ^^  jg  manière  du  crayon  et  de  M-"'^  Briceau,  qui  avait  le  titre 
de  p^:S  ntre  du  roi  et  gravait  à  la  gouache.  Elle  grava  dans  le  même 
genr^^    que  son  mari,  et  particulièrement  en  couleur,  un  grand 
nommi^xe  de  portraits  des  personnages  célèbres  de  la  Révolution  : 
^^*^^^^au,  Mirabeau,  Brutus,  Lepellelier,  Marat,  Chalier,  Barra, 
^^^^  Ces  portraits,  en  grands  médaillons  ovales,  dans  le  genre 
®  c^  ^j  d'Alix,  et  signés  :  a  Angélique  Briceau,  f®  Allais,  »  n'ont 
.  ****  mérite  que  leur  enluminure  et  leur  expression  mélodrama- 
^^^.  lis  sont  annoncés  dans  le  Moniteur,  du  9  floréal  an  II,  avec 
^^^  les  phrases  d'usage. 
,    ^^  l^  grava  encore  une  des  pièces  les  plus  curieuses  du  régime 
.  ^n  II  :  les  Vingt-cinq  préceptes  delà  raison.  C'est  une  stèle,  à 

*        colonnes  de  texte,  daté  de  Bordeaux,  28  octobre  an  II,  et  signé  : 
eau  et  Tallien  ;  elle  est  historiée  de  Génies  et  d'une  Liberté 
Vine  montagne.  In-f>  h.,  lavis,  par  Angélique  Briceau,  f«  Allais. 
^mcade^  qui  l'annonça,  nous  apprend  que  Grasset  de  Saint-Sau- 
avait  été  le  dessinateur. 


^ttepart  faite  au  feu.  M"®  Allais  rentrait  dans  un  genre  d'es- 
ÏDes  plus  approprié  à  son  sexe  et  à  son  petit  talent  :  des  vues 
-^^irdins,  en  couleur,  et  des  placards. 

^HAPUY'  est  le  graveur  de  deux  pièces  courues  de  l'ancien 

« 

« 

^«  Jean-Baptiste  Chapuy,  mort  en  1802. 


200    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

régime  :  le  Bosquet^d amour  ou  les  trois  Sœurs  au  parc  de  Saint 
Cloud,  les  Grâces  parisiennes  ou  /a  Promenade  au  bois  de  Ymceii^^ 
nés,  d*après  Lawrence,  et  de  plusieurs  autres  pièces  oioins  heu—  j 
reuses,  d'après  Lebarbîer,  Brion,  et  d*aotres. 

II  gravait  à  la  pointe,  au  lavis  et  en  couleur,  et  quelquefois  suk^j 
ses  propres  dessins.  II  fut  le  dessinateur  et  le  graveur  du  Recuei^^r 
de  coiffures  de  cUimss,  du  sieur  Depain>,  qui  enseignait  VariimÈ 
coiffer  au  moment  où  ces  dames  avaient  cessé  d'édifier  sur  leurv 
tête  des  labyrinthes  et  des  frégates  pour  adopter  la  coiffure  ^ 
l'espoir  et  la  coiffure  aux  charmes  de  la  Liberté.    11  grava      j 
d'après  Dutertre,  des  portraits  d'acteurs  dans  les  Costumes  e^ 
Anv aies  des  grands  théâtres  de  Paris,  1787.  Il  publiait  en  mém^ 
temps  des  portraits  fort  montés  en  enluminure  :   Henri  IV  ^ 
Louis  XVI,  Cagliostro,  et  d'autres  que  nous  avons  cités  à  l'artich 
de  Brion. 

Chapuy  grava,  en  1700,  la  Vue  du  Champ  de  Mars  le  jour  di&r 
serment  civique,  et,  en  1793,  la  Raison,  grande  figure  au  lavis, 
d'après  Boizot. 

En  Tan  VII,  il  entreprit  un  Manuel  républicain,  en  vingt-deux 
estampes,  sur  les  vingt-deux  articles  de  la  Déclaration  des  droits 
de  l'homme  et  du  citoyen  ^  qu'il  dédia  au  Directoire,  en  deman- 
dant une  souscription  pour  les  Écoles  centrales  et  les  Bibliothè- 
ques :  ((  C'est  au  milieu  des  guerres  que  Rome  fit  élever  les  plus 
beauic  monuments  :  aussi ,  imitateurs  lidèles  de  ces  superbes  et 
courageux  Romains,  nous  voyons,  malgré  les  énormes  dépenses 
de  la  guerre,  le  commerce  et  les  arts  redevenir  de  plus  en  plus 
florissants  par  vos  soins.  » 

Malheureusement,  Chapuy  avait  pris  pour  dessinateur  de  ses 
planches  Leclerc,  et,  outre  son  enluminure,  il  y  avait  joint  une 
prose  peu  amusante.  L'ouvrage  n'eut  pas  de  succès. 

Sur  ses  vieux  ans,  le  graveur  composa  des  pièces  plus  morales 

i.  Le  Manuel  de  M.  Leblanc  cite  ce  Recueil,  en  14  planches. 

2.  n  est  annoncé  dans  le  Moniteur  du  5  messidor  an  VII,  au  prix  de  72  fr. 
Je  n*en  ai  va  que  la  première  livraison  avec  deux  gravure^  :  les  Lois  font  leur 
sûreté,  et  les  Droits  sont  l'égalité,  la  liberté,  la  sûreté,  la  propriété,  in-f^. 


■i 


f 


.     J.-B.  MORRfiT.  Wl 

fue  Civiles  par  où  il  aVait  commencé  ;  mais  ni.  l-invention,  ni  la 
légende,  n'y  pouvaient  compenser  raffaiblissement  de  la  main  : 

La  JÊ^oraliste.  Un  vieillard  et  deux  femmes.  In-f*  pointillé; 

L^  Jievtixant,  in-4®  I.,  lavis: 

Ce  Tillageois  simple  et  peu  sage 
Croit  Toir  un  revenant  échappé  du  tombeau. 
Ce  n'est  que  la  terreur  qui  lui  peint  cette  image  : 

Le  fantôme  est  dans  son  cerveau. 

.MOïHRET'  faisait,  en  commençant,  de  petites  pièces  d'amou- 
rette  -  Annette  et  Lubin,  Jeune  Fille  à  sa  fenêtre  arrosant  des  fleurs, 
^  -^'»>*our5  d'été.  Elles  étaient  assez  légèrement  gravées  au  lavis 
c^  ^"^   couleur. 

/     passa  à  des  pièces  politiques,  d*abord  révolutionnaires,  et 
ç**^s  ooDtre-révolutionnaires  : 

^^ecfb  de  Voltaire;  on  le  croirait  composé  en  1791  ;  placard  grand 
îtv-%«^  ayant  en  tête  le  portrait  de  Voltaire;  à  Paris,  chez  Morret, 
é^^veur,  rue  de  la  Huchette  ; 

Le  Café  des  patriotes,  en  1792,  près  le  club  des  Jacobins,  rue 
^int-Honoré  ; 

Viala  couronné  par  la  Liberté,  in-f»  ovale,  avec  légende  en  quatre 
lignes; 

Buonaparte,  premier  consul,  d'après  Âppiani  ; 

Séance  du  Conseil  des  Cinq-Cents  à  Saint-Cloud,  le  i^  brumaire 
an  VIII,  avec  légende  en  dix  lignes;  composition  d*une  vingtaine 
défigures  d'une  extrême  puérilité; 

Le  Triomplie  de  la  Religion,  terminé  sur  une  eau-forte  de 
Dorgez  ; 

Pie  VII  faisant  sa  prière  dans  la  chapelle  du  château  des  Tuile- 
ries, en  1805. 

« 

Bien  que  touchant  Timagerie,  ces  pièces  ont  un  intérêt  de  cir- 
constance. Il  n'y  a  pas  la  même  curiosité  à  i'echercher  les  traits 

1.  J.-B..  Morret. 


268    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

d'histoire  dont  il  fît  encore  des  estampes  ^  Cependant  Morret, 
en  défaut  pour  le  dessin,  possédait  bien  son  métier  de  graveur 
coloriste;  il  fut  chargé  de  ter^iîner  deux  grandes  estampes 
d'Alix,  d'après  Deraarne  :  la  Promenade  du  matin  ou  Fénelon, 
la  Promenade  du  soir  ou  Malesherbes,  qui  sont  décrites  et  louées 
par  Vallîn  ". 

Voici  encore  deux  pièces  à  son  nom,  témoignant  des  risées  qui 
accueillirent  quelques  tableaux  gothiques  venus  avec  quelques 
autres  des  Musées  de  TAUemagne  : 

Arrivée  à  la  fontaine  de  Jouvence,  —  Effets  merveilleux  de  l^. 
fontaine  ds  Jouvence,  imitation  libre  du  tableau  de  Granach,  fa^ 
sant  partie  des  peintures,  dessins,  etc.,  conquis  par  laGrax^ 
armée  en  1806  et  1807;  ïx\-{^  1.,  Paquet  del.,  Morret  se. 


LECCëUR'  grava  en  couleur  Desrais,  Watteau  de  Lille, 
fraisne,  Mouchet,  Morland  et  d'autres.  11  fut  heureux  surtou  t: 
traduisant  les  sujets  dessinés  par  Swebach-Desfontaines.  IVcf 
avons  déjà  rencontré  ses  principales  estampes.  Parmi  les  \\èc^^ 
politiques  qu'il  put  faire  encore,  et  dont  beaucoup  sont  de  S(^ 
invention,  je  puis  citer  les  suivantes  : 

Le  comte  de  Provence  :  Au  premier  citoyen,    d'après   Ber- 
taux  ; 

Le  terrible  Kalianech,  monstre  amphibie  épouvantable  et  curieux, 
trouvé  dans  les  rochers  de  la  baie  de  Pauliguen  ; 

Paix  générale,  an  X,  Les  peuples  dansent  autour  d'un  piédestal, 
sur  lequel  est  placé  le  général  Buonaparte. 

Il  fit  encore  beaucoup  de  pièces  d'amourette,  des  portrails  et 
des  ornements^  dans  le  genre  des  miniatures,  des  camées  et  des 
stucs. 


1.  Le  Manuel  de  V Amateur  d'estampes  le  fait  graveur  au  burin,  et  ne  cite 
que  ces  trois  pièces  :  Vœu  de  Clovis  à  la  bataille  de  Tolbiac,  —  BathOde 
rachète  les  esclaves,  —  Louis  d*Assas, 

2.  Annales  de  la  Chalcographie,  Paris,  1806,  in-8*,  p.  142. 

3.  Louis  Lecœur. 


.J 


CHARLËS-MELCHIOR    DËSCOllRTIS.  260 

CARRÉE*  mit  en  couleur,  dès  1781  et  1786,  des  compositions 

^«Freudenberger  et  de  Julien  de  Parme;  il  fit  des  portraits,  des 

Costumes  d'après  Dutertre,  et  des  vignettes  ;  il  grava,  à  la  manière 

tfff  crayon,  des  principes  de  dessin»  et  des  têtes  d'étude,  d'après 

'es  dessinateurs  les  plus  lâchés  :  Lebarbier,  Boizot,  Leclerc.  Dans 

^^  pièces  élémentaires,  publiées  chez  Basset,  chez  Jean  ou  che2 

^peiAÎIle,  on  ne  dédaignait  pas  d'exploiter  la  circonstance;  il  y 

^  des   têtes  coiiïées  du  bonnet  rouge,  et  plus  tard  une  Étude  de 

^t^riTë^cureiix,  qui  n'est  autre  que  le  portrait  de  Louis  XVI  ;  en 

'*^^    IX,  V Étude  de  grand  homme  est  le  portrait  de  Buonaparte. 

^'^  ST^aveur  exposa  au  Salon  de  Tan  IX  deux  têtes  d'étude,  dans  le 

ftôor-i^  des  deux  crayons,  d'après  M***»  Boullard  :  V Attention  et  la 

ioic    tranquille.  On  trouve  enfin  la  gravure  de  Carrée  affectée  à 

urà  siajet  mythologique  de  Guérin  :  la  Nympfie  de  Flore,  et  à  une 

^^^^^  I>osition  allégorique  de  Chéry  :  une  Femme  éplorèe,  entre  un 

^^^i^nu  qui  lui  enlève  son  voile  et  une  mégère  qui  foule  aux 

piecis  la  croix  :  . 

Qui  sait  lorsque  le  ciel  nous  frappe  de  ses  coups,  etc. 

^^^ît-cele  frontispice  d'un  livre  infâme,  et  Chéry  et  Carrée  ont- 
^Vs  accolé  leurs  dessins  à  l'œuvre  d'un  maniaque,  qui  souilla  le 
.\«tïïps  de  liberté? 

DESCOURTIS*  fit  des  vues  de  Paris  d'après  De  Machy,  des  sujets 
galants  et  villageois  d'après  Schall  et  d'après  Tau nay,  qui  sont 
dans  le  ton  d'avant  1789.  On  trouve  encore  son  nom  sur  deux 
pièces  révolutionnaires  : 
Le  jeune  Darruder,  d'après  Swebach  ; 

Séance  du  Corps  législatif  à  l'Orangerie  de  Saint -Cloud  et 
journée  libératrice  du  18  brumaire  an  VIII  (1799),  in-f^,  à 
Paris,  chez  Descourtis,  rue  des  Grands-Degrés.  Composition  de 

1.  Antoine  Carrée,  élève  de  Janinet. 

2.  Charle»-Melchior  Descourtis,  né  à  Paris  en  1753,  élève  de  Janinet,  mort 
en  18S6. 


270    ARTISTES. -GRAVEURS  AO  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

vingt^quatre  Ggures  à  expressions  mélodramatiques ,  exécutée 
au  lavis. 

COQUERETT*  est  encore  un^lève  de  Janinet,  qui  en  Tan  VI  eut 
un  prix  d'encouragement  pour  ses  gravures  au  lavis  et  à  la  rou- 
lette. Elles  étaient  faites  sur  les  dessins  de  Lethière  et  nous  les 
avons  déjà  citées. 

II  grava  bientôt,  daqs  le  même  procédé^  deS:  portraits  en  pied 
de  généraux  d*après  Hilaire  Ledru  et  Wicar,  dont  plusieurs  paru- 
rent au  Salon  de  l'an  VIII,  deux  compositions  de  Dutailly  et  des 
dessins  de. Carie  Veniet,  dont  les  premiers  parurent  au  Salon  de 
ranIX. 

Son  œuvre  fut  ensuite  assez  considérable  et  comprit  de& 
pièces  très-diverses  d'après  d'anciens  peintres,  des  portraits- e* 
des  vues.  Je  ne  tiens  à  rappeler  ici  qu'une  petite  pièce  qu'il  gra: 
d'après  Prud'hon  :  Psyché  et  r Amours  médaillon  ovale,  in-8'*. 
le  charmant  maître  y  est  un  peu  trahi. 

MIXELLE^  grava  quelques  pièces  galantes  d'après  BeaudoK-:^ fx: 
Desrais,  Mallet.  Il  répandit  ses  lavis  et  ses  couleurs,  d'une  esi^^ca- 
tion  très-faible,  dans  les  recueils  de  costurnes  de  Gra^t    ^^ 
Saint-Sauveur  et  dans  d'autres  compilations  historiques  :  Hisl^în^ 
delà  Grèce,  Epitome  de  l'histoire  des  Francs,  dont  il  fut  l'éditeur. 
Celle  de  ses  publications  qui  intéresse  l'histoire  de  la  Révolution 
est  une  nombreuse  suite  de  Scènes  papulaires.  Traits  de  bienfai- 
sance, etc.,  de  l'invention  et  du  dessin  de  Labrousse  ;  elles  sont 
'trop  du  domaine  de  l'imagerie  pour  qu'on  s'y  arrête.  Mixelle  avait  • 
popularisé,  dès  1789,  la  figure  et  Taction  du  grenadier  qui  arrèia 
M.  de  Launay  à  la  porte  de  la  Bastille  :  Joseph  Arné,  de  la  compa- 
gnie de  Resavelles,  etc.,  dessiné  d'après  nature  par  Beauvais, 
gravé  par  Mixelle;  scène  au  bas  et  quatre  lignes  de  légende, 
în-4°. 

1.  Pierre-Charles  Coqueret,  né  à  Paris  en  1761,  élève  de  Janiuet. 

2.  Jean-Marie  Mixelle. 


.^ 


BASSET.  471 

ïiURUISSEAU  S  que  Basan  et  Hubert  citent  comme  ayant  gravé, 
^  la  manière  du  crayon  et  dn  lavrs,  des  Principes  de  dessin  et 
^'architecture  d'après  Parizeau  et  Delafosse,  était,  en  l'an  V,  gra- 
^^Urau  lavis  de  la  maison  de  l'Agence  des  mines  de  la  Républi- 
^^e.  Jl  exposa  au  Salon  de  cette  année  plusieurs  gravures  au 
*^^.  Je  connais  de  lui  une  fijçure  en  pied,  au  crayon  blanc  et 
^s  sur  fond  bleu,  gr.  in-f<>,  L" Égalité,  tenant  le  triangle  et  les  droits 
^^i'homme,  L.-F.  du  Ruisseau  sculp.,  1793. 


^ans  la  foule  des  graveurs  qui  exploitaient  le  genre  le  plus 

ftc/lo  et  le  mieux  approprié  à  un  goût  public  devenu  tricolore  à 

tout  j>ropos,  il  faut  trier  encore  quelques  marchands.  C'était  un 

^^ag^  assez  général  que  les  graveurs  vendissent  eux-mêmes  leurs 

estampes,  et  nous  en   avons  vu   beaucoup  qui  portaient  leur 

adresse  II  s'agit  maintenant  de  ceux  qui  tenaient  boutique  de 

^'^^^^s  sortes  de  pièces  et  en  faisaient  étalage  dans  les  quartiers 

aïvecrtés  à  l'industrie  de  l'imagerie,  et  qui  ne  furent  pas  étrangers 

^  »^  exécution  de  certaines  gravures  de  leurs  fonds. 

BASSET,  marchand  d'estampes  et  fabricant  de  papiers  peints, 
^^^  coin  de  la  rue  Saint-Jacques  et  de  la  rue  des  Mathurins,  avec 
*  enseigne  :  Au  Basset.  11  se  signala  dès  le  commencement  de  la 
dévolution  par  les  caricatures  qu'il  publia.  Il  est  méchamment 
désigné  dans  un  almanach  de  1790  :  «  Basset  a  servi  la  patrie  en 
faisant  des  caricatures  contre  les  aristocrates;  d'abord  maigre  et 
blême  comme  un  abbé  d'aujourd'hui,  il  a*  trouvé  le  moyen  de 
devenir  gras  comme  un  abbé  d'autrefois*.  »  Il  tenait  aussi  des 
portraits  populaires,  des  figures  républicaines  et  des  planches 
d'habillements  modernes  et  galants.  Plusieurs  de  ces  pièces»  exé- 
cutées au  pointillé  d'une  façon  uniformément  accusée,  ou  vive- 

i.  Antoine  Duruisseau,  né  vers  1754. 

2.  Almanach  de  1790,  cité  dans  VHistoire  de  la  Société  française,  de  MM.  de 
Goncourt,  t.  I,  p.  269. 


f 


m    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

ment  coloriées,  et  ne  portant  d'autre  sig^nature  que  son  adresse, 
paraissent  de  sa  main;  il  suffit  d*en  indiquer  quelques-unes  : 

J.-J,  Rousseau,  né  à  Genève  ;  ovale,  pointillé  très-fin,  in-12  ; 

La  République  aux  mânes  de  Chalier  et  de  Barra,  ovale,  m-k^  h.  ; 

Moral  et  Lepelletier,  portraits  en  médaillon  à  la  base  d'une 
pyramide  historiée,  gr.  in-f»  h.  ; 

La  Probité,  —  la  Force,  —  médaillons  coloriés  ; 

Calendrier  de  Van  II,  historié  d'emblèmes  et  de  portraits, 

gr.  in-f"; 

Collection  dhabillements  modernes  et  galants,  dessinés  par  Des- 
rais, Basset  direxit. 

Sous  le  Directoire  et  le  Consulat,  continuant  encore  la  gravure 
des  compositions  de  Desrais,  il  publiait  encore,  au  milieu  de 
beaucoup  de  feuilles  d'imagerie,  quelques  bonnes  pièces  de  cos- 
tumes, telles  que  :  Entrée  au  bai  paré  et  masqué;  d'une  suite  inti- 
tulée :  Modes  du  jour. 

GHÉREAU,  rue  Saint-Jacques,  près  la  fontaine  Saint-Séverin, 
Aux  deux  colonnes,  qui  tenait  imagerie  enfantine  et  galante, 
parait  avoir  gravé  au  pointillé  et  en  couleur  bon  nombre  de  pièces 
politiques.  Il  y  en  a,  parmi  celles  qui  ne  portent  que  son  adresse, 
qui  ne  manquent  pas  de  finesse  et  de  soin  : 

Louis-Philippe-Joseph,  duc  d'Orléans,  ovale  colorié  in-8"  : 

Aimé  du  peuple  qu'il  soulage, 

Il  apprend  au  vice  abattu 

Que  Ton  chérit  jusqu^à  Timage 

Des  partisans  de  la  vertu  ;  ' 

La  Liberté,  —  la  Loi,  —  la  Justice,  —  V Indivisibilili  ; 

Travaux  au  Champ  de  Mars  ; 

Dons  patriotiques  ; 

M.  Lepelletier  Saint-Fargeau,  buste  sur  un  cippe,  couronné  par 
la  Liberté  ;  ovale  in-8°,  col.  ; 

La  Constitution  paraît  sur  un  piédestal,  etc.;  nombreuses  figu- 
res; eau-forte  coloriée,  in-f®  L; 


^ 


1^ 


VILLENEUVE.  273 

Vue  du  Jardin  national  et  des  décorations  le  jour  de  la  Fête  de 
rÉire  suprême,  in-f°  I.  ; 

Vue  de  la  Montagne  élevée  au  Champ  de  la  Réunion,  in-f^  I. 

VILLENEUVE,  dont  fiasan  cite  quelques  estampes  antérieures 
à  1789,  et  qui  grava  des  costumes  de  théâtre  d*après  Chéry,  pour 
les  Recherches  de  Levacher  de  Chamois,  fut  l'un  des  plus  enra- 
gés faiseurs  de  caricatures  de  la  Révolution  ;  il  les  gravait,  au 
lavis  et  en  couleur,  d'une  façon  quelquefois  fine  et  soignée,  d'au- 
tres fois  négligée  et  dure.  Il  passe  pour  l'auteur  des  portraits  des 
personnages  de  l'affaire  du  Collier,  publiés  par  Basset. 

Il  entreprit,  en  1789,  la  collection  générale  des  caricatures  de 

m 

la  Révolution  française,  en  petits  médaillons  sur  fond  rouge,  et 
c'est  là  qu'on  trouve  ses  premières  pièces,  remarquables  par  leur 
expression  et  leur  hardiesse  : 

Seront-ils  toujours  d'accord?  de  Villeneuve  sculp.,  chez  Basset  ; 

Ah!  le  bon  décret!  Maudite  Rèvolutiori! 

Les  Crimes  des  rois; 

Les  Français  d^ autrefois,  —  les  Français  d'aujourd'hui; 

Prêtre  patriote,  —  Prêtre  aristocrate. 

Parmi  les  pièces  plus  grandes  et  plus  sérieuses  qu'il  put  faire, 
je  ne  rencontre  que  la  Vue  du  tombeau  de  J.-J.  Rousseau,  dessinée 
d'après  nature  ;  pièce  faite  après  le  décret  de  l'Assemblée  natio- 
nale, du  27  août  1791. 

11  ne  cessa  pas  d'en  faire  pendant  la  Terreur,  et  ce  sont  de 
tristes  images  du  sentiment  populaire,  féroce  dans  ses  vengeances 
comme  on  l'avait  été  tant  de  fois  contre  lui  : 

Louis  le  traître,  lis  ta  sentence,  in-f^*  1.  Un  bras  écrit  sur  un 
mur  une  légende,  semée  de  sentiments  patriotiques  et  de  fautes 
d'orthographe,  et  historiée  d'une  guillotine  ; 

Matière  à  réflexion  pour  les  jongleurs  couronnés,  in-4**  1.  Tête 

coupée  et  dégouttant  le  sang,  dans  la  main  du  bourreau,  avec 

longue  légende  extraite  des  écrits  de  Robespierre,  et  le  bonnet  et 

le  triangle  en  vedette  ; 

18 


274    ARTISTES.— GRAVEURS  AU  LAVIS  ET  EN  COULEURS. 

Réception  de  Louis  Capet  aux  Enfers,  in~r  1.  Affreuse  composi- 
tion avec  légende,  et  pour  écusson  la  tête  coupée  ; 

Aux  mânes  de  nos  frères  sacrifiés  par  le  traître  :  Ecce  Custine. 
Tête  dans  la  main  du  bourreau  ; 

Appel  au  Diable  par  les  corps  sans  tête- 

Villeneuve  a  heureusement  des  pièces  moins  compromettantes, 
bien  que  d'une  couleur  prononcée  : 

Française  devenue  libre,  figure  en  couleur  sur  fond  rouge  ; 

La  Liberté,  patronne  des  Français,  en  buste,  dans  une  gloire.^  ^ 
pointillé  in-8°  ;. 

La  Liberté,  patronne  des  Français  : 


Atnour  sacré  de  la  patrie... 

en  buste,  in-4®  h.,  lavis;  . 

Vue  des  six  stations  de  la  Fête  de  Vunitè  et  de  r indivisibilité  dek. 
République,  six  médaillons  sur  une  feuille,  in-4°  1.,  au  lavis. 

Les  pièces  les  plus  intéressantes  de  son  œuvre  sont  cependa 
les  portraits,  qu'il  faisait  en  couleur  et  au  lavis,  et  quelquefi 
d'une  façon  très-soignée  : 

Voltaire,  petit  buste  de  face,  gravé  en  couleur  d'une  mani 
très-vivante  ; 

Marat,  médaillon,  sur  une  pyramide  dans  un  vaisseau,  in-i^ 
«  0  peuple!  Marat,  ton  plus  fidèle  ami,  n'est  plus!  » 

Joubert,  bouclier  national,  aux  Armées  françaises,  composé  et 
gravé  par  Villeneuve;  le  portrait  dessiné  d'après  nature;  l*an  Vff, 
in-4<»  h.,  lavis; 

Bonaparte,  Cambacérés,  Lebrun,  premier,  second  et  troi^èm 
consuls  de  la  République,  graVés  en  i*an  IX  par  Villeneuve.  Trois 
têtes  accolées,  pointillé  rouge  et  bleu,  d-après  la  médaille  du 
citoyen  Andrieu. 

On  trouve  encore,  sous  le  nom  de  Villeneuve,  beaucoup  d'ou- 
vrages de  commerce  dont  je  n*ai  pas  à  tenir  compte,  mais  il 
n'est  peut-^tre  pas  inutile  d'y  noter,  comme  moralité  de  sa  rage 
révolutionnaire,  un  portrait  de  Louis  XYJII,  signé  Villeneuve, 
aqua-f.,  1814.  ,,         , 


jà 


MADAME  BERGNY. 


275 


M™«  BERGNY,  marchande  d'estampes  de  M"«  la  princesse  de 
Lâoiballe,  demeurant  rue  du  Coq,  publia  des  portraits  marquants 
et  des  pièces  révolutionnaires  : 

Jkfarie-Jos^h  Chènier,  Sandoz  pinx.  et  sculp.,  en  couleur,  chez 
AI"^«  Bergny; 

JLonis- Philippe  d'Orléans, 

JFlcibaud  Saini- Etienne, 

Bamave, 

.Marat , 

JLepelUtier , 

M^e  Triomphe  de  la  Liberté  y  dédié  à  la  Patrie,  par  la  cit.  Bergny, 

ste  au  milieu  de  figures  allégoriques,  dians  un  médaillon  de 

m^-ileur,  in-f*;  « 

r 

JUarat  à  r  immortalité,  ovale  in-f*; 
JLe  Triompha  de  la  Montagne; 

Premier  rendez -vous  de  Charlotte  et  de  Werther,  ia-4<®  h., 
l,  couleurs.  Se  vend  à  Paris,  chez  Bergny,  passage  del*HôteV- 
^^nthièvre. 


9.  —  GRAVEURS  AU  BURIN. 


J'arrive  tardivement  aux  ouvrages  classiques,  et,  si  je  n'ai  pL 
qu'en  dernier  lieu  les  estampes  qui  offrent  la  gravure  dans 
procédé  le  plus  accompli,  c'est  que  le  burin,  avec  son  tra. 
lent,  son  asservissement  à  la  peinture,  sa  poursuite  d'une  n 
larité  absolue,  reste  plus  étranger  aux  manières  les  plusvivarm 
Le  graveur  en  taille^ouce,  selon  Diderot,  est  proprement   c#^ 
prosateur  qui  se  propose  de  rendre  un  poète  d'une  langue  ôbo^ 
une  autre.  On  peut  ajouter  qu'il  s'attache  de  préférence  airX 
poètes  morts.  Dans  les  époques  révolutionnaires,  l'art  est  trop 
impatient  pour  recourir  à  une  traduction  aussi  froide.  Nous  avons 
vu  que  depuis  Lebas  la  gravure  au  burin  avait  rompu  toutes  ses 
habitudes.  Les  peintres  les  plus  courus  qu'elle  eut  à  traduire, 
tels  que  Greuze  et  Fragonard,  l'avaient  poussée  aux  libres  allures, 
et  il  fallut  longtemps  avant  que  la  nouvelle  école  académique 
eût  formé  des  burinistes  à  son  usage.  Deux  grandes  entreprises 
de  gravure  témoignaient  cependant  encore,  au  moment  de  la 
Révolution,  combien  cet  art  comptait  de  travailleurs  :  la  Galerie 
de  Florence,  commencée  par  M.  de  Joubert  avec  les  dessins  de 
Wicar  et  les  gravures  de  Marais,  Masquelier  et  beaucoup  d'au- 
tres; la  Galerie  du  Palais  -  Royal ,  commencée  en   1786   par 
Couché;  interrompues  d'abord,  ces  entreprises  furent  pourtant 
poursuivies  et  offrirent  des  ressources  à  de  nombreux  graveurs 
au  burin.  Dès  l'an  III,  le  graveur  Pierre  Laurent  commença  la  plus 
belle  et  la  plus  complète  reproduction  de  toutes  les  richesses  du 
Musée  central  des  arts,  en  quatre  divisions  :  Tableaux,  statues, 


JEAN-JACQUES  AVRIL.  27^ 

bas-reliefs  et  bronzes,  camées  et  intailles*,  qui  fut  encouraj^ée 

P^t*  lo  Comité  d'instruction  publique,  poursuivie  avec  l'assistance 

d'uxi    négociant,  Robillard-Péronville,  et  le  concours  de  cinquante 

grav<^iirs.  Mais  c'est  dans  des  œuvres  plus  actuelles  que  nous 

*^^*^s  à  chercher  la  part  de  ceux  qui  se  sont  le  plus  distingués. 


HIL',  qui  se  présenta  sans  succès  à  l'Académie  en  1789, 

^^^^ît  déjà  distingué  par  les  grands  portraits  tragiques  de  Ducis 

^^  ^^  Brizard,  d'après  M"*  Guyard.  llétait  le  graveur  qui  tradui- 

*^*^  ^vec  le  plus  de  régularité  les  peintres  les  mieux  établis,  ceux 

^^i   avaient  fait  de  la  réforme  antique  un  pont  aux  ânes.  Les 

^^^oiis  de  1791  et  de  1793  n'eurent  pas  de  gravures  plus  considé- 

^^^es  que  les  siennes  : 

Coriolanet  Vélurie,  d'après  Lebarbier; 
Pénélope  et  Ulysse  ou  la  Pudeur,  d'après  Lebarbier; 
L'Étude  qui  veut  arrêter  le  Temps,  d'après  Ménageot  ; 
Le  Désintéressement  de  Lycurgue,  d'après  Lebarbier. 
En  l'an  IV,  ce  fut  : 

Comélie  présentant  à  la  jeune  Campanienne  ses  enfants  comme 
sa  parure  et  ses  ornements; 
La  Mère  lacèdémonienne  remet  à  son  fils  un  bouclier  en  lui 
'  disant  :  Reviens  avec  ou  dessus. 

Quelques  efforts  qu'ait  fait  le  graveur,  dans  son  travail  du 
cuivre,  pour  paraître  énergique  et  chaud,  il  resta  toujours  empêtré 
dans  les  pesanteurs  de  ses  'modèles,  et  glacé  dans  les  difficultés 
de  son  métier;  et  pourtant,  il  y  a  des  auteurs  qui  citent  plusieurs 
de  ses  estampes  comme  faisant  époque  dans  l'art  renouvelé  en 
France.  Avril,  dans  l'opinion  classique,  avait  ramené  la  gravure 
au  burin  à  ses  vrais  principes,  tant  par  le  choix  des  sujets  que 

1.  Projet  d^association  pour  Ventreprise  de  la  gravure  dés  tableaux  et  mo- 
numents composant  le  Musée  central  des  arts^  Paris,  an  IX,  imprimerie  de 
Porthman,  20  p.  in-8<^.  Rapport  sur  les  BeauayArts^  par  Lebreton,  p.  213. 

2.  Jean-Jacques  Avril,  né  en  i7i4,  élève  de  Wille,  mort  en  1823.  Son  portrait 
m  été  gravé  par  son  fils  en  ISiO,  d'après  le  tableau  peint  par  M"*  Auiou  en 
iH07. 


^7«  ARTISTES,  —  QRAVECR6  AU  BURIN. 

par  rintellîgeaca  de  rexécuUpn*.  Pour  nous,  cç  n'est  qu'ua 
4ucteur  médiQcrement  jnécarpsé.  ■  ^  , 

Jl  s'ayentur^  dans  quçlq.ues  sujets  plus  actuels,  mais  son  taie 
y  paraît  encore  pJws  insuffisant  et  son  outil  plus  rebelle.  C'est, 
1790,  la  fij^gènèration  jde  la  Nation  française,  dédiée  et  présen 
à  l'Assemblée  nationale  comme  pouvant  être  le  modèle  d 
monument  public;  en  1793,  la  Bal^Uk  de  Hçndschpote.  On 
juger  de. la  portée  de  ses,  inventions  pittoresques  dans  un  rap 
sur  les  cimetières,  qu'il  adressa  à  la  Commune  ^e  Paria,  au  n 
de  l'administration  des  Travaux  publics';  pu  verra  aîllep 
projet  de  Champ  de  loepos,  de  convoi  funèbre  et  de  fêtes  de 
qu'il  proposait.  Je  dirai  ici  seulement  que  le  ponument  princi 
de  son  Champ  de  repos  était  «  une  statue  représentant  la  Te 
enveloppée  d'un  manteau,  à  travers  lequel  sembleraient  s'éch 
per  les  bras  et  les  jambes  desséchées  d'un  vieillard  ;  à  ses  c6 
une  corne  d'abondance,  d'où  sortirait  up  ei^fanjt  qui  presserait 
mamelles  et  s'attacherait  à  son  sein,  tandis  que  son  bras  étex%di 
présenterait  aux  spectateurs,  avides  de  s'instruire,  une  Minerve 
déesse  de  toutes  les  vertus.  On  lirait  au  pied  du  monument  cette 
inscription  simple  :  La  Vertu  survit.  » 

On  ne  saurait  parcourir  ici  tout  l'œuvre  d'Avril,  qui  grava  pen- 
dant cinquante-quatre  ans  plus  de  cinq  cents  pièces,  selon. le 
compte  de  Joubert,  qui  y  a  compris  sans  doute  tous  les  morceaux 
d'orqements  et  de  fleurç  qu'il  fit  pour  le  commerce;  mais  il  faut 
indiquer  encore,  pour  en  connaître>  tous  les  côtés,  quelques 
portraits  contemporains  :  Marie- Antoinette,  M^  Vigée-Lebrun, 
Mercier,  et  deux  sujets,  qu'il  voulut  composer  dans  les  données 
les  plus  poétiques  de  l'an  X  et  où  il  mit  les  plus  grands  agrér 
ments  de  sa  gravure  :  rOffrande  à  l'Amour,  le  Serment  de  fidélité. 
Il  faudrait  chercher  dans  les  vignettes  les  plus  misérables  pour 

1,  Maniàfit  des^  curi^tix  pt  des  i^vMUurt  de  rArt,  p&r  Hu))er  et  Rost,  Zuricli, 
180*,  t.  VIII,  p.  325. 

%.  Rapport  dç  l'admtnistratim  des  Travaux  publics  sur  tes  cimetières,  lu 
au  Conseil  générai  par  le  citoyen  Avril,  in-^»,  98  pages  Bans  date  ni  oom  d*iiii* 
primeur. 


"I 


CQARLES-CLÉHENT  BERVIC.  27« 

trouiver  quelque  objet  de  comparaison;  Texécution  au  burin 
oe  Tskii  ressortir  dans  ces  grandes  pièces  que  platitudes  et  incon- 
gruité, 

BERVIC*,  fils  d*un  maître  tailleur  de  Paris,  était  entré  à  qua- 
tor-ze  ans,  en  1770,  dans  l'atelier  de  Wille.  Son  maître  le  trou- 
vait    dès  lors  d'une -physionomie  heureuse  et  dessinant  -déjà 
joliment  bien  pour  son  âge*.  En  1784,  il  était  reçu  académicien. 
Il    n^aivait  fait  encore  que  des  Ouvrages  d'après  son  maître,  des 
su  jetsfarailiersd'après  Lépine,  et  des  portraits,  lorsqu'il  produisit 
C^ouis  XVI,  restaurateur  de  la  Liberté,  présenté  au  Roî  et  à  TAs- 
l^lée  nationale  en  1790.  Cette  estampe,  foite  d'après  une  pein- 
tLir-'^    de  Callet  qui  avait  figuré  au  Salon  de  1789,  et  exposée  au 
S^lon  de  1791,  plaça  Bervic  au  rang  des  vrais  burinistes.  Cette 
Q^sil  îté  était  chez  lui,  comme  chez  tant  d'autres  habiles  graveurs, 
excl  osive  de  toute  originalité.  11  était  de  ceux  qui  mettent  plu- 
^^iiï^s  années  à  l'achèvement  d'une  estampe,  et,  quoique  dessina- 
^ur  exercé,  il  éteignit  en  lui  toute  velléité  d'invention  et  d'indé- 
V^^^ance  par  un    asservissement  complet  aux  difficultés  du 
^^rtn.  Cet  âpre  côté  de  l'art  a  ses  attachements,  mais  le  moment 
^Wi  mal  venu  pour  les  ouvrages  de  patience. 

Bervic  ne  fit  pas  d'ouvrage  révolutionnaire  ;  il  suivit  pourtant  le 
mouvement;  il  brisa  son  cuivre  du  portrait  de  Louis  JK/dans 
une  des  séances  de  la  Société  populaire  des  arts,  et  fut  nommé 
par  elle  membre  d'un  comité  d'instruction. 

Les  seuls  ouvrages  de  Bervic  qui  parurent  aux  expositions  de 
]a  République  sont  VÉducation  d'Achille,  d'après  Regnault,  et 
l'Innocence,  d'après  Mérimée.  Ces  estampes,  exposées  en  l'an  VI , 
firent  pâlir  les  ouvrages  de  Massard,  d'Avril  et  d'Audouin  ;  elles 
accusaient  l'expression  dans  les  figures,  l'aspect  dans  les  acces- 


i.  Charles-dément  Bervic,  et  non  Jean-Gui Haume  {Biographie  universelle, 
Sappiément,  LVIII,  17i),  né  en  1750,  élève  de  Wille,  mort  en  1822.  Cata- 
icgue  des  estampes  de  M,  Bervic,  par  Regnault  de  La  Lande,  Paris,  1822,  in-8*. 

2.  Mémoires  et  Journal  de  J.-G.  Wille,  t.  II,  p.  2Q. 


k 


m  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU  BURIN. 

soires  et  la  lumière  dans  l'ensemble,  avec  une  énergie  que 
gravure  avait  trop  oubliée  dans  l'exercice  du  pointillé  et  de 
manière  noire.  Si,  par  une  réaction  trop  grande  des  ressources 
burin,  on  vit  l'abus  des  tailles  en  treillis,  particulièrement  da 
les  chairs,  la  beauté  des  fonds  et  des  terrains  montra  du  moi 
le  mérite  de  Tartiste.  Il  ne  lui  a  manqué,  pour  arriver  au  prem 
rang,  que  de  dissimuler  mieux  ses  manœuvres  et  aussi  de  s*at 
cher  davantage  aux  peintres  de  son  temps.  11  est  à  regretter 
ne  se  soit  pas  incarné  David^  Prud*hon  ou  quelque  autre  d 


Dateur  puissant.  Mérimée  ne  fut  pas  un   parangon,  et  poi 
tant  Tœuvre  qui  fera  le  plus  ressouvenir  de  Bervic,  aprte  s 
Louis  XVI,  est  cette  Innocence  de  l'an  VI,  qui  présente  à  un 
pent  le  fruit  où  elle  vient  de  mordre  et  .sa  nudité  de  quato 
ans,  à  peine  abritée  d'un  brin  de  feuillage. 

Le  graveur  fit  d'autres  ouvrages,  le  Saint  Jean  de  Raph. 
pour  la  Galerie  de  Florence;  pour  le  Musée  Laurent,  le  Laocooi^ 
l* Enlèvement  de  Déjanire,  qui  eut  le  prix  au  concours  décennale 
Ils  servent  d'argument,  en  même  temps  que  les  ouvrages  de 
Boucher-Desnoyers,  à  ceux  qui  pensent  que  la  France  a  ressaisi 
le  sceptre  de  la  gravure  en  taille-douce,  qu'elle  tenait  déjà  sous 
Louis  XIV  avec  Audran  et  Drevet.  Cela  peut  être  si  Ton  considère 
la  fidélité  du  modèle  et  la  sévérité  du  dessin;  mais  les  burinistes 
du  siècle  monarchique  paraîtront  toujours  fort  supérieurs,  si  l'on 
s'attache  aux  qualités  réellement  pittoresques  du  burin. 

MIGËRS  de  la  ci-devant  Académie  royale  de  peinture,  membre 
de  la  Société  académique  des  enfants  d'ÂpoIlon,  fut  un  burinîste 
médiocre  et  lent  qui  ne  se  distingua,  ni  dans  le  genre  historique, 
ni  dans  les  pièces  galantes  et  les  vignettes,  mais  dont  l'œuvre 
est  intéressant  par  les  portraits.  Il  réussit  là  presque  autant 
que  dans  la  gravure  des  animaux  qui  fut  son  triomphe.  Du 
reste  il  était  si  au  dépourvu ,  quant  à  l'originalité,  qu'il  a  tou- 

i.  Simon-Charles  Miger,  né  en  1736,  élève  de  Cocbin  et  de  Wille,  mort 
en  1820. 


i 


JEAN  GODEFROY.  281 

jours,  mi^me  pour  les  animaux,  emprunté  le  dessin  d'autrui.  L'ar- 
listtî  et  son  œuvre  ont  été  le  sujet  d'une  monographie  *,  à  laquelle 
on  peut  reprocher  sans  doute  trop  de  complaisance,  mais  qui 
nous  rend  bien  facile  la  tâche  de  signaler  le  passage  de  la  Révo- 
iutioG  dans  son  œuvre.  Il  grava,  sur  le  dessin  de  Lagrenée  fils, 
'^  ^Translation  de  Vollaire  au  Panthéon  français.  Cette  grande 
Planohe,  exécutée  dans  le  goût  de  celles  d'Helman,  sera  toujours 
''^t^ tressante  malgré  sa  lourdeur. 

ï^^irmi  les  portraits  de  Miger,  on  doit  distinguer  d'abord  ceux 

9u*H  grava  d'après Fragonard,  en*l 788, pour  l'^wtofrc  de  la  maison 

^   'Bourbon  de  Désormeaux;  puis  quelques  portraits  politiques  : 

^      Fayette,  Bailly,  Delacroix,  Hérault  de  Séchelles,  le  général 

'^^XAf:hard,  Quinette  ;  et  enfin  des  portraits  d'artistes  et  de  littéra- 

^^ï^  :  MoitU,  Vien,  d'après  M"«  Guyard*;  Hubert  Robert,  d'après 

*s^bey,  le  chef-d'œuvre  du  graveur;  Laurent,  le  graveur;  Gluck , 

^^i/te,  Çuatremère-Dijonval,  et  son  propre  portrait,  d'après 

MV*  Capet. 

JEAN  GODEFROY',  qu'il  ne  faut  confondre,  ni  avec  François 
Godefroy,  que  nous  verrons  parmi  les  graveurs  de  vignettes,  ni 
avec  son  fils  Adrien,  se  signala  pour  la  première  fois,  aux  Salons 
de  l'an  Vil  et  de  l'an  Vili,  par  des  vignettes,  plus  régulièrement 
gravées  et  de  plus  grande  dimension,  pour  les  belles  éditions  de 
Didot  l'aîné  :  deux  sujets  de  Daphnis  et  Cliloé,  de  Gérard;  un  sujet 
d^Andronuujfue,  d'après  Girodet,  et  par  les  grands  sujets  de  Jeunes 
fiUes  de  M"**  Chaudet,  qui  cependant  n'étaient  gravés  qu'au  poin- 
tillé. On  remarqua  beaucoup  aussi  les  portraits  de  la  Citoyenne 

i.  Biographie  et  catalogue  de  Vœuvre  du  graveur  Miger,  par  M.  Emile 
BeUier  de  La  Chavignerie,  Paris,  Dumoulin,  1856,  in-8°. 

2.  Cette  estampe,  présentée  à  TAcadémie  en  17*J0,  fut  fort  applaudie  et  la 
planche  acquise  au  prix  de  i,600  livres  dans  la  séance  du  8  Janvier  1791.  Jour- 
nal de  WiUe,  t.  II,  p.  386  et  388.  —  La  planche  est  au  Louvre;  Catalogue  de 
la  Chalcographie,  édition  de  1851,  n»  1832. 

3.  Jean  Godefroy,  né  à  Londres  de  parents  français  en  1771,  élève  de 
J.-P.  Simon. 


282  ARTISTES.  ^  GIUYEOaS  AU   BURIN. 

Barbier  Walbonne,  d'après  le  tableau  peint  par  Gérard,  et  les  por- 
traits du  général  B-mnaparta,  d'après  Gérard  et  Chaudet.  L'un  de 
ces  portraits,  à  cheval,  de  Chaudet,  est  arrangé  en  foraie  d'éventaii 
avec  des  ornements  de  Percier  et  Fontaine.  Celui  de  M^  Barbier 
Walbonne,  élève  de  Garât,  assise,  ua  livre  à  la  main,  vêtue  en  robe 
de  linon,  coiffée  en  cheveux  à  l'anglaise  et  gantée  .d«  mitaines, 
est  pointillé  avec  la  plus  grande  finesse.  Cette  gravure,  premier 
ouvrage  de  J.  Godefroy,  dit  l'inscription,  fut  l'origine  des  ré- 
compenses  que  Ton  a  données  en  France  à  la  gravure,  et  obtint 
le  premier  prix.  Il  n'y  avail  pas  en  effet  de  prix  pour  la  gravure 
au  concours  dé  Tan  111.  Ces  ouvrages  valurent  à  Godefroy,  otttre 
le  prix  de  gravure,  l'emploi  de  l'un  des  plus  importants  traduc- 
teurs des  tableaux  les  plus  courus.  Psyché  et  i* Amour,  de  Gérard, 
Ossian,  de  Gérard,  la  Mort  (THippolyte,  de  Carie  Vernet,  qui  pa- 
rurent aux  Salons  de  l'an  X  et  de  Tan  XII.  Bruuïi  Neêrgaard  dit 
qu'il  est  a  dti  petit  nombre  des  artistes  qui  travaillent  directe- 
ment d'après  le  tableau,  chose  indispensable  au  graveur,  sans 
quoi  il  ne  peut  jamais  se  mettre  dans  ia  situation  du  peintre  ^  » 
Comme  les  tableaux  dont  il  s'agit  ici. sont  de  ceixx  où  la  txMi- 
leur  n'a  qu'un  rôle  accessoire,  on  peut  tenir  en  effet  GodeCroy 
pour  un  excellent  interprète;  il  paraîtrait  peut-être  moins  avan- 
tageusement, si  on  le  jugeait  sur  les  nombreuses  gravures  qu'il 
fit  ensuite  d'après  les  grands  peintres  italiens. 

ANSELIN*,  nommé,  avec  Bervic,  pour  composer  le  Comité 
d'instruction  de  la  Société  populaire  des  arts,  était  connu  avant 
la  Révolution  par  des  pièces  mythologiques  et  galantes  d'après 
Caresme,  Borel,  et  pour  un  portrait  de  M^de  Pompadour  en  ber- 
gère tenant  des  fleurs;  en  1789,  il  grava  le  Siège  de  Calais,  d'après 
Berthélemi,  très-grande  pièce  d'une  belle  facture,  qu'il  dédia  à 

1.  Sur  la  situationdes  BeauaihAris  en  France  ou  Lettres  d'un  Danois  é  son 
ami,  Paris,  an  IX,  in-8*,  p.  7S. 

2.  Jean-Louis  Anselin,  né  à  Paris,  en  1764,  mort  en  1S23,  bourgeois  de 
Calais,  élève  d'Âug.  SaintrAubin. 


■» 


HENRI  UAAAIS.  283 

TAsjseiaablée  natioDale.  Il  ^pleya  ensAïke  son  burin  à  reproii^ire 
quelques  tableaux  anciens  pour  leMM^ée  Laurent  .et  deux  ou  trois 
tableau)^  guî  avaient  eu  du  succès  aux  expositions  :  le  Premier 
hornme  et  la  première  femme  de  Lebarbier,  Molière  lisant  son 
Tartufe  chez  Ninon  de  Lenclps,  de  Monsiau.  Monsiau  lui  fournit 
encore  quelques  sujets  de  vignettes,  où  il  montra  de  la  finesse  et 
de  Tagrément.  On  peut  citer  le  frontispice  du  Dithyrambe  de 
Delille,  d*après  Boizot,  et  les  vignettes  pour  la  Pitié  de  Delille, 
d'après  Monsiau  et  Lebarbier  ;  mais  il  fut  de  ces  burinistes,  qui 
trouvent  le  moyen  dWacer  dans  leur  oBuvre  à  peu  près  toute 
trace  du  temps  dans  lequel  ils  vivent. 

JIARAIS  *  le  premier  graveur  de  la  Galerie  de  Florence,  dimé- 
nié  plus  de  distinction  qu'on  ne  lui  en  accorde  dans  les  hrsto- 
nques  de  la  gravure.  Sa  plus  ancienne  pièce  parait  être  l^Her- 
rnite  ou  k  donneur  de  cfiapelets,  d'après  Greuze.  En  1788,  il  grava 
le  portrait  de  Frédéric  le  grand,  pour  la  Monarch-ie  prussienne 
de  Mirabeau.  Le  Frontispice  qu!il  grava  pour  la  Galerie  de  Fio- 
nmee,  portsgit  la  dédicace  de  Lacombe  au  ^and-duc  de.  Toscane 
en  m%  et  représentant  le. Génie  des  arts  accoudé  sur  un  cippe, 
av^  un  bas-relief  de  noce  antique,  nous  donne  un  modèle  extrê- 
mement flatt^^  dans  sa  taille-douce  très-régulière,  du  sculpteur 
Moitié.  Les  planches  qu'il  grava  ensuite  d'après  l'antique  et 
d'après  iules  Romain  sont  faites  avec  une  observation  des 
règles  techniques,  qui  démontre  l'erreur  de  ceux  qui  ont  voulu 
réserver  pour  quelques  noms  privilégiés  et  pour  le  commence- 
ment du  XIX*'  siècle  le  mérite  d'une  renaissance  de  la  gravure. 
Marais,  comme  Bervic,  employa  des  tailles  d'un  parallélisme 
rigide,  .(i^doucies  dans  les  chairs  par  des  points,  renforcées  et  suf- 
fisamment variées  dans  les  draperies  etjes  fonds.  Il  sut  mode- 
ler, sinQU  éclairer  vivement,  ses  figures,  et  son  dessin  est  d'ail- 
leurs d'une  pureté  suffisante,  quoique  sans  beaucoup  d'énergie. 
Son  nom  est  attaché  à  la  plus  jolie  des  compositions  de  Gérard 

1.  Henri  MAr&is,  né  vers  1768. 


r 


2»4  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU   BURIN. 

sur  Psyché  :  Ces  plaisirs  leur  eurent  bientôl  donne  un  doux  gage 
leur  amour,  et  au  Frontispice  du  Racine  de  Didot  par  Prud'ho 
Son  Génie  et  Melpomène  le  mènent  à  l'Immortalité,  qui  fut  ex 
au  Salon  de  l'an  -V.  Ce  sont  des  estampes  pleines  de  finesse  et 
inoelleux,  quand  on  les  regarde  dans  de  bonnes  épreuves. 

On  doit  enfin  à  Marais  un  bon  portrait  de  Basan  dans  la  s 
des  médaillons  de  Cochin. 

AUDOUINS  l'un  des  graveurs  les  plus  accrédités  du  M 
Laurent,  commença  par  travailler  dans  la  Galerie  de  Florence, 
plus  ancienne  pièce  de  lui  qui  porte  une  date  est  le  Portrai 
Mirabeau^  en  1791.  En  Tan  V,  il  exposa,  avec  ses  estampes  fa 
pour  ces  deux  recueils,  une  Tète  de  Junius  Brulus,  et  Apo 
couronnant  la  Vérité,  d'après  Landon.  Il  atteignit  sa  plus  gra 
force  de  l'an  IX  à  Tan  XII,  en  publiant  Jupiter  et  Ântiope,  d'à 
Corrége,  Buonaparte,  premier  consul  de  la  République  franco 
et  //  n'est  plus  temps,  d'après  Bouillon. 

Lebreton  a  reproché  à  Audouin  de  ne  pas  savoir  déguiser 
le  travail  de  son  outil.  On  peut  dire  plus;  pire  que  les  burinis 
qui  laissent  percer  leur  cuivre,  mais  qui  du  moins  en  reiieut^^^t 
quelque  brillant,  Audouin  paraît  graver  sur  du  bronze,  sans  avc/^ 
pour  cela  plus  d'énergie;  il  reste  pesant  et  monotone. 

De  tous  les  ouvrages  qu'il  fit  ensuite,  et  dont  on  trouvera  la 
liste  dans  les  Dictionnaires,  je  ne*  citerai  que  des  portraits  :  le 
'  général  Moreau,  Gluck,  Elleviou,  Ângelica  Kaufman,  M^  Yigèe- 
Lebrun,  M^'  Saint-Aubin. 

BLOT*,  l'un  des  graveurs  de  la  Galerie  Lebrun,  acquit  de  la 
réputation,  dès  1786,  par  la  gravure  des  deux  enfants  de 
Louis  XVI  :  Monseignewr  le  Dauphin,  et  Madame^  fille  du  Roi, 
tenant  un  nid  de  fauvettes,  d'après  M"»*  Lebrun.  Son  burin, 
quoique  compassé,  caresse  et  adoucit  le  cuivre;  aussi  réussit-41 

i.  Pierre  Audouin,  né  en  1768,  élève  de  Beauvarlet. 

2.  Maurice  Blot,  né  en  1754,  élève  de  Saint-Aubin,  mort  en  iSiS. 


CHRISTOPHE  GUÉRIN.  Î85 

S)ien  dans  les  sujets  amoureux  et  dans  les  chairs  ;  il  grava  avec 
succès  deux  tableaux  de  Fragonard  :  le  Verrou  et  le  Contrat.  Au 
Tnilieu  des  traductions  de  peintres  anciens,  qui  forment  le  gros 
de  son  œuvre,  on  doit  distinguer  les  deux  pièces  qu*il  fit  d'après 
Regnault  :  Jupiter  et  lo;  Jupiter,  en  Diane,  et  Calisto,  qui  furent 
exposées  en  Tan  VII.  L'année  suivante,  il  exposait  le  Jugement  de 
Paris,  Les  seules  pièces  d'ailleurs  qui  portent  date  sont  les  vignet- 
tes qu'il  fit  pour  le  Racine  et  le  La  Fontaine  de  Didot. 

C'est  à  lui  qu'échut  la  traduction  du  tableau  capital  de  l'an  VI , 
te  Retour  de  Marcus  Sextu^,  et  il  n'en  saurait  exister  de  meilleure. 
Lebreton,  en  jugeant  cette  estampe,  qui  ne  parut  qu'au  Salon  de 
l'an  Xll,  la  trouvait  inférieure  à  ses  estampes  plus  anciennes  et 
laissant  désirer  plus  de  transparence  et  de  légèreté.  11  nous 
semble  que  la  peinture  de  Guérin  aurait  été  peu  reconnaissabie 
dans  une  gravure  aérée  et  brillante. 

CHRISTOPHE  GUÉRIN  *  trouva  le  moyen  de  cultiver  la  gravure, 
en  taille-douce  et  au  pointillé,  à  Strasbourg,  où  il  devint  profes- 
seur de  dessin  et  conservateur  du  Musée.  Ses  premiers  ouvrages, 
où  parait  déjà  un  vif  talent,  sont  des  portraits  : 

Le  comte  de  Cagliostro, 

De  Tami  des  humaine  reconnaissez  les  traits,  etc., 

« 

dessiné  d'après  nature  et  gravé  par  Chr.  Guérin,  1781,  ovale 
in-b*  h.  ; 

Mon  père,  dédié  à  ses  amis,  dessiné  d'après  nature  et  gravé  par 
Chr.  Guérin,  in-b®  h.;  il  est  à  son  établi  de  graveur  de  coins  ; 

François-Xavier  Richter,  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg,  G.  Guérin  s.,  1785. 

II  se  fit  connaître  'ensuite  par  de  grandes  estampes  d'après 
divers  maîtres,  qui  lui  valureift  une  médaille  en  1810.  Il  suffira 

1.  Christophe  Guérin,  né  à  Strasbourg  en  1758,  élève  de  Muller.  Gabet,  Dic- 
tionnaire dex  Artistes,  1831,  in-8*,  p.  339.  Omis  dans  le  Manuel  del'AmaUur 
d^estampês.  Le  Catalogue  De  Vër^,  n**  207,  contient  la  pièce  Portrait  dé  mon 


286 


ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU  BURIN. 


de*  signaler  les  estampies  d'après  ^orfëgê  -^^ Amour  désa 
Yénus,  Bi  la  Madeleine.  •  :  i 

Guériii ne  vint  pas  figurerai»  expositions' de  Paris,  m 
n'en  paya  pas  moins' son  tribut  à  la  Révolution.  Voici 
estanlpes,  qu^on  a  trop  oubliées  à  Strasbourg  : 

Hereuli  Cotmariemi;  dessiné  d'après  nature  et  gravé  par  G^ 
tophe  Guérin.  Cet  Hercule  de  Colmar  était  un  honorable  bal 
et  officier  mxmicipal,  ({ixl,  s'en  -allant  faire  patrouille  la  nuit;^ 
longue  redingote  et  en  tricorne,  armé  seulement  d'un  bâton, 
dans  une  nuit  qui^  à  ce  qu'il  paraît,  foi  chaude  pour  les  patrii 
du  3  au  !^  février  1791 ,  prononça  ces  paroles  mémorables  : 
veille  pour  que  les  autres  dorment.  »  Pui^e  la  pointe  de  Gu^ 
qui  ne  manque  ni  de  force  ni  de  bonhomie,  transmettre  à  la 
térité  la  plus  reculée  l'héroïsme  de  Stockmeyér; 

Liberté-Égalité,  G.  Guérin  fecit.  Deux  figures  debout  et. 
Génie,  assis  au  milieu,  montrant  les  Droits  de  l'homme.  O 
in-f^  La  composition  et  le  dessin  de  ces  figures  laissent  à  désî 
mais  il  y  a  de  l'sigrément  dans  les  têtes  et  de  l'habileté  datia 
pointillé. 

Guérin  illustra  deux  éditions  de  V Homme  des  champs,  in-1. 
in-i**,  publiées  par  Levrault  en  Tan  VIII  et  en  Tan  IX,  de  vign^ 
dessinées  avec  soin  et  d'une  poiiîte  habile  et  bien  fournie,  d 
un  goût  qui  approche  deChodowiecki,  sans  avoir  ni  son  espri. 
sa  grâce. 

On  trouve  encore  son  nom  sur  un  frontispice  :  Aux  màn&^ 
Mengs,  1795,  et  sur  d'autres  vignettes  locales. 

Parmi  les  portraits  qu'il  grava,  en  voici  quelques-uns  dont  1 
térêt  peut  s'étendre  au  delà  de  Strasbourg  : 

Moifhier  de  La  Fayette,  peint  d'après  nature  par  Jean  Yey^ 
gravé  par  Chr.  Guérin  ; 

Le  général  Custine^  1793  ; 

Le  citoyen  Treillard,  ministre  de  la  République  au  congrès  c/^ 
Rastadt  ; 

Le  citoyen  Bonnier,  T.  Hof  del.,  Chr.  Guérin  sculp.  ;  à  Bâie, 
chez  L,  Decker,  libraire. 


par 


3D, 


le 


de 


'Jh 


n 


PIERRE-ALEXANDRE  TARDIEZ.  281 

T^A.RDIEU  S  en  ne  s'occirpant  principatement  quie  de  portraits, 

qi^it  la  réputatioD  de  Tundés  plus  habiles  giraveurs  modernes* 

Son  œuvre  commence,  en  1773,  par  des  études  de  figures 

^I>rèsPoilIy  et  GolUius.  On.  remarque,  parmi  ^es*  anciens  por^ 

V€)ltaire,  1783  et  1784,  d'après  Houdon; 
.Henri  lY,  en  pied,  d'après  Fourbus,  1788  ; 

prince  de  Navarre,  en  l'eage  de  quatre  ans,  d'après 
1791; 
jS£,aniskLS-'Augv^te,  roi  de  Pologne,  1791  ; 
Cy Christine,  reine  de  Suède,  d'après  Bourdon  ; 

le  comte  d'Arundel,  d'après  Van  Dycky  qui  passe  pour  son 
œuvre. 

gravures  sont  faites  d'un  burin  suffisamment  régulier  et 
,  bien  qu'il  ne  dédaigne  pas  te  pointillé  pour  arriver  à  une 
grande  finesse;  on  y  souhaiterait  seulement  plus  de  sou- 
et  de  vivacité, 
^ndaot  la  Révolution,  Tardieu  fut  occupé  de  la  gravure  des 
gnats  et  des  papiers  officiels.  Les  plus  beaux  types  de  ces 
jers  sont  de  sa  main  : 
uignoX  de  50  livres,  la  Liberté  et  l'Égalité  ; 
ssignat  de  &00  livres,  l'aigle  ; 
ssignat  de  1,200  livres,  la  tête  de  Cérès; 
ssignnt  de  2,000  livres,  têtes  de  la  Victoire  et  de  la  Paix,  sta- 
de la  Liberté  et  de  l'Égalité; 

ssodaliondu  k  frimaire  de  Van  VI,  bordure  historiée  de  têtes 
ttributs,  Percier  del.  ; 

ïtes  de  lettres  du  Ministère  de  la  Marine,  Vivre  libre  ou  mourir, 
liberté  sur  un  navire;  Gatteau  inv..  Al.  Tardieu  sculp,; 
-Au  nom  du  peuple  français,  "Neptune  sur  une  proue,  dessiné 

1.  Pierre-Alexaadre'  Tardieu,  né  en  1756,  élève  de  WiUe  et  de  son  oncle 
^«cque»-OBcolas  Tardiea,  mon  en  1844.  Son  portrait  a  été  gravé  en  18i$  par 
H«oriqtiel  Dupont,  d'après  Ingres. 


888 


ABTISTES.  —  GRAVEURS  AU  BURIN. 


par  Hue,  peintre  de  la  Marine,  gravé  par  Al.  Tardieu,  graveur         de 
la  Marine.  Deux  modèles  de  grandeur  différente. 

Tardieu  a  aussi  abordé  la  gravure  qu'on  appelle  historiqu^^.  U 
avait  fait  quelques  pièces  pour  la  Galerie  de  Florence,  et  ii       fit, 
pour  le  Musée  Laurent,  V Archange  saint  Michel  de  Raphaël  ^        qui 
parut  en  l'an  X,  et  la  Communian  de  saint  Jérôme.  II  grava    ^^ussi 
le  Premier  Homme  et  la  première  Femme,  d'après  Lebarbier^       'j^ais 
le  plus  grand  succès  de  Tardieu  fut  toujours  dans  le  portr^S.  t;  il 
n'avait  pas  cessé  d*en  faire  pendant  la  Révolution  : 

Jean-François  Galaup  de  La  Pérouse,  gravé  d'après  une  iiac^iQia. 
ture,  1793,  in-i*»; 

Franklin,  d'après  Duplessis  ; 

Montesquieu,  d'après  Chaudet  ; 

Blauw,  ministre  plénipotentiaire  des  Provinces-Unies  pr^^sj^ 
République  française,  d'après  David  ; 

Ces  trois  portraits  parurent  au  Salon  de  l'an  V;  le  dernier  ^/ 
un  exemple  rare  de  modelé  dans  la  tête  et  dans  les  mains  ; 

Washington,  d'après  Houdon,  an  IX,  médaillon  in-8^; 

Bonaparte,  premier  consul,  an  IX,  d'après  Isabey,  médai/- 
Ion  in-8<>  ; 

Charette  ; 

Demoustier,  membre  de  l'Institut; 

Catherine,  Ivan  VI,  Alexandre  /•*',  de  Russie; 

Louise-Aug,'Wilh,'Amélie,  reine  de  Prusse,  d'après  M"*  Le- 
brun, in-i". 

Mais  le  plus  capital  des  portraits  de  Tardieu  fut  Paul  Barras, 
directeur;  Hilaire  Ledru  del.,  Alexandre  Tardieu  sculp.,  an  VII. 
Il  est  traiié  aves  une  magnificence  de  représentation  qui  peut  le 
faire  mettre  en  pendant  avec  n'importe  quel  autre  potentat  ;  en 
habit;  manteau  richement  brodé,  bas  de  soie,  chapeau  à  pana- 
ches, baudrier  et  écharpe  à  franges  d'or;  la  tête,  coiffée  à  poudre, 
ne  manque  ni  de  dignité  ni  de  fmesse. 

Tardieu  grava  eufin  quelques  vignettes  :  Psyché  abandonnée, 
d*après  Gérard;  les  Adieux  de  Louis  XYI,  d'après  Monsiau; 
le  Frontispice  de  la   Pitié,  de  Delille;  mais  il  n'avait   pas, 


JEAN   MASSARD.  289 

dans  le  dessin,  même  ce  doD  vulgaire  qui  fait  valoir  un  bon 
[modèle. 


MÂSSÂRDS  agréé  de  l'Académie  depuis  1785,  était  connu  sur- 
'.jmmt  comme  Tun  des  graveurs  affidés  de  Greuze  ;  il  fit  de  jolies 
^gnettes,  d'après  Eisen  et  Gochin,  et  de  nombreux  ouvrages  pour 
^1  Galerie  de  Florence  et  le  Musée  français,  qui  sont  d'un  burin 
■«rt  négligent  sans  être  libre.  Parmi  les  tableaux  des  peintres  en 
r-ogue,  il  choisit  la  Mort  de  Socraie,  par  David,  et  Oreste  et  Her- 
"^lione,  par  Girodet,  dont  les  gravures  furent  exposées  aux  Salons 
Se  l'an  VI  et  de  l'an  Vil.  Son  burin  mou  évite  assez  habilement 
i^s  sécheresses  des  modèles,  mais  il  en  trahit  ainsi  les  beautés  les 
plus  sérieuses.  11  eut  le  titre  de  graveur  du  roi,  et  grava,  ainsi 
que  sa  sœur,  Louise  Massard,  quelques  pièces  politiques  : 

Si  ses  maximes  s'impriment  dans  nos  cœurs,  si  son  âme  revit 
^ians  ses  descendants,  il  a  régné.  Car.  Eisen  del.,  Massard  sculp., 
în-8®;       • 

La  France  remerciant  Vimpératrice  Marie-Thérèse  de  lui  avoir 
donné  sa  fille  pour  reine,  Louise  Massard  ; 
EntrevxAe  de  Louis  XVI  et  de  Henri  IV,  in-P»  ; 
Capit.  Henri  Wilson,  1788,  M"«  Massard  sculp.,  in-8»; 
Louis  XVI,  restaurateur  de  la  Liberté  française,  1789,  Godefroy 
del.,  Massard,  se.  reg.,  direx. 

Massard,  trop  vieux  pour  prendre  une  part  plus  active  au  mou- 
vement de  la  gravure  pendant  la  Révolution,  fut  suppléé  par  ses 
trois  ûls  :  Jean-Baptiste^Louis,  Félix  et  Raphaèl-Urbain. 

Les  premiers  ouvrages  où  Ton  trouve  leur  nom  sont  les  Frises 
de  Vare  de  triomphe  élevé  au  Champ  de  Mars  pour  la  Fédération 
de  1790  ;  dessiné  au  Champ  de  Mars  par  Félix  Massard  et  terminé 
par  son  frère  atné.  Indépendamment  des  gravures  qu'ils  firent 
d'après  d'anciens  maîtres  pour  le  Musée  français,  et  qui  parurent 
aux  Salohs  de  l'air  Yll  et  de  l'an  VllI,  on  peut  citer,  comme 
ouvrages  de  circonstance,  le  Portrait  du  général  Buonaparte, 

1.  Jeu  llAttard,  né  vers  1740,  mort  en  1829. 

19 


990  ARTISTES,  -^  GRAVEURS  AU  BURIN. 

médaillon  d*apràs  Peint,  ûi  la  Paix,  précédée  de  la  Renommée  H 
guidée  far  la  Victoire,  amenant  Buonaparte  sur  le  sol  français^. 
Cette  allégorie  eut  l'avantage  de  servir,  douze  ans  après,  avec  un 
simple  changement  de  portrait,  pour  la  venue  de  Louis  XVill. 

Raphaël-Urbain,  qui  devint  Tun  des  plus  forts  graveurs  de 
TEmpire,  débuta  aux  Salons  de  Tan  Vi,  de  Pan  VU  et  de  Tan  Vlil, 
avec  les  planches  pour  le  Racine  de  Didot  ;  il  se  recommanda 
surtout  comme  le  traducteur  le  plus  régulier  des  ouvrages  de 
Gérard  et  de  Girodet.  11  eut  encore  l'honneur  de  graver  les  Sor^ 
bines  de  David. 

MOREL',  à  qui  on  donne  le  titre  d'élève  de  I^assard,  d'Iagouf 
et  de  David,  avait  dé}à  gravé,  au  moment  de  la  Révolution,  que^ 
ques  pièces  dans  la  GaUrie  de  Florence  et  des  portraits  tort  habi- 
lement faits.  On  connaît  une  figure  d'après  Wicar  :  Saint  Joseph 
assis  et  lisant,  signée  :  A.  Morel  sculp.,  1787,  et  un  portrait  de 
ùvJbertrand,  principal  du  collège  de  Navarre,  daté  d«  1789.  En 
1793,  il  fut  chargé  de  graver  le  tableau  de  David,  Mara;t  mourwrU 
dans  sa  baignoire.  J'ai  déjà  parlé  de  cette  estanape;  elle  n'est 
qu'ébauchée,  et,  si  l'on  regrette  de  n'y  pas  trouver  le  ton  et  la 
chaleur  de  l'original,  qui  se  trouvent  jusqu'à  un  certain  point 
dans  la  gravure  de  la  tête  seule,  faite  par  Copia,  elle  laisse  du 
moins  peu  à  désirer  quant  au  trait.  Elle  doit  être  bien  rare,  car 
je  ne  l'ai  vue  qu'au  Cabinet  des  estampes,  et  M^  Heanio  ne  la 
possède  pas.  Ce  n'est  que  cinq  ou  six  ans  après  que  le  graveur 
produisit,  au  Salon  de  l'an  VIII,  la  gravure  du  SéJûaire^  de  David. 
Bruun  Neergaard,  qui  en  parle  à  deux  reprises,  dit  que  «  non- 
seulement  il  s'est  servi  du  grand  et  du  petit  tableau  du  maitre, 
il  y  a  môme  fait  des  changements  du  consentement  de  son 
auteur.  »  Plus  loin,  il  reconnaît  encore  que  David  y  a  apposé  son 

i.  Cette  pièce,  In-f  h.,  traitée  au  pointillé  avec  quelques  traits  de  burin, 
est  marquée  (fua  monogramme^  (brmô  des  fettres  I.-B.  M.  pour  l'eau-tetft,  et 
de  I.-B.  Massard  pour  les  têtes. 

2.  Antoine-Alexandre  Morel,  né  ^  Paris  en  i785|  mort  en  1820. 


PIERRE  fiELJAMBE.  291 

ctchet.  «  Le  même  graveur,  ajoute-t-ii,  est  dur  le  point  d'entr&- 
preodre  les  Hvraces,  Brutus  et  les  Stibines.  \\  serait  à  désirer  qo'il 
s'oœopàt  aussi  du  Socrate,  qui  n'est  pas  trè&-bien  grdvé  par 
Massard^  » 

Morel  était  donc  bieu  désigné  comme  le  plus  digne  graveur  de 
David.  Lebreton,  parlant  de  lui  quelques  années  après,  à  propos 
de  restampe  des  Hùraces,  qui  ne  se  terminait  qu'en  IBOS,  dit  que 
son  principal  mérite  est  de  conserver  l'expression  originale,  mais 
qu'il  lui  reste  des  progrès  à  faire  pour  acquérir,  dans  le  manie- 
ment du  burin,  la  facilité  et  l'assurance  qui  produisent  les  beaux 
effets  de  l'art '.  Ces  espérances  ne  furent  pas  réalisées,  au  moins 
en  ce  qui  concerne  David;  Morel  se  confina,  pour  ses  grandes 
pièces,  dans  la  gravure  du  Mtbsée  français.  II  grava  toutefois 
quelques  sujets  de  grandes  vignettes,  d'après  Chaudet,  et  un 
frontispice  d'après  David  ;  un  Génie  de  l* Amour  et  de  l'Hymen 
œuram  swrle  gtobe,  David  de!.,  More)  sculp.,  1&§8,  inf-B^  rond  : 

Du  sang  mêlé  de  Tibère  et  du  More 
Naquit  un  peuple  élégant  et  poli. 

Il  fit  encore  sous  le  Directoire  quelques  portraits  : 

KUber,  en  pîed,  d'après  Boilly,  m-4"; 

Masséna,  l'enfant  gâté  de  la  Victoire,  médaillon  ovale  dams  une 
couronne  de  laurier,  avec  légende  :  «  Ce  général  fut  chargé  d'ap- 
porter au  Directoire  les  préliminaires  de  la  paix  de  Leoben  ;  » 

C.  de  Laclos,  auteur  des  Liaisons  dangei-^uses,  d'après  Carmoï^ 
tefle,  in-S». 

BEUAMBE',  employé  d'abord  à  la  gravure  des  tableaux  de  la 
Gâterie  d Orléans  et  de  petites  pièces  familières  et  galantes, 
d'après  Greuze,  Danloux,  Leroy,  dont  les  plus  célèbres  sont  là 
Petite  Nanette  en  buste,  et  les  deux  figures  à  mi-corps  :  Ah!  si  je  te 

i.  B9la  sH^uation  des  Beaux- Arts  en  France,  Paris,  an  IX,  p.  75  et  96. 

2.  Rapport  sur  les  Beauoo-Arts,  in-4«,  p.  210. 

3.  Herre  BeUambev  né.  à  Rouen  en  1752. 


â9ï  ARTISTES.  --GRAVEURS   AU  BURIN. 

tenais  !  —  Je  t'en  ratisse.  Il  fit  exposition  de  toutes  ces  estampes  au 
Salon  de  1793.  Son  burin  y  était  faible  et  agréable;  il  n'eut  pas 
de  peine  à  se  réduire  aux  genres  faciles  que  le  moment  com- 
porta, des  portraits  et  des  sujets  de  circonstance  au  pointillé  : 

Bailly,  d'après  Monnet,  1789;  d'après  Notté,  an  II!  ; 

UÉgalité,  diaprés  Sicard  ; 

Le  Vertueux  Joseph  Cange,  commissionnaire  de  Saint-Lazare, 
d'après  Legrand  : 

...  C'est  dans  cette  classe,  autrefois  dite  obscure^ 
Qu*on  retrouve  partout  la  sensible  nature 
De  <^  hommes  de  bien  d'un  esprit  ingénu  ; 
Leur  corps  respire  Tair,  leur  âme  la  vertu. 

Sbdainb. 

Le  Moniteur,  qui  annonce  cette  gravure  le  16  nivôse  an  III,  dit 
qu'elle  a  été  présentée  à  la  Convention,  qui  en  a  accepté  l'hom- 
mage. Le  trait  de  vertu  de  Joseph  Gange,  que  tous  les  journaux 
célébrèrent,  fut  le  sujet  d'une  comédie  par  Julie  Candeille, 
représentée  et  imprimée  en  Tan  III.  Le  tableau  de  Sicot-Legrand, 
professeur  à  Rouen,  parut  au  Salon  de  l'an  V. 

Beljambe  ne  parait  à  aucune  autre  exposition.  On  cite  encore  de 
lui  un  portrait  de  J/''«  Desgarcins,  d'après  Monnet,  et  deux  pièces 
faites  avec  Alix,  VHèro'isme  de  V amour  et  les  Victimes  de  V amour. 
Je  connais  une  pièce  ovale  au  pointillé  bistre,  d'après  Monnet, 
qui  représente  une  héroïne  tragique,  le  poignard  à  la  main,  au 
milieu  de  Génies  éplorés;  est-ce  M^^  Desgarcins  ou  M''^  Renaud 
Vaînéf  • 

MALÂPEÀU^  grava  des  vignettes  et  des  portraits  pour  VEssai 
sur  la  musique  de  Laborde,  les  Contes  des  fées,  le  Mariage  de 
Figaro,  la  Bible  et  l'Histoire  ancienne,  d'après  Marillier,  Saint- 
Quentin,  Cochin,  Moreau,  Mirys.  On  a  de  lui  une  jolie  pièce 
d'après  Challe  :  la  Ruelle,  et  il  maniait  le  burin  assez  réguliè- 

1.  Claude-Nicolas  lialapeau,  né  en  1755,  élève  de  Moitte,  mort  en  iS04. 


ï 


CLAUDE-NICOLAS  MALAPEAU.  293 

rement  pour  qu'on  l'employât  à  la  gravure  de  la  Galerie  de 
Florence. 

Il  traita  à  l'eau-forte  des  scènes  de  la  Révolution,  et  y  mit 
plus  d'effet  pittoresque  que  Duplessis-Bertaux  : 

Société  des  Jacobins,  rue  de  l'Église,  avec  l'inscription: 
a  Unité...  » 

Ils  ne  sont  plus  ces  jour^  de  désastre  et  de  deuil,  avec  huit  vers 
signés  :  Miger. 

Le  titre  le  plus  sérieux  du  talent  de  Malapeau  dans  la  gravure 
au  burin  est  le  frontispice  des  Tableaux  de  la  Révolution,  le 
Triomphe  de  la  République,  d'après  Fragonard  fils;  son  travail 
très-fini  accuse  habilement  les  formes  nerveuses  de  son  modèle. 
J*ai  parlé  ailleurs  de  cette  pièce  ainsi  que  d'une  autre,  l'Inté- 
rieur  d'un  comité  révolutionnaire,  à  laquelle  il  coopéra. 

En  l'an  V,  Malapeau  s'occupa  de  planches  singulières  pour  le 
temps  :  les  Songes  drolatiques  de  Pantagruel,  de  Vinvention  de 
maître  François  Rabelais  K  L'éditeur  avertit  que  ces  figures  sont 
prises  de  l'édition  de  1565.  Il  les  croit  dessinées  en  Italie  par 
Rabelais  lui-même  pour  ridiculiser  les  premiers  personnages  de 
son  temps,  et  surtout  la  cour  de  Rome.  11  ajoute  que  ces  plan- 
ches, gravées  à  l'eau-forte,  «  sont  dues  aux  soins  et  aux  talents 
du  citoyen  Malapeau  qui  les  avait  entreprises  comme  un  passe- 
temps  agréable,  et  sont  devenues  un  monument  pour  sa  répu- 
tation. »  Ces  planches  sont  gravées  d'une  pointe  grosse,  mais 
légère ,  accentuée ,  et  l'esprit  des  originaux  y  est  assez  bien 
reproduit.  Les  sujets,  qui  ne  sont  certainement  pas  de  Rabelais, 
sont  d'une  drôlerie  qui  sent  bien  son  XVI-  siècle,  et  le  succès 
n'en  fut  pas  grand  en  l'an  V.  Des  cent  vingt  planches  faites,  à  ce 
qu'il  paratt,  par  Malapeau,  il  n'y  en  eut  que  soixante  publiées  le 
lendemain  de  la  Terreur;  n'avait-il  pas  dans  ce  genre  ses  pré- 
rogatives? 

Malapeau  publia  encore,  en  l'an  VII,  /*.  Raucourt,  de  la  Gomé- 

i.  A  Paris,  chez  Sallior  et  Pernier,  an  V  de  Tère  française,  1797,  60  pi. 
în-4». 


I 


994  ARTISTES. —GRAVEURS  AO  BURIN. 

die-Française,  dans  Je  rôle  de  Médëe,  dess.  d'apràs  nature  et 
gravé  par  Malapeau,  in-f»  rond.  A  Ja  fin  de  sa  carrière,  on  le 
trouve  employé  aux  gravures  du  Musée  FUhol  et  aux  planches  de 
voyages  pittoresques. 

MARIAGES  Ses  premiers  ouvrages  sont  des  portraits  : 

Greuze,  portrait  de  trois  quarts,  ovale,  io4^,  1785,  d'uD  burin 
très-dur. 

Voltaire, 

Franklin, 

Mirabeau, 

Fabre  d^Èglantine, 

Buzot, 

Barrère, 

Kersaint, 

Le  duc  de  Saint^imon,  d'après  Vanloo,  qui  passe  pour  le  por- 
trait le  plus  anciennement  gravé  de  Tauteur  des  Mémoires. 

Il  fit  ensuite,  au  pointillé,  des  pièces  de  mythologie  galante 
d'après  Ansiaux  ou  d'autres  : 

Le  Départ  du  messager  d* amour, 

Le  Retour  du  messager  d'amou/r. 

Danseuses  de  Pompéi , 

Les  Deux  Jeux,  E}gairam  se. 

En  1792,  il  grava  les  planches  de  la  dissertation  sur  les 
variétés  naturelles  qui  caractérisent  la  physionomie  des  hommes 
des  divers  climats  et  différents  âges,  traduite  de  Camper  par 
Jansen  ;  mais  ces  planches  ne  sont  qu'une  copie  de  celles  qui 
avaient  paru  avec  l'original ,  à  Utrecht,  en  1785 ,  grav.  par 
R,  Winkeles*. 

Avec  Fragonard,  il  se  mit  à  des  pièces  plus  sérieuses,  que  nous 
avons  citées  ailleurs,  telles  que  la  Vérité,  la  Raison,  les  Droits  de 
Vhomme. 

m 

1,  Loui8*FraDçois  Mariage,  élère  de  Berne. 

2.  Paris,  FrançaH,  1792,  iD-4%  enrichi  de  11  planches  en  taille-dooç^. 


GHARLES-LOtlIS  LINGÊE.  V95 

^      ^*^8t  élevé  un  moment  jusqu*à  la  taille-douce  pour  graver 

^^Kjxi^  pièces  de  la  Galerie  de  Florence  et  du  Mu^ée  Laurent , 

^a\^    il  n'y  brilla  pas,  et  on  le  vit  ensuite  confiné  dans  les 

ntft^^ttes  des  romans  les  plus  vulgaires,  où  son  nom  paraît  à 

cO^^  de  ceux  de  Chaillou,  de  Binet,  de  Misbach  et  de  ValHn,  la 

V^^Part  plus  obscurs  encore  que  lui  ;  elles  sont  gravées  pesam-^ 

ctt^tit,  n'ayant  pour  mérite  que  leur  vulgarité* 

LINGÉE^,  graveur  au  burin  et  à  la  pointe,  a  fait  des  pièces  ' 
d'intérieur  d'après  Freudenberger,  des  scènes  villageoises  d'après 
Loutherbourg,  des  vignettes  d'après  Cochin,  et  des  portraits.  11 
.  suffit  de  citer  : 

M^'^  Raucourt  dans  le  rôle  de  MonimjB^  d'après  Monnet  et 
Freudenberger  ; 

Gertrude,  victime  de  la  calomnie,  etc.  M"**  El.  Lingée  del.  ad 
vivum,  1791,  Ch.-L.  Lingée  se.  1792.  Médaillon,  pointillé  très* 
fiD  sur  fond  noir,  in-8**. 

Parmi  les  pièces  qu'il  put  faire  en  dernier  lieu,  je  ne  note  que 
les  jolies  pièces  d'après  Fragonard  pour  les  Contes  de  La  Fontaine, 
1795,  et  ses  vignettes,  d'après  Monnet,  pour  les  Liaisons  dange- 
reuses. Les  épreuves  restées  à  l'eau-forte  qu'on  en  trouve  sont 
encore  assez  jolies. 

M*«  TflÉRfesB-ÉLÉONORE  LINGÉE*,  fille  d'Hémefy,  sœur  de 
M"*  Ponce,  et  plus  tard  femme  Lefebvre,  travailla  dans  plusieurs 
genres.  Elle  maniait  au  besoin  le  burin,  mais  elle  usa  plus  fré- 
quemment de  la  manière  au  crayon  ou  du  pointillé,  et  fit  res- 
source des  portraits.  Parmi  les  ouvrages  qu'elle  fit  avant  la 
Révolution,  je  ne  citerai  que  les  Grâces,  d'après  Vanloo,  pièce  au 
bunn,  in-f*,  la  Famille  de  bonnes  gens,  d'après  Cochin,  des  Têtes 
de  jeune  fille  et  de  jeune  garçon,  d'après  Greuze,  pièces  à  la 

i.  Charles-Louis  Lingée,  né  en  1751. 

9.  Tbérè8a''Éléonofe  H«mery«  femme  Lln^  et  LefébTre^  née  à  Paris 
yers  1753. 


I 
1 

L, 


296  ARTISTES.  —  ORATEURS  AO  BURIN. 

manière  du  crayon,  et  les  portraits  de  Co/ardeau^»  d'après  Trin- 
quesse,  et  de  la  Marquise  de  Villette,  d'après  Pujos.  Elle  en  fit 
beaucoup  d'autres  d'après  Cochin  et  Moreau. 

La  citoyenne  Ungée  exposa  au  Salon  de  1793,  mais  on  ne  cite 
pas  les  ouvrages.  Voici  les  estampes  qu'elle  fit  à  partir  de  ce 
temps,  et  qu'on  s'est  dispensé  de  citer  dans  les  catalogues  : 

La  Liberté,  dessinée  par  Boizot,  gravée  par  la  citoyenne  Lingée, 
femme  Lefèvre,  ov.  in-4®,  pointillé  bistre.  Elle  tient  un  joug 
brisé,  une  baguette  surmontée  du  bonnet;  à  côté  d'elle,  une 
corne  d'abondance,  un  chat,  et  un  oiseau  s'échappant,  le  fil  à 
la  patte; 

Les  Nuages,  Bidault  del.,  gravé  par  M"'  Lingée;  trois  Nymphes, 
groupées  et  enguirlandées  au  milieu  des  nues,  derrière  lesquelles 
une  vieille  se  chauffe,  in-8*>,  au  burin. 

V Origine  de  la  peinture-.  Bouillon  del.,  M"«  Lingée,  femme 
Lefèvre,  se.,  in-4*>  1.,  pointillé. 

Apollon  et  Cyparisse  dans  un  paysage,  trait  à  l'eau-forte,  signé  : 
Éléonore  Lingée. 

Le  Pauvre  jeune  homme! 

Quel  est  le  plus  heureu^xf  Déposé  à  la  Bibliothèque  nationale, 
le  11  messidor  an  X,  dessiné  par  E.  Victoire,  gravé  par  Éléonore, 
femme  Lefebvre,  in-4*  1.,  au  pointillé.  Ces  deux  pièces  sont 
exécutées  d'une  façon  pénible  et  maladroite,  mais  le  costume  et 
mén^  l'expression  en  font  une  des  plus  curieuses  représenta- 
tions du  temps. 

VOYEZ  l'aIné  et  VOYEZ  jeune  *,  qui  travaillaient  de  concert,  et 
depuis  1771,  d'après  toutes  sortes  de  maîtres,  appartiennent  au 
XVIII®  siècle.  Les  dernières  feuilles  de  leur  œuvre  seulement 
portent  quelques  estampes  qui  peuvent  servir  au  tableau  des 
mœurs  et  du  costume  de  la  veille  de  la  Révolution,  telles  que  la 
Visite  inattendue,  la  Toilette,  l'Instant  favorable,   d'après  Freu- 

1.  Nicolaa-Joaeph  Voyez  Talné,  né  à  Abbeville  en  1742;  François  Voyei  le 
jeune,  né  à  Abbeville  en  1746.  lU  étaient  élôves  de  Beaayarlet. 


^ 


S98  ARTISTES.  ~  GRAVEURS  AU  BURIN. 

pesante^  où  Ton  sent  que  la  main  de  Voyez  n'atait  pas  moins 
vieilli  que  son  esprit. 

PÉRÉE^  est  un  dessinateur  graveur  au  burin,  qui  débute  au 
moment  de  la  Révolution.  On  voit  du  moins  son  iiom  pour  la 
première  fois  sur  deux  pièces  révolutionnaires  : 

t  aurore  de  la  Raison  commence  à  luire,  et  k  Génie  de  la  LiberU 
établit  V empire  de  la  Sagesse  sur  la  terre,  in-f^  h.;  un  Géûie  ado* 
lescent  à  côté  du  terme  de  Minerve; 

Les  Droits  de  l'Homme,  Perrée  sculp.,  an  IV*,  in-P*  h.  Un  homme 
presque  nu  tient  le  titre  et  un  pic,  fouie  aux  pieds  les  emblèmes 
de  la  Royauté,  de  la  Religion  et  de  la  Noblesse,  et  lève  la  têie 
vers  le  ciel,  d'où  part  la  foudre  qui  vient  embraser  les  emblèmes» 

Ces  compositions,  d*un  dessin  académique  et  d'un  burin  lourd, 
rappellent  assez  la  manière  de  Regnault,  dont  on  dit  que  Pérée 
était  rélève. 

11  grava,  en  1792,  pour  une  compilation  de  Soulavie  ^«  onze  têtes 
en  caricature,  qui  sont  censées  les  portraits  des  personnages  qui 
ont  opéré  en  France  la  révolution  religieuse  postérieure  à  la 
révocation  de  Tédit  de  Nantes.  Ce  n*est  qu'une  copie  des  portraits 
satiriques  publiés  en  Hollande  en  1691',  faite  d'un  burin  pesant;  et 
il  n'y  a  rien  de  changé  dans  les  faces  de  moines  ivrognes  que 
l'artiste  hollandais  avait  données  à  M">*  de  Main  tenon,  à  Louvois 
et  à  Bossuet,  ni  au  soleil  encapuchonné  qu'il  avait  donné  pour 
figure  à  Louis  le  Grand. 

Dans  les  gravures  que  Pérée  fit  ensuite,  de  1795  à  1797,  il  s'at- 
tacha à  plusieurs  peintres  d'histoire,  qu'il  ne  flatte  pas,  mais  qui 
sont  heureux  de  l'avoir  trouvé,  car  il  donne  quelque  pérennité 
à  leurs  compositions  oubliées.  J'ai  déjà  cité  celles  de  Cbaudet, 

i.  Jacques-Louis  Pérée,  né  dans  le  département  deTOiseen  1769,  élève  de 
Regnault  (Gabet). 

2.  Mémoires  du  comte  de  Maurepas,  Paris,  Buisson,  1792,  4  vol.  io-8o. 

3.  Is8  Héros  de  la  Ligué  ou  la  Procession  monacak  conduite  par  LoîUs  X7F 
pour  la  conversion  des  protestants  de  son  royaume,  à  Paris,  chei  \ê  père  Pétera, 
à  l^enaeigne  de  LouU  le  Grand,  1691,  io-4^ 


AUGDSTE-GASPARD  DESNOYERS.  890 

qui  traduisent  avec  la  dose  de  sentiment  obligé  les  attitudes  du 
sculpteur;  celles  de  Wicar,  qui  appuient  trop  dans  l'expression, 
et  aussi  celle  de  Caraffe,  qui  est  le  chef-d'œuvre  du  graveur:  J7nr 
nocence  sous  la  garde  de  la  Fidélité,  in-f^  1. 
En  voici  d'autres  : 

Leçon  à  VAmour,  A.  Devosge  înv-  del.,  Pérée  sculp.,  1196, 
in-M.; 

PsyM  et  r Amour,  A.  Devosge  inv.  del.,  Pérée  sculp.,  1796, 
în-f*  h.  ; 

L'Étude  de  la  musique,  Bouillon  del.,  J.  Pérée  sculp.,  in-P»  1.  ; 

Il  m'a  tiré  les  oreilles,  Dauloux  del.,  Pérée  sculp.,  in-f»  h.  ; 

Nous  allions  de  la  jalousie  à  la  fureur  et  de  la  fureur  à  la  jalou- 
sie, chant  VI  ;  vignette  in-8®,  d'après  Clavareau. 

Malgré  son  affection  pour  des  peintres  empreints  d'un  style 
nouveau  et  essayant  de  côtoyer  Prud'hon,  Pérée  ne  les  releva  pas 
de  leur  médiocrité;  il  manquait  de  facilité  dans  sa  gravure,  et 
même  d'agrément,  bien  qu'il  mêlât  beaucoup  de  pointillé  à  son 
burin.  Aussi  acçomplit-il  à  peine  la  carrière  d'un  artiste.  On  ne 
le  voit  plus  ensuite  que  confiné  dans  des  travaux  subalternes, 
pour  les  Monuments  français  inédits,  de  Willemin,  et  la  Descrip- 
tion de  VÉgypte. 

DESNOYERS*,  qui  devint  le  graveur  classique  et  lauréat  de 
l'Empire,  le  premier  graveur  du  roi,  membre  de  l'Institut,  et 
baron  sous  la  Restauration,  appartient  par  ses  commencements  à 
la  gravure  au  poinlilié  et  à  la  traduction  des  peintures  et  des 
dessins  à  succès  des  Salons  de  l'an  Vil  à  l'an  X;  i]  avait  appris  le 
dessin  chez  Lethière,  la  gravure  chez  Darcis  et  chez  Tardieu.  Ses 
premiers  ouvrages  sont  les  plus  oubliés,  et  par  cela  seul  les  plus 
intéressants  à  citer  pour  nous  : 

Le  Délire  de  l'amour,  Henry  del.,  Aug.  Desnoyers  sculp.,  in-f*  h. 
Jeune  Bacchante  se  penchant  au  cou  d'un  Terme.  C'est,  dit-on,  la 

1.  Augaste-Gaspftrd-Louift  Boucher-Detfnoyers,  né  à  Paris  en  1770. 


300 


ARTISTES.  -*  GRAVEURS  AU  BURIN. 


première  production  du  graveur,  qui  la  fit  à  dix- sept  ans, 
en  1796  ; 

Voyage  à  Cythère  ; 

Cest  sans  malice!  Jeune  fille  retroussant  sa  jupe  pour  abriter 
sa  lampe  ; 

Lèda,  d'après  Lethîère  ; 

Hèloïse  et  Abailard,  d'après  Lefebvre  ; 

Vénus  désarmant  V Amour,  d'après  Lefebvre;  exposée  au  Salon 
de  l'an  VII,  cette  planche,  bien  qu'au  pointillé,  obtint  un  prix 
de  2,000  fr;; 

Dédale  et  Icare,  d'après  Landon  ;  planche  de  la  Société  des  Amis 
des  Arts,  an  X  ; 

Les  pénibles  Adieux,  d'après  Hilatre  Ledru,  an  X; 

L'Espérance  soutient  l'Homme  jusqu'au  tombeau,  d'après  une 
esquisse  du  cit.  Garaffe;  cette  planche,  la  première  en  taille- 
douce  qu'ait  gravée  Desnoyers,  eut  un  prix  d'encouragement  ; 

Jefferson,  président  des  États-Unis  d'Amérique;  salon  de  Tan  IX. 

En  l'an  Xll,  Desnoyers  parut  dans  toute  la  perfection  de  son 
burin,  en  exposant  la  Belle  Jardinière,  de  Raphaël  ;  l'Amour  et 
Psyché,  de  Gérard,  et  le  camée  de  l'Impératrice,  Ptolèmée  Philor 
delphe  et  Arsinoé,  qui  le  placèrent  déjà  au  premier  rang  des  gra- 
veurs au  burin  modernes.  Lebreton  louait  surtout  dans  ses 
estampes  une  grande  habileté  de  dessin,  la  fidélité  de  traduction 
et  l'harmonie. 

BEISSONS  qu'on  fait  élève  de  Wille,  avait  pris  sans  doute  d< 
leçons  chez  Bounieu,  peintre  de  Marseille  et  graveur  en  manièj 
noire,  peut-être  aussi  chez  Gibelin,  peintre  d'Aix,  qui  gravait| 
l'eau-forte.  G'est  d'après  eux  qu'il  grava  les  plus  importants 
ses  premiers  ouvrages  : 

Le  Messager  d^ amour,  1787,  in-f^  h.,  d'après  Bounieu  ; 


1.  François-Joseph-ÉtieDDe  Beisson,  né  à  Alt  en  1760,  élève  de  WiUe^i 
en  1810. 


FRANÇOlS-JOdÉPtt-ÉttENNE  BEISSON.  301 

Le  iJHcggrin  monte  en  croupe  et  galope  avec  lui,  A.-S.  Gibelin, 
iay.  et  del.,  E.  Beisson  sculp.,  in-f»  1.,  ovale,  au  pointillé. 
Il  Ht,  vers  le  mAme  temps  quelques  portraits  : 
VoiC€ziTey  d'après  Latour,  1785;  —  le  môme,  d'après  Houdon, 
\  786,   sut  r  le  dessin  de  Moreau  ; 

C^t^^^^^r-ine  II,  d'après  Houdon,  sur  le  dessin  de  Bounieu. 
C^^^t.  aussi  par  des  portraits  qu'il  marqua  dès  le  commence- 
j0e0^   d^  la  Révolution  : 

C^'^'^^'i^le  Desmoulins,  d'après  Boze  ; 
lf*»~cr^eau;  tl'après  le  même  ; 


Peuple,  vois  ton  ami,  qui  pour  la  liberté 
Au  péril  de  ses  jours  t*a  dit  la  Térité. 

^VM,  d'après  nature  par  J.  Boze,  en  avril  1793,  l'an  I*'  de  la  Ré- 
<p0^^^ue  française  y  gravé  par  E.  Beisson,  messidor  Tan  II, 
iO-^  carré  ^ . 

Le  burin  en  est  très-fin  et  l'expression  parlante,  mais  d'une 
froideur  parfaite.  Il  est  annoncé  en  ces  termes  dans  le  Moniteur 
de  la  2«  sans-culottide  de  l'an  II  :  «  Cette  gravure,  faite  d'après  le 
s6ul  portrait  peint  d'après  nature,  du  vivant  de  Marat,  réunit  la 
plus  brillante  exécution,  une  manière  ferme  et  vigoureuse,  à  la 
*  ressemblance  la  plus  frappante,  ce  qui  doit  rendre  ce  portrait 
précieux  aux  amateurs  de  l'art  et  de  la  Liberté.  » 

Bei3son  fut  ensuite  occupé  aux  gravures  de  grandes  vignettes, 
pour  VArt  d aimer,  d'après  Prud'hon  ;  pour  Racine,  d'après  Pey- 
ron,  et  pour  Horace,  d'après  Percier.  Il  grava  un  portrait  de  Poe- 
siello,  d'après  M"«Vigée-Lebrun,  qui  est  d'une  exécution  très-fine. 
En  dehors  de  ces  ouvrages  actuels,  il  avait  été  employé,  dès  1789, 
aux  estampes  de  la  Galerie  de  Florence^  et  il  devint  l'un  des  gra- 
veurs du  Musée  français,  de  Laurent. 

Mais  l'estampe  qui  lui  fit  le  plus  d'honneur  fut  celle  à^^  Jeunes 

i.  rai  vu  ce  portrait  dans  la  collection  Hennin,  où  est  aussi  le  dessin  ori-> 
gioal  de  Boze. 


309  ARTISTES.  ^  GRAVEUR»  AD  EURIBU 

AMwUm  et  Aihèniennaa  tirant  (m  son  powF  être  livrés  au  Mkuh 
taure  s  d'après  Peyron.  Le  peintre  avait  fait,  pour  servir  à  eette 
gravure,  un  dessin ,  qui  fut  exposé  au  Salon  de  Tao  VI  et  pro- 
clamé au  Champ  de  Mars  comme  une  des  meilieares  prodactions 
de  l'Exposition  publique;  elle  ne  parut  qu'au  Salon  de  1806,  où 
on  la  trouva  d'an  très-l^eau  burin,  mais  manquant  d'effet. 

DAVIDS  l'un  des  graveurs  les  plus  médiocres  scMrtrs  de  l'atelier 
de  Lebas,  après  avoir  gravé  beaucoup  de  pièces  flamandes  et  (fes 
pièces  galantes,  qui  lui  avaient  procuré  le  titre  de  faveur  de  la 
Chambre  et  du  Cabinet  de  Monsieur,  se  fit  éditeur  de  nombreux 
livres  à  Ogures,  qui  tous  ne  furent  pas  achevés.  Les  principaux 
sont  les  Antiquités  (THerculanum,  avec  t^te  par  SUvain  Maré- 
chal*; les  Antiquités  étrusques,  avec  texte  par  d'Hancarville'; 
l'Histoire  de  France,  par  Letourneur*;  r Histoire  d'AngUierre*, 
l'Histoire  de  Russie^,  le  Muséum  de  Florenee'',  et  beaucoup  d'au- 
tres "•  Ces  recueils  sont  remplis  de  compositions  d'un  académisme 
banal,  empruntées  au  premier  dessinateur  venu,  ou  à  des  repro- 
ductions trop  peu  fidèles  de  figures  antiques,  et,  lors  même  que 
l'exécution  en  est  soignée,  ils  attestent  chez  l'éditeur  plus  d'ac- 
tivité que  de  talent.  Ils  ne  faisaient  que  vulgariser  beaucoup  de 
monuments  au  profit  du  travail  dô  reiiaissanee  qui  s'opérait 
alors:  David  y  aida  d'une  manière  encore  plus  didactique,  en 
publiant  les  Éléments  du  dessin  ou  Catédiisme  à  l'usage  de  ceu^ 
qui  se  destinent  aux  beaux-arts,  1797,  in-Zi'',  et  les  Proportions  des 
pl/us  belles  figwres  de  V antiquité,  accompagnées  deleurdescriptioa 
par  Winckelmann,  1798,  in-4^ 

1.  François-Anne  David,  né  en  1741,  élève  de  Labas,  mort  en  1S24. 
t.  Paris,  1780-1803,  12  voK  in-4«  ou  ia-8%  804  flg.  aa  btatre. 

3.  Paris,  1785-1788,  5  vol.  in-4°  ou  in-S»;  360  tlg.  en  couleur. 

4.  Paris,  1787-1796,  5  vol.  in-4<>;  140  fig.  en  bistre. 

5.  Paris,  1784-1800,  3  vol.  in-4°. 

6.  Paris,  1799-1805,  3  vol.  in-4»;  150  flg. 

7.  Paria,  1787-1803,  8  vol.  ia^°;  553  flg.  ea  biatre. 

8.  Ils  ont  été  cités  par  Brunet,  par  Quérard  et  par  Gabet. 


'i 


PIBRRE.NICOLAS  RANSONHETTH.  303 

Af  a1^  l'œuvre  de  David  se  reeômmande  à  nous  d'^ne  manière 
pifff*     p>^rticuHère  par  quelques-unes  de  ces  pièces  où  riûtérôl 
d'acttj^^Wié  rachète  la  médiocrité  de  l'artiste  : 

^^^^^M^raU  de  Monsieur,  frère  du  Roi,  d'après  Drouais; 
^^*^*'  ^^mguratiwi  da  Louis  XYI  au  temple  de  la  Constitution,  k  té- 
vfi^^    -».  790;  ÎD-f>  ; 

I^^^'^M^  -ms  XVI  à  V Assemblée  nationale  accepte  la  Constitutions,  d'après 
Ijej^^^  ^^m.e,  peintre  du  roi,  1791,  in-f«  ; 

^'^  '-^^wiomfjhede  la  Répuidique  française,  ConsUtution  de  Tan  VUI, 
^♦3f>*>ëtes  Monnet,  in-f*  ; 

^       Honneurs  du  triompha  décernés  à  Bonafiarte,.  d'après 


irait  de,  Buenaparie  à  Marengo. 

rieurs  de  ces  estampes  parurent  à  l'exposition  de  l'an  X.  La 

ire  donna  lieu  à  une  réclamation  de  la  part  de  David*  Le 

<^^^t.r^  des  Sabines  s'était  cru  blessé,  dans  5on  amour-propre, 

-^^^Xïe  que  quelque  sot  avait  p»  lui  ftltribider  l'ouvrage  du  graveur 

ô-^  Monsieur.  Heureusement,  aucun  bieigraphe  n'a  pu  les  con* 

C*>ûdre,  bien  qu'ils  soient  nés  à  peu  d'aonées  d'intervalle,  et 

(nms  aussi  vers  le  même  temps. 

RANSONNETTE  *,  graveur  ordinaire  de  Monsieur,  faisait  des 
vues  d'édifices  et  de  grands  sujets  fabuleux,  moraux  ou  histori- 
ques, qu'il  dessinait  quelquefois  lui-même,  ou  qu'il  empruntait 
à  des  peintres  de  tout  genre,  sans  leur  donner  jamais  aucune  dis- 
tinction. Hube&  a  cité  ses  plus  anciennes  estampes.  J'ajouterai 
\  quelques  pièces  qui  le  feront  mieux  connaître  : 

[  Nostradamus  fils  faisant  voir  à  Marie  de  Médicis,  dans  l* avenir, 

le  trône  des  Bourbons  qui  lui  est  destiné  ; 

VoUaire  écrivant  la  Pucelie,  G.  de  Saint-Aubin  inv.,  N.  Ranson- 
nette  se.,  in-f^.  Le  poëte  est  assis  devant  une  table,  assailli 
d'Amours,  en  face  des  portraits  de  la  Pucelie,  d'Agnès  et  de 
Charles  VI  ; 

1.  Pierre-Nicolas  Ransonuette,  né  à  Paris  en  4753. 


304  ARTISTES.  —  GRAVEURS  AU   BURIN. 

Henri  IV  ramené  au  Louvre  après  le  coup  funeste  qu*il  reçut 
me  de  la  Ferronnerie,  N.  Ransonnette  del.  et  sculp. ,  1790, 
gr.  in-P»  ; 

Jnnuguration  du  buste  de  Marat,  au  tombeau  qui  a  été  élevé 
pour  sa  gloire  et  celle  de  Lazowshi,  place  de  la  Réunion,  dessiné  et 
gravé  par  Ransonnette,  l'an  II  de  la  République,  ia-fol.  h;  grand 
nombre  de  petites  figures  sont  alignées  autpur  du  monument. 

Toutes  ces  pièces  sont  faites  au  burin,  mais  elles  ne  s'éloignent 
guère  plus  pour  cela  d'une  imagerie  propre  et  soignée. 

Le  graveur  travailla  à  des  vues  d*édifices  pour  les  Antiquités 
nationales  de  Millin  et  pour  d'autres  livres  S  et  à  des  vignettes. 
Il  s'avilit  jusqu'à  signer  celles  des  livres  de  Prudhomme  :  les 
Crimes  des  Papes,  1792;  les  Crimes  des  Empereurs,  1793.  Parmi 
les  livres  où  fut  ensuite  employé  son  burin ,  on  cite  LazariUe  de 
Tormes,  de  Didot,  1801. 

Mais  les  pièces  qui  peuvent  le  mieux  recommander  Ransonnette 
et  le  faire  admettre  en  bonne  compagnie  sont  deux  estampes 
faites  d'après  Luca  Penni  : 

Diane  de  Poitiers,  duchesse  de  Valentinois,  maîtresse  de  Henri  II; 

Agnès  Sorel,  dame  de  Fromentau,  maîtresse  de  Charles  VII,  des- 
siné et  gravé  par  N.  Ransonnette,  d'après  le  tableau  de  Luca 
Penni,  in-f"  1. 

Je  ne  sais  où  le  graveur  avait  vu  les  tableaux  de  ce  peintre  de 
l'école  de  Fontainebleau,  mais  ses  estampes,  avec  leur  facture 
appesantie  dans  tous  leurs  enjolivements,  ne  traduisent  pas  mal 
la  manière  de  quelque  Italien  francisé.  Elles  ne  Sont  pas  datées, 
mais  je  crois  les  avoir  vues  annoncées  vers  l'an  X. 

Ce  talent  des  plus  plats  suffit  à  Ransonnette  pour  s'ériger  en 
professeur  sous  l'Empire.  II  publia,  en  1806  :  Premières  Leçons 
sur  une  partie  des  Sciences  et  des  Arts  libèrau>x,  présentées  à  l'In- 
stitut des  sciences  et  des  arts,  96  gravures  in-4®. 

i.  Le  SaloD  de  Tan  VIII  a  sous  ton  nom  une  Vue  de  V École  clinùtue  de 
médettiiw. 


K 


LIBRAIRIE  DE  M»«  V«  JULES  RENOUARD 

6,     RUE    DE    TOURNON,    6 


HISTOIRE 


DES  PEINTRES 

DE    TOUTES    LES    ÉCOLES 

DBPLMS    LA    RKNAISSANCB    JTTSQU'a    NOS    JOURS 

Texte  par  M.  CHARLES  BLANC,  ancien  directeur  des  Beaux-Arts 

ET  PAR  DIVERS  ÉCRIVAINS  SPÉCIAUX 


ILLUSTRATIONS 

PAR  LES  PLUS  HABILES  ARTISTES  DESSINATEURS  ET  GRAVEURS 
OUI  ONT  OBTENU,  AINSI  QUE  LES  IMPRIMEURS  ET  ÉDITEURS,   DES   MÉDAILLES   D*H01fHEUR 

DE  !"•   ET  DE  2*  CLASSE 
A    L*FXPOSITION    UNIVERSELLE    DE    1855 


SOUSCRIPTION     PERMANENTE 
Un   ffr»ne   la   livraison 

Tous  les  Hattres  odI  une  paginalion  indépendante.  —  Tonlet  les  livraisons  se  veodeil  s^paràneil. 

Les  volumes  I  à  VII,  qui  ont  paru,  contiennent  plus  de  1750  gravures 

Eaux- fortes,  fac-similé,  etc. 

Prli  un  volame  relié  toile,  consa  «ar  rolMUi  :  55  fr. 

Chaque  volume  se  vend  séparément  et  renferme  50  livraisons 
Les   livraisons   1   à  377  sont  en  vente. 


PARiS,     —    IMPRIMKHIK    DB    J.     CLAYK,     R  U  K  J5J  A  IN  T-B  KWO  ÎT  .    1. 


HISTOIRE 


DE    L'ART 


PENDANT    LA    RÉVOLUTION 


CONSIDÉRÉ     PRINCIPALEMENT    DANS   LES     ESTAMPES 


OrVRAOK     rOSTHT'MK 


9K 


juins  RENOUVIER 


SUIVI  D'UNE  ÉTUDE  DU  MÊME  SUR  J.-B.  GREUZE 


AVKC    UNR    NOTICE    BIOGRAPHIQUE    KT    UNE    TABLE 


p  *  « 


S.  ANATOLE  DE  lONTAIGLOX 


DEUXIEME  PARTIE 


PARIS 

V"  JULES   RENOUARD,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

0  —  RDE    DE    TOVRNON  —  6 
M  DCCC  LXIII 


>      — 


c 


r 


HISTOIRE   DE   L'ART 


PENllANT    LA    RfiVOLUTlON 


py^RIS.  _   IMPHIMRRIK   DE  J.  CLAVB 


RUB     SAINT-BRNOIT. 


HISTOIRE 

DE   L'ART 

PENDANT    LA    RltlVOLlTION 

CONtJlDÉRK    PRINCIPALEMENT    DANS    LEfl    BHTAMPEK 

OUVKAdR     P08THUMK 

JULES  BËNOUYIËR 

SUIVI   D'UNE   ÉTUDE   DU   MÊME    SUR   J.-B.    QREUZE. 

AVKC    UNE    MOTICR    DIOORAPHIQUE    RT    UMK    TABLR 

Pi* 

I.  ARATOLE  DE  lONTAIGLON 


SECONDE  PARTIE 


PARIS 

V"  JULES  RENOUARD,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

6  —   RIIE    DE    TODRNON   —  (5 
M  DCCC  LXIII 


/  • 


^ 


À 


10.  —  DESSINATEURS  ET  GRAVEURS 

DE  VIGNETTES 


La  librairie  du  XVIII'  siècle  s'était  signalée  par  son  esprit  d'en- 
treprise et  par  son  recours  intelligent  à  la  gravure  au  burin  pour 
les  culs-de-lampe  et  les  vignettes.  L'illustration  de  Eisen,  Gra- 
velot,  Mavillier,  Tilliard  et  Moreau,  en  s'attachant  d'abord  à  nos 
auteurs  classiques,  La  Fontaine,  Corneille,  Racine  et  Voltaire,  leur 
avait  fait  subir  le  cadre  chantourné,  l'allégorie  mythologique,  le 
costume  galant  de  l'art  à  la  mode,  et  cet  ornement  ne  leur  était 
pas  trop  disparate.  Il  s'épanouit  avec  avantage  dans  les  auteurs 
d'ordre  inférieur  tels  que  Dorât,  deQuerlon,  Marmontel,  qui,  par 
leur  fond  mince  et  leurs  qualités  frelatées,  laissaient  tout  l'avan- 
tage aux  figures.  Deux  classes  de  livres  vinrent  cependant  exciter 
chez  nos  dessinateurs  un  goût  de  réforme;  ce  furent  d'une  part 
les  traductions  d'auteurs  anciens,  qui  servirent  le  goût  des  rémi- 
niscences antiques,  et  les  romans  modernes,  qui  les  portèrent  à 
mettre  dans  leurs  figures  plus  de  convenances  et  de  naturel. 
Beaucoup  d'illustrations,  entreprises  en  1789,  furent  interrompues 
ou  déviées  par  la  Révolution  ;  mais  nous  verrons  que  l'imprimerie 
ne  se  borna  point  à  cette  multitude  de  publications  journali6res, 
destinées  aux  besoins  les  plus  impatients  et  aux  goûts  les  moins 
délicats,  et  que  plusieurs  libraires,  Didot,  Debure,  Jansen,  Defer, 
de  Maisonneuve,  Bastien,  Renouard,  Plassan,  Momoro  et  bossange 
fournirent  à  la  gravure  des  commandes  utiles  à  ses  progrès. 
Rousseau,  l'écrivain  .le  plus  chéri  de  ce  temps,  eut,  de  1789 

à  1801,  jusqu'à  six  éditions  en  tout  format,  et  toutes  ornées  do 

20 


306      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

figures;  mais  des  auteurs  de  tous  les  temps  y  eurent  des  éditions 
restées  fameuses,  dont  nous  rencontrerons  les  estampes;  il  suffit 
ici  de  citer  celles  qui  ont  illustré  le  nom  de  Didot,  depuis  les 
petits  poètes  grecs,  traduits  par  Gail ,  jusqu'au  Racine,  qui  passe 
pour  Tun  des  livres  les  plus  magnifiques  que  la  typographie 
d'aucun  pays  ait  produits. 

Nous  allons  passer  en  revue  les  artistes  qui  appliquèrent  prin- 
cipalement leur  talent  à  l'illustration  des  livres  ;  astreints  à  de 
petites  compositions,  à  des  figures  agréables,  tributaires  des  édi- 
teurs, ne  cherchant  que  le  succès,  ils  contribuèrent  pour  une 
grande  part  à  la  vulgarité  qui  entacha  fart  même  dans  ses  pré- 
tentions épiques  et  classiques,  mais  ils  servirent,  et  certes  ao  delà 
de  leurs  visées,  Thistoire  de  l'art,  pour  avoir  reproduit,  mieux  que 
t0ut  autre  et  d*autanl  mieux  qu'ils  le  faisaient  insciemmem,  le 
caractère,  le  goût  et  les  idées  de  leur  temps  dans  ce  qu'il  a  en  de 
plus  particulier  et  de  plus  fugitif.  Leurs  œuvres  éphémères  sont 
devenues  un  enseignement  et  un  document  sur  bien  des  points, 
et  c'est  pour  cela  qu'ils  méritent  l'examen  qui  leur  a  été  refusé 
jusquici  par  une  critique  superficielle. 

MONNET*,  agréé  de  l'Académie  depuis  1765,  sans  être  jamais 
reçu,  eut  le  titre  de  peintre  du  Roi,  pour  ses  compositions  histo- 
riques et  allégoriques.  Diderpt  rencontrant,  au  Salon  de  1775, 
des  dessus  de  portes  .pour  le  Roi,  les  qualifie  sans  ménagement 
«  deux  belles  et  bonnes  croûtes,  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  mau- 
vais en  histoire;  »  quant  à  ses  petits  dessins,  il  les  trouve  un  peu 
mieux,  mais  fort  médiocres.  Cette  médiocrité  ne  l'empêcha  pas 
de  travailler  beaucoup  pour  les  graveurs;  il  fournit  des  sujets  de 
mythologie  erotique,  des  allégories. et  des  vignettes  à  Vidal, 
Masquelier,  Patas,  CholTart,  Lemire,  Deghendt,  Levasseur,  Duclos, 
Trière,  David,  Michon,  Godefroy,  Duval.  Il  avait  une  manière  de 
dessiner  molle,  incorrecte  et  boursouflée,  où  des  draperies  lourdes 
faisaient  ressortir  des  nus  peu  décents;  il  suffit  de  citer  Testampe 

1.  Charles  Moimet,  né  ven  1730. 


CaARLES   MONliEt.  307 

âH'^^'Ci^rique  Aiix  Maries  de  J.-Ji  Rousseau.  II  avait  acquis  cepen- 

dauftC      une  grande  pratique  de  la  composition  allégorique,  et, 

api'fe^  l'avoir  appliquée  à  des  sujets  monarchiques  comme  dans  le 

ispice  du  Discours  sur  les  monuments  publics  :  «  Français, 

roi  jure  de  vous  rendre  heureux,  »  gravé  par  Née  et  Mas- 

<j«^^li«r,  et  à  des  sujets  religieux ,  comme  la  Vierge  et  les  Saints 

/tA«C  ^tPastour,  patrons  de  Narbonne,  gravés  par  Chofîart,  il  passa 

5a.ns     effort  aux  sujets  révolutionnaires  :  la  Constitution,  la  Li- 

frcrtê,  la  Raison,  la  Nature,  compositions  grandes  ou  petites,  pour 

6feT\rir  de  frontispice  à  des  livres,  mais  il  ne  prit  pas  le  soin  de 

ûouner  à  ces  figures  d*autres  types  et  d'autres  airs  qu*à  ses 

ti^tnphes,  et  les  graveurs  habiles,  appelés  à  les  traduire,  se  bor- 

î^rentà  les  enjoliver;  nous  les  avons  déjà  nommés. 

Les  vignettes  qu'il  fit  en  Tan  II,  pour, l'édition  de  Lu&èce 
donnée  par  Didot  jeune,  se  distinguent  par  un  luxe  d'enca- 
drement allégorique  auquel  le  graveur  Choffart  eut  sans  doute 
la  plus  grande  part. 

Oa  recherchera  davantage,  pour  Taclualité  de  la  représen- 
tation, les  Journées  de  la  Révolution,  dont  il  composa  les  dessins 
pour  son  ami  Helman.  Elles  sont  au  nombre  de  quinze  : 
Ouverture  des  États  généraux; 
Sennent  du  Jeu  de  Paume  ; 
Prise  de  la  Bastille  ; 
Nuit  du  k  août  1789; 
Fédération  du  ik  juillet  1790  ; 
Journée  du  iO  août  il 9^2; 

Pompe  funèbre  en  rhonneùr  des  martyrs  du  10  août; 
Journée  du  2\  janvier; 
10  aou/ 1793,  Fontaine  de  la  Régénération; 
Journée  du  16  octobre; 
Le  9  thermidor; 
Assassinat  de  Féraud; 
Le  13  vendémiaire; 

Assassinat  des  Plénipotentiaires  de  RastacU; 
19  Brumaire,  Buoïiaparte  à  Saint-Cloud. 


308     ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

On  désirerait  que  la  vérité  du  costume  et  la  localité  de  la  scène 
y  eussent  été  rendues  avec  plus  d*esprit  et  plus  de  style,  mais 
l'artiste,  qui  savait  arranger  habilement  une  figure  de  conven- 
tion, restait  monotone  et  plat  en  face  de  la  nature. 

Pour  finir  comme  il  avait  commencé,  Monflet  dessina  en  1796 
les  frontispices  et  les  vignettes  pour  les  Liaisons  dangereiises ;  une 
expression  ténébreuse ,  et  des  formes  grandies  et  voluptueuses 
sans  grâce,  indiquent  trop  que  l'artiste  avait  été  plus  émotionné 
par  le  roman  de  Laclos  que  par  les  événements  dont  il  avait  été 
témoin.  Les  graveurs  Godefroy,  Lingée,  Lemire,  Trière,  Pata, 
lui  servirent  ici  d'interprètes.  Dans  les  frontispices  d'un  livre 
utopiste,  l'Harmonie  hydrovègétale,  par  Tingénieur  Rauch,  où  se 
montre  dans  un  petit  espace  toute  la  parade  du  temps,  il  fit  des 
compositions  curieuses  : 

La  France  régénérée  vous  demande  à  recréer  cette  belle  ncUure 
sur  toute  sa  surface  ; 
Elysée;  solennité  des  tombeaux; 
Elles  furent  gravées  par  Dupréel  sous  la  direction  de  Tardîeu. 


MOREAU  LE  JEUNE  S  successeur  de  Cochin  dans  la  charge  de 
dessinateur  des  Menus  plaisirs  du  Roi,  s'était  exercé  de  bonne 
heure  dans  tous  les  enjolivements  de  la  gravure,  et,  doué  d'une 
grande  fécondité  de  dessin,  qu'il  avait  appliquée  à  des  travaux 
fort  divers  et  dans  des  voyages  en  Russie  et  en  Italie,  il  se  dis- 
tingua, entre  tous  les  dessinateurs  adonnés  à  l'illustration  des 
livres,  par  l'universalité  de  son  goût,  la  vérité  relative  de  sa  aiise 
en  scène  et  de  son  costume.  Dans  une  notice  publiée  par  sa  fille 
{M"«  Vernet)  *  et  dans,  tous  les  articles  biographiques  qui  le  con- 


:^ 


3^ 


1.  Jean-Michel  Moreau,  né  à  Paris  en  1741,  mort  en  1814,  élève  de  Le  Lor- 
rain et  de  Lebas,  reçu  à  TAcadémie  en  1789.  Son  portrait  a  été  gravé  par 
Saint-Aubin,  d*après  Cochin,  dans  la  Collection  de  la  Société  CLcadéinique  des 
enfants  d'Apollon,  1787,  in-8«. 

1.  Notice  manuscrite  en  tète  de  Tœuvre  de  Moreau  au  Cabinet  des  estampes, 
et  imprimée  dans  les  Archit^s  de  l'Art  français,  t.  I,  p.  187.  —  (Elle  est  bien 


JKAN-MICHEL  MOREAU.  309 

cesirr-M^iît,  il  est  dit  que  le  voyage  en  Italie,  «  qu'il  fit  en  1785  et  à 

um^     «poque  où  sa  réputation  semblait  faite,  dessilla  ses  yeux...  et 

q«-»'îl     faut  fixer  là  le  moment  de  la  plus  étonnante  révolution 

q*-*  *<i^:m  ait  jamais  eu  lieu  de  remarquer  dans  la  manière  de  faire 

d^KAK^     artiste...  »   Il  est  difficile  d'apercevoir  cette  ligne  de  dé- 

n*  ^  »*<:::ation  dans  l'œuvre  de  Moreau,  même  en  ne.voyant  en  lui  que 

1^    ^i^^ssinateur.  On  se  rend  compte  plus  facilement  des  qualités 

<l*-**  i  1   put  avoir  et  de  ce  qui  lui  manqua,  en  considérant  les  sujets 

P***  «^<îipaux  entre  lesquels  se  divise  cet  œuvre  et  qu'il  traite  éga- 

it^^T^  t  à  toutes  les  époques  de  sa  carrière  :  compositions  histori- 

^^^^^t  et  allégoriques,  scènes  de  mœurs  et  de  costumes,  vignettes 

^  ^^  1  iislrer  des  livres. 

^sins  les  compositions  allégoriques,  Moreau,  moins  inventif  que 

^^^^oYiin  et  moins  ingénieux  que  Gravelot  et  Marillier,  innove, 

"Ç^r    un  dessin  moins  conventionnel  et  par  l'introduction  de 

^vielques  scrupules  historiques  ;  mais,  malgré  Thabileté  de  ses 

îîgures  et  Tagrément  avec  lequel  elles  sont  gravées,  il  manque 

essentiellement  d'élévation  et  de  style. 

Voici  les  principales  de  ces  pièces  qui  se  rapportent  à  la  Révo- 
lution : 
Au  Roi;  le  portrait  de  Sa  Majesté  est  soutenu  par  la  Justice,  etc.; 
A  la  Reine;  li  portrait  de  Sa  Majesté  est  soutenu  par  la  Bonté,  etc.  ; 
gravé  par  Lemire,  in-f°  h.  ; 

A  un  peuple  libre  l'an  l*»"  de  la  Révolution,  gravé  par  Dambrun, 
in-4*  h.  Des  groupes  de  citoyens  apportent  le  méd  lillon  de 
Bailly  aux  pieds  du  buste  de  Louis  XVI  et  le  couronnent  auprès 
de  la  Bastille  en  ruine; 

Arrivée  de  J.-J,  Rousseau  aux  Champs  Élxjsées.  Dédiée  aux 
bonnes  mères; 

Socrate  environné  de  Platon,  Montagne^  Plutarque  et  plusieurs 
autres  philosophes,  etc.,  gravé  par  C.-F.  Macret  en  1792,  in-f»  1.; 

signée  de  M"**  Virnet,  mais  eUe  est  de  M.  Feuillet,  ami  de  la  famille  Vernet  et 
bibliothécaire  de  Tlnstitut,  et  elle  avait  été  imprimée  antérieurement.  — 
A.  de  M.) 


310      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

Réception  de  Mirabeau  aux  Champs  Élysées,  gravé  par  Masquer 

liçr  en  1792. 

Les  frontispices  et  les  vignettes  allégoriques,  qu'il  dessina  en 
assez  grand  nombre,  manquent  aussi  généralement  d'invention 
et  d'esprit.  Les  pièces  qu'il  grava  lui-même  se  distinguent  loa- 
jours  par  le  fini  et  le  brillant  de  son  burin,  \fais  l'exécution  la 
plus  charmante  ne  saurait  couvrir  l'incongruité  du  style.  Dans 
une  scène  de  Pygmalion,  gravée  avec  l'éclat  le  plus  vif  par  Le- 
mire,  Galatée,  descendue  de  son  piédestal,  marche  légèrement 
devant  son  Pygmalion  agenouillé  et  ébahi ,  un  léger  voile  voltige 
autour  de  sa  nudité  sans  en  cacher  une  parcelle  ;  elle  va  toucher 
du  bout  des  doigts  la  cuisse  d'une  autre  statue  de  vieillard  qui 
paraît  aussi  se  ranimer.  La  disposition  de  l'atelier,  mi -parti 
antique  et  rococo,  est  du  reste  ravissante.  La  pièce,  datée  de  1778, 
est  faite  pour  la  Scène  lyrique  de  Rousseau ,  mais  l'une  de  ses 
figures  subit  révolntionnairement  une  singulière  métamorphose. 
Pygmalion,  isolé  sur  une  planche,  servit  à  une  image  dévote 
du  culte  de  Robespierre,  avec  le  titre  :  Adorateur  du  seul  Étr^ 
suprême^  et  six  vers  en  légende  ; 

C'est  cet  être  infini  qu^on  craint  et  qa*on  ignore,  etc. 

• 

Les  vignettes  allégoriques  les  plus  grandioses  deMoreau  furent 
celles  qu'il  entreprit  pour  VHistoire  générale  et  particulière  des 
Religions^  de  Stanislas  de  Laulnaye  V  qui  devait  avoir  seize 
volumes  in-ft®  et  trois  cents  figures,  et  qui  en  resta  au  premier 
volume  et  à  huit  planches,  parus  en  1791.  Je  ne  sais  quel  des* 
sinatcur  aurait  été  assez  grand  pour  traiter  ces  sujets,  mais  il 
suffira  de  les  indiquer  pour  qu'on  devine  combien  Moreau  était 
insuffisant  pour  les  traiter  : 

Frontispice,  assemblage  de  tous  les  coites  ;  gravé  par  de  Lon* 
gueil,  1790,  in-4*»  ; 

L  Paris,  imp.  de  Didot  le  jeune,  chez  Fournier,  1791,  in-4''.  —  Ces  plap- 
ches  ont  encore  servi  pour  un  ouvrage  d'AIexandr^  Leooir  :  la  fnuîch^ 
Maçonnerie,  Paris,  Fournier,  1814,  in-4». 


^ 


312      ARTISTES.—  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

à  Neuwied  sur  le  Rhin,  chez  la  Société  typographique,  1789 
1  vol.  gr.  in  ^,  36  p.  de  texte  et  26  gravures. 

Elles  ont  été  citées,  ainsi  que  leurs  contrefaçons,  dans  ui 
volume  de  M.  Monselet»  Bètifde  La  Bretonne,  sa  vie  et  ses  Amours^-^ 
Paris,  Alvarès,  185^,  in-12,  p.  160,  et  dans  plusieurs  catalogues?  ^ 
mais  toutes  les  descriptions  ne  sont  pas  égales,  et  beaucoup  d^  J 
pièces  avaient  paru  séparément  dans  les  années  précédentes  : 

Déclaration  de  grossesse,  Martini  sculp.  ; 

Les  PrècautionSy  Martini  seul  p.  ; 

J'en  accepte  l'heureux  présage,  Trière  sculp.  ; 

N'ayez  pas  peur,   ma  bonne  amie,  Helman  sculp.  ; 

Cest  un  fUs,  monsieur,  Baquoy  sculp.  : 

Les  Petits  Parrains,  Baquoy  aqua-f.,  Patas  terminavit  ; 

Les  Délices  de  la  maternité,  Helman  sculp.  ; 

L'Accord  parfait,  Helman  sculp.  ; 

Le  Rendez'vous  pour  Marly,  C.  Guttenberg  sculp.  ; 

Les  Adieux,  Delaunay  sculp.  ; 

La  Rencontre  au  bois  de  Boulogne,  H.  Guttenberg  sculp.  ; 

La  Dame  du  palais  de  la  Reine,  Martini  sculp.  ; 
,  Le  Lever  du  petit-maître,  Halbou  sculp.  ; 

La  Petite  Toilette,  Martini  sculp.  ; 

La  Grande  Toilette,  Romanet  sculp.  ; 

La  Course  de  chevaux,  H.  Guttenberg  sculp.; 

Le  Pari  gagnée  Gamligne  sculp.  ; 

La  Partie  de  whist,  Dambrun  sculp.  ; 

Oui  ou  non,  Thomas  sculp.  1781; 

Le  Seigneur  chez  son  fermier,  Delignon  sculp.  ; 

La  Petite  Loge,  Patas  sculp.  ; 

La  Sortie  de  l'Opéra,  Malbeste  sculp.  ; 

Le  Souper  fin,  Helman  sculp.  ; 

Le  Vrai  Bonheur,  Simonet  sculp. 

Moreau  ne  manqua  pas  d'appliquer  aux  grands  événements 
de  la  Révolution  le  talent  qu'il  avait  dans  la  disposition  des 
multitudes  de  petites  ûgures;  il  en  fit  de  grandes  et  de  petites 
planches  : 


«la 


314      ARTISTES.  —DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNRTTES. 

comique  de  Molière  respire  dans  ceux  qui  ont  été  faits  pour  ses 
œuvres*.  »  Enfin,  Horace  Vernet  a  voulu  faire  une  pointe 
l'honneur  du  dessinateur  de  vignettes,  dont  il  était  le  petit-fils, . 
en  disant  de  lui  :  u  Supprimer  la  queue  d'un  chien  des  composi— 
tiops  de  Moreau,  c'est  comme  si  Ton  enlevait  une  virgule  de  la 
plus  belle  phrase  de  Bossuet*.  »  Pour  parler  de  lui  exactement, 
on  peut  dire  qu'il  a  donné  de  ses  auteurs  une  illustration  plus 
ingénieuse  qu'aucun  autre,  plus  fidèle  et  surtout  plus  appropriée 
au  goût  de  son  temps.  Quant  à  la  vérité  hi^rique  et  locale  «  il 
put  aussi  l'entrevoir.  Son  plus  grand  défaut,  dans  les  ouvrages 
élevés,  est  de  manquer  d'imagination.  C'est  ce  qu'on  voit  surtout 
dans  la  suite  des  figures  faites,  en  1785,  pour  i Histoire  de  France 
avec  les  discours  de  l'abbé  Garnier,  et  dans  celles  du  Nouveau 
Testament  de  Didot  jeune,  publié  de  1791  à  1801. 

Son  cachet  le  plus  particulier  est  l'esprit  d'à» propos  et  de 
convenance  avec  lequel  il  rend  une  scène  de  comédie,  de  poème 
léger,  de  roman  et  de  conte.  Il  dessina  en  1789  des  vignettes 
pour  la  première  édition  séparée  de  Paul  et  Virginie,  que  l'auteur 
annonçait  lui-même  comme  faite  en  faveur  des  dames  qui  dési^ 
raient  mettre  ses  ouvrages  dans  leur  poche.  Dans  cet  avis  au  lec- 
teur. Bernardin  de  Saint-Pierre  témoigne  aussi  de  ses  sentiments 
pour  l'artiste  :  a  M.  Moreau  a  dessiné  les  trois  premières  planches 
et  en  a  dirigé  la  gravure,  ainsi  que  de  la  quatrième  (dessinée  par 
Vernet),  avec  cette  correction  et  ce  goût  dont  le  rare  assemblage 
est  particulier  à  ses  productions,  surtout  à  celles  qu'il  affectionne. 
Il  a  donné  à  chaque  site  son  expression  propre,  et,  cfnoique  le 
champ  en  soit  très-petit,  il  y  a  développé  à  l'ordinaire  ses  grands 
talents.  » 

Moreau  se  mesura  encore  avec  les  peintres  d'histoire  dans  les 
compositions  de  la  Psyché  de  La  Fontaine,  1795,  des  Œuvres  d» 
Montesquieu,  an  IV,  de  Mabiy,  an  VI,  de  Gessner^  1799,  et  de 
Tèlémaque,  1802  ;  mais  sa  plus  grande  force  fut  toujours  dans  les 

1.  Archives  de  l'Art  français,  t.  I,  p.  187. 

2.  Histoire  des  Artistes  v^an^„  par  Tb.  SiiT^ti«T  13^*2^  ÎQ^^i  P-  ^ 


'\ 


JEAN-MICHEL  MQHJSAD.  31$ 

j  ^t$  qui  pouvaient  prêter  )e  plus  à  la  senKibilité  qu'il  mettait  à 
^  airs  et  au  développement  qa*il  savait  donner  à  ses  costumes  ; 
l^  3pnt  ceux  des  Lettres  d'Âbailard  et  Hélaïse,  1796. 

ns  avoir  la  Vjérité  de  costume  que  les  connaissances  histo- 

i:ies  de  son  temps  ne  comportaient  pas,  Moreau  a  ëté  sous  ce 

ï>ÏX)rt  plus  loin  que  la  plupart  des  dessinateurs  de  vignettes.  Il 

ngeai(  avec  convenance  rhabillement  moderne,   il  gardait 

naturel  en  prenant  rhabillement  antique,  et,   même  eu 

tant  Thahit  de  convention  qui  était  alors  censé  appartenir 

jnoyen  âge,  il  ne  tombait  jamais  dans  ces  disparates  que 

s  avons  reprochées  à  Monnet. 

s  vignettes  de  Moreau  se  répandirent  encore  dans  beaucoup 

teurs  :  Regnard,  Delille,   Demoiistier,  Gresset,  Hamilton  et 

Kxie  Boileau;  mais  je  ne  signalerai  ici  que  les  jolies  compositions 

^^*iJ  mit  en  tête  des  Discours  historiques  sur  la  peinture  et  la 

Ç^a.vure  d'Émeric  David,  "dans  le  Musée  français  de  Laurent  et 

HQJbiiiard-P^ron ville,  an  X  et  an  XI  ;  elles  offrent  l'exemple  le  plus 

^«naarquable  du  tempérament  avec  lequel  il  mélangeait  Tbistoire 

6t   l^aciualité. 

I-a  première,  gravée  par  Simonet,  représente  un  atelier  de 
Peinture  tout  meublé  à  l'antique,  avec  des  modèles  qui  posent 
pour  \énus  et  les  Grâces  devant  le  peintre  assis  sur  un  fau- 
teuil cl'une  coupe  infundibuliforme;  c'est  Zeuxis  et  les  filles  de 
CrotoKie  sans  doute,  mais  c'est  aussi,  si  l'on  veut,  David 
avec  finies  (Je  Bellegarde  et  de  Noailles,  Cependant,  quant  au 
iTiod^lé  de  ses  femmes,  Moreau  n'avait  pas  changé;  il  en  était 
r^li&  toujours  à  des  formes  toutes  ramollies  dans  leur  rotondité, 
ijui  Ar^naient  sans  doute  de  ses  premières  études  e^  de  ses  pre- 
01161*^3  amours  chez  Le  Lorrain  et  chez  Lebas. 

1^^    seconde  vignette,  gravée  par  Baquoy,  représente  un  e^telier 
de  Ki^avure  où  se  tiennent  le  maître  devant  sa  planche,  des  ama- 
^eUt"^  qui  le  consultent  sur  le  mérite  d'une  estampe,  des  appren- 
tis ^t  des  manœuvres  livrés  aux  diverses  opérations  de  l'eau-forte 
et  ^e  la  presse.  Ils  pqt  tous  de.s  habits  pris  h  peu  près  dans  le 
^V^*  siècle. 


3i6      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

Avec  toutes  les  ressources  de  son  crayon,  Moreau  alimenta  u  ^ — - 
grand  nombre  de  graveurs.  Ce  sont,  après  ceux  que  j'ai  déj  "^  ^— 
cités,  Maviez,  N.  Delaunay,  de  Longueil,  de  Ghendt,  Bovinet:^  -^^ 
Ponce,  Delvaux,  Girardet,  Halbou,  Martini,  Trière,  Gnttenberg- 
Romanet,  Thomas,  Malbeste,Delignon.  La  plupart  de  ces  graveurs, 
ont  fait  tort  à  leur  dessinateur,  en  le  refroidissant  et  en  Tenjoli-' 
vant,  pour  la  satisfaction  d'un  public  désireux  avant  tout  d'un» 
gravure  finie.  Cependant  Moreau ,  en  sus  de  la  direction  qu'il  11 
donna  toujours  à  ses  graveurs,  a  laissé  de  nombreux  exemples^- 
de  la  manière  dont  il  maniait  la  pointe.  On  ne  peut  le  considérei 
comme  un  graveur  original,  mais  il  possédait  à  fond  les  fmesseîri 
du  métier,  lui  qui  n'avait  pas  craint  d'alTronter  à  vingt-deux  ao^ 
l'imitation  d'une  baigneuse  de  Rembrandt;  il  prépara  à  l'eau-fort^ 
des  pièces  de  Baudouin  et  de  Greuze;  il  grava  une  vue  charmante  ^ 
du  tombeau  de  Jean -Jacques  Rousseau,  et  l'on  mettra  toujours  ei 
tête  de  son  œuvre,  qui  est  dans  son  ensemble  de  plus  de  deu: 
mille  pièces,  les  petites  compositions  qu'il  signa  de  son  ooi 
seul,  ne  fût-ce  que  des  armoiries  historiées  et  des  frontispi( 
de  catalogues  de  curiosités. 

MARILLIER*  fut  un  dessinateur  de  vignettes  presque  aiL..,^         . 
abondant  que  Moreau,   niais  qui  eut  moins  de  portée  dani^.  . 

dessin  et  un  goût  plus  futile.  Sa  manière,  toute  formée  au  p^'^  „^ 
épais  du  XVlll"  siècle  pour  l'illustration  de  Dorai,  de  Boucher^        ^q 
l'abbé  Prévost,  d'Arnaud- Daculard  et  des  romanciers  les  X^^^Mas 
vulgaires,  ne  plaisait  que  par  la  vivacité  des  sujets,  que  le 
tume  mythologique  faisait  seul  supporter.  Du  reste,  aussi  ■ 
rieur,  dans  les  vignettes  galantes,  à  Eisen  que  Halle,  son  ma»  ^  «^^ 
pouvait  l'être  à  Boucher,  il  rapetissa  à  la  même  mesure  /?oii55^^*^»**» 
Crèbilion  elFènelon,  soutenu  plus  ou  moins  par  ses  gravi 
qui  ne  furent  autres  que  ceux  que  nous  avons  déjà  vus  s'exe 
avec  Monnet  et  avec  Moreau  :  de  Ghendt,  Delaunay,  Dambr* 


rs 
r 

Mi, 


1.  Pierre-Clémeat  Marillier,  né  à  Dijon  en  1740,  élève  de  H&llé, 
en  4808. 


irt 


PIERRE-CLÈMENT  MàRILLIRR.  317 

Simonnet,  Lebeau,  Duclos,  Dùpréel,  Boi^net,  Hubert,  Lingée. 
La  plus  grande  habileté  de  Marinier  consistait  à  agencer  des 
figures  dans  des  décorations  allégoriques,  à  historier  des  chiffres, 
^€s  fleurs,  et  à  composer  toutes  sortes  d'emblèmes  champêtres, 
artistiques  et  littéraires.  Ponce,  qui  était  graveur  et  écrivain, 
'®  chargea  de  la  composition  de  deux  grands  recueils,  qu'il 
entreprit  au  moment  de  la  Révolution,  le  Spectacle  historique  et 
Illustres  Français^.  On  ne  trouve  guère  à  louer,  dans  ces 
*x  derniers  ouvrages,  qu'un  talent  ingénieux  d'exhibition.  Les 
ds  hommes,  autour  desquels  se  groupent  les  tableaux  de 
^^lat-s  belles  actions,  les  artistes  au  milieu  de  leurs  productions, 
les  poètes  au  milieu  des  sujets  de  leur  création,  le  tout  disposé 
rfts  le  même  appareil  d'ornementation ,  se  rapetissent  aux  pro- 
ions d'une  étiquette  ou  d'une  enseigne. 
^ec  un  talent  ainsi  fait,  Marillier  n'avait  rien  de  propre  à  une 
■"^"vcDlution.  Il  ne  put  dessiner  aucun  sujet  contemporain,  mais  il 
y  ^n  avait,  parmi  ceux  qu'il  était  accoutumé  à  traiter,  qui  sont  de 
les  temps.  11  eut  pour  lot,  en  1793,  de  composer  des  Grâces 
r  l'Almanach  des  Muses,  et,  pour  le  Petit  Chansonnier:  les 
offrent  l'Amour  à  la  Liberté.  Le  vieux  dessinateur  se  borna 
lement  à  épicer  un  peu  plus  ses  compositions  anacréontiques  : 
ligures  alors  ne  sont  pas  seulement  nues,  elles  sont  désha- 
*>«ll^es. 

arillier  fut  encore  chargé  d*illustrer  la  Bible  dans  une  édition 

la  traduction  de  Sacy,  publiée  do  1789  à  180(i'.  Ses  petites 

^^•"nres  sont  correctement  dessinées,  ses  compositions  très-vive- 


^it  conçues,  et  il  y  a  aussi  peu  de  religion  que  possible,  ce 

"^^^   était  alors  jugé  d'un  grand  mérite  ;  mais  il  fit  des  vignettes 

r  d'autres  livres  de  ce  temps  qui  lui  fournirent  des  sujets  plus 

ropriés  à  son  talent,  depuis  les  Fables  de  Dorât  jusqu'à  Faublas. 

larillier  a  peu  gravé,  si  ce  n'est  dans  les  ornements  et  dans  la 

^  Us  Illustres  Français,  ou   Tableau  historique  des  grands  hommes  de 
mcepris  dans  c\aque  genre  de  célébrité,  ouvrage  national,  Paris,  1790,  in-f^. 
<-^  La  Bible,  ornée  de  300  figures  d*aprëi  les  dessins  de  Marillier  et  Monsiau. 
Is,  Defer,  Maisonneuve  et  Gay,  1789-1804,  12  voL  gr.  in-8°. 


318      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRÀV.  t)E  VIGNETTES. 

prépiaratiôn  des  planchés  à  Têîiu-forter,  qui  fae  Tôbligeaient  pa= 
uri  travail  de  patience.  Dansf  lés  sujets  qu'il  a  voulu  traiter, 
poînrte  né  manquait  d'ailleurs  nî  de  force  nî  dé  moelle  ;  on 
peut  juger  par  une  pièce,  d'après  La  Rue,  que  Basan  a  emplo] 
dans  son  iHctionnaire  des  graveurs, 

• 

MONSIAU  *  à  vônTu  être  un  peintre  ;  reçu  à  rAtadémîe  en  17 
après  un  premier  refus,  il  n'a  cessé  d'envoyer  à  tous  les  Sal 
jusqu'à  l'an  XH  des  tableaux  et  des  dessins  à  prétention,  d 
lesquels  des  sujets  antiques  se  trouvaient  réduits  à  des  pro 
tions  anecdotiques  ou  des  sujets  familiers  forcés  à  des  intenti 
historiques.  D'un  côté  Ulysse,  Philoctète,  Zeuxis,  Sacrale  et  À 
bîade  chez  Aspasie,  Épotiine  et  Sabinus;  de  l'autre,  un  En 
joimnt  avec  des  poupées  et  des  cartes,  Petit  clair  de  lune,  le 
de  Florence,  Un  jeune  homme  couronnant  sa  maîtresse  des  fli 
que  vend  Glycère,  bouquetière  cf  Athènes.  Nous  ne  sommes  pJuî 
mesure  d'apprécier  ces  ouvages;  mais  nous  voyons,  par  les  c 
ques  du  temps,  qu'ils  étaient  entre  le  médiocre  et  le  pire 
peintre  obtint  pourtant  un  prix  d'encouragement,  et  il  eat 
moment  de  vogue  lorsqu'il  composa  le  tableau  de  Molière  l 
Tartufe  chez  Ninon, 

La  médiocrité  de  dessin  de  Monsiau  et  la  banah'té  de  ses  sir-^^i^ 
ne  laissèrent  pas  d'attirer  des  graveurs,  principalement  dani^^  ^^^® 
faiseurs  de  pointillés,  qui  ne  font  qu'aggraver  les  vices  de  L     ,  '^"^ 
modèle. 

Le  Mariage  Samnite  et  V Amour  conduit  par  la  Folie,  deux  c^   *^* 
sins  exposés  en  1793,  furent  gravés  par  Ruotte. 

Apelle  choisissant  ses  modèles  parmi  les  plus  belles  filles  dm---^^ 
ùrèce,  les  mères  s'honorent  de  les  lai  présenter,  gravé  par  Bii*""^*f 
n'est  sans  doute  que  la  reproduction  de  Zeuxis  dioisissant     ^^ 
modèles,  qui  figure  en  tableau  et  en  dessin  au  Saloû  de  Tan  Vf- 

Le  départ  d* Adonis  et  l'Éducation  de  l'Amour,   gravés  p^^ 
M"*""  Demouchy,  sont  aussi  des  productions  de  l'an  Vllf. 

1 .  Nicolas-André  Mbûsiau,  né  à  Paris  en  1754,:  élevé  dePeffon^  mort «i  itffl. 


FBANOOIS-MARIE-ïSfDORE  QUEVERDO.  319 

Une  seule  fois,  h  ce  qu'il  me  semble,  Mon.<^iau  fat  abordé  par 
un  graveur  au  burin,  Cathelin,  qui  traduisit  ÂVigww,  figure  irès^ 
païenne,  qui  est  sans  doute  do  la  jeunesse  du  peintre. 

MoDsiau  aborda  qnelqiies  compositions  d'allégorie  politique; 
*^ais  moios  à  Taise  avec  des  figures  qui  demandaient  du  carac* 
^^^^,  il  n'y  naontra  que  de  la  mollesse  et  de  la  froideur,  tout  en 
^  efforçant  d'imiter  tes  mannequins  académiques  de  David  et  de 
^^>ron  : 

^onumeru  à  la  gloire  de  Louis  XV!,  gravé  par  Vangelisty. 
-4a  Liberté  triùmphahle^  faisant  amarrer  le  vaisseau,  de  l'État  au 
^de  la  Constitution,  entouré  des  citoyens  de  toutes  Us  provins 
''^,  etc,  présenté  à  V Assemblée  nationale  le  8  mai  1790,  gravé  par 
^  rd rieau,  gr.  in-f°. 

Les  plus  belles  figures  académiques  de  Monsiau  sont  ceUeJS  qui 
^  ^^rent  faites  pour  le  frontispice  de  VAnatomie  de  Vicq  d*Azyr, 
^  ^^primée  par  Didot  en  1789. 

Le  talent  de  Monsiau  parut  moins  insuffisant  dans  les  dessins 
^^  vignettes  auxquels  il  se  livra  pendant  la  Révolution,  à  la  suite 
^^  Marinier  et  de  beaucoup  d'autres.  11  les  traita  d'abord  dan3 
^^assez  grandes  proportions  et  dans  des  sujets  sérieux,  pour  le 
Rousseau  de  Didot  et  Defer-Maisonneuve  (1792-1800,  in-i«),  pour 
^<^Mart  dAbel  deGessner  (1793);  mais  il  se  répandit  ensuite  dans 
ci  «s  ouvrages  plus  légers,  tels  que  :  la  Pucelle,  éditions  de  Didot^ 
\191^  et  de  Crapelet,  an  Vlll;  Faublas,  édition  de  l'an  VI;  les 
Géargiques  de  Delille,  et  le  Voyage  sentimental  de  Sterne.  Dessi- 
^iiant  correctement  ses  figures,  mais  composant  avec  pauvreté  et 
froideur,  il  ne  parvient  guère  à  se  distinguer  que  dans  la  mesure 
des  graveurs  entre  les  mains  desquels  il  tombe  :  Cboitard^  Anse- 
Un,  Dekunay«  Lingée,  Delvaux,  Patas,DeIignoil,Malbeste,  Ponce, 
Pauquet,  Baquoy,  Dupréel,  Dambrun. 

QUEVERDO*,  dessinateur  d'ornements  et  graveur  d'après  Co- 
chin ,  Gcavelot  et  Marillier,  avait  fourni  quelques  sujets  de 

i.  Françoift-Marie-Isidore  Queverdo,  né  en  Bretagne  en  1740  {Cotai,  Pai- 
gDon-D|iopTal)» 


3i0      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

vignettes  à  Thérèse  Martinet,  à  Patas,  à  Dambrun  et  à  d'aut 
Il  se  trouva  assez  de  ressources  dans  le  dessin  pour  entreprend 
directement  la  fourniture  des  estampes  républicaines  de  toi 
acabit,  vues  des  lieux  célèbres,  portraits  des  hommes  illustre^ 
frontispices,  emblèmes  et  placards.  Il  avait  une  pointe  assez  for 
qu'il  mêlait  aux  travaux  du  pointillé  et  du  lavis,  livrant 
planches  à  des  graveurs  plus  fins  ou  plus  patients  que  lui,  quai 
il  voulait  donner  des  ouvrages  tout  à  fait  finis.  C'est  ainsi  qir 
plusieurs  de  ses  pièces  portent  à  divers  titres  les  noms  de  Gai 
cher,  Delignon,  Massol,  Joseph  de  La  Serrie.  11  n'y  faut  cherche 
ni  distinction  ni  agrément,  mais  seulement  de  l'intérêt  bis 
torique. 

Voici  le  choix  que  j*ai  fait  parmi  celles  auxquelles  il  travailla  ^^^^^  : 

Vues  du  château  de  Feimey  à  M.  de  Voltaire,  du  côté  du  nord  ^  ^t 

du  côté  du  couchant,  d'après  le  dessin  de  Signi;  des  paysar:^^  ns 
d'opéra,  un  dessinateur  et  M.  de  Voltaire  se  voient  sur  la  te  —  Jr- 
rasse; 

J.'J.  Rousseau,  portrait  au  pointillé  de  couleur,  dessiné  et  grai 
à  l'eau-forte  par  Queverdo,  terminé  par  Massol.  Dans  le  bas  u. 
tombeau,  des  emblèmes,  des  enfants  et  des  nourrices  :  «  On  dii 
un  jour  à  BufTon  :  Vous  avez  dit  et  prouvé  avant  J.-J.  Rou: 
que  les  mères  doivent  nourrir  leurs  enfants.  —  Oui,  répondit 
illustre  naturaliste,  nous  l'avions  tous  dit,  mais  Rousseau  sei 
commande  et  se  fait  obéir  ;  » 

La  Régénération  de  la  nation  française  en  1789,  présentée  '* 

l'Assemblée  nationale  le  13  juillet  1790,  d'après  Darvy  et  Geo^ci^^^^^^^^^'' 
froy,  in-f^  ; 

■ 

Égalité.  Les  porteurs  de  cliarbon  et  les  chevaliers  de  Saint-LouM^  -^z-^is 
déposant,  à  la  Municipalité,  le  signe  distinctif  qu'ils  tiennent  ^  ^ 

r ancien  régime,  in-f*  1.  en  noir  et  en  couleur;  chez  le  citoy^^^  -—en 
Queverdo  peintre  et  graveur,  rue  Poupée  *; 

Charlotte  Corday  dessinée  d'après  nature  à  rinstanl  oii  elle  éc^-  ~^ "' 

à  son  père  dans  sa  prison,  et  le  Portrait  du  citoyen  Marat  au  n^     —^o 

1.  Annoncé  dans  le  Moniteur  du  28  du  1*'  mois  de  Tan  II  (oct.  1793). 


FRANCOIS-MARTE-ISIDORE  QUEVERDO.  321 

/  OÙ  cette  fille  le  poignarde.  Le  Moniteur  l'annonce  :  «  Gravure 
iaise  faîte  avec  tout  le  soin  possible;  en  noir  et  en  couleur; 
^*^^z  le  citoyen  Que verdo.  Il  vend  aussi  le  portrait  de  Marat  à 
t:i  lit  de  mort  *  ;  » 

Marat  en  buste,  sur  un  oreiller,  et  la  plaie  de  la  poitrine  sai- 
nte; 
le  nouveau  Calendrier  de  la  République  française  pour  la 
^^~^unime  année,  inventé,  dessiné  et  gravé  par  Queverdo,  en 
ux  f.,in-i4« carré.  Voici  Tannonce  du  Moniteur  :  «  Ce  Calendrier 
^té  gravé  en  taille-douce  avec  le  plus  grand  soin  par  le  citoyen 
^everdo.  Quatre  victimes  intéressantes,   Marat,  Lepelletier, 
lierei  le  jeune  Barra  y  sont  représentés  avec  un  uni  précieux. 
11  y  voit  aussi  des  attributs  ingénieux  :  la  Liberté,  l'Égalité,  la 
^astice,  la  Loi  et  le  Génie  de  la  République,  gravant,  avec  îe  sceptre 
«s  lois,  les  droits  sacrés  de  l'homme  et  du  citoyen.  Ce  Calen- 
ier  peut  servir  à  orner  les  salles  d'assemblée  des  Sociétés 
'K^^opulaires  et  les  cabinets  des  amis  de  la  République*.  Prix,  3  1.;  » 
Maximes  du  jeune  Républicain  .  «  Au  sortir  du  sommeil ,  que 
l^s  yeux  s'élèvent  vers  les  voûtes  du  firmament...  »  ;  stèle  ornée 
^^es  figures  de  la  Liberté,  de  la  Raison  et  de  Génies;  in-4®  h.; 

La  Tyrannie  révolutionnaire  écrasée  par  les  amis  de  la  Consti- 
tution de  Van  III,  gravé  par  Massol,  in-l®.  Un  citoyen,  vêtu  d'un 
'  ^fcabit  à  longues  basques,  foule  aux  pieds  un  sans-culotte. 

Queverdo  fit  ensuite,  pour  les  petits  livres  de  la  littérature 
journalière,  beaucoup  de  compositions  allégoriques  et  de  figures 
'm^ui  ne  valent  pas  la  peine  d'être  décrites,  tant  il  y  laissait  de  vul- 
garité :  Patries,  Libertés  et  Raisons  pour  les  Âlmanachs  et  les 
Chansonniers;  Dieux  païens  pour  la  première  édition  des  Lettres  à 
Emilie  de  Demoustier;  Emblèmes  des  Fêtes  décadaires  pour  le 
[Manuel  des  autorités  constituées  de  la  République  en  l'an  V  ;  quel- 
ques-unes de  ces  vignettes  ont  pourtant  rencontré  pour  graveur 
<jaucher.  Il  travailla  avec  Moreau  aux  vignettes  du  Télémaque  de 


i.  Moniteur  d\i  3i  août  1793. 
3.  Moniteur  du  5  pluviôse  an  IL 

2t 


à. 


322      ARTISTES.  —DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

Didot,  en  17^0.  De  ce  métier  Queverdo  vivait  à  peine,  car  nou 
tFouvpns,  en  ra,n  III,  porté  sur  la^  liste  des  littératçars  et 
artistes  qui,  sur  le  rapport  de  Chénier,  reçurent  une  subventf 
de  la  République. 

C*est  tout  ce  qu'on  peut  recueillir  pour  sa  biographie.  II  laiî 
une  fille,  Adélaïde,  et  un  fils,  Louis-Yves,  qui  ont  pratiqu 
gravure  ;  leurs  noms  se  trouvent  5ur  un  petit  pointillé  des  peti 
Merveilleuses  de  Carie  Vernet,  et  sur  une  allégorie  :  Hercule 
Hèbé  confiant  à  Cybèle  le  premier  fruit  de  leur  union,  bommag 
leurs  Majestés  Impéria^les  et  Royales. 

BOREL*,  l'un  des  dessinateurs  les  plus  relâchés  du  règne 
Louis  XVI,  en  même  temps  qu*il  fournissait  des  sujets  gala 
aux  graveurs  ordinaires  du  genre*,  se  livrait  à  la  composition  c 
sujets  politiques  en  allégorie  :  la  Guerre  d'Amérique,  la  Naissa 


du  Dauphin,  l'Administration  de  M.  Necker,  les  Expériences  aè 
statiques,  eu  comme  ces  dernières  pièces  n'exigeaient  pas  une 
cution  aussi  patiente,  il  les  gravait  quelquefois  lui-même  à 
pointe  ou  à  la  manière  noire.  Huber  en  a  loué  le  patriotisme;  ce 
vertu  n'amena  pourtant  chez  l'artiste  ni  grandeur  ni  origînali 

Pendant  la  Révolution,  il  dessina  : 

Pour  les  Fastes  de  la  Révolution  française,  rAssemblée  nat- 
nale,  séance  du  7  septembre  1789,  a  Vinstant  de  Voffre  patr^ 
tique  du  premier  don  des  dames  artistes,  gravé  par  Ponce; 

Les  vignettes  de  la  tragédie  de  Charles  IX,  par  Chénier, 
de  Didot,  1790  ; 

Les  Dernières  paroles  et  la  Mort  de  Mirabeau ,  gravfe  par 
launay  le  jeune  ; 

Le  PrwMispice  de  YAlmanadi  du  P.  Gérard,  etc. 

Il  n'y  a  rien  là  que  de  très-vuJgaire,  de  très-plat,  et, 

i.  Antoioe  Borel,  né  en  1743. 

2.  Hs  sont  catalogués  dans  le  Cabinet  Paignon^Dijonval,  Paris,  1810,  i 
n»«  9411-9413,  et  dans  le  CaUdogue  des  estampes  de  Jf.  S,..,  Vignères,  1 
in-8°,  n"  3  et  40  à  43. 


LOUIS  BINET.  32a 

UBiqfiie  iati^cêt,  quelques  airs  locaux.  Il  ne  renonça  pas,  en  ce 
moment,  aux  pièces  de  mœurs,  et  celles-ci  empruntent  quelque 
prix  à  la  vérité  du  costume,  toujours  plus  piquant  dans  des 
sujets  fa^iiliers,  devenus  tous  les  jours  plus  rares  dans  Tima- 
gerîe  : 

JL*  Innocence  en  danger,  1792,  première  estampe  de  la  Paysanne 
pen^^rtie; 

l^^  voilà  fait,  scène  dans  le  jardin  du  palais  ^alité;  gravé  par 
Huot,  in-f«  1. 

Hc»rel  dessina  des  vignettes,  qui  n'étaient  pas  de  nature  à  se 
Taîn^  remarquer  dans  les  livres  où  elles  furent  admises.  Je  n'ai 
Qoté  que  celles  de  Regnard,  éd.  de  Maradan,  1790,  et  celles  de 
uin,  éd.  de  Renouard. 


NET*  ne  s'était  guère  distingué,  parmi  les  dessinateurs  gra- 
^^cir*s  de  la  qneue  du  XVIII®  siècle,  par  les  faibles  estampes  qu'il 
«*vaî^  faites  d'après  Greuze  et  Marillier,  ou  par  les  dessins,  plus 
feit>΀s  encore,  qu'il  avait  pu  fournir  à  Aliamet,  à  Dugast,  lorsque 
*^^tî£de  La  Bretonne  le  prit  pour  son  dessinateur  ordinaire.  On 
^  ^^time  pas  à  moins  de  mille  le  nombre  des  sujets,  qu'il* exécuta 
f^^*^»'  les  œuvres  du  romancier  des  coiUurières^de  1789.  Pour  des 

s,  saupoudrés  à  la  fois  de  la  dépravation  d'un  temps  de  déca- 


lî 


V 


c:e  extrême  et  de  Teffervescence  d'un  temps  de  révolution,  il 
^*^^.it  des  figures  d'un  ragoût  particulier.  L'auteur  eut  la  préten- 
'^^^  de  les  inventer  lui-même,  en  faisant  travailler  Binet  sous  ses 


i:x,  d'après  des  modèles  féminins  choisis  par  lui.  C'est  ce  qu'il 
^^    expressément  dans  Momieur  Nicolas,  et  ce  qu'il  a  indiqué 


^^sto  Paysanne  pervertie,  dont  les  planches  portent  à  la  table 
^^^^  inscription  ainsi  con4jue  :  «  Rétîf  de  La  Bretonne  invenit, 
^^ïiet  delineavit,  Berthet  et  Leroy  inciderunt.  »  Il  n'y  a  que  dos 
^îces  à  relever  dans  ces  figures,  des  formes  impossibles,  égale- 
ment monstrueuses  parle  grossissement  des  seins  et  des  hanches, 
^^amincissement  de  la  taille  et  des  pieds,  par  des  mines  d>;hont(^es 

1.  Louis  Binet,  né  en  1744,  élève  de  Beauvarlet. 


324      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  CRAV.  DE  VIGNETTES. 


et  des  attitudes  qui ,  en  poursuivant  le  plus  vif  de  l'action,  pas- 
sent toujours  de  l'autre  côté  de  Tart.  Ces  vices,  d'ailleurs,  sont  si 
naïfs,  ou  plutôt  si  crus,  qu'ils  ne  trompent  personne  et  restent, 
par  leur  fidélité  à  leur  texte,  les  témoins  les  plus  palpables  d'une 
société  en  déroute,  vue  dans  les  passions  et  la  défroque  de  ses 
arrière-boutiques.  Dans  leurs  toilettes  tapageuses,  les  Françaises, 
les  Parisiennes ,  les  Contemporaines  et  les  Dames  nationales  de 
Rétif  et  de  Binc|  n'ont  encore  quitté  aucun  des  ridicules  des 
règnes  Pompadour  et  Dubarry;  elles  sont  si  bien  embarrassées 
dans  leurs  corsets,  leurs  jupes  à  paniers  aux  culs  postiches,  leurs 
coiffures  échafaudées  et  leurs  sabots  chinois,  qu'elles  ne  peuven 
ni  marcher  ni  s'asseoir.  S*il  est  vrai,  comme  l'a  dit  le  spiritu 
biographe  que  Rétif  a  rencontré  récemment*,  qu'un  jour  viend 
où  les  peintres,  les  graveurs  et  les  historiens  le  rechercljeroi 
curieusement,  comme  on  recherche  ces  vieilles  tapisseries  où  soi 
reproduits,  dans  leurs  plus  p3tits  détails,  les  costumes  et  1 
mœurs  d'un  autre  âge,  on  peut  croire  que  les  gravures  dont 
a  pris  soin  d'illustrer  tous  ses  livres  n'ajouteront  pas  peu  à  ce 
curiosité. 

Les  graveurs  qui  furent  employés  aux  dessins  de  Binet  □ 
peuvent  pas  tous  $tre  comptés;  les  plus  connus  sont  Berthe 
Giraud,  Pauquet,  Leroy,  Baquoy;  tout  en  s'eiîorçant  àparaitw 
fins,  ils  mirent  à  leur  gravure  plus  de  vivacité  et  de  variété  qu 
leur  burin  ne  comportait  d'ordinaire.  Leurs  vignettes  sont  d' 
leurs  si  nombreuses  et  si  bien  adaptées  au  texte  de  leur  romai 
qu'elles  lui  servent  d'illustration  d'une  façon  analogue  à  celle  d 
vignettes  sur  bois  dans  les  romans  d'une  époque  moins  éloign 
En  faveur  de  cette  relation,  voyons-les  avec  plus  d'indulgence. 

Le  portrait  de  Nic-Ed.  Restif,  fUs  Edme,  1785,  qui  inaugu 
cette  suite  de  vignettes,  est  gravé  assez  lourdement  par  Berthe 
il  doit  être  remarqué  pour  les  emblèmes  de  son  cadre,  u 
ruche,  une  poule,  une  gerbe  et  une  brebis,  et  pour  sa  légende  :- 


1.  Rétit  de  La  Rretonnê,  sa  v!e  et  ses  amours,  etc.,  par  Charles  BloDseleiC, 
Paris,  Alvarès,  1854,  ia-12,  p.  55. 


ne 
jet, 


LOUIS  BINET.  325 

Son  esprit  libre  et  fier,  sans  gaide,  sans  modèle,  etc. 

M.  Monselet,  qui  a  cité  toutes  les  planches  des  livres  de  Rétif 
et  en  a  décrit  plusieurs,  notamment  son  portrait,  recommande  à 
l'attention  les  gravures  des  Nuits  de  Paris,  qui  représentent  l'au- 
teur, avec  son  manteau  et  son  chapeau  à  larges  bords,  seul  et  à 
pied,séparant  des  dliellistes,  observant  des  joueurs  de  billard,  sur-' 
prenant  les  secrets  d'un  mauvais  gite,  ou  accostant  une  jeune  fille 
cf  ans  l'île  Saint-Louis*.  Mais  il  faut  laisser  le  plaisir  de  découvrir 
l^s  pièces  les  plus  intéressantes  de  l'œuvre  de  Binet  à  ceux  qui 
a.  uront  la  curiosité  de  lire  les  deux  cents  volumes  des  Œuvres 
c^^mplètes  de  Rétif.  Nous  nous  sommes  bornés  à  les  feuilleter. 

Binet  dessina  encore  quelques  vignettes  pour  des  livres  moins 
ii^onnus  encore  que  ceux  de  Rétif,  de  ceux  qui  ne  vivent  que  le 
r^^mps  de  leur  étalage  derrière  les  vitres  des  libraires  marchands 
6  nouveautés.  Il  y  en  a  qui  ont  paru  à  quelques  collectionneurs, 
algré  leur  petitesse,  valoir  la  peine  d'être  détachées  de  la  bro- 
liure  où  elles  moisissaient,  parce  qu'il  y  avait  quelque  rogaton 
e  l'an  Vlll  ou  de  l'an  X  : 

Liberté,  descends  des  deux,  Binet  del.,  Gabriel  sculp.,  pointillé 
y.  in-12; 
Foyer  du  théâtre  de  Montansier,  in-12  1.  ; 
Répétitian  du  matin,  tableau  comique,  Binet  del.,  Bovinet  se., 
-12  1. 


; 


Un  autre  écrivain,  dont  le  talent  prolixe  et  trivial  ne  fut  pas 
-ans  analogie  avec  celui  de  Rétif,  Mercier,  en  publiant  le  Tableau 
e  Paris,  voulut  aussi  l'accompagner  de  planches,  et,  comme  il 
^ ^savait  inspirées,  on  a  pu  croire  aussi  qu'il  les  avait  faites'.  Ces 

1.  Hétif  de  La  Bretonne,  par  Charles  Mon«e1et,  p.  15G. 

2.  Tableau  de  Paris  ou  Explication  de  différentes  figures  gravées  à  Veau^ 
ïï^yrte  pour  servir  aux  différentes  éditions  du  Tableau  de  Paris,  par  M,  Mercier; 

^rerdon,  1787,  in-8*.  Costumes  et  mœurs  de  t'esprit  français  avant  la  grande 
Hévolulion,  Lyon,  1791,  in-4o.  En  annonçant  cette  seconde  édition  dans  un 
catalogue  de  1854,  le  libraire  Potier  dit  faussement  que  Mercier  a  gravé  lui- 
même  une  partie  de  ces  planchea. 


326      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

planches,  au  nombre  de  quatre-vingt-seize,  furent  dessinées 
gravées  en  Suisse,  où  Mercier  s*était  un  moment  réfugié, 
Duncker,  artiste  allemand,  qui  avait  quelque  temps  travaillé 
Paris.  Malgré  leur  facture  habile  et  quelquefois  pittoresque,  ell 
ne  rendent  les  costumes  et  les  physionomies  de  Paris  fju'en  ail 
mand.  Le  Peintix  d'enseignes  (chap.  XXXVi},  les  Bouquinis 
(CXLIV),  les  Nouvellistes  (CXLIX),  les  Portes  cochères  (CCCXV), 
Carnaval  (CCGXXXIl),  les  Tréteaux  des  Boulevards  (DCXII),  so 
sans  doute  des  tableaux  piquants;  il  y  manque  la  coule 
parisienne. 

CHOFFARDS  élève  de  Tornemaniste  Babel,  fut  le  graveur  1 
plus  considérable  dans  le  cul-de-lanipe,  la  guirlande  et  le  cad 
de  la  vignette.  Il  suffît,  pour  établir  ^a  réputation,  de  citer  s^ 
coopération  aux  Contes  de  La  Fontaine,  édition  des  Fermiers  gén 
raux,  1762,  à  YHîMoire  de  la  Maison  de  Bourbon,  de  Desormeaux 
1773,  et  aux  Métamorphoses  d'Ovide,  édition  de  Basan  et  Lemi 
1771.  11  eut  le  mérite  de  graver  avec  chaleur  quelques  composi 
tions  de  Fragonard.  Ponce  va  jusqu'à  dire,  à  propos  des  vignett 
de  rOvide,  que  u  chacun  des  sujets  forme  à  lui  seul  uû  pôem 
dans  lequel  la  substance  de  la  fable  est  conservée  en  entier 
chacun  des  incidents  indiqué,  jusque  dans  les  moindres  détail 
par  des  accessoires  qui  peignent  les  faits  au  moyen  d'allégori 
les  plus  fines  et  les  plus  ingénieuses*.  »  Mais  je  n'ai  pas  à  appi 
cier  ici  les  nombreux  ouvrages  de  Choffard,  tant  comme  dessi 
nateur  que  comme  graveur,  où  il  paraît  à  la  suite  de  Cochin,  di 
Gravelot,  de  Moreau  et  de  Monnet.  Mon  propos  est  de  rappeler 
qu'il  put  faire  depuis  la  Révolution.  C^est  précisément  le  côté  d 
son  œuvré  que  les  biographes  et  les  dictionnaires  ont  totalemeni 
oublié  •  : 

1.  Pierre-Philippe  CbofTard,  né  en  1730,  mort  en  1809.  Notice  succincte  des 
tableaux^  dessins  et  estampes,  après  le  décès  de  M.  Choffard,  dessincUeur  et 
graveur t  par  Regnault  de  La  Lande,  11  sept.  1809,  in-8®. 

2.  PoDce,  Mélanges  sur  les  beaua>-artSf  18^,  ia-8<>,  p.  381. 

3.  Le  Manuel  de  Vamateur  d'estampes  donne  une  Uste  de  68  naméros,  où  m 
flgure  aucune  pièce  révolutionnaire. 


et 

r 

a 

es 

e- 

tes 
le 
nt 


PIERRE-PHILIPPE  CHOFFARD.  327 

'Muse  des  Beaux-arts  met  souè  la  proUction  de  la  Loi  le  Génie, 
l*JÉiude  et  le  Commerce,  1790  ; 

Zm  Physique,  secondée  par  Iris,  montre  à  Neptune  étonné  les  eaux 
tr€M^\sportées  sur  le  somiml  des  montagnes,  1793  ; 

Z,û  Constitution  de  1793  :  «  Nous  maintiendrons  cette  belle 
CZonsiitulion,  nous  la  défendrons  jusqu'à  la  dernière  goutte  de 
Tiotre  sang  ;  » 

Société  populaire  de  ta  section  Fontaine^e-4irenelle  :  la  Liberté  ; 
ïïi^daillon  ; 

Société  populaire  Lepell'etier;  au  revers,  la  Liberté  devant  Uh 
:  «  Voilà  ton  modèle  —  Je  suis  satisfait  d'avoir  Versé  môû 
'^g  pour  la  patrie;  »  médaillon  ;       .     , 
Commune  des  Arts  de  peinture,  de  sculpture,  architecture  et  gror 
;  au  revers,  un  Génie  nu  court  ertibrasser  la  Liberté  ;  médaillon 
Moreau  le  jeune  ; 
République  française.  Constitution  de  Van  IIl ,  Département  de 
^^^  Seine;  deux  figures  allégoriques,  caractérisées,  Tune  par  une 
^*Sogne,  l'autre  par  un  miroir  et  un  serpent;  médaillon; 

^* Amour;  il  vole  au  milieu  de  nuages  semés  de  papillons  et  de 

^^^^^oixibes,  entre  la  lumière  et  la  foudre;  des  flèches  et  des  fleurs 

^  ^^happent  de  son  carquois  ;  vignette  signée  :  P.-P.  Choffard,  1795; 

Ruonaj>arte,  premier  consul,  l'an  IX,  petit  portrait  en  buste  ; 

^iéber,  buste  de  profil,  d'après  J.  Guérin,  le  dernier  jour  de 

î'^n  VIII,  in-l°. 

ï^rmi  les  livres,  auxquels  il  travailla  pendant  la  môme  époque, 
î^  ne  citerai  que  le  Lucrèce,  de  l'an  II,  où  il  releva  par  de  si  jolis 
^**^ blêmes  tes  dessins  de  Monnet. 

Choffard  était  un  graveur  plus  instruit  que  la  plupart  de  ses 

confrères.  Il  écrivit,  à  la  fin  de  sa  vie,  une  Notice  historique  sur 

^  ^**t  de  la  gravure  en  France  *,  où  Ton  trouve,  à  côté  des  banalités 

^^  sujet,  plusieurs  notions  curieuses.  H  avait  alors  abjuré  les 


^'Notice  historique  sur  Vart  de  la  graxmre  en  France,  par  P.-P.  Gh.; 
dawtiDatear  et  graveur  <ii-âeyant  de  plasieurs  académies  royales,  meinbto  de 
TAthénée  des  arts,  Paris,  an  XII,  1804,  in-8*.' 


328      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

manières  de  sa  jeunesse,  et  s'inclinait,  comme  un  académicien* 
devant  M.  Vien,  Timitation  de  Tantique  et  de  la  belle  nature. 
Quant  à  son  art,  bien  qu'il  réserve  sa  plus  grande  estime  pour 
l'estampe  faite  à  l'imitation  du  tableau,  il  ne  manque  pas  cepen- 
dant de  constater  les  variétés  introduiti's  dans  la  gravure  fran- 
çaise par  les  sujets  de  genre,  les  ornements  des  éditions  de  luxe 
et  les  manières  de  crayon  et  de  couleur.  Il  déplore  toutefois  la 
concurrence,  toute  commerciale,  que  nous  suscita  l'Angleterre,  i 
la  fin  du  XVIII®  siècle,  par  les  gravures  qu'elle  répandit  da 
toute  l'Europe,  et  proteste  contre  la  suprématie  artistique  qu'ç 
appuyait  par  cette  production  matérielle.  Le  graveur  termina, 
notice  en  adjurant  le  héros  de  la  France,  dans  Fintérêt  de  la 
vure,  «  de  reprendre  la  lance  d'or  dérobée  à  l'Argail  par  l'An 
Astolphe.  »  Môme  en  écrivant,  le  dessinateur  faisait  encore 
vignette  allégorique.  Je  préfère  celle  qu'il  a  mise  en  tôte  d 
notice,  et  qui  représente  un  atelier  de  graveur,  où  il  paraît 
doute  lui-même,  au  milieu  de  ses  portefeuilles,  présentant 
estampe,  la  Madeleine  d'Edelinck,  à  une  élève  assise  d 
rétabli. 

Il  grava,  avec  un  amour  tout  particulier,  un  petit  portrait 
daillon  de  Basan^  qui  est  daté  de  1790,  et  un  frontispice  po 
Catalogue  de  vente  après  décès*  de  ce  célèbre  marchand 
tampes  :  A  la  mémoire  de  P.-Fr.  Basan,  P.- P.   Choffa 
l'an  VII  (1798).  Le  Dieu  du  Commerce  et  le  Génie  de  l'Act 
déterminent  le  goût  de  l'artiste  pour  les  avantages  du  commet 
ils  lui  facilitent  les  correspondances  de  son  art  chez  l'étrang:^ 

Choiïard  exposait  encore  en  l'an  Xli  une  gravure  :  VOracl^^ 
amants,  et  il  finit  en  gravant,  d'une  main  débile,  les  vignetie^^ 
la  première  édition  de  luxe  d'Atala  et  de  René, 

GAUCHER"  ne  fut  que  graveur,  empruntant  le  plus  sou V^r^^ 

1.  CaUUogue  raisonné  d'un  choix  précieux  de  dessins,  etc.,  par  L.-F.  R6^ 
gnault,  Paris,  an  VI,  in-8*. 

2.  Charles-Etienne  Gaucher,  né  en  1740,  élève  de  Lebas,  moitié  27  brumaire 
an  XI  (1802). 


tfe 


.  \ 


CHARLES-ETIENNE  GAUCHER.  339 

les  dessins  de  ses  vignettes  à  Eisen,  àCochin,  à  Moreau,  à  Lebar* 
bier,  h  Queverdo,  à  Desrais  et  à  beaucoup  d'autres  ;  mais  ce  fut  un 
buriniste  des  plus  fins;  il  marqua  dans  le  portrait;  il  se  haussa 
jusqu'à  Texécution  de  quelques  planches  pour  les  Galeries  du 
Palais-Royal  et  de  Florence,  et  Ton  trouve  même,  dans  son  œuvre, 
jusqu'à  une  gravure  en  fac-similé  du  dessin,  lo  main  de  Micliel'' 
Ange,  qui  est  exposé  au  Musée  du  Louvre.  11  était  d'ailleurs  versé 
^ans  la  littérature  de  son  art;  il  a  publié  des  notices  de  graveurs 
anciens  *,  des  mémoires  sur  les  beaux-arts  *  et  une  iconologie  '. 
Dans  un  ,de  ses  mémoires,  Essai  sur  le  costume  national,  il 
soutient  qu'on  doit  observer  le  costume  français  avec  un  choix 
<ie  formes  pittoresques,  et  il  proteste  contre  le  costume  antique 
^ûnné  par  des  artistes  français  à  Louis  XIV,  à  Louis  XV,  à  Wash- 
ington, à  Buffon  et  à  Voltaire.  Cependant  on  ne  trouve  guère 
<lans  son  œuvre  que  des  applications  de  ce  costume  de  conven- 
tion, qui  défraya  les  allégories  imaginée^  par  les  petits-maîtres 
du  XVI!1«  siècle.  C'est  ce  costume  qui  prêtait  le  plus  au  nu,  et 
Gaucher  gravait  le  nu  avec  une  douceur  toute  particulière.  Je 
ne  trouve  à  citer  de  lui,  comme  pièce  familière,  que  celle  qu'il 
grava  d'après  Cochin  en  1782  et  qui  représente  une  Graveuse 
dans  son  atelier.  Mais  son  chef-d'œuvre,  comme  pièce  historique, 
est  le  Couronnement  du  buste  de  Voltaire  sur  le  Tlùâtre-Français,  le 
30  mars  1778,  après  la  sixième  représentation  d'Irène,  qu'il  grava 
d'après  Moreau  le  jeune.  Les  premières  épreuves  de  l'estampe 
parurent  en  1782  à  l'adresse  de  Gaucher;  pendant  la  Révolution 
on  en  publia  un  second  état  sous  ce  lilre  :  Hommages  rendus  à 
Voltaire,  et  avec  une  légende  en  trois  lignes  :  «  Persécuté  par  le 
despotisme  et  la  superstition,  etc.  A  Paris,  chez  Naudet  ». 

L'estampe  des  Hommages  rendus  à  la  mémoire  de  Mirabeau, 
T.  Grœnia  del.,  C.-S.  Gaucher  sculp.,  1792,  rond,  in-r»,  n'est 
t]u'une  allégorie  de  la  composition  la  plus  puérile  maguifique- 

1.  Dans  le  Dictionnaire  des  artistes,  par  Tabbé  deFontenai,  Paris,  1776, 
2  vol.  in-12. 

2.  Mémoires  du  Musée  de  Paris,  1782,  in-8<'. 

3.  Iconologie  ou  Traité  complet  des  allégories  ou  emblèmes,  1706, 4  vol.  in-8<*. 


I 


^0      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

ment  commentée  dans  une  longue  légende  :  La  France  èplor 
ïappuie  sur  le  tombeau  du  grand  homme,  etc. 

Gaucher  ne  fut  pas  embarrassé  de  tourner  clans  un  sens  révol 
tionnaire  son  matériel  iconologique;  et  l'on  trouve,  au  milieu  d 
petites  pièces,  deis  adresses  et  des  cachets  de  Sociétés  savant 
qui  occupent  une  grande  partie  de  son  œuvre,  des  emblèmes  r 
publicains  en  titres,  en  armoiries  et  en  médaillons;  mais  o 
petites  figures  de  Liberté  et  d'Égalité  ne  prennent  de  lui  qu't 
burin  extrêmement  poli. 

Parmi  les  livres  de  ce  temps  où  il  grava  dés  vignettes,  je  i 
citerai  que  les  Petits  poètes  grecs  traduits  par  Gail,  où  il  fît  * 
figures  très-petites,  très-jolies  et  très-nues,  d'après  Lebarbier. 

L'œuvre  de  Gaucher  tire  sa  plus  grande  valeur  des  nombrei 
portraits  qu'il  fit  à  toutes  les  époques  et  qui  se  distinguent  p< 
leur  finesse;  je  ne  ne  citerai  que  ceux  de  quelques  artistes,  qi 
indiquent  ses  relations,  et  ceux  de  quelques  personnages  appa 
tenant  au  temps  de  de  la  Révolution  : 

Cochin,  buste  entouré  de  fleurs,  d'après  Monnet,  1785; 

A  la  mémoire  de  Jacques-Philippe  Le  Bas;  le  Génie  du  dessi 
regrette  M.  Lebas,  une  Muse,  symbole  de  la  gravure,  le  couronne 
d'après  Cochin,  in-8<>; 

Mane-Antoinette,  d'après  Moreau  jeune  ; 

Florian,  1792; 

DuveyiHer,  député  suppléant  à  l'Assemblée  nationale,  d'aprè 
Sicacdi ; 

Gail,  petit  buste  de  profil,  coiffé  en  catogan  retroussé; 

M^  Roland,  diti  \UU 

Pamxjy  an  X; 

Fortunée  B.  Briquet,  d'après  M"«  de  Noireteirre. 

Cette  mademoiselle  T.  de  Noireterre  avait  peint,  en  1787,  l 
portrait  dii  Gaucher,  qui  a  été  gravé  par  son  élève  et  ami  A,-P.  de  B 

PONGE  *,  graveur  de  M.  le  comte  d'Artois,  fut  un  graveur  é 
1 .  fïicolab  Pbnce^  né  eu  174S,  élève  dé  D^unky;  tnÀt  en  1831 . 


^ 


NICOLAS   PONCE.  331 

Vignettes  laborieux  ;  il  était  hbmniè  de  lettres  et  désireux  de  faire 

sei-vîr  son  art  à  l'utilité  publique.  En  1789,  il  fut  commandant 

de  la  garde  nationale,  et  empressé  de  mettre  son  taîent  au  èervice 

de   la  patrie.  Ces  qualités  doivent  lui  être  comptées  ici,  à  défaut 

d'originalité.  Il  avait  sur  son  art  des  idées  bornées,  le  réduisant 

à     un   rôle  de  traduction  avec  quelques  ressources,  propres, 

revendiquant  la  suprématie  pour  la  taille-douce,   et  il. lutta, 

tant   qu'il  put,   contre  l'envahissement  du  genre  de  gravure 

anglais,  qu'il  appelait 4'omantique *  :  «Si  l'on  reproche,  dit-il, 

aux    anciens  dessinateurs  comme  Moreau  et  autres,  aux  anciens 

8T"aveurs comme  Delaunay,  Lemire,  Saint-Aubin,  Duclos,  etjC. , 

^e   placer  toujours  leurs  sujets  au   grand  soleil,   on   pourrait 

reprocher  aux  modernes  de  prendre  toujours  la  cave  pour  le  lieu 

<ie  I3.  scène.  » 

Après  la  révolution  d'Amérique,  Ponce  avait  entrepris,  avec 

^^<it?froy,  un  recueil  d'estampes  représentant  les  Événements  de 

^^  Q'LAerre  qui  a  procuré  V indépendance  aux  États-Unis  d' Amérique, 

^^   ^  €  pi.  m-k^.  En  1789,  il  entreprit,  avec  l'aide  de  différents 

^^s^înateurs  et  graveurs,  leis  Fastes  de  la  Révolution  française,  qui 

'"^I^r-^entent  les  premières  grandes  journées  dans  des  tableaux 

^^^^^^  Jposés  d'une  multitude  de  petites  figures.  Je  ne  citerai  ici  que 

^^  ^^^JIV  juillet  MVCCLXXXX ,  Fédération  d^s  Français,  dédiée  aux 

^^'*<3es  nationales  de  France  par  M.  Ponce,  capitaine  dans  l'armée 

f^*"5  sienne.  Dessiné  par  Mounier,  gravé  par  Giraud  le  jeune,  sous 

^  ^^Irection  deM.  Ponce,  gr.  in-f» carré,  avec  longue  légende  hislo- 

^*î  ^-^e.  Ponce  grava  encore  quelques  pièces  allégoriques,  dont  les 

F**^^^  importantes  furent  jointes  à  une  édition  in-f«  de  la  Constitvr 

^^'^   en  1791.  Il  borna  là  ses  ouvragés  fjolitiques;  les  circon- 

ceà  étaient  devenues  trop  tragiques  pour  un  artiste  de  son 

pérament,  mais  il  en  avait  commencé  un  autre  plus  înnô- 

t  :  Les  illustres  Français,  que  nous  avons  déjà  apprécié  à  l'ar- 

e  de  Marinier,  qui  en  fut  le  dessinateur.  Celui-ci  fut  poursuivi 

"^  *  Mf-langes  sur  les  beauoD-^rts,  Paris,  1826,  in-8*,  Lettres  sur  la  gtiiTure, 
^^    ^«1-282. 


332      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

pendant  de  langues  années,  et  nous  le  voyons  porté  aux  expo- 
tions depuis  1791  jusqu'à  Tan  XII, 

Ce  n'est  pas  le  seul  ouvrage  que  Ponce  y  ait  fait  figurer. 
Salon  de  1793  on  vit  exposé  ce  qu'il  avait  produit  de  plus  s. - 
lant  jusqu'alors  :  des  gravures  d'après  Baudouin,  c'est  la  Toil^à 
VEnVevtment. nocturne;  d'après  Fragonard  et  M"*  Gérard,  c'es^ 
Verre  d'eau,   le  Pol  au  lait;  des  vignettes  pour  les  œuvres 
Rousseau^  de  Gessner  et  pour  Roland  furieux,  d'après  Cocl»  ^ 
Lebarbier  et  Marîllier.  En  l'an  V  ce  fureijt  de  nouvell'  s  vignet  ^ 
d'après  Regnault,  Monsiau  et  Moreau,  pour  Virgile,  MontesquM 
et  M'^^^Deshoulières;  en  l'an  VII  deux  figures  d'après  Moreau, 
Comédie  et  la  Tragédie.  Enfin,  au  Salon  de  l'an  XII,  il  joignit 
ses  cadres  des  Français  illustres  des  estampes  classiques  d'apC 
Lesueur  et  Vanloo. 

La  suite  de  vignettes  à  laquelle  il  s'est  le  plus  attaché  est  ce3 
de  J.-J.  Rousseau,  et  il  publia  dès  l'an  II  un  recueil  destiné 
orner  toutes  les  éditions  in-8°,  réduction  fidèle  des  figures  de 
grande  édition  de  Didot  et  Defer-Maisonneuve,  précédée  du  po« 
trait  de  Rousseau  d'après  Houdon  et  de  son  tombeau  d'apr« 
Monsiau. 

On  ne  saurait  dire  que  Ponce  ait  jamais  prêté  de  l'esprit  et  d 
charme  aux  dessins  qu'il  a  gravés.  Son  burin,  correct  et  mène 
coloré,  était  froid  et  pesant,  et  il  a  eu  le  malheur  de  s'attacher  ai 
genre  qui  demande  le  plus  de  légèreté,  et  de  venir  dans  ui 
temps  qui  demandait  des  qualités  chaleureuses. 

Sa  femme,  Marguerite  Hémery,  pratiqua  aussi  la  gravure.  EH 
appartenait  à  une  famille  où  d'autres  filles  montrèrent  leur  vail 
lance  dans  cet  art;  mais  je  ne  vois  pas  qu'elle  ait  autant  marqu 
que  sa  sœur  Thérèse-Éléonore  Hémery,  que  nous  verrons  associé 
à  son  mari  Lingée.  On  ne  trouve  le  nom  de  M"»*  Ponce  que  su 
de  petites  vignettes,  dont  la  faiblesse  indique  qu'elle  ne  pu 
apporter  à  l'atelier  de  son  mari  qu'une  collaboration  insigni 
fiante. 


^ 


AUGUSTIN   DE  SAINT-AUBIN.  333 

SAINT-MJBIN  \  le  sémillant  graveur  de  portraits  et  de  vignet- 
tes, nous  appartient  par  une  partie  de  son  œuvre,  la  plus  petite, 
il  est  vraî,  et  la  plus  appauvrie;  il  fut  de  ceux  auxquels  les  événe-  . 
meûts  firent  une  vieillesse  malheureuse.  Tous  les  bonheurs  de  sa 
vie  et  de  son  œuvre,  aussi  bien  que  ses  misères,  viennent  de  nous 
être  racontés  dans  une  notice,  comme  les  savent  seuls  écrire  les 
messieurs  de  Concourt  ",  toute  bourrée  de  traits  d'esprit,  de  des- 
criptions inépuisables  et  de  révélations  anecdotiques.  Il  n'y  aura 
plus  rien  à  dire  après  eux  de  la  Promenade  des  remparts,  ni  des 
Portraits  à  la  mode,  du  Concert,  ni  du  Bal  paré,  ni  de  ces  charmants 
portraits  de  femmes,  entre  lesquels  brille  ce\ie  A drienne  Sophie, 
friarq-aise  de***,  qu'on  vent  être  M"*  Saint-Aubin.  Quant  à  la  vie 
<ie  l'artiste,  que  pourrait-on  ajouter  à  ses  lettres,  qui  nous  le 
ïnontrent  aux  prises  avec  le  travail  accéléré,  alTaibli   par  le 
commerce,  le  besoin  et  la  maladie,  et  perdant  jusqu'à  l'asile  de 
îa  Bibliothèque  Nationale,  dont  il  était  le  dessinateur  et  le  graveur 
depuis  vingt  ans? 

n  ce  m'appartient  que  de  noter  un  court  passage  de  cette  car- 
'"ière  ;  l'intrusion  des  procédés  expéditifs  est  marquée  dans  son 
oeuvre  par  les  sujets  d'estampes  au  pointillé  et  en  couleur,  qu'il 
ft>Ufriit  à  Sergent,  à  Gautier  et  à  d'autres. 

^^înt-Aubin  exposa,  au  Salon  de  1793,  ses  gravures  de  Vénus 

^^^^€iyomène,  de  Jupiter  elLéda,  d'après  les  tableaux  de  Titien  et 

^^  '^^ul  Véronèse  qui  étaient  au  Palais-Royal,  et  un  petit  portrait 

^^  *Xfcédaillon,  d'après  Sauvage,  imitant  le  camée.  On  ne  le  re- 

""^^  ve  après  qu'au  Salon  de  l'an  XII,  avec  trois  cadres  de  portraits 

^^  ^ïcxédaillons.  11  n'avait  fait  dans  l'intervalle  que  de  petits  ou- 

^**^Ses,  qui  sont  traités  cavalièrement  par  les  admirateurs  des 

^'^^Bues  et  des  fanfioles  de  sa  jeunesse;  il  y  a  là  pourtant,  avec 

^^uxes  ses  finesses  de  burin,  quelques-uns  des  minois  qui  les 

^^^î^nt  charmés: 


^*  Augustin  de  Saint-Aubin,  né  en  1736,  mort  en  1807. 
^-  Les  Saint'Afibin ,  étude  contenant  quatre  portraits  inédits  à  l'eau-forte, 
^rîa,  Deotu,  1850,  in-4*« 


334      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DÇ  VIGNETTES. 

Les  femmes  à  balance  du  Tribunal  (U  Cassapion; 

Les  feuilles  de  laurier  des  Cartes  de  citoyen; 

Les  rayonnements  fulgurants  de  la  Loi; 

Les  Déesses  grecques  des  Encouragements  et  des  Rècomp 
nationales  ; 

Le  Génie  de  la  Nation  reçoit  le  serment,  base  imrnuable  d^^  là 
royauté,  avec  buste  de  Louis  XVI  ; 

Le  Premier  an  de  l'Ère  républicaine,  21  septembre  1792,  vi  ^^^^n 
style;  Axig,  Saint-Aubin   fecit,    médaillon  à  fond   ombré.  ^ 

Liberté  assise,  appuyée  sur  l'autel  de  la  Patrie,  vis  à  vis  du  bu^  ^ss>\e 
de  J.-J.  Rousseau; 

Convention  nationale,  Rép.  franc.,  Représentant  dupeuple,  if^s^-»^- 
bre  du  Comité  dHnspection;  Laneuville  del.,  A.  Saint-Aubin  scu  "•  ï^-» 
médaillon;  la  Liberté  et  TÉgalité debout; 

République  française,  Conv,  nat,,  etc.  La  Liberté  recevant d  .^sa-HS 
ses  bras  la  Victoire  qui  la  couronne,  suivie  du  Génie  de  Tal^  ^c^n* 
dance.  J.-B.  Regnault  del.,  Aug.  Saint-Aubin  sculp.  ; 

Corps  législatif,  Conseil  des  cinq  cents,  Liberté,  Égalité,  méda^    ^  -''^ 

et  revers. 
De  plus,  Saint-Aubin,  qui  avait  si  bien  ftxé  la  physionomie 

la  France,  comme  disent  MM.  de  Concourt,  à  son  plus  joli 

ment,  sut  en  rendre  aussi  quelque  côté  à  ce  moment  d'expans 

populaire.  Mais  ses  sujets  ne  rencontrèrent  pas  alors  des  çrave 

aussi  brillants  que  Duclos;  ils  eurent  le  procédé,  expéditif  et 

ta^t  à  l'œil,  de  Sergent,  Gautier,  Phelippeaux  et  Moret. 

U Heureux  Ménage,  —  V Heureuse  Mère,  —  la  Tendresse  m 
nelle,  —  la  Sollicitade  maternelle»  Aug.  Saint-Aubin  inv.  et 
A  Paris,  chez  Blin,  rue  des  Noyers,  et  au  magasin  des  Indes  et 
la  Chine,  rue  Honoré,  n°  \lil\9. 

Ce  sont,  sous  des  titres  fort  tendres,  des  airs,  des  costumes 
un  mobilier  tout  révolutionnaires;  les  yeux  brillent,  les  seins  fi 
péter  le  corsage,  les  enfants  grouillent,  le  fourneau  s'embrase, 
la  pique  est  prête  au  coin  de  la  crédence. 

Je  ne  saurais  indiquer  les  vignettes  et  les  nombreux  portra,-^ 
auxquels  travailla  Saint-Aubin  pendant  cette  dernière  période 


et 
>nt 
et 

ts 

^e 


FRANÇOIS   GODÇFROY-  335 

n  en  trouve  jusque  dans  les  premières  éditions  i'Atala. 
ornant  aux  plus  intéressantes,  je  signalerai  seulement 
portraits  modernes;  bien  que.  traités  pl^s  négligem- 
e  les  œuvres  de  son  bon  temps,  ils  se  distinguent,  entre 
•aits  contemporains,  par  Téclat  et  la  fermeté  de  Içur 

l,  Clavihre  (dans  la  collection  Bonoeville)  ; 

"cet; 

lille  Renouard,  cinq  petits  bustes,  Aug.  de  &iint-Aubiq 

i  del.  et  sculp.  An  IX,  1800; 

,  d'après  Monnier. 

"ROY*,  des  Académies  de  Vienoe  et  de  Londres,  a  fait 
des  paysages  d'après  Lantara  et  Casanova,  et  des 
d'après  Cochin,  Gravelot,  Caresme,  Moreau ,  Lebarbier 

et.  Son  adresse,  avec  date,  se  trouve  sur  deux  pièces 

au  de  Rousseau  dans  Vile  des  Peupliers  ;  aux  âmes  serir- 

781,in-foh.; 

lence  de  Charles  et   Robert  aux  Tuileries,  le  1®'  dér 

783. 

sa  plus  grande  portée  dans  deux  jolies  pièces,  d'après 

*d  :  Annette  à  Vâge  de  quinze  ans  et  Annette  à  Vâge  de 

$,  qui  sont  gravées  avec  assez  de  soin. 

cailla  à  la   suite  d'estampes  sur  les  Événements  de  la 

*  Amérique,  entreprise  par  Ponce,  et  produisit,  pendant 

ition,  des  pièces  historiques  et  même  des  placards: 

mblée  nationale;  législature  de  1789  à  1790.  Liste  des 

5  dans  un  cadre  de  faisceaux,  historié  des  vues  de  l'autel 

rie  et  de  l'intérieur  de  l'Assemblée; 

\me  du  jeune  Desilles,  peint  par  Girardet,  gravé  par  Gode- 

i  Académies  de  Vienne,  etc.,  în-8<>  carré,  avec  légende 

e; 

^is  Godefroy,  né  à  Rouen  en  1743,  élève  de  Lebas. 


336      ARTISTES.  -DEÔSÏNAt.  ET  ORAV.  DE  VIGTiETTES. 

Le  Vaisseau  la  Liberté  des  rmrs  et  la  République  française        ^^Êsmnt 
et  indivisible,  ovale,  in-12  en  1.  ; 

Solde  de  retraite  du  Ministère  de  la  guerre,  tête  de  lettre,  hî: 
riée  d'une  Liberté,  d*une  Égalité  et  de  soldats,  in-f"  h.  ; 

Congé  absolu,  destiné  aux  défenseurs  de  la  Patrie.  Rèpubli 
française.  Constitution  de  Van  IIL  D'après  Carie  Vernet.  TKr"^«L->is 
figures  sur  un  piédestal,  accosté  d'un  fantassin  et  d'un  cavalK.  ^3r. 
Cette  belle  pièce,  d'un  burin  fini,  figura  au  Salon  de  Tan  VI  a_  "^-^«ec 
cette  explication  :  «  L'auteur  de  la  gravure  oppose,  à  ce  su  ^  ^t, 
l'esprit  du  Gouvernement  actuel  à  celui  du  Gouvernement  pr^^^iré- 
dent,  en  remarquant  que  ci-devant  la  parcimonie  la  plus  rig^^c^u- 
reuse  présidait  à  tout  ce  qui  concernait  le  soldat,  tandis  <^  m:Me, 
dans  les  voyages  de  la  Cour,  on  gravait  avec  luxe  les  affiche^E^  ^e 
spectacle  adressées  au  domicile  des  courtisans,  et  que  les  iki^k  ili- 
taires  en  sous-ordre  étaient  même  exclus  des  jardins  publics.  j^«^ 

Godefroy  avait  déjà  exposé  au  Salon  de  1793  une  estampe      <•" 
Sange  d'Énée,  d'après   le  citoyen  David.  Il  exposa  encore,  ^" 

Salon  de  l'an  VI,  deux  cadres  de  gravures,  parmi  lesquelle^^  ^" 
nomme  une  Vue  de  la  forêt  des  cèdres  dans  les  montagnes  gla^^^^^^^^ 
du  Liban,  pour  le  Voyage  de  Cassas. 

Il  finit,  comme  il  avait  commencé,  par  des  vignettes;  les  c^-^^" 
nières  où  Ton  trouve  son  nom  sont  celles  des  Contes  de  La 
laine,  d'après  Desenne. 


ADRIEN  GODEFROY*,  fils  de  François,  pratiqua  aussi  la  ta 
douce  en  petit,  le  pointillé  et  l'eau-forte,  pour  des  vignette: 
des  caricatures.  C'était  le  temps  où  la  charge  se  croyait  a 
obligée  d'emprunter  le  dessin  davidien  et  la  gravure  symétri 
Le  premier  ouvrage,  et  le  seul  qui  le  recommande  à  notre  at 
lion,  est  le  Thé  parisien,  suprême  bon  ton  au  commencemen 
XIX«  siècle.  Ce  sujet  amusant,  avec  plus  de  vingt  figures,  est  d 
tant  plus  curieux  qu'il  a  pour  dessinateur  Harriel,  le  peintre 
nous  avons  vu  remporter  le  prix  en  l'an  H,  qui  exposa  aux  Sal 

i.  Adiien-Pierre-François  Godefroy,  né  en  Paris  en  1777,  élève  de  son 


MTHYS.  337 

an  VIII  quelques  tableaux  et  dessins  classiques,  et 
ne,  où  il  était  encore  pensionnaire  de  TAcadëmie  de 


ist  qu'un  peintre  en  miniature  et  à  la  gouache  qui  a 
)us  les  biographes.  Le  Catalogue  Paignon-Dijonval , 
registre,  le  fait  travailler  en  1780.  Il  était  élève  de 
i  gravé,  avant  la  Révolution,  dans  deux  pièces  cu- 
;  d'humanité  de  M.  le  duc  d'Orléans,  gravé  par  Patas, 
.  avec  légende  historique,  et  le  portrait  de  M^  de 
i  par  Copia,  in-8°;  nous  avons  déjà  décrit  ce  joli 

il  fournit  une  petite  tête  d'étude,  la  Réflexion  de 
n  graveur  d'Amiens,  nommé  Bourgeois ,  qui  était 
oient  un  buriniste  des  plus  aigres  et  n'a  point  flatté 
Il  dessina  une  tête  de  lettre  révolutionnaire,  Éga- 

avec  Génie  et  attributs,  in-4",  qui  fut  gravée  par 
iroduisit,  au  Salon  de  Tan  IV,  avec  des  miniatures, 
(S  à  la  gouache  et  des  portraits.  Mais,  si  nous  lui 
i  une  place  que  ses  petits  ouvrages  paraissent  méri- 
t  qu'il  entreprit  de  mettre  toute  VHistoire  romaine 

d'abord  la  République,  en  l'an  VIII,  et  ensuite  les 
en  l'an  XII  '.  Ce  n'étaient,  comme  on  voit,  que  des 
circonstance,  et  une  légende  historique,  imprimée 
aque  estampe,  venait  en  relever  toutes  les  allusions, 
ompositions,  plus  académiques  qu'il  n'appartient  à 
s,  sont  gravées  avec  beaucoup  de  fini  par  Auvray, 
ibrun,  etc. 

re  tableaux  parurent  au  Salon  de  1806.  V.  le  Pausanias  français, 

211. 

7,  Miris  (G.,  ou  S.,  ou  de).  Cest  peut-être  lui  qui  est  nommé 
eur,  dans  une  liste  des  amis  de  David,  donnée  dans  leslf^mot* 
>ar  M.  Miette  de  Villars,  Paris,  1850,  in-S*",  p.  35. 
)  la  République  romaine,  représentée  par  figures,  Paris,  Leblanc, 
sons,  180  pi.  —  Histoire  des  Empereurs.  24  dessins  de  cet  ou- 

au  Salon  de  Tan  Xil.  11  en  a  été  publié  3  livraisons  de  12  est. 

09 


I 


338      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

£a  dernier  lieu,  le  nom  de  Mirys  se  rencontre,  comme  dessina- 
teur, sur  quelques  vignettes,  de  sujet  mythologique,  allégorique 
ou  familier,  que  je  ne  vois  que  détachées  des  livres  pour  lesquels 
elles  ont  été  faites,  mais  qui  portent  fort  exactement  la  tournure 
de  leur  date,  vers  Tan  X  ou  Tan  XII.  Elles  furent  gravées  par 
Baquoy,  par  Delignon,  et  même  par  Saint-Aubin.  La  plus  jolie 
que  Ton  puisse  citer  est  celle  qui  fut  faite  pour  un  poème  de 
Berchoux,  la  Danse  ou  les  Dieux  de  rOpèra,  et  qui  représenta 
la  rampe  de  l'Opàra  avec  une  partie  de  Torchestre,  et  les  deu^i 
danseurs  Vestrîs  et  Duport,  qui  avaient  alors  toute  la  fanf^^r 
publique. 

PAUQUET*,  que  Basan  cite  déjà  en  1789,  comme  ayant  g^rss^ 
avec  succès  des  vignettes  d'après  Moreau ,  Lebarbier  et  Maril^"*^^' 
fut  un  des  premiers  et  des  plus  habiles  graveurs  de  la  Galer^-^  ^ 
Florence.  Il  dessinait,  mettait  à  l'eau- forte  et  terminait'  ^ 
estampes  avec  le  même  succès.  Voici  quelques  pièces  dans  dî"*^*^ 
genres,  qui  m'ont  fait  regretter  de  ne  trouver  nulle  part  ^^^ 
notice  de  son  œuvre  : 

Songe  dÈnèe,  L.  Pauquet  sculp.  1792,  in-4»  h.,  d'après  Qéf^^'- 


Au  nom  de  la  RèpMblique  française  une  et  indivisible,  de^^^° 
par  Moitié,  l'an  II,  et  gr.  par  Pauquet;  tête  de  pièce  officia''®* 
in-4®  !•  au  burin  ; 

L'Amour  eîum  Nymphe  au  pied  dun  terme,  d'après  Fr^^ 
nard  fils;  frontispice  in-12; 

Le  Couronnement  de  la  Vierge,  d'après  Maso  Finiguerra,  orf^"^^ 
de  Florence,  copié  et  gravé  en  1802,  par  L.  Pauquet.  Cette  pî^^' 
qui  fut  faite  à  Tépoque  de  la  découverte  de  l'original  par  T^*^ 
Zani  et  placée  dans  son  livre  *,  est  accompagnée  d'un  certifica^t   ^^ 
conservateur  des  Estampes  de  la  Bibliothèque  nationale,  Jol3^* 

1.  JaaQ-Louift-Charles  Pauquet,  né  à  Paris  eu  1759,  élève  de  Gaucher. 

2.  Materiali  per  servire  alla  storia  delVorigine  e  da^progresai  deU'ioci^'*^ . 
in  rame  e  in  legno,  esposlzione  deirintereasante  acoperta  d*uaa  stampa  o^^^ 
nale  del  célèbre  Maso  Finiguerra  fatta  nel  Gabinetto  naaionale  di  Pari^ 

D.  Pietro  Zani  fiorentino,  Parma,  MDCCCII,  in-S»,  p.  201. 


É 


PIERRE-CHARLES  BAQUOY.  330 

trouvé  que  le  citoyeu  Pauquet  avait  été  un  traducteur  fidèle 
Ute  pièce  iutéreasaute  et  qu'il  faut  être  à  même  de  compa- 
uue  avec  l'autre,  pour  n'être  pas  surpris  ou  trompé,  en 
dant  Toriginalité  à  la  copie..  » 

L  trouve  encore  le  nom  de  Pauquet  sur  quelques  vignettes 
ivres  du  temps  du  Directoire,  tels  que  les  Liaisons  dang^ 
s,  et  sur  un  portrait  de  Antoine-Michel  Filhol,  graveur  et 
ur  du  Musée  de  France,  in-8^. 

• 
QUOYS  fils  et  petit-fils  de  graveurs  de  vignettes,  professeur 
^n  au  collège  de  la  Marche,  avait  travaillé,  avant  la  Révo- 
Q,  aux  vignettes  d'Eisen,  de  Gravelot  et  de  beaucoup 
res^  et  iJ  avait  fait  de  grandes  estampes,  dont  les  plus  briK 
s  faisaient  partie  du  Monurnent  du  costume  physique  et  mo-- 
i'après  Moreau.  Il  grava  ensuite  d'après  Lebarbier,  pour  les 
'es  de  Gessner,  et  d'après  Binet  pour  les  œuvres  de  Rétif  de 
étonne.  11  prêta  son  burin  aux  dessinateurs  maniérés  de  la 
Uition  :  à  Monsiau,  à  Chaillou,  à  M°'  Gérard  et  à  Fragonard 
soit  pour  des  vignettes,  soit  pour  des  compositions  plus  pré- 
âuses,  et  il  se  laissa  aller  avec  eux  à  la  pratique  du  pointillé, 
le  principal  graveur  de  l'Histoire  romaine  deMirys.  On  le  voit 
urs  partagé,  suivant  l'occurrence,  entre  la  pratique  sérieuse 
irin  et  l'exercice  plus  facile  de  la  pointe,  maniée  d'une  façon 
ou  moins  mécanique.  Son  nom  se  trouve  tantôt  sur  des 
:bes  d'anciens  peintres,  faites  pour  le  Musée  Robillard  et 
ent,  tantôt  sur  des  planches  du  Journal  des  dames  et  des 
s  de  La  Mésangère.  Ces  figures  de  costume  parisien,  signées  : 
ît  By  (Vemet  et  Baquoy)  »,  méritent  quelque  attention,  parce 
les  sont  d'un  moment  où  l'élégance  de  renaissance  antique 
lit  point  encore  tout  à  fait  abandonné  la  mise  des  Merveil- 
«.  Une  bribe  révolutionnaire  peut  enfin  être  ajoutée  à 
ne  de  Baquoy;  c'est  une  figure  de  la  Liberté,  formant  la 
des  lettres  du  général  Pommereul  en  l'an  XII. 

'ierre-Charles  Baquoy,  aé  à  iU:ii  en  1759,  mort  on  1H2U. 


340      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

COINYS  élève  de  Lebas,  déjà  désigné  par  Basan,  en  1  "^^89, 
comme  ayant  gravé  des  paysages  à  l'eau-forte,  et  dont  les    j^^re- 
mières  vignettes  gravées  se  trouvent  dans  les  Fables  de  La  J^^^^n- 
taine,  édition  de  Didot,  1787,  où  il  travailla  avec  Simon,  d^atj^Tès 
Duvivier,  et  dans  les  Œuvres  de  Léonard,  1787,  où  il    t^wB- 
vailla  d'après  Moreau,  séjourna  en  Italie  pendant  les  premi^^es 
années  de  la  Révolution,  et  s'y  rendit  apte  à  graver  des  pi^cres 
importantes  pour  la  Galerie  de  Florence  et  pour  le  Musée  FiUM.^1 
Son  burin,  serré  et  petit,  le  rendait  pcopre  surtout  à  la  composi- 
tion deis  vignettes  dans  les  plus  petits  formats.  Les  principsiiix 
ouvrages  où  il  travailla  sont  les  Poésies  de  Saint-Lambert,  1705, 
les  Métamorphoses  d'Ovide,  les  Fables  et  les  Contes  de  La  Font€t€'n^> 
les  Lettres  d'une  Péruvienne^  an  VI,  Manon  Lescaut,  et  d'aat«s 
romans  oubliés.  Il  les  gravait  sur  ses  propres  dessins,  ou  l>i^Q 
sur  les  dessins  de  Regnault,  de  Vivier,  de  Lefebvre,  de  Chaill^'^' 
et  quelquefois  en  collaboration  avec  d'autres  graveurs,  tels   ^^^^ 
Simon  et  Duplessis-Bertaux.  C'est  à  Coiny  qu'on  impute  les 
vures  d'un  recueil  sotadique  assez  célèbre,  publié  en  179S    f^^ 
Croze  Magnan  et  chez  P.  Didot*.  Ces  figures  ne  sont  pas  faî*^' 
comme  parait  l'indiquer  le  titre,  d'après  des  eaux-fortes  d'kiM  ^^^ 
tin  Carrache,  mais  d'après  des  estampes  de  Pierre  de  Jode,    ^^^' 
vées  sur  les  compositions  de  Carrache. 

Coiny  travailla  enfin  à  quelques  planches  de  sujets  historiq;»^  *^* 
dans  Us  Tableaux  de  la  Révolution,  et  dans  le  Voyage  de  l*Ègt/f^^' 
de  Denon.  11  grava,  d'après  Lejeune,  la  Bataille  de  Marengo, 
est  vantée,  par  l'auteur  du  Pausanias,  comme  une  des  plus  bi 
du  Salon  de  1806. 


ui 
les 


i.  Jacqae»-Jo8eph  Coiny,  apprenU  orfèvre,  élèye  de  Lebas,  gendre  de 
Legouaz,  né  à  VersaiUes  en  1761 ,  mort  en  1809,  Catalogue  après  dôoès, 
notice  par  Regnault  Delalande,  1811,  in-8^ 

2.  VAritin  d^ Augustin  Carrache,  d*après  les  gravures  à  Teau -forte  d& 
artiste  célèbre;  A  la  nouvelle  Cythère,  SO  fig.  in-4^  Reproduit  en  plus 
format  sous  ce  titre  :  Amours  des  dieux  patène,  Lampsaque,  1802, 2  vol.  î 


JEAN-BAPTISTE   SIMONET.  341 

e  personnel  des  artistes  qui  travaillèrent  pour  les  vignettes 
[>lus  nombreux  que  dans  aucun  autre  genre.  Je  dois  mainte- 
t  me  borner  à  une  mention  succincte.  Il  y  a  d'abord  ceux  qui 
leur  réputation  faite  et  un  œuvre  tout  dévolu  au  XVIII*  siècle, 
t  la  Révolution  n'eut  que  l'effort  sénile,  et  puis  ceux  qui,  par 
lédiocrité  de  leur  talent  ou  l'infériorité  de  leur  emploi,  échap- 
t  à  la  notice. 

EMIRES  le  graveur  le  plus  brillant  peut-être  de  ceux  qui  s'at- 
lèrent  à  Eisen  et  à  Gravelot,  à  soixante-quinze  ans  faisait 
>re  des  vignettes  pour  les  romans  en  vogue,  en  choisissant  les 
les  les  plus  animées.  On  trouve  son  nom  sur  les  gravures 
Lettres  dAbailardet  Hèloïse,  d'après  Moreau,  des  Liaisons 
gereuses,  d'après  Monnet,  et  des  Amours  du  chevalier  de  Fau- 
.  d'après  Dutertro.  Je  ne  vois  pas  que  l'auteur  de  l'estampe 
bre  du  Partage  de  la  Pologne  ait  publié  pendant  la  Révolution 
me  pièce  politique.  En  l'an  VII,  il  exposait  l'une  de  ses  gra- 
is  les  plus  importantes  sur  le  sujet  le  plus  vieilli  f  le  Gouver- 
*  du  sérail  choisissant  des  femmes, 

MONET*,  graveur  au  burin,  qui  avait  fait  des  pièces  galantes 
Linilières  d'après  Aubry,  Baudouin  et  Greuze,  et  que  nous 
às  vu  interpréter  habilement  les  frontispices  et  les  vignettes 
larillier  et  de  Moreau,  grava,  en  1791,  les  Premiers  martyrs 
a  Liberté  française  ou  le  Massacre  de  la  Garde  nationale  de 
Uiuban^  le  X  may  MDCCLXXXX,  composé  par  B.  Espinasse. 
e  grande  pièce  n'est  qu'un  placard  historique.  Simonet  paraît 
'  plus  d'avantage  dans  les  pièces  qu'il  a  gravées  pour  la  Gor 
*'  d^ Orléans,  et  il  finit  en  gravant  encore  d'une  main  pesante 
vignettes  pour  les  Contes  de  La  Fontaine,  pour  la  Pucelle  et 
^  la  Bible;  quelques-unes  portent  les  dates  de  1793  et  de 
11. 

NoSl  Lemire,  né  à  Rouen  en  1723,  élève  de  Lebas. 
^ean-Baptiste  Simonet,  né  en  1742. 


\ 


342      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 


TILLIARDS  qui  grava  des  sujets  mythologiques  d*après  Bon- 
cher  et  Challe,  des  sujets  russes  d'après  Leprince,  des  sujets  fami- 
liers et  savoyards  d'après  Greuze  et  Saint-Aubin^  avait  débuté  par 
une  pièce  historique,  comprise,  comme  on  les  traitait  alors,  allé- 
goriquement  :  la  Paix  rendue  à  VEurope  en  1763.  On  distingoe 
ensuite  dans  son  œuvre  :  le  Pas  de  deux  dansé  par  Dauberval  et 
M^'  Allard,  d'après  Carmontelle.  II  fît  des  vignettes  d'après  Mon* 
net  et  Cochin  pour  Télèmaque,  pour  la  Jérusalem^  et,  en  dernier 
lieu,  quelques  planches  des  Contes  de  La  Fontaine,  par  Frago- 
nard.  Cet  œuvre  se  trouve  singulièrement  varié  par  de  petits 
frontispices  d'allégorie  révolutionnaire  : 

La  Muse  des  Beaux-arts  met  sous  la  protection  de  la  Loi  le  Ginit 
l'Étnde  et  le  Commerce,  dessiné  par  CbofTard^  1791,  gravé 
J.-B.  Tilliard,  in-12  1.  ; 

Vive  la  Bipublique  !  Nous  la  maintiendrons,  cette  belle  con&^ 
tution,  nous  la  défendrons  jusqu'à  la  dernière  goutte  de  do^ 
sang.  Gravé  par  le  cit.  Tilliard,  in«18  h. 

BOVINET*  commença  par  des  portraits;  plusieurs  para 
dans  la  collection  Bonneville,  où  je  remarque  celui  d'Hébert,  I 
aussi  des  vignettes,  dont  les  plus  jolies  sont  d'après  Moreau.V^^ 
ses  petites  pièces  historiques  : 

Buaieê  de  Lepelleiier  et  de  Marat,  Bovinet  sculp.,  Tan  II  : 

Amoureux  de  la  Liberté, 
ns  ont  versé  tous  deux  leur  sang  pour  la  Patrie. 

Bonaparte  à  Lonado,  le  17  thermidor  an  IV,  d'après  Lafitte; 
Augereau  au  pont  dArcole,  d'après  Binet; 
Les  trois  consuls,  Bonaparte,  Lebrun  et  Cambacèrès  ; 
Bataille  de  Marengo,  Bovinet  fecit  aqua-forti. 
11  ût  encore  quelques  petites  vignettes  d'après  Binet,  CI^ 
reau,  qui  portent  leur  physionomie  du  Consulat;  mais  le  p» 


.TC 


5!it 


mr 


aOflvp.  V4 


iDpaiODtt  II 
kelQoe^ 

\ttmX  de  U 
[Q&pes  p<]i 
ïerrtMi 

ELMAKf 


os 


i.  Jean-Baptiste  Tilliard,  né  en  1740,  élève  de  Fessard. 
2.  Edme  Bovinet,  né  à  Cbaumont  en  t767,  élève  de  Patas. 


ISIDORE-STANISLAS  HELMAN.  343 

considérable  de  son  œuvre  fut  employé  à  des  vues  de  paysages, 
qoi  parurent  au  Salon  de  Tan  VII,  et  à  des  planches  classiques 
pour  le  Musée  Filhol  et  même  pour  le  Musée  Laurent,  dont  on  vit 
les  plus  beaux  échantillons  au  Salon  de  l'an  Xll. 


MASQOELIER  l'aine  ^ ,  connu  surtout  par  sa  collaboration  à  la 
CroUerie  de  Florence^  avait  gravé  de  petites  pièces  satiriques  sur 
Voltaire  :  le  Lever  du  philosophe  de  Femey,  le  Déjeuner  de  Fem^f, 
1775. 11  a  fait,  d'après  Monnet,  Morean  etLebarfoier,  beaucoup  de 
vignettes  et  même  des  estampes  d'une  certaine  importance,  dans 
lesquelles  un  autre  élève  de  Lebas,  Née',  travailla  quelquefois 
avec  lui  ;  il  travailla  pendant  la  Révolution  anx  planches  des  Anii- 
q^nj^ité^  nationales  de  Millin ,  et  nous  trouvons,  dans  le  nombre, 
ime  vue  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  en  séance^  d'après 
.  ^an  <3orp.  Vers  la  fin  de  sa  carrière,  il  coopéra  aux  gravures  de 
'^  C€Mmpagne  d Italie,  d'après  Carie  Yernet. 

MLASQUELIER  tt  lEimE*,  qui  travailla  aux  mêmes  ouvrages  que 
*^ii  parent,  a  aussi  gravé  seul  des  vignettes  au  burin  et  au  poin- 
tîll^^  et  une  pièce  curieuse  d'après  Watteau  de  Lille  :  le  Bomhar* 
^'^^^^«nt  de  Lille,  en  1792.  On  trouve  encore  dans  leur  csavre 
^tielques  portraits  ; 

f^xerre  Demours,  médecin  oculiste,  d'après  Latour,  1792. 

HeLMAN  *,  graveur  de  M.  le  duc  de  Chartres,  fut  le  plus  consi- 
dérable de  ces  artistes  qui  vinrent  de  Lille  à  la  fin,  du  XVIII»  siè- 
^^^  ;  ils  n'y  constituèrent  pas  une  école,  parce  qu*ils  allèrent  tous 

l.Loiii»J(»eph  Blasquelier,  né  àLiUe  en  1741,  ôlèTe  de  Lebas,  mort  tti  iSll. 
^  «  Iconographie  lilloise,  par  Bf.  A.  Dinanx,  Valenciennes,  s.  d.,  in-S*. 

2.  François-Denis  Née,  né  vers  1735,  mort  en  1818.  Je  n*ai  à  citer  de  lui 
^in'un  portrait  de  Franklin ,  d*après  Cannontelle. 

3.  Nicolas-François-Joseph  Blasquelier,  né  à  Lille  en  17S0,  moft  en  1809. 

4.  Isidore-Stanislas  Helman,  né  à  Lille  en  1743,  marchand  à  Paris,  rue 
^aint-Honoré,  vi»-ii-?is  ThMel  de  NdaUles.  V.  Icanographie  liUoise,  par  H.  A. 
^)inauz,  Valenciennea,  s.  d.,  in-8<>. 


344      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

étudier  à  Paris  et  chez  Lebas,  mais  ils  se  rapprochent  cependant, 
par  leur  goût  pour  les  xues  locales,  les  représentations  épisodi- 
ques  et  les  vignettes.  Après  avoir  fait  des  sujets  galants,  d'une 
exécution  fort  aimable,  d'après  Baudouin  et  d'après  Moreau,  Hel- 
man  grava  d'après  Monnet  les  grandes  pièces  des  Journées  de  la 
Révolution,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  et,  d'après  Watteau  de 
Lille  :  les  Expériences  aèrostatiques  de  Blanchard,  la  Fédération 
des  Départements  du  Nord  et  le  Banquet  civique  de  Lille;  il  inter- 
prète d'une  manière  assez  flatteuse  des  tableaux  qui  dans  leur 
verve  ne  sont  point  exempts  de  lourdeur  provinciale. 

DELVAUXS  encore  un  Lillois,  qui  avait  appris  son  art  chez 
Lemire,  et  s'est  fait  connaître  surtout  par  les  pièces  qu'il  grava 
pour  le  Cabinet  Choiseul  et  la  Galerie  du  Palais-Royal,  a  été  l'un 
des  plus  petits  graveurs  de  vignettes  et  de  portraits  ;  il  maniait  la 
pointe  avec  légèreté  et  le  burin  avec  douceur.  Ses  dessinateurs 
principaux  furent  Desrais,  Moreau,  Bornet,  Monsiau;  les  livres  où 
l'on  trouve  le  plus  souvent  son  nom  furent  les  Contes  de  La  Fon- 
taine, Gessner,  Gresset,  et  le  Décaméron  de  Boccace  ;  ses  portraits 
les  plus  curieux  sont  ceux  de  Rousseau,  de  Dorat^  de  Lefranc  de 
Pompignan.  Il  exposa  en  l'an  X,  entre  autres  ouvrages,  une 
estampe  d'Héro  et  Léandre,  d'après  le  tableau  d'Harriet,  et,  en 
l'an  XII,  deux  sujets  de  la  Vie  d'Héloïse  etAbailard. 

DUFLOS  LE  JEUNE  *,  graveur  en  communauté  avec  sa  femme, 
Elisabeth  IrnÊBAULi,  travailla  d'abord  aux  vignettes  des  Œuvres 
de  Dorât;  à  des  frontispices  d'après  Cochin  et  Marillier,  parmi  les- 
quels je  note  celui  qui  est  intitulé  la  Vérité,  C.-P.  Marillier  inv., 
P.  Duflos  le  jeune  sculp. ,  in-S®  ;  à  des  portraits,  où  se  trouve 
Marie'Antoinette,Touzé  del.,  P.  Duflos  junior  sculp.,  in-f»  à  l'eau- 
forte;  elle  est  en  pied  avec  une  robe  à  paniers.  Il  se  fit  ensuite 
entrepreneur  de  la  gravure  de  V Abrégé  d'histoire  universelle  en 

i.  Remi-Henri-Joseph  Delvaax ,  né  à  LiUe  en  1750,  mort  en  1823. 
2.  Pierre  Duflos,  né  à  Lyon  en  1751. 


ABRAHAM   GIRARDET.  345 

■w*,  dessinées  par  Monnet,  Moreau  et  d'autres,  et  de  deux 
leils  de  Costumes  officiels  et  militaires,  Tun  antérieur  à  la 
Fl^volution*,  l'autre  publié  en  Tan  III'.  Ces  pièces  de  costumes 

trop  la  fourniture,  mais  il  y  en  a  qui  ont  leur  intérêt, 
me  VOfficier  ou  centurion  des  Élèves  ducamp  de  Mars,  179i,  en 
€ur. 


BERTHET,  petit  dessinateur,  à  qui  l'on  doit  V Auguste  cérémonie 
s^cre  de  Louis  XVI,  Ml b,  et  la  Descente  de  la  machine  aérostor 
'^  de  Charles  et  Robert,  1783,  grava  des  planches  d'après  Binet 
les  Œuvres  de  Rétif  de  la  Bretonne.  11  signa  seul  nombre  de 
tes  vignettes  dans  le  goût  le  plus  mesquin,  de  Tan  VI  à 
ï'^  i^    XII,  faites  pour  aller  seules  ou  pour  accompagner  des  livres 
^mères  : 
:ène  du  foyer  Montansier,  in-18; 

>lie  du  jour  :  Vénus  ou  la  prétendue  comète,  in-12  ov.  L,  en 
leur; 
?s  vainqueurs  des  Anglais,  deux  planches  in-12,  portant  des 
'^Taits  en  médaillons  accolés;  dans  l'une  Jeanne  d'Arc,  Duguay- 
'^**<=>^ain,  de  Tourville;  dans  l'autre  le  général  Hoche,  maréchal  de 
^^^^^,  Dunois  le  Bâtard  et  Duguesclin. 

CilRARDET*,  qui  devint  sous  l'Empire  l'un  des  plus  fermes 
e'urs  du  Musée  Robillard  et  Laurent,  tant  pour  les  statues  et 
^es  que  pour  les  tableaux  des  grands  maîtres,  avait  com- 
ce  par  être  le  graveur  le  plus  précis  des  Tableaux  de  la  Rèvo- 
.  Il  y  a  dans  ses  planches  moins  de  mouvement  que  dans 


•      Paris,  Duflos,  1785, 5  part.,  in-S»  ou  in-4*>,  et  200  pi. 
"^     J{ecueil  (Testampes  représentant  les  grades,  les  rangs  et  les  dignités,  stii- 
^^     le  costume  de  toutes  les  nations  existantes,  Paris,  Duflos,  1780,  2  vol. 
*^**  -■  264  pi.  en  noir  et  en  couleur. 

^     Mowveau  recueil  de  costumes  militaires  français ,  tant  anciens  que  mo- 
r,  Paris,  Duflos,  an  m,  io-S". 

^     Abraham  Girardet,  né  à  Neufchàtel  en  1764,  élève  de  Nicolet,  mort 


34Ô      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

celles  de  Prieur  et  Berthaud,  moins  de  dramatique  que  daoi 
celles  de  Duplessis-Bertaux;  mais  le  burin  de  Girardet,  plu 
accentué  et  plus  lumineux,  donne  à  chaque  figure  plus  de  rdief^ 
et  à  l'ensemble  plus  d'effet  et  de  vérité.  II  n'existe  pas  de  pan 
rama  plus  exact  des  plus  mémorables  journées  : 

Siège  des  Français,  dessiné  d'après  nature  et  gravé  par  G.  ; 

Pacte  fèdératifde  la  Bastille,  le  U  juillet  1790,  dessiné  et  gra 
par  G.; 

Vue  du  Champ  de  Mars,  le  l!i  juillet  179Q,  G.  le  j.  d^^l 
et  sculp.  ; 

Translation  de  Rousseau  au  Panthéon,  Âb.  Girardet  inveoto 
incise  ; 

Échange  des  prisonniers  en  Autriche,  le  20  prairial  an  IV; 

Fête  de  la  Fondation  de  la  République,  le  l*''^  vendémiaire  an  I 

Le  talent  de  Girardet  était  précieux  pour  les  vignettes;  il  f      tit 

employé  aux  planches  des  éditions  de  Didot  :  dans  les  ûButr ^^ 

d'Horace,  an  VIII;  dans  les  FaJbles  de  La  Fontaine,  an  X,  où  il 
grava,  avec  toute  la  netteté  désirable,  les  dessins  de  rarchite(=^c 
Percier;  dans  le  Racine  de  l'an  IX  et  dans  d'autres  livres  d'u^^D€ 
date  plus  récente.  11  lit  aussi  quelques  portraits;  je  connais ^^:1<J 
moins  Claude  Fauchet,  de  la  collection  Bonneville. 


DUPRÉEL,  connu  dans  la  gravure  en  grand  par  une  pi 
galante  d'après  Challe,  et  par  des  estampes  de  la  Galerie  de  F. 
rence  et  du  Musée  Laurent,  débuta  au  Salon  de  17QS  par  u 
estampe  ovale  :  la  Liberté,  patronne  des  Français,  et  par  un  d 
sin  :  la  Liberté,  assise  sur  les  degrés  du  trône,  et  appuyée  sur 
vase  cinéraire,  couronné  de  lauriers,   contenant  les  restes 
Lepelletier,  de  Marat  et  des  citoyens  morts  /ô  10  août  17^ 
tenant  dans  sa  main  la  figure  de  la  Victoire.  Tout  le  reste 
son  œuvre  se  dérobe  dans  des  vignettes  plates  et  froid^^^  * 
d'après  les  dessinateurs  ordinaires  du  genre ,  dans  des  liv 
parus  depuis  1791,  les  Œuvres  de  Bernard,  de  Florian, 
Tressan,   etc.,  et  dans  quelques  portraits,  parmi  lesquels 
Diderot,  d'après  Aubry. 


s 
e 
t 


i 


MARIE-ANNE  CROISIER. 


347 


riN  DE  MONCHYS  d'abord  graveur  de  vues  d'après  Hac- 
l'autres,  empranta  des  sujets  galants  à  Eisen,  à  Lepeinire, 
à  Grangeret,  à  Hoin,  qu'il  traita  avec  fadeur  et  appesan- 
ot.  Il  fit  des  vignettes  d'après  Monnet,  Huot,  Bomet,  pour 
vtures  de  Tèlémaque,  les  Contes  de  La  Fontaine,  le  Dècamé- 
Boccace  ;  il  grava  encore,  d'après  Monnet,  la  Prise  de  Vile 
j,  le  lOjmn  1798,  in-f«  h. 

DE  MONCHY,  sa  femme,  qui  travailla  avec  lui  à  des 

îs,  doit  être  signalée  pour  trois  estampes  politiques,  où 

aît  avoir  eu  plus  de  vivacité  que  son  mari  : 

cte  tacite^  allégorie,  avec  le  buste  de  Necker,  1789,  inventé 

lailleur  de  la  ville  de  Mamers,  dessiné  par  Monnet,  gravé 

'  de  Monchy  ; 

^ais,  si  fêtais  perdue,  vous  me  retrouveriez  au  cœur  de 

n;  allégorie,  avec  le  buste  de  Louis  XVI,  dessinée  parMon- 

ivée  par  M"«  4e  Moncby; 

bertè,  en  pied,  brisant  un  joug  sur  son  genou,  dessiné  par 

gravé  par  la  cit.  Demonchy,  in-4°  pointillé  en  couleur. 

le  manqua  pas,  sous  le  Directoire,  bien  qu'alors  elle  ne  fût 

me,  de  prendre  part  à  la  gaieté  commune,  en  gravant  une 

après  Desrais,  le  Médecin  aux  urines. 

B-ANNE  CROISIER  ^  élève  de  Saint-Aubin,  commença 
;  estampes  d'une  assez  grande  volée  :  Vénus  corrigetmt 
r,  d'après  Rubens,  et  le  Faune  amourev>x,  d'après  Coypel. 
lança,  en  1789,  dans  les  estampes  politiques,  et  tomba 
après  dans  les  portraits  et  dans  les  vignettes,  où  elle  ne 
pas  même  à  se  faire  un  nom  quelconque.  Je  ne  les  signale 
ir  servir  à  mon  historique  : 

ireuse  administrationj  dédiée  à  3L  Necker,   in-f®  h.,   au 
t  à  plusieurs  teintes; 

tin  de  Monchy,  né  en  1746,  élèye  de  Saint-Aubin. 
ie-Anne  (îroisier,  née  à  Parjs  en  1765. 


I 


f 
1 

ï 


^    i' 


i 


f 

if 

■» 

II 


1 


:>,    a- 


1 


r 


348      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

L*ŒU  du  Génie  ou  les  armes  de  M.  Necker.  Un  œil  dans  uj 
cercle  rayonnant.  Il  y  a  plusieurs  états  de  cette  pièce;  l'un 
signé  :  Marie-Anne  Croisier  del.,  Guyot  sculp.,  l'autre  :  Moitt», 
sculp.  inv.  cr.  *  ; 

Vive  la  danse  et  le  pas  de  trois,  d'après  Touzé,  in-4®  ovale,  ave 
deux  huitains  au  bas  ; 

La  Vérité  toujours  triomphe  avec  le  temps  ;  à  MM.  les  dépu^^^^^^ 
des  États  généraux;  Marie-Anne  Croisier  sculp.;  in-f*  h.  ir^^^^ 
trois  huitains  au  bas.  C'est  la  composition  connue  de  Françc^^f^ 
Lemoyne,  et  la  copie  de  la  gravure  de  Laurent  Cars  ; 

Claude  Fauchet,  évêque  du  Calvados,  ix)rtrait  in-8®  avec  il 
allégorie  au  bas  et  des  emblèmes  ecclésiastiques  mêlés  au  boni 
de  la  Liberté  ; 

Louis-Philippe  d*Orléans,  portrait  en  médaillon,  entouré 
guirlandes  de  roses  et  d'Amours  *  ; 

Brissot,  portrait  en  rond  ; 

Le  Curé  patriote,  vignette  in-8«>  : 

Travaillez,  mes  enfants,  obéissez  aux  lois; 
Je  yeiUerai  pour  vous  et  défendrai  vos  droits. 

Je  n'ai  pas  ramassé  le  nom  de  Marie-Anne  Croisier  sur  d'aut: 
petiles  pièces,  mais  il  faut  lui  imputer  les  vignettes  de  d 
volumes  de  Prudhomme  :  les  Crimes  des  Rois  et  les  Crimes  ^r:^^ 
Reines,  1791.  Elles  sont  au  nombre  de  dix;  la  première  po 
pour  signature  :  u  Gravée  par  une  patriote.  »  Elles  sont  grav< 
avec  assez  de  couleur,  quoique  négligemment  dessinées,  m 
elles  n'inspirent  guère  que  le  dégoût  par  leur  composition. 


LOUVION  est  un  graveur  historique  déterminé,  mais  dans 
manière  la  plus  petite  et  la  plus  déplorable.  Il  suffira  de  transcri. 

i.  Le  dessin  original  deMoitteest  dans  la  collection  Hennin. 

2.  Le  Manuel  de  Vamateur  d'estampes  de  M.  Leblanc,  qui  ne  cite  qu'un 
petit  nombre  de  pièces  de  Marie-Anne  Croisier,  en  mentionne  une  :  Aux 
de  LouiS'PhUippe  d'Orléans,  in-f»  h. 


is 


m^ 


LOUVION.  349 

les  titres  de  ses  pièces  pour  les  faire  juger;  le  dessin  en  est  ordi- 
nadrement  maussade  et  la  gravure  à  l'avenant  : 

Citoyens  de  V Univers,  la  Bienfaisance  les  unit  tous  cTun  pôle  à 
VaxjUre,  en  mémoire  des  secours  donnés  aux  malheureux  par  les 
f  •  F,  Maçons  pendant  le  rigoureux  hyver  de  5789  : 

Le  bien  qu'on  fait  la  veille 

Fait  le  bonheur  du  genre  humain.  Dorât. 

Dessiné  par  le  F.  Desrais,  composé  et  gravé  par  le  F.  Louvion, 
iii-f^  h.; 

AvL  nom  de  la  Liberté,  tout  citoyen  est  soldat  et  tout  soldat 
cit^yy^n;  généreux  dénouement  des  Gardes  nationales  parisiennes  au 
service  de  la  patrie,  présenté  et  gravé  par  J.-B.  Louvion,  né 
citoyen,  in-f«  h.  ; 

xiis  XVI,  portrait  sur  un  stylobate  historié  ; 
Jioré'Gabriel'Riquetti  Mirabeau  '   Tremblez,  tyrans,  qu*il  ne 
«'év45-£//e,  in-f>l.; 

^^jprtsentant  du  peuple  en  mission; 

)el  au  Diable  pour  les  corps  sans  tête  sur  les  jugements  de 
•  Le  roi,  la  reine,  le  dauphin,  leur  tôte  sous  le  bras,  se  pré- 
vôt devant  Minos  :  a  Infâmes  scélérats ,  monstres  affreux, 
n'êtes  seulement  pas  dignes  des  Enfers!  »  J.-B.  Louvion  se. 
1^  d'une  pièce  de  Villeneuve  ; 
^'Obleau  d'histoire  naturelle  du  Diable  : 

Ce  mélange  est  affireux,  mais  il  est  nécessaire; 
Mort  terrible  aux  tyrans!  périsse  l'arbitraire  ! 

'^  — B.  Louvion  se.,  in-8®;  chapelet  de  têtes  coupées  autour  de  la 
^*^^tte  et  du  couperet  :  «  Avis  aux  intrigans.  Traîtres,  regardez 
^^*emblez  ;  elle  ne  perdra  son  activité  que  quand  vous  aurez 
u  la  vie  ;  » 
cz  Surprise  anglaise;  aux  honnêtes  gens  de  tout  pays;  inventé 
Tauteur  de   la  gravure  des  Formes  acerbes  (Poirier  de 
j  ^  *-^  ^>kerque  ) ,    gravé    à    Teau  -  forte    par    Louvion ,    fructidor 
^^     III 1 


350      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

U  ordre  et  la  marche  des  puissances  coalisées  contre  la  Fri 
1798,  in-M.; 

Baonaparte,  premier  consul. 

Si  l'on  pouvait  tenir  à  savoir  ce  qu'a  fait  encore  ce  pitoyahcznizzjiÉ 
graveur,  il  faudrait  chercher  les  frontispices  allégoriques 
beaucoup  de  petits  livres,  qui  ont  une  couleur  révolutionné 
prononcée  et  des  vignettes,  où  sa  pointe  sale  rappelle  celle 
Marie-Anne  Groisier.  La  seule  pièce  non  politique  où  se  troim^ 
son  nom  est  citée  dans  le  Catalogue  Paignon-Dijonval,  le 
dez'Vous  à  la  fontaine,  d'après  Etienne  Le  Sueur. 

BLANCHARD  *  gravait,  dès  1793,  des  vignettes  d'un  burin 
et  serré,  d'après  ses  propres  dessins,  ou  d'après  les  dessins 
Desrais  et  de  Binet.  On  les  trouve  dans  les  Saisons,  de  Thoi 
son,  1795;  dans  la  première  édition  du  Voyage  autour  de 
chambre,  an  VII,  et  sans  doute  dans  d'autres  petits  livres.  11 
en  cinq  médaillons  sur  une  seule  feuiMe,  les  Monuments  nalioru 
éUvès  pour  la  fête  de  la  Fraternité,  célébrée  /ô  10  août  17 
in-i®  1.,  chez  Blanchard,  graveur,  rue  des  Mathurîns. 

Il  publia  aussi,  dès  cette  époque,  des  portraits,  qui  sont  grîfc^  ^^^és 
d'une  manière  peu  agréable,  mais  vive  : 

JeanrPaul  Marat,  l'ami  du  peuple  : 

Peuple,  vois  ton  ami,  qui  pour  ta  liberté 
Au  péril  de  ses  jours  te  dit  la  yérité  ; 

Bertrand  Pelletier,  membre  du  Collège  de  pharmacie,  de  1 
stitut  national. 

Son  nom  se  trouve  sur  un  assez  grand  nombre  de  caricatu 
traitées  d'une  façon  peu  pittoresque,  mais  suffisante  pour 
genre: 

Le  Poisson  des  jeunes  filles,  d'après  Desrais,  chez  Basset; 

La  Roulette  ;  maison  de  jeu  sous  le  Directoire;  d'après 

La  Cage  ouverte  ou  le  Désordre  dans  V atelier  du  peintre; 

1.  Blanchard  père,  né  en  1766. 


le 


JEAN-CLAUDE  GORJY.  351 

Jeumi  Artistes  ; 
irgantua  à  son  grand  couvert; 
2Voi«  sommes  sept,  chez  Basset; 

TireiLse  de  cartes,  dessiné  par  Desrais; 
Concert  de  société^  dessiné  par  Desrais  ; 
Promenade  à  la  plaine  des  Sablons,  mode  du  jour; 
Café  du  Bel-Air,  ou  les  gourmets  du  Pont-atUrClvange  en  jouis- 
i,  chez  Martinet. 

L.*cBuvre  de  Blanchard  contient  enfin  des  Vues  de  Paris,  des 
pai*3.<les  militaires,  parmi  lesquelles  on  remarque  le  Défilé  des 
troxAjpes,  devant  le  premier  Consul,  dans  la  cour  des  Tuileries, 
i'^I>rès  Naudet,  et  des  portraits  de  la. Galerie  Napoléon. 

£>£LAUNAY  LE  iBDNE,  graveur  de  sujets  galants  d'après  Borel  et 
^ul>r^^,  et  de  vignettes  pour  la  jolie  édition  des  Contes  de  la  Reine 
JVavarre,  peut  encore  être  cité  ici  pour  deux  estampes  : 
JLcL  Cachette  découverte,  d'après  Fragonard; 
i^^s  Regrets  mérités,  d'après  M"*  Gérard. 
Il  fit  quelques  portraits  agréables  : 
•*  de  Lafayette, 
frhres  Montgolfier,  d'après  Houdon , 
et  grava  encore  des  frontispices,  des  vignettes  pour  les  livres  de 
1*^1*    IX,  tels  que  les  Fêles  et  courtisanes  de  la  Grèce,  et  pour 
^' -Es^f^rance,  poëme  de  M.  de  Saint-Victor, 

^^  clorai  cette  liste,  trop  longue,  des  graveurs  de  vignettes  par 
deux  noms,  qui  ne  se  recommandent  pas  par  le  mérite,  mais  uni- 
9«ieiti^m  par  la  qualité  d'amateurs. 

^^HJY*,  romancier  sentimental,  qui  a  eu  un  moment  sa  petite 

psue,  de  1785  à  1795,  ajoutait  souvent  à  ses  petits  volumes  des 

^*&nettes  de  son  cru  :  «Comp.  et  del.  Gorjy.  »  Le  littérateur  qui 

^^iographé  parmi  les  Oubliés  et  les  dédaignés  de  la  fin  du 

*  "^^^D-ClaudeGoijy,  né  à  Fontainebleau  en  1753,  mort  en  1795. 


352      ARTISTES.  —  DESSINAT.  ET  GRAV.  DE  VIGNETTES. 

XYIII^  siècle^^  et  qui  a  spirituellement  analysé  la  mesquinerie 
la  sensibilité  de  son  talent,  a  oublié  de  nous  dire  que  ses  vignelt 
sont  à  l'unisson  du  texte,  mais  fort  refroidies  par  une  gravu 
pesante,  qui  est  sans  doute  le  fait  des  graveurs  auxquels  Goi 
conûait  ses  dessins.  Blançay  et  Us  Tablettes  sentimentales,  q 
n'étaient  guère  que  des  lectures  de  demoiselles,  n'avaient  p 
besoin,  en  effet,  comme  Paul  et  Virginie  ou  comme  Werther,  à 
vignettes  de  Moreau  et  de  Duplessis-Bertaux  ;  il  leur  suiDsi 
d'avoir,  comme  Estelle  ou  comme  Lolotte  et  Fanfan,  une  ima 
proprette  du  héros  du  roman  en  frontispice. 

DE  L\  SERRIE*,  littérateur  plus  ambitieux,  a  eu  aussi  pi 
d'ambition  pittoresque.  Ses  nombreux  petits  volumes  sur  toui 
sortes  de  sujets  en  prose  et  en  vers,  et  môme  sur  les  arts,  publi 
de  1794  à  1812,  bien  imprimés,  au  témoignage  de  Beuchot,  et  tii 
à  petit  nombre,  sont  parsemés  de  frontispices  et  de  vignetl 
gravés  au  pointillé  sur  des  dessins  assez  maussades,  bien  qu' 
soient  empruntés  quelquefois  à  des  artistes  de  talent,  à  Qu 
verdo,  qui  fut  son  ami,  à  Boilly,  dont  il  se  dit  l'élève,  à  Copia, 
Prud'hon  et  à  Garaffe,  qu'il  appelle  aussi  ses  amis.  Il  expos 
au  Salon  de  l'an  IV,  un  dessin  à  la  pierre  noire  :  le  Sommeil 
la  Beauté, 

On  trouvera  dans  Quérard  la  liste  de  ses  livres.  Je  n'en  citei 
qu'un,  omis  par  l'infatigable  bibliographe  :  V Examen  critique 
concis  des  plus  beaux  ouvrages  exposés  en  Van  lY^,  avec  l'épigi 
phe  :  Ludere,  non  lœdere,  où  tous  les  succès  du  moment  se 
chantés  dans  des  termes  d'une  admiration  un  peu  banale. 

Quelque  jour  peut-être  un  iconophile,  pris  d'un  sentiment 
piété  patriotique,  inventoriera  les  nombreuses  petites  gravui 

i.  Les  Oubliés  et  les  dédaignés ^  figures  littéraires  de  la  fin  du  XVm*  8iè< 
par  M.  Charles  Monselet,  Alençoa,  Poulet-fllalassis,  1857,  2  vol.  in-12,  t 
p.  47-87. 

2.  François-Joseph  de  La  Serrie,  né  en  Vendée  en  1770,  mort  en  1819. 

3.  Examen  critique  et  concis  des  plus  beaux  ouvrages  exposés  en  Van  i 
par  J.  de  La  Serrie,  Paris,  1795,  in-12. 


I 


FRANÇOIS-JOSEPH  DE  LA  SERRIE.  353 

Serrie^.  Pour  moi,  qui  n'ai  pas  les  mêmes  motifs,  et  qui 

q'  ati   trouvé  dans  cet  amateur  qu'une  disposition  fâcheuse  à  aplatir 

et  ^  rapetisser  au  niveau  de  son  pointillé  les  sujets  poétiques  et 

môixe  historiques,  je  ne  citerai,  pour  les  plus  curieux,  que  deux 

ou    trois  morceaux  :  son  portrait,  /.  de  La  Serrie  se  ipsvm  deL, 

F»  ^ueverdo,  aatoris  amicus,  omament.  tnv.,   1797,  médaillon 

historié  d'un  Amour,  in-12,  et  une  estampe  d'après  Caraffe,  v/n 

Deslrwteur  de  tombeaux,  dédiée  à  Linval  de  Senage. 

1  •  J*ai  Yu  le  plas  grand  nombre  des  vignettes  de  M.  de  La  Serrie  entre  les 
mains  de  M.  Thomas  Arnauldet,  employé  da  Cabinet  des  estampes,  qai  porte 
un  intérêt  particulier  aux  artistes  du  Poitou  et  de  la  Vendée,  son  pays  natal. 


'23 


ï 


il.  —  PEINTBES,  DESSINATEURS  ET  GRAVEURS 

D£  PORTRAITS 


r^^ 


La  plupart  des  peintres  et  des  dessinateurs  d'histoire  faisaient 
des  portraits,  et  beaucoup  de  graveurs  de  vignettes  relevère.-vz^N 
aussi  leur  œuvre  avec  des  portraits,  que  nous  avons  eu  souyfc^tv^ 
l'occasion  de  citer.  Il  me  reste  à  donner  un  rang  à  quelques 
tistes,  qui  ont  fait  du  portrait  leur  tâche  plus  exclusive.  Ama 
Du  val,  en  rendant  compte  de  ses  impressions  au  Salon  de  Tan  1 
témoigne  Tétonnement  qu'il  éprouve  en  le  trouvant  si  peu  o 
forme  à  l'idéal  qu'il  s'était  fait  de  l'art  au  sortir  de  la  crise  rév^i^ 
lutionnaire  :  «  Quel  fut  mon  étonnement  I  je  n'aperçus  au  p 
mier  coup  d'œil  qu'un  ramas  de  portraits,  etc.  Le  Salon  n'offlC^"^^^^ 
plus  de  portraits  de  marquises,  etc.,  mais  on  y  voit  le  représe. 
tant  au  panache  tricolore.  0  Vanité!  tu  es  donc  le  plus  impéri 
sable  de  tous  les  vices!  »  Les  peintres  de  portraits,  qui  voient 
effet  de  plus  près  les  masques  et  qui  les  traçaient  à  l'huile,  a 
pastel  ou  en  miniature,  nous  font  bien  connaître  leur  temps,  i 
nous  aurons  pour  eux  plus  d'indulgence  que  le  critique  de  l'an  IV^^ 

VESTIER^  qui  avait  été  reçu  de  l'Académie  en  1786^  et  qu 
Wille  a  beaucoup  vanté  pour  le  portrait  de  sa  iillc,  grand  comm 
nature  a  et  d'une  belle  exécution  dans  toutes  ses  parties,  princi« 
paiement  dans  les  vêtements  de  satin  ',  »  exposa  des  portraits 
très-flatteurs,  aux  Salons  de  1789  et  de  1791.  Chéry  en  louait  le 


n- 
^ris- 
:Sen 

aa 


^ 
^ 


i .  Antoine  Vestier,  né  à  ÀYaHon,  élève  de  Pierre,  mort  en  i805. 
2.  Journal  et  Mémoires  (le  Wille,  t.  U,  p.  119. 


LOOIS-JACQUES  CAT^ELIN.  355 

graod  )SiiiKx:è8  fut  âfem  JUaseris  (ie  Latude,  reteou  pei^daxi^  P^^ 
içinq  aq3  4ans  diverses  prisons  d'État ,  représenta  à  c$t4  d^  U 
BaeitiUe  en  démolition»  des  échelles  de  corde  qui  avaient  ^yi  h 
aoD  évasioQ,  et.de  la  lettre  de  cachet  du  28  février  ^756  clouée  à 
un  poteau.  Lç  peÔAtre  le  grav^  lui-m^e  au  poii;itiJllé,  in-f>,  avec 
jcesv^rs.: 

Instruit  par  ses  malheurs  et  sa  captivité 
A  vaincre  des  tyrans  les  «fforts  et  la  roge, 
n  upprit  aux  Français  comment  le  ?rfd  cour^i^e 
Pevit  ponquérir  )a  lijserté. 

Le  travail  a  une  vivacité  et  un  agrément  dans  les  nuances  qui 
font  regretter  queVestier  ne  se  soit  pas  appliqué  à  d'autres  pièces. 
Canu  en  a  fait  une  copie  en  petit  format. 

Les  portraits  de  Vestîer  parurent  encore  aux  Salons  de  l'an  IV 
et  des  années  suivantes,  sans  que  les  modèles  en  soient  nommés  ; 
c'étaient  une  Jeune  femme  tenant  son  enfant  qu'elle  nourrit,  une 
Femme  tenant  une  cocarde  nationale,  un  Représentant  du  peuple 
en  costume,  etc.  En  l'an  XII,  aux  portreâts  et  aux  miniatures  or- 
éinaîres  était  jointe  une  Bacchante. 

Deux  pièces,  gravées  par  Tresca  :  V Absence  ressentie  QiV Absence 
adoucie,  in-4^  h.,  peuvent  nous  faire  juger  de  >la  tournure  senti- 
mentale que  Veetier  donnait  à  ses  portraits  :  ce  sont  deux  jeunes 
femmes,  4a  gorge  découverte;  l'une  tient  une  lettre^  Tautre  pince 
de  la  guitare. 

CATHELIN*,  de  l'Académie  depuis  1777,  où  il  avait  été  reçu  sur 
un  portrait  gravé  de  l'abbé  Terray,  était  l'un  desgv^aveurs  les  plus 
accrédités  pour  la  confection  des  portraits  in-4°  et  in-8P.i.es4)lus 
léobés  étaient  ceu&de  la  Cour,  Louis  XVI,  Marie-Antomette,  Marie- 
Adélaïde  de  France,  princesse  de  Piémont,  la  comtesse  de  Provence, 

1.  EûDplicaiUmet  Critiçme  mpariùU^,  1791,  p.  12, 1^  63,. 

2.  Louis-Jacques  Cathelin,  né  h  Paris  en  1739,  élève  de  Lebas,  reçu  à  l'Aca- 
démie en  1777.  Il  grava  une  notice  dans  le  Manuel  d'Huber  et  Rost. 


I 


350      ARTISTES.  — peintres;  DESSIN.  ET  GRAV.  DE  PORTRAITS. 


la  conUesse  d Artois;  les  plus  intéressants,  ceux  des  artistes  et 
hommes  de  lettres  :  Lebas,  son  maître,  qu'il  fit  deux  fois  d'à 
le  dessin  de  Cochin,  Joseph  Yemet,  Grétry,  Diderot;  les  seuls 
touchent  à  la  politique  sont  ceux  de  Turgot  et  de  Frankë- 
En  1789  il  exposait  les  portraits  de  Louis,  secrétaire  perpétuel 
l'Académie  royale  de  chirurgie,  et  de  Balechou  d'après  le 
de  M.  Amavon,  chanoine  d'Avignon.  Il  s'efface  entièrement  da 
les  premiers  Salons  delà  Révolution,  et  ne  reparaît  qu'en  l'an  VE 
et  jusqu'à  l'an  XII,  pour  se  prévaloir  sans  doute  de  son  titr& 
membre  de  la  ci-devant  Académie  et  en  n'exposant  que  des 
traits  qui  ne  paraissent  faits  que  pour  des  livres.  Les  plus  actis 
sont  ceux  de  Buffon,  de  Bernard  de  Jussieu,  et  de  Dupont 
Nemours,  d'après  Ducreux. 

En  dehors  des  portraits  il  grava  un  très-petit  nombre  de  piècr 
parmi  lesquelles  je  n'ai  à  citer  qu'Èrigone,  d'après  le  tableau 
Monsiau. 


as 


LEBEAU  ^,  graveur  de  M.  le  duc  de  Chartres,  qui  disputa  à 
thelin  la  gravure  des  portraits  de  cour,  était  un  buriniste  mo 
habile,  qui  recourut  souvent  au  pointillé  et  à  des  ouvrages 
plus  petit  commerce  pour  éventails  et  pour  boîtes  à  bonbons 
n'en  fut  pas  moins  habile  à  rendre ,  avec  l'agrément  requis, 
portraits  de  théâtre.  Les  premières  pièces  que  l'on  cite  de  lui 
des  beautés  frelatées  de  Baudouin  :  la  Gorge  naissante,  l'Épi 
de  roses,  la  Réalité  du  plaisir,  la  Partie  d'osufs  frais,  et  des 
gnettes  pour  les  Contes  de  Fées,  d'après  Marillier.  Voici  ses  p 
cipaux  portraits  : 

M^  de  Pompadour,  d'après  Queverdo; 

Louis  XVI;  en  177i;  1781,  d'après  Binet; 

Marie-Antoinette,  en  pied  ;  d'après  Leclerc,  en  1774;  en  17 
d'après  Binet  ; 

Marie-Antoinette,  en  buste  ;  dessiné  et  gravé  par  Lebeau, 
prpfil,  in-8';  de  face,  écu  historié  de  deux  Amours,  în-8«; 


81. 


de 


1.  Pierre-Adrien  Lebeau,  né  en  1744. 


JOSEPH    DUCREUX.  351 

'^ouis  XVI  et  Marie-Antoinette,  sur  la  môme  planche; 

yfecker,  d'après  Leclerc; 

Franklin,  d'après  Desrais  ; 

1/.  de  Juigné,  archevêque  et  député  de  Paris; 

^^  Raucourt,  in-8°,  scène  de  Mithridate  au  bas  ; 

tf"«  Dutey; 

tf"»  Olivier,  d'après  Desrais  ; 

'^ouise  de  Warens,  d'après  F.  Battoni,  in-8<^  ; 

'^a  comtesse  Du  Barry,  d'après  Marillier,  in-8<>. 

.je  nom  de  Lebeau  ne  se  trouve  dans  aucune  exposition,  mais 

ît  des  vignettes  et  des  figures  de  costumes,  incroyables  sous 

directoire,  troubadours  sous  l'Empire,  et  il  coopéra  à  plusieurs 

Kiches  des  Tableaux  historiques  des  Campagnes  d'Italie,  dessinés 

'  Desrais,  Naudet  et  Pécheux  : 

^rise  de  Toulon  par  l'armée  française ,  le  9  frimaire  an  II , 

1)rès  Naudet  ; 

l^onquéte  de  la  flotte  hollandaise  sur  la  glace,  le  25  nivôse  an  III, 

/près  Naudet; 

Passage  du  grand  Saint-Bernard  par  l'armée  française,  le  5  prai- 

1  an  VIII^  d'après  Naudet  ; 

Bataille  de  Marengo  commandée  par  le  premier  Consul,  le  25 

fc^irial  an  VIII,  d'après  Naudet; 

^ie  de  Bonaparte,  premier  Consul,  d'après  Naudet. 

Le  portraitiste  le  plus  objectif  de  la  Révolution  fut  DUCREUX  *. 
Eivait  eu  la  bonne  fortune  en  1769  d'être  envoyé  à  Vienne 
ur  faire  le  portrait  de  Marie -Antoinette,  archiduchesse  d'Au- 
c;he,  et  il  devint  premier  peintre  de  la  Reine  *  ;  mais  la  faveur 
t:3r  lui  s'arrêta  là.  Il  s'était  présenté  trois  fois  à  l'Académie 
^vait  été  refusé  ^.  Ses  peintures  et  ses  pastels  parurent  donc  en 
Hic  pour  la  première  fois  au  Salon  de  1791. 

^.  Joseph  Dncreux,  né  à  Nancy  en  1737,  élève  de  Latour,  mort  en  1803. 
^.  Fabien  Pillet,  Biographie  universelle,  t.  XII,  Paris,  Ulchaud ,  1814,  p.  126. 
^.  Mémoires  et  Jotêmal  de  WUle,  t.  II,  p.  142. 


35î^      ARTISTES.— PEINTBÊS,  DRSSIN.  ET  SRAV.  DE  PORTRAITS. 

C'étaient  des  portraits  de  persotines  ineonnnes,  qar  Mot  a. 
vivement  loués  par  Chéry  *,  et  des  tètes  dé  caractère,  le 
un  Bailleur,  qui  n'étaient  encore  que  des  portraît^rf  On  àppreJaacf 
par  un  passage  de  ÏExplîdaiiM  et  Critique  impatHaie  du  Sal^yn 
de  1791,  que  ce  livre  avstit  été  attribué  par  les  artistes    i 
Ducreux. 

En  1792,  Ducreux  parait  avoir  fa^ttiâ  toyagè  à  LotidteÉi  il  y 
publia  du  moins  iét  êfiaux-fonés  qui  ont  plus  dé  vigueur  que 
d'effet  pittoresque.  Ce  s(ont  encore  des  portraTits,  dsns  Kattîtude 
de  >à  joie,  du  âlystèro,  de  )a  désolation  ;  i)s  sont  signée  :  Engrm^ 
by  J.  Dùùféux,  paintêr  of  the  quem  of  Ffancô,  L$ndon^  ffubli^i^ 
by  ait  author,  febr.  2, 1792,  in-4^  h.  *. 

Les  Salons  des  années  suivantes  présentait  iin6  liste  intS^^ 
santé  des  portraits  notables  de  Ducreux  : 

Eti  179S,  SdirU'Huruge,  -^  Couthcfn,  ^  Robespierre,  ^^  ^ 
Moqueur,  etc.  —  Jansen  en  a  fait  ressortir  la  vérité,  la  ^^^' 
l'expression,  quelquefois  trop  chargée^; 

En  Tan  IV,  la  C.  Lachabaussière ,  —  Lebrun^  -^  Chènier,  '^ 

Méhul,  ^—  la  Ci  Beauhamois; 

En  l'an  V,  Boissy  d'Anglas,  président  ûul«'  prairial, ^ 


C.  Récamièr,  en  pied,  —  laC.  Labouchardiei  étude  d'expressi»^^^^' 
En  l'an  VI,  la  C.  Mihul,  —  Dupont  de  Nemours,  -^Dussat»^^^' 
Étude  d* après  V auteur; 

En  l'an  VII  et  en  Fan  IX,  Xavier  Audouin,  —  Reyre,  —  ^  JT^^" 
tier,  —  le  Cousin  Jacques,  —  M^  Hamot,  etc. 

Âtt  milieu  de  ces  portraits^  qui  n'attiraient  que  l'attention  (^ 
intéressés  4  la  curiosité  publique  était  toujours  avivée  par       "^  ^ 
figure  môme  du  peintre,  qui  avait  l'habitude  de  se  prendre  pdL-^^^^^ 
sujet  d'étude  et  se  représentait  en  bâilleur,  en  dormeur,  en  riet^  ^^ur, 

1.  Eoopl'tcaiion  et  Critique  impartiale,  par  M.  Û.,  èitoyeii  patriote  et  téc 
dîque,  1701,  in-8%  p.  10,  24,  27,  39,  45,  63. 

2.  Mi  P.  deBaudicdun  les  »  décfHfl  sous  les  titres  de  :  le  Rieur,  le  Disi 
le  Jowut  ëploré  {Lé  PeintnhOtaveur  frtmçaii  cMUmui,  t  V%  in-«»,  1859).    ^  ^ 

3.  Explication  et  Jugement  Motivé,  1793,  iii-18,  p.  19,  80,  36« 


\ 


MADAME  GUYARD.  350 

k^Mieur,  avec  des  traits  d'une  réalité  exagérée.  L'une  daces 
Y^  a  été  gravée  sous  le  titre  de  U  Joueur: 

1  fiwt  q«e  de  mes  naai  eafia  Je  me  déUimi  do»; 

2...  pînx.  L.  G.  T...  sculp.  In-f*'  en  pîed. 

»eaucoup  de  portraits  de  Ducreux  ont  ^té  gravés  ;  je  puis  citer  : 

^upont  de  Nemours,  gravé  par  Cathelin,  în-îâ  ; 

antier,  gravé  par  Gaucher  ; 

umoustîer,  gravé  par  le  même; 

aharpe,  gravé  par  Mîgneret. 

armi  les  femmes  en  grand  nottibrè,  qui,  au  moment  de  la 
olution,  avaient  conquis  par  la  culture  des  ails  une  position 
les  idées  nouvelles  ne  firent  qne  conflfiner,  Tune  d«  plus 
inguées  fut  M»«  GUYARD  *.  Elle  avait  été  reçue  de  KAcadémio 
i783  sur  le  portrait  au  pastel  de  Pajou,  et  fut  gratifiée  du  titre 
peintre  du  Roi  et  de  premier  peintre  de  Mesdames,  fen  1790 
I  prit  une  part  très-active  aux  discussions  de  l'Académie,  et 
t  sur  sa  motion  qu'il  fut  voté  dans  uneséance  que  les  femmes, 
pouvant  parvenir  au  professorat,  ni  au  gouvernement  del'Aca- 
die,  seraient  admises  au  nombre  des  conseillers*. 
In  1789  elle  avait  exposé,  entre  autres  portraits  au  pastel, 
dame  Victoire,  montrant  une  statue  de  l'Amitié,  sur  le  piédestal 
laquelle  on  lisait  : 

Précieose  aaz  Huxnainfl  et  chère  aux  Immortels, 
rai  seule,  auprès  du  trône,  un  temple  et  des  autels  ^ 

^  1791,  elle  exposa  les  portraitsde  plusieurs  députés:  Ihifort, 
tespierre,  Beauhamais,  Talleyrand;  Ghéry  les  a  loués  pour  leur 

,  AdéliddeLabille  des  Vertus,  née  en  1740,  élève  de:  François-Ëlie  Vincent, 

itre  en  miniature;  Latour,  peintre  au  pastel;  François-André  Vincent  le  fils, 

itre  d*histoire.  Au  Salon  de  Tan  vm,  elle  prend  le  nom  de  «  M°**  Vincent, 

eyant  Guyard,  élève  de  son  mari;  »  morte  en  1803.  (Notice  par  Lebreton, 

^asin  encyclopédique,  0"  année,  I,  405-14.) 

.  Mémoires  et  Journal  de  Wille,  t  n,  p.  1264. 

.  Explication  des  peintures  de  Messieurs  de  V Académie  royale,  etc.,  1789, 


I 


360      ARTISTES.— PEINTRbS,  DESSIN.  ET  GRAV.  DE  PORTRAITS. 

vérité  et  leur  bonne  couleur;  il  note  particulièrement  celuï    de 


1»     m^ 


'.n 


Roberspierre:  «Toujours  de  la  vérité,  du  dessin,  un  peu  grisât 
Avant  de  poser  pour  ce  portrait,  Roberspierre  avait  écrit  à  Tart^iste 
une  lettre  dès  plus  aimables,  qui  a  été  conservée  :  «  On  m'ai,  dit 
que  les  Grâces  vouloient  faire  mon  portrait,  etc.  '.  » 

Avec  ce  certiûcat  de  civisme,  Tartiste  traversa  sans  doute  b:^ea- 
reusement  la  Terreur;  on  ne  voit  rien  d'elle  au  Salon  de  l']^^93, 
mais,  en  Tan  IV,  en  Tan  VI  et  en  l'an  VIII,  elle  exposa  de  n^K)m- 
breux  portraits,  parmi  lesquels  il  y  a  des  personnes  à  connais  re  : 
le  C.  Lebreton,  chef  des  bureaux  des  Musées  à  l'Instruction  pu- 
blique; le  C.  Vincent^  peintre;  le  C,  Charles,  professeur  de  plfc.  ^si- 
que;  la  C.  Capet,  peignant  en  miniature;  la  C.Guyard,  occu;^  ^^ 
peindre,  ayant  derrière  elle  ses  deux  élèves  favorites,  M"*  R  ^^ose- 
mont  et  M"«  Capet. 

Entre  les  portraits  de  M"«  Guyard  qui  ont  servi  à  la  grav^^*^' 
on  peut  citer  les  suivants  : 

Madame  Elisabeth,  gravé  par  Bartolozzi  ; 

Yien,  gravé  par  Miger,  dédié  et  présenté  à  l'Académie,  1^^^  ^^ 
décembre  1790  ; 

Brizard,  gravé  par  Avril. 


M«  BENOIT.  Deux  demoiselles  LEROUX  DE  LA  VILLE  d^5^*^ 
tèrent  au  Salon  de  1791,  en  exposant  une  Arièmise,  les  Adu^^^'*^^ 
de  Psyché  et  l'Innocence  entre  le  Vice^et  la  Vertu.  Chéry  croît  y 
connaître  la  manière  de  David,  mais  il  pense  que  ces  demoiseL 
auraient  dû  s'en  tenir  aux  expositions  de  M.  Lebrun '.  L'aînée  ^^ 


p.  20,  n*  85.  On  voit  au  Louvre  six  pastels  de  M*"*  Guyard,  parmi  lesquels 
ceux  de  Pajou,  de  Vincent,  de  Jf"»»  Victoire  {Notice  des  dessins  placis 
les  galeries  du  Musée  royal,  Paris,  1839,  iD-12,  p.  239). 

1.  Ea>plicalion  et  Critique  impartiale,  1791,  p.  4,  8, 9,  45. 

2.  Elle  a  été  imprimée  dans  la  Revue  universelle  des  Arts,  publiée  par 
Lacroix,  Paris,  1857,  in-8%  t.  V,  p.  87,  d'après  l'autographe  du British Moseu 
Miscellaneous  papers  and  letters,  Egerton  25. 

3.  Explication  et  Critique  impartiale,  1791,  p.  16,  25,  35. 

4.  Marie-Guilhelmine  Leroux  de  La  Ville,  femme  Benoist,  née  à  Paris  > 
1768,  morte  en  1826,  élève  de  M"*'  Lebrun  et  de  David. 


-*  re- 
lies 


sont 


m, 


en 


MADAME  BENOIT.  361 

laquelle  appartenait  le  dernier  des  tableaux  cités,  parvint  cepen- 
dant à  percer,  par  son  mariage  avec  un  petit  littérateur  connu 
seulement  par  des  traductions  de  l'anglais  et  des  tripotages  dans 
l'affaire  de  la  Compagnie  des  Indes,  par  sa  liaison  avec  le  litté- 
rateur plus  célèbre  Demoustier,  qui  en  fit  son  Emilie,  et  enGn  par 
ses  portraits. 

Ce  ne  furent  d'abord,  dans  les  Salons  de  Tan  IV  et  de  l'an  V, 
qu'un  tableau ,  représentant  Sapho  et  des  têtes  d'étude,  où  la  cit. 
La  Ville,  femme  Benoît,  logée  au  Louvre,  s'efforçait  de  justifier 
le  titre  d'élève  de  David  *.  En  Tan  X  elle  parut  avec  plus  d'éclat, 
en  donnant  des  portraits  achevés  :  une  Jevne  femme  avec  un  en- 
fant^ une  Jeune  fille  portant  un  pot  de  fleurs,  la  Sorcière,  une 
Négresse.  Ce  dernier  tableau,  qu'on  voit  maintenant  au  Louvre,  fut 
cité  par  Bruun  Neergaard,  pour  la  pureté  de  son  dessin.  Avec  ce 
talent  si  subordonné,  Nf"^  Benoît  arriva  cependant  à  la  plus 
grande  distinction  comme  peintre  de  portraits;  elle  obtint  en 
l'an  XII  la  médaille  de  première  classe;  elle  eut  la  commande  de 
tous  les  personnages  qui  ont  l'habitude  des  trois  étoiles  dans  les 
livrets  des  expositions,  entre  lesquels  on  a  distingué  la  princesse 
Èlisa,  et  depuis  elle  eut  le  monopole  des  portraits  impériaux 
demandés  par  les  Départements.  On  se  Test  parfaitement  expli- 
qué, quand  on  a  su  que  M.  Benoît  était  devenu,  par  la  protection 
du  ministre  secrétaire  d'État  Maret,  chef  de  division  du  départe- 
ment de  l'intérieur  et  directeur  de  la  correspondance  '. 

Les  Lettres  à  Emilie,  où  on  pouvait  espérer  de  voir  des  illustra- 
tions d'Emilie,  sans  figures  dans  l'édition  originale,  ont  des  por- 
traits de  Gaucher,  des  figures  de  Monnet  dans  l'édition  in-8°  de 
1801,  et  des  vignettes  de  Moreau  dans  l'édition  in-18;  maison  y 
trouve  un  portrait  d'Emilie  gravé  au  pointillé.  La  tête  potelée,  la 
coiffure  en  bandeau  avec  de  petits  accroche-cœurs  et  le  corsage  à 

1.  Noos  apprenons,  dans  une  anecdote  racontée  par  Lenoir  (David,  Souve- 
nirs historiques,  extrait  du  Journal  de  V Institut  historique,  novembre  1835), 
comment  ce  maître  lui  apprenait,  en  corrigeant  le  trait  d*ane  tête,  à  faire 

•d*une  Grecque  une  Romaine. 

2.  Biographie  universelle  et  portative  des  contemporains,  1836,  in-S",  1. 1. 


f 


"^ 


36t      ARTISTES.  T~PElMTRESv  DESSIN.  ET  GRAV.  DE  PORTRAITS. 

jour,  aussi  biea  que  les  trois  vers  en  marge,  sentent  parfaitem^L     ^«eiu 
leur  an  XII. 

La  gravure  nous  fait  connaître  deux  ouvrages  de  M"^  Benoî' 

George-Anne  Bellamy^  actrice  du  théâtre  de  Covent-\ 
portrait  gravé  par  Maradan  et  publié  en  tête  des  Mémo! 
de  Mistress  Bellamy,  traduits  par  M.  Benoît,  an  VII «  2 
in-8°  ; 

Négresse^  gravé  au  burin  par  Pauquet,  1829. 

M"'^  Benoît  s'essaya  elle-même  à  la  pointe  dans  quelques  pi 
ches,  où  sont  jetés  des  ûgures  allégoriques  et  mythologiqis 
des  bustes  et  des  grifronnements..J'en  ai  du  moins  une  sous  1^ 
yeux,  qui  porte  une  annotation  indicative;  il  y  a  plus  de  da.^vi* 
disme  que  de  correction. 

HILAIRE  LEDRU  ^  était  un  dessinateur  très-exercé  dans    1^ 
portraits  à  la  mine  de  plomba  qui,  sorti  un  moment  d^  ^  ^^ 
foule,  s*éleva  jusqu'à  des  compositions  expressives,  fut  ii^^î^ 
oublié,  et  rentra  dans  sa  province,   où  il  mourut  misérat:^^^ 
Plusieurs  de  ses  portraits  datent  du  règne  de  Louis  XVI,        ^ 
Ton  a  cité ,  parmi  ces  premiers  ouvrages  :  M^^  Mézihres,  cox^^^^ 
dienne  du  Roi*,  M^^  Rosalie  Levasseur  de  l'Académie  royale         ^ 
innsique,  Dalayrac,  en  pied,  tenant  sa  partition  de  Nina  ou      ^ 
Folle  par  amour. 

Il  exposa,  de  Tan  IV  à  Tan  IX,  un  grand  nombre  de  portnu^^^ 
ordinairement  en  pied  :  le  général  Pichegru,  le  générai  Buon^^^^''^^^ 
parte,  le  citoyen  Sdiall,  M^  Saint-Aubin,  le  citoyen  Martin,  artis^ 


du  théâtre  Feydeau,  et,  sur  des  sujets  familiers,  des  dessins  q 
affectaient  beaucoup  de  sentiment  : 
Un  Représentant  du  peuple,  entouré  de  sa  famille,  répandant  d^ 


qui 
des 


de 
te 

de 


1.  Hilaire  Ledru,  né  à  Opi,  village  entre  Arras  et  Douai,  en  1769,  élëre  <w 
Vien ,  mort  en  1840.  M.  Bédouin  a  rédigé  sur  cet  artiste  une  notice  intéressanU^ 
à  laquelle  le  lecteur  curieux  de  connaître  Ledru  ne  sera  pas  dispensé  c^ 
recourir.  Nous  n'avons  ici  que  quelques  circonstances  de  son  œuvre  afférenU^^^ 
à  notre  propos.  Gazette  des  Beaux-Arts,  t.  ni,  p.  230, 18h9,  in-8». 

2.  Le  portrait  de  Sl'^«  Mézières  a  été  gravé  pour  la  Gazette  des  BeaxayÂrts^ 


HIUURE  LEDRD.  3^ 

'S  Mr  le  tombeau  de  sa  première  épouse,  d'après  le  tableau  de 

k\U  an  V  ; 

n  homme  et  une  femme  à  la  promenade^  an  V; 

lludô  de  femme  tenant  une  lettre,  an  V  ; 

'^cène  de  prison,  an  VI.  C'est  le  dessin  gravé  par  Desnoyers, 

s  le  titre  des  Pénibles  adieux,  II  avait  eu  un  grand  succès  dans 

limon  réactionnaire,  qui  y  voyait  les  adieux  de  la  famille 

aie,  alors  que  l'artiste  avait  voulu  représenter  ceux  de  la 

lille  Lesurques; 

a  Fortune  perdue,  ou  la  Mort  de  la  marmotte,  an  VU  ; 

iude  dune  Querculane.  La  Nymphe  des  bois,  dont  la  vie  est 

chée  à  celle  d'un  chêne,  fait  d'inutiles  efforts  pour  ne  point 

éparer  de  son  écorce  frappée  de  la  foudre,  an  VIII  ; 

a  Mort  de  La  Tour  d* Auvergne.  Ce  dessin  est  un  prix  d^encou- 

3ment  obtenu  en  l'an  VII; 

idigence  et  honneur.  Une  jeune  personne  repousse  les  offres 

ictrices  qu'un  jockey  vient  lui  faire  de  la  part  de  son  mal- 

etCtanXIL 

es  plus  célèbres  des  portraits  de  Ledru,  et  notamment  ceux 

Généraux  qui  paraissent  l'avoir  recherché  de  préférence,  ont 

montré  des  graveurs.  Le  plus  considérable  fut  le  royal  portrait 

Directeur  Barras,  gravé  par  Tardieu;  le  plus  joli  est  sans 

te  Stanislas  de  Boufjlers,  membre  de  l'Institut,  gravé  par 

cher,  in-12. 

es  autres  sont  échus  aux  pointillés  : 

7urdan,  gravé  par  Gautier  et  par  Coqueret;        • 

afond;  violon  des  concerts  de  l'Opéra  et  de  la  rue  Chante- 

le,  gravé  par  Lambert  ; 

oubert,  gravé  par  Bourgeois  ; 

emadotle,  gravé  par  Alix  et  par  Lefebvre; 

eumonville,  gravé  par  Gautier  et  par  Coqueret; 

fasséna,  gravé  par  Coqueret. 

[ilaire  Ledru  est  nommé,  dans  une  chronique  de  l'an  VIH,  en 

ipagnie  d'ïsabey,  de  Fragonard  et  de  Henry,  comme  un  de 

s  dont  les  crayons  sont  aussi  pointus  que  des  aiguilles 


364      ARTISTES.— PEINTRES,  DESSUS.  ET  GRAV.  DE  PORTRAITS. 

anglaises  ^,  ce  qui  veut  dire  sans  doute  que  ces  messieurs 
permettaient  des  caricatures.  Nous  voyons,  par  la  Notice 
M.  Hédouin,  qu'il  avait  assez  d'esprit  pour  cela  ;  dans  les  dess 
et  les  documents  qu'a  pu  consulter  cet  amateur,  il  n'est  pas  re 
de  traces  de  la  bonne  humeur  qu'il  avait  dans  son  bon  temps, 
plus  que  de  la  manière  dont  il  avait  accommodé  une  Quevi 
lane;  c'aurait  été,  j'imagine,  un  piquant  contraste  avec  M^^ 
zières,  qui  est  accommodée  avec  une  robe  en  chemide,  et 
superbe  chapeau  pouf  sur  une  chevelure  poudrée. 

BONNEVILLE*  n'a  pris  nulle  part  rang  d'artiste;  il  était  po 
tant  peintre,  dessinateur  et  graveur.  Il  exposa,  en  1793,  trois 
traits  peints  :  Malarmè,  député  et  président  de  la  Convention-  1^ 
31  mai,  feu  Vabbè  Auger,  de  l'Académie  des  inscriptions,  et  1® 
Portrait  d'un  homme  libre;  mais  sa  carrière  paraît  bornée  em^t»"^ 
deux  entreprises  de  librairie,  une  Collection  de  portraits  et  «^ï* 
Traité  des  monnaies,  qui  l'ont  fait  confondre  quelquefois  a 
un  littérateur  libraire,  de  même  nom,  assez  célèbre  par  ses  éK 
cubrations  religieuses,  ses  journaux  et  son  imprimerie  du  Ce 
social. 

Les  portraits  de  Bonneville  jouirent  de  peu  d'estime  pend 
la  Révolution.  Les  personnages  ne  s'y  trouvaient  pas  sans  do 
assez  flattés,  et  nous  verrons  qu'ils  valurent  à  l'artiste  une  dén 
ciation  à  la  Commune;  leur  exécution  est  fort  inégale,  et  il  y 
a  un  grand  nombre  qui  ne  sont  que  des  copies,  mais,  pour 
contemporains,  on  ne  peut  douter  qu'ils  ne  fussent  sou 
dessinés  d'après  nature,  et,  par  leur  caractère  de  réalité, 
deviennent,  pour  beaucoup  de  personnages,  les  plus  précieux 
consulter.  Les  uns  sont  dessinés  et  gravés  par  Bonneville,  1 
autres  confiés  à  toutes  sortes  de  graveurs,  bons  et  mauvai 
Sandoz,  Maviez,  Gautier,  Bovinet,  Guibert,  Compagnie,  Sai 
Aubin,  Duchemin,  Phélipeaux,  Huot,  Lorieux.  Je  me  bornerai — —  ^ 

1 .  Petites  vérités  au  grand  jour,  Paris,  an  VIII ,  'in-i2,  p.  80  et  88. 

2.  François  Bonneville. 


FRANÇOIS  BONNEVILLE.  305 

ir  les  plus  intéressants  parmi  ceux  qui  sont  signés  de  son  nom 
il  ^  :  F.  Bonneville  del.  et  sculp. 

Marie-Antoinette,  Charlotte  Corday  d'Armans  ', 

Za  Comtesse  de  Lamotte,  Louvet, 

Cagliostro,  Laharpe, 

V«  LambcUle,  M.-J.  Chénier, 

M.'J,  Phlipon,  femme  Roland,    Hoche, 

Charette^  Lalande^ 

Camille  Desmoulins^  Babeuf, 

Saint-Just,  Sieyès, 

David,  DuplessiS'Bertaux. 

Pour  donner  à  sa  collection  un  certain  idéal,  Bonneville  pla- 

t  ,    au  frontispice  de  ses  volumes ,  des  figures  symboliques  : 

gcLiilh,  la  Justice,  le  Génie,  la  Discrétion,  et  il  fit,  dans  le  même 

ir^e,  des  figures  d'allégorie  populaire  :  la  Liberté;  V Égalité;  la 

^XA-^t,  une  femme  dont  les  seins  sont  entourés  de  rameaux 

otiône  et  qui  les  presse  de  Tune  et  l'autre  main  ;  En  liberté 

«--y^^e  toi,  moi  égal  à  toi.  Ces  bustes,  dessinés  par  lui  et  gravés 

E>ointillé,  ne  sortent  pas  de  la  donnée  la  plus  vulgaire.  En  con- 

'-^^nt  sa  collection,  à  mesure  que  la  Révolution  s'en  allait,  il 

menta  de  beaucoup  de  célébrités  appartenant  à  tous  les 

s.  Il  y  ajouta  même,  selon  les  circonstances,  VÉtre  suprême. 

Vieillard  barbu,  ayant  sur  la  poitrine  le  triangle  fulgurant, 

1>lus  tard  Jésus-Christ  et  la  Vierge  Marie,  sans  se  donner 

^utre  peine  que  de  copier  les  types  les  plus  altérés. 

On  trouve  le  nom  de  Bonneville  sur  une  seule  composition  : 

^.Portraits des penonnages  célèbres  de  la RévoMion,  par  François  Bonoe- 
^le,  avec  notices  par  Quénard;  1. 1  et  II,  Paris,  Tauteur,  1796,  an  IV,  in-é», 
^  portraits  et  16  planches  de  costumes;  t.  m,  Paris,  Tauteur,  1797,  an  VI, 
Q  portr.  et  17  pi.  de  costumes.  L'édition  fut  renouvelée  avec  un  quatrième 
f^Iume,  Paris,  Saint-Jorre,  1802,  et  50  portraits  de  plus. 

2.  Ce  portrait  est  annoncé  dans  le  Moniteur  du  13  septembre  1793  avec  la 
f>llectîon  :  «  Les  hommes  vivants  sont  gravés  sur  le  portrait  peint  d'après 

lature  par  Vautour la  scélérate  M.  Charlotte  Corday,  représentée  suivant 

e  rapport  fait  par  Chabot  à  a  Convention ,  dessinée  d*aprè8  nature  et  de  la 
lias  grande  ressemblance.  > 


I 


3tJ6      ARTISTES.— PEINTRES,  DESSIN.  ET  GRAV.  DE  PORTRAITS. 

le  Bastringue,  ou  la  Jolie  du  jour;  elle  n^est  pas  faite  poar 
ver  le  graveur  du  rang  médiocre  où  il  s'est  placé  par  la  moi 
tonie  de  ses  portraits. 


JEAN  GUÉRIN  *,  un  peintre  en  miniatures,  qui  avait  du  suâ 
dans  les  Salons,  de  l'an  VI  à  Tan  XII,  par  des  portraits 
grande  miniature,  parmi  lesquels  on  remarque  le  général  Klè 
qui  était  aussi  de  Strasbourg,  fournit  des  modèles  à  plusiei 
graveurs  au  pointillé,  comme  Roger;  celui  qui  fut  le  plus 
est  Fiesinger. 


\rs 


^g^-aa^4 


FIESINGER  ^,  Alsacien,  qui  travailla  en  divers  pays,  et  gr 
plusieurs  pièces  d'après  des  maîtres  italiens,  dont  la  plus 
cienne  est  datée  de  1777,  vint  à  Paris,  à  ce  qu'il  paraît,  pem 
la  Révolution,  et  s'y  fit  connaître  en  gravant  au  pointillé,  d'à] 
Jean  Guérin,  les  Constituants  les  plus  célèbres  et  les  Généi 
des  premières  guerres  de  la  République.  Un  de  ses  plus  j 
portraits,  j'ai  cité  ailleurs  les  plus  célèbres,  est  le  Z)uc  dVrléi 
médaillon  en  couleur,  gravé  d'après  le  modèle  en  cire  fait 
M.  Couriguer,  in-8*>;  le  plus  considérable  est  celui  de  Mirabt 
vu  de  face,  dans  un  rond  in-f**;  il  est,  comme  les  autres,  d*a{ 
J.Guéria,  et  marqué  «  engraved  by  Fiesinger,  London,  1793. 
en  parut  un  autre  état,  marqué  «  déposé  à  la  Bibliothèque  naiio) 
le  15  germinal  an  VI.  »  Le  Manuel,  qui  ne  cite  pas  ce  grand  \ 
trait,  différent  de  celui  qui  fait  partie  de  la  suite  in-12,  a  oi 
dans  sa  liste  fort  incomplète,  Buonaparte,  et  la  suite  des  G( 
Faux,  qui  est  assez  connue. 

Fiesinger  fut  employé  è  la  gravure  dee  Assignais,  ^t  il 
signala  par  ses  essais  de  gravure  en  taille-douce  sur  acier*  ; 
nous  ne  pouvons  dire  ce  qui  lui  appartient  dans  les  figures  et 
ornements,  d'ailleurs  si  distingués,  du  papier-monnaie,  auq 


IRC 


1.  JeaD  Gaérin,  né  à  Strasbourg. 

9. 1.-Gabviel  Pietinger,  né  à  Qffeiiteofa. 

3.  Camus,  Histoire  du  Polytypage,  Paris,  an  X,i»»8%:p,'^!7  ei90L 


GILLES-LOUIS   CflRÉTlEiN.  567 

^^Vaillèrent  Dupeyrat,  Gattcaux,  Tardieu,  et  d'autres  graveurs 
^^  Cioins  ou  de  lettres.  Son  plus  grand  mérite  est  d*avoîr  repro- 
^^^t  les  plus  jolies  miniatures  de  Ja  Révolution  ;  mais  il  n'est 
P^^  sorti  du  cercle  des  politiques  et  des  militaires. 

faprès  ce  que  nous  rapporte  le  docteur  Mayer,  on  ne  trouvait 
^Ji  plus  en  Tan  IV,  à  Paris,  sa  collection  de  portraits,  et  cet 
excellent  artiste  était  allé  en  Angleterre. 

ELISABETH  6.  HE2<HÂN  a  signé  aussi  nombre  de  portraits  de 

^^néraux,  gravés  dans  la  même  manière  et  diaprés  J.  Guérin, 

^\]i  forent  publiés,  en  l'an  VI  et  Tan  VII,  chez  Renooard  et  chez 

laalRpet.  J'ai  remarqué  son  nom,  parce  qu'il  se  trouve  aussi  sur 

une  jolie  pièce  au  pointillé  d'après  Barto4ozzi,  VAm^ur  ti  Psyché, 

qui  existe  4ans  <un  autre  état,  accommodé  pour  la  Révolution, 

avec  le  titre  V Amour  et  la  Rmson,  l'adjonction  d'un  emblème 

i  triangle  et  bonnet,  et  une  iong^ie  légende  républicaine,  à  Paris, 

chez  Joubert. 

tCHRÉTIËfil  S  musicien  de  la  Chapelle  du  Roi,  de  la  Chambre  .et 
des  concerls  particuliers  de  la  Reine,  à  Versailles,  joignait  h  «on 
talent  sur  le  violoocelle  quelque  industrie  du  portraits  Pour  y 
aider^  il  inventa,  en  I7S64  le  physionotrace;  c'était,  suivant  un 
rapport  officiel,  u  la  combinaison  ingénieuse  de  deux  parallélo- 
grammes, dont  l'objet  est  de  maintenir  parallèlement  è  elle- 
même  la  règle  qui  porte  l'objectif,  ainsi  que  l'objectif-  »  Bien 
que  la  mise  du  dessinateur  fût  assez  mince  dans  les  petits  profils 
ainsi  obtenus,  Chrétien  avait  le  plus  souvent  un  collaborateur 
pour  le  dessin  ou  pour  la  réduction  de  ses  têtes,  Fouquet,  Four- 
nier  ou  Quenedey  ;  il  les  gravait  lui-même  au  lavis  sur  du  fer- 
blanc  avec  beaucoup  de  finesse. 

Après  avoir  travaillé  quelque  temps  à  Versailles,  Chrétien  vint 
I  Paris  et  trouva  beaucoup  de  pratiques.  On  vit,  au  Salon  de 

1.  Gilles-Louis  Chrétien,  né  à  Versailles  en  1751,  mort  en  1811. 

2.  Moniteur  de  1812,  p.  998.  Distribution  des  prh  au  Conservatoire  des  arts 
et  métiers,  compte  rendu  de  M.  Mollard. 


368      ARTISTES.— PEINTRES,  DESSIN.  ET  GRAY.  DE  PORTRAITS. 

1793,  cent  épreuves  de  différents  portraits  en  proûls, 
parFouquet,  peintre  en  miniature,  et  gravés  par  Chrétien;  -au 
Salon  de  Uan  IV,  douze  cadres,  contenant  chacun  cinquante  p>c^r- 
traits,  gravés  par  Chrétien,  inventeur  du  physionotrace;  l^s 
Salons  de  l'an  V  et  de  Tan  VII  en  eurent  encore  plusieurs  cadi 
Le  plus  grand  nombre  de  ces  portraits  regardaient  des  persoar^ 
obscures;  en  voici  quelques-uns  qui  ont  mérité  d'être  conser^v^^ 
dans  quelques  collections  :  Bailly,  Chabot,  Cov/perin,  C\jiTi%^jK^, 
Lechapelier,  Letoumeur,  Marat,'  Pètion,  Rabaud-Pommier^  ^ 
C.  Cabrol,  femme  de  Rabaut,  la  C.  Robespierre. 

Ces  portraits  sont  tous  précieux  par  leur  authenticité  ;  les  jpc:^  t- 
traits  de  femmes  se  distinguent  encore  par  la  finesse  de  la  phy^i*^ 
nomie,  l'accoutrement  des  cheveux  et  du  corsage.  Grâce  à  I^^  *^ 
naïveté,  telles  figures  inconnues  nous  intéressent  encore,  corm^^sM^ 
images  idéales  de  celles  que  nous  regrettons  de  ne  pas  tenir. 

L'art  et  l'industrie  du  portrait  ne  menèrent  pas  Chrétien 
loin^  à  ce  qu'il  paraît.  La  musique  resta  son  art  de  prédilecti' 
il  fut  musicien  de  S.  M.  l'empereur  et  roi,  en  1807,  fit  jouer^ 
opéra  et  composa  un  livre,  la  Musique  considérée  comme  scié 
naturelle^,  avec  des  planches,  qu'il  gravait  lui-même  en  1^  ^^*' 
année  de  sa  mort.  Bouchardy  se  donna  ensuite  comme  son  i is-^JC- 

k 

cesseur  dans  l'exploitation  du  physionotrace. 


QUÉNEDEY*;  peintre  en  miniature,  fut  associé,  dès  178Êl3t  « 
l'invention  de  Chrétien,  et  travailla  d'abord  avec  lui;  il  se  sép^^'^'^ 
au  bout  de  peu  de  temps,  et  exploita  le  procédé  pour  son  com^^^^' 
en  employant  des  graveurs  chez  lui  pour  la  confection  de  ^ 

portraits  et  en  les  gravant  ensuite  lui-même*.  Il  travaUla  à  p^^-"^"^ 

1.  Paris,  Tauteor  et  Michaud,  1811,  in-S». 
•  2.  Edme  Quénedey,  né  à  Riceys-le-Haut  (Aube),  1756,  élèye  de  Derosi^^^^ 
Dijon,  mort  en  1830.  n  a  laissé  deux  fiUes  qui  ont  pratiqué  la  miniatni^  "^^  ^ 
la  gravure.  C'est  au  gendre  de  l'une  d'elles,  excellent  bibliothécaire,  qu^^  '^^^ 
dois  mes  renseignements  sur  Chrétien  et  sur  Quénedey. 

3.  Il  demeura  d'abord'  rue  Croix-des-Petits^hamps,  hôtel  de  Lussan,    ^^  ^ 
puis  cour  des  Fontaines. 


£DME  QUENEDEY.  369 

[it  les  premières  années  de  la  Révolution.  On  ne  trouve  pas 
m,  il  est  vrai ,  dans  les  livrets  des  Salons,  mais  le  physio- 
e  est  mentionné  honorablement  sous  son  nom,  dans  une 
stance  fameuse,  à  l'Assemblée  nationale  ;  il  est  annoncé 
î  Voyageur  à  Paris  de  Tannée  1790*  ;  on  trouve  parmi  ses 
ils  plusieurs  célébrités  de  ce  temps,  et  en  Tau  111,  le  Monv- 
cmouçait  encore  de  lui  les  portraits  de  J.-/.  Rousseau  et  de 
n.  Dans  les  années  qui  suivirent,  il  voyagea,  il  alla  à 
les,  à  Gand,  à  Hambourg,  où  il  resta  cinq  ans,  faisant 
[)alement  des  miniatures.  De  retour  à  i'aris  en  Tan  X,  il 
la  fabrication  des  portraits  '. 

i  des  listes  des  portraits  exécutés  par  Quénedey,  renfermant 
e  quinze  cents  noms,  divisés  par  lettres  de  Talphabet  et 
Isés  par  chiffres  de  1  à  100.  Il  y  a  là  le  tiers  et  le  quart, 
pourtant  quelques  noms  connus,  appartenant  à  des  épo- 
lîverses  : 

Faujas  de  SainP-Fond,  Â.  b  ; 
de  Montakmbert,  B.  3  ; 
Lavaur,  B.  50  ; 
ie  Narbonne,  B.  63; 

de  Staël,  ambassadrice  de  Suède,  B.  70  ; 
David,  G.  19  ; 

de  SairU^imon,  GUe  du  marquis,  E.  91  ; 
la  princesse  de  Salm,  F.  10  ; 
Panckoucke,  F.  30  ; 

r  Voyageur  à  Paris,  par  Thierry,  1790,  2  vol.  in -12.  «  M.  Quénedcy, 
en  miniature,  fait,  par  le  moyen  du  physionotrace,  inventé  par 
étien ,  le  portrait  d*une  ressemblance  dont  le  plus  habile  dessinateur 
lerait  difficilement.  Quatre  à  cinq  minutes  suffisent  pour  calquer  la 
à  Taide  de  cette  machine,  et  les  portraits  qui  sortent  des  mains  de  cet 
ne  jpeuvent  être  comparés  qu'à  ceux  qui  sont  moulés  sur  nature.  Il 
ensuite  ces  portraits  à  la  grandeur  de  18  Ugnes  et  les  grave  d'une  ma- 
ui  lui  est  particulière,  et  dont  les  connaisseurs  admirent  le  trait.  Il  en 
douze  épreuves,  avec- la  planche  et  le  premier  trait  grand  comme  na- 
our  le  prix  modique  de  24  livres.  » 
.  demeure  fut  alors  rue  Neuve-de^Petits-Champs. 

24 


370      ARTISTES.— PEINTRES,  DBS8IN«  ET  GRAV.  DE  PORTHAITS 

Jf.D«MUe,0.d8; 

U^*  la  moomteuB  de  BreteuU,  G.  6a  ; 

M.  HèrauU  de  SMyiUes,  6.  71  ; 

U^  la  vicomtesse  de  Saint-Priesi,  U.  4; 

M.  le  chevalier  de  Pougens,  i.  70; 

M.  Pigault-Lebrun,  Q.  92. 

On  trouve  de  plus,  dans  les  collections,  beaucoup  de  poiti — ^ta 
de  Quénedey  qui  ne  sont  point  portés  sur  ses  listes  et  n'osl  pat 
de  numéro  d'ordre.  Il  y  en  a  d'une  dimension  plus  grande,  ily 
en  a  même  qui  sont  de  face  et  ont  été  faits  sans  le  secours  do 
pbysionotrace.  Je  noterai  encore  parmi  ceux-ci  : 

Bamave^  -^Lafeuyette,  —  Ànachanis  ClooU, — Desèze, — dÈ^^' 
mesnU^  —  Biot,  —  Monge,  dédié  aux  élèves  de  l'École  polytL.  9^' 
nique,  in-Zi^*,  — Sèb.  Bach,  —  Gréiry,  —  M^L  —  plusieura  aui 
mosidens,  et  enfin  son  propre  portrait. 

Les  grands  portraits  de  Quénedey  manquent  d'art  et  de 
mais,  dans  ses  petits  portraits,  on  retrouve  les  qualités 
nous  avons  relevées  dans  ceux  de  Chrétien.  Les  profUs  de  fei 
y  sont  précieux.  Le  plus  rare  assurément  est  celui  de  M* 
Stael^,  qui  nous  la  livre  dans  les  plus  naïves  illusions  de 
jeunesse,  l'œil  étincetaint,  la  bouche  grosse  et  entr'ou^ 
C'est  un  trait,  sans  encadrement  et  à  peine  ombré,  qui  la  rep^c9^ 
sente  avec  une  chevelure  à  boucles  étagées  et  retombant  sui    ^'^ 
nuque,  et  avec  une  robe  à  pèlerine,  collerette  et  fidui  enflé  ^      ^^ 
la  gorge. 

II  y  a  un  autre  profil  de  femme,  lavé  sur  fond  bistre  et  siga^^^  °^  ' 
Quénedey  del,  et  sculp.,  qui  est  attribué  à  Jf"»  Tallien.  La  coiffit-^*'"^ 
est  ornée  de  l'anadème,  conformément  aux  modèles  grecs  des^^^-^^^ 
nés  par  Willemin,  et  le  corsage,  tout  ouvert,  est  retenu  s^^^  ^ 
l'épaule  gauche  par  un  camée.  On  retrouve  dans  ses  traits  l'a— ^  ^" 
ouvert,  le  nez  fin  et  la  ganache  forte,  qui  sont  bien  connus  par  -^'^'^ 
portrait  de  Gérard. 


1.  On  le  trouve,  ainsi  que  beaucoup  d^autres  portraits  de  Quénedey  et 
Chrétien,  au  Cabinet  des  estampes. 


i 


GABRIEL.  371 

GONOADS  qo'oQ  trouve  gravant,  dès  17^,  d'après  Goehin, 
an  portrait  de  Lempereur,  ancien  èdtsvin  de  la  ville  de  PariÈ,  cité 
dans  le  Catalogue  Paignon-Dijonval ,  et  des  Académies  de  femme, 
au  lavis,  citées  par  Basan,  publia,  en  l*an  VII,  une  CoUection  des 
porhmts  des  membres  composant  le  Corps  législatif.  Ce  sont  de 
petits  médaillons  sur  fond  noir,  encadrés,  au  nombre  de  quarante 
sur  chaque  feuille  ;  il  y  en  a  quatre  livraisons  au  moin$.  L'exé- 
cution ne  manque  pas  de  relief,  mais  le  principal  mérite  de  cette 
collection  consiste  dans  la  rareté  des  portraits  qu'elle  renferme  ; 
le  succès  dut  en  être  nul  et  l'édition  mise  aix  pilon. 

GABRIEL.  Les  collecteurs  de  portraits  ont  certainement  re- 
marqué, dans  le  n(Mnbre  des  personnages  de  quelque  illustra- 
tion dont  on  édite  la  ressemblance  posthume,  souvent  avec  si  peu 
de  scrupule,  les  portraits  des  plus  fameux  révolutionnaires,  des- 
sinés d'après  nature  par  Gabriel,  gravés  à  l'eau-forteen  imitation 
de  mine  de  plomb,  et  publiés  chez  Vignères,  rue  du  Carrousel,  de 
18Z»2  à  18/(6.  Marat  à  la  tribune,  Couthon,  Léonard  Bourdon, 
Lebon,  Hébert,  Henriot,  Maillard,  pour  ne  citer  que  les  plus  sail- 
lants, y  paraissent  avec  un  accent  de  vérité  souvent  cruelle,  que 
les  portraits  même  contemporains  ne 'donnent  pas,  et  ils  se  seront 
demandés  qui  était  ce  Gabriel.  Voici  ce  que  j'en  ai  appris. 

Vers  18/^0,  on  voyait  souvent  passer  dans  la  rue  du  Carrousel, 
autrefois  si  chère  aux  iconophiles,  un  petit  vieillard,  d'environ 
soixante-quinze  ans,  qui  s'arrêtait  avec  curiosité  devant  les  por- 
traits étalés  chez  Vignères,  attiré  surtout  par  ceux  de  quelque 
figure  révolutionnaire,  devant  laquelle  il  ne  pouvait  s'empêcher  de 
murmurer.  Il  avait  été,  lui  aussi,  peintre  de  portraits  dans  son  hou 
temps,  ou  plutôt  dessinateur  au  crayon  de  couleur,  mais  si  insou- 

1.  François  Gonord,  né  à  Saint-Germain,  graveur  dans  le  genre  du  crayon 
'oubert);  Gounord  ou  Gounard,  dessinateur  de  portraits,  graveur  dans  le 
enre  des  dessins  trav.  en  1761,  1798  (Zani).  —  (H  y  a  eu  à  la  même  époque 
^  Gounod  qui  a  donné  des  jolis  portraits  au  crayon.  J'en  ai  vu  un  certain 
c^xnbre,  et  j*en  possède  même  un ,  représentant  mon  grand-oncle  paternel  et 
Knô  :  «  Gounod  Tec.  1784.  »  A.  de  M.  ) 


'i 


372      ARTISTES.— PEINTRES,  DESSIN.  ET  GRAV.  DE  PORTRAITS. 

ciant  ou  si  libertador,  comme  il  disait,  qu'il  ne  faisait  pas  po; 
ses  modèles  et  ne  saisissait  les  physionomies  qu'au  vol;  aussi 
put-il  jamais  devenir  un  artiste,  môme  pour  l'usage  des  resse 
blances  de  famille.  Jeune  en  1793,  et  avide  des  spectacles  rév^< 
lutionnaires,11  avait  saisi  à  la  Commune,  à  la  Convention 
dans  la  rue,  à  la  pointe  de  son  crayon  et  dans  la  coiffe  de 
chapeau,  les  physionomies  qui  l'avaient  le  plus  frappé,  et,  s*fl 
les  a  chargées  quelquefois,  c'est  uniquement  par  l'effet  de  la  pr^— 
occupation  du  moment.  Ce  sont  ces  croquis  que  l'éditeur  a  Tatit, 
graver.  Ils  forment  un  complément  intéressant  aux  portraits 
Bonqeville,  de  Vérité  et  de  Dejabin ,  et  gardent  un  cachet 
liberté  que  n'ont  jamais  des  portraits  gravés  pour  le  public.  • 

Gabriel  ne  fit  jamais  ressource  de  la  gravure.  On  lui  attribue 
cependant  un  portrait  de  Bougaintille,  au  pointillé,  in-8<*,  et 
Mécou  grava  un  portrait  de  M^  de  Maintenon,  d'après  son  dessin, 
qui  parait  fait  sur  une  estampe  de  Bonnart. 


.£l 


^ 


^- GRAVEURS  SUR  BOIS,  GRAVEURS  EN  MÉDAILLES. 


GRAVEURS    SUR    BOIS. 

■--^  gravure  en  bois,  que  la  famille.des  Lesueur  avait  continuée 

*^^s  Louis  XV,  et  qu'elle  avait  heureusement  appliquée  à  la  repro- 

"^otîon  des  dessins  de  maîtres,  était,  sous  Louis XVI,  fort  négligée 

"^Os   le  commerce  des  estampes,  tout  envahi  par  les  manières 

pi  Us  finies  du  crayon,  du  pointillé,  du  lavis  et  de  la  couleur.  La 

nôvol  ution  eut  moins  de  répugnance  pour  ses  rudes  façons,  et 

ûous  allons  la  voir  installée,  en  concurrence  avec  la  taille-douce, 

^^^  l^s  têtes  de  lettres,  les  frontispices,  les  assignats,  les  jour- 

ï^ux  ,  indépendamment  des  placards  et  des  cartes,  de  tout  temps 

^^^ol  us  aux  tailleurs  de  bois. 

^RUGNET,  prote  d'imprimerie,  devenu  dessinateur  et  graveur 
f  ''^guettes  et  de  fleurons,  est  déjà  cité  par  Papillon  pour  ses 
*^FK>sitions  à  graver  en  bois  *.  On  trouve  ses  gravures  au  burin 
L^irk«»  1^  Œuvres  de  La  Monnaye,  1770;  YOraison  funèbre  de 
XV,  par  M.  de  Beauvais,  1774*;  ]es  Contes  moraux,  de  Mar- 
*^^^ïitel.  11  avait  de  la  variété  dans  ses  travaux  et  de  la  douceur 
s  ses  expressions. 
^es  gravures  en  bois  échappent  plus  facilement  aux  recber- 

^  •  Traité  historique  et  pratique  de  la  gravure  en  &oû,  Paris,  1766,  2  vol. 
'^^-«%  t.I,p.  336. 

%  OEuvres  choisies  de  Bernard  de  La  Monnaye,  Paris,  1770,  2  vol.  în-4'', 
^  piècw  (Leblanc).  —  Oraison  funèbre  de  Louis  XV le  Bien-Aimé,  par  M.  J.-B.- 
C.-N.  de  Beauvais,  évêque  de  Senlis,  Paris,  Desprez,  1774,  in-4*,  2  pièces. 


374 


ARTISTES.  —  GRAVEURS   SUR  BOIS. 


ches  ;  ce  n'était  que  des  fleurons  ou  des  culs-de-lampe  pour  1 
nement  des  justifications  typographiques.  II  y  en  a  une  qui 
sente  des  enfants  au  milieu  d'objets  d'art,  en  tête  des  catalogr 
de  vente  de  Lebrun,  de  1786  à  1788.  Voici  celles  où  j'ai  tro 
son  nom  et  qui  se  rapportent  au  temps  de  la  Révolution  ;  b 
coup  d'autres  ont  dû  rester  anonymes  : 

Administration  centrale  des  armes.  Égalité,  Lib&rtè,  Beugne'fe 
le  Génie  de  la  Liberté  devant  un  forgeron;  en-tête  de  lettre; 

L'Architecture,  femme  assise  sur  une  corniche  et  suspends 
un  plomb  contre  un  tronçon  de  colonne;  fleuron; 

Mercure;  vires  acquirit  eundo;  fleuron  du  Mercure  de 
Paris,  Didot  le  jeune,  an  VIIÎ  ; 

Buste  d'Aide  le  Jeune,  d'après  un  ancien  bois; 

Marques  des  Aide,  n<**  1,  2,  3  et  4. 

Ces  dernières  pièces  ont  été  faîtes  pour  la  Notice  sur  les  tr'^ris 
Manuce,  du  libraire  Renouard,  qui  a  bien  voulu  dire  dans  s* 
préface  «  qu'il  les  tenait  de  la  main  de  feu  Beugnet,  l'un  de  oo^ 
meilleurs  graveurs  sur  bois^»  On  apprend  par  là  qu'il  venait 
mourir  en  Tan  XH. 


es 
u- 

M.; 


DUGOURG  ^  s'était  fait  connaître  avant  la  Révolution  par 
grande  gravure  au  burin,  la  Prière  à  Vénus,  d'après  Netscher 
par  des  dessins  de  sujets  de  galanterie,  de  costume,  et  même 
portraits,  fournis  à  des  graveurs,  plus  habiles  que  lui  à  polir  1 
ouvrage,  Trière,  Lebeau,  Elluin,  Ingouf,  A.-F.  David.  ïl  a 
essayé  de  nouveaux  procédés  dans  la  gravure  des  ornements» 
ces  pièces,  les  plus  intéressantes  à  rappeler  pour  l'histoire 
la  gravure,  fournissent  l'indice  le  plus  sûr  du  talent  véritable 
Dugourc,  comme  dessinateur  et  graveur  : 

Arabesques,  inventés  et  gravés  par  J.-D.  Dugourc,  1782, 
Paris,  chez  Chereau.  Six  pièces  in-8°  :  l®  Titre,  2°  la  Terre,  3« 

i.  Notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  des  trois  Manuce,  Paris,  an 
1803,  in-go. 

2.  Jean-Démosthène  Dugourc,  nô  ea  17Ô0  h  Paris,8«lonBaaaa,(à  V 
dit  Brulliot),  ^lôve  de  SaintrAubin. 


JEAN-DÉMOSTHÈNE  DUGOURC.  375 

;  à*  l'Eau,  5*'  Vénus  ou  la  Coquetterie,  6^ Mars  ou  là  Guerre; 

«  pièces  sont  marquées  d'un  monogramme  :  DG. 

erres  gravées  :  Guerrier  greo  défendant  un  corps.  Deux  lèles 

tes,  in-d*  h.  Essai  dessiné  par  J.-D.  Dugourc,  et  multiplié  par 

[offman,  le  23  avril  178S  ; 

mime  assise,  une  urne  à  la  main,  prhs  d*un  tombeau,  io^^  1. 

i  retouché  le  22  avril  1783,  par  i.-D.  Dugourc. 

isan,  en  citant  les  Arabesques  de  Dugourc,  dit  :  «  Il  a«  ainsi 

Lagrenée,  fait  Tessai  de  ce  genre  de  gravure,  opération  chi- 

ae  par  le  moyen  de  laquelle,  en  deux  heures  de  temps^  on 

graver  une  planche  en  employant  une  encre  mordante 
itée  par  Hoffmann  ;  mais  cela  n'a  pas  réussi  *.  »  Cela  veut 

sans  doute,  que  le  procédé  fut  trouvé  trop  sale,  mais  on 
voir  qu'il  ne.  manque  ni  de  force  ni  de  variété,  et  qu'il  fait 
r  les  qualités  solides  du  dessin  de  Dugourc.  Get|e  habileté 

les  ornements,  et  dans  l'emploi  de  nouveaux  procédés  de 
ire  et  d'impression,  le  servit  ;  au  moment  de  la  Révolution, 
tblit  une  fabrique  républicaine  de  papiers  peints,  place  du 
»usel,  au  ci-devant  hôtel  Longueville',  et  se  fit  une  réputa* 
^mme  décorateur  d'arabesques'. 

fabrication  des  papiers  peints,  qui  se  faisait  au  moyen  de 
thés  gravées  et  de  patrons  découpés,  avec  des  enluminures, 
cie  les  estampes  sur  bois,  était  depuis  l'origine  entre  les 
s  des  mêmes  ouvriers,  nommés  dominotiers,  imagers  et 
siers;  mais  ils  se  réduisaient  autrefois  à  des  dominos,  c'est- 
e  à  des  papiers  marbrés,  ou  ornés  de  Grotesques,  pour  la 
Mure  de  livres,  des  coffres,  et  la  décoration  des  petits  cabi- 

Par  l'effet  de  la  Révolution,  ils  allaient  prendre  la  plus 
de  extension  pour  la  décoration  des  appartements^,  et  il  est 

DifitfOMmitri  dm  ffraoewrt,  Paris,  1780,  1. 1,  p.  102. 

/ûtotre  de  la  SociUé  fram^ê  pendant  la"Hévol%Ui<m ,  1854,  In-S*,  p.  06. 

^pùnse  à  Véorit  de  M.  Beyerié,  sur  la  fabrication  des  pièces  de  45  sols, 

apré,  graTear  général,  in-S^,  de  Timpr.  du  Cercle  social. 

JM  citoyens  Dagnet,  Miricants  de  papiers  peints,  boalivard  du  Temple, 

Dtèrent  à  la  Gonventioa  les  Tables  de  laConstitation  de  1703  et  ceUes  des 


i 


370  ARTISTES.  —  GRAVEURS  SUR   BOIS. 

curieux  de  les  voir  encore  à  ce  moment-là  entre  les  mains  A^ 
graveurs  sur  bois.  L'abolition  des  maîtrises  ne  fit  que  mî^^^ 
cimenter  l'alliance  de  l'art  et  de  l'industrie. 

Les  cartiers  tentèrent  une  innovation  et  voulurent  révoliitioth 
ner  les  rois,  les  dames  et  les  valets  en  possession  depuis  Otat- 
les  Vif.  Delâtre,  Mandron,  Ybert,  Chassonerie,  ^inot,  Lefer,  Meu- 
nier et  l.achapelle  se  réunirent  pour  adopter  un  modèle  oii     ces 
gothiques  figures  étaient  remplacées  par  les  Sages .  Solon,  Ca^^^^ 
Rousseau,  Brutus;  les  Vertus  :  Justice,  Prudence,  Uniofi,  F(^^ce; 
et  les  Braves  :  Annibal ,  Horace,  Decius  MuSy  Scxvola,  en  co^^- 
mes  antiques^  Si  Ton  en  juge  par  le  jeu  qui  porte  le  nonm    ^^ 

« 

Chassonerie,  les  dessins  malhabiles  qu'ils  adoptèrent  ne 
gnaient  d'aucun  progrès  dans  l'art  du  cartier.  Mais  j'en  con 
un  autre  sans  nom  de  cartier  qui  est  dessiné  et  gravé  avec 
d'expression  et  d'adresse  :  il  présente  en  outre  cette  circons 
curieuse  que  le  brave  de  cœur  représente  un  Sans-culotte,  e 
brave  de  trèfle  un  vainqueur  de  la  Bastille^. 

Dugourc  se  distingua  dans  la  fabrication  des  cartes  repu 
caines. 

Les  figures  des  cartes  de  Dugourc,  composées  de  quatre 
nies  :  de  la  Gueire,  du  Commerce,  de  la  Paia>ei  des  Arts;  de  qu 
Libertés  :  des  Cultes,  des  Professions,  du  Mariage  et  de  la 
et  de  quatre  Égalités  :  de  Devoirs,  de  Couleur,  de  Droits  et 
Rangs,  sont  dessinées  avec  tant  de  fierté  qu'elles  ont  été  génét^ 
lement  attribuées  à  David'.  Elles  sont  pourtant  bien  signées; 


.«^ 


a!S 
lias 
noe 
t\e 

■bVh 


tie 


ra- 
ie 


Droits  de  Thomme,  gravées  et  imprimées  en  gros  caractères,  qui  furent 
dans  le  lieu  de  ses  séances;  ces  feuilles  avaient  7  pieds  de  h.  sur  3  1/3 
large  ;  Moniteur  du  24  pluviôse  an  II. 

1.  Ils  annoncèrent  la  mise  en  vente  de  leurs  nouvelles  cartes  dans  le 
teur  du  4  ventôse  an  II. 

2.  11  y  en  a  d'autres  indiquées  dans  les  Cartes  à  jouer  par  Paul  Boitea^^ 
mais  sans  les  détails  suffisant!  pour  les  faire  connaître. 

3.  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France,  par  Ph.  Lebas.  Paris,  DidoP^' 
1841,  in-8°,  t.  IV,  p.  216.  Les  Cartes  à  jouer  et  ta  Cartomancie,  par 
Boiteau,  Paris,  Hachette,  1854,  in-12,  p.  120.  David  fut  chargé,  en  1808, 
Tadministration ,  de  faire  faire  par  ses  élèves  des  dessins  de  cartes.  Des  essai 


de 


it»  ^ 


•% 


JEAN-DKMOSTHÈNË   DUGOURC.  377 

Ghiie  de  la  Guerre  porte  pour  adresse  :  «  Par  brevet  d'invention, 
Jaume  et  Dugourc  »  ;  un  Génie  de  la  République  française  et  VÉga- 
lUé  de  Couleur  portent  pour  signature  :  n  Dugourc  inv.,  Tan  II 
de  la  République,  par  brevet  d'invention.  »  On  en  a  aussi  un  état 
imprimé  sur  papier  avec  le  prospectus  de  l'invention  :  «  Par  bre- 
vet  d'invention,  nouvelles  cartes  de  la  République  française.  Ces 
cartes  sont  fabriquées  par  V.  Jaume  et  J.-D.  Dugourc.  Le  dépôt 
général  est  rue  Sâint-Nicaise;  »  in-f°  (coll.  Hennin). 

D'après  un  document  publié  il  y  a  quelques  années,  Henri  Saint- 
Simon,  depuis  célèbre  par  la  publication  d'idées  philosophiques 
d'où  sortit  une  secte  religieuse,  aurait  été  le  créateur  de  ces  cartes 
et  le  propriétaire  du  brevet  en  indivis  avec  les  citoyens  Jaume  et 
Dugourc*.  Mais  ce  qui  nous  intéresse  uniquement  ici,  c'est  le 
dessin,  et  l'on  ne  peut  y  méconnaître  la  manière  de  Dugourc.  Le 
trait  en  est  fin  et  bien  mouvementé,  les  têtes  sont  vives,  les  cos- 
tumes variés,  les  attributs  nombreux.  On  y  sent  toutes  les  res- 
sources d'un  dessinateur  habile  à  symboliser  les  figures;  dans  les 
ÈgcUiUs,  lecostume,  militaire,  sans-culotte  et  judiciaire,  est  abordé 
avec  hardiesse.  Il  est  fâcheux  seulement  que  toute  la  distinction 
de  ces  figures  soit  dans  le  trait  noir  donné  par  le  moule,  et 
qu'elle  ait  été  compromise  par  les  couleurs  imprimées  grossière- 
ment et  sur  de  mauvais  patrons,  mais  Dugourc  n'était  pas  cartier 
et  n'eut  ici  qu'un  mauvais  enlumineur;  c'est  sans  doute  le  fait  de 
Son  associé  Jaume'. 

« 

'ureiit  faits,  mais  ils  n^ont  pas  eu  de  suite.  Exposition  universelle  de  1855,  Extrait 
les  Rapports,  par  M.  Merlin,  Paris,  Imprimerie  impériale,  1856,  in-18,  p.  126. 

i.  Souvenirs  de  la  marquise  de  Créquy,  Paris,  1835,  t.  VII,  p.  92.  Aucune 
biographie  de  Saint-Simon,  à  notre  connaissance,  ne  rapporte  le  fait.  Les' 
caatériaux  dont  s*e8t  servi  le  rédacteur  de  ces  Souvenirs ^  M.  de  Gourchamp , 
ont  suspects  ;  mais  il  est  inadmissible  quMl  ait  imaginé  la  réimpression  d*un 
^Tospectus:  Par  brevet  d'invention^  nouvelles  cartes  à  jouer  de  la  République 
française,  de  Vlmprimerie  des  nouvelles  cartes^  rue  Saint'NiciUse,  et  la  com- 
position d*une  lettre  où  Saint-Simon  se  déclare  le  créateur  et  le  propriétaire 
-Mi  indivis  avec  les  citoyens  Jaume  et  Dugourc. 

2.  Ils  annoncèrent  leur  invention  dans  le  Journal  de  Paris;  Histoire  de  la 
Société  française  pendant  la  Révolution ,  p.  289. 


\ 


.178  ARTISTES.  —  GRAVEURS  SUR  BOIS. 

On  ne  s'étonnera  pas  de  voir  ici  traités  avec  importance  des 
ouvrages  aussi  é^mentaires.  Dans  les  moments  de  crise  et  de 
renouvellement  de  l'art,  les  éléments  prennent  le  même  intérêt 
qu'ils  avaient  aux  moments  de  rorigine,  et  provoquent  les  mômes 
accidents.  Des  productions,  d'apparence  inférienre,  niais  reoAiût 
un  germe  vivace,  prennent  le  pas  sur  des  productions  d*éclat, 
mais  entachées  du  vice  de  mort.  Les  petits  ouvrages,  auxquels 
Degourc  fut  amené,  en  reprenant  la  pratique  de  la  gravure  ea 
bois,  recommanderont  ici  son  nom  mieux  qne  la  belle  piice 
galante  par  laquelle  il  avait  commencé  : 

Liberté;  assise,  tenant  une  pique  et  une  couronne,  appuyée  sur 
le  socle  d'one  statue  de  la  Nature  : 

Républicaio,  sois  juste  et  chéris  ta  patrie; 

Dugourc  et  Dupiat  fec.;  in^l2  ; 

Liberté;  assise,  à  ses  pieds  un  coq  et  une  branche  de  chèKB®  • 
RépMique  française;  Dugourc  et  Dupiat  f.;  ovale;  tête  ^"^ 
lettre  du  Ministère  de  l'intérieur  ; 

Liberté;  assise,  accoudée  sur  un  faisceau  ;  l'Œil  rayonnant    ^^' 
dessus  :  Comité  de  législaiion;  ovale  ; 

Liberté;  debout  sur  une  nef,  tenant  un  trident  et  une  v^^^'^ 
enflée  :  Liberté  des  mers; 

Liberté;  assise  au  milieu  d'attributs  :  Censtitution  de  l'an  /J^^ 
Directoire  exécutif; 

Liberté;  assise  sur  une  proue,  tenant  un  trident  :  Marine  et  ColO' 
nies  ;  ovale  ; 

Bellone;  assise  :  Armées  de  terre;  ovale; 

Justice;  assise  à  côté  de  l'autel  de  la  Patrie;  grand  médailloa 
octogone; 

L'Eloquence;  debout  à  une  tribune  :  lïèfhM>lique  f)rançai$e,  7Vt- 
bwnat;  ovale; 

Victoire  sur  un  quadrige;  Dugourc  et  Dupiat  se.  ; 

Génie;  tenant  un  rouleau  au*de$sus  d'un  cippe  :  Conseil  dês 
Anciens;  ovale; 

Génie;  tenant  des  foudres  :  Victoires  ;  médaillon  rond  ; 


i 


^ 


JEAN-DEMOSTHÈNE  D13G0URC.  379 

Génie;  daos  un  cartouche  :  IHrectoire  eùoècutif,  Minière  des 
finances; 

Trophée  d'armes  :  Aux  Armées  fnmçaises  victorieuses  des  puis- 
sances coalisées;  Dugourc  et  Duplat  fec.  ; 

Frontispice  du  livre  intitulé  :  Campagnes  des  Français,  Rapport 
de  Camot  à  la  Convention^; 

Chêne;  au-^iessous  un^faisceauy  une  pique  et  un  chien  :  Forêts 
ntuionales;  Dugoure  et  Duplat. 

Panoplie  dans  une  couronne  de  chêne  ;  Dugourc  et  Duplat  fec.  ; 
Aigle,  les  ailes  déployées  sur  un  foudre,  et  des  branches  de 
cliéne;  Dugourc  et  Duplat  fec. 

Toutes  ces  petites  figures  se  font  remarquer  par  la  force  et  la 
Oouveauté  des  types,  par  la  convenance  des  attributs,  et,  on  i>eut 
Ic)  dire,  par  le  style  élevé  de  la  composition;  après  les  belles 
Oompositions  de  Prud*hon,  on  les  distinguera  toujours  de  la  foule 
clés  vignettes  officielles,  qui  n'ont  d'intérêt  que  par  leurs  emblè- 
xneSv  Gt.  où  le  dessinateur  et  le  graveur  sur  bois  se  montrent  éga- 
lement maladroits.  Ces  petites  scènes  sont  gravées  d'une  ma- 
i:aière  un  peu  lourde,  mais  dans  les  conditions  inhérentes  à  la 
tiaille  de  bois,  quand  elle  ne  cherche  pas  à  imiter  la  taille-douce, 
^vec  des  traits  qui  ne  se  croisent  pas  et  trouvent  cependant  des 
«contours  très-justes,  des  expressions  charmantes  et  des  effets 
suffisants.  Elles  sont  signées  :  «  Dug.  et  Dupl.  fec.»  Les  gra- 
veurs s'y  sont  aussi  signalés  dans  les  compartiments  d'orne- 
ments antiques  et  de  faisceaux  comiques  placés  au-dessous  des 
scèoes.  En  dehors  de  ces  pièces  d'imprimerie  officielle,  nos  gra- 

1 .  Paris,  de  Tlmprimerie  de  la  République,  messidor  an  III ,  in-iS.  Le  volume 
contient  de  plus  un  fleuron  de  titre  Qfc  une  vignette,  en  tète  du  rapport,  gravés 
sur  bois.  Une  note  autographe  de  Carnot,  jointe  au  dessin  original  à  la  mine 
de  plomb  du  frontispice,  portait  :  «  Parmi  les  dessins  présentés  pour  servir  de 
frontispice,  eelui-d  me  parait  préférable;  »  Bihliothiqtie  Pixérécourt,  1839, 
in-8**,  n<^  1899.  L^exemplaire  auquel  se  rapporte  la  note  du  catalogue  n*était 
qu*une  réimpression  sous  le  titre  Exploits  dès  Français,  etc.,  Bàle,  1796.  Le 
rapport  fut  encore  publié  en  placard  par  Dugourc  et  Duplat,  sous  le  titre  Cam' 
pagmes  des  Français,  pancai*te  à  4  colonnes  historiées  de  trophées ,  Paris,  de 
rimpr.  nat.,  l'an  IV. 


380  ARTISTES.  —  GRAVEURS  SUK  BOIS. 

veurs  sur  bois  trouvèrent  alors  bien  peu  d'occasions  d'exercer 
leur  talent. 

Après  cette  heureuse  excursion  dans  le  domaine  de  la  gravure 
en  bois,  Dugourc  fournit  des  sujets  dessinés  à  des  graveurs  de 
vignettes  : 

Les  Contes  de  La  Fontaine,  éd..  Didot  in-12,  1795  ; 

Buste,  médaillon  et  tombeau  de  Mane-Èlisabeth  Joly,  actrice  du 
Théâtre-Français.  Trois  pièces  in-1 8  gravées  par  Fortier'. 

Il  dessina  et  grava,  avec  Berthault,un  Temple  égyptien,  in-t^^^y 
lavis  bistré  :  J.-D.  Dugourc;  Dugourc  et  Berthault  sculp. 

Il  tomba  ensuite  dans  l'illustration  de  la  poésie  de  TEmpiT^* 
le  Temple  des  Souvenirs,  —  Mes  pauvres  petits  agneaux,  —  V^^^* 
venez,  mes  chers  moiUons,  —  et  dans  les  vignettes  des  /r»^' 
diAtala,  etc.,  gravées  par  des  pointilleurs  qui  font  de  ses  de^>si^^ 
des  images;  mais  la  solidité  de  ses  figures  s'y  fait  encore  r^^^^^" 
naître.  On  lit  sur  les  pièces  A'Atala  :  «  Peint  par  Dugourc,  d^si- 
nateurdes  Menus  plaisirs  du  roi.  »  Le  vieux  cartier  républicain  a 
donc  fini  par  là. 

DUPLAT.  Dans  la  plupart  des  pièces  que  nous  venons  de  r  iter, 
on  a  vu  le  nom  de  Duplat  associé  à  celui  de  Dugourc.  Il  a  -»  ^^ 
plus,  signé  seul  quelques  morceaux  : 

Un  Canonnier  à  sa  pièce,  Duplat  se.; 

La  Paix,  assise,  tenant  une  gerbe  et  un  caducée,  au  milieu  cJ*^^* 
tributs,  DP. 

On  peut  en  conclure  qu'il  a  été  plus  particulièrement  le  e-^^^ 
leur  des  bois  dont  Dugourc  faisait  les  dessins*.  En  l'an  XII,  il 
établi  graveur  sur  bois,  rue  Serpente.  Il  est  cité  avec  éloges  _ 
Camus  comme  ayant  gravé  pour  lui  deux  planches  en  fac-sine:^^ 


T 


1 .  Pour  le  Uvre  intitulé  :  Aux  mânes  de  Marie  Elisabeth  Joly^  etc.,  par 
lomboy,  son  mari.  Paris,  an  Vn,  in-18. 

2.  Indépendamment  des  lettres  officielles  où  se  rencontrent  les  bois 
nous  ayons  décrits,  on  les  trouve  en  grande  partie  reproduits  dans  une  feu^ 
de  modèles  d'imprimerie,  avec  cette  inscription  :  Gravé  sur  bois  par  DupE 
à  Paris,  rue  Serpente,  n*"  16,  imprimé  chez  GiUé  flls. 


AiNONYBIES.  381 

is  bois  des  livres  de  Bamberg,  de  1/|62^;  Texactitude  de  ces 
productions  est  en  effet  très  -  méritoire  pour  l'époque.  En 
in  Xlil,  la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  nationale 
ant  ouvert  un  concours  pour  la  gravure  en  bois,  Duplat  obtint 

médaille  comme  étant  le  seul  artiste  qui  ait  conservé  en 
ance  uu  art  précieux.  Les  éloges  qu'il  obtint  à  cette  occasion, 
pour  des  ouvrages  qui  remontaient  au  temps  de  la  République 
qui  étaient  faits  en  collaboration  avec  Dugourc,  sont  mérités  ; 

taille,  bien  prise  dans  ses  véritables  conditions,  a  des  qualités 
g^es  des  meilleurs  temps  de  la  gravure  en  bois,  une  solidité  et 
le  netteté  qui  ne  nuisent  pas  à  l'effet.  Mais  Duplat  n'était  point 
1  artiste,  et  l'encouragement  qu'il  reçut  s'appliquait  au  polyty- 
tge  des  planches,  application  heureuse  d'une  découverte  de 
mprimerie.  Dugourc,  à  l'influence  duquel  était  due  la  distinc- 
>n  de  la  gravure  en  bois,  n'était  pas  mentionné  dans  le  ra{^rt. 
1  reste,  ce  ne  fut  qu'une  apparition.  Cet  art,  comme  bien  d'au- 
es,  ne  devait  pas  survivre  à  la  Révolution.  La  Société  ayant 
aintenu  la  question  pour  le  prix  dans  les  années  suivantes, 
iaiprimeur  Gillé  exposa  des  modèles  de  gravure,  dont  quelques- 
os  étaient  destinés  par  des  artistes  comme  Tourcaty,  et  gravés 
ir  un  tailleur  qui  se  nomme  Bénard  ;  elles  témoignent  d'une 
ilière  inaptitude*. 

ANONYMES.  La  Révolution,  dans  le  besoin  qu'elle  eut  d'images 
bon  marché,  suscita  d'autres  gravures  sur  bois  qui  sont  restées 
aonymes.  Après  les  lettres  et  les  circulaires  administratives,  qui 
mtes  portaient  en  tête  une  Liberté  ou  quelque  autre  symbole,  il 
eut  les  journaux,  les  placards  et  les  feuilles  criées  par  les  rues, 
ù,  au  milieu  de  beaucoup  d'ouvrages  indignes,  on  rencontre 
Qcore  des  figures  intéressantes  à  divers  titres.  Je  signalerai,  soit 
our  leur  exécution,  soit  pour  leur  sujet,  les  pièces  qui  ne  sau- 

i.  Notice  d*un  Uyre  imprimé  à  Bamberg.  Paris,  Baudouin, an  VII,iii-4«, p. 28. 
2.  Bulletin  à»  la  Société  d'encouragement,  U  III,  Paris,  an  XITI,  1805; 
innales  de  la  Chalcographie  générale,  Paris,  VaUin,  1800,  in-8**,  p.  201. 


L 


382  ARTISTES. —GRAVEURS  SUR  BOIS. 

raient  trouver  place  dans  les  aotres  divisions  de  ce  travail: 

Les  ti^es  et  les  timbres  du  BrMéHn  des  Lois  de  la  RèpnMtfU, 
dont  les  figures  et  les  attributs  varies  seront  décrits  ailleurs.  |  ^ 

Les  cartoiu^i^es  et  ornements  à  emblèmes  républicains  de  Timpri- 
inerie  Tremblay,  rue  Basse-Saint-Denis.  1  ^ 

Le  titre  et  les  fourneaux  du  journal  d'Hébert  :  Je  suis  le  vèrtuAk        I  ^  ^ 
père  Duchesne,  foutre  !  On  y  voit  un  sans-<ulotte,  6n  carmagnole       |"^ 
et  tricorne,  la  pipe  à  la  bouche,  les  pistolets  à  la  ceinture  et  la 
hache  levée  sur  un  prêtre  suppliant,  à  c6té  d'un  poêle  oà  sont 
posés  la  bouteille  et  le  fusil. 

Bustes  couronnés  de  LepelUtier  et  de  Marat,  de  grandeur  natih 
relie,  dans  des  médaillons  en  papier  peint.  Deux  pièces  in-f*. 

Pelletier,  Marat,  Barra,  Chaiier,  Yiala^  cinq  médaillons  sur  une 
feuille.  Ils  sont  imprimés  sur  fond  noir,  ou  sur  fond  rouge,  ^^ 
tout  à  fait  semblables  à  des  incunables. 

Pkantasmagorie.  Figure  de  l'affiche  du  spectacle  de  Paul  PbU^* 
dort«  qui  démontrait,  rue  de  i^ichelieu,  hôtel  de  Chartres,    ^^ 
moyens  qu*ont  employés  les  fourbes  de  tous  les  temps  pour  frap" 
per  les  imaginations  faibles»  In-f<^,  de  Timpr.  de  Valade, 
vier  1793  ; 

Homm^age  à  l'Étemel.  Profession  de  foi  des  hommes  libres, 
par  le  citoyen  Prévost.  Placard  ;  texte  en  deux  colonnes,  dan3    ■*'* 
portique  historié  de  figures  et  d'emblèmes  républicains,  accc>ï^' 
pagnant  le  décret  du  19  floréaL  Fait  de  blocs  do  bois  assemt>l^' 

Véritable  romance  sur  les  infortunées  amours  de  Paul  et   1^*^ 
ginie,  mise  au  jour  et  chaniée  par  le  cit.  Fleuret.  11  prévieiE^      ^ 
public  que  la  véritable  édition  se  reconnaît  par  les  gravures   ^^ 
y  sont  insérées.  Huit  vignettes  dans  des  ronds  illustrent  c-^*^ 
complainte.  Sans  surfaire  ces  pauvretés,  on  peut  dire  qu^ 
composition  est  alerte  et  les  costumes  assez  bien  pris. 

Les  Ridicules  du  jour,  portraits  des  jacobins,  terroristes,  cit> 
blés,  incroyables,  merveilleux  et  muscadins,  paraissant  une 
par  décide  chez  la  citoyenne  Prévost,  ci-devant  brocheuse, 
Germain-rAuxerrois,  vis-à-vis  TAbreuvoir,  dans  Tailée  de  V 
cier.  Cette  feuille-portrait  est  une  scène  de  mœurs  gravée  a 


is 
le 

1- 


k 


ANONYMES.  383 

e  extrême  grossièretâ,  qui  n'empêcbûtt  ni  la  vériié^  ui  la  vive 
>ressioQ  des  figures  ;  elle  était  imprimée  en  tôte  d'une  anec- 
te  et  d'une  chanson  de  circonstance. 

Les  Miracles  d'autrefois.  L'exécution  de  ce  canard,  où  se  trou* 
H  représentés  le  portrait  du  pape  Pie  VI,  Notre-Dame-de*Lorette, 
Buonaparte  et  Augereau  au  pont  d'Ârcole,  est  assez  preste 
QS  son  imagerie  ;  mais  il  ne  se  recommande  que  par  la  pièce 
vers  imprimée  au  dos  :  la  Morale  des  difemeurs  du  culte  de 
î  pèrts^  sur  l'air  Tout  comme  a  fait  ma  mère  : 

Mes  amis  soyons  catholiques, 
Ab}urom  la  raiaon ,  l^eBprit^... 

La  Charité.  Elle  est  debout  le  pied  sur  un  escabeau  et  allaite 
enfant  qui  est  aussi  debout,  in-f^  h.  Le  mouvement  de  cette 
ure  est  superbe,  le  profil  antique,  la  coiffure  et  les  draperies 
'angées  magistralement,  et  faîtes  de  tailles  pittoresques  et 
oriés. 

La  Police;  Ministère  de  la  police  générale.  Elle  est  assise  entre 
iix  sphinx  et  tient  un  flambeau  et  un  miroir  ;  le  coq  se  dresse 
es  côtés.  Tête  de  lettre  de  Fouché,  où  Ton  a  vu  depuis  long- 
aps  l'ongle  de  Prud'hon. 

La  Justice;  GrandrJuge  et  Ministre  de  la  justice.  Tôte  de  lettre 
l'an  IL    . 

Ces  deux  vignettes  sont  remarquables  entre  beaucoup  d'autres 
r  leur  excellente  taille. 

La  Constitution.  Elle  est  sur  un  char  traîné  dans  les  nues  par 
coq,  et  tient  dans  ses  bras  une  corne  d'abondance,  une  ancre, 
1  caducée  et  une  branche  d'olivier  ;  un  génie,  du  côté  du  soleil, 
^ant  le  médaillon  du  premier  Consul.  Frontispice  de  la  Consti- 
tion  de  l'an  VI 11,  in-i°.  ^ 

m 

Tivoli.  Affiche  des  amusements  champêtres  du  dimanche  5  flo- 
al  an  X.  Le  programme  se  déploie  sur  un  rideau  tenu  par  deux 

1.  Une  note  manoscrite  de  Texemplaire  conservé  an  Cabinet  des  estampes 
iite  :  Acheté  le  2  garminal  de  l'an  V,  à  la  place  des  Trois-Mariet» 


I 


384  ARTISTES.  —  GRAVEURS   EN   MÉDAILLES. 

danseuses  de  la  plus  ferme  tournure.  On  en  saluera  le  type  et 
récole  après  cent  ans,  comme  on  saluera  à  leur  grâce  les  ûgures 
de  la  Renaissance.  Le  dessin  courait  les  rues  sous  la  République, 
favorisée  à  quelques  égards  comme  les  époques  les  plus  heu- 
reuses ;  cela  vint,  dira-t-on,  de  la  misère  des  artistes  obligés  de 
s*adonner  à  des  ouvrages  de  commerce.  Cela  vient  aussi  du  reaoa- 
vellement  radical  des  études;  le  mérite  des  œuvres  d'art  ne  se 
mesure  pas  à  la  somme  dont  on  les  paye  ;  il  y  a  des  époques,  1^ 
nôtre  par  exemple,  où  l'on  peut  s'enorgueillir  et  de  Tabondance 
des  produits  et  de  la  rémunération  qu*ils  reçoivent,  mais  où  l'on 
chercherait  en  vain  une  figure  originale  et  vivace,  tant  les  prin- 
cipes font  défaut. 


141 


GRAVEURS    EN    MÉDAILLES. 


Les  graveurs  en  médailles  laissent  peu  de  traces  de  leurs 
vaux  dans  les  estampes;  mais  la  revue  que  j'ai  voulu  fair^ 
artistes  de  la  Révolution  ne  serait  pas  complète  si  je  n'ajou 
ceux-ci ,  qui  accusèrent  une  si  vigoureuse  impulsion  dans 
manière  de  dessiner  et  de  ciseler.  Depuis  les  temps  de  Delaul 
de  Coldoré,  de  Dupré  et  de  Varin,  on  n'en  avait  pas  vu  de 
vaillants. 


DUPRÉ  *,  sorti  des  ateliers  de  ciselure  d'armes  de  Sa> 
Etienne  et  déjà  connu  par  les  belles  médailles  de  l'indépendf' 
américaine  :  Franklin,  Paul  Jones,  et  des  Communes  de  ProveC^ 
le  Bailli  de  Suffren  et  Desgallois  de  Latour,  projetées  et  exécu 
eu  178?  et  1789  sur  les  idées  de  Gibelin,  fut  nommé  au  conco 
en  1791,  graveur  général  des  monnaies.  Il  exposa  au  Saloiv 
cette  année,  avec  plusieurs  cadres  de  monnaies  et  médailles,  d 
bas-reliefs  en  plâtre  :  Minerve  distribuant  des  couronnes, 

1.  Augustin  Dupré,  né  à  Saint-Étieune  en  4748,  mort  en  1833. 


les 

« 

s 

ur 
e, 
lus 


t- 
ce 
e, 


^e 
le 


PIERRE-SIMON-BENJAMIN  DUVIVIER.  385 

Klèle  de  la  monnaie,  qui  était,  comme  on  sait,  le  Génie  des 
s;  il  en  existe  une  estampe  en  grand,  au  lavis,  parBernier,  mais 
d  rend  imparfaitement  la  vigueur  de  dessin  du  modèle. 
IV^prës  ce  type  officiel,  Dupré  fît  d'autres  pièces  républicaines, 
tre  lesquelles  on  distingue  : 
La  Fédération  de  Monneron,  assignat  métallique; 
La  Régénération  du  10  août  1793  ; 
La  Nature  abreuvant  les  hommes; 

Le  buste  de  Chalier,  entouré  du  serpent,  emblème  d*immorta- 
é,  projet  de  médaille; 

L'Union  et  la  Force,  HerctjUe  debout  entre  la  Liberté  et  l'Égalité, 
s  ECUS  de  Tan  IV; 

La  tète  de  la  Liberté^  des  Centimes  de  l'an  IV,  qui  fut  faite 
iprès  un  modèle  très-connu  dont  nous  parlerons  ailleurs. 
Jn  doit  à  Dupré  le  fiJigramme  du  papier  de  Tan  III ,  qui  repré- 
te  la  figure  du  Peuple  debout,  et  plusieurs  autres  sujets  de 
Qnaies  et  de  médailles,  tels  que  le  Peuple  assis,  portant  sur 
n,mn  les  fig^ures  de  la  Liberté  et  de  V Égalité,  projet  de  monnaie 
r  l'an  IV,  et  la  Con^ance  relevé  le  Commerce,  médaille  de  la 
i&e  des  comptes-courants. 

'upré  possédait  la  simplicité  et  l'idéal  de  composition  qui 
viennent  à  la  Gravure  en  médaille  ;  il  était  énergique  dans  le 
tour  de  ses  ligures,  mais  il  a  manque  d'un  type  unique  et 
c]ui  dominât  son  dessin ,  si  ce  n'est  dans  le  Décime  de  l'an  i  V. 
t:i  1  an  X,  il  exposa  encore  des  projets  de  médailles  de  la  Paix 
'*'»^ale  et  du  Rétablissement  du  culte,  et  des  esquisses  des 
'ailles  des  Pyramides  et  d'Aboukir,  Il  quitta  la  direction  de  la 
^naie  en  l'an  XI,  au  moment  où  la  tête  de  Bonaparte,  premier 
^til,  allait  subrepticement  se  substituer  à  tous  les  types  répu- 
^ins. 

^UVIVIER  *,  le  graveur  général  des  monnaies  avant  la  Révolu- 
^,  académicien  depuis  1774,  auteur  de  la  plupart  des  médailles 

«   Pieir^-Siiuon-Benjauiia  Du  vivier,  né  à  Paris  en  1730,  mort  en  1819. 

25 


^ 


3M  ARTISTES.  —  GRAVEURS  EN  MÉDAILLES. 

historiques  du  règne  de  Louis  XVI,  depuis  ce>le  de  son  Mairia^è 
jusqu'à  celle  de  son  Entrée  a  Pari»  en  17^9,  avait  concouru  avec 
Du  pré  pour  la  pièce  du  Gtnie  des  lois.  U  était,  aussi  bien  que  hi  îia^ 
et  Gatteaux  et  les  autres  concurrents,  promoteur  du  style  antique;  ^  ^ 
mais  il  était  moins  heureux  dans  le  système  de  composition 
abrégée,  l'expression  de  force  idéalei,  la  richesse  et  la  clarté 
d'emblèmes,  qui  constituent  la  perfection  du  graveur  decmas; 
on  comprend  d'ailleurs  qu'il  était  moins  disposé  à  renouveler  sa 
poétique  selon  les  idées  nouvelles.  On  ne  peut  citer  de  lui  qu^uoe 

^  médaille  décidément  révolutionnaire,  c'est  celle  du  Dix  (MHU1792, 
Exemple  aux  peuples,  frappée  pour  la  Commune  de  Paris.  Mais, 

'  dès  l'an  VI,  il  exposait  la  médaille  de  Buonaparie  présentée  k 
l'Institut  :  le  Général  conduit  par  la  Valeur  et  la  Prudence,  pré- 
sente au  Continent  ToUvier  de  la  paix,  et  la  Victoire  qui  le  a>iK,^^J^'''^ 
ronne  porte,  au  lieu  de  dépouilles  militaires,  des  manuscrits  e 
TApollon  du  Belvédère. 

Du  vivier  s'est  en  outre  signalé  par  plusieurs  médailles  d'hom 
célèbres  avant  et  depuis  la  Révolution  }  WasMngkm,  Ni 
BaiUy,  BarMlemy* 

GATTEAUX*,  graveur  des  médaîHes  du  roi  dès  1781,  av= ait 

fait,  avant  la  Révolution,  la  médaille  des  Corps  des  marchand.: — ^  ^ 
Favénement  de  Louis  XVI,  et  des  médailles  sur  les  aérostats-         ^^ 
fit  depuis  r Abolition  des  privilèges,  la  Fédération  des  Dèpa^      ^ 
ments,  et  fut  employé  à  la  gravure  des  sceaux  de  l'État  et  d^ 
phipart  des  administrations,  et  à  la  confection  des  assignats, 
gnats  de  vingt-cinq  livres  et  de  cinq  cents  livres,  avec  la  têt^ 
Louis  XVI  en  médaillon  sur  fond  noir;  assignats  de  dix  sovS 
de  quinze  sous,  avec  les  figures  de  la  Liberté  et  de  l'Égalité  ^ 
beaucoup  d'autres.  Nous  avons  vu  ceux  de  ces  dessins  ottci 
qui  furent  reproduits  par  Tardieu  et  par  Petit. 

Parmi  les  ouvrages  que  Gatteaux  put  faire  sous  le  Directoire 
le  Consulat,  on  remarque  la  médaille  du  Corps  législatif,  ec 

i.  Mioolas-Marie  Gatteaux,  né  à  Paris  en  i75i,  mort  en  4S32. 


la 


e 
et 
et 
h 

4t 
k 


i 


BERTRAND  ANDRIEU.  387 

Puuoffa  fite  Rhm  par  Moreau,  en  Tan  VIU;  mais,  dô  toas  ceux 
qu'il  ût  <lans  la  suite  de  sa  carrière,  proloûgëe  sous  l'Empire  et  la 
Restauration,  je  ne  rappellerai  qu'uD  jeu  de  courtes,  conforode  aux 
idées  d'un  empire  restauré,  et  cette  fois  dessiné  dans  la  manière 
la  plus  ûdèle  aux  modèles  de  David. 

DROZ  ^  qui  avait  fait  frapper  à  la  Monnaie,  en  1786,  des  pièces 
d'or  et  d'argent  par  des  procédés  de  son  invention,  concourait, 
en  1791,  pour  le  type  du  Génie  des  lois,  et,  en  1792,  appliquait 
la  gravure  en  taille-douce  à  la  fabrication  des  Assignats,  avec  des 
moyens  de  multiplication  tels  qu'il  fournissait  jusqu'à  l/i,000 
planches  d'assignats  de  vingt-^inq  francs  ;  son  nom  se  voit  encore 
sur  d'autœs  assignats.  Il  fut  un  des  plus  zélés  à  proposer  le  por- 
trait de  Buonaparte,  dont  le  modèle  en  cire  fut  exposé  avec 
d'autres  au  Salon  de  l'an  IX.  L'année  suivante,  il  faisait  la 
médaille  d'or  de  YEa^osition  des  prodmts  de  llndystrie. 

DUMAREST*,  sorti,  comme  Dupré,  des  ateliers  de  Saint- 
Étienne,  et  attaché  avant  la  Révolution  à  la  manufacture  de  Soho, 
près  de  Birmingham,  exposait  en  1793  des  empreintes  de  mé- 
dailles, parmi  lesquelles  il  faisait  remarquer  la  tête  de  Rousseau 
et  le  Buste  de  Brutus;  il  eut,  au  concours  de  l'an  III«  un  prix  de 
6,000  fr.;  il  produisit  ensuite,  en  Tan  VI,  un  modèle  de  médaille 
pour  les  premiers  prix  de  peinture,  et  les  médailles  du  Conser- 
vatoire de  musique,  de  V Institut,  de  la  Paix  d'Amiertë. 

ANDRIEU*,  l'un  des  concurrents  de  1791,  s*était  déjà  dis- 
tingué par  la  médaille  de  la  Prise  de  la  Bastille,  Il  produisit 
ensuite  les  médailles  de  la  Paix  de  Lunéville,  et  de  la  Bataillr 
de  Marengo.  En  l'an  VI,  il  exposa  des  gravures  sur  acier  dans  le 
genre  de  la  gravure  sur  bois.  Il  prit  soin  de  tirer  des  épreuves  de 
ces  ouvrages  de  gravure,  qui  ont  été  conservées  au  Cabinet  des 

i«  JeaO'-PieiTe  Droz,  né  à  La  Chsnx-de-Fonds  «n  iTéeyHiott  en  1823. 

2.  Rambert  Dumarest,  né  à  Saiiit-Étienne  en  i7S0,  mort  en  1806. 

3.  Bertrand  Andrieu. 


r 


388  ARTISTES.  —  GRAVEURS  EN   MÉDAILLES. 

estampes.  Il  y  a,  en  tête  de  ce  petit  œuvre,  un  essai  de  grav«r« 
pittoresque  :  %m  Cheval  de  trait  près  d'une  botte  de  foin,  dcb^^^ 
toute  la  distinction  d'Andrieu  est  dans  des  œuvres  de  gravci^K'e 
sigillaire. 

Ce  sont  d'abord  de  petites  figures  et  des  ornements  pour  1^  ^ 
assignats  :  Minerve,  — Abondance,  — Génies,  —Coq,  — Bala;n.4>^s^, 
— fleurons,  —  Loi  du  2h  germinal  an  XI,  —  Prospérité,  —  le  (7 
seU  d'Èlat,  Viennent  ensuite  des  têtes  antiques  et  des  orneme 
pour  des  textes  classiques,  Homère,  Virgile,  qui  servirent  à  ill 
trer  les  éditions  stéréotypes. 

C'est  dans  ce  temps  qu'il  fut  donné  à  Tlmprimerie  d'ajou 
à  tous  les  moyens  de  propagation,  dont  elle  disposait  depuis  ^^ 
XV"  siècle,  un  procédé  nouveau  dont  Tavenir  semble  illimité. 
Stéréotypie,  ou  l'art  de  fondre  des  caractères  en  creux,  de  ct^ 
poser  des  matrices  en  relief  de  pages  entières  de  caractères  ^^ 
de  clichés  de  vignettes  en  creux  et  en  relief,  pour  en  tirer 
épreuves  successives,  à  tout  moment  susceptibles  de  correcti 
la  Stéréotypie,  essayée  et  appliquée  sous  diverses  formes  par 
graveurs,  des  mécaniciens  et  des  savants  dans  la  fabrication 
assignats,  reçut  ses  dernières  applications  dans  les  ateliers 
Didot  etd'Erhan,  en  Tan  VI*.  Ces  imprimeurs  publièrent»  potf 
premier  spécimen,  uîi  Virgile  in-18  de  400  pages,  orné  d'une  carte 
géographique  et  de  vignettes,  qui  se  vendait  au  prix  de  15  sous 
l'exemplaire,  3  francs  la  page  de  formats,  et  de  1,200  francs  le 
stéréotype  complet,  en  formats  prêts  à  être  imprimés  et  pouvant 
servir  à  perpétuité. 

Les  vignettes,  fleurons  et  culs-de-Iampe,  dessinés  et  gravés 
par  Andrieu,  sont  dans  la  donnée  antique  la  plus  cherchée.  Le 
portrait  du  titre  est  une  de  ces  têtes  de  Muses  aux  longs  cheveux, 
placées  vis-à-vis  d'un  masque  scénique  que  l'on  prenait  autre- 
fois  pour  des  portraits  de  Virgile,  et  chaque  livre  se  trouve  illus- 


1.  Camus,  Histoire  et  procédés  du  polytyp<me  et  stéréotypage , 
Renouard,  an  X,  in-8"  —  Lambinet,  Histoire  de  la  stéréotypie,  à  la  suite  de 
VOrigine  de  V imprimerie,  Paris,  1810,  2  vol.  in-8°,  t.  Il,  p.  107,  :;88. 


BRRTRAND  ANDRIEU.  i89 

é  par  des  aratores,  des  aphractes  et  des  auriges,  des  cnémides, 

is  glaives  et  des  longues,  des  canthares  et  des  antéfixes.  Ce 

est  pas  un  genre  d'ornement  gai,  et  l'outil  pesant  du  graveur 

en  atténue  pas  la  sévérité;  mais  du  moins  il  est  ici  mieux  à  sa 

ace  que  les  fleurettes  et  les  mascarons  d'Elzevir. 

Andrieu  fit,  aussi  pour  les  éditions  stéréotypes,  ce  triple  portrait 

connu  des  inventeurs  de  rimprimerie.  Dans  ce  petit  médaillon 

ir  fond  noir  il  eut  l'esprit  d'imiter  les  plus  anciennes  repré- 

ntations  que  l'on  connaissait  des  imprimeurs  primitifs. 

On  connaît  enfin  de  lui  un  jeu  de  cartes,  dont  les  figures  ne 

*ot  que  les  types  de  David,  roidis  encore  et  figés  par  le  burin. 


c 


III 


SUJETS 


1.  —  ALLÉGORIES. 


La  nomenclature  des  artistes  surgis  pendant  cette  période  de 
quinze  années  que  nous  avons  parcourue  suffît  pour  faire  res- 
sortir la  fécondité  de  l'art  de  la  Révolution.  Sa  nouveauté  paraîtra 
plus  évidente,  si  l'on  interroge  la  nature  des  œuvres  et  si  l'on  en 
recherche  les  sujets  dans  leurs  principales  divisions.  Cette  revue, 
en  présentant  sous  un  nouvel  aspect  plusieurs  des  pièces  déjà 
citées,  aura  de  plus  cet  avantage,  pour  les  collecteurs  d'estampes 
historiques*  de  donner  une  classification  pour  des  pièces  anony^ 
mes,  nombreuses  à  cette  époque,  et  parmi  lesquelles  il  y  en  a 
beaucoup  qui  sont  aussi  intéressantes  par  leur  exécution  que  par. 
leur  intérêt  local.  Cette  coordination  amène  d'ailleurs  à  des  expli- 
cations nouvelles  et  fait  considérer  d'un  peu  plus  près  les  insti^ 
ttttions  et  les  mœurs  de  la  société  la  plus  bouleversée  qu'on  ait 
encore  vue. 

La  Révolution,  qui  était  toute  philosophique  et  toute  politique 
dans  son  origine,  suscita  tant  de  sentiments  nouveaux  qu'il  fallut 
aussi  qu'elle  se  fît  religieuse,  en  ce  sens  qu'elle  dut  trouver  pour 
l'art  un  idéal  et  un  foyer  d'inspiration.  Les  conceptions  les  plus 
élevées  de  l'esprit  humain,  les  vertus  morales  et  civiles  et  les  bien- 
faits de  la  Nature,  furent  pris,  dans  leur  sens  figuré  et  leurs  formés 


c 


302  SUJETS.  —  ALLÉGORIES. 

allégoriques,  à  la  place  des  personnalités,  des  idoles  et  des  super- 
stitions du  passé.  La  plus  haute  formule  du  nouveau  culte  parut 
dans  l'admirable  Calendrier  républicain,  promulgué  par  la  Con- 
vention, à  deux  reprises,  sur  les  rapports  de  Romme  et  de  Fabre 
d^Églantine*.  Ce  calendrier  réunissait,  aux  bases  astronomiques  et 
historiques  les  plus  justes  qu'on  connût  alors,  les  plus  heureuses 
déductions  de  l'observation  de  la  nature  et  de  la  vie  agricole.  L'ère 
nouvelle  empruntait  comme  un  caractère  religieux  et  sacré,  ainsi 
que  le  faisait  ressortir  l'austère  conventionnel,  à  cette  circonstance 
frappante,  et  peut^tre  unique  dans  l'histoire,  que  son  point  de 
départ  au  22  septembre  1792,  jour  de  la  proclamation  de  la  Répu- 
blique et  de  l'équinoxe  d'automne,  présente  un  accord  parfait  avec 
les  mouvements  célestes,  les  saisons  et  les  traditions  anciennes. 
Les  symboles,  qui  y  étaient  invoqués  et  commandés  au  culte  et  à 
l'art,  étaient  de  la  plus  grande  simplicité.  Les  jours  de  la  Décade 
prenaient  pour  emblèmes  :  le  Niveau,  symbole  de  l'Égalité  ;  le 
Bonnet,  symbole  de  la  Liberté;  la  Cocarde,  ou  les  couleurs  natio- 
nales; la  Pique,  arme  de  l'homme  libre;  la  Charrue,  instrument 
des  forces  terriennes  ;  le  Compas,  instrument  des  forces  indus- 
trielles; le  Faisceau,  symbole  de  la  force  qui  natt  de  l'union  ;  le 
Canon,  instrument  des  victoires;  le  Chêne,  emblème  de  la  géné- 
ration et  symbole  des  vertus  sociales.  Les  mois  recevaient  aussi 
une  consécration  patriotique  et  philosophique:  à  la  Régénération, 
à  la  Réunion,  au  Jeu  de  paume,  à  la  Bastille,  au  Peuple,  à  la  Mon- 
.tagne,  à  la  République,  à  l'Unité,  à  la  Fraternité,  à  la  Liberté,  à 
la  Justice,  à  l'Égalité.  Les  jours  complémentaires  de  l'année, 
appelés  Sans-culottides,  furent  affectés  à  cinq  festivités  principa- 
les :  la  Vertu,  le  Génie,  le  Travail,  l'Opinion,  les  Récompenses  et 
Franciade.  Ces  dénominations  ne  furent  point  acceptées  pour  la 

1.  Ils  étaient  le  résultat  des  travaux  d*une  commission  dont  faisaient  partie 
Lagrange,  Monge,  Guyton  deMorveau,  Pingre,  Dupuis,  Feri.  V.  V Instruction  sur 
rëre  de  la  République  et  sur  la  division  de  Tannée,  décrétée  par  la  Convention 
nationale  le  4  frimaire,  et  le  rapport  fait,  au  nom  de  la  Commission  chargée  de 
la  confection  du  Calendrier,  par  Fabre  d'Églantine.  Moniteur  universel,  Tl  et 
28  frimaire  an  11. 


LE  CALENDRIER.      •  393 

f>rauque  du  Calendrier,  qui  s'accommoda  mieux  de  Theureuse 
fiomenclature  qui  exprimait,  pour  chaque  mois,  à  la  fois  la  sai- 
son, la  température  et  les  productions  naturelles;  mais  elles  tra- 
«duisent  bien  les  besoins  de  culte,  dont  tint  surtout  compte 
^.'iconographie.  Je  n'ai  même  point  à  discuter  la  valeur  et  la  con- 
^^^enance  de  ces  symboles,  mais  à  montrer  comment  ils  passèrent 
^ans  l'art.  L'antiquité  des  représentations  dont  ils  avaient  été 
l'objet  n'empêcha  pas  qu'ils  ne  devinssent,  entre  des  mains  ingé- 
■nieuses,  un  élément  de  rénovation. 

Le  Calendrier  fut,  à  tontes  les  époques,  le  premier  champ 
exploité  par  l'iconologie,  et,  pour  mesurer  ce  qu'en  firent  les  gra- 
"^eurs  en  couleur  de  la  Révolution,  il  faut  songer  à  ce  qu'en  avaient 
:ffait  d'abord  des  graveurs  sur  bois  du  XV"  siècle,  en  y  figurant 
l'homme  planétaire,  le  Zodiaque  et  les  Saints,  puis  les  graveurs 
-su  burin  de  Louis  XIV,  en  y  installant  le  Cercle  royal  de  la  Cour 
^e  France,  la  nouvelle  police  établie  à  Paris  ou  le  Salon  do  pein- 
'•ure  de  1699.  Maintenant,  on  y  voit  développée  l'iconologie  allé- 
gorique des  Saisons  et  des  Mois,  provoquée  par  les  antiquaires  et 
Tavivée  par  la  signification  révolutionnaire   donnée  à  certains 
^emblèmes.  Debucourt  et  Queverdo  en  firent  les  modèles  les  plus 
^^rtistement  arrangés  et  les  plus  complets,  par  la  nomenclature 
^es  jours  en  décades,  et  leur  dénomination,  prise  des  animaux,  des 
'instruments  et  des  produits  de  l'agriculture.  Levachez,  Lefèvre, 
<}iraud  l'aîné,   Desmarets  et  d'autres  anonymes  en  publièrent 
<l'intéressants.  ^  Ingouf  tenta  une  composition  où  l'art  se  résume 

* 

1.  Calendrier  tuUionalf  calculé  pour  trente  ans,  présenté  à  la  Convention  en 
décembre  1792,  par  le  républicain  J.-F.  Lefèvre,  in-f*,  au  burin;  — Calendrier 
pour  Tan  II,  par  Debucourt;  —  Nouveau  Calendrier  de  la  République  fran- 
çaise pour  la  W  année,  inventé,  dessiné  et  gravé  par  Queverdo,  en  demi- 
feuilles  in-4*;  —  Calendrier  pour  Van  II*  et  IW,  chez  Basset  :  Carte  du 
département  de  Paris  et  emblèmes,  Honneurs  funèbres  aux  morts  du  iO  août, 
Marche  des  Fédérés  (CoM.  Laterrade,  n«  partie,  n*i81);  —  Calendrier  de  la 
République  pour  la  III*  année,  par  Queverdo,  en  deux  feuilles;  —  Décadaire 
des  Hommes  illustres,  par  Lefèvre,  gr.  in-C'  ;  —  Calendrier  pour  Van  III:  — 
Calendrier  perpétuel  de  la  République,  179i;  —  Calendrier  perpétuel,  hïbfiriê^ 
Girault  Talné  sculpsit; —  Calendrier  perpétuel,  déposé  à  la  Bibliothèque  natio- 


3M  S€JETS.  —  ALLÉGORIES. 

en  une  démonstration  scientifique.  Le  plus  ouriâui  assurément, 
par  l'hiératisme  de  ses  emblèmes,  est  celui  qui  fonnait  le  placard 
de  la  Société  des  Jacobins;  ce  ilont  ceux  que  nous  avons  vus  for 
mules  dans  le  rapport  de  Romme  ;  ils  passèrent  de  là  dans  tbvH 
les  ornements  officiels,  dans  les  insignes  des  Sociétés  populaires 
et  des  Sections,  et  dans  tontes  les  images  populaires. 

'  Ls  BoimET,  qui  joua  un  rôle  si  significatif  pendant  l'efiëfveS' 
cence  révolutionnaire,  avait  été,  chez  les  Grecà,  la  coiffure  des 
prôtres  de  Mythras  et  de  Menés,  des  artistes  depuis  Dédale, 
des  LacédémonieûS,  des  Troyens  et  des  Phrygiens  ^.  Chez  les 
Romains,  fait  de  feutre,  il  était  devenu  te  signe  de  l'affranchis^ 
sèment;  les  esclaves  mis  en  liberté  prenaient  le  bonnet  dans 
le  temple  de  la  déesse  Féronie,  et  le  peuple  tout  entier  le  por- 
tait à  l'époque  des  fêtes  SatuiHaleS;  Tun  des  meurtriers  de 
César  le  porta  au  bout  d'une  perche,  au  témot^age  d^Âppien; 
on  le  trouve  figuré  sur  un  denier  de  Id  famflle  Junia  et  sur 
un  bas-relief  de  la  Liberté  de  la  villa  Negfoni*.  Au  moyen  âge, 
il  était  encore  considéré  comme  signe  de  liberté  par  les  éoK.^^' 
liers  qui  le  revêtaient  en  passant  âu  doctorat,  et  par  les  apprenti 
qui  passaient  à  la  maîtrise*.  LeS  faiseurs  d'emblèmes  delà  Renar 
sance  ravalent  accepté  comme  symbole  de  là  Liberté,  et  on  "^e 
volt  sur  les  médailles  de  Henri  II,  comme  signe  de  la  liberté  ^fle 
l'Allemagne  et  de  Tltalie. 

Les  iconologistes  du  XVI  !!•  siècle  le  récueillirent  dans  le  mé*^*^^ 
sens,  et  il  parait',  dès  la  première  année  de  la  Révolution,  sur  ^^ 


Dftle,  an  IX,  8éb^  Desittarets  Idt.  et  txnlp,^-^  Annuaire  di  l'un  VII,  avec  fii 
fttléfiMiqaes  et  cominénioratiTes  de  Hoche  et  de  Marceaa,  ehes  le  cîl. 
taine  et  le  cit.  Depemlle,  estàtnfie  et  six  feuiHes  dMmpreeefen. 

1.  Vitconti,  Musée  CfUaramonti,  p.  S6;  Musée  Piê-Ciémmtinf  t,  II,  p. 
t.  III,  p.  ii4;^Gaylus,  Iheueil  d*antiquiUs,  t.  3,  p.  30;  Winckelmuin,  Mi 
wunti  tiMdtlt. 

2.  Hons^z,  DieUonnairé  d^ Antiquités;  Winckelman,  Estai  mr  i' 
tf.  par  JanMo,  S  fol.  ill^^  an  VH,  p.  446,  i70  et  êuÎT. 

a,  V. 


LE  BONNET.  385 

estaitcipes  du  Serment  du  Jeu  de  paume,  où,  associé  à  d'autres 
eiiil>lèffles,  il  tient  la  place  des  armoiries,  entr^  les  lignes  du 
titre  et  de  la  dédicace  ;  sur  le  sceau  de  la  Municipalité  de  Paris, 
camixiandé  par  Bailly  à  Dupré,  où  il  remplace  la  couronne  royale 
au-dessus  de  l'écu  aux  armes  de  la  Ville  ;  sur  des  pièces  relatives 
à  la  démolition  de  la  Bastille  et  à  la  déclaration  des  droits,  du 
20  août  1789^  11  est  placé  au  dessus  du  faisceau,  des  balances 
et  de  la  couronne  dé  chêne,  sur  les  sous  et  les  deux  sous 
de  1792  et  1793.  On  en  coiffa,  par  honneur  et  par  dérision, 
U>uis  XVi,  aux  Tuileries,  le  20  juin,  —  le  souvenir  de  cette  mo- 
querie est  resté  sur  plusieurs  estampes  en  couleur*  —  et  Voi- 
ture, au  théâtre  de  la  Nation,  dans  une  représentation  de  la 
Wort  de  César*.  Il  fut  placé  enfin  dans  les  tableaux  emblémati- 
ques de  la  Déclaration  des  droits  de  Tbomme,  au-dessus  du  mot 
Dieu  ^.  Il  devint  la  coiffure  consacrée  de  toutes  les  figures  de  la 
liberté,  et,  seul,  ou  porté  au  bout  d'une  baguette,  qui  venait 
aussi  de  la  vindicte  romaine,  ou  groupé  avec  les  autres  em* 
bleuies  patriotiques,  il  figura  sur  les  monnaies,  fut  arboré  sur 
^^s  pièces  officielles  et  populaires,  et  se  dressa  en  timbre,  à  la 
place  de  la  couronne  et  de  la  tiare,  sur  ces  nouvelles  armoiries. 

L»a  forme  en  fut  variée,  tantôt  semblable  au  bonnet  de  laine  et 
^^  ooton  du  paysan  avec  son  bout  à  mèche ,  avec  une  pointe  en 
^^^ut  comme  le. bonnet  phrygien  de  P&ris,  pendant  de  côté  ou  en 
^"^^nt,  en  forme  d'œuf ,  comme,  suivant  Homère,  Tavait  porté 
^^Y^se, conique  comme  le  bonnet  d'affranchi;  tantôt  rappelant  la 
^^^aris  de  soie  et  de  velours  avec  ses  fanons  retombant  sur  les 
^K>aule8  et  sur  le  cou,  et  tantôt  rapproché  du  casque  en  métal 
^^  Minerve  et  ayant  quelquefois  un  coq  pour  cimier.  On  le  trouve 

4.  DéhU}l%tion  de  la  BastilU,  ronde  d*eiifants  autour  da  bonnet  rouge  ;  — 
^^éclmnitùm  des  Droits  de  l'homme,  par  Niquet  le  jeune,  avec  danse  autour  du 

surmonté  du  bonnet  rouge  {Collection  Laterrade,  catalogue  rédigé  par 
ocboux,  I^*  partie,  Vignères,  novembre  1858,  n*>  382  et  399.) 

5.  V.  Collection  Laterrade,  n«  partie,  n°*  27-30,  p.  iO. 

3.  À.  Challame),  3«  éd»,  I,  254. 

4.  Collection  Laterrade,  U*  partie,  p.  193. 


396  SUJETS.  —  ALLÉGORIES. 

ainsi  façonné  dans  les  figures  de  la  Liberté  de  Boizot,  de  Fra 
nard  et  de  beaucoup  d'autres.  De  toutes  ces  formes,  le  cray^° 
de  Prud'hon  sut  faire  un  composé  charmant  S  sentant  VaniiqLi^» 
et  pourtant  très-actuel,  crâne,  débraillé,  et  par  ses  déchinir^es 
exprimant  les  combats  qu'avait  coûtés  la  victoire  de  la  Liberté. 
La  gaieté  française,  qui  dans  les  plus  tristes  jours  n'avait  poirxt 
abdiqué,  y  trouva  aussi  un  motif  piquant,  bien  qu'il  témoigcfte 
déjà  de  la  folie  de  la  réaction,  en  essayant  d'en  affubler  l'Amour  ^. 
Sa  couleur  fut  le  rouge,  adoptée,  selon  M.  Michelet,  comme  la 
plus  gaie.  Nous  verrons  la  place  qu'il  conquit  un  moment  daras 
le  costume. 

Après  que  beaucoup  d'applications   forcées  en   eurent 
faites,  un  artiste  antiquaire  voulut  en  faire  l'histoire  et  en  r 
gler  l'eraiploi  dans  les  arts.  Gibelin  commence  par  marquer 
envahissement  :  ((  Ce  symbole,  quoiqu'en  apparence  simple 
pacifique,  etc.  »  Il  se  livre  ensuite  à  des  recherches  pour  établ 
son  usage  chez  les  anciens»  et  ses  différentes  formes  chez  1 
Asiatiques,  les  Grecs  et  les  Rofhains;  il  rappelle  l'usage  qa'ei 
firent  les  Romains  dans  le  triomphe  de  Titus,  pour  exprimer  1 
retour  à  la  liberté  à  la  mort  de  Néron.  Gibelin  indique  aussi  soi 
emploi  dans  l'histoire  moderne  :  sous  Henri  II,  où  il  est  l'emblèine 
du  traité  avec  Maurice  de  Saxe  et  les  Luthériens  contre  Charles- 
Quint  sur  une  médaille  française  imitée  de  celle  de  Bnitus,  où 
figure,  entre  des  légendes  à  la  Liberté,  le  chapeau  entre  deux  poi- 
gnards; en  Hollande,  où  la  délivrance  du  joug  de  Philippe  11  est 
symbolisée  dans  des  médailles  portant  un  chapeau  sous  deux 
mains  jointes  et  une  Liberté  tenant  le  chapeau,  et,  sousCromweli, 
dans  la  médaille  faite  à  l'occasion  de  la  paix  entre  l'Angleterre 
et  la  Hollande,  où  deux  femmes  assises  élèvent  ensemble  un  cha- 
peau à  larges  bords.  Il  termine  par  des  conseils  aux  arttstes  et 
au  peuple  sur  la  meilleure  forme  à  donner  au  signe  officiel  de 
la  Liberté  :  «  Nos  artistes  français,  etc.  » 

1.  V.  le  dessin  de  la  ConstxUUiony  grayé  par  Copia. 

2.  VAmo/wr  Sam-Culotte. 


LE  NlVEAt   ET   LA   PIQUE.  397 

L>K  MivBAu,  ce  vieux  signe  de  la  Franc-Maçonnerie,  est  le  pre- 
mier emblème  de  l'Égalité.  Il  paraît^  dès  89,  dans  des  estampes 
de  circonstance,  pour  marquer  l'égalité  des  droits  entre  les  trois 
Ordres*,  et  l'égalité  des  races  entre  un  Nègre,  armé  de  son  toma- 
hawk, et  un  Garde  national,  armé  de  son  fusil  ^.  Il  armorie  le  Bul- 
letin des  lois,  et  blasonne  toutes  les  figures  de  la  seconde  Vertu 
républicaine,  qui  le  porte  sur  le  sein  ou  dans  la  main,  et  quelque- 
fois suspendu  dans  les  balances  de  la  Justice'.  Sur  un  sceau  du 
Conseil  des  Cinq-cents  il  est  ûguré  comme  un  niveau  d'arpenteur. 
Pour  les  républicains  désintéressés  de  la  grande  époque,  il  ne  fut 
le  signe  que  de  l'égalité  morale  et  légale,  et  non  d'une  égalité 
matérielle  qui  ne  serait  qu'un  retour  stupide  à  l'état  sauvage*. 
L'agencement  le  plus  curieux  que  j'en  connaisse  est  dans  le  des- 
sin qui  fut  donné  par  David  pour  la  plaque  du  ceinturon  de  Bil- 
laud-Varennes,  qui  représentait  le  triangle,  ayant  pour  plomb  un 
.?Iafve  au-dessus  d'une  haie  vive  011  il  tranche  le  brin  qui  domine", 
^n  en  trouve  la  représentation  la  plus  mystique  dans  de^  petites 
compositions  de  Sauvage  et  de  Prud'hon,  où  il  paraît  dans  une 
•"ïur^ole  l'objet  de  l'adoration  des  femmes  et  des  enf.înls;  dans 
c^s  r^eprésentations  mystiques,  il  se  réduit  à  ce  simple  triangle 
^wî  était  le  plus  vieux  signe  de  l'Être  suprême  et  aussi  de  la  vertu 
ratrice. 


Pique,  dont  un  arrêté  de  la  Municipalité  avait  ordonné  la 
^^^rîcation  au  moment  de  l'armement  général  de  la  nation,  et 
^^^t  le  serrurier  Huzé  avait  donné  le  modèle,  devenue  l'arme  du 

^''  Lbs  trois  Ordres  avec  leurs  attributs  sous  le  niveau,  in-4<>  1.,  lavis  bistré, 
^  ^aris,  chez  Crépy,  rue  Saint-Jacques,  à  Saint-Pierre. 

^.  L'Égalité,  sur  un  piédestal,  suspendant  un  bonnet  et  un  niveau  au-desstis 
^yn  nègre  et  d'un  garde  national,  médaillon  in-i8,  pointillé  bistre. 

3.  V.  Bonneville,  Boizot,  Sauvage,  etc. 

4.  UÊgaliU  des  droits  est  la  seule  égaliU,  —  A  VÊgalité  et  à  la  Uberté, 
deux  figures,  in-4«  h.,  en  couleur. 

5.  Sabre  de  Billaud-Varennes,  exécuté  sur  le  dessin  de  David,  pièce  gravée; 
au  Cabinet  des  estampes,  collection  de  Thistoire  de  France,  17(4,  t.  U. 


fl 


398  SUJETS.  ^  ALLÉGORIES. 

peuple,  des  femmes,  fot  l'attribut  obligé  de  la  Libertéi  Le  nom 
de  place  des  Piques  fut  donné  à  la  place  Yeodôme.  Le  Gdmpas,  h 
Charrue,  le  Canon,  la  Table  ou  le  Livre  de  la  Loi  vinrent  eo 
varier  la  signification. 

Lbs  Faisceaux,  qui  dominent  tons  ces  symboles,  étaient  aossi 
une  image  de  force  et  d'union  prise  des  Romains,  reprise  à  la 
Renaissance,  et  maintenant  très^vulgarisée  ;  ils  portent  encore  la 
couronne  de  laurier,  et  la  hache  entre  leurs  baguettes  liées  par 
des  courroies,  comme  sur  Tare  de  Titus,  mais  on  y  voit  aassi  des 
cœurs  enflammés  et  enlacés,  des  mains  jointes. 

Le  Chêne  récréait  de  ses  branchages  tous  ces  attributs.  Le  vieil 
arbre  des  forêts  druidiques  de  la  Gaule,  qui  était  consacré  chez 
les  Romains  à  Jupiter  et  dont  on  faisait  les  couronnes  civiques,  fut 
admis  par  la  R^ublique  comme  emblème  de  vertu  civique.  Ses 
rameaux  ornèrent  le  Bonnet  rouge;  ils  remplirent  les  mains  de  la 
Liberté,  prête  à  les  distribuera  ses  fidèles;  ils  servirent  de  sup- 
ports ou  tenants  au  livre  de  la  Loi,  aux  Faisceaux  et  à  toutes  les 
figures  composant  les  nouveaux  écus  du  blason  populaire.  Romoe 
lui  donne  un  grand  rôle  dans  son  Annulaire  républicain:  «  Symbole 
delà  génération,  de  la  force,  de  la  durée  ^  consacré  aux  vertus 
civiques,  il  est  digne  de  devenir  dans  toute  la  France  l'arbre  de 
la  Liberté.  »  U  fut  planté  un  chêne  fédératif,  ou  arbre  de  la  Fra* 
ternité,  sur  la  place  de  la  Fraternité  (Carrousel),  le  27  jan- 
vier 1793. 

D'autres  arbres  furent  eûiployés  dans  un  sens  emblématique» 
soit  conformément  à  leur  antique  signification,  soit  avec  des 
significations  nouvelles.  On  connaît  le  rôle  que  joua  le  peupli^^ 
autrefois  consacré  à  Hercule,  et  devenu  tout  naturellemeot  \'^ 
blême  du  Peuple. 

Fji  Tan  VU,  le  Ministre  de  l'intérieur,  voulant  planter  les  carrés 
situés  devant  la  Colonnade  du  Louvre,  demanda  aux  cifûfens 
Desfontaines  et  Thouin  de  lui  indiquer  les  deux  airbres  qu'ils 
jugeraient  les  plus  propres  à  servir  de  symbole  aux  sciences  el 


L*GBIL.  390 

X  arts.  Ces  siivants  indiquèrent  le  cèdre  du  Liban  pour  les 
ences  el  le  platane  pour  les  arts^  et  Ton  peut  voir  leurs  motifii 
[)08és  dans  le  Moniteur  du  2  floréal.  Le  citoyen  Andrieux,  con* 
lié  aussi,  approuva  lechoixdu  cèdre,  mais  repoussait  le  platane, 
seraitpce  que  pour  son  nom,  et  proposait  à  sa  place  L'acacia, 
le  cytise,  ou  le  lilas,  ou  le  tilleul. 

Beaucoup  d'autre»  emblèmes  curieux  devraient  être  signalés, 
[  fallait  épuiser  le  champ  de  Tlconologie  républicaines  tels  que 
Coq,  l'Aigle,  le  Chat,  animaux  favoris  de  la  République,  le 
>n,  le  Pélican,  le  Serpent,  la  Ruche  d'abeilles,  qui  était  affectée 
second  décadi  de  germinal. 

Mais,  parmi  tous  les  symboles  qui  timbrèrent  l'écu  révolution* 
lire,  le  plus  vif  fut  rOËu,,  qui  devint  très-populaire,  bien  que 
name  ne  l'eût  pas  mentionné  dans  ses  rapports.  Hiéroglyphe, 
lulette  et  ex-^voto  chez  les  Égyptiens,  les  Grecs  et  les  Romains, 
Eil  avait  été  exhumé  par  les  antiquaires,  Cay  lus  el  Wiockolmann, 
mme  un  emblème  de  divinité,  de  justice,  de  vigilance,  et,  du 
îptre  des  rois  et  des  prêtres,  il  passa  à  une  autre  souveraiaeté. 
a^  les  monnaies,  frappées  des  coins  de  Ditpré^  il  est  placé  à  l'ex* 
imité  du  stylet  dont  le  Génie  de  la  Loi  écrit  la  ConstituUom,  au* 
sstisdola  table  des  Droits  de  l'homme.  £n  17dU  il  devient 
Biblème  de  la  Constitution,  ett  se  montre*  dsos  bs  transparents 
i  en  célèbrent  La  fête^  lel&  septembre.  11  se  place  sur  le  sou 
l'an  II.  Dans  les  figures  allégoriques  les  plus  considérables,  il 
:upe  le  sommet  du  sceptre  ou  plutôt  du  calumet  que  tient  la 
ison.  De  là  il  devint  la  marque  des  extraits  des  |wocès-verbaux 
U Convention,  l'emblèmeicles  Sociétés  populaires,  surveillantes 
l'autorité,  et  fut  placé  sur  la  bannière  de  la  Société  des  Jaco* 
iS;  sur  leur  carte  d'entrée,  et  sur  beaucoup  de  lettres  circu- 
res  et  cachets  officiels  et  privés.  On  consewe  au  Musée  de  Lille 
cuivre  du  Comité  de  surveillance  et  révolutionnaire  :  un  œil 
ns  un  nuage  surmonté  du  bonnet.  La  gravure  lui  doona  beau- 
ip  d'embellissements;  ici  il  brille  seul  au  milieu  des  nuages, 
il  est  entouré  de  rayons,  inscrit  dan&le  Uiangle  de  l'Égalité, 


400  SUJETS.  —  ALLÉGORIES. 

dans  le  cercle  de  rimmortalité  formé  par  un  serpent  mordant  ^ 
queue,  dans  une  couronne  de  chêne,  et  ainsi  assimilé  aux  images 
les  plus  mystiques  du  vieux  culte,  qui  plaçait  aussi  dans  les 
nuages  et  les  rayons  le  nom  de  Jéhovah  et  le  triangle  de  la  Trinité. 

On  ne  comprendrait  nullement  les  arts  de  la  Révolution,  si  r<Mi 
ne  tenait  pas  compte  des  éléments  religieux  qui  survivaient  ai 
milieu  de  tous  les  besoins  d'innovation  et  de  toutes  les  notioni 
philosophiques.  Privés  du  riche  héritage  fourni  aux  arts  pai 
rÉglise  et  par  la  Cour,  les  artistes  avaient  à  improviser  des  image: 
de  divinités  et  de  souverainetés  nouvelles.  Grâce  à  la  considéra 
tion  de  TAntiquité,  qui  depuis  quelque  temps  travaillait  la  société 
et,  comme  une  autre  Renaissance,  l'excitait  au  progrès,  ils  n< 
purent  prendre  de  modèle  plus  élevé  que  la  statue  antique  ;  mai: 
cette  statue  ne  fut  que  Tarmature  ou  le  noyau  sur  lesquels  furea 
appliquées  des  formes  vivantes.  L*art  des  XVIl^  et  XVili^  siècle 
avait  marché  sur  ces  errements,  en  trouvant  pour  son  iconologi* 
conventionnelle  une  sorte  de  compromis  entre  les  traditions  et  le 
exigences  de  ses  modes,  lorsque  la  Révolution  vint  sanctionner  1* 
goût  d'une  renaissance  plus  radicale.  En  attendant  que  l'inspira 
tion  arrivât  pour  de  véritables  créations,  les  artistes  ne  ponvaien 
mieux  faire  que  de  se  retremper  aux  sources  les  plus  pures,  ; 
celles  de  l'antiquité;  une  fois  déjà  les  plus  grands  des  artiste 
modernes  y  avaient  puisé.  Qu'ils  se  décidassent  pour  un  costum 
antique  et  nu,  comme  le  leur  indiquait  le  sentiment  vif  qu'il 
avaient  de  la  nature,  plutôt  que  pour  un  costume  réel,  comm 
avaient  eu  l'audace  de  le  faire  les  artistes  gothiques,  ce  n*est  pa 
ce  qui  devait  entraver  leur  génie;  quelque  costume  qu'il  adopte 
le  génie  est  toujours  de  son  temps. 

La  Liberté  était,  comme  on  sait,  une  divinité  chère  aux  Ro 
mains.  Le  père  des  Gracques  lui  avait  élevé  un  temple  sur  \ 
montÂventin;  elle  avait  à  Rome  de  nombreuses  statues;  ell 
figura  sur  les  deniers  des  familles  consulaires  Cassia  et  Lunia,  e 
même  sur  les  monnaies  des  empereurs  Claude  et  VitelKus,  qu 


Jt, 


LA  LIBERTÉ. 


4(M 


raient  moyen  d'abriter  encore  sous  cette  idole  leur  despo- 
e  abject.  Cette  divinité  était  alors  représentée,  soit  en  buste, 
un  diadème  et  des  bijoux,  soit  en  pied,  vêtue  d'une  stole, 
nt  la  pique  ou  la  vindicte,  la  couronne  de  laurier  et  le  bonnet 
1  ^affranchi.  Le  Moyen  âge  avait  aussi  représenté  la  Liberté  au 
des  Vertus  dont  il  ornait  les  voussures  des  portails;  on  la 
m  H  à  Chartres,  avec  une  couronne  sur  la  tête  et  des  couronnes 
V*    son  écu,  mais  tout  enveloppée,  comme  une  chrysalide,  des 
et  des  draperies  de  l'esthétique  chrétienne.  Les  iconolo- 
du  XVIU*  siècle  n'avaient  fait  que  reprendre  la  donnée 
que.  Moreau,  dès  177ô,  avait  représenté  la  Liberté  sous  la 
re  d'une  jeune  femme,  au  milieu  d'une  gloire,  vêtue  d'une 
ique,  tenant  un  joug  brisé  et  le  bonnet  au  bout  d'une  pique, 
dessinateurs  et  les  graveurs  de  vignettes,  qui  furent  les  inter- 
nes les  plus  prompts  des  sentiments  de  89,  firent  d'abord  des 
rtés  sur  le  même  modèle,  dans  des  compositions  arrangées 
façon  des  vignettes  galantes  dont  ils  avaient  l'habitude,  et 
:inées  à  servir  d'illustration  aux  Almanachs  des  Muse^et  des 
.«es,  aux  Chansonniers  patriotes  et  aux  Précis  d'histoire  de  la 
"olulion.  On  les  vit  même,  dans  de  grandes  estampes,  intro- 
:ve  subrepticement  la  nouvelle  figure  dans  des  compositions 
«s  à  d'autres  intentions.  Telle  est  l'estampe  du  Pèlerinage  au 
^<m  de  la  Liberté,  gravée  par  J.  Mathieu,  d'après  Delaunay  de 
■"eux,  qui  n'est  que  la  reproduction,  avec  changement  d'une 
le  figure,  du  Pèlerinage  à  saint  Nicolas*.  La  transformation  est 
-^  ^tant  plus  piquante  que  le  saint  évêque  était,  comme  on  sait, 
T^alron  de^  filles  à  marier,  et  qu'on  les  voit  en  foule,  dans  cette 
'^*^*nposition  d'une  dévotion  très-agréable,  offrant  des  fleurs  plein 
^^  r  tablier;  le  dessinateur  révolutionnaire  a  dû,  pour  sauver  la 
'"«àisemblance,  faire  de  sa  Liberté  un  génie  mâle. 

Grégoire,  chargé  du  rapport  sur  les  sceaux  de  la  République, 


1.  La  première  de  ces  pièces  est  au  Cabinet  des  estampes;  Je  ne  connais  la 
Seconde  que  par  l'indication  de  V Histoire-Musée  de  la  République,  3«  édiU, 

t«58,  1. 1,  p,  502. 

26 


402  SUJETS.  —  A^LÉGORIES. 

propoBa  l'emblème  de  la  Liberté,  h  aftn  qiie  nos  emblèmefe,  (*^' 
culant  sur  le -globe,  présentassent  à  tous  les  peuples  les  inn^^^ 
chéries  de  la  Liberté  et  de  la  Fierté  rëptiblicalûes*  » 
Les  dessinateurs  en  grand  et  les  graveurs  an  pointillé  et  "^^^^ 


lavis  se  trouvèrent  appelés  à  donner  les  flgores  de  la  Liberté 
plus  sérieuses  et  les  mieux  inspirées  de  Tesprft  notrveau,  en  h 
inventant  ou  en  les  empruntant  aux  sculpteurs  et  auxipeintres  h 
plus  acci'édités<  Nous  avons  vu  celles  que  Debucotrrt,  Queverdc 
Démonchy,  Ruotte^  Lingée,  Bonnevillë,  Ghapuy,  Jatiinet,  AUdh 
Mariage,  Dardis  et  Copia  produisirent,  sur  les  dessins  de  Moitié, 
Boizot,  Desrais,  Fi*agonard,  Sauvage,  Sicardi  et  Prud'hon.  Pour^^ 
donner  une  idée  de  leur  nombre  et  de  leur  variété,  il  faudrait^  \ 
ajouter  celles  qui  parurent  chez  les  marchands  d'estampes  €hé-  ^^ 
reau,  Villeneuve,  Basset,  Partout,  Bance,  Faton,  dont  pinceurs    ^ 
étaient  "graveurs,  et  enôore  celles  qui  sont  tout  à  fait  anonymes      ' 
et  qui  s'élèvent  par  .leur  exécution  au-dessus  de  l'imagerie  de 
pacdtille.  Ce  n'est  pas  tout;  il  faut  compter  aussi  t^élles  qui,  gra- 
vées au  burin  bu  en  bois,  marquèrent  :  lés  papiers  ofiQciels,  les 
a^sjgnats,  auxquels  concoururent  d'excellents  graveurs^  têts  que 
Tardieu,  les  placards,  circulaires,  lettres  et  brevets,  illiistrés  de 
figures  que  l'on  n*est  point  étonné  de  trouver  quelqaefors  signées 
de  noms  recommandables,  comme  ceux  de  Naigeoh,  Dugonrt  et 
Roger.  Toutes  ces  ligures  sont  le  produit  de  talents  très-inégaux 
et  quelquefois  ti'ès-minceSf'tnais  il  y  a,  dans  la  plupart,  quelque 
'particularité  d'attitude,  d'expression  ou  d'attribut6  à  disthigoer, 
et  les  plus  médiocres  sont  souvent  celles  qui  se  trouvent  le  mieux 
douées  de  ces  (Qualités ,  qui  constituent  Thiéi^tisme  et  la  popula- 
rité. Leur  ensemble  fait  ressortir  aussi  la  notion  d'un  nouveau 
type,  plus  clairement  que  ne  pourrait  faire  la  figure  isolée  la  plus 
parfaite.  Les  Libertés,  partant  de  la  ménïe  inspiration,  gardent 
entre  elles  le  monde  rapport  qu'on  observe  à  toutes  les  époques 
entre  les  figures  d'imagination,  divinités,  allégories  et  madones. 
Nous  pouvons  le  saisir,  aujourd'hui  que  le  Temps  est  venu  leur 
donner  l'auréole  historique.   Sous  leur  costume  antique,  leur 
bonnet  phrygien,  leur  casque  athénien  ou  leur  diadème  ronfafMt: 


j 


L'ÉGAiLiT«  ^^  LA   PRATCtl^ITÉ.  403 

avec  lQur»luniq«e,  leur  péplum  ou  leur "CWftrtiy de;  qtfellefl^len- 
nent  un  >J0Ug  b#isé,  uûe  pique,  une  stôte,  la  'foudre  ou'legouver- 
naiil;  «qu'elles  soient  assises,  debout,  ou  afiëes  et  rayonnantes  ; 
■^tès  du  Qoq  «Il  af>erte,  du  chat,  du  pélican  ou  4e  f'ai^îe  ;  au  milieu 
deslépis,  des  oornee  de  fruits  ou  deeramedux  des  chênes  T-'On>y 
peut  toujours  voir  la  même  femme,  dont  l'œil  s'illumine  et  dont  le 
bras  se 'tend  au  sotfffle  de  la  passioûqui  commence.  Quéllcflgure 
plus*nouvel]eaprtfS  celles  qUe>le  temps- Vient  de^bdlayer  :  , 

Et  de  ces  .gnw)4s  tOQibeaipf,  la  belle  Li|)erté, 

Altière,  étincelaote,  armée. 
Sort 

L'idéal  de  cette  1emme^utiréaHsé'par<Priid^hon^ads  soniplus 
grand  (tharme,  mais  la  beauté  en  fut  féconde,  et  l'on  peut  dive 
quetoutes  Içsiîgures  de  la  Liberté  et  de  la  République,  produites 
pendant  la  période  révolutionnaiTe^eontsœurSé 

LesdeuxtautreS'^pensoBnes  da  laiTrinité  républicaine,  L'ÉGAurÉ 
et  LAiFAATHRintÉ:  nc:  Sauraient  lavDirtdes'figures  ^uasl<  significatives 
.et*ne^se  distingnientguèfe-que  partons  attributs. iLaipremière  est 
caractérisée  priQcip0leiiQeat'9iH*\le>NiYaau,  la  seconde  par  les  Pais- 
ceaiux,  et,  comvie  la(Charité^€hréftienQè,<par, desi lofants,  fioisot 
cependant,  dans  la  suite  de  ses  petites  ûgures  hiér^Mqv^s,  la 
représente,  les  seins  nus,  avec  une  couronne  de  chêne  et  une 
efdntiire  de.'^peiurs. 

Ge  n'est  qn'en  reqcbérissant'Sur  ces  emblèmes,  et  en  ajoutant 
rdes  couronnes,  des  mains*  jointes,  des  cœurs  enflammés^  dc^s-en- 
lii«ts  ^i  s'embrassent,  <}u'on  parvint  à  pendre  l'Unité  et  l'Indi- 
:yiSiBiUTÉ.  Dans  un  pointillé  bistre,  ovale  in-8°^  de  la  collection 
Benoin,  l'Indivisibilité  est  Une  femme  drapée,  les  bras  croisés, 
adossée  à.  un  faisceau,  à  côlé  d'un  lion  endormi j  Les  imagitialions 
poétiques,  comme  Prud'hcm,  ^ Sauvage,  Debueourt,  surent  les 
:e&primer  par  des  compositions  charmantes,  où  les  enfants  jouaient 
(le|iFemieT''rôle.  D'autres  artistesse  montrèrent  plusoGCU()és  de 


40i  SUJETS.  —  ALLÉGORIES. 

l'efTet  moral  que  du  beau  pittoresque.  Le  marchand  fiance  publiait 
les  Douceurs  de  la  Fraternité,  estampe  civique  et  agréable,  relative 
à  la  Constitution  française  de  1793.  La  République,  de  Boizot, 
gravée  en  couleur  par  Massol,  montre  son  cœur  rayonnant  hors 
de  la  poitrine,  de  la  même  manière  que  le  Jésus  des  jésuite^. 

Les  Vkrtus,  qui  avaient  été,  dans  l'antiquité,  l'objet  de  repré- 
sentations propagées  par  les  médailles,  qu'on  trouvait  encore 
figurées  d'une  autre  manière  dans  les  statues  des  portails  gothi- 
ques, dans  les  tombeaux  de  la  Renaissance,  et  qui  avaient  été 
enfin  si  ingénieusement  pompadourisées  dans  les  compositions  de 
Cochin,  passèrent  maintenant  dans  des  estampes  plus  vulgaires. 
Je  ne  parle  pas  ici  de  toutes  les  compositions  dont  elles  fournirent 
le  sujet,  mais  seulement  des  estampes  qui  en  donnèrent  des  types 
personnifiés  et  proposés  isolément  à  la  vénération  publique  :  la 
Vertu,  ailée,  avec  une  couronne  sur  la  tête  et  un  soleil  sur  la  poi- 
trine; l'Innocence,  coiffée  de  palmes  et  une  couronne  de  roses  à  la 
main  ;  la  Force,  couronnée  de  chêne  et  armée  de  la  massue  ;  la 
Probité,  portant  une  règle,  sur  laquelle  est  écrit  l'axiome  :  «  Ne 
fais  pas  à  autrui  ce  que  tu  ne  veux  pas  qui  te  soit  fait  ;  »  la  Jus- 
tice y  est  avec  ses  balances,  la  Vérité  dans  sa  nudité  et  avec  son 
miroir  classique,  la  Victoire  avec  sas  couronnes,  ses  palmes  et  ses 
trompettes. 

Il  faut  mettre  hors  ligne  la  Raison.  Un  grand  exemple  d'audace 
fut  donné  aux  artistes  par  la  Commune  de  Paris,  lorsque,  à  l'insti- 
gation de  Chaumette  et  de  Momoro,  elle  érigea  à  Notre-Dame  une 
statue  vivante,  et,  pour  éviter  dans  son  culte  les  simulacres  fixes 
qui  auraient  trop  rappelé  la  Vierge  catholique,  elle  mit  sur  le  pié- 
destal une  femme,  qui  devait  par  sa  beauté  animer  son  rôle  et 
aussi  le  moraliser  par  la  sévérité  de  sa  tenue.  On  trouvait  bien 
dans  l'art  et  dans  le  culte  anciens  des  exemples  de  femmes  apo- 
théosées,  des  impératrices  romaines  érigées  en  statues  de  la  Pu- 
deur, des  maîtresses  de  roi  et  de  pape  transformées  en  Vierges; 
au  XVIIl'  siècle,  un  recteur  anglican,  dans  un  accès  d'admiration 


LA   RAISON.  405 

pour  une  femme,  auteur  d'une  histoire  républicaine  de  l'Angleterre, 
Catherine  Macaulay,  lui  avait  élevé  de  son  vivant  une  statue  sous 
les  attributs  de  la  Liberté,  dans  le  chœur  de  son  église^  On  vit,  en 
novembre  1 793,  M"«  Maillard,  de  l'Opéra,  qui,  de  toutes  les  femmes 
en  évidence,  passait  pour  avoir  la  tôle  la  plus  admirable  e^a  plus 
magnifique  stature,  tenir  à  Notre-Dame  la  place  de  la  déesse  de 
la  Raison.  Elle  parut  sur  Tautel,  au  sommet  de  la  montagne 
dressée  dans  le  chœur,  et  fut  portée  au  milieu  d'une  procession 
de  jeunes  filles,  vêtue  d'une  longue  tunique  blanche  avec  cein- 
ture de  pourpre  et  d'un  manteau  d'azur,  la  chevelure  retenue  par 
un  bonnet  rouge  et  le  bras  armé  d'une  pique.  D'autres  femmes 
remplirent  le  même  rôle  dans  diverses  églises  de  Paris  :  Sophie 
Momoro  à  Saint-André-des-Arts;  M"«  Aubry,  de  l'Opéra,  à  Saint- 
Eustache;  Julie  Gandeille  à  Saint-Gervais,  et  bien  d'autres  que 
l'on  n'a  point  nommées.  Des  personnes  timorées  se  sont  fort  scan- 
dalisées de  ces  faits  ;  des  émigrés  ont  même  raconté  que  M"'  Mail- 
lard avait  été  exposée  nue  dans  le  temple*,  et  des  écrivains, 
courant  après  la  phrase,  ont  avancé  que  M"«  Momoro  avait  paru 
dans  un  costume  diaphane  qui  laissait  surprendre  tous  les  secrets 
de  sa  beauté',  mais  ces  détails  sont  controuvés;  Grégoire  lui- 
même,  dans  son  indignation  contre  les  fêtes  de  la  Raison,  qu'il 
avait  vues,  ne  les  a  point  admis'.  Même  après  que  le  culte  de  la 
Raison  eut  disparu,  compromis  par  des  énergu mènes  et  honni  par 
Robespierre,  l'usage  resta,  dans  plusieurs  fêtes  de  la  République, 
de  représenter  en  personne  la  Liberté,  l'Égalité  et  la  Fraternité. 
A  Paris,  ce  rôle  échut  à  des  actrices.  En  province,  il  fut  souvent 

1.  Thomas  Wilson,  recteur  de  Saint-Étienne  de  Walbrook,  mort  en  1784. 
V.  la  Biographie  universelle,  t.  L,  p.  607,  et  XXVI,  p.  28.  M°"  Roland  dit  dans 
ses  Mémoires  qu*elle  eût  ambitionné  d'être  la  Macaulay  de  son  pays. 

2.  Essai  historiqiie,  moral  et  littéraire,  par  M.  de  Goyon,  Berlin,  1795; 
— Considérations  sur  la  France,  par  M.  de  Maistre. 

3.  Les  Français  de  la  Révolution,  par  A.  Challamel  et  W.  Tenint,  in-8«, 
p.  3;  —  les  Femmes  célèbres  de  la  Révolutiony  par  E.  Lairtullier,  1840,  2  vol. 
in-8%  t.  n,p.  229. 

4.  Histoire  des  sectes  religieuses,  1. 1,  p.  33. 


\m  SUJETS^  ^  ALLÉGORIES. 

rempli  par  des  femmes  d'une  considération  plus  sérieuser,  par  de& 
bourgeoises  estimées  et  par  des  dames  cinlevant  nohlas.  Les 
vieillards  se  souviennent  encore  de  leurs  nom&  En  HolUade^  elles 
ne  craignirent  pas  d*ôtre  nommées;  oi^  sait  qu'à  l'inauguration 
de  la  Républîqpe  batave  les  déesses  de  la  Liberté  furent  U**  Vaa 
der  Meer  à  La  H^ye,  et  M'^*'  Thoen  à  Utrecht. 

Les  dessinateurs,  qui  eurent  en  vue  C0S  niodèleg,  n'en  ont  pas 
été  inspirés  autrement  que  nous  l'avons  vu  dans,  les  figoraft  pré* 
cédentes.  Leur  Raison  osi  une  matrone,  siégeant  auprès  d'un  lion 
et  tenant  VCEil  au  bout  de  son  sceptre.  Ses  représentatîoos  varient 
par  la  position  et  le  nombre  de  ses  attributs,  l'Œil  s'y  place  quel* 
quefois  sur  la  tête  et  sur  la  poitripe;  elle  tient  à  la  main  un 
flambeau,  un  rouleau,  un  mors  ou  une  couronne;  e))e  a  des  ailes; 
elle  est  assise  sur  le  lion  môme, ou  coiffée  de  sa  peau;  les  g^loos 
de  sa  robe  sont  brodés  de  chiffres:  k  ses  pie^s  gisent  terrpisaés 
le  Mensonge  et  |e  Fana^isme^;  mais  on  cherchoi  a|i  milieu  de  ses 
nombreuses  estampes  et  de  ses  médaillons,  l'ouvrage  qui  en  \fOr 
mortaliserait  le  type  dans  l'art. 

De  teutes  les  divinités  nouvelles,  la  plus  difficile  à  aborder  par 
les  artistes  paraissait  être  u  Nature,  esseùoe  adorée  de  tous, 
depuis  Rousseau,  et  dont  les  plits  inspirés  avaient  voulu  faire  le 
poème  I 

Océiln  étehiel  dû  bouillonne  la  vie. 

id  l'Antiquité  fournissait  deux  modèles^  là  Diane  ttiultimamme 
et  l'isis  voilée,  qui  avaient  été  représentées,  surtout  par  l'art 
romain,  comme  simulacres  de  la  Nature,  d'un  côté  mère  et  nour- 
rice de  tout  ce  qui  existe,  de  l'autre  impénétrable  à  l'hooime,  et 
qui  avaient  été  déjà  exploitées  dans  l'ioonologie  de  Gochin  et  de 
Gravelot.  Sur  cette  donnée  furent  faits  les  frontispices  de  plu- 
sieurs livres,  parus  dans  les  prétnières  années  de  la  Bévolu^on, 

1.  V.  Boizot,  Darcis  et  les  pièces  anonymes  reproduites  dans  1- 
Musée,  t.  I,  p.  481. 


i 


LA  NATURE.  407 

^ui  avaient  la  Nature  pour  thàme^  Les  dessinateurs  ne  reculèrent 
pas  devant  le  motif  choquant  de  la  multiplicité  des  mamelles  sur 
la  poitrine  d'une  femme,  et  Ton  alla  jusqu'à  la  placer  en  frontis- 
pice de  livres  pour  l'enfance,  assise  sur  une  montagne  et  surmon- 
tée d'un  soleiP.  Les  dessinateurs  s^ieux,  tels  que  Garaffe  et 
Prud'hon,  en  sauvèrent  presque  l'incongruité  dans  de  grandes 
compositions  ;  mais  combien  celui-ci  se  montra  plus  heureuse- 
ment inspiré,  sans  exclure  la  tradition  antique  qui  était  d'obli- 
gs^^ipn,  lofsqu'i^  représenta  la  riçhe;?se  de  1^  Tf  rre  sous  la  ûgpre 
^'upe  femme  offrant  des  gprbesi,  des  fleui;^  e^  4^3  fruit^,  au  pie4 
(^'un  Terme  multim^pimq^. 

Gepçi^dant  David  en  ins^ygura  iii)  modèle  pluç  ^rdi;  il  ^nt  de^ 
siA^  pour  |a  fête  de  la  pég^nér^tion,  célébr^  l^  IÇ  aqfit  1793, 
€xécu.t^  Sjxr  Iq  place  de  la  Ba^^ille,  pnen^ièrp  statjon  du  cortège,  et 
4éqît  dans  |p  programme.  La  stat^^,  de  la  Natwrq,  dans  le  coçtuo^ç 
d'jsîs,  asçise  eqtre  deu^f  lions,  au-dessus  d*(ifl  J)assin,  y  fcjisait 
jaillir  4^  sps  n^amelles  deux  sources  d'equ,  images  de  sop  inépui- 
sable fécondité.  Un  souvenir  nous  en  es^  resté  d^qç  la  bel|p.  mon- 
naie de  qinq  déciipes,  an  11,  frappée  sur  le  coin  4e  Dupré  :  Régit- 

1.  écoute  la  Nature,  elle  ne  ment  jamais. 

In-8»,  au  burin; 

—  Ne  prends  plus  tes  leçons  de  l'Art, 
Ne  les  prends  que  de  la  Nature.        * 

GraYé  par  Ponce,  dessiné  par  Monnet,  in-12,  au  burin; 

—  Voulez-Yous  être  heureux,  écoutez  la  Nature. 

Id-13,  au  burin.  —  Les  plus  remarquables  ^ont  ceux  du  Lttcréce,  de  Didot, 
io-éo,  an  il,  gravés  par  Choffard. 

S.  Li\fre  indispensable  aux  enfants  de  la  LU)erté,  avec  figures,  par  les 
citoyens  Dusausoir  et  Ginguené;  Paris,  Dufart,  Langlois  et  Basset,  Tan  second, 
in-18  carré.  Le  frontispice  est  divisé  en  neuf  figures  :  Nature,  Raison,  Philoso- 
phie, Liberté,  Égalité,  Fraternité,  Unité,  IndiVisibilité  ou  la  Mort,  qui  sont  le 
sujet  des  catéchismes. 

3.  Petite  pièce  au  pointillé  de  couleur,  de  celles  qui  furent  faites  pour  Tima- 
gerie  des  confiseurs. 


408 


SUJETS.  —  ALLÉGOBIES. 


nèration  française,  et  dans  plusieurs  estampes,  qui  reproduisirent 
ou  imitèrent  la  figure  du  monument^ 

Le  Comité  de  salut  public  voulut  perpétuer  ce  monument,  et 
proposa  pour  Tun  des  sujets  du  concours  de  Tan  III  la  figure  de 
la  Nature  régénérée,  à  ériger  sur  les  ruines  de  la  Bastille.  Les 
sculpteurs  Suzanne  et  Gartelier  obtinrent  le  prix,  mais  il  n'a  rien 
survécu  de  leurs  ouvrages. 


kl6^ 


%^ 


^ 


i^ 


a^Vfctv 


Les  Génies.  —  L'emploi  fait  par  Tart  antique  des  figures  d'en- 
fants et  d'adolescents  ailés  comme  Génies,  personnifications  plus 
complaisantes  des  passions,  des  idées,  des  occupations,  des  lieux, 
avait  été  repris  par  les  dessinateurs  du  XVlll*  siècle,  avec  une 
recherche  qui  n'a  point  été  assez  remarquée  et  qui  ne  relèvera 
pas  peu  Tart  de  cette  époque  lorsqu'on  voudra  faire  l'histoire  de 
ses  manières.  Que  de  verve  ont  déployée  Eisen,  Cochin  et  Gravelot 
dans  cette  multitude  de  Génies  allégoriques  dont  ils  ont  illustré 
la  littérature  et  la  philosophie,  et  qui,  de  concert  avec  les  Amours, 
toujours  de  mise,  avaient  supplanté  les  Anges  de  la  Mythologie 
catholique.  Ils  furent  introduits  dans  les  sujets  révolutionnaires 
par  des  dessinateurs  et  deis  graveurs  de  la  même  école,  Saint- 
Aubin,  Choffard,  Lemire.  Rien  d'étonnant  qu'ils  ne  paraissent  pas 
d'abord  changés  de  style  ;  leurs  attributs  seulement  sont  autres, 
et  leur  costume  classique  est  quelquefois  travesti*. 

Une  étude  plus  attentive  des  enfants  et  une  application  plus 
ingénieuse  de  leurs  natures  à  l'allégorie  parurent  cependant  dans 
les  compositions  de  plusieurs  dessinateurs,  tels  que  Sauvage,  De- 

1.  J*ai  cité  ceUes  de  Boizot;  je  connais  encore  deux  pièces  anonymes  :  la 
Nature,  in-S»  ovale,  pointillé  bistre;  elle  est  debout,  coiffée  du  lotus,  à  demi 
couverte  d'un  voile,  et  presse  deux  de  ses  mamelles  pour  en  faire  jaillir  le 
lait  ;  à  ses  pieds  est  une  corne  d'abondance,  etc.  ;  —  la  Nature,  in-8<*  ovale,  en 
couleur,  chez  Basset.  Elle  est  assise  et  allaite  de  ses  seins  nus  deux  enfants, 
l'un  blanc,  l'autre  noir;  à  ses  pieds  sont  les  produits  de  la  Terre. 

2.  Cupidon,  tambour-major  national^  avec  chanson,  à  Paris,  chex  Drian- 
court  {Coll.  Lat.,  p.  36);  —  l'Amour  Volontaire^  —  V Amour  Sans-Cuiotte,  — 
i' Amour  en  carmagnole. 


-oen- 

eiiine 
:era 
de 

Jollot 
oTTlre 


^i;Sie 

-Jnnt- 
SBoas 


LE   PEUPLE.  409 

iDucourt,  et,  au-dessus  de  tous,  Prud'hon,  qui  y  déploya  tout  son 
ftjonheur  d'expression.  La  production  la  plus  neuve  peut-être  fut 
c^elledu  Génie  adolescent,  qui  fut  principalement  remblème  des 
Xois  et  se  prêta  ensuite  à  d'autres  emblèmes. 

Du  pré  le  grava  sur  les  monnaies  en  or,  en  argent  et  en  cuivre 
<le  la  République,  Dupoyrat  sur  les  timbres  et  les  assignats;  et  il 
:ffut  vulgarisé  dans  des  estampes  de  tout  genre^  11  était  nu,  ailé, . 
portant  la  flamme  au  sommet  de  la  tête,  et  chargé  d'attributs  qui 
<lifrèrent  selon  son  rôle.  On  les  trouve  rassemblés  dans  les  quatre 
Cénies  des  Cartes  de  Dugourt;  il  prit  les  talonnières  de  Mercure 
pour  symboliser  le  télégraphe  qui  venait  d'être  découvert  par 
Chappe ,  adopté  par  la  Convention ,  et  dont  les  premières  dépê- 
ches portèrent  les  victoires  de  l'armée  du  Nord*;  il  prit  enfin 
les  foudres  et  s'élança  dans  le  quadrige,  les  palmes  et  les  cou- 
ronnes à  la  main,  pour  annoncer  les  victoires  des  armées  répu- 
blicaines ^. 

Le  Peuple. —  Pour  personnifier  le  Peuple,  ce  Génie  dut  prendre 
des  formes  plus  robustes.  Ce  ne  fut  plus  le  jeune  homme  confiant 
et  généreux  des  premières  années,  mais  l'homme  mûr  et  grossi, 
ayant  déjà  usé  de  sa  force  jusqu'à  l'abus.  Il  symbolisa  ainsi  la 
Constitution  de  93,  debout  sur  les  insignes  brisés  du  trône  et  de 

1.  Il  Tient  après  mille  ans  changer  nos  lois  grossières; 

— in-8^  au  burin,  diaprés  Moreau  ;  frontispice  de  VAlmanach  historique  de  Ra- 
baut,  1791  ;  —  Règne  de  la  Loi,  gravé  d'après  le  dessin  de  Dupré;  se  trouve 
chez  Bernier,  hôtel  des  Monnaie^  ;  médaillon  in-f°,  au  lavis  bistre  ;  —  le  Par 
triotisme  armé  protégera  la  Liberté  légale,  à  Paris,  chez  Joly  ;  médaillon  in-4% 
au  pointillé  bistre;  —  H.  Reboul,  en-tète  de  lettre  représentant  le  Génie  de  la 
Liberté  couronné  de  trèfles,  recevant  des  mains  de  Minerve  le  Bonnet,  Camwy 
dm  deL,  Fontana  inc.,  in-S"*  1.,  au  burin;  —  Alexandre  Berthier,  général  de 
dwiiion  de  V armée  dltMe^  in-i»  1. 

2.  Rapport  de  Lakanal  sur  le  télégraphe,  au  nom  du  Comité  d'instruction 
publique,  25  juillet  1793;  communication  de  Carnet,  au  nom  du  Comité  de 
aalut  public,  15  fructidor. 

3.  Le  Génie  des  Français  apporte  des  nouvelles,  frontispice  de  VAlmanach 
de  la  Convention  pour  l'an  IIL 


4M  SUJET)».  —  ALLÉGORIES. 

t^aute],  tenant  d\ine  main  la  table  des  droHs  de  l'homme;  ■»      de 
l^autre  un  pic,  au  miiieu  des  flammes  du  soleil  levant  et  de  h 

foudre  qui  éclate  K  Dans  les  statues,  qui  en  furent  élevées  à         la 
fête  de  la  Régénération  et  à  la  fôlie  de  l*Être  supvôme,  David  f        ^ut 
appelé  à  en  donner  le  modèle.  Ce  grand  peintre  ne  connut  pas         le 
cOté  serein  de  ta  Révolution  ;  on  ne  cite  pas  mépie  de  lui  uc^^ne 
(igure  de  Liberté.  En  prenant  dans  Tantique  sa  figure  du  Feupia»-  .e, 
il  ne  choisit  pas  le  Génie  du  peuple  romain,  figure  iuvâ[iile,  coilMMiée 
du  modius,  à  demi  di^apée  d'un  manteau,  tenant  la  pique  ou         la 
oorne  d'aboadanoe,  ou  igure  barbue  e|  calme,  couronnée^  vétc^-je 
dupallium  de  Jupiter  et  tenanlj  aus^i  la  corne  d'ehondance;        ii 
songea  encore  moins  à  ce  Démon  de  Parrhasios  qpai  était  t^^o 
assemblage  de  toutes  les  vertus  et  de  tous  les  vices.  H  fit  un  He^ 
cule,  ici  la  massue  levée  ^t  terrassant  Thydre  du  Fédéralisme, 
la  fnassue  au  r^ios  et  portant  à  la  main  la  Liberté  et  l'Égalité, 
programme  qu'il  en  donna  accuse  plus  Tivresse  révolutionnaii 
que  l'inspiration  pittoresque.  Après  avoir  donné  la  forme  de  so^  ^ 
colosse,  il  voulait  qu'on  lût,  écrit  sur  ses  membres  :  a  Lumière^^^* 
Nature,  Vérité,  ForcQ,  Travail.  »  L'idée,  qui  en  est  restée  dans 


quelques  gravures,  ne  montre  que  des  figunes  d'aune  énergie  tou 
matérielle  '.  On  en  trouve  encore  un  souvenir  dans  le  timbre  du 
Bulletin  des  Lois  de  l'an  lU  et  dans  le  coin  de  Técu  de  l'an  IV  par 
Dupré  :  Union  et  Force.  Cette  figure  avait  été  introduite  jusque 
dans  le  filigramme  du  papier  officiel^  dont  le  cliché  fut  exécuté 
par  Dupré. 

Ai|  concours  ouvert  par  le  Çon^ité  de  salut  put^Iiç^  on  prgposa 
encore  une  statut  çolqs?^le  dju  /?eî|p{j?  frmçqis,  h  i^Y^T  W  •» 
pointe  occidentale  de  l'Ile,  au  milieu  du  Bont-Neuf,  et  une  autre 
figure  du  Peuple  détruisant  le  Despotisme.  Plusieurs  sculpteurs  ob- 
tinrentdes  prix  ou  des  encouragements:  Lemot,  Ramey,MichaHon, 
Çh^udet,  ^oizpt  et  d'ai|fre.s  pour  )^  première,  I)upi9nt,  Sufaqne 


1 .  Je  D*ai  va  la  pièce  qu*en  reproduction  dans  V Histoire-Musée  de  la  Réfm- 
btique,  %,  I,  p.  437. 

2.  V.  les  planches  relatàyes  aux  Fêtes. 


ex  Boland  pour  la  seconde*.  Plusieurs  de  ces  projets  parurent  d^ut 
expositions  de  l'an  IV  e^  de  l'au  Y,  mais  aucun  ne  conquil^a  popu^ 
larité.  U&  étaient  d'ailleurs  h  peine  ébatichés  que  ee  peuple,  dont 
il  s'agissait  de  faire  un  colosse  immuable  et  le  soutien  invincible 
de  la  Liberté,  n'était  qu'un  mannequin  entraîné  par  d'autres  mor. 
biles  ;  encore  quelques  mois  il  sera  la  dupe;  d'un  despote. 

La  représentation  la  plus  significative  oo  fut  donnée  par  la 

gravure  dans  ce  moment  suprême  ';  elle  s'élève  par  «on  style  fort 

aidb-dessus  des  caricatures  vulgaires  et  sort  de  la  main  de  quelque 

l>avidien  émérite,  Uennequin  sans  doute.  Le  colosse»  debout 

auprès  d'un  aqtal  et  d'un  Qénie  qui  tient  deux  couronnes  su^* 

P^Adues  sur  sa  tête»  vient  de  culbuter  d'une  cbiqu^naude  des 

Pysmées,  rois,  papes,  généraux  et  Directeurs,  qu'il  avait  sur  les 

^■*as  ;  mais  un  général,  reconnaissable  à  son  masque,  s'est  glissé 

^<^^re  ses  doigts  et  se  cramponne  à  sa  massue,  pour  attraper  les 

^^*>^*xx)nnôs  qu'il  avait  gagnées. 

L*allégorie  révolutionnaire  arriva  jusqu'^  saisir  dans  un  sym- 
^^î«  la  terrible  Assemblée,  en  qui  s'était  ince^rnée  un  moment  la 
nté  la  plus  absqlue  du  peuple ,  et  le  prit  dan3  u  Mom'AÇNH  f 
mination  de  la  fraction  la  plus  démocratique  delaLégi$lativts 
la  Convention,  qui  avait  été  appelée  à  dominer  par  1q  dé-^ 

*  finement  des  passions  autant  que  par  la  fatalité  dçs  circon- 
^ï^kcîes.  Elle  fut  figurée  par  un  rocher  abrupt;  \^  Constitution 
p    O3  y  paraît  au  milieu  des  éclats  de  la  foudre,  comme  sur  1^ 

*  *^^ï  le  Décalogue  de  Moïse,  Ce  rocher  sert  de  piédestal  à  la  statuç 
^^  ï^cuple,  et  n'est  plus  qu'un  de  ^s  attributs  port^  à  bras  tendu  ; 

^orrne  enfin  la  décoration  principale  dQS  fêles  de  la  Kaison  et 
l'Être  suprême. 

L'attirail  mythologique  et  iconographique,  que  nous  venons 
^^  parcourir,  avait  renouvelé  suffisamment  le  matériel  <les  ate- 

i.  Rapport  sur  le  concours  de  sculpture  de  Tan  l|I,  par  Portigf,  4ffl0<i^MI 
mcydopèdique,  t.  lY,  1795,  in-S». 
2.  La  Chiquenaude  du  Peuple,  ïn-P*,  lam  kinife. 


V 


412  SUJETS.  —  ALLÉGORIES. 

liers  et  échauffé  jusqu'à  Texcès  Timagination  des  artistes.   M^  1 
eut,  comme  en  politique,  beaucoup  d'efforts  égarés,  et,  dan  ^  '^ 
paroxysme,  quelque  chose  qui  n'est  pas  avouable.  Les  plushal^il^ 
échouèrent  en  cherchant  la  plus  complète  expression  allégori^i^ï»^ 
de  Tart  révolutionnaire,  et  la  critique  recule  devant  les  com] 
tions  dans  lesquelles  les  médiocres  représentèrent  le  Triompha 
la  Montagne^,  et  le  IX  thermidor^ ;  aussi  la  détente  était-elle  i 
vitable.  Après  la  crise,  le  goût  antique  et  allégorique  persis 
mais  les  divinités  s'effacèrent:  au-dessus  de  toutes  les 
s'éleva  la  Victoire;  en  représaille  des  maux  soufferts  arriva       /« 
Sensibilité,  la  Pitié,  et,  de  tous  les  Génies,  il  semble  qu'il  n^^c 
reste  plus  qu'un  seul,  l'Amour,  le  génie  des  jeux,  des  ris  et 
danses. 


La  Sensibilité  de  Tan  V  n'a  pas  encore  de  formes  consac 
en  iconologie  ;  elle  inspira  cependant  assez  d'ouvrages  pour  q«-m*îl 
en  résulte  un  type.  L'Antiquité  y  prêta  peu,  non  pas  qu'elle  ^3 ôt 
manqué  de  symboles  équivalents,  tels  que  Pietas  avec  sa  cigog 
Concordia  avec  ses  colombes,  mais  il  fallait  un  symbole  tout 
derne  pour  rendre  la  contemplation  de  la  nature,  l'adoucissem^^^*^^ 
des  mœurs  et  la  subtilisation  extrême  du  sentiment;  l'iconol 
du  XVI 11^  siècle  n'en  a  pas  non  plus  donné  de  modèle.  Le  scu 
teur  Chaudet  en  avait  fait  la  statue  en  1789,  et  beaucoup  de  d 
sinateurs  depuis  y  avaient  fait  allusion  ;  Guérin  en  donna  Tid 
dans  un  tableau  qui  fit  foule'.  Dans  les  régions  plus  vulgai 
une  image  s'en  était  répandue  qu'il  faut  saisir;  c'est  une  jeun 
femme  au  profil  grec,  aux  formes  délicates,  vêtue  et  coiffée  dan^ 
la  mode  moderne  et  légère,  alors  toute  recherchée  dans  l'antique, 

i .  Le  Triomphe  de  la  Raison  et  de  la  Philosophie,  gravé  par  M**  ***,  d*apTès 
Perrin,  in-f**,  pointUlé  en  couleur  ;  —  la  Montagne  enfante  la  Constituiûm 
républicaine,  éventail  en  couleur;  —  Triomphe  de  la  Religion  naturHle  sw 
V Athéisme,  le  Fanatisme  et  la  Superstition,  in-f*'  lavis;  —  le  Triomj^he  de 
la  Montagne,  par  Lelu,  in-f^. 

2.  Une  seule  est  peutrêtre  à  excepter  :  les  Formes  acerbes,  de  Lafitte. 

3.  Marcus  Sextus,  gravé  par  Blet.  ^ 


e 


L*AMOUR.  413 

Qt  qui  soupire  près  d'un  tombeau^;  ses  seuls  attributs  sont  des 
fleurs,  un  papillon,  un  style  pour  écrire  ou  dessiner  une  plainte, 
dont  le  consolateur  n'est  pas  loin. 

L.' Amour,  qui  alors  s'incorpora  dans  l'art,  eut  aussi  sa  physio- 
aomie,  distincte  de  celles  qu'il  avait  précédemment  reçues,  mais, 
pour  ses  formes,  il  n'y  avait  plus  rien  à  inventer,  et  l'Antiquité 
fournit  un  de  ses  plus  beaux  types.  Ce  n'est  pas  l'enfant,  dont  le 
X.VII1®  siècle  avait  trop  abusé,  mais  l'adolescent,  dont  les  sculp- 
teurs grecs  avaient  immortalisé  le  torse  et  que  Bouchardon  avait 
repris.  Prud'hon  en  avait  donné  de  charmants  modèles*;  Gérard 
en  fi  t  le  tableau  le  plus  admiré  du  Salon  de  Tan  V  ;  on  le  retrouve 
dans  les  compositions  de  Fragonard,  Mallet,  Chéry,  Dutailly,  et 
dans  les  gravures  deCoiny,  Pauquet,  Lingée.  11  n'y  garda  pas  tou- 
jours la  pureté  des  ouvrages  que  nous  avons  cités  les  premiers.  On 
le  vit  servir  à  une  renaissance  trop  complète  des  usages  païens,  et, 
îuî  pis  est,  fournir  aux  illustrations  de  romans  trop  réellement 
pris  dans  les  mœurs  les  plus  dissolues  d'une  époque  qui  cherchait 
^  s'étourdir,  et  qui  sembla  donner  le  spectacle  de  truies  les  fai- 
blesses après  avoir  donné  l'exemple  de  tous  les  dévouements*. 

t-o  moment  était  venu  où  ce  ciel  allégorique  devait  disparaître 
^t  le  domaine  de  l'art  tout  entier  s'obscurcir  devant  une  dernière 

^  -  Là  seul  j'irai  le  soir  rèyer  sur  son  tombeau  ; 

*^^*^tispice  des  poésies  de  Desorgues,  par  Huber;  —  Elle  dessinait  (usise  sur 
'**'*    ^^imbê,  frontispice  du  Peintre  de  Salzbourg,  gravé  par  fiSaradan,  dessiné 
^^^^  l^aillot; — Humanité,  jeune  flUe  agenouillée  déposant  une  couronne  sur  un 
^^^^>€au  où  elle  écrit  les  vers  du  Réveil  du  Peuple  : 

Mânes  plaintiCs  de  rinnocence. 
Apaisez-vous  dans  vos  tombeaux  ; 

^û-4«  rond,  pointillé  en  couleur. 

^.  Vignettes  de  VArt  d'aimer^  in-4*',  gr.  par  Copia  et  Boisson. 

3.  D'autres  estampes,  d'autant  plus  hardies  qu'elles  ne  portent  la  responsa- 
bilit**  d'aucun  nom  connu,  le  travestirent  en  personnage  politique;  ce  furent 
l'Amour  Volontaire,  l'Amour  Sans-Culotte,  eiV Amour  qui  reçoit  une  couronne 
dês  mains  de  la  Patrie  et  chante  ses  bienfaits. 


41^  SUJETS.  —ALLÉGORIES. 

^t  imique  «divinité,  la  Fortune.  La  République  s'était  tien  gafdée 
àt  la  mettre  au  rang  de  ses  Vertus;  elle  était  œUe  de  Yhmm 
qui  allait  substituer  sa  personne  à  la  Nation.  Les'chèresBllégorieB 
de  la  République  lui  firent  d*abord  cortège,  la  Victoire  la  pre- 
mière, la  Paix  même,  qui  était  l'invocation  de  tous  les  partis 
lassfe  de  leurs  luttes;  les  Ris  et  les  Amours,  ïiinsi  qu*on  levdH 
Sans  les  figures  que  PrUd'hon,  Regnault,  Vernet,  donnèrent  pour 
eiïtourage  ïiu  char  de  victoire  du  Général  et  du  premier  Consul; 
mais  on  voit  dès  lors  la  queue  des  dessinateurs  tourner  toutesces 
allégories  eu  adulations  de  lapersontië^.  Ils  ne  manquèrent  même 
'pas  d'exhumer,  pour  la  plus  grande  morîalité  du  cortège,  les  sym- 
boles de  la  Religion,  qui  s'étaient  depuis  douze  ans  totdlemem 
oblitérés,  et  l'adulation  en  ce  genre  fut  poussée  au  point  d'asâ- 
ftiilér  Napoléon  au  Créateur*. 

Legoiit  et  rintelligenceide  l'allégorie  s^étaient  si  bien  gétfén- 
lisés  que  chaque  grand  événement  politique  fut  illustré  d'al- 
ilégories  plus  ou  moins  heureuses.  Du  Roi  et  de  la  France,  «n 
possession  ancienne  de  rôles  obligés  dans  ces  xérémonies,  elles 
paâsôrent  aux  trois  Ordres  et  aux  Constitutions.  Les  pièces  de  oe 
genre,  qui  chargent  les  collections  avec  peu  de  profit  pour  l'his- 
toire et  peu  d'agrément  pour  la  curiosité,  se  succèdent  en  suivant 
les  phases  principales  de  la  Révolution  : 

Déclaration  des  droits  de  l'homme,  août  1789  ; 

Dans  patriotiques  des  dames,  septembre  1789  ; 

Abolition  des  titres  de  noblesse,  juin  1790  ; 

Mort  de  Mirabeau,  àvn\  1791  ; 

La  Constitutionjurèepar  le  Roi,  septembre  1791; 

La  fondation  de  la  RépuMique,  10  août  1792  ; 

Le  Triomphe  de  la  Montagne  ; 

La  Constitution  de  1793; 

1 .  Allégtifie't9kUi9$  à  9tUmapàirtê^^énéràk.é»8. Ormiê^  frwÊçaimti  dédié  ao 
Dirëètoire,  par  V.-M.  Picot,  in-f»  1.,  pointilié;^-.  le  Sauthné^  la  Frmnce.  vnc 

"^nKende  en  4  lignes,  chex  Ghttaignier,  in-f*  lu,''  eau-tete  etteris. 

2.  La  Création,  par  DugrandnMDil,i>àn  XUI,  mi*8S  AonHiapioe  aa.pMHiUé 


s.  t.  « 


ÉVÉNEMENTS   POLITIQUES.  415 

Le  9  thermidor; 

La  ConsUtution  de  Van  YIII  et  le  Dix-huit  brimiaire; 

La  Paix,  an  X. 

Indépendamment  des  compositions  d'artistes  connus  que  nous 
avons  déjà  rencontrées  sur  tous  ces  thèmes,  ils  défrayèrent  de 
nombreuses  estampes  anôityhlés  aii  pdntillé,  au  lavis  et  en  cou- 
leur, sans  qu'il  soit  question  encore  des  pièces  satiriques  aux- 
quelles donnèrent  lieu  les  mêmes  événements. 


2.  —  FÊTES. 


L'art  le  plus  vivant  de  la  Révolution  est  dans  ses  fêtes.  tîn 
grand  historien,  qui  Ta  prônée  en  fils  aussi  tendre  que  sincèr^^  -.  ^ 
écrit  :  «  La  Révolution  est  en  nous,  dans  nos  âmes;  au  deli-^^^*^ 
elle  n'a  pas  de  monument!  s>  On  ne  doit  Tentendre,*  sans  doi 
que  pour  Tarchitecture,  à  laquelle  il  faut  un  temps  et  un  rei 
qui  manquèrent  à  la  Révolution  ;  mais  il  y  a  d*autres  monume-x^*  ^ 
que  œux  de  pierre  et  de  marbre,  et  l'on  se  souviendra  toujoi»  f^^ 
bien  qu'ils  n'aient  duré  que  l'espace  d'une  décade,  de  ceux  qu^  ^^ 
Révolution  dressa  pour  ses  fêtes.  Ils  valent  ceux  qu'à  d'au! 
époques  on  avait  vus  s'élever  aux  entrées  et  aux  avènements 
rois,  et  ceux  qui  nous  rappellent  les  marches,  processions  ^ 
réjouissances  que  d'anciennes  traditions  ont  perpétuées  dans  ^^"^  ^^ 


villes.  L'art  s'est  souvent  accommodé  de  leurs  échafaudages  ^^ 
bois  et  en  plâtre  et  de  leurs  mannequins  d'oripeaux,  et  nous  "*^ 
recherchons  curieusement  les  gravures;  celles  qui  se  rattache^  '^ 


aux  cortèges  et  aux  stations  des  fêtes  de  la  Révolution  nous  pei 
dront  toujours,  mieux  qu'aucun  récit,  les  plus  grandes  émotio 
de  ce  temps  de  miracles. 

«  Jusqu'en  l'an  IV,  dit  Lebreton,  l'architecture  ne  parut  qu 
dans  les  fêtes  publiques  ;  mais  les  fêtes  nombreuses  firent  presqu 
constamment  honneur  à  l'art.  On  se  propose  de  graver  les  prin- 
cipales, et  elles  justifieront  cet  éloge*.  »  Gomment  Lebreton  se 
flattait-il  encore,  en  1808,  qu'on  laisserait  publier  les  souvenirs 
les  plus  émouvants  de  la  République  ? 

La  première  à  considérer,  et  la  plus  belle,  fut  la  Fête  de  la  Fèdè- 

1.  Rapport  sur  les  Beaux-Arts,  in-4o,  p.  179. 

« 


û- 


*^ 


TRANSLATION  DE  VOLTAIRE  AU  PANTHÉON.     417 

ro/ûm (14  juillet  1790).  On  ne  peut  compter  les  estampes  qui  la  re- 
produisirent. Elles  sont  des  meilleures  du  temps  :  Ingouf,  Massard, 
^e/mau,  Girardet,  Sergent,  Janinet,  Lecœur,  Chapuy,  Levachez*. 
De  g^randes  pièces  au  burin,  des  pièces  à  la  pointe,  plus  minutieu- 
sement faites,  et  des  pièces  au  lavis  et  en  couleur,  d'un  effet  plus 
igr^able,  représentèrent  les  travaux  du  Champ  de  Mars  dans  son 
n»^mble  et  dans  ses  épisodes,  les  différentes  vues  de  la  fête, 
de  triomphe  et  ses  frises,  les  gradins,  Tautel  de  la  Patrie,  les 
cortèges  qui  s'y  acheminèrent,  les  foules  immenses  qui  l'en- 
raient, et  les  scènes  principales  du  serment  civique;  d'autres 
s  donnent  les  portraits  des  héros  de  la  fête,  Bailly  et  La 
^tte,  les  costumes  des  fédérés  et  des  fédérées,  les  drapeaux 
Districts.  Nous  avons  le  complément  de  la  fête  dans  la  déco- 
ction de  la  salle  de  bal,  qui  avait  été  élevée  sur  le  terrain  de  la 
^^st-ille,  avec  l'inscription  :  «  Ici  l'on  danse,  »  et  que  Swebach  et 
>^^ucoup  d'autres  se  plurent  à  dessiner.  On  trouvera  enfin  la 
ï^^Vsionomie  la  plus  populacière  de  la  fête  dans  la  multitude  des 
^^èoes  sans  nom  qui  se  vendaient  avec  des  chansons,  en  marge  de 
levers  images  : 

Peaple  aiâiable  de  la  France,  etc. 
Que  notre  &me  soit  satisfaite,  etc. 
Ah  !  ça  ira,  ça  ira,  ça  ira. 

La  Translation  de  Voltaire  au  Panthéon,  le  11  juillet  1791,  fut 
îa  première  fête  philosophique  particulièrement  chère  aux  artis- 
tes,  qui  y  déployèrent  un  grand  appareil  païen  et  antique.  David 
en  avait  dessiné  le  char;  les  jeunes  peintres  et  sculpteurs  y  figu- 
rèrent, vêtus  à  la  romaine,  et  on  y  chanta,  sur  la  musique  de 
Gossec,  l'hymne  de  Ghénier  : 

i.  En  Yoîci  une  qui  n*a  point  été  décrite  :  Vue  du  plan  du  Champ  ds  Mars^ 

tM  qu*U  a  été  décoré  pour  la  Confédération  du  4 A  juUUt  4790,  et  les  élévations 

exactes  des  trois  principaux  édifices,  tels  que  Tautel,  Tamphithéàtre,  ainsi  que 

'Parc  de  tnomphe  a?ec  toutes  ses  inscriptions,  etc.,  in-r*  carré,  imp.  en  bistre, 

se  vend  à  Paris,  chez  M^*  Prieur,  près  le  sculpteur,  vis-ih>yi8  TOpéra. 

27 


418 


SUJETS.  —  FÊTES. 


n  renaît  parmi  nous,  grand,  chéri,  respecté, 
Gomme  à  son  dernier  Jour,  ne  prêchant  à  la  terre 
Que  Dieu  seul  et  la  Liberté. 

La  grande  estampe  que  nous  en  avo.is,  gravée  par  Miger  d'apn^ 
le  dessin  de  Louis  Lagrenée  filsS  n*est  point  exempte  de  lourdeur; 
mais  on  y  voit  bien  la  physionomie  du  cortège  au  momeol  de 
l'entrée  au  Panthéon  ;  l'arche  contenant  ses  œuvres,  entourée  des 
députa tions  des  Académies,  parmi  lesquelles  était  Beaumarchais: 
sa  statue  (modèle  de  Houdon)',  portée  par  des  hommes  vêtus  à 
l'antique;  le  char,  en  mausolée,  avec  le  corps,  au-dessus  duquel 
une  Victoire  suspend  une  couronne,  escorté  d'enfants  en  Génies 
semant  des  fleurs,  de  femmes  en  Muses,  le  sein  nu,  jouant  de  la 
lyre,  et  suivi  des  rangs  pressés  des  fonctionnaires  et  des  citoyeû^ 
des  instruments,  des  bannières  et  des  piques. 

Un  panorama  plus  exact  de  la  procession  se  trouve  dans   ^^^ 
pièce  publiée  chez  Janet  :  Ordre  du  cortège  pour  la  translatiof^   ^* 
mânes  de  Voltaire^,  et  l'on  en  voit  quelques  groupes  dans    •^^ 
pièce  gravée  par  Colibert  d'après  le  dessin  de  Boiseau.  Les  p- 
cipaux  avaient  été  reproduits  dans  une  garniture  de  boutons. 


^r^ 


F 

é 


1 


\J 


vt- 


La  Fête  de  la  Liberté,  célébrée  en  l'honneur  des  soldats  sui 
de  Chât'eauvieux,  le  15  avril  1792,  eut  un  caractère  plus  po 
laire  et  une  décoration  non  moins  antique  que  la  précédente.' 
en  peut  juger  par  la  gravure  de  Girardet,  qui  représente  le 
tége  arrivant  sur  la  place  Louis  XV.  La  statue  équestre  du  ro 
est  encore,  mais  envahie  par  les  citoyens  qui  la  coiffèrent  ^ 
bonnet  rouge.  Sur  le  premier  plan  est  le  char,  portant  au  somm 
la  statue  de  la  Liberté  assise;  devant  et  sur  ses  gradins  inférieu 
un  trépied  de  parfums  et  un  citoyen  qui  l'invoque.   David  e 
avait  donné  le  dessin  ;.  il  paraît  couvert  de  bas-reliefs  allégorique^ 

1.  Catalogue  de  son  œuvre,  n^  35,  p.  73. 

2.  La  statue  de  toile,  qui  a  été  donnée  à  la  Bibliothèque  de  Rouen  par 
M.  Carpentier,  est  celle  même  qui  a  figuré  dans  ce  cortège;  elle  est  mainte- 
nant peinte  en  bronze,  mais  elle  a  été  autrefois  dorée  (A.  de  M.). 

3.  Michelet,  Histoire  de  la  Révolution,  t.  IV,  p.  77. 


r- 

îï 
du 

et 


LA  FÊTE   DE  LA   LIBERTÉ.  4i0 

et  escorté  de  personnages  antiques  portant  des  urnes.  On  voit, 
derrière,  le  sot,  monté  sur  un  âne  et  destiné  à  servir  de  plastron 
aux  quolibets.  Il  continuait,  au  service  du  Peuple,  le  rôle  que  le 
fou  ou  le  sot  en  titre  -d'office  avait  rempli  autrefois,  à  la  Cour,  ali 
service  des  Rois,  et,  à  la  ville,  dans  les  processions  des  Gom- 
munes  et  des  Confréries. 

La  Fête  de  la  troisième  Fédération,  le  ik  jullet  1792,  dont  le 
héros  était  Pétion,  fut  célébrée  au  Champ  de  Mars  par  Tauto-da-fé 
de  l'arbre  féodal,  chargé  des  armoiries  et  des  titres  de  la  Noblesse. 
Deux  cérémonies  funèbres  avaient  marqué  les  premières  années 
de  la  Révolution  :  celle  de  Franklin,  célébrée  quelques  jours  après 
la  Fédération,  et  celle  de  Mirabeau,  dont  Tapothéose  eut  lieu  le 
£§  ftvril  1791,  quelques  mois  avant  celle  de  Voltaire. 

L'Église  avait  encore  pris  part  à  ces  cérémonies.  La  pompe 
funèbre  en  l'honneur  des  citoyens  tués  au  massacre  du  iO  août, 
wquï  fut  célébrée  le  26  août  1792 ,  fut  tout  antique  et  païenne. 
Elle  avait  été  ordonnée  par  Sergent,  alors  chargé  des  dispositions 
^t  de  la  surveillance  des  cérémonies  nationales.  On  en  a  décrit 
le  cortège  lugubre,  portant  les  statues  de  la  Loi  et  de  la  Liberté; 
l*hymne  terrible  de  Gossec  : 

Vengeance,  vengeance  étemeUe; 

le  discours  de  Chénier,  et  la  pyramide  en  serge  noire  dressée 

sur  le  bassin  des  Tuileries  avec  l'inscription  :  Silence,  Us  reposent. 

f^ous  ne  t'avons  trouvée  gravée  que  dans  la  petite  pièce,  assez 

confuse,  publiée  par  les  Révolutions  de  Paris, 

Une  fête  plus  simple  fut  célébrée  le  H  octobre  1792,  sous  le 
nom  de  Fête  civique  en  l'honneur  de  la  liberté  de  la  Savoie.  Un 
cortège,  assemblé  à  la  place  Louis  XV,  où  une  statue  de  la  Liberté 
avait  remplacé  là  statue  du  roi,  y  chanta  la  Marseillaise.  Chénard, 
du  théâtre  Favart^  y  ûgura  au  premier  rang,  en  carmagnole  et  en 
sabots,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la  belle  figure  de  Boilly  et  de 
Copia  :  le  Porte-drapeau  de  la  Fête  civique. 

L'année  1793  s'ouvrit  par  la  cérémonie  funèbre  de  Lepelletier 
et  sn  translation  au  Panthéon,  qui  eut  lieu  le  2k  janvier.  Plusieurs 


420  SUJETS.  —  FÊTES. 

gravures  en  font  connaître  des  détails.  La  plus  intéressante  est 
celle  qui  reproduit  le  corps  du  conventionnel  en  demi-figure, 
couché  sur  le  lit  de  parade,  la  tête  couronnée  de  chêne,  le  trooc 
nu  et  la  plaie  saignante  entre  des  linges  ensanglantés,  tel  qu'il 
était  sur  le  char  funèbre. 

La  fête,  projetée  pour  Tanniversaire  du  14  juillet,  fut  empê- 
chée par  rassassijiat  de  Marat  et  remplacée  par  les  obstqws 
de  Marat,  qui  eut  aussi  sa  translation  au  Panthéon  et  ses  mo- 
numents. Le  plus  curieux  est  celui  que  les  Cordeliers  élevèrent 
dans  le  jardin  du  Luxembourg  pour  rendre  un  culte  à  son  cœur. 
Il  y  en  a  une  bonne  gravure,  exécutée  par  Née  sur  le  dessin  de 
Pillement.  Il  représentait  la  porte  grillée  d'un  caveau  au  milieu 
de  rochers,  surmontés  d'une  urne  et  entourés  d'arbustes  et  He 
peupliers*. 

La  Ck)mmune,  sous  l'administration  du  maire  Pache  et  du  pro- 
cureur général  Chaumette,  provoqua,  selon  les  circonstances,  des 
fêtes  plus  populaires  que  grandes,  mais  dont  la  singularité  vient 
aussi  se  refléter  dans  les  arts. 

Elle  célébra,  le  28  avril  1793,  les  obsèques  de  Lazowski,  où  l'ef- 
figie en  cire  du  sans-culotte  du  10  août,  modelée  par  Curtius,  fut 
portée  comme  aux  antiques  funérailles  des  rois,  où  le  corps  fut 
promené,  entouré  de  drapeaux  tricolores,  et  inhumé  à  la  place  de 
la  Réunion;  sa  fille  y  figurait,  décorée  d'une  branche  détachéede 
la  couronne  funèbre  et  adoptée  par  la  Commune.  Le  8  juin,  les 
citoyens  et  citoyennes  de  couleur  réunis  vinrent  recevoir  une  ban- 
nière où  était  cette  inscription  :  a  Droits  de  l'homme  et  des 
citoyens  de  couleur;  vivre  libres  ou  mourir  »,  allèrent  escortés 
au  Champ  de  Mars  prêter  le  serment  civique,  et  revinrent  à  la 
Commune  déposer  leur  drapeau,  renouveler  leur  serment  et  rece- 
voir l'accolade  fraternelle  du  président,  qui  déposa  sur  la  t^te 

1.  Tombeau  de  Jean-Paxd  Moral,  dessiné  et  gravé  d'après  le  monufl^^ 
élevé  par  J.-F.  Bfartin,  sculp.,  dessiné  d'après  nature  par  Pillement,  grst«^  P^ 
Née,  in-f*  1.;  —  Inauguration  du  buste  de  Marat,  Tan  II  de  la  RépabUipic^ 
au  tombeau  qui  a  été  élevé  pour  sa  gloire  et  celle  de  Lazowski,  place  de  ^ 
Réunion,  dessiné  et  gravé  par  Ransonnete,  in-f  I. 


FÊTE  DE  LA  RÉGÉNÉRATION.  421 

d'une  citoyenne  de  couleur,  âgée  de  cent  quatorze  ans,  une  cou- 
ronne offerte  par  un  jeune  citoyen  *.  Elle  célébra  les  obsèques  de 
C7halier,  où  Ton  promena  le  buste  en  cire,  Teffigie,  les  cendres  et 
la  tète  mutilée  du  Jacobin  immolé  à  Lyon  '. 

Les  noms  de  ces  morts  fameux,  auxquels  furent  bientôt 
joints  ceux  de  Viala,  de  Barra  et  de  plusieurs  autres  citoyens  tout 
à  fait  obscurs,  constituèrent  un  véritable  culte  de  martyrs,  dont 
nous  verrons  le  développement  dans  les  portraits  et  dont  nous 
devons  noter  ici  Tensemble  bas  et  cruel.  Il  est  pénible  de  constater 
c]ue  le  plus  populaire  de  cas  monuments  et  de  ces  cultes  fut  celui 
de  Marat.  Pourquoi  faut-il  que  la  Révolution,  si  providentielle 
dans  sa  cause  et  dans  sa  fin,  ait  été  condamnée  dans  ses  épreuves 
à  subir  la  bassesse  et  le  crime!  L'art,  qui  s'est  retrempé  en  la 
traversant,  n'a  pu  rester  étranger  à  ses  souillures. 

Le  10  août  1793,  fut  célébrée  une  fête,  de  création  toute  nou- 
velle, qui  fut  appelée  la  Fête  de  l'unité  et  de  V indivisibilité  de  la 
République,  ou  la  Fête  de  la  Régénération,  de  la  Nature  régénérée. 
David  en  avait  donné  les  dessins  et  rédigé  le  programme,  qui, 
comme  tous  ceux  des  fêtes  qu'il  a  fait  adopter  parla  Convention, 
est  un  modèle  du  genre.  Nous  avons  déjà  décrit  la  figure  de  la 
ÎSature,  qui  formait  la  décoration  de  la  première  station,  et  les 
figures  de  la  Liberté  et  du  Peuple,  qui  formaient  les  troisième  et 
«quatrième  stations.  JLe^  médaillons  où  nous  les  trouvons  gravées 
représentent  aussi  U^rc  de  triomphe,  l'autel  de  la  Patrie  et  le 
monument  funèbre,  qui  formaient  les  autres  stations  '.  La  céré- 
monie de  la  fontaine  de  la  Régénération  est  retracée  tout  entière 

1.  Moniteur  universel  des  2  mai  et  42  juin  1793.  Réimpression,  XVI,  p.  266 
«t  606-7. 

2.  Le  27  brumaire,  un  portrait  de  Chalier  avait  été  envoyé  par  Dorfeuille, 
président  du  tribunal  de  justice  populaire  de  Commune-Affranchie,  à  la  Com- 
mune, qui  arrêta  que  cette  gravure  serait  placée  dans  le  lieu  de  ses  séances,  et 
chargea  Beauvallet,  Tun  de  ses  membres,  de  faire  un  buste  diaprés  ce  portrait. 
{Moniteur  universel,  i«'  frimaire  an  II.) 

3.  Monuments  nationaux  élevés  pour  la  fête  de  la  Fraternité,  en  médaillons, 
chez  Blanchard  ;  —  Vue  des  six  différentes  stcUions  de  la  fête  de  VUnité,  six 
médaillons  au  lavis,  chez  Villeneuve,  in-f°  l.  V.  Allais. 


4,n  SUJETS.  —  FÊTES. 

dans  une  gravure  d'Helman.  On  y  chanta  une  hymne  de  Varao, 
artiste,  poète  et  écrivain,  conservateur  du  Muséum. 

Pour  avoir  l'impression  morale  de  la  fête  entière,  il  faut  lire 
M.  M ichelet,  qui  en  a  décrit  le  cortège,  ayant  pour  triomphateurs 
les  vieillards  et  les  enfants,  et  pour  dépouilles  les  sceptres  et  les 
couronnes  emportés  dans  un  tombereau^.  Un  artiste  nous  en  a 
laissé  aussi  son  impression  personnelle;  le  vieux  Wille *  raconte, 
avec  beaucoup  de  bonhomie,  l'effet  de  ses  monuments  :  THercuie 
élevé  sur  la  place  des  Invalides;  Tau  tel  et  la  colonne  du  Champ 
de  la  Fédération;  les  thermes  à  Tég^'ptienne  de  TÉcole  militaire, 
et,  sur  la  place  de  la  Bastille,  la  figure  colossale  de  la  Nature  qui 
jetait  de  Teau  par  les  mamelles  :  «  Je  la  contemplai,  dit-il,  avec 
un  plaisir  singulier.  Elle  est  conforme  aux  statues  des  Égyptieos 
et  la  masse  en  général  est  très-bonne.  Je  voudrais  que  quelque 
jour  cette  figure  fût  érigée  en  bronze  sur  cette  même  place.  » 

Un  mois  après  cette  solennité,  le  calendner  républicain  avait 
été  adopté,  et  c*est  par  l'entraînement  des  mêmes  idées  que  se 
produisirent  au  mois  de  novembre  (brumaire  an  II)  les  fius  d6 1^ 
Raison,  qui,  comme  tant  d'autres  institutions  républicaines,  n^ 
sont  calomniées  que  parce  qu'on  les  rend  solidaires  des  héca- 
tombes dressées  par  les  énergumènes.  Nous  avons  £t  quelle  f^^ 
au  point  de  vue  de  l'art,  sa  plus  grande  innovation  ;  sa  représ^^ 
tation  n'a  pas  donné  lieu  à  des  estampes  qui  nous  soient  conni^^' 
si  ce  n'est  la  petite  pièce  publiée  dans  les  Révolutions  de  P(f^^ 
mais  les  écrits  du  temps  en  ont  publié  des  descriptions  a^^ 
fidèles.  Des  idées  d'art  intervenaient  toujours  dans  leur  célél^^'^ 
tion.  A  Reims,  l'un  des  groupes  du  cortège  se  composait  d'un  chr 
drapé  d'étoffes  rembrunies,  supportant  le  groupe  du  tableau 
Père  de  famille  paralytique,  entouré  de  ses  enfants  adr^sant 
ciel  des  vœux  pour  sa  conservation*.  La  poésie  en  a  aussi  sa^^ 
tienne  l'idéal  : 

1.  Histoire  de  la  Révolution ,  t.  VI,  p.  22i. 
3.  Journal  de  Jean-George  Wille,  t  n,  p.  387,  389. 
3.  Bibtiothèftue  de  V Amateur  rémois  :  Messe  des  sans^-eulottes,  ReinM^  iSSr^ 
in-46,  p.  30. 


*  ..."S 


FÊTES  DE  LA  RAISON.  423 

Auguste  compagne  du  sage, 
Détruis  des  rêves  imposteurs, 
D'un  peuple  libre  obtiens  Thommage, 
Viens  le  gouverner  par  les  mœurs, 
O  Raison,  puissance  immortelle! 

^s  les  fêtes  de  la  Raison,  les  seules  traces  de  culte  officiel 
)n  rencontre  sont  les  mariages  et  les  divorces,  prononcés  en 
devant  l'officier  de  l'état  civil ,  dont  nous  voyons  assez  bien 
monial  dans  deux  estampes  de  Legrand.  Pendant  quelque 
les  enlerrements]  tels  qu'ils  furent  réglés  par  un  arrêté  de 
imune  du  27  brumaire  an  II,  furent  conduits  par  un  com- 
re  civil  décoré  du  bonnet  rouge,  avec  des  draperies  tricolores 
raps  mortuaires  et  une  espèce  de  jalon  sur  lequel  seront 
ces  mots  :  L'homme  juste  ne  meurt  jamais^,  A  Nevers, 
l  substitua  la  statue  du  Sommeil  à  la  croix  dans  les  cime- 
A  Montpellier,  où  le  représentant  Beauvais  était  venu  mou- 
brûla  son  corps  dans  une  cérémonie  funèbre  et  on  recueillit 
idres  qui  furent  portées  dans  une  urne  au  temple  de  la 
et  envoyées  ensuite  à  la  Convention.  Un  artiste,  un  gra- 
ont  nous  avons  déjà  indiqué  les  idées,  publiait,  au  nom  de 
imune,  un  projet  de  champ  de  repos.  C'était  un  clos  en- 
le  deux  rangs  de  peupliers,  avec  fossé,  talus  gazonné  et 
ve,  ayant  au  milieu  la  statue  symbolique  de  la  Terre,  et 
le  massifs  de  roses,  de  jasmins  et  de  plantes  odoriférantes, 
es  parties  de  cyprès,  d'ifs,  de  saules  et  autres  arbustes,  où 
admettait  que  des  inscriptions  publiques  et  les  noms  seuls 
yens  qui  avaient  bien  mérité  de  la  patrie,  divisés  en  plu- 
tables  :  Piété  filiale.  Bienfaisance,  Courage  héroïque,  Hu- 
!,  Arts,  Littérature,  etc.  Le  projet  d'Avril  réglait  aussi  le 
qui  devait  avoir  lieu,  le  visage  du  mort  découvert  et  le 
iuveloppé  d'une  draperie,  à  bordure  tricolore,  à  fond  blanc 
I  jeunesse,  rouge  pour  l'âge  viril,  bleu  pour  la  vieillesse,  et 
:uée  par  les  trois  cas  :  «  11  croissait  pour  la  patrie,  —  Il 
)Our  la  patrie,  — 11  a  vécu  pour  la  patrie.  » 

mitmiTf  3  frimaire  an  II  (23  novembre  4793). 


r 


42i  SDJETS.  —  FÊTES. 

Dans  les  temps  les  plus  sombres  de  la  Terreur,  quelques  fêtes 
parurent  encore,  comme  les  éclaircies  d'un  ciel  orageux.  Le 
8  nivôse,  Robespierre  avait  fait  décerner  les  honneurs  du  Pan- 
théon au  jeune  fiarra;  David  se  chargea  de  retracer  sa  mort  hé- 
roïque, et  Barrère  en  fit  envoyer  la  gravure  à  toutes  les  écoles 
primaires'. 

Le  20  nivôse,  on  célébra  la  Fête  des  Victoires,  à  roccasion  de 
la  reprise  de  Toulon.  Son  ordonnance  consistaîti  selon  le  pro- 
gramme de  David,  en  quatorze  chars,  dédiés  aux  quatorze  armées 
de  la  République,  escortés  de  jeunes  filles  tenant  des  branches  de 
laurier,  et  un  char  de  la  Victoire,  qui  furent  conduits  prgœs- 
sionnellement  au  temple  de  l'Humanité  (les  Invalides)  et  au 
temple  de  l'Immortalité,  élevé  sur  le  Champ  de  Mars. 

Les  artistes  célébrèrent  une  fête  particulière  pourra  planunm 
de  V arbre  de  la  Liberté  dans  le  jardin  du  Muséum.  Le  25  ventèse, 
les  deux  Sociétés  d'artistes  républicains,  les  artistes  des  Gobelins, 
des  députations  du  Comité  d'instruction  publique,  des  artistes  des 
différents  théâtres  et  des  femmes  y  assistèrent  ;  Michau  et  Ché- 
nard  y  chantèrent  VO  salutaris,  parodie  de  Gossec;  Bienaiméet 
Lebrun  y  prononcèrent  des  discours,  et  le  président  Aynard,  eo 
plantant  l'arbre,  fit  une  libation  avec  une  coupe  remplie  devin, 
qui  lui  fut  présentée  par  la  main  d'une  jeune  fille  *. 

Les  artistes  prirent  aussi  beaucoup  de  part  à  la  File  du  Sal- 
pêtre, qui  fut  célébrée  le  décadi  30  ventôse.  Son  objet  était  l'of- 
frande faite  à  la  Convention  par  les  élèves,  envoyés  des  districts 
pour  apprendre  à  raffiner  le  salpêtre,  à  fabnquer  la  poudre  et 
fondre  les  canons,  à  laquelle  les  Sections  réunirent  leurs  offi^^ 
des  particulières.  Le  salpêtre  parut  dans  ce  cortège  sous  toutes  1^ 
formes,  porté  sur  une  peau  de  lion,  en  pyramide,  en  montagne 
et  en  emblèmes  républicains,  pavoisé  de  drapeaux,  de  couronna 
et  de  fleurs.  On  y  vit  ensuite,  escortés  par  les  ouvriers,  chantant 
une  hymne  composée  pour  la  solennité  : 

i .  Histoire  parlementaire  de  la  Révolution,  t.  XXXI,  p.  26. 
2.  Journal  de  la  Société  populaire,  p.  202. 


k 


FÊTES  NATIONALES.  i25 

Tremblez,  tyrans,  voici  la  foudre  ! 

par  les  instructeurs,  par  les  agents  nationaux  des  Salpêtres  et 
poudres  et  de  la  Municipalité,  les  ustensiles  de  la  fabrication,  le 
salpêtre  raffiné,  la  poudre  fabriquée  et  le  canon,  fondu  et  fini 
par  les  élèves,  qui  furent  présentés  à  la  Convention,  et  dont  les 
épreuves  dans  le  Jardin  national  terminèrent  la  fête*. 

La  question  du  culte  et  des  fêtes,  Tun  des  points  de  discorde 
entre  les  deux  factions  qui  luttaient  sur  le  terrain  sanp:lant  de  la 
Terreur,  devait  rester  dégagée  de  leurs  crimes,  car  jamais  on  n'y 
invoqua  des  principes  subversifs  de  la  morale  et  de  la  religion 
naturelles.  Robespierre  s'e»  est  fait  une  arme  contre  ses  adver- 
saires, mais  Cbaumette,  mieux  que  lui,  voulait  la  liberté  des 
cultes,  et  Danton,  le  l*''  frimaire,  faisait  un  discours  sur  la  néces- 
sité d'instituer  des  fêtes  nationales  auxquelles  devaient  concourir 
les  artistes  les  plus  distingués  et  où  le  peuple  offrirait  de  Tencens 
à  l'Être  suprême*.  Chénier  fit  aussi  un  rapport  sur  l'instruction 
publique  et  sur  les  fêtes  publiques^. 

Une  organisation  des  fêtes  avait  été  indiquée  par  Lakanal,  dans 
un  beau  projet  de  décret  d'éducation  nationale, 'proposé  par 
lui  à  la  Convention,  au  nom  du  Comité  d'instruction  publique. 
Dans  ce  projet,  les  fêtes  nationales,  instituées  dans  les  cantons, 
les  districts,  les  départements,  et  dans  les  lieux  où  l'Assemblée 
nationale  tient  ses  séances,  étaient  de  trois  sortes  et  avaient  rap- 
port aux  époques  de  la  Nature,  à  celles  de  la  Société  humaine  et 
à  celles  de  là  Révolution  française.  Dans  les  cantons,  on  célébrait 
l'ouverture  et  la  clôture  des  Travaux  de  la  campagne,  la  Jeunesse, 
le  Mariage,  la  Maternité,  la  Vieillesse,  les  Droits  de  l'homme,  la 
première  union  politique  et  la  fête  particulière  du  canton  ;  dans 
le  district  :  le  retour  de  la  Verdure,  le  retour  des  Fruits,  les  Mois- 
sons, les  Vendanges,  l'Égalité,  la  Liberté,  la  Justice,  la  Bienfai- 

i.  Journal  de  la  Société  populaire,  p.  214;  Moniteur  universd,  2  ventôse 
et  4  germinal  an  II. 

2.  Histoire  parlementaire,  t.  XXX,  p.  287. 

3.  Moniteur  universel,  brumaire  an  II  (8  nov.  1793). 


C 


496  SUJETS.  —  FÊTES. 

sance,  la  fête  du  district;  dans  le  département  :  le  PrîntencBp^i 
l'Été,  TAutorane,  THiver,  la  Poésie,  les  Lettres,  les  Sciences  et  l^s 
Arts,  la  destruction  des  Ordres,  l'abolition  des  Privilèges,  la  fô«e 
du  département;  dans  la  capitale,  on  célébrait  :  la  Fraternité  cl. a 
Genre  humaiaau  premier  jour  de  Tan,  la  Révolution  française  ^■-û 
14  juillet,  l'Abolition  de  la  royauté  et  l'établissement  de  la  Rép  vJ- 
blique  au  10  août,  le  Peuple  français  un  et  indivisible  au  jour  c3e 
l'acceptation  de  la  Constitution*.  Le  projet  contient  beauco«^»p 
d'autres  détails  sur  l'organisation  intérieure  de  ces  fêtes,  quel  '«=9n 
trouvera  certainement  utopiques,  mais  qui  n'en  étaient  que  i>X  '«js 
religieuses  et  plus  inspiratrices  pour  les  artistes. 

Robespierre  se  donna  le  mérite  de  l'institution  d'un  culte  na  ^tt^o- 
nal.  Le  rapport  sur  les  idées  religieuses  et  le  décret  de  reconn.^B.:£s- 
sance  de  l'Être  suprême,  du  18  floréal  an  H,  instituèrent  les  f^^^ 
nationales  pour  les  trente-six  décades  de  Tannée  :  àl'Être  suprS.K3Qe 

et  à  la  Nature,  —  au  Genre  humain,  —  au  Peuple  français.      

aux  Rienfaiteurs  de  l'humanité,  —  aux  Martyrs  de  la  Liberté, à 

la  Liberté  et  à  l'Égalité,  —  à  la  République,  —  à  la  Liberté 
monde,  —  à  l'Amour  de  la  patrie,  —  à  la  Haine  des  tyrans  et 
traîtres,  —  à  la  Vérité,  —  à  la  Justice,  —  à  la  Pudeur,  —  k.  '^ 
Gloire  et  à  l'Immortalité,  —  à  l'Amitié,  —  à  la  Frugalité,  —  ^^ 
Courage,  —  à  la  Ronce  foi,  —  à  l'Héroïsme,  —  au  Désintére^^^*" 
ment,  —  au  Stoïcisme,  —  à  l'Amour,  —  à  la  Foi  conjugale, 
l'Amour  paternel,  —  à  la  Tendresse  maternelle,  —  à  la  Pî 
filiale,  —  à  l'Enfance,  —  à  la  Jeunesse,  —  à  l'Age  viril,  —  à.  ^^ 
Vieillesse,  —  au  Malheur,  —  à  l'Agriculture,  —  à  l'Industrie,  ' 
à  nos  Aïeux,  —  à  la  Postérité,  —  au  Ronheur. 

La  première  fête,  célébrée  le  20  prairial,  fut  la  fête  la  p#  ^^ 
fameuse  de  la  Révolution  par  la  magnificence  des  apprêts  ordc^^' 
nés  par  David,  par  l'élan  de  la  population  et  par  la  part  qu'y  p^^^ 
Robespierre.  On  y  chanta  l'hymne  de  Desorgues  : 

Père  de  Tunivers,  suprême  intelligence; 

on  y  sema  les  roses  à  profusion.  Deux  monuments  prindpaui 

i.  Gazette  natioruUe  ou  le  Moniteur  umoertel,  6  Juillet  i!N3,  io*^. 


-^ 


LA  FÊTE  DE  L'ÊTRE  SUPRÊME.  437 

lembièrent  les  cortèges.  L'un,  aux  Tuileries,  représentait 
héisme,  et,  autour  de  lui,  TÂmbition,  TÉgoîsme  et  la  fausse 
tplicité,  au  milieu  des  haillons  de  la  misère  et  des  ornements 
esclaves  de  la  Royauté  ;  il  fut  brûlé  par  les  mains  du.président 
[a  Convention,  et  de  ses  débris  s'écKappait  la  Sagesse.  L'autre, 
I]hamp  de  Mars,  réprésentait  la  Montagne,  où  les  chœurs  des 
"es  de  famille  et  des  jeunes  filles,  des  adolescents  et  des  vieil- 
Is,  exécutèrent,  au  milieu  des  chants  et  des  symphonies,  des 
lutions  patriotiques ^ 

Jds  graveurs  publièrent  diverses  vues  de  ces  monuments*. 
IS  la  plus  détaillée  de  ces  estampes,  on  voit  l'arbre  de  la 
erté  au  sommet  de  la  montagne,  la  statue  du  Peuple  au  sommet 
De  colonne,  les  trépieds  où  brûle  l'encens,  et  les  divers 
apes  de  citoyens  qui  cheminent  le  long  des  tertres  abruptes 
liantes  d'arbustes'.  Dans  celle,  que  l'art  peut  le  plus  volontiers 
uer  et  qui  me  paraît  due  au  burin  de  Marie-Anne  Croisier^,  on 
t  l'interprétation  la  plus  populaire  du  culte  de  l'Être  suprême  : 

V.  la  relation  de  la  fête  dans  la  Décade,  t.  I,  an  n  :  «  ...  Les  fenêtres 
«s  de  guirlandes  de  fleurs  et  de  rameaux  de  chêne;  —  les  femmes  et  les 
es  filles,  vêtues  de  blanc  avec  des  couronnes  de  pampre  sur  la  tête  et  des 
sa  la  main;  —  au  Jardin  national,  la  statue  colossale  de  la  Sagesse; 
ans  le  cortège,  le  char,  traîné  par  deux  taureaux,  portant  la  Liberté,  assise 
mbre  d*un  arbre,  avec  des  gerbes,  des  instruments  d'agriculture,  des  attri- 

des  ftrts  utiles;  —  le  char  portant  des  aveugles  :  la  République  française 
•re  le  malheur;  —  la  Montagne  au  milieu  du  Champ  de  la  Réunion.  » 

Vue  du  Jardin  national  et  des  décorations  le  jour  de  la  fête  de  VÊtre 
éme,  in-f*  1.,  à  Paris,  chez  Chereau,  eau-forte  assez  soignée  et  non  sans 
;  —  Vue  de  la  montagne  élevée  au  Champ  de  la  Réunion,  in-î*  1.,  chez  le 
le;  —  Vue  de  la  montagne  et  de  la  colonne^  petite  pièce  ronde  au  lavis, 
B  assez  jolie  exécution. 

Vue  du  côté  orientai  de  la  montagne  élevée  au  Champ  de  la  Réunion,  etc., 

1. ,  dessinée  et  gravée  à  Teau-forte  par  Simon ,  terminée  par  Marchand, 
ivis. 

Fête  célébrée  en  Vhonneur  de  VÊtre  suprême  :  «  Le  véritable  prêtre  de 
B  suprême,  c'est  la  nature;  son  temple,  Tunivers;  son  culte,  la  vérité;  ses 
,  la  Joie  d*un  grand  peuple  rassemblé  pour  resserrer  les  doux  nœuds  de 
iternité  et  Jurer  la  mort  des  tyrans.  »  In«f<>  h.,  burin. 


(1 


428  SUJETS.  —  FÊTES. 

uoe  famille  vieot  y  offrir  ses  vœux  à  deux  divinités,  placées  sur 

un  tertre  à  l'ombre  d'un  chêne,  éclairées  par  TOEil  rayonnant  :  la       J^ 

Nature  et  la  Liberté  : 

Dissipe  nos  erreurs,  rends-nous  bons,  rends-nous  justes; 
Enchaîne  la  Nature,  à  tes  décrets  augustes, 

Laisse  à  Thomme  la  Liberté. 

DBSORonis. 

Dans  deux  estampes  publiées  chez  Faton,  VÈducation  et  l'^^ào- 
ration  à  l'Être  suprême^,  représentée  sous  Temblème  d'un  en»  ^an^ 
ailé,  assis  et  contemplant  les  merveilles  de  la  Nature,  Tinia^^ene 
révolutionnaire  prenait  des  allures  encore  plus  hiératiques. 

On  ne  saurait  dissimuler  que  souvent  les  féte^  républic^  ines 
n'aient  pris  un  caractère  de  trivialité  et  même  de  bassesse;  nrrsais, 
si  l'on  veut  voir  avec  quelle  élévation  d'esprit  et  de  cœur  ^^lles 
étaient  comprises  par  les  hommes  d'élite,  que  Ton  lise  le  ^  ivre 
de  Boissy  d'Anglas,  qui  fut  écrit  le  lendemain  de  la  fête  à  T   ^tre 
suprême,  dont  il  retrace  les  plus  pures  émotions*.  La  dégr-^da- 
tion  des  fêtes  paraissait  surtout  dans  les  pièces  de  théâtre,  où       ^^^ 
en  faisait  des  répétitions  mesquines  qui  n'étaient  que  des  p^  aro- 
dies,  mais  le  Comité  d'instruction  publique  s'éleva  contre=^       ^ 
abn«5.  et,  après  un  rapport  plein  de  leçons  sévères  sur  la  direcn-^^^^" 
morale  des  arts,  elle  fit  interdire  sur  les  théâtres  la  représe— ^^^^" 
tion  de  la  fête  à  l'Être  suprême  '. 

La  dernière  fête,  dont  David  traça  le  plan ,  était  décernée  *^^ 
jeunes  Barra  et  Viala.  Le  rapport  qu'il  présenta  à  la  Conventi^  ^jon, 
le  23  messidor  an  II,  est  le  document  le  plus  singulier  du  d^^^"^ 
législatif  de  l'arfiste.  Le  programme  est  plein  de  ces  motifs  d^^^"^ 
nous  n'avons  plus  le  diapason  :  les  cortèges  des  enfants  et  *-  "^ 
mères,  des  musiciens  et  des  chanteurs,  des  danseurs  et  des  poët^^^* 
arrivés  devant  le  Panthéon,  se  formaient  en  demi-cercle,  et    -  '^ 

i.  Elles  sont  annoncées  dans  le  Moniteur  du  27  fructidor  an  II. 

2.  Essai  sur  les  Fêtes  ruUionaies,  adressé  à  la  Convention  nationale  p^ 
Boissy  d'Anglas,  représentant  du  peuple  ;  à  Paris,  de  rimprimene  polyglotU'r 
an  II,  in-8«. 

3.  Moniteur  universel,  27  messidor  an  n. 


FÊTE  DE  JEAN-JACQUES   ROUSSEAU.  429 

Convention  se  plaçait  sur  les  degrés  du  temple.  Les  images  et  les 
urnes  de  Barra  et  de  Viala  dressées  sur  un  autel  au  milieu  de  la 
place,  des  danseuses  formaient  autour  des  danses  funèbres  en  y 
répandant  des  cyprès  ;  le  président  de  la  Convention  venait  les 
consacrer  à  l'Être  suprême,  et  le  peuple  criait  par  trois  fois  :  Ils 
sont  immortels^.  Entre  les  poètes,  convoqués  particulièrement 
par  le  Comité  d'instruction  publique,  le  Moniteur  inséra  les 
stances  du  citoven  Ândrieux  : 

Tendres  mères,  séchez  vos  larmes, 
Ce  jour  o*est  point  un  jour  de  deuil, 

et  Thymne  du  citoyen  Davrigny ,  dont  Méhul  avait  fait  la  musique  : 

Autour  de  ces  urnes  sacrées, 
Flottez,  drapeaux  !  sonnez,  clairons  ! 

La  fête  fut  préparée  par  la  Commune,  et  les  Sections  convo- 
quées pour  Toctidi  8  thermidor.  On  sait  quels  événements  vinrent 
empêcher  sa  célébration. 

Le  régime  de  la  Terreur  passé,  le  culte  ne  fut  point  précisément 
organisé  selon  le  rapport  de  Robespierre  et  le  décret  du  18  floréal 
an  II,  mais  il  se  maintint  dans  la  voie  de  liberté  et  de  religion 
naturelle,  ouverte  par  les  fêtes  qui  précèdent.  Le  20  vendémiaire 
an  III  on  célébra,  après  un  rapport  de  Lakanal,  la  Fête  de 
J-J,  Rousseau,  l'homme  de  la  Nature  et  de  la  Vérité;  la  trans- 
lation de  ses  restes  au  Panthéon  fut  faite  par  un  cortège  où  Ton 
mit  en  première  ligne  les  botanistes,  les  artistes  et  les  artisans, 
les  mères  allaitant  leurs  enfants;  les  musiciens  et  les  chœurs 
exécutèrent  les  airs  du  Devin  du  village  ;  la  statue  de  la  Liberté 
et  la  statue  de  Rousseau  furent  portées  au  milieu  des  groupes  des 
habitants  de  Franciade  et  des  autres  lieux  habités  par  Rousseau  '. 
Le  décadi  suivant ,  ce  fut  la  Fête  des  Victoires,  célébrée,  d'après 

1.  Moniteur  universel,  5,  9  et  10  thermidor  an  II. 

2.  Rapport  sur  les  honneurs  à  rendre  à  la  mémoire  de  J.-J.  Rousseau,  im- 
primé dans  Touvrage  intitulé  :  Exposé  sommaire  des  travaux  de  Joseph  La- 
kanal, Paris,  Didot,  1838,  in-8»,  p.  175. 


430  SUJETS.  ~  FETES. 

le  rapport  de  Chénier,  au  Champ  de  la  Fédération,  par  la  p 
d'un  fort  qu'exécutèrent  les.  élèves  de  l'École  de  Mars,  et  jp^v 
rentrée  du  char  de  la  Victoire  portant  les  drapeaux  pris  sur  les 
ennemis,  et  s'avançant  vers  un  temple  de  l'Immortalité  oC^  U 
Convention  était  venue  graver  les  noms  des  quatorze  armées,  de 
la  République  ^ 

La  loi  du  3  brumaire  sur  l'organisation  de  l'instruction        pu- 
blique, complémentaire  de  la  Constitution  de  Tan  lil,  qui  éta^      blit 
les  écoles  de  service  public,  les  écoles  primaires,  les  écoles  <        isor 
traies  et  l'Institut,  régla  les  fêtes  nationales  au  nombre  de  i      J^ept 
par  année  :  les  fêtes  de  la  Fondation  de  la  République,  de  la  W^  leu- 
nesse,  des  Époux,  de  la  Reconnaissance,  de  l'Agriculture,  d^^  e  la 
Liberté  et  des  Vieillards.  Ces  fêtes  furent  célébrées  de  l'an  1   ^HV  à 
l'an  VII,  et  plusieurs  ont  laissé  des  souvenirs  dans  les  joum^^cnaui 
et  les  mémoires.  L'architecte  Chalgrin  en  eut  la  direction,  quv^   ji  lui 
fait  plus  d'honneur  que  la  part  qu'il  put  avoir  aux  constructî.  ^ons 
de  l'église  Saint-Sulpice  et  de  l'arc  de  l'Étoile.  Les  poètes  Leb^B-  run, 
Chénier,  Constance  de  Salm,  Coupigny,  Daru,  Rouget  de  LL^Kàsle, 
Pamy,  Varon,  y  concoururent,  ainsi  que  les  musiciens  Ca^^^tel, 
Gossec,  Méhul,  Chérubini.  Les  dessinateurs  y  ont  trouvé  des  ^^ 

tifs  pour  des  estampes  sentimentales  et  champêtres,  des  éven»'   -*tails 
et  des  vues*.  Dans  l'une  de  ces  fêtes,  Antoinette  Mirande,  ér^Slève 
de  Lays,  qui  avait  débuté  à  l'Opéra  avec  un  succès  accru  pa«:  -^^  ^ 
grande  beauté  de  blonde,  avait  représenté  la  nymphe  de  la  S^  -^s^me 
sur  un  char  entouré  de  naïades  et  de  tritons';  un  souveni*^ ^^ ^® 


i.  n  y  a  une  estampe  de  cette  fête;  dessin  d'après  nature  par  le  cil 
BourjoB,  et  gra?ure,   pour  i*eau-forte,  du  citoyen  Blalbeste,  et,  pou^   ^^ 
burin,  du  citoyen  Lienard;  elle  est  annoncée  dans  le  Moniteur  du  30  ^s.      ^' 
minai  an  III.  Le  Moniteur  du  3  brumaire  ayait  donné  aussi  un  récit  dèti^^^*^ 
de  la  fête. 

2.  Le  Serment  conjugal  {Histoire-Musée  de  la  République,  t.  II,  p.  546)  ;        *^ 
Fêle  de  l'Agriculture,  dessin  d'éventail  (Ibid.,  p.  153);  —  FéU  de  la  Vieille^^^ 
(Ibid.,  p.  158);  —  Fête  nationale  du  /•'  vendémiaire  an  VU,  à  l'Hôtd  é^ 
Invalides,  in-S»  1.,  au  lavis;— F^f0  à  la  Vieillesse,  Wille  fils  del.,  1794,  Duple^ 
sis-Bertaux  se.  aqua  forti,  1705. 

3.  Castil-Blaze,  Académie  impériale  de  musique,  t.  II,  p.  50. 


^J^< 


FÊTE  DE  LA  VICTOIRR.  431 

cette  personnification  est  peut-être  resté  dans  les  heureuses  figures 
que  Prud'hon  dessina  pour  les  lettres  des  Préfectures  de  la  Seine 
et  de  la  Seine-Inférieure.  Trois  solennités  nationales  de  ce  temps 
ont  laissé  un  grand  souvenir  historique  :  la  cérémonie  funèbre 
en  l'honneur  de  Hoche,  le  10  vendémiaire  an  V,  qui  eut  lieu 
au  Champ  de  Mars,  fut  retracée  dans  plusieurs  estampes^  et 
inspira  des  allégories*;  la  Fête  de  la  Liberté,  du  9  thermidor 
an  VI^  célébrée  par  l'entrée. triomphale  des  objets  de  science  et 
d'art  recueillis  en  Italie';  et  la  Fête  de  la  République,  du  l^'  ven- 
démiaire an  Vil,  où  le  ministre  de  Tintérieur  François  (de  Neuf- 
château)  institua  la  première  exposition  des  produits  de  l'in- 
dustrie ^. 

L'effet  moral  de  ces  fêtes  ne  répondait  pas  toujours  à  la  pensée 
de  leurs  fondateurs  et  aux  efforts  de  leurs  ordonnateurs.  Un  doc- 
teur étranger,  qui  en  a  parlé  d'une  façon  impartiale,  dit  que  «  la 
plupart  de  ces  fêtes  ressemblent  à  un  spectacle  de  l'Opéra,  et  sous 
cet  aspect  quelques-unes  ont  un  effet  pittoresque,  agréable  pour 
l'œil,  mais  elles  n'en  ont  aucun  sur  Tâme  du  spectateur.  J'ai  été 
témoin  du  peu  de  part  que  le  public  y  prend,  à  la  Fête  de  la  Vic- 
toire et  de  la  Reconnaissance,  le  10  prairial  an  IV,  quoiq^iVlle  fût 

1.  Pompe  funèbre  en  Vkonneur  du  général  Hoche,  Labrousse  del.  et  sculp., 
in-8°  1.  ;  —  Cérémonie  funèbre  de  Hoche  au  Champ  de  Marsy  40  vendémiaire 
an  V;  pyramides  et  colonnes  avec  inscriptions  commémoratives,  chœurs  de 
Jeunes  filles,  effigie  du  général  portée  sur  un  brancard. 

2.  Prends  mon  poste,  viens,  sauve  la  patrie;  —  Essuyez  vos  pleurs,  Auge- 
reau  lui  succède,  in-4°  1. 

3.  Fêtes  de  la  Liberté  et  entrée  triomphale  des  objets  des  sciences  et  des  arts 
recueillis  en  Italie,  programme;  à  Paris,  de  rimprimerie  de  la  République, 
thermidor  an  VI,  in-4°.  —  Il  y  a  dans  la  collection  Hennin  une  pièce  anonyme 
in-f*  1.,  traitée  à  Teau-forte,  qui  donne  une  esquisse  animée  de  la  fête  de  Tan  VI, 
de  ses  chars  :  la  Liberté,  la  République  eptourée  de  ses  défenseurs,  Apollon  et 
les  Muses,  les  Saisons,  etc.  ;  de  ses  costumes  antiques  et  militaires,  et  de  la 
foule  qui  les  entoure. 

4.  Fête  de  la  fondation  de  la  République^  programme  ;  de  l'imprimerie  de  la 
République,  fructidor  an  VI;  in-4<';  —  Fête  donnée  à  Bonaparte,  au  palais 
national  du  Directoire,  après  le-  traité  de  Campo-Formio,  le  W  frimaire 
an  VI,  par  Berthault,  d'après  Girardet. 


432  SUJETS.  —  FÊTES. 

très-brillante,  grandement  et  noblement  ordonnée  et  dans    ^^ 
juste  proportion  du  Champ  de  Mars.  »  L'écrivain  s'est  con»;©^^ 
cependant  à  nous  donner  de  cette  fête  une  description  longui 
curieuse  où  il  fut  surtout  impressionné  par  le  discours  de  Gari 
qui  ressemblait,  dit-il,  à  une  rivière  majestueuse,  une  pei 
sublime  en  entraînant  une  autres  Dans  une  autre  cérémonie 
docteur  a  aussi  témoigné  de  toutes  ses  émotions  en  assisl 
une  représentation  du  Chant  du  Départ. 

Une  organisation  plus  complète  du  culte  fut  favorisée  '        par 
l'administration  du  directeur  Laréveiilère-Lepeaux.  Le  Gon^  ^aseîl 
des  Cinq-cents  s'était  occupé  à  plusieurs  reprises  de  l'étab^KDlis- 
sement  des  fêtes  décadaires  ;  la  question  de  la  religion  natur^^^ — eJie 
et  de  la  religion  civile  avait  occupé  beaucoup  d'orateur^^5  et 
d'écrivains,  parmi  lesquels  on  remarquait  Chénier,  Dusaulcfai^Hoy, 
Lanthenas,  Lequinïo,  Leclerc,  Léonard  Bourdon,  Duhot,  Ram^^sau. 
Les  principales  églises  de  Paris  avaient  reçu  de  nouvelles  d^^di- 
caces  :  Saint-Philippe  du  Roule  à  la  Concorde,  Saint-Roch       av 
Génie,  Saint-Eustache  à  l'Agriculture,  Saint-Germain-rAuxer:«"oîs 
à  la  Reconnaissance,  Saint-Laurent  à  la  Vieillesse,  Saint-NicoS^^ 
des-Champs  à  l'Hymen,  Saint-Merry  au  Commerce,  Sainte-N**^' 
guérite  à  la  Liberté,  Saint-Gervais  à  la  Jeunesse,  Saint-Thonc».^^^ 
d'Aquin  à  la  Paix,  Saint-Sulpice  à  la  Victoire,  Saint-Jacques-     ^" 
Haut-Pas  à  la  Bienfaisance,  Saint-Médard  au  Travail,  Saint-Étiei»  *=*^ 
du-Mont  à  la  Piété  filiale,  et  Notre-Dame  à  l'Être  suprême.  K-J  ^^ 
association  se  forma  pour  la  célébration  d'un  culte  défini,  sou^^   '^ 
nom  de  Théophilanthropes,  ou  adorateurs  de  Dieu  et  amis     ^^ 
hommes.  Ils  n'avaient  pour  prêtres  que  des  lecteurs  et  des  c^'"^ 
teurs,  vêtus  d'un  habit  français  bleu,  d'une  robe  blanche      ^^ 
d'une  ceinture  rose  *.  Ils  prêchaient  la  morale  la  plus  simf>'^» 
chantaient  des  hymnes  et  célébraient  les  naissances,  les  maria^^ 

t.  Fragments  sur  Paris,  par  FrédérioJean-Laurent  Blayer,  docteur  eo  dr<"' 
à  Hambourg,  trad.  par  le  général  Dumouriez,  1. 1*',  Hambourg,  1798,  in^i^ 
p.  139,  etc. 

2.  Lecteur  théophUanHirope  en  costume^  estampe  îa-4<',  gravée  au  laTÎs  et 
enluminée. 


FÊTE  DE  LA  CONCORDE.  433 

et  les  funérailles  avec  les  rites  les  plus  innocents  :  un  autel 
antique,  une  corbeille  de  fleurs,  des  guirlandes  de  rubans,  une 
urne  ombragée  de  feuillages.  Ils  firent  le  panégyrique  de  Socrate, 
de  L'Hôpital,  de  Rousseau,  de  Vincent  de  Paul,  de  Washington; 
ils  établirent  des  écoles  et  publièrent  des  livres  de  morale.  Les 
honnêtes  gens  ne  manquèrent  pas  à  ce  culte,  ni  même  les  hommes 
de  mérite.  On  connaît  Laréveillère-Lepeaux,  Daubermenil,  Haûy, 
Mandar,  Chemin ,  Rallier,  Dubroca,  Sobry,  Bernardin  de  Saint- 
Pierre,  Dupont  de  Nemours.  Si  Thonnêteté  dans  les  principes  et  la 
simplicité  dans  les  sentiments  suffisaient  pour  fonder  une  secte, 
ils  auraient  mérité  de  réussir.  11  y  faut^  comme  on  sait,  d'autres 
mobiles.  La  Théophilanthropie  ne  pouvait  fournir  aux  arts  de 
grands  sujets  d'inspiration.  Les  sermons  de  Dubroca  et  les  hymnes 
de  Rallier  ne  nous  ont  donné  ni  un  orateur  ni  un  poëte.  Leurâ 
célébrations  n*ont  guère  été  saisies  par  les  artistes  que  par  le 
côté  ridicule.  Prud'hon  lui-même,  le  moins  satirique  de  tous  les 
|)eintres,  n'a  fait  le  portrait  de  leur  pontife  qu'en  charge  ^  C'est 
aussi   dans  une  intention  comique  qu'a  été  faite  une  petite 
estampe,  gravée  d'un  burin  très-fin  et  dans  le  goût  de  Girardet;  * 
on  voit  dans  l'église  la  statue  de  la  Liberté  dans  une  niche,  un 
crucifix  voilé  entre  les  bustes  de  Voltaire  et  de  Rousseau ,  l'ora- 
teur en  chaire  et  un  groupe  d'auditeurs  assez  bien  saisis;  l'un 
dort,  l'autre  bâille,  un  troisième  conte  fleurette  à  sa  voisine ^ 
lies  Théophilanthropes  peuvent  pourtant  s'enorgueillir  d'avoir 
fourni  le  sujet  d'une  belle  eau-forte  de  Mallet'. 

Sous  le  Consulat,  les  fêtes  s'éloignèrent  du  caraclèrc  de  religion 
naturelle  qu'elles  avaient  pu  prendre  sous  le  Directoire.  Les 
anniversaires  politiques  furent  détournés  des  grandes  journées 
révolutionnaires;  les  solennités  nationales  tournèrent  en  triom- 
phes militaires.  On  célébra  de  nouveau  le  14  juillet  sous  le  nom 
de  Fête  de  la  Concorde,  avec  des  temples  de  la  Victoire,  des  jeux 

i.  V.  Prodlion. 

2.  Un  sermon  théophUanthrope,  ia-i2  en  largeur. 

3.  V.  MaUet.  On  en  trouve  une  reproduction  dans  VHisUnre-Mwée  de  la 
RépMiqiêe,  U  II,  p.  223. 

28 


434 


SUJETS.  —  FETES. 


olympiques  et  des  revues  de  troupes  *  ;  un  maître  de  ballets  célèbre, 
fort  hostile  aux  fêtes  républicaines  qui  dérangeaient  beaucoup 
ses  principes  sur  la  danse,  en  critiquant  vivement  la  fête  des 
Victoires  et  les  statues  colossales  de  la  Liberté  et  des  deux  Renom- 
mées qui  y  figurèrent,  et  en  comparant  ironiquement  le  Directoire 
et  le  muphti  de  la  Théophilanthropie,  qui  y  parurent  sur  un  petit 
tertre,  à  Moïse  se  plaçant  sur  le  Sinaï  pour  promulguer  sa    loi, 
aurait  préféré,  pour  la  célébration  de  cette  fête  de  la  Victoire,  i.^^ 
représentation  du  passage  du  pont  de  Lodi  par  les  Français  ^ 
exécutée  par  deux  cents  pionniers  sur  le  Champ  de  Mars  '.  X  M 
eut  encore  des  Fêtes  au  Courage,  à  la  Paix  générale  et  mêm^  *^ 
Triomphe  de  la  République^,  Ce  n'étaient  plus  que  des  moti^ 
des  prétextes  pour  le  triomphe  du  Général  qui  allait  substitue] 
personne  à  la  Nation,  et,  dans  l'intérêt  de  son  despotisme,  rel< 
tous  les  préjugés  du  passé.  Le  Catholicisme,  qui  n'avait  demai 
d'abord  que  la  tolérance  et  le  partage  avec  les  cultes  libres,  a^ 
repris  en  quelques  années  toute  la  place,  et  Buonaparte  jugea 
de  se  l'associer  ^.  Le  culte  de  la  Révolution ,  si  Ton  peut  dons^ 
ce  nom  à  des  principes  destitués  de  mystères,  et  qui,  en  aspira" 
à  la  persuasion,  se  privent  de  la  foi ,  les  idées  morales  de  la  Ré' 
lution,  héritage  de  la  Philosophie  du  XVlll®  siècle,  et  qui  se  sé| 
rent  nettement  des  excès,  des  cruautés  et  des  haines  qui  ont  t^ 
compromis  sa  cause,  n'en  avaient  pas  moins  eu  un  beau  déi 
loppement,  inspirateur  des  plus  grands  artistes  et  des  savc 


i.  Fête  du  U  juillet  an  IX,  in-f*  1.,  chez  HarUnet;  —  Fête  du  44  ji 
an  IX,  vue  du  temple  élevé  dans  le  grand  carré  des  Champa-Élysées,  in-r 
chez  Basset;  lavis  très-léger. 

2.  Lettres  à  un  artiste  sur  les  Fêtes  pfibliques  (par  le  cit  Noyerre), 
an  IX,  in-S%  p.  24  et  26. 

3.  V.  les  pièces  reproduites  dans  VHistoire^Musée  de  la  Bépuhliq^iê,  U 
3*  éd.,  p.  358. 

4.  Les  artistes  prirent  peu  de  part  à  la  réaction  religieuse,  et  Ton  ne  troo^^ 
dans  les  arts  rien  d'analogue  au  mouvement  indiqué  dans  la  littérature  par 
Génie  du  Christianisme.  Les  tableaux  à  sujets  religieux,  qui  avaient 
disparu  depuis  1793,  commencent  à  reparaître  au  Salon  de  Tan  XH  ;  mais  t 
sont  encore  si  inférieurs  et  en  si  petit  nombre  qu'on  n*en  saurait  tenir  compv 


are 
le 
t 

ib 
te. 


FÊTE  DES  ARTS.  435 

les  pias  éminents;  Laplace  les  inscrivait  en  ces  termes  à  la  fin  de 
ses  Leçons  sur  le  système  du  monde  :  «  Le  plus  grand  bienfait 
des  connaissances  astronomiques  est  d'avoir  détruit  les  erreurs 
nées  de  l'ignorance  de  nos  vrais  rapports  avec  la  nature  * 
erreurs  d'autant  plus  funestes,  que  Tordre  social  doit  reposer 
uniquement  sur  ces  rapports.  Vérité,  justice,  voilà  ses  lois  im- 
muables* » 

Au  milieu  de  Tenthousiasmé  produit  par  la  fête  nommée  la 
Fête  des  Arts,  des  antiquaires  et  des  artistes  s'émurent  à  la 
pensée  de  ce  grand  déplacement  des  monuments  de  l'Italie,  mais 
ces  plaintes  étaient  de  celles  que  tout  progrès  arrache  aux  amis 
du  passé.  L'Italie,  qui  les  avait  laissé  détruire  ou  transporter  de 
ses  places  publiques  et  de  ses  églises  dans  les  musées,  et  qui  n'en 
pouvait  plus  produire  de  semblables,  était  alors  moins  digne  de 
les  apprécier  et  de  les  posséder  que  la  France,  au  sein  de  laquelle 
vivent  maintenant  les  écoles  les  plus  florissantes.  Quel  pays  pou- 
vait d'ailleurs  les  fêter  comme  ils  le  furent  à  Paris  les  9  et  10  ther- 
midor de  l'an  VI  ?  Les  jeunes  artistes  verront-ils  jamais  pareille 
solennité?  Un  cortège  en  trois  divisions  :  la  première  pour  l'His- 
toire naturelle,  où  les  professeurs,  administrateurs  du  Muséum 
d'histoire  naturelle,  et  les  élèves  et  amateurs  escortaient  dix  chars, 
portant  des  minéraux,  des  pétrifications,  monuments  de  l'anti- 
quité du  globe,  des  végétaux,  des  graines  étrangères^  des  ani- 
maux féroces,  des  chameaux  et  dromadaires,  des  outils  et  instru- 
ments d'agriculture;  la  seconde  pour  les  livres,  manuscrits, 
médailles  et  caractères  d'imprimerie  orientale,  où  les  députations 
des  Sociétés  libres,  les  conservateurs  des  Bibliothèques,  les  pro- 
fesseurs de  l'École  polytechnique  et  du  Collège  de  France, 
escortaient  six  chars,  contenant  les  manuscrits,  livres  rares  et 
médailles,  terminés  par  le  buste  d'Homère;  la  troisième  des 
Beaux-arts,  avec  des  bannières  où  se  lisait  :  «  Ils  sont  enfin 
sur  une  terre  libre,  »  où  les  jeunes  artistes,  les  artistes  lau- 
réats, les  administrateurs  des  Musées,  les  professeurs  des  Écoles 
publiques,  escortaient  trente  chars,  sur  lesquels  étaient  pla- 
cées les  statues  antiques  les  plus  célèbres,  Apollon  et  Clio, 


1 


436 


SUJETS.  —  FÊTES. 


V Amour  et  Psyché,  la  Vénus  du  Capitale,  le  Laocoon,  l'ApoU 
des  tableaux  en  deux  groupes,  TÉcole  romaine,  Raphaël  et  Do 
niquin,  TÉcole  vénitienne,  Titien  et  Paul  Véronèse,  et  le  bu 
de  Bru  tu  s. 

Les  inscriptions  de  tous  ces  chars,  prises  aux  auteurs  anci^ 
et  modernes,  ou  inventées,  sont  marquées  du  cachet  le  plus 
de  l'esprit  du  temps. 

Le  Conservatoire  y  chanta  le  Carmen  seculare  d'Horace, 
sique  de  Philidor,  et  une  ode  de  Lebrun ,  musique  de  Lesueu^ 
le  Directoire  distribua  des  médailles  aux  commissaires  et 
ronna  le  buste  de  Brutus. 

Le  Directoire  et  le  Corps  législatif  cherchèrent  dans  les  fô 
un  moyen  de  donner  de  la  consistance  à  des  institutions  q 
venaient  battre  tous  les  courants  de  la  mobilité  française,  et 
leur  gagner  TafTection  d'un  peuple  entraîné  par  toutes  les  int 
gués  des  ambitieux.  L'architecture,  la  sculpture,  l'éloquence, 
poésie,  la  musique  n'y  firent  pas  défaut;  il  n'y  manqua  que 
qui  fait  réussir  même  les  platitudes. 

Le  1"'  vendémiaire  an  Vil,  fut  célébré  V anniversaire  de  - 
fondation  de  la  République  au  Champ  de  Mars;  Treilhard  pn 
nonça  un  discours  ;  au  palais  du  Corps  législatif  s'éleva  un  a 
de  triomphe  avec  la  figure  de  l'Immortalité,  les  pieds  sur  de 
lions,  couronnée  par  un  arc  de  cercle,  écrivant  sur  une  draper 
rouge,  consacrée  à  la  Constitution  de  l'an  111  :  u  Hommes  libre 
voyez  votre  ouvrage.  »  L'intérieur  du  palais  était  orné  de  fleur 
et ,  devant  un  autel  antique,  où  était  placé  le  livre  de  la  Co 
stitution,  les  représentants  vinrent  siéger  avec  leurs  enfants 
après  l'hymne  du  1"  vendémiaire  de  Chénier  et  Martini,  chan 
par  Lays  et  Chéron ,  et  après  un  discours  prononcé  par  Daunou 
ils  renouvelèrent  le  serment  civique. 

Le  30  ventôse,  pour  la  Fête  de  la  Souveraineté  du  Peuple, 
les  temples  décadaires  étaient  décorés  des  figures  embléma- 
tiques de  la  Souveraineté,  debout,  et  du  Peuple,  assis  et  cou- 
ronné de  chêne  et  de  laurier,  ayant  à  leurs  pieds  le  Despotisme 
enchaîné. 


FÊTE  DE  LA  PAIX  GÉNÉRALE.  437 

Dans  les  fêtes  qui  suivirent  on  entendit  des  cantates  de  Parny, 
de  Boisjolin;  des  discours  de  Laréveillère-Lepeaux ,  de  François 
de  Neufchâteau ,  de  Sieyès;  de  Quinette. 

Le 20  prairial,  à  la  fête  de  la  Reconnaissance  on  joignit  une 
Fêle  funéraire  à  la  mémoire  des  plénipotentiaires  de  Rastadt, 
L'autel  de  la  Patrie  du  Champ  de  Mars  fut  transformé  en  Elysée. 
La  statue  de  la  Liberté  s'éleva  du  milieu  d'un  massif  de  chênes 
verts,  avec  un  autel  de  marbre  brûlant  des  bois  odorants,  des 
urnes  et  des  cassolettes ,  où  des  jeunes  gens  entretenaient  des 
feux.  Un  cortège  solennel  s'y  rendit,  avec  les  familles  de  Roberjot 
et  de  Bonnier,  portant  la  figure  de  la  Justice  des  nations,  tenant 
d'une  main  le  glaive  levé  et  de  l'autre  les  habits  ensanglantés  de 
Jean  Debry  ;  les  hymnes  patriotiques  y  furent  chantées,  et  Garât, 
monté  sur  un  socle  de  marbre  noir,  prononça  un  discours  qui 
était  répété  dans  des  tribunes  placées  à  diverses  distances.  Des 
cérémonies  eurent  lieu  aussi  aux  deux  Conseils,  au  milieu  des 
décorations  funèbres  avec  des  bas-reliefs  peints;  des  discours 
furent  prononcés  par  Heurtaut-Lamerville  ;  par  décret  spécial,  le 
C.  Girodet  fut  chargé  de  peindre  l'Assassinat  des  plénipotentiaires, 
et  le  C.  Vemet  chargé  d'un  dessin  sur  le  même  sujet,  qui  devait 
être  gravé  par  Bervic. 

La  fête  du  Consulat  qui  fut  le  mieux  acclamée  fut  la  Fête  de*la 
Paix  générale  célébrée  le  18  brumaire  an  X.  La  place  de  la  Con- 
corde fut  décorée  de  portiques  et  couverte  de  salles  de  danse;  on 
éleva  sur  la  rive  de  la  Seine  un  temple  du  Commerce  et  un  temple 
de  la  Concorde;  on  fit  partir  un  ballon  où  montèrent  quatre 
aéronautes  ;  enfin ,  sur  un  immense  théâtre,  dressé  à  l'entrée  des 
Champs-Elysées,  on  joua  un  spectacle  pantomime  de  la  Guerre 
avec  toutes  ses  évolutions  et  ses  malheurs,  un  dénoûment  de  la 
Paix  formé  par  une  marche  triomphale  des  généraux,  portés 
sur  des  chars  et  suivis  des  soldats  et  du  peuple,  et  un  ballet 
général  de  toutes  les  Nations  réconciliées.  Je  ne  parle  pas  du  feu 
d'artifice,  qui  devint  alors  le  final  obligé  de  toutes  les  fêtes  ;  ce 
détail  avait  été  omis  pendant  la  Révolution ,  où  Ton  employait 
mieux  la  poudre,  et  c'est  sans  doute  pour  cela  que  ces  fêtes  ont 


(1 


438 


SUJETS.  —  FÊTES. 


été  considérées  avec  mépris  par  l'artificier  Kuggieri ,  dans 
livre  sur  les  fêtes  publiques  ^ 

La  fête  de  la  Paix  générale  était  conçue  sur  un  plan  autreme^ 
va3te  et  original,  dans  un  projet  qui  fut  publié  par  un  ancien  cl 
de  brigade  d'artillerie  et  dont  on  ne  saurait  donner  ici  une  id 
tant  il  s'y  môle  d'idées  nouveUes,  de.  motifs  empruntés  aux  scie 
ces  et  aux  arts  les  plus  avancés,  de  monuments  pris  en  Orient 
en  Grèce,  de  statues  emblématiques  de  la  Paix,  de  la  Raison 
de  rUumanité,  de  cortèges  d'autorités,  d'écoles,  d'actrices, 
chars  symboliques,   et  enfin  d'intermèdes  réjouissants  da 
tous  les  genres  de  spectacle,  de  danse  et  de  restauration.  L'e 
semble,  réglé  dans  leS'plus  grands  détails,  ne  coûtait  pas  pi 
de  300, 00(^  fr.,  sans  qu'on  y  eût  oublié  des  secours  assez  la 
pour  que  les  pauvres  pussent  avoir  leur  part  de  la  fête  '. 


1.  Précis  historique  sur  les  fêtes,  les  spectacles  et  les  r^ouissances 
ques,  par  Claade  Ruggieri,  Paris,  1830,  in-S"»,  p.  326,  etc. 

2.  Des  Fêtes  publiques  chez  les  modernes,  par  J.  Grobert,  Paris,  imp.  Dii 
jeune,  an  X,  in-8*,  p.  131,  etc. 


•- 


3.  —  JOURNÉES. 


Dans  le  cpurs  rapide  et  serré  des  faits  de  la  Révolution,  les 
événements  principaux ,  qui  forment  comme  la  charpente  de  ce 
.rame  à  cent  actes,  attirèrent  les  dessinateurs.  Depuis  les  tableaux 
[es  guerres,  massacres  et  troubles  advenus  au  royaume  de  France 
lu  XVI*  siècle,  les  graveurs  n'avaient  pas  eu  des  compositions 
ussi  émouvantes  à  répandre.  Les  tableaux  de  la  Révolution 
^Schurent  d'abord  à  des  artistes,  habiles  à  disposer  de  petites 
égares  avec  propreté  et  symétrie ,  et  môme  à  dramatiser  leurs 
ictions  pour  l'efTet  de  leur  petit  cadre.  Us  altèrent  la  grandeur 
ii  l'expression  de  leurs  scènes  par  défaut  de  simplicité  et  de 
'érité,  mais,  comme  ils  ne  manquent  pas  d'ailleurs  d'exactitude 
[ans  les  lieux  et  les  costumes,   on  regardera  toujours  leurs 
^^sstampes  avec  fruit.  Pour  être  indulgents  d'ailleuss  à  leur  ,ma- 
^«inière,  considérons  les  circonstances,  si  impétueuses  que  non-seu- 
^«ment  elles  étaient  faites  au  jour  le  jour,  mais  de  plus  proscrites 
^«  lendemain  ;  que  leur  rareté  les  protège  auprès  des  amateurs 
les  plus  délicats.  Cette  rareté  n'est  pas  d'aujourd'hui.  Le  docteur 
'TMayer,  qui,  en  floréal  et  prairial  an  IV,  parcourait  le  quai  Voltaire, 
iTessemblant  alors  comme  aujourd'hui  à  une  galerie  d'estampes, 
rapporte  que  u  les  estampes  innombrables  qui  ont  paru  pendant 
la  Révolution  et  qui  y  avaient  trait  ont  disparu.  11  n'a  vu  qu'une 
mauvaise  estampe  représentant  l'attaque  des  Tuileries  le  10  août. 
Il  en  a  inutilement  cherché  plusieurs  autres,  ainsi  que  les  por- 
traits des  hommes  devenus  célèbres  par  la  Révolution.  Les  niar- 


I 

VI 


440  SUJETS. 

chands  ont  brûlé  eux-mêmes  leurs  collections  de  peur  d' 
accuses  et  arrêtés  sous  le  règne  de  Robespierre  *.  » 

Les  estampes  de  journées  eurent  pour  auteurs  Borel  et  Pon 
Prieur  et  Berthault  ',  Lépine  et  Nîquet  *,  Vangorp  et  Masqueli 
Janinet*,  Sergent,  Monnet,  Moreau,  Helman,  Flouest,  Germ 
Girardet,  Swebach-Desfontaines,  Duplessis-Bertaux,  et  beau 
d'autres,  dessinateurs  ou  graveurs,  dont  on  ne  saurait  com|> 
les  pièces,  dans  les  manières  les  plus  faciles  du  temps,  pointill 
lavis  et  couleurs,  qui  parurent  chez  les  marchands  Basset,  G 
reau,  Tardieu,  Guyot,  Gauthier,  Bance,  Crepf,  Angeliomme. 
plus  nombreuses  et  les  plus  connues  représentent  les  grancz^Kl  ^ 
journées  des  premières  phases  :  le  Serment  du  Jeu  de  Paume,  i^ 

Prise  de  la  Bastille,  l'Offrande  des  dames  artistes  à  VAssemS^^  ^Kk 
nationale  y  l'Expédition  des  femmes  à  Versailles,  VArrestatior-"^^  à 
Varennes,  On  a  vu  les  principales  au  nom  des  artistes,  mais,  pat"  -^"nî 
les  pièces  accidentelles  et  sans  aveu,  on  en  trouve  encore  qrm  ^bi- 
ques-unes où  la  préoccupation  politique  laisse  quelque  place  hm^  ^^ 
naïveté  de  la  représentation  ou  au  mérite  pittoresque.  Voici  cet  ^^  ^ 
que  j'ai  remarquées  : 

Le  Serment  du  Jeu  de  Paume,  dessiné  sur  les  lieux  par  Flou 
Dans  la  marge,  au  milieu  du  titre,  un  médaillon  ovale  rep 
sentant  le  bonnet  de  la  Liberté  planté  sur  un  rocher,  et  un  na 
battu  des  flots  et  de  la  foudre  :  n  Au  milieu  des  orages  il  no 

i.  Fragments  sur  Paris,  Hambourg,  i796,  în-12,  p.  20. 

2.  Les  Fastes  de  la  Révolution  française, 

3.  Tableaux  historiques  de  la  Révolution  française,  ayec  des  discoars,  pir 
Fauchet,  Chamfôrt  et  Guiguené.  Commencée  en  1791,  cette  publication  ne  fut 
terminée  qu*en  1804.  En  Tan  VI,  on  réimprima  les  quatre-vingts  premien 
discours,  corrigés,  ou,  comme  dit  le  prospectus,  dégagés  de  toute  rouille  révo- 
lutionnaire. 

4.  Tableaux  gravés  de  la  Révolution  française  ou  les  principaux  événmnents 
depuis  l'assemblée  des  notables,  avec  une  explication  des  sujets  qu*ils  repré- 
sentent, 1"=  et  2*"  livraisons,  annoncées  en  1793,  à  12  liv.,  chez  le  G.  Lépine, 
graveur,  rue  Saint-Hyacinthe.  (Deux  cadres  au  Salon  de  Tan  H.) 

5.  Gravures  historiques  des  Principaux  événements  depuis  Vouverture  des 
états  généraux,  par  Janinet,  1789,  in-S^. 


J 


JOURNEES.  441 

concluit  an  port  de  la  Liberté.  »  Malgré  la  petitesse  des  figures  et 
àG  lî^  composition ,  vu  Tabsence  totale  de  prétention  pittoresque, 
je  râ*hésite  point  à  préférer  cette  vue  à  celle  de  David.  Flouest 
^^  ra'est  d'ailleurs  connu  que  par  des  vignettes  pour  Florian, 
'®  pK)rtrait  d'un  centenaire  gravé  par  Angélique  Èriceau,  et  un 
tableau  exposé  en  Tan  XII  :  un  enfant  que  Ton  ramène  de  nour- 
ï^oe  et  qui  se  refuse  aux  premiers  embrassements  de  sa  mère; 

Soirée  du  30  juin  1789,  dédiée  à  V Assemblée  du  Palais-Royal, 
*^— f^  ovale,  eau-forte  coloriée  ; 

La  Prise  de  la  Bastille,  par  Pernet,  en  couleur  ; 

—  par  Germain  ; 

Le  Roi  à  l'Assemblée  (4  février  1790),  par  David,   d'après 
jeune  ; 

Travaux  au  Champ  de  Mars  (juillet  1790),   gr.  in-f®,  par 
gouf,  eau-forte; 

La  Fédération,  dessiné  sur  les  lieux  au  moment  de  la  scène 
r  Gentot,  et  gravé  par  lui-même,  gr.  in-f"  1.,  hvis; 
Retour  des  héroïnes  de  Versailles  (5  et  6  octobre  1790),  à  Paris, 
liez  Dufour  ; 
Arrestation  à  Varenr^es,  eau-forte; 

Retour  de  la  famille  royale  à  Paris,  le  25  juin  1791,  en  couleur, 
ez  Basset,  par  Germain; 

Journée  du  20  juin  1792,  par  Vérité,  légende  en  six  lignes; 
Attaque  des  Tuileries,  le  10  août,  chez  Villeneuve. 
Quelque  curieuses  que  soient  ces  pièces  pour  l'iconophile. 
On  ne  peut  s'empêcher  de  les  trouver  fort  inférieures  à  leurs 
Sujets,  et  de  leur  appliquer  les  reproches  que  Jansen  adressait  à 
un  tableau  de  la  journée  du  Dix  août,  que  Berthaud  avait  exposé 
au  Salon  de  Tan  11  :  «  Tous  ceux  qui  ont  été  témoins  de  cet  événe- 
ment conviendront  avec  nous  qu'il  ne  s'est  jamais  livre  aucune 
action  où  il  y  ait  eu  plus  de  confusion  et  de  tumulte.  Cependant 
l'auteur  fait  avancer  avec  la  froideur  d'un  mouvement  mesuré  les 
combattants  disposés  par  pelotons.  On  n'y  sent  point  cet  enthou- 
siasme,  cette  chaleur  de  composition  qui  doit  inspirer  l'effroi  ; 
point  de  ces  tons  chauds  qui  brûlent  la  toile,  point  de  ces 


442  SUJETS. 

expressions  dans  les  figures,  de  ces  efforts  dans  les  attitudes, 

œs  contrastes  de  situations,  qui  impriment  le  mouvement  à  tous 

les  objets.  » 

il  y  a  une  assez  longue  suite  de  Journées  représentées  dans  1« 
journal  les  Révolutions  de  Paris  de  Prudhomme.  Ce  sont  de  petit^^ 
estampes  platement  bousillées  ;  quelques  détails  réels  peuvex^t 
cependant  les  faire  rechercher  par  l'historien ,  de  préférence    ^ 
des  estampes  plus  grandes  et  beaucoup  mieux  exécutées,  m^îs 
infidèles,  telles  par  exemple  que  les  estampes  faites  en  An( 
terre  et  en  Allemagne  sur  les  scènes  les  plus  pathétiques.  V« 
celles  des  planches  de  Prudhomme  où  paraît  quelque  vivacité 
représentation  : 

Effigie  du  pape  Pie  VI  brûlée  au  Palai^Royal ,  le  k  rnai  1791 

Réconciliation  normande,  le  1  juillet  1792,  sur  la  motion  per'^ 
de  M,  Lamourette; 

Mort  de  Louis  XVI,  2  planches; 

Brissot  et  ses  complices  au  Tribunal  révolutionnaire,  2  planclk.* 

Dépouilles  de  la  superstition  apportées  dans  le  sein  de  la  C' 
vention  nationale. 

On  trouve  pourtant  deux  grandes  pièces  à  Teau-forte,  dont  l^s 
auteurs  ont  cherché  à  éviter  le  reproche  de  froideur.  L'une  ^E5«t 
la  Prise  de  la  Baslille,  gravée  par  Thévenin  *.  Le  peintre  y  ma.*^'® 
la  pointe  avec  beaucoup  de  pesanteur,  mais  l'énergie  et  le  tr^^*^" 
chant  de  son  dessin ,  la  férocité  de  ses  expressions,  nous  donn<^^^^ 

• 

une  idée  de  la  secousse  imprimée  à  un  élève  de  Vincent  ^r7^' 
surpasse  ici  les  élèves  de  David  en  efforts  nerveux  ;  la  confus*^  ^^ 
et  le  tumulte  de  la  scène  n'y  sont  point  d'ailleurs  diminiz^  -^^' 
L'autre  pièce  est  le  Massacre  de  la  prison  des  Carmes,  dans  les  jo"^*''"' 
nées  de  septembre  *,  ouvrage  laborieux  et  ingrat,  pour  lequeL      " 
main  a  itianqué  dans  les  traits  essentiels  à  l'artiste ,  qui  a  cr^'^ 
compenser  les  défectuosités  en  s'appesantissant  sur  les  banalit^^' 
L'auteur  n'a  saisi  que  le  côté  morne  de  son  sujet  et  en  est  re^^ 

1.  In-f°  en  largeur. 

2.  Grand  ia-f*  en  largeur,  composition  de  26  figure». 


JOURNÉES.  443 

lé.  Il  y  a  une  autre  pièce  du  Massacre  des  Carmes,  publiée 
l'Accusatewr  public,  en  Tan  VI. 

xécution  de  Louis  XVI  fut  retracée  dans  beaucoup  d'estam- 
}uoiqu'elies  soient  inférieures  à  la  composition  de  Monnet, 
9  a  qui  donnent  de  Tévénement  une  représentation  plus 

• 

\cuUon  de  Loms  Capet  XYfi  du  nom,  à  Paris,  chez  Basset, 
le  pièce  coloriée  ' . 

;  collections  sont  garnies  de  pièces^  de  grande  dimension  et 
:ulion  très-finie,  relatives  à  la  famille  royale,  aux  scènes  de 
ir  du  Temple  et  de  Téchafaud  ;  mais  ces  pièces,  imaginées  et 
^s  à  distance,  n'ont  aucun  caractère  réellement  historique; 
iteurs,  Benazech,  Miller,  Schiavonetti  et  Thelott,  n'ont  vu 
lujet  que  de  Londres  et  d*Âugsbourg.  Je  ne  citerai  ici  que 
mx  sujets  dessinés  par  Bouillon ,  qui  était  un  dessinateur 
k:ole  française  et  dont  nous  avons  rencontré  déjà  quelques 
îs  gravées  par  Audouin,  par  M"«  Lingée  et  par  Vérité  : 
jement  de  Marie-Antoinette,  Bouillon  del.  1796,  Casenave 


•  t 


aration  de  Marie-AntoineUe  cFavec  sa  famUle  dans  la  tour 
mple,  Bouillon  del.,  1795,  Vérité  se. 
}  deux  grandes  estampes  au  pointillé  n*ont  qu'une  ordon- 
)  et  une  expression  de  mélodrame  très-refroidies  par  1-exé- 
Q,  mais  elles  ne  choquent  pas  pourtant  comme  font  les 
s  que  je  viens  de  citer  par  leur  invention  étrangère. 
3  journées  sombres  qui  suivirent,  indépendamment  des 
;  de  Helman  et  de  Duplessîs-Bertaux ,  où  elles  figurent  aussi 
"ement  et  aussi  froidement  représentées  que  les  autres, 
trent  des  graveurs  dont  les  lavis  plus  expéditifs  et  plus  gros- 
.  convenaient  mieux  aux  sujets.  De  jeunes  peintres  en  four- 
it  quelquefois  les  dessins.  Tassaert  grava  le  31  Mai  et  le 
rmidor,  d'après  Harriet.  Dans  la  première  de  ces  compo- 

•oll.  Laterrade,  2'  partie,  n*  91.  II  y  a  beaucoup  d'autres  pièces  sur  le 
sujet. 


I 


444  SUJETS. 

sitions,  il  y  a  une  multitude  de  figures  et  une  grande  rechercha 
de  TefTet  théâtral  sans  résultat  pittoresque.  Dans  la  second^ 
on  sent  Témotion,  l'horreur  de  la  scène,  l'effort  fait  par  1^ 
artistes  pour  rendre  les  figures  des  Conventionnels  arrêtés, 
fracas  des  coups  de  pistolet,  la  lueur  des  torches,  mais  il  n')^- 
pas  autre  chose  que  de  l'efTort.  Le  9  Thermidor  fut  aussi  gra». 
par  Goqueret  sur  le  dessin  de  Lethière.   Dans  cette  estampe 
qui  porte  la  date  de  Tan  VI ,  il  y  a  peut-être  plus  d'art,  mais  au  ^ 
plus  de  froideur.  Comme  représentation  de  la  scène,  il  ïm.  i 
encore  préférer  à  cette  composition  académique  l'ouvrage  d'il  ^ 
man ,  qui  a  platement  rendu  la  réalité,  ou  celui  de  Duplessxs 
Bertaux  qui  lui  a  donné  la  forme  anecdotique^.  Ce  dernier  gra- 
veur a  particulièrement  réussi  dans  la  représentation  des  joum^ 
du  Directoire,  telles  que  le  1"  Prairial,  les  28,  29  et  30  Prairial, 
qui  admettent  plus  d'ordre  et  d'appareil  militaire  ;  cependant  m 
peut  trouver  les  scènes  encore  trop  arrangées,  et  il  y  a  plus 
d'actualité,  sinon  plus  de  talent,  dans  les  pièces  qui  furent  exé- 
cutées plus  vite  et  publiées  sous  le  coup  de  l'événement,  telles 
que  la  Journée  rfu  18  Fructidor  :  «  Nous  ne  sortirons  pas  d'ici  », 
eau-forte  coloriée,  in-fi®  1. 

La  plus  intéressante  pour  le  costume  est  la  Constitutm  y 
au  peuple  français  le  1*'  Vendémiaire  an  IV^  :  elle  est  d'une  exé-j 
cution  lente,  mais  assez  habile.  On  y  voit  les  cinq  Directeurs  soj 
le  seuil  d'un  édifice,  lisant  la  Constitution  devant  un  groupe 
citoyens  où  se  font  remarquer  des  muscadins  et  des  muscadii 

Le\S  Brumaire,  ce  guet-apens  où  succomba  la  liberté,  fut, 
ces  dernières  journées,  celle  qui  attira  les  plus  nombreuses  rej 
sentations.  Duplessis-Bertaux  et  Dupréel ,  Monnet  et  Heli 
Naudet  et  Lebeau,  en  firent  les  planches  les  plus  accréditées] 
marchands  Morret  et  Descourtils  en  publièrent  les  estam] 
plus  populaires  et  les  plus  vraies,  malgré  leur  exécution  m 
et  leur  arrangement  mélodramatique  : 

1.  L'ArrestcUion  de  Bobespierre  fut  encore  dessinée  par  Barbier 
par  Sloane. 

2.  In-f  1.,  chez  DepeuiUe,  eau-forte. 


JOURNÉES.  445 

Séance  du  Conseil  des  Cinq-Cents  tenue  à  Saint-doud  le  18  hrvr 
cLire  (xn  VJJI;  les  braves  grenadiei^s  du  Corps  législatif  en  sauvant 
UrGnaparte  ont  sauvé  la  France,  in-4®  bd  largeur  au  lavis,  avec 
:ie  légende  en  neuf  lignes,  contenant  le  récit  imposteur  de  Buo- 
aiparte  ;  à  Paris ,  chez  Morret  ; 

Séance  du  Corps  législatif  à  l'Orangerie  de  Saint-Clovd.  Appa- 
t£<mdeBuonaparte  et  Jou/mée  libératrice  du  18  brumaire  an  Y III; 
— f«  au  lavis,  chez  Descourtils. 

Quand  on  a  fait  le  triage  de  toutes  ces  estampes  de  Journées^ 
op  mêlées  d'imageries,  ou,  ce  qui  est  pire,  de  platitudes,  bien 
J*on  puisse  regretter  encore  dans  la  plupart  les  ressources  pit- 
^r^esques  qui  auraient  mieux  fait  ressortir  la  réalité  vivante  et  la 
a^ute  expression  des  scènes  révolutionnaires,  on  les  comparera 
^pendant  avec  avantage,  soit  aux  tableaux  des  Guerres  civiles  de 
^Viarles  IX  par  les  tailleurs  d'histoire  ïortorel  et  Périssin ,  soit 
^ux  planches  des  Troubles  des  Pays-Bas  par  Hogenberg,  qui  ont 
tK)urtant  leur  réputation  faite  parmi  les  estampes  historiques.  Les 
Sans-culottes  ont  été  mieux  servis  par  leurs  graveurs  que  les 
Huguenots  et  que  les  Gueux.  Il  y  a,  dans  les  tableaux  de  la  Révo- 
lution, plus  d'observation  de  détails  et  plus  d'action  en  gf^néral  ; 
les  foules  y  prennent  une  impétuosité  que  les  anciens  graveurs  ne 
savaient  pas  rendre,  et  en  même  temps  les  individus,  les  femmes, 
les  enfants,  y  sont  aussi  plus  précisément  considérés;  j'ajoute,  en- 
core à  l'éloge  de  la  Révolution,  que  les  bourreaux  de  Robespierre 
y  jouent  un  rôle,  toujours  trop  considérable  sans  doute,  mais 
moins  affreux  cependant  que  celui  que  nous  voyons  tenir,  dans 
les  tableaux  delortorel  et  dans  ceux  d'Hogenberg,  aux  bourreaux 
de  Charles  IX  et  à  ceux  du  duc  d'Albe. 

Enfin  les  estampes  de  Journées  ne  sont  pas  précieuses  seule- 
ment parce  qu'elles  nous  donnent  le  mouvement  des  multitudes, 
le  geste  et  l'habit  des  individus;  on  y  trouve  aussi  l'aspect  des 
lieux  et  des  édifices  :  le  Palais-Royal  devenu  Palais-Égalité,  la 
place  du  Carrousel  ou  de  la  Réunion,  la  place  Louis  XV  ou  de  la 
Révolution  ou  de  la  Concorde,  le  Champ  de  Mars  ou  de  la  Fédé- 
ration ,  avec  les  monuments  et  les  statues  de  circonstance  qui  y 


n 


-^ 


446  SUJETS.  — JOURNÉES. 

étaient  élevés.  Prieur,  Berthault,  Girardet  et  Duplessis-Bertaox, 
que  nous  avons  vus,  ont  tous  soigné  ces  accessoires;  mais  il  y 
eut  aussi  des  dessinateurs  et  des  graveurs  qui  ûrent  des  vuâs 
l'objet  principal  de  leurs  planches,  tels  que  Demachy  et  Baltard. 
Je  citerai  ici  quelques  vues  de  Paris  qui  prennent  quelque  intérêt 
du  moment  où  elles  furent  gravées  : 

Palais  de  Justice  et  Sainte-Chapelle,  avec  démolition  d'ooe 
maison  en  face,  Lepagelet,  5  mai  1792,  in-&<*  L; 

Les  Jacobins  de  la  rue  Saint- Jacques ,  Duchemindel.^  Michel 
sculp.»  in-&o  h.  (Antiquités  nationales  de  Millin); 

La  Place  de  la  Révolution,  in-S"*  h.  {Histoire  des  erreurs  de  la 
Révolution,  de  Prudbomme); 

Démolition  de  deux  façades  de  la  place  Bellecour  à  Lyon  ;  Gouthoa 
donne  le  premier  coup  de  marteau  ;  in-S^'  1.  (même  livre). 


k.  —  PORTRAITS. 


Ce  n'est  pas  seulement  pour  la  plus  grande  connaissance  de 
certains  personnages,  ou  pour  le  mérite  particulier  de  leur  exé- 
cution ,  que  les  portraits  intéressent  Thistoire  de  l'art  ;  ils  ont  une 
partie  plus  générale.  Les  têtes  les  plus  saillantes  d'une  époque, 
auxquelles  la  curiosité  publique  s'attache,  que  Timagination 
embellit  et  que  la  gravure  propage,  se  condensent  bientôt  en  une 
expression  commune,  qui  fait  type,  domine  la  manière  des 
artistes,  et  s'insinue,  en  dépit  de  toutes  les  théories,  dans  les 
principes  mêmes  du  dessin.  La  Révolution  est  déjà  assez  loin  de 
nous  pour  qu'il  soit  possible  de  vérifier,  sur  les  portraits  de  ses 
contemporains,  une  loi  que  Ton  retrouve  à  toutes  les  époques. 
Seulement,  comme  le  type  à  dégager  n'est  pas  sans  complexité, 
il  s'agit  d'étendre  suffisamment  ses  exemples. 

Les  portraits  les  plus  répandus  par  la  gravure  au  XVIIl*  siècle 
avaient  été  ceux  des  hommes  de  lettres  et  des  artistes;  ils  pri- 
ment ceux  des  grands  seigneurs,  auparavant  accrédités.  En  89 
l'intérêt  public  se  porta  vivement  sur  les  portraits  des  membres 
de  l'Assemblée  nationale;  il  en  fut  publié  plusieurs  suites  au 
burin  et  au  pointillé,  au  lavis  en  couleur,  qui  sont  connus  sous 
les  noms  de  Dejabin ,  de  Levachez  ^ 

i.  Colleetion  complète  d$s  portraits  de  MM.  les  Députés  à  V Assemblée  naJtUh 
rude  de  1789;  à  Paris,  chez  le  sieur  Dejabin,  marchand  d'estampes  et  éditeur 
de  cette  ooUection,  place  du  Carrousel,  4  vol.  in-4'.(Les  cuivres  du  t.  IV  ont  été 
détruits.)  —  Portraits  des  DéptUés  à  V Assemblée  nationale  de  4799,  Paris, 
Leracliczy  iD-4«;  27  cahiers,  en  noir  ou  ctrforiés. 


44S  SUJETS. 

Ces  portraits,  auxquels  concoururent  un  grand  nombre  d'ar- 
tistes, souvent  médiocres  et  travaillant  vite,  les  uns  au  burin  et 
d'une  façon  pauvre,  les  autres  au  lavis  et  d'une  façon  lourde, 
mirent  en  circulation  beaucoup  de  figures  bourgeoises  et  honnêtes, 
qui  ne  paraissaient  pas  faites  pour  le  piédestal  ;  mais,  quoi  qu'on 
puisse  dire  du  peu  d'art  qui  y  fut  dépensé,  l'effet  porté  était  celai 
de  représentations  réelles  et  de  physionomies  animées  d'uo  sen- 
timent nouveau. 

Le  premier  portrait  venu  peut  d'abord  servir  d'exemple;  tel 
est  celui  de  Louis  Charton ,  manufacturier  d'étoffes,  membre  de 
la  Commune  de  Paris  en  1789,  P.  Violet  aqua  forti  : 

Digne  par  ses  yertus  des  plus  beaux  Jours  de  Rome,  etc.; 

mais  on  en  trouve  de  plus  fameux.  L'exemple  le  plus  curieux  àciter 
.peut-être,  parce  que  la  valeur  propre  du  personnage  n'apporta 
aucun  obstacle  au  travail  de  généralisation  de  son  type,  est  celui 
du  père  Gérard,  député  de  Bretagne  à  l'Assemblée  nationale,  que 
Collot-d'Herbois  prit  pour  patron  d'un  Almanach  qui  fut  cou- 
ronné par  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution,  et  dont  le 
portrait,  en  buste,  en  pied,  fut  un  des  plus  répandus*.  11  rappelait 
dans  ses  traits  généraux  le  Père  de  famille  de  Greuze,  dont  la 
popularité  était  acquise.  On  mettait  aussi  de  la  complaisance  à 
lui  donner  de  l'analogie  avec  la  tête  de  Franklin,  qui  avait  eu, 
quelques  années  auparavant,  tant  de  succès  en  France,  et  dont 
la  mort,  en  1790,  fut  un  regret  public  et  l'occasion  de  nombreui 
portraits  ^,  entre  lesquels  on  connaît  surtout  la  belle  eau-forte 
de  Fragonard,  représentant  son  apothéose. 

Les  Constituants  célèbres,  ceux  qui  portèrent  si  haut  l'esprit 
de  patriotisme  et  l'éloquence  de  la  tribune,  étaient  faits  pour 
inspirer  d'autres  portraits.   Les  plus  soignés  dans  rexécution 
furent  ceux  de  Fiésinger,  qui  appliqua  le  procédé  flatteur  de 
Bartolozzi  aux  profils  du  miniaturiste  Jean  Guérin.  C'est  là  qu'on 

1.  Par  Sergent,  BoDDeyille,  Vérité,  Chéreau  et  plusieurs  anonymes. 

2.  Franklin  couronné  par  la  lÀberté:  —  Id.,  avec  couronne  et  l^senèe: 
«  Francklin  est  mort  »,  et  autres.  ColL  Laterrade^  1858,  p.  81  et  83. 


PORTRAITS.  44^ 

troa?e,  sous  leur»  traits  les  plus  élevés,  Mirtibeau,  Bamave,  Gmr 
sonné,  Thaurei,  Yer^niaud,  Rabaud  Saint-Étimne,  Lêf^pelier, 
et  les  béros  de  Tarmée  :  Cibstine,  Lecowbe,  Kléber,  De$aix.  Un 
profil  net,  un  œil  brillant  font  ressortir  chez  tous  le  courage  et 
Tesprit. 

Un  procédé  nouveau  vint  alimenter  encore  le  goût  des  portraits 
politiques  et  familiers,  c'est  le  Physionotrace  de  Chrétien.  Dans 
ses  petits  (urofils  en  médaillons,  trèsrdélicalement  touchés  à  la 
pointe  et  au  lavis,  il  donnait  des  physionomies  où  la  féalité 
paraissait  avec  beaucoup  de  piquant,  il  se  propagea  dès  l'an- 
née 1790v  et  nous  lui  devons  les  médaillons  les  plos  vrais  de 
BaiUy,  de  Chabot,  à!Anacharsis Cloots,  de&uyton-Morveau,  et  de 
beaucoup  d'autres. 

En  parcourant  ces  collections,  on  apergoit  un  assez  grand 
nombre  de  figures  ouvertes,  élevées  et  même  poétiques,  parmi 
lesquelles  cependant  aucune  ne  conquit  une  véritable  popularité, 
et  aussi  beaucoup  de  têtes  qui  ne  sont  remarquables  que  par  leur 
énergie  et  leur  grossièreté;  il  est  évident  que  le  goût  ne  put  se 
rafl&ner  à  la  popularité  qui  leur  fut  donnée.  LiC  portrait  capital 
de  ce  moment,  Mirabeau,  avait  une  de  ces  têtes  aux  traits  gros- 
soyés,  auxquelles  le  feu  intérieur  communique  une  expression 
plus  sûre  qu'à  la  beauté  parfaite.  Il  fut  gravé  dans  toutes  les 
manières  et  de  tous  les  formats  :  au  burin,  par  Ponce,  Audouin  et 
Mariage;  au  lavis,  par  Levaehez  et  Basset  ;  en  conteur,  par  Alix  ;  au 
pointillé,  par  Vérité,  Fiésinger,  Copia  ;  mais  il  fut  toujours  trop 
petitement  rendu,  et  traduit  plutôt  dans  ce  qu'il  avait  de  matériel 
que  dans  son  idéale  Les  deux  personnes  les  plus  portraitées  après 
Mirabeau,  BaiUy  et  Lafayelle,  qui  furent  gravés  de  toutes  les 
façons,  eu  pied,  en  buste  et  en  médaillon,  par  Miger,  Guérin, 
Alix,  Debucourt,  Lecœur,  Chereau,  le  C.  Bergny  et  d'autres,  ne 
furent  pas  plus  grandies  que  ne  le  comportait  leur  physionomie 
ouverte  et  bonasse.  Quelques-uns,  parmi  ceux  qui  s'étaient  fait 
une  réputation  d'orateur,  furent  seulement  poétisés  par  l'idéal 
d'éloquence  que  cherchèrent  à  rendre  les  dessinateurs  et  les  grar 
veurs.  Les  portraits  les  plus  poétiques  de  ce  temps  que  je  con- 

30 


> 


450  SUJETS. 

nai3se  sont  ceux  de  quelques  jeunes  peintres  :  Gérard,  Prud^hon, 
Girodeî,  Gros,  qui  ont  été  conservés  par  le  dessin  ou  la  gravure*. 
11  y  a  dans  ces  têtes  une  naïveté  si  grave,  une  expression  à 
creuse,  pour  des  traits  juvéniles,  qu'on  peut  y  voir  tout  un  horos- 
cope. Mais,  entre  les  mains  des  plus  nombreux  graveurs,  toutes 
ces  expressions  de  franchise,  de  force  ou  de  tristesse,  prirent  un 
caractère  déplorable. 

Bonneville,  qui  publia  la  collection  la  plus  nombreuse  des  per- 
sonnages de  la  Révolution*,  dessinés  et  gravés  de  sa  main  et  de 
celle  de  beaucoup  d'artistes  médiocres,  leur  conserva  un  assez 
grand  caractère  de  réalité;  mais  sa  manière  pointillée  ne  tendait 
pas  seulement  à  les  rendre  lourds  et  monotones,  elle  les  assom- 
brissait. Son  industrie  le  fit  arrêter  comme  suspect.  Le  procureur 
général  de  la  Commune  se  plaignit  un  jour  de  ce  qu'un  graveur 
nommé  Bonneville  avait  fait  son  portrait  sans  son  consentement 
et  l'avait  mis  en  vente,  malgré  la  défense  qu'il  lui  avait  faite  de 
reproduire  sa  figure  et  malgré  l'offre  de  lui  rembourser  le  prix 
de  sa  planche  pour  qu'il  la  brisât  ;  il  requit ,  par  respect  pour  les 
mœurs,  qu'il  fût  défendu  à  tout  graveur,  peintre  ou  sculpteur, 
de  vendre  ou  exposer  le  portrait  d'un  homme  vivant  sans  sa 
permission  '.  Vérité,  Ganu  et  tous  les  inconnus,  qui  faisaient  des 
portraits  au  courant  de  l'opinion  dans  les  moments  les  plus  agités, 
n'y  mettaient  pas  d'autre  distinction  que  le  noir  de  leur  pointillé. 
^  C'est  à  ce  moment  que  trois  portraits,  consacrés  par  la  mort 
tragique  des  personnages,  LcpcZ/cîter,  Marat  et  Chalier,  arrivèrent 
à  une  popularité  tout  à  fait  comparable  à  celle  des  images  de 
dévotion;  joints  au  portrait  de  Barra  et  de  Viola,  faits  de  fan- 

1.  Gérard,  buste  de  face,  1791,  gravé  dans  son  œuvre  en  1853;  —  Gérard, 
de  profil,  Uthographié  d'après  un  dessin  de  Girodet  {Portraits  inédiu  d* Ar- 
tistes français,  par  Chennevières  et  Legrip).  —  Prud'hon,  buste,  grayé  par 
Prud*hon  fils;  —  Girodet,  Gros,  au  Musée  de  Versailles. 

2.  Portrcûts  des  personnages  illustres  de  la  Révolution,  avec  un  tableau  bi»- 
torique  et  des  notices  par  P.  Quénard,  Paris.,  Saiot-Jorre,  1796,  3  vol.  in-4'', 
avec  titres  gravés  et  208  portraits. 

3.  Moniteur  universel,  14  frimaire  an  II. 


I 


PORTRAITS.  451 

taisie,  et  à  la  tête  de  Brutus  pour  laquelle  on  prenait  pour  modèle 
le  plus  rébarbatif  des  bustes  romains,  ils  formaient  le  laraire  de 
tout  bon  républicain.  La  tête  morte  des  martyrs  avait  été  pro- 
menée, en  nature  ou  en  effigie  de  cire,  dans  la  pompe  de  leurs 
funérailles;  les  plâtres,  moulés  sur  nature,  avaient  été  répandus 
en  bustes  dans  les  lieux  publics  et  les  sociétés  populaires;  David 
les  avait  peints  dans  toute  l'énergie  de  la  réalité,  et  les  graveurs 
au  pointillé.  Copia,  Tassaert,  Tourcaty,  entre  les  mains  desquels 
ils  tombèrent,  s'étaient  attachés  avec  scrupule  à  n'en  point  changer 
le  caractère.  II  leur  fut  encore  conservé  dans  la  multitude  de  ces 
images  qui  vinrent  servir  la  passion  politique.  Je  n'essayerai  pas 
<ie  les  compter;  on  en  prend  une  idée  en  voyant,  par  la  variété 
<ie  leurs  formes,  qu'ils  étaient  destinés  à  pavoiser  les  trophées 
publics,  à  tapisser  les  salons,  les  mansardes  et  les  boutiques, 
é.  orner  les  cheminées,  à  parer  les  boutonnières,  à  servir  de 
sinets  aux  livres,  à  briller  même  en  bijoux  au  cou  des  femmes, 
insignes  de  civisme,  images  protectrices  et  amulettes  de  dévotion 
é  la  République.  On  a  vu  les  plus  remarquables  au  nom  des 
artistes  qui  les  ont  gravés.  Je  ne  citerai  ici  que  deux  estampes  de 
Jiarat,  où  sa  ressemblance  n'est  que  trop  bien  rendue  :  l'une  est 
celle  où  il  est  représenté  comme  dans  la  cérémonie  de  la  trans- 
lation ,  le  buste  sur  l'oreiller,  la  plaie  ouverte  et  teintée  de  rouge, 
•la  tête  couronnée  de  chêne,  avec  l'inscription  :  Il  fut  l'ami  du 
peu/pU,  etc.^;  l'autre  est  son  portrait  au  physionotrace;  on  l'y 
voit  avec  sa  lèvre  aiguë,  sa  joue  tachée  de  lèpre  et  sa  queue.  Dans 
la  tête,  où  Copia  avait  si  bien  traduit  l'œuvre  de  David,  on 
aperçoit  encore  quelque  idéal ,  celui  du  moins  que  donne  la 
mort  ;  ici^araît  le  maniaque  dans  toute  sa  bassesse. 

On  aimerait  à  citer,  en  compensation ,  et  pour  Thonneur  de 
l'art  de  la  Révolution,  quelque  souvenir  gravé  des  figures  héroî- 
qyes  et  poétiques  de  ceux  dont  la  mort  fut  l'égarement  le  plus 
funeste  de  la  Liberté  :  Vergniaud,  Guadet  et  Gensonné,  le  trium- 

1.  Dessiné  d'après  nature,  le  samedi  29  juillet  1793;  se  vend  rue  Poupée, 
cfaes  Que?erdo,  iQ-8*>  rond. 


452  SUJETS. 

virât  de  la  Gironde,   dans  lesquels  se  personniûe  l'éloquence 
révolutionnaire  ;  Bafbaroux,  u  dont  les  peintres  ne  dédaigneraient 
pas  de  prendre  les  traits  pour  une  tête  de  l'Antinous;  »  mais  où 
les  trouver  ?  Les  portraits  de  ceux  en  qui  Ton  voudrait  lire  quel- 
que chose  de  ce  sentiment  qui  leur  ût  vouer  leur  vie  à  la  oa^tU 
et  leur  mémoire  à  la  réprobation,  pour  la  Liberté  et  pour  ce  qu'ils 
croyaient  le  salut  du  pays,  Camille  Desmoulins^  Danton,  Lei^, 
Cambon,  ne  soat  point  tombés,  non  plus,  dans  les  mains  d'artistes 
capables  de  les  rendre.  Du  reste^  au  plus  fort  de  la  crise,  les  1er* 
roristes  n'inspirèrent  pas  un  seul  ouvrage  qui  ne  fût  trivial.  O^ui 
que  David  avait  peints  ne  furent  pas  reproduits  par  la  gravure'* 
Robespierre  lui-même ,  qui  eut  plusieurs  portraits,  au  pastel  «t  à 
l'huile,  aux  expositions  de  1791  et  1793,  n'eut  que  de  petits  ix>r- 
traits  gravés  dans  les  collections  ordinaires.  Les  honneurs  plus 
grands  d'une  gravure  exceptionnelle  paraissent  réservés  au  cchoQ' 
missionnaire  Cange,  dont  la  vertu  fut  alors  célébrée  au  théâtre 
et  dans  l'estampe  de  Beljambe*.  L'art  semblait,  par  cet  api>aw- 
vrissement  de  ses  sujets,  faire  réaction  à  la  trop  grande  pocDpe 
du  passé,  mais  il  dépassait  le  but,  et  les  monstruosités,  qu'il  pro- 
duisit trop  souvent  alors,  furent  flétries  par  les  révolulionnaLires 
eux-mêmes  dans  le  sein  de  la  Société  populaire  des  Arts,     ^^ 
Hassenfrats  et  Detoumelle  demandèrent  que  la  nation  dora^^ât 
des  encouragements  à  la  gravure  pour  servir  à  distribuer  c^^ns 
les  familles  des  images  dignes  du  peuple,  qui  feraient  out:^^^^ 
les  portraits  ridicules  dont  on  inondait  les  portiques  des  vi  9^^* 
Heureusement  pour  l'art  de  la  Révolution ,  les  femmes,  don-      ^^ 
portraits  ont  une  influence  autrement  importante  que  ceux         ^^ 
hommes,  chez  lesquels  la  beauté  des  traits  est  fort  accessc:^^^^  , 
vinrent  propager  des  expressions  plus  pures  et  un  type  plus  i 


1.  Le  vertueux  Joseph  Congé,  commissionnaire  de  Sain^Lçaore, 


peint 


d*aprè8  nature  par  Legrand,  g^ravé  par  P.  Beljambe,  ovale  iii-4«,  pointiUé  bii      ^ 


—  Le  trait  d'humanité  de  Gange  envers  un  prisonnier  et  sa  famille,  l'ai 
veille  du  9  thermidor,  fut  récité  en  vers  par  Sedaine  à  une  séance  du  Ly«^^^ 
et  fut  le  sujet  de  deux  pièces  jouées  au  tbé&tce  de  U  HépuUiq^e  et  a«  tU^ff^^ 
des  Variétés. 


PORTRAITS.  453 

Les  femmes  qui  attirent  le  regard  en  89  ne  sont  plus  ces  visages 
affadis  par  Je  plaisir  et  ces  corps  déformés  par  les  baleines  que 
Boucher  a  représentés.  Depuis  ce  temps,  Rousseau  les  a  passion- 
nées pour  la  nature,  Greuze  et  Fragonard  les  ont  peintes  sous  les 
traits  voulus  par  ces  nouvelles  passions;  il  y  a,  sous  la  variété  et 
es  accidents,  toujours  les  mêmes,  de  la  beauté  de  chacune,  un 
léveloppement  qui  leur  est  commun  et  un  souffle  qui  les  anime 
toutes.  En  limitant  ces  observations  aux  portraits  gravés,  on  voit 
3DOore  des  airs  éventés  et  des  traits  provoquants,  ou  des  airs 
sérieux  et  des  traits  touchants;  mais  les  uns  et  les  autres  se 
mêlent  d'un  caractère  de  franchise,  de  hardiesse  et  de  sentiment, 
jui  va  jusqu'à  la  virilité  ;  elles  ne  se  rapprochent  pas  moins  en 
in  autre  point,  qui  est  une  grande  puissance  de  formes.  Cette 
malyse  ressort  pour  moi  de  Tensemble  des  portraits  d'une  pé- 
îode,  mais  je  ne  mettrais  pas  sur  la  voie  qui  peut  mener  à  la 
/ériûer  si  je  n'indiquais  pas  les  plus  saillants. 

Le  premier  à  citer  est  Marie-Antoinette.  La  Reine ,  en  France, 
I  toujours  fourni  au  type  un  élément  dominateur.  11  avait  été 
"épandu  à,  profusion  dans  la  gravure  par  les  burins  de  Lebeau , 
]athelin,  Prévost,  Lemire,Macret,  Gaucher,  Dupin,  Hubert,  Avril, 
îoizot  et  Voyez;  par  les  couleurs  de  Bonnet,  Sergent,  Benoit, 
basset  et  Vérité  ;  par  les  costumes  de  Deny  et  de  Leclerc. 

La  princesse  de  Lamballe,  surintendante  de  la  maison  de  la 
^eine  et  son  amie  intime,  avait  été  aussi  peinte  par  M"«  Lebrun, 
çravée  par  Vérité  et  Bonneville.  Elle  était  jolie,  disent  des  Mé- 
noires,  sans  avoir  les  traits  réguliers  pourtant  ;  d'autres  vantent 
a  fraîcheur  de  son  teint,  l'élégance  de  ses  formes  et  la  dignité 
le  sa  démarche. 

M^^*  Necker,  mariée  à  vingt  ans  en  1786  avec  le  baron  de  Staël , 
ivait  publié,  en  1788,  les  lettres  sur  les  écrits  de  J.-J.  Rousseau  : 
c  Et  toi,  Rousseau,  grand  homme  si  malheureux  qu'on  ose  à 
leine  te  regretter  sur  cette  terre  que  tes  larmes  ont  tant  de  fois 
irrosée,  que  n'es*tu  le  témoin  du  spectacle  imposant  que  va 
lonner  la  France,  d'un  grand  événement  préparé  d'avance!... 
[{enais  donc,  ô  Rousseau ,  renais  de  ta  cendre.  »  C'est  le  portrait 


454  SUJETS. 

de  Quenedey  qu'il  faut  placer  en  regard  du  livre.  Les  Mémoires 
et  les  pamphlets  la  traitent  avec  plus  de  cruauté.  M"«  de  Kéï^alio, 
qui  rappelle  une  propriété  nationale  parce  qu'elle  avait  eu  déjà 
pour  amants  affichés  le  comte  Louis  de  Narbonne  et  Mathieu  de 
Montmorency,  dit  que  sa  figure  ressemble  extrêmement  à  un 
rosier  chargé  de  boutons.  Nous  savons  pourtant  qu'elle  eut 
toujours  la  beauté  de  son  génie,  qui  éclatait  sur  sa  figure,  à  uoe 
autre  époque,  ou,  alors  qu'elle  composa  le  Livre  des  passions, 
celui  de  la  LUtèratv/re,  et  qu'elle  fut  liée  avec  Benjamin  Constant 
et  avec  le  Directoire,  M™*  Lebrun  la  peignit  dans  toute  la  sino- 
plicité  antique  de  ce  temps,  coiffée  à  la  Titus,  et  à  une  aatr^ 
époque  encore,  où  Gérard  la  peignit  en  Corinne. 

Beaucoup  d'autres,    figurées  dans  la    variété  naturelle    -^^ 
leurs  traits,  peuvent  être  ramenées  à  une  «physionomie  ai^    ^' 
logue  :  M^^  Raucourty  M^^  Contai  ^    Gertrude,    victime  de        ^^ 
calomnie;  M^  de  Genlis,  M'^^  d'Oliva,  M^  Mosion,  jf'^'/u— ^*^ 
Candeille. 

Le  type  que  je  cherche  à  faire  ressortir  est  fixé  avec  le  plus^i^^ 
distinction  dans  les  portraits  des  deux  grandes  célébrités  de  '^ 
Bévolution ,  M^  Roland  et  Charlotte  Corday,  sur  lesquelles  ^^d 
s'arrête  avec  charme. 

Nous  devons  à  la  gravure  les  portraits  les  plus  authentiqi^*^  ^ 
de  M^  Roland  *,  celui  du  physionotrace,  de  Bonneville,  de  G^  «- 
cher,  de  Levachez,  et  d'autres  plus  récents.  Je  n'essayerai  pas     ^^ 
choisir  entre  eux,  parce  qu'ils  me  donnent  divers  aspects  de      ^^ 
même  beauté.  Nous  pouvons  l'interpréter  encore  par  des  téiï*^^^*' 
gnages  contemporains  :  «  Quelque  chose  de  plus  que  ce  quî     ^ 
trouve  ordinairement  dans  les  yeux  des  femmes,  dit  Biouffe,  1>  *^ 
lait  dans  ses  grands  yeux  noirs  pleins  d'expression  et  de  d<^^' 
ceur.  »  —  €  Il  aurait  fallu  la  peindre,  ajoute  Champagn^*^^' 
lorsqu'elle  éprouvait  le  sentiment  délicieux  d'une  belle  actia^  " 
Pour  Lemontey,  elle  réalisait  l'idée  de  la  Julie  de  Bousseau.  ï^* 
même,  avec  une  candeur  hardie  qui  est  bien  de  son  temps,  p^^ 

1.  Bfanon  Phlipon  était  fille  d*un  grayeur,  et  a  gravé,  dit-on,  elle-mèi»^' 


PORTRAITS.  455 

dans  ses  Mémoires  de  ses  hanches  très-relevées,  de  sa  poitrine 
large  et  superbement  meublée. 

Cluiriotte  Corday  excita  beaucoup  plus  la  curiosité.  Après  le 
beau  portrait  gravé  par  Tassaert  d'après  Hauer,  nous  en  avons 
beaucoup  d'aulrcs  qui  sont  faits  d*après  nature  ou  reproductions 
immédiates,  ceux  d'Alix  en  couleur,  de  Mariage  d'après  Lelu,  de 
Bonneville,  de  Queverdo  et  d'autres.  Ces  portraits  ne  nous  trom- 
pent pas,  car  leurs  principaux  caractères,  la  douceur  des  traits, 
l'abondance  des  formes,  jointes  à  la  force,  à  la  décence  de  l'expres- 
sion, sont  confirmés  par  le  témoignage  des  journalistes  qui  l'ont 
vue  les  uns  en  beau,  les  autres  en  laid  :  dans  les  Anecdotes  de  la 
Révolution,  où  sa  beauté  est  fort  exactement  décrite  :  u  Stature 
forte  et  pourtant  élégante  et  légère  ;  pas  un  mouvement  en  elle 
qui  ne  respirât  la  grâce  et  la  décence,  etc.*  »  ;  dans  la  Chronique 
de  Paris,  qui  l'a  peinte  dans  la  charrette  et  sur  l'échafaud  même  : 
tt  ses  mouvements  avaient  cet  abandon  voluptueux  et  décent  qui 
est  au-dessus  de  la  beauté'»;  dans  la  Gazette  nationale,  qui  parle 
par  ordre  et  avec  le  cynisme  de  la  haine  :  «  ma^ntîen  hommasse, 
peau  blanche  et  sanguine  et  une  évidence  fameuse'.  »  Le  plus  sin- 
cère des  historiens  de  la  Révolution,  et  celui  qui  a  le  mieux  connu 
ses  femmes,  leur  reconnaît  une  richesse  de  hanches  et  de  seins 
que  les  femmes  ont  rarement.  Tous  les  portraits  de  la  Révolution 
accusent  en  effet  ces  qualités  d'une  nature  féconde,  et,  comme 
nous  le  verrons,  le  costume  y  prêtait  encore.  Mais  ce  développe- 
ment de  formes  se  produisait  souvent  en  toute  candeur  et  sans 
entraîner  de  passions  immorales.  C'est  par  le  cœur  que  l'on  est 
pur  plus  que  par  le  corps.  L'antiquité  avait  eu  sa  moralité  au 
milieu  de  bien  d'autres  matérialités. 

Voilà  donc  les  types  qui  affectèrent  les  artistes  de  la  Révolu- 
tion, et,  si  je  les  ai  retrouvés  dans  mes  petits  portraits  destinés 
par  la  gravure  à  la  plus  grande  popularité,  ils  sont  bien  plus 

1.  Lairtullier,  les  Femmes  célèbres  de  la  Révolution,  Paris, 'IVance,  4840, 
^  vol.  in-8°,  t.  I,  p.  140. 

2.  Histoire  parlementaire,  t.  XXVIIT,  p.  335. 

3.  Lairtullier,  ibid,,  1. 1,  p.  141. 


456  SUJETS. 

vivement  empreints  dans  les  œuvres  des  peintres  en  répatation, 
qui,  aux  Salons  de  l'an  II,  de  l'an  IV  et  de  Tan  Y,  exposèrent  des 
portraits;  mais  il  est  dans  la  destinée  de  ces  ouvrages  de  périr.  Ils 
vaudraient  mieux  que  beaucoup  de  compositions,  ne  serait-ce 
que  par  les  visages  historiques  qu'ils  reproduisent;  mais  où 
trouver  maintenant  les  portraits  de  Ducreux,  de  Dûment,  de 
Golson,  de  Laneuville,  de  M"**  Bouliar  et  de  M"**  Auzou?  Notre 
but  n'était  pas  d'ailleurs  de  les  rechercher;  ceux  de  Gérard,  pré- 
servés par  le  talent  du  peintre,  et  même  arrivés  récemment  à  la 
publicité  de  la  gravure,  suffisent  pour  prouver  à  quelles  bonnes 
inspirations  il  avait  puisé  ;  M^  Pierre  Bazin,  peinte  en  1792, 
M^  de  Lagronge,  en  179<i,  M^  Brongniart,  en  1795,  sont  d'une 
vérité  que  le  peintre  ne  trouva  plus  dans  toutes  les  illustrations 
de  l'Empire  et  de  la  Restauration.  Ce  qui  frappe  surtout,  c'est 
qu'ils  n'ont  encore  rien  d'antique,  pas  plus  dans  leurs  traits 
naïfs,  forts  et  émus,  que  dans  leurs  ajustements,  leurs  cheveux 
à  l'abandon  et  leurs  corsages  desserrés.  N'en  doit-on  pas  conclure 
que  le  peintre  n'avait  encore  puisé  son  inspiration  qu'au  sein  de 
la  Révolution? 

11  rendit  du  moiqs  de  son  type  le  côté  le  plus  sévère.  Il  y  en 
avait  un  moins  pur,  où  la  beauté  n'était  choisie  que  par  son  côté 
le  plus  matériel ,  qui  prit  faveur  dans  les  moments  les  plus 
abandonnés,  et  qui  est  représenté  par  les  actrices,  les  danseuses 
et  les  courtisaneSi  dont  la  beauté  est  dévolue  aux  passions  les 
plus  vulgaires  et  les  plus  bruyantes.  Un  historien  a  parlé  des 
filles  du  palais  Égalité,  choisies  comme  les  bœufs  gras,  et  des 
quatre  blondes  colossales,  Atlas  de  la  prostitution,  qui  ont  porté 
le  poids  de  l'orgie  révolutionnaire.  Heureusement  pour  l'art,  les 
portraits  de  celles-ci  ne  montent  jamais  jusqu'à  lui.  Ceux  que  la 
gravure  nous  a  conservés  de  M^^*  Maillard^,  de  M^  Jullien,  ont 
bien  l'air  débraillé  qui  convient  au  type,  mais  il  est  pris  encore 
à  l'ancien  régime;  à  défaut  de  modèles  contemporains,  on  le 

1.  M°'  Maillard  était  une  beanté  épaiaae  et  presque  ooloteale,  aTec  une  voix 
terrible,  des  membres  musculeuz  et  des  mouvements  de  bacchwita  (Mayer). 


PORTRAITS,  457 

troQve  encore  communiqué  par  les  graveurs  les  plus  triviaux  à 
d'anciennes  célébrités  de  la  scène.  C'est  ainsi  du  moins  que  je 
m'explique  les  portraits  plus  modernes  de  Clairon,  de  Sophie 
Amoult,  dans  lesquels  on  ne  leur  trouve  plus  cette  physionomie 
piquante  et  voluptuen^^r»  qui  était  attachée  aux  portraits  de  leur 
bon  temps,  mais  des  traits  masculins  et  un  air  de  provocation 
hardie.  Il  est  maintenant  si  bien  exigé  qu'on  le  trouve  transporté 
jusqu'aux  célébrités  féminines  de  l'antiquité,  à  Sémiramis  et  à 
Messaîine. 

Le  temps  changea,  et  le  type  aussi.  Pendant  la  seconde  phase 
de  la  Révolution,  les  femmes  dont  les  portraits  se  sont  répandus 
n'ont  plus  les  grands  airs  naturels  et  les  physionomies  fortes  et 
tragiques  que  nous  venons  de  voir.  Au-dessus  de  la  régularité  des 
traits  et  du  sentimentalisme  de  l'expression,  qui  plus  ou  moins 
peut  les  distinguer,  se  répand  une  teinte  antique.  Les  artistes, 
qui,  depuis  plusieurs  années  déjà,  cherchent  des  modèles  dans 
les  bas-reliefs  romains  et  les  vases  grecs,  sont-ils  pour  quelque 
chose  dans  cette  métamorphose?  Oui,  sans  doute,  mais  leur  zèle 
n'a  pu  aller  jusqu'à  l'oblitération  des  traits  réels  ;  ils  ont  eux* 
mômes  subi  dans  toutes  leurs  œuvres  l'ascendant  de  la  beauté 
vivante.  Cette  beauté  s'enchaîne  à  beaucoup  d'autres  occasions  : 
à  la  secousse  donnée  à  l'esprit  par  la  violence  de  la  Révolution, 
au  relâchement  des  mœurs  amené  par  la  réaction,  au  paganisme 
infiltré  dans  les  croyances,  à  la  liberté ,  toujours  active  dans  les 
habitudes.  En  revenant  d'abord  aux  toilettes  les  plus  négligées 
en  apparence,  en  revêtant  une  robe  légère  et  nouant  leur 
ceinture  sous  les  seins,  les  femmes  ont  donc  réellement  changé 
de  masque.  Elles  ont  les  lignes  sévères  et  les  formes  atténuées 
du  bas-relief,  l'expression  attendrie  jusqu'à  la  faiblesse  et  la 
pâleur.  On  a  cité  les  vers  de  la  comédie  des  Femmes,  de  De- 
moustier  : 

Les  fleurs  sur  votre  teint  meurent  à  peine  écloses; 
J*y  Yois  encor  des  lis,  mais  j*y  cherche  des  roses. 

On  peut  prendre  pour  exemples  les  portraits  des  Salons  que  nous 


C 


458  SUJETS. 

avons  cités.  Les  portraits  gravés  en  fournissent  de  plus  nom- 
breux et  de  plus  populaires. 

Tliérhse  Cabarrus,  la  citoyenne  Tallien,  Notre-Dame  de  Ther- 
midor,  que  Laneuville  avait  peinte  au  Salon  de  Tan  V,  dans  un 
cachot  à  la  Force,  ayant  dans  les  mains  ses  cheveux  qui  viennent 
d'être  coupés,  et  dont  Gérard  fit  aussi  le  portrait  en  pied,  a  été 
gravée  en  buste  par  Quenedey  au  physionotrace,  et  en  pied  par 
l'artiste  anglais  William  Bond.  Ce  n'est  pas  précisément  tout  ce 
qu'on  pourrait  attendre  d'après  les  Mémoires,  qui  ont  parlé  de  sa 
beauté  animée  et  charihante,  de  son  air  qui  réunissait  la  vivacité 
.française  à  la  volupté  espagnole,  de  son  amabilité,  de  sa  bonté 
*  et  de  son  esprit,  et  qui  ont  aussi  parlé  de  sa  liaison  avec  Barras, 
de  sa  danse  du  boléro  avec  Mailla-Gara  et  de  son  apparition  à 
rOpéra  avec  des  bagues  aux  doigts  du  pied ,  mais  un  ensemble 
empreint  de  simplicité,  des  traits  et  des  formes  arrondis,  dont 
la  grâce,  n'ayant  absolument  plus  rien  de  forcé,  est  tout  en 
harmonie  avec  la  mise  :  une  robe  des  plus  molles,  agrafée  à 
peine  à  l'épaule,  et  une  coiffure  en  cheveux,  à  la  Titus  ou  en 
perruque,  relevée  par  des  bandelettes  de  camées. 

La  citoyenne  Bonaparte,  Notre-Dame  des  Victoires,  dont  la 
beauté  a  été  moins  célèbre  et  les  &;arts  moins  publiés,  à  en  juger 
par  ]ps  portraits  gravés  d'après  Gérard,  avait  aussi  beaucoup  de 
simplicité  et  d'abandon  dans  une  mise  tout  antique. 

Il  est  regrettable  qu'on  ne  puisse  interroger  ici  les  portraits 
des  autres  femmes  qui  disputèrent  de  beauté  dans  les  salons  du 
Petit- Luxembourg  ou  de  l'hôtel  Thelusson;  M^  de.Condorcet, 
M^  de  Fleury,  M^  de  Flahaut,  n'ont  pas  laissé  de  portrait 
gravé. 

A  défaut,  des  femmes  de  moins  d'éclat  peuvent  encore  servir 
d'exemple  : 

M^  BenoU,  peintre,  dont  le  portrait  fut  alors  vulgarisé  sous  le 
nom  d'Emilie  ; 

M^  Briquet,  poète  et  écrivain,  qui  mit  son  portrait  en  frontis- 
pice de  son  Dictionnaire  des  Françaises; 

Jf "^  Joly  ;  c'était  une  actrice  aimée  et  estimée,  qui  fut  remar- 


PORTRAITS.  450 

c|uée  dès  le  commencement  de  la  Révolution  par  un  pèleri- 
nage à  Ermenonville,  où  elle  avait  été  poser  sur  la  tombe 
de  Rousseau  une  couronne  civique;  sa  figure,  son  talent  et  ses 
^vertus  furent  publiés  par  son  mari  avec  Taide  des  crayons  de 
IDugourc; 

Suzanne  de  Morency  : 

■ 

Dodle  enfant  de  la  Natare,  etc.  ; 

Despote  impitoyable, 
Éros  vent  des  sujets,  etc.  ; 

• 

<I]e  sont  les  vers  de  complaisance  que  mettait  au  bas  de  ses  por- 
^^raits  une  courtisane  de  ce  temps,  qui  se  distingua  de  ses  pa- 
areilles  par  les  romans  et  les  mémoires  qu'elle  publia  de  Tan  Vil 
â  Tan  X  et  qu'elle'fit  orner  de  son  portrait. 

Mais  cette  époque  vit  commencer  et  s'épanouir  un  portrait 
<[ui  peut  être  considéré  comme  l'expression  la  plus  délicate 
^u  type  du  Directoire  et  l'exemple  le  plus  singulier  de  sa  pro- 
pagation. 

Juliette  Bernard,  de  Lyon,  mariée  à  quatorze  ans,  en  179b,  au 
citoyen  Rècamier,  banquier  à  Paris,  acquit  en  un  clin  d'œil,  par 
le  seul  prestige  de  sa  beauté  et  de  sa  grâce,  un  succès  qui  passa 
des  salons  aux  promenades  publiques,  et  des  musées  aux  images 
de  la  i'ue,  vulgarisation  vraiment  unique.  En  Angleterre,  où  elle  I 

avait  passé  quelques  instants,  son  succès  n'avait  pas  été  moins 
populaire;  Ganova  avait  fait  son  buste  en  Béatrix,  Richard  Gos- 
way  l'avait  peinte,  Bartolozzi  l'avait  gravée  ;  ce  portrait,  emporté 
par  la  mode,  avait  volé  jusqu'en  Grèce  et  dans  les  Indes;  à 
Paris,  Ducreux,  David,  Gérard,  la  représentèrent;  la  gravure  au 
lavis  et  au  pointillé  multiplia  sa  figure  en  buste,  en  demi-figure 
et  en  pied.  Un  graveur  de  coins,  Dupré,  qui  eut  à  faire  en  l'an  IV 
le  type  d'une  tête  de  la  Liberté  pour  les  pièces  de  cuivre  en 
décimes  et  centimes,  n'en  trouva  pas  qui  répondît  mieux  à  l'idéal 
et  à  la  pureté  antiques.  Gette  circonstance,  qui  n'a  point  été  assez 
remarquée  par  les  numismatistes,  donnerait  seule  la  mesure  de 


460  SUJETS. 

Tart  de  la  Révolution;  la  monnaie,  appelée  à  pousser  la  propa- 
gation d'un  type  jusqu'à  ses  plus  extrêmes  limites,  nesecontente 
plus  du  type  imposé  et  banal ,  comme  on  le  voit  à  toutes  les 
époç^ues  du  monnayage  moderne,  mais  prend,  au  gré  de  Tartiste, 
le  type  le  plus  beau.  Les  graveurs  de  Gorinthe,  au  plus  beao 
temps  de  la  Grèce,  n'avaient  pas  fait  mieux. 

On  peut  suivre  l'intrusion  des  portraits  du  Directoire  jusque 
dans  la  peinture  historique.  David ,  si  réaliste  pendant  la  Terreur 
et  qui  maintenant  croyait  ne  faire  que  de  l'antique,  les  avait 
lui-même  subis.  Un  de  ses  historiens  a  raconté  comment  M"'  de 
*  Bellegarde  avait  posé  pour  THersilie  du  tableau  des  Sahim^\ 
mais  ce  qu'il  n'a  pas  dit ,  bien  qu'il  ait  pu  le  voir  comme  con- 
temporain, c'est  que  le  tableau  tout  entier  ne  contient  que  des 
portraits  du  temps,  les  poses  des  danseurs  parisiens  aux  jeux 
olympiques  qu'on  célébrait  à  la  fête  de  la  Concorde  plutôt  que  le 
combat  de  Romains  et  de  Sabins.  Ce  n'est  pas  sans  motif  que  Voû 
chuchotait  alors  que  les  femmes  les  plus  élégantes  de  Paris  ^ 
avaient  concouru ,  comme  les  Athéniennes  au  tableau  de  ZetiîJS. 
C'est  à  cause  de  cela  qu'il  restera  l'une  des  œuvres  les  plus  îî^^ 
rossantes  du  maître,  qui  a  su  exprimer,  malgré  son  académisme 
et  sous  sa  nudité  antique,  la  morbidesse  et  le  sentiment  do  soû 
temps. 

Pour  dire  un  mot  des  portraits  d'hommes  sous  le  O^^" 
toire,  je  me  contenterai  de  remarquer  qu'ils  diffèrent  e^^  P" 
néral  des  précédents  par  la  finesse  de  l'expression,  l'at^^^^ 
dissement  des  traits  et  Teffémination  du  type.  On  s'en  a  ^sut 
rien  qu'à  regarder  les  portraits  gravés  de  Barras,  La  iîévef^^ 
Cambacérès. 

Les  poètes  et.  les  écrivains  dont  les  portraits  furent  le       *^*^ 


saisis  par  la  gravure,  à  commencer  pdiV  Rousseau,  le  plus^--     ' 
quent  de  tous,  n'aidèrent  pas  beaucoup  à  relever  l'idéa 
types.  Ducis,  Lebrun ,  Fàbre  (F^Églantine,  Pamy,  DeliUe, 
Sylvain  Maréchal,  Gail,  Demoustier,  bien  que  gravés  so 

1.  Louis  David,  son  école  et  son  temps,  par  Delécluze,  p.  494. 


PORTRAITS.  461 

3c  intelligence,  ne  noua  donnent  que  des  physionomies  où 
raltleplus  petit  côté  de  leur  esprit;  le  plus  heureux  fut  Marie 
;eph  Chènier,  qui,  après  le  buste  admirable  de  Uoudon,  a 
core  un  bon  portrait  gravé  en  1789  par  Boutelou. 
Tous  les  portraits  de  cette  période  sont  bientôt  dominés  par  la 
e  fatidique  du  général  BuonaparU»  La  gravure,  en  la  mul- 
liant  dès  Tan  V,  a  trop  servi  au  travail  d'idéalisation  qui 
st  fait  autour  de  l'homme,  à  l'enthousiasme  militaire  qui  a 
s  sous  le  joug  un  peuple  mobile.  David ,  la  première  fois  qu'il 
vit ,  appela  cette  tête  un  camée  tout  fait.  Les  plus  pures  repro- 
ctions  qu'on  ait  gravées  de  ce  camée  sont  : 
Les   petits  portraits  d'Elisabeth    Herhan,    d'après   Guérin, 

VI; 

D'Alexandre  Tardieu ,  d'après  Isabey. 

On  y  trouve  la  silhouette  accentuée  et  le  regard  perçant  du 

ros  revenu  d'Egypte;  mais  il  y  en  a,  dès  le  Consulat,  qui  ont 

is  que  la  ressemblance  : 

U Intègre,  le  Modeste,  le  Généreux,  V Étonnant,  le  fortuné  Libè- 

leu/r  en  chef  de  r Italie,  le  principal  Domptateur  de  V Autriche, 

tgane  imperturbable  mu/rissant  la  paix  et  les  triomphes  éclatants 

sa  patrie,  Buonaparic  et  sa  bienraimée  épouse  Rose-Joséphine, 

ede  la  Pagerie,  bustes  en  regard ,  médaillons  ovales  entourés 

roses,  lavis  brillants  d'exécution ,  in-ili<>  1.  ; 
UHeureuse  étoile,  buste  de  face  dans  une  étoile,  in-li^  au  poin- 
té noir; 

Bonaparte,  premier  consul  de  la  République  française,  buste  de 
3fil  in-/»*»,  à  la  pointe  et  au  lavis  bleu  ; 
L'œil  fixe,  le  profil  austère  et  l'arrangement  même  des  cheveux 
de  l'habit  donnent  à  ceux-ci  un  caractère  hiératique;  l'art  a 
insfiguré  le  demi-dieu  revenu  d'Italie.  Ce  type,  tout  personnel, 
lis  qui  ne  représentait  cependant  encore  que  le  premier  citoyen 

la  République,  passa  dans  quelques  œuvres,  heureusement 
ipirées  de  l'école  de  David  à  ses  débuts.  Il  n'en  fut  plus  de 
ime  quand ,  par  une  nouvelle  transformation ,  le  portrait  de 
onaparte  fut  devenu  la  figure  immobilisée  et  apothéosée  d'un 


i 


462  SUJETS. 

empereur.  Chez  les  artistes  courbés  devant  elle,  comme  chez  les 
poètes  et  les  savants,  on  vit  s'amoindrir  et  se  perdre  tous  les  élaos 
des  jours  de  liberté.  Les  portraits,  aussi  bien  que  les  autres  œu- 
vres, montrent  clairement  la  déchéance  que  fit  subir  à  l'art  le 
régime  guerrier  et  despotique.  Sauf  de  trèsirares  exceptions,  il 
n'y  a  plus  qu'un  mot  pour  caractériser  le  type  qui  saivit.la 
platitude. 


.^ 


5.  —  COSTUME. 


L'homme  ne  se  vêt  point  selon  son  désir,  quelque  volonté 
qu'il  y  mette;  la  société  et  les  mœurs  lui  façonnent  ses  habits 
plutôt  que  rart.  Il  est  curieux  cependant  de  savoir  quels  furent 
ses  habits  pour  mieux  le  connaître;  il  importe  aussi  de  rechercher 
les  modifications  que  Tart  a  pu  y  apporter,  le  parti  qu'if  en  a 
tiré  dans  certains  ouvrages  et  qu'il  en  peut  tirer  maintenant  pour 
les  peintures  historiques. 

Le  premier  effet  de  la  Révolution  fut  une  plus  grande  simpli- 
cité et  une  plus  grande  aisance  dans  les  habits.  Le  député  à 
l'Assemblée  nationale  portait  l'habit  à  larges  basques  et  à  larges 
revers,  de  couleur  foncée;  la  culotte  ou  haut-de-chausse  sans 
bretelle,  bouclée  par  un  galon  au-dessous  du  genou,  et  le  soulier 
à  boucle  ;  la  chevelure  à  boucles  collées  et  poudrées  et  à  catogan 
et  le  jabot.  On  quittait  le  rabat,  la  bourse,  les  manchettes  et 
l'épée.  Le  chapeau  rond  à  larges  bords,  que  Ton  appelait  à  la 
Jockey,  remplaçait  déjà  le  chapeau  à  trois  cornes  nommé  à 
ê'Androsmane. 

Les  femmes  en  89  portaient  des  robes  très-desserrées  à  la 
taille  et  quelquefois  d'apparence  si  négligée  qu'on  les  appelait 
«n  chemise,  des  caracos,  des  fichus  très-amplement  développés 
sur  la  poitrine,  et  leurs  cheveux  tout  dénoués ,  retombant  en 
larges  boucles  sur  le  cou  ;  elles  ont  quitté  les  paniers  et  les 
souliers  à  talons  ou  sabots  chinois.  Il  ne  faut  pas  prendre  trop 
Qiu  sérieux  les  Journaux  de  modes  qui  ne  sont  faits  que  pour 
l'amusement  des  vanités  les  plus  ridicules,  mais  ils  ne  sont  pas 


464  SUJETS. 

sans  renseignement  local  ;  c'est  ainsi  que  le  Magasin  des 
dont  les  figures  étaient  dessinées  par  Defraine  et  grav^  par 

Duhamel,  nous  montre,  dans  Tété  de  89,  les  cheveux  en  m   ■     "ttn 
relevés  derrière,  les  grands  fichus  de  gaze  soufflée,  les  robe^  ^s  de 

linon  traînantes,  et  enfin  les  bonnets  et  les  rubans  aux  Or» "dres 

réunis  et  aux  couleurs  nationales.  Le  Journal  de  la  mode  e&^^  du 
goiU'^^  qui  vint  ensuite,  fait  voir  la  grande  dame,  en  robe  de  »       cou- 
leurs  rayées  à  la  Nation ,  la  religieuse  nouvellement  rendue  ^     à  la 
société,  avec  une  robe  de  linon  en  Vestale  et  une  coiffure  ^      à  la 
Passion  avec  des  fleurs  nacarat,  et  enfin  la  femme  patriote,  ^     avec 
le  nouvel  uniforme  couleur  de  drap  bleu  de  roi ,  chapeau  de  fe-^^sutre 
noir,  bourdaloue  et  cocarde  aux  trois  couleurs.  Au  milieu  de^^»«  ces 
singularités,  la  mode  constatait  cependant  ses  pertes  :  a  De  ^^pui& 
longtemps  les  femmes  ne  portent  plus  aucune  espèce  de  pan^c^er, 
ni  poche,  ni  coussins.  H  est  à  présumer  que  tout  cet  attiraiL^^cil  est 
proscrit  pour  jamais  (hélas  I  qui  pouvait  prévoir  la  crinoline  ^mb  du 
second  Empire?  ).  Aujourd'hui ,  sous  une  robe  langue  ou  sonr  ^s  un 
caraco,  tous  les  mouvements  de  la  taille  sont  aperçus.  La  coi^fc  iffure 
des  jeunes  gens  est  devenue  très-simple;  il  en  est  plusieurs^^ss  qui 
ont  fait  couper  leurs  cheveux  en  rond  et  qui  les  portent  r         sans 
poudre.  La  plus  grande  simplicité  caractérise  le  petit* ma^g"  ^Itre; 
il  a  les  cheveux  coupés  et  frisés  comme  ceux  d'une  at  iMatatoe 
antique.  )x 

Quelques  pièces  isolées  montrent  un  costume  encore  plus  k  P^^^ 
tique  :  telle  est  M^^  Pompon  regrettant  les  Fédérés  y  elle  tient  -^  "^ 
rose  à  la  main,  elle  est  coiffée  d'un  chapeau  rond  orné  de  plu^L^M^^axA 
et  habillée  d'un  fichu  menteur. 

La  plus  jolie  pièce  de  ce  genre  que  je  connaisse  est  la  &^  ^^ 
chande  de  journaux;  c'est  un  in-8^  allongé,  eo  couleur,  danm:^^'^^  ^^ 
goût  de  Janinet.  La  marchande  est  assise  à  son  établi  en  p^^X  ^^ 
vent,  tout  enguirlandé  de  placards,  cocardes,  rubans,  phiiiB  i*  ■net&> 


1.  Le  Magasin  des  modes  nouvelles  françaises  et  anglaises^  in-8»,  P=^E^     ^*^ 
BniBsoD,  1789. 

3.  U  JoiÊmai  de  la  mode  et  àmgoùt,  amusmMnt  du  sâton  et  d»  Im  loim  ^'^^f'f 
par  Lebruo,  in-S»,  1790. 


COSTUME.  465 

tranches  de  chêne,  etc.;  elle  tient  à  la  main  le  décret  pour 
'émission  des  nouveaux  assignats;  à  côté  se  groupent  un  passant, 
me  femme,  des  enfants  (coll.  Hennin). 

Le  Journal  des  Modes  cessa  de  paraître  en  février  91.  Sa  ré- 
laction  unit  en  enseignant  l'accent  musical  à  donner  à  la  romance, 
hose  nouvelle  alors  et  qu'on  déûnit  un  air  tendre,  plaintif  et 
logoureux  : 

Une  lamière  vive  et  pare 

Va  de  la  nuit  chasser  l'horreur; 

a  dernière  mode  est  la  robe  froncée  en  rideau,  à  trois  ganses  ^  ; 
*est  celle  qbe  porte  Charlotte  Gorday  dans  le  portrait  delassaert. 
»*est  ainsi  que  le  costume  entre  dans  le  domaine  de  l'art  et  de 
histoire.  L*habit  à  la  française,  la  culotte  et  le  catogan,  que  por- 
ferent  Mirabeau,  Vergniaud ,  Desmoulins  et  Danton  ;  les  robes  en 
hemise,  les  fichus  enflés,  les  caracos  en  rideau  et  les  boucles 
louantes,  qui  vêtirent  M"«  Roland,  M™*  de  Condorcet ,.  M"«  de 
Itaël,  Charlotte  Corday,  acquièrent  la  môme  noblesse  que  le 
)ëplum  antique  ou  le  surcot  gothique.  Ce  costume  est  déjà  con- 
sacré dans  des  tableaux  qui  ne  périront  pas. 

Après  le  10  août,  le  haut  du  pavé  appartenant  au  peuple,  la 
cnode  vint,  pour  les  plus  hardis  révolutionnaires,  du  costume  sans- 
culotte,  qui  se  composait  du  pantalon  large,  de  la  carmagnole  ou 
veste  courte,  du  bonnet  rouge  et  des  sabots.  Ce  costume,  inauguré 
déjà  par  Chenard,  porte-drapeau  à  la  fête  civique  du  U  octobre 
1792,  et  adopté  surtout  par  les  membres  du  Conseil  général  de 
la  Commune,  fut  dessiné  par  Sergent,  et  proposé  à  l'exposition 
du  10  août  1793  :  <(  Ce  n'est  autre  chose,  dit  le  livret,  que  l'habit 
journalier  des  hommes  de  la  campagne  et  des  ouvriers  des  villes. 
11  n'y  aurait  de  différence  entre  les  citoyens  que  dans  la  qualité 
des  étoffes.  11  pourrait  n'être  porté  qu'à  vingt  et  un  ans,  et  tien- 
drait lieu  de  la  robe  virile.  »  On  en  avait  vu  d'autres  modèles 

1.  Le  caraco  en  rideau,  c'est-à-dire  froncé  de  trois  ganses,  de  la  gorge  à  la 
ceinture,  est  la  mode  du  Magasin  des  Modes  nouvelles,  à  son  dernier  cahier  de 
lévrier  1701. 

30 


A9$  SUJETS. 

dans  une  espèce  de  tableau  historique  de  Pourcelli,  la  Fête 

des  S<ms-Culolte&  sur  les  ruines  de  la  Bastille,  dont  mi  soui^     venir 
est  resté  dans  une  eau-forte  sous  ce  titre  :  Refrains patrioiiq^^gamiei^. 

Les  femmes  essayèrent  aussi  quelque  costume  à  runisso^Hc  d,  el 
Ton  vit  quelques  estampes  de  Française  libre,  en  amaz&m'^  m  ^,  d( 
Bellone  et  de  Jolie  Sans-Culotte  du  i^  aoùt^.  Quelques  fei 
portèrent  ce  costume  ou  quelque  chose  de  plus  débraillé 
roigne  de  Méricourt,  Rose  Lacombe,  ou  d'autres  parmi 
que  Ton  a  nommées  les  tricoteuses  de  Robespierre  et  les  fi 
delà  guillotine;  mais  ces  excès  maniaques  ne  méritent 
rappelés  que  comme  nous  rappelions  tout  à  l'heure  les  exc( 
cités  des  modes  élégantes;  ils  sont  du  domaine  de  la 
.ture;  jamais  les  révolutionnaires  sérieux  ne  les  tolérèrent 
furent  flétris  au  sein  de  la  Commune  même  par  ChaumetU 

Le  Jacobin  des  jours  les  plus  agités  était  vêtu  proprem( 
simplement  comme  le  Girondin  ;  beaucoup  n'avaient  pas 
le  tricorne,  les  toupets  et  la  queue.  Les  plus  grandes  réfc 
avaient  été  de  porter  un  chapeau  rond,  les  cheveux  plats  et::^  ms 
poudre,  de  porter  des  habits  de  couleur  brune  au  Heu  de  coik  leurs 
roses  et  tendres,  et  do  mettre  à  leurs  souliers  des  cordoscis  aa 
lieu  de  boucles.  €es  innovations  avaient  été  déjà  montrées    à  k 
cour  de  Versailles  par  Franklin,  lorsqu'il  vint  en  1780*;  R<:>lând 
avait  porté  ce  costume  dans  le  Conseil  de  Louis  XYI,  qui  le  prit 
pour  une  insolence;  il  était  celui  des  hommes  les  plus  jeuiies. 
C'est  te  costume  que  devront  adopter  les  peintres  dans  les  compo- 
sitions où  ils  feront  entrer  les  acteurs  qui  ont  pris  les  n^Les 
historiques  au  moment  le  plus  terrible;  ils  réserveront  lliabit  ^^| 
sans-culotte  pour  les  comparses,  qui  n'ont  pas  d'autre  signe 
distinction  que  cet'habit. 

Le  Conseil  général  delà  Commune  avait  adopté  généralemei 

!..  B^raitu  jiaJriotiquef,  io-4'  L,  à  Paris,  rue  du  Théàlve-Françait» 

2.  Femme  française  libre,  iD-4*,  au  trait,  colorié.  —  La  jolie  Saïu-Ci 
armée  en  guerre  {Histoire-Musée  de  la  Bépul)liq^e,  t,  I^  p..  30i  ). 

3.  Histoire  parlementaire,  t.  XXX,  ^  267. 

4.  Mémoires  de  Mme  Campan,  t.  I ,  p.  283. 


COSTUME.  467 

l'irr coiffore  le  bonnet  rouge;  en  brumaire  an  11,  on  voulut 
ème  qu'il  décvéiàtt  que  le  bonnet  serait  porté  exclusivement  par 
(  autorités,  C0i>dift(iées  par  le  peuple  et  peiHiant  le  temps  de^ 
irs  fonctions,  par  ce  motif  que  plusieurs  aristocrates  le  por- 
tent et  profitaient  de  ce  signe  de  la  liberté  pour  insulter  les 
criotes  ;  mais  la  Commune  se  borna  à  interdire  les  perruques 
ires  h  la  jacobine,  dont  s'affublaient  certaines  personnes  pour 
raltre  tantôt  comme  de  viiem  républicainsf  et  tantôt  comme  des 
»Cddins^. 

Cependant  de^ artiste»,  fort  animés  de  Vesprit  delà  Révolution, 
ulurent  révolutionner  le  costume.  La  question  fut  discutée 
ns  plusieurs  séances  de  la  Société  populaire  des  arrts'.  Lesueur 
ait  commencé  par  établir  que  le  costume  actnèl  était  indigne 
an  homme  libre  et  qu'il  avait  besoin  d'être  entièrement  innové; 
percienx  proposait  le  casqoe  et  la  chiamyde  des  Grec».  Wicar 
sonnaissail  que  les  femnme»  avaient  peu  de  chose  à  changer, 
»i  Fon  en  excepte  ces  mouchoirs  ridiculement  gonflés,  qui  recèlent 
jrs  charmes  les  plus  agréables,  et  leurs  cheveux  ajusté»  d'une 
anière  singulière,  »  eicroyait  qu'elles  adopteraient  promptement 
lui  qu'on  leur  offrirait.  On  ouvrit  enfin  un  concours.  Dans  une 
itre  séance,  la  citoyeime  GésarineBoissard,  amie  de  la  nature, 
imanda  surtout  la  proscription  des  corps  de  baleine,  et  une 
itre  citoyenne,  mère  de  famille,  demanda  le  costume  dans  le 
itire  antique.  Petit-Goupray  et  Espercieux  furent  chargés  de  se 
ndre  auprès  du  diTeeteur  des  costumes  du  Théâtre  de  la  Répu- 
ique  pour  avoir  un  modèle  et  les  moyens  de  couper  l'étoffe 
une  manière  convenable. 

Le  théâtre^  où  nos  artistes  vont  chercher  leurs  nuxlèles,  avait 
trodoit  en  effet  depuis  plusieurs  années  le  costume  antique 
)ar  la  représentation  de  la  tragédie.  Larive,  à  la  première  repré- 
intation  i*Agis,  avait  paru  portant  une  cuirasse  fort  simple  et 

i.  Moniteur  universel,  4  et  5  frimaire  an  II  (nov.  1793). 
2.  Journal  de  la  Société  républicaine  des  arts,  par  Détonnftille,  in-8^ 
252,  258  et  384. 


468  SUJETS. 

un  manteau  blanc,  costume  lacédémonien  que  lui  avait  de^s^ssâné 
David,  et,  au  témoignage  de  Lenoir,  les  hommes  et  les  femu-^Ljaesà 
cette  représentation  rappelaient  les  personnages  qui  figiKi^BureDt 
sur  les  vases  grecs.  Talma,  jouant  le  rôle  de  Proculus  dans  laa^sa  tra- 
gédie de  Brutus,  de  Voltaire,  en  1788,  avait  porté  pour  la       ^m  pre- 
mière fois  une  véritable  toge  romaine.  La  renaissance  du  coslK^  .^tume 
théâtral  avait  été  appuyée  en  1790  par  les  publications  de  I— K  Leva- 
cher  de  Chamois  *,  dont  les  figures  étaient  dessinées  d'aborc:»— ?d  par 
Dutertre,  Duplessis-Bertaud,  et  gravées  par  Janinet,  Gin^v-^uyot, 
Chapuy  et  d'autres,  puis  dessinées  par  Chéry,  et  gravées  par  ^    ^n  Alix, 
Sergent,  Ridé  et  Villeneuve. 

C'est  dans  la  première  édition  de  ce  recueil  et  dans  les  fi^  CZlgures 
de  Dutertre  qu'on  trouve  les  plus  intéressants  costumes  du  thfli:Khéâtre 
de  1789  :  M^'  Ramourt,  dans  le  rôle  de  Médée  ;  M^^  ConUU,^^    t,  rtie 
de  Suzanne;  M^*  Dagazon,  rôle  de  Nina  ;  M,  Chèron,  rôle  d^Eiad'Aga- 
memnon;  if**  Yestris,   dans  Polyeucte;  M^^  Damesnil,  dans 

Athalie;  M^'  Maillard,  dans  Tarare;  M^^*  Amout,  dans  Iphm- ^Atgénie 
en  Aulide,  et  beaucoup  d'autres. 

L'auteur,  qui  périt  aux  massacres  de  Septembre,  annoncsave  rio- 
tention  de  donner  des  costumes  exacts,  ce  que  n'ont  pas  fai  JUt  tou- 
jours, selon  lui,  ni  Raphaël,  ni  Poussin,  ni  Lesueur,  ni  Lel^^^nia, 
ni  même  David ,  et  il  poussait  assez  loin  l'intelligence  de  la^     cou- 
leur locale  pour  comprendre  que  les  personnages  de  Racii^viene 
sont  souvent  que  des  gentilshommes  de  la  cour  de  Louis  XL   ^^  ce 
qui ,  par  parenthèse,  aurait  dû  le  conduire  à  les  représenter  p^lutôt 
avec  l'habit  que  l'auteur  leur  fit  porter  qu'avec  un  habit  leao  ^^^ 

1.  Costumés  €t  Annales  dès  grands  thé&tres  de  Paris,  1787-1789.  Ce  K*«caeil 
périodique  fut  rédigé  d*abord  par  M.  Dauberteuil  et  ensuite  par  M.  de    ^^^^^*^ 
nois.  Les  figures  étaient  dessinées  par  Dutertre,  Berthaud,  Duplessis-B^'^^ 
Lebarbier,  et  gravées  par  Janinet,  Carrée,  Chapuy,  Phelippeaux,  Gujr^^  ^ 
dernier  auteur  en  fit  une  seconde  publication  sous  un  nouveau  titre  &t  snc 
d'autres  figures  :  Recherches  sur  les  Costumes  et  sur  les  Théâtres  de  toui^^  m  ^ 

nations,  Paris,  1700,  ou  2»  édit.,  an  XI,  2  yol.  in-4^  56  fig.  en  couleur  ou  sa  f 

lavis,  y  compris  le  portrait  de  Fauteur  et  un  frontispice  aUégorique,  dessûé  m 

par  Chéry;  gravarea  par  AUz,  Ridé,  ViUeneuye,  Sergent  §  ^'' 


COSTUME.  460 

des  Grecs.  Du  reste,  les  costumes  dessinés  dans  son  livre  ne  sont 
que  des  costumes  de  théâtre,  où  la  fantaisie  avait  encore  plus  de 
)art  que  Thistoire,  surtout  pour  les  femmes,  les  uns  accoutrés 
lans  la  mode  du  jour,  les  autres  assez  sottement  pris  de  l'an- 
ique.  Ceux  que  l'auteur  et  l'artiste  proposèrent  comme  l'idéal  de 
eur  réforme  étaient,  il  est  vrai,  un  peu  différents,  souples, 
ransparents,  laissant  autant  de  nu  que  possible,  et  exacts  dans 
a  limite  des  connaissances  archéologiques  du  temps,  qui  ne 
'^tendaient  guère  qu'aux  Romains,  et  ne  prenaient  les  costumes 
orientaux ,  Assuérus,  Esther,  que  dans  les  figures  que  Mongez 
ppelle  barbares.  C'est  de  ce  costume  théâtral  que  s'étaient  parés 
es  jeunes  artistes  à  la  fête  de  la  translation  de  Voltaire.  Il  fut 
ans  doute  admis  depuis  dans  quelques  ateliers. 

Le  Comité  de  salut  public,  voulant  répondre  à  une  préoccu- 
lation  universelle,  rendit,  le  25  floréal  de  l'an  II,  un  arrêté 
our  l'amélioration  du  costume  national.  Dans  cet  arrêté,  il 
nvîte  David  à  lui  présenter  ses  vues  et  projets  sur  les  moyens 
['améliorer  le  costume  national  actuel,  de  l'approprier  aux 
aœurs  républicaines  et  au  caractère  de  la  Révolution,  pour  en 
présenter  les  résultats  à  la  Convention  nationale  et  recueillir  le 
oeu  de  l'opinion  publique. 

David ,  ainsi  appelé  à  donner  des  modèles  de  costume  répu- 
ilicaîn,  dessina  plusieurs  figures  qui  furent  gravées  par  Denon  : 
Jabit  du  citoyen  français  dans  l'intérieur,  Habit  civil  du  ciloyen 
rançais,  le  Législateur  en  fonction,  le  Représentant  du  peuple  aux 
irmèes,  etc.  Ce  costume  de  citoyen  était  composé  principalement 
Tune  tunique,  de  pantalons  ou  plutôt  de  chausses  à  pied,  de  bro- 
lequins,  d'un  bonnet  rond  à  aigrette,  d'une  ample  ceinture  et 
l'un  manteau  flottant  sur  les  épaules;  il  ne  fut  porté,  à  ce  que 
lisent  les  journaux,  que  par  les  jeunes  clients  du  maître,  et  il 
l'échappa  pas  au  ridicule  de  tous  ceux  que  le  temps  ne  consacre 
)as;  il  ne  manquait  pas  pourtant  de  convenances  hygiéniques  et 
)ittoresques.  On  ne  sait,  la  Révolution  continuant  sur  les  mêmes 
errements,  si  ce  costume  aurait  lutté  avrc  avantnge  contre  le 
X)stume  sans-culotte;  le  9  thermidor  les  emporta  l'un  et  l'autre. 


470  SUJETS. 

Au  même  moment  le  muscadin  faisait  son  apparition  dans  le 
monde.  C'est  un  point  que  Thistoire  n'a  point  dëdaigoé  d'éclair- 
cir.  Barbaroux  dit,  dans  ses  Mémoires,  que  Tépithète  de  muscadin, 
appliquée  à  ceux  qui  avaient  du  linge  blanc  en  comparaison 
des  sans-culottes,  prit  faveur  aussitôt  après  l'arrivée  des  Mar- 
seillais ^  Selon  M.  Duchesne,   les  terroristes  de  Lyon  furent 
les  premiers  qui  donnèrent  le  nom  de  muscadins  aux  réqulsi- 
tionnaires  parvenus  à  se  dérober  aux  levées'»  Enfin  Mercier  de 
Saint-Léger  a  bien  voulu  disserter  sur  Tétymologie  du  mot,  qui 
est  pris  d'une  friandise  à  l'ambre  et  au  musc,  fort  anciennement 
connue  et  qu'on  mangeait  pour  se  parfumer  l'haleine'. 

Les  très-jeunes  gens  qui ,  les  premiers ,  réagirent  contre  la 
Terreur  sous  le  patronage  de  Fréron ,  faisaient,  dans  les  cafés, 
la  chasse  aux  Jacobins,  en  persiflant  les  gens  sans  poudre  et  les 
cheveux  noirs.  Il  n'y  a  pas  de  journal  de  modes  à  ce  moment 
pour  nous  donner  le  costume  de  la  jeunesse  dorée  de  Fréron, 
mais  elle  est  dépeinte,  dans  les  Mémoires,  assez  bien  pour  nous 
faire  juger  de  l'exactitude  des  caricatures  dont  elle  fut  l'objet. 
Ces  jeunes  gens  portaient  l'habit  carré  décolleté,  des  souliers 
très-découverts,  les  cheveux  pendants  sur  les  côtés ,  retroussés 
par  derrière  avec  un  peigne,  et  des  tresses  nommées  cadenettes; 
ils  étaient  armés  de  cannes  courtes  et  plombées.  C'est  ce  qu'on 
appelait  le  costume  à  la  victime. 

hdi  Décade  philosophique,  de  fructidor  an  II,  contient  une  lettre 
sur  les  costumes,  écrite  par  Âmaury  Duval,  sous  le  nom  de  Pofy- 
scope,  qui  vaut  la  meilleure  gravure  :  «  Voici  venir  U'abord  un 
de  ces  êtres  qu'on  appelait  jadis  des  fats  et  que  l'on  désigne  au* 
jourd'hui  sous  le  nom  de  muscadin;  il  marchait  en  sautillant... 
Savez-vous  pourquoi  ce  soi-disant  citoyen  se  balance  ainsi,  forme 
de  si  petits  pas?  C'est  qu'il  ne  pourrait  hâter  sa  mardie  sans  ri^ 

1.  Mémoires  de  Barharottx,  cités  par  Challamel,  1. 1,  p.  356. 

2.  Observations  sur  quelques  pièces  de  l^Histoire  de  France  par  estampes, 
manuscrit  du  Cabinet  des  estampes,  servant  d^éclairdssement  au  Recueil  de 
l'bistoirs  de  Fraoc«. 

3.  Magasin  ffKyçlopédique,  t.  J,  1795. 


COSTUME.  171 

quer  de  partager  en  deux  un  vêtement  qui  doit  rester  uni.  En 
effet,  les  culottes  me  paraissent  bien  serrées...  Quand  le  ci-devant 
saint-père  défendit  les  culottes  étroites  par  attention  pour  les 
chastes  zitelle  de  Rome,  avait-il  si  grand  tort?  Autant  vaudrait  aller 
nu. — Et  cette  poudre  qui  blanchit  ses  cheveux,  cette  petite  queue, 
roulant  sur  un  frac  d'une  forme  bizarre,  cette  cravate  en  nœud 
soufflé,  ce  gilet  qui  ne  descend  guère  plus  bas  que  Testomac, 
et  ces  souliers,  qui  ne  lui  cachent  que  les  doigts  du  pied  et  dans 
lesquels  pourtant  il  paraît  à  la  torture?...  Parurent  ensuite  cinq 
ou  six  prétendus  sans-culottes  en  pantalons  et  en  vestes.  Aimez- 
vous  mieux  ces  longues  culottes,  qui  n*ont  d'autre  avantage  que 
d'exiger  plus  de  drap?  —  Mais  en  revanche  on  use  moins  de  bas. 
—  Et  cette  veste  qui' descend  à  peine  sur  les  reins  !  Trouve»-vous 
ces  vêtements  si  courts  bien  gracieux  et  bien  pittoresques  ^  ?  » 

Ce  qui  frappa  le  plus  un  curieux  étranger,  qui  visita  Paris  le 
lendemain  du  9  thermidor  et  observa  attentivement  les  femmes, 
c'est  que,  par  mauvaise  humeur,  elles  négligent  leur  toilette, 
qu'elles  conduisent  elles-mêmes  leurs  voitures,  et  diminuent  ou 
cachent  si  bien  dans  les  rubans  de  leur  bonnet  la  cocarde  d'or- 
donnance,  que  les  sentinelles  des  Tuileries  sont  souvent  forcées 
de  les  interpeller  :  «  Citoyenne,  ta  cocarde!  »  Cette  mauvaise  hu- 
meur ne  dura  pas.  Les  recherches  et  les  manèges  de  la  toilette 
recommencèrent  bientôt. 

Le  censeur  Polyscope  prend  de  même  les  femmes  à  partie  : 
«  Depuis  quelque  temps,  elles  ont  la  ridicule  manie  de  cacher  leur 
véritable  chevelure  sôus  des  perruques,  peintes  de  toutes  les  cou- 
leurs*.  Une  longue  robe  qui,  de  ses  longs  plis,  couvre  tout  leur 

1 .  La  Décade  philosoplUque  et  littéraire^  par  une  société  de  républicains,  t.  H. 
La  lutte  des  modes  et  des  mœurs  révolutionnaires  et  réactionnaires  est  encore 
ingénieusement  décrite  dans  un  autre  article  de  Polyscope,  t  III,  p.  526. 

2.  Les  perruques,  simulant  les  longues  chevelures  naturelles,  furent  portées 
surtout  en  Tan  ni.  Elles  furent  attaquées,  dans  un  conte  de  la  Décade,  intitulé  : 
Perruques  des  muscadins;  au  théâtre,  dans  une  pièce  de  Picart  :  la  Perruque 
blonde,  Henrion  publiait,  la  m^me  année,  V Histoire  secrète  de  toutes  les  perru- 
ques blondes  de  Paris.  { La  Décade  pIMosophique  et  littéraire,  t.  III,  p.  147  et  362.) 


47» 


SUJETS. 


corps  et  n*est  attachée  que  par  une  seule  ceinture  au-<lessous  du 
sein...  — Ce  sont  sans  doute  des  nourrices,  voyez  comme  leurs 
seins  se  projettent!  —  Non,  ce  sont  de  très-jeunes  personnes  qui 
cherchent  des  maris  ;  toutes  ont  l'air  de  faire  ainsi  gonfler  les  plis 
de  leurs  robes...  Voilà  comme  on  abuse  des  modes  raisonnables. 
Bientôt  on  verra  le  sein  d*une  femme  avant  de  distinguer  son 
visage.  —  De  mon  temps^  disait  un  vieillard,  on  laissait  tout  cela 
à  découvert;  c'est  alors  qu'on  ne  pouvait  pas  tromper.  » 

Dans  une  autre  lettre,  Âmaury  Duval  proposa  son  costume,  la 
tunique,  le  caleçon  court,  genoux  et  jambes  nus,  cou  ^découvert  et 

• 

manteau,  pour  les  hommes;  pour  les  femmes,  tunique  tombant 
jusqu'aux  talons  :  «  Je  souhaiterais  que  vous  pussiez  la  relever  plus 
ou  moins,  selon  votre  goût,  soit  par  les  côtés,  soit  par  le  devant; 
elle  en  aura  plus  de  grâce...  Si  la  nature  vous  a  donné  une  jambe 
fine,  pourquoi  la  cachez-vous?  Créées  uniquement  pour  plaire, 
ne  négligez  aucun  de  vos  avantages.  Mais,  je  vous  conjure  au 
nom  du  bon  goiit,  abandonnez  pour  jamais  ces  bas,  ces  jarre- 
tières qui  divisent  si  désagréablement  d'aussi  belles  parties  de 
votre  corps...  Tout  ce  que  je  permettrais,  ce  serait  de  chausser  un 
court  brodequin  d'étoffe,  qui  couvrirait,  sans  le  déformer,  le  bas 
seulement  de  votre  jambe...  Liez  avec  des  rubans  une  semelle 
sous  vos  pieds  nus...  Votre  tunique  sera  très-ouverte  par  le  haut 
des  deux  côtés;  il  ne  faut  pas  qu'elle  vous  soit  incommode  lors- 
que vous  aurez  à  remplir  le  plus  sacré  des  devoirs  que  vous  im* 
pose  la  nature^  celui  d'allaiter  vos  enfants.  x>  C'est  un  chef  du 
bureau  des  sciences  et  arts  au  ministère  de  l'intérieur  qui  tenait 
ce  langage;  il  fut  le  programme  des  femmes  du  Directoire. 

Elles  ont  mérité  d'être  stigmatisées  de  la  morale,  ces  femmes 
qui,  le  lendemain  de  la  Terreur,  compromirent  leur  pitié  et  leur 
sentimentalisme  par  des  mœurs  trop  faciles;  l'esthétique  est  plus 
indulgente,  parce  qu'elles  ûrent  à  l'art,  dans  leur  costume,  la 
part  plus  belle  qu'à  aucune  autre  époque.  Avec  plus  d'intrépidité 
que  n'avaient  pu  le  faire  les  femmes  du  XVI®  siècle,  elles  se 
mirent  sons  la  protection  d'une  renaissance  grecque  et  romaine; 
mais  ce  n'était  encore  qu'une  feinte  pour  montrer  des  dons  tout 


.is 


la 


»ia 

t 
■s 


JU 


Je 

iO 


COSTUME.  413 

nouveaux,  la  délicatesse,  Tesprit  de  liberté  et  Texpression  de 
sensibilité  qui  n'étaient  qu'à  elles.  Qui  ne  s'y  serait  laissé  trom- 
per? Nous  sommes  peut-être  encore  trop  près  de  cette  époque, 
où  vécurent  nos  mères  et  nos  grand'mères,  pour  en  juger  saine- 
ment; mais,  si  on  songe  aux  deux  siècles  de  monarchie  et  de 
courtisans  qui  avaient  précédé,  pendant  lesquels  tant  de  sots 
mannequins,  tant  de  plumes  et  de  paniers,  tant  de  fard  et  de 
poudre,  avaient  posé  devant  les  artistes,  on  peut  comprendre,  je 
crois,  la  beauté  du  costume  du  Directoire.  Rien  ne  lui  a  manqué 
d'ailleurs  pour  devenir  historique,  car  du  Journal  des  Modes  il 
est  passé  dans  des  Salons,  décrits  par  beaucoup  de  Mémoires, 
et  dans  des  ateliers  que  la  gloire  a  consacrés. 

C'est  un  petit  littérateur  nommé  Sellèque,  qui,  en  société  avec 
une  dame  Clément ,  née  Hemery  (peut-être  de  la  famille  des 
graveurs  Hemery),  connue  depuis  par  des  publications  archéolo- 
giques à  Cambrai  et  à  Douai,  prit  l'initiative  d'un  Journal  des 
Dames  et  des  Modes  ^, 

La  Mésangère,  ancien  doctrinaire  et  professeur  de  philosophie 
et  de  belles-lettres,  en  prit  la  suite  dès  l'an  IX  et  l'a  maintenu 
jusqu'à  1831  à  la  même  hauteur  de  doctrines.  Sans  plaisanterie, 
il  faut  le  compter  en  effet,  sinon  parmi  nos  dessinateurs  de  cos* 
tumes^  au  moins  parmi  ceux  qui  ont  des  premiers  compris  les 
ressources  de  son  histoire.  Son  cabinet,  dispersé  à  sa  mort',  ren- 
fermait la  plus  curieuse  collection  qu'on  eût  encore  formée  de 
portraits  historiques,  en  miniature  et  en  émail,  à  Thuile  et  au 
crayon,  depuis  Diane  de  Poitiers  et  Gabrielle  d'£strées  jusqu'à  la 

1.  Journal  det  Dames  et  det  Modes,  Paris,  an  V,  1 1,  in-8«.  La  Mésangère  fit 
one  seconde  publication  des  planches  sous  ce  titre  :  Costumes  parisiens  de  la 
/In  du  XVIII*  et  du  commencement  du  XIX*  siècle,  ouvrage  commencé  le 
1*'  Juin  1797.  Le  premier  volume,  contenant  iOO  gravures,  prix  25  fr.,  à  Paris, 
au  bureau  du  Journal  des  Dames,  me  Montmartre. 

2.  Une  note  du  Catalogue  de  la  Bibliothèque  impériale  dit  quMl  fut  associé 
pour  les  gravures  au  Journal  des  Dames  dès  Torigine;  mais  le  Catalogue  de 
son  Cabinet,  précédé  d*une  notice,  ne  le  désigne  jamais  comme  dessinateur. 

3.  Catalogue  du  cabinet  de  feu  M.  de  La  Mésangère,  ancien  professeur  de 
belles-lettres  et  de  philosophie,  etc.,  Paris,  1831,  in-S«. 


4T4  SUJETS. 

princesse  Borghèse  et  M*«  Georges,  et  il  avait  fait  travailler  à  rf^^^ 
dessins  et  à  des  estampes  de  costumes  Vemet,  Bosîo,  Baqocy^^ 
Lantë  et  beaucoup  d'autres.  ifi 

Les  premières  gravures  de  ce  journal,  dans  les  numéros  ^^^^^ 
Tan  V  et  de  Tan  VI,  nous  donnent  les  plus  jolis  modales  qui  se 
promenaient  alors  au  petit  Goblentz  et  au  jardin  d'idalie  :  par* 
niques  grecques,  cheveux  à  la  Caracalla  et  chapeaux  Spencer; 
robes  de  linon,  décolletées  et  retroussées  jusqu'au  genou  ;  cein* 
ture  à  la  victime;  chemise  à  la  prêtresse;  manches,  maillots  et 
chausses  en  tricot  de  soie  ;  petits  fichus  roses  ;  souliers  attachés 
en  cothurne; balantines  et  ridicules, — presque  tous  ridicules  sans 
doute,  comme  il  arrive  à  toutes  les  poupées  de  coiffeurs  et  de 
couturières,  sauf  une  ou  deux  apparitions,  qui  retracent  Téléganœ 
et  la  simplicité  antiques  et  font  voir  le  parti  que  devaient  tirer  de 
ces  modes  les  femmes  bien  apprises. 

Les  figures  du  journal  de  La  Mésangère  se  distinguèrent  ton* 
jours  par  la  correction  du  dessin  et  le  soin  de  la  gravure;  elles 
maintinrent,  au  milieu  de  beaucoup  de  disparates,  un  certain  goût 
d*élégance  antique  jusque  vers  l'an  XII,  où,  sans  renoncer  à  au- 
cune des  extravagances  précédentes,  elles  perdirent  l'avantage, 
qu'avait  du  moins  conservé  le  costume,  de  ne  point  contrarier  les 
formes  du  corps  et  de  ne  point  gêner  ses  mouvements.  Voici  les 
dernières  modes  que  nous  y  prendrons  :  les  femmes  se  vêtissent 
un  peu  plus,  ou  du  moins  elles  en  ont  l'air  ;  leurs  robes,  qui  étaient 
décolletées  par  devant  au  point  de  laisser  voir  presque  toute  leur 
gorge,  le  sont  maintenant  par  derrière  de  manière  à  laisser  voir 
toutes  leurs  épaules  ;  leurs  bras  ne  sont  plus  nus. 

Le  Journal  des  Modes  reparut  en  messidor  an  V^  et  eut  bientôt 

1.  Tableau  général  du  goût,  des  modes  et  des  costumes  de  Paris  :  Costumes 
de  Van  VI,  in-S»,  chez  Gide  ;  Costumes  de  Van  VII,  t.  I«%  in-8«;  —  Costume 
français,  à  Paris,  chez  Ghéreau,  rue  JacqueSy  93  pi.  ia-f^,  eaox-fortnst  U  y  en 
a  de  signées  :  Deoy,  et  datées  :  Tivoly,  an  VII;  —  Modes  et  manières  du  jour 
à  Paris,  à  la  fin  du  XVIIP  et  au,  commencement  du  XIX*  siècle ,  collection 
de  52  gravures,  prix  18  fr.,  à  Paris,  au  bureau  du  Journal  des  Ikunes,  Gq  sont 
les  figures  de  Debucourt. 


COSTUME.  476 

plusieurs  rivaux.  Deny,  Debucourt,  Baquoy  en  étaient  les  prin- 
cipaux graveurs,  et  ce  n*est  pas  seulement  par  le  costume  qu'elles 
sont  curieuses  ;  en  nous  montrant  les  alternatives  des  perruqueis 
blondes  et  des  coiffures  à  la  Titus,  en  nous  donnant  les  premières 
apparitions  du  chàle  de  cachemire  et  du  cothurne,  des  chapeaux 
à  la  glaneuse  et  à  la  Liberté,  les  modèles  des  tuniques  à  la  Fiore, 
des  robes  à  la  Diane  et  des  redingotes  à  la  Galathée,  elles  forment 
le  tableau  le  plus  piquant  des  mœurs,  pris  à  Thôtel  de  Mercy, 
à  Frascati  et  au  parc  de  Monceaux. 

C*est  à  ce  moment,  vers  l'an  VII,  que  la  valse  allemande  fait 
apparition.  Les  journaux  de  modes  nous  la  font  voir  dansée  au 
bal  de  Mercy  par  une  femme,  coiffée  à  l'Âspasie,  avec  bandelettes 
nacarat,  et  habillée  d'une  simple  robe  de  mousseline,  d'un  spencer 
et  d'un  châle  nacarat,  et  par  un  jeune  homme,  en  habit  puce  et 
pantalon  de  nankin  collant  ;  ils  la  commentent  en  petits  vers  : 

Walse!  danse  délicieuse, 

La  plus  favorable  à  l'amour. 

Où  dans  une  étreinte  amoureuse 

Posais  embrasser  le  contour 

Le  doux  contour  d*un  sein  d^albàtre!  ^ 

Elle  fait  le  sujet  de  la  première  gravure  du  recueil  de  La  Mé- 
sangëre  :  «  Le  bon  genre  c'est  une  danse  allemande,  dit  le  texte, 
dont  nos  Françaises  raffolent  :  s'embrasser,  se  presser  et  s'entre- 
lacer! )) 

Les  femmes  se  mettaient  volontiers  en  homme,  toutes  les  fois 
que  l'occasion  s'y  prêtait  ou  que  la  fantaisie  les  poussait,  et  le 
Journal  des  Dames  leur  donne  un  costume  approprié  :  de  petites 
bottes  sans  revers,  l'habit  bleu,  le  pantalon  collant  de  Casimir 
jaune  et  un  petit  gilet  de  piqué  blanc. 

Ces  modes  et  ces  mœurs  eurent  pour  coryphées  des  femmes 
que  nous  connaissons  déjà  bien  par  leur  portrait  :  avant  toutes 
les  autres,  M"«  Tallien,  qui  parut  au  bal  de  l'Opéra  dans  le 

1.  Iji  Cotrespondance  des  Dames  ou  le  Journal  des  Modes  et  des  Spectacles 
de  Paris,  rédigé  par  J.-J.  Lacet,  1. 1,  Gide,  an  VU,  in  8*. 


II 


476  SUJETS. 

costume  que  nous  avons  vu  critiqué  par  Polyscope,  avec  des 

anneaux  d'or  aux  doigts  des  pieds;  M*"*  Récamier,  que  nous  ^^^ 

trouvons  parée  en  tunique  à  la  Vestale  ;  —  le  Journal  des  Dames 

constate  encore  en  Tan  XII  leur  domination  suprême  :  a  Les  deux 

femmes  les  plus  renommées  de  Paris  ne  paraissaient  plus  depuis  ^*^ 

quelque  temps  :  c'était  une  calamité  publique.  Que  deviendrait  le  ^^^ 

firmament  privé  de  ses  deux  plus  beaux  astres?  Enfin  l'une  d'elles  ^^ 

s'est  montrée  mercredi  11  à  l'Opéra.  Nous  avons  vu  la  plus  belle, 

nous  attendons  la  plus  jolie;  »  —  M"*  Bonaparte,  qui  figure,  dans 

plusieurs  journaux  de  modes,  à  cheval,  à  la  promenade,  ou  assise 

et  parée  des  camées  rapportés  d'Italie,  et  bien  d'autres,  que  ^'^ 

nomment  les  Mémoires  du  temps,  telles  que  la  citoyenne  Labou-  ^^^ 

chardie,.la  citoyenne  Lange,  sans  compter  celles  que  personne  ^oe 

n'ose  nommer.  Cette  troupe  légère  avait  une  singulière  idée  de  la  ^la 

liberté;  l'un  de  ses  poètes  lui  fait  dire  : 

liberté,  yoilà  ma  devise; 
Tous  les  costumes  sont  décents; 
Honni  soit  qui  s^en  scandalise! 
Pourquoi  porterions-nous  des  gants. 
Ces  dames  vont  bien  sans  chemise  i. 

Le  nu  fut  en  effet,  de  tous  les  costumes  de  ce  temps,  le  plus  ^'^ 

recherché,  le  plus  habillé,  en  prenant  le  mot  dans  le  sens  d*une  ^® 

couturière  célèbre  :  «  Ce  qui  habille  le  mieux  une  femme,  c'est 
le  nu  ;  »  la  robe  et  le  châle,  d'étoffes  souples  et  légères,  ne 
paraissaient  faits  que  pour  le  rehausser.  Le  nu  fut  plus  hardi  *'' 

encore  dans  les  ateliers  et  au  Salon  de  peinture,  où  il  parut  du  '^ 

moins  assaini  et  idéalisé  par  l'art. 

Jusqu'où  alla-t-il  dans  la  mode,  en  messidor  de  l'an  VII?  Le  ^ 

fait  mérite  d'être  éclairci.  M"«  la  baronne  de  V***  raconte  qu'elle  * 

a  rencontré  un  jour,  aux  Champs-Elysées,  une  femme  d'un  main- 
tien convenable  et  au  bras  d'un  homme  distingué.  Sa  robe  en 
tulie  n'avait  en  dessous  qu'une  mousseline  tellement  claire  qu'on 

1.  A.  Charlemagne,  le  Monde  incroyable. 


\ 


COSTUME.  477 

pouvait  distinguer  la  couleur  de  ses  jarretières,  et  elle  ajoute 
qu'elle,  se  promena  assez  longtemps  sans  que  le  public  y  fit 
beaucoup  d'attention  ^. 

Un  journaliste,  qui  rend  compte  de  l'ouverture  de  Tivoli ,  dit 
que  la  décence  fut  un  peu  négligée  ce  jour-là  :  «  Plusieurs  déités 
parurent  dans  des  costumes  si  légers,  si  transparents,  qu'elles 
privèrent  le  désir  du  seul  plaisir  qui  l'alimente,  du  plaisir  de 
deviner...  Une  jeune  personne,  qui  paraissait  s'être  fait  une 
étude  d'exclure  entièrement  la  décence  de  sa  toilette,  éprouva  le 
désagrément  d'être  critiquée,  blâmée  même  au  point  qu'elle  fut 
obligée  de  se  retirer  dans  l'Orangerie.  Les  applaudissements  suc- 
cédèrent aux  murmures,  lorsqu'elle  parut  avec  un  vêtement  moins 
léger  et  dont  la  décence  convenait,  beaucoup  mieux  que  la  nudité, 
aux  charmes  presque  naissants  qu'une  coquetterie  outrée  prodi- 
guait si  imprudemment  aux  regards  de  la  curiosité  *.  » 

Quant  au  costume  des  hommes  du  Directoire,  tout  ce  qu'on 
peut  dire  de  sérieux  et  en  liaison  avec  ce  que  nous  avons  vu  de 
ceux  de  la  Révolution,  c'est  qu'ils  s'allégèrent  beaucoup,  et  que, 
malgré  les  modes  réactionnaires  des  tresses  et  des  catogans,  ils 
se  dégagèrent,  en  accusant  les  formes  du  corps  par  le  pantalon 
collant  et  en  coupant  leurs  cheveux  à  la  Titus  et  à  la  Lantin, 
d'après  le  buste  de  Titus  et  la  statue  de  Mercure,  dit  le  Lantin, 
que  les  victoires  de  la  République  venaient  d'amener  au  Louvre. 
Les  artistes  essayèrent  encore  de  faire  réussir  un  costume  pris 
plus  scrupuleusement  de  l'antiquité.  Des  élèves  de  David,  dans  la 
fraction  qu'on  a  appelée  la  secte  des  Primitifs,  Perrié  etQuay, 
allèrent  en  ville  vêtus  en  Agamemnon  et  en  Paris;  mais  ce  ne 
furent  que  des  excentricités'.  Malgré  cette  simplification  réelle 
et  cette  imitation  antique,  la  passion  ou  plutôt  le  travers  despo- 
tique, qui  se  plait  à  affuMer  le  costume  de  tant  de  ridicules  et 


1.  Swmenin  du  Directoire  et  de  l'Empire,  par  M**  la  baronne  de  V***,^ 
Paria,  1848,  ia-8%  p.  15. 

2.  La  Correspondance  des  Dames,  par  Lucet,  t.  Il,  an  Vm,  in-8*. 

3.  Louis  Daioid,  son  école  et  son  temps,  p.  91. 


478  SUJETS. 


• 


d'incongruités,  ne  se  produisit  jamais  avec  tant  d'effronterie. 
Les  pièces  les  plus  saiRantes,  données  par  \e  Journal  des  Dames, 
sont  d'abord  les  faces  nattées,  la  culotte  à  l'anglaise  et  le  chapeau 
en  bateau,  et  puis  les  cheveux  courts,  le  pantalon  collant,  les 
cravates  hautes,  les  bottines,  les  tricornes,  les  habits  à  grand 
collet  et  les  redingotes.  Mais  tes  incroyables  et  les  merveilleuses, 
qui  semblent  à  beaucoup  de  gens  représenter  toute  xxne  épo- 
que, n'en  représentent  pas  même  réellement  le  costame;  ce 
ne  sont  que  des  caricatures,  et ,  si  la  veine  en  fut  riche,  ce 
n'est  pas  une  raison  pour  oublier  tout  ce  que  l'art  sut  produire 
de  sérieux. 

Le  Directoire  mît  beaucoup  (f  importance  à  ses  costumes  offi-  — 1- 

ciels,  et  une  loi  complémentaire  de  la  Gonstftutîon  de  fan  ill  M II 

régla  le  costume  des  Législateurs/des  Directeurs  et  des  autres 
fonctionnaires  publics,  qui  furent  dessinés  et  gravés  pour  être 
joints  au  corps  des  lois  et  être  répandus  ^  FI  n'eut  ancune  faveur  "Xir 
dans  le  public,  qui  ["appelait  un  vêtement  de  ilamine.  Vu  dans  ^^^ 
son  plus  riche  patron,  le  portrait  du  directeur  Barras,  gravé  par  "^-*^ 
Tardieu,  ce  costume  est  d'une  lourdeur  insigne,  presque  aussi  «^^^ 
stupide  que  celui  des  rois,  et,  dans  ses  divers  patrons,  incohérent  ^^^ 
et  bariolé.  Aussi  ne  tient-fl  aucune  place  dans  l'art;  seulement,  •-  ^» 

une  partie  de  sa  défiroque  passa  au  Consulat  et  à  l'Empire,  qui  ^^^ 

s*en  accommodèrent,  et  Tautre  au  théâtre,  qui  en  fit  longtemps  le         ^Ic 
costume  de  Robert,  chef  de  brigands. 

Pour  relever  ce  qu*îT  y  avait  de  pittoresque  dans  le  costume  de  ^^® 
ce  temps,  il  vaut  nrieux  se  souvenfr  des  peintures,  des  dessins  et  3^^t 
des  gravures  qu'il  inspira  àr  Isabey,  à  Boilly,  i  Debucoart,  à  ^  ^ 

i.  Costumés  des  membres  du  Directoire,  du  Représentant  du  peuple  en  fonc-  — ^' 

tion,  du  Ministre,  etc.,  dessinés  et  grarés  k  Teau-forte  par  Châtaignier,  in-4*  h.,  ^  -* 

20  pièces;  —  Costumes  des  Représentants  du  peuple  français  et  fonctionnaires  '^^ 

publics,  dessinés  et  coloriés  d'après  nature,  chez  Augrand,  in-f*  h.,  figures  -^ 

disposées  aotonr  de  la  salle  des  Anciens;  —  Conseil  des  Anciens,  ConseU 
des  Cinq-cents,  Costumes  des  Représentants,  Labrousse  def.  et  sculp.;  —  Cas- 
tûmes  de  membres  du  Directoire,  etc.,  par  François,  marcband,  d'après 
Simon  D...,  10  pièces  en  coulear  {Coll.  LaSmradè,  2*  partie,  u^  tSH.) 


COSTUME.  M 

Mallet,  et  à  d'autres  plus  obscurs,  dans  toutes  sortes  de  sujets 
familiers  ou  allégoriques.  Uo  jeune  statuaire,  élève  de  Devosge, 
en  fit  une  composition  ingénieuse  sous  ce  titre  :  Femmes  d'au- 
jourdkui.  Femmes  cCautrefois  ^,  qui  montre  la  différence  de  leurs 
costumes  et  de  leurs  mœurs.  Elles  forment  trois  groupes  en  ligne: 
le  Moyen-Age  avec  ses  vêtements  pesants  et  fermés;  les  XVU*  et 
XVIII®  Siècles  avec  leurs  corps  de  baleine,  leurs  paniers  et  leurs 
coiffures  ébouriffées;  le  Directoire  avec  ses  robes  à  plis  légers  et 
ses  coiffures  à  l'antique.  La  comparaison  est  toute  favorable  à 
ces  dernières.  Le  peintre  ne  les  a  pas  môme  trop  flattées,  en  leur 
donnant,  pour  patrons,  un  Amour  sentimental  et  Apollon,  à  la 
place  de  l'Amour  frivole,  discret  ou  chevaleresque,  et,  pour  jouets, 
un  crayon  et  une  harpe  à  la  place  d'un  éventail  \  jamais  les  arts 
ne  tinrent  autant  de  place  dans  l'éducation  des  femmes  : 

Agitant  les  cordes  dociles, 
Sur  la  harpe  tes  doifçts  agiles 
Voltigent,  guidés  par  l'Amour*; 

jamais  le  dessin  n'était  intervenu  d*une  manière  aussi  complète 
dans  le  costume  des  femmes.  Aussi  peut-on  affirmer  qu'il  ne  fut 
point  étranger  aux  sculptures  et  aux  tableaux,  où  la  mythologie 
et  l'allégorie  ne  furent  que  des  prétextes  à  des  préoccupations 
tout  actuelles.  Le  Cyparisse  de  Chaudet,  la  Pudeur  de  Gartelier 
et  Us  trois  Horaces  de Gois  ;  les  Sabines  de  David,  la  PsyM  de 
Gérard,  Y  Orphée  de  Guérin,  les  trois  Grâces  de  Regnault,  le  Bain 

1.  Femmes  d* aujourd'hui,  Femmes  d'autrefois.  Gaule  inv.  et  del.,  Philibert 
Bourtrois  sculp.  Premier  groupe,  les  femmes  d'aujourd'hui,  leur  costume  ot 
leur  occupation  :  Apollon  et  l'Amour  paraissent  y  présider;  les  autres  groupes, 
formés  des  femmes  d'autrefois,  et  toujours  l'Amour,  frivole,  discret  ou  cherale- 
resque.  Déposé  à  la  Bibliothèque  nationale,  en  messidor  an  X.  A  Paris,  chez 
DepeuiUe,  rue  des  Blathurins-Sorbonne,  in-f*  1.,  eau-forte. 

â.  Dans  une  autre  estampe  traitée  plus  petitement  et  en  charge,  à  la  ma- 
nière de  Naudet,  sous  ce  titre  :  Ils  ont  été,  Us  sont  et  Us  seront,  on  voit  une 
série  de  costumes  depuis  le  XIV'  siècle,  présentés  en  comparaison  arec  les 
costumes  de  92  et  de  1800,  et  escortés  par  la  Folie. 

3.  Chénier. 


480 


SUJETS.  —  COSTUME. 


de  Virginie  de  Landon,  la  Mort  dH Hyacinthe  de  Broc,  ne  durent 
leurs  succès,  aux  expositions  de  Tan  VI,  de  Tan  VIII  et  de  Tan  X, 
que  parce  qu'ils  représentaient  une  beauté  toute  nouvelle  sous 
un  costume  fort  actuel;  c*est  pour  la  même  raison  qu'ils  passèrent 
de  mode,  mais,  pour  Thistorien  qui  aime  toutes  les  mani- 
festations importantes  dans  leur  temps,  ils  ne  perdront  plus 
leur  valeur. 


6.  —  CARICATURES. 


ricature,  alerte  à  saisir  les  événements  extraordinaires 
3me  de  ses  satires,  n'avait  pas  manqué  de  sujets  dans 
&s  qui  précédèrent  89  ;  la  Révolution  d'Amérique,  le  Ma- 
î,  les  Aérostats.  Ces  pièces  avaient  même  été  traitées 
fois  par  des  artistes  connus  :  Watteau  de  Lille,  Helman 
Qt.  Dès  les  premiers  événements  de  la  Révolution,  elles 
it  en  nombre  formidable  et  ne  cessèrent  d'ameuter  le 
à  chaque  phase  du  drame  qui  se  déroulait,  devant  cha- 
premiers  rôles  qui  entraient  en  scène.  Mais  le  malheur 
catures  est  de  tomber  facilement  entre  les  mains  des 
1res  dessinateurs  et  de  ceux  qui,  dépensant  tout  leur 
ins  les  légendes  de  leurs  estampes,  n'en  gardent  plus 
figures.  Je  ne  veux  signaler  ici  que  celles  qui  se  recom- 
t  par  quelques  qualités  de  composition ,  de  dessin  ou  de 
tout  en  les  groupant  dans  Tordre  qui  leur  laisse  tout 
irêt  historique  et  toute  leur  moralité,  s'il  y  en  a. 

"emières  et  les  plus  nombreuses  s*attaquèrent  à  l'Aristo- 
firent  allusion  à  la  victoire  du  Tiers-État.  C'est  le  Convoi 
eur  des  Abus,  le  27  avril  et  le  k  mai  1789  *  ;  V Assemblée 
ocrâtes,  faite  à  l'occasion  de  l'assemblée  de  la  Noblesse 
irgé  dans  la  salle  des  Capucins,  en  mai  1790,  n'est  qu'une 
1  assez  pâle  d'une  eau -forte  très-spirituelle  de  Foul- 
'  Aristocrate  et  la  Démocrate,  douairière  et  harengère, 
nt  l'une  son  dépit,  et  l'autre  sa  joie,  du  décret  de  la  Décla- 

[  pièces  in-t*  1.,  au  lavis  bistre,  l'une  chez  Sergent^  Taiitm  sans  nom. 

31 


I 


482  SUJETS. 

ration  des  Droits  de  l'homme  du  20  août  *  ;  les  Trois  Ordres  s(m 
le  Niveau*,  et  beaucoup  d'autres  pièces  sur  les  trois  Ordres*. 
L'une  des  plus  violentes  :  un  Monstre  a  trois  têtes,  désignant  ks , 
trois  états  de  V aristocratie,  etc. ,  n'est  que  l'imitation  d'une  cari- 
cature célèbre  de  Després;  la  Marque  des  sots,  dédUeàlaMUsse 
savonnée,  est  la  satire  la  plus  sale  qu'ait  pu  imaginer  un  manant 
contre  le  blason. 

Quelques-unes  s'adressèrent  dès  ce  moment  à  l'Église  et  au 
Pape,  telles  que  le  Déménagement  du  Clergé  *,  —  Ecclésiasti(pie 
réfractaire, 

Au  milieu  de  l^éclat  le  plus  pur 
Tu  restes  dans  le  clair-obscur; 

petite  pièce  ronde  bien  gravée  ;  Ego  stuUus  propter  Chrium; 
Miracle  de  Boulogne-sur-Mer;  Fait  miraculeux  arrivé  à  Paru 
Van  du  Salut  1791 ,  pièce  qui  représente  une  religieuse  foaetlée, 
et  la  blessure,  dans  une  gloire,  recevant  la  palme  du  martyre*? 
Présentation  des  liaqaenées  au  Saint-Père;  Visite  de  Pie  YI  à  Mêh 
dames  à  Rome,  eau-f.  in-^  1. 

Deux  journaux  entre  autres,  les  Révolutions  de  France  et  dé 
Brabant,  et  les  Actes  dis  Apôtres,  publiaient  des  caricatures;  mais, 
bien  que  celles  de  ce  dernier  journal  soient  supérieures  aux  autres, 

1^  Deui  hustes  sur  la  même  feuille,  in-f»  l.«  à  Teau-forte.  La  «econde  prt^ 
à  une  équivoque  obscène. 

2.  In-4^  1.,  lavis  bistre,  chez  Crépy. 

3.  7*  savais  bieth  qu'  j'aurions  not'  tour,  în-4»,  eau-forte;  —  Je  fumt  «w^ 
tranquUlité,  ia-i*,  couleur;  —  IVEuf  à  la  coque,  în-i«,  couleur;—  E^cort 
eiU^  mieux  valu  plier  que  rompre,  iD-4*,  couleur.  —  Voyez  encore  d'anf** 
pièces  :  Histoire^Musée  de  la  République,  p.  30^  etc*,  et  Coll.  UUrroàê, 
p.  32. 

4.  In-C  1.,  eau-forte  en  couleur. 

5.  V.  Histoire  des  caricatures  de  la  révolte  des  Français,  par  Boyer  * 
Nîmes, 2  parties  in-S»,  p.  1 .  L*autcur  de  ce  recueil  s'est  attaché  à  reproduire  ^ 
pièces  les  plus  compromettantes  pour  la  Révolution,  et  les  divise  en  deux)*'* 
tics  :  l»  les  caricatures  faites  pour  favoriser  la  révolte  et  les  révoltés;  2"  ^ 
caricatures  contre  la  révolte  et  les  révoltés.  Ses  reproductions  sontassci  bien 
itxécutées  au  lavis  bistre,  in-8»  et  iii-4<*. 


k 


CARICATURES.  483 

eH68  sont  conçues  et  exécutées  dans  un  genre  où  Tart  n*a  rien  à 
revendiquer. 

L'Assemblée  nationale,  la  Garde  nationale  et  la  Mairie  de 
Paris,  dans  la  personne  de  leurs  membres,  héros  de  la  Révolu* 
tkm  f  soutiens  de  la  Royauté  ou  popularités  déchues,  furent  en 
butte  à  des  caricatures  venant  de  tous  les  partis.  Les  plus  exposé» 
sont  :  Lafayette,  Bailly,  Tabbé  Maury,  3rissot,  Mirabeau,  Bar^ 
nave,  Pétion,  Talleyrand,  Chabot,  Target,  le  ministre  Narbonne, 
la  baronne  Staël ,  le  duc  d'Orléans,  etc.  Ces  personnalités,  plus 
odieuses  que  spirituelles,  sont  assez  connues  ^  Je  ne  citerai  que 
le  Réfractaire  amoureux  :  a  C'est  sur  cet  autel  que  je  prête  le 
serment»  (Coll.  Hennin),  et  les  Deux  Diables  en  furewr,  le 
'iZ  avril  1790»  dirigée  contre  l'abbé  Maury  et  d'Epremesnil  * 5 
le  cynisme  du  sujet  est  soutenu  par  un  jet  assez  puissant  de 
dessin.  Beaucoup  de  ces  pièces  étaient  publiées  par  les  royalistes» 
et  ce  n'étaient  pas  les  moins  sanglantes  ni  les  moins  obscènes. 

Deux  auteurs,  qui  ont  beaucoup  considéré  les  caricatures  de  )â^ 
Révolution,  reprochent  à  la  caricature  française  de  n'être  qu'une 
^igramme,  sans  hardiesse  de  charge  ni  jet  puissant  et  bizarre  de 
dessin  ^.  Cependant,  les  conditions  de  la  satire  la  plus  acre  et  de 
la  bouffonnerie  la  plus  bizarre  se  trouvent  dans  les  pièces  diri« 
gées  contre  la  coalition  des  puissances  étrangères,  contre  les  Émi^ 
grés  et  l'armée  de  Condé,  contre  le  ministre  Narbonne  et  M"^  de 

L  y.  Histoirê-Muséê  de  la  RépMique^  t,  I,  p.  86,  87  et  83;  et  Collictùm 
Latetrade,  l'«  partie,  p.  61,  93  et  109;  2«  partie,  p,  7, 8  et  9. 

2.  In-f»  h.,  eau-forte  : 

Deax  diables  en  volant 

Firent  une  gageure 
A  qui  chlrait  le  plus  pesant 

Sur  rbumaine  nature. 
L'un  nous  chia  l'abbé  M...j; 

L'autre  en  devint  tout  pâle, 
Bt  nous  lâcha  d'B...j 

Et  toute  sa  cabale. 

3.  Histoire  de  la  société  française  pendant  la  Révol%Uion,  par  M  H.  deQon-r 
iourt,  Paris,  1854,  in-8%  p.  268. 


r 


484 


SUJETS. 


Staël,  qu'on  lui  donnait  pour  maîtresse  :  Clrand  retour  du  ministre 
Linotte,  la  baronne  Sta.  tenant  son  ministre  par  les  lisières,  \n-b?  K, 
lavis  bien  exécuté;  M"*  de  Staël  y  paraît  avec  un  corsage  évasé, 
couvert  d'un  ûchu,  et  une  perruque  poudrée  à  deux  marteaux,  à 
côté  d'une  émigrée  en  costume  d'homme.  11  est  vrai  que  le  dessin 
y  paraît  le  plus  souvent  subordonné  et  timide  à  côté  de  la 
légende;  l'esprit  en  est  plus  littéraire  que  pittoresque,  et  volon- 
tiers libertin  et  môme  sale,  ce  qui  n'étonne  pas  dans  le  pays  de 
Rabelais  et  de  Voltaire.  V Enjambée  impériale^  place  Catherine  en 
l'air,  un  pied  en  Russie,  l'autre  à  Constantinople,  et,  par-dessous, 
les  rois  et  le  pape,  le  nez  en  l'air,  lancent  chacun  leur  équivoque. 
Le  Bombardement  de  tous  les  trônes  de  l'Europe  et  la  chute  des 
tyrans  pour  le  bonheur  de  Vunivers^^  qui  ne  fut  faite  qu'après  le 
10  août,  ne  saurait  décemment  être  décrite;  l'Assemblée  natio- 
nale n'y  semble  pas  plus  respectée  que  les  rois,  contre  lesquels 
on  la  voit  braquée  dans  une  posture  cynique.  Le  Pied  de  nez, 
didiè  aux  Aristocrates^,  qui  a  plus  de  sagesse  qu'il  n'appartient, 
à  la  caricature,  représente  le  Génie  de  la  France  debout  sur  1 
globe,  couronné  par  la  Victoire  au  milieu  des  j)ersonnages  abattu 
de  la  Royauté,  de  la  Noblesse  et  du  Clergé.  On  peut  remarquai 
encore,  pour  leur  exécution  passable,  la  Coalition  des  rois  ou 
brigands  couronnés  contre  la  RépiAblique  française  *,  et  Ils  comp- 
taient sur  la  peau  de  l'ours  avant  de  l'avoir  jeté  par  terre*. 

Après  le  retour  de  Varennes  et  le  10  août,  le  Roi  et  la  Rein 
furent  le  sujet  des  insultes  les  plus  licencieuses  ;  on  connaît 
Famille  des  C,  ramenée  à  Vètable^;  l'Ègout  royal,  qui,  dans 
figures  comme  dans  sa  légende,  atteint  les  plus  extrêmes  limita 
du  cynisme;  les  Animaux  rares,  ou  la  translation  de  la  Ménage 

i.  In-P  1.,  eau-forte  coloriée. 

2.  In-f^  l.,  eau-forte  d^une  mauvaise  exécution. 

3.  In-4*  h.,  eau-forte  bien  traitée. 

4.  Lavis  et  couleur,  par  Marchand  et  Tavenard. 

5.  In-4^  1.  Voyez,  pour  les  pièces  sur  les  émigrés,  ttistoift-'Musét 
République,  p.  226,  et  Coll.  Laterrads,  p.  56. 

6.  Coll.  Laterrade,  p.  51. 


e 


Je 


Ms 


me 


CAUJCATUUES.  iSj 

an  TcmplCy  20  août  1792;  Ma  rie-An  toinelie  y  est  représentée  sous 
la  figure  d'une  louve*  ; 

La  Panthère  autrichienne,  ou  Marie-Antoinette,  la  Médicis  du 
XVIII^  siècle  *  ;  portrait  de  Marie-Antoinette  dans  une  lanterne  : 
«  Cette  affreuse  Messaline,  etc.  »  in-4®,  lavis,  chez  Villeneuve 
(Collection  Hennin); 

Enjambée  de  la  sainte  famille  des  Tuileries,  douze  figures 
gr.  în-f*>. 

On  appliqua  aussi  à  la  Reine  la  figure  d*une  grande  dame, 
vue  de  dos  et  n'ayant  pour  vêtement  que  sa  chaussure  à  talons 
et  une  coiffure  en  grosses  boucles  '. 

La  plupart  de  ces  pièces,  devenues  très-rares,  nous  seraient 
moins  connues  si  un  royaliste  n'avait  pris  le  soin  de  les  repro- 
duire *. 

Le  régime  de  la  Terreur,  qui  ne  fut  pour  personne  une  époque 
de  liberté,  laissa  peu  de  place  aux  caricatures  ;  je  n'en  connais 
qu'un  petit  nombre  qu'on  puisse  appliquer  aux  événements  des 
derniers  mois  de  93  et  des  premiers  mois  de  94  : 

La  Première  réquisition  des  deux  genres  :  «  Ma  parole  d'hon- 
neur, ce  sont  des  enragés.  —  Pas  possible,  vous  me  faites  trem- 
bler.—  Madame,  la  gloire  l'appelle^,  »Ce  dialogue  est  élabli  entre 
trois  personnages,  une  femme,  assise  sur  un  canapé,  un  mus- 
cadin.en  cadenettes,  blotti  derrière  un  paravent,  et  un  Fergent 
recruteur.  La  pièce,  assez  piquante,  où  l'on  voit  paraître  un  mus- 
cadin pour  la  première  fois,  fait  allusion  aux  mesures  prises  par 
la  Commune,  en  septembre  1793,  contre  les  jeunes  gens  qui 
essayaient  de  se  soustraire  ù  la  réquisition; 

i.  2«  partie,  p.  12. 

2.  fbid.,  p.  13,  avec  beaucoup  d'autres  pièces  do  même  genre. 

3.  Pièce  sans  titre  et  anonyme,  in-4°  h.,  eau-forte.  Il  y  en  eut  deux  va- 
riantes. 

4.  Histoire  des  caricatures  de  la  révolte  des  Français^  2  p.  in-S",  1792. 

5.  In-f^  h.,  chez  Hull,  eau -forte;  Cabinet  des  estampes.  Histoire  do 
France,  1793. 


486  SUJETS. 


La  Lanterne  magique.  Venez  y  voir  ta  religion  de  nos 
et  mères  pour  20  sols^.  Un  batteleur  montre  une  procession 
des  J)adaiids;  un  singe  débite  des  chapelets. 


k 


On  doit  à  peine  citer,  à  cause  du  dégoût  qu'elles  inspirent^ 
mauvaises  pièces  publiées  par  Villeneuve  et  par  Louvion  sur  1 
exécutions  révolutionnaires»  mais  il  faut  montrer  jusqu'où  la 
Caricature  osa  descendre. 

Villeneuve,  graveur  au   lavis  et  marchand  d'estampes»  nie^^^Kie 
Zacharie,  Tuo  des  plus  actifs  débitants  des  portraits  de  llarat 
publia  : 

Louis  le  traître^  lis  ta  sentence;  c'est  un  bras  écrivant  sur  u 
mur  une  légende»  semée  de  sentiments  patriotiques  et  de  faut 
d'orthographe,  et  historiée  d'une  guillotine; 

Matière  à  réflexion  pour  les  jongleurs  couronnés;  c'est  la  têt»u^éte 
dans  la  main  du  bourreau,  avec  une  légende  extraite  des  écrits  :M  Jts 
de  Robespierre; 

Réception  de  Louis  Capet  aux  enfers,  affreuse  composition  ave^^^ec 
légende,  et,  pour  écusson,  la  tête  coupée. 

J.-B.  Louvion,  mauvais  graveur  de  vignettes,  publia:  Appe^^oel 
au  Diable  pour  les  corps  sans  tête  sur  les  jugements  de  Dieu,  e^^  et 
Tableaux  d* histoire  naturelle  du  Diable,  chapelet  des  rèvoluti 
naires,  guirlande  de  têtes  coupées  autour  de  la  lunette  et  d 
couteau  de  la  guillotine  : 

Ce  mélange  est  affreux,  mais  il  est  nécessaire  t 
Mort  terrible  aux  tyrans,  périsse  ^arbitraire  K 

Il  est  bon  de  savoir  que  les  pièces  de  ce  genre  furent  proscrite  Jes 
par  les  autorités,  et  jusque  dans  le  sein  de  la  Commune,  où  Jau^Ei-^iIt 
fit  un  réquisitoire  contre  ces  représentations  dégoûtantes  dans  '  la 
séance  du  28  germinal  an  II. 


i.  H.  Strack  inv.  et  sculp.,  in-f»  1.,  eau-forte;  Cabinet  des  estampes, 
toire  de  France,  1793. 

2.  Toutes  ces  pièces  sont  au  Cabinet  des  estampes.  Histoire  de  France^  '  ~     '^ 
et  1794.  V.  aussi  la  Collection  Laterrade,  2®  partie. 


CAIUCATURES.  487 

J'ai  lu  quelque  part  qu'un  caricaturiste  de  la  Révolution, 
nomaié  Hercy,  avait  fait  une  gravure  de  Robespierre,  guillotinant 
le  bourreau,  qui  lui  coûta  la  vie.  On  trouve  en  effet  une  petite 
pièce  assez  finement  gravée  sous  ce  titre  :  Robespierre  gmlloti- 
nanî  le  bourreau,  après  avoir  fait  guillotiner  *  ;  il  est  assis  sur  utl 
tombeau,  dans  le  costume  officiel,  et  tire  la  corde.  Mais  ce  nom 
d'Hercy  n'est  porté  ni  dans  aucun  dictionnaire  d'artistes,  ni 
dans  aucune  liste  des  victimes  de  la  Révolution. 

Mais  c'est  au  9  thermidor  que  le  sycophante  de  la  Terreur  snMt 
à  son  tour  les  coups  de  la  caricature.  Ils  semblent  d'abord  partir 
ée  mains  aussi  ignobles  que  celles  qui  l'avaient  appuyé.  Les  pre- 
mières sont  des  bois  faits  à  la  hâte  : 

J'ai  joué  les  Français  et  la  Divinité; 

Je  meurs  sur  Téchafaud,  je  l'ai  bien  mérité; 

Cest  ainsi  qu*on  punit  les  îraHres;  quatre  têtes  dans  la  mairi  du 
]>ourreau  ;  deux  sont  marquées  des  lettres  R.  B.  P.  et  S.  J. 

Une  petite  pièce  peut  encore  être  citée,  plus  pour  son  sujet  que 
pour  son  mérite;  Samson  en  est  le  héros  : 

Gouvernement  de  Robespierre.  La  scène  se  passe  sur  la  place  de  la  Révolution  : 

Admirez  de  Samson  Tintelligence  extrême; 
Par  le  couteau  fïttal  il  a  tout  fait  périr. 
Dans  cet  affreux  état,  que  va-t-il  devenir? 
Il  se  guillotine  lui-même. 

Les  journaux  contre- révolutionnaires  eurent  aussi  leurs 
vignettes  caricaturales.  L'Accusateur  public  publia  le  Club  de 
^alon  et  l'Europe  expirante^  allégorie  contre  Necker. 

Des  pièces  plus  importantes  signalèrent  le  commencement  de 
^a  réaction.  J'ai  déjà  parlé  de  la  dernière  scène  d'un  Comité 
Révolutionnaire^  par  Fragonard  le  fils,  et  des  Formes  acerbes  de 
I^aiitte,  qui,  malgré  leur  intention  sérieuse^  ne  sont  cependant 

"t.  In-S®,  burin. 


loj  SUJKTS. 

qncî  (les  caricatures,  ta  voici  qui  reulrent  luùme  dans  les  o^ 
diiions  du  genre  : 

Le  Miroir  du  passé  pour  sauvegarder  Vavenir,    ou  Tablec^^^ 
parlant  du  Gouvernement  cadavero-faminocratique  sous  la  tigr^^^^ 
cratie  de  Robespierre  et  compagnie,  avec  une  légende  :  a  Ver^*^  *^ 
modérés  sur  les  furieux,  etc.*  »;  après  tant  d'efforts  pour  nm^  *^^ 
titre,  il  ne  reste  plus  beaucoup  de  ressources  au  dessin;  la  pièc*^::^^ 
n*est  pas  cependant  sans  intérêt  avec  ses  nombreuses  ûgures^^^^ 
finement  gravées,  dont  plusieurs  sont  des  portraits; 

L* horrible  conspiration  de  Robespierre  dévoilée^; 

Aristide  et  Brise -scellé  revenant  de   travailler  la  mardum-^r^-^xir 
dise  '  ; 

Un  Sans-Culotte,  instrument  de  tous  les  crimes  ^. 

Avec  le  Directoire  vinrent  les  plus  beaux  jours  de  la  Caricature^^'-Tre. 
Gouvernement  faible,  mœurs  libres  et  sujets  riches,  rien  n*  "*"  Mn'y 
manqua;  aussi  les  dessinateurs  et  les  graveurs  s'y  appliquèreiEr^K^sDt 
assez  vaillamment  pour  former  une  école  originale.  Jusque-IM' — là 
toutes  les  manières  paraissaient  bonnes  aux  caricatures,  le  pel^V -tit 
burin  des  vignettes,  la  pointe  rapide  ou  le  lavis  superficiel.  Lc^^^es 
plus  habiles  étaient  celles  qui  imitaient  les  façons  des  Anglai^s:  ^s, 
passés  maîtres  dans  le  genre  des  charges  politiques.  On  vitalo^  ^rs 
ce  genre  de  pièces  s'assujettir  au  dessin  rigide  de  l'école  de  DaviS:  ^id 
et  au  pointillé  propre,  demandé  par  les  marchands,  et  cependant  ^nt 
garder  la  verve  dont  la  Caricature  ne  saurait  se  passer.  Elles  char  ^er- 
geaient  principalement  le  costume  et  les  mœurs.  Les  Muscadins  ^cns, 
dont  nous  avons  déjà  décrit  le  costume,  affublés  maintenant  cK^^û 
nom  d'Incroyables,  pris  d'une  de  leurs  expressions  familières:  ifc^Wfl 
paole  d'honjieu,  c'est  incoyable,  et  fort  raillés  par  les  journalist^^^es 
pour  l'affectation  de  leur  accent  et  de  leurs  modes,  fournirent  I»  M' les 

1.  Gr.  in-f",  burin. 

2.  Poisson  inv.  et  sculp. 

3.  In-f*  I.  Se  trouve  chez  le  marchand  de  curiosités,  rue  Coquillère. 

4.  In-V,  eau- forte,  par  Baltard.  Cette  pièce  eut  plusieurs  imitations.  V.  d'i 
très  pièces,  CoU,  LcUerrade,  2«  partie. 


CARICATUUËS.  480 

sujets  les  plus  heureux ^  C'est  Carie  Vernet  qui  les  inaugura,  au 
Salon  de  l'an  V,  par  ses  dessins  des  Incroyables  et  des  Merveil- 
leuses*; Tresca,  Levilly,  Darcis,  Bosîo,  Naudet  le  suivirent.  La 
Folie  du  jour,  où  Tresca  représenta  un  pas  de  deux  devant  un 
ménétrier,  peut  être  comparée  à  ce  que  nos  graveurs  de  modes 
ont  jamais  produit  de  plus  comique.  Harriet,  le  peintre  lauréat 
de  Tan  III,  fit  le  Thé  parisien,  composition  de  plus  de  dix-huit 
figures,  gravée  par  H.  Godefroy '.  D'autres  artistes,  moins  connus 
ou  peu  désireux  de  se  nommer,  attirèrent  la  vogue  par  Tactualité 
de  leurs  sujets  :  le  Contraste  et  l'Observatrice  au  boulevard  de 
Coblentz^,  la  Science  du  jour,  M^^^  Manon  et  le  Perruquier  devenu 
fournisseur  *,  l'Arrivée  des  remplaçants  et  le  Départ  des  remplacés^, 
image  du  premier  renouvellement  par  tiers  des  deux  Conseils,  qui 
eut  lieu  en  floréal  an  V. 

Le  plus  littéraire  de  tous  les  éditeurs  d'estampes  de  mœurs 
fut  La  Mesangère,  qui  à  son  Jowmal  des  Dames  ajouta  une  suite 
de  pièces  sous  le  titre  le  Bon  genre,  qu'il  poursuivit  jusque  sous 
l'Empire  et  qu'il  commentait  encore  en  1817.  Les  premières 
pièces  de  ce  recueil,  qui  seules  nous  intéressent,  donnent  des 
scènes  très-vives  et  très-locales,  dessinées  et  gravées  avec  ampli- 
fication des  principes  davidiens  : 

La  Valse; 

Les  Glaces:  a  Cette  gravure  me  confirme  dans  Tidée  que  les 

1.  Caricatures  parisiennes,  chez  Martinet  {Coll.  Hennin,  1795);  —  A^»/, 
Garde  à  iX)us,  ou  le  Sérail  en  boutique,  11  fig.  très-jolies. 

2.  La  première  apparition  des  Incroyables  eut  lieu  en  nivôife  an  V.  La  Dé- 
C€ule  l'annonce  en  ces  termes  :  «  Vernet  fils,  peintre  jeune  et  déjà  célèbre,  qui, 
dans  un  genre  différent,  promet  d'atteindre  à  la  réputation  de  son  père,  a  fait 
paraître  dernièrement  une  caricature,  ou  plutôt  un  portrait  exact  de  nos 
incroyables  du  jour,  qui  jouit  de  beaucoup  de  vogue  ;  chacun  se  procure  cette 
gravure.  L'auteur  en  annonce  le  pendant,  qui  sera  le  portrait  de  nos  Merveil- 
ieuses^  qui  ne  lui  fournira  pas  moins  de  quoi  s'égayer.»  {Décade,  an  V,  n^  12.) 

3.  In-fo  ].,  chez  Martinet,  libraire,  rue  du  Coq-Saint- Honoré. 

4.  2  pièces  in-f  i.,  dessinées  par  Leclerc,  gravées  par  Auvray. 

5.  Se  vend  à  Paris,  chez  Toulouse. 

6.  Deux  pièces  in-r  1. 


1 


400  SUJETS. 

Parisiennes  sont  de  toutes  les  femmes  celles  qui  ont  le  plus  d 
gràces«  même  dans  les  fonctions  qui  en  admettent  le  moins 
comme  de  manger  goulûment,  de  regarder  hardiment,  etc.  ;  » 

La  Trenis:  «  Cette  danse  porte  le  nom  de  celui  qui  en  est  Tin- 
venteur.  Point  de  bal  de  bon  genre  où  Ton  ne  danse  trois  ou  .blvu 
quatre  fois  la  Trenis,  et  Ton  parlera  bientôt  de  la  gavotte  de  ^^ie 
Vestris  comme  on  parlait  jadis  du  menuet  d'Exaudet.  » 

Martinet,  marchand  d'estampes  rue  du  Coq,  dont  la  boutique^ 
que  nous  avons  tous  vue,  donna  lieu  à  une  jolie  pièce  de  Bosio  ^:^mo 
déjà  décrite,  et  qui  était  sans  doute  de  la  famille  du  Martinet,  ,«.  «Jt, 
ingénieur,  dessinateur  et  graveur  du  Cabinet  du  Hoi,  publia 
aussi  dès  cette  époque  deux  recueils  dont  on  rencontre 
quelques  pièces  :  le  Suprême  bon  ton,  où  il  y  a  des  scèn&s  d'm]H:K.Ki]] 
excellent  dessin,  telles  que  les  Nageurs,  et  Garde  à  vous,  dont  j^^Ê  j® 
citerai  une  pièce  intéressante,  Jf''*  Chameroy  reçue  par  saink  m^-^'m 
Thomas,  l'an  XI.  C'était  une  jolie  danseuse,  qui  mourut  oettai^^ute 
année-là,  à  vingt-trois  ans,  peu  munie  des  sacrements  de  rÉglise^^^^œ, 
que  le  clergé  de  Saint-Roch  avait  refusée,  et  qu'accueillit  l»f    le 
clergé  plus  tolérant  de  Saint-Thomas-d'Âquin.  On  n'en  ût  par.^S'cas 
une  émeute  comme  plus  tard  pour  M^'®  Raucour;  on  se  contëntsjM  ^ta 
d'en  plaisanter,  en  gravure  et  en  poésie  *  : 

En  attendant  que  l*on  vous  canonisç, 
Vestris,  MiUer,  Delille  et  Chameroy, 
Vous  voilà  donc  en  paix  avec  TÉglise, 
En  paradis  chacun  de  vous  ira; 
Mais  que  ce  soit  le  plus  tard  qu*il  pourra! 

Des  gravures  plus  rapides  traitèrent  aussi  les  sujets  de  m 
et  les  physionomies  de  caractère  dans  le  Pavillon  de  la  paix 
le  Jardin  du  Tribunal,  le  Cabinet  littéraire  des  artistes  réunis. 
Physionomies  du  jour,  la  Vaccine;  mais  il  faut  convenir  qu 
leurs  figures  ne  sont  guère  que  des  mannequins  et  des  masqu 

1.  Querelle  de  saint  Roch  et  de  saint  Thomas  sur  Vouverture  du  «mmoc» 
céleste  à  M^*  Chameroy  :  Sœpe,  premente  Deo,  fert  Deus  altêr  op&ra^^ 
de  rimprimerie  de  Pierre,  rue  du  Paradis,  n»  3,  in-8*,  8  pages. 


ue 


CARICATURFS.  491 

<|ui  ne  s'arrangent  point  en  action  et  ne  forment  pas  de  véritables 
scènes  de  mœurs. 

Au  nombre  des  frivolités  qui  gagnèrent  alors  les  mœurs,  on  doit 
compter  les  mystifications.  Les  journaux  de  Tan  X  furent  com- 
plices de  celle  qu'un  officier  d'état-major  monta  au  détriment 
d'un  pauvre  coutelier,  qui  avait  fait  de  ses  rasoirs  une  annonce  un 
peu  emphatique.  Un  souvenir  en  est  resté  dans  une-eau-fortev 
pleine  d'humeur,  qui  représente  un  coin  de  galerie  de  théâtre  : 
Couronnement  de  l'illustre  coutelier  PrésUle  au  théâtre  de  la  Gaieté, 
ie  19  prairial  an  X,  que  plus  d'un  malin  iconophile  prendra 
peut-être  pour  une  des  fêtes  du  Consulat. 

Les  caricatures  politiques  ne  manquent  pas  à  cette  époque^ 
mais  leurs  auteurs,  qui  apportaient  plus  d'intention  scénique, 
restent  en  général  inférieurs  pour  l'exécution  : 

Constitution  de  Van  III  :  n  En  me  violant  trois  fois,  ils  m'ont 
causé  la  mort*;  » 

Époque  du  '6Q  floréal  l'an  V  :  «  Puisque  le  sort  l'a  décidé,  il 
faut  enfin  m'en  aller  *  ;  » 

Les  plaies  de  la  République  ^  ;  > 

Le  Club  de  salon  *  ; 

Rendez-nous  nos  cloches,  pièce  dirigée  contre  le  Club  de 
Clichy  •. 

Le  personnage  politique  le  plus  cruellement  tympanisé  fut 
Barras;  on  lui  donna  pour  armoiries  une  guillotine;  on  le 
représenta  Entre  deux  chaises  le  cul  par  terre*.  La  Réveillere- 

1.  In-4»  !.,  pointiUé. 

2.  A  Paris,  chez  DepeuiUe,  in-1*,  eau-forte. 

3.  Dix  petites  pièces  dans  le  goût  de  Duplessis-Bertaux,  ayec  des  légendes 
ftentimentales,  comme  ceUe-ci  à  la  dixième  : 

Jeunes  vierges,  pleurez,  vous  n'aurez  plus  d'époux; 
L'impitoyable  Mars  les  a  percés  de  coups. 

4.  lD-16  h 

5.  In-4*. 

6.  In-f**  h.,  eau-forte  en  noir  et  en  couleur  t  «  On  va  au  mal  par  une  ponte 
insensible;  on  ne  remonte  au  bien  que  par  on  effort.  »  McTTESQUieo^ 


492  SUJETS. 

Lepeaiix  eut  los  honneurs  de  meilleures  pièces,  Mahomet  thè 
philanthrope  '  ;  il  faut  mettre  hors  ligne  celle  qui  le  prit  poui 
sujet  sous  ce  titre  :  le  Pape  des  Thcophilanthropes,  où  Ton  ne  peu 
méconnaître  le  dessin  de  Prudhon  et  la  gravure  de  Copia  * 
Camus,  le  financier  le  plus  habile  de  la  Révolution  après  Cambon 
ne  fut  point  épargné*;  les  généraux  Picfiegru,  Jourdan  eurenr  «TMit 
leur  lardon.  Buonaparte  lui-même,  au  milieu  de  la  popularit^^.S'.té 
qui  le  salua,  fut  percé  à  jour  dans  une  caricature  :  le  Consulat.  ^^  -if. 
citoyens,  il  y  a  des  gens  qui  prétendent  que  je  vous  jette  de  U^^^  la 
poudre  aux  i/eua?*,  et  plus  tard,  en  Tan  XII  :  C^est  ainsi  que  ;V^  ^  je 
m'cleve,  ou  Bonaparte  aurdessus  de  ses  affaires;  il  est  pendu  klvJu, 
tenant  d'une  main  des  papiers,  de  l'autre  Pichegru.  {CoUKMmU. 
Hennin.) 

Une  série  de  pièces  bouffonnes  s'attaquèrent  au  Pape,  lorsqu»  mLm  jue 
ses  États  furent  occupés  par  l'armée  d'Italie  :  Pie  YI,  effrayé  à  U^  la 
vue  de  l'armée  française,  fait  Pie  VIP,  représenté  en  calembooK  M^mar; 
Arrihre-garde  du  Pape,  Avant-garde  du  Pape  et  Ètat^major  a'^L^  du 
Pape;  Balle  d* excommunication  du  Pape  et  Portrait  dapr^ — ^*rts 
nature  de  la  princesse  Porcia,  sa  sœur^;  le  Traité  de  paix  av^-Kzwvec 
Rome"'  ;  la  Paix  papale;  Enfin  les  Renards  ont  laissé  Uum-^uMurs 
queues  •  ;  Venez  voir  la  religion  de  nos  pères  et  mbres  pour  20  soC^  ^3)ls, 
Lanterne  nuigique,  in-f°l. 

On  peut  bien  ranger  à  côté  de  ces  bouffonneries  un  placam:  -«sard 
qui  nous  rappelle  un  acte  très-révolutionnaire  de  l'homme  q  :it=*9"* 


1.  In-18.  Le  Directeur,  en  figure  de  PolichineUe,  élevé  sur  une  roue,  eùW'.m^Mmtn 
un  tas  (le  250  bûches  et  une  liasse  de  500  fagots,  tient  suspendus  dons  n^c^  une 
balance  le  bonnet  et  la  couronne. 

2.  In-4°.  Voyez  la  description  de  la  pièce  à  l'article  de  Prudhon. 

3.  L'Impayable  rentier  de  VÉtat  :  Que  ne  suis-je  Camus!  B.  inv.,  G.       — .  D. 
pinxit,  in-S**,  eau-forte  dans  le  goût  de  Duplessis-Bertaux. 

4.  Histoire-Musée  de  la  République^  t.  II,  p.  400. 

5.  In-fo,  pointillé,  Vionet  sculp. 

6.  In-f**,  ovale,  en  bois.  «  Se  distribue  chez  la  citoyenne  Prévoat.  Les  coijr^^EJ^^'*' 
leurs  pourront  se  procurer  cette  feuille  par  rame  ou  par  main.  » 

7.  In-4*,  pointillé;  —  in-8% eau-forte. 

8.  Voyez  d'autres  pièces.  Coll.  Laterrade,  2*  partie,  p.  34. 


câricatouës.  493 

devait  bientôt  relever  toutes  les  idoles  :  «  Notre-Dame  de  Lorette, 
envoyée  par  le  général  en  chef  Buonaparte.  Procès-verbal  du 
26  pluviôse  an  V  :  cette  image  de  la  Vierge,  haute  de  k  pieds,  est 
de  bois  de  cèdre,  sculptée,  à  ce  que  l'on  dit,  par  saint  Luc  ;  vieille 
robe,  de  camelot  de  laine  moirée,  que  Ton  dit  avoir  servi  à  la 
Vierge;  trois  écuelles  ébréchées,  de  mauvaise  faïence,  qui,  dit-on, 
ont  fait  partie  de  son  ménage,  etc.»  Ces  images  et  la  vue  intérieure 
de  la  Santa  Casa,  avec  légende  explicative,  sont  gravées  à  Teau^ 
forte  et  coloriées.  Elle  fut  exposée  à  la  Bibliothèque  nationale 
jusqu'en  1815,  et  servait  de  plastron  aux  plaisanteries  des  artistes 
comme  type  de  Tart  religieux  et  catholique.  Gérard,  voulant 
exprimer  l'effet  qu'avait  produit  sur  lui  le  portrait  de  l'Empereur 
par  Ingres,  s'était  écrié  :  «  Après  la  figure  de  Notre-Dame  de 
Lorette,  c'est  tout  ce  que  j'ai  vu  de  plus  beau  ^  » 

» 

La  littérature  et  la  critique,  qui  faisaient  alors  une  si  grande 
place  à  la  satire  et  à  l'épigramme,  aux  récriminations,  devaient 
fournir  leurs  victimes  à  la  Caricature.  Ce  furent  les  pièces  ou  les 
artistes  mirent  leurs  traits  les  plus  piquants. 

La  Harpe  fut  représenté  sous  la  figure  d'une  bête  monstrueuse 
affublée  d'attributs,  la  patte  sur  une  harpe,  adorée  par  des  moines 
et  des  dévots  : 

n  prit,  quitta,  reprit  le  cilice  et  la  haire*t 

Delille  fut  montré  dans  son  costume  d'abbé ,  avec  un  parasol 
et  une  lorgnette,  tournant  le  dos  à  la  Nature  pour  regarder  un 
château  fantastique,  habité  de  farfadets  qui  lui  présentent  des 
hochets  : 

filijestueux  Été,  pardonne  à  mon  silence, 
Tadmire  ton  éclat,  mais  crains  ta  violence  '  ; 

Afnaury  DiJLvalt  assis  et  écrivant  un  cahier  de  la  Décade,  regar- 

1.  Lettres  d^un  artiste  sur  l'état  des  arts  en  France,  par  Bergeret,  Paris, 
f  B48,  in-80,  p.  75. 

S«  In-f*,  eau-forte  coloriée. 
3.  In-8%  eau-forte  coloriée. 


m  SUJETS. 

claii  la  statue  d'Apollon  à  travers  une  lunette  qui  lut  était  tei 
par  rignorance;  on  lit  au  bas,  r Organisateur,  et  : 

La  Satire,  en  leçons,  en  nouveautés  fertile. 
Sait  seule  assaisonner  le  plaisant  et  Tutile  ^; 

Mercier,  qui  tenait  les  beaux-arts  en  grand  mépris  et  qui  traita*  tai 
de  prétention  absurde  Tassimilation  qui  fut  faite  des  peintres  au  ^c^K 
géomètres  et  aux  poètes  dans  une  pétition,  adressée  au  Conseil  de?^^»'^^^ 
Cinq-Cents  par  les  artistes  pour  être  affranchis  de  la  patente^^».&t 
fut  le  sujet  de  nombreuses  charges,  qui  le  montrèrent  sous  U  M    la 
forme  d'un  âne,  d'un  roquet,  de  Midas  et  d'Érostrate  *  ; 

L'abbè  Geoffroy,  dans  une  pièce  représentant  des  chênes  et  de^^-Mes 
sapins.  Racine,  Voltaire,  Parny,  etc.,  au  tronc  desquels  s'achaiXL^^ar^ 
nent  des  serpents,  dont  l'un  a  une  tête  d'abbé  : 

C'est  ainsi  que  la  terre  avec  plaisir  rassemble,  etc. 

in-f°  h.  couleur;  Coll.  Hennin,  an  Xll. 

On  pourrait  citer  encore,  parmi  les  personnes  qui  essuyèreoK -^snt 
les  attaques  de  la  Caricature  :  l'abbè  Poncelin,  rédacteur  de  k  la 
Gazette  française;  Garât,  le  chanteur;  Lalande,  l'astronome,  »  .  et 
bien  d'autres  sans  doute.  Les  meilleurs  dessinateurs  ne  déda^^  Joi- 
gnaient pas  de  se  servir  de  leur  crayon,  comme Chénier,  LebruK-^^un 
et  Desorgues  de  leur  plume.  Tout  le  monde  sait,  dit  un  critiqua  muie, 
que  les  crayons  de  messieurs  Isabey,  Fragonard,  Henry,  Hilaim:  M'  ire 
Ledru,  sont  aussi  pointus  que  des  aiguilles  anglaises.  Girod»^  .Ksiet 
osa  porter  la  caricature  jusqu'au  Salon;  le  trait  mérite  d'êtt  ^•'strB 
raconté  ici ,  car  jamais  peut-être  la  caricature  n'avait  été  appeléi^^  ^ 
entre  les  mains  d'un  peintre  de  renom,  à  traduire  des  mœu. 
privées  avec  tant  d'effronterie. 


1.  In-f  1.,  eau-forte.  L'exemplaire  du  Cabinet  des  estampes  est  accomp^v-^^P*' 
gné  de  la  lettre  d'envoi  au  Dépôt  national ,  qui  en  donne  l'interprétation  en  t^u.^^  lar- 
mes assez  curieux. 

2.  Les  arts  patentés  par  le  décret  du  9  fructidor  an  F,  in-f*  1.;  —  Érostt 
moderne  écrivant  sur  les  arts,  in-8o; 

En  vain  contre  les  artA  ce  vieux  roquet  s'escrino,  etc. 


CARICATURES.  495 

Girodet  avait  envoyé  à  Texposition  de  Tan  VII  le  Portraii  de  la 
'itoyenne  Michel  Simons ,  née  Lange  (n**  li8).  Élise  Lange  était 
me  des  beautés  du  Directoire,  célèbre  au  théâtre  par  le  rôle  de 
^améla,  qu'elle  avait  joué  en  1793,  innocente  pièce  à  Tanglaise, 
le  François  de  Neufchâteau ,  qui  fit  accuser  de  modération  Tau- 
«ur,  les  acteurs  et  les  actrices,  et  à  la  ville  par  sa  liaison  avec 
d"^  Contât  dont  elle  était  Télève;  elle  avait  alQrs  pour  amant  ou 
»)ur  mari  (il  n'y  avait  pas  beaucoup  de  différence  alors  entre 
les  deux  emplois)  le  citoyen  Michel  Simons  fils,  Tun  des  enrichis 
iu  jour.  Il  y  eut  démêlé  entre  le  modèle  et  le  peintre,  si  bien 
ju'au  bout  de  quelques  jours  celui-ci  remporta  son  portrait  et  le 
remplaça  par  une  Danaè,  C'était  encore  M"®  Lange,  à  côté  d'un 
lindon  et  d'autres  accessoires,  relevés  d'inscriptions  embléma- 
tiques *, 

La  mystiGcation,  qui  amusa  beaucoup  le  public,  ne  resta  pas 
laos  réplique;  un  graveur  y  saisit  l'occasion  d'une  eau-forte: 
Hrodel  apportant  au  Salon  le  tableau  de  i/^^«  Lange^;  elle  se  con^ 
»ose  d'une  vingtaine  de  figures,  avec  une  vue  de  quelques 
ableaux  du  Salon  dans  le  fond,  et,  par  cette  circonstance,  comme 
lar  l'anecdote  dont  elle  garde  le  souvenir,  forme  l'une  des  pages 
3S  plus  piquantes  d'un  recueil  de  charges  d'autant  plus  curieu- 
es  que  les  artistes  y  sont  à  la  fois  les  auteurs  et  les  acteurs.  Ce 
le  fut  pas  la  seule«  11  parut  une  autre  caricature  sous  le  titre  : 
s  Peintre  vengé  et  le  dindon  humilié  ^,  où  le  signalement  des 
^rsoonages  et  les  circonstances  de  l'aventure  étaient  éclaircis 

f .  M.  Delécluze  a  ruconté  le  trait  et  décrit  le  tableau  (Louis  David,  son 
ceife  et  son  temps,  p.  261),  mais  il  a  été  mal  informé  en  l'attribuant  à  M"*  Si- 
Qoaa  Gandeille.  M"^  Julie  Candeille,  célèbre  en  92  par  le  rôle  de  la  Belle  fev- 
aière,  était,  en  Tan  VII,  la  femme  de  M.  Jean  Simons,  de  Bruxelles,  fabricant 
le  voitures  et  père  de  M.  Michel  Simons,  le  tenant  de  M'^*  Élise  Lange.  C'est 
elle-ci  qui  est  nommée  dans  le  livret  de  Tan  VU  et  dans  tous  les  journaux 
Lu  temps.  De  Guérie  composa  sur  en  sujet  un  conte  satirique  :  Stro^onice  et  son 
teintre  ou  les  deux  portraits,  Paris,  brumaire  an  VIII,  in-8*. 

2.  In-4*  carré.  La  pièce  est  au  Cabinet  des  estampes,  avec  une  note  explica- 
.ive  qui  rattril)uc  à  Naudet. 

3.  In-4o  1.,  chez  M.  Hennin. 


J 


490  SUJKTS.  -^  CARICATIIRKS. 

au  complet  par  des  initiales  et  par  une  longue  légende  en 
dialogue. 

Un  grand  nombre  des  estampes  auxquelles  nous  avons  touché 
dans  ces  deux  derniers  chapitres,  ont  une  autre  portée  que  des 
modes  et  des  caricatures.  Par  le  champ  d'observation,  par  la  géné- 
ralité du  sujet ,  comme  par  le  soin  de  Texécution ,  ce  sont  des 
pièces  de  mœurs  et  de  costumes  sous  une  forme  comique,  où  la 
vivacité  de  Tesprit  et  la  plaisanterie  de  la  forme  n'enlèvent  rie 
à  la  clarté  du  sens.  Quelle  histoire  et  quels  Mémoires  vaudron 
jamais  de  telles  feuilles,  pour  nous  doimer  en  leçon  le  spectacl 
de  nos  vices,  toujours  changeants  et  toujours  les  mêmes?  G 
n'était  pas  d'ailleurs  la  première  fois  que  la  Gravure  se  donnai 
cette  carrière.Voulons-nous  trouver  une  époque  comparable,  dan 
notre  imagerie  historique?  Songeons  à  ce  moment,  un  siècle 
demi  en  arrière  de  la  Révolution ,  l'un  des  plus  gais  de  notr-a:.^ 
histoire,  où,  débarrassés  d'un  triste  roi  et  d'un  terrible  ministre^»-», 
sous  une  Régente  bonne  femme  et  sous  un  ministi*e  italie 
Louis  XIV  n'étant  encore  occupé  qu'à  courir  après  les  filles  d'ho 
neur  de  la  Reine-mère,  nous  préludions  à  la  Fronde.  Les 
phlets  et  les  chansons  couraient  les  rues;  ce  fut  un  temps 
liesse  pour  les  graveurs  de  facéties.  Saint-Igny  et  Bosse  le 
avaient  donné  la  manière  ;  il  en  vint  une  nuée.  Inconnus  dan 
les  listes  d'artistes  patentés  et  dont  les  feuilles,  dispersées  pa  /* 
tous  les  vents,  n'ont  été  ramassées  que  par  l'infatigable  Marolles, 
ils  s'appelaient  Richer,  Ragot,  Leblond,  Isac,  Lagniet-,  on  leur 
doit  des  images,  plus  vivantes  que  toutes  celles  que  peuvent 
donner  les  livres,  des  capitans  et  des  politiques,  des  importants 
et  des  précieuses ,  des  muguets  et  des  héroïnes  de  ruelles,  des 
galants  et  des  mariées  ;  là  ne  manquent  pas  non  plus  les  tra- 
vers de  tournures,  ni  les  modes  extravagantes,  ni  les  robes 
décolletées. 


", 


ÉTUDE  SUR  GREUZE 


32 


ETUDE    SUR   GREUZE 


I.   —  INTRODUCTION. 


Le  XVI II"  siècle  est  pour  l'art  de  )a  France  une  époque  privi- 
légiée. Après  l'Italie,  qui,  depuis  le  XVI*  siècle,  avait  une  primauté 
incontestée  dans  le  domaine  de  la  peinture  héroïque  et  idéale, 
après  la  Hollande  du  XVII*  siècle,  qui  avait  conquis  une  place 
exceptionnelle  dans  la  peinture  familière  et  naturelle,  après 
l'Espagne  enfin,  qui  avait  trouvé  des  sujets  de  peintures  splen* 
dtdes  dans  des  passions  monastiques,  la  Fi*ance  put  enfin  secouer 
un  instinct  trop  souvent  imitateur  et  obtenir  à  son  tour  Torigi- 
nalité  et  la  prépondérance.  Ce  ne  fut  pas  par  des  moyens  sévères. 
A  une  littérature  pleine  de  pompe  et  d'élégance ,  à  des  mœurs 
éventées,  à  toute  une  société  déjà  en  dissolution,  il  ne  pouvait 
convenir  que  Fart  des  peintres  des  fêtes  galantes,  des  mytholo- 
gies  et  des  pastorales  de  la  Cour,  des  portraits  à  mouches  et  à 
manchettes.  Mais  pour  le  génie  tout  est  marchepied ,  et,  dans 
Vhistoire  de  Fart,  il  faut  reconnaître  que  Watteau,  Boucher  et 
Vanloo  ont  doté  TÉcole  française  de  cette  fleur  de  qualités  qui 
lui  avait  longtemps  fait  défaut,  et  lui  ont  donné  le  droit  de  preiv* 
ère  rang  parmi  celles  qui ,  à  leur  apogée,  imposent  des  lois  et 
n*eQ  reçoivent  pas.  Leur  manière  est  une  des  évolutions  intéres- 
santes de  Timagination ,  un  des  côtés  nouveaux  de  l'universelle 
beauté.  Quand  se  fit  ki  réaction  à  leur  règne,  on  alla  jusqu'à  dire 
qiia  celte  manière  n'était  que  te  mépria-de  la  beauté  vraie,  ie 


nOO  J.-B.  GKEUZE. 

triomphe  du  mauvais  goût;  mais  elle  sera  appréciée  selon 
mérites,  toutes  les  fois  qu'on  voudra  bien  tenir  compte  de  la. 
beauté  qu'elle  peut  avoir,  sai^s  se  préoccuper  de  la  beauté  d*u 


autre  temps,  et  accepter  des  défauts  ou  des  excès,  qui  tiennent^Vl 
aux  circonstances,  comme  préférables  encore  aux  banalités,  quS^  ^i 
sont  de  toutes  les  époques. 

Watteau  reste  donc  le  peintre,   le  mieux  tourné  et  le  plus^  kis 
brillant,  de  la  coquetterie  et  de  la  malice,  l'expression  uniques» .Kie 
d'une  nature  toute  pervertie  en  élégances;  Boucher  le  peintre  \^^M\t 
plus  facile  et  le  mieux  fardé  des  femmes  et  des  enfants,  le  plu^  dais 
charmant  décorateur  des  my thologies  et  des  pastorales  de  l'opéra^-"»  ^ra 
joué  par  la  Ville  et  par  la  Cour;  Vanloo  le  peintre  le  plus  histo-«3Uto- 
rique  du  style  pompadourisé,  le  plus  habile  à  tourner  dans  coc:^  ce 
style  les  mouvements  des  grands  dessinateurs,  les  tons  des  grande  JE>jds 
coloristes  et  tout  l'appareil  des  grandes  machines  pittoresques. 

Mais  tout  le  XVII 1®  siècle  n'est  pas  là.  A  côté  de  ces  peintres^^^^^ 
qui  nous  représentaient  la  nature  de  leur  temps  tout  en  mimiqu»K^9ue 
et  en  décor,  il  y  avait  Chardin,  qui,  en  observant  le  plus  simphf^^i^ple 
et  le  plus  réel  des  choses,  en  peignant  des  natures  mortes, 
chambrières  et  des  enfants,  eut  le  secret  des  grands  artistes 
avec  une  composition  naïve,  des  lignes  justes,  des  tons  vrais,  i:        «,  il 
sut  être  aussi  actuel,  aussi  spirituel;  il  balançait,  par  la  sobriété ^^iété 
et  la  franchise  de  ses  moyens,  l'éclat  et  le  prestige  de  tous  le^  K    les 
autres.  11  y  avait  Vernet ,  qui ,  en  prenant  pour  champ  d'obseK  ^^ser- 
vation  les  rivages  de  la  mer  et  la  nature  méridionale,  y  saisissai-  m:  .^ait, 
avec  autant  de  promptitude  que  d'effet,  les  calmes  et  les  tempête^^^^s, 
les  accidents  du  ciel,  des  vagues  et  des  rochers,  et  savait  encoK  ^:^ore 
les  remplir  d'émotions  et  de  drames,  en  les  peuplant  de  ûgurvr-iK  m 
agitées  et  costumées  de  toute  sorte  de  façons  individuelles.  Il       Mt  y 
eut  enfin  Greuze ,  qui  appela  sur  la  peinture  des  scènes  bouK-^r- 
geoises  un  intérêt  tout  nouveau,  et  donna  à  des  vieillards,  à  d  ^p-/es 
filles  et  à  des  enfants  vulgaires  un  caractère  dramatique  jusqi^^^-i/e^ 
là  dévolu  aux  figures  historiques. 

L'originalité  de  sa  vocation  est  d'autant  mieux  marquée  qu'e=:^  Jle 
se  produit  au  fort  du  succès  des  peintres  précédents,  et 


J.-B.   GRËUZK.  501 

d'aulres  contrastes  qui  signalèrent  les  dernières  années  du  règne 
de  Louis  XV.  \ïen  avait  ouvert  une  école,  oii  il  voulait  renouveler 
la  peinture  d'histoire,  avec  une  imitation  commune  de  la  nature 
et  un  sentiment  superficiel  de  Tantique.  Fragonard,  plus  porté 
à  voir  toujours  cette  nature  et  cet  antique  à  travers  la  passion  du 
jour,  atteignait  le  plus  vif  des  formes  en  mouvement ,  de  la 
lumière  vaporeuse  et  de  l'expression  du  plaisir;  il  composait  des 
scènes  toutes  emportées  par  le  sentiment,  et  des  figures  qu'on 
ne  saurait  donner  à  quelque  genre  défini,  tant  elles  viennent  de 
loin-  dans  le  pays  de  TÂmour. 

C'est  entre  ces  deux  peintres  que  se  produit  Greuze. 


II.    —   DÉBUTS    ET    VOYAGB    EN    ITALIE. 

Jean-Baptiste  Greuze  naquit  le  21  août  1725*,  à  ïournus,  l'un 
des  États  du  Maçonnais  et  le  siège  d'une  abbaye  de  Bénédictins. 
Peu  disposé  à  se  résigner  à  la  profession  de  son  père,  qui  était 
maître  maçon,  couvreur  et  entrepreneur,  et  doué  de  talents  pré- 
coces pour  le  dessin ,  il  parvint  à  vaincre  les  obstacles  que  sa 
vocation  rencontrait  dans  l'autorité  paternelle,  en  présentant  à 
son  père,  le  jour  de  sa  fête,  un  saint  Jacques  qui  fut  pris  pour  une 
gravure*,  et  bientôt  il  entra  dans  Tatelier  d'un  peintre  de  Lyon, 
nommé Grandon'.  C'était  un  fabricant  de  tableaux  et  de  poi  traits, 

1 .  Cette  date  est  ceUe  de  sa  naissance,  écrite  sur  la  façade  de  la  maison  où 
il  est  né.  La  plupart  des  biographes  Tont  inexactement  rapportée.  M.  Fabien 
yi\\et{Biographie  universelle):  1726;  Mariette  [Abecedario)  :  1728;  les  registres 
de  TÂcadémie:  1732. 

2.  Les  biographes  ont  donné  plusieurs  légendes  sur  la  précocité  de  Greuze 
et  sur  Topposition  de  son  père.  Nous  prenons  celle-ci  à  celui  que  nous  devons 
croire  le  mieux  informé  :  Notice  sur  Greuze  et  sur  ses  ouvrages,  par  M'"»  de 
Valory,  placée  en  léte  de  Greuze,  ou  V Accordée  de  village,  comédie-vaudeville 
dédiée  à  M^'«  Greuze,  i8i3,  in-8».  —  (Je  l'ai  réimprimée  dans  la  Revue  univer- 
selle  des  Arts,  t.  XI,  18G0,  p.  248-61 ,  et  362-77.  A.  de  M.  ) 

3.  Le  seul  dictionnaire  qui  Tuit  cité  est  celui  de  Zani,  qui  le  nomme  Charles 
Grandon  et  le  fait  travailler  en  1737.  —  On  trouve  dans  le  Catalogue  Paignon- 


502  J.-B.  GREUZË. 

et  Greuze  eo  vint  à  lui  en  fabriquer  uû  par  jour;  mais  cet 
abondance  ne  Ta  pas  sauvé  du  plus  complet  oubli.  Tous  les  ou 
vrages  du  maître  et  de  Télëve  se  sont  perdus  dans  les  grenie 


de  Lyon.  Heureusement  il  nous  est  resté  de  ce  temps  d'appren — 
tissage  un  souvenir,  écrit  par  Grétry,  qui  nous  fait  pénétrer  dansa 
les  dispositions  intimes  de  l'artiste  :  «  Greuze,  encore  enfant  eW^^  et 
élève  de  Graudon,  père  de  ma  femme,  disait  souvent  :  Il  faut  que^cpue 
je  fasse  un  père  de  famille,  et  il  l'a  fait.  11  méditait  son  sujet  dès^^^iès 
lors,  et  son  cœur  brûlait  en  secret  et  respectueusement  pour  la^f  ]a 
femme  de  son  maître,  qui  était  belle.  Ma  femme,  très-jeune  alors^^s-srs, 
le  trouvant  un  jour  couché  par  terre  dans  Tateiier,  lui  demands^z^^da 
ce  qu'il  faisait  :  Je  cherche  quelque  chose,  dit-il  ;  mais  elle  avaÎM^^^^ait 
vu  un  soulier  de  sa  mère,  qu'il  dévorait  de  baisers.  CependanaiKuKiot 
Greuze  avait  raison ,  il  cherchait  quelque  chose;  c'est  le  génie  dMz^  de 
son  art  qu'il  a  trouvé  *.  » 

On  ne  sait  pas  précisément  en  quelle  année  Greuze  vint        ^^m  à 
Paris.  D'après  M.  Fabien  Pillet ,  ce  fut  avec  son  maître,  et  c'est  K     .Mlk 
qu'après  quelques  études  faites  à  l'Académie,  il  étonna  ses  pn^^'sr^ro- 
fesseurs  en  leur  montrant  son  tableau  de  la  Lecture  de  la  BWL^  ^XU. 
D'après  M"®  de  Valory,  ce  n'est  qu'après  avoir  peint  ce  tables^^^seau 
qu'il  se  rendit  à  Paris  et  entra  comme  élève  à  l'Académie,  où  .flcSi  iJ 
eut  dès  ce  premier  moment  la  protection  de  M.  Silvestre.  Qum^m  «uoi 
qu'il  en  soit  de  ses  premiers  débuts,  il  fut  admis,  en  1755,  comoEiK  ^me 
agréé  de  l'Académie,  sur  la  présentation  de  Pigale,  et  il  put,  m         en 
cette  qualité,  exposer  au  Salon  de  cette  année  les  ouvrages  q^^^^ui 
commencèrent  sa  réputation^  Ce  sont  :  Le  Père  de  Famille  lis(ms:^'(int 


DiJoDval  un  portrait  de  Camille  Périchon,  prévost  des  marchands  de  Ly( 
gravé  par  Schmidt  d'après  Grandon,  in-8®,  coll.  Odiœuvre  ;  d'autres  le  nomm»^ 
Gromdon ,  et,  bien  que  ce  soient  des  autorités  {Notice  de  M"''  de  Yalory, 
de  M.  Villot),  on  doit  sans  doute  préférer  le  nom  tel  qu'il  est  écrit  par  Gj 
lui-même  dans  ses  Mémoires.  —  (Charles  Grandon  a  été  peintre  en  titre 
viUe  de  l^on  de  1749  à  1762,  et  son  portrait,  peutr-ôtre  par  lui-même, 
depuis  peu  au  Musée  de  Lyon.  A.  de  M.) 

i.  Mémoires  ou  Essai  sur  la  Musique,  par  le  citoyen  Grétry,  3  vol 
au  V,  t.  U,  p.  172. 


J.-Bi  GREUZË.  503 

la  BibU  à  ses  enfants^  VAveugle  trompé,  un  Enfant,  qui  6*est 
endormi  sur  son  livre,  \me  tête  d'après  natv/re^  les  portraits  de 
Mi  Sylv^tre  et  de  M.  Lebas.  La  critique  les  accueillit  avéc  la  plus 
grande  faveur: 

«  On  trouye  dans  ces  tableaux  «  disait  Tauteur  des  Lettres  sur 
i$  &ai9n  de  1755  «  tout  ce  qu'on  ne  saurait  acquérir  ;  le  génie  s'y 
montre  à  chaque  pas.  Les  talents  supérieurs  de  M.  Greuze  ont 
fait  désirer  à  tous  ceux  qui  ont  vu  ses  tableaux  que  l'auteur  élevât 
sa  muse  à  un  genre  un  peu  plus  noble  ;  il  semble  qu'il  serait 
capable  de  faire  quelque  chose  de  plus  grand  ;  cependant  c'est  à 
lui  de  consulter  ses  forceSi  quid  valeant  humeri;  c'est  son  génie 
qu'il  doit  suivre)  et  non  les  idées  du  public;  »  Le  critique^  en 
admirant  ensuite  la  singularité  de  sa  touche  fière  et  son  pinceau 
torché^  lui  reprochait  des  figures  qui  frisent  la  caricature^  des 
ombres  trop  dures  et  trop  tranchantes: 

«  Quel  peintre!  quel  compositeur!  disait  l'auteur  àés Sentiments 
swr  plusieuirs  tableaux;  Voilà  les  ouvrages  d'un  homme  dont  on 
peut  se  faire  gloire;  ils  font  honneur  à  son  esprit,  ils  font  l'éloge 
de  son  cœun  On  pense  qu'il  a  une  àme  délicate  et  sensible;  on 
voudrait  le  connaîtrea  11  est  le  Molière  de  nos  peintres^  pourvu 
qu'il  soit  bien  persuadé  qu'il  n'est  que  le  commencement  d'ud 
grand  homme;  » 

La  protection  des  amateurs»  sans  laquelle  un  artiste  ne  par- 
venait pas  à  peh:er,  ne  se  fit  pas  attendre.  M.  de  La  Livë  de  Jully 
acheta  ses  tableaux.  M.  Gougenot,  abbédeChezal^Bencflti  voulant 
entreprendre  le  voyage  d'Italie  pour  l'étude  de  l'antiquité  et  des 
beaux-arts,  l'emmena  avec  lui ,  en  se  chargeant  de  toutes  les 
dépenses  de  voyage  et  de  tous  les  frais  qu'exigeraient  les  études 
do  jeune  peintre.  Le  départ  eut  lieu  au  mois  de  septetnbre  1755. 

On  recueille  dans  les  notes  de  l'àbbé  Gougenol  ^  un  renséi-: 

i.  Elles  ont  été  analysées  par  an  petit-neveu  de  Tabbé  Gougenot,  M.  le  the- 
Yalier  Des  Mousseaax ,  qui  nous  apprend  que  LAlande  s*en  était  servi  dans  son 
Voya§0d* Italie,  publié  en  1769;  Bwttê  univergêtle  de»  Arts,  Bmielto»,  1815, 
t.  I,  p.  441.  Lalande  les  avait  mentiimiléeB  ëàos  suptéfaoe* 


50i  J.-B.   GREUZE. 

[^iiement  court,  mais  assez  piquant  sur  les  études  de  Greuze  k 
Rome  :  «  Greuze  était  le  plus  capricieux  des  artistes.  Pour  le  satis- 
faire, il  fallait  réunir  en  toute  hâte  les  personnages  nécessaires  à 
la  composition  du  tableau  dont  il  s'occupait  dans  le  moment. 
Puis,  une  fois  les  personnages  rassemblés,  sa  verve,  disait-il ,  était 
éteinte;  il  ne  se  sentait  plus  en  état  de  travailler,  et  il  congédiait 
ses  modèles,  qui  recevaient  cependant  le  prix  convenu  pour  la 
séance.  De  pareilles  fantaisies  étaient  fréquentes  chez  cet  homme 
bizarre.  » 

L'antiquaire  et  le  peintre  s'entendaient,  comme  on  voit,  assec 
mal.  Gougenot  termina  son  voyage  dès  le  mois  de  mai  1756. 
Greuze  resta  à  Rome.  L'abbé  Barthélémy,  qui  était  en  Italie  cetl 
année-là ,  rapporte  dans  une  de  ses  lettres  les  motifs  qui  déter- 
minaient l'artiste  à  prolonger  son  séjour  et  appelle  sur  lui  h 
protection  de  M.  de  Marigny.  Il  cite  ensuite  quelques-uns  de 

ouvrages  :  les  portraits  de  M^  l'Ambassadrice  et  de  M.  rAmbas^:^ 

sadeur  (de  Stainville),  et  les  Œufs  cassés,  qu'il  décrit  avec  con^^^. 
plaisance  ^. 

'  Nous  savons  une  autre  particularité  du  voyage  de  Greuze  à 

Rome,  par  une  aventure  romanesque  qu'il  raconta  un  jour  à  d^m^^es 
femmes,  avec  toutes  ses  péripéties,  pour  prouver  une  de  c^  — ^es 
thèses  de  morale  sentimentale  qui  lui  étaient  familières,  et  qui^^^ia 
été  rapportée  par  M"*  de  Valory.  Appelé  à  donner  des  leçons  ^        de 
peinture  à  la.  fille  d'un  comte  del  Orr... ,  il  en  était  devenu  amo^:=»ott- 
reux.  Létitia,  qui,  selon  son  expression,   avait  une  tête  »         de 
Cléopâtre,  partageait  sa  passion.  11  résista  cependant  et  ne  voulM^  m3\uX 
pas,  par  un  mariage  clandestin  et  un  enlèvement ,  trahir  la  co«i^»-=on- 
fiance  du  père.  Avant  de  la  quitter,  il  fit  d'elle  un  portrait,  v==^  Q"' 
lui  servit  plus  tard  pour  la  jeune  fille  de  son  tableau  intitui*  M.  j/é: 
l'Embarras  d'une  couronne  *. 

Greuze  était  parti  pour  l'Italie  avec  la  réputation  d'un  arti£.^5fc(e 
de  grand  talent,  mais  trivial;  ses  amis  comptaient  qu'il  cbc 


i.  Voyage  de  M,  Vabbé  Barthélémy,  Paris,  Buisson,  an  X,  in-S**,  p.  133. 
2.  Greuie,  ou  l'Accordée  de  village,  Notice,  p.  5. 


J.-B.   GREUZË.  505 

gérait  de  genre  et  qu'il  deviendrait  un  peintre  d'histoire  :  «  Qui 
sait,  écrivait  Barthélémy,  si  la  vue  et  Tétude  des  tableaux  de 
Raphaël  ne  relèveront  pas  au-dessus  de  lui-même?  »  11  parait 
bien  qu'il  fit  quelques  efforts  pour  se  donner  plus  de  noblesse 
dans  le  dessin  et  un  coloris  plus  vigoureux,  qu'il  fit  môme  des 
copies  de  Titien.  Heureusement  sa  nature  fut  assez  forte  pour 
prévaloir.  Les  tableaux  qu'il  envoya  au  Salon  de  1757  sont  dits 
dans  le  costume  italien.  Ce  sont  :  les  Œufs  cassés,  le  Geste  napo- 
litain, la  Paresseuse ,  l'Accordeur  de  guitare. 

Nous  savons  aussi  qu'il  avait  fait  beaucoup  d'études  dessinées 
des  habillements  suivant  le  costume  d'Italie;  mais  ces  sujets  et 
ces  modèles,  choisis  en  dehors  des  écoles,  ne  sont  italiens  qu'à 
la  surface  ;  l'artiste  y  a  déjà  son  caractère  et  ses  habitudes  prises. 
On  a  remarqué  seulement  que  sa  peinture  avait  alors  un  ton  plus 
chaud.  À  cette  date  appartient  le  portrait  qu'il  fit  de  l'abbé  Gou- 
genot  :  ((  Ce  portrait  est  l'un  des  meilleurs  du  grand  artiste,  dit 
M.  Des  Mousseaux  ;  il  est  dans  la  manière  de  Van  Dyck.  On  a  tou- 
jours regretté  que,  dans  le  genre  du  portrait,  Greuze  ait  changé 
la  manière  qu'il  avait  prise  dans  cel'ui  de  l'abbé  Gougenot.  » 


III.   —   VOGUE. 


Greuze  revint  à  Paris  dès  cette  année  1757  ;  il  avait  alors  trente- 
deux  ans,  et,  dans  l'espace  de  trois  ou  quatre  salons,  où  il  exposa 
des  portraits,  des  têtes  de  caractère  et  des  sujets  d'intérêt  fami- 
lier et  moral,  qui  frappaient  vivement  le  public  et  qu'il  mettait 
encore  en  faveur  auprès  des  amateurs  par  de  vives  esquisses,  il 
se  mit  au  premier  rang  des  réputations.  Avant  de  chercher  nous- 
mêmes  comment  il  le  méritait,  écoutons  les  contemporains. 

Mariette,  le  critique  le  plus  justement  accrédité,  accueille 
d'abord  Greuze  avec  quelque  prévention  académique,  comme 
ayant  peu  profilé  du  voyage  d'Italie,  et,  bien  (ju'il  se  distingue 


506  J.-B.  GRËUZE. 

par  un  excellent  goût  de  couleur,  «  il  a  choisi  pour  soa  genre 
celui  des  bambochades  et  tâche  d'y  mettre  de  l'intérêt,  ce  qui 
fait  que  ses  tableaux  sont  fort  goûtés;  les  connaisseurs  trouvent 
leur  compte  dans  la  façon  dont  ils  sont  peints;  la  multitude  est 
,  touchée  du  choix  du  sujet,  qui  se  rapproche  de  nos  mœurs  et  qui 
lui  sert  d'entretien  ^«  »  L'auteur  cite  ensuite  l'Accordée  de  vUktge, 
comme  le  chef-d'œuvre  du  peintre  pour  la  touche  et  la  couletin 
il  remarque^ dans  le  Paralytique,  un  sujet  triste  qui  Tem péchera 
de  trouver  des  acheteurs  ;  il  admire  particulièrement  ses  portraits 
et  ses  têtes  de  caractères  ;  il  note  enfin  que  ses  dessins,  après 
avoir  été  payés  prodigieusement  par  quelques  curieux ,  restent 
maintenant  invendus  dans  l'appartement  du  peintre. 

Le  gros  des  critiques  ne  mettait  pas  tant  de  restrictions  à  ses 
éloges  :  «  La  grande  célébrité  de  cet  artiste  doit  nous  faire  crain* 
dre  de  ne  pas  réussir  à  donner  une  assez  grande  idée  de  celui 
qui  fait  l'objet  actuel  de  notre  admiration  '«  »  Mais  ce  qu'il  y  a 
de  plus  curieux  pour  nous  dans  les  remarques  de  cette  société 
d'amateurSy  c'est  l'analyse  qu'on  y  donne  de  chaque  personnage 
de  la  composition  du  peintre,  et  la  discussion  des  rapports  vrai- 
semblables d'âge  et  de  parenté  qu'ils  présentent  avec  ceux  d'une 
composition  précédente.  On  voit  que  le  public  y  prenait  autant 
d'intérêt  qu'à  une  représentation  scénique  ou  à  un  événe- 
ment réel. 

Les  amateurs  les  plus  empressés  d'acheter  des  tableaux  de 
Greuze  avaient  été  M.  de  Jullienne,  qui  jugea  la  Petite  Fille 
baisant  la  croix  de  Jésus  digne  de  figurer  à  côté  des  tableaux  hol- 
landais qui  composaient  son  cabinet;  M.  de  La  Live  de  Jully,  qui 
posséda  jusqu'à  huit  tableaux  de  lui;  M.  Duclos  Dufresnoy,  qui 
voulut  avoir  le  grand  tableau  de  S^'  Marie  égyptienne,  que  Greuze 
avait  fait  pour  répondre  à  ceux  qui  lui  reprochaient  de  ne  savoir 

1.  Abecedario,  publié  par  MM.  de  CheDDevières  et  Montaiglon,  Paris,  Do- 
moulin,  1853,  t.  II,  p.  329. 

2.  Descriplion  des  tableaux  exposés  au  Salon  du  Loui>re,  aivec  des  remar- 
ques, par  une  société  d*amatears.  Exlraofdlnalt^  du  Mercure  de  septemlire, 
PariSf  1763,  in-12,  p.  54. 


J.-B.   GREUZË.  507 

peindra  ni  les  figures  nues,  ni  les  grandes  figures  ;  M.  fioyer  de 
Fons-Golombe,  M.  le  duc  de  Choiseul,  M.  Randon  de  Boisset.  Parmi 
les  financiers  et  les  seigneurs,  dont  les  mœurs  déteignirent  trop 
sur  Tart  du  XVUi^  siècle,  mais  qui  ne  manquèrent  ni  d'esprit  ni 
de  goût,  il  y  en  eut  peu  qui  ne  voulussent  avoir  dans  leur 
cabinet  une  tête  ou  une  étude  de  Greuze^  On  en  trouvait  aussi 
chez  les  artistes.  De  Troy,  qui  était  directeur  de  l'Académie  de 
France  à  Rome  au  moment  du  séjour  de  Greuze,  avait  deux 
tableaux  de  lui;  Wille,  le  graveur,  acheta  dès  1759  des  tableaux 
et  (^es  dessins,  qu'il  a  décrits  et  loués  dans  ses  Mémoires  dans  les 
termes  les  mieux  sentis  ;  il  s'estime  heureux  de  pouvoir  donner 
son  fils  pour  élève  à  ce  peintre  profond  et  solide  ^. 

Le  plus  chaud  panégyriste  de  Greuze  fut  Diderot  :  «  Voici  votre 
peintre  et  le  mien ,  dit-il  à  Grimm ,  le  premier  qui  se  soit  avisé 
parmi  nous  de  donner  des  mœurs  à  l'art.  »  Aussi  l'écrivain  et  le 
peintre  sont-ils  maintenant  inséparables;  telles  couleurs  et  teile 
prose.  Les  Salons  de  Diderot  sont  la  description  la  plus  animée 
qu'on  ait  écrite  d'une  société  à  propos  de  ses  tableaux;  tout  le 
courant  des  idées  et  des  passions  qui  l'agitent  y  passe;  c'est  pour 
cela  que  les  peintres  y  sont  si  bien  vus,  c'est  pour  cela  que  les 
tableaux  de  Greuze  y  sont  surtout  vivants.  On  a  dit  que  Greuze 
était  l'élève  de  Diderot ,  et  que  la  Lecture  de  la  Bible  était  sortie 
de  VEssai  sur  la  littérature  dramatique  '.  La  fih'ation  n'est  peut- 
être  pas  aussi  positive,  mais  il  est  certain  que  le  peintre  et  le 
littérateur  obéissent  au  même  mouvement.  Diderot  publia  en 
1757  le  Fils  naturel,  qui  fut  le  sujet  de  toutes  les  lectures,  de 
toutes  les  conversations,  et  de  presque  tous  les  éloges  de  Paris*. 
La  représentation  des  mœurs  de  la  vie  réelle  et  le  genre  honnête 

i.  On  les  trouve  notées  dans  les  Extraits  des  catalogues  donnés  par  M.  Charles 
Blanc:  Trésor  de  la  curiosité,  Paris,  1857, 2  vol.  in-S". 

2.  Journal  et  Mémoires  de  J.-G.   Wille,  Paris,   1857,  2  vol.  in-8«,  t.  I, 
p.  113,  121,  etc. 

3.  Histoire  des  peintres  de  toutes  les  écoles,  Paris,  Renouard,  in-4*'.  Greuze, 
par  M.  Ch.  Blauc. 

4.  Année  litt^aire,  citée  par  Diderot,  OEuvres,  Paris,  iirière,  1821,  t.  IV,  p.  4. 


508  J.-B.   GRECZK. 

qui  y  étaient  essayas  parurent  une  révolution  littéraire.  L'année 
d'après,  il  donna  le  Père  de  famille,  qui  fut  loué  par  Voltaire 
comme  un  ouvrage  tendre,  vertueux  et  d'un  goût  nouveau.  Ces 
pièces  ne  furent  jouées  qu'un  peu  plus  tard  et  n'eurent  pas  un 
grand  succès.  Enfin,  l* Essai  sur  la  littérature  dramatique,  où 
l'auteur  systématisait  sa  poétique  nouvelle,  ne  parut  qu'après 
le  Père  de  famille.  De  la  lecture  de  ce  morceau  il  m'est  resté  cette 
opinion  que,  si  du  peintre  ou  du  littérateur  l'un  a  fait  des  em- 
prunts à  l'autre,  c'est  plutôt  celui-ci  que  le  premier.  Diderot  n'a 
pas  caché  les  leçons  et  les  exemples  qu'il  recevait  souvent  de  la 
peinture.  Mais  à  l'époque  où  paraissaient  ces  pièces  et  ces  pein- 
tures bourgroises,  des  causes  plus  générales  avaient  pu  en  donner 
le  goût,  des  œuvres  littéraires  plus  fameuses  avaient  pu  servir 
d'exemple.  C'était  vers  la  douzième  année  du  règne  de  la  demoi- 
selle Poisson ,  marquise  de  Pompadour,  au  milieu  de  la  guerre 
de  sept  ans,  et  au  lendemain  de  la  défaite  de  Rosbach ,  où  la 
Noblesse  reçut  un  si  rude  échec;  l'histoire,  le  théâtre  et  les 
acteurs  des  grands  événements  n'étaient  pas  faits  pour  inspirer 
les  poètes  et  les  artistes.  L'abbé  Prévost  avait  écrit  Manoii  Lescaut 
et  publié  Pamela  et  Clarisse  avec  un  succès  qui  étonna  même 
l'Angleterre,  fort  éloignée  de  croire  tant  d'esprit  à  Pimprimeur 
Richardson.  Rousseau  produisait  la  Nouvelle  Héloïse,  Devant  ces 
lettres  de  deux  habitants  d'une  petite  ville  au  pied  des  Alpes,  et 
devant  ces  aventures  domestiques,  pâlirent  les  grands  poèmes  de 
Télémaque  et  de  la  Henriade,  Les  femmes,  les  jeunes  gens  s'ému- 
rent; les  peintres  ne  tardèrent  pas  à  subir  la  même  influence.  Ce 
fut  le  moment  de  Greuze.  Il  reçut  de  son  temps  le  goût  du  roman 
passionné,  du  drame  familier,  et,  en  l'interprétant  avec  une  heu- 
reuse originalité,  il  contribua  à  l'avancement  de  cet  esprit,  à  la 
fois  patriotique  et  sentimental,  qui  règne  jusqu'à  la  fin  du 
X  VI  11«  siècle. 


J.-B.   GREUZE.  509 


IV.   —  TYPES. 


L'originalité  de  Greuze  parait  aussi  bien  dans  ses  types  que 
dans  ses  sujets  ;  en  cherchant  son  type  on  touche  à  l'intimité  de 
sa  vie.  A  peine  était-il  revenu  d'Italie,  en  se  dérobant  à  la  séduc- 
tion de  la  belle  Létitia,  qu'il  fut  pris  à  l'amorce  d'une  beauté  de 
comptoir  de  Paris,  M"«  Babuti ,  fllle  d'un  libraire  de  la  rue  Saint- 
Jacques.  On  connaît  déjà,  par  les  propos  de  Diderot,  cette  figure 
«  poupine,  blanche  et  droite  comme  le  lis,  vermeille  comme  la 
rose  ;  »  on  la  connaît  trop  maintenant,  depuis  la  publication  d'un 
mémoire  libellé  au  nom  de  Greuze  ^  La  première  fois  qu'il  la  vit 
il  fut  frappé  d'admiration,  puis,  en  l'examinant,  il  trouva  sa 
physionomie  sans  caractère  et  même  moutonnière.  Il  n'en  fut 
pas  moins  séduit,  et  deux  ans  après  marié.  Ce  fut  la  fatalité  de 
sa  manière.  Au  milieu  de  tous  les  tableaux  donnés  par  Greuze 
aux  Salons  de  1759  à  1765,  domine  le  portrait  de  sa  femme  : 
M"*  Greuze  en  vestale.  M"** Greuze  enceinte,  M"«  Greuze  esquisse 
de  la  femme  bien-aimée,M"«  Greuze  le  sein  découvert,  M"®  Greuze 
sous  le  titre  de  la  Philosophie  endormie.  Où  trouver  aujourd'hui 
ces  portraits?  Je  ne  sais,  si  ce  n'est  dans  les  Salons  de  Diderot.  Le 
premier  ne  lui  plaît  guère,  avec  ses  mains  croisées  sur  sa  poitrine^ 
ce  visage  long^,  etc.;  le  second  l'arrêtait  par  l'intérêt  de  son  état 
et  lui  faisait  ensuite  tomber  les  bras  par  la  belle  couleur  et  la  vérité 
des  détails';  le  troisième,  avec  cette  bouche  entr'ouverte,  ces  yeux 
nageants,  prêtait  à  l'un  de  ces  contrastes  auxquels  se  complaisait 
l'écrivain;  il  trouvait  ici,  du  front  aux  joues  et  des  joues  vers  la 
gorge,  des  passages  de  ton  incroyables,  et,  dans  l'expression,  un 

1.  Archives  de  VArt  français,  Paris,  Dumoalin,  1853,  t.  II,  p.  153» 

2.  Salon  de  1761 ,  OEuvres  de  Diderot,  U  VIII,  p.  53. 

3.  Salon  de  1763,  publié  par  M.  Walferdin ,  Revi*e  de  Paris,  15  août  18j7  \ 
rappelé  dans  le  Salon  de  1765,  OEuvres,  t.  vni,  p.  256. 


qIO  j.-b«  greuze. 

passage  non  moins  admirable  de  la  peine  au  plaisir;  le  quatrième 
enfin  lui  rappelait  une  polissonnerie  de  sa  jeunesse,  et,  après  une 
analyse  mêlée  d'admirations  et  de  critiques,  il  finissait  par  une 
boutade  :  «  Je  l'attends  à  la  gorge  ;  la  couleur  jaune  et  la  mollesse 
sont  de  madame,  mais  le  défaut  de  transparence  et  le  mat  sont 
de  monsieur'  ;  n  jamais,  en  peignant  une  femme  et  en  décrivant 
un  portrait,  on  n'a  mieux  donné  le  secret  d'une  manière.  L*un  des 
biographes  du  peintre  dit  qu'il  était  difficile,  en  voyant  l'homme^ 
qu'il  nous  fait  de  taille  moyenne,  la  tête  grosse,  les  yeux  biei^ 
fendus  et  l'air  ouvert,  de  ne  pas  dire,  même  sans  l'avoir  connu  ^^ 
((  Voilà  Greuze  ^.  »  Combien  plus  naturellement  nous  pouvon 
crier:  «  Voilà  M"* Greuze,  ».  devant  c^tte  peinture  poupine,  blaa 
che  et  rose ,  qui  tourne  facilement  à  la  couleur  jaune  et  bleu 
aux  tons  mats,  aux  touches  molles,  devant  cette  beauté,  qui  sais?=^^t 
d'abord  d'admiration  et  qui  paraît  ensuite  moutonnière. 

Greuze  eut  d'autres  types  affectionnés.  Entre  toutes  les  figura— ares 
qu'il  créa  dominent  trois  individualités  :  un  enfant  aux  jou»>  .si^es 
rebondies,  une  jeune  fille  dont  les  traits  candides  se  mêlent  aw^^saux 
formes  de  la  nubilité,  un  vieillard,  sur  la  face  duquel  vienne  -^^^ent 
s'accuser  toutes  les  énergies  de  la  vertu  patriarcale.  Nous  r         •  ne 
saurions,  faute  de  renseignements  biographiques  assez  préci-i',:^^cis, 
donner  un  nom  à  ces  personnages;  nous  pouvons  du  moins  W      ^les 
localiser  dans  sa  famille  et  dans  celle  de  ses  amis,  chez  Grandoc:»  Kod, 
son  ancien  maître,  dont  il  aimait  la  femme,  et  dont  la  fille,  q^::^      qui 
était  peintre  et  qui  s'appelait  Jeannette,  épousa  Grétry  ;  de       ^  ce 
ménage  étaient  nées  trois  filles,  dont  la  jeunesse,  bientôt  rav%^^avie, 
fait  un  roman  touchant   des  Mémoires  du  musicien.   GreLmr^uze 
n'excella  que  dans  ces  peintures  de  famille  :  «  Ah  !  monsi»'  âr/eur 
Greuze,  »  disait  Diderot,  «  que  vous  êtes  différent  de  yons-mé^^^ême 
lorsque  c'est  la  tendresse  ou  l'intérêt  qui  guide  votre  pinces:  ^au/ 
Peignez  votre  femme,  votre  maîtresse,  votre  père,  votre  m^SSre, 


7^ 


i.  Salon  de  1765,  OEuwes.  t.  VIII,  p.  254,238. 

2,  Lçcarpentier,  Galerie  des  Peintres  célèbres,  Rouen  «t  Paris>  iiSf ,  t*    **!]/. 
in-8»;  Fabien  Pillet,  Biographie  universelle,  t.  XVIU,  p.  402. 


J.-B.  GREDZE.  m 

fl 

VOS  enfents,  vos  amiti  mais  je  vous  conBeille  de  renvoyer  les 
autres  à  Roslin  ou  à  Vanloo  ^  »  Du  reste,  le  peintre  donnait  à  ces 
lypes  un  costume  villageois,  parce  que  la  poétique  du  temps 
voulait  qu'on  plaçât  au  village  la  beauté,  Tinnocence  et  la  vertu , 
et  parce  qu'il  trouvait  là  les  habits  plus  étoffés  et  plus  chiffonnés 
qui  convenaient  h  sa  manière.  On  ne  dit  pas  qu'il  soit  jamais 
revenu  dans  son  pays  qatal ,  mais  le  souvenir  de  son  père,  mort 
en  1769  à  soixante-douze  ans,  dut  le  poursuivre.  Il  avait  fait 
aussi  plusieurs  portraits  qui  se  conservent  dans  des  familles  de 
Tournus  ^;  le  fait  est  que,  dans  plusieurs  de  ses  tableaux,  comme 
le  Gâteau  des  Roi»,  la  scène,  les  caractères  et  les  oostumes  vous 
transportent  en  plein  Maçonnais. 


V.  —  SUJETS. 

L'œuvre  nQQ^br^ii^  de  Grçu^e  peut  être  rangé  en  plusieurs 
sortes  de  sujets.  Ce  sont  d'abord  des  drames  de  famille^  où  s'en- 
chaîqent  des  éyénepi^eats  d'après  lesquels  il  serait  facile  de  faire 
UQ  roms^n,  ainsi  que  le  disç^i^  Diderot,  et  qu'il  ne  décrivait  pas  en 
moinsi  de  çiqq  ou  si^  pages  \  Ifi  Père  de  Famille  lisant  la  Bible,  le 
Paralytique,  V Accordée  de  village^  le  Gâteau  des  Rois»  la  Mali- 
diction 'paternelle/ le  Fils  puni,  la  Dame  bienfaisante,  la  Mère 

9 

bien-aimée,  la  Belle^Mhre.  De  ces  grandes  compositions  se  déta- 
chent de^  scènes  <]QfQesUques  plus  simples,  où  les  enfants  jouent 
un  rOle  principal  ;  les  Sevreuses,  la  Maman  ^  le  Retour  de  nourrice, 
L'E»fant  gâtè^  la  M<^'^(Mn<k  de  marrons,  les  Petits  Orphelins.  Par 
la  pensée  du  peintre,  ces  tableaux  formaient  aussi  des  romans  ; 
il  lui  arrivait  même  quelquefois  de  les  écrire  avant  de  les  peindre, 

1.  Salop  de  1763,  Revue  de  Paris,  15  août  1857. 

2.  Chez  M.  Bompard  et  chez  M.  Bessard.  L'église  Sainte-Madeleine  deTournus 
possède  deux  tableaux  de  Greuze«  Sou»  U  Révolution,  la  ville  de  Tournus 
donna  le  nom  de  Greuze  k  Tune  de  ses  rues,  et  une  inscriptioii  y  désigne 
aujourd'hui  la  maison  où  il  est  né. 


M2  J.«B.   GREUZE. 

et  l'on  a  trouvé  dans  ses  papiers  un  roman  moral,  Basile  el  Tlii- 
haut,  ou  les  Deux  Éducations,  dont  il  voulait  faire  une  suite  de 
tableaux  ^  Ces  scènes  vont  se  simpliGant  encore  dans  des  mono- 
logues avec  des  figures  isolées,  réduites  le  plus  souvent  au  buste 
ou  à  la  tête,  mais  toujours  en  corrélation  avec  le  tableau  de 
famille:  la  Jeunesse  studieuse,  le  Petit  Polisson,  la  Blanchisseuse^ 
la  Dèvideuse,  l'Enfant  qui  dort,  V Enfant  qui  boude,  la  Petite  Fill^ 
et  sa  Poupée,  la  Petite  Fille  et  son  Chien.  Mais  les  sujets  auxquels 
Greuze  réserva  ses  plus  grands  soins  furent  ces  jeunes  filles^^ 
appelées  à  traduire,  dans  une  attitude  et  un  emblème,  les  accL- 
dents  et  les  émotions  du  cœur.  Que  ce  fussent  des  ûgures  entière^^ 
des  demi-ûgures  ou  même  de  simples  têtes,  on  pouvait  irr-     ^^ 
Diderot  appeler  ces  tableaux  des  poëmes  :  la  Jeune  Fille  pleura^^^^i 
son  oiseau  mort,  le  Miroir  6mé,  la  Cruclie  cassée,  l'Innocence,  la 

Pensée  d'amour,  la  Prière  du  matin,  la  Jeune  FUle  à  la  fenéti^^ft, 
la  Jeune  Fille  aux  fleurs  brisées.  Quelquefois  Greuze  a  vouki^^voIu 
donner  à  ses 'compositions  un  costume  mythologique  et  T         les 
appeler  Diane  et  Calisto,  Daphnis  et  Chloé;  mais  l'antique  et  le  :       «  nu 
ne  convenaient  pas  à  sa  manière.  Il  n*a  trouvé  son  idéal  qu^'.suu'aa 
plus  actuel  des  mœurs  et  au  plus  cossu  des  costumes  de  la  bor  ^i^our- 
geoisie,  et  Diderot  a  professé  que  cet  idéal  valait  bien  les  autr«r— se  res; 
il  disait,  sans  mâcher  les  mots,  que  les  tableaux  de  Grei^^^uze 
étaient  des  tableaux  d'histoire  aussi  bien  que  les  Sept  Sacz^^^^cre- 
ments  du  Poussin  *. , 

Ce  n'était  pas  l'avis  de  l'Académie  de  peinture,  et  Greuze,  qm 

tenait  à  y  être  reçu  avec  le  rang  de  peintre  d'histoire,  eut  à  faEz^iTaire 
un  tableau  sur  un  sujet  classique.  Ce  fut  SeptimeSévère  rep^^pro- 
chant  à  Caracalla  d'avoir  attenté  à  sa  vie,  qui  fut  exposé  en  \r^m^69. 

1.  Greuse,  ou  V Accordée  de  eillage,  fioiïct^  p.  4.  Nous  ea  avons  vu,  enu e  les 

mains  du  directeur  des  Archivet  de  l*Art  français,  une  page,  écrite  de  la  ^^mtaJQ 
de  Greuze,  qui  vient  d*être  publiée  par  lui  avec  des  annotations  intéressai  vass^ 
Archives,  t.  VI,  p»  230,  1860.  —  (Depuis,  M.  de  Chennevières  a  rétro* -^é er 
publié  le  roman  entier,  dans  l'Annuaire  des  artistes  pour  f^/. Paris, Ren<»«f<n/, 
in-8%  p.  2(>5-73.  A.  deM.) 

i.  Essai  sur  la  peinture,  OEuvres,  t.  VIII,  p.  484. 


J.-B.   GBKUZE.  513 

L*ouvrage  était  mauvais  de  l'avis  môme  de  Diderot  :  «  Grenze, 
dit-il ,  qui  connaissait  le  beau  idéal  dans  son  style,  ne  le  con- 
naissait pas  dans  celui-ci  *.  »  L'Académie,  sans  le  repousser, 
tenant  compte  des  autres  ouvrages  du  peintre,  ne  l'admit  qu'avec 
le  titre  de  peintre  de  genre,  qui  donnait  dans  le  corps  une 
position  subalterne  et  excluait  des  places  de  professeur  et  des 
autres  fonctions  honorifiques.  La  faveur  parut  trop  mince  à 
Greuze,  qui  avait,  comme  beaucoup  d'artistes,  un  amour-propre 
démesuré  à  l'endroit  de  ses  peintures  et  aveugle  aux  défauts  des 
plus  mauvaises.  11  cessa,  dès  cette  année,  de  participer  aux 
expositions  de  l'Académie.  L'honorable  corps  avait  joué  son  rôle 
en  plaçant  Greuze  comme  elle  avait  déjà  placé  Chardin  et  Vemet, 
et  mieux  qu'elle  ne  lit  pour  Fragonard,  qui  ne  fut  jamais  qu'agréé, 
ce  qui  ue  les  a  pas  empêchés  d'être  les  plus  grands  peintres  de 
leur  temps.  Elle  n'aurait  peut-être  pas  été  aussi  sévère  pour  le 
peintre  de  la  Prière  à  Vamour  s'il  n'avait  pas  porté  ailleurs  ses 
prétentions,  et  surtout  si ,  comme  le  rapporte  Diderot ,  il  n'avait 
montré  depuis  longtemps  un  mépris  franc  et  net  pour  ses  con- 
frères et  leurs  ouvrages.  Son  plus  grand  tort  fut  do  s'obstiner 
quelquefois  à  des  sujets  historiques  ou  religieux,  auxquels  sa 
manière  était  rebelle. 

La  question  des  genres  ici  soulevée  est  toujours  discutable  par 
la  critique,  mais  toujours  aussi  tranchée  par  le  génie.  Le  défaut 
de  style  encouru  par  Greuze  ne  fait  pas  qu'il  ne  prenne  dans 
l'histoire  de  l'art  une  place  supérieure  à  celle  de  tel  de  ses  con- 
temporains, qui  eut  du  style  et  qui  fut  professeur  à  l'Académie. 
S'il  n'a  pas  du  style  dans  le  sens  classique  du  mot,  il  a  du  moins 
un  style  à  lui.  Taillasson  a  dit  avec  raison  de  ses  têtes  et  de  ses 
demi-figures  que,  quoiqu'elles  ne  soient  pas  d'un  style  historique, 
elles  ont  une  sorte  de  noblesse  et  de  grâce,  et  toujours  de 
l'expression.  Le  reproche  qu'on  lui  fait  d'être  mélodramatique 
et  déclamatoire  dans  ses  sujets  porte  mieux  ;  mais  ce  sont  des 
défauts  peut-être  inhérents  aux  qualités  qui  émeuvent  à  coup  sûr 

« 

1.  SaloD  de  1769,  Œuvres,  t.  X,  p.  127. 

33 


514  J.-B.   GREUZE. 

le  plus  grand  nombre.  Le  XVIll*  siècle  s'en  servit  heureusement 
pour  sa  mission  philosophique,  comme  le  témoignent  les  écrits 
de  Rousseau,  de  Diderot,  de  Buffon,  eux  aussi  non  exempts  de 
déclamation.  Faut-il  regretter  d*en  trouver  dans  les  tableaux  de 
Greuzey  si,  tout  en  faisant  parler  trop  haut  le  cœur  de  ses  jeunes 
filles,  s'étaler  trop  théâtralement  la  morale  de  ses  pères  de 
famille,  il  a  créé  des  personnages  de  chair  et  d'os  qui  s*agitent 
et  crient  au  souille  des  passions?  Greuze  a  eu  sur  la  dernière 
moitié  du  XVIII''  siècle  une  influence  d'autant  plus  grande  que, 
tout  en  lui  donnant  des  leçons  de  morale,  il  n'a  pu  s'empêcher 
de  condescendre*  à  ses  faiblesses.  H  a  cherché  la  délicatesse  des 
sentiments  dans  des  figures  vulgaires,  et  il  ne  les  a  pas  brusque- 
ment dépouillées  des  vices,  alors  partout  choyés  et  même  ennoblis. 
Tandis  que  ses  vieillards  et  ses  enfants  parlent  au  siècle  la  langue 
vertueuse  de  la  sagesse  et  de  l'innocence,  ses  jeunes  filles  laissent 
voir  les  amorces  de  l'amour.  Succédant  aux  peintres  effrootés 
des  galanteries  de  cour  et  d'opéra ,  il  reprend  une  pudeur  fort 
oubliée,  vêt  simplement  ses  bourgeoises  et  ses  grisettes,  qui 
n'oseraient  aller  en  paniers,  ou  toutes  nues,  comme  les  grandes 
dames  de  Boucher;  toutefois,  leur  déshabillé  de  Siamoise  reste 
assez  ample  et  leur  fichu  assez  négligemment  noué  pour  que  leur 
beauté  n'y  perde  aucun  de  ses  avantages.  En  elles  apparaît, 
comme  dans  la  Julie  de  Rousseau  et  la  Manon  de  Prévost,  une 
génération  de  femmes  qui  se  relèvent  déjà  par  le  sentiment  de 
l'abandon  où  les  vices  des  grands  les  tiennent  plongées^  et  qm 
sont  sincères  dans  leur  passion  :  ce  sont  les  mères  de  la  géné- 
ration de  89. 


Vh   —   PROCÉDÉS. 


Un  peintre  appartient  à  son  temps  par  ses  pratiques  aussi  bien 
que  par  son  esprit,  et  la  critique  qu'il  subit,  même  sous  le 
rapport  technique,  a  ses  variations.  Diderot,   qui  avait  pour 


afxiome  Hn&  M  Nature  ne  fait  riéti  d'incorrtfet  et  qcri  plîKjâît  la 
p>u8  grande  qualité  du  coloriste  danâ  )e  seAtimettt  dé  la  Chfaif, 
louait,  dans  la  peinture  de  Greuze,  la  beauté  de  la  peau,  la  vérité 
des  détails,  la  largeur  et  la  force  de  la  touche,  les  heureuit  pas- 
sages des  tons.  En  le  déclarant  inférieur  à  Ténîe/s  pour  la  couleirf , 
a  Tassimilait  volontiers  à  Rubens,  à  Rembrandt  et  à  Van  Dyck.  H 
lui  reproche  d'un  autre  côté  des  disparates  de  formes  dans  la 
même  ligure,  et  des  disparates  de  nature  dans  le  môme  sujet,  des 
tons  faux ,  mats  ou  sans  transparence,  et  en  général  Un  coloris 
gris  oti  vîolâtre.  A  ses  yeux  Lagrenée  était  plus  éclatant  et  plus 
solide,  et  Chardin  était  plus  vrai  ^ 

Lescritiques,  qui  vinrent  ensuite,  reconnurent  dans  les  ouvrages 
de  Gretize  un  dessin  ferme,  mais  manquant  d'élégance  et  faisant 
un  emploi  affecté  des  méplats,  des  draperies  de  mauvais  goiH  et 
d'an  ton  lourd  et  sale,  une  couleur  sans  transparence  dans  les 
tons,  faible  dans  le  clair-obscur,  et  tirant  trop  généralement  stir 
le  violet.  Mais  ils  n'en  proclamaient  pas  moin»Greu2e  tin  peintre 
unique  pour  la  beauté  dé  ses  carnations  et  Texpressioft  vraie  est 
savante  de  ses  tètes*. 

Selon  la  critique  allemande  et  anglaise,  Greuze  est  déterminé 
comme  ayant  une  certaine  analogie  de  sentiment  avec  Sterne,  et 
comme  ayant  saisi  le  caractère  français  avec  autant  de  succès  que 
Wilkie  a  fait  le  caractère  anglais.  Son  exécution  est  ensuite  trouvée 
admirable,  quoique  d'un  ton  froid  et  violet  '.  L'auteur  étranger 
le  plus  récent  qu'on  puisse  citer  *,  critique  très^éclairé^  mais  peu 
sympathique  à  l'École  française,  réclame  contre  fengouement 
actuel  des  Anglais  pour  notre  peintre  r  «c  Après  tout ,  dit-il ,  Greuze 
n'est  qu'un  peintre  de  second  ordre  ;  son  dessin  est  rond  et  court; 
son  modelé  est  lourd  et  mou;  il  n'entend  guère  le  clair-obscur; 

1.  Essai  sur  la  peinture;  Salons  de  4761, 1765, 4769. 

2.  Gault  de  Saint-Germain,  les  Trois  siècles  de  la  peinture  en  France,  t^aris, 
18d8,  in-8-,  p.  254.  —  Paillot  de  Montabert,  Fabien  Pillet,  etc. 

3.  Kugle^,  Handbook  ofpainiinff,  French  Schools,  London^  4854,  fp^  325. 

4.  On  sait  aujourd'hui  que  récrirain  qui  s'est  fait  une  réputation  itouVeUe 
sons  le  nom  de  Wilbem  Btkrger  n'est  autre  chose  qu'un  Francis;  (A^  de  B.) 


^ 


510  J.-B.  GREUZE. 

sa  naïveté  est  un  peu  de  Tafféterie;  ses  mouvements  sont  ou  vul- 
gaires ou  faussement  dramatiques  ^  »  Nous  avons  vu  comment 
on  pouvait  entendre  les  défauts  d'affectation  qui  sont  ici  allégués. 
Les  vices,  reprochés  au  dessin  et  au  modelé,  portent  principale- 
ment sur  les  figures  nues  essayées  par  le  peintre,  qui  n'était 
supérieur  que  dans  les  têtes,  et  restait  incorrect,  dans  les  figures 
entières,  d'autant  plus  qu'il  les  habillait  moins,  différant  en 
cela  de  la  plupart  de  ses  contemporains,  qui  savaient  par-dessus 
tout  relever  leurs  compositions  de  nudités. 

Quant  aux  autres  vices  de  sa  peinture,  ceux-là  les  ont  le  mieux 
compris  qui  ont  dit  comment  ils  tenaient  à  ses  qualités  et  consti- 
tuaient son  individualité  comme  peintre.  M.  Taillasson  a  parfai- 
tement senti  que  ses  méplats,  ses  tons  violets,  ses  airs  de  têtes 
uniformes  étaient  d'ailleurs  si  pleins  de  vérité  qu'ils  faisaient  l'ori- 
ginalité du  peintre,  et  ne  l'empêchaient  pas,  dans  son  chef- 
d'œuvre,  la  Petite  fille  au  chien,  d'arriver  le  plus  près  possible  de 
la  nature*.  M.  Charles  Blanc,  le  dernier  et  le  plus  sagace  des  cri- 
tiques français,  en  relevant  aussi  les  défauts  de  la  peinture  de 
Greuze,  a  montré  comment  ils  servaient  à  sa  manière;  il  a  fait 
voir  que  les  disparates  d'âge  entre  la  tête  et  le  corps,  remarquées 
dans  ses  jeunes  filles,  servaient  à  l'expression,  mêlée  d'innocence 
et  de  péché,  qu'il  voulait  rendre,  que  la  négligence  des  draperies 
faisait  valoir  l'éclat  des  chairs,  et  que  l'éparpillement  de  ses 
lumières  contribuait  au  rendu  de  tous  les  détails.  Il  a  aussi  fait 
ressortir  la  grâce  et  la  passion  que  le  peintre  avait  tirées  du  bleu 
et  du  vermillon  de  sa  palette,  et  il  a  caractérisé,  mieux  qu'on  ne 
l'avait  jamais  fait,  sa  touche  beurrée,  déposant  comme  des 
hachures,  multipliant  les  méplats  et  les  facettes,  et  arrivant  au 
fini  en  écartant  la  monotonie  d'un  travail  lisse  et  parfondu  *. 

Au  moment  où  arrivait  Greuze,  ce  n'était  pas  tout,  pour  être 
un  peintre,  d'apporter  des  types  et  de  représenter  des  sujets  nou- 
veaux ;  il  fallait  se  distinguer  par  la  touche,  raviver  les  formes 

1.  Trésort  d*art  exposés  à  Manchester,  Paris,  1857,  in-12,  p.  339. 

2.  Observations  sur  quelques  grands  peintres,  Paris,  1807,  iD-8%  p.  S38. 

3.  Histoire  des  peintres  de  toutes  les  écoles,  Greuze,  iQ-4«. 


^ 


J.-B.  GREUZE.  517 

et  renforcer  les  expressions  par  un  maniement  ressenti  du  pin- 
ceau, par  un  fard  prononcé  dans  le  ton.  L'habileté  dans  la 
touche  avait  été  Tallnre,  sinon  le  progrès,  du  XVII®  siècle  après 
le  XVI®,  des  Flamands  et  des  Espagnols  après  les  Italiens.  II 
appartint  aux  Français  du  XVIII*  d'y  persévérer  avec  aggrava- 
tion. Watteau,  Boucher  et  Vanloo  avaient  puisé  dans  des  procé- 
dés de  touche  toute  leur  séduction  ;  Chardin  et  Fragonard,  dans 
leurs  genres  si  différents,  avaient  eu  les  leurs  :  Greuze,  qui  avait 
étudié  particulièrement  Rubens,  arriva  dans  son  genre  à  quelque 
effet  analogue  par  des  moyens  à  lui.  Gardons-nous  bien  de  les 
déplorer,  quelle  que  soit  l'opinion  que  nous  suggère  notre  goût 
particulier,  parce  qu'ils  sont  une  des  conditions  de  la  supériorité 
de  ses  ouvrnges  dans  le  temps  où  ils  furent  peints,  et  l'une  des 
causes  de  l'attachement  que  leur  vouent  de  nombreux  admi- 
rateurs. 


VII.   —  CARACTÈRE    PERSONNEL    ET    DÉCLIN. 

Greuze  n'eut  pas  l'existence  heureuse  et  brillante  à  laquelle 
semblait  l'appeler  la  faveur  de  ses  ouvrages.  La  cause  de  ses 
malheurs  fut  dans  son  caractère  et  dans  son  ménage.  Autant 
que  nous  le  connaissons  par  les  traits  ramassés  par  ses  bio- 
graphes, c'était  un  petit  homme,  avec  une  grosse  tête  et  des 
yeux  vifs,  bon  et  tendre  même,  mais  obstiné,  d'un  amour-propre 
aveugle  et  d'une  franchise  rustique,  jusqu'au  point  qu'il  refusa, 
à  ce  que  raconte  Mariette,  de  faire  le  portrait  de  M"®  la  Dau- 
phine,  après  avoir  fait  celui  de  M.  le  Dauphin,  en  répondmt 
comme  un  sabotier  :  «  Je  ne  sais  point  faire  de  pareilles  têtes*.  » 
Quand  il  se  fut  éloigné  de  l'Académie,  Greuze  fit  chez  lui  les 
expositions  de  ses  tableaux.  Il  y  trouvait  cet  avantage  de  faire 
lui-même  la  description  de  ses  sujets  aux  visiteurs,  et  d'y  recueil- 
lir des  compliments  qui  ne  pouvaient  être  que  flatteurs.  M"'  de 

1.  AbecedanOf  t.  II,  p.  331. 


M8  J.-B.  GHEUZE. 

Valory  a  parlé  des  visites  quQ  Oreot  à  soo  atelier  toui  ce  que  la 
Cour  renfermais  de  gens  aimables  et  de  mérite  et  les  plus 
illustres  voyageurs.  Celle  de  Tempereur  Joseph  11  mérité  d*étre 
citée  pour  sa  conversation:  après  avoir  payé  un  juste  tribut 
d'éloges  aux  ouvrages  du  grand  peintre,  Tempereur  lui  demanda 
dans  quel  livre  il  puisait  ses  sujets?  —  Dans  mon  cœur,  répon« 
dijt-il.  — En  ce  cas,  reprit  Tempereiir,  vous  ne  ressemblez  point 
!fM%  autres  artJ3tes;  vous  êtes  le  peintre  et  le  poète  de  vos 
ouvrages  ^  Une  visite  plus  intéressante  encore  fut  celle  que  lui 
0t  M"*"*  Roland  en  1777 ,  et  dont  elle  parle  dans  une  de  ses 
lettres  k  M"®  Canet.  Le  caractère  et  le  talent  de  Greuze  sont 
jugés  lài  ^vec  b^aucoup  d'esprit,  en  prose  et  en  vers;  la  maligne 
visiteuse  ne  manqua  pas,  tout  en  admirant  la  Malédiction  pater- 
nelU  et  /a  Cruche  cassée,  de  faire  poser  la  vanité  du  peintre,  de 
relever  la  critique  qu'il  fait  de  Rubens,  et  de  lui  faire  raconter 
la  visite  de  Joseph  11  ^.  Elle  voulut  aussi  faire  son  observation  sur 
la  Fille  à  la  crache  cassée,  en  reprochant  à  Greuze  de  n'avoir  pas 
fait  sa  petite  assez  fâchée  pour  qu'à  l'avenir  elle  n'eut  plus  la 
tentation  de  retourner  à  la  fontaine,  dût-elle  y  casser  encore  sa 
cruche. 

La  faveur  de  la  Cour  valut  à  Greuze  le  titre  de  peintre  du  Roi^ 
et  le  logement  au  Louvre;  mais  il  quitta  ce  logement  par  sui< 
des  désordres  de  son  ménage.  Sa  femme,  immiscée  dans  le  ccwn- 
merce  d'estampes  qu'il  faisait  en  société  avec  plusieurs  graveu^^ts, 
gaspilla  ses  bénéfices,  prit  des  amants,  parvint  à  le  dépouL 
en  s'entendant  avec  un  conseiller  au  parlement  et  se  jeta 
les  derniers  débordements.  Ses  vanités,  ses  infortunes  coi 
gales,  son  commerce  de  gravures  l'avaient  exposé  à  des  affro] 

1.  Greuze  ou  l'Accordée  de  village,  Notice,  p.  18. 

2.  Lettres  inédites  de  Mme  Roland,  adressées  à  Mlle  Catiet  de  1772 à  ^  4780, 
Paris,  iSil ,  in-8»,  t,  II,  p.  196.  Sa  conversation  avec  Joseph  H  y  est  rapp^i^^r^ 
dans  des  termes  un  peu  différents,  et  qui  paraissent  plus  eiacts  que  ceax 
donnés  par  If"*  de  Valory  :  «  Avez-vous  été  en  Italie,  monsieur?  —  Ov/, 
monsieur  le  comte ,  j*y  ai  demeuré  deux  ans.  —  Vous  n'y  avez  pas  \iWMrwéce 
genre,  il  vous  appartient;  vous  êtes  le  poâte  de  vos  tableaux.  » 


J.-B.  GREUZE.  51tl 

iiB  fournirent  du  moins  le  sujet  d'une  caricature  qui  dut  être 
publiée  vers  1761.  Je  ne  me  charge  pas  d'en  interpréter  toutes 
les  allusions,  ni  d'en  transcrire  toutes  les  légendes,  mais  elle 
est  dédiée  à  la  irhs-haute,  très-plaliante  et  très-ridicule  dame, 
femme  de  J.-B.  Greuse,  et  composée  de  deux  obélisques,  où  Ton 
voit,  au  milieu  de  beaucoup  d'emblèmes  satiriques,  le  croquis 
de  la  gravure  de  la  Belle-Mhre  par  Levasseur,  et  du  médaillon  du 
peintre  par  Flipart;  l'exécution  de  cette  eau-forte,  petit  in»4^  «Q 
hauteur  ^  est  assez  vive  et  pittoresque.  Vers  1784,  Greuze  put 
eniiD  obtenir  un^  séparation  avec  partage  de  biens,  et  resta 
chargé  de  ses  deux  filles,  avec  un  avoir  de  1^350  livres  de  rente  ^. 
Ces  filles  furent  sa  consolation.  On  achève  deconnattre  l'homme 
en  apprenant  qu'il  eut  pour  la  société  des  femmes,  particulièj'ftt 
ment  pour  les  plus  jeunes,  un  penchant  décidé,  qui  ne  fit  que 
s'accroître  avec  l'âge.  Des  biographes,  qui  l'ont  connu,  disent 
qu'il  était  friand  de  leurs  éloges,  galant  avec  elles,  et  môme 
pénétré  d'un  sentiment  vif  pour  leur  excellence.  Les  vieilles, 
au  contraire,  le  faisaient  fuir,  et  une  coquette  de  son  voisinage 
lui  faisait  tomber  la  palette  des  mains  en  se  montrant  à  sa 
fenêtre  avec  ses  minauderies  et  son  visage  fardé.  M.  Pillet  ajoute 
qu'il  aimait  la  parure  et  les  habits  voyants,  et  qu'on  l'a  vu  se 
promener,  en  pleine  Révolution,  avec  un  habit écariale  et  l'épéeau 
côté  '.  On  sait  enfin  qu'il  eut  surtout  pour  élèves  des  femmes,  sa 
fille  Anna,  sa  filleule  Caroline Tochon  (M"«  de  Valory),  M»®  Jubot, 
M*"^  Ledoux,  M**«  Mayer.  Nous  rencontrerons  aussi  plusieurs 
femmes  parmi  ses  graveurs. 

La  Révolution  trouva  Greuze  dans  une  situation  précaire,  son 
talent  vieilli,  ses  tableaux  ne  se  vendant  plus,  la  vogue  de  ses 
estampes  passée.  6on  genre  n'y  fut  pas  tout  de  suite  proscrit;  la 

1.  J'ai  TQ  cette  pièce  an  Cabinet  des  estampes.  D  est  à  regretter  que  M.  Ar- 
nauldet  ne  l*ait  pas  décrite  dans  son  article  kht  les  estampes  satiriques,  bouf- 
fonnes et  singulières  {Gazette  des  Beaux-Arts,  t.  IV,  octobre  4859). 

2.  Archives  de  VArt  français,  t.  Il,  p.  453. 

3.  Lecarpentier,  Fabien,  Pillet,  les  Archives  et  le  Journal  des  Débats,  cité 
par  Ch.  Blanc. 


5^0  J.-B.  GRËUZË. 

sensibilité  et  la  moralité  de  ses  sujets  se  prolongèrent,  durant  les 
premiers  Salons  de  la  République,  par  l'apparition  de  ses  élèves 
et  par  l'imitation  de  plusieurs  peintres  connus,  tels  que  Debu- 
court,  Vangorp,  Bailly.  On  vit  même  quelquefois  des  groupes  de 
ses  tableaux  mis  en  scène  dans  les  fêtes  républicaines.  Mais  les 
sujets  antiques  et  patriotiques  absorbaient  désormais  l'attention , 
et  les  sujets  familiers  durent,  pour  se  faire  accueillir,  changer  de 
costume  et  de  manière.  Le  peintre  de  r Accordée  de  village,  tout 
à  fait  vieux,  essaya  de  secouer  l'abandon  et  la  misère  qui  l'acca- 
blaient. Il  exposa,  au  Salon  de  l'an  VIII,  dix-sept  ouvrages  dans 
le  goût  de  ceux  qu'il  avait  toujours  faits  :  des  sujets  de  sentiment, 
des  têtes  de  caractère,  des  portraits.  Mais  Diderot  n'était  plus  là 
pour  les  décrire,  MM.  de  Julienne  et  de  La  Live  pour  les  acheter, 
et  voici  comment  ils  sont  accueillis  par  la  critique  la  plus  bien- 
veillante :  (c  Greuze  est  un  vieillard,  qui  a  paru  après  Boucher. 
Son  coloris  n'est  pas  vrai,  et  son  dessin  n'est  pas  pur.  David  nous 
a  tellement  hal)itués  à  cette  pureté  que  nous  prétendons  la  ren- 
contrer partout;  au  reste,  les  compositions  de  Greuze  sont  simples 
et  on  y  trouve  du  caractère  *.  »  Cependant  la  protection  de  la 
République  ne  lui  manqua  pas.  Son  logement  au  Louvre  lui  fut 
rendu,  et  il  reçut  la  commande  d'un  tableau.  Il  en  était  réduit 
à  en  solliciter  le  prix  par  besoin,  avant  de  l'avoir  terminé  *. 
Greuze  envoya  encore  quelques  ouvrages  aux  Salons  de  l'an  IX  et 
de  l'an  XII;  on  n'y  remarqua  que  la  reproduction  d'un  de  ses 
anciens  tableaux,  S^^  Marie  Égyplienne,  où,  pour  se  confonner  au 
goût  de  son  temps,  le  peintre  avait  changé  quelques  attributs 
etmis'entre  les  mains  de  la  sainte,  au  lieu  d'une  croix,  des 
flèches  brisées,  pour  indiquer  la  victoire  remportée  sur  l'amour  '. 
Il  mourut  le  21  mars  1805.  Pas  un  peintre,  dit  M™«  Yalory,  ne 

1 .  Sur  la  situation  des  beaux-arts  en  France,  ou  Lettres  d'un  Danois^  par 
Bruun  Neergaard,  Paris,  an  IX,  in-8°,  p.  67. 

2.  Letti'ti  du  29  pluviôse,  an  IX,  publiée  dans  l* Iconographie,  dans  l'Histoire 
des  peintres  de  toutes  les  écoles,  et  dans  les  Archives  de  VArt  français,  t  U, 
p.  172. 

3.  Greuze  ou  l'Accordée  de  village,  Notice,  p.  23. 


J.-B.  GRELZF..  521 

vint  honorer  ses  obsèques.  L'une  de  ses  élèves  se  cliançea  fie  la 
prière  funèbre;  elle  vint  attacher  à  son  cercueil  une  couronne 
d'immortelles  avec  ces  mots  :  «  Ces  fleurs,  offertes  par  la  plus 
reconnaissante  de  ses  élèves,  sont  Temblème  de  sa  gloire  ^ 


VIII.   —  GRAVEURS. 

On  connaîtrait  mal  l'autorité  d'un  peintre,  sî  l'on  ne  recher- 
chait les  graveurs  qu'ont  trouvés  ses  ouvrages.  Le  talent  de 
Greuze  était  de  ceux  auxquels  ne  suffit  pas  la  publicité  privilégiée 
des  riches  cabinets.  A  ses  sujets,  compris  de  la  multitude,  il  fallait 
la  vulgarisation  de  la  gravure,  et,  si  les  commandes  de  la  Cour  et 
la  protection  de  l'Académie  lui  manquèrent,  le  corps  des  gra- 
veurs, très-nombreux  alors,  lui  fournit  des  moyens  de  succès 
plus  faciles.  Les  premiers  furent  Flipart,  Gaillard,  Levasseur  et 
Massard,  avec  lesquels  il  contracta  une  société  pour  le  commerce 
des  estampes,  qui  lui  avait  rapporté  jusqu'à  300,000  livres  '. 

Celui  d'entre  eux  qui  a  le  mieux  gravé  son  peintre  est  Flipart, 
élève  de  Cars,  graveur  moelleux,  empâté,  avançant  beaucoup  ses 
planches  à  la  pointe  et  à  l'eau-forte  sans  les  heurter,  et  les 
reprenant  patiemment  au  burin  pour  leur  donner  de  la  douceur 
et  de  l'éclat.  Flipart  a  aussi  traduit  Boucher  et  Natoire,  Vien  et 
Vernet;  mais  il  ne  fut  jamais  plus  heureux  et  plus  fidèle  a  son 
original  que  lorsqu'il  a  traduit  Greuzo.  11  fit  en  1763  le  por- 
trait du  peintre,  dessiné  par  lui-même  et  gravé  par  son  ami; 
il  se  réserva  la  gravure  des  trois  chefs-d'œuvre,  le  Paralytique, 
1767,  l'Accordée  de  village,  1770,  le  Gâteau  des  Rois,  1777,  et  des 
pièces  tendres,    la  Tricoteuse,  dédiée  à  M"«  Greuze,  1763,   la 

1 .  Le  fait  est  rapporté  dans  les  journaux  du  temps,  le  Moniteur,  le  Jw^mal 
de  VEmpire,  le  Journal  des  Arts.  Ce  dernier  publia  une  notice  nécrologique  et 
un  éloge  par  M.  Lucas  Montigny.  Quelques-uns  nomment  la  personne  qui 
rendit  hommage  à  son  cercueil  M^*  Mayer,  mais  M"*  de  Valory,  qui  doit  être 
mieux  informée,  désigne  M"*  Jubot;  Notice,  p.  27. 

2.  Archwet  de  VArt  français,  t.  II,  p.  163. 


^  J.-fi.  42REUZH. 

Pleureuse  ou  la  perte  du  eerin,  dédiée  à  la  duchesse  de  Oram^ 
mont,  1767.  il  s'était  si  bien  approprié  la  manière  de  Greu;» 
qu'il  la  rappelait  encore  en  gravant  des  compositioiM  dont  le 
dessin,  fait  par  d'autres^  ne  le  soutenait  pas  assez.  Tidie  est  le 
jolie  estampe  du  Concours  pour  le  prix  de  Tétude  des  têtes  et 
de  l'expression,  fondé  par  le  comte  de  Caylus  et  dessiné  par 
Gochin  le  fils  en  1761.  Il  transmit  enûn  le  goût  de  Greuze  à 
plusieurs  de  ses  élèves,  comme  Dannel  et  Marie  Boizot. 

I^ouf,  élève  de  Flipart,  et  après  lui  le  graveur  le  plus  fidèle 
de  Greuze,  a  gravé  huit  de  ses  tableaux,  depuis  1769  jusqu'eq  1773. 
C'est  à  lui  que  s'adressa  Greuze  en  1766  pour  graver  la  suite  de$ 
Têtes  de  différents  caractères,  dédjées  à  son  ami  Wille^.  Ces  recueil^ 
furent  reproduits  et  continués  par  d'autres,  notamment  pqjr 
Lejtelljer,  qui  en  publia  plusieurs  cahiers.  IpgQuf  fit  daqs  le 
jfkévf^  genre  sept  petites  têtes,  tirées  du  Paralytique.  Ces  pièces, 
qui  s'adressaient  aux  Académies  de  dessin,  étaient  gravées  avec 
plgs  d'intelligence  et  de  souplesse  que  celles  qu'on  faisait  à 
l'usage  des  salons^ 

Gaillard  et  Levasseur,  autres  associés  de  Greuze^  étaient  des 
graveurs  bien  moins  artistes,  l'un  déjà  voué  aux  peintures 
lâchées  de  Boucher,  d'Eisen  et  de  Jeaurat,  l'autre  aux  peintures 
académiques  de  Troy  et  de  Restout  ;  ils  n'apportèrent  à  Greuze 
que  le  tribut  d'un  burin  suffisamment  propre,  e(  habile  à  faire 
valoir  un  sujet. 

Massard,  le  plus  jeune  des  associés,  donna  du  moins  à  Greuze 
les  prémisses  de  sa  gravure.  11  se  fit  connaître  de  1772  à  1778 
par  cinq  de  ses  ouvrages  capitaux  :  la  Cruche  cassée,  la  Mère  bien- 
aimée,  la  Dame  bienfaisante,  la  Mélancolie,  la  Vertu  chancelantC'^ 
On  sait  que  M">®  Greuze  avait  posé  pour  plusieurs  de  ces  figures, 
et   le  graveur  a  constaté  cette  circonstance  dans  une  petite 

1.  M.  Leblanc  (  Manuel  de  l'amaUur  d'estampes,  t.  II ,  p.  3S1  )  a  donné  cette 
suite  de  douze  pièces  comme  gravée  par  Greuze  et  copiée  enaaite  par  lagoof. 
Wille  dit  positivement  que  Greuze  la  fit  graver  d'après  ses  dessins  (Jùnmal, 
1. 1,  p.  313)  ;  dans  la  premièn  édition,  t766,  tes  douze  pièces  portent  eo  eist 
la  signature  dlngouf. 


J.-B.  GRËUZE.  623 

esiampe^jui  donne  la  tête  seule  dans  un  cadre  avec  une  esquisse 
du  tableau  dans  le  bas  :  Étiule  du  tableau  de  la  Dame  de  charitàf 
faUe  d'après  M^  Greuze,  1772. 

C'est  dans  l*œuvre  de  Moitte,  graveur  du  Roi,  de  son  fils 
François-Auguste,  de  sa  fille  Rose-Angélique,  qu'il  faut  chercher 
le  nombre  le  plus  considérable  d'estampes  d'après  Greuze.  La 
méthode  de  cet  atelier  était  propre  et  polie,  et  il  se  livra  à  la 
publication  des  sujets  plus  petits  et  des  figures  de  caractère,  qui 
étaient  gravés  par  paires  pour  la  symétrie  d'ornement  des  salons 
de  compagnie,  où  Ton  recherchait  surtout  le  fini  et,  s'il  se  pou- 
vait, le  brillant  du  travail*  Les  Moitte  gravèrent  surtout  les 
sujets  italiens  de  Greuze  ;  en  y  mettant  quelquefois  beaucoup 
'de  vivacité,  ils  n'y  font  pas  trouver  plus  d'expression  locale.  Us 
gravèrent  la  suite  des  Divers  habillemenls  suivant  le  costume 
cFItaliâ,  dessinés  d'après  nature,  ornés  de  fonds  par  Lallemaad 
de  Dijon,  et  tirés  du  portefeuille  de  l'abbé  Gougenot,  1768.  Ce 
recpeil,  en  vingt-cinq  pièces,  est  varié  et  curieux,  mais  on 
juge,  à  plus  d'une  figure,  que  les  graveurs  ajoutent  encore  à 
l'esprit  parisien  avec  lequel  la  nature  italienne  avait  été  ici 
observée  par  le  dessinateur,  quand  ils  nous  donnent  la  Donna 
Fiorentina,  con  cuffia  di  farfall'a  e  con  marito  per  riscaldarsi. 

On  grava  beaucoup  Greuze  dans  l'atelier,  fort  nombreux,  d'un 
autre  graveur  du  Roi;  Beauvarlet,  occupé  de  beaucoup  d'autres 
maîtres^  ne  dédaigna  pas  de  faire  quelques  sujets;  Françoise 
Deschamps,  sa  femme,  et  ses  élèves  Louis  Binet,  Voyez  l'aîné, 
Dennel,  Hubert,  Malœuvre,  Porporati  en  gravèrent  aussi.  Indépen- 
damment des  sujets  finis  pour  l'ameublement,  quelques-uns  de 
ceux-ci  firent  des  pièces  pins  négligées,  où  la  manière  du  peintre 
était  cherchée  avec  plus  d'intention  pittoresque.  Françoise 
Deschamps  grava  avec  beaucoup  de  liberté,  et  dès  1758,  des 
études  de  mendiants,  qui  ne  pouvaient  plaire  qu'à  des  amateurs 
déterminés. 

Parmi  ceux  qui  gravèrent  e^  plus  petit  nombre  les  ouvrages 
de  Greuze,  il  faut  distinguer  Cars,  qui  avait  donné  des  leçohs  à 
Flipart;  Jardinier,  son  élève;  Dupuis,  et  ses  élèves,  Henriquez  et 


C 


5-24  J.-B.  GRl^UZE. 

Macret;  LebaF,  et  ses  élèves,  Aliamct,  Martenasie  d'Anvers,  et 
Moreau  le  jeune.  Lebas  exposa  dès  1757  une  gravure  d'après 
Greuze,  des  Gens  qui  écossent  des  légumes;  Moreau,  considéré  de 
bonne  heure  pour  l'habileté  de  son  dessin,  fut  employé  à  Teau- 
forte  de  plusieurs  planches  terminées  par  d*autres.  Il  serait 
intéressant  de  rechercher  qui  a  le  premier  gravé  une  composi- 
tion de  Greuze  :  je  puis  seulement  indiquer  une  petite  estampe  de 
Marcenay,  le  Vieillard  au  bonnet  fourré,  dont  l'original  passe  pour 
être  de  la  main  de  Greuze  en  imitation  de  Rembrandt^.  Il  y  en 
a  plusieurs  épreuves,  et  Tune  d'elles  porte  pour  inscription, 
s  A.  Demarcenay  del.  et  sculp.  1754.  »  La  pointe  de  Marcenay  a 
fait  disparaître  la  manière  de  Greuze,  si  toutefois  elle  était 
dans  ce  morceau. 

Les  portraits,  qui  tiennent  une  si  grande  place  dans  l'œuvre  de 
Greuze,  n'ont  pas  eu  de  nombreux  graveurs.  Le  plus  distingué 
est  Saint-Aubin,  qui  grava  J/"'  Babuty,  Diderot,  FAnguet. 

Wille,  l'ami  de  Greuze,  ne  grava  rien  d'après  lui  ;  mais  il  fit 
travailler  à  des  ouvrages  de  lui  Moreau  et  plusieurs  de  ses 
élèves.  La  plupart  étaient  des  Allemands,  et  l'on  ne  doit  pas 
être  étonné  de  trouver  que  Guttenberg,  Chevillet,  Dunkeret 
Bause,  qui  étaient  venus  à  Paris  suivre  l'atolier  de  leur  compa- 
triote, n'aient  pas  le  mieux  réussi  dans  l'interprétation  de  Greuze. 
Cependant  Muller  se  distingua  dans  la^  gravure  du  beau  portrait 
de  son  maître  Wille,  et  Weishrod  dans  la  reproduction  de  cinq 
létes  d'étude.  A  l'étranger.  Greuze  trouva  encore  quelques  inter- 
prètes :  Haid  à  Augsbourg,  Brookshaw  et  Carbutt  à  Londres. 

On  voit  qu'au  milieu  des  nombreux  burinistes  du  XV!!!'  siècle, 
l'interprétation  des  peintures  et  des  dessins  de  Greuze  appartint 
à  ceux  qui  savaient,  dans  leur  propreté,  garder  le  plus  de  cou- 
leur, ou,  comme  on  disait  alors,  le  plus  de  ragoût.  Elle  convenait 
moins  à  ceux  dont  le  talent  consistait  dans  la  coupe  savante  d» 
cuivre  et  le  fini  des  travaux.  Pourtant  aucun  de  ces  interprètes 

i.Catalogw  des  estampes  du  comte  Rigai,  p.  213,  n»  25.  La  pièce  est  an 
Cabinet  des  estampes,  OEuvre  de  Marcênay.  n*  4. 


i 


J 


J.-fi.  GREUZE.  525 

n'a  trouvé  grâce  devant  Diderot.  Selon  ce  critique,  plus  classique 
qu'on  ne  croirait,  la  Gravure  s'en  allait  de  son  temps;  Lebas  lui 
avait  porté  le  coup  mortel;  Wille,  seul  depuis  Baltchou,  savait 
tenir  un  burin.  Lorsqu'il  rencontre,  au  Salon  de  17G7,  le  Paror 
lytique  et  la  Pleureuse  de  Flipart,  il  trouve  que  ses  estampes 
charbonnées  laissent  perdre  la  grâce,  la  finesse  des  caractères  et 
Teffet  des  tableaux.  Quant  à  Moitte^  dont  il  avait  vu  deux  pièces 
au  Salon  de  1765,  on  ne  saurait,  suivant  lui,  être  plus  mauvais  ^ 
En  général,  les  autorités  en  gravure  reprochaient  aux  graveurs 
de  Greuze  Tâcreté  des  teintes  et  la  recherche  des  effets  de 
manière  noire.  Pour  nous,  sans  justiûer  les  incorrections  et  les 
faiblesses  qu'ils  y  ont  souvent  apportées,  nous  ne  pouvons  les 
blâmer  d'avoir  cherché  de  nouveaux  moyens  pour  rendre  une 
nouvelle  manière,  et  d'avoir  donné  au  burin  d'autres  pratiques 
que  celles  qui  étaient  consacrées  par  les  graveurs  d'histoire. 
Diderot  demandait  aussi  peut-être  à  la  gravure  plus  qu'elle  ne 
peut  donner.  A  distance,  lorsque  les  originaux  sont  dispersés,  on 
devient  plus  indulgent ,  et  Ton  tient  plus  de  compte  du  reflet 
que  gardent  toujours  des  estampes  contemporaines  et  pour  les- 
quelles le  maître  a  donné  ses  conseils.  11  ne  faut  pas  oublier 
qu'elles  ont  dispensé  le  talent  de  Greuze  dans  tous  les  lieux  et 
dans  tous  les  rangs,  pour  la  joie  des  familles  et  pour  la  satisfac- 
tion des  curieux.  Leur  apparition  était  un  événement  dans  le 
monde  des  arts,  et  soulevait  des  correspondances  et  des  polé- 
miques dans  les  journaux.  Quand  l'engouement  s'en  mêla,  les 
marchands  prirent  soin  de  l'entretenir  en  établissant  des  grada- 
tions d'épreuves  et  de  prix,  dont  la  supercherie  et  l'agiotage  fai- 
saient souvent  tous  les  frais',  mais  la  réputation  du  peintre  n'en 
était  pas  moins  par  là  bien  établie. 
Greuze,  qui  avait  si  bien  répandu  sa  manière  par  ses  dessins 

i.  Salon  de  1767,  p.  97,  et  Salon  de  1765,  p.  399. 

2.  LBttres  d*wi  voyageur  à  Paris,  à  son  ami  Charles  fMU)es,  demeurant  à 
Londres f  siur  les  now}elles  estampes  de  M.  Greuze,  Londres  et  Paris,  1779, 
60  p.  in-S»,  et  Lettres  à  M.  ***,  voyageur  à  Paris,  Amiens  et  Paris,  1780, 
17  p.  io-8«. 


an  lapfîs,  au  crayon  noir  ou  blanc  ou  h  la  sanguine,  a-t-^î)  gravé 
Iui-Riétai6  à  )*eau-forte?  Des  amateurs  1«  croient,  et  ils  présentent^ 
comme  des  ouvrages  d*f  maître,  deux  ou  trois  pièces  fort  rares, 
qui  île  se  trouvent  que  dans  les  collections  les  plus  Complètes 
des  estampes  faites  de  son  œuvre  :  une  tête  de  femnie  coiffée  dune 
marmotte,  une  tète  de  femme  coiffée  d'un  bormei  et  une  planche 
ê'ètudes  dé  têtes  et  de  mains  ^  Ces  petites  pièces,  faites  d*tine 
pointe  (jin  manque  de  légèreté,  mais  non  d'expression,  ont  trop 
ppQ  d'importance  pour  qu'on  puisse  sûrement  se  prononcer.  La 
première,  signée  d'un  0  et  authentiquée  par  une  signature  auto- 
graphe dans  deux  exemplaires  qu'on  en  a  vus  récemment,  a  seule 
été  admise  par  les  amateurs  les  plus  scrupuleux';  Mais  d'autres 
vont  jusqu'à  vouloir  qu'il  ait  lui-même  gravé  à  la  pointe  la 
ftgiire  de  sa  femme,  connue  sous  le  titre  de  la  Philosophie  endor» 
mie.  Cette  estampe,  en  effet  très-vive  et  très-large  dans  les 
épreuves  d'eau-forte,  devient  froide  et  pesante  sous  le  bmîn. 
d'Âliamet^ 

Des  amateurs,  connus  dans  les  cabinets  d'estampes  par  quelques 
essais  d'eau-forte,  Watelet,  de  La  Live  de  Jully,  de  Brèteui},  se 
frottèrent  à  Oreuze  ;  mais  leur  pointe  débile  sarisit  imparfaitement 
les  caractères  du  peintre.  On  les  retrouve  mieux  dans  les  gravures 
en  fa^^simile  de  dessins  au  lavis  et  au  crayon^  qui* commençaient 
alors  èf  se  propagea*  Louis  Bonnet,  qui  se  disait  l^nventeur  de  la 
gravure  air  pastel,  grava  et  dédiât  à  M^"*  Greuze  une  de  des  tètes, 
dafns  lesquelles  la  femme  et  la  m^anière  du  peintre  étaient  ideo- 
tifrées  ;  Hôin  graVaf  au  lavis  la  S^  Marie  Égyptiermt;  Gharpeniier, 
MC"  Lingée,  Janinet  publièrent  dans  ce  genre  des  études  de 
femmes,  de  mendiants,  des  télés  de  jeune  fille  et  de  garçoft^  qui 
introduisirent  les  modèles  de  Gfeuse  dans  beaucoup  d'écoles  et 
tempérèrent  par  leur  naturel  le  guindé  des  modèles  académiques. 
Au  moment  delà  Révolution,  les  compositions  de  Greuze  étaient 

i^  Marmêl  de  Vamateur  d^estampes,  n*  43, 14  et  iSu  Oo  pent  Toir  ces  pidees 
aa  Cabinet  des  estampée. 

î.  Le  Péintre-GréMÉT  ffaàçait,  conthnié  par  H.  Protfper  ëe  Bnodicoif^ 
t.  1,1859,  p.  129. 


à 


J.-B.  GREUZE.  527 

déjà  passées  aux  genres  de  gravures  les  plus  vulgaires  ;  Alix,  Bon- 
net, Bligny  et  d'autres  les  avaient  mises  au  pointillé  et  en  cou- 
leur, et  les  avaient  fait  souvent  dégringoler  jusqu'à  Tiniagerie; 
c'a<(t  encore  un  hommage  au  maître.  Les  plus  grands  ne  sont  pas 
exempts  de  ces  sortes  de  traductions,  mais  elles  n'avaient  pas 
peu  contribué  à  la  démonétisation  que  Greuze  subit  au  commen- 
cement du  siècle.  Il  s'en  est  relevé  ;  on  peut  juger  de  la  place 
qu*il  a  reprise  dans  l'estime  publique  parles  prix  de  vente  qu'ob- 
tiennent aujourd'hui  ses  ouvrages  et  par  les  nouveaux  graveurs 
qu'ont  obtenus  ses  tableaux  et  ses  dessins.  Le  burin  d'Aristide 
Louis  et  le  crayon  lithographique  d'Aubry  Lecomte  ont  reproduit 
V Innocence  et  la  Paix  du  ménage  avec  un  charme  que  n'avaient 
pas  toujours  trouvé  les  graveurs  contemporains,  et  l'un  de  nos 
plus  habiles  eau-fortistes,  Charles  Jacques,  a  su  trouver,  dans 
ses  études  de  Greuze,  des  motifs  encore  neufs. 


(1 


'f 


1 


rii 


rABLE 


(A.,  veut  dire  Architecte;  G.,  Graveur;  P.,  Peintre;  S.,  Sculpteur.  —  L'astérisque, 
placé  avant  un  article ,  indique  les  noms  géographiques.  —  Le  tiret  remplace  le  nom 
ou  le  mot  qui  est  en  tête  de  l'article.  —  Lorsqu'un  article  est  divisé  en  peinture  et 
sculpture,  peinture  désigne  tout  ce  qui  est  du  dessin  proprement  dit,  sans  distinction 
de  dessins  do  gravures  et  de  tableaux.  ) 


♦  Abbeville  (Artistes  nés  à),  34,  2flC. 
Abecedario.  Voyez  Mariette. 
Abeilard,   264,  315,  34t.  Voy.  Hé- 

loîse. 
Abeilles,  185.  399.  Voy.  Ruche. 
Abel  (la  Mort  d'),  11, 137,  319. 
Abondance  (T),  81,  251,  388. 

—  (Génie  de  r),  334. 

•  Aboukir.  Voyez  Batailles. 
Absence  (T)  adoucie,  355. 

—  ressentie,  355. 

Abus  (Convoi  du  seigneur  des),  481. 

Acacia  (  r  ),  399. 

Académie  (  l'ancienne  )  de  peinture,  7- 
9,  10, 11, 15,  45,  52,  55,  65,  70,  79, 
126, 138, 139,  144,  149,  166,  173, 
175,  182,  18i,  200,  239,  265,  277, 
279,  280,  281,  289,  306,  308,  317, 
354,  355,  356,  357,  359,  360,  385, 
501,  502,  512-3,  517,  521. 

Académies.  Voyez  Curieux ,  Lille,  Lon- 
dres, Marseille,  Paris,  Rome,  Rouen, 
Vienne. 

Académies,  120. 

—  de  femmes,  371. 
Accident  imprévu  (IM,  222. 
Accord  (T),  231. 

—  parfait  (  1'  ),  312. 

—  (Seront-ils  toujoure  d*),  273. 
Accordée  de  village  (T),  506,  511,  520, 

521, 

—  com<idie,50l,504,512,518,520. 
Accordeur  de  guitare  (T),  505. 
Accouchement  (1*),  133. 
Accroche-cœurs,  361. 


Accusateur  public  (T),  journal,  443, 

487. 
Achille,  11,24,201. 

—  (l'Education  d'),  126, 279. 

Acier  (Essais  de  gravure  sur),  366, 387. 
Actes  des  Apôtres,  482. 
Activité  (le  Génie  de  T),  328. 
Adam,  ] 57. 

—  et  Eve  chassés  du  paraiis,  151. 
Adanson,  391. 

.\dieux(lcs),  312. 

—  (les)  du  matin,  182. 

—  (les  pénibles),  304),  363. 

—  Voyez  Lesurques,  Louis  XVI. 
Administration  (Ihcureusc),  347. 
Admiration  (1'),  209. 

Adonis.  Voyez  Vénus. 

—  (le  Départ  d*),  318. 
-(la  Mort  d'),  247. 
Adoration  des  bergers,  149. 
Adresses,  69,  254,  330. 
Adrienne-Sophie,  marquise  de  ***,  333. 
Aérostats,  177,  250,254, 262, 322,  335, 

344,  345,  437. 

—  (Médailles  sur  les),  386. 

—  (Caricatures  sur  les),  481. 

—  Voyez  Parachute. 
Affranchi  (Bonnet  d*),  401. 
Aff'ranchissement  chez  les  Romains, 

394. 
♦  Afrique,  174. 
Advinent,  P.  en  min.,  143. 

—  (M""),  143. 
Agamemnon  (Rôle  d'),  468. 

—  (Costume  d*),  porté  dans  Paris,  477. 
Agate  onyx,  216. 

Age  d'or  (P),  136. 

34 


\ 


530 


AGE  VIRIL.  —  AMOUR. 


Age  viril  (r),  426. 

—  (Draperies  mortuaires  pour  V ),  423. 
Agis,  tragédie,  467. 

— rétablissant  les  loisdeLycargue,i22. 
Agneau,  108. 

Agneaux  (Mes  pauvres  petits),  380. 
Agriculture  (F),  23,  74,  426,  430,  432, 
435. 

—  (Cours  d'),  221. 
Aïeux  (les),  426. 
Aigle,  264, 287,  399,  403. 

Aigles  (Distribution  des),  28,  83,  208. 
Aiguille  (Ouvrages  à  T),  232. 

♦  Aix,138,  224,  300. 

—  r  Artistes  nés  à),  432,  437,  300. 

—  (Tours  antiques  d*),433. 
Albe  (le  duc  d*),  445. 

Albion  (les  vainqueurs  d*),  495. 
Album  (le  journal  T),  121. 
Album  et  Nigrum ,  259. 
Alceste,  29. 

—  (Mortd'),  438. 

—  Voyez  Hercule. 
Alcibiade,  44,  30. 

—  Voyez  Socrate. 
Alcôve,  193. 
Aides  (les),  374. 

*  Alençon,  352. 
Alexandre  I*"'  de  Russie,  288. 
Alfleri  (Vittorio),  246. 
Aliamet,  G.,  323,  524,  526. 

Alix  (P.-M.),  G.,  437,  489,  240,  214, 
252-3,  265,  268,  292,  363,  449,  455, 
468   527. 

Allais' (Louis-Jean),  G.,  497,  200, 201, 
263,  402,  421. 

Allan  (David),  P.,  228. 

Allard  (Ni^*),  danseuse,  435,  342. 

Allégories,  92,  414,  445,  394-445. 

♦  Allemagne  (IM,  230,  257,  394,  442. 

—  (Musées  de  1'),  268. 
Almanachs  :  historique,  409;— lyrique, 

463;  —  littéraire,  9,  40;  —  national, 
484;  —  de  4790,  274  ;  —  de  la  Con- 
vention, 409;  —  des  Beaux -Arts, 
246  ;  —  des  Muses  et  des  Grâces,  31 7 , 
404;  —  des  Gourmands,  252;  —  du 
Père  Gérard ,  322 ,  448. 
Almaviva  (le  comte),  453. 

•  Alpes,  508. 

—  (Passage  des),  28. 

—  Voyez  Berger. 
Alphabets,  415. 
Alphonsine,  roman,  69. 

♦  Alsace,  306. 

*  Altenkirchen ,  257. 
Alvarès,  libraire,  312,  324. 
Amant  (1*)  favorisé,  191. 

—  (F)  pressant,  174,231. 


Amants  (Foracle  des),  328. 

—  Voyez  Printemps. 
Amaury  Duval,  89,  235,  354,  470,471, 

472,  476,  493. 
Amazone,  179,  203. 

—  (Costume  d'),  466. 
Amazones  (les),  opéra,  234. 
Ambitieux  puni  (T),  180. 
Ambition  (1*),  427. 
Américaine  (Médaille  de   Tindépen- 

dance),  384. 

*  Amérique  (la  Guerre  d*),  322, 331, 335. 

—  (la  Révolution  d*),  481. 

*  Amiens,  337,  525. 

—  (Paix  d'),  203. 

—  (Pâté  d'),  160. 
Amies  (les  deux)  à  Tétiide,  489. 
Amiral,  assassin  de  CoUot-d*lIerbois, 

181. 
AmiUé  (r),  426. 

—  Statue,  35,  56,  359. 

—  Voyez  Amour. 
Amour  (P),  31,  46,  51,  57,  93,  98,  99, 

m,  131,  151,  222,  231,  327,  412, 
413,  426,  479. 

—  Statue,  35,  48,  59,  98. 

—  foulant  des  attributs,  209. 

—  agreste,  134;  en  gaieté,  127;  frivole, 
discret,  chevaleresque,  479;  senti- 
mental, 479;  en  carmagnole,  408; 
en  réquisition,  239;  sans -calotte, 
396,  408,  413;  volontaire,  408,  413. 

—  (Éducation  de  F),  318. 

—  et  les  Grâces,  251  ;  —  (les  Grâces 
offrent  r)  à  la  Liberté,  317. 

—  et  Psyché,  127,  137,  208,  214,  270,  .^ 
282, 299,  300, 367;  sculpture,  98, 

—  et  une  Nymphe,  338. 

—  et  la  Patrie,  413. 

—  conduit  par  la  Folie,  318. 

—  (Triomphe  de  F),  46. 

—  enseignant  à  danser  à  une  Jeune 
fille,  li>9. 

—  dérobant  une  rose,  57. 

—  séduit  l'Innocence,  220;  enlève  un 
femme  sur  le  char  de  la  Frivolité,,^^ 
207. 

—  (Leçon  à  F)  299;  réduit  à  la  raison 
98,99, 110,218;  désarmé  par  Venu 
286;  (Nymphe  coupant  les  ailes  de  V) 
197. 

—  et  la  Raison ,  367. 

—  conduit  par  la  Fidélité,  227. 

—  et  FAmitié,  76,  98,  217;  se  consol 
avec  FAmitié,  124;  fixé  par  FAmiti 
227;  (Union  de  F)  et  de  FAmitié, 9 

—  (leBain  d'),  190;  (Beautés dansa 
â  la  musique  de  1},  230;  (le 
quet   d»),  265;   (le  Lit  d*),  190, 


AMOURé  —  AHÉTIN. 


fin 


(Offrande  à  T),  278;  (Première  Leçon 
d'),  336;  (par  eux  V)  l'éclairé,  199; 
(Promesses  et  Jeux  de  T),  188;  (Re- 
tour de  Hle  d' ),  188. 

—  (le  Délire  de  T),  299;  (Héroïsme 
de  r),  292;  (Victimes  de  V},  292. 

—  Voyez  :  Baiser,  Cruel ,  Cupidon,  In- 
nocence, Messager,  Paternel,  Pau- 
vreté, Pensée,  Pont,  Prière,  Ruse, 
Serment,  Vénus. 

Amours,  175, 199,  228, 408,  414. 

—  (Marchande  d'),.207. 

—  (la  Saison  des),  231. 

—  (les)  d'été,  267. 

—  Voyez  Vénus. 
Amulettes,  451. 

An  (  Premier  jour  de  1*  ;,  426. 

Anacréon,  179. 

Anadème,  370. 

Anarchiste  (T),  247. 

Anatomie  (1'),  133,319. 

Ancien  Testament,  53. 

Ancre,  383. 

Andrieu  (Bertrand),  G.  en  méd.,  274, 

387-9. 
Andrieux,  26,  39,  42,  429. 

—  horticulteur,  399. 
Andromaque,  207. 

—  pleurant  sur  le  sort  d'Astyanax,  117. 

—  de  Racine,  98,  281. 
Androsmane.  Voyez  Chapeaux. 
Ane,  494. 

Anecdotes  de  la  Révolution ,  455. 

Anes,  173. 

Angeliomme,  éditeur,  440. 

Anges,  408. 

Anglais  (Les  vainqueurs  des),  345. 

—  (les)  à  Paris,  159,  203. 

—  (les)  en  habit  habillé,  203. 

—  Voyez  Cavalier,  Chasse,  Vaisseaux. 
Anglaise  (La  surprise),  349. 
Anglaises  (Modes),  464.  Voyez  Culotte. 
♦  Angleterre,  116, 149,  396,  442,  459. 

—  { Histoire  d'  ),  302. 

—  (Histoire  républicaine  de  T),  405. 
Anglomane  (T),  223. 
Angouléme.  Voyez  Madame. 
Animaux,  173,  280. 

—  rares  (les),  484. 
Ankarstrom,  209,  241. 

Annales  de  la  Calcographie,  139, 140, 
153,226,228,229,268,381. 

Anne  d'Autriche,  496. 

Année  littéraire  (1'),  507. 

Année  républicaine  (Division  de  1'), 
392. 

—  Voyez  Calendrier. 
Annette,  à  15  et  &  20  ans,  335. 

—  (Rôle  d'),  182. 


Annette  et  Lubin,  146,  182^  Sô?* 
Annibal,  376. 
Annonciation  (1*),  137. 
Annuaire  de  l'an  vu,  394. 

—  Républicain,  398. 

—  Des  Artistes^  512. 
Anquetil,  39. 

Anselin  (Jean  Louis),  G.4 15*  130t  175, 

224,  282-3,  319. 
Ansiaux,  P.,  24,  294. 
Antigène,  31,  139«  236. 
--  Voir  Œdipe. 
Antinous,  452. 

—  (les)  modernes,  130. 
Antiquaire  (un),  188, 

Antique   (l'Admiration  et  l'Imitation 

de  1'),  214. 
Antiquité  (Ah!  quelle),  161. 
Antiquités. 

—  Voyez  Cours,  Etrusques,  Statues. 

*  Anvers.  Voyez  Guérard  et  Martenasie. 
Apelle,  P.,  27,  318. 
Apollon,  29,  56,  230,  479. 

—  Sauroctone,  216. 

—  du  Belvédèi-e,  386,  436,  493. 

—  et  les  Muses,  431. 

—  et  Clio,  435. 

—  et  Cyparisse,  296. 

—  couronnant  lia  Vérité,  284. 

—  Voyez  Sociétés. 
Apôtre  (un),  129. 
Apôtres  (Actes  des),  482. 
Appiani  (Andréa),  P.,  253,  258, 267, 
Appien,  394. 

Apulée,  310. 

Arabes  (sujets),  124. 

Arabesques,  260, 374-5. 

Arbres  de  la  Uberté,  20, 398,  424, 427. 

Arc   de  Triomphe   de   Marius,  près 

d'Orange,  147. 
Archimède,  55. 
Architecture  (r),69,  374. 

—  de  la  Révolution,  416. 

—  (  Graveurs  de  Sculpture  et  d'),  45, 
69. 

—  Voyez  Prix. 

Architecture  (Fragments  d*),  Sculpture 
et  Peinture  dans  le  style  antique,  35. 

Archives  de  l'Art  français,  13,  17,  66, 
83,  91,  92,  93,  94,  95,  96,  97,  102, 
lOo.  109,  251,  308,  314,  509^  612, 
519,520,521. 

"  Arcis  (Artistes  nés  à),  144. 

♦  Arcole  (Pont  d'),  29,  31,  213,  242, 
342. 

Arcourt  (La  comtesse  d'),  232. 

Aréna,  155. 

Arétin  (Pierre),  264. 

—  (1*)  d'Augustin  Carrache,  34(t« 


I 


53^ 


ARGAIL,  —  AUBERTIN. 


Argail,  328. 
Argent  (Pièces  dM. 

—  Voyez  ECU  et  Sous  (Pièce  de  15). 
Aria  et  Pœtus^  23. 

Arioste,  170. 

—  Voyez  Roland. 
Aristide,  statue,  35. 

—  nom  de  Sans-Culotte,  488. 
Aristocrates,  481,  484. 
Aristocratie,  481. 

—  (le  cauchemar  de  T),  196,  217. 

—  (Monstre  désignant  les  trois  états 
de  P).  482. 

Aristomène,  27. 

Ariequin  de  retour  au  Muséum,  131, 

204. 
*  Arles  (Artistes  nés  à),  2i3. 
Arlet  (le  citoyen  d*),  99, 189. 
Armée  de  Condé,  483. 
Armées  de  la  République  : 

—  d'Italie,  40,  232.  Voyez  Italie.      ' 

—  du  Nord,  409. 

—  des  Pyrénées  orientales,  143. 

—  du  Rhin,  40. 

—  de  Sambre-et-Meuse,  40,  51,  253. 

—  (Honneurs  rendus  aux  quatorze), 
de  la  République,  424,  430. 

—  françaises  (Triomphe  des),  237. 

—  Voyez  Représentait. 

Armes  (Administration  des),  374. 

—  Voyez  Pique,  Sabre,  Salnt-Étienne, 
Soho. 

Armoire  (r),  168. 

Aroaud-Baculart,  316. 

Arnauldet  (M.  Thomas),  63,  64,  159, 

353,  519. 
Arnault,  poète,  75. 
Arnavon,  Chanoine  et  P.,  356. 
Arné  (Joseph),  grenadier,  180,  270. 
Aroould  (Sophie),  actrice,  457,  468. 
Arpenteur  (Niveau  d*j,  397. 
»  Arras,  362. 
Arsinoé,  300. 
Art  d'aimer  (!'),  25,  102,  171,  172, 

413. 
Artémise,  47,  360. 
Artisans,  429. 
Artiste  (Femme),  tenant  un  burin, 

207. 
Artistes,  389,  424,  429,  435. 

—  (les  jeunes),  351. 

—  (Réunion  d'),  494. 

—  Voyez  Annuaire,  Arts,  Atelier,  Paris 
(Cabinet). 

Artistes  (Dons  patriotiques  des  dames), 

7-8,  60,  322,  414,  440. 
Artois  (le  comte  d*),  84,  85^  330. 

—  (la  comtesse  d'),  356. 
Arts  (les),  105,423. 


Arts  (Génie  des),  35,  376. 

—  (de  Torigine  et  de  la  marche  des', 
125. 

—  (de  Futilité  des)  en  principe,  %%. 

—  (rUnion  des)  du  Dessin,  56. 

—  (Triomphe  des)  modernes,  63. 

—  (les)  patentés  par  décret,  494. 

—  Voyez  Athénée,  Commission,  Com- 
mune, Fètçs,  Jury,  Lycée.  Minenre, 
Paris  (Conservatoire),  Sciences,  So- 
ciétés. 

Arundel'  (le  comte  d*),  287. 
Asiatiques  (lesj,  396. 
Aspasie,  31,  318,  475. 
Assas  (Louis  d*),  268. 
Assemblée  Constituante,  76,  216. 

—  (Portraits  des  Députés  à  V),  448-9. 
Assemblée  législative,  317,  411. 
Assemblée  nationale,  9,  10,  48,  227, 

262,  273,  278,  279,  283,  303,  319, 
320,  322,  335,  369,  425,  440,  418, 
463,  483,  484. 

—  (Portraits  des  députés  à  ]*),  417. 
Assemblées  : 

—  des  Notables,  234,  3.13;  — -  (Serment, 
de  r),  313. 

—  de  la  Noblesse  et  du  Clergé,  481. 

—  Populaires  (Salles  des),  34. 

—  du  Palais  Royal,  441. 

—  des  Aristocrates,  caricature,  481. 
Vssignat  métallique,  385. 
Assignats,  287,  306, 373,  386,  387, 388^ 

409,  465. 

—  (Taux  des),  22. 

Association  du  4  frimaire  an  vi,  287 
Assomption.  Voyez  Vierge. 
Assuérus,  469. 
Astolphe,  328. 
Astyanax,  2U7. 

—  Voyez  Andromaque. 
Atala,  199,  328,  335,  380. 

Atelier  de  peintre  (Intérieur  d'un* 
192,  315,  350. 

—  de  graveur,  328. 

—  de  graveuse,  329. 

—  de  sculpteur,  310. 
Atger.  Voyez  Montpellier. 
Athaiie  (Rôle  d*),  468. 
Athéisme  (1').  47,  164,  412,  427. 
Athénée  des  Arts.  327. 
AtheniBum  (T),  69. 

♦  Athènes,  20,41, 128,  197,  318. 
—  Voyez  École,  Minotaure,  Peste. 
Athénien  (Casque),  402. 
Athéniennes,  460. 
Athlète  phrygien,  statue.  35. 
Attendant  (Je  m*occupais  en),  189. 
Attention  (P),  269. 
Aubertin,  G.,  205,  206. 


ai 

I 


AUBRY.  —  BARRAS. 


533 


,P.,  341,346,351. 
4»«),  de  l'Opéra,  405. 
-Lecomte,  lith.,  121,  527. 
e  (École  centrale  de  dessin  do  T), 

• 

)ert,  G.,  160. 

lin  (Pierre),  G.,  279,  284,  443, 


avier),  358. 
""),  m, 

m  (Gérard).  G.,  loi,  280. 
(Reine),  176. 
•  (l'abbé),  364. 

•eau  (le  général),  29, 31,  242, 342, 
,  431. 

ind,  éd.,  478. 
sbourg,  443,  524. 
re,179. 

5te,  orfèvre,  30,  46. 
i  famille),  89. 
•e  (F),  94, 137. 
yez  Tithon. 
9,  195. 

la  LiberUi,  174. 

la  Patrie,  260, 334, 335,  378,  417, 
,437. 
cuil,  61. 
nne,  426. 

ités  constituées  (Costumes  des), 
•. 

riche,  461. 

change  des  prisonniers  en),  346. 
ly.  G.,  73,  337,  489. 
1  (la  citoyenne).  P.,  25,  277,  456. 
lion,  35i. 

5lB  trompé  (1*),  503. 
çles,  427. 
2:non,  356. 
rtistes  nés  à),  193. 
lusée  d'),  79. 

(Jean-Jacques),  G.,  70, 163, 277-9, 
I,  423,  453. 
i  fils).  G.,  277. 
rd,  424. 

B 

492. 

.-P.  de).  G.,  330. 
I,  dess.,  326. 
uf,  305. 

ti  .M"«).  Voyez  M""*  Greuze. 
lanales,  102, 168, 174, 195. 
lante,  299,  355. 
ec  un  petit  satyre,  24. 
lants  et  Bacchantes,  47. 
lus,  46. 

'riomphe  de),  46,  94  ;  —  dans  les 
les,  181. 
(Sébastien),  370. 


Bachaun^ont,  65. 

Bachelier  (Jean-Jacques),  P.,  60,  144. 

Bagues  aux  doiei»  des  pieds,  45)^,  476. 

Baguette,  195, 296. 

Baigneuse,  sculpture,  35. 

Baigneuses  (Paysage  avec  des),  163. 

Baignoire.  Voyez  Marat. 

Bailleur  (un),  358. 

Bailly  (Sylvain),  81, 123,  253,281,  292, 

309,  368,  386,  395,  417,  449,  483. 
Baiser  (le  premier),  168. 

—  (le  premier)  de  TAmour,  189. 

—  (un)  ou  la  Rose,  178. 
Baisers  (les  deux),  182. 
Bal  de  société,  207. 

—  paré,  333. 

—  paré  et  masqué  (Entrée  au),  272. 

—  masqué  à  la  naissance  du  Dauphin, 
311. 

Balances,  86,  334,  388,  395,  397,  404. 
Balantines,  petits  sacs  de  femmes,  474. 
*  Bàle,  115,  257,  286,  379. 
Balechou,  G.,  215,  356,  525. 
Baleines.  Voyez  Corps. 
Ballet  (les  Apprêts  du),  228. 

—  des  Nations  réconciliées,  437. 
Ballet,  G.,  179. 

Battons.  Voyez  Aérostats. 

Baltard  (J.-P.),*  dess.  et  G.,  25,  67-9, 

127,  446,  488. 
Bamberg  (Bois  des  livres  imprimés  à), 

381, 
Bance  le  jeune,  éditeur,  76, 197,  237, 

402,  404,  440. 
Baquoy  fils.   G.,  144,  172,  312,  315, 

310,  324,  337,  338,  339,  474,  475. 
Bar  (Jacques-Charles),  G.,  249. 
Barbares  (Figures),  4C9. 
Barbaroux,  452. 

—  (Mémoires  de),  470. 

Barbet  en  costuAie  élégant,  193.  * 
Barbier,  38. 

—  (P.),  27,  444. 

—  (la  citoyenne),  27. 

Barbier  Walbonne  (le  général),  282. 

—  (M"«),  282. 
Bardin,  P.,  126,  223. 
Barjot  (A),  255. 

Bamavff,  76,  263,  275,  370,  449,  483. 

—  Sculpture,  34. 
Barocci,  P.,  166. 
Barque  (la),  204,  206. 

Barra  (le  jeune),  420;  peinture,  77,  79, 
147,  185,  227,  252,  265,  272,  321, 
382,  424,  450. 

—  (Honneurs  du  Panthéon  décernés  à), 
424,  428.  Voyez  Fêtes. 

Barras  (Paul),  directeur,  288,  363,  460, 
478,  491. 


534 


BARRÈRE.  —  BERNARDIN  DE  SAINT-PIERRE. 


Barrère,  21, 128, 151,  294,  424. 
Barrois  aînô,  71. 

Barthélémy  (l'abbé),  39,  386,  504,  505. 
Bartolozzi,  G.,  99, 120,  133,  216,  223, 

232,  239,  360,  459. 
Bas,  471,  47». 

—  de  soie,  288. 

Bas-reliefs  (Imitations  de),  195,  211. 

Basan  (P.-Fr.),  60,  152,  205,  208,  228, 
232,  24«,  244,  245,  247,  271,  273, 
284,  326,  328,  338,  339,  371,  375. 

Bascule  à  la  barcelonette  (la),  260. 

Basile  et  Thibaut,  roman  de  Greuze, 
512. 

Basques  et  revers  d'habits,  321 ,  463. 

Basset,  éditeur  d'estampes,  49,  50, 
269,  271-2,  273,  350,  351,  393,  402, 
407,  408,  434,  440,  441,  449,  453. 

Bastien,  libraire,  305. 

Bastienne  (Rôle  de),  182. 

Bastringue  (le),  360. 

Bat  fie),  231. 

Batailles:  d'Aboukir,129, 385;  en  Egypte, 
125;  de  Hondschoote,  278;  de  Jem- 
mapes,  155;  de  Marengo,  143,  145, 
157,  340,  342,  357,  387  (méd.j;  de 
Millesimo,  202;  de  Mondovi,  202  ;  de 
Monthabor,  145;  de  Pultava,  i9H; 
des  Pyramides,  23,  74,  87,  202,  385  ; 
de  Quiberon,  87  ;  de  Rosbach,  508  ; 
de  Tolbiac,  269. 

Bathilde  (la  reine),  268. 

Batoni  (Pompeo),  P.,  97,  357. 

Baudicourt  (M.  Prosper  de),  53,  54, 
137,  239,  358,  526. 

Baudouin,  imprimeur,  42,  381. 

Baudouin,  P.,  258,  270,  316,  332,  341, 
34i,  356. 

Baudrier,  288. 

Bauménil,  P.,  172. 

Bause,  G.,  524. 

Bayle  (Pierre),  conventionnel,  81. 

Bazin  (M""  Pierre),  89,  456. 

Béatrix,  459. 

Beauharnais  (le  général),  241,  359. 

—  (la  citoyenne),  25,  358.  Voyez 
M""  Bonaparte. 

—  (Fanny),  242. 
Beaumarchais,  241,  245,  418. 

—  Voyez  Almaviva^  Figaro,  Suzanne, 
Tarare. 

*  Beaune,  92. 

Beauté  (la),  93. 

-<^  (le  Sommeil  de  la ),  352. 

—  rend  les  armes  k  l'Amour,  51. 
Beauvais  (M.  de),  ôvêque  de  Sentis, 

373. 
Beauyaîs,  convention nel^  81, 423. 

—  dessinateur,  270. 


Beauvallet,  S.,  34-5,  421. 
Beauvarlet,  G.,  169, 173, 284, 296, 323, 
523. 

—  (¥»*),  G.,  7,  523. 
Beaux-Arts  (Muse  des),  327,  342. 

—  Voyez  Almanachs. 
Beaux-Arts  (les),  revue  nouvelle,  95. 
BefTroy  de  Reigny,  dit  le  cousin  Jacoues, 

358. 
Beignets  (les),  168. 
Beisson  (François-Joseph-Étiennc),  G., 

120, 134,  139,  300-2,  413. 
Bélanger,  A.,  240. 

•  Belgique,  87. 

Bélisaire,  24,  31,  85,  90,  290. 
Beljambe  (Pierre),  G.,  188, 194, 291-2, 

452. 
Bellamy  (Mistress  George-Anne),  249, 

362. 
Belle  (M™*),  7. 

Belle  Fermière  (Rôle  de  la),  495. 
Belle  Jardinière  (la),  300. 
Belle-Mère  (la),  511,  519. 
Bellecour  (M"'),  ia4. 
Bellegarde  (M°"  de),  315,  460. 
Belley,  représentant  des  Colonies,  30. 
Bellier  (M.  Emile),  76,  261,  281. 
Bellone,  378. 

—  (Costume  de),  466. 
Belloy  (le  cardinal  de),  234. 
Bénard,  135. 

—  G.  en  bois,  381. 
Benedicite  (le),  14i. 
Bénédiction  du  Pape,  87. 

—  Voyez  Paternelle. 

Benezech  (Pierre),  ministre  de  l'Inté- 
rieur, 22,  25,  40. 
Benoist,  G.,  181,  200,  453. 
Benoît  (M.),  360,361,362. 

—  (Marie-Guilhelmine  Le  Roux  de  U 
Ville,  femme).  P.,  30, 242, 360-2, 458. 

Benwell,  P.,  230. 

Bérard(M.),  A.,  105. 

Berceau,  toilette  et  psyché,  114. 

—  (le),  168. 
Berchoux,  338. 

Berger  et  Bergère  des  Alpes,  143. 
Bei^re  tenant  des  fleurs,  282. 
Bergeret,  P.,  493. 
fiergny  (le  cit.).  G.,  449. 

—  (M"»«),  éd.  d'est.,  275. 

*  Berlin,  405. 

Bernadette  (le  général),  363. 
Bernard  (Gentil),  102,  301,  346. 

—  Voyez  Art  d'aimer  et  Phrosinc. 

—  (Juliette).  Voyez  M»*  Récsmier. 
Bernardin  de   Saint-Pierre,  ^2,  137, 

314,  433. 

—  Voyez  Paul  et  Virginie. 


BERNE.  —  BONAPARTE. 


535 


*  Berne  (Canton  de),  147. 
Bernier,  G.  et  dess.,  51,  409. 
Bernoises  (Paysannes),  257. 
Berquin,  323. 

Berruer  (M""),  7. 

Bertaux  (Jacques),  P.  de  batailles,  13, 
61,144-5,154. 

—  Dess.,  268. 
Berthaud,  G.,  145. 
Berthaut,  P.,  441,468. 

Berthaud  (Pierre),  G.  d'arch.,  154, 

156, 157. 
Berthault  (  Pierre  Gabriel),  G.,  58,  59, 

60-1,  198,  346,  380,  431,  440,  446. 
Berthe,  G.,  179. 
Berthelemy,  P.,  282. 
Berthet,  G.  et  Dess.,  323,  324,  345. 
Berthier  (Le  général  Alexandre),  28, 

409. 
Berthôlet,  38,  165. 
Berthon,  P.,  27. 
Bertonnier,  G.,  194, 195. 
Bervic  (Charles-Clément),  G.,  15, 126, 

127,  279-80,  282,  283,  437. 
Bessard  (M.),  511. 
Bessent,  G.,  195. 
Béthune  (le  prince  de),  223. 
Beuchot,  62,  352. 
Beugnet,  G.  en  bois,  373-4. 
Beurnonville  (le  général)^  363. 
Beverley  (Rôle  de),  73. 
Beyerlé  (M.),  375. 

*  Beyrouth  (Tombeaux  sur  le  chemin 
de)  221. 

Bible  Oa),' 42,  292,  317,  341. 

—  (le  Père  de  famille  lisant  la).  502. 
503,  507,  511. 

Bibliothèque    de   Tamateur    rémois, 

422. 
Bibliothèques.  Voyez  Londres,  Paris, 

Rouen ,  Turin. 
Bidault,  P.,  13,  22, 131,  296. 

—  (Jean  Pierre  Xavier),  P.,  146,  7. 

—  (  Joseph),  le  jeune,  P.,  146. 
Bidet  (Femme  à  son),  222. 
Bienaimé,  15,  424. 

Bienfaisance  (la),  189,  423,  425,  432. 
Bienfaiteurs  de  Thumanité,  426. 
Bienheureux  (Tète  de),  72,  269. 
Bijoux,  451. 

Billard  (Joueurs  de),  325. 
Billaud-Yarennes,  21,  397. 
Billet  (M'»«).  Voyez  Giacomelli. 
Binet  (Louis),  Dess.  et  G.,  295,323-5, 

339,  342,  345,  350,  356,  523. 
Biographie  des  contemporains,  361. 

—  universelle,  357,  405,  501, 510. 
Biot,  370. 

*  Birmingham,  387. 


Blanc  (Charles),  78,  81,  89,  98,  90, 
101,  110,  114,  116,  172,  173,  174! 
507,  516,  519, 520.  " 

Blançay,  roman,  352. 

Blanchard,  aéronaute,  177,  344. 

—  père,  G.,  181,  350-1. 

—  éd.,  421. 
Blanchisseuse  (la),  512. 

Blauw,  ambassadeur  des  Payi-Bas. 

288 
Bligny,  G.,  527. 

—  (M"),  éd.  d*est.,226. 

Blin,  éd.  d'est.  154,  254,  258,  334. 
Blondel  (François),  A.,  61. 
Blondel  (Rôle  de),  261. 
Blot  (Maurice),  G.,  127,  169,  284-5, 

412. 
Boby,  ou  la  folle  par  amour,  239. 
Boccace  (le  Décaméron  de),  344,  347. 
Boccone(Oh!  che),194. 
Bœuf  à  la  mode  (le),  233. 
Boichot  (Guillaume),  S.,  33,  52-3. 
Boieldieu,  193. 
Boileau  (Nicolas),  315. 
Boilly  (Louis  Léopold),  P.,  11, 13,  32, 

60,  190-3,  218,  228,  229,  230,  231, 

242,  243,  247,  263,  264,  291,  352, 

419,  478,  520. 

—  (Jules),  son  fils,  lithog.,  121. 
Bois  (Graveurs  en),  373-84. 

Bois.  Voyez  Boulogne  et  Vincennes. 

Boiseau,  dess.,  244,  418. 

Boisfremont  (de),  P.,  91, 119, 

BoisjoUn,  437. 

Boissard  (la  citoyenne  Césanne),  467. 

Boissier,  dess.,  252. 

Boissy  d'Anglas,  25,  81,  358,  428. 

Boiteau  (M.Paul),  376. 

Boizot  (Louis-Simon),  S.,  9,  1.5,  33, 
48-51,  220,  232,  233,  243,  246,  269, 
283,  296,  347,  395,  397,  402,  404, 
4)6,  408.  AiO. 

—  (Marie-Louise-Adelafde),  G.,  48, 
453,  522. 

—  le  fils,  dess.,  155. 

Boléro  (la  Danse  du),  213,  229,  458. 

Bombardement  des  trônes  de  TEurope, 
484. 

Bompard  (M.),  511. 

Bon  Saint-André  (Jean),  81. 

Bon  genre  (le),  suite  de  gravures, 
208,  214,  489. 

Bon  larron  (Hommage  au),  178. 

Bon  ton  (le  suprême),  recueil  de  gra- 
vures, 490. 

—  (le  suprême),  actuel,  208. 
Bonaparte,  26,  35,  40,  328,  434,  493. 

—  (le  général)  :  peinture,  28,  31,  87, 
165,  201,  202,  223»  226,  237,  868, 


536 


BONAPARTE.  —  BOURTROIS. 


.  282.  3G2.  366,  414,  434,  461  ;  mé- 
daille, 380,  387. 

Èonaparte  premier  Consul  ;  peinture, 
153,  iOI,  181,  184,  193,  204,  205, 

206,  519,  226,   23:i,  251.  2,'î3,  263, 

207 ,  260, 27  4, 284.  288, 289,  327, 342, 

350,  357.  414,  401  ;  m«idaille,  385. 

—  àArcole,  213,242,383. 
7-  à  Jaffa,  28. 

—  au  dix-huit  brumaire,  28, 187, 307, 
445. 

—  à  Lonado,  342. 

—  àMarengo,  28,  303,  357. 

—  à  la  Malmaison,  28. 

—  assimilé  au  Créateur,  157,  414;  h 
.    Adam,  157. 

—  (le  Triomphe  de),  106,  303. 

—  (la  Paix  amenant)  en  France,  290. 

—  conduit  à  l'Immortalité,  163. 

—  Caricatures,  411,  492. 

—  Voyez  Napoléon. 

Bonaparte  (M»'),  114,  124,  202,  458, 
476. 

—  sculpture,  56. 

—  Voyez  Joséphine. 
Bonaparte  (Lucien),  102. 
Bond  (William),  P.,  458. 
Bonheur  (le),  87,  426. 

—  (le  vrai).  134,312. 
Bonnardot,  60. 
Bonnefoy,  G.,  191,243. 
Bonnem'aison,  P.,  30. 

Bonnet  de  la  Liberté,  47, 108, 134, 195, 
224,  232,  256,  269,  296,  348,  367, 
392,  304-6,  399,  401,  409,  440,  492. 

—  Voyez  Phrygien. 

—  rouge,  155.  209.  273.  395, 396,  398. 
405,418,423,465,467. 

—  rond  h  aigrette,  469. 

—  de  femmes,  471,  ,S26. 

Bonnet  (Louis),  G.,  109, 174,  250,  453, 

520,  527. 
Bonneville  (François),  P.,  éditeur  et 

G.,  61,  205,  233, 241,  243,  335,  342, 

346,  364-6,  .372,  397,  402,  448,  450, 

453,  454,  445. 

—  (Nicolas  de),  littérateur,  364. 
Bonnier  (le  citoyen),  l'un  des  plénipo- 

tiaires  de  Ra<(tadr,  286,  437. 
Bonrecueil  (M"«de),  7. 
Bonté  (la),  309. 
Bonvoisin,  37,  38. 
Boquet.  P.  de  pays.,  25. 
*  Bordeaux,  265. 

—  (Art.i't»s  nés  à),  200 

—  Château-Trompette,  68. 
Borée  et  Orithyie,  75. 

Borel    (Antoine),  dess.,    282,   322-3, 

351,  440. 


Borghèse  (la  princesse \  474. 
Borgnet,  G.,  317. 
Bornet,  dess.,  344,  347. 
Bosio,  dess.,  15,  27,  206-8,  245,  474. 
489.  »        > 

Bosquillon,  206. 

Bossange,  305. 

Bosse  (Abrah:im),  G.,  203,  496. 

Bossuet,  314. 

Bossut,  39. 

Botanistes,  429. 

Bottes,  245. 

—  sans  revers.  475. 

—  à  revers,  193,  2:^0. 
Bottines,  478. 

Bouchardon  (Edme),  S.,  35.  413. 

Bouchardy,  P.  en  minât.,  368. 

Bouché,  P.,  27. 

Boucher  (François),  P.,  1,  73, 135.167, 
168,  174,  247,  316,  342,  453,  49î', 
500,514,517,520,521,  522. 

Boucher-Desnoyers,  G.,  280,  363. 

Boudier  de  Villemert,  212. 

Boue,  153,223. 

Boufflers  (Stanislas de),  363. 

Bougainville,  372. 

Bouillard  (J.),  75. 

Bouillon,  P..  227,  284,  299,  44S. 

Bouillotte  (la),  208. 

Bouliar  (la  citoyenne).  P.,  25,456. 

Boullard  (M»«),269. 

*  Boulogne-sur-Mer,  482. 

—  (Flotillede),  87. 

—  (Miracle  de),  482. 
Boulogne  (Bois  de),  181. 

—  (la  Rencontre  au  bois  de),  312. 
Bounieu,  P.,  300. 

Bouquet  (Jeune  homme  offrant  un , 

171. 
Bouauetière  (la),  168. 

—  Voyez  Glycère. 
Bouquets  (les),  183. 
Bouquinistes  (les).  326. 
Bourbon  (Histoire  de  la  maison  de), 281, 

323. 
Bourdaloue,  ruban  de  chapoAu,  46i 
Bourdon  (Léonard),  371,  432. 
Bourgeois,  dess.,  61. 

—  G.,  337,363. 

—  P.  de  paysages,  13. 
Bourgeoises,  514. 

—  (Scènes),  500,  508. 

•  Bourgogne,  110. 

—  (ÈUtsde),  93,  04,95. 
Bourgoin  (M«»«),  195. 
Bourjos,  dess.,  430. 
Bourreau  (le),  486,  487. 
Bourse  pour  les  cheveux,  463. 
Bourtrois  (Philibert),  G.,  479. 


BODTELOUP.  —  CALEÇON. 


537 


Bouteloup,  G.,  57,  461. 

Bouton  de  rose,  297. 

Boutons  d'habits,  256.  258,  418,  451. 

—  de  nacre,  183. 

Bovinet  (Edme),  G.,   161,   206.  316, 

325,  342-3,  364. 
Boyer  de  Fons-Colombe  (M.),  507. 
Boyer  de  Nimes,  482,  485. 
Boyer-Fonfrède  (M.),  23,  74. 
Boze,  P.,  301. 
Bralle,  P.,  119. 
Bra?es  f  Les  quatre),  376. 
Bréant  (  La  marquise  de),  P.,  255. 
Brebis,  324. 
Bréguet,  30. 
Brenet,  88. 

•  Brescia,  257.  ' 

•  Bretagne,  264,  448. 

—  Artistes  nés  en,  319. 
Bretelles,  463. 

Breteuil  (M.  de),  135,  526. 

—  (  la  vicomtesse  de  ),  370. 
Breton  (M«),  éd.  d'est.,  232. 
Brevets  d'invention,  219. 

Briceau  (M«»«),  P.  du  Roi  et  G..  265. 

—  (Angélique),  femme  Allais,  G.,  265, 
441. 

Bridan  fils,  34. 
Brière,  libraire,  507. 
Brigands  couronnés   (Coalition  des), 
484. 

•  Brignolles,  259. 

Brion  deLaTonr  (Louis),le  fils,  dess., 

234-6,  248,  266,  318. 
Briquet  (Fortunée  B.),  330,  458. 
Brise-Scellé,  488. 
Brissot,  123,  3i8,  483. 

—  au  Tribunal  révolutionnaire, 442. 
Brizard,  l'acteur,  164.  277,  360. 
Broc,  P.,  27. 106,  480. 
Brocanteur  de  tableaux,  178. 
Brodequins,  469,  472. 

Broder  (Art de),  232. 
nrodeu»e(la).  203. 
Brongniart  (M"«),  27,  89,  450. 
Brookshaw,  G.,  524. 
Brouette  (la),  174. 
Hrouille(la),  222. 
Bruandet,  P.,  11. 

•  Bruges,  20. 

Brûlé  (  le  Corps  du  représentant  Beau- 

vais)  à  Montpellier,  423, 
Brunck,  39. 
Brune  (la  jeune).  129. 
Brunct   (Jean- Jacques-Charles).  302. 
Brutus  (Lucius-Junius),  fondateur  de 

la  République  romaine,  245,  252. 

—  (Buste  de,),  19. 

—  condamnant  ses  fils,  130. 


Brutus  (les  Licteurs  rapportant  à)  les 
corps  de  ses  fils,  7,  10,  391. 

—  (le  Corps  de)  ramené  à  Rome  par 
les  chevaliers,  17,  18,  88, 100. 

—  (Translation  du  corps  de),  54-5. 
Brutus  (Marins  Junius),  neveu  de  Ca- 

ton,  et  l'un  des  assassins  de  César, 
81, 130, 131,  211,222,  227,  265,  284, 
376. 

—  Buste,  436. 

—  Médaille,  387,  396. 

-^  juratit  la  mort  de  César,  sculpture, 
58. 

—  Tragédie,  468. 
Bruun-Neergard  (T.-C),  43,  85.  88,  89, 

90,  95, 105,  110, 160,  173, 192,  205, 
220,  226,  282,  200,  361,  520. 

•  Bruxelles,  238,  369,  495,  503. 

Bûches,  492. 

Bûchez  et  Roux,  424,  125,  455,  466. 

Bufl-on,  71,320,  356,514. 

Buisson,  libraire,  50i. 

Bulletin  des  Lois,  382,  397,  410,  478. 

Burger  (William),  515. 

Burin  (  Graveurs  au),  276-304. 

Butterbrodt,  146. 

Buzot,  294. 


Ça  a  été,  191. 

Ça  ira,  ICI. 

Cabanis,  26. 

Cabarrus  (M"«)  Thérèse. Voyez  M"«Tal- 

lien. 
Cabinet  du  Roi,  490. 

—  Voyez  Modes. 
Cabriolet,  243. 

Cabrol  (la  citoyenne),  388. 
Cache-cache  (le),  2o7. 
Cachemire  (Chàle  de),  475. 
Cachette  découverte  (la),  351. 
Cadeau  (le),  191,  243. 
Cadenettes,  470,  485. 
Cadet-Buteux,  2.^. 
Caducée,  380,  383. 

*  Caen,  229. 

Cage  ouverte  (la),  350. 
Cagliostro,  23i,  266,  285,  365. 
Cagnotte,  83. 
Caillot,  l'acteur,  16i. 
I  Cain  (Fuite  de),  246. 

*  Caire,  237. 
Caisse  des  comptes  courants,  385. 

*  Calais,  282. 

—  Ile  Siège  de),  282. 

—  (la  Reprise  de),  sculpt.,  58. 
Calcographie.    Voyez    Annales,  Paris 

(Louvre),  Pommcrcul. 
Caleçon,  472. 


&38 


CALENDRIER.  —CASSAS. 


Calendrier  républicaiD,  129,  184,  185, 
392-4,  422. 

—  deran  U,  272, 321. 
Calendriers,  393-4. 
Calisto.  Voyez  Diane. 
Callamard,  34,  41. 

Callet,  P.,  28,  164,  238,  279. 
Callimaaue,  56. 
Callirhoe.  Voyez  Corrésus. 
Callot  (Jacques),  G.,  152, 153,  154. 

*  Calvados  (département  du),  348. 
Cambacérès,  second  Consul,  263,  274, 

342,  460. 
Cambon,  123,  452,  492. 

—  fils  aîné,  227. 

*  Cambrai,  473. 
Cambys^,  253. 

Camée,  216, 255,  300,  370,  46i. 

Camées,  268. 

>-  (Bandelettes  de),  458, 476. 

Camelot  de  laine  moiré,  493. 

Camillus  (Marcus  F urius),  17. 

Camisole,  207. 

Camligne,  312. 

Campagne  (Travaux  de  la),  425. 

Campagnes  :  d'Allemagne  (1805),  57. 

—  d'Italie,  202,  343,  357. 

—  des  Français,  379. 

—  Voyez  Wellington. 
Campan  (Bosquets  de  M™*),  204. 

—  Ses  Mémoires,  466. 
Campana  (Maria),  P.,  133. 

Camper  (Pierre),  naturaliste.,  22i,  294. 
Campion  (les  frères),  éd.,  179,  261. 

Voyez  Lecampion. 
Campion  de  Tersan,  G.,  149. 

*  Campo-Formio,  431. 
Camuccini  (Vincenzo),  P.,  409. 
Camus  (Armand -Gaston),  227,  366, 

380,  388,  492. 

Canadiens  au  tombeau  de  leur  en- 
fant, 70. 

Canal  (le),  186. 

Canapé,  196. 

Canards,  62,  383. 

Candeille  (la  citovenne  Julie),  30, 159, 
292,  405,  454,  495. 

Cange  (Joseph),  commissionnaire  de  la 
Force,  26,  292,  452. 

Cannes  courtes  et  plombées,  470. 

Cannet  (M"«),  518. 

Canonnier  à  sa  pièce,  380. 

Canons,  135,  392,  398,  424,  425. 

Canova,  S.,  97,  98,  258,  459. 

Cantates,  437. 

—  Voyez  Hymnes. 
Cantons,  425. 

Canu  (Jean-Dom.-Ét),  G.>  181,  240, 
355,450. 


Capet  (Louis).  Voyex  Enfers  et  LauisXVl. 
Capet  (Mil*),  p,  en  miniat.,  30,  281, 

360. 
Capitans,  202,  496. 
Caracalla  au  lit  de  mort  de  Septime 

Sévère,  512. 

—  Voyez  Coiffures. 
Caracos,  463. 

—  en  rideau  à  trois  gansea,  465. 
Caraffe  (Armand),  P.,  17,  24,  32,  108, 

122-5,  299,  300,  352,  353,  407. 
Carbutt,  G.,  524. 

*  Carcassonne  (Artistes  nés  à),  142. 

—  (École  de  dessin  de),  143. 

—  (Musée  de),  144. 
Cardon,  G.,  190. 

Caresme  (Jacques-Philippe),  P.,  17&-6, 

224,  225,  250,  282,  335. 
Caricature  (l'art  de  la),  481 ,  483,  486, 

488 
Caricatures,  62, 63,  103, 140,  158, 159, 

178,  179,  250,  273-4,  2Ô&,  336,  343, 

349,  350,  351,  364,  411,  433,  4G6, 

470,  481-96,  519. 
Carlin  (l'Education  de),  57. 
Carmagnole,  192,  382,  419,  465. 
Carmen  seculare,  436. 
Carmontelle,  dess.,  65, 2M,  342,  343. 
Carnaval  (le),  326. 

—  (le)  de  Jupiter,  63. 
Carnot,  21, 123,  379,  409. 
Carpentier  (L.),  G.,  248. 

—  (M.  Paul),  P.,  418. 

*  Carpentras,  22. 

—  (Artistes  nés  à),  146. 
Carquois  de  l'Amour,  327.  . 
Carrache,  P.,  94, 136,  201. 

—  (Augustin),  340. 

—  (Louis),  P.,  219. 

Carrée  (Antoine),  G.,  72, 164, 180, 230, 

269,  468. 
Carron  (l'abbé),  59. 
Carrosses,  201. 

Cars  (Laurent),  G.,  348,  521,  523. 
Cartelier  (Pierre),  S.,  2,  15,  34,  36, 

408,  479. 
Cartes  à  jouer  républicaines,  376-7, 

409. 

—  (Essais  de)  sous  l'Empire,  376,  387. 

—  (les),  190. 

Cartes  de  citoyen,  334. 

Cartomancie  (ta),  376. 

Casanova  (François),  P.,  65,  244,  335. 

Casenave,  G.,  72. 

Casimir  Jaune,  475. 

Casque  de  Minerve,  395,  402. 

—  grec,  467. 
Cassai  (Félix),  174. 

.  Cassas  (Voyage  de),  61, 221,  336. 


I 


CASSIA.  —  CHARLES  IV. 


530 


i^  famille  romaine,  400. 

I,  G.,  199. 

-Blaze,  430. 

las  (Adélaide-Marie-Anne),  48. 

r  et  Poliux,  214. 

(Charles-Simon),  musicien,  430. 

lin  (  J.ouis^acques),  G.,  319, 355-6, 

453 
rine  de  Russie,  288,  301,  484. 
licisme,  434. 

na  (Conspiration  de),  25i. 
an,  4C3,  405, 477. 

d'Utique,  131,  376. 
!S  révolutionnaires,  180. 
ier,  203,  336. 
glais,  203. 
s  (le  comte  de),  149,  394,  399, 

ave.  G.,  129. 

!  et  Julien,  romance,  188. 
a,  233. 

du  Liban,  399. 
ois  de),  493. 

[lîv.  pour  les  hommes,  469. 
-dessous  du  sein  pour  les  femmes, 
,  472. 

yez  Grâces,  Victime, 
uron  (Plaque  de),  397. 
naire  (Portrait  a'un),  4il. 
me  de  Tan  IV,  385,  459. 
irion  des  élèves  du  camp  de  Mars, 
.  * 

lie  (le  berger],  sculpture,  35. 
de  vigne,  184. 

lonies   nationales    (Surveillance 
),  419. 

,  109,  110,  120,  287. 
,  Vengeance  de),  99,120. 
îs  (les),  186,  230. 
;,155. 

1  ou  Cernelle  (la  citoyenne).  G., 
,  262. 
cchi,  155. 

ni  (le  général),  208. 
,  58, 197. 
ort  de),  394. 
(Combat  du),  11. 
)t,  député,  365,  368,  449,  483. 
in  (le),  134,  301. 
ou  (Elisabeth),  G.,  174,  295. 
ss.,  339,  340. 
es  (Entre  deux),  le  cul  par  terre, 

• 

wrteurs,  177. 

)graphie,  40.  Voyez  Paris  (Louvre.) 

,  475,  476. 

rin.  A.,  430. 

nr  (Joseph),  81,  176,  224-5,  226, 

,  246,  265,  272,  321,  382,  460. 


Chalier  (Joseph),  sculpture,  34, 224, 385. 
Challamel  (M.  Augustin),  4,  183,  395, 

401,  405,  406,  410,  433,  434,  466, 

482,  483,  484,  492. 
Challe,  P.  Voyez  Schalle. 
*  Ch&lons-sur-Saône,  52. 

—  (Artistes  nés  à),  149. 

Chambre  (Voyage  autour  de  ma),  350. 
Chambrières,  500. 
Chameaux,  435. 
Chameroy  (M»*),  490. 
Chamfort,  8,  440. 
Champ  de  repos,  278,  308,  423. 
Champagny,  454. 

Champion  de  Cernel  (M"*"  Louise-Su- 
zanne), G.,  258. 
Champs-Elysées,  309,  310. 
Chanoinesses.  Voyez  Maubeuge. 
Chansonnier  (Le  petit),  317. 

—  patriote,  401. 
Chansons,  417. 
Chant  du  départ,  432. 

Chapeau  employé  comme  emblème,396. 
Chapeaux  d'hommes  : 

—  rond,  250. 

—  à  grands  bords,  250,  325. 

—  rond  à  la  Jockey,  183,  463, 466. 

—  à  panaches,  288. 

—  à  trois  cornes  à  TAndrosmane,  183, 
463. 

—  en  bateau,  478. 

—  claque,  141. 

—  Voyez  Bourdaloue  et  Tricorne. 
Chapeaux  de  femmes  : 

—  de  feutre  noir,  464. 

—  rond,  464. 

—  Spencer,  474. 

—  à  la  Glaneuse,  245,  475. 

—  à  la  Liberté,  475. 

—  ridicule,  110. 
Chapelets,  486. 

—  (Le  Donneur  de),  283. 
Chapiteaux,  66. 

Chaponnier  (Alexandre),  G.,  130,  174, 
190,  191,208,242. 

Chappe,  409. 

Chaptal,  ministre  de  Tintérieur,  40. 

Chapuy,  G.,  50,  164,  234,  402,  468. 

--  (J.-B.),  G.,  265-7. 

Charbon  (Porteurs  de),  320. 

Charbonnier  (Jour  de  barbe  d'un),  203. 

Chardin  (Jean-Baptiste-Siméon),  P.,  1, 
500,  513,  515,  517. 

Charette  de  la  Contrie,  général  ven- 
déen, 288,  365. 

Charité  (la),  88,  383. 

—-  (la)  chrétienne,  403. 

Cliariemagne  (A.),  476. 

Charies  IV,  roi  d'Espagne,  233. 


5i0 


CHARLES-QUINT.  —  CHRIST. 


Charles-Quint,  306. 
Charles  VII,  303,  376. 
Charles  IX,  445. 

—  tragédie,  45,  322. 

Charles ,  aiéronaute  et  professeur  de 

physlqne,  254,  335,  345,  360. 
Charlier,  miniaturiste,  250. 
Charlotte  et  Werther,  275. 

—  au  tombeau  de  Werther,  429. 
Charmille,  193. 
Charpentier,  G.,  469,  520. 

—  libraire,  132,138. 
Charrue  (la),  392,  398. 

Chars  de  fêtes,  80-4,  34  i,  431,  435-6, 
438. 

—  Voyez  Courses,  Victoires,  Triomphes. 
Charton  (Louis),  manufacturier,  448. 

*  Chartres  (Artistes  nés  à),  254. 

—  (Foire  des  barricades  à),  254. 

—  Statues  de  la  Cathédrale,  401,  404. 

—  Vues,  256. 

*—  Voyez  Orléans  (duc  d'). 
Chasse  dans  le  genre  anglais,  200,  201 . 
Chassonerie,  cartier,  376. 
Chat,  emblème  de  la  Liberté,  108,  296, 
399,  403. 

—  (Enfants  jouant  avec  un),  57,  117, 
170. 

Chats  (les)  de  Rousseau,  67. 
Châtaignier  (Alexis),  G.,  160-2,  414, 
478. 

—  (Amélie),  G.,  162. 
Chateaubriand  (M.  de).   Voyez  Atala, 

Génie  du  Christianisme,  René. 

*  ChâteAuneuf  (Vues  de),  256. 
Chilteauvieux  (Soldats  suisses  de).  Voyez 

Fêtes. 

Châteaux  et  maisons  royales,  258. 

Châtelain,  G.,  174. 

Châtelet  (Le  duc  du)  sauvé  par  le  peu- 
ple. 255. 

Châtelet,  juré  au  trib.  révol.,  59, 155. 

Chaudet  (Antoine-Denis), S., 9,  15,17, 
20,  32,  3i,  35,  36,  55-7,  282,  288, 
291,  298,  410,  412,  479. 

—  (M™«),  P.,  25,  30,  57,  106,  281. 
Chaumette,  404,  420,  425. 

*  Chaumont  (Artistes  nés  à),  342. 
Chaussard  :  Pausanias  français,  23,  74, 

82,  83,  171,  210,  337,  340;  Fêtes  et 
courtisanes  de  la  Grèce,  211,  351. 
Chausses  â  pied,  409. 

—  pour  les  femmes,  474. 
Chaussier  (le  comte),  médecin,  69. 
Chaussure.  Voyez    Bagues,   Bottines, 

Brodequins,  Sabots,  Semelle,  Sou- 
liers. 

Chemin-Dupontès  (Jean-Baptiste),  413. 

Cheminées,  451. 


Chemise,  476. 

—  à  la  prêtresse,  474. 

—  Voyez  Robes. 

—  (ma)  brûle,  230. 

Chenard,  chanteur,  125,  448,  492,419, 

424,  465. 
Chêne,  195,379,  392,398. 

—  fédératif,  398. 

—  (Couronne  de),  130,  264,  395,  400, 
403,  404,  436,  451. 

—  (Rameaux  de),  264,  365,  403,  465. 
Chénier  (André),  24,  79,  107, 198,  403, 

479. 
Chénier  (Marie-Joseph),  4,  26,  39,  4o, 
275,  321,  322,  417,  419,  425,  429, 
430,436,  494. 

—  portraits,  25,  81,  358,  365. 

—  buste,  461. . 
Chennevi^res(M.  de),  40,89,143,450, 

506,  512. 
Chenu  (Victoire),  G.,  144. 
♦Cherbourg  (Décret  sur  le  port  de),205. 

—  (Marché  de),  159. 

Chércau,  éd.  d'estampes,  45, 272-3, 374, 
402,  427,  440,  448,  449,  474. 

Chéron,  chanteur,  436,  468. 

Chérubini,  14,430. 

Chéry,  P.,  10,  19,  22,  65,  67,  74,  77, 
88,  98,  138, 146,  447,  252,  269,  273, 
354.  358,  359,  360,  413,  468. 

Cheval  de  trait,  388. 

Chevaux  (Études  de),  445,  200,  201, 
232. 

—  (la  Course  de),  312. 

—  Voyez  Marlv. 
Cheviilet,  G.,  177,524. 

*  Chezal-Benoît  (Abbaye  de),  503. 

*  Chezy-rAbbaye,152. 
Chicane  (l'Hydre  de  la),  180. 
Chien,  379. 

—  (Enfant  sur  un),  170. 

—  Caricatures,  65,  494. 
Chimère  (la),  62-3,  64. 
Chinard,  S.,  .34,  35. 
Chiquenaude  du  peuple  (la),  411. 
Chit,chit,  189. 

Chloé.  Voyez  Daphnis. 
Chodowiecki,  G.,  215,  286. 
Choffart  (Pierre -Phi lippe),  G.,  203, 

203,  306,  307,  319,  326-8,  342, 407, 

408. 
Choiseul  (M.  de),  154,  507. 

—  (Cabinet),  344. 

Chrétien  (Gilles-Louis),  inventeur  du 

physionotrace,  19,  .367-8,  449. 
Chrétienne  (Esthétique),  4^1. 
Christ  en  croix,  118. 

—  Ego  stultus  proptcr  Christum ,  482. 

—  .Voyez  Jésus. 


CHRISTINE.  —  COMBEROUSSE. 


541 


Christine,  reine  de  Suède,  287. 

Chronique  de  Paris,  455. 

Cidaris,  coiffure  antique,  395. 

Cigogne,  327,  412. 

Cimetières.  Voyez  Champ  de  repos  et 

Croix. 
Cimon  retirant  de  la  prison  le  corps 

de  Miltiade,  139. 
Cincinnatus,  peinture,  67. 

—  statue,  50. 
Cinna,  197. 

Cinq  et  six  octobre,  175. 

Cippe,  378, 

Cipriani,  P.,  228. 

Cire  (Sculpture  en),  18-20,  366,  420, 

421,  451. 
Cisalpine.  Voyez  République. 
Citoyen  français  (Habit  du)  dans  Tin- 

térieur,  469. 

—  (Habit  civil  du),  469. 

—  Voyez  Cartes. 
Citoyen  (Au  premier),  268. 
Civilologie  portative,  163. 
Clairon  (M'I"),  225,  457. 
Clairval,  l'acteur,  164,  261. 
Clairville,  auteur  dramatique,  199. 
Claude  (Tempereur),  400. 
Clavareau ,  dess.,  299,  342. 
Clavière,  335. 

Clément  XIU,  98. 
Clément,  G.,  49, 193. 

—  (A.).  G.,  60. 

— •  (M"«),  née  Hémery,  472. 
Clément  de  Ris  (M.),  40, 140, 177. 
Cléomënes,  S.  grec,  ÂQ. 
Cléop&tre,  29,  504. 

—  (Mort  de),  127. 

Clerc  de  procureur  (Toilette  d'un),  203. 
Clergé,  484. 

—  (Déménagement  du),  482. 

—  Voyez  Assemblées. 
Clermont  d'Amboise  (  M**  de^,  135. 
Clinchsted,  P.  en  min.,  204. 
Clio,  statue,  435. 

Clodion  (Claude  Michel, dit).  S., 9, 33. 
Cloots  (  Anacharsis  ),  370, 449. 
Clovis  (Vœu  de),. 268. 
Club  révolutionnaire  des  Arts,  20, 100. 

—  (le)  de  salon,  487,  491. 

—  (le)  de  Clichy;  Voyez  Paris. 

*  Cluny,  92. 

—  (Artistes  nés  à),  91. 

Coalisées   (  Tordre  et  la  marche  dvs 

puissances),  350. 
Coalition  (la),  134,  484. 

•  Coblentz.  Voyez  Paris  (Boulevards). 
Cocarde  nationale  (la),  192,  231,  355, 

392 ,  464. 

—  portée  obligatoirement,  471. 


Cochin  (Charles-Nicolas)s  le  fils,  dess.  n 
G.,  65,  258 ,  280,  284,  289, 295, 290, 
308, 309,  319, 326, 320, 330,  332, 335, 
342, 344, 356,  371 ,  404, 406, 408, 522. 

Cochons  (la  Famille  des)  ramenés  à 
rétable,  484. 

Goclès  (Horatius),  376. 

Cœur  (le),  246. 

Cœur-Joli  (Le  citoyen  du),  236. 

Cœurs,  180,  246,  398,  403,  404. 

CoiflTures  des  hommes ,  193 ,  463 ,  464 , 
466,  470. 

—  Frisure  à  marteaux,  120. 

—  à  la  grecque,  183. 

—  à  la  Lan  tin,  477. 

—  à  la  Titus,  454,  458,  464, 475. 

—  à  la  Panurge,  183. 

Coiffures  des  femmes,  266,  368,  456, 
463,  464,  465,  479. 

—  à  la  Conseillère,  183. 

—  en  frégate ,  206. 

—  en  labyrinthe,  266. 

—  échafaudées,  326. 

—  aux  charmes  de  la  Liberté,  266. 

—  à  l'espoir,  266. 

—  à  TAapasie,  475. 

—  à  la  Caracalla ,  474. 

—  à  la  Titus, 454, 458,  464,  475, 477. 
-  en  perruque,  458. 

—  en  bandeau,  361. 

—  à  l'anglaise,  282. 

Coiffures.  Voyez  Bourse,  Cadenettes, 
Catogan,  Faces  nattées.  Marmotte, 
Passion,  Peignes,  Perruques,  Queue, 
Toupets,  Tresses. 

Coins  (les  quatre),  207. 

Coiny  T Jacques-Joseph),  G.,  162,  198, 
245,  257,  340,  413. 

Coiardeau ,  206. 

Coldoré,  G.  en  méd.,  384. 

Colibert  (Nicolas),  G.,  51,  244-5,  418. 

Colin  d'Harleville,  39,  225. 

Colin-Maillard  (le),  207,214,260. 

Collerette,  370. 

Collets  (Grands),  478. 

Collier  (Affaire  du),  273. 

Collot-d'Herbois,  21,  181,  448. 

♦  Colmar,  286. 

Colombe  (Enfant  tenant  une),  112. 

Colombes,  327,  412. 

—  (les),  187. 
Colombine,  194. 

Colonne,  emblème  do  la  Constitution , 

133. 
Colonnes.  Voyez  Paris. 

—  d»'partementftles,  66,  105-6. 
Colporteurs,  492. 
Colson,13,  25,  456. 
Comberoosse  (M.  de),  246,    , 


542 


COMÉDIE.  —  COPIA. 


Comédie  Ha),  233,  258,  332. 
Comète  (VôDus,  ou  la  prétendue),  345. 
Comité  révolutionnaire  i  Intérieur d*un), 

198, 199,  487. 
Comités  révolutionnaires,  243. 

—  d'inspection,  334. 

—  d'instruction  publique,  16,  38, 100, 
277,  409,  4-24,  428,  429. 

—  de  législation,  378. 

—  de  saiut  public,  20,  34,  79,  80, 176, 
408,409,410. 

Commandements  (les  dix)  de  la  Répu- 
blique française,  180,  245. 

Commerce  (le),  23,  81,  327,  328,  342, 
385. 

—  (Génie  du),  376. 

—  (Temple  du),  437. 
Commissaire  civil  des  enterrements, 

423. 
Commission  de  Tinstruction  publique, 
24. 

—  temporaire  des  arts,  38. 
Commune  (la).  Voyez  Paris. 
Commune-AlTranchie  (Lyon),  421. 
Commune  des  Arts,  15,  327. 

—  générale  des  Arts,  12. 
Compagnie,  G.,  364. 

Compagnie  des  Indes  (Affaire  de  la),361 . 
Compas  (le),  302,  398. 
Compliment  (le),  182. 
Concert  (le),  260,  333. 

—  de  société,  181,214,351. 

—  hollandais,  188. 
Conclamation ,  429. 
Concordat  (Hatidcation  du),  142. 
Concorde  (la),  432. 

—  sculpture,  123. 

—  (Temple  de  la),  437. 
Concordia,  412. 

Concours  de  l'an  II  et  de  l'an  III,  17- 

18,  20-22,  282.  —  Jurys  de  l'an  II, 

17,  34,  52, 122, 212,  223;  de  l'an  lU, 

.  48,  51,  52,  101,  123,  138,  146,  147, 

170,171,201,387,411. 

—  de  l'an  IV,  8»,  123. 

—  de  l'an  IX,  105. 

—  décennal ,  280. 

—  pour  le  côbtume,  467. 

—  de  têtes  d'expression,  522. 
Condé  (le  grand;,  57,  95. 

—  (le  Prince  de),  58,  483. 
Condorcet,  26,  198,  335. 

—  (M™*  de),  26,  229,  458,  465. 
Confédération  des  trois  départements 

du  Nord,  178. 
Conflance  (la),  123. 

—  (la)  relève  le  commerce,  385. 
Confiseurs  (Imagerie  de),   103,  114, 

162,  407. 


Congé  absolu,  203,  336. 
Conjugal  (le  Serment),  430. 

—  (la  Leçon  d'amour),  101. 
Conjugale  (Correction),  134. 

—  (laFoi),  35,  426. 
Consalvi  (  le  cardinal  ),  142. 
Conseil  d'État,  388. 

Conseil  des  Anciens,  202, 378, 437,478, 

489,  492. . 
Conseil  des  Cinq-Cents,  40,  334,  397, 

432,  437,  445,  478,  489,  492,  4M. 
Conseillers  d'Éut,  162. 
Constant  (Benjamin),  454. 
Constantin,  P.,  102, 119. 
Constantine,  lionne,  174. 
*•  Constantinople,  484. 

—  (Voyage  de),  153. 
Constitution  française  (la),  76, 87, 10!, 

108,  120,  272,  303,  307,  319,  331, 
396,  399. 

—  (  Acceptation  de  la)  par  Louis  XVI, 
313,  414,  426. 

—  de' 1793,  327,  375,  409,  411,412, 
414. 

—  de*  l'an  II,  478. 

—  de  l'an  DI,  219,  246,  321,  327, 342, 
378,430,436,491. 

—  lue  au  peuple  le  1*^*^  vendémiairÊ 
an  IV,  444. 

—  de  l'an  VJII,  303,  383,  415. 

—  Voyez  Liberté. 

Consulat  (le),  caricature,  492. 
Consuls  (les  trois),  128,  162. 

—  Voyez  Bonaparte,  Cambacérès,  Le- 
brun. 

Contât  (M««),  164,  179,  250,754,468, 
495. 

Contemporaines  (les),  324. 

Contes  moraux  de  Marmontel ,  373. 

Continent  (le),  386. 

Contraste  (le),  73,  480. 

Contrat  (le),  168,  285. 

Convois  funèbres,  278,  423. 

Convention  (la).  H,  16,  17,  20,  34, 30, 
37,39,79,  l60,  140,  161,  176,  ^ 
25(i,  264,  202,  334,  3(54,  372,  375, 
392,  393,  409,  414 ,  423,  424,  425, 
427,  428,  429,  430,  442. 

—  Médaille,  133. 

--  (Carte  d'entrée  à  la),  256. 

—  (Point  de),  229. 

—  Voyez  Almanachs. 
Copia'(Louis),  G.,  70,  78,  79,85,99, 

101, 103,  104,  119-20, 148,  189,  m 
194,  195,  196,  198,  191),  216-9,  221, 
290,  337,  396,  402,  413,  419,  449, 
451,  492. 

—  (la  citoyenne),  99, 110, 218. 
-.(M""),  99. 


COQ.  —  CRÉPY. 


543 


378,  383,  389, 395,  399,  403. 
Lulois,  160,  195. 

eret  (Pierre -Charles),  G.,  iSO, 
K  363,  444. 

ette  (la)  et  ses  filles,  187. 
etterie(ta),375. 
éttes  (les),  203. 

ly  d^Arinans  (Marie-An ne-Char- 
te),  136,  145, 156,  224,  235,  246, 
I,  320,  365,  454,  455,  465. 
me,  55,  454. 
inthe,  460. 
lan  et  Véturie,  277. 
3  d*abondance,  410. 
Bdecerf  (M*"*^),  7. 
eilJe  (Pierre),  305. 
)yez  Uinna,  Horace,  Polyeucte. 
Hie,  mère  des  Gracques,  24,  70, 
207,  277. 
3S  de  fruit!i,  403. 
u,  dess.,  260. 

i  législatif,  257,  269,  436, 445. 
^ortraits  des  membres  du),  371. 
Aédaille  du),  386. 
i  de  baleine,  191,  467,  479. 
i  sans  tête  (Appel  au  diable  pour 
),  349,  486. 

ige  (le).  P.,  97,  110,  116,  137, 
\,  286. 

ispondance  furtive  (la),  186. 
>yez  Dames, 
sus  et  Callirboé,  166. 
tge,  368. 
'asé,  484. 
ivert,  370. 
double  ganse,  224. 
jour,  362. 
îts,  191,  324. 

tne  (Piètre  de).  P.,  94, 95, 166. 
\  (Le  comte  de),  75. 
ime,  400,  464-80. 
itioual,  80,  256,  329,  467,  469-70. 
fonument  du)  physique  et  moral, 

publicain,  469. 

}  femme  pour  le  printemps,  68. 

imes,  161,  183, 204, 256,  206,  345, 

f,  374,  453,  457. 

$  r antiquité,  212,  249. 

publicains,  150, 151,  345. 

!  Tan  VI  et  de  l'an  VU,  474. 

Sciels,  161-2,  478. 

ilitaires  français,  345. 

)yez  Autoritéis,  Citoyen,  Repré- 

tant.  Rois. 

ay  (Richard),  P.,  234. 

urnes,  475. 

)yez  Souliers. 

a  (M-»),  26. 


Couché  (J.),  G.,  129,  175,  276. 
Coucher  (  le  ),  190. 
Couleur  (Égalités  de),  376,  377. 
Couleurs,  463,  464. 

—  bleu,  475. 

—  bleu  de  roi ,  464. 

—  écarlate,  183,  519. 

—  foncées,  463,  466. 

—  jaune,  475. 

—  nacarat,  464,  475. 

—  nankin ,  244,  475. 

—  puce,  475. 

—  queue  de  serin,  183. 

—  rose,  244,  466,  474. 

—  rouge.  Voyez  Bonnet. 

—  violet,  262. 

—  Voyez  Nationales. 

—  (Graveurs  au  lavis  et  en),  249-75. 
Couperin,  368. 

Coupigny,  430. 
Coupin,  79,81,85,149. 
Courage  (le),  426. 

—  héroïque,  423. 
Courchamp  (M.  de),  377. 
Couriguer,  S.  en  cire,  19,  366. 
Courlande  (la  duchesse  de),  206. 
Couronne,  53,  54,  55,  75,  180, 195. 

—  civique,  398. 

—  royale,  492. 

—  (rembarras  d'une),  504. 

—  Voyez  Chêne,  Laurier,  Roses,  Im- 
moi-telles. 

Cours  public  d'antiquités,  40. 
Courses  de  chars,  201. 

—  de  chevaux,  201. 

—  du  matin  (les),  186. 
Court  de  Gebelin,  8. 
Courtisanes  de  Tau  II,  189. 
Cousin  (Jean),  P.,  73. 

—  (le  petit  Jean),  232. 

Coussin ,  servant  aux  femmes  de  vertu- 

gadin,  464. 
Coustou  (les),  S.,  35. 
Couthon,  14,  21 ,  123,  227,  358,  371 , 

446. 
Coypel,P.,  63,  347. 
Cranach  (Lucas),  P.,  268. 
Crapelet,  imp.,  319. 
Cravates  en  nœud  soufflé,  471. 

—  hautes,  478. 
Création  (la),  61,  265,  414. 

—  de  rhomme,  153,  157. 
Crébillon  (Prosper  Jolyot  de),  139. 

—  le  fils,  316. 
Credo  de  Voltaire,  267. 
Crémation  (Exemple  de),  423. 

Crépi n  (Louis -Philippe),  peintre  de 

marines,  31. 
Crépy,  édit.,  397,  440,482. 


544 


CRÊQ13Y.  -^  DAVID. 


Ci^qny  (Souvenirs  de  la  marquise  de), 

377. 
Creutz.  Voyez  Curtins. 
Crime   (  la  Justice  et  la  Vengeance 

divines  poursuivant  le),  113-4, 117, 

121,220. 
Crimes.  Voyez  Empereurs,  Papes,  Rois, 

Reines. 
Criminel  (le)  vis-à-vis  de  lui-mème,124. 
Crinoline,  464. 
Crispin  (Rôle  de),  164,  250. 
Critique  (la),  493. 
Critiquent  (Beaucoup  vous),  mais  peu 

vous  imitent,  207,  245. 
Croisier  (Marie-Aune),  G.,  347-8,  330, 

427 
Croix  \  269,  506, 520. 

—  des  cimetières,  423: 
Cromwell,  396. 
•  Crotone.  Vo^ez  Zeuxis. 
Croyables  (  les  ),  229,  230,  382. 
Croze-Magnan ,  340. 
Cruche  cassée  (la),  182, 187,  512,  518, 

522. 
Cruel   (le)  rit  des  pleurs  qu*il  fait 

verser,  99, 110. 
Cuirasse,  467. 
Cuivre.  Voyez  Sous. 
Culotte  courte,  262, 463,  465. 

—  collante,  230. 

—  longue,  471. 

—  à  Tanglaise,  478. 

—  queue  de  serin,  183, 184. 
Culs  postiches,  324. 
Culte  (Morale  des  défenseurs  du)  de 

nos  pères,  383. 

—  révolutionnaire,  391-415,  425-6, 
429,  434. 

—  décadaire,  259.  Voyez  Décadaires. 

—  (Libertés de),  376. 

—  (Rétablissement  du),  31-2,   385, 
434,493. 

Cupidon  tambour-major,  408. 

Curé  patriote  (le),  348. 

Curieuse  (la),  297. 

Curieux  de  la  Nature  (Académie  des), 

135. 
Curtiùs,  308,  420. 

—  (Cabinet  des  figures  de  cire  de),  19, 
210  321. 

Custine  rie  général),  274,  286,  449. 
Cybèle,  322. 
Cygne,  129.  Voyez  Léda. 
Cyparisse,  296. 

—  Statue,  35, 56,  479.  Voyez  Apollon. 
Cyprès,  423,  429. 

Cythère  (Voyage  à),  188,  300. 

—  (la  nouvelle),  340. 
Cytise  (le),  399. 


D 


D***  (Simon),  G.,  478. 

D***  (G.),  P.,  492. 

Dagoumer,  ami  de  Prudhon,  96. 

Daguet,  fabricant  de  papiers  peints, 

375. 
Daleyrac  (Nicolas),  234,  362. 
Dame  (la)  bienfaisante,  511,  522. 

—  (laide  charité,  523. 

Dames  (la  Correspondance  des),  262, 
475,  477. 

—  (les)  nationales,  324. 

Danaé,  27,  28,  52,  159,  242,  256,  495. 

Dandré-Bardon,  P.,  138. 

Daniel  (le  Prophète),  88. 

Danloux,  P.,  233,  291,  299. 

Dannel,  G.,  522. 

Danois  (Lettres  d*un).  Voyez  Bruun 

Neergaard. 
Danse  (la),  58. 

—  poème,  338. 

—  (Attitudes  de),  134. 
,-  (la  Manie  de  la),  186. 

—  (Vive  la),  348. 

—  Voyez   Boléro,   Gavotte,   Menuet, 
Trénis,  Valse. 

Danseurs  de  Pompéii,  294. 

Dante,  voyez  Béatrix. 

Danton,  425,  452, 465. 

Danzel,  G.,  169. 

Daphnis  et  Chloé,  25,  90,  102,  220, 

281,  512. 
Daquin,  9,  10. 
Darcis  (Louis),  G.,  49, 50,  51, 130,  201. 

202,  205,  222-3,  229,  230,  299.  402. 

406,  489. 

—  (M™"),  205. 


Dardel 


irdel  (Robert-Guillaume),  S. 
57-8,  223,  231. 


20 


(M"«),  G.,  58. 
Darlet,  voyez  Arlet  et  Harlai. 
Darruder  (le  jeune),  145,  269. 
Daru  (le  comte),  430. 
Darvy,  dess^,  320. 
Daubenton,  195. 
Daubermenil,  433. 
Dauberteuil,  468. 
Dauberval,  danseur,  342. 
Daunou,  39,  436. 
Dauphin  (le).  Voyez  Louis. 
Dauphiue  (la),  belle  tille  de  Louis  X^^' 

517. 
—  (la).  Voyez  Marie-Antoinette. 
David  (François-Anne),  G.,  302-3,  37  *, 

441,  469. 
David  (Jacques-Louis),  P.,  3,  7,  10-1, 

11,  li,  13,  18,  20,  24,  27,  28,  29, 

30, 31,  32, 34,  39, 42,  43,  46,  54,  bS, 


DAVID.  —  DÊPAATEMENTS. 


71,  72,  73,  74,  75,  70-85,  86,  88,  90, 
91.  W5,  i02, 106, 107,  111,  115,  118, 
119,  1^22,  123,  125,  127,  130,  137, 
138,  139,  140,  149,  150,  170,  197, 
2IK),  293,  206,  207,  209,  210,  211, 
213,  217,  219,  225,  251,  280,  288, 
289,  2'.K),  291,  3U3,  306,  315,  319, 
336,  337,  31M),  3r.l,  365,  376,  387, 
397,  407,  410,  417,  418,  421,  424, 
426,  428,  441,  451,  459,  460,  461, 
468,  477,  479,  489,  520. 
David  (Madame),  femme  du  peintre, 
83,369. 

—  (M.  Joseph),  133. 
David  d'Ançers,  S.,  103. 
Davrigny,  429. 
Daziiicoiirt  (Albouy),  234. 
Débats  (Journal  des),  519. 
Debret,  P.,  27. 

Debry  (Jean),  député,  25,  437. 

Debucourt  (Philippe-Louis),  dess.  et 
G.,  7,  45,  121,  160, 182-V,  201,  203, 
212,  231,  249,  393,  402,  403,  449, 
474,  475,  478,  520. 

Debure,  305. 

Décadaires  (Fêtes),  321,  426,  432. 

—  (Temples),  189,  432. 

Décade  (l^mblëmes  des  jours  de  la), 

392,  393. 
Décade  philosophique  (la),  120,  IW, 

201,  235,   265,  427,  470-1,   471-2, 

489,493. 
Décennaux  (Voyez  Concours  et  Prix). 
Décime  de  l'an  IV,  385,  459. 
Décimes  (Pièce  de  cinq),  407. 
Decius  Mus,  376. 
Decker,  G.,  257. 

—  (L.),  libraire,  286. 
Déclaration  (la),  174,  231. 
Décorations  de  théâtre,  61. 
Décret  (Ah  !  le  bon),  273. 
Dédale,  394. 

—  et  Icare,  300. 
Défends-moi,  191. 
Defer,  expert,  135. 

—  lib.,  305,  317,  319. 
Defer-Maisonneuve,  lib.,  332. 
Defi*aine  (Jean-Florent),  dess.  et  G., 

152,  2U8-9,  268,  464. 
Deghendt,  G.,  306. 
Degouy,  G.,  243. 
Deiabin  (Collection),  162,  297,  372, 

Déjauire  (Knlôvomcnt  de),  280. 
Déjeuner  (le),  174. 
Delacroix,  281. 

—  (M.  Eugène),  P.,  92,  110. 
De  lAfosae,  dess.,  271.  « 
Del&tre,  cartier,  376. 


545 

Delaulne  (Etienne),  384. 
De  Launay  (M.),  gouverneur  de  la  Bas- 
tille, 180,  270. 

Delaunay,  G.,  211,  240,  312,  316,  319, 
330,  331.  »        »        , 

—  (Nicolas)  rainé,G.,164, 109,172,316. 

—  (Robert)  le  jeune.  G.,  169, 202, 201^, 
212,322,351.  '       ' 

—  de  Bayeux,  dess.,  401. 
Delécluze  (M.  Étienne-Jean),  3,  77,  78 

80,  83,  86,  88,  107,  127,  140,  460,' 

477,495. 
Delignon,  G.,  71,  212,  312,  310,  310, 

320  338. 
Delillè  (L'abbé),  39,  221,  202,  281,  283,' 

288,  315,  319,  335,  370,  460,  493. 

—  (M>'«),  490. 
Delisle,  naturaliste,  165. 

De  Lonois,  fournisseur,  105. 
Déluge  (Scènes  du),  11,  28,  114,  126. 

—  sculpture,  33. 

Delvaux  (Rerai-Henri- Joseph),  G.,  130. 
316,  319,  344.  *-  ^>     '        » 

De  Machy  le  fils,  P.,  13,  64,  250,  269, 

446. 
Demarne,  P.,  11,  13,  237,  268. 
Deniarteau,  G.,  169,  174. 

—  (M""),  7. 
Demartrais,  dess.,  187. 

Dembrun,  G.,  71,  202,  309,  312,  316, 

319,320,337. 
Demerville,  155. 
Démétri  us-Poliorcète,  41. 
Demi-brigade  (U  20'),  1 48. 
Demierre  (Darcis  de),  ^22.  Voyez  Darcis, 
Démocrate  (la),  caricature,  481. 
Démocrite  et  les  .Abdéri tains,  74. 
Démon  de  Parrhasius,  410. 
Demonchy  (La  citoyenne),  G.,  voyez 

Monchy. 
Déniosthéne,  103. 
Demours  (Pierre),  oculiste,  343. 
Demoustier,  288,  315,  321,  359,  361, 

457,  460. 
Dennel,  G.,  523. 
Denon  (Vivant),  7,  52,  77,  80,  85, 

102,  105,149-52,  158,  163,  165,  3iO, 

469. 

—  (Catalogue),  152. 
Dentelles,  217. 

Dentiste  ambulant  (le),  61. 
Dentu,  libraire,  90,  333. 
Deny,  G.,  179,  453,  474,  475. 
Départ  (  le),  2U5. 

—  Voyez  Chant,  Frontières. 
Départements,  425,  426. 

—  (Voyages  dans  les),  234. 

—  (Fédération  des),  386;  des  départe- 
ments du  Nord,  177,  344. 

35 


546 


DÉPARTEMENTS.  —  DIRECTOIRE. 


Départements.  Voyez  Musées. 
Depeuille,  éditear  d'estampes,  49,  50, 

134,260,444,479,4»!. 
Derivis  père,  234. 
Desaix  (L.-Charl.-Ânt.),  général,  165, 

237, 449. 

—  sculpture,  48,  220. 

—  (U  mort  de),  127, 130. 

—  (Monument  à),  137. 
Desault,  8. 

Descamps  (Jean-Baptiste),  P.,  65. 

Descartes,  258. 

Deschamps  (Françoise).  Voy.  M"*  Beau- 

varlet. 
Descourtils  ( Charles-Melchior ) ,  G., 

145,  269-70, 444,  445. 
Desenne,  dess.,  330. 
Desessarts  (le  républicain),  153. 
Desèze,  370. 

Desfontaines  (le  citoyen),  398. 
Dcsfonts,  P.,  14. 
Desforges,  aut.  dram.,  75. 
Desgallois  de  Latour,  384. 
Desgarcins  (M»i«),  292. 
Deshoulières  (M"«),  332. 
Desilles  (Trait  de  courage  du  Jeune), 

70,  239,  335. 
Désintéressement  (le),  426. 
Désir(le),  209,  297. 
DesmareU  (Séb.),  G.,  393, 394. 
Desmoulins   (Camille),  60,  156,  301, 

365,  452,  465. 
Des  Mousseaux  (M.  le  chevalier),  503, 

505. 

Desnoyers  (Aug.-Gaspard-Louis-Bou- 
cher).  G.,  124,  221,  299-300. 

Desorgues  (Joseph-Théodore)  pofite, 
221,  413,  426,  428,  494. 

Desoria,  P.,  11,  24,  30. 

Desormeaux,  281,  326. 

Dospazes,  poète  satirique,  192. 

Despotisme  (  le),  410, 436. 

Deiprez,  imp.,  373. 

—  (Jean-Louis),  A.  et  G.,  6f-4,  482. 
Desrais  (C.-L.),  G.,  179-81,  235,  245, 

249,  268,  270,  272,  329,  344,  547, 
3i9,  350,  351,  357,  402. 
Dessin  (Art  du),  232. 

—  (le  Génie  du),  330. 

—  (Éléments  du),  302. 

—  (la  Leçon  de),  2i>3. 

—  Voyez  Principes. 
Dessinateurs,  197-214. 
Dessins  (Collection  de),  40. 
IJestin  (le)  réglant  la  vie,  124. 
Destouches  (Néricault),  130. 

Détenu  (Retour  d*un)  dans  sa  famille, 
211. 


Detournelle,  A.,  15, 18,  19,20,  34,  46, 
47,  89,  99, 100, 123, 184,  235,  452, 
467. 

Detroy,  P.,  507,  522. 

Dévideuse  (la),  512. 

Devienne  (M"«),  194. 

Devin  de  village  (  le),  135, 429. 

Devisme,  G.,  237,  238. 

Devoir  (Égalités  de),  376. 

Devosge,  P.,  13,  39, 52,  91,  ^2,  93,94, 
169,217,368,479. 

—  (Anatole),  le  fils.  P.,  78,  96, 299. 
Dévouement  à  la  pairie,  sculpture,  35, 

55,  64. 
Diable  (Appel  au)  pour  les  corps  sans 
tête,  349,  486. 

—  (Tableau  d'histoire  naturelle  du), 
349,  486. 

—  (le)  à  quatre,  opéra  comique,  237. 
Diables  (les  deux)  en  fureur,  483. 
Diane,  56,  232. 

—  multimamme,  406. 

—  implorant  Jupiter,  113. 

—  et  Calisto,  512. 

—  Voyez  Robe. 

Diderot,  166,  167,  175,  215,  252,  27(î, 
306,  346,  356,  507,  508,  509,  51(r, 
51-2,513,514,520,524,523. 

Didon  (Rôle  de),  164. 

—  Voyez  Énée. 

Didot,  71,  yO,  91,  102,  139, 158,  16Î, 
1H7,  245,  304,  305,  319,  322,  340, 
346,  380,  388,  407. 

—  aîné,  281. 

—  jeune,  9,  56,  307,  310,  374,  438. 

—  (Pierre),  310. 

—  (Firmin),  429. 

Dion,  G.,  56,  120,139,199. 
Dieu  bénissant  le  monde,  137. 
Dieux  païens,  321. 

—  (Le  Festin  des),  94. 

—  (les)derOpéra,  338. 
•  Dijon,  52,  368. 

—  Académie,  52. 

—  (Artistes  nés  à),  316,  523. 

—  (l/école  de),  13,  52. 

—  École  de  dessin,  91,  92. 

—  Musée,  52, 94,  95. 

—  Salle  des  États,  94-5. 
Diligence  (Arrivée  de  la),  192. 
Dinaux  (Arthur),  140, 177,  178,  3». 
Dindon  humilié  (le),  495. 

Dîner  (le),  174. 

Directeurs  (les   cinq),  129,  156,  161, 

411,444,478. 
Directoire,  40, 161,  266,  414,  434, 436,. 

444,  454,  459,  460,  478,  488,  495. 

—  exécutif,  219. 

—  (Audience  du),  161. 


DIRECTOIRE.  —  DUPLESSIS-BERTADX. 


Hl 


Directoire  (Femmes  du),  472-3. 

—  (Soavenin  eu),  m,  47fr. 
Discorde  (la),  3i,  142. 
Discret  (an),  35^. 
Discrétion  (la),  366. 

Diseuse  de  bonne  aventure,  435. 
Districis,  417,  424,  425,  426. 
Dites  :  S'il  vous  piait,  168. 
Divinité  (Emblème  de),  399. 
Divinités,  402. 
Divorce,  231 . 

—  (Cérémonies  du),  423. 

Dix  août  (1792),  22,  31,  80,  86,  88,  89, 
144,  248,  307,  340,  4^0,  439,  441 
405,406. 

—  (Martyrs  du),  307. 

—  (la  Régénération  du),  385. 

—  (Médaille  du),  386. 
_  Vovcz  Fêtes 

Dix-sept  juillet  (1780),  183. 
Dix-huit  brumaire  (1799),  28, 156, 238. 
257,  267,  209,  307,  415,  444-5. 

—  fructidor  (1797),  444. 
Dix-huitième  siècle  (la  Peinture  du). 

1, 499-501.  ^ 

—  (la  Philosophie  du),  514. 
Doctorat  (Écoliers  passant  au),  3^4. 
Dominiquin  (le),  P.,  164,  209,  436. 
Dominos,  ou  papiers  marbrés,  375. 
Dominotiers,  375. 

Don  Quichotte,  170. 

Dons  patiiotiques,  7-8,  48, 272,  414. 

Dorât,  305,  316,344,348. 

—  (Fables  de),  317. 
Dorfcuille,  421. 
Dorgez,  G.,  163-4,  267. 
Dormeur  (un),  358. 

♦  Douai,  362,  473. 
Douairière,  481. 
Douleur  (la),  297. 

Doyen,  P.,  16,  130,  135, 140,2*5. 
Drapeaux  des  Districts,  417. 

—  pris  sur  l'ennemi,  4^0. 

—  Voir  Fête  civique. 

•  Dresde,  218. 

Drevet  (Pierre),  G.,  280. 

Driancourt,  éd*".,  408. 

Droit  ^Égalités  de),  376. 

Droits  de  THomme  et  du  Citoyen,  136, 
163,  185,  197,  245,  261,  266,  286, 
294,  298,  376,  395,  399,  410,  414, 
420,  425,  482. 

—  naturels  de  THomme  en  société,  52. 
Drolling,  P.,13,  22. 
Dromadaires,  435. 

Dromond  (M.),  96,  104. 
Drouais,  P.  de  portraits,  303. 

—  (Hubert),  P.,  96,  222,  236,*  son 
tombeau  à  Rome,  35,  54. 


Droz  (Jean-Pierre),  G.  en  méd.^  387. 

Druidiques  (Forôtei,  3^., 

Du  Barry  (M™*),  3i4,  35l 

Dubertrand,  29(r. 

Duboc  père,  180. 

Dubois  (M.),  119. 

Dubois-Crancé,  76. 

Dubroca,  433. 

Ducancel,  auteur  dram.,  199. 

Duchemin,  G.,  175,  180,364 

Duchesue  (M.)  aîné,  152,  470. 

Duchesnois  (M"*),  243. 

Docis,  26,  3tl,  83, 130,  277,  460. 

Duclos,  G.,  306,317,  331,  334 

—  (Marie-Adélaîde-Louise),  G.,  129. 
Duclos-Dufresnoy  (M.),  506. 

Ducrest  (Stéphanie -Félicité).    Voyez 

Genlis. 
Ducreux  (Joseph),  P.,  U,  14-  23-  227. 

350,  357-9,  456,  459.  »'**'» 
Ducros,  G.  suisse,  148. 
Dufart,  éd„  407. 

Duflos  (Pierre)  le  jeune,  G.»  344-â. 
Dufourny,  17,42. 
Dufresne  (Charles),  152. 

—  Voyez  Nitot  (Michel). 
Dugast,  G.,  323. 

Dugazon  (M""'),  164,  250, 464. 

Duguay-Trouin,  258,  345. 

Dugourc   (Jean-Démosthène),  CL  ea 

bois,  374-80,  402,  409,  459. 
Dugrandmesnil,  414. 
Duguesclin,  345. 
Duhamel,  G.,  209,  464. 
Duhot,  député  aux  Cinq-Geats,  i32. 
Dulaurens  (l'abbé),  64. 
Dulomboy,  380. 

Dumarest   (Rambert),  G.  en  méd. 

387 
Dumesnil  (M"«),  468. 

—  (M™«),  73. 

Dumont,  P.  de  portraits,  14,  53,  456. 

—  S.,  34,35,410. 

Dumoulin,  libraire,  281,  506,  509i. 
Dumouriez  (le  général),  253,  432. 
Duncker,  G.,  326,  524. 
•Dunkerque,  128,  349. 
Dunois  le  BAtard,  345. 
Dunouy,  P.  de  pays.,  25. 
Dupeyrat,  G.,  367,  409. 
Dupin,  G.,  178,179,453. 
Duplan  (Rosalie),  73. 
Duplat,  G.  en  bois,  378,  379,  380-1. 
Duplessis  (M.  Georges),  8. 

—  (Joseph-Sifrède) ,  P.,  25,  145,  255,» 

Duplcssis-Bertaux  (Jean),  G.,  13,  59. 

,     60,  61,  141,  145,  153,  153-9,  160^ 

198,  202,  203,  238,  257,  263*  293^ 


548 


DUPONT.  —  ÉNÉE. 


340,  346,  352,  365,  430,  440,  443, 1 

444,  446,  468,  491,  492. 
Dupont  (Henriquel),  G.,  287. 
Dupont  de  Nemours,  356,  358,   359, 

433. 
Duport,  danseur,  338. 

—  député,  359. 

Dupré  (Augustin),  G.  en  méd.,  17, 133, 
375,  384-5,  386,  387,  395,  399,  407, 
409,  410, 459. 

—  (Guillaume),  G.  en  méd.,  384. 
Dupréel,  G.,  56,  200,  308,  317,  319, 

346,  44  (. 
Dupuis  (C.-F.),  392. 

—  (N.  Gabriel),  G.,  523. 
Dupuy,  179. 
Duramèau,  P.,  177. 
Durand  (Cabinet),  135. 
Durer  (Albert),  P.  et  G.,  152. 
Duruisseau  (Antoine  ou  L.-F.),  271. 
Dosaulchoy,  432. 

Dusausoir,  407. 

Dussaulx,  358. 

Dussieux  (M.  Louis),  61. 

Dutailly,  éd.  d»est.,  208,  213-4,  224, 

200,261,270,  413. 
Dutertre  (André),  dess.  et  G.,  164-5, 

237,  250,  260,  261,  266,  269,  341, 

468. 
Duthé,  G.,  236. 

—  (Ml'«),  357. 

Duval  (L.),  G.,  56, 199,  306. 
Duveyrier  (M.),  194,  330. 
Duvivier,  17. 

—  dess.,  340. 

—  (Pierre-Simon-Benjamin),  G.  en 
méd.,  385-6. 

E 

Eau  (P),  375. 

Eau-forte  (Graveurs  à  T),  149-65. 

Ecclésiastique  réfractaire  (P),  482. 

Écharpe,  288. 

École  d'Athènes  (P),  94. 

Écoles  de  service  public,  primaires  et 

centrales,  430,  435,  438. 
Écossaise  (la  folle  par  amour),  239. 
Écossent  (Gens  qui)  des  légumes,  524. 
Écot  (P).  233. 
Kcu  de  Pan  iv,  385,  410. 
Édelinck,  G.,  328. 
Kdit  de  Nantes,  298. 
Edouard  et  Stellina,  102,  220. 
Éducation  (P),  428. 

—  nationale  (Décret  sur  P),  425. 

—  (P)  publique,  statue,  35. 

—  (P)  fait  tout,  169. 
Éducations  (les  deux),  512. 


Égairam,  G.,  (pseudonyme  de  Mariage), 
294. 

Égalité  (P),  47,  49,  60,  80,  101,  137, 
180,  184,  185,  194,  195,  197,  198, 
217,  227,  232,  251,  264,  271,  286, 
287,  292,  321,  330,  334,  336,  365, 
383,  386,  392,  397,  403,  405,  407, 
410,  425,  426. 

—  Statue,  35,  48. 

—  (Temple  de  P),  21. 
Égalités  (les  quatre),  376,  377. 
Égerton  (lord),  360. 

Égide,  54. 

Églogue  (Sujet  d'),  217. 
Égoisme  (P),  427. 
Égoïstes  (PËntêtement  des),  180. 
Kgout  (P)  royal,  484. 
IJgrefeuille  (M.  d*),  143. 
Kg^a,  dessin  de  la  Santé;  voyez  Hygie. 
*  Égj'pte  (  Expédition  d'  ),  26,125, 152, 
157, 164-5,  340. 

—  (Description  de  P),  221,  224,  265, 
299. 

i:gyplien  (Temple),  380. 

:  -yptiensi  399,  422. 

i:isen  (Charles),  dess.,  258,  259,  305, 

:n6,  329,339,  3il,  347,408,  522. 
IJéments  (Épreuves  par  les),  311. 
Éléphants,  67. 
Élève  de  la  nature,  245. 

—  intéressante  (P),  172,  225. 
V.lisa  (la  princesse),  361. 

É  lisabetb  (  Madame) ,  sœur  de  Louis  XVI , 

360. 
Elleviou,  156,  193,  284. 
Elluin,  G.,  73,  374. 
Éloquence  (P),  378. 
Elysée,  308,  437. 
KIzevir,  imp.,  389. 
Émail  (Peinture  en),  242,  473. 
Emblèmes,  voyez  Allégories  passim. 
Émeric-David,  33,  35,  46,53,  132, 138, 
.  315. 

liiiigrés,  484. 

I mile  (P)  de  Rousseau,  48. 
Emilie  (Lettres  à),  361-2.  Voyez   De- 

moustier. 
Empereurs  romains   (  Histoire  des  ), 

337. 

—  (Crimes  des),  304. 
Encouragement  patriotique  (1'),  1G3. 
Encouragements.    Voyejc    Gravure   et 

Prix. 

—  nationaux,  334. 
Encre  mordante,  375. 
^encyclopédie  pittoresque,  146. 
Endymion,  27. 

Énée  (le  Songe  d*),  84,  336,  338. 

—  et  Didon,  219. 


ENFANCE.  —  FACES  NATTÉES. 


549 


Enfance,  426. 

—  (le  premier  pas  de  1'),  172,  251. 

—  (la  sauvegarde  de  T),  193. 
Enfant  (Dors,  mon),  172. 

—  (r)  chéri,  172. 

—  qui  dort,  512. 

—  qui  boude,  512. 

—  (!')  gâté,  511.    . 

—  endormi,  64. 

—  endormi  sur  un  livre,  503. 

—  jouant  avec  des  poupées  et  des  car- 
tes, 318. 

—  ramené  de  nourrice,  441. 

—  (Jeune  femme  avec  son),  102. 

—  Voyez  Canadiens,  Femme. 
Enfantillage  (P),  263. 

Enfants,  105,  108,  117, 174,195,  403, 
408-0,  418,  500. 

—  dénichant  des  tourterelles,  194. 

—  Voyez  Mères,  Sociétés. 

Enfers  (R^*ception  de  Louis  Capet  aux), 

274,  486. 
Engel,  216. 

Enjambée  impériale  (F),  484. 
Enlèvement  nocturne  (P),  258,  332. 
Enrôlements  volontaires  (les^,  88. 
Enseignes  (le  peintre  d*),  326. 
Enterrement  (Scène  d*),  148. 
Enterrements  ( Cérémonie  des),  278, 

423. 
Épée,463,  519. 
Épis,  109,  185,  403. 
Éponine  et  Sabinus,  318. 
Époux,  430. 

—  (Jeunes)  lisant  leurs  lettres   d'a- 
mour, 30,  171. 

—  (les)  à  la  mode,  186. 
Éprémesnil  (M.  d'),  370,  483. 
Équitation  (Époque  de  r),133. 

—  (Première  leçon  d'),  169. 

Ère  de  la  République  (Instruction  sur 

1'),  392. 
Érigone,319,  356. 

*  Erlangen,  135. 

*  Ermenonville  (Tombeau  de  Rousseau 

à),  316,  335,  459. 
Ermite  (1'),  283. 
-^  (r)duColisée,257. 
Érostrate  moderne,  494. 
Escalade  (1'),  182. 
Escamoteur  (!'),  208.     • 
Escarpolette  (P),  168,  169, 186,  311. 
Eschyle,  153. 

Esclaves  mis  en  liberté,  394. 
Esculape  enseignant,  133. 
Esnault,  marchand  d'estampes,  212. 

*  Espagne,  135,  229,  499,  517. 
Espagnol  (le  petit),  172. 
Espérance  (!'),  poënie,  351. 


Espérance  (T)  soutient  l'homme  jus- 
qu'au tombeau ,  300. 

Espercieux,  S.,  15, 16, 3f ,  35, 467. 

Espinasse  (B.),  dess.,  341. 

Estampes  indécentes,  16, 20, 340. 

Estelle,  roman,  352. 

Esther,  469. 

Estrées  (Gabrielle  d'),  473. 

Étalagiste  de  gravures,  158. 

État  (le  Vaisseau  de  1').  Voyez  Liberté. 

États-généraux  (Ouverture  des),  307 , 
313. 

—  (Députés  des),  348. 
Été  (l'),  426. 

Éternel  (Hommage  à  1'),  382. 
Étoffes  (  Différence  entre   les  citoyens 
par  la  qualité  des),  465. 

—  Voyez  Casimir,  Nankin. 
Étoile  (l'heureuse),  461. 
Étoiles,  185. 
Étonnement  (!'),  297. 

Être  suprême  (!'),  184,  310,  365,  397, 
425,  426,  432. 

—  (Adoration  à  1'),  428. 

—  Voyez  Fêtes. 
♦Étrurie  (1'),  142. 
Étrusques  (Antiquités),  302. 
Étude  (l'),  242,  327,  342. 

—  répand  des  fleurs  sur  la  vie,  239. 

—  guidant  l'essor  du  Génie,  104,  112. 

—  ramenantauxhommeslaSanté,  124. 

—  veut  arrêter  le  Temps,  277. 

—  (1')  de  la  nature,  44. 
Eulahe  (Rôle  d'),  228. 
Europe  expirante  (1'),  487. 
Eurydice.  Voyez  Orphée. 
Éventails,  177,  224,  282,  412,  430,479. 
Évergète  (Tombeau  de  Théophile),  237. 
Exaudet.  Voyez  Menuet. 
Excommunication  (Bulle  d')  du  pape, 

492. 
Exécutions  révolutionnaires,  486, 

—  Voyez  Tjouis  XVL 
Exploits  des  Français,  379. 
Exposition  (Première)  des  produits  de 

rindustrie,  431. 

—  universelle  de  1851,  3. 
Expositions.  Vovez  Salons. 

—  payantes,  82,  205. 

—  des  artistes  chez  eux  :  Greuzc,  517- 
8;  —David,  82;  —  Regnault,  127. 

Eynard,  15. 


Fabre,  P.,  11,  140,  246. 
Fabre  d'Églantine,  294,  392,  460. 
Fabricy  (le  Père),  133. 
Faces  nattées,  478. 


\ 


S50 


FACTIONNAIRES.  —  FETES. 


Factionnaires  (Attitudes  de),  lif. 
Fagots,  492. 

Faïence  (Éciielles  de),  493. 
Faisceaux,  54, 180,  185,  233,  256,  264, 

335,  378,  379,  392,  395,  398,  403. 
Faivre,  A.,  142. 

♦  Faléries  (Maître  d'école  de),  17, 18. 
Famille  des  bonnes  gens  (la),  295, 

—  (la)  malheureuse,  118,  121. 
Fanatisme  (le),  51,  87,  40C,  412. 
Fanfan  (Monsieur),  160, 171. 
Fantasmagorie,  382. 
Fantassin,  203,  336. 
Fantelin,  imprimeur,  15. 
Fard,  473. 

Farfalla  (Cuffia  di>,  523. 

Fastes  de  la  Révolution,  322,  331,  440. 

—  militaire!»  de  la  France,  163. 
Faton,  éd.,  402",  428. 

Fats,  470. 

Faublas,  164,  317,  319,341. 

Fauchet  (Tabbé  Claude),   évèque  du 

Calvados,  8,  9,  346,  348,  440. 
Fauconnier  (M.)  orfèvre,  93,  94,  96. 
Faujas  de  Saint-Fond,  369. 
Faune  (le )  amoureux,  347^ 
Faunes,  168. 
Faurel,  dess.,  202. 
Fauteuil,  315. 
Favard,  242. 
Favart  (M"»*),  182. 
Favras  (Exécution  du  marquis  de), 

176. 
Fécondité  (l'heureuse),  168. 
Fédéralisme  (Hydre  du),  410. 
Fédération  (la),  251,  255,  307,  385. 

—  Voyez  Départemeuts,  Paris. 
Fédérés,  464. 

—  ^Marche  des),  393. 

—  (Costumes  des)  et  des  Fédérées,  41 7. 
Fées  (Contes  des),  245,  292,  356. 
Félicité  publique  (la),  137. 

Femme  à  sa  toilette,  188. 

—  accordant  sa  harpe,  211. 

—  jouant  de  la  harpe,  188. 

—  pinçant  de  la  guitare,  211,  3ri5. 

—  tenant  une  lettre,  232,  355,  363. 

—  tenant  une  cocarde,  355. 

—  bien-aimée,  509. 

—  avec  un  enfant,  361. 

—  nourrissant  son  enfant,  355. 

—  éplorée,  269. 

—  assise  près  d'un  tombeau,  375. 

—  de  chambre  officieuse  (la),  242. 
Femmes  (les)  comédie,  457. 

—  d'aujourd'hui  et  d'autrefois,  479. 

—  célèbres  de  la  Révolution,  405, 455. 
Féoelon,  252,  268,  369. 

—  Voyex  Télémaque. 


Féodal  (Auto-da-ié  de  Farbre),  419. 
Féraud  (Assassinat  de),  156,  307. 
Fer-blanc  (Physionotraces  ^nurôa  sur), 

367.  • 
Feri,  392. 
Fermier  (Famille  dij),  169. 

—  Voyez  Normandie,  Seignour. 

♦  Ferney  (Vue  du  château  de),  320. 

—  (le  Lever  du  philosophe  de),  343. 

—  (le  Déjeuner  de),  313. 
Féronie  (La  déesse),  394. 
Fessard,  G.,7î)9, 173,  342. 
Fêtes,  416-38. 

—  publiques  (Livres  sur  les),  438. 

—  de  la  Fédération  ou  du  Serment 
civique  (14  juillet  1790),  46,  60, 
64, 146,  255,  260, 266,  289,  331,  340, 
416-7,  441. 

—  Cérémonie  funH>re  de  Franklin 
(juillet  ou  août  1790),  419. 

—  Cérémonie  funèbre  de  Mirabeau 
(4  avril  1791),  419. 

—  Translation  de  Voltaire  au  Panthéon 
(11  juillet  1791),  244,  260,  2S1 , 
417-8,  469. 

—  de  la  Liberté  en  l'honneur  des  sol- 
dats suisses  de  Chàteauvieux  (15 
avril  1792),  80,  148-9. 

—  de  la  troisième  Fédération  (14  juil- 
let 1792),  419. 

—  Pompe  funèbre  en  l'honneur  des 
citoyens  morts  au  Dix  août  (26  août 
1792),  393,419. 

—  civique,  en  l'honneur  de  la  liberté 
de  la  Savoie  (14  octobre  1792),  192, 
218,  419,  465. 

—  Cérémonie  funèbre  de  Lepelleticfr 
et  sa  translation  au  Panthéon  (24 
janvier  1793),  213,  260,  204,  419-20. 

—  Obsèqup-s  de  Lazowski  (28  avril 
1793),  420. 

—  Cérémonie  des  citoyens  et  des  ci- 
toyennes de  couleur  (8  juin  1793), 
420-1. 

—  Obsèques deMarat  (16 juillet  1793), 
420,451. 

—  de  l'an  11,311. 

—  de  l'Unité  et  de  l'Indivisibilité  de  la 
République,  ou  de  la  Fraternité 
(10  août  1793),  221,  307,  350,  407, 
410,  421-2. 

—  de  la  Raison  (brumaire  an  II,  oc- 
tobre et  novembre  1793),  404-5,  411, 
422-3. 

—  Obsèques  de  Chalier  (  niv6se  an  II, 
décembre  1793-janvier  1794),  421. 

—  des  Victoires  à  l'occasion  dé  la  paix 
de  Toulon  (20  nivôse  an  U,  0  j 
vier  1794),  424. 


FÊTES.  —  FOLIE. 


551 


Fêtes.  Plantatiofl  de  Tarbre  de  laLiberté 
au  Muséum  (25  ventôse  an  II, 
15  mars  1794),  424. 

—  du  Salpêtre  (décadi  30  ventôse  an  II, 

20  mars  1794),  424-5. 

—  de  rÊtre  suprême  (20  prairial  an  II, 
8  juin  1794),  47,  80,  156,  273,  410, 
4J1,  426-8. 

—  en  l'honneur  de  Barra  et  de  Yiila 
(devait  avoir  lieu  le  8  thermidor 
uill,26juinetl794),  428. 

—  Translation  de  Marat  au  Panthéon 
(5«  Sansculottide  de  Tan  11,21  sep- 

,  tembre  1794),  420,  451. 

—  de  J.-J.  Rousseau  (20  vendémiaire 
an  III,  11  octobre  1794),  244,  346, 
429-30. 

—  des  Victoires  (30  vendémiaire  an  III, 

21  octobre  1794),  162,  429-30. 

—  de  la  Victoire  et  de  la  Reconnais- 
sance (10  prairial  an  IV,  29  mai  1796), 
431-2. 

—  Cérémonie  funèbre  en  l'honneur 
de  Hocbe  (10  vendémiaire  an  Y, 
1"  octobre  1796),  431. 

^-  donnée  à  Bonaparte  après  le  traité 
de  Campo-Formio  (20  frimaire  an  VI, 
10  décembre  1797),  431. 

—  de  la  Liberté  et  des  Arts  (9  thermi- 
dor an  VI,  27  juillet  1798),  41,  431, 
435-6. 

—  de  la  fondation  de  la  République 
(18  fructidor  an  VI  ,5  4  septembre 
1798),  346,  431. 

—  nationale,  ou  anniversaire  de  la 
Fondation  de  la  République  (1"  ven- 
démiaire an  VU,  22  septembre  1798), 
430,431,436. 

—  de  la  Souveraineté  du  Peuple 
(30  ventôse  an  VII,  20  mars  1799), 
436. 

—  de  la  Reconnaissance  et  fête  funé- 
raire à  la  mémoire  des  plénipoten- 
tiaires de  Rastadt  (20  prairial  an  MI, 
8  juin  1799),  437. 

—  de  la  Concorde  (14  juillet  an  IX, 
1801),  433-4,  460. 

—  de  la  Paix  générale  (18  brumaire 
an  X,  9  novembre  1801),  434, 
437-8. 

—  du  Courage,  434. 

—  du  triomphe  de  la  République,  434. 

—  de  la  Constitution,  399. 

—  de  la  Réunion,  155. 

—  Voyez  Chars,  Décadaires. 
Feu  (le),  375. 

Feux  d'artifice,  311,  437. 

Feuillet  (M.),  Bib.  de  l'Institut,  309. 

Feutre  (Bonnet  de),  394. 


Février  (le  restaurateur),  235. 
Fichus,  224,  463,  464, 474,  484. 

—  enflés,  183,  370, 465. 

—  menteurs,  465. 
Fidélité  (le  Serment  de),  27$. 

—  Voyez  Innocence. 
Fielding.  Voyez  Tom  Jones. 
Fierté  (la),  402. 

Fiesinger  (Jean-Gia)riel),  G.,  19,  366-7, 

448-9. 
Figaro  (le  Mariage  de),  292. 
Figures  de  cire,  18-20,  420, 
Fila  plomb, '374. 
Filhol  (Ant.-Joseph),  G.,  339. 

—  (Musée),  125,  152,  157,  160,  209, 

294,  339,  340,  343. 
Filiale  (Piété),  423,  426,  432. 

Fille  (Jeune)  avec  un  pot  de  fleurs, 
361. 

—  efifeuillant  une  marguerite,  30. 

—  pleurant  sou  oiseau,  512. 

—  à  la  fenêtre,  512. 

—  aux  fleurs  brisées,  512. 

—  et  son  chat,  30. 

—  (Petite)  baisant  la  croix,  506. 

—  (Petite)  et  son  chien,  30,  512,  51i». 
Fils  (C'est  un),  monsieur,  312. 

-—  (le)  naturel,  507. 

—  (le)  puni,  511. 

Finiguerra  (Maso)  orfèvre,  135,  338. 
Fitz-James  (le  duc  de),  254. 
Flahaut  (M°"  de),  458. 
Flamands  (Joueurs),  145» 

—  (Peintres),  16,  517. 
Flambeau,  224,  383, 406. 
Flamine  (Vêtement  de),  478. 
Flaxman,  S.,  152,  153. 
Flèches,  327. 

—  brisées,  520. 
Fleuret  (le  citoyen),  382. 
Fleuroiïs,  373,  374. 

Fleurs  (Gravure  de),  226,  265,  278. 
Fleury,  P.,  25. 

—  (.Madame  de),  229,  458. 

Flipart,  G.,  169,  175,  519,  521-2,  523. 
Flore  (Nymphe  de),  269. 
Floréal,  228. 

•  Florence,  19,  20,  139, 140, 141, 142, 
164,  238,  338. 

—  (Galerie  de),   46,  139,   162,   276, 
280,  283,  284,  288,  289,  290,  293, 

295,  301,  329,  338,  340,  343,  346. 

—  (Muséum  de),  302. 

—  Donna  fiorentina,  523. 
Florian,  313,330,  346,441. 
Floues!,  dess.,  440-1. 

Foi  (la  Bonne),  347,426. 

—  (la)  conjugale,  426;  statue,  35. 
FoUe  (la),  151,  479. 


552 


FOLIE.  —  GABRIEL. 


Folio,  du  Jour  (  la),  229,  366,  480. 

—  prêchant  à  N.-D.  de  Paris,  236. 
Folies  (les),  179. 
Fonctionnaires  publics,  478. 
Fonfrède  (le  citoyen).  Voyez  Boyer. 
Fontaine  d* Amour  (la),  168. 

Fo n tai ne  (  Pierre-François-Léonard  ) , 
A.,  282. 

*  Fontainebleau,  351. 

Fontaines.  Voyez  Nature,  Régénéra- 
tion, Rendez-vous. 

Fontana  (Pietro),  G.,  142,  409. 

Fontenay  (l'abbé  de),  329. 

Force  (la),  49,  137,  232,  376,  404. 

—  (Attributs  de  la),  209,  404. 

—  statue,  33,  52, 136. 

—  (la)  surveillante,  246. 
Forêts  nationales,  379. 

—  Voyez  Druidiques. 

Formes  acerbes  (les),  128,  129,  349, 

412,  487. 
Fortier,  G.,  380. 
Fortune  (la),  414. 

—  (la)  perdue,  363. 

—  Voyez  Innocence. 

Fouché  de  Nantes,  237,  383,  423. 
Foudre  (la),  170,  185,  197,  221,  298, 

327,  378,  403,  409,  410. 
.  Foulquier,  G.,  481. 
Fouquet,  P.  en  miniat.,  367,  368. 
Fouquier-Tinviîle,  59. 
Fourier,  165. 
Fournier,  dessinateur,  367. 

—  libraire,  310. 

—  (M.  Edouard),  19. 
Fournisseur,  voyez  Perruquier. 
Frac,  1H3,  192,471. 

Fragonard  (Jean-Honoré),  P.,  1,  7,9, 
17,  30,  37,  85,97,  166-70,  171,  172, 
1S2,  185,  188,  191,  197,  217,  225, 
232,  249,  259,  264,  276,  ^81,  285, 
295,  326,  332,  335,  339,  342,  351, 
448,453,  501,513,517. 

—  (M"»-).  Voyez  Gérard. 

—  fils  (Alexandre-Évariste),  P.,  22,  24, 
32,  106,  197-200,  205,  220,  293,  294, 
338,  303,  395,  402,  487,  494. 

Français  (le),  240. 

—  (le  Génie  des),  409. 

—  (les  Illustres),  317,  331,  332. 

—  d'aujourd'hui  et  d'autrefois,  273. 
Français  de  Nantes,  103. 
Française  devenue  libre,  274. 

—  (Femme)  libre,  460. 
Françaises  (les),  324. 

—  (Dictionnaires  des),  458. 
Françart,  libraire,  294. 

France  (la),  58,  66, 123, 135, 180,  289, 
308,  à30. 


Fiance  (le  Génie  de  la),  197,  484. 

—  (Histoire  de),  302,  314. 

—  fia)  républicaine,  49. 

—  (le  soutien  de  la),  414. 

—  (  la  )  sauvée  du  naufrage,  255. 

—  Voyez  Marie. 
France,  libraire,  455. 
•Franche-Comté,  102, 113. 
Franche-Maçonnerie  (la),  310,  397. 
Franciade,  l'un  des  jours  complémen- 
taires, 392. 

*  Franciade,  nouveau  nom  de  Saint- 
Denis,  429. 

Franklin,  8,  19,  170,  179,  241,  246, 

250,  252,  288,  294,  343,  35C,  357, 

384,  419,  448,  466. 
François  II,   empereur  d'Allemagne, 

233. 
François,  marchand  d'est,  et  G.,  478. 
François  de  Neufchàteau ,  14 ,  40,  431, 

437,  495. 
Franconi  (Exercices  de),  201,  203. 
Francs  (F.pitome  de  l'histoire  des], 

249,  270. 
Francs-Maçons    (Secours  donnés  aux 

malheureux  par  les),  340. 
Fraternité  (la),  49,  184,  243,  392,  398, 

403,  405,  407. 

—  (Douceurs  de  la),  240,  404. 

—  Voyez  Fêtes. 
Frédéric  II,  sculpture,  57. 

—  peinture,  283. 
Fremiet-Monicr  (M.),  92. 

Fréron  (La  jeunesse  dorée  de),  470. 
Freuden berger  (Sigisniond)  dess.,  269, 

295  296. 
Frivolité  (ia),  207. 
Frochot,  préfet  de  la  Seine,  113, 230. 

*  Fromenteau  (Seigneurie  de),  30t. 
Fronde  (la),  496. 

Frontières  (Départ  pour  les),  14. 

Frugalité  (la),  426. 

Fruits  (le  Retour  des),  425. 

Fulchiron  (la  citoyenne),  27. 

Fume  Qc)  avec  tranquillité,  482. 

Fumeur  (!e  petit),  206. 

Furet  de  la  Littérature  (  le ),  236. 

Furies  (les),  246. 

—  Voyez  Psyché. 

FusOe  volante  (le  Journal  la),  124. 

G 

Gabet,  57,  154,  1''0,   197,  209,  224, 

245,  285,  298,  302. 
Gabion    (Jeanne- Elisabeth),     Voyez 

M™«  Chaudet. 
Gabriel,  dess.,  371-2. 

—  G.,  325. 


J 


GAETE.  —  GILET  ROSE. 


553 


♦  Gaôte  (Prise  de),  29. 

Gaîl,  39,  52,  5«,  71,  306,  330,  460. 
Gaillard,  G.,  521,  522. 
Galants,  496. 

—  (les)  surannés,  187. 
Galatée,  310. 

—  Statue,  33. 

—  Voyez  Redingote. 

.Galerie   des   hommes   illustres   dans 
l'empire  des  lettres,  2C3. 

—  Napoléon,  351. 

—  théâtrale,  237. 

—  des  Peintres  célèbres,  510. 
Gall  (le  docteur),  242. 

Galles  (la  prince^  Caroline  do),  234. 
Gamelin  (Jacques;,  P.  et  G.,  142-4. 

—  (M"»).  i*3. 

—  fils  aîné,  143. 

—  (Louis),  143. 

♦  Gand,  369. 
Ganses,  voyez  Caracos. 
Gants,  476. 

Garât,  202,  437. 

—  le  chanteur,  282,  494. 

Garde  à  vous,  recueil  de  gravures, 

489,  490. 
Garde  national,  397. 
Garde   nationale.   Voyez  Montauban, 

Paris,  Sèvres. 
Gardes  françaises,  255. 
Gardel,  Tacteur,  164. 
Gargantua  à  son  grand  couvert,  351. 
Garnerey    (Jean-François),  P.  et  G., 

25,  210-2,  252, 253,  260. 
Garnerin,  Taéronaute,  2i7. 
Garnier,P.,  13,  15,22. 

—  (l'abbé),  314. 

Gfktfîau  des  Rois  (  le),  511,  521. 
Gatteaux  (Nicolas-Marie),  G.  en  méd., 

286,  367,  386-7. 
Gaucher  (Charles-Ét.),  G.,  71, 135, 194, 

311,  320,  321,  328-30,  3M),  361,  3l53, 

453,  454. 
Gauffier,  P.,  16. 

♦  Gaule,  398. 

Gaulle  (Edme),  S.,  479. 

Gault  de   Saint -Germain,   167,    210, 

515. 
Gautherot  (Claude),  25,  27,  236. 
Gauthier,  16. 

—  G.,  49,  51,440. 

Gautier,  G.,  51,  333,  334,  363,  364. 

—  l'aîné  (B.),  G.,  49,  240-1. 
Gavaudan  (M™«),  237.    • 
Gavotte.  Voyez  Vestris. 
Gay,  libraire,  317. 

Gaz  (Effets  du  remède  au),  254. 
Gazptte  française,  494. 

—  nationale,  voyez  Moniteur. 


Gazette  de  l'amateur  des  arts,  69. 

—  des  Beaux-Arts,  159,  238,  362,  519. 
Celée,  G.,  121. 

G  néraux  (Portraits  de),  363,  366,  367. 
*  Genève,  48,  242,  272. 
Geneviève  vouée  à  la  mort,  172. 
Génie  (le),  342,  365,  392,  432. 

—  du  Christianisme  (le),  434. 
Génies,  53, 66, 112,  115, 1K5,  195, 261, 

2r>4,  2r.9,  202,  321,  327,  337,  378, 
379,  389,  408-0,  411,  412. 

—  fies  quatre),  376,  409. 

—  Voyez  Abondance,  Arts,  Activité, 
Commerce,  Dessin,  Français,  Guerre, 
Lois,  Nation,  Peuples,  République, 
Rois. 

Genlis  (M™«  de),  69,  217,  337,  454. 
Genre  humain,  426. 

—  (Fraternité  du),  426. 
Gensonné,  123,449,451. 
Gentot,  dess.  et  G.,  441. 
(leoffroy,  dess.,  320. 

—  (L'abbé),  494. 
(ieoffroy-Saînt-Hilaire,  165. 
Georges  III,  roi  d'Angleterre,  233. 

—  (M»»-),  actrice,  474. 
Gtîorgiques  (les),  319. 
Girard,  éd.,  189. 

—  G.,  9. 

—  (François),  P.,  2,  13,  15,17,20,  22, 
21,  27,  30,  31,  39,  56,  88-91,  1(12, 
103,  106,  219,  220,  281,  282,  2.S3, 
288,  290,  300,  338,  370,  413,  450, 
454,  45C>,  458,  459,  479,493. 

—  (H.),  G.,  172-3. 

—  (M"*),  femme  de  Frago,  miniatu- 
riste, 7, 167. 

—  (Marguerite  Gérard,  dite  M"»^),  belle- 
sœur  de  Frago,  P.,  7,  9,  22,30, 160, 
168,  169,  170-2,  225,  231,  332,  339, 
351. 

—  (le  P^re),  76,  322,  448. 
Gerbe,  324. 

Germain,  G.,  311,  440,  441. 

Germinal,  229,  399. 

Gcrtrude,  victime  de  la  calomnie,  295, 

454. 
Gessner  (Salomon),  dess.  et  G.,  70,  71, 

246,  259,  314,  319,  332,  339,  344. 
Geyser,  G.,  216. 
Ghendt(de),  G.,  139,316. 
Giacomelli  (M"'*),  née  Billet,  G.,  251-2. 

—  (M™*).  Voyez  Jaoinet  (Sophie). 
Gianni,  dess.,  228. 

Gibelin  (Esprit  Antoine),    P.,   132-4, 

143,  300,  301,  384,  396. 
Gide,  libraire,  474,  475. 
Gilet,  471. 

—  rose,  244. 


554 


GILLÉ.  —  GRÉTRY. 


Gillé  fiU,  imprimeur,  380, 381, 
Gillot,  P.,  63,  203. 
Gimblette  (la),  168. 
Ginguené,  8,  24,  407. 
Giordano  (Luca),  P.,  149. 
Girard,  G.,  130. 

—  (Romain),  G.,  189. 

Girardet  (Abraham),  G.  et  dess.,  164, 
200,  313,  316,  335,  345-6,  417,  418, 
431,  433,  440,  446. 

Giraud,  membre  du  Musée  de  Paris,  0. 

—  G.,  200,  324. 

—  rainé.  G.,  393. 

Girault  le  jeune.  G.,  311,331. 
Girodet,  P.,  13,27,  30,  32,  89,  90, 114, 

159,  220,  221,  281,  289,  290,  437, 

450,  494-6. 
Gironde  (la),  452. 
Girondin,  4^66. 
Glaces  Qeune  Femme  retirée  des),  57. 

—  (les),  sorte  de  rafraîchissement, 
489. 

Gladiateur  combattant,  statue,  133. 
Glaneuse,  voyez  Chapeaux. 
Glaucias,  voyez  Pyrrhus. 
Glaive,  130,  180,  397. 
Gloire,  51,  426. 

—  (L*amour  de  laj,  239.  • 

—  (Triomphe  de  la),  94. 
Gluck,  281,.  284. 

Glycère  (la  Bouquetière),  318. 
Glycon,  S.  grec,  46. 
Godefroy,  dess.  et  G.,  56,  70,  84,  00, 
173,  203,  245,  289,  306,  308,  311. 

—  (Adrien),  G.,  fils  de  François,  281, 
336-7. 

—  (François),  G.,  281,  331,  335-6. 

—  (H.),  G.,  489. 

—  (Jean),  G.,  281-2. 

Goethp.  Voyez  Charlotte  et  Werther. 
Gois  (ÉtieQne-Pierre-Adrien),S.,  53-5, 
479. 

—  (Edmc),  le  flis.  S.,  55. 
Goltzius,  G.,  286. 

Concourt  (MM.  Edmond  et  Jules  de), 
4-5,  90,  271,  333,  334,375,  377,483. 
Gooord,  G.,  371. 
Gonthier  (M"«),  234. 
Gori;e  des  femmes,  334,  455, 472,  474. 

—  (la)  naissante,  356. 

Gorjy  (Jean-Claude)  ,romancier  et  dess. , 

3ol-2. 
Gossec,'2,  417,  419,  424. 
Gougenot  (Pabbé),  503,  504,  505,  523. 
Goujon,  conventionnel,  205. 

—  (Jean),  S.,  buste,  35,  45,  209. 
Gounard  ou  Gounord,  dess.  et  G.,  371. 
Gounod,  G.  142. 

—  dess.,  371. 


Gourmand  (un),  186. 
Goûter  (le),  174. 
Gouvernail  (le),  403. 
Goyon  (M.  de),  405. 
Gracchus,  31. 

Grâces  (les  trois),  29, 75, 124,127,295, 
317,  479. 

—  (les;^  dérobaot  la  ceinture  4e  V(S- 
nus,  131. 

—  Voyez  Almanachs. 
Gracques  (le  père  des),  400. 

—  Voyez  Cornélie. 

Graffigny  (M""  de).  Voyez  PénineoDC. 
Grand  Homme  (Étude  de),  269^ 
Grand*Maman  (Fête  Me  la),  183. 
Grande  dame  (la),  464. 
Grandon  (Charies),  P.,  501-2,  510. 

—  (M™*),  502,  510. 

—  (M'*«  Jeannette),  P.,  510. 
Granet  (Marins),  P.,  31. 
*GrandvilIe  (siège  de),  26. 
Grangeret,  dess.,  347. 

*Grasse  (artistes  nés  à),  166,167, 170, 

188, 197, 199. 
Grasset-Saint-Sauveur,  249,  265,  270. 
Gravelot,  dess.,  245,  305, 309, 319,326, 

335,  339,  406,  408. 
Graveurs  en  bois,  373-84. 

—  au  burin,  276-304. 

—  à  Teau-forte,  149-65. 

—  en  lavis  et  en  couleurs,  249-75. 

—  en  médailles,  38-4-9. 

—  au  pastel,  526. 

—  au  pointillé,  215-48. 

—  de  portraits,  354-72. 

—  de  sculpture  et  d'architecture,  45- 
69. 

—  Voyez  Atelier. 
Gravure  (Muse  de  la),  330. 

—  (Encouragements  demaQdés  pour  la), 
452. 

—  Voyez  Acier. 

Gravures  historiques    des  principaui 

ornements,  4t0. 
•Gray  (Franche-Comté),  102. 
Grec  (guerrier)  défendant   un  corps, 

375. 
*  Grèce  (la),  42,  270,  438,  459, 460. 
Grecs  (anciens),    179,  208,  249,  396, 

399,  469. 

—  (Causes  des  progrès  des  arts  chez 
les),  72. 

—  (Petits  poètes),  71,  30C,  330.  Voyez 
Gail. 

Croire  (l'abbé),  36,  37,  38,  81,  401, 

Gressêt,  315,  344. 

Grétry,  158,  205,  240,  356,  370,  502, 
510. 


i 


ÛRÉTRY.  —  HEMSKERCK. 


555 


Grétry.  Voyez  Blondel ,  Richar4 ,  Ta- 
bleau magique,  Zémire. 

—  (M'»'^),  502. 
Greuze  le  père,  501,  5il. 

—  (Jean-Baptiste),  P.,  1,  30,  45,  52, 
lit,  112,  167,  169,  182,  183,  191, 
242,  276,  283,  289,  291,  ^94,  295, 
316,  323,  341,  342,  422,  448,  453, 
499-527. 

—  CM""-),  509-10,  518-9,  521,  522-3, 
524,  526. 

—  (M»'),  501. 

—  (MU«  Anna),  P.,  519. 
Grevedon,  Hth.,  121. 
Grimm  (lé  baron  de),  507. 
Grisettes,  514. 

Gfobert  (le  colonel),  438. 

Grœnia  (T.),  dess.,  329. 

Gros  (Antoine-Jean),  P.,  28,  87,  80, 

234,  450. 
Grossesse  (Déclaration  de),  312. 
^Guadeloupe  (la),  130. 
Guadet,  451. 

Guedeperse  (le  canonnier),  194. 
Guérard  d'Anvers,  P.,  195. 
Guerchin  (le).  P.,  209. 
Guérin,  G.  en  médailles,  285. 

—  (Christophe»,  P.  et  G.,  285-0,  449. 

—  (Jean),  P.,  327,  366,  367,  448,  461. 

—  (Pierre),  P.,  24,  29,  41,  56,  100, 
127,  222,  269,  285,  412,  479. 

Guérie  (de),  litt.,  495. 
Guéroult,  39. 
Guerre  (la),  375. 

—  Statué,  35. 

—  (Génie  de  la),  376,  377. 

—  (Préparatifs  de  la),  117. 
Guerres  civiles   du  xvi*  siècle,   439, 

445. 
Gueux  (les),  445. 
Guibert,  G.,  364. 
Guide  (Le),  P.,  94,  209. 
Guillain  (Simon),  S.,  35. 
Guillotine,  123,  273,  349,  486,  491. 

—  (Furies  de  la),  466. 
Guimard  (M"'=),  danseuse,  1.35. 
Guitare.  Voyez  Accordeur  et  Femme. 
Guizot,  115. 

Gustave  III,  roi  de  Suède,  61,  209. 
Gusto(Oh!  che),  194. 
Guttenberg.  G.,  169,  312,  316,  524. 
Guyard  (J.-B.),  G.,  188. 

—  mari  de  M'"''  Guyard,  359. 

—  fM"«),  P.,  11,  30,  212,  277,  281, 
359-60. 

Guyot,  édit.,  123. 

—  (Uurent),  G.,  164,  177,  179,  182, 
213,  214,  259-62,  348,  468. 

Guyton-Morveau,  392,  449. 


H 


Habillements  modernes  et  galants,  272. 
Habits  d'hommes,  217,  463,  465,  466, 
470,  475,  478. 

—  à  la  française,  465. 

—  carrés  décolletés,  470. 

—  à  grands  collets,  478. 

—  rayés,  250. 

—  (Femmes  en),  475, 484. 

—  Voyez  Basques. 
Hache  (la),  398. 
Hachette,  libraire,  376. 
Hackert,  P.  de  pays.,  347. 
Haid,  G.,  524. 

Haine  (la),  209. 

Halbou,  G.,  71,  72,  172,  312,  316. 

Halle,  P.,  316. 

«Hambourg,  253, 469,  432,  440. 

Hamilton  (Antoine),  315. 

—  (Lady),  237. 
Hamot  (M"'«),  358. 
Hancarville  (d'),  302. 
Handbook  of  painting,  515. 
Haquenées  (Présentation  des)  au  Saint- 
Père,  482. 

Haras  (Promenade  au),  203. 

Harengère,  481. 

Harlai  (le  comte  d'),  99. 

Harlowe  (Clarisse),  508. 

Harpe  (La),  479,  493. 

Harriet  (J.  Fulchran),  P.,  18,  25,  100, 

170,  225,  336,  344,  443,  489, 
Hassenfrats,  452. 
Hauer,  P.,  224,  455. 
Hautemps  (M"*),  7. 
Hauy  (Justr-René),  186,  433. 
Haydn  (Joseph),  243. 
Hébé,  322. 

—  sculpture,  35. 
Hébert,  123,  342,371,382. 
Hector  sur  son  lit  de  mort,  207. 
Hédouin  (M.)  le  père,  36^,  364. 
Heinecken,  61. 

Hélène,  12,  13. 

—  et  Paris,  70,  76,  84,  85. 
Helli»ir,G.,174. 

Helman  (Isidore  -  Stanislas),  G.,  177, 
281,  307,  312,  343-4,  417,  421,  440, 
443,  444,  481. 

Héloise  et' Abeilard ,  299,  315,  340, 
344. 

—  (û  nouvelle),  99-100,  109,  110, 
508 

Helvétius,  252. 

Hemery,  G.,  64, 175,  473. 

—  (M*i«).  Voyez  Clément,  Uni^  et 
Ponce 

Hemskerck  (Martin),  P.,  87. 


556 


HENNEQUIN.  —  HYMEN. 


Hennequîn  (Philippe-Auguate),  P.,  27, 
31,85-7,106,238,411? 

Henneville  (M.  d'),  234. 

Hennin  rCollection  de  M.),  10,57,59,60, 
75,  81,.  101,  123,  125,  128, 130,  146, 
155,  183,  185,  187,  190,  208,  2;<5, 
238,  290,  348,  377,  403,  431,  485, 
494,495. 

Henriade  (la),  508. 

Henri  H,  304,  394,  396. 

Henri  IV,  145,  251,253,  266,  287,289, 
304.  111,, 

—  (Allégorie  sur  la  gloire  de),  135,137. 
Henrion,  471. 

Henriol,  371. 
Henriquez,  G.,  169,  523. 
Henry,  desis.,  32, 199,  2  «9,363,  494. 
•Ht^raiilt  (dép.  de  T),  227. 
H.^raultde  Séchelles,  281,  370. 
•Herciilanum  (Antiquités  d'),  302. 
}!orcule,  29, 31,80, 142,  220,  322,  385, 
398,410,422. 

—  et  Alceste,  53. 

—  et  Omphale,  127. 
Hercy,  G.,  487. 
Herhan,  imprimeur,  388. 

—  (Elisabeth  G.),  G.,  367,461. 
Hérissant  (la  veuve),  imprimeur,  12. 
Herminie  chez  les  bergers,  131. 

—  Voyez  Tancrède. 
Hermione.  Voyez  Oreste. 
Hf^ro  et  Léandre,  187,  344. 
Héroïsme  (1'),  426. 

—  (1')  français,  241. 
Hersent,  P.,  127. 
Hersilie,  83,v460. 
Heur  et  Malheur,  182. 
Heures  (les),  105. 

Heureux  (Quel  est  le  plus),  296. 
Heiirtault-Lamerville,  40,  437. 
Hippocrafc,  27. 
Hippolyte  (la  Mort  d'),  201,  282. 

—  Voyez  Phèdre. 

Histoire  parlementaire  de  la  Révolu- 
tion. Voyez  Bûchez. 

—  universelle  en  figures,  344. 

—  Voyez  France,  Religion,  Républi- 
que, Romaine,  Russie. 

Histoire-Musée  de  la  République.Voycz 

Challamel. 
Histoire  naturelle  (Planches  d'),  221, 

Hiver*(r),  426. 

—  de  1789,  346. 

—  ,  ou  le  Mari,  187. 
Hoche,  26,  237,  345,  365. 

—  Cérémonie  funèbre,  431. 

—  (Mausolée  de),  51. 
Hof  (T.),  280. 


Hoffmann  (M.),  375. 

Hogenberg,  G.,  445. 

Hoin  (Claude),  P.  et  G.,  15,  52-3,250, 

347,526. 
Holbein,  P.,  115. 
Hollandais  (Concert),  188. 
Hollandaise  (Prise  de  la  flotte)  sur  la 

glace,  357. 
Homère,  153,  388,  395. 
•Hollande,  26,  243,  298,  396,  406, 499. 

—  Voyez  République. 

Homme   (le  premier)  et  la  première 
Femme,  70,  71,283,  288. 

—  des  champs  (1*),  286. 

—  libre  (Portrait  d'un),  364. 

—  planétaire  (!'),  393. 

—  unique  à  tout  âge  (1'),  262. 
Hommes  illustres  (Décadaire  des),  393. 
'Hondschoote.  Voyez  Batailles. 
Honnert,  libraire,  102. 

Honni  soit  qui  mal  y  pense,  191,  243. 
Horace  (Rôle  du  vieil),  1G4. 

—  le  poète,  301,  346,  436. 
Horaces  (les),  479. 

—  (Serment  des),  10,  76,  82,  84,  85, 
122,291. 

Horloge  philosophique,  65. 

Horsin-Déon,  116. 

Hortense  (la  reine),  105,  237. 

Hottentote  (la  Vénus),  264. 

Houchard  (le  général),  281. 

Houdon  (Jean-Antoine),  S.,  8,  9,  33, 

287,  288,  301,  332,  351,  418,  461. 
Houin,  P.  Voyez  Hoin. 
Houel  (J.-P.-L.-L.),  P.,  65-7. 
Huber,  85,  271,303,  322. 

—  et  Rost,  254,  278,  355. 
Hubert,  A.,  80. 

—  G.,  317,  413,  453,  523. 
Hue,  P.,  26,  288. 

Huot  (J.-B.),  P.,  173-5,  217,  231,  242, 

263. 
Huguenots,  445. 
Hulk,  G.,  221. 
Hull,  éd.  d'est.,  485. 
Humanité(r),  68,413,  423. 

—  stAtue,  438. 

—  pleurant  près  d'un  tombeau,  68. 
Huot,  G.  et  dess.,  49,  323,  SU,  3<>4. 
Huquier,  éd.,  02. 

Hussards,  206. 

—  de  la  Liberté,  213. 
Iluzé,  serrurier,  397. 
Hyacinthe  (la  Moi  t  d'),  480. 
Hydrovégétale  (Harmonie),  308. 
Hygie,  déesse  de  la  santé,  124. 
Hymen  (1'),  432. 

—  (Génie  de  1')  courant  sur  le  globe, 
291. 


HYMNES.  —  JEANNE  D»ARC. 


55? 


Hymnes,  417-8,  419,  423,  424-5,  420, 
428,429,433,436,437. 

I 

Iconographie  (r),  520. 

Iconologie,  329,  393-415. 

Ifs,  423. 

Ignorance  (1'),  51,  87, 180,  493. 

Iliade  (!'),  153. 

Imbert  de  la  Platrièrc  (M.  d'),  204. 

Immortalité,  118,  284,400,  426. 

—-  statue,  436. 

Immortelles  (Couronne  d'),  521. 

Importants,  496. 

Imprimerie  (Portraits  des  inventeurs 

de  r),  389. 
Incas  (les),  380. 
Incendie  (!'),  186. 
Incroyable  (la  Marche),  193. 

—  (le  Monde),  476. 

Incroyables,  202,  203,  207,  222,  223. 

229,   230,  238,  243,  245,  357,  382, 

478,  488-9. 
Indécision  (!*),  172. 
•Indes,  459,  474. 

—  Voyez  Compagnie. 
Indienne  (la  Jeune),  222. 
Indivisibilité,  18^,  272,  403. 

—  ou  la  mort,  407. 
Industrie  (1'),  426. 

—  Voyez  Exposition,  Société. 
Ingouf,  G.,  70, 127,  208,290,  374,  393, 

417,  522. 
Ingres,  P.,  287,  493. 
Innocence  (1'),  11,  29,  31,  49,  51,  279, 

280,  404,  413,  512,  527. 

—  gardée  par  la  Fidélité,  124,  299. 

—  en  danger,  323. 

—  entre  le  Vice  et  la  Vertu,  360. 

—  entre  TAmour  et  la  Fortune,  112. 

—  entraînée  par  TAmour,  Ô8. 

—  (r)  du  jour,  187. 

—  Voyez  Amour. 
Innocents  (Massacre  des),  137. 
Inscriptions,  436. 

—  publiques  (Tables  d*),  423. 
Instant  favorable  (r),  296. 
Institut  d'Egypte,  104. 

—  national,  39,  41,  42,  299,  350,  363, 
386,  430. 

—  des  sciences  et  des  arts,  304. 
Institutions,  7-44. 

Instruction  publique,  sculpture,  35,55. 

—  (Rapport  sur  T),  425. 

—  (Organisation  de  T),  430. 

—  Voyez  Comités ,  Commission,  Edu- 
cation. 

Intérieur  domestique,  74. 


Invalide  (Récit  d'un),  231. 

—  Voyez  Paris, 
lo,  24*2. 

Iphigénie  en  Aulide,  468. 

Irène,  tragédie,  329. 

Isabey,  P.,  11,14,15,  24,28,32,89,106, 

151,  199,  203-6,  281,  288,  363,  461, 

478, 494. 

—  (M"«),  depuis  M""  Cicéri,  89. 
Isac,  G.,  496. 

Isis,  130,  216,  311,  327,  406,  407. 
♦  Italie,  72,  116,  135,  147,  149,  308, 
310,394,461,  499. 

—  (Costumes  d*),  505. 

—  (Liberté  de  T),  87,  237. 

—  (Voyages  dans  le  nord  de  V) ,  100. 

—  (Séjour  de  Greuze  en),  501,  503-5, 
518. 

—  (Objets  d'art  et  de  science  recueillis 
en),  431,  43.5-6,  476,  477. 

—  Voyez  Armées,  Fêtes. 

Italiens  (Costumes),  87,  148,  505,523. 

—  (Peintres),  517. 
Ivan  VI,  288. 


Jabot,  403. 
Jacobin,  466. 

—  Voyez  Perruque. 
Jacobins.  Voyez  Paris. 
Jacques  (le  Cousin),  358. 

—  (Pauvre),  228. 

—  (Charles),  G.,  527. 
Jacquinot  (Louise-Prosper),  53. 
♦Jaffa,  28. 

Jal,  115. 

Jalousie   (Nous  allions  de  la)  à  la  fu- 
reur... 299. 
Janet,  dess.  dû  xvi«  siècle,  59,  287. 

—  édit.  d'estampes,  418. 

Janinet  (François),  G.,  47,70,  73,164, 
169,  250-1,261,  269,  270,  402,  417, 
440,  46i,  468,  526. 

—  (Sophie),  G.,  195,  251. 

Jansen,  67,  78,  99,  131,  144, 146,  188. 
211s  216,  244,294, 305, 358, 394,  4il. 
Jardinier,  G.,  523. 
Jardinière  coquette  (la),  236. 
Jarretière  (la),  193,  208. 
Jarretières,  472,  477. 
Jaufifret,  éditeur-libraire,  367. 
Janlt,  libraire,  163,  486. 
.Jaume(V.),  cartier,  377. 
Jazet,  G.,  187. 
Jean,  éditeur  d'estampes,  73,210,269. 

—  (la  veuve),  247. 
Jeanne  d'Arc,  297,  345. 

—  Voyez  Pucelle  (la). 


558 


JEANRON.  —  JUPITER. 


Jeanron,  P.,  i04. 

Jeaurat  (Etienne]),  P.^  522« 

Jefferson  (le  président),  30(^. 

Jéhovah,  400. 

*Jemmapes.  Voyez  Batailles., 

Jérusalem  délivrée  (la),  258,  342. 

—  Voyez  Herminie,  Tancrède. 
Jésuites  (le  Jésus  des),  404. 
Jésus-Christ,  305,  404. 

—  (Vie  de),  246, 247. 

—  la  Cène,  247. 

—  devant  Pilate,  152. 

—  en  croix,  118. 

—  au  tombeau,  53, 

—  Voyez  Christ,  Lazare,  Vierge. 
Jeune  dame  lisant  une  lettre,  188. 
Jeane  fille   arrosant  des  fleurs  &  sa 

fenêtre,  267. 

—  près  d'une  table,  171. 

—  Voyez  Chat. 

Jeune  homme  embrassant  nne  Jeune 
tille,  56. 

—  homme  et  Jeune  fille  assis  près 
d'un  bois,  56. 

^  homme   et  jeune  fille   près  d'un 

tombeau,  56. 
^-  homme  offrant  un  bouquet,  171. 

—  homme  (le  Pauvre),  296. 

Jeunes  hommes  partant  et  revenant 

de  l'armée,  204. 
Jeunesse  (la),  124,  425,  426,  430, 432. 

—  (Draperies  mortuaires  pour  la), 
423. 

—  dorée  (la),  470. 

—  stucUeuse.^la),  512. 
Jeux  (les  deux),  294. 

—  olympiques,  434,  460. 
Jockey,  363. 

—  Voyez  Chapeaux. 
Joconde  (la),  265. 
Jocrisses,  238. 

Jode  (Pierre  de).  G.,  340. 
Joffrais,  marchand  d'estampes^  194. 
Joie  (la),  209. 
,  —  tranquille  (la),  269. 
Jolie  (Oh!  oh  !  qu'elle  est),  159. 
Joliet  (M.),  94. 
Jollain,  37. 
Jollois,  105. 
Joly,  dess.,  158. 

—  éditeur,  409. 

—  garde  dii  Cabinet  des  estampes, 
338. 

—  (Marie  -  Elisabeth) ,  actrice,  380, 
458-9;  —  (Statue  funéraire  de  M"«), 
35. 

Jombert,  éditeur,  62. 
Jones  (Paul),  384. 


Jongleurs   couronnés  (Matière  à  ré- 

ftextoQ  pour  les),  273,  Afi&i 
Joseph  et  Zaluca,  13^. 

—  Voyez  Putiphar. 
Joseph  II  (l'Empereur),  518. 
Joséphine  (l'Impératrice),  300. 

—  Voyez  M"*  Buonapart«. 
Joubert  (M.  de),  136,  276. 

—  (le  général),  274,  363. 

—  éd.  d'est.,  47,  135,  153,  154,  278, 
367,  371. 

Joueur  (un),  358,  359. 

—  Voyez  Beverley. 

Joug  brisé,  49,  296,  401,  403. 

Joullain,  éditeur,  62,  134. 

Jour  de  l'an  (Matinée  du),  182, 186. 

Jourdain,  dess.  et  G.,  224. 

Jourdan  (le  général),  26, 237,  241,  363, 

492. 
Journal  de  l'Empire,  521. 

—  de  l'Institut  historique,  76,  80, 
361. 

—  de  Paris,  239, 377. 

—  des  Arts,  521. 

Journaux  (Marchands  de),  464-5. 

—  Voyez  Accusateur  public.  Actes,  Af- 
bum,  Beaux-Arts,  Chronique,  Dft- 
mes.  Débats,  Décade,  Furet,  Fusée, 
Gazette,  Maiaisin,  Modes,  Moniteur, 
Père  Duchesne,  Perlet,  Revue,  Ré- 
volution, Vérités. 

Journées  de  la  Révolution,  307,   344, 

439-46. 
Jours  complémentaires  de  rannée,392. 
Joursanvault  (le  baron  de),  92,  93,  95. 
Jouvence  (Fontaine  de),  268. 
Jubier,  G.,  174. 
Jubot  (M""'),  P.,  519,  521. 
Judith,  137. 
Juge  (le),  187. 

—  prévaricateur  écorché,  253. 
Juigné(Mgr.  de),  archevêque  de  Paris, 

357. 
Jules  Romain,  P.,  283. 
Julie  d'Étangcs,  100,  189,  454,  M4. 
Julien  (Joseph-Laurent),  G.,  238-40. 

—  S.,  17,  33. 

—  (Simon),  dit  Julien  de  Parme,  P., 
188,238-9,269. 

Jullien,  conventionnel,  82. 

—  (la  Citoyenne),  82,  456. 
Jullienne  (M.  de),  506,  520. 
Junia,  famille  romaine,  394. 
Jupiter,  198,  216,  398. 

—  endormi  sur  l'Ida,  70. 

—  et  Antiope,  284. 

—  et  Calisto,  11, 126,  285. 

—  et  lo,  285. 

—  Voyez  Carnaval,  Diane. 


JURY.  —  LANG. 


559 


Jury  des  arts,  89, 170. 

—  BOUT  le  prix  de  pemtitre  de  Tan  II, 

—  Voyez  Concours. 
Jussieu  (Bernaird  de),  36<^. 

Justice,  lit,  136.  *42,  190^  fm,  309, 
3Î1<  366<  376,  378,  383^  392,  397, 
399,  494, 425,  426. 

—  (Triomphe  de  la)  et  de  la  Vérhé, 

Du. 

—  (la)  des  nations,  437. 

—  divfne.  Voyez  Crime. 

Juvénal  (Étm ières  de),  7i,  19?,  264. 


K 


Kalianech  (le  Terrible),  268. 
Kauffmann  (Angelica),  P.,  57,  97, 232, 

284 
Kéralk)  (M««  de),  454. 
Kersaint,  294. 
Kinson,  P.,  30. 
Klébcr  (J.-B.)  général,  165,  237,  291, 

327,  366,  449. 
Kouebue,  90, 240. 
Kugler,  515. 


*  La  Bassée  190. 

La  Belle  (Etienne  de),  6.,  152,  154. 

La  Billardière,  216. 

I^bille  (M"«  Adélaïde)  des  Vertus,  P., 

30.  —  Voyez  M"»"  Guyard. 
Laborde  (de),  auteur  de  TEssai  sur  la 

musique,  163,  292,  313. 

—  (M.  le  Comte  Léon  de),  3. 
Labouchardie  (la  Citoyenne),  25,  358, 

476. 
Ubrousse,  G.  et  des^,  249,  270,  478. 
I^caze  (Collection  de  M.),  29,  127. 
Liicédémonien  (Costume),  468. 
Lacédémonienne  (  la  Mère),  277. 
Lacédémoniens,  393. 

—  Voyez  Sparte. 

Lachaneaussière  (la  Citoyenne),  350. 
Lachapelle,  cartier,  376. 

*  La Chaux-de'Fonds( artistes  nés  à), 
Suisse,  387. 

I^oclos  (Choderios  de),  172,  291,  308. 

—  Voyez  Liaisons  dangereuses. 
Lacombe,  G.,  139, 140,  283. 

—  (Rosei,  406. 
Lacour,  G.,  57. 

—  imprimeur,  40. 
Lacretelle,  39. 

Lacroix  (».    Paul),  101,  360;  voyez 

Revue. 
La  Page  (Raymond),  dess.,  142. 


La  Fayette  (Mothier  de),  183,  222,  226, 
281,286,370,417^449,483. 

—  (M™*  de),  351. 

Laffite,  P.,  15,  24,  32,  41,  127, 12»-30, 

158,  228,  342,  412,  487. 
I^rond,  violon,  363. 
Lft  Fontaine  (Jean  de),  253, 285,  305. 

—  Contes,  158,  170,  243,  257,  2!î)r>^ 
326,  336,  340,  341,  34^,  344,  347, 
380. 

—  Fables,  245,  340,  346. 

—  Psyché,  314. 

Lagardette  (la  veuve),  éd.,  133, 
Lagniet,  dess.  et  G.,  496. 
Lagrange,  26,  392. 

—  (Madame  de),  89,  456. 

—  (M.  Léon),  238. 

Lagrenée,  P.,  9,  22,  212,  261,  375, 
515. 

—  rainé.  P.,  73,  9.5,96, 108,137. 

—  le  jeune.  P.,  261. 

—  (Madame),  7. 

—  (Louis)  le  fils.  P.,  281,418. 
Laharpe,  17,  39,  225,  359,  365,  493. 

*  La  Haye  (Hollande),  406. 
Lairtulher  (E.),  405,  455. 

Lakanal   (Joseph),   38,  39,  409,  425, 

429. 
Lalande,  Tastronome,  39, 365, 493, 503. 
La  Uve  de  Jully  (M.),  503,  506,  520, 

:r>6. 
Lallemand  de  Dijon,  P.,  523. 
Lamarck,  39. 
Lamballe  (Princesse  de),  227,  233, 

275,  365,  453. 
Lambert,  G.,  363. 
Lambinet,  388. 

*  I^  Meilleraie  (  le  Rocher  de  ),  231 . 
Lii  Mésangère  (M.  de),  208,  339,  473-4, 

475,  489. 

—  son  cabinet,  473. 

Lameth  (Alexandre  et  Charles),  263. 
La  Monnoye  (Bernard  de),  373. 
Lamotte  (la  Comtesse  de),  365. 
Lamourette  (Baiser),  442. 
Lampe,  53,  300. 

*  Lampsaque,  340. 

*  Landau  (Allemagne),  216. 
Landelle,  G.,  189. 

Landon  (Charles-Paul),  P.,  22,  24,  29, 
41,  125,  127,  284,  3(K),  480. 

—  (Annales  de),  57,  71,  86,  104, 123, 
124,  127, 204,  233. 

—  CEuvres  des  peintres,  152, 153. 

—  Précis  historique,  125, 129. 

—  Nouvelles  des  arts,  125,  217. 
LancuviUe,  P.,  15,  25,  334,  456,  458. 
Lanfranc,  P.,  168. 

Lang,  dess.,  347. 


5C0 


LANGE.  —  LEFÈVRE. 


Lange  (M"*  Élise),  actrice,  14,  27,  32, 

159, 476, 495-6. 
Langlois,  éd., 407. 
Languedoc  (États  de),  139. 
Lanjui  nais,  241. 
Lantara  (  Simon-Mathurin  ),  P.,  179, 

261. 
Lanté,  dess.,  474. 
Lanterne,  485. 

—  magique  (la),  135, 208,  486,  492. 

—  d*amour,  253. 
Lanthenas,  432. 
Lantier,  358,  359. 
Lantimèche  (le  Père),  152. 
Laocoon,  216,  280. 

La  Pagerie  (Rose  Joséphine  de),  voyez 

M™*"  Bonaparte. 
LaPérouse  (J.-F.Galaup  de),  216,288. 
Laplace,  20,  435. 

T Arr^hpi*    39 

La  Revèillère-Lepeaux,  27,  89,  103, 
218,  432,  433,  437,  460,  491-2, 

La  Rive,  Tacteur,  195,  467. 

U  Serrie  (Joseph  de),G.,  24 ,  122 ,  147, 
190,201,  -204,320,  352- J. 

Laterrade  (Collection),  87,  152,  174, 
176,  206,  235,  254,  395,  408,  443, 
448,  478,  482,  483,  484,  486,  488, 
492. 

Latour  (Maurice-Quentin  de),  P.,  301, 
343,  357,  359. 

—  Voyez  Brion  (Louis)  et  Desgallois. 
La  Tour  d'Auvergne  (  la  mort  de),  363. 
Latude  (Henri-Mazers  de),  225,  355. 
Ijiugier,  G.,  121. 

L'Aulnaye  (Stanislas  de),  310. 
Laurence  (L.),  G.,  122. 
Laurent  (Pierre),  G.,  276,  281. 

—  (Musée)  ou  Musée  Français,  162, 
280,  283,  284,  288,  289,  291,  205, 
301,  315,  339,  343,  345,  346. 

Laurier  (Couronne  de),  291 ,  398,  401, 
436. 

—  (branches  de),  424. 
Lavallée,  125. 
Lavallée-Poussin,  P.,  260. 
Lavater,  212,  369. 
Laveuses,  173. 

Uville  (M'^«),  P.,  voyez  xM"^'  Bcnoist. 
I^vis  (Graveurs  au)  et  en  couleurs, 

249-75. 
Lavoisier,  225,  253. 
l^wrence,  dess.,  222,  228,  250,  206. 
I^ys,  chanteur,  430,  436. 
Lazare  (Résurrection  de),  75. 
Lazowski,  19,  304,  420. 
Lazzerini  (Gustave)  chanteur,  153. 
Lôandre,  voyez  Héro. 
Ubarbier,  P.,  9,  11,  32,  70-2,  108, 


158,  217,  221,  233,  246,  250,  266, 

269,  277,  283,  288,  329,  330,  332, 
338,  339,  343, 468. 

Lebarbier.  Voyez  Valbonne. 

Lebas  (Jacques-Philippe),  G.,  144, 154, 
162,  215,  276,  302,  308,  315,  328, 
330,  335,  339,  34U  343,  344,  355, 

356,  503,  524,  525. 

—  le  Conventionnel,  452. 

—  (Philippe),  bib.  de  la  Sorbonne,  376. 
Lebeau  (Pierre-Adrien),  G.,  73,  179, 

317,  356-7,  374,  444,  453. 
Leblanc,  libraire,  9,  213,  337. 

—  (Charles),  48,  60,  61, 65,  67, 68,  73, 
85,  135,  149,  152,  153,  161,  163, 
231,  236,  250,  262,  266,  268,  285, 
326,  348,  366,  522. 

Leblond,  42. 

—  éd.  et  G.  du  XVTI*  siècle,  496. 
Lebod,  128,  371. 

Lebossu,  37. 

Lebretou  (JoachimJ,  3-4,  22,  46,  104, 

111,  164,  215,  277,  285,  291,  300, 

359,  360,  416. 
Le  Brun  (Charles),  P.,  209,  210,  297, 

468. 
Lebtun,  le  marchand  de  tableaux,  16, 

374  ;  sa  Galène,  284,  360. 

—  (M™«),  P.,  sa  femme,  16,  227,278, 
284, 288,  301, 360,  453,  454. 

—  (Ponce-Denis-Ëcouchard)  le  po€te, 
25,  39,  41, 172,  358,  430,  460. 

—  (le  Prince),  troisième  Consul,  130, 
274,  342,  424. 

Le  Campion,  G.,  181,  260. 
Le  Carpentier,  P.,  66,  510,  519. 
Lechapelier,  227,  264,  368,  449. 
Leclerc  (Jean -Baptiste),  convention- 
nel, 432. 

—  G.,  453. 

—  (P.-Th.),  P.,  73,  206,   269,  356, 

357,  489. 

—  (Sébastien),  G.,  154. 

Lecœur,  G.,  144,  146,  179,  208,  417, 
449. 

—  (Louis),  G.,  268. 
Lecomte,  dess.,  187. 
Leçon  inutile  (  la),  233. 

—  Voyez  Amour. 
Lecourbe(le  Général),  221,  449. 
Lecture  interrompue  (la),  260. 
Léda,  52,  256,  300. 

Ledoux  (M'^'),  P.,  30,  519. 

Ledru  (Hiiaire),  P.,  25,  32,  199,  2 il, 

270,  288,  30u,  362-4,  494. 
Lefebvre,  P.  Voyez  Robert-Lefebvre. 
Lefebvre-Marchand,  G.,  124,  142,  2t0. 
Lefer,  cartier. 

Lefèvre,  G.,  50,  30a. 


^  ei 


LEFÈVRE.  —  LIBATION. 


561 


Lefèrr^  (Achille),  G.,  i^i. 

—  fJ.-F.),  G.,  393. 

—  (Femme),  G.,  voyez  Ldngée. 
Lefranc  de  Pompignan,  344. 
Légende  dorée,  42. 
Législateurs  en  fonction,  469, 478. 
Législature  (la  seconde),  47. 
Legouaz  (Yves),  G.,  340. 
Legrand,  G.,  169,  259,  423. 

—  P.,  26. 

—  (A.),  174. 

—  (Auguste-Claude-Simon  ),G.,236-f2. 
~  (Augustin),  G.,  185, 183, 192. 

—  (Pierre-François),  G.,  58, 172,  231. 

—  Voyez  Sicot. 

Legrip  (Frédéric),  P.  et  lith.,  89, 450. 
Légumes  (Sac  de),  244. 

*  Leipzig,  61. 

Lejeune,  P.  de  batailles,  31,  340. 

—  P.duRoi,  303,  441. 
Le  Lorrain,  P.,  308,  315. 

Lelu  (Pierre),  P.  et  G.,  135-7,  455. 
Lemat,  G.,  239. 
Lembert,  dess.  et  G.,  242. 
J^emercier  (Népomucène),  26. 
Lemire  (No€l),  G.,  65,  71,  139,  164, 

2.2,  246,  306,  308,  309,  326,  331, 

344,  408, 453. 

—  (Antoine)  le  jeune.  P.,  209,  225. 

—  (Charles)  le  père.  S.,  209. 

—  (Joseph)  aîné.  P.,  209,  210. 
Lenionnier  (J.-S.),  P.,  163. 
Lemontey,  454. 

Lemot  (Frédéric),  S.,  34,  41,  410. 
Lemoyne  (François),  P.,  348. 

Lempèrcûr,  orf.  et  G.,  169,  208,  371. 

Lenoir,  éd.,  297. 

~  (Alexandre),  25,  38,  39,  76,  80,  81, 

262,310,361,468. 
Lenormant  (M.  Charles),  88. 

♦  Leoben.  Voyez  Paix. 

Léonard  (Nicolas-Germain),  le  po€te, 

340. 
Léonidas,  206. 
Léopard,  195. 

Lepagelet,  dess.  et  G.,  446. 
Lepeintre,  P.,  347. 
Lepelletier  de  Saint-Fargeau  (Michel), 

123,  346. 

—  Exposition  de  son  corps,  264,  420. 

—  Sa  translation  au  Panthéon.  Voyez 
Fêtes. 

—  peinture,  13,  75,  77,  78,  79,  Bl,  88, 
15b,  '180, 196,  217,  227,  234-5,  244, 
245,  265,  272,  275,  321,  327,  342, 
382  450 

—  sculpture,  19,  34, 181,227. 
^  (M"*)  sa  fille,  81. 


Lépine,  dess.  et  G.,  279,  440. 
Leprieur,  juré  du  Trib.  rév.,  155. 
Lcprince,  G.  et  P.,  65, 173, 174,  249, 

342. 
Lequinio,  432. 
Leroux,  G.,  85.  • 

—  (Eugène),  lithog.,  121. 

Le  Roux  de  la  Ville  (M"«),  P.,  360. 

—  Voyez  Benoît  (M"«). 
Leroy,  dess.  et  P.,  30,  231,  291. 

—  G.,  178, 180,  323,  324. 

—  (Jacques),  G.,  245-6,  261. 
Lescaut  (Manon),  340,  508,  514. 
Lescombat(la),  19. 

Leseur,  dess.,  260. 
Lespinasse,  dess.,  13,  60. 
Lesueur  (les),  G.  en  bois,  373. 

—  (Etienne),  dess.,  350. 

—  (Eustache),  P.,  119,  209,  332,  418. 

—  (Jean-François)  musicien,  436. 

—  P.,  et  du  Conservatoire  du  Mu- 
séum, 26,  37. 

—  S.,  34,  35,  467. 

Lesurques  (Adieux  de  la  famille),  363. 

Letellier,  G.,  127,  522. 

Lethière  (Guillaume-Guillon),  13,  22, 

106,  130-1,  146,  222,  233,  270,  299, 

300, 444. 
Letourneur,  Ministre  de  l'intérieur,  40, 

368. 

—  (pierre),  302. 
Lettres  (les),  426. 

—  Voyez  Péruvienne. 

—  (Têtes  de),  103,  114,  211,  219,  220, 
287,  338,  339,  373,  374,  378,  379, 
380,  381,  383,  399,  430. 

Letuer,  G.,  234. 

Levacher  de  Chamois,  273,  468. 

Levachez,  père  et  fils.  G.,  155,  193, 

201,  253,  254,  258,  262,  264,  393, 

417,  447,  449,  454. 
Levasseur,  G.,  306,  519,  521,  522. 

—  fMH«  Rosalie)  actrice,  362. 

—  (Thérèse),  veuve  de  Rousseau,  159. 
Leveau  (J.-J.),  G.,  182, 187. 
Leveillé,  G.,  174. 

—  (Chartes-Stanislas),  ing.,  229. 
Lever  (le),  190. 

Levert  de  Beaumont,  amateur,  178. 
Levilly  (J.-P.),  G.,  193,  229-30, 489. 
Le  voilà  fait,  323. 
Levrault,  libraire,  286. 
Levrette  habillée  à  la  grecque,  193. 
L'Hôpital  (le  Chancelier  de),  433. 
Liaisons  dangereuses  (les),  291,  295, 
308,339,341. 

—  Voyez  Laclos. 

*  Liban  (Forêt  des  cèdres  du),  336. 
Libation  de  vin,  424. 

36 


5(» 


LIBERI.  —  LOUIS  XVI. 


Uberi,  P.,  168. 

Liberté  (la),  31,  47,  49,  6f ,  54,  IHM, 
108,  109,  ilO,  111,  112,  120,  12tf, 
136,  137,  141.  152,  1«0,  184,  185, 
194,  195,  197;  198,  209,  217,  219, 
-232,  233,  247,  251,  250,  201,  204, 
265,  207,  272,  274,  286,  287,  290, 
297,  307,  321,  325,  327,  330,  334, 
336,  339,  340,  347,  305,  374,  378, 
381,  385,  386,  392,  394,  395,  390, 
397,  398,  400-3,  405,  407,  410,  425, 
426,  427,  428,  431,  443. 

—  (Tète  de)  ;  voir  Centime  et  Décime. 

—  (Statue  de  la),  .21,  33,  34,  35,  48, 
140,  232,  418,  419,  421,  429,  433, 
434. 

—  (Génie  de  la),  23,  409. 

—  (l'Heure  première  de  la),  248. 

—  (Triomphe  de  la),  79-80,  198,  275. 

—  du  Monde,  426. 

—  (le  Port  de  la),  441. 

—  (la)  amarrant  le  vaisseau  de  l'État 
au  port  de  la  Constitution,  319. 

^~  couronnant  la  Victoire,  241. 

—  (la)  ou  la  Mort,  23,  126-7. 
->  (la)  légale,  409. 

—  Voyez  Autel,  Chapeau,  Chat,  Fêtes, 
Licence,  Martyrs,  Oiseaux,  Pèleri- 
nage, Temple. 

Libertés  fies  quatre),  376. 

Licence  (la)  corrigée  par  la  Liberté, 

163. 
Liénard,  G.,  178,  430. 
Liénau,  G.,  102. 
pierre,  50. 
Liger,  G.,  174. 
Lignon,  G.,  199. 
Lilas  (le),  399. 
*  UUe  :  Académie,  177. 

—  (Artistes  nés  à),  139,  343,  344. 

—  Ballon  (Ascension  de),  177,  344. 

—  Baxiqubt  civique,  177,  344. 
~  Bombardement,  178,  343. 

—  Comité  révolutionnaire,  399. 

—  Conrédération  des  départements  voi- 
sins, 177,  344. 

—  Iconographie   lilloise  ;    voyez  Di- 
naux. 

—  Maqicipalité,177. 
~  Musée,  140,177,399. 
~  Musée  Wicar,  178. 

—  (Prise  de),  188. 
Lindet  (Robert),  21. 
Linge  blanc,  470. 

Lingée  (Charles-Louis),  G.,  295,  308, 

317,  319,  402,  413. 
^  (la  citoy.  Thérèse-Éléonore),  G., 

40,  ô^,  214,  295-0,  332, 443,  528. 
Linguet,  524. 


Lin  née,  253. 

Linotte  (le  Ministre),  484. 
Linval  de  Senage,  353. 
Uon  (le  ),  108, 175, 180, 195, 232,  399, 
403,  400,  407,  424. 

—  et  lionne,  174. 

—  de  Florence  (le),  238. 
Liottier  (Caroline),  G.,  134. 

*  Lipari  (Ile  de),  05. 
Lisbeth  (Rôle  de),  30. 
Lit  de  justice,  313. 
Lithographie,  80,  86,  121,  165,200. 
Littérature  (la),  423,493. 

•^  dramatique  (Essai  sur  la),   507, 

508. 
Livres  rares,  435. 

*  Lodève  (Artistes  nés  à),  219. 

*  Lodi  (Passage  du  pont  de),  434. 
Loge  (la  Petite),  312. 

Loi  (la),  49,  54,  101,  108,  111,  H2, 
213,  241,  272,  321,  327,  334,  342, 
409. 

—  Statue,  33, 419. 

—  (Livre  de  la),  398. 

—  (Tabler  de  la),  155,  398. 

—  (Règne  de  la),  409. 

Lois  (le  Génie  des),  385,  386,  387, 
399, 409. 

—  Voyez  Bulletin. 

—  (les  bonnes)  font  le  bonheur  des 
peuples,  50. 

Loiseroles  (Dévouement  de),  156. 
Lolotte  et  Fanfan,  352. 

*  Lonado,  342. 

*  Londres,  158,  232,  281,  358,  360, 
443,  515,  524. 

—  (Académie  de),  335. 

—  British  Muséum,  360. 

—  Covent-Garden  (Théâtre  de),  362. 
Longhi,  G.,  28. 

Longueil  (de).  G.,  310,  316. 

*  Lorelte  (Notre-Dame  de),  383,  493. 
Lorieux,  G.,  364. 

Lorrain  (Claude),  P.,  67. 
Louis  XIII,  496. 

Louis  XIV,  16,  19,  39,  154,  280,  298, 
329,  496. 

—  (Cercle  de  la  cour'de),  393. 

—  (Gentilshommes  de  la  cour  de), 
408. 

Louis  XV,  329,  373,  501. 

—  (Statue  équestre  de).  Voyez  Paris. 

—  (Oraison  funèbre  de),  373. 
Louis,  dauphin,  fils  de  Louis  XV,  516. 
Louis  XVI,  58,  68,  174,  175,  255,  262, 

284,  289,  311,  313,  349,  359,  362, 
373,  466. 

—  (Portraits  de),  72,  175,  183,  196, 
226,  227,  231,  234,  ^i63,  266,  209, 


LOUIS  XVi.  —  MANCHETTES. 


5e3 


279,  280,  289,  297,  303,  309,  334, 
355,  356,  357, 386, 
Louis  XVI  (Mariage  de),  386. 

—  Sacre  à  Reims,  311,  345. 

—  (MoDumeQts  à),  53,  310. 

—  (Projet  de  monument  pour),  251, 
255. 

—  Entrée  à  Paris,  le  6  octobre  1789, 
313,  386. 

—  à  l'Assemblée,  le  4  février  1790, 76, 
441. 

—  (Fuite  de),  261. 

—  Arre5.tation.  Voyez  Varonncs. 

—  Retour  de  Varennes,  25  juin  1791, 
60,  4il . 

—  dans  la  Journée  du  20  juin  1792, 
195,  395. 

—  Louis  le  traître,  lis  ta  sentence,  273, 
486. 

—  Adieux  à  sa  famille,  288,  363. 

—  Exécution,  442,  443. 

—  Caricatures,  349,  486. 

—  Voyez  Bal,  Constitution. 

Louis,  dauphin,  fils  de  Louis  XVI,  19, 
175,  196,  234,  263,  284,  311,  349. 

—  La  naissance  du  Dauphin,  133, 311, 
322. 

Louis'xvn,  16. 
Louis  XVIII,  164,  274,  290. 
Louis-Napoléon,  roi  de  Hollande,  243. 
Louis,  chirurgien,  356. 

—  (Aristide),  G.,  527. 
Loutherbourg  (Philippe-Jacq.),  P.,  295. 
Louvet,172,  365. 

—  Voyez  Faublas. 

Louvion  (J.-B.),  G.,  348-50,  486. 
Louvois  (le  marquis  de),  298. 
Lowes  (Charles),  525 
Liucas-Montigny,  521. 
Lucet(J.-J.),  262,  475,  477. 
Lucien  (J.-B.),  G.,  47,  72,  73. 
LuciusVerus,  103. 
Lucrèce,  19. 
-:-  (Monde),  251. 

—  (le  poëte),  307,  327,407. 
Lune  (Camp  de  la),  1 44. 

*  Lunéville.  Voyez  Paix. 
Luthériens,  396. 
Lycée  des  arts,  34,  452. 
Lycurgue,  122,  252. 

—  (Désintéressement  de),  277. 

♦  Lyon,  35,  61,  86,  87, 176,  224,  325, 
420,  459,  501. 

—  (Artistes  nés  à),  85,  344. 

—  Maison  commune,  35. 
i—  Maison  Regrat,  87. 

—  (Musée  de),  502. 

—  Peintre  de  la  Ville,  502. 

—  Place  Bellecour,  446. 


Lyon.  Pré  voté  des  marchands,  502. 

—  Section  des  Droits  de  lîbonune.  $& 

—  (Terroristes  de),  470,  '    ^ 

—  (Vues  de),  147. 
Lys,  123. 

M 

Mably(rabbé),314. 

Macaulay  (Catherine),  405. 

Machine  infernale  (Affaire  de  U^)«  243. 

*  Màcon,  91. 

*  Maçonnais  (le),  91,511. 

—  (États  du),  501. 

Macret  (J.-B.),  G.,  309,  453,  521. 
Madame,  fille  de  Louis  XV|,  284.  287. 
Madeleine  (la),  118,  297,  328. 
Madones,  221,232,  402. 

*  Madrid,  64. 

Magasin  encyclopédique,  22,  23,  24, 

126,135,201,252,359,411,470, 

—  pittoresque,  91. 

—  Voyez  Modes. 
Magnétisme  (le),  481, 
Mahomet  théophilanthrope,  402. 
Mailla-Gara  (le  tribun),  229,  458. 
Maillard,  371. 

—  (M"-),  de  rOpéra,  405,  450,  468. 
Maillots,  474. 

Main,  329. 

—  (la),  182. 

—  Chaude  (la),  208. 

—  (Quoi!  pas  même  la),  178. 
Mains  jointes,  180,  398,  403. 
Maintenon  (M""'  de),  '^98,  2(72. 
Maison  militaire  du  roi,  65. 
Maison  neuve,  libraire,  305,  317,  319. 
Maistre  (le  comte  Joseph  de),  405^ 
Maîtrise  (Apprentis  passant  à  la),  394. 

Malaneau  (Claude -Nicolas),  fî.,  198, 

292-4. 
Malarmé,  député,  364. 
Malbeste  (Georges),  G.,  162-3,  202, 

312,  316,  319. 
Malesherbes,  268. 
Malheur(le),  426,  427. 
Malice  (Cest  sans),  300. 
Mallet  I  J.-B.),  P.,  14,  188-90, 109, 217, 

242, 253,  261,  270,  413,  433,  479, 

*  Malmaison  (la),  114. 
Malœuvre,  G.,  5z3. 

*  Malte  (Ile  de],  65. 

—  (Prise  de),  347. 
Maman  (la),  511. 

*  Mamers  (le  Bailleui*  de  la  ville  ^e)y 
347. 

Manches,  474. 

*  Manchester  (Trésors  d*ivrt  exposés  U, 
516.  '• 

Manchettes,  463, 


564 


MANDAR.  —  MÂHTIN. 


Mandar,  433. 
Mandevard,  P.,  14. 
Mandron,  cartier,  376. 
Hanlius  (Rôle  de),  162. 
Manon  (MU«),489. 
Manteau  blanc,  468. 

—  flotunt,  469,  472. 

*  Mantoue  (Fête  de  Virgile  à),  163,  262. 
Manuce  (Notice  sur  les  trois),  374. 
Manuel  (Louis-Pierre),  123. 
Manuel  républicain,  206. 

—  des  autorités  constituées,  321. 

—  de  Tamateur  d'estampes.  Voyez  Le- 
blanc (Charles). 

—  de  l'amateur  de  livres.  Voyez  Bru- 
net. 

Manuscrits,  435. 

Maradao  (François),  G.,  241-2,  323, 

362  413. 
Marais  (Henri),  G.,  46, 276,  283-4. 
Marais  (le),  14. 
Marat  (Jean-Paul),  123^  346,  420, 451. 

—  Portraits,  79,  173,  180,  196,  217, 
223,  244,  245,  246,  252,  263,  265, 
272,  274,  275,  301,  321,  342,  350, 
368,  371,  382,  450,  451. 

—  Sculpture,  19,  34,  181. 

—  Scène  de  l'assassinat,  145,  234, 
235,  320. 

—  Mort,  13,  77,  78,  82,  85, 140,  290. 

—  Inauguration  de  son  buste,  304, 420. 

—  Ses  obsèques  et  sa  translation  au 
Panthéon.  Voyez  Fêtes. 

Man>Antoine,  G.,  137. 
Marceau  (le  général  ),  31, 257. 

—  (Mort  de),  70,  257. 
Marceau-Desgraviers  (Kmira),  G.,  257, 

258-9. 
Marcenay,  G.,  133,  524. 
Marchais,  dess..,  86. 
Marchand,  G.,  245,427, 494. 
Marchand  d'habits,  161. 
lAarchande  d'herbes,  144. 
--  de  marrons,  144,  511. 

—  Voyez  Amours. 
Blarchands  d'estampes,  271-5. 
Marché  (  Départ  et  retour  du  ),  174. 
MarcUle  (M.),  95, 103,  114,  117. 
Marcus  Sextus,  29,  31,  56,  285,  412. 
Maréchal  (Sylvain),  249,  302,  460. 

*  Marengo,  303. 

—  Voyez  Batailles. 

Maret,  ministre  de  l'intérieur,  361. 
Marguerite  (Jeune  fille  effeuillant  une), 

171. 
Mari  (le)  ou  l'hiver,  187. 
Mariage,  425. 

—  républicain,  231. 

^  (Cérémonie  du),  423. 


Mariage  romain,  178. 

—  samnite,  232,  233, 318. 

—  (Libertés  de),  376. 

Mariage  (Louis-François),  G.,  136, 181, 
197, 199,  294-5,  402^449, 455. 

Marie  -  Adélaïde  -  Clotilde  -  Xaviëre  de 
France,  297. 

Marie-Adélaïde  de  France,  duchesse  de 
Piémont,  355. 

Marie-Antoinette  : 

—  Dauphine,  311,  357. 

—  Reine,  193,  289,  311,  357,  453. 

—  Portiaits,  59,  73,  179,  190,  227, 
240,  263„  278,  309,  330,  344,  355, 
356,  357,  365,  453. 

—  Caricatures,  349,  484-5. 

—  Séparation  d'avec  sa  famille,  227, 
246,  443. 

—  à  la  Conciergerie,  246. 

—  Jugement,  443. 

—  dans  la  charrette,  81. 
Marie-Louise,  114. 
Marie-Madeleine,  53. 
Marie-Thérèse,  reine  de  Hongrie,  247, 

289. 
Mariée  (Départ  de  la),  185. 

—  (Coucher  de  la),  233. 
Mariées,  496. 

Mariette  (Pierre-Jean),  65,  505. 

—  Son  Abécédaire,  501,  506,  517. 
Siarigny  (Poisson  de  Vandières,  mar- 
quis de),  154,  504. 

Marinier  (Pierre-Clément),  D.  et  G., 
163,  245,  258,  292,  305,  309,  316-8, 
319,  323,  331,  332,  338,  341,  344, 
356,357. 

Marin-Lavigne,  lith.,  121. 

Marines,  500. 

Marius  à  Minturnes,  222. 

—  Voyez  Arc. 
Marivetz(de),  139. 
Mark,  lion,  174. 

*Marly  (le  rendez-vous  pour),  312. 

—  (Chevaux  de),  21. 

Marmontei.  Voyez  Contes  moraux  et 

Incas. 
Marmotte  (la  mort  de  la),  363. 
Marmotte,  coiffure,  526. 
Marolles  (l'abbé  de),  496. 
Mars,  sculpture,  35. 

—  et  Vénus,  127. 

—  (Départ  de)  pour  la  guerre,  223. 
Mars  (  la  cit.),  actrice,  30. 
Marseillaise  (la),  419. 
Marseillais  (les),  470. 

*  Marseille  (Académie  de),  135, 136. 
Martenasie,  d'Anvers,  G.,  524. 
Martin  (Johan  Friedrich),  G.,  63. 

—  (J.-F.),  Sc.,420, 


MARTIN.  —  MÉZIÈRES. 


5«5 


Martin ,  le  chanteur,  362. 

—  marchand  d*est.,  153. 
Martinet,  édit.,  178,  351,  434,  489. 

.  —  G.  du  Cabinet  du  Roi,  490. 

—  (Thérèse),  G.,  310. 
Martini,  G.,  177,  312,316. 

—  musicien,  436. 
Martyrs  de  la  liberté,  426. 

—  Voyez  10  août. 
Masaccio,  P.,  258. 
Masolan,  G.  193. 

Masquelier,  G.,  140, 172, 177, 178,182, 
202,  276,  306,  307,  440. 

—  (Louis-Joseph),  Tatné,  343. 

—  (Nicolas-François-Joseph),  le  Jeune^ 
343. 

Massacres  de  septembre ,  256 ,  442  -  3 , 
468. 

—  Voyez  Innocents. 
Massard,  G.,  139,  279. 

—  (Félix),  G.,  289. 

—  (Jean-Baptiste-Louis),  G.  289. 

—  (Louise),  G.,  289. 

—  (Raphael-Urbain),  G.,  85, 206, 289, 
290. 

Masséna,  26,  291,363. 

Massol,  G.,  49,  246,  320,  321,  404. 

Massue,  264. 

Maternelle  (la  Sollicitude),  334. 

—  (la  Tendresse),  334,  426. 
Maternels  (Soins),  188,  260. 
Maternité,  425. 

—  (les  Délices  de  la),  312. 
Mathias,  G.,  191. 
Mathieu  (J.),  G.,  169,  401. 
Matin.  Voyez  Adieux,  Répétition. 

*  Maubeuge  (Chanoinesses  de),  260. 
Maupeou  (le  chancelier),  64. 
Maurepas  (Mémoires  de),  298. . 
Maurin,  lithog.,  121. 
Maury  (rabhé),483. 
Maviez,  G.,  316,  364. 
Maximes  du  jeune  républicain,  321. 
Mayer  (le  docteur), 52,  253, 367,  431-2, 

439,  456. 
Mayer  fM"«  Constance),  30,  112, 117. 

118,121,519,521. 
Mazarin  (le cardinal),  496. 
Mécou,  G.,  194,  206,  372. 
Médailles,  57,  133,  274,  385,  386,  387, 

394,  396,  404,  435,  436. 

—  (Gravure  en),  384-9. 
Mi^decin  aux  urines  (le),  181,  347. 
Médée  (Rôle  de),  250,  294,  468. 
Médicis  (les),  19. 

—  (Marie  de),  303. 

—  (la)  du  xvm*  siècle,  485. 
Médiocrité  (la  douce),  231. 
Méhul,  2,  358,  370,  429. 


Méhul  (  la  citoyennej,  358. 
Mélancolie  (la),  23,  74,  522. 
Mélidor.  Voyez  Phrosine. 
Melling  (Ant.-Ignace),  P.,  153. 
Melpomène,  284. 
Ménage  champêtre  (le),  135. 

—  (Theureux),  334. 

—  (la  paix  du),  527. 
Ménageot,  P.,  11,  16,  86,  140,  277. 
Mendiants  (Études  de),  523,  526. 
Mendose,  dessin.,  187. 

Menés  (Prâtres  de),  394. 

Mengs  (Raphaël),  P.,  97, 98, 126,  286. 

Menjaud,  P.,  24. 

Mensonge  (le),  406. 

Mentelle,  39. 

Menuet  (le)  de  la  mariée,  182. 

—  d*Exaudet,  490. 

Menus  plaisirs  du  Roi  (Dessinateurs 

des),  308,  380. 
Mercier,  G.,  180. 

—  l'auteur,  278,  325-6,  460,  494. 
Mercure,  126,  127, 172,  374,  409. 

—  dit  le  Lanttn,  statue,  447. 
Mercure  français  de  1792,  228. 

—  de  France,  374,  506. 
Mère  (la  Jeune),  168. 

—  (rHeureuse),  334. 

—  (la)  de  famille,  189. 

—  (la)  bien-aimée,  511,  522. 

—  (Fête  de  la  bonne),  61. 
Mères  allaitant  leurs  enfanta,  429. 
Méric(M»«El.j,  P.,  212. 
Méricourt  (Théroigne  de),  466. 
Mérimée,  P.,  11,  24,  29,  106,  279,  280. 
Merlan  à  frire,  à  frire,  240. 

Merlin  (M.),  377. 

Merveilleuses,  202.  207,  223,  238, 243, 

322,  339,  478,  489. 
Merveilleux,  382. 
Mesdames,  filles  de  Louis  XV,  359. 

—  (Visite  de  Pie  VI  à),  à  Rome,  482. 
Mesmer,  179. 

—  (Effets  du  baquet  de),  254. 
Messager  d*Amour  (le),  300. 

—  (Départ  et  retour  du),  294. 
Messaline,  457,  485. 

Messe  des  Sans-Culottes,  422. 

Messidor,  228. 

Messieurs  (les  Petits),  187. 

Métastase,  313. 

MéteUa,  233. 

Métiers  (Petits),  159. 

*  Metz  (Artistes  nés  à],  145. 

Meubles.  Voyez  Berceau. 

Meunier,  cartier,  376. 

Meunier  de  Querlon,  305. 

Meynier,  P.,  22, 24,  29, 106, 238. 

Meâèrea  (M"*),  actrice^  362, 364. 


tm 


MEZZETINS.  —  MONCHY. 


HezzetiM,  203. 

Michallon,  de  Lyon;  S.,  34,  35,  164, 

410. 
Michau,  chiinteur,  424. 
Michaud,  357,  308. 
Michel,  G.,  211. 
Michel-Ange,  S.,  137,  329. 
Micbelet  (MX  1,  198,  256,  396,  416, 

418;  422, 455, 456. 
Michon,  G.,306. 
Hidas,  494. 
Miel  (M.),  70. 
Miette  de  Villars,  83,  337. 
Miger,  G.,  45,  76,  172,  206,  293,  360, 

418,  449. 
Migneret,  G.,  359. 

*  Milan,28,164,  216,  257. 

—  (Artistes  nés  à),  258. 

—  (Entrée  des  Français  à),  202. 
Militaires  (Scènes),  145-6, 178. 

—  Voyez  Costumes,  Parsîdes,  Revues. 
Milizla,  43. 

Miller,  G.  anglais,  443. 

—  danseuse,  490. 

*  Milles! mo,  voyez  Batailles. 
Millin,  26,  39,  40,  211,  213,  234,  248, 

259,  304,  343. 
Milon  de  Crotone,  87. 
Miltiade,  voyez  Ci  mon. 
Minerve,  03,  108,  278,  298,  388,  395, 

409. 

—  distribuant  des  couronnes,  384. 

—  protectrice  des  Arts,  257. 

—  donnant  une  leçon  de  folie,  195. 

—  (Costume  à  la),  245. 

—  Voyez  Temps  (le). 
Mines  (Agence  des),  271. 
Ministres,  162, 478. 
Minos,  349. 

Minot,  Cartier,  376. 

Minotaure  (Tirage  au  sort  des  Athé- 
niens destinés  au),  139,  236,  302. 

*  Minturnes.  Voyez  Marius. 
Mirabeau  (  Honoré  -  Gabriel  Riquetti, 

comtede),  136,  283,  465. 

—  Portraits  :  sculpture,  19;  peinture, 
76,  194,  360;  gravure,  217,  248, 
252,  284,  294,  301,  349,  366,  449. 

—  Caricatures,  483. 

—  TMortde),  322,414. 

—  Cérémonie  funèbre,  419. 

—  Son  apothéose,  53,  200. 

—  reçu  aux  Champs-Elysées,  310. 

—  (Aux  mânes  de),  135-6,  329. 
Miracles  d'autrefois  (les),  383. 
Mirande  (Antoinette),  actrice^  430. 
Miroir  <^e},  327,  383,404. 

—  (lé)  briié,  512. 

Miiys,  dess.  et  G.,  292, 337-8,  339. 


Misanthrope  (Rôle  du],  164. 

Misanthropie  et  repentir,  2i8. 

Misbach,  G.,  295. 

Mitaines,  282. 

Mithridate,  tragédie,  357. 

Mixelle  (Jean-Marie],  G.,   180,  189, 

249,  270. 
Modèle  (le),  189. 

—  nu  (Etude  du)  proscrite,  177. 
Modes  (Gravures  de),  178-9. 
Modes  (Journaux  de),  463, 464. 

—  Cabinet  des  modes,  490. 

—  Journal  de  la  mode  et  du  goût, 
464. 

—  Journal  des  Dames,  56,  188,  208, 
339,  474*  476,  478,  489. 

—  Journal  des  Dames  et  des  modes, 
473-4. 

—  Journal  des  modes,  465, 473,  474-5. 

—  Journal  des  modes  et  des  spectacles 
de  Paris,  262,  475,  477. 

—  Magasin  des  modes  nouvelles,  264, 
465. 

—  Modes  et  manières  du  Jour,  186, 
272,  474. 

—  Voyez  Correspondance- 
Moine  (la  Mort  d'un),  53. 
Moines,  221. 

Moineau  (Jeune  homme  allant  prendre 
un)  sur  le  sein  d'une  jeune  fille, 
248 

Mois  (les),  115, 129,  228. 

—  f Consécration  des),  392. 

—  (Iconologie  des),  393. 

—  Poème,  258. 
Moïse,  264,  411,434. 
Moissons  (les),  425. 

Moitte  (Angélique-Rose),  45, 182,  187, 
523. 

—  rElisabeth-Mélanie),  45. 

—  (Prançois^Auguste)  le  fils.  G.,  45, 
523. 

—  (Jean-Guillaume],  S.,  9, 11,  33,  34, 
39,  45-8,  102,  251,  253,  2ttl,  281, 
283,  292,  338,  348,  402. 

(M"'*),  7,  48. 

—  (Pierre-Etienne),  G.,  45,  523. 
Mole  (Mathieu),  75. 

—  l'acteur,  73,  174,  194. 
Moliëre,313,  314,  503. 

—  lisant  Tartufe,  283,  318. 

—  Voyez  Misanthrope. 
Mollard  (M.),  367. 
Momoro,  123,  305,  404. 

—  (Sophie),  405. 
Monastiques  (Mascarades),  249. 
Monchy  (Martin  de).  G.,  347, 402. 

—  (M"*«  de),  sa  femme.  G.,  40,  181, 
318,  347. 


I 


MONDE.  —  MUSGADINES. 


561 


Monde  (Leçons  sur  le  système  du), 
435. 

*  MondoTÎ,  voyez  Batailles. 
Monge,  17,  28,  38, 165,  370,  392, 
Mongez,  42,  394,  469. 

—  (M™'),  30,  85. 
Mongin,  dess.,  16,  213,  265. 
Monime  (Rôle  de),  295. 

Moniteur  Universel,  21,  28,39,  47,  78, 
79,  80,  99,  146, 155,  176,  188,  194, 
202,  218,  231,  235,  241,  252,  265, 
266,  292,  301,  320,  321,  365,  367, 
369,  376,  392,  399,  421,  423,  425, 
426,429,430,  450,467,  521. 

Monnaies,  399,  400,  409,  460. 

—  (Graveurs  des),  384,  385. 

—  (Traité  de|),  364. 

—  Voyez  Centime,  Décime,  Écu,  Sous. 
Monoeron,  385. 

Monnet  (Charlps),  des».,  158, 164, 221, 
258,  292,  295,  303,  306-8,  315,  316, 
326,  327,  330,  335,  3^11,  342,  343, 
344,  345,  347,  361,  440,  443,  444. 

Mon  nier,  dess.,  335. 

—  (M™«  de),  yoyez  RufTey. 
Monsaldy,  G.,  87, 139, 165,  236-8. 
Monselet,  312,  324,  325,  351-2. 
Monsiau   (Nicolas-André),   P.,  9,  11, 

32,   232,  236,  238,  283,  288,  317, 

318-9,  332,  339,  344,  356. 
Monsieur,  comte  de  Provence,  52,  53, 

144,  174,  268,  303. 
Monsieur  Nicolas,  323. 
Montagne  (la),  244,  273,  392,  405, 411, 

424,  427. 

—  Peinture,  14. 

—  Statue,  34. 

—  (Triomphe  de  la),  136,  275,  412. 

—  enfante  la  Constitution,  412. 
Montaiglon  (A.  de),  8,  2<.l,  62,  66,  75, 

143,  251,  309,  371,  418,  501,  502, 
506,  512,  515. 

—  (M.  Valentinde),371. 
Montaigne,  309.  • 
Montaland  (la  citoyenne),  180,  214, 

Ï46. 
Montalembert  (M""  de),  369. 

*  Montauban  (Massacre  de  la  garde 
nationale  de),  341. 

Montcalm-Gozon  (le  Marquis  de),  177. 

*  Montelgino  (Redoute  de),  141. 
Montesquieu,  56,  252,  288,  313,  314, 

332,  491. 
Montfaucon  (le  Père),  82,  212. 
Montgolfier  (les  Frère»),  351. 

*  Monthabor,  voyez  Batailles. 
Montmorency  (Mathieu  de),  454. 

*  Montpellier,  22, 143,  227. 

—  (Artistes  nés  à),  140. 


Montpellier.  Collection  Atoer,  75.  959; 

—  Musée,  105,  117, 144. 

—  Temple  de  la  Raison,  423. 

—  Voyez  Crémation. 
Montre  (Cordons  de),  183. 
Montncla,  39. 
Moqueur  (un),  358. 
Morale  (la)  en  action,  232. 

—  sans  réplique,  51. 
Moraliste  (le),  267. 
Morcau,  évêque  de  Màcon,  91. 
Moreau  (le  Général),  26. 

—  peinture,  27,  201,  237,  242,  284, 
387. 

—  sculpture,  34. 

Moreau  (Jean-Michel),  dess.  et  G.,  7, 
109,130,162,178,200,220,  221,237, 
251,  254,  258,  260,  292,  296,  301, 
305,  308-16,  316,  321,  326, 327,  329, 
330,  331,  332,  335,  338,  339,  340, 
an,  342,  343,  344,  345,  352,  361, 
401,  409,  440,  524. 

Moreau  de  Saint-Merry,  9. 

Morel  (Antoine- Alexandre),  G.,  56,  78, 
85,  140,  290-1. 

Morellet,  246. 

Morency  (M"«  de),  240,  459. 

Moret,  G.,  334., 

Morgan,  d'Abbeville,  S.,  34. 

*  Morgy  (canton  de  Berne),  147. 

Morichelli,  cantatrice,  14. 

Moriès,  P.,  27. 

Moriand,  P.,  244,  268. 

Morret  (i.-BX  G.,  146,  164,  267-8, 
444,  445. 

Mors,  180,  406. 

Mort  (la),  23,  126,136,142. 

—  (Première  image  de  la),  sculpture, 

—  Voyez  Indivisibilité  et  Liberté. 

—  de  César  (la),  tragédie,  395. 
Mosion  (Madame),  150, 454. 
Mouchet,  P.,  31,  268. 
Mouchoirs  gonflés,  467. 
Mounier,  dess.,  331. 
Mousseline,  475,  476. 
Moutons,  173. 

—  (Venez,  mes  chers),  380. 
Moyen  Age,  394,  401,  479. 
Mugot,  G.,  213. 
Muguets,  496. 

Muletiers  à  la  porte  d*nne  bètellti  ic, 

1-46. 
Muller,  G.,  121, 164,  285,  524. 
Murillo,  64. 
Muscadins,  201,  245,  382,  444,   467, 

470-1,  485,  488. 

—  (les  Perruques  des),  conte,  471 . 
Muscadines,  444., 


568 


MUSÉE   FRANÇAIS.  —  KIVEAU. 


Musée  Français.  Voyez  Laurent. 
Musées,  364l,  42,  43. 

—  Voyez  les  noms  :  Filhol,  Laurent, 
Robillard,  Péronville,  et  les  villes  : 
Lille,  Montpellier,  Narbonne,  Paris, 
Perpignan ,  Rome ,  Valenciennes , 
Versailles. 

—  des  départements,  40. 

—  de  province.  Voyez  Ris  (Clément 
de). 

Muses  (les),  29,  81,  238,  388,  418, 
431. 

—  Voyez  Almanachs,  Gio,  Gravure, 
Melpomène. 

Musique  (la),  58. 

—  rmudedela),  299. 

—  (la)  considérée  comme  science  na- 
turelle, 368. 

Musique  de  TEmpereur,  368. 
Myris  (S.),  dess.,  217,  247. 
Mythra  (Prêtres  de),  394. 

N 

N.  graveur,  51. 

Nageurs  (les),  490. 

Naïades,  430. 

Naigeon,  P.,  13,  93,  219, 402. 

—  le  philosophe,  38,  39, 166. 

*  Nancy  (Affaire  de);  voyez  Desilles. 

—  (Artistes  nés  à},  203,  212,  357. 
Nanette  (  la  petite  ) ,  291 . 
Nankin,  étoffe,  475. 

*  Nantes  (Artistes  nés  à),  160. 

—  Voyez  Edit. 

*  Naples,  61,  63. 

Napoléon  (TEmpereur),  157, 158,  202, 
204,205,221,226,253. 

—  ^Mariage  de),  104. 

—  (Sacre  de),  83. 

—  (Allégorie  à),  137. 

—  (Marche  de)  à  Timmortalité,  127. 

—  (Triomphe  de),  68. 

—  Voyez  Bonaparte,  Musique,  Pages. 
Napolitain  (le  Geste),  505. 

*  Narbonne,  307. 

—  (Musée  de),  144. 

Narbonne  (le  comte  Louis  de)  mi- 
nistre de  Louis  XVI,  369,  454,  483, 
481. 

Nation  française  (Régénération  de  la), 
278. 

—  (Génie  de  la),  51,  334. 
Nationales  (Fêtes),  430. 

—  (Couleurs)  ou  à  la  Nation,  464. 

—  Voyez  Cocardes. 

Nations.  Voyez  Ballet  et  Justice. 

Nativité,  137. 

Natoire  (Charies),  P.,  521. 

Nature  (la),  49,  108,  123,  137,  142, 


198,  232,  307,  365,  391,  405-8,  426, 
428,  429,  493. 
Nature  (la),  sculpture,  21,  34,  35,  52, 
378, 407,  408,  421 ,  422. 

—  Fontaine,  407. 

—  abreuvant  les  hommes,  385. 

—  (Époques  de  la^,  425. 
Natures  mortes,  500. 

Naudet  (Thomas-Charles),  G.  et  md. 
d*estampes,  145,  153,  159-60,  329, 
351,  357, 444,  479,  489,  495. 

—  (Caroline),  G.,  160. 
Nausicaa.  Voyez  Ulysse. 

*  Navarre,  287.       . 

Navarre  (PHeptaméron  de  la  Reine  de), 

245,351. 
Necker,  19,  255,  264,  347,  348,  357, 

386,  487. 

—  (l'Administration  de  M.),  322,  347. 

—  (M"«),  voyez  Stafil. 

Née  (François-Denis),  G.,  71, 139, 182, 

307,  343, 420. 
Nègre,  397. 

—  et  négresse,  180. 

—  (la  petite  fille),  264. 
Nègres,  420-1. 

—  fia  Traite  des),  244. 

—  Voyez  Fêtes. 
Négresse,  50,  361,362. 
Negroni  (le  prince),  97. 
Neptune,  287,  327. 
Nepveu,  20. 

Néron ,  396. 

*  Nesle  (la  prairie  de),  254. 
Netscher,  P.,  374. 

Neuf  Thermidor,  31, 123, 124,  i  30, 156, 
225,  252,  264,  307,  412,  415,  443-4, 
469,  471. 

*  Neufchàtel  en  Suisse,  345. 

*  Neuwied-sur-le-Rhin ,  312. 

*  Nevers,  423. 
Newton  (Isaac),  236. 

—  sculpture,  5iB. 

*  Nice,  254,  258. 
Nicolet,  dess.  et  G.;  345. 
Niel  (M.  Jules),  238. 

Nielle  (le)  de  Finiguerra,  135,  338. 
Nieuwerkerke  (M.  de),  40. 
Nimbe,  197. 

*  Nîmes  482. 

Nina  (Rôle  de),  164,  250, 468. 

—  (Opéra  de),  250,  362. 
Ninon,  318. 

Ninon  de  Lenclos,  283. 
Niquet,  G..  202,  395,  440. 
Nitot  (Blichel),  dit  Dufresne,  152-3. 
Nivard,  P.,3!. 

Niveau  (le),  47,  152,  224,  392,  397, 
403,  482. 


NIVOSE.  —  OUVRIÈRES. 


569 


Nivôse,  228. 

Noailles  (M""*  de),  315. 

Noblesse  (la),  484. 

—  r  Abolition  des  titres  de^,  414. 

—  ^Auto>da-fé  des  titres  ae  la),  419. 

—  (la)  savonnée,  482. 
Noce  antique,  283. 

—  (la)  au  ch&teau,  183. 
Noces  (Lendemain  des),  233. 
Nodier  (Charles),  242,  413. 
Noei  (Léon),  mhog.,  121. 
Noireterre  (M»«  T.  de).  P.,  330. 
Nonne  (Rêve  d'une),  151. 
Nord  (Peuples  du),  72. 

—  (Départemenlftu),  177. 

—  Voyez  Armées. 

*  Normandie  (Scène  chez  un  fermier 
de  la  haute),  183,  231. 

Normand  (Charles),  G.,  57,  124, 128, 

129. 
Nostradamus,  303. 
Notables.  Voyez  Assemblées. 

*  Notre-Dame  de  lurette  (Objets  rap- 
portés de  la  Santa-Casa  de),  493. 

Notre-Dame    de    Thermidor.    Voyez 

M™«  Tallien. 
Notre-Dame    des    Victoires.    Voyez 

M"»*  Bonaparte. 
Notté,  dess.,  292. 
Nourrice  (le  Retour  de),  511. 
Nouveau  Testament,  314. 
Nouveauté  (Quelle  folie  que  la),  161. 
Nouvelle  Héloise  (la),  99,  109,  110. 
Nouvelle  intéressante  (la),  189. 
Nouvellistes,  326. 
Noverre,  maître  de  ballets,  434. 
Noyon  (rHéroinede),  264. 
Nuages  (les),  296. 
Nudité  (de  la)  dans  les  arts,  82. 

—  (Quasi-)  des  femmes,  83, 205,  405, 
476-7. 

Nuits  de  Paris  (les),  325. 
Nymphes,  110,  228. 

—  Voyez  Flore,  Seine. 

0 

O  saluUris  (Parodie  de  T),  424. 
Objets  d'art  et  de  curiosité  (Recueil 

d'  ),  160. 
Observatrice  (1'),  73,489. 
Odieuvre  (Collection),  502. 
Odyssée  (1'),  153. 
Œdipe  recueilli  par  un  berger,  131 , 

146. 

—  et  Antigone,  sculpt.,  35. 

Œil  (IM,  180,  246,  348,  378,  399-400, 

406   428. 
Œuf  à  la  coque  (I*),  482. 


OEuiS  frais  (la  partie  d*),  356. 

—  (les)  cassés,  504,  505. 

*  Onenbach  (Grand-Duché  de  Hesse- 
Darmstadt),  366. 

Officier  municipal ,  252. 

Offrandes  des  dames  artistes,  7-8,  60. 

*  Oise  (Département  dft  T),  298. 
Oiseau  ranimé  H*),  182. 

Oiseaux,  symbole  de  liberté,  185, 296. 

01iva(M"'d'),  454. 

Olivier  de  la  paix,  181, 185,  264,  383, 

386. 
Olivier  (M^^*),  246,  357. 
On  la  tire  aujourd'hui,  191. 
Oncle  (l'Enlèvement  de  mon),  254. 
Opéra  (la  Sortie  de  1'),  312. 
Opinion  (P),  H92. 

*  Oppy  (Paa-de-Calais),  362. 
Or  (la  soif  de  r),  121. 
Orage  (F),  221. 

*  Orange,  147. 
Orange  (1'),  186. 

Ordre  f  aouvel)  d'architecture,  66. 
Ordre  (Je  vous  rappelle  à  1'),  188. 
Ordres  (les  trois),255,397,4i4,464,482. 

—  (  Destruction  des),  426. 
Oreilles  (Il  m'a  tiré  les),  299. 
Oreste,  31. 

—  (Remords  d»),  27,  86,  238. 

—  et  Hermione,  289. 
Orfèvrerie,  114. 

—  Voyez  Nielle. 
Organisateur  (T),  494. 
Orgueil  (1'),  87. 
Orient,  124,  125,438. 
Orithie,  75. 

Orléans  (Louis-Philippe-Joseph,  d'a- 
bord duc  de  Chartres,  254, 3^13, 356  ; 
ensuite  duc  d'),  19,  151,  183,  222, 
264,  272,  275,  337,  348,  366,  483. 

—  (la  duchesse  d'),  sa  femme,  263. 

—  Voyez  ftiris  (Palais-Royal). 
Ornements,  374. 

Orphée,  29,  31,479. 

—  ramenant  Eurydice,  131. 
Orphelins  (les  Petits),  511. 
Orr...  (le  comte deir),  504. 

—  (Letitia  dell'),  50»,  509. 

Orsy  (Boutique  de  figures  de  cire  du 

citoyen),  19-20. 
Ossian,  28,  282. 
Ostéologie  (Recueil  d'),  142-3. 
Othryade,  Spartiate,  27. 
Oui  ou  non,  312. 
Ouragan  (1'),  137. 
Ours  (Ils  comptaient  sur  la  peau  de  ]') 

avant  de  l'avoir  jeté  par  terre,  484. 
Ouvrières  en  linge  (Lever  et  Coucher 

des),  207. 


f 


570 


OVIDE.  —  PARIS. 


Oride  (Métamorpboses  d*),  2S1,  313, 
326,  340. 

I 

P 

P.  (Louise),  G.;  47. 

Pache,  maire  de  Paris,  17,  420. 

Pacte  national  (le),  73. 

—  tacite  (le),  347. 
Paesiellp,  250,  301. 
Paetus.  Voyez  Aria, 
Pages  de  l'Empereur,  165. 
Paigiion- Dijon  val    (Catalogue),  122, 

135, 174,  322,  337,  350,  371,  501. 
Paillet,  expert,  125,  196. 
Paillot,  dess.,  413. 
Paillot  de  Montabert,  515. 
Paix  (la),  105,  111, 163, 184, 187,220, 

227,  233,  244,  251,  287,  290,  380, 

414,  432. 

—  Sculpture,  35,  438. 

—  (Génie  de  la),  376. 

—  (la)  ramenant  TAbondance,  223. 

—  ha)  de  1763,  342. 

—  (la)  de Campo-Formio,  431- 

—  (la)deLunéville,  387. 

—  (la)  de  Léoben,291. 

—  d'AmieuA,  ou  Paix  générale  de  Tan  X, 
58,  268,  415;  médaille,  385,  387  ;  — 
-(Allégorie  sur  la),  239. 

—  (Faites  la),  230. 

—  Voyez  Fêtes,  Olivier. 
Pajou,  S.,  33,  57,  88,  359,  360. 

—  (M°«),  7. 

Palais.  Voyez  Paris,  Rome. 

Palais  de  la  Reine  (Dame  du),  312. 

•  Palerme,  228. 
Palloy,  234. 

Palmes.  180,  264,  404,  400. 

•  Palmyre  (Kuines  de),  163. 
Paméla,  roman,  508. 

—  (Rôle  de),  14,  495. 
Pan  (Sacrifice  à),  137. 

—  (Fête  au  dieu),  135. 
Panckoucke,  133,  213,  369. 
Paniers,  191,  324,  463,  464,  473,  479, 

514. 

—  Voyez  Coussins,  Poches,  Tournures. 
Panoplie,  379. 

Panseron,  édit,  62. 

Pantagruel  (Songes  drolatiques  de), 

293. 
Pantalons,  471. 

—  larges,  465. 

—  à  pieds,  469. 

—  collants,  471,  475,  478. 
Panthère  autrichienne  (la),  485. 
Panurge,  183. 

Pape  des  Théophilanthropes  (le),  402. 
Papes  (Crimes  des),  304. 


Papes.  Voyez  Avant -Garde,  BénéitiO- 

tion,  Excommûifiaitiôn ,  Ifatqueiiées, 

Pie  VI,  Pie  VII,  Rome. 
Papier  (FlUgrane  du)  de  Tan  m,  385, 

410. 
Papiers  peints,  375-6,  382. 
Papillon ,  G.  en  bois^  373. 
Papillons,  224,  327. 
Paquet,  dess.,  268. 
Par  ici,  189. 
Parades  militidres,  351  « 
Parachute  (Expérience  du),  247. 
Paradis  terrestre  (le  droit  des  gens  au), 

180. 
Paresseuse  (la),  50!f 
Parfait  (Noël),  256. 
Pari  gagné  (le),  312. 
Paris,  285. 

—  (Jugement  de),  285. 

—  et  Hélène,  70,  76,  84,  85. 

—  f Costume  de)  porté  dans  Paris  477. 

—  (Nouveau  Jugement  de),  186. 
*  Paris,  passim. 

—  Académies,  418;  des  arts  et  mé- 
tiers, 8;  de  chirurgie,  356;  des 
inscriptions,  364  ;  de  musique,  voyez 
Opéra;. centrale  de  peinture,  8;  de 
Saint-Luc,  8.  Voyez  Académie  de 
peinture. 

—  Arc  de  TÉtoile,  430. 

—  Arènes  couverte»,  21. 

—  (Armes  de  la  ville  de),  305. 

—  (Artistes  nés  à),  45,  67, 73, 74,159, 
162,  208,  210,  223,  232,  244,  245, 
263,  269,  270,  279,  282,  290,  295, 
299,  303,  308,  318,  336,  339,  347, 
355,  300,  374,  385,  386. 

—  Assemblée  des  Électeurs  en  1789, 
104. 

-^  Assemblée  nationale  (Vue  de  T), 
335.  Voyez  Assemblées. 

—  Bastille  (la),  392;  —  (Départ  pour 
la  prise  de  la),  26, 60,  lOt,  180,241, 
248,  270,  307, 440,  441,  442;  —  mé- 
daille, 387;  — -  (Volontaires  de  la), 
19;  —  (Un  Vainqueur  de  la),  376; 
—  (Pacte  fédératif  de  la),  346;  — 
(Démolition  de  la),  395;  —  détruite 
(la),  250,  309,  355;  —  (Fête  sur 
les  ruines  de  la),  14,  466;  —  Salle 
de  bal ,  146,  417  ; . —  Monument  sur 
ses  ruines,  59,  408. 

—  Bibliothèques,  435. 

—  Bibliothèque  nationale,  26,  40,  68, 
333,  493;  —  impériale,  473,  479; 
Cabinet  des  Hédailles,  40;  Cabinet 
4es  Estampes,  58,  87, 130,  152, 165, 
189,  219,  235,  258,  26|,  S9d,  308, 
338,  370,  383,  887,  307,  m,  470, 


i 


PARIS. 


571 


483,  486,  494,  495,  519,  524,  526; 

(Dépôt  au),  205,  253,  366,  393,  494. 

Paris.  Boulevard, 21, 81, 18t,326;^de 

Coblentz,  73,  489;  —  Italien,  181; 

—  du  Temple,  19,  375;  —  Tréteaux 
des  Boulevards,  326. 

—  Butte  des  Moulins  (Bataillon  de  la), 
154. 

—  Cabinet  littéraire  des  artistes,  490. 

—  Cafés,  470;  —  du  Bel-Air,  351  ;  — 
Borel,  159;  —  des  Patriotes,  146, 
267.  —  Voyez  Palais-Royal. 

—  Capucins  (Salle  des),  481. 

—  Carmes  (  Massacre  des  ),  442-3. 

—  Chambre  des  Députés,  75. 

—  Champ  de  Mars,  ou  de  la  Fédéra- 
tion ,  on  de  la  Réunion ,  80, 272 ,  302, 
4U»,  420,  422,  424,  427,  431,  432, 
434, 437, 445;  —  (Travaux  au),441  ; 

—  (Arc  de  triomphe  du),  46,  47, 
289, 417  ;  —  de  la  Réunion ,  244,  273, 
427.  Voyez  Fêtes  de  la  Fédération, 
de  rÊtre  suprême  et  Distribution  des 
Ai  si  es 

—  Champs-Elysées,  ^1,  48,  54,  434, 
476. 

—  Ch&telet  (Grand-),  159.      . 

—  Cinq-Cents  (Salle  des),  08. 

—  Clichy  (Club  de  la  rue  de),  491. 

—  Coblentz  (Petit-),  474.  Voyez  Boule- 
vards. 

—  Collèges  :  de  France,  206,  435;  de 
la  Marche,  339;  de  Navarre,  290;  de 
Pharmacie,  350. 

—  Colonnes:  de  la  Halle  au  blé,  65; 
du  Panthéon ,  21 . 

—  Coméd  ie-Française  .Voyez  Théâtres. 

—  Comité  révolutionnaire  (Intérieur 
d'un  ),  293,  487  ;  —  de  Salut  public, 
156,  211.  Voyez  Comités 

—  Commune  de  Paris,  9,  39,  235,  256, 
278,  372,  386,  420,  421,  423,  429, 
448,  4M),  467,  485,  486;  —  (Conseil 
général  de  la),  465,  466. 

—  Compagnie  des  Chemins  de  fer  de 
Lyon ,  105. 

—  Conciergerie,  24,  59,  246. 

—  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers, 
367;  —  de  Musique,  21,  256,  436; 
médaille,  387. 

—  Convention  (Salle  de  la),  13,  77, 
422.  Voyez  Convention. 

—  Cordeliers  (Club  des),  148. 

—  Corps  des  marchands,  386. 

—  Costumes  parisiens  (Recueils  de), 
473,  474,  478. 

—  (Crisi,  métiers,  costumes  de),  155, 
148, 119,  203,  250. 

—  Cour  des  Fontaines,  368. 


Pàm.  Cul-de-«ac  Sainte-Marie,  62. 

—  Écoles  :  de  Chirurgie,  132, 133;  Cli- 
nique de  médecine,  304;  gfatuites 
de  dessin,  152,  165,  208,  209;  im- 
périales de  dessin,  48;  des  Élèves 
protégés,  93;  de  Mars,  345,  430;  de 
Médecine,  69;  Militaire,  61,  62, 
144,  154,  422;  Nationales  dé  pein- 
ture et  de  sculpture,  53;  Normales, 
26;  Polytechnique,  27,  206,  209, 
370,  425. 

—  Enseignes  :  du  Basset,  271  ;  des 
Deux  Colonnes,  272;  du  Grand  Gess- 
ner,  259;  de  Saint-Pierre,  397;  de 
la  Ville  de  Rome,  62. 

—  Entrées  de  Louift  XVI,  60,  313, 
386. 

—  Exposition  de  Tlndustrie  (Médaille 
de  T),  387;  —  universelle  de  1855, 
277.  Voyez  Expositions  et  Salons. 

—  Fêtes  du  mariage  de  l'Empereur, 
114. 

—  Fontaines  :  du  Cbàtelet,  51  ;  Desaix, 
220;  Saint-Sévenn,272. 

—  Force(la),  25,  26,458. 

—  Frascati,  181,186,475. 

—  Garde-Meuble,  15. 

—  Garde  nationale,  54,  222,  331, 349, 
483. 

—  Gobelins,  138,  424. 

—  Hôtel  de  Ville  (Bal  et  festin  à  T), 
311. 

—  Hôtels  ;  de  Chartres,  382;  —  Lon- 
gneville,  375;  —  Lussan,  368;  — 
Mercy  (Bal  de  T),  229,  475;  —  de 
Nesle  (  Dépôt  de  V  ),  38;  ~  de  Noail- 
les,  343;  —Saint-Julien,  105;  —  de 
Soissons,  65;  —  Thélusson  (Bal  de 
1'),  229,458. 

—  Ile  Saint-Louis,  325. 

—  Imprimerie  de  la  République,  371, 
431,  435;  nationale,  100;  impériale, 
377. 

—  Imprimeries:  polyglotte,  428;  —  du 
Cercle  social,  364,375. 

—  Institut,  26,  39,  48,  75,  83;  —  Mé- 
daille de  r),  387. 

—  Institut  national  de  musique.  Voy. 
Conservatoire. 

—  invalides,  424, 430. 

—  Jacobins  (Couvent  des),  446;  — 
(Costume  des  religieux), 2ri4;  —  (So- 
ciété des),  16, 19, 124, 191,256,257, 
267,293,  382,  39^4;  —  (Bannière  et 
carte  de  la  Société  des),  399. 

—  Jardins  265  :  —  Beauion ,  21  ;  — 
Marbœuf  où  d'Idalie,  474;  (Vacherie 
suisse  du),  257;  —  National,  273, 
425, 427i  —  da  Tribùnat  (Pavilloa 


f 


572 


PARIS. 


de  la  Paix),  459,  490.  Voyez  Tivoli, 
Tuileries. 
Paris.  Louvre,  304. —  Carrés  de  la  Co- 
lonnade, 398.  —(Cour  du),  54,  68. 

—  (Portiques  de  la  Cour  du),  77, 
453.  —  Cariatides  de  Jean  Goujon, 
209.  —  Pavillon  des  Archives,  249. 

—  Grand  escalier,  10.  —  Logements 
d'artistes,  404,  406,  433,  468,  497, 
219,  364,  518,  520.  —  Ateliers  :  de 
David,  29,406;  deRegnault,  427.  — 
Galerie  d*Apollon,  40.  —  Grand  Sa- 
lon, 10.  —  Galerie  des  Antiques,  40, 
256,  477;  salle  du  Laocnon,  45,  20, 
404;  salle  de  la  Diane,  143;  plafonds 
de  Prud'hon,  405.  —  Galeries,  497; 
galerie  du  Muséum,  40,  44,  42,  37; 
son  parquet,  38.  —  Musée  des  ta- 
bleaux, 192,  361.  — (Greniers  du), 
23,  404.  —  Musée  des  sculptures 
modernes,  46,  48,  55.  Musée  des 
dessins,  76,205, 329,360.  —  Chalco- 
graphie, 40,  284.  —  Voyez  Musée, 
Musées,  Muséum,  Salons  et  Société 
des  Amis  des  arts. 

—  Luxembourg  (Galerie  du),  38;  — 
(Prison  du),  83.— Plafond  du  Sénat, 
427.— Petit-Luxembourg,  458.  — 

«Jardin  :  Expériences  aérostatiquea , 
250;  Monument  à  Marat,  420. 

—  LaMadeleine  delaVille-rÉvôque,64. 

—  Magasin  des  Indes  et  de  la  Chine, 
334 

—  (Mairie  de),  483. 

—  Maison  des  Menus,  21. 

—  Marseillais  (Arrivée  des),  470. 

—  Massacres  de  Septembre,  206.  Voy. 
Carmes. 

—  Ministères:  de  la  Guerre,  336;  de 
rinstniction  publique,  360;  de  Tln- 

.  térieur,  378,  472;  de  la  Police,  249, 
383. 

—  (Miracle  à),  482. 

—  Monceaux,  475. 

—  Monnaies  (Hôtel  des),  385, 387,  409. 

—  (Municipalité  de),  324,  397;  — 
(Sceau  de  la),  395. 

—  Musée  contrai  du  Louvre,  38. 

—  Musée  national,  135. 

—  Musée  de  Paris  (Mémoires  du),  329. 

—  Musée  des  monuments  français,  35, 
39, 213,  262.  Voyez  Petits-Augustins. 

—  Musées  (Bureau  des),  360;  —  (Di- 
rection des),  149. 

—  Muséum  des  arts,  21,  39,  40,  276. 

—  (Commission  du),  75.  —  (Con- 
servatoire du),  37,  58,  79,  440,  470, 
422. 

—  Muséum  d'histoire  naturelle,  21, 


474,  186.  —  (Jardin  du),  424;  — 
Ménagerie,  67;  —  Professeurs,  435. 
Paris.  Notre-Dame,  404, 405,  432:  soi- 
disant  sermon ,  236;  Sacre  de  Napo- 
léon ,  28 ,  83. 

—  (Offrande  des  citoyennes  de),  260. 

—  Opéra,  ou  Théâtre  de  la  Nation, 
24 ,  73,  435,  338,  362,  395,  405,  417, 
430,  434,  458;  —  (Bal  de  F),  207, 
475;  —  (Co- certs  de  T),  363;  —Dé- 
corations, 205;  —  Rideau,  8(K-4  ;  — 
(Sortie  de  T),  462. 

—  Opéra-BuflTa,  453. 

—  Palais-Royal  ou  Égalité,  19, 60, 446, 
456,  498,  4^1,  445.  —  Galerie  de  U- 
hlraux  du  duc  d'Orléans,  162,  276, 
291,  329,  344,  344.—  Jardin,  483, 
323;  Pie  Vil  y  est  brûlé  en  effigie, 
60,  442;  Pavillon  de  treillage,  49.  — 
Colonnades,  254,  262;  Galerie,  483; 
Salle  du  restaurateur  Février,  156, 
235;  Café  du  Caveau,  49;  Filles,  498, 
456.  —  Cirque,  262;  Comédiens  de 
bois,  49;  Ombres  chinoises,  49;  Va- 
riétés amusai^es,  49. 

—  Palais  de  Justice,  446:  salle  des 
Assi^,  443,  447.  Voyez  Tribunal. 

—  Palais  des  Cinq-Cents,  35;  des  Con- 
suls, 424;  du  Corps  législatif,  436; 
du  Directoire,  431.  Voyez  Jardins. 

—  Panthéon ,  428-9;  —  (Figures  du), 
33,  46,  48,  52,  55;  —  Sarcophage  oe 
Rousseau, 64.  —  Voyez  Barra,  Fêtes,- 
Lepelletier,  Marat,  Rousseau,  Vol- 
taire. 

—  Perron  (le),  229,  230. 

—  Petits-Augustina  (Dépôt  des),  38. 

—  Places  :  de  la  Bastille,  21,  407, 422; 
—  du  Carrousel  ou  de  la  Réunion, 
304, 371,375,398,420,  445, 447  (voy. 
Revue)  ;  —  Dauphine,  8, 220  ;  —  des 
Invalides,  422;  —  Louis  XV,  ou  de 
la  Révolution ,  ou  de  la  Concorde,  64, 
418,  419;  21,  492,  437,  445,  416, 
(  voy.  Statue  équestre) ;  —  des  Trois- 
Maries,  383;  —  des  Victoires,  2!  ;  — 
Vendôme  ou  des  Piques,  398. 

—  (Police  établie  à),  393. 

—  Pompes  funèbres,  420. 

—  Ponts:  au  Change,  351; — Neuf,  21, 
35, 60, 410-4  ;  Entrée  de  Louis  XVllI, 
464;  —  Notre-Dame,  60;  —  Royal, 
60. 

—  Ports  :  au  Blé,  60, 160;  —  Sainv- 
Paul ,  60. 

—  Préfecture  de  la  Seine,  431 . 

—  Prisons.  Voy.  Carmes,  Conciergerie, 
Force,  Luxepibourg,  Saint -Lazare, 
Temple. 


PARIS. 


573 


Paris.  Quais:  de  la  Grève,  445;  de  la 
Mégi&serie,  62  ;  —  Voltoire,  438. 

—  Remparts  (Promenade  des),  333. 

—  Retour  des  héroïnes  de  Versailles, 
441. 

—  Revue  du  Quintidi.  Voy.  Tuileries. 

—  Rues  :  de  la  Barillerie,  189;  — 
Basse-du-Rempart  (  Gardes-Françai- 
ses combattant  le  Royal-Allemand), 
255;  —Basse-Saint-Denis,  382;  — 
de  Bondy,  21  ;  —  de  la  Bùcherie, 
146;  —  du  Carrousel,  371;  —  Ce- 
rutti ,  105  ;  —  Chantereine  (Concerts 
de  la) ,  363;  —  Cristophe,  176, 224; 

—  de  la  Concorde,  155;  —  du  Coq, 
275,  489;  (les  Musards  de  la),  208; 

—  Coquillière,  488;  —  Croix-des- 
Petits- Champs,  368;  —  Dauphine, 
62;  —  de  rÉglise  des  Jacobins, 
c'est  -  à  -  dire  Sai  nt-Hyaci  nthe-Sai  nt- 
Honoré,  293;  —  de  la  Ferronnerie, 
304;  —  des  Fossés -Montmartre, 
153;  —  Franciade,  244;  —  de  Ges- 
vres,  203;    —   Gît- le -Cœur,  190; 

—  des  Grands-Degrés,    145,  269; 

—  de  Grenelle- Honoré,  247;  —  de 
la  Huchette,  267  ;  —  Jean-de-Beau- 
vais,  73;  —  Laffitte,  105;  —  de  la 
Lune,  176;  —  des  Mathurins,  62, 
271,  350;  —  des  Mathurins-Sor- 
bonne,  479;  —  Muuconseil,  254;  — 
des  Mauvaises-Paroles,  228  ;  —Mont- 
martre, 473  ;  —  des  Noyers,  244, 254, 
334;  —  de  Paradis,  490  ;  —  des  Pe- 
tits-Augustins,  39;  —  des  Petits- 
Champs  369;  —  Portefoin,  76;  — 
du  Pot-de-Fer,  87  ;  —  Poupée,  320, 
451;  —  de  la  Révolution,  155;  — 
Richelieu ,  382  ;  —  Saint-Denis  (voy. 
Franciade  )  ;  —  Saint  -  Germain  - 
l'Auxerrois,  382;  —  Saint-Honoré, 
267,  334,  343;  —  Saint-Hyacinthe, 
293,440;— Saint-Jacques,  161,231, 
250;  259,  271,  272,  397,  446,  474, 
509;  —  Saint-Louis  au  Marais,  61  ;  — 
Saint-Nicaise  (Machine  infernale  de 
la),  243  ;  —  des  Saints-Pères,  124  ;  — 
Sainte- Avoye,  136;  —  Serpente,  380; 

—  du  Théâtre-Français,  466  ;  —  Thé- 
venot,  190;  —  Zacharie,  297.  —  (  le 
peuple  parcourant  les)  avec  des 
flambeaux,  255;  —  (Troupe  ambu- 
lante des),  174. 

—  Saint-André-des-Arts,  405;  Saint- 
Étienne-du-Mont ,  432;  Saint-Eus- 
tache,  405,  432;  Sai  nt- Germai  n- 
TAuxerrois,  432;  Sain t-Gervais,  405, 
432;  Saint-Jacques-du-Haut-Pa8,432; 
Saint-Jacques-l'Hôpital  (District  de), 


255;  Saint- Laurent,  432;  Saint - 
Lazare  (Prison  de).  15,  292,  452; 
Saint-Médard,  432;  Sain^Mer^y,  432; 
Saint -Nicolas- des -Champs,  432; 
Saint-Roch,  432, 490;  Saint-Philippe- 
du-Roule,  432;  Saint -Sulpice,  87, 
430,  432;  Saint- Thomas-d*AquiD, 
432 ,  490^  Saint-Yves,  254. 
Paris.  Sainte -Chapelle,  446;  Sainte- 
Marguerite,  432. 

—  Salon  de  Curtius,  210. 

—  Salpêtres  (Agence  des  Poudres  et), 
425 

—  Sections,  394,  424,  429;  -  de  la 
Cité,  170,  224;  —  des  Cordeliers, 
420;  —  Fontaine  de  Grenelle,  327; 

—  Lepelletier,  327. 

—  Seine,  437. 

—  Sociétés  :  des  amis  de  la  Consti- 
tution en  séance,  343.  —  Philotech- 
nique, 72. 

—  Sorbonne  ou  Palais  national  des 
Siences  et  des  Arts,  82,  104;  Loge- 
ments d'artistes,  133. 

—  Spectacles. Voyez  Modes  (Journaux 
de). 

—  Statue  équestre  de  Louis  XV,  64, 
418,  419. 

—  Tableau  de  Paris,  325-6, 

—  Temple  (Enclos  du),  58;  — (Prison 
du),  196, 443,  484.  Voyez  Louis  XVI 
et  Marie-Antoinette. 

—  Temples:  Décadaires,  432,  436;  — 
du  Commerce,  437;  — de  la  Concorde, 
437  ;  —  de  rhumanité,  424;  —  de 
rimmortalité,  424,  430;  —  de  la 
Victoire,  66. 

—  Théâtres  :  (Annales  et  costumes  des 
grands)  de  Paris,  144, 155,  164,  250 
266,  468;  —  d'Audiuot,  428;  —  Fa- 
vart,  419;  —  de  fantasmagorie,  382; 

—  Feydeau,  362  ;  —  Français  ou  de 
la  République,  155,  294,  311 ,  329, 
380,  452  ;  —  Montansier,  40,  325, 
345;  —  de  la  Nation,  voy. Opéra;  — 
des  Variétés,  452  ;  —  en  plein  vent, 
437. 

—  Tivoli,  383,  474 ;  —  (Orangerie  de), 
477. 

—  Tribunal  révolutionnaire,  59,  156; 

—  de  Cassation  ;  334. 

—  Tuileries  (Palais  et  Jardin  des), 21, 
40, 159, 254,  256, 427  ;  —  Événement 
du  1?  juillet  1789,  313;  —  Journée 
du20juin  1792, 395;  — (Attaque  des), 
441;  — ^Siégedes),14;  — (Sacdes), 
37,  438;  voy.  Dix  août  et  Sainte-Fa- 
mille; —  (Chapelle  des),  267;  — 
(  Cour  des  ),  205  ;  —  (  Revues  dans  U 


»4 


PARIS.  ^  PÈRE. 


cour  des),  103,  963,  351.  ^  Jardin: 
Expériences  aérostatic^ues ,  335  ; 
Royal'AllemaDd  sabrant  le  peuple, 
855;  bassin;  419;  seàtinôlles,  471, 
Statues,  471. 
Paris.  (Vues  de),  269,351. 

—  Voyez  Académie  de  peinture,  Aga- 
memnon.  Assemblées,  Bouquinistes, 
Cangc,  Consul,  Convention,  Cours, 
Diligence,  Dix  Août,  Institut,  Jour- 
nées, Législature,  Lit  de  Justice, 
Louis  XVI ,  L^'Cée,  Marchands  d'es- 
tampes, Marie -Antoinette,  Modes, 
Neuf  Thermidor,  Paris,  Perruquen, 
Prêt,  Sociétés,  Tableaux,  Tribunal 
révolutionnaire,  etc. 

Parisiennes  (  les  ),  324,  490. 

—  (Bravoure  des  femmes),  175. 

—  (l«s  grâces),  490. 

Parizeau,  dess.  et  G.,  74,  249,  271. 
Parker  (Richard),  225. 

♦  Parme,  338. 

—  Voyez  Julien. 
Parmentier,  39. 
Parmesan  (le).  P.,  150. 

Parny  (  Évariste  ),  26, 39, 206,  330,  430, 
436,  460,  494. 

Parques  (les),  105. 

Parrains  (les  petits),  312. 

Parrhasius,  P.,  410. 

Parricide  (Supplice  du  premier  Athé- 
nien), 197. 

Partout,  nom  imaginaire  d*éditeurd*es- 
tampes,  402. 

*  Pas-de-Calais  (Département  du),  177. 
Pas  de  deux  (le),  489. 

—  de  trois  (le),  348. 
Pasquier,  37. 
Pasquier  (Etienne),  394. 
Passé  (le  Miroir  du),  488. 
Passion  (Coiffure  à  la),  464. 
Passions  (des)  sous  le  rapport  des  Beaux- 
Arts,  210. 

.Pastoret(M'"«),  81. 

Patas,  G  ,  71,  139,  172,  306,  308,  311, 

312,  310,  320,  337,  342. 
Patente  (les  artistes  soumis  à  la),  494. 
Paternel  (rAraour),  426. 
Paternelle  (la  Bénédiction),  185. 

—  (la  Malédiction),  510,  518. 
Paternels  Hes  plaisirs),  184. 
Pâtres,  173. 

Patrie(la),  213,  321,423. 

—  Sculpture,  46. 

—  (Amour  de  la),  426. 

—  (PAmour  de  la)  inspire  le  cou- 
raffe  51 

—  (Sacrifice  à  la),  188,  243. 


=1 


la)  saUsfaite,  M,  244. 


Patrie,  (la)  cottronoant  les  Vertus,  46. 

—  Voyez  Autel,  DévoùemenI,  Temps. 
Patriote  (une).  Voy.  Croitier  (Marie- 
Anne). 

—  (Femme),  464. 

—  Voyez  Polonais. 

Patriotisme  (le  vrai  et  le  faux),  123. 

—  (le)  armé,  409. 
Patrocle,  2i,  201.  , 
Patry,  imprimeur,  12. 

Paul  et  Virginie,  peinture,  39, 186. 

—  Sculpture,  35, 55,  56. 

—  Illustrations,  130,  206,  214,  230, 
233,  260,  314,  352. 

—  Romance,  382. 

Paul-Ëmile  (Triomphe  de),  11,  200. 

*  Pauliguen  (la  Baie  de),  268. 
Pauquet  (Jean-Louis-Charles),  G.,  47, 

172,  200,  319,  324,  33K-9,  362,  413. 
Pausanias  français.  Voy.  Chaussard. 
Pauvreté  (Quand  la)  entre  par  la  porte, 

TAmour  sort  par  la  fenêtre,  231. 
Pa\'ables  (les),  223. 

*  Pays-Bas  (Troubles  des),  445. 
Paysages,  11,  13,  25,  31,  137,  146-7. 
Paysan  (Bonnet  do),  395. 
Paysanne  (laj  pervertie,  323. 
Paysans  attablés,  179. 

Pécheux,  P.,  357. 
Pégase,  105. 
Peigne,  470. 

Peintre  (le)  tirant  le  diable  par  la  queue, 
125. 

—  (le)  vengé,  495. 
Peintre-Graveur  français  (le).  Voy.Ro- 

bert-Dumesnil  et  Baudicouri. 
Peintres  de  genre,  166-96. 

—  Graveurs,  132-48. 

—  d'histoire,  70. 

—  Voyez  Atelier,  Enseignes,  Paysages. 
Peinture  (Origine  de  la),  228. 

—  (la),  poème,  258. 

—  Voyez  Académie. 
Pelée '(M.),  94. 

Pèlerinage  au  patron  de  la  Liberté, 
40t. 

—  àSaint^Nicola8,401. 
Pélican  (le),  188,  399,  403. 
Pelin  (Mi^*),  danseuse,  135. 
Pelletier  (Bertrand),  350. 
Pénélope  et  Ulysse,  277. 
Penni  (Lucas),  P.,  304. 
Pensée  (la)  d'amour,  512. 
Péplum  antique,  465. 

Percier  (Charles),  A.,  32,  90, 220, 282, 

287,  301,  346. 
Perdrieau,  G.,  319. 
Père  (le  premier  devoir  d*un>,  242. 

—  (le)  de  famiUe,  448,  SP2, 508. 


t>*RB.  --  PILLEMENT. 


675 


Père  (le)  de  famille  panûylique,  4^, 
50ô,MI,  y21,5M,6te. 

—  y  oyez  Bible,  Paternel. 

Père  Duchesne  (lé),  jourfial,  382. 

Père  Éternel/ 131. 

Pérée  (Jacques^Louis),  Q .,  5^7,  4^ , 

298-y. 
Périchon  (CamiUe),  502. 
Périclès,  31. 

—  déceraant  les  prixd'encourageiR^Bt, 
128. 

Périé,  G.,  142. 
Périgaon,  expert,  77. 

—  (Louise),  61. 
Périssin,  G.,  445. 
Perlet  (Journal  de],  224. 
Pernier,  éditeur,  293. 
Péron  (M.  Alexis),  84. 

*  Perpignan. 

—  (Musée  de),  144. 
Perrié,  élève  de  David,  477. 
Perrin,  dessinât. ,  412. 

—  P.,  29. 

Perronet,  A.  et  ingénieuFt  62. 

Perrot,  G.,  210. 

Perruque  à  deux  marteaux,  484. 

—  (la)  blonde,  comédie,  471. 

—  Voyez  Coiffure. 

Perruques  de  toutes  couleurs  pour  les 
femmes,  471. 

—  blondes,   192,  475;   —  (Histoire 
secrète  de  toutes  les)  de  Paris,  471. 

—  grecques,  474. 

—  noires,  467. 

Perruquier  (le)  devenu  fournisseur, 

489. 
Persée,  roi  de  Macédoine,  200.* 
Personnages  célèbres  de  la  Révolution, 

365,  450. 
Péruvienne  (Lettres  d'une),  340. 
Peste  (Scène  de),  73,  88. 

—  (la)  d'Athènes,  164. 
Péters  (le  Père),  298. 

Pétion  (Jérôme),  123.  241 ,  243,  368, 

419,  483. 
Petit,  G.,  72,  73,191,  386. 

—  (Jacques-Louis  ou  Louis),  G.,  246- 
7,  311. 

—  (Jean-Robert),  G.,  247. 

—  (Simon),  G.  et  P.,  223,  247-8. 
Petit-Coupray,  P.,  11, 14,  4ji7. 
Petit-Maître,  464. 

—  (Lever  du),  312. 
Petitot,  P.  en  émail ,  204. 

Peuple  (le),  31,  87,197,  264,385,  392, 
398,409-11,426. 

—  Statue,  21,  34,  35,  410-1,  421, 427, 
436. 

^  (lêR«veiUu),413. 


Peuple  (Triomphe  du),  31, 90,  8Q. 

—  (la  Chiquenaude  di|),  411, 
Peuples  (Génies  des),  195. 
Peuplier  (le),  398,  420,  423. 

Peur  (N'^ez  pas),  ma  )^pne  apiie, 

214,  dl2. 
Peyron  (J.-F.-Pierre),  P.,  7,  9,11,  22, 

38,  108,  137-9,  236,  301,  302,  318, 

319. 

—  (M«),7. 
Peytavin,  P.,  27.  238. 
Phèdre  et  Hippolyte,  27,  29. 
Phélippeaux,  G.,  180,  334,  364,  468. 
Philidor,  musicien,  436. 

Philidort  (Paul),  prestidigitateur, 382. 

Philippe  II,  396. 

Philoctète,  819. 

Philosophes  (Assemblée  de),  53. 

Philosophie  (la),  50,  51, 105,  246, 407. 

—  Statue,  21. 

—  découvrant  la  Vérité,  51,  241. 

—  endormie,  509,  526. 

—  (le  Règne  de  la),  80. 

—  (Triomphe  de  la),  412. 

—  du  xvm*  siècle,  434; 

Phlipon  (M"«  Manon)  Voyez  M™*  Ro- 
land. 

PhrosineetMélidor,  102, 110,119,218. 

Phrygien  (Bonnet),  394,  395,  402. 

Physionomies  du  Jour  (les),  490. 

Physionotrace,  7,  8,  367-70,  449,  454, 
458. 

—  Vnvez  Bouchardy,  Chrétien  et  Qué- 
nedey. 

Physi4je(la),  327. 

Pic(Un),  298,  410. 

Picart,  auteur  dramatique,  264,  471. 

Pichegru  (le  général),  362,  492. 

Picot  (V.-M.).  G.,  414. 

Pidansat  de  Mairobert,  64. 

Pie  VI,  pape,  60,  181,  208.  383,442. 

—  caricatures,  482,  484,  492. 

Pie  VII,  pape;  peinture,  85,  142,  267. 

—  caricature.  492. 
Pied  de  nez  (le),  484. 

Pieds  (la  Comparaison  des  petits),  191. 

—  Voyez  Chaussure. 
♦  Piémont,  355. 

Pierre  (J.-B.-M.),  P.,  63,  70,  93,  354, 

—  imprimeur,  490. 
Pierres  gravées,  149,  375. 
Pierrot,  194. 

Pietas,  412. 

Pigalle  (Jean -Baptiste),  S.,  33,  45, 

502. 
Pigault-Lebrun,  370. 
Piis(de;,234. 

Pilâtre  au  Rosier,  aéronaute,  234* 
PUlement  (Jean),  D.,  420, 


576 


PILLET.  —  P0Ï3SSIN. 


Pillet  (Fabien),  357,  501,  502,  510, 

515,  519. 
Pinelli,dess.,  228. 

Pingre  (le  Père),  astronome,  392.    . 
Pipelet  (la  Citoyenne),  30. 

—  Voyez  Salm  (Constance  de). 
Pique  108,  189.  246,  334,  378,  379, 

392,  397-8,  401,  403,  410,  418. 
Piqué  blanc,  475. 
Pistolets  à  la  ceinture,  382. 
Pithoud  (M"«),  7. 
Pitié  (la),  412. 

—  (Poëme  de  la),  283,  288. 
Piton,  G.,  180. 

Pixérécourt  (Bibliothèque).  379. 
Placards,  69,  189,  198,  264,  265,  320, 
341 ,  373, 381 ,  382, 394, 464, 492, 493. 
Plaies  de  la  République  (les),  491. 
Plaisir  (le)  105, 111. 

—  (la  Réalité  du),  356. 

—  Voyez  Paternel. 
Plassan,  libraire,  56,  305. 
Plat  à  barbe  lillois  (le),  178. 
Platane  (le),  399. 

Platon,  309. 

Pl&tres  moulés  sur  nature,  451. 
Pleureuse  (la),  522,  525. 
Plier(Mieux  eût  valu)  que  rompre,  482. 
Plumes,  464.  473. 
Plumets,  464. 
Plutarque,  309. 

Poche,  servant  aux  femmes  de  vertu- 
galle,  464. 
Poésie  (ia),  426. 
Poëte(le),230. 

—  (le  Jeune),  193. 

Poignard  (les  Chevaliers  du),  223-4. 

Poignards,  396. 

Poilly,  G.,  287. 

Poinçot,  libraire,  162. 

Point,  dess.,  290. 

Pointillé  (Graveurs  au),  215^8. 

Poirier  (Dom  Germain),  38,  39,  41. 

Poirier  de  Dankerque,  avocat,  128-9, 

349. 
Poisson,  G.,  488. 

Poisson  (le)  des  jeunes  .filles,  350. 
Poitiers  (Diane  de),  304,  473. 

*  Poitou,  353. 
Police  (la),  383. 
Polichinelle,  171,492. 
Polisson  (le  Petit),  512. 
Politique  (la),  124. 
Politiques,  496. 

♦  Pologne,  287. 

—  (le  Partage  de  la),  341. 

—  Voyez  Lazowski  et  Stanislas. 
Polonais  (Portrait  d'un  patriote),  223. 
Polyeucte  (Rôle  de),  468. 


Polynice,  139,236. 

Polyscope  (le  Genseor).  Voyez  kmajory^ 

Duval. 
Polytypagc,  366,  381,  388. 
Pommereul  (le  général  ),  40,  42-3. 
Pompadour  (M-  de).  35, 149, 282, 324, 

356,  404,  500,  5Ô8. 

♦  Pompéi,  294. 
Pompon  tricolore,  142. 

Pompon  (M'^^),  regrettant  les  fédérés, 

464. 
Ponce  (Nicolas),  G.,  9,  127, 130,  16», 

172,  313,  316,  317,  319,  322,  326, 

330-2,  335,  407,  440, 449. 

—  (M™«),  G.,  295,  332. 
Ponce  Camus,  P.,  30. 
Poncelin(rabbé\494. 
Pont  d'amour  (le),  214. 
Popilius  (le  Cercle  de),  122. 
Porbus,  P.,  287. 
Porcelaine.  Voyez  Sèvres. 

Porcia  (la  princesse),   sœur  du  pape, 

492. 
Porporati,  G.,  134,  222,  523. 
Porte-drapeau  de  la  fête  civique,  192, 

218,  465. 
Portelance  (M.  de),  223. 
Portes  cochères  (les),  326. 
Porteur  d*eau,  148. 
Porthmann,  imp.,  277. 
Portraits,  30, 447-62,  524. 

—  (Peintres,  dessinateurs  et  graveurs 
de),  354-72. 

—  de  personnages  célèbres  de  la  Ré- 
volution, 365,  450.  Voyez  Assemblée, 
Bonneville,  Corps  législatif,  Deja- 
bin.  Galerie,  Généraux,  Graveurs, 
Vérité. 

—  historiques  (Collection  de),  473. 

—  inédits  d'artistes  français.  450. 

—  à  la  mode  (les),  333. 

—  (les  Deux),  conte,  495. 
Portier,  411. 

*  Portugal,  135. 
Postérité  (la),  426. 

Pot  au  lait  (le),  168,332. 
Potier,  libraire,  325. 
Potrelle,  G.,  85b 
Pottier(M.André),  213. 
Poudre  de  guerre,  42  i,  425,  437. 

—  de  cheveux,  184, 21 7, 288, 463. 464, 
466,  471,  473,  484. 

Pougens  (le  Chevalier  de), 370. 

Poule,  324. 

Poulet-Blalassis,  libraire,  332. 

Poupées,  318. 

Pourcelli,  P.,  14,  466. 

Poussez  ferme,  191. 

Poussin  (NicoU»),  P.  15«  56,  68,  72, 


à 


POUSSIN.  —  PYRRHUS. 


577 


ii9,  i38,  lao,  157,  209,  258,  468, 

512. 
Pradère,  pianfste,  456. 
Prairial,  129. 
Précaution  (la),  193. 
Précautions  (les),  312. 
Précieuses,  203,  496. 
Précis  historique  de  la  Révolution , 

313,401. 
Prédicateur  (le  Petit),  168,  169. 
Préfets,  162. 
Premier  prairial,  444. 
Prendre  (Ce  qui  est  bon  à),  est  bon  à 

garder,  174,  242. 
Présage  (J*en  accepte  Theureux),  312. 
Présent  (le),  172. 
PrésiUe  (Couronnement  du  coutelier), 

491. 
Présomption  (la),  123. 
Presse  (Libertés  de),  376. 
Prêt  sur  nantissement  (Maison  de),  222. 
Préteur  (le)  sur  gages,  240. 
Prétexte  (le),  186. 
Prôtre  aristocrate,  patriote,  272. 
Prétresse  compatissante.  134. 
Préville,  164,  250,  252. 
Prévost  (l'abbé),  316,  508,  514.  Voyez 

Lescaut  (Manon). 

—  (la  citoyenne),  382,  492. 

—  (le  citoyen),  382. 

—  G.,  453. 

Priape  (Offrande  à),  227. 
Prière  (la)  du  matin,  512. 

—  Oa)  ^  TAmour,  513. 
Prieur,  A.  et  dess.,  59. 

—  de  la  Marne,  député,  21,  81. 

—  (Jean-Louis),  G.,  58-60,  313,  346, 
440,446. 


—  (L.),  ciseleur,  58-9. 

—  (M"').  417. 


Primatice,  P.,  68. 

Primitifs  (Secte  des),  29,  477. 

Principes  de  dessin,  72,  73,  129,  210, 

233. 
Printemps,  426. 

—  (le  )  ou  les  Amants,  187. 

Pris  (Ils  l'ont),  il  faut  le  rendre,  207. 
Privilèges  (Abolition  des),  386,  426, 
Prix,  318. 

—  de  Rome,  17-8,  45, 128,  139,  200, 
336,  387. 

—  d*architectnre,  62. 

—  d'encouragement  de  Tan  IV,  101  ; 
de  Tan  VU,  67,  124,  270   363. 

—  décennaux,  114.  Voyez  Concours. 
Probité  (la),  49, 180,  272, 404. 
Procession   catholique  dans  la  cam- 
pagne, 32. 

Proculos  (Rôle  de),  468. 


Professions  ^Libertés  de),  376. 
Promenade  (la),  186. 

—  du  matin  et  du  soir,  268. 

—  (Homme  et  femme  à  la),  363. 

—  publique  (la),  184. 
Prony,  38. 

Prophète  (Étude  de),  137. 
Proportions  des  plus  belles  figures  de 

l'antiquité,  302. 
Propriété  littéraire  (loi  sur  la),  256. 
Prospérité,  388. 
Prot,  G..  50,  214. 
Protestants,  155, 298. 
Proue,  378. 
Provence  (Médaille  des  Communes  de), 

384. 

—  fie  comte  de).  Voyez  Monsieur. 

—  (la  comtesse  de),  355. 
Proverbes,  242. 

—  Voyez   Chaises ,   Ours  ,  Pauvreté , 
Plier,  Prendre. 

Prudence  (la),  376,  386. 

—  (Attributs  de  la).  209. 
Prud'homme,  59,  304,  3i8,  419,  422, 

442. 
Prud'hon  (Pierre),  P.,  2,  3,  11, 13, 17. 
20,  22,25,  32,  39,  43,  4i,  91-122, 
189,199,218,219,  220, 242, 270,280, 
284,299, 301 ,  352, 379, 383, 395, 397, 
402,403,  407,409, 413,414,430,433, 
450,  492. 

—  (M"»«),  92,  98, 102,  106,  110, 112, 

—  (Janot),  leur  premier  fils,  92. 

—  fils.  G.,  104, 120, 189, 190,  450. 
Pruneau,  G.,  239. 

•  Prusse,  288. 
Psaumes,  118. 

Psyché,  27,  56,  90,  98, 199,  270,  284, 
479. 

—  (les  Adieux  de),  360. 

—  enlevée  par  les  Zéphyrs,  113, 121. 

—  (les  Amours  dej,  90. 

—  abandonnée,  288. 

—  fustigée  par  les  Furies,  246. 

—  de  La  Fontaine,  314. 

—  Voyez  Amour. 
Ptolémée  Philadelphe,  300. 
Pucelle  (la),  158,  Ô97, 319,  341. 
Pudeur  (la),  277, 426. 

—  Statue,  2,  35,  404, 479. 
Puget  (Pierre),  S.  35. 
Pujos,  P.,  296. 

*  Pultava.  Voyez  Batailles. 
Putiphar  (la  Femme  de)  et  Joseph,  117. 
Pygmalion,  163,  310. 
Pyrame  et  Thisbé,  27. 

♦  Pyramides.  Voyez  Batailles. 

I*  Pyrénées-Orientales.  Voyez  Armées 
Pyrrhus  chez  Glaucias,  74. 


57& 


QUATRE  AOUT.  —  RÇGHAT. 


Quatre  août  iim  (^^it  du^  307. 
Quatremëre  de  Quincy  (  Antoine  X  2, 

23, 34, 48,  74,  75,  91,  07. 
Quatremère-Dijonval,  281. 
Quay  (Maurice),  élève  de  David,  477. 
Quéoard  (P.)^  littérateur,  365,  450. 
Quénedey  (Edme),  P.  en  miniaL  et  G., 

8,  367,  368-70,  454,  458. 
Quérard,  bibliog.,  257,  302,  352. 
Querculane  (Une),  363,  364. 
Querelles  (le  chevalier  de),  187. 
Querlon.  Voy.  Meunier. 
Queue  (Ul,  451,  466,  471. 
Queverdo  (François-Marie-Isidore),  G., 

86,  160,  246,  319-2-2,  329,  352,  353, 

356,  393,  402,  451,  455. 

—  (Adélaïde),  G.,  322. 

—  (Louifr-Yves),  G.,  322. 
Queylar,  P.,  28. 

Qui  est  là  ?  222. 

*  Quiberon.  Voy.  Batailles. 
QuiUes,  189,  253. 
Quinette,  281, 437. 

R 

R.  (la  citoyenne),  édit.  d^estampes,  244. 
lUbaud-Pommier,  368. 
Rabaut,  368,  400. 
Rabaut-Saintr-Étienne,  227,  275,  313, 

449. 
Rabbê,  153,  187. 
Rabelais,  293,  484. 

—  Voy.  Gargantua,  Pantagruel,  Songes. 
Rabelli ,  G.,  249. 
Raccommodement  (le),  222. 
Racine,  305,  313,  468, 494. 

—  Statue,  48. 

-^  édHion  Didot,  56, 90, 139,284, 285, 
290,  301,  306,  346. 

—  (Costume   des  personnages   de), 
468-Q. 

—  Voyez  Androi;naque,  Athalie,  Mitbri- 
date,  Monime,  Thébaide. 

Ragot,  G.,  496. 

Raison  (la),  50,  51, 137, 180,  266, 294, 
297,307,  321,399,404-6. 

—  Statue,  438. 

—  (les  Vingt-cinq  préceptes  de  la), 
2Ô5. 

—  (Triomphe  de  U),  412. 

—  Voyez  Fèies,  MontpelUeVi  Reims. 
Rallier,  433. 

*  Rambouillet  (Laiterie  de),  33. 
Rameau ,  conventionnel^  432. 
I^mey  le  pève.  S.,  17,  34, 35,  39, 93, 

410. 


Rampon,  chef  de  brigade,  141. 

Randon  de  Boisset  (M.),  507. 

Rang  (Égalités  de),  376. 

Ranson nette  (Pierre*Nicolas),  G.,  303- 
4,  420. 

Raphaël,  P.,  61,  93,  94,  95,97,137, 
139,  153,  157,  164,  236,  280,  288, 
300, 436,  468,  505. 

Rapilly,  marchand  d'estampes,  212. 

Rapport  sur  les  beaux-arts.  Voyez  Le- 
breton. 

*  Rastadt  (Assassinat  des  plénipoten- 
tiaires de),  67,248,  307. 

—  (Congrès  de),  286. 

—  Fôte  funéraire,  437. 

—  Voyez  Bon  nier,  Debry,  Roberjot. 
Ratisse  (Je  t'en),  292. 
Raton  (le  Triomphe  de),  172. 
Rauch,  ingénieur,  308. 
Raucourt  (M'»«},  234,  250,  293,  295, 

357,  454,  468,  490. 
Reboul  (H.),  409. 
Récamier  (M.),  banquier,  450. 

—  (M""),  25,  83,  358,  459-60  ,.476. 
Receveur  d'argent  (le),  168. 
Rechteren  (la  famille  de),  221. 
Récompenses  (les),  392. 

—  nationales,  334. 
'Reconnaissance  (la),  430,  432,  437. 

Récréation  (la)  après  le  diner,2i4. 

-  (la)  champêtre,  189. 
Redingotes  d'hommes,  478  ;  à  brande- 
bourgs, 151. 

—  à  la  Galathée,  475. 
Redouté  (P.-Joscph),  P.,  226. 
Redresseur  (le  petit)  de  quilles,  189, 

253. 
Réflexion  de  l'Amour  (la),  337. 
Réfractai re  amoureux  He),  483. 
Refrains  patriotiques,  -iOO. 
Régénération  (la),  392. 

—  de  la  Nation  française,  320, 408. 

—  (Fontaine  de  la),  221,  307,  421-2. 

—  Voyez  Fêtes. 

Régiments:  de  Chàteauvieux,  80,41&; 
de  Royal -Allemand,  255. 

Règle  (la),  404. 

Regnard  (Jean-François),  auteur  dra- 
matique, 221,  315,323. 

Regnauld,  G.,  169,243. 

Re^nault  (Jean-Baptiste),  P.,  9, 11, 13, 
23,  24,  25,  29,  31,  37,  39,  106, 119, 
1^5-8,  209,  242,  279,  285,  298,  332, 
334,  340,  414,  479. 

Regnault  de  la  Lande  (L.-F.),  45, 135, 
228,  259,  279,  326,  328,  340. 

Regnault  de  SaintJean-d^Angely  (M"^), 
27,  89. 

Regrat,  87. 


i 


REGRETS.  —  RIEUR. 


m 


Regrets  (les),  297. 

^  im^lit  (les),  179,  9Si. 

*  Reims,  20. 

—  (Artistes  nés  à),  247. 

—  Fête  de  la  Raison,  42^. 

—  Sacre  de  Louis  XVI,  311, 345. 
Reines  (les  Crimes  des),  348. 
Religieuse  reudue  à  la  sioci^té,  464. 

—  fouettée,  482. 

Religieuses  (Rapport  sur  les  idées), 

426. 
Religion,  190. 

—  (Triomphe  de  la),  464,  267. 

—  (la)  de  nos  pères  et  mères  pour  deax 
sous,  480,  492. 

—  naturelle,  432  ;  —  (Triomphe  de  la), 
412. 

—  civile,  432. 

—  révolutionnaire,  395,  415. 

—  Voyez  Culte. 
Religions  (Histoire  des),  310. 
Rembrandt  (Paul),  P.,  515,  524. 
Remords  (le),  124. 

Remplaçants  et'des  remplacés  (Arrivée 

et  départ  des),  489. 
Renaissance  (la),  33, 384, 394, 398, 400, 

404. 
Renard,  G.,  194. 
Renards  (Enfin  les)  ont  laissé  leurs 

queues,  492. 
Renaud  (M»-^)  l'aînée,  292. 
Rendez-vous  a  la  fontaine  (le),  350. 
René,  328. 

Renommée  (ta),  57,  87,  290. 
Renommées,  statues.  434. 
Renouard  (Antoine-Auguste),  éditeur, 

139,  305,  323,  367,  374,  388. 

—  (la  famille),  335. 

—  (la  veufe),  édit.,  40, 177, 507, 542. 
Rentier  (l'impayable)  de  l'État,  49ti. 

—  ruiné  (.Pauvre),  240. 
Repentir  (le),  98. 
Répétition  du  matin,  325. 
Réponse  embarrassante  (la),  234, 
Représentant  en  costume,  355,  478é 

—  aux  armées,  469. 

—  en  mission,  461,  349. 

—  répandant  des  fleurs  sur  le  tombeau 
de  sa  première  épouse,  362. 

République  (la),  49, 185, 198, 203,  241, 
249,  246,  272,  327,  392,  403,404, 
426,  431. 

—  Sculpture^  33,  48, 80. 

—  (Génie  de  la),  324,  377. 

—  (Établissement  de  la),  426,  430w 

—  (le Triomphe  de la),42, 252,293,303. 

—  (Vive  la),  342. 

—  Voyez  Plaies,  Commandements, 
Sceaux* 


République  Romaine  (Histoire  de.  la)« 

—  Batave,  406. 

—  Cisalpine,  429. 

—  (Proclamation  de  la)  à  Raniè,  JOÎ, 
Réquisition  (la  première),  4S5i 
Réquisitionnaires   réfractaîreà,    itÙ^ 

483,  485.  .  * 

Resavelles  (Compagnie  de),  270. 
Résistance  (la  douce),  491. 
Restauration  des  tableaux,  38,  391, 446. 
Restent,  P.,  522. 

—  lefils,P.,41,  42,  45,236. 
Résumé  de  tout  (le),  480. 

Rétif  de  la  Bretonne,  39,  245,  344-2, 
323-5,  339,  345. 

Retour  (le),  205. 

Rôve  (un),  464^. 

Revenant  (le),  267. 

Revil  (Cabinet),  435. 

Révolte  des  Français  (  Histoire  des  ca- 
ricatures de  la),  482, 485. 

Révolution  française,  426. 

—  (Tableau  de  la)   128-9. 

—  (Époques  de  la),  425. 
Révolution  de  18^48,  199. 
Révolutions  de  France  et  d&  Brabant^ 

482. 

—  de  Paris.  Voyez  Pradhorame. 
Revue  de  Paris,  509,511. 

—  des  Deux  Mondes,  92. 

—  Encyclopédique,  149l 

—  Rétrospective,  256. 

—  Universelle  des  Arts,  8»  443^^  i79k 
238,  360,  501,  503. 

Revues  de  troupes,  434. 
Reyre,  358. 

•  Rhin  (le),  26. 

—  (Passage  du)  par  Morcau,  38T» 

—  Voyez  Armées. 
Ribault(J.-F.),G.,208. 
Ricci  (Sebastiano),  p.,  468. 

*  Riceys-Ie-Haut  (Aube),  368. 
Richard  (M.  Paulin),  de  la  Bibliothèque 

impériale,  368. 
Richard  Coeur  de  lion,  opérap<0miqu«, 

261. 
Richardson,  romancier,  508. 
Riche  (la  porte  d'un),  186. 

—  (le)  du  jour,  240. 
Richelieu  (le  cardinal),  496. 
Richer,  G.,  496.  ♦ 
Richesse  (la),  10&,  234. 
Richesses  (Mépris  des),  442. 
Richter  (Prançois^Xavier),  285* 
Ridé,  G.,  479,468. 

Ridicules,  petits  sacs  de  femmes^  It4. 
Ridicules  du  jour  (les),  38!iN9, 
Rieur  (un),  358; 


t 


580 


RIGAL.  —ROSE. 


Rigal  (Catalogue),  154,  160, 174,  524. 

•  Rigny  (Franche-€omté),  102. 

Riouffe,  454. 

Rïoult,  P.,  119. 

Ris  (les),  414. 

Rivale  désabusée  (la),  230. 

Rivalz,.P.,  142. 

Robe,  476,  479. 

—  en  amazone,  466. 

—  en  chemise,  183, 463,  465. 

—  à  la  Cyprienne,  191. 

—  décolletée,  474,  496. 

—  à  la  Diane,  475. 

—  froncée  en  rideau,  465. 
•—  à  la  grecque,  193. 

—  de  linon,  464,  474. 

—  longue,  464,  471-2.  . 

—  à  la  Minerve,  245. 

—  de  mousseline,  475. 

—  à  pèlerine,  370. 

—  rayée,  464. 

—  de  taffetas,  178. 

—  en  tulle,  476. 

—  en  Vestale,  464. 

—  virile,  465. 

Robeijot,  Tun  des  plénipotentiaires  de 

Rastadt,  437. 
Robert,  aéronaute,  254,  335,  345. 
Robert  (Hubert),  P.,  64,  206,  250, 257, 

281. 
Robert  (Rôle  et  costume  de),  chef  de 

brigands,  478. 

Robert-Dumesnil,  135,  224. 

Robert-Lefebvre,  P.,  H,  13,  127,  300, 
340. 

Robespierre,  14,  19,  21,  81,  123, 156, 
225, 226, 240, 241,  243, 273, 310, 358, 
359, 360, 405, 424, 425, 426, 429, 444, 
445,  452,  466,  486,  487,  488. 

—  (la  citoyenne),  368. 

Robillard-Péronville,  277,  315. 

Rocher,  264. 

Rocheux,  395. 

Roger  (Barthélémy),  G.,  103, 104, 106, 

120, 194, 199,  219-21,  366,  402. 
Roi  de  la  première  race,  69. 
Rois  (les),  478,  484. 

—  (les  Crimes  des),  273, 348. 

—  (Costume  des),  478. 

—  (Génie»des),  195. 

Roland  (Jean-Marie), ministre,  37, 244, 
335,  466. 

—  (M"»*J,  156,  330,  365,  405,  454-5, 
465  518 

Roland,  S.,*  33,75, 177,411. 
Roland  furieux,  332. 
RoUet  (la  citoyenne),  C,  243-4. 
Romain  (Génie  du  peuple),  410. 


Romaine  C Histoire)  en  vignettes,  337, 
339. 

Romaines  (Dames)  apportant  au  Sénat 
leurs  bijoux  pour  la  rançon  des  Gau- 
lois 251 . 

Romains,  394,  396,  398,  399,  400, 460, 
469.  Voyez  Empereurs,  République. 

Romances,  188,  382,  465. 

Romanet,  G.,  312,  310. 

*  Rome,  20,  35,  54,  61,  62,  70,  97, 126, 
130,  132,  133,  138,  142,  148,  236, 
239,  '260,  266,  400, 448. 

—  (Académie  de  France  à),  11,  16,  24, 
40,  63,  85,  95, 96, 122, 128, 140, 142, 
213,  337,  507;  —  (Caricatures  des 
pensionnaires  de  T),  75.  Voyez  Prix 
de  Rome. 

—  Académie  de  Saint-Luc,  142. 

—  Académie  des  Arcades,  264. 

—  Arc  de  Titus,  398. 

—  fArtistes  nés  à),  88. 

—  Carnaval,  63. 

—  Colysée,  257. 

—  (Cour  de),  293,  492. 

—  Farnésine,  94, 120. 

—  Mascarade  d*artistes,  63. 

—  (Mesdames  à),  482. 

—  Mont  Aventin,  400. 

—  Musées  Chiaramoutl  et  Pie-Glémen- 
tin,  394. 

—  (Monuments  antiques  et  Fabriques 
de),  08. 

—  Palais  Barberini  et  Farnèse,  94. 

—  Procession  pour  les  Indulgences,  63. 

—  Promotion  au  doctorat,  63. 

—  République  Romaine  (Proclamation 
de  la),  202. 

—  Séjour  de  Prud*hon,  93-8^  de Greuze, 
504. 

—  Temple  de  la  Liberté,  400. 

—  Vatican,  164;  (Loges  du),  2t55. 

—  Villas:  Albani,  216,  221  ;  Kégroni, 
394. 

—  (zîtellede),  471. 

—  Voyez  Papes. 

Rome  (le  roi  de),  114, 121, 322. 
Rome  de  Usle  (J.-B.-L.  de),  135. 
Romme,  conventionnel,  11,  34,  38,79, 
398. 

—  son  rapport  sur  le  Calendrier,  392, 
394,  399. 

Romney,  S.  anglais,  237. 
Rosalba  (la).  P.,  204. 
*  Rosbach.  Voy.  Batailles. 
Rose  (la),  182. 

—  défendue  (la),  239. 

—  mal  défendue  (la),  184. 

—  (le  SacriHce  de  là),  168, 172. 

—  Voyez  Bouton,  Couleurs, 


ROSÉE.  —  SAIiNT  JACQUES. 


5&1 


Rosée  (la),  175. 

Rosemont  (M"«),  P.  en  miniat.,  360. 

Roses,  423,  426,  427,  464. 

—  (Couronne  de),  404. 

—  (rÉplucheuse  de),  356. 
Roslin,  P.,  511. 
Rossignol  (le),  231. 
Rothscliild  (M.  de),  105. 
Roubillac,  G.,  73. 
Roucher,  316.  Voy.  Mois. 

*  Rouen,  292,  510. 

—  Académie,  65. 

—  (Artistes  nés  à),  65,  70,  291,  335, 
341. 

—  (Bibliothèque  de],  418. 
Rouget  de  Lisle,  430. 
Rouleau,  406. 

Roulette  (la),  350. 

Rousseau  (Jean- Jacques),  20,  71,  100, 

159,  221,  316,  406,  433,  453,  454, 

508,  514. 

—  (Portraits  de),  67,  144,  164,  252, 
261,  265,  272,  320,  332,  344,  369, 
376,  460. 

—  (Statue  de),  21,  33,  34,  35,  48,  58, 
429. 

—  (Buste  de),  19,  334,  433. 

—  (Médaille  de),  387. 

—  porté  au  Panthéon,  244,  346,  429. 

—  son  sarcophage,  64. 

—  son  tombeau,  273,  316,  335,  459. 

—  aux  Champs-Elysées,  309. 

—  (Aux  mânes  de),  307. 

—  Vignettes  pour  ses  œuvres,  99-100, 
162,  305,  313,  319,  332. 

—  son  Pygmalion,  310. 

—  Voyez  Devin,  Emile,  Ermenonville, 
Fêtes,  Julie,  Levasseur,  Nouvelle 
Héloîse,  Warens. 

Roy,  G.,  120,  189, 194,  195. 
Royauté  (la),  484. 

—  (Abolition  de  la),  426. 
Rubans,  464,  471.  472. 
Rubons(P.-P.),P.,  209.347,  515,517, 

518. 
Ruche  d'abeilles,  185,  324,  399. 
Ruelle  (la),  292. 
Ruelles  (Héroïnes  des),  496. 
Ruffey  (Sophie),  240. 
Ruggieri  (Claude),  artificier,  438. 
Ruotte  (Louis-Charles),  G.,  49,  72, 130, 

181,  196,  213,  232-4,  318,  402. 
Ruse  d'amour  (la),  222. 
Russie.  16,  125,308,484. 

—  (Histoire  de),  302. 

—  Sujets  russes,  342. 


S.  (Catalogue  de  M.  de),  322. 
Sabines  (les),  29,  82-3,  85,  206,  290, 

291,  303,  460,  479. 
Sabins,  460. 

Sabinus.  Voyez  Éponine. 
Sablet  (Jacob)  le  jeune,  P.  11, 15,  22, 

25,  39,  147-8,  218,  252. 

*  Sablons.  (Plaine  des),  65,  162,  181, 
351. 

Sabots,  192,  465. 

—  chinois,  326, 463. 
Sabre,  244. 

—  de  Billaud-Varennes,  397. 
Sacre  de  Louis  XVI.  Voyez  Reims. 

—  ëe  Napoléon.  Voyez  Paris,  Notre- 
Dame. 

Sacrements  (les  Sept),  4  57,  512. 
Sacrifices  antiques,  195.- 
Sacy  (Sylvestre  de),  39. 

—  trad.  de  la  Bible,  317. 
Sade  (le  marquis  de),  269. 
Sages  (les  Quatre),  376. 

Saçesse  (la),  47,  51,  87, 108, 111, 112, 

—  et  la  Vérité  descendant  sur  la  terre, 
104. 

—  (Triomphe  de  la),  80. 
Saint  (Catalogue  de),  155. 
Saint-Aubin,  G.  et  dess.,  173, 195, 196, 

202,  206,  241,  285,  308,  331,  338, 
342,  347,  364,  408,  524. 

—  (Augustin  de).  G.,  254,  255,  282, 
333-5. 

—  fGabriei  de),  dess.  et  G.,  303. 

—  (la  cit.),  actrice,  30,  362. 

—  (M-),  284,  333. 

*  Saint-Bernard  (Mont),  48. 

—  (Passage  du)  147,  357. 

*  Saint-Cloud  (Ch&teau  de)  :  Salle  des 
Gardes,  104;  —  (Séance  des  Cinq- 
Cents  à),  267;  —  (Orangerie  de), 
269,  44o.  —  Voyez  Dix-huit  bru- 
maire. 

—  (les  Trois  sœurs  au  Parc  de),  266. 

—  (Route  de),  203. 

*  Saint-Denis.  Vovez  Franciade. 

*  Saint-Étienne  (Artistes  nés  à),  384, 
387. 

•—  (Ateliers  d'armes  de),  384,  387. 

*  Saint-Étienne  de  Walbrook  (Angle- 
terre), 405. 

*  Saint-Germain-en-Laye  (Artistes  nés 
à),  371. 

Saint-Huberti  (M"«),  164. 
Saint-Hurugue,  152,  358. 
Saint^Igny,  G.,  496. 
Saint  Jacques,  501. 


«83 


SAINT  JEAN.  —  SAL2B0URG. 


Saint  Jean,  280,  Ï97. 
Saint  Jérôme,  134. 
— -  (Communion  de)^  288. 
Saint-Jorre,  libraire,  365,  450, 
Saint  Joseph,  200. 
Saint-Just,  81,  123,  307,  365,  487. 
Saini-Umbert,  30,  56,  340. 
'^  Voyez  Saisons. 
Saint^Louis  (Ordre  de),  320. 
'Saint  Luc,  493. 
•  Saint-Maur  (Seine),  60. 
Saint-Mesmin  (M.  de),  94. 
Saint  Michel  (VArchange),  288. 
Saint-Morys.  Voyez  Vialart. 
Saint  Nicolas,  401. 
.  Saint-Non  (l'abbé  de),  G.,  60, 63, 149, 

151,  154, 168,  109,  208,  249. 
Saint  Pastour,  307. 
Saint-Père  (M.),  94. 
Saint-Pierre.  Voyez  Bernardin. 
Saint- Priest  (la  Vicomtesse  de),  370. 
Saint  Rnch^  490. 
Saint-Simon  (le  duc  de),  204. 

—  (le  marquis  Henri  de),  369,  377. 

—  (M"»«  de),  fille  du  marquis,  369. 
Saint  Thomas,  490. 

Saintr-Val,  G.,  188. 
Sainte  Famille,  139. 

—  des  Tuileries  (la),  485. 
Saintes,  152. 

Sainte  Marie  Égyptienne ,  506,  520, 

526. 
Sainte,  393. 
'  —  V03  ez  Paris. 
Saisons  (les),  431. 

—  (Iconologie  des),  393. 

—  (Poômes  des),  105   350. 
Saladin  (le  SulUn),  217. 
Salai  no  (Andréa),  P.,  258. 

Salle  (M"«  Marie),  la  danseuse,  247. 
Sallier,  éd.,  293. 
Salluste,  139. 

Salm  (M"»«  Constance  de),  221,  430. 
Voyez  Pipelet. 

—  (la  princesse  de),  369. 
Salomon  (Jugement  de),  207. 
Salomon  (le  chef  do  bataillon),  87. 
Salon  (Amusement  du),  404. 

Salons  de  peinture  :  de  1699,  393;  — 
de  1755,  502,  503;  —de  1757,  505, 
524;  —  de  1759  à  1765,  509  ;  —  de 
1761,  509,  515;—  de  1763,  506,  509, 
511;  —  de  1765, 166,  509,  510,  515, 
525;  _  de   1767,  167,  525;—  de 

•  1769,  512,  515;  —  de  1775,  306;  — 
de  1781,182;  —  de  1783,  239;  —  de 
1785,  239*;  —  de  1786,  182;  —  de 
1787,138,  239. 

—  de  1789,  74, 85, 279, 354,  356,  359. 


Salons  de  peinture  :  de  1791, 9-11, 19,58, 
67,  74, 76.  77, 98, 126, 127, 138, 146, 
147, 169, 195, 200, 210, 277, 279, 332, 
354, 355,357, 358,  359,  360, 384, 452. 

—  de  1793,  12-4,  52,  5«,  59,  67,  84, 
98,  122,  127,  131,  137,  172  180, 
188,  190,  197,  200,  21.3,  222,232, 
243,  244,  246,  251,  255,  256,  258, 
277,  292,  296,  318,  332,  333,  336, 
3i6,  358,  359,  368.  434,  452.  465. 

—  de  ran  II,  33,  34,  54,  55,  60,  70, 

137,  138,  144,  145,  204.  205,  206, 

440,  441,  456. 

_  de  l'an  IV,  33,52,  55, 60, 64,  70,  73, 
74,  102,  122,  126,  128,  130,  131, 
133,  138,  150,  154,  159,  179,  190, 
200,  201,  204,  205,  209,  218,  233, 
246,  247,  252,  253,  277,  337,  352, 
354,  355,  358,  359,  361,  362,  368, 
411,  450. 

—  de  l'an  FV  et  de  l'an  V,  22-27, 197. 

—  de  l'an  Y,  60,  71,  73,  102,  112,  124, 

138,  150,  164,  192,  194,  197,  222, 
233,  236,  247,  2tV0,  271,  284,  2><8, 
202,  332,  337,  358,  361 ,  363,  368, 
411,  413,  456,  458,  489. 

_  de  l'an  VI  à  l'an  X,  27-32,  57,  210. 

—  de  l'an  YI,  74,  90,  H)2,  128,  130, 
163,  164,  188,  103,  194,  199,  204, 
213,  218,  236,  237,  257,  279,  285, 
289,  290,  302,  318,  336,  358,  359, 
363,  366,  386.  387,  480. 

__  de  Tan  VII,  86,  90,  104,  124,  138, 
159,  171,  181,  193,  194,  236,  237, 
238,  251,  257,  281,  285,  289,  21K>, 
291»,  300,  332,  343,  356,  358,  363, 
368,  480,  405-6. 

—  de  l'an  VIII,  60,  86,  90,  124,  173, 
188,  205,  213,  222,  237,  239,  252, 
270,  281 ,  289,  290,  304,  337,  350, 
363,  520. 

—  de  l'an  IX,  60, 106,  144,  173,  201, 
213,  237-8,  257,  269,  270,  300,  358, 
302,  387,  520. 

—  de  l'an  X,  71,  112,  124,  131,  147, 
174,  210,  238,  282,  299,  303,  344. 
361,  387,  4M). 

—  de  l'ail  XI,  106,  209. 

—  de  l'an  XII,  52,  r.5,  112,  145,  155, 
171,  192,  195,  204,  205,  2ol,  282, 
285,  3rO,  318,  328,  332,  333,  337, 
343,  344,  355,  356,  361,  306,  4^4, 

441,  520. 

—  de  1806,  66,  171,  302,  337,  3-40;  — 
de  1808,  114;  —  de  1810,  285;  — 
de  1812,  113;—  de  1817,  117;  — 
de  1819,  117. 

Salpêtre  (Fête  du),  424-5. 
Salzbourg  (le  peintre  de),  242,  413. 


J 


SAMBAT.  —  SIGNI. 


5S3 


Sambat,  P.,  237. 

*  Sanibre-etr-Meuse.  Voyez  Armées. 
Samson,  64. 

^  le  bourreau,  155,  487. 
Sandoz,  dess.  et  G.,  275,  364. 
Sans -Culotte  (le  Thermomètre  du), 
122-3. 

—  (Costume de),  465,  466,  469. 

—  (Jolie)  du  10  août,  406. 
Sans-Culottes  (les),  14,  68,  129,  191, 

321,  376,  377,  382,  420,  422,  445, 
466,  470.  471,  488. 

Sans-culottides,  jours  complémentai- 
res, 392. 

Santé.  Voyez  Hygie. 

Sapho,  pemture,  28,  210. 

—  Statue,  35. 
Sarrasin  (Jacques),  S.  35. 
Sarto  (André  del).  P.,  164. 
Satin,  183, 192. 
Saturnales  (Fêtes),  394. 
Satyres,  168. 

Saules,  423. 

Sauvage,  dess.,  234,  402,  403,  408. 

—  (Piat-Joseph),  P.,  Il,  22,  195-6, 
217,251,397. 

—  (Charles,  Joseph  et  Antoine),  dess., 
Voy.  Lemire. 

Sauvetage  de  femmes  noyées,  87. 

*  Savoie.  Voy.  Fêtes. 
Savoyards  (Sujets),  342. 

—  (les  petits),  231. 

—  Voyez  Marmotte. 
Saxe  (Maurice  de),  390. 

—  (le  maréchal  de),  345- 
Scassi  (Onuphre),  236. 

Sceaux  de  la  République,  386, 393,  397, 

401-2. 
Sceptre,  321,  399. 
Scévola,  245,  376. 
Schalle,  Schall  ou  Challe,  P.,  13,  231, 

24  \  243,  253,  269,  292,  342,  346, 

362  363. 
Schenker,  G.,201,  203. 
Schiavonetti,  G.,  443. 
Schoën  (Martin),  G.,  152. 
Science  (la)  observant  la  nature,  133. 

—  (la)  du  jour,  489. 

Sciences  et  les  Arts  (les),  81, 124,  398- 

9,  426. 
Scipion  TAfricain,  statue,  35. 
Sculpture,  32-6. 

—  (Graveurs  de)  et  d'architecture, 
45-69. 

Secret  dévoilé  (le),  248. 

Sedaine,  39,  292,  452. 

Séduction  (la),  29. 

Ségur  (Louis-Philippe),  206. 

Seigneur  (le),  chez  son  fermier,  31  i. 


*  Seine  (Nymphe  de  la),  430. 

—  (Département  de  la),  2â0,  à27. 

—  (Préfecture  de  la),  430. 

*  Seine-Inférieure  (Département  de  1&) 

220. 

—  (Préfecture  de  la),  431. 
Seize  Octobre^  307, 
Sellèque,  littérateur,  473. 

Semelle  (Chaussure  réduite  à  une) 

472. 
Sémiramis,  457. 
Senave,  P.,  242. 
Sénèque  (Mort  de),  139, 

*  Senlis,  373. 
Sensibilité,  412. 

—  Sculpture,  35,  55,  412. 
Sensitive  (la),  sculpture,  56. 
Sentinelle  vigilante  (la),  214. 

—  çn  défaut  (la),  222. 
Sept  (Nous  sommes),  351. 
Septime-Sévère  à  son  lit  de  moft,51^. 
Sérail  (Gouverneur  du)  choisissant  des 

femmes,  341. 

—  (le)  en  boutique,  181,  489. 
Serangeli,P.,  13,  25,227. 
Sergell,S.,  209. 
Sergent-Marceau  (A-F.),  dess.  et  G., 

14,  15,  123,  241,  254-8,  262»  333, 
334,  417,  4l9,  440,  448,  465,  468, 
481. 

Sergent  recruteur,  485. 

Serin  (la  perte  du),  522. 

Serment  du  Jeu  de  Paume.  Voyez  Ver- 
sailles. 

—  des  Nobles,  53. 

—  civique,  437.  Voyez  Fête  de  la  Fédé- 
ration. 

—  (le)  d'amour,  168. 

—  Voyez  Conjugal. 

Serpents,  11,  180,  239,  280,  327,  385, 

399,  411,  494. 
Servius  Tullius,  51. 
Séthos,  311. 
Sévigné  (M™*  de),  253. 
Sèvres  (Manufacture  de),  140,  205. 

—  (Milice  bourgeoise  de),  173. 
Sevreuses  (Jesj,  511. 
Siamoise  (Déshabillé  de),  514. 
!>icard,  dess.,  292. 

Sicardi,  P.,  Il,  25,  19S-5,  217,  221, 
243,  330,  402. 

♦Sicile,  63,  65,  72,228. 

Sicot-Legrand,  P.,  292. 

Siècles  (les  trois)  de  la  peinture  en 
France,  167,  515. 

Siège  des  Français  (le)  contre  la  Bas- 
tille, 346. 

Sieyès  (Fabbé),  365,  437. 

Signi ,  dess.,  320. 


584 


SILENCE.  —  SUÈDE. 


Silence  (le),  tète  d'étude,  358. 
Sillery  (M»'«  de).  Voyez  Genlis. 
Silvestre  (M.),  P.,  502,  503. 

—  (M.  Théophile),  314. 
Siinon,G.,  202,340,  427. 

—  (J.-P.)i  G.,  205,  244-5,  281. 
Simonet(J.-B.),  G.,  172,  311,  312,  315, 

317,  341. 
SimoDs  (M.  Jean),  père,  160,  495.  Voy. 
Candeille. 

—  TM.  Michel),  fils,  159,  495. 

—  (la  citoyenne  Michel).  Voy.  Lange. 
Simplicité  (la  fausse),  427. 

*  Sinai  (le),  411,  434. 
Sisco,  G.,  102. 
Sloane,  G.,  444. 
Slodtz,  S.,  48. 
Sobry,  433. 

Société  française  (Histoire  de  la).  Voy. 

Goncourt. 
Société  humaine  (Époques  de  la),  425. 
Sociétés  :  des  Amis  de  la  Constitution, 

448. 

—  des  Amis  des  Arts,  9,  55,  99,  171, 
172,  300. 

—  des  Bibliophiles  (Mélanges  de  la),  93. 

—  d'encouragement  pour  l'industrie 
nationale,  àSl. 

—  des  Enfants  d'Apollon,  45,  65,  280, 
308. 

—  libre  du  Musée  de  Paris,  8. 

—  populaire  et  républicaine  des  Arts, 
15-6,  20,  34, 48,  53,  79,  88,  99, 140, 
191 ,  203-4,  256,  279,  282,  452,  467  ; 

—  (Journal  de  la),  15,  18,  20,  21, 
34,  46,  79,  89,  100,  184,  191,  235, 
256,  424,  425, 467. 

—  des  Artistes  républicains,  424. 

—  populaires,  321,  327,  394,  399,  451. 

—  Typographique,  312. 

Socrate,  7,  9,  10,  11,  30,  76,  309,433. 

—  et  Alcibiade,  126, 139,  318. 

—  (la  Mort  de),  82,  «5,  138,  289,  291. 

*  Soho,  près  Birmingham,  387. 
Soir  (A  ce),  186. 

Soirée  du  30  juin  1789,441. 

Soldat  blessé,  236. 

Soldats,  336. 

Soleil,  404,  407. 

Solimène,  P.,  166. 

Solitude  (la),  193,  240. 

Selon,  376. 

Sombreuil  (M"'),  206. 

Sommariva  (M.  de),  113. 

•Somme  (Département  de  la),  177. 

Sommeil  (Statue  du),  423. 

—  agréable  (le),  423. 
Somnambule  (la),  190. 
Songes  drolatiques,  293. 


Sonnette  (la),  188. 
Sorcière  (la),  361. 
Sorel  (Agnès),  303,  304. 
Sot  (le),  reste  du  Fou  du  Moyen-Age, 
419. 

—  (Ah!  qu'il  est),  191. 
Sots  (la  Marque  des),  482. 
Soulavie,  82,  298. 
Souliers,  323,  502. 

—  à  boucle,  463. 

—  à  cordons,  466. 

—  à  talons,  463,  485. 

—  découverts,  463. 

—  en  cothurne,  474. 
Souper  (le),  174. 

—  fin  (le),  312. 

Sources  (les)  de  la  vie  et  du  bonheur, 

134. 
Sous  de  l'an  II,  399. 
-:  de  1792  et  1793,  395. 
— ^  (Pièces  de  quinze),  375. 
Sous-Préfets,  162. 
Souvenirs  (le  Temple  des),  380. 
Souveraineté,  statue,  436. 
Souza  (M"*  de),  26. 

*  Sparte.  Voyez  Agis,  Laoédémoniens. 
Spartiates  (jeunes  filles),  sculpture,  35. 

—  (Sujets),  70. 

Spectacle  historique  (le),  317. 
Spencer,  207,  475. 

—  (Costume  à  la),  245. 

—  Voyez  Chapeaux. 
Sphinx,  311,  383. 
Staél  (le  baron  de),  453. 

—  (M-*  de),  26,  369,370,453-4,  4^5, 

Staînville  (M.  et  M™«  de),  504. 
Stanislas  Auguste,  roi  de  Pologne,  287. 
Statues  antiques,  435-6, 464. 

—  de  femmes,  248. 

—  Voyez  Proportions. 
Stèle  (une),  403. 
Stellina.  Voy.  Edouard. 
Stéréotypie,  388-9. 

Sterne  (Lawrence),  319,  515. 

*  Stockholm,  61. 

—  (Opéra  de),  61. 

Stockmeyer,  bourgeois  de  Colmar,  286. 
Stoïcisme  (le),  426. 
Stouf,  S,  15,33,55. 
Strack  (H.),  G.,  486. 

*  Strasbourg,  285-6. 

—  (Artistes  nés  à),  285,  366. 

—  (Cathédrale  de),  285. 

—  (Musée  de),  28o. 

Stratonico  et  son  peintre,  conie,  495. 

Stuc,  268. 

Stylet  pour  écrire,  399. 

*  Suède,  287,  369. 


SUFFREN.  —  THIBAUT. 


585 


Suffren  (le  bailli  de),  133,  234,  258, 
384. 

*  Suisse,  26,  70,  257, 326. 

—  (Costumes),  257. 

—  Voyez  B&le,  Berne,  la  Chaux -de - 
Fonds,  Zurich. 

Sujets,  391-496. 

—  mémorables  de  France,  154. 
Superstition  (la),  412. 

—  (Dépouilles  de  la),  442. 
Surcot  gothique,  465. 
Suvée,  P.,  11,  13,  22,  24,41. 

—  (M—),  7,  39. 

Suzanne  (Jugement  de  la  chaste),  88. 
Suzanne  (Rôle  de),  164,  250, 468. 
Suzanne,  S.,  34,  408,  410. 
Swebach  des  Fontaines,  11,  13,  22, 
145-6, 158,  264,  268,  269,  417,  440. 
Sylla,  29. 
Symbolisme  révolutionnaire,  50. 

*  Syrie,  61. 

T 

T.  (L..C.),  G.,  359. 
Tabatières  (Dessins  de),  250. 
Tableau  de  Paris,  325. 

—  magique  (le),  297. 
Tableaux  de  la  vie,  311-2. 

—  mis  en  action,  422,  520. 

—  gravés  de  la  Révolution  française, 
44U. 

—  historiques  de  la  Révolution  fran- 
çaise, 8,  58, 145,  155, 198,  262, 340, 
345,  439,  440, 445. 

Tablettes  sentimentales  (les),  352. 
Taillasson,  P.,  11,13, 22,  212, 246, 513, 

516. 
Talamona,  dess.,  64. 
Talleyrand  (M.  de),  229,  359,  483. 
Tallien,  265. 

—  (M™*),  25,  229,  370,  458, 475-6. 
Talma,l7,162,  468. 

Tambour  national  (le),  250. 
Tancrède  et  Herminie,  137. 
Tarare,  opéra,  468. 
Taraval,  P.,  259. 
Tard  (Il  est  trop),  254,  255. 
Tardieu,  G.,  200,  29!),  308,  363,  367, 
386  440  461. 

—  (Alexandre),'G.,  206,  287-9,  478. 

—  (Jacques-Nicolas),  G.,  287. 
Target,  483. 

Tartuffe,  283. 

Taschereau  (M.).  Voyez  Revue. 

Tassaert  fJ.^.  François),  G.,  51, 172, 

176,  210,  224  6, 443,  451,  455, 465. 
Taunay,  P.,  11,  13,  22,  31,  39,  147, 

269. 
Tavenard,  G.,  484. 


Télégraphe  (le),  40». 

—  (le)  d'amour,  253. 
Télémaque,  315,  321,  342,  347,  508.  , 
Tell  (Guillaume),  23,  74,  81,  130. 
Temple  de  Gnide  (le),  139. 

—  de  la  Liberté,  59. 

—  Voyez  Commerce,  Concorde,  Déca- 
daires, Égalité,  Ég>'ptién,  Paris,  Rai- 
son, Rome,  Souvenirs,  Victoire. 

Temple  funéraire,  62. 
Temps  (le)  écartant  les  nuages  de  Ti- 
gnorance,  240, 

—  (le)  et  Minerve  accordant  l'immor- 
talité à  ceux  qui  ont  bien  mérité  de 
la  Patrie,  138. 

—  (Il  n'est  plus),  284. 
Tenais  (Ah!  si  je  te),  292. 
Teniers  (David),  P.,  515. 
Tenint  (Wilhelm),  405. 
Term.i,  338. 

—  rjeune  homme  appuyé  sur  le  dieu), 

11,  "o. 

—  (Bacchants  et  bacchantes  au  pied 
d'un),  47. 

Termes  à  rég3rptienne,  422. 
Ternisien  d'Haudricourt,  130. 
Terray  (l'Abbé),  355. 
Terre  (la),  198,  374. 

—  Statue,  278,  423. 

—  (le  Mouvement  de  la),  137. 

—  (la  Richesse  de  la),  407. 
Terreur  (la),  129,  485. 
Terrier,  G.,  194. 
Terroristes,  -182,  452,  470. 
Têtes  académiques,  120. 

—  d'expression,  209,  225,  296. 

—  de  différents  caractères,  522 ,  524, 
526. 

Texier,  G.,  191. 

Thé  (le)  parisien,  336,  489. 

Théâtre  (Costumes  de).  Voyez  Paris, 

Théâtres. 
Théâtre  Italien  (Acteurs  du),  63. 
Thébaide  de  Racine,  102. 
•  Thèbes,  20. 
Thélott,  G.,  443. 
Théocrite,  52, 197. 
Théophilanthropes,  102,  229,  432-3, 

492. 

—  TBaptême  des),  189-90. 

—  (Lecteur^,  432. 

—  (Sermon),  433. 
Théories,  41-4. 
Thermidor,  129. 
Théry  de  Gricourt,  149. 
Thévenin,  22,  24,  29,  31,  41,  441. 
Thibault  (Elisabeth),   femme  Duflos, 

G.,  344. 
Thibaut.  Voyez  Basile. 


5S8 


THISBÉ.  —  TRIOMPHES. 


Thîsbé,  236. 

—  Voyex  Pyrame. 
Thoen  (M"«),  406. 

ThoYnas  (N.),  (5.,  71,  209,  312,  3l6. 

Thomé,  78. 

Thompson,  le  poète,  350. 

Thouih,  221,  398. 

Thôuret,'226,  449. 

Thouvenin,  G.,  208. 

Tiare,  221. 

Tiepolo  (Domenîco),  P.,  150, 168. 

Tiers-état  (le  Roi  brisant  les  chaînes 

du),  255,  481. 
Tilleul  (le),  399. 
Tilliard  (Jean-Baptiste),  6.,  259,  305, 

342. 
Timbres,  382,  410. 
Tipon  (le  nabab),  262. 
Tireuse  de  cartes  (la),  181,  351. 
Tiihon  et  TAurore,  239. 
Titien  (le)  P.,  97,  115,  436,  505. 
Titus  (Triomphe  de)  396, 

—  (Buste  de),  477. 

—  Voyez  Coiffure.  Rome. 
Tochon  (M"'  Caroline).  Voyez  Valory. 
Toge  romaine,  468. 

—  des  directeurs,  156. 
Toilette  (la),  296,  332,  404. 

—  (la  Petite),  312. 

—  (la  Grande),  312. 

*  Tolbiac.  Voyez  Batailles. 
Tom  Jones,  211. 

Tombeau  de  la  bien-aimée,  134. 

—  (Mère  et  ses  enliints  devant  un), 
112. 

Tombeaux,  69,  70, 129, 148, 160. 195, 
221,308,  330,375,413. 

—  égyptiens,  62. 

—  (Destructeur  de),  353. 

—  Voyez  Champs  du  repos. 
Topino-Lebrun,  P.,  20,  106,  155. 
Termes  (Lazarille  de),  304. 
Tortôrel,  G.,  445. 

Toscane  (Grand  duc  de),  46,  142,  283. 
Touche  (la)  en  peinture,  516. 

*  Toulon,  188. 

—  (Artistes  nés  à),  239, 

—  (Prise  de),  357. 

*  Toulouse,  23,  142, 169. 

—  (École  de),  142. 

—  (Musée  de),  74, 144. 
Toulouse,  éd.,489. 
Toupets,  466. 

Tour  (J^savais  bien  qu^liariods  not*), 

482 
Teurcaty  (J.-f.),  G.,  58^  223-4,  381, 

451. 

*  Tournay  (BelgiqqeJ,  95, 196. 

—  (Artistes  néft  à),  l9ft. 


Tournures,  496. 
*  Tournus,  511. 

—  (Artistes  nés  à),  501. 

—  Abbaye  de  Bénédictin^  501. 

—  Rue  Ôreuze,  511. 

—  Sainte-Madeleine;  511. 
Tourterelles,  194. 
Tourville,  345. 

Touzé.  P.,  297,  344,  348. 

Tragédie  (la),  258,  332. 

Tragique  (Réforme  du  costume),  467-S. 

Trait  inévitAble  (le),  133. 

Travail  (le),  392,  432. 

—  (le)  agréable,  214. 

Travaux  publics  (Administnlion  des), 
278. 

Treilhard  (le  citoyen),  286,  436. 

Treize  vendémiaire,  an  IV  (5  octobre 
1795),  307. 

Tremblav  (Imprimerie),  382. 

Trenck  (le  baron  de),  210. 

Trenis  (la),  490.   / 

Trente  floréal  an  V  (19  mai  1797,  Épo- 
que du),  491.% 

Trente  prairial  an  VII  (18  juin  1799), 
150. 

Trente  juin  1789,  441. 

Trente  et  un  mai  1793  (Journée  du), 
163,  225,  443. 

Tresca  (Salvatore),  G.,  129, 191,  228-9, 
230,  255,  489. 

Trésor  de  la  curiosité,  507. 

Tressan  (Kabbé  de),  212. 

—  (le  comte  de),  316. 
Tresses,  477. 
Trezel,  P.,  119. 

Triangle  (le),  75,  195,  246,  271,  273, 

365,  397,  399,  40J). 
Tribu  indienne  (la).  Voyez  Edouard  et 

Stellina,  220. 
Tribunal  révolutionnaire,  89, 130, 443. 
Tricéphale  africain,  62. 
Tricolores    (  Draperies  )    employées 

comme  draps  mortuaires,  42j. 

—  Voyez  Cocardes. 
Tricorne,  466,  478. 
Tricot  de  soi(»,  474. 
Tricoteuse  (la),  521. 

Tricoteuses  (les)  de  Robespierre,  243, 

466. 
Trident;  378. 

Trière, G.,  172,  306,308,  312,  316, ^TTÏ. 
Trinité  (la),  400. 

—  (la)  républicaine,  403. 
Trinquesse,  P.,  11, 13,îi96, 
triomphes.  Voyez  Amourt,  bacchus, 

Boo&pfttle;  Clotf^,  Jtistice,  Ubéifté, 
Napoléon,  Paix,  Paul-Émile,  Htton, 
République,  Sa^gèi^iiô^  Tbltsl^rfe. 


i 


TlMSTESSË,  —  VÉNUS. 


m 


Tristesse  Ha),  209. 
Tritons,  430. 
Trompettes,  404. 
Trônes  (la  Chute  des^  348, 

—  (Bombardement  des)  de  l'Europe, 

m. 

Trophée  d'armes.  379. 
Tross  (Edwin),  libraire,  551. 
Trous  (Sermon  des  troisX  236. 
Tro\'ate  (Gome  la),  IM, 
Troyens,  304. 
Trudaine,  24. 
Tulle,  476. 

Tunique  pro|x>sèe  pour  les  hotumes  et 
les  femmes,  469,  472. 

—  à  la  Vestale,  47G. 
Turcaret  (le)  du  jour,  186. 
Turcs  (sujets),  124. 
Turenne  (la  Mort  de),  219. 
Turenne,  sculpteur,  57, 5S. 
Turgot,  350. 

•  Turin  (Bibliothèque  de  rUnIvgrsilé 

de),  257. 
Turque  (la  Matinée),  217. 
TjTan  (la  Chute  du),  226. 
Tyrannie  révolutionnaire   (U)^  246, 

321. 
Tyrans  (Guerre  aux),  239. 

—  (Haine  aux)  et  aux  traîtres,  426. 

—  (Chute  des),  48t. 


U 


Ulysse,  318,  395. 

—  et  Nausicaa,  11. 

—  et  Pénélope,  277. 

Union  (1'),  130,  233,  264,  376,  385. 

—  politique  (la  Première),  425. 
Unisson  (K),  134. 

Unité  (r),  184,  392,  403,  407. 

—  Voyez  Fêtes. 
Usurier  (1'),  186. 

*  Utrecht,  204,  406. 


V***  (la  baronne  de),  229,  476-7. 
Va  où  la  Gloire  t'appelle,  51. 
Vaccine  (Pièces  sur  la),  69,  490. 
Vainqueurs.  Voyez  Albion. 
Vaisseaux  :  la  Liberté  des  mers  et  la 
République,  336. 

—  anglais  en  combat,  212. 
Valayer-Coster  (M"»'),  P.,  265. 
Valbonne  (Le  Barbier  de),  206, 
*  Valençiennea^  140,  34j. 

—  (Artistes  nés 'à),  177. 

—  (Musée  de).  177. 
Valenciennes  (Pierre-Henri),  1 1 , 1 3, 31 . 


Valet  (Tiens,  c'est  mon)^  230. 
Valeur  (la),  386. 

Vallin,  P.  et  G.,  25, 228,  533,  236, 266, 
295,  381. 

—  Voyez  Aiiniiles  de  la  Calcographie^ 
Valmont  (le  Comte  de),  roman,  z21, 
Valory  (M»»«  de),  501,  50«>  604,  MS, 

519,  520,  521.  • 

Valperga,  G.,  434. 
Valse  (la),  230,  475,  489. 
Vandalisme  (Rapport  sur  le)^  36-7. 
Vanderbuch,  P.,  22. 
Van  der  Meer  (M"'"),  406. 
Van-Dyck  (Antoine),  P.,  150,  152,  287, 

505,  515, 
Van  Gopf,  P.,  13,  25^. 
Van  Gorp,  P.,  186,  228,  233,  343, 140, 

520. 
Vanloo,  P.,  294.  . 

—  (Carie),  P.,  1,  296,  332,  499,  W)0, 
511,  517. 

Van  Spaendonck,  P.^  391, 
Varenne  (de),   huissier  dû  l'Assem- 
blée, 251. 

*  Varennes  (Arrestation  du  Roi  à),  440, 

441. 

—  (Retour  de),  48^1.  .      . 
Varon,  conservateur  du  Muséum,  422, 

430. 
Vases  (Suites  de),  58. 

—  grecs.  457,  468. 

Vassé(M"''),  7^- 
Vasseut  (Catherine),  264. 

Vaugondy  (Robert  de),  39. 

Vauthier,  dess.  et  Gr.,  57, 242. 

Velyn,  G.,  56, 139. 

Vendanges  O^s),  425. 

*  Vendée  (Artistes  nés  en),  352,  353. 

—  (Guerres  de),  194. 

—  (le  Maréchal  ferrant  de  la),  148, 218. 
Vendéenne  (Scène),  22. 
Vendémiaire,  129,  228,  261. 
Vengeance  divine.  Vovez  Crime. 

*  Venise,  115,  257. 

Vent  (le  Coup  de),  205,  207. 

Ventriloque  (le),  159. 

Vénus,  23, 99,  lOO,  131, 135, 375,  436. 

—  (Toilette  de),  53, 135. 

—  à  la  coquille,  199. 

—  et  l'Amour ,  137  ;  —  désarmant 
l'Amour,  300  ;  —  corrigeant  l'Amour, 
347. 

—  et  les  Amours,  11, 175. 

—  et  les  Grftces,  315. 

—  et  Adonis,  113. 

—  donnant  une  leçon  de  sagesse,  195. 

—  C9(fr«iid9  à),  242;  —  (Prière  &), 

—  Voyez  Comète  et  Hottêhtote, 


r 


588 


VERDIER.  —  VILLENEUVE. 


Verdier  (le  général),  165. 

—  (M""),  165. 

Verdure  (Retour  de  la),  425. 
Vergennes  (M.  de),  182. 
Vergniaud,  149,  451,  463. 

—  Statue,  2,  35. 

Vérité  (la),  31,  51,  53,  112,  123,  180, 
4197,  227,  284,  294,  341,  348,  404, 
426,  429. 

—  Voyez  Sagesse,  Justice. 

Vérité  (Jean-Bapt.),  marchand  d'est,  et 
G.,  196,  226-8,  372,  441,  443,  449, 
450,  453. 

Vérités  (Petites)  au  grand  jour,  364. 

Verly  (François),  G.,  178. 

Vernet  (Joseph),  P.,  238,  356,500,  513, 
521. 

—  (Carie),  P.,  11, 13,  22,  24,  28,  32, 
30,  106,  157,  158,  163,  187,  200-3, 
201,  205,  219,  220,  222,  223,  230, 
240,  263,  264,  270,  282,  314,  322, 
336,   339,  343,  414,  437,  474,  489. 

—  (M""-),  7,  200,  30K,  309,  313. 

—  (M»*^  Fanny),  G.,  201. 

—  (Horace),  P.,  314. 
Véronèse  (Paul),  P.,  436. 
Verre  d'eau  (le),  332. 
Verrou  (Le),  285. 

*  Versailles,  135,  224,  392. 

—  (Artistes  nés  à),  340,  567. 

—  Chapelle  du  Roi,  367. 

—  Concerts  de  la  Reine,  367. 

—  (La  Cour  à),  466. 

—  École  de  dessin,  58,  223. 

—  (Expédition  des  femmes  à),  440, 
441. 

—  Jeu  de  Paume  (Serment  du),  11,60, 
76-7,  79, 107, 150, 156, 263, 307, 313, 
395,  440-1. 

—  Musée  de  l'École  française,  38,  58, 
101. 

—  Musée  actuel,  450. 

—  Ouverture  des  États-généraux,  307. 
313. 

Vertu  (la),  49,  51,  137,  360,  392,  404, 

—  (la)  républicaine,  49. 

—  (la)  chancelante,  522. 
Vertumne  et  Pomone,  29. 
Vertus  (les),  391,401,  404. 

—  (les  Trois)  théologales,  137. 

—  (les  Quatre),  376. 

—  civiques  et  guerrières  couronnées 
par  la  Patrie,  46. 

Verzy,  G.,  196. 

Vestale,  179,  238,  242,  508. 

—  Voyez  Robe,  Tunique. 
Vestes,  471 . 

Vestier  (Antoine),  P.,  11,  354-5. 

—  (M"«),  7.     . 


Vestier  (M"«),  7,  354. 
Vestris,  danseur,  338,  490. 

—  (Gavotte  de),  490. 

—  (M"»*),  468. 

Vésuve  i\e)  de  Tignorance,  180. 
Vétérans  ((*"  demi-brigade  des),  154. 
Véturie.  Voyez  Coriolan. 
Vèze  (le  baron  de),  135, 143,  152,  171, 

285. 
Viala  (Joseph  Agricol),  145,  227,  252, 

265,  267,  382,  420,  428,  450. 
Vialart  de  Saint-Mor>'s,  135,  136. 
Vice  (le),  300. 

Vicq  d:Azyr,  8,  17,  38,  41,  310. 
Victime  (Costume  à  la),  470. 

—  (Ceinture  à  la),  474. 

Vict<»ire  (la),  51,  6(5,  81,  87,  111,  129, 
142,  163,  202,  219,  211,  287,  290, 
386,  404,  412,  414,  418,  432,  481, 

—  Sculpture,  35,  51. 

—  (Char  de  la),  66,  424,  430. 

—  (Temple  de  la),  66,  433. 

—  Voyez  Fêtes. 

Victoire  (Madame),  fille  de  Louis  XV, 
359,  360. 

—  (E.),  dess.,  296. 

Victoires,  114,  180,  334,  346,  378. 

—  républicaines,  49. 

Vidal  (Giraud),  G.,  84,  169,  306. 

-^  lithog  ,  121,  172. 

Viefville  (\l"«"),  7. 

Viel,  G.,  56. 

Vieillard  en  bonnet  fourré,  524. 

—  barbu,  75. 
Vieillards,  152,  430,500. 
Vieillesse  (la),  425,  426,  430,  432. 

—  (Draperies  mortuaires  pour  la),  423. 
Vielleuse  (la),  203. 

Vien  (Joseph-Marie),  P.,  1,  8,9,  12-3, 
39,  42,  46,  74,  83,  85, 138, 147,  148, 
153,  154,  164,  182,  239,  261,  281, 
3-28,  337,  360,  362,  501,  521. 

(M"")   P.,  7. 

♦  Vienne '(Autriche^,  16,216,  262,  357. 

—  (Académie  de),  435. 

Vierge  Marie  (la),  118,  258,  307,  365, 
402,  404,  493. 

—  (Couronnement  de  la),  338. 

—  (Assomption  de  la),  117,  118,  121. 
Vigée  (L.-J.-B.-F),  159. 

—  Voyez  M'"**  Lebrun. 
Vigilance  (la),  209,  399. 

Vignères,  marchand  d'estamp««,  89, 
135,  171,  174,  238,  245,  251,  322, 
371 ,  395. 

Village  (Fôte  de),  179. 

Villageois  entreprenant  (le),  311. 

Villeneuve,  éd.  d'est  194,  273-4,  349, 
421,  441,  468,  486. 


VILLERËY.  —  WILLÊ. 


^89 


Villerev,  G.,  120, 161,313. 
Villes  (Esquisses  de  plans  de),  67. 
Villette  (la  Marquise  de),  296. 
Villiers  de  l'Isle-Adam,  258. 
Villiers  du  Terrage  (M.  de),  165. 
Vïlloison  (J.-B.-G.  Danssi»  de),  225. 
Villot  (M.  Frédéric),  94, 103,  502. 

*  Vincennes  (Promenade  au  bois  de), 
^  266. 

Vincent  (A.-P.),  P.,  158. 

—  (François-Élie),  P.  en  miniature, 
360. 

—  (François-André),  son  fils.  P.,  11, 
22,  24,  30,  37,  39,  42,  74-6,  164, 
219,359,360,441. 

—  (M"*),  femme  du  précédent,  P. 
Voyez  M"*  Guyard. 

Vincent-de-Paul,  433. 

Vinci  (Léonard  de),  P.,  89,  94,  97, 103, 

164,  209,  265. 
Vindicte  romaine,  395,  401. 
Vingt  juin  1792,  227,  395,  441. 
Vingt  et  un  janvier  1793,  307. 
Vingt^Kieux  septembre  1792,  392. 
Vingt-huit  février  1791,  223-4. 
Vingt-huit,  29  et  30  prairial,  444. 
Vingtième  demi-bri^de  (Départ  d*un 

officier  delà),  148. 
Violet  (P.),  448. 
VioUet-Leduc  (M.)  le  père,  158. 
Vionet,  G.,  492. 

Virgile,  87,  90, 162, 163,  332,  388. 
Virginale  (la  Preuve),  263. 
Virginie,  fille  du  romain  Virginius, 

70,  71. 

—  tragédie,  225. 

Virginie  (le  Bain  de),  230,  479-80. 

—  Voyez  Paul. 

Virginius  tuant  sa  fille,  130,  131. 
Visconti,  Tantiquaire,  40,  394. 
Visino  (Mirate  che  bel),  194. 
Visite  (Billets  de),  260. 

—  inattendue  (la),  296. 
Visites  (les),  186. 
Vitellius,  400. 

*  Vitré  en  Anjou,  194. 

*  Vitry  (Bailliage  de),  76. 
Vivier,  dess.,  340. 

Vœux  patriotiques  (les),  175. 

Voiart  (M.),  91,  97,  99,  102,  104,  106, 

116. 
Voisines  laborieuses  (les),  187. 
Voitures  (Fabricant  de),  160,  495. 

—  (Femmes  conduisant  elles-mêmes 
leurs),  47 1 . 

Volant  (le), -208. 
Volnais  (M»«),  243. 
Volney,  25,  26. 
Volontaire  (Départ  d*un),  188, 


Voltaire,  62,  252,  329,  419,  468,  484, 
494,  508. 

—  portraits,  252,  262,  267,  274,  287, 
294,301,303,320. 

—  Statues,  19,  33,  418. 

—  Bustes,  395,  433. 

—  Caricatures,  343.  « 

—  (Couronnement  de),  179,  311,  329. 

—  (Apothéose  de),  58. 

—  (Translation  au  Panthéon  et  triom- 
phe de),  128,  244,  260,  281,  417-8, 
469. 

—  (Monuments  à),  54,  240. 

—  Éditions  illustrées,  315,  313. 

—  Voyez  BrutuH,  Ferney,  Fêtes,  Hen- 
riade,  Irène,  Mort  de  César,  Proculus, 
et  Pucelle. 

Vous  (Je  m'occupais  de),  172. 
Voyage  sentimental  (le),  319. 
Voyageur  à  Paris  (le),  369. 
Voyez,  l'aîné  et   le  jeune.  G.,   175, 

296-7,  453,  523. 
Voysard,  G.,  173,  181. 

W 

Wailly  (M.  de),  9. 

♦  Walbrook  (Angleterre),  405. 

Walferdin  (M.),  197,  509. 

VVarens  (Louise  de),  357. 

Washington,  33,  221,  233,  255,  288, 

329,  386,  433. 
Watelet  (Claude-Henri),  amateur,  73, 

526. 
Watteau    (Antoine),  P.,  1,   63,   499, 

500,  517. 
Watteau  (Louis),  le  père.  P.,  177-9. 
Watteau  (François-Louis-Joseph),   le 

fils.  P.,  177-9,  245,  260,  261,  268, 

343,344,481. 
Weisbrod,  524. 

Wellington  (Carhpagnes  de),  158. 
Werther,  129, 193,  275,  352. 
^Weyler  (Jean),  P.,  284. 
Whist  (la  Partie  dej,  312. 
Wicar  (J.-B.),  P.,  78, 139-42, 177, 191, 

256,  270,  276,  290,  299,  467. 
Widow(a),  230. 
Wilhelmine- Amélie   (  Louise  -  Aug.  ), 

reine  de  Prusse,  288. 
Wilkie  (John),  P.,  515. 
Will  (What  you),  230. 
Willemin  (Nic-Xav.),  dess.,  212-3, 

299,  370. 

—  (Mi'«),  213. 

Wille  (Jean-Georges),  G.,  7,  8, 10,  70, 
92,  93, 144,  146,  176,  215,  250,  262, 
277,  279,  280,  281,  287,  300,  354, 
357,  422,  507,  522,  524,  525.      . 


m 


WItLB.  -  ïtlBlCH- 


■  #7,  »9,  fte,  ÎW.  Ysabeau,  205. 


Wilsop  (le  capitaine  Heari),  2S9. 
^  (Thomas),  recteur  anglais,  40^. 
Winckelmann,  97,  99,  ^6,  221,  302, 

394,  399. 
Winckles  (RO,  G.,  294. 


ifiwt  et  lea  filles  (W  CroWne,  23,  74, 
75,  23a,  3^5,  318,  460. 


Yb^rt,  Cartier,  376, 


*  Yverdon,  325. 


Zaluca.  Voyei  Joseph* 

Zani  (Tabbè),  338,  371,  «M. 

Zémire  «t  Azor,  297. 

Zéphyr  se  balançant  sur  Teau,  113^ 

121. 
Zéphyrs.  Voyez  Psyché. 
Zodiaque  (le),  393. 
•  ZurTch,  254,  278, 


ERRATA. 


XiiU  U^e  18.  La  Société  4e  U  Câte-d'Or,  lisez  ;  L'Académie  d^  liMiçon. 

Page  19,  ligne  9.  Courigner,  lisez  :  Couriguer. 

Page  S6,  ligne  6.  L'action  généreuse  du  conunissicmnaire  de  La  FQcc»<lai^9f  «o  qui  a 

l'air  de  faire  un  seul  nom,  tandis  qu'il  s'agit  4e  Çange,  commÀsaioanaire  de  la  prison  d# 

la  Force. 
Page  28.  C'est  à  la  Malmaison,  non  à  Serres,  qulsabey  a  représenté  le  premier  ConauL 
Page  80,»ligne  25.  La  citojenne  Guyard-Laville,  Usez  :  Qujard-LabiHe. 
Page  51.  Il  faut  faire  un  seul  alinéa  de  :  La  ConstituUoi;!  de  l'an  IXI,  e(  des  deux  lignes 

suivantes,  qui  se  rapportent  à  la  même  pièce. 
Page  76,  ligne  17.  Le  14  février,  lisez  :  le  4. 
Page  84 ,  ligne  17  et  note  1.  Perron ,  lisez  :  Péron. 
Page  1 17,  ligne  6.  Joseph  et  Putiphar,  lisez  :  et  la  femme  de  Putiphar. 
Page  152.  Le  portrait  de  saint  Hurugue,  lisez  :  Saint-Hurugue. 
Page  155,  ligne  6.  Le  20  juillet,  lisez  :  le  20  juin. 

Page  156.  Catalogue  Desaint,  lisez  :  de  Saint.  Il  s'agit  de  la  vente  du  miniaturiste. 
Page  160.  Je  ne  veux  citer  d'elle  qu'un  portrait  de  Naudet,  assis,  son   chapeau  à  la 

main  :  Charles  Caroline  Naudet  se.,  1808.  Il  faut  mettre  le  prénom  de  Charles  huit  mots 

avant  la  place  où  il  s'est  glissé,  et  lire  :  qu'un  portrait  de  Charles  Naudet. 
Page  165.  ligne  8.  Au  lieu  de  Delille,  qui  est  l'orthographe  du  nom  du  poète,  il  faut  lire 

Delisle.  Il  s'agit  du  naturaliste. 
Page  192,  notes  1  et  8.  Brunn  Neergaard,  lisez  :  Biaun  Neergaard. 
Page  220,  ligne  20.  Girodot,  lisez  :  Oirodet. 
Page  229,  ligne  20.  L'hôtel  Thélesson,  lisez  :  Thélusson. 
Page  244,  ligne  14.  Jansen ,  lisez  :  Jansen. 
Page  2^,  ligne  24.  S'assoit,  lisez  :  s'asseoit. 
Page  252,  ligne  dernière.  Alice,  lisez  :  Alix* 
Page  254,  note  5.  Hubert  et  Rost,  lisez  :  Huber  et  Rost. 
Page  263.  Retranchez  les  lignes  21  «t  22,  qui  font  double  emploi  avec  les  lignes  15 

et  16. 
Page  271,  ligne  1.  Hubert,  lisez  :  Huber. 
Page  286,  ligne  26.  Jean  Yeyler,  lisez  :  Jean  Weyler. 
Page  292,  ligne  21 .  Beljambe  ne  paraît  à  aucune  autre  exposition ,  ajoutez  :  qu'à  celle 

de  1793. 
Page  292,  ligne  26.  M"«  Renaud  l'atné,  lisez:  l'aînée. 
Page  297,  ligne  5.  Déjabin ,  lisez  :  Dejabin. 
Page  299,  ligne  11.  Dauloux  del.,  lisez  :  Danloux  del. 
Page  303,  ligne  dernière.  Charles  YI ,  lisez  :  Charles  VU. 
Page  305,  ligne  4.  Mavillier,  lisez  :  Marillier. 
Page  808,  ligne  10.  Pata,  lisez  :  Patas. 
Page  318,  ligne  6.  Yilleroy,  lisez  :  Tillerej. 
Page  84^.  li^e  18.  Qcssner,  lisez  :  Oessner, 


c 


^>v 


SI 


Librairie  de  M"*=  V«  JULES  RENOUARD,  6,  rue  de  Toar«on 


ANNUAIRE 

DES  ARTISTES  ET  DES  AMATEURS 

iM  HUÉ   PAH   M.    PAUL  LACROIX 

'  ONSKUVATKUR  A  L\  yinr.ioTni>.Qr R  i>n  i/arshnal,  WEMBun  nr  roMjTK  d'archkoi.ooie 

1  vol  iQ-8"  cavalier  vélin,  avec  figures  dans  le  texte.  —  Prix  :  5  francs 

ANNKK.S    1800,    1801,   1862 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  LES  TROIS  VOLUMES 

R  b:  \  s  E  I  r.  N  E  M  E  N  r  s    OFFICIELS 

MfMSTÈKE  DK  lA  MAISON  DE  l'kmprreuk  :  Administration  dos  établisse  menu  d*  la  Couronne.  Direc- 
tion générale  des  Musses  impériaux.  Musée  du  Lou\to.  Mobilier  do  la  Couronne.  Manufactures  impé- 
riales. Bibliothèque  impériale  du  Louvre.  Service  des  palais  impériaux,  bâtiments  et  domaines  de  la 
Couronne.  —  .mimstî:re  d'état  :  BAtimenLs  civils.  Conservation  et  entretien  des  monuments  publics. 
DirfH  ti'»n  des  Meaux-.\rts.  Musée  des  Thermes  et  de  l'hôtel  de  Cliiny.  Ecole  impériale  et  spéciale  des  Beaux- 
Arts.  Académie  impériale  de  France,  à  Rome.  Ecole  impériale  des  Beaux-.\rts,  à  Dijon.  Ecole  impériale 
et  spéciale  de  dessin  et  de  matiiéraalique^  appliqués  aux  arts  industriels.  Ecole  spéciale  de  dessin  pour  les 
jeunes  personnes.  —  ministère  dk  l'intérieur  :  Imprimerie,  librairie,  presse  et  colportage.  Division  de 
l'imprimerie,  de  la  librairie  et  de  la  propriété  littéraire.  —  ministî^rb  de  l'instruction  publique  et  des 
cuLTF.s  :  Direction  du  personnel  et  du  secrétariat  général.  Cabinet.  Comité  des  travaux  historiques  et  des 
sociétés  savantes.  Ecole  française  d'Athènes.  Direction  générale  de  l'administration  des  Cultes.  Commis- 
sion des  arts  et  édifices  religieux.  Tableaux  des  architectes  diocésains.  Collège  impérial  de  France.  Ins- 
titut impérial  do  France.  Etat  actuel  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres.  Etat  actuel  de  r.\cadémie  des 
Beaux-Arts  Liste  et  adresses  de  MM.  les  membres  des  Académies  des  Beaux-Arts  et  des  Inscriptions  et 
Belle.^Lettres,  par  ordre  alphabétique.  Biltliothèques  publiques  de  Paris.  Bibliothèque  impériale.  Biblio- 
thèqt\e  Mazarine.  Bibliothèque  Sainte-Ueneviève.  Bibliothèque  de  l'Arsenal.  Bibliothèque  de  l' Académie 
de  Paris.  Bibliothèque  de  la  Ville  do  Paris.  Muséum  d'histoire  naturelle.  —  MiM-sTèRS  dbs  prN.\NCES  : 
Commission  des  monnaies  et  médailles  Musée  monétaire.  —  ministère  de  la  guerre  :  Dépôt  de  la 
guerre.  Dépôt  central  d'artillerie.  Prélecture  de  la  Seine.  Service  extraordinaire  des  travaux  d'architecture. 
Plan  de  Paris.  Service  topographique. 

Association  des  artistes  peintres,  sculpteurs,  architectes,  graveurs  et  dessinateurs. 

Adressk.s  utiles  aux  artistes  et  aux  amateurs.  Marchands  de  tableaux.  Experts  en  tableaux.  Res- 
taurateurs do  tableaux.  Editeurs  et  marchands  d'estampes.  Marcliands  de  curiosités,  »l'objets  d'art, 
médailles,  etr.  .Antiquaires.  Eiuadrements.  —  adres.^rs  des  artistes  et  amateure  domiciliés  à  Paris: 
Peintres,  Peintres  vitriers,  Graveurs  sur  a<;ier  et  en  tailie  douce,  Graveurs  sur  bois,  en  archil»K;turo  ; 
Sculpteurs  statuaires,  .\rchitectes,  .Vmateurs  de  tableaux,  dessins  et  estampes,  .\mateurs  d'objets  d'art 
et  do  curiosités.  Appendice.  —  llste  des  artistes  frani^ais  et  étrangers  qui  ont  obtenu  des  récompenses 
jusqu'en  1809  :  Peintres,  Sculpteurs  et  graveurs  en  médailles,  Graveurs,  Lithographes,  Architectes,  1860. 

NOTICES    SUR    LES    BEAUX-ARTS 

K.  bkllirr  de  la  riiAViGNERiE.  Nécrologic  arli.stiquo  do  l'année  1860.  Ecoles  françaises.  Ecoles 
étrangères.  Nécr<'logie  artistique  de  l'année  IHfîl.  Ecoles  françaises,  E<.oles  étrangères.  —  B'^'NNardot  {A», 
archéologue.  Notice  sur  les  principaux  recueils  de  ii(*.s,sins  et  d'estampes,  relatifs  à  la  topographie  et  a 
l'hi.stoire  de  Paris,  du  xvi*  au  xviiie  siècle.  —  brunbt  (G.),  de  Bordeaux,  bibliophile.  Bibliographie  de  la 
biograpliie  des  peintres,  18G1.  -  Bibliographie  des  peintres  français,  1862. —  buroer  (W'illonii.  Petit 
guide  des  artistes  en  voyage.  Hollande,  1860.  Petit  guide  des  artistes -en  voyage,  Belgique,  1861.  Notice 
sur  les  cabinets  d'amateurs  à  Paris,  1800.  Petit  guide  dos  artistes  en  voyage,  Allemagne-Rhénane,  18G2. 

—  CHÉROs  (Paul),  de  la  Bibliothèque  impériale.  Bibliographie  des  ouvrages  sur  les  Beaux-Arts  publiés 
en  1850,  IStîO,  1801.  —  chknevikke  (le  marquis  de),  conservateur  du  miLsée  du  Luxembourg.  Un  roman  de 
Greuze,  1801.  —  couder  (A.),  de  l'Institut.  Notes  sur  le  coloris,  1862.—  d.aub.an,  conservateur  du  Cabinet 
des  Estampes  de  la  Bibliothèque  impériale.  West  et  sa  famille,  1862.  —  decamps  (A  -G.),  peintre.  Auto- 
biographie, 1801.—  nu  .SKiONEUR  (J  ),  statuaire.  Essai  do  catalogue  de  l'œuvre  de  Charles  Le  Brun,  1862. 

—  FAUCHKux.  De  quelques  collections  d'Estampes,  1860.  —  fournbl  (V.).  L'art  et  les  artistes  en  1861, 
1862.  —  halévy,  -secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Beaux-Arts.  Notice  sur  Paul  Delaroche,  1861.  - 
HORSTN  DKON,  peintre.  Cabinets  d'amateurs  à  Paris;  de  quelques  collections  de  tableaux;  Notice  sur  les 
cabinets  d'amateurs  à  Paris,  1860;^"bservations  sur  la  tableaumanie,  1861;  Cabinets  de  MM.  Budoxe 
.Marcillc,  Bourlon  de  Sarty  et  Lavalard,  1862.  —  hou.ssayo  (Arsène),  inspecteur  général  des  Beaux-Arts. 
Punit  de  vue  sur  l'Ecole  Irançaise,  1860.  —  laborde  (comte  Léon  do),  de  l'Institut,  directeur  général 
des  .\rchives  de  l'enîpire.  Le  château  du  bois  de  Boulogne,  dit  de  Madrid,  1861.. —  Lacroix  (Paul),  con- 
servateur do  la  bibiiorhèque  de  l'.Vrsenal,  membre  de  la  Commission  impériale  des  monuments  historiques. 
Les  Musées  de  Kr.ince,  1861;  Notice  sur  les  cabinets  d'amateurs  à  Pans,  1861;  Liste  alphabétique  des 
membres  do  r.\radènne  de  peinture  et  de  sculpture,  1861  ;  Notice  sur  les  cabinets  d'amateurs  a  Paris, 
Cabinet  de  M.  le  comte  de  Morny,  1862.  —  ma.ntz  (P.).  L'art  et  les  artistes  en  1859,  1860.  —  marth» 
iHenrii.  Ary  Schen'er,  1860.  —  mkrimée  (Prosper),  de  l'Institut,  inspecteur  général  des  monuments  histo- 
riques. Notice  sur  les  travaux  de  la  Commission  des  monuments  historiques,  1861.  —  michibls  (Alfred). 
Le  portrait  dans  l'anliquité,  1862.  —  moncony.s  (de).  Journal  artistique,  1862.  —  montaiolon  (A.  de), 
de  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève.  L'art  et  les  arti.stes  en  1860.  1861.  —  mundler  (Otto).  Notice 
nécrologique  sur  J.-D.  Passavant.  1862.  —  saint-victor  (Paul  do).  Beaux-.\rts,  Histoire  des  peintres  de 
toutes  les  écoles,  1860.  —  sur  (Eugène).  De  la  physiologie  philosophique  appliquée  aux  arts  d'imitation 
(Fragments),  18f;2.  —  soulié  (Eud.).  conservateur  des  musées  de  Versailles.  Le  cabinet  de  Girardon,  1860. 

—  vernkt  (Horare),  de  l'Institut.  Droits  des  peintres  et  des  sculpteurs  sur  leurs  ouvrages.  180S.  —  vili.ot 
(Fréd.),  conservateur  du  Musée  des  peintures  au  Louvre.  Restauration  des  tableaux  du  Louvre,  1860. 


I*A  R  i  s. 


i.mprim#rie    r»  k   j.   ci,  ayk.    kuk   s  a  i  n  t-bknoît,  1. 


I  f         I  ■%  »^  »  1 


/fOU8^T7»5 


US 


)  '.  ■' 


^^-^  '  ' 


■  :  %  r>  .  ^ 


^->  y  )) 


>  j>  >  »  /  '  / 


*  )  .  \x . 


» ,  * 


'-^>¥ 


,  )  AVn 


>>  ,) 


'  ; 


yO^ 


i'  ))  ) 


^,--^M^ 


;>'     :> 


*^j 


>  jv 


-^^ 


>  ^ 


"•■-   ■'■■V-  -•-  •  •        .^ ••■.       V"..'**-.^ 


■    y 


fÉ^:-. 


y^ 


■       ■  ■^.  ■  V 

fêî 

...,i^fev 

'Jf^^^S^û 

^; 

^;|  :)>:^^R|iï^- 

*Bè^ 

1 

■ 
■ 

■ 

f  '  —- 

■*         1  •      .