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Full text of "Histoire de Saint-Point"

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Saint'Poiut 



Par L. jLEX 

ARCHIVISTE DU DKPAHTEMKNT DE SAÔNK-ET-LOIRIi 

BIBLIOTHÉCAIRE DE LA VILLE DE MAÇON 

OFFICIER DE l'iNSTRUGTION PUBLIQUE 

LAURÉAT DE L'INSTITUT 



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A MAÇON 

Chez les principaux Libraires, 






Et 






1898 

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HISTOIRE DE SAINT-POINÏ 



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PUBLICATION DU MÊME AUTEUR 



CONCERNANT LAMARTINE 



Lamartine, Souvenirs et documents, Mâcon, Protat 
frères, imprimeurs, 1890, in-4°, 22 p., i3 pi. 



MONOGRAPHIES COMMUNALES 

DU MÊME AUTEUR 



Notice historique sur Lugny et ses hameaux, Mâcon. 
Belhomme, libraire-éditeur, 1892, iu-8°, 79 p., 2 pi. 

Notice historique sur la ville de Givry et ses hameaux 
d'après les archives antérieures à lygo, Chalon-sur- 
Saône, L. Adam, libraire-éditeur, 1892, in-8°, 88 p., i lig. 



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HISTOIRE 



DE 



SAINT-POINT 



Par- L. LEX 

w 

ARCHIVISTE DU DÉPARTEMENT DE SAÔNE-KT-LOIRE 

BIBLIOTHÉSAIRE DE LA VILLE DE MAGOX 

OFFICIER DE l'iNSTRUCTION PUBLIQUE 

LAURÉAT DE L*INSTITUT 




A MAGON 

Che:; les principaux Libraires. 

189S 



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A Monsieur P. SIRAUD, 

CHEF DK DIVISION A LA PRÉFECTURE, 
MEMBRE DE l'aGADÉMIE DE MAGON, 
. OFFIGIER DK l'iNSTRUCTION PUBLIQUE. 



Mâcon, 20 décembre i8g^. 



Mon cher Confrère et Ami, 

C'est pour vous et à votre secret désir que f ai 
entrepris de rappeler le passé de votre village. Les 
injinies jouissances que Je puise dans V étude désin- 
téressée de notre histoire locale m'ont, d'ailleurs, 
aidé à poursuivre et à mener Jusqu'au bout une 
tâche parfois ardue. J'espère que ces pages, rédi- 
gées avec conscience par celui à qui est dévolu le 
soin pieux de garder les reliques manuscrites de 
ce grand et beau département de Saône-et-Loire, 
intéresseront* tous les admirateurs de notre grand 
Lamartine et ses compatriotes. 
Affectueusement à vous, 

h, LEX, 



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ADDITIONS ET CORRECTIONS 



Page ao. — Dans le parler local, Seliot, SetiaU sig'nitie 
« Château ». 

Page 70. — Sur les La Tour de Saint-Vidal, sur les Rochefort 
d'AUy, et sur les seigneuries de ces deux familles 
dans le Velav. le Gévaudan et l'Auvergne, on peut 
consulter, à la bibliothèque de Màcon, un ouvrage 
intitule La Baronnie de Saint-Vidal, p. Trucliard 
du Molin (Le Puy, impr. R. Marchessou, 1897, in-S"). 

Page 79. — D'après les auteurs, Claire de La Tour de Saint- 
Vidal aurait épousé Claude de Rochefort d'Ally le 
1" août 1682. Or le rapport de l'archiviste du Puy- 
de-Dôme sur son service pendant l'exercice 1896- 
1897, mentionne le don fait par M. Longnon, membre 
de l'Institut, au dépôt de ce département, d'un 
contrat dudit mariage daté du a mars i583. 

Page 88. — « Le dixiesme novambre 1688 moureut dame Anne 
de Lucinge, douérière de Saint-Point, âgée d'environ 
soixante et dix ans. . . Chauvet, curé. » (Archives 
de Saint-Point, GG. i). 

Page 91. — Le mariage de Jean-Amédée de Rochefort d'Ally 
et de Jeanne-Marie de La Roche eut lieu le 20 juillet 
1690. (Archives de Saône-et-Loire, supplément à la 
série E, commune de Saint-Point). 

Page 94. — Les archives de Saône-et-Loire ont récemnaent 
acc[uis une lettre (7 décembre 1763) du célèbre 
médecin Tronchin, qui fut l'ami de Voltaire, 
Diderot, Rousseau, par laquelle on apprend que 
le chevalier de Saint-Point était arthritique et qu'il 
y avait à lui recommander de vivre sobrement et 
chastement. (Archives de Saône-et-Loire, F. 409). 

Page 106. — Jean-Baptiste-François de Montberot est le père 
de Jean-Charles de Monthcrot, et par suite le grand- 
père de M. Pierre-Jean-Charles de Monthcrot. 

Page 171. — Une minute du 6 novembre 1680 conservée en 
l'étude de M' Gautheron, notaire à Mâcon (n° 552o), 
nous fait connaître que M" Pierre Dauphin, ancien 
curé de Saint-Point, lesta le 27 mai 1676, et qu'il 
légua à M" Etienne Dauphin, avocat en Parlement, 
son neveu, le domaine du Prost. 



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HISTOIRE DE SAlNT-POlWr 






Description générale de la Commune. 



Saint-Point est situé à 20 kilomètres du chef-lieu 
du département et de rarrondissement (Mâcon), à 
60 kilomètres du chef-lieu judiciaire (Chalon), à 4 
kilomètres du chef-lieu de canton (Tramayes), et à 
6 kilomètres de la station du chemin de fer de Sainte- 
Cécile-la- Valouze (lignes de Mâcon à Moulins et de 



I. Nous tenons à remercier, avant d'entrer en matière, 
toutes les personnes qui nous ont aidé à rédiger cette histoire 
et que nous n'avons pas nommées dans les pages qu'on va 
lire : M. Chevalier, conseiller à la Cour d'appel de Dijon, 
qui a. bien voulu nous aire connaître les documents des 
archives de la Côte-d'Or; Mgr Hameau, membre de l'Aca- 
démie de Mâcon, qui a mis à notre disposition son trésor 
de notes historiques; MM. Gautheron et Tarlet, notaires à 
Mâcon et à Clcrmain, qui nous ont permis d'explorer leurs 
riches minutiers; M. l'abbc Buttet, cuvé de Saint-Point, 
et M. Manon, instituteur de cette commune, de qui, pour 
maints renseignements, nous avons dû mettre l'oDligeance 
à contribution; M. Pierre, le dessinateur de talent, et 
M. Mignot, l'habile photographe, qui ont illustré le présent 
volume; enfin MM. Perraud et Prud'homme, employés aux 
archives, qui pour les recherches et pour les dépouille- 
ments ont été nos collaborateurs de tous les instants. 



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8 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Ghalon à Roanne). Il aura une gare sur la future 
ligne d'intérêt local à voie étroite qui doit relier 
Sainte-Cécile-la- Valouze àTrainayes et au réseau du 
Rhône. 

Le territoire de Saint-Point est à l'extrémité 
occidentale du canton. Il est confiné par celui des 
communes de Bourgvilain au nord, de Pierreclos et 
de Serrières à l'est, de Traraayes au sud, de Brandon 
(canton de Matour) et de Glermain à l'ouest. 

Sa- ^su|ie^ffcie est de 1,424 hectares qui, d'après 
l'évàlûâ^iDïi^du revenu foncier des propriétés non 
:bàti6S; faite- en' x88o, se répartissaient ainsi : 
r'vSèl-de* {rftopriétés bâties et jardins, 7 hectares; 

Terres labourables, 721 hectares ; 

Prairies, 325 hectares ; 

Vignes, 26 hectares ; 

Bois, 263 hectares ; 

Pâtures, friches, broussailles et murgers, 40 hec- 
tares ; 

Routes et chemins, 43 hectares. 

Le nombre des maisons recensées lors de l'évalua- 
tion du revenu des propriétés bâties faite en 1888 
était de 265 ; celui des usines ou moulins était de 4*- 

Le cadastre de la commune comprend environ 
6,000 parcelles. Il y avait, en 1884, 2 propriétaires 
de plus de 5o hectares, 4 propriétaires de 20 à 5o 
hectares, 17 propriétaires de 10 à 20 hectares, etc. 
63 contribuables seulement ne sont pas cotés à 
l'impôt foncier dans la commune ^ 

Ce territoire offre l'aspect d'une vallée étroite, 
fermée au sud du côté de Tramayes, enserrée à l'ouest 
et à l'est par des chaînes de montagnes dont la 
plus grande altitude dépasse 700 mètres, ouverte au 



1. Trois moulins et une huilerie. L'un des moulins a été 
démoli en 1895. 

2. Renseignements dus à Tobligeance de M. Bardenet, 
contrôleur principal des contributions directes à Màcon. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT II 

nord vers Cluny, et arrosée dans toute son étendue 
par le Valouzin qui prend sa source à Tram ay es, 
traverse Saint-Point etBourgvilain, et se jette dans 
la Grosne au hameau de La Yalouze (commune de 
Sainte^écile).La Valouzière, appelée aujourd'hui/?ia^ 
ou Ruisseau de Joux, du nom du hameau d'où elle 
descend, grossit de ses eaux le Valouzin, rive droite, 
au hameau de La Roche. Les principales sources sont 
la fontaine à Carabin et la fontaine à Canot au bourg, 
la fotitaine du Gros-Claude à La Roche, la fontaine 
Martin et la fontaine du Plain ou du Plein au-dessus 
de Blanchizet, les fontaines qui sont au-dessus de 
La Chanalle, la fontaine de Froidefont au-dessous 
de Tramayes, la fontaine à Bressan à Chagny, la 
fontaine Verdine au-dessus dudit Chagny, et la fon- 
taine de Gorze au hameau de ce nom*. 

Le lieu habité le plus élevé est l'écart de La 
Roche-Claye. 

Le sous-sol, entre Tramayes et Bourgvilain, dans 
un rectangle parallèle à la Saône, de 8 kilomètres 
de long et i,qoo mètres de large, présente une 
remarquable succession de couches différentes 
superposées, les plus récentes étant à la partie 
inférieure. En effet, en partant à mi-côte du massif 
composé de tufs orthophyriques et porphyritiques 
qui ferme la vallée à l'ouest et en descendant vers 
le bourg, on traverse sur ces 1,200 mètres : les grès 
bigarrés, les calcaires magnésiens et les marnes 
irisées du trias; le rhétien, le calcaire à gryphées 
arquées, le calcaire à bélemnites et les marnes du 
lias ; le calcaire à entroques, le fuller's earth, la 
grande oolithe et la dalle nacrée du jurassique 
inférieur ; le callovien, Toxfordien et le corallien 
du jurassique supérieur. Ces quatorze formations 

I. Dans des reconnaissances du xviii* siècle {\oïv % IV) 
on trouve mentionnées, en outre, la fontaine de Joux, la 
fontaine de Gorze et la fontaine de Kossay. 



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la HISTOIRE DE SA IXT- POINT 

distinctes se trouvent en place si l'on consulte le 
terrain à une certaine profondeur, mais si Ton 
n'examine que la terre arable, par suite de la culture 
et de la pente tout est mélangé sans qu'on puisse 
assigner de limite précise aux lignes d'affleurement. 
Quant au massif de l'est, qui enterre ce rectangle, il 
est formé par le granitique pur*. 

Le bourg est bâti à droite et à gauche du Valouzin, 
au pied d'un coteau que couronnent l'église et le 
château. 

La place principale, le plâtre {plâtre en patois), 
est devant la mairie. 

Saint-Point est traversé du sud au nord par le 
chemin de grande communication n" 22 de Cluny a 
Beaujeu qui le relie à Tramayes d'une part et à la 
station de Sainte-Gécile-la-Valouze d'autre part. 

Services de voitures de Tramayes à la station de 
Sainte-Gécile-la-Valouze, aller et retour, deux fois 
par jour (matin et soir). Correspondant à Saint- 
Point : M. Perrin, hôtel du Nord. 



I. Détails tirés d'une gracieuse communication de M. A. 
Bernard, directeur du laboratoire agronomique du départe- 
ment, à CliMiy. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l3 



II 



Noms^ du Bourg, des Hameaux, Ecarts, 
Lieuxdits et Cours d'eau. 



Les hameaux de Saint-Point sont au nombre de 
IQ : Blanchizet, Bourgogne, Ghagny, La Clianalle, 
Gorze, Joux, Merloux, Le Mont, Le Prost, La 
Roche, Le Rocher, Ver s- Ville. 

Il y a i3 écarts : Bernachon, La Bruyère d'Avant S 
En Butiau, Champ-Philippe, Codaine, Gomblanchet, 
Les Gordaules, En Grisou, Jarandon, La Roche- 
Claye, En Rogne, Sur-Agaux, En Venue. 

Le nom de Saint-Point (Sanctus Pondus^, 
Sanctus Pontius^) indique une origine chrétienne. 
C'est la forme populaire diphthonguéedes variantes 
Saint-Ponce, Saint-Pons et Saint-Pont. 

Saint-Point a dû se juxtaposer à Tépoque franque 
à la cilla de Tisy (Tisiacus, Tusiacus^) dans le 
nom de laquelle le suffixe iacus est accolé à un 
gentilice® romain. Les propriétaires du sol don- 
naient alors leurs noms à leurs domaines : Blanzy 



1. Nous avons adopté l*orthographe du Dictionnaire des 
lieux habités du département de Saône-et-Loirey p. P. Siraud, 
1892, in-8". 

2. Prononcer « La Brire d'Avant » et « La Brise d'Avant ». 

3. Recueil des chartes de Vabhaye de Cluny, p. A. 
Bernard et A. Bruel, n" 5o5. 

4. Id., n" 2962. 

5. Voir § m. 

6. Nom d'homme. 



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l4 HISTOIRE DE SAINT- PQIXT 

rappelle ainsi un Blandius, Cluny un Clunius, 
Donzy un Domitius, etc«. 

Joux {Villa Jocis*, Villa Jovis\ Jox*) a égale- 
ment une origine romaine ; son nom semble dû au 
culte de Jupiter. 

Vers- Ville {Ven>ille\ BéMle\ Ville et En 
Ville ^) peut remonter à la même époque, car il 
représente le thème latin Versus Villam. 

Bourgogne {Biirgundia'' , Borgundia* , Bar- 
gundus * " , Bergona ^ • , Bergonhe * * Bourgonne ") 
lui encore, date de la même époque. Le nom de ce 
hameau indique qu il y avait là des gens d'origine 
burgonde ou franque au milieu de la population 
gallo-romaine deVager de Tisy**. 

Blaxichizet (Blanchesedus^^, Blanchizay^^ est 
un nom d'aspect germanique. 

La Roche (iîoca»') nous révèle remplacement 
d'une ancienne forteresse**. 

Le Rocher et Le Mont s'expliquent par des 
accidents du soL 



I. Nous formons de même aujourd'hui des ooms de lieux 
avec des noms de familles et les sutlixes ière ou erie : La 
Bertrandière, La Higauderie, etc. 

'2. Recueil cite, n° 1 190. 

3. Id., n" 1621. 

4. Id., n" 2124. 

5. Annuaire du département de Saône-et-Loire pour i85g, 
p. 382. 

6. Archives de Saint-Point, GG. 2, année 1707, passim. 

7. id., GG. 5, 25 novembre 1790 et 10 novembre 1791 . 

8. Recueil cité, n" 209. 

9. Id., n" 880. 

10. Id., n' 617. 

II. Id., n° i83. 

12. Archives de Saint-Point, GG. i, i" février 1670, 

i3. Archives de Saône-et-Loire, G. 562, 3. 

14. Voir § III. 

i5. Recueil cite, n° 2654. 

16. Archives de Saône-et-Loire, C. 562, 3. 

17. Recueil cité, n° 443» 

18. A rapprocher dece nomlesRochefort(7iocca7oWis), les 
Hocheneuve {Rocca noi^a), etc. 



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BiSIOinE DE *AlVT*OIVT I^ 

Ag^aux (Agnux*^ Suntigmmx''^ «tout dus à la prê> 
sence de misseux dont le ccmrs aToisîiie ces 

hameaux. 

Chagny {Chany^i dmt san nom à Fessence 
d'arbres qui domine dans la contrée* an chêne 
(casnus). Û a été formé sor le Uième Casnidas 
comme Buxidus (de hujoi*. bids) a donné Baxy^ 

Dans Le Prost {Le Prmx\ L« Prosr) et 
dans Bemadion {Le Vernachan \ Les Berna- 
chons*) il faut Toir des noms d'hommes; dans La 
Brayére d'ATant, En Botiau {En Beuihian'*). 
Champ-Pbilippe {Les Champs - Philippe'') . Go- 
daine, CîoTnhlawAet {Combe- Blanchei '*). Les 
Gordaules, En Griaon, Jarandon(£'fi Jarrandon * *>, 
La Rocfae-Caaye, En Rogne et En V^me, des 
noms de lieuxdits. 

Les noms de liemdits remontent à toutes les 
époques. Ils sont tirés le plus souvent de la situa- 
tion des terres, de leur exposition et de leurs 
dimensions, de Taspect ou configuration du terrain, 
de la nature du sol, de son d^ré de fertilité, de sa 
culture, de sa végétation, de l'écoulement des eaux, 
de la présence de certains animaux. Quelques-uns 

1. Archives de Saône-et-Loire, C. 562, 3. 

2. Reconnaissance de Cl. Chevillard. Voir § IV, 

3. Carte de Cassini (1:763). 

4. Annuaire du département de Saône-et-Loire pour i cS'.î.y, 

K. 882. — Dans le parler du pays, affaux sig^nitie rnùtseaux. 
y a le lieudit d'bis Agaux on' Les Affaux. 

5. Archives de Saône-et-Loire, C. 562, 3. 

6. Carte de Cassini (1763). 

7. Annuaire de iSSg. 

8. En 1682 (Archives de Saône-et-Loire, B. 1284, 118). 

9. Annuaire de 1859. 

10. Archives de la direction des contributions directes. 
Etat de sections. 

11. Id. 

12. Archives de Saône-et-Loire, P. Plan cadastral. 

i3. Archives de la direction des contributions directes. 
Etat de sections. 



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l6 HI8T01KK DK SAINT-POINT 

rappellent d 'anciens propriétaires ou des cons- 
tructions aujounriiui disparues. 

Les voici tels qu'on les trouve orthographiés dans 
le plan cadastral et dans Tétat de sections. 

Aux Abrets, Les Abreuvoirs, L'Aclou*, Les 
AgotsS A TAsole, Les Augères, autrement Le Petit 
Butiau, Les Avoineries. 

Au Barby\ En Beauregard, En Bêche, A la Be- 
louse, Les Belouses, EnBerland, En Bernon, Vers 
Bief, Au Bief Gurtil, En Blesseny, Les Bletons, 
Bois Berthault*, Bois Dauphin, Bois de Fou«heron, 
Bois Gravier, Bois Marchand, Bois des Martins, 
Bois du Mont, Buis de Namery, Bois du Paloux, 
Bois de la Fesse, Bois de Pierre de Fay ^, Bois Re- 
boux'*. Bois de la Roche, Bois de la Rue, Bois 
Tisserand, Bois Vaujon, Bois des Vernes, Bois de 
la Vêvre, A la Boise, En Boulie, Au Boura, Les 
Bourbats, La Bourbe, Aux Brossats, Les Brossats 
Ghétifs, A la Brosse, La Brosse Nobet, La Brosse 
des Pierres, Sous les Brosses, Les Brosses de la 
Ghanalle, Les Brosses de Gorze , Au Brosset, Aux 
Brossillons, La Bruyère, Le Buisson à Chétif, Le 
Buisson Matheux, Le Buisson Syrot '. 

Au Caillou, SurleCarge, Le Carillon, Au Caron^, 
Les Cathelins, Champ Barbier, Champ Barrant, 
Champ Berlier, Champ de Brand, Champ Brenat, 
Champ Bressan, Champ Buzon, Champ Château, 
Champ du Colombier, Champ Dessus, Champ 
Failloux, Champ Fou, Champ Fournier, Champ 



1. Alias La Cloux. 

2. Lire Les Agaux. Voir plus haut. 

3. On dit aussi Les Barbls. 

4. Alias En Berthaud. 

5. Alias de Faix. — Dans le pays on dit « Bois de la 
Pierre de la Fà » (la Pierre delà Fée?). 

6. Lieu habité d'après le plan cadastral. 

7. Probablement Siraud, 

8. Alia^ Carron. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT IJ 

Genillon, Champ Genty, Champ de la Grange, 
Champ de Grille*, Champ Laberthe, Champ Lom- 
bard, Champ Michel, Champ des Murgers, Champ 
Para, Champ Pendu, Champ Perrin, Champ des 
Prix, Champ Putin, Champ Savin, Champ Serin, 
Champ Syrot», Champ Taillis, Champ Tailloux, 
Champ Tapon, Champ Thomas, Champ de Veysel, 
Champs Froids, Champs Guynes», En Champ- 
meutre*, Chantacorne, Chantelard, En Chan- 
temerle. Les Charbonnières, La Charme, En 
Gharmoy, La Charnaise, La Châtaigneraie, Au 
Châtaignier Feuille, Au Château d'Alogny, Au 
Château Gaillards La Chaux, La Chêne vière d'En- 
Haut, Aux Chénevières, Les Chénevières du Bief, 
EnChevangis, La Claie, Aux Clouzées,La CoUure», 
En Combarat', La Combe, Combe d*En-Bas, Combe 
de la Lie, Combe Laine*, Combe Laurence, Combe 
Magnien, Combe Noire, Les Combes, Les Com- 
bottes. Les Condemines, Au Cornachot, Aux Crets, 
Le Creux de Fin, Le Creux des Mouillères, Le 
Creux du Paloux,Lie Creux Rajat^, Sous la Croix, 
A la Croix Dutruge, Au Crot, Le Curtillot. 

En Daguin, En Doux Bief. 

L'Enclos, L'Essard, Les Essards. 

Au Faix, La Fontaine Martin, La Fontaine Ver- 
dine*% Les Fontaines, Les Forats, En Forchy, La 



I . Vraisemblablement Chante grille y c'est-à-dire « où chante 
le grillon ». A rapprocher d'En Chantemerle, 
a. Probablement Siraud, 
3. Alias Guy ne et Guine. 
4* Alias Chameutre. 

5. Lieu habité d'après le plan cadastral. 

6. Id. 

7. Alias Combarot. C'était probablement Combe Barrât. 
De même Combe Blanchet a donné Comblanchet. 

8. Alias Combelaine. 

9. Alias Rojat. 

10. Lieu habité d'après le plan cadastral. 



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l8 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Forêt, La Forêt Tête, Aux Fortunés, Les Fossés, 
En Foucheron, A la Fouillouse, La Française, La 
Frisequeue, En Froid de Fonds*, En Fujus. 

La Garenne, Le Gargouillon, Au Gely, Les 
Glands, Au Gouillat, Le Grand Bois, Le Grand 
Butiau, Le Grand Pâquier, Le Grand Passe, Le 
Grand Pré, Le Grand Rompey, En Grand Vent, La 
Grande Fontaine, La Grande Terre, Aux Grandes 
Mouilles, Aux Grands Champs, Les Grands Genêts, 
A la Gravière, La Grêle*, Les Grès, Le Gros Bois, 
La Grosse Pierre*, Les Grosses Ronces, Aux 
Groseliers. 

Les Inversons. 

La Jaye, Les Jonchères, Le Jonchet. 

La Lienne, La Louve, La Luze. 

Les Maisons Blanches*, Le Marchât, Aux Mar- 
geries, En Marin, aux Mases, Aux Méchaudes, 
Au Menay, Aux Mépliers*, Aux Meranches*, Le 
Miotta, Au Molard de Gorze, Les Molards, A la 
Montagne', Aux Mottes®, La Mouille, La Mouille 
de Roule, La Mouille Vaujon; En Mouilletancul, 
Au Moulin de la Roche, Sur le Moulin, A la Mure, 
Les Mures, Sur les Murs*. 

Au Noyer Juillien, Aux Nuzillons*». 

1. Vraisemblablement FroidefonL Voir § I. 

2. Lire UAgnerle^ UAgrele, nom local du houx {agrifo- 
lium en latin). 

3. Rappelle un monument mégalithique ou une ancienne 
borne. 

4. Emplacement probable de constructions disparues. 

5. Néfliers. 

6. Alias Meranchers. 

7. Lieu habité d'après le plan cadastral et d'aprèi les 
archives de Saint-Point, GG. 5 (2 janvier 1792). 

8. Alias Aux Mortes. 

9. Probablement Mures, 

10. Nuzillier signifie noisetier. Dans le parler local on 
appelle les noisetiers, des a alogniers », et les noisettes, des 
« alognes ». C'est à rapprocher du lieudit « Au Château 
d'Alogny ». 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT I9 

AuPaloux, Le Pàquier, Au Pâcpiier d'Arpaix*, 
Le Pàquier Baron, Le Pàquier des Bœufs, Le 
Pàquier Bonne Foire, Le Pàquier du Champ Dessus, 
Le Pàquier du Crot du Vernay, Le Pàquier de la 
Joyette S Les Pàquiers, En Paradis, Le Passe, En 
Patousan, Sur les Peloux, La Pendaine, Aux Pen- 
daines, Au Pendant, La Perrière, Les Perroses, Le 
Pertu* Gontin, Le Petit Champ Dessus, Le Petit 
Pàquier, Le Petit Pré, La Petite Terre, La Petite 
Verchère, La Pichotte, Le Piéçat*, La Pièce Dar- 
gaud, La Pièce au Maton, La Place Proie, Les 
Plantes, Les Pommiers Crus, Les Praillons, Au 
Prat, La Praye, Le Pré Barrât, Le Pré de la Bar- 
rière, Le Pré du Bas, Le Pré du Bief, Le Pré du 
Bois Vaujon, Le Pré du BonzyS Le Pré du Breuil, 
Le Pré de la Butte Fine, Le Pré Caillot, Le Pré du 
Carge, Le Pré Chapelle, Le Pré Charnet, Le Pré de 
la Chèvre, Le Pré Chevrot, Le Pré Cloux, Le Pré 
Coquis, Le Pré des Coupes, Le Pré de la Croix, Le 
Pré Croze,Le Pré des Cuittes, Le Pré Deschizeaux, 
Le Pré Devant, Le Pré de TEssard, Le Pré de 
laFà», Le Pré de la Fontaine, Le Pré de la Fontaine 
Verdine, Le Pré des Fontaines, Le Pré Frateux, Le 
Pré de la Grange, Le Pré Grillet, Le Pré de Grison, 
Le Pré du Haut, Le Pré des Joncs, Le Pré de Jus% 
Le Pré Laberthe, Le Pré Laborrier, Le Pré Lafarge», 
Le Pré Lapalus, Le Pré Lebas% Le Pré Long, Le 
Pré Magnien, Le Pré de la Maison, Le Pré de la 



I. Probablement Darpaûc, nom de famille, 
a. Peut rappeler la veuve de Jehan Joret qui vivait en 
1478. Voir §XI. 

3. Lipe Pertuis, 

4. Alias heFiéçk, 

5. Lire de Bonzy, nom de famille qui a disparu au XVH* 
siècle* 

6. Allas de la Fas (la Fée ?). 

7. Lire de Joux. 

8. Allas de la Farge. • 

9. AZias Lebos. 



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ao HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Marchande*, Le Pré de la Montagne, Le Pré du 
Moulin, Le Pré de la Pesse, Le Pré de la Pointe, Le 
Pré Ray, Le Pré Reboux, Le Pré des Resses, Le 
Pré de la Roche, Le Pré de Roju, Le Pré Rousset, 
Le Pré Siraud, I e Pré du Sorbier, Le Pré Thoinon, 
Le Pré Toutant, Le Pré de Trois, Le Pré des Vaux, 
Le Pré de la Vêvre, Les Prés sous les Brosses, Les 
Prés de la Combe, Les Prés de Vers le Haut, Les 
Prés Neufs, Les Prés des Sagnes, Au Priât. 

A Rapinat, Le Rappel, A la Rappenne, En Renar- 
din. Le Replat de Rogne, Aux Replats, Aux Resses, 
Les Rigaudes*, Au Rochat, Au Rochat du Bief, Sur 
les Rochats, A la Rochette, Les Rompays, Au 
Rompey, Le Rompey Bouilloux, Le Rompey à 
Claude, Le Rompey des Vemes, Le Rompoix, Le 
Rompoix Roussillon, La Ronde, Au Rosier, Les 
Rosiers, En Rosse, Aux Rossig^ottes, Les Ruées*, 
En Ruys. 

La Sagne, Aux Sagnes, Le Saignet*, Le Samson, 
Les Sartis, La Seigne, Le Seigné*, Aux Seignes, 
Le Sepay, En Setiat*, La Sordaine. 

En Telle, La Tempête, La Teppe du Bief, Les 
Teppes, La Terre Antoine, La Terre à Claudon, La 
Terre Clusse, La Terre de la Gravière, La Terre à 
Liron, La Terre du Maréchal, La Terre à Maty, La 
Terre des Molards, La Terre à Monsieur, La Terre 
de la Pointe, La Terre à Vaujon, La Terre des 
Vemes, La Terre de la Vigne, La Terre de la Vio- 
lette, Les Terres des Bois, Les Terres de Clermain, 
Les Terres Derrière , Les Terres Reboux , Les 
Terres Thevenet, Les Tessonnières, La Tête, La 



1. A rapprocher du Bois Marchand, 

2. Alias Les Regaudes. 

3. Les Nuées (?) d'après le plan cadastral. 

4. Ce mot est, dans le parler local, synonime de verchère 
(peljt pré attenant à la maison). 

5. Alias Le Seigner. 

6. Alias En Setiot. 



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HISTOIRE DE SAINT-POIXT 21 

Tête à Béca*, La Tète Dessus, La Tête d'En-Bas, 
La Tête d'En-Haut , La Tête au Maréchal S La 
Tête à Paul, En Tisy", Le Trèfle, La Tuilerie. 

La Varenne, La Verchère, La Verchère Audin, La 
Verchère Chapelle, La Verchère Martin, Les Ver- 
chères de Jarrandon, En Verdant, La Vernaise, Le 
Vernat Prin, Le Vernay, Le Vernay Loron*, Au 
Vernayau, Les Vernes, En Verrière, La Vôvre, 
Le Vezy, La Vieille, La Vigne, La Vigne à Saudat, 
Sur les Vignes, Les Vignes de Vers le Bief, Le 
Vigneau, En Vouge. 

Les terriers, où nous pourrions rencontrer des 
formes anciennes de ces noms dont l'orthographe a 
été défigurée surtout par la prononciation locale, ne 
nous sont malheureusement pas parvenus. Nous 
n'avons trouvé que six reconnaissances passées 
par des sujets de la seigneurie en 1737 et 1738. Les 
principaux lieuxdits qui y figurent et dont l'énu- 
mération suit sont intéressants parfois à rapprocher 
de ceux que mentionnent le plan cadastral et l'état 
de sections. Mais combien d'entre eux ont disparu ! 

Es Agaux. 

En Barland*, Vers Bamon*, En la Belouze, En la 
Beluze, En Bief, En Blessonnier', En Bochet, Le 
Bois Berruyer, Sous le Bois de la Fay, Es Bois de 
Joux, En Bolier®, Au Bouchet, En la Brosse, Les 
Brosses de La Chanaux®, Les Brosses de la Croix 
du Truge. 



1. Lire Bécat, nom de famille qui a disparu à la fin du 
XVII' siècle. 

2. Anciennement A la Tête des Mareschaux. Voir § IV. 

3. Voir § m. 

4. AlicLS Laron. 

5. A rapprocher d'En Berland. 

6. Id. d'En Bernon. 

7. Id. dEn BlesaenjT' 

8. Id. dEn Boulie. 

9. Id. de Les Brosses de la Chanalle, 



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22 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

En la Chambarde, Le Champ Gentil, Vers le 
Champ Guynet*, Au Champ Guyonnet, Es Champs 
Dessus, Au Champt Dessus, Au Champt du Four- 
nier*, En Champaret*, En Champutin, En Charmon, 
En Charnay, En Chastel, En la Chénevière Golain, 
Es Chénevières Perriii, En Chevrier, En la Combe 
sous Blanchizay, En Combellane*, autrement En 
RuitS En la Condemine, La Condemine de Jallo- 
gny, La Couleure*, La Creuse de Champutin, A la 
Croix de Foucheron, Au Crot, anciennement Au 
Carruge% Le Crot de laFaz, En la Croze, autrement 
La Terre de la Pierre, Es Curlets. 

Es Déserts, autrement Es Vignes, En la Despen- 
daine^ Es Deux Biefs ^ 

Sur TEschaillier de Ville, Aux Essards. 

En la Faz, Dessus la Fontaine de Gorze, Dessus 
la Fontaine de Joux, Es Fontaines, En la Forest, 
Vers la Forest, autrement Vers les Prés de Joux, 
Sur Fornier, En Foucheron, En la Fougère, A la 
Fouilleuse, La Françoise. 

Vers Géraudan*", En Gerbe, La Grande Conde- 
mine, En la Gravière, Vers le Gros Buisson, Sur les 
Grosses Ronzes, En la Gruatte, En Guignet**. 

En THault du Chastel, autrement En la Vieille. 

Es Margeries, En Marin, En Migemontoux, 
autrement Es Taillis, En Môle, Sous le Molert** de 

1. A rapprocher de Champs Giiynes. 

2. Id. de Champ Fournier, 

3. Id. de Champ Para. C'est le Ad Campum Arecium, de 
l'an I0O2 (voir § III). 

4- A rapprocher de Combe Laine, 

5. Id. d'En Rwys. 

6. Id. de La Collure, 

7. Id. de Sur le Carge. 

8. Id. de La Pendaine, 

9. Id. d'En Doux Bief. 

10. Id. de Jarandon, 

11. Id. de Vers le Champ GujrneL 

12. Lire Molard. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 23 

la Roche, En Molle, Dernier* la Montagne du 
Ghastel, A la Montaigne, La Morette, Es Mouilles de 
ïancu*. 

Es Peloux, AuPerray, Au Perret, En la Perrière, 
Au Perrin, Au Pertuis du Mesplier, La Petite Gon- 
deniine, La Petite Mure, En Petozan*, A la Pierre 
d'Agaux, En Plassin, Au Plat des Agaux, Dernier 
Pommier Croux, Le Pré de la Faz, Le Pré Maignin, 
Le Pré de la Moille, Le Pré de Praillot, Le Pré 
Reboud, Es Prés de la Forest, Sous les Prés de 
Gorze, Les Prés Malfaut. 

Es Raisses*, En Renardin, autrement En Rore, En 
Roignet, Vers Rore, autrement La Terre de la Pierre, 
En Rossay, En Ruit^ 

Es Seignes, En la Souche Noire. 

La Terre de la Noyeratte, La Terre du Seigneur, 
Es Terres Dernier, Es Terres Reboud, En la Teste 
des Bois de Joux, En la Teste de Ghamp Blanchard, 
Sur Thizy, En Tizy. 

En la Varenne de Gorze, En la Varenne sur les 
Prés, En la Verchère, En la Verchère Moreau, En la 
Verchère Oddin% Es Verchères, Es Verchères de 
Barnon, Es Verchères de La Ghanaux, Au Vernay 
des Bruyères, autrement A la Grosse Pierre, Au 
Vernay Laron, Au Verneau^ Au Vigneau, autre- 
ment En Môle, Au Vigneau de Joux, Sous les Vignes, 
Es Vignes de Gorze. 

La rivière qui traverse Saint-Point, le Valouzin, 
devrait s'appeler la Valouze, car son nom latin est 



I. Dernier dans le parler local signifie derrière. 
îi. Ali€L8 Es Mouilles Tancul. A rapprocher d^En Mouille- 
tancuL 

3. A rapprocher d^En Patousan. 

4. Id. d'Aux Raisses, 

5. Id. d'En Ruys, 

6. Id. de La Verchère Audin, 

7. Id. d'Au Vernay au. 



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24 HISTOIRE I>E SAINT-POINT 

Aqua Avalosa en 987 ou 988* et de 1049 ^ 1109*, 
Fluçius Avalo vers 1032 ^ Le thème Valou%in, 
Valouzain, Valouzan^, a été formé à Fimitation 
des dérivés de la déclinaison faible germanique 
a, anœ^. 

La Valouzière, qu'on appelle aujourd'hui le Riat 
de Jeux, est dénommée Gutta Vallis Urseriœ en 
965 ou 966% Gutta Valusseria ou Valuseria en 
986 ^ 

Quant aux nombreux ruisseaux ou biefs qui 
arrosent le territoire de la commune, ils prennent 
en général les noms des lieuxdits d'où ils viennent 
ou qu'ils traversent. Les reconnaissances de 1737 et 
1788, dont nous avons parlé, mentionnent ainsi le 
Bief de BarlandS le Bief de Barnon», le Bief de 
la Belouze, le Bief de Champutin, le Bief de la Faz, 
le Bief de la Gravière, le Bief de la Grosse Pierre, 
le Bief de Bore, le bief du Bossay, le Bief de Buit*®, 
autrement de Combellane * * . 

Disons encore, pour être complet, que, sous la 
Bévolution, Saint-Point a pris le nom de Mont- 
Brillant* S et que les habitants delà commune sont 
appelés dans le pays Sa^'nt-Poignards**. 



1. Recueil cité, n° 1742. 

2. Id., n°3279. 

3. Id., n''2769. 

4. YoirChavoty Le Maçonnais, géographie historique, 1884, 
in-i2, art. Valouze (La), 

5. De même pour le M esvrin {Magavera, anœ), 

6. Recueil cité, n" 1190. 

7. Id., n° 1728. 

8. Aujourd'hui Berland, 

9. Aujourd'hui Bernon, 

10. Aujourd'hui Ruys, 

11. Aujourd'hui Combe Laine, 

12. Voir § X. 

i3. On prononce Sanpognards, 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 25 



III 

Les Origines. 
Droits et Biens de l'Abbaye de Cluny. 



Il n'est pas venu à notre connaissance qu'on ait 
trouvé sur le territoire de Saint-Point ni silex 
taillés, ni haches de bronze. 

De l'époque romaine on a découvert, au hameau 
du Prost, (( un aqueduc, des médailles fort anciennes » 
et, au mois d'octobre i835, « une médaille grecque 
de Philippe, parfaitement conservée. Cette pièce 
a été achetée par M. Ochier, docteur en médecine 
à Cluny* ». 

De l'époque franque on a mis à jour des sépul- 
tures sous dalles, malheureusement sans mobilier ; 
elles se trouvaient, les unes au hameau de Gorze. 
les autres près du bourg (lieuxdits La PrcL^^e, Au 
Rachat, alias Sur les Rachats), 

Ces derniers cimetières étaient peut-être ceux des 
habittuits d'un village nommé Tisy, qui existait dès 
le haut moyen âge, mais qui disparut d'assez bonne 
heure, car les dernières mentions qu'on en trouve 
sont du XP siècle. 

L'emplacement môme de Tisy aurait peine à se 
reconnaître aujourd'hui si son nom n'avait été 
conservé par un lieudit. Ce village était situé près 



I. Statistique du département de Saône-et-Loire, p. 
C. Ragut, t. II, i838, m-4% p. 28a. 



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26 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

du hameau de La Roche, qu'il englobait*, ^r un 
chemin {çia publica *), entre un bois (silçà) et la 
Valouse (gutta currens*, aqua çolvens*, rius cur- 
rens'% aqua Açalosa^), On trouve son nom 
orthographié Tisiacus ' , Ticiacus * , Tusiagus ', 
Tissiacus^^, Tusiacus^^ Tiziacus**, Tjypsiacus^^, 
Tjysiacus *♦ et Tisjyacus^^. 

Il était le chef-lieu d'une contrée, dite Vager 
Tisiacensis, dans laquelle étaient compris, outre 
Tisx, les villages de Saint-Point", La Roche*', 
Bourgogne", Les Purlanges", Montillet", Gor- 
celles" etLaFâ". 

Les cartulaires de Gluny nous apprennent 
comment, dès le x* siècle, l'abbaye devint propriétaire 
dans ce village : entre 910 et 927, don par Hugo, d'une 
petite pièce de champ lieudit In Frumentali"; 
entre 910 et 927 encore, don par Rotgerius, d'un 
champ appelé Meldoesc **; en 962, don par Girhertus 

1. Recueil des chartes de Vahhaye de Clunxj p. A. Bernard 
et A. Bruel, n" 443 et 2911. 

2. Ici., 170. 

3. Id., 1181. 

4. Id., i3i8. 

5. Id., 1491. 

6. Id., 1742. 

7. Id., 170. 

8. Id., 209. 

9. Id., 5o5. 

10. Id., 542. 

11. Id., 680. 

12. Id., 1162. 
i3. Id., 1881. 
14. Id., 1983. 
i5. Id., 2087. 

16. Id., 5o5. 

17. Id., 443. 

18. Id., 209. 

19. Commune de Sainte-Cécile. — Id., 394. 

20. Commune de Tramaj^es. — Id., 1162. 

21. Commune de Bourgvilain. — Id., 1662. 

22. Anciennement La Faze (Cassini). Commune de Bourg- 
vilain. — Id., 680. 

23. Id., 170. 

24. Id., 174. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 23 

et sa femme Alexandra, de différents biens <; en 
976, don par Wichardus ou Vuichardus et Berardus 
ou Bernardiis, de leurs meix, avec les vignes, les 
champs, les prés, les bois, les eaux, les pâturages, 
les fruits et les revenus, les cultures et les friches, 
plus un serf nommé Ascherius ou Anscherius et sa 
femme Isenberga* ; en 976 ou 977, don par 
Warnerius, prêtre, de tous ses biens, moins la 
partie réservée à ses fils' ; en 980, don par Wido, 
ou VuidOy ou Witdo, de la moitié de tous ses biens* ; 
en 985, don par Girbertus et sa femme Blismodis, 
de la moitié d'une terre et de tous ses serfs, de l'un, 
ou de l'autre sexe, avec leurs enfants * ; en 987 ou 988, 
don, sous réserve d'usufruit, par Edoenus, et par 
son fils Maingaudus, de la moitié du curtil* où 
habite le nommé Domerus, de la moitié d'un champ 
près de la fontaine, de la moitié d'un pré vers la 
Valouse, et, pour l'investiture % de deux setiers de 
vin tous les ans ' ; en 987 ou 988 encore, don, sous 
même réserve, par Bemierius et son fils Dominicus 
dit Ansoara, d'un curtil •; en 991, don d'un pré par 
Stephanus, du consentement de ses sœurs Botrudis 
eXÈufemia^^ ; en 991 encore, don psirBaculfus et sa 
femme Aremburgis, de la moitié d'un curtil avec 
la vigne en dépendant**; en 991 ou 992, abandon 
par Gotefredus et sa femme Alexandra, d'un curtil, 
que les religieux prétendaient leur avoir été donné 



1. Recueil cité, 8a4. 

2. Id., 1418. 

3. Id., 1435. 

4. Id., 1538. 

5. Id., 1717: 

6. Habitation avec son enclos. 

7- Puisque les donateurs restaient investis leur vie durant 
desdits biens. 
8. Recueil, 1742» 
9- Id., 1746. 

10. Id., 1881. 

11. Id., 1872. 



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a8 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

par Vuandalmodus et son fils Raculfas * ; avant 
993 probablement, don par Aymo de Vinzella- , 
d'une terre qui, à sa mort, entre 998 et 1048, fiit 
concédée en précaire * à Hugo, chevalier (miles), 
et à Berardus, son fils*; vers Fan 1000, don par 
Eufemia, d'un pré •; en looa ou ioo3, abandon par 
Gotdefredus ou Godefredus et sa femme Aie- 
xandra, d'un meix* avec ses dépendances, que les 
religieux disaient leur avoir été légué par Bernar- 
dus, ledit abandon consenti moyennant six muids 
de pain et de vin et un tapis ou une tapisserie valant 
• dix sous^; enfin, entre 1049 ^^ iï09» don par 
Eufemia, femme de Rotdulfus ou Rodulfus, de sa 
part d'un pré appelé Ad Pratum Perrono *. 

Et parmi les actes passés entre particuliers, don 
en 979, par Hossanna ou Hosana à son fils Idoenus, 
du curtil où est Vuinerius, du champ appelé 
Fromentales, du pré dit A la Planca, et d'une 
femme serve nommée Anna avec ses enfants*. 

Sur le bourg de Saint-Point les cartulaires de 
Cluny nous renseignent également : entre 927 et 942^ 
don par Rothertus et Johannes, frères, d'une terre 
au sujet de laquelle ils sont en contestation*"; entre 
993 et io48, don d'une vigne par Rainardus, du 
consentement de ses frères Stephanus, Rotg-eriiis 
et Vuillelmus^ * ; entre 993 et 1048 encore, don par Ber- 
nardus, sa femme Ahastasia et son fils Rainardus, 



1. Recueil cilé, 1893. 

2. Vinzelles, canton de Mâcon sud. 

3. Précaire, bail viager, par opposition au bénéfice, bail 
perpétuel. 

4. Recueil, 2087. 

5. Id., 25i6. 

6. Domaine rural. 

7. Recueil, 2567. 

8. Id., 3240. 

9. Id., i4qi. 

10. Id., 344. 

11. Id., ao5i. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 29 

prêtre, d'un pré, et, sous réserve d'usufruit, d'un 
curtil et d'une terre pouvant se labourer à deux 
charrues en un jour*; vers 1022, don par Bernar- 
dus et ses frères, pour le repos de leurs âmes et de 
celles de leurs parents, d'un bois, d'un champ et 
d'un pré, l'usufruit réservé * ; vers 1022 encore, 
don par Bernar dus, pour le repos de son âme et 
de celles de son père, de sa mère, et de tous ses 
parents, de bois, de champs, de prés, et en général de 
tout ce qu'avaient possédé à Saint-Point Bonusfilius 
et Vualdeardis * ; en 1040 ou 1041, abandon par Bla- 
dinus , pour le repos de son âme et de celles de son père 
Alo et de sa mère Blismodis, du droit que sadite mère 
prétendait avoir dans l'obédience de Saint-Point ♦ ; 
entre 1049 ^* 1109, don par Hugo, chevalier, d'une 
rase^ de vigne dans le clos de Saint-Point»; entre 
1049 ^* ï^^ encore, don d'un pré par Girhertus et 
sa femme Ingilildis, pour le repos de leur âme et 
de celles de leurs parents, et du consentement de 
leurs fils Arlebaldus, Bernardus, Girbertus, 
Gislardus, Bernardus, Tedbertus et Sigbaldus''; 
en 1232, don par Hugo Discalciatus ou Discaltus, 
ou Discalci, seigneur de La Bussière*, de ce qu'il 
a perçu par droit de garde " ou autrement sur les 
terres ou les hommes de l'abbaye"; en 1243, vente 
par Guichardus dit Discalciatus {Le Deschaux, 
Le Déchaussé), de Montagny**, chevalier, de tous 



1. Recueil cité, 2061. 

2. Id., 2769. 

3. Id., 2770. 
4- Id., 2952. 

5. Mesure de superficie spéciale aux vignes. 

6. Recueil, 3oii. 

7. Id., 3279. 

8. Commune de Sainl-Léger-sous-la-Bussière. 

9. Voir plus loin. 

10. Recueil, 46i7« 

11. Montagny-sur-Grosne. 



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3o HISTOIRE DE SAINT-POINT 

ses droits et ses biens, moyennant 65 livres de 
monnaie clunisoise*. 

Et parmi les actes passés entre particuliers, don 
en 989 ou 940 par Beratdus ou Berardus et sa femuie 
Teoza, à leur fille Vualtru ou Vualtrudis, dés deux 
curtils où résident les nommés Goteçertus et 
Benedictus, de toutes les dépendances desdits curtils, 
et des serfs qui y habitent, savoir Gotebertus^ sa 
femme et ses enfants, Benedictus, sa femme et ses 
enfants*. 

Bourgogne est un des hameaux de Saint-Point 
où l'abbaye de Gluny fut également possessionnée 
de bonne heure : entre 910 et 927, don par Stepha- 
nus, pour le repos de Tâme de ses parents et pour 
sa sépulture, d'un curtil, d'un champ et d'une 
vigne*; entre 942 et 954, don par Arnulfus, pour le 
repos de son âme et de celles de ses trois frères, 
Botlandus, Ostroldus et Adalardus, d'un curtil et 
de ses dépendances avec la famille qui l'habite, 
savoir Stephanus, sa femme Petronilla, ses deux 
fils Stephanus et Girbertus*; entre 94a et 964 
encore, don par Tetbertus, d'un curtil et de tout ce 
qu'il a dans le village, à charge de payer 3 deniers 
par an pour l'usufruit qu'il se réserve^; en 946, 
don par le comte de Mâcon Leutoldus, Letaldus, 
Leutaldus, ou Leotaldus, et sa femme Berta, d'un 
meix et de ses dépendances*; en 950, don par 
Teotbertus ou Teutbert, de différents biens, à 
charge de payer 4 deniers par an pour l'usufruit 
qu'il se réserve'; en 954, échange par Adalardus, 
sa femme Beliarda, ses fils Salaco et Adalardus, 



1. Recueil cité, 4793. 

2. Id., 5o5. 

3. Id., i83. 

4. Id., 58i. 

5. Id., 617. 

6. Id., 680. 

7. Id., 770. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 3l 

de plusieurs meix contre d'autres biens * ; en 967, 
vente par Robertus et son fils du même nom, de 
leur portion d'une verchère * et d'un meix, moyen- 
nant 2 sous, 5 deniers * ; en 972, don par Waltrudis 
et son fils Ajydoardus, pour la sépulture de Hugo, 
autre fils de ladite Waltrudis, d'un curtil avec une 
vigne et du quart d'un champ situé lieudit Ad duos 
Sorbarios*; en 980, don par Wido, Vuido ou 
Witdo, de la moitié de ses biens, à charge de 
payer annuellement, pour l'usufruit qu'il se 
réserve, une légère redevance en vin ^ ; en 1002, 
don par Constantinus, d'une terre de a5 perches 
de long sur 5 de large • ; en 1002 encore, don par 
Leotardus, d'un champ de 23 perches de long sur 
6 de large' ; en 1002 toujours, don par Teudbertus 
ou Tedbertus et Eraldus, pour le repos de l'âme 
de Gjyso, du quart d'un champ appelé Ad Campum 
Arecium^ ; entre 1049 et 1109, don ^at Artaldus, 
Girardus et Hugo, frères, pour ledit Girardus qui 
s'est fait religieux à l'abbaye, du meix que tient 
Achardus •. 

Et parmi les actes passés entre particuliers, en 
917, vente pai* Sirannus ou Siranus à Arnulfus d'un 
curtil avec ses dépendances, moyennant 10 sous**. 

La Roche figure aussi dans les cartulaires de 
Gluny dès le X* siècle : en 986, don par Ajydoardus, 
d'un curtil avec ses dépendances, l'usufruit 
réservé"; entre 942 et 964, don, l'usufruit réservé 



1. Recueil cité, 880. 

2. Verger attenant à la maison. 

3. Recueil, io3i. 

4. Aux deux Sorbiers. — Id., i3i8. 

5. Id., i538. 

6. Id., 2549. 

7. Id., 255o 

8. Champ Para. — Id., 255 1. 

9. Id., 3ioo. 

10. Id. 

11. Id, 



., 209. 
., 443. 



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3a HISTOIRE I>E SAINT-POINT 

également, par Gauzfredus et sa femme Ei^a, de la 
moitié d'un meix, c'est-à-dire d'une vigne, de 
champs, de prés et de bois * ; vers io36, ou peut- 
être plus tôt*, don par JEva^ femme de Gaus- 
fredus, et ses fils, Wichardus^ Hugo et Jazerannus 
ou Jozerannus, des deux tiers d*un meix '. 

De Joux deux mentions : en 965 ou 966, don par 
une nommée Teudrada, et ses amis, Johannes. 
Vualterius, Vuichardus, Eyricus^ Anscherius et 
Arlulfus, pour ràmé à'Evrardus^ pour la sienne et 
pour celle de ses fils, de ce qu'elle a depuis le 
lieudit Fosatas Ratgonis (Le Fossé de Ratgo) 
jusqu'au Cambonem Arloeni (Le Chambon dUArloe- 
nu8), de ce chambon jusqu'à la Yalouzière et de la 
Yalouzière jusqu'à Joux et au pertuis (pertusum) 
qui est au-dessus, d'un serf nommé Arbaldus, de 
sa femme Dominica et de ses trois enfants^; en 
983, dondesesbienspar Permincus, pour la rémission 
d' « énormes péchés », pour le repos de Tàme de sa 
femme Algardis, et à la demande de son fils 
Constantinus^. 

Enfin pour Blanchizet : en 1007 ou en 1008, don 
d'une vigne par Ajymo, sa femme Beliardis, et leur 
fils Asalardus, pour le repos de l'âme d'Adalardus, 
prêtre •. 

Dès le milieu du X® siècle Saint-Point était le chef- 
lieu d'une viguerie (pîcûria) ', c'est-à-dire que le comte 
de M âcon y avait un viguier (çicarius) qui adminis- 
trait en son nom la circonscription au point de vue 



1. Recueil cité, 554. 

2. Car ce pourrait être la même Eçe que celle de 942- 
j54. Les éditeurs du Recueil ont d'ailleurs fait suivre la date 
ae io36 d'un point d'interrogation. 

3. Recueil, 291 1. 

4. Id., 1190. 

5. Id., itoi. 

6. Id., 2654. 

7. Id., 58i 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 33 

civil et militaire. Moins de cent ans après, vers 1040, 
Tabbé de Cluny en avait fait de son côté, à raison 
de l'importance de ses propriétés, le siège d'une 
obédience (pbedientiay , qu'il donna en fief à Hugues 
àiiDeschaux^, chevalier {Hugo cognomento Discal- 
ciatus, miles), puis à sa veuve et à son fils, Vuan- 
dalmodis ou Wandalmodis et Lambertus. Mais 
ceux-ci créèrent tant de diflicultés à l'abbé et lui 
occasionnèrent tant de dépenses qu'en 1064 il leur 
offrit 160 sous, plus un meix et un mulet valant 
100 sous, pour les faire renoncer à leur fief et aux 
serfs qui étaient un des sujets de contestation, 
savoir Teodericus de Rufiaco » et ses fils, la femme 
à'Acardus Sar^or et leurs enfants ♦. Vers la même 
époque, entre 993 et 1048, il amena aussi un nommé 
Hildinus à abandonner les taxes qu'il avait établies 
injustement, et contre tous les droits de l'abbaye, à 
Joux et lieux ci rcon voisins*. 

A la fin du XI® siècle, le désir d'échapper à 
l'avidité des seigneurs, jaloux de la richesse et de 
l'influence des moines, le détermina à confier la 
garde de son obédience au doyen de Jalogny*. 
Celui-ci décida, en 1094, Guillaume de Saint-Point, 
chevalier (Willelmus, miles de Sancto Pontio) et 
ses frères, Petrus, clerc, Stephanus et Pondus, 
chevaliers, à restituer les biens qu'ils avaient 
usurpés ; ils y ajoutèrent même, pour le repos de 
rârae de leur frère Leotaldus et de celles de leurs 
parents, trois andains de pré et une terre située 
au-dessus de la maison de Guntaldus Rusticus\ 



1. Recueil cité, 2962. 

2. C'est-à-dire Déchaussé. 

3. Thierry de Ruffey. — Ruffey, commune de Cluny. 

4- Recueil, %qo, 

5- Id., aia4. 

6. Id., 3677. 

7. Id. 



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34 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

En ii4o, Hugues de Berzé {Hugo de Berziacoy, 
dis de Rolandus BreisentetdeFaletriidis, s'engagea. 
moyennant une indemnité pécuniaire, à ne plus 
exiger aucune redevance sur les meix de Tabbaye*. 

En laoj, Guy Bestial (Guida Bestmlis)^ pour 
réparer les « forfaits » dont il était Tauteur et les 
dommages qu'il avait causés, fit amende honorable 
et abandonna à Tabbé ses droits de garde ou autres 
sur quatre hommes de Saint-Point, savoir Bernar- 
du8 et Petrus de Chinet ou de Chiniet », B, de 
Moncel ou de Muncel, et Martinus Molel ou 
Morel''. 

Mais la famille des Deschaux surtout, inconso- 
lable de son amoindrissement de 1064, chercha 
sans relâche à regagner les avantages perdus. Nous 
voyons en etlet Hugues Deschaux {Hugo Discal- 
ciatus), mis en demeure, en iijS, de ne plus lever à 
Saint-Point que les coutumes de droit ou 
d'ancienneté*. En iiSoou 1181, c'est Guy {Guida), 
fils de Hugues, que les évêques d'Autun et de Mâcon 
excommunient et dont ils mettent les terres en 
interdit pour l'obliger, moyennant 3oo sous 
d'indemnité, à renoncer à toute coutume à Saint- 
Point, à n'y point installer de prévôt (prœpositus), 
et à se contenter de ce que son grand-père, Guigue 
Deschaux {Guigo Discalciatus), y percevait en 
qualité de seigneur de La Bussière, savoir sur 
chaque meix une mesure d'avoine, un pain ou un 
denier à Noël et une poule le dimanche de carême- 
entrant, et de la justice qu'il y exerçait sur les 
voleurs et les adultères, le tout à charge de garde 
du village et de ses habitants et avec subordination 



1. Berzé-le-Châtel. 

2. Recueil y ^o6q. 

3. Probablement de Chagny. 

4. Recueil, 4437. 

5. Id., 4244. 



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HIVGS DÉPARTEMEMAIES 

Commonales et Hospitalières 

DE 

AONE-&-LOIRE 



Mâcon, le . ..Z..i iouMiJLrr. iSoY, 



/ 



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HISTOIRE DB SAINT-POINT 35 

au doyen de Jalogny *. Enfin en 124^ c'est Renand 
Deschanx {Rqynaldus Discalciatus), seigneur de 
La Bussière, qui reçoit 25 livres clunisois, pour 
reconnsdtre qu'il tient en fief de l'abbaye tous ses 
droits et pour faire hommage à l'abbé, en présence 
de Séguin (Seguinus), évoque de Mâcon, de l'avoine, 
des poules et des pains de la garde de Saint-Point*. 

Les rapports entre l'abbé de Gluny et le seigneur 
de Saint-Point restèrent dans les temps moderties 
ce qu'ils avaient été au moyen âge. Nous trouvons 
en effet dans l'inventaire général des archives de 
l'abbaye, l'analyse d'un acte intéressant, dont 
malheureusement le texte est perdu, une (( sentence 
de fournissement de complaintes et restablissement 
pour l'abbé contre le sieur de Saint-Point, au sujet 
d'une biche que les hommes dudit sieur de Saint- 
Point avoient chassé sur les terres du doyenné de 
Jalogny, combien que ledit sieur de Saint-Point 
soustînt qu'elle avoit esté chassée sur ses terres et 
puis poussée sur celles dudit sieur abbé, laditte 
sentence en datte du 29 octobre i520, signé DumesniU 
avec l'exécution y attachée en datte du 29 décembre 
dudit an i520, signé Paillier et Pelois * ». 

En 1600 l'abbé Claude de Guise voulant « avoir 
solution et payement de la somme de 5, 000 escuz, 
restant de plus grande, en laquelle dame Claire de 
Sainct-Poinct, dame de Sainct- Vidal et vicontesse 
de Beaufort, femme de noble Marcelin de Hault- 
villert, seigneur dudict lieu, luy estoit tenue et 
obligée*, fict faire commandement à icelle de payer 
ladicte somme, et, à son reffuz », obtint du bailliage 
de Mâcon, le 5 juin 1600, de « faire saisir tant 



1. Recueil cité, 4^)80. 

2. Id., 4788. 

3. Archives de V Abbaye de CAuny. Inventaire général, 
publié p. A. Bénet et J. L. Bazin, i8«4» i"-8% art. 708, p. 96. 

4. Peut-être à raison de rechange dont nous parlons au § lY. 



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36 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

entre les mains d'honorable Vallentain Ciraudin, 
bourgeois et marchant de Mascon, qualité de 
fermier de la terre et seigneurie de Sainct-Poinct, 
que de M* Nicolas Daulphin, négociateur et 
entremetteur des biens d'icelle seigneurie, tous les 
fruictz, droictz et revenuz d'icelle* ». 

Enfin, par le plumitif des audiences du bailliage 
de 1787, nous voyons que depuis 1786 au moins 
Tabbé Dominique de La Rochefoucauld, cardinal- 
archevêque de Rouen, était en procès avec 
M'^ Esprit-François-Henri, marquis de Castellane 
et de Saint-Point. L'appointement du lieutenant 
général de Namps, en date du 16 juin 1787, qui 
prononce que les parties produiront leurs terriers, 
indique que la contestation portait sur des droits 
seigneuriaux*. 

Car au moment où la Révolution éclata, l'abbaye 
de Gluny ne possédait plus guère à Saint-Point 
que quelques droits d'origine féodale. 

Les biens nombreux qu'elle y avait acquis au 
X« siècle et au XP, elle les avait affermés au moyen 
âge à titre soit de bénéfices, soit de précaires. Or, 
d'assez bonne heure « les précaires subirent la 
même destinée que les bénéûces : l'hérédité finit par 
les atteindre et les consolider entre les mains des 
détenteurs* ». 

Quant aux serfs, ils s'affranchirent peu à peu. 
Lorsque le moyen âge prit fin, c'est-à-dire au 
XV® siècle, il n'y en avait plus, depuis longtemps 
déjà, dans le Maçonnais. 



• I. Registres du bailliage de Mâcon. Archives de Saône-et- 
Loire, B. 935 et 986; audiences des 5 juin et 7 octobre 1600. 

2. Id. Id., B. iîî6o, 2 ; audience du 16 juin 1787. 

3. Th. Chavot, Préface du Cartulaire de Saint-Vincent de 
Mâcon publié p. M.-C. Ragut, 1864, in-4% p. LXXXVI. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT Sj 



IV 

La Seigneurie. 

A part la mention du clos dans lequel Hugues de 
Saint-Point, chevalier, avait une rase de vigne, qu'il 
donna entre 1049 et 1109 à labbaye de GlunyS nous 
n'avons aucune indication de détail sur la seigneurie 
de Saint-Point au moyen âge. 

Il nous faut arriver à la seconde moitié du XVIP 
siècle pour connaître la nature des droits et Fioipor- 
tance des biens dont elle se composait. 

Elle fut, à Toccasion du mariage contracté en 
1660 par Marie-Françoise de Rochefort d'AUy, fille 
de feu Claude de Rochefort d'Ally, comte de Sainte 
Point, avec Pierre de Laurencin, baron de Là Bus- 
sière, l'objet d'un démembrement dont les cond-i- 
tions ont été réglées par contrat en date du 21 février 
1664. i 

Par cet acte, passé au château de La Bussière, 
partie vaut M® Guillet , notaire royal , Anne de 
Lucinge , veuve de Claude de Rochefort d'AUy, 
tant pour elle qu'au nom de Jean-Baptiste de 
Rochefort d'Ally, comte de Saint-Point, son fils, 
cédait à Pierre de Laurencin ^ et à Marie-Fran- 
çoise de Rochefort d'Ally, son gendre et sa fille, 
en diminution des i5.ooo livres qu'elle leur avait 



I. Voir plus loin, § V. 

3. Dans cet acte il est dit vicomte de La Bussière, Ghanzé 
et Gpuix. Voir plus loin, § V. 



( 



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38 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

promises à leur contrat de mariage du 19 octobre 
1660, atouttes et chascunes les rantes seigneurialles, 
dixmes* et autres cens et servis*, laoudz, millaoudz-*, 
hommes le vans et couchans*, justiciables, et toutte 
la justice haulte, moyenne et basse, mère, mixte et 
inpère^, et générallement. tous droictz seigneuriaux 
quy peulvent estre deubs à cause de la seigneurie de 
Sainct-Poinct et deppandances d'icelle » aux villages 
du Perret (Tramayes), Neuilly (Tramayes), Nogent 
(Saint-Léger-sous-la-Bussière),Montillet(Tramayes), 
Les Cours (Brandon), Purlanges (Sainte-Cécile), La 
Garde (Saint-Léger^sous-la-Bussière), et aux paroisses 
de Saint -Léger -sous- la -Bussière, Dompierre-les- 
Ormes, Jalogny, Brandon et Ti'ambly, (( conformé- 
ment aux tiltres et terriers dudict feu seigneur de 
Sainct-Poinct, et quy reviennent quant aux rantes 
seigneurialles à luniverselle somme de 3i livres, i3 
solz, 6 deniers, i3 quarterons, 3/4, 1/6 et i/32 d'autre 
de froment, 27 quarterons, 1/8 et 1/48 d'autre de 
seigle, 14 quarterons, i/3 et 1/72 d'autre d'avaine 
comble, le tout mesure de La Bussière, 96 quarterons 
d'avoyne comble, mesure de Sainct-Poinct, 21 gelines 
et 1/12 d'autre, le tout suivant et à la forme des 
recognoissances des particuUiers çt habitans des 
villages et parroisses susdénommés, ainsy qu'il est 
apparu par la supputation quy en a esté cy-devant 
faicte par commissaire sur les terriers tant dudict 
Sainct-Poinct, Tramaye, Jallogny, que PoisoUe*, 



1. Dîmes. 

2. Redevances de différentes natures. 

3. Los et demi-los, droits dus à l'occasion des mutations 
de biens. 

4. Habitants attachés à la terre. 

*5. Formule incorrecte, mais très fréquente, qui devrait 
être libellée « jurisdiction haute, moiénne et basse, avecques 
mère et mixte empère {meriiin et mixtiiin irnperium) » (voir 
Du Cange, Glossariuniy art. Iniperium) et qui signifie «jus- 
tice à tous les degrés ». 

6. PoizoUes (Dompierre-les-Ormes). 



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HISTOIRE DK SAINT-POINT 89 

provenans dudict feu seigneur de Sainct-Poinct ». 
Elle leur abaiidonnait,en outre, « touttes et chascunes 
les rantes quy luy sont deubes en un chainpt appelle 
Les Terres du Petit Ghantelard, enclos dans les 
Bois et Rompay Descombes, et (inallement une 
terre despandant du domeyne de Chaigny* estant 
de la seigneurie de Sainct-Point, despuis peu asser- 
yisé à Jean Faillant ; item touttes les rantes quy luy 
sont deubes en un champs de terres appelléPrcilfar;^, 
Les Pierres Blanches et Les Genesçres, et de 
mesme les servis deubz au village de La Garde sur 
[divers] fondz, revenantz à i3 solz, i denier tournoiz, 
froment i quarteron i/a, avoyne comble 5 quarterons, 
3 coppons* i/ia, le tout mesure de Cluny et Sainct- 
Poiiiict, 2 gelines, i/a et i/6 d'autre ; de mesme les 
dix mes des Rompay du Bois Descombes, suivant 
qu'il a de coustume d'estre levé et perceu de dix la 
unziesme gerbe, vallant à présent loo quarterons de 
bledz de revenu par chascun an ; samblablement le 
dixme des champtz du Pré Mary et des Pierres- 
Blanches, se levant ainsy que de coustume de unze 
la douziesme gerbe, et peult valloir chascun an une 
asnée de bledz seigle, non eomprins une septiesme 
portion dudict dixme acoustumé estre levé par le 
sieur de BuUion^. 

(( Touttes lesquelles rantes et dixmes revenant 
au sommaire universel de Sa livres, 6 solz, 7 deniers, 
froment i3 quarterons, 3/4, 1/6 et i/32 d'autre, 
seigle 27 quarterons, 1/8 et 1/48, avoyne comble 
14 quarterons, i/3 et 1/72 d'autre, le tout mesure 
de La Bussière, plus froment i quarteron 1/2, 
avoyne comble 100 quarterons, 3 coppons et 1/12 
d'autre, le tout mesure de Sainct-Poinct, et pour 



1. Cha^ny. 

2. Coupon, mesure de capacité pour les grains, moindre 
que la coupe, 

3. Seigneur de Tramayes, 



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4o HISTOIRE DE 8AINT-POINT 

lesdictes deux dixmes, seigle ii6 quarterons, gelînes 
a3et3/4« [avaient] estées apprésiées entre les parties 
et [s'étaient] treuvées monter et revenir à la somme 
de !i8a livres, 19 solz, 7 deniers par année, fesant 
au denier cinquante la somme principalle de i4«i4; 
livres ; de laquelle somme les seigneur et dame de 
La Bussière [tenaient] quittes tant la dame ceddante 
que le seigneur son fil2, sans préjudice du restant de 
la somme de i5,ooo livres, quy est la somme de 853 
livres toumoiz. 

<c Pour la levée et perception desquelles susdictes 
rantcs ladicte dame et son filz [seraient] tenus fournir 
et deslivrer extraictz des terriers et recognoissances, 
ayant desjàt remis ladicte dame ceddante les terriers 
concernant PoizoUe, Dompierre et Trambly à cause 
de la chappelle Saincteilatherine*, et celluy de 
Jallogny et Purlange, ensemble de Montillet, Les 
Cours et Nojan, avec tous les asservizages du Bois 
Descombes et autres ». 

• Il était finalement convenu que « pour facillitter le 
payement de la somme de 853 livres restante appayer 
ausdictz seigneur et dame de La Bussière, il leur 
[serait] remis des rantes mouvantes dudict Sainct- 
Poinct, autres que les susdictes, dez le chemin festral 
tendant de Traniaye au bois de Sainct-Poinct du 
costé de soir, ensemble une portion de terre despan- 
dant du donieyne de Ghagny estant entre ledict 
chemin festral et le Bois Descombes ». En revanche 
« lesdictz seigneur et dame de La Busssière [s'enga- 
geaient à] remettre audict seigneur de Sainct-Poinct 
touttes les rantes quy leurs [seraient] deubes deans 
les terres et seigneurie de Sainct-Poinct aussy dez 
ledict chemin festral comme eau verse du costé de 
matin* ». 



1. Voir plus loin, § VII. 

2. Archives de Saône-et-Loire, E. 3io, i. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 4^ 

Tous ces dix>its, détachés de la seigneurie de Saint- 
Point,étaient joints désormais à ceux delà seigneurie 
de La Bussière. Ils y restèrent incorporés depuis 
1664 jusqu'à la Révolution*. 

Mais le démembrement n'avait porté que sur une 
faible portion du fief, comme on va pouvoir en juger 
par les deux intéressants dénombremeiits qui sont 
parvenus jus€[u'à nous. 

Le premier a été donné le i4 novembre 1682 à 
MM. de la chambre des comptes de Bourgogne et 
Bresse par Marie-Catherine Brûlart de Sillery, veuve 
et héritière testamentaire de Jean-Baptiste de Roche- 
fort d'Ally, comte de Saint^Point. Le voici * : 

« Premièrement possedde ladicte dame le chasteau 
et maison forte de Sainct-Poinct, avect ses cours, 
escuries, granges, bassecours, jardin et pourpris, 
dans la parroisse dudict Sainct-Poinct. 

« Item possedde ladicte dame en toutte justice, 
haulte, moyenne et basse, mère, mixte et impère, 
jurisdiction de l'exercice d'iceux, permission de 
créer les officiers nécessaires dans l'estendue de sa 
seigneurye, avect le droict des langues des bœufz 
et vaches tuez pour vandre en destail, et aussy les 
droictz de laoudz, mylaoudz, vendz et remuages'*, 
droictz d'amandes et autres droictz quy s'adjugent, 
quant le cas y eschet,contre les malfacteurs,desquelz 
droictz ne peult tirer un revenu certain, mais estime 
que par an ilz peuvent valloir 10 livres. 



^ I. Les biens sur lesquels étaient assis ces droits sont tous 
{ïgurés dans deux atlas conservés en Félude du notaire de 
j^ompierpe-les-Opmes, et intitulés, l'un Cartes adaptées des 
différents terriers dépendant de la seigneurie de La Bussière 
de i5oo et de /^^opCVUI* siècle), l'autre Plans géométraux 
^s héritages mouvant des rentes de la baronnie de La 
Bussière levés en iyy4* ^77^ ^^ ^77^* 
a. Archives de la Côte-d'Or, B. io858. 

^ 3. Ventes et remuaffes, droits dus pour les mutations des 

biens. 



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4» HISTOIRE DE SAINT-POINT 

« Item a droict de lever dans ladicte parroisse 
de Sainct-Poinct, quy conciste en dix petitz ameaux , 
sçavoir celluy de Sainct-Poinct, Ghaignye, Le Mont, 
Le Praux, Gorze, Lachanal, Bourgongne, Blan- 
chizay, Joux et La Roche, dans lesquelz villages 
et lieux circonvoiziùs ladicte dame et ses enfans 

[peuvent] prandre rante fixe en argent 

34 1. 12 solz 2 deniers. 

« Item-prand de froment' fixe 43^ quarterons, quy 
à cauze du charrois qu'il fault faire à trois lieues sur 
la rivière de Saolne pour le desbiter, ne peult valloir 
par communes années, ledict charroys desduict, plus 
de 10 solz le quarteron, partant se monte [à].. 218 1. 

« Item seigle fixe lève par an 142 quarterons, 
quy à cauze du charrois, comme est dict, de trois 
lieues qu'il fault faire pour le porter sur la rivière 
de Saolne, ne peult valloir par communes années 
que 8 solz le quarteron, quy monte à. . . 56 1. 16 s. 

c( Item en avoyne fixe prand par an 47^ quarte- 
rons, quy à cauze du charrois, comme dict est cy- 
dessus, ne peult valloir que 3 solz le quarteron, quy 
se monte à 71 1. 5 s . 

a Item ladicte dame prand dans lesdicts villag^es 
196 poulies, quy ne peulvent valloir plus hault de 
4 solz chascune, qui se montent [à] 39 1. 2 s. 

(( Item sont tenus les emphitéotes de ladicte sei- 
gneurye de Sainct-Poinct au guet et garde du chas- 
teau dudict Sainct-Poinct, à faire audict chasteau 
les réparations pour la sûreté de ladicte maison, et 
les charroys nécessaires au seigneur et dame dudict 
lieu, moyennant quoy le seigneur est tenu à les 
desfrayer et nourrir, eux et leurs besteaux, ce quy 
monte à grandz frais, et partant n'en tire aulcungs 
profBctz dans ses revenus [Néaut]. 

(( Item porte deux moulins, un desquelz est 
despuis peu construict, tous deux donnez en rante, 
exposez à estre sans eau les trois quartz de Tannée, 
présantement amazagez à iio 1. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 43 

(( Item trois mettéries concistantz en plusieurs 
prez, terres, vignes et bois, d'un grand travail, 
subjectes à la nielle, présantement arrantées, quoy- 
que elles ne puissent estre maintenues sur ce mesme 
piedz, à 1,020 L* 

(( Item porte en rante cazuelle les dixmes inféau- 
dez^ dans les villages de Sainct-Poinct, Ghaignye, 
Bourgongne, Lachanal, Blanchizay, Joux, La Roche 
etRochefort'*, dans lesquelz à cauze de la nielle, 
cpiy gaste souvent les bledz dans ceste parroisse, 
quy est scituée dans des bois, ce quy faict que les 
bledz n*ont q'une poussière noire au lieu de grain, 
et que le revenu en est fort incertain, cepandant 
estime que lesdicts dixmes peuvent aller par com- 
munes années en froment, quy faict les deux tiers 
de la quantité des grains qu'on recuille, à a5o quar- 
terons, quy se trouvantz d'une qualitté moins bonne 
que le froment fixe cy-dessus, et partant ne peult 
tant valloir, et, par les raisons du charroys cy- 
devant desduictes, ne peult estre estimé plus hault 
degsolz le quarteron, quy se montent à... ii3 1. 7 s. 

(( Item en seigle cazuel du dixme, prand par an 
38 quarterons, quy par les raizons cy-devant dictes 
ne peult valloir que 7 solz le quarteron, quy se 
montent [à] i3 1. 16 s. 

« Item en orge cazuel prand ladicte dame par an 
38 quarterons, quy par les raisons cy-devant dictes 



I. Les deux domaines du bourg étaient affermés 800 livres 
en i685. (Arciiives de Saône-et-Loire, C. 562, 3). 

3. Dîmes inféodées, c'est-à-dire aliénées par TEglise et 
possédées en lief par des laïques. — D*après une délibé- 
ration de la municipalité de Saint-Point, du 22 août 1790, 
elles auraient été données par l'abbé de Cluny à Claire de 
Saint-Point en échange des granges de Touzaine à Jaloçny 
et des moulins de Rochefort près Cluny. (Archives de Samt- 
Point, D. i). 

3. Ce nom doit avoir été mal lu par le scribe, à moins 
qu'il ne s'agisse de Rochefort près Cluny. 



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44 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

ne peulvent valloir par an que 5 solz, quy se 
montent [à] t 9 1. 10 s . 

« Item en avoyne cazuelle prand ladicte dame par 
an 38 quarterons, quy ne peuvent valloir que 3 solz 
le quarteron, xjuy se montent à 6 1. 14 s 

(( Item prand ladicte dame à cauze de ladicte 
seigneurye de Sainct-Poinct les dîxmes des febves 
ou autres grains quy par commîmes années, par les 
raisons susdictes, peuvent estre estimez à 40 quar- 
terons, quy vallent au plus 6 solz le quarteron, quy 
se montent [à] 12 I. 

(( Item prand ladicte dame le dixme du champ vre, 
quy par communes années peult estre estimé à 
Q quintaux, qui peult valloir 2 jsolz la livre, quy se 
montent [à] 20 1. 

(( Item prand ladicte dame les dixmes des agneaux , 
quy par an peult valloir 5 agneaux, et des cochons, 
quy vallent communément 12 solz pièce, quy se 
montent à 3 1. 

(( Item une tuillerie et fourneau, quy ne sert à 
autre choze que pour l'entretien des bastimantz, et 
ne s'arrante poinct ; au contraire, il fault nourrir et 
payer ceux quy la travaillent, et de conséquent elle 
sera tirée au présant estât et desnombrement 
pour Néant, 

Ce dénombrement nous renseigne assez exacte- 
ment sur les droits de la seigneurie de Saint-Point. 
Celui qui a été donné le 9 juin 1723 à MM. de la 
chambre des comptes de Bourgogne et Bresse par 
Jean-Amédée de Rochefort d'AUy, comte de Saint- 
Point, donne plus de détails sur les biens. Ils se 
complètent l'un l'autre et on lira le second^ avec 
autant d'intérêt que le premier. 

«Appartient audict seigneur audit (sic) Sainct-Poînt 
un château et maison forte flanquez de quatre tours, 

I. Archives de la Côte-d'Or, B. 10967. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 4^ 

au milieu duquel chasteau est un corps de logis, uiie 
cour, escuries et autres bâtiments, ledit château clos 
de murailles à créneaux, un jardin et verger avec 
un colombier du côté de matin dudit château. 

« Item appartient audit seigneur audit Sainct- 
Point trois domaines. 

« Le premier, appelle Le Domaine du Chasteau, 
de dix asnées de semance, cultivées par huict bestes 
arables, pour la nourriture desquelz y a par com- 
nmne année environ trante charrées de foin. 

« Le second domaine, appelle Le Domaine de 
Chaigrvye, d'environ dix asnées de semance, culti- 
vées par huict à dix bestes arables, pour la nourri- 
ture desquelz il y a prez d'environ quinze charrées 
de foin. 

(( Le troisième domaine est appelle Le Domaine 
du Bourg, d'environ quinze asnées de semance, et 
d'environ vingt charrées de foin par commune année, 
pour la nourriture de huict à dix bestes arables pour 
la culture dudit domaine. 

(( Item appartient au seigneur comte dudit Saint- 
Poinct, en laditte parroisse, deux moulins à eaux sur 
la rivière qui passe audit lieu, avec leurs escluses, un 
dessioir* et autres engins joinctz ausdits moulins. 

(( Item apartient audit seigneur une forests audit 
Saint-Point, appellée La Forest de Sainct-Poinct, 
autrement Le Grand Bois, de contenue à environ 
quatre centz coupées, ledit [bois en] chesne et fayard 
ou hêtre. 

(( Item appartient de même audit seigneur unç 

autre forest appellée La Petite Forest et Le Bois des 

Vernes, d'environ cinquante coupées de bois chesne. 

(( Item apartient audit seigneur le disme des bledz 

et agneaux de ladite parroisse de Saint-Point, qui se 



ï. Lire descioir, autrement scierie. Dans le parler local on 
dit descier pour scier. 



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46 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

disment à raison d^ dix la onze, ledit disme pouvant 
estre de cinquante asnées ou environ par commune 
année. 

« Item appartient audit seigneur un terrier dans 
ladite parroisse et lieux circonvoisins, portant 
rentes, cens et servis, emportant laods, milaods, 
vendz, remuages et autres droitz seigneuriaux 
appartenans à directe seigneurie. 

« Finallement appartient audit seigneur, suivant 
ledit terrier, et de temps immémorial, et suivant 
plusieurs tiltres, la justice hautte, moyenne et basse, 
dans toutte Testendue de ladite parroisse, dans 
laqttelle justice ledit seigneur a droit de nommer des 
officiers pour l'exercice d'icelle ». 

Nous avons peu de chose à ajouter aux indications 
si précises de ces dénombrements sur les droits de 
la seigneurie. 

LiSi justice était exercée par des officiers dont nous 
ayons retrouvé quelques noms. Juges ou lieute- 
nants : en 1689, Jacques Dumont, sieur de Burserat * ; 
en 1709, M* Claude Guillet, notaire royal aux Sar- 
dys (Bourgvilain) 2 ; en 1743. M<^ Jacques Guillet ^ ; 
en 1786, M® Jean Bonnetain, avocat à Mâcon*. 
Procureurs fiscaux : en 1669, Humbert Paisseaud » ; 
en 1666, Jean Dumolin*; de 1708 à 1738, Benoît 

I. Commune de Genves (Rhône). — Minutes des M" Guil- 
let, en l'élude de M' Tarlet, notaire à Clermain (22 août 1689). 

a. Archives de Saône-et-Loire, B. 1297, 57, 

3. Archives de Saint-Point, GG, 3, 26 décembre 1743. — 
Les Guillet, notaires aux Sardys de pères en lils, ont dû être 
de pères en lils aussi « juges des terres de Saint-Point ». 

4. Almanach du pays et comté de Mâconnoia, Dictionnaire^ 
p. 118. 

5. Minutes des M" Guillet, en Tétude de M* Tarlet, notaire 
à Clermain (25 août 1669). 

6. Id., ibid, (17 novembre i666). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 4? 

Grozet* ; en i^Sg, M. Verset, chirurgien* ; en 1789, 
M* Ramboz, avocat à Château-Thiers (Matour)». 
Greffiers : de 1738 à 1761 , Pierre Durossay, labou- 
reur*. Huissiers : en 1708, M** Claude Alaberthe, 
demeurant au Mont®; en 1788, Benoit Sibilet*. 
Sergents : en i665, François Perrin "^ ; en 1682, Jean 
Corsin*. 

Les papiers de la justice ont dû être perdus ou 
détruits depuis 179a ®, de sorte que nous ne savons 
rien de son fonctionnement. 

Entre autres regrets nos lecteurs auront avec nous 
celui de ne pouvoir connaître le crime dont s'étaient 
rendus coupables Philibert Martinot et Françoise 
Faillant, condamnés le 2 juillet i665 par le juge de 
Saint-Point, lui, à être roué vif, elle, à être pendue. 
Le 14 du même mois ils furent livrés par Claude 
Delaflert, concierge des prisons du château de Saint- 
Point, à des gens de Mâcon, notamment un Claude 
Louvel, cordonnier,^ et un Henri Renoud, tanneur, 
avec qui le procureur d'oflice, Jean Dumolin, avait 

1. Archives de Saint-Point, GG. 2 et 3. Le i3 février et le 
24 avril i7o3 il est dit aussi « gouverneur du château de Saint- 
Point » ; le I" mars 1705, « fermier général de M. le comte de 
Saint-Point » ; le 3o septembre 1708, « économe du château 
de Saint-Point » ; le 19 octobre 1718, a fermier du château ». 
11 est mort au bourg de Saint-Point, le 19 février 1788, âgé 
d'environ 70 ans (Archives de Saint-Point, GG. 3, 20 février 
1738). 

2. Archives de Saint-Point, GG. 3, 3 mai 1789. — Un autre 
chiriygien, Mathieu Richard, originaire de La Tour-de- 
Salvagny, près Lyon, exerça à Saint-Point. Il y habitait 
même depuis trois ans en 17 18 lorsqu'il eut un lils de Barbe 
Délaye, « sa feuture épouse, du lieu de Bourgogne » (Id., GG. 
2, 12 mai 1718). 

3. Archives de Saône-et-Loire, B. 17 17, 54. 

4. Archives de Saint-Point, GG. 3, i5 novembre 1788, 29 
mai 1748 et 6 juillet 175 1. 

5. Id., GG. 2, 5 mai 1708. 

6. Id., GG. 5, 23 novembre 1783. 

7. Voir la note i de la jpage suivante. 

8. Archives de Saint-Pomt, GG. i, 22 juillet 1682. 

9. Ils étaient restés déposés jusque là à Matour, au 
domicile de M" Bonnetain, greflier de la justice. Voir Archives 
de Saint-Point, D, i, f°' 97 et iio. 



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48 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

fait marché pour les conduire, moyennant i8o livres, 
en la conciergerie du Palais à Paris où ils étaient 
appelants ^ 

Nous aurions aimé, retrouver aussi les pro- 
cès-verbaux dressés à l'occasion des décès de 
Benoit Corsin, tué en i652 « d'un coupt de fiisiers 
par un fandeus de bois* », de Pierre Tarlet, du 
bourg, (( bruUé par une horrible incendie » en 
ijSi*, de Claude Délaye, de Saint-Point, âgé d'en- 
viron 12 ans, foudroyé en 1789 (( au haut de la 
montagne, au lieu apellé A la Tête des Mares- 
chaux'' », de Philibert Bleton, de Gorze, âgé de 
a4 ans, (( mort d'une chute de prunier » en 1779*, 
de Sébastien Bénat, de La Chanalle, âgé d'environ 
32 ans, (( mort par accident » en 1788', etc. 

Il y avait eu des notaires à Saint-Point dès le 
XVP siècle, notamment Jean Pichot, clerc, de 1571 
à 1575^, puis Jean Demontangerand de 1612 à 
1629*, et Antoine Corsin de 1629 à i645®. Pendant 
la seconde moitié du XVIP siècle et au XVIIP les 
actes des seigneurs et des habitants de Saint-Point 
furent passés en général par-devant les Guillet, 
notaires de pères en (ils aux Sardys (Bourgvilain), 
dont les minutes sont aujourd'hui en l'étude de 
•M* Tarlet, à Clermain. 



I. Minutes des M" Guillet, en Tétude de M' Tarlet (14 juillet 
i665). 

a. a Ce douziesme aust 1662 a esté enterré Benoist Corssin 
qui fust tué d'un coupt de fusiers par un fandeus de bois à 
Saint-Point ». (Archives de Saint-Point, GG. i). 

3. Inhumé le 21 février 1781. (Id., GG. 3). 

4. Mort le 2 mai 1789, inhumé le3.(Id., ihid.) 

5. Mort le i5 août 1779, inhumé le 16. (Id., GG. 4). 

6. Mort le 21 novembre 1788, inhumé le 22. (Id., GG. 5). 

7. Archives de Saône-et-Loire, B. i324, f" i53 et 5i8o. 

8. Archives de Saint-Point, GG. i, 26 février i6ia et 
Archives de Saône-et-Loire, B. 1089,^232. 

9. Archives de Saône-et-Loire, ibid,, et Archives de Saint- 
Point, GG. I, 10 janvier 1645. 



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aA33n- WWL* l ^ 




Charies-Loois Testa de BaîâMvt. Mw^r de 
Saint- Point, «ibiûit le is sfféeBfcsr 1770L des 
lettres royaHs portait fiiMiiiiM^ al • poar le Iwm 
publique et Fintérit de s» T^asaax * «■ pia*M 
celui du Trésor), d'an oftce de Botoûv* aa 1 
de Saint-Point, arec ÊÊtmÈkt poar Wdît 
d'en jouir et dV inw—llu tttaiaîfvs. 
à chai^ par lui d'en payer 4 la 
revenus casaels du Bm*. En verta de ces lettres. 
M^ Jean-Baptiste Morcan. eoaanûâsaîie anx droits 
seigneuriaux, fut pourra du nourd ofice ponr une 
durée de neuf ans le i3 nais 1771 \ 

Les terriers auraient pu bo«s mi9n^:ncr sur les 
autres droits dus aux seigneurs. Malheure usemen t 
aucun des deux pour qui des lettres de eonfectîiMi ou 
de rencrareUeniait linent obtenues par Claire de 
Saint-Point, le 4 mars 1617 *. et par Claade^Galinel- 
AmédéedeRochefortd'AllT. le 16 décembre 1770^* 
n a échappé au brniement de lyt*^- Q ne niNis est 
parvenu que âx reconnaissances, passées pardevant 
M*" Gnillet en 17^ et 1738, et cpii nous donnait 
d'intéressantes indications sur les cens et servis 
dont étaient affectées les terres des sujets de la 
seigneurie. Nous ne citenms que deux exemples*. 

Fr»içois Paisseaud. de SâdntrPoint. payait de 
cens et servis annuels : pour «r une maison haute. 
cellier dessous,, grange, four, cour, jardin, terre 
et pré de soir », formant le tiers et le douzième 
d'un ancien domaine divisé entre ledit Paisseaud, 
Claude Bleton pour un tiers, Jacques Ducloux pour 
un sixième et Pierre Ducloux pour un douzième. 



1. Droit dit de marc dTor. 

2. Archives de Saône-et-Loire, B. iaô6, 4- 

3. Id., ibid. 

4. Id., B. 1637, f 54>-. 

5. Id., B. 1206, 4- 

6. Archives de Saône-et-Loire, suppléiuent à la série E, 
famille De Castellaue. 



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5o HISTOIRE DE SAINT-POINT 

II deniers clunisois, les 3/4 et le 1/29 d*un autre, 
2 quarterons de froment, le 1/9 et la moitié du i/i44 
d*un autre, les 2/3 d'un quarteron comble d'avoine, le 
tout mesure de Gluny *, plus la moitié et le 1/8 d'une 
geline ; pour la moitié d'une terre, divisée entre 
ledit Paisseaud et Catherine Sève, contenant à la 
part de chacun la semence d'un paneau^ et demi de 
blé, 1/2 picte^ clunisois; pour une autre terre, con- 
tenant la semence de cpiatre quarterons et demi de 
blé, la moitié et le i/36 d'un denier clunisois, le i/3 
et le 1/12 d'un denier tournois, le i/3 et le 1/24 d'un 
quarteron comble d'avoine, mesure de Gluny, plus 
le 1/72 et la moitié du i/i44 d'une geline ; etc. 

M* Claude Chevillard, notaire royal à Pierreclos, 
qui était possessionné à Saint-Point, payait égale- 
ment de cens et servis annuel : pour une terre 
contenant la semence de quatre paneaux deux 
quarterons et demi de blé, — et qui devait le droit de 
tâche sur quatre paneaux un quarteron, ledit droit 
de tâche * affranchi en faveur de M^* Pierre Dauphin, 
prêtre, par M"^ Jean-Baptiste de Rochefort d'AUy, sei- 
gneur de Saint-Point, le 17 octobre 1670, — 6 deniers 
et une picte clunisois, le 1/4, le i/36 et le i/i44 d'un 
quarteron de froment, le 1/12 d'un quarteron de 
seigle, le 1/8 d'un quarteron d'avoine comble, 
mesure de Cluny, et pour l'affranchissement de la 
tâche, un quarteron et le 1/4 d'un autre, mesure 



1. Ces reconnaissances nous apprennent qu'il y avait à 
Saint-Point trois mesures différentes en usase pour les 
grains, celle de Mâcon, celle de Cluny et celle de Saint- 
Point. — D'après une déclaration de la municipalité, du 
24 octobre 1790, les grains ne se vendaient qu'à la mesure 
ou coupé de Mâcon, « mais on se servait au château de deux 
autres mesures pour l'amas des cens et servis, dont l'une 
est appelée quarteron ou mesure de Saint-Point^ et l'autre 
mesure de Clunx » (Archives de Saint-Point, D, i), 

2. Mesure de capacité pour les grains. 

3. Monnaie valant le quart du denier. 

4. Prestation. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 5l 

dudit Saint-Point ; pour <( une maison haute en 
ruine, cellier dessous, piastre * du costé de vent », 
formant le tiers et le douzième d'un ancien domaine 
divisé entre ledit Ghevillard et Jean Dumolin pour 
le surplus, le 1/16, le i/3 et le i/q4 an ili^ d'une 
picte clunisois, le 1/72, le 1/6 et le 1/48 du i/i44d'un 
quarteron de froment, le 1/34» les 3/4 et le 1/8 du 
1/144 d'une coupe de seigle, mesure de Cluny, le 
1/16, le 1/144» la moitié et le 1/8 du i/i44 d'une 
geline ; pour une terre contenant la semence de 
douze quarterons de blé, 3 deniers clunisois, 1/2, 1/8 
et 1/2 du ili^d'un autre, le 1/9 d'un coupon d'avoine 
comble, mesure de Cluny, le 1/48, le 1/18 du i/i44 ®t 
le 1/96 d'un autre i/i44 d'une livre de cire ; etc. 

Le droit de los se payait, suivant les cantons où 
se trouvaient les biens, i5, 7 et a sous par livre*. 

Le subdélégué de Mâcon estimait en 1784 que les 
droits utiles de la seigneurie (cens, servis, etc.) 
compris dans le bail d'icelle, pouvaient rapporter 
annuellement 600 livres *. 

Les dîmes de Saint-Point se levaient sur les grains, 
le chanvre, le vin, les agneaux et lesnourrins*. Elles 
appartenaient par tiers au seigneur, au curé de la 
paroisse et au chapitre de Saint- Vincent de Mâcon, 
Celles du seigneur et du curé se percevaient à raison 
du i/ii, celle du chapitre à raison du 1/12*. Elles 
étaient estimées valoir annuellement dans leur 
ensemble, 40 à 45 ânées en 1666 •, 5o à 55 ânées 
eni685^ 



ï. Place. 

2. Archivés de Saône-et-Loire, C. 562, 3. 

3. Id., C. 3i8, 74. 

4- Cochons de lait. 

5. G'estrà-dire que le seigneur, le curé, le chapitre, préle- 
vaient qui la 11% qui la 12" partie des fruits dimables dans 
l'étendue de la dîmerie ou paroisse. Aujourd'hui encore on 
appelle les limites de la commune de Saint-Point La Dimerle. 

0. Archives de la Côte-d'Or, C. 2874 et 2889. 

7. Archives de Saône-et-Loire, C. 662, 3. 



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5q histoire de saint-point 

La part du seigneur était amodiée en i685, 
moyennant par an 78 paneaux de blé (les deux tiers 
froment, l'autre tiers seigle, orge et avoine par tiers), 
pour Bourgogne et La Chanalle, 66 paneaux pour 
Ghagny et le bourg, 85 paneaux pour Joux, La Roche 
et Blanchizet, en 1689, moyennant 55o livres par an, 
et en 1694, moyennant 700 livres*. En 1784, elle 
était comprise dans le bail de la terre, mais on 
l'évaluait séparément à 12,000 livres*. En 1790, on 
estimait que son produit moyen était de 3,5oo livres 
par an*. 

En vertu d'un accord passé entre le seigneur et les 
habitants, les i3 et i4 août 1678, « les dixmes des 
faives, poix, voisses, bled noir, millet et autres 
grains appelles dixmes certes » devaient se lever 
désormais « à raison de la dix-huictiesme partye ». 
Un nouveau traité, du 22 août 1689, confirma le 
précédent en ce qui était des fèves et du blé noir, 
mais, à raison des difficultés de perception de la 
dîme des « poix, voisses, gisses, millets, panets et 
champvre malle », le seigneur en abandonnait la 
récolte entière aux habitants « à condition néant- 
moingts de n'en semer tropt grande quantitté ny n'en 
meshuzer * ». 

Toutes ces redevances étaient qualifiées en i685 
de « fort rudes* ». 

Les biens de la seigneurie sont suffisamment 
détaillés dans les dénombrements de 1682 et 1728. 
Ajoutons que d'après un inventaire des biens de 
feu Mathurin BuUion, élu pour le Roi en Maçonnais 



I. Minutes des M" Guillet en l'étude de M' Tarlel (i*' avril 
j685, 4 mai et 3 juin 1694). 
a. Archives de Saône-et-Loire, C. 3i8, %, 

3. Archives de Saint-Point, D. i. 

4. Minutes des M" Guillet, en l'étude de M' Tarlet (i3 et 
14 août 1678, 22 août 1689). 

5. Archives de Saône-et-Loire, C. 56a, 3. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 53 

et seigneur de Tramayes, le seigneur de Saint-Point 
possédait en i6o5 (( la plasse et aysances des hasles » 
de ce bourg*. 

La terre de Saint-Point dont les seigneurs se 
qualifiaient comi^^s dès 1660* et marquis dès 1737», 
mais pour laquelle il n'existe dans les archives 
aucune lettre d'érection*, mouvait en plein fief et 
en toute justice du Roi à cause de son comté de 
Maçonnais et de son duché de Bourgogne. Elle fai- 
sait partie de la châtellenie de Prisse. 

D'après la reconnaissance de Guillaume de Saint- 
Point, elle rapportait, droits et bien compris. 
281 livres tournois en i56o\ A l'audience du 
bailliage de Mâcondu 5 juin 1600, Valentin Siraudin, 
bourgeois et marchand de cette ville, déclara qu'elle 
lui était amodiée à raison de 700 écus par an*. 
L'état des communautés de la généralité de Dijon, 
dressé par ordre de l'intendant de la province en 
1666, évalue son produit à 800 écus, dont deux 
tiers par les droits et un tiers par les biens \ Dans 
le dénombrement de 1728 son revenu est estimé 
2,400 livres. En 1774 elle fut affermée pour neuf ans 
à Jacques Delorme, Jean et Claude Thomas frères, 
marchands, moyennant 6,000 livres par an et plus 
de 5o livres d'étrennes ». En 1784 elle rapportait au 
seigneur 8,000 livres ®. Enfin M. de Castellane la loua 
à Jean Charvet le a novembre 1792, — c'était alors 
« un domaine, les bâtiments de maître et jardin 



1. Archives de Saône-et-Loire, B. 1696, 28, £'67 v% 

2. Id., B. i36i, f 86. 

3. Archives de Saint-Point, GG. 2, 3o mai 1727. 

4. L*état des communautés dressé en 1666 et dont nous " 
parlons plus loin dit qu'elle avait le titre de « simple sei- 
gneurie ». 

5. L. Lex, Les Fiefs du Maçonnais^ 1837, in-8% p. 44* 

6. Archives de Saône-et^Loire, B. gSS. 

7. Archives de la Côte-d'Or, G. 2889. 

H. Minutes des M" Guillet (12 mars 1770). 
9. Archives de Saône-et-Loire, C. 3 18, 74. 



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54 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

situés en la paroisse de Saint-Point, sans se rien 
réserver si ce n'est les appartements qu'occupoit feu 
le sieur de Saint-Point, ainsi que le cabinet des 
archives », — moyennant par an 3,ooo livres, 12 pou- 
lets, 13 livres de beurre, plus à charge de loger 
dans lesdits bâtiments de maître Félicité Martin, 
une ancienne « femme d'honneur de Madame de 
Saint-Point* », et de lui payer 40 livres de pension ^ 
Dans le pouvoir que Marie-Catherine Brûlart de 
Sillery, veuve de Jean-Baptiste de Rochefort d'Ally, 
comte de Saint-Point, donna le 3 novembre 1682 à 
M* Ëdme Lamy , procureur . en la chambre des 
comptes de Dijon, pour reprendre de fief en son 
nom, elle déclarait sa « terre, membres et dépen- 
dances d'icelle, en valleur de 43,5oo livres, se 
soumettant ladicte dame à la peyne du quatruple au 
cas qu'il soit justifiié du contraire^ ». La requête en 
prestation de « foi, hommage et serment de fidélité » 
au Roi, présentée par Jean-Amédée de Rochefort 
d'Ally, le i4 avril 1728, portait cette « valleur en 
principal » à 60,000 livres*. Cinquante ans après, le 
29 avril 1776, M. Testu de Balincourt vendait la 
seigneurie à M. de Castellane, moyennant 180,000 
livres « pour le tout, compris les parties de roture 
mouvant de différentes directes et seigneuries'' ». 
Le fils de M. de Castellane revendit la terre en 
1800, avec la ferme du Plâtre, qui avait fait partie 
de l'ancien domaine de La Bussière*, à raison de 



I. Archives de Saint-Point, GG. 4, n février 1770. 
a. Archives de Saône-el-Loire, supplément à la série E, 
famille De Castellane. 

3. Archives de la Côte-d'Or, B. io858. 

4. Id., B. 10967. 

5. Id., B. moi. 

6. Ce domaine, ou plutôt cette seigneurie, avait été acquise 
en 1765, au prix de 184,000 livres, par M. de Castellane, de 
Marie-Louise-Alexandrine de Foudras, veuve de M. de Leza^ 
de Lusignan, et de Henriette de Foudras, sa sœur, proprié- 
taires toutes deux par moitié. Voir la note suivante. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 55 

60,000 francs payables en or à Texclusion de tout 
papier. Mais à la requête d'un créancier, on procéda 
à une adjudication publique qui fut, le lo février 
1801, tranchée au tribunal de Mâcon, en faveur de 
Pierre de Lamartine, sur l'enchère de 8o,o5o francs. 
Lorsque, à la mort du poète, Saint^Point, qui dans son 
contrat de mariage (25 mai 1820) avait été compté 
pour 100,000 francs, fut vendu judiciairement 
(24 août 1870), le parc avait une contenance de 
4 hectares, et les terres situées tant sur Saint-Point 
que sur Bourgvilain, étaient évaluées à 62 hectares 
environ*. 



I. Pour les détails qui précèdent, voir L. Lex, Lamartine, 
souvenirs et documents, 1890, in-4% p. 16. 



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56 HISTOIRE DE SAINT-POINT 



V 

Les Seigneurs. 



Hugues de Saint-Point, chevalier, donna à 
l'abbaye de Cluny, à une date qu'on peut fixer 
entre 1049 ^t 1109, le quart de l'église de Trambly, 
un domaine, une condemine ou terre, un breuil ou 
pré, et deux femmes avec leurs deux (ils, au même 
village, deux serfs nommés Alard (Adalardus) et 
Robert (Rotbertus), la vigne de Rocein, la rase * de 
vigne qu'il avait dans le clos de Saint-Point, un« vigne 
et un champ à Jullié^ et tous les droits d'usage 
des hommes de l'abbaye sur ses terres de manière 
que ceux-ci fussent affranchis à l'avenir des coutu- 
mes et servis qu'il avait perçus d'eux injustement 
et par voie d'exaction^. 

Hugues de Saint-Point fut témoin, le 19 janvier 
io6q, de la donation de Berzé-la-Ville par Robert 
(Rotbertus) et Hugues ( Wigo), frères, à l'abbaye de 
Gluny*. 

Guillaume de Saint-Point, chevalier, et ses 
frères, Pierre, clerc, Etienne et Point, chevaliers, 
restituèrent à l'abbaye de Gluny, en 1094, ses biens 
situés autour de Saint-Point qu'ils avaient usurpés, 
et ils y ajoutèrent même, pour le repos de l'âme de 



1. Mesure de superficie spéciale aux vignes. 

2. Rhône. 

3. Recueil des chartes de V abbaye de Clunr, dl' 3oii, 

4. Id., n« 3380. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 5^ 

leur frère défunt, Liétaud, et de celles de leurs 
parents, un pré et une terre*. Un Robert de Saint- 
Point, et Girard, son frère, figurent, en outre, 
comme témoins dans cet acte. 

Suivant la tradition, un Etienne de Saint-Point 
accompagna, en 1109, Bérard de Ghâtillon, évêque 
de Mâcon, dans son pèlerinage en Palestine*. Cet 
Etienne est probablement le frère de Guillaume. 

Jacques de Saint-Point, chevalier, et son fils, 
Renaud de Saint-Point, épousèrent, à la fin du 
XIIP siècle, Jeannette et Jacquette, filles d'Alard de 
Montbellet. Au mois de janvier i3oo (1^99 vieux 
style), l'abbé de Tournus leur reprit les biens qu'ils 
tenaient de lui et du chef de leurs {evaiaeskMornqx, 
paroisses de Sennecey-le-Grand et de Saint-Cyr, et 
les donna en arrière-fief à Guillaume de Senneceys. 

Jacques de Saint-Point, écuyer, fut un des 
négociateurs de la trêve signée à Pont-de-Veyle, le 
19 décembre 142 1, qui mit fin aux hostilités entre le 
Maçonnais d'une part, le Bourbonnais, le Beaujolais 
et le Forez d'autre part*. 

Quelques années après, ayant « prins de fait 
Messire Liébault de Lugnie ^, chevalier, en sa 
maison de Lessart*, ou pais de Monseigneur le duc 
de Bourgoingne, et translaté ou pais de Lyonnoiz, 
hors de l'obéissance de mondit seigneur », il fut cité 
par le procureur du duc à comparaître devant son 
bailli de Mâcon, fit trois fois défaut, les 5 octobre 
et 6 novembre 1428, 7 mars 1429, et, en conséquence, 
fut condamné d'abord à 1,000 livres d'amende, puis à 



1. Recueil cité, n° 8677. 

2. Histoire des évêques de Mâcon, p. M. de La Rochette, t. II, 
867, in-8% p. io3. 

3. Archives de Saône-et-Loire, H. 194, 7. 

4. Archives de Mâcon, EE. 43, 38. 

5. Lugny. 

6. Lessard-en-Bresse. 



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58 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

3,ooo, enfin au bannissement du comté de Mâconet 
à la confiscation de ses biens * . 

Obtint-il ensuite dès lettres de. rémission? C'est 
certain, car nous le retrouvons en i423 fait chevalier 
et arbitre choisi pour trancher une difficulté entre 
Jean et André de Lugny, frères, et Isabeau, fille 
dudit André*. 

Dans raccord, qui fut passé le qi juillet de cette 
année, figurent un Lancelot de Saint-Point, damoi- 
seau, et un Lancelot, bâtard de Saint-Point. 

Lancelot de Saint-Point possédait vraisemblable- 
ment la terre de La Salle, car il fonda dans l'église 
de cette paroisse une chapelle dite de Saint-Biaise 
et Sainte-Catherine, dont les titulaires étaient à la 
présentation du seigneur de La Salle '. 

Jean de Saint-Point, chevalier, seigneur dudit 
lieu, comparut à une montre ou revue générale 
passée par M** Jacques de Vienne, capitaine des 
guerres au pays de Bourgogne, à Avallon le 9 janvier 
1458, et aux montres particulières des hommes 
d'armes de la compagnie de M'® Claude de Toulon- 
geon, seigneur de La Bâtie, chevalier banneret, faites 
à Pommard le 24 juin 1472 et à Mâcon et Tournas 
les I®' et 4 septembre 1492*. 

Avec Claude de Saint- Point, seigneur de La 
Salle*, il prêta serment de fidélité à Louis XI, 



1. Archives de la Côte-d*Or,B. 6079, f' 21.— Dans ce docu- 
ment Jacques est appelé Jacquet. 

2. Archives de Saône-et-Loire, E. 353, 4. 

3. Fouillé du diocèse de Mâcon de i5i3, en tête du Cartulaire 
de Saint-Vincent, p. M.-C. Ragut, 1864, in-4% p. CCLXXXIX, 

4. Archives de la Côte-d'Or, B. 12019, p. 495» et B. laoai, 
p. 931 et 930. 

b. Saint-Julien de Balleurre {Des Antiquitez de Moscou, i58o, 
in-f% p. 3i6) donne à croire qiie La Salle est entré dans la 
famille de Saint-Point par suite de Talliance de Jacques et 
de Renaud de Saint-Point avec Jeannette et Jacquette de 
Montbellet. Mais nous trouvons une reprise de fief de cette 
seigneurie faite par Girard de Vers le 5 mai i368 {Les Fiefs 
du Maçonnais, p. L. Lex, 1897, in-8% p. 4). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT Sq 

après la réunion de la Bourgogne à la France 
en 1478*. 

Jean de SaintrPoint possédait à Lugny des dîmes, 
plus quelques cens, rentes et servis, avec la portion 
de justice haute, moyenne et basse, y aflerente. Le 
territoire de cette paroisse comprenait, à la fin du 
XV® siècle, deux dlmages appartenant, l'un au curé, 
qui était alors Pierre Michel, chanoine de l'église 
collégiale Saint-Paul de Lyon, l'autre, pour 5/8 à 
Liébaud de Lugny, chevalier, seigneur dudit lieu, 
et pour 3/8 à Jean de Saint-Point, écuyer, seigneur 
dudit lieu, réservé le peu revenant au cellérier de 
l'abbaye de Tournus, au chapelain de Sainte- 
Catherine de l'église de Lugny et au recteur de 
l'hôpital Saint-Jacques de Mâcon. A la suite d'une 
contestation survenue, en i493, entre les trois codéci- 
mateurs principaux, touchant les novales qu'avaipnt 
levées les seigneurs, et que revendiquait le curé, 
celui-ci renonça (4 juin) non-seulement aux novales 
de question, mais encore à l'indemnité qu'il récla- 
mait, soit 10 livres tournois par an depuis i477i 
date de sa nomination^. 

Jean de SaintrPoint possédait aussi dans le voisi- 
nage de Beaulieu, près Mâcon, des biens qu'il vendit 
à Philippe Margot, conseiller du Roi et maître des 
comptes à Dijon, et dont Isabeau Fustaillier, veuve 
dudit Margot, disposa par testapient en date du 
08 février 1629 vieux style ^. 

Claude de Saint-Point, écuyer, fut en i486 le 
sujet d'une information judiciaire de la part de Jean 
de La Roche, seigneur de Chabannes et bailli de 
Mâcon, à raison des « usurpations faittes par [lui] 
sur les droits du Roi en sa seigneurie de Charbon- 



1. Les Fiefs du Maçonnais, p. 3o et 3i. 

2. Archives de Saône-et-Loire, E. 349, 3. — Notice histo- 
rique sur LugJiy et ses hameaux, p. L. Lex, 189a, in 8% p. 23, 

3. Archives de Saône-et-Loire, H. 373, 2. 



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6o HISTOIRE DE SAINT-POINT 

nière en Mâconnois et spécialement sur la rue 
franche dudit lieu^ ». Il était, croyons-nous, frère 
de Jean, épousa Perrenette, fille de Pierre de 
Vergié, .seigneur de Dulphey et de Flacé, et de 
Claude d'Andelot. Il n'eut pas d'enfants S ce qui 
expliquerait comment nous trouvons sa seigneurie 
de La Salle aux mains de Philibert de Saint-Point, 
dont la notice suit, et qui était vraisemblablement 
fils de Jean, par conséquent neveu de Claude. 

Philibert de Saint^Point, écuyer, seigneur dudit 
lieu et de La Salle, épousa, en vertu d'un contrat de 
mariage en date du i6 mai i5i8, Ancelis de Chandieu, 
fille de Guillaume de Chandieu. 

Ladite Ancelis ayant reçu de son père, « en déduc- 
tion de ses deniers dotaux », la somme de !25o écus 
au soleil, valant 53o livres tournois, imputée sur un 
pré appelé le Pré de La Val, sis à Lugny près le 
chemin du bourg à Bissy-la-Mâconnaise, et conte- 
nant 20 charrées de foin ou environ, vendit, le 8 
décembre i55i, par-devant M** Louis Large, notaire 
royal à Màcon, à Jean de Lugny, chevalier, seigneur 
dudit lieu, et à Françoise de Polignac, sa femme, le 
droit d' assignai qu'elle avait sur ledit pré, moyen- 
nant aSo livres tournois, monnaie du Roi '. 

Philibert de Saint-Point et Ancelis de Chandieu 
laissèrent un fils, Guillaume de Saint-Point*, dont la 



I. « Il y est dit qu'il y avoit quatre seigneurs en la paroisse 
de Charbonnière, sçavoir en quelques lieux l'abbé de Clugny, 
le chapitre de Màcon, M. de La uelière et M" du Parc, et 
qu'en tout le reste le Roy estoit seigneur de laditte paroisse ». 
(Archives de la Côte-d'Or, B. laoai, p. 53). 

a. Saint-Julien de Balleurre, p. 819. 

3. Archives de Saône-et-Loire, B. i3a3, f* 446. 

4. Nous ne savons où le citoyen Puthod a pris Textraor- 
dinaire racontar qu'après la mort de son « exécrable » fils, 
« Ancelis de Chandieu déclara en jugement ^ pour descharger 
sa conscienccy qu'il avait pour père, non ce Philibert, son 
mari, mais un prêtre; et tout en avouant sa faiblesse, elle 
avouait le nom de ce prêtre ». {Géographie de nos villages 
ou Dictionnaire Méconnais, an VIII, m-12, art. Saint-Point). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 6l 

notice suit, et deux filles, Marie et Philiberte, qui 
eurent la seigneurie de La Salle en partage. Marie 
épousa Aimé ou Aimard de Seyssel, seigneur de 
Bourdeau* et de Saint-Cassin*. Philiberte épousa, 
le i8 juin i544i Jean-Louis de La Balme, seigneur 
de Verfey*. 

Marie de Saint-Point était veuve dès i56o*. En 
1577, elle maria sa fille, Claude ou Claudine de 
Seyssel, avec Pierre Dormy, écuyer, sieur et baron 
de Beauchamp, ûls de feu François Dormy, président 
au parlement de Paris, et de Claude de Serre. 

Dans le contrat, passé le 29 avril, au château de 
La Salle, par-devant M* François Duperron, notaire 
royal à Mâcon, il est arrêté 'que le futur prendra 
dorénavant le nom et les armes de la terre et baronnie 
de Beauchamp au bailliage d'Autun,et qu'il sera tenu 
d'acheter la moitié de la seigneurie de La Salle, 
ft qu'est la part et portion advenue à feu damoyselle 
Philiberte de Sainct-Poinct, jadis seur de ladicte 
dame Marye de Sainct-Poinct, à présent ténementée 
par le seigneur de Verfray^, lorsque icelle moitié 
de seignorie sera exposée en vente ; et sy elle n'estoit 
en vente, acheptera ledict sieur espoux, au proffit 
de luy et de ladicte damoizelle son espouze, aultres 
biens jusques à la valleur et concurrence d'icelle 
moitié, laquelle moitié ou bien acquis sera et demeu- 
rera en propre à ladicte damoizelle de Saissel 
espouze, au cas qu'il décède sans enfans procréés en 
loyal mariage et avant ladicte damoizelle son 
espouze. 

« Plus ledict sieur espoux donne par donnation 
de survye et douhaire à ladicte damoizelle son 



1. Savoie. 

2. Id. 

3. Commune de Saint-Paul-de-Varax (Ain). 

4. Les Fiefs du Maçonnais , p. ^o, 

5. Lire Ver/ex» 



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6a H19T01RK DE BAINT-POINT 

espouze la somme de 5oo livres toumoys de rente 
et revenu annuel, avec une maison meublée selon 
Testât et qualité de ladicte damoizelle. 

« Item sera tenu ledict sieur espoux enjouailler 
ladicte damoizelle son espouze de bons et sullizantz 
joyaulx jusques à la somme de 600 escuz sol. 

(( Item et lequel sieur espoux de sa libéralle 
volonté et pour amityé qu*il porte à ladicte damoi- 
zelle luy donne deux robbes, l'une de velloux 
cramoisy, Taultre satin blanc, avec deux cottes 
assortissantes ». 

De son côté, Marie de Saint-Point donne à sa fille 
« sa maison, terre et seignorie de La Salle, avec les 
apartenances et deppendances, sauf et réservé l'usuf- 
fruict sa vye durant )). 

Et (( où ladicte damoizelle Claude, sa fille, iroyt 
de vye à trespas sans hoirs procréés en loyal 
mariage, en ce cas veult et entend ladicte donnatrix 
que ladicte terre et seignorie de La Salle susdonnée. 
retourne et advienne de plain droict à damoizelle 
Jehanne de Saissel, sa fille et seur de ladicte damoi- 
zelle Claude * ». 

Ces robes de velours cramoisi et de satin blanc 
brouillèrent bientôt gendre et belle-mère, car nous 
voyons qu'à l'audience du bailliage, du la avril 
15^8, un honorable marchand de Mâcon, Ajidré 
Gratier, fit assigner Marie de Saint-Point et Claude 
de Seyssel, sa fille, mineure de a5 ans, « pour dire 
cause pourquoy elles ne payoient audict Gratier la 
somme de 63 escus sol et i/3 qu'elles luy doibvent 
pour marchandise de draps de soye et aultres prinse 
en sa bothicque pour les accoustremens de ladicte 
damoyselle de Seyssel, despuys mariée au seig-neur 
de Vinzelles et de Beauchamp, lequel payement 
ledict Gratier leur auroyt infiniment demandé, et en 

I. Archives de Saône-et-Loire, B. i3a5, f" 9. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 63 

a plusieurs missives qu'il produict. Après ayoyr 
lon^ement patienté à leur prière et requeste,ladiete 
damoyselle de Seyssel et son mary dient que ce sont 
accoustremens nuptiaulx que ladiete dame mère 
doibt payer, laquelle an contraire, dict que c'est 
ladiete de Seysel sa fille, car le mary de ladiete de 
Saissel auroit promis par son traicté de mariage 
l'abiller* ». 

Et la brouille s'accentua tant et si bien que quatre 
ans après, le i3 août 1682, par-devant M® Philibert 
Barjot, lieutenant général civil et criminel au bail- 
liage de Mâcon, Marie de Saint-Point, « pour les 
causes d'ingratitude receues de Pierre Dormy », 
révoqua purement et simplement la donation univer- 
selle de ses biens tant meubles qu'immeubles qu'elle 
avait fait comprendre, sous réserve d'usufruit seule- 
ment, dans le contrat de mariage du 29 avril 1577^. 

La moitié de la seigneurie de La Salle échue à 
Philiberte de Saint-Point fut, malgré le contrat de 
1677, acquise par Jean de Miolans^, seigneur de 
Ghevrières*, du Parc et de Senozan. 

L'autre moitié, qui avait été la part de Marie de 
Saint-Point, devint, malgré la révocation de 1682, 
la propriété des Dormy. 

En i56o chacune de ces moitiés était estimée 
produire 5o livres tournois de revenu annuel ^. 



I. Archives de Saône-et-Loire, B. 867, audience du la 
avril 1578. 

a. Id., B. i33o, f 3a V. 

3. Saint- Julien de Balleurre (p. 3i6) dit à tort par Jacques 
de Mwlans, C'est Jean de Miolans qui par son mariage avec 
Françoise, tille unique de Jacques Mareschal, devint seigneur 
du Parc et de Senozan. Voir Arcelin, Indicateur héraldique 
et généalogique du Maçonnais, 1866, in-8% art. De Ma/*esc/ia/, 
et Révérend du Mesnil, Armoriai historique de Bresse, 
Bugey, Dombesy etc., 187a, in-4% art. Mitte, 

4. Loire. 

5. Les Fiefs du Maçonnais, p. 40 et 43. 



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64 HISTOIRE DB SAINT-POINT 

Guillaume de Samt-Point, chevalier, seigneur 
dudit lieu, 1 était, en outre, du chef de sa femme, 
Antoinette de La Forêt, dudit La Forestz^ de 
Chani^ant* et Clermatin", Il déclara en i56o que sa 




Guillaume de Saint-roint ^. 

terre de Saint-Point lui rapportait annuellement 
281 livres tournois^. 

En 1557 il fut capitaine élu du ban et arrière-ban 
de la noblesse du bailliageSeten i558 député nommé 
par la noblesse aux Etats du Maçonnais'. 

Le rôle qu'il joua dans les événements militaires 
dont notre pays fut le théâtre en i56a est assez 
considérable. 

Au mois de juillet de cette année-là, « ses gens, qui 
se préparoient à faire le siège de Belleville, et dont 
une partie bordoit la Saône pour empêcher qu'il ne 
vînt aucun secours de Lyon et Mâcon, ayant surpris 
les bateaux qui portoient environ la valeur de 



1. La Forêt, commune d'Orléal (Puy-de-Dôme). 

2. Peut-être Chez-Vaure, même commune. 

3. Clairmatin, id. 

4. Archives de Mâcon, EE. a6, 33 bis, 

5. Les Fiefs du Maçonnais, p. 44* 

6. Archives de Saône-et-Loire, E. 389, 19. Archives de 
Mâcon, EE. 26, 8. 

7. Archives de Saône-et-Loire, G. 4^> '• 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 65 

4o,ooo livres en argenterie*, s'en emparèrent pour 
en soudoyer les troupes, se saisirent des conduc- 
teurs de bateaux et les envoyèrent prisonniers à 
Dijon. 

« Ce butin anima M. de Saint-Point pour s'en 
saisir d'un autre. Etant sorti de Belleville pour 
aller ailleurs, deux compagnies de calvinistes, 
rayant appris, sortirent de Mâcon et se jetteront 
à coup dans la place, dont ils se saisirent. M. de 
Saint-Point apprenant cette nouvelle, vint avec 
200 chevaux, 700 hommes de pieds et quelques 
fusiliers des communes voisines, pour la reprendre ; 
mais il fut repoussé vigoureusement avec perte des 
siens : ses gens convertirent leur vengeance sur les 
bêtes à corne qu'ils trouvèrent dans les lieux circon- 
voisins ^ ». 



I. « Les soldats de Montbrun, qui avoient volé et enlevé 
l'argenterie et les reliquaires de la cathédrale de Saint- 
Vincent de Chalon-sur-Saône, descendirent en ce tems-là 
la rivière pour vendre à Lyon leur butin. Le» gens de M. de 
Maugiron, lieutenant du Koi en Dauphiné, qui pour lors 
étoient en garnison à Cuisery, ayant appris la descente du 
bateau, se rendirent en diligence à deux lieues au-dessous 
de Mâcon, et Tayant arrêté, ils enlevèrent le butin et se 
rendirent à Tournus pour le convertir en lingots; mais 
n'ayant pas trouvé à 1 y vendre, ainsi qu'à Cuisery, ni à 
Mâcon, ils les portèrent enfin à l'hôtel de la Monnoye de 
Lyon pour convertir le tout en espèce ». (Histoire des Révo^ 
Intions de Mâcon sur le fait de la Religion, p. M. D., 1760, 
in-i2, p. 59). 

a. Histoire des Révolutions de Mâcon, p. 62. — Voici ce que, 
dans ses Mémoires, Gaspard de Saïux-Tavannes dit de 
l'afTaire : « Sainct-Poinct, un des capitaines de Tavannes,qui 
menoit ses coureurs, prit un batteau chargé de reliques du 
pillage de Mascon, que les Huguenots envoyoient a Lyon, 
qui m peut employées au payement des Catholiques, contre 
la fausse calomnie d'aucuns Gordeliers, qui ont escrit que 
ces relicpes n'estoient point conduites par les Huguenots à 
Lyon, ains par des Catholiques pour les cacher et sauver, 
et qu'elles furent séparées entre le gouverneur et capitaines ; 
ce qui est faux». (Nouvelle Collection des Mémoires pour 
servir â Vhistoire de France, p. Michaud et Poiiioulat, 
t. Vm, i838, in-8% p. 254). 



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66 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Le mois suivant, « M. de Tavanes averti par des 
catholiques de Mâcon que cette ville étoit sans 
défense et destituée de soldats, fit partir secrète- 
ment quatre cornettes de cavalerie et 800 hommes 
d'infanterie, assuré d'ailleurs d'une secrète intelli- 
gence qu'il entretenoit avec quelques citoyens catho- 
liques de Mâcon. Les capitaines Ganteperdrix, 
Trotedan et Saint-Point* étoient de la partiel Ceux- 
ci marchèrent toute la nuit et arrivèrent fort à 
propos, le 18 août, à quelque distance de Mâcon, 
sans qu'on y eût le moindre avis de leur marche, 
et à demi-heure "de jour' le capitaine Ganteperdrix 
ayant fait défiler une vingtaine de soldats derrière 
le mur de la porte royale de la Barre, il fit avancer 
vers cette porte plusieurs charrettes à bœufs, qui 
passèrent la première et seconde porte ; mais quand 
le premier bouvier fut arrivé sous la herse, il fit de 
dessein renverser sa charrette, et par cette action 
arrêta celles qui la suivoient, et sur-le-champ les 
vingt soldats se levèrent, accoururent et égorgèrent 
quelques sentinelles, introduisirent leurs gens, ren- 
versèrent un corps-de-garde et se rendirent maîtres 
de la ville sans presque aucune résistance. Alors 
Montrosat et ses gens, amenés de Pierreclos prison- 
niers, furent élargis, qui de leur côté firent main 
basse sur les protestants, pillèrent à leur tour les 
maisons et rançonnèrent les plus riches. Ainsi Mâcon 
revint aux catholiques sous la domination du Roi ; 
car M. de Sain1>Point en prit le gouvernement,lequel 
touché au vif des impiétés que les protestans avoient 



1. M. D. a imprimé Saint-PojraL 

2. Tavannes (ouvr. cité, p. a55) donne sur cette marche 
les détails suivants : « Le sieur de Tavannes fait partir 800 
arquebusiers et 200 chevaux, qui se destournoient de deux 
lieues pour éviter Tarniée ennemie ; passant par les monta- 
gnes à Lourdon et à Saint-Point, se treuvent une heure 
avant le jour proche Mascon ». 

3. Le 19 août. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 67 

commis dans la ville, surtout par rapport à Tadorable 
sacrement de nos autels, leur en fit subir la peine 
qu'ils méritoient, en faisant précipiter plusieurs des 
plus factieux dans la Saône* ». 

Au sujet de ces fonctions de gouverneur de Mâcon, 
qui furent confiées à Guillaume de Saint-Point, 
Saint-Julien de Balleurre écrivait quelques années 
plus tard : ((Il fut mis à Mascon, pour y commander, 
par le seigneur de Tavanes, lors lieutenant de Roy 
au gouvernement de Boui^ogne. Or, comme il est 
bien certain (jue les honneurs changent les meurs, 
aussi cest homme devenu, de lieutenant du seigneur 
de Pierrecloux*, commandeur à Mascon, s'intitula 
gouverneur* j comme si celuy cpii n'est que lieutenant 
au gouvernement avoit pouvoir de créer des gouver- 
neurs. Entré au reste en trop grande opinion de 
luy-mesme et impatient de compagnons de profit, il 
ne se peut entretenir longuement en l'amitié de ceux 
qu'auparavant il souloit honorer. Mesmement ayant 
bravé, par un rigour^ix refuz de traicte de vin, à 
Messire François de La Baulme, chevalier, conte de 
Montrevel,gouvemeurdeBresse,BeugeyetVéromey, 
il s'accoustuma de ne respecter personne * ». 

Ce sont les protestants surtout (jue Guillaume de 
Saint-Point ne respectait pas, si l'on s'en rapporte à 
un biographe du siècle dernier, aux appréciations 
du(juel nous croyons (ju'il faut cependant attribuer 
une certaine exagération : 

(( Homme violent, sanguinaire, cruel par tempé- 
rament, qui a rendu sa mémoire odieuse à jamais, 
par la barbarie cpi'il exerça sur toutes les personnes 



I. Histoire des Révolutions de Mâcon, p. 65. 

a. Le seigneur de Pierreclos était alors Antoine de Rouge- 
mont. Les Fiefs du Maçonnais, p. 43. 

3. Dans le contrat de mariage de Claire de Saint-Point, 
dont la notice suit, il est qualilié « lieutenant pour le Roy 
au gouvernement de Mascon d. 

4* Des Antiquitez de Mascon, p. 3i6. 



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68 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

accusées ou suspectées de protestantisme ; il joignoit 
la raillerie à la cruauté, et il însultoit les malheureux 
à qui il faisoit souffrir les supplices les plus horribles. 
Ce fut alors que se firent les sauteries de Mâcon, 
-que Ton appeloit autrement la farce de Saint-Point, 
parce qu'il se faisoit un jeu de faire sauter dans la 
Saône, de dessus les ponts, les huguenots qui 
étoient prisonniers entre ses mains. 

« C'étoit principalement lorsqu'il donnoit à manger 
aux dames de la ville et des environs, ce qui arrivoit 
très souvent. Quand on étoit sur le point de sortir de 
table, il demandoitsi la farce étoit prête. G'étoitle 
mot du guet, par lequel il s'informoit si ses gens 
avoient eu soin de tirer de prison quelques-uns des 
malheureux qu'il devoit faire servir au cruel passe- 
temps de sa compagnie. 

(( Lorsque tout étoit prêt, il menoit promener les 
dames sur le bord de la Saône, et ordonnoit qu'on 
jetât de dessus le pont, dans la rivière, un ou deux 
de ces misérables, selon qu'il étoit en humeur ; il 
prioit en même temps ses convives de décider 
lequel étoit le plus alerte et avoit sauté le plus légè- 
rement. 

(( Une conduite aussi barbare excita avec raison 
les clameurs des protestants ; mais on pouvoit leur 
objecter qu'on n'agissoit ainsi que par droit de repré- 
sailles. Le baron des Adrets, un de leurs plus fameux 
capitaines, venoit d'exercer sur les catholiques les 
plus grandes cruautés. 

« Saint-Point continua près d'un an à tenir la 
même conduite à l'égard des protestants, mais enfin 
il fut puni de son inhumanité par un gentilhomme 
nommé Achon*, avec qui il avoit eu une querelle 
extrêmement vive; ce gentilhomme l'ayant rencontré 



I. D'A pchon,« jeune gentilhomme qui avoit une compagnie 
de gens de pied au Masconnois ». (Saint-Julien de Balleurre, 
p. 3i6). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 69 

■ ■ - . f ■ 

près de la ville, dans le temps que ce Gouverneur 
revenoit de sa maison, où il avoit fait transporter 
environ pour îio,o>o écus de pillage, il lui tira 
un coup d'arquebuse, dont il mourut sur-le-champ ; 
mort trop douce pour un homme coupable de tant 
d'horreurs * ». 

C'est entre le i8 mars et le 21 avril i563 que nous 
trouvons Guillaume de Saint-Point remplacé par 
Claude de Saulx-Vantoux comme gouverneur de 
Màcon*. 

A-t-il été tué alors qu'il exerçait encore ces fonc- 
tions ? Nous l'ignorons. En tous cas ce fut avant le 
12 juillet i563, date du contrat de mariage de Claire 
de Saint-Point, dont la notice suit. 

Vingt ans après, en 1682, la Juridiction des Grands- 
Jours réunie àClermont informait encore du « murtre 
perpétré en la personne du feu sieur de Sainct- 
Poinct », et donnait commission au procureur du 
Roi à Mâcon de « procéder au recollement des 
tesmoins ouïs en l'information », notamment de 
M® Etienne Jaillard, notaire à Mogneneins en 
Dombes '. 

La conduite barbare et la fin tragique de Guil- 
laume de Saint-Point ont inspiré en 1847 à M. J.-M. 
Grosset, de Mâcon, un (( roman historique, dédié à 
M. A. de Lamartine» et intitulé Guillaume de Saint- 
Points 



1. Les Vies des hommes illustres de la France, p. d'Auvi- 
gny, Pérau et Turpin, 1789-68, in-12, t. XVI, p. 255. 

2. Archives de Mâcon, BB. 38, f" 45, 49 et 52 ; EE. 26, 
33 his, 

3. Archives de Saône-et-Loire , B. 874, audience du i5 
novembre i582. 

4. Paris, Passard, libraire-éditeur, 1847^ 3 vol. in-8". — Il 
y a aussi une brochure intitulée : Saint-Point ou de la 
Poésie, dialogue philosophique, p. G. d'Azambuja (Forcal- 
quier, imp. E. Martin, 1889, in-12), mais elle n\ rien de 
commun avec Saint-Point que son titre. 



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70 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Guillaume de Saint-Point avait fait son testament 
le ai mai i56â^ 

Claire de Saint-Point, fille naturelle et légitimée 
de Guillaume de Saint-Point S épousa en i564 
Antoine de La Tour de Saint- Vidal et en 1596 
Marcelin du Haut-Villard. 

Antoine de La Tour, baron de Saint-Vidal ' et 
de Cénaret *, gentilhomme ordinaire de la chambre 
du Roi, chevalier de son ordre, capitaine de cin- 
quante hommes d'armes de ses ordonnances et son 
gouverneur en Velay, Haut-Vivarais et Gévaudan^ 




Glaire de Saint-Point 6. 



puis grand-maître de l'artillerie de France, né vers 
i54o d'Antoine de La Tour, seigneur et baron de 
Saint- Vidal, capitaine de deux enseignes de gens de 



I. C'est Claire de Saint-Point qui le rappelle dans son 
propre testament en 1629. (Archives de Saône et-Loire, B. 
1089, f 23a). 

a. Qui vraisemblablement l'avait donnée à Antoinette de 
La Forêt avant mariage, car nous allons voir un Jérôme de 
La Forêt s'intéresser a elle. 

3. Haute-Loire. 

4. Commune de Barjac (Lozère). — Les barons de Cénaret 
entraient de droit aux Etats du Gévaudan et à ceux du 
Languedoc. 

5. Comme gouverneur du Gévaudan il avait i,aoo écus de 
gaffes en 1583. (Archives de la Lozère, C. i34i). 

6. Archives de Saône-et-Loire, E. iai67, aa. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 



pied, tué au siège de Calais (i558), et de Françoise 
d'Albon, avait pour oncle Antoine d'Albon, arche- 
vêque d'Arles, abbé de llle-Barbe et de Savigny. 
C'est cet Antoine d'Albon qui « traicta » avec les 
« gardiateurs et curateurs » de Claire de Saint-Point, 
(( ayant sa garde noble et curatelle », savoir Phili- 
bert et Girard de Fougères, frères, seigneurs dudit 
lieu* et de L'Etoile, et Philibert Geoffroy, seigneur 
de Dinechin. Parmi les autres (( grandz et notables 
personnaiges, parens, amis et allyés des parties » 
dont on prit « advis et conseil», il y avait Jean 
d'Uzès, seigneur de RafiinV Marc de Chantemerle, 
seigneur.de La Clayette et de Vougy', Antoine de 
Vichy, seigneur de Champ-Rond, Charles de Busseul, 
seigneur de Saint-Semin-en-Brionnais* et Corcelles, 
et Jérôme de La Forêt, seigneur de Bulhon *. 

Le contrat fut passé au château de L'Etoile, le iii 
juillet i563, par-devant M® Guillaume Desroches, 
de Saint-Embrun, notaire royal. 

Le futur constituait à sa femme « pour son dou- 
haire et augment, en cas qu'elle luy survive », 
5oo livres de rente annuelle à prendre sur les 
revenus de sa (( maison et seigneurye » de Montus- 
clat', plus la jouissance de sa « maison de Sainct- 
Vidal, meublée de tous meubles et utencilles de 
maison ». Il promettait aussi de la « bien et deuement 
enjoualler de jouyaulx jusques à la some de six cens 
escus d'or au soleil». 

La future donnait à son époux, au cas que « elle 
aile de vie à trespas devant luy », 3oo livres de rente 
annuelle à prendre sur les revenus de la terre de 
Saint-Point. 



I. Rhône, 
a. Loire. 

3. Id. 

4. Aujourd*hut hauban. 

5. Puy-de-Dôme. 

6. Haute-Loire. 



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72 



HISTOIRE DE SAINT-POINT 



Au sujet de Saint-Point il était convenu, en outre. 
qu*on respecterait les intentions de Guillaume de 1 
Sain tr Point, « s*il se treuvoit par testament et 
ordonnance de dernière volonté dudict feu seigneur. 
père de ladiete future, que Tung des enfans masle. I 
tel qui sera choisy et esleu par ladiete damoiselle et 1 
sondict futeur mary, succéderoit et emporteroit la | 
terre et seigneurie de Sainct-Poinct en portant le 
nom et armes dudict seigneur * ». 

Le mariage eut lieu le 3 février i564 (i563 vieux | 
style). 

Comme Guillaume de Saint-Point, son beau-père, 
Antoine de La Tour, baron de Saint-Vidal, s'est ' 
montré, pendant les guerres de 
religion, un des capitaines catho- 
liques les plus acharnés contre 
les protestants. 

Voici la notice qui lui a été 
consacrée par M. de Beau- 
champ dans la Biographie uni- 
verselle de Michaud*. 

Il (( fit, en 1572, de vains efforts 
pour reprendre le château de 
Beaudiné en Velay, dont s'était 
emparé le capitaine Lavache- 
resse. Deux mois après, il fit le siège et s'em- 
para du bourg et du château d'Espaly, à un quart 
de lieue du Puy, occupés par les protestants, 
où il fut blessé. Ces succès lui méritèrent la 
confiance des habitants de cette ville, et il en fut 
nommé gouverneur par l'évêque et le corps muni- 
cipal. La même année, les châteaux de SaintrQuentin, 
d'Adiac, de Bessamorel, de Chapteuil et de Belle- 




De Saint-Point 1. 



1. D'hermine au lion de sable. (Arcelin, ouvrage cité, art. 
De Saint-Point), 

2. Archives dfe Saône-et-Loire, B. 1827, f* i58 v*. 

3. Nouvelle édition, t. XXXVII, art. De Saint-Vidal 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 78 

combe, occupés aussi par les protestants et tous 
situés dans le Velay, tombèrent en son pouvoir. 
Il assiégea ensuite et prit la ville de Tence au même 
pays, qu'il mit au pillage, en fit pendre les ministres 
comme auteurs des troubles et passer les habitants 
au fil de Tépée. En 1677, il fit le siège d'Ambert en 
Auvergne, qu'il fut obligé de lever. D'après l'ordre 
du Roi, il assiégea, en i58p, Saint-Agrève, où il fut 
blessé et perdit un œil. Après avoir pris diverses 
mesures de sûreté pour la défense du Puy contre le 
vicomte de Polignac, qui était en guerre avec cette 
ville, il accourut, en i58i, sans succès, au secours 
de Bedoueze * en Gévaudan, assiégée par les capi- 
taines Le Merle et Gondin», envoyés par le prince 
de Condé. Quelques années après, en i586, il se 
rendit, amenant six canons du Puy, auprès du duc 
de Joyeuse, avec lequel il fit le siège du Malzieu en 
Gévaudan, qui fut soumis, et dont ce duc lui donna 
le gouvernement. Il obtint aussi de lui le gouver- 
nement de Marvejols, qui capitula après huit jours 
de siège. En i588 il fit le second siège ' de Saint- 
Agrève, dont il fit raser les murs et ruiner les 
fortifications. Dévoué au parti de la Ligue, et 
continuant de commander au Puy, en 1689, le 
sénéchal de Chattes, qui avait été nommé par le 
Roi gouverneur du pays de Velay, lui disputa le 
gouvernement de cette ville et le somma de se 
rendre à l'obéissance du Roi. D'une autre part, le 
corps municipal du Puy, qui était ligueur, déclara 
vacante la charge de sénéchal et y nomma Saint- 
Vidal. Ces conjonctures l'engagèrent à se rendre 
auprès des chefs de la Lig^e. Après dix mois 



ï. Lire Bédonès, 

a. Vraisemblablement Gondrin. 

3. Dans les troupes avec lesquelles il se mit en campagne 
au mois de mars i588 il y avait 600 arquebusiers du Maçonnais. 
(Archives de la Lozère, G. i353). 



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74 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

d'absence * il revint au Puy avec 3 à 4»ooo hommes, 
à la fin de mai iSgo. Il fit le second siège d'Espaly, 
s'empara du bourg qui fut brûlé, et le château 
capitula. Il en fit sauter par la mine toutes les voûtes. 
De nouvelles hostilités entre les royalistes du Velay 
et les ligueurs du Puy ayant donné lieu à des 
négociations en vue de la paix, cette ville s'obstina, 
même contre son avis, à ne pas reconnaître le 
lieutenant du Roi en Languedoc, le duc de Mont- 
morency. Ces négociations, qui avaient lieu au-delà 
du pont d'Ëstrolhas,près du faubourg Saint-Laurent, 
amenèrent de vives discussions entre les négocia- 
teurs royalistes et ligueurs, et un duel où étaient 
présents, d'une part, le sénéchal de Chattes et 
Pierre de La Rodde, et, de l'autre, le lieutenant du 
capitaine général de la ville du Puy et le baron de 
Saint- Vidal, qui y fut tué par le sieur de La Rodde, 
le a5 janvier 1691 ». Le beau-père et le gendre 
eurent donc la même fin. 

I. U était à ce moment-là dans le Méconnais. Au mois de 
juillet 1689 M. de BaufTremont, comte de Cruzille, battait la 
campagne pour le Roi. « Le gouverneur de Mfteon Çd. de 
Nagu) ayant assemblé son conseil, lit conclure au siège du 
château de Crusille. Le résultat fut qu'on y employeroit les 
régimens de Saint-Vidal, Conflans, Deximieux et de La 
Grange. On fit conduire, à cet effet, le a* d'août, au port de 
Fleurville, le& provisions de bouche avec l'artillerie, et 
autres munitions de guerre, comme on en étoit convenu 
dans le conseil avec Saint-Vidal ; mais celui-ci fit bien 
connoître qu'il étoit d'intelligence avec le comte de Crusille, 
car il refusa au gouverneur de Mâcon la commission de cette 
attaque; sur quoi le gouverneur résolut d'y assister en 
personne, et se rendit à Fleurville. Saint-Vidal, qui étoit 
là avec son régiment, voulut se justifier auprès du sieur de 
Nagu sur le refus d'attaquer la place, et lui dit que s'il étoit 
venu présenter ses services au pays du M àconnois, ce li'étoit 

3ue dans l'intention de tirer une récompense de ses expé- 
itions. Le gouverneur qui vit que ce capitaine mercenaire 
ne vouloit combattre que pour l'intérêt et non pour la 
gloire, lui fit connoître gue ses services ne lui étoient point 
agréables ; sur quoi Saint-Vidal se retira avec ses soldats, 
et le gouverneur retourna à Mâcon avec son convoi de 
vivres et de munitions ». {Histoire des Réçolutions de Mâcon^ 
p. 171). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT jS 

. Il devait laisser de Claire de Saint-Point plu- 
sieurs enfantsS dont les « masles », s'il y en avait, 
étaient morts avant 1596. 

Le 26 février 1596, au château de Saint- Vidal, 
par-devant M«* Jacques Bolindreau et Antoine 
Rosier, notaires royaux, fut signé le contrat de 
mariage d'entre Claire de Saint-Point, douairière 
dudit Saint^Vidal, et Marcelin du Haut-Villard, fils 
de Claude du Haut-Villard, seigneur dudit lieu*. 

Claire de Saint-Point faisait apport de tous ses 
biens. Marcelin du Haut-Villard recevait en dot de 
son père la nue propriété de la moitié de tous ses 
biens, moitié qu'il s'était réservée lors du mariage 
de Joseph du Haut-Villard, son autre fils, avec 
Jeanne de Borne. 

Quant à Saint-Point, il est arrêté qu'il « sera et 
appertiendra à l'ung des enfans, soit masle ou 
femelle, que seront procréés du présent mariage, 
tel ou telle qu'il plairra à ladicte dame eslire ». 

En cas de survie, le futur assure à sa femme 
5oo livres de rente et « son habitation dans la 
maison du Hault-Villars dheuement meublée », la 
future à son époux, « l'usuffruict de la maison et 
place de Sainct-Poinct ». 

En outre, le fatur promet à sa future une somme 
de 5oo écus sol « pour ses bagues et joyaulx* ». 

En 1600 il y eut procès au bailliage de Mâcon 
(( entre noble François de Montillet, escuyer, gen- 
darme de la compagnie de Monsieur le duc du 
Meyne, cessionnaire et ayant droict par transport 
de noble Jehan du Blanc, sieur du Mas, impectrant 
d'exécution et saisie pour la somme de 200 escus, 
audict sieur du Mas adjugée par sentence du 4 j^iin 



1. Archives de Saône-et-Loire, B. 1827, f* i58 V. 

2. Commune de Silhac (Ardèche). 

3. Archives de Saône-et-Loire, B. i335, f 692. 



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jS HISTOIRE DE SAINT-POINT 

1698, d'une part, et noble Marcelip de HaultTillert, 
sieur dudict lieu, principal débiteur, d'aultre, et 
encores honorable Vallentain Ciraudin*, boui^^ois 
et marchant de Mascon, qualité de fermier et admo- 
diateur de la seigneurie de Sainct-Poinct, apperte- 
nant à dame Claire de Sainct-Poinct, femme dudict 
sieur de Haultvillert, saisinattaires, d'aultre ». 

A Taudience du 7 octobre, François de Montillet 
requit « confirmation de la saisie et mainlevée de la 
somme de 300 escus ». A quoi, pour et au nom de 
Tabbé de Cluny, M* Nicolas Larme, procureur, fit 
opposition, disant « que ledict sieur révérend abbé, 
pour avoir payement et solution de la somme de 
5,000 escus, restant de plus grande en laquelle ladicte 
dame de Sainct-Poinct, dame de Sainct-Vidard et 
vicontasse de Beaufort, luy est tenue et obligée, 
auroit dès long temps faict procedder par saisie tant 
entre les mains dudict Ciraudin, qualité de fermier 
de ladicte seigneurie de Sainct-Poinct, que de 
M« Nicolas Daulphin, négociateur et entremetteur 
des biens d'icelle seigneurie, tous les fruictz, droictz 
et revenus d'icelle, tant des termes escheuz que à 
escheoir ». Et le lieutenant général, admettant que 
(( saisie sur saisie n'a poinct lieu », révoqua et leva 
« la saisie faicte instant ledict de Montillet, second 
saisissant, sauf à luy de se pourvoir pour son 
prétendu droict sur les aultres biens dudict sieur 
d'Haultvillert» ». 

En 1627, autre procès entre Glaire de Saint-Point, 
dame dudit lieu, demanderesse, requérant « estre 
dit que le deffendeur fera oster et lever la litre et 
ceinture funèbre qu'il auroit faict faire autour de 
Fesglise de Trambly, et estre dit que deiïenses seront 

1. Lire Siraudin. 

2. Archives de Saône-et-Loire, B, 986. Audience du 7 octo- 
bre 1600. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 77 

faictes audit deffendeur de faire par cy-après tenir 
les foires nouvellement establies audit Trambly es 
lieux et places èsquelles elles se tiennent de présent, 
qui sont autour de l'esglise et cimetière dudit 
Trambly, et autres lieux circonvoisins, qu'elle sous- 
tient astre en sa justice » en vertu de l'échange fait 
entre entre elle et l'abbé de Gluny, le 17 août 1692, 
par-devant M** Périer et Animé, notaires royaux, 
d'une part, et Philippe de Laurencin, écuyer, sei- 
gneur de La Bussière, et « à cause de ce soy disant 
seigneur hault-justicier dudit Trambly et des lieux 
èsqpielz sont situez ladite esglise, cimetière et place 
des foires », défendeur, d'autre part. A l'audience 
du q6 novembre, ledit seigneur fut renvoyé des lins 
de la plainte et ladite dame condamnée aux dépensa 

Le 18 avril 1629, « en la chambre basse, à cotté de 
la salle » du château de Saint-Point, et par-devant 
M« Nicolas Bayard, notaire à Mâcon, Glaire de 
Saint-Point, veuve de Marcelin du Haut-Villard 
depuis 1619 au moins % fit son testament. 

Elle « eslict la sépulture de son corps en l'esglize 
de Sainct-Poinct, dans le tumbeau et monument où 
ses prédécesseurs sont inhumés, ayant faict cy- 
devant des fondations en ladicte esglize pour faire 
prier Dieu pour le salut de son âme et pour la 
célébration du sainct sacriffice de l'autel ». 

Elle fait divers legs de i5o livres chacun à ses 
domestiques, à des habitants du Puy, du Haut- 
Villard, de Montferrand^, de Retournac*, de Paris, 
notamment à Marguerite, fille de Martin et de 

1. Archives de Saône-et-Loire, B. 1067. Audience du 
26 novembre 1627. 

2. Cette année-ià Claire de Saint-Point, créancière du pays 
de Gévaudan, demanda le paiement « des grandes et notables 
sommes à elles dues », et le receveur des tailles répondit ne 
rien devoir ni à ladite dame ni à M. du Haut-Villard, son 
défunt mari. (Archives de la Lozère, C. 17 10). 

3. Commune de Banassac (Lozère). 

4. Haute-Loire. 



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78 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Claudine Brune, dudit Paris, « en considération de 
ce qu'elle a été sevrée pour la nourriture d'Anthoine- 
Marcellin Damas, seigneur de Digoyne, son petit- 
fils ». 

Elle donne, en outre : à Michel de Saint- Vidal, 
enfant naturel de son petit-fils, feu Jean- Antoine 
de La Tour de Rochefort d'Ally, i,5oo livres; à 
Glaire de Rochefort, sa petite-fille, veuve du sieur 
de Vabrette, 6,000 livres, qu'elle lui a constituées en 
dot à son mariage ; à Pierre de Rochefort, son petit- 
fils, 10,000 livres qu'elle lui a également constituées 
en dot à son mariage ; à Marie de La Tour, sa fille, 
veuve de Théophile de Damas, seigneur et baron de 
Digoine, épouse en secondes noces de M. de Gham- 
pré, lo livres, outre les avantages qa*ellelm a fidts 
lors de son premier mariage; à Antoine-Marcelin 
de Damas S seigneur de Digoine, son petit-fils, 
3oo livres ; à Aymard de Rochefort d'AUy, son 
petit-fils, 5 sous tournois seulement, « en considé- 
ration que desjà cy-devant elle luy a donné la somme 
de 3,000 livres ». 

Enfin elle institue son héritier universel, seul et 
pour tout le reste de ses biens. Glande de Rochefort 
d'Ally, son autre petit-fils, enfant de feu Claire de 
La Tour de Saint- Vidal, sa fille, à condition qu'il 
prenne le nom et les armes de Saint-Point*. 

C'est peut-être à l'occasion de ce testament que 
Claire de Saint-Point fut induite en procès. A l'au- 
dience du bailliage de Mâcon du «27 février i63o 
nous la trouvons, en effet, plaidant aux fins d'être 
maintenue et gardée en la possession, jouissance et 
saisine du « chastel et maison forte, terre et sei- 
gneurie de Sainct-Poinct, concistant au chastel et 
aultres baptimens, domaines, prez, terres, bois 

I. Fils de Charles-François, lils de Théophile, 
a. Archives de Saône-et-Loire, B. 1089, f* aSa. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 79 

d^haulte futée et taillis, cens, servis, laoudz et ventz, 
dixiesmes, justice et aultres droictz et debvoirs 
seigneuriaulx estans et despendans d'icelle sei- 
^eurie, ensemble en la possession et jouissance des 
baptimens et clos de vigne appelles de Sainct-Poinct 
au viUage d'Hurigny, le tout appertenant à icelle 
dame », contre Pierre-Antoine de La Tour de Saint- 
Vidal, son petit-fils, et dame Marguerite de Châ- 
teauneuf, sa femme, qui « se jactentd*avoir quelzques 
contractz par lesquelz ilz prétendent lacQcte sei- 
gneurie leur appertenir, sans que néantmoings icelle 
dame en aye passé aulcungtzS). 

Glaire de Saint-Point plaidait encore au mois de 
mars i63i*. 

Enfin nous la retrouvons une dernière fois, et 
toujours en procès, au commencement du mois de 
mai i632. Il y avait à ce moment-là cause pen- 
dante au grand conseil entre elle qualifiée « dou- 
hairière de Sainct-Vidal, baronne de Génaret, dame 
de Sainct-Poinct, Montferrand en Gévauldan et 
autres places' », et les héritiers de feu M* Etienne 
Vaillant, juge mage de l'abbaye de Gluny*. 

Glaire de La Tour de Saint- Vidal avait épousé, 
le i*"" août I58î2^ un seigneur d'une des maisons 
les plus anciennes et les plus considérables de l'Au- 



I. Archives de Saône-et-Loire, B. loaS, 2. Audience du a; 
février i63o. — Pierre-Antoine de La Tour de Saint-Vidal ne 
fut pas seul à élever des prétentions sur la seigneurie de 
Saint-Point. Jean-Théophile de Damas, baron de Digoine, 
qui fut parrain à Saint-Point le 10 février 1641, est dit dans 
1 acte de baptême « seigneur de Saint-Point, Saint-Aubin, 
etc. » (Archives de Saint-Point, GG. i). 

a. Archives de Saône-et-Loire, B. 1069. Audiences des la et 
a6 mars i63i. 

3. Notamment à^Esturs ou EstnreÇ>^ et de Cultures (Lozère). 
Voir Archives de Saône-Loire, B. 1037, f° 54 V. 

4. Archives de Saône-et-Loire, E. ia67, 6a (5 mai i63a). 

5. Arcelin, ouvrage cité, art. De RocheforU 



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8o 



HISTOIRE DE SAINT-POINT 



vergne, Claude de Rochefort, baron d'AUy», de 
Joserand*, de Fortunier * et de La RochetteS gentil- 
homme de la chambre du duc d' Alençon et capitaine 
de cinquante hommes d'armes, et lui avait apporté 
en dot la baronnie de SaintrVidal». Ils eurent plu- 
sieurs enfants, dont trois fils, Aymard, Pierre- 
Antoine et Claude de Rochefort firent les trois 
branches* de La Tour, de Saint- Vidal et d'Ally. 

Ce Claude de Rochefort d'AUy^ baptisé le 22 
novembre 1604, fils de Glaire de La Tour de Saint- 
Vidal, devint, en vertu de la 
substitution de sa grand'mère 
maternelle, du 18 avril 1629, 
comte de Montferrand, baron de 
Cénaret « et de Saint-Point. Il 
épousa, le i^avril i633, — Claire 
de Saint-Point venait de mou- 
rir, — Anne de Lucinge, fille 
de René de Lucinge de Gères, 
seigneur de La Motte près Gui- 
siat» et des Allymes*», et de 
Honorade de Galles. 
Le contrat fut passé au château de La Motte, le i3 
avril, par-devant notaire. 

1. Les armes des Rochefort étaient « de gueules à la bande 
ondée d'argent, accompagnée de six merlettes de même mises 
en orle ». {Dictionnaire généalogique de La Chesnaye aes 
Bois, t. m, 1757, art. De Rochefort), 

2. Cantal. 

3. Puy-de-Dôme. 

4. Commune de Dienne (Cantal). 

5. Haute-Loire. 

7! Les renseignements biographiques sur les sfgjem-s .^^ 
Saint-Point des maisons de Rochefort d'AUy, festu de Balin- 
court et de Castellane que n'accompagne aucune indication 
de source, sont tirés du Dictionnaire généalogique de La 
Chesnaye des Bois (1757-1765) ou du Dictionnaire de la 
noblesse du même auteur (1770-1784). 

8. Commune de Barjac (Lozère). 




De Rochefort d'Ally l. 



9. Ain. 

10. Commune d'Ambérieu (Am). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 8l 

Les parents de la future lui donnaient en dot une 
somme de 25,ooo livres tournois, savoir le père 
2!2,ooo et la mère 3,ooo, plus i,ooo livres «pour 
habitz ». 

Le futur assurait à sa femme, en cas de survie, 
une somme de iâ,5oo livres, et la future à son mari, 
dans le même cas, une somme de 6,a&o livres, sous 
la réserve toutefois que, s'il y avait des enfants, le 
survivant ne pourrait disposer qu'en leur faveur. 

Le futur donnait, de plus, à son épouse, une somme 
de 3,000 livres « pour ses joyaulx ». 

Ënûn, il déclarait que, s'il décédait le premier, sa 
veuve aurait droit à un douaire de i -000 livres de 
rente par an, et à une « maison meublée selon la 
qualitté de ladictedamoiselle, avec une littière garnie 
et attellée de deux muUetz ou chevaulx suiizans^ ». 

Gouverneur de Saint- Jean-de-Losne en i636, 
Claude de Rochefort d'Ally défendit héroïquement 
la place contre le général en chef des Impériaux, 
Gallas, et, quoique atteint de la peste, il se fit porter 
sur la brèche pour soutenir le courage des quelques 
soldats qu'il avait sous ses ordres*. 

Il était encore gouverneur de cette ville et de plus 
lieutenant-colonel du régiment du prince de Conti 
en 1645 et en 1646. 

1. Archives de Saône-et-Loire, B. i35o, f* 73. 

2. a Mathieu Galas, à la tète de plus de 60,000 hommes, 
vint mettre le siège devant Saint-Jean-de-Losne. Cette ville 
était peu fortiiiée, n'avait (jue huit petites pièces de canon 
sans canonniers, une garnison de 100 hommes et à peine 
3oo habitants capables de porter les armes. Malgré le feu 
terrible d'une nombreuse artillerie, un furieux assaut de 
trois heures, une brèche ouverte de douze toises, ils tinrent 
ferme. Une délibération formée par Desgranges et Lapre, 
échevins, fut signée de presque tous les bourgeois ; ils s'obli- 
gèrent sous sernient « de combattre jusqu'à Ta mort pour le 
« service du Roi ; si le nombre des assiégeants l'emportait, 
« il fut décidé ({u'un chacun mettrait le feu à sa maison, 
« périrait ensuite l'épée à la main en se défendant de rue en 
« rue, ou se retirerait par la porte du pont de Saône dont on 
« abattrait une arcade ». Ainsi fortifiés, nos citoyens sou- 



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8a HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Le 3i août i645, en effet, « s'en allant au service 
de Sa Majesté audit régiment », il s'arrêta à Is-sur- 
Tille et y dicta à M* Nicolas Béruchot, notaire et 
tabellion royal, ses dernières volontés. 

Il désignait Anne de Lucinge, sa femme, comme 
son héritière universelle, à condition pour elle de 
ne pas se remarier et de laisser, à son décès, les 
terres de Montferrand* et de Cénaret à leur fils 
aîné, « non encore nommé en baptesme », qai devait 
prendre le nom de Cénaret et qui était alors au 
collège des jésuites de Dijon. Puis il léguait 8,000 
livres à chacun de leurs deux autres fils, savoir 
Jean-Baptiste, « destiné à estre chevalier », et un 
dernier qui n'était pas encore baptisé, mais « auquel 
l'on prétendoit donner le nom de Silvestre, destiné 
à estre prestre 0. Quant à leur fille, qui était au 
couvent de Blye à Lyon*, il lui donnait 4»ooo livres. 
Ces sommes étaient payables à la majorité desdits 
enfants*. 

La naissance d'un quatrième fils fut sans doute ce 
qui détermina Claude de Rochefort d'AUy, de nou- 
veau (( sur le poirict de partir pour se rendre au 
service du Roy dans ses armées », à refaire son testa- 
ment, le 39 avril 1646, en son « hostel » àSaint-Jean- 



tinrent pendant quatre heures avec une valeur incroyable 
un second assaut encore plus meurtrier que le premier. Ils 
s'y battirent en désespérés, aidés de leurs femmes, qui 
versaient des graisses, des huiles bouillantes, de l'étain 
fondu sur les assiégeants, dépavaient les rues pour les 
écraser, prenaient les armes et la place de leurs maris, de 
leurs frères tués ou blessés, et combattaient avec tout 
Tacharnement du désespoir et de la vengeance. La résistance 
opiniâtre des assiégés, jointe à la crainte d'une inondation, 
dont menaçait une pluie de la heures, força Galas, rebuté, à 
lever le siège le 3 novembre, avec une perte considérable 
d'hommes, de canons et de munitions, après avoir été neuf 
jours devant la place ». (Courtépée, Description du duché 
de Bourgogne, éd. de 1847, t. II, p. 45o). 

1. Commune de Banassac (Lozère). 

2. Prieuré de femmes de l'ordre de Saint-Benoît. 

3. Archives de la Gôte-d'Or, K. 2448. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 83 

de-Losne et par-devant M* Jean Morel, notaire de 
cette ville. 

Il donnait ses meubles à Anne de Lucinge et lui 
assurait l'usufruit de ses immeubles, terres et 
seigneuries de Montferrand, Saint-Point, Cénaret 
et Saint<]hélyS destinés à leur fils aine, Henri de 
Rochefort de Cénaret. Puis il léguait 6,000 livres à 
chacun de leurs trois autres fils, savoir Jean- 
Baptiste, celui qui devait s'appeler Silvestre, et le . 
sieur de Laval», f( auquel il désiroit faire donner le 
nom de Pierre-Antoine ». 

Enfin à leur fille, « destinée pour estre religieuse », 
il assignait 3,ooo livres qui devaient lui être payées 
à sa (( profession ^ ». 




Cl. de Rochefort d'Ally de Saint-Point *. 

Claude de Rochefort d'Ally était « recommandable 
pour sa générosité, de laquelle il a donné beaucoup 
de preuves dans les employs qu'il a eu et par les 
blessures qu'il a receues. Car depuis l'an 1620 jus- 
quesà présent, ditGuichenon, qui écrivait en i65oS 
il a continuellement servy, premièrement volon- 
taire au Pont-de-Sés® sous le duc de Chevreuse, en 



1. SftîntrChély-du-Tarii (Lozère). 

2. Laval-dtt-Tarn (id.). 

3. Archives de la Côte-d'Or, E. 2633. 

4. Id., E. 2448. 

5. Histoire de Bresse et de Bugey-y in-f*. Continuation de la 
troisième partie, p. 142. 

6. Les Pont-de-Gé (Maine-et-Loire). 



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84 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

la guerre de Vivarets* SOUS le duc de Montmorancy, 
et au siège de La Rochelle où il eut trois mousque- 
tades. Après il fut premier capitaine en 1626 au 
régiment de La Coste-Moyran au siège de Gavy* et 
en la guerre de Gênes, lieutenant de cavalerie du 
sieur de Saint- Vidal, son frère, en 1627, lieutenant 
de la compagnie du marquis de Croisilles en l'armée 
du marquis d'Uxelles en 1628, volontaire en l'armée 
de Languedoc en 1629, lieutenant du marquis 
d'Alègre au régiment de Lonjumeau au siège de 
Privas; i63o, i63i, i632, i633, i634 et i635, en 
l'armée de Lorraine ; en i636, il fut premier capi- 
taine du régiment de Conty au siège de Dôle où il 
fut blessé de quatre mousquetades, soustint le siège 
de Saint- Jean-de-Losne assiégé par l'armée impé- 
riale, se signala en la défaite du marquis de Mortara 
commandant ledit régiment de Conty en qualité de 
lieutenant-colonel, puis au combat de Fribourg * où 
il força les retranchemens et eut une mousqnetade 
à la joue, fut encor aux sièges de Courtray* et de 
Mardick ^ où il fut aussi blessé d'une mousquetade à 
la cuysse ». 

D'après une note qui nous est obligeamment 
communiquée par Mgr Rameau, Claude de Roche- 
fort d'AUy continuait à exercer les fonctions de 
gouverneur de Saint- Jean-de-Losne en 1662. Il se 
disait, en outre, chevalier de l'ordre duRoi,iiiaître- 
de-camp du régiment de Bourgogne, comte de Mont- 
ferrand, baron de Cénaret et seigneur de Saint-Point: 

A la lin de sa vie il prenait aussi les titres et 
qualités de marquis de Cénaret, seigneur des Allymes 
et autres lieux, gentilhomme ordinaire delà chambre 



1. Vivarais. 

2. Gavi en Piémont. 

3. Fribourg en Bris^au. 

4. Courtrai en Belgique. 

5. Nord. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 85 

du Roi , lieutenant-colonel du régiment d'infanterie 
de Sa Majesté ^ Il mourut entre le 5 janvier et le ii 
avril 1660 *. A cette dernière date en effet, vu son 
décès (( arrivé depuis peu », le greffier du bailliage 
de Mâcon, accompagné d'un huissier, se rendit au 
(( chastel et maison-forte » de Saint-Point, où, 
malgré qu'il eût constaté qu'il n'y avait « aucuns 
meubles, papiers et effectz, sy ce n'est quelques 
vieulxbois de lictz et garderobes à Tenticque », il 
apposa les scellés*. 

Le 5 janvier, il avait, paivdevant M* Gabriel Colas, 
notaire royal à Mâcon, promis sa fille, Marie- 
Françoise, à Pierre de Laurencin, seigneur et baron 
de La Bussière, Ghanzé* et Cruix», fils de Jean de 
Laurencin, seigneur et baron de La Bussière, Saint- 
Léger, La Garde et autres places, et de feu Margue- 
rite de Mellier •. Le contrat ne fut passé que le 19 
octobre suivant, à Montferrand, et par-devant 
M« Antoine Boudon, notaire à Saint-Laurent- 
d'Olt. 

Jean de Laurencin donnait à son fils Pierre tous 
ses biens meubles et immeubles, sauf l'usufruit delà 
moitié desdits biens sa vie durant et 5o,ooo livres 
dont il voulait disposer par testament' en faveur de 
François de Laurencin, son autre fils. 

Anne de Lucinge constituait à sa fille Marie- 
Françoise une dot de i5,ooo livres, savoir 12,000 
du chef de son père et 3, 000 du chef de sa mère. 

Il était convenu que Jean de Laurencin et le jeune 
ménage vivraient ensemble au château de La 



1. Archives de Saône-et-Loire, B. i36i, f* 86, et E. 3io, i. 

2. Le Dictionnaire de la noblesse dit qu^il testa le 22 
mars 1660 et mourut le 27 juillet 1668. Cette dernière date 
est évidemment inexacte. 

3. Archives de Saône-et-Loire, B. 1274, 81. 
4> Commune de Dareizé (Rhône). 

5. Commune de Thcizé (id.) 

6. Archives de Saône-et-Loire, B. 1407, 176. 



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86 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Bussière, et qu'ils nourriraient et entretiendraient à 
frais communs François de Laurencin jusqu'à ce 
qu'il fût marié ou qu'il eût atteint l'âge de aS ans. 

Déplus, le futur donnait à sa femme 7,5oo livres* à 
prendre sur ses biens après sa mort, et la future 
donnait semblablement 3,75o livres à son mari au 
cas où celui-ci dût lui survivre. 

Enfin, en cas de prédécès, le futur assurait encore 
à sa femme un douaire de i,ooo livres par an, sa 
(( demeure » dans Tun des appartements du château 
de La Bussière, meublé des meubles nécessaires, 
Tusage des jardins, vergers, bois, pour elle, pour 
(( son équipage et chevaux* ». 

Les 1 5,000 livres promises par la mère à sa fille et 
qui devaient être payées « à la fête de l'annuel » 
(1660) se firent longtemps attendre. C'est, en effet, 
le 21 février 1664 seulement qu'Anne de Lueinge, 
pour s'acquitter, se résolut au démembrement de la 
seigneurie de Saint-Point et céda à son gendre, 
vicomte de La Bussière, Ghanzé et Cruix, tout les 
revenus qu'elle avait en qualité de dame dudit Saint- 
Point aux villages du Perret (Tramayes), NTeuiUy 
(Tramayes), Nogent (Saint-Léger^sous-la-Bussière), 
Montillet (Tramayes), Les Cours (Brandon), Pur- 
langes (Sainte-Cécile), La Garde (Saint-Léger-sous- 
la-Bussière), et aux paroisses de Saint-Léger-sous- 
la-Bussière, Dompierre-les-Ormes, JalOgny, Bran- 
don et Trambly'. 

Claude de Rochefort d'AUy * était resté marié 
pendant 27 ans et il aurait eu, d'après le Diction- 



I.. 11 n'est plus question dans le contrat des a,ooo livres 
tournois de <c joyaulx » annoncés dans la promesse du 5 jan- 
vier. (Archives de Saône-et-Loire, B. 1407, 176). 

2. Archives de Saône-et-Loire, B. i36i, f* 86. 

3. Id.,E. 3io, I. 

4. C'est sans doute un frère de Claude de Rochefort 
d'Ally, du prénom de Christophe, qui se trouvait à Saint- 
Point vers 1664 çt qui y inenait une vie peu exemplaire. Le 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 87 

naire de la noblesse, 19 enfants, savoir : Henri ; — 
Jean-Baptiste, qui suit ; — Jean-Silvestre, vicomte 
de Saint-Point, baptisé le 16 octobre 1647, main- 
tenu dans sa noblesse, ainsi que son frère aîné, par 
M. de Bezons, le lo janvier 1670 ; — Pierre ; — 
Jean-Antoine-Claude, baptisé le 5 mai i655, reçu 
chanoine du chapitre de Saint-Pierre de Mâcon le 
23 juin 1672, prieur de Saint-Martin de Salmon * et 
de Notre-Dame de Laval* en 1690', connu sous le 
nom d' « abbé de Saint-Point », mort le 4 déScembre 
1695 et inhumé à Saint-Point* ; — Marie-Anne- 
Françoise, mariée en 1660^ à Pierre de Laurencin, 
baron' de LaBussière; — Marie- Victoire, née en 

curé, baptisant un de ses enfants naturels, employait par 
pudeur des lettres plus ou moins grecques (que nous avons 
reproduites ci-dessous, grâce à Tobligeance de MM. Protat 
frères, imprimeurs à Mâcon), pour transcrire le nom du père 
sur les registres de la paroisse : « L'an mil six ceiit soixante- 
quatre et le ving-troisiesme jour du mois de febvrier a esté 
baptizé Jacques, iils de pLovaisup xh?^^ ^^ RtoxHsÇojpT 8aX>7j, 
et sa mère Françoize Martin, ses père et mère ; et a esté 
son parrain Jacques de Laye et sa marraine, Claude Martin, 
dans Pesglize paroissialle de Saint-Point, par moy curé 
dudit lieu, et me suis soubsigné. Bl. Mathieu, pr. ind. » 

S Archives de Saint-Point, GG. i). — Le 2 février 1672 
Id., ihid.)y la même Françoise Martin eut un autre enfant 
naturel, François. Le nom du père est en blanc dans l'acte, 
mais la présence au baptême, qui se lit le 4 février, de 
M" Pierre Pradeilhe, prêtre du diocèse de Mende, et de 
M. Jean Jolivet, « agent de M. de Sainct-Point » (et « baillif 
du mandemeiit de Laval 1», le 3i août 1677) nous paraît bien 
significative. 

1. Commune d'Auxillac (Lozère). 

2. Laval-du-Tarn. 

3. Archives de Saint-Point, GG. i, juillet 1690. 

4. « Le quatriesme jour du moys de décembre mil six cens 
nonante-cin^ moureut noble Jean-CIaude-Anthoine d Ailly, 
abbé de Samt-Point et chanoine du noble et vénérable 
chapistre de Saint-Pierre de Mâcon, après avoir receii tous 
les sacremants requis; feut ensevelypar moy soubsigné dans 
la sépulture et tombeau de ses prédécesseurs... En foy de 
ce, Chauvet, curé ». (Archives de Saint-Point, GG. 2). 

5. La Chesnaye des Bois dit par erreur 16 go* 

6. Le même auteur le fait comte. Marie- Anne-Françoise se 
dit d'ailleurs « comtesse » (Archives de Saint-Point, GG. i, 
i" avril 1670). 



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88 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

1660, baptisée à Saint-Point le 7 novembre 1674*» 
mariée à Charles de La Garde, marquis de Cham- 
bonas% seigneur de Saint-Thomé', mort en 1686; — 
deux filles, religieuses à la Visitation de Mâcon *; — 
neuf autres enfants, morts jeunes. 

Anne de Lucinge, veuve de Claude de Rochefort 
d'Ally, vivait encore en 1688*. 

Claude de Rochefort d'Ally, dans son testament 
du Î19 avril 1646, avait stipulé que si Henri de 
Rochefort de Cénaret, son fils aîné, mourait sans 
descendant mâle, — ce qui arriva, — Anne de 
Lucinge, sa femme et son héritière universelle, 
substituerait audit Henri, pour les terres et seigneu- 
ries, tel de ses autres fils qu'elle choisirait. Ce fut 
sur le second, Jean-Baptiste de Rochefort d'Ally, 
que se portèrent les préférences. 

Dans le contrat de mariage qui fut signé lorsque 
Jean-Baptiste épousa Marie-Catherine Brûlart de 
Sillery, fille de Louis Brûlart, marquis de Sillery *, 
et de Marie-Catherine de La Rochefoucauld, le 12 



1. « L'an mil six cens soixante et quatorze et le septième 
jour du mois de novembre, par moy prestre soubsigné ont 
esté supplées les cérémonies omises au baptême de demoi- 
selle Marie-Victoire de Rochefort d'Ally, lille légitime de 
feu haut et puissant seigneur Messire Claude de Rochefort 
d'Ally de Saint-Point, chevalier, quand vivoit baron de 
Cénaret, comte de Montferrand et de Saint-Point, mestre-de- 
camp du régiment royal et gouverneur de la ville de Saint- 
Jean-de-Laune, et de haute et puissante dame Anne de 
Lucinge, mariez... J. Chauvet, prestre ». (Archives de Saint- 
Point, GG. i). 

2. Ardèche. 

3. Id. 

4. L'une d'elles, Honorée-Marie, au moment de prendre 
l'habit de novice, fit, le 8 septembre 1675, un testament par 
lequel elle donnait 5o livres à sa mère, Anne de Lucinge, et 
le reste de ses biens à sa belle-sœur, Marie-Catherine Brûlart 
de Sillery. (Minutes de M* Chappuis, en l'étude de M* Gau- 
theron, notaire à Mâcon, n° SgSS). 

5. Le I" février de cette année-là elle a été maiTaine d'une 
lille baptisée à l'église Saint-Pierre de Mâcon. (Archives de 
^Jâcon, GCr. 58). 

6. Marne. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 89 

novembre 1664, Anne de Lucinge, sa mère, lur 
abandonna tous ses biens, en ne se réservant que 
« sa demeure » au château, de Montferrand avec les 
jeunes mariés, la jouissance des meubles de son 
appartement, et 2,000 livres de rente. Mais une 
sentence du sénéchal de Nimes intervint, a portant 
licquidation de plusieurs sommes en faveur de ladicte 
dame, à la poursuitte et dilligence de ses aultres 
enfans, au préjudice toutefois dudict contract de 
mariage », de sorte que par un acte passé au château 
de Montferrand et par-devant M® Jacques Bonna- 
foux, notaire royal de La Ganourgue * , le a4<^c*obi'® 
1672, Anne de Lucinge dut réduire d'une part à 
1,1200 livres la rente de 2,000 qu'avait à lui payer 
son fils, à charge par lui cependant de faire dire 
aussitôt après sa mort mille messes de Requiem 
pour le salut de son âme, et réserver d'autre part 
pour Jean-Silvestre et Jean-Pierre de Rochefort 
d'Ally, vicomte et chevalier de Saint-Point, pour 
Marie- Victoire et Marie-Honorade de Rochefort, à 
chacun i,5oo livres, pour Jean-Antoine-Glaude de 
Rochefort d'Ally, abbé de Saint-Point, jSo livres, et 
pour Marie-Françoise de Rochefort d'Ally, femme 
de M. de Laurencin, baron de La Bussière, ou pour 
Marie de Laurencin de La Bussière, leur fille*, 3oo 
livres, lesdites sommes payables deux ans après le 
décès de la donatrice*. 

Le 25 juillet 1679, Jean-Baptiste de Rochefort 
d'Ally, comte de Montferrand et de Saint-Point, 
gentilhomme delà chambre de S. A. S. Monseigneur 
le Duc, fut élu par les Etats du Maçonnais député 



1. Lozère. 

2. D'après le Dictionnaire de la noblesse, Pierre de Lau- 
rencin eut quatre enfants : Jean- Alexandre ; — r Marie-Anne ; 
— Marie^Artémise, mariée à Jean de Laurencin de Paffy, 
seigneur du Péaçe et d'Avenas, son oncle ; — Marie-Hippolyte, 
religieuse au prieuré de Marcigny. 

3. Archives de Saône-et-Loire, B, i366, f a85 



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90 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

<le la noblesse aux Etats de Bourgogne*. Il vivait 
« fort honorablement » à Saint-Point, dit un acte 
rédigé en 1666, et les habitants « ne s'en [plaignaient] 
point* ». 

Différents documents lui donnent aussi les titres 
et qualités de baron de Génaret % seigneur de Saint- 
Ghély, Pougnadoire*, Laval et autres lieux, capitaine 
au régiment de Turenne*, écuyer d'écuriedu Roi. La 
GhesnayedesBoisdit qu'il testa le i3 juin 1672, et 
eut quatre enfants : Jean-Amédée, qui suit ; — 
Glaude-François-Gaston, baptisé à Saint-Point le 
i®"^ avril 1670% qualifié d'abbéen 1681 '; — Emmanuelle- 
Bénédicte, religieuse de la Visitation à Saint- Amour 
en Gomté ; — Gharlotte-Félicie, née le 21 décembre 
1677, mariée à Glaude-François Terrier de Montciel, 
dont elle a eu une fille, Marguerite -Gabrielle- 
Félicie*. 

Marie-Gatherine Brûlart de Sillery, sa veuve 
et héritière testamentaire, demeurant à Paris, 
rue Saint-Benoît, paroisse Saint-Sulpice, donna, le 



1. Archives de Saône-et-Loire, C. 475» f" 69 v°. 

2. Archives de la Côle-d'Or, C. 2889, p. 799. 

3. Avec sa mère Anne de Lucinge, il vendit en 1666 la 
baronnie ou une portion de la Laronnie de Cénaret à 
M" Victor de Frézal de Vabres, marquis de Beaufort, moyen- 
nant 71,284 livres. (Archives de la Lozère, G. 88). 

4. Commune de Saint-Chély-du-Tarn. 

5. Minute n' 3o63 de Fétude de M* Gautheron, notaire 
à Mâcon. 

6. « Le premier jour d'avril 1670, j*ay administré le 
sacrement de baptesme dans Tégflise de Saint-Point à Messire 
Claude-François-feaston, fils à Messire Jean-Baptiste de 
Rochefort d'Aly, conte de Monferran et de Saint-Point, et à 
Madame Marie-Chaterine Brûlard de Sillery, son espouse. 
Son parrein est Messire Claude Damas, marquis de Digoine, 
Molinet, Saint-Auben, Encredé, et sa marreine Madame 
Marianne-Françoise de Rochefor d'Aly-Saint-Point, contesse 
de La Bussière. En foy de ce me suis signé : De Curières, curé. 
M. de Rochefor d'AUy-Saint-Point. C. Damas - Digoine ». 
(Archives de Saint-Point, GG. i). 

7. Archives de Saint-Point, GG. i, a8 novembre 1681, 

8. Voir id.,.GG. 3, 7 septembre 1734. 



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HISTOIRE DE SAINT*POINT 9I 

3 novembre 1682, à M®Edme Lamy, procureur en là 
chambre des comptes de Bourgogne et Bresse, pou- 
voir de reprendre de fief la seigneurie de Saint- 
Point et de rendre au Roi les foi et hommage qu'elle 
lui devait pour ladite terre*. M* Lamy s'acquitta de 
cette mission le 3 Janvier i683*. 

Jean-Amédée de Rochefort d'Ally, né en 1666, 
ne fut baptisé qu'en 1668, le 7 août, à Saint-Point «. 

Il épousa, à Saint-Point également, à la fin dû 
mois de juillet 1690, Jeanne-Marie Charrier, fille de 
feu Eustache Charrier, seigneur et baron de La 
Roche*, JuUié, Juliénas S Saint- Jacques-des-Arrêts * 
et autres lieux, et de Catherine de Badol de Roche- 
taillée'. 

. Le contrat de mariage avait été passé au château 
de Pierreclos, par-devant M^ Guillet, notaire royal 
à Bourgvilain, le 24 juillet 1690. 

La future apportait en dot 40,000 livres d'argent 
et 800 livres de «joyaux » consistant en (( un coulant, 
une croix de diamant et un fil de perles ». Le futur 



1. Archives de la Côte-d'Or, B. io858. 

2. L. Lex, Les Fiefs du Maçonnais j p. 196. 

3. « ... fils de Jean-Baptiste Rochefort, son père, seigneur 
de Sainct-Poinct, et dame Marie Brûlart de Sillery, sa mère, 
a esté baptisé par moy soub signé sur les fonds baptismaux 
de l'esglise de Sainct-Poinct sans avoir receu les cérémonies 
du baptesme, le septiesme jour d'aoust mil six cens soixante- 
huict. Dulac, presDtre ». ?Archives de Saint-Point, GG. 1). 

4. Commune de Jullié (Rhône). 

5. Rhône. 

6. Id. 

7. »... esme jour du mois de juillet mil six cens quatre- 
vingt et dix ...nédiction nuptiale, en présance du très saint 
sacrement de l'autel ... ne àMessire Jean-Amédée de Roche- 
fort d'AUy ...e Saint-Point et de Monferran, baron de Sénaret, 
seigneur ...1, fils naturel et légitime de deffunt haut et puis- 
sant seigneur Messire Jean ...rt d'Ally, chevalier, conte dudit 
Saint-Point, Monferran et autres lieux, et d'haute ...me dame 
Catherine Brùlart de Sillery, veuve dudit seigneur défunt 
conte... dame Jeane-Marie Charrier, fille naturele et légitime 
de défunt Messire ...ier, chevalier, seigneur et baron de La 
Roche, Juillier, Juillenar, Saint-Jaques-des... lieux,, et de dame 



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g2 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

était nommé par Marie-Catherine Brûlart de SiUery, 
sa mère, héritier de la succession du feu comte de 
Saint-Point, son père, à la réserve de l'usufruit de 
ladite dame et du quart attribué aux filles. 

En cas de prédécès du mari, la veuve devait rece- 
voir, s'il n'y avait pas d'enfants, une somme de 
10,000 livres d'augment, une rente de 5oo livres de 
douaire, et 4*000 livres de « bagues et joyaux » ; 
s'il y avait des enfants, q,ooo livres d'augment, 
4,000 livres de «.bagues et joyaux », et « son habi- 
tation » au château de Saint-Point « avec l'esquipage 
accoustumé en pareil cas* ». 

Jean-Amédée de Rochefort d'AUy, comte de Saint- 
Point* et de Montferrand, baron de Génaret, seigneur 
de Saint-Chély, Pougnadoire, Laval et autres lieux, 
servit sur mer et prit part au bombardement d'Alger 
en 1688. Il devint par la suite lieutenant des maré- 
chaux de France en Gévaudan, député de la noblesse 
du diocèse de Mende en Languedoc et commandant 
la ligne de la rivière du Tarn au gouvernement de 
la ville de Sainte-Enimie*. Son régiment de milice, 



dame Catherine de Badol de Rochetailler.Tesmoins feurent...n 
dudit mariage Messire Guillaume Charrier, abbé et seigneur 
de Quinperic ...e dame et l'un de ses curateurs, Messire Jean- 
Babtiste Michon, chevalier, seigneur... et Bussière, oncle 
maternel Tde la] dicte dame, Messire Jean-Anthoine-Claude 
de Rocherort ... Point, seigneur chanoine du noble chapitre 
Saint-Pierre de Mâcon, prieur des ... Martin de Saumon et 
Nostre-Dame-Laval, oncle paternel dudit seigneur ... Guillet, 
notaire royal, demurant en la parroisse de Bourgvilain ...n- 
Amédée de Rochefort d*AUy Saint-Point. J.-Marie Charrier... 
Rochefort d'Ally Saint-Point. L'abbé Charrier, abbé de 
Quimperlé... Michon de Pierreclau. Guillet. Chauvet, curé de 
Saint-Point ». (Archives de Saint-Point, GG. i, feuillet 
lacéré). 

1. Minutes des M" Guillet, en l'étude de M' Tarlet, notaire à 
Clermain. 

2. Avant qu'il eût hérité de Saint-Point on l'appelait « Jean- 
Amédée de Saint-Point, comte de Rochefort ». (Archives de 
Saint-Point, GG, i, 11 octobre 167a). 

3; Lozère* 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 98 

qui s'appelait le régiment de Saint-Point, comptait 
160 hommes en 1707 *• 

« Absent et incomodé de sa personne » en 16911, 
il ne put se rendre au ban et arrière-ban de la 
noblesse du Maçonnais auquel il était convoqué, et 
sa femme engagea pour le remplacer Thomas Gratier , 
de M&con, moyennant une somme de 3oo livres et la 
fourniture d'un cheval harnaché qui devait lui appar- 
tenir à son retour*. 

Jean-Amédée de Rochefort d'AUy reprit de fief 
la seigneurie de Saint-Point et rendit au Roi (( les foi 
et hommage et serment de fidélité dus à Sa Majesté 
tant à cause de son heureux avènement à la Cou- 
roime qu'à cause de la mutation de vassal », le i4 
avril 1723; il en donna dénombrement le a mars 
1724'. 

Il mourut le aS décembre 1784 après avoir 
contracté un second mariage avec Catherine 
d'André. 

Du premier lit il avait eu quatorze enfants : 
Claude-Gabriel- Amédée, qui suit ; — Louis-Victor- 
Auguste, vicomte de Saint-Point, né le 19 octobre 
1694, capitaine de cavalerie au régiment de La Roche- 
Guyon*, mort à Montferrand en 1725, marié à 
Elisabeth de Peyremale*, morte vers 1733, laissant 
une fille, Jeanne, mariée à un de Marguerit, seigneur 
de Saint-Michel au diocèse de Toulouse ; — Vital- 
Glaude-Gaston, né le 17 juin 1696, vicaire général de 
l'archevêché de Reims et abbé cominendàtaire de 
l'abbaye royale de Saint-Rasle* en 1716, sous-doyen 
des abbés de France, mort à Paris le 12 août 1777 ; 



1. Archives de la Lozère, C. i5io. 

2. Minutes des M" Quiclet, en Tétude de M* Gautheron, 
notaire à Màcon, n' 699 (16 mai 1692). 

3. L. Lex, Les Fiefs du Maçonnais, p. 196. 

4. Archives de Saint-Point, GG. 3, 20 février 1731. 

5. Id., ibid,, a5 novembre 1780. 

6. Marne. 



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94 HISTOIRE DE SAlNT-POlNt 

— Glaude-Godefroy, né le 3 janvier 1697, enseigne 
de vaisseau, mort à La Rochelle ; — Joseph-Gabriel*, 
dit « le chevalier de Saint-Point », né le 27 juin 
1699, maltre-de-camp de cavalerie le i*' novembre 
1744 et enseigne des gardes-du-corps en 1748 ; — 
Guillaume- Aimé, prieur de Houplines* ; — une fille, 
morte jeune ; — Marie-Catherine, morte jeune égale- 
ment ; — Mai'ie-Jacquette, née le 7 décembre 1697, 
morte en 1780 ; — Pétronille, morte au berceau ; — 
Emmanuelle-Christine, née le 2 janvier 1702, reli- 
gieuse à Saint- Amour ; — Jeanne-Marie-Elisabeth- 
Césarine, née le 10 octobre 1706, mariée à Louis- 
François de Framont, vicomte de Grèzes», d'où une 
fille, Hippolyte*; — Anne-Sophie, née le 10 juillet 
1709; — Catherine-Françoise-Artémise, née le 12 
mars 17 10. 

Il ne laissait du second lit qu'un fils, Jean-Amédée- 
Honoré, dit (( le chevalier de Rochefort », né le 26 
juillet 1728. Un autre fils avait été inhumé à Saint- 
Point, le 3o août 1784» à l'âge d'environ six semaines^ 

Claude-Gabriel-Amédée de Rochefort d'Ally, 
né à Saint-Point le 8 mai 1691, marquis de Saint- 
Point*, comte de Montferrand, baron de Cénaret', 

1. C'est le Dictionnaire de la noblesse qui lui donne ces 
prénoms, mais le Dictionnaire généalogique ^ rappelle 
a Hector » et un document des archives de la Lozère (C. 931) 
m Gabriel-Roger ». 

2. Nord. 

3. Aveyron. — Le 3 août 1761 un Louis- Amédée de Fra- 
mont, « capitaine de cavalerie au régiment de Polev » se 
trouvait à Saint-Point. (Archives de Saint-Point, GG. 3). 

4. Archives de Saint-Point, GG. 4, 12 juillet 1768 et 28 avril 

5. Sépulture « dans l'église, d'un garçon à M. le marquis 
et à M— la marquise de Saint-Point, ayant été seulement 
ondoyé, âgé d'environ six semaines ». (Archives de Saint- 
Point, GG. 3). 

6. Jusqu'alors les seigneurs de Saint-Point s'en disaient 
« comtes ». Nous ne croyons pas qu'il y ait jamais eu de 
lettres d'érection de la terre de Saint-Point en marquisat. 

7. Il fut parrain à Saint-Point le 24 novembre 1693. Le curé 
lui donne dans l'acte le titre de « marquis de Seneret » 
(Archives de Saint-Point, GG. 2). 



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HISTOIRE DE SAÎNTVPOINT 95 

seigneur de Saint-Ghély, Laval, Pougnadoire et 
autres lieux, fdt capitaine de cavalerie dans les 
régiments de Rufiey * et de La Rochefoucauld. 

Il épousa vers 1 7 23 Anne-Félicité Allemand, fille de 
Pierre Allemand, comte de Montmartin*, lieutenant 
pour le Roi au gouvernement du Dauphiné, et de 
Catherine Brûlartde Sillery, dont il eut six enfants : 
Claude-Charles-Louis, comte de Saint-Point, né à 
Saint-Point le 4 juillet 1784,7 baptisé le 7 septembre 
suivant ^ mort au mois* de juillet 1762; — Anne- 
Claudine, née au mois d'octobre 1726, mariée au 
mois d'octobre 1762^ à Charles-Louis Testu, comte 
de Balincourt®, dont la notice suit; — Jeanne- 
Marie-Félicité, morte le 10 avril 1742 ; — Joachime- 
Emmanuelle-Gabrielle-Perpétue, baptisée à Saint- 
Point le 10 avril 1728', religieuse à l'abbaye d'Ori- 
^y*» y décédée le 20 décembre 1767^; — Marie- 
Catherine- Victoire, baptisée à Saint-Point le 27 mars 



1. Archives de Saint-Point, GG. 3 (3 mars i733). 

2. Commune de Biol (Isère). 

3. Le Dictionnaire de la noblesse et le Dictionnaire généa- 
logique le font naître au mois d'août, mais dans Tacte de 
baptême le curé, qui, entre parenthèses, donne au père les 
qualités de a baron de [La] Tour, du Gévaudan et autres 

§ laces », dit formellement ravoir ondoyé le 4 juillet, jour 
e sa naissance. (Archives de Saint-Point, GG. 3). 

4. Le 2 (Dictionnaire de la noblesse) ou le sa {Dictionnaire 
généalogique). 

5. En vertu de la remise du curé de Saint-Point en date du 
17 septembre. (Archives de Saint-Point, GG. 3). 

6. Commune d*Arronville (Seine-et-Oise). 

7. Un procès-verbal du 3 mai 1746 constate que cet acte 
de baptême a été omis à sa date dans les registres de la 
paroisse. (Archives de Saint-Point, GG. 3). 

8. Aisne. 

9. «Le 21' jour du mois de décembre 1767 a été donnée la 
sépulture ecclésiastique dans le tombeau de la noble maison 
de Saint-Point, à M"* Gabrielle-Joachime-Emmanuel de 
Kochefort, dame de Tabbaye royalle d'Origny, morte de 
Wer dans la quarentième année de son â^e, munie des 
sacremens, en présence des soussignés. Guichard, curé dé 
Sainte-Cécile. Desthieux, prêtre. Guilloux, curé ». (Archives 
de Saint-Point, GG. 4). 



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96 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

1730*, religieuse à Tabbaye de Lavaudieu*; — 
Louise-Catherine, morte jeune. 

Anne-Félicité Allemand de Montmartin mourut à 
Saint-Point, âgée d'environ 5o ans, le 16 novembre 
1751*. Sa mère l'avait précédée d'un an dans la 
tombe*. 

Le îi5 janvier 176a, à Paris, par-devant M** Jarsain 
et Legrand, notaires royaux au Ghâtelet, Glaude- 
Gabriel-Amédée de Rochefort d'Ally fit donation, 
par avancement d'hoirie, à sa fille aînée. M™* de 
Balincourt, des terres et seigneuries de Montfer- 
rand, Laval, Génaret, Pougnadoire, Saint-Ghély et 
Saint-Point, réservé toutefois l'usufruit de cette 
dernière. A son décès, Gatherine- Victoire, religieuse 
à l'abbaye de Lavaudieu, sa fille, devait hériter 
pour en jouir , elle aussi , sa vie durant , du 
château de Saint-Point en ce qui était l'habitation 
de maître, du pré dit de la Tour, et du verger le 
joignant, des étangs ou viviers qui étaient au bout 
dudit pré vers la terre appelée Le Champ des Poi- 
riers y du jardin avec volière attenant audit château, 
et du revenu de toutes les dîmes de la seigneurie. 

1. Archives de Saint-Point, GG. 3. 

2. Haute-Loire. 

3. « Ce ioupd*huy 17' novembre I75i,j'ay donné la sépul- 
ture dans le tombeau des seigneurs de Saint-Point, chapelle 
Sainte-Catherine de Téglise de cette parroisse, à haute et 
puissante dame Anne-I< élicité AUemant-Saint-Point, femme 
de haut et puissant seigneur marquis de Saint-Point, décédée 
hier en Dieu munie des sacremens. âgée d'environ 5o ans... 
Guilloux, cui'é de Saint-Point ». (Archives de Saint-Point, 
GG. 3). 

4. «Cejourd'huy 19 septembre 1750, i'ay donné la sépulture 
dans le tombeau de la chapelle de M" de Saint-Point, en 
cette église, à Madame Chaterine-Fransçoise Brullard de 
Sillery, veuve de haut et puissant seigneur Allemant, sei- 
gneur de Montmartin et autres places, ladite dame décédée 
en Dieu hier au château de Saint-Point, munie des sacre- 
mens, âgée d'environ 80 ans, en présence de Monsieur le 
marquis de Saint-Point, son gendre, seigneur de cette 
parroisse et autres lieux... Claude de Saint-roint. Guilloux, 
curé de Saint-Point ». (Archives de Saint-Point, GG. 3). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT . 97 

L'acte était passé à charge par M"»* de Balincourt : 
d'acquitter les droits et devoirs seigneuriaux et 
féodaux dus à raison de cette donation ; de verser à 
M. de Rochefort d'AUy une somme de 10,000 livres; 
de lui assurer une rente annuelle et viagère de 
2,000 livres ; de payer ses dettes s'élevant, suivant 
l'état arrêté le 17 janvier 1762, à 198,687 livres; 
enfin de lui laisser une somme de 40,000 livres, soit 
pour acquitter les dettes autres que celles com- 
prises en l'état ci-dessus mentionné et qu'il pourrait 
avoir à son décès, soit pour en disposer en faveur 
de sa fille, Joachime-Emmanuelle-Perpétue, reli- 
gieuse à l'abbaye d'Origny, en faveur de ses domes- 
tiques ou d'autres personnes à son gré*. 

En 1765 il fit réparer entièrement l'église de 
Saint-Point*. 

Sur la fin de sa vie (i 768-1 778), l'évêque de Mende 
lui inféoda une portion du sol des anciennes forti- 
fications de la ville, moyennant l'albergue ou 
redevance d'un œillet qu'il devait lui porter en son 
palais épiscopal chaque année le jour de la Saint- 
Jean-Baptiste * . 

Le 3o décembre 1773, à l'âge de 83 ans, il mourut 
à Saint-Point, regretté de « ses emphitéotes* » dont 
il était le « protecteur », et des « pauvres » dont il 
était le « père ))^. 

I- Archives de Saône-et-Loire, B. i385, 3, f" 18. 

2. Voir § VU. 

3. Archives de la Lozère, G. ai3. 

4. Fermiers censitaires. — S'il était le protecteur de ses em- 
phitéotes il devait bien être aussi le défenseur de ses emphi- 
téoses, pour lesquelles il lit passer des reconnaissances en 
1737 et 1738 et rénover un terrier en 1770. (Voir § IV). 

5. « Le dernier jour du mois de décembre 1773, nous avons 
donné la sépulture ecclésiastique dans le tombeau de^ la 
noble maison de Saint-Point, à M" Claude-Gabriel- Amédé 
d'Ally de Rochefort, marquis de Saint-Point, protecteur de 
ses emphitéotes et le père des pauvres, mort ae hier âgé de 
83 ans, muni des sacremens qu^l a reçu avec une édification 
sans exemple... Guilloux, curé de Saint-Point ». (Archives de 
Saint-Point, GG. 4). 



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9» 



HISTOIRE DE SAINT-POINT 




Testude Balincourt i. 



Anne<Glaudine, fille aînée de Claude-Gabriel- 
Amédée de Rochefort d'Ally, avait épousé, le 
3 octobre 17522, Charles-Louis 
Testu de Balincourt, fils de 
François Testu, comte de Balin- 
court, seigneur de Hédou ville ^ 
lieutenant général des armées 
du Roi, et de Rosalie Cœuret de 
Nesles. 

Charles-Louis Testu, marquis 
de Nesles* et de Saint-Point, 
comte de Balincourt, fut maître- 
de-camp de cavalerie et cheva- 
lier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. 

En 1769, avec sa femme, il vendit la baronnie ou 
une portion de la baronnie de Cénaret à M" Joseph 
de Randon de Châteauneuf et d'Apchier, baron de 
Thoras, La Garde et autres lieux*. 

Nous avons ^ le testament olographe d' Anne- 
Claudine de Rochefort d'Ally, fait par elle à Balin- 
court, le 3o mai 1771. 

Elle veut que ses obsèques aient lieu sans céré- 
monie et que son cœur soit déposé à ArronvilleS 
« auprès de celuyde sa chère tante la maréchale", 
qu'elle a toujours aimée ». 

(( J'ay, ajoute-t-elle, pour environ 400,000 livres de 
reprises ou de créances sur les biens de M. deBalin- 



1. Armes : « d'or à trois léopards de sable Tun sur Faulre, 
celui du milieu contourné » (JD actionnaire généalogique)] — 
« d'or à trois lions léopardés de sable, armés et lampassés 
de gueules, l'un sur l'autre, celui du milieu contrepassant 1» 
(Dictionnaire héraldique de V Encyclopédie Migne, 1861, in-S*. 
col. 526). 

2. Seine-et-Oise. 

3. Nesles-la- Vallée (Seine-et-Oise). 

4. Archives de la Lozère, G. 88. 

5. Archives de Saône-et-Loire, B. 1879, i, f" ai3 v*. 

6. Paroisse dont dépendait la terre de Balincourt. 

7. Femme de M" Claude-Guillaume Testu de Balincourt, né 
en 1680, mort en 1770. Colonel du régiment d'Artois (i7o3). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 99 

court, mon mari. Si je ne consultoit que mon 
intention, j'en feroit un partage égal à mes deux fils, 
que j'ayme également, mais je sens bien que ce 
seroit trop sm*charger mon fils aîné et le mettre 
dans la nécessité de vendre des biens que je désire 
moy-même être conservés dans sa famille. Je ne 
lègue donc à mon cher petit chevalier, mon fils 
puisné, sur mes reprises, qu'une somme de i5o,ooo 
livres, dont je le prie de vouloir bien accepter et se 
contenter. A l'égard du surplus de ces mêmes 
reprises, je veux qu'ils appartiennent à mon cher 
fils aine, que je fais mon légataire universel ». 

A son mari, elle donne .le marquisat de Saint- 
Point et le comté de Montmartin « avec la charge 
de lieutenant de Roy qui s'y trouve annexée ». 

« Je prie mon cher mary, dit^lle encore, de 
conserver à mon fils cadet le marquisat de Saint- 
Point, et de luy remettre à sa mort. A l'égard de la 
terre de Montmartin et de la charge de lieutenant 
de Roy qui [y] a toujours été attachée, si les affaires 
de mon mary exigent qu'il les vende pour liquider 
ses dettes, dont je luy ai occasionné une très grande 
partie pour les despenses qu'il a fait pour moy per- 
sonnellement ou dans ma terre de Châtillon en 
Bauce, je les luy laisse en toute propriété, bien 
persuadée que s'il peut se dispenser de les vendre, 
il se fera un plaisir de les conserver à mon fils aîné, 
à qui elles sont naturellement destinées. Cependant 

brigadier d'infanterie (17 lo), maréchal-de-camp (17 19), lieu- 
tenant-général (1734), maréchal de France (1746). Celte 
dernière nomination fut mal accueillie du public. « On conte, 
dit le Journal de Barbier, que c'est pour se défaire de lui et 
ne s'en plus servir. La politique est plaisante de donner à 
de mauvais généraux la récompense la plus éclatante du 
mérite militaire ». (Dictionnaire historique de la France, 
p. L. Lalanne, art. BaLincourt). Dans la donation du 26 jan- 
vier 1762, Charles-Louis Testu de Balincout, et sa femme, 
Anne-Claudine de Rochefort d'Ally, sont dits demeurer en 
rhôtel de M. le maréchal de Balincourt, quai d'Orsay, 
paroisse Saint-Sulpice, à Paris. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 



[si] mon fils aîné ne se rend[a]it pas digne des 
bontés de son père, mon mary sera le maître de les 
donner à mon fils cadet ». 

Enfin elle donne 600 livres de rente à sa sœur. 
religieuse de Lavaudieu, à ses domestiques et à ses 
femmes de chambre, outre sa garde-robe répartie 
entre ces dernières, une année de leurs gages et une 
pension de qoo livres à chacun. 

Anne-Claudine de Rochefort d'Ally fut inhumée 
le II septembre 1772, et, contrairement à son désir, 
Charles-Louis Testu de Balincourt ne conserva pas 
à leur fils cadet le marquisat de Saint-Point. 

Il le vendit à Esprit-François-Henri de Castel- 
lane par-devant M« De La Rue et son confrère, 
notaires au Châtelet de Paris, 
le 29 avril 1776*. 

Esprit-François-Henri deCas- 
tellane, marquis de Castellane', 
fils de Michel- Ange, comte de 
Castellane, brigadier des armées 
du Roi, ancien ambassadeur 
extraordinaire de Sa Majesté 
auprès de la Sublime-Porte, et 
de Catherine de La Treille de 
Sorbs, épousa, encore mineur*, 
le iQ octobre 1760, Charlotte- 
Louise Charron de Ménars, fille, mineure égal^ 
ment S de Michel- Jean-Baptiste Charron, marquis 

1. Armes : « de gueules à une tour donjonnée de trois 
pièces d'or»(Arcelin, ouvrage cite, art. De Castellane) ; —«de 
gueules à un château d'or ouvert, crénelé et sommé de trois 
tours de même, maçonnées de sable, celle du milieu plus 
élevée que les deux auXres 1» (Dictionnaire de la noblesse de 
La Chesnaye des Bois, art. De Castellane). 

2. L. Lex, Les Fiefs du Maçonnais, p. 196. — L'acte de 
ente fut transcrit au çrcfTe des hypothèques du bailliage 

^e Mâcon, le 6 août suivant, 
d 3. Basses- Alpes. 

4. Ses parents s'étaient mariés en 1739. 

5. Elle était née le 36 décembre 173a. 




De Castellane 1. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT ICI 

de Ménars, brigadier des armées du Roi, et d'Anne 
de Gastéra de La Rivière. Un extrait du contrat 
passé par-devant M® Quinquet, notaire à-Paris,-le&^ 
4 et 12 octobre 1750, nous apprend que le 6ji;^i'-reçût 
alors de son père, par avancement d'hoirie, 35o,ooo. 
livres de dot, plus ia,ooo livres (( pour/P^îdeïia' 
acheter une partie des meubles et équipages qui luy 
[étaient] nécessaires* ». 

Il fiit successivement lieutenant d'infanterie au 
régiment du Roi, capitaine des gendarmes anglais, 
maréchal-de-camp, gouverneur des ville et château 
de Niort et des îles Sainte-Marguerite, chevalier 
d'honneur de M"*® Sophie de France, marquis de 
Castellane et de Saint-Point, comte de Château- 
Thiers^, baron de Gonflans^ et de LaBussière, sei- 
gneur de Nay, Nagu, Présentin, Neuville* et autres 
lieux. Il avait hôtel à Paris, rue de Vaugirard^ puis 
de Grenelle*, paroisse Saint-Sulpice. 

11 eut de Charlotte-Louise Charron de Ménars : 
Louis- André-Bonif ace, né le 4 août 1768, qui épousa 
le 18 mai 1778 Adélaïde-Louise-Guy onne de Rohan- 
Ghahot, née le 18 janvier 1761 ; — Esprit-Boniface- 
Henri, né en 1768. 

Au mois de décembre 1780 M. de Castellane et sa 
femme demandèrent à être reçus à rendre au Roi les 
devoirs de fief, hommage et serment de fidélité qu'ils 



I. Archives de Saône-et-Loire, B. 1879, i, f" 140 v*. 

3. Il avait acquis Ghâteau-Thiers et ses dépendances, 
savoir Matour, Thelay, Saint-Pierre-le-Vieux, IVay, Nagu, 
Présentin, La Bussière et Ouilly, en 1765, moyennant 
5ao,ooo livres en principal et 10,000 livres de pot-de-vin. 
Voir L. Lex, Les fiefs au Maçonnais^ p. 95. 

3. Gonilans-Sainte-Honorine (Seine-et-Oise). 

4' Seine-et-Oise. 

5. En 1778. Archives de Saône-et-Loire, B. ia58, 2, audience 
du 7 mars 1778. 

6. En 1780 et 1786. Archives de la Côte-d*Or» B. moi et 
Archives de Saône-et-Loire, supplément à la série E, famille 
De Castellane. 



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lOa HISTOIRE DE SAINT-POINT 

lui devaient « pour la partie noble en franc-aleu seu- 
lement, exception faitte des parties de roture » de 
leur inai:q\^isat, terre et seigneurie de Saint-Point*. 
Us la- reprirent de fief le 23 janvier 1781*. 




h2^ ^c{cui4'^. 




E.-Fr.-H. de Castellane 3. 

M. le marquis de Castellane se fit représenter par 
M. le comte d'Escorailles, seigneur de Flacé-lès- 
Mâcon, à rassemblée générale des trois ordres du 
bailliage de Mâcon qui se tint du i6au3omars 1789*. 

Pendant la Révolution il fut un instant prévenu 
d'émigration mais, sur ses instances, le Comité de 
législation, par un arrêté du 24 thermidor an III, 
dont voici les principales dispositions, le raya 
des lis.tes sur lesquelles il avait été porté et prononça 
la mainlevée du séquestre apposé sur ses biens. 

(( Le Comité de législation, en vertu de l'autorisa- 
tion qui lui a été donnée par le décret de la Conven- 
tion du 25 brumaire dernier et autres ultérieurs: 

(( Vu les pièces à l'appui de la réclamation du 
citoyen Esprit-François-Henri Castellane, ex-noble: 

(( Considérant que le réclamant a Justifié de sa 
résidence sur le territoire de la République depuis le 
mois de janvier 1792 jusqu'au 29 pluviôse dernier; 

« Considérant que le réclamant a obtenu du direc- 
toire du district de Chinon ^ un arrêté en date du 
i5 germinal dernier portant radiation de son nom 



1. Archives de la Côte-d'Or, B. moi. 

2. L. Lex, Les Fiefs du Maçonnais^ p. 196. 

3. Archives de la Côte-d'or, B. moi. 

4. L. Lex, Les Fiefs du Maçonnais, p. 287. 

5. Indre-et-Loire. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT Io3 

provisoirement de la liste des émigrés et mainlevée 
du séquestre mis sur ses biens, à charge par lui 
de justifier à Tadministration de ce district, dans le 
délai d'un mois, de la totalité ou des parties d'une 
somme de 3oo,ooo livres, montant d'un legs fait par 
son père à Jean- Armand Gastellane* ,ci-devant évêque 
de Mandes, frère du réclamant ; 

<( Considérant que ledit citoyen Castellane a 
justifié de la non-émigration de son frère, massacré 
sur la route de Versailles avec 4B autres prisonniers 
retirés des prisons d'Orléans*, où ils avoient été 
traduits pour être jugés par la ci-devant haute cour 
nationale ; 

« Considérant que depuis raffiche et distribution 
de la liste des prévenus d'émigration faite le 17 ther^ 
midor an III il n'est parvenu aucune réclamation 
contre ledit citoyen Castellane ; 

« Arrête que l'article de l'inscription des noms 
et biensdu citoyen Esprit-Henri-François Castellane, 
ex-noble, sera et demeurera définitivement rayé tant 
sur la liste des émigrés du département d'Indre-et- 
Loire que sur la liste générale des émigrés et sur 
toute autre liste où il auroit pu pareillement être 
porté ; que le séquestre apposé sur ses biens meubles 
et immeubles sera levé, s'il n'est père d'émigrés ; 
qu'il sera réintégré dans le possession et jouissance 
d'iceux,etque le montant lui en sera restitué suivant 
le prix de la vente dans le «as où ils auroient pu être 
vendus en exécution des loix; que tous fermiers, 

I. Aumônier du Roi, vicaire ffénéraldu diocèse de Reims, 
puis évêque de Mende (1767). Il est né à Pont-Saint-Esprit 
(Gard) et a été baptisé sous les prénoms de Jean-Ainandj 
le II septembre 1733 {U Intermédiaire des Chercheurs et des 
Curieux, 20 septembre 1897, col. 329).Lalanne {Dictionnaire 
historique de la France, 1877, in-8% art. Mende) l'appelle 
Jean-Arnaud. Dans Tarrèlé du Comité de législation on lit 
Jean-Armand. Ce serait le cas de paraphraser le tôt capita, 
tôt sensus, 

a. Le 9 septembre 1792. 



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I04 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

receveurs ou dépositaires, seront aussi tenus de lui 
restituer les sommes qu'ils auroient pu percevoir 
résultantes du produit desdits biens...»*. 

Louis- André-Boniface de Gastellane, comte de 
Castellane, fils aîné d'Esprit-François-Henri, hérita 
de la seigneurie de Ghâteau-Thiers, qu'il reprit 
de fief le 7 janvier 1789*, et Esprit-Boniface-Henri 
de Castellane, vicomte de Castellane, son fils puîné, 
eut la terre de Saint-Point, avec la ferme du Plâtre', 
qui faisait partie de l'ancien domaine de La Bussière, 
au partage de la succession de ses père et mère en 
1799. (( Arrêté comme suspect en même temps que 
son frère, en 1793, et mis en liberté après le 9 ther- 
midor, il accepta la position d'homme politique 
qu'on lui faisait presque malgré lui et se mêla au 
mouvement des partis. Il était, en 1796, président 
de la section Lepelletier ; ce fut lui qui, le i3 vendé- 
miaire, fit battre le rappel dans cette section et dans 
plusieurs autres pour lui faire prendre les armes et 
marcher contre la Convention. Condamné à la peine 
de mort par contumace, après la défaite des insurgés, 
il prit la fuite ; mais l'année suivante, le calme étant 
rétabli, il se constitua prisonnier, fut jugé contra- 
dictoirement et acquitté. En 1814, Louis XVIII le fit 
chevalier de Saint-Louis et de la légion d'honneur* ». 

Il vendit ses biens au bout d'un an (1800), aux 
sieurs Pierre Deville et Pierre Lacroix, de Saint- 
Vincent-de-Reins*, Claude-Marie Sarquion, d'Am- 
plepuisS et Antoine Lacharme, de Matour. 

1. Archives de Saône-et-Loire, L. — Rejjistre des arrêtés 
du directoire du département relatifs au séquestre des biens 
des émigrés (10 fructidor an lU). — Registres du district de 
Mâcon. Arrêtés du Comité de législation relatifs aux émigrés 
(24 thermidor an III). 

2. L. Lex, ouvr. cité, p. 96. — C'est de lui qu'est fils le 
maréchal de Castellane, né en 1788, mort en 1802. 

3. Alias des Plâtres, du Plat. 

4. Dictionnaire de la Révolution française j p. Décembre- 
Alonnier, t. L, s. d., in-4% p. 443. 

5. Rhône. 

6. Id. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 



io5 



Mais, à la requête d'un créancier, on procéda à 
une adjudication publique qui fut, le lo février 1801, 
tranchée au tribunal de première instance de Tarron- 
dissement de Mâcon en faveur de Pierre de Lamar- 
tine, ancien capitaine de cavalerie au régulent du 
Dauphin, chevalier de l'ordre de Saint-Louis, né et 
mort à Mâcon (m septembre 1752-27 août 1840), 
marié à Françoise-Alix des Roys. 





De Lamartine 1. 



De Glans de Gessiat s. 



Son fils aîné, Alphonse-Marie-Louis de Lamar- 
tine, le poète, né à Mâcon le qi octobre 1790», marié 



I. Armes : « de jraeules à deux fasces d'or accompagnées 
en cœur d'un trèfle de même ». Dans ses cachets le poète 
substituait, nous ne savons pour quel motif, des bandes 
aux fasces. 

3. Armes : « d'azur à trois flèches d'argent, au chef cousu 
de gueules chargé de trois glands d'or ». £. Révérend du 
Mesnil {Lamartine et sa familte, 1860, in-8% p. 55), donne les 
mêmes armes, mais en renversant iWdre des émaux. 

3. Son acte de baptême ^aa octobre 1790), a été publié, ainsi 
que ses actes de mariage (6 juin i8ao) et de décès (i" mars 
1869), dans Le Conseil général et les Conseillers généraux 
de Saône-et'Loire (ip8g-i88g)f par L. Lex et P. Siraud, 
1888, in-8% p. 217. On trouve dans le même ouvrage la généa- 
lo^e suivante de la famille de Lamartine : 

Louis-François de Lamartine de Montceau, époux,en 1749, de 
Jeanne-Eugénie Dronier de Pratz,asix c nfants :François-Louis 
de Lamartine de Montculot, non marié ; — • Jean^Baptiste- 
François de Lamartine, prêtre ; — Pierre de Lamartine de 
Pratz ; — Sophie de Lamartine ; — Eugénie de Lamartine ; — 
Marie-Suzanne de Lamartine, chanoinesse du Yillars. 



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lo6 HISTOIRE DB SAINT-POINT 

à Marie-Anne-Elisa Birch», mort à Paris le aS février 
1869', eut Saint-Point en vertu de son contrat de 




A. de Lamartine ». 

mariage du ^o mai 18120 et en suite du partage que fit 
son père entre ses six enfants le 17 février i83o. 

Pierre de Lamartine de Pratz, époux, en 1790, de Françoise- 
Alix des Roy s, a également six enfants : Alphonse-Marie- 
Louis de Lamartine, le poète ; — Cécile de Lamartine, mariée 
à M. de Glans de Cessiat,d'où encore six enfants : Alix de 
Cessiat, mariée à M. Léon Michon de Pterreclos ; Céline de 
Cessiat, mariée à M. Foulques Chastelain de Belleroche ; 
Valentine de Cessiat, iille adoptive d'Alphonse de Lamartine ; 
Cécile de Cessiat, mariée à M. Charles de Béer, père de 
M"" Violot ; Alphonsine de Cessiat, mariée à M. Charles de 
Jussieu de Senevier ; Emmanuel de Cessiat ; — Eugénie de 
Lamartine, mariée à M. Bernard de Goppens d'Hondschoote, 
père «le M. Auguste de Coppens d'Honaschoote : — Césarine 
de Lamartine, mariée à m. de Vignet, père de M"* de Saint- 
Sulpice de Montfort et de M. Xavier de Vignet ; — Suzanne de 
Lamartine, mariée à M. Jean-B&ptiste-François de Monthe- 
rot, père de M. Pierre-Jean-Charles de Montherot; — Sophie de 
Lamartine, mariée à M. Dupont de Ligonnès, père de M'" de 
Prades et Quarré de Verneuil. 

I. « Le as mai i863. Madame de Lamartine, née Birch, 
administrée par M. Duguéry, curé de la Madeleine, à Paris, 
âgée de 74 «ns, décédée Tavant-veille à Paris, a été inhumée 
au caveau du château de Saint-Point, avec les prières et 
selon le rit de l'Eglise, en présence des curés du canton et 
de quelques autres, de M. ae Laguéronière, préfet de Saône- 
et-Loire, de MM. de Belleroche, de Cessiat, neveux de M"* de 
Lamartine, et de beaucoup d'autres nobles. Les voitures qui 
suivaient le char funèbre étaient au nombre de 18 ou 19. 
Les populations d'alentour se pressaient en foule. Dory, 
curé ». (Registres paroissiaux de Saint-Poini). 

3. « Le 4 mars 1869, Marie-Louis-Alphonse de Lamartine, 
muni des sacrements de l'Eglise, décédé à Paris le aS février, 
âçé de 78 ans, veuf, en premières noces, de Elisa-Marianne 
Birch, fils de feu Pierre-Alphonse de Prat et Alix des Roys, 
a été inhumé à Saint-Point avec les prières et selon le rit de 
l'Eglise, en présence des curés du canton, des membres de 
de la famille, de M. Ollivier, etc. L'Académie avait ses repré- 
sentants, venus de Paris. Une foule extraordinaire du Ma- 
çonnais et des paroisses voisines assistait aux funérailles.. • 
Dury, curé ». Œeeistres paroissiaux de Saint-Point). 

3. Archives de Mâcon, passinu 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 



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Le testament de Lamartine, en date du i**' juillet 
i863, avait institué sa légataire universelle, M"« 
Valentine de Gessiat de Lamartine, sa nièce, 
troisième fille de sa sœur aînée 
Cécile, qui avait épousé M. de 
Glans de Cessiat. Elle fut en- 
voyée en possession de ce legs 
le lo mars 1869. L'acceptation 
sous bénéfice d'inventaire en- 
traîna une vente par autorité de 
justice, et à l'audience des criées 
du tribunal civil de la Seine, 
du 24 août 1870, M"« Valentine 
de Gessiat de Lamartine resta 
adjudicataire de Saint-Point*. 
A la mort de M"® Valentine de Lamartine (16 mai 
1894)', le château revint, en vertu de son testament, 
à ses trois nièces. M"® de Bellerocbe, fille de 
Céline de Cessiat, mariée à M. Foulques Chastelain 
de Belleroche, M"™® Violot, fille de Cécile de Ces- 
siat, mariée à M. Charles de Béer , conservateur 



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De Montherot 1. 



1. Armes : « de gueules à l'aigle d'argent essorant d'un 
mont de trois coupeaux de même, le vol étendu, regardant 
un soleil d'or mouvant de l'angle dextre au chef de l'écu, 
une étoile d'argent à l'angle senestre ». 

2. Tous les renseignements ci-dessus sont tirés de l'album 
que nous avons publié sous le titre de Lamartine, souvenirs 
et documents, à roccasion du centenaire de la naissance du 
poète, 1890, in-4% p« 16. 

3. « L'an de Notre Seigneur 1894, le 21 du mois de mai. 
Madame Valentine de Gland de Cessiat de Lamartine, nièce 
de M. de Lamartine et propriétaire du château de Saint-Point 
depuis la mort de son oncle, décédée le 16 courant à Paris, rue 
Saint-Philippe-du-Koule, 8, après avoir reçu les sacrements 
de l'Eglise, a été inhumée par nous soussigné, curé de Saint- 
Point, avec les prières et cérémonies de l'Eglise, en présence 
de MM. Deshayes, curé de Tramayes, Perrotin, curé de Saint- 
Pierre de Mâcon, Janin, curé de Bourgvilain, et Foyat, curé 
de Marcilly-la-Gtteurce. Buttet, curé y>,{Registres paroissiaux 
de Saint-Point). 



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Io8 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

des forêts, et ]MP« de Senevier, fille d'Alphonsine 
de Gessiat, mariée à M. Charles de Jussieu de Sene- 
vier. 

Il leur fut racheté, le 19 novemhre 1894, par 
M. Pierre-Jean-Charles de Montherot. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT I09 



VI 

Le Château. 



La partie orientale du château de Saint-Point, 
comprise entre les deux tours rondes qui com- 
mandent le cours de la Valouze, remonte seule au 
moyen âge. Elle forme encore une masse assez 
imposante bien qu'elle ait été remaniée à diverses 
époques et découroimée en 1789. 

De l'histoire ancienne du château nous ne savons 
qu'une chose, c'est qu'il fut assiégé et pris par les 
Français en i47i» Au mois de novembre de cette 
année-là, en effet, les habitants de Mâcon délibé- 
rèrent « qu'il [convenoit]' faire meilleur guet et garde 
en îcelle ville que jamays, car les ennemys ont tant 
fait qu'ilz ont prinses et occuppées toutes les villes 
et chasteaulx dont ladicte ville estoit environnée et 
qu'estoient barrières et frontières d'icelle, comme 
Leynne, Les Tours et Vinzelles, que sont du costé du 
Lyonnoys et Beaujoloys, aussi Cluny, Lordon, 
Botavant, La Buxière, Saint-Point, que sont de 
l'autre des costés, affrontant sur ledict pays de 
Beaujoloys * ». 

Les dénombrements de la seigneurie nous indi- 
quent sommairement ce qu'était le château à la fin 
du XVII** siècle et au commencement du XVIII®. 
Celui de i68a dit qu'il y avait a chasteau 6t maison 

I. Archives de Mâcon, BB. 18, f i85. 



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IIO 



HISTOIRE DE SAINT-POINT 



forte, avect cours, escuries, granges, bassecours, 
jardin et pourpris » ; dans celui de 1723 on lit : 
(( château et maison forte flanquez de quatre tours, 
au milieu duquel chasteau est un corps de logis, 
une cour, escuries et autres bâtiments, ledit château 
clos de murailles à créneaux, un jardin et verger 
avec un colombier du côté de matin ». 




(Gravure ancieom 



Le Château vers 1820 (façade est). 



Gomment tout cela était-il alors meublé ? De rien, 
à en juger par l'inventaire dressé le 1 1 avril 1660 au 
décès de Claude de Rochefort d'AUy. Le greffier du 
bailliage de Mâcon qui s'y rendit pour procéder à 
cette opération, trouva sur les lieux le sieur 
Guillaume Guillet, marchand à Saint-Point et 
fermier de la seigneurie, qui lui déclara « que dans 
le chasteau il n'y a aucuns meubles, papiers et 
effectz de ladicte hoirie, sy ce n'est quelques vieulx 
bois de lictz et garderobes à l'enticque ». 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT III 

Et le greffier ajoute : « Estant entré dans la 
chajmbre où couchoit ledict deffunct, qui a sa veue 
par des fenestres du eosté de matin, ne s'y est 
treuvé qu'un vieulx bufiet sans serrure ny aucune 
chose dedans. 

« Et à costé de ladicte chambre de bize y a un 
cabinet qui s'est treuvé fermé à clefz. Ouverture 
en faicte, ne s'y est aussy treuvé qu'un meschant 
buffet sans serrure où il n'y a pareillement aucune 
cbose. 

« En la chambre jaulne joignant celle dudict 
deffunct s'y est treuvé un vieulx bois de lict et une 
meschante couchette sans garniture. 

« Entré dans la salle dudict chasteau et dans une 
petite chambre joignant icelle costé de vent, ne s'y 
est treuvé que quelques vieulx meubles que ledict 
Guilleta assuré luy appartenir. 

« Dans les greniers dudict chasteau et chambres 
contiguës s'y est treuvé quantité de bled froment, 
seigle, avecques febves et autres graines, plusieurs 
lardz salles, que le tout ledict Guillet a affermé luy 
appartenir. 

« En la cuizine, qui a son entrée proche le degré 
à main gauche, y a quelques meubles et utancilz que 
ledict Guillet a aussy dictluy appartenir. 

a Dans les escuries estans dans la cour dudict 
chastel et grange joignant icelluy, s'y est treuvé 
quantité de bestail bouvin et quelques chevaux, 
qu'il a aussy dict luy appartenir* ». 

Cette étrange pauvreté, on pourrait presque dire 
cette absence totale d'ameublement dans le château, 
n'a pas dû persister à la fm du XVII'* siècle ni au 
cours du XVIII®, alors que les seigneurs y faisaient 
de fréquentes et longues résidences et qu'ils y entre- 
tenaient une « maison ». Les anciens registres parois- 

I. Archives de Saône-et-Loire, B. 1274» 81. 



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lia HISTOIRE DE SAINT-POINT 

siaux nous les montrent souvent signant en qualité 
de pan*ains et de marraines des enfants de leurs 
sujets. Nous y avons pu trouver également les noms 
d'un familier, M** Augustin-Ancelin de Belloy en 
1766*, et de quelques (( gens», M"^ Michel Henry, 
(( aumônier de M. le comte et de M"« la comtesse » 
eni68i*. M" François Desthieux, «aumônier du 
château » en 1768*, Jean Raulhac, « précepteur » 
en 1666*, Etienne Astruc, dit Duparc, « officier de 
la maison de M. le comte » en i68a^, Jean- 
Baptiste Paulliac, (( intendant de M. le marquis » 
en 1735*, Félicité Martin, « femme d'honneur de 
M""* de Saint-Point » en 1770'', etc. 

Le château fut dévasté par les habitants, le jeudi 
3o juillet 1789. Les documents relatifs à ce déplorable 
événement ne manquent pas, et nous croyons qu'on 
en lira volontiers les principaux passages, dans 
lesquels nous avons eu soin de supprimer les lon- 
gueurs et les redites. 

D'après l'information ouverte le 26 août par 
M. Jean Délaye, « conseiller du Roi aux bailliage 
et siège présidial, commissaire assesseur cette part 
en la maréchaussée^ du Mâconnois », voici comment 
les choses se seraient passées. 



1. « Le huitième jour de mars 1766 a été inhumé dans le 
tombeau de M. le marquis de Saint-Point M" Augustin- 
Ancelin de Béloy, écuyer, demeurant depuis longues années 
dans notre paroisse de Saint-Point, mort au château, muni 
des sacremens, âgé de 77 ans... Guilloux, curé ». (Archives 
de Saint-Point, GO. 4). 

2. Archives de Saint-Point, GG. i, 5 novembre. 

3. Id., GG. 4, 12 juUlet. 

4. Minutes des M" Guillet (3o mars 1666). 

5. Archives de Saint-Point, GG. i, 16 février. 

6. Id., GG. 3, 5 septembre. 

7. Id., GG. 4, II février. 

8. Par une déclaration donnée à Versailles le 21 mai 1789 
le Roi avait attribué la connaissance des émeutes aux pré- 
vôts des maréchaux. (Archives de Saône-et-Loire, B. 1717, i). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT ir'3 

Etienne BruysS négociant à Saint-Point et fermier 
de la seigneurie^ âgé de 5o ans environ, interrogé 
le premier (30 septembre), déposa que « le 3o juillet, 
à une heure après-midi, tous les habitans, vigne- 
rons, grangers et manœuvres de la parroisse de 
Saint-Point, assemblés au son de la cloche qui 
n'avoit cessé de sonner depuis neuf heures du matin, 
se rendirent sans aucun mélange d'étrangers au 
château dudit Saint-Point occupé par lui déposant, 
forcèrent d'abord la porte de la cour, puis celle de 
Ventrée du château, découvrirent totalement les 
tours et défirent la charpente, endomagèrent consi- 
dérablement le toit du corps du château, décou- 
vrirent la volière*, en brisèrent la porte, sacca- 
gèrent les croisées du château ainsi qu'une partie 
des meubles qu'il contenoit appartenans au déposant, 
brisèrent la porte de fer du ccibinet des archives et 
saisirent tous les papiers, qu'ils vouleurent brûler 
dans une chambre avec ceux du témoin, pour 
laquelle opération ils firent même apporter du feu 
sur la pèle de la cuisine par Pierre Perrachon qui, 
rencontré heureusement par le témoin lui livra 
ladite pèle, après quoi, le feu reporté dans la cuisine 
par le nommé Dailly, le déposant ne pouvant 
obtenir de ces furieux que ses papiers et ceux du 
seigneur ne fussent pas brûlés, obtint du moins 
qu'ils ne le fussent que hors de la cour du château ; 
remarqua pour chefs à labande, Jean, fils de George 
Ghantin, Philibert Peissau, Joseph et André Dumon- 
seau, Philibert Davail dit Boidat, le compagnon de 
Jean Peissau, tissier, Jean Martin du village de 
La Roche, Antoine Delorme, fils aîné de Jacques, 



I. FUs d'Emilian Bruys, négociant à Mazille, frère de 
Gilbert Bru^s de Charly, avocat en Parlement, et père de 
Gilbert-Casimir Bruys, né à Saint-Point le 3 janvier 1786, y 
baptisé le 4. (Archives de Saint-Point, GG. 5). 

3. Colombier. 



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Il4 HISTOIRE DB SAINT-POINT 

collecteur, Fouilloux, fermier de M. Dumolin, de 
Gluny, qui s'empara des terriers, Philibert Périer, 
habitant, qui non content d'avoir fait beaucoup de 
dégâts dans Tintériem*, Youloit mettre le feu aux 
bois qui étoient au-dehors du château, qu'au reste 
ces gens-là n'étoient que des plus coupables, mais 
que tous les autres du lieu les aidoient, à cela près 
peut-être de sept à huit particuliers, dont encore les 
domestiques y étoient; ajouta que Jean Chantin, qui 
aToit les jours ppécédens paru dans d'autres bandes, 
pour voir comment cela se passoit*, disoit qu'il y 
avoit cent francs d'amende pour ceux qui ne mar- 
cheroient pas, propos d'autant plus incendiaire que, 
son père ayant été député à l'assemblée bailli vale, il 
y donnoit du poids en disant qu'il savoit bien 
quelque chose ; dit encore cpie le bruit s'étant 
répandu pendant l'opération qu'il arrivoit du secours 
de Gluny, la bande eut la précaution de poster 
différentes sentinelles pendant que le surplus 
travailloit, et que les factionnaires étoient com- 
mandés par le nommé Janin, de Bourgogne, parroisse 
dudit Saint-Point. Furent les domestiques du dépo- 
sant obligés de s'enfuir à raison des menaces qu'on 
leur fit ; la cuisinière même fut frappée par Phili- 
bert Dumonceau qui, ainsi que son frère et ledit 
Jean Ghantin, menacèrent le déposant lui-même. 
Ges furieux vouloient absolument brûler le château 
et ne s'en abstinrent d'abord [qu'Jen disant qu'ils 
reviendroient y mettre le feu dez que la bize auroit 
cessé, et sur ce qu'on leur fit observer que le vent 
du nord porteroit les flammes sur l'église et la cure, 
et qu'ils seroient obligés de la rebâtir ; qu'enfin ils 



I. On sait que près de lao châteaux ou maisons du Maçon- 
nais furent brûlés, démolis ou saccagés dans Tespace de 
quelques jours. Voir Archives de Saône-et-Loire, B. 1717 et 
17 18, et H. Gloria, Le Brigandage dans le Maçonnais dans 
Annuaire de Saône-et-Loire pour i8j8, p. 28. 



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mSTOlftï: DE ÔAÏNT-POÏNT Il5 

ne cessèrent les dégâts et ne s'en furent vers les 
six heures du soir que lorsque les parroisses de 
Traihaye, Serrière et Pierreclos réunies furent 
venues donner secours au déposant. Ajoute qu'il 
estime 4^000 livres les dégâts qui le concernent, sans 
y comprendre ce qui lui revenoit en sa qualité de 
fermier sur le terrier brûlé, signé Moreau, et auquel 
d'autres emportés par le régisseur le jour même de 
r attroupement pourront supléer, et que quant aux 
dégâts faits au compte du seigneur il n'est pas en 
état de les arbitrer* ...» 

Joseph Tarlet, domestique du sieur Bruys au 

château de Saint-Point, âgé de ai ans, interrogé le 

26 septembre, déposa (( que... les habi tans... s'étant 

assemblés, vinrent saccager le château, que lui 

déposant s'étant entendu menacer violemment par 

Jean Chantain, à raison de ce qu'il avoit amassé la 

dixme et prisa témoin du refus dudit Chantain de 

la payer, et craignant pour sa vie, n'osa se tenir 

dans ledit château, et ne vit point qui y comettoit 

des dégâts, mais vit sur les toits travailler les frères 

Dumonceau, Antoine Delorme, André Peisseau et 

Jean Martin, qu'il vit encore lesdits Dumonceau 

prendre au collet le sieur Bruis, et menacer de le 

fraper, à raison de ce que, disoient-ils, il avoit 

enlevé les terriers, qu'il fut cependant brûlé des 

papiers dans la cour, mais ne vit le déposant par 

qui ; qu'il entendit un nommé Périer père, de La 

Chanal, vouloir faire mettre le feu dans les bois de 

moule^ avoisinant ledit château, ce qui cependant ne 

fut pas fait ; reconnut pour chefs à la bande Jean 

Chantain et les deux frères Dumonceau, à raison de 

ce qu'ils commandoient la besogne'... » 

1. Archives de Saône-el-Loire, B. 1717, 64, p. 273. 

2. Bois débité. 

3. Archives de Saône-et-Loire, B. 17 17, 64, p. 3o5. 



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Il6 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Pierre Délaye, domestique au château de Saint- 
Point, âgé de fxo ans, interrogé le même jour, 
déposai que... les gens de Saint-Point se i^unirent 
pour saccager le château ; que les couverts furent 
entièrement endomagés, les portes et les fenêtres 
hrisées, de même que les meubles ; qu'il remarqua 
pour les plus acharnés des travailleurs les deux 
(ils d'Antoine Delorme, Jean Martin, Jean Chantain 
et les frères Dumonceau, mais que les trois derniers, 
et surtout les Dumonceau, commandoient la besogne 
et menaçoient de fraper ceux qui ne s'en inêloient 
pas, après être montés sur les toits ; que Jean 
Chantain disoit : Travaillez, Messieurs, sfous ne 
risquez rien ; je répons de tout^,., » 

Marie Ghagny, domestique au château, âgée 
d'environ 20 ans, interrogée le même jour, déposa 
« que les gens de Saint-Point favoient] saccag-é le 
château dudit lieu ; qu'à leur tête ils avoient les 
frères Dumonceau et surtout Jean Chantain, qui ne 
cessa d'y donner des ordres, que tous y travaillèrent 
avec ardeur, mais surtout les trois qu'elle [venoitj 
de nommer, et les fils d'Antoine Delorme ; qu'elle 
vit encore Pierre Perachon porter du feu pour 
brûler les papiers dans la chambre du fermier, ce 
qui cependant n'eut pas lieu, et (quelques instans 
après lesdits papiers furent brûlés dans la cour*... » 

Félicité Martin % fille majeure, bourgeoise, demeu- 
rant au château, âgée de 62 ans, interrogée le 28 
septembre, déposa que <( tous les habitans de la 
parroisse de Saint-Point s'étant assemblés au son 
de la cloche qu'avoit fait sonner, à ouï dire la 
déposante, George Chantin et Benoît Baudat, ces 
gens se rendirent à la cour du château, où trouvant 



1. Archives de Saône-et-Loire, B. 1717,64, p. 3o6. 

2. Id., ibid.y p. 307. 

3. C'était l'ancienne « femme d'honneur de M"* de Saint- 
Point ». 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT II7 

la déposante et le sieur Bruys, ils tinrent les propos 
les plus menaçants à ce dernier, en lui disant : 
B[oiig^é]y cous étiez maître hier, mais nous le 
sommes aujourd'huy. Vous açez laissé enlever les 
terriers, mais nous allons saccager tous ços effets 
et brûler le château ; que ces propos furent tenus 
par Joseph Dumonceau, qui parut à la tête de la 
bande ; qu'à Tinstant on dressa des échelles au- 
devant du château et que ce fut encore ledit Joseph 
Dumonceau qui le premier monta sur le toit ; que 
beaucoup d'autres Ty ayant suivi, les quatre tours 
furent totalement découvertes et le corps de logis 
du centre le fiit en partie ; l'intérieur du château fut 
entièrement saccagé, les papiers brûlés hors d'icelui, 
mais ne peut la déposante remarquer les auteurs de 
ces différens dégâts, vu que dez le commencement 
plus morte que vive elle étoit hors d'elle. Revenue 
un peu sur le soir, elle remarqua, quand les dégâts 
furent achevés et que même la bande fut retirée, 
André Peisseau, qui, picqué d'un procès qu'il avoit 
perdu pour fait de chasse, menaçoit hautement de 
mettre le feu au château. N'a remarqué la déposante 
dans la hagard ni George Chantin, ni Jean, son fils, 
a raison du trouble et de l'émotion dont elle nous a 
parlé. A cependant ouï dire qu'ils y étoient, et sçait 
que le bruit public dans le païs est qu'à raison de la 
députation qu' avoit eu ledit George à l'assemblée 
baillivale de cette ville, du crédit qu'elle lui donnoit 
auprès des autres habitans, et de l'assertion qu'il 
leur faisoit, ainsi que Jean, son fils, qu'ils avoient 
de bons ordres, ce sont eux seuls qui, à l'aide de 
cinq à six autres, ont soulevé la parroisse. Même le 
fils forçoit la pluspart des habitans chez lesquels il se 
i^endoit pour les menacer de faire saccager et brûler 
tout chez eux s'ils ne venoient à l'assemblée *...)) 



I. Archives de Saône-et-Loire, B. 17 17, 64, p. 338. 



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Il8 HISTOIRE DE SAINT-POINT 



Une bande d'environ 3oo habitants de Pierreclos, 
Sarrières et Cenves, qui avait à sa tête le sieur 
GuiLlet, huissier royal audit Pierreclos, descendit 
de Tramayes vers quatre heures et mit fin aux scènes 
de désordre dont le château était le théâtre* . « Agréez, 
s'il vous plaît, écrivait Bruys à Guillet, le a août, 
mes sincères remercinients du service essentiel que 
vous m'avez rendu jeudy dernier, de venir à mon 
secours, ainsi que une partie des habitants de Pierre- 
clos, Serrière et ïramaye. Sans vous j'étois un 
homme perdu ; on finissoit de périr tout ce que 
j'avois. On vouloit détruire totalement le château et 



1. Celle bande ne parait pas avoir joué à Tramayes le 
même rôle qu'à Saint-Point. Qu'on lise plutôt : « Aujourd'huy 
1" août 1789, au comité séant à Thôtel de ville de Màcon, se 
sont présentés sieur Pierre Viviant et sieur Eloy Loizel, 
brigadier et employé aux crues [du sel] du Mâconnois, 
lesquels après avoir prêté serment de dire vérité ont déclaré 
aue le jour d'hier, sur les deux heures après midy,au bourg 
de Tramayes, où est établie leur caserne dans la maison du 
sieur Provillard, sont arrivés environ 3oo hommes des 
paroisses deCenves, Serrières et Pierreclos, à la tête desquels 
etoit le sieur Guillet, huissier à Pierreclos, le nommé Charvet, 
aubergiste à Pierreclos, le nommé Revillon, tanneur à 
Pierreclos, le nommé Courlv (Corlier), vigneron de la 

Î)aroisse de Pierreclos, lesquels ont abattu et dévasté abso- 
ument leurs casernes, ont absolument brisé tous les meubles, 
les bois de lit, se sont emparé des hardes, des effets, des 
armes et générallement de tout ce qui appartënoit à la 
brigade, qu'ils ont coupé à coups de haches et de ciseaux, 
ont arraché une croix d'or au coi de la femme dudit sieur 
Loizel, ont donné à cette femme un coup du sabre du sieur 
Viviant dont ils s'étoient emparés, lequel sabre étoit dans 
son fourreau, et n'ont laissé auxdits sieur Viviant et Loizel, 
ainsi qu'aux autres employés, que les vêtements qu'ils 
avoient sur leur corps ; ajoutent que la même troupe a mis 
à contribution M. le curé de Tramayes, M. Bruys, notaire à 
Tramayes, M. Leclerc, notaire et procureur fiscal ; le sieur 
Cliambard, fermier du château, a abattu les girouettes et a 
mis à contribution le fermier du château de La Rolle ; et ont 
ouï dire lesdits sieurs que la même troupe a dévasté le 
château de Saint-Point. Lecture faite de la présente déclara- 
tion, lesdits sieurs l'ont déclarée sincère et véritable, ont 
dit que les autres employés pourroient en déposer. Et ont 
signé : Viviant^ Loizel», (Archives de Saône-et-Loire, B. 1717, 
01). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT II9 

finir d'y mettre le feu. Jamais je ne pourrai vous 
témoigner toute ma recoimoissaïice ainsi qu'à tous 
ceux: qui étoient à votre compagnie*... » 

Le 7 août, M^ François Dufour, notaire à Clermain, 
et M® Jean^Baptiste Barraud, notaire à Tramayes, 
vinrent constater les dégâts. M. Bruys leur fit le 
récit de la journée du 3o juillet : « Environ une 
heure après midy la presque totalité des habitants 
seroit arrivée au château, un grand nombre étant 
armés de fusils, les autres de fourches, de coignées, 
de volants, de presses de fer et autres instruments 
de ce genre, et luy auroient demandé la délivrance 
des terriers et papiers du seigneur, et que s'il en 
faisoit refus, ils metteroient le feu au château. Sur 
quoy ledit sieur Bruys leur auroit observé qu'il 
n'avoit jamais eu la disposition des archives, qu'ils 
sçavoient que la clef étoit entre les mains de 
M. Rambot, fondé de pouvoir et principal agent de 
M. le marquis de Castelanne, qu'il ofTroit de le faire 
avertir de leur présence au château et du sujet de 
leur demande. Lesdits habitants luy auroient 
répliqué qu'il avoit en son pouvoir le terrier conte- 
nant les dernières reconnoissances qu'ils avoient 
faittes au proffit dudit seigneur et qui faisoit son 
titre pour la perception annuelle des servis, qu'ils 
vouloient l'avoir sur-le-champ. Ledit sieur Bruys 
leur ayant observé que sa qualité de fermier et de 
dépositaire ne luy permettoit pas d'acquiescer à leur 
demande, aussitôt les uns se sont mis en action pour 
enfoncer la porte de fer qui fermoit les archives, 
d'autres celles d'un armoir placé dans la grande 
salle, où étoit le terrier confié audit sieur Bruys 
pour faire la recette, de même ses livres de compte, 
journaux et autres papiers ; que lesdits habitants 
s'étant emparés de tous les papiers qui étoient dans 

I. Archives de Saône-et-Loire, B. 1 717, 61. 



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I30 HIBTOIRB DE SAINIVPOIKT 

lesdittes archives et dans Tarmoir dudit sieur 
Bruys, ils s'étoiedt mis en devoir de les brûler 
dans un des appartements, et que sur les instantes 
prières dudit sieur Bruys ils les avoient trans- 
portés et brûlés sur la place en avant du château. 

(( Dans les papiers appartenants audit sieur 
Bruys il déclare qu'il y avoit un livre contenant 
les comptes particuliers des ventes de la coupe 
qu'il fait annuellement dans les bois dépendants du 
château, et qu'il peut luy être dû par divers de la 
somme de 1,200 à celle de i,5oo livres... 

« Déclare pareillement qu'il luy est dû des rede- 
vances seigneurialles par divers particuliers qui 
n'ont jamais compté avec luy depuis le commence- 
ment de son bail et dont il n'a jamais rien reçu, et 
que d'autres luy doivent des portions d'arrérages 
des mêmes redevances... 

« Qu'après que lesdits habitants eurent brûlés 
les titres et papiers dudit seigneur de Saint-Point 
et ceux dudit sieur Bruys, ils rentrèrent dans le 
château et se mirent, les uns à briser ses meubles, 
et les autres montèrent sur les toits qu'ils décou- 
vrirent et brisèrent la charpente et les thuiles de 
toutes les tours du château, des principaux corps 
d% logis, brisèrent la porte d'entrée du château et 
autres qui faisoient la seureté de l'intérieur, les 
vitres et les châssis à verre de toutes les fenêtres, 
au moyen de quoy ledit sieur déclare qu'il ne 
peut plus veiller à sa seureté personnelle, à celle de 
sa famille et à la conservation des meubles indis- 
pensables pour leur usage journalier, que pour le 
surplus qui n'a pas été brisé il Ta déposé dans la 
chapelle de l'églize qui appartient au seigneur de 
Saint-Point, mais afin que les habitants ne puissent 
pas nier la vérité du dommage qu'ils ont fait dans 
les meubles dudit sieur Bruys, il nous auroit conduit 
dans les divers appartements cy-après.,. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 121 

(( 1° Dans la grande salle qui règne sur les caves, 
nous avons trouvé les débris de i8 chaises tant en 
bois que paille, deux grandes tables, un buffet, 
deux pots à eau et deux petits pots à fleur, tous 
lesdits meubles hors de service et ne pouvant être 
réparés. 

(( 2*» Dans une chambre au midy de laditte salle, 
une petite table, un grand fauteuil ver en tapisserie, 
un fauteuil et six chaises en paille, un tableau, un 
miroir, un pot à eau avec sa cuvette, le tout dégradé 
connue cy-devant, une commode à trois tiroirs 
considérablement endommagés. 

<( 3** Dans une autre chambre au nord de laditte 
salle, la garniture du feu, un grand fauteuil en 
tapisserie de points, un miroir ordinaire de toilette, 
une glace de i8 pouces d'hauteur sur i6 de largeur, 
un pot à eau avec sa cuvette, deux tiroirs d'une 
commode et le dessus de laditte commode, une petite 
table, six chaises et un fauteuil en paille dégradés 
conim' au premier article, les deux lits en draps 
jaunes jettes par la fenêtre, une des tringles forcée. 

(( 4° Dans un cabinet de toilette attenant, une 
table, une chaise, une paile à feu, brisées conmi' au 
premier article. 

(( 5° Nous a dit ledit sieur Bruys que les habitants 
de Saint-Point auroient alors suspendu le dégât qu'ils 
commetoient dans le château même et sur ses 
meubles, et qu'ils F auroient forcé à leur délivrer du 
vin, qu'ils en ont bu trois pièces, et mangé tout le 
pain qui étoit dans la maison, qui pouvoit former 
une demye asnée de bled. 

« 6° Qu'ensuite ils ont montés au second étage, 
où ils ont brisés toutes les chaises qui étoieiit dans 
les appartements, enfoncé les panaux, les portes 
des armoirs. 

(( 7" Dans une chambre un peu plus élevée, dont 
la fenêtre est au couchant, ils ont brisés la corniche 



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122 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

d'un arraoir et entierrement un autre arnioir, des 
bouteilles et autres vases servants à mettre de 
rhuile et du bœur. 

« 8° Etant dans les greniers ledit sieur Bruys 
nous a déclaré qu'ils avoient défoncés deux tonneaux 
de noix, et nous avons remarqué qu'il y en avoit à 
peine actuellement un seul tonneau. Il nous a 
pareillement déclaré que le linge salle de toute sa 
maison étoit déposé dans ses greniers et qu'ayant 
été dispersé dans les greniers et y en ayant eu de 
jette par les fenêtres, ainsy que les lits dont il est 
parlé cy-devant, il luy est impossible de vériflier la 
perte qu'il a pu subir dans cette partie de son mobi- 
lier, et qu'il a fait déposer ce qu'il a pu dans la 
chapelle de l'églize. 

« 9° Déclare que les fourches en fer, pailes, 
pioches, coignées et autres ustanciles de cette nature 
qui étoient dans l'intérieur du château, dans les 
écuries et dans la cour ont été en partie enlevés. 

« io° Déclare qu'ils ont pareillement brisés trois 
clochettes qu'il avoit fait poser dans l'intérieur du 
château. 

« 11° Qu'il avoit déposé huit chardsde foin dans 
la grande tour attenant aux écuries, que cette tour 
étant entierrement découverte sans qu'il y reste une 
seule thuile et tous les décombres étant sur le foin 
il le considère comme perdu tant à cause des 
décombres que par la première pluye qui surviendra, 
étant donné l'impossibilité de le mettre à l'abri, 
attendu qu'il ne reste dans le château aucun endroit 
qui ne soit découvert en tout ou partie... 

(( Enfin que les meubles qui restent dans ledit 
château sont exposés à être mouillés ou enlevés 
puisqu'il n'existe ny portes ny fenêtres et que les 
toits sont découverts en tout ou en partie ; faisant 
en outre ledit sieur Bruys des réserves de faire une 
plus ample déclaration, dans le cas où il remarque- 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 125 

roit qu'il luy auroit été enlevé d'autres eifets et que 
le trouble d'un attentat aussi horrible ne luy a pas 
encore permis de remarquer ; de même qu'il cons- 
tatera particulièrement envers chaque habitant le 
refus de luy payer la dixme, afin que le seigneur de 
Saint-Point ne puisse pas l'accuser d'avoir laissé 
périr ses droits et qui font l'objet de son bail*... » 
Pendant que lé notaire constatait les dégâts, un 
détachement de cavaliers de la milice bourgeoise 
deMâcon, composé de onze volontaires^ sous les 
ordres du capitaine Blondel (Etienne), envoyé le 
matin même par le comité permanent de l'hôtel de 
ville dudit Mâcon, vint pour « faire perquisition 
des auteurs » de l'émeute. M. Bruys dénonça comme 
« chefs de l'attroupement de Saint-Point, Jean, fils 
aine de Georges Ghantain, électeur de cette paroisse, 
lequel avoit fait sonner la cloche et* assembler la 
paroisse, à laquelle il avoit fait défenses de payer la 
dluie, les deux fils aines de Jacques Delorme, demeu- 
rant au hameau de La Roche, qui avoient été les 
premiers à découvrir les toits avec Philibert et 
Joseph Dumonceaux, du hameau de Joux et de Vers- 
Ville, qui avoient été les plus acharnés à briser les 
meubles et à abattre les toits, Jean Martinet André 
Paisseaud, et le compagnon de Jean Paisseaud, 
François Lapalus, du hameau des Prost, qui faisoit 
la garde avec un fusil pendant qu'on saccageoit le 
château, buvoit dans la cour, le nommé Daval dit 
Boidat^ qui rassembloit les habitants dans les 
hameaux, Joseph Bleton, Vincent Passot, Benoit 
Gachot, Jean Toutems, Pierre et Joseph Fouilloux, 
Benoit LuqUet, Antoine Paisseaud, Mathieu Délaye, 
le nommé Point et le nommé Gorsin, tous acharnés 



1. Minutes de l'étude de M* Tarlet, notaire à Glermain. 

2. C'étaient les nommés Buy, MiÛiet, Lanier, Trambly, 
WeloD, Aubertin, Raquillet, Lavenlr le jeune, Rivaud, 
Hobept lils et Bonne. 



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120 HISTOIRE DE SAINT- POINT 

à détruire et à ravager le château ». Le capitaine 
Blondel procéda, séance tenante, à l'arrestation de 
François Lapalus et de Joseph Bleton connu sous le 
nom de Joseph Fouilloux *. 

Avant eux, le surlendemain du 3o juillet, le nommé 
Pierre Perrachon, âgé d'environ 42 ans, natif de 
Leynes, manœuvre à Saint-Point, s'était déjà fait 
arrêter à Mâcon, par la garde bourgeoise, dans un 
cabaret du faubourg de la Barre. Amené devant le 
comité de l'hôtel de ville le même soir à 9 heures 
(!•''• août), il avoua avoir pris dans le cabinet du 
seigneur la valeur d'environ deux petites iroitures 
de papiers et les avoir portés dehors pour les 
brûlera 

Le 22 août il comparut devant M. Délaye, chargé, 
nous l'avons dit, d'instruire l'affaire, et « il déclara 
que c'était dans le cabinet des archives qu'il avait 
trouvé les papiers du seigneur, mais que les terriers 
avaient déjà été enlevés le matin même, sans quoi 
les habitants n'eussent fait aucun mal au château, 
qu'il trouva ouverte la porte en fer de ce cabinet et 
tous les papiers épars çà et là sur les carreaux, 
qu'il en prit deux petites brassées et les porta près 
du château dans l'intention qu'il avait, ainsi que 
tous les autres habitants, de les brûler ; que celui qui 
lui donna l'ordre d'aller chercher du feu est un nommé 
François Périn habitant lieudit Vers le Prau, et 
qu'à l'égard des chefs c'étaient le fils aîné de George 
Ghantain, Jean Martin, André Peisseaux et quelques 
autres qui dirent à Ghassagne, collecteur', de faire 
sonner le Jtocsin, afin d'assembler la parroisse* ))• 

Le même jour fut interrogé par M. Viard, 
conseiller au bailliage, François Lapalus, âgé d'en- 



I. Archives de Saône-et-Loire, B. 1717, i5. 
Q. Id., ibid.y 90. 

3. Collecteur des impôts. 

4. Archives de Saône-et-Loire, B. 1717, 71. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT I2J 

viron 4o ans, laboureur de Saint-Point, détenu aux 
prisons deMâcon, qui nia formellement avoir monté 
la garde, armé d'un fusil, à la porte du château, 
pendant qu'on en saccageait l'intérieur, et prétendit 
avoir été le 3o juillet, de 5 heures du matin à 
6 heures 1/2 du soir chercher une voiture de tuiles 
à la tuilerie de Bourgvilain * , 

Le lendemain, 23 août, fut amené devant M. 
Viard, Joseph Bleton, âgé d'environ 4^ ans, 
manœuvre de Saint-Point, également détenu. Il 
déclara cjue la veille du 3o juillet « il étoit occupé 
à moissonner, lorsqu'on vint l'avertir qu'il falloit 
s'assembler pour repousser les ennemis, qu'il 
accourut au bruit, malgré l'opposition de sa femme 
qui disoit qu'on le tueroit, que lorsqu'il parvint au 
chemin, plusieurs des habitans s'étoient déjà 
rassemblés et avoient été du côté de Tramaye, 
qu'il en rencontra quelques-uns qui revenoient déjà, 
qu'on lui dit qu'on avoit reçu des lettres qui annon- 
çoient l'arrivée d'une brigade d'ennemis qui dévoient 
tout écraser, qu'on lui ajouta que si le lendemain il 
entendoit sonner le tocsin il falloit se rassembler 
pour défendre la paroisse ; entendit dire encore 
qu'on avoit reçu des ordres pour abbattre les 
g^irouettes et démolir les châteaux, et que ceux qui 
se refuseroient à ces ordres seroient pris et emmenés 
par la brigade de Mâcon... » 

En ce qui est de la journée du 3o, il dit ne s'être 
rendu au château « que sur les quatre heures et demi 
ou cinq heures, qu'alors il étoit déjà dévasté et que 
les habitans qui y étoient encore ne faisoient plus 
aucun mal, étant assis dans la cour et [les] jardins ; 
qu'il vit le sieur Bruys, fermier dudit château; qui 
se promenoit en essuyant des larmes sans rien dire 
à personne, [et} que prenant part à sa douleur [il] 
se retira sans pouvoir lui parler* ». 

I. Archives de Saône-et-Loire, B. 1717, 75. 
a. Id., ibid., 89. 



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I!28 HISTOIRE DE SAINT-POINT 



Ces arrestations n'avaient pas complètement 
calmé reflervescence populaire, car le 3o août 
M. Durand, curé de Montagny-sur-Grosne, écrivait 
à Claude Hamboz, procureur d'office du comté de 
Château-Thiers, de la baronnie de La Bussière et de 
la seigneurie de Saint-Point, qu'un particulier de 
Saint-Léger-sous-la-Bussière (( [s'opiniâtrait] à lui 
soutenir qu'on est en droit d'exiger et les communes' 
et les terriers dont les seigneurs sont en possession, 
et qu'en conséquence la parroisse [étoit] décidée à 
s'assembler au plutôt pour aller lui en faii^ demande, 
et que ceux de Saint-Point leur [avoient] promit de 
se joindre à eux quand ils voudront*... » 

Pris de peur Ramboz vint à Màcon, le 2 septembre, 
et se présenta à Thôtel de ville devant les officiers 
municipaux et les membres du comité, auxquels il 
déclara « qu'à Saint-Point différents particuliers 
[tenaient] des propos séditieux et [fomentaient] une 
nouvelle insurrection, qu'entre ces diftérents parti- 
culiers sont André Paisseau, manœuvre, le nommé 
Chassaigne, faisant la profession d'expert, le fils 
aîné de Georges Chantin, habitant du village de 
Joux, les frères Dumonceau, manœuvres, et autres 
de la paroisse de Saint-Point, contre les menaces 
desquels et pour la sûreté publique il [sollicitait] la 
vigilance du ministère public ^.. » 

Et il complétait sa dénonciation le 4 et le 9 dans 
les lettres suivantes adressées de Château-Thiers à 
son ami, M. Rivet, commissaire en droits seigneu- 
riaux à Mâcon : 

« Mardy dernier ne m'ettant pas resouvenu de 
tous les noms de ses célérats de Saint-Point qui 
étoient les plus acharnés à faire les dégâts au château 
dudit Saint-Point. En voicy encore des plus cou- 



I. Communaux. 

a. Archives de Saône-et-Loire, B. 17 17, 54. 

3. Id., ibid. 



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HlSTOIftË DE SAINT-POINT l3l 

pables de la bande, que vous aurés la bonté de 
déclarer à ses Messieurs qui composent le comité : 
Perrain, laboureur au hameau de La Ghanal ; Jean 
Dailly , laboureur En Rogne, proche La Ghanal ; 
Antoine Paillant, laboureur et fermier de Messieurs 
Duclonx ; Jacque Delorme; son fils aîné, le premier 
qui a monté sur les couverts ; Debionne, collecteur, 
avec ses trois domestiques ; Point, maréchal au 
hameau de La Roche ; Délaye, avec son fils, au 
hameau de Bourgogne, maréchal, qui ont apporté 
les outils pour forcer les portes de fer ; Biaise Déchi- 
zeau ; Bon, habitant de Joux, avec ses deux ûls. Les 
trois qui sont dans les prisons sont aussy des plus 
coupables. Enfin tous les habitants de Saint-Point 
y étoient, sans aucun étranger, après avoir sonné 
Tespasse de quatre heures le tocsin. Et ce qu'il y a 
de plus affreux, en même tems que les habitants 
dévoroient le château, le marguillié*, qui étoit au 
cloclié, carillonnoit ; après avoir bu Qt mangé, ainsy 
que leurs femmes, ils se mirent à danser. Je suis à 
même d'établir tous ses faits en justice. Priés ses 
Messieurs d'agir ; si l'on n'en punit pas une partie, 
l'on est en grand danger d'aller en cette paroisse. 
A présent ils disent que cela n'est rien ; ce qu'on en 
a. fait étoit pour les épouventer^.. » 

« J'ai reçu l'honneur de la vôtre en datte du 9 hier, 
laquelle me fait présumer que ses Messieurs de 
comité ne viendront pas dans ce pays, puisque 
M. Cortambert' veut bien avoir la bonté de faire 
punir ces brigands de Saint-Point. L'on peut établir 
leurs délits par plusieurs témoins, tant étrangers que 
du lieu, mais puisqu'il n'en veut faire entendre que 
deux, il peut faire entendre M. Etienne Bruys, fer- 
mier de Saint-Point, et Antoine RoUet, dimeur de 



I. Jean Railin. 

a. Archives de Saône-el-Loire, B. 17 17, 56. 

3. Capitaine-lieutenant de la maréchaussée du Maçonnais. 



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i3q histoire de saint-point 

M. Bruys, natif de Bourgvilain, qui réside à présent 
au château de Saint-Point. Ils déposeront des délits 
commis et le nom des brigands. . . [Je] suis à même 
d'établir que Claude Ghassagne avec d'autres ont 
faitdes démarches pour solliciter les paroisses voi- 
sines pour se transporter à Saint-Point le jour destiné 
pour le délit. Il y a toujours beaucoup de rumeurs 
sourdes dans le pays ^.. » 

Ensuite de ces dénonciations on dressa une liste 
d'habitants à arrêter et qui comprenait les noms du 
fils aîné de Georges Ghantin, du hameau de Joux, 
des deux fils aînés de Jacques Delorme, du hameau 
de La Roche, de Philibert Dumonceau, du hameau 
de Joux, de Jean Martin, du hameau de La Roche, 
d'Anàré Paisseaud, du compagnon de Jean Pais- 
seaud, de Benoît Perrier et de Jean Fouilloux, du 
hameau du Prost, des deux frères Dussauge, de Jean 
Lapalus, de Vincent Passot, de Benoît Gachot, de 
Jean Toutemps, de Pierre et Joseph Fouilloux, de 
Daval dit Boidat, de Benoît Luquet, d'Antoine 
Paisseaud, de Mathieu Délaye, des nommés Point 
et Gorsin*. 

C'était ceux que le capitaine de la maréchaussée 
(( voulait bien avoir la bonté de faire punir ». 
Mais au mois de décembre 1789, Louis XVI accorda 
une amnistie générale pour tous les faits qui se rap- 
portaient aux troubles du Maçonnais ^ 

Si les poursuites criminelles étaient suspendues, 
les victimes des désordres n'en avaient pas moins 
le droit, — dont elles usèrent, — de demander aux 
auteurs des dégâts des dommages et intérêts. Etienne 
Bruys intenta au mois de février 1790 une action à 
Etienne Debionne, collecteur de Saint-Point, Jacques 



1. Archives de Saône-et-Loire, B. 1717, 55. 

2. Id., ibid.^ 61. 

3. Id, B. 1718, 260. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l33 

Delorme, aussi collecteur, et ses deux fils, Joseph 
Deschizeaux, Jean Fouilloux, Jean Treilleforl, Phi- 
libert Daval, Claude Bleton, Claude Paisseaud, Jean- 
Baptiste Dussauge, Louis Larochette, Georges et 
Jean Chantin, Antoine Paillant, Joseph Tarlet, 
Antoine Chantin, Claude Chassagne, Benoit Desper- 
riers (sic), Benoît et Jean Bleton. Quarante-cinq 
témoins comparurent au cours de Tenquête ouverte 
dans cette aflaire par M*^ Joachim de Namps, lieu- 
tenant général au bailliage et présidial de Mâcon, 
les 21, 22, 24, 26, 27, 28 avril, 10 et 11 mai 1790*. 

Nous nous contenterons d'extraire de leurs dépo- 
sitions ce qu'elles peuvent nous apprendre que nous 
ignorons sur le sac du 3o juillet. 

Joseph Tarlet, âgé de 21 ans, domestique du sieur 
Bruys, demeurant au château, déclara entre autres 
choses qu'il y avait 60 à 80 personnes, tant hommes 
que femmes, que Jean Chantin, armé d'une cognée 
le menaça et lui dit qu'il naçoit quà aller dixmer 
actuellement, 

Jean Martin, âgé de 36 ans, demeurant à Saint- 
Point, dit que, saisi de peur, il alla se cacher dans 
le clocher, d'où il vit Benoit Rey, domestique de 
Benoit Bleton, qui travaillait à la démolition du 
colombier avec Jean Fouilloux, 

Félicité Martin, âgée de 63 ans, bourgeoise de 
Saint-Point, déposa que lorsque la bande entra au 
château elle avait à sa tête Philibert Dumonceau 
(( qui saisit avec fureur et brutalité le sieur Bruys 
au çolet et lui dit : « Hier, vous étiez le maitre, 
(( mais vous ne le serez pas aujourd'hui. Vous faites 
« semblant d'être du tiers-état et vous tenez pour la 
(( noblesse. Pour vous apprendre à nous tromper, 
(( nous allons entrer au château, saccager votre 
« ménage et ensuite tout brûler » ; qu'à cette menace 

ï. Archives de Saône-et-Loire, B. iSaa, 64. 



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l34 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

effrayante ledit sieur Bruys répondit seulement : 
« Si Totre intention est telle, je me retire ; je ne 
(( yeux pas être brûlé » ; que se retirant en effet et- 
gagnant, de la cour où il étoit, le chemin, il fut arrêté 
et entraîné dans le château à l'effet de faire un écrit 
à la bande qui Texigeoit relativement à la remise 
des terriers, et que tandis <ju'il le rédigeoit, un dé 
ceux qui composoient la bande ou plusieurs bri- 
sèrent Técritoire dudit sieur Bruys en disant qu'ils 
ne vouloient plus d'écrit». Elle ajouta avoir entendu 
dans l'après-midi André Paisseaud jurer et menacer 
de mettre le feu au château, disant : « Bougre de 
château, tu m'as ruiné ; il faut que je te brûle ! }J •' 

Marie Deschizeaux, âgée de 35 ans, femflie 
d'Amédée Crozet, laboureur de Saint-Point,^ déposa 
qu'elle vit Joseph Dumonceau, « sur le refus de le 
suivre que lui fit Claude Tarlet, son domestique, 
lorsque [avec la bande] il vint le chercher, frapper 
ledit Tarlet et le renverser d'un coup de poing vio- 
lent qu'il lui appuya sur l'estomac, après quoi il se 
disposoit à le frapper d'un bâton dont il étoit armé, 
lorsque Jean Chantin l'en empêcha en disant que 
Tarlet le suivroit bien, ce que fit à la vérité ce 
dernier dans la crainte d'être maltraitté ». 

Jean Raffin, âgé de 87 ans, marguillier de Saint- 
Point, déclara que « sur les neuf heures du matin 
environ 5oo personnes arrivèrent en son domicile et 
le forcèrent à aller sonner le tocsin en le menaçant 
de saccager son butin et de l'écarteler S qu'il se 
rendit au clocher et sonna le tocsin jusqu'à quatre 

I. Jean Charvet iils, âgé de 21 ans, demeurant à Saint-Pôint, 
déposa en effet que le m dans la matinée il vil sortir de 
chez Jean Raflin, marguillier, Benoît Daval armé d'un fusil, 
Jean Chantin avec une hache, Jean Siraud, de Joux, avec 
une pioche, et Joseph Dumonceau avec un bâton, et qu'au 
milieu d'eux se trouvait ledit Raflin à qui ils venaient de 
donner Tordre d'aller sonner le tocsin, et que lui déposant, 
pris de peur, courut se réfugier dans le bois du seigneur 
où il resta caché toute la journée, 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 187 

heures du soir, et resta seul au clocher, où il ne fiit 
visité que par sa femme, qui lui dit qu'il falloit qu'il 
carillonnât, ce qu'il fit lorsque sadite femme lui 
ajouta que s'il ne le faisoit on alloit se rendre au 
clocher et le jetter en bas d'icelui, d'où il ne sortit 
que pour se rendre à la cure aux fins de la défendre 
contre ces brigands qui l'assiégeoient ; qu'il n'exa- 
mina pas ceux qui étoient venus le forcer chez lui, 
si ce n'est le nommé Siraud, fils de Benoit Siraud, 
manœuvre à Saint-Point ». 

Philibert Botheron, âgé de 35 ans, menuisier de 
Saint-Point, déposa que dans l'après-midi, à son 
arrivée au château, il vit sous les tilleuls Jean 
Fouilloux tenant un gros terrier qu'il paraissait 
lire ; que (( sur les quatre heures du soir une troupe 
venant du côté de Tramaye se présenta au château, 
s'y fit donner à boire et à manger ; qu'il entendit 
une voix de cette troupe qui dit : « Nous ne voulons 
« pas le reste de ceux de Saint-Point » ; qu'après, 
cette troupe se retira sans faire aucun dégât pour se 
rendre à la cure où elle se contenta d'y briser une 
porte et de boire et manger ». 

Charles Gignon, âgé de 5o ans, garde forestier 
à Pierreclos, déclara que « le bruit s'étant répandu 
[audit] Pierreclos que des brigands que l'on disoit 
relâchés des galères alloient fondre sur la paroisse, 
il s'arma de son fuzil et se mit à la tête du plus 
grand nombre des habitans du lieu et même de 
partie de ceux de Serrières, fut à la découverte 
desdits brigands jusqu'à Tramayes, ou ne les ayant 
point trouvés, il se décida à revenir le même jour 
en prenant la route de Saint-Point », qu'avisé de ce * 
qui se passait au château, et indigné de la conduite 
des habitants, il s'y rendit avec sa bande, que (( pour 
mettre fin au désordre il menaça les auteurs des 
délits de leur faire un mauvais parti et coueha même 
enjoué ceux qui étoient sur les toits, que parvenu à 



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l38 HlStOIllE t)E SAINT-POINT 

son but il se retira, et en se retirant entendit l6ft- 
habitants de Saint-Point qui eurent encore IVudi 
de [lui] proposer et [à] ses camarades de les ac 
pagner à Audour ou Châteautiers pour exiger 
terriers, à quoi ils se refusèrent ». 

Philibert Charvet, âgé de 3o ans, demeurant 'I 
La Farge, paroisse de Pierreclos, qui était dtff 
bande conduite par Gig^on, ajouta que le noi 
Barrât, qu'il avait fait descendre, en simulant 
tirer sur lui, des toits du château dont il démolissitfiB.^ 
la charpente, « l'ayant menacé [dans] la cour d'f 
bayonnete ou espèce d'hallebarde dont il éMf 
armé, le témoin s'en saisit et la brisa en ajouta»!*' 
parlant aux habitants de Saint-Point, qu'ils m^^ 
teroient quon leur donnât cent coups de bâtons IW 

Gabriel Latour, âgé de îi4 ans, cabaretier à TW 
mayes, qui était descendu à Saint-Point avec teà- 
gens de Pierreclos et de Serrières, déclara que ïté 
émeutiers s'étaient décidés à ne pas se rendre à 
Audour et à Château-Thiers uniquement parce que* 
les premiers avaient feint de consentir à les y suivre 
le lendemain, et qu'en effet le 3i juillet, jour de, 
marché à Tramayes, dans la matinée, une dizaine 
d'habitants de Saint-Point vinrent (( pour engager 
ceux dudit lieu à tenir la promesse faitte la veille, 
mais leur nouvelle proposition rejettée, [ils] renon- 
cèrent à leur projet et se retirèrent en leur paroisse». 

Pierre Guillet, âgé de 87 ans, huissier à Pierre- 
clos, déposa qu'ayant fait des observations au nommé 
Dumonceau qu'il avait trouvé dévastant le châteam- 
(( ledit Dumonceau et autres dont il ne se rappelle 
pas le saisirent en disant hautement : « Il est veilUf 
(( au secours du sieur Bruys ; il le soutient. Eh bien t* 
(( il faut qu'il périsse de nos mains ! », qu'effrayé de 
cette menace il se dégagea de leurs mains, prit la 
fuite, fut se cacher dans la cave du cabaretier 
Delorme, d'où il ne sortit qu'à la nuit pour gagner 



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es 






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HISTOIRE DE SAINT^POINT l4l 

Pierreclos, précaution dont il a été félicité par 
plusieurs personnes, d'autant que « l'instant 
d'après sa retraite, la bande fit perquisition du dépo- 
sant jusque dans les paillasses des lits de la cure, 
[et] que tandis qu'il étoit dans la cave dudit Delorme 
il entendit plusieurs de la bande de Saint-Point qui 
le demandoient à la femme Delorme, en lui disant 
que s'ils le rencontroient ils lui feroient un mauvais 
parti, propos dont peut déposer Pierre Durousset 
fils aine, de Pierreclos, qui étoit fermé avec [lui] 
dans ladite cave ». 

Les choses restèrent longtemps en l'état au 
château. Il (( est fort dévasté, lit-on dans le Manus- 
crit de ma Mère, à la date du i6 juin 1801, c'est-à- 
dire peu de temps après l'acquisition faite par Pierre 
de Lamartine ; tous les murs sont nus, les écussons 
et les cheminées sont brisés à coups de barres de 
fer par les paysans venus de loin* dans les journées 
des brigands en 1789. Rien ne peut y flatter l'amour- 
propre ■ ». 

En examinant les planches qui accompagnent la 
présente notice on se rendra compte sans difficulté 
de l'état du château jusqu'en i85o et des additions 
qu'y fit Lamartine peu après cette date'. 

« On peut trouver, dit M. G. Larroumet*, qu'il a 
trop cédé à ses goûts personnels, en arrivant au 
petit porche gothique à colonnettes et à clochetons, 
qui fait comme un vestibule extérieur à la porte du 
château. Pendant un voyage en Angleterre, il avait 
admiré l'architecture, médiocrement pure de style 
et de goût, que l'aristocratie anglaise aime tant 
pour ses châteaux. Il lui avait fallu, à lui aussi, un 

I. ??? 

a. Ed. de 1878, in-12, p. 80. 

3. De i853 à i855. 

4. Cet article de Tancien directeur des beaux-arts, intitulé 
Une Visite à Saint-Point, a été reproduit par le Journal de 
Saône'ct-Loire du 14 janvier 1896. 



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l4a HISTOIRE DE SAlNY-POÏNT 

peu de gothique flamboyant pour Saint-Point, et au 
retour, sur ce château massif, mais de fier et robuste 
aspect, il avait plaqué ce gothique trop léger pour 
lui et plus troubadour que féodal. 

(( Non seulement un porche, mais un long balcon 
à trèfles de même style, court sur la façade. Passe 
encore pour celui-ci ; style à part, il forme une 
sorte de promenoir qui prolonge la demeure à Fair 
libre et double l'agrément de la campagne, en 
permettant de vivre en même temps au dehors et 
au dedans. Et puis la glycine et la vigne vierge ont 
tapissé la façade, et le faux goût des additions 
anglaises disparaît sous leur manteau. 

« Aussitôt entré dans le vestibule, à droite, 
s'ouvre une sorte de caveau voûté en ogive ^ Il a 
été aménagé en salle à naanger et, entre des boise- 
ries Louis XV, se déroulent des bergerades peintes 
en camaïeu dans le goût de Boucher. 

(( Un escalier * tournant conduit au premier étage 
et, par une salle de billard, on arrive au salon ». 

A gauche du salon est la bibliothèque ; à droite 
(( viennent la chambre à coucher et le cabinet de 
Lamartine ; celui-ci, dans une tourelle, dominant 
l'église et le cimetière, réduit sombre, où il a tant 
écrit, au milieu de ses souvenirs intimes, des livres 
de sa mère, de ses poètes préférés. 

« Tout a été exactement laissé dans l'état où 
Lamartine, à son dernier séjour, avait quitté le 
château. Voici, dans la chambre, une rame de papier, 
dans son enveloppe bleue à moitié déchirée par sa 
naain et, sur une table, une poignée de petits objets 
qu'il avait retirés de sa poche. Dans le cabinet, ses 
dernières plumes sont à leur place et les derniers 



I. Il a lout l'air d'un ancien oratoire. 

a. M. de Monlherol vient (1897) de faire élever et coiffer la 
tour carrée dans laqueUe il se trouve. 



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^ISTOtttE Î)È SAINT-POINT l43 

livres qu'il ait feuilletés se trouvent à l'endroit où 
il les avait posés. 

<( Sur la tenture en cuir gaufré de la chambre à 
coucher pend à une cordelière de soie un sabre que 
le poète portait durant son voyage en Orient. Quel- 
ques miniatures surtout retiennent Tattention. Ce 
sont des portraits de famille, et leurs rapports de 
ressemblance ou de contraste avec la physionomie 
du poète leur prêtent un vif intérêt ». 

M. de Montherot a eu la pieuse pensée de placer 
dans cette chambre le lit de mort* du poète qui 
était avant 1870 dans la maison de Passy. 

La cheminée * a été peinte par Mme de Lamar- 
tine. On y voit les figures des poètes préférés de son 
mari. En haut Shakespeare, Homère et Dante. A 
gauche Arioste, Sapho et Racine, A droite Pétrarque, 
Colonna et Corneille *. 

(( Le cabinet à la voûte cintrée, au clair obscur, 
nu, austère, un caveau de Rembrandt, une grotte 
des Pères », est dans la tour du sud, « Un portrait 
de Byron. Devant [Lamartine], aux côtés de la 
cheminée, le médaillon de sa mère, le portrait de sa 
fille, lui souriaient. Une étroite porte vitrée s'ouvrait 
sur un balcon de bois ♦. C'était une cellule de poésie 
et de prière * ». 

Au-dessus de la porte d'entrée du château on a 
encastré un écu sculpté parti de Lamartine • et de 



1. Voir la planche. 

2. Id. 

3. M. E. Montégut a dit inexactement dans ses Impres- 
sions de voyage et d'art : Homère, Shakespeare et Dante ; 
Pétrarque, Arioste et Tasse ; Corneille, Racine et Molière 
(Revue des Deux-Mondes, 1878, II, p. 137). 

4. Cela se rapporte à Tannée i85i. — Voir la planche. 

5. Ch. Alexandre, Madame de Lamartine, 1887, in-8% p. 175. 

6. De ffueules à deux fasces d'or accompagnées en cœur 
d'un trèfle de même. 



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ï44 HISTOIRE 1)K SAINT-POINT 

Dronier*. Cette pierre doit provenir de Tun des 
domaines que, par son mariage, Louis^François de 
Lamartine acquit en Franche^Comté. 

La plaque de cheminée de la salle de billard est 
rapportée. On y voit les armes suivantes : d'azur 
au chef d'argent, qui est des La Garde en Lan- 
guedoc ; d'azur au chevron d'argent accompagné de 
trois croissants de même, qui est des Sueur en Nor- 
mandie. 



I. A la bande accompagnée de deux étoiles en chef et 
d'un œillet feuille et ti^é en pointe. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l45 



VII 

LEglise. 



L'église, qui remonte à l'époque romane, est 
construite en moellons. 

Elle est bien orientée, et se compose : d'une nef 
plafonnée, flanquée de collatéraux plafonnés égale- 
ment ; d'un transept terminé par des chapelles à ses 
extrémités et couvert au centre par une coupole 
sur trompes au-dessus de laquelle s'élève le clocher ; 
d'une abside et de deux absidioles voûtées en cul- 
de-four à plein cintre*. 

La chapelle de gauche est voûtée en berceau à 
cintre surbaissé ; la chapelle de droite l'est en 
berceau à cintre brisé. 

L'église a, dans œuvre, a4 mètres de long sur 
10 de large ; la chapelle de gauche a 2 mètres 
de long sur a de large, celle de droite 4 mètres de 
long sur a de large. 

Les bas côtés sont aussi hauts que la nef centrale, 
que, par conséquent ils éclairent. Une seule toiture 
à deux rampants, chargée de laves, couvre les trois 
nefs. 

A l'intérieur, les piliers sont bâtis sur plan 
rectangulaire. Ceux de la croisée du transept ont les 
faces qui regardent la nef arrondies. 

L'abside a été décorée de moulures en plâtre, vers 

I. Voir le plan ci-derrière. 



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l46 HISTOIRE DE SAÏNT-POÏNT 

1765 ; la grille en fer forgé qui la ferme, porte le 
même millésime * . La nef et les collatéraux sont 
dallés, les chapelles carrelées. 

On remarque encore, à l'intérieur, deux statues 
anciennes en bois peint ou doré, l'une de saint 
Donat, patron de l'église*, l'autre de saint Amable, 
patron d'une chapelle % un prie-Dieu du XVII* siècle 
en bois sculpté, orné d'un écusson dont la figure 
d'azur, aujourd'hui méconnaissable, était sur champ 
de gueules, une excellente toile, la Vierge et quatre 
Saints d'après II Pinturicchio, par Armand Leleux, 
datée de (( Sainte-Marie du Peuple, à Rome, 1837 »*, 
et deux tableaux peints par M"™« de Lamartine, 
représentant, l'un sainte Elisabeth, l'autre sainte 
Geneviève, que M. Emile Montëgut dit n'avoir 
(( pas vus sans attendrissement, car pi n'a pu s'em- 
pêcher] de remarquer que [l'artiste] a donné une 
expression bien douloureuse à la sainte grande 
dame, tandis que la santé et la lumière de la joie 
brillent au contraire sur le visage de la fileuse aux 
pieds nus ))^ 

A l'extérieur, ce qui frappe à première vue, c'est 
le caractère moderne de la façade. En effet, grâce à 
l'appoint d'une somme de i,qoo francs allouée par 
le ministre de l'instruction publique sur le crédit de 
200,000 francs voté en 1889 pour la conservation des 
monuments historiques, l'église fut agrandie de la 

1. Voir plus loin. 

2. Le patron primitif était eertainement saint Point, — 
ecclesia Sancti Poncii lit-on dans une charte d'environ 11 16 
du Cartiilaire de Saint-Vincent de Mâcon, publié ç. Ragut 
(1864, in-4% p. 359) et dans le Fouillé de i5i3 imprimé en tête 
de ce cartulaire. Au XVII' siècle on ne trouve que le nom 
de saint Donat. 

3. Il y avait autrefois au-dessus du baptistère une sta- 
tuette en bois doré qui a été remplacée récemment par une 
croix. 

4. Donné par l'Etat en 1870. 

5. Impressions de voyage et d *art, dans la Revue des Deux- 
Mondes, t. civ (1873, II), p. 137. 



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Plan de l'Église. 



C. Pierre del. 1897. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l^g 

première travée en 1840*, et Ltamartine, sacrifiant à 
sou amour de Fogive, ajouta aux ressources de la 
commune 3oo francs pour assurer une entrée gothi- 
que à l'édifice roman \ ' 

Au-dessus de cette porte on a replacé dans la 
façade Tencadreœent en pierre d'une fenêtre ancienne 
de forme rectangulaire, où sont gravés les mots 
PER ARDUA VIRTUS' et les dates i:;6i, 1840. 
La porte latérale, qui se trouve au midi, date du 
XVIIl® siècle. Son linteau, un arc très surbaissée 
porte un écusson ovale, mi-parti de Saint-Point, 
qui est d'hermine au lion de sable, et de Rochefort 
d'Ally, qui est de gueules à la bande ondée d'argent, 
accompagnée de six merlettes de même mises en 
orle. Ces armes sont accostées de palmes et timbrées 
d'une couronne de marquis. 

Toutes les fenêtres en plein cintre de l'église, 
même celles de l'abside, ont été refaites ou remaniées 
à une ou à des époques relativement récentes. 
L'abside, soutenue par deux contreforts, et les 
absidioles, qui en ont chacune un, sont toutes trois 
construites sur plan demi-circulaire. La 
toiture qui les couvre déborde sur une 
corniche portée par des modillons sculp- 
tés, à décoration variée : un pal, des 
cannelures, un oiseau éployé, un diable 
I nu, un masque humain, des bucrànes, 
enfin un objet indéterminé sur l'identifi- 
cation duquel pourra s'exercer la sagacité 
des archéologues. 



1. Archives de Saône-et-Loire, O, Saint-Point. — Le soaoùt 
18^2 un autre secours de 600 francs fut accordé par le 
ministre de la justice et des cultes pour refaire le dallage, 
les enduits, etc. (Id., ibid.) 

2. Notes manuscrites sur Saint-Point, recueillies par 
M. l'abbé Buttet, curé de la paroisse. 

3. La vertu suit des chemins ardus. 




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i5o 



HISTOIRE DE SAINT-POINT 



Le clocher, carré, est divisé en deux étapes d'égale 
largeur. 

L'étage inférieur est percé sur chaque face de deux 
fenêtres en plein cintre. Une corniche, du profil le 
plus simple, le sépare de Fétage supérieur qui est 
orné sur chaque face de trois colonnes engagées 
entre lesquelles sont percées des baies géminées 
dont les archivoltes, surmontées d'une triple arca- 
ture en plein cintre, retombent sur des colonnettes. 
Les chapiteaux et les bases des colonnes et des 
colonnettes sont sculptés. 




Eglise et Tombeau de Lamartine. 



Phot. 1890. 



Une corniche posée sur des modillons, sculptés 
eux aussi, porte la flèche, qui est une pyramide 
en maçonnerie, à quatre pans. Elle est éclairée sur 
chaque pan par une lucarne à fronton triangulaire 
surmonté d'un épi fleuronné. A la partie supérieure 
de la pyramide, sur chaque face aussi, on voit un 
masque humain sculpté. 

Ce clocher a été réparé en 1826 çt en 1843, 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l5l 

C'est dans l'étage supérieur que sont les deux 
cloches, dont l'une date de 1810 et l'autre de i8q4- 

La sacristie actuelle est accolée à la chapelle des 
seigneurs. L'ancienne avait été construite au nord 
vers ijSo*. 

11 y a une intéressante visite de l'église de Saint- 
Point faite par M"» Claude Bouteloupt, archiprêtre 
du Rousset, en exécution d'une ordonnance de 
levêque de Mâcon du 28 avril 1675. Comme c'est la 
seule dont le procès- verbal nous soit parvenu, on 
nous saura gré de l'imprimer tout entière. 

(( Le 18 juillet 1676, nous nous sommes transportés 
au village de Saint-Point, où estans arrivés sur 
l'heure de midy, nous nous sommes présentés à la 
grande porte de Téglize dudit lieu, où estans nous y 
avons estes introduits par M'® Jacque Chauvet, 
prestre, bachelier en théologie, aulmosnier du sei- 
gneur dudit lieu, lequel s'est présenté à la place du 
s' François Décuriel S curé dudit lieu, et qui l'a 
commis à nous recevoir, estant obligé de s'absenter 
pour des affaires pressentes qui l'ont attirées en son 
pays. Lequel s' Chauvet nous ayant conduit, les 
cérémonies ordinaires observées, au maistre autel, 
où ayant donné la bénédiction du saint Sacrement, 
nous avons procédés à la visite par celle du saint 
Sacrement, que nous avons treuvés dans un ciboire 
d'argent sur un corporal, dans un tabernacle de bois 
en triangle peint au-dehors de rouge, quelques fillets 
d'or au-dedans, point d'azur. 

« Cette visite achevée, nous sommes allés en 
procession aux fonds baptismaux, qui sont dans une 
pierre scise du çosté de l'épître, où est une vieille 
bassine, dans laquelle sont contenues les eaux 
baptismales, sans couvert, sauf le grand couvert de 

1. Minutes des M** Guillet (14 septembre 1749)* "~ Voir plus 
loin. 

2. De Curières. 



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lOa HISTOIRE DE SAINT-POINT 

la pierre qui ferme à clef. Il y a un plat de terre fort 
indécent, une burette d'estain qui baigne dans 
lesdites eaux baptismales, de laquelle le s*" curé 
se sert pour verser leau sur les baptizés. Sous la 
bassine il y a une espèce de piscine. 

« Les vaisseaux des saintes huyles d'estain, 
décents. 

« De là nous sommes allés au cemitière faire les 
prières accoutumées, lequel est bien clos de muraille, 
sauf quelques endroits où, faute d'eslévation, le 
bestail entre. Il n'y a point de grande croix. Ce 
qu'estant parachevé, sçachants que Mons^ le curé 
estoit absent, et que nous ne pouvions connêtre par 
luy les défauts des mœurs de ses paroissiens*, nous 
estans sousignés avec ledit s"* Ghauvet et nostre 
greffier commis, nous avons procédés à l'inventaire 
des ornements de ladite église. — J. Ghauvet. — 
G. Bouteloupt. — Furtin, commis. 

(( Inventaire des ornements et de Vétat de V église 
de Saint-Point, 

« Un calice d'argent avec sa patène dorés an- 
dedans. 

(( Un soleil d'estain cornuel', fort propre pour la 
matière. 

« Une petite boette d'argent à porter le viatique. 

« Deux corporaux, compris celuy qui est au 
tabernacle. 

« Deux voiles, deux pales % quatre purificatoires, 
le tout contenu dans deux bourses assés propres. 

(( Trois chasubles, leurs manipules et estoles. 

I. Quelle fâcheuse absence ! 

a. De Cornouaîlles. L'étain anjçlais était alors le plus 
recherché et aussi le plus répandu. Mais c'était un métal 
insuffisant et proscrit pour les « soleils ». 

3. Cartons carrés, garnis de toile blanche, qui se mettent 
sur le calice. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l53 

« Deux aubes, leurs amicts et ceintures. 

(( Deux surplis, un bonnet carré. 

a Un niessel neuf, deux vieux ; un rituel. 

(( Deux burettes et quatre vases de fayence. 

« L'autel n'est pas consacré. Il y a un marbre. 
Ledit autel, outre le tabernacle, est orné de deux 
petits tableaux (à costé dudit tabernacle), Tun de la 
Vierge et l'autre du Sauveur. 

« Sur ledit autel il y a deux gradins de pierre. 

(( Deux chandeliers d'estain. 

a Un petit crucifix de léton, la croix de bois. 

(f Trois napes d'autel, un essuye-main, un tapis 
fort vieil sur le tout, un devant d'autel de cuir doré 
avec un châssis, et le marchepié de bois. 

« A costé dudit autel il y a deux armoires fer- 
mantes à clef où ledit sieur curé retire les ornements, 
les saintes huyles et les clefs du tabernacle et des 
fonds baptismaux. 

« Une clochette, un bénitier de fonte et une 
lanterne de fer-blanc à porter devant le saint 
Sacrement. 

(( Une grande croix à procession. La bannière, de 
tafetas rouge ; au milieu l'image de la sainte Vierge 
et de saint Donat. Le tout, sçavoir de la bannière, 
fort usé ^ 

« Une lampe au-devant du saint Sacrement. 

<( Il y a un colïre fermant^à clef, où l'on serre les 
cierges du luminaire, lequel est entretenu par de 
certaines contributions ausquelles les paroissiens se 
cotisent eux-mesmes et desquelles contributions 
celuy qui est éleu luminier doit rendre compte. 

(( Pour l'entretien de la lampe y a quelques 
noyers affectés. 

« Il y a un balustre qui sépare le cœur d'avec la 
nef et qui sert de table de communion. 

I. Le 6Juin 1776, jour de la Fêle-Dieu (Archives de Saint- 
Poiut, GGr. 4) il y eut achat d'undai» du prix de 171 livres. 



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l54 HISTOIRE DE SAIXT-POINT 

« Point de grand crucifix. 

(( Le cœur et la voûte du clocher (auquel y a 
quatre cloches) sont voûtés et carrelés ; la nef 
carrelée, non lambrissée. 

« Toutes les fenestres du cœur et de la nef sont 
bien vitrées. 

i( Les portes ferment bien ; la gi*ande ferme au- 
dedans par une barre. 

<( n y a aux deux costés du cœur : à celuy de 
Tépître, une chapelle dédiée àNostre-Dame-de-Pitié, 
sans ornements ; Tautel n*est pas consacré. 

« L'autre, du costé de Tévangile, est dédiée à saint 
Jean. L'autel n'est pas consacré. Il est couvert d'une 
nappe et d'un tapis, un devant d'autel de toile 
peinte et un vieil tableau, avec son cadre, du Rosaire * . 
Lesdites chapelles sans fondation. 

« Il y a une autre chapelle bien voûtée et carrelée, 
appartenante à Mons*" de Saint-Point, dont l'autel 
n'est pas sacré. Il est orné d'un vieil tableau, d'un 
devant d'autel de drap blanc, trois napes, deux 
coussinets. Ladite chapelle est bien vitrée et 
balustrée. 

« Dans la nef il y a un autel du costé de l'évangile, 
au-devant du premier pillier, qui n'est pas consacré. 
11 est orné d'une nape et d'un vieil devant d'autel 
de camelot rouge couvert d'un pavillon de tapis- 
serie frangé de laine àcvec un petit tableau, deux 
vases de terre. 

« C'est tout ce que nous avons treuvé estre et 
manquer dans ladite églize. En foy de quoy nous 
nous sommes sousignés avec nostre greffier, le susdit 
s*" Chauvet et Chanus, non les autres, pour ne le 
sçavoir, enquis. — J. Chauvet. — C. Chanus. -^ 
C. Bouteloupt. — Furtin, commis. 



I. Ce qui fait qu'on l'appelait aussi « chapelle du Rosaire • 
(Archives de Saint-Point, GG. i, la septembre 1676). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l55 



(( L'inventaire achevé, nous avons sommés les 
paroissiens de comparoistre, et ont con^parus Jacque 
Le Febvre, jardinier, âgé d'environ 70 ans, Claude 
Chanus, laboureur, âgé de 45 ans, René Chevalier, 
âgé de 40 ans, François de Laye, âgé de 48 ans, 
Anthoine Dailler, âgé d'environ 40 ans, et enfin 
Philibert du Rossay, âgé d'environ 55 ans, desquels 
ayants pris le serment en tel cas requis, les avons 
interrogés comme s'ensuit. 

(( Interrogés comme se nomme leurs curé, de quel 
pays il est, et combien il y a qu'il les sert. — Ont 
dit qu'il se nomme M** François Décuriel, qu'ils ne 
sçavent pas bien son pays, et qu'il y a environ sept 
ans qu'il est leurs curé. 

(( Interrogés s'il porte la soutane et les cheveux 
décents. — Ont dit qu'ouy. 

(( S'il est point querelleur, blasphémateur, 
yvrogne, s'il fréquente point quelque persone sus- 
pecte. — Ont dit que non. 

« S'il dit les vespres et messes régulièrement. — 
Ont dit que pour les messes il les dit quelquefoys 
tard à cause de la dame du lieu. 

(( S'il fait les prosnes et catéchismes. — Ont dit 
qu'ouy. 

(( S'il n'est point mort de petits enfans sans 
baptesme, ou de grandes persones sans confession, 
par sa faute. — Ont dit que non. 

c( S'il fait résidence. — Ont dit qu'ouy. 

(( S'il vat aux conférences. — » Ont dit qu'ouy, et 
qu'ils sont bien contens de luy. 

« C'est tout ce qu'ils ont respondus à tout ce que 
nous leurs avons demendé. En foy de quoy nous 
nous sommes sousignés avec nostre greffier, ledit 
Chanus et non les autres, pour ne le sçavoir, enquis. 
— C. Chanus. — G. Bouteloupt. — Furtin commis*» . 

l. Archives de Sadne-et-Loire, G. 77, 3, f* 69. 



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l56 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Le 3i mai 174^ il y eut visite de Tévêque qui 
donna confirmation à la paroisse, mais le procès- 
verbal ne nous en est pas parvenu*. 

Ensuite de cette visite les habitants décidèrent de 
(( faire dans leur église plusieurs réparations qui ne 
pou voient se différer, tant pour la faire plus décente, 
avec une sacristie qu'il y manque, qu'autrement, et 
notamment dans la nef et beffroy des cloches qui 
menassoit ruine ». Parmi ces travaux il y avait spé- 
cialement à « démollir les quatre pilliers de pierres 
qui sont au milieu de la nef », à <f défaire le couvert 
qui est à laves et le refaire », à « faire le grand por- 
tail de l'entrée en pierres de tailles, de 6 pieds de 
large sur 8 pieds d'haut, avec son venteau bois 
chesne », à mettre « trois vitraux dans la nef», à 
« construire à neuf une sacristie au côté de la petite 
chapelle du côté de bize, de 18 pieds en quarré et de 
la d'hauteur, voûtée par le dessus* », à « construire 
des fonds baptismaux », à a faire le beffroy tout à 
neuf pour mettre les quatre cloches ' qui sont dans 
le cœur », etc. En vue de quoi les habitants s'enga- 
gèrent à faire tous les charrois nécessaires et s'im- 
posèrent extraordinairement de 3,a5i livres, les i4 
septembre et 28 décembre 1^49 *• 

Les délibérations des habitants furent-elles suivies 
d'exécution ? Nous ne le pensons pas, à en juger du 
moins par la note suivante que M''* Guilloux, curé 
de Saint-Point, a insérée dans les registres parois- 
siaux pour qu'elle pçtrvienne à la postérité : 

(( Le 17* jour de novembre 1^65, j'ay, par ordre de 
Monseigneur notre évêque, béni le grand autel et 
ceux des chapelles de la Sainte- Vierge et Saint- 



I. Archives de Saint-Point, GG. 3. 

3. En i85a la sacristie actuelle a été construite au midi. 
Elle a été agrandie en 1869. 

3. Deux grosses et deux petites. 

4. Minutes des M" Guillet. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT iSj 

Auiable. La cérémonie s'est faite le dimanche jour 
de la dédicace de Téglize. Ce n'a été que par les soins 
et les pieuses largesses de notre bon seigneur, 
M»* Claude-Gabriel-Amédé d'AHy de Rochefort, 
marquis de Saint-Point, que notre églize a été 
réparée : il a tout fourni et, à l'exception des quatre 
gros murs, il a réparé le tout tel qu'il existe : la 
paroisse n'y a pas fourni une obole. Ce n'étoit aupa- 
ravant qu'une étable de Bethléem, la religion de 
notre autre Salomon en a fait une églize décente et 
propre. C'est dans les sentimens <ie la plus vive 
reconnoissance et de notre propre satisfaction que 
nous disons : Hodie salus huic domui fada est. 
Nous transmettons cecy à la postérité pour qu'elle 
prie pour notre bienfaiteur * ». 

Ce grand autel n'est probablement pas celui que 
l'on voit aujourd'hui, qui est en bois sculpté, dont 
la facture et la décoration rappellent le siècle 
dernier, et qui doit provenir de l'ancienne église 
Saint-Nizier de Mâcon où la confrérie dès pénitents 
de cette ville faisait célébrer ses offices. 

En effet, le !i5 novembre 1792, la municipalité de 
Saint-Point décida, attendu que l'autel de l'église de 
la paroisse était en bois « vieux et vermissellé »', 
de demander au directoire du district l'autel des ci- 
devant pénitents qui était « déposé dans ses corri- 
dors )), et dont ((la mesure convenoit très bien ». Le 
directoire du district, considérant que cet autel « ne 
pouvoit se vendre au profit de la Nation que comme 
bois à brûler», à raison de « sa vétusté », délibéra, 
le 28 novembre 1792, qu'il y avait lieu d'accueillir 
favorablement la demande de la commune, ((à charge 
par elle de prendre l'autel sur place et de distribuer 
aux pauvres les plus nécessiteux de la paroisse le 



I.- Archives de Saint-Point, GG. 4» 
3. Archives de Saint-Point, D. i. 



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l58 HISTOIRE Dfi SAINT-POINT 

produit de [F autre] ». Cependant le directoire du 
département ne fut pas aussi large. Le même jour, 
au lieu d'approuver purement et simplement Farrêté 
de l'administration du district, et a considérant que 
Ton ne pouvoit disposer en faveur d'aucun individu 
des biens nationaux, que l'autel demandé étoit un 
bien national qui devoit être vendu au profit de la 
Nation ou tout au moins celui qui seroit échangé, 
et comme on ne connoissoit point la valeur de l'autel 
de Saint-Point, commit le citoyen Bruys, notaire à 
Tram ay es, pour, avec un homme de l'art, évaluer 
l'autel de Saint-Point, et sur cette évaluation [être 
ensuite] statué ce [que de droit]* ». 

Nous avons dit que le transept était terminé par 
deux chapelles : l'une à gauche, sous le vocable de 
Saint- Amable, sans doute postérieure en date à 1676, 
puisque la visite de cette année*là n'en fait pas 
mention ; l'autre à droite, sous le vocable de Sainte- 
Catherine, qui était la chapelle seigneuriale et dont 
la construction peut remonter au XIIP siècle. D'après 
le pouillé du diocèse de Mâcon, de i5i3, ses revenus 
s'élevaient à 12 livres, et la présentation des titulaires 
de la chapellenie appartenait naturellement au sei- 
gneur * . Glaire de Saint-Point rappelle, dans son testa- 
ment, en 1629, qu'elle y a fait <c des fondations pour 
faire prier Dieu pour le salut de son âme et pour la 
célébration du saint sacrifiice de l'autel • », par-devant 
M® Demontangerand, notaire royal, le 19 octobre 
161 7. Mais ces fondations étaient tombées en 
désuétude « depuis quelques années, au sujet du 

1. Registre des arrêtés du directoire du district de Mâcon 
sur les pétitions relatives aux biens nationaux du 5 février 
au i3 décembre 1792. Registre des délibérations du directoiie 
du département relatives à la régie des biens nationaux du 
24 octobre 1792 au 26 mars 1793. (Archives de Saône-et- 
Loire, L). 

2. Ùartulaire de Saint- Vincent de Mâcon, p. CCLXXXIX. 

3. Voir § V. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 169 

déceds des chappelains et de quelques eschanges et 
permutations qu'ils (les seigneurs) ont esté nécessitez 
de faire pour le bien et utilité de leur maison » *, 
lorsque, le 28 avril 1689, Jean-Amédée de Rochefort 
d'AUy, comte de Montferrand, seigneur de Saint- 
Point et autres lieux, au nom de Marie-Catherine 
Brûlart de Sillery, sa mère, « pria M" Jean Chauvet, 
curé, d'en accepter la charge », consistant en une 
messe par semaine, moyennant la rente annuelle de 
46 livres, i5 sous et i poule, dus à ladite dame en 
vertu de plusieurs contrats particuliers, plus (( les 
mesmes privilèges aux bois que les précédens chap- 
pelains ». Le seigneur déclara dans le même acte se 
réserver, à lui et à ses successeurs, la collation de 
ce bénéfice*. Quand Jean Chauvet devint curé de 
Notre-Dame de Cluny, au commencement du XVII® 
siècle, il conserva sa chapellenie de Sainte-Cathe- 
rine». 

Sous le dallage de cette chapelle se trouve le caveau 
des seigneurs. Il nous a été permis de l'explorer et 
nous y avons reconnu sur trois tables de pierre, 
dont l'une est ornée d'une grande croix gravée en 
creux, les débris de trois cercueils et de trois sque- 
lettes. Ce sont probablement les restes des trois 
dernières personnes qui y ont été déposées. Or, nous 
savons qu'on y a descendu ♦ : Claire de Saint-Point 



I. En effet, dans les plans de la seigneurie de La Bussière 
dont nous avons parlé (§ IV) on voit n^rer une quantité de 
biens provenant de la chapelle Sainte-Catherine de Saint- 
Point. Ces biens étaient presque tous sur La Bombie 
rMontagny-sur-Grosne) et sur Poizolles (Dompierre-les- 
Ormes). 

a. Minutes des M" Guillet (aS avril 1689). — Il ne s'a§[it 
plus en 1689 de la présentation seulement du chapelain 
comme en i5i3 ; Téveque avait probablement laissé perdre 
depuis le XVr siècle son droit de collation. < 

3. Registre des audiences du bailliage de Mâcon, 9 janvier 
1717. (Archives de Saône-et-Loire, B. laao, i). 

4. Voir § V. 



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i6o 



HISTOIRE DE SAIXT-POINT 




vers i63a; Jean- Antoine-Claude de Roehefort d'Ally 

en 1695 ; Catherine-Fran- 
çoise Brûlart de Sillery en 
1760 ; Anne-Félicité Alle- 
mand de Montmartin en 
1761; Augustin- Ancelin de 
Belloyen 1766*; Gabrielle- 
Joachime - Emmanuelle de 
Roehefort d'Ally en 1767; 
Claude- Gabriel-Amédée de 
Roehefort d'Ally en 1773. 

Quant au fait suivant, il 
est du domaine de Fimagi- 
nation pure : 
« Une jeune marquise de Saint-Point, dont on 
avait pris l'évanouissement prolongé pour la mort, 
venait d'être ensevelie dans un cercueil ouvert sous 
la voûte du caveau, et la pierre qui le ferme sous les 
pieds du prêtre dans le chœur était scellée sur son 
sépulcre. Le soir de son enterrement, le sonneur de 
cloches, en venant tinter V Angélus, entendit des 
gémissements sous les dalles . Il s'enfuit éperdu et 
alla raconter au château sa terreur. Le mari et les 
serviteurs éplorés accoururent. La voix souterraine 
frappa leurs oreilles ; on enleva la pierre scellée, on 
descendit dans le caveau, on trouva la morte vivante. 
On la rapporta dans les bras des siens à sa demeure ; 
jeune et belle, elle donna de longues années de féli- 
cité à son mari avant de redescendre pleine de jours 
dans son sépulcre. J'avais ^ souvent entendu dans 
mon enfance le sonneur lui-même et sa vieille 
femme raconter ce miracle, dont ils avaient été les 
témoins, et dont les anciens du village se souve- 
naient comme eux ^ ». 



1. Voir S \I. 

2. C'est LamartiDe qui parle. 

3. Le Manuscrit de ma Mère, 1878, in-ia, p. 319. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l6l 

Tout le monde a devant les yeux l'arcature gothique 
qui prétend servir de façade à la chapelle élevée par 
Lamartine S dans le cimetière qui entoure Féglise, 
i( à la mémoire de sa fille, et dont le fronton porte 
cette inscription tirée de TEcriture, qui pourrait 
servir d'épigraphe à toute vie humaine, car elle 
ressemble à une phrase qui attend sa conclusion : 
Speravit anima mea, mon âme espéra. [La] statue 
funèbre [de Mme de Lamartine], œuvre de M. Adam 
Salomon, reproduit avec bonheur cette douceur 
invariable, et pour ainsi dire ce mélancolique équi- 
libre de résignation que lui ont connu ceux qui 
Tont approchée dans les dernières années de sa 
vie. Sur le socle de la statue est écrite au crayon 
cette inscription qui attend encore d'y être gravée, 
inscription dont nos lecteurs comprendront sans 
doute l'attristante profondeur et la trop certaine 
vérité : « Il est plus doux de partager les douleurs 
des grands hommes que leurs triomphes, car leurs 
triomphes appartiennent à tout lé monde, tandis 
que leurs douleurs n'appartiennent qu'à ceux qui 
les aiment* ». 

Dans le caveau de cette chapelle sont déposés 
comme ci-derrière : i** le cercueil de Lamartine ; 
2° dessus, celui de Valentine de Gessiat de Lamartine ; 
3° celui de Mme des Roy s de Lamartine, mère du 
poète ; 4° dessus, celui de Mme Birch de Lamartine, 
sa femme ; 5° au-dessus, celui de Julie de Lamartine, 

1. Par une délibération du conseil municipal de Saint- 
Point, écrite de la main de Lamartine, le a août 1887, la 
commune a pris à sa charge la conservation et Ventre tien à 
perpétuité de ce monument (Archives de Saint-Point, D. 3), 

2. E. Montégut, Impressions de voyage et éCarty dans la 
^ev}le des Detix-Mondes, t. CIV (1878, II), p. i38. — L'inscrip- 
tion a été reproduite de souvenir par M. Montégut. En voici 
exactement le texte : a 11 est plus doux' de s'associer aux 
deuils des grands hommes qu'a leurs gloires. Leurs douleurs 
sont à ceux qui les aiment, leurs gloires appartiennent à 
tous. Adam Salomon. 1864 ». 



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i6a 



HISTOIRE DE SAINT-POINT 




sa fille*; 6* des restes de Mme Birch, sa belle- 
mère, et d'Alphonse 
de Lamartine, son fils^ 
Pour compléter ce 
que nous avons dit de 
l'église de Saint-Point, 
il nous reste à énu- 
mérer sommairement 
les principales fonda- 
tions qui y étaient 
acquittées en 1790' : 
fondation faite, le 8 mars 1666, par M. Dauphin, 
de six messes basses par an et un Salçe Regina 
tous les dimanches, moyennant 6 livres de rente; 
fondation faite, le aS janvier 1686, par Claude 
Dailly, des vêpres du saint Sacrement les trois der- 
niers jours de l'octave de la Fête-Dieu, moyennant 
a livres 6 sous de rente ; fondation faite, le 22 avril 
1707, par Denise Jolivet, veuve de Benoît Jeandet, 
de messes jusqu'à concurrence de 10 livres de rente ; 
fondation faite, le a janvier 1786, par Denis Mazoyer, 
de Pierreclos, de cinq bénédictions les cinq fêtes de 
la Vierge, moyennant 7 livres lo sous de rente; 
fondation faite, le 10 mai 1787, par Joseph Jolivet, 
d'une grande messe et vêpres des morts le jour de la 
Saint- Joseph, moyennant 3 livres de rente ; fonda- 
tion faite, le ao janvier 1740, par Jeanne Paisseaud, 
d'une grande messe et vêpres des morts le jour de la 
Saint- Jean-Porte-Latine, moyennant 3 livres de 
rente ; fondation faite, le 5 mars 1750, par Claudine 
Paisseaud, d'une grande messe et vêpres des morts 
le jour de la Saint-Claude, moyennant 3 livres de 
rente ; fondation sans date, acquittée par Claude 



1. Née à Mâcon le 14 mai 182a, morte à Beyrouth le 
6 décembre iSSa. 

2. Né à Rome le 8 mars 1821, mort à Paris le 18 octobre 1833. 

3. Celle de la chapelle Sainte-Catherine non comprise. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l63 

Benon, de Saint-Léger-sous-la-Bussière, d'une grande 
messe et d'un Libéra le Jour de la Sain^François et 
de^messes jusqu'à concurrence de 9 livres de rente ; 
fondation sans date, faite par Benoîte Point, veuve 
de François Siraud, d'une grande messe et vêpres 
des. morts la veille de la Saint-Michel, moyennant 
3 livres de rente ; fondation sans date, faite par 
Philiberte Siraud, femme d'Antoine Delorme, de 3 
livres de rente * . 

En 1790, le total du produit des fondations s'éle- 
vait à 5o livres i a sous par an, et les obligations 
d'icelles à 39 messes et plusieurs autres offices *. 

Terminons ce chapitre par quelques indications 
d'ordre religieux. 

Et d'abord, un miracle : 

(( Ce jourd'huy 29 décembre 1671, ay ensevely un 
enfant mort-né et ressuscité après l'avoir porté à 
Nostre-Dame-de-Grâce», ayant doné des signes de 
vie comme il m' appert par un bilhet du vicaire de 
Nostredite Dame-de-Grâce et tesmoins. Ledit enfant 
appartient à Louys Dejoux ; sa mère [N,] Demon- 
tengeran. En foy de quoy, De Curières, curé de 
Sain-Foin* jd. 

Ensuite, des morts édifiantes : 

« Le 28® décembre 177a a été inhumée Benoîte 
Martin, femme d'Antoine Albert, marchand, morte 
de hier en véritable sainte, munie des sacremens... 
Guilloux, curé^ ». 



1. Archives de Saône-et-Loire, G. 4o4» 4i* — Les princi- 
paux legs faits à la fabrique dans le courant de ce siècle 
sont ceux de i,aoo francs par Antoine Delorme en i833, de 600 
francs par Vincent Genillon en 1846, et de i,aoo francs par 
M"" Valentine de Lamartine en 1887 (Archives de Saône-et- 
Loire, V). 

2. Déclaration des revenus et des charges de la cure de 
Saint-Point (i" décembre 1790). Voir § VUl. 

3. A Savig^y-sur-Grosne. 

4. Archives de Saint-Point, GG. i. 

5. Id., GG. 4. 



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l64 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

« Le dernier jour du mois de décembre 1773, nous 
avons donné la sépulture ecclésiastique à M'® Claude- 
Gabriel-Amédé d'Ally de Rochefort, marquis de 
Saint-Point, protecteur de ses emphitéotes et le père 
des pauvres, mort de hier, muni des sacremens qu'il 
a reçu avec une édification sans exemple... GuiUoux, 
curé* )). 

(( Le 4* jour de février 1776, j'ai donné la sépulture 
ecclésiastique au respectable viellard André Milard, 
dit le Barron de Saint-Point, âgé de 88 ans, mort 
de hier muni des sacremens... GuiUoux, curé ^ ». 

Disons enfin que le nombre des communiants de 
la paroisse s'élevait à 5i5 en 1748*. 



I. Archives de Saint-Point, GG. 4- 

a. Id., ibid. 

3. Indication due à l'obligeance de Mgr Rameau. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l65 



VIII 

Les Curés. 



La paroisse de Saint-Point faisait partie ancienne- 
ment de Tarchiprêtré du Rousset ; elle passa, au 
XVIII* siècle, dans celui du Mont-de-France qui 
n'était, d'ailleurs, qu'un démembrement du premier . 
La cure a toujours été à la collation de l'évêque de 
Màcon. 

Le plus ancien curé dont nous ayons retrouvé le 
nom est Arlebaldus, capellanus^ Sancti Poncii 
versIIOO^ 

Guillaume Decours était-il curé ? Nous ne sau- 
rions l'affirmer. En tous cas il était prêtre, et (( du 
lieu de Saint-Point ». Condamné comme sorcier par 
le bailli de Mâcon, il fut brûlé dans cette ville, «rue 
de la Court du Prévost ';), au mois d'août 1481. Voici, 
dans sa froide horreur, l'extrait du « compte de 
Philibert Maig^in, receveur ordinaire des conté et 
bailliaige de Masconnois pour le Roy », chargé de 
payer les frais de cette sinistre exécution. 

«... A Jehan Descri vieux, citoyen et maistre des 
foires de la ville de Mascon, la somme de 60 solz 
tournois à lui tauxée * par le lieutenant de Monsieur 



1. Voir Du Gansée, Glossarium, art. Capellani. 

2. Recueil des chartes de Vahhaye de Cfluriy, n" 8798. 

3. Portion de la rue Lamartine comprise entre la rue du 
Vieux-Palais et la rue Philibert-Laguicne. 

4. Taxée. 



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l66 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

le Bailly de Mascon pour ses peines et salaires 
d'avoir fait mectre à exécucion une sentence crimi- 
nelle donnée et proférée par la court dudit bailli à 
rencontre de feu Guillaume Decours, du lieu de 
Saint-Point, jadis presbtre, lequel pour ses desmé- 
rites, inesmement pour ce qu'il avoit esté convaincu 
de crime de hérésie et de sorcerie, et par art dyabo- 
lique et de sorcerie avoir fait et commis plusieurs 
grans inaulx, incantacions et autres choses contre la 
majesté de Dieu, nostre Créateur, et la foy chres- 
tienne, fut publicquement en la ville de Mascon, en 
la rue de la Court du Prévost, par révérend père en 
Dieu Messire Jehan, évesque d'Avenes*, presché et 
illec publicquement par ledict évesque dégradé de 
l'ordre de prestrise et autres ordres, et cedict jour 
rendu à la court dudict bailli comme au bras sécu- 
lier, et par icelle court fut condempné à estre ars et 
brûlé, laquelle sentence durans les foires de Mascon 
au mois d'aoust ' mil CCCCIIII^x et I ledict Jehan 
Descrivieux, comme maistre des foires, par l'excé- 
cuteur de la haulte justice contre le devant dict 
Guillaume a fait mectre a excécucion ; et 3i solz, 8 
deniers tournois à lui semblablement tauxez et qu'il 
avoit paiez, c'est assavoir pour l'achat de six berro- 
tées ' de gros bois i5 solz tournois, pour III douzaines 
de faz de bronde seiche* pour faire ardoir et 
brûler 7 solz, 6 deniers, pour une chaynne de fer 
pour actacher le dessusdict Guillaume 5 solz tour- 
nois, et pour ung pillier de bois ouquel fut mis et 
actaché le devant nommé Guillaume, et pour le 
planter en terre, 4 solz, 2 deniers tournois. Font 
lesdictes parties la somme de 4 livres, 11 solz, 8 

1. Probablement l'évêque inpartibus d'Abydos {episcopus 
Avenetensis). 

2. Probablement le 10. 

3. Berrotée, charge de la voiture à deux roues, par oppo- 
sition à la charrée, charge de la voiture à quatre roues, 

4. Bottes de brande sèchct 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 167 

deniers tournois. Et n'avoit ledict Guillaume aucuns 
biens » sur lesquels on pût se rembourser*. 

M*"* François Trama était curé en 1624 '. 

M'« Philibert Aleyné résigna le i4 décembre 
1602, et Denis Moisson, docteur en médecine, le 
remplaça*. Il était à la fois curé de Saint-Point et 
chapelain de la chapelle de Feurs ♦ lorsqu'il fit, « en 
considération du voiage de Rome » qu'il allait entre- 
prendre, par-devant M® François Lamyn, notaire 
royal à Saint-Pierre-le- Vieux, le 16 octobre i6i3, un 
testament par lequel il désignait comme son héri- 
tière universelle Claudine Dauphin, sa cousine, fille 
de noble Nicolas Dauphin, procureur du Roi en 
l'élection de Mâcon, à charge par elle de faire célé- 
brer ses obsèques en l'église de Saint-Point, d'y 
faire dire douze messes (( heucaristi ailes », savoir 
quatre à son enterrement, quatre à sa quarantaine 
et quatre à son anniversaire, payables à chacun des 
prêtres célébrants 3 sous tournois « avec leur rteffec- 
tion corporelle », d'y fonder une messe annuelle 
(( avec l'oraison et Libéra me » à son intention, de 
faire au moins 6 livres d'aumônes, et d'acquitter les 
legs suivants : à Mgr Gaspard Dinet, évêque de 
Mâcon» « son prellat », 5 livres ; à Denis Bécat, de 
Saint-Point, son filleul, 10 livres ; à DenisDelorme, 
de Saint-Point, 10 livres ; à Claude Faillant, de 
Saint-Point, « son vallet », 80 livres ; à François 

1. Archives de la Côte-d'Or, B. 5ii5, f» 101. 

2. Indication prise par Mgr Rameau au cours d'un 
dépouillement d'archiTes. 

5. Archives de Saône-et-Loire, G. 70, f* 104. 

4« Chapelle des Saints Côme et Damien de Véglise de Crèches, 
appelée aussi chapelle de Feurs ou des Tours parce qu'elle 
avait été fondée par les de Feurs, seigneurs des Tours. Les 
revenus de la chapelle, qui étaient de 90 livres au XVI* siècle, 
étaient alors partagés entre deux co-chapelains chargés d'y 



{Fouillé ^_. 

Gartulaire de Saint- Vincent, p. CCLXXXIX). 



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l68 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Corsin, fils de M"" Antoine Corsin, notaire audit 
Saint-Point, un certain nombre de meubles et la 
somme de i6o livres ; enfin à M^ Nicolas Moisson. 
avocat à Mâcon, à Philiberte, Claudine, Françoise 
et Marie Moisson, ses frère et sœurs, chacun 3 
livres*. 

Le lendemain 17 octobre (i6i3) M" Denis Moisson 
vendait à M« Antoine Corsin ses « revenus et deb- 
voirs )) de la cure de Saint-Point et de la chapelle de 
Feurs, consistant en « diesmes, quartes, rentes, 
censives, lodz et aultres droictz seigneuriaulx », et 
les arrérages d'iceux, lé tout pour une période de 3 
ans et moyennant la somme de ^^o livres*. 

Il résigna la cure le m mai i6a3'. Aimé de 
Meaux, chanoine de Saint-Vincent de Màcon, en 
fut aussitôt pourvu, mais y renonça le 17 juin sui- 
vant*, de sorte que Moisson la reprit, et la conserva 
jusqu'en 1629 \ 

A sa mort, Pierre Dauphin, clerc, fils de Nicolas 
Dauphin, procureur en Télection de Mâcon, et de 
Françoise Bernard, y fut nommé (18 juillet 1629)'. 

Il résigna le 5 septembre 1661 en faveur de 
Qaude Perrachon, prêtre du diocèse, moyennant 
le paiement d'une pension de 80 livrés par an 
ou l'abandon du tiers des dîmes de la paroisse ^ 
Celui-ci démissionna à son tour en faveur de Biaise 
Mathieu, de Matour, à charge par lui d'acquitter 
ladite pension (7 mars 1662) % et devint curé de 



1. Archives de Saône-et-Loire, E. 1265, 10.. 

2. Id., ibid., 6 bis. 

3. Id., G. 74, 2, f - 74. 

4. Id., ibid.j f 77. 

5. Id., B. 1089, ^ 232. 

6. Id., G. 74, 3, f 47 V". 

7. Id., G. 76, r- 397 v% et minutes des M" Guillel (ao juin 
et 18 août 1662). 

8. Id., G. 76, P 404. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 169 

Ghiroubles * où son frère, Jacques Perrachon, était 
notaire*. 

Le procès- verbal de prise de possession de la cure 
par Biaise Mathieu nous fait connaître le cérémonial 
usité en pareil cas. Le dimanche 21 mai 1662, vers 
II heures du matin, le nouveau titulaire se présenta 
à la grande porte de Féglise, où l'attendait M'* Guil- 
laume Crottier, curé de Saint-Pierre-le- Vieux, qui 
reçut de ses mains les lettres de nomination du 
pape et d'institution de Tévéque, et qui en donna 
lecture à haute et intelligible voix. (( Apprès quoy 
il a pris ledict M'*^ Mathieu par la main, apprès 
l'ouverture faicte de la porte de ladicte esglize ; il 
Fa mené et conduict, apprès avoir faict aspersion 
d'eau béhiste, au-devant le grand liostel, où tous 
deux prosternés à genoux ont faict les prières accous- 
tumées, visitté lesainct sacrement et les fondz baptis- 
maux, baisé les coings de l'hostel et ouvert le missel, 
chanté des himnes à la louange de Dieu et honneur 
de sainct Donnât, patron de ladicte esglize, saousné 
les cloches, et faict tous autres actes et cérémonies 
à ce requises et nécessaires. A laquelle mise en 
possession n'y a heu aulcune opposition ny empê- 
chement, dont ledict M"*^ Mathieu a requis acte au 
notaire'... » 

Par acte du 1 3 octobre i667,M''^ Mathieu abandonna 
à Jean Mathieu, marchand de Matour, son frère, 
tous ses immeubles sis à Auvereaux, paroisse dudit 
Matour, sauf un pré et la somme de 4o livres, à 
charge par lui de « nourrir et entretenir de vie et 
vestemens, avect et comme les siens propres, 
Gabrielle, fille donnée* d'Anthoinette Janans, jus- 



1. Rhône. 

2. Archives de Saône-et-Loire, G. 76, f" 4o3 V. 

3. Minutes des M" Guillet, en l'étude de M* Tarlet, à Cler- 
main (21 mai 1662). 

4. Enfant naturel, 



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170 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

ques à ce qu'elle soit majeure ou en aage compétant 
pour gagner sa vie, et dans le temps de sa majoritté 
ou lorsqu'elle se marierat de luy payer ou consti- 
tuer la somme de 200 livres ' ». 

Le 3o mars 1668 il résigna en faveur de M"^* Fran- 
çois de Curières, acolyte de Sainte-Eulalie au 
diocèse de Rodez, sous la condition toujours d'ac- 
quitter la pension due à M''® Pierre Dauphin. Il lui 
vendit, en même temps, pour le prix de 36o livres, 
(( tous ses meubles et utancilles de mesnage », 
comprenant (( un cabinet façon d'Allemagne, boys 
noyer, en menuzerie, fermant à clefz ; une table 
ronde et huict chèzes, boys noyer ; un champlict, 
boys chesne, avec son tourd de lictde Bergame, une 
couverte laisne, façon du pays, une coëtte et coussin 
de basleS un coussinet de plume ; deux chenetz de 
fertz ; un seau de boys ; un pot de fert, et son cou- 
vercle ; un bassin ; une cuiller de fert ; un petit 
chauderon; deux coffres, l'un fermant à clefz et 
l'autre fort caducq ; un miroir, et deux poinssons 
[en] vuidange, comm' aussi la quantitté de vingt-un 
livres tant spirituelz que de classe » ; etc ^ 

François de Gurières appartenait à une famille 
noble du Midi dont les armes se blasonnaient 
ainsi : (( écartelé, aux i et 4 d'azur à un chien d'ar- 
gent, aux 2 et 3 de gueules à trois molettes d'éperon 
d'or* ». C'est évidemment son cachet qu'il a apposé 
dans le registre paroissial de 1671 * ; l'écu porte 
bien un chien dans le chef et trois molettes d'éperon 
(étoiles à six rais) mises en fasce dans la pointe. 



1. Minutes des M" Guillel (i3 octobre 1667). 

2. Balle. 

3. Minutes des M" GuiUet (3o mars 1668). 

4. Dictionnaire héraldique, p. Ch. Grandmaison, 1861, 
ln-8% col. 170. 

5. Au dos du feuillet sur lequel est transcrit un acte de 
baptême du 3o décembre 167 1. (Archives de Saint-Point, 
GG. I). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT IJI 

Dans un acte de 1670* il s'intitule « prieur et 
curé de Saint-Point ». 

Le 18 octobre 1677 Jean Chauvet, prêtre, prit 
possession de la cure ensuite de la résignation que 
lui en avait faite M"* de Curières et en vertu des 
lettres de provision que lui avait délivrées la cour 
de Rome le 7 mai précédent*. 

Pendant les longues absences de M^« de Curières, 
en 1674 et 1676, la desserte de la cure avait été faite 
par M'« Jacques Ghauvet, aumônier du seigneur ' et 
probablement frère de Jean, qui revint ensuite de 
temps en temps à Saint-Point et qui signa plusieurs 
actes des registres paroissiaux avec la qualité de 
curé de Servas en Bresse*, puis de Notre-Dame de 
Cluny*. 

Pierre Dauphin, qui après sa résignation en faveur 
de Claude Perrachon en 1661, se retira à Mâcon où 
nous le trouvons en 1667 *, et fonda dans l'église de 
Clermain, le 16 août 167 1, « chascun an douze messes 
heucaristialles à l'honneur de la glorieuse Vierge 
Marie, et à la fin d'icelles un Salçe Regina », moyen- 
nant 6 livres de rente \ revint souvent à Saint- 
Point, notamment en 1668, 1669, 1670 et 1675*. Il 
avait, d'ailleurs, en vertu de deux contrats, l'un du 
20 novembre 1661 avec M**® Perrachon, l'autre du 



1. Archives de Sainl-Point, GG. i (5 avril 1670). 

2. Minutes des M"" Guillet (18 octobre 1677). 

3. Archives de Saône-et-Loire, G. 77, 3, f* 69. 

4. Archives de Saint-Point, GG. i (6 lévrier 1680). 

5. Id., ibid, (3i janvier et 2 février i684). — Il prit posses- 
sion de cette dernière cure le i5 mars 1681. (Minutes des 
M»* Guillet). 

6. Minutes de M* Achaintre, en Têtu de de M* Gaut héron 
(12 août 1667). Voir en la même étude, dans les minutes de 
M' Bouchera, une quittance et un quitus du recteur du collège 
des jésuites de Mâcon pour M" Dauphin (12 septembre 1648 
et 23 iuin 1601). 

7. Archives de Saône-et-Loire, G. 354, 9. 

8. Archives de Saint-Point, GG. i, 10 décembre 1668, 16 
juin 1669, 10 mars 1670 et 12 septembre 1675. 



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Ija HISTOIRE DE SAINT-POINT 

i8 août 1662 avec M**® Mathieu, conservé le tiers des 
dîmes de la paroisse, plus les dîmes de chanvre et de 
vin et les dîmes noviJes, de préférence à la pension 
de 80 livrés*. 

Il se donnait en i66q, le titre de « prieur)) 
de Saint-Point, et M'* Mathieu s'en disait « rec- 
teur» )). 

Peu de temps après son installation, Jean Chauvet 
eut des difficultés avec les gabeloux qui trouvèrent 
chez lui, au mois de juin 1679, du sel dont il ne put 
établir la provenance régulière, (( disant être nou- 
veau venu au pays et ne sçavoir la coustume ny 
l'uzage )), mais promettant de faire à l'avenir 
« comme les autres ». 

Or, le 22 février de l'année suivante (1680), le 
brigadier Poudrillat, de Mâcon, accompagné des 
gardes Matraire dit La Fortune et Guimenet dit 
La Verdure, se présenta de nouveau à la cure et 
invita M"* Chauvet <( à produire sa feuille de gabelle, 
son sel et touttes ses sallures, lequel [répondit] : 
(( J'ay salle un petit lard. Il me reste environ demy 
« choppine sel, et pour de feuille, je n'en ayt point, 
« non plus, que des billietz de regratz ». Sur 
quoi le brigadier le somma de « déclarer le lieu 
où il avoit pris le sel pour saller son lard et pour 
l'uzage de sa famille pendant l'année, lequel a dict 
avoir heu un demy quart de sel d'un nommé 
Jean Augoyat, habitant de la paroisse, et pour 
son ordinaire qu'il en avoit pris au regrat, dont 
il ne fict voir aucuns billetz ny feuille ». Mais « pour 
le convincre de faulsonnage et de mauvais gabelle- 
ment [le brigadier monta] ché ledict Augoyat, 
lequel après plusieuft enj onctions et demandes dit 
n'avoir jamais preste, vendu ny remis du sel en 



I. Minutes des M" Guillet (18 août 1662). 
3. Id. (10 août i66a). 



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HISTOIRE DE 'SAINT-POINT 178 

payement à personne, ce qui prouve une grande 
malversation envers ledict curé et de plus résidive ». 
Ensuite de ce procès-verbal M'* Chauvet fut cité 
à coiaparaitre par-devant le visiteur général des 
gabelles à Mâcon, qui l'interrogea le i8 mars et à 
qui il déclara* que Tannée précédente (1679) il avait 
bien « tué un lard, et aussy la présente année, que 
pour saller le lard de l'année dernière il [avoit] 
prins le sel chés le nommé Tarlet, regratier* de 
Sainct-Poinct, et que pour le pourceau de la pré- 
sente année il [l'avait] salle d'un demy quart de sel 
que Jean Augoyat, son fermier*, luy achepta dans 
le grenier de Mascon », et que si l^dit Augoyat le 
niait, c'était «un méchanthomme». Augoyat, mandé 
à son tour (22 mars) par le visiteur général des 
gabelles, reconnut que, comme il venait de l'ap- 
prendre, son frère, en son absence et à son insu, 
avait en effet partagé avec le curé un quart de minot 
de sel rapporté le 22 novembre de Mâcon par lui 
déposant. Là-dessus le receveur au grenier à sel de 
Mâcon requit la condamnation de M**® Chauvet à 
100 livres d'amende et aux dépens. Le procureur du 
Roi, plus modéré, conclut qu'on ne pouvait le consi- 
dérer « comme un faussonnier qui auroit usé de sel 
de contrebande ou fait sa provision hors de son 
ressort », mais que (( eu esgard à sa récidive et au 
mespris par luy faict de l'advis qui luy avoit esté 
donné par les gardes », il y avait lieu de lui infliger 
« une amande légère de 20 livres envers Sa Majesté ». 
Le 23 mars 1680 le \isiteur général prononça une 
sentence aux termes de laquelle le curé dut payer 
3o livres d'amende et 20 livres de dépens ♦. 



1. Interrogé sur son âge, il déclara avoir 3o ans. 

2. Revendeur. 

3. Fermier de ses dîmes. 

4. Archives de Saône-et-Loire, C. 811, i, 2 et 3. 



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1^4 HISTOIRE DE- SAINT-POINT 

En 1689 le seigneur nomma Jean Ghauyet chape- 
lain de sa chapelle de Sainte-Catherine ^ 

Jean Chauvet devint lui-même, après Jacques 
Chauvet, curé de Notre-Dame de Cluny, probable- 
ment en 1703. D'après une note de son successeur 
à Saint-Points il Tétait encore en 1718. 

Ce successeur fut Louis Aldiguier. Il apparaît 
dans les registres paroissiaux comme parrain et 
« escholier, de Séverac-le-Chasteau en Rouergue », 
le 19 mars 1692*, puis comme vicaire, le i**^ janvier 
1702, et enfin comme curé, le 17 septembre 1703*. 

Il fit deux procès successifs aux habitants, un 
premier en 171^* au sujet du droit de coupe, un 
second en 1717* au sujet du droit de quarte, que 
lesdits habitants prétendaient « payer de gré à gré, 
à la manière accoutumée de temps immémorial, en 
faisant ledit sieur Aldiguier de même le service 
accoutumé ». 

Il mourut le 7 décembre 1728, à l'âge de 74 ans, 
et fut inhumé dans l'église le lendemain ^ 

Le 26 avril 1729 on trouve comme curé GuiUatime 
Fabre qui signe aux registres pour la dernière fois 
et en qualité de « curé de Saint-Point et de Joncy » 
le II décembre 1734*. 

Le 17 décembre 1734 Claude-Etienne Dupré, 
prêtre du diocèse de Lyon, est mis en possession 
de la cure « par l'entrée en l'églize, prise et asper- 
sion d'eau bénite, conduite au-devant du maître- 
autel, génuflexion, prières, baisement dudit autel, 



î. Voir 8 VII. 

2. A la fin du cahier de 1692. (Archives de Saint-Point. 
GG. 1). ^ ^ 

3. Id., GG. 2. 

4. Id., ihid, 

5. Minutes des M" Guillet, 22 février 1714. 

6. Id., 5 décembre 1717. 

7. Archives de Saint-Point, GG. 2. 

8. Id., GG., 3. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT IjS 

ouverture du tabernacle, visitte du saint ciboire et 
des fonds baptismaux, entrée dans la chaire à 
prescher, conduite dans la maison curialle, retour 
dans ladite églize, attouchement de la porte d*icelle, 
sonnement de la cloche, chant du Te Deum, et 
par touttes les autres cérémonies en tel cas requises 
et accoutumées^ ». Les aS août et i8 septembre 
1789 il signe aux registres « aumônier de Thôtel- 
Dieu de Mâcon» ». 

Le a4 septembre ou le 24 octobre 1789 apparaît 
Joseph Boéty 3, prêtre du diocèse de Nice, qui du 
2 mars 1742 au 14 février 1743 signe (( curé de Saint- 
Point et de Crèches », et du 19 février au 4 juillet 
1743 (( curé de Saint-Point» seulement*. Il était 
prêtre habitué de Téglise Saint-Vincent de Mâcon 
lorsqu'il mourut « subitement », âgé d'environ 70 
ans, le 27 janvier i753; on rinhuma « le lendemain, 
au préal, dans le caveau de la chapelle de la Visi- 
tation* ». 

Le 19 juillet 1743 on trouve comme curé Phili- 
bert-Louis OuiUouz, prêtre du diocèse d'Autun, 
mort le 18 mai 1763, à l'âge d'environ 39 ans, et 
inhumé le 19 « devant la chaire de l'église », puis 
le 12 octobre 1763, Marcelin Guillouz% précédem- 
ment vicaire à Villié', mort le i3 octobre 1782, à 
l'âge de 61 ans, et inhumé le 14*. 



I. Minutes de M* Quiclet, en l'étude de M* Gautheron, 
notaire à Mâcon, n* 5i58 (l'j décembre 1734). 
a. Archives de Saint-Point, GG. 3. 

3. Dans son acte de sépulture il est appelé « Boëly-Déron ». 

4. Archives de Saint-Point, GG. 3. 

5. Archives de Mâcon, GG. 90. 

6. Archives de Saint-Point, GG. 3. 

7. Rhône. 

8. Archives de Saint Point, GG. 4. — Le ^9 niai I753, sépul- 
ture dans réglise d'Anne Barraud, femme de Claude Guilloux, 
de Tramayes, décédée la veille à l'âge d'environ 75 ans. (Id., 
GG. 3). — Le 23 octobre 1767, sépulture dans le cimetière de 
Claudfe GuUloux, praticien, décédé la veille à l'âffe d'environ 
SSans. (Id.,GG. 4). 



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176 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

M"* Marcelin Guilloux intenta en 1767 un procès 
aux habitants pour leur faire (( payer à l'avenir en 
nature la dixine de tous les menus grains sans 
exception qui viendront dans la portion de dixme 
relâchée à ses prédécesseurs pour leur tenir lieu de 
portion congrue », dîme qui, au dire des paroissiens, 
« ne luy appartenoit pas, ou du moins qu'il n'étoit 
pas en droit de percevoir de la façon dont il enten- 
doit l'exiger * ». 

Vincent Genillon, né le i*"" juin 1767 % bachelier 
de Sorbonne', fut nommé curé le 14 novembre 
1782*. 

Le 23 juillet 1787 il dut porter plainte contre une 
de ses paroisiennes, la nommée Françoise Tarlet, 
femme de Pierre Perrachon, qui l'avait insulté 
grossièrement : « Il n'ignore pas, dit-il, qu'un 
pasteur doit être pacifique vis-à-vis ses paroissiens, 
qu'il doit faire son possible pour les ramener à leur 
devoir par les voyes de douceur et des remon- 
trances honnêtes, mais lorsqu'il s'en trouve d'un 
caractère assés méchant pour ne rien écouter, et qui 
vont jusques à se permettre de tenir publiquement 
des propos injurieux et outrageants contre leur 
curé, et même à lui faire des menaces les plus 
violentes, alors il doit recourir à l'authorité des 
magistrats pour en avoir une juste réparation et 
les contenir dans un devoir d'honnêteté. 

(( Par sentence du bailliage du 23 juin il est resté 
adjudicataire de certains immeubles vendus sur 
Jeanne Perreau, veuve de Pierre Tarlet, et Pierre 



1. Minutes des M" Guillet, 27 novembre 1757. 

2. D'après le registre des traitements des ecclésiastiques 
du district de Màcon du 18 septembre 1798 au a4 thermidor 
an II. (Archives de Saône-et-Loire, L). 

3. Archives de Saint-Point, GG. 5 (2 janvier 1784)- 

4. Alnianach du pays et comté de Mâconnois, Dictionnaire 
historique et géographique, 1786, in-8% p. 118. 



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HtSTOtft£ PE SAINT-POINT IJJ 

Tarlet, son fils, consorts. Françoise Tai»let*, femme 
de Pierre Perrachon, qui est vraymeot d'mi carac- 
tère méchant, soit sous prétexte de droits légiti- 
maires sur les immeubles vendus, soit parce que 
ces immeubles viennent de sa famille, Ta constam- 
ment troublé dans sa jouissance. De concert sans 
doute avec son mary, elle se livre journellement à 
des incursions sur ces immeubles. 

(( En conséquence le samedi i4de ce mois, sur les 
10 heures du matin, ils faisoient tenir à garde faitte 
[par] un enfant de sept à huit ans S des moutons et 
unf chèvre dans une terre ensemencée en bled 
turquis, froment et chanvre, appellée En Verdin, 
Le curé s'y transporta avec son domestique pour les 
chasser. Françoise Tarlet parut comme une furieuse, 
armée d'un bâton duquel elle vouloit frapper ledit 
domestique qui fut obligé de fuir. 

« A l'égard du supliant elle tint contre lui de ces 
propos injurieux et grossiers : « Il te convient bien, 
(( crapeau, de faire chasser mon bétail de mes fonds. 

« Vas, tu n'es qu'un p ier ; va avec ta g... ne, que 

(( tu promène les matins et les soirs. Tu n'as point 
(( pu trouver de p...n à Saint-Point, tu es allé 
(( chercher celle-là à Mâcon. Comment oses-tu dire 
(( la messe? Tu es indigne d'approcher de l'autel». 

(( Il faut convenir que ces propos sont tout à la 
fois horribles et injurieux. D'ailleurs il faut remar- 
quer qu'ils ont été tenus publiquement, en présence 
de moitié des habitants, que les cris de Françoise 
Tarlet avoient facilement assemblés. De tels propos 
feroient impression sur la pluspart des habitants et 
sur beaucoup d'autres personnes qui en ont connois- 
sance, s'ils restoient impunis. Ils sont injurieux 
pour le supliant, mais ils sont encore contraires aux 



1. Fille desdits Tarlet et Perreau, allas Perraud. 
a. Fils desdits Perrachon et Tarlet. 



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IjS HISTOIRE DE SAINT-POINT 

bonnes mœurs et aux égards qui sont dus à un 
pasteur zélé. La société a intérêt qu'ils soient 
réprimés* ». 

Avec l'autorisation du lieutenant criminel au 
bailliage et présidial de Mâcon une information fut 
ouverte, qui ne nous apprend pas grand'chose de 
nouveau. A ce que Genillon avait rapporté, un 
témoin ajouta que certain jour il avait vu « Pierre 
Perrachon aller sur la terre appelée En Verdain, 
une fourche à la main », qui lui dit : « J'attends le 
curé ; il a fait sortir hier soir mes moutons de 
ladite terre ; quand il viendra avec sa robbe noire, 
je le chasserai bien à mon tour ». Un autre déclara 
que le matin où le curé et son domestique étaient 
venus chasser les bêtes, ils essayèrent, mais en 
vain, de conduire ces dernières au château, proba- 
blement pour les mettre aux mains des officiers de 
justice du seigneur. Un troisième déposa que au 
cours de l'altercation l'accusée dit au plaignant qu'il 
« étoit un crapeau qui ne ressembloit pas plus à un 
prêtre qu'elle à un chanteur de messes, et que la 
mère du sieur curé étoit de la famille des Sarrazins». 
Un dernier enfin raconta qu'il entendit, après la 
scène, Perrachon disant : «Si je m'y étois trouvé, 
il ne les auroit pas fait sortir si aizément. J'aurois 
plustôt sauté sur le curé, et luy aurois arraché un 
morceau de sa soutane ». 

Françoise Tarlet fut à son tour soumise à un inter- 
rogatoire*. Elle nia la plupart des faits et dires qui 
lui étaient imputés, et prétendit, pour sa justifica- 
tion, qu'elle n'avait eu à la main, le i4 juillet, qu'un 
(( échalat», dont elle se servit « pour détourner ses 
moutons et sa chèvre ; qu'elle ne menaça nullement le 



1. « La personne de laquelle la Perrachon a entendu parler 
est une couturière qui fait des lits à la mère du supliant ». 

2. Elle déclara être « travailleuse de terre » et avoir 
environ 4© ans. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT I59 

domestique ; que le sieur curé étant venu dans ladite 
terre, sortant de dire la messe, elle lui avoit dit qu'il 
avoit donc songé à cela en disant sa messe, qu'on 
disoit cependant qu on ne devoit pas la dire en 
songeant à la malice ; qu'elle ne l'a point tutoyé ; 
qu'elle ne s'est servi d'aucune des expressions [rap- 
portées] ny tenu lesdits propos ; qu'il est vray elle 
dit audit sieur curé que toute la jeunesse disoit que 
puisqu'il se promenoit depuis le soleil couché jusqu'à 
onze heures du soir et de grand matin dans les terres 
et bois avec une femme, qu'elle croit avoir qualifiée 
de grande truelle, on ne devoit pas craindre d'aller se 
confesser ; que le sieur curé ne la poursuit que pour 
lui faire manger le peu de bien qui lui reste, vu que 
lui alant demandé plusieurs fois à acheter le peu de 
fonds qu'elle a encore, sur le refus qu'elle lui fit, il 
la menaça, lui disant qu'il le lui feroit bien manger ». 

Nos renseignements sur cette affaire se bornent 
malheureusement là et nous ignorons la suite qu'elle 
a reçue * . 

Mais l'année suivatite M^* Genillon eut au sujet 
de sacristains une bien autre histoire. Le dimanche 
24 février 1788, à la sortie des vêpres de la paroisse, 
39 habitants se réunirent à l'entrée de l'église pour 
traiter les affaires de la communauté et firent rédiger 
par M** Guillet, leur notaire, le procès- verbal sui- 
vant de leur délibération : 

« Depuis uix temps immémorial Pierre, fils de 
Jacques Delorme, habitant du bourg, tant par luy- 
même que par son père et son grand-père, ont exercé 
l'employ de manillier, c'est-à-dire de fossoyeur, 
sonneur de cloches et serviteur de l'église de Saint- 
Point, avec probité et tout honneur, du consente- 
ment et de l'approbation universelle de tous les 
habitants. 

I. Archives de Saône-et-Loire, B. i3ai, 6a. 



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l8o HISTOIRE DE SAINT-POINT 

« Sans aucune raison ny droit, sans même avoir 
prévenu, suivant l'usage ordinaire, lesdits habi- 
tants, Benoit Daval, sabottier, s'avisa le 20 janvier 
dernier de s'emparer des clefs de l'église et à la fin 
de la messe célébrée ce jour-là d'annoncer par le 
tintement des cloches, qui fut fait par Claude Chas- 
sagne, qu'il fallait procédera l'élection d'un nouveau 
manillier au lieu et place de Pierre Delorme qui en 
faisait les fonctions. 

(( Ce coup d'autorité et d'injustice tout à la fois 
surprit et indigna tellement lesdits habitants qu'ils 
se retirèrent sans vouloir rien délibérer, en disant 
hautement qu'ils étaiient contents du service dudit 
Delorme et qu'ils entendaient tous qu'il continuât 
ses fonctions ordinaires, et protestaient de nullité 
sur tout ce qu'ils feraient de contraire à leurs inten- 
tions présentes ; que ledit Delorme n'était point 
payé par la fabrique, mais se contentait des rétri- 
butions volontaires que chacun desdits habitants 
voulait bien lui faire. 

(( Malgré leurs remontrances, ledit Benoit Daval, 
accompagné dudit Claude Chassagne, d'Antoine 
Chantin, l'un des fabriciens, Jean Bénat et Antoine 
Daval, se retirèrent à la cure, où, en présence de 
M''* Genillon, ils remirent les clefs de l'église à Jean 
Rafiin, beau-frère dudit Claude Chassagne, qui 
depuis ce temps-là a rempli tant bien que mal, 
malgré tous les habitants, les fonctions de manillier 
qu'exerçait cy-devant ledit Pierre Delorme à la satis- 
faction universelle. 

« En conséquence, pour éviter les troubles prêts à 
naître, ramener la paix dans laparroisse et rendre la 
justice à qui elle était due, les voix prises et reçues 
d'un chacun, sur la réquisition du sieur curé, ils 
révoquaient tous d une voix unanime, à l'exception 
dudit curé et ses adhérants, dont sera cy-après parlé, 
ledit Jean RafBn, qu'ils regardaient comme un intrus 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l8l 

dans ladite fonction de maniilier, avec injonction 
qu'ils luy faisaient de rendre les clefs de l'église 
audit Pierre Delornie, qu'ils nommaient tous de 
nouveau d'un consentement et accord commun, pour 
remplir et continuer sous ses rétributions ordinaires 
ladite fonction de manillier, qu'il exerçait depuis si 
longtemps, tant par luy que par ses auteurs, à la 
satisfaction et approbation de toute la parroisse, 
lequel dit Pierre Delorme ic^ présent a accepté, de 
l'autorité de Jacques Delorme son père icy présent 
et cautionnant sondit fils, le susdit employ de 
manillier, avec promesse d'en remplir les devoirs 
avec décence, assiduité, honneur et respect envers 
qui ils sont dus, et en conséquence lesdits habitants 
ont tous déclaré qu'à deffaut par ledit Raffîn de 
remettre audit Delorme dans le jour les clefs de 
ladite église, ils protestaient tous... 

(( Et à l'instant M" Genillon, assisté d'Antoine 
Chantin, fabricien, de Claude Chassagne, de Phi- 
lippe Ferré, de Claude-Amédée Crozet et de Benoit 
Daval, nous ont dit qu'ils protestent contre le pré- 
sent acte de nomination que font les habitants sus- . 
nommés comme détruisant l'acte valide de nomina- 
tion qu'ils ont fait le 20 février dernier, et comme 
attentant aux droits de l'assemblée ordinaire qu'ils 
firent à ce sujet, et dans laquelle ils nommèrent la 
personne dudit Jean Raffîn, pour les raisons sui- 
vantes, savoir que ledit curé y exposa qu'il avait été 
insulté plusieurs fois par Jacques Delorme en ces 
termes qu'il se f,.,,.t du curé comme du grand 
diable, qu'en outre ledit sieur curé a été obligé de 
le chasser hors de son chœur étant si plein de vin 
qu'il ne pouvait se tenir, ce qui s'est passé aux vu et 
su de tout le monde, qu'en outre ledit Delorme est 
cabaretier de son état et jyi>rogne de profession ; 
que Pierre Delorme, son fils, a manqué essentielle- 
ment à un habitant notable par mille et mille injures 



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l8a HISTOIRE DE SAINT-POINT 

très souvent répétées dans un cabaret ; qu'il y a un 
sonneur nommé depuis environ un mois par eux 
ayant droit, qu'il a été nommé à l'issue de la messe 
parroissiale, l'assemblée indiquée au son de la 
cloche par les susdits cinq susnommés, que cette 
élection a été faite par l'un des marguilliers, par le 
curé et plusieurs notables habitants, que les sus- 
nommés soutiennent que cette nomination est régu- 
lière ; en outre protestent les susdénommés contre 
la présente assemblée, qui n'est, selon eux, qu'une 
émeute, n'ayant point été indiquée au son de la 
cloche, ny préalablement publiée, que ledit sieur 
curé n'y a point été invité, non plus que lesdits pro- 
testants, contre tous lesquels dires, protestations et 
réquisitions, tous les autres habitants ont fait toutes 
protestations contraires * . . . » 

Genillon prêta le serment constitutionnel le 
19 décembre 1790, et le serment civique le 5 octobre 

Il habitait encore Saint-Point, le 4 février 1793, 
quand il acheta de Jean-François Tarlet, de Saint- 
Pierre-le- Vieux, un domaine sis audit Saint-Point, 
moyennant le prix de 16,600 livres '. 

Peu de temps après il fut nommé président de 
l'administration municipale du canton de Trauiayes 
créée en vertu de la constitution de l'an III. Pen 
dant qu'il résida dans ce bourg un prêtre assermenté 
M. Jean-Baptiste Tête, qui, après la Révolution 
devint curé de Viré, aurait, suivant la tradition 
tenté d'exercer les fonctions du culte à Saint-Point 
tandis qu'un prêtre insermenté, M. Jean-Baptiste 
Fouilloux, qui, après la Révolution, devint curé de 



I. Minutes des M" Guillet (24 février 1788). 
a. Archives de Saint-Point, D. i. Voir | X . 
3. Archives de Saône-et-Loire, supplément à la série E, 
famille Genillon, 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l83 

Saint-Pierre-le- Vieux, célébrait les offices en cachette 
chez un nommé Deschizeaux, du hameau de Joux * . 

Genillon, comme il arrive à beaucoup de fonction- 
naires publics, se fit des ennemis. Il dut même 
recourir une fois, pour sa sécurité personnelle, à 
l'autorité de l'administration centrale qui prit, le 3 
frimaire an V, l'arrêté suivant : 

« Vu la lettre adressée le 3o vendémiaire dernier 
au commissaire près l'administration centrale du 
département de Saône-et-Loire par le commissaire 
près l'administration municipale du canton de 
Tramayes, 

« L'administration centrale, considérant qu'il 
résulte de ladite lettre que le citoyen Genillon, prési- 
dent de l'administration municipale du canton de 
Tramayes, a été insulté et maltraité par des gens 
prévenus d'avoir volé des bois et dont il voulait 
réprimer les désordres, qu'il importe au maintien 
de la tranquillité publique dans ce canton et du res- 
pect dû aux magistrats du peuple de ne pas laisser 
le crime impuni, 

« Ouï le commissaire du directoire exécutif, 

(( Arrête qu'à la diligence du commissaire du 
directoire exécutif près la municipalité de Tramayes 
les faits ci-dessus seront dénoncés à l'officier de 
police dudit canton' ». 

Mais un autre arrêté de la même administration 
centrale, en date du ii pluviôse an VI, le suspendit 
de ses fonctions. Il est intéressant à lire. 

(( L'administration centrale du département de 
Saône-et-Loire, considérant que dans le canton de 
Tramayes les lois n'y sont point exécutées, que cette 



1. Notice manuscrite sur la paroisse de Saint-Point, 
par M. Tabbé Butlet, curé. 

2. Arrêtés de Tadminist ration centrale du département du 
2 prairial an IV au ii pluviôse an V. (Archives de Saône-et- 
Loire, L). 



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l84 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

inexécution entretient les citoyens dans Téloigne- 
ment du gouvernement républicain, et que la faute 
doit en être attribuée au président de l'administra- 
tion de ce canton, 

« Considérant qu'il existe dans ledit canton beau- 
coup de militaires appartenant aux armées de la 
République, qu'ils y sont en sûreté et protégés, et 
que le président de l'administration municipale lui- 
même en loge chez lui au mépris des lois et arrêtés 
à ce sujet, 

(( Considérant que le président de l'administra- 
tion municipale de ce canton, en exerçant avec 
régularité les fonctions de ministre du culte, nourrit 
dans cet arrondissement un esprit de fanatisme qui 
nuit aux progrès de la Révolution et agrandit les 
espérances des réfractaires, 

« Que dans le même canton il est partout des lieux 
ouverts à l'exercice du culte catholique, sans que 
rien constate que les ministres qui y exercent se 
sont soumis aux lois, 

(( Considérant qu'au mépris de la loi du 26 ger- 
minal et de l'arrêté du département l'on y sonne 
constamment les cloches pour convocquerà des céré- 
monies religieuses ; 

(( Ouï le commissaire du directoire exécutif, 

« Arrête : 

« Conformément à l'article 194 de la Constitution 
le citoyen Genillon, président de ladministration 
municipale du canton de Tramayes, est suspendu de 
l'exercice de ses fonctions* ». 

Et le 3 ventôse suivant (an VI) le directoire exé- 
cutif prononça la destitution de l'administrateur 
(( resté en fonctions après l'exécution de la loi du 
19 fructidor », qui protégeait et logeait même des 

I. Arrêtés de radminlstration centrale du département du 
21 frimaire an VI au a4 pluviôse an VII. (Archives de Saônç- 
et-Loire, L). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT l85 

(( réqaisitionnaires » insoumis et qui, comme ministre 
du cuite, entretenait (( un esprit de fanatisme nuisible 
à la liberté et au caractère du vrai républicain* ». 

Dans l'intervalle Genillon s'était livré en g^and à 
la spéculation sur les biens nationaux. 

11 avait acheté successivement : la cure de Saint- 
Point, moyennant 3,9^6 fr. (i4 fructidor an IV)* ; le 
tiers revenant à la Nation des château et domaine 
de Marbé près Mâcon saisis sur l'émigré Aymard 
de Montval, moyennant i4377 fr. 6 s. 8 d. (q« jour 
complémentaire an IV)* ; avec le citoyen Antoine 
Michel, de Mâcon, la cure de Chevagny-les-Che- 
vrières, moyennant i,44o fr. (ai ventôse an V)* ; 
avec les citoyens Benoit Guillard, Lièvre, négociant 
à Cluny, et Delorme, propriétaire audit Cluny, le 
i8* lot des biens provenant des émigrés de 
Mac-Mahon et situés à Issy-l'Evêque, moyennant 
200,200 fr. (ai ventôse an VI )\ 

Il s'était fait admettre aussi avec le citoyen 
Antoine Michel, à acquérir, le 24 brumaire an V, 
la cure de Saint-Léger-sous-la-Bussière, moyennant 
3,107 fr- % et le 26 frimaire an V, un bâtiment ayant 
servi de grange et une terre appelée La Verchère 
aux Prêtres ; situés à Tramayes et provenant de la 
curedudit lieu, moyennant 694 fr. ' 



I* Délibérations de Tadministration centrale du départe- 
ment du 16 ventôse au 24 fructidor an VI. (Archives de 
Saône-et-Loire, L). 

2. Ventes de biens nationaux, reg^istre 8, acte 4- (Archives 
de Saône-et-Loire, Q). — Voir plus loin. 

3. Id., reg. 10, acte ^3. (Id., ioid,^ 
4* Id., reg. a4» acte 40. (Id., ibid.S 
5. Id., reg. Sa, acte 49. vid., ibid.) 

,6. Arrêtés de l*administration centrale relatifs aux soumis- 
sions d'acquérir les biens nationaux du district de Mâcon 
du 5 brumaire au 14 frimaire an V. (Archives de Saône et- 
Loire, L). 

7- Id., du 14 frimaire au 23 ventôse an V.(Id.,i6tV/.)— Leur 
soumission du 28 floréal an IV pour l'acquisition des dépen- 
(lances de la cure de Matour ne parait pas avoir été admise. 



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l86 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

i( Le a floréal an VI (ai avril 1798), labbaye de 
Cluny, renfermée dans une enceinte particulière et 
comprenant, outre leglise et les cloîtres, le palais 
abbatial, la place actuelle du marché, remplacement 
actuel du dépôt d étalons, les jardins, fut adjugée au 
citoyen Batonnard, marchand à Mâcon, moyennant 
le prix de 3 millions 14,000 francs. 

(( En lan VIII (1800), l'adjudicataire et ses associés, 
Vachier et Genillon, cherchèrent naturellement à 
tirer parti de leur acquisition. 

(( Ils commencèrent par enlever les décorations et 
ornements intérieurs de l'église, les grilles, les boi- 
series, les magnifiques stalles*, etc. Les adjudica- 
taires avaient conservé cependant, suivant l'expres- 
sion d'un document contemporain, « un beau 
« matériel dont ils pouvaient faire argent ». 

(( Le maire de Gluny, assimilant ces enlèvements 
à une destruction de monuments frappée par la loi 
pénale, adressa plusieurs lettres au préfet du dépar- 
tement. Ce magistrat les transmit au ministre de 
l'intérieur qui, le 7 frimaire an IX (q8 novembre 
1800), répondit au préfet par la lettre suivante : 

« J'ai reçu. Citoyen, avec votre lettre, celles qui 
« vous ont été adressées par le maire de Gluny, 
(( relativement à la destruction de quelques monu- 
(( ments qui existent dans l'église de la ci-devaot 
(( abbaye de cette commune. 

(( Il me semble que vous auriez pu prendre, contre 
(( les délits que vous dénoncez, les mesures répres- 
(( sives qui étaient à votre disposition. 

(( Au reste, je vous autorise à suspendre tonte 
(( démolition jusqu'à nouvel ordre. Vous voudrez 

(Arrêtés de radministration centrale relatifs aux biens 
nationaux du district de Mâcon du i5 fructidor an IV au 
i5 brumaire an VI, séance du 28 brumaire an V. Id., ibid.) 
I. « Ces stalles sont aujourd'hui dans les chapelles du 
ffrand séminaire de Lyon et du séminaire d'ARx (Beau- 
jolais) ». 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 187 

« bien donner connaissance de cette décision aux 
(( acquéreurs de cette église. Je vous salue. Chaptal ». 

(( Cette décision fut transmise par le préfet, le 19 du 
même mois (10 décembre 1800), au maire de Gluny, 
qui la notiûa, le 32, aux acquéreurs, et invita, le 24^ 
le préfet à venir visiter 1 édifice. 

« Le 14 prairial an IX (3 juin 1801), le ministre de 
l'intérieur renouvela Tordre de suspension, et le ai du 
même mois, le préfet prit un arrêté en conséquence. 

(( Les adjudicataires demandèrent alors que « pour 
« garantie du recouvrement de leurs droits, il fût dit 
(( que, par procès-verbal réglé contradictoirement 
« avec eux, il serait procédé à la reconnaissance de 
(( Fétat où se trouvait l'édifice » . 

(( Le préfet accueillit la demande des adjudicataires 
par arrêté du 11 messidor an IX (3o juin 1801). 

(( Cet arrêté, reçu le 19, fut notifié le 22 messidor 
aux adjudicataires par le maire de Cluny, qui, le 4 
thermidor (aS juillet 1801), nomma le citoyen Robert 
Desplaces à TefTet de procéder à Tétat descriptif 
ordonné par l'arrêté préfectoral. 

(( L'expert procéda à l'opération qui lui avait été 
confiée. Il indiqua en détail les réparations urgentes 
à faire à l'édifice, — elles n'avaient pour objet que les 
toitures ; — il les estima à la somme de 27,961 francs* . 

(( Les adjudicataires « étaient disposés à faire 
(( bonne composition » ; la comparaison des valeurs 
échangées, quelques semaines plus tard, avec la 
ville, le démontre. 

(( La municipalité sollicita de nouveau le gouver- 
nement qui (( seul pouvait pourvoir à cette dépense ». 

(( Il faudrait, disait-elle, que le gouvernement 
(( revint sur cette vente et indenmisât les acquéreurs, 
« s'il y a lieu ». 

I. « Etat descriptif de la situation actuelle de l'église de 
la ci-devant abbaye de Cluny, par les maire et adjoints de 
cette commune, sur l'indication d'artistes experts », 



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l88 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

« Cette nouvelle prière ne reçut pas meilleur 
accueil que [plusieurs] précédentes. D'autres préoc- 
cupations assiégeaient alors le gouvernement. 

(( La liberté de disposition fut rendue aux adjudi- 
cataires. Ceux-ci, voulant, dans l'intérêt de leur 
spéculation, établir des communications entre 
l'abbaye et la ville, (( attirer le commerce dans l'en- 
(( ceinte de l'abbaye », ouvrirent, dans les derniers 
jours de l'an IX, une rue partant, au midi, du centre 
de la ville, de la Grand'Rue, se prolongeant sous la 
voûte occidentale du cloître, et aboutissant, au 
nord, à une porte particulière de Tabbaye, à la 
porte des Prés, Cette rue, tombant perpendiculaire- 
ment sur le vaisseau de l'église qui s'étendait du 
soir au matin, coupa cette église en deux parties à 
peu près égales, l'une au soir, l'autre au matin. 

(( La ville chercha à sauver ce qu'elle put. Elle 
possédait dans sa banlieue, au midi du pont de 
l'Etang, des prairies communales ; elle les céda, 
ainsi que ses halles, aux adjudicataires, par actes 
sous seings privés du 2 vendémiaire an X (24 sep- 
tembre 1801). Les prairies cédées avaient une 
étendue de 43o coupées (16 hectares 2 ares) qui, sui- 
vant expertise, furent estimées 26,800 francs (60 fr. 
la coupée). L'emplacement des halles fut estimé 
5,000 francs. La ville reçut en contre-échange, par 
le même acte, toute la partie orientale des cloîtres, 
les deux ailes, le jardin, l'emplacement actuel du 
dépôt d'étalons, etc. Ces objets furent estimés par 
les mêmes experts 1 38, 000 francs. L'échange fut fait 
de but à but, c'est-à-dire sans retour à la charge de 
la ville. Les adjudicataires espéraient, avec raison, 
que, par suite de cet acte, ils tireraient meilleur 
parti du reste de leur acquisition. 

(( C'est à cet échange que l'on doit la conservation 
de l'ensemble des cloîtres, du jardin, de la chapelle 
des Bourbons, aujourd'hui classée comme monument 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 189 

historique, de rancienne sacristie, d'une partie des 
clochers, etc. * » 

A la suite de tout cela Genillon fut mis en plus 
d'une alarme ainsi qu'en fait foi le Manuscrit de 
ma Mère dont nous avons la bonne fortune * de 
pouvoir publier deux pages inédites. 

Elles sont datées respectivement du 7 et du 8 juillet 
1801. M"« de Lamartine écrit : 

(( J'ai eu le desservant d'ici, qui est venu avec un 
air de mystère : il m'a montré un papier par lequel 
le maire de Chalon mande qu'il est venu à sa connais- 
sance que telles et telles personnes qu'il nomme 
devaient s'assembler aujourd'hui à Saint-Point, pour 
aller, dans la nuit, assassiner et voler un curé qui 
demeure dans un vieux château avec une gouver- 
nante. Il a été reconnu, d'après la désignation de 
l'homme, que c'est à M. Genillon, ci-devant curé 
d'ici, acquéreur de biens nationaux, qui fait démolir 
l'abbaye de Gluny, qu'on en veut. On s'est trompé 
sur le château, qui est apparemment celui-ci, mais 
il n'y demeure point : il loge dans une maison qui 
est fort près ; il y est actuellement. L'erreur eut été 
fâcheuse pour moi, mais Dieu nous a préservés. Les 
gendarmes ont veillé toute la nuit autour du château 
et de la maison, sans que j'en susse rien ; ils doivent 
encore veiller la nuit prochaine, c'est celle désignée 
pour l'assassinat. Il faut espérer qu'elle se passera 
aussi paisiblement que l'autre. Je voudrais fort que 
l'on arrêtât les coupables : je dois bien des grâces 
à Dieu de sa protection. J'espère aussi que ses 
alarmes feront rentrer notre ci-devant curé dans la 
bonne voie. Mon Dieu, ayez pitié de lui ! » 

i.Deslruction de Véglise de Vahhare de Clunr et ses causes, 
p. Th. Chavot, dans les Annales de V Académie de Mâcon, 
i" série, t. VIII (1869), p. 288, et dans V Annuaire de Saône-et- 
Loire pour i8p8, p. 43. 

2. Grâce à une obligeanle communication que M"* J. de 
Parseval a bien voulu nous faire par Tintermédiaire de 
M. A. Duréault, président de TAcadémie de Mâcon. 



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I90 



HISTOIRE DE SAINT-POINT 



Et le lendemain : (( Le soir, il vint trois gen- 
darmes qui veillèrent toute la nuit avec Gilet, notre 
domestique ? il n'arriva rien d'extraordinaire, mais 
nous dormîmes mal. Le lendemain les deux chefs 
des gendarmes et M. Genillon vinrent nous voir : 
les gendarmes nous recommandèrent de n'ouvrir à 
personne sans les plus grandes précautions, parce 
qu'il y a beaucoup de voleurs. J'espère en la pro- 
tection de Dieu : cependant, il faut être prudent ». 

La situation de Genillon à Saint-Point devint fina- 
lement si diflicile^ qu'on l'envoya à Chapaize le a5 
germinal an XI (i5 avril i8o3)^ Oubliant là les 
soucis de l'administration il s'adonna à la biblio- 
philie, et la bibliothèque de Mâcon conserve un 
exemplaire de l'ex-libris qu'il fit imprimer à cette 
époque : 



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EX LIBRIS 

ViNGENTii GENILLON 



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} r Baccalauril in Sorbonà, olim pastoris 

U Ecclesiœ parochiœ vulg^ô Saint- 

U Point, nunc Ecclesiœ Chapaize 

U dictœ. 



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I. Cependant le préfet écrivait le 4 ventôse an XI à Tévêque: 
« M. Cxenillon demande à demeurer à Saint-Point^ (|u'il 
dessert depuis plusieurs années, où il est aimé et désire de 
la très grande majorité des habitants. Son déplacement a 
été une petite affaire où on a voulu lui faire pièce. La vérité 
est qu'il n'y a pas un reproche fondé à lui faire. M est proprié- 
taire de la cure, il a d'autres propriétés dans la commune et 
loin d'y être à charge il i^- fait du bien. Vous jugerez dans 
votre sagesse s*il ne serait pas juste et utile de l'y nommer 
à la place de M. Mollard, qui a, m'assure-t-on, accepté une 
desserte dans le diocèse de Lyon ». (Registre de corresi)on- 
dance relative aux cultes du ai frimaire an XI au a4 juillet 
i8o;. Archives de Saône-et-Loire, V). 

a. Registre contenant les brevets de traitement des succur- 
salistes du département-(Archive8 de Saône-et-Loire, V). 



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HISTOIRE DB SAINT-POlNT I9I 

De la cure de Ghapaize il passa ensuite à celle 
de Jalogny, puis se retira les dernières années de sa 
vie à Saint-Point, où il mourut le i4 mai 1848, à 
Tâge de 91 ans*, léguant une somme de 600 francs 
à la fabrique de l'église dudit Saint-Point et une 
somme de 800 francs à Thospice de Cluny 2. 

Genillon eut pour successeur à Saint-Point en 
i8o3 M. Joseph Molard, né le 16 décembre 175^2, 
vicaire de Notre-Dame de Cluny avant la Révolution, 
qui prêta d'abord serment et, ensuite de sa rétrac- 
tation, se vit condamner à la déportation par un 
arrêté de l'administration centrale du département 
en date du 21 pluviôse an VP. 

Depuis M. Molard, les curés de Saint-Point ont 
été MM. : Jean-Etienne Le Breton (1811-1816) ; 
Jean-Baptiste Mathieu (1816-1837) ; Pierre Bou- 
ton* (1837-1848); Jean-Pierre Dnry (1848-1882) ; 
Jules Lacôte (1882-1890) ; Antoine-Marie Buttet. 

Nous avons retrouvé quelques noms de vicaires : 
Etienne Aguillon, 1679* ; Florent Reymond, i594* et 
1612^; G. Couillot, i6i3; François Bossu, 1629; 



1. «Ce jourd*hui 16 mai 1848, Vincent Genillon, ancien 
prêtre du diocèse, âgé de ^i ans, décédé d'avant-hier à 
midi, dans la paroisse de Saint-Point, muni des sacrements, 
a été inhumé avec les prières et selon le rit de l'Eglise, en 

Srésence de toute la paroisse, de MM. Rocault, curé de 
otre-Dame de Cluny, Lapraye, curé de Clermain, Guilloux, 
curé de Sainte-Cécile, Balvay, curé de GermoUes, et Desbas, 
curé de Bourgvilain... » {Registres paroissiaux de Saint- 
Point). 

2. Archives de Saône-et-Loire, V. 

3. Renseignement dû à Mgr Hameau. 

4. Au sujet de ce curé nous avons extrait quelc[ues notes 
du manuscrit de M. Tabbé Buttet, curé de Samt-Point : 
« 1848 : 26 mars, brigandage de la cure par le maire et son 
beau-père ; i3 avril, départ forcé du curé après les scan- 
dales de l'adjoint dans l'église ; 3 août, son retour, protégé 
par une compagnie de grenadiers, car ordre de M. le Préfet ; 
août, sa démission publique en célébration 1». 

5. Archives de Saône-et-Loire, B. 1327, T 291 v°. 

6. Indication due à Mgr Rameau. 

7. Archives de Saint-Point, GG. i. 



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19^ HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Rolland, i632 ; Thomas JoUis, i633; J. Doilac, 1668 
et 1669 ; B. Marion, 1672 ; Floris Ghaudy, 1677 * ; 
Louis Aldiguier, 170a; Gilbert Arcelin, 1726; 
Josieph VerdierS 1727; J.-G.-D. Laprade, 1727; 
Voguet', 1728* ; Perrousset, 175a; B. Aueourt, 1753^ ; 
Dufour, 1782*. 

Quelques noms de clercs : en 1680 et 1681, Claude 
Bernachon ; en i68a, Pierre Berté, « de la paroisse 
de Milly »'; en 1695, Jean Martin ; en 1700, 1713 
et 1715*, Antoine Barnier, (( de la paroisse de La 
Panouse, près de Séverac-le-Ghâteau en Rouergue »; 
en 1705, Jean Barrât». 

L'ancien presbytère de Saint-Point était en 
mauvais état dès le commencement du XVIII® siècle, 
ainsi qu'il a été constaté au cours de visites qui en 
furent faites les i5 juin 1704 et i" décembre 1728, 
puis les 16 août 1743 et 5 décembre 1782 *». Aussi en 
1783 les habitants se décidèrent-ils à le faire recons- 
truire. Ils s'imposèrent, à cet effet, d'une somme de 
4,617 livres 12 sous, que l'intendant de la province 
ordonna de répartir, savoir le tiers sur tous les habi- 
tants au marc la livre de la taille royale, et les deux 
autres tiers sur les propriétaires des fonds de la 
paroisse chacun à proportion. La cote de M. de Gastel- 
lane s'éleva à 636 livres et celle de son fermier à 2i5 
livres, au total 85 1 livres, c'est-à-dire plus du 1/6 du 
montant du rAle entier. Ils protestèrent ; le seigneur 
déclara notamment (( qu'il n'entendoit rien payer, 

I. Indications tirées du registre GG. i. 
a. Est dit tantôt « vicaire », tantôt « aumônier du châ- 
teau ». 

3. Signe « vicaire en chef ». 

4. indications tirées du registre GG. 2. 

5. Id. du reg. GG. 3. 

6. Id. du reg. GG. 5. 

7. Id. du reg. GG. 1. 

8. Clerc « tonsuré » aux deux dernières dates. 

9. Indication tirée du registre GG. 2. 

10. Minutes des M" Guulet (i" décembre 1728 et dates 
suivantes). 



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HISTOIRE DE SAINT-POIXT IQÎ 

SOUS prétexte qu'il étoit seul décimateur, chargé du 
clocher, du chœur et des ornements de Féglise », et il 
observa (( qu'il ne possédoit pas le i/aS des pro- 
priétés de la paroisse, ce qui de voit faire réduire sa 
cotte à 184 livres»*. Les habitants se réunirent 
pour en délibérer, reconnurent qu'effectivement 
M. de Gastellane « étoit surchargé », et fixèrent sa 
part contributive à 436 livres, — ce qu'il acceptai 
L'adjudication de la reconstruction du presbytère eut 
lieu le 18 décembre 1783», et M""® Genillon en posa la 
première pierre le 19 mai, veille de l'Ascension 1784*. 

Mais ce n'est pas le presbytère actuel, qui date de 
1841 , et pour la construction duquel la commune 
dépensa une somme de 4i73o fr.* 

Les revenus de la cure étaient évalués à environ 
3oo livres en i666*. 

Ces revenus consistaient principalement dans un 
tiers ^ des dîmes de la paroisse, dont les deux 

I. « Sa requête qui n'est aue l'ouvrage de son agent, 
écrivait, le i5 décembre 1784, le subdélégué de Mâcon, ne 
doit pas être consultée pour établir l'égalité, car en la sui- 
vant, on commettroit une injustice plus grande c^u'en lais- 
sant subsister sa cotte. En effet il prétend ne posséder qu'un 
20' des propriétés de la paroisse, et il ne voudroit payer 
avec son fermier qu'un 20' de l'imposition. Mais ce n'est pas 
sur les montagnes dont le sol est très-aride crue sont assis 
les héritages du seigneur, c'est dans la colline et de la 
meilleure nature. Le seigneur possède le 6' environ des 
biens non pas en étendue mais en valeur ; c'est donc le ti* 
de l'imposition qu'il doit payer dans les deux tiers du roUe 
à la charge des propriétés ». (Archives de Saône-et-Loire, 
G. 3i8, 74). 

a. Id., C. 3i8, 7a-75. 

3. Id., ibid. 

4. Archives de Saint-Point, GG. 5. 

5. Archives de Saône-et-Loire, O, Saint^Point. — Lamartine 
offrit 1,000 fr. à la commune pour l'acquisition du terrain 
nécessaire. (Archives de Saint-Point, D. 3, délibérations des 
'2 août 1837 et 3o avril i838) 

6. Archives de la Côte-d'Or, C. 2889, p. 799. 

7. Exactement un tiers et un demi-quart, d'après l'inven- 
taire des titres et papiers de la cure fait en 1790 (Archives 
de Saône-et-Loire, G. 4o4» 4i)« Le curé de Bourgvilain en 
avait également une petite portion » (Id., G. 334, 44)* 

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194 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

autres tiers appartenaient, nous Tavons dit, au 
seigneur de Saint-Point et au chapitre de Saint- 
Vincent de Mâcon*. La part du curé, qui lui avait 
été cédée par le seigneur à titre de portion congrue, 
se percevait à raison du i/ii des produits dlmables 
(grains, chanvre, vin, agneaux et nourrins). En 
1662, M"* Biaise Mathieu l'acensa, sauf les dîmes de 
chanvre et de vin et les dîmes novales*, mais non 
les novalaises, moyennant 18 ânées 1/2 de blé, dont 
9 1/2 de froment, 5 de seigle, 2 d'avoine, i de fèves, 
I d*orge et 100 fagots de paille, la première année, 
17 ânées de blé et 5o fagots de paille, les autres 
années'. En i665 le même curé l'abandonna à Jean 
Mathieu, son frère, marchand à Matour, sauf les 
prémices, les novales et la dîme du vin qu'il se réser- 
vait, à charge « de le nourrir avec luy, de luy 
achepter chascun an six chemises, six collets, six 
mouchoirs et quatre paires de bas de toile, un habit 
delavalleur de 3o livres», ou à défaut lui payer 
pareille somme, de lui donner à titre d'entrage (( une 
souttane de la valleur de 20 livres », d'acquitter ses 
décimes*, et de remettre annuellement à M*"* Dauphin 
le tiers ((des blés et légumes » levés » . En 1694 M""* Jean 
Chauvet Tamodia, moins la dîme des agneaux • et 
celle des menus grains, moyennant 17 ânées 1/2 de 
froment, 4 mesures d'avoine et 10 ânées de seigle y 

I. On aura une idée de Timportance de chaque part de 
ces dîmes quand on saura que de ce chef, au rôle supplé- 
mentaire des ci-devant privilégiés dressé le a6 juin 1790, 
furent respectivement cotés, savoir le seigneur à 41 livres, 
le curé à i5 livres 10 sous, et le chapitre à 12 sous seule- 
ment. Cette dîme du chapitre de Saint-Vincent était sur le 
hameau de Gorze ; en 1790 Jean Bleton l'avait à ferme 
moyennant a^ livres par an. (Archives de Saint-Point, D. i). 

a. Réservées avec un tiers du produit des autres dîmes, 
à M" Dauphin, curé résigna teur en 1661. 

3. Minutes des M*" Guiîlet (10 juillet i66a). 

4. Droit dû par le clergé. 

5. Minutes des M~ Guillet (18 août i665). 

6. La dîme des agneaux était évaluée a la livres par an 
en 1790. (Archives de Saint-Point, D. i). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT IqS 

compris 30 mesures d'orge, à raison Fanée de i6 
mesures ^ Elle était affermée, avec le droit de 
coupe, pour 4io livres et 3 paires de poulets, en 
1701 *. Enfin Etienne Bruys, négociant et fermier du 
château, l'avait prise à bail, le 3 juin 1^83, par acte 
reçu Dufour, notaire à Clermain, à l'exclusion de la 
dlme des agneaux et nourrins des deux hameaux de 
la dlmerie du curé, valant 10 à iq livres', moyennant 
par an 800 livres, 100 fagots de paille valant i5 livres, 
une demi-ânée de blé noir valant 7 livres et une 
demi-ânée d'avoine valant également 7 livres*. 

Le droit de coupe ou coupe de feu ou mesure par 
feu, avait été réglé par des traités intervenus les 
25 avril et 3o mai iSao* entre le curé et les habi- 
tants. Ce droit était « quêtable » ; il produisait en 
1790, i5o livres environ, payables en seigle. Un nou- 
veau traité, passé en 174^, restreignit l'importance 
de ce droit, « sans diminuer les obligations de MM . les 
curés, qui sont de faire une procession tous les 
dimanches de l'année, de dire la Passion avant la 
messe depuis l'Invention de la Sainte Croix jusqu'à 
l'Exaltation, et une messe tous les lundis de l'année, 
et la réduction du casuel à moitié » ". 

A ces revenus les curés ajoutaient l'amodiation 
de quelques terres, le montant des rentes attachées 
à la desserte de la chapelle du seigneur dite de 
Sainte-Catherine, et le produit des nombreuses 
fondations dont les fidèles avaient doté leur église^ 

Les principales charges du clergé sous l'ancien 
régime étaient les droits synodaux, le droit de 
procuration, les décimes et les vingtièmes. 

I. Minutes des M" Guillet (a3 mai 1694). 
a. Id. (a juin 1701). 

3 En 1790 elle avait produit 6 agneaux, vendus la livres 
à la foire de Tramayes. (Archives de Saint-Point, D. i, T 4» >'*)• 

4. Archives de Saint-roint, ihid. 

5. Minutes des M" Guillet (^ juin 1701). 

6. Archives de Saône-et-Loire, G. 4o4v 4i> 

7. Voir § VU. 



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196 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

M'« Moisson reconnut le aS août loin devoir à 
i'évêque de Mâcon la rente annuelle et perpétuelle 
de 3 livres, i5 sous, 4 deniers, « à cause des droietz 
sinodaulx et cathédraticques », et 40 sous « à cause 
du droict de procuration, lorsque le seigneur évesque 
faict sa Visitation au lieu de Sainct-Poinct ». Cette 
reconnaissance fut renouvelée par M'® Dauphin le 
12 janvier i652, par M"^« Perrachon le la novembre 
i66i, et par M" Mathieu le 8 mai 1662 *. 

Le curé déclara, conformément à la loi, le 
I*' décembre 1790, ses revenus et ses charges. Les 
premiers s'élevaient à 1,077 livres, 12 sous, dont 
800 livres pour l'amodiation de la dîme, ^1 livres 
pour les « autres charges du bail et objets réservés», 
36 livres pour le produit d'un pré d'environ i coupée, 
d'une vigne d'environ 2 coupées et de 2 terres d'en- 
viron 5 coupées, et i5o livres en seigle pour le 
« droit de mesure par feu, tenant lieu de casuel ». 
Les secondes étaient évaluées à 53 livres, 10 sous, 
4 deniers pour les décimes, à 52 sous pour les 
vingtièmes*, à 39 messes et plusieurs autres offices 
pour les fondations, et à la Passion pour le droit 
de mesure par feu. 

Au vu de cette déclaration, les administrateurs du 
directoire du district de Mâcon arrêtèrent que, la 
population de la paroisse excédant 1,000 âmes, le 
traitement du curé serait, suivant les décrets, de 
i,5oo livres'. Ce traitement fut, naturellement, 
supprimé pendant la Terreur et transformé en un 
secours annuel de 800 livres*. 

1. Archives de Saône-et Loire, G. 72, f* 404. 

2. Archives de Saint^oint, D. i, f* 53. 

3. Arrêté du 17 mai i^^i, ratifié le 18 pjar les administra- 
teurs du directoire du département. (Registre des délibéra^ 
tions du directoire du district de Mâcon relatives au clergé 
du 5 mai au i*' juin 1791. Archives de Saône-et-Loire, L). 

4. Registre des arrêtés du directoire du district de Mâcon 
relatifs au clergé et aux biens nationaux du a5 thermidor 
an II au 25 thermidor an III. (Id., ibid.) 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT I97 

Le 5 avril 1791 la Nation avait déjà mis aux 
enchères une parcelle de terre de la cure, située sur 
Gorze, contenant 5 coupées et estimée 517 livres ; 
elle avait été adjugée pour 225 livres à Jean Dailly 
et François Lapalus^ Le i4 fructidor an IV elle 
Tendit à M. Genillon, au prix d'estimation : le bâti- 
ment de la cure « contenant une chambre à che- 
minée, cabinet derrière, chambre à cheminée 
et autre cabinet dessus, sale, cuisine derrière, 
petite chambre à côté, grenier sur le tout, le tout de 
la largeur de 26 pieds sur 45 de façade, terrasse à 
Torient, jardin au midy, cour à l'occident, grange 
et écurie au nord de laditte cour, de la largeur de 
18 pieds sur 25, petite cour et fournier, le tout conte- 
nant en bâtiments et appartenances i coupée 1/4 et 
en jardin et terrasse 2 coupées 1/2», estimé pour les 
bâtiments 3, 4^0 livres, et pour les fonds 220 livres ; 
une vigne au bas de ladite terrasse, En Champ Buzon, 
contenant 2. coupées, estimée i32 livres ; un pré En 
Chanfou^, contenant 3/4 de coupée, estimé 88 livres ; 
une terre En Blassigny*, contenant 2 coupées, 
estimée 66 livres. L'administration avait inutile- 
ment fait valoir que les bâtiments de la cure n'étaient 
pas aliénables, que la commune contenait une popu- 
lation de 980 âmes, qu'une école primaire y était 
nécessaire, qu'elle avait besoin de cette maison 
(cpour servir de dépôt aux registres )). M. Genillon 
en devint acquéreur au prix total de 3,926 livres*. 



1. Registre 78 des ventes de biens nationaux, acte 107 
(jk* iig4du répertoire général des actes de vente). ArchiAxs de 
Saône-et-Loire, Q. 

2. En Champ-Fou. Voir § IL 

3. En Blesseny. Id. 

4. Registre 8 des ventes de biens nationaux, acte 4 
(n* 12661 du répertoire général des actes de vente). Dossiers 
a*es^imation et soumission d'acquérir les biens nationaux 
d'origine ecclésiastique (Archives de Saône-et-Loire, Q). 



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igS HISTOIRE DE SAINT-POINT 



IX 
La Famille Dauphin. 



Les Dauphin sont une vieille famille bourgeoise 
de Mâcon* dont un membre, Antoine Dauphin, 
était notaire et échevin de cette ville en 1467, et un 
autre, Nicolas Dauphin, procureur du Roi en 
Télection vers i483*. 

Ils étaient possessionnés à Saint-Point dès le 
XVI* siècle' et c'est peut-être à Antoine Dauphin 
que se rapporte le fait suivant signalé par le citoyen 
Puthod*: 

« Un notaire de Mâcon, retiré en son domaine de 
Saint-Point, ordonna par son testament, du 7 juin 
1622, cinquante messes à l'église Pierre (sic) de 
Mâcon, si malgré la peste qui affligeait cette ville, 
on trouvait moyen d'y envoyer par exprès la rétri- 
bution de ces cinquante messes ». 

Nicolas Dauphin fut père d'un Hugues Dauphin, 
père d'un second Nicolas Dauphin, procureur du 
Roi en l'élection de Mâcon, — depuis i483 jusque 



I. Nous n'avons pas Tintenlion de faire ici la biographie 
des membres de cette importante famille. Nous nous 
contenterons d'en indiquer les chefs, et de rapporter ce qu'il 
y a de commun dans leur histoire et dans celle de Saint- 
Point 

9. Arcelin, ouvr. cité, art. Dauphin, 

3. Il y a encore aujourd'hui à Saint-Point un Bois 
Dauphin, 

4. Géographie de nos village$, art. Saint-Point 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT I99 

1789 cette charge se transmit dans la famille par 
voie d'hérédité, — que nous trouvons en 1600 
(( négociateur et entremetteur des biens de la 
seigneurie » * de Saint-Point. De son mariage avec 
Françoise Bernard de Marbé (1596) il eut plusieurs 
fils, notamment Jacques Dauphin et Pierre 
Dauphin. 

Pierre Dauphin fut curé de Saint-Point de 1629 
à I66I^ Il avait un oc grangier » dans ce village 
en 1667*. 

Jacques Dauphin, procureur en l'élection, épousa 
en i6a6 Marguerite Descri vieux de Charbonnières*. 
Avec son frère, Pierre, il reçut, le 4 décembre 
1647*, de Claude de Rochefort d'AUy, seigneur de 
Saint-Point, tous ses biens d'Hurigny en paiement 
d'une dette de 12,140 livres, 2 sous, 6 deniers •. 

Claude Dauphin, fils de Jacques, procureur en 
Félection, époux de Claudine-Marie Chesnard de 
Mercey (1661)', tuteur de son frère, Nicolas 
Dauphin, lequel était propriétaire à Saint-Point 
d'un (( moUin à bled et baptoir » (1662)*, eut, entre 
autres enfants, un fils nommé Philibert, qui fut 



1. Voir § V. — Valentin Siraudin, qui était à la même date 
« fermier et admodiateur de la seigneurie » avait épousé 
une Barbe Dauphin {Inventaire sommaire des Archives de 
Mâcon antérieures d lygo^ p. L. Michon, 1878, in-4% GG. tfi), 

2. Voir § VIII. 

3. Minutes de M* Achaintre en l'étude de M* Gautheron, 
notaire à Mâcon (la août 1667). 

4. Le 23 novembre. Archives de Mâcon, GG. 41* 

5. Par-devant M* Morel, notaire royal à Saint- Jean-de-Losne. 

6. Minutes de M' Bouchard conservées en l'étude de 
M' Gautheron, notaire à Mâcon, n' 4809 (9 janvier i649). — 
Les armes des Dauphin (de gueules au dauphin d'argent) 
avec une brisure de cadet, car le dauphin est en point» 
et un chevron d'argent l'accompagne en chef, se voient 
encore au-dessus d'une porte â Hurigny. 

7. Le 3 février. Archives de Mâcon, GG. 44* 

8. Minutes de M* Achaintre (i3 mars i66a). 



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QOO HISTOIRE DE SAINT-POINT 

inhumé, le la septembre 1675, au-devant de la 
chapelle du Rosaire, dans Téglise de Saint-Point'. 

La famille Dauphin était riche, — d'une richesse 
qu*elle avait un peu tirée des seigneurs en régissant 
leurs biens et administrant leurs affaires. Elle s'alliait 
presque toujours, on Ta tu, à la petite noblesse du 
pays, et peu à peu ses propriétés de Saint-Point 
s'étaient arrondies. Ainsi, en i685, tandis que le 
seigneur possédait au bourg « deux domaines 
affermés 800 livres » et à Chagny « un domaine 
amodié 240 livres », M. Dauphin', procureur en 
l'élection, avait au bourg « un moulin arrenté 
60 livres », à Chagny « un domaine amodié 
I30 livres », au Mont « un domaine qui [pouvait] 
valoir 3oo livres », et Mlle Dauphin', de son côté, 
au bourg « un domaine d'environ i5 ânées de blé 
et 40 chars de foin », à Bourgogne (( deux domaines 
qui [pouvaient] valoir 4oo livres de rente », à La 
Roche « un domaine de a5o livres de rente » *. 

Donc, 1,040 livres de revenus d'une part et plus 
de 1,1 3o de l'autre. On comprend que dans ces 
conditions le seigneur ait pris ombrage du bourgeois. 
Il y eut môme de ce sentiment très-humain de tels 
accès qu'un beau jour cela tourna à la violence. En 
effet, au mois de février 1682, le lieutenant criminel 



1. « Le jeudy la* septembre 1676 a esté inhumé en l'église 
de Sainct-Poinct, au-devant la chappelle du Rosaire, 
Philibert Daulphin, fils de M' Claude Daulphin, procureur du 
Roy en Teslection de Mascon, et de damoiselle Marie 
Chesnard, par moy Pierre Daulphin, prestre, son grand- 
oncle, faisant lors les fonctions curialles de laditte parroisse 
en l'absence du sieur curé d'icelle, en présence dudit sieur 
Claude Daulphin père, et de sieurs Jaques Daulphin, 
religieux prorès de l'ordre de Sainct-Jean-de-Hiérusalem, et 
de M* François Daulphin, advocat, oncles dudit Philibert, 

?ui se sont soubsignés avec moy... » (Archives de Saint- 
oint, GG. I). 

2. Claude, fils de Claude. 

3. Claudine-Marie Chesnard de Mercey. 

4. Archives de Saône-et-Loire, C, 662, 3, 



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HISTOIRE DB SAINT-POINT 20I 

aux bailliage et présidial de Mâcon reçut la plainte 
suivante : 

« Supplient humblement damoiselle Marie 
Chesnard, vefve de M*» Claude Daulphin, pro- 
cureur du Roy en Teslection de ce pays, et 
M« François Daulphin, advocat auxdits sièges, et 
vous exposent que le sieur de La Bussière fils, 
lieutenant d'une compagnie au régiment [du] 
Dauphin, faisant une recreue de soldats dans la 
parroisse de La Bussière et aux environs, se seroit 
advisé de retirer les grangers et cultivateurs des 
suppliants de leur service pour les conduire à 
Tarmée, lesquels ayants esté advertis par le bruit 
commun du dessein que Ton avoit sur leurs 
personnes, et mesmes par les menaces des domes- 
tiques tant de la maison de La Bussière que de celle 
de Saint-Point, se seroient despuis un mois en çà 
toujours tenus resserrés et à couvert jusques au 
26' février de la présente année que ledit sieur de 
La Bussière, suivant les ressentimens de la dame 
de La Bussière, sa mère, qui entre aussy dans ceux 
de la dame de Saint-Point, sa tante, et du sieur abbé 
de Saint-Point, son oncle maternel*, avec lesquels 
les suppliants ont différends procez tant en la justice 
de Saint-Point qu'en la cour de parlement de Paris, 
et ensuitte des menaces faittes par ladite dame de 
La Bussière, sœur dudit sieur abbé, belle-sœur de 
ladite dame de Saint-Point et tante de M" ses fils, 
et par conséquent bien avant dans leurs intérêts, 
s'est advisé, pour venger leur querelle, de venir 
enlever Claude Raffin, fils de Réinond Raffin, 
granger du Mont, d'entre les bras de sa femme, 
qui a esté obligée de le suivre, et ce après s'estre 
faict passage dans la cour dudit domeine du Mont, 
par l'effraction du grand portail dudit domeine, et 

I. Voir § V, 



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a02 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

en montant par-dessus les murailles de closture 
d*ieeluy, où ils ont rompus à coups d'une grande 
quantité de pierres les tuiles d'une galerie estant 
en iceluy, et ce assisté d'environ 17 ou 18 soldats 
armés d'espées et de bastons à feu * , qui composent sa 
recreue, de trois cavaliers inconnus aux suppliants, 
luy quatriesme, et encor d'un nommé Petitjean, 
laquais domestique de la danie de SainIrPoint, qui 
leur servit de guide et d'indiquateur pour la 
connoissance dudit Claude Raftin, et sur ce que 
Rémond Raffln, son père, s'opposoit et par ses 
remonstrances et par l'interposition de sa personne 
à l'enlèvement de son fils, il receut dudit sieur de 
La Bussière plusieurs coups du talon de son fusil 
sur l'espaule droite, et ensuitte de son exemple 
plusieurs autres coups des soldats qui l'escortoient, 
mesmes le petit Antoine RaflQn, aagé d'environ 
m ans, n'ayant pas voulu conduire quatre d'entr'eux 
en un autre domeine des suppliants pour y faire 
pareil enlèvement de la personne de Claude Devifs 
dit Fargeron, il receut aussy plusieurs coups de 
plat d'espée du sergent, du tambour et de deux 
autres soldats dudit sieur lieutenant, après quoy 
les autres s'estant rués sur la basse-cour dudit 
domeine y enlevèrent la pluspart des poules et 
effarouchèrent tellement le reste qu'on ne les a pas 
encor veu du despuis. Et de là ledit sieur de La 
Bussière et sa recreue ayants emmenés Claude 
Raffin, lesdits sergent, tambour et deux soldats 
cy-dessus, se transportèrent au domeine du Vema- 
chon ^ pour y faire recherche de la personne dudit 
Devifs dit Farg-eron, qu'ils y trouvèrent pareille- 
ment, le sollicitèrent de les suivre, et, sur son 
refus, après s'estre faict promettre qu'il yroit parler 



1. Fusils. 

2. Aujourd'hui Bernachon, 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT Qo3 

à eux au chasteau de La Bussière, ou à Madame de 
Saint-Point, ils furent contraints de le laisser, 
n'ayants peu le traisner avec eux par sa résistance ; 
en sorte qu'à présent, pour se tirer de leurs mains 
et pour éviter un sort pareil à celuy de Claude 
Raf&n, il a esté obligé de se mettre en fuitte et 
abandonner sa femme, accouchée despuis huict 
jours seulement tout au plus, à la garde de deux 
petits enfans, dont le plus aagé n'a pas ençor 
atteint l'aage de lo ans, et encor le bestail et 
troupeau despendant dudit domeine, de manière 
que ledit domeine du Vernachon est à présent 
abandonné et despourreu de la personne qui seule 
est capable d'y veiller, et celuy du Mont de la 
personne la plus robuste et plus nécessaire pour la 
culture d'iceluy. Non contents de quoy lesdits 
sergent et tambour et autres deux soldats susdits, 
continuant leurs premières démarches, entrèrent 
aussy violemment dans la cour du domeine du 
bourg, où ils battirent du tambour et firent un 
espèce de cry et de publication, comme s'ils avoient 
assignés les valets et granger de la suppliante à se 
rendre pareillement auprès du sieur de La Bussière, 
prétendants qu'ils estoient enrooUés comme les 
premiers, où ayant faict rencontre du sieur 
chevalier Daulphin, ils se retirèrent aussi tost, dans 
la crainte de se voir repoussés en cas de pareilles 
violences aux premières cy-dessus. Ce qui est 
l'efTect manifeste des menaces de ladite dame de La 
Bussière, faictes le 23* de novembre dernier, mesme 
jour auquel le sieur abbé de Saint-Point, assisté du 
nommé La Rivière, laquais de la dame de Saint- 
Point, sa sœur, avoit enlevé de force et violence le 
bestail du deffunct M** Claude Daulphin*, ainsy 

I. Inhumé en Téglise Saint-Pierre de Mâcon, à l'âge 
d'environ 53 ans, le 24 décembre i68i (Archives de Màcon, 
GG. &5). 



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!204 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

qn'il paroist par les actes du proeez qui a esté 
intenté à ce subjet par ledit deffunct, laquelle dame 
de La Bussière, irritée du refus et de la résistance 
qu'on avoit apporté à relascher à sondit frère ledit 
bestail, vint à la porte du doiiieine du Mont, entre 
trois et quatre heures après midy, demander le 
suppliant, et en son absence s'addressant à Claudine 
Jusseaume, sa servante, luy dit, avec charge 
expresse et réitérée de le rapporter fidellement à 
son niaistre, que vrayment les Dauphins estoient 
de grands seigneurs pour ne pas vouloir faire des 
courvées, qu'on les leur feroit bien faire, qu'il 
viendroit une troupe de valets qui romproient bras 
et jambes à leurs grangers, et qu'après cette première 
troupe il en viendroit une seconde, en sorte que les 
Dauphins ne trouveront plus de grangers et seront 
obligés comme des paysans tels qu'ils estoient, à 
son dire, de labourer leurs terres par leurs mains ; 
laquelle menace fut suivie d'une première violence 
faicte desjà par ledit sieur de La Bussière assisté de 
M"** de Saint-Point, ses cousins germains, et de deux 
des laquais de Saint-Point, envers des filles des 
grangers de la suppliante qui, lavants la lescive 
2 ou 3 jours après la feste des Roy s dernière de la 
présente année, auprès d'une fontaine voisine du 
domeine du bourg de Saint-Point, en furent 
chassées par le nommé Lalleman, laquais de Saint- 
Point, qui leur donna plusieurs coups de pied et de 
main, présence de ses maistres, sur quoy enché- 
rissant ledit sieur de La Bussière renversa dans la 
boue une pleine corbeille de linges fins, dont il y 
eut mesme quelques serviettes fines de perdues. De 
toutes lesquelles menaces et violences qui ont 
suivi, les suppliants n'avoient encor donné aucunes 
plaintes en justice, pensant que l'animosité desdites 
dames pourroit se calmer ; mais comme les suppliants 
connoissent que la vengeance desdites dames ne 



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HISTOmE DE SAINT-POINT ÎM)5 

faict que s'augmenter par leur patience et que 
rintention de leurs parties seerettes n'est manifes- 
tement autre que de réduire les domeines des 
suppliants en friche et sans culture, et par là 
indirectement les renger à la nécessité de faire des 
courvées à leur discrétion, tant de leurs bestiaux 
que de leurs grangers, au sujet de quoy, sur le refus 
qui leur en est faict chaque jour, ils ne cessent de 
les menacer et intimider, et pour raison de quoy ils 
sont actuellement en procez en la justice de Saint- 
Point avec la dame du lieu et à la Cour avec Tabbé 
de Saint-Point, les suppliants, qui ont un notable 
intérêt d'empescher de pareilles violences, et qui 
connoissent par là que leurs vies et celles de leurs 
grangers ne sont point en seureté, recourent à vous, 
Monsieur, à ce qu'il vous plaise leur donner acte de 
la présente plainte et, en conséquence, leur per- 
mettre de faire informer du contenu en icelle, 
circonstances et deppendances, se déclarants parties 
civiles, comme encor faire visitter les blessés, si 
aucuns sont, et reconnoître les dégâts et détériora- 
tions par le premier notaire sur les lieux et les 
blessés par le juré des rapports, pour après prendre 
telles conclusions que de droit, requérants la 
jonction de Monsieur le Procureur du Roy. Et ferez 
bien ». 

Le 27 février i68a le lieutenant criminel acquiesça 
à la demande des plaignants. Mais, faute de docu- 
ments, nous ne savons quelle suite eut cette 
affaire*. 

Etienne Dauphin, fils de Claude, procureur en 
l'élection, épousa en 1710' Marguerite Dumont, 
dont il eut pour fils un autre Claude. Il signa comme 
témoin, le 25 février ijSS, un acte par lequel 
Marianne Dauphin, veuve d'Emmanuel Viard, 

I. Archives de Saône-et-Loire, B. 1084, 118. 
a. Le 9 septembre. Archives de Mâcon, GG. 67. 



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ao6 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

procureur du Roi aux bailliage et présidial de 
Mâcon, aiTerma à Philippe Descombes, de Saint- 
Point, trois domaines, « l'un t^ppelé Le Mont, l'autre 
Bernachon, et le troisième Grison », un moulin 
« appelé Le Moulin Reboud », avec « la maison 
du Mont », moyennant par an 600 livres d'argent 
et i5 livres de « fiUet d'œuvre »*. 

Ce Claude Dauphin, procureur en l'élection, 
épousa en 1755 Jeanne-Marie-Glaudine Desvignes 
de Davayé*, dont il eut un fils, Jean-Baptiste-Marie 
Dauphin, et quatre filles, Marie-Claudine, mariée à 
Nicolas Chapuis, une autre Marie-Claudine, mariée 
à Vivant-Etienne Groselier,Marie-Pierrette-Suzanne, 
mariée à Claude-Philibert Bernard de La Vernette, 
et Marie-Suzanne-Salomé, mariée à N, Uchard des 
Gadrossons^. 

Il fit aménager son domaine du bourg pour le 
rendre plus habitable. La tour, des fenêtres et des 
portes du bâtiment, remontent au XY"" et au 
XVI* siècle, mais, dans une grande et belle chambre 
ont voit une cheminée en pierre, de style Louis XV, 
ornée de cartouches ovales aux armes parlantes 
des Dauphin (un dauphin) et des Desvignes (un cep 
de vigne). 

En 1784 les propriétés de sa veuve étaient affer- 
mées 2,400 livres *. 

Jean-Baptiste-Marie Dauphin fut porté le 
i®*" décembre 179a sur les listes d'émigrés de la 
République. Mais il réclama contre cette inscription 



1. Minutes de M* Quiclet, en l'étude de M' Gautheron, 
notaire à Mâcon, n* 40^1. 

2. Le 21 avril. Archives de Mâcon, GG. 76. 

3. Archives de Saône-et-Loire. Registre des déclarations 
des particuliers du district de Mâcon qui ont des biens et 
des droits indivis avec les émigrés, 24 messidor an III. — 
Nicolas Chapuis était à ce moment-'là président du directoire 
du district. 

4. Archives de Saône-et-Loire, G. 3i8, 74* 



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HISTOIRE DE SAINT POINT QOJ 

et obtint, le i4 prairial an V (a juin 1797), l'arrêté 
de radiation suivant : 

« Le Directoire exécutif, 

« Vu la réclamation de Jean-Baptiste Dauphin, 
natif de Mâcon ; 

« Vu l'extrait des registres d'ordre de l'enregis- 
trement des pétitions du ci-devant district de Lyon, 
duquel il résulte que ledit Dauphin a demandé le 
37 germinal an III la radiation de son nom de la 
liste des émigrés arrêtée par le district de Mâcon ; 

« Vu le certificat à lui accordé le 4 frimaire an IV 
par la municipalité de Lyon, constatant sa résidence 
dans ladite commune depuis le i^ octobre 1791 
jusqu'audit 4 frimaire*; 

(( Vu les mandats d'arrêt lancés contre ledit 
Dauphin par le juge de paix de la section de la 
Halle-au-Bled les i5 ventôse an IV et 18 prairial 
suivant ; 

« Vu l'acte d'écrou de ce citoyen dans la maison 
d'arrêt dite du Plessis^ à Paris en date du 
18 prairial; 

a Vu l'arrêté de l'administration centrale du 
département de Saône-et-Loire du 28 ventôse an V 
qui raye provisoirement de la liste des émigrés le 
nom de Jean-Baptiste Dauphin ; 
« Arrête : 

ce Le nom de Jean-Baptiste Dauphin sera définiti- 
vement rayé de toutes les listes d'émigrés... Le 



1. En 1793, pendant le sièçe, il y avait servi comme 
grenadier dans le bataillon ae Place-Neuve ; depuis, il y 
vivait en rentier dans un appartement qui lui était sous- 
loué par le citoj^en Boyer, rue Lanterne, n* 4^ (Registre des 
arrêtes de l'administration centrale du département relatifs 
aux biens des émigrés du district de Mâcon du 8 brumaire 
an IV au i*' nivôse an VI. Séances du 14 brumaire et du 28 
ventôse an V. Archives de Saône-et-Loire, L.) 

2. Ou de la Force, Il s'était, rendu à Paris avec un passe- 
port de la commune de Lyon en date du 26 frimaire an IV 
(id., ibid.) 



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2o8 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

séquestre apposé sur ses biens meubles et immeubles 
sera levé avec restitution des fruits... Dans le cas 
où tout ou partie de ses biens auroit été vendu, le 
montant lui en sera remis... * » 

Les immeubles laissés par Claude Dauphin à sa 
veuve et à ses enfants étaient « un domaine et 
vignoble - situés à Hurigny, Chazoux et lieux cir- 
convoisins », une maison et deux domaines situés à 
Sainl^Point et Bourgvilain, et « une maison située à 
Mâcon, rue de la République »*. 

La maison et les domaines de Saint-Point furent 
affermés par la Nation aux citoyens Villerot et 
Morel, de Mâcon, en l'an III*, et au citoyen Antoine 
Delorme, de Saint-Point, en Tan IV ^. 

Les citoyens Villerot et Morel eurent des diffi- 
cultés avec « les cultivateurs qui résidaient dans 
lesdites propriétés ». Ceux-ci <( refusaient de vuider 
lesdits bâtiments et menaçaient même les adjudica- 
taires ». (( Une pareille conduite est tout-à-fait 
répréhensible, écrivaient le 22 frimaire an III 
(12 décembre 1794) les administrateurs du district 
de Mâcon aux officiers municipaux de Saint-Point. 
Vous êtes sur les lieux ; vous connaissez les cultiva- 
teurs, ils sont sous votre surveillance ; c'est à votre 
zèle pour le bien de la chose publique que nous 
recommandons la jouissance des adjudicataires. 

1. Transcription faite le 6 messidor an V dans le registre 
des arrêtés de Tadniinistration centrale du département du 
24 germinal an V au 27 vendémiaire an VI (Archives de 
Saône-et-Loire, L). 

2. Environ 291 coupées, d'après un document du 7 fructidor 
an II (Id., Q. Liasses des ventes de fruits d'immeubles 
d'émigrés, dossier Dauphin). 

3. Kegislre des déclarations des particuliers du district de 
Màcon qui oui des biens et des droits indivis avec les 
émigrés, 24 messidor an III (Id., L). 

4. Registre de correspondance du directoire du district de 
Mâcon avec les municipalités du i3 nivôse an II au i3 
vendémiaire an IIl, lettre du 22 frimaire an III (Id., ibid.) 

5. Archives de Saône-et-Loire, supplément à la séri« E, 
famille Siraud. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 1209 

Ayez soin de faire mettre à la raison les citoyen 
Lacondemine et veuve Descombes qui sont ceux 
contre lesquels on nous porte des plaintes. Toute 
négligence dans vos fonctions entraînerait votre 
responsabilité » * . 

Quant aux meubles, ils furent vendus le a^ prairial 
an II (iQ juin 1794)'- 

Jean-Baptiste-Marie Dauphin prêta serment de 
fidélité à la constitution de Tan YIII le 3 frimaire 
an IX (24 novembre 1800) » et reçut des lettres de 
noblesse de Louis XVIII en 181 4 *. Avec lui disparut 
le nom d'une famille qui depuis des siècles appar- 
tenait à l'histoire de Mâcon et à celle de Saint- 
Point. 



I. Voir ci-contre, note 4« 

a. II y avait notamment « une cheminée en pierres de taiUe, 
avec son assortissement et la foyace (alias foyère), lesdites 
pierres polies venant de la carrière de Tramayes et prêtes 
a poser, délivrés k Vincent Genillon, curé, moyennant 
35 livres », plusieurs plaques ou bretagnes en fonte, etc. 
(Liasses des séq^uestres, inventaires et ventes de meubles 
a'émigrés, dossier Dauphin. Archives de Saône-et-Loire, 
Q). — Une pièce de ce dossier (procès- verbal d'apposi- 
tion de scellés du 5 nivôse an II) donne à i)enser que lors 
de l'émeute de 178Q les girouettes des domaines Dauphin à 
Saint-Point ont été abattues et quelques meubles brisés. 

3. Registre spécial. Archives de Saône-et-Loire, Q. 

4. Arcelin, ouvr. et art. cités. 



14 



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aïO HISTOIRE DE SAINT-POINT 



X 
La Révolution. 



Les débuts de la Révolution à Saint-Point sont 
marqués par le sac du château (3o juillet 1789)*. 

L'année 1790 fut plus calme. Elle s'ouvrit parla 
cérémonie de la prestation du serment civique 
qui se fit à l'église le 24 mars. Le maire, Jacques 
Delorme, prononça la formule, et les habitants, y 
compris le curé Genillon, le procureur Dailly^ et 
M. Dauphin, levèrent la main en disant Je le jure, 
puis signèrent au registre de la municipalité*. 

Vint ensuite la fête de la fédération de la province. 
Sur l'invitation que les officiers et soldats de la 
garde nationale de Dijon adressèrent à la munici- 
palité, celle-ci décida, le 2 mai, de leur envoyer des 
délégués chargés de « jurer qu'ils étaient tous prêts 
à défendre la constitution à laquelle ils devaient 
leur liberté, à assurer l'exécution des décrets de 
l'auguste assemblée nationale, à prêter le secours 
de leurs forces contre les ennemis de la Révolution 
et à se rallier aux noms sacrés de Liberté et de 
Patrie. Nous nous regarderions tous, ajoutaient-ils, 
comme bien heureux de pouvoir jouir de la présence 
de nos amis et de nos frères, et de pouvoir leur 



1. Voir § VI. 

a. Il écrit habituellement son nom Dallex, 

3. Archives de Saint-Point, D. i. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT SU 

témoigner Tenthousiasme que met déjà parayanee 
dans nos cœurs ce pacte solennel de fédération »^ 

Puis la réunion à Mâcon, le 39 juin, des délégués, 
à raison de 6 par 100, des gardes nationales du 
district appelés à désigner les députés, à raison de 
2 par 100, qui devaient assister à la fédération 
générale de Paris. Ces délégués étaient au nombre 
de 14 ' pour Saint-Point : Antoine Delorme, Benoit 
Burtin, Claude Chantin, Joseph Tarlet, Benoit 
Gachot, Pierre Larochette, Jean Gharvet, Joseph 
Gharvet, Philippe Ferret, Benoit Luquet, Philibert 
Tarlet, Vincent Passot, Glaude-Amédée Crozet et 
Benoît Chaintreuil ' . 

Pendant que le canon tonnait au Champ-de-Mars, 
le « jour mémorable » du i4 juillet, les habitants 
de Saint-Point, réunis à l'église, « après avoir 
imploré le secours du ciel par une messe célébrée à 
II heures 1/2, prêtèrent à la face des autels, avec 
la plus grande joie et à l'heure précise de midi, le 
serment d'être fidèles à la Nation, à , la Loi et au 
Roi )). Après quoi ils <( rendirent grâces à Dieu 
par un Te Deum chanté solennellement, et la milice 
nationale fit une salve »*. 

Les sentiments d'ardente et sincère fraternité qui 
animaient tous les citoyens au début de la Révo- 
lution, firent souvent place, par la suite, à la haine et 
à la jalousie. 



I. Archives de Saint-Point, D. i. 

3. La garde nationale n'était pas encore organisée dans 
la commune, mais on prit pour base le chiffre de ao5 cito^^ens 
« propres à porter les armes pour la défense de la patrie ». 

3. Archives de Saint-Point, D. i. — Les frais de la fête de 
la fédération s'élevèrent pour le district de Mâcon à 6,067 
livres, sur lesquelles la part incombant à Saint-Point fut de 
36 livres. (Registre des délibérations du district de Mâcon 
relatives à la répartition des impôts dji i" mai 1791 au 4 bru- 
maire an II. Séance du 3 mai 1791. Archives de Saône-et- 
Loire, L). 

4. Archives de Saint-Point, D. i. 



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ma HISTOIRE DE SAINT-POINT 

La lutte ne tarda pas à surgir à Saint-Point, 
comme dans beaucoup d'autres communes, entre le 
maire et le procureur. Le premier était Jacques 
Delorme, le second, Jean Dailly. 

Les hostilités s'ouvrirent le lo octobre 1790. Ce 
jour-là, en effet, le procureur fit procéder par les 
officiers municipaux et les notables habitants à la 
révision du rôle de la contribution patriotique, et 
l'assemblée proclama que la déclaration du maire 
(( était notoirement infidèle », attendu qu'il avait 
par ses deux domaines, toutes charges déduites, 
4^4 livres de revenu. En conséquence, on le taxa à 
106 livres, y compris les 3o livres auxquelles il 
s'était précédemment coté '. 

Le maire s'était bien gardé, malgré trois convo- 
cations successives, de se rendre à cette réunion. Il 
n'alla pas non plus à la séance du 3o mai 1791 où 
devait se faire la répartition des rôles supplétifs de 
l'impôt de 1790. Après deux heures d'attente, on 
l'envoya chercher ; il vint et,d'après le procès- verbal, 
accabla d' « injures » et d' <( invectives » les offi- 
ciers municipaux^. Mais, le procureur ayant porté 
plainte aux administrateurs du district de Mâcon, 
la municipalité prit une délibération par laquelle 
elle le qualifiait de « brouillon », demandait que 
pour l'avoir accusée de « manquer à la loi, à la justice 
et au vœu de la commune », il fût « obligé de lui 
faire des excuses publiques », afiirmait que « par- 
tout où M. le curé avait été présent aux délibé- 
rations, il avait rendu service par ses conseils, et 
avait pris bien souvent la peine d'écrire lesdites 
délibérations, et que c^était faux qu'il l'eût frappé 
et même qu'il lui eût dit aucune parole injurieuse », 
priait enfin lesdits administrateurs « de lui écrire 



I. Archives de Saint-Point, D. i. 
a. Id., ibid. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 313 

une lettre de correction pour leur en avoir imposé 
et pour avoir insulté la municipalité, si mieux ils 
n'aimaient le destituer comme s'opposant toujours 
au bien général de la commune )) * . 

Au mois de juillet, nouvelle plainte adressée par 
le procureur au district, aux fins d'obtenir : répa- 
ration de « plusieurs chemins finéraux » devenus 
impraticables; réforme des (( abus qui se glissent 
dans l'amodiation des bancs de l'église »; « commu- 
nication du registre des délibérations de la munici- 
palité et des décrets de l'assemblée nationale que 
depuis environ un mois on n'a ni publiés, ni affi- 
chés )) ; défense aux officiers municipaux « de tenir 
leurs séances à la cure * et d'en interdire l'entrée 
au procureur ))^ 

Lassés de cet état de choses, les citoyens actifs 
de la commune, réunis le i3. novembre 1791, pour 
le renouvellement des municipalités, remplacèrent 
Jacques Delorme par Jean Lacondemine et Jean 
Dailly par Benoit Bleton. L'ancien maire, « fâché 
de n'avoir pas été continué », abandonna aussitôt 
sa place au bureau et se retira*. 

Au renouvellement de l'année suivante, le 
a décembre 179a, le maire élu, Jean Deschizeaux, 
ayant opté pour le commandement de la garde 
nationale, reçut le 9, un successeur en la personne 
de Jean Dumont, et Claude Ghagny fut nommé 
procureur. Mais peu de jours après, ce dernier était 
remplacé par Jean Dailly, qui reprenait avec 
joie ses anciennes fonctions. 



I. Archives de Saint-Point, D. i. 

a. La municipalité tenait ses séances ordinaires en son 

Freffe, à la cure, mais les réunions publiques se faisaient à 
église <^ui en Tan II devint le a temple de la Raison d. 

3. Registre des délibérations du directoii'e du district de 
Mâcon, séance du 12 juillet 1791. (Archives de Saône-et- 
Loire, L). 

4. Archives de Saint-Point, D. i. 



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ai4 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Il avait d'ailleurs continué, l'année précédente, à 
jouer son rôle d'agitateur et notamment, le 

4 novembre, « à l'issue de la messe paroissiale, 
toute la commune sortant en foule, il s'était écrié 
imprudemment : (( Citoyens, ne payez pas les impo- 
rt sitions ! Nous sommes trompés ! Notre curé n'est 
« imposé à la contribution mobilière qu'à la somme 
(( de 5 livres ; j'ai vu les rôles à Mâcon. Ainsi ne 
(( payez pas, et si vous payez, demandez des quit- 
« tances motivées ». La municipalité protesta le 
6 novembre contre ces propos qui avaient provoqué 
« des rumeurs parmi les citoyens » et qui étaient à 
la fois (( dangereux », puisqu'ils arrêtaient la per- 

^ ception de l'impôt », « injurieux », puisque « les 
officiers municipaux avaient réparti ledit impôt en 
leur âme et conscience », et « faux », puisque 
(( l'imposition mobilière du curé était de 122 livres, 
i3 sous, 9 deniers, et ses sous additionnels, de 

5 livres, a sous »*. 

A peine renommé, Dailly dénonça l'ancienne 
municipalité, et il obtint le 20 décembre 1792, un 
arrêté du directoire du département qui, « par des 
considérations toutes puisées dans l'amour de la 
tranquillité publique et dans la loi », autorisait la 
municipalité nouvelle (( à exercer toutes contraintes 
nécessaires et permises contre les anciens officiers 
municipaux et secrétaire-greffier' pour faire faire 
par eux rière le greffe de la municipalité le dépôt 
des loix, registres et autres pièces dépendantes de 
l'administration municipale, comme encore à les 
poursuivre par-devant le tribunal compétent pour 
forcer ces anciens fonctionnaires à rendre compte 
de leur gestion »*. Quelques jours avant (i3 dé- 

1. Archives de Saint-Point, D. i. 

2. Pierre Delorme. 

3. Un jugement du tribunal de Màcon, du 10 avril I7p3,les 
y condamna. Voir Archives de Saône-et-Loire, supplément 
a la série E, famille Siraud, 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 31 5 

cembre), le directoire du district de Mâcon avait 
inutilement « invité les uns et les autres à se rap- 
procher et à s'unir par les liens de la fraternité qui 
devait consolider leur prospérité »*. 

Au cours de Tannée 1798 des troubles graves 
furent occasionnés par les levées en masse de la 
Convention. 

Il y avait bien eu, depuis que la patrie était en 
danger, quelques enrôlements volontaires,! en 1791, 
celui de Jean Philibert (21 août), et i5 en 1792, 
ceux de Claude Siraud, François Paisseaud, Mathieu 
Toutant, Louis Chassagne, François Gharvet, Claude- 
Amédée Grozet, Claude Toutant, Jean Bleton, 
Claude Bourgeois, Jean Deschizeaux, Jean Tarlet, 
Claude Labrosse, Claude TriboUet, Joseph Charvet 
et Benoît Tarlet (ai septembre)'. 

Mais, en exécution d'un décret du a4 février 1798, 
la municipalité dut désigner un nouveau contingent 
de 16 hommes « en état de porter les armes pour la 
défense de la République )). Des assemblées eurent 
lieu à cet effet les a5 mars, 14 avril et 12 mai. 

A la séance du i4 avril Claude Fouilloux et 
Thomas Dussauge firent déjà du bruit ; une bagarre 
eut lieu ; le procureur Dailly reçut des coups de 
pied et faillit avoir son écharpe déchirée. 

Dans une réunion préparatoire à celle du 12 mai, 
tenue la veille de ce jour, des rumeurs s'élevèrent 
au sujet du mode de scrutin adopté pour le tirage au 
sort des réquisitionnaires, et plusieurs citoyens 
firent constater, séance tenante, par le procureur 
que des billets étaient « fraudés ». 11 en résulta un 
tumulte, au cours duquel on entendit Claude Fouil- 
loux déclarer « qu'il ne reconnaissait aucunement 



î. Registre des arrêtés du directoire du département sur 
requêtes des^municipalités du i5 mars 1792 au 11 janvier 
I7g3. (Archives de Saône-et-Loire, L). 

a. Archives de Saint-Point, D. i. • 



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216 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

les officiers municipaux de la commune et qu'il se 
f...ait autant du département que du district ». 

La nuit du 12 au i3, Claude Fouilloux, à la tète 
d'un attroupement, se présenta vers minuit 1/2 au 
greffe de la municipalité pour « trancher la tête du 
greffier' et le faire composer une partie des pièces 
du greffe. Le greflier ne voulant pas leurs y donner, 
Claude Fouilloux le terrassa et le traita indigne- 
ment ». Il se rendit ensuite chez le maire, et de là, 
à 2 heures du matin, chez le procureur, où « ils for- 
cèrent sa femme à leur donner du feu, et firent la 
perquisition dans les bâtiments avec des fourches 
de fer et des masses de bois, en disant que s'ils le 
trouvaient ils voulaient l'émembrer en dix pièces ». 
Puis il conduisit sa bande chez l'officier municipal 
Antoine Bénat. Mais, de même que le maire et le 
procureur, ce dernier avait été averti du danger et 
était sorti le soir de sa maison. 

A 5 heures du matin, le 1 3, la municipalité était en 
séance et prenait des mesures pour faire rechercher 
5 des hommes désignés par le sort qui n'avaient rien 
eu déplus pressé que de quitter aussitôt la commune, 
lorsque Claude Fouilloux*, avec François Dussauge*, 
Thomas Dussauge, son fils, François Fouilloux et 
une quarantaine d'autres individus, pénétrèrent 
dans la salle (( en forme d'assassins », proférant des 
« menaces, sottises et paroles injurieuses », enjoi- 
gnant aux officiers municipaux de leur remettre les 
minutes des procès- verbaux des diflérents tirages et 
toutes les pièces relatives au « recrutement ». 

Le procureur Dailly refusa dé se rendre à cette 
sommation ; le maire Jean Dumont et un officier 
municipal, Ëmilian Guyard, appuyèrent sa résis- 
tance, tandis que tous les autres s'esquivaient. Et 

1. Aimé Albert. 

2. De Bourgogne. 

3. De La Cnanalle. 



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HISTOIRE DE SA1NT-P01\T 21 J 

jusqu'à lo heures du soir les trois courageux 
citoyens tinrent tête aux émeutiers, qui ne cessèrent 
de les « disputer )), ainsi que (( le greffier et sa 
femme ». A lo heures le procureur, qui n'avait pas 
mangé depuis la veille à 7 heures, et le greffier, qui 
avait besoin de repos, car il avait peu dormi la nuit 
précédente, invitèrent inutilement la bande à se 
retirer. Thomas Dussauge ne cessait de répéter au 
greffier qu'il « ne faisait que d'écrire des coqui- 
neries » et que son greffe « était la maison du 
diable ». Enfin, vers minuit Claude Fouilloux et 
François Dussauge parvinrent à s'emparer, non 
sans violences, des documents qu'ils voulaient qu'on 
leur livrât^ et à i heure les prisonniers recouvrèrent 
leur liberté. 

Mais les troubles continuèrent. 

Le 4 juin notamment, à la nuit tombante, Claude 
Fouilloux à la tête d'une bande, fit de nouveau 
irruption chez le grefiier qui, ensuite de delà, déclara 
qu'il se trouvait « dans la crainte d'être assassiné chez 
lui » et que « les papiers et registres de la municipa- 
lité n'étaient nullement en sûreté » à son domicile. 

Le 5, il se rendit avec quatre autres individus chez 
la veuve Poulet. Après avoir brisé une porte d'écurie, 
ils arrachèrent du lit son fils qui était malade, et le 
maltraitèrent, en disant qu'ils voulaient qu'il partit 
à la frontière et que le chirurgien du district qui 
l'avait réformé était un trompeur. Ils l'entraînèrent, 
et, à la nuit, voyant qu'il ne pouvait plus marcher, 
ils l'abandonnèrent. 

Le même jour, Mathieu Toutaut, revenant de 
Tramayes, où il avait entendu la messe, fut attaqué 
par Fouilloux et ses compagnons, qui le frappèrent 
et le conduisirent à la gendarmerie, où on refusa, 
d'aillfeurs, de l'arrêter, attendu qu'il s'était présenté 
deux fois au district et que deux fois on l'avait 
ajourné. 



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ai8 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Le même jour encore, à 5 heures du soir, la bande 
entra chez Jean Tarlet, qui ayait été, lui aussi, 
déclaré impropre au service. Claude Fouilloux et 
Jean Delorme. s'en saisirent et remmenèrent au 
château. Lorsqu'au bout de deux heures on le 
relâcha, il constata la disparition de son porte- 
feuille, dans lequel il y avait la somme de 36 livres*. 

Tknt d'excès ne pouvaient demeurer impunis. Le 
6^in, à la requête et diligence du procureur de la 
commune, la municipalité se déclarant (( incapable 
de faire le contingent par les cabales que Claude 
Fouilloux menait jour et nuit », décida de le faire 
arrêter et de le dénoncer aux autorités comme 
« perturbateur du repos public, accapareur de 
grains et marchand d'assignats ». En suite de quoi 
le directoire du département délibéra qu'il serait 
« conduit par-devant le juge de paix du canton de 
Tramayes pour y être interrogé et poursuivi par 
voie de police correctionnelle » (8 juin 1793)*. 

Le 21 brumaire an II (11 novembre 1793) le pro- 
cureur Dailly, en exécution de l'arrêté du directoire 
invitant « les communes qui, par des causes qui 
tiennent à des maximes rejetées depuis quelque 
temps, s'étaient attribué la qualification de quelque 
saint, à changer de nom », proposa au conseil géné- 
ral de la commune, qui l'adopta unanimement, de 
remplacer le nom de Saint-Point par celui de Mont- 
Brillant. « Ce nom, disait-il, convient à la position 
de la commune, qui se trouve environnée de mon- 
tagnes très-élevées, et rappellera à jamais à nos 
descendants le souvenir de cette Montagne si redou- 
table aux despotes »^. 



1. Archives de Saint-Point, D. i. 

2. Registre des délibérations du directoire du département 
relatives au district de Mâcon du 3o mai 1792 au 9 brumaire 
an m. (Archives de Saône-et-Loire, L). 

3. Archives de Saint-Point, D. i. 



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HISTOIRE DE SAINT POINT 219 

Puis il requit successiyemeut la municipalité de 
renverser (( toutes les croix de la commune » (3 fri- 
maire an II, a3 novembre ijgS), d'envoyer à Mâcon 
Fai^enterie et les cuivres de l'église qui allait 
devenir le temple de la Raison (ii frimaire, 
i^'' décembre), d'abattce « les fleurs de lis et tout 
ce qui nuisait à la République » (3o frimaire, 
20 décembre), dé faire observer le repos des déeadis 
(10 tbermidor, a8 juillet 1794)» d'inviter les habitants 
à former un comité de surveillance de la commune 
(10 fructidor, 27 août 1794), à fêter « l'anniversaire 
de la juste punition du dernier roi des Français » 
(2 pluviôse an III, 2j janvier 1795), etc. 

Le i5 frimaire an II (5 décembre 1793) on descendit 
trois cloches, la quatrième « réservée, à la forme de 
la loi » ; la plus grosse pesait 390 livres, la moyenne 
204 livres, la plus petite 168 livres. On inventoria, 
en outre : une clochette, 11 onces ; le galon d'or d'une 
chape, II onces 1/2; un calice, i5 onces 1/2 ; un 
ciboire, 11 onces 1/2; un soleil, 14 onces 1/2 ; un 
petit ciboire, 11 onces 1/4 ; quatre chandeliers et 
deux croix en cuivre, 22 livres ; un bénitier, 8 livres ; 
une lampe, i livre i/4; une bassine, 3 livres 1/2; un 
encensoir, i livre 1/2 ; une petite assiette d'argent, 
3 onces; quatorze chandeliers, 3o livres*. 



I. Archives de Saint-Point, D. i. — «Les citoyens maire et 
officiers municipaux de la commune (ieMonbrilland,ci-devant 
Saint-Point, m*ont remis pour faire hommage à la Convention 
nationale un ostensoir, un calice et sa patène, un ciboire et un 

{>orte-Dieu en argent pesant 5 marcs, 7 onces, provenant de 
eur église. Fait en Commission, à Mâcon, le 16 frimaire an IL 
Le représentant du peuple : Javogues». — « Nous soussigné, 
commissaire nommé par le directoire du district, recon- 
naissons que Jean Dumont, maire, et Claude Juillard, officier 
municipal de la commune de Monbrilland, ci-devant Saint- 
Point, ont déposé au district 3 cloches pesant ensemble 
j85 livres, en cuivre 87 livres, en vieux lers 35 livres. A 
Mâcon, le 17 frimaire an II ». — Voir Archives de Saint- 
Point, D. I. Délibération du 16 fructidor an II. 



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320 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Le 7 nivôse an II (27 décembre 1798) la Société 
populaire entre en scène*, et quelques jours après 
(9 nivôse) nous voyons le conseil général de la 
commune envoyer François Dussauge et Pierre 
Larochette à Tramayes pour y concourir à la 
formation du Comité de suryeillance du canton*. 

Un des premiers actes de ce Comité fut de faire 
arrêter le maire Jean Dumont. La délibération 
suivante, prise le ai pluviôse an II (9 février 1794) 
par le directoire du district de Mâcon, nous renseigné 
assez exactement sur ce qui se passa : 

(( Vu la pétition de Jean Dumont, maire de la 
commune de Montbrillant, détenu en la maison 
d'arrêt du district de Mâcon, ensuite d'un mandat 
d'arrêt du Comité de surveillance du canton de 
Tramayes du i4 de ce mois; 

« Vu pareillement la dénonciation faite tant contre 
ledit Jean Dumont que contre Jean Dailly, citoyen 
et agent national ^ audit lieu de Montbrillant, en 
date du i3 du même mois, ensemble le procès-verbal 
d'arrestation de Dumont et de perquisition de Dailly ; 

(( Le Directoire du district, considérant que la 
poursuite des délits^ dont est prévenu le maire de 
Montbrillant, appartient en premier lieu aux muni^ 
cipalités ou comités de surveillance du lieu faisant 
fonction d'ofticiers de police ; 



1. En l'an II èUe se réunissait tous les décadis à midi au 
temple de la Raison, pour y entendre la lecture des lois de 
la Convention, des arrêtés du Comité de salut public, et de 
ceux du département et du district (Archives de Saint-Point, 
D. I. Délibération du 10 thermidor an II). 

2. Archives de Saint-Point, D. 1. 

3. Voir plus loin. 

4. Le 3o pluviôse an II l'agent national près le district de 
Mâcon déclare que Dumont a été arrêté « sur des troubles 
survenus à Saint-Point ». (Registre des comptes rendus par 
Taeent national près le district de Mâcon aux Comités de 
samt public et de sûreté générale de la Convention du 
10 nivôse an 11 au 90 floréal an 111. Archives de Saône-et- 
Loire, L). 



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HISTOIRE DE SAINT-PO YNT ^21 

(( Arrête que Jean Dumont, maire de Montbrillant, 
sera conduit sous bonne et sûre escorte par-devant 
la municipalité ou le comité de surveillance du lieu; 

(( Que les pièces relatives à cette affaire seront 
remises au commandant de la force publique, pour 
les déposer à Tune ou à l'autre de ces autorités, afin 
qu'elle exécute les obligations qui lui sont prescrites 
par lé décret du ii nivôse dernier; 

« A l'effet de quoy le gardien de la maison d'arrêt 
du district de Mâcon sera tenu de les remettre, 
moyennant décharge, au commandant de la force 
publique, qui lui-même retirera aussi décharge de 
l'individu et des pièces... *» 

Les officiers municipaux ayant eu communication 
de cet arrêté, délibérèrent aussitôt (aS pluviôse) que 
la dénonciation dirigée contre Dumont et Dailly 
par Claude Ghassagne, Pierre Delorme et Benoît 
Paisseaud, était « de toute fausseté » et ne pouvait 
être que <( l'effet d'une veangeance » de leur part, 
(( attendu que les prévenus ne s'étaient jamais écarté 
des bornes de la loi ». Ils demandèrent en même 
temps leur mise en liberté*. 

Le 26 ventôse suivant (i6 mars 1 794), à l'instigation 
de François Delorme, président de la Société popu- 
laire, les habitants^ réunis au temple de la Raison, 
résolurent, avant de convertir le « procureur » en 
(( agent », suivant le décret du 14 frimaire^, de 
r (( épurer », c'est à dire de le « conserver ou 
remplacer ». 

Ils votèrent par fèves blanches (pour) et noires 
(contre). Le nombre de celles-ci s'étant trouvé « de 



1. Registre des délibérations du directoire du district de 
Mâcon du II frimaire au 27 germinal an II. (Archives de 
Saône-et-Loire, L). 

2. Archives de Saint-Point, D. i. 

3. Daillv avait signé au registre de la municipalité pour la 
dernière fois en qualité de procureur le 20 nivôse et pour la 
première fois en qualité d^ agent le 21. 



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aaa histoire de saint-point 

deux tiers supérieur » à celui des premières, Jean 
Deschizeaux, notable; fut prié d'accepter provisoi- 
rement les fonctions d* agent de la commune*. 

Mais les administrateurs du district de Mâcon, 
attendu que d'après leurs renseignements, « cette 
destitution était reffet de la haine de quelques 
particuliers », prirent le a germinal suivant (aa mars 
1794) un arrêté qui le « réintégrait à sa place. ))^. 

Dans l'intervalle il avait été porté, avec le maire 
Dumont, sur la liste des émigrés, ainsi que nous 
l'apprend la délibération suivante du directoire du 
district, du 19 messidor an II (7 juillet 1794) ' 

« Va la pétition de JeanDumont, maire, tendant à 
ce que son nom sot t n^ dessus la liste des émigrés ; 

« Les administrateurs du disbekl» considérant 
que si ledit Dumont, maire, ainsi que JeuH' Dully, 
agent national de la commune de Montbrilland, ont 
été mis sur la liste des émigrés, ce n'est sans doate 
que d'après le procès-verbal qui a été rédigé par le 
Comité de surveillance du canton de Tramayes, et 
que d'après les termes précis de la loi sur le gouver- 
nement révolutionnaire, il n'appartient qu'à la 
Convention, au Comité de salut pid>lic et aux repré- 
sentants du peuple de prononcer sur de pareils faits, 
estiment en conséquence qu'il n'éphet de délibérer » '. 

La question des subsistances, comme celle des 
levées, provoqua des troubles à Saint-Point pendant 
la Révolution. 

L'approvisionnement des villes du district, 
Màcon, Cluny, Tournus, et celui des années de la 
République, nécessitèrent de fréquentes réquisitions 
d'animaux, de grains, de fourrages, auxquelles la 



I. Archives de Saint-Point, D. i. 

a. Id., ibid. 

3. Registre des délibérations du directoire du district de 
Màcon du 18 pluviôse an II au 9 vendémiaire an III. (Archives 
de Saône-et-Loire, L). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 2233 

commune cherchait à échapper de toutes manières. 
D ne fallut rien moins que des lettres comme celle 
que le directoire du district adressa le 8 pluviôse 
an II (527 janvier i'j^)k la municipalité, pour vaincre 
la résistance des habitants : 

(( L'administration voit avec surprise que vous ne 
vous exécutez pas pour la réquisition de 1226 quintaux 
tant blé froment qu'orge à laquelle vous avez été 
compris par arrêté du 12 nivôse dernier. Si vous ne 
faites cette livraison à Mâcon sous quatre jours à 
dater de la réception de la présente, nous vous 
donnons avis que nous enverrons la force armée 
pour vous y contraindre »*. 

Ou encore celle-ci, du 20 ventôse an III 
(10 mars 1795) : 

« C'est en, vain que vous prétendriez vous soustraire 
aux réquisitions qui ont été assises sur votre 
commune et qui consistent en légumes secs, 
fourrageas et avoine. Ces réquisitions subsistent 
toujours. En conséquence je vous invite et requiers 
sous votre responsabilité de faire faire de suite 
le versement de ces denrées d^Bs les magasins 
militaires »*. 

Ou enfin, cet arrêté du 4 nivôse an III 
(24 décembre 1794) - 

« Le Directoire du district, considérant qu'il est 
juste que toutes les communes du canton de 
Tramayes contribuent, chacune en proportion des 
grains qu'elle a récoltés, à la subsistance de la 
gendarmerie dudit Tramayes, qu'en conséquence 
celle de Montbrillant peut fournir 6 quintaux de 



1. Registre de correspondance du directoire du district de 
Màcon avec les municipalités du i3 nivôse an II au i3 vendé- 
miaire an IV. (Archives de Saône-ei-Loire, L). 

2. Registre de correspondance du directoire du district de 
Màcon du 16 ventôse an III au 6 pluviôse an IV. (Archives 
de Saône-et-Loire, L). 



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3^4 HISTOIHE DE SAINT-POINT 

g^aius, dont les deux tiers en froment et l'autre en 
seigle ; 

(( Arrête que la munici palité de Tramayes demeure 
autorisée de faire fournir par réquisition sur la 
commune ci-dessus désignée son contingent, et qu'à 
défaut les maire et agent national de ladite commune 
seront emprisonnés conformément à l'arrêté du 
représentant Boisset )>^ 

Quant au transport de ces denrées, voici les 
instructions que le directoire du district donnait au 
procui'eur Dailly, le ii frimaire an Il(i«'* décembre 

1793) : 

« Tu requerras, sitôt la présente reçue, tous les 
citoyens du canton de Tramayes qui ont des voitures, 
à Teitet de conduire de suite tous les foins, pailles et 
avoines qui sont en réquisition, dans les greniers 
de Mâcon à ce destinés, à peine d'être pui^is suivant 
les lois ))*. 

Les perquisitions faites par les commissaires de 
la municipalité au domicile des cultivateurs qui 
n'avaient pas donné la déclaration prescrite ou 
qui l'avaient inexactement fournie» provoquaient 
bien des animosités. Ainsi, le 28 nivôse an II 
(17 janvier 1794)» à six heures du soir, le maire et 
l'agent « sortaient de la chambre commune » et 
passaient devant chez Pierre Delorme, percepteur 
et cabaretier, chez qui il y avait justement des 
(( ivrognes >). Sans provocation aucune, ledit Delorme 
et sa mère, Marie Larochette, les prirent à partie, 
les traitant de gueux, leur disant (( avec un air en 

1 . Registre des délibérations du directoire du district de 
Mâcon du 21 vendémiaire au 27 germinal an III. (Archives 
de Saône-et-Loire, L). 

2. Registre de correspondance du directoire du district de 
Mâcon du II frimaire an II au 22 brumaire an III. (Id., ibid,) 

3. Les denrées. dissimulées, quand les commissaires les 
découvraient, étaient confisquées et distribuées aux pauvres 
de la commune. Voir Archives de Saint-Point, D. i, délibé- 
rations du 29 septembre 1798 et du 10 ventôse an II. 



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HISTOIRE DE SAINT'POINT aa5 

colère, que c'était eux qui faisaient conduire les 
grains à Mâcon, que sans eux les blés ne sorti- 
raient pas de la paroisse », et proférant « mille 
autres injures »*. 

La question des salpêtres, après celle des subsis- 
tances, donna lieu à quelques (Ûf&cultés. 

La fabrication de la poudre nécessaire aux armées 
de la République avait pris, grâce aux décrets de la 
Convention, une activité extraordinaire. Un atelier 
avait été établi à Tramayes, dont le chef réquisi- 
tionnait dans tout le canton les terres, le bois, la 
cendre et les tonneaux ^ Au mois de messidor an II 
(juin-juillet 1794) J^^^ Chevrot, meunier à La Roche, 
que la municipalité avait chargé de procéder au 
recensement des cendres dans son hameau, refusait 
de remplir cette mission et s'opposait même aux 
fouilles qu'on voulait faire dans ses propriétés. En 
même temps, Jean Tarlet, tisserand au bourg, qui 
avait été sommé de fournir ses bras pour travailler 
les terres, et qui s'était rendu à l'ordre, abandonnait 
son travail au bout de quelques jours. La munici- 
palité, s'érigeant en tribunal extraordinaire, le 
2 thermidor (20 juillet), décerna mandat d'arrêt 
contre eux et les condamna, le premier à 10 jours 
d'emprisonnement' et le second à 4 jours de la même 
peine*. Ils furent conduits à la maison d'arrêt de 
Tramayes par les soins du terrible Dailly, qui 
remplissait avec rigueur et conscience ses devoirs 
de fonctionnaire politique et d'agent révolutionnaire. 

1. Archives de Saint-Point, D. i. 

2. On « lessivait » les terres avec les cendres. Quant au 
bois il servait à « cuire et dégraisser les eaux salpêtrées ». 

3. La municipalité dut de nouveau, le 16 thermidor (3 août 
17.74), î^i infliger 4 jours d'emprisonnement pour avoir 
refusé de charger au temple de la Raison de Èourgvilain 
des briques qiril y avait a conduire ensuite au temple de 
la Raison de Brandon où devait être établi un ateuer de 
salpêtre (Archives de Saint-Point, D. i). 

4. Id., ibid, 

i5 



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220 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Le 9 thermidor (aj juillet), le chef d'atelier fit 
« démolir le colombier du citoyen Castellane, situé 
dans son jardin, pour prendre les terres salpêtrées 
qui s'y trouvaient dans les murs ))*. 

Le même jour, à la Convention, le modérantisme 
triomphait du jacobinisme. La Montagne « si redou- 
table aux despotes » s'effondrait. Le règne de 
Robespierre était fini, celui de Dailly allait passer. 

Le 2 germinal an III (aa mars ijqS), en exécution 
d'iin arrêté du représentant du peuple en mission 
dans le département de Saône-et-Loire, il est rem- 
placé comme agent national par Jean Lacondemine, 
et Philippe Ferret succède en qualité de maire à 
Jean Dumont^ 

Le 5 prairial (24 mai), Mont-Brillant redevient 
Saint-Point^, 

Le II messidor (29 juin 1795), la municipalité, 
(( attendu que la commune se prépare à rétablir le 
culte catholique », invite Dailly à « rapporter 
l'inventaire ou décharge de tous les effets qui étaient 
dans l'église » et à faire savoir « où ont passé toutes 
les ci-devant croix que l'on devait renfermer dans 
le temple suivant l'arrêté du département » *. Une 
délibération de la même date enregistre la demande 
formulée par 48 citoyens, agent et maire en tête, 
« tous propriétaires et formant la majeure partie 
des citoyens de la commune », de « leur ci-devant 
église, dont ils étaient en possession avant le 
premier jour de l'an II, pour l'exercice de leur 
culte, en exécution de la loi du 11 prairial an 111»^ 

Le 23 messidor (11 juillet 1795), « le citoyen 
Genillon, ci-devant ministre de la commune », est 
rappelé, et devant lui, mais en l'absence de Dailly, 

1. Archives de Saint-Point, D. i. 

2. Id., ibid, 

3. Id., ihid, 

4. Id., ihid, 

5. Id., ihid. 



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Histoire de saint-point ^ùj 

qui, bien que convoqué ne se présente pas, on 
ouvre la sacristie où on trouve « un carton, six 
souchets*, deux étouffoirs, quatre chandeliers 
verts, une clochette, deux lanternes, un tour de 
dentelle surmonté d*une frange, le cierge pascal, 
deux petits cierges blancs et un petit vase de 
faïence ». Genillon offre de prêter « un tableau en 
cadre doré, représentant Toffrande d'Abel au 
Seigneur, et six chandeliers de bois doré, pour 
servir à rembellîssement de Tautel », et il déclare 
(( qu'il se propose d'exercer dans Tétendue de la 
commune le ministère d*un culte connu sous la 
dénomination de culte catholique ». La même 
déclaration est faite quelques jours après (i5 ther- 
midor, a août) par un autre prêtre, François 
Grandjean*, natif de Mâcon. Enfin, le 3o brumaire 
an IV (21 novembre 1796), Genillon prête le serment 
suivant : « Je reconnais que l'universalité des 
citoyens français est le souverain, et je promets 
soumission et obéissance aux lois de la Répu- 
blique »*. 

Dans l'intervalle (10 brumaire an IV, V novem- 
bre 1795), Pierre Delorme est devenu agent muni- 
cipal, c'est le titre donné au premier magistrat de 
la commune par la constitution de l'an III, et 
Philippe Ferret, de maire, est descendu au rang 
d'adjoint. La municipalité nouvelle, désireuse 
de n'être pas en retard, ou plutôt en avance, sur la 
municipalité défunte, confiriiie le jour même de 
son installation, avec 64 autres citoyens, le choix 
fait par les habitants de « leur église et de leur 
cimetière y joint pour l'exercice de leur culte »*. 

On peut dire que ces faits marquent la fin de la 
Révolution à Saint-Point. 

1. Cierges postiches en bois ou en métal. 

2. n sinie Graniean. 

3. Archives de Saint-Point, D. i. 

4. Id., ibid. 



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aaS HISTOIRE DE SAINT-POINT 



XI 



Administration. — Impôts.— Enseignement.- 
Population. — Agrioulture. - Commerce.- 
Industrie. — Usages. — Patois. 



L'administration de la paroisse était, avant la 
Révolution, des plus rudimentaires. Lorsque les 
habitants avaient à délibérer sur quelque affaire ils 
s'assemblaient au son de la cloche, à Tissue de la 
messe ou des vêpres du dimanche, généralement 
« au-devant de la croix de pierre qui est au milieu 
du cimetière » ou, en cas de mauvais temps, a au 
fond de la nef et à l'entrée de la grande porte de 
l'église )), ils discutaient, votaient, faisaient cons- 
tater par un notaire qu'ils formaient « la plus grande 
et saine partie de la communauté » et prendre acte 
de leurs décisions * . Nous avons pu retrouver ainsi 
dans les minutes* des M®* Guillet, de Bourgvilain, les 
procès- verbaux relatifs : à la construction du pont 
(( à faire au bourg pour passer la rivière et aller de 
là à l'église et ailleurs, dans le même endroit où il 



1. C'est tout simplement le référendum, que tant de 
personnes considèrent comme une nouveauté et miême 
comme une nouveauté dangereuse. Les communes rurales 
se sont presque toutes administrées de cette façon jusqu'à 
la loi du 22 décembre 1789 c[ui a créé les municipalités. 

2. Conservées aujourd'hui par M' Tarlet, à Clermain. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 2Q9 

y en avoit anciennement un, pour quoy a été imposé 
sur les habitans la somme de 4o livres » (lo sep- 
tembre 1752) ; — à la procuration donnée par 
lesdits habitants à leurs « impositeurs et collec- 
teurs en exercice » pour poursuivre le recouvre- 
ment de la cote de taille de Jacques Delorme, Jean 
et Claude Thomas, frères, fermiers de la seigneurie 
(13 mars i'j'j5) ; — à la nomination de Pierre Delorme 
aux fonctions de « manillier, c'est-à-dire fossoyeur, 
sonneur decloches et serviteur de l'église» (24 février 
1788); —etc. 

La délibération suivante,à raison de Y admission des 
femmes aux débats SofTre un intérêt tout particulier : 

« Sous prétexte de l'approbation des habitants et 
de leurs femmes, la nommée Marie Deschizeaux, 
âgée d'environ 3oans, femme d'Amédée Crozet, riche 
habitant du bourg de Saint-Point, [est] en la ville 
de Mâcon depuis environ quatre mois et demy afin 
d'apprendre chez un chirurgien l'art d'accoucher les 
femmes, pour, son cours étant fini, revenir audit 
Saint-Point, afin d'assister en qualité de sage-femme, 
à l'exclusion de toutes autres, les femmes enceintes, 
moyennant les rétributions et privilèges attachés à 
cef état. 

« De tout temps les femmes dudit Saint-Point se 
sont assisté mutuellement dans leurs enfantements, 
sans qu'il en soit résulté aucun dangereux inconvé- 
nient, et elles peuvent encore sans danger se rendre 
réciproquement le même service, et par conséquent 
se passer d'une sage-femme en titre, qui pourrait 
troubler le repos des familles par la répugnance que 
l'on auroit soit de ses services forcés, soit en faisant 
valoir tous ses droits et mésusant de ses privilèges.. 

(( Cependant si Messieurs des Etats du Maçonnais 



I. Les droits des femmes I Encore une nouveauté (?) 



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a3o HISTOIRE DE SAINT-POINT 

le décident autrement*, les habitants et leurs femmes 
délibèrent qu'il faut présenter requête [pour être] 
autorisés à s'assembler un jour de dimanche et fête, 
pour le choix à faii^ d'un sujet qui puisse convenir 
aux femmes desdits habitants, vu que ladite Marie 
Deschizeaux, femme Croset(8ic), qu'on leurs destine, 
ne leurs convient nullement par plusieurs motifs et 
raisons inutiles à déduire, mais très-bonnes, très- 
légitimes et très-bien fondées». 

Malgré les vœux des habitants, un an après, — la 
délibération est du lo avril 1785, — le curé enre- 
gistrait sur le cahier paroissial la prestation de 
serment de Marie Deschizeaux (3o avril 1786)'. 

Les habitants de Saint-Point n'avaient pas autre- 
fois de biens communaux *. Le seigneur « asserviza et 
amaza» à ceux du hameau de La Roche, en 1667, 
« certaines broussailles estans et deppendans de 
l'antienneté du chastel et seigneurie de Sainct- 
Poinct, appelles Les Brosses de La Roche, de con- 
tenue environ 00 ou m asnées de semence sy elles 
estoyent en terres harables », moyennant 160 livres 
d'entrage, sous le cens annuel et perpétuel de 16 
gelines, plus à charge d'en payer les dîmes à raison 
de 10 la II* gerbe et les lods à raison de i5 sbus 
par livre*. 

La loi du 22 décembre 1789 créa les administra- 
tions municipales. Depuis cette époque Saint-Point 
a eu pour maires : Jacques Delorme (mars 1790) ; 



1. Par une délibération du 7 janvier 1782 les Etais du 
Méconnais avaient décidé la création à Màcon d'un « cours 

Î gratuit d'étude dans Fart des accouchements et suites en 
àvcur des gens de la campagne » (Archives de Saône-cl- 
Loire, C. 497)« 

2. Archives de Saint-Point, GG. 5. 

3. Archives de Saône-et-Loire, C. 56a, 3. — Minutes des 
M" Guillet (8 juillet 1691). 

4. Minutes des M" Guillet (17 mai 1667). 



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/ HISTOIRE DE SAINT POINT a3l 

Jean Lacondemine (novembre 1791) ; Jean Des- 
chizeaux (décembre 1792) ; Jean Dament (décembre 
1792) ; Philippe Ferret (mars 1796); Pierre Delorme 
(novembre 1796) ; Jean Fouilloux (mai 1797) ; Jean 
Deschizeaux (avril 1800)* ; Pierre Delorme (mai 
i8i5); Jean Deschizeaux (août i8i5); Louis Chas- 
sag^e (novembre i83i); François Fouilloux (décem- 
bre i85i) ; Jean-Baptiste Burtin (août i858) ; Joseph 
Chassagne (août i865) ; Philibert Chanttn (sep- 
tembre 1870) ; Antoine Delorme (février 1874) ; 
Mathieu Barrât (janvier 1876) ; Philibert Chantin 
(janvier 1878) ; Biaise Thévenetj(novembre 1886) ; 
Antoine Bleton (mai 189a). 

La mairie actuelle, comprenant école double, a 
été construite en 1891 et a coûté, suivant procès- 
verbal d'adjudication, 3o,388 fr. 90 c* 

L'assiette et la levée des impôts étaient assurées, 
ainsi que la gestion des deniers patrimoniaux, par 
deux (( asséeurs » et deux « collecteurs » ou « impo- 
siteurs » que les habitants nommaient tous les ans. 

En i685, le rôle de l'imposition jetée sur la 
paroisse s'élevait à 1,110 livres. Il y avait alors 148 
imposables. Les plus fortes cotes étaient 72, 56, 38, 
37, 3a et 27 livres, les médiocres 4 et 3 livres, les 
moindres 10 sous. Il n'y avait que deux grangers de 
M"« Dauphin qui payaient la taille ; les autres gran- 
gers n'en payaient pas *. 

En 1785, c'est-à-dire un siècle plus tard, le rôle 
des seuls impôts directs s'élevait au total de ^fi66 
livres, 16 sous, dont le détail suit : 



I. Le passage suivant du Manuscrit de ma Mère{éd, citée, 
p. IJ2), est donc inexact : a Alphonse a pu venir nous voir 
[à Màcon] de Milly et de Saint-Point, ou son père l'a laissé 
pour sauver nos propriétés et administrer les deux villages 
dont il avait été nommé maire, l\ s*en est bien tiré... » 
(7 avril i8i4). 

a. Archives de Saône-et-Loire, O, Saint-Point. 

3. Id.,C. 56a, 3. 



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333 HISTOIRE DE SAlNT-PblNT 

I. Premier département 3441- 

a. Taille 1,073 

3. Capitation 186 

4. Vingtième des revenus i,64^ i^^- 

5. Taillon et étapes aaS 

6. Garnison 3io 

7. Subsistance et exemption 207 

8. Don gratuit 127 

• 9. Octroi ii5 

10. Arrêts du Conseil de i643, 1771 

et 1778 86 

11. Arrêt du Conseil de 177a 344 

Total 4,6661. i6 s. 

Dans ce total, réduit de ^o livres à raison des 
dégâts causés par les orages et la grêle de l'été de 
1784, n'étaient compris ni les frais d'assiette et de 
collecte, ni une somme de 3o sous due au sieur 
Martine, chirurgien, pour visite des garçons lors du 
tirage au sort de la milice, ni une somme de 7 livres 
(( pour le cierge paschalde la communauté »*, ni les 
cotes des trois privilégiés, M. de Castellane, les 
héritiers de M. Dauphin, et M. Genillon, curé, qui 
étaient imposés à un rôle spécial dit « du vingtième 
des revenus», droit que, d'ailleurs, les communes 
payaient aussi *. Ce droit avait été pour le seigneur 
de 3io livres, 10 sous, 9 deniers en 1767 '. 

Les impôts directs payés par la commune à cent 
ans d'intervalle, en i885, étaient les suivants : 



1. Archives de Saône-et-Loire, C. 587, pa^sirriy et 889, 44--" 
Le « luminaire » et r« entretien du presbytère » sont indi- 
qués comme constituant les charges ordinaires de la com- 
munauté en 1666 (Archives de la Côte-d'Or, C. 2889, p. 799). 

2. Voir ci-dessus. 

3. Archives de Saône-et-Loire, C. 572, 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 233 

1. Contribation foncière*, person- 

nelle-mobilière, portes et fenêtres. 10,678 29 

2. Patentes 194 60 

3. Voitnres, chevaux, mules et mulets 47 ^ 

4. Vérification des poids et mesures. 5o 47 

5. Taxe des biens de mainmorte a 09 

Total 10,97a 95 

Il ne faudrait pas, de ces chiffres, inférer que les 
charges ont été en i885 plus du double de celles de 
1785. C'est le contraire qui est la vérité, car d'abord, 
la valeur de l'argent a beaucoup diminué depuis un 
siècle, et ensuite, au total de 1785 il faut ajouter 
les droits élevés perçus par les seigneurs et le 
clergé *. 

Les impôts indirects ont en partie remplacé les 
aides d'autrefois. 

En 1668, les hameaux payaient par abonnement 
aux sous-f rmiers des aides, qui étaient Jean 
Dumolin, procureur d'office de la seigneurie, et 
François Jeandet, laboureur, pour (( les droietz 
deubz par les habittans sur les marchandises vandues 
[par eux] dans l'estandue du Masconnoys », io5 
livres i5 sous, non compris le sou par livre, savoir 
La Roche i3 livres, Joux 16 livres 10 sous, Blan- 
chizet 8 livres, Bourgogne a3 livres, La Ghanalle 
9 livres 5 sous, Gorze 8 livres 10 sous, Le Prost i3 
livres, Le Mont 4 livres 10 sous, Ghagny 10 livres*. 

En 1767 la totalité de la paroisse ne payait plus 
que 57 livres d'aides *. 

I. La contribution foncière avait été de : 6,853 livres, 19 
sous, 8 deniers en 1791 ; 6,963 1., i s.,5d.en 179U ; 7,681 1., o s., 
6 d. en 1793. (Registre des délibérations du district de Mâcon 
relatives à la répartition des impôts du 6 mai 1791 au 4 
bl^umaire an II. Archives de Saône-et-Loire, L). 

a. Voir §§IVetVin. 

3. Minutes des M- Guillet (26 janvier 1668). 

4. Archives de Saône-et-Lpire, C. 572. 



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234 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

En 1790, le « rôle de la jauge, jeté sur tous ceux 
qui recueillent du vin dans l'étendue de la paroisse», 
s'élevait à la somme de 8 livres*. 

Dans sa séance du aa janvier 1798, le directoire 
du district de Mâcon s'occupa du remplacement des 
droits supprimés en 1^90 et qui portaient sur le sel, 
les huiles et savons, les fers, les cuirs. Le produit 
de ces droits fut évalué pour Saint-Point comme 
suit : sel, 646 livres, 10 sous, 2 deniers ; huiles et 
savons, 3 1., 17 s., 3 d., ; fers, 5i 1., 19 s., 11 d. ; 
cuirs, i3o 1., 4 s-f <> d- Le total du remplacement fut 
fixé à 832 1., II s.,4d.* 

Tous ces impôts pesaient lourdement sur les habi- 
tants, que nous entendons dire en 1666 : « Les tailles 
et les aydes troublent entièrement le petit négoce 
qu'ils peuvent faire de leur bestail ». Et le docu- 
ment que nous citons ajoute : « Se pleignent de 
l'excez des tailles et des persécutions des aydes »'. 

Les corvées sur les routes, nos prestations 
d'aujourd'hui, ne se faisaient pas non plus sans 
provoquer des résistances de la part des habitants 
et du seigneur. Aussi les Etats du Maçonnais durent- 
ils prendre à ce sujet, le 23 avril 1770, une décision 
catégorique : 

(( Le commissaire des chemins a dit que pendant 
le séjour qu'il avoit été obligé de faire à Gluny 
pour les affaires du pays il avoit mandé différents 
collecteurs des communautés voisines pour s'assurer 
de la sincérité des déclarations qu'ils sont obligés 
de faire des forces de leurs communautés à raison 
des corvées sur les chemins, que le collecteur de la 
communauté de Saint-Point n'avoit pas obéi à ses 
ordres, mais qu'il lui avoit été remis une lettre de 

I. Archives de Saint-Point, D. i, f 47» 

u. Registre des délibérations du district de Mâcon rela- 
tives à la répartition des impôts du 6 mai 1791 au 4 brumaire 
an II. (Archives de Saône-et-Loire, L). 

3. Archives de la Côte-d'Or, C. a874. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT a35 

la part de M. de SaintrPoint qui depuis longtemps 
sous différents prétextes retarde le service dû par 
ses habitants . . . Sur quoy il a été arrêté que le com- 
missaire des chemins donnera au collecteur de 
ladite communauté des billets d'ordre, lesquels 
seront publiés /affin que tous fts habitants corvéables 
dudit lieu ayent à se rendre au jour indiqué et sur 
la partye de la route de Sainte-Cécile qui leur sera 
désignée. Et attendu que les Etats ont jusqu'à 
présent épuisé toutes les voyes de douceur et de 
conciliation avec M. de Saint-Point, faute par lesdits 
habitants d'obéir aux ordres des Etats, quatre des 
principaux habitants de ladite cammunauté deffail- 
lants seront emprisonnés dans les prisons de cette 
ville pour y demeurer jusqu'à ce qu'autrement soit 
ordonné ... * » 

Le compte de la commune s'élevait *en 1811 à 
490 fr. 87 c. de recettes et 434 fr. 22 c. de dépenses ; 
quatre-vingts ans après, en 1890, il avait passé à 
6,781 fr. 67 c. de recettes et 4»933 fr. 67 de 
dépenses*. 

De l'enseignement avant la Révolution, nous ne 
savons qu'une chose, c'est qu'en 178a il y avait à 
Saint-Point un a écolâtre » nommé Pierre Challier, 
dont la femme, Louise Bernard, élevait en même 
temps des nourrissons*. 

Le 12 floréal an II (i«' mai 1794), le citoyen Gabriel- 
Aimé-Glaude Reignier, demeurant à Tramayes, 
demanda et obtint, conformément à la loi du 29 
frimaire an II, la place d'instituteur*. 

Le 10 frimaire an III (3o novembre i794)> le citoyen 
Gaillard, de Pierreclos, brigua la succession du 
citoyenReignier,mais la municipalité ne ragréapas\ 

1. Archives de Saône-et-Loire, C. 493, ^ 4^ 

2. Id., O. 

3. Archiiv^cs de Saint-Point, GG. 5, 10 février et i*' avril 1782. 

4. Id., D. I. 

5. Id., ibid. 



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Îl36 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

En Tan X (1801) la commune n'avait plus de maitre 
d'école ; le maire écrivait à cette date qu'il en faudrait 
bien un « pour montrer à lire à la jeunesse »*. 

Un sieur Joseph Philippe, originaire du Dauphiné, 
y exerça entre 1809 et i8i3'. Puis successivement : 
Pierre Michelet, de Saint-Point (décembre 1822) ; 
Jean Bouchacourt, de Sainte-Cécile (février 1837); 
Pierre Deshairs, de Mâcon (novembre i838) ; Pierre 
Roux, de Saint-Pierre-le- Vieux (juin 1841) ; Jean- 
Marie Duthel, de Saint- Jacques-des-Arrêts (mars 
i85o); Pierre Roux, de Saint-Pierre-le- Vieux (octobre 
i85q) ; Benoît Lhenry, de Joncy (février i858) ; 
Dominicpie Lagneau, de Lucenay-l'Evêque (octobre 
1860) ; Pierre Point, de Bourgvilain (avril i863) ; 
Michel Gamier, de Davayé (décembre 1870) ; Claude 
Ducœur, de Malay (avril 1877) ; Jean Trémcau, de 
Saint-Boil '(octobre 1881) ; Antoine Manon, de Saint- 
Maurice-des-Champs (octobre i885). 

A côté de l'école cong^éganiste libre, fondée en 
1861 * par les sœurs du Saint-Sacrement d'Autun, il y 
a une école laïque de filles qui n'a encore été dirigée 
que par deux titulaires, M"® Trémeau, née Dela- 
marre, d'Autun (novembre 1881), et M™* Manon, 
née Chardot, de Pouilly-sur-Saône * (octobre i885)\ 



I. Archives de Saône-et-Loire, T. Etat des maisons d'ins- 
truction qui existent dans la commune de Saint-Point au 10 
frimaire an X. 

2 D'aprèg un questionnaire sur renseignement primaire 
dans le département, rempli par les instituteurs au mois de 
novembre 1877. (Archives de l'inspection académique). 

3. Avant cette date M"' de Lamartine faisait instruire les 
jeunes filles au château. Une demoiselle Marie Litaud 
notamment y enseigna pendant plusieurs années. 

4. Côte-d'Or. 

5. M. Grozet, commis principal de l'inspection académique, 
dont la famille a longtemps habité Saint-Point, a bien voulu 
tirer pour nous des archives de ses bureaux les renseigne- 
ments concernant les noms, prénoms, lieux d'origine et dates 
d'entrée en fonctions des instituteurs et institutrices. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT 287 

Le plus ancien recensement de la population de 
Saint-Point nous est parvenu sous forme de « cerche 
des feux ï>^ ou état nominatif des chefs de ménage. 
Le mardi 29 décembre 1478, Benoît Riboud, 
Guillaume Siraud et Jean Chamay, de Saint-Point, 
se présentèrent à Gluny devant l'officier du Roi 
chargé de répartir sur toute la province « les deniers 
de maçonnerie duchastel de Dijon », et jurèrent sur 
les évangiles que les habitants de la paroisse étaient 
les suivants : Jehan Blessier. — Anthoine Favrey. 

— Pierre Girart. — La vesve de Jehan Joyet. Men- 
dicaV. — La vesve de Nicolet. — Perrenet Guiot de 
Joux. — Jehan Golain. — Perreaul Paillant. — 
Anthoine Bequat. — Guillaume Goursin. — Jehan 
Cabot. — Jehan Darpey. — Anthoine Filloux. — 
Anthoine de Lachappelle, grangier du seigneur, — 
Jehan de Laforez. — Benoit Riboud. — Anthoine 
Riboud. — Jehan Barraud. — Philibert Truchet. — 
Perrenet Jehan Monnier. — Huguenin Tous Temps. 

— Pierre Cusin. — Gonneaul Grant Jehan. — Pierre 
Galier. — Pierre ^ovXiev.franc-archier, — Jehan 
Barat. — Guillaume du Mont. — Claude du Mont. 

— Guillaume Siraud. — Loys de Pirigny. — Jehan 
Lebaud. — Jehan Charnay. — Pierre de Montan- 
geran. — Benoît de Vernay. — Michault Luquet. — 
Jehan Sordat. — Pierre Mespillat. — Pierre 
Jobert^ 

En tout, 38 feux. Soixante-cinq ans après, eni543, 
le nombre en avait plus que doublé ; on en trou- 
vait 82'. 

Sur les 38 noms de chefs de ménage de 1478 on en 
peut à peiné retrouver aujourd'hui 9 dans la 
commune, savoir Paillant, Pilloux (Pouilleux), 
Riboud (Reboux), Tous Temps (Toutant), Barat 

1. Indigente. 

2. Arcnives de la Côte-d'Or. B. iiSqa, f» nn v'. 

3. Id., B. 11593. 



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a3S 



HISTOIRE DE SAINT-POINT 



(Barrât), du Mont (Dumont), Siraud, de Montan- 
geran (Montangerand), Luquet. 

Il y avait à Saint-Point ia3 chefs de ménage en 
i666\ i48 imposables en i685 *, aao en 1785», 
1,008 habitants en 1793*, 1,078 en Tan X*, 1,080 en 
i836, 982 en 1866, 664 en 1896 •. 

Voici le tableau du mouvement de la population 
par périodes dée^uiaLes depuis un siècle ^ : 

Naissances. Mariages. Décès. 

17911-1803 396 90 2^ 

1802-1812 309 81 298 

181 3.1822 418 102 451 

1823-1832 481 99 383 

1833.1842 36o 87 379 

1843-1852 408 iio 370 

1853-1862 322 86 347 

1863-1872 228 87 256 

1873-1882 186 90 220 

1883-1892 i4o 76 145 

Totaux 3,248 908 3,1 13 



La natalité n'offre à Saint-Point rien de parti- 
culier. 

Les enfants naturels ou « enfants de fortune » y 
ont été assez rares. En 1704 exceptionnellement il 
y en eut 4» dont deux jumeaux^. Christophe de 



•r 



1. Archives de la Gôle-d'Or, C. 

2. Archives de Saône-et-Loire, G.*^ 

3. Id., C. 839,44. 

4. Id., L. Registres du district de Mâcon. Tableau dressé 
au mois de février 1798 pour la levée de{i,a84 hommes. 

5. Id., T. Etat des maisons d'instruction qui existent dans 
la commune de Saint-Point. 

6. Id., M. Dénombrements de la population. 

7. Id., M. 

8. Archives de Saint-Point, GG. a (16 mars, a3 juin, 10 et 
II septembre 1704). 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT !l39 

Rochefort d'Ally a donné à cet égard au XVII* siècle 
unex:emple fâcheux * que suivit ensuite un domestique 
du château ^ 

Nous n'ayons connaissance que d'un enfant aban- 
donné, « exposé au chemin publiq » en 1699 ■. 

Il y a eu un cas extraordinaire de fécondité. Un 
nommé Antoine Fouilloux dit Carabin, aubergiste 
et forgeron, né à Saint-Point en 1819, a donné à sa 
femme, Marie Chaintreuil, ménagère, née à Gibles 
en 1842, quatre garçons, Joseph, Antoine, Françoii^ 
et Claude, nés le 3i décembre à 4 h., 4 h. 10, 4 h. i/4 
et 4 h. 1/2 de l'après-midi, morts tous au bout d'une 
heure. Les actes de naissance déclarent ces enfants 
jumeaux, et on sait que le mot vient du latin 
gemellus qui veut dire double; d'après les actes 
de décès ils étaient « sans profession » (!) et sans 
doute (( célibataires »*. 

La mortalité a été assez grande pendant l'automne 
de la triste année 1709. Ainsi en août, septembre 
et octobre 1708, il y a eu respectivement i, 5 et 
a décès; pendant les mois correspondants de 1709 
on en compte i4, 10 et 11. Deux enterrements le 
2 août et trois le 3i ^. 

En 1859, ^^ ^^^ ^^ sang a fait beaucoup de 
victimes. Tandis qu'en 1857, i858, 1860 et 1861 il y a 
eu respectivement 3a, 3i, 3o et 3i décès, on en 
compte en 1869 jusqu'à 58, dont 33 d'enfants de 
moins de 5 ans et la plupart même de moins de 
a ans*. 



1. Voir § V. 

2. Archives de Sainl-Point, GG. 4 (n août 1771). 

3. Id., GG. 2 (i5 novembre et 16 décembre 1699). 

4* Les parents avaient eu avant cela six autres enfants, 
une fUle en 1862, une en 1864, un garçon en 1866, une 
fille en 1860, une en 1872, un garçon en 1874. Ils n'en ont plus 
eu après. (Archives de Saint-Pomt, E). 

5. Archives de Saint-Point, GG. 2. 

6. Id., E. 



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a4o HISTOIRE DE SAINT-POINT 

Si les morts subites de jeunes gens de i5 à 3o ans 
sont assez fréquentes au milieu du XVIII^ siècle S 
nous ayons, en reyanche, releyé les noms de 
plusieura centenaires : Jacques Juillard, du bourg, 
âgé d'enyiron loo ans, inhumé le <i6 juillet 1705 ; 
Antoinette Fouilloux, du Prost, veuve de Jean 
Dubois, âgée d'environ 100 ans, inhumée le 
jcr février 1706; Claudine Fouilloux, du bourg, mère 
de Pierre Tarlet, âgée d'environ 100 ans, inhumée 
le aj décembre 1708 ; Antoine Tarlet, du bourg, âgé 
d'enyiron 100 ans, inhumé le 1^ mai 1709; Marie 
Guérin, du bourg, fille, âgée d'environ 100 .ans, 
inhumée le 7 mai 1731 ; Marie Janan, de Chagny, 
femme de Pierre Paillant, âgée de plus de 100 ans, 
inhumée le 3 avril 1740'. 

Les jeunes gens de la classe 1791 étaient au 
nombre de 7'. En 1734 îl y avait dans la paroisse 
27 garçons de 16 à4oans, ayant au moins cinq pieds 
de taille, robustes et en état de servir. Appelés, cette 
même année, à tirer au sort pour le départ de deux 
miliciens, ils se présentèrent le 28 janvier devant 
le procureur du Roi en l'élection de Mâcon. Autant 
de billets plies qu'il y avait de conscrits furent mis 
dans un chapeau ; celui qui portait le mot milicien 
échut successivement à Antoine Dumont et à Benoît 
Chevalier ^. Ils furent aussitôt déclarés « au service 
de Sa Majesté » et durent se tenir aux ordres du Roi 
(( à peine d'être traités comme déserteurs et d'avoir 
la tête cassée ». La durée du service était de cinq 
ans ^. 

Au mois de février 1793 on leva dans le district 
de Mâcon 1,284 hommes « pour marcher aux fron- 
tières » ; Saint-Point en envoya 16 et la commune 

1. Archives de Saint-Point, GG. 3 et 4. 

2. Id., GG. 2 et 3. 

3. Archives de Saône-et-Loire, R. 

4. Tous les deux savaient signer. 

5. Archives de Saône-et-Loire, C. 698, 101 et 102. 



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HISTOIAB DE SAINT-POINT a4l 

en avait déjà fouroi précédemment lo aax armées 
de la République ^ La même année, en floréal, 
prairial ^t messidor, il en partit encore ag pour 
Niort en exécution de la loi du aS août 1793 *. 

Parmi les. soldats de Tancien régime morts sous 
les drapeaux, signalons Joseph Fouilloux dit Sans- 
Regret^ « soldat au bataillon de Merlet de la 
compagnie de Maillan )>, décédé àThôpital militaire 
de Landau le 3 décembre 1757 3, et Claude Berna- 
chon dit Sans-Chagrin, « soldat de la compagnie de 
Vaugrenand au régiment de Bom*gogne », décédé à 
l'hôpital d'Agde le a8 mars 1761 *. 

Les victimes de 1870-71 sont au nombre de i6 : 
Pierre Badet, enfant assisté, garde mobile, décédé à 
Vesoul le 17 janvier 1871 ; Antoine Bénat, de La 
Chanalle, soldat au i3^ régiment de marche, décédé 
à Paris le ai octobre 1870 ; Jean-Marie Bénat, du 
même hameau, garde national mobilisé, décédé à 
Mâcon le 4 décembre 1870 ; François Berthelon, de 
Bourgogne, disparu; François Bridet, du même 
hameau, décédé à Paris pendant le siège ; Georges 
Chantin, de Joux, garde mobile, décédé à Gray le 
i5 janvier 1871 ; Jean Deschizeaux, du même hameau, 
décédé à Metz pendant le siège ; Claude Desmurgers, 
de Gorze, décédé à l'armée de la Loire ; François 
Dussauge, du Prost, disparu; Jean Dussauge, de 
Joux, disparu; Benoit Guyard, de Bourgogne, 
disparu ; Jean Laborier, de Chagny, disparu ; Louis 
Mouton, enfant assisté, tué sous les murs de Dijon; 
Alexis Séné, enfant assisté, soldat au 9® régiment 
d'artillerie, décédé à Paris le ai janvier 1871 ; Claude 
Tarlet, du bourg, garde mobile, décédé à Paris le 

I. Archives de Saône-et-Loire, L. Reg^istres du district de 
Mâcon. 

a. Id., ibid. Répertoire des noms des jeunes gens de pre- 
mière réquisition partis pour Niort au nombre de a^ déta- 
chements. 

3. Archives de Saint-Point, GG. 3 (aô février 1758). 

4. Id., GG. 4 (après le 26 décembre 1761). 

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îl4^ HlStOlRË DE SAlNt-POtNt 

12 décembre 1870 ; Simon Toutant, du Prost, garde 
mobile, décédé à Mâcon le 21 janvier 187 1. 

L'agriculture est florissante à Saint-Point. Le 
sol est d'ailleurs exceptionnellement fertile dans les 
formations que nous avons décrites* : tout y est 
pâturages, vignes et jardins. Dans les terrains 
granitiques, de maigres seigles, puis la forêt, la 
bruyère, le genêt et Fajonc. 

La vigne, qui était cultivée au X® et au XL^ siècle*, 
avait complètement disparu en 1666. (( Dans ladicte 
paroisse, nous apprend un document de cette année- 
là, il n'y reste plus que des brossailles, [les bois] 
d'haute futaye qui appartiennent au seigneur ayant 
esté dégradez. Il y croist dans quelques fondz quel- 
que froment et dans le surplus du saigle. Il n'y a 
point de vignes. Il ne s'y amasse de fourrage que 
pour l'entretien du bestail arrable. L'arpent de terre 
dans les meilleurs fondz peut valoir 56 livres et dans 
les antres à peine valent-elles les cultiver; ne se 
sèment que de 3 à 4 ans. La soiture ou place à un 
chart de foing dans les meilleurs fondz vaut 5o livres 
et dans les autres 3o livres. Les trois quartz des 
habitans ne recueillent pas de bled pour leur subsis- 
tance, ne vivant que du jour à la journée, et le 
surplus vit tout doucement »». 

Un autre document dit, vingt ans plus tard (i685) : 
« Il y a 25 charrues, et l'on laboure à 4 et à 2 bœufs. 
La semence est moitié seigle, moitié froment. La 
coupée de terre* peut valoir 10 livres, 5 livres, 
I livre ; les prés peuvent valoir 5o à 60 livres la 
place au char de foin. Le blé rend au grain 3 et 4 » ^' 

1. Voir § I. 

2. Voir §§ III et V. 

3. Archives de la Côte-d'Or, C. aSHg, p. 799. 

4. D'après une déclaration de la municipalité de Saint- 
Point, du 24 octobre 1790, la coupée, qui était celle de Mâcon, 
était composée de 66 toises 2/3, la toise de 7 pieds 1/2 
(Archives de Saint-Point, D. i). 

5. Archives de Saône-et-Loire, C. 562, 3. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT ^^3 

Des lettres de Louis XIV, en date du 20 juin 1709, 
ordonnèrent de procéder cette année-là à une 
enquête sur la quantité de grains existant dans le 
royaume. Les habitants de Saint-Point se présentèrent 
à cet effet devant le lieutenant du seigneur au nombre 
de 39 seulement * : 33 déclarèrent avoir des grains, 
I des grains et de la « fougère mouline » ; 5 dirent ne 
rien avoir et parmi eux 2 avouèrent ne vivre que de 
pain de fougère*. 

En 1790, d'après une déclaration de la munici- 
palité, en date du i5 décembre, on recueillit dans 
l'étendue de la paroisse, 3oo ânées ' de froment, 
3oo de seigle, 4^ de fèves, 12 d'orge, 220 d'avoine, 
100 de blé noir, et 20 tonneaux de vin. Ces grains, 
dit le même document, n'étaient pas suilisants a pour 
faire vivre la totalité de la paroisse ; il n'y a que 
quelques fermiers qui vendent quelques ânées de 
blé, et la moitié de la paroisse est obligée d'en 
acheter »*. 

Entre autres années mauvaises pour l'agriculture 
il y a lieu de signaler 1669, 1760, 1763, 1766, 1784 et 
1793. 

En 1669 les gelées du printemps, la sécheresse de 
l'été et la grêle du 17 août firent perdre la moitié des 
grains et les deux tiers des foins ^. 

(( Le 25** jour du mois d'avril 1760, sur les six 
heures du soir, il est tombé une grêle si abondante 



I. 11 y avait peu d'empressement. Un nota dit : « Suivant 
les advis secrets que 1 on nous a donné, le nommé Jean 
Martin, laboureur de Blanchizay, oui n'a faict aucune 
desclaration au présent registre, a bleas et farines chez luy. 
Guillet » (Archives de Saône-et-Loire, B. 1297, 67). 

a. Sur S9 comparants, 6 seulement ont signe, le curé, 
l'huissier, un fermier, un laboureur et deux autres 
habitants ; un laboureur n'a pas signé ; tous les autres ont 
déclaré ne le savoir. 

3. L'ânée de 21 coupes, la coupe de 21 livres. 

4. Archives de Saint-Point, D. i. 

5. Archives de Saône-ct-Loire, G. 784, i. 



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S44 HISTOIRE DE SAINT-POINT 

que toute la paroisse a été ravagée. [Guilloux, 
curé] ))*. 

« Le 36*» jour de juin 1768 à quatre heures et demy 
du matin, un jour de dimanche, il est tomhé une si 
grande quantité d'eau et de grêles que fonds et 
fruits ont été ruinés, les arbres tordus et arrachés, 
et la pauvre paroisse de Saint-Point réduite à la 
faim et à la dernière nécessité. [Guilloux, curé] »*. 

(( Les nuits du 20 au 21, du <25 au ^6 de juin 1^65, 
il est tombé une si grande quantité d'eau que fonds 
et fruits ont été emmenés. Enfin le i3® juillet une 
grêle épouvantable a ravagé la pauvre paroisse de 
Sa,in\rFoint,Sitnom€nDominibenedictum,[Gnil\onx, 
curé] ))'. 

Dans Tété de 1784 il y eut aussi des orages et de 
la grêle, qui détruisirent les deux tiers de la récolte*. 

En 1793, sécheresse et grêlée 

Enfin la nielle, d'après le dénombrement de i68a •, 
gâtait souvent les blés, qui n'avaient qu'une 
poussière noire au lieu de grain. 

Le commerce et l'industrie ont toujours été à 
peu près insignifiants. « Il n'y a aucim commerce », 
dit le document de 1666 que nous avons déjà cité '. 
Il y avait à la fin du XVIII® siècle plusieurs « tissiers 
de toile » et un huilier*. 

Deux moulins (l'un au bourg, l'autre à La Roche) 
subsistent encore. Mais ils sont peu actifs. Déjà en 
1666 on constatait que la rivière était (( à sec plus des 
deux tiers de l'année ))^. 



1. Archives de Saint-Point, GG. 4. 

2. Id. 

3. Id. 

4. Archives de Saône-et-Loire, G. 5ii, f' lav'et G. 687, a5. 

5. Archives de Saint-Point, D. i (i5 octobre 1793). 

6. Voir § IV. 

7. Archives de la Gôte-d'Or, G. 2889. 

8. Archives de Saint-Point, GG. 5. 

9. Archives de la Gôte-d'Or, G. 2889. 



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HISTOIRE DE SAINT-POINT ^^O 

La municipalité avait créé, le 3 octobre 1793, un 
marché par semaine (le mercredi) et six foires par 
an (m janvier, 4 avril, i3 mai, 16 juin, i3 août, 
i** décembre) dont il n'est rien resté •. 

Les usages d'autrefois relatifs aux fiançailles et 
aux noces dans [es campagnes du Maçonnais ont été 
décrits par M. Grosset dans son Guillaume de Saint- 
Point*. Rien n'en a survécu. 

Nous avons analysé quelques contrats de mariage 
des seigneurs. Il est intéressant de voir ce que 
contenaient ceux des vilains. 

Le 2 mai iS^i, par-devant M* Jean Pichot, notaire 
royal à Saint-Point, et en présence de plusieurs 
témoins, notamment de M" Vincent de La Forêt, 
curé de Tramayes, et de M»"* Jean Prestal, prêtre, de 
Saint-Vidal*, Louis Pascaut, marchand à Cluny, et 
Mathie Dclorme, de Saint-Point, promettaient (( se 
prandre à vray mary et femme ». Et pour que ce 
(( mariage plus joyeusement sorte à effect », les parents 
de la future lui constituaient une dot de 60 livres tour- 
nois, (( une robbe de drap noir, bonne et honneste,une 
coultre, ung coussin et quatre linceulx, le tout bon 
et suffisant » ; Claude Delorme, son frère, y ajoutait 
la somme de 20 livres, et Claudine Arcelin lui 
abandonnait, en outre, la jouissance pendant quatre 
ans du (( dessous et dessus » d'une maison de la rue 
de la Barre à Mâcon. Le futur recevait de M»* Benoit 
Busseret, prêtre, son oncle, 10 écus d'or et la jouis- 
sance pendant six ans d'une terre de six coupées 
auprès de Mâcon. Il s'engageait en même temps à 
« enjoueller son espouse jusques à vingt livres »*. 

Le 29 janvier 1578, Nicolas Janan et Michelette 
Paillant, tous deux de Saint-Point, contractaient 



I. Archives de Saint-Point, D. 1. 
a. T. m, p. 3i et suiv. 

3. Haute-Loire. 

4. Archives de Saône-et-Loire, B. 1824, i"" i53. 



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q46 histoire de SAINT-POIiNT 

mariage par-devant le même notaire. La future 
recevait en dot un pré et une terre à Saint-Point, 
(( le pré contenant la place à trois charres de foing 
et la terre, la semence d'ung panaulx bled ou 
environ », plus (( i3 escus i/3, une robbe de drap de 
colleur de pert ou gris, bonne et honneste, 7 quar- 
terons froment, une asnée vin, ce pour aydes de 
nopces, ou pour ung petit pourceau ^o solz, plus 
une vache du pris de 3 escus, 2 brebis, leurs suivantz, 
et 3 linceulx ». Lé futur, lui, se voyait abandonner 
par ses père et mère le tiers de tous leurs biens *. 

Le 19 avriliôSo, toujours devant le même notaire, 
Claude Couchet et Benoîte Dumont, de Saint-Point, 
signaient pareil contrat. Les frères de la future, Jean 
et Philibert Dumont, lui donnaient en dot « la 
somme de 33 escus i/3, 6 quarterons bled froment, 
une asnée vin cléret, le tout bon, pur et net, une 
robbe montrable de drap de pert ou noir, bonne et 
honneste, 3 linceux, 4 brebis et leurs suivans, et, 
pour toutes autres aydes de nopces, un escu ». Les 
parents du futur, de leur côté, lui abandonnaient 
tous leurs biens*. 

Nous n'avons que quelques mots à dire du type 
des habitations rurales de Saint-Point ^ 

La maison se compose généralement d'un rez-de- 
chaussée et d'un étage. 

Au rez-de-chaussée il n'y a d'habitude que la 
cave. 

A l'étage, auquel on accède par un escalier exté- 
rieur et qui est précédé fréquemment d'une galerie, 
se trouvent la cuisine et la chambre. 

On monte au grenier par une échelle qui est soit 
sur la galerie soit daRs la cuisine. 

Le grenier est bas et écrasé par le toit très-plat. 

1. Archives de Saône- et-Loire, B. 1827, f* 44^» 

2. Id., ibid.y f° 422 V. 

3. Voir la planche. 



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^3 






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HISTOIRE DE SAINT-POINT ^49 

Les fenêtres sont petites et peu nombreuses. 

Attenant à la maison est bâtie l'écurie, avec fenil 
au-dessus et grange à côté. 

Les prénoms donnés aux enfants n ont rien de très- 
particulier. 

Beaucoup de filles, comme dans les autres parties 
du Maçonnais, étaient appelées autrefois : Pierrette, 
Michelette, Vineelette. 

Nous n'aTons rencontré que deux ou trois 
(( Donuts ». Le nom du saint patron de la paroisse 
n était donc pas très en faveur. 

Au commencement du XVII* siècle on trouve 
aussi des « Catherins ». 

Claude-Gabriel-Amédée de Rochefort d'AUy et 
Anne-Félicité Allemand de Montmartin, seigneur et 
dame de Saint-Point, mirent leurs prénoms à la 
mode au XVIIP siècle. 

Le i>atoi8 de Saint-Point est, à quelques variantes 
près, celui de toute « la Montagne » *. Voici la ver- 
sion (( saint-poignarde »^ d'un conte populaire 
répandu un peu partout en France*. 

Y avo inné * va în pôle que II y avait une fois un poulet 

n'avo ran qu'inné ôle, ran qui n'avait rien qu'une aile, 

qu'inné chiape , ran qu'inné rien qu'une patte, rien qu'une 

oreye, mais al éto malin que- oreille, mais il était malin 

ment tô. comme tout. 

Vêla qu'in dzo, a trovi inné Voilà qu'un jour, il trouva 

home que li dsi quement çan : un homme qpii lui dit comme 

ô moéti de pôle, te vou-ti alla ça : ô moitié de poulet, veux-tu 

porté inné bosse à inné home? aller porter une bourse à un 

homme ? 



I. On désigne ainsi la partie haute du Maçonnais. 
a. Etablie par M. P. Siraud. 

3. Voir notamment La Moitié de Coq, conte troyen, publié 
par M. L. Morin dans la Reçue des Traditions populaires, 
1891, in-8% p. ^Si. 

4. Prononcez ain-ne, 



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200 



HISTOIRE DE SAlNT-POlNT 



La moéii de pôle dsl : dze 
vou bin. 

A parti tô su ; al alli bian 
loin sans trové neguin ; pi 
a brati d'in chian quoi y . 
avo inné etsele que li dsi : 
quoi que te va, moéti de pôle ? 

— Dze va porté inné bosse à 
inné home. — Te vou-ti que 
dz'ale d'ave ta? — Vin se te vou. 

Quan i feron bian loin, 
Tetsele dsi : 6 moéti de pôle, 
que dze sé-t-érenée, dze ne pou 
pieu alla. La moéti de pôle dsi : 
mets te su mon c.., dze te 
portré bin. 

Vêla qu'in petion mé loin, a 
trovi inné revire que li dsi : 
quoi que te va, moéti de pôle ? 

— Dze va porté inné bosse à 
inné home.— Te vouti que dz'ale 
d'ave ta ? — Ah ! dze vou bin. 

Quan i feron bian loin, 
bian loin, la revire dsi : 
héla, que dze se beutene, y m'a 
tô niallé les tsambes de martsi. 
La moéti de pôle qu'allo toudze 
tô guilleret li dsi : mets te 
encô su mon c..., dze te portré 
bin. 

La moéti de pôle martso 
toudze, a ne tro ran de la 
tsambe. 

In petion mé loin, a trovi in 
renà que li demandi ari quoi 
qu'ai allô, a pi que vouli encô 
allé d'ave lu. 

Mais quan i fu bian loin, le 
renà ne pouvo pieu guegni. 
La moéti de pôle dsi : mets te 
su mon c..., dze te portré bin 
encô d'ave la revire et l'etsele. 

I parteron teu t'ensin, a pi 
de loin i viron arbayer la 
moéson quoi tsouio l'hôme que 



La moitié de poulet dit : je 
veux bien. 

Il partit tout seul ; il alla bien 
loin sans trouver personne; 
puis il tourna d'un côté où il y 
avait une échelle qui lui dit : 
où vas-tu moitié de poulet?— 
Je vais porter une bourse à un 
homme. — Veux-tu que j'aille 
avec toi ? — Viens si tu veux. 

Quand ils furent bien loin, 
l'échelle dit : ô moitié de poulet, 
que je suis éreintée, je ne peux 
plus aller. La moitié de poulet 
dit : mets toi sur mon c..., je 
te porterai bien. 

Voilà qu'un peu plus loin, il 
trouva unfe rivière qui lui dit : 
où vas-tu, moitié de poulet ?— 
Je vais porter une bourse à un 
homme. — Veux-tu que j'aille 
avec toi ?— Ah ! je veux bien. 

Quand ils furent bien loin, 
bien loin, la rivière dit : hélas, 
que je suis fatiguée, cela m'a 
abîmé les jambes de marcher. 
La moitié de poulet qui allait 
toujours tout guilleret lui dit : 
mets toi encore sur mon c..., je 
te porterai bien. 

La moitié de poulet marchait 
toujours, il ne tirait rien de la 
jambe. 

Un petit peu plus loin, il trou- 
va un renard qui lui demanda 
aussi où il allait, et puis qui 
voulut encore aller avec lui. 

Mais quand on fut bien loin, 
le renard ne pouvait plus 
bouger. La moitié de poulet 
dit : mets toi sur mon c..., je 
te porterai bien encore avec la 
rivière et l'échelle. 

Ils partirent tous ensemble, 
et puis de loin ils virent appa- 
raître la maison où restait 



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HISTOIRE DE SAINT-FOIXT 



aji 



devo recevâ la bosse. La moéti 
de pôle li donni, mais Thôme 
que ne valo pas ^and tsouze 
pri la moéti de pôle pe la 
beque et le carayi dan in 
puits. 

La moéti de pôle se miti à 
tseuffer : etsele, etsele, sors de 
mon e... L'etsele veni se mitre 
conte le meur du puits, a pi la 
moéti de pôle sorti sans se 
nayer. 

Vêla que Thôme attrapi encô 
la moéti de pôle ; a le ii passa pe 
lefeuron du fôr quoi nos avos 
fait fornayer du trequis, et 
qu*éto bian tsô. 

Quan la moéti de pôle senti 
qui li grechio les pieumes, a dsi 
bian four : pevirc,revire,sôrs de 
mon c. . . La revire sorti, le fuye 
fut tuyé tô dHn cô ; la moéti 
de pôle n*ut ran qulnne arpion 
in petion grechi. 

Mais Thôme guéto toudze. 
Quan a vi que la moéti de 
pôle n'éto pas petefené, a le 
iaissi tô su sô la tsappe ; mais 
quan i fut le sa, que le soie 
éto bian tracondi, a le preni 
pe sa chiape et pi a le porti 
dans le polailli quoi y avo tô 
pien de grous pôles. Ces grous 
pôles tsessiron teu su la moéti 
de pôle à grands côs de beque. 



La moéti de pôle dsi : 
renà, renà, sors de mon c... 
Le renà sorti et mandzi teu 
les pôles. 

La moéti de pôle pri la bosse. 
A se sauvi avui. 

A pi le conte est u tsavon. 



l'homme qui devait recevoir la 
bourse. La moitié de poulet 
lui donna, mais l'homme qui 
ne valait pas grand'chose 
prit la moitié de poulet par le 
bec et le jeta dans un puits. 

La moitié de poulet se mit à 
crier : échelle, échelle, sors 
de mon c... L'échelle vint se 
mettre contre le mur du puits, 
et puis la moitié de poulet 
sortit sans se noyer. 

Voilà que l'homme attrapa 
encore la moitié de poulet ; il 
le lit passer par le trou du four 
oîi on avait fait sécher du 
turquie, et qui était bien chaud. 

Quand la moitié de poulet 
sentit que ça lui grillait les 
plumes, il dit bien fort : rivière, 
rivière, sors de mon c... La 
rivière sortit, le feu fut éteint 
tout d'un coup ; la moitié de 
poulet n'eut rien qu'un ergot 
un petit peu grillé. 

Mais l'homme regardait tou- 
jours. Lorsqu'il vit que la 
moitié de poulet n'était pas 
mort, il le laissa tout seul sous 
le hangar ; mais quand ce fut le 
soir, que le soleil était bien 
passé, il le prit par sa patte et 
puis il le porta dans le pou- 
lailler où il y avait tout plein 
de gros poulets. Ces gros 
poulets tombèrent tous sur la 
moitié de poulet à grands 
coups de bec. 

La moitié de poulet dit : 
renard, renard, sors de mon 
c... Le renard sortit et mangea 
tous les poulets. 

La moitié de poulet prit la 
bourse. Il se sauva avec. 

Et puis le conte est au bout. 



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aoa 



HISTOIRE DE SAINT-POINT 



— 

Enfin, pour terminer, citons quelques devinettes 
courantes du oavs. 



pays. 

Qu'est tô rayé, que n'a pas 
eu in cô de tsérue 7 

Y est le côvé. 

Qu'est tô rapatassi, que n'a 
pas eu in cô d'agueuye ? 

Y est le temps. 

Que boé son sang et que 
mandze ses boyaux ? 

Y est in crusu. 

Que tend la langue pendant 
que son maître goûte ? 

Y est in cutiau. 

Qu'uvre la gueule pendant 
que son maître dreme ? 

Y est in sabot. . 

Que monte bin, mais que ne 
pou pas descendre ? 

Y est Tuye que la poiaille 
va faire u groni. 

Que tsante en descendant, 
que pieure en montant ? 

Y est le siau d'èye que nos 
tire d'in puits. 

Qu'est toudze à côvé et qu'est 
toudze moilli ? 

Y est la langue. 

Que que fait tô le tôr de la 
moéson et que s'arrête dan in 
coin ? 

Y est le ramé. 

Que que passe p'inne tarre 
et que ne pou pas passer p'in 
bou? 

Y est inné hesse. 

Que que passe p'in bou et 
que ne pou pas passer p'inne 
tarre ? 

Y est le fuye. 



Qui est tout rayé, qui n'a pas 
eu un coup de charrue ? 

C'est le couvert (le toit). 

Qui est tout racommodé, qui 
n'a pas eu un coup d'aiguille ? 

C'est le temps (le ciel quand 
il est nuageux). 

Qui boit son sang et qui 
mange ses boyaux? 

C'est un creuse-yeux (une 
lampe). 

Qui tend la langue pendant 
que son maître mange ? 

C'est un couteau. 

Qui ouvre la gueule pendant 
que son maitre dort ? 

C'est un sabot. 

Qui monte bien, mais qui ne 
peut pas descendre ? 

C'est l'œuf que la poule va 
faire au grenier. 

Qui chante en descendant, 
qui pleure en montant ? 

C'est le seau d'eau que l'on 
tire d'un puits. 

Qui est toujours à couvert 
et qui est toujours mouillé ? 

C'est la langue. 

Qu'est-ce qui fait le tour de 
la maison et qui s'arrête dans 
un coin? 

C'est le balai. 

Qu'est-ce qui passe par -une 
terre et qui ne peut pas passer 
par un bois ? 

C'est la herse. 

Qu'est-ce qui passe par un 
bois et qui ne peut pas passer 
par une terre ? 

C'est le feu. 



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TABLE DES GRAVURES 



1. Lamartine (médaillon) 3 

2. Vue générale de Saint-Point 9 

3. Signature de Guillaume de Saint-Point 64 

4. Signature de Claire de Saint-Point 70 

5. Armes des Saint-Point 72 

6. Armes des Rochefort d'Ally 80 

7. Signature de Cl. de Rochefort d'Ally de Saint-Point. H'J 

8. Armes des Testu de Balincourt 98 

9. Armes des Castellane 100 

10. Signature de E.-Fr.-H. de Castellane 102 

11. Armes des Lamartine io5 

12. Armes des Glans de Cessiat io5 

i3. Signature d*A. de Lamartine 106 

14. Armes des Montherot 107 

i5. Le Château vers 1820 (façade est) 110 

16. Le Château vers 1840 (façade est) ia3 

17. Le Château (façade ouest) 129 

18. Chambre à coucher de Lamartine i35 

19. Cabinet de travail de Lamartine 139 

20. Plan de TEglise 147 

21. Modillon de Tabside i49 

22. Eglise et Tombeau des Lamartine i5o 

23. Dispositions intérieures du caveau des seigneurs. . . 160 

24. Dispositions intérieures du tombeau des Lamartine. 162 

25. Ex-libris du curé Genillon 190 

26. Type d'habitation rurale (maison Siraud) 247 



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TABLE DES MATIERES 



Envoi 5 

Additions et Corrections 6 

I. Description générale de la Commune 7 

II. Noms du Bourg, des Hameaux, Ecarts, Lieuxdits et 

Cours d'eau i3 

III. Les Origines. Droits et Biens de l'Abbaye de Cluny . 25 

IV. La Seigneurie 87 

V. Les Seigneurs 56 

VI. Le Château 109 

VU. L'Eglise 145 

Vin. Les Curés i65 

IX. La Famille Daufthin 198 

X. La Révolution 210 

XI. Administration. — Impôts. — Enseignement. — 
Population. — Agriculture. — Commerce. — Indus- 
trie. — Usages. — Patois 228 

Table des Gravures 253 

Table des Matières 255 



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