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Full text of "Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, considérés principalement sous les rapports de leur usages dans les arts et de leur introduction dans le commerce .."

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l  Relié  par  ZEZZIO ,  ® 
i  rue  du  Foin-S- Jacques  ,  ® 
*>  N."  i5.  ® 


UNIVER5ITY  OF  PITT5BURGH 


DâLr 


v.i 


JDarlington  jMemorial  Library 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2009  with  funding  from 

University  of  Pittsburgh  Library  System 


http://www.archive.org/details/histoiredesarbre01mich 


/ 


HISTOIRE 

DES  ARBRES  FORESTIERS 

DE 

L'AMÉRIQUE  SEPTENTRIONALE. 


Se  trouve  à  Paris  ^  chez  : 

L'Adteuu  ,  place  S.  Michel ,  n".  8  ; 

Treuttel  et   Wurtz,   rue   de  Lille,  n".   17;    même  maison  ^  à 

Strasbourg. 
Gabriel  Du  four   et  C^.  ,  rue  des  Mathurins  S.  Jacques,  n"  7. 
BossANGE   ET  Masson,    rue  de  Tournou  ,  n°.  6. 
Le  Charlieu,   à  Bruxelles. 

y4  Philadelphie  : 
Chez  Samuel  Bradford   and  Insk.eep,  South  3.^  Street. 


HISTOIRE 

DES  ARBRES  FORESTIERS 

DE 

L'AMÉRIQUE  SEPTENTRIONALE , 

CONSIDÉRÉS       PRINCIPALEMENT 

SOUS  LES  RAPPORTS  DE  LEUR  USAGE  DANS  LES  ARTS 
ET  DE  LEUR  INTRODUCTION  DANS  LE  COMMERCE , 

AIWSI   QUE   d'après  les  AVANTAGES  Qu'il.S   PEUVENT  OFFRIR  AUX  GOUVERNEMENS  EJT  EUROPE 
ET  AUX  PERSONNES  QUI  VEULENT  FORMER  DE  GRANDES  PLANTATIONS. 

Par  F.«  ANDRÉ -MICHAUX, 

Membre  de  la  Société  Philosopliique  américaine  de  Pliiladelphie  ;  des  Sociétés 
d'Agriculture  de  la  même  ville,  de  celles  de  Chaileston  ,  Caroline  méridionale  j 
d'HolIowell  ,  District  de  Maine  j  du  département  de  la  Seine  ,  et  de  Seine- 
t't-Oise. 


.  •  .arbore  sulcamiis  maria  ,  lerrasque  adtnoyemu 
arbore  excedificamus  tecta  . 

Plimi  secdkoi:  ]\^at.  Hiit.  ,\\h.  wt. 


TOME    I. 


PARIS, 

DE    L'IMPRIMERIE    DE    L.    HAUSSMANN 


M.  D.   CGC.  XIÏI. 


A   SON    EXCELLENCE 

MONSEIGNEUR 

LE   DUC   DE   GAËTE, 

MINISTRE    DES    FINANCES, 
GRAND-AIGLE  DE  LA  LÉGION  D'HONNEUR,  etc.,  etc. 


MONSEIGNEUR, 


(o  eàt  ^ûuj  /tej  aciJÂôceà  et  AaT^ 

Ceà  o-9^c/reJ  c/e  J^at^e  ^xcelience j  aue 


te9zt9^ca9ia^e,  .J^ouJ  av^eZ'  ^lyotùcci  acce  cej 
na?na9^ecijeJ  eJÂèceJ  a  aT^a^^eJ  aac  /eJ 
c&TnÂ&jentj  Âuden t  étaaôéej  /i iccj  Âa^^ 
/cccùÛè^e99ie9it  ocôaTv-  ne  /  avc^ct  éaôl 
jcùjaciaoa^j;  ^ouj  /Ce  y^aÂ/ia^t  de/eu^ 
ycôtô/cté  (/anj  ceJ  a^^tj  et  ao/nj  /e  caTn^^ 
TTze^ce  y  et  av^o-c^  de^  o^enjecaneTnenJ 
ceT^ta^nJ  ^ar  /te  âccij  au  Tnatnà  d  a^ 
"v^aTitaae  (ydafr^'e  leci^  ^zatcc9^aujatca?v^ 
e?n  ^^T^ance.   ^e   7ne    ^atj  efra^^cé  j 


JiffiQa/iJetanecc^y^  ;  de  ^^emJiuiy^  cej  ^aej 
et  cntérêt  aé^ié^at  j  et  ce  àt  te  ^y^éjccttat 
d  0'ûjer'i>atcanà    éactej    danj    ouatée 


ce9itj  /c'eucj  c/e  yia?^j ,  avec  /o-aée 
/  allentcam  el  /a  Ae^^jénérance  (/&nû 
Je  ^uù  ca/iaâ/e^(^cie  J'ac  /'Âai^^ieao^ 
ae    .J-^ouj    Â^éje^ter. 

J^(y  namS^^ecije^  ej/iècej  c/e  arac^ej 
^aej'aô  'Teccùecl^ce/  Âe7ic/ant  mam^é^ 
Jo-a^  e?v^  ^6mé7^ô'yae,  et  ^cie  Jac^^ac^ 
Jia^^vcTzcr  à  /' ^c/mùncjt9^atca7z  c/e/ 
U^aT^êtj  ^  /a  Tneltrant  à  /lo^tée   c/'en^ 
rccÂc9-  /e  ^a/ ^arejtceT^  c/e  /'S77?Ac^e, 
c/ aT^Ue^  ^^acme9zt  Ji^^écô'eaœ  j  acu  ^e 
mccàj/i/ce^a^zû    avec    /e   /em/ij  ,      et 
attejterant  à  /accj  /cj  ^tèc/e^  / e/^ 
Ji^tt  c/e  Ji^évayance    et  ct;'a?7iéûa^ 


/It 


ence. 


^eJÂect  y 

^e  ^at^^e  (OxceUeTice  / 


OewîteuK , 


F.«  ANDRÉ  -  MICHAUX. 


INTRODUCTION. 

J_jES  nombreux  voyages  que  de  savans  naturalistes 
ont  faits  depuis  plus  d'un  siècle  dans  l'Amérique 
septentrionale,  et  les  relations  qu'ils  en  ont  publiées, 
ont  appris  combien  cette  partie  du  nouveau  monde 
étoit  favorisée  de  la  nature  sous  le  rapport  du  règne 
végétal.  Mais  le  but  que  l'on  s'est  proposé  jusqu'ici 
paroit  avoir  été  d'accélérer  les  progrès  de  la  Bota- 
nique,  et  d'ajouter  à  l'embellissement  des  jardins  en 
Europe  ,  plutôt  que  d'étudier  les  propriétés  des  plan- 
tes, et  de  faire  connoître  les  usages  auxquels  les  bois 
d'Amérique  peuvent  être  employés.  Si  parmi  ces  na- 
turalistes, quelques-uns  se  sont  occupés  de  ce  der- 
nier objet,  ce  n'a  jamais  été  que  d'une  manière  fort 
imparfaite  ;  et  c'est  en  vain  que  l'on  chercheroit  dans 
leurs  écrits  des  notions  certaines  et  détaillées  sur 
cette  matière  :  on  n'y  trouveroit  que  quelques  rensei- 
gnemens  souvent  inexacts  et  presque  toujours  incom- 
plets. J'ai  essayé  de  remplir  cette  lacune  ,  et  cette 
partie  si  intéressante  de  l'histoire  des  végétaux  de 
l'Amérique  septentrionale  a  attiré  toute  mon  atten- 
tion ,  dans  les  deux  voyages  que  j'ai  faits  aux  Etats  - 
Unis  ,  le  premier  en  1802  ,  et  l'autre  en  1806.  L'ou- 
vrage que  je  présente  au  public  est  le  fruit  de  mes 
recherches  et  de  mes  observations  à  cet  égard. 

Déjà,  en  i8o5,  j'ai  lu  à  la  Société  d'Agriculture 
du  département  de  la  Seine  un  Mémoire  dans  lequel 
I.  I 


2  INTRODUCTION. 

j'avois  réuni  une  partie  des  matériaux  que  je  m'étois 
procurés  jusqu'alors  ,  et  je  m'étois  efforcé  de  faire 
sentir  de  quelle  importance  il  seroit  pour  la  France 
d'introduire  dans  nos  forets  diverses  espèces  d'arbres 
de  l'Amérique  septentrionale ,  remarquables  par  la 
bonne  qualité  de  leur  bois  ,  et  par  une  végétation 
vigoureuse  et  accélérée.  Quelque  temps  après,  j'offris 
mes  services,  sous  ce  point  de  vue,  à  l'administration 
forestière,  qui  les  accepta  :  je  retournai  aux  Etats- 
Unis,  et,  malgré  la  difficulté  des  circonstances,  j'ai 
fait  des  envois  de  graines  qui  ont  donné  d'heureux  et 
abondans  résultats ,  et  j'ai  eu  la  satisfaction  de  rem- 
plir les  espérances  que  l'on  avoit  conçues  de  mon 
voyage. 

Suivant  le  plan  que  je  m'étois  tracé ,  j'ai  dû ,  à  mon 
arrivée  en  Amérique ,  consacrer  presque  tout  mon 
temps  à  l'étude  des  arbres  forestiers,  considérés  sous 
leurs  différens  degrés  d'utilité  dans  les  arts.  Les  con- 
noissances  relatives  à  cet  objet  étoient  principalement 
dans  la  possession  des  artisans ,  et  ce  fut  auprès  d'eux 
que  je  m'occupai  de  les  recueillir,  dans  la  vue  de  les 
répandre  ,  non -seulement  parmi  les  Européens, 
mais  encore  parmi  les  Américains  des  différentes  par- 
ties de  l'Union.  J'ai  entrevu,  dès  mes  premières  ten- 
tatives, toute  l'étendue  de  la  tâche  que  je  m'étois 
imposée,  et  j'ai  reconnu  combien  étoit  juste  la  ré- 
flexion de  M.  Correa  de  Sera,  dans  son  rapport  à  la 
Société  d'Agriculture  du  département  de  la  Seine  , 
sur  le  voyage  que  je  venois  d'exécuter.  «  Quoique  les 
<f  sciences  et  les  arts   dussent   se   communiquer   et 


INTRODUCTION.  3 

i(  s'entr'aider,  disoit  cet  habile  naturaliste,  le  plus 
«  souvent  ils  marchent  à  leur  but  à  rinscu  les  uns 
«  des  autres.  »  C'est  ainsi  que  les  Fotanistes  sont  ar- 
rives au  point  de  connoître  scientifiquement  le  plus 
grand  nombre  des  arbres  de  l'Amérique  septentrio- 
nale, sans  se  douter  à  peine  des  propriétés  de  chacun 
d'eux  ;  tandis  qu'au  contraire,  un  siècle  et  demi  d'ex- 
périence en  a  instruit  les  artisans  des  Etats-Tjnis, 
dont  la  plupart  cependant  ne  peuvent  pas  toujours 
discerner  les  espèces  avec  précision,  dans  les  forets, 
par  leur  feuillage,  leurs  fleurs  ou  leurs  fruits,  .l'ose 
me  flatter  que  l'ouvrage  que  je  fais  paroître  remplira 
le  double  but  de  faire  connoître  aux  uns,  les  pro- 
priétés de  ces  mêmes  arbres,  et  aux  autres  les  carac- 
tères extérieurs  qui  les  distinguent ,  de  manière  à 
éviter  toute  méprise. 

Avant  d'entrer  dans  aucun  détail  sur  la  marche  que 
j'ai  suivie  ,  je  crois  à  propos  de  faire  remarquer  com- 
bien les  espèces  d'arbres  de  haute  futaie  sont  plus  va- 
riées dans  l'Amérique  du  nord  qu'en  France  j  et  je 
cite  la  France  préférablement  aux  autres  pays  de 
l'Europe ,  parce  qu'elle  est  très  -  favorisée  sous  le 
rapport  de  la  température.  Le  nombre  des  arbres 
qui  s'élèvent  au-dessus  de  9,7 4  J^^tres^ trente  pieds) 
en  Amérique ,  que  j'ai  tous  observés  et  que  je  me 
propose  de  décrire,  est  de  cent  trente-sept,  dont 
quatre-vingt-quinze  sont  employés  dans  les  arts.  En 
France,  nous  n'en  avons  que  trente -sept  qui  par- 
viennent à  cette  élévation,  dont  dix -huit  servent 
à  former  nos  forets,  et,  parmi  ces  derniers,  sept 


4  IN  TRODUCTION. 

seulement  sont  employés  dans  les  constructions  ci- 
viles et  maritimes.  Ce  rapprochement  est,  comme 
on  le  voit,  très-favorable  à  l'Amérique,  et  pourroit 
même  faire  concevoir  une  trop  haute  opinion  des 
arbres  forestiers  de  cette  partie  du  monde.  Je  dois 
prémunir  ici  le  public  ,  d'une  manière  générale  , 
en  me  réservant  de  faire  connoître  fidèlement,  dans 
la  suite  de  cet  ouvrage  ,  les  seules  espèces  que  je 
crois  utile  de  propager  pour  l'amélioration  des  fo- 
rets en  Europe ,  ainsi  que  celles  qui  n'offrent  d'autre 
intérêt  que  celui  d'embellir  les  parcs  et  les  jardins, 
en  augmentant  le  nombre  des  variétés  qu'on  se  plaît 
à  y  rassembler.  • 

Pour  réunir  le  grand  nombre  d'observations  et 
prendre  les  informations  indispensables  pour  le  tra- 
vail que  je  voulois  exécuter,  j'ai  dû  entreprendre  de 
nouveaux  voyages  dans  les  différens  états  de  l'Union. 
A  partir  du  District  de  Maine,  où  l'on  éprouve  en 
hiver  des  froids  aussi  longs  et  aussi  rigoureux  qu'en 
Suède,  quoiqu'il  soit  situé  dix  degrés  plus  au  midi, 
j'ai  traversé  tous  les  Etats  Atlantiques  jusqu'en  Géor- 
gie, où  la  chaleur  est,  pendant  six  mois  de  l'année, 
aussi  forte  que  dans  les  colonies  des  Indes  occiden- 
tales. J'ai  parcouru  ainsi  une  étendue  de  2222  kilo- 
mètres (cinq  cents  lieuesj  du  nord-est  au  sud-ouest 
et  j'ai  fait,  en  outre,  cinq  autres  voyages  dans  l'inté- 
rieur du  pays.  Le  premier  le  long  des  rivières  Ren- 
nebeck  et  Sandy,  en  passant  par  Hollowell,  Wens- 
low,  Noridgewak  et  Fermington  ;  le  second,  de 
Eoston  au  lac  Champlain,  en  traversant  les  Etats  de 


I  N  T  R  O  D  U  C  T  r  O  N.  5 

New-Hampsliire  et  de  Vermont  ;  le  iroisuînif; ,  de 
New -York  aux  lacs  Erië  et  Ontario;  le  quatri(\'mc, 
de  Philadelphie  aux  bords  des  rivières  Monongaheh, 
Alléghany  et  Ohio;  et  le  cinquième  enfin,  de  Char- 
leston  dans  la  Caroline  du  Sud  aux  sources  des  ri- 
vières Savannah  et  Oconee. 

Dans  mon  premier  voyage  le  long  des  côtes  de 
l'Océan ,  je  me  suis  arrêté  dans  les  principaux  Ports 
de  mer  pour  y  visiter  les  chantiers  de  constructions 
maritimes,  et,  en  général,  tous  les  ateliers  où  l'on 
s'occupe  du  travail  des  bois.  Je  me  suis  appliqué  à 
consulter  les  ouvriers  les  plus  habiles,  nés  dans  le 
pays,  et  surtout  ceux  venus  d'Europe  5  j'ai  com- 
paré les  opinions  des  uns  et  des  autres  ,  et  j'ai 
eu  le  bonheur  de  rassembler  de  nombreux  docu- 
mens  que  je  crois  assez  exacts.  J'y  suis  parvenu  au 
moyen  d'une  série  de  questions  rédigées  à  l'avance 
pour  chacun  des  métiers  sur  lesquels  je  me  proposois 
d'obtenir  desrenseignemens  dans  toutes  les  villes  par 
où  je  devois  passer.  Je  ferai  connoitre  les  arbres  dont 
les  bois  sont  l'objet  d'un  commerce  d'échange  entre 
les  Etats  du  Centre ,  du  Midi  et  du  Nord ,  ceux  qui 
sont  exportés  des  différentes  parties  de  l'Union  aux 
Indes  occidentales  et  en  Angleterre,  ainsi  que  les 
contrées  de  l'intérieur  du  pays  ,  d'où  on  les  tire ,  et 
les  Ports  de  mer  où  on  les  amène  pour  les  exporter. 
J'indiquerai  les  différens  bois  qu'on  apporte  dans  les 
villes  comme  combustibles ,  et  qu'on  présente  aux 
consommateurs ,  séparés  ou  mêlés  suivant  leurs  qua- 
lités respectives.  D'autres  objets  assez  importans  ont 


6  INTRODUCTION. 

aussi  attire  mon  attention  :  telles  sont  la  distinction 
des  bois  qu'on  emploie  de  préférence  aux  Etats-Unis 
pour  la  clôture  de  tous  les  champs  cultivés ,  et  les 
diverses  espèces  d'écorces  qui  servent  pour  le  tan- 
nage des  cuirs ,  soit  qu'elles  proviennent  d'arbres 
résineux,  d'arbres  qui  perdent  leurs  feuilles,  ou  de 
ceux  qui  restent  toujours  verts,  ainsi  que  le  degré  de 
bonté  qu'on  assigne  à  chacune  de  ces  écorces  et  leur 
prix  comparatif. 

Dans  mes  voyages  à  l'intérieur,  j'ai  étudié  l'ensem- 
ble des  forets,  soit  qu'elles  s'offrissent  à  moi  comme 
primitives,  soit  qu'elles  fussent  altérées  par  le  voisi- 
nage de  l'homme  civilisé  et  des  animaux  doiTiesti- 
ques,  dont  la  présence  fait  changer  rapidement  de 
face  à  la  nature.  Je  citerai  à  cette  occasion  des  faits 
curieux  sur  le  renouvellement  naturel  de  grandes 
parties  de  forets  par  des  espèces  étrangères  aux  loca- 
lités. Ces  faits  prouveront  que  la  nature  elle-même 
alterne  dans  ses  productions  spontanées,  et  ils  vien- 
dront à  l'appui  du  principe  déjà  bien  reconnu  de  la 
rotation  des  récoltes  dans  la  culture  des  terres  et  dans 
le  repeuplement  artificiel  des  forets  en  Europe. 

En  me  rendant  dans  les  Etats  méridionaux,  j'ai 
tenu  des  notes  exactes  de  la  disparition  successive 
des  différentes  espèces  d'arbres,  et  de  l'apparition  de 
nouvelles  espèces,  effets  dont  la  cause  peut  être  at- 
tribuée, soit  à  la  température  du  climat,  soit  à  la  na- 
ture du  sol  qui,  à  cet  égard,  a  une  influence  très- 
remarquable.  C'est  ainsi  que  j'ai  pu  indiquer  le  point 
où  se  montre  pour  la  première  fois  le  Pinus  australis-) 


INTRODUCTION.  n 

point  qui  est  précisément  le  même  oii  commencent , 
vers  le  nord-est,  les  Landes  américaines,  appelées 
Pine  harrens  ^  qui  ont  plus  de  888  kilomètres  (  deux 
cents  lieues  J  de  longueur  sur  222  à  266  kilomètres 
(^cinquante  à  soixante  lieues  j  de  largeur,  et  dont  les 
limites,  qui  ne  sont  pas  encore  bien  fixées,  méritent 
d'attirer  l'attention  des  géographes  des  Etats-Unis. 
Dans  ce  genre  de  recherches,  je  me  suis  aidé  des  notes 
de  mon  père,  qui  s'en  étoit  lui-même  fort  occupé,  et 
qui,  pour  multiplier  ses  observations,  et  leur  donner 
un  plus  haut  degré  d'intérêt,  avoit  tout  exprès  fait  un 
voyage  par  terre  à  la  Baie  d'Hudson,   en  1792. 

Le  genre  d'étude  auquel  je  me  suis  livré  a  du 
avoir  pour  résultat  une  connoissance  approfondie 
des  arbres  d'Amérique  les  plus  intéressans  et  les  plus 
utiles  pour  être  employés ,  soit  comme  combusti- 
bles, soit  dans  les  différens  genres  de  constructions. 
Je  ferai  connoître  ,  en  faveur  des  propriétaires  amé- 
ricains qui  sauront  apprécier  l'importance  et  les 
grands  avantages  pécuniaires  qui  pourroient  résulter 
pour  eux  ou  leur  famille  de  la  conservation  de  leurs 
bois,  la  manière  dont  ils  doivent  être  aménagés,  en 
indiquant  les  espèces  dont  il  faut  favoriser  la  crois- 
sance, et  celles  ,  au  contraire  ,  qu'il  convient  de  dé- 
truire; car  on  ne  doit  pas ,  à  mon  avis  ,  laisser  sub- 
sister un  mauvais  arbre  dans  un  lieu  où  il  peut  en 
venir  un  meilleur;  et  il  n'est  pas  de  pays  où  il  soit 
plus  important  de  faire  ce  choix  qu'en  Amérique.  Je 
ne  crains  pas  même  d'avancer  que ,  de  deux  masses 
de  bois ,  situées   dans  le    même  canton   et    d'une 


8  INTRODUCTION. 

égale  étendue ,  celle  où  l'on  aura  distrait  les  mau- 
vaises espèces  vaudra ,  à  l'époque  de  la  coupe  ,  cin- 
quante pour  cent  de  plus  que  celle  qui  aura  été  aban- 
donnée à  la  nature.  Ainsi ,  il  ne  suffit  pas,  comme  se 
contentent  de  le  faire  les  propriétaires  américains 
voisins  des  grandes  villes  ,  d'enclore  les  portions  de 
bois  qu'ils  possèdent ,  pour  les  préserver  des  ravages 
des  bestiaux  de  toutes  sortes,  qui,  sans  cette  pré- 
caution ,  les  parcourent  presque  toute  l'année ,  et 
détruisent  les  jeunes  plants  à  chaque  printemps  5  il 
faut  encore  savoir  extirper  les  espèces  médiocres  avec 
discernement,  et  suivant  les  localités.  J'indiquerai 
aussi ,  à  cette  occasion ,  les  arbres  d'Europe  qu'il 
conviendroit  d'introduire  dans  les  forets  améri- 
caines. 

C'est  ici  le  lieu  de  faire  une  remarque  générale , 
relativement  à  l'aménagement  des  bois.  On  ne  peut 
dissimuler  que ,  dans  l'état  actuel  des  choses ,  les  Eu- 
ropéens n'aient,  sous  ce  rapport ,  tout  l'avantage  sur 
les  Américains.  En  Europe,  la  grande  masse  des  fo- 
rets est  dans  les  mains  des  gouvernemens,  qui  veil- 
lent à  leur  conservation  avec  toute  la  sollicitude 
qu'exige  si  impérieusement  la  nécessité  ,  l'expérience 
ayant  appris  qu'on  ne  peut  compter  pour  le  service 
public,  et  même  pour  les  besoins  des  peuples,  sur 
les  propriétés  forestières  appartenantes  à  des  parti- 
culiers, parce  que,  tôt  ou  tard  ,  venant  à  être  le  par- 
tage de  personnes  pressées  de  jouir,  elles  finissent 
par  disparoître,  et  le  terrein  qui  les  portoit  se  trouve 
converti  en  cultures  annuelles.  En  Amérique  ,  au 


TNTJIOD  U  CTÏ  O  \.  g 

contraire,  ni  le  gouvernement  Céderai,  ni  ceux  de 
chaque  état,  n'ont  conservé  aucunes  portions  de  (o- 
réts.  Il  en  est  résulté  une  effrayante  destruction  ,(pil 
s'accroît  sans  cesse ,  et  ne  cessera  d'augmenter  en  rai- 
son de  la  population.  Déj;i  les  effets  s'en  font  vive- 
ment sentir  dans  les  grandes  villes,  où  l'on  se  plaint 
de  plus  en  plus  tous  les  ans,  non-seulement  de 
l'extrême  cherté  du  bois  de  chauffage,  mais  même 
de  la  difficulté  de  se  procurer  des  bois  de  construc- 
tion pour  les  différens  genres  de  travaux.  Aujourd'hui 
l'on  est  obligé  dans  beaucoup  d'ateliers  de  substituer 
au  chêne  blanc ,  des  chênes  d'une  qualité  inférieure  ; 
quelques  années  encore  ,  et  l'on  trouvera  à  peine 
dans  les  îles  de  la  Géorgie,  le  précieux  chêne  vert , 
si  estimé  dans  les  constructions  navales. 

Quoique  la  langue  angloise  soit  parlée  sans  alté- 
ration sensible  dans  presque  toute  l'Amérique  sep- 
tentrionale, cependant  l'étendue  des  Etats-Unis,  et 
leur  colonisation  à  des  époques  différentes,  y  ont  j  été 
une  étrange  confusion  dans  la  nomenclature  popu- 
laire des  arbres.  Ainsi  la  même  espèce  reçoit  pres- 
que toujours  des  dénominations  différentes,  suivant 
les  localités,  fréquemment  aussi  le  même  nom  est 
assigné  à  des  espèces  très-distinctes,  et  bien  souvent 
enfin ,  trois  ou  quatre  noms  sont  donnés  au  même 
arbre  dans  le  même  canton.  J'ai  recueilli  avec  soin  ces 
diverses  dénominations,  en  omettant,  cependant 
celles  qui  m'ont  paru  trop  bizarres,  ou  qui  n'étoieut 
employées  que  par  un  trop  petit  nombre  de  person- 
nes ;  je  les  ai  toutes  rattachées  au  nom  scientifique 
I.  2 


10  INTRODUCTION. 

et  au  nom  vulgaire  que  j'ai  cru  devoir  préfe'rer ,  et 
mon  choix,  à  cet  égard  ,  s'est  toujours  porté  sur  celui 
que  l'espèce  décrite  reçoit  dans  la  partie  des  Etats- 
Unis,  où  elle  est  la  plus  abondante  et  la  plus  em- 
ployée. La  table  dans   laquelle  j'ai  rassemblé  tous 
ces  noms   populaires ,  mettra  chaque  habitant  des 
Etats-Unis  à  même   de    connoitre    les  espèces  qui 
croissent  dans  le  lieu  de  sa  demeure,  et  s'il  a   be- 
soin de  renseignemens  sur  celles  qui  se  trouvent  à 
quatre  ou  cinq  cents  milles  de  chez  lui,  il  saura 
également,    dans  cette   supposition ,  quel   nom   on 
leur  donne  et  à'  quel  usage  leur  bois  est  employé. 
Dans  cette  partie  de  mon  travail,  qui  n'a  pas  été  la 
moins  difficile ,  et  qui,  je  l'espère,  ne  sera  pas  la 
moins  appréciée ,  j'ai  consulté  avec  infiniment  d'avan- 
tage plusieurs  Américains  distingués,  auxquels  je  dois 
un  témoignage  public  de  reconnoissance  :  tels  sont, 
M.  le  Pvév'^.  D'.  H.  Muhlemherg^  de  Lancaster  en  Pen- 
sylvanie,un  des  plus  savans  botanistes  que  l'Amérique 
ait  encore  produits ,  et  bien  digne  de  figurer  parmi 
ceux  qui,  en  Europe,  s'occupent  avec  le  plus  de  suc- 
cès de  cette  science  aimable  etattrayante^M.  FT.  Ha- 
jnilton^  amateur  éclairé  des  sciences  et  des  arts,  qui 
se  plaît  à  rassembler  dans  sa  magnifique  résidence 
de  Woodland,  près   de  Philadelphie,  non -seule- 
ment tous  les  végétaux  utiles  des  Etats-Unis,  mais 
encore  ceux  de  tous  les  pays  du  monde  qui  peuvent 
y  offrir  de  l'intérêt  dans  les  arts  ou  en  médecine  ;  et 
M.  FT.  Bartram ,  aussi  connu  par  ses  voyages  et  ses 
connoissances  variées  en  histoire  naturelle ,  que  par 


INTRODU  CT  ION.  II 

raménité  de  son  caractère  et  l'obligeance  avec  la- 
quelle il  communique  les  fruits  de  ses  études  et  de 
ses  observations. 

La  table  générale  qui  précède  les  descriptions  esL 
partagée  en  deux  colonnes.  La  première  offre  le  nom 
scientifique  de  chaque  espèce  d'arbres,  et  immédiate- 
ment au-dessous  le  nom  américain  qui  désormais  devra 
être  reconnu  comme  fixe  ,  d'après  les  considérations 
qui  ont  été  énoncées  plus  haut.  La  seconde  contient 
les  diverses  dénominations  qu'on  donne  au  mémo 
arbre  dans  les  différentes  parties  des  Etats-  Unis,  où 
il  se  trouve.  Au  moyen  de  cette  table,  on  pourra  em- 
brasser cV  un  coiip-cF  œil  la  série  de  toutes  les  espèces 
que  je  me  propose  de  décrire,  si  le  public  en  Europe, 
et  particulièrement  dans  les  Etats-Unis,  daigne  ac- 
corder son  suffrage  à  mon  travail.  Dans  tous  les  cas, 
un  ou  deux  numéros  réunis  renfermeront  toujours 
l'histoire  complète  d'un  genre  d'arbres;  et  quand 
bien  même  ,  contre  mon  espoir  ,  cet  ouvrage  vien- 
droit  à  être  suspendu  dans  le  cours  de  sa  publica- 
tion,  on  n'en  sera  pas  moins  assuré  d'avance  d'avoir 
d'abord,  dans  les  deux  premiers  numéros,  le  com- 
plément des  Pins ,  et  successivement  celui  desNoyers, 
des  Erables,  etc.,  avantage  qu'on  ne  trouve  pas 
toujours  dans  les  entreprises  de  ce  genre,  offertes 
par  livraisons. 

Je  dois  prévenir  ici  le  public  que  je  ne  décrirai 
que  les  espèces  d'arbres  qui  ont  été  observées  par 
mon  père  et  par  moi  dans  les  forets  mêmes  de  l'A- 
mérique septentrionale,  et  dont  les  propriétés  et  les 


12  INTRODUCTION. 

usages  me  sont  connus  d'après  les  renseignemens 
exacts  que  j'ai  obtenus  personnellement.  J'ai  pris 
cette  détermination,  parce  qu'il  existe  dans  les  pé- 
pinières et  les  jardins  en  Europe  des  arbres  qu'on 
assure  être  venus  originairement  de  ces  contrées, 
mais  que  nous  n'avons  pas  été  assez  heureux  d'y 
rencontrer.  Je  me  contenterai  d'indiquer  ces  arbres 
d'après  les  auteurs  qui  en  ont  parlé.  J'espère  que  le 
^public  me  saura  gré  de  ma  franchise  à  cet  égard, 
et  qu'elle  me  mettra  à  l'abri  de  reproches  pa- 
reils à  ceux  que  je  me  trouve  obligé  de  faire  à 
sir  A.  B.  Lambert,  de  la  société  royale  de  Lon- 
dres ,  qui ,  depuis  quelques  années  ,  a  publié  un 
traité  général  des  Pins ,  ouvrage  d'une  grande  ma- 
gnificence sous  le  rapport  de  la  gravure  et  de 
l'exécution  typographique.  Sept  planches  représen- 
tent les  espèces  européennes ,  et  huit  sont  consa- 
crées à  celles  de  l'Amérique  septentrionale.  Comme 
je  n'ai  pas  voyagé  dans  les  pays  du  nord  de  l'Europe, 
où  se  trouvent  le  plus  grand  nombre  des  variétés  de 
pins  de  cette  partie  du  monde  ,  je  ne  me  permettrai 
aucunes  critiques  sur  tout  ce  qui  a  rapport  aux  pre- 
mières ;  mais  la  description  des  espèces  américaines, 
que  j'ai  observées  par  moi-même  dans  les  pays  oii 
elles  croissent  ,  est  tellement  inexacte  ou  incom- 
plète, qu'il  m'a  paru  nécessaire  de  rectifier  l'opinion 
qu'on  auroit  pu  s'en  former,  d'après  cet  auteur.  Cette 
considération,  jointe  à  l'importance  que  présente  le 
genre  des  Pins,  dont  la  plupart  des  espèces  sont  d'un 
emploi  si  varié  dans  les  constructions  civiles  et  mari- 


INTRODUCXIOIN.  l3 

times ,  et  forment  un  article  considérable  do  com- 
merce dans  les  Etats-Unis,  ont  été  les  motifs  qui 
m'ont  déterminé  à  commencer  par  en  donner  la  des- 
cription. 

Je  me  propose  de  terminer  cet  ouvrage  par  un 
résumé ,  dans  lequel  on  trouvera  l'indication  de 
toutes  les  espèces  de  bois  mises  en  œuvre  dans  cha- 
que métier.  Ainsi,  sous  le  titre  de  constructions 
navales  ^  on  verra  d'un  coup-d'œil  de  quelles  espèces 
d'arbres  sont  tirées  toutes  les  pièces  qui  entrent  dans 
la  composition  d'un  navire  ,  dans  le  district  de  Maine, 
à  Boston ,  à  Philadelphie ,  à  Gharleston  ,  à  Savanah  , 
à  Pittsburg  ou  à  Louisville  sur  les  bords  de  l'Ohio  ; 
et  sous  le  titre  de  constructions  civiles  ,  on  trouvera 
également  les  différentes  sortes  de  bois  dont  les  mai- 
sons sont  bâties  dans  les  mêmes  lieux.  Ce  résumé 
offrira,  je  crois,  un  ensemble  satisfaisant,  sans  dis- 
penser cependant  ceux  qui  auront  besoin  de  rensei- 
gnemens  plus  détaillés,  d'avoir  recours  à  la  descrip- 
tion et  à  la  figure  de  chaque  arbre. 

Je  crois  n'avoir  plus  rien  à  ajouter  pour  bien  faire 
connoître  le  but  que  je  me  suis  proposé  ,  et  la  marche 
que  j'ai  suivie  dans  la  compositian  de  cet  ouvrage. 
Je  pense,  je  le  répète,  que  la  manière  dont  j'ai  con- 
sidéré mon  sujet  sera  plus  utile  en  Europe  et  en 
Amérique  aux  propriétaires  ruraux  et  aux  per- 
sonnes qui  s'occupent  du  travail  des  bois ,  que  si 
je  ne  l'avois  traité  que  sous  le  point  de  vue  scien- 
tifique. Il  m'a  semblé  nécessaire  de  joindre  aux 
descriptions  des   figures   coloriées ,   et  j'ai  lieu   de 


l4  INTRODUCTION. 

croire  que  tout  le  monde  en  sentira  Tavantage ,  après 
avoir  lu  avec  attention  les  développemens  qui  pré- 
cèdent. Ces  planches  seront  toujours  d'un  grand  se- 
cours ,  et  souvent  même  seront  indispensables  pour 
faire  distinguer  les  espèces  aux  personnes  que  je 
viens  de  désigner,  et  à  qui  cet  ouvrage  est  princi- 
palement destiné. 

J'aurois  bien  désiré  étendre  mes  recherches  sur 
des  points  plus  éloignés ,  et  notamment  dans  la  haute 
et  basse  Louisiane.  Ces  voyages  auroientsans  doute 
augmenté  la  longue  liste  des  arbres  dont  je  donne 
la  description  5  mais  différens  obstacles  ont  enchaîné 
l'activité  qui  me  portoit  vers  ces  contrées ,  encore 
peu  connues  sous  ce  rapport,  et  que  je  regretterai 
toujours  de  n'avoir  pas  visitées.  Forcé  de  céder,  à 
cet  égard ,  à  l'empire  des  circonstances ,  je  m'esti- 
merai encore  assez  heureux  si  les  efforts  que  j'ai  faits 
peuvent  mériter  l'approbation  des  personnes  ins- 
truites et  bienveillantes  qui  n'ont  cessé  de  m'encou- 
rager,  pendant  mon  séjour  en  Amérique,  dans  l'en- 
treprise que  j'ai  exécutée.  Je  laisse  à  quelques-uns 
des  élèves  de  MM.  les  professeurs  Barton  et  Hosack, 
animés,  comme  leurs  maîtres  d'un  zèle  ardent  pour 
les  progrès  des  sciences  naturelles  dans  les  Etats- 
Unis  ,  à  perfectionner  mon  travail ,  et  à  offrir  à  leurs 
concitoyens  un  traité  sur  ce  sujet  plus  complet  et 
plus  digne  d'eux;  ce  sera,  je  crois,  la  meilleure  cri- 
tique qui  pourra  être  faite  de  celui  que  je  fais  pa- 
roître  aujom'd'hui. 


TABLEAU  INDICATIF 

DES  ESPÈCES  D'ARBRES 

QUI  SERONT  DÉCRITES  DAJNS  CET  OUVRAGE  , 

ET  DE  L'ORDRE  DANS  LEQUEL  ELLES  SERONT  PUBLIÉES. 


La  première  colofine  indique  le  nom  botanique  et  le  nom 
américain  qui  désormais  devra  être  reconnu  comme 

fixe  ; 
La  seconde  ,    les  noms    vulgaires    en    usage    dans  les 
diverses  parties  des  Etats-  Unis  et  au  Canada. 


Nom  botanique 
et  nom  américain. 


Piûus  rubra. 
Red  pine  .  . 

(  Norway  pine.  ) 


Noms  vulgaires  employés  dans  les  diverses 
parties  des  Etats-Unis. 

f  Red  pine  (Vin  rous,e),  seule  déno- 
mination donnée  à  cet  arbre  en  Canada, 
et  souvent  usitée  à  la  Nouvelle-Ecosse, 
à  la  Nouvelle-Brunswick,  ainsi  que  dans 
le  District  de  Maine. 

JYorwaj  pine{Vin  de  Norwège,  nom 
plus  généralement  en  usage  que  le  pré- 
cédent dans  le  District  de  Maine  et 
la  partie  supérieure  des  Etats  du  New- 
Hampshire  et  de  Vermont ,  mais  moins 
convenable. 

Yellow  pine  (Pin  jaune),  nom  em- 
ployé secondairement  à  la  Nouvelle- 
Ecosse. 

Pin  rouge,    seul  nom  donné   à   cet 
.arbre  ,  par  les  François-Canadiens, 


l6  TABLEAU      COMPARATIF. 

Noms  botaniques  Noms  vulgaires  employés  dans  les  diverses  parties 


et  américains. 


Pinus  rupestris 
Grey  pine.  .  . 


Pinus  mitis  .  . 

Yellow  pine,   . 


Pinus  inops. 
Jersey  pine . 


Pinus  pungens  .  . 
Table    inountain 


pine. 


Pinus  australis  .  . 
Long  leavedpine. 


des  Etats-TJnis. 

Grey  pine  (Pin  gris),  dénomination 
donnée  généralement  à  cet  arbre  en 
Canada ,  par  les  Anglois  et  les  François- 
Canadiens. 

Scrub  pine  (  Pin  cliétif  ),  nom  en. 
usage  à  la  Nouvelle -Ecosse  et  dans 
quelques  cantons  du  District  de  Maine. 
ye//owyt7/Vze  (Pin  jaune),  dénomination 
générale  dans  tous  les  Etats  du  milieu. 
Short  leaved  pine  (  Pin  à  courtes 
feuilles  ) ,  nom  en  usage  dans  les  Etats 
méridionaux. 

Sprucepine  (Pin sapin)  dénomina- 
tion secondaire  dans  cette  même  partie 
des  Etats-Unis. 

Jersey  pine  (Pin  du  Nouveau-Jersey), 
dénomination  donnée  généralement  à 
cette  espèce  dans  la  partie  basse  du 
New-Jersey  où  elle  abonde. 

Scrub  pine  (Pin  cliétif),  nom  usité  en 
Virginie  et  dans  les  parties  de  la  Pen- 
sylvanie  où  se  trouve  cet  arbre. 

Table  mountain  pine  (  Pin  de  la  mon- 
tagne de  la  Table  ),  seule  dénomination 
en  usage  aux  environs  de  cette  mon- 
tagne, dans  la  liaute  Caroline  du  nord. 
Long  leaved  pine  (  Pin  à  longues 
feuilles  ) , 

Yellow  pine  (  Pin  jaune  ) , 
\      Pitch  pine  (  Pin  à  goudron  ) , 
I      Broom  pine  (  Pin  à  balais  )  ;  dénomi- 
(nations  plus  ou  moins  usitées  dans  la 


Noms  bolaiiiiines 
et  anjéricains. 


Pinus  australis  .   . 
Long  leaved  pine. 


Pinus  serotina. 
Pondpine.  .   . 


Pinus  ligida. 


Pitchpine. 


Pinus  Iseda.  . 
Lohlolly  pine. 


Pinus  strobus. 
iVhite  pine. 


I. 


TABLEAU     INDICATIF.  1 7 

Nom»    Tulgaircs  employi-»    dans  les  diverses   putici 
(les  Etals-Uni». 

partie  basse  des  Etats  du  midi ,  oii  croît 
seulement  celte  espèce. 

Southern  pine  (  Pin  du  midi  )  ,  et 
Red  pine  (  Pin  rouge  )  ,  nom  donné  à 
cet  arbre  dans  les  Etats  du  milieu  et 
du  nord,  par  ceux  qui  l'emploient,  eu 
égard  au  pays  d'où  il  vient  et  ù  sa  qualité. 

Georgia  pitch pine ,  dans  les  colonies 
des  Indes  occidentales  et  en  Angleleire. 

(     Pondpine  (Pin  des  mares  ),  nom  don- 
Vné  par  moi  à  cette   espèce,  qui  n'en  a 

•  /aucun  dans  les  Etats  méridionaux. 

(     Pitchpine  (  Pin  à  goudron),  dénomi- 

•  y  nation  générale  dans  tous  les  Etats  du 

•  /nord  et  du  milieu. 

Lohlolly  pine  ^  seule  dénomination 
[dans  les  Etats  du  midi. 

TVhite  pine  (  Pin  blanc  ),  quelquefois 
[en  usage  aux  environs  de  Petersburg 
^en  Virginie. 

J^Vhite  pine  (  Pin  blanc  )  ,  seul  nom 
donné  à  cet  arbre  dans  tous  les  Etats- 
lUnis,  à  la  Nouvelle-Ecosse  et  à  lalVou- 
Ivelle-Brunswick. 

Pumkin  pine  (  Pin  potiron  ) , 

Saplingpine  (  Pin  baliveau  )  ;  déno- 

Irainations   secondaires    dans   les    Etats 

de   Vermont,   New  -  Hampsliire    et  le 

District  de  Maine,  quant  à  la  qualité 

'-du  bois  tendre  ou  dur. 

3 


i8 

Noms  botaniques 
el  américains. 

Pi  nus   strobus. 
PJ^hùe  pine,  . 


Abies  nigra.   . 
Black   spruce. 

(  Double  spruce.  ) 


Abies  alba.  .  . 
TVhibe  spniice. 

(  Single  spruce.  ) 


Abies    canadensis. 
Heinlock  spruce.  . 


Abies  balsamifera. 
Sjh'er  Jir.  .  .  .  . 


TABLEAU    INDICATIF. 

Noms   vulgaires   employés  dans  les  diverses  parties 
des  Etats-Unis. 

Pin  blanc^  par  les  François  du  Canada. 
Pin  du  Lord  T^ejmouth,  en  France 
^et  en  Angleterre. 

Black  or  Double  spruce  (  Sapin  noir 
ou  Sapin  double),  dénomination  emplo- 
yée dans  les  Etats  du  nord,  le  District 
de  Maine  et  la  Nouvelle-Ecosse. 

Red  spruce  (Sapin  rouge),  dans  les 
<f mêmes  contrées,  eu  égard  à  de  plus 
grandes  dimensions ,  relativement  à  cer- 
taines localités. 

Epine tte  noire ,  et  Epinetùe  à  la 
bière  ,  par  les  François  -  Canadiens. 

Sapinette  noire,  en  France. 

TVhite  or  Single  spruce  (  Sapin  blanc 
ou  sapin  simple)  ,  dénomination  égale- 
ment en  usage  dans  les  Etats  du  nord,  le 
District  de  Maine  et  la  Nouvelle  Ecosse. 

Epinetùe  blanche  ,  par  les  François- 
Canadiens. 

Sapinette  blanche  ,  en  France. 

Hemlock  spruce  (  Sapin  hemlock  )  ; 
seule  dénomination  en  usage  dans  tou- 
tes les  parties  des  Etats-Unis  où  se  trou- 
ve cet  arbre. 

Pérusse,  par  les  François-Canadiens. 

tSf /w>y//'  (  Sapin  argenté)  , 
Fir  balsani,  Sapin  baumier), 
Balsam  of  Gilead  tree  (Baumier  de 
Giléad); 


TABLEAU     INDICATIF. 


'9 


Noms  bolaniquei  Moms  vulgaires   empJoyé»  dan»   le»  diverses  partie» 

et    américains.  des  Etat»  Unis. 

Abies  balsamifera.  (     Dénominations  ('gaiement  en  usage 
Sylver  Tir,    .    .  .  .  \*^^"^   ^^  partie  la  plus   septentrionale 
'des  Etats-Unis. 


Juglans   nigra. 
Black  Vifalnut. 


J.  catliartica. 

Butter  mit.  . 


■^ 


Black  walniit  (  Noyer  noir  ),  seule  dri- 
Inomination  dans  les  Etats  du  milieu  et 
de  l'ouest. 

Noyer  noir  ,  par  les  François  des  Il- 
linois et  de  la  Louisiane. 

''  Butter  nut  (Noix  de  beurre  ),  seul  nom 
donné  à  cet  arbre  dans  les  Etals  de  Ne\N- 
York  et  de  la  Virginie. 

TVliite  %\?alnut  (Noyer  blanc),  déno- 
mination très  usité  dans  les  Etats  de  Pen- 


J.  olivseformis.   . 
Pacane  nut  h^. 


J.  aniara 

Bitter  nuthickery 


sylvanie ,  et  de  Maryland. 

0/7/7i^/{^(Noyer  àrbuile),nom  le  plus 
en  usage  dans  les  Etats  du  New-Hamp- 
l^shire,  de  Connecticut  et  de  Vermont. 

Pacane  nut  (  Noyer  pacane  ou  Paca- 
nier),  nom  conféré  à  cet  arbre  dans  la 
Vliaute  Louisiane,  par  les  François-llli- 
'  jnois  et  de  la  Louisiane,  et  adopté  par 
les  Américains^ 

Bitter  nut  hickery  (Noyer  amer  ) ,  seul 
nom  en  usage  dans  les  Etats  de  New- 
York^  du  New-Jersey. 

TVhîte  ///cAe/j ( Hickery  blanc),  dé- 
nomination la  plus  générale  dans  toute 
la  Pensylvanie. 

Noyer  amer  ^  par  les  François-Cana- 
diens et  des  Illinois. 


20 


TABLEAU    INDICATIF, 


Noms  botaniques  Noms  vulgaires   employés  dans   les   diverses  parties 

et  américains.  des  Etats-Unis. 

J.  aquatica i     T'Vater  hiiber  nut ,  nom  donné  par 

TFaber  bit  ter  w/^jmoi  à  cette  espèce  qui  n'en  a  aucun 
hickery (dans  les  Etats  méridionaux  où  elle  croît. 

r     Mocker  nut  hickery  (  Noix  moqueu- 
se ),  connu  plus  généralement  sous  ce 
nom  dans  les  Etats  de  New-York  et  de 
New- Jersey. 
'  )      W^liite  heart  hickery  ,  secondaire- 


J.  tomentosa, 
M.ocker  nut  hick^ . 


X  squamosa .  .   .  . 
Shell  hark  hickery. 


J.  laciniosa.   . 
Thick   shell    bark 


ment  usité  dans  ces  deux  Etats. 

Coimnon  hickery ,  en  Pensylvanie  , 
dans  le  Maryland  et  plus  au  sud. 

Noyer  dur,^dx  les  François-Illinois. 

Shell  bark  hickery  (  Noyer  écail- 
leux  ),  nom  le  plus  en  usage  dans  tous 
les  Etats-Unis. 

Shag  bark  hickery ,  dénomination  se- 
condaire au  nord  de  la  rivière  de  Con- 
necticut. 

Kiskythomas ,  par  les  Hollandois  du 
New-Jersey. 

Noyer  tendre ,  par  les  François  des 
Illinois. 

Thick  shell  bark  hickery  (Noyer  é- 

cailleux  à  coque  épaisse),  nom  donné 

là  cette  espèce  dans  les  Etats  de  l'ouest 

où  elle  est  le  plus  souvent  confondue 


hickery. 


avec  le  yrai  Shell  bark  hickery  (Noyer 
(écailleux). 

Glocester  nut  hickery  (H^ojer  de  Glo- 
cester  en  Virginie),  connue  sous  ce 


TABLEAU    INDICATIF.  21 

Nom»  botaniques  Noms  vulgaires    employés  dans   le»  diverse»  parties 

cl  américains.  des  Etals-Uni», 

iseul  nom  (laas  cette  partie  de  la  Vir- 
ginie. 
Sprlngfieldhickery  (Tlickery  de  Spri  ng 
field),  autre  dénomination  donnée  à 
cet  arbre  dans  cet  endroit, peu  éloigné 
de  Philadelphie. 

SPig  nut  hickery  (  Noix  à  cochon  ),  dé- 
nomination la  plus  générale  dans  tous 
les  Etats-Unis. 
X  i^  .vi^u  .vL^.^y^.j.   .  X     Hog  nut  hickery  (Noix  à   cochon), 

/plus  usitée  dans  quelques  cantons  de 
\\di  Pensylvanie. 

(  Nutjneg  hickery  nut  (Hickery  mus- 
J.myristicaformis.  jcade),  nom  donné  par  moi  à  cette  es- 
Nutmeg  hick.  nut,  jpèce ,  qui  n'en  a  aucun  dans  les  Etats 

(.du  midi. 

ifVhîte  oak  (  Chêne  blanc  ) ,  dénomi- 
nation générale  et  unique  dans  tous  les 
États  Unis. 
Chêne  blanc ,  par  les  François-Cana- 
diens. 

IMossy  cup  oak,  nom  donné  par  moi 
à  cette  espèce,  qui  se  trouve  dans  le 
Gennessée  ,  (  Etat  de  New  -  York  )  et 
près  Albany. 

^  (     Over  cup  white  oak  CChêne  frisé  à  cros 

Q.  macrocarpa.  .  .1         •,.    -,r        .       -'iii 
r\  7-7  </eland  ),  denominat^ion  eenerale  dans  les 

Over  cup  whi  te  oak  Y         i     rr  i  i     rr. 

/Etats  du  Kentucky  et  du  lennessee. 


22 


Noms  botaniques 
et  américains. 


Q.  obtnsiloba. 

Posb  oak.  .  .  . 


Q.  lyrata.  .... 
Oi^er  Clip  oak.  . 


Q.    p.'"    discolor. 

Muhl 

Swamp  white  oak. 


Q.  p."'palustris. 
Chesnub  whùe  oak 


TABLEAU     INDICATIF. 

Noms  vulgaires  employés  dans   les  diverses  parties 
des  Etats-Unis. 

Post  oak  (  Chêne  à  pieux  ),  dénomi- 
nation générale  dans  les  deux  Carolines, 
la  Géorgie  et  l'Etat  du  Tennessee. 

Iron  oak  (Chêne  de  fer  ),  nom  secon- 
daire dans  ces  mêmes  contrées. 

Box  oak  (  Chêne  buis  ) , 

Box  white  oak  (  Chêne  buis  blanc  )  , 
dans  l'Etat  de  Maryland  et  la  partie  de 
la  Virginie  qui  l'avoisine. 

Over  cup  oak  (C.  à  gland  renfermé  ), 
Swamp  post  oak  (  Chêne  à  pieux ,  des 

Swamps ,  ) 

dénominations   également  usitées  dans 

la  partie  basse  des  Etats  méridionaux. 
VV^ater  white  oak  (Chêne  blanc  d'eau), 

.nom  secondaire  dans  les  mêmes  pays. 

Swamp  -white  oak  (Chêne  blanc  des 
Swamps  ),  dénomination  la  plus  usitée 
dans  les  Etats  du  nord  et  du  milieu. 

TVater  chesnut  oak,  (  Chêne  châtai- 
gnier d'eau)  ,  dans  la  Pensylvanie. 

Chesnut  white  oak  (  Chêne  blanc  châ- 
taignier ) ,  dénomination  la  plus  en  usa- 
ge dans  la  partie  basse  des  Carolines  et 
jde  la  Géorgie. 

yf^hiteoak  (Chêne blanc),  particuliè- 
/rement  sur  la  rivière  Savannah. 

Swamp  chesnut  oak  (  Chêne  châtai- 
gnier ^Qs  Swamps),  nom  secondaire 
-dans  les  mêmes  contrées. 


TABLEAU     INDICATIF. 


23 


Noms  botaniques 
et  américains. 


Q.  p."'  monticula.  • 
Rock  chesnut  oak. 


Q.  p."'  acuminata. 

Yellow  oak.  .  .   . 


Q.   p."'  chincapin, 

Chincapïn  oak.  . 


Q.  virens 
Live  oak. 


Q.  pliellos.  . 
yj^iilow  oak. 


Q.  imbricaria. 
Laurel  oak.  . 


Noms  vulgaires  employé»  dan»  le»  diverses    parties 
de»  Etats-Unis. 

Hock  chesnut oak{  Chêne  châtaignier 
des  rochers),  seul  nom  donné  a  cette 
espèce  dans  les  Etals  de  INew-York  et 
de  Yermont. 

Rock  elrockj  oak  (Chêne  des  rochers), 
idans  cette  même  partie  des  Etats-Unis. 

Chesnut  oak  (Chêne  châtaignier),  seul 
nom  usité  en  Pensylvanie  et  en  Virginie. 

Yellow  oak  (Chêne  jaune),  nom  don- 
iné  à  cet  arbre  dans  le  comté  de  Lan-^i 
'caster  en  Pensylvanie. 

Aucune  dénomination  particulière, 
dans  les  autres  parties  des  Etats-Unis. 

Chincapin  oak  (  Chêne  chincapin  )  , 

idans  la  partie  haute  des  Carolines  et  de 
la  Géorgie. 

Small  chesnut  oak  (petit  Chêne  châ- 
[taignier) ,  dans  l'Etat  de  New-Yorck  et 
dans  la  Pensylvanie. 

(     Live  oak  (Chêne  vert),  seule  dénomi- 
I  nation  dans  tous  les  Etats  méridionaux 

Willow  o«^  (Chêne  saule)  ,  seule  dé- 
Jnomination  en  usage  dans  la  Pensylva- 
jnie,  et  dans  les  Etats  situés  plus  au  sud. 

Laurel  oak  (  Chêne  laurier  ),  dénomi- 
nation secondaire  dans  les  Etats  à  l'o  uest 
des  monts  Alléghanys. 

Rlack  jack  oak  ,  plus  usitée  ,  mais 
moins  convenable,  étant  donnée  à  une 
autre  espèce  à  qui  elle  est  conservée. 

Chêne  à  latte,  par  les  François  lUin 


^4 


Noms  botaniques 
et  améi-icaius. 


TABLEAU    INDICATIF. 

Noms  vulgaires    employés  dans  les   diverses  parties 
des  Etats-Unis. 


Q.  cinerea f     Sarrenswi'llow  oak  (Chêne  saule  des 

Upla/idwillow oa^U^ndes) ,  partie  basse  des  Etats  du  Sud. 

Q.  pumila C     Munjiing oak  (Chêne  traçant),  i^artie 


'^ f 

oak.  .  . .  I 


Kunningoak.  .  . .  )  basse  des  Etats  du  midi. 

Q.  heterophylla 
Bai^tram  s  oak 

Q.  aquatica.   . 

JVateroak,  .  . 


Q.  feiTuginea.  . 
Black  jack  oak. 


Q  banisteri. 
Bear   oak. 


a-  .(     Bar  tram  s  oak  (Cbêne  à  W.  Bar  tram), 
•  •  «Isurla  rivière  Sdiuylkill,  près  Philadelpb. 

(  VF'ater  oak  (  Chêne  d'eau  ) ,  dénomi- 
'  /nation  générale  en  Virginie  et  dans  les 
*  /Etats  plus  au  sud. 

Black  Jack  oak  ,  seul  nom  en  usage 
[dans  les  Etats  méridionaux. 

Barrejis oak(CAiêne  des  lieux  arides), 
là  Philadelphie,  dans  le  Bas -Jersey  et 
l'Etat  de  Delaware. 


Bear  oak  (Chêne  d'ours),  connu  sous 
ce  nom  dans  les  Etats  de  New-Jersey  et 
ide  New- York. 

Black  scrub  oak  (  Chêne  noir  chétif  ) , 
/dans  les  Etats  au  nord  de  la  rivière  de 
\Connecticut. 

Scrub  oak  (  Chêne  chétif) ,  dans  quel- 
fques  parties  de  la  Pensylvanie  et  de  la 


Virginie. 


îî.  .  .  \ 


Barrens  scrub  oak  (Chêne  chétiî ou  ra- 
Q.  catesbcei.  .  .  'J^ougri  des  landes),  dans  les  partie  basses 
Barrens  scrub  oak.  |^^^  ^^^^  Carolines  et  de  la  Géorgie. 

f\    f  \     i  c     iS/7«/zz*jAoûÂ:  (Chêne  d'Espagne),  seul 

o*       .7        7  /nom  en  usaee  dans  les  Etats  de  Pensyl- 

àpamsh  oak.  •  •   \       .  ^  ...  ^ 


(vanie ,  Maryland  et  Virginie. 


TABLEAU    INDICATIF. 


1J 


Noms  hotaniqiies 
et  américains. 

Qucrcus  falcala. 

S/ ni  t  lis  h  oak  .  . 


Q.  linctoria. 
Black  oak  . 


Q.  coccinca  . 
Scarlet  oak  . 


Q.  ambigua. 

Grej  oak.  , 


Qucrcus  palustrls. 
Pine  oak 


Q.  rubra 
Ked  oak. 


Betula  papyracea. 
Canoë  birch  .  . 


I. 


Noms  vulgaires  cmf>Ioy<5»  dins  les  «liycrbt»  parties 
des  Ltals-Ucis. 

'  jRed oak  (Chêne  lou^e) ,  dans  la  partie 
basse  des  Etats  méridionaux. 

'  Black  oak  (Cliêne  noir),  seule  de'no- 
imlnaiion  dans  tous  les  Etats  du  milieu  , 
'de  l'ouest  et  du  midi. 

IQuercitroîi  oak^  nom  du  commerce; 
CJtcne  noir  ,  par  les  Erancois-lllinois. 

/  Scarletr  oak  (  Chêne  écarlale  )  ,  nom 
idonnc  par  moi  à  cette  espèce,  qui^  dans 
I  tous  les  Etals  du  milieu,  porte  le  nom  du 
iChêne  rouge,  red  oak^  étant  confondue 
[avec  une  autre  espèce,  à  laquelle  nous 
réservons  cette  dénomination. 

Grey  oak  (Chêne  gris),  seul  nonidon- 

Iné  à  cette  espèce  dans  les  Etats  de  ISe^v• 

Hampshire ,  et  de  Vermont  ,  ainsi   que 

Idans  le  District  du  Maine,  la  Nouvellc- 

\  Brunswick  et  la  Nouvelle-Ecosse. 

PiTie  aok  (  Chêne  à  e'pingle  )  ,  nom 
1  donne'  à  cette  espèce  dans  les  Etals  de 
[New-York  et  du  New- Jersey. 

Swamp  Spanish  oak  (  Chêne  d'Espa- 
l^ne,  des  marais),  dans  les  Etats  de  Pcn- 
fsylvanie  et  de  Maryland. 

Red  oak  (Chêne  rouge) ,  connu  sous 

i  cette  seule  de'nomination  dans  tous  les 
Etats  du  nord  et  du  milieu. 

(  Canoë  hirch  (Bouleau  à  canot), 
'l  Paper  hirch  (Bouleau  à  papier), 
"  l     Dénominations  également  usitées  dans 

4 


26 


TABLEAU     INDICATIF. 


Noms  botaniques 
et  américains. 


Betula  papyracea. 
Canoë    hircli.    . 


Betula  populifolia  . 
JVhite   hirch.     . 


Betula  rubra 
JRed  hirck 


Betula  lenia  . 
Black  hirch. 


Noms  vulgaires    employés   dans   les   diverses  parties 
de.s  litals-Unis. 

les  Etats  de  New-Hampsliire ,  Vermont, 
lie  District  de  Maine  ,  Ja  Nouvelie-Ecos- 
jse ,  et  plus  au  nord. 

JVhite  èzrcA  (Bouleau  blanc),  e'gale- 
j ment  employée  dans  les  mêmes  contrées. 
Bouleau  à  canot ,  par  les  Français- 
Canadiens. 

JVhite  hirch  (Bouleau  blanc)  ,de'no- 
Iminalion  générale  dans  les  Etals  du  nord 
'et  du  milieu. 

Olclfield  hirch  (Bouleau  des  terreins 
secs  ou  des  cbamps  abandonnes). 

Red  hirch  (Bouleau  rouge  ) ,  dans  l'Etat 
du  New- Jersey  et  dans  quelques  can- 
tons de  la  Pcnsylvanie. 

Broom  hirch  (  Bouleau  à  balais ,)  nom 
[secondaire  dans  la  Pcnsylvanie. 

Birch  (Bouleau  j,  dans  les  Etats  plus 
au  sud. 

Black  hirch  (Bouleau noir),  de'nomi- 
nation  la  plus  en  usage  dans  les  Etats  du 
Inord  et  du  milieu. 

Cherry  hirch  (Bouleau  merisier), 
[nom  secondaire  dans  quelques  cantons 
[des  états  du  nord. 

Sweet  hirch  (  Bouleau  odorant  ) ,  dans 
Iles  Etats  du  milieu. 

Moutain mahoganj  {Acajou  de  mon- 
Itagne),  dans  une  partie  de   la  Virginie. 

Cherrj  hirch  (Bouleau  mei^isier ) ,  par 
les  Français  du  Canada. 


T  A  11  L  i;  A  U      I  >  1)  l  (J  A  l'  I  F. 


27 


INuiiis  Lolaiiiijue.s 
et  américains. 


Betula  lutca  .   . 
Yellow  birch. 


Castanca  vesca 
Chesnut.  .  .  . 


Casianea  pumila 
Chincapin  .  .  . 


Fa;; us  sjlvesiris 
IVliite  heccli  . 


Koms   vtilgaiie»   employé»  dans    le»  diverse»  partie» 
des   Elals-Uois. 

Yellow  birch  (Bouleau  jaune),  nom 
donne  à  celte  espèce  dans  les   Etais  de 
Vcrmont    et  de    Ncw-Hampshire ,   ainsi 
|que  dans  le  District  du  Maine  et  la  pro- 
vince de  la  Nouvelle-Brunswick. 

Chesnut  (  Châtaignier  )  ,  seul  nom 
dans  toutes  les  parties  des  Etals-Unis  où 
croît  cet  arbre. 

Chincapin^  seule  dénomination  dans 
les  Etats  du  milieu  ,  du  sud  et  de  l'ouest. 

Beech  (Hêtre),  dans  les  Etats  du mi- 
|lieu  et  de  l'ouest. 

TVhite  beech  (  Hêtre  Liane),  dans  le» 
lEtats  les  plus  septentrionaux  et  le  District 
de  Maine. 


F.  fcrruginea.   •   .   •(      ^erf  ^eecA  (Hêtre  rouge  )  ^    dans  les 
Red  beech (Etats  du  nord  et  le  District  de  Maine. 

Cliamœrops palme-/-     Cabale  tree (Ç\\.o\x.  palmiste),  dans  la 

^o 'v  partie  maritime  des  États  méridionaux. 

Cabage  l,ree ....(. 

,     American    Holly  (  Houx    d'Améri- 

Tl  1  •  ' 

uex  opaca y  que),  dans  toutes  les  parties  des  Etats- 

Amerlccui    /^o/Zj  .|unis  où  il  croît. 

iPersimons ,  seule  de'nominalion  dans 
tous  les  États-Unis  où  cet  arbre  se  trouve. 
Plaqueminier,  par  les  Français  de  la 
Haute  et  Basse-Louisiane. 


Acer  eriocarpum . 
JKhite  maple  .  . 


Tyhite  maple  (Erable  blanc),  seule 
I  de'nominalion  sur  les  bords  de  l'Ohio  et 
des  rivières  qui  viennent  s'y  rendre. 

Soft  maple  (E.  tendre),  dans  les  Etats 


!i8 


TABLEAU      INDICATIF. 


Noms  botaniques 
et  américains. 


Acer  eriocarpum. 
White  ma  pie,    . 


Noms   vulgaires  emploies  dans  les  diverses   parties 
des  Elats-Unis. 

>  Atlantiques,  où  cette  espèce  est  souvent 
[confondue  avec  le  vrai  Érable  rouge. 

S/r  wager  maple,  en  Angleterre,  oii 
cet  arbre  a  e'te'  introduit. 

Red  flowering  maple  (  Erable  à  fleurs 
rouges  ) , 

Swamp  maple  (Erable  des  swamps), 
Soft  maple  (Erable  tendre), 
Dénomination  en  usage  dans  tous    les 
Etats  Atlantiques. 

Celle  de  redjlowering  772«yf?/e(  Erable 
à  fleurs  rouges  j,  l'est  davantage  en  Yir- 

ble  len- 
York 


Acer  rubrum.  .  . 

Red  flowering  ... 

,  \ginie ,  et  celle  de  soft  maple  (  Erabb 

Idre  ) ,  dans  le  bas  de  l'Etat  de  New- 


A.  saccharlnum  . 
Sugar  maple.  .  . 


jet  du  New-Jersey. 

Maple  tree  (a.ihre  d'Erable),  dans  la 
[Pensjlvanie  ,  la  Virginie  et  l'Etat  de 
[rOhio,  à  l'ouest  des  monts  Alle'ghanys. 

Erable  plaine  y  par  les  Français  du 
Canada, 

Sugar  maple  (Erable  à  sucre),  de'no- 

mination  ge'nërale,  mais  qui  ne  prévaut 

[cependant  que  dans  les  Etats  du  milieu 

a  l'est  des  monis  Allcghanys  ;    sous  ce 

iméme  nom,   on   comprend  souvent  cn- 

/core  dans  le  Gënessée,  l'espèce  suivante. 

Rock  maple  (  Erable  des  lochers),  nom 
iqui  prévaut  dans  tous  les  Etats  situés  au 
'nord  de  la  rivière  Hudson ,  ainsi  que 
dans  le  District  de  Maine ,  la  Nouvelle- 
Brunswick  et  la  Nouvelle-Ecosse. 


ï  A  H  L  i;  A  U      I  >  D  I  C  A  T  I  F.  2(J 

Noms  liotyniqiK»  iSoms  vulg.iiies    eriiplovcs   dans  le»  fliTer«es   parties 

et  iiriiciicaliis.  îles  KtaU-Uiiii. 

illard  maple  (Erable  dur)  ,  sccondai- 
xxv.<..  ^^^ rement  en  usage  dans  ces  mêmes  Etais. 

Si/gar  maple  •  •  •)     Erable  sucre  y    par    les  Français  du 
'  Canada. 

Sii^ar  trce  (  Arbre  à  sucre),  de'nomi- 
nation  générale  sur  les  bords  de  l'Ohio 
et   des  rivières  qui  viennent  s'y  rendre  , 

A.  nigrum joù  souvent  encore,  l'on  de'slgne  sous  le 

Black  siigar  tree.  \n\énie  nom,  l'espèce  pre'cédcnte. 

Black  sugar  tree  (  Arbre  noir  à  sucre), 
nom  secondaire  mais  qui  doit  cire  prè- 
fe're'. 

Box  elder  ^  seule  de'nominaiion  dans 
les  Etats  de  l'Ouest,  où  cet  arbre  est  le 
Iplus  abondant  et  le  plus  connu. 
A.  nes^undo  .  .   .  .]     Ash  leaved  maple  (Erable  à  feuilles 
Box  elder ]de  frêne),  nom  qui  lui  est  donne   quel- 
quefois dans  les  Etals  Atlantiques. 

Erable  à  giguiè?^e ,  par  les  Français 
des  Illinois. 

Moose  woo<:Z(Bois  d'Elan),  de'nomina- 
iion générale  et  unique    dans    tous  les 

.         .  lEtals  du  nord,  ainsi   qu'à  la   Nouvelle- 

A.  striatum )  \ 

Brunswick  et  a  la  Nouvelle-Ecosse. 

Striped  maple  (  Erable   jaspé  ),   par 

'quelques  personnes  dans  les   Etals    du 

milieu. 

Large tiipelo  (Grand  Tupelo),  nom  le 

,y  T  1     .  .   j  plus  général  dans  les  Etats  du  sud. 

?<yssa  grandidenlataJ  t        ^ 

r  .        1  \      ^^i2^^r  ^z/pc/of  Tupelo  deau),  nom 

Large  tupelo  .  .  .  j  , 

secondaire  dans  les  mêmes  Etats. 


Moose  wood 


3o 


TABLEAU      INDICATIF. 


Noms  Lotaniq\ies 
et  anséricains. 

Nyssa  capitata. 
Sour   tupelo    . 


Noms    vulgaires    eniplnvés    dans  les  diverses    parties 


des  Elals-TJnis. 


N.  sylvatica. 
Black  gum 


N.  aqualica 
Tupelo  .  . 


Gymnocladus  dioi- 

ca 

Coj^ee  tree 


Sour  tupelo  (Tupelo  à  fruits  aigres)  , 
dans  l'Etat  de  Géorgie, 

Blak  gum  (Gommier  noir,  de'nomi- 
nalion  la  plus  en  usage  dans  tous  les 
'Etats  ,  au  sud  de  la  rivière  Delaware. 

Sour  g^ï//?!  (  G.  sûr),  nom  secondaire. 

Yellow  gum  (Gommier  jaune),  eut 
égard  à  la  couleur  du  bois. 

Tupelo,  nom  donné  a  cet  arbre  dans 
les  Etats  de  NeAV-York  et  du  N.-Jersey. 

Sour  gum  (Gommier  sur),  dénomi- 
nation secondaire  dans  ces  mêmes  par- 
tties  des  Etats-Unis. 

(Peperidge ,  fréquemment  usitée  par 
les  Hollandais  du  INew-Jersey. 

Coffee  tree  (  Arbre  à  café  ),  seul  nom 
donné  a  cet  arbre  dans  les  Etals  de 
l'ouest. 

Chicot  ^  par  les  Français  du  Canada. 


Georgia  bark  tree  (Quinquina  de  la 
Pinckneya  pubens.j Géorgie),  nom  donné  par  moi  à  cet  ar- 
bre ,  qui  n'en  a  aucun  dans  le  pays. 


Georgia  bark  . 


Cupressus   dislicba. 
Cyprès  s 


Cjpress ,  dénomination  générale  dans 
tous  les  Etats-Unis. 

Bald  cjpress  (  Cyprès  cbauve ) ,  nom 
'moins  usité. 

Black  and  Tf^hitè  cjpress  (  Cyprès 
jnoir  et  Cyprès  blanc  ) ,  eu  égard  à  la  qua- 
lité et  a  la  couleur  du  bois. 


T  A  B  L  r:  A  L'        I  -V  T)  I  (J  A  T  I  l\ 


:u 


Noiiis    liolaniciue» 
et  .ii.'iciicaiti». 


Cuprcssus  lliyol- 

dos 

IVkUe  ceddr.  .  .  . 


Thuya  occidentalls. 
Athor    çïtœ.  .  . 


Larix    americana. 
Ainerican  larch. 


Juniperus   vlrginia- 

na.  • 

Red  ccdar 

Olea  americana.  . 
Devil   wood.  .  .  . 


INoNis    viil^. lires  <:iti]>loy<?<<  <):iiis  Il'S  (livf;rfie<i  iiirliffs 
deij  ElalH-Unis. 

f^/iile  cedar  (Gôdre  blanc),  seule 
idcnominalion  dans  Jcs  Etals  de  Ncw- 
lYork,  du  New-Jersey,  de  la  Delaware  et 
de  la  Pensylvanle. 

Juniper  (Genévrier),  dans  les  Etals 
[de  Maryland,  de  Virginie  el  de  l;i  Caro- 
line du  nord. 

Arhor  iviUe,  denoniinalion secondaire 
dans  le  district  de  Maine,  mais  qui  doit 
elre  pre'f'e're'e. 

yV}iltc  cedar  ^  nom  plus  en  usaqe  dans 
le  district  de  Maine,  FEtat  de  Vcrmont, 
[et  la  partie  la  plus  reculée  du  i\ew- 
iHampshire. 

Cèdre  blanc  ^  par  les  Français  du  Ca- 
nada. 

American  larc/i  (Mélèze  d'Ame'rique), 
dénomination  générale  dans  toutes  les 
[parties  des  Etals-Unis  où  se  trouve  cet 
[arbre. 

Hacmatach ,  plus  usitée  dans  les  Etals 
|du  nord  et  le  district  de  Maine. 

Tamarack,i^aiY\Qs  Hollandais  duNew- 
Jersey. 

r  Red  Cedar  (Cèdre  rouge)  seul  nom 
/donne  à  cet  arbre  dans  toutes  les  parties 
l^des  Etats-Unis  où  il  croît. 

DeviL  wood  (Bois  du  diable),  nom 
donne'  à  cet  arbre  sur  la  rivière  Savanah, 
dans  i'Eîat  de  Géorgie. 


32 


TABLEAU       INDICATIF. 


Noms  botaniques 
et  américains. 


Carpinus   ostrya 
Iron  wood.  .  . 


Noms  vulgaires  smployés  dans    les  diverses  partie» 
des   Etats  Unis. 

Jro7i  ipoocl  (  Bois  de  fer  )  ,  seule  déno- 
mination dans  tous  les  Etats,  situes  au 
[sud  de  la  rivière  Hudson. 

Lever  wood  (Bois  à  levier),  dans  le 
district  de  Maine  et  l'Etat  de  Vermont. 


Carpinus americana  i     American horn beam  (  Charme  d'Anié- 
American    liorn-  /  rique  ) ,  seul  nom  donne  à  cet  arbre  dans 
^^^'^ (toute  l'étendue  des  Etats-Unis. 


Hopea  tinctoria. 
Sweet  leaves  . 


Malus    coronaria. 
Crab  apple.  .  .  . 


Su'eet  leas'es  (Feuilles  douces), seule 
fnominalioi 
méridionaux. 


dénomination  en   usage  dans    les  Etats 


Crab  apple  (Pommier sauvage),  nom 
donné  à  cet  arbre  dans  tous  les  Etats  du 
'milieu. 


June  berry^  nom  donné  à  cet  arbre 
Mespilus  arborca.  .jdans  tous  les  Etats  du  milieu. 

June  berrj ]      /^7/<:Zyt?d?rtr  (poirier  sauvage),  dans  le 

district  de  Maine. 

The  Large  magnolia  (  le  Grand  Ma- 
gnolia), dénomination  la  plus  en  usage 
Magnolia  grandiflo-lparmi  les  liabitans  des  villes   des  Etais 

ra I  méridionaux. 

The  large  magno-i     Bi^laurel (Grand  Laurier),  plus usi> 

lia L  '    j       1 

Itee  dans  les  campagnes. 

Laurier  tulipier^  par  les  Français  de 

la  basse  Louisiane. 


TABLEAU      INDICATIF.  33 

Noms  botaniques  Nom»  vulg.iireg  eriiployc'»  <lanf.  ]is  diverse»  partie* 

c-t  américains.  dt»  Etali»  Unis. 

Small  mai^nolla  (Pelit  magnolia  ou 
seulement  magnolia),  nom  donné    par 
beaucoup   de   personnes,  à  cet  arbre  à 
iNcw-York  et  à  Philadelphie,  ainsi  que 
dans  la  partie  du  New-Jersey  qui  avoi- 
|siiic  ces  deux  villes. 
IMagnolia  glauca  .  .  I      Swamp     sassafras    (   Sassafras    des 
The  small  magjîo-  svvamps  ou  marais),  nom  secondaire    à 

^'^ [une  certaine  distance  de  ces  deux  villes. 

Sweet  baj ,  T^hite  hay  et  swami/s 
\Iaiirel ,  noms  plus  en  usaj^e  dans  la  par- 
|ile  mariiime  des  Etals  méridionaux. 

Beaver  woocl  (Bois  de  Castor),  nom 
tombé  en  désuétude ,  autrefois  en  usa-ic 
dans  le  New-Jersey. 

M  acuminata.  .  .  .1      <^«<?'^^^^''^/'ee  (Arbre  à  Concombre), 

cumher  tree        V'^  ^'ouest,  ainsi   que  sur  la  chaîne  des 
[monts  Alléghanys. 

iThe  heart  leaued  mas^nolla  (  Maçrno- 
lia  à  feuilles  en  cœur),  nom  donné  par 
moi  à  cette  espèce  qui  croît  dans  la 
Haute-Géorgie  et  qui  y  est  confondue 
avec  la  précédente. 

,  c      The  uln'^reUa  tree  (Arbre  parasol), 

M    triDetala       .  .  .\  ^  i  ^ 

'        ^    j      11     '       /seule  dénomination  donnée  à  cet  arbre 
The  iimbreUa tree.} ,       ,     ^         ,        ...  ,         , 

/daus  les  Etats  du  milieu  et  du  sud. 

M.  auriculata.  .  .  .(      ^^'^  ear  leaved  magnolia  (Magnolia 

The     ear     W^F' ^^^^^^^^  ^"'■^^"^^'^^)  ' 

7-  \      Inàian  »/imc,  dénomination  plus  usi- 

magnolia I     -'""^"     ^      ,  , 

I  téc  par  les  habitans  des  montagnes  de  la 

..  5 


34 


TABLEAU       INDICATIF. 


Noms  botaniques  Noms    vulgaires  employés  flans  les  diverses  parties 

et  anoéricains.  des  Etais-Uuis. 


Caroline  du  nord  et  de  la  Virginie ,  mais 
moins  convenable. 

Long  leaved  cucumber  tree  (  Arbre  a 
The     car  ^^^««"^^A concombre   à  longues  feuilles),  secon- 
'dairementen  usage  dans  les  mêmes  con- 
trées. 


M.  auriculata. 


viagnolia. 


M.  macrophylla.  .  .(     ^"'^^^  ^^"^^^^  magnolia  (Magnolia  à 
Large  leaued  m^-(S^^"^^^  feuilles),  nom  donné  par  moi  à 

/•  1  celte  espèce  qui  est  confondue  avec  la 

^noLia I  A  A 

l  précédente. 

Fraxinus  americanaf     ^^"'^^  «^^^  (Frêne  blanc),  seule  dé- 
Whlte  ash  (nomination  dans    toutes  les  parties  des 

[Etats-Unis,  où  croît  cet  arbre. 

!     Red  ash  (Frêne  rouée),  dénomina- 
1      1         ''11  1       1-. 

tion  la  plus  générale  dans  tous  les  Etats 
du  milieu,  ou  cette  espèce  est  Ja  plus 
abondante. 

.  (     Green  ash  (Frêne  vert),  nom  donné 

F.     viridis 1  .  ,  ,  .     , 

{ par  moi  a  cette  espèce ,  qui  n  en  a  au- 
Green   ash J         ,       ,  ,     „ 

I  cun  dans  le  pays  ou  elle  croit. 

T-,  1  1  .       C     Bliie  ash  (Frêne  bleu),  seule  déno- 

F.  quadrangulata.  .)    .       .  ^  ^  / 

„7  7  <mination  dans  les  Etats  de  Rentuckv  et 

BLue  ash.  .  .  .  .  .]  ^  ^  •> 

{de  Tennessee. 

Black  ash  (Frêne  noir),  dénomina- 
Fraxinus    sambuci-jtion  la  plus  générale  dans  les  Etats  du 

folia ^nord  et  du  milieu. 

Black  ash J      fVater  ash  ^   nom   secondaire   dans 

(cette  même  partie  des  Etals-Unis. 


TABLEAU        INDICATIF.  35 

Noms  Lolaiiiqucft  Noms    vuigujrc-s  einjiloyës   dans  Ifs  diverse»  parlie* 

et  américaius.  des  Etals-Unis. 

iCarolinlan  ash  (  Frêne  de  la  Caroli- 
ne), nom  donné  par  moi  à  celle  espèce, 
qui  n'en  a  aucun  dans  le  midi  des  Etais- 
Unis. 

Gordonia      lasyan-l     Lohlollj    hay  ^   seule    dc'nominalion 

ihus (dans  la  partie  basse  des  Etats  méridio- 

LobloUj  baj.  .  .  .(naux. 

G    nubescens.         .(     Franllinia ,  nom  donne  à  cei  arbre 
Franklinia    .  .       ,\par  W.  Bartram,en  l'bonneur  du  doc- 
lieur  Francklin. 

IDog  wood  (Bois  de  cbien%  seul  nom 
donné  à  cet  arbre  dans  tous   les    Etats- 
Unis. 
Bois  de  Jlèche  bâtard^  par  les  Fran- 
çais de  la  baute  Louisiane. 

Rhododendron  ma-.    Swamp  laurel  (Laurier  des  swamps 

ximum 'q^  marais),  sur   les   monls    AUégbanys 

Swamp  laurel.  .  .  (^{i  cet  arbre  est  le  plus  abondant. 

f  Mountain  laurel  (  Laurier  de  mon- 
tagne), dénomination  la  plus  générale 
[sur  la  chaîne  des  monts  AUégbanys. 
Kalmia  latifolia.  .  .  j  Sheep  laurel  (  Laurier  à  mouton  )  , 
Mountain  laurelb''''^  secondaire  dans  les  mêmes  en- 
Idroits. 

Callicoe  tree,  dans  quelques  parties 
des  Etats   méridionaux,   et  notamment 
^sur  la  rivière  Savanab. 

^  .     .   .        i      Vydd  cherry  { Cerisier  sauvage  ) ,  seul 

Gerasus   virginiana.  i  ,  i  i 

TTrij     1  (nom  donné  a  cet  arbre  dans    toutes  les 

yyila  cherry  .  .    .|  ^  .      ,   .. 

!  parties  des  Etats-Unis  ou  il  croit» 


36  TABLEAU        INDICATIF. 

Noms    botaniques  Konis  vulgaires  eriiplinés   d.iiis    les   diverses  parties 

et  américains.  Jes  Et.ns-Unis. 

Cerasus caroliniana. f     ^^^'^^'  orange  (Orange  sauvage) ,  seul 
JFdd  oran<^e  .  .    \^^^  donne   à  cet  arbre  dans  la  partie 
'maritime  des  Etats  me'ridionaux. 

IRed  cherry  (Cerisier  à  fruit  rouge)  , 
de'nomination  moins  usite'e  que  celle  de 
smalL  cherry  (petit  cerisier),  mais  plus 
convenable. 

A  *  M  1  f     /^^/7«w',  seul  nom  donné  dans  les  Etats 

Annona  triloba  .    .  )  ,         .  . 

p  y'u  miheu  et   de   Fouest,  Çassimùiler) 

Ipar  les  Français  de  la  liaule  Louisiane. 

Gleditsia     5-acan-i      ^one)-- /ocw^f  (Fevier à  miel),  connu 
tnos.  .  .  ^  .  .  .  ..sous  ce  seul  nom  dans  toutes  les  parties 
Honey  locusL,  .  -des  Etats-Unis  où  croit  cet  arbre. 


G,  monosperma 


Sx^'amp  locust(^Fevier  des  swamps  ou 
marais),  dans  la  partie  maritime  des 
Etats  méridionaux. 
Swamps  iocust  .  À  Water  locust  (  Locust  aquatique  )  , 
nom  secondaire  dans  cette  même  partie 
des  Etats  du  midi. 


Lan  rus  sassafras.  .  -f     ^Vz^^^TZ/'c^i-,  seul  nom  donné  à  cet  arbre 
Sassafras  ....  .[dans  tous  les  Etats-Unis. 

.       ,  (     Red  hay  (Laurier  rouge),  seul  nom 

L.  caroliniensis.  .  .)  i         »  .  ^        j        i 

/donne  a  cet  arbre  dans  la  partie  mari- 

■^ I  time  des  Etats  du  midi. 

iButton  wood  (Bois  à  bouton),  con- 
nu généralement  sous  cette  dénomina- 
tion dans  tous  les  Etats-Unis,  mais  prin- 
cipalement en  usage  dans  les  Etats  at- 
lantiques. 


TA  13  Li.  AU        INDICATIF.  3*] 

Nfims  botaniqiips  Koins  viilj^aircs    ('mploy^-*  datii  li-s   <live:HC«   p;irtte» 

et  américains.  des  lùalK-Unis. 

Plane  et  sycomore  y  noms  plus  usilës 
[dans  les  Etais  de  l'ouest. 
Platanus  occidenta- j      PVaterhcfjch(^\lè\.vcià'cdi\i)j  nom  don- 
lis /ne  à  cet  arbre  dan.'j  quelques  parties  de 

Biitlon  wood  .  .  .jrEiat  de  Maryland  et  de  la  Virginie. 

Cotonler,  par  les  Français  de  la  haute 
Louisiane. 

Liquidambar  styra-  C     Sweet  gum ,  (  Gommier  doux  ) ,  deno- 

^^fl"^ \minalion  ge'nërale  et  unique  dans  tous 

Sweetgum 'les  Etats-Unis. 

Poplar,  dénomination  gcne'rale  dans 
tous  les  Etats-Unis. 

Tulip  tree  (Tulipier),  nom  peu  en 
Lyriodendron   luli-!usage. 

pifera.  .,..../      Yellow OYwh^IepopIa^{V(l^^^\\QT]2i\l- 
Popla^   or    Tnlip\\^^  ou  blanc),  eu  égard  à  la  couleur  du 

tree. Jbois  de  cet  arbre. 

PP^hite  ii>aod  (Bois   blanc),  nom  le 
'plus  en  usage  dans  le  Gennessée. 

Bois /mine,  par  les  Français  Illinois. 

Calalpaùree  (Arbre  des  Catawbaws, 
P)^gnoma  catalpa,   .jet  par  corruption  Catalpa),  dénomina- 
Lataipa  tree.  .  .  .hion  générale  dans  tous  les  Etats  méri- 
dionaux. 

Andromeda     arbo-.     Sorel  tree  (Arbre  à  l'oseille),    nom 

ï'^^ 'donné  à   cet  arbre  sur  les  monts  Allé- 

Sorel  tree fghanys,    et  dans  les  Etats  du  milieu. 

Celtis  occidenialis.  t      American   netle  tree   (  Micocoulier 
Amer,  nette  tree.  .(d'Amérique),  dans  tous  les  Etats-Unis. 


38 


TABLEAU        liNDICATlF. 


Noms  botaniques 
et  aiuéi'icaius. 


Cellis    crassifolia. 
Hack  beriy  tree. 


Mo  rus  rubra  . 
Red  mulbcry. 


Pavîa  liitea  . 
Buck  eje.  . 


Esculus  ohioensis. 
Ohio  buck  eje  .  . 


Robinia  pseudo-aca- 
cia   

Locust 


R.  viscosa.  .  .  .  .  . 

Rosefloweriug  lo- 
cust.  


Noms  vulgaires  employés  dans  les  diverses  pavlies 
des   Etats-Unis. 

f  Hack  berry  tree,  seul  nom  donné  à 
cet  arbre  dans  les  Etats  du  Kentucky  et 
de  Tennessee. 

Hoop  as  h  (Frêne  à  cercles),  sur  les 
bords  de  l'Ohio,  en  Pensylvanie  et  en 
Virginie. 

Black  elder  (Aune  noir),  dans  cette 
même  partie  des  Etats-Unis,  mais  moins 
en  usage. 

\  Red  mulherj  (  Mûrier  rouge  )  ,  seul 
\nom  donné  à  cet  arbre  dans  tous  les 
(Etats-Unis. 

Buck  e)^e(OEil  de  daim),  seul  nom 
'donné  à  cet  arbre  sur  les  monts  Allégha- 
'nys  et  dans  les  Etats  de  l'ouest. 

'  Ohio  buck  e^e  (OEil  de  daim,  de  l'O- 
hio),  nom  donné  par  moi  à  cet  arbre,  qui 
fest  confondu  avec  l'espèce  précédente. 

Locust  (  Robinier  ou  Acacia  ) ,  déno- 
mination générale  dans  tous  les  Etals- 
lUnis. 

i^e/ZoîV /oci/^f(  Acacia  jaune), 
Red  locust  (Acacia  rouge), 
Black  locust  (  Acacia  noir  ) , 
Noms  donnés  à  cet  arbre  sur  les  bords 
[de  la  rivière  Susquehannah,  eu  égard  a 
la  couleur  de  son  bois. 

Roseflowering  locusù (^Acacm  à  fleurs 
roses),  nom    donné  par  moi  à  cette  es- 
ipèce  qui  n'en  a  pas  dans  le  pays    des 
Cbérokées,  où  elle  croît. 


TABLtAU       INDICATIF. 


39 


Noms  botaniques 
et  Hinéiicains. 

Virgilia  lulea.    . 
ydlow    wood. 


Ulmus  aniericana. 
White  eliïi.  .  .  . 


Noms  iiilgiircs  employés  Jan>i  les   diverses  parties 
des  £luls-Uiii8. 

'     le//ow  woofi(  Bois  jaune),  nom  (lon- 
.né  à  cel  arbre,  dans  l'Elat  de  Tennessee. 

White  elin  (Orme  Liane),  dénomi- 
nation gc'ne'rale  dans  toutes  les  parties 
'des  Etats-Unis  où  croît  cet  arbre. 


Ulmus  alata. 
Wahoo  .  . 


Ulmus  rubra  . 
Red  elni.  .  .  . 


C     PVahoo,  nom  donne'  à  cette  espèce 
Vdans   la    partie   maritime    des   Etats  du 
Imidi. 

Red  elm  (  Orme  rouge  )  ,  nom  le  plus 
ge'néralement  en  usage,  dans  toutes  les 
[parties  des  Etats-Unis  où  se  trouve  cette 
lespèce. 

Sliperf  elm,  nom  secondaire  dans  les 
\Etats  de  New- York  et  de  New-Jersey. 

A'Ioose  elm  (Orme  d'Elan),  dans  le 
[haut  de  l'Etat  de  New-York. 

Orme  gras,  par  les  Français  des  11- 
Jinois. 


Planer  tree,  nom  de  la  personne  à 
Planera  ulmifolia.  .Ilaquelle   cette   espèce  a   e'të   consacrée, 

Planer  tree iet  qui  jusqu'à   pre'sent   n'en  avoit    pas 

encore  reçu  dans  les  Etats  du  midi. 

Populus    tremuloï-/     American  aspen  {Tren\h\e  à' kméxx- 

des /que),  nom  donne'  à  cet  arbre   dans  les 

American  aspen.  .1  Etats  du  milieu  et  du  nord. 

Populus  grandiden-T  American  large  aspen  (grand  Trem- 
*^*^ jble  d'Amérique),  nom  donné  par  moi  à 

American  "i!/';^<?| cette  espèce  qui  est  ordinairement  con- 
aspen f  fondue  avec  la  précédente. 


[\0  TABLEAU       INDICATIF. 

Noms  botaniques  Noms    vulgaires  employés  dans  les  diverses  parties 

et  américains.  des  Etats-Unis. 

(     Cotton  tree  ( kxhxe  A  coi^Ti) ^  connu 
Populus  areenlea.  .1  i      i       i     i      •  •  >        i 

^  /par  ce  nom,  sur  les  borus  la  rivière  cie 

Cotton  tree \z.  -, 

/ôavanah. 

I  American  hlack  poplar  (  Peuplier 
noir  d'Ame'rlque ) ,  nom  donne'  par  moi 
à  celte  espècede  peuplier,  qui,  jusqu'ici 
n'a  été  connu  sous  aucune  de'nominaiion 
particulière. 

Populus  monilifera.(  .  ^^^ë^''^^^  P^P^"^  (Peuplier  de  Virgi- 

TV-.     .    .  7     /nie),  nom  donné  en  Europe  à  celte  es- 

y  irginian  popLar.\    ,   ^'  ^ 

Populus  canadensis.C      Cotton  wood  (Boisa   coton),  nom 
Colton  wood  .  .  .\*^omié  à  cet  arbre  sur  les  bords  du  Mis- 
Csissipi  et  de  ses  afïluens. 

T»        ,  I  /      C«ro/m/««uow/flr (Peuplier de  Caro- 

Populus  angulata.  .1  ,  , 

.-,        j      .  jline  ),  nom  donné  à  cet  arbre  en  Europe, 

LaroLonian  po-  J        ^  ,  ,  ,       .     .  . 

,  J  parce  qu'd  y  a  ete   apporte  primitive- 

(ment  de  cette  partie  des  Etats-Unis. 

Populusbalsamifera.      ^^^^^^^^  ^^^^^^  (Peuplier  baumier), 

Balsam  poplar  .  \^^^^^  ^^^^  ^^  ^^^^  en  Canada. 

Populus  candicans.j     j^^^^,^  ;^^^^j   halsam  poplar  (Bau- 
Heart  Leavea  oal-\     .      ,  ^    .,,  n 

sam  poplar.    .  .  J"^^*^»'  ^  ^^^^^^^^  ^^  ^«^"0- 

Bass  wood  (  Tilleul  ) ,  dénomination 
qui  prévaut  dans  tous  les  Etals  du  nord 
et  du  milieu ,  et  notamment  dans  le  Gen- 


Tllia  americana. 
Bass  wood  .  , 


Inessee. 

Lime  ,  non  moins  en  usage. 


^.,.      „  (     ^^/uYd? //me  (Tilleul  blanc),  cette  es- 

Tdia  alba J  i      j    i    r/-,i  •  c 

J       ,      , .  S  pece ,  sur  les  bords  de  1  Ohio ,  est  conton- 

*  (due  par  les  liabitans  avec  ia  précédente. 


TABLEAU       INDICATIF. 


4» 


Koms  botaniques 
et  américains. 

Tilia  pubescens 
Dwonj  lime  tree 

Alnus  serrulata . 
Common  aider 

Alnus  glauca  .  . 
Black  aider  .  . 

Sallx  nigra  .  .  . 
Black  willow  . 


Salix  ligustrina. 


Noms  vulgaires  employés  dans  le»    diTerses   partie» 
des  Etats-Unis. 

iDwony  lime  free .(  Tilleul  à  feuilles 
velues  ) ,  ainsi  designé  dans  les  Etais  méri- 
dionaux. 

(      Common    aider   (  Aulne  commun  )  , 
(dans  tous  les  Etats-Unis. 

Black  aider  (Aulne  noir)  ,  nom  donné 
a  celte  espèce  dans  l'Etat  de  Vermont. 

i  Black  -willow  (Saule  noir),  dénomi- 
nation générale  dans  tous  les  Etats-Unis. 

Champlain   willow    (  Saule    du    lac 
I  Champlain  ) ,   nom    donné    par   moi  à 
li    se    trouve  très-abon- 


ChamplainwillowY^^^''    ^^P^^^   ^"^ 

damment  sur  les  bords  de  ce  lac. 

Shining  willow  (Saule  luisant),  nom 
donné  par  moi  à  cette  espèce  qui  n'en  a 
'aucun  dans  les  Etats  du  milieu. 


Salix  lucida.  .  .  . 
Shining  willow  . 


I. 


6 


fc.^V-»^»'»'»»^/»'*.'*-».^'^ 


fc-«.'^V-»^».X-»/-VWW».-V-W-V^r-W-W^'W>.'«>'V'«,-VW^^,'«K>W^«^-VV 


LES  PINS. 

JLiES  Pins,  arbres  toujours  verts  et  ordinairement 
d'une  grande  élévation,  sont  un  des  genres  les  plus 
intéressans  à  connoitre ,  à  cause  des  grandes  ressour- 
ces qu'ils  offrent  dans  les  arts,  non-seulement  pour 
leurs  bois,  mais  encore  pour  les  matières  résineuses 
qu'ils  fournissent.  La  différence  la  plus  apparente 
entre  les  Pins  et  les  Sapins  consiste  dans  la  dispo- 
sition de  leur  feuillage.  Les  feuilles  des  Pins ,  plus 
ou  moins  longues,  selon  les  espèces,  et  comparables 
en  quelque  sorte  à  de  petits  bouts  de  gros  fil ,  sont 
réunies  par  leur  base  au  nombre  de  deux,  trois  ou 
cinq,  dans  la  même  gaine  et  au  même  point  d'atta- 
che. Dans  les  Sapins  au  contraire  ,  les  feuilles  n'ont 
que  quelques  lignes  de  longueur,  et  sont  attachées 
une  à  une  autour  des  branches,  ou  seulement  à  leurs 
côtés  latéraux. 

Pour  rendre  plus  facile  la  distinction  des  espèces 
de  Pins  et  de  Sapins  qui  sont  plus  nombreuses  dans 
les  Etats-Unis  que  dans  l'Europe  entière,  j'ai  pensé 
qu'il  étoit  à  propos  de  ranger  les  premiers  d'après  le 
nombre  de  leurs  feuilles,  et  suivant  que  leurs  cônes 
sont  ou  ne  sont  pas  épineux  ;  et  les  Sapins  suivant 
les  différentes  dispositions  de  leurs  feuilles. 


l-'*'^'V*<"*<^«'X«V-^^-»r^^,<^^-^^,-^^,^,^,.^^^  '«•%%>^ 


DISPOSITION  MÉTHODIQUE 

DES  PINS  ET  DES  SAPINS 

DE  L'AMÉRIQUE  SEPTENTRIONALE. 

PINS. 

Monœcie  Monadelphie  ^  Lin.  Fam.  des  Conifères  y  3 ma. 
PINS  A  DEUX  FEUILLES. 

CÔNES  NON  ÉPINECX. 

1  Pinus  rubra The  Red  {Norwaj)  pine, 

2  Pinus  rupestris.  .  .    The  Grey  pine. 

3  Pinus  mitis The  Yel/ow  pine. 

CÔNES   ÉPINEUX. 

4  Pinus  inops The  .Tersey  pine, 

6  Pinus  pungens. .  .  .   The  Table  mountain  pine. 

PINS  A  TROIS  FEUILLES. 

CÔNES  NON    ÉPINEUX  OU  A  ÉPlNES  PEU   SENSIBLES. 

6  Pinus  australis.  .  .  .   The  Long  leaved  pine. 

7  Pinus  serotina.  .  .  .   The  Pond  pine, 

CÔNES  FORTEMENT  EPINEUX. 

8  Pinus  rigida The  Pitch  pine. 

9  Pinus  taeda The  Loblolly  pine, 

PIN  A  CINQ  FEUILLES. 

10  Pinus  strobus,   .  .  .  The  White  pine. 

SAPINS. 

FEUILLES  TRES-COURTES  ET  DISPOSEES  UNE  A  UNE  AUTOUR  DES  TIGES. 

1 1  Abies  nigra The  Black  {double^  spruce. 

1 2  Abies  alba The  IVhite  {single)  spruce. 

VEUILLES  DISPOSÉES  LATERALEMENT  SUR  LES  CÔTES  DES  TIGES  OU  DES  BRANCHES. 

i3  Abies  canadensis.   .    The  Hemlock  spruce» 
i4  Abies   balsamifera. .    The  Sylver  fir. 


P/.J'. 


P  J A'„:u,.'e  „w 


JiiiiVi 


FINIT  s  Tluljra . 


PINUS     RVBR^. 

THE    RED   FINE. 

(  Norway  pine.  ) 

Pi  NUS  rubra^  arhonnaxima;  cortice  rubente  ;  foliis  hinis 
^-^ -uncialihus y  vagmis  ferè  unci'alibus  '  strobilisovato- 
conicis  ,  basi  rotundatis  ,  folio  demidio  -  brevioribus  , 
squamis  inedio  dilatatis  ,  mermibus. 

P.  resinosa;  Ait.  Hort.  K" . 

Cet  arbre  est  connupar  tous  les  François  du  Canada 
sous  le  nom  de  Piîi rouge ^  nom  que  lui  ont  conservé 
les  Angloisqui  sont  venus  habiter  cette  colonie. Dans 
la  partie  la  plus  septentrionale  des  Etats  -  Unis  ,  qui 
comprend  le  District  de  Maine,  le  New-Hampshire 
et  l'Etat  de  Vermont,  il  est  désigné  sous  celui  de 
Norwajpine,  Pin  de  Norwège,  quoi  qu'il  en  difFère 
totalement,  puisque  ce  dernier  est V A bies  pice a ,  es- 
pèce de  Sapin  qui  croît  en  Europe.  Il  seroit  donc  à 
désirer  que  le  nom  de  Red  pine.  Pin  rouge,  prévalût 
dans  les  Etats-Unis,  d  autant  plus  qu'il  est  fondé  sur 
un  caractère  particulier  à  cet  arbre ,  comme  nous  le 
ferons  remarquer  dans  la  suite  de  cet  article. 

Dans  le  voyage  que  mon  père  fit  à  la  Baie  d'Hud- 
son  en  1792,  pour  essayer  de  déterminer  en  revenant 
du  Nord  au  Sud  l'apparition  et  la  disparition  succes- 
sive des  arbres  et  des  plantes  de  l'Amérique  septen- 
trionale ,  il  ne  commença  à  trouver  le  Pinus  rubra 
que  près  le  Lac  Saint-Jean  en  Canada,  situé  par  le 
480  de  latitude,  et  vers  le  Sud  il  n'a  pas  été  observé 
par  moi,  au-delà  de  Wilkesburry  en  Pensylvanie? 
latitude  4i°  3o'.  Le  Pijius  rubra  est  même  très-rare 


46  PINUS    RUBRA. 

dans  toutes  les  contrées  qui  sont  au  midi  de  la  riviè- 
re Hudson  ;  on  le  voit  encore  à  la  Nouvelle-Ecosse,  où 
il  reçoit ,  ainsi  qu'au  Canada ,  le  nom  de  Pin  rouge 
et  quelquefois  celui  de  Pin  jaune.  Makenzie,  dans  son 
voyage  à  l'Océan  pacifique,  fait  aussi  mention  de  cet 
arbre,  comme  se  trouvant  au-delà  du  Lac  supérieur. 

Dans  aucune  des  parties  des  Etats-Unis  que  je 
viens  d'indiquer,  je  n'ai  jamais  vu  le  Pinus  ruhra 
former  de  vastes  forets ,  ni  même  entrer  en  grandes 
proportions  dans  leur  ensemble  ,  comme  VAbies  ni- 
gra^  VAbies  Canadensis  et  le  Pinus  strohus  ;  mais 
il  couvre  seulement  de  petits  cantons  de  quelques 
centaines  d'arpens ,  où  il  est  ordinairement  seul  ou 
quelquefois  entremêlé  avec  ce  dernier.  Comme  la 
plupart  des  autres  espèces  de  ce  genre  ,  le  Pinus 
rubra  vient  dans  des  terreins  arides  et  sablonneux , 
et  sa  végétation  n'en  est  pas  moins  magnifique ,  car 
il  s'élève  de  22  à  25  mètres  (70  à  80  pieds  j  sur  5o 
à  60  centimètres  (20  à  24  pouces  j  de  diamètre;  et 
ce  qui  rend  surtout  cet  arbre  remarquable ,  c'est  la 
grosseur  uniforme  de  sa  tige  dans  les  deux  tiers  de 
son  élévation. 

Le  nom  de  Pin  rouge  qu'il  porte  en  Canada  lui 
vient  sans  doute  de  la  couleur  de  son  écorce ,  qui 
est  d'un  rouge  plus  prononcé  que  dans  aucune  au- 
tre espèce  de  Pins  des  Etats  -  Unis  ;  cette  couleur 
m'a  paru  être  pour  celle-ci, un  caractère  assez  sail- 
lant pour  lui  donner  le  nom  spécifique  de  rubra  y 
de  préférence  à  celui  de  resinosa^  employé  d'abord 
par  Alton ,  et  adopté  par  Sir  A.  B.  Lambert.  Une 


PINUS    RUBRA.  47 

autre  considération  m'a  encore  induit  à  ce  change- 
ment, c'est  que  beaucoup  de  personnes  croiroient , 
ce  qui  seroit  une  erreur,  que  c'est  de  cet  arbre  qu'on 
extrait  les  matières  résineuses  qui  sont  employées 
en  Amérique  dans  les  constructions  navales,  et  ex- 
portées pour  le  même  objet. 

Les  feuilles  du  Pinus  rubra  sont  d'un  vert  sombre, 
longues  de  i3  à  i4  centimètres  ^  5  à  6  pouces) ,  et 
réunies  deux  à  deux  ;  elles  sont  rassemblées  en  pa- 
quets à  l'extrémité  des  branches ,  comme  dans  le 
Pinus  australis  ou  le  Pinus  niaritima  ,  et  non 
éparses  sur  les  rameaux,  comme  dans  le  Pinus  sjl- 
vestris  ou  le  Pinus  inops.  Les  fleurs  femelles  du 
Pinus  ruhra  sont  bleuâtres  dans  les  premiers  mois 
de  leur  apparition  ,  et  ses  cônes ,  qui  sont  dépour- 
vus d'épines ,  ont  environ  3  centimètres  (^  2  pouces  j 
de  longueur;  ils  sont  arrondis  à  leur  base,  se  termi- 
nent promptement  en  pointe,  et  laissent  échapper 
leur  semence  la  même  année. 

Les  couches  concentriques  sont  très-rapprochées 
dans  le  Pinus  ruhra ^  et  son  bois  travaillé  présente 
un  grain  fin  ,  serré  et  compacte  ;  il  est  même  assez 
pesant ,  à  cause  de  la  matière  résineuse  dont  il  se 
trouve  imprégné.  Dans  le  Canada  ,  la  Nouvelle- 
Ecosse  et  le  District  de  Maine  ,  il  est  fort  estimé 
pour  sa  grande  force  et  l'avantage  qu'il  a  d'être  du- 
rable; aussi  l'emploie -t- on  souvent  dans  les  cons- 
tructions navales,  et  particulièrement  pour  le  pont 
des  vaisseaux,  parce  qu'il  peut  fournir  des  planches 
de  12  à  i3  mètres  (  4o  pieds  )  de  longueur  sans  au- 


l^S  P  I  NUS     RUBRA. 

cun  nœud.  On  en  fait  aussi  les  corps  de  pompes , 
qui  durent  long-temps  lorsqu'on  a  soin  d'ôter  tout 
l'aubier.  C'est  de  cette  espèce  de  Pin  qu'a  été  fait  le 
grand  mât  du  vaisseau  de  guerre  le  Saint-Laurent , 
de  5o  canons,  construit  à  Québec  par  les  François  ; 
cet  exemple  confirme  l'observation  déjà  faite  plus 
haut ,  que  cet  arbre  parvient  à  une  grande  élévation. 

Du  Canada  ,  du  District  du  Maine  et  des  bords 
du  lac  Champlain  ,  le  Pinus  rubra  est  exporté  en 
Angleterre,  sous  la  forme  de  madriers.  Cependant 
j'ai  appris  que ,  dans  ces  derniers  temps ,  fexporta- 
tion  en  étoit  fort  diminuée  ,  parce  qu'on  l'a  ,  dit- 
on  ,  trouvé  trop  chargé  d'aubier  ;  défaut  qui  ne  me 
paroit  pas  fondé,  car  sur  plusieurs  tronçons  de  32 
centimètres  [ipiedj  de  diamètre  que  j'ai  examinés, 
il  n'y  avoit  que  2  centimètres  (i  pouce  J  d'aubier. 

Le  Pinus  rubra  est,  dans  sa  jeunesse,  d'une  belle 
apparence,  et  sa  végétation  m'a  toujours  parue  vi- 
goureuse. 11  n'y  a  aucun  doute  qu'il  ne  puisse  très- 
bien  réussir  en  France  et  dans  tout  le  nord  de  l'Eu- 
rope ;  et  jepense  que  les  bonnes  qualités  de  son  bois, 
propre  aux  constructions  navales,  ainsi  que  les  ma- 
tières résineuses  qu'il  est  susceptible  de  fournir,  doi- 
vent engager  à  en  propager  la  culture.  Je  suis  donc 
loin  départager  à  cet  égard,  l'opinion  àeSir  A.  B.  Lam- 
bert qui  dit ,  dans  sa  description  de  cet  arbre ,  qu'il 
ne  peut  donner  des  bois  de  bonne  qualité. 

PLANCHE   I-. 

Fig.  1  ,  feuille.   Fig.    2  ,  graine. 


■:t-^ 


P/.2. 


PINUSRxipestins 


'•«^■»>'^'V^>'V"»,V'*'VV^'V-%,-VW^-VV*-V^^*-V-^'W-VX.-V'»>-fc^.'V^-V-»^X.'W-v^/^-X.-WW-V-V>«<»/%'^^ 


PINUS     RUPESTRIS. 

THE    G  RE  Y  PI  NE. 

Pi  NUS  rupestris,  arhor  humilis;  folîis  binis  y  rigidis  ,  un- 
cialibus ;  strobilis  cinereis  ^  recurvis ,  insigniter  incur- 
vatO'tortis  ,  squamis  inerinibus ,  ramulo  adpressis. 

P,  Banksiana  ;  A.  B  Lambert. 

Cette  espèce  fort  rare  dans  le  District  du  Maine 
et  à  la  Nouvelle-Ecosse,  y  est  connue  sous  le  nom 
de  scruh  Pine^  Pin  chëtif;  et  dans  le  Bas-Canada, 
sous  celui  de  Grej  pine  ^  Pin  gris.  C'est  de  tous  les 
Pins  de  l'Amérique  septentrionale  ,  celui  qui  se 
trouve  le  plus  avant  vers  le  nord.  Je  crois  ne  pou- 
voir mieux  faire  connoitre  cette  espèce ,  qu'en  rap- 
portant un  extrait  des  notes  de  mon  père  sur  le  Ca- 
nada :  «  Aux  environs  de  la  baie  d'Hudson  et  des 
grands  lacs  Mistassins,  dit-il ,  les  arbres  qui,  quel- 
ques degrés  plus  au  sud ,  forment  la  masse  des  fo- 
rets ,  sont  sous  cette  latitude  presque  entièrement 
disparus,  et  par  la  sëvëritë  des  hivers ,  et  par  la  stéri- 
litë  du  sol  :  toutes  ces  contrées  sont  entrecoupées  de 
milliers  de  lacs  ,  et  couvertes  d'énormes  rochers  en- 
tasses les  uns  sur  les  autres  ,  qui  sont  le  plus  souvent 
tapissés  de  larges  lichens  de  couleur  noire  ;  ce  qui 
ajoute  encore  à  l'aspect  sombre  et  lugubre  de  ces 
régions  désertes  et  presque  inhabitables.  C'est,  con- 
tinue mon  père,  en  parlant  àxxPinus  riipestris^  dans 
les  intervalles  de  ces  rochers  que  l'on  aperçoit  çà  et 
là  quelques  individus  de  cette  espèce  de  Pins,  qui 
I.  7 


6o  PINUS     RUPESTRIS. 

fructifient  à  un  mètre  Ç  3  pieds)  d'élévation,  et  qui, 
à  ce  peu  de  hauteur ,  portent  avec  eux  toute  l'em- 
preinte de  la  décrépitude.  Cependant  à  i5o  milles 
plus  au  sud,  cet  arbre  offre  déjà  une  végétation 
plus  forte  ;  mais  il  ne  s'élève  presque  jamais  au-dessus 
de  deux  à  trois  mètres  (^  8  à  lo  pieds),  et  dans  la 
Nouvelle- Ecosse  ,  où  il  est  également  confiné  au 
sommet  des  rochers  ,  il  parvient  rarement  à  une  plus 
grande  élévation. 

Les  feuilles  du  Pinus  rupestris ,  réunies  deux  à 
deux  dans  la  même  gaîne ,  sont  disséminées  le  long 
des  rameaux,  et  non  rassemblées  en  paquets  à  leur 
extrémité  ,  comme  dans  l'espèce  précédente.  Leur 
longueur  est  d'environ  deux  centimètres  (^  i  pouce)  ; 
elles  sont  sans  gouttières  à  leur  face  interne  et  arron- 
dies extérieurement.  Les  cônes  sont  le  plus  souvent 
réunis  deux  à  deux  ;  leur  couleur  cendrée  ou  grise 
paroît  être  l'origine  du  nom  de  Pin  gris  que  nous 
avons  dit  que  cet  arbre  porte  en  Canada;  leur  lon- 
gueur est  d'environ  cinq  centimètres  (^2  pouces  )  ,  et 
leur  pointe  est  toujours  tournée  dans  la  direction 
des  branches,  caractère- particulier  à  cette  espèce. 
Mais  ce  qui  surtout  rend  ces  cônes  remarquables , 
c'est  la  forme  courbe  qu'ils  prennent  naturellement, 
et  qui  les  fait  ressembler  à  de  petites  cornes  de 
béliers  ;  ils  sont  extrêmement  durs  ,  dégarnis  de 
pointes,  et  ne  s'ouvrent  qu'à  la  deuxième  et  à  la 
troisième  année  ,  pour  laisser  échapper  leurs  graines. 

Dans  les  rhumes  opiniâtres,  les  François  -  Cana- 
diens font  bouillir  ces  cônes  dans  l'eau ,  et  en  font 


P  I  N  U  s     1\  U  P  E  s  T  R  I  s.  5  1 

une  tisane ,  qui  les  guérit  promptement.  Si  cette  pro- 
priété dont  on  dit  que  jouissent  également  ceux  de 
YAbies  nigra,  est  avérée,  elle  renfermera,  selon 
moi ,  tout  ce  qu'on  peut  espérer  d'avantageux  de  cet 
arbre  trop  chétif,  pour  qu'on  puisse  tirer  parti  de 
son  bois  de  quelque  manière  que  ce  soit;  et  cette 
même  raison  m'empêche  de  croire,  comme  le  pense 
Sir  A.  B.  Lambert ,  qu'on  puisse  jamais  en  extraire 
de  la  thérébentine  ou  du  goudron  pour  le  commerce , 
quelque  résineux  qu'il  puisse  être. 

PLANCHE    II. 

F/g.  i  ,  feuille.  Fi  g.  %  ,  graine. 


PINUS     MITIS. 

THE   YELLOW  PINE. 

PiNUS  mitîs;  arhor  maxima,foliis,  prcelongis,  tenuoribus y 
canalîculatis ;  strobilis  parvis,  sœpè  solitariis ,  conoï- 
deo-ovatis ,  tessularum  mucrone  minutissimo. 

P.  mitis,  A.  Mich.  Flor.  B.  Ama. 

Cet  arbre ,  disséminé  sur  une  grande  surface  de 
pays  dans  l'Amérique  septentrionale  ,  y  reçoit  diffé- 
rentes dénominations  ,  suivant  les  endroits  où  il  se 
trouve  :  dans  les  Etats  du  milieu ,  oii  il  fort  est  abon- 
dant et  très -employé  ,  il  est  connu  sous  le  nom  de 
Yellow  pine ^  Pin  jaune;  dans  les  Garolines  et  la 
Géorgie ,  sous  celui  de  Spruce  pine  ,  Pin  sapin  ; 
mais  plus  communément  sous  celui  de  Short  leaved 
pine  y  Pin  à  courtes  feuilles. 

Quelques  cantons  des  Etats  de  Massachussets  et  de 
Connecticut ,  sont  les  points  les  plus  septentrionaux 
où  cette  espèce  commence  à  se  montrer  ;  mais  elle  est 
déjà  très-multipliée  dans  le  Bas-Jersey,  et  elle  l'est  en- 
core davantage  dans  cette  partie  du  Maryland  nommée 
Eastern-Shore  ^  ainsi  que  dans  toute  la  Basse-Vir- 
ginie ,  où  sa  présence  est  un  signe  certain  de  l'aridité 
du  sol.  J'ai  encore  retrouvé  cet  arbre  sur  la  rive 
droite  de  la  rivière  Hudson  ,  à  peu  de  distance 
d'Albany  ;  près  de  Chambersburgh  ,  dans  la  Pensyl- 
vanie;  vers  les  sources  de  la  rivière  Delaware  ;  près  de 
Mudlick  en  Rentucky  ;  sur  les  montagnes  de  Cum- 
berland ,  et  aux  environs  de  Rnoxville ,  dans  Test 


/y  .1 


li,.ir.^/,>;' 


PINUS    mitis 


PINUS     MITIS.  53 

Tennessee;  près  de  Edgeiield  Court-House;  dans  la 
Haute-Caroline  du  sud;  enfin  dans  la  Haute-Gc'orgie, 
sur  la  rivière  Oconée.  Dans  tous  ces  lieux  ,  il  ne 
croit  point  seul,  mais  il  entre  dans  la  composition 
des  forets  en  différentes  proportions ,  qui  varient  sui- 
vant la  nature  du  sol  :  moins  il  est  bon,  plus  le  Pi- 
nus  mitis  abonde;  et  s'il  offre  un  certain  degré  de 
fertilité ,  on  s  en  aperçoit  aisément  à  l'aspect  floris- 
sant des  diverses  espèces  de  chênes   et  de  noyers 
avec  lesquels  le  Pinus  mitis  est  mêlé ,  en   moindre 
quantité  ,  mais  qu'il  surpasse  toujours  en  grosseur  et 
en  élévation.  On  rencontre  encore  parfois  cet  arbre 
dans  les  Basses-Carolines  ,  dans  les  Florides ,  et  pro- 
bablement aussi  à  la  Louisiane  ;  mais  il  est  plus  rare 
dans  ces  contrées,  car  on  ne  l'observe  que  dans  les 
endroits  où  des  bancs  d'argile  de  couleur  rouge,  mê- 
lés de  graviers,  paroissent  à  fleur  de  terre,  et  percent 
de  distance  à  autre  la  couche  sablonneuse  et  légère 
qui  couvre  le  sol  de  ces  Etats,  depuis  les  bords  de  la 
mer  jusqu'à  cent  vingt  milles  dans  l'intérieur. 

Cet  arbre  est  d'une  belle  apparence  lorsqu'il  est 
arrivé  à  son  entier  développement  ;  il  la  doit  à  la  dis- 
position de  ses  branches  qui  s'éloignent  d'autant 
moins  les  unes  des  autres  qu'elles  sont  plus  élevées , 
et  qui,  se  reployant  latéralement  sur  elles-mêmes, 
finissent  par  présenter  un  sommet  pyramidal  très- 
régulier.  Cette  circonstance  fait  que  la  cime  de  cet 
arbre  n'embrasse  pas  un  espace  aussi  considérable  que 
sembleroit  l'annoncer  sa  hauteur  et  son  diamètre ,  et 
c'est  probablement  de  cette  disposition,  parfaitement 


54  PINUS    MITIS. 

régulière  dans  les  grands  individus  de  celte  espèce, 
que  lui  est  venu  le  nom  de  Spruce  pine  ^  Pin  sapin. 

Dans  le  New- Jersey  et  sur  le  Eastern-Shone,  la 
hauteur  de  cet  arbre  est  de  i8  à  20  mètres  TSo  à  60 
pieds  J,  et  son  diamètre  est  le  plus  ordinairement  de 
2  à  3  décimètres  (^i5  à  iSpoucesJ  ,  conservant  cette 
dernière  dimension  dans  les  deux  tiers  de  sa  tige. 
Mais  dans  les  Hautes-Carolines  et  la  Virginie ,  on 
trouve  des  individus  qui ,  sans  être  beaucoup  plus 
élevés ,  ont  le  double  de  grosseur.  J'en  ai  souvent 
mesuré  qui  avoient  19  à  20  décimètres  (  5  et  6  pieds j 
de  circonférence. 

Les  feuilles  du  Pinus  rnitis  sont  longues  de  12  a 
i5  centimètres  (l^k  S  pouces j,  fines,  flexibles  et 
creusées  d'une  gouttière  à  leur  face  externe  5  elles 
sont  d'un  vert  sombre,  et  réunies  deux  à  deux  dans 
une  seule  gaine.  Souvent  encore  elles  sont  au  nom- 
bre de  trois  dans  les  pousses  de  l'année  ;  mais  c'est 
un  effet  de  la  force  de  la  végétation ,  qu'on  n'observe 
jamais  dans  les  vieilles  branches.  Cette  espèce  n'est 
donc  pas  un  Pin  à  deux  à  trois  feuilles,  comme  on  l'a 
avancé,  et  c'est  à  tort  qu'on  lui  a  donné  le  nom  de 
Pinus  \fariahilis. 

Les  cônes  du  Pinus  mitis  ont  une  forme  ovale, 
et  sont  armés  de  pointes  fines  ;  ils  sont  plus  petits 
que  ceux  des  autres  espèces  de  Pins  des  Etats-Unis, 
car  ils  n'excèdent  pas  2  à  3  centimètres  (  i  pouce  et 
demi  j  de  longueur ,  dans  les  vieux  arbres.  Ils  lais- 
sent échapper  leurs  graines  dans  la  même  année. 

Dans  le  Pinus  mitis  les  couches  concentriques  ou 


PI  NUS      MIT  IS.  5j 

annuelles  sont  fort  rapprochées  les  unes  des  autres  • 
elles  le  sont  six  fois  plus  que  dans  les  Pinus  ri<[i(la 
ou  le  Pinus  tœda.  Il  est  aussi  beaucoup  moins  chargé 
d'aubier,  dont  l'épaisseur  n'exède  pas  cinq  à  six  centi- 
mètres (  2  pouces  à  1  pouces  et  demi)  dans  les  arbres 
qui  ont  3o  à  4©  centimètres  (i5  à  i8  poucesj  de  dia- 
mètre ,  et  il  est  encore  moindre  dans  ceux  qui  ont  une 
dimension  plus  grande.  Le  bois  du  Pinus  miiis  a 
le  grain  fin  et  il  est  médiocrement  résineux,  ce  qui 
le  rend  assez  compacte  sans  lui  donner  trop  de  pe- 
santeur. Une  longue  expérience  a  appris  qu'il  est 
d'une  bonne  qualité  et  très-durable. 

A  New-York ,  Philadelphie  ,  Baltimore ,  Washing- 
ton ,  ainsi  que  dans  les  petites  villes  de  la  partie  ma- 
ritime des  Etats  du  centre,  notamment  en  Virginie , 
jusqu'à  cent  cinquante  milles  de  la  mer ,  les  quatre- 
cinquièmes  des  maisons  sont  encore  toutes  bâties  en 
bois;  et  c'est  toujours   avec  des  planches  tirées  de 
cette  espèce  de  Pin  que  sont  faits  les  planchers  des 
rez-de-chaussées  et  des  étages  supérieurs ,  les  marches 
des  escaliers,  les  encadremens  des  portes  et  des  boi- 
series, ainsi  que  les  châssis  des  fenêtres,  considérés 
alors  comme  plus  solides  et  plus  durables  que  s'ils 
étoient  faits  avec  tout  autre  bois  du  pays.  Dans  les 
Hautes-Carolinesetle  Holston,  les  maisons  sont  en- 
tièrement construites  et  mêmes  couvertes  avec  le  Pi- 
nus mitis^  car  ni  le  Cupressus  disticha^m  le  Cupr es- 
sus  thuoides^  très-préférable  pour  la  couverture,  ne 
croissent  pas  dans  ces  contrées  5  mais  dans  quelque 
construction  que  ce  soit,  il  est  important  de  débar- 


56  PIIS'US    MITIS. 

rasser  entièrement  le  Pinus  mitis  de  son  aubier ,  qui 
se  pourrit  très-promptement,  attention  qu'on  n'a  pas 
toujours  ,  afin  de  gagner  de  la  largeur  sur  les  plan- 
ches, et  surtout  dans  le  voisinage  des  ports  de  mer, 
où  il  commence  à  devenir  rare ,  par  la  grande  con- 
sommation qui  s'en  fait  journellement. 

Les  constructions  navales,  particulièrement  dans 
les  ports  de  Philadelphie ,  de  New-York  et  de  Bal- 
timore ,  en  consomment  une  très-grande  quantité  i 
le  pont,  les  mâts  de  hunes,  les  heams  et  la  menui- 
serie de  la  cabane ,  sont  le  plus  souvent  de  ce  bois, 
qui  est  reconnu  pour  être  le  plus  durable ,  après  celui 
du  Pinus  australis.  Le  Pinus  mitis  qui  vient  du  bas 
Jersey  et  du  Eastern-Shore  est  de  meilleure  qualité  , 
et  on  le  préfère  toujours  à  celui  qui  descend  du  haut 
de  la  rivière  Delaware,  dont  le  bois  n'est  pas  aussi 
compacte  et  aussi  fort,  en  même-temps  que  le  grain 
en  est  plus  grossier  5  différence  qui  provient  évide- 
demment  de  la  nature  du  sol  de  ces  derniers  pays , 
qui  est  moins  aride  et  moins  mauvais. 

Le  Pinus  mitis  débité  en  madriers  ou  en  planches 
de  2  à  4  centimètres  (  1  à  2  I  pouces)  d'épaisseur, 
forme  un  article  considérable  d'exportation  pour  les 
colonies  occidentales  et  l'Angleterre.  Dans  les  prix 
courans  de  Liverpool ,  il  est  désigné  sous  le  nom  de 
New-York  Pine  ;  dans  ceux  de  la  Jamaïque ,  sous 
celui  de  Yellow  Pine  ;  et  dans  ces  deux  places ,  il 
est  toujours  vendu  à  un  prix  inférieur  à  celui  du 
Pinus  australis  des  Etats  méridionaux,  mais  à  un 
taux  plus  élevé  que  celui  du  Pinus  strobus. 


PINUS      MITIS.  57 

Quoique  cet  arbre  soit  assez  résineux  pour  donner 
de  la  thcrcbentine  et  du  goudron  ,  néanmoins  on  ne 
l'exploite  pas  sous  ce  rapport,  ce  qui  entraîneroit  un 
travail  long  et  difficile,  parce  que  ,  comme  nous  l'a- 
vons remarqué  ,  le  Pinus  mitis  est  toujours  mêlé 
avec  les  autres  arbres  dans  les  forets.  Mais  d'après 
les  différens  avantages  que  présente  son  bois ,  il 
est  incontestablement,  après  le  Pinus  ruhra  ^  l'es- 
pèce la  plus  intéressante  à  cultiver  dans  le  milieu 
et  le  nord  de  l'Europe.  Je  ne  puis  donc  partager 
l'opinion  de  Sir  A.  13.  Lambert ,  qui  commence  sa 
description  latine  par  ces  mots  :  Arhor  medio- 
cris  ,  etc. ,  et  qui  ajoute  ensuite  «  que  cet  arbre 
ne  s'élève  qu'à  vingt  ou  trente  pieds,  que  son  bois 
est  spongieux  et  de  peu  de  durée  ;  ce  qui  le  rend  im- 
propre à  la  bâtisse  des  maisons  ». 

PLANCHE    III. 

Fig.    1  ,  feuille.   Fig.  2.  ^  graine. 


I.  8 


PINUS   iNops 

THE    JERSEY   PIISE 

P I N  u  s  inops  ;  arhor  tnediocris ,  ramosa  ;  foUis  binis  , 
brevis  ;  strobilis  oifato-acuminatis  ,  solitariis ,  fuscis , 
mucronibus  tessularum  rigidis  ,  deorsuin  sub  -  incli- 
natis. 

Obs.  Truncus  et  ramuli  obscure  et  squalide  Jiisci» 

P.  inops  j  Linu. 

Cette  espèce  a  reçu  probablement  son  nom  de  ce 
qu'elle  abonde  dans  la  partie  basse  du  New-Jersey, 
où  le  sol  est  maigre  et  sablonneux,  et  où  elle  se 
trouve  souvent  mêlée  avec  le  Pinus  mitis  ;  cepen- 
dant le  Pinus  inops  n'est  pas  exclusivement  confiné 
à  la  partie  méridionale  de  cet  Etat,  car  je  l'ai  retrouvé 
dans  différentes  parties  du  Maryland,  de  la  Virginie 
et  du  Rentucky;  dans  la  Pensylvanie,  au-delà  de 
Chambersburg;  près  de  la  rivière  Juniata  (^Crossing 
Juniata)^  et  sur  les  Scruby  ridges  au-delà  de  Bedfort , 
éloigné  d'environ  200  milles  de  Philadelphie.  Dans 
cette  partie  de  la  Pensylvanie ,  cet  arbre  auquel  on 
donne  le  nom  de  Scrub  pine^  Pin  chétif ,  reparoit  par^ 
tout  où  le  sol  est  schisteux  et  par  conséquent  assez 
Inaigre ,  ainsi  que  l'annonce  la  mauvaise  apparence 
des  Quercus  coccinea  ,  Quercus  rubra,  Quercus 
tinctoria^  Quercus  alba  et  Quercus  prinus  monti- 
cola^  avec  lesquels  il  est  mêlé.  Je  ne  l'ai  pas  rencontré 
vers  le  Nord,  au-delà  de  la  rivière  Hudson,  non  plus 
que  dans  les  Carolines  et  la  Géorgie. 


gU: 


PIN  us  Inops 


/;? 


a 


erJeu 


P  I  N  U  s      I  N  O  P  s.  5o 

Cet  arbre  s'élève  quelquefois  de  12  à  14  mètres 
(3o  à  40  pieds),  sur  un  diamètre  de  3o  à  /|0  centi- 
mètres (12  à  1 5  pouces);  mais  il  est  rare  d'en  trou- 
ver de  cette  force,  et  il  reste  ordinairement  au-dessous 
de  ces  dimensions.  Son  tronc ,  revêtu  d'une  écorcc  ' 
noirâtre,  diminue  sensiblement  de  grosseur  depuis 
sa  base  jusqu'à  son  sommet,  et  il  est  garni  de  bran- 
ches fort  espacées  dans  la  moitié  de  sa  hauteur.  Les 
feuilles  du  Pinus  inops  sont  réunies  deux  à  deux 
dans  la  même  gaine  ;  elles  sont  d'un  vert  sombre , 
longues  d'environ  2  à  3  centimètres  (^  i  à  2  pouces  ), 
aplaties  à  leur  face  interne  ,  roides  et  éparses  le 
long  des  jeunes  branches,  qui  sont  très-flexibles  et 
couvertes  d'une  écorce  lisse,  qui  n'est  point  écailleuse 
comme  dans  les  autres  Pins.  On  observe  encore  que 
dans  cette  espèce,  ainsi  que  dans  celle  précédemment 
décrite,  le  bois  des  jeunes  pousses  de  l'année  a  une 
teinte  violette  ;  caractère  qui  leur  est  particulier. 

Ses  cônes,  un  peu  plus  grands  que  ceux  du  Pinus 
mitis^  ont  environ  5  centimètres  (2  pouces)  de  long 
et  2  centimètres  (i  pouce)  de  diamètre  à  leur  base. 
Leur  couleur  est  noirâtre  ou  d'un  rouge  brun.  Ils 
sont  armés  de  pointes  fortes,  longues,  aiguës  et  re- 
courbées en  arrière,  et  sont  attachées  par  des  pé- 
dicules épais  et  courts  :  le  plus  souvent  ils  sont  pla- 
cés un  à  un  sur  les  branches ,  la  pointe  dirigée  vers 
la  terre.  Ils  laissent  échapper  leur  graines  la  même 
année  de  leur  maturité. 

Ce  qui  vient  d'être  dit  prouve  suffisamment,  que 
cette  espèce  de  Pin  a  des  dimensions  trop  petites  , 


6o  PINUSINOPS. 

pour  pouvoir  être  employé  utilement,  sans  parler  du 
désavantage  attaché  à  son  bois  d'être  surchargé  d'au- 
bier; cependant  le  cœur  est  assez  résineux  pour  que, 
dans  les  environs  de  Mudlick,  dans  l'Etat  de  Ren- 
tucky,  on  en  retire  une  petite  quantité  de  goudron, 
qui  est  consommée  dans  le  pays.  Je  ne  puis  croire 
non  plus,  comme  le  pense  SirA.B,  Lambert,  que 
ses  branches  5  quoique  flexibles,  puissent  servir  à 
faire  des  cerceaux;  car  ils  seroient  chargés  de  nœuds 
et  pourriroient  en  moins  de  six  mois.  C'est  à  mon 
avis,  après  le  Piniis  rupestris ^  la  plus  mauvaise  es- 
pèce de  Pins  des  Etats-Unis. 

PLANCHE  IV. 

Fig.  1  ,  feuille.   Fig.   2  ,  graine. 


/y,j. 


r  JJl.:w:^;^  ,-, 


PINUS  Pungens  . 


PINUS      PUNGENS, 

THE    TABLE    MOUNTAIN   FINE. 

Pi  NUS  pungens;  arhor  45  -  5o  pedalis  y  folils  hinis  ,  hre- 
vïbus  et  crassis  ;  strobills  turbinatls ,  prœmagnis  ,Jiavis 
squamis  echinatis ,  spinis  luteis  durissimis  et  basi  la^ 
tloribus, 

P,  pungens  :  A.  B.  Lambert ,  on  the  Fine. 

La  montagne  de  la  Table ,  l'une  des  plus  élevées 
des  Alléghanys,  et  située  dans  la  Caroline  septen- 
trionale ,  à  4o^  kilomètres  (^loo  lieues j  de  la  mer  , 
paroît  avoir  donné  son  nom  à  celte  espèce  de  Pin 
qui  couvre  presque  exclusivement  son  sommet ,  et 
qui  est,  au  contraire  ,  fort  rare  sur  celles  qui  Favoi- 
sinent.  Le  Pinus  pungens  ne  se  trouve  pas  non  plus 
dans  les  autres  parties  des  Etats-Unis,  comme  mon 
père  et  moi,  qui  avons  visité  ces  régions  dans  pres- 
que toutes  les  directions ,  avons  eu  occasion  de  nous 
en  assurer.  Le  Pinus  pungens  est  de  tous  les  arbres 
de  l'Amérique  septentrionale  le  seul  qui  soit  resserré 
dans  des  limites  aussi  étroites.  Il  est  même  probable 
qu'il  sera  le  premier  à  disparoître  de  ces  contrées , 
car  toutes  les  montagnes  où  on  le  trouve  sont  très- 
accessibles  et  elles  se  peuplent  rapidement,  parce  que 
l'air  y  est  sain ,  le  sol  généralement  de  bonne  qua- 
lité ,  et  de  plus  ,  que  les  forets  qui  les  couvrent  sont 
fréquemment  dévastées  par  des  incendies. 

Le  Pinus  pungens  s'élève  de  douze  à   quatorze 


02  PINUSPUNGENS. 

mètres  (  4^  ^  ^^  pieds  ) ,  sur  un  diamètre  propor- 
tionné à  cette  hauteur.  Ses  bourgeons  sont  résineux  , 
et  ses  feuilles ,  au  nombre  de  deux  dans  la  même 
gaîne,  sont  épaisses,  roides  et  longues  d'environ  cinq 
à  six  centimètres  (2  pouces  et  demi)  ;  ses  cônes  longs 
de  huit  centimètres  Ç3  pouces),  et  larges  à  leur  base 
de  cinq  centimètres  Ç2  pouces),  sont  d'un  jaune 
clair  et  ont  une  forme  très-régulière.  Ils  sont  sessiles  , 
et  souvent  réunis  au  nombre  de  quatre.Chaque  écaille 
est  armée  d'une  forte  pointe  ligneuse  ,  longue  de 
quatre  millimètres  (2  lignes),  élargie  à  sa  base  et  qui 
se  recourbe  en  avant. 

Cet  arbre  dont  le  tronc  est  très-rameux,  et  qui, 
comme  on  a  vu ,  ne  croît  que  dans  une  très  -  petite 
étendue  de  pays,  et  à  une  grande  distance  dans  l'in- 
térieur des  terres  ,  ne  sert  à  aucun  usage  particulier; 
seulement ,  les  habitans  des  montagnes  de  la  Caro- 
line du  nord  emploient  pour  mettre  sur  les  plaies,  la 
thérébentine  qui  en  découle,  soit  accidentellement, 
soit  par  une  incision  faite  au  corps  de  l'arbre ,  et  ils 
la  préfèrent  à  celle  que  donnent  tous  les  autres  Pins. 
J'ai  comparé  cette  thérébentine  avec  celle  du  Pinus 
rigida,  et  je  ne  leur  ai  trouvé  aucune  différence.  Il 
paroît  même  assez  surprenant  que  toutes  les  es- 
pèces de  Pins,  si  différentes  entre  elles,  donnent  des 
produits  résineux  tellement  analogues  ,  qu'il  est 
souvent  très  -  difficile  de  les  distinguer  par  fodeur 
et  la  saveur. 

Le  Pinus  pun gens  ne  paroit  donc  pas  présenter  au- 
cun objet  particulier  d'utilité,  qui  doive  déterminer 


PINU5    PUNGENS.  63 

à  le  cultiver  en  Europe,  si  ce  n'est  dans  les  jardins 
d'agrémens  et  de  botanique. 

Sir  A.  \S.  Lambert  a  donné  à  l'article  du.  Pinus  tœda 
une  figure  exacte  du  cône  de  cet  arbre  5  mais  il  a 
reconnu  ensuite  que  ce  cône  appartenoit  aune  nou- 
velle espèce  ,  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  spécifique 
de  Pungens.  Ce  nom  m'a  paru  convenable  ,  et  je 
l'ai  adopté. 

PLANCHE  V. 

F/g.  1  }  feuille.  Fig.  2  ,  graine. 


PINUS       AU  STRALIS. 

THE    LONG    LE  A  FED    FINE. 

P I N  u  S  australis  ;  arhor  maxima  ;  foliis  ternis  ,  longissi- 
mis  ;  amentis  masculis  longo  -  cylindraceis  ,  fusco- 
glaucis ,  di^ergentibus.  Strohilis  longissimè  conoïdeis , 
tessularum  tuberculo  -  tumido  ,  mucrone  minutissimo 
termiiiato. 

P,  pal  us  tris  ,  Linn. 

Cet  arbre  précieux  reçoit  différentes  dénomina- 
tions, tant  dans  les  pays  où  il  croit,  que  dans  ceux 
où  il  est  exporté.  Il  est  connu  dans  les  premiers  sous 
les  noms  de  Long  leavedpine^  pin  à  longues  feuilles  j 
de  Yellow  pine^  pin  jaune  ;  de  Pitch  pine^  pin  à  gou- 
dron ;  et  de  Brooni  pine^  pin  à  balais.  Dans  les  Etats 
du  Nord,  où  il  est  importé  par  la  voie  du  commerce, 
sous  ceux  de  Southern  pine ^  pin  du  Sud,  et  quel- 
quefois encore  de  Red  pine ,  pin  rouge  ;  enfin  en 
Angleterre  et  dans  les  colonies  occidentales,  sous 
celui  de  Georgiapitchpine^^^'indi  goudron  de  Géor- 
gie. Mais  j'ai  cru  devoir  lui  conserver  de  préférence 
le  nom  de  Long  lea\>ed pine ^  pin  à  longues  feuilles  ; 
car,  dans  toute  la  partie  de  l'Amérique  septentrio- 
nale située  à  l'est  du  Mississipi,  on  ne  connoît  aucun 
autre  pin  qui  ait  les  feuilles  aussi  longues;  et  d'ail- 
leurs les  noms  de  Yellow  pine^  pin  jaune,  et  de 
Pitch  pine^  pin  à  goudron,  qui  lui  sont  peut-être 
plus  universellement  donnés ,  servent  dans  les  Etats 
du  milieu  à  désigner  deux  autres  espèces  très-dis- 


6?    i^      3 


/',//^^.v,V,A 


PIN  us    austialis 


PINUS      AUSTRALIS.  6f> 

tinctes  et  qui  sont  très-répandues.  J'ai  pensé  égale- 
ment que  la  dénomination  spécifique  à'amtralis. 
étoit  préférable  à  celle  àc  palus  tris ,  sous  laquelle 
celte  espèce  est  décrite  par  les  botanistes;  car  cette 
dernière  donne  une  idée  absolument  fausse  de  la 
nature  du  sol  où  croit  cet  arbre. 

C'est  à  peu  de  distance  de  Norfolk,  dans  la  basse 
Virginie,  où  commencent  les  landes  américaines, 
Fine  Ban  eus  ^  que  le  Pinus  australis  commence 
aussi  à  se  montrer,  lorsqu'on  va  vers  le  midi  ;  car 
cette  espèce  est  en  quelque  sorte  inhérente  à  cette 
nature  de  terrain.  On  la  retrouve  ensuite  sans  in- 
terruption dans  la  partie  basse  des  deux  Carolines, 
de  la  Géorgie  et  des  deux  Florides,  étendue  de 
landes  tellement  vastes ,  qu'elles  embrassent  un  es- 
pace de  plus  de  looo  kilomètres  (  260  lieues  J  du 
nord-est  au  sud-ouest,  et  de  i5o  à  200  kilomètres 
(^  4^  à  fjo  lieues  de  largeur)  à  partir  du  bord  de  la 
mer,  dans  les  deux  Carolines  et  la  Géorgie.  J'ai  re- 
connu trois  points  distans  les  uns  des  autres  de  1 20 
à  i5o  kilomètres  (  3o  à  40  lieues],  où  le  Pinus  aus- 
tralis cesse  de  croître  :  le  premier  dans  la  Caroline 
septentrionale  à  huit  milles  de  la  rivière  Nuse,  sur  la 
route  de  Louisburgh  à  Raleigh  ;  le  second  entre 
Chester  et  Winesburough  dans  la  Caroline  du  Sud  ^ 
et  le  troisième  à  douze  milles  nord  d'Augusta  dans 
la  Géorgie.  Lorsque  cet  arbre  commence  à  se  mon- 
trer vers  la  rivière  Nuse  ,  il  se  trouve  réuni  au  PiniLS 
tœda  et  au  Pinus  jnitis^  et  entremêlé  de  Quercus 
ferrugijiea  et  de   Quercus  catesbœi  ;  mais ,  immë- 

I-  ^  9 


66  PINUS      AUSTRALIS. 

diatement  au-delà  de  Ralcigh ,  on  le  voit  presque 
seul  en  possession  du  sol ,  et  lorsqu'on  le  rencontre 
de  nouveau  avec  ces  mêmes  espèces  de  pins,  ce  n'est 
jamais  que  sur  les  bords  des  marais  fswamps^  ,  qui 
sont  enclavés  dans  les  landes.  Ces  dernières  espèces, 
au  surplus ,  sont  à  peine  dans  la  proportion  d'un  à 
cent  avec  le  Pinus  australis ^  lequel,  à  cette  excep- 
tion près,  forme  cette  masse  non  interrompue  de 
ibréts ,  qui  couvre  la  vaste  e'tendue  de  pays  com- 
prise entre  les  points  que  je  viens  d'indiquer.  Il  y  a 
néanmoins  quelques  cantons  entre  Fayetteville  et 
Wilmington  ,  dans  la  Caroline  du  Nord  ,  où  le 
Quercus  cateshœi  se  trouve  disséminé  dans  les  lan- 
des, et  c'est  le  seul  arbre  qui  puisse  ,  comme  l'espèce 
que  nous  décrivons,  s'accommoder  d'un  terrain  aussi 
aride. 

La  hauteur  moyenne  du  Pinus  australis  est  d'en  - 
viron  20  à  il\  mètres  (^  60  à  70  pieds  j  sur  40  centi- 
mètres (i5  à  18  pouces}  de  diamètre,  et  sa  grosseur 
est  uniforme  dans  les  deux  tiers  de  son  élévation. 
Quelques  individus  parviennent  à  de  plus  grandes 
dimensions;  mais  cela  tient  aux  localités,  ainsi  que 
j'aurai  occasion  de  le  faire  remarquer  dans  la  suite 
de  cet  article.  Uécorce  du  Pinus  australis  est  peu 
fendillée ,  et  l'épiderme  s'en  détache  en  feuillets 
minces  et  transparens.  Ses  feuilles  au  nombre  de 
trois  dans  la  même  gaine,  longues  d'environ  33  cen- 
timètres (  I  pied),  d'un  beau  vert,  sont  luisantes 
et  réunies  en  paquets  à  l'extrémité  des  branches. 
Elles  sont  plus  longues  et  beaucoup  plus  nombreuses 


PINUSAUSTRALIS.  Gj 

dans  les  jeunes  arbres;  et  c'est  à  cause  de  cela  que 
les  nègres  les  coupent  souvent  par  le  pied,  et  s'en 
servent  comme  de  balais.  Ses  bourgeons  sont  trcs- 
gros,  blancs,  frisés  et  non  résineux. 

Le  Piniis  australis  fleurit  au  mois  d'avril  ;  ses 
fleurs  mâles  présentent  une  masse  de  chatons  diver- 
gens  de  couleur  violette,  et  longs  de  près  de  5  cen- 
timètres (^  i  pouces  J.  A  l'époque  de  leur  dessication, 
ils  laissent  échapper  une  grande  quantité  de  poleu 
ou  de  poussière  jaunâtre,  qui,  emportée  au  loin  par 
les  vents,  couvre  momentanément  la  surface  de  la 
terre  et  des  eaux.  Ses  cônes,  armés  de  pointes  fines, 
courtes  et  recourbées  en  arrière,  sont  très-volumi- 
neux, ayant  20  centimètres  (^  -y  à  8  pouces  j  de  lar- 
geur sur  10  centimètres  (^  4  pouces  )  de  diamètre 
après  qu'ils  sont  ouverts.  Dans  les  années  où  cet 
arbre  porte  fruit,  ils  sont  à  maturité  vers  le  i3  oc- 
tobre, et  ils  laissent  échapper  leurs  graines  dans  le 
courant  du  même  mois.  L'amande,  dun  goût  assez 
agréable,  est  enfermée  dans  une  coque  mince  et  de 
couleur  blanche,  tandis  qu'elle  est  noire  dans  toutes 
les  autres  espèces  de  pins  de  l'Amérique  septentrio- 
nale j  elle  est  surmontée  d'une  aile  membraneuse. 
Dans  certaines  années,  les  graines  sont  extrêmement 
abondantes,  et  elles  sont  avidemment  recherchées 
par  les  dindons  sauvages  ,  les  écureuils,  et  même  par 
les  cochons  qui  vivent  presque  toujours  dans  les  bois. 
Lorsqu'au  contraire  ce  ne  sont  pas  des  années  à  fruit, 
on  parcourroit  en  vain  des  centaines  de  milles  de 
forêts  composées  uniquement  de  cette  espèce  d'arbre, 


68  PINUS    AUSTRALIS. 

sans  trouver  un  seul  cône  ;  et  c'est  là  probablement 
ce  qui  a  fait  dire  aux  François  qui  tentèrent  de 
s'établir  dans  les  Florides  en  iS6j  «  que  les  bois 
ëtoieut  remplis  de  pins  magnifiques,  mais  qui  ne 
portoient   point  de  fruit.  » 

Le  Piniis  australis  est  peu  charge  d'aubier;  sur 
plusieurs  arbres  de  4o  centimètres  (^  i5  pouces  )  de 
diamètre ,  que  j'ai  mesurés  à  i  mètre  [^  3  pieds  )  de 
terre,  je  n'en  ai  trouvé  que  6  centimètres  (  i  pouces 
et  demi)  sur  i!\  centimètres  (  lo  pouces)  de  cœur; 
et  c'est  parce  qu  il  jouit  de  cette  propriété  ,  qu'on  en 
exploite  une  si  grande  quantité  de  cette  grosseur , 
et  c'est  également  par  cette  raison,  que,  dans  le  com- 
merce d'exportation  qui  s'en  fait,  on  ne  reçoit  au- 
cune pièce  qui  n'ait  au  moins  i!\  centimètres  (  lo 
pouces)  d'équarissage  sans  aubier. Lorsque  cet  arbre 
est  parvenu  à  son  entier  développement,  ses  couches 
concentriques  sont  très-rapprochées,  espacées  éga- 
lement ,  et  la  matière  résineuse  y  est  assez  abon- 
dante et  répandue  d'une  manière  plus  uniforme  que 
dans  les  autres  espèces  du  même  genre;  c'est  par 
cette  raison  que  le  bois  du  Pinus  australis  a  plus 
de  force,  et  qu'il  est  plus  compacte  et  plus  durable  : 
il  a  d'ailleurs  le  grain  fin  et  serré,  et  est  susceptible 
de  bien  se  polir.  Ces  divers  avantages  le  font  préférer 
dans  les  Etats-Unis  à  tous  les  autres  pins,  toutes  les 
fois  qu'on  peut  se  le  procurer.  Cependant  ces  qua- 
lités éprouvent  des  modifications  selon  la  nature  du 
sot  où  il  croît;  ainsi  dans  les  cantons  qui  avoisinent 
le  bord  de  la  mer,  dont  le  leirain  n'est  qu'un  sable 


PI  NUS      AUSTIIALIS.  69 

qiiartzeux  couvert  d'une  couche  trcs-mince  de  terre 
végétale  ,  ce  pin  est  plus  résineux  que  lorsque  cette 
couche  a  douze  centimètres  (^  5  à  G  pouces)  d'épais- 
seur :  de  là  vient  qu'on  désigne  improprement  les 
individus  qui  viennent  dans  le  premier  sol ,  sous 
le  nom  de  Pitch  pine ^  pin  à  goudron,  et  les  autres 
sous  celui  de  Yellow  pine  ^  pin  jaune,  comme  si 
c'étoit  deux  espèces  différentes. 

Ijg  Pinus  australis  sert  à  un  grand  nombre  d'usages 
dans  les  Carolines,  la  Géorgie  et  les  deux  Florides; 
les  huit  dixièmes  des  maisons  en  sont  entièrement 
construites,  à  l'exception  de  la  toiture  qui  est  ordi- 
nairement faite  en  bardeaux  de  Cupressus  disticha; 
mais  dans  les  campagnes  ,  à  défaut  de  ce  dernier 
bois,  on  s  en  sert  aussi  pour  cet  objet,  et  alors  on 
est  obligé  de  renouveler  les  bardeaux  après  quinze 
à  dix-huit  ans,  laps  de  temps  encore  très-considé- 
rable dans  un  pays  où  les  alternatives  de  la  chaleur 
et  de  l'humidité  sont  extrêmes.  On  en  fait  aussi  la 
clôture  des  champs  cultivés;  ce  qui  en  consomme 
une  quantité  prodigieuse. 

Le  Pinus  australis  est  très-employé  dans  les  cons- 
tructions navales,  et  c'est  de  toutes  les  espèces  de  pins 
la  plus  estimée  pour  ce  genre  de  travail.  Dans  les  Etats 
méridionaux,  la  quille,  les  beams ^  les  bordages  et  les 
chevilles  pour  les  fixer  sur  les  membrures,  ainsi  que 
les  mâts,  sont  tirés  de  cet  arbre.  On  le  préfère ,  parti- 
culièrement pour  le  pont,  au  vrai  Pin  jaune,  Pinus 
mitis j  et  on  en  exporte,  pour  ce  seul  objet,  une 
assez  grande  quantité  à  Philadelphie ,  à  New-lork  et 


70  PI  NU  s      AUSTRAL  I  s. 

dans  d'autres  ports  de  mer  situés  plus  au  nord.  11  y  est 
aussi  recherché  pour  faire  les  planchers  des  maisons. 

Le  bois  du  Pinus  australis  contracte  quelquefois 
une  couleur  rougeàtre ,  due  à  la  nature  du  sol  où  il 
croit  ;  ce  qui  lui  a  fait  donner  dans  les  chantiers  de 
constructions  des  Etats  septentrignaux,  le  nom  de  Pin 
rouge.  On  y  regarde  le  bois  de  cette  qualité  comme 
le  meilleur,  et  beaucoup  de  constructeurs  dans  les 
Etats-Unis  pensent  même  que  les  bordages  des  vais- 
seaux qui  en  sont  faits,  sont  plus  durables  que  ceux 
faits  en  chêne,  et  moins  susceptibles  d'être  attaqués 
par  les  vers  de  mer. 

Dans  la  Floride  orientale  où  j'ai  voyagé  ,  le 
Pinus  australis  m'a  paru  s'élever  à  une  plus  grande 
hauteur  ,  et  il  couvre  presque  toute  la  surface  du 
pays.  C'est  la  seule  espèce  de  Pin  des  Etats  méri- 
dionaux, qui  soit  exportée  eu  AngleteiTe  et  aux  colo- 
nies des  Indes  occidentales.  Un  grand  nombre  de 
petits  bâtimens  sont  constamment  employés  à  ce 
commerce ,  surtout  de  Wilmington  dans  la  Caro- 
line du  nord,  et  de  Savanah  en  Géorgie.  Les  bois 
destinés  pour  les  colonies  occidentales,  sont  débités 
en  planches  et  pièces  de  toute  épaisseur,  soit  pour 
la  bâtisse  des  maisons,  soit  pour  la  construction  des 
vaisseaux.  Ceux  qu'on  expédie  pour  l'Angleterre  y 
arrivent  sous  la  forme  de  madriers  de  5  à  lo  mètres 
(^  i5  à  3o  pieds  j  de  long  sur  3o  à  6o  centimètres 
(  10  à  20  pouces  j  de  diamètre  :  on  leur  donne  dans 
le  pays  le  nom  de  rajigijig  timhers ,  et  le  prix  varie 
de  8  à  10  dollars  (  4^  à  5o  fr.j  les  loo  pieds  cubes. 


PINUS     AUSTRALIS. 


71 

C'est  à  Liverpool  que  se  rendent  la  plupart  des  na- 
vires qui  en  sont  chargés.  L'on  dit  que  ces  madriers 
sont  employés  à  la  construction  des  vaisseaux     et 
servent  aussi  à  celle  des  bassins  dits  Wet-  Docks. 
On  leur  donne  le  nom  de  Geor^ia  pilcli  pine ^  pin  à 
goudron  de  Géorgie,  et  cette  qualité  de  bois  de  pin 
se  vend  toujours  de  vingt-cinq  à  trente  pour  cent  plus 
cher  que  celle  de  toute  les  autres  espèces  qu'on  im- 
porte des  autres  parties  de  l'Amérique  septentrionale. 
D'après  les  usages  variés  auxquels  on  a  vu  que  le 
bois  du  Pinus  australis  étoit  appliqué,  non-seule- 
ment dans  les  pays  où  il  croit ,  mais  encore  aux  colo- 
nies des  Indes  occidentales  et  en  Europe,  on  peut 
juger  combien  la  consommation  doit  en  être  consi- 
dérable.   Cependant  à  ces   causes   de  destruction  , 
utile  à  la  société,  il  vient  de  s'en  réunir  une  autre 
infiniment  désastreuse  ,   et  à  laquelle  il  paroit  im- 
possible de  remédier.  On  a  remarqué  depuis  l'an  i8o4 
que  des  cantons  fort  étendus,  et  couverts  des  plus 
beaux  Pins,  n'offrent  plus  que  des  arbres    morts. 
J'avois  déjà  observé  en  1802  le  même  phénomène 
sur  le  Pinus  mitis   dans  l'Etat  de   Tennessee.  Ce 
fléau,  qui  se   fait  sentir  dans  les  belles  forets  de 
Pinus  sjbestris  [scothjîr)  qui  peuplent  le  nord  de 
l'Europe  ,  est  produit  par  des  essaims  d'insectes , 
dont  les  uns  se  logent  dans  la  maîtresse  pousse  ou 
la  flèche,  et  les  autres  s'introduisent  sous  lécorce 
pénètrent  dans  le  corps  de  l'arbre,  et  le  font  périr 
dans  le  cours  de  la  même  année. 

Les  services  qu'on  retire  du  Pinus  australis  ne  se 


72  PINUS    AUSTRALIS. 

bornent  pas  à  son  bois  ;  on  en  extrait  la  presque 
totaHté  des  substances  résineuses  qui  servent  à  la 
construction  des  nombreux  vaisseaux  des  États-Unis, 
et  forment  en  outre  une  branche  importante  de  com- 
merce avec  les  colonies  des  Indes  occidentales  et 
l'Angleterre.  Sous  ce  rapport,  il  n'existe  aucune  autre 
espèce  dans  ce  pays  qui  puisse  y  suppléer  5  car  celles 
qui  seroient  susceptibles  de  le  faire  ,  sont  ou  dis- 
séminées dans  les  bois,  ou  situées  dans  des  lieux  peu 
accessibles^  ou ,  enfin,  resserrées  dans  des  cantons 
trop  peu  étendus  ou  trop  éloignés  ,  pour  qu'on 
puisse  en  obtenir  de  grandes  quantités  ;  et  pour  ne 
citer  qu'un  seul  exemple ,  lors  des  premiers  établis- 
semens  dans  les  Etats  septentrionaux ,  les  terrains 
qui  étoient  couverts  de  Pinus  rigida,  furent  presque 
épuisés  au  bout  de  vingt-cinq  à  trente  ans,  et  depuis 
plus  d'un  demi-siècle  le  nombre  des  arbres  de  cette 
espèce  y  est  tellement  diminué ,  qu'on  ne  peut  plus 
maintenant  les  exploiter  sous  le  rapport  des  produits 
résineux. 

Malgré  que  les  landes  américaines,  Pine  Barrens  y 
soient  d'une  étendue  très-considérable ,  et  qu'elles 
soient  couvertes  des  plus  beaux  Pins,  elles  ne  sont 
cependant  pas  toutes  exploitées,  soit  par  le  défaut 
de  communication  avec  les  ports  de  mer,  soit  par 
l'éloignement  des  rivières  qui  les  traversent,  ou  parce 
qu'on  n'a  pas  encore  ouvert  de  chemins  pour  y  for- 
mer des  établissemens  agricoles,  attendu  l'extrême 
pauvreté  du  sol.  On  faisoit  autrefois  du  goudron  dans 
toute  l'étendue  des  basses  Carolines ,  de  la  basse 


PINUS     AUSTRALIS.  ^3 

Géorgie  et  des  Florides;  car  oa  trouve  partout  des 
vestiges  de  tertres  qui  ont  servi  à  la  combustion  des 
bois  résineux;  mais  aujourd'hui  cette  branche  d'in- 
dustrie est,  pour  ainsi  dire,  bornée  à  la  partie  infé- 
rieure de  la  Caroline  septentrionale,  où  Ton  fabrique 
la  presque  totalité  du  goudron  et  de  la  térébenthine 
qui  s'exporte  de  Wilmington  ,  tant  pour  les  autres 
ports  des  Etats-Unis,  que  pour  les  colonies  occiden- 
tales et  la  Grande-Uretagnc. 

Les  produits  résineux  que  fournit  le  Pinus  austra- 
lis  sont  au  nombre  de  six;  savoir  :  la  térébenthine  , 
turpendne;  la  raclure  ou  le  ratissage  ,  scraping  ; 
l'esprit  de  térébenthine ,  spirit  of  turpentine  ,  la 
résine  ,  rosin  ;  le  goudron  ,  tar  ;  et  le  bray , 
pitch.  Les  deux  premiers  sont  introduits  dans  le 
commerce  tels  que  la  nature  les  donne ,  et  les  au- 
tres ,  sont  le  résultat  de  préparations  pour  lesquelles 
on  emploie  l'action  du  feu.  Je  vais  entrer,  relative- 
ment à  ces  difFérens  produits,  dans  quelques  détails 
qui  y  sont  particulièrement  relatifs. 

La  térébenthine  est  la  sève  elle-même,  obtenue 
par  une  incision  pratiquée  au  corps  de  l'arbre.  Gomme 
c'est  à  la  mi-mars  qu'elle  commence  à  circuler  ,  c'est 
aussi  à  cette  époque  que  l'on  en  commence  la  ré- 
colte, qui  est  d'autant  plus  abondante  que  les  cha- 
leurs deviennent  plus  fortes,  de  manière  que  les  mois 
de  juillet  et  d'août  sont  les  plus  productifs.  Vers  le 
mois  d'octobre  où  la  circulation  commence  à  se  ra- 
lentir, on  cesse  aussi  la  récolte ,  et  l'on  attend  le  re- 
tour du  printemps  pour  en  faire  une  nouvelle.  Quoi- 

I.  10 


^4  PINUS   AUSTRALIS. 

qu'on  n*obtienne  la  térébenthine  que  pendant  le 
printemps,  l'été  et  une  partie  de  l'automne,  cepen- 
dant les  travaux  qu'occasionne  son  extraction  ,  oc- 
cupent le  reste  de  l'année.  Ces  travaux  consistent  à 
faire  les  boites  ,  to  box  ^  à  nettoyer  la  terre  autour 
des  arbres  ,  to  rake ;  à  en  entailler,  gendging j  à 
raviver,  to  chip  j  à  enlever  la  térébenthine  ,  to  dip  ; 
enfin  à  ratisser  ,   to  scrape.  La  première  opération  , 
celle  de  faire  les  boîtes,  a  lieu  dans  les  mois  de  jan- 
vier et  de  février  \  on  fait  au  bas  de  chaque  arbre ,  à 
trois  ou  quatre  pouces  au-dessus  de  terre  ,  et  préfé- 
rablement  du  côté  du  midi,  une  entaille  de  la  con- 
tenance d'environ  i  litre  et  demi  (  i  pinte  et  demie); 
on  la  fait,  au  reste  ,  plus  ou  moins  grande ,  selon  la 
grosseur  de  l'arbre,  et  assez  ordinairement  elle  oc- 
cupe le   quart  de  son  diamètre,  et  dans  ceux  qui 
ont  plus  de  2  mètres  (^6  pieds)  de  circonférence,  on 
pratique  deux  et  quelquefois  quatre  boîtes  opposées 
l'une  à  l'autre.  C'est  dans  les  mêmes  mois  et  pendant 
le  suivant, qu'on  nettoie  les  arbres,  c'est-à-dire  qu'on 
enlève  les  feuilles  et  les  herbes  qui  couvrent  la  sur- 
face du  sol  autour  des  pins.  Ils  se  trouvent  par  ce 
moyen  à  l'abri  du  feu  que  les  voyageurs,  et  surtout 
les  rouliers,  mettent  inconsidérément  dans  les  bois 
lorsqu'ils  y  couchent  ;  car  la  flamme  manquant  alors 
d'aliment,  ne  peut  plus  arriver  jusqu'à  eux,  et  sans 
ce  travail  indispensable,  elle  gagneroit  les  boîtes  déjà 
imprégnées  de  térébenthine,  et  les  détruiroit.  Quand 
cet  accident  arrive ,  malgré  les  précautions  qu'on  a 
prises,  on  est  forcé  de  les  refaire  du  côté  opposé. 


PINUS     AUSTRALIS.  'J  :i 

L'entaillement,  gend^ing  ou  to  notch  ,  consiste  à 
faire  à  chacun  des  deux  côtés  de  la  boite ,  et  dans 
une  direction  oblique,  une  gouttière  d'environ  huit 
centimètres  (trois  pouces)  de  longueur;  elle  a  pour 
objet  de  conduire  dans  la  boite  un  surcroît  de  téré- 
benthine,  et  d'y  diriger  celle  qui  suinte  des  bords 
latéraux  de  la  plaie  qui  occupe  une  plus  grande  sur- 
face que  la  boite  elle-même. 

Dans  l'intervalle  de  temps  qui  s'écoule  depuis 
qu'on  a  commencé  à  entailler  jusqu'à  ce  que  ce  tra- 
vail soit  achevé  ,  et  qui  est  d'environ  quinze  joues, 
les  premières  boîtes  sont  pleines,  et  l'on  commence 
à  enlever  la  térébenthine.  On  se  sert  pour  cela  d'une 
spatule  de  bois,  et  l'ouvrier  vide  le  seau  qu'il  porte 
avec  lui  dans  un  tonneau  placé  à  proximité.  Pour 
augmenter  la  récolte ,  on  ravive  une  fois  la  semaine 
le  bord  supérieur  de  la  plaie,  en  enlevant  l'écorce 
et  une  portion  de  l'aubier,  équivalente  à  quatre 
couches  concentriques;  car  l'on  a  observé  que  plus 
on  multiplie  ces  ravivemens,  plusle  produit  de  l'exsu- 
dation augmente.  La  térébenthine  se  récolte  ainsi 
de  trois  semaines  en'lrois  semaines,  espace  de  temps 
nécessaire  pour  que  les  boites  soient  remplies.  Celle 
qu'on  obtient  de  cette  manière  est  la  plus  pure  et  la 
meilleure  ;  elle  reçoit  le  nom  de  pure  dipiîig.  Les 
ravivemens  successifs  faits  aux  bords  supérieurs  de 
la  plaie,  forment  dès  la  première  année,  une  éten- 
due d'environ  ii  centimètres  (i  pied)  au-dessus  de 
la  boite,  et  cette  distance  augmentant  tous  les  ans, 
on  est  obligé  de  raviver  plus  fréquemment;  car  alors 


7^  PIKUS      AUSTRALIS. 

une  plus  grande  quantité  de  térébenthine  a  le  temps 
de  se  coaguler  et  de  rester  sur  la  surface  de  la  plaie, 
avant  d'arriver  à  sa  destination. 

Les  pluies  continues  pendant  plusieurs  jours,  en 
humectant  les  bords  de  la  plaie,  en  obstruent  en 
partie  les  pores,  ce  qui  oblige,  dans  ce  cas,  de 
les  raviver  plus  fréquemment  ;  aussi  remarque-t-on 
que  la  récolte  est  toujours  moins  abondante,  lorsque 
les  années  sont  pluvieuses  et  les  étés  moins  chauds 
que  de  coutume.  Le  bord  supérieur  de  la  plaie  est 
horizontal  tant  qu'il  est  à  la  portée  de  louvrier; 
mais  lorsque  celui-ci  ne  peut  plus  y  atteindre  que  dif- 
ficilement, il  a  la  forme  d'un  triangle  à  sommet  ren- 
versé :  c  est  ce  qui  arrive  ordinairement  la  cinquième 
ou  la  sixième  année ,  laps  de  temps  après  lequel  on 
abandonne  les  arbres.  La  plaie  se  cicatrise  sur  les 
bords,  mais  l'éeorce  ne  recouvre  jamais  la  partie 
dénudée ,  de  manière  à  ce  qu'elle  puisse  être  retra- 
vaillée par  la  suite. 

On  estime  que  deux  cent  cinquante  boites  pro- 
duisent à  peu  près  un  baril  du  poids  de  i55  kilo- 
grammes (  320  liv.  j  que  chaque  baril  doit  avoir  dans 
le  commerce.  Quelques  habitans  donnent  à  un  nègre 
quatre  mille  ou  quatre  mille  cinq  cents  arbres  char- 
gés d'une  boîte  à  soigner;  d'autres  seulement  trois 
mille  ;  mais  à  la  vérité  cette  dernière  tache  est  con- 
sidérée comme  facile  à  remplir.  On  considère  en 
général  que  trois  mille  arbres  rendent,  année  com- 
mune,soixante-quinze  barils  de  térébenthine  et  vingt- 
cinq  de  ratissage,  scroping-^  ce  qui  paroit  indiquer 


piNUSAUSTRALis.  nn 

qu'on  vide  les  boîtes  cinq  à  six  fois  dans  le  cours 
de  la  saison. 

Le  baril  de  térébenthine,  àïle  pure  cliping ^  se 
vendoit  3  dollars  Ç  i5  f'r.  75  c.)  au  mois  de  no- 
vembre 1807,  à  Wilmington  dans  la  Caroline  du 
nord,  et  celui  de  scraping  vingt-cinq  pour  cent  de 
moins.  Le  ratissage  ou.  scrapùi^^  est  cette  portion  de 
térébenthine  qui  se  durcit  et  se  fige  avant  d'arriver 
à  la  boîte  ,  et  forme  une  couche  épaisse  qu'on  en- 
lève dans  le  cours  de  fautomne ,  en  y  ajoutant  le 
deriiier  produit  de  la  récolte  de  la  térébenthine , 
pure  diping. 

La  térébenthine  est  exportée  dans  les  Etats  du 
Nord  et  en  Angleterre.  Cette  exportation  a  été  , 
en  1804 ,  de  77,827  barils  Ç  environ  240  mille 
quintaux).  En  temps  de  paix,  il  en  vient  même 
à  Paris,  où  elle  est  connue  sous  le  nom  de  téré- 
benthine de  Boston  y  quoique  le  pays  d'oii  on  la 
tire  soit  éloigné  de  cette  ville  de  près  de  1800  kilo- 
mètres (  4oo  lieues  j.  Dans  tous  les  Etats  -  Unis  on 
s'en  sert  pour  faire  le  savon  ,  dont  la  couleur  est 
jaune  et  qui  est  de  bonne  qualité.  L'Angleterre  en 
consomme  une  très-grande  quantité;  car,  d'après  un 
exposé  officiel  des  marchandises  importées  des  Etats- 
Unis  dans  le  cours  de  1807,  ^^^^  ^^  ^  ^^^^^  pour  la 
somme  de  465,828  piastres  (2,445,597  francs).  11  en 
est  arrivé  dans  le  seul  port  de  Liverpool,  en  i8o5 , 
40,294  barils,  et  en  1807  ,  18,924.  Elle  s'y  vendoit 
au  mois  d'août  1 807 , 1 5  francs  le  quintal ,  et  en  1 808 , 
après  la  mise  de  Fembargo  sur  les  navires  américains, 


7^  PINUS     AUSTRALIS. 

jusqu'à  4o  fr.  5o  cent.  Je  placerai  ici  une  remarque 
que  j'ai  faite  en  lisant  l'ouvrage  d'Oddj  sur  les  rela- 
tions commerciales  du  nord  de  l'Europe  avec  la 
Grande-Bretagne,  c'est  que  la  térébenthine  n'est  pas 
comprise  dans  les  listes  qu'il  donne  des  marchan- 
dises exportées  d'Archangel  et  de  Stockholm  ,  tandis 
que  dans  certaines  années,  il  s'expédie  de  ces  deux 
ports  plus  de  100,000  barils  de  goudron. 

On  fabrique  dans  la  Caroline  du  nord  beaucoup 
d'esprit  de  térébenthine.  On  l'obtient  en  distillant 
la  térébenthine  dans  de  grands  alembics  de  cuivre, 
qui  ont  le  défaut  d'être  beaucoup  trop  resserrés  à 
leur  ouverture,  ce  qui  doit  ralentir  l'opération.  Il 
faut,  dit-on,  six  barils  de  térébenthine  pour  avoir 
un  baril  d'esprit,  contenant  1 12  litres  (^122  pintesj. 
On  l'expédie  dans  toutes  les  autres  parties  des  Etats- 
Unis,  et  il  en  passe  même  dans  les  contrées  de  l'ouest 
par  la  voie  de  Philadelphie  ;  on  en  exporte  aussi 
pour  l'Angleterre  ,  et  il  vient  également  en  France  , 
où  quelques  personnes  le  trouve  préférable  à  celui 
qu'on  fabrique  dans  les  landes  de  Bordeaux ,  parce 
qu'il  n'a  pas  une  odeur  aussi  forte.  En  i8o4  il  en  a 
été  exporté  de  la  Caroline  du  Nord  ,  19,526  gallons, 
ou  environ  80,000  pintes,  mesure  de  Paris. 

La  résine,  rosin^  est  le  résidu  de  la  distillation 
de  la  térébenthine;  elle  se  vend  environ  un  tiers 
de  moins;  467^  barils  ont  été  exportés  dans  le 
cours  de  l'an  1804. 

Tout  le  goudron  qui  se  fabrique  dans  la  partie 
méridionale  des  Etats-Unis  se  tire  des  bois  morts  du 


PINUSAUSTRALIS.  jg 

Pinus  australis  ^  tournés  à  l'état  résineux.  Ce  sont  les 
débris  des  arbres  qui  tombent  de  vétusté,  ou  dont 
la  chute  est  accélérée  par  le  ieu  mis  annuel lenient 
dans  les  forets,  et  qui  dans  son  passage  brûle  en 
partie  le  pied  des  Pins,  et  surtout  de  ceux  qui  ont 
été  travaillés  pour  en  extraire  la  térébenthine.  Les 
sommets  abandonnés  des  arbres  abattus  pour  être 
débités  en  planches  ou  madriers,  et  qui  forment 
environ  un  tiers  de  leur  hauteur,  fournissent  encore 
beaucoup  de  bois  mort  pour  la  fabrication  du  gou- 
dron; et  enfin,  dans  certaines  années,  la  quantité 
en  est  encore  augmentée  par  le  verglas  qui  s'attache 
aux  feuilles,  et  fait  rompre  par  son  poids  de  très- 
grosses  branches  '. 

C'est  une  chose  digne  de  remarque  que,  dans  les 
arbres  résineux,  les  branches  parviennent  presque 
entièrement  à  ïétat  de  hois ,  et  que  l'organisation  y 
paroisse  beaucoup  plus  complète  que  dans  le  cœur 
même  de  l'arbre ,  tandis  qu'on  observe  précisément 
le  contraire  dans  les  arbres  à  feuilles  tombantes; 
mais  il  me  suffit  ici  de  faire  connoitre  fidèlement  ce 
phénomène ,  et  je  laisse  aux  personnes  qui  s'occupent 
de  physiologie  végétsde  le  soin  d'en  donner  l'explica- 
tion. Toutes  les  portions  d'arbres  et  de  branches  hors 
d'état  de  végéter  subissent  promptement  une  altéra- 
tion particulière  ,  l'aubier  se  pourrit,  et  le  bois  déjà 
imprégné  de  sucs  résineux,  s'en  surcharge  à  un  tel 


'  Voyez  mon  Voyage  à  l'ouest  du    Mont-AUéglianys  ,  Paris  ,   i8o3  , 
chez  DeniUf  rue  du  Pont-de-Lodi. 


8o  PIN  us     AUSTRALIS. 

degré,  qu'il  double  de  poids  au  bout  d'un  an.  Les 
habitans  prétendent  même  que  la  quantité  de  résine 
est  encore  beaucoup  plus  considérable  après  un  in- 
tervalle de  quatre  à  cinq  ans.  Cette  augmentation  de 
matière  résineuse  dans  le  bois  mort  est  un  fait  certain , 
et  dont  il  est  facile  de  se  convaincre,  en  comparant 
un  morceau  tiré  d'un  arbre  qui  vient  d'être  abattu , 
avec  celui  d'un  autre  tombé  depuis  long-temps. 

Lorsqu'on  veut  faire  le  gondron ,  on  choisit  dans 
les  forets,  pour  y  établir  le  bûcher  ,Â:z7/,  un  canton 
oii  ces  bois  morts  sont  abondans.  On  rassemble 
d'abord  autour  de  l'endroit  désigné  tous  les  bois 
résineux  ;  on  les  dépouille  de  leur  aubier ,  et  on  les 
coupe  en  morceaux  d'un  mètre  (^  2  à  3  pieds  j  de 
longueur,  sur  8  centimètres  (  3  pouces)  d'épaisseur, 
ou  à-peu-près.  Ce  travail  est  assez  long ,  et  même 
assez  difficile,  à  cause  de  la  grande  dureté  des  nœuds 
qui  s'y  trouvent.  Après  cette  opération  préliminaire, 
on  dispose  l'emplacement  où  les  bois  doivent  être 
empilés  ;  pour  cela ,  on  élève  un  tertre  de  forme  cir- 
culaire, et  on  l'entoure  d'un  fossé  peu  profond.  Les 
terres  qu'on  retire  de  ce  fossé  sont  rejetées  dans 
l'intérieur  du  tertre ,  et  servent  à  en  rehausser  les 
bords  et  à  donner  au  sol  une  pente  insensible  jus- 
qu'au centre.  Le  diamètre  du  bûcher  est  propor- 
tionné à  la  quantité  de  bois  qu'il  doit  recevoir.  On 
lui  donne  environ  6  mètres  (  18  à  20  pieds  j  ,  pour 
obtenir  à-peu-près  100  barils  de  goudron;  dans  le 
milieu  est  un  trou  qui  communique  par  un  conduit 
à  une  fosse  destinée  à  recevoir  sa  matière  résineuse , 


PINUSAUSTRALIS.  8l 

et  qui  est  pratiquée  dans  le  fossé  même ,  dont  le  Ifi  Ire 
est  environné.  Après  que  le  sgl  a  été  bien  glaise  et 
bien  battu,  on  arrange  les  morceaux  de  bois  les  uns 
au-dessus  des  autres,  dans  la  même  direction  que 
les  rayons  d'un  cercle  :  ce  qui  leur  donne  une  légère 
inclinaison  vers  le  centre,  suite  nécessaire  de  la  con- 
cavité du  tertre. 

La  pile  achevée  peut  être  comparée  à  un  cône  tron- 
qué aux  deux  tiers  de  sa  hauteur,  et  ensuite  renversé, 
pouvant  avoir  à  sa  base  environ  6  mètres  et  demi  ^  >.o 
pieds)  de  diamètre  ;  à  sa  partie  supérieure  ,809  mè- 
tres (25  à  3o  pieds)  ;  et  3  à  4  mètres  (10  à  12  pieds) 
d'élévation.  Elle,  est  ensuite  garnie  en  son  entier  de 
feuilles  de  Pin,  recouvertes  de  terre,  et  le  tout  est 
maintenu  sur  les  côtés  au  moyen  d'une  légère  en- 
ceinte en  bois.  Cette  enveloppe  est  nécessaire  pour 
que  le  feu  que  l'on  met  dans  la  partie  supérieure  de 
la  pile  ,  et  qui  doit  agir  du  haut  en  bas  ,^  ne  produise 
qu'une  combustion  lente  et  graduée  ;  car  si  la  masse 
venoit  à  s'enflammer  à  la  fois ,  l'opération  seroit  man- 
quée ,  et  le  travail  préparatoire  en  partie  perdu.  Enfin 
cette  dernière  opération  exige  à-peu-près  les  mêmes 
soins  qu'on  apporte  en  Europe  à  la  fabrication  du 
charbon.  Un  bûcher,  kill^  qui  doit  rendre  de  100  à 
i3o  barils  de  goudron,  est  huit  à  neuf  jours  à 
brûler. 

A  mesure  que  le  goudron  se  forme,  et  qu'il  coule 
dans  la  fosse,  on  le  vei^e  dans  des  barils  de  3o  gallons, 
93  litres  (120  pintes)  ,  qui  sont  aussi  faits  de  Pinus 
australis, 

I.  II 


Sa  PI  NUS      AUSTRALIS. 

La  bray  pitch  est  le  résultat  de  la  combustion  du 
goudron;  mais  seulement  jusqu'à  la  réduction  de  la 
moitié  de  son  volume,  pour  être  de  bonne  qualité, 

La  quantité  de  goudron  et  de  bray  importée  en 
Angleterre  des  Etats-Unis  dans  Tannée  1807,  est 
évaluée  ,  dans  l'exposé  officiel  que  nous  avons  déjà 
cité,  à  265,000  piastres,  ou  environ  1,391,250  fr. 
Le  premier  se  vendoit  au  mois  d'août  de  la  même 
année  à  Liverpool ,  2 1  schelings  sterl.  (^  2  3  fr.  60  c.  J  ; 
et  après  qu'on  y  fut  informé  de  la  mise  de  l'embargo 
sur  les  navires  américains,  il  s'éleva  jusqu'à  4^  sclil. 
(^54  fr.)  ;  fait  dont  on  peut  tirer  des  inductions  favo- 
rables aux  Etats-Unis.  A  Wilmington,  C.  N.,  dans 
les  temps  ordinaires,  le  prix  du  baril  varie  de  i  dol- 
lar 7  schl.  à  2  dollars,  ^9  à  1 1  fr.j 

Depuis  1786  jusqu'en  1799,  tout  le  goudron  qui 
est  arrivé  en  Angleterre ,  y  a  été  expédié  suivant  les 
remarques  d'Oddy ,  savoir  :  un  tiers  par  la  Suède,  un 
tiers  par  la  Russie,  et  l'autre  tiers  parles  Etats-Unis  : 
ce  qui  y  est  venu  du  Danemarck  se  réduit  à  peu 
de  chose. 

Le  goudron  de  Suède  est  le  plus  estimé  dansle  com- 
merce; après  vient  celui  d'Archangel  :  quant  à  celui 
des  Etats-Unis ,  il  passe  pour  être  inférieur  aux  deux 
autres.  On  attribue  cette  infériorité  à  ce  qu'il  est 
extrait  de  bois  morts,  au  lieu  que  celui  d'Europe  est 
fabriqué  avec  les  bois  d'arbres  récemment  abattus. 
Je  m'étendrai  davantage  sur  cette  différence  à  l'article 
du  Pinus  rigida^  où  l'on  verra  qu'il  paroît  avoir  été 
reconnu  depuis  long-temps  que  l'emploi  du  bois  vert 


P  I  N  U  s      A  U  S  T  K  A  L  I  S .  83 

OU  du  bois  mort,  influe  beaucoup  sur  la  qualité  du 
goudron.  On  reproche  encore  à  celui  des  Etats-Unis 
de  contenir  souvent  de  la  terre,  ce  quil  faut  sans 
doute  attribuer  au  peu  d'attention  qu'on  met  à  faire 
la  fosse  dans  laquelle  il  coule  à  mesure  quil  se  foniio 
dans  le  bûcher.  Il  égaleroit probablement  en  qualité 
celui  du  nord  de  l'Europe,  s'il  étoit  fabriqué  avec 
les  mêmes  soins  et  les  mêmes  procédés;  cependant, 
à  ces  causes  des  différences  qui  tiennent  au  mode 
de  fabrication ,  il  faut  en  ajouter  deux  autres  très- 
remarquables.  La  première,  c'est  que  le  goudron  de 
Suède  ou  de  Russie  provient  du  Pinus  syheslris  ^ 
et  celui  des  Etats-Unis  du  Pinus  australis ,  deux 
arbres    absolument  distincts;  la  seconde,  que  l'un 
de  ces  deux  arbres  croît  dans  les  régions  de  l'Europe 
les   plus  froides,  tandis  que  l'autre,  au  contraire, 
est  indigène  à  des  pays  très-chauds.  J'ai  déjà  eu  occa- 
sion  de   dire   que,   malgré   la   grande   étendue  de 
pays  que  couvre  le  Pinus  australis  ^  la  fabrication 
du  goudron  et  de  la  térébenthine  étoit  aujourd'hui 
restreinte  à  la  Basse-Caroline  du  nord,  et  à  une  très- 
petite  portion  de  la  Virginie  qui  l'avoisine;   mais 
d'après  la  grande  consommation  qui  se  fait  de  ces 
substances,  tant  dans  les  Etats-Unis  que  dans  la 
Grande-Bretagne,  je  doute  que  quand  même  toutes 
les  contrées  qui  en  sont  susceptibles,  seroient  ex- 
ploitées sous  ce  rapport,  elles  pussent  fournir  long- 
temps à  la  consommation  ;  car  on  prétend  qu'un  can- 
ton oii  l'on  a  ramassé  les  bois  morts  pour  l'extrac- 
tion du  goudron,  ne  se  trouve  regarni  d'une  même 


84  PINUS    AUSTRALIS. 

quantité  qu'au  bout  de  dix  à  douze  ans.  Il  paroît 
donc  qu'il  seroit  très-avantageux  d'extraire  le  gou- 
dron de  bois  vert  où  d'arbres  écorcés  à  l'avance  ; 
peut-être,  en  employant  ce  moyen,  parviendroit- 
on  à  subvenir  aux  besoins  du  commerce  ? 

On  pourroit  encore,  dans  ces  mêmes  contrées, 
tirer  un  grand  avantage  de  l'écorcement  des  Pins 
d'un  petit  diamètre,  cette  opération,  en  les  faisant 
passer  dans  le  cours  de  quinze  mois  à  un  état  rési- 
neux complet,  les  rendroit  très-propres  à  faire  des 
pieux,  ainsi  qu'à  beaucoup  d'autres  usages  pour 
lesquels  il  faut  des  bois  très-forts  et  susceptibles 
de  résister  long-temps  aux  influences  de  l'air  et 
de  Ihumidité  ;  on  devroit  surtout  tenter  cet  écorce- 
ment  au  mois  d'avril  ou  au  commencement  de  mai , 
lorsque  la  sève  est  en  activité ,  en  observant  d'enle- 
ver le  liber  le  plus  exactement  qu'il  seroit  possible. 
J'aurois  bien  désiré  faire  cet  essai  pendant  mon  der- 
nier séjour  dans  la  Caroline  du  sud,  mais  la  saison 
étoit  trop  avancée  pour  que  je  pusse  l'entreprendre 
avec  l'espoir  d'obtenir  un  heureux  résultat. 

Je  terminerai  la  longue  description  du  Piniis 
australis  par  le  désir  de  le  voir  propager  dans  les 
Landes  de  Bordeaux.  La  température  de  cette  partie 
de  l'Empire  et  la  nature  du  sol  lui  conviendroient 
très-bien  ;  il  y  réussiroit  beaucoup  mieux  que  dans 
les  départemens  qui  sont  plus  septentrionaux,  où  il 
ne  croitroit  jamais  que  d'une  manière  imparfaite.  Il 
seroit  une  ressource  de  plus  pour  la  France  ;  car , 
outre  ses  produits  résineux,  son  bois  est  le  meilleur 


PINUS     AUSTRAL  I  s,  85 

de  tous  ceux  que  fournissent  les  autres  espèces  de 
Pins  de  l'Amérique  septentrionale.  Je  l'ai  comparé  à 
celui  du  Pinus  marilima  (Pin  de  Bordeaux),  et  à 
celui  du  Pinus syheslris  (Pin  du  Nord  ou  de  Kiga), 
et  je  l'ai  trouvé  très-supérieur  en  qualité.  Je  ne  doute 
pas  non  plus  que  les  bois  des  Pinus  mitis  et  du 
Pinus  ruhra  ne  soient  aussi  très-préférables  à  ceux 
de  ces  deux  espèces  européennes,  à  en  juger  par 
les  forts  échantillons  que  j'ai  rapportés. 

La  figure  du  Pinus  australis  ^  dans  l'ouvrage  de 
Sir  A.  B.  Lambert,  représente  bien  les  feuilles  et  les 
fruits;  mais  il  est  défectueux  relativement  aux  (leurs 
mâles.  Quant  à  la  description  qu'il  donne  de  cet 
arbre  ,  elle  offre,  de  toute  manière  ,  une  telle  dispa- 
rité avec  la  mienne,  que  je  crois  devoir  la  transcrire 
ici  textuellement  et  dans  son  entier  ,  plutôt  que 
d'entrer  dans  aucune  discussion.  La  description  la- 
tine commence  ainsi  :  Pinus  palustris.  Arhor  me- 
dioci^is ,  in  paludosis.  —  The  FTood  is  of  a  redis  h 
white  colour^  soft^  light  and  verj  sparingly  im- 
pregnated  with  rosin.  It  soon  decaj  and  burn 
badfy  it  is  so  litle  estimated  that  as  long  as  any 
kind  ofwood  is  to  be  had ,  not  tho  least  use  is  niade 
ofit.  «  Le  bois  de  cet  arbre  est  de  couleur  rou- 
geâtre  ,  tendre ,  léger  et  peu  chargé  de  résine.  Il 
pourrit  promptement,  et  brûle  mal.  Il  est  si  peu  es- 
timé ,  qu'aussi  long-temps  qu'on  pourra  se  procurer 
toute  autre  espèce  de  bois ,  il  n'en  sera  pas  fait  le 
moindre  usage.» 

PLANCHE   VI. 

Fi'g'  1  f  feuille.   F/g,  a  j    bourgeon.   Fig,  5  ,  graine. 


PINUS      SEROTINJ, 

THE  POND  FINE. 

Pin  US  serotina  ;  arhor ,  4o-45  pedalis  ;  foliis  ternis ,  prce- 
longis  ;  amentis  masculis  erecto  incumbentibus  ;  strobi- 
lis  ovatis  ;  tessularmn  mucrone  munutissimo. 

Obs.  Strobïli  anno  tanlum  sequenti  dehiscunt. 
P.  serotina  A  Mich.  il.  B.  Am». 

Quoique  le  Pinus  serotina  se  rencontre  assez  fré- 
quemment dans  la  partie  maritime  des  Etats  méri- 
dionaux ,  il  est  cependant  comme  perdu  dans  la 
grande  masse  des  Pins  à  longues  feuilles  qui  cou- 
vrent toutes  ces  contrées  ;  d'ailleurs  ,  il  n'est  employé 
à  aucun  usage  déterminé ,  et  il  a  cet  air  de  famille 
qui  donne  une  apparence  à -peu -près  semblable  à 
tous  les  Pins  ;  et  c'est  sans  doute  par  ces  motifs  qu'il 
n'a  reçu  jusqu'à  présent  des  habitans  aucune  déno- 
mination particulière.  Le  nom  de  Pojid  pine.  Pin 
des  mares,  que  je  lui  donne,  me  paroît  assez  con- 
venable 3  car  on  le  trouve  principalement  autour 
des  mares  Ponds  remplies  de  Laiirus  estivalis , 
Pondbushes ^diinû  que  dans  les  petits  swamps  ou  ma- 
rais ,  dont  le  sol  noir  et  même  bourbeux  est  couvert 
de  Gordonia  lasianthus  ,  Lsaurus  cai^oliniensis 
Njssa  aquatica  y  Magnolia  glauca. 

Les  feuilles  du  Pinus  serotina  ,  réunies  trois  à 
trois  dans  une  seule  gaîne  ,  sont  longues  de  i3  à  i6 
centimètres  (^^  ai  Q  pouces  j  et  même  un  peu  plus 
grandes  dans  les  jeunes  individus.  Ses  chatons,  longs 


PINUS   Serotiiia. 


PINUS      SEROTIJVA.  87 

de  II  à  12  millimètres  (6  à  8  lignes),  sont  droits 
et  non  recourbes,  ni  mêlés  ensemble,  comme  dans 
le  Pinus  australis  ou  le  Pinus  mitis.  Ses  cônes  ,  le 
plus  souvent  réunis  deux  à  deux  et  opposés  l'un  à 
l'autre,  ont  environ  6  centimètres  (^2  pouces  et  demi) 
de  longueur,  sur  i/j-  centimètres  (5  pouces  et  demi) 
de  circonférence,  et  sont  assez  semblables  par  leur 
configuration  à  un  œuf  de  grosseur  ordinaire.  Leurs 
écailles,  arrondies  à  l'extrémité  supérieure  ,  sont  ar. 
mées  d'une  pointe  très-courte  et  très -fine,  qui  se 
casse  avec  la  plus  grande  facilité  ;  ce  qui,  dans  quel- 
ques circonstances  ,  pourroit  faire  croire  qu'elles  en 
sont  entièrement  dépourvues. 

Quoique  les  cônes  du  Pinus  serulina  ne  soient 
que  deux  ans  pour  arriver  à  leur  entière  maturité^ 
cependant  ils  ne  s'ouvrent  et  ne  laissent  échapper 
leurs  graines  que  la  troisième  et  même  la  quatrième 
année. 

Cet  arbre  s'élève  ordinairement  de  1 1  à  12  mètres 
(^35  à  4o  pieds) ,  sur  40  à  5o  centimètres  [  i5  à  18 
pouces)  de  diamètre;  il  est  fort  rare  de  trouver  des 
individus  qui  aient  de  plus  grandes  dimensions.  Il 
est  surtout  remarquable  par  ses  branches  fort  espa- 
cées ,  et  qui  commencent  toujours  à  partir  au-des- 
sous de  la  moitié  de  sa  hauteur;  outre  le  désavan- 
tage que  lui  donne  ce  défaut,  il  a  encore  celui  d'être 
surchargé  d'aubier ,  au  point  qu'on  en  trouve  tou- 
jours, même  dans  les  plus  gros  arbres  ,  une  plus 
grande  proportion  que  de  cœur;  et  c'est  à  cause  de 
cela  qu'on  n'en  fait  aucun  usage  dans  le  pays  ,   et 


bo  PINUS     SEROTINA.  .     • 

qu'il  ne  mérite,  point  par  conséquent  d'attirer  l'at- 
tention des  personnes  qui  s'occupent  de  plantations 
utiles  en  Europe. 

Obs.  Lorsque  les  marais  où  swamps,  aux  environs 
desquels  croit  le  Pinus  serotina^  sont  peu  éloignés 
des  champs  autrefois  cultivés ,  mais  abandonnés  à 
cause  de  leur  infertilité  ,  on  observe  quelquefois 
qu'il  s'y  est  multiplié  avec  le  Pinus  australis  ;  c'est 
ce  qui  m'a  mis  à  même  de  m'assurer  que  la  séche- 
resse du  terrain  n'apportoit  point  de  différence  dans 
la  forme  de  cet  arbre  ^  ni  dans  celle  de  ses  cônes , 
et  que  ceux-ci ,  dans  ce  cas ,  n'étoient  point  armés 
de  pointes  plus  longues  ni  plus  fortes  que  dans  les 
individus  qui  croissent  dans  un  sol  humide. 

J'ai  cru  devoir  ajouter  cette  observation,  parce 
que  cet  arbre  a  été  fréquemment  confondu  avec  le 
Pinus  ri^ida ,  avec  lequel  il  a  beaucoup  d'analogie 
par  sa  forme. 

PLANCHE    VIL 

Fig.    1  ,  feuille.  Fig,  2  ,  graine. 


P/.8 


/i,:v.,  ,/r/ . 


(  :,/,,. >c 


PINUS      RIGIDA. 

THE    PITCH    PINE. 

Pin  US  rigida  ,  arhor  ramosa;  cortïce  scahro-rimosa  ,  gf^fn- 
mïs  resinosis  ;  foliis  ternis  ;  amentis  masculis  ere.cio- 
incumhentibus  ;strohilis  sparsis  vel  aggregatis,  squamia 
echiiiatis ,  spi'nis  rigidis. 

P.  rigida  ,   Linn. 

Cette  espèce  est  connue  dans  tous  les  Etats-Unis 
sous  le  nom  de  Pitch  pine  ,  Pin  résineux  ,  et  quel- 
quefois aussi  en  Virginie  sous  celui  de  Black  pine  ^ 
Pin  noir,  mais  jamais,  sous  la  dénomination  de 
Three  leaved  Virginian  pine ,  Pin  de  Virginie  à 
trois  feuilles ,  que  lui  donne  Sir  A.  B.  Lambert,  dans 
son  ouvrage. 

A  l'exception  de  la  partie  maritime  des  Etats  mé- 
ridionaux et  des  contrées  fertiles  situées  à  l'ouest 
des  monts  Alléghanys,  cet  arbre  se  trouve  dans  tou- 
tes les  parties  des  Etats-Unis  ,  mais  beaucoup  plus 
abondamment  dans  la  partie  atlantique  ,  où  la  na- 
ture du  sol  est  très-variée  et  souvent  de  très  mau- 
vaise qualité. 

Les  environs  de  Brunsv^âck,  dans  le  district  de 
Maine,  et  ceux  de  Burlington  sur  le  lac  Champlain, 
dans  l'Etat  de  Vermont,  sont  les  points  les  plus  sep- 
tentrionaux où  je  l'aie  trouvé  ;  dans  ces  contrées, 
les  endroits  où  il  croît  le  plus  ordinairement  sont 
ceux  dont  le  sol  est  uni  et  formé   d'un  sable  quart- 

I.  12 


go  PINUSRIGIDA. 

zeux,  friable  et  si  peu  substantiel  que  cet  arbre ,  qui 
les  couvre  exclusivement ,  ne  s'ëlève  pas  au-dessus 
de  4^5  mètres  (12  a  i5  pieds  j;  ses  branches  me- 
nues et  chargées  de  petits  cônes  annoncent  encore 
son  épuisement. 

Les  chaînons  successifs  qui  composent  les  Allégha- 
nys  et  qui  traversent  la  Pensylvanie  et  la  Virginie, 
dans  une  étendue  de  plusieurs  centaines  de  milles, 
en  sont  parfois  couverts  ;  c'est  ce  que  j'ai  eu  l'occa- 
sion de  remarquer  plusieurs  fois,  dans  mon  voyage  de 
Philadelphie  à  Pittsburgh  sur  l'Ohio,  et  notamment 
en  traversant  les  South  mountains ,  sur  le  chaînon 
désigné  sous  le  nom  de  Sadle  Hill ,  à  3o  milles  de 
Bedfort.  Sur  ces  montagnes,  dont  le  sol  est  un  peu 
moins  mauvais  ,  et  qui  est  composé  d'argile  et  de 
beaucoup  de  pierres  ,  le  Pinus  rigida  vient  à 
10  à  12  mètres  (  3o  à  35  pieds  J  de  hauteur,  sur  3 
à  4  décimètres  ^  12  à  i5  pouces)  de  diamètre  ;  di- 
mensions beaucoup  plus  grandes  que  celles  des 
diverses  espèces  de  chênes  avec  lesquelles  il  se 
trouve. 

On  le  rencontre  encore  fréquemment  dans  la  par- 
tie basse  du  New-Jersey,  de  la  Pensylvanie  et  du 
Maryland,  mais  dans  des  sites  tout  opposés.  Ainsi, 
dans  tous  les  grands  swamps  ou  marais  remplis  de 
Cupressus  thujoides ^  qui  sont  constamment  vaseux 
ou  couverts  d'eau ,  il  se  trouve  des  Pinus  rigida 
qui  surpassent  les  autres  arbres  en  élévation  et  en 
grosseur  :  ils  ont  environ  20  à  25  mètres  ^70  à  80 
pieds  J  de  hauteur,  sur  6  à  7  décimètres  (^  20  à  28 


P  I  N  U  s     R  I  f  i  I  D  A  .  91 

pouces)  de  diamètre.  Cet  arl)re  résiste  aussi  assez 
long-temps  à  l'action  des  eaux  de  la  mer  qui ,  dans 
les  fortes  marées,  couvrent  les  prairies  salées,  au 
milieu  desquelles  il  croit  quelquefois,  et  où  il  est 
seul  de  son  espèce. 

Les  bourgeons  du  Piniis  rigida  sont  toujours  rési- 
neux ,  et  ses  feuilles,  réunies  au  nombre  de  trois 
dans  la  même  gaine,  ont  depuis  3  jusqu'à  18  centi- 
mètres (  I  pouce  et  demi  jusqu'à  7  pouces)  de  lon- 
gueur, selon  qu'il  croit  dans  des  lieux  très -secs  ou 
très-humides.  Ses  chatons,  disposés  comme  dans  le 
Pinus  serotina^  sont  droits  et  longs  d'environ  3  cen- 
timètres (  1  pouce).   Ses  cônes  varient  également  en 
grosseur, suivant  les  localités,  depuis  un  peu  moins 
de  3  centimètres  (^  i  pouces  ),  jusqu'à  5  centimètres 
(  3  pouces  et  demi  )  de  longueur  ;  leur  forme  est  py- 
ramidale, et  chaque  écaille  est  armée  d'une  pointe 
aigùe  et  longue  d'environ  4  millimètres  (  2  lignes). 
Lorsque  le  Pinus  rigida  croit  en  grande  masse,  soit 
sur  les  montagnes,  soit   dans  les  marais,  ses   cônes 
sont  disséminés  et  placés  un  à  un  sur  les  branches  , 
et,  comme  je  m'en  suis  assuré  par  des  observations 
constantes,  ils  s'ouvrent  pour  laisser  échapper  leurs 
graines  à  l'automne  de  la  même  année  qu'ils  sont 
arrivés  à  maturité;  mais  lorsqu'au  contraire,  ces  ar- 
bres sont  isolés  et  exposés  à  être  battus  par  les  vents  , 
ils  sont  rabougris  ,   et  les  cônes   sont  ramassés   au 
nombre  de  quatre  à  cinq,  et  même  en  plus  grand 
nombre  sur  une  seule  branche.  Alors  ils  restent  plu- 
sieurs années  sans  s'ouvrir.  Cette  observation  reh.- 


Q2  PINUS     RIGIDA. 

tive  à  l'agglomération  des  cônes,  s'applique  aussi  au 
Pinus  inops  et  au  Pinus  pungens^  et  fait  reconnoître 
ces  arbres  au  premier  aspect. 

Le  Pinus  7'igida  a  l'écorce  épaisse  ,  noirâtre ,  et 
profondément  sillonée.  Mais  il  se  distingue  sur- 
tout des  autres  espèces  de  Pins  ,  en  ce  qu'il  est  très- 
rameux  et  garni  de  branches  dans  les  deux  tiers  de 
sa  hauteur;  ce  qui  rend  son  bois  très  noueux.  Il  a 
de  plus,  l'inconvénient  d'être  tellement  surchargé 
d'aubier  ,  que  les  trois  quarts  de  son  diamètre  en 
sont  formés,  ce  qu'on  observe  même  dans  les  plus 
forts  individus  :  aussi ,  les  couches  concentriques 
sont-elles  très-écartées.  La  qualité  de  son  bois  est  en- 
core très-différente  suivant  les  lieux  oii  il  croît  :  sur 
les  montagnes  et  dans  les  terreins  secs  et  graveleux ,  il 
est  très-résineux  et  par-là  même  compacte  et  pesant, 
ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  Pitch  pine^  Pin  à 
goudron  ;  dans  les  marais,  au  contraire,  il  est  tendre, 
léger  et  encore  plus  chargé  d'aubier  ;  alors  il  est  dé- 
signé sous  celui  de  Sap pine^Vin  à  aubier.  Ces  défauts 
essentiels  le  rendent  inférieur  au  Pinus  mitis-,  mais 
comme  cette  dernière  espèce  devient  tous  les  jours 
plus  rare,  à  cause  de  la  grande  consommation  qui  s'en 
fait  pour  les  constructions  civiles  et  maritimes ,  on 
la  remplace  en  partie  à  New- York,  à  Philadelphie  et 
à  Baltimore,  par  le  Pinus  rigida ,  dont  on  fabrique  les 
caisses  destinées  à  contenir  diverses  marchandises  , 
telles  que  la  chandelle,  le  savon,  etc.  Les  ouvriers 
qui  l'emploient  pour  ces  usages  secondaires  se  servent 
de  la  qualité  dite  Sap  pine  ^  Pin  à   aubier. 


PI  NUS      R  I  G  I  D  A.  93 

Dans  quelques  parties  des  monts  Allcghanys  où 
le  Pinus  rigida  est  très-abondant,  les  maisons  en 
bois  en  sont  entièrement  construites,  et  lorsqu'elles 
ne  sont  pas  peintes,  on  rcconnoît  tout  de  suite  à 
la  quantité  de  nœuds  dont  les  planches  sont  par- 
semées,  qu'elles  proviennent  de  cet  arbre.  On  pré- 
tend cependant  que  pour  le  plancher  inférieur, 
qu'on  est  dans  l'habitude  de  laver  toutes  les  semai- 
nes, elles  sont  préférables  à  celles  du  Pinus  mit Is ^ 
le  grain  du  bois  étant  plus  ferme  et  plus  résistant , 
à  cause  de  la  quantité  de  résine  dont  il  est  im- 
prégné. 

On  s'en  sert  aussi  pour  les  corps  de  pompes  des 
navires,  et  il  convient  très-bien  à  cet  usage,  pour 
lequel  on  recherche  préférablement  les  espèces 
de  Pin  qui  ont  très  -  peu  de  cceur  sur  un  grand 
diamètre. 

Les  boulangers  de  New -York,  de  Philadelphie 
et  de  Baltimore,  ainsi  que  les  briquetiers  établis  aux 
environs  des  villes  ,  chauffent  presqu'entièrement 
leurs  fours  avec  le  bois  de  cet  arbre,  ce  qui  en  con- 
somme une  prodigieuse  quantité.  Ils  l'achètent  à 
Philadelphie  ,  3  piastres  (16  francs)  la  corde.  C'est 
encore  avec  les  morceaux  les  plus  résineux  que  se 
fait  le  noir  de  fumée. 

Le  Pinus  i^igida  paroit  avoir  été  autrefois  fort  com- 
mun dans  les  Etats  de  Connecticut,  de  Massachus- 
setts  et  de  New^-Hampshire  ,  situés  à  l'est  de  la  rivière 
Hudson;  car,  depuis  le  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle  jusqu'en  1776  ,  on  s  y  est  occupé,  plus 


94  PINUSRIGIDA. 

OU  moins  activement,  de  fabriquer  du  goudron.  Cette 
fabrication  y  fut  même  encouragée  vers  l'an  l'joS ,  à 
la  suite  de  quelques  différends  survenus  entre  l'An- 
gleterre et  la  Suède  qui  fournissoit  à  cette  première 
puissance  ses  approvisionnemens  en  ce  genre  :  pri- 
vée momentanément  de  cette  ressource  ,  la  Grande- 
Bretagne  chercha  à  y  suppléer  par  ses  colonies  du 
nord  del'Aniérique;  elle  offrit  une  prime  de  i  pound 
sterling  (22  f.  5o  c.)  pour  autant  de  huit  barils  faits  à 
la  manière  ordinaire,  c'est-à-dire  ,  avec  des  bois  rési- 
neux provenant  d'arbres  morts,  et  celle  de  2  pounds 
4  shellings  sterling  (49  f.  4o  c),  pour  pareille  quantité 
faite  avec  du  bois  vert.  Gomme  il  paroît  que  ce  der- 
nier procédé  n'étoit  point  en  usage,  on  le  fit  connoî- 
tre,  et  on  publia  qu'il  consistoit  à  écorcer  les  arbres 
jusqu'à  trois  mètres  (  9  pieds  )  au-dessus  de  terre  ,  et 
à  ne  les  abattre  qu'au  bout  d'un  an.  La  bonté  de 
ce  procédé  a  été  confirmée  depuis  par  les  expérien- 
ces deBuffon,  sur  la  conversion  de  l'aubier  e?i  bois  , 
expériences  dont  on  tireroit  de  grands  avantages 
dans  les  Etats-Unis,  si  on  en  faisoit  l'application  aux 
arbres  résineux.  Soit  que  cet  encouragement  ait  causé 
rapidement  une  grande  destruction  de  cet  arbre,  soit 
qu'on  doive  l'attribuer  encore  à  d'autres  circonstan- 
ces que  j'ignore;  il  est  constant  que  depuis  bien  des 
années,  on  ne  tire  plus  ni  térébenthine  ni  goudron 
de  cette  partie  des  Etats-Unis ,  car  tout  ce  qui  s'en 
consomme  à  Boston  et  dans  les  ports  de  mer  voi- 
sins y  est  importé  de  Wilmington ,  dans  la  Garoline 
du  nord. 


PINUS      KIOIDA.  qS 

La  petite  quantité  de  goudron  qui  se  fabrique 
sur  les  bords  du  lac  Ghamplain  ,  est  employée  pour 
les  petits  bàtimens  qui  y  naviguent .  ou  est  envoyée 
à  Québec.  Quelques  pauvres  habitans  se  livrent  aussi 
à  ce  travail,  dans  la  partie  basse  du  New-Jersey  qui 
avoisine  la  mer ,  et  le  peu  de  goudron  qu'ils  en  re- 
tirent est  transporté  à  Philadelphie  où  il  est  moins 
estimé  que  celui  qui  vient  des  Etats  méridionaux. 
Quant  à  la  quantité  qu'on  en  consomme  sur  les  bords 
de  rOhio  ,  pour  la  construction  des  sept  ou  huit 
vaisseaux  de  différente  grandeur  qu'on  lance  annuel- 
lement sur  cette  rivière,  elle  vient  des  monts  Allé- 
glianys,  et  principalement  des  bords  de  Tarcreek, 
(  rivière  à  goudron  J  qui  a  son  embouchure  dans 
1  Ohio  à  20  milles  de  Pittsburgh  ,  et  ce  goudron  re- 
vient à  un  prix  très-élevé.  On  ne  fabrique  pas  non 
plus  dans  les  contrées  de  l'ouest ,  d'essence  de  té- 
rébenthine ;  tout  ce  qu'il  en  faut  pour  la  peinture 
extérieure  et  intérieure  des  maisons  y  est  transporté 
de  Philadelphie  et  de  Baltimore. 

Mes  recherches  ne  m'ont  rien  appris  de  plus  sur 
lePinus  rigida ,  mais  ce  qu'on  a  lu ,  suffit  pour  prou- 
ver que  plusieurs  autres  espèces  de  Pins  lui  sont 
préférables,  telles  que  le  Piniis  ?nitis  et  le  Piniis 
rubra^  qui  peuvent  venir  dans  les  mêmes  terreins, 
et  avec  lesquels  il  se  rencontre  quelquefois  naturel- 
lement: ces  espèces  n'ont  pas,  du  moins  au  même 
degré ,  les  défauts  de  cet  arbre  ;  car,  ainsi  que  je  l'ai 
déjà  remarqué  ,  lorsque  ce  dernier  croit  dans  un  sol 
sec  et  graveleux ,  il  est  branchu  dans  les  deux  tiers 


g6  •  PINUSRIGIDA. 

de  sa  hauteur,  et  par  conséquent  les  pièces  qui  en 
proviennent  sont  pleines  de  nœuds  ;  et  s'il  se  trouve 
dans  des  endroits  très  -  humides ,  il  acquiert ,  à  la 
vérité,  de  bien  plus  grandes  dimensions,  mais  alors 
son  bois  ne  vaut  rien,  pour  tous  les  ouvrages  qui 
exigent  de  la  force  et  de  la  durée. 

PLANCHE    VIII. 

Fig.  i  ,  feuille.  Fig.  2  ,  graine. 


/' .f:jl^./fli,A:  M 


PIN  US  Taîda^. 


'V'VW  W '*,-^/-^  ^  "^  X. -v^ -^^^-V*^^  ^-'W  ^ -^  "»»  ^''X/*»  ^ 


PIN  us       TMDA. 


THE    LOBLOLLY    FINE. 


Pi  NUS  tœda,  arhor  maxima  ,  supernè  patula;  foliîs  ler- 
nis ,  prœlojigis  ;  amentis  masculis  divergent! bus.  Stro- 
hilis  4  -  um  laliùus  ,  tessul/s  mucrone  sursum  rigide 
uncinato  ;  fructiferis  sub-rhoînboideis. 

P.    tseda ,  Lina. 

Cette  espèce  de  Pin  est  connue ,  dans  toute  la 
partie  basse  des  Etats  méridionaux  ,  sous  le  nom  de 
Loblollj  pinej  et  quelquefois  sous  celui  de  TVhite 
pine ,  aux  environs  de  Richemond  et  de  Peters- 
burgh  en  Virginie.  C'est  à  peu  de  distance  de  Fre- 
derickburgh,  dans  ce  même  Etat,  éloigné  de  23o 
milles  au  sud  de  Philadelphie ,  que  j'ai  observé  cet 
arbre  pour  la  première  fois,  en  me  rendant  dans  les 
Etats  du  midi.  Je  ne  crois  pas  qu'il  se  trouve  beau- 
coup plus  vers  le  nord,  et  certainement  il  n'existe 
point  dans  la  Pensylvanie  ,  ainsi  que  l'avance  Sir 
A.  B.  Lambert,  d'après  Vanghenheim. 

Dans  toute  la  basse  Virginie,  et  dans  cette  portion 
de  la  Caroline  du  nord  située  au  nord-est  de  la  rivière 
Cap  fear ,  ce  qui  comprend  une  étendue  de  près  de 
200  milles  ,  le  Pinus  tœda  croit  dans  tous  les  can- 
tons secs  et  sablonneux  ;  mais  si  le  terrein  est  formé 
d'une  argile  rougeâtre  mêlée  de  gravier,  il  est  occupé 
par  le  Pinus  mitis  et  par  différentes  espèces  de  Chê- 
nes. C'est  une  chose  bien  digne  de  remarque  que  la 
I-  i3 


98  PINUSTvEDA. 

régularité  avec  laquelle  le  Pinus  tœda  et  le  Plnus 
mitis  sont  soumis  pour  leur  croissance  à  l'influence 
du  sol  ;  car  selon  les  variations  qu'il  éprouve ,  même 
dans  l'intervalle  de  4  à  5  milles ,  l'un  ou  l'autre  de 
ces  Pins  paroît  ou  disparoît  entièrement. 

Dans  la  même  partie  de  la  basse  Virginie,  cet  ar- 
bre s'empare  encore  exclusivement  des  terres  dont 
l'infertilité  a  fait  abandonner  la  culture ,  de  manière 
qu'en  voyageante  travers  ces  contrées,  on  rencontre 
fréquemment  au  milieu  des  forêts  de  Chênes  et  autres 
arbres  à  feuilles  tombantes,  des  espaces  de  35  à  70 
hectares  (  100  à  200  arpens  J  couverts  uniquement 
de  jeunes  Pinus  tœda  de  la  plus  belle  venue. 

Dans  les  Etats  méridionaux,  cette  espèce  de  Pin, 
qui  est  la  plus  commune  après  le  Pinus  australis\, 
ne  croit  au  contraire  que  dans  les  cantons  qui  avoi- 
sinent  les  rivières  ,  ou  qui  sont  traversés  par  les 
creeks  ^  dont  le  sol  est  assez  productif  et  susceptible 
de  s'améliorer;  tel  est  le  terrein  qui  entoure  la  ville 
de  Charleston,  dans  la  Caroline  du  sud,  à  une  dis- 
tance de  5  à  6  milles,  qui  est,  en  grande  partie, 
couvert  de  Pinus  tœda.  On  voit  encore  souvent  cet 
arbre  le  long  àesswamps  étroits  qui  coupent  en  tous 
sens  les  landes,  Pines  harrens^  et  qui  sont  remplies 
de  Laurus  caroliniensis  ,  Magnolia  glauca ,  Gor- 
donia  lasyanthus  ^  etc. 

Les  feuilles  du  Pinus  tœda  sont  fines ,  d'un  vert 
clair  et  longues  d'environ  16  centimètres  (6  pouces); 
elles  sont  réunies  trois  à  trois  dans  la  même  gaine , 
et  quelquefois  au  nombre  de  quatre  dans  la  mai- 


PINUS     TJli.Dk,  f)Q 

tresse  pousse  des  jeunes  individus  les  plus  vigou- 
reux. 

Ce  Pin  fleurit  en  Caroline  dans  les  premiers  jours 
d'avril.  Ses  chatons  ont  près  de  3  centimètres  (un 
pouce  1  de  longueur,  et  sont,  comme  ceux  du  Pi- 
nus  australis  recourbés  en  différens  sens  les  uns  sur 
les  autres.  Ses  cônes,  longs  d'environ  ii  centimè- 
tres (  4  pouces)  armés  de  fortes  pointes,  présentent 
la  forme  d'une  pyramide  allongée,  et,  après  leur 
ouverture,  celle  d'un  rhombe  plus  ou  moins  parfait  j 
ils  laissent  échapper  leur  graine  la  même  année. 

Le  Pinus  tœda  s'élève  à  plus  de  a 5  mètres  (  8o 
pieds)  sur  8  à  i  o  décimètres  ^2  à  3  pieds)  de  diamètre  , 
et  sa  cime  est  très-large.  Ceux  de  ces  arbres  qui  m'ont 
paru  le  plus  élevés  sur  une  moindre  grosseur,  crois- 
sent à  peu  de  distance  de  Richemond ,  dans  un  terrein 
léger  et  assez  aride.  On  auroit  pu  tirer  de  plusieurs 
individus  que  j'y  ai  observés ,  des  cylindres  très- 
réguliers  de  3o  à  4o  centimètres  (12  à  i5  pouces) 
de  diamètre  sur  16  à  17  mètres  (  5o  pieds)  de  lon- 
gueur, et  sans  aucune  apparence  de  nœuds. 

lue  Pinus  serotina  et  le  Pinus  rigida  sont,  comme 
je  l'ai  remarqué  y  très-chargés  d'aubier,  mais  le  Pi- 
nus tœdamsi  paru  l'être  encore  davantage.  J'ai  tou- 
jours vu  avec  surprise  que  des  arbres  de  7  décimè- 
tres (3o  pouces)  de  diamètre,  à  i  mètre  (  3  pieds  ) 
de  terre ,  avoient  5  a6  décimètres  (  20  à  ^4  pouces  ) 
d'aubier,  et  je  n'ai  jamais  trouvé  dans  des  individus 
d'environ  3  décimètres  (^un  pied  J  de  grosseur,  et 
de  10  à  II  mètres  (30  à  35  pieds)  de  haut,  plus 


100  piNus    tj:da. 

de  3  centimètres  ^  un  pouce)  de  cœur  ou  de  vrai 
bois  :  aussi  les  couches  concentriques  sont  -  elles 
extrêmement  espacées  dans  ce  Pin,  et  c'est  ce  qui 
explique  la  grande  rapidité  avec  laquelle  il  croît  , 
surtout  dans  les  Etats  méridionaux,  oi^i  j'ai  le  plus 
souvent  fait  cette  observation.  En  Virginie  oii  il 
vient  dans  des  terreins  plus  secs,  et  par  conséquent 
moins  rapidement,  il  n'a  pas  autant  d'aubier,  et  son 
bois  est  d'une  contexture  plus  compacte.  Je  m'en 
suis  assuré  en  visitant  les  moulins  à  scie  de  la  ville 
de  Petersburgh  ,  où  l'on  apporte  beaucoup  de  tron- 
çons de  cet  arbre,  pour  y  être  débités  sous  diffé- 
rentes formes. 

Les  trois  quarts  des  maisons  de  cette  ville,  et 
presque  toutes  celles  des  campagnes  voisines  ,  sont 
entièrement  construites  en  bois  de  Pinus  tœda.  On 
l'employé  même  pour  les  planchers  du  rez-de-chaus- 
sée  à  défaut  du  Pinus  mitis  qui  seroit  bien  préfé- 
rable, s'il  n'étoit  pas  si  difficile  de  se  le  procurer, 
aussi  sont-ils  mal  joints  et  pleins  d'inégalités,  car 
quoique  les  planches  destinées  à  cet  usage  n'aient 
que  1 1  centimètres  Ç  /j.  pouces  )  de  large  et  qu'elles 
soient  bien  clouées  sur  les  solives,  elles  se  retirent 
encore.  Cet  inconvénient  qui  provient  du  grand 
ëcartement  des  cercles  annuels  dont  les  intervalles 
sont  remplis  d'une  substance  très  -  spongieuse  ,  est 
loin  de  se  trouver  dans  \e  Pinus  aust rails -^  car  ce 
dernier  a  plus  de  couches  concentriques ,  dans  3 
centimètres  fun  pouce)  de  largeur  que  le  Pinus  tœda 
dans  3  décimètres  C  I  pied  j. 


PINUS      TiEDA.  10  r 

Dans  les  ports  des  Etats  méridionaux,  on  se  s^rt 
de  ce  Pin  comme  du  Pinus  ri^ida  dans  ceux  du 
nord,  pour  faire  les  corps  de  pompe  des  vaisseaux  , 
parce  qu'on  peut  facilement,  en  les  perforant,  ôtcr 
tout  le  cœur  à  des  arbres  d'un  grand  [diamètre.  A 
Charleston  ,  dans  la  Caroline  du  sud  ,  les  quais  sont 
remblayés  avec  des  tronçons  de  cet  arbre  qu'on  re- 
couvre de  terre.  Les  boulangers  chauffent  aussi  leurs 
fours  avec  son  bois,  et  ils  le  paient  un  tiers  de 
moins  que  celui  du  Pinus  aust redis  qui  est  plus 
résineux. 

Tous  ces  usages ,  comme  on  le  voit,  sont  très-se- 
condaires ,  et  c'est  avec  raison  que  dans  ces  contrées 
on  regarde  le  Pinus  tœcla  comme  un  des  moins  utiles. 
D'ailleurs,  il  pourrit  avec  une  grande  rapidité  ,  lors- 
c[u'il  est  exposé  aux  injures  de  l'air,  et  on  lui  repro- 
che encore  de  s'emparer  très-promptement  des  ter- 
res abandonnées,  et  d'y  croître  si  vite  qu'il  multiplie 
les  travaux  pour  les  soumettre  de  nouveau  à  la  cul- 
ture. Mais  si  le  Pinus  tœda  est  peu  estimé  des  Amé- 
ricains, il  peut  être  très-utile  dans  le  midi  de  l'Eu- 
rope, oîi  tout  arbre  d'une  belle  venue  et  d'une  crois- 
sance  très-accélérée  doit  être  considéré  comme  un 
bienfait  de  la  nature.  On  pourroit  s'en  servir  pour  tous 
les  ouvrages  non  apparens  de  menuiserie,  pour  les 
caisses  d'emballage,  etc.  C'est  à  l'expérience  à  déci- 
der si  dans  les  landes  de  Bordeaux ,  sa  végétation 
ne  seroit  pas  plus  rapide  que  celle  du  Pinus  niari- 
tinia.  Si  je  désigne  cette  partie  de  la  France, ce  n'est 
pas  que   j'ignore   que  cet  arbre  supporte  les  froids 


102  PINUS    T^DA. 

qu'on  éprouve  aux  environs  de  Paris ,  et  même  qu'il 
y  fructifie  5  mais  je  doute  qu'il  puisse  y  prendre  tout 
le  développement  qui  lui  est  naturel. 

Le  Pinus  tœda  fournit  abondamment  de  la  téré- 
benthine ,  mais  elle  est  moins  fluide  que  celle  du 
Pinus  australis.  On  en  a  fait  l'observation  en  sou- 
mettant au  même  travail  quelques-uns  de  ces  Pins, 
qui  se  trouvent  à  proximité  des  cantons  où  l'on  ex- 
ploite ce  dernier  pour  en  tirer  les  produits  résineux. 
Comme  le  Pinus  tœda  a  beaucoup  plus  d'aubier, 
et  que  c'est  de  cette  partie  de  l'arbre  que  découle 
seulement  la  térébenthine  ,  on  pourroit  lui  faire  des 
incisions  plus  profondes,  et  il  seroit  possible  qu'on 
obtînt  même  une  plus  grande  quantité  de  cette 
substance. 

La  figure  qu'en  a  donnée  Sir  A.  B.  Lambert  est 
exacte ,  mais  il  est  dans  l'erreur  lorsqu'il  dit  que  cet 
arbre  ne  parvient  qu'à  une  petite  hauteur  n  Arbor 
humiliSy  etc.  »  ;  c'est,  au  contraire,  suivant  moi ,  de 
tous  les  Pins  des  Etats-Unis  ,  celui  qui ,  après  le  Pi- 
nus strohus  arrive  à  la  plus  grande  élévation. 

PLANCHE  IX. 

Fig.   1  ,  feuille.   Fig,   a  ,  graine. 


/l,:,:.;,  ,M 


PIN  US   Su'ol)us 


PINUS      STROBUS. 

THE     mil  TE    PIJSE 

Pin  US  strohus  ,  arhor  excelsa  ;  corti'ce  lœvi  ,  cinereo 
œtate  ;folus  quinis ,  gracilibus  ,  vagini's  nullis  ;  amentis 
mas  eu  lis  parvis  ,  rufis  ;  strobilis  lœvigatis ,  pendulîs  ^ 
longo-cylendraceis. 

P.  strobas.   Linn. 

Cette  espèce  de  pin  ,  l'une  de  celles  de  l'Amé- 
rique septentrionale  qui  offre  le  plus  d'intérêt,  est 
connue,  dans  tous  les  Etats-Unis  aiôsi  qu'en  Canada, 
sous  le  seul  nom  de  FThite  pine^  Pin  blanc,  à 
cause  de  la  couleur  de  son  bois  qui  est  toujours  très- 
blanc  au  moment  où  il  vient  d'être  travaille  :  elle 
reçoit  cependant  encore  quelquefois  dans  le  New- 
Hampshire  et  dans  le  district  de  Maine,  les> dénomi- 
nations secondaires  de  Pumpkin pine  ^  Pin  potiron; 
àiAple  pine ,  Pin  pomme,  et  de  Sapling pine^  Pin 
baliveau,  qui,  comme  nous  le  verrons,  sont  les  ré- 
sultats de  quelques  propriétés  particulières. 

Les  feuilles  du  Piniis  strobus ,  longues  d'environ 
1 1  centimètres  (  4  pouces) ,  sont  toujours  nombreuses 
et  réunies  au  nombre  de  cinq  ;  elles  sont  fines,  dé- 
liées, d'un  vert  légèrement  bleuâtre  :  et  cet  arbre 
doit  sans  doute  à  ce  feuillage  léger  et  délicat  la  forme 
agréable  et  élégante  qu'il  offre  assez  constamment 
dans  les  jeunes  individus.  Les  chatons  qui  portent 
les  fleurs  mâles ,  sont  rassemblés  au  nombre  de  cinq 
ou  six  et  courbés  en   différens  sens  les  uns  sur  les 


I04  PINUSSTROBUS. 

autres  :  leur  longueur  est  d'environ  i  centimètre  (4  à 
5  lignesj  ;  ils  deviennent  rougeâtres  avant  de  tomber. 
Les  cônes  longs  environ  de  lo  à  12  centimètres  (4  ^ 
5  pouces)  ,  sur  environ  1  centimètres  [  10  lignesj  de 
diamètre  à  leur  portée  moyenne  ,  sont  pédicules , 
pendans ,  un  peu  arqués  et  composés  d'écaillés 
minces ,  lisses  et  arrondies  à  leur  base.  Ils  s'ou- 
vrent vers  le  i^"".  octobre  ,  pour  laisser  tomber  leurs 
graines ,  dont  une  partie  est  souvent  retenue  par  la 
térébenthine  qui  suinte  des  écailles. 

Le  Pinus  strobus  se  trouve  dans  une  vaste  éten- 
due de  pays,  mais  non  pas  par-tout  avec  une  égale 
abondance;  car  un  froid  extrême,  et  surtout  une 
trop  forte  chaleur  finissent  par  le  faire  disparoitre 
entièrement.  Vers  le  nord,  c'est  sur  les  bords  de  la 
rivière  Mistassins,  à  environ  l'jokilomètr.  (^4oli^uesJ 
de  son  embouchure  dans  le  lac  S.  Jean  en  Canada , 
par  le  48°  5o'  de  latitude ,  que  mon  père  observa  le 
premier  Pinus  sti^obus ,  en  revenant  de  la  baie 
d'Hudson,  après  avoir  traversé  environ  44  myria- 
mètres  T  100  lieues)  de  pays,  sans  en  apercevoir  au- 
cun. Mais  en  avançant  1  degrés  au  sud,  il  le  trouva 
assez  commun  ;  ce  qui  est  dû  sans  doute  ,  plutôt 
à  la  nature  du  sol ,  plus  favorable  à  la  végétation 
de  cet  arbre  ,  qu'à  la  différence  si  peu  sensible  que 
cette  petite  distance  doit  apporter  dans  la  tempé- 
rature. Il  résulte  encore  des  observations  de  mon 
père  et  des  miennes,  que  c'est  entre  les  47®  et  43° 
de  latitude  que  cet  arbre  est  le  plus  abomdamment 
répandu;  car,  dans  les  pays  situés  plus  au  midi. 


PIN  us      STR OBUS  loj 

on  ne  le  voit  que  dans  les  vallons  ou  sur  le  pen- 
chant des  monts  AUéghanys  ,  jusqu'à  leur  termi- 
naison en  Géorgie,  et  on  cesse  de  le  trouver  dans 
les  pays  à  l'est  et  à  l'ouest  de  ces  montagnes,  à  cause 
de  la  chaleur  trop  forte  qui  s'y  fait  sentir.  On  as- 
sure que  le  Plnus  strobus  est  aussi  très-multi- 
j^ïlié  aux  sources  du  Mississipi ,  ce  qui  est  très-vrai- 
semblable ,  puisqu'elles  sont  situées  sous  la  même 
latitude  que  les  contrées  où  il  parvient  à  son  plus 
grand  accroissement,  comme  dans  le  District  de 
Maine,  la  partie  supérieure  de  New- Hampshire 
l'Etat  de  Vermont  et  le  haut  du  fleuve  S. -Laurent. 
Dans  ces  diverses  parties  des  États-Unis ,  je  l'ai  trou- 
vé dans  les  sites  les  plus  opposés.  11  paroit ,  en  effet 
s'accommoder  de  toute  espèce  de  terrein,  car  il  se 
fait  remarquer  par-tout  où  le  sol  n'est  pas  entière- 
ment formé  d'un  sable  maigre  et  aride,  ou  conti- 
nuellement submergé.  Cependant  la  partie  la  plus 
déclive  des  vallons  ,  dont  la  terre  est  douce,  friable 
et  très-fertile ,  les  bords  des  rivières  où  elle  est 
composée  d'un  sable  noir,  profond  et  toujours  frais 
les  marais  remplis  de  Thuia  occidentalis ,  dont  la 
surface  est  tapissée  d'un  lit  épais  de  sphagmun  et 
constamment  humide,  sont  les  sites  où  Ton  ren- 
contre les  individus  qui  atteignent  le  plus  grand 
développement.  Près  de  Noridgev\^ock ,  sur  la  rivière 
de  Rennebeck  ,  dans  un  de  ces  marais  de  Thuia 
où  on  ne  peut  avoir  accès  que  dans  le  milieu  de 
l'été,  j'ai  mesuré  deux  de  ces  arbres  abattus  pour 
faire  des  pirogues:  l'un  avoit  5o  mètres  (  i54  pieds  1 
I.  ,4 


1  06  P  I  ]V  U  s      s  T  R  O  B  U  s. 

de  longueur  sur  i  mètre  45  centimètres  (  54  pouces) 
de  diamètre  à  i  mètre  (3  pieds)  de  terre,  et  l'autre 
46  mètres  (14^  pieds)  sur  i  mètre  i4  centimètres 
(44  pouces)  à  la  même  hauteur.  Belknapp  dans  son 
Histoire  du  New-Hampshire ,  rapporte  qu'on  coupa 
près  de  la  rivière  Merimack  ,  un  Pinus  strohus  qui 
avoit  2  mètres  4B  centimètres  (  7  pieds  8  pouces) 
de  diamètre  et  moi-même  j'ai  vu  près  d'Hollow^ell , 
la  souche  d'un  individu  qui  avoit  un  peu  plus  de 

2  mètres  (6  pieds).  Ces  arbres  remarquables  par 
leur   grosseur    extraordinaire  ,    ëtoient    probable- 
ment  arrivés  à  la  plus   grande  élévation   où   par- 
vient   le   Pinus  strobus  qui  est   d'environ  58  mè- 
tres (  180  pieds).  Des  personnes  dignes  de  foi  m'ont 
assuré  qu'elles  en  avoient  fait  abattre   qui  avoient  à 
peu  près  cette  hauteur,  mais  elles  regardoient  cette 
dimension  comme  extraordinaire  ,  et  ne  se  rencon- 
trant que  bien  rarement.  Je  suis  donc  porté  à  croire 
que  c'est   d'après    des  renseignemens  inexacts   que 
quelques  auteurs  ont   avancé  que  le  Pinus  strohus 
s'élevoità  plus  de  84  mètres  (  260  pieds).  Au  reste 
cet  antique  et  majestueux  habitant   des  forêts  de 
l'Amérique  du  nord  n'en  est  pas  moins  le  plus  élevé 
comme  le  plus  précieux  des  arbres  qui  les  composent, 
et  sa  cime  élancée  dans  les  airs,  les  surpasse  tous  de 
beaucoup  et  le  fait  apercevoir  à  de  grandes  distances. 
Sa  tige   est  sans  branches  jusqu'aux   deux  tiers   et 
même   aux  trois  quarts  de  sa  hauteur,  et  les  bran- 
ches sont  véritablement  très-courtes  proportionnel- 
lement à  la  grosseur  du  tronc.  Elles  sont  verticil- 


PINUS    STROBUS.  IO7 

lées  ou  disposées  par  étage  les  unes  au  dessus  des 
autres  ,  et  garnissent  ainsi  le  reste  du  corps  de  l'ar- 
bre jusqu'à  son  sommet  :  alors  les  trois  ou  quatre 
derniers  rameaux  se  relèvent  et  présentent  un  bou- 
quet qui  semble  comme  détaché  et  dont  on  aper- 
çoit à  peine  le  support. 

Lorsqu'au  contraire  le  Pinus  strohus  se  trouve 
disséminé  dans  les  forêts  d'Erables  à  sucre,  de  Hê- 
tres, ou  parmi  les  Chênes  de  différentes  espèces, 
comme  sur  les  bords  du  lac  Champlain  ,  et  qu'il  croit 
dans  une  terre  forte ,  substantielle  et  propre  à  la 
culture  du  froment,  alors  il  présente  une  tête  très- 
ramifiée  qui  embrasse  beaucoup  d'espace,  et  quoique 
dans  ces  sortes  de  terrein  il  parvienne  à  une  moindre 
élévation ,  il  n'en  est  pas  moins  encore  le  plus  grand 
et  le  plus  vigoureux  des  arbres  au  milieu  desquels  il 
se  trouve. 

Dans  le  District  de  Maine  et  à  la  Nouvelle-Ecosse , 
j'ai  rencontré  fréquemment  des  terreins  abandonnés 
à  cause  de  leur  stérilité,  et  j'ai  toujours  observé 
que  le  Pinus  strohus  étoit  l'arbre  du  pays  qui  s'em- 
paroit  le  premier  du  sol,  et  qui,  quoique  jeune  et 
souvent  isolé,  résistoit  le  mieux  aux  vents  impétueux 
de  l'Océan. 

Dans  les  jeunes  individus  qui  n'ont  pas  plus  de 
i3  mètres  (  l\o  pieds  ),  l'écorce  du  tronc ,  et  surtout 
des  jeunes  branches,  est  lisse  et  même  luisante  ^ 
mais  à  mesure  que  les  arbres  vieillissent,  elle  se 
fendille  ,  devient  rugueuse  et  d'une  couleur  grise  ^ 
elle  ne  tombe  pas  non  plus  par  écailles,  comme 


108  PINUS     STROBUS. 

dans  les  autres  espèces  de  Pins.  Le  Pinus  strobus 
en  diffère  aussi  par  son  tronc  qui  ne  conserve  pas, 
comme  ces  derniers,  un  diamètre  uniforme  jusqu'à 
une  grande  hauteur;  car  il  diminue  au  contraire 
très-sensiblement,  à  partir  du  pied  jusqu'au  sommet, 
quoique  cela  paroisse  moins  remarquable  dans  les 
vieux  arbres.  Il  résulte  de  là  beaucoup  de  perte  lors- 
qu'on veut  avoir  des  pièces  d'une  grande  longueur  et 
de  même  grosseur  aux  extrémités.  Mais  cet  inconvé- 
nient est  en  quelque  sorte  compensé  par  l'avantage 
qu'il  a  d'être  plus  gros  et  d'avoir  fort  peu  d'aubier  ; 
car  un  Pinus  strobiis  de  3i  centimètres  [i  pied)  de 
diamètre  à  i  mètre  ^3  pieds)  de  terre,  n'en  a  guère 
plus  de  2,7  millimètres  (i  pouce)  tandis  qu'un  Pinus 
miiis  de  la  même  grosseur  ,  en  auroit  io,o  (4  ou  5  )  , 
et  un  Pinus  tœda  28,8  (  10  ou  11).  Cette  propriété 
est  assez  importante,  puisque  dans  toutes  les  cons- 
tructions ,  on  doit  dépouiller  avec  soin  les  plan- 
ches et  les  madriers  de  leur  aubier  qui  est  sujet  à 
se  pourrir  très-promptement  ou  à  être  attaqué  par 
les  vers. 

Parmi  les  nombreuses  espèces  de  Pins  que  pos- 
sède l'Amérique  septentrionale,,  il  n'en  est  aucune 
dont  le  bois  soit  employé  en  aussi  grande  quantité 
et  à  des  usages  aussi  variés  :  ce  n'est  pas  cependant 
que  le  bois  du  Pinus  strobus  soit  sans  défauts  ,  car 
il  en  a  même  d'assez  essentiels,  ôomme  de  n'avoir 
pas  beaucoup  de  force  ,  de  tenir  mal  les  clous ,  et 
d'être  parfois  sujet  à  se  gonfler  dans  les  temps  hu- 
mides: mais  ces  défauts  sont  rachetés  par  une  mul- 


PINUS     STROB  U§.  109 

tilude  de  propriétés  qui  lui  assurent  la  supériorité 
sur  tous  les  autres  bois  du  genre  des  Pins.  Il  est 
tendre,  léger,  peu  chargé  de  nœuds  et  facile  à  tra- 
vailler; il  résiste  mieux  qu'aucun  autre  aux  injures 
du  temps,  et  il  ne  se  fend  pas  aussi  facilement  aux 
ardeurs  du  soleil  ;  il  fournit  des  planches  d'une  belle 
largeur,  et  des  pièces  de  charpente  de  la  plus 
grande  dimension  ;  enfin  il  est  encore  abondant  et 
à  bon  marché. 

J'ai  toujours  observé  que  l'influence  du  sol  étoit 
plus  sensible  dans  les  arbres  résineux  que  dans  ceux 
qui  perdent  leurs  feuilles.  Le  Pinus  strobus  en  par- 
ticulier, a  des  qualités  très-différentes  selon  la  na- 
ture du  sol  où  il  croit.  Lorsqu'il  se  trouve  dans  des 
terrains  formés  d'un  sable  gras,  profond  et  humide, 
il  réunit  au  plus  haut  degré  celles  de  ses  propriétés 
qui  le  font  le  plus  estimer,  et  notamment  la  légèreté, 
ainsi  que  la  texture  fine  et  délicate  de  son  grain  qui 
permet  de  le  couper  net  en  tous  sens,  sans  qu'il  s'é- 
raille  ;  et  c'est  probablement  par  cette  raison  qu'on 
lui  donne  dans  ce  cas  le  nom  de  Pumpkin  pine^  Pin 
potiron.  Mais,  lorsqu'il  croit  dans  des  terreins  secs 
et  élevés,  son  bois  est  plus  ferme  et  plus  résineux  , 
son  grain  est  plus  grossier,  ses  couches  concentriques 
sont  très-espacées,  et  alors  on  l'appelle  Saplin^  pine , 
Pin  baliveau. 

Dans  tous  les  Etats  du  nord,  qui  renferment  la 
très-grande  partie  de  la  population  des  Etats-Unis, 
les  sept  dixièmes  des  habitans  vivent  encore  dans  des 
maisons  construites  en  bois,  et  les  trois  quarts  de 


IIO  P  I  NUS      STROBUS. 

ces  maisons,  dont  on  peut  évaluer  le  nombre  à  plus 
de  5oo  mille ,  sont  presqu'entièrement  faites  de  PU 
nus  strobuSy  non-seulement  dans  les  campagnes  et 
les  villages,  mais,  dans  toutes  les  villes,  à  l'excep- 
tion de  Boston ,  New- York  et  Philadelphie ,  qui  ce- 
pendant ont  encore  les  maisons  de  leurs  faubourgs 
et  un  petit  nombre  d'autres  bâties  de  cette  manière. 
Dans  les  églises  et  autres  grands  édifices ,  les  plus 
grosses  pièces  de  charpente  sont  aussi  tirées  de  ce 
même  arbre. 

Les  moulures  qui  décorent  les  portes  extérieures 
des  maisons ,  les  corniches  et  les  frises  qui  ornent 
l'intérieur  des  appartemens ,  les  manteaux  des  che- 
minées qui  sont  travaillés  en  Amérique  avec  beau- 
coup de  soin,  sont  encore  faits  de  ce  même  bois,  de 
même  que  les  cadres  des  glaces  et  des  tableaux,  car 
il  a  l'avantage  pour  ces  différens  ouvrages  de  prendre 
bien  la  dorure.  Les  sculpteurs  en  bois  qui  s'occupent 
exclusivement  de  faire  les  figures  destinées  à  orner 
l'avant  des  vaisseaux  ,  n'emploient  également  que 
le  bois  du  Pinus  strobus ',  mais,  ils  préfèrent  pour 
ce  genre  de  travail,  la  variété  que  sa  qualité  tendre 
et  peu  résineuse  fait  appeler  trivialement  Pumpkin 
pine^  Pin  potiron. 

A  Boston ,  et  dans  les  autres  villes  des  Etats  du 
nord,  l'intérieur  des  meubles  d'acajou,  les  malles, 
le  fond  des  chaises  de  Windsor  de  deuxième  qualité , 
les  seaux  à  puiser  de  l'eau ,  une  grande  partie  des 
caisses  destinées  à  emballer  les  marchandises,  les 
cases  et  tablettes  des  magasins  et  boutiques  sont  faites 


PINUSSÏROBUS.  III 

en  planches  de  cet  arbre,  ainsi  qu'une  infinité  d'au- 
tres ouvrages. 

Dans  le  District  de  Maine ,  on  en  fait  aussi  des 
barils  pour  le  poisson  salé,  mais  on  y  emploie  de 
préférence  la  variété  dite  Sapling  pine^  dont  le  bois 
a  plus  de  force. 

Les  magnifiques  ponts  en  bois  qui  sont  construits 
l'un  à  Philadelphie  sur  la  Schuylkill  ,  et  l'autre  à 
Trenton  sur  la  Delaware  ;  ceux  qui  unissent  Cam- 
bridge et  Charleston  à  la  ville  de  Boston  ,  dont  l'un 
a  974  niètres ,  [  3,ooo  pieds  }  de  longueur ,  et  l'autre 
487  (i5oo),  sont  faits  en  bois  de  Pinus  s tr obus  y 
qu'on  a  préféré  comme  résistant  le  mieux  aux  alter- 
natives de  la  chaleur  et  de  l'humidité. 

Il  fournit  encore  exclusivement  à  la  mâture  des 
nombreuxvaisseauxqui  se  construisent  dans  les  Etats 
du  nord  et  du  milieu ,  et  il  seroit  bien  difficile  de 
le  remplacer  pour  cet  objet  dans  l'Amérique  septen- 
trionale. On  dit  même  qu'avant  la  guerre  de  l'indé- 
pendance, l'Angleterre  faisoit  venir  des  Etats-Unis 
les  mâts  nécessaires  à  sa  marine  militaire  et  marchan- 
de ,  et  encore  aujourd'hui,  elle  en  tire  de  ce  pays 
pour  suppléer  à  ce  qu'elle  ne  peut  se  procurer  dans 
le  nord  de  l'Europe.  C'est  du  District  de  Maine  , 
et  notamment  de  la  rivière  de  Rennebeck  que  sont 
venus  en  Angleterre  les  plus  beaux  échantillons. 

Le  gouvernement  anglois,  peu  de  temps  après 
l'établissement  de  ses  colonies  dans  cette  partie  du 
monde,  sentit  tout  l'avantage  de  posséder  de  belles 
mâtures,  et  toute  l'importance  de  leur  conservation  ; 


112  PINUS      STROBUS. 

il  rendit  en  171 1  et  en  i  721 ,  les  ordonnances  très- 
sévères  pour  défendre,  dans  les  propriétés  royales, 
la  coupe  des  arbres  propres  à  la  mâture.  Cette  défen- 
se s'étendoit  aux  vastes  contrées  qui  sont  bornées  au 
midi  par  le  New- Jersey  et  au  nord  par  l'extrémité 
septentrionale  de  laNouvelle-Ecosse.  J'ignore  jusqu'à 
quel  point  on  a  tenu  la  main  à  leur  exécution  de- 
puis cette  époque  jusqu'à  la  révolution  américaine  ; 
mais  ce  que  j'ai  observé  dans  mes  voyages,  c'est  que 
de  Philadelphie  jusqu'au  delà  de  Boston,  c'est-à- 
dire,  dans  une  étendue  d'environ  600  milles, on  ne 
trouveroit  plus  un  seul  de  ces  arbres  propre  à  mater 
un  navire  de  600  tonneaux. 

L'avantage  le  plus  marqué  qu'ont  les  mâts  de  Pinus 
stj^obus  ont  sur  ceux  de  Riga,  c'est  d'être  incompa- 
rablement plus  légers,  mais  ils  sont  moins  forts   et 
ont ,  à   ce  que  l'on  dit ,  le  défaut  de  s'échauffer  et 
de  pourrir  plus  vite  à  l'attache  des  vergues  et  dans 
l'entrepont.   Voilà  ce  qui  donne  au  Pinus  sjhes- 
tris  la  supériorité  sur  le  Pinus  strobus,  même  dans 
l'opinion  de  la  majorité  des  constructeurs   améri- 
cains ;  mais  quelques-uns  d'entr'eux,   cependant, 
pensent  que  les  mâts  de  celte  dernière  espèce  seroient 
tout  aussi  durables,   si    on  avoit  soin  de  garantir 
exactement  leur  sommet  de  l'humidité  :   c'est  dans 
cette  vue  que  quelques  personnes  ,  pour  ajouter  à 
leur  conservation  ,  ont  imaginé  de  les   faire  percer 
d'un  trou  de  plusieurs  pieds  à  leur  partie  supérieure, 
et  de  boucher  ce  trou  hermétiquement  après  l'avoir 
rempli  d'une  certaine  quantité  d'huile,  qui  se  trouve, 


PI  NUS     s  TRO  BUS.  Il3 

dit-on ,  absorbée  au  bout  de  quelques  mois.  On  se 
sert  encore  en  Angleterre  du  Pirius  strohus  pour  faire 
]es  vergues  et  les  mâts  de  baupré  des  vaisseaux  de 
guerre. 

Cet  arbre  n'est  pas  assez  résineux  pour  qu'on  puisse 
en  extraire  de  la  térébenthine,  et  fabriquer  du  gou- 
dron avec  son  bois  pour  subvenir  aux  besoins  du 
commerce.  Ce  travail,  d'ailleurs,  ne  seroit  pas  facile , 
car  il  est  rare  qu'il  couvre  seul  quelques  centaines 
d'arpens,  étant  le  plus  souvent  mêlé,  en  différentes 
proportions,  parmi  les  arbres  à  feuilles  tombantes. 

Pour  compléter  la  description  du  Pinus  strobus  ^ 
je  crois  devoir  indiquer  avec  plus  de  précision  les 
diverses  partie  des  Etats-Unis  d'où  Ton  tire  aujour- 
d'hui, non -seulement  tout  ce  qui  s'y  consomme, 
mais  encore  ce  qui  est  exporté  tant  en  Europe  qu'aux 
colonies  des  Indes  occcidentales  ;  car  cet  arbre  a 
cela  de  particulier,  que  la  grande  consommation  qui 
s'en  fait  chaque  année  ,  oblige  à  aller  faire  les  coupes 
dans  des  cantons  tellement  reculés,  qu'ils  ne  seront 
pas  habités  avant  vingt- cinq  ou  trente  ans;  ce  qui 
n'a  pas  lieu  à  l'égard  des  autres  espèces  d'arbres  du 
pays. 

Les  hommes  entreprenans  qui  se  livrent  à  cette 
exploitation  ,  surtout  dans  le  District  de  Maine, sont 
la  plupart  de  nouveaux  émigrans  {^setlers)^  qui  ont 
quitté  le  New-Hampshire  ,  entraînés  les  uns  par  Tin- 
constance  de  leur  caractère,  les  autres  par  le  désir 
de  se  procurer  rapidement  les  moyens  d'acquérir  une 
centaine  d'acres  de  terre ,  pour  l'établissement  de 
I.  i5 


Il4  PINUS     STROBUS. 

leur  famille  '.  Ces  hommes  se  réunissent  en  petites 
bandes,  se  transportent  en  été  au  milieu  de  ces  vastes 
solitudes,  et  les  parcourent  dans  tous  les  sens  pour 
reconnoitre  les  endroits  les  mieux  garnis  de  Pinus 
strohus.  Ils  coupent  ensuite  les  herbes  qui  croissent 
dans  les  environs ,  et  les  convertissent  en  foin  pour 
la  nourriture  des  bœufs  qu'ils  doivent  ramener  avec 
eux  ;   puis  ils   regagnent  le    pays  où  ils    habitent. 
L'hiver  arrivé  ,  ils  reviennent  dans  ces  forets  ,  s'éta- 
blissent  dans  des   huttes  couvertes  en   écorces  de 
Bouleau  à  papier  ou  de  Thuia  occidentalis y  et  quoi- 
que la  terre  soit  alors  couverte  de  plus  d'un  mètre  et 
demi  ^4  ^  ^  pieds)  de  neige  et  que  le  froid  soit  si 
excessif  que  quelquefois  le  mercure  se  soutient  pen- 
dant plusieurs  semaines  à  i8  et  20  degrés  au-dessous 
du  point  de  congélation,  ils  se  livrent,  avec  autant 
de  courage  que  de  persévérance,  à  l'abattage  des  ar- 
bres, les  coupent  par  tronçons ,  lo^s ,  de  5  à  6  mé- 
trés (i4  ^  18  pieds)  de  longueur,  et  au  moyen  de 
leurs  bœufs ,  qu'ils  emploient  avec  beaucoup  d'a- 
dresse^ ils  les  amènent  aux  bords  des  rivières,  et 
après  les  avoir  estampés  de  leur  marque,  ils  les  rou- 
lent dans  leur  lit  qu'ils  en  emplissent  par  milliers. 
Au  printemps  ,  les  glaces  venant  à  se  briser,  ces  logs 
ou  tronçons  sont  entraînés  avec  elles  par  le  courant. 
C'est  à^Wenslow,  éloigné  d'environ  l^o  lieues  de  la 
mer,  que  tous   les  tronçons  qui  arrivent  par  la  ri- 
vière de  Rennebeck,  sont  arrêtés  par  les  bûcherons 

'  Les  prix  des  terres  dans  les  comtes  de  Kennebeck  étoit  ,  en   1807  j 
épo(jae  à  laquelle  j'étois  dans  le  pays ,  de  5  à  6  piastres  l'acre. 


PIN  us      STROBUS.  Il5 

qui  s'y  sont  rendus  à  lavancc.  Ils  trient  au  moyen 
de  leur  marque,  ceux  qui  leur  appartiennent ,  les 
mettent  en  radeaux  et  les  vendent  aux  propriétaires 
des  nombreux  moulins  à  scie  établis  entre  cette  pe- 
tite ville  et  la  mer,  ou  bien  ils  les  (ont  débiter  à  leur 
compte,  en  abandonnant  la  moitié  ou  même  les 
trois  quarts  du  produit,  si  la  coupe  de  la  saison  a 
été  abondante. 

Au  mois  d'août  1806,  que  j'étois  à  Wenslow,  des 
milliers  de  ces  logs  ou  tronçons  couvroient  encore 
la  rivière.  Je  les  examinai  et  je  remarquai  que  le  dia- 
mètre de  la  plus  grande  partie  d'entr'eux  étoit  d'en- 
viron 40  à7|3  centimètres,  (  i5  à  16  pouces  J  et  que 
le  reste  que  j'évaluai  à  un  cinquantième  à  peu-près  , 
pouvoit  en  avoir  5o  (20).  Le  Fraxinus  discolor  et 
le  Pinus  ruhra  étoient  les  seules  espèces  d'arbres 
qui  se  trouvassent  entremêlés  avec  le  Pinus  strobiis , 
mais  elles  n'en  formoient  pas  la  centième  partie.  Si 
tous  ces  bois  ne  sont  pas  débités  dans  le  courant  de 
la  même  année  ,  ils  sont  sujets  à  être  attaqués  par 
de  gros  vers  qui  les  perforent  dans  tous  les  sens  de 
trous  de  5  millimètres  (  2  lignes)  de  diamètre;  mais 
s'ils  sont  dépouillés  de  leur  écorce  ,  ils  peuvent  res- 
ter exposés  aux  injures  de  l'air  pendant  plus  de  trente 
ans  sans  s'altérer  en  aucune  manière.  Cette  remarque 
s'applique  encore  à  la  souche  de  cet  arbre,  qui  résiste 
aussi  un  laps  de  temps  considérable  aux  alternatives 
de  la  chaleur  et  de  l'humidité  ;  et  il  est  même  passé 
en  proverbe  dans  ces  contrées,  que  tel  qui  a  abattu 
un  Pinus  strobus  ne  vit  jamais  assez  pour  le  voir 


Il6  PINUSSTROBUS. 

tomber  en  pourriture;  et,  effectivement,  j'ai  vu  au 
milieu  de  la  petite  ville  d'Hollovs^ell  située  sur  la 
rivière  de  Kennebeck  ,  plusieurs  souches  encore 
intactes  y  quoique  les  arlrres  d'oii  elles  provenoient 
eussent  été  abattus  depuis  plus  de  quarante  ans. 

Après  le  District  de  Maine ,  qui,  en  réunissant  ce 
qui  vient  à  Boston  du  New-Hampshire  par  la  ri- 
vière Merimack,  fournit  peut-être  les  trois  quarts  de 
tout  le  Pinus  strobus  exporté  des  États-Unis ,  les  ri- 
ves du  lac  Champlain  m'ont  paru  le  plus  abondam- 
ment peuplées  de  cette  espèce  et  assez  favorablement 
situées  pour  leur  écoulement.  Cet  écoulement  a 
lieu  dans  deux  directions  différentes  :  tout  ce  qui 
s'exploite  à  partir  de  Ticonderoga  et  au  dessous,  ce 
qui  comprend  les  trois  quarts  de  la  largeur  du  lac 
Champlain,  qui  est  d'environ  i5o  milles,  est  con- 
duit à  Québec  par  la  rivière  Sorel  et  le  fleuve  S.  Lau- 
rent. Cette  distance  est  de  270  milles.  Quant  à  ce  qui 
s'en  coupe  dans  la  partie  supérieure  du  lac ,  il  vient 
à  Skeenboroug,  petite  ville  située  à  sa  naissance  et 
y  est  débité  en  planches.  En  hiver  ,  ces  planches 
sont  portées  sur  des  traîneaux  à  Albany,  distant  de 
'70  milles,  et  au  printemps  suivant  elles  sont  char- 
gées ,  avec  tout  ce  que  la  rivière  du  nord  fournit, 
sur  des  sloops  y  bateaux  de  80  à  100  tonneaux,  qui 
les  amènent  à  New- York,  d'où  elles  sont  encore 
exportées  en  grande  partie  aux  colonies  occidentales 
et  même  dans  les  Etats  méridionaux. 

J'ai  eu  occasion  de  voir  un  extrait  des  registres 
de  la  douane  du  Eort  S.  Jean  en  Canada  ,  et  j'ai  re- 


P  I  N  U  s     s  T  R  O  B  U  s.  II 


marqué  que  la  quantité  de  cette  espèce  de  bois  qui 
est  passée  par  la  rivière  Sorcl,  depuis  le  i*''.  mai  1807 
jusqu'au  3o  juillet  suivant,  pour  se  rendre  à  Québec 
y  est  portée  ;  savoir:  pièces  écarries,  à  43,098  mètres 
(  132,720  pieds)  cubes;  planches  ordinaires  .^1,9^6 
mètres  (  160,000  pieds  j  ;  planches  d'environ  5  cen- 
timètres (^  2  pouces)  d'épaisseur,  à  21, 558  mètres 
(  67,000  pieds  )  ;  et ,  en  outre ,  20  mâts  et  45'45  logs 
ou  tronçons  qui  ont  les  mêmes  dimensions  que  ceux 
qui  sont  débités  dans  le  District  de  Maine. 

La  partie  supérieure  de  la  Pensylvanic  où  la  De- 
laware'et  la  Susquehanah  prennent  leur  source,  et 
qui  est  très -montagneuse  et  très -froide  ,  quoique 
située  entre  les  4ï°  et  4^°  de  latitude,  a  ses  forets 
abondamment  peuplées  de  ce  Pin.  11  en  descend  au 
printemps  une  grande  quantité  qui  fournit  à  la  con- 
sommation de  la  partie  intérieure  du  pays  et  qui  en- 
tre dans  la  construction  de  la  plupart  des  maisons 
tant  dans  les  villes  que  dans  les  campagnes.  On 
en  débite  aussi  beaucoup  en  planches  que  l'on  ex- 
porte de  Philadelphie  aux  colonies  occidentales. 
C'est  également  du  haut  de  la  Delaware  que  vien- 
nent à  Philadelphie  les  mâts  des  vaisseaux  de  toute 
grandeur  que  l'on  construit  dans  ce  port. 

Au-delà  des  monts  Alléghanys,  c'est  seulement 
aux  sources  de  la  rivière  du  même  nom  ,  éloignées 
de  i5o  à  180  milles  de  son  embouchure  dans  l'Ohio, 
que  s'exploite  tout  le  Pinus  sti^obus  qui  est  envoyé 
à  la  Nouvelle-Orléans,  dont  la  distance  est  de  2,900 
milles  =  399  myriamètres  (  900  lieues).   Les  trois 


Il8  PTNUS     STROBUS. 

quarts  des  maisons  de  Pittsburgh ,  deWheeling, 
et  de  Washington  en  Rentucky,  sont  bâties  en  plan- 
ches de  ce  Pin  qui  ne  se  vend  à  Pittsburgh  que  6  à 

7  dollars  (  3o  à  35  francs  J  les  mille  pieds  cou- 
rans. 

Quoique  le  District  de  Maine  fournisse  ,  comme 
nous  l'avons  vu  ,  la  très-grande  partie  du  Pinus 
strobus  destiné  à  être  exporté ,  et  que  beaucoup  de 
navires  s'en  chargent  directement  de  cette  province 
pour  l'extérieur,  cependant  c'est  la  ville  de  Boston 
qui  est ,  principalement  dans  les  Etats  méridionaux , 
l'entrepôt  général  de  cette  branche  de  commerce. 
Les  bois  qui  proviennent  de  cet  arbre  ,  s'y  trouvent 
dans  les  chantiers  sous  les  formes  suivantes: 

i«.  En  pièces  écarries  de  4  ^  ^  mètres  Ç  ii  k  15 
pieds)  de  longueur  sur  différens  diamètres; 

2°.  En  scantling  ,  pièces  sciées  carrément  au  des- 
sous de  i6  centimètres  ^6  pouces)  d'épaisseur,  des- 
tinées pour  chevrons  ou  charpente  légère  ; 

3°.  En  planches  qui  se  distinguent  en  merchan- 
tahle  hoards ^  planches  marchandes  ou  ordinaires, 
et  en  clear  hoards  ^  planches  de  choix.  Les  pre- 
mières ont  2  centimètres  (  trois  quarts  de  pouce  ) 
d'épaisseur,  3à5  mètres  (  lo  à  i5  pieds)  de  longueur 
et  27  à  40  centimètres  (  10  à  i5  pouces  )  de  largeur, 
et  elles  sont  souvent  parsemées  de  nœuds  5  on  leur 
donne  à  New-York  le  nom  à'Albanj  boar^ds,  plan- 
ches d'Albany  ,  et  leur  prix  est  à  peu  près  le 
même  dans  cette  ville  qu'à   Boston ,  où  il  varie  de 

8  à  10  dollars  (4o  à  5o  francs)  les  mille  pieds  cou- 


PINUSSTKOBUS.  IIQ 

rans:  les  planches  de  choix,  clear  boards^  lirées  des 
■plus  g^ros  arbres  y  Pumpkin  pine  y  ont  la  mcme  lon- 
gueur et  épaisseur  que  les  premières,  mais  leur  lar- 
geur est  de  ^7  ,  6\  et  80  centimètres  (  20  ,  i^  et  3o 
pouces;  elles  doivent  être  sans  aucun  nœud,  mais 
cependant  on  regarde  comme  telles  celles  qui  n'en 
ont  que  deux  qu'on  puisse  couvrir  avec  le  pouce. 
Leur  prix  est  de  20  à  26  dollars  (  100  à  i25  francs) 
les  mille  pieds  courans.  Elles  sont  employées  pour 
tous  les  ouvrages  légers  et  délicats ,  et  surtout  pour 
les  panneaux  des  portes  et  les  boiseries  des  apparte- 
mens,  ce  qui  leur  a  fait  donner  à  Philadelphie  le 
nom  de  panneaux  de  Pin  blanc  FThite  pine  panels -^ 

40.  En  clap  hoards  espèce  de  planchettes  longues 
de  I  mètre  33  centimètres  (4  pieds),  larges  de  16 
centimètres  (  6  pouces)  et  épaisses  de  7  millimètres 
(3  lignes)  d'un  côté  et  plus  minces  de  l'autre.  On 
s'en  sert  encore  dans  les  Etats  du  nord  à  revêtir  ex- 
térieurement les  maisons:  on  les  place,  pour  cela, 
horizontalement  les  unes  au-dessus  des  autres,  le 
bord  mince  en  dessous; 

50.  En  essentes  ou  bardeaux,  shingles  ^  qui  ont 
ordinairement  48  centimètres,  (  18  pouces)  de  long 
sur  8  à  16  centimètres  (  3  à  6  pouces)  de  large,  et  à 
peu  près  7  millimètres  (  3  lignes)  à  l'extrémité  la 
plus  épaisse.  Elles  sont  sans  aucuns  nœuds  et  doi- 
vent être  faites  seulement  avec  le  cœur  de  l'arbre, 
ces  bardeaux  sont  mis  en  paquets  carrés  et  rangés 
de  manière  que  le  bout  le  plus  mince  est  en  dedans: 
le  tout  est  maintenu  au  moyen  de  deux  tringles  en 


120  PINUS     STROBUS. 

bois  placées  transversalement,  l'une  dessus  et  l'autre 
dessous ,  et  qui  sont  attachés  avec  deux  harts.  Les 
paquets  de  bardeaux  sont  quelquefois  de  5oo ,  mais 
le  plus  souvent  de  iSo.  Dans  ce  dernier  cas,  pour 
que  le  nombre  s'y  trouve  à  très-peu  de  chose  près,  ils 
doivent  avoir  58  centimètres  (  22  pouces)  de  large 
et  on  doit  compter  à  chaque  coin  25  bardeaux.  Le 
prix  à  Hollowell ,  au  mois  de  juillet  1807,  étoit  de 
3  dollars  le  millier.  Deux  hommes  peuvent  en  faire 
16  à  1800  par  jour. 

Toutes  les  maisons  de  la  ville  de  Boston,  ainsi  que 
celles  des  autres  villes  et  des  campagnes  dans  les 
Etats  à  l'est  de  la  rivière  Hudson  ,  sont  couvertes  avec 
ces  essentes  qui  durent  seulement  douze  à  quinze 
ans.  On  en  exporte  encore  une  grande  quantité 
dans  toutes  les  Antilles.  Dans  les  colonies  françoises 
on  leur  donne  le  nom  d'essentes  blanches. 

On  peut  juger  par  ces  détails  combien  la  consom- 
mation du  bois  du  Pinus  strobus  est  considérable 
dans  les  Etats-Unis;  mais  elle  l'est  aussi  beaucoup 
en  Europe  et  aux  colonies  occidentales.  D'après 
un  exposé  des  importations ,  des  productions  des 
Etats-Unis  présenté  au  parlement  de  la  Grande-Bre- 
tagne ,  la  masse  totale  des  bois  arrivés  de  ce  pays 
en  Angleterre  dans  le  courant  de  1807  est  estimée 
à  i,3o2,g8o  piastres  ou  6,840,660  francs.  Or,  je  crois 
que  le  bois  du  Pinus  strobus  peut  bien  entrer  pour 
un  cinquième  dans  cette  masse.  Il  se  vendoit  en 
1808  à  Liverpool ,  2  sh.  7  d.  sterl.,  environ  3  francs 
le  pied  cube  ;  iesplanks^  planches  de  5  centimètres 


PI  NU  s      STKOBliS.  l'JI 

(2  pouces)  d'épaisseur  sur  environ  33  centimètres 
(  I  pied  j  de  large,  cinq  sols,  et  les  planches  ordi- 
naires ,  six  sols.  Dans  un  autre  exposé,  également 
officiel  ,  sur  l'importation  des  denrées  des  Etats- 
Unis  dans  les  colonies  angloises  des  Indes  occiden- 
tales ,  pendant  les  années  1804,  i8of>  et  180G  ,  la 
masse  totale  desboisy  est  portée  à  i  i5,o68,ooo  pieds; 
ce  qui  donne  environ  38,35G,ooo  pieds  pour  cha- 
cune de  ces  trois  années;  et  en  évaluant  à  un  tiers 
de  cette  dernière  quantité  celle  qui  est  fournie  par 
le  Piinis  strohus  ^  elle  seroit  de  12,785,000  pieds, 
composée  principalement  de  planches,  descantlin^s 
et  de  bardeaux. 

Dans  ces  diverses  évaluations,  qui  ne  sont  que 
très-approximatives,  ne  sont  pas  compris  les  bois  de 
cette  même  espèce  de  Pin ,  qui  passent  directement 
en  Angleterre  de  la  Nouvelle-Brunswick  ,  province 
limitrophe  de  celle  du  District  de  Maine ,  ni  celui 
qui  est  envoyé  des  Etats-Unis,  dans  toutes  les  co- 
lonies occidentales  qui  ne  dépendent  pas  de  la 
Grande-Bretagne ,  oii  il  s'en  fait  également  un  très- 
grand  emploi.  Maison  n  a  eu  seulement  en  vue,  en 
entrant  dans  ces  détails,  que  de  donner  ici  une  idée 
de  la  grande  consommation  du  bois  de  Pinus  stro- 
hiis ,  ces  développemens  ayant  paru  faire  naturelle- 
ment partie  de  l'histoire  de  cet  arbre  ;  on  a  voulu 
aussi  montrer  combien  sa  disparition  ,  peut  -  être 
presque  totale  dans  un  siècle ,  des  contrées  où  il  s'ex- 
ploite aujourd'hui  en  si  grande  quantité,  pèsera  sen- 
siblement sur  le  nord  des  Etats-Unis. 

I-  16 


122  PINUS      STROBUS. 

Les  qualités  précieuses  du  Pinus  strohus  et  les 
nombreux  usages  auxquels  on  l'emploie,  doivent  en- 
gager sans  doute  à  le  propager  en  Europe.  Il  vient 
bien  dans  le  centre  de  la  France,  mais  je  ne  crois 
cependant  pas  que  le  climat  de  cette  partie  de  l'Em- 
pne  lui  soit  parfaitement  convenable  ;  je  pense  au 
contraire,  que  c'est  sur  les  bords  du  Rhin,  dans  les 
vallées  des  Alpes  et  des  Pyrénées  et  les  pays  froids 
et  humides  de  l'Allemagne,  de  la  Pologne  et  de 
la  Russie,  que  sa  réussite  sera  la  plus  assurée;  car  sa 
végétation  m'a  déjà  paru  plus  belle  et  plus  prompte 
dans  la  Relgique  que  dans  les  environs  de  Paris.  Ce 
sera  donc  lorsqu'on  renouvellera  dans  ces  contrées 
les  forets  de  Pinus  sylvestris  et  à'Epicia ,  qu'on  de- 
vra y  introduire  le  Pinus  strohus ,  et  qu'on  pourra 
décider,  d'après  les  observations  qu'on  sera  à  même 
de  faire  par  la  suite ,  si  cet  arbre  si  utile  en  Amé- 
rique ,  est  susceptible  d'être  naturalisé  avec  succès 
dans  les  forets  européennes. 

PLANCHE   X. 

Fîg.  1  ,  feuille.   Fig.  a  ,  graine. 


/.V.,„v,-   ,/-/ 


ABIES   Nigra. 


ABIES       NIGRA. 

THE    BLACK    [DOUBLE)    S  P  RU  CE. 

Abies  nigra ,  arbor  maxima  ;  foliis  undique  c'irca  ramos 
erectis  ,  brevioribus  ,  sub  /\-gon/s.  Strobilis  ovatis  ,  pen~ 
dulis  ,  rigicUs  ;  squmnis  sub  undulatis ,  apice  crenula- 
tis  aut  divisis. 

Cet  arbre  ,   qui  appartient    aux  régions   les  plus 
lïoides  de   l'Amérique  septentrionale,  est    nommé 
en  Canada  Epinette  noire  et  Epinette  à  la  bière  ; 
Double  spruce  ^    Sapin  double,  dans  le  District  de 
Maine   et  les  Etats  du  New-Hampshire  et  de  Ver- 
mont;  et  Black  spruce  ^  Sapin  noir,  à  la  Nouvelle- 
Ecosse  :  mais  ces  deux  dernières  dénominations  sont 
connues   des   habitans  de  ces  différens  pays  :  seule- 
ment chacune  d'elles  est  d'un  usage  plus  général  dans 
ceux  que  j'ai  particulièrement  indiqués.  J'ai  cru  ce- 
pendant devoir  préférer  le  nom  de  Black  spruce , 
Sapin  noir  ,  qui  m'a  paru  rappeler  un  caractère  plus 
frappant   et  qui ,  d'ailleurs  ,  se    trouve  en   opposi- 
tion marquée  avec  celui  de  l'espèce  suivante  connue 
dans  le  pays  sous  le  nom  de  White  spruce ,  Sapin 
blanc  :   on  désigne   encore   quelquefois  \ Abies  ni- 
gra    sous    le    nom    de  Red  spruce ^   Sapin   rouge, 
par  suite  de  l'influence  que  certaines  localités   exer- 
cent sur  la  qualité  de  son  bois.  Jusqu'à  présent  on  a 
même  regardé  cette  variété  comme  une  espèce  dis- 


1^4  ABIES      NIGEA. 

tincte  ,  ce  qui  n'est  pas  fondé  ainsi  que  je  le  prou- 
verai dans  la  suite  de  cet  article. 

Les  contrées  oiiV^bies  nigra  est  le  plus  abondant, 
sont  renfermées  entre  les  44®  et  53^  de  latitude  sep- 
tentrionale et  les55oet  75°  de  longitude  occidentale, 
ce  qui  comprend  le  Bas-Canada,  Terre-Neuve,  la  Nou- 
velle-Brunswick  et  la  Nouvelle -Ecosse  qui  appar- 
tiennent à  la  Grande-Bretagne;  le  District  de  Maine, 
l'Etat  de  Vermont  et  la  partie  supérieure  du  New- 
Hampshire ,  dépendant  des  Etats-Unis.  Ce  Sapin  est 
tellement  multiplié  dans  ce?  différentes  contrées,  que 
souvent  il  forme  un  tiers  de  la  masse  non-inter- 
rompue  des  forets  qui  les  couvrent  encore  ;  mais, 
sous  une  latitude  plus  méridionale  ,  on  ne  le  voit 
guère  que  sur  le  sommet  des  monts  Alléghanys  qui 
offrent  des  sites  froids  et  humides,  et  notamment 
dans  un  marais  d'une  grande  étendue,  peu  éloignée 
de  Wilkesburry  dans  la  Pensylvanie,  ainsi  que  sur  la 
Montagne  Noire  ,  dans  la  Caroline  du  nord  ,  une  des 
plus  hautes  des  Etats  méridionaux,  et  quia  proba- 
blement reçu  son  nom  de  l'aspect  sombre  qu'elle  a 
dans  l'éloignement  et  qu'elle  doit  à  la  couleur  fon- 
cée du  feuillage  de  YAbies  nigi^a  :  on  le  rencontre 
encore  quelquefois  aux  environs  de  New-York  et  de 
Philadelphie  dans  les  jw^tt?/?^  ou  marais  de  Cupres- 
sus  thujoïdes y  mais  dans  ces  terreins  qui  sont  cons- 
tamment bourbeux,  et  quelquefois  submergés  une 
partie  de  l'année,  cet  arbre  vient  mal  et  ne  s'élève 
qu'à  une  très-petite  hauteur. 

Les  feuilles  de  VAbies  nigra  sont  d'un  vert  som- 


ABI  f:,S     NI  G  RA.  123 

bre  et  triste  ,  longues  d'environ  9  millinnètres  C  4 
lignes),  roides,  très-nombreuses  et  très-rapprochees 
les  unes  des  autres,  et  attachées  isolément  sur  toute 
la  surface  des  branches.  C'est  aux  extrémités  des  ra- 
meaux les  plus  élevés  que  viennent  les  fleurs  ,  aux- 
quelles succèdent  de  petits  cônes  ovales,  rougeà- 
tres  ,  et  dont  la  pointe  est  tournée  vers  la  terre  j  leur 
longueur  varie  depuis  18  millimètres  (  8 lignes)  jus- 
qu'à un  peu  plus  de  5  centimètres  (  1  pouces  ).  Ces 
cônes  sont  composés  d'écaillés  minces  ,  légèrement 
crénelées  à  leur  base  ,  et  dont  quelques-unes  sont 
souvent  fendues  jusqu'à  moitié ,  dans  les  arbres  les 
plus  vigoureux ,  dont  les  fruits  sont  aussi  les  plus 
gros  ;  ils  ne  sont  en  maturité  qu'à  la  fin  de  l'au- 
tomne; alors  ils  s'ouvrent  pour  laisser  échapper  leurs 
graines  qui  sont  petites ,  légères  ,  et  que  les  vents 
emportent  au  loin ,  au  moyen  d'une  aile  dont  elles 
sont  surmontées. 

Les  parties  de  l'Amérique  septentrionale  que  j'ai 
indiquées  comme  celles  où  ce  Sapin  abonde  le  plus, 
sont  fréquemment  entrecoupées  de  collines  plus  ou 
moins  élevées.  C'est  dans  les  vallons  formés  par  ces 
collines  dont  le  sol  est  humide,  noir,  profond  et 
couvert  d'un  lit  très  épais  de  mousse,  que  se  trou- 
vent les  plus  belles  forets  à'Abies  nigra  où  les  ar- 
bres sont  tellement  rapprochés  qu'il  n'y  a  entr'eux 
qu'une  distance  de  1 5 ,  1 2  décimètres  et  même  i  met. 
(5, 4  et  3  pieds,  j  Cependant,  ce  peu  d'intervalle  ne  nuit 
point  à  leur  croissance,  car  ils  y  parviennent  à  leur 
plus  grand  développement,  qui  est  de  25  à  3o  mètres 


120  ABIES     NIGRA. 

(  70  à  80  pieds  )  sur  4^7  4^  ^t  54  centimètres  (  i  ^  , 
18  et  20  pouces  j  de  diamètre.  Leur  sommet  présente 
une  pyramide  très-régulière,  qui  donne  à  cet  arbre 
une  fort  belle  apparence  lorsqu'il  se  trouve  isolé. 
Cette  forme  agréable  est  due  principalement  à  l'ar- 
rangement symétrique  des  ses  branches  qui  s'éten- 
dent horizontalement  et  ne  sont  pas  inclinées  vers  la 
terre  ,  comme  dans  VAbies  picea  d'Europe  qui  est  le 
véritable  Norwajpine^  Pin  de  Norw^ège  des  Anglois, 
dont  l'aspect  est  beaucoup  plus  triste ,  pour  ne  pas 
dire  très-lugubre. 

Le  tronc  de  VAbies  ni^ra^  recouvert  d'une  écorce 
unie  et  non  crevassée  profondément  comme  celle 
des  Pins  ,  est  encore  remarquable  par  la  perpendi- 
cularité  de  son  ascension^  et  par  la  régularité  avec 
laquelle  il  diminue  de  grosseur  depuis  le  pied  jus- 
qu'au sommet  qui  est  terminé  par  la  pousse  de 
l'année,  dont  la  longueur  est  de  3o  à  4o  centimètres 
(12  à  i5  pouces).  On  trouve  encore  cet  arbre 
dans  ces  mêmes  pays  ,  sur  le  penchant  des  monta- 
gnes, dont  le  sol  très-pierreux  et  peu  humide,  n'est 
recouvert  que  d'un  léger  lit  de  mousse;  mais  ces  ter- 
reins  étant  moins  favorables  à  sa  végétation  ,  sa  crois- 
sance n'y  est  pas  aussi  belle,  et  il  n'acquiert  pas  la 
même  élévation.  C'est  ce  qu'on  observe  également 
dans  d'autres  cantons  désignés  sous  le  nom  de  poor 
hlack  lands ,  crû  d'essence  noire  des  terreins  maigres. 
Les  individus  qui  viennent  dans  ces  sortes  de  terreins 
ont  les  feuilles  plus  courtes  ,  plus  épaisses,  et  d'un 
vert  encore  plus  obscur.  Leurs  cônes  sont  aussi  de 


ABIESNIGIIA.  12- 


moitië  moins  gros,  mais  en  tout  semblables  aux 
autres  pour  la  l'orme  ,  et  ils  s'ouvrent  à  la  même  épo- 
que pour  laisser  échapper  leurs  graines. 

,La  plupart  du  temps,  et  j'aurai  plusieurs  fois  l'oc- 
casion d'en  faire  l'observation  ,  les  habitans  des 
campagnes  et  les  ouvriers  en  bois  ne  remarquent 
dans  les  arbres  forestiers  que  quelques  apparences 
qui  les  frappent,  telles  surtout  que  les  qualités  in- 
trinsèques de  leur  bois,  sa  couleur  et  celle  de  l'é- 
corce,  et,  comme  d'ailleurs  ils  ne  connoissent  pas  les 
caractèresbotaniquesquidift'érencientles  espèces,  ils 
donnent  souvent  aux  mêmes  arbres  différens  noms, 
tirés  des  qualités  qui  sont  à  leur  portée  et  qui  peu- 
vent varier  suivant  le  terrein  où  ils  croissent,  sans 
s'embarrasser  aucunement  si  ce  sont  des  espèces  dis- 
tinctes ou  de  simples  variétés.  C'est  donc  aux  diffé- 
rences assez  notables  qui  existent  dans  VAbies  nigra 
suivant  le  sol  oii  on  le  trouve  ,  qu'il  faut  attribuer  la 
distinction  que  les  habitans  en  ont  faite  en  Sapin 
noir  et  en  Sapin  rouge  :  Black  and  Redspruce.  C'est 
aussi  d'après  la  grosseur  véritablement  remarquable 
des  cônes  delà  dernière  variété  qui  ont  été  envoyés 
en  Angleterre,  ainsi  que  sur  des  renseignemens  in- 
exacts qui  lui  ont  été  fournis,  que  Sir  K.  B.  Lambert 
s'est  décidé  ,  non  pas,  il  est  vrai,  sans  quelques  dou- 
tes, à  la  décrire  et  à  la  figurer  sous  le  nom  àAbies 
ruhra.  Il  la  présente  encore  comme  inférieure ,  à  tous 
égards  ,  à  l'autre  variété ,  à  laquelle  il  conserve  le 
nom  à^Ahies  nigra^  tandis  qu'au  contraire,  d'a- 
près ce  que  j'ai  observé  dans  le  pays  même  ,   c'est 


128  ALBIES     NIGRA. 

dans  celle  nommée  Sapin  rouge  que  se  trouvent 
réunies  au  plus  haut  degré,  toutes  les  qualités  qui 
font  rechercher  cette  espèce  de  Sapin  pour  certains 
usages  déterminés.  M.  Lambert  eût  été  probable- 
ment confirmé  dans  son  opinion  que  le  Sapin  rouge 
étoit  une  espèce  distincte  du  Sapin  noir,  si  on  lui 
eût  présenté  des  échantillons  tirés  du  cœur  de  ces 
deux  variétés  ;  car  ,  dans  le  Sapin  noir,  le  bois  est 
très-blanc,  tandis  qu'il  a  réellement  une  teinte  rou- 
geâtre  dans  le  Sapin  rouge  :  cette  différence  de  cou- 
leur dans  le  bois  qui  a  lieu .  quelquefois  dans  les 
arbres  d'une  même  espèce,  ne  peut  provenir,  je  le 
répète,  que  de  la  différence  des  terreins  dans  lesquels 
ils  croissent,  car  on  ne  doit  pas  douter  non  plus  que 
le  sol  n'ait  une  influence  marquée  sur  les  qualités 
du  bois. 

La  force,  l'élasticité  et  la  légèreté,  sont  les  qualités 
importantes  que  possède  XAbies  nigra^  et,  d'après 
ce  qu'a  écrit  Josselyn  dans  son  histoire  de  la  Nou- 
velle-Angleterre,  publiée  à  Londres  en  1672,  ces 
qualités  le  faisoient  regarder  dès-lors  comme  «  four- 
nissant les  meilleurs  mâts  de  hune  et  les  meilleures 
vergues  qui  fussent  au  monde  ».  Quoique  ces  pro- 
priétés soient  communes  aux  deux  variétés  ,  cepen- 
dant, d'après  le  rapport  des  habitans  ,  elles  sont , 
comme  nous  l'avons  dit,  principalement  rassemblées 
dans  le  Sapin  rouge  qui  a  encore  l'avantage  de  four- 
nir des  pièces  d'une  bien  plus  grande  dimension  ; 
car,  le  Sapin  noir  croissant  dans  un  sol  inférieur  en 
qualité,  ne  parvient  qu'aune  moindre  élévation, 


ABIES      NIGRA.  I2Q 

et  son  bois  est  moins  souple  et  beaucoup  plus  sujet 
à  être  tors. 

Dans  les  chantiers  de  constructions  navales  de 
tous  les  ports  des  Etats-Unis,  les  vergues  sont  presque 
toujours  faites  en  Abies  ni^ra  qui  sont  importes  du 
District  de  Maine.  On  en  exporte  aussi  pour  le  même 
objet  une  grande  quantité  aux  colonies  occidentales 
et  à  Liverpool  ,  tant  de  cette  même  partie  des 
Etats-Unis  que  de  la  Nouvelle-Brunswick  et  de  la 
Nouvelle-Ecosse. 

Oddy,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  On  European 
Commerce ,  dit  qu'on  le  préfère  en  Angleterre  au 
Pin  de  Norwège  [Ahies  picea)  ,  parce  qu'il  est  doué 
de  plus  de  force;  mais,  comme  il  ne  peut  donner  des 
pièces  d'une  aussi  forte  dimension ,  on  ne  peut  l'em- 
ployer, comme  ce  dernier  ,  pour  en  faire  les  vergues 
des  vaisseaux  de  guerre  ,  pour  lesquels  on  se  sert 
souvent  encore  du  Pinus  strohus. 

Dans  le  District  de  Maine ,  et  même  quelquefois 
à  Boston,  où  le  chêne  devient  très-rare,  on  fait  très- 
fréquemment  en  Abies  nigra  jhes  genoux  [knees]  , 
pièces  de  bois  destinées  principalement  à  soutenir  le 
pont  des  navires.  Ces  morceaux,  lorsqu'ils  sont  en 
chêne,  sont  ordinairement  formés  de  deux  branches 
unies  à  leur  base;  mais  ceux  faits  de  cet  arbre  sont 
tadlés  aux  dépens  d'une  portion  de  la  base  du  tronc 
et  d'une  des  plus  grosses  racines.  Ce  sapin  est  après 
le  chêne  et  le  mélèze ,  qui  est  aussi  assez  rare  dans 
ces  contrées  ,  l'espèce  de  bois  la  plus  propre  à  cet 
usage ,  à  cause  de  sa  force  et  de  sa  durée. 
I.  i- 


l3o  ABIES     NIGRA. 

Dans  le  District  de  Maine  et  même    à  Boston, 
VAhies  Tîigi^a  est  fréquemment  employé  pour  solives, 
dans  la  bâtisse  des  maisons  ,  et  on  le  préfère  aujour- 
d'hui  pour  cet   objet  à   YAbies  canadensis  qu'on 
regardoit  autrefois  comme  meilleur.  Quelques  per- 
sonnes s'en  servent  encore  pour  faire  les  planchers , 
parce  que  son  grain  est  plus  ferme  ,  et  qu'il  résiste 
mieux  au  frottement  et  à  la  pression  des  meubles  , 
dont   les    pieds   endommagent    ceux   faits    en  Pi- 
nus  sU^ohus  ,  surtout   dans  les  appartemens   où  il 
n'y  a  pas  de  tapis.  Cependant,  il  a  pour  cet  usage 
particulier  ,rinconvénient  que  ses  planches  sont  su- 
jettes à  se  fendre  dans  leur  milieu ,  et  qu'elles  pré- 
sentent alors  des  gerçures  désagréables. 

Dans  toutes  ces  contrées,  et  notamment  dans  le 
District  de  Maine  et  la  Nouvelle-Brunswick,  on  dé- 
bite beaucoup  d'y^Z>£e^  nigra  en  planches  d'une  belle 
largeur  qui  se  vendent  25  pour  cent  meilleur  mar- 
ché que  celles  de  Pinus  strobus.  Je  ne  doute  pas  qu'il 
ne  fournisse  long-temps  et  abondamment  aux  besoins 
du  commerce  ;  car ,  il  est  dans  mon  opinion  cent  fois 
plus  commun  que  l'arbre  précité.  Ces  planches  s'ex- 
portent dans  les  colonies  occidentales  et  en  Angle- 
terre. 11  en  vient,  m'a-t-on  dit,  une  bonne  partie  à 
Birmingham  et  à  Manchester  ,  et  l'on  s'en  sert  dans 
ces  deux  villes  célèbres  par  leurs  manufactures,  pour 
faire  les  caisses  d'emballage.  On  en  fait  ,  dans  la 
Nouvelle  -  Ecosse,  des  barils  employés  à  mettre  le 
poisson  salé ,  et  pour  cela  ,  on  choisit  de  préférence 
la  variété  dite  Sapin  rouge  ,  dont  le  bois  est  plus 


A 1}  r  i:  s     ^  I  G  II  A .  i  j  j 

facile  à  travailler  et  se  fend  de  droit  fil,  ce  qui  est 
évidemment  dû  à  l'influence  du  sol.  UAbies  niara 
n'est  pas  assez  résineux  pour  qu'on  puisse  en  obtenir 
de  la  térébenthine  en  quantité  suffisante  j)Our  !(• 
commerce  ;  aussi ,  ne  cherche-t-on  pas  à  en  extraire 
sous  ce  point  de  vue.  Son  bois  paroit  contenir  beau- 
coup d'air,  car  il  pétille  au  feu  pour  le  moins  au- 
tant que  celui  du  châtaignier. 

C'est  avec  les  jeunes  branches  de  YAhies  nigra 
et  préférablement  avec  celle  de  la  variété  dite  Black 
spruce  ^    Sapinetle  noire,    qu'on  fabrique  la  bière 
connue  sous  le  nom  de  bière  de  spruce,  spruce  béer. 
On  les  fait  bouillir  dans  l'eau  ,  et  l'on  ajoute  ensuite 
une  certaine  quantité  démêlasse  ou  de  sucre  d'éra- 
ble ,on  laisse  fermenter  le  tout,  et  on  obtient  ainsi 
cette  liqueur  salutaire  et  très -utile  dans  les  voyages 
de  long  cours ,  pour  prévenir  le  scorbut.  L'essence 
de  spruce,  épaissie  jusqu'à  la  consistance  d'extrait, 
est  également  le  résultat  de  réva2:)oration  de  l'eau 
dans  laquelle  on  a  fait  bouillir  long-temps  des  som- 
mités des  jeunes  branches  de  cet  arbre.  Comme  je  n'ai 
pas  été  témoin  de  cette  dernière  opération  ,  je  ne  me 
permettrai  pas  d'entrer  dans   de  plus  longs   détails; 
mais  j'ai  vu  bien  des  fois,  fabriquer  la  bière  dans 
les  campagnes,  tant  à  Halifax  que  dans  le  District  de 
Maine,  et  je  puis  assurer  qu'elle  n'est  pas  faite  avec 
VAbies  alba^  comme  l'avance  Sir  A.  B.  Lambert. 

S'il  a  été  bien  reconnu  en  x^ngleterre  que  le  bois 
de  cet  arbre  est  préférable  à  celui  à^YJbies  picea 
û  sera  utile,  sans  doute  de  le  propager  dans  l'ancien 


;i32  ABIES      NIGRA. 

continent;  mais,  je  pense  qu'il  ne  réussira  complè- 
tement que  dans  les  contrées  les  plus  froides  et  les 
plus  humides  du  nord  de  l'Europe  ,  et  encore  dans 
quelques  parties  des  Alpes  ,  des  Pyrénées  et  des 
montagnes  d'Ecosse 

PLANCHE    XL 

Tig.  1  ,  feuille.  Fig.  2  ,  graine. 


P/./2. 


/S.:.:.„  ./../'. 


ABIES  ALba. 


lr//f^  Y^('n^/!eJ  lJ// 


^/*r/^v 


ABIES      ALBA. 

THE     WHITE     {SINGLE)    SPRUCE. 

Abies  all^a,  arhor  /^S-So  pedalis ,  foliis  subglaiicis  unclî- 
que  circa  ramos  erccbis  ,  tetra^oni.^ ,  subpungentibus . 
Stiobilis  oblongo-cyli?iclraceis,penclulis ,  Iaxis  y  squamia 
margine  integerrimîs. 

Cette  espèce  de  sapiri,  originaire  des  mêmes  pays 
que  la  précédente  ,  est  nommée  en  Canada  Epinette 
blanche  ;  à  la  Nouvelle-Ecosse  TVhite  spriice^  Sapin 
blanc;  et  Single  spruce  ^  Sapin  simple,  à  la  ]Nou- 
velle  Brunswick  et  dans  le  District  de  Maine  ;  ce- 
pendant ces  deux  dénominations ,  comme  celles 
données  à  V Abies  nigra ,  sont  généralement  connues 
dans  toutes  ces  contrées,  et  sont  seulement  plus 
usitées  l'une  que  l'autre,  suivant  les  différentes  pro- 
vinces ,  c'est  pourquoi  j'ai  pu  choisir  celle  de  FVhite 
spruce^  Sapin  blanc,  que  j'ai  regardée  comme  pré- 
férable. 

Il  paroît  que  cet  arbre  ne  commence,  en  venant 
du  nord  au  midi ,  que  quelques  degrés  plus  au  sud 
que  \ Abies  nigra  ,  car  mon  père ,  suivant  ses  notes  , 
ne  l'a  observé  pour  la  première  fois  que  vers  le  lac 
S.  Jean  en  Canada  ,  situé  entre  les  43°  et  44°  de  la- 
titude. Il  est  beaucoup  moins  commun  que  V Abies 
nigra  dans  le  District  de  Maine  ,  du  moins  dans  les 
cantons  que  j'ai  parcourus.  La  remarque  en  est  facile 


l34  ABIES     ALBA. 

à  faire,  surtout  en  observant  les  jeunes  individus  qui 
sont  isoles  ;  car  ,  quoique  les  feuilles  de  ces  denx  sa- 
pins soient  également  implantées  autour  des  bran- 
ches, elles  présentent  des  caractères  différens  qui  les 
font  distinguer  au  premier  aspect.  Dans  VAbies  alha^ 
elles  sont  proportionnellement  moins  nombreuses, 
plus  longues,  plus  écartées  de  la  tige ,  et  elles  sont 
terminées  par  une  pointe  plus  aigùe  ;  mais  la  diffé- 
rence la  plus  remarquable ,  quoique  celle  que  je  viens 
d'indiquer  le  soit  sensiblement,  c'est  leur  couleur 
d'un  vert  pâle  et  comme  bleuâtre  ,  qui  lui  a  fait 
sans  doute  donner  le  nom  de  Sapin  blanc ,  comme 
celui  de  Sapin  noir  a  été  donné  à  celle  précédem- 
ment décrite,  à  cause  de  la  couleur  sombre  de  son 
feuillage. 

Les  cônes  de  VAbies  «/Z><2  sont  aussi  bien  différens, 
car  ils  ont  la  forme  d'un  ovale  très-allongé  et  leur 
largeur  est  de  près  de  5  centimètres  (  i  pouces) 
sur  i6  à  18  millimètres  T  6  à  8  lignesj  de  diamètre  à 
leur  partie  moyenne.  Cependant  ces  dimensions  va- 
rient suivant  que  l'arbre  est  plus  ou  moins  vigoureux 
mais  la  forme  ne  change  jamais.  Les  écailles  sont 
minces,  et  leurs  bords  ne  sont  point  échancrés,  ni 
même  ondulés  comme  dans  VAbies  Jiigra.  Ils  en  dif- 
fèrent encore  en  ce  qu'ils  sont  en  maturité  un  mois 
plutôt  et  que  les  graines  sont  un  peu  plus  petites. 

UAbies  alba  croit  à  peu  près  dans  les  mêmes  sites 
que  VAbies  Jiigra  ,  mais  il  s'élève  moins;  car,  quoi-     , 
que  sa  tige  soit  plus  effdée,  sa  hauteur  excède  rare- 
ment 16  mètres  (^  5o  pieds)  sur  3o  à  40  centimètres 


AB  I  ES      A  LB  A.  l3j 

(  12  à  i6  pouces)  de  diamètre  ,  à  97  centimètres  (  3 
pieds  )  de  terre. 

Son  sommet,  comme  celui  de  VAbies  ni^ra^  a  la 
forme  d'une  pyramide  très-r(*gulière  mais  il  est  moins 
garni  de  branches  ,  et  par  conséquent  ne  parojt 
pas  aussi  touffu.  La  couleur  de  son  écorce  n'est  pas 
non  plus  aussi  rembrunie,  et  cette  différence  est  en- 
core plus  sensible  ,  lorsqu'on  compare  les  jeunes 
branches  des  deux  espèces. 

Le  bois  de  VAbies  alha  est  employé  aux  mêmes 
usages  que  celui  de  ÏAhies  nigra^  mais  il  lui  est  in- 
férieur en  qualité.  Il  pétille  davantage  au  feu.  L'ex- 
périence a  appris  cependant,  que  les  fibres  de  ses 
racines  sont  douées  de  beaucoup  de  flexiblité  et  de 
force,  lorsqu'on  les  a  fait  macérer  dans  l'eau.  On 
les  prive,  par  cette  opération,  de  la  pellicule  qui 
les  enveloppe,  et  l'on  s'en  sert  en  Canada  pour  cou- 
dre ensemble  les  morceaux  d'écorce  de  bouleau  dont 
on  construit  des  canots.  Les  coutures  sont  ensuite 
recouvertes  ou  frottées  avec  la  résine  qui  découle 
de  cet  arbre,  et  à  laquelle  on  donne  improprement 
le  nom  de  gomme. 

Sir  A.  B.  Lambert  dit  que  son  écorce  est  employée 
pour  tanner  les  cuirs.  Il  est  possible  que  cela  ait 
lieu  à  Terre-Neuve  ou  dans  le  Bas-Canada,  où  je  n'ai 
pas  voyagé,  quoique  j'aie  quelques  raisons  d'en  dou- 
ter ;  mais  ce  que  je  puis  assurer,  c'est  qu'on  ne  s'en 
sert  pas  pour  cet  usage  dans  tout  le  District  de  Maine 
et  dans  les  provinces  de  la  Nouvelle-Brunswick  et 
de  la  Nouvelle-Ecosse.  Je  puis  également  affirmer,  et 


l36  ABIES     ALBA. 

je  l'ai  déjà  dit  dans  l'article  précédent,  que  ce  n'est 
pas  avec  les  rameaux  de  celte  espèce  que  se  fabrique 
la  bière  de  spruce ,  puisqu'au  contraire ,  on  évite 
soigneusement  de  s'en  servir,  parce  que  lorsque  ses 
feuilles  sont  froissées  elles  répandent  une  odeur 
forte  et  désagréable  qui  se  communique  ,  dit-on  ,  à 
la  liqueur. 

Cet  arbre ,  beaucoup  plus  répandu  en  France  que 
l'espèce  précédente,  est  élégant  dans  sa  jeunesse, 
et  le  joli  effet  qu'il  produit  le  fait  très  -  rechercher 
en  Europe  pour  l'embellissement  des  parcs  et  des 
jardins  ,  où  son  feuillage  contraste  agréablement 
avec  celui  des  autres  espèces  dont  la  teinte  est  plus 
foncée. 

Les  pépiniéristes  en  France  et  en  Allemagne, à  qui 
il  convient  de  multiplier  les  variétés,  distinguent 
VAbies  alha  en  Sapinette  blanche  ou  argentée  et  en 
Sapinette  bleue. 

PLANCHE    XII. 

Fig.    1  ,  feuille,   Fig.  2  ,  graine. 


P/jX 


IL-nn,  JU.u:!.- „'.-! 


ABIES   Canaiensis. 


A-BIES       CANADENSIS. 

THE    HEMLOCK    SPRUCE. 

Abies  canadensîs  ,  arhor  jnaxima  ,  ramîs  gracilibus  , 
ramiiUs  novellis  m>illosissimis  ;  foUis  soUtariis ,  planis  , 
subditichis  ;  strobilis  terminallbus  ^  minimis ,  cylindra" 
ceO'Ovatis ,  despicientibus. 

Cet  arbre  est  connu,  dans  tous  les  Etats-Unis, 
sous  le  seul  nom  {\! Hemlock  spruce  ,  et  des  Fran- 
çois du  Canada ,  sous  celui  de  Pérusse.  Cette  espèce 
de  Sapin ,  dont   l'analogue  ne  se   trouve  pas  dans 
l'ancien  continent ,  est  une  de  celles  qui  appartiennent 
aux  régions  les  plus  froides  du  Nouveau-Monde,  car 
elle  commence  à  croître   aux   environs  de  la  baie 
d'Hudson  ,  latitude  Si»;  mais  vers  le  lac  Saint- Jean, 
et  près  de  Québec,  elle  remplit  déjà  les  forets.  Dans 
la  Nouvelle-Ecosse,  la  Nouvelle-Brunsv^ick,  le  Dis- 
trict de  Maine ,  l'Etat  de  Vermont  et  la  partie  su- 
périeure du  New-Hampshire ,  où  je  l'ai  observée, 
elle  forme  quelquefois  à  elle  seule  les  trois  quarts 
de  l'essence    noire   ou  résineuse    qu'elle   compose 
avec  V Abies  ni^ra  ,  Black  spruce.  En  avançant  plus 
au  midi,  cet  arbre  devient  moins  commun,  et  dans 
les  Etats  du  milieu  et  du  sud ,  il  se  trouve  confiné 
aux  Monts- Alléghanys ,  ainsi  qu'aux  chaînons  qui  en 
dépendent  ,  et  encore   ne  le  trouve-t-on   toujours 
que  sur  les  bords  des  torrens  et  aux  expositions  les 
plus  fraîches  et  aux  endroits  les  plus  obscurs. 
I.  i8 


l38  ABIES      CANADENSIS. 

Dans  les  diverses  contrées  que  je  viens  d'indiquer 
au  nord  et  à  l'est  de  l'Etat  de  Massachusetts ,  qui 
embrassent ,  sans  y  comprendre  le  Canada ,  une  éten- 
due de  plus  de  1,100  kilom.  (^25o  lieues)  en  lon- 
gueur ,  sur  près  de  35o  (  80  lieues  j  en  largeur  , 
l'essence  noire  ou  résineuse  occupe  constamment 
la  partie  la  plus  déclive  des  collines,  et  elle  cons- 
titue presque  la  moitié  des  vastes  forets  qui  couvrent 
d'une  manière  non-interrompue  tous  ces  pays.  On 
peut  donc  juger,  d'après  cela,  combien  YHemlock 
spruce  est  abondant  dans  le  nord  des  Etats-Unis. 

Les  situations  très-liumides  ne  sont  cependant  pas 
celles  qui  paroissent  le  mieux  convenir  à  sa  végé- 
tation, car  j'ai  constamment  observé  que,  lorsqu'il  se 
trouve  mêlé  avec  VAbies  Jiigray  Black  spruce  ^  il  est 
moins  abondant  à  proportion  que  le  sol  est  plus 
humide.  J'ai  encore  vu  souvent  cet  arbre  croître 
parmi  les  Hêtres  et  les  Erables  à  sucre,  dans  un  sol 
très-favorable  à  la  culture  du  froment,  et  y  acquérir 
un  grand  développement. 

L'Hemlock  spruce ,  toujours  plus  élevé  et  plus 
gros  que  VAbies  nigj^a^  Black  spruce  ^  atteint  environ 
23  à  25  mètres  (^70  à  80  pieds)  de  haut,  sur  2  à  3 
mètres  (  6  à  9  pieds  )  de  circonférence  ,  conservant 
le  même  diamètre  dans  les  deux  tiers  de  sa  hauteur  ; 
cependant,  si  on  peut  juger  assez  exactement  de  la 
croissance  des  arbres  et  de  leur  longévité ,  par  le 
nombre  des  couches  concentriques  et  leurs  rappro- 
chemens,  celui-ci  doit  être  bien  des  années,  peut- 
être  même  deux  siècles,  pour  acquérir  dépareilles 


ABIES     CANADENSIS.  I '^Q 

dimensions,  car  ces  couches  sont  très-nombreuses  et 
très-rapprochées. 

Les  feuilles  de  THemlock  spruce  sont  longues  de 
i/f  à  i8  millimètres  Ç6  k  H  lignes  j ,  aplaties,  très- 
nombreuses,  disposées  irrégulièrement  sur  deux  ra  ngs, 
et  velues  à  l'époque  de  leur  développement.  Ses 
cônes,  un  peu  plus  longs  que  les  feuilles,  sont  do 
forme  ovale,  pendans  et  situés  à  l'extrémité  des  ra- 
meaux. Lorsque  cet  arbre  croit  dans  un  terrain  qui 
lui  est  favorable,  il  présente  dans  sa  jeunesse,  et 
jusqu'à  ce  qu'il  ait  atteint  8  à  lo  mètres  C  25  à  3o 
pieds  J  de  hauteur,  une  forme  élégante  et  agréable 
qu'il  doit  à  la  disposition  symétrique  de  ses  bran- 
ches et  à  son  feuillage  bien  fourni  :  il  peut  alors 
être  considéré  comme  un  arbre  d'ornement  et  em- 
ployé avec  avantage  dans  les  jardins  paysagistes. 
Lorsqu'au  contraire  il  est  arrivé  à  son  entier  déve- 
loppement, ses  grosses  branches,  le  plus  souvent  cas- 
sées à  un  mètre  et  demi  Ç  l[.  k  5  pieds  )  de  leur  nais- 
sance, et  desséchées  à  leurs  extrémités,  sont  comme 
autant  de  chicots  qui  se  laissent  apercevoir  au  de- 
hors ,  et  ne  sont  plus  garnies  que  de  petits  rameaux. 
Dans  cet  état  qui  le  fait  reconnoitre  au  premier 
abord,  il  a  un  aspect  peu  agréable,  et  quoique  sou- 
vent dans  toute  sa  force  ,  il  offre  l'image  de  la  décré- 
pitude. Ce  défaut  particulier  est  attribué  à  ce  que  les 
branches  secondaires,  toujours  placées  horizontale-' 
ment  et  garnies  d'un  feuillage  touffu  et  serré  retien- 
nent la  neige  ,  et  s'en  surchargent  à  un  tel  point, 
qu'elles  finissent  par  céder  au  poids  et  se  briser 3 


l4o  ABIES     CANADENSîS. 

accident  qui  n'a  pas  lieu  dans  les  jeunes  individus, 
à  cause  de  leur  flexibilité'.  Les  bois  sont  encore  rem- 
plis d'Hemlock  spruce  morts,  soit  qu'ils  aient  été  pi- 
qués d'une  espèce  d'insecte  qui  s'attache  de  préfé- 
rence au  genre  des  Pins,  soit  par  d'autres  causes  que 
j'ignore.  Cette  multitude  d'arbres  morts  et  couverts 
de  mousse ,  qui,  dit-on  ,  restent  dans  cet  état  vingt 
à  trente  ans  sans  tomber,  contribuent  beaucoup  à 
déparer  les  forêts  de  cette  partie  des  Etats-Unis ,  et  à 
leur  donner  une  apparence  triste  et  lugubre. 

\J Henilock  spruce  offre  une  singularité  que  je  n'ai 
remarquée  dans  aucun  autre  arbre  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale; c'est  de  ne  s'élever  quelquefois  qu'à  60 
et  80  centimètres  (  24  à  3o  pouces  )  de  hauteur.  Dans 
cet  état,  il  affecte  une  forme  pyramidale  ou  à  peu 
près,  et  ses  rameaux  touffus  et  serrés  ont  une  ten- 
dance plutôt  à  s'abaisser  et  à  s'appliquer  contre  la 
surface  de  la  terre  qu'à  s'élever.  Cette  disposition 
naturelle  et  assez  remarquable  peut  le  rendre  propre 
à  faire  des  charmilles  ou  à  décorer  les  jardins  à  l'ins- 
tar de  l'if,  ayant  l'avantage  de  croître  plus  rapide- 
ment, d'avoir  une  verdure  plus  gaie,  et  de  souffrir 
également  le  ciseau.  C'est  à  peu  de  distance  de  York, 
Court-House,  entre  Portland  et  Portsmouth,  dans 
un  endroit  découvert, où  est  le  sec  et  pierreux,  que 
j'ai  fait  cette  remarque. 

Malheureusement  les  c|ualités  du  bois  de  l'Hem- 
lock  spruce  ne  répondent  pas  à  son  abondance,  car 
de  tous  les  grands  arbres  résineux  de  l'Amérique 
septentrionale,  c'est,  sous  ce  rapport,  celui  qui  est  le 


ABIES     CANADENSIS.  i4l 

moins  appréciable  ;  heureusement  ce  désavantage 
qui  feroit  regretter  de  le  voir  occuper,  d'une  ma- 
nière si  étendue  ,  la  place  d'arbres  réellement  utiles, 
est  compensé  par  une  propriété  bien  précieuse 
pour  les  pays  où  il  croit,  c'est  que  son  écorce  peut 
servir  au  tannage  des  cuirs,  propriété  dont  je  parlerai 
dans  la  suite  de  cet  article. 

On  estime  en  général  le  bois  qui  se  fend  de  droit 
fil  ,  ce  qui  est  dû  à  la  direction  verticale  des 
fibres  ligneuses;  dans  V Hemlockspriice ^  au  contraire, 
ces  fibres  se  dirigent  d'une  manière  tellement  obli- 
que, que  dans  un  individu  de  3o  à  4o  centimètres 
(  i2à  1 5  pouces)  de  diamètre,  les  mêmes  reparois- 
sent  à  I  î  à  2  mètres  [^kG  pieds  )  de  haut.  Outre  ce 
défaut,  qui  est  assez  essentiel  et  qui  s'oppose  à  ce 
qu'on  puisse  le  fendre  aisément  pour  servir  à  la  clô- 
ture des  champs  ,  les  vieux  arbres  en  ont  un  autre  ; 
cest  qu'ils  sont  fréquemment  ébranlés  y  shaky  ^  c'est- 
à-dire  qu'ils  ont  d'espace  en  espace  les  couches  con- 
centriques désunies ,  ce  qui  ôte  à  ce  bois  beaucoup  de 
sa  force.  Ce  défaut  de  l'Hemlock  spruce  est  attribué 
de  ce  qu'étant  beaucoup  plus  élevé  que  les  autres 
arbres  avec  lesquels  il  croit,  sa  cime ,  large  et  touffue, 
donne  plus  de  prise  aux  vents  dont  il  est  tourmenté. 
On  a  encore  reconnu  que  son  bois  ne  peut  être  em- 
ployé à  l'extérieur  ,  dans  la  construction  des  édifices  , 
attendu  qu'il  pourrit  promptement  exposé  aux  im- 
tempéries  des  saisons  ;  inconvéniens  très-graves  dans 
un  pays  oii  presque  toutes  les  maisons  sont  en  bois. 
Cependant,  comme  le  Pinus  strohus  ,  TVhite  pine , 


l42  ABIES     CANADENSIS. 

devient  tous  les  jours  plus  rare  et  plus  cher,  on  lui 
substitue  ,  le  plus  qu'on  peut ,  VHemlock  spruce  qui 
n*a  sur  ce  dernier  que  deux  avantages  d'être  très- 
commun  et  de  tenir  mieux  les  clous  ;  son  grain  , 
quoique  grossier,  est  aussi  plus  ferme,  et  résiste  da- 
vantage à  l'impression  des  corps  étrangers  ;  ainsi, 
dans  le  District  de  Maine,  on  en  fait  fréquemment  les 
aires  de  granges,  en  le  débitant  en  planches  d'environ 
5  centimètres  (2  pouces)  d'épaisseur;  mais  ce  à  quoi 
il  est  le  plus  employé,  et  ce  qui  en  consomme  une 
assez  grande  quantité  dans  les  Etats  du  nord,  cest 
parce  qu'il  sert  à  former  la  première  enveloppe  des 
maisons  en  bois,  qu'on  recouvre  ensuite  en  clap- 
haards^  petites  planchettes  de  Pinus  strobus ,  TVhite 
pine.  Lorsqu'on  veut  économiser,  on  en  fait  encore 
la  charpente  de  l'intérieur  des  édifices ,  parce  qu'il 
a  été  reconnu  que  le  bois  de  XHemlock  spruce^  à 
l'abri  de  l'humidité ,  est  aussi  durable  que  celui  de 
tout  autre  sorte.  Toutes  les  lattes,  pour  le  plâtrage 
des  appartemens,  sont  encore  faits  de  ce  bois,  et  on 
en  fait  même  passer  en  Angleterre  pour  cet  usage. 
Dans  le  District  de  Maine  on  en  fait  assez  généra- 
lement les  pieux  destinés  à  la  clôture  des  champs  : 
employé  de  cette  manière,  il  dure  environ  quinze  ans, 
et  à  cet  égard,  il  est  préférable  au  Chêne  gris ,  Q.  am- 
higua^  et  au  Chêne  rouge,  Q.ruhra.  Cet  arbre  est 
très-peu  résineux ,  car  je  n'ai  jamais  trouvé  qu'une 
très- petite  quantité  de  térébenthine  aux  endroits 
où  d'assez  grands  lambeaux  d'écorce  avoient  été  en- 
levés depuis  assez  long-temps. 


ABIES     CANADENSIS.  l4^ 

L'ëcorce  de  Xllemlock  spruce  possède,  comme  je 
l'ai  annoncé,  une  propriété  bien  précieuse  pour  les 
Etats  du  Nord,  ainsi  que  pour  le  Bas-Canada,  la 
Nouvelle-I^runswick  et  la  Nouvelle-Ecosse.  C'est  de 
remplacer  dans  le  tannage  des  cuirs  celle  de  Chêne 
qui  est  très-rare  dans  toutes  les  contrées  où  j'ai  dit 
que  cet  arbre  étoit  si  abondant.  On  lève  cette  écorce 
au  mois  de  juin ,  et  avant  de  la  passer  au  moulin,  on 
ôte  avec  une  plane  la  moitié  de  son  épiderme.  \)\\ 
District  de  Maine  elle  est  exportée  à  Boston,  à  New- 
Providence,  et  dans  les  autres  parties  des  Etats  septen- 
trionaux qui  sont  le  plus  habités,  et  où  elle  est  presque 
exclusivement  employée  danslestanneries.il  en  vient 
aussi  à  New-York  du  haut  de  la  rivière  Hudson ,  et 
quelquefois  on  en  importe  à  Baltimore.  Sa  couleur 
qui  est  d'un  rouge  assez  foncé,  se  communique  au  cuir 
que  l'on  prépare  avec  elle.  Plusieurs  tanneurs  que 
j'ai  consultés  ,  et  qui  sont  dans  l'usage  de  se  servir 
de  l'écorce  de  l'Hemlock  spruce  et  de  celle  de  Chêne , 
pensent  que  cette  dernière  est  préférable, mais  qu'en 
les  mêlant  ensemble  ,  on  fait  de  meilleur  cuir  que  si 
elles  sont  employées  séparément.  De  la  Nouvelle- 
Ecosse  et  du  nord  des  Etats-Unis  on  a  exporté  pen- 
dant quelque  temps  de  l'écorce  d'Hemlock  spruce 
en  Angleterre  j  mais  ce  commerce  a  cessé  faute  de 
demandes.  On  dit  que  les  Indiens  s'en  servent  pour 
teindre  en  rouge  leurs  paniers  légers  ,  faits  en  Erable 
rouge. 

On  possède  dans  beaucoup  de  jardins  en  France , 
en  Allemagne  et  eu  Angleterre  des  Henilock  spruce 


l44  ABIES     CANADENSIS. 

qui  donnent  des  graines  ;  mais  généralement  en 
France  il  vient  assez  mal,  parce  qu'il  est  presque 
toujours  placé  dans  des  situations  trop  découvertes 
et  trop  sèches. 

D'après  la  description  de  cet  arbre ,  on  voit  que 
son  bois  ne  possède  aucune  des  qualités  qui  puis- 
sent déterminer  à  le  propager  dans  les  forêts  Euro- 
péennes ,  et  que  si  son  écorce  est  précieuse  dans  le 
nord  de  l'Amérique ,  pour  le  tannage  des  cuirs ,  elle 
est  inférieure  à  celle  de  Chêne.  La  figure  que  Sir 
A.  B.  Lambert  à  donnée  est  très-bonne;  mais  dans  la 
description  de  quelques  lignes  qui  y  est  jointe,  cet 
auteur  est  dans  l'erreur  à  certains  égards,  et  il  est 
sur-tout  assez  remarquable  qu'il  n'ait  point  parlé  de 
la  propriété  dont  jouit  son  écorce. 

PLANCHE    XIII. 

Fig.    1  ,  cdne.  Fig.  2  ,  graine. 


P/.y4 


Ile:.::  .M 


ABIES  Balsanufera . 


or  (L^r/Zm   ^->/  t/^//'<u/  L/yr  . 


k-V  ^-w-v-v-v 


ABIES      BALSAMIFERA. 

THE    AMERICAN    SYLVIR     FIR. 

Abies  balsajnifera ,  arhor  4o-45  pedalis ,  folus  solitariis, 
plani's ,  subtus  argenteis ,  apice  emarginatis  integrisme  , 
sub  recuno-patentisslinisr,  strobilis  cylindraceis  j  via- 
laceis ,  sursùm  spectariùbus. 

Cet  arbre,  qui   appartient  aux  régions  les  pins 
froides  de  l'Amérique  du  nord,  est  connu  dans  la 
partie  la  plus  septentrionale   des  Etats-Unis  ,  ainsi 
qu'en  Canada  et  à  la  INouvelle-Kcosse ,  sous  les  noms 
de  ^y/r/rj'îr, Sapin  argenté,  de  Fir  halsam^  Sapin  bau- 
mier,  et  de  Balsani  of  Gilead^  Baumier  de  Gilead. 
Le  ces  différentes  dénominations,  la  première  ma 
paru  la  plus  convenable,  et  je  l'ai  conservée.  D'a- 
près les  observations  faites,  soit  par  MM.  Titus  Smith  , 
botanistes  très-recommandables  que  j'ai  connus  à  Ha- 
lifax, et  qui  ont  voyagé  dans  la  Nouvelle-Ecosse  , 
soit  par  mon  père  qui  a  visité  tout  le  Canada,  soit 
par  moi-même  qui  ai  parcouru  le  nord  des  Etats- 
Unis  ,  il  résulte  qu'on  ne  trouve  pas  dans  toutes  ces 
contrées  le  Baumier  de  Gilead  en  corps  de  forets, 
mais  qu'il  y  est  seulement  disséminé  plus  ou  moins 
abondamment  parmi  les  Abies  nigra  et  les  Abies 
cauadensis  ,  qui  à  eux  seuls   constituent  plus  des 
deux  tiers  de  l'essence  noire   ou  du  cru  résineux. 
Plus  au  sud,  le  Sapin  argenté  ne  se  rencontre  que 
sur  l'extrême  sommet  des  Monts-iilléghanys ,  et  no- 
I.  19 


l46  ABIES     BALSAMIFERA. 

tamment  sur  les  plus  hautes  montagnes  de  la  Caroline 
septentrionale.  Sa  hauteur  excède  rarement  i3  mètres 
{  l^o  pieds  j  ,  sur  un  diamètre  de  douze  à  quinze 
pouces,  dimensions  sur  lesquelles  je  me  trouve  aussi 
d'accord  avec  les  personnes  précitées  ;  c'est  donc  à 
tort  que  Wanghenhiem  qui  n'a  pas  voyagé  dans  les 
pays  qu'on  peut  ,  en  quelque  manière  ,  regarder 
comme  la  patrie  de  cet  arbre  ,  et  cité  par  Sir  A.  B. 
Lambert,  avance  qu'il  parvient  à  une  très-grande 
élévation.  Son  tronc  est  très-effilé,  et  à  un  tel  point, 
qu'un  individu  de  33  centimètres  Ç  i  piedj  de  dia- 
mètre, à  fleur  de  terre,  n'en  a  tout  au  plus  que  i6 
à  18  centimètres  (738  pouces)  à  2  mètres  (6  pieds) 
de  haut.  Toutes  les  fois  que  VAbies  halsaniifera 
croit  isolément,  et  que  sa  végétation  n'est  pas  con- 
trariée, ses  branches,  qui  sont  très-nombreuses  et 
garnies  d'un  feuillage  bien  fourni,  offrent  dans  leur 
ensemble  une  forme  pyramidale  d'une  régularité 
parfaite,  due  à  la  manière  uniforme  et  symétrique 
avec  laquelle  elles  diminuent  graduellement  de  lon- 
gueur, à  mesure  qu'elles  prennent  naissance  à  une 
plus  grande  élévation.  Ses  feuilles,  longues  de  six  à 
huit  lignes,  solitaires  ou  implantées  une  à  une  aux 
côtés  des  rameaux  et  à  leur  partie  supérieure,  sont 
linéaires,  roides  et  aplaties;  leur  face  supérieure  est 
d'un  beau  vert  luisant  et  l'inférieure  d'un  blanc  ar- 
gentin, d'où  lui  est  venu  vraisemblablement  le  nom 
de  Sjhir  fir^  Sapin  argenté. 

Les  cônes  de  VAbies  hahmnifera  ont  une  forme 
presque  cylindrique  ,    10  à   12  centimètres  (4^5 


ABIES      BALSAMIFERA.  1^'j 

pouces)  de  longueur  ,  sur  environ  trois  centimètres 
(un  pouce)  de  diamètre,  et  leur  pointe  est  tou- 
jours dirigée  vers  le  ciel  ;  caractère  qui  lui  est  com- 
mun avec  VAbies  taxifolia  d'Europe  ,  et  qui  les 
difFérencie  des  Epicias  spruces  chez  lesquels  cette 
pointe  est  dirigée  en  bas.  Le  bois  de  l'Abies  balsa- 
mifera  est  léger  et  peu  résineux,  la  couleur  du  cœur 
est  jaunâtre.  Dans  le  district  de  Maine,  où  il  est 
plus  commun  que  dans  aucune  autre  partie  des 
Etats-Unis,  il  n'est  pas  employé, soit  à  cause  de  son 
peu  de  force,  soit  parce  qu'il  ne  fournit  pas  de  pièces 
d'une  grande  dimension.  Cependant  ,  j'ai  su  de 
MM.  Titus  Smith ,  que  quelquefois  à  la  Nouvelle- 
Ecosse  on  en  fait  des  douves  pour  les  barils  à 
poisson  ;  mais  on  lui  préfère  communément  , 
pour  cet  usage,  le  Pinus  strobus  et  la  variété  de 
VAhies  mgrcij  désignée  dans  ce  pays  sous  le  nom  de 
Sapin  rouge.  Je  ne  crois  donc  pas  que,  sous  ce  rap- 
port, il  mérite  de  fixer  l'attention  des  liabitans 
du  nord  de  l'Europe  ,  qui ,  dans  son  analogue  , 
VAbies  taxifolia^  possède  un  arbre  bien  supérieur 
par  ses  usages  et  par  sa  grande  élévation;  car,  sui- 
vant M.  Bugsdorf ,  grand  forestier  du  royaume  de 
Prusse  ,  celui-ci  parvient  quelquefois  à  ^Ç>  mètres 
(^  i5o  pieds  )  de  hauteur,  sur  à  peu  près  2  mètres 
(  6  pieds  j   de    diamètre. 

Dans  les  Pins  ,  la  substance  résineuse  est  ex- 
traite au  moyen  d'une  incision  faite  au  corps  de 
l'arbre  ,  d'où  elle  transsude  à  travers  les  pores  de 
l'écorce    et    les   canaux   séveux    de    l'aubier.   Dans 


l/jS  ABIES      BAL  SA  MI  FER  A. 

VAbies  balsamifera ,  et  dans  YAhies  taxifolia  cette 
substance  est  naturellement  déposée  dans  des  vé- 
sicules ou  de  petites  poches  ,  répandues  sur  le 
tronc  et  les  principales  branches ,  et  c  est  en  cre- 
vant ces  tumeurs,  qui  font  assez  saillies  pour  être 
aperçues  ,  qu'on  recueille  ce  qui  en  découle  ,  au 
moyen  d'un  entonnoir  adapté  à  une  bouteille.  La 
quantité  de  térébenthine  ,  ainsi  obtenue  annuel- 
lement de  VAbies  balsamifera  ,  en  Canada  ,  dans 
le  District  de  Maine  et  les  pays  adjacens  ,  se  ré- 
duit à  quelques  centaines  de  bouteilles  qu'on  ex- 
porte en  Angleterre  et  dans  le  reste  des  Etats-Unis 
où  elle  est  vendue  sous  le  nom  de  baume  de  Gilead , 
quoique  bien  des  personnes  n'ignorent  point  que  le 
véritable  baume  de  Gilead  soit  le  produit  de  VAmjris 
^ileadensis^  arbre  très-différent,  et  qui  est  originaire 
d'Asie  ;  mais  d'après  quelques  ressemblances  qu'on 
aura  peut-être  cru  trouver  dans  l'odeur  et  la  saveur 
de  ces  deux  substances,  on  aura  donné  à  la  térében- 
thine de  VAbies  balsamifera  le  nom  de  ce  baume. 
La  térébenthine  de  cet  arbre ,  traîchement  extraite , 
est  d'une  couleur  verdâtre  ,  fluide  et  très  transpa- 
rente; sa  saveur  est  acre  et  pénétrante;  donnée  in- 
considérément, elle  produit  des  ardeurs  d'urines; 
appliquée  sur  l^es  plaies,  elle  excite  de  l'inflamma- 
tion et  occasionne  beaucoup  de  souffrances.  Cette 
substance  a  été  surtout  préconisée  en  Angleterre  , 
où  quelques  médecins  en  recommande  l'usage  dans 
certains  périodes  de  la  phthisie  pulmonaire,  et  alors 
on  la  préfère  à  la  térébenthine  de  VAbies  taxifolia , 


ABIES      BALSAMIFERA.  1 4<) 

qui  se  récolte  à  peu  près  de  la  même  manière  en 
Suisse,  et  dans  quelques  cantons  de  l'Allemagne. 

Le  Baumier  de  Gilead  ,  cultivé  depuis  long-temps 
en  Europe,  doit  être  réservé  pour  l'embellissement 
des  parcs  et  des  jardins  d'agrémens,  où  sa  forme  ré- 
gulière et  son  feuillage  très-agréable  lui  assignent 
une  des  premières  places  parmi  les  arbres  verts. 

PLANCHE   XIV. 

Fig.  1  ,  cône.   Fig»  a  ,  graine* 


LES  NOYERS. 

jTarmi  le  grand  nombre  d'arbres  differens  qui 
composent  les  vastes  forets  de  l'Amérique  septen- 
trionale à  l'est  du  Mississipi ,  les  Noyers  sont ,  après 
les  Chênes ,  un  des  genres  d'arbre  dont  les  espèces 
sont  le  plus  variées.  Sous  ce  seul  rapport,  le  sol  des 
Etats-Unis  est  plus  favorisé  que  l'Europe  entière 
oii  il  n'en  existe  aucune  qui  lui  soit  indigène  ;  car 
l'on  sait  généralement  que  celle  qu'on  y  cultive 
avec  tant  d'avantage  pour  les  besoins  de  la  société, 
est  originaire  d'Asie,  et  notamment  des  bords  de 
la  mer  Caspienne,  où  mon  père  la  trouva  en  abon- 
dance dans  un  voyage  qu'il  fit  en  Perse,  en  1782. 
J'ai  reconnu  dans  les  Etats  -  Unis  dix  espèces  de 
JVoyers ,  il  est  même  assez  probable  qu'on  en  décou- 
vrira quelques  autres  dans  la  Louisiane.  C'est  donc 
.aux  personnes  qui  voyageront  dans  ces  contrées  pour 
en  étudier  les  productions  naturelles,  à  diriger  leur 
attention  vers  cette  classe  de  végétaux  fort  intéres- 
sante à  connoitre ,  parce  que  leur  bois  réunit  des 
propriétés  très  -  utiles  dans  les  arts,  et  qu'il  peut 
s'y  trouver  des  espèces  susceptibles  de  s'améliorer 
très-promptement ,  à  l'aide  de  la  greffe  et  d'une  cul- 
ture soignée,  telle  que  celle  du  Pacanier.  A  l'appui 
de  cette  considération,  je  citerai  ce  que  mon  père 
m'a  souvent  dit,  que  les  noix  sauvages  du  Noyer 
dAsie  Jugla7is  régia,  étoient  pi  us  petites,  plus  dures, 


iBl  NOYERS. 

et  d'une  qualité  inférieure  à  celles  de  l'espèce  amé- 
ricaine que  je  viens  de  nommer.  C'est  donc  aux 
membres  des  différentes  sociétés  d'agriculture  des 
États-Unis,  à  multiplier  les  observations  et  les  expé- 
riences, et  à  suivre  en  cela  l'exemple  de  nos  ancêtres, 
à  qui  nous  sommes  redevables  de  cette  grande  variété 
de  fruits,  aussi  salutaires  qu'agréables  à  la  vue. 

Les  Noyers  de  l'Amérique  septentrionale  m'ont 
paru  offrir  entr'eux  des  caractères  assez  distincts, pour 
que  je  croye  devoir  les  partager  en  deux  sections.  Ces 
caractères  naissent  principalement  de  la  différence 
des  chatons  qui  portent  les  fleurs  mâles,  ainsi  que  de 
leur  végétation  plus  ou  moins  rapide.  La  première 
section  sera  composée  des  Noyers  à  chatons  simples 
(PL  I.);  et  elle  comprend  seulement  deux  espèces,  le 
Ju^lans  nigj^a  et  le  Jugla?îs  cathartica,  La  deuxième 
renfermera  les  Noyers  à  chatons  ramifiés  (  PI.  IV.  )  ; 
et  elle  sera  composée  de  huit  espèces ,  savoir  :   les 
Juglans  olivcefoj^mis;  J.  amara;  J,  aquatica;  J.  to- 
mentosa-^  J.  squamosa^  J,  laciniosa,  J.porcina  el 
J.  mjristicœformis .  Les  trois  premières  espèces  de 
cette  deuxième  section ,    se  rapprochent  un  peu  de 
ceux  de  la  première ,  par  leurs  bourgeons  qui  sont  à 
nu  et  ne  sontpas  recouverts  d'écaillés.  C'est  encore  à 
cause  de  cela  que  je  les  ai  placées  immédiatement 
après,  et  que  j'ai  mis  à  leur  tête  le  J.olivœformis^ 
qui  par  ses  nombreuses  folioles,   a  le  plus  de  res- 
semblance avec  le  J.  nigra  et  le  J.  cathartica^  qui 
ont  aussi  leurs  bourgeons  nus. 

Dans  tous  les  États-Unis ,  on  donne  aux  Noyers  de 


NOYERS.  1.j3 


la  deuxième  section  le  nom  général  d'Hickery  ' , 
et  cela  est  fondé  principalement  sur  certaines  pro- 
priétés de  leur  bois,  qui  quoique  modifiées  suivant 
les  espèces^  s'y  trouvent  réunies  à  un  plus  haut  degré 
que  dans  tout  autre  arbre,  soit  d'Amérique,  soit 
d'Europe.  Ces  espèces  ont  encore  beaucoup  de 
ressemblance,  tant  par  leur  port  que  par  leurs 
feuilles,  dont  les  folioles  dans  toutes,  diffèrent  par 
le  nombre  et  par  la  grandeur.  A  ces  causes  de  con- 
fusions se  réunit  celle  qui  est  produite  par  les  fruits, 
dont  les  formes  varient  à  l'extrême  dans  les  mêmes 
espèces;  tellement  que  lorsqu'on  les  voit  séparé- 
ment, on  croiroit  qu'elles  appartiennent  à  des  espè- 
ces étrangères.  Ce  n'est  donc  pas  entièrement  d'après 
des  différences  aussi  notables ,  qu'on  doit  en  éta- 
blir la  distinction.  Il  faut  surtout  encore  qu'elle 
soit  fondée  sur  l'examen  des  jeunes  pousses  de 
l'année  précédente,  des  bourgeons  et  des  chatons; 
car  ce  n'est  que  par  une  observation  constante,  faite 
pendant  tout  le  cours  d'un  été  dans  les  forets  de  ces 
contrées,  que  je  suis  parvenu  à  distinguer  aisément 
ce  qui  n'étoit  que  de  simples  variétés,  d'avec 
de  véritables  espèces.  M.  Delile  ,  de  l'Institut  d'E- 
gypte, alors  dans  les  États-Unis,  a  pris  une  part 
active  aux  recherches  que  j'ai  faites  à  cette  occasion, 
étant  journellement  avec  moi  dans  les  bois;  et  nos 
observations  ont  eu,  je  crois,  pour  résultats,  ce  qu'oiv 
doit  attendre  de  beaucoup  de  persévérance. 

'  Mot  dont  je  n'ai  pn  connoitre  la  signification  ,  et  qni  est  probable- 
ment d'origine  indienne. 


l54  NOYERS. 

D'après  ces  différentes  considérations ,  fondées 
principalement  sur  le  grand  rapport  qu'ont  entr'eux 
les  bois  des  diverses  espèces  de  noyers  Hickery; 
j'ai  pensé  qu'il  étoit  plus  convenable  dans  la  des- 
cription particulière  de  chacun  d'eux,  de  ne  faire 
mention  que  sommairement  de  leur  propriétés  res- 
pectives, et  d'en  parler  d'une  manière  plus  étendue , 
collectivement  et  comparativement  dans  un  article 
séparé  qui  terminera  leur  histoire. 


DISPOSITION'  MÉTHODIQUE 

DES    NOYERS 

DE  L'AMÉRIQUE  SEPTENTRIONALE. 


Monœcie  Polyandrie  y  Lin.  Fam.  des  Térébenthacées  ^  Jn««. 
1/'    SECTION. 

CHATONS  SIMPLES. 

(Pl.I,  f.g.3.) 

Végétation  très-rapide. 

1  Juglans  nigra Black  walnut. 

2  Juglans  cathartica.    .     .  Butter  nut. 

II'.    SECTION. 

CHATONS  COMPOSÉS   CD    ATTACHES  TROIS  A  TBOIS  AD  MEME   PEDICULE. 

(PI.  VII,  fis.  3.) 

Végétation   très  -  lente, 

3  Juglans  olivseformis.  .  Pacane  nut^  hîckery; 

4  Juglans  amara.     .     .  .  Bitter  nut ,  hickerj. 

5  Juglans  aquatica.  .     .  .  Water  bitter  nut,  hickery. 

6  Juglans  tomentosa.    .  .  Mocker  nut ,  hickerj. 

7  Juglans  squamosa.     .  .  Shell  Bark,  hickery. 

8  Juglans  laciniosa.  .     .  .   Thick  shell  bark ,  hickery. 

9  Juglans  porcina.  .     .     .  Pig  nut  ^hickery, 

lo  i\x^B.nsm.jYisiicddîoTTa\s.Nutmeg hickery  nut. 


P/J- 


r  J  £e€iûuéi  (/<■/ 


JUCtLANS    mgra 


JUGLANS     NIGHA. 

THE    BLACK     IVALNUT. 

3 V GhkTHS  JblioUs  quindenisy  subcordatis  ,  supernè  angus- 
Latis ,  serratis  :  fructu  globoso ,  punctato  scabriusculo  : 
riuce  corîugata.  i 

Cet  arbre  est  connu  des  Américains  dans  toutes 
les  parties  des  États-Unis  où  il  croît,  ainsi  que  des 
François  de  la  Haute  et  Basse-Louisiane,   sous  le 
seul  nom  de  Noyer  noir,  Black  FTalnut,  Les  envi- 
rons de  Goshen,   État  de  New-Jersey,  situés  par 
le  4^0  5o'  de  latitude,  sont  à  l'est  des  Monts-Allé- 
ghanys,  le  point  le  plus  rapproché  vers  le  nord  où  il 
commence  à  paroitre,  tandis  qu'à  l'ouest  de  ces  mon- 
tagnes il  existe  déjà  en  abondance  dans  cette  por- 
tion du  Génessée  ,  État  de  New-York,  qui  se  trouve 
comprise  entre  les  77°  et  79°  de  longitude,  et  qui 
est  d'environ  deux  degrés  plus  avancée  vers  le  nord. 
Cette  observation,  ainsi  que  j'aurai  occasion  de  le 
faire  remarquer ,  s'applique  à  plusieurs  autres  végé- 
taux, dont  l'apparition  est  soumise  à  l'influence  de 
la  température,  laquelle  devient  plus  douce  à  mesure 
qu'on  s'avance  vers  l'ouest.   Le  noyer  noir  est  déjà 
très-commun  dans  les  forêts  qui  avoisinent  Phila- 
delphie ,  et  si  l'on  en  excepte  ensuite  toutes  les  par- 
ties basses  des  Etats  méridionaux,  dont  le  sol  est 
trop  sablonneux  ou  trop  humide  comme  celui  des 
marécages  ,   on  retrouve   cet   arbre  jusqu'au    Mis- 
sissipi ,   ce   qui  embrasse  une  étendue  de  près  de 


l58  JUGLANS    NIGRA. 

deux  cent  soixante-treize  myriamètres(  700  lieues  j. 
On  remarque  encore  qu'à  Test  des  monts  Allëgha- 
nys ,  dans  la  Virginie  ,  les  Hautes-Carolines  et  la 
Haute  -  Géorgie ,  il  est  principalement  confiné  aux 
vallons,  au  milieu  desquels  circulent  les  rivières  et 
les  creeks^  et  dont  le  sol  est  meuble  et  profond; 
tandis  qua  l'ouest  de  ces  mêmes  montagnes,  dans  les 
Etats  du  Rentucky,  duGénessée  et  de  l'Oliio,  où  les 
terres  sont  presque  partout  d'une  très-grande  fertilité, 
il  croit  en  plein  bois,  entremêlé  avec  le  Gjnmocladus 
dioica^  le  Gleditsia  triacanthos ,  le  Moriis  rubra^  le 
Robinia pseudo-acacia ^  lejuglaiis squaniosa ^V Acer 
nigrum^XeCeltis crassifolia  et  VUlmusrid)ra.  Tous 
arbres  qui  sont  considérés  comme  signes  indicatifs 
des  meilleures  terres.  C'est  aussi  dans  ces  contrées  que 
cet  arbre  provient  à  son  plus  grand  développement. 
J'ai  vu  souvent  sur  les  rives  de  l'Ohio  et  dans  les  iles 
qui  sont  au  milieu  de  cette  belle  rivière,  des  indi- 
vidus qui  avoient  environ  un  mètre  (3  à  4  pieds)  de 
diamètre,  sur  20  à  22  mètres  (60  à  70  pieds)  d'élé- 
vation ,  et  il  n'est  pas  rare  d'en  rencontrer  qui  ont 
2  mètres  (6  à  7  pieds)  d'épaisseur.  Cette  force  de 
végétation  indique  suffisamment  que  le  Juglans  ni- 
gra  est  un  des  plus  grands  arbres  de  l'Amérique 
septentrionale.  Lorsqu'il  est  isolé  ses  brandies  s'é- 
tendent horizontalement  à  une  grande  distance  ,  ce 
qui  fait  que  son  sommet  embrasse  alors  beaucoup 
d'espace,  et  lui  donne  une  apparence  magnifique. 

Les  feuilles  du   Noyer  noir,   sont  composées  de 
sept  ou  huit  paires  de  folioles  presque  opposées  les 


JU  GLANS    NI  GRA.  IjQ 

unes  aux  autres,  et  attachées  par  de  courts  pétioles 
sur  un  pétiole  commun.  Elles  sont  longues  de  5  à  8 
centimètres (2  à  3  pouces),  de  forme  lancéolato-acu- 
minées,  légèrement  pubescentes  et  dentées  sur  leurs 
bords.  Les  fleurs  mâles  sont  disposées  en  chatons 
pendans  et  cylindriques,  dont  les  pédicules  sont 
simples  et  non  ramifiés  comme  les  Noyers  Hic- 
kerys.  Koj.pl.  l-Jig'  3.  Aux  fleurs  femelles  succèdent 
des  fruits  parfaitement  ronds,  très-odorants,  à  sur- 
face légèrement  inégale,  et  qui  viennent  toujours 
à  fextrémité  des  branches.  Dans  les  arbres  jeunes 
et  vigoureux,  ils  ont  quelquefois  18  à  21  centimètres 
(  7  à  8  pouces  )  de  circonférence.  Le  brou  fort 
épais ,  ne  se  partage  pas  non  plus  naturellement  en 
j)lusieurs  parties  comme  dans  les  Noyers  Hickerys; 
mais  il  s'amollit,  finit  par  pourir  et  laisser  échapper 
la  noix.  Celles-ci  sont  très-dures,  un  peu  déprimées 
latéralement  et  comme  plissées  ou  sillonnées  à  leur 
surface.  L'amande ,  partagée  par  des  cloisons  ligneu- 
ses, est  douce  et  d'une  saveur  agréable,  quoique 
inférieure  à  celle  du  Juglans  regia  ou  Noyer  or- 
dinaire. On  apporte  ces  noix  aux  marchés  de  New^- 
York,  de  Philadelphie  et  de  Baltimore,  où  on  les 
achète  pour  être  servies  sur  la  table. 

La  grosseur  des  fruits  du  Noyer  noir  varie  beau- 
coup ,  eu  égard  à^  la  vigueur  de  l'arbre  qui  les  pro- 
duit, et  par  rapport  au  sol  où  il  croît,  ainsi  qu'à  la 
température  du  climat  où  il  se  trouve.  Sur  les  bords 
de  rOhio,  et  dans  le  Rentucky,  ses  fruits  revêtus 
de  leur  brou,  mesurent  18  à  21  centimètres  (  7  à.8 
I.  21 


l6o  JUGLANS    NIGRA. 

pouces  J  de  circonférence  ,  et  les  noix  ont  une  gros- 
seur proportionnée.  Dans  le  Gënessée  au  contraire 
où  il  fait  un  froid  extrême,  ainsi  que  dans  les  champs 
épuisés  par  la  culture,  où  ces  arbres  ont  été  mé- 
nagés lors  des  premiers  défrichemens ,  elles  ont 
moitié  moins  de  cette  dimension.  On  observe  encore 
quelques  petites  variations  dans  la  forme  du  fruit , 
et  dans  la  manière  dont  est  sillonnée  la  coquille; 
mais  je  ne  puis  considérer  ces  différences  que 
comme  accidentelles.  Il  est  vrai  qu'il  n'est  pas 
de  genre  d'arbres  en  Amérique ,  dont  les  fruits  de 
chaque  espèce  offrent  des  formes  aussi  variées  ;  cir- 
constances qui  doivent  nécessairement  avoir  induit 
en  erreur  les  personnes  qui  n'ont  observé  que  le 
petit  nombre  d'individus  qui  se.  trouvent  dans  les 
jardins  en  Europe,  et  qui  les  ont  décrits  comme 
des  espèces  distinctes. 

Le  tronc  du  noyer  Noir  est  revêtu  d'une  écorce 
épaisse ,  noirâtre  et  fortement  crevassée  dans  les 
vieux  arbres.  Lorsqu'il  est  fraîchement  débité,  son 
aubier  est  très-blanc,  tandis  que  le  cœur  est  violet; 
mais  bientôt  après  avoir  été  exposé  à  l'air,  cette 
couleur  prend  plus  d'intensité  et  devient  presque 
noire ,  d'où  est  venu  probablement  à  cet  arbre  le 
nom  de  Noyer  noir.  Les  qualités  qui  font  surtout 
apprécier  son  bois,  sont  :  de  résister  long-temps  à 
la  pouriture  quoique  exposé  aux  alternatives  de  la 
chaleur  et  de  l'humidité  ,  pourvu  néanmoins ,  qu'il 
soit  privé  de  son  aubier  qui  s'altère  très  -  prompte- 
ment;  d'avoir  beaucoup  de  force  et  de  tenir  bien 


JU  GLANS    NIGRA.  l6l 

les  clous;  de  n'être  plus  sujet,  lorsqu'il  est  bien  sec, 
à  se  tourmenter  ni  à  se  fendre;    enfin  d'avoir  le 
grain  assez  ferme  et  assez  fin  pour  recevoir  un  beau 
poli.  Toutes  ces  propriétés  le  font  employer  de  pré- 
férence à  beaucoup  d'ouvrages  où  il  convient  très- 
bien.  Outre  ces  divers  avantages,  il  a  encore  celui 
de  n'être  point  attaqué  par  les  vers.  A  l'est  des  monts 
Alléghanys  ,  on  fait  peu  d'usage  du  Noyer  noir  dans 
la  construction  des  maisons  en  bois;  mais  dans  quel- 
ques parties  des  Etats  du  Rentucky,  de  l'Ohio,  et 
notamment  sur  la  rivière  Wabash,  il  est  fréquem- 
ment débité  en  essentes  de  48  centimètres  (i 8  pouces j 
de  longueur,  sur  loà  i6  centimètres  (4  ^  ^  pouces) 
de  largeur  pour  les  couvrir,   et  quelquefois  encore 
on  s'en  sert  pour  la  charpente.  Mais  c'est  dans lebé- 
nisterie  surtout  qu'on  emploie  généralement  le  bois 
de   cet  arbre  dans  le  pays   où  il  abonde.    On  en 
fabrique  des  meubles  qui  sont  souvent  très-beaux , 
par  les  accidents  qui  se  rencontrent  principalement 
dans  les  morceaux  tirés  de  l'endroit  où  le  tronc  se 
partage  en  plusieurs  branches.  Cependant  comme  il 
prend  en  assez  peu  de  temps  une  couleur  très  rem- 
brunie, beaucoup  de  personnes  donnent  la  préfé- 
rence aux  meubles  fabriqués  avec  le  bois  du  Cerisier 
de  Virginie.  On  fait  aussi  avec  le  bois  du  Noyer  noir  ^ 
les  montures  de  fusil  des  troupes ,  comme  étant  plus 
fort  et  plus  résistant  que  celui  de  lAcer  rubriim. 
Celui-ci  quia  plus  d'éclat  et  de  légèreté  ,  est  employé- 
de  préférence  pour  les  fusils  de  chasse.  On  s'en  sert 
fréquemment  encore  en  Virginie,  pour  faire  les  pieux 


162  JU  GLATS'S    NI  GRA. 

des  entourages,  parce  qu'il  résiste  bien  à  la  pouri- 
ture,  et  qu'il  peut  rester  vingt  à  vingt-cinq  ans  en 
terre  sans  s'altérer.  Quelques  personnes  m'ont  assuré 
en  avoir  vu  faire  de  bons  moyeux ,  ce  qui  dénote- 
roit  encore  sa  force  et  sa  durée.  Tous  les  cercueils 
à  Philadelphie  sont  aussi  faits  en  planches  de  Noyer 
noir. 

Le  bois  de  cet  arbre  est  encore  employé  comme 
excellent  dans  les  constructions  maritimes;  mais  il 
ne  doit  être  mis  en  œuvre  que  lorsqu'il  est  bien  sec; 
alors  on  assure  qu'il  est  plus  durable  que  le  Chêne 
blanc.  Breckel  dans  son  histoire  de  la  Caroline  du 
INord,  avance  qu'il  n'a  pas  l'inconvénient  comme 
ce  dernier  ,  d'être  attaqué  par  les  vers  de  mer 
dans  les  pays  chauds;  avantage  bien  précieux,  si 
cela  est  vrai ,  et  qui  demande  de  nouveau  à  être 
confirmé. 

Dans  les  chantiers  de  constructions  navales  à  Phi- 
ladelphie ,  je  l'ai  vu  fréquemment  employer  pour 
genoux  et  varangues;  mais  à  Wheeling,  à  Marieta, 
ainsi  qu'à  Louisville,  petites  villes  situées  sur  les 
bords  de  l'Ohio,  il  constitue  une  grande  partie  de  la 
charpente  des  vaisseaux  qu'on  y  construit.  Sur  la 
rivière  Wabash,  on  en  a  fait  des  canots  et  des  piro- 
gues qui  sont  très-estimés,  à  cause  de  leur  solidité 
et  de  leur  durée.  Quelques-unes  de  ces  pirogues , 
faites  d'un  seul  tronc  d'arbre,  ont  plus  de  i3  mètres 
(40  pieds)  de  longeur,  sur  i  mètre  environ  (^2  à  3j  de 
largeur.  Le  Noyer  noir  est  donc  un  arbre  précieux, 
et  c'est  avec  raison  que  beaucoup  d'habitans  ne  le 


JUGLANS    NIGRA.  l63 

coupent  pas^  lorsqu'il  s'en  rencontre  dans  les  nou- 
veaux defrichemens  qu'ils  entreprennent. 

Le  Noyer  noir  débité  en  planches,  plancks ^  de  5 
centimètres  (2  pouces)  d'épaisseur,  est  exporté  en 
Angleterre;  mais  la  quantité  est  peu  considérable.  Ces 
sortes  de  planches  se  vendent  à  Philadelphie  à  rai- 
son de  quatre  cents  ^  environ  20  centimes  le  pied. 

Le  brou  qui  enveloppe  la  noix,  donne  ujie  cou- 
leur fort  analogue  à  celui  que  fournit  notre  Noyer 
d'Europe.  On  s'en  sert  dans  les  campagnes  pour 
teindre  les  étoffes  de  laine. 

Cet  arbre   a  été  depuis  long-temps  introduit  en 
France  et  en  Angleterre ,  dans  les  jardins  des  ama- 
teurs de  cultures  étrangères.  Il  réussit  très-bien   et 
donne  abondamment  des  fruits.    Quoiqu'il  diffère 
beaucoup  du  Noyer  d'Europe,  néanmoins  de  toutes 
les  espèces  de  l'Amérique  septentrionale,  c'est  celle  qui 
a  le  plus  de  ressemblance  avec  lui.  Si  nous  comparons 
donc  ces  deux  espèces  sous  les  différens  degrés  d'uti- 
lité que  l'une  et  fautre  présentent  aux  arts  et   au 
commerce,   nous   trouverons  que  le  bois  du  Noyer 
noir  est  plus  compact,  plus  pesant,  qu'il  est  doué 
de  beaucoup  plus  de  force  ,  et  qu'il  est  susceptible 
de  prendre  un  plus  beau  poli;  enfin  ,  qu'il  nest  pas 
sujet  à   être  attaqué  par  les  vers;    propriétés,    qui 
comme  nous  l'avons  vu  précédemment,  le  rendent 
propre  non-seulement  aux  mêmes  usages  que  celui 
que  nous  possédons,  mais  encore  aux  grandes  cons- 
tructions.  Je  pense  également  que  par  ces  mêmes 
considérations ,  cet  arbre  conviendroit  parfaitement 


l64  JUGLANS    NIGRA. 

pour  succéder  à  l'Orme  sur  les  grandes  routes;  car  il 
paroît  actuellement  bien  prouvé ,  que  pour  obtenir 
des  succès  certains  dans  la  culture  des  arbres  ou  des 
plantes  herbacées  sur  le  même  terrain,  il  est  né- 
cessaire d'y  planter  alternativement  des  espèces  d'un 
genre  différent.  Cependant  si  on  considère  le  Noyer 
noir  sous  le  rapport  de  ses  fruits ,  on  trouvera  que 
les  avantages  qu'il  présenste  ont  très-balancés ,  car 
ses  noix  quoique  assez  grosses,  sont  très-inférieures 
à  celles  de  -nos  espèces  les  plus  médiocres. 

On  a  planté  en  même  temps  et  dans  le  même  ter- 
rain des  noix  de  l'une  et  de  l'autre  espèce ,  et  l'on 
a  observé  que  celles  du  Noyer  noir  donnent  des 
sujets  qui  poussent  plus  vigoureusement,  et  qui  s'élè- 
vent à  une  plus  grande  hauteur  dans  le  même  espace 
de  temps  ;  alors  il  seroit  peut-être  profitable  de 
greffer  à  2  à  3  mètres  (8  ou  10  pieds)  de  hauteur, 
notre  Noyer  d'Europe  sur  celui  d'Amérique,  et  si  on 
adoptoit  cet  usage,  on  jouiroit  de  tous  les  avantages 
que  présentent  ces  deux  espèces ,  sous  le  rapport  de 
la  qualité  du  bois  et  de  la  bonté  des  fruits. 

PLANCHE    I. 

Feuille  moitiée  grandeur  naturelle. 

Fig.  1  ,  noix  recoitverte  de  son  brou.  Fig.  2  ,  noix  séparée  de 
son  brou.  Fig.  3  ,  Jleurs  mâles  sur  un  chaton  simple  et  non  ra» 
mifiét 


l'JRedoR^  M. 


JUGLANS    cathaj-licci. 


-x,-^  V*»"V -v  "fc  ^»  "*- '^ -^ '*«^'^ '*''*»'^  **''^'*' "^ 


JUGLANS       CAT  HAUT  ICA. 

THE   BUTTER     N  U  T. 

JuGLANS  cathariica,  foUolis  suOi/ulndenis ,  lanceolatis, 
basi  rotimdato-ohtusis  ,  suhtus  tomentosis  ,  leuiter  ser- 
ratis.  Fructu  oblongo-ovato ,  apice  mammoso ,  viscido  , 
longé  pedunculato.  Nuce  oblonga  acuminata  ,  insi- 
gniter  inscupltè-scabrosa. 

Cette  espèce  est  connue  dans  l'Amérique  septen- 
trionale ,  sous  différentes  dénominations.  Dans  les 
Etats  de  New-Hampshire,  de  Massachussett  et  de 
Vermont,  elle  porte  le  nom  de  Oïlnut^  Noyer  à  l'huile. 
Dans  la  Pensylvanie,  le  Maryland  et  sur  les  bords 
de  rOhio,  elle  est  plus  connue  sous  celui  de  White 
Walnut^  Noyer  blanc;  tandis  que  dans  les  Etats 
de  New-York ,  de  New-Jersey  et  de  la  Virginie , 
ainsi  que  dans  la  partie  montagneuse  des  Hautes- 
Carolines,  on  l'appelle  Butter  nut^  Noix  de  beurre. 
Parmi  ces  diverses  dénominations,  j'ai  cru  devoir 
préférer  cette  dernière,  parce  que  d'une  part,  elle 
n'est  pas  entièrement  étrangère  aux  autres  parties  des 
Etats-Unis  que  je  viens  de  désigner,  et  que  de 
l'autre,  dans  les  environs  delà  ville  de  New-York,  son 
bois  y  est  employé  à  des  usages  plus  variés.  J'ai  pensé 
également  que  le  nom  spécifique  latin  de  cathartica^ 
qui  lui  a  été  donné  il  y  a  déjà  fort  long-temps  par 
le  docteur  Cutler de  l'Etat  de  Massachussett,  devoit 
être  définitivement  substitué  à  celui  de  Cinerea , 
sous  lequel  cette  espèce  a  été  jusqu'à  présent  dis- 


l66  JUGLANS      CATHARTICA. 

tinguëe  par  les  botanistes.  Cette  distinction  avoit 
été  tirée  de  la  couleur  des  branches  secondaires  qui 
sont  revêtues  d'une  écorce  lisse  et  cendrée,  mais 
elle  ne  rappelle  réellement  qu'un  caractère  peu  im- 
portant, tandis  que  le  premier  exprime  une  des  qua- 
lités les  plus  intéressantes  de  cet  arbre. 

On  trouve  encore  le  Juglans  cathartica  dans  le 
Haut  et  Bas-Canada,  dans  le  district  de  Maine,  sur 
les  bords  du  lac  Erié,  dans  les  Etats  du  Rentucky 
et  du  Ténessée,  ainsi  que  sur  les  bords  du  Missouri; 
mais  je  ne  l'ai  pas  rencontré  dans  la  partie  basse 
des  deux  Carolines,  de  la  Géorgie  et  de  la  Floride 
orientale,  oii  la  nature  du  sol  et  la  chaleur  exces- 
sive qu'on  éprouve  en  été,  sont  peu  favorables  à  sa 
végétation  ,  qui  est  au  contraire  remarquable  dans 
les  pays  les  plus  froids  ;  car  dans  l'Etat  de  Vermont , 
par  exemple  ,  où  les  hivers  sont  si  rigoureux,  qu'on 
y  va  en  traineau  quatre  mois  de  l'année  ,  cet  arbre 
acquiert  2  à  3  mètres  ^8  à  10  piedsj  de  circonférence, 
cependant  je  ne  l'ai  vu  nulle  part  croître  plus  abon- 
damment que  dans  les  bas-fonds  qui  bordent  l'Ohio, 
entre  Wheeling  et  Marietta  ;  mais  il  m'a  paru  que 
répaisseur  des  forets  qui  les  couvrent,  et  où  le  so- 
leil ne  pénètre  que  difficilement,  s'opposoit  à  son 
entier  développement;  car  je  n'y  ai  point  observé 
d'individus  d'une  aussi  forte  dimension  que  dans  le 
New-Jersey,  sur  les  bords  élevés  et  très-escarpés  de 
la  rivière  Hudson  ,  presque  opposés  à  la  ville  de 
New-York.  Dans  cet  endroit  les  bois  sont  peu  garnis , 
et  la  surface  du  terrain  qui  est  d'une  nature  froide 


JUGLANS     CATIIARTICA.  l6' 

é 

et  peu  productive,  est  parsemée  de  gros  rochers: 
c'est  dans  leurs  interstices  qu'ont  pris  naissance  les 
plus  gros  Ju^lans  calhartica  que  j'aie  vus.  J'en  ai 
mesuré  qui  à  i  mètre  (^3  piedsj  de  terre,  avoient3  à  4 
mètres  (  loà  12 pieds)  de  circonférence,  sur  environ 
16  mètres  (^5o  pieds)  d'élévation,  et  dont  quelques 
racines  tout  en  conservant  le  même  diamètre ,  s'éten- 
doient  en  serpentant  à  fleur  de  terre  jusqu'à  plus  de 
i3  mètres  (4o  pieds).  Le  tronc  de  cet  arbre  se  rami- 
fie promptement ,  et  ses  branches  qui  s'étendent  à 
une  grande  distance,  m'ont  semblé  affecter  une  direc- 
tion plus  horizontale  que  dans  les  autres  arbres  ,  ce 
qui  en  faisant  paroitre  son  sommet  très-vaste  et  plus 
touffu,  lui  donne  un  aspect  assez  remarquable  pour 
le  faire  d'abord  reconnoitre  de  loin.  Les  bourgeons 
du  Ju^lans  cathartica  comme  ceux  du  J.  nigra  ne 
sont  pas  revêtus  d'écaillés ,  mais  sont  à  découverts, 
et  ses  feuilles  se  développent  de  très-bonne  heure  au 
printemps  ,  environ  quinze  jours  avant  celles  des 
Jitgla?2s  Hickerys  '. 

Chaque  feuille  est  composée  de  sept  ou  huit 
paires  de  folioles  sessiles  ,  et  terminées  par  une 
impaire  pétiolée.  Ces  folioles  longues  de  5  à  8  cen- 
timètres (2  à  3  pouces),  sont  de  forme  oblongue, 
dentées  sur  leurs  bords  et  légèrement  velues.  Les 
fleurs  mâles  sont  supportées  sur  des  chatons  gros, 

'  Cette  végétation  très  -  hâtive  s'observe  également  dans  plusieurs 
autres  arbres,  qui,  comme  celui-ci,  existent  dans  des  régions  tiè^- 
septentrionales  ,  et  qui  continuent  à  se  trouver  jusques  sous  des  lati- 
tudes assez  méridionales. 

!•  2  2 


l68  JUGLANS    CATHARTICA. 

cylindriques,  longs  de  8  à  lo  centimètres  [  1\.3l  5 
pouces j,  à  pédoncules  simples,  et  sont  attachées 
sur  les  pousses  de  l'année  précédente.  Les  fleurs 
femelles  qui  au  contraire  prennent  naissance  sur 
celles  de  l'année,  sont  terminales,  et  l'ovaire  est 
surmonté  de  deux  stigmates  de  couleur  rose.  Les 
fruits  suspendus  ordinairement  un  à  un,  sont  sou- 
tenus par  des  pédicules  minces,  flexibles,  et  longs 
d'environ  8  centimètres  (  3  pouces);  leur  forme  est 
celle  d'un  ovale  oblong  sans  suture  apparente  ;  ils 
ont  souvent  6  centimètres  (  2  pouces  et  demi)  de 
longueur  sur  i3  (5  pouces)  de  circonférence ,  et  sont 
très-visqueux,  ce  qui  est  dû  à  de  petites  utricules 
d'une  grande  transparence  qui  couvrent  leur  surface 
et  qui  sont  faciles  à  apercevoir  à  la  loupe.  Les  noix 
sont  très-dures  ;  dégagées  de  leur  brou  leur  forme 
est  oblongue;  elles  sont  obtuses  à  leur  base,  termi- 
nées à  leur  sommet  par  une  pointe  très-aiguë ,  sont  sil- 
lonnées profondément  et  d'une  manière  très-irréguliè- 
re  :  elles  sont  à  maturité  aux  environs  de  Nevs^-York, 
vers  le  i5  septembre,  quinze  jours  avant  celles  des 
autres  espèces  de  Noyers.  Dans  certaines  années  elles 
sont  si  abondantes ,  qu'un  homme  peut  en  ramasser 
plusieurs  minots  par  jour.  L'amande  est  épaisse,  très- 
huileuse,  et  rancit  promptement;  aussi  en  voit-on 
rarement  dans  les  marchés  de  New-York  et  de  Phi- 
ladelphie; c'est  aussi  probablement  à  cause  de  cette 
propriété,  qu'on  lui  a  donné  les  noms  de  noix  de 
beurre  et  de  noix  à  fhuile,  vraisemblablement  parce 
que  les  Indiens  qui  habitoient  ces  contrées,  piloient 


JUGLANS    CA.THARTICA.  169 

ces  noix,  et  séparant  par  rchuliition  la  substance 
grasse  qui  surnageoit,  ils  s'en  servoicnt,  dit-on,  pour 
mêler  à  leurs  aliments. 

Les  fruits  du  Noyer  calliartique ,  lorsqu'ils  n'ont 
encore  atteint  que  la  moitié  de  leur  grosseur  ordi- 
naire ,  sont  souvent  employés  pour  faire  des  corni- 
chons ;  pour  cela  on  les  plonge  d'abord  dans  l'eau 
bouillante  ,  et  après  les  en  avoir  retirés  et  bien  es- 
suyés, pour  les /débarrasser  entièrement  de  l'espèce 
de  duvet  dont  ils  sont  couverts ,  on  les  met  confire 
dans  le  vinaigre. 

Le  Ju^lans  nigra  et  le  Ju^lans  cathartica  ont , 
dans  les  premières  années  de  leur  jeunesse  ,  assez 
de  ressemblance ,  tant  par  leur  feuillage  que  par  la 
rapidité  avec  laquelle  ils  croissent;  mais  arrivés  à 
leur  entier  développement ,  ils  ont  chacun  un  port 
qui  leur  est  propre,  et  qui  les  fait  reconnoitre  au 
premier  aspect;  et  si  on  vient  à  examiner  leur  bois, 
surtout  lorsqu'il  est  bien  sec ,  on  y  trouve  des  diffé- 
rences très-notables.  Le  premier  est  pesant,  fort, 
et  d'une  couleur  très  -  rembrunie  ;  taudis  que  celui 
dont  il  est  question,  est  très-léger,  a  peu  de  force, 
et  d'une  couleur  rougeâtre  ;  mais  ils  jouissent  tous 
deux  également  du  précieux  avantage  de  résister 
long -temps  à  la  pouriture  ,  et  de  n'être  pas  atta- 
qués par  les  vers.  C'est  à  cause  de  son  défaut  de 
force  ,  et  parce  qu'il  donne  rarement  des  pièces  d'une 
grande  longueur,  que  le  Ju^lans  cathartica  n'est 
point  apporté  dans  les  villes  pour  la  construction 
des  maisons  ,   quoiqu'on  s'en  serve  quelquefois  pour 


lyO  JUGLANS     CATHARTICA. 

cet  usage  dans  les  campagnes.  Je  l'ai  assez  souvent  vu 
employé  dans  quelques  cantons  de  l'État  de  New- 
Jersey,  pour  en  faire  les  sols  des  maisons  et  des 
écuries,  qui  sont  construites  en  bois,  et  qui  reposent 
immédiatement  sur  la  terre  ;  et  c'est  aussi  parce 
qu'il  résiste  bien  aux  alternatives  de  la  chaleur  et  de 
l'humidité,  qu'on  en  fait  de  bons  pieux  et  de  bonnes 
barres  pour  clore  les  champs,  et  que,  dans  beaucoup 
de  fermes,  on  le  préfère  pour  en  faire  les  auges  où 
l'on  donne  à  manger  aux  bestiaux,  et  que  l'on  place 
au  dehors.  Les  pelles  à  remuer  le  grain  et  les  sébiles 
faites  de  ce  bois,  sont  aussi  préférées  à  cause  de  leur 
légèreté ,  et  parce  qu'elles  ne  sont  pas  aussi  sujettes 
à  se  fendre  que  celles  en  Acer  ruhruin  ^  ce  qui  fait 
qu'elles  se  vendent  un  peu  plus  cher.  Aux  environs 
de  New-York,  j'ai  remarqué  que  dans  la  construc- 
tion des  petits  canots  faits  d'un  seul  ou  de  deux 
troncs  d'arbres,  il  étoit  employé  pour  courbes  des- 
tinées à  leur  donner  plus  de  solidité  oii  à  les  unir 
ensemble;  mais  on  se  sert  d'un  bois  plus  fort,  lors- 
que ces  canots  sont  d'une  assez  grande  dimension. 
A  Pittsbourgh  sur  les  bords  de  l'Ohio,  \e  Juglans 
caihartica  est  quelquefois  débité  en  planches ,  dont 
on  fait  de  petits  esquifs.  Ceux  qui  descendent  la 
rivière,  les  achettent  de  préférence  à  cause  de  leur 
légèreté.  A  Windsor  dans  l'État  de  Vermont,  on  s'en 
sert  pour  faire  des  panneaux  de  carrosse  et  de  cabrio- 
let; ceux  qui  l'emploient  le  trouvent  fort  bon  pour  cet 
usage,  parce  qu'outre  sa  légèreté,  il  n'est  pas  sujet  à 
se  fendre,  et  que  de  plus,  il  prend  très-bien  la  cou- 


JUOLANS     C  AT  H  ART  ICA.  I7I 

leur.  En  effet,  j'ai  remarqué  que  ces  pores  sont  beau- 
coup plus  ouverts  que  ceux  du  Tulipier  et  du  Tilleul. 
La  propriété  médicale  de  l'écorce  de  cet  arbre  a 
été  constatée  depuis  long-leinj)s  dans  les  États-Lnis, 
par  plusieurs  médecins  distingués,  entr'autrespar  le 
docteur  Cutler.  L'extrait  aqueux  de  l'écorce,  ou  même 
sa  décoction  adoucie  avec  du  miel ,  a  été  bien  re- 
connupour  un  des  meilleurs  cathartiques  que  possède 
la  matière  médicale,  parce  que  sa  qualité  purgative 
est  toujours  assurée  ,  et  que  dans  les  constitutions  les 
plus  délicates,  elle  opère  toujours  sans  causer  ni  dou- 
leur ni  irritation.  Enfin  l'expérience  a  appris  que,  dans 
bien  des  cas,  elle  avoitproduitd'excellents  effets  dans 
la  dyssenterie  ,  etc.  C'est  ordinairementsous  forme  de 
pilules,  et  à  la  dose  di^un  demi  gros  jusqu'à  un  gros  , 
qu'il  se  donne  aux  grandes  personnes.  Cependant  son 
usage  n'est  assez  général  que  dans  les  campagnes ,  où 
beaucoup  de  fermiers  en  font  tous  les  ans  au  prin- 
temps une  petite  provision  pour  les  besoins  de  leur 
famille  et  ceux  de  leurs  voisins.  Ils  l'obtiennent  en  fai- 
sant bouillir  dans  l'eau  l'écorce  toute  entière ,  jusqu'à 
ce  que  la  liqueur  se  réduise  par  l'évaporation  en  une 
substance  épaisse,  très-visqueuse  et  de  couleur  pres- 
que noir.  Ce  procédé  est  vicieux,  etl'ondevroit  préa- 
lablement enlever  l'épiderme  ou  la  partie  morte  de 
l'écorce  qui  recouvre  le  tissu  cellulaire ,  et  qui  est  fort 
épaisse  ;  car  vers  la  fin  de  l'opération,  parl'ébullition 
long' temps  continuée,  elle  s'est  imprégnée  des  quatre 
cinquièmes  du  liquide ,  déjà  chargé  de  la  partie 
extractive. 


17^  JUGLANS    CATHARTICA. 

J'ai  VU  encore  cette  écorce  employée  avec  succès , 
comme  moyen  révulsif  dans  les  ophtalmies  inflam- 
matoires, et  même  dans  les  maux  de  dents,  par  l'ap- 
plication à  la  nuque  d'un  petit  morceau ,  qu'on  a 
auparavant  fait  tremper  dans  l'eau  tiède.  On  s'en 
sert  aussi  quelquefois  dans  les  campagnes,  pour  tein- 
dre la  laine  d'un  brun  foncé;  mais  celle  du  Jii^lans 
nigra  est  très-préférable. 

J'ai  enfin  remarqué  qu'au  moment  oii ,  dans  un 
arbre  vivant ,  l'on  met  à  nu  le  tissu  cellulaire  de 
l'écorce,  il  étoit  d'une  grande  blancheur,  mais  que 
dans  'l'espace  d'une  minute ,  il  passoit  à  une  belle 
couleur  citron ,  qui  peu  à  près ,  se  changeoit  en  une 
couleur  brune  foncée. 

Quoique  le  Juglans  cathartica^  comme  on  voit, 
possède  quelques  propriétés  utiles ,  je  ne  pense  pas 
cependant  qu'il  soit  d'un  assez  grand  intérêt,  pour 
engager  à  le  cultiver  dans  l'ancien  continent  comme 
une  espèce  forestière  qui  seroit  profitable ,  soit  dans 
les  arts,  soit  même  comme  bois  à  brûler.  Il  devra 
donc  seulement  trouver  sa  place  dans  les  parcs  et 
jardins  d'agrémens. 

PLANCHE    II. 

Feuille  moitiée  grandeur  naturelle, 

Fig,  1  ,  noix  recouverte  de  son  brou,  Fig.  3  ,  7ioix  séparée  de 
son  brou. 


PL3 


HfJteJmui  Pùtjrf 


JlTCrLANS  oliva?  formis. 


I"?''S<,^cfJc 


4  ///     (jJ^Ci  cAeri/ 


JUGLANS     OLIVMFORMIS, 

TUE    FACAJSENUT,     H  I C  K  E  li  Y. 

JuGLANS  olivceformis  ;folioli's  siihtriclenis  .falcatis ,  serra- 
tis.  Friictu  oblongo ,  proininulo-quadriangulato  ;  nuce 
oUuœformi ,  lœvL 

Cette  espèce  qui  se  trouve  dans  la  Haute-Loui- 
siane ,  est  nommée  par  les  François  des  Illinois,  et  à 
la  Nouvelle -Orléans,  Pacanier ,  et  ses  fruits  INoix 
Pacanes.  Nom  qui  a  été  adopté  par  les  habitans  des 
États-Unis,  qui  par  suite  l'appellent  Pacane  mit. 
Les  bords  des  rivières  du  Missouri,  des  Illinois,  de 
S.-François  et  des  Arkansas,  sont  les  endroits  où 
cet  arbre  se  trouve  le  plus  abondamment.  Il  est  encore 
fort  commun  sur  la  rivière  Wabasli,  ainsi  que 
sur  les  rives  de  l'Oliio,  mais  seulement  jusqu'à  200 
milles  de  son  embouchure  ,  dans  le  Mississipi;  passé 
cette  distance,  il  devient  plus  rare,  et  on  ne  le 
rencontre  plus  au-delà  de  Louisville.  Mon  père  qui 
a  parcouru  toutes  ces  contrées ,  a  appris  des  François 
qui  y  résident,  et  qui  sont  dans  l'usage  de  remonter 
le  fleuve  jusqu'à  sa  source  pour  aller  à  la  traite  des 
fourrures,  qu'on  ne  le  voit  plus  au-delà  de  la  rivière 
grande  Mackakité ,  dont  l'embouchure  est  située  par 
le  42°  5o'  de  latitude. 

Cet  arbre  affecte  de  croître  principalement  dans 
les  lieux  frais  et  qui  sont  même  très-humides  ;  on 
cite  entr'autres  un  marais  Çswamp)  de  plus  de  800 


174  JUGLANS      OLIViEFORMIS.     ■ 

arpents,  qui  est  exclusivement  couvert  de  Pacaniers. 
Ce  marais  qui  est  connu  des  François  des  Illinois, 
sous  le  nom  de  la  Pacanière,  est  situé  sur  la  rive 
droite  de  l'Ohio,  vis-à-vis  l'emboucliure  de  la  rivière 
de  Gumberland. 

Le  Pacanier  est  un  fort  bel  arbre  dont  la  tige 
est  bien  filëe  ,  et  qui,  lorsqu'il  se  trouve  en  corps  de 
foret,  parvient  à  20  et  24  mètres  [60  et  72  pieds J 
d'élévation.  Son  bois  dont  le  grain  est  grossier,  est 
comme  celui  des  autres  Noyers  Hickery,  pesant  et 
compacte;  il  est  également  doué  de  beaucoup  de 
force  et  d'élasticité,  propriétés  qui  cependant  ne  sont 
pas  chez  lui  réunies  à  un  aussi  haut  degré ,  que  dans 
quelques-unes  des  espèces  que  je  décrirai  ci-après.  De 
même  que  les  Ju^lans  nigra  et  Juglans  cathartica , 
ainsi  que  dans  les  deux  espèces  suivantes,  les  bour- 
geons sont  à  nu ,  et  ne  sont  point  recouverts  d'écaillés. 
Ses  feuilles  longues  de  3o  à  45  centimètres  (  i  pied  à 
18  poucesj  ,  sont  supportées  sur  des  pétioles  un  peu 
anguleux  et  légèrement  velus  au  printemps.  Chaque 
feuille  est  composée  de  six  à  sept  paires  de  folioles, 
qui  sontsessiles  et  terminées  par  une  impaire  pétiolée, 
ordinairement  plus  petite  que  les  deux  qui  la  précè- 
dent immédiatement.  Ces  folioles  longues  de  5  à  8 
centimètres  ^  2  à  3  pouces  J ,  dans  les  arbres  arrivés  à 
leur  entier  développement,  etde8ài3(^3à5j  dans 
les  jeunes  individus  qui  poussent  avec  vigueur,  sont 
de  forme  ovale-acuminées,  sensiblement  dentées, 
et  assez  remarquables  par  leur  bord  supérieur  qui 
présente  une  forme  demi-circulaire  très-prononcée, 


JUGLANS    OLIV^FORMIS.  in^ 

tandis  que  rinféricur  est  comparativement  très-peu 
arrondi.  On  observe  encore  que  la  nervure  princi- 
pale, au  lieu  d'être  dans  la  partie  moyenne,  est  plus 
bas,  ce  qui  fait  que  la  portion  supérieure  est  de 
moitié  plus  large. 

Les  noix,  ordinairement  très-abondantes,  sont 
revêtues  d'un  brou  épais  de  2  à  4  "dllimètres  (i  à  2 
lignes] ,  et  garnies  de  quatre  angles  légèrement  sail- 
lans,  qui  correspondent  à  ses  divisions  naturelles.  Ces 
noix  qui  varient  de  longueur  depuis  3  jusqu'à  4  cen- 
timètres (i  pouce  et  demij,  sont  pointues  à  leurs 
extrémités  :  leur  forme  est  cylindrique,  leur  couleur 
jaunâtre,  et  elles  sont  souvent  marquées  de  lignes 
noirâtres,  même  purpurines,  au  moment  où  elles 
viennent  d'être  débarassées  de  leur  enveloppe.  La 
coquille  lisse,  mince,  quoique  assez  résistante  pour 
n'être  pas  cassée  avec  les  doigts,  renferme  une  amande 
bien  fournie,  et  assez  facile  à  avoir,  parce  quelle 
n'est  pas  partagée  par  des  cloisons  fortes  et  ligneuses. 
Ces  noix,  d'un  très-bon  goût,  font  l'objet  d'un  petit 
commerce ,  entre  la  Haute  et  Basse  Louisiane.  De 
la  Nouvelle-Orléans ,  elles  sont  réexportées  aux 
Indes  Occidentales,  et  souvent  encore  dans  les 
grandes  villes  des  États-Unis.  Non-seulement  elles 
sont  très-préférables  à  toutes  celles  qu'on  a  trouvées 
jusqu'à  présent  dans  l'Amérique  septentrionale,  mais 
je  crois  même  qu'elles  ont  une  saveur  plus  délicate, 
que  celles  que  nous  possédons  en  Europe.  De  plus, 
on  trouve  souvent  des  variétés  de  Pacaniers  ,  qui 
quoique  sauvages,  donnent  des  noix  dont  l'amande 

I.  23 


in6  JUGLAINS     O  L  I  V  iEF  O  R  M  I  S. 

est  beaucoup  plus  grosse  que  celle  de  nos  Noyers  qui 
n'ont  pas  été  cultivés.  Je  pense  donc  que ,  sous  le 
rapport  du  fruit,  cet  arbre  mérite  de  fixer  l'attention 
des  Européens  ;  et  qu'au  moyen  d'une  culture  soi- 
gnée, on  parviendra  à  en  obtenir  de  très-beaux,  sur- 
tout si  l'on  considère  que  notre  Noyer  dans  l'état  sau- 
vage, ne  donne  que  des  noix  très-inférieures  à  celles 
du  Pacanier.  Il  est  vrai  cependant  que  cette  heu- 
reuse perspective  est  balancée  par  la  lenteur  avec 
laquelle  croit  cet  arbre ,  dont  nous  possédons  plu- 
sieurs individus  en  France ,  qui  ne  portent  point 
encore  de  fruit,  quoiqu'ils  soient  plantés  depuis 
plus  de  trente  ans.  Mais  s'il  est  vrai  que  cet  arbre 
puisse  être  greffé  sur  le  Noyer  noir  ou  sur  le  Noyer 
ordinaire  ,  alors  sa  végétation  sera  incomparable- 
ment plus  rapide ,  et  rien  ne  s'opposera  à  ce  qu'on 
s'applique  à  le  propager  en  Europe. 

PLANCHE   III. 

Feuille  moitié  grandeur  naturelle. 

Fig.  1  f  fruit  couvert  de  son  brou.  Fig.   2  ,  fruit  séparé  du  brou. 


ri.4 


/fJl,:/.mA'  ,/{-/ 


JUGLAT^S  amma. 

/ 


Cll^Lfc   ■ 


JUGLANS    AMARA. 

BITTER    JSUT,     HlCKERY. 

JuGLANS  aniara  ,  arbor  maxima  ,  folloUs  7  —  9"'*,  frla- 
bris ,  conspicuè  serratis  ,  impari  breviter  petiolato. 
Fructu  siibrotundo-ovoïdeo ,  supernë  suturis  prominulis  ; 
nuce  lœvi ,  subglobosà  ,  mucronatà  :  putamine  fragili , 
nucleo  amaro. 

Cette  espèce  est  généralement  connue  dans 
l'Ltat  de  New-Jersey,  sous  le  nom  de  Bitter  nut ^ 
Noyer  amer  ;  tandis  que  dans  la  Pensylvan  ie,  et  notam- 
ment dans  le  Comté  de  Lancaster,  elle  est  désignée 
par  celui  de  TVhite  Hickery^  Hickery  blanc, et  quel- 
quefois encore  de  S^amp  Hickery^  Hickery  des  ma- 
rais. Mais  plus  au  sud  elle  est  confondue  avec  \eju- 
glans por^cina y  enûn  les  François  des  Illinois,  comme 
les  habitans  de  New- Jersey ,  lui  donnent  le  nom  de 
JVojer  amer.  Cette  dernière  dénomination  sous  la- 
quelle je  la  décris,  ma  paru  devoir  être  préférable- 
ment  conservée  ;  car  elle  indique  une  des  propriétés 
particulières  du  fruit  de  cet  arbre. 

Les  environs  de  Windsor  dans  l'État  de  Vermont,. 
latitude  43°  3o',  sont,  je  pense,  irès-rapprochés  du 
point  le  plus  septentrional,  où  le  Noyer  amer  com- 
mence à  croître,  en  venant  du  nord  au  midi;  car 
on  ne  le  rencontre  pas  dans  le  district  de  Maine  ,  où 
il  existe  cependant  beaucoup  de  situations  sur  les 
bords  des  rivières  très-analogues  à  celles  où  il  est 
fort  commun ,   à  quelques  degrés  plus  au  sud.  Cet 


l'jS  JUGLAIVS     AMARA. 

arbre  parvient  aune  très-grande  élévation,  dans  les 
Lois  de  Bergen's  Woods,  à  six  milles  de  Nevs^-York, 
et  dans  les  bas- fonds  qui  bordent  l'Ohio.  J'ai  mesuré 
plusieurs  individus  qui  avoient  de  3  à  4  niètres 
(  10  à  12  pieds  j  de  circonférence,  sur  environ  23 
à  26  mètres  (70  a  80  pieds  j  de  hauteur;  mais  il  ne 
parvient  il  est  vrai  à  de  pareilles  dimensions  ,  que 
dans  les  endroits  où  le  sol  est  d'une  excellente  qua- 
lité, et  maintenu  constamment  à  l'état  de  fraîcheur, 
souvent  même  d'humidité ,  par  les  débordemens  des 
creeks  et  des  rivières  ;  et  c'est  probablement  parce 
qu'on  a  remarqué  qu'il  affectoit  de  croître  dans  de 
pareilles  situations,  qu'il  est  désigné  quelquefois 
comme  il  a  été  dit ,  par  le  nom  de  Hickeiy  des  ma- 
rais. C'est  de  tous  les  Noyers  Hickerys,  celui  chez 
lequel  la  végétation  est  la  plus  tardive  ,  car  j'ai 
constamment  observé  que  ses  feuilles  se  développent 
environ  quinze  jours  plus  tard.  Dans  les  individus 
bien  venant  et  en  état  de  porter  fruit,  elles  ont  de 
32  à  4o  centimètres  (  12  à  i5  pouces)  de  longueur, 
sur  une  largeur  à -peu -près  d'égale  dimension,  qui 
varient  ainsi  que  dans  tous  les  autres  arbres,  eu 
égard  à  la  nature  , du  sol,  ou  encore  selon  qu'elles 
croissent  sur  les  branches  inférieures  ou  sur  les  plus 
élevées.Chaque  feuille  est  composée  de  trois  ou  quatre 
paires  de  folioles,  terminées  par  une  impaire  moins 
grande  que  les  deux  qui  la  précèdent  immédiate- 
ment. Ces  folioles,  longues  d'environ  16  centimètres 
(6 pouces)  sur  27  à  3o  millimètres  (12  à  i5  lignes) 
de  largeur,  sont  sessiles,  ovales-acuminées  et  très- 


J  U  GLANS    AMARA..  I  79 

sensiblement  dentées  en  scie;  elles  sont  lisses  et 
d'un  vert  assez  obscur.  Lorsque  cet  arbre  a  perdu  ses 
feuilles,  il  est  encore  facile  à  reconnoitre  à  ses  bour- 
geons qui  ont  une  belle  couleur  jaune,  et  qui  sont 
à  nu,  sans  être  couverts  ou  enveloppés  d'écaillés. 

Dans  la  Pensylvanic  et  le  New-Jersey,  le  Noyer 
amer  est  en  fleurs  vers  le  aS  de  mai.  Les  chatons 
qui  portent  les  fleurs  mâles ,  longs  de  5  à  8  centi- 
mètres [  2  à  3  pouces  j,  et  disposés  trois  à  trois  sur 
le  même  pédicule ,  sont  pendans  et  flexibles  ,  tou- 
jours réunis  seulement  deux  à  deux.  Ils  sont  atta- 
chés à  la  naissance  de  la  pousse  de  l'année,  tandis 
que  les  fleurs  femelles  peu  apparentes,  sont  au  con- 
traire placées  à  leur  partie  supérieure. 

Les  fruits  toujours  assez  abondans,  sont  en  ma- 
turité vers  le  i^^.  octobre.  D'un  seul  arbre  on  pour- 
roit  souvent  en  récolter  plusieurs  minots.  Le  brou 
qui  couvre  la  noix  est  mince,  charnu,  et  surmonté 
dans  sa  moitié  supérieure  de  quatre  appendices  en 
forme  d'ailes.  Il  ne  devient  pas  ligneux  comme 
dans  les  autres  Noyers  Hickerys;  mais  il  s'amollit, 
et  finit  par  tomber  en  pourriture.  Dans  cette  espèce, 
la  forme  des  noix  est  plus  constante  et  plus  régu- 
lière. Elles  sont  plus  larges  que  longues ,  ayant 
environ  22  millimètres  (10  lignes)  de  largeur  sur  i3 
à  1 5  (^  6  à  7  1. }  de  hauteur.  La  coque  qui  est  blanche, 
lisse ,  et  assez  mince  pour  être  cassée  avec  les  doigts, 
renferme  une  amande  très-remarquable  par  les  si- 
nuosités profondes  qui  la  pénètrent  de  toutes  parts, 
et  qui  sont  le  résultat  de  la  plicature  de  l'amande 


l8o  JUGLA.NS     AMAEA. 

sur  elle-même  ;  elle  est  si  âpre  et  si  amère,  que  les 
écureuils  et  les  autres  animaux  sauvages,  ne  recher- 
chent les  noix  de  cet  arbre,  que  lorsqu'ils  n'en 
trouvent  plus  d'aucune  autre  espèce. 

Dans  quelques  parties  de  la  Pensylvanie  où  cet 
arbre  se  trouve  assez  multiplié,  on  a  retiré  de  ses 
noix  une  huile  bonne  a  brûler,  et  susceptible  d'être 
employée  à  d'autres  usages  secondaires;  mais  de  ces 
essais  qui  ont  réussi  à  quelques  fermiers,  on  ne  doit 
pas  en  conclure  qu'on  puisse,  sous  ce  rapport,  tirer  de 
cet  arbre  des  produits  capables  de  devenir  une  bran- 
che d'industrie;  car  ni  le  INoyer  amer  ,  ni  les  autres 
espèces  de  l'Amérique  septentrionale ,  ne  couvrent 
jamais  des  cantons  assez  étendus,  pour  en  fournir  les 
moyens.  Il  y  auroit  à  cet  égard  beaucoup  plus  d'avan- 
tage à  multiplier  le  Noyer  d'Europe,  dont  la  culture 
est  encore  totalement  négligée  dans  tous  les  Etats- 
Unis,  et  qui  certainement  réussi roit  au-delà  de 
toute  espérance  dans  les  Etats  du  milieu ,  et  surtout 
dans  ceux  qui  sont  situés  au-delà  des  Alléghanys. 

La  texture  de  l'écorce  du  Noyer  amer,  la  couleur 
de  l'aubier  et  du  cœur,  sont  les  mêmes  que  dans  les 
autres  Noyers  Hickerys,  et  son  bois  possède,  quoi- 
que dans  un  degré  inférieur,  ces  propriétés  qui  les 
font  distinguer- si  évidemment  des  autres  arbres; 
propriétés  qui  sont  la  pesanteur,  la  force,  la  ténacité 
et  l'élasticité.  On  s'en  sert  à  Lancaster  comme  bois  de 
chauffage  ;  mais  sous  ce  rapport,  il  n'y  est  point  consi- 
déré ,  comme  supérieur  en  qualité  au  Chêne  blanc, 
et  il  n'est  point  vendu  à  un  taux  plus  élevé. 


JUGLANS    AMAKA.  l8l 

Le  Noyer  amer  existe  en  France  dans  plusieurs 
jardins ,  et  même  y  donne  des  fruits  ;  cependant 
comme  on  ne  peut  rien  espérer  de  la  qualité  de  son 
fruit,  qui  paroît  vouloir  un  sol  très -fertile  pour 
arriver  à  un  grand  développement  ;  enfin ,  que  son 
hois  est  reconnu  en  Amérique ,  pour  être  un  peu 
inférieur  à  celui  que  fournissent  les  espèces  sui- 
vantes, je  ne  crois  pas  qu'il  doive  trouver  place 
dans  les  forets  d'Europe. 

PLANCHE   IV. 

Feuille  de  grandeur  naturelle. 

Fie.  1  )  Jioix  revêtues  de  leur  brou.  l'ig.  -•  ^  noix  séparée  de  son 
brou. 


JUGLANS    AqUATICA, 

WATER    BITTE  R    NU  T    HICKERY. 

JuGLANS  aquatîca  foUolis  9 —  1 1 "",  lanceolato  -  acumina- 
tis ,  sub-serrads  ,  sessilibus  ;  impari  hreviter  petîolato» 
Fructibus  pedunculatis  ,  nuce  sub-depressa  ,  parva  , 
rubiginosa  ,  tenera. 

Cette  espèce  qui  appartient  à  la  partie  basse  des 
des  Etats  méridionaux  ,  n'y  est  connue  sous  aucune 
dénomination  particulière,  car  elle  a  été  confondue 
jusqu'à  présent  par  les  habitans  avec  le  Juglans  por- 
cina^  quoiqu'elle  en  diffère  à  beaucoup  d'égards.  Le 
nom  d'Hickery  des  liiaraiis ^  PV^ater  lïickeiy y  que  je  lui 
ai  donné ,  m'a  paru  assez  convenable  ,  parce  que  j'ai 
toujours  trouvé  cet  arbre  dans  les  marécages,  et  très- 
souvent  dans  les  fossés  qui  entourent  les  champs  à 
riz,  oii  il  croit  avec  \Acer  ruhruni^  le  Njssa  aquci- 
tica^  le  Cupressus  disticha  et  le  Populus  angulosa. 
Le  Juglans  aquatica  s'élève  de  i3  à  16  mètres  (^  4^ 
à  5(0  pieds  J  ,  et  son  port  est  en  tout  semblable  à 
celui  des  autres  Noyers  Hickerys,  dont  il  fait  partie. 
Ses  feuilles  longues  de  21  à  24  centimètres  [8  à  9 
pouces),  sont  d'une  belle  couleur  verte  ,  seulement 
composées  de  quatre  à  cinq  paires  de  folioles,  sessiles 
et  terminées  par  une  impaire  pétiolée.  Ces  folioles 
légèrement  dentées  sur  leurs  bords,  longues  et  étroi- 
tes, ont  environ  10  à  i3  centimètres  (  [\'k  b  pouces  j 
de  longueur,  sur  18  à  20  millimètres  (8  à  9  lignes^ 


-^v^r  ^ei  ^ 


JFGLAKS  aquatica 


At^m   t  K-m^  ' 


JU  GLAN  s    AQUATICA.  l83 

à  leur  partie  moyenne,  assez  semblable  d'ailleurs 
à  des  feuilles  de  Pécher. 

Les  noix  couvertes  d'un  brou  peu  épais  et  lëgère- 
ment  inégales  5  sont  petites,  anguleuses,  et  un  peu 
déprimées  latéralement;  elles  sont  rougeâtres  et  in'îs- 
tendres.  L'amande  en  est  fort  amère,  et  présente 
comme  dans  celles  du  Ju^lans  amara ,  des  sinuosités 
profondes  qui  la  pénètrent  de  toutes  parts.  Ces  fruits, 
comme  on  le  pense  bien,  ne  sont  pas  mangeables. 
Le  bois  an  Ju^lans  aquatica^  quoique  participant 
des  propriétés  de  tous  les  autres  Noyers  Hickerys, 
leur  est  cependant  inférieur  sous  tous  les  rapports , 
attendu  qu'il  vient  dans  des  lieux  très-aquatiques. 

Cet  arbre  dont  j'ai  rapporté  des  noix  en  France, 
pousse  vigoureusement,  et  supporte  bien  les  froids  de 
nos  hivers  ;  cependant  je  ne  crois  pas  qu'il  mérite 
de  trouver  place  dans  nos  forets  européennes  ,  ni 
même  d'être  ménagé  dans  les  défrichemens  en  Amé- 
rique. La  partie  méridionale  des  Etats-Unis  possède 
d'ailleurs  beaucoup  d'espèces  plus  utiles ,  comme 
bois  de  constructions  ;  car  celui-ci ,  comme  ceux  de 
tous  les  Noyers  Hickerys,  ne  convient  en  aucune 
manière  à   cet  usage. 

PLANCHE   V. 

Rameau  avec  des  feuilles  de  grandeur  naturelle. 
Fig.   1  ,  Jioix  recouvertes  de  leur  brou.   Fig.    2  .    noix  séparée  du 
brou. 


I.  2'^. 


JUGLANS      TOMENTOSA, 

MOCKER    NUT  HICKERY. 

JuGLANs  tomentosa  foliolîs  7 — 9'»%  lœviter  serratis  ySuh- 
tus  conspicuè  2>///osis,  ùnpari  sub  -  petîolaio  ;  anientis 
compositis  y  lon^issiniîs  ^JiUforniibus  ,  eximiè  tomen- 
tosh,  f rue  tu  globoso  Del  obîongOy  nuce  quadrangulà  y 
-crassà  durissùnaque. 

Bans  la  partie  de  l'État  de  New- Jersey  qui  a  voi- 
sine la  rivière  Hiidson,  ainsi  qu'à  Nevs^-York  et  dans 
les  environs  de  cette  ville ,  cette  espèce  de  Noyer 
est  connue  sous  le  nom  de  Mocker  mit,  Noyer  à  noix 
moqueuse  ,  et  quelquefois  encore  de  FFhite  heart 
Uickery,  Hickery  à  cœur  blanc;  tandis  qu'à  Phila- 
delphie, à  Baltimore  et  dans  la  Virginie,  celui  de 
Comnion  Hickerj ,  Hickery  ordinaire ,  est  le  seul  en 
usage.  Les  François  des  Illinois  lui  donnent  le  nom 
de  Noyer  dur.  J'ai  cru  devoir  conserver  la  première 
de  ces  dénominations,  parce  qu'elle  exprime  un  des 
cai actères  du  fruit  de  cet  arbre,  qui  n'est  véritable- 
ment pas  plus  abondant  dans  la  Pensylvanie  ,  et  plus 
au  midi ,  que  les  autres  Noyers  Hickerys,  comme  pa- 
roitroit  l'indiquer  le  nom  qu'il  y  porte.  Vers  le  nord 
je  n'ai  pas  observé  le  Jiiglans  tomentosa ,  au-delà 
de  Portsmoulh  dans  l'État  de  Massachussett ,  quoi- 
qu'il soit  déjà  a^sez  commun  aux  environs  de  Boston 
et  de  New-Providence ,  situés  seulement  à  100  milles 
])lns  au  sud;  enfin  il  est  peut-être  plus  abondant 
que  j)ai  tout  ailleurs  dans  les  forets  qui  existent  encore 


J'I.U 


SettAolel. 


tJlIGLANS  tomeniosa 


J  U  G  L  A  N  s    T  O  "Vl  i:  N  T  ()  s  A  .  I  85 

dans  la  partie  allanlique  des  Etats  du  milieu,  ainsi 
que  dans  celles  qui  couvrent  les  Hantes-Carolincs 
et  la  Haute  -  Géorgie;  mais  dans  ces  mêmes  États, 
il  est  proportionnellement  beaucoup  plus  rare  vers 
la  mer,  à  cause  de  la  stérilité  du  sol,  qui  est  géné- 
ralement aride  et  sablonneux,  et  par  suite  peu  favo- 
rable à  sa  végétation.  J'ai  cependant  remarqué  que 
c'est  le  seul  des  llickerys  dont  on  trouve  toujours  des 
rejetons  dans  les  Pinières  ,  Pine  harrens ;  ces  reje- 
tons brûlés  tous  les  ans,  ne  s'élèvent  jamais  qu'à 
1  mètre  (^3  ou  4  pieds  j.  J'ai  fait  la  même  obser- 
vation en  traversant  les  grandes  prairies  naturelles, 
Bi^  harrens ,  du  Kentucky  et  du  Ténessée  ;  car  le 
Ju^lans  tomentosa  et  le  Quercus  Jerruginea  ^  sont 
les  seules  espèces  d'arbre  qui  s'y  trouvent  dissémi- 
nées, et  qui  résistent  aux  incendies  qui  presque  à 
chaque  printemps,  embrasent  ces  prairies.  C'est  pro- 
bablement à  cause  de  cela ,  qu'en  partie  arrêtés 
dans  leur  végétation  ,  ils  ne  parviennent  l'un  et 
l'autre  qu'à  2  ou  3  centimètres  (8  ou  10  pieds)  d'é- 
lévation. 

Comme  la  plupart  des  autres  Noyers  du  pays,  011 
trouve  de  préférence  celui-ci  dans  des  terreins  de 
bonne  qualité,  et  principalement  sur  les  coteaux  à 
pente  douce  qui  entourent  les  marais,  où  il  se  trouve 
mêlé  avec  des  Liepidambars,  des  Tulipiers,  des  Éra- 
bles à  sucre,  des  Noyers  à  noix  araères  ,  des  Noyers, 
noirs,  etc.  Dans  de  pareilles  situations,  il  atteint  son 
plus  grand  développement,  qui  est  ordinairement 
d  environ  20  mètres  (60  pieds),  sur  5a  à  60  eenti- 


l86  JUGLANS    TOMENTOSA. 

mètres  (  iSk  20 pouces)  de  diamètre.  Je  me  ressou- 
viens cependant  d'avoir  vu  des  individus  d'une  plus 
grande  dimension ,  près  de  Lexington  en  Rentucky  ; 
mais  cela  tient  à  l'extrême  fertilité  de  ces  contrées  , 
et  cet  accroissement  n'est  pas  ordinaire ,  tant  pour 
cet  arbre  que  pour  beaucoup  d'autres,  en  deçà  des 
Monts-Alléghanys.  Le  Juglans  tomentosa  est  néan- 
moins de  tous  les  Noyers  Hickerys,  celui  qui  paroît 
être  le  plus  susceptible  de  croître  dans  des  terreins 
de  médiocre  qualité  ;  car  ,  quoiqu  il  soit  d'un^  mau- 
vaise apparence,  et  en  quelque  sorte  rabougri,  il 
(hit  partie  des  forets  dégradées  et  appauvries,  qui 
occupent  les  terreins  maigres  et  graveleux  de  la  plus 
grande  partie  de  la  Basse -Virginie. 

Dans  celte  espèce,  les  bourgeons  sont  gros,  courts, 
d'un  gris  blanc  et  très-durs,  ce  qui  suffit  en  hiver 
pour  la  faire  reconnoître ,  et  c'est  même  à  cette  épo- 
que de  l'année  où  les  feuilles  sont  tombées,  le  seul 
caractère  auquel  on  puisse  alors  s'attacher  dans  les 
individus  qui  sont  au-dessus  de  2  à  3  mètres  (8  à  10 
pieds)  de  haut.  Dans  les  premiers  jours  de  mai,  les 
bourgeons  grossissent  beaucoup  ,  les  écailles  exté- 
rieures tombent  et  les  internes  persistent;  enfin 
celles-ci  se  séparent  et  laissent  apercevoir  les  jeunes 
feuilles  qui  grandissent  si  rapidement,  que  je  les  ai 
vu  acquérir  5o  centimètres  (20  pouces)  en  dix  huit 
jours  :  chacune  d'elle  est  composée  de  quatre  paires 
de  folioles  sessiles  et  terminées  par  une  impaire. 
Ces  folioles  longues  de  16  à  22  centimètres  (6  à  8 
pouces  )    de   forme    ovale  -  acuminée  ,   légèrement 


JU  CLANS     TO  MENT  OSA,  187 

dentées  dans  leur  contour,  sont  odorantes,  assez 
épaisses,  très -velues  inférieurement,  ainsi  que 
le  pétiole  commun  auquel  elles  sont  fixées.  Dès  les 
premiers  froids,  les  feuilles  de  cette  espèce  d  Hickery 
deviennent  d'un  beau  jaune  ,  et  tombent  peu  de 
temps  après.  Les  fleurs  mâles,  disposées  sur  des  cha- 
tons longs  de  i6  à  20  centimètres  (6  à  8  pouces), 
velus,  flexibles  et  pendans,  sont  réunis  trois  à  trois 
sur  un  pédicule  commun,  et  attachés  aux  aiselles 
des  premières  feuilles  des  pousses  de  Tannée,  aux 
extrémités  desquelles  sont  situées  les  fleurs  femelles, 
qui  sont  peu  apparentes  et  d'un  rose  pâle. 

Les  fruits  du  Juglans  tomentosa,  sont  à  maturité 
vers  le  1 5  novembre,  ils  sont  odorans,  sessiles  ou  très- 
rarement  pédoncules;  le  plus  souvent  réunis  deux  à 
deux.  Sous  le  rapport  de  la  forme  et  de  la  grosseur,  ils 
oftrent  des  différences  très-remarquables:  dans  quel- 
ques arbres,  ces  fruits  sont  parfaitement  rands  avec 
des  sutures  rentrantes;  chez  d'autres,  ils  sont  très- 
allongés  avec  des  sutures  sortantes  ou  anguleuses,  les 
uns  ont  plus  de  6  centimètres  (2  poucesj  de  longueur 
sur  24  à  3o  millimètres  [12310  lignes  j  de  dia- 
mètre, d'autres  ont  moins  de  moitié  de  cette  gros- 
seur. Le  brou  qui  conserve  toujours  beaucoup 
d'épaisseur,  devient  dur  et  ligneux  vers  l'automne. 
A  cette  époque,  il  s'ouvre  inégalement,  et  seulement 
dans  les  deux  tiers  de  sa  longueur  ,  pour  laisser 
échapper  la  noix.  La  coquille  fort  épaisse,  légère- 
ment striée  ,  et  d'une  extrême  dureté  ,  renferme 
une  amande  douce,  mais  petite  et  difficile  à  extraire 


l88  JUGLANS     TOME  NT  OSA. 

à  cause  des  cloisons  très-forles  qui  la  partagent;  et 
c'est  probablement  pour  cela  qu'on  a  donné  à  cette 
espèce  le  nom  de  Noyer  à  Noix  moqueuse.  Les  noix 
varient  non  -seulement  dans  la  configuration  et  dans 
le  volume,  mais  encore  dans  le  poids,  etcelaàuntel 
point,  qu'on  croiroit  qu'elles  appartiennent  à  des 
arbres  d'espèces  différentes;  car  quelques-unes  de  ces 
noix,  sont  presque  rondes  et  si  petites,  qu'elles  ne 
pèsent  pas  tout-à-fait  un  gros,  tandis  que  d'autres 
sont  très-allongées,  à  angles  saillans,  et  si  volumi- 
neuses, qu'elles  en  pèsent  plus  de  quatre.  Lorsque 
ces  dernières  sont  débarrassées  de  leur  brou ,  il  est 
quelquefois  possible  de  les  confondre  avec  celles  des 
Juglans  laciniosa^  et  les  premières  avec  quelques- 
unes  des  variétés  appartiennent  au  Juglans  porcina. 
Parmi  ces  différentes  variétés,  j'ai  fait  figurer  de 
grandeur  naturelle,  celle  qui  est  la  plus  commune. 
La  grande  dureté  de  ces  noix,  et  la  difficulté  d'en 
extraire  l'amande,  qui  d'ailleurs  est  peu  fournie, 
sont  cause  qu'on  n'en  apporte  que  rarement  aux  mar- 
chés. 

Le  tronc  du  Juglans  tomentosa^  dans  les  vieux 
arbres  ,  est  revêtu  d'une  écorce  profondément 
crevassée,  point  écailleuse,  très  -  épaisse  ,  et  très- 
consistante.  Son  bois  de  la  même  couleur  et  de 
la  même  texture  que  les  autres  No3^ers  Hickcrys  , 
jouit  des  mêmes  propriétés  qui  rendent  les  arbres 
de  cette  classe  si  remarquables.  Celui-ci  est  surtout 
préférable  comme  com])ustib]e.  Pour  cet  usage  on 
choisit   les  arbres  qui  ont   de   16  à  20  centimètres 


JUGLANS    ÏOMENÏOSA.  I  89 

(6  à  8  pouces)  de  diamètre,  parce  que  lorsqu'ils  ont 
atteint  cette  grosseur,  leur  bois  donne  plus  de  cha- 
leur, et  comme  le  cœur  qui  est  de  couleur  rou- 
geâtre  n'est  pas  encore  développe,  on  donne  alors 
fréquemment  à  celte  espèce  le  nom  de  TVliitc  heurt 
lllckerj  ^  llickery  à  cœur  blanc.  Dans  les  campagnes 
on  se  sert  quelquefois  de  son  écorce  pour  en  ojj- 
tenir  une  couleur  verdiitre  ,  mais  l'usage  qu'on  en 
fait  est  très-limité. 

De  tous  les  Noyers  II ickerys,  c'est  celui  dont  la 
végétation  est  la  plus  lente,  ce  dont  je  me  suis  assuré 
par  les  semis  que  j'ai  fait  des  noix  de  ses  diverses 
espèces,  ainsi  que  par  la  longueur  comparative  de 
leurs  pousses  annuelles.  J'ai  cru  aussi  remarquer 
que  son  bois  étoit  le  plus  susceptible  d'être  attaqué 
par  les  insectes ,  et  notamment  par  le  callidiimi  jle- 
xuosimi ,  dont  la  larve  le  ronge  intérieurement.  Ces 
différentes  considérations,  sont,  je  pense  ,  des  motifs 
assez  puissans,  pour  engager  les  personnes  qui  vou- 
dront former  de  grandes  plantations,  à  donner  la 
préférence  à  quelques  autres  espèces  que  je  me  pro- 
pose d'indiquer. 

PLANCHE    VI. 

Feuille  du  tiers  de  la  grandeur  naturelle. 

Fig.   1  ,  noijc  revêtue  de  son  brou.    Fig,  '1 ,   noix  séparée  du.  brou. 

F/g.  5  ,  callidiiiai  flexuosuin. 


JUGLANS    SqUAMOSA. 

SHELL    B^RK    HICKERY. 

JuGLANS  squamosa  ^  foliolis  quînis  inajoribiis  ^  longe  pe- 
tiolatis  ,  ovato-acuminatis  ,  serratis  ,  subtus  villosi's  , 
impari  sessili  :  amentis  moscuh's  compositis  ,  glabris 
Jîliformibusque  :  fructu  globoso  ,  depresso  ,  majore  ; 
nuce  compressa  ,  albâ. 

La  disposition  assez  singulière  qu'offre  l'écorce 
de  cette  espèce  de  Noyer,  lui  a  fait  donner  les  noms 
de  Shell  bark  Hickerj^  de  Scaly  hark^  de  Shag 
hark  Hickery  ^  Hickery  à  ëcorce  écailleuse.  Parmi 
ks  différentes  dénominations  ,  dont  la  signification 
est  à-peu-près  la  même,  j'ai  conservé  la  première, 
comme  plus  généralement  en  usage  dans  les  États 
du  milieu  et  du  sud.  Les  descendans  des  Hollan- 
dois,  qui  habitent  cette  partie  du  New-Jersey  qui 
avoisine  la  ville  de  New- York,  lui  donnent  encore 
fréquemment  le  nom  de  Kiskythomas  nut^  et  les 
François  des  Illinois,  Noyer  tendre. 

Les  environs  de  Portland ,  dans  l'Etat  de  New- 
Hampshire,  sont  un  des  points  les  plus  avancés  vers  le 
nord  où  j'ai  trouvé  le  Juglans  squamosa-,  mais  sa 
végétation  m'a  paru  y  être  restreinte  par  la  rigueur 
des  froids  qu'on  éprouve  déjà  sous  cette  latitude  ; 
car  il  est  peu  élevé,  et  les  fruits  n'y  acquièrent  qu'une 
grosseur  médiocre.  Je  ne  l'ai  pas  trouvé  dans  les 
forets  du  district  de  Maine ,  non  plus  que  dans  celles 


/■,■...,■„  ,/,■/' 


J  l  G  L  AN  s   s  ijuam  i)  s  a 


finir, ^.fc 


7. 


JUGLANS    SQUAMOSA.  IQI 

de  l'Etat  de  Vermont,  situées  un  peu  plus  avant 
vers  le  nord.  Cet  arbre  est  au  contraire  fort  commun 
sur  les  bords  du  lac  Érië,  près  de  la  Nouvelle-Genève 
dans  le  Génesséejle  long  de  la  rivière  desMohawks; 
près  de  Goshen,  dans  le  nouveau  Jersey,  enfin  sur  les 
rives  de  la  Susquehannah  et  de  la  Schuylkill,  dans 
la  Pensylvanie.  Il  l'est  comparativement  beaucoup 
moins  dans  le  Maryland  ,  la  Basse-Virginie,  ainsi 
que  dans  les  États  méridionaux.  Dans  la  Caroline 
du  sud,  un  des  endroits  les  plus  rapprochés  de 
Charsleston  où  je  Tai  observé  ,  se  trouve  dans  la 
paroisse  de  Goose  Creek,  à  24  milles  de  cette  ville; 
on  le  rencontre  encore  dans  les  États  de  l'ouest; 
mais  il  y  est  moins  répandu  que  l'espèce  suivante , 
avec  laquelle  il  a  beaucoup  de  ressemblance,  ce  qui 
fait  que  les  habitans  les  confondent  et  leur  donnent 
le  même  nom.  A  l'est  des  Monts-AUéghanys,  le 
Juglans  squamosa  croit  exclusivement  autour  des 
swamps  ou  marais,  ainsi  que  dans  les  endroits  très- 
frais,  qui  sont  souvent  exposés  à  être  submergés  pen- 
dant plusieurs  semaines  de  suite.  Dans  de  pareilles 
situations,  il  se  trouve  le  plus  ordinairement  mêlé 
avec  le  Quercus  discolor  ,  l'Acer  rubrum ,  le  Liqui- 
damhar  styracijlua ,  le  Njssa  et  le  Plat  anus  occi- 
dentalis.  C'est  de  tous  les  Noyers  Hickerys,  celui  qui 
parvient  à  une  plus  grande  élévation  sur  un  plus 
petit  diamètre  ,  car  il  acquiert  quelquefois  20  à  25 
mètres  (80  à  go  pieds)  de  hauteur,  sur  moins  de  65 
centimètres  (2 pieds)  d'épaisseur.  Son  tronc  dépourvu 
de  branches  dans  les  trois  quarts  de  sa  hauteur,  est 

ï»  23 


192  JUGLANS     SQUAMOSA. 

d'une  grosseur  régulière  et  presque  uniforme  jusqu'à 
la  naissance  de  ses  premières  branches,  ce  qui  en 
fait  un  arbre  magnifique  ;  mais  ce  qui  lui  donne 
surtout  une  apparence  singulière  et  le  fait  recon- 
noître  tout  de  suite  à  une  grande  distaYice,  c'est 
l'aspect  que  présente  son  tronc ,  dont  l'écorce  f  épi- 
derme)  se  divise  naturellement  en  un  grand  nombre 
de  bandes  étroites  et  longues  de  3o  à  96  centimètres 
(1  à  3  pieds),  qui  sont  recourbées  en  arrière,  et  ne 
sont  plus  adhérentes  que  par  leur  partie  moyenne. 
Ainsi  hérissé  du  haut  en  bas  de  pointes  saillantes, 
le  Juglans  squamosa  est  bien  propre  à  attirer  l'at- 
tention de  l'homme  le  plus  indifférent.  Cette  exfo- 
liation de  l'épiderme  qui  s'opère  d'une  manière  si 
remarquable  ,  n'a  lieu  que  dans  les  arbres  qui 
ont  acquis  plus  de  25  centimètres  (10  pouces)  de 
diamètre ,  quoiqu'elle  s'annonce  long-temps  aupa- 
ravant par  de  longues  gerçures.  Ce  caractère  qui  est 
très-suflisant  pour  le  faire  reconnoitre  lorsqu'il  est 
privé  de  ses  feuilles  ep  hiver,  n'existe  pas  encore 
dans  les  sept  ou  huit  premières  années  de  sa  crois- 
sance 5  aussi  pourroit-il  alors  être  confondu  facile- 
ment avec  les  Juglans  tomentosa  et  Juglans  por- 
cina  ,  si  on  n'avoit  pas  recours  à  l'examen  des 
bourgeons.  Dans  ces  deux  dernières  espèces  ,  et 
assez  généralement  dans  tous  les  autres  arbres ,  ils 
sont  formés  d'écaillés,  étroitement  appliquées  les 
unes  sur  les  autres,  tandis  que  dans  l'espèce  dont 
il  est  ici  question ,  les  deux  écailles  plus  extérieures 
îie  les  embrassent  qu'à  moitié,    et  laissent  dans  la 


JUGLANSSQUAMOSA.  IqS 

partie  supérieure  un  intervalle  très-marqué.  Je  me 
plais  même  à  considérer  cette  disposition  particu- 
lière de  ces  deux  écailles,  propre  à  cette  espèce  et 
à  la  suivante,  comme  le  principe  de  l'exfoliation 
de  son  épiderme.  Au  printemps,  dès  que  l'action 
de  la  sève  commence  à  se  manifester,  ces  deux 
écailles  tombent,  les  plus  internes  grandissent  con- 
sidérablement, et  se  chargent  d'un  duvet  soyeux  et 
mordoré;  enfin  après  un  intervalle  d'environ  quinze 
jours,  les  bourgeons  qui  ont  déjà  acquis  près  de 
6  centimètres  (^2  pouces)  de  longueur,  crèvent,  et 
laissent  apercevoir  les  jeunes  feuilles,  dont  le  déve- 
loppement est  souvent  si  rapide,  que  dans  le  cou- 
rant du  premier  mois  ,  elles  ont  acquis  toute  leur 
grandeur,  qui  est  quelquefois  de  plus  de  60  centi- 
mètres Ç  20  pouces)  dans  les  arbres  encore  jeunes, 
et  dont  la  végétation  est  très  -vigoureuse.  Dans  cette 
espèce,  chacune  des  feuilles  est  composée  de  deux 
paires  de  folioles ,  plus  une  impaire  pétiolée  :  ces 
folioles  sont  lisses  et  d'un  vert  agréable  en  dessus, 
et  finement  veloutées  en  dessous;  elles  sont  dentées 
dans  leur  contour.  Les  inférieures  sont  proportio- 
nellement  beaucoup  moins  grandes  que  les  deux 
suivantes,  qui  le  sont  presqu'autant  que  l'impaire 
Celle  -  ci  a  souvent  3o  centimètres  Ç  1  pied  )  de 
longueur,  sur  10  centimètres  (4  pouces)  de  largeur. 
Comme  dans  l'espèce  précédente,  les  fleurs  mâles 
qui  paroissent  du  i5  au  20  mai  dans  l'État  de  jNe^v- 
York,  sont  disposées  sur  des  chatons  longs  de  i3 
à  16  centimètres  Ç5  aG  pouces),  glabres,  flexibles 


'94  JUGLANS     SQUAMOSA. 

et  pendans  ;  ces  chatons  sont  réunis  trois  à  trois , 
et  sont  supportés  par  un  pétiole  commun  ,  qui  est 
attaché  aux  aisselles  des  premières  pousses  de  l'année. 
Les  fleurs  femelles  verdâtres  et  peu  apparentes,  sont 
au  contraire  situées  à  leurs  extrémités.  Les  fruits  du 
Juglans  squamosa^  sont  en  maturité  vers  le  i^'.  octo- 
bre; dans  certaines  années,  ils  sont  si  abondans, 
qu'un  seul  arbre  en  donne  cinq  à  six  minots.  Sui- 
vant la  nature  du  sol  et  de  l'exposition ,  ils  varient 
pour  la  grosseur,  qui  est  assez  généralement  de  i5> 
centimètres  (  5  pouces  et  demi)  de  circonférence; 
pour  la  forme  elle  est  toujours  la  même.  Ils  sont 
arrondis,  et  présentent  quatre  sutures  rentrantes, 
opposées  les  unes  aux  autres,  qui  indiquent  le  point 
où  la  division  du  brou  doit  se  faire;  car  il  se  par- 
tage en  quatre  segmens  égaux,  qui  se  séparent  entiè- 
ment  les  uns  des  autres  au  moment  de  la  complète 
maturité.  Cette  division  totale  du  brou  doit  même 
être  considérée  avec  son  épaisseur  très-remarquable , 
et  qui  est  hors  de  toute  proportion  avec  la  noix, 
comme  un  caractère  particulier  aux  Noyers  à  écorce 
écailleuse.  Les  noix  du  Jiiglans  squamosa^  sont 
petites,  blanches,  comprimées  latéralement,  et  pré- 
sentent quatre  angles  marqués,  qui  correspondent 
aux  quatre  divisions  du  brou. 

De  tous  les  Noyers  de  l'Amérique  septentrionale 
que  nous  connoissons,  c'est  celui  dont  les  noix,  après 
celles  du  Pacanier,  renferment  l'amande  la  plus 
douce  et  la  plus  fournie;  la  coquille  qui  la  contient 
est  assez  mince,  quoiqu'elle  soit  encore  suffisamment 


JUGLANS      SQUAMOSA.  IQJ 

épaisse  pour  qu'on  soit  obligé  de  casser  ces  noix  avant 
de  les  servir  sur  la  table  ;  car  elles  sont  trop  dures  pour 
pouvoir  être  brisées  en  les  pressant  l'une  contre 
l'autre  dans  la  main ,  comme  cela  se  fait  ordinaire- 
ment à  l'égard  des  noix  d'Europe,  qui,  bien  certai- 
nement, leur  sont  très-préférables.  Les  noix  du  Ju- 
glans  squamosa,  sont  cependant  encore  assez  recher- 
chées, car  elles  forment  un  petit  article  de  commerce, 
qui  se  trouve  porté  dans  les  listes  des  exportations 
des  produits  du  sol  des  Etats-Unis.  Cette  exporta- 
tion qui  ne  s'élève  pas  annuellement  à  plus  de  quatre 
à  cinq  cents  minots,  a  lieu  principalement  de  New^- 
York  et  de  quelques  petits  ports  duConnecticut,  d'où 
ces  noix  sont  envoyées  dans  les  Etats  méridionaux, 
et  dans  les  colonies  des  Indes  occidentales ,  quelque- 
fois même  il  envient  à  Liverpool  :  dans  ces  difFérens 
endroits,  elles  sont  connues  sOus  le  nom  ^Hickery 
niits ,  noix  d'Hickery.  Ces  noix  qui  se  vendent  au 
marché  de  New-York,  environ  lo  francs  (2  dollars  ) 
le  minot,  sont  ou  ramassées  dans  les  bois,  ou  provien- 
nent des  arbres,  qui  lors  des  premiers  défrichemens, 
ont  été  conservés  au  milieu  des  champs  cultivés.  C'est 
principalement  dans  les  environs  de  Goshen ,  Etat  de 
New- Jersey,  et  dans  plusieurs  fermes  situées  sur 
les  bords  de  la  rivière  Hudson,  3o  milles  au  delà 
d'Albany,  que  j'ai  remarqué  qu'on  a  eu  cette  sage 
précaution. 

Les  Indiens  qui  habitent  sur  les  boids  des  lacs 
Érié  et  Michigan,  recueillent  ces  noix  pour  l'hiver; 
ils  en  pilent  une  partie  dans  des  mortiers  de  bois, 


^gS  JUGLANS    SQUAM  OSA. 

et  font  bouillir  cette  pâte  dont  ils  retirent  une  ma- 
tière huileuse  qui  surnage,  et  qu'ils  mêlent  avec 
leurs  alimens. 

Avant  de  parler  des  propriétés  du  Noyer  écailleux, 
sous  le  rapport  de  son  bois,  je  ne  puis  m'empêcher 
de  faire  mention  d'une  fort  belle  variété  de  ces  noix, 
produites  par  quelques  arbres  qui  existent  dans  une 
ferme,  situées  au  Seacocus,  près  de  Snake  Hill, 
dans  le  New-Jersey.  Elles  ont  presque  le  double  de 
grosseur  de  celles  que  j'ai  vues  partout  ailleurs;  la 
coquille  est  également  blanche  et  comme  bosselée 
au  lieu  d'être  anguleuse.  Un  siècle  de  culture  n'amè- 
neroit  peut-être  pas  les  autres  au  point  de  perfection 
où  se  trouvent  déjà  celles-ci,  qui  elles-mêmes  étant 
greffées,  augmenteront  encore  beaucoup  de  volume. 

Le  bois  de  Jiiglans  squamosa  j,  possède  toutes  les 
propriétés  particulières  aux  Noyers  Hickerys,  qui 
sont  la  pesanteur  ,  la  force,  l'élasticité  et  la  ténacité  ; 
comme  eux  il  a  le  même  défaut,  celui  de  pourrir  très- 
promptement  et  d'être  attaqué  par  les  vers.  Cepen- 
dantcomme  cette  espèce  s'élève  à  une  grande  hauteur, 
sur  un  diamètre  très-uniforme,  on  s'en  est  quel- 
quefois servi  à  New- York  et  à  Philadelphie ,  pour 
faire  la  quille  des  vaisseaux,  mais  il  est  rare  qu'on 
l'employé  actuellement  à  cet  usage,  les  plus  grands 
arbres  ayant  été  abattus  dans  les  environs  des  ports 
de  mer.  On  a  aussi  reconnu  que  le  bois  de  cette 
espèce  se  fendoit  plus  facilement,  et  qu'il  avoit  un 
plus  grand  degré  de  souplesse  :  c'est  pour  cela  que 
dans  quelques  cantons  de  la  Pensylvanie  ,    on  en 


JUGLANS     SQUAMOSÀ.  ig'J 

fait  (les  paniers  et  surtout  des  manches  de  fouets  de 
carrosses,  fort  estimés  à  cause  de  leur  grande  élasti- 
cité. On  en  fait  même  passer  un  certain  nombre  de 
paquets  ou  de  bottes  en  Angleterre.  Cest  encore  a 
cause  de  cette  même  propriété  ,  et  parce  qu'il  a  le 
grain  un  peu  plus  fin,  que  les  tourneurs  qui  dans 
les  campagnes  des  environs  de  INew-York  et  de 
Philadelphie,  préparent  les  pièces  destinées  à  com- 
poser les  chaises,  dites  de  Windsor,  lesquelles  sont 
toutes  en  bois,  se  servent  par  préférence  de  celui 
de  cette  espèce ,  pour  en  faire  les  baguettes  qui  en 
forment  le  dos.  J'ai  eu  plusieurs  fois  occasion  de 
remarquer,  que  parmi  les  différentes  sortes  de  bois 
Hickerys ,  apportées  en  hiver  à  New- York  pour  com- 
bustible, celui  de  cette  espèce  dominoit,  non  qu'elle 
soit  la  plus  estimée  sous  ce  rapport,  mais  parce  qu'elle 
paroit  être  plus  commune  sur  les  bords  ou  dans  le 
voisinage  de  la  rivière  du  Nord. 

Telles  sont  les  usages  auxquels  le  bois  du  Juglans 
squamosa^  m'a  paru  le  plus  spécialement  adapté. 
Par  ce  qui  a  été  dit  précédemment,  on  a  vu  que  cet 
arbre  s'élevoit  à  une  très-grande  hauteur ,  et  qu'il 
étoit  d'une  superbe  venue.  Je  crois  donc  qu'il  doit 
être  introduit  dans  les  forets  européennes ,  et  qu'on 
devra  le  placer  de  préférence  dans  les  endroits  frais, 
analogues  à  ceux  oli  on  le  trouve  le  plus  souvent 
dans  l'Amérique  septentrionale.  Sa  réussite  sera 
certaine  dans  le  nord  de  l'Europe;  car  il  peut  sup- 
porter les  froids  les  plus  rigoureux. 

Je  ne  connois  en  France  que  deux  individus  de 


198  JUGLANS    SQUAMOSA. 

cette  espèce  de  Noyer  qui  portent  des  fruits,  l'un 
se  trouve  à  Denainvillier ,  près  Pethivier,  dans  les 
possessions  de  la  famille  de  M.  Duhamel  du  Mon- 
ceau, et  l'autre  à  S.  Germain-en-Laye,  dans  l'ancien 
jardin  de  M.  le  maréchal  de  Noailles;  mais  l'admi- 
nistration forestière  en  a  dans  ses  pépinières  plus  de 
douze  milles  plants,  qui  sont  provenus  des  envois 
faits  pendant  mon  dernier  voyage  dans  l'Amérique 
septentrionale.  On  peut  donc  regarder  dorénavant, 
la  multiplication  de  cet  arbre  utile  et  très  *  beau  , 
comme  assurée  dans  nos  forets. 

PLANCHE    VIII. 

Feuille   composée   de   cinq  folioles. 

Fig.  i  ,  noix  revêtue  de  son  brou.  Fig.  2  ,  portion  du  brou  ,  qui 
montre  sa  grande  épaisseur.  Fig.  5  ,  noix  séparée  du  brou.  Fig.  4  , 
chaton  composé  ou  divisé  en  trois  .parties  ,  caractère  commun  d  tous 
les  Noyers  Hickerys. 


K  têi* 


'Ai  ài.» 


F/.  8. 


JUGLANS    lacmiosa. 
'sM^cÀy  t^-n^r.//  /"^a^r  t::yL/cÀ€<r?y/' 


'*.'^'WV-V^'^V%.'^-V^'X.'^-V^'^i»-V%-'^'VWW'*^»'l 


JUGLANS       LACIISIOSA. 

THICK    SHELL    BARK    H  l  C  K  E  R  Y. 

JuGLANS  laciniosa  ,  foliis  majoribus  ;  folioUs  7  —  g"'\ 
ovato  -  acwninatis  ,  serratis  ,  subtomentosis  ,  impari 
petiolato.  Fructu  majore ,  ovato;  nuce  oblongà  ,  crasscî^ 
mediocriter  compressa. 

Cette  espèce,  qui  a  beaucoup  de  rapport  avec 
celle  qui  a  été  précédemment  décrite ,  est  fréquem- 
ment confondue  avec  elle,  par  les  habitans  des 
contrées  de  l'Ouest,  qui  lui  donnent  le  même  nom; 
cependant  quelques-uns  dentr'eux  la  distinguent 
par  celui  de  Thick  shell  bark  Hickerj ^  Noyer  écail- 
leux  à  coque  épaisse,  dénomination  très-appropriée, 
et  qui  doit  être  conservée.  Cet  arbre  est  assez  rare 
à  l'ouest  des  Monts-Alléghanys  9  car  il  ne  se  rencontre 
que  dans  un  petit  nombre  d'endroits ,  notamment 
sur  la  rivière  Schujlkilly  à  3o  ou  4o  milles  de  son 
embouchure,  dans  la  Delaware,  ainsi  que  dans  les 
environs  de  Springfield ,  éloignés  de  12  à  i5  milles 
de  Philadelphie ,  où  l'on  donne  à  son  fruit  le  nom  de 
Sprin^eld  nut  ^  noix  de  Springfield.  Cette  espèce 
se  retrouve  encore  dans  le  comté  de  Glocester  en  Vir- 
ginie, où  elle  porte  le  nom  de  Glocester  nut  ^  Noix 
de  Glocester.  Ces  différentes  dénominations  locales, 
tendent  à  confirmer  ce  que  j'ai  dit  plus  haut,  que 
cet  arbre  étoit  plus  rare  en-deçà  des  Monts-x^llégha- 
nys,  comme  j'ai  eu  occasion  de  m'en  assurer  dans 
le  cours  de  mes  voyages.  Il  est  au  contraire  très- 
I.  26 


200  JUGLANS     LACINIOSA. 

multiplie  dans  tous  les  bas-fonds  qui  accompagnent 
rOhio  et  les  autres  rivières  qui  viennent  s'y  rendre, 
et  il  concourt  avec  le  Gleditsia  triacanthos ,  Y  Acer 
nigruin ,  le  Celtis  crassifolia ,  le  Ju^lans  nigra  ,  le 
Cerasus  virginiana^  VUbnus  americana^  VUlmus 
fulva  ,  Y  Acer  negimdo ,  VAcer   dasjcarpuni  et  le 
Platanus  occidentalis  à   former  les  forets  épaisses 
et  ténébreuses  qui  couvrent  tous  ces  vallons.  Cette 
espèce  de  Noyer  Hickery,  s'élève  comme  le  Juglans 
squamosa ,  à  plus  de  25  mètres  (  80  pieds  ) ,   et  sa 
cime  très-élargie ,    est  aussi  supportée  par  un  tronc 
droit   et  d'une  grosseur  proportionnée   à  sa  haute 
élévation.    Son  écorce  (  épiderme  j  présente  aussi 
cette  même  disposition  singulière  qui  a  lieu  dans  le 
Juglans  squamosa.  Les  lames  les  plus  extérieures  se 
partagent  en  bandelettes  longues  de  32  à  96  centimè- 
tres (  I  à  3  pieds),  qui ,  se  recourbant  à  leurs  extrémités, 
ne  tiennent  plus  que  parleur  partie  moyenne,  finis- 
sent par  tomber,  et  sont  successivement  remplacées 
par  d'autres ,  qui  offrent  le  même  arrangement.  On 
remarque  seulement   que  dans  l'espèce  qui  fait  le 
sujet  de  cette   description  ,    les    lames   sont    plus 
étroites ,  plus  nombreuses  et  d'une  couleur  moins 
obscure  ;   ce  sont  ces   différences  qui  m'ont  déter- 
miné à  lui  donner  le  nom  spécifique  de  laciniosa. 
Les  deux  écailles  les  plus  externes  des  bourgeons, 
ne  sont  point  appliquées  exactement  sur  les  plus 
internes ,  mais  sont  écartées  comme  dans  le  Juglans 
squamosa.  Les  feuilles  suivent  aussi  la  même  marche 
dans  leur  développement.  Leur  longueur  varie  depuis 


JUGLANS     LACINIOSA.  201 

22  jusqu'à  54  centimètres  ÇS  jusqu'à  20  pouces),  elles 
ont  la  même  configuration ,  la  même  grandeur  et  la 
même  texture;  mais  elles  en  difTèrent,  en  ce  qu'elles 
sont  composées  de  six  folioles  latérales,  et  quelque- 
fois de  huit  au  lieu  de  quatre  ;  ce  dernier  nombre 
est  invariable  dans  le  Juglans  Sfjuamosa.  IjCii  iitur^ 
mâles  et  les  chatons  auxquels  elles  sont  attachées,  pré- 
sentent la  même  disposition  que  dans  cette  dernière 
espèce,  si  ce  n'est  que  ces  chatons  sont  un  peu  plus 
longs.  Les  fleurs  femelles,  peu  apparentes,  de  couleur 
verdâlre,  sont  aussi  situées  aux  extrémités  des  jeunes 
pousses  de  l'année ,  il  leur  succède  des  fruits  très- 
gros,  de  forme  ovale,  et  qui  ont  un  peu  plus  de 
6  centimètres  (2  pouces)  de  longueur,  sur  10  à  12 
(^  Si  5  p.)  de  circonférence.  Comme  ceux  du  Juglans 
squamosa^  ils  offrent  quatre  sutures  rentrantes,  qui , 
à  l'époque  de  la  complète  maturité,  se  partagent  dans 
toute  leurlongueur,pourlaisseréchapperla  noix.  Mais 
la  forme  de  celle  de  l'espèce  que  nous  décrivons,  a  une 
configuration  entièrement  différente  ;  elle  a  le  double 
de  grosseur;  elle  est  plus  longue  que  large,  et  se 
termine  à  sa  partie  supérieure  ainsi  qu'à  sa  base,, 
par  une  pointe  assez  forte.  La  coquille  est  aussi  plus 
épaisse  et  de  couleur  jaunâtre  ;  tandis  qu'elle  est 
toujours  blanche  dans  le  Juglans  squamosa  y  ce  qui 
lui  avoit  fait  donner  le  nom  spécifique  à'alba^  et 
que  j'ai  cru  devoir  changer  ,  parce  que  ce  caractère 
lui  est  commun  avec  une  autre  espèce,  dont  je  ferai 
mention  à  la  suite  de  cet  article. 

Un  apporte  tous  les  automnes  au  marché  de  Phi- 


201  JUGLAISS    LACINIOSA. 

ladelphie,  des  noix  daJuglans  laciniosa^  mais  la 
quantité  se  réduit  à  quelques  minots,  et  le  plus  sou- 
vent on  les  vend  mêlées  avec  celles  du  Juglans 
tomentosa  ,  ressemblant  assez  à  quelques  variétés  de 
cette  espèce.  Je  ne  puis  considérer  le  Glocester  Hic- 
kery,  que  comme  une  variété  du  Juglans  laciniosa^ 
car  ces  deux  arbres  ont  la  plus  grande  analogie 
entr'eux  par  leur  port,  leurs  jeunes  pousses,  le 
nombre  de  leurs  feuilles,  ainsi  que  par  les  cbatons 
qui  portent  les  fleurs  mâles  Les  noix  seules  diffèrent 
assez  essentiellement;  celles  qui  sont  produites  par 
les  Noyers  du  comté  de  Glocester  en  Virginie,  sont 
d'un  tiers  plus  volumineuses ,  et  leur  coquille ,  de 
moitié  plus  épaisse  ,  a  une  telle  dureté  ,  qu  elle  ne 
cède  qu'à  de  forts  coups  de  marteau  ;  enfin  leur 
teinte  est  la  même  que  celle  des  noix  du  Juglans 
tomentosa ,  ce  qui  pourroit  les  faire  confondre  avec 
les  plus  belles  variétés  que  produit  cette  espèce. 

Le  Juglans  laciniosa ,  comme  on  a  pu  le  voir 
par  ce  qui  a  été  dit  précédemment ,  a  beaucoup  de 
ressemblance  avec  le  Juglans  squamosa,  et  son  bois 
qui  est  de  la  même  couleur  et  de  la  même  texture, 
on  réunit  également  les  propriétés ,  outre  celles 
qui  sont  particulières  aux  Noyers  Hickerys  ;  mais 
sous  le  rapport  de  ses  fruits,  quoique  plus  gros,  il 
lui  est  inférieur.  C'est  cette  seule  considération  qui 
devra  engager  les  habitans  des  contrées  de  l'Ouest, 
lorsqu'ils  feront  de  nouveaux  défrichemens,  à  laisser 
subsister  de  préférence  le  vrai  Juglans  squaniosa 
lorsque  ces  deux  espèces  se  rencontrent  sur  le  même 


JUGLANS     LACiNIOvSA.  203 

terrein.  C'est  également  par  cette  même  considéra- 
tion ,  et  parce  que  le  Ju^lans  squamosa  vient  très- 
bien  dans  des  terreins  moins  fertiles  et  même  élevés, 
comme  je  l'ai  observé  à  peu  de  distance  de  Brow- 
n'sville,  située  sur  la  rivière  Alléghany,  que  je  pense 
qu'on  doit  l'admettre  préf'érablement  aux  autres  es- 
pèces, dans  les  forets  européennes. 

Remarq.  Parmi  les  arbres  étrangers  qui  se  trouvent 
dans  le  jardin  impérial  du  petit  Trianon ,  planté  sous 
le  règne  de  Louis  XV,  se  trouve  un  Noyer  Hickery 
qui  fructifie.  Je  l'ai  reconnu  pour  un  Noyer  écail- 
leux  à  son  feuillage  et  à  ses  fruits ,  qui  sont  en  tout 
semblables  pour  la  forme  et  la  couleur  à  ceux  du 
Ju^lans squamosa ,  si  ce  n'est  qu'ils  sont  un  peu  plus 
petits  dans  toute  leur  dimension.  Les  figures  i ,  i 
et  3  de  la  Planche  VI,  peuvent  néanmoins  en  donner 
une  idée  très  -  exacte.  Mais  cette  espèce  en  diffère 
essentiellement  par  ses  feuilles,  qui  sont  composées 
de  huit  folioles,  plus  rarement  de  six,  et  qui  sont 
attachées  sur  un  pétiole  sensiblement  velu.  Ces 
folioles  ont  d'ailleurs  la  plus  grande  ressemblance 
avec  celles  du  Juglans  laçiniosa^  dont  une  est  repré- 
sentée PI.  VII.  Je  crois  qu'on  pourroit  donner  à  cette 
espèce  la  dénomination   spécifique  à^amhi^ua. 

Il  est  probable  que  cet  arbre  provient  de  noix  qui 
furent  envoyées  de  quelque  partie  de  la  Louisiane, 
lorsque  cette  colonie  appartenoit  à  la  France. 

Ohs.  Par  la  description  que  je  viens  de  donner 
des  Noyers  à  écorce  écailleuse,    qui   comprennent 


204  JTJGLANSLÀCINIOSA. 

les  Juglans  squamosa^  Juglans  laciniosa  elju^lans 
ambigua^  on  a  vu  que  ces  arbres  ofFrent  entreux 
plusieurs  traits  de  ressemblance  assez  saillans ,  et  qui 
sembleroit  autoriser  à  en  former  une  section  secon- 
daire; car  outre  les  caractères  généraux  qui  les  ran- 
gent parmi  les  Noyers  Hickerys,  et  ceux  d'après  les- 
quels chacune  des  espèces  a  été  établie,  ils  en  ont 
d'autres  qui  leur  sont  communes ,  et  qui  les  rappro- 
chent tellement,  que  si  on  n'avoit  point  égard  à 
quelques  autres  diiFérences  notables,  on  pourroit  les 
confondre.  Ainsi  les  caractères  généraux  propres 
aux  Noyers  Hickerys,  sont  d'avoir  leurs  fleurs  mâles 
attachées  sur  des  chatons  trifides,  pendans  et  flexibles, 
et  d'offrir  dans  leur  bois  les  mêmes  propriétés  phy- 
siques. A  ces  caractères,  les  Noyers  écailleux  réunis- 
sent toujours  les  suivans,  qui  sont,  d'avoir:  i».  le 
brou  qui  renferme  la  noix,  très-épais,  lequel  se  par- 
tage complètement  en  quatre  parties  à  l'époque  de 
la  maturité  ;  2°.  le  tronc  couvert  d'une  écorce  écail- 
leuse  (^indiquée ,  suivant  moi ,  par  les  deux  écailles 
les  plus  externes  des  bourgeons  qui  ne  sont  pas  appli- 
quées immédiatementsur  celles  de  dessous]  ;  3°.  enfin 
leurs  feuilles  composées  de  folioles  qui  sont  toujours 
très-grandes ,  et  qui  ont  la  même  forme  et  la  même 
texture.  Si  on  compare  ensuite  ces  espèces  les  unes 
avec  les  autres,  on  trouvera  par  exemple  que  les 
Ju^lans  squainosa  et  le  Ju^lans  anibigua^  diffèrent 
essentiellement  et  d'une  manière  constante  par  le 
nombre  des  folioles  qui  composent  les  feuilles  ; 
ainsi  il  ny  en  a  jamais  plus  de  cinq  dans  cette  pre- 


JUGLANS     LACINIOSA.  2o5 

inière  espèce ,  tandis  qu'il  y  en  a  toujours  neufdixns  la 
seconde.  Mais  d'une  autre  part,  les  fruits  et  les  noix 
de  l'une  et  de  l'autre  ont  une  telle  ressemblance , 
qu'on  croiroit  qu'ils  sont  produits  par  le  même  arbre; 
car  leurs  fruits  sont  également  ronds,  à  suture  ren- 
trante ,  et  les  noix  sont  de  même  comprimées  et 
très-blanches.  Enfin,  si  d'après  un  examen  plus  appro- 
fondi, on  vient  à  reconnoitre  le  Glocester  Ilickery, 
comme  une  espèce  différente  du  Juglans  laciniosa  y 
on  remarquera  qu'ils  se  ressemblent  parleurs  i'euilles, 
composées  de  sept  folioles,  et  quelquefois  de  neuf^ 
par  un  excès  de  force  végétative;  mais  qu'ils  diffèrent 
assez  sensiblement  par  leurs  fruits.  Dans  le  Juglans 
laciniosa^  ils  sont  toujours  oblongs  ,  et  renferment 
une  noix  comprimée  comme  celle  du  Juglans  sr/iia- 
mosa,  mais  deux  fois  plus  grosses  et  de  couleur  jau- 
nâtre, tandis  que  les  fruits  de  l'Hickery  de  Glocester 
sont  orbiculaires,  très-volumineux,  et  contiennent 
une  noix  très-grosse,  presque  arrondie,  d'un  gris- 
blanc,  et  dont  la  coquille  a  plus  de  deux  lignes 
d'épaisseur,  ce  qui  la  rend  d'une  dureté  extrême. 
J'observerai  enfin,  que  ces  espèces  et  cette  variété  de 
Noyers  écailleux,  se  trouvent  dans  des  contrées  fort 
distantes  les  unes  des  autres,  ou  du  moins  que  cha- 
cune d'elle  y  abonde  en  beaucoup  plus  grande  pro- 
portion. 

PLANCHE    VIII. 

Feuilles.   Fig.  i  ,  portion  du  brou.   Fig.  2  ,  Jioix. 


JUGLANS  poRciNA. 

THE    PIG   NUT,    HICKERY. 

JuGLANS  porcina ,  foliolis  5 — 7"",  ovato  acuminatis  ^  ser- 
ratis ,  glabris,  Amentis  masculis  compositis,  filiformis  , 
glahris  :  fructu  pyrifornii  vel  globoso  ;  nuce  minîmâ 
lœvi ,  durissimâ. 

Cette  espèce  de  Noyer  Hickery  est  générale- 
ment connue  dans  les  Etats-Unis,  sous  les  difFérens 
noms  de  Pig  nul  et  de  Hog  nul  ^  Noyer  à  cochon  5 
quelquefois  encore  sous  celui  de  Brooni  Hickery^ 
Hickery  à  balais.  La  première  de  ces  dénominations 
étant  la  plus  en  usage,  je  l'ai  conservée;  car  les 
deux  autres  ne  le  sont  que  dans  quelques  cantons 
de  la  Pensylvanie ,  et  notamment  dans  le  comté  de 
Lancaster.  Vers  le  nord,  on  peut  considérer  les  envi- 
rons de  Portsmouth  dans  le  New-Hampshire ,  comme 
très -rapprochés  de  l'endroit  où  commence  à  paroitre 
le  Juglans  porcina  -,  mais  un  peu  plus  au  sud,  il  est 
déjà  fort  commun ,  et  dans  la  partie  atlantique  des 
Etats  du  milieu ,  il  concourt  à  former  la  masse  des  fo- 
rêts avec  le  Juglans  tomentosa^  le  Quercus  aïba^  le 
Quercus  discolor^  le  Liquidamhar  styraciflua^  le 
Tulipier  et  le  Cornus  Jlorida.  Dans  les  Etats  méri- 
dionaux et  surtout  dans  la  partie  maritime ,  il  est 
moins  répandu  dans  les  bois,  où  on  ne  le  trouve  que 
sur  le  bord  des  marais ,  ou  même  dans  ceux  qui 
ne  sont  pas  d'une  nature  entièrement  bourbeuse  et 


/Y< 


^uffv'i-  ■ 


£&r^a  del  • 


JUGLANS    porciua. 


208  JUGLANS     PORCIN  A. 

longueur  :  les  écailles  les  plus  internes  sont  les  plus 
grandes  et  de  couleur  rougeàtre,  et  elles  ne  tombent 
que  lorsque  les  feuilles  ont  déjà  12  à  i3  centimètres 
(5  à  6  pouces)  de  longueur.  Dansle  Juglans porcina ^ 
les  feuilles  sont  aussi  composées,  et  elles  varient,  soit 
pour  la  grandeur,  soit  pour  le  nombre  des  folioles, 
suivant  que  les  arbres  croissent  dans  un  sol  plus  frais 
et  plus  fertile;  dans  ce  cas»  elles  ont  près  de  48  cen- 
timètres (18  pouces  j,  et  leur  nombre  complet  de 
folioles  est  de  sîjr  ^  plus  une  impaire;  tandis  que 
dans  les  cas  contraire  ,  elles  n'en  ont  que  quatre 
avec  l'impaire.  Ces  folioles  longues  d'environ  10  à 
1 2  centimètres  (  4  ^  ^  pouces) ,  de  forme  lancéolato- 
acuminée,  dentées  dans  leur  contour,  et  presque 
sessiles,  sont  glabres  en  dessus  et  en  dessous.  Dans 
les  arbres  vigoureux  et  qui  croissent  dans  des  en- 
droits ombragés,  le  pétiole  auquel  elles  sont  atta- 
chées,  est  de  couleur  violacée. 

Les  chatons  qui  portent  les  fleurs  mâles,  sont 
glabres,  fdiformes  et  pendans  :  leur  longeur  est 
d'environ  8  centimètres  (^  1  pouces),  et  ils  offrent 
du  reste,  la  même  disposition  que  dans  les  autres 
espèces  d'Hickery.  Les  fleurs  femelles,  verdàtres  et 
peu  apparentes ,  sont  situées  à  l'extrémité  des  jeunes 
pousses.  Il  leur  succède  des  fruits  qui  sont  aussi 
souvent  réunis  deux  à  deux ,  que  séparés.  Le  brou 
qui  enveloppe  la  noix  est  d'un  beau  vert,  assez 
mince,  et  à  l'époque  de  la  maturité  il  se  partage 
inégalement,  jusque  dans  la  moitié  de  sa  longueur, 
pour  laisser  échapper  la  noix.  Celle-ci  qui  est  fort 


JUGLANSPORCIRA.  2O9 

petite,  lisse  et  d'une  grande  dureté,  à  cause  de 
l'épaisseur  de  la  coquille,  renferme  une  amande 
douce  ,  mais  peu  fournie  et  très  -  difficile  à  ex- 
traire,  à  cause  des  cloisons  fortes  et  ligneuses  qui 
la  partagent.  Ces  noix  ne  sont  jamais  porlées  au 
marché  et  elles  deviennent  la  pâture  des  cochons, 
des  racoons,  et  des  nombreuses  espèces  d'écureuils 
qui  peuplent  les  forets  de  ces  contrées. 

Dans  le  Ju^lans  porcina^  la  grosseur  et  la  forme 
des  noix  varient  beaucoup  plus  que  dans  les  autres 
Hickerys.  Quelques-unes  sont  ovales,  et  lorsqu'elles 
sont   couvertes   de   leur  brou  ,    elles    ressemblent 
assez  à  une  jeune  figue.  D'autres  sont  plus  larges  que 
longues,  oli  même  tout-à-fait  rondes.   Parmi  celles 
qui  présentent  ces  diverses  formes,  ou  qui  ea  dé- 
vient plus  ou  moins ,  il  s'en  trouve  qui  sont  grosses 
comme  le  pouce,  tandis  que  d'autres  ne  le  sont  pas 
plus  que  l'extrémité  du  petit  doigt.  Cependant  quoi- 
que le  même  arbre  donne  tous  les  ans  des  noix  qui 
offrent  la  même  forme  ,   je  ne  puis  les  considérer 
que  comme  des  variétés,  et  cela,   d'après  l'examea 
attentif  des  jeunes  pousses,    des  bourgeons  et  des 
chatons.  Dans  la  nouvelle  édition  du  Species  plan- 
tarum,  publiée  parWildenow,  on  a  décrit,  comme 
deux  espèces  différentes,  les  deux  variétés  les  plus 
notables.   Celle  à  fruit  oblong  a  été  désignée  sous 
le  nom   de  Juglans  ^lahra  ,  et  celle  à  fruit  rond 
dont  le  brou  est  un  peu  raboteux  ,    sous  celui  de 
Ju^lans  ohcordatay    dinstinctions  que  je  ne   puis 
admettre,  malgré  toute  la  déférence  que  je  dois  aux 


210  JUGLANS    PORCINA. 

connoissances  botaniques  de  M%  le  Rëv^.  docteur 
Muhlemberg,  qui  partage  cette  opinion . 

Le  bois  du  Ju^lans  porcina  ^  est  semblable  pour 
la  couleur  de  l'aubier  et  du  cœur  à  celui  des  autres 
Hickerys  ;  il  en  possède  également  tous  les  avaur 
tages  et  tous  les  défauts.  Cependant  j'ai  vu  dans 
les  campagnes  plusieurs  charrons  qui  lui  trouvoient 
plus  de  force  et  de  ténacité,  et  qui,  pour  cette  raison, 
le  préféroient  aux  autres  espèces,  pour  en  faire  les 
essieux  des  voitures  et  les  manches  de  coignées. 
D'après  ces  considérations,  je  pense  que  le  Jw^/awj 
porcina  mérite  d'être  introduit  dans  les  forets  euro- 
péennes, où  sa  réussite  peut  à  Tavenir  être  regardée 
comme  certaine. 

PLANCHE    IX. 

Rameau  avec  ses  feuilles  réduites  des  trois-quarts  de  la  grandeur 
naturelle» 

Fig.  1  y  noix  revêtue  de  son  brou,  (  Variété  à  J'arme  oblongue,  ) 
Fig.  2  ,  noia:  séparée  du  brou.  Fig»  5  ,  noix  revêtue  de  son  brou. 
(  Variété  à  forme  plus  large  que  longue.  )  Fig.  4  ,  noix  séparée 
du  brou. 


m%é 


JieKi'j'ti  aei  ■ 


A'ArUt  JCU^' 


JIJGLANS    mvrLsticaetornus 

■2 


jâià^i-eay  ^.:^éJ/te-r^  Q-yX/i/^ 


JUGLANS     MYIUSTICJEFORMIS, 

THE'   NUTMEG     HICKEHV    N  U  T. 

JuGLANS  myrîsticœfoTmis y  foliis  quinis  ;  follolia  ovato- 
acuminatis  ^  serratis  ^  glabrls.  Fructu  ovato  ^  scabrius- 
culo ,  nuce  viinimà ,  durissimà. 

Cette  espèce  de  Noyer  Hickcry,  qui  est  particu- 
lière aux  Etats  méridionaux,  n'a  reçu  jusqu'à  pré- 
sent deshabitans  aucune  dénomination  particulière. 
Le  nom  de  Nutmeg  Hickerj ^  Hickery  muscade, 
que  je  lui  ai  donné,  m'a  paru  assez  convenable, 
d'après  la  ressemblance  qu'ont  les  noix  qu'il  pro- 
duit, avec  celle  d'une  muscade 

Je  n'ai  pas  personnellement  trouvé  cet  arbre  dans 
les  forets  de  ces  contrées,  ce  qui  me  fait  présumer 
qu'il  y  est  peu  multiplié.  Il  est  vrai  que  pendant  le 
plus  long  séjour  que  j'ai  fait  dans  cette  partie  des 
Etats-Unis ,  je  ne  pensois  pas  à  publier  l'ouvrage 
dont  je  m'occupe  en  ce  moment  ,  et  que  je  ne 
me  livrois  pas  à  cette  époque,  avec  autant  de  per- 
sévérance et  d'activité  au  genre  particulier  de  recher- 
ches qui  depuis  y  ont  donné  lieu.  Je  ne  connois 
d«rnc  le  Jiiglans  nijristicœformis  ,  que  par  un  ra- 
meau et  une  trentaine  de  noix  qui  me  furent  donnés 
à  Charleston,  dans  l'automne  de  1802,  par  le  nègre 
jardinier  de  M.  H.  Izad,  qui  les  ramassa  dans  un 
marais  attenant  l'habitation  de  son  maître ,  dite 
The  Elms  ^  et  qui  est  située  dans  la  paroisse  de  Goose 


212  JUGLÀNS     MYRISTIG-îiFO  RMIS. 

Creek.  C'est  donc  seulement  d'après  l'inspection 
des  rameaux  et  des  noix,  que  j'ai  jugé  qu'elles  appar- 
lenoient  à  la  section  des  Noyers  flickerys,  et  que 
je  l'ai  décrite  comme  telle.  En  effet  ses  feuilles  qui 
sont  composées  de  quatre  folioles,  plus  une  impaire, 
sont  également  disposées.  Je  remarquai  encore  que 
les  pousses  de  l'année  précédente,  étoient  flexibles 
et  coriacées. 

Les  noix  renfermées  dans  un  brou  mince  et  lésè- 
rement  inégal  à  sa  surface,  sont  fort  petites,  lisses, 
de  couleur  brune  ,  et  parsemées  de  lignes  blan- 
châtres. La  coquille  est  tellement  épaisse,  qu'elle 
compose  plus  des  deux  tiers  de  leur  grosseur  j  aussi 
ces  noix  sont  elles  d'une  dureté  extrême,  et  ne  con- 
tiennent qu'une  amande  fort  petite  ;  enfin  elles  sont 
encore  inférieures  à  celles  du  Juglans  porcina. 

Je  ne  doute  pas  que  le  Jii^laus  mjristicœfomiis^ 
ne  soit  plus  commun  dans  la  Basse-Louisiane;  ce 
sera  donc  aux  personnes  qui  s'occuperont  de  recher- 
ches analogues  à  celles  que  j'ai  faites  dans  les  Etats- 
Atlantiques  et  dans  ceux  de  l'Ouest,  à  étudier  cet 
arbre  sous  des  rapports  plus  étendus  que  je  n'ai 
pu  le  faire,  et  à  compléter  par  suite  la  description 
bornée  que  je  viens  de  donner. 

PLANCHE    X. 

Rameau  avec  des  noix  revêtues  de   leur  brou. 
Fig.  ,   noix  séparée  du  brou. 


RESUME 

DES    PIIOPUIÉTÉS    ET    l'eMPLOI    DATSS    LES    ARTS    DES    IIOIS    DES 
NOYERS    IIICRERYS. 

Dans  la  courte  introduction  qui  a  précède  la 
description  que  je  viens  de  donner  des  Noyers  de 
TAmerique  septentrionale,  j'ai  fait  remarquer  que 
ceux  quiappartenoientà  la  deuxième  section,  etoient 
susceptibles  de  varier  beaucoup,  soit  en  raison  de 
là  nature  du  sol,  plus  sec  ou  plus  humide,  soit  par 
la  grosseur  et  la  l'orme  de  leur  fruit,  soit  par  le 
nombre  des  folioles  qui  composent  les  feuilles  : 
d'où  il  rësultoit  souvent  un  tel  rapprochement 
entr'eux,  que  des  personnes  peu  exercées  pouvoient 
les  confondre  ,  et  considérer  comme  des  espèces 
distinctes,  ce  qui  nétoit  que  de  simples  variétés. 
On  observe  encore,  que  si  on  enlève  1  epiderme  ou 
la  partie  morte  de  1  ecorce  de  tous  les  Noyers  Hic- 
kerys,  on  trouvera  que  celle  de  toutes  les  espèces 
ont  la  même  organisation.  Dans  lès  autres  arbres, 
la  partie  fibreuse  et  la  substance  nécessaire  sont 
ordinairement  mêlées;  ici,  au  contraire,  elles  sont 
séparées  ;  la  première  représente  des  losanges  très-ré- 
gulières. Ces  losanges  sont  plus  petites  dans  les  jeunes 
arbres  que  dans  ceux  d'un  plus  grand  diamètre. 
Cette  disposition  particulière  et  très-remarquable, 
offre  de  très-beaux  effets,  et  on  en  tireroit  un  grand 
parti  pourrébénisterie,si  ces  écorces,  comme  celles 
des  autres  arbres,  n'étoientpas  sujettes  à  se  tourmen- 


2l4  BÉSUMÉ 

ter.  Elles  pourront  néanmoins  fournir  un  sujet  inté- 
ressant d'observation  pour  l'étude  de  la  physiologie 
végétale.  Cette  analogie  singulière  existe  également 
dans  leur  bois,  et  elle  est  si  frappante,  que  lors- 
qu'ils sont  privés  de  leur  écorce,  on  ne  voit  aucune 
différence,  soit  dans  la  texture  du  grain ,  qui  dans 
tous  est  grossière  et  peu  serrée,  soit  dans  la  couleur 
du  cœur  qui  est  rougeâtre.  A  ces  propriétés  apparen- 
tes, s'en  trouvent  jointes  d'autres  très-remarquables, 
qui,  quoique  modifiées  selon  les  espèces,  sont  réu- 
nies ,  dans  les  unes  et  dans  les  autres,  à  un  plus  haut 
degré,  que  dans  aucun  autre  arbre  connu  sous  les 
mêmes  latitudes,  soit  en  Amérique,  soit  en  Europe. 
Ces  propriétés  sont  une  extrême  pesanteur,  une  très* 
grande  force,  beaucoup  de  ténacité,  et  la  même 
disposition  à  pourrir  très-promptement ,  lorsqu'ils 
sont  exposés  aux  alternatives  de  la  chaleur  et  de 
l'humidité  ;  enfin  à  être  aussi  fort  aisément  attaqués 
par  les  vers.  C'est  donc  d'après  ces  avantages  et  ses 
défauts  très  -  marqués ,  connus  à  toutes  les  espèces 
d'Hickerys ,  et  constatés  par  l'expérience ,  que  les 
usages  de  leur  bois  paroissent  actuellement  bien 
déterminés,  de  sorte  que  dans  l'emploi  qu'on  en  fait 
dans  les  arts,  on  n'a  point  égard  aux  espèces  dont 
il  est  tiré. 

Dans  aucune  partie  des  Etats-Unis,  le  bois  des 
Noyers  Hickerys  n'est  employé  dans  la  bâtisse  des 
maisons,  parce  que,  comme  je  l'ai  dit  précédemment, 
il  est  trop  pesant,  et  sujet  à  être  attaqué  par  les 
vers;   mais  si  ces  défauts  essentiels  s'opposent  à  son 


SUR    LES    NOYERS.  2l5 

emploi  dans  les  constructions  civiles,  les  qualités 
quil  possède  d'une  autre  part,  le  rendent  propre 
à  beaucoup  d'usages,  pour  lesquels,  malgré  leur 
moindre  importance,  il  ne  pourroit  être  remplacé 
aussi  avantageusement.  Ainsi  dans  tous  les  Etats  du 
milieu,  on  s'en  sert  pour  faire  les  essieux  des  voi- 
tures, les  manches  de  coignées  et  des  autres  outils 
de  charpentier;  les  grosses  vis,  et  surtout  celles 
des  presses  de  relieurs.  Les  dents  d'engrenage  des 
roues  de  beaucoup  de  moulins  à  farine,  sont  faites 
en  cœur  d'Hickery  bien  sec;  mais  on  ne  les  adapte 
qu'à  celles  de  ces  roues  qui  ne  sont  point  exposées 
à  être  mouillées  ;  c'est  même  pour  cette  raison 
que  quelques  charpentiers  employent  d'autre  bois. 
Les  bâtons  qui  forment  le  dos  des  chaises,  dites 
de  Windsor,  les  manches  des  fouets  de  carrosse 
les  baguettes  de  fusil,  les  dents  de  râteaux  à  foin 
les  fléaux  à  battre  les  grains,  les  bows ,  pièces  cir- 
culaires pour  maintenir  le  joug  sur  le  col  des  bœufs 
les  anses  des  seaux,  tous  les  balais  communs,  sont 
autant  d'objets  qui  sont  toujours  faits  en  bois  d'Hic- 
kery. A  Baltimore,  on  en  fait  encore  le  tour  des 
tamis,  et  on  le  préfère  au  Chêne  blanc,  qui  est  aussi 
élastique ,  mais  plus  susceptible  de  s'effiler  et  de 
tomber  en  parcelles  dans  les  substances  qu  on  tamise. 
Dans  les  campagnes  qui  avoisinent  Augusta  en  Géor- 
gie, j'ai  remarqué  que  le  bois  des  chaises  communes 
étoit  aussi  en  Hickery  :  dans  le  New-Jersey,  on 
s'en  sert  aussi  pour  doubler  les  traîneaux  ordinaires  ; 
mais  pour  qu'il  convienne  bien  à  cet  usage,  il  faut 
I.  28 


Î2l6  RÉSUMÉ 

qu'il  soit  coupé  long-temps  d'avance,  afin  de  n'être 
mis  en  œuvre  que  lorsqu'il  est  très-sec. 

De  toutes  les  nombreuses  espèces  d'arbres  qui 
composent  les  forets  américaines  situées  à  l'est  du 
Mississipi,  les  Noyers  Hickerys  sont  les  seuls  qui 
se  soient  trouvés  parfaitement  convenir  pour  faire 
les  cercles  à  tonneaux  et  à  barriques,  ainsi  que,  ceux 
qu'on  emploie  à  donner  de  la  solidité  aux  caisses 
destinées  à  contenir  des  marchandises  ;  pour  ce  seul 
usage,  il  s'en  consomme  une  très-grande  quantité, 
laquelle  est  encore  augmentée  par  ce  qui  est  ex- 
porté pour  le  même  objet  aux  colonies  des  Indes 
occidentales.  Ces  cercles  sont  faits  de  jeunes  Hic- 
kerys, de  2  à  4  mètres  (  6  à  12  pieds  )  de  hauteur , 
que  les  paysans  coupent  dans  les  bois,  sans  distinc- 
tion d'espèces,  toutes  y  étant  également  convenables. 
Les  plus  grands  se  vendoient  à  Philadelphie  et  à 
New-York,  au  mois  de  février  1808,  de  i5  à  16 
francs  le  cent.  Ces  brins  fendus  en  deux,  ne  sont 
pas,  comme  les  cercles  du  chàtaigner,  assujettis  sur 
les  barriques  avec  de  l'osier,  mais  seulement  croisés 
et  maintenus  par  des  entailles;  ce  qui  paroit  suffire 
en  raison  de  la  force  du  bois. 

Si  l'on  considère  que  la  plus  grande  partie  des 
productions  des  Etats-Unis ,  telles  que  les  farines,  les 
salaisons,  etc.,  sont  mises  dans  des  barriques,  et 
exportées  de  cette  manière  chez  l'étranger,  on  jugera 
combien  doit  être  considérable  la  quantité  de  cer- 
cles nécessaires  à  leur  confection  ;  aussi  les  jeunes 
arbres  qui  conviennent  à  cet  usage,  commencent- 


s  U  R     L  E  s    N  O  Y  E  R  s.  Oi,in 

ils  à  devenir  très-rares  dans  tous  les  bois  qui  avoisi- 
nent  les  endroits  un  peu  anciennement  habités.  Ce 
qui  augmente  encore  beaucoup  leur  rareté,  c'est 
qu'une  fois  coupés,  il  ne  rçpoussent  pas  du  pied, 
et  que  d'ailleurs  leur  végétation  est  très-lente.  Les 
tonneliers  ne  peuvent  pas  non  plus  faire  des  pro- 
visions très-considérables  de  brins  d'fJickery;  car 
s'ils  ne  sont  pas  employés  dans  le  courant  de  l'année 
qu'ils  ont  été  coupés,  et  souvent  même  dans  les.fijr 
premiers  mois,  ils  sont  attaqués  par  deux  insectes 
différens,  et  surtout  par  une  espèce  dont  la  larve 
les  ronge  intérieurement,  et  qui  fait  le  plus  de  dé- 
gâts; c'est  ce  qui  m'a  engagé  à  la  figurer  dans  la  plan- 
che qui  représente  le  Jwg^/«/2j  tomentosa^  parce  que 
j'ai  remarqué,  qu'il  en  étoit  de  préférence  attaqué. 

Les  défauts  qui  font  que  l'Hickery  n'est  point 
employé  dans  la  bâtisse  des  maisons,  s'opposent 
également  à  ce  qu'il  le  soit  dans  les  constructions 
maritimes  ;  cependant  on  s'est  servi  autrefois  acci- 
dentellement à  Philadelphie  et  à  New- York  du  Ju- 
^lans  squamosa  et  du  Ju^lans  porcina  pour  en 
faire  la  quille  des  vaisseaux,  dont  la  durée  étoit 
la  même  que  si  elle  eût  été  d'un  autre  bois,  attendu 
que  cette  partie  du  navire  reste  continuellement 
submergée.  De  ces  deux  espèces,  le  Jugians  porcina 
est  préférable,  comme  moins  sujet  à  se  fendre;  mais 
on  en  fait  peu  d'usage,  parce  qu'il  est  assez  rare 
quil  puisse  fournir  des  pièces  d'une  aussi  grande 
dimension  que  la  première  espèce.  ; 

x\  bord  de  tous  les  petits  bàtimens,   tels  que  les 


2l8  RÉSUMÉ 

bateaux  et  les  goélettes ,   les   cerceaux  destinés   à 
maintenir  les  voiles  sur  les  mâts  sont  toujours  en 
Hickery.    Quelques   personnes  m'ont   aussi  assuré 
qu'on  en  avoit  fait  de  bonnes  chevilles  pour  attacher 
les  cordages  ;  qu'elles  avoient  sur  celles  de  Frêne  l'a- 
vantage d'être  plus  fortes,  et  qu'elles  étoient  tout  aussi 
durables,  pourvu  qu'elles  fussent  tenues  lâches  dans 
les  trous,  car  sans  cette  précaution,  elles  ne  pour- 
roient  sécher  promptement ,  et  pourriroient  très-vite. 
Mais  c'est  surtout  pour  barres  de  cabestan ,  à  cause  de 
sa]  très-grande  force  ,   que  l'Hickery  est  fort  estimé  ; 
aussi  s'en  sert-on  pour  cet  usage  à  bord  de  tous  les 
vaisseaux,    et   il  s'en  exporte  pour  le  même  objet 
en  Angleterre,  où  ces  barres  se  vendent  5o  pour  loo 
de  plus  que  celles  qui  sont  en  Frêne,  et  qu'on  y 
importe  également  du  nord  des  Etats-Unis.  Quoique 
toutes  les  espèces  d'Hickerys  soient  indifféremment 
coupées  pour  cet  usage,  je  pense  que  celles  qui  sont 
en  jeune  Juglans porcina  ^  sont  les  meilleures. 

Doués  d'une  grande  pesanteur,  tous  les  bois  des 
Noyers  Hickerys  paroissent  contenir  sous  un  petit 
volume ,  une  masse  considérable  de  matières  com- 
bustibles, car  en  brûlant  ,  ils  donnent  beaucoup 
de  chaleur,  et  laissent  après  eux  un  charbon  lourd, 
compacte  et  qui  subsiste  long-temps  allumé  :  sous 
ce  rapport ,  il  n'existe  pas  sous  les  mêmes  latitu- 
des, soit  en  Amérique,  soit  en  Europe,  aucun  arbre 
qui  puisse  lui  être  comparé  ;  c'est  du  moins  l'opi- 
nion unanime  de  tous  les  Européens  qui  ont  sé- 
journé dans  les  Etats  -  Unis.  A  New-York  ,  à  Phila- 


s  U  K    L  E  s    N  O  Y  1.  R  s.  2  I Q 

delphie  et  à  Baltimore  ,  toutes  les  personnes  un  peu 
aisées  ne  brûlent  que  de  l'Hickery,  et  quoiqu'il  se 
vende  cinquante  pour  cent  plus  cher  que  le  Chêne, 
on  trouve  encore  de  l'avantage  à  s'en  servir.  Il  se 
vendoit  à  New-York,  le  9.0  octobre  1807,  l'ï  dol- 
lars Ç  78  francs  j  la  corde ,  et  le  bois  de  Chêne  , 
10  dollars  (^Safranes).  Cette  qualité  supérieure 
reconnue  depuis  long-temps  à  l'IIickery,  le  fait  tou- 
jours mettre  en  vente  séparément.  A  New-York,  j'ai 
observé  que  le  Juglans  squaniosa  dominoit  sur  les 
autres  espèces,  tandis  qu'à  Philadelphie  et  à  Balti- 
more, c'étoit  au  contraire  le  Ju^lans  tomentosa; 
mais  dans  cette  dernière  ville,  on  ne  voit  pas  de 
Ju^lans  squaniosa^  toujours  facile  à  reconnoitre  à 
son  écorce  écailleuse. 

La  quantité  plus  ou  moins  grande  des  différentes 
espèces  de  bois  Hickery  ,  qu'on  apporte  dans  les 
grandes  villes  pour  leur  consommation,  est  unique- 
ment relative  à  la  température  du  climat ,  et  à  la 
nature  du  sol  qui  convient  le  mieux  à  chacune  d'elles, 
et  non  à  l'opinion  que  les  habitans  auroient  pu  se 
former  sur  leur  degré  respectif  de  bonté,  bien  que 
l'expérience  ait  appris  que  le  bois  du  Juglans  to- 
mentosa  étoit  le  meilleur,  et  celui  du  Juglans  amara 
le  moins  bon;  mais  cette  différence  est  assez  peu 
sensible ,  pour  que  généralement  on  n'y  ait  point 
égard  ,  lorsqu'on  fait  sa  provision.  Comme  combus- 
tible, l'Hickery  a  cependant  un  léger  inconvénient, 
c'est  de  craquer  en  brûlant  comme  le  châtaignier, 
et  d'envoyer  au  loin  des  éclats  enflammés;  c'est  pour 


220  RESUME 

cette  raison  que  dans  beaucoup  de  maisons  on  fait 
usage  de  garde-feux  ;  précaution  très-sage  ,  dans 
un  pays  où  tous  les  planchers  des  édifices  sont  en 
bois. 

Parmi  les  usages  variés  auxquels  j'ai  dit  que  le 
bois  des  Noyers  Hickerys  étoit  employé  dans  les  Etats- 
Unis,  il  en  est  deux  qui ,  réunis  à  la  lenteur  de  leur 
croissance ,  doivent  principalement  accélérer  la  des- 
truction de  ces  arbres,  savoir  ,  la  coupe  des  jeunes 
brins  destinés  à  faire  des  cercles,  et  celle  des  arbres 
à  haute  tige  pour  le  bois  de  chauffage.  Ces  consi- 
dérations, indépendamment  d'une  infinité  d'autres 
causes  concomitantes  qui  tendent  toutes  à  la  rapide 
destruction  des  forets  de  cette  partie  du  Nouveau- 
Monde,  me  font  croire  qu'avant  cinquante  ans  ,  elles 
ne  pourront  fournir  la  dixième  partie  des  cercles  né- 
cessaires aux  besoins  du  commerce  :  ces  motifs  sont 
assez  puissans,  pour  engager  les  personnes  qui,  dans 
ce  pays ,  ont  le  bon  esprit  de  conserver  leur  bois  et  qui 
désirent  d'en  augmenter  la  valeur ,  à  y  multiplier  les 
espèces  les  plus  précieuses,  et  notamment  les  Noyer§ 
Hickerys.  Elles  parviendront  aisément  à  ce  but,  en 
faisant  enterrer  chaque  printemps  des  noix  qu'elles 
auroient  préalablement  fait  germer  dans  des  caisses 
remplies  de  terre,  conservées  dans  la  cave,  et  main- 
tenues à  l'état  de  fraîcheur;  par  ce  moyen  très-simple, 
la  réussite  en  seroit  assurée.  Je  pense  même,  qu'il  se- 
roit  avantageux  d'en  planter  une  plus  grande  quantité 
que  l'espace  du  terrein  ne  sembleroit  le  comporter; 
car   lorsque  les  jeunes  arbres  auroient  acquis  près 


s  U  II    L  E  s    >  O  Y  E  K  s.  :i'2l 

d'un  pouce  de  diamètre,  on  en  couperoit  une  partie 
pour  faire  des  cercles,  et  le  surplus  donneroit  du 
bois  de  chauffage,  ou  serviroit  aux  divers  usages  aux- 
quels le  bois  de  ces  sortes  de  Noyers  est  le  plus 
propre. 

On  a  dû  voir  par  ce  qui  a  été  dit  précédemment, 
que  si  le  bois  de  tous  les  Noyers  Ilickerys  a  des  défauts 
essentiels,  il  a  aussi  des  propriétés  fort  remarquables 
qui  les  compensent,  et  qui  le  font  rechercher  dans 
les  arts.  Je  pense  donc  que  ces  arbres  méritent  fat- 
tention  des  Européens  ,  surtout  comme  pouvant 
fournir  un  excellent  combustible  ;  et  quoique  leur 
croissance  soit  très-lente  dans  les  premières  années, 
il  conviendroit  néanmoins  de  les  faire  entrer  dans 
la  composition  de  nos  forets  ;  mais  je  doute  qu'on 
puisse  jamais  y  parvenir,  si  on  enterre  dans  les  bois 
les  noix  elles-mêmes  ,  car  cet  arbre  même  très-jeune, 
ne  souffre  que  difficilement  la  transplantation,  l'expé- 
rience ayant  appris  que  quoique  dans  les  quatre 
premières  années,  les  jeunes  brins  aient  à  peine 
acquis  6  millimètres  (3  lignes)  de  diamètre,  sur 
34  centimètres  (18  pouces)  de  hauteur,  si  on  cherche 
à  les  déraciner,  on  trouve  qu'ils  ont  déjà  des  pivots 
de  I  mètre  (3  pieds)  de  longueur,  sans  le  moindre 
chevelu;  c'est  ce  qui  fait  que  de  plus  cent  mille 
jeunes  plants,  qui  sont  provenus  d'une  grande  quan- 
tité de  noix  que  j'ai  envoyées  en  France  pendant  mes 
différens  voyages  en  Amérique,  on  ne  voit  presque 
nulle  part  de  ces  Noyers,  parce  que  tous  ces  plants 
périssent  ou  languissent  lorsqu'on  les  transplante 


2  22         RÉSUME  SUR  LES  NOYERS. 

des  pépinières  dans  des  endroits  plus  espacés,  d'où 
ils  doivent  une  seconde  fois  être  enlevés  pour  être 
mis  en  place.  Le  Noyer  noir  et  le  Noyer  cathartique, 
au  contraire,  dont  la  végétation  est  très-accélérée, 
qui  ne  pivotent  que  très-peu ,  et  dont  les  racines 
se  garnissent  abondamment  de  chevelu,  reprennent 
facilement  à  la  transplantation ,  même  lorsqu'ils  ont 
atteint  2  à  3  mètres  (6  à  9  pieds)  de  hauteur.  Je 
terminerai  ce  résumé  des  propriétés  des  Noyers  Hic- 
kerys,  par  recommander  plus  particulièrement  l'in- 
troduction dans  les  forets  européennes  du  Ju^lans 
squamosa  et  du  Juglans  porcina  ,  et  c'est  parmi 
toutes  les  espèces  que  j'ai  fait  connoitre,  celles  qui, 
sous  le  rapport  de  leur  bois,  réunissent  à  mon  avis 
au  plus  haut  degré  tous  les  avantages. 

Je  crois  également  que  le  Juglans  olivceformis  ^ 
mérite  l'attention  des  amateurs  de  cultures  utiles, 
non  pas  à  cause  de  son  bois,  mais  parce  que  ses  noix 
sont  fort  bonnes,  qu'elles  sont  plus  délicates  que 
celles  d'Europe,  et  qu'elles  peuvent  doubler  de  gros- 
seur, surtout  si  on  parvient  à  les  greffer  avec  succès 
sur  le  Noyer  noir  ou  le  Noyer  commun  ;  tentative 
qui  devroit  aussi  être  faite  dans  les  Etats-Unis. 


*'V*'»(^'VAC*^^^<'^ 


TABLE. 


Intbodcction 

Tableau  indicatif  des  espèces  d'arbres  qui  seronl  décrites. 

Disposition  méthodique  des   Pins   et  Sapins 

JPinus  rubra   . 
Pinus  rupestris. 
Pinus  mitis.    . 
Pinus  inops.  . 
Pinus  pungens. 
Pinus  australis. 
Pinus  serotina. 
Pinus  rigida  . 
Pinus  (céda.    . 
Pinus  strobus. 
Abies  nigra.  . 
Abies  alba.    . 
yibies  canadensis. 


Pin  rouge Red  (  Norway  )  pine. 

Pin  gris Grey  pine 

Pin  jaune YelloiV  pine.     ,     .     . 

Pin  du  N.  Jprsey.     .      .     .   Jersey  pine.     .     .     . 

Pin  delà  Montagne  delaTablc.  Table  mountain  pine. 

Pin  à  longues  feuilles  .     .     .  Long  leaved  pine  . 

Pin  des  marais Pond  pine    .... 

Pin  à  goudron Pitch  pine  .... 

Pin  à  l'encens Loblolly  pine  .  -  . 

Pin  de  Weymouth,    .     .     ,   JVhite  pine.      .     . 

Sapinette  noire.     .     .     ,     •  Black  (double)  spruce 

Sapinette  blanche.     .     .     .    While  fsinglej  spruce 

Uemlock  spruce .....  Hemlock  spruce.  .     , 

^bies  balsamffera  .  Sapin  banmier yàmerican   Silver  fir. 

Introduction  à  l'histoire  des  Noyers  de  l'Amérique  septentrionale. 

Disposition  méthodique 

Jugions  nigra.     .     .  Noyer  noir Black  ivalnut  .     .     . 

Juglans  cathartica.  Noyer  cathartique .     ,     .     .  Butler  nut .      .     . 
Juglans olivceformis.  Noyer  pacanc    .....  Pacane  nut,  hickery. 

Juglans  amara.  .     .  Noyer  amer.     .....  Bitternutj  hickery  . 

Juglans  aquadca.  ,  Noyer  amer  aquatique.    .     .   fVater  bitter  nut  ,  hi 

Noyer  à  noix  moquense  .    .  Mocker  nut ,  hickery 

Noyer  écailleux Shell  Bark ,  hickery, 

Noyer  lacinié Thick  shell  bark ,  hick 

Noyer  à   porc Pig  nut ,  hickery  . 


Juglans  tomentosa 
Juglans  squamosa 
Juglans  laciniosa. 
Juglans  porcina . 


Juglans    myristicce- 

Sormis.  ....  Noyer  à  noix  grises  .     .     .  Nutmeg  hickery  nut. 
Résumé  des  propriétés  et  l'emploi  dans  les  arts  des  bois  des  Noyers  Hickerys 


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i5 

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4^ 

49 
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58 

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65 

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