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Full text of "Histoire des campagnes de 1814 et 1815, en France;"

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I 


1 


De   • 

23t.1 

'VJ4 


HISTOIRE 

DES  CAMPAGNES 

DE  i8i4  ET  i8l5, 


ET^  FRANCE. 


0  - 


HISTOIRE 

DES  CAMPAGNES 

t 

DE   i8l4  ET  l8l5, 

EN  FRANCE; 
Pae  lb  GiNiaàL^GuiUAUiiE  DE  VAUDONCOURT, 

AimDBDSL*llUT0IlUIDMGAMPJL01fSS  D'AKinEALIiriTALn«OZGSLLBDXt 

ovniatDBHvnuBir  i8is,D'ALLXMA0JrxBv  i8i3,btd'italibxn  i8i3 

n  18149  DIBBOnUB  DV  JOUlUriLDJU  SCIBNCU  HIUTAIBBS. 


• O!  iir^  quMttr^Mg  ktûtl 

^M$  mai4  cfm  patrumy  Tr^M  suh  métnibut  éUtiê 
Coatigit  oppêttrt,  ,,. 


TOME     QUATRIÈME. 


PARIS, 

CHEZ  AVRIL  DE  GASTEL;  LffiRAIRE, 

BOUtBTART  BONHl-SOVTXLLB ,  iro35; 

ET  CHEZ  PONTHIEU  ^T  €*• ,  LIBRAIRE , 

PAItAU-BOTAL,  OALSBU  DB  BOIS, 

1 

1826. 


^  C-  •    V.  <^'*  . 


■  ..  « 


"^  fe  :ii  '^ 


H 


HISTOIRE 


DES 


€AHPA€^NE8  DE  18t&  ET  1815. 


LIVKE  II. 

BalaUle  de  Watwloo.  —  Abdication  de  Napoléon. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Poniîon  de  Vannée  prnMÎenne,  le  17.  -^  L'armée  aoglo-baUTe  se  met 
en  retnùte.  «^MoaTomeat  de  TamiiSe  françaÎM ,  le  1 7.  —  L'aile  droite 
est  dctachee  contre  le»  Pnuûena.  —  Napoléon,  avec  le  gros  de  Far- 
mée,  se  dirige  sur  Bmzelles.  -«-  Position  de  Tannée  française  et  de 
Tarmée  anglo-lntare,  le  17  au  soir.  —  MonTcment  de  Taile  droite 
femçuse,  lei7.*— IKspositionadndncdeWeUitigtonetdnniaréchal 
Bliiclier,  pour  Je  18. —  Ordre  de  hatsûUe  de  Tannée  anglo-batqTe, 
le  18.  -—  Ordre  de  bataille  de  l'année  française.  —  Bataille  de  Wa- 
terloo. —Réflexions  sur  cette  bataille. 


Nous  avons  vu  que  le  maréchal  Blûcher,  immé- 
diatement après  la  bataille  de  Ligny ,  avait  réuiii 
ses  deux  premiers  corps  à  Mont-Saint*Guibert , 
et  que  le  troisième  était  venu  prendre  position  à 
Gembloux.  Il  se  plaça  à  la  rive  droite  de  FOr- 
neau ,  sa  gauche  appuyée  à  la  ville ,  pour  y  at- 
tendre le  quatrième  corps ,  dont  il  devait  couvrir 
la  marche.  Ce  dernier  s'était  mis  en  mouvement , 
r?.  1         6^' 


Cy 


il  '         UTlK^n. 

•  •  •*      u 

le  16  au  matm,  pour  se  réunir  à  Hanut,  ainsi 
que  le  portait  le  prem^  ordre  de  Blûcher.  Mais 
le  général  Bûlow  trouva,  à  son  arrivée,  le  second 
or^Kc^qMl  Iff  i9i)àifiiB|t  ^  s'aiPanoêi;  )ilsffu'â  i^6|n- 
bref;  cette  dépêche ,  adressée  à  Hanut ,  dans  l'hy- 
pothèse que  Bûlow  y  sepftîl  d^  rendu  le  1 5  au 
soir,  y  était  restée  par  négligence.  Le  général 
Bûlow,  ayant  donné  quelques  heures  de  repos 
à  ses  divisions  pour  repaître ,  les  remit  en  mou- 
'  vement ,  et  vint  prendre  position ,  après  minuit , 
derrière  FOrneau,  à  la  gauche  du  3'  corps. 
Cependant. le  maréchal  Blûcher,  à  qui  la  perte 
de  la  bataille  de  Ligny  avait  fait  croire  que  Far* 
mée  française  était  trop  nombreuse  pour  pou- 
voir lutter  seul  contre  elle  (*),  se  décida  à  se 
retirer  sur  la  Dyle^  afin  d'assurer  sa  réunion  avec 
Tarmée  anglaise*  Le  1 7 ,  a  la  pointe  du  )oar^  les 
corps  de  Ziethen  et  de  Pirch  i  passerait  le  dé- 
filé de  Mont-Saint-Guibect.  Le  premi^  marcha 
jusqu'à  Bierge ,  où  il  prit  position ,  occupant  for- 
tement Limale.  Le  second  laissa  ^es  divisions 
Brause  et  Bose  derrière  le  défilé  de  Mont-Saint- 
Guibert,  en  arrière-garde;  les  deux  autres  divi- 
êions  vinrent  prendre  position  à  Alsemont ,  de* 
vant  Wavre.  Lorsque  le  corps  de  Bulow  arriva , 
plus  tard,  à  Dion-le-Mont,  la  division  Ryssel  fut 
placée  à  Vieux -Sart,  et  les  deux  divisions  qui 
éludent  restées  à  Mont-Sainl)*Guibert  y  furent  rele** 

(^)  Les  rapports  prussiens  portent  la  force  de  rarmée  i^-apcaisc ,  qui 
combattit  i  Lîgny,  k  eent  trente  miUe  hommes. 


CBAPins*  I.  3 

▼ées  peur  deux  batailk»is  et  deux  régitiv^ns  db 
cavalerie*  Le  corps  de  Thieknpaiiii  reçut  Fwdre 
de  Be  dûnger  par  Wadhain  et  Saint-Martin  sur 
Wan«,  et  de  s'établir  en  arrière  de  k  TÎlIe  sur  k 
route  de  Bruxelles ,  à  k  Bavette  :  il  n'arriva  dans 
sa  position  que  pendant  la  nuit  et  le  lendemain 
•matin.  Le  corps  de  Bûlow  vint  prendre  position 
à  Dion-le-Mont  ;  il  ne  quitta  cependant  celle  de 
Gembloux  que  vers  deux  heures  après  midi, 
ayant  eu  besoin  de  reposer  ses  troupes  fatignées 
d'ime  marche  d'environ  dbuae  lieues.  Ainsi  l'ar- 
mée prussienne  se  trouvait  établie ,  le  1 7  au  smr, 
sur  k  route  de  BruxdUes  à  Namur ,  par  Wavre  ^ 
à  cheval  sm*  la  Dyk. 

Le  duc  de  Wélliiigton  était  resté  toute  la  nuit 
aux  Quatre-Bras,  ignorant  les  événemens  qui 
s'étMenit  passés  siir  sa  gaAche.  Pendant  Tac- 
tiop,  Si  avait  été  instruit,  presque  heure  par 
heure,  de  k  situation  de  l'armée  prussienne; 
vers  huit  heures  et  demie ,  il  reçut  un  dernier 
message  de  Blûcher,  qui  annonçait  qu'il  comp* 
tait  soutenir  k  bataiOe  sans  perdre  sa  position, 
WelUn^on  se  décida  alors  à  tenir  aux  Quatre^ 
Bras,  où,^  pendant  fe  nuit,  il  fut  joint  par  le 
cx>rps  de  Hill,  par  la  cavalerie,  et  par  le  restant 
d6$  troupes  du  prince  d'Orange  et  de  la  réserve. 
Lu  nuit  sr'écoula  en  grande  partie  sans  recevoir 
des  nouvelles  de  Tarmée  prussienile ,  et  le  géné- 
ral anglais  poussa^  vers  le  matin,  des  reconnais* 
smces  tm  k  route  de  Sonibref.  EHes  renéon-* 


4  UTllE  n. 

trèrent  les  avant-^postes  français  vers  Marbais ,  et 
lui  rapportèrent  qu'un  aide^e-camp  de  Blûcher, 
porteur  de  dépêches ,  ayait  été  tué  dans  la  nuit 
sur  la  grande  route.  Enfin,  à  sept  heures  du 
matin ,  il  apprit  accidenteDement  la  retraite  des 
Prussiens  sur  Wavre.  La  perte  de  la  bataUle  de 
Ligny  ne  permettait  plus  au  duc  de  Wellington  de 
douter  qu'il  ne  dût  être  attaqué  dans  la  journée 
par  toute  Farmée  française  ;  il  était  donc  néces- 
saire de  quitter  la  position  des  Quatre-Bras^  et 
d'en  choisir  une  où  la  communication  avec  l'ar- 
mée prussienne  lui  fût  rouverte.  Son  but  devait 
être,  aussitôt  qu'il  serait  rentré  en  communica* 
tion  avec  Blûcher ,  de  s'assurer  si  ce  dernier  était 
en  état  de  livrer  une  seconde  bataille.  Dans  ce 
cas ,  il  était  urgent  de  s'y  préparer  sans  délai , 
pour  sauver  Bruxelles.  Dans  le  cas  contraire,  il\ 
fallait  sacrifier  cette  ville,  et  se  retirer  dans  une 
position  où   l'on  pût  attendre  l'instant  où  les 
progrès  des  armées  du  Rhin  obligeraient  Napo- 
léon à  choisir  une  autre  ligne  d'opérations.  La 
position  du  Mont- Saint -Jean,  en  avant  de  la 
forêt  de  Soignes,  fut  celle  qu'il  se  décida  à  oc- 
cuper, soit  pour  y  recevoir  la  bataille ,  si  Blûcher 
pouvait  y  concourir  ,   soit    pour   couvrir   son 
mouvement  en  arrière  par  Bruxelles.  Il  se  dis- 
posa donc  à  la  retraite.  Vers  neuf  heures  du 
matin ,  il  reçut  du  maréchal  Blûcher,  de  Wavre, 
des  nouvelles  satisfaisantes.  Le  général  prussien 
ne  demandait  que  de  gagner  assez  de  temps  pour 


CUAPITU   I.  5 

fournir  ion  année  de  vivres  et  de  munitions^ 
A  dix  heures,  l'armée  anglaise  se  mit  en  marche 
en  trois  colonnes.  La  première,  sous  les  ordres 
5iu  général  Hill ,  composée  de  la  division  anglaise 
de  Clinton  et  de  la  division  hollandaise  de  Chassé^ 
se  dirigea,  par  Nivelles,  sur  Braine~la-Leud;  la 
seconde,  composée  des  divisions  anglaises  de 
Cooke,  Picton  et  Cole,  de  la  division  hollan- 
daise de  Perponcher ,  et  de  celle  de  Brunswick , 
se  dirigea,  par  Genappe,  sur  Mont-Saint-Jean; 
la  troisième,  composée  de  la  division  anglaise  de 
Colville,  de  la  division  hollandaise  de  Stedtman, 
de  la  brigade  indienne  et  de  celle  de  cavalerie 
d'Ëssdorf ,  se  dirigea ,  par  Nivelles ,  sur  Hall ,  afin 
de  couvrir  également  Bruxelles  par  cette  route  : 
le  prince  Frédéric  d'Orange  la  commandait.  La 
division  Alten ,  et  toute  la  cavalerie ,  restèrent 
aux  Quatre-Bras  pour  couvrir  la  retraite.  Le  duc 
de  Wellington  avait  répondu  au  message  du  ma« 
réchal  Blûcher,  en  lui  faisant  la  proposition  de 
s'approcha,  avec  deux  corps  d'armée,  de  la 
position  de  Mont-Saint-Jean,  qu'il  avait  choisie; 
dans  ce  cas,  Wellington  annonçait  qu'il  y  rece- 
vrait la  bataille.  Blûcher  répliqua  sur-le-champ , 
que  le  18,  il  arriverait,  non  pas  avec  deux  corps, 
mais  avec  toute  son  armée ,  à  la  Chapelle-Saintr 
Lambert,  afin  de  soutenir  l'armée  anglaise,  si 
elle  était  attaquée ,  ou  de  prendre  l'offensive  en? 
semble  le  lendemain. 

après  la  bataille  de  Ligny,  l'armée  française 


6  LIVIX   II. 

était  restée,  pendant  la  nuit,  sur  le  champ  de 
bataille.  Le  3*  et  le  4*  corps   evàre   Vagnelé, 
Bry,  Ligny  ^t  Saint- Amand;  la  diviaon  Du* 
ratte,  vers  la  jonction  de  la  route  romaine; 
les  cuirassiers  de  Milhaud,  en  avant  de  Ligny, 
Ters  la  route  de  Namur;  les  corps  d'Eiccelmans 
et  de  Pajol,  devant  Sombref;  la  garde,  et  le 
6*  c<M*ps ,  qui  arriva  à  la  tombée  de  la  nuit ,  sur 
le  plateau  entre  Sombref  et  Ligny.  Le  17  au 
matin ,  le  général  Pajol  fut  envoyé ,  avec  la  divi- 
sion Soult ,  pour  suivre  rennémi  sur  la  route  de 
Namur.  La  division  Teste,   du   6*  corps,   fut 
d*abord  poussée  jusqu'à  Mazy,  pour   appuyer 
le  général  Pajol ,  dont  elle  suivit  plus  tard  les 
mouvemens;  la  brigade  de  dragons  du  général 
Berton  (division  Chastel  ) ,  fut  également  avan- 
cée dans  le  environs  de  Mazy,  pour  soutenir  ce 
mouvement  au  besoin.  Peu  après ,  Napoléon  se 
rendit  sur  le  champ  de  bataille,  passa  la  revue 
des  troupes  qui  avaient  combattu,  et  ordonna 
de  relever  les  bkssés.  Des  reconnaissances  furent 
poussées ,  par  la  route  de  Namur,  vers  les  Quatre- 
Bras*  Le  général  Flahaut  avait  été  expédié  au- 
près du  maréchal  Ney,  pour  lui  porter  Tordre  de  se 
tenir  prêt  à  suivre  la  retraite  de  l'armée  anglaise , 
que  la  perte  de  la  bataille  de  Ligny,  par  les 
Prussiens,  allait  obliger  de  quitter  sa  position; 
il  devait  occuper  les  Quatre-Bras,  jusqu'à  l'ar- 
rivée des  troupes  que  Napoléon  destinait  à  agir 
du  côté  de  Bruxelles.  Il  parait  que  le  maréchal 


Meyr  ^<it^^  «imte' lWiziée:.aaig|alie  dMttfttdhii:^ 

et  étaBtdans.ladMteMr  les  TéritaUcs-iémllifei 

âe-lalnftqilieëe  Ij%ii7v  pi^jeacfvf  feskiiidtliHiiieni 

pf^pantdanes  de-  la  retraîle  «(«'allMt'ooiBlnaaoct 

Je  duc  deWdUngtoiiy  étalent  dés  diqpositkttis  d'fut^ 

taquecoBtie.  liu^'- Illiémoigiia  en  C0B9é4|iidiin^ 

quelque  indécvioD  à:  ealrtpiTiMlt!^  ?  d'eàkmv  là 

poflUioa  des  Qitatfe-firad«  L'empereur  Napoléon 

lui  adressa  ak>n  uà*  second  «erdie  (*),  pav  leipiet 

il.lui  ei^iàgnait  de  nouveau  de  prendre  posilkiii 

aux  Qiiaire^Bras.  Napoléàn  fageaît  que  les  Aù^ 

filais  ;  na  fiauf  aient  teattop  axKis»  moiaveiDent  haa 

tOfi.  an. la'  ix>ùtë  de  Gl|ader<a,*  et  il  présunaft» 

aaBO'n|SDn;.')Ciiilîisi-ne'bis«8faien^  devssàt  le  ma» 

réoludi  fiiaji  4a!ùae  «rrièn*^!^.  Bâus^  le  cas 

teppiiiit  bA  >Waiiingtod^*8ërait  rasléi  en:  place, 

erred  dau  âmàe^  |dhilva«qie^^i  se  tMiifatent  en 

aaant  deLigay  ài±HiemîrWtebé  par  lai  roate  ^ 

Witsninf  p  pani^iapptfyep  l^ifegamdbei: 

Sfendjyat  criitenip*^  le>général  Bisiton ,  q«i  était,. 

aiiùi  xfié  immis  Fa^nfaai*ifu,  a«^  sa  brigade  en 

afvâai^  de; hksajyveikàii  compte:  ^[He  Farmée  pras* 

sânne'se  vetiiéit  'sbr-WaTM/i et  qu'une  partie 

^^il  enoote  à  Gembloar.   Niapoléên  se  décida 

ak>Ts  i.  mcttue  son  eartnée^  sur4iM?liamp  eit  mou^ 

vement  La  prudence^' eé  iMites  les  rè^ea  de 

la  stratégie  tfobli^Mt  â  laisser  n»  fort!  déta- 

rbeansnt  d!rTGaitJU«..l^iflsjien^^      àé  s'asraper 
qu'ils  «ne»  aacïBaien»  fifttcWnWrir^^- 

^  r<y«  Plàccrtnttlficàtiter,  N"  XV. 


8  'UVB&  Uv  ' 

meut  contre  WelK&gtoti,  et  ménie  ne  htt-  foniv 
piraient  aueim  siecours.  On.  pouYait  s'attendre  à 
ce  que  Blucher  prendrait  un  de$  deux  partis  qui 
lui  restaient  encore.  Le  premier  était  ceioi  de 
reprendre  ToffensiTe,  et  de  marcher  sur  Som* 
bref;  s'il  avait  rallié  son  armée:  dans  la  journée, 
le  renfort  qu'il  recevait  ^  par  la  fonction  de-  -son 
4*  corps  lui  permettait  de  teinter  cette  eMr&r 
prise.  Le  second  était  œlui  de  se  joindre  à  l'âi^ 
mée  anglaise.  Dans  l'un  et  dans  l'autre  cas., 
il  n'était  guère  pos8tt>le  d'employer  moins  de 
trente  mille  hommes  contre  lui ,  luBn  de  conéer^ 
yer  à  cette  aile  droite  la  possibilité  ;  de  faire  uâe 
retraite  mesurée,  sans  être  tlispèraée  au^poemifir 
choc.  Si  l'armée  prusrienner n'était  pa^ ralliée, 
le  commandant  de  l'ailâ; crotte,. en Ja*.{iàiieianl 
en  arrière:  de  Wavaee,  {i^umiC^gagàer  ksidébon* 
chés  de  la  forêt  de  Soigne,' .ei;. forcer  le  duc  «de 
Wellington  à  dépassée  ;BtuxeUqs4. Si  anicpnlaiaire 
elle  s'était  réunie  à  WaVre:,  et  qu'dle  voulût  Ikire 
un  mouvement  pour  joindns. tes  Anglais >  l'aile 
droite,  plus  rapprochée  A^-  notre  corps  prin-^ 
cipal  que  Blûcher  ne  l'était  de  Wellington,  pour 
vait  facilement,  par  uprcoutre-mouvenient,  s'op- 
poser à  celui  des'  Prussiens,  ou  se  mettre  en 
ligne  avec  le  restant  de  rsurméè. 

Napoléon  se  décida  donc  à  détacher  cèntréi  les 

■*"!'»"«  cavalerie  et  use  diTiobn  du   i". 

Cette  aUc  droite ,  forte   d'emiron    trente  mUlc 


GHAPmB  1.  9 

hommes  {*) ,  et  qui  resta  son»  le»  wcbes  duman 
récriai  Grouc]iy>  devait  sume  et  éckofer  les 
naouTemens  de  Blûcher;  luinnéme  voulait  oiàr- 

on,  avec  le  restant  de  l'w- 


cher  ûonfare 

inée^  c'est  là  idire  ^  la  garde,  les  i*'  et  2*  corps., 
deux  divisions  du  6*,  les  5"  et  4*  de  cavalerie^ 
une  division  du  i**,  et  la  division  de  cafvatorie 
du  corps  de  Yandamme,  oe  qui  faisait  environ 
soixante-cinq  mille  hommes  {*")*  La  reconnais- 
sance envoyée  vars  ies  Quatre-Bras,. ayant  fait 
Gimnattre  qu'elle  avait  Ix^uvé  ka  Anglais  en 
position.  Napoléon  mit  le  6*  corps  en  mouve- 
ment, vers  les  dix   heures  du  matin,  le  dir 


'.; 


1  un     I   m 

CA.TAVBMS.  I    cAjioaa. 


{*)    AILB   DftOlTE. 

Trotsîèinc  corps.  '. ]     ii,53o 

(Quatrième  corpt •  .|     lo^i^o 

Sixième  coitm  ((faVision  Teste).  .  . 
I*'  de  caraterie  (dÎTÎtioo  Soiut). . 
a'  idem, .  .  •  « > •  . 


Tmai.. 


•  ••••» 


(**)  Goaps  paincipii.. 

Garde  impériale 

IVtiiiiartoipi, •  , 

Deuxième  corps 

Sixième  corps 

3*  de  caTalcrie. •  • . . . 

4*  iàem 

1*'  idism  (divisîm  SUbanvkk) 
I^Tision  Domont 


4^000 


a» 
1,1 56 
3,390 


a5,46o;      4,^7j> 


3) 

33 

8 

6 


Total 


iii.vAs;rukS. 

•    •  *  . 

CA^o«a. 

ÏM9O 

4,too 

66 

i6,9ao- 

1,400 

46 

j  5,^00 

iy3oo 

46 

7,000 

1 

3o 

» 

ai33o 

13  . 

» 

3,53o 

ia 

» 

i,i3o 

«• 

» 

i,Î7o 

6 

t 

5i,4<o 

j  4>  1 60 

«54 

tO  XlfU  II* 

rigcant  tuv  Marbab;  fes  dhAiiou  Domont  et 
Suberwick  fonaakul:  i'awBtffacch.  La  garde  il»* 
pérîale  et  k»  cniFastiors  de MilhattdsuÎTÎveiit  k 
mouvem^it.  La  dîviiîoa  GkÉKdV  qui  airak  k 
pii}8  aoaffeit  y  reftâ  pcndmrf:  la  ^Ounlée  sur  k 
champ  de  bataiiUe^  en  résçr^^  et  poûrriUre  re* 
kTer  ks  hknâi.  La  dKvbion .  ûmruftte  siûyit  k 
oolonne  qui  se  dirigeait  tmt  Maifaais,  Vers  midi» 
la  cafakii05  qui  étak •  en  autant dn  6^  corps, ranr* 
contra^  entre  Matbaiâ  et  Pemfanoat,  ks  p» 
miers  postes  de  la  omialme'  an^^ise,  Napeléon 
ee  vendit  sur^le«4shât»p  â  MailMifti;  il  'fit  iwendve 
pôsttloB  au  6*  corps^  et  â  la  gaide,  et  ez}>édia 
de  nouveau  Tordre  au  maréchal  Ney  d'attaquer 
l'eMiemi  -et»-  Quatro  Bras ,  et  de  le  chasser  de 
jcéttei  position  (^);  Les  tiraiUeurs  du  6"  corps 
«'engagèrent  ayec  ceux  des  Anglais ,  sur  la  grand|^ 
route;;  m  autre  comhat  de  tiraiUeurs  »'alkwfia 
paiement  â  gauche,  vers  fe  boûi  de  YiUenr 
(Peruin.  Mais  ce  dernier,  qui  avait  ébk  engagé,  par 
«méprise,,  avec  les  chasseurs  de^la  division  Pire, 

\  Cependant,  vers  tme  heure,  Napoléon  remit 
lie  6*  corps  et  les  deux  divisions  de  cavalerie 
uégère  en  mouvement;  k  garxle  et  le;^  cuirasi- 
.siers  suivirent.  La  cavalerie  anglaise  se  mit  en 
retraite ,  et  la  tête  de  la  colonne  arriva  vers  deux 
heures  aux  Quatre-Bras.  Pendant  ee  temps ,  le 
*-cbmte  d'Erlon ,  qui  avait  aperçu  k  colonne  du 

•    n  ^^^  ^"i^^^es  iustificaûvct,  N*  XVI. 


CHAPmi  I.  11 

6*èotps,  déboQckaiit  sur  P«vi]|^oiit,  ataftCdC 
prendre  las  anbcss  au  sîen^  et  Tavut  misci^ 
môuyement.  Il  arrÎTa  aux  Quatre*^Bras  un  peu 
après  le  6*  corpa,  qui  s'y  était  arrêté  ;  Fetope-s 
reur  Napoléon  y  était  déjà.  Le  maréchal  Nèy, 
que  la  pluie^  qui  tombait  par  toirens ,  avait  eish 
péché  d'aperceYoâr  la  retraite  du  groB  de  l'aimée 
anglaise^  fit  alors  pr«idre  les  armes  au  2*  corps,' 
et  le  fit  avancer  à  la  suite  du  i^.  Mapoléoq 
ordonna  de  continuer  sor^le-cl^amp  à  suivre 
le  môuvemeiit  rétrograde  des  Anglais.  Le  i^ 
corps  prit  la  t£te  de  la  cdbnne,  avec  la  dtvisioi) 
de  cavalerie  de  Jacquinot  ;  l'empereur  Napoléon 
le  fit  appuyer,  par  douze  pièces^  d'artitterie  à 
cheval  de  la  gardé.  lia  division-  Domont  fut  déta* 
chée  à  droitci»  le  long  de  la  ]>yle,  pour  enédairef 
la  Tive  gautohe.'  Le  4*  régiment  de  chaîseurs 
pioussa  jusqu'^  Moustiers ,  ou  il  échâfigea  quel* 
ques  coupe  de  caradbine  avec  la  cavdbrie  prûs^ 
sienne.  Le  2"  corps  suivait,  puis  le  6*9  et  ensuite 
la  garde.  Le  corps  de  cuirassiers  de  MHIhaud  flan- 
quait les  colonnes,  en  marchant  à  travers  champs, 
arrêté  presque  à  chaque  instant  par  des  terres 
détrempées  et  tenaces.  Le  corps  du  comte  de 
Yahny  faisait  Fanrière-garde. 

Devant  Ge^appe^  il  y  eut  un  engagement  entre 
notre  cavalerie  légère  et  celle  des  Anglais;  cette 
dernière  fut  battue  et  repoussée  au^deM  du 
bourg.  Mais  lâ ,  nous  fûmes  arrêtés  par  la  bri- 
gade des  gardes  à  cheval  de  Sommerset.  Le  dé- 


12  LITRB   li; 

bouché  de  Genappe  aurait  pu  devenir  difficile , 
par  Timpàssibilité  où  se  trouvait  la  cavalerie  de 
quitter  la  grande  route  et  de  marcher  dans  les 
lerres.  Le  oomte  d'Erlon  fit  passer  de  Tinfan- 
terie  des  deux  côtés  de  la  route;  Fennemi  fut 
poussé,  et  le  mouvement  continua.  Quoiqu'il  n'y 
eât^  pendant  cette  journée,  d'autre  combat  qu'une 
canonnade  de  position  en  position ,  les  Anglais  ont 
porté  leur  perte  à  cent  soixante  et  dix  hommes. 
Vers  les  sept  heures  du  soir,  le   i**  corps* 
arriva  à  la  Maison-du-B:ol,  où  Napoléon  lui  fit 
preiidre  position,  pour  reccmnaitre  à  l'œil  cdle 
de  l'ennemi  ;  il  se  rendit  hii*méme  stur  lea  hau-- 
teufs  à  gauche  de  Rossome.  Celles  qui  traversent 
la  grande  route,  en  avant  du  Mont-Saint-Jean, 
paraissaient  occupées  par  des  troupes  ennemies , 
dpnt  le  petit  nombre  pouvait  faire  supposer  que 
ce  n'était  qu'une  arrière-garde.  Dans  ce  moment, 
les  cukrassiers  de  Milhaud ,  qui  avaient  reçu  l'or* 
dre  de  se  porter  en  avant,  s'avançaient  vers  la 
Belk-AUiance.  Là,  ils  furent  accueillis  par  le  feu 
de  plusieurs  batteries  placées  sur  les  hauteurs  à 
droite  et  à  gauche  de  la  Haye-Sainte.  Cette  ca-^ 
nonnade ,  assez  violente ,  démontra  que  l'armée 
anglaise  était  en  position.  La  journée  était  trop 
avancée  pour  engager  une  bataille ,  et  Napoléon 
se  décida  à  attendre  le  lendemain.  Le  i  ^  corps 
s'établit  à  cheval  de  la  grande  route,  entre  la 
Belle-Alliance  et  Rossome  ;  le  a*  appuya  sa  gau- 
che à  la  route  de  Nivelles.  Les  avant-postes  de 


GHAPITKB   I.  1 3 

ces  deux  corps  s'ayançaient  jusque  contre  Crou- 
mont  et'  au  bas  de  la  Haye-Sainte.  La  garde  dt 
le  6'  corps  restèrent  en  arrière  de  la  Maiaon- 
du-fioi.  Les  cuirassiers  furent  placés  à  Plan- 
chenoit,  et  en  arrière.  La  division  Dotiiont 
revint  le  soir  prendre  position,  à  la  droite  en 
avant  de  Planchenoit.  Le  quartier  impérial  fut 
à  la  ferme  de  Caillou. 

Le  duc  de  Wellington ,  ayant  reçu  la  dernière 
réponse  de  Blûchar,  par  laquelle  celuin^i  pro- 
mettait de  le  joindre,  le  i8,  avec  toute  son  ar- 
mée ,  se  décida  à  receyoir  la  bataille.  Il  sentait 
la  nécessité  de  hasarder  la  fortune  des  armes, 
avant  d'abandonner  Bruxelles ,  dont  la  perte  pou- 
vait entraîner  les  plus  graves  inconvéniens.  Cette 
place  n'était  pas  seulement  importante  à  Napo- 
léon ,  sous  le  rapport  stratégique;,  sa  possession 
devait  plus  que  probablement  amener  une  révo- 
lution ,  dont  l'effet  aurait  été  de  forcer  les  Anglais 
et  les  Prussiens  à  évacuer,  sans  délai,  la  Bel- 
gique. D'ailleurs,  l'assurance  donnée  par  le  ma- 
réchal Blûcher  avait,  diminué  l'idée  du  danger 
et  des  efforts  qu'il  fallait  faire  pour  assurer  la 
victoire.  La  grande  supériorité  des  deux  armées 
réunies ,  sur  l'armée  française ,  donnait  déjà  bien 
des  chances  de  succès.  Ainsi  le  duc  de  Wellington 
n'avait  d'autre  emploi  à  faire  de  la  stratégie,  que 
celui  de  combattre  de  pied  ferme  jusqu'4  l'arri- 
vée des  Prussiens.  Aussi  son  rôle ,  le  1 8  ;  se  ré- 
doîsit-il  à  cela ,  et  le  mauvais  temps ,  en  retar- 


i4  u?u  II. 

dut  ^attaque»  le  fadUta  afaigulièitineftt.  Dmis 
la  soirée  du  17,  il  rapprocha  ses  différeos  corps 
des  positions  qu'ils  deyaient  occuper,  en  les  te- 
nant cependant  en  deçà  des  hantetirs, .  sur  fes^ 
qndles  ils  deTaient  se  déployer  le  lenideniaBi.  Les 
réseryes  {*)  furent  placées  à  Tafle  gaiiche^  cnbpe 
Papelotte  et  la  route  de  Charierea;  le  corps  du 
prince  d'Orange ,  entre  cette  route  et  celle  de  Ns- 
refies,  vers  Goumont.  Le  corps  de  Hill  s'avança, 
de  Braine4a*Leiid  dans  Ja  vallée  de  Merbe^Brainfi 
La  ferme  de  la  Haye-Sainfte  et  le  château  de  GtMa- 
mont  furent  crénelés  et  barricadés*  Deux  brigades 
de  cavalerie,  à  rextrôme  gauche,  entretinrent  1, 
par  Okain,  la  communication  avec  Wavre.  La 
force  de  l^armée  anglo-batave  réunie  dans  ces 
portions ,  s'élevait  à  environ  quatre^vingt  mille 
hommes  {**). 

« 

(*)  y  oyez  le  Tablcaa  général. 

(**)  ARMÉE  ANGLO-BATAVE. 

Aile  drohe;       j  '^'"'°"  ^^ 


^ÛiTisîon  Oooke* 

—  Allen 

—  Brunswick 

Centre  5  /Brig»d«  d«  Mauau 

Leprinctd'OniMfA         "^      Sommcrict.  .  .  . 

i         —       Doernbrrg.  .  .  . 

—  Ahrenachild..  .  . 

—  Grant 

^DÎTttion  hoUaadakc 


mrAHT. 


7/100 
3,600 


19,700 


CAtALB» 


4,000 
9,800 

6,  {00 
4,000 


i 


3$,)00 


]» 

900 

6,100 

4,000 
11,000 


37 


» 

» 

1» 

» 
83 


GBAPXIM  I.  l5 

teak  biea  peu  dexiàQûieak^oiSi  l^iis  mùoa  vu  que 
le  géioéral  Bcrton  Avait  r^idu  Compte ,  dès  le 
xnatio ,  que  h  (ptos  de  Farmée  j^iieskyaiie  »'était 
teCiré  sut  lWaTre«  Il  reçut  l'onàre  de  ge  rendre^ 
avec  sa  brigkdé  de  dragons  (i4^  et  17*  r^ftoieBis)» 
derant  Gembloux;  il  y  arriva  vers  ofeirf  beuïes 
du  matiii,  et  pMt  feoeiiiiaitre  le  oerps  de  Bulow^ 
iqui  était  ebcore  dn  poefetion  derrière  VOmeau* 
Pev  après ,  le  général  Ghaatd  y  vint  avec  la  iHi- 
gade  Bonneiéain  (4'  et  12^  regimbas  )^  et  lors^ 
que,  ver»  deux  hetires,  le  corps  de  Bâlow  se 
siit  en  retraite  par  Sart-à-'Walbai&  et  Taurines , 
la  division  Cbastel  traversa  la  ville  à  la  suite  de 
l'ennemi.  Le  maréchal  Groucky  la  fit  arrêter  à 
de  là^  où  elle  Ait  re)(»nte  par  la  divi* 
E«  Le  coarps  du  général  Excelmans  prit 
fliorsposition,  jusqu'à  Januif^  à  une  lieue  en  avan( 


I       —    Picton.  .  * 

Aile  gauche^       y       —     Cole 

le  ffênécàï  Picum.  \JBrig»de  Ponioiibj. 

I       —     Vanddeur 


IWAJIT. 


9,000 


Vîvjan 


ArdScrie  àc  téBetre, 


leur \ 

•  •••••        ••! 


» 


Total  céirÉRiL.  .  . 
Perte  des  i6  et  i  ^ 

Ecste^le  18. 


aS^^oo 


CATAI.BK, 


4,700 


CA«. 


^^ 


70,600 
5,100 


65,5oo 


4,700 


16,700 
3oo 


i5>4oo 


70 
68 


^58 
» 


a58 


l6  LIVKB   II. 

de  Gembloux.  La  Imgade  Bonnemafti  fat  :pouaflée 
iQsqu'à  Walhâin^i^et  ce  général  rendit  également 
compte  de  la  i^trailie  des  Prussiend  sur  Wanv* 
Un  rapport  pareil  fut  encore  fait  par  le  colond 
Chaillot  y^iai  arait  été  enyoyé  à  Perwez-le-Marbhé 
avec  son  régiment  (i5*  dragons).  Les  3*  et  4* 
corps  et  la  division  Maurin  restèrent  â  Gesa^ 
bloux ,  où  le  maréchal  Grouchy  établit  son  quar- 
tier-général. Le  général  Pajol,  avec  les  divisions 
Soultet  Teste,  revint  de  Saint^D^ûs,  par  Bossières, 
s'établir  à  Mazy. 

Il  ne  pouvait  pas  y  avoir  de  difficulté  pour 
Faile  droite ,  de  s'établir  le  1 7  au  soir,  à  Sart-4^ 
Walhain ,  où  se  trouvait  déjà  la  brigade  du  gé^ 
néral  Bonnemain.  De  ce  point,  au  champ  de 
bataille  de  Ligny,  il  n'y  a  que  quatre  petites 
lieues  ou  neuf  mille  toises  au  (dus.  En  admettant 
que  l'ord^  de  marche  n'ait  été  donné  que  vers 
midi  9  à  deux  heures ,  toutes  les  troupes  devaient 
être  en  mouvement,  et  elles  pouvaient  arriver 
avant  neuf  heures ,  malgré  le  mauvais  état  des 
chemins.  Le  lendemain  il  ne  restait  au  maréchal 
Grouchy  que  trois  lieues  â  parcourir,  et  il  pou- 
vait être  arrivé,  à  dix.  heures  du  matin  devant 
Wavre.  Le  maréchal  convient  (*)  qu'il  avait  reçu 
Tordre  de  suivre  les  Prussiens,  d'attaquer  leur 
arrière^arde ,  et  de  ne  jamais  les  perdre  de  vue. 


(*)  Obeerrattons  st^r  ronyrage  da  guiWnÉ  Qonrgaad.  Paris  9  iBtQ» 
pages  13  cC  06. 


CHAFITttB   I.  17 

U  convient  encore  (*)  qu'à  êon  airlvée  à  Gem- 
iyloux,   il  apprit  que  les  colonnes  prussiennes 
avaient  quitté  la  route  de  Namttr,  et  qu'il  jugea 
qu'elles  se  retirafient  sur  Bruxelles  ou  Louvaki. 
Dans  l'un  et  dans  l'autre  cas,  c'était  à  Wavre 
qu'il  devait  se  rendre ,  peur  les  atteindre  et  cou- 
vrir la  colonne  de  gauche.  Les  Prussiens  avaiaott 
douze  heures  d'avance ,  ifira-t-on  :  cela  est  vrai , 
pour  les  corps  qui  avaient  combattu  à  Lignjr; 
mais  le  <^orps  de  Bulow  n'était  paErti  de  6em- 
Moux  que  vers  trois  heures,  et  ne  s'était  pas 
retiré  sur  Nàmnr ,  puisqu'il  n'avait  pas  attaqué 
le  général  Pajol ,  à  Saint-Denis.  Il  n'en  fallait  pas 
davantage  pour  indiquer  au  maréchal  Grouchy, 
qu'il  fallait  s'avancer  encore  vers  Wavre  le  même 
jour.  Cependant ,'  le  maréchal  Grouchy  s'arrêta 
â'Gembloux,  et  rendit  compte  le  méAê  soir,  Â 
l'empereur  Napoléon ,  de  son  indécision  au  sujet 
de  la  direction  qu'avaient  prise  les  Prussiens. 
Plus  tard,  vers  deux  heures  du  matin,  lorsque 
les  guides  qui  avaient  conduit  la  colonne  prus- 
sienne rentrèrent ,  le  maréchal  Grouchy,  ne  pou- 
vant plus  douter  de  la  direction  de  leur  retraite , 
annonça  à  Napoléon  qu'il  partirait  au  point  du 
jour  pour  se  rendre  à  Sart-à-Walhain.  Nous  trou 
Yons  dans  l'ouvrage  du  général  Gourgaud  (**) , 
que  l'empereur  Napoléon  expédia  au  maréchal 

(^)  Obcenratiom  sur  FooTrage  da  fg/êùénl  Gouryiud,  page  i3. 

(»'')  Pape  8a. 

IV.  2 


l8  UVM  II. 

Grouchy  9  le  17,  à  dix  heures  du  soir,  un  officier 
d'élat-major  pour  lui  annoncer  qu'il  était  çn  pré- 
sence de  l'armée  anglaise ,  et  lui  prescrire^  de  se 
rapprocher  du  restant  de  Tarmée.  Le  maréchal 
Grouchy  nie  l'existence  d'une  dépêche  de  cette 
date  qu'il  n'a  pas  reçue.  La  mission  était-elle  ver- 
bale ,  ou  la  dépêche  se  trouve-t-eUe  sur  le  registre 
du  major-général?  C'est  ce  que  nous  ignorons  en- 
coi«.  Mais  un  fait  vient  à  l'appui  de  l'assertion  du 
général  Gourgaud.  Dans  la  nuit  du  1 7  au  .1 8 ,  un 
officier  d'état-major  français  fut  tué,  avec  son 
ordonnance ,  sur  la  route  romaine ,  au-delà  de 
Marbais,  par  des  fuyards  et  maraudeurs  prus- 
siens, embusqués  dauB  les  broussailles  [*).  Au 
reste,  la  question,  est  de  peu  d'importance,  car 
un  ordi^  qui  n'est  pas  parvenu ,  peut  être  censé 
n'avoir  pas  été  donné. 

Les  dispositions  préparatoires  du  duc  de  Wel- 
lington étant  achevées ,  dans  la  nuit  même  du  1 7 

(*)  Un  fiiit  singulier  est  rapporté  dans  le  Journal  Militaire  autrichien 
*(i8i9,  7*  cahier,  pages  66  et  67),  et  on  ne  le  cite  ici  que  parce  (pie 
Timpartialité  de  Tauteur ,  cl  Findicalion  des  témoins  semblent  y  donner 
dn  poids.  Selon  l'auteur,  M.  Delme,  chez  qui  le  maréchal  Groucbj  logeait 
à  Gembloux,  aurait  dit  que,  c  le  17,  à  onse  heures  du  soir,  le  prince 
«c  Jérôme  y  et  un  aide-de-camp  de  Napoléon,  arrivèrent  chez  le  mare- 
«  chai,  et  lui  témoignèrent  leur  étonaement  de  le  trouver  encore  Ih, 
«  lif»  lui  répétèrent  le  contenu  des  ordres,  qui  déjà  lui  avaient  été  ex- 
«c  pédiés,  et  qu'il  n'avait  pas  reçus.  A  deux  heures  dn  matin,  ils  repar- 
«  tirent  chargés  d'une  dépêche  du  maréchal  Grouchy.  » 

Nous  avouons  qu'il  nous  paraît  assez  étrange  que ,  si  cette  mission  a 
existé,  ce  soit  précisément  le  prii^c  JérAme,  commandant  une  division  , 
qui  en  ait  été  chargé. 


CHAPlTaE    I.  19 

au  1 8 ,  U  en  prévint  le  maréchal  Blûcher,  et  con- 
vint avec  lui  des  mouvemens  principaux  qui  au>* 
raient  lieu ,  d'après  le  système  d'attaque  de  l'ar- 
mée française  ;  il  ne  pouvait  pas  méconnaître  la 
faiblesse  de  la  position  de  son  aile  gauche.  Elle 
était  en  l'air,  et  n'avait  pour  appui,  que  celui, 
que  l'armée  prussienne  devait  lui  donner.  Il  n'en 
était  pas  de  même  de  son  aile  droite,  qui  tou- 
chait à  Braine-la-Leud ,  et  que  l'ennemi  ne  pou- 
vait pas  même  attaquer  de  front,  sans  quitter  la 
ligne  d'opérations  de  Charleroi ,  pour  prendre 
celle  de  Nivelles.  Toutes  les  probabilités  se  réu- 
nissaient donc  ,  pour  faire  présumer  que  INapoléou 
attaquerait  l'aile  gauche  de  l'armée  anglaise,  afin 
de. la  séparer  tout-à-fait  des  Prussiens.  Cepen- 
dant Wellington ,  pour  ne  pas  s'écarter  des  règtes 
scolastiques ,  établit  dans  ses  communications 
avec  Blûcher,  même  les  possibilités  improbables. 
Il  classa  les  dispositions  de  la  bataille  qu'il  allait 
livrer,  dans  trois  cas  généraux ,  en  en  proposant 
en  même  temps  les  solutions.  Voici  comme  il  les 
étabUt. 

!•'  Cas.  L'armée  française  attaque  l'aile  droite 
des  Anglais. 

Alors  l'armée  prussienne  s'avancera  par  Saint- 
Lambert  sur  Ohain ,  pour  entrer  de  là  en  ligne. 

2*  Cas.  U armée  française  attaque  le  centre  ou 
ta  gauc/ie  des  Anglais. 

Alors  un  corps  prussien  viendra ,  par  Lasne . 
s'établir  sur  le  plateau  entre  Frichcrmont  ef  Ay- 


M  UTIB  II. 

Tiers.  tJn  second  corps  se  rendra  à  Ohain ,  poiu* 
appuyer  les  Anglais.  Un  troisième  marchera  sur 
Maransart.  Le  quatrième  restera  en  réserve. 

y  Cas*  L* armée  françaUe  te  dirigera  det  kau-^ 
teurs  de  Belle-* Alliance  9ur  Saint-LamberL 

Alors  Wellington  s'avancera  sur  la  route  de 
Ghiuieroi ,  pour  attaquer  Tennemi  en  flanc  et  à 
dos. 

Tout  cet  échafaudage  scplastique  se  réduis 
Sait,  dans  la  redite,  au  second  cas.  Il  n'y  avaiC 
pas  de  probabilité  que  l'armée  française,  dont 
l'intérêt  majeur  était  de  séparer  les  deux  armées 
ennemies,  voulût  avoir  la  complaisance  d'atta- 
quer les  Anglais  par  leur  aUe  droite ,  afin  de  les 
obliger  de  se  réunir  plus  vite  aux  Prussiens.  Il 
aurait  fallu  changer  la  ligne  d'opérations ,  et  dé^ 
couvrir  ses  communications ,  pour  avoir  le  plaisir 
d'obtenir  le  résultat  le  plus  désavantageux  poë» 
sible.  Pour  écarter  la  probabilité  de  ce  premier 
cas ,  il  suffisait  que  Wellington  accordât  à  Napo- 
léon autant  de  talens  qu'il  en  avait  lui-même; 
cela  n'exigeait  pas  beaucoup  de  modestie.  Quant 
à  l'idée  que  l'armée  française  irait ,  en  présence 
des  Anglais ,  faire ,  presque  à  travers  champs ,  Un 
mouvement  latéral  de  la  Belle^AHiance  à  Saint- 
Lambert  ;  elle  rappelle  les  leçons  que  le  rhéteur 
stratégicien  de  la  cour  d' Aiftiochus  Voulait  donner 
à  Annibal.  A  propos  de  quoi  ce  mouvement  ati* 
rait-il  eu  lieu  ?  A-t-on  jamais  pu  pemer  qu'une 
armée ,   qui  a  devant  elle  un  objet  stratégique 


CHAPITRE   I.  tl 

dans  la  prolongation  de  sa  ligne  d'opérations, 
irait  abandonner  cette  ligne  et  la  comniunio»r 
tion  qui  la  cpnduijt  à  son  çbjet  ?  Id ,  l'objet  était 
Bruxelles ,  et  la  seule  coimmunication  passait  par 
Mo|it-Saint-Jean«  Mais  il  est  4'usagfe  que  les  cas 
qu'on  doit  prévoir  soient  au  nombre  de  trois. 

Au  reste ,  le  d^c  de  Wellingtofi  parait  avoir 
eu  un  pressentiment,  que  l'attaque  de  l'armée 
française  aurait  lieu  sur  le  centre  et  même  vers 
la  gauche  de  sa  position  ;  car  il  pensa  au  cas , 
très-possible,  où  son  aile  gauche  battue  et  Mont- 
Saînt-Jean  enlevé ,  le  centre  et  la  droite  ne  pour- 
raient plus  se  retirer  par  la  forêt  de  Soignes.  Il 
raccourcit  d'abord  son  aile  droite,  et  le  18  au 
matii),  la  division  Clinton  et  une  brigade  de  la 
division  Colville  vinrent  se  placer  entre  Merbe- 
Braine  et  la  chaussée  de  Nivelles*  La  division 
Chassé  (hollandaise)  resta  Smilè  sur  la  route 
de  Braine -la -Leud  à  Nivelles.'  Non  content  de 
cette  précaution,  Wellington  reconnut,  le  18  au 
matin  y  une  position  de  retraite  ,  la  gauche  à  la 
forêt  de  Soignes,  et  la ,  droite  vers  Del  vaux. 

Le  i  8 ,  très  à  bonne  heure ,  les  diflférens  corps 
de  l'armée  anglaise  se  mirent  en  niouvement , 
pour  occuper  leurs  places  de  bataille.  L'ordre 
dans  lequel  ils  se  placèrent  était  le  suivant. 

AILE   DROITE. 

La  division  Cliiùou,  entre  Merbe-Braine  et  la 
chaussée  de  Nivelles,  en  colonnes,  mais  prête  à 


33  LIVRE    II. 

faire  front,  par  leur  droite ,  qui  était  couverte  par 
des  batteries.  La  brigade  Adams  (a)  à  gauche  ; 
les  brigades  Duplat,  (b)  et  colonel  Halkett  (c) 
à  droite.  La  brigade  Mitchell ,  de  la  division  Ool- 
ville,  en  arrière  (d).  La  division  Chassé  avait 
la  brigade  Ditmers  devant  Braine-la-Lcud  (f) ,  et 
la  brigade  d'Aubremé,  à  la  ferme  de  Vieux-Fo- 
riez  (g).  Laile  droite  avait  cinq  batteries. 

CENTRE. 

La  division  Gooke  était  à  lia  droite;  la  brigade 
Maitland  (h)  et  la  brigade  Byng  (i)j  les  trois  bri- 
gades de  la  division  Alten  et  celle  de  Nassau 
suivaient  et  s'étendaient  jusqu'à  la  route  de  Char- 
leroî ,  savoir  :  la  brigade  Ompteda  (k),  celle  de 
Kielmansegge  (l)^  celle  de  Nassau,  entre  deux  (o)^ 
et  celle  de  Halkett  (m)  (*).  L'infanterie  de  Nassau 
était  en  partie  derrière  la  division  Cooke ,  et  en 
partie  entré  les  deux  brigades  (n).  Derrière  le 
centre  étaient  huit  brigades  de  cavalerie ,  savoir  : 
en  seconde  ligne,  celle  de  Sommerset  (p),  celle 
de  Doernberg  (g),  celle  d'Alirenschild  (r)j  celle 
de  Grant  ($)^  et  celle  de  Brunswick  (t)  ;  en  troi- 
sième ligne ,  les  trois  hollandaises  de  Van-Mer- 
len  (u)j  de  Ghigny  (v)^  et  de  Triptc  (w)^  sous 
les  ordres  du  général  CoUaert.    Le  château  de 


{*)'  Il  y  avait  deux  brigades  Halkett  :  la  jiremière ,  commaDdce  jKir 
le  gt'iicral-major  de  ce  nom,  dans  la  dÎTision  Alten  j  la  seconde ,  com- 
mandée par  le  colonel ,  dans  la  division  Clint*ii. 

# 


CHAPItKE   I.  â5 

Goumont  était  occupé  par  quelques  troupes  de 
la  brigade  Byng ,  de  Nassau  et  de  Brunswick.  La 
ferme  de  la  Haye-Sainte,  Fêtait  par  deux  batail- 
lons de  la  brigade  Ompteda.  Le  centre  avait  onze 
batteries. 

AILE    GAUCHE. 

Elle  s'étendait  derrière  le  chemin  bordé  de 
haies,  qui,  de  Braine-la-Leud,  conduit  à  Lou- 
yain.  La  division  Gole  et'  it  le  long  de  la  route 
de  Charleroi,  la  brigade  Lambert  en  ligne  (x)^ 
et  la  brigade  Best  devant  Mbnt-Saint-Jean  (y). 
Suivait  la  division  Picton ,  et  une  brigade  de  la 
division  Perponcher,  savoir  :  la  brigade  de 
Winck  (z)j  la  brigade  Pack  (aa)^\a  brigade  hol^ 
landaise  de  Bylandt  (ce)  et  la  brigade  Kempt  (bb)^ 
ayant  le  gS*  régiment  en  avant ,  derrière  une  haie. 
La  brigade  du  prince  de  Weimar  occupait  la 
Haye,  Papelotte  et  Smohain  (dd).  En  seconde 
ligne  se  trouvaient  trois  brigades  de  cavalerie; 
celle  de  Ponsonby,  vers  la  route  (ff)^  et  celles 
de  Yandeleur  (gg)  et  Vivian  (kh),  à  Textréme 
gauche ,  pour  tenir  la  communication  avec  Ohain 
et  les  Prussiens.  L'aile^auche  avait  neuf  batte- 
ries. 

Il  restait  neuf  batteries  ou  soixante-huit  ca- 
nons en  réserve ,  outre  une  batterie  à  la  congrève. 

Napoléon,  assuré  par  la  dépêche  du  maréchal 


^4  l'ivAs  II* 

Grouchy,  qu'il  atait  reçue  à  cinq  heures  du  ma- 
tin ,  que  son  aUc  droite  aérait  à  Wavre  vers  midi  ^ 
voulait  attendre  jusqu'à  ce  moment  pour  atta- 
quer. Il  avait  plu  pendant  toute  la  nuit;  il  pleu- 
vait encore  au  point  du  jour,  et  le  temps  ne  com- 
mença à   s'éclaircir  que  vers    huit  heures  du 
matin.  A  peu  près  à  cette  heure,  quelqu'un  des 
aides-de-camp  de  Napoléon ,  et  noit  pas  le  maré- 
chal Ney,  comme  .on  l'a  dit ,  vint  le  prévenir  que 
Farmée  anglaise  se  mettait  en  retraite.  Cet  offi- 
cier avait  pris  les  mouvemens  des  troupes,  qui  se 
rendaient  à  leur  poste  de  bataille ,  dans  différentes 
directions ,  pour  des  mpuvemeiis  de  retraite.  Na- 
poléon aivoya  au  comte  d'Ërlon  Tordre  de  sui- 
vre l'ennemi  avec  son  corps  ;  mais  ce  général 
ayant  répondu  que  »  loin  de  se  retirer,  l'ennemi 
se  mettail:  en  ligne,  Napoléon  se  rendit  sur-le- 
champ  au  I*'  corps.  Là  il  vit  qu'en  effet  l'armée 
anglaise  se  disposait  à  recevoir  la  bataille,  et 
qu'elle  achevait  de  se  ranger.  Son  premier  mou- 
vement fut  de  déployer  ses  troupes  et  d'engager, 
l'action  sur-le-champ  ;  mais  les  armes  mouillées 
par  une  pluie  de  près  de  vingt-quatre  heures, 
n'étaient  pas  encore  nettoyées  :  bien  que  cette 
opération  ait  été  commencée  de  grand  matin, 
comme  elle  ne  pouvait  se  faire*  que  successive- 
mant,  elle  n'était  pas  encore  achevée.  Napoléon 

^^«'«^^ft^r'ef  de  !<;;  tenir  prêtes  tl^^ 
les  armes  a  orne  heures.  La  bataiUe  étant  inén- 


CHAPITEE  <.  Ji5 

table.  Napoléon  écrivit  au  maréchal  Grouehy, 
vers  dix  heures  du  matin,  pour  len  prévenir. 
En  même  tempa,  il  lui  observait  que  son  second 
rapport  de  Gembloux  ne  .parlait  qpue  des  colon* 
nés  prussîeones,  qui  avaient  passé  par  Sàuvenières 
et  Sart-4-Walhaîn,  tandis  qu'une  troisième  (les 
corps  de  Zieihen  et  de  Pirch)  avait  passé  par 
€rentines.  Napoléon  enjoignait  an  maréchal  Grou- 
chy  de  se  diriger  sur  Wavre,  dt.  d'y  arriver  le 
plutôt  possible,  afin  de  se  rapprocher  du  restant 
de  l'armée,  se  mettre  en  rapport  d  opérations  e^ 
lier  les  commmiicatiokis.  Il  devait  faire  suîvre;les 
eorpa  ennemis  qui  auraient  pris  sur  la  droite 
(dans  la  directian.deLiége),  par  quelques  corpa 
lëgers  (*). 

Le  plan  dé  bataille  qu'avait  conçu  Napoléon , 
était  celui  que  lui  dictait  le  but  auquel  il  devait 
atteindre  t  s'emparer  de  Mont- Saint -Jean ,  afin 
d'être  maître  des  deux  routes ^  d'empêcher  l'ar- 
mée anglaise  dé  se  retirer  par  la  forêt  dcSoîgnes,. 
et  de  Ini  faire  le  plus  de  mal  possible.  Le  résultat 
de  ce  plan,  s'il  réussissait,  était  de  forcer  Iq  duc 
de  Wellington  à  se  replia  sur  Hali,  et  i  ubandon^ 
ner  Bruxelles,  ce  qm  consonnnait  la  séparation 
des  Anglais  et  des  Prussiens.  Napoléon  fit  ses  dis* 
positions  en  conséquence.  Le  i  "^  corps  était  destiné 
à  attaquer  Mont-Soint-Jean  ;  après  avoir  emporté 
ee  village,  ri  devait  s'y  établir  et  s'y  mettre  en 

n  Pièces  jistifiaitiycB ,  N«  X  VU. 


â6  LITRE    II. 

défeuse.  Cette  attaque  ne  devait  -cependant  avoir 
lieu ,  que  lorsque  le  s'  corps ,  destiné  à  tenir  en 
échec  Faile  droite  de  l'ennemi ,  aurait  pu  appuyer 
sa  gauche  à  Goumont.  Le  2'  corps  devait  alors 
s'avancer  à  mesure ,  pour  se  tenir  à  la  hauteur  du 
1  •'.  Le  6*  corps ,  derrière  le  centre ,  devait  servir 
de  réserve ,  soit  pour  remplir  l'espace  qui  pouvait 
s'ouvrir  entre  le  i**  et  le  a*  corps,  soit  pour  tenir 
en  échec  le  centre  des  Anglais.  Deux  directions 
d'attaque  se  présentaient ,  pour  parvenir  au  but 
prrincipal ,  qui  était  de  se  rendre  maître  de  Mont- 
Saint-Jean.  La  prcmière  était  de  porter  le  1  *'  corps, 
en  ordre  oblique  de  gauche  à  droite ,  sur  la  Haye- 
Sainte,  et  de  forcer  la  ligne  ennemie  près  de  la 
route  de  Charleroi.  Le  a*  corps,  en  se  serrant 
au  1  •'  par  l'oblique  inverse ,  doublait  la  force  de 
ràttaque ,  et  la  réserve  partagée  derrière  les  deux 
ailes,  pouvait  empêcher  Tennemi  de  les  débotH 
der.  La  seconde  direction  d'attaque,  était  celle 
de  porter  le  1  •'  corps ,  en  ordre  oblique  de  droite 
à  gauche ,  sur  la  pointe  de  l'aile  gauche  ennemie. 
Une  partie  de  la  réserve ,  en  se  présentant  en  co- 
lonne sur  la  route  de  Charleroi ,  aurait  empêché 
Wellington  dé  faire  un  contre-mouvement,  et 
son  aile  gauche  débordée  se  serait  vue  rejetée 
sur  Mont-Saint-Jeaii.  Napoléon  s'arrêta  d'abord 
à  cette  dernière  disposition  :  ayant  exactement 
reconnu  son  champ  de  bataille,  vers  onze  heu- 
res il  déploya  son  armée  dans  l'ordre  suivant. 
Le  1"  corps  passa  à  la  droite  de  la  route  de 


CHAPITKE    1.  57 


Cfaarkroi ,  et  s'étendit  oMiquemcnt  sur  lé  che- 
min de  Smohain,  fes  divisions  Durutte  (A),  Mar- 
cognet  (B) ,  Dontelot  (C)  et  AUix  (D)  (*) ,  en  co- 
lonnes ,  Tune  derrière  l'autre ,  en  ordre  imcrse. 
La  division  Jacquinot  (E)  couvrait  1  aile  droite. 
Les  seize  pièces  de  douze  ^  de  la  réserve  des  s"  et 
6*  coicps,  forent  données  au  premier,  ce  qui 
porta  son  artillerie  à  soixante-deux  bouches  à 
fev;  ollesfixrent  m^ses  en  batterie  au  delà  du  che- 
min, sur  le  plateau,  en  face  de  l'aile  gauche  an- 
glaise. 

Le  2*  corps  vint  s'appuyer  à  la  route  de  Char- 
leroi  et  se  déploya,  s'étend ant  vers  la  route  de 
INivelles.  La  division  Girard  (G)  à  droite  (**), 
^celles  de  Foy  (H)  et  de  Bachelu  (I),  au  centre, 
et  celle  du  prince  Jérôme  à  gauche  (K).  La  di- 
vision Pffé  (L)  passa  au  delà  de  la  route  de 
Nivelles ,  près  de  Monpiaisir,  pbiir  observer  les 
troupes  ennemies  qui  étaient  à  Braine-la-Leud 
et  Foriez. 

Le  corps  de  cuirassiers  de  Milhaud  (M)  étârit 
en  réserve  derrière  lo  1  "  corps  ;  celui  du  comUî 
de  Valmy  (N) ,  derrière  le  second. 
.  Le  6"  corps ,  qui  n'avait  que  les  deux  divi- 
sions Simmer  (0)  et  Jeannin  (P),  était  en  co- 
lotuies  serrées  à  la  droite  de  la  route ,  à  la  hau- 
teur de  Planchenoit.  Dans  celle  position,  il  était 

{*)  Le  général  AUix  ttait  en  mission)  la  division  ctaic  commandes  pr 
\t  c,vncral  Quîot. 

{**)  ConiToandcr  par  le  gcncraJ ^  .  ;      .    - 


a&  LIVRE    II. 

prôt  à  entrer  en  ligne,  ausaUôt  que  le  i*^  corps 
aurait  ouvert  le  centre,  en  abordant  la  gauche 
de  rennemi.  La  division  légjnre  du  général  Do- 
mont  (  Q  )  avait  été  poussée  en  obiervatîon ,  ver* 
le  bois  de  Paris,  et  jetait  des  partis  en  avant,  pour 
avoir  des  nouvelles  du  maréchal  Grouchy,.  La 
division  légère  du  général  Suberwîck  (R)  élait 
derrière  Plancheinoi.t 

La  garde  imp<^a)e  était  ^n'  réserw  à  là  gau- 
che de  Rossôme  ;  les  troî^  dÂvisipn^.de  vieille 
garde  (S),  moyenne  garde  (T),  et  jeune  garde  (U) 
au  centrç;  la  çavafcrie  de. réserve  (V)  à  gauche, 
ot  la  cavalerie  légère  (W)  à  droitq^ .  Napoléon  «e 
plaça ,  avec  le^  quatre  escadrons  de  service  de  la 
gard^,  sur  une  petite  hauteur,  entre^Rosaoméet. 
la  Maisoxi-du-Jloi  (X). 

Lorsque  TaBipée  française  se  déplpya  et^se  mît 
en  mouvement ,  les  troupe»  -ennemies ,  bivaquées 
sur  leur  ligtie  de  bataille,  prenaient  leur  repas. 
La  marche  des  colonnes  qui  s'avançaient,  les  fit 
courir  aux  iarjpoea.  Wellington  se  porta  sur  la  li- 
gne ,  afin  dis  reconnaître  le  système  de  l'attaque 
dont  il  était  menacé.  Le  mouvement  du  i°' corps 
ne  pouvait  lui  laisser  aucun  doute,  et  il  expédia 
surJe-champ  au  général  Biilow  l'avis  que  la  ba- 
taille allait,  s'engager  ;  il  le  preiisa  également  de 
bâter  sa  ipiarche.     * 

A  onze  heures  et  demie ,  le  combat  s'engagea 
à  rextrémité  de  notre  aile  gauche ,  contre  le  bois 
ot  le  château  do  Goumont.    Six  bataillons  de  la 


cuàprim  I.  âg 

diyision  da  prince  Jérôme  s'avançaient  en  co- 
lonnes d'attaqae  (  i  ) .  Le  bois  ^  et  le  château  qu'à 
entoure  presque,  étaient  occupés  par  un  bataUlon 
de  Nassau,  Un  de  Brunswick,  et  onze  compa- 
gnies anglaises  de  )a  brigade  Byng  (â).  On  conn 
battit  quelque  temps  sur  ce  point ,  avec  des  suc^ 
ces  variés  ;  enfin  nos  troupes  parvinrent  à  s'em- 
parer de  la  moitié  du  bois ,  jusqu'au  fossé  qui 
le  partage,  et  à  s'y  établir  (5)  vers  une  heure. 
Alors  Wellington  fit  avancer  sur  la  crête  du  pla- 
teau, en  arrière  de  Gomnont,  la  division  de  Bruns- 
wick (4)  ;  les  brigades  des  gardes  et  de  Nassau 
firent  également  un  mouvement  en  avant  (5)  ; 
de  nouvelles  troupes  furent  envoyées  dans  le 
bois ,  et  la  divknou  du  prince  Jérôme  fut  repous- 
sée. Les  divisions  Bachehi  et  Foy  entrèrent  suc- 
cessivement en  ligne,  4  mesure  que  l'ennenû 
faisait  avancer  de  nouvelles  troupes.  La  division 
Pire  s'approcha  de  Goumont  (6) ,  et  fit  plusieurs 
charges  sur  l'ennemi ,  qui  tentait  de  déboucher 
par  la  gauche  du  château ,  et  de  prendre  l'attaque 
en  flanc.  Enfin  la  moitié  du  bois  resta  définiti- 
vement en  notre  pouvoir  ;  mais  il  ne  fut  pas  pos- 
sible de  se  retidre  maître  du  château ,  qui  avait 
été  crétielé  et  piis  en  état  de  résister  à  un  coup 
de  main.  Une  fois  nos  troupes  parvinrent  à  s'em- 
parer d'une  des  portes  du  jardin  ;  un  nouveau 
renfort  des  gardes  anglaises  les  en  repoussa.  Alors 
Napoléon  ordotina  au  comte  Reîlle  d'établir  con- 
tre le  château  une  batterie  d'obiisiers,  afin  de 


3o  LIYRB    II. 

rincendier.  Le  combat  8e  soutint  pondant  quel* 
que  temps  stationnaire  sur  ce  point.  A  notre 
droite ,  les  soixante-deux  bouches  à  feu  qui  cou- 
vraient le  1  •'  corps ,  avaient  ouvert  leur  feu  vers 
midi.  L'importance  que  le  duc  de  Wellington 
attachait  à  la  position  de  Goumont ,  où  se  trou- 
vaient engagées  ses  meilleures  troupes ,  était  d'un 
bon  augure  pour  le  succès  de  l'attaque ,  qui  de- 
vait avoir  lieu  sur  l'aile  opposée.  En  prolongeant 
Je  combat  avec  vigueur  à  notre  gauche ,  on  pou- 
vait espérer  d'y  attirer  une  partie  des  réserves  de 
l'ennemi,  et  d'alléger  par-là  les  diflScultés  que 
pouvait  présenter  l'attaque  de  Mont-Saint-Jean. 
Tel  était  en  effet  l'aspect  sous  lequel  se  présen- 
tait alors  la  bataille.  Mais  une  circonstance  tout- 
à-fait  imprévue ,  allait  en  changer  les  combinai- 
sons, et  obliger  l'empereur  Napoléon  à  disposer 
du  6*  corps ,  d'une  autre  manière  qu'il  ne  l'avait 
d'abord  pensé.  Wellington ,  de  son  côté ,  dont 
toute  la  sollicitude  se  portait  sur  sa  gauche ,  par 
où  les  Prussiens  devaient  le  joindre ,  ne  pouvait 
faire  aucun  changement  dans  sa  ligne.  Obligé  de 
livrer  un  combat  de  pied  ferme,  et  de  passer 
par-dessus  tous  les  sacrifices  d'hommes ,  pour  se 
maintenir  dans  sa  position ,  il  ne  pouvait  disposer 
de  ses  réserves ,  ailleurs  qu'à  l'aile  gauche  et  à  la 
plus  grande  extrémité. 

A  peu  près  dans  le  moment  où  l'attaque  de 
Goumont  commença ,  Napoléon  avait  aperçu  sur 
les  hauteurs  de  Saint-Lambert,  un  corps  de  trou- 


CHAPITRE   I.  5l 

pes  qui  y  arrivait  (H).  Si  le  maréchal  Grouchy 
avait  quitté  Gembloux  au  point  du  jour,  il  pou- 
vait avoir  passé  la  Dyle,  et  son  avant-garde  avoir  at- 
teint les  hauteurs  de  Saint-Lambert  à  cette  heure; 
la  première  idée  qui  se  présenta ,  fut  donc  que  c'é* 
taient  ses  troupes  qu'on  voyait.  Mais  bientôt  des 
chasseurs  à  cheval  de  la  division  Domont,  lui  ame- 
nèrent un  ordonnance  prussien,  porteur  d'une 
dépèche ,  par  laquelle  Bûlow  annonçait  son  arri- 
vée au  duc  de  Wellington.  Cette  circonstance 
changea  toutes  les  dispositions,  jusqu'alors  déci- 
dées.pour  la  butaille.  Le  corps  de  Sûlow  se  trou- 
vait entre  l'armée  française  et  l'aile  droite,  que 
commandait  le  maréchal  Grouchy.  Ce  dernier 
pouvait  bien,  à  la  vérité,  l'arrêter  et  même  le  dis- 
perser ,  en  arrivant  à  temps  sur  ses  derrières. 
Mais  il  était  possible  qu'il  fût  retardé  lui-même 
au  passage  de  la  Dyle ,  ou  qu'il  eût  rencontré  des 
obstacles  imprévus.  L'interposition  d'un  corps 
ennemi,  à  Saint-Lambert,  était  toujours  un  pré- 
sage défavorable ,  en  ce  qu'il  allait  paralyser  une 
partie  de  la  réserve.  La  distance  de  Saint-Lam- 
bert au  champ  de  bataille,  n'était  pas  de  deux 
lieues;  il  fallait  donc  tenir  un  corps  prêt  à  se 
porter  au-devant  de  Bùlow  et  le  contenir.  Dès- 
lors  ,  il  ne  fallait  plus  penser  à  prolonger  l'atta- 
que du  r'  corps  jusqu'à  l'extrême  gauche,  puis- 
qu'il n'était  plus  possible  de  remplir  le  vide ,  que 
ce  mouvement  à  droite  aurait  laissé  entre  le  i*' 
£t  le  a*  corps.  Napoléon,  forcé  de  tenir  sa  réserve 


52  LITRE    II. 

disponible  contre  une  attaqae  de  flanc,  se  vit 
donc  obligé  de  changer  la  disposition  d'attaque 

0 

du  i**  corps.  Il  prescrivît  en  conséquence  au  ma- 
réchal Ney,  d'entamer  l'action  par  l'attaque  vers 
la  Haye-Sainte,  par  la  dÎTision  de  gauche  du  i" 
corps.  La  ligne  de  bataille,  contre  les  Anglais, 
n'allait  plus  être  composée  que  de  trente  mille 
hommes  environ  ;  WcfHington  y  en  avait  déjA 
soixante  mille.  Plus  tard,  dans  les  pilus  grands 
efforts  de  la  journée ,  quarante  mille  hommies  fu- 
rent employés  ;  alors  Wellington  en  avait  réuni 
quatre-vingt  mille ,  et  Ziethen  lui  éa  amena  vingt. 
La  première  mesure  que  prit  Napoléon ,  lors- 
qu'il apprit  l'arrivée  de  Bulow  à  Saint-Lam- 
bert, fut  celle  d'envoyCT  la  division  légère  de 
Suberwîck,  renforcer  celle  de  Domont  (<i).  Ces 
deux  divisions,  fortes  environ  de  deux  mille 
cinq  cents  chevaux ,  devaient  chercher  à  contenir 
l'avant-garde  de  Bûlov^,  occuper  les  débouchés, 
pour  empêcher  la  cavalerie  ennemie  de  se  jeter 
sur  nos  derrières ,  et  pousser  des  partis  à  la  ren- 
contre du  maréchal  Grouchy.  Le  comte  de  Lobau 
fut  reconnaître  la  position  qu'il  devait  occuper, 
en  avant  de  Planchenoit ,  pour  combattre  les 
i^russiens,  s'ils  débouchaient  du  bois  de  Paris. 
Un  officier  d'état- major  fut  expédié  vers  une 
heure  au  maréchal  Grouchy,  pour  lui  porter  un 
nouvel  ordre  d'appuyer  à  gauche ,  et  de  chercher 
à  empêcher  les  Prussiens  d'inquiéter  l'aile  droite 
de  l'armée  principale.  Le  maréchal  fut  également 


dupnu  I.  3$ 

préireBU  du  molTreineftl.  de  Bûfew,  «fui^deratt 
r-engagai'  â  se  hÂter  (*).  Cet  officier  d^étalràia|or, 
qui:  était  Je  c€Mk>ûel  Zefiotfitz,  averti- dé  Finlpor^ 
tance  de  sa  mission ,  aurait  dû  arriver  prè»  dû 
vmrécbêl  Gfouchv  yen  trois  keures  ;  il  ne  lere- 
)o^it  cependant  qu'à  s^  heure»  du  soir,  et 
trop  tard,  par  une  négligence  bien  Coupable, 
Mous  ne  rapporterons  pas  les  bruils  qui  ont  couru 
dans  te  temps  sur  S€»  eon^pte. 

Cespetidiffit  F^napereur.  Mapoléon  se  décida  à 
faire  attaquer  sia^Je-champ  l'aile  gauche  enne- 
mie ^  sans  attemke  pkis  long-temps  le  succès  <de 
l'attaque  de  Goutnont.  Vers  une  heure,  le  i"" 
corps  ftsçut  l'ordîe  de  changer  de  direi^on.  Po\ir 
suivre  de  plus  {^^ës  e^le  attaque,  Napoléon  se 
porta  avec  ses.escadronsde  service,  sur  la  hauteur 
en  arrière  de  la  BeUe^^Amanee  (T).  Le  maréchal 
Key„  qui  se  trouvait  Au  i"  corps,  le  forma  en 
quatre  colenkies  serrée»  et  le  dîriglëa  en  échelons , 
la  gauche  en  avant,,  surb  division  Piéton,  labsant 
la  Haye-Sainte  4  gauche.  Les  colonnes  des  quatre 
dissions  (7,  8 ,  9,  10),  étaient  tellement  rappro-* 
chées ,  qu'il  amfait  été  hnpossiUe  de  les  déployer. 
L'artillerie  resta  sur  le  plateau  (  1 1  )  où  elle  avait 
d'fidx»^  été  mise  en  batterie.  La  cc4onne  de  gau-* 
che  (7)  s'avança  jusqu'au  chemin  creux  qui  cou- 
rût «  la  division  PictML  {"*) ,  et  se  trouva  bientôt 

n  Pièce»  jusUficiUiTes,  »<>  lOX, 

{*^)  Les  baies  qni  bordent  ce  cbemin  cieifx  aTaieni  été  coupées  à  hau- 

IV.  3 


34  UTRB  IK 

engagiée  avec  la  brigade  hollandaise  de  By- 
landt  (ce).  Cette  brigade  fut  culbutée  presque  au 
premier  choc  ;  mais  la  brigade  Kempt  (bb)  sou« 
tint  le  combat  ;  le  Ss"*  régiment  anglais,  qui  était 
en  seconde  ligne ,  vint  remplir  le  vide  laissé  par 
les  Hollandais.  Dans  ce  moment,  le  général  Pic- 
ton  fit  faire  un  mouvement  â  droite  aux  4^*  ^t 
92*  régimens,  qui  étaient  en  première  ligne  de  la 
brigade  Pack  (aa).  Nos  troupes,  prises  en  flanc, 
furent  arrêtées.  Le  îo5*  régiment,  qui  était  en 
tête  de  la  colonne ,  fut  mis  un  instant  en  désor- 
dre et  perdit  son  aigle.  Le  combat  se  soutint  ce- 
pendant avec  le  plus  grand  acharnement  sur  ce 
point.  Le  général  Picton ,  frappé  d'une  balle  à  la 
tête ,  tomba  aux  premiers  rangs  de  ses  troupes , 
qu'il  encourageait  par  son  exemple. 

La  division  de  gauche  du  1*"  corps  souffrait 
beaucoup  et  commençait  à  perdre  du  terrain.  La 
3*  colonne  (8)  allait  entrer  en  action,  lorsque  Wel- 
lington pensa  à  profiter  de  la  faute  qu'avait  faite 
le  maréchal  Ney.  Le  premier  objet  de  l'attaque 
qu'il  dirigeait  aurait  dû  être  de  s'assurer  un  point 
d'appui,  en  occupant  la  Haye-Sainte.  Tant  que 
ce  poste  restait  entre  les  mains  de  l'ennemi,  ce 
dernier  pouvait  déboucher  par-là ,  pour  prendre 
ïios  colonnes  en  flanc  ;  et  d'un  autre  côté ,  l'artil- 
lerie ,  qui  ne  pouvait  pas  bien  se  mouvoir  dans 


tenr  d'appoi  ponr  décourrir  le  fca  de  rarlilleriei  elles  formaient  cepen- 
dant an  parapet  suffisant  contre  la  caTalerie. 


GH^AÏITfiE   I.  35 

les  terres  détrempées  du  valloii  qu'elle  avait 
devant  elle,  avait  besoin  de  la  grande  route  pour 
se  porter  en  avant.  La  brigade  de  dragons  de 
Ponsonby  (ff)  déboucha  par  la  grande  route  et 
vint  charger  la  colonne  de  gauche  en  flanc  ;  cette 
charge  inattendue  y  jeta  quelque  dés(»rdre  :  elle 
s'appuya  sur  la  colonne  voisine  (division  Don* 
zelot) ,  et  la  fit  également  plier.  Le  comte  d'Erlon , 
dont  le  cheval  venait  d'être  tué ,  fit  former  les 
carrés.  Mais  les  dragons  ennemis ,  par  un  motif 
dont  il  est  difficile  de  se  rendre  compte ,  passèrent 
outre ,  en  frisant  les  carrés  de  si  près ,  que  des 
hommes  et  des  chevaux  furent  tués  à  coups  d'épée 
par  nos  ofl&ciers.  Il  semblait  que  l'ivresse  les 
entraînât ,  sans  but ,  au  travers  de  l'armée  fran- 
çaise. Dans  ce  moment,  par  une  autre  faute  inex* 
ensable ,  l'artillerie  quittait  sa  position  (  1 1  )  ,  et 
s'avançait  dans  le  vallon  pour  suivre  le  i  *'  corps. 
Les  dragons  anglais  se  pestèrent  sur  elle  (12), 
sabrèrent  un  nombre  de  chevaux  et  désorganisé^ 
rent  une  quinzaine  de  pièces.  Le  général  Milhaud 
fit  alors  arrêter  la  charge  de  l'ennemi,  en  portant 
en  avant  la  brigade  Travers  de  la  division  Wa- 
thier  (7"  et  1  a*  cuirassiers)  (i3).  Le  généralJac- 
quinot ,  par  un  mouvement  habile ,  se  porta  sur 
la  ligne  de  retraite  des  Anglais  (i4)»  ^^  brigade 
Gobrecht  (3*  et  4*  lanciers)  les  chargea  en  flanc  et 
à  dos.  La  plus  grande  partie  de  la  brigade  en- 
nemie y  périt ,  avec  le  général  Ponsonby  ;  les 
restes  regagnèrent  la  Haye-Sainte  en  désordre.  En 


36  LIVRE   II. 

mtme  temps  que  la  brigade  Pousonhy ,  cette  du 
général  Yandeleur  ayait  débouché  par  rextréme 
gauche  de  la  ligne  anglaise  ;  mais  le  mouTemcnt 
du  général  Jacquinot  Vc^Ugea  à  se  repUer  sais 
s'être  engagée  avec  notre  cavalerie. 

L'empareur  Napoléon ,  voyant  le  désordre  que 
la  charge  des  dragons  anglais  avait  mis  dans  une 
partie  du  i  "  corps ,  se  porta  en  avant.  Le  corps 
du  général  Milhaud  prit  position  en  arrière  <ta 
la  Haye-Sainte  (  1 5)  ;  la  cavalerie  de  la  garde  en 
seconde  ligne  (16).  Les  colonnes  d'attaque  du  1*' 
corps  furent  reformées.  Aucun  mouvement  ne 
s'étant  fait  apercevoir  dans  la  ligne  anglaise, 
Plapoléon  ordonna  de  renouveler  l'attaque ,  mais 
d'enlever  d'abord  la  Haye-Sainte.  Wellii^on,  de 
son  côté^  avait  déjà  donné  l'ordre  à  la  division 
Clinton  (a^bjc)  de  s'approcher  un  peu  du  centre 
4e  sa  ligne  ;  elle  s'avança  jusqu'à  la  route  de 
Nivelles  (17).  Un  peu  après  trois  heures,  le  dom- 
mage fait  aux  batteries  du  1  *'  corps  ayant  été  ré- 
paré ,  les  colonnes  se  remirent  en  mouvement. 
Le  général  Milhaud  et  la  cavalerie  légère  de  la 
garde ,  chargèrent  par  la  gauche  de  la  Haye-Sainte 
les  brigades  Ompt^d^  (K)  et  de  Nassau  (O).  L'in<* 
fanterie  ennemie  se  forma  en  carrés ,  et  les  ca- 
nonniars,  abandonnant  leurs  pièces,  se  réfugièrent 
dans  les  cairrés.  Dès  le  coHunenc^ment  de  Yac-^ 
tion ,  le  duc  de  Wellington  avait  fait  retirer  der** 
rière  la  %ne ,  les  chevaux  des  batteries  qui  étaient 
9ur  le  front.  Nos  cuirassiers  enfoncent  les  ba-» 


taillons  de  gauche  de  la  brigade  Ompteda  et  dé- 
{>assèrent  la  ligne.  Une  charge  de  la  brigade  Som^ 
merset  les  ramena,  et  l'infanterie  n'étant  pas 
encore  en  mesure  de  les  soutenir,  ils  furent 
obligés  par  le  feu  de  Tennemi  à  se  replier.  Peu 
après,  la  gauche  du  1*'  corps  étant  arrivée  de 
nouveau  à  la  hauteur  de  la  Haye-Sainte ,  le  comte 
d'Erlon  fit  attaquer  ce  poste  par  quelques  batail- 
lons. Malgré  la  résistance  opiniâtre  de  la  brigade 
Ompteda ,  il  fut  enlevé ,  et  nos  troupes  s'y  établi^ 
rent  vers  quatre  heures.  Alors  le  duc  de  Wel- 
lington fit  avancer  la  brigade  Mitchel  (b)  à  la 
droite  de  la  division  Clinton  (18).  Il  ordonna 
aussi  au  général  Chassé  de  faire  avancer  la  bri- 
gade Ditmers  de  Braine-la-Leud,  pour  remplacer 
la  division  Clinton,  dans  sa  première  position  (a); 
de  retirer  également  la  brigade  d'Aubremé  de  la 
ferme  de  Foriez,  et  de  s'approcher  avec  elle  de 
Mont-Saint-Jean  :  cette  brigade  se  plaça  plus  tard 
en  avant  de  la  route  de  Nivelles  (19).  Wellington 
voyait  alors ,  par  la  direction  des  attaques ,  qu'il 
n'avait  rien  à  craindre  pour  son  extrême  droite , 
contre  laquelle  il  n'y  avait  eu  jusqu'alors  d'autre 
mouvement,  que  quelques  reconnaissances  pous*- 
aées  par  le  général  Pire ,  sur  les  bords  du  ruis^ 
seau  de  Hain.  A  la  gauche,  le  combat  se  soutenait 
toujours  à  Goumont.  Le  château  avait  été  réduit 
en  cendres ,  et  l'incendie  avait  été  allumé  d'une 
manière  si  violente ,  que  l'ennemi  occupé ,  à  se 
défendre  contre  des  attaques  opiniâtres,  n'avait 


58  LIYRS   II. 

pu  enlever  ses  blessés  qui  y  étaient  restés,  par  une 
négligence  qui  ne  fait  pas  honneur  à  Thumanité. 
Cependant  il  nous  fut  impossible  d'emporter  le 
jardin ,  dont  les  murs  solides  résistaient  au  feu 
de  Tartillerie.  La  perte  de  Fennemi  fut  très-grande 
sur  ce  point;  le  général  Cooke  fut  grièvement 
blessé.  De  notre  côté,  le  prince  Jérôme,  blessé 
au  bras ,  ne  quitta  pas  le  champ  de  bataille. 

Pendant  que  ces  événemens  se  passaient,  le 
corps  de  Bùlow  s'était  réuni  à  Saint-Lambert. 
Vers  trois  heures ,  toutes  les  troupes  de  ce  corps 
étant  arrivées,  le  maréchal  Blûcher,  qui  s'y  trou- 
vait en  personne ,  le  porta  en  avant.  A  quatre 
heures ,  l'avant-gardc  de  Bûlow  occupait  le  bois 
de  Paris ,  et  une  demi-heure  plus  tard ,  les  1 5* 
et  1 6*  divisions ,  la  cavalerie  et  l'artillerie  y  furent 
réunis.  Dans  ce  moment  Blûcher  reçut  l'avis  que 
le  corps  de  Thielemann  était  fortement  attaqué, 
et  que  l'arrière-garde ,  que  Ziethen  avait  laissée  à 
Limale ,  était  elle-même  engagée.  Il  n'y  avait  plus 
moyen  de  reculer  ;  une  marche  rétrograde  au  tra- 
vers dés  défilés  qu'il  venait  de  passer,  le  ramenait  à 
Wavre,  trop  tard  pour  soutenir  son  troisième 
corps  ;  d'ailleurs  il  sentait  parfaitement,  ce  qui  pa- 
rait avoir  échappé  au  maréchal  Grouchy ,  que  les 
événemens  de  la  campagne  de  Belgique  devaient 
se  décider  à  Mont-Saint-Jean  et  non  pas  à  Wavre. 
Il  donna  donc  l'ordre  au  général  Thielemann  de 
se  défendre  comme  il  pourrait ,  et  en  cas  de  mal- 
heur ,  de  sô  retirer  à  Liège  ;  au  général  Bûlow , 


CHAPITltE   I.  39 

il  donna  cdui  de  déboucher  da  bois  ;  au  général 
Pirch  I ,  celui  de  suivre  son  mouvement  sans  re- 
tard ;  le  général  Zietben^  continuait  le  sien«  Ainsi  ^ 
un  renfort  de  quatre-vingt  mille  hommes  allait 
arriver  aux  Anglais  {*)  et  changer  entièrement 
l'aspect  de  la  bataillé,  dont  toutes  les  chances 
étaient  pour  nous  jusqu'à  ce  moment. 

Un  peu  après  quatre  heures  et  demie  y  les  troupes 
de  Bùlow  débouchèrent  des  bois  de  Paris ,  en  trois 
colonnes  (20).  Blûcherleur  donna  la  ferme  élevée 
de  la  Belle-Alliance  pour  point  de  direction  {**). 
Les  deux  autres  divisions  de  ce  corps  étaient  en- 
core en  arrière  du  bois  (â  1).  Lé  général  Domont 
prévint  sur-le-champ  l'empereur  Napoléon  de  l'ap- 
proche de  l'ennemi^  qui  paraissait  au  nombre  de 


(*)  ARMÉE  PRUSSIENNE 

A   WATERLOO. 

1*'  corps 

a*  cocps 

4*  corps 


(^ Tiens  n«  pouvons  pas  passer  sous  silence  l'anecdocte  romancsipie 

que  rapporte  nn  «écrivain  anglais.  (^Bojrce,  Histoiy  ofthe  second  iisur- 

•potion  of  Bonaparte,  ii,  page  6S.)  Selon  lui,  Blucher,  en  débon- 

elianc  du  bois  de  Paris ,  Tonlait  se  diriger  par  Smohain  snrla  gauche  des 

Anglais.  Mais  son  guide  lui  cousciUa  d'attaquer  Planchenoit,  afin  de 

toamer  rarmce  française.  Nons  remettrons  ce  conte  h  la  Bibliothèque 

**"*    arec  les  neuf  dixièmes  des  rfcrivasscrîcs  des  Anglais  sur  cette 
joomçe,  MxtB  de  Ta  ^cmauou  mw  — 


4o  LITRe   II. 

vingt  voiUe  hommes:  Le  moment  cntiquedeia  ba- 
taille était  arrivé ,  conduit  par  un  événement  inat- 
tendu et  qui  devait  rêtrc.  Il  n'y  avait  plus  lieu  de 
douter  que  le  passage  de  la  Dyle ,  par  le  maréchal 
Grouchy,n  aitété  retardé^.  Le  mouvement  offensif 
que  faisaient  les  Prussiens  démontrait  sufBsam-- 
ment  que,  bien  loin  d'être  attaqués  en  queue 
par  notre  aile  droite ,  celle-ci  était  assez  éloignée 
d'eux  pour  ne  pas  les  détourner  du  plan  convenu 
avec  Wellington.  Mais  quelle  était  la  cause  du 
retard  de  Grouchy?  Voilà  où  était  l'incertitude. 
U  n'avait  certainement  pas  été  battu;  l'arrivée  des 
Prussiens  à  cette  heure  prouvait  que  le  lieu  du 
combat  n'aurait  pas  dû  être  éloigné ,  et  ou  n'avait 
pas  entendu  le  canon.  Il  ne  restait ,  dans  le  dout^ 
où  il  devait  se  trouver ,  que  deux  partis  â  prendre 
par  Napoléon.  L'un  était  celui  de  porter  un  corps 
au  devant  de  Bûlow  pour  le  contenir  ;  de  faire 
occuper  les  postes  de  Papelotte  et  la  Haye ,  afin 
de  couper  la  communication  entre  les  Anglais 
et  ce  premier  corps  prussien;  et  de  porter  un 
grand  effort  sur  le  centre  de  la  position  anglaise , 
afin  de  décider ,  s'il  était  possible ,  la  bataille 
avant  l'arrivée  du  restant  des  troupes  prussiennes. 
Si  le  maréchal  Grouchy  avait ,  comme  il  était  pro- 
bable, reçu  le  dernier  ordre  qui  lui  avait  été  expé- 
dié ,  il  ne  devait  pas  tarder  à  déboucher  de  Limale 
ou  de  Moustîers,  et  à  arrêter  la  marche  de  Blûcher, 

en  engageant  fortem^at  son  aixière-fifarde.  Ou-'»»^'^ 
_ 5  ^      — laiipWreçu,  iT devait,  d'après  le 


rapport  qn'îl  avait  flût  de  Gend^loux  dans*  la  nuit 
précédente,  se  trouver  à  midi  devant  Watre.  Il 
devait  alors  arriver  de  deux  choses  Tune  :  ou  la  ma- 
jeure partie  de  Famiée  prussienne  était  restée  da- 
Tanthii,€ft  alors  la  diversion  de  Blûcher  se  rédui- 
sait au  corps  de  Bûlow  seul ,  et  le  danga:*  cessait 
d'être  aussi  grand;  ou  Blucher  avait  quitté  Wavre, 
et  le  maréchal  Grouchy  le  suivait ,  en  laissant  un 
simple  corps  d'oltoervation  vers  cette  vHle.  11  était 
donc  possible  que,  pendant  le  temps  où  Bulow 
serait  ccmtenu ,  une' attaque  bien  conduite  nous 
rendit  maîtres  de  Mont-Saint-Jean ,  et  mit  par- 
là  l'armée  atigtaise  hors  de  combat. 

Le  second  parti  était  celui  de  dégager  son  aile 
droite  et  de  la  faire  pivoter  «n  arrière  sur  la 
gauche.  L'armée  française  pouvait  alors  prendre 
une  position  oblique  de  gauche  a  driMte,  entre 
Goumont  et  Planchenoit.  Un  coup  de  collier  vi- 
goureux devait  nous  rendre  maître  de  Goumont, 
et  en  même  temps  empêcher  les  Anglais  d'in- 
quiéter le  mouvement  rétrograde  du  i"'  corps. 
Le  champ  de  bataille  entre  Goumont  et  Planche- 
noit était  assez  resserré  pour  pouvoir  être  défendu 
sur  tous  les  points.  L'occupation  de  Planchenoit 
couvrait  notre  droite.  Celle  de  Goumont  avait  un 
double  avantage  :  d'abord  elle  menaçait  la  route 
de  Nivelles  et  empêchait  Wellington  de  dégarnir 
son  aile  droite,  ensuite  elle  rendait  dangereux 
tous  les  mouvemens  qu'il  aurait  voulu  faire  faire , 
au  centre  et  à  la  gauche  de  son  armée ,  vers  la 


4^1  uns,  II. 

BeUe-AUiance  ;  car  le  bols  et  le  château  de  Gou- 
mont  offraient  un  point  d'appui  aux  colonnes  d'at- 
taque, qui  seraient  venues  prendre  ces  mouvemens 
en  écharpe.  Dans  cette  position ,  il  était  facile  de 
gagner  la  nuit  et  d'en  profiter  pour  se  retirer 
derrière  Genappe,  et  s'y  réunir  au  corps  de 
Grouchy.  Le  but  de  la  guerre  offensive ,  entre- 
prise en  Belgique,  était  à  la  vérité  manqué^ 
mais  l'armée  était  sauvée ,  et  il  était  possible  de 
suivre  le  second  des  trois  plans  de  campagne 
entre  lesquels  avait  balancé  Napoléon.  Voyez 
liv.  I,  chap.  I. 

Napoléon  parut  un  instant  se  déterminer  à 
suivre  ce  dernier  parti.  L'ordre  fut  donné  au 
comte  d'Erlon  de  se  préparer  à  retirer  son  ar- 
tillerie et  à  dégager  ses  troupes  de  l'action.  Quel 
fut  le  motif  qui  le  décida  peu  après  à  changer 
de  détermination?  Il  parait  que,  la  certitude  que 
le  maréchal  Grouchy  ne  pouvait  pas  manquer 
d'arriver  par  Saint-Lambert ,  et  le  désir  d'abréger 
la  durée  de  la  guerre  par  un  coup  décisif,  l'em- 
portèrent. Peut-être  est-il  vrai  qu'il  se  laissa  en- 
traîner par  l'assurance ,  que  lui  donnèrent  quel- 
ques personnes  qui  étaient  alors  près  de  lui,  que 
le  centre  de  la  position  anglaise  serait  indubita- 
blement enfoncé ,  avant  que  les  Prussiens  ne 
soient  en  mesure  de  l'empêcher.  Quoi  qu'il  en 
soit,  il  se  décida  à  courir  les  chances  d'une  at- 
taque de  flanc,  pendant  qu'il  redoublerait  d'ef-»- 
forts  sur  le  front.  Le  6*  corps  reçut  Tordre  de 


€HAP1T&B   I.  43 

se  porter  au-deTant  de  Bûlow.  Il  prit  position  à 
la  gauche  de  Planchenoit  (22)^  se  trouvant  ainsi 
en  potence  derrière  le  i*'  corps.  Les  deux  divi- 
sions du  corps  de  Bùlow ,  qui  avaient  débouché 
du  bois  de  Paris  ,  se  déployèrent  ,  vers  cinq 
heures,  à  la  hauteur  de  Frichermont  (^3),  la 
i5*  à  droite ,  la  16*  à  gauche,  et  la  cavalerie  sur 
les  ailes ,  la  plus  grande  partie  cependant  à  gau- 
che ;  im  régiment  de  hussards  fut  détaché  vers 
Haransart  pour  couvrir  l'aile  gauche  (â4)«  Quel- 
ques bataillons  du  6*  corps,  poussés  en  avant 
pour  appuyer  la  cavalerie ,  formèrent  devant 
l'ennemi  une  ligne  de  tirailleurs.  Des  charges  de 
cavalerie  eurent  lieu ,  entre  celle  des  Prussiens  et 
les  divisions  Domont  et  Suberwick ,  avec  des  suc- 

r 

ces  variés.  Le  combat  se  soutint  quelque  temps 
presque  stationnaire  ;  Blûcher,  content  d'avoir 
annoncé  son  arrivée  à  Wellington,  par  le  bruit 
du  canon,  attendait  que  les  deux  autres  divi- 
sions de  Bûlow  eussent  passé  le  bois.  Il  fit  ce- 
pendant, à  sa  droite,  occuper  Smohain  (26), 
dont  les  troupes ,  de  la  brigade  hollandaise  de 
Weimar ,  furent  chassées ,  par  erreur,  à  coups  de 
fusil  (*];  à  sa  gauche,  il  jeta  deux  bataillons 
dans  le  petit  bois  de  Hanotelet  (â6). 


(*)  Une  lettre  du  prince  de  Weimar  k  son  père  nons  dît  qnc  les 
Prasiiens  prirent  ces  troupes  pour  des  Français  y  quotqu'eUcs  eussent  le 
ooenr  bien  allemand.  GVtait  le  mémo  régiment  de  Nassan  qvâ  ayait 
déserte  en  1814»  devant  Bayonne»  et  <jui  se  trouTait  alors  au  service 
de  Hollande. 


44  tVTBJL   U. 

£n  même  temps  que  le  6*  corps  se  portait  sur 
la  droite,  Napoléon  avait  ordonné  au  maréchal 
Ney  de  se  maintenir  à  la  Haye-* Sainte,  de  sou- 
tenir ce  poste ,  et  de  faire  attaquer  par  une  di- 
TÎsion  les  fermes  de  Papelotte  et  de  la  Haye« 
La  division  Durutte  y  fut  dirigée  (27).  Le  ma* 
réchal  Ney  ne  devait  faire  aucun  mouvonent  of- 
fensif,  avant  que  lattaque  de Bùlow  n'ait  pris  un 
caractère  décidé.  Vers  cinq  heures,  le  duc  de 
Wellington  fit  porter  la  division  Clinton  (17)  en 
avant,  en  seconde  ligne  de  la  division  Alten  (k^ 
ly  m) ^  qui  avait  beaucoup  souffert.  A  laide  de 
ce  renfort ,  les  Anglais  tentèrent  une  attaque  sur 
la  Haye- Sainte.  Us  furent  vigoureusement  re^ 
poussés  par  notre  infanterie,  et  une  chai^  des 
cuirassiers  acheva  de  culbuter  les  brigades  etx-^ 
nemies  qui  s'étaient  portées  en  avant.  Les  cui- 
rassiers de  Milhaud  et  la  cavalerie  légère  de  la 
garde ,  s'élancèrent  sur  le  plateau  aux  deux  côtés 
de  la  route  ;  un  bataillon  hanovrien  fut  taillé  en 
pièces  dans  la  seconde  ligne,  et  la  charge  fut 
poussée  au  travers  des  carrés ,  dont  la  plupart 
furent  entamés.  Les  deux  brigades  de  gauche  de 
la  division  Alten  se  replièrent  sur  la  division 
Clinton ,  qui  se  trouva  engagée  elle-même.  Na- 
poléon ,  voyant  en  ce  moment  le  plateau  couvert 
par  la  cavalerie  de  notre  droite,  craignit  pour 
elle  Teffet  du  feu  meurtrier  auquel  elle  se  trou- 
vait exposée ,  et  d'une  charge  de  la  part  de  l'en- 
nemi.  Une  déroute  de  cette  cavalerie  aurait  pu 


GBi^PlTftE    I.  4^ 

dès-lors  entraîner  la  perte  de  la  bataille.  Il  or- 
donna au  comte  de  Yalmy  de  8e  portcfr  en  ayant, 
avec  son  corps,  ^our  lia  aoutenir.  Les  deux  div^ 
gîons  accoururent  an  galop.  La  cavalerie  de  ré- 
serre  de^  la  garde  sutvil  ce  mouvement ,  sans  en 
avoir  cependant  reçu  Tordris.  Dans  le  moment 
où  ces  divisions  arrivèrent  sur  le  plateau ,  la  ca* 
Valérie  ai^Iaise  et  hollandaise  venait  d'arrêter  la 
charge  des  cuirassiers  de  Mittiand ,  et  de  les  forcer 
de  se  repUcr  à  côté  du  premier  corps.  Ce  der- 
nier se  trouvait  cependant  engagé  sur  toute  sa 
ligne  (28),  et  son  feu,  bien  nourri,  portait  le 
ravage  dans  les  rangs  ennemis;  sa  gauche  était 
maitresse  de  la  Haye^ainte,  et  repoussait  de  là 
une  nouvelle  tentative  que  fit  Fennemi  pour  s'en^ 
parer  de  cç  poste  (*). 

L'arrivée  des  deux  divisions  du  comte  de  Yal- 
my, et  de  celle  du  général  Guyol^  ranima  Je. 
eoonbat;  la  cavalerie  eoDemie  fat  repoussée  à 
son  tour,  et  la  liôtr^  couronna  de  nouveau  le 
plaleau.  Là  s'alluma  un  oombat  dont  il  n'y  a 
peut^tre  pas  d'encoifile  dans  lliiatoice,  tant  à. 
cause  de  son  achatnémeiit ,  que  de  la  dis{H>sition 
des  troupes.  Les  n^imens  ennemid  éUiient  for-^ 
mes  mx  carrés ,  qui  furent  attaqués  tpur  à  tour 

(*)  Ud  d»  mnmwn  apgbît  c|ont  noo»  aTooa  drjà  r^vk'»  fl^co  ïà 
raventare  mcrvÂUense  du  colonel  Ualkctt,  coamundant  uoe  brigade 
de  la  dÏYÙûon  Clinton,  qui  se  porta  seul  sur  une  colonne  française,  et 
éx  ^tonnier  le  {«nierai  qui  cuît  à  sa  t^te.  Noss  la  renTerroos  I^  un 
nâvdmnie  p^  otiwir  fe  M*  do  capUan, 


46  l'HTRE  n. 

et  en  tous  sens  par  notre  cayalerie.  Au 
de  ces  carrés',  furent  fournies  et  reçues  plusieurs 
charges  des  escadrons  français,  hollandais  et  an- 
glais, souvent  entremêlés.  Dès  que  notre  cava- 
lerie s'éloignait  d'un  carré  ennemi ,  pour  se  re- 
mettre en  ligne ,  il  se  déployait  pour  recommencer 
son  feu  ;  s'approchait-elle  de  nouveau ,  le  carré 
se  reformait.  De  temps  à  autre  une  charge  heu- 
reuse entamait  un  carré;  trois  même  furent  en- 
foncés et  détruits.  La  brigade  du  général  Hal- 
kett  (m)  reçut  à  elle  seule  onze  charges  ;  le  carré 
du  69*  régiment  anglais  fut  taillé  en  pièces,  et 
les  deux  tiers  des  autres  couchés  par  terre.   Ce 
combat  effrayant  dura,  dans  le  même  état,  jus- 
qu'à sept  heures  du  soir.  Le  duc  de  Wellington , 
le  prince  d'Orange  et  lord  Uxbridge ,  au  milieu 
de  cette  mêlée ,  obligés  de  s'enfermer  eux-mêmes 
à  chaque  instant ,  dans  un  carré ,  ne  pouvaient 
qu'encourag«r  leurs  troupes  à  tenir  ferme ,  mal- 
gré leurs  pertes  énormes  ;  il  n'était  pas  possible 
de  faire  aucune  disposition  :  lin  déploiement 
aurait  entraîné  la  déroute  de  Tannée.  Jamais  la 
situation  d'un  général  n'avait  été  plus  critique , 
que  ne  l'était  en  ce  moment  celle  du  duc  de 
Wellington.   Il  était  temps  que  le  secours  des 
Prussiens  vint  l'en  tirer.  Ne  pouvant  pas ,  pen- 
dant que  la  cavalerie  française  était  tout  contre 
ses  lignes,  atteignant  partout  par   des  charges 
sans  relâche,  faire  un  mouvement  ni  en  avant 
ni  arrière ,  la  fermeté ,  ou ,  disons  mieux ,  l'im- 


CHAPITRE   I.  4? 

mobilité  était  le  seul  moyen  de  salut  qui  lui  re^ 
tât.  Il  fallait  supporter  tous  ces  chocs ,  dans  l'es^ 
poir  qu'il  lui  resterait  encore  quelques  hommes 
debout  à  l'arriTée  des  Prussiens.  Toutes  ses  ré- 
serves étaient  engag[ées ,  même  la  division  Chassé, 
qui  avait  été  obligée  d'entrer  en  ligne.  La  divi- 
sion Piéton ,  foudroyée  par  l'artillerie  du  premi» 
corps  5  Toyait  «es  carrés  se  fondre  et  disparaître 
l'un  après  l'autre.  On  vint  dire  à  Wellington, 
vers  sept  heures ,  que  cette  division  n'avait  plus 
que  quatre  cents  hommes  dans  les  rangs  :  «  H 
<£aut  qu'ils  restent  en  place  jusqu'au  dernier 
«homme,  >  fut  la  seule  réponse  qu'il  pût  leur 
donner.  La  division  Alten  était  puisée  des  ef- 
forts qu'elle  avait  à  sou^nir.  Le  général  Van- 
Merlen  était  tué,  avec  lés  commsaidans  de  brigade 
Omptedaet  Duplat;  les  généraux  Alteh,  Collaert,. 
Kempt,  Pack,  Halkett,  Adams,  Boeniberg,  By- 
landt,  blessés.  Les  batteries  delà  première  ligne 
étaient  réduites  au  silence;  celles  de  la. seconde, 
à  chaque  instant  abaxîdonnées  pour  sauver  les  cat- 
nbnniers  dana  les  carrés.  Ce  fut  dans  ce,  moment 
terrible  que  l'angoisse  de  sa  position ,  et  la  dou- 
leur d'un  carnage  pareil  lui  arracha  des  larmes, 
et  cette  exclamation  du  désespoir  :  «  Il  faut  en- 
t  core  quelques  heures  pour  tailler  en  .pièces 
«  ces  braves  gens.  Plût  au  cid  que  la  nuit  ou 
c  les  Prussiens  (urriTassent  avant  I  »  Près  de  quinze 
mffle  hommes  de  l'armée  anglo-baftave  ^étaient 
tués  ou  blessés  ;  un  grand  nombre  d'autres  s'é* 


43  UYBS   U. 

toit  employé  â  transportar  les  bfeaaéa,  et  un  bien 
phid  grand  nombre  ayak  quitté  les  rangs ,  c»r 
traîné  par  la  frayeur.  Dès  la  preiittëre  attaque 
du  1*'  cerps,  tous  les  bagages  qui  étaient  sur  la 
route  <le  Bruxelles,  s'étaient  enfuis  à  vau-de^route , 
à  travers  la  £orét  de  Soigne.  La  terrible  altaqte 
d^  deux  corps  de  cavalerie  y  jeta  les  fuyards 
des  troupes  combattantes.  La  grande  route  et 
les  chemins  latéraux  présentaient  l'image  daplM 
affreux  désordre  ;  couverte  des  déconbres  de  vain 
tures  brisées ,  elle  ^ait  encore  obstruéed'bcMBsmes 
de  toutes,  armes ,  blessés  ou  non,  qui  aUèrent 
porter  Tépouvante  à  Bruxelles  et  jusqu'à  Anvers.. 
A  sept  heures  du  soir,  il  restait  à  peine  au  duc 
de  Wellington  trente  mille   hommes  dans;  les- 
rangs.  Lui-même  comptait  alor&  si  peu  aur  la 
victoire,  qu'il  ordonna  de  &ire  rétrograder  sur- 
Anvers  la  batterie  de  dix-huit ,  qui  devait  pindre 
son  armée ,  et  qui  avait  déjà  dépassé  Malines.  Les 
fuyards,  qui  encombraient. cette  rouJte,  jetèresil: 
le  désordre  dans  le  convoi,  et  une  partie  des, 
pièces  fut  jetée  dans  le  canal.  Qu'il  nous  soiti 
permis  de  rendre  hommage  à  la  valeur  des  di- 
visions de  cavalerie  française,  qui  soutinrent  une 
aussi  brillante  lutte,  pendant  ced  deux  sanglantes  > 
heures.  Atteintes  de  toutes  parts  pw  le  feu  des 
bataillons  ennemis  y  au  miJUbâu  desqueb  elles  pro^ 
menaient  la  terreur  et  la  mort ,  elles  ne  se  rebu» 
tèrent  pas  un  instant  «le  la  contiaitité  de  leurs- 
efforts  ,  ni  des  pertes  ncmfarenses  qu'elles  firant . 


GUAPITRB  I.  49 

Cepeadant  Bûlow  a^vait  continué  son  mouve- 
ment en  ayant,  dès  que  les  t3*  et  i4*  divisions 
de  son.  corps  furent  à  sa  portée,  et,  poussant  de- 
vant lui  la  ligne  de  nos  tirailleurs  et  notre  cava- 
lerie l^re,  avait  abordé  le  6"*  corps.  Le  combat 
s'engagea  et  se  soutint  de  pied  ferme;  même 
une  charge  de  nobre  cavalerie  repoussa  celle  de 
Tennemi  devant  Planchenoit.  Vers  cinq  heures 
et  demie,  les  i5*  et  i4*  divisions  prussiennes 
ayant  rejoint ,  Bûlow  déploya  tout  son  corps 
sur  deux  lignes  (2g)  par  divisions;  la  i5^  et  la 
i3*  adroite,  la  16* et  la  i4*  à  gauche.  Il  débor^ 
dait  ainsi  le  6*  corps ,  et  le  comte  de  Lobeau  se 
vit  obtigé,  pour  couvrir  sa  droite,  de  faire  oc- 
cuper Planchenoit.  Le  général  Bulow,  de  son 
oôlé,  fit  alors  former  en  colonnes  d'attaque  la 
i^  division,  et  la  porta  sur  Planchenoit,  qu'il 
fit  attaquer  par.  six  bataillons.  Le  faible  déta- 
chement du  6*  corps,  qui  défendait  ce  village, 
soutint  le  choc  avec  la  plus  grande  valeur,  et 
l'ennemi  ne  put  s'emparer  que  des  maisons  avan- 
cées; ses  efforts  échouèrent  à  l'attaque  du  ci- 
metière. L'empereur  Napoléon,  attentif  à  ce  qui 
se  passait  à  sa  droite ,  avait  aperçu  le  déploie-* 
ment  de  Bûlow;  il  avait  sur-le-champ  envoyé 
la  division  Duhesme  (jeune  garde),  avec  deux 
bataillons  de  la  nH>yenne  garde  et  une  batterie 
de  <iouœ  de  la  réserve ,  pour  prolcHiger  la  ligne 
du  $*-  corps.  La  tète  de  la  colonne-  de  la  jeune 
garde  porta  sisr  Planchenoit  et  en  chassa  l'en- 

IV.  '  4 


50  LIVEB    II. 

nenû;  la  division  prît  position  à  la  droite  du 
&  corps  (5o).  Une  nouvelle  attaque  des  Prus- 
siens replia  encore  nos  troupes  jusqu'au  cîme^ 
tière;  mais  cette  seconde  attaque  ifut  de  nou- 
veau repoussée.  L'^oinenii ,  chassé  de  Planchenoit 
avec  une  grande  perte,  fut  obligé  de  reculer 
dans  ^a  position.  Dans  ce  moment,  la  division 
Durutte  venait  d'emporter  successivement  Pape- 
lotte,  la  Haye  et  Smohain  (3i).  Bûlow,  dâ>ordé 
par  sa  droite ,  se  crut  obligé  de  retirer  sa  gauche , 
qui  pouvait  être  compromise,  et  de  la  remettre 
en  ligne  avec  la  droite.  Il  était  alors  six  heures 
et  demie. 

Le  mouvement  rétrograde  de  Bûlow,  était  la 
pireuve  certaine  que  les  Prussiens  n  avaient  plus 
de  nouvelles  troupes  à  engagw  sur  ce  poiaC:. 
Tranquillisé  pour  le  momaat  de  ce  côté ,  Napo- 
léon songea  à  p<xter  le  coup  décisif  au  centre 
de  l'armée  anglaise.  Bulow  était  contenu,  Wel-^ 
lington  avait  toutes  ses  réserves  en  ligne ,  et  se 
soutenait  à  peine  ;  il  n'y  avait  donc  aucun  dan- 
ger à  faire  avancer  la  garde,  qui  présentait  encore 
une  réserve  de  huit  mille  hommes  d'élite.  L'en»- 
pereur  Napoléon  formait  la  garde  en  colonnes 
vers  sept  heures ,  lorsqu'on  entendit  sur  la  droite 
s'approcher  le  canon  du  corps  de  Grouchy  ;  c'é- 
tait le  moment  où  il  commençait  enfin  â  passer 
la  Dyle  à'  Limale.  L'interruption  momentanée  diu 
combat  avec  Bûlow ,  qui  alors  était  presque  ia- 
signifiant,  permit  dans  cet  instant  d'entenihre 


GHAPrru  I.  5i 

nùeilx  la  canonnade  9  qui  durait  depuû  cinq  heu^ 
res.  Napoléon  put  et  dut  même  croire  que  Je 
maréchal  Grouchy  était  parv^iu  à  arrêter  la  ma* 
jeure  partie  de  l'armée  pruasienne.  Mais  préci-* 
sèment  en  même  temps,  le  duc  de  Wellington 
recevait  l'avi»  que  le  corps  de  Ziethen  dét>ou- 
chait  d'Ohain  ;  il  fit  circuler  cette  nouvéUe  daw 
les  rangs ,  et  le  courage  presque  éteint  de  ses 
troupes  se  ranima  ;  il  prescriyit  aux  brigades  Van* 
deleur  (gg)  et  Yivian  (hh)^  aussitôt  que  les  pre- 
mières troupes  de  Ziethen  seraient  à  leur  hau- 
teur, de  se  porter  au  centre,  et  il  ordonna  à  la 
brigade  MitcheQ  (i8}  et  à  la  cavalerie  de  Bruns^ 
wick  (tj,  d'attaquer  le  bois  de  Gounvont. 

Notre  cavalerie ,  q[toi  était  sur  le  plateau  de  la 
Haye-Sainte ,  où  elle  3e  soutenait  encore ,  ayant 
forcé  l'infanterie  ennemie  à  descendre  le  revers 
opposé,  vit  également,  vers  sept  heures,  le  corps 
de  Ziethen  qui  avait  dépassé  le  bois  d'Ohain  (3i)) , 
et  les  brigades  de  caFalerie  anglaise  qui  revenaient 
à  elle.  Un  moment  d'hésitation  la  aaisit,  et  il  fut 
facile  d^apercevoir  du  flottement.  Napoléon, 
poiw  aller  au-devant  d'une  crise  qui  pouvait  àt* 
venir  latale ,  se  porta  rapidement  avec  quatre  ba* 
taillons  de  la  moyenne  garde  et  quatre  batteries , 
en  arrière  de  la  Haye-Sainte  (z)  ;  les  quatre  barr 
taillons  formés  en  colonnes  d'attaque ,  passèrent 
â  la  gattcbe  (53)  ;  les  huit  bataillons  de  la  vieille 
garde  devaient  suivre  ;  le  comte  ReiUe  reçut  Tor- 
dre de  former  son  corps  en  colonnes ,  â  côté  du 


5  a  LIYBE   II. 

bois  de  Goumont ,  et  de  marcher  en  ayant.  Le 
général  Labédoyère  fut  envoyé  dans  les  rangs 
du  I  *'  corps  y  pour  annoncer  l'approche  du  ma* 
réchal  Grouchy,  afin  de  relever  le  moral  du  sol- 
dat. Ce  fut  alors  qu'il  rencontra  trois  bataillons 
du  1  "  corps , .  qui  se  retiraient ,  sur  Tordre  d'un^ 
chef,  et ,  disait-on ,  d'après  ceux  de  l'empereur. 
Labédoyère  les  fit  retourner  en  ligne ,  assez  pro- 
bablement sans  leur  chef.   Napoléon  donna  au 
maréchal  Ney  le  commandement  des  quatre  ba- 
taillons de  moyenne  garde  (33) ,  et  lui  donna  l'or- 
dre de  maintenir  la  position  du  plateau.  Un  peu 
après ,  les  huit  bataillons  de  la  vieille  garde  arri- 
vèrent, et  furent  placés  en  arrière  du  ravin  (34), 
en  trois  brigades.  Les  deux  premières,  formées 
d'un  bataiUon  en  bataille  et  deux  en  colonnes  sur 
les  flancs,  en  première  ligne  et  â  distance  de  ba* 
taillon  ;  la  troisième  en  réserve  ;  l'artillerie  dans 
les  intervalles.  Les  quatre  bataillons  de  la  moyenne 
garde ,  le  général  Priant  à  leur  tète ,  se  mettent 
en  mouvement  ;  Napoléon  leur  montre  du  doigt 
les  lignes  éclaircies  de  l'ennemi;  «Voilà  le  chemin 
de  Bruxelles ,  b  leur  dit-il.  Le  cri  de  Vive  l'Empe- 
reur fut  leur  réponse.  Ils  arrivèrent  sur  le  plar 
teau  (35) ,  et  Napoléon  mettant  pied  à  terre,  se 
rendit  aux  batteries  de  la  Haye-Sainte ,  pour  les 
diriger.  Le  comte  ReiUe,  débouchant  par  la  droite 
de  Goumont  (36) ,  aborde  également  la  ligne  en- 
nemie. Wellington,  de  son  côté,  se  hâte  de  ren- 
forcer le  centre ,  que  menace  cette  double  atta- 


CHAPITKS   1.  55 

que.  La  division  de  Brunswick  reçoit  l'ordre  de 
quitter  sa  position  (3) ,  et  d'appuyer  à  gauclie. 
La  brigade  Ditmers  reçoit  celui  de  s'avancer  de 
sa  seconde  position  (a)^  pour  remplacer  les  trou- 
pes de  Brunswick  et  soutenir  la  brigade  Mitchell , 
dans  son  attaque  sur  le  bois  de  Goumont. 

Cependant  les^  quatre  bataillons  de  la  moyenne 
garde  avaient  encore  forcé  la  Ugne  ennemie , 
qui  leur  était  opposée,  à  un  mouvement  rétro- 
grade ;  le  combat  s'était  rallumé  avec  une  nou- 
velle vigueur ,  devant  le  front  du  i  *"  corps  ;  le  a* 
était  également  engagé.  Le  duc  de  Wellington 
opposa  «lors  aux  bataillons  de  la  garde  ^  la  divi- 
sion de  Brunswick,  qui  venait  d'arriver  de  sa 
droite;  cette  division  fut  culbutée.  Le  prince 
d'Orange  essaya  d'arrêter  la  colonne  formidable 
qui  s'avançait  tou)ours,  en  se  jetant  au-devant 
d'elle ,  avec  un  bataillon  de  la  brigade  de  Nassau  ; 
il  fut  blessé  et  le  bataillon  dispersé.  Enfin  Wel- 
lington ,  ayant  porté  en  avant  la  brigade  d'Au- 
bremé  (19),  les  Brunswickois  se  rallièrent  à  elle^ 
et  ces  deux  corps  réunis  parvinrent  à  arrêter  les 
bataillons  de  la  garde  et  à  les  faire  rétrograder 
un  moment.  Ces  braves  troupes  revinrent  plu- 
sieurs fois  à  la  charge ,  sans  parvenir  à  enfoncer 
les  quatorze  bataillons  qui  leur  étaient  opposés  ; 
le  feu  terrible  des  batteries  de  la  seconde  ligne , 
que  Wellington  avait  fait  avancer,  éclairdssait 
leurs  rangs  ;  le  général  Michel  ^tait  tué  ;  les  gé- 
néraux Priant  et  Cambrone  étaient  blessés;  le 


54  LITRE   II. 

maréchal  Ney ,  toujours  â  leur  tête ,  avait  été  dé^ 
monté  ;  mais  elles  se  maintinrent  sur  le  plateau , 
et  la  caTalefie  s'y  soutînt  avec  elles  (*). 

A  huit  heures,  le  général  Durutte,  entière- 
ment maître  de  Papelotte,  la  Haye,  et  Smohain, 
se  trouvait  sur  le  plateau  à  là  gauche  de  Pape- 
lotte  (37J  ;  il  avait  même  repoussé  tine  charge 
de  cavalerie  de  la  brigade  Yandeleur ,  qui  avait 
essayé  de  l'entamer.  Dans  ce  moment,  le  corp» 
de  Ziethen  se  déploya  à  la  gauche  de  l'armée  an* 
glaise,  une  batterie  de  trente-deux  pièces  sur 
son  front  (36).  La  division  Steinmetz,  avec  la 
cavalerie,  se  portèrent  sur  la  Haye,  et'empor^ 
tèrent  ce  poste.  Papelotte  fut  repris  presque  eit 
même  temps,  par  les  autres  divisions  de  Ziethen. 
La  division  Durutte,  poussée  devant  le  corp» 
prussien  qui  se  dirigeait  vers  la  BelIe^ÂUiance, 
découvrit  la  droite  des  autres  divisions  du  i** 
corps ,  et  les  força  également  à  un  mouvement 
rétrograde.  Dans  cet  instant  critique ,  Napoléon 
se  vit  obligé  de  disposer  des  huit  bataillon»  de 


(^)  Un  des  Anglais  ^i  ont  ccrit  sur  cette  journée  (Sain  a  delaUed 
accounty  etc.  y  page  i^)  cite  nbe  anecdote  que  nous  râpportona  podt 
en  conserrer  ks  cxprcnioiia,  qui  font  faoBBeur  4  rimpariiblîté  de  celai 
qui  les  a  tracées.  «  Dans  on  de  ees  mouTemcns  rétrogrades  y  un  officiel 
«  français ,  le  coeur  navré  du  dommage  que  Tartillerie  anglaise  causait 
c  a^jx  iMtaiUoBs  de  la  garde,  chaqne  fob  qu'ils  s^éloiguaient,  saisît  ttn 
c  fusil.  Cl,  se  ^açant  près  d^one  batterie  an^aise,  ne  ceM«  de  faire  îex\ 
«  tant  qii^l  Técuu  D  succomba  soos  le  coup  d^un  chasseur  de  Bruns- 
ce  wick  y  mais  il  sauva  la  rie  à  beaucoup  des  siens.  Le  nom  de  ce  héros 
«'  notis  est  inconnu Paix  k  ses  eendiiei  !  » 


cHAPims  I.  55 

la  TÎeîUe  garde ,  qui  alkiest  se  portor  sur  le  pla- 
teau, où  il  n'y  a  pas  de  doute  qu'ils  auraient 
enfoncé  la  ligne  anglaise,  qu'aucune  résenre  ne 
pouvait  plus  soutenir.  Une  dernière  attaque  de 
la  division  de  Brunswick  et  de  la  brigade  d'Au- 
bremé ,  ayait  été  reçue  par  les  bataillons  de  la 
moyenne  garde ,  sur  la  pointe  de  leurs  baïon- 
nettes et  aTait  échoué.  Mais  la  retraite  forcée  d€ 
la  droite  du  i*'  corps ,  rendait  un  appui  néces^ 
sairc  de  ce  côté.  La  vieille  garde  passa  à  droite 
de  la  grande  route,  et  forma  une  ligne  de  car* 
rés  (39),  derrière  laquelle  le  i*'  corps  pouvait 
se  remettre  en  bataille. 

Alors  les  brigades  de  cavalerie  anglaise  de  Yan- 
deleur  et  Vivian ,  devenues  disponibles  par 
l'arrivée  des  Prussiens,  étaient  arrivées  vers  le 
centre  des  Anglais.  Le  duc  de  Wellington  les  ûl 
déboucher  entre  la  Haye-Sainte  et  le  corps  du 
comte  Reille  (4o).  Cette  cavalerie,  au  lieu  de  se 
porter  sur  les  cairés  de  la  vieille  garde,  les 
tourna,  pour  atteindre  notre  extrême  droite  en 
retraite.  Napoléon ,  dont  toute  la  cavalerie  était  en* 
gagée  sur  le  plateau ,  n'avait  de  disponîble  que 
les  quatre  escadrons  de  service  qui  étaient  auprès 
de  lui  (z).  Il  les  envoya  au-devant  de  la  cava*» 
lerie  ennemie;  la  disproportion  était  trop  grande 
et  ib  furent  culbutés.  Dès  ce  moment  tout  rallie- 
méat  devmft  imposrible.  Les  troupes  qui  étalent 
sur  le  plateau,  voyant  la  retraite  du  i**  corps  et 
le  feu  des  carrés  (39),  se  mirent  égalemaat  en  re-^ 


56  LIVRB   II. 

traite.  Wellington  alors  fit  faire  un  mouvement 
de  ligne  en  avant  à  son  armée.  Le  reste  des  ba- 
taillons de  la  moyenne  garde  soutint  quelque 
temps  la  retraite  en  carrés,  mais  ils  furent  bientôt 
obligés  de  succomber  sous  le  nombre.  Les  carrés 
de  la  vieille  garde,  disputant  le  terrain  pied  â  pied, 
luttèrent  long-temps  contre  les  masses  de  cava- 
lerie et  d'infantme  de  l'ennemi.  Enfin  ces  valeu- 
reuses cohortes,  les  triaire$  de  l'armée  française, 
ainsi  que  les  ont  nommées  nos  ennmais  mê- 
mes {*) ,  désorganisées  par  les  fuyards ,  oppri- 
mées par  le  choc  d'une  armée  entière  ^  succom- 
bèrent sur  les  hauteurs  de  la  Belle -Alliance, 
sans  avoir  été  vaincues. 

Napoléon,  après  la  défaite  de  ses  escadrons 
de  service ,  s'était  porté  à  la  gauche  et  en  avant 
de  Rossome,  où  était  encore  un  régiment  de  la 
moyenne  garde  et  deux  batteries ,  afin  d'essayer 
de  rallier  son  armée,  sur  les  hauteurs  de  la  Mai- 
son-du-Roi.  La  division  légère  du  général  Pnré, 
fut  envoyée  vers  Genappe  pour  arrêter,  s'U  se 
pouvait,  les  fuyards.  Cette  dernière  ressource  al- 
lait bientôt  être  enlevée.  Vers,  sept  heures  et  de- 
mie, les  5%  6*  et  8*  divisions  du  corps  de  Pirch  i , 
avaient  joint  celui  de  Bûlow  (40  *  ^^7"  ^^^ 
été  dirigée  sur  les  hauteurs  de  Maransart  (4^). 
Bûlow ,  dont  la  gauche  venait  encore  d'éprouver 
un  échec  par  une  charge  des  divisions  Domont 

{*)  Journal  Militaire  autricKieny  1819,  7*  cahier,  page  49- 


CHÂPITES  1.  57 

et  Suberwick,  reprit  Toffensive.  Les  i4*  et  16*  di? 
visions  de  son  ccHrps,  et  la  5*  de  celui  de  Pirch  1  ^ 
se  portèrent  sur  Planchenoit.  Une  .colonne  de 
dix-liLuit  bataillons  attaqua  le  villa^ ,  qui  fut  dé* 
fendu  avec  la  plus  grande  valeur.  Enfin,  à  Fen» 
trée  de  la  nuit ,  il  fut  emporté,  et  le  prince  Guil- 
laume de  Prusse,  débouchant  avec  sa  cavalerie, 
se  dirigea  sur  la  Maisonr-du-Roi  et  la  routa  de 
CharleroL  Dans  ce  moment ,  la  cavalerie  anglaise 
arrivait  sur  les  deux  bataillons  de  la  moyenne 
garde,  qui  s'étaient  avancés  au  delà  de  Aos-^ 
some  (43).  Napoléon  ordonna  au  général  Gour- 
gaud  de  faire  tirer  sur  l'ennemi  la  batterie  qui 
se  trouvait  là  ,•  afin  d'essayer  de  Farrêter  :  ce  fu- 
rent les  derniers  coups  de  canon;  un  d'eux  fira- 
cassa  une  jambe  à  lord  Uxbridge.  Les  deux  ba- 
taillons de  la  garde  se  formèrent  en  carrés,  et 
Napoléon,  voyant  que  la  perte  de  Planchenoit 
venait  d'ôter  le  dernier  espoir  de  ralliement,  al* 
lait  se  renfermer  dans  l'un  des  deux ,  lorsque  le 
maréchal  Soult  le  força  à  se  retirer  du  champ 
de  bataille  (*).  Ces  deux  derniers  bataillons  fu- 
rent bientôt  désorganisés  par  l'ennemi  et  par  la 
masse  des  fuyards.  Le  1  *'  corps  était  en  déroute 
depuis  la  Belle-Alliance  ;  le  â*  corps  qui  s'était 
retiré  en  assez  bon  ordre,  jusque  près  du  bois 
de  Gallois ,  fut  dissous  peu  après.   La  nuit  aug« 


(*)  jih!  Sifc,  les  ennemis  sont  déjà  assez  heureux ,  lui  dit-il  en 
rentnbaiit. 


58  uvu  il. 

mentait  encore  le  désordre,  que  roccupation  â» 
la  grande  route  par  les  Prussiens  porta  â  son 
comble.  Tous  les  liens  de  Tordre  et  de  la  discH 
pline  étaient  rompus ,  et  tout  ce  que  pouvaient 
ïairè  les  chefs ,  était  de  se  porter  rapidement  %uê 
là  Sambre ,  afin  de  tâcher  de  réorganiser  l'armée. 

La  jonction  des  deux  armées  ennemies  se  fit 
â  la  BeUe-Alfianoe ,  où  Blûicfaer  et  WeMington  se 
rencontrèrent  â  nsuf  heures  du  soir.  Là ,  il  fut 
décidé  que  l'armée  anghnse,  épuisée,  resterait  sur 
le  champ  de  bataiHe;  que  le  corps  de  Bûiow, 
soutenu  par  celui  de  Ziethen,  suivrait  l'armée 
française;  ût  qoe  celui  dePirch  i  se  porterait 
sur  la  Dyie  à  Moustier,  pour  couper  le  maréchal 
Grouchy.  Toutes  les  colonnes  désorganisées  de 
l'armée  française  se  dirigèrent  sur  G^enappe.  Na*^ 
poléon  s'y  arrêta  quelques  instans,  pour  es-* 
sayer  de  remettre  l'ordre  ;  mais  il  n'y  avait  plus 
moyen  d'y  parvenir.  Les  corps  étaient  tellement 
confondus,  qu'il  n'aurait  pas  été  possible  que 
chacun  retnmvftt  ses  drapeaux,  quand  même 
l'obscurité  n'y  amwt  pas  mis  obstacle.  La  route 
était  obstruée  d'hommes,  de  chevaux*  et  de 
voitures ,  marchant  ou  renversées  ;  dans  les  rues 
de  ce  bourg,  on  trouva  même  quelques  voitures 
fixées  entre  elles  parles  chahies  d'enrayage ,  après 
avoir  été  abandonnées* 

Vers  onze  heures  du  soir ,  la  cavalerie  du  corps 
de  Bûlow  arriva  à  Genappe ,  et  y  fit  encore  quel- 
ques prisonniers.  Elle  y  trouva  également  le  reste 


CHÀPITBI   I.  59 

du  Btotériel  de  l'armée ,  que  reficambrêment 
avait  fait  abandonner  y  et  les  équipages  du  quaiv 
tier  impérial  (*).  Cette  cayalerie  poussa  la  même 
nuit  jusqu'A  Quatre-^Bras ,  et  Bûlew  arriya  le  19 
au  matin  à  Mellet* 

Notre  perte,  dans  cette  funeste  journée,  s'éfeya 
à  vingts-cinq  mille  hommes,  savoir  : 

Tiu:s  OQ  Uessës •     iS,Soo 

Prisonniers ^ .       7,008 


a5y5o8. 

Nous  perdtmes  tout  le  matériel  d'artillerie  qui 

(*)  CTest  11  que  fat  prise  la  Toiture  de  Fempercur  Napoléon,  sur  la- 
quelle la  jactance  anglaise  et  prussienne  a  fait  tant  de  contes.  Cette 
Toiture,  promenée  de  contrée  en  contrée  par  le  major  prussien  qui 
ravait  prise  au  milieu  des  équipages  abandonnés,  arriva  enfin  à  Lon- 
dres lorsque  rauteUr  y  était  Le  tMJor,  par  une  spécolation  q«j  tài  lut 
as#ei  lucraiÎTe ,  imagina  de  tirer  parti  de  HTretae  oè  le  ministère  aoglaii 
endormait  la  populaee,  pour  détourner  le  souTenir  des  pertes  d'hommes 
faites  à  Waterloo.  La  voiture  fut  exposée  en  public ,  et  les  badauds  dit 
pars  obèrent,  moyennant  untcbelling,  k  permiarion  d*y  entrer  par 
ane  portière  et  de  sortir  par  Tautre,  sans  avoir  peur  de  F  homme  qu'elle 
iiTait  contenu,  ee  qni  leur  paranait  mi  bonheur  niexprimable.  BtcD 
de  Fari^t  fbt  gagné  par  ce  moyen;  mais  nous  pourons  douter  qu'on 
troorât,  dans  notre  vîèUle  mrmée,  mi  officier  supérieur  qm  voulAt 
fidre  lé  méder  de  sahinbanque ,  avec  une  voiture  trouvée  sur  U  roate. 
Tint  «ensuite  rexpositfon  Sunfeose  dont  parle  le  généiui  Berum  (page  78). 
Si  elle  a  exdté  sèn  mdigtiaâotl,  eDe  n'a  excité  que  le  naépris  de  ftea- 
lear,  tfok  était  sur  les  lieux  et  qui  sait  œ  qu'on  y  finsait  v<Mr.  Nous  ne 
pvlenms  pas  de  la  garde-robe  inqiériale ,  de  celfe  du  champ-dè-mai ,  ei 
de  ceBe  de  HmitHLouise ;  certain  rapport  fait^  peu  de  tenpa  après» 
MT  la  situation  de  l'Europe  9  lait  voir  (usqu'oii  peut  aller  dans  ce  paya 
rimpndenoe  des  charlataua  et  la  stupidité  dei  badauds.  Voîct  eo  quoi 


6o  LITRB    II. 

avait  été  employé  à  Waterloo,  moiiifi  vingt-^ept 
canons  qui  repassèrent  la  Sainbre ,  c'est-4-dire , 
deux  cent  yingt-sept  bouches  à  feu.  Les  généraux 
Devaux,  et  Michel  furent  tués.  Les  généraux 
comte  de  Lobau,  Duhesme  (*),  Compans  et 
Cambrone  furent  faits  prisonniers. 

Les  ennemis  perdirent  aussi  vingt-cinq  mille 
hommes^  d'après  le  tableau  suivant,  extrait  des 
rapports  officiels. 

Anglais,  légion  allemande,  et  HanoTiicDs 11,678 

Hollandais 3,547 

Brunswick • ,  .  1,000 

Nassau 1,000 

[    1"  corps 317    \ 

Pmssiens.  '  •  »l   a*  corps 329   l  7>4^4 

(   4'  corps 6,808   ) 

34,679 

Les  généraux  Picton,  Ponsonby,  Van-Merlen, 
les  commandans  de  brigade,  Duplat,  Oinpteda, 
Schwerin  et  Lettow  et  le  colonel  Heinemann, 
qui  à  la  fin  de  l'action  commandait  la  division 
de  Brunswick ,  furent  tués.  Le  généraux  prince 

oonsbuit  rexpositîon  :  1^  des  kabillemeos  fort  maossadement  brodes  à 
Londru ,  et  bapiisés  sur  l'affiche  -y  3®  une  caisse  d'armes  de  Versailles , 
donnée  an  général  en  chef  Bonaparte  par  le  Directoire ,  achetée  à  Paris  | 
et  devenne  turque  à  Londres f  3*  une  collection  de  vieilles  boites,  de 
TÎeux  chapeaux f  de  boulets,  d'obus,  de  cuirasses,  etc.,  Tenus  tn 
partie  deWatedoo^  en  partie  de  la  boutiijue  des  fripiers. 

(*)  Le  19  au  matin,  àGenappe,  le  général  Duhesme  fiit  massacrtf 
de  sang'froid  par  les  hussards  de  Brunswick ,  en  présence  de  son  es- 
corte prussienne,  ijui  trouva  la  chose  toute  naturelle,  et  tonforme  4 
sa  manière  de  voir.  Combien  de  nos  blessés  sur  U  champ  de  Wa« 
trrioo ,  n'oDi-ils  pas  été  égorgés  par  les  PhUMens  ? 


CHàPlTBX   I.  6l 

d'Orange ,  lord  Uxbridge ,  Alteii ,  CoUaeit ,  Cooke , 
Bames,  Eempt^  Halkett,  Adams,  Doembeig, 
Pack,  Bylandt,  et  le  colonel  Olfermann,  com- 
mandant la  division  de  Brunswick ,  furent  blessés. 
Nous  venons  de  donner  le  récit  fidèle  de  la  ba-- 
taille  du  1 8  juin ,  â  laquelle  nous  avions  donné 
le  nom  duMontSaint-Jean,  point  stratégique, 
de  l'occupation  duquel  dépendait  le  succès  de 
la  journée;  les  Prussiens  l'avaient  nommée  Belle-^ 
Alliance,  parce  que  c'est  là  qu'elle  fut  décidée; 
l'usage  a  prévalu  de  l'appeler  bataille  de  Waterloo, 
parce  que  le  duc  de  Wellington  avait  passé  la 
tmit  dans  ce  vfllage  :  il  fallait  bien  que  l'histoire 
c<»iBervàt  le  nom  de  d'endroit  où  le  héros  de  la 
Grande-Bretagne  avait  couché*  Ce  récit  est  en 
entier  tiré  des  documens  et  des  relalioiiiB  authen* 
tiques ,  fournis  par  nos  ennemis  mêmes  ;  nous  y 
avons  ajouté  les  circonstances  de  détail,  que  nous 
avons  pu  recueillir  dans  notre  armée ,  et  quenous 
ont  fournies  les  généraux  Gourgaud  et  Barton. 
Tous  ces  matériaux  ont  été  pesés  dans  la  même 
balance,  et  leur  coïncidence  sur  les  .faits  prin- 
cipaux, nous  a  permis  de  les  employer  tous. 
Nous  avons  cru  devcnr  entrer  dans  un  détatt 
qu'on  trouvera  peut-être  trop  circonstancié  et 
trop  minutieux.  Plusieurs  motifs  nous  y  ont  dé- 
cidé. D'abord  l'importance  de  cette  journée,  qui 
a  eu  une  si  grande  influence  sur  nos  destinées , 
et  qu'on  a  si  mal  à  propos  voulu  comparer  à 
cette  d'Aaincourt.  Dans  cette  dernière,  laprétomp- 


6)  LITHB   II. 

tion,  lloocmdltttte  et  riodîioîpliiie'de  la  gcndaf«- 
aftorie  françaige,  ont  seules  causé  la  perte  de  ïhat^ 
fanlerie  :  à  Waterloo ,  nous  avons  succombé  sous 
le  nombre.  Le  second  motif  a  été  celui  d'assigner 
les  véritables  causes  des  désastres  de  notre  armée. 
Pour  cela,  il  fallait,  non««eulenient  classer  exactor 
ment  et  par  ordre  tous  les  mouvemens  et  tons  les 
événemens  de  la  bataille,  mais  même  assigner 
l'heure  aà  ils  avûent  eu  lien.  Lesrésultats  de  la 
}oumée  du  1 8  )ui|i  ont ,  jusqu'ici ,  servi  de  guide 
unique  aux  éorivains  ennemis,  pour  distribuer 
le  blâme  aux  unyï ,  et  donner  unf  àévei/appemmit 
fiantasmagoriqaé  A  quelques  r^vtations.  Ce  n'est 
pas  ton  jours  la  aottise  quLjuge  d'après  les  évén»* 
mens;  famonr- propre  et  l'esprit  de  parti  s'«i 
emparent  souvent  i  leur  profit  :  l'un  et  l'autre 
est  arrivé  dans  ce  cas.  Il  est  dope  enfin  temps 
que  le  flambeau  do  la  vérité  vieime  se  placer  à 
cété dea princtpauxanteurs de  ce drune sangknt, 
etéclairef  le  rôle  de  chacun  ;  les  faits  doivent  seuls 
décider  de  la  portion  de  mérite  qui  leur  revient  : 
onx  peuk  nous  serviront  de  guide.  ' 
•  Jusqu'ici  on  parait  assez  généralement  avoir 
suivi  les  erremens  du  vulgaire,  peur  juger  la 
bataille  de  Waterloo.  L'armée  française  a  été 
battue,  donc  elle  a  été  mal  connnaidée;  voilA 
ce  qu'on  peut  lire  dans  vingt  ampHficatioiis 
auxquelles  on  a  donné  le  nom  de  relations  vérir 
diques,  impartiales,  etc.  Si  Ton-  avait  osé  dire 
qu'elle  avait  manqué  de  valeur,  on  l'amrait  fait; 


CHAPITRB   l.  65 

mais  an  reste  de  pnadeur  a  empécké  eette  acoa*- 
gation.  Noos  n'y  répondrons  donc*  pas ,  et  nous 
nous  contenterons  d'exainkier  cette  bataiHe  sous 
le  rapport  stratégique.  Cet  eosamen  est  d'autant 
plus  nécessaire ,  que  là  création  de.  tant  de  répu^ 
tations  européennes,  sorlies  tout  i  coup,  pour 
ainsi  dire,  par  le  trou,  du  soufileur ,  nous  offre 
un  pendant  de  l'illustnation  du  tièsHonécttocre 
Guillaume  IXI ,  tentée  pour  offusquer  celfe  de 
Louis  XIV.  La  «éule.  diffifanence  qu'il  y  ait  entre 
les  deuoc  époques ,  est  qu'alors  les  coalisés  se  co»- 
tentèreut  d'un  seul  &nt4nie ,  dont  ils  exaltèrent 
fi]|âmel0i  sottises  ,>que  le  succès  araK  couronnées  ( 
auîourd'kui ,  chacun  d'eux  ireut  wckt  le  sien» 
Ce  |eu  des  passions  est  uneffet  direct  et  iné^iîtaUè 
des  écarts  de  Tamour^propre.  long«tftmps  hlGnmlié  c 
la  postérité  en  fait  )uslice.  -   r 

.  On  a'  beaucoup  reproché  de  fautes  à  l\apoléonr<» 
dans  les  trois,  fournées  des  16^  17  «t  lâ^  quel- 
ques reproches  sont  même  m  oontra^kâJoii'idi^ 
rscte  entre  eux;  cela  devait  être,  pâme  que  ^la 
plupart  sont  nus  en  avant  au  hasard,  ou  par.déb 
tuiUtaires  qui  somt  encore  bien  lom  de  saTOÎr  la 
guerre ,  ou  par  des  hommes. qui  veulent  fab'e^4>l|^ 
blier  qu'ils  ont  trouvé  toutes  ses  conception^  %uh 
fbiimes  quand*  ii  était  tout-puissant. 

-Nous  examinerons  suceessivèment  toutes  les 
frutes  qu'on  tut  impute^  noua  y  opposerons  les 
considérations  ^ue  .peuvent  fournir  les  faits  et  la 
situation  des  choses  c  le  lecteur  jugem;  PosAr  1*^ 


64  i*i^us  u. 

mettre  sifeii^t  en  état  de  pcariasr  son  jugraMut^ 
nous  remettrons  sous  ses  yeux  le  tableau  succinet 
des  mouyemens  et  des  événemens  du  1 7  et  du  18. 
Le  lendemain  delà  bataille  deLigny ,  Napoléoa, 
voyant  que  Tannée  anglaise  était  encore,  à  dix 
heures  duxnatin  ^  devcuit  «(Ma  ailegauche,  sedécida 
à  marché,  contre  elle.  Le  duc  de  Wellington ,  en 
s-arrétant  aux  Quatre>Bras>  paraissait  avoir  Tiiirr 
téntion  de  recevoir  la  bataille  ;  il  fallait  la  lui  li^ 
vrer  smvle-champ ,  avant  que  l'armée  prussienne 
ne  pût  reprendre  l'offensive.  Cette  deraièxe  éfaut 
battue  et  mm  détruite  ;  la  direction  de  sa  retraite 
était  incertaiBe  %  H  fallait  donc  laissa  un  corps 
pour  l^obsecver  et  là  suivre  :  Napoléon  en  chaz^gea 
lemaa?échalGrouchy .  Wellington  j  que  l'indécision 
où.  il  était,  sub  les  événemens  du  16 ,  avait  seule 
retenu  aux  Quatre-Bras ,  se  hâta  de  se  mettre  en 
retraite*  On  le  suivit  deux  heures  trop  tard, 
parce  que  son  mom^ement  avait  échappé  au  ma» 
réchalNôy,  étonne  put  entamer  l'aimée  anglaise. 
Le  soir  odl  la  rencontra  sur  les  hauteurs  du  Mont* 
Saint-Jean ,  et  là  elle  parut  décidée  à  tenir  ferme. 
Dans  cette  position,  totalement  contraire  aux  rèr 
gles  de  la  stratégie,  sur  cent  chances,  elle  ^1 
mettait  quatre-^vingts  en  notre  faveur.  Le  seul 
débouché  qu'elle  eût  derrière  elle,  était  un  défilé 
au  travers  de  la  forêt  de  Soignes.  Son  aile  droite , 
extrêmement  avancée,  se  trouvât  plus  loin  de  la 
grande  route  que  la  gauche.  Une  attaque ,  sur 
cette  dernière ,  pouvait  donc  w¥obR  pour  résultat 


GHAPITRB   I.  65 

de  nous  rendre  maîtres  du  défilé.  L'armée  an- 
glaise ,  coupée  de  Bruxelles ,  ne  pouvait  pas  alors 
échapper  à  une  destruction  complète^Quelques- 
uns  ont  voulu  attribua  à  un  amour-propre  ridi- 
cule, le  désir  qu'avait  Napoléon  de  se  rendre  maître 
de  Bruxelles  le  plus  tôt  possible.  C'est  qu'ils  n'ont 
pas  été  capables  de  concevoir ,  que  la  prise  de 
Bruxelles  était  le  terme,  de  l'existence  des  armées 
anglaise  et  prussienne ,  et  probablement  celui  de 
la  guerre.  L'histoire  développera  un  jotir  les  con- 
léquences  qu'aurait  eues  cet  événement;  ce  n'est 
ici  ni  le  temps  ni  le  lieu. 

Maisavantdes'engagerdans  unebataille,  quelles 
qpie  fussent  les  chances  avantageuses  qu'offrait  la 
position  de  l'armée  anglaise ,  il  faUait  s'assurer  de 
celle  de  notre  aile  droite  et  de  celle  des  Prussiens  ; 
il  fallait  empêcha  ces  derniers  de  (aire  une  di- 
version, et  même  de  s'opposer  à  celle  que  pourrait 
faire  notre  aile  droite.  C'est  dans  ce  but  que  Na- 
poléon adressa  au  maréchal  Grouchy  l'ordre  de 
suivre  les  Prussiens  à  Wavre.  Le  premiar  rapport 
du  maréchal  Grouchy  annonça  qu'il  était  encore 
à  Gembloux ,  et  la  bataille  du  1 8  n'aurait  peut- 
être  pas  eu  lieu ,  si  un  second  rsqpport  du  même, 
n'eût  annoncé  qu'il  se  mettait  en  mouvement  dès 
le  matin ,  pour  se  rendre  â  Wavre. 

Napoléon  ayant  reçu  ce  rapport  à  cinq  heures 
du  matin ,  dut  compter  que  son  aile  droite  serait 
devant  Wavre  et  en  comomunication  avec  Saint- 
Lambert  ,  à  midi  au  plus  tard.  Il  se  décida  donc 
IV.    *  5 


«  ^ 


(Hi  LITRE    II. 

à  suivre  les  chances  de  la  journée.  Le  rapport  que 
lui  fit ,  vers  huit  heures  du  matin ,  un  des  offi- 
ciers de  son  étal-major ,  que  les  Anglais  étaient 
en  retraite ,  pouvait  lui  paraître  plausible.  Il  n'était 
pas  hors  des  probabilités  que  Blûcher  eût  dépassé 
Wavrc ,  afin  d'opérer  sa  réunion  avec  l'armée  an- 
glaise ,  sans  courir  les  risques  d'une  marche  de 
flanc.  Il  donna  en  effet  l'ordre  au  comte  d'Erion 
de  se  mettre  en  mouvement ,  poujr  suivre  les  An- 
glais ;  mais  s'étant  porté  seul ,  à  pied ,  avec  le  comte 
d'Erlon,  jusqu'à  nos  premières  vedettes,  il  recon- 
nut bientôt  que  le  rapport  de  ce  dernier  était 
exact  5  et  que  Wellington  se  préparait  au  combat. 
L'heure  où  l'attaque  devait  commencer,  semblait: 
fixéepar  les  circonstances.  D'abord  la  pluie  venait 
i  peine  de  cesser ,  et  il  fallait  laisser  au  soldat  le 
temps  de  sécher  et  de  préparer  ses  armes.  Ensuite 
la  détermination  de  Wellington  devait  paraître  fci 
conséquence  d'un  accord  avec  Blûcher.  Il  ne  pa- 
raissait pas  probable  qu'il  voulût  combattre  dans 
une  position  aussi  mauvaise  en  elle-même,  si  le 
point  où  il  s'était  placé  n'était  pas  celui  où  les 
deux  armées  ennemies  avaient  destiné  de  se  réu- 
nir. Il  fallait  donc  s'attendre  à  ce  que  Wellington , 
dont  toute  la  science  stratégique  devait  se  réduire 
à  garder  sa  position ,  n'épargnerait  aucun  sacrifice 
d'hommes  pour  y  parvenu;  la  lutte  devait  donc 
être  opiniâtre.  Napoléon  ne  crut  pas  devoir  l'en- 
gager avant  d'avoir  fait  repaître  le  'soldat.  Ce  der- 
nier repas  de  ces  nobles  victimes ,  n'offrit  pour-tout 


CHAPITU  I.  Çj 

ioet$  <iue  le  pain  qu'ils  avaient  apporté  4e  Beau* 
mottt.  Il  y  a  Imn  de  là  aux  piHages ,  dojçit  de  trils 
cdiommateurs ,  qui  défihoàorent  le  noaxi  français , 
ont  voulu  accuser  .une  armée  qu'îjb  n'ont  jamsûs 
été  dignes  de  connaître.  Enfin  le  maréchal  Grou*- 
chy  devait  être  à  midi  au.plus  tard  devant  Wavre  ^ 
et,  passé  oette  heure,  aucune  diverdon  n'était 
plus  à  cramdre  de  la  part  des  Prussiens. 

Le  signal  du  combat  fut  en  effet  donné  à  midi 
environ,  et  il  s'engagea  par  l'aile  gauche*  Il  étaft; 
intéressant  d'appeler  d'abord  Fattention  des  An- 
gkus*^sar  leur  droite,  afin  de  les  ei^fager  à  di»^ 
teaire,  pour  la  sout^ûr,  des  troupes  que  plus 
tsffd  ils  couraient  pu  employer  au  centre.  L'ordre 
de  bataille  primitif  delSapoLéon  présentait  d'abwd 
ridée  d'une attaqueporlesdjMtx: ailes,  enrefuss^f 
le'centre  dans  ks  premicxâ  instans.  Le.  sC  corpf; 
attaquait  Croumont  et  menaçait  la  route  de  I!^ 
velles  ;  le  i*'  corps  devait  attaqua  en  d^daiijS'd^ 
Papelotte ,  menaçant  ainsi  le  Mont-^aint-Jean  à 
revers;  le  &  corps  restait  en  colonnes  sur  la  gspuidQ 
route ,  chargé  de  décider  le  ré&ultat  de  la  bataille; 
ens'avançant  sur  le.  centre ,  lorsque  les  deux  ailç^ 
seraient  fortement  engagées  et  que  l'enniemi  iuirail 
été  obligé  d'y  envoy^a  ses  réserves. 

Mais  bient6t  cette  première  disposition  fut 
changée.  Peu  après  les  pretiiiera  coups  de  canon, 
msb  dépêche  prise  avertit  Napoléon  que  fe  céri:il 
qu'il  apercevait  à  Saint *^Land>ert  était  uà  corps 
«nnemi.  Le  maréchal  Grouehy  avait  donc  été  re- 


68  uyts,  n. 

tard<^.  n  n'était  pag  possible  de  croire  qu'il  eût  èiô 
battu  9  car  à  la  di^aûce  où  il  avait  dû  de  tenir  de 
l'armée ,  on  aurait  enlemiu  le  bruit  du  canon. 
Aussi  Napoléon ,  persuadé  qu'il  n'y  avait  qu'un 
retard  qui  eût  pu  faire  manquer  cette  {M^mière 
combinaison ,  lui  envoya-t-il  de  nouveau  l'ordre 
de  se  rendre  en  hâte  à  Wavre  et  de  marcher  con- 
tre Bûlow.  Mais  il  fallait  changer  la  première  dis^ 
position  de  la  bataille.  Le  6' corps  ne  pouvait  plus 
entrer  en  ligne  ;  il  fallait  le  tenir  prêt  à  s'opposer 
au  mouvement  des  Prussiens.  Il  fallait  donc  aussi 
que  le  i  ''  corps  portât  son  attaque  plus  à  gauche. 
Ainsi ,  au  lieu  d'avoir  quarante*«ept  mille  hommes 
à  'employer  à  l'attaque  des  positions  anglaises ,  et 
dix-huit  mille  hommes  en  réserve,  nous  ne  pou- 
vions plus  en  opposer  que  quarante  mille,  aux 
soixante  et  dix  que  Wellington  avait  entre  Gou-^ 
mont  et  Papdotte  :  il  fallait  en  tenir  vingt'H^inq 
mille  en  réserve. 

Une  seconde  conséquence  de  l'apparilion  de 
Tcmnemià  Saint-Lambert ,.  fut  de  £sûre  languir  l'at- 
taque principale.  Il  n'était  pas  prudent  de  tenter 
sur  le  centre  un  grand  mouvement ,  qui  aurait 
pu  nécessiter  l'appui  d'une  grande  partie  des  ré- 
serves ,  avant  d'avoir  vu  se  développer  la  diversion 
que  présentaient  les  Prussiens.  C'était  ce  déve- 
loppement qui  devait  faire  voir  si  le  maréchal 
Grôuchy  approchait  ou  non.  Nous  nous  étiosm 
cependant  rendus  maîtres  de  la  Haye-Sainte,  et 
tout  le  1**  corps  était  engagé  de  front  avec  les  An- 


CHAPITRE   I.  69 

^ais.  A  la  gauche,  le  â*  se  consumait  en  d'inutiles 
efforts  contre  Goumont  Pendant  oe  temps ,  l'atta- 
que de  Bûlow  se  développa ,  et  devint  bientôt 
assez  sérieuse  pour  obliger  encore  Napoléon  à  dis- 
poser d'une  autre  partie  de  sa  résierve. 

C'est  ici  que  l'on  a  fait  à  l'empereur  Napoléon 
le  reproche  stratégique  le  plus  grave.  C'est  celui 
de  ne  point  avoir  dégagé  ses  troupes ,  au  moins  le 
1  *'  corps,  de  la  bataille,  pour  prendre  une  position 
oblique,  où  il  pût  se  soutenir  jusqu'à  la  nuit  et 
couvrir  sa  retraite  derrière  la  Sambre.  Il  aurait 
pu  donner  au  maréchal  Grouçhy  l'ordre  de  se 
replier  sur  Sombref ,  le  18  au  soir,  et  alors  il  ra- 
menait son  armée ,  sans  perte ,  sur  les  frontières 
de  France.  11  songea  un  moment  à  prendre  le 
parti  que  nous  venons  d'indiquer ,  et  nous  avons 
déjà  dit  (page  4^)  que  le  comte  d'Erlon  reçut 
l'ordre  de  se  tenir  prêt  à  retirer  son  artillerie  et 
successivement  ses  divisions.  Nous  avons  égale- 
ment développé  les  avantages  stratégiques  qui 
auraient  pu  résulter,  pour  le  1 8 ,  d'un  mouvement 
qui  aurait  obligé  le  duc  de  Wellington  à  cesser 
le  combat ,  ou  à  quitter  sa  position.  Ce  dernier 
parti  n'était  pas  le  plus  avantageux.  Les  armées 
anglaises  sont  des  armées  de  bataille ,  mais  non 
pas  des  armées  de  manœuvres  ;  cette  vérité  est 
reconnue  par  tous  les  militaires  qui  ont  com- 
battu avec  ou  contre  elles.  Il  en  résulte  donc 
que  les  Anglais,  en  voulant  suivre  le  mouvement 
rétrograde  du  1"  corps ,  noua  auraient  immaa- 


70  LIVKb    II. 

quablement  présenté  des  chances ,  qui  pouvaient 
nous  rendre  tous  les  avantages  que  ce  mouve- 
ment paraissait  nous  faire  perdre.  S'ils  ne  bou- 
geaient pas,  les  opérations  de  la  journée  du  i8 
se  bornaient  â  la  jonction  pure  et  simple  des  An- 
glais et  des  Prussiens.  L'armée  était  sduTée,  itiais 
le  but  qui  avait  fait  commencer  les  hostilités  était 
manqué.  Cette  considération  était  déjà  d^un  grand 
poids  j  car  dans  la  situation  équivoque  où  se  trou- 
vait le  gouvernement  impérial ,  il  n'y  avait  que  de 
gri^nds  succès  qui  pussent  le  consolider  (*).  Un 
mouvement  rétrograde  le  1 8 ,  détruisait  tous  les 
résultats  qu'on  avait  espérés  de  la  victoire  du  16  ; 
et  une  guerre  défensive,  qui  aurait  pu  être  bonne, 
si  on  s'y  était  décidé  dès  le  premier  instant ,  deve- 
nait dangereuse  ,  lorsqu'elle  était  commandée 
par  le  renversement  de  toutes  les  combinaisons 
offensives.  Cette  considération  aurait  cependant 
cédé  à  la  nécessité  de  ne  pas  exposer  à  la  destruc- 
tion, la  seule  armée  organisée  que  la  France  eût 
alors.  Mais  rien  ne  détruisait  encore  l'espéranoe 
de  voir  arriver  le  maréchal  Grouchy  à  Saint*Lam- 
bert  ;  U  pouvait  avoir  passé  la  Dyle  â  Umale  et 
même  à  Moustiers ,  et  cette  probabilité  expliquait 

(*)  La  correspondance  d'nm  de  ses  ministres  qm  joua  un  grand  rAle 
peu  après  y  ayec  le  prince  de  Mettemich,  aTait  dcjà  ouTert  les  yeux 
il  Napol^U;  sur  les  trames  qui  s'outdissaient  jusque  dans  son  conéeil.  U 
•cotait  que  la  Tictoire  seule  pourait  donner  une  direction  tmiqua  à  Tts- 
prit  public,  et  iairtt  disparaître  les  dangers  dont  il  ëuit  menacé ,  autant 
par  les  mendcs  de  quelques-uns  des  agens  mêmes  qn^il  employait,  que 
par  les  intrigues  du  parti  qui  préparait  sa  chute. 


CHAPITRE    I.  '^l 


encore  pourquoi  le  mouvement  de  Bùlow  ,  do 
Wavre  à  Saint-Lambert,  n'avait  pas  été  arrête. 

Quelques  personnes  prétendent  que  INapoléon 
aurait  dû,  dès  qu'il  connut  la  marche  de  Bùlow , 
chaîner  sa  ligne  d'opérations  et  la  transporter  sur 
la  route  de  Nivelles.  Il  est  certain  que  ce  mouve- 
ment pouvait  se  faire  sans  danger.  11  suffisait  de 
faire  passeï:  le  6*  corps  à  gauche  ,  et  de  rappro- 
cher le  1*'  de  la  route  de  Nivelles;  les  parcs  et  les 
équipages,  qui  étaient  à  Genappe,  pouvaient  faci- 
lement gagner  Nivelles  ;  l'armée  française  s'éloi- 
gnait des  Prussiens,  en  même  temps  qu'elle  dé- 
bordait la  position  des  Anglais ,  et  le  château  de 
Goumont  tombait  de  lui-même ,  dès  que  les  hau- 
teurs en  arrière  étaient  enlevées.  Le  général  Gour- 
gaud  nous  dit  que  Napoléon  balança  s'il  ne  pren- 
drait pas  ce  dernier  parti  {*)  ;  nous  en  doutons,  et 
cela  par  les  réflexions  nouâmes  qu'il  ajoute  un  peu 
plus  bas.  £n  eifet,  le  corps  du  maréchal  Grou- 
ehy  se  trouvait  tout-â-fait  isolé,  et  toutes  les  com- 
munications entre  cette  aile  droite  et  le  reste  de 
l'armée  étaient  abandonnées.  Le  corps  de  Bùlow ^ 
dégagé ,  sujOfisait  pour  contenir  Grouchy  dans  les 
défilés  de  Saint -Lambert,  et  le  reste  de  l'armée 
prussienne  arrivait  sans  c^stacle  sur  la  gauche  des 
Anglais.  11  pouvait  même  arriver  que  le  corps  du 
maréchal  Grouchy ,  engagé  au  milieu  de  l'armée 
prussienne,  éprouvât  une  défaite  totale.  Pouvnit- 

n  Page  1  iS. 


72  LIVRE    n. 

on  se  décider  légèrement  à  sacrifier  une  portion 
aussi  considérable  de  la  seule  armée  qui  fût  alors 
sur  pied?  D'un  autre  côté,  en  forçant  l'aile  droite 
des  Anglais  et  la  rebouchant  sur  le  centre  et  même 
sur  l'aile  g^che ,  on  la  jetait  au-devant  des  Prus- 
siens, et  l'on  hâtait  la  jonction.  Les  plus  grands 
avantages  qu'on  pouvait  espérer ,  n'auraient  donc 
conduit  qu'à  une  victoire  tactique ,  dont  le  ré- 
sultat aurait  été  une  retraite  forcée  sur  Nivelles  et 
sur  Mons.  Comment  alors  communiquer  avec  le 
maréchal  Grouchy,  lui  faire  parvenir  des  ordres 
de  retraite ,  et  lui  indiquer  un  point  de  réunion? 
L'empereur  Napoléon  prit  un  parti  mitoyen.  Ce 
fut  celui  de  suspendre  l'offensive  à  son  aile  droite , 
de  jet^  le  6*  corps  au-devant  de  Bûlow,  et  de  se 
rendre  maître  de  la  communication  de  ce  dernier 
avec  les  Anglais.  Il  fallut  joindre  une  division  de 
la  garde  au  6*  corps  ;  mab  alors  Bûlow  fut  con- 
tenu ,  et  bientôt  après ,  la  division  Durutte  ayant 
emporté  Smohain  ,  le  général  prussien  se  vit 
forcé  à  un  mouvement  rétrograde.  Il  était  donc 
évident  que  toutes  les  forces  des  Prussiens  avaient 
été  engagées  sur  ce  point.  Il  était  six  heures  ;  la 
lutte ,  qui  durait  depuis  midi ,  devenait  d'instant 
en  instant  plus  sanglante  ;  il  était  temps  de  la  ter^ 
miner.  C'est  peut-être  ici  que  J'on  peut  accuser 
Napoléon  d'un  peu  d'hésitation.  Nous  suivons  en 
cela  l'opinion  de  quelques  généraux  expérimentés, 
qui  étaient  sur  le  champ  de  bataille.  Il  est  néces- 
saire ,  pour  mettre  le  lecteur  en  étxt  de  juger,  de 


CHAPITBS   I.  73 

rapporter  son  attention  sur  la  situation  de  la  bat- 
taUleconlreles  Anglais,  et  particulièrement  sur  une 
circonstance ,  dont  les  conséquences  se  sont  dé¥e- 
loppées  plus  tard.  Le  maréchal  Ney  avait,  d'après 
Tordre  qu'il  reçut ,  arrêté  le  mouvement  offensif 
du  1  *' corps  et  rendu  lecombat  stationnaire  devant 
l'aile  gauche  anglaise.  Vers  cinq  heures  du  soir, 
l'ennemi  attaqua  i  son  tour.  La  défense  coura- 
geuse du  1*'  corps,  et  une  charge  de  cavalerie  de 
celui  de  Milhaud  rarrëtèrent.  Mais  la  cavalerie  de 
la  garde,  que  Napoléon  avait  déjà  portée  en  avant 
(  page  36) ,  suivit  le  mouvement  des  cuirassiers.  H 
ne  parait  pas  qu'il  y  ait  eu  un  ordre  positif  donné 
à  cet  égard ,  ni  par  Napoléon ,  ni  par  le  maréchal 
Ney  ;  le  mouvement  fut  spontané ,  et  tînt  à  ce  que 
l'absence  du  duc  de  Trévise ,  resté  en  arrière 
pour  cause  de  maladie ,  avait  privé  la  garde  d'un 
chef  supérieur,  qui  en  dirigeât  les  opérations. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  non-seulement  la  cavalerie  de 
la  garde  échappa  à  Napoléon ,  mais  il  fut  obligé  de 
faire  soutenir  les  trois  divisions  qui  déjà  étaient 
sur  le  plateau  de  la  Haye-Sainte ,  exposées  à  un  feu 
meurtrier  et  menacées  par  plus  de  dix  mille  che^ 
vaux  ennemb ,  de  les  faire  soutenir ,  dis-je ,  par  les 
deux  divisions  du  comte  de  Yalmy.  Le  maréchal 
Ney  a  été  accusé  par  le  général  Gourgaud  (*) ,  d'a- 
voir imprudemment  débouché  sur  le  plateau  de 
la  Haye- Sainte.  Celte  aiccusation  mérite  d'être 

(*)  OaTiage  cite,  psfe  97. 


74  uvRfi  II. 

exafnitiée,  pdr  rinflaence  que  oet  emploi  de  la 
cavalerie  eut  sur  le  sort  de  la  journée*  D'abord 
il  u'éxUte  aucune  preuve  que  le  maréchal  Ney  ait 
disposé  de  la  cavalerie  de  la  garde,  qui  n'était  pas 
$0us  ses  ordres.  On  ne  peut  donc  attribuer  qu'à 
un  zèle  de  valeur  mal  entendu  l'empressemeat 
que  cette  cavalerie  mit  à  suivre  les  cuirassiers  de 
Hilhaud.  Quant  à  ces  derniers ,  le  maréchal  Ney 
ne  pouvait  passedispenserdes'enservir,  pourcou- 
vHr  sa  gauche ,  séparée  du  a*  corps  par  une  asse^ 
l^ande  distance ,  et  qui  pouvait  être  de  nouveau 
menacée  par  une  attaque  de  flanc»  Le  s*  corps 
était  arrêté  par  le  château  de  Goumont,  devant 
lequel  il  était  â  p^u  près  entassé.  Le  maréchal 
Mey  y  en  se  maintenant  à  la  Haye*Sainte ,  n'avait 
pas  fait  un  pas  en  avant  de  la  position  qu'il  occu- 
pait depuis  trois  heures;  il  n'avait  fait  que  l'assu- 
rer par  les  seules  troupes  dont  il  pût  disposer. 

Dans  cette  situation,  le  parti  qu'avait  à  prendre 
Tempereur  Napoléon ,  était  celui  de  profiter  du 
relâche  que  lui  donnait  la  suspension  de  l'attaque 
de  Bûlow ,  pour  porter  un  grand  coup  sur  le  centre 
des  Anglais.  II  fallait  pour  cela  porter  le  â*  corps 
et  toute  la  garde  sur  le  plateau  de  la  Haye-Sainte, 
par  un  mouvement  rapide.  Cette  attaque  aurait 
dû  avoir  lieu  avant  sept  heures.  Il  suffisait  de  lais- 
ser une  seule  division  devant  Goumont ,  dont  la 
perte  même  n'aurait  été  d'aucune  conséquence ,  ^ï 
l'attaque  principale  réussissait.  Malgré  les  pertes 
déjà  faites  par  le  a*  corps,   Napoléon  pouvait 


'<&i-hutt  mîBe  homnifla  à  la  gauche  ée  la 
Sàye-Sainte;  le  duc  de  Wellingtcm  n'avait  plua  de 
ré9etYes  à  mettre  en  ligne,  et  à  sept  heures  et 
demie,  le  corps  prussien  de  Ziethen  -serait  arrivé 
pùur  être  entraîné  par  les  fuyards.  Ce  plan  d'a^ 
taque  fut  bien  celui  que  suivit  l'empereur  Napo- 
léon ,  ïnais  un  peu  trop  tard ,  puisqn'à  sept  heures 
et  demie  il  ne  porta  en  avant  que  quatre  bataillons 
de  la  garde.  Cependant  tout  devait  l'engager  à 
hâter  le  moment  décisif.  Bien  que  la  cessation  du 
mouvement  hostile  de  Bûlow  prouvât  que  toutes 
ses  troupes  avaient  été  engluées ,  et  semblât  don-^ 
ner  du  poids  à  l'opinion  que  le  maréchal  Crrouchy , 
dont  on  entendait  le  canon ,  avait  arrêté  le  restant 
de  l'année  prussienne,  il  était  dans  l'ordre  des 
choses  possibles  que  cela  ne  fût  pas.  Il  se  pouvait 
qu'une  jjhortie  seulement  de  cette  armée  fût  restée 
en  présence  du  maréchal  Grouchy,  et  qu'on  vit 
arriver,  d'un  moment  à  l'autre,  au  moins  un  se- 
cond corps  prussien.  Cette  supposition  pouvait 
prendre  un  degré  de  probabilité,  par  le  retard 
même  de  Grouchy,  qui  aurait  dû  être  vers  deux 
heures  à  Saint-Lambert,  et  qui  se  battait  loin  de 
là  à  six.  C'était  donc  dans  le  moment  même  de 
la  reprise  de  Planchenoit  et  de  l'occupation  de 
Smohain,  qu'il  fallait  faire  l'attaque  décisive,  en 
faveur  de  laquelle  Napoléon  avait  voulu  courir 
les  chances  d'une  attaque  de  flanc.  On  pouvait 
compter  que  dans  tous  les  cas  possibles ,  il  se  pas^ 
serait  près  de  deux  heures  avant  que  les  Prussiens 


76  LIVRI   II. 

ne  fussent  de  nouveau  mattres  de  Planchenoit  ; 
il  n  en  fallait  pas  tant  pour  remporter  la  victoire 
à  Mont-S»nWean.  Le  retard  de  l'attaque  donna 
à  Ziethen  le  temps  d'arriver,  et  le  manque  de  est- 
valme  en  réserve  nous  arracha  la  victoire  des 
mains. 

.  Nous  ne  pouvons  pas  nous  dispenser  de  rap- 
porter un  passage  des  Considérations  sur  l'Art  de 
la  Guerre  s  relatif  à  la  journée  de  Waterloo.  «Le 
18 ,  dit  l'auteur,  nous  employons  toute  la  mati- 
née, jusqu'à  midi,  à  développer  notre  armée  et 
a  la  préparer  au  combat.  Nous  avions  cinquante^ 
cinq  mille  combattans ,  non  compris  notre  co- 
lonne de  droite,  de  trente-cinq  mille  hommes, 
qui,  dès  le  matin,  était  partie  de  Gembloux 
pour  suivre  la  marche  des  Prussiens  sur  la  route 
de  Wavre.  Cette  colonne ,  séparée  dmreste  de 
l'armée  par  la  rivière  fangeuse  de  la  Dyle ,  resta 
près  de  Wavre,  à  près  de  trois  lieues  du  champ 
de  bataille;  éloignement  fatal  au  succès  de  la 
journée!  Le  combat  s'engage  à  midi  au  Mont- 
Saint-Jean,  et  nous  sommes  privés  de  ce  corps 
de  trente  mille  hommes ,  que  le  général  français 
semble  avoir  oublié  loin  de  lui  pm*  un  aveugle- 
ment ou  une  présomption  sans  exemple  ,:  et 
cette  colonne  reste  stupidement  sur  la  rive 
droite  de  la  Dyb ,  au  lieu  d'accourir  vers  le  bruit 
du  canon,  pour  prendre  part  à  la  bataille;  au 
lieu  du  moins  de  marcher  vivement  sur  les  traces 
des  Prussiens ,  qui  passent  la  Dyle  à  Wa^xe  et 


«  tiennent  reitforoerrarmée  angkiflè.  »  On  ne  dSs- 
conyiendra  pas  que  Tauteur  de  cet  ouvrage  ne  soit 
phis  abondant  elQ  ^itfaètes  qu'^a  raisonnemais , 
et  qu'il  ne  saute  à  pieds  jcdnts  parnlessus  les  faits , 
pour  arriver  à  une  opkiion  tranchante.  Cette  mé- 
tiiode  est  facile ,  mais  elle^mble  conveoiir  plus  à 
un  pamphlet  qu'à  un  ouvrage,  qui  est  annoncé 
comme  scientifique;  peut-être  même  la  êupério» 
rite  magistrale,  dont  «'est  abstenu  Frédéric  II,  qw 
pouvait  cependant  donner  des  leçons ,  convient-* 
die  peu  à  un  militaire  qui,  n'ayant  jamais  com- 
mandé dé  troupes  en  ligne  de  bataillé ,  doit  igno- 
tet  bien  des  choses  qui  constituent  le  sttatégicien 
savant ,  en  pvaMk}ue  autant  qu'en  thécnie.  Au  reste, 
nous  h'aprôns  cité  ce  passive  que  pour  ^  faire  voir 
jUêquk'à  quel  point  le  désir  de  brOldr  et^de  faire 
valoir  des  opinions  ou  des  systèmes  nopiveaux, 
peut  être  nuisible  à  la  modémlion  qui  acoom-- 
pi^g^  la  vérités  Le  lecteur  ausa  déjà  vu>  par  le 
récit  que  nousavoosfait  des  évém^neiis  de  cette 
tournée ,  et  qui  est  garanti  par  toutes  lesr^tions , 
miême  ennemies ,  que.  l'armée  française  n'a  pas 
perdu  la: matinée  du  1 8  en  l'employant  à  se  déveh/h 
per,  et  que  te  général  en  chef  n'a  poBOubtié^  par  aveu-» 
glement  au  par  présomption,,  le  corps  du  maréchal 
Grouchy.  Le  retard  de  ce  dernier  devant  Wavre-, 
et  son  éloîgnement ,  ont  été  véritablement  une  fa-p 
talité  qui  a  amené  la  ruine  de  l'armée  française. 
Nous  revieiidrons  plus  tard  sur  les  causes  >  de  ee 
retard  et  de  cet  éloignemiint,  que  «nous  n'attri^ 


^S  Lrrn  u. 

bumia  cependant  pas  an»  gimireuMemmt  que 
l'auteur.. .à  h  stupidité. 

Nous  ne  dirons  que  peu  de  mets  dur  la  conduite 
du  duc  de  Wellington ,  â  la  batmlle:de  Waterloo. 
La  nécessité  de  haaardér  k  sort  des  armes  aranl 
d'abandonnor  Bruxelles ,  ne  peut  être  révoquée 
CD  doute.  La  perte  de  cette  capitsile  entraînait 
ode  de  la  Bdgique  entière,  et  mettait  les  a]:mée» 
anglaise  et  prussienne  dans  une  situation  si  périls 
leuse,  qu'il  ne  leur  restait  d'autre  partie  pomr 
échapper  à  une  destruction  totale^  que  celui  de 
repasser  le  Khin  en  hâte.  Détermjné  à  Uirer  une 
luitailie,  si  lesTimssiens  pouyaient  l'appuyer,  Wd- 
Ungton  viwmà  plus  que  le  champ  de  batàiUe  à 
choisir.  Gene^OTait  pas  être  la  posilios  de  Gt&* 
nappe,  dont  Fa?antage  ne  pouvait  pas. être  ^sses 
giand ,  pour  contre-haiancer  den  inconvéniens 
graves  qu'entndnnit  une  bataille  livrée  le  1 7.  Le 
prenuer  était  Féloignement  de  Wavre  ;  le  seoond 
était  que  l'armée  prussiemié  «e  povmit  pas  èta« 
ralliée  le  17,  et  avoir  réparé  le  désovdie  ine^par 
rable  d'une  retraite  forcée ,  faite  pendant  la  nuit* 
IL  se  décida  donc  pour  la  position  de  Mont-Saint» 
Jean ,  lorsqu'il  eut  reçu  du  maréchal  Blûcbâr  l'as* 
surance  d'en  être  secouru.  Cette  position  n'était 
pas  bonne  en  elie-méme ,  car  elle  couvrait  mal  le 
village  de  Mont-SaintiJean ,  qui  en  est  la  clef  $  l'aile 
gauche ,  qui  était  en  l'air ,  pouvait  être  forcée ,  et 
même  tournée,  et  cet  événement ,  tufes^pessible , 
obus  rendait  maîtres  des  débouchés  de  la  forêt  de 


CHAPITRE   I.  79 

Soignés  ^c'était  lasenle retraite  derarmée  àagbife^ 
dans  un  moment  où  les  pluies  avaient  vendu  les 
chemins  de  traverse  presque  impraticidiles.  Toute 
la  force  avait  été  portée  vers  Taile  droite  »  demèra 
laquelle  quatre  des  ûx  bri^des  du  géoéral  Bill, 
avaient  été  placées  en  potence.  Nous  atons  déjà 
vu  qu'il  avait  conçu  Fidée  singulière  qm  Napoléon 
vouerait  attaquer  ou  même  tourner  Vai)e  droito 
anglaise  :  c'est  ce  qui  explique  la  seeimde  &iite 
litratégique  que  St  Wellington ,  en  détachant  suiH 
Hfiill  '  un  corps  de  dix*neuf  mille  hommes ,  sous 
les  ordi^  du  prince  Frédéric  d'Ortange*  Une  feia 
celte  position  prise ,  le  duc  dé  WelHngten  n'avaft 
amtre  chose  à  faire  que  de  tenir  ferme  en  attendant 
}e»  Prussiens;  anciasa» mouvement  8tratégii|Ute  m 
fcii  était  pb^ifale ,  mèci^c  par  aon  aile  droite.  &% 
eût  voulu  profiter  de  la  possession  de  Cbuinonfty 
pour  tenter  de  déboucher  sur  notre  aile  gauche , 
il  ne  faànaàt  que  hâter  la  défaiteidî»  céhtre;  de  son 
armée  :  aussi  se  tinfc^il  toute  la  jemrnéé  dans  une 
pesMion  passive ,  opposant-  les  cairés  de  son  inn 
fKaterie  au  feu  de  nos  batturies  et  à  nos  attaque^  y 
et  «e  cententant  de  faire  avancer  successivement 
les  réserves,  pour  remplir  tes  lacunes  qui  se  (xny 
meàeal  dans  la  ligne.  Toutes  les  disposifkms  qolii 
poûv^t  ordouner  et  qu'A  ordonna  ^  sont  conçue^ 
dims'Ia  iMi{Mmse^si|u'il  Màlk  division  PictoUvàl^i 
hriguide  Çalkett,  et  à  toutes  les  troupe^  dont  ou 
hii'pdgnait lîafifeihlissement  :  <  Ufimt q^'ibre^ 
*  t»nt  en  place  jusqu'au  demiw  homme.  *  Soa 


8o  UYKS   II. 

unique  but  était  de  conserver  sa  poisition  jusqu'à 
rarrivée  de  Blûcher ,  et  il  espérait  que  sou  armée 
ue  serait  pas  détruite  avant  (  page  47  )•  Cependant 
si,  avant  sept  heures,  il  eût  été  attaqué  par  douxe 
bataillons  de  la  garde ,  et  non  pas  par  quatre  seu-- 
lement  et  à  sept  heures  et  demie,  son  espérance 
était  encore  trompée.  Il  parait  qu'il  croyait  que 
l'armée  prussienne  arriverait  bien  plus  tôt  ;  §t  on 
peut  encore  mettre  en  question,  s'il  aurait  teçn- 
la  baftaiUe,  dans  le  cas  où  il  aurait  prévu  qu'il  la 
soutiendrait  seul  aussi  lonjg-temps,  et  avec  un 
aussi  grand  sacrifice  d'hommes.  On  peut  donc 
dn«,  avec  juste  raison,  que  la  bataille  de  Wa-» 
ferloo  n'appartient  pas  à  la  classe  des  batailles 
stratégiques;  elle  rentre  bien  plutôt  dans  celle  de» 
combats  de  pied  ferme  et  purement  défenaifs  :  le 
courage  des  troupes  y  a  tout^fait 

Le  '  mouvement  du  maréchal  Blûcher  ,  de 
Wavrè  pa^  Saint-Lambert,  a  été  décisif,  et ,  sous 
ce  petnf'de  Tue,  il  a  été  porté  aux  nues»  On 
ne  peut  pas  nier  qu'il  n'ait  été  exirémement  katdi; 
mais  la  hardiesse  heureuse  est-elle  toujours  le 
signe  caractéristique  d'une  conception  profonde? 
Non  certainement;  car  alors  la  témérité  tendrait 
fieu'  de  talent.  Il  est  hors  de  doute  qu'à  la  guare 
9  faut  so^uvent  donner  des  chances  au  hasard; 
mais  il  ne  faut  pas  les  lui  ab^donner  toutes. 
Il  faut  égalemeitt  souvent  diriger,  ses  opérattotis 
d'après  le  casactère  conxm  de  son  adversaire; 
mais  il  n'est  pas   permis  de  hii  supposer  des 


GHÀVltM   t.  dl 

ftitttes  qtll  à]>pr6theiit  '  de  l'incûpddté.  Une  pa- 
rcrile  snppoi^itiùù  né  peut  nalti^  que  d'une  pré- 
somption sârts  borner  ou  de  Tlgnorsince.  Il  est 
de ï^èçlc générale  que,  même  cnliôsàrdantftcau- 
<iotip ,  11  faut  tôtijours  se'  conservée  tles  inoyeM 
de  parer  à  un  désastre  tomplet.  C'est  cette  pré- 
voyance qui  totisfittié  la  science  de  Ht  guette; 
affronter  te  danger ,  *an5  talcnler  les  moyens  dé 
le  détourner ,  en  est  te  tnéller  :  ïnn  feit  le  gédé^ 
rai ,  l'autre  le  soldai   Après  avoir  posé  ces  re- 
flétions préliminaires,  ^i  tienifcnt  à  1-aIphàbet 
de  Tart  de  la  guerre,  nous  allons  examiner,  soUft 
le  rapport  stratégique,  le  mouvement  des  Prus- 
siens pendant  la  bataflte  de  Waterloo.  Le  texte 
dont  liotls  nous  ^^ît%t>n8  nous  est  fouM!  pai^  uti 
àiilitâite  prussien  (*")  qu'on  ne  peut  pas  ace^Uter 
d'un  excès  de  modestie  nationale j-HÎ-dè  Vtrtfloit 
dîmîhùer  ie  mérite  de  FAi'ioviste  pl^ussien.  Voici 
ses  '  expressibtx^  :  *  Mais  si  on  considèi^e  la  pôsi" 
«  tîon:  de  Fârlnéé  prussienne,  dàhs  'fer  strpposi^ 
ï  tîbh  qûë  le  diië  tié  Wellington  ait  élé  battu , 
«  et  que  le  màréichàl  Grotiehy,  ce  qui  était  ce^ 
t  pendant  pôssiMe,' 'arrivât  pendant  la  bàtalHe^ 
«  par  Limalc,  à  tUtapdlë-Samt-Liglrabert,  il  faut 
«  cîotlvenir  qu'où  durait  pu  difficilement  tencorUrer* 
t  Une  position  plm  désftoantagemé.  1*  1*'  corp» 
*  était  ëéparé  du  4* ,  cdtli-ci  du  4%  ^^  ^^  der- 


OC.  de  W,  Campagne  flos  arméf»  anglo  -  bntnve  ft  prnstitMinc, 

IV.  6 


8:1  UVBB  II. 

«  nier  à  son  tour,  du  i*'  par  des  défilés;  tous 
«  Tétaient  par  rennemi  même,  du  3*  corps.  Les 
«  chemins. de  traverse ,  par  la  forêt  de  Soignes, 
«  étaient  rendus  presque  impraticables ,   pour 
c  l'artillerie^  par  une  pluie  de  deux  jours;  les. 
c  chaussées  auraient  été  occupées  par  lennemi.  • 
L'auteur  tire  de  ces  faits  la  conséquence  suivante  : 
«  Toutes  ces  raisons  démontrèrent  au  général 
t  expérimenté,  que  l'opération  la  plus  sûre  était 
ç  celle  de  réunir  ses  trois  corps  sur  le  plateau 
«  de  la  *  Belle-AUiance ,  pour  battre  Napoléon.  » 
Nous  abandonnerions  cette;  conséquence  au  de* 
voir  et  au  désir  que  l'auteur  pouvait  avoir  de 
faire  ua  compliment  â  son  général  en  chef,  et 
nous  nous  en  tiendrons  à  Tes^posé  qui  précède , 
et  qui  fournit  au  lecteur  impartial  une  consé-. 
quence  tout-ie-fait  contraire. 

En  effet V  lautour  que  nous  venons  de  citer, 
convient  que,  9i  le  maréchal  Grouchy  s'était 
présenté  vers. quatre  heures  â. Chapelle- $aint- 
Lambert,  il  aurait  trouvé  Farfi^ée  prussienne 
dans  une  situation  dangereuse  pour  eUe.  Le 
4*  corps  était  alors  dans  les  défilés  de  Lasne ,  le 
d*  dans  ceux  de  Chapelle-Saint-Lambert,  le  i*' 
dans  ceux  de  Genval,  et  le  S''  à  Wavre.  Il  est 
donc  évident  que  les  2^"  et  4"  corps  auraient  été 
culbutés  et  dispersés.  Cette  réflexion  ne  pouvait 
pas  échapper  au  général  expérimenté,  et  l'aurait 
engagé  à  laisser  le  a*  corps  à  Chapelle -Saint- 
Lambert  ,  et  à  faire  occuper  Limale  et  Moustier, 


CHÀPITRB   i.  85 

ou  au  moiiis  à  pousser  de  fortes  reconnaissances 
au  delà  de  ces  deux  points ,  afin  d'avoir  des  nou- 
velles certaines  de  la  direction  qu'aVait  prise  le 
maréchal  Grouchy.  Il  lui. importait  surtout  df 
Bavoir  sî  l'attaque  ^de  Wavre,  qu'on  lui  annon- 
çait, n'était  pas  une  fausse  attaque,  et  si  les  têtes 
de  colonnes  qui  se  présentaient  élevant  la  petite 
arrière-garde  qu'U  avait  laissée  à  Limale,  n'étaient 
pas  le  gros  du  corps  du  maréchal  Groudiy.  Au 
lieu  de  cela ,  il  donna  l'ordre  à  ses  colonnes  de 
continuer  leui"  mouvement ,  et  a  Thielemann  de 
défendre  Wavre,  et  d'y  arrêter  l'ennemi.  L'au- 
teur que  nous  venons  de  citer,  pour  établir  le 
mtérite  éminent  de  la  détermination  de  son  gé- 
néral en  ehef ,  présuppose  qu'il  connaissait  la 
force  du  corps  de  Grouchy,  et  que  le  jugeant 
en  entier  devant  \?avre ,  il  calcula  avoir  le  tèmpâ 
de  sortir  du  défilé.  En  admettant  que  Blùcher 
ait  connu  la  véritable  force  qu'avait  le  iliaréchal 
Grouchy,  son  calcul  n'en  était  pas  moins  faux, 
puisque  d'après  les  ordres  qu'avait  reçus  le  ma- 
réchal ,  l'attaque  de  "Wavre  n'aurait  pas  dû  être 
la  véritable.  Mais  le  maréchal  Blùcher  ignorait 
quelles  étaient  les  troupes  qui  le  suivaient ,  et 
ne  s'était  pas  mis  en  peine  d'en  prendre  une 
connaissance  exacte.  Le  même  auteur  nous  dit 
bii-méme  (*)  que  jusqu'au  19,  on  crut  que  le 
maréchal  Grouchy  n'avait  que  le  3*  corps  seul , 

« 

(^)  OiiTragc  cité,  page  88. 


ft4  hlVKE   IL 

et  le  rapjport  de  Wellington  nous  fait  Toîr  qu'il 
a  tcKifoUfi  supposé  être  attaqué  par  une  armée 
plus  forte  que  la  sienne  {*).  U  résulte  donc  de 
îjà  que  Blûcher  crut  que  Thieletnann  n'était  atta- 
qué que  par  le  3"*  corps  y  c*est-À-dire  ^  par  douie 
milfe  hommes  enyiron^  Le  danger  de  cette  atta- 
que ne  put  donc  pas  lui  paraître  grand.  Le  corps 
de  Thielemann  était  en  état  d'arrêter  le  corps 
français  »  et  il  regarda  cette  circonstance  comme 
une  preuve  qu'aucunes  troupes  françaises  ne  pas^ 
seraient  la  Dyle.  L'événement  seul  a  pu  justifier 
cette  supposition  9  qui  nous  fait  voir  que  k 
Blttdier  de  Wal:erioo  était  encore  cdui  de  Champ* 
Aubert  et  de  Yauchamp.  Si  les  ordres  expédiés 
par  Napoléon  au  maréchal  Grouchy  eussent  été 
exécutés  9  Blûcher  aUrak  porté  la  peine  de  sa 
léEQérité  ;  le  hasard  Ta  servi  ^  et  ce  hasard  a 
consolidé  la  réputation  que  ses  partisans  lui 
ijUmnent« 


(*)  f^oym  Uê  nfport»  do  Wellh|t»D  et  Biacber  {Pihn  jmgtè- 

Jicatwes^  N"  XX  et  N^  XXI),  et  IViiTrage  cite ,  page  3i. 

Tiova  ne  pouVoDS  nous  dispenser  de  rapporter  deux  traits  de  ce 
■aénie  dutta^ ,  ^î  pourront  hirt  Toir  ^ac  noi  ennem{<  ne  se  pilent 
fm  de  pkM  de  bonne  foi  en  înveniMic  dei  diacoun  qu'ai  forgeant  dop 
lettres.  L'auteur  prussien  fait  dire  à  Napoléon  (page  65  )  :  «  J'ai 
c  75,000  homme»,  les  Anglais  en  bnt  5o,oou.  Tattaqoerai  l'armée  an- 
â  slaiae,  et  je  hi  kMtrai.  »  Et  t>lus  bas  (p«ge  d;},'!!  lui  fait  dire, 
à  eepcbenitf  d«  soir  i  a  La  bainlle  «si  9^ëe,  il  faut  (breer  l'ait  àtokk 
«  des  Anglais  et  les  jeter  dans  les  défilés  de  WaTrc.  AHons,  k  garde 
*  en  ayant.  »  Napoléon  ignôrait-il  la  forcé  de  l'armée  anglaise  et  de 
la  sienne?  A-t^il  pu  dire  qu'il  forcerait  la  droite  des  Anglais,  lorsqu'il 
disait  attaquer  le  centre? 


cHAPiTU  n.  B5 


CHAPITRE  11. 


MoBTemeBt  de  ravmce  prassiemie  sur  Saint-LAmbert,  le  18.  —  Movlr^- 
ment  da  OQtf^al  Groucfay,  le  18.-—  Premier  coaolMl  de  Wft<^M, 
le  x8.  —•Second  combat  de  Wayp^^  le  iq. -^Retraite  du  maréchpi 
Grouehj  sur  Namur.  —  Combat  de  rïamar,  le  30.  —  Obsenraiions 
aiir  ka  mouTemeiM  de  Faile  droite  fivncawe. 


Nous  avons  déjà  vu  que,  le  17  au  mmt,  le  ma- 
réohal  Blûcher  avait  réuni  son  armée  autouir 
de  Wavre.  Les  trofe  corps  qui  avaient  combattu 
i  liigny  étaient  teUement  désoi^ganisés,  qu'ils 
ne  présentaient  guère  plus  de  quarante  mUle 
hommes  sous  les  armes.  Les  fuyards  s'étaient 
répandus  dans  toutes  les  directions,  et  même 
jusqu'à  Liége«  Nos  éclaireurs  de  droite  en  rame- 
nèrent pendant  toute  la  journée  du  17.  Mais 
celte  }oumée  s'étant  passée  tranquillement ,  les 
dbétachemens  de  cavalerie  prussienne,  envoyés 
sur  les  différentes  routes,  les  dirigèrent  ou  les 
recueillirent,  et  le  18,  au  matin,  ces  mêmes 
corps  comptaient  plus  de  soixante  et  dix  mille 
hommes.  Le  maréchal  Grouchy  s'était  arrêté  à 
Gembloux ,  ayant  poussé  une  brigade  à  Walhaîn 


86  UYRB    II. 

et  un  régiment  à  Perwez-Ie-Marché.  Le  18,  au 
matin,  Blûcher  mit  son  armée  en  mouvement 
sur  deux  colonnes.  Celle  de  droite.,  composée 
du  i"  corps,  devait  se  diriger,  par  Frbmont  et 
Genval ,  sur  Ohain ,  pour  joindre  la  gauche  des 
Anglais  :  celle  de  gauche ,  composée  des  4*  et  a* 
corps,  devait  se  diriger,  par  Neuf-Cabaret,  sur 
Saint-Lambert,  afin  de  se  porter  de  là  sur  le 
flanc  droit  de  l'armée  française.  Le  5*  corps  de- 
vait rester  provisoirement  à  Wavre,  pour  dé- 
fendre ce  poste  s'il  était  attaqué  :  dans  le  cas 
contraire,  dès  que  toutes  les  divisions  des  2'  et 
/|*  corps  auraient  défilé,  il  devait  laisser  deux 
bataillons  seulement  à  "Wavre,  et  se  diriger  sur 
Saint -Lambert  et  Couture,  où  il  recevrait  de 
nouveaux  ordres.  Au  point  du  jour,  le  4*  corps 
se  mit  en  mouvement  de  Dion-le-Mont.  11  fut 
arrêté  quelque  temps  au  passage  de  Wavre ,  par 
un  incendie ,  qui  l'obligea  à  défiler  par  des  rues 
détournées.  La  pluie  et  le  mauvais  état  des  che- 
mins retarda  encore  sa  marche ,  en  sorte  que  la 
tête  de  colonne  n'arriva  que  vers  onze  heures  à 
Saint-Lambert,  où  le  général Bûlov^  l'arrêta  pour 
réunir  son  corps.  Le  général  Zielben  se  mit  en 
mouvement  de  Bierge  un  peu  plus  tard,  lais- 
sant encore  à  Limale  trois  bataillons  et  un  ré- 
giment de  cavalerie  pour  garder  le  passage.  Le 
2'  corps  se  mit  en  marche  le  dernier,  tant  pour 
laisser  défiler  «  le  4%  que  parce  qu'il  n'était  ar- 
rivé à  Wavre  que  dans  la  iiuit||  la  division  Brause, 


GHi^PITRE   II.  87 

qui  n'avait  pu  rejoindre  qu'à  six  heures  du  ma- 
tin ,  s'arrêta  rers  Alsemont,  pour  y  prendre  quel- 
ques heures  de  repos.  Le  3*  corps  dépassa  Wavre, 
et  prit  position  sur  les  hauteurs  qui  domiaent 
la  Tille,  laissant  cependant  la  division  Bork  à  la 
rive  droite  de  la  Dyle. 

Cependant  le  maréchal  Grouchy  s'était  aussi 
mis  de  son  côté  en  mouvement,  le  18,  mais  très- 
lentement.  A  cinq  heures  du  matin ,  le  général 
Pajol,  avec  les  divisions  Teste  et  Soult,  avait 
quitté  Mazy,  pour  marcher,  par  Saint-Denis  et 
Grand-Lez,  à  Tourînes,  où  il  devait  attendre  de 
nouveaux  ordres.  A  huit  heures  seulement,  le 
corps  du  général  Excelmans  fut  mis  en  marche 
et  dirigé ,  par  Nil-Sàint-Martin ,  vers  la  route  de 
Namur  à  Louvain.  Enfin  les  3*  et  4*  corpsr  s'é- 
branlèrent ,  entre  neuf  et  dix  heures  du  niatin , 
se  dirigeant  en  une  seule  colopie ,  par  Walfaain , 
•ur  Wavre  ;  la  division  légère  de  Maurln  les  éclai- 
rait à  gauche  vers  la  Dyle.  On  se  deitiande  pour- 
quoi cette  espèce  de  déploiement  ou  éventail ,  et 
cette  obstination  d'appuyer  à  droite  et  dans  uno 
direction  divergente  de  celle  qu'avait  prise  Na- 
poléon, avec  le  reste  de  l'armée?  Le  maréchal 
Grouchy  était  assuré  que  les  Prussiens  s'étaient 
retirés  surW^vre;  il  n'avait  pu  ignorer,  à  Gem- 
bloux  même,  que  Bûlow  avait  pris  la  même  di- 
rection. Mais  quand  bien  même  il  aurait  pu 
craindre  que  Bûlow  ne  se  soit  rejeté  sur  la  route 
de  Louvain  à  IVamur,  ce  mouvement  ne  pouvait 


Sa  LiVAK   U, 

se  fmç  qvCw  delà  ds  Pc nr^i^le^Marçbc ,  on  y 
avait  des  traupe^  Bûlow  x^  pQirvait  4ouc  arriver 
sur  Fleurua,  ep  supposant  qu  il  eu  ^it  au  le  de^ 
seiu,  que  le  19.  Or,  il  s'agissait  du  18,  et  e^ 
)our-là,  Napoléon  allait  ^  ^trouver  engagé  avoc 
Farmée  anglaise  ^  ou  se  voir  maître  de  Bruxellep 
par  l£i  retraite  de  Wellington.  C'était  donc  le 
jour  décisif;  et  un  mouvement  de  l'ennemi  9ur 
Fleur  us ,  le  lendemain ,  ne  pouvait  être  d'aucune 
conséquence. 

Les  deux  hypothèses  que  nous  venons  de  pré- 
senter, et  dont  l'une  devait  nécessairement  se  réa* 
User,  imposaient  au  maréchal  Grouchy  la  loi  dç 
ne  pa&  disséminer  son  corps  et  de  se  rapprocha: 
du  gros  de  l'armée,  pour  ne  pas  sortir  de  cqtot 
muuicatioQ  avec  elle,  et  pour  pouvoir  même 
prendre  part  à  ses  manœuvres.  Le  projet  qu'on 
pouvait  le  plus  faîsoniiablen)ent  supposer  au 
maréchal  Blûcher,  d'après  le  mouvement  qu'ij 
avait  fait  sur  Wavre ,  était  celui  de  se  réunir  a 
l'armée  anglaise.  C'était  principalement  paw 
^'oppos^  à  cette  réunion,  que  le  maréchal  Grou-^ 
chy  avait  été  détaché,  avec,  l'aile  droite  de  l'ar^ 
méev  Ce  véritable  point  de  vue  stratégique  de  sa 
mission ,  n'aurait  pas  dû  lui  échapper.  Pour  ta 
remplir,  il  lui  fallait  se  rapprocli^r  de  la  Byfe^ 
s'il  voulait  absolument  se  couvrirai  droito  par  un 
gros  corps  de  cavalerie ,  et  garder  ses  derrièf^fli^ 
il  pouvait,  envoyer  la  corp^  dm  général  Ë&cel*i 
maps  par  Nil-Saint^Martin^  ^iK  Bi^n^le-Mont, 


et  falM  f;wd9r  ki  défilée  4u  iHÛMim  4^  Mou9^ 
tlars ,  vers  Nttr^iDt^Maiïtiii ,  p^  1^  général  P«îol* 
Mais  il  detmt  diriger  le  gros  d^  non  Qorp»  par 
MoQtnSaint^Guibcrt,  et,  en  fai«aiit  écbirer  sa  gau<- 
che  le  long  de,  la  Byle,  Caire  occuper  les  pointi 
de  Mouatiers  et  de  liiinale ,  et  jeter  des  partis  vert 
Maranswt  et  b  ruisseau  de  Lasuo*  Cette  marche, 
4{iie  lui  dictaient  les  règles  de  la  stratégie,  Tau^ 
rait  mis  à  portée  d^avoir  è  chaque  iustant  des 
nouvelles  du  restant  de  Tarmée  ^  de  la  secourir, 
ou  d'eu  être  secouru.  SI  Wavro  eût  été  le  seul 
point  où  il  pût  passer  la  Dyle,  il  est  évident  qu'il 
n'y  aurait  pas  eu  à  balancer  ;  mais  il  existait  d'au*- 
tres  ponts ,  dont  l'occupation  lui  assurait  ce  pasr 
sage,  sans  avoir  à  forcer  un  défilé  de  front  i  celui 
de  Limale  était  le  plus  rapproché  de  Wavre. 
MaStre  de  ce  point ,  U  pouvait  éclairer  tous  les 
mouvemens  de  Blvcher.  Si  ce  dernier  se  mettait 
en  marche  pour  joindre  Wellington,  le.maré^ 
chai  Grouchy  Farrôtait  à  Saint*^Lambert  ;  «i  au 
contraire  il  se  retirait  vers  Bruxelles  eu  faisant 
défend»  Wavre  par  une  arrière-garde,  le  maré- 
chal, eu  tournant  la  ville  par  Rosieren,  se  fai- 
sait ouvrir  le  passage  sans  coup  férir.  Mais  toutes 
œs  mesures  auraient  dû  être  précédées  par  une, 
qui  était  la  plus  indispensable  de  toutes  ;  c^âtait 
celle  de  mettre  les  troupes  en  mouvement  A  trois 
heures  du  matin ,  ainsi  qn'U  Favait  annonoé.  11 
a^HÔt  déjà  perdu  la  journée  du  17  en  d'inutiles 
lenteurs  et  dans  une  funeste  indécision  ;  il  devait 


go  LI¥11E   n. 

bien  penser  que  Farmée  prussienne  ne  serait  pas 
restée  en  place  à  Tattendre.  f  1  fallait  donc  se  hâ- 
ter de  l'atteindre  de  nouveau  et  de  la  serrer 
d'aussi  près  que  possible;  c'est  ainsi  qu'on  suit 
et  qu'on  éclaire  les  mduveniens  de  son  ennemi. 
C'est  pour  cela  qu'on  lui  avait  dcmné  trente  mille 
hommes  ;  car  sans  ce  but,  une  division-  de  ca- 
valerie légère  aurait  suffi.  Lorsque  le  maré- 
chal Grouchy  fut  arrivé  à  Walhain,  avec  sa  co- 
lonne ,  on  entendit  les  premiers  coups  de  canon 
du  Mont-Saint-Jean.  Le  général  Grérard,  com- 
mandant le  4*  corps,  ouvrit  l'avis  de  passer  la 
Dyle  et  de  marcher,  par  la  rive  gauche ,  au  bruit 
du  canon ,  afin  de  se  rapprocher  de  l'armée  prin- 
cipale et  agir  sur  la  même  base  d'opérations.  Le 
maréchal  Grouchy  allégua  les  instructions  qu'il 
avait  reçues ,  et  témoigna  craindre  que  Blûcher 
ne  marchât  sur  Fleurus.  Le  général  Gérard  lui 
représenta  que  les  instructions ,  qui  lui  prescri- 
vaient de  marcher  sur  Wavre,  étaient  du  17,  et 
qu'U  avait  )ugé  à  propos  de  ne  pas  les  exécu- 
ter, étant  incertain  des  mouvemens  de  Blûcher* 
Le  1 8 ,  il  était  évident  que  les  Prussiens  avaient 
gagné  une  demi-marche,  et  qu'ils  en  profite- 
raient pour  se  porter  ailleurs,  pendant  qu'on 
marcherait  sur  Wavre  ;  au  lieu  qu'en  marchant 
droit  sur  la  violente  canonnade  qui  se  faisait  en- 
tendre ,  on  était  sûr  de  trouver  à  qui  parier.  Mais 
le  maréchal  Grouchy,  trompé  par  un  faux  rap- 
port ,  croyait  avoir  l'armée  ennemie  en  entier  de- 


N 


CHAPITIB   II.  91 

vant  lui  ;  dans  ce  moment ,  il  apprit  que  la  tête 
de  TaTant-garde  avait  rencontré  les  Prussiens  à  la 
Baraque  9  et  il  persista  dans  son  dessein  de  mar- 
cher à  Wavre. 

Vers  une  heure ,  le  3*  corps ,  qui  était  en  têle 
de  colonne,  arriva  devant  la  Baraque;  oà  étaient 
encore  deux  bataillons  et  deux  régimens  de  ca- 
valerie du  corps  de  Bûlov^.  Après  un, engage- 
ment assez  court  et  une  légère  canonnade ,  l'ar- 
rière-garde  ennemie  se  retira  sur  Wavre ,  et  de  là 
rejoignit  son  corps.  Vers  trois  heures  après  midi, 
lès  3*  et  4'  corps  débouchèrent  des  bois ,  et  arri- 
vèrent sur  les  hauteurs  devant  Wavre.  La  divi- 
sion prussienne  de  Brausc  était  encore  à  la 
droite  de  la  Dyle,  avec  la  division  Bork.  Les  dis- 
positions d'attaque  furent  faites.  Le  3"*  corps  prit 
position  sur  les  hauteurs  d'Alsemont  ;  le  4*9  pl^s 
à  gauche  ;  le  corps  du  général  Excelmans ,  que 
les  coups  de  canon  tirés  à  la  Baraque  avaient 
rappelé ,  revint ,  par  Dion-le-^Mont ,  se  placer  en 
arrière  et  à  droite  du  3*  corps;  la  division  lé- 
gère du  général  Maurin  (*)  observait  les  ponts  de 
Limale  et  Limelette ,  et  se  trouvait  en  présence 
de  Farrière-garde  du  corps  de  Ziethen. 
■  Pendant  que  le  corps  du  maréchal  Grouchy 
débouchait  du  bois  de  Ménil ,  le  général  Thie- 
lemann,  qui  avait  réiini  trois  divisions  du  sien 


{*)  Le  gênerai  Maurin  avait  ctc'  blc8s<f  le  16,   et  sa  division   cUût 
coirimamlce  par  le  marccbal-dc-catnp  Vallin. 


\ 


^  uy/WK  II. 

ckarrière  Wavre ,  donna  oitbre  à  la  diviflicm  Bork 
de  se  reployer  a  la  gauche  de  la  Dyle,  pour  sui- 
vre le  mouvement  qu'il  allait  commenoer*  Q  étail 
alors  environ  trois  heures ,  et  la  division  Brause, 
du  2*  corps,   qui  se  mettait  en  marche  pour 
Saint-Lambert,  se  trouva  peu  après  engagée  avec 
les  premières  troupes  du  corps  du  général  Van^ 
damme.   Cette  circonstance  engagea  le  général 
Thielemann  à  ordonner  à  la  division  Bork  de  sou* 
tenir  et  de  couvrir  le  mouvement  de  celle  de 
Brause.  Il  ordonna  cependant  aussi  au  général 
Bork  de  disposer  de  trois  bataillons  pour  la  dé- 
fense de  Wavre  et  de  Bas--Wavre  ;  de  les  y  en^ 
Toyer  sur-le-champ  et  d'enjoindre  à  Fofficier  qui 
les  commanderait,  de  s'occuper  sans  délai  de 
barricader  les  ponts  et  de  créneler  les  maisons 
voisines.   Trois  bataillons  de  la  division  Bork, 
avec  une  batterie ,  forent  poussés  au-rdevant  de 
l'avant-garde  du  corps  de  Yandamme.  Pendant 
que  le  combat  s'allumait  de  ce  côté,  la  division 
Brause  traversa  Wavre  et  continua  sa  marche  vers 
Neuf-Cabaret.  La  division  Bork  suivit  peu  après. 
Le  général  Thielemann,  qui  l'avait  destinée  à  t^ 
nir  la  tête  de  son  corps,  lui  fit  continuer  son 
mouvement,  à  l'exception  des  trois  bataillons  qui 
étaient  a  Wavre  et  qui  y  restèrent.  Lui-* même 
se  disposait  à  suivre,  avec  ses  trois  autres  divi- 
sions, lorsque  les  têtes  de  colonnes  du  corps  de 
Grouchy  parurent  sur  les  hauteurs  de  Wavre.  Le 
combat  au  faubourg  était  devenu  tellement  vif. 


cHATini  11.  93 

que  cetlè  double  ciccotastance  (i%  juger  aa  gé* 
néral  Thielemaim  9  que  trou  batâiUons  ne  saffi** 
paient  pas  pour  défendre  le  paasage.  U  se  décida 
en  coméquence  à  déplojfer  son  corps ,  et  â  atten* 
dre  le  dé?eIoppement  -de  Tattaque ,  afin  de  juger 
des  forceB  qo'il  ayait  devcuit  lui.  La  lâ*  divi** 
sioli  praâeienne  prit  position  sur  les  hauteurs 
de  Bierge  ^  ayant  un  bataillon  au  mouUn  ;  la  1  o* 
prit  position  entre  Bieioge  et  Watre;  k  1 1*,  der^ 
rièlre  Wavre  t  b  cayalerie  9  à  cfaeTal  sur  la  chaus^ 
sée  de  Bruxelieé ,  vers  la  Bavette.  La  Tillo  de 
Wavre  était  défendue  par  deux  bataillons  de  la 
division  Bork  ;  un  autre  bataillon  de  la  môme  di- 
Tision  étût  à  Bas-Wavre*  Derritee  ce  Tiilage ,  fut 
établie  une  batterie.de  douze.  La  cMyision  Bork , 
qui  s'était  déjà  niise  en  marche,  continua  son 
mouvement ,  mais  elle  ne  déj^sa  pas  Gouturc, 
ou  elle  arriva  à  la  nuit  close» 

CependàtU  le  maréchal  Grouchy  se  disposa^ 
vers  quatre  heures ,'  à  forcer  .le  passage  de  la 
Dyk*  L0  5' corps  fUt  chargé  àt  lattaque  de  Wa* 
rre  et  Sas-WaYre;  le  4*  corpB ,  de  cette  de  Bierge« 
En  même  temps,  il  donna  Tordce  au  général 
Pbjdi  dé  quitta ToUrines  et  de  se  rapprocher;  et^ 
par  une  dispbsitioïi  dont  il  est  diflfeile  de  saisir  Is 
but /il  ordonna  au  général  Ëxcelmans,  d'enroyelr 
le  1^*  réf^uoBn&kt  de  dragons  en  reconnaissance, 
par  Dton«-le*Mont  ^  vers  la  route  de  LouVain  à  Na«- 
mur.  La  nature  du  terrain  ne  permettait  pas  de 
déployer  Un  qUaM  de»  forces  qu'atait  le  maré^ 


94  LIVRE    il. 

chai  Grouchy  ;  l'infanterie  et  la  cayalerie  étaient 
en  colonnes,  à  l'exception  des  bataillons  employés 
aux  attaques.  Aucune  tentative  n'était  faite  sur 
le  pont  de  Limale.  Ce  fut  ce  dernier  motif  qui 
engagea  le  général  Thielemànn  à  ne  pas  rappeler 
la  division  Bork  :  il  jugea  qu'il  n'avait  devant 
lui  que  les  troupes  qu'il  voyait  et  qu'il  évalua 
à  environ  huit  mille  hommes.  A  cette  époque , 
le  corps  de  Ziethen  était  déjà  vers  Genval  ;  celui 
de  Bûlov^,  entre  Saint-Lambert  et  Lasne;  celui 
de  Pirch  arrivait  à  Saint-Lambert,  excepté' la 
division  Brause  qui  était  encore  en  arrière. 

L'attaque  de  Wavre^et  de  Bierge  contmuait 
Inrec  acharnement.;  la  première,  surtout,  avait 
eu  qudques  succès.  Nos  tirailleurs  étaient  venus 
à  bout  de  se  rendre  maîtres  du  faubourg ,  mal- 
gré la  résistance  des  Prussiens.  Leponl  fut  vi- 
vement attaqué ,  et  la  barricade  même,  forcée  an 
moment  ;  mais  deux  nouveaux  bataillons  de  la 
12"  division,  que  le  général  Thieiemann  y  envoya, 
}a  reprirent.  Les  Prussiens  établirent  sur  les  hau- 
teurs de  Wavre  une  batterie  de  douze  et  une  de 
six ,  et  la  canonnade  s'engagea  avec  vigueur  d'un 
bord  à  l'autre  de  la  Dyle ,  tandis  qu'une  fusillade 
meurtrière^  près  du  pont,  faisait  perdre  beaucoup 
de  monde  des  deux  côtés.  Le  pont  du  moulin  de 
Bierge ,  où  fut  envoyé  un  second  bataillon  de  la 
\  2*  division  prussienne ,  fut  défendu  avec  une 
égale  opiniâtreté.  Pendant  ce  temps  ,^  le  canon 
du  Mont-Saint-Jean  continuait  à  se  faire  enten^ 


ghXpitbe  II.  95 

dreavec  la  plus  grasi^e  violence;  depuis  deux 
heures,  on  ne  pouvait  plus  douter  que  ce  ne 
fût  celui  d'une  bataille  opiniâtre.  On  dit,  qu'a- 
lors le  général  £xcelnians  crut  devoir  représen-* 
ter  au  maréchal-  Grouchy,  qu'il  était  inutile  de 
rester  plus  long -temps  devant  Wavre.  La  ca- 
iionnade  qu'on  entendait  était  d'une  violence 
extrême  ;  en  y.  marchant  droit ,  on  pouvait  arri- 
ver asse^  tôt  pour  y  prendre  part.  Le  général 
Gérard  insista,  dit-on,  de  nouveau,  sur  le  con- 
seil qu'il  avait  déîâ  donné  à  Walhain^  il  observa 
au  maréchal  Gr^uphy?  que  k  corps  ai^quel  on 
levait  affaire,  netaô^t  qu'une  airière-garde jf  et  que^ 
^^s  {>erdre  du  tçfnps  et  des^ho^unes,  il  valait 
mieux  tourner  la  position.de "yVavre,  e^  passsui^ 
la  Dyle  plus  haut.  Mais  le  maréchal  Grouchy, 
était  fixé  sur  l'idée  que  Blûcher  av%it  toute  son 
armée  à  Wavre,.  et,  qu'il  profiterait  d'un  mou- 
yeinent  sur  Saint^Lambert  pour  marcher  à  Fieu- 
rus  ;  il  suivit  malheureusement  un  conseil  tout 
opposé,  et  .s'obstina^  a  continuer  son  attaque. 
Icu  4e  moment  après,,  le  général  Gérard  fut 
(  rièvement  blessé,  devant  le  moulin  de  Bierge. 

Le  cçmbat  se  soutjnt  dans  cet  éta(,  jusqu'après 
six  heures  du  soir;|  niéme  nos  tirailleurs  furent 
obligés  '  d'abandonner  en  partie  le  faubourg  de 
Wavre,  qu'une  batterie  d'obusiers  de  l'ennemi 
était  parvenue  à  incendier.  Le  général  Thiele-i 
maim,  que  le  prolongement  du  combait  inquié- 
tait ,  en  lui  faisant  voir  qu'il  avait .  affaire  à  un 


g6  titM   tt 

tatpB  pluâ  fort  qulj  tie  ratait  cru  d'abord,  ptH^ 
tint  le  maréchal  Blûcher  dn  daïi^r  qu'il  oeu- 
rait.  Cehil^i  ,•  âé\à  engagé  deTant  Planch^tioit, 
hiî  rè^tâ  rôrdfe  de  se  défendre  comme  il  pour- 
rait; il  y  ajouta  que  la  décbioû  de  la  jouriiée 
était  devant  lui ,  et  qu'une  TÎctolre  à  Mont-Saint- 
Jean  ferait  disparaître  la  perte  de  Wavre  (^). 
Vers  sept  heures,  arriva  l'officier  d'état«4najor ,' 
expédié  du  champ  de  bataille  de  Mont^-Saiiit^ 
Jean,  à  ude  hetire  après  midi  (pag.  Ssj^etpor^ 
teur  de  l'ordre  au  maréchal  Grotichy  de  se  diri- 
ger snr^léHchamp  vers  Saint-^Lambert.  Immédiat 
tement  il  fit  «lever  l'attaque  -de  Bterge  par  le  5* 
eorps,  et  dirigea  le  4*  ^^^  timale.  La  division 
Vichery ,  qui  arriva  la  première^  n'éprouva  qu'une 
fiiible  résistance  dé  la  part  de  l'arrière-garde  dti 
corps  de  Zief  heu.  Elle  passa  la  Djle  avec  la  dt-^ 
tision  légère  de  YaHiii ,  et  fut  suivie  peu  après , 
par  tout  le  4*  corps ,  qui  prit  position  sur  les  hau^ 
tcurs  entre  Limale  et  Neuf-Cabaret.  Vers  huit 
heures ,  attiva  le  général  Pa jol ,  qui  s'établit  près 
du  pont  de  Limale ,  avec  les  dfrisièns  Testo  t^t 
Soult.  ' 

Aussitôt  que  le  général  Thielemanti' J?ut^  avis 
de  ce  passage,  îtfit  prendre  la  défense  de Bierge 


(^)  n  ne  faot  pafi  perdfc  de  tue  qtie  iSt&éier  ^dyftltt  totfjoiirs'  q[ue 
le  Qot|x  de  yfiAàaÊUBpi  était  seul  déTâHC  W«trei.Alift9  TiileUdiiintt4fiâift 
aMts  fort;  pc^ir  résister ,  ^ais^^il  x^it  /caçok-e  ^ après  le  dt^part  de  la  di- 
vision Bork)  27  bataillons  et  Sa  escadrons,  c^cst-^^ire,  vingt  mille 
hommet  d?îttfafttcrie  ai  ^ilAut^  ftliQe  dâq'  céfaU'  dCér&ul. 


cHÀPnaE  II.  97 

par  trois  bataillons  de  la  i  o*  divisioh ,  et  wdoiihii 
à  la  a 2',  et  à  la  cavalerie  de  réserve,  de  se.p(Hrter 
à  Limale.  Le  colonel  Stûlpnagel  ^  qui  commaR^ 
dait  cette  division,  se  niit  de  suite  en  mouve- 
ment, mais  il  ne  put  airiver  qu'à  la  niiit  close, 
en  face  de  la  division  Yichery,  qui  tenait  la  droite 
du  4"  corps.    Malgré  Tobscurité,  il  essaya  de 
passer  le  ravin  qui  le  séparait  de  nos  troupes  ; 
mais  le  3i*  régiment  prussien,  qui  ouvrait  l'at- 
taque ,  ayant  été  culbuté  avec  assez  grande  perte , 
le  colonel  se  vit  forcé. à  la  retraite.  Il  prit  posi- 
tion bors  de  la  portée  du  fusil  du  tf  corps ,  ayant 
à  sa  droite  les  troupes  du  corps  de  Ziethen,  qui 
auraient  été  à  Limale.   La  cavalerie   de  réserve 
prussienne  s'arrêta  en  arrière  du  bois  de  fro- 
mont.  Le  combat  cessa,  tant  sur  ce  point  qu'à 
Bierge  et  à  Wavre,  vers  onze  heures   du  soir; 
mais  les  patrouilles  des  deux  armées  entretin- 
rent ,  pendant  toute  la  nuit,  une  fusillade  presque 
continuelle. 

Le  19,  dès  trois  heures  du  matin,  la  cavalerie 
prussienne  déboucha  du  bois ,  et  vint  remplacer 
le  détachement  qui  venait  de  se  mettre  en  mar- 
che pour  rejoindre  le  corps  de  Ziethen.  Le  gé- 
néral Thielemann  ordonna  aldrs  à  la  12'  divi- 
sion  d'attaquer  nos  troupes  sur  les  hauteurs  de 
Limale,  et  de  les  rejeter  au  delà  de  la  Dyle.  Deux 
batteries  a  cheval  s'établirent  devant  la  cavalerie 
prussienne,  et  la  canotmade  s'engagea.  Deux  ba- 
taillons prussiens  débouchèrent  sur  la  droite  du 

IV.  7 


^  .  tITlB   II. 

4'  corps  9  et  tentèrent  de  passer  le  ravin  :  ik  fyr 
fent  aisémeiit  culbutés,  et  mdre  artillerie^  ou* 
vrant  un  feu  nourri  sur  les  batteries  ennemies , 
dont  ekiq  pièces  furent  démontées  en  peu  d'ins^ 
tans ,  obligea  les  Prussiens  à  songer  à  la  retraite. 
Leur  cavalerie  et  leur  artillerie  se  retirèrent  par 
le  bois  de  Froment,  et  vinrent  prendre  position 
en  arrière  ;  la  i  i2*  division  suivit  ce  mouvement 
r^roglrade.  AIms  le  général  Thielemann,  ayant 
fait  occuper  Bierge  par  quatre  bataillons  de  k. 
10'  division,  fit  faire  un  changement  de  front  â 
la  1 1*^  et  la  porta  un  peu  en  avant,  afin  qu'elle 
pût  servir  die  réserve  à  sa  nouvelle  ligne.  Il  v»* 
nait  d'apprendre  le  résultat  de  k  bataille  de  W»* 
terloo ,  et  présumant  que  le  maréchal  Grouchy 
se  mettrait  en  retraite^  dès  que  cette  nouvette 
lui  seraijt  parvaiue ,  il  se  décida  à  soutenir  en* 
corç  le  combat,  pour  perdre  Je  moins  de  terrain 
possible. 

Le  maréchal  Grouchy,  de  son  côté,  porta  en 
avant  le  4!  corps  et  la  divbion  Yallin.  La  divkion 
Teste,  qui  ve^ait  de  passer  le  pont  de  Limafo^ 
marcha  sur  Bierge  ;  la  division  légère  du  général 
Soult  s'avança  en  reserve  ;  le  corps  du  générai 
Excelmans  vint  prendre  position  près  du  pont 
de  Limale  ;  une  partie  du  corps  du  général  Yan- 
damme  passa  devant  Bierge  ;  le  village  fut  attaqué 
par  la  division  Teste.  Après  un  combat  assez  opi^ 
niâtre,  labrigade  Penneemporta,  vers  neuf  heures, 
k  vUkge  et  le»  hauteurs  j  ce  brave  général  y  reçut 


cHApnn  II.  99 

une  bkasure  mintelle  {*).  Leé  hauteiûrs  de  Bierge 
emportées,  le  général  Yanddmine  fit  passer  une 
de  ses  diyisions  au  pont  du  moulin.  Le  général 
ThieJemann ,  forcé  par  ce  mouvement  de  flanc,  à 
en  faire  un  rétrograde ,  se  retira  dans  une  seconde 
position,  parallèle  à  la  chaussée  de  Bruxelles,  qu'il 
ayait  derrière  lui.   La  lo"*  division,  chassée  de 
Bierge,  s'appuya  à  Wavre,  ayant  la  lâ*  à  sa 
droite.  Le  général  Thielemann ,  ayant  fait  rester 
deux  batailloQs  (k  la  1 1' division  en  rései^e,  à  la 
batterie  de  douze  qu'il  avait  encore  derrière  Wa-^ 
vre ,  fit  entrer  les  isept  autres  en  ligne.  La  cavalerie 
forma  l'aile  droite.  Cependant ,  vers  neuf  heures , 
le  maréchal  Grouchy  avait  appris,  par  un  aide-de^ 
camp  du  général  Oressot,  les  désastre»  de  Wa- 
têrloo«  Il  fallait  songer  à  la  retraite^  msâs  il  fdSaîl 
avant  tout  se  débarrasser  de  l'ennemi '<|u'on  avait 
en  tête ,  et  le  mettre  hors  d^état  d'iniquiëtelr  cette 
retraite,  pendant  les  premiers  momens.  Le  ïnaré* 
chai  se  décida  donc  à  poursuivre  le  combat.  L^s 
forces  qui  se  trouvaient  en  ligne  étaient  â  peu 
près  égales  {*") ,  et  il  y  avait  encore  à  la  droite 


(*)  Laissa'  à  Vyavrc ,  à  la  retraite  du  maréchal  Grouchy,  il  fut  trans- 
porta à  Btuséfin  <Ài  il  moaraïf,  empoiisnl  les  regreU  de  ses  camutades 
et  dt»  Bellay  surtout  decenx  <jjai  aTaient  servi  dans  le  m*  r<%iinent  ^ 
il  la  t^le  duquel  il  fut  fait  général. 

(^)  Le  général  Thielemann  avait  en  ligne,  dans  cette  dernière  posi^ 
tMm  f  sept  hataillons  de  la  1 1'  division,  six  delà  lo*  et  neuf  de  la  la^, 
avec  toute  sa  cavalerie.  En  tout  dix-sept  mille  hommes  d'infanterie  et 
quatre  mille  cinq  cents  chevaux.  Le  mari^chal  Grouclij  avait  cinq  di- 


aOO  LIVRE   II. 

de  lai  Dyle  deux  divisions  du  3*  corps;  toutes  les 
chances  de  succès  étaient  donc  en  notre  faveur. 
La  division  du  5*  corps  et  celle  du  général  Teste 
étaient  déjà  sur  les  hauteurs  de  Bierge  :  le  4' 
corps  se  déploya  à  leur  droite  ;  la  division  légère 
de  Soult  entra  en  ligne  ;  celle  du  général  Vallin 
reçut  l'ordre  de  tourner  le  petit  bois  de  Rosieren, 
afin  de  gagner  la  route  de  Bruxelles  et  de  déborder 
la  droite  de  Tennemi*  Vers  dix  heures  du  matin , 
lé  combat  fut  de  nouveau  engagé  sur  toute  la 
ligne,  et  se  soutint  pendant  quelque  temps  avec 
un  avantage  égal.  Mais  le  général  Thielemann 
voyant,  vers  onze  heures,  que  ses  troupes  com- 
mençaient à  plier ,  et  que  notre  cavalerie  légère 
approchait  de  la  grande  route ,  songea  à  cesser  le 
combat.  Il  mit  son  artillerie  de  réserve  en  mou ve- 
mentvers  Liège,  et  ordonna  d'abandonner  Wavre. 
Â.midi  il  était  en  pleine  retraite ,  et  il  la  continua 
jusqu'à  Saint- Achtenrode ,  où  il  prit  position  pour 
donner  du  repos  à  ses  troupes.  Le  maréchal 
Grouchy  ne  le  suivit  pas  au  delà  de  la  chaussée , 
où  il  resta  en  position ,  pour  masquer  les  mouve- 
mens  de  retraite  qu'il  allait  ordonner.  La  perte 
des  Prussiens,  dans  ces  deux  journées,  s'élève  à 
deux  mille  quatre  cent  vingt-quatre  hommes, 
d'après  leurs  propres  états.  La  nôtre  fut  de  plus 
de  douze  cents* 

irisioDt  d^infanteric  et  qoatre  de  caToleric  y  ce  qm  faisait  diz-fauit  mille 
houimcs  d^iufanicric  et  quatre  nulle  chcrau^E  j  le  reste,  de  part  et  d^autre, 
ctait  dedmu  et  devant  Wayre. 


CUAPITU   II.  101 

Pendant  que  le  second  combat  de  Wayre  se 
livrait,  les  armées  anglo-batave  et  prussienne 
s'avançaient  vers  la  Sambre ,  et  une  partie  de  cette 
dernière  menaçait  la  retraite  du  maréchal  Grou- 
chy*  Nous  avons  déjà  vu  (page  58)  que  le  maré- 
chal Blûcher,  aussitôt  qu'il  vit  la  bataille  de  Wa- 
terloo gagnée ,  avait  ordonné  au  général  Pirch  de 
se  porter  avec  son  corps  sur  la  Dyle ,  pour  dégager 
Thielemann  et  envelopper  le  corps  de  Grouchy. 
Le  général  Pirch ,  dont  la  5*  division  et  la  plus 
grande  partie  de  la  cavalerie  avaient  poussé  vers 
Genappe,  se  mit  en  mouvement  vers  dix  heures 
du  soir,  avec  les  6*  et  8"  divisipns  et  neuf  esca- 
drons de  cavalerie.  A  onze  heures,  il  arriva  à 
Maransart ,  où  U  trouva  la  7*  division ,  et  conti- 
nua son  mouvement  pendant  la  nuit.  Imaginant 
que  le  maréchal  Grouchy,  à  la  nouvelle  des  ëvé- 
nemens  du  18,  se  jnettrait  immédiatement  en 
retraite ,  au  lieu  de  marcher  sur  Moustjers ,  il  se 
dirigea  par  Bousseval  sur  Melioreux ,  afin  de 
pouvoir  gagner  Gembloux*  Il  arriva  le  1 9 ,  â  onze 
heures  du  matin ,  à  Melioreux ,  où  il  se  vit  obligé 
de  donner  du  repos  et  de  la  nourriture  à  ses 
troupes,  épuisées  par  trois  fortes  marches.  Ses 
reconnaissances  lui  annoncèrent  que  le  maréchal 
Grouchy  était  encore  â  Wavre ,  ayant  des  postes 
à  Mont-Saint-Guibert. 

Cependant  le  maréchal  Grouchy,  dès  qu'il 
avait  vu  que  lennemi  se  mettait  en  retraite ,  avait 
songé  aux  moyens  de  couvrir  la  sienne  en  s'assur 


«os  UT&S   U. 

rant  des  poats  de  Namur.  11  devait  être  certain 
que  rennemi  le  préyiendrait  à  Charleroi;  il  ne  lid 
restait  donc  d'autre  moyen  de  retraite,  que  celui 
de  prendre  la  route  de  Givet  et  Mézières,  par 
Namur.  lie  général  Excelmans  reçut,  un  peu 
après  onze  heures ,  Tordre  de  se  rendre  en  iiâle 
dans  cette  place ,  avec  sept  r^[imens  de  dragons 
de  son  corps ,  les  blessés  et  l'artillerie  de  réserve* 
Le  général  Ei^^elmans  fit  une  telle  diligence,  que 
ses  premières  troupes  arrivèrent  A  Namur ,  vers 
les  quatre  heures  du  soir.  Içïn&nterie  des  3*  et 
4*  corps,  et  la  division  Teste,  restèrent  pendant 
toute  la  journée  en  position  devant  Wavre ,  ap^ 
puyées  et  éclairées  à  droite  par  la  division  Soult 
et  à  gauche  par  la  division  Yallin,  le  âo*  régiment 
de  dragons  derrière  le  centre.  Vers  minuit,  le  ma- 
réchal Grouchy  se  mit  en  mouvement,  se  diri- 
geant d'abord  sur  Gembloux.  De  là  il  continua  sa 
retraite  en  deux  colonnes  :  celle  de  droite ,  coni<* 
posée  du  3*  corps ,  de  la  division  Teste ,  de  la  di^ 
vision  légère  de  Soult  et  du  ao*  de  dragons ,  prit 
la  route  directe  de  Namur;  celle  de  gauche, 
composée  du  4*  corps  et  de  la  division  légère  de 
Yallin,  se  dirigea  par  Temploux,  où  eUe  reprit 
la  grande  route. 

Le  général  Thielemann ,  qui  avait  une  avant- 
garde  vers  Ottenburg ,  ayant  été  prévenu  au  point 
du  )our  de  la  retraite  de  nos  troupes ,  se  mit  en 
marche  à  cinq  heures  du  matin  avec  son  corps , 
pour  la  suivre.  U  prit  ta  route  de  Gen^loux ,  se 


CHAFITU   U.  103 

feiëaat  précéder  par  toute  sa  cavalerie;  Le  gé- 
néral Pirch,  de  soncôCë,  prévefiu  égalemetit  par 
sesreconiiaîsaaiices,  que  le  maréchal  Grouchy  se 
retirait  par  Geipbloux  sur  Namur,  se  mit  aussi 
en  mouvement  à  cinq  heures  du  matin.  Il  se  di- 
rigea sur  Sombref ,  poussant ,  en  avant  de  lui , 
une  avant-garde  composée  de  trois  bataillons  de 
la  division  Kraft  et  des  3%  5*  et  1 1*  régimens  de 
hussards.  La  cavalerie  de  Thielemann  arriva 
â  Gembloux,  lorsque  le  régiment  de  hussards 
de  dernière  arrière-garde  en  partait;  mais  il  n'y 
eut  point  d'engagement  jusqu'à  environ  une 
lieue  de  Namur,  à  la  hauteur  de  Bisne.  L'ar- 
vi^re-garde  de  la  colonne  de  droite,  composée 
de  deux  bataillons  du  ...  régiment,  des  i*'  et  4* 
de  hussards,  du  20""  de  dragons  et  d'une  demi- 
batterie,  y  était  eiv  position  en  deçà  du  ravin  (*). 
La  cavalerie  ennemie  se  déploya  aussitôt  et  s'en- 
gagea avec  la  nôtre.  Une  chaîne  du  i  fi*  de  hus- 
sards prussiens,  mit  un  moment  du  désordre 
dans  notre  infanterie,  et  nous  perdîmes  deux 
canons;  mais  nos  carrés  arrêtèrent  l'ennemi  et 
lui  firent  éprouver  une  assez,  grande  perte.  Une 
charge  du  20*  de  dragons,  commandé  par  le  co* 
lonel  Bricqueville ,  mit  le  désordre  dans  la  cava^ 
lerie  prussienne,  reprit  les  deux  pièces  et  nous 
tendit  maîtres  d'un  obusiçr  ennemi.  Le  gèlerai. 

(^)  D'après  les  rappoits  prussiens ,  Us  ont  pris  nos  hussards  pour  des 
coirisncrs ,  qu^ils  ont  disperses  h  Vordihairt,  fféjreB  Piotho;  GniapagiM 
^eiSiS^page  sa.  ~^ 


I04  LIVRE    II. 

Clary,  à  la  tête  du  i*'  de  hussards,  maltcaita 
fort  le  8*  de  hulans  prussiens  et  lui  fit  un  bon 
nombre  de  prisonniers.  Enfin  la  cavalerie  de 
Thielcmann ,  malmenée  par  la  nôtre  dans  plu* 
sieurs  chaînes ,  se  désista  de  l'attaque ,  et  notre 
arrière-garde  continua  sa  retraite.  Dans  le  même 
temps ,  Farrière-garde  de  notre  colonne  de  gauche 
se  trouvait  engagée  j  en  deçà  de  Temploux,  avec 
Favant-garde  du  corps  de  Pirch.  Elle  soutint  le 
combat ,  pas  à  pas ,  jusqu'à  la  hauteur  de  Fla- 
vinne. 

Tout  le  corps  du  maréchal  Grouchy  étant 
réuni,  se  déploya  sur  la  crête  des  hauteurs  qui 
couvrent  Namur,  et  commença  sa  retraite  au 
travers  de  la  ville»  Toute  la  route,  jusqua  Dî- 
nant ^  étant  un  long  défilé  le  long  de  la  Meuse, 
où  il  est  impossible  de  marcher  sur  plus  d'une 
colonne ,  il  était  d'une  nécessité  absolue  de  dé- 
fendre Namur,  jusqu'à  ce  que  la  tête,  au  moins, 
de  la  colonne  eût  atteint  les  hauteurs  de  Bouv^^e 
et  ^e  Dînant.  On  n'avait  aucun  moyen  de  dé- 
truire le  pont  de  pierre  de  la  Sambre  ;  il  fallait 
donc  se  décider  à  défendre  les  murs.  La  division 
Teste  en  fut  chargée ,  mais  on  ne  lui  laissa  point 
d'artillerie  (*) ,  qui  lui  aurait  été  plus  embarras- 
sante qu'utile  dans  les  défilés  qu'elle  avait  à  tra- 
verser en  quittant  la  place.  Le  4"*  corps  se  miit 


(^)  Q^6  «icvidnt  lo  mitraille  dont  les  Pnusiens  prétendent  <{iie  l<ur> 
troiipcs,  par  trop  de  zèle,  ont  en  tant  à  souffrir? 


CHAPITRE  II.  105 

de  suite  en  mouYement,  le  3*  et  la  cavalerie  sui- 
virent  ;  après  le  départ  des  troupes ,  devait  se 
faire  révaciiation  des  bagages  et  des  blessés.  C'est 
ici  le  lieu  de  porter  aux  habitans  de  Namur  le 
tribut  d'éloges,  que  mérite  leur  conduite  gé- 
néreuse et  fraternelle  envers. nos  troupes;  les 
soins  qu'ils  prirent  des  blessés ,  et  le  zèle  cordial 
avec  lequel  ils  s'empressèrent  de  fournir  tous  les 
secours  et  les  transports  nécessaires ,  ne  peuvent 
être  oubliés  par  des  Français. 

Pendant  que  nos  troupes  se  retiraient  de  Na- 
mm» ,  le  corps  de  Pirch  s'était  déployé  en  entier 
devant  la  place,  et  s'était  engagé  avec  nos  troupes. 
Il  fit  commencer  l'attaque  par  la  division  Kraft , 
qui  peu  après  fut  appuyée  par  la  division  Brause. 
Voyant  que  nos  troupes  rentraient  successive- 
ment dans  Namur,  et  que  bientôt  elles  lui  eurent 
abandonné  le  champ  de  bataille ,  son  ardeur  re- 
doubla  et  il  voulut  essayer  d'emporter  la  place 
d'assaut  ;  en  même  temps  il  voulut  tenter  le  pas- 
sage de  la  Sambre  vers  Flavinne.  Ni  l'un  ni  l'au- 
tre ne  réussit  ;  la  rivière  était  trop  profonde,  et  la 
division  Teste  tint  ferme.  Le  combat  dura  jusqu'à 
huit  heures  du  soir  ;  alors ,  tout  étant  évacué ,  et 
les  hauteurs  de  Dinant  et  de  Bouvigne  occupées 
par  nos  troupes,  le  général  Teste  quitta  Namur, 
sans  perte  qu'un  petit  nombre  de  tués  et  de 
blessés.  Le  2*  corps  prussien  perdît  devant  Namur 
mille'six  cent  quarante-six  hommes ,  dont  soixante 
officiers ,  d'après  ses  propres  rapports.  Le  général 


106  LITRE   IL 

Pirch  détacha  le  lieutenaiift-coionel  Sohr,  avec 
deux  bataillons ,  les  3*  et  5*  régimens  de  hussards 
et  une  batterie,  pour  suivre  la  division  Teste. 
L'officier  prussien  avait  l'ordre  de  reconnaître 
simplement  la  position  du  corps  du  maréchal 
Grouchy ,  et  de  rejoindre  l'armée  prussienne  par 
Florennes  et  Walcourt. 

Nous  croyons  devoir  ajouter  quelques  considé-* 
rations ,  à  ce  que  nous  avons  déjà  dit  sur  la  con- 
duite stratégique  du  maréchal  Grouchy  ;  mais  ce 
ne  sera  qu'une  récapitulation  des  laits  et  des  ré- 
flexions que  ces  faits  peuvent  produire.  Ce  résu- 
mé est  nécessaire,  pour  fixer  l'opinion  sur  les  yéri-» 
tables  causes  des  désastreb  de  Waterloo.  Personne 
parmi  nous  ne  songera  certainement  à  élever  des 
soupçons  sur  le  zèle  ardent  et  sur  la  loyauté  avec 
laquelle  le  maréchal  Grouchy  servait  sa  patrie 
à  cette  époque.  Mais  il  ne  peut  être  révoqué  en 
doute ,  que  l'armée  prussienne  n'ait  échappé  le 
1 8  au  maréchal  Grouchy  {*) ,  et  que  le  manque 
de  coopération  de  notre  aile  droite ,  n'ait  été  la 
principale  et  même  la  seule  cause  de  la  perte  de 
la  bataille;  l'opinion  est  d'accord  avec  les  faits 
sur  ces  deux  points.  Voyons  donc  s'il  est  possible 
de  déterminer,  si,  et  jusqu'à  quel  degré  le  nia-> 


{*)  On  toit,  par  la  lettre  qiie  noua  arona  déjà  rapportée  (Pièces 
justificatives,  N"  XVII),  que  le  maréchal  Groucbj  ne  iVtait  pas  £ik 
éclairer  par  la  gauche ,  et  n'arait  pas  eu  connaissance  de  la  colonne 
prussienne  qui  était  passée  par  Gcntînes,  cVst^-dire,  des  corps  de 
Ziethen  et  de  Pirch. 


réchal  Grouchy  peut  être  accusé  d'aydr  contrit 
bué ,  par  oa  conduite  strat^ique,  à  amener  ces 
deux  circonstances  fatales* 

Nous  ayons  déjà  vu  que  le  1 7  au  matin ,  lorsque 
Napoléon  se  mit  en  mouvement  vers  les  Qviatre- 
Bras,  il  avait  ordonné  au  maréchal  Grouchy  de  sui*- 
vre  les  Prussiens ,  avec  les  troupes  de  f  aile  droite. 
On  assure  que  le  maréchal  avait  Tordre  de  ne 
pas  dépasser  Gembloux.  Nous  accorderons  volon- 
tiers cette  restriction,  qui  nous  parait  même 
avoir  dû  exister  dans  le  premier  ordre.  En  effet , 
Napoléon  ayant  appris  que  les  Anglais  étaient  en- 
core aux  Quatre-Bras,  jugea,  puisque  le  maréchal 
Ney  ne  les  avait  pas  attaqués,  que  Wellington 
pouvait  avoir  l'intention  d'y  livrer  une  bataille. 
L'armée  anglo-batave  réunie  était  assez  forte  pour 
hasarder  le  sort  des  armes  (*).  Dans  cette  situa- 
tion probable ,  l'occupation  de  Gembloux  réunis- 
sait un  double  avantage  :  d'abord ,  l'aile  droite 
était  assez  éloignée  pour  pouvoir  tenir  les  Prus- 
siens hors  de  portée  du  champ  de  bataille ,  et  ne 
l'était  pas  trop,  pour  pouvoir  y  détacher  des 
troupes,  en  cas  qu'elles  fussent  nécessaires;  en 
Becond  lieu ,  Gembloux  étant  sur  la  communica- 
tion directe  de  Namur  à  Bruxelles ,  c'était  de  là  , 
bien  mieux  que  de  tout  autre  point ,  qu'on  pou- 
vait reconnaître  la  véritable  direction  de  retraite 


(*)  Elle  comptait  quatre-TÎngt-dix  mille  hommes  d^infantcric  et  seize 
mille  cheraiix. 


I08  LITRE   Us 

des  Prussiens.  Mais  en  admettaiit  que  le  inaré* 
chal  Grouchy  ait  d'abord  reçu  Tordre  de  ne  pas 
dépasser  Gembloux ,  la  circonstance  même  qu'U 
ne  reçut  pas  celui  qui  lui  fut  adressé  plus  tard, 
de  se  diriger  sur  Wavre,  cette  circonstance,  dis- 
)e ,  ne  nous  paraît  pas  le  justifier  siratégiqucment 
d'avoir  arrêté  son  mouvement  le  17.  Un  maré- 
chal n'est  plus  dans  la  classe  des  officiers  subal- 
ternes, dont  tous  lesmouvemens  sont  réglés  par 
des  ordres  écrits  ;  ceux  qu'il  reçoit  sont  toujours 
accompagnés  d'instructions  explicatives  et  de 
la  latitude  d'action  que  comporte  et  qu'exige 
même  Timportance  de  son  commandement.  Il 
n'est  d'ailleurs  pas  croyable  que  iNapoléon,  en 
se  séparant  du  maréchal  Grouchy,  ne  lui  ait  pas 
fait  connaître  ce  qu'il  attendait  de  l'aile  droite,  et 
ce  qu'il  entendait  faire  lui-méqie  :  la  supposition 
qu'il  ait  voulu  abandonner  le  résultat  qu'il  atten- 
dait des  opérations  de  l'aile  drpite,  au  hasard  de 
l'arrivée  d'un  officier  d'ordonnance,  ne  peut  pas 
être  admise  ;  il  est  donc  bien  évident  que  le  maré- 
chal Grouchy  n'a  jamais  pu  être  privé  du  droit 
d'interpréter  ta  lettre  de  ses  ordres,  en  suivant 
l'intention  qui  les  avait  dictés;  sans  ce  droit,  son 
commandement  aurait  été  illusoire. 

D'après  ces  données ,  voici  à  notre  avis  l'inter- 
prétation dont  étalent  susceptibles  les  ordres  que 
l'empereur  Napoléon  avait  donnés  au  comman- 
dant de  son  aile  droite.  L'armée  prussienne  n'avait 
que  deux  directions  de  retraite  à  prendre  :  celle 


cHAntiΠ II.  109 

de  Namur ,  pour  rester  sur  sa  première  ligne 
d'opération»,  et  celle  de  Wavre ,  pour  rentrer  dans 
la  ligne  d'opérations  de  Wellington ,  soit  à  Lou- 
vain,  soit  à  Bruxelles  même.  Dans  le  premier  cas, 
Tordre  de  s'arrêter  à  Gembloux  devenait  impé- 
ratif; car  il  n'était  pas  possible  que  l'aile  droite 
s'avançât  seule  dans  la  direction  de  Liège  ;  tandis 
que  le  restant  de  l'armée  marchait  à  Bruxelles. 
Mais  dans  le  second  cas ,  cet  ordre  ne  pouvait 
plus  être  que  conditionnel ,  et  devait  recevoir  son 
interprétation  de  la  situation  même  où  allaient  se 
trouver  les  deux  armées.  Les  Anglais  n'avaient  pas 
tenu  aux  Quatre-Bras ,  et  il  n'y  avait  par  consé- 
quent pas  eu  de  combat;  le  maréchal  Grouchy  le 
savait ,  avant  de  quitter  Sombref.  11  était  donc 
évident  que  Napoléon,  avec  lé  gros  de  son  armée ,' 
marchait ,  par  Genappe  ,  dans  la  direction  de 
Bruxelles ,  et  par  conséquent  s'éloignait.  Dès  lors 
il  était  nécessaire  de  serrer  de  près  Tarmée  prus- 
sienne ,  afin  de  pouvoir  suivre  tous  ses  mouve- 
mens  ,  et  pouvoir  en  rendre  compte ,  pour  ainsi 
dire  d'heure  en  heure,  à  soi-même  et  au  général 
en  chef.  Le  maréchal  Grouchy  savait ,  depuis 
neuf  heures  du  matin ,  que  le  corps  de  Bûlow 
était  à  Gembloux.  Le  général  Pajol ,  qui  était  à 
Saint-Denis ,  tournait  déjà  la  gauche  de  ce  corps  ; 
U  aurait  donc  fallu  se  porter  sur  lui  en  deux  co- 
lonnes ,  l'une  directement ,  et  l'autre  par  la  route 
romaine.  La  défaite  du  corps  de  Bùlow ,  tourné 
par  les  deux  ailes ,  était  immanquable ,  et  sa  dé- 


110  IITU   II. 

route  aurait  empêché  la  réorganisation  du  reste 
de  Tannée  prussienne.  Mais  enfin ,  puisque  cda 
n'avait  pas  été  fait ,  cette  première  faute  pouvait 
encore  être  réparée.  Les  3*  et  If  corps  arrivèrent 
à  Gembloux  vers  quatre  heures  après  midi  ;  là 
le  maréchal  Groucfay  apprit  d'une  manière  cer- 
taine que  Blûcher  s'était  retiré  sur  Wavre.  Les 
domestiques  mêmes  de  son  hôte  (  M.  Delrue),  que 
les  Prnssi(ens  avaient  pris  pour  guides,  vinrent 
rendre  compte  de  la  direction  qu'ils  avaient  prise. 
Tout  devait  donc  indiquer  au  maréchal  Grou* 
chy,  que  l'armée  prussienne  manœuvrait  pour 
joindre  la  ligne  d'opérations  des  Anglais,  et  que 
ces  deux  armées  rentreraient  en  commumcar 
tion  à  Wavre.  Alors  il  devait  nécessairement  arri^ 
ver  de  deux  choses  l'une  ^  ou  que  Welliugtxm 
voudr»t  défendre  les  débouchés  de  la  forêt  de 
Soignes,  ou  qu'il  se  retirerait  sur  Bruxelles.  Dans 
le  premier  cas,  il  était  uigent  de  se  trouver  le 
plus  tôt  pos^le  à  la  même  hauteur  que  le  gros 
de  l'armée  française,  afin  de  rentrer  en  comrr 
munication  avec  elle  et  de  surveiller  <fe  près 
tous  les  moùvemens  que  Blûcher  pourrait  feire , 
par  sa  droite.  La  supposition  qœ  ce  dernier 
voudrait  appuyer  l'armée  anglo-batave ,  par  une 
diversion,  était  dans  l'ordre  des  choses  très-* 
probables.  Dans  le  cas  où  le  duc  de  Wellington 
se  retirerait  sur  Bruxelles ,  il  était  évident  que 
le  maréchal  Blûcher  ne  resterait  pas  à  Wavre. 
Alors  encore ,  plusieurs-  raisons  se  réunissaient 


GHAPimE  II.  m 

poiaur  engager  le  maréchal  Grouohy  à  se  rendre 
le  plus  tôt  possible  sur  la  Dyle ,  et  s'assiurer  du 
passage  de  cette  rivière.  Nous  n'eïitrerons  pas 
dans  le  détail  de  ces  différens  motifs ,  qui  nous 
coaduiratt  à  l'examen  des  mouYemens  par  les* 
^eJs  il  était  possible  que  Napoléon  se  portât  sur 
Bruxelles;  nous  nous  contenterons  de  dire  qu'il 
n'était  pas  possible  que  l'aile  droite  pensért  à  res-*- 
ter  à  Gembloux ,  pendant  que  les  autres  corps 
de  l'armée  marcheraient  peut-être  sur  Hall. 

Le  maréchal  Grouchy  parait  avoir  craint  un 
mouvement  du  corps  de  BûIqw  sur  sa  droite* 
Une  réflexion  bien  ûmple  pouvait  dissiper  cette 
eraînte.  Il  était  indubitable  que  le  général  Bùlow 
avait  une  parfaite  connaissance  du  résukat  de 
la  hatàîUe  de  Ligny ,  iQéme  aat  supposant  que 
le  nufféchal  Blûcher  ne  l'en  eût  pas:  prévenu , 
puisqu'il  s'était  rencontré  à  Gembloux  avec  le 
corps  de  Thielemann*  Il  n'était  doinc  pes  proba^ 
hh  qu'il  voulût  hasarder  seul  uni9  attaque^  lors* 
tfgkH  devait  croûpe  et  qu'il  croyait  e»  dSet  avoir 
toute  l'armée  française  devant  lui.  II  n'était:  pas 
non  plus  dans  Tordre  des  choses  probd^ies,  que 
Blûcher  pût  ordonner  une  diversion  pareille. 
D'abord,  il  ignorait  et  il  devait  encore  ignorer 
qi^e  l'empereur  Napoléon  se  fût  dirigé  sur  Go- 
nappe  ^  avec  le  gros  de  l'armée  française  ;  ensuite ,. 
scm  armée  ayant  été  battue  (  *  ) ,  et  ayant  trois 

{*)  Uauteur  prussien ,  que  nous  avons  dé}hc\té,  dit(pelemu6é»k 


1  I  2  LITIE   II. 

corps  t  à  peu  près  désorganisés ,  on  ne  pouTait 
guère  supposer  au  maréchal  Blûcher  assez  peu 
de  jugement,  pour  vouloir  encore  sacrifier  H 
seul  corps  qu'il  eût  complet  et  en  bon  ordre.  II 
était  au  contraire  certain ,  que  le  général  Bûlow 
devait  avoir  reçu  Tordre  de  se  replier  sur  le 
point  de  réunion  de  l'armée.  Le  maréchal  Grou- 
chy  devait  donc  le  faire  suivre  et  éclairer  jus- 
que vers  TourineSy  par  un  fort  détachement. 
Quant  au  reste  de^  son  corps ,  il  devait  le  porter 
le  soir  même  du  17  en  avant  de  Gembloux.  De 
cette  manière ,  le  maréchal  Blucher  se  voyant 
suivi  de  près ,  aurait  dû  croire  qu'il  avait  devant 
lui  un  corps  considérable.  Obligé  de  manœu- 
vîper  pour  en  connaître  la  force ,  il  n'aurait  cei^ 
tainement  pas' hasardé  son<  mouvement  du  18. 
Le  maréchal  Grouchy  devait  penser  que  Napo- 
léon se  serait  avancé  au  moins  jusqu'à  Genappe; 
alors  la  position  qu'il  lui  convenait  de  prendre 
était  en  avant  de  Walhain,  sur  ks  bords  du  ruis^ 
seau  de  Moustiers ,  occupant  les  défilés  de  Sàïoith 
Martin  et  de  Mont-Saint-Guibert,  et  ayant  de  la 
cavalerie  sur  la  Dyle.  Une  probabilité  plus  grande 


Grouchy  ne  pourait  pas  regarder  rarmce  prussienne  comme  battue  ^ 
bien  que  son  intérêt  fut  de  le  faire  croire  &  *es  troupes.  (C.  de  W.  Cam- 
pagne des  arm<^e8 ûnglo-baUTe  et  prossienue,  «n  ^8i5,  page  C40  H  est 
assez  pi(|uant  qu^on  dise  qli^une  année  enfoncée  et  obligée  à  une  retraUe 
précipitée  de  nuit,  après  avoir  lai»sé  le  quart  de  son  monde  sur  le  champ 
de  bataille,  n'est  pas  battue.  On  ne  sait  quel  nom  donner  À  une  assertion 
pareille. 


que  ropmion  à  laqnefle  il  s'était  fif^é ,  lui  rendait 
l'occupation  de  M<mt-Saint-Guibert  importante; 
c'est  que,  si  l'ennemi  ayait  le  projet  de  faire  une 
pointe  sur  Fleurus  ,  au  lieu  de  faire  le  grand 
tour  par  Perwe^le-M arche  et  Saint-J)enis ,  il  s'y 
porterait  tout  droit  par  Mont-Saint-Ouibert  et 
Melioreux,  afin  de  couper  le  marédbal.Grouchy 
du  reste  de  l'wmée  et  de  Cliaiieroi. 

Enfin  le  18  arriva,  et  trouva  encore  notre  aife 
<lroîte  à  Gembloux.  Le  maréchal  Groucby  savait 
alors  que  l'armée  prussienne  était  à  Wavre.  Elfe 
avait  donc  gagné  une  marche  sur  lui,  et  die  n'é- 
tait qu'à  trois  lieues  de  Tannée  anglaise.  La  (nto- 
mière  idée  qui  devait  alors  frapper  le  marécbdi 
Crroucfay,  était  que  le  maréchal  Blûchar  proft*- 
Cerait  de  cette  avance  pour  faire  un  mouvement 
par  sa  droite ,  et  consommer  ainsi  une  réunion 
que  toutes  les  manœuvres  de  farmée  française 
avaient  tendu  jusqu'alors  â  empêcher.  Il  était 
encore  possible  de  réparer  les  fautes  de  la  veffle , 
par  tin  mouvement  rapide ,  mais  il  n'y  avait  plus 
d'autre  moyen.  En  mettant  l'aSe  drcrfte  en  moi>- 
vement  à  trois  heures  du  matin,  elle  pouvait 
arriver  à  neuf  heures  devant  Wavre.  A  cette 
heure ,  le  mouvement  de  flanc  de  l'armée  prus^ 
sienne,  s'fl  avait  été  comm^acé,  ne  pouvait  pas 
être  achevé ,  et  il  se  trouvait  arrêté  par  la  crainte 
qu'aurait  conçue  Blûcher  de  compromettre  ses 
troupes.  La  direction  de  la  marche  de  l'aile 
droite  était  également  indiquée ,  par  le  but  qiié 
IV.  8 


1 1 4  '  LITRE   II. 

devait  se  proposer  le  maréchal  Grouchy.  Ce  but 
était  d'obséryer  les  Prussiens  d'aussi  près  que 
possible ,  et  de  les  empêcher  de  faire  une  divers 
sion,  en  les  menaçant  d'inquiéter  leur  mouve- 
ment. Pour  le  remplir,  il  fallait  se  porter  en 
même  temps  sur  Limale  et  sur  Wavre;  car  si 
Tarmée  prussienne,  ou  même  son  arrière-garde 
seule,  tenait  ce  dernier  point,  on  ne  pouvait  l'em- 
pêcher de  s'approcher  des  Anglais  que  par  Li- 
male ,  ou  peut-être  même  par  Moustiers.  Il  est 
inconcevable  que  malgré  ces  réflexions,  qui  de- 
vaient se  présenter  si  naturellement,  le  maré- 
chal Grouchy  se  soit  fixé  dans  la  crainte  chimé- 
rique d'un  mouvement  de  l'ennemi  sur  sa  droite, 
et  ait  encore  perdu  six  heures  à  attendre  une 
confirmation  qu'il  ne  pouvait  pas  recevoir.  II 
savait  cependant  que  Napoléon  devait  croire  qu'il 
s'était  mis  en  mouvement  au  point  du  jour  ;  U 
l'avait  annoncé.  II  pouvait  se  faire  que  Napo- 
léon ,  comptant  sur  l'heure  où  l'aile  droite  pou- 
vait arriver  sur  la  Dyle ,  eût  dirigé  le  système  de 
la  bataille  dans  cette  hypothèse.  Le  moindre  in- 
convénient de  ce  retard  devait  être  de  détruire 
tous  les  résultats  avantageux  d'une  affaire  déci- 
sive ,  en  renversant  les  combinaisons  qui  avaient 
dû  les  assurer.  Ne  pouvait-il  pas  arriver  que  ces 
combinaisons  fussent  conçues  de  manière  à  ce 
qu'en  échouant  elles  pussent  entraîner  des  dé- 
sastres ?  Ou  ne  nous  accusera  pas  d'avoir  jugé 
d'après  l'événement,  car  nous  sommes  partis  de 


CU^ITRE   II.  U5 

la  supposition  qu'un  seul  des.  oirdres  expédiés  au 
maréchal  Grouchy  lui  était  parvenu. 
'  Lorsqu 'enfin  Je  maréchal  se  mit  en  meuve* 
ment,  on  vit  encore  dans  la  direction  qu'il  donna 
à  ses  colonnes,  une  suite  de  cette  crainte  pour 
sa  droite  y  qu'un  génie  ennemi  de  la  France  pa- 
raissait s'être  plu  à  lui  inspirer.  11  )ette  presque 
toute  sa  cavalerie  vers  Tourines  et  la  route  de 
Liège  ;  il  dirige  son  infanterie  par  Walhain , 
la  route  le^  plus  éloignée  de  la  Dyle  qu'il  pût 
prendre  {*).  Tous  ces  mouvemens  étaient  du 
temps  perdu.  Nous  avons  déjà  dit  que  ladiver* 
sion  que  les  Prussiens  auraient  pu  faire  sur  Fleu- 
rus ,  si  un  pareil  projet  pouvait  entrer  dans  la 
tête  du  maréchal  Blûcher,  aurait  passé  par  Mont- 
Saint-Guibert  et  Melioreux.  Nous  avons  fait  voir 
qu'un  mouvement  en  dehors  de  notre  extrême 
droite,  ne  pouvait  conduire  l'ennemi  à  Fleurus 
que  le  19,  et  aurait  été  sans  effet;  puisque,  par  ' 
toutes  Ibs  raisons  possibles ,  le  1 8  devait  être  le 
jour  décisif,  soit  par  le  gain  d'une  bataille ,  soit 
par  la  prise  de  Bruxelles.  C'était  donc  à  cette  dé» 
cision  qu'il  fallait  marcher,  et  le  plus  rapide- 
ment possible. 


(*)  Le  maiéchal  Groncby,  pour  se  jnstifier  d'ayoîr  pris  cette  direc- 
tion,  cîte  les  eq)restioiis  de  It  lettre  que  noas  aTons  d^jà  rapportée 
{Pièces  justificatwes ,  N*  XIX).  Il  suffit  de  la  lire  arec  attention,  pour 
«e  conrainCre  que  c'est  le  mouTcmcnt  sur  Wavrc  que  NapoU'on  ap- 
prouve, et  non  pas  la  direction  de  Sart-à-Walliain ,  dont  il  ne  ponrait 
plus  s^occnpcr,  pnisqn^il  ne  pouTait  pins  lu  changer. 


1t6  LIVU   II. 

En  route ,  la  colonne  de  droite  entendit  le  canon 
du  Mont-Saint-Jean ,  dont  la  progression  rapide* 
fnent  croissante  annonçait  que  c'était  celui  d'une 
bataille  générale.  C'était  un  appel  qui  ne  pouvait 
pas  laisser  le  maréchal  Grouchy  en  doute  sur  ce 
qu'il  devait  faire.  Le  commandant  du  4'  corps  lui 
donna  le  conseil  de  se  dirige  immédiatement  vers 
le  champ  de  bataille*  Ce  conseil  était  sans  doato 
le  meilleur ,  car  il  aurait  eu  pour  conséquence  la 
destruction  de  l'armée  anglaise  :  U  n'yjavait  aucun 
danger  à  le  suivre ,  puisque  tout  intérêt  local  ou 
momentané  devait  céder  à  l'intérêt  majeur  de 
remporter  une  victoire  décisive  sur  le  point  oik 
nos  forces  principales  étaient  employées.  Un  avanr 
tage  momentané  des  Prussiens  sur  un  détache- 
ment de  notre  aile  droite,  aurait  été  bientôt 
réparé  ;  c'est  ce  que  le  maréchal  Blûcher  a  conçu 
en  sens  inverse.  Le  maréchal  Grouchy  opposa  ses 
instructions  aux  représentations  du  général  Gé*- 
rard,  et  plus  tard  encore  à  l'insistancte  de  ce  der* 
nier  et  aux  instances  du  général  Excelmans.  Mais 
il  pouvait  facilement  les  remplir  sans  aller  donner 
du  nez  contre  un  défilé ,  où  il  était  évident  qu'une 
force  bien  inférieure  à  la  sienne  lu»  ferait  poxlre 
un  temps  précieux;  il  ne  pouvait  pas  espérer  de 
retenir  l'armée  prussienne ,  en  attaquant  ce  point 
êeuij  puisqu'un  corps  $eui  pouvait  l'y  arrêter.  Le 
véritable  moyen  de  remplir  le  but  de  ses  instruc- 
tions était  de  pousser  une  avant-garde  sur  Wavre« 
de  rappeler  sur-le^hamp  les  généraux  Excdmans 


GIUPITBI   II.  117 

et  Pa)ol ,  qtt'U  avait  $i  imprudemment  éloig;Dés , 
et  de  diriger,  de  la  Baraque ,  le  restant  de  ses  forcer 
sur  les  ponts  de  Limale  et  de  Limelette.  En  atta- 
quant trois  p£^sages  à  la  fois ,  il  était  sûr  d'en 
forcer  un  au  moins ,  si  le»  Prussiens  n'avaient 
qu'une  arrière-gaitle  à  Wavre,  ou  d'empêcher 
Blûcher  de  quitter  sa  position ,  s'il  y  était  encore 
resté.  Dans  le  premier  cas ,  en  s'emparant  du  pont 
de  Limale  ou  de  celui  de  Limelette ,  il  tournait 
les  hauteurs  de  Wavre,  et  ce  passage  tombait  entre 
ses  mains  sans  coup  férir.  Par  l'événement,  il 
aurait  attaqué  le  2*  corps  prussien  dans  les  défilés 
de  Saint-Lambert ,  vers  le»  cinq  heures  du  soir; 
il  le  détruisak ,  sans  aucun  doute ,  dans  une  posir 
tion  aussi  dangereuse  ;  et  vers  six  heures  il  pour 
irait  étire  maître  de  Saint-Lambert  et  de  Lasne,  Un 
seul  de  ses  corps ,  en  paraissant  sur  ce  point ,  nous 
assurait  la  victoire. 

Quelle  est  Finfluence  qui  a  pu  décidetr  le  ma^ 
réchal  Grouchy  à  fermer  l'oreille  aux  coiiseils  sa- 
lutaires qu'il  avait:  reçus  ?  La  voix  commune,  en 
accuse  le  commandant  du  3^  corps  ;  cette  opinion 
a  passé  jusque  chez  nos  ennemis ,  et  on  a  été  jusr 
qu'à  y  faire  entrer  des  vues  de  jalousie  contre  le 
commandant  de  l'aile  droite.  Nous  aimons  à  croire, 
pour  l'honneur  de  tous  deux ,  qu'il  n'en  est  rien ,  et 
nous^  désirons  que  des  preuves  positives  viennent 
appuyer  notre  opinion.  Le  maréchal  Grouchy  pa** 
rait  s'être  effrayé  d'une  responsabilité  dont  il  s'e»t 
exagéré  les  conséquence^.  Cette  responsabilité, 


Il8  '      LIVRE    II. 

qui  ne  pouvait  avoir  pour  objet  que  nos  commu- 
nications avec  la  Sambre ,  portait  sur  des  cir- 
constances qui  n'existaient  plus  dès  que,  d'une 
part,  Blûcher  était  à  Wavre,  et  de  l'autre,  Na- 
poléon en  présence  de  Wellington.  Cependant  il 
semble  que  c'est  là  le  motif  qui  l'a  obligé  â  s'en 
tenir  à  la  lettre  de  ses  instructions ,  et  à  ne  se  laisser 
détourner  de  l'attaque  directe  de  Wavre  par  aiv- 
cune  considération.  Nous  ne  soutiendrons  pas  avec 
l'auteur  des  Considérations  sur  l*Art  de  la  Guerre^ 
que  dès  qu'un  corps  est  attaqué ,  les  corps  voisins 
doivent  tout  quitter  pour  voler  à  son  secours. 
L'application  d'un  principe  pareil ,  qu'il  est  assez 
étonnant  de  trouver  en  règle  générale  dans  un 
ouvrage  qui  doit  donner  des  leçons  de  stratégie, 
serait  bien  souvent  dangereuse.  Mais  nous  croyons 
pouvoir  dire ,  avec  le  général  Berton ,  qu'on  ne 
trace  point  à  un  corps  d'armée  des  feuilles  de 
route ,  oomme  aux  détachemens  qui  marchent  par 
étape  :  la  marche  dépend  alors  des  événemens  et 
des  circonstances;  le  général  doit  savoir  les  dis- 
tinguer et  les  saisir.  Nous  y  ajouterons  encore 
qu'une  mission  de  confiance ,  telle  que  l'avait  re- 
çue le  maréchal  Grouchy ,  entraine  avec  elle  une 
latitude  d'action  qui  exclut  l'idée  d'une  obéissance 
littérale.'  Cette  dernière  peut  être  bonne  pour  un 
officier  qui  est  en  ligne  sous  les  yeux  de  son  chef; 
mais  un  officier  général  détaché ,  en  s'y  soumet- 
tant ,  détruit  l'ejOTet  de  sa  mission  ;  car  elle  devient 
nulle  en  effet,  et  souvent  nuisible,  s'il  n'a  pas  bien 


CHAnTBE  u.  iig 

conçu  les  dispositions  du  général  en  chef,  et  si, 
en  combinant  ces  dispositions  avec  les  circons- 
tances de  chaque  moment,  il  ne  sait  pas  en  dé- 
duire les  modifications  ou  les  interprétations  qu'il 
doit  donner  aux  ordres  qu'il  a  reçus. 

Au  reste,  nous  le  répétons  encore,  loin  de 
nous  la  pensée  de  vouloir  oJEfenser  un  de  nos  an- 
ciens chefs;  mais  la  vérité  historique,  en  portant 
son  flambeau  sur  les  causes  et  les  conséquences 
des  désastres  de  Waterloo,  nous  impose  la  loi  de 
ne  passer  sous  silence  aucun  fait ,  ni  aucune  des, 
réflexions  que  nous  avons  cru  pouvoir  servir  à  les 
présenter  sous  leur  point  de  vue  véritable ,  et  à 
asseoir  le  jugement  du  lecteur  i  c'est  à  lui  à  pro- 
noncer. 


CHAPITRK  UI.  \H\ 


CHAPITRE  III. 


Cons^<{aeiicc8  militaires  de  la  I>ataillc-  de  Waterloo.  —  Restonroes  de 
la  France.  —  Moyens  des  coalisas.  —  Consécjaences  politiqnes.  — 
Situation  de  la  France  depnis  le.  ao  ma».  — >  Retout  de  INapolëon  k 
PuUy  et  son  efiet.  —  Les  deux  chambres  se  dëdarent  en  perma- 
nence. —  Message  de  Napoléon.  «-  Nomination  d'une  commission 
dé  saint  public.  —  Défibération  de  cette  commission,  et  ses  consc- 
qoenoet.  — -  Abdicatimi  de  Napoléon.  «^  Nomîoation  d'an  goiiicr- 
ncment  provisoire.  —  Reflexions  sur  les  actes  du  a  a  juin. 


Les  conséquences  militaires  de  la  bataille  de 
Waterloo  n'étaient  rien,  ou  au  moins  bien  peu 
de  chose  ;  ses  conséquences  politiques  furent  ter- 
ribles, et  elles  pouvaient  être  encore  bien  plus 
désastreuses  qu'elles  ne  le  furent.  Ceux  de  nos 
lecteurs  qui  ont  parcouru  toutes  les  phases  de  la 
guerre  que  nous  avions  soutenue  jusqu'alors  pour 
le  maintien  de  notre  indépendance  ;  ceux  qui  ont 
TU  réparer,  par  le  patriotisme  des  Français,  des 
revers  bien  plus  signalés ,  des  désastres  bien  plus 
grands;  ceux,  en  un  mot,  qui  ont  connu  la  si- 
tuation de  leur  patrie  en  1 793,  en  1 796  et  en  1 799; 
ceux-là  nous  accorderont  facilement  la  première 


122  LIVRE    II. 

moitié  de  notre  proposition.  Nous  aimons  à  croire 
que  ce  sera  la  majorité.  Les  autres  croiront  peut- 
être  y  voir  un  paradoxe  ;  c'est  ce  que  nous  allons 
examiner. 

Nous  avions  perdu  trente -sept  mille  hommes 
et  deux  cents  canons  ;  Fennemi  en  avait  perdu 
près  de  cinquante- quatre  mille  (*)  :  tel  était  le 
résultat  des  événemens  qui  s'étaient  passés  dans 
le  nord,  du  i5  au  20  juin.  Nous  avions  donc  sa- 
crifié un  cinquième  de  la  totalité  de  nos  armées 
disponibles,  et  la  coalition,  seulement  un  dix- 
huitième.  Mais  était-ce  sous  ce  point  de  vue  qu'il 
nous  convenait  de  considérer  la  situation  défen- 
sive de  la  France?  Avait- on  jamais  pu  croire 
qu'une  seule  bataille,  gagnée  ou  perdue,  dût 
amener  d'un  seul  coup  la  fin  de  la  guerre?  En  un 
mot ,  les  destinées  de  la  France  devaient-elles  re- 
poser en  entier  sur  l'armée  du  nord?  Nous  avons 
vu  dans  l'introduction  et  dans  le  chapitre  i'% 
quelles  étaient  les  ressources  qui  avaient  été  pré- 
parées pour  une  guerre  défensive.  Sur  plus  de 
cent  vingt  mille  hommes ,  existans  dans  les  dé- 
pôts des  dififérens  régimens  (**) ,  près  de  quarante 

(*)  rofez  Pièces  jasUficatÎTes ,  N«  XXH. 

{**)  Troupé$  eœistantês  dans  les  dépôts  au  iS  juin. 

3*f  4*  et  5*  bataillous  des  rëgimens  d'infanterie.  .     85,ooo  hommes. 

Régimens  «étrangers 8,000 

4*  et  5*  escadrons  des  régimens  de  cavalerie.  .   .     1 7,000 


A  repoiier,  .   .  1^10,000 


CHAPITRE   III.  1^3 

mille  étaient  armés ,  équipés ,  et  prêts  à  marcher. 
L'armée  du  Rhin  était  disponible,  et  pouvait. re- 
joindre Paris  par  la  ri?e  gauche  de  la  Seine.  Les 
régimens  de  marine  étaient  organisés  ;  on  pouvait 
tirer  deux  cents  bataillons  d'élite  de  vingt-deux 
départemens,  des  i4'j  i5*j  i8*,  21*  et  22*  divi- 
sions militaires;  ceux  des  sept  départemens  de 
la  i**  division  étaient  sous  la  main.  Nous  aUon^ 
établir  le  calcul  de  la  masse  des  moyens  qui  noué 
restaient  encore  â  opposer  â  l'ennemi,  en  restant 
dans  le  système  défensid 

La  ligne  des  frontières  étant  abandonnée,  les 
places  fortes,  depuis  Huningue  jusqu'à  Dunker^ 
que ,  se  trouvaient  couvertes  ou  gardées  par  les 
bataillons  mobiles  des  2%  3',  4%  5*  et  1 6*  divisions ,' 
au  nombre  de  cent  quarante-six.  L'armée  des 
Alpes  et  le  corps  des  Vosges,  se  réunissant  à  Lyon, 
y  conduisaient  dix-huit  mille  hommes  de  troupes 
de  ligne ,  et  les  cinquante-huit  bataillons  mobUes 
des  6*  et  7*  divisions  ;  ceux  de  la  1 9*,  au  nftmbre 
de  quarante ,  auraient  porté  l'armâe  de  défense 

HeporL  ...   1 1 0,000  hommes. 

^     ,    .       ,  .  ,     (  infimicric 10,000 

^  (  caTalcrie a,ooo 

Total.  .  .  i«»,ooo 

iVb/i  compris, 

Artillerie.  , .     i5,ooo 

G^fnie 6,000 

Train  et  cfqiiipagef 3,ooo 

Total  général.  .  .   i  j6,ooo 


ia4  WRi  il, 

de  ce  point  stratégique ,  à  plufs  de  quatre^Tingt 
mille  hommes ,  dans  les  premiers  jours  de  juillet. 
C'en  était  assez  pour  paralyser  l'armée  du  généra) 
Frimont  et  la  plus  grande  partie  de  celle  du  prince 
Schwarzenborg.  Nous  ne  parlons  pas  de  l'armée 
duYar  et  des  corps  de  TouloUM  ^  BcHrdeaux,  qui 
comprenaient ,  outre  environ  douze  mille  hommes 
de  ligne ,  les  bataillons  mobiles  des  8%  g%  i  o*  et 
^  1*  divisions  ;  il  aurait  été  possible  d'en  disposer 
plus  tard*  L'armée  de  la  Vendée  elle-même ,  qui 
comptait  près  de  quinze  mille  combattans ,  aurait 
pu  être  dans  le  commencement  de  juillet  sous 
les  murs  de  Paris  ;  nous  avons  vu  que  la  perte  de 
la  bataille  de  Waterloo  n'a  pas  empêché  les  Ven- 
déens de  se  soumettre. 

Cependant  il  restait  encwe  quarante  mille 
hommes  des  troupes  qui  avaient  combattu  à  Wa- 
terloo ;  le  maréchal  Grouchy  en  ramenait  vingt- 
huit  mille;  les  dépôts  seuls  de  la  garde  pouvaient 
founûr  six  mille  hommes.  Nous  avions  perdu  des 
canons ,  mais  la  plus  grande  partie  des  chevaux 
du  train  avaient  été  sauvés,  et  nous  pouvions 
encore  atteler  deux  cents  bouches  à  fou,  qu'il  était 
aisé  de  tirer  des  parcs  de  Vincennes  et  de  Paris. 
L'armée  du  Rhin,  en  lui  donnant  télégràphi- 
quement  l'ordre  de  se  mettre  en  mouvement  le 
32  juin,  pouvait  arriver  le  6  juillet  à  Paris,  pour 
peu  qu'elle  voulût  hâter  sa  marche  (*).  Pour  ne 

(*)  En  laisant  18,000  toises  par  jour,  œ  que  nos  arni<^  ont  fait  bien 
souTcnt. 


y 


GHÀPITM  III.  Ii5 

{MM  nous  écarter  de  la'  probabilité,  iious  ne  nous 
appuieroner  que  sur  des  faits ,  dan^  le  tableau  que 
nous  allofis  dmmer  des  forces  qu'il  était  possible 
de  réunir  autour  de  Paris  et  dans  cette  capitale, 
le  6  juillet  U  n'était  pas  probable  que  rennemi 
y  arriyât  même  â  cette  époque ,  ainsi  que  nous 
ie  verrons  plus^  bas. 

Let  tnmpes  qui  forent  rëoniet  à  Laon  et  So Jssons , 

de  Ysrmée  da  noid,  s^âevaient  à.  •  .  ,  .  .  .  65jOoo  homiaca. 

Les  dépôts  ont  fonrni  (*) 35,ooo 

Uotmée  du  Rhin.  . « 18,000 

Gaide  natioiiale  d*  Parir,  en  en  comptut  la 

nioitië  seulement  ponr  un  service  actif.  ....  i5,ooo 

Tédcrcs 1 5,000 


». 


148,000 
Dans  le  courant  de  Juillet,  on  pouvait  y  ajouter 
on  moins  deux  dents  bataillons  mobiles  de^garde 

nationale  (**). .  ..«.......; s5oy00o 

Vingt  regimens  de  marine 3o,ooo 

Total.  .  .  .  3a8|Ooo 


Comme  il  aurait  été  possible ,  et  même  plu# 
utile ,  d'armer  les  bataillons  miobiles  avec  les  fusils 
de  la  garde  nationale  sédentaire ,  la  réunion  do 
cette  force  imposante  ne  pouvait  éprouver  aucun 
obstacle. 


w 

(*)  Le  prince  d'Eckmuhl  avait ,  devant  Paris ,  cent  raîUc  hommes  de 
ligne,  dont  vingt-cinq  mille  chevaux. 

(**)  Nous  ne  comptons  pas ,  dans  cette  levée ,  la  garde  nationale  des 
ia^,  i3*  et  so*  divisions  militaires,  paralysL-e  pa^*  le  mooTCoient  de  la 
Vendée. 


1^6  IIVRB    II. 

Voyons  actuellement  quelles  sont  les  forces 
dont  la  coalition  aurait  pu  disposer.  Nous  en  pren- 
drons également  Tétat  dans  les  données  que  nous 
fourniront  les  faits  dont  nous  rendrons  compte 
successivement.  D'abord  il  ne  faut  pas  perdre  de 
vue  que  Lyon  devait  être  occupé  par  l'armée  des 
Alpes ,  le  corps  des  Vosges ,  et  la  garde  nationale 
des  départemens  environnans;  nous  avons  vu  que 
la  force  destinée  à  défendre  ce  point  stratégique, 
pouvait  s'élever  à  quatre-vingt  mille  hommes.  Mais 
l'armée  des  Alpes  et  le  corps  des  Vosges,  isolés, 
privés  du  concours  d'une  grande  partie  des  gardes 
nationales  qui  auraient  pu  se  réunir  a  Lyon ,  ont 
suffi  pour  occuper  l'armée  du  général  Frimont  et 
le  corps  de  Colloredo  (  de  l'armée  du  prince  de 
Schwarzenberg  ).  On  peut  donc  bien  raisonna- 
blement supposer  que  le  duc  d' Albuféra  tt  le 
général  Lecourbe  les''  auraient  tenus  en  échec, 
puisqu'ils  ne  formaient  que  quatre-vingt-cinq 
mille  hommes  environ.  L'armée  de  Naples  ne  pou- 
vait franchir  les  Alpes  que  vers  la  fin  de  juillet. 
Les  corps  des  archiducs  Jeau  et  Ferdinand  d'Esté 
n'étaient  pas  réunis,  et  il  fallut  que  celui  du  géné- 
ral HohenzoUern  restât  devant  les  places  du  Rhin. 
Les  Russes  furent  obligés  de  laisser  le  corps  de 
Langeron  sur  la  Moselle.  Les  Prussiens  laissèrent 
celui  de  Pirch  sur  la  Meuse  (  *  ) ,  et  les  Anglais 


{*)  La  garde ,  et  les  5*  et  6*  corps  pmasieiu  «uient  encore  loin  du 
Rhin.  Les  i*'  et  a*  corps  nisscsy  sar  la  Vislule. 


CHAPITRE   III.  1^7 

-eelui  du  prince  d'Orange  en  Flandre.  Voici  donc 
l'état  des  troupes  que  les  coalisés  auraient  pu  con- 
duire devant  Paris. 

■ 

Prnsnens  (il*  y  arrÎTèrent) Oo^ooo  hommes. 

Anglais         (Idem) • So^ooo 

Russes i35,ooo 

Autrichiens  (3*  et  4*  corps.) .    97,000 

34^,000 

Encore  faut-il  calculer  que  ces  forces  ne  pou*^ 
Taient  pas  être  mrivées  devant  Paris  avant  le  26 
juillet ,  les  Russes  et  les  Autrichiens  n'ayant  passé 
le  Rhin  que  le  ^4  juin.  On  object^a  peut-être 
que  les  Anglais  et  les  Prussiens  arrivèrent  devant 
la  capitale  le  29  juin.  Mais  cette  objection  ne  peut 
avoir  de  valeur,  que  pour  ceux  qui  ignorent  que 
Blûcher  et  Wellington  devaient  attendre  que  les 
autres  armées  coalisées  fussent  arrivées  à  la  Meuse, 
avant  de  continuer  leur  mou vemec^t  ;  qu'ils  se 
sont  en  effet  arrêtés  les  2 1 ,  âi2  et  s5  juin,  et  qu'ils 
ne  se  sont  remis  en  marche  le  26,  et  avec  autant  de 
célérité,  que  parce  qu'on  kur  avait  fait  connaître 
les  événemens  du  22 ^  et  qu'on  les  avait  appelés  à 
achever  la  révolution  qui  venait  de  s'opérer.  C'est 
ce  que  la  suite  développai'a. 

On  voit  donc  que ,  sous  le  rapport  militaire,  le 
danger  n'était  pas  à  beaucoup  près  aussi  grand 
qu'on  a  voulu  le  dépeindre  et  qu'on  est  venu  à 
bout  de  le  faire  croire.  Des  circonstances  presque 
inexplicables  se  sont  réunies  pour  paralyser  l'é- 


15)8  tlfVE   H.' 

nergie  de  la  nation,  plus  encwe  p»  les  ffiusîaiu 
que  par  la  crainte.  La  France  se  trouva  tout  à 
coup  divisée  en  deux  partis  :  Fun ,  guidé  par  une 
imprudente  confiance  dans  des  déclarations  diplo- 
matiques ,  espérait  trop  ;  Fautre  croyait  tout  perdu 
et  pensait  devoir  se  soumettre  à  un  avenir  qui 
n'offrait  encore  ni  espoir  ni  garantie.  En  présence 
dé  tous  deux  étaient  les  agens  de  la  coalition ,  qui 
nourrissaient  les  espérances  d'uncôté,  grossissaient 
les  craintes  de  l'autre ,  et  travaillaient  ainsi  dans 
le  but  d'ouvrir  la  France  à  l'invasion ,  dont  elle  es- 
pérait profiter  dans  ses  intérêtê  seuU.  Que  les  peu- 
ples ,  ployés  au  joug  de  gouvememens  despoti- 
ques, puissent  croire  les  destinées  des  nations 
attachées  â  ceBes  d'un  individu,  il  n'y  arien  d*éton« 
nant;  cette  manière  de  voit  est  dans  l'essence  de 
leur  éducation  politique  :  mais  que  les  Français  -, 
au  bout  d'une  lutte  de  vingt-^ix ans ,  aient  eruqtie 
la  perte  d'une  bataille  et  la  chute  d'un  homme 
devaient  entraîner  la  ruine  de  leur  patrie  1  voilà 
oc  qui  reste  encore  à  expliquer.  Peut-être  que  les 
développemens  qui  suivront,  dans  le  cours  de  cet 
ouvrage ,  pourront  fournir  des  données  pour  la 
solution  de  ce  problème. 

Si  la  situation  militaire  de  la  France  était  bien 
loin  d'être  désespérée ,  sa  situation  politique  en- 
vers la  coalition  n'était  pas  plus  dangereuse.  L'une 
dépendait  de  l'autre ,  et  il  est  inutile  de  fiure  entrer 
en  ligne  de  compte  des  déclarati<ms  dont  la  va- 
leur intrinsèque  aurait  été  déterminée  par  nous; 


ghjlfitrb  ni.  iig 

M  nous  Ta^iong  voulu.  Nous  avons  déjà  développé 
dans  l'introduction,  q^uelles  étaient  les  véritables 
vues  de  la  coalition  en  attaquant  la  France.  La 
bataille  de  Waterloo  n'-avait  rien  pu  y  changer, 
puisque  Napoléon  régnait  e^core  après.  Ni  L'ab- 
dication, ni  même  la  déposition  de  Napoléon,  |ie 
devait  rien,  y  changer ,  puisque  la  puissance  de  la 
France ,  à  laquelle  $eule  en  voulaient  les  coalisés, 
lui  aurait  survécu  comme  elle  l'avait  précédée. 
Lorsque,  dans  la  ratification  du  traité  du  â5  mars , 
les  coalisés  écartèrent  solennelleinent  les  intérêts 
de  la  maison  de  Bourbon  ^  qui  auraient  pu  légi- 
timer leur  agresnon,  et  la  rendre  conséquente 
nux  principes  qu'ils  avaient  si  hautement  prootof 
mes  ;  lors ,  dis-)e ,  qu'ils  écartèrent  ces  intéféts , 
ils  déchirèrent  l'article  8 ,  et  déterminèrent  le  sens 
que  l'on  devait  attacha  à  l'article  i  *'.  La  combi- 
naison des  expressions  de  cet  article,  avec  celles 
de  la  déclaration  de  l'Angleterre ,  réduisait  le 
but  de  la  guerre  à  ses  plus  simples  termes.  Elle 
était  dirigée  contre  la  puissance  de  la  France , 
contre  les  citoyens  qui  avaient  servi  leur  patrie 
depuis  le  commencement  de  la  Révolution^  et  surtout 
contre  l* armée,  dont  la  destruction  a  été  le  but 
constant  de  la  coalition.  Le  danger  politique  n'a- 
vait donc  pas  commencé  pour  nous  après  la  perte 
de  la  bataille  de  Waterloo  ;  il  était  né  dès  la  signa- 
ture du  traité  du  â5  mars,  ou  peut-*étre  douze 
jours  plus  tdt.  Dès  que  te  premier  acte  d'hostilité 
avait  été  consommé ,  la  force  seule  devait  décider 
nr.  9 


,3o  ""*  "• 

d'une  qaesàon  qw  le»  déceptions  de  la  diploma- 
tie avaient  enveloppée  d'un  nuage.  H  n'était  pat 
bien  difficile  de  le  percer,  ce  nuage,  eA  prenant 
pour  guide  l'intérêt ,  ce  mobile  unique  des  gou- 
wrnemens  bien  plus  encore  que  des  hommes. 
On  aurait  alors  vu  que  si ,  je  ne  dis  pas  après 
Waterloo ,  mais  même  le   i*  avril ,  un  autre 
homme  que  Napoléon  eût  été  mU  à  la  tète  du 
gouvernement ,  les  armée»  ooaBséeB  n'en  auraient 
pas  moms  continué  la  guerre.  Les  prétextas  n'a«^ 
raient  pas  manqué.  Le  préambule  du  traité  du 
ao  novembre  prouve  '«ssefc  qu'ils  aùTMent  alors 
Tottlu  coo*attpe  l'esprit  de  la  Révokition ,  ou  de- 
mander des  gM-anties  contre  l'ambitioB  qu'aurait 
pu  déployer  un  des  «hefs  de  la  France,  dans  les 

sièdes  futurs.     ' 

Ce  qui  rendit  la  bataille  de  "Waterfoo  si  désas- 
treuse pour  nous ,  fut  notre  situ^ion  pditique 
intérieure.  Nous  avons  déjà  vu  cpi'au  2«  mars , 
tin  élément ,  pour  ainsi  dire  hétérogène ,  était 
venu  se  lancer  an  milieu  de  ceux  qui  s'accumu- 
laient pour  hâter  une^xplosion  pOKtique ,  et  leur 
avait  donné  une  direction  inattendue.  La  ca^se 
de  la  Bberté  constitutionnelle,  qui  ne  pouvait 
trouver  ni  appui  ni  garsartie  dans  «une  dic«atm«e 
établie  par  la  force  des  circonstanoes ,  risquait 
d'«tt«  encore  une  «ms  compromise.  Cependant 
l?ind6p«!ndaBce  nationale  «tait  menaeée,  et  pour 
la  d«endre ,  a  TôHlâtf  qv*  Itt  «atièe  constituficte- 
luAk  triomphât.  ITmi  autre  cdté,  k  gloire  dont 


' 


CHiPITEK   111.  l5& 

«vdil  brillé  Temptre  français ,  et  qu'un  nuage  arait 
pu  obscurcir,  mais  noa  effacer,  semblait  être  un 
^oge  de  eonfiattce  jen  faveur  du  goui&ememeiit 
de  fail:,  donf:  la  France  ne  pouvait  pius  sépaser 
-ses  destinées.  Le  vojle  qui  a^ait  cou  vert  les  ^causes 
des  Hialheurs  de  i8i4  éftail:  levé,  pour  la  grande 
majorité  des  Français  ;  ces  causes ,  pitrement  po- 
litiques ,  ne  suffisaient  pas  pour  diminuer  auK 
yeux  de  la  multitude  b  confiance  qu'inspiraienl: 
les  trophées  accumulés  par  le  Biâme  homme, 
aux  soins  duquel  allait  être  confiée  la  défense  de 
4a  France  :  jamais  la  gloire  militaire  de  NapcAéon 
n'avait  brillé  d'un  plus  bel  éclat  que  fondant  la 
<^mpagne  de  i8i4*  Ces  deux  sentimens  opposés , 
quoique  bien  loin  d'être  incompatibles ,  furent 
la  cause  première  de  l'état  d'incertitude  ^  et  pces*- 
que  même  d'anxiété ,  qui  s'empara  de  tous  les 
patriotes  édairés ,  et  qui ,  un  peu  plus  tard ,  abattiC 
les  âmes  leê  moins  fortement  trempéesl  Ils  expli- 
quent en  même  temps  la  naturc  du  prodalème 
que  IKapcdéon  avait  a  résoudre  :  justifier  la  con-^' 
fiance  d'un  cjoté,  an  défendant  l'ûidépendance 
de  la  £rance  ;  la  n^ériter  de  l'autre ,  en  faisant 
fmnchemeipft  diBparaitre  toutes  tes  teaces  du  gçur 
ver&ement  impérial  f>assé,  et  donnant  à  ia  nation 
xles  garanties  comtitutîonneUes  inattaquables. 
Telles  délaient  les  conditions  auxquefies  seules  fl 
pouvait  .espéxer  de  ccHiserver  le  tpôi\e  -s^ur  lequd 
-il  «reliait  se  rasseoir. 

Son.ac^e  additionnel  contenaif  en  lui 'un  triple 


\Zt  uvm  II. 

défaut.  D'abord ,  en  portant  sur  une  hypothèse 
qui  n'existait  pas ,  en  prenant  pour  base  un 
pacte  qui  avait  été  déchiré ,  il  mettait  la  nation 
en  contradiction  avec  elle-  même ,  et  Tentrahiait 
dans  .un  cercle  vicieux ,  dans  une  véritable  pé- 
tition de  principeSé  En  second  lieu  il  était  impar- 
fait ,  et  les  limites  mal  tracées  entre  cet  acte  nou- 
veau et  d'anciens  actes  réprouvés  par  l'opinion 
publique,  lui  donnaient  une  couleur  provisoire, 
peu  propre  à  inspirer  la  confiance.  Enfin  c'était 
une  concession  ,  et  cette  forme,  toujours,  offen* 
santé  jpour  uù  pacte  qui  ne  tire  sa  validité  et  ses  ga- 
ranties (^e  du  consentement  mutuel,  tranchait 
trop  despatiquemeni  pour  ne  pas  augmenter  les 
inquiétudes  intérieures.'Cependant  il  fallait,  pour 
sauver  la  France  de  l'anarchie,  que  le  gouverne- 
ment se  constituât  L'acte  additionnel,  malgré 
tous  ses  vices ,  présentait  une  base  constitution- 
nelle assez  large ,  pour  y  établir  successivement 
toutes  les  garanties  conservatrices  des  droits  de 
la  nation.  La  situation  critique,  où  se  trouvait  la 
France,  et  le  danger  imminent  dont  elle  était 
menacée,  nécessitaient  de  grands  efibrts  de  toute 
espèce.  La  création  et  le  développement  des 
moyens  de  défense  ne  p&uvaient  point  souffrir  de 
retard.  Il  fallait  donc  promptement  se  décider, 
ou  à  laisser  le  gouvernement  se  prévaloir  de  la 
dictature ,  qu'on  lui  confirmait  en  refusant  l'acte 
additionnel^  pour  les  créer  lui-même  ;  ou  le  ré- 
duire à  des  mesures  constitutionnelles,  enTobli- 


'  CHAPITBB  m.  l55 

géant  à  réunir  promptement  une  législature.  Le 
choix  n'était  pas  douteux.  Pour  garantir  Tindé- 
pendance  au  dehors  et  sauver  la  liberté  au  de- 
dans, il  fallait  que  lé  gouvernement  reçût  de  la 
législature  le  titre  dont  il  pourrait  se  prévaloir  ^ 
pour  prendre  les*  mesures  qui  importaient  au 
salut  de  Fétat.  Ces  mesures  ne  pouvaient  recevoir 
un  caractère  national ,  que  par  la  sanction  du 
corps  législatif  :  il  était  par  conséquent  néces- 
saire que  les  représentans  de  la  France ,  défen- 
seurs-nés des  droits  nationaux,  fussent  réunis 
pour  maintenir  le  gouvernement  dans  les  limites 
de  la  constitution,  en  fixant  la  nature  et  les  bor- 
nes des  moyens  d'exécution  qu'ils  mettaient  à  sa 
disposition. 

L'acte  additionnel  fut  donc  accepté,  et  l'opir- 
nion  publique  ne  tarda  pas  à  se  prononcer,  dans 
le  choix  des  députés  que  se  nommèrent  tous  les 
départemens.  Bien  peu  se  montrèrent  indignes 
du  mandat ,  aussi  honorable  que  difficile ,  qu'ils 
avaient  reçu.  Un  bien  plus  petit  nombre  encore 
d'ennemis  de  la  patrie  s'y  glissèrent  à  la  faveur 
du  masque  de  g5  (*).  '^ 

Dès  ses  premières  relations  avec  le  gouverne- 
ment ,  et  dans  son  adresse  à  l'empereur  Napoléon , 
la  chambre  des  représentans  avait  montré  qu'elle 

(*)  Noof  mettront  dans  oette  dasse  l'auteur  de  Fodietue  motion,  ten- 
dante à  fîiire  mettre  hors  de  la  loi  les  porcna  des  indmdus  qni  t'étaient 
•onlerÀ  dans  Pooest^  et  à  ditmire  lenis  maisons  :  motion  qni  ftit  re- 
poittstfe  aTec  indiipatîon. 


l54f  UVBE   II. 

n'entendait  pas  être  un  instrument  passif.  Sa 
marche  et  son  but  furent  bientôt  d<^eid^s.  Smsis^ 
sant  l'aveu  fait  par  le  gouvernement  luî-^méme , 
de  la  nécessité  de  réviser  les  oonstitutious  de 
l'empire ,  et  de  les  coordonner  dans  un  seul  acte 
«constitutionnel ,  elle  avait  annoncé;  dans  son 
adresse  même ,  la  résolution  de  ne  pas  attendre 
que  le  gouvernement  prit  rinitkttive  sur  un  pokot 
qui  était  aussi  important.  En  effet,  il  résultait 
(du  mélange  contradictoire  des  dispositions  de 
l'acte  additionnel  et  des  anciens  sénatus-consultes, 
qull  n'y  avait  point  de  pacte  fondamental  assuré. 
PoUr  éviter  les  désastres  de  l'anarchie ,  il  n'v  avait 
eu  d'autre  voie  de  salut,  que  celle  de  se  réunir -au 
gouvernement  établi  de  fait.  Mais  il  fallaif  sortir 
le  pltis  tôt  possible  de  l'état  douteux  d'une  cons- 
titution provisoire,  par  cela  même  qu'elle  était 
Imparfaite.  Cette  vérité  fut  sentie  par  la  majorité 
de  la  chambre  des  représentans ,  et  la  détermi- 
nation de  tratailler  au  nouvel  acte  constitutionnel 
fut  prise,  pour  ainsi  dire,  au  bruit  du  canon  qui 
annonçait  la  victoire  de  Ligny  (*). 

Telle  était  la  situation  de  l'esprit  public  en 
France ,  lorsque  la  bataille  de  Waterloo  fut  livrée. 
Après  avbir  vainement  essayé  de  rallier  quelques 
parties  de  l'armée  à  Oenappc ,  Napoléon  avait  con-» 
tinué  sa  route  sur  Charleroi,  où  il  arriva  le  19,  à 
cinq  heures  du  matin.  Il  donna ,  en  passant  par 

■ 

(*)  Si'nncc  de  ]a  chambre  de»  rcprcscnUins ,  dû  ao  juin. 


GHA?ITU    III.  l55 

cette  vûhBy  Tordre  aux  équipages  de  ponts  et  de 
vivres  qui  se  trouvaient  à  la  droite  de  la  Sambre , 
d'en  partir  sur-le-champ,  pour  ée  rendre  a  Laon , 
par  Philîppeville  et  Avesnes.  Mais ,  soit  que  la  mal- 
veillance fût  dé)â  prête  â  augmenter  nos  désastres , 
soit  que  les  chefs  et  les  subalternes  eussent  pris  l'é- 
pouvante ,  ces  équipages  ne  furent  pas  attelés ,  et 
les  chevaux  seuls  se  sauvèrent.  Arrivé  à  Philippe* 
ville ,  vers  dix  heures  du  matin,  Napoléon  expédia 
Tordre  au  maréchal  Grouchy  de  se  retirer  par  Re- 
thel  sur  Laon  ;  il  fit  avertir  les  commandans  des 
places  de  la  Meuse  de  se  mettre  en  état  dé  défense; 
il  donna  ordre  au  maréchal  Soult  de  rallier  le 
quaortier^énéral  et  les  troupes  qui  arriveraient ,  et 
de  les  conduire  à  Laon  ;  il  fit  expédier  aux  gêné* 
ranx  Rapp ,  Leoomrbe  et  Lamarque ,  celui  de  se 
rendre  à  Paris  avec  leilurs  armées  {*).  Ces  disposi- 
tions faites ,  il  partit  lui-même  pour  Laon.  £n 
routç,  dans  une  halte  près  Rocroy,  le  général  La- 
bédoyère  ouvrit  Tavis  que  Tempereur  se  rendit 
sans  délai  à  Paris ,  et  descendit  au  sein  de  la  repré- 
sentation nationale  ;  qu'il  avouât  franchement  ses 
malheurs ,  et  que,  comme  Philippe-Auguste,  il 
offrit  de  mourir  en  soldat ,  et  de  remettre  la  cou- 
ronne au  plus  digne.  Cet  avis  fut  combattu  par  les 


(*)  Le  gc^neral  C...,  wde-<îc-camp  de  Napoléon,  enroyc  en  mission 
près  de  l'armée  da  Rhin ,  arriTa  le  a6  juin  à  Mets.  Si  c'est  kii  dont 
parle  le  général  Gourgand ,  il  «  voyagé  awei  lentement.  Au  re«te ,  il  sVst 
bonié  ik  s'enicnner  à  Metz  :  son  opinion  était  ifue  tout  était  perdu» 


l36  UTBB   U. 

autres  penonnes  présentes.  Il  fallait  surtout ,  dit 
Tune  d'elles ,  éviter  l'impression  défavorable  que 
ferait  l'abandon  de  l'armée.  Arrivé  à  Laon,  Napo^ 
léon  y  fut  rejoint  par  trois  mille  hommes  de  la 
garde ,  le  maréchal  Soult  et  quelques  généraux , 
et  il  se  décida  à  rester  -et  â  attendre  le  maréchal 
Grouchy.  Cette  détermination  fut  vivement  com* 
battue  par  presque  tous  les  généraux ,  qui  lui 
dirent  que  Grouchy  était  perdu ,  et  qu'il  fallait 
aller  à  Paris  pour  éviter  une  révolution.  Napo^ 
léon  résista  d'abord,  et  finit  par  céder,  en  s'écriant 
néanmoins  :  «  Je  suis  persuadé  que  vous  me  faites 
c  faire  une  sottise  ;  ma  vraie  place  est  ici.  • 

De  Laon,  Napoléon  se  rendit  à  Paris,  où  il 
arriva  le  2 1  à  onze  heures  du  matin ,  et  descendit 
à  l'Elysée.  Après  quelques  mœnens  de  repos, 
ayant  réuni  les  ministres ,  il  s'occupa  avec  eux  de 
l'état  des  affaires.  L'opinion  du  général  Labé- 
doyère  avait  fait  impression  sur  lui  :  une  id^  gé^ 
néreuse  n'avait  jamais  manqué  de  l'émouvoir. 
Il  annonça  donc  l'intention  de  réunir  les  deux 
chambres  en  séance  impériale  ;  de  leur  peindre 
les  malheurs  de  l'armée;  de  leur  demander  les 
moyens  de  sauver  la  France,  et  ensuite  de  repartir. 
Le  duc  de  Yicence  le  détourna  de  ce  projet ,  en 
lui  annonçant  que  la  chambre  des  députés  ne  le 
soutiendrait  pas  :  ses  deux  frères  Lucien  et  Joseph 
nchevèrent  de  1  en  dissuader ,  et  l'engagèrent  à 
laisser  agir  les  ministres.  Peu  après,  le  c<mseil  fut 
assemblé.   Napoléon ,  décidé  par  les  discours  de 


CHA3PIT11S  III.  l57 

ses  frères ,  y  annonça  qu'il  fallait  que  la  France  se 
levât  en  ms»se,  et  qu'il  fût  revêtu  d'une  dictuiure 
temporaire;  qu'il  pouyait  la  prendre,  mais  qu'il 
serait  plus  national  que  les  chambres  la  lui  confé- 
rassent.. Cette  déclaration  frappa  les  ministre^  de 
stupeur ,  et  ils  n'ouvrirent  aucun  avis ,  que  sur 
une  nouvelle  interpellation  de  Napoléon.  L'avis 
du  général  Carnot  fut,  qu'il  fallait  déclarer  la 
patrie  en  danger,  appeler  les  fédérés  et  les  gardes 
nationales,  défendre  d'abord  Paris,  et  puis  se 
retirer  derrière  la  Loire.  Les  ducs  de  Yicence  et 
d'Otrante  ne  voulaient  pas  qu'on  quittât  Paris, 
en  aucun  cas.  Regnault  de  Saint-Jean-d'Ângely 
annonça  que  les  députés  paraissaient  vouloir 
exiger  l'abdication.  Aucun  ne  se  prononçait  sur 
la  dictature  :  *Lucien ,  espérant  un  nouveau  1 8 
brumaire,  y  revint,  et  déclara  qu'il  fallait  que 
l'emperfur  la  prit  malgré  les  chambres.  Pour  en 
venir  enfin  à  un  résultat  et  obtenir  une  délibé- 
ration ,  Napoléon  reprit  la  question  par  l'exposé 
des  ressources  qui  restaient  encore  à  la  France. . . . 
Peu  après,  la  délibération  fut  interrcmipué  par 
le  message  des  représentans ,  dont  nous  parle- 
rons plus  bas.  Napoléon  en  fut  irrité  et  témoi- 
gna le  regret  de  ne  pas  avoir  dissous  la  chambre, 
avant  son  départ.  Il  ajouta,  selpn  l'intention 
qu'il  avait  déjà  énoncée  en  18149  dans  ses  ins- 
tructions au  duc  die  Yicence  :  •J'abdiquerai 
9' il  le  faut.  »  Fouché  ne  laissa  pas  tomber  ces 
mots.  Cependant ,  pour  gagner  du  temps ,  on 


l38  UVRE  u. 

envoya  le  géuéwï  Gamot  aux  pairs  ^  c^  BegpEiauU 
aux  représentaus ,  pour  faire  une  coattnuoica* 
lion* 

.  Nous  ne  pouvosus  nous  empêcha  de  remar- 
quer coaibien  il  a  été  malheureux  pour  .lui, 
qu'entraîné  par  des  consd^ls  impmdens  et  par 
une  aveugle  fatalité,  Napoléon  n'ait  pas  suivi 
le^  avis  qui  pouvaient  seuls  le  sauter.  Ecarté 
d'abord  de  Laon ,  où  il  devait  rester  avajit  tout , 
il  perd  son  temps  en  d'inutiles  délU>érations , 
Iprs  qu'il  était  si  urgent,  de  tif>er  la  .France,  de 
l'état  d'anxiété  où  allait  la  jeter  un  désastre  inat- 
tendu. L'opinion  qu'avait  émise  le  ministre  de 
l'intérieur,  que  partageait  Napoléon,  et  à  la*- 
quelle  deux  autres  ministved^  qui  ont  ouvert  les 
portes  de  Paris,  s'opposjèrçnt  si  mfil«â  propos, 
celle  de  transporterie  siège  du. gouvernement  et 
les  chambres  au  delà  de  la  Loire,  était  la  meil- 
leure. U  fallait  placer  l'un  et  Tautre  dans  un  lieu 
où  leur  action  et  leur  influence  ne  pussent  pas 
être  paralysées  par  un  blocus ,  qui  leur  aurait  ôté 
toute  communication  avec  les  départemens. 
Paris  cessant ,  pendant  le  moment  du  danger , 
d'être  le  centre  politique  de  la  France ,  pouvait 
être  défendu  avec  plus  de  succès ,  par  un  double 
motif  :  premièrement  parce  que,  ne  contenant 
plus  dans  ses  murs  les  organes  de  la  vie  constitu- 
tionnelle de  l'empire  français ,  sa  défense  rentrait 
dans  les  principes  de  celle  de  tout  autre  point 
stratégique,  et  pouvait  être  appuyée  du  dehors; 


cHAnm  m.  iSg 

secondement,  parce  que  les  coalisés ,  n'dyant 
plus  le  même  intérêt  politique  à  en  être  mitres, 
et  ne  ponrant  pas  laisser  derrière  eux  un  point 
aussi  important,  l'attaque  de!  Paris  et  son  oocu* 
patîon  leur  était  également  nuisible^  sous  le 
rapport  de  l'affaiblissement  de  leurs  forces.  S'il 
était  urgent  pom*  Napoléon  d'adopter  la  me- 
sure que  nous  Tenons  '  d'indiquer ,  il  ne  l'était 
pas  moins  que,  sans  perdre  de  temps  en  de 
Taines  délibérations ,  il  réunit  les  deux  chambre* 
en  comité  ^néral ,  et  s'y  rendit  avec  ses  miois^ 
très.  C'était  daiis  la  réunion  des  trois  pouToir» 
constitutionnels  qu'il  contenait,  plus  que  par-^ 
tout  ailleurs,  de  délibérer  sur  la  situation  de 
la  Frante  et  sur  les  moyens  de  la  s»iyér  de 
l'inyasion,  dont  elle  était  menacée  par  les  coa<«- 
Usés.  Un  des  motifs  qui  décidèrent- ^Napoléon 
Si  se  rendre  à  Paris,  fut  celui,  ditH9n,  de  pré^ 
venir  ta  cammûtion  politique  y  que  ta  nêuvetle  du  dé^ 
taure  pouvait  accasioner'y  et  préparer  les .  esprits  à 
la  grande  crise  dans  taqueUe  ta  France  allait  se 
trouver.  Nous  aimons  à  croire  que  ce  motif  est 
lé  principal  qui  ait  pu  rengager  à  quitter  soU 
armée,  sans  chercher  lui-même  à  la  rallier. 
Mais  alors  rien  n'aurait  dû  le  retenir  de  se 
rendre  en  personne  et  sans  délai  au  seiii  des 
chambres.  C'était  bien  certainement  aussi  en 
habit  de  voyage  qu'il  aurait  dû  s'y  rendre;  car, 
après  avoir  concerté  atec  les  chamlbres  les  me-* 
sures  qui  étaicht  nécessaires ,  après  avoir  même 


i4o  uns  II. 

sanctionné j  êéance  tenante,  les  acteslégislatifs  qui 
auraient  résulté  de  la  délibération,  U  fallait  sans 
retard  retourner  au  point  de  ralliement  de  son 
armée.  Le  moment  présent  ne  pouvait  pas  être 
celui  de  penser  à  une  étiquette  ridicule  ;  dans 
un  danger  aussi  imminent ,  une  délibération  in 
pleno  aurait  été  aussi  énergique  qu'efficace.  Les 
circonstances  qui  avaient  précédé  et  suivi  le  re- 
tour de  Napoléon,  l'agitation  de  Topinion  pu- 
blique qu'il  ne  pouvait  pas  méconnaître,  tout 
lui  indiquait  que  ce  n'était  qu'en  justifiant  la 
confiance  des  Français ,  qu'il  pouvait  espérer  de 
consolider  son  trône.  U  venait  d'éprouver  un 
grand  revers,  et  ce  revers,  qui  compromettait 
l'indépendance  de  la  nation ,  ne  pouvait  être 
réparé  que  par  un  grand  élan  national.  Com- 
ment espérer  de  produire  cet  élan  unanime,  sans 
aller  au-devant  par  la  confiance  et  la-  franchise  ? 
La  France  ne  pouvait-elle  donc  lui  demander 
aucun  compte  des  sacrifices  qui  déjà  avaient  été 
faits?  C'est  en  le  rendant  lui-même ,  ce  compte, 
c'est  en  remettant  avec  confiance  la  conserva- 
tion de  son  trône  à  la  loyauté  des  représentans 
de  la  nation ,  tandis  qu'il  emploierait  les  moyens 
que  la  France  lui  confierait  au  maintien  de 
son  indépendance;  c'est  alors,  dis-je,  qu'il  au- 
rait pu  trouver  des  niioyens  de  salut.  Mais  li 
méfiance  divisait  déjà  le  corps  législatif  et  le 
chef  du  gouvernement  ;  cette  méfiance ,  soigneu- 
sement alimentée,  amena  une  révolution  sou- 


^       CBAPmOS  III.  i4i 

daine ,  dont  la  conséquence  pen^  être  funeste 
à  la  France.    * 

Cependant  la  nouvelle  des  désastres  de  Tar- 
mée  était  arrivée  à  Paris ,  deuLS^  heures  avant  le  re- 
tour de  Napoléon.  La  fenne#ation  avait,  dès 
ce  moment ,  commencé  à  agiter  en  sens  divers 
le  petit  nombre  de  personnes,  qui,  les  premières, 
apprirent  cette  nouvelle*  L'arrivée  de  Napoléon, 
la  convocation  soudaine  du  conseil  des  ministres  ; 
tous  ces  présages  d'un  événement  important  ac- 
créditèrent les  bruits  sourds  qu'on  faisait  circu- 
ler ,  et  répandirent  L'anxiété  dans  toutes  les  classes 
de  citoyens.  * 

A  midi,  personne,  dans  Paris,  n'ignorait  pluç 
ce  retour.  Les  deux  chambres  s'assemblèrent; 
les  représentans  à  midi  un  quart ,  les  pairs  à  une 
heure  et  demie.  La  séance  des  représentans  pré- 
senta, dès  son  ouverture,  l'image  de  l'inquié- 
tude 'qui  agitait  tous  ses  membres.  Â  cette  in- 
quiétude ,  assez  naturelle ,  s'en  joignit  une  autre 
non  moins  grande,  sur  les  dispositions  du  chef 
de  l'état ,-  et  les  mesures  qu'il  mettait  en  délibé^ 
ration  dans  son  conseil.  On  insinuait  que  l'in- 
tention de  Napoléon  était  de  dissoudre  la  chambre 
et  de  remplacer  par  une  dictature  la  monarchie 
constitutionnelle ,  qu'il  avait  annoncé  vouloir 
conserver.  Cette  opinion ,  répandue  avec  adresse , 
et  qu'adoptèrent  un  grand  nombre  de  membres 
de  la  chambre  des  représentans ,  décida  les  me- 
Bures  de  cette  séance  et  fixa  les  destinées  de  Nan 


pgléoÊL  Ce  profet  a-t-il  réeUenient  exfaté  diuu  les 
premiers  momens  de  son  retour  ?  Nous  avouons 
fytachnsnatt  que  tous  Jes  documeiw,  que  nous 
aTOOS  pu  coMulter  iiwqu'i  présent ,  ont  encore 
laùsé  «  nos  yeu^th.  question  indécise.  Elle  nous 
parait  plutôt  fondée  sur  une  présomption  dont 
on  ne  peut  cependant  pas  mer  la  tvès-graade 
lirobabUité ,  auitoot  d'après  l'opinion  éoûae  par 

Je  frète  de  Napoléon. 
La  chambre  des  rqprései^ns ,  dans  son  adresse, 

avait  été  dirigée  à  déclarer  son  indépendance,"  et 
quelques-unes  des  expressions  de  eette  déclara- 
tion, avaient  dû  blesser  un  souverain,  qui  n'était 
peut-être  pas  tout-à-Éait  revenu  des  erremens 
de  l'empire.  La  chambre  des  représenlana,  «■  , 
rappelant  à  Napoléon  qu'U  avait  déposé  son  pou- 
voir extraordinaire,  et  qu'il  avait  déclaré  lui- 
même  ,  que  le  soin  de  coordonner  les  constitu- 
tions éparses,  étaU  une  dos  occupations  les  plus 
importantes  de  la  législature ,  lui  annonçait  que 
son  intention  était  de  se  charger  de  ce  tcavaiL 
«Aucun  projet  ambitieux,  disait-elle,  n'entre 
«dans  la  pensée  du  peuple  français»  la  volonté 
«m^ne  du  prince  victorieux  êcisM^  impuissante. 
«  pour  entraîner  la  nation  hors  des  limites  de  sa 
«  propre  défense.  .  Enfin  elle  énonçait  positive- 
*•*«»*  qutf ,  poiK  concourir  de  tout  son  pouvoir 
■***  ■nwuies  de  défense,  elle  devait  coniMltre  les 
******  ot  les  ressources  de  l'état.  Napoléon  vit 
«»  contraste  frappant  entre  cette  adresse  et  les 


GHàPITBE   m.  143 

e&ppessi0iift  <iont  il  avait  été  Tobjeft ,  depuis  son 
retour  eu  France.  Il  le  sentit ,  et  une  l^éserve  cha- 
grine régna  dans  sa  réponse.  Il  consentit  à  ce  que 
la  chambre  méditât  sur  les  constitutions  ;  mais 
il  désapprouvait  les  discussions  publiques  qui 
tendraient  àii^minuer,  même  indirectement ,  la 
confiante  qu'on  devait  avoir  deaid  ceSÛe  qui  exis- 
tait. Il  ne  hn  accordait  positivement  que  le  droit 
de  discuter  les  mesures  législatives  intérieures  et 
les  lois  m*ganiques ,  dépendantes  de  l'acte  addi- 
tionnel. Enfin ,  une  des  phrases  de  sa  r^onse ,  à 
laquelle  l'événement  a  donné  une  expression  pro- 
phétique ,  portait  l'empreinte  de  son  opinion 
giir  ce  qu'il  vo^'ait  se  préparer.  «  M'imitons  pas  , 
^  disâit-41 ,  l'exemple  du  Bas-Empire ,  qui ,  pressé 
«  de  tous  côtés  par  les  barbares ,  se  rendit  la  risée 
«de  la  postérité  ,  en  «'occupant  ée  étscussions 
«  abstraites ,  au  moment  où  le  bélier  brisait  les 
«  portes  de  la  ville.  » 

L'eSet  de  l'adresse  et  de  la  réponse,  fut  de 
donner  à  la  chambre  des  représentans  de  la  mé- 
fiance sur  »les  dispositions  constitutionnelles  de 
l'empereur»  D'un  autre  côté,  Napoléon  parais- 
sait stvoir  aperçu  dans  la  chambre  le  désir  de  le 
jpriver  peu  â  peu  de  l'autorité,  en  la  limitant 
successivement,  et  en  lui  imposant  une  consti- 
tution. II  est  difficile  que  les  leçons  du  pouvoir 
s'oublient  tout-à-^fait  ;  il  est  impossible  que  celui 
qui  en  est  en  possession,  consente  volontaire- 
ment à  le  limiter,  au  delà  du  degré  où  cesse  sa 


l44  ^ITRE  II. 

convenance.  Un  grand  homme  devrait  cependant 
se  mettre  au-dessus  de  cette  faiblesse.  Le  besoin 
de  ménager  l'opinion  publique,  dont  les  repré- 
sentans  de  la  nation  étaient  les  interprètes  fidè* 
les ,  et  Fespérance  de  ressaisir  Fautorité  absolue, 
sur  les  ailes  de  la  victoire,  obligèrent  d'abord 
Napoléon  à  se  calmer.  Un  revers  aussi  grand 
qu'inattendu  renversa  ses  espérances  ;  et  le  sacri- 
fice d'une  partie  de  son  autorité ,  auquel  il  au- 
rait peut-être  consenti ,  si  la  guerre  ne  s'était  pas 
rallumée,  lui  sembla  insupportable,  dès  qu'il 
devait  paraître  arraché  à  l'infortune.  Il  voulait 
sauver  la  France,  mais  il  voulait  seul  disposer 
des  moyens ,  et  seul  en  recueillir  le  mérite.  Sans 
approuver  cette  manière  de  voir,  qui  ne  pou- 
vait amener  que. des  résultats  funestes,  ne  peut- 
on  pas  dire  qu'il  serait  encore  excusable  d'avoir 
eu  l'idée  de  soutenir^  par  son  géniq  seul,  une 
lutte  dont  il  était  le  prétexte  apparent  {*)  ?  Son 
dessein  était  de  lever  une  forte  conscription,  de 
mobiliser  la  garde  nationale,  par  une  espèce  de 
levée  en  masse ,  et  de  transférer  le^  chambres  à 
Tours.  D'après  les  dispositions  de  la  chambre 
des  représentans ,  et  Findépendance  dans  la- 
quelle elle  paraissait  vouloir  se  maintenir,   il 


{*)  La  politique  libératrice  de  IToropc  a  ea  des  prétextes  apparens , 
qa  elle  publiait  dans  det  manifesiet^  des  prétextée  non  apparens,  consi- 
gors  dans  des  traités  secrets,  et  des  projets,  que  las  diels  gardaient  par 
devers  enx. 


CHAPITKK    111.  145 

u'esi  pas  étonnant  qu'il  n  ait  craint  une  résis- 
tance,  dont  le  résultat  aurait  été  de  lui  ôter  la 
disposition  arbitraire  <le  ces  moyens.  Il  n'était 
a\oT%  pas  extraordinaire  qu'il  ait  pu  conceToir 
ridée  de  dissoudre  cette  chambre ,  par  une  me- 
sure qui  pouvait  être  constitutionnelle  dans  un 
autre  moment,  mais  qui,  dans  les  cbconstances 
présentes ,  déchirait  l'acte  additionnel. 

Dans  la  fermentation  où  se  trouvait  la  ville  de 
Paris ,  le  â  1  juin ,  il  ne  faut  pas  s'étonner  si  les 
bruits  les  plus  exagérés  et  les  plus  sinistres  cir- 
culèrent dans  la  capitale.  La  réserve  silencieuse 
où  se  tenaient  les  chambres  et  le  gouvernement , 
ne  pouvait  que  les  accroître  encore.  Aussi  en- 
tcndait-on  répéter  de  toutes  parts  que  toute  Far- 
mée  était  détruite;  que  le  corps  du  maréchal 
Grouchy  même  n'existait  plus;  que  onze  cent 
mille  soldats  de  la  coalition  étaient  déjà  aux  portes 
de  Paris;  que  toute  résistance  était  inutile,  et 
que  chacun  n'avait  plus  à  penser  qu'à  son.  salut 
particulier.  A  quoi  bon  se  sacrifier,  disait -t>n, 
pour  un  homme  qui  forme  les  projets  les  plus 
menaçans,  q\  ^,  veut  dissoudre  les  chambres  et 
scanner  d'4j.»ie  dictatmre  sanglante?  Si  Ton  on 
doit  croirt>  M.  Beauchamp,  l'alarme  qui^ise  ré- 
pandit  sur  la  dissolution  des  chambres,  -partît 
du  cabinet  du  duc  d'Qtrante  ;  ses  ^misbaires 
cherchèrent  à  effrayer  les  citoyens ,  en  leur  re- 
présentant  les  excès  qui  pouvaient  naître  d'une 
telle  entreprise ,  par  l'én^^rgie  du  (*hef  et  la  do- 
IV.  10 


l4<$  LIYRE    U. 

cUité  de  ses  instrumens  pris  parmi  la  soldates- 
que et  la  populace.  «  Dans  cet  affreux  boulever* 
«sèment,  livré  à  la  dévastation  d'un  furieux  et 
«  à  la  fureur  de  l'étranger ,  tout  périrait ,  Fi^dé- 
«  pendance  nationale  et  les  intérêts  de  la  révolu- 
«  tîon  (*).  » 

Quoi  qu'il  en  soit,  dès  le  commencement  de 
la  séance  du  21  juin,  M.  de  Lafayette  monta  à 
la  tribune  de  la  chambre  des  représentans.  Dans 
un  très-court  exorde,  il  exposa  à  ses  collègues 
la  nécessité  de  se  rallier  à  Fancien  étendard  na- 
tional ,  celui  de  89  et  de  la  liberté ,  dans  un  mo- 
ment où  des  bruits  sinistres,  et  malheureusement 
fondés ,  venaient  se  joindre  au  sentiment  du  dan- 
ger de  la  patrie.  U  proposa  une  résolution  en 
cinq  articles ,  portant  en  substance ,  que  l'indé- 
pendance nationale  était  menacée  ;  que  la  cham- 
bre se  déclarait  en  permanence,  et  que  toute 
tentative  pour  la  dissoudre,  était  un  crime  de 
haute  trahison  ;  que  Farmée  de  ligne  et  la  garde 
nationale  avaient  bien  mérité  de  la  patrie  ;  qu'on 
aviserait  aux  moyens  d'armer  la  garde  nationale 
de  Paris  ;  enfin,  que  les  ministres  seraient  man- 
dés. Sans  qu'il  fût  besoin  que  M.  de  Lafayette 
s'expliquât  plus  au  long  sur  la  nature  des  bruits 
sinistres  qu'il  avait  annoncés ,  il  fut  compris  par 
tous  les  représentans.  Sa  proposition ,  écoutée 
dans  le  silence  et  avec  la  plus  grande  attention  ^ 

(♦)  Pa^  356. 


GHAPITRS   lU.  147 

fut  accueillie  à  Tunaniinité.  Les  trois  premiejc^ 
articles  furent  adoptés  sur-le-champ;  le  qua- 
trième fut  considéré  comme  étant  eqcore  pré- 
maturé ,  et  écarté  (*)  ;  le  cinquième  fut  adopté 
comme  étant  une  mesure  que  les  circonstances 
rendaient  urgente  {**).  L'idée  que  la  chambre 
était  menacée  d'être  dissoute ,  était  partagée  par 
la  presque  totalité  des  membres,  et  même  un 
d'eux  s'en  servit  comme  d'un  motif  qui  com- 
mandait d'adopter  sans  délai  les  mesures  propo- 
sée^: aucun  de  ses  collègues  ne  le  contredit.  La 
chambre  décida  en  outre  que  sa  déclaration, 
telle  qu'elle  l'ayait  adoptée,  serait  communi- 
quée par  un  message  à  la  chambre  des  pairs ,  et 
au  gouvernement,  imprimée  et  affichée  à  Paris 
et  dans  les  départemens. 

Peu  d'instans  après,  le  ministre  d'état  Re- 
gnault  de  Saint-Jean-d'Angely  se  présenta  â  la 
chambre  des  représentans ,  et  fit  lecture  d'un 
message  qui ,  en  annonçant  le  retour  de  l'empe- 
reur  à  Paris ,  afin  de  conférer  avec  les  ministres , 
et  de  concerter  avec  les  chambres  les  masures  lé- 
gislatives  nécessaires,  donnait  un  récit  très-abrégé 
de  la  bataUle  de  Waterloo  (***).  M.  Regnault 
de  Saint-Jean-d'Angely,  observant  l'impression 

(*}  LV^énement  a  cependant  bien  proare  que  cette  mesure  était  aiutx 
urgente  qae  le»  autres.  Il  né  antre  organisation  de  k  garde  nationale 
aurait  amené  des  chances  bien  plus  iaToraUes. 

(**)  ^ofex  Pièces  justificatif,  N*  XXm. 

(***)  Vty^ez  Pièoos  justifioaÛTCt,  K*  XXIV. 


l4â  LlYRE    II. 

défavorable  qu'avait  produite  son  récit ,  proposa 
alors  de  lire  un  supplément  au  Moniteur  du  â  i , 
qui  contepait  un  plus  grand  détail.  Mab  la  cham- 
bre ,  qui  venait  de  prendre  la  détermination  de 
mander  les  ministres ,  ne  voulut  plus  s'en  écâr* 
ter.  Particulièrement  occupée  de  sa  sûreté  per- 
sonnelle ,  elle  décida  de  former  une  commission 
d'administration ,  pour  l'organisation  de  la  garde 
nationale  destinée  à  la  protéger  :  les  membres  en 
forent  nommés  sur-le-champ  ;  ce  furent  MM.  Ga- 
mon ,  le  général  Beckers ,  Lefebvrc ,  Penièrft  et 
Labbey  de  Pompières.  Après  quelques  discus- 
sions sur  la  réception  des  ministres ,  la  chambre 
décida  que  son  président  leur  adresserait  une 
invitation  ;  mais  ayant  reçu  dans  le  même  ino* 
ment ,  de  Tarchi-chancelier  et  du  duc  dç  Bas- 
sano,  l'accusé  de  réception  de  son  message  à 
l'empereur ,  elle  suspendit  sa  séance. 

Pendant  que  M.  Regnault  portait  à  la  cham-* 
bre  des  représentans  le  message  dont  nous  ve- 
nons de  rendre  compte ,  le  ministre  de  l'intérieur 
en  communiqua  un  pareil  à  la  chambre  des 
pairs  ;  il  y  ajouta  que  la  chambre  recevrait ,  a 
quatre  heures,  un  nouveau  message  de  l'empe- 
reur. Peu  après,  arriva  la  résolution  prise  par 
la  chambre  des  représentans  ;  celle  des  pairs  l'a- 
dopta ,  après  une  courte  discussion. 

Toi  fut  l'acte  qu'on  a^  qualifié  d'insurrection , 
en  ajoutant  que  M.  de  Lafayette  paraissait  se 
placer  à  la  tête  d'an  partie  dont  on  ignorait  tes 


GHAPITKI    III.  l49 

véritables  intentions.  Ce  peu  de  mots  contient  de 
grandes  erreurs  et  de  grandes  yérités.  D'abord 
il  est  vrai  qtie  le  parti  â  la  tête  duqud  se  trouva 
placé ,  par  hasard ,  M.  de  Lafayette ,  avait  des  in- 
tentions que  peu  de  gens  pouvaient  pénétrer,  ^ 
de  ce  nombre  n'était  pas  cehii  par  qui  il  fit  faire 
la  levée  de  boucliers,  qui  amena  les  résultats 
suivans.  Mais  en  revanche ,  le  mot  d'insurrection 
n'est  pas  ici  à  sa  place.  On  avait  fort  adroitement 
mis  en  avant  les  grands  intérêts  nationaux,  et 
c^était  en  leur  nom  qu'on  avait  provoqué  les  me- 
sures qui  furent  adoptées.  C'était  dans  cette  ligne 
ipi'il  fallait  chercher  Vintention  de  tout  ce  qu'il  y 
avait  d^honnétes  patriotes  et  d'hommes  loyaux 
dans  la  ci^amhre:  En  y  répondant,  on  ne  pou- 
vait ni  se  tromper^  ni  se  laisser  tromper.  Les 
devoirs  ^u  souverain  et  du  corps  législatif  étaient 
tracés  par  la  crise  dangereuse  dans  laquelle  se 
trouvait  la  France.  Dans  un  moment  pareil ,  lors^ 
que  Tunion  de  tous  les  pouvoirs  constitutionnels 
et  l'accord  de  toutes  les  volontés  étaient  indis- 
pensables pour  le  salut  de  Tétat;  lorsque  cette 
union  seule  pouvait  produite  les  efforts  néces- 
saires pour  défendre  notre  indépendance  mena- 
cée; fidors,  dis-îe,  tout  élément  de  discordé  était 
non-seulement  dangereux,  mais  compromettait 
même  le  salut  public.  Toute  tentative  pour  (fi- 
viser  les  pouvoirs  qui  devaient  être  réunis,  ou 
pour  amniler  un  d'entre  eux,  était  incontesta- 
blement criminelle ,  puisque  son  résultat  devait 


f 


l50  LITRB   II. 

ôtre  de  plonger  la  France  dans  Tanarchie ,  ou  de 
la  liTrer  sans  défense  à  ses  ennemis.  Cette  :¥érité 
devait  être  sentie  par  Napoléon  tout  aussi  bien 
que  par  les  députés  de  la  France ,  et  servir  sur- 
tout de  guide  unique  à  tous.  Si  Napoléon  avait 
réellement  eu  Tintention  d'ajourner  ou  de  dis- 
soudre les  chambres,  il  fallait  qu'il  revint  sans 
délai  de  cette  erreur;  il  en  était  encore  temps. 
Si  au  contraire  ce  projet  n'avait  pas  existé,  il  n*y 
avait  rien  de  perdu.  La  permanence  des  cham- 
bres ,  '  déclarée  par  elles-mêmes ,  n'était  dans  le 
fait  qu'une  mesure  de  salut  public,  dont  eUes 
avaient  pris  l'initiative.  Le  gouvernement,  obligé 
de  pousser  â  outrance  la  guerre  nationale ,  pour 
forcer  la  coalition  à  respecter  l'indépendance  de 
la  nation,  avait  lui-même  besoin  de  cette  perma- 
nence. Non -seulement  elle  avait  l'avantage  d'em- 
pêcher tout  retard  dans  les  mesures  législatives  et 
executives,  que  requérait  le  salut  public;  mais  la 
nation ,  en  voyant  ses  représentans  inébranlables 
Il  leur  poste,  occupés  sans  relâche,  de  concert  avec 
le  pouvoir  exécutif,  à  veiller  au  salut  public,  au- 
rait elle-même  redoublé  de  zèle  et  d'énei^e. 

Le  parti  le  plus  convenable  que  pût  prendre 
Napoléon  dans  cette  circonstance ,  était  de  se  ren*^ 
dre  sur-le-<:hamp  dans  le  sein  des  chambres  réu* 
nies  in  pleno.  Là  il  aurait  pu  leur  dire ,  que  pour 
répondre  à  leur  zèle  patriotique,  il  avait  cru  de- 
voir transporter  au  milieu  d'elles  la  délibération 
qui  avait  déjà  été  commencée  dans  son  conseil ,  et 


CUAPITU   lU.  l5l 

réunir  ainsi  les  trob  pouvoirs  constitutioDiieb  dans 
une  circonstance  aussi  imposante,  etc.  Mais  déjà 
Napoléon  était  assailli  de  conseils  opposés  entre 
eux.  Les  uns,  dictés  par  un  dévouement  aveugle 
à  sa  personne ,  ou  par  le  désir  du  rétablissement 
de  son  autorité  absolue ,  tendaient  à  le  porter  à 
des  mesures  extrêmes.  Il  y  répugnait,  parce  qull 
était  trop  éclairé  pour  ne  pas  voir  que  leur  résul- 
tat aurait  été  une  révolution  sanglante,  la  guerre 
civile,  une  chute  plus  terrible,  et  la  ruine  de  la 
France*  D'autres  individus,  agrandissant  à  ses 
yeux  le  danger  où  le  plaçait  Tattitude  de  la  cham- 
bre des  représentans ,  lui  conseillaient  de  résigner 
le  pouvoir.  L'opinion  publique,  disaient-ik,  était 
prononcée  contre  lui  et  le  regardait  comme  le 
seul  obstacle  à  la  paix;  les  notes  des  agens  de  la 
police  venaient  à  l'appui  de.  ces  assertions.  La 
même  main  qui  portait  dans  l'âme  de  Napoléon 
le  doute  sur  toutes  les  mesures  qu'on  proposait , 
et  la  crainte  envers  la  chambre  des  représentans , 
qu'on  lui  dépeignait  comme  acharnée  à  sa  perte  ; 
cette  même  main ,  dis-je ,  agissait  en  sens  opposé 
dans  cette  chambre.  Nous  ne  l'indiquerons  pas  ; 
la  suite  des  événemens  la,dévoilera  suffisamment. 
Chaque  moment  de  délai  était  ajouté  à  la  mé- 
fiance réciproque  et  à  l'iiigreur.  L'attitude  des 
représentans,  qui  n'avait  été  que  défensive ,  de- 
vint hostile  ;  et  la  situation  de  l'empereur  Napo- 
léon, qui  aurait  pu  être  aussi  imposan^te  qu'ho- 
norable, devint  désespérée.  Une  détermination 


iSli  LI?RE    LI. 

vigoureuse,  qui  n'avait  eu  pour  but  Cjpàù  de  so 
prémunir  contre  le  despotisme,  fut  regardée 
par  lui  comme  une  conjuration  contre  sa  per- 
sonne ,  et  cette  erreur,  soigneusement  alimentée , 
le  perdit.  Il  ne  manquait ,  pour  porter  le  mal  à 
l'extrême ,  qu'une  demi-mesure  ou  une  fausse 
démarche  ;  Tune  et  l'autre  eurent  lieu ,  et  dès  ce 
moment  il  n'y  eut  plus  de  remède.  Le  sen- 
timent qui  dicta  cette  démarche  fatale  est  tout 
entier  dans  les  expressions  suivantes  :  On  ne  jugea 
pins  qu'il  fût  convenable  que  l'empereur  se  trans^ 
portât  nu  milieu  des  députés  de  la  nation,  puisqu'ils 
s'^étaient  déclarés  en  insurrection. 

Cependant  la  chambre  de^  représentans  avait  re- 
pris sa  séance  à  trois  heures  et  un  quart.  Aucune 
communication  n'avait  encore  été  faite  par  les 
ministres ,  et  l'agitation  commença  à  se  répandre 
dans  l'assemblée.  A  quatre  heures  et  un  quart  un 
second  message  fut  adressé  aux  ministres  de  l'in- 
térieur, de  la  guerre ,  de  la  police  et  des  relations 
extérieures.  Le  bruit  qui  s'était  répandu,  que  la 
dissolution  des  chambres  était  décidée  dans  le 
conseil  de  l'empereur ,  prenait  de  la  consistance 
par  ce  retard  même.  Quelques  membres ,  initiés 
dans  le  secret  de  ces  menées ,  firent  alors  des  pro- 
positions tendantes  à  mettre  la  chambre  en  état 
de  résister  à  la  force.  Un  d'eux  proposa  de  changer 
le  commandant  en  second  de  la  garde  natiwialt^  ; 
cette  proposition  fut  écartée  d'une  manière  hono- 
rable pour  le  général  Durosnel.  l  ne  autre  propo- 


GUAPIT1LE    lU.  l55 

sition,  tendante  à  ordonner  aux  chefi  deléjiîons  de 
tenir  chacun  un  bataillonprét  à  protéger  les  repré- 
sentans  de  la  nation  et  la  yille  de  Paris ,  aurait  été 
adoptée ,  s'il  n'eût  été  rendu  compte  à  la  chambre 
que  déjà  un  bataillon  faisait  le  service  de  la  salle. 
Enfin,  vers  cinq  heures,  les  ministres  annoncèrent 
leur  prochaine  arrivée ,  et  peu'd'instans  après  ik 
vinrent  en  effet ,  accompagnés  du  prince  Lucien, 
commissaire  extraoïWnaire  de  l'empereur. 

L'insistance  de  la  chambre  des  représentans 
avait  vaincu  la  résistance  de  Napoléon,  à  permet- 
tre que  les  ministres  se  rendissent  â  une  somma- 
tion qui  annulait  à  ses  yeux  le  pouvoir  du  souve- 
rain. Mais'  pour  sauver  les  apparences  et  pa&ier 
^ne  condescendance  qu'il  prévoyait  devoir  être 
dangereuse ,  il  résolut  de  les  charger  d'un  message 
impérial,  qui  éludait  l'effet  de  la  sommation.  Mé- 
content de  la  tiédeur  avec  laquelle  les  ministres 
avaient  accueilli  le  projet  de  dictature ,  ii  mit  à 
leur  tête  son  frère  Lucien. 

Sur  la  demande  du  prince  Lucien ,  la  chambre 
se  forma  en  comité  secret.  Alors  on  lut  un  mes- 
sage de  l'empereur ,  qui  donnait  un  récit  détaillé 
de  la  bataille  d&  Waterloo,  dans  lequel  ni  les 
pertes  que  nous  avions  faites,  ni  leurs  consé» 
quences  n'étaient  dissimulées.  Napoléon  recom- 
mandait aux  chambriB  l'union' et  la  concorde,  et 
annonçait  la  nomination  des  ducs  de  Yioence  et 
d'Otrante  et  du  comte  Carnot,  en  qualité  de 
commissaires  pour  traiter  avec  les  èoalisés.  Le  si- 


i54  uvis  u« 

lence  de  l'étiKmemeot  guooéda  à  la  kcture  de  ce 
message,  dont  la  conclusion  déyeloppait  une  série 
de  conséquences  dont  on  ne  pouvait  pas  mesurer 
l'étendue.  Bientôt  les  interprétations ,  demandées 
par  Tanxiété  et  l'impatience,  et  fournies  par  la 
crainte  d'un  côté  et  par  l'astuce  de  l'autre,  vin- 
rent achever  l'ouvrage.  Puisque  Napoléon  ne 
proposait  aucune  mesure  de  défense ,  et  que  l'u- 
nique moyen  de  salut,  qu'il  présentait  aux  cham: 
bres ,  était  la  n^ociation  de  la  paix ,  il  désespérait 
donc  de  pouvoir  réumr  des  moyens  de  résistance; 
les  désastres  étaient  donc  encore  plus  grands 
qu'on  ne  les  avait  d'abord  imaginés.  Sous  ce 
point  de  vue  la  mesure  que  proposait  Napoléon 
était  insuffisante  et  par  cela  même  illusoire.  Était- 
il  croyable  que  la  coalition  ,  qui  avait  refusé  de 
traita  avec  lui ,  quand  toutes  les  ressources  de 
la  France  étaient  encore  intactes ,  prêterait  l'o- 
reille à  des  propositions  de  paix,  faites  en  son 
nom ,  et  qui  alors  ne  pouvaient  être  que' l'aveu  de 
l'impuissance  où  il  était  de  se  défendre?  Si  l'uni- 
que ressource  qui  restât  à  la  France ,  était  celle  de 
demander  la  paix ,  U  n'y  avait  de  chance  de  réus- 
site que  celle  de  la  bonne  foi  deS  coalisés  ,  et  de 
leur  loyauté  à  remplir  les  engagemens  qu'é- 
nonçaient leurs  déclarations  authentiques.  Mais 
alors  il  fallait  en  écarter  le'iym  de  Napoléon ,  car 
lui  seul  était  exclus  de  la  promesse  faite  de  res- 
pecter l'indépendance  du  peuple  français. 

C'est  ainsi  que  l'empereur  Napoléon,  peur  uno 


GHAPITBB   III,  l55 

démarche  Imprudente ,  amena  lut-mème  la  né- 
cessité de  son  abdication,  en  paraissant  déses- 
pérer le  premier  de  tout  moyen  de  salut.  Il  avait 
annoncé ,  le  matin ,  qu'il  allait  concerter  avec  les 
chambres  les  moyens  de  rétablir  le  matériel  de 
Tarmée,  et  les  mesures  lé^slatives  nécessaires. 
Quel  était  donc  le  motif  qui  pouvait  l'engager 
plus  tard  à  tenir  un  langage  différent?  Les  cir- 
constances ne  pouvaient  pas  avoir  changé  à  un  tel 
point  en  peu  d'heures,  et  les  moyens  ^e  défense, 
qui  paraissaient  suffisans  à  midi,  ne  pouvaient 
pas  être  devenus  insuffisans  à  cinq  heures  du 
isoir.  On  ne  peut  donc  pas  blâmer  la  chambre  des 
représentans ,  de  s'être  affermie  dans  l'opinion, 
qui  hii  avait  été  inspirée,  que  Napoléon  visait  à 
une  dictature  réelle ,  soit  en  Fobtenant  par  l'as- 
sentiment du  corps  lé^latif ,  soit  en  s'en  em- 
parant de  vive  force ,  et  que  son  projet  était  de 
tenter  une  défense  désespérée,  d'une  nature  telle 
qu'il  n'osait  pas  en  faire  l'aveu.  Sans  doute  que 
cette  opinion- était  exagérée,  mais  elle  était  ré- 
pandue dans  Paris,  par  des  menées  auxquelles 
la  police  n'était  pas  étrangère.  Une  conduite 
franche  et  ouverte,  telle  enfin  que  le  caractère 
de  Napoléon  aurait  pu  Fannoncer,  aurait  tout 
ramené.  La  réticence  subite ,  qui  venait  détruire 
les  espérances  qu'il  avait  voulu  ranimer,  jeta 
sur  ses  projets  un  jour  défavorable.  Ou  le  mes- 
sage du  matin  avait  exagéré  les  espérances,  ou 
celui  du  soir  était  l'effet  d'une  bouderie  indigne 


l56  JLITRB    il. 

d'un  grand  homme.  L'un  ou  l'autre  deTaît  lui 
enlever  la  confiance ,  et  c'est  ce  qui  arriva. 

Après  quelques  momens  d'un  silence  pénible , 
un  représentant ,  connu  par  ses  liaisons  avec  le 
ministre  de  la  police ,  s'élança  à  la  tribune.  Après 
avoir  fait  quelques  réflexions  sentimentales  sur 
les  malheurs  de  la  patrie ,  et  démontré  Tinsuffi-^ 
sance  de  la  mesure  proposée  par  le  message  ; 
mesure  que  les  dispositions  du  traité  du  25  mars 
rendaient  illusoire  ,  il  apostropha  le  ministre 
des  relations  extérieures  en  ces  termes  ;  <  Yous 
«  parlez  de  paix  :  quel  nouveau  moyen  avez-vous 
«  de  communiquer  a\  ec  les  coalisés  ?  Quelles  ba* 
«  ses  nouvelles  donnerez-vous  à  vos  négociations? 
«  L'Europe  a  déclaré  la  guerre  à  Napoléoft  ;  sé* 
«  parerez-vous  désormais  le  chef  d'avec  la  nation? 
^  pour  moi ,  je  le  déclare ,  je  n'entends  plus  au- 
t'jourd'hui  que  la  Toix  de  la  patrie  ;  je  ne  vois 
«  plus  qu'un  homme  entre  nous  et  la  paix.  Ao 
«nom  du  salut  public,  dévoilez-*noàs  vos  nou- 
«velles  ressources,  ou  montrez-neus.la  profon* 
«  deur  del'abime;  peut-être  trouverons^nouâ  dans 
«  notre  courage  des  moyens  de  sauver  la  patrie:  » 
L'approbation  qui  accompagna  le  discours  du 
député ,  ne  permit  plus  au  prince  Lucien  de  dou* 
tel*  que  cette  nouvelle  erreur  n'eût  décidé  le  sort 
de  INapoléon.  Alors  il  chercha  à  la  réparer,  et, 
dans  un  disc6urs  oà  il  employa  toutes  les  res- 
sources de  l'éloquence ,  il  essaya  d'atténuer  l'im- 
pression sinistre  qu'avait  faite  la  conclusion  de 


CUAPITRK   m.  ID-J 

son  message ,  en  développant  les  ressources  qui 
restaient  encore  à  la  France.  Mais  il  était  trop 
tard  ;  et  lorsqu'après  avoir  invoqué  la  générosité 
nationale  ^  Thonneur  et  la  foi  des  sermens ,  il  lui 
échappa  de  dire  que  les  Français  devaient  se 
garder  du  reproche  de  légèreté ,  qu'on  leur  avait 
si  souvent  adressé  ;  M.  de  Lafayette  l'interrom- 
pit ,  en  lui  disant ,  sans  doute  plutôt  au  nom  des 
armées  françaises , .  que  sous  celui  de  la  cham- 
bre :  «  N'avons -nous  pas  suivi  votre  frère  jusque 
«  dans  les  sables  de  l'Afrique  et  dans  les  déserts 
«  de  la  Russie  ?  Les  ossemens  de  nos  malheureux 
«  compatriotes ,  qui  blanchissent  les  plaines  de 
«  presque  toute  l'Europe ,  sont  des  témoins  au- 
«  thentiques  de  notre  patience  et  de  notre  fidè- 
le lité.  Dites  à  votre  frère  que  la  nation  ne  veut 
«  plus  avoir  confiance  en  lui ,  et  que  nous  entre- 
«prendrons  nous-mêmes  le  salut  de  la  patrie.  » 
MM.  Dupin  et  Manuel  énoncèrent  les  mêmes  sen- 
timens.  Le  prince  Lucien  essaya  plusieurs  fois, 
mais  en  vain ,  de  ramener  la  chambre.  Les  mi- 
nistres furent  interrogés;  enfin  M.  Girod,  de 
l'Ain,  fit  une  proposition  qui  fixa  les  détermina- 
tions ;  ce  fut  celle  de  la  nomination  d'une  com- 
mission, qui  se  concerterait  avec  le  conseil  des 
ministres  sur  les  dangers  de  la  patrie ,  et  les  me- 
sures  de  salut  public. 

La  séance  fut  rouverte  au  public  à  huit  heures 
du  soir ,  et ,  prenant  la  proposition  de  M.  Girod 
en  considération ,  la  chambre  arrêta  :  «  Qu'il  se- 


l58  LITBE    II. 

«  rait  nommé  une  commission  de  cinq  membres, 
«  qui  se  concerterait  avec  la  commission  de  la 
«chambre  des  pairs,  s'il  en  était  nommé  une, 
«  et  avec  le  conseil  des  ministres  de  S.  M. ,  pour, 
«  sans  délai ,  recueillir  tous  les  renseignemens  sur 
«  Tétat  de  la  France ,  et  proposer  tout  moyen  de 
«  salut  public.  »  La  chambre  nomma  son  prési- 
dent M*  Lanjuinais,  et  ses   quatre  vice-prési- 
dens ,  MM.  le  général  Grenier,  Lafayette ,  Flau- 
gergues  et  Dupont»  Cependant  les  menées  qui 
tendaient  à  la  séparation  définitive  du  gouver- 
nement et  des  chambres  continuaient  toujours. 
La  rumeur,  qui  annonçait  un  coup  d'état,  allait 
en  croissant ,  et ,  pour  lui  donner  un  nouvel  ali^ 
ment,  ses  auteurs  y  ajoutèrent  la  nouvelle  que 
le  ministre  de  la  guerre  faisait  marcher  de» 
troupes  sur  le  corps  l^^islatif.  Le  maréchal  Da- 
voust  crut  devoir  démentir  cette  nouvelle,  en 
faisant  connaître  quelles  étalait  celles  qui  ve- 
naient d'arriver  â  Paris  2  c'étaient  les  dépôts  de 
la  Somme,  que  la  marche  de  l'ennemi  obligeait 
de  faire  replier,  et  qui  passaient  dans  les  ca- 
sernes à  la  rive  droite  de  la  Seine.  La  chambre 
s'ajourna  au  lendemain  à  neuf  heures  et  demie 
du  matin. 

Celle  des  pairs ,  qui  s'était  ajournée  après  avoir 
adopté  la  première  déclaration  des  représentais , 
avait  rouvert  sa  séance  à  sept  heures  et  demie 
du  soir,  lorsque  le  prince  Lucien  et  les  ministres 
vinrent  y  porter  un  message  pareil  â  celui  qui 


€HAPITBS  m.  iSg 

avait  été  adressé  aux  représentans.  A  huit  heures 
et  demie  les  pairs  se  formèrent  en  comité  secret, 
et  après  une  discussion  qui  dura  une  heure  et 
demie,  la  chambre  se  fixa  â  une  détermination 
pareille  â  celle  que  nous  venons  de  rapporter. 
A  dix  heures ,  la  séance  fut  rouverte  au  public , 
et  une  commission  composée  de  MM.  Boissy- 
d'Anglas,  Drouot,  "îhibaudeau,  Dejean  et  An- 
dréossy,  fut  nommée. 

Le  prince  Lucien ,  de  retour  de  sa  mission ,  ne 
cacha  pas  à  l'empereur  Napoléon  que  la  chambre 
des  représentans  s'était  fortement  prononcée ,  et 
paraissait  prête  à  se  porter  aux  dernières  extré- 
mités contre  lui.  11  lui  annonça  qu'il  ne  lui  restait 
que  deux  partis  à  prendre  :  abdiquer  ou  dissoudre . 
la  chambre.  Ce  dernier  lui  paraissait  le  meilleur, 
et  il  insista  fortement  pour  que  Napoléon  le  prit 
sans  délai.  Les  ducs  de  Yicence  et  de  Bassano  s'y 
opposèrent  avec  une  égale  force.  Ils  prétendirent 
que  la  chambra  avait  acquis  une  trop  grande 
force  dans  l'opinion ,  pour  qu'il  fût  possible  de 
tenter  un  coup  d'aut<Mrité.  Leur  opinion  fut  qu'il 
fallait  se  soumettre  à  la  circonstance  impérieuse 
où  l'on  se  trouvait,  et  qu'il  fallait  le  faire  sans 
délai ,  parce  que  les  hésitations  pourraient  ame- 
ner la  chambre  â  prononcer  la  déchéance,  et 
qu'alors  il  ne  resterait  plus  de  chances  pour  Na- 
poléon IL  II  était  aisé  de  voir,  dans  ce  moment, 
que  l'empereur  était  fortement  ébranlé.  Nous  ne 
répéterons  pas  ce  que  nous  avons  défà  dit  sur  sa 


}6o  LITRE    II. 

première  abdication ,  en  18149  et  sûr  les  moUfs 
qui  l'ont  amenée.  Il  fut  donc  décidé  que  le  gou- 
vernement nommerait  une  commission ,  pour  se 
concerter  avec  celle  des  chambres. 

Dans  la  nuit ,  les  trois  commissions  se  réuni- 
rent aux  Tuileries.  Celle  du  gouTernement  était 
composée  des  ministres  et  des  conseillers  d'état 
Boulay ,  de  la  Meurthe ,  Merlin ,  Defermon  et 
Regnault  de  Saint-Jean-d'Angely.  La  commission 
réunie  fut  présidée  par  rarcbi-chancelier  Cam- 
bacérès.  *La  séance  se  prolongea  d'abord  dans 
Fexamen  de  différentes  propositions  relatives  à 
la  défense  de  la  patrie.  Toute  la  délibération 
se  dirigea  sur  la  solution  d'un  des  deux  mem- 
bres du  dilemme  absolu  qui  se  présentait  :  ou 
trouver  des  moyens  de  défense  et  des  ressources, 
ou  faire  la  paix.  Cette  seconde  partie  rencontrait 
cependant,  dans  la  situation  actuelle  des  choses,' 
un  obstacle  invincible  dans  la  déclaration  for- 
melle qu'énonçaient  les  articles  .1  et  3  du  traité 
du  aS  mars.  Il  était  donc  impossible  de  concilier 
les  deux  membres  du  dilemme,  cl  il  parait  que 
la  majorité  de  la  commission  réunie  ne  crut  pas, 
ou  ne  voulut  pas  croire  à  la  possibilité  de  dé- 
ployer assez  de  moyens,  pbur  ne  pas  se  voir  dans 
la  nécessité  de  mendier  la  paix  plus  tard.  M.  de 
I^afayelte ,  pressé  d'arriver  à  son  but ,  fit  alors 
observer  qu'il  restait  un  moyen  de  lever  l'obs- 
tacle qui  avait  jusqu  alors  empêché  de  prendre 
unje  détermination  fivo,  et  i\o  sauver  la  pairie. 


CHAPITRE   III.  .161 

Ce  moyen  était  Tabdicatioti  volontaire  de  Napo- 
léon. Cette  mesure  deyait  faciliter  la  paix ,  «  et  si 
«les  ministres  de  l'empereur  ne  la  lui  conseil- 
la laient  pas ,  sa  grande  âme  la  lui  révélerait.  » 
U  fit  encore  la  proposition  de  se  rendre  en  corps 
près  de  Napoléon ,  pour  lui  faire  à  ce  sujet  les 
représentations  les  plus  pressantes.  Cette  propo- 
sition ne  fut  pas  adoptée,  et  les  débats  conti- 
nuèrent encore  quelque  temps.  Enfin  la  com- 
mission réunie  s'arrêta,  à  la  majorité  de  seize 
voix  contre  cinq ,  à  reconnaître  l'ui^ence  des  dé- 
terminations suivantes. 

i""  Que  le  salut  de  la  patrie  exigeait  que  l'ein- 
pereur  consentit  à  ce  que  les  deux  chambres 
nommassent  une  comnnssion  qui  serait  chargée 
de  négocier  avec  les  coalisés ,  sur  la  base,  de  Tin- 
dépendance  nationale  ^  el  du  droit  de  choisir  un 
gouvernement.  Mais  qu'il  fallait  appuyer  ces  nér 
gociations  por  le  déveioppement  de  toutes  les 
forces  nationales;  2°  que  les  ministres  d'état^ 
membres  des  chambres,  proposeraieat  ies  me- 
sures propres  à  fournir  des  hommes,  des  che^ 
^aux  et  de  l'argent,  et  les  mesures  propres  à 
•contenir  l'ennemi. 

A  trois  heures  du  matin  la  conHuission  réunie 
leva  la  séance. 

C'était  encore  une  demi-mestire  qu'on  venait 

d'adopter.  Ou  l'on  admettait  que  les  coalisés  se- 

rsuent  fidèles  aux  principes  qu'ils  avaient  solen* 

Hellement  proclamés,  et  qu'un  chmigement  à^, 

IV,  1 1 


l6â  UVBB    II. 

dynastie  arrêterait  leurs  hostilités  ;  ou  biep  on  ne 
se  laissait  pas  éblouir  par  des  mots ,  et  Ton  était 
persuadé  que  le  véritaMe  but  des  coalisés  n'était 
que  de  paralyser  la  défense  de  la  France,  en  iso- 
lant le  chef  du  gouvernement.  Dans  le  premier 
cas ,  il  fallait  que  le  changement  de  dynastie  eût 
lieu  sur-le^hamp ,  et  que  la  déclaration  formelle 
du  nouveau  choix  précédât  Toffre  de  la  paix. 
Cette  détermination  franche,  accompagnée  d'un 
appel  solennel  à  la  nation  de  se  lever  en  masse, 
aurait  forcé  les  coalisés  à  jeter  le  masque ,  et  em* 
péché  les  déceptions  qui  se  sont  succédées  jus* 
qu'au  3  jufllet;  il  ne  leur  était  même  pas  néces- 
saire de  se  déclarer  diplomatiquement;  un  pas  en 
avant  dévoilait  leurs  projets.  Dans  le  second  cas^ 
les  négociations  étaient  inutiles  et  même  nuisi- 
bles ,  parce  qu'elles  ne  pouvaient  servir  qu'à  dé- 
voiler un  sentiment  de  faiblesse ,  et  accroître  Tin- 
aolence  d'un  «inemi  encore  étourdi  d'un  bonheur 
inattendu.  La  mesure  qu'on  avait  prise  était  donc 
insuffisante ,  et  en  exigeait  une  autre  qu'dle  avait 
rendue  inévitable. 

Le  ââ ,  à  neuf  heures  du  matin ,  la  chambre  des 
représentans  rouvrit  sa  séance,  présidée  par 
M.  Bédoch ,  l'un  des  secrétaires.  Une  foule  im- 
mense se  pressait  dans  les  corridors  et  aux  tri- 
bunes ;  il  semblait  qu'un  senthnent  fit  pressentir 
que  les  délibérations  de  cette  journée  devaient 
décider  du  sort  de  l'empire  français  :  elles  en  dé- 
cidèrent en  effet.  La  plus  vive  agitation  se  mani- 


CHàPITRS   III.  l63 

festa  parmi  les  représentans;  de  toutes  parts  on 
demandait  le  rapport  de  la  commission  eiLtraordi- 
naire.  Enfin  elle  revint;  le  président  reprit  le 
fanteuil ,  et  le  général  Grenier ,  rapporteur  de  la 

m 

commission ,  montant  à  la  tribune ,  rendit  compte 
de  la  délibération  que  nous  avons  rapportée  plus 
haut.  Sur  le  second  poinft,  il  ajouta  qu'il  était 
urgent ,  et  que  les  ministres  étaient  prêts.  Quant 
au  premier ,  il  déclara  qu'il  lui  paraissait  insuf- 
fisant. «  II  ne  remplirait  pas ,  dit*il ,  le  but  que 
«  se  propose  la  chambre ,  parce  qu'il  pourrait  ar^ 
«  river  que  votre  députation  ne  fât  pas  admise. 
«  Mais  il  se  présente  un  moyen  d'en  fecUiter  le 
«  succès;  j'ai  des  raisons  de  croire  que  vous  re^ 
tcevrez  bientôt  un  message,  par  lequel  l'em- 
«  pereur  doit  déclarer  que ,  vu  les  circonstances 
«  fâcheuses  où  se  trouve  la  France ,  et  lès  dispo- 
t  sitions  des  puissances  alliées ,  il  sera  prêt  à  faire 
«le  sacrifice  qui  lui  serait  demandé,  si  lui  seul 
«  était  un  obstacle  invincible  à  ce  que  la  nation  fût 
«  admise  à  traiter  de  sofn  mdépendance.  »  L'agita- 
tion de  l'assemblée  ne  fit  que  croître  après  ce  rap- 
port ,  malgré  ce  que  put  faire  le  président  pour 
la  calmer,  et  l'assurance  qu'il  donna  qu^ avant  trois 
heures  la  chambre  recevrait  le  message  qu'elle 
désirait.  Plusieurs  membres  insistèrent  vivement 
sur  ce  que  les  coalisés  ne  traiteraient  pas  avec 
Napoléon ,  et  que  leur  marche  sur  Paris  pourrait 
avoir  pour  résultat  d'imposer  à  la  France  un  gou- 
vernement qu'elle  ne  voulait  pas.  Ils  demandé* 


l64  LIXÏJS.    H. 

rent  que  Tempereur  fût  engagé ,  au  nom  de  la 
patrie ,  d'abdiquer.  Le  président  engagea  encore 
l'assemblée  à  attendre  le  message.  Le  général 
Solignac  monta  à  la  tribune ,  pour  représenter  à 
la  chambre  qu'elle  devait  conserver  l'honneur  de 
ne  pas  avoir  proposé  une  chose  qui  doit  être 
l'expression  libre  de  la  volonté  de  l'empereur; 
qu'on  devait  concilier  le  salut  de  la  patrie  avec 
le  désir  honorable  de  conserver  l'honneur  du  chef 
de  l'état  :  il  demanda  qu'on  attendit  encore  une 
heure. 

Dans  ce  moment,  le  ministre  de  la  guene 
rendit  compte  d'une  dépêche ,  portant  en  subs- 
tance ,  que  le  20 ,  le  duc  de  Dalmatie  avait  rallié 
deux  mille  hommes  de  la  garde  à  Philippeville; 
que  le  2 1 ,  vingt  mille  hommes  étaient  ralliés  à 
Avesnes  ;  que  des  officiers  de  la  garde  avaient  ren- 
contré un  convoi  de  fusils ,  et  avaient  armé  cinq 
mille  hommes;  que  le  maréchal  Grouchy  avait 
battu  9  le  1 8 ,  les  Prussiens  qui  lui  étaient  opposés; 
enfin,  qu'on  avait  encore  sur  les  frontières  du 
nord  soixante  mille  homme»,  auxquels  on  pou- 
vaient ajouter  dix  mille  autres,  de  la  cavalerie  et 
cent  canons.  Le  ministre  de  la  guerre  y  ajouta 
que  des  émissaires  cherchaient  à  faire  déserter 
les  gardes  nationales  dans  les  placiçs  fortes  (*).  Il 

(^)  Cca  manœuvres  se  répétèrent  sur  toutes  les  frontières.  Les  gardes 
nationaux  qui  se  laissèrent  séduire  eurent  souvent  Tavantage  dVtrc  trans' 
portes  dkns  des  voitures  brillantes,  et  ^clcjncfois  llioimeur  de  partager 
la  garde-robe  de  qoclq^uc  dame  iQégantc. 


GHAÎITBE    111.  l65 

dit  que  si  la  chainl>re  voulait  prendre  de  fortes 
mesures,  et  déclarer  traître  à  la  patrie  tout  garde 
national  ou  tout  militaire  qui  abandonnerait  ses 
drapeaux,  on  aurait  encare  une  année  suffisante 
pour  appuyer  les  négociations.  Cette  dernière 
résolution  fut  prise  par  la  chambre ,  qui  déclara 
que  la  guerre  était  nationale  et  que  tous  les  Fran- 
çais étaient  a{>pelés  au  service  de  la  patrie.  Peu 
après,  la  séance  fut  interrompue  pour  une  heure. 
Cependant  M.  Regnault  de  Saint-Jean-d'An- 
gely ,  '  après  le  rapport  du  général  Grenier ,  re- 
vint à  l'ÉLysée  rendre  compte  à  Napoléon  de  la- 
gitatton  où  était  la  chambre,  et  lui  annoncer 
qu'elle  paraissait  décidée  à  prononcer  sa  dé- 
chéance. Napoléon,  irrité  de  la  violence  qu'on 
voulait  lui  faire,  déclara  d'abord  qu'il  n'abdique- 
rait pas.  M.  R^;nault  insista,  en  le  conjurant  de 
eéder  â  la  force  des  choses;  il  lui  représenta 
que  l'ennemi  avançait ,  que  le  moment  était  ar- 
rivé de  renouveler  le  sacrifice  de  1 8 1 4  ^  et  qu'il 
ne  fallait  pas  que  la  France  pût  accuser  Napo- 
léon d'avoir  été  un  obstacle  à  la  paix.  Ces  con- 
sidérations calmèrent  l'empereur.  Il  répondit 
qu'on  lui  laissât  le  temps  de  la  réflexion  ;  qu'il 
avait  été  soldat  et  le  redeviendrait.  Peu  après, 
de  nouveaux  messages  vinrent  peindre  à  l'Elysée 
l'agitation  toujours  croissante  de  la  chambre  des 
leprésentans ,  et  la  détermination  où  elle  était 
de  prononcer  la  déchéance,  si  elle  ne  recevait 
pas  l'abdication  dans  l'après-midi.  D'autres  mes- 


l66  UVBB  u. 

sages,  partis  de  F*...é  et  de  ses  agens,  aUaient 
augmenter  Tinritation  de  la  chambre,  en  lui 
anncmçaht  que  Napoléon  était  déterminé  à 
frapper  un  coup  violent.  Au  milieu  de  ces  mes- 
sages réciproques,  de  nouvelles  instances,  plus 
pressantes  encore  que  les  premières,  furent 
faites  à  l'empereur;  tout  pliait  devant  l'orage. 
Enfin  Napoléon,  cédant  au  sentiment  intfane 
qui  l'avait  toujours  porté  vers  l'abdication,  et 
auquel  il  n'avait  résisté  que  par  une  aversion 
assez  naturelle  pour  une  démarche  arrachée  par 
la  violence ,  se  décida  à  souscrire  au  désir  de  la 
chambre  des  représentans.  Il  dicta  et  signa  son 
abdication. 

A  midi  la  séance  fut  reprise.  A  une  heure,  les 
ministres  de  l'intérieur,  delà  guerre,  des  rela- 
tions extérieures  et  de  la  police  furent  intro- 
duits. Ils  étaient  porteurs  d'un  message,  dont  le 
président  fit  lecture  à  la  chambre.  C'était  l'abdi- 
cation de  l'empereur  Napoléon  (*).  Elle  fut  reçue 
et  écoutée  dans  un  silence  religieux. 

Le  duc  d'Otrante  fut  le  premier  qui  rompit 
ce  silence,  en  rappelant  à  la  chambre  que  dans 
les  négociations  qui  pourraient  suivre,  on  ne 
devait  pas  oublier  de  stipuler  tes  intérêts  de  cdiiii 
qui  pendant  si  long-temps  présida*  aux  destinées 
de  la  France.  Cette  générosité  hypocrite  était 
insultante  dans  la  bouche  de  celui  qui  devait 

n  F<yycz  Fiècet  j^tificativcs,  N*»  XXV. 


GU^ITEB   m.  167 

voir  que  Napoléon,  instruit  de  sa  correspondance 
avec  FAutriche ,  ne  voyait  en  lui  qu'un  traître. 
Elle  indigna  tous  ceux  qui  connaissaient  dans 
Fouché  Fauteur  des  intrigues  qui  avaient  forcé  \ 

la  chambre  à  se  m^tre  en  défense,  et  par-là 
amené  l'abdication.  Un  membre  qiii  lui  succéda 
â  la  tribune,  proposa,  outre  l'acceptation  de 
Tabdication,  que  la  chambre  se  déclarât  assem- 
blée nationale;  qu'on  envoyât  des  plénipoten- 
tiaires aux  puissances  coalisées;  qu'on  nommât 
une  commission  executive  et  un  généralissime; 
enfin,  qu'on  s'occupât  de  la  constitution.  Un 
autre  membre  proposa  de  déclarer  la  vaôance  du 
trône.  Tous  deux  cependant  demandèrent  que 
la  personne  de  Napoléon  fût  inviolable  et  placée 
sous  la  sauvegarde  nationale.  M.  Regnauh ,  qui 
prit  la  parole  après  ces  deux  orateurs,  exposa 
à  la  chambre  le  danger  qu'il  y  avait  à  se  jeter 
dans  un  état  révolutionnaire ,  en  sortant  de  la 
forme  existante  du  gouvernement.  Il  pensait 
qu'on  devait  passer  à  l'ordre  du  jour ,  sur  les 
propositions  qui  venaient  d'être  faites,  et  qu'en 
sA^ceptant  l'abdication,  il  convenait  qu'on  y 
ajoutât  «  quelques  expressions  de  la  reconnais- 
«  sanoe  nationale ,  envers  un  homme  qui ,  hier 
«  encore,  était  à  la  tête  de  la  nation  ;  qu'elle  avait 
«  proclamé  grand;  que  la  postérité  pigera;  qui, 
«  investi  par  la  nation  du  pouvoir .  suprême ,  l'a 
«rendu  à  la  nation,  sans  réserve  et  sans  au- 
«  cunc  condition  poreonnelle.  ^  Il  conclut  par  une 


l68  LIVRE    H. 

proposition  que  la  chambre   adopta  dans  ces 
termes. 

«La  ctiambre  des  représentans ,  considérant, 
«  que  le  premier  intérêt  du  peuple  français ,  est 
«  le  maintien  des  lois  qui  assurent  TorganisatioB 
«  de  tous  les  pouvoirs , 

a  Passe  à  l'ordre  du  jour  sur  les  propositions 
«  qui  ont  été  faites ,  de  la  former  eu  assemblée 
«  nationale  ou  en  assemblée  constituante. 

«La  chambre  arrête,  que  le  président  et  son 
«bureau  se  retireront  vers  Napoléon,  pour  lui 
«  exprimer ,  au  nom  de  la  nation ,  la  reconnais- 
«  sance  et  le  respect  avec  lesquels  elle  accepte  le 
«  noble  sacrifice  qu'il  a  fait  à  l'indépendance  et 
«  au  bonheur  du  peuple  français. 

«  La  chambre  arrête ,  qu'il  sera  nommé  sans 
«  délai  une  commission  de  cinq  membres ,  dont 
«  trois  seront  choisis  par  la  chambre  des  repré- 
«  sentans  et  deux  par  la  chambre  des  pairs ,  pour 
«exercer  provisoirement  les  fonctions  du  gou- 
«vcmement,  et  que  les  ministres  continueront 
a  leurs  fonctions  ,  sous  l'autorité  de  cette  com- 
«  missipn.  »• 

La  nomination  des  membres  du  gouverne- 
ment provisoire  fut  suspendue,  par  l'annonce 
que  fit  M.  Lacoste,  qu'il  venait  de  recevoir  une 
lettre  par  laquelle  on  lui  dénonçait  une  conspi- 
ration contre  la  chambre.  D'autres  membres 
avalent  déjà  reçu  des  lettres  semblables,  dans 
lesquelles  il  était  dit  qu'on  préparait  un  nouveaju 


GUAPITRB   III.  169 

i5  veud^maire  ou  un  18  brumaire,  et  que  la 
dissolution  de  la  chambre  et  la  mertde  plusievors 
de  ses  membres  étaient  résolues,  au  palais.  Une 
réflexion  bien  simple  devait  faire  voir  Tabsurdité 
de  ces  dénonciations  anonymes.  Si  Napoléon  n'a- 
vait pas  voulu  ou  n'avait  pas  osé  appuyer  son 
pouvoir  constitutionnel  par  la  force,  pour  dis- 
soudre lesv  chambres  ayant  d'abdiquer ,  il  est 
aussi  odieux  quHnsensé  de  prétendre  qu'il  ait 
voulu  le  faire  par  une  conspiration  et  des  as- 
sassinats. Au  reste,  ces  lettres,  dont  on  a  évité 
d'approfondir  le  mystère,  peuvent  être  mises, 
avec  la  prétendue  conspiration  du  lendemain, 
sur .  le  compte  de  la  police ,  dont  le  chef  cher- 
chait ,  en  semant  de  fausses  alarmes ,  en  fomen- 
tant les  dissensions ,  en  augmentant  les  craintes 
réciproques,  à  obliger  tous  les  partis  à  se  jeter 
entoe  ses  bras.  Tout  concourt  à  le  démontrer; 
rien  dans  sa  conduite  ne  prouve  le  contraire.  Le 
ministre  de  la  guerre  démentit ,  pour  son  compte , 
cette  prétendue  conspik^ation,  et  annonça  que  les 
troupes  réuiiies  pour  la  défense  de  Paris ,  étaient 
spus  les  ordres  des  généraux  Grenier,  Sébastiani 
et  Yalence ,  sur  lesquels  la  chambre  ne  pouvait . 
avoir  aucun  doute.  La  chambre  s'ajourna,  pour 
communiquer  ses  résolutions  à  celle  des  pairs  et 
à  Napoléon. 

Pendant  cet  intervalle,  le  président  de  la 
chambre  des  représentans  s'était  rendu  à  l'Ely* 
sée,  pour  conmiuniquer  à  l'empereur  la  résolu- 


170  LITU   II. 

tion  qui  venait  <f  être  prise.  Napoléon  répondit  : 
Je  TOUS  remarcie  des  sentimens  que  toùs'  m'ex* 
primez.  Je  désire  que  mon  abdication  puisse 
faire  le  bonheur  de  la  France ,  mai$  je  ne  l' espère 
pas;  eDe  laisse  l'état  sans  chef,  sans  existence 
politique.  Le  temps  perdu  à  renverser  la  mo- 
narchie aurait  pu  être  employé  à  mettre  la 
France  en  état  d'écraser  l'ennemi.  Je  recom- 
mande à  la  France  de  renforcer  promptement 
les  armées  :  qui  vent  la  paix  doit  se  préparer  â 
la  guerre.  Ne  mettez  pas  cette  grande  nation  à  la 
merci  des  étrangers;  craignez  d'être  déçus  de  vos 
espéramces  :  c'est  là  qu'est  le  danger.  Dans  quel- 
que position  que  je  me  trouve,  |e  serai  toujours 
bien,  si  la  France  est  heureuse.  Je  recom* 
mande  mon  fils  Â  la  France.  J'espère  qu'elle 
n'oubliera  point  que  je  n'ai  abdiqué  que  pour 
lui.  Je  l'ai  fait  aussi ,  ce  grand  sacrifice,  pour  le 
bien  de  la  nation;  ce  n'est  qu'avec  ma  dynastie 
qu'elle  peut  espérer  d'être  libre,  heureuse  et 
indépendante  {*).  » 
A  quatre  heures  la  chambre  reprit  sa  séance, 
et  on  passa  au  scrutin ,  pour  la  nomination  des 
membres  du  gouvernement  provisoire*  Les  noms 
de  Camot  et  de  Fouché  sortirent  au  premier 
tour,  celui  de  Grenier,  au  second.  Jusque  vers 
trois  heures  la  majorité  de  la  chambre  était  dé^ 


(*)  Mémoires  pour  servir  h  riiistoîrc  de  la  vie  privée,  etc. ,  de  Napo- 
Icou  en  181 5,  par  M.  Flcury.  Londres ,  iSfto.  Tome  ii,  page  934- 


CHAPITRE  m.  171 

GÎdée  en  faveur  du  parti  à  la  tétse  duquel  ou  ayait 
mis  M.  de  Lafayette,  Si  elle  avait  peraaté  dans  sa 
preinière  ligne  de  conduite ,  il  n'y  a  pas  de  doute 
que  Tindépendance  nationale  aurait  été  sauvée, 
et  que  des  garairiies  certaines  nous  auraient  évité 
les  agitations  et  les  réactioiis  déplorables  qui  ont 
suivi.  Rien  n'était  plus  facile,  si  Ton  avait  voulu; 
ear  il  suffisait  de  défendre  Paris  jusqu'à  l'arrivée 
des  souvei«in3.  Ausffl  menaçans  qu'aient  été  Blû- 
cher  et  Wellington ,  ils  n'auraient  pas  dévoré  la 
capitale  et  deux  cent  mille  hommes  qui  pou- 
vaient la  défendre ,  avant  l'arrivée  de  l'armée 
russe  :  alors  tout  était  gagné.  Mais  après  quatre 
heures ,  les  intrigues  du  ministre  de  la  police  pré- 
valurent. Lafayette,  dont  on  n'avait  plus  besoin, 
fut  écarté ,  et  bientôt  après  éloigné ,  et  Fouché  se 
(daça  dani»  le  gouvernement,  dont  il  était  certain 
d'obtenir  la  présidence.  Dès-lors,  ainsi  que  nous  le 
vemms  plus  bas ,  tout  fut  combiné  de  manière  â 
ce  que  Paris  fût  rendu  avant  l'arrivée  des  autres 
armées  coalisées.  La  chambre  des  pairs  s'était 
assemblée  à  une  heure  et  demie,  et  avait  reçu 
peu  après  le  message  relatif  a  l'abdication  de  l'em- 
p^eur  Napoléon.  Le  ministre  de  l'intérieur  ayant 
ensuite  fait  part  des  détails  contenus  dans  la  dé- 
pêche du  maréchal  Soult  {voyez  ci-^dessus) ,  le 
maréchal  Ney  s'éleva  avec  force  contre  les  asser* 
tions  qu'elle  contenait,  et  qu'il  déclara  fausses. 
Sdon  lui,  le  maréchal  Grouchy  avajC,  tout  au 
plus ,  pu  rallier  huit  mille  hon^mes ,  et  le  mare- 


1^2  LIVBB   II. 

chai  Soult ,  rien  du  tout.  Une  discusdion  très-vive 
s'alluma  entre  le  maréchal  Ney,  le  ministre  de 
l'intérieur  et  le  général  Flahaut;  mais  le  premier 
persista  dans  son  opinion.  Il  est  pénible  de  penser 
que  l'irritation,  contre  des  inculpations  injustes, 
ait  pu  porter  le  maréchal  Ney  â  une  discussion 
aussi  dangereuse ,  et  ijui  manquait  de  fondement. 
L'effet  en  fut  bien  funeste,  en  ce  qu'il  coûtribua 
)>uissamment  à  paralyser  l'énergie  nationale  et  à 
abattre  tous  les  courages  Dans  le  cours  de  cette 
même  séance,  la  chambre  des  pairs  adopta  la 
résolution  des  représentans ,  au  sujet  de  l'abdi- 
cation, et  nomma  les  deux  autres  membres  du 
gouvernement  provisoire,  qui  furent  le  ministre 
des  relations  extérieures  et  M.  Quinette. 

Ainsi  finit  cette  journée  mémorable ,  dont  les 
suites  ont  été  d'une  si  haute  importance.  Nous 
ne  pouvons  pas  cependant  terminer  ce  chapitre 
sans  examiner,  en  peu  de  mots ,  quelques  propo- 
sitions qui  se  trouvent  dans  un  ouvrage  qui  a 
paru,  il  y  a  quelque  temps.  L'auteur  nous  dit 
d'abord  qu'il  ne  restait  à  l'empereur  que  trois 
partis  à  prendre  :  le  premier,  d'ajourner  les  cham- 
bres, en  employant  la  force  militaire,  ce  qu'il 
appelle  faire  rentrer  la  chambre  dans  le  cercle 
constitutionnel;  le  second,  de  caresser  la  faction 
qui  menait  les  chambres ,  et  de  la  laisser  s'empa- 
rer de  l'autorité ,  et  envoyer  aux  coalisés  des  plé-/ 
nipotentiàires  pour  traiter  de  la  paix  en  son  nom  ; 
le  troisième  était  d'abdiquer  en  faveur  de  sou  fils. 


CHAPITRE    m.  173 

Ces  propositions ,  et  les  réflexions  qui  les  accom* 
pagnent  nous  paraissent  mériter  quelques  obser- 
vations. Nous  répéterons  encore  que  rien  ne  nous 
parait  prouver,  avec  quelque  degré  d'évidence, 
que  Napoléon  voulût  prendre  le  premier  parti. 
Mais  quand  il  l'aurait  voulu,  rejflTet  que  produi- 
sît le  bruit  seul  d'une  mesure  pareille,  avait  dû 
lui  prouver  qu!il  faudrait  verser  des  torrens  de 
sang  pour  y  parvenir.  Et  les  conséquences  !  elles 
sont  tout  entières  dans  les  expressions  effrayantes 
qu'on  lit  dans  le  même  ouvrage  :  «  Encore  fallait- 
«  il  être  prêt  à  se  porter  aux  actes  les  plus  arbi* 
«  traires  et  les  plus  terribles.  Dictateur ,  il  fallait 
«  gouverner  par  la  hache  du  licteur,  et  par  Fim- 
«  pulsion  d'une  populace  furieuse  qu'il  fallait  dé- 
<c  chaîner.  »  Nous  n'ajouterons  aucune  réflexion  à 
des  principes  peu  propres  à  servir  celui  pour 
lequel  leur  auteur  a  écrit.  L'auteur  nous  dit  que 
le  second  parti  ne  valait  rien ,  parce  que ,  «  cons- 
«tans  dans  leur  politique  fallacieuse,  les  souve- 
«  rains  alliés  flatteraient  les  députés  des  chambres , 
«et,  sûrs  de  n'être  plus  arrêtés  dans  leurs  pro- 
«  )ets  de  conquête  et  dé  spoliation ,  aussitôt  qu'ils 
«  auraient  écarté  le  seul  homme  qui  pût  y  mettre 
«  obstacle ,  ils  promettraient  tout ,  à  condition  que 
«  Napoléon  fût  éloigné  du  timon  de  l'état.  »  L'é- 
vénement a  donné  à  cette  opinion  im  air  prophé- 
tique; mais  il  parait  que  le  2 1  juin ,  ce  n'était  pas 
celle  du  conseil  de  Napoléon ,  puisqu'il  fit  annon- 
cer aux  chambres  qu'il  allait  traiter  en  son  nom. 


174  ^^^  II- 

Enfin,  quoiqu'on  nous  dise  que  Napolém balança 
seulement  entre  le  premier  parti  et  le  trMnème, 
les  faits  nous  démontrent  le  contraire.  Soit  que  le 
premier  ait  été  écarté  d'abord  ou  }ugé  impratica* 
ble ,  U  n'en  est  pas  moins  constant  que  la  délibé- 
ration arrêtée  par  la  commission  réunie,  dans  la 
nuit  du  21  au  â9,et  là  laquelle  Use  serûtsoumn, 
n'était  autre  chose  que  le  second  parti.  La  consé- 
quence naturelle  était  d'en  rev^Mor  au  troisième, 
et  Napdéon  s'y  soumit  encore. 


CHAPITU   I.  175 


»»•»< 


LIVRE  III. 


lllarcfae  des  coalisés  sur  Paris ,  et  occupation  de  cette 
capitale.  -^  Opérations  des  autres  armées.' —  Sièges 
des  places. 


é  4 


CHAPITRE  PREMIER. 


MouTcmens  des  armëGs  coalisées  du  nord,  )as<pi''ati  a 5  jain,  —  L'armc'e 
française  se  rallie  &  Laon.  —-Elle  se  retire  à  Soissona.  — Marche  des 
Phisnent  sur  Compîègne.  -—  Retrûte  de  rannëe  française,  et  combat 
'de  Seolis,  k  37.  —^Combat  de  Villecs-Cottcrets  et  de  Lerigneu, 
le  a8.  -^  Réflexions  sur  les  érénemcns  militaires.  —-Les  conséquences 
de  la  rc^lntion  du  a 2  se  développent.  —  Opérations  da  goavemc- 
ment.  —  Résoltat  de  la  mission  des  plénipotentiaires  français.  — - 
EnToi  de  uoayewa  plénipotcnttains. 


Nous  aTOfis  vu  «fa'aprës  la  tentative  infruo 
tueuse  qu'avait  feiite  Napoléon ,  pour  rallier  une 
partie  de  fton  arm^  à  Genappe ,  il  avait  continué 
sa  route  au  ddà  de  la  Sanibre  vers  Philippeville. 
H  y  avait  laissé  le  maréchal  Soult ,  pour  réunir 
rétatHoiajor-général ,  et  avait  envoyé  des  officiers 


i^6  LITRE   m. 

sur  les  différentes  routes  de  retraite  que  pou- 
vaient prendre  les  troupes;  l'intelligence  natu- 
relle aux  soldats  français  les  avait  ramenés  sur  la 
Sambre ,  aux  points  où  chacun  d'eux  l'avait  pas- 
sée. La  garde  et  les  faibles  restes  du  6*  corps  se 
dirigèrent  vers  Charleroi,  et  leur  ralliement  com- 
mença à  Philippeville.  Les  restes  des  i"  et  a* 
corps  passèrent  à  Marchiennes  et  se  portèrent 
sur  Mailbeuge.  La  cavalerie  vint  à  Beaumont , 
où  se  rendirent  le  maréchal  Ney  et  le  général 
comte  d'Erlon.  Le  général  ReiUe  était  allé  à  Aves* 
nés.  A  l'approche  de  l'avant^garde  e|inemie ,  le 
maréchal  Soult  quitta  Philippeville  et  se  rendit 
par  Rocroy  à  Laon ,  où  les  restes  de  l'armée  se 
réunirent  au  nombre  de  quarante  nylle  hommes. 

L'armée  prussienne  avait  continué  son  mou- 
vement ,  dans  la  nuit  du  1 8  au  1 9  et  pendant  la 
journée  suivante.  Le  corps  de  Ziethen  se  touvait 
le  19  au  soir  à  Charleroi ,  Marchiennes  et  Gilly; 
celui  de  Bûlow,  qui  s'était  reposé  le  matin  à 
Mellet ,  arriva  le  soir  à  Fontaine-l'Évêque.  La  5' 
division  du  corps  de  Pirch  et  la  plus  grande  par- 
tie de  la  cavalerie  ,  s'avancèrent  des  Quatre-Bras 
à  Anderlues  ;  le  reste  du  corps  était ,  ainsi  que 
nous  l'avons  vu ,  à  Melioreux»  Le  corps  de  Thie- 
lemann  combattait  à  Wavre.  L'armée  anglo-ba- 
tave ,  qui  avait  passé  la  nuit  sur  le  champ  de 
bataille ,  vint  camper  le  soir  près  de  Nivelles. 

Le  20 ,  l'armée  prussienne  occupait  les  posi- 
tions suivantes  :  le  corps  de  Ziethen  à  Beaumont; 


CHAPITRE   1.  17'- 

celui  de  Bûlow  à  Collerets  vers  Maubetige;  celui 
de  Thielemann  à  Gembloux ,  ayant  sa  cavalerie 
à  Temploux;  celui  de  Pirch  entra  le  soir  à  Na* 
mur;  la  5*  division  s'avança  jusqu'à  Yillers,  d'où 
elle  devait  se  rendre  devant  Maubeuge ,  pour  en 
former  le  blocus.  L'armée  anglaise  campa  entre 
Mons  et  Binch, 

■ 

Le  â  1 ,  l'armée  prussienne  fit  peu  de  mouve- 
ment en  avant  ;  eUe  se  serra  plutôt  sur  la  tête  de 
sa  colonne ,  et  se  mit  en  ligne  avec  l'armée  anglo- 
batave.  Le  corps  de  Ziethen  marcba  sur  Avesnes , 
que  la  3*  division  investit  et  I^ombarda  avec  dix 
obusiers  et  huit  pièces  de  douze.  Le  corps  de 
Pirch  vint  à  Thuin  ;  la  5'  division  et  la  cavalerie 
investissaient  Maubeuge  :  le  corps  de  Thielemann 
à  Charleroi  et  Marchiennes  :  le  corps  de  Bûlove  à 
Marville ,  entre  Maubeuge  et  Landrecies  ;  la  ca- 
valerie investissait  cette  .dernière  place.  L'armée 
anglo-batave  vint  à  Bavay  et  son  avant-garde, 
investit  le  Quesnoy. 

Dans  la  nuit  dii  21  au  22  ^  le  bombardement 
d' Avesnes  recommença.  Un  obus  ayant  par  acci- 
dent' mis  le  feu  à  un  magasin  à  poudre ,  l'explo- 
sion fit  un  tel  dommage  dans  la  ville ,  que  le 
commandant  se  crut  obligé  de  capituler.  Deux 
cents  vétérans  environ  qui  s'y  trouvaient  furent 
faits  prisonniers  de  guerre.  Le  aâ  ,  l'armée  prus- 
sienne acheva  de  se  concentrer ,,  sans  faire  un 
grand  mouvement  en  avant.  Le  corps  de  Ziethen, 
après  avoir  pris  possession  d'Avesnes  ,  s'avança 
IV.  '  1  a 


178  LIVRB   m. 

jusqu  a  Ëtroueng ,  poussant  une  division  à  la 
Capclle  et  de  la  cavalerie  à  Eslréenau-Poot.  U 
y  eut  dans  cet  endroit  un  l^er  engagement  avec 
la  cavalerie  de  la  garde  impériale.  Le  corps  de 
Pirch  fut  destiné  aux  sièges  des  places  frontières; 
savoir ,  deux  divisions  et  la  cavalerie  pour  Mau- 
beuge ,  une  division  pour  Landrecies ,  et  une  divi- 
sion pour  Philippèville  et  Givet  :  le  corps  de 
Thielemann  à  Beaumont  ;  le  corps  de  Bùlow  à 
Fesmy ,  ayant  sa  cavalerie  à  Haiiappe.  L'armée 
anglo-batave  était  autour  de  Cateau-Cambresis. 

Le  â3 ,  les  armées  coalisées  du  nord  ne  firent      I 
aucun  mouvem^it ,  que  celui  de  faire  avancer 
le  corps  de  Thielemann ,  de  Beaumont  à  Avesnes. 
Ainsi  Farméc  prussienne  se  trouva  concentrée  à 
Avesnes  ,  Ëtroueng ,  et  Fesmy  ;  Tannée  angle-      | 
batave  entre  Cateau-Cambresis  et  CambraL  j 

Le  224  9  Tarmée  prussienne  se  porte  sur  FOise. 
•  L'avan^-garde  de  Ziethen  se  présenta  ce  )our*là 
devant  Guise;  le  château  fut  r^idu  au  premier 
coup  de  canon.  Le  soir  cette*  armée  occupa  les 
positions  suivantes  :  le  corps  de  Ziethen  à  Guise  ^ 
ayapt  une  division  a  Origny  et  de  la  cavalerie  sur 
la  Serre ,  vers  Crecy  ;  le  corps  de  Thielemann  a 
Nouvion,  ayant  des  partis  vers  Hirson  et  Yervins, 
pour  reconnaître  les  mouvemens  qu'avait 
1q  corps  de  Grouchy  ;  le  corps  de  Bnlow»  â 
sonville ,  ayant  une  avant-garde  â  Fontaine-Notre- 
Dame  et  des  partis  devant  Saint-Quentin.  L'ar- 
mée anglo-batavc  resta  en  position,  et  Wellington 


CHAPITRE    1.  179 

fit  des  fMPépâintifs  pour  emporter  Cambrai.  L'ar- 
mée française  qui  avait  ccmibattu. à  Waterloo, 
s'était  ridliée  à  Laon.  La  garde  impériale ,  sous 
les  ordres  du  général  Morand  ^  était  en  avant  sur 
la  route  de  Maubeuge  :  la  cavalerie  du  général 
CoH>ert  était  à  Maile,  où  elle- eut  un  engagement 
^vec  la  cavalerie  de  Ziethen.  Le  maréchal  Grou- 
chy ,  qui  avMl  marché  lé  â  1  de  Dinant  à  PHi- 
lippeyiHe ,  était  arrivé  le  2^  à  Réthd  ;  il  était 
couvert  sur^sa  gauche  par  un  corps  de  cavalerie 
A  Montcomet.  Il  coiftmençait  ainsi  à  entrer  en 
commuBÎcation  avec  les  troupes  qui  étaient  â 
I:Aon.  lusqu'ici  le  projet  des  deux  généraux  en- 
nemis avait  été  de  forcer  les  troupes  françaises  â 
Laon  et  de  s'établir  sur  l'Aisne ,  tant  pour  tâcher 
de  couper  le  corps  de  Grouchy ,  que  pour  atten- 
dre que  les  armées  russe  et  autrichienne  eussent 
passé  la  Meuse»  Mats  l'avis  qu'ils  reçurent  de 
Tabdicafimi*  de  l'empereur  Napoléon  et  de  la 
révolution  qui  s^tait  faite  à  Paris  ,  l'invitation 
quVm  leur  fit  de  se  hâter  d'arriver  devant  la  ca* 
pitrie  ,  afin  de  profiter  des  conséquences  du 
changement  dé  gouvernement,  dont  la  moindre 
était  de  retarder  l'exécution  des  mesures  défen- 
sives {*) ,  leur  firent  changer  de  dessein.  Dans  un 
conseil  qu'ils  tinrent  au  Castelet,  Blûcher  et 
Weilifigton  conviareat  : 

(*)  No»  vicrroiM  plof  bas  qiM  les  ordres  4}iii  aaraicBt  àtt  éue  iioiiiH;« 
le  «a  )iim,  ne  le  fusent  que  le  ftS,  rartout  celui  qoi  enfoignaUk  Û'armie 
du  nord  de  ^e  rendre  éeyant  Paris. 


i8o  Livfts  m. 

1*  Que  leurs  armées  réunies  marcheraient  sur 
Paris. 

2""  Que  ce  mouvement  se  ferait  par  la  rive  droite 
de  l'Oise,  afin  de  tourner  Tarmée  française,  qui 
était  â  Laon  et  Boissons. 

3^  Que  dans  le  cas  où  les  ponts  seraient  rom- 
pus ,  on  en  construirait  sur  l'Oise ,  et  que  lord 
WeUington  fournirait  pour  cela  son  équipage  de 
ponts,  puisque  l'armée  prussienne  n'avait  que 
dix  pontons  arcivés* 

4''  Qu'on  ferait  approche^  les  équipages  de 
siège  ;  que  l'armée  anglo-batave  se  chaigerait  du 
siège  des  places  à  l'ouest  de  la  Sambre ,  et  l'armée 
prussienne,  de  celui  des  places  de  la  Sambre  et 
delaMeuse  (*). 

En  conséquence  de  ces  dispositions  arrêtées , 
le  duc  de  Wellington  chaigea  le  prince  Frédéric 
d'Orange ,  avec  le  corps  qui  avait  été  détaché  à 
Hall  (  page  5  ) ,  des  sièges  de  Yalenciennes ,  le 
Quesnoy ,  et  Condé.  Les  places  depuis  Landre- 
cies  et  Maubeuge,  jusqu'à  Longwy,  furent  assié- 
gées par  le  corps  prussien  de  Pirch ,  le  2*  corps 
d'Allemagne  et  la  garnison  de  Luxembourg.  Ces 
difiérens  corps  furent  mis  sous  les  ordres  du 

(*)  Le  marëchal  Blûcfaer  arait  aussi  propos<$  à  Wellington  de  pousser 
rapidement  la  cavalerie  belge  sur  Poiitoise  \  d^oh ,  en  prenant  la  cocarde , 
et  an  moyen  de  la  même  langue,  elle  ae  présenterait  comme  cavalerie 
française  sur  les  derrières  de  notre  armée.  La  caralerie  prussienne  "derait 
pendant  ce  temps  se  présenter  en  masse  de  front.  Mais  Bliicher  avait 
jugé  arec  trop  d'abondance  de  cœnr^  cette  trahison  ne  pouvait  pas  con- 
venir aux  Belges  :  le  projet  tomba.  •  * 


CHÂPITBE   I.  .181 

prince  Guillaume  de  Prusse.  Le  même  jour  24 , 
le  général  Morand ,  qui  commandait  Farrière- 
garde  <le  l'armée  française ,  fit  notifier  par  ordre 
du  duc  de  Dalmatie ,  aux  ayant-postes  prussiens , 
l'abdication  de  Napoléon,  et  deiûanda une  sus- 
pension d'armes.  Mais  Blûcher  et  Wellington,  qui 
avaient  déjà  reçu  cette  nouTelle  et  qui  savaient  à 
quoi  s'en  tenir  sur  ses  résultats  ,  répondirent 
qu'il  ne  pouvait  pas  être  question  d'armistice ,  si 
on  ne  livrait  Napoléon  et  si  on  ne  remettait  les 
places  frontières.  Blûcher  faisait  la  guerre  sans 
s'inquiéter  des  résultats  politiques  qu'elle  pou- 
vait savoir.  Wellington,  de  son  côté ,  avait  des  vues 
et  des  instructions  qui  ne  se  comportaient  pas 
avec  l'indépendance  de  la  France  ;  il  avait  même 
fak  ce  jour-lâ  une  démarche  qui'prouvait  dès-lors 
quel  était  son  dessein.  Ia  notification  du  général 
Morand ,  ne  pouvait  donc  servir  qu'à  hâter  leu^ 
marche. 

Le  25,  les  plénipotentiaires  envoyés  par  le 
gouvernement  provisoire  de  France ,  arrivèrent  à 
Laon.  De  là,  ils  s'adressèrent  à  Blûcher,  qui  était 
le  plu»  près ,  pour  annoncer  leur  arrivée  et  né- 
gocier un  armistice.  Celui-ci  leur  envoya  deux 
officiers  de  son  état-major,  avec  lesquels  ils  eu- 
rent  une  conférence  le  26.  Le  chef  des  Prussiens 
se  montra  disposé  à  conclure  une  suspension 
d^armes,  sous  la  condition  qu'on  lui  remettrait 
les  pkces  de  Maubeuge,  Mézières,  Metz,  Thion- 
ville  et  Sarrelouis.  Cette  demande  n'eut  pas  de 


l8t  LIVRE    lil.  ^ 

suite ,  et  les  plénipotentiiérefr  eofttkluèrent  leur 
voyage,  vers  le  qiiartîet-général  des  souverains. 
Nous  reviendrons  plus  tard  sur  cet  ot^et.  Ce 
luême  )our,  Saist^uentin  ayant  ouvert  ses  por- 
tes, Tarmée  prussienne  commença  soii  mouye- 
ment  à  la  rive  droite  d^  l'Oise.  Le  soir,  elle  oo- 
cupait  les  positions  suivantes  :  le  corps  de  Zie^ 
then,  à  Cerisy,  ayant  une  diviak»  devant  La 
Fèi^  ;  le  corps  de  Thielemann,  entre  Origny  et 
Saint-Quentin;  le  corps  de  Bulow,  à  Essigny, 
ayant  son  avant«^ilrde  à  Jussy. 

Dans  la  nuit  du  :i4  au  25,  Wellington  fit  at<* 
taquer  Cambrai  par  escalade*  Il  y  employa  la  di- 
vision ColviUe,  soutenue,  on  ne  sait  pas  trop 
pourquoi  ^  par  la  brigade  de  cavalerie  de  Grant* 
Les  compagnies  légères  de  la  brigade  Johnston 
escaladèrent  l'angle  de  la  porte  de  Valeticienncs. 
Le  9  r  régiment  enleva  la  caponière  près  de  la 
route  d'Amiens.  La  brigade  Mitchell  fit  une 
fausse  attaque  à  la  porte  de  Paris.  La  garnison 
se  retira  à  la  citadelle,  où  elle  capitula  le  d 5  au 
matin.  Le  soir,  l'armée  anglo-batavc  s'avança 
juâqu'à  Jeaucourt ,  ayant  sa  droite  à  Pérontie. 

Le  â6,  l'armée  française  se  replia  derrière 
l'Aisne  à  Soissons,  La  division  légère  du  gteéràl 
JacquiiK>t  resta  à  Laon  ;  le  corps  du  général  Lai* 
Icmand  s'étendit  vers  Corbeny,  pour  couvrir  le 
mouvement  du  maréchal  Grovchy  :  le  corps  du 
général  Pa^l  était  en  arrière,  die  Coocy,  sur  la 
route  de  La  Fête.  Le  ikiavéchnl  Groibchy  ailriva  ce 


i        CHAPITRE   1.  l63 

i 

jour-là  à  Reims ,  d'où  il  se  rendit  de  ea  personne 
i  Soissons^  pour  prendre  le  commandement  de 
Farinée,  €pn  lui  fut  donné  pstt  le  gouvernement 
prorisoire.  Le  général  Yandammé  resta  à  la  tête 
des  troupes  qui  avaient  eombattu  à  Wavre. 

L'armée  prussienne  fit^une  tentative  de  botn-- 
bardement  sur  La  Fère  ;  mais  le  général  Berthier, 
qui  y  commandait,  riposta  si  vigoureusement,  que 
les  Prussiens  renoncèrent  à  leur  projet  et  conti- 
nuèrent leiur  mouvement  Le  soir,  le  corps  de  Zie- 
then  était  â  Chauny,  ayant  son  avant^arde  à 
Candironnei  Un  détachement  de  la  division  Ja- 
gow  occupa  Compiègne  pendant  la  nuit ,  et  des 
partis  forent  poussés  vers  Verberie  et  Soissons.  Le 
corps  de  Thielemann  vînt  à  Guiscard.  Le  corps 
de  Bùlow  vint  â  Ressous  ;  son  avant-garde  était  à 
Gotttnay,  poussant  des  partis  vers  Pont -Saint- 
Moxence ,  Creil  et  Verberie. 

Le  duc  de'  Wellington  fit  attaquer  Péronne , 
le  26  au  matin ,  par  la  brigade  du  général  Mait- 
land ,  des  gardes  anglaises.  L'ouvrage  à  corne ,  à 
la  gauche  de  la  Somme ,  ayant  été  emporté  d'as- 
saut ,  la  place  capitula  de  suite.  Le  même  soir , 
Farmée  anglo-batave  vint  s'établir  entre  Yermand 
et  Péronne. 

Le  J27,  l'armée  prussieime  continua  son  mou- 
vement i  les  corps  de  Ziethen  et  Thielemann , 
sur  Compiègne,  et  cdui  de  Bûlow  sur  Pont- 
SaintrMaxente.  L'armée  française  était  toujours 
à  Soisiom;  et  par  un  ottMi  inconcevable ,  le  ma- 


l84  LITBX   lU. 

réchal  Soult ,  qui  la  commandait ,  ne  s  était ,  en 
aucune  manière,  occupé  de  sa  gauche*  S'il  y 
avait  eu  un  fort  détachement  à  CoTopiëgoe^  et 
que  les  ponts  de  Saint-Maxence  et  de  Creil  eussent 
été  détruits ,  il  est  certain  que  les  armées  coali* 
sées  auraient  été  arrêtées  jusqu'à  l'arriyée  des 
équipages  de  ponts  anglais ,  qui  étaient  encore 
en  arrière  de  Péronne.   Il  parait  qu'on  n'a  pas 
imaginé  que  les  armées  ennemies  pussent  se  di- 
riger sur  Paris,  par  la  route  directe  de  Pont- 
Saint-Maxence  et  Senlis.  Sur  l'observation  du  gé- 
néral d'Erlon ,  le  maréchal  Grouchy,  qui  venait 
de  prendre  le  commandement,  l'envoya  dans  la 
nuit  du  26  au  27,  à  Compiègne ,  avec  son  corps , 
réduit  à  environ  quatre  mille  hommes ,  et  les 
cuirassiers  du  comte  de  Yalmy.  Le  général  d'Er- 
lon arriva  à  Compiègne  le  matin,  et  y  trouva  la 
division  Jagow ,  du  corps  de  Ziethen ,  qui  venait 
de  passer  le  pon(  et  qui  occupait  la  ville.  Après 
une  escarmouche  de  quelques  heures,  le  géné- 
ral d'Erlon,  hors  d'état  de  résister  .aux  troupes 
qui  allaient  déboucher  sur  ce  point,  défila  par 
sa  gauche ,  le  long  de  la  forêt ,  afin  de  gagner  Yer- 
berie  et  Senlis ,  et  se  placer  de  front  aux  troupes 
ennemies,  qui  déboucheraient  de  Pont-Saint- 
Maxehce  ;  il  fit  prévenir  le  maréchal  Grouchy  du 
mouvement  des  Prussiens.  Ce  dernier,  qui  avait 
réuni  toute  l'armée  à  Soissons ,  se  mit  en  mouve- 
ment de  retraite,  et  vint  le  soir  prendre  position  à 
Yillcrs-Cotterets  ;  le  a*  corps,  la  garde  et  les  cui- 


CHAPITRE  î.  l85 

rassiers  en  avant  vers  Yaucienne  ;  le  corps  du  gé- 
néral Pajol  et  la  division  Domont,  en  arrière  de  la 
forêt.  Le  corps  du  général  Yandamme,  qui  devait 
arriver  â  Soissons  le  27  au  soir,  reçut  l'ordre  de  se 
diriger  surVillers-Gotterets.  Pendant  ce  temps,  le 
corps  de  Bûlow  avait  atteint  Pont-Saint-Maxence, 
et  son  avant-garde ,  de  quatre  bataillons  et  huit 
escadrons ,  sous  les  ordres  du  général  ^Sidow, 
avait  passé  l'Oise  à  Creil,  et  s'était  portée  sur 
Senlis ,  qu'elle  occupa  vers  neuf  heures  du  soir. 
Le  général  d'Erlon  arriva  une.  heure  plus  tard 
devant  la  ville,  et  une  brigade  de  cuirassiers,  qui 
était  en  avail^ ,  traversa  Senlis ,  ce  qui  fit  courir 
aux  armes  les  Prussiens ,  déjà  occupés  à  piller 
dims  les  maisons*  La  fusillade  s'engageait  aux 
portes,  lorsque  le  général  d'Erlon  se  décida  à 
éviter  un  combat  de  nuit,  dont  l'issue  risquait 
d'entràlaer  la  destruction  de  la  ville,  que  l'en- 
nemi n'aurait  pas  balancé  â  incendier.  Le  but 
de  son  mouvement  était  de  gagner  les  Quatre- 
Bras,  près  Gonesse,  et  de  couvrir  la  gauche  de 
l'armée  qui  se  retirait  par  Nanteuil  et  Dammar- 
tin.  Il  fit  donc  appuyer*  sa  colonne  à  gauche  vers 
Mont-l'Évêque ,  où  elle  prit  position ,  et  le  len- 
demain, au  jour,  il  regagna  la  grande  route  et 
se  dirigea  sur  Louvres. 

Le  soir ,  l'arpaée  prussienne  occupait  les  posi- 
tions suivantes  :  le  corps  de  Ziethen  passa  l'Oise 
à  Compiègne,  et  s'avança  au  delà  de  la  forêt 
jusqu'à  Bethancourt;  la  division  Pirch  ii,  avec 


l86  LIVRE   UU 

un  régiment  de  dragonB,  fut  poussée  en  ayant 
vers  YiUers^Cotterets ,  et  marcha  toute  la  nuit  ; 
le  corps  de  Thidemami  vint  à  Gompiègne  ;  le 
corps  de  Bûlow  à  P(mt-Saint«Maxence,  ayant 
son  avant -garde  à  Seolis.  L'armée  anglo-batave 
vint  en  avant  de  Nesle  et  de  Roye. 

Le  â8,  ve»  trois  heures  du  matin,  le  maréchal 
Grouchy  avait  mis  l'armée  en  mouvement  vevs 
NanteuiL  Dans  ce  moment^  la  division  prus-* 
sienne  de  Pirch  ii  déboucha  le  long  du  bois  ; 
elle  s'était  dirigée,  en  sortant  de  la  forêt  de 
Gompiègne ,  par  Morienval  et  Bonneuil.  YiUerd* 
Gotteqpts  était  défendu  par  une  faible  arrière- 
garde  ;  le  corps  du  maréchal  Grouchy  était  en 
position  sur  les  hauteurs  de  Yaucienne.  Le  gih 
néral  Pirch  poussa  d'abord  un  escadron  de  drar- 
gons  à  sa  gauche ,  pour  gagner  la  route  de  Sois- 
sons.  Gette  troupe  rencontra  une  batt^s'ie  d'artil- 
lerie à  cheval  qui  sortait  de  Montgd^ert,.  où  elle 
s'était  retardée  par  la  faute  du  chef,  et  s'en  em- 
para^ La  cavalerie  française ,  qui  était  vers  Y^te- 
feuiUe,  prit  position  pour  attendre  le  général  Yan- 
dâuaatme.  Maître  de  la  route  de  Soissons ,  et  assuré 
qu'il  n'avait  aff^e  qu'à  l'arrière-garde  de  l'armée 
française,  le  général  Pirch  fit  attaquer  Yillers-Cot- 
terets,  et  vint  à  bout  de  s'empajrer  du  parc.  Alors 
il  se  déploya,  la  gauche  au  château ,  et  la  droite  à 
Long-Pré ,  et  se  prépara  à  engager  l'action.  La  ca- 
nonnade s'ouvrit ,  et  les  Prussiens  essayaient  en 
vain  de  déboucher  de  Yillers-Gotterets,  lorsque 


CHAPlin   I.  1&7 

leur  gauche  fut  ^ubitemeut  attaquée  à  doi»  {mt  le 
corpB  de  Vaxidamine ,  qui  airivait  en  ce  moment. 
Xe  gàiéral  Yaadamaie  porta  de  suite  une  co- 
louue  d'îa£auiterie  aur  Yîflerd-Cott^rets ,  pendant 
^ue  deux  régûneuB  de  caTalerie  tournaient  l'en- 
nemi,  dans  la  direction  de  Yivières  et  RheteuiL 
yiller»4^îottqrets  fut  emporté,  et  le  général  Pirch, 
.viyencmt  poussé  par  »  gauche,  pendant  qae  sa 
retraite  était  menacée,  fut  culbuté  jusqu'à  Bon- 
jieuil,  .'d'où  il  regagna  lif  route  de  Compiègne  à 
Crepy*.  Le  maréchal  Grouchy  continua  sa  re- 
trait TQra«Nan|teuil,  aieé  le  â**  corps  ^  la  garde  et 
les  cuirassiers,  et  urdoniia  au  généial  Yandamme 
de  se  aretii^r  par  La  Ferté-MIkn^  Me^ux  et  La<- 
gny,  sur  Pariô* 

Cependant  le  général  Ziethen,  ayant  appris  l'é- 
vénement du  ciimbat  de  Yillers*Gotterets ,  se  mit 
en  mouvem^it  par  Crepy,  afin  d'^^eind^e  notre 
arrière-garde  sur  la  route  de  YiUers«-Cotteréts  k 
Nant^uil.  Le  général  Eeille,  avec  le  9J  cotiis  et 
les  cuirassiers  ,  avait  déjà  •  dépassé  Levigneu  $ 
mais  le  maréchal  Grouchy,  avec  Ib  garde ,  y  ar- 
rivait seulement,  lorsque  le  général  Ziethen,  dé- 
bouchant par  la  route  de  Crepy,  s'empara  du 
village.  Coupé  ainsi  du  2*  corps,  le  maréchal 
Grouchy,  après  une  légère  canonnade ,  évita  le 
combat  en  se  retirant  par  Assy,  sur  Claye.  De  Le* 
vigneu  ,  Ziethen  continua  son  mouvement  sur 
fauteuil,  où  il  eut  un  léger  engagement  avec 
notre  arrière -garde.  A  la  cMÎsée  des  routes  de 


|88  LIVHE   III. 

Soissons  et  de  Sentis,  le  i*' corps  rejoignit  le  2% 
qui  prit  position  le  soir  en  arrière  de  Bourget  (*}. 
L'armée  prussienne  occupa  les  positions  suivan- 
tes :  le  corps  de  Ziethen ,  à  Nanteuil ,  et  son 
ayant^arde  au  Plessis  ;  le  corps  de  Thielemann 
autour  de  Crepy  ;  la  cavalerie ,  moitié  vers  Vau- 
maise,  l'autre  moitié  à  Montagny,  près  Nan- 
teuil ;  le  corps  de  Bûlow,  à  Marly,  et  l'avant- 
garde  près  de  Gonesse.  L'armée  anglo-bataye 
s'avança  vers  Pont-Saibt-M axence ,  et  prit  posi- 
tion, la  droite,  à  Saint- Just,  et  la  gauche,  à  la 
grande  route.  Le  quartieivgénéral  était  à  Orville. 
Le  29 ,  l'armée  française  était  rentrée  dans  les 
lignes  devant  Paris.  Le  général  Yandamme  ar- 
riva ce  jour-là,  et  fut  prendre  position,  avec  son 
corps  et  le  4''  9  i^ur  les  hauteurs  de  Montrouge. 
Le  reste  de  l'armée  occupa  les  hauteurs  de  Bel^ 
leville  et  Montmartre ,  Yincennes ,  Saint-Denis  et 
les  bords  du  canal  de  l'Ourcq ;  le  i*'  corps,  entre 
la  Villette  et  Vincennes,  et  le  a*,  entre  la  Yil- 
lette  et  Saint-Denis  ;  la  garde  en  réserve  derrière 
le  1  *'  corps ,  â  Menilmontant  ;  la  cavalerie  était 
au  bois  de  Boulogne.  Dès  le  28,  le  maréchal 
Davoust  avait  pris  le  commandement  en  chef  de 

C)  Nous  ne  pouvons  passer  sous  sUence  une  anecdote  qui  sert  h 
prouTer  ce  que  nons  «Tons  dit  au  sujet  des  correspondances  entre  Paris 
et  le  camp  ennemi.  Les  avant-postes  du  général  ReiJle  loi  amenèrent 
au  Bourget  un  individu  porteur  d'un  passe-port  sous  le  nom  de  Petit. 
On  dit  que  cet  individu  éuit  le  frère  de  M.  Talleyrand,  qui  annonçait 
ètït  chargé  d^nne  mission  importante  près  dn  gouvernement. 


GHAPITIB   I.  189 

Farinée  que  ramenait  le  maréchal  Grouchy  (*), 
et  des  troupes  tirées  des  dépots  et  qui  avaient 
été  réunies  à  Paris.  Ces  dernières  troupes  avaient 
été  armées  et  portées  en  avant  de  Paris ,  savoir  : 
celles  des  1  •%  a'  et  6'  corps,  près  de  la  butte  Mont- 
martre ;  celles  des  3'  et  4'  corps  sur  les  hauteurs 
de  Belleville  ;  la  garde  près  du  Petit -Gharonne , 
et  la  cavalerie  sur  la  route  de  Saint-Denis ,  à  la 
croisée  de  Clichy.  Le  maréchal  Davoust  établit 
son  quartier-général  à  la  Yillette. 

L'armée  prussienne  occupa  le  soir  les  positions 
suivantes  :  le  corps  de  ZietheQ,  entre  Au|nay  et 
Blanc-Ménil;  Tavant-garde  à  Bondy  et  Baubigny  : 
le  corps  de  Thielemann  avait  une  division  à  Dam- 
martin,  une  à  Longperrié,  une  à  Rouvres  et 
une  à  Villeneuve  ;  la  cavalerie  était  à  Tremblay  : 
le  corps  de  Bûlow  était  au  Bourget,  ayant  son 


{*)  M.  de  fleaiy  de  Cbaboulon  aTance  que,  pendant  la  retraite,  il 
entra  en  pourparlers  avec  les  Pnusiens,  et  qn^un  officier  ge'ne'ral  fit  ré- 
trograder un  colonel  d*ëtat-major  de  Bliîcher,  qui  Tenait  conclure  un 
traité  avec  lui.  Ce  fait  nous  parait  hasardé ,  et  exigerait  des  preuves  que 
Pauteur  ne  fournit  pas.  Il  parsût  cependant  que  des  bruits  de  ce  genrs 
•Vtaient  accrédités,  on  plutôt  avaient  été  répandus  dans  Paris.  Us  ser- 
virent de  prétexte  au  gouvernement,  pour  Ater  le  commandement  au  ma- 
réchal Grouchy  et  le  remettre  au  maréchal  Davoust ,  puisqn^en  lui  pres- 
crivant de  ramener  Tarmée  sous  Paris,  on  lui  défendit  de  conclure  un 
armistice,  ni  même  d'entrer  en  négociations.  Les  évcnemens  qui  ont 
suivi  pourraient  faire  naître  un  doute  dWe  nature  toutp4h'&it  contraire. 
L'armiscice,  de  la  manière  dont  çn  semblait  le  craindre^  fut  eoncln  plus 
tard.  Ne  pourrait-on  pas  demander  si  le  motif  qui  fit  Ater  le  comman- 
dement ;iu  maréchal Gronchy,  n*cst  pas  la  crainte  qu'il  ne  fût  pas  d'avis 
de  capituler  le  3  ioiUet? 


aTant-garde  à  Stains  et  vers  Courneave.  L'armée 
anglo^batave  occupait  Pont-Satnt*-Maxence;  le 
quartier-général  de  Wellington  était  au  Plessis. 
Ce  )our-lâ ,  les  cinq  commissaires ,  partis  la  veiUe 
de  Paris,  avec  une  nouTclle  proposition  d'ar* 
mistice,  arrivèrent  à  Pont-Saint-Maxenœ.  Ils  fu- 
rent conduits  au  Fresnoy,  â  côté  de  la  route,  où 
ils  eurent  une  entrevue  avec  lord  Welfington. 

Aiâsi ,  le  29  au  soir,  Tarmée  prussienne  se  trou- 
vait devant  Paris ,  à  plus  de  dix  lieues  en  avant 
de  l'armée  anglaise ,  dont  les  postesies  plus  avan- 
cés ne.  dépassaient  pas  Senlis.  Les  Prussiens  n'a- 
vaient pas  soixante  mille  hommes,  et  le  maréchal 
Davoust  pouvait,  en  y  comprenant  les  fédérés, 
qu'on  pouvait  mettre  à  côté  des  troupes  de  ligne , 
en  réunir  plusxle  cent  miHe.  La  senie  comparaison 
des  forces  de  part  et  d'autre  nous  fournit  des  ré- 
flexions pénibles.  Nous  allons  examiner  en  peu 
de  mots ,  si  un  résultat  aussi  désastreux  avait  pu 
être  la  conséquence  immédiate  de  la  bataille  de 
Waterloo.  Les  corps  qui  avaient  combattu  au 
Mont-Saint-Jean  étaient  ralliés  â  Laon  le  â  3.  Le 
maréchal  Grouchy ,  arrivé  le  2 1  à  Philîppeville , 
pouvait  être  le  24  â  Laon ,  en  se  dirigeant  de  Ro- 
croy  sur  Montcomet.  Une  réflexion  assez  naturelle 
devait  le  dispenser  du  détour  qu'il  fit ,  par  Ré- 
thel  et  par  Reims.  C'est  que  l'armée  prussienne 
ne  chercherait  dans  aucun  cas  à  déboucher  sur 
Mézîères,  lorsque  le  centre  stratégique  du  système 
d'invasion  des  coalisés  était  Pari^.  L'armée  du 


GHAPmE   I.  191 

nord ,  réunie  a  Laon ,  offrait  encore  une  masse  de 
près  de  soixante  mille  hommes.  Il  fallait  alors  se 
replier  le  25  derrière  TAisiie ,  et  suitre  de  l'œil  les 
mouTemens  des  coalisés.  On  ne  poivrait  pas  igno<- 
rer,  le  2^^  que  les  ayant-postes  ennemis  étaient 
sur  les  deux  riyes  de  TOise,  devant -Çrecy  et  de  . 
vant  Saint-Quentin.  Ces  ayant-postes  étaient 
prussi^is  ;  la  ccmséquence  naturelle  à  en  déduire 
était  donc,  que  Tarmée  anglo-bataye  auiyait  la 
route  de  Cambrai,  par  Péronne  et  Roye.-  Il  en 
résultait  donc  encore ,  que  la  position  de  Laon 
n'était  pas  tenable.  Ou  die  serait  attaquée'  de 
front  par  l'armée  prussienne,  et  tournée  par  l'ar- 
mée anglo-bataye;  ou  elle  serait  débordée  par 
toutes  les  deux  :  dans  l'un  et  dans  l'autre  cas,  la 
capitale  était  découyerte.  L'armée  française  fut 
ramenée  de  Laon  à  Soissons  le  26,  parce  qu'on 
apprit  que  Saint-^Quentin  était  occupé  et  La  Fère 
inyestie.  On  se  demande  pourquoi,  le  même  jour 
et  de  bonne  heure ,  un  corps  assez  fort  n'occupa 
pas  Qompi^ne  ;  pourquoi  des  détachemens  ne  fu- 
rent paa  enyoyés  à  Yerberie ,  Pont^Saint-Maxence 
et  Creil ,  pour  détruire  les  ponts  et  garder  ces  pas- 
sages? 

On*  se  demande  comment  le  gouyemement 
provisoire,  déjà  installé  le  23  au  matin,  et  <{m 
avait  à  sa  dispcaitlon  près  de  dix  mille  hommes 
de  troupes ,  et  quinze  mille  fédérés ,  qu'il  pou- 
vait armer,  n'a  pas  envoyé  un  corps  de  troupes 
vers  Senlis ,  et  fait  occuper  Beaumont  et  Pon- 


igs  uvftE  m. 

toise?  Ces  dispositions,  que  le  bon  sens  aurait  die* 
tées  au  dernier  officier  de  l'armée ,  que  Fintelli- 
gence  naturelle  du  soldat  français  lui  faisait  ré- 
clamer hautement  et  à  grands  cris,  ne  furent  point 
prises.  On  ne  dut  même  le  mouvement  tardif  sur 
Gompiègne,  qu'aux  observations  du  général  d'Er- 
lon,  le  dernier  des  généraux  qui  fût  arrivé  au 
point  de  retraite  (*).  Ce  mouvement,  qui  aurait 
arrêté  la  marche  de  l'ennemi,  vingt-<{uatre  heures 
plus  tôt ,  servit  au  moins  à  décider  le  maréchal 
Grouchy  à  quitter  Soissons,  pour  ne  pas  être 
coiipé  de  Paris.  Il  fit  très-bien  de  ne  pas  attendre 
les  ordres  du  gouvernement  provisoire ,  car  ils  ne 
furent  donnés  qu'à  une  époque  où  l'armée  du 
nord  devait  être  perdue ,  si  elle  était  restée  sur 
l'Aisne.  La  retraite  du  maréchal  Grouchy  fut  ra- 
pide ,  et  elle  devait  l'être ,  puisque  les  colonnes 
ennemies  débouchaient  sur  son  flanc ,  et  qu'un 
peu  moins  d'impatience  les  aurait  fait  arriver  sur 
ses  derrières. 

Pourrait- on  vouloir  soutenir,  après  ce  court 
exposé  des  faits ,  que  la  retraite  de  l'armée  sous 
Paris ,  sans  avoir  même  essayé  d'arrêter  l'enne- 
mi, ait  été  l'effet  inévitable  de  la  bataille  de 
Waterloo?  N'est-il  pas  évident  qu'on  pouvait  re- 
tarder l'arrivée  des  ennemis  de  quelques  jours? 
Si  le  maréchal  Grouchy  se  fût  hâté  un  peu  da- 

C)  Après  avoir  fait  tons  ses  efforts  pour  rallier  quelques  troupes  à 
Beaomont  et  li  Aresnes,  le  g<fnéral  d'Erlon  arrira  à  SoisMms,  lorsque 
toute  Vumée  était  réunie  et  qu^on  le  croyait  prisonnier. 


CHAPITRE   I.  193 

rantage  de  gagner  Laon  ou  Soissons  ;  si  Compiè- 
gnc  eût  été  occupé  le  â5  ou  môme  le  26  au  ma- 
tin ,  et  les  ponts  de  Saint-Maxence  et  de  Creil  rom- 
pus ,  il  est  certain  que  Tannée  prussienne  aurait 
été  obligée  d'attendre  les  équipages  de  ponts  an- 
glais ,  qui  étaient  encore  en  arrière  de  Péronne , 
et  de  manœuvrer  pour  forcer  le  passage  :  c'étaient 
au  moins  trois  jours  de  gagnés.   Avec  soixante 
mille  hommes  on  pouvait  se  défendre  ;  et  si  les 
troupes  de  ligne  réunies  à  Paris  s'étaient  avan- 
cées jusqu'à  Senlis  et  Beaumont,  on  aurait  en- 
core pu  arrêter  pendant  quelques  jours  les  ar- 
mées réunies^  En  vain  voudrait-on  objecter  qu<; 
le  moral  des  troupes  était  ébranlé  ;  une  sembla- 
ble allégation  retombe  toujours  sur  la  tête  du 
chef.  La  vieille  armée  qui ,  après  avoir  défendu 
rindépendance  de  la  France ,  en  avait  soutenu  sî 
long-temps  la  gloire  et  la  grandeur,  n'était  pas 
sourde  à  la  voix  de  la  patrie.  Mais  sa  confiance 
dans  la  plupart  de  ses  chefs,  était  plus  que  chan- 
celante ;  et  après  les  fautes  qui  avaient  été  com- 
mises, il  ne  faut  pas  demander  qui  en  était  la 
clause.  On  s'est  beaucoup  récrié  sur  les  accusa- 
tions de  trahison  qui,  dès-lors,  se  sont  élevées 
de  toutes  parts,  et  qui  se  fondaient  sur  les  ré- 
sultats qu'on  voyait  arriver  chaque  jour.  L'accu- 
sation était  peut-être  un  peu  trop  sévère  et  sur- 
tout trop  générale  ;  cependant  les  fautes  qui  ont 
été  commises  du  25  juin  au  3  juillet ,  ne  {^eu- 
vent  admettre  que  trois  causes  :  la  trahison ,  la 
IV.  i3 


1^4  IIYRS    III. 

pusillanimité  ou  l'iDeptie.  Laquelle  peut-oa  im- 
puter aux  directeurs  de  la  défiense  nationale  à 
cette  époque?  Simple  narrateur  des  fait»,  nou» 
ne  prononcerons  pas. 

Pendant  que  les  événemens  dont  nous  ve- 
nons de  rendre  compte ,  se  passaient  à  l'amiée  » 
les  conséquences  de  la  révolution  politique  du 
212,  se  développaient  à  Paris.  Le  gouvernement 
provisoire  s'ét^t  établi ,  basé  plutôt  sur  des  es- 
pérances vagues  que  sur  la  confiance  de  la  na- 
tion, et  sur  la  conscience  intime  des  citoyens, 
que  des  mains  fermes  sauveraient  Tindépendance 
nationale.  Le  moment  était  arrivé ,  où  tous  les 
efforts  réunis  ^e  la  masse  des  citoyens  étaient  né- 
cessaires, pour  soutenir  une  lutte  qu'il  n'était  ce- 
pendant pas  impossible  de  hasarder.  Il  n'y  avait 
pas  de  choix  entre  une  convention  et  une  dicta- 
ture :  on  s'était  décidé  pour  cette  dernière  (*); 
mais  il  aurait  fallu  que  les  dictateurs  appelassent 
la  confiance  de  la  nation  et  des  armées  par  leur 
nom  seul,  ou  qu'ils  la  fissent  naître  par  la  vi- 
gueur et  par  la  sagesse  de  leurs  mesures.  Ni  l'un 
ni  l'autre  n'arriva.  La  France ,  étonnée ,  en  lisant 
les  noms  de  ses  nouveaux  gouvernans ,  n'en  vit 
qu'un  qui  lui  rappelât  ses  jours  d'énergie,  de 
dangers  et  degloire;  et  ce  nom,  refoulé  au  second 
rang,  avait  laissé  le  fauteuil  de  la  présidence  s'en- 
velopper de  présages  sinistres.  Aucun  acte   de 

(*)  ti^  KoaTemement  prorisotre,  saw  fwpàruabilUé f  ëtmtune  dio 
Utare  réelle. 


CHAPITRC   I.  ig5 

cette  dictature ,  créée  avec  autant  de  prédpitatioa 
que  d'impréToyancc ,  ne  justifia  le  choix  des  re- 
prés^itans  de  la  nation.  La  police  de  Pouché, 
chargée  d^  destinées  de  la  France,  envdôppa 
toutes  les  branches  de  Fadministration  d^ns  ses 
filets  insidieux;  Téuergie  nationale  fut  dirigée 
contre  des  fantômes  ;  et  le  patriotisme ,  trahi  dans 
ses  efforts,  se  vit  livré  sans  défense  aux  plus 
cruels  et  aux  moins  généreux  de  nos  enûemis* 

Dès  le  a3 ,  une  conspiration  factice  avait  signalé 
les  premiers  pas  du  gouvernement  provisoire,  ou 
plutôt  de  son  président.  Ce  premier  acte  devait 
dé)à  donner  la  mesure  de  ce  qu'on  pouvait  en  at- 
tendre Quand  uh  gouvernement  a  recours  au 
moyen  aussi  inique  que  honteux  d'inventer  des 
conspirations,  c'est  qu'il  conspire  lui-même  et 
«fu'il  cherche  à  distraire  l'opinion  publique  de 
«es  usurpations.  Malheur  à  l'état  où  l'homme  qui 
a  acquis  une  effrayante  célébrité  dans  Cette  car- 
rière de  sang  et  d'opprobre ,  parvient  à  se  saisir 
des  rênes  du  gouvernement,  au  nom  de  la  sû- 
reté de  son  souverain.  Cependant  cette  conspira- 
tion fu^  le  prélude  de  l'agitation  et  de  la  mé^ 
fiance ,  dans  laquelle  la  police  s'appliqua  à  tenir 
les  citoyens.  Ces  germes^  de  division  furent  soi- 
gneusement cultivés ,  et  les  différens  genres  de 
déceptioii  ^  qui  furent  employés ,  selon  les  affbc- 
ttons  ou  les  opinions  de  ceux  contre  qtd  elle 
^taît  dirigée,  rallumèrent  les  anciens  partis  et 
en  créèrent  de  nouveaux.  Nous  étions  dans  un 


ig6  LimE    lU. 

état  qui  ne  différait  de  rénarchic  que  par  le 
manque  d'aetion,  et  nous  y  serions  tombés,  si  la 
main  qui  guidait  nos  destinées  n'eût  pas  mis  le 
plus  grand  soin  â  contre-balancer  les  espérances 
et  les  craintes.  Gela  se  pouvait,  car  cette  même 
main  était  la  directrice  de  tous  les  partis  â  la 

fois. 

Dans  la  séance  du  23,  quelques  membres  de  la 
chambre  des  représentans,  s*aperçurent  cepen- 
dant que  le  gouvernement  provisoire  se  trouvait 
investi  d'une  dictature  illimitée;  de  ce  même 
pouvoir  dont  la  crainte  seule  avait  amené  Tab* 
dication  de  Napoléon.  Un  d'entre  eux  proposa 
de  soumettra  le  gouvernement  provisoire  à  une 
responsabilité  collective.  Mais  il  était  déjà  trop 
tard;  le  parti  qui  dirigeait  les  destinées  de  la 
France  avait  acquis  une  trop  grande  intensité  de 
pouvoirs ,  pour  qu'il  fût  possible  d'y  mettre  des 
bornes.  Il  était  même  trop  tard  pour  un  autre 
motif.  C'est  que  la  responsabilité,  quelque  in- 
dispensable qu'elle  fut ,  n'aurait  servi  qu'à  foiu> 
nir  un  prétexte  pour  paralyser  toutes  les  mesures 
nationales,  si  urgentes  dans  une  crise  pareille; 
nous  verrons  qu'elles  le  furent  déjà  assez ,  par  la 
conduite  chancelante  et  les  tei^iversations  du 
gouvernement.  La  question  de  la  responsabilité 
amena  une  discussion,  qui  y  étiitt  tout-*à*falt 
étrangère ,  ce  fut  celle  de  la  succession  de  Napo* 
léon  II ,  au  trône  de  son  père.  Un  effet ,  la  res- 
ponsabilité des  membres  du  gouvernement  pro*- 


GHAVITBS   I.  '  197 

visoire.  ne  pouvait  riçn  avoir  .de  commun  avec 
cette  seconde  question.  Sous  quelque  point  de 
vue  qu'on  voulût  considérer  le  quintumvirat 
qu'on  avait  intesti  du  pouvoir,  rien  ne  devait  le 
soustraire  à  la  responsahilité  que  devait  entrainar 
letat  de  simple  agent,  dans  l'absence  matérielle 
de  tout  souverain  reconnu.  Les  représentans  de 
là  nation  française  ,  entre  les  mains  desquels  était 
retombée  l'autorité  suprême,  pouvaient  bien  dé- 
léguer un  ou  plusieurs  individus  pour  l'exercer 
en  leur  nom  ;  mais  ils  ne  pouvaioit  pas  et  ne  vou- 
laient certainement  pas  affranchir  ces  délégués 
temporaires  du  devoir  qui  leur  était  imposé  à 
eux-mêmes  :  celui  de  surveiller ,  au  nom  de  la 
nation ,  l'exercice  du  pouvoir  exécutif. 

Cette  réflexion  a-t-elle  échappé  à  tous  nos  re- 
présentans,  ou  a-t-elle  été  écartée  par  l'idée  que 
Icd  négociations,  qu'on  allait  entamer  avec  les 
coalisés,  ne.  devaient  plus  éprouver  d'obstacles, 
et  que  leur  résultat  amènerait  la  solution  du 
problème?  Tout  porte  à  croire,  et  la  discussion 
même  qui  s'éleva  semble  le  prouver,  que  cette 
dernière  opinion  dominait  dons  la  chambre. 
SoiJ^s  ce  point  de  vue ,  si  la  question  de  la  res- 
ponsabilité pouvait  paraître  inutile,  celle  qui 
lui  succéda  ne.  pouvait  pas  moins  être  r^ardéc 
comme  iixtempestive.  C'était  la  veille  qu'elle  au- 
rait pu  être  agitée,  parce  que  c'était  en  recevant. 
Vabdication  conditionnelle  de  l'empereur,  que 
!a  couyenouçc  vouifiit  qu'on  s  expliquât  s$ud  ré- 


igS  LlVftB   III. 

ticence  sur  la  condition  qui  y  était  énoncée. 
Gc  jour- là  était  précisément  celui  où  il  fallait 
prendre  une  décision  irrévocable,  de  quelque 
nature  qu'elle  fût.  Voulait-on  brattr  les  menaces^ 
de  la  coalition?  il  ne  fallait  pas  toucher  au  chef 
qu'on  s'était  donné.  Voulait -on  donner  une 
preuve  de  loyauté  nationale,  eli£aiisant  un  sacri-* 
fice ,  que  la  coalition  présentait  comme  le  seul 
qu'elle  voulût  exiger?  on  pouvait  le  Sûre,  en 
sauvant  l'honneur  et  l'indépendance  de  la  nation: 
mais  il  fallait  le  faire  sans  retour  et  avec  énei^e  ; 
il  fallait,  en  écartant  et  Napoléon  et  sa  famille, 
proclamer  sur-le-champ  le  souverain  que  la 
France  reconnaitrait  ;  faire  signifier  aux  coalisés 
cette  reconnaissance  comme  irrévocable  ;  trans- 
porter le  gouvernemc»it  au  delà  de  la  Loire ,  et 
fever  la  France  en  masse.  Ce  parti  eût  été  sans 
doute  le  plus  convenable,  parce  qu'A  nous  évi- 
tait les  humiliations  que  nous  avons  éprouvées 
depuis ,  et  qui  nous  ont  fait  descendre  de  £ait  au 
rang  des  puissances  du  second  ordre. 

On  avait  mieux  aimé  résoudre  la  question  par 
le  silence.  Ayant  adopté  le  parti  de  n^ocier,  en 
écartant  l'homme  à  qui  la  coalition  avait  dé- 
daré  qu'elle  en  voulait  seul ,  on  lui  avait  mémo 
déjà  donné  une  solution  négative.  Il  valait  mieux 
s'en  tenir  là.  En  rouvrant  une  discussion  inu- 
tile, on  n'amenait  d'autre  résultat  que  celui  de 
donner  une  preuve  de  faiblesse ,  en  révélant  au 
public  les  considérations  politiques  qui  avaient 


CHAPITRE   I.  19g 

mattrisé  la  délibération  de  la  veMe.  La  discussion 
fl'aUuma  cependant.  Plusieurs  orateurs  parlèrent 
en  faveur  de  Thérédité  constitutionnelle;  d'antres 
s'életrèrenl  contre,  par  des  considérations  aux* 
quelles  la  déftrmination  prise  de  négocier  avec 
Fennemi  ne  permettait  guère  de  répondre  ;  d'au-* 
tires  eiifin  proposèrent  d'écarter  la  question  par 
l'ordre  du  jour ,  moyen  qui  peut  servir  A  défaut 
de  réponse ,  pour  tirer  une  assemblée  délibérante 
d'embarras.  Enfin,  un  dernier  orateur,  après 
avoir  conféré  avec  F. ,  parvint  à  terminer  la  dis- 
cussion par  Un  discours  assez  adroit,  qui,  san^^ 
rien  conclure ,  concilia  toutes  les  opinions ,  parce 
que  chacune  y  trouva  sa  part.  Après  avoir  fait 
observer,  ou  plutôt  après  avoir  rappelé  à  la 
chambre  que  les  coalisés ,  qui  n'avaient  pas  voulu 
traiter  avec  Napoléon,  ne  le  voudraient  proba- 
blement pas  avec  le  fils ,  on  en  son  nom ,  l'ora- 
teur ajouta  qu'il  devait  s'agir  de  la  patrie  et  non 
pas  d'mi  homme.  II  était  malheureux,  dit-il, 
qu'on  eût  rendu  publiques  les  considérations 
politiques  qui  ont  pu  influencer  l'abdication. 
Cette  abdication  avait  été  acceptée ,  les  condi- 
tions devaient  l'être  aussi,  puisqu'elle  était  un 
acte  volontaire  et  non  Tefiet  d'une  révolution. 
Mais  l'acte  important,  ta  mesure  décisive  qu'on 
avait  prise  la  veille  était-elle  assez  sûre,  assez 
colkiplète  pour  donner  les  résultats  qu'on  en 
attendait?  Il  était  certain  et  indubitable  que  le 
gouvernement  devait  agir,  au  nom  dé  la  nation , 


1200  UVB£    Ul. 

et  que  c'était  au  nom  de  la  nation  qu'il  fallait 
combattre  pour  le  maintien  de  l'Uidépendaiice 
et  de  la  liberté.  Mais  n'y  avait41  en  France  qu'uA 
parti?  Après  avoir  tracé  un  tableau  rapide  de» 
différens  partis  existans  en  France ,  ou  que  les 
circonstances  du  moment  avaient  fait  naître ,  et 
démontré  la  nécessité  de  se  rallier  autour  d'une 
opinion  fixe  et  déterminée,  l'orateur  conclut 
que  la  question  incidente  qui  venait  de  s'élever 
avait  rendu  nécessaire  la  proclamation  de  Napo- 
léon II.  Il  proposa  donc ,  et  la  chambre  adopta , 
sur  cette  base ,  un  ordre  du  jour  motivé,  qui 
réunit  l'unanimité  des  suffrages  (*).  L'orateur 
conviendra  lui-même,  que  son  discours,  était 
plus  spécieux  encore  qu'il  n'était  éloquent.  Mais 
il  n'était  pas  possible  de  se  tirer  autrement  d'une 
question  vicieuse  ;  je  dis  vicieuse ,  parce  qu'elle 
sortait  la  chambre  de  la  position  où  elle  s'était 
placée  la  veille.  Vingt-quatre  heures  plus  tôt  on 
avait  reconnu  et  accepté  la  condition  imposée  par 
lennemi  ;  il  ne  convenait  plus ,  même  pour  la  di- 
gnité nationale,  de  vouloir  la  refuser  à  moitié. 
Au  reste,  le  gouvernement  provisoire,  après 
avoir  fait  une  espèce  de  mention  de  cette  résolu- 
tion, dans  une  proclamation  au  peuple  français, 
la  laissa  dormir  dans  le  procès-verbal  où  elle  était 
consignée.  Un  arrêté  du  26 ,  porte  que  tous  les 
actes  publics  émanés  des  différentes  autorités  et 

C)  l'ayez  Piècci  jaâiificatiws,  IN'»  XXVI. 


CUAJPlTRfi    I.  JIOI 

même  cewL  d^  notaires,  seront  intitulés  :  au 
nom  du  peuple  français. 

Dans,  la  chambre  des  pairs ,  la  même  disons^ 
sion  s'était  ouverte,  dès  le  22  au  soir;  elle  avait 
été  fermée  sur  la  proposition  du  comte  Decrès^ 
qui  avait  appelé  la  chambre  à  s'occuper  de  la  no* 
mination  de  la  commission  du  gouvernement.  Le 
lendemain  elle  se  rouvrit  a  la  réception  du  me^ 
sage  des  représentans ,  et  elle  aboutit  à  une  de* 
claration  semblable. 

Cependant  le  gouvernement  provisoire  s'était 
constitué  le  23,  et  le  duc  d^Otrante  en  avait  été 
nommé  président  par  ses  collègues.  Le  porte- 
feuiHe  d^  affaires  étrangères  fut  confié  au  baron 
Signon ,  celui  de  la  guerre  au  baron  Marchant  ^  et 
celui  de  la  police  au  comte  Pelet,  de  la  Lozère.  Le 
maréchal  Davoust  fut  chargé  d^  la  défense  de  Pa« 
ris  ;  le  général  Ândréossy  du  commandement  de  la 
première  division  militaire  ;  le  général  Drouot  du 
commandement  de  la  garde  impériale  ;  le  maré- 
chal Masséna  fut  iiommé  commandant  en  chef  de 
la  gaf  de  nationale  de  Paris.  Ses  travaux  du  ^3 
se  bornèrent  là. 

Le  24 ,  il  annonça  son  installation  à  la  France , 
par  une  proclamation  et  un  arrêté  rendu  ensuite 
de  la  délibération  des  deux  chambres.,  qui  appe- 
lait tous  les  Français  à  la  défense  de  la  patrie 
{voycz.page  i65)  (*).  Le  même  jour,  furent  nom- 


7)  f'oycz  Pièces  jnsliûcaliTc?,  N"  XXVII. 


iOfl  «  UTU   lU. 

mes  les  plteipotentialreft  chargés  de  négocier  avec 
les  puissances  coalisées;  ce  furent  MM.  de  La- 
fayette,  Sébastian! ,  d'Argenson,  La  Forêt,  de 
Pontécoulant ,  et  M.  B.  de  Constant,  en  qualité 
de  secrétMre.  Ils  partirent  le  soir  même ,  se  diri- 
geant d'abord  à  Laon. 

Pour  ne  pas  notis  interrompre  par  des  obserra- 
tions  qui  peuvent  facilement  se  réduire  à  une  seule , 
nous  allons  rapporter  tout  d'un  trait  les  opéra- 
tions du  gouvernement  provisoire,  relativement 
à  la  défense  nationale,  jusqu'au  ag  juin:  le  récit 
n'en  sera  pas  long.  Par  un  message  du  24  9  le  gou- 
vernement proposa  aux  chambres  deux  projets 
de  loi,  l'un  tendant  à  autoriser  les  réquisitions 
pour  le  service  de  l'armée ,  l'autre ,  pour  la  mise 
en  surveillance,  ou  l'arrestation  provisoire  des 
mdividus  coupablis  de  manœuvres  séditieuses  ou 
de  trahison.  Ces  deux  projets  furent  adoptés  le 
lendemain.  Un  arrêté  du  525  prescrivit  à  tous  les 
militaires  absens  de  leur  corps  de  rejoindre  le 
corps  le  plus  prochain ,  ou  de  se  rendre  à  Paris. 
Enfin,  le  28,  une  loi,  qui  déclarait  la  ville  de 
Paris  en  état  de  siège ,  ayant  été  rendue  sur  la 
proposition  du  gouvernement,  celui-ci  prit  un 
arrêté  pour  en  déterminer  l'exécution  {*). 

Après  son  abdication ,  Napoléon  était  resté  â 
l'Elysée.  Fouché,  qui  l'y  voyait  mal  volontiers, 
mais  qui  ne  voulait  pas  lui  faire  l'invitation  fraur- 

{•)  r<frez  Pièces  iutûfieaûm,  K*  XXVIiL 


che  de  0e  retirer  ailleurs,  eut  recours  à  d'autres 
moyens.  A  chaque  instant,  des  aTÎs,  tantôt  de  jour, 
tantôt  de  nuit,  venaient  annoncer  à  Napoléon  des 
conspirations  contre  sa  personne.  Il  méprisa  ces 
avis»  car  il  saymt  bien  que  les  Français- ne  sont  pa0 
assassins;  mais  il  sentit  que  son  séjour  dans  une 
maison  impériale  pouYait  jeter  des  doutes  sur  la 
lK>nBe  foi  de  son  abdication,  et  Je  25 ,  à  midi,  il 
partit  pour  la  Malmaison  ;  de  là  U  prit  congé  dé 
l'armée ,  par  une  adresse  qui  n'a  été  publiée  que 
dans  un  seul  journal  {*).  Son  premier  projet 
avait  été  de  se  retirer  en  Angleterre;  quelques 
personnes,  qui  cmmaissaient  mieux  les  Anglais, 
le  dissuadèrent.  Alors  il  demanda  au  ministre  de 
la  marine  un  état  des  bàtimens  prêts  à  partir  pour 
l'Amérique.  Ce  dernier  l'envoya,  et  en  recom- 
manda un,  qui  était  au  Havre ,  et  dont  le  capi- 
taine attendait  à  Paris  sa  décision,  ^iapolé^m,  ne 
se  fiant  pas  à  l'offre^  qui  lui  était  faite,  refusa. 
Foucbé,  instruit  de  son  refus,  lui  fit  insinuer 
qu'il  fallait  partir;  Napoléon  répondit  qu'il  était 
prèf ,  et  demanda  deux  frégates.  Le  ministre  de 
la  marine,  qui  eut  ordre  de  les  préparer  â  Ro- 
ehefort ,  destina  la  Saale ,  capitaine  Philibert ,  et 
la  Méduse,  capitaine  Poncé.  L'amiral  Violette  de- 
vait d'abord  commander  cette  expédition;  se 
trouvant  absent,  elle  fut  confiée  au  capitaine 
Poncé.  Mais  le  gouvernement,  qui  avait  donné 

n  P^^ex  Pièces  jostificaUTet,  M*  XXIX. 


20ift  UHU   lit. 

à  ses  pléiiipotcntiafa-es  des  kistructiènB  au  sujet 
de  Napoléon,  voulant  en  attendre  le  résultat, 
et  une  réponse  sur  le  sauf-^conduit  qui  avait  été 
demandé,  su^endit  le  départ;  il  prit  même  la* 
mesure  d'envoyer  le  général  Beckers  à  la  Mal-- 
maison. 

Le  27,  le  ministre  de  la  marine  vint  annoncer 
â  Napoléon  que  les  ennemis  s'avançaient  et  qu'il 
fallait  partir  sans» sauf-conduit.  Napoléon,  frappé 
de  l'imprudence  que  commettaient  les  généraux 
ennemis ,  envoya  alors  le  général  Beckers  à  Paris, 
offrir  au  gouvernement  de  le  mettre  momenta* 
nément  à  la  tête  de  l'armée,  pour  éloigner  Tennemi 
de  la  capitale,  et  faciliter  par-là  les  négocia-- 
tiens  {*).  Il  était  si  persuadé  de  la  justesse  de  ses* 
vues,  qu'il  avait  fait  commander  des  chevaux. 
Fouché  se  récria  hautement ,  et  décida  (  malgré 
Carnot)  ses  collègues  à  refuser:  alors  Napoléon 
chargea  le  général  Flahaut  d'aller  concerter  son 
départ  avec  le  gouvernement.  Ce  général  eut,  aux 
Tuileries,  une  altercation  avec  le  maréchal  Da- 
voust,  qui  s'écria:  «  S'il  ne  part  pas  Â  l'instant,  je  le 
«  ferai  arrêter ,  je  l'arrêterai  moi-^minie.  »  Cette  al- 
tercation finit  par  une  menace  de  punition ,  à  la- 
quelle le  général  Flahaut  répondit  en  donnant  sa 
démission.  Cet  incident  irrita  Napoléon ,  qui  vou- 
lut se  présenter  à  l'armée.  On  l'en  détourna,  et 
sou  départ  fut  fixé  à  la  nuit  du  37  au  588.  Maw  le 

C)   ï'oycz  Piicrs  jiwlificatîvcs,  N"  XXX. 


CHAPITRE   I.  &o5 

IfiiuTcrnemenf ,  qui  v^ialt  de  recevoir  ime  dvpè- 
che  de  ses  plénipotentiaires,  qui  annonçait  que 
le  départ  de  Napoléon,  avant  l'issue  des  négocia- 
tions )  serait  regardé  comme  un  acte  de  manvaise 
foi,  le  retint  encore.  Cependant  on  avait  reçu 
Tavis  que  Blûcher  cherchait  â  enleva.  Nàpoléc»^ 
et  qu'il  avait  dit  :  «  Si  je  puis  attrapar  Bonaparte , 
A  je  le  ferai  pendis  à  la  tête  de  mes  colonnes.  » 
Cette  lâcheté  était  dans  le  caractère  de  l'Arioviste 
prussien.  Le  gouvernement  se  trouva  dans  la  per- 
plexité. Napoléon  pouvait  se  mettre  à  la  t6te  de 
Tarmée.  L'armée  pouvait  all^  le  chercher,  ou  il 
pouvait  tomhet  entra  les  mains  d'un  ennemi  sans 
iiA.  Ce  dernier  d^Bg^r  était  cependant  le  moins  â 
craindre ,  les.  troupes  l«s  plus  voisines  d&'kt  Mal- 
maison  veillaient  à  la  sftreté  de  Napoléon.    - 

Enfin  le  gouvern^U^it  fut  tiré!d'emhaiirab,  pat 
le  refus  que  fit  Wellington  d'un»  saa£^eaadmt.  lio 
â9i  à  trois  heures  et  demie  du  maitiii  ^  te  iknnistre 
de  la  marine  vint  en  prévenir  Napoléon^  qui  par- 
tit dans  la  journée  pour  Rochefort.  Durant  ce 
voyage,  qui  se  fit  leiïtement ,  Napoléon  rejeta  tou- 
tes- les  offres  qui  lui  furent  feites.  En  art4vant  à 
Aochefort ,  te  SjuilUtj  il  se  trouva  que  les  Ânglab, 
préventu  j  A^^^ïd  en  le  tempa  diatnener  «une  es- 
içadre  devant  la  fadet^ .  L'amiral  anglais  ayaii^.  re^ 
futé  les  garai;ijlies.  ({u'^oÉi  lût  avait  sderaandéed,  et 
l'impossibilité  d'échapper  au/blttùUs:^tantiKecon<- 
nue ,  Napoléon  s'était  décidé  •  à' ,.  s^'ëinbarquer  à 
bord  d'un  américain,  qui  était  à  l'enilMmchure 


ao6  LivUE  m. 

de  la  Gironde,  et  qui  avait  {MTomis  de  le  sous- 
traire à  ses  ennemis.  Mais  d'autres  consens  pré- 
valurent, et,  le  i5,  il  se  rendit  aux  Anglais.  Le 
général  Beckers  voulait  l'accompagner  â  bord  de 
lamiraL  «  Retirez- vous ,  général ,  hii  dit  Napo* 
«  léon,  je  ne  veui  pas  qu'on  puisse  ct<Àte  qu'un 
«  Francis  est  venu  me  livrer  â  mes  ennemis.  » 

En  examinant  les  mesures  prises  par  le  go«ver-^ 
nement  provisoire,  on  se  convaincra  facflement 
qu'elles  étaient  loin  de  ceirreipondre  â  VchfA 
qu'on  paraissait  avoir  en  vue,  et  qu'elles  ne  vee^ 
plissaient  pas  les  intentions  exprimées  dans  les 
résolutions  des  chambres,  du  aa  juin.  Il  sembte 
que  le  gouvernement ,  décidé  à  négocier  avec  les 
chefs  des  deux  années  les  plus  voisines  de  Pteb> 
ne  jugea  pas  â  propos  de  déployer  une  force, 
dont  le  bot  serait  de  forcer-Blncber  et  Wdlington 
d'attendue  l'-àrrivée  de  tous  les  souverains. 

En  effet,  faï^sblution  précitée  portait,  que  ki 
guerre  était  nationaie,  et  4ine  tom  leê  Françah 
étaient  appelés  à  la  défense  de  la  patrie.  La  consé- 
quence de  cette  déclaration  devait  être  dis  pMn<b« 
les  mesures  lés  plus  promptes ,  afin  de  réunir  des 
forces  assez  considérables  pour  appuyer  les  né- 
gociations qu'on*  voulait  entreprendre.  Il  atfr^ 
donc  ùlHu  ordonner  ta  mobifisatlon  immédiate  de 
toute  la  garde  nationale  des  déparletnens,  la  for- 
mation, en.  bataillons  de  ceUe  qui  était  armée  de 
fusils  de  caUbre^,  et  la  levée  en  masse  du  reste.  II 
aurait  fafin  ordonner  la  réunion  à  Marches  fi»^ 


céea  de  ces  bataUlons  derrière  la  Loiro,  et  y  tra&s^ 
pcNTler  sans  délai  le  siège  du  gouyeroement.  Par- 
là  an  réunissait  une  force  imposante ,  et ,  pendant 
que  Tannée  du  nord  défendrait  les  approches  de 
Paris  et  le  passage  de  la  Seine,. on  gagnait  le 
temps  d'attendre  Tarrivée  des  souverains  coalisés; 
alors  on  pouvait  traiter  avec  tous.  Ce  qu'il  fallay; 
surtout  éviter,  était  de  conclure  une  convêDlJkm 
quelconque  avec  deux  généraux,  dont  les  stipU'* 
lations  ne  présentaient  aucune  espèce  de  garasytîe^ 
puisqu'ils  pouvaient  être  désavoués. 

Au-  lieu  de  prendre  ces  mesures,  que  récla*< 
maient  les  intérêts  dé  la  France ,  que  fit  le  gouver* 
nement  provisoire?  Il  décréta  une  conscription^ 
ou  plutpt  la  levée  du  restant  des  conscrits  appelés  • 
le  9  octobre  i8i3,  et  qui  nes'étaiont  pas  mariés 
depuis.  En  admettant  que  la  moitié  de  ces  cons« 
crits  n'a^t  pas  marché  ei^  18149  il  en  serait  xe^é 
quatre-vingt  mille ,  dontmoîlié  sans  doute  étaient 
ou  mariés,  ou  compris  dans  la  garde  nationale 
mobile  des  départemens  qui  étaient  ou  allaleot. 
être  envahis.  Qu'on  y  ajoute  encore  qu'ilfalkqit  près 
de  deux  mois ,  pour  que  l'appel  et  la  révision  de 
cette  conscription  fussent  faits  et  que  les  conscrits . 
eussent  reîointl'armée;  qu'il  fallait  encore  le  temps 
de  les  équiper  et  de  les  instruire.  Il  résultera  alors 
de  tous  ces  faits  incontestables ,  que  le  décret  du 
gouvernement  préparait  dam  l'espace  de  deux 
mois,  à  la  France,  une  levée  de  quarante  mille 
hommes  au  plus:  et  ce  sont  d^  teUês  mesures 


/ 

â08  LIVRE    IIÏ. 

qu'on  prenait ,  lorsque  deux  cents  bataillons  de 
garde  nationale  auraient  pu  être  réunis  à  Orléans 
dans  peu  de  jours!  Il  serait  inutile  de  chercher 
à  couvrir  les  erreurs  du  gouvernement  provî* 
soire,  en  les  justifiant  par  des  considérations 
politiques,  quelques  respectables  qu'elles  puis- 
sent être  en  elles-mêmes.  Le  souverain  qu'on 
voulait  rendre  à  la  nation,  aurait  dû  être  ap- 
pelé dans  les  rangs  des  Français  armés  pour  dé- 
fendre leur  indépendance;  derrière  lui ,  une  fôrét 
de  baïonnettes  devait  élever  une  bairière  impé^ 
nétrable  aux  prétentions  de  Tennemi.  Hors  de 
là  il  ne  pouvait  y  avoir  que  des  malheurs  à  at- 
tendre et  aucune  garantie  pour  les  éviter. 
•  L'arrêté  du  28 ,  pris  en  conséquence  de  la  loi 
qui  mettait  Paris  en  état  de  siège ,  ne  présenta 
également  que  des  mesures  insuffisantes  pour  la 
défense  de  la  capitale.  L'article  i**  annonce 
que  lès  approches  seules  de  Paris  seront  défen- 
dues. Certes,  l'intention  de  ne  pas  défendre  la 
capitale  de  maison  en  maison ,  comme  les  Es-' 
pagnols  avaient  fait  à  Saragosse,  est  tout-à-fait 
raisonnable;  le  sacrifice  d'une  ville  comme  Paris 
entraînait  des  conséquences  trop  calamiteuses 
pour  qu'on  pût  en  faire  la  proposition  :  mais 
pour  en  défendre  les  approches  était-il  néces- 
saire de  n'y  employer  que  les  troupes  de  ligne , 
lorsque  tant  de  gardes  nationaux  demandaient  de 
marcher  à  l'ennemi?  L'article  a  dît,  il  est  vrai, 
que  les  légions  on  bataUlans  de  l.i  garde  nationale* 


cHàPiTRB  I.  aoa 

p^mrrcoit  être  emidoyés,  sur  leur  demande ,  avec. 
les  troupes  de  ligne.  Mais  les  chefs  des  batai&ons 
ou  m&ne  des  Jégioiis  y  auraient-ils  youIu  prendre 
sur. leur  responsabilité  une  demande  isolée?  se 
seraient-'ils  même  .crus  autorisés  à  la  faire ,  avant 
d'aToir  Tassentiment ,  un  par  un  ^  de  leurs  subor- 
donnés? L'artijQle  3  porte. ([ue  les  tirailleurs  de 
la  garde  nationale ,  ou  plutôt  les  fédérés ,  seront 
employés  d^ns  les  postes  les  plus  rapprochés  de 
la  capitale*  Ne  valait-il  pas  mieux  les  envoyer  à 
l'armée^  plutôt  que  de  priver  ainsi  cette  méïne 
armée  d'un  renfort  de  quinze  mille  hommes ,  qui 
demandaient  tous  les  joui»  la  perntission  de  la^ 
rejoindre  ?  Au  reste  cette  question  est  devenue; 
oiseuse  par  le  fait ,  puisque  les  fédérés  n'ont  pas 
été  ariQés.  L'article  5  est  indéfinissable.  Gom- 
menlil  c'était  le  28  qu'on  se  ressouvenait  que 
l'armée  du  nord  était  à  Soissons ,  où  elle  risquait 
d'être  coupée  de  Paris ,  par  \dt  marche  des  armées 
ennemies!  L'article  7  et  l'article  8  étaient  déjà 
devenus  surabcfudans , ,  puisqu'on  n'avait,  pas 
donné  aux  armées  du  Rhin  et  du  Jura  l'ordre  de 
se  rendre  à  Paris ,  quand  cela  se  pouvait ,  c'est-â- 
direleâS:  il  était  facile  de  juger  que  le  28  elles 
étaient  déjà  coupées  de  la  capitale  et  ne  pou- 
vaient plus  y  venir.  Il  en  était  de  même  de  celle 
de  la  Vendée:;  pn  demandera  seulement  à  quoi 
elle  servait  de  réserve.  Ce  court  exposé  renferme 
toutes  les  mesures  de  défense  qu'a  prises  le  gou- 
vernement provisoire ,  et  les  questions  qui  peu- 
IV.  i4 


210  UVRE  ni* 

vent  ndftre  de  f aiamett  de  m  «elev.  Le  fecteor 
les  résoudra  oomme  il  le  jugen  co&Teoable* 

Nous  avonS'  ?u  que,  dès  le  ^4^  le»  plénipo* 
teiitiaires  chargés  de  négocier  au  nom  du  peuple 
français ,  étaient  partis  de  Paris.  Les  instroctions 
dont  Os  étaient  porteurs  étaient  entièrement  ba- 
sées sur  les  déclarations  des  coatisés,  et  repo* 
saient  sur  Tindépendance  nationale  et  l'intégf iiâité 
du  territoire  (^).  Le  â5,  ib  arriTèrent  à  Laon, 
d'où  ils  firent  prévenir  Blûclier  et  Wellington 
dé  leur  arrivée  et  de  leur  mission.  Le  dO,  ils 
eurent  une  entrevue  avec  deux  officiers  de  TéCat- 
major  de  Blûcher.  Ce  dernier,  p^dw  conclure  ttil 
amûêtioe,  demandait  non^-^ulement  toutes  les 
places  de  la  Flandre,  toàiê  celles  de  la  frontièrs 
oi'ientale,  y  compris  Metz  et  ThionviBe.  Il  eut 
même  Timpudeur  de  faire  dire ,  qu*dles  seraient 
plu^  sûrement  gardées  dans  ses  mains  que  dons 
celles  des  généraux  français.  Blûcher  et  ses  4bux 
acolytes  prétendaient  toujours  que  les  coaliséa  ne 
voulaient  pas  te  mêler  du  geUvemement  dek 
France;  mais  qu'ils  voulaient  être  maîtres  de  1* 
personne  de  Napoléon.  La  demande  de  la  ré* 
mise  des  places  fortes  fut  écartée^  comme  outi^ 
passant  les  pouvoirs  des  plâtiipptentiaires  ;  ce- 
pendant Blûcher  et  Wellington-  se .  montrèreant 
disposés  à  recevoir  des  commiflSak*eil  spéciaux, 

chargés  de  négocier  un  armistice.  Les  plénipo- 

» 

(♦}  f^^ù^et  Recel  jutilfiaiiitrt,  N-  XXXl. 


CHAPITRE   I.  S  1  1 

leùtlaÔNB  reBdirent  compte  de  cette  co»£érenoe 
au  gouVeiTnement  ^  et  ajoutèrent  dans  leur  rap-^ 
port ,  que  ïéwaakm  de  Napoléou ,  ayant  l'issue 
des  négociatidiis ,  serait  regardée  comme  un^ 
mauTaise  foi  de  notre  part,  et  pourrait  c<Rm-« 
promettre  essaitielfement  le  salut  de  la  France. 
Le  ^7,  ayant  reçu  leurs  passe-ports^  ik  partirent 
de  Làon,  se  dirigeaot  à  Maimheim  par  Metie. 
Wellixigton  répondit  le  fendemain  à  M.  Bignon, 
pour  refuser  te  sauf-coaduit  de  Napoléon  {*y. 

Arrivas  â  lùiyserslautem,  le  maréchal  Barkky 
de  Tôlly  prévint  les  plénipotentiaires  que  les 
souverains  avaient  dépassé  Mannheim.  Âiion  ib 
changèrent  de  route ,  et  ^  le  5o  juin ,  ib  arviTèrent 
à  Haguenau.  Les  souverains  coalnés  refusàrent 
de  les  rooevoir)  et  nonuuèrent  dés  commissaires 
pour  Iraiter  avec  eux*  Ce  furent  le  comte  yVaB« 
moden^  pour  TAutriche,  le  comte  Gapo  distria, 
pour  là  Russie,  et  le  général  Knesebedi ,  pour  la 
Pnmse;»  le  général  lord .  Stewart ,  quoique  sans 
mission  spéciale  f  prit  paît  à  la  conférence ,  et  y 
|oua  ménie  le  rdle  principal,  comme  représen*- 
lont  l'Angleterre,  chef  de  la  coalition  par  ses  sub* 
sides*  La  négociation ,  si  on  peut  doim^  pe  nom 
à  une  conversation  assez  impérieuse,  où  lord 
Stewart  permit  â  peine  aux  autn^s  commissaires 
ooaUsés  de  placer  quelques  observatiom ,  fut 
courte*  Nos  plénipotentiaires  exposèrent  la  situai 

\ 


212  UTU   III. 

tioii  nouvelle  où  se  trouvait  la  France,  par  Tab* 
dication  de  Napoléon,  et  demandèrent  la  cessa- 
tion des. hostilités,  le  but  de  la  guerre  étant  rem- 
pU.  Cette  interpellation,  faite  à  la  loyauté  des 
coalisés,  ne  fut  et  ne  devait  être  qu'une  tentative 
inutile;  lord  Stewart  y  répondit  par. des  subter- 
fuges. Il  demanda  d'abord  de  quel  droit  rassem- 
blée législative  avait  déposé  son  souverain.  Cette 
demande  seule,  après  le  traité  du  â5  mars,  et  la 
déclaration  qui  l'avait  expliqué ,  caractérisait  la 
politique  de  la  coalition ,  et  présageait  les  actes 
qui  devaient  suivre.  Les  coalisés  n'avaient-ils  pas 
demuxdé  cette  abdication,  qui,  disaient-ils,  était 
le  but  unique  de  leurs  hostilités?  Nous  n'ajoute- 
rons aucune  réflexion  à  ce  peu  de  .mots  :  il  était, 
dèp  ce  moment,  indubitable  que  toutes  les  dé-- 
darations  les  plus  solennelles  et  les  droits  les  plus 
sacrés  des  nations  allaient  être  foulés  aux  pieds. 
A  cette  question  si  révoltante,  lord  Stewart  ajouta 
peu  après  une  grossièreté,  en  traitant  J'armée 
française  d*une  bande  de  trattres.  Comment  a-t-il 
pu  proférer  ^ces  expressions  sans  rougir  ?  Com- 
ment n'a-t-il  pas  été  pénétré,  de  la  vérité  acca- 
blante, que  le  ministère  anglais  a  petdu  le  jdroit 
de  reprocher,  à  quelque  individu  que  ce  soU:  au 
monde ,  la  trahison  ou  la  perfidie.  Cette  n/^o- 
dation  pénible  et  si  peu  honorable  pour  les  com- 
missaires de  la  coalition,  termina  le  i*'  juillet,  à 
neuf  heures  du  matin,  par  la  remise  officielle 
d'une  note,  qui  devait  contenir  la  réponse  des 


CHAPITRE   I.  et 5 

coaUdés ,  et  qui  ne  contenait  <{ue  de  nouTeatf x 
gubterfuges  (  *  )  ;  On  y  alléguait  que  ^  lé»  •  pui^-- 
sancès  coaliséeB'ne  pouvaient  pas  traiter  fi^paré* 
ment;  comme  si  la  présence  de  lord  Stewairtn^ëùt 
pas  complété  la  réunion  du'  quartumvirat -euro- 
péeiié  La  cokclusion  en  était  une  demande  peu 
digne  de  la  loyauté  des  puissances  coalisées,  et  ré- 
yoltante  pour  le  caractère  généireux  de  la  natk>A 
française;  la  seule  en  Europe  qui,  même  jus- 
qu'à ce  jour,  ne  se  soit  pas  souillée  parTex- 
tradition  des  malheureux  proscrits  ou  persécu*^ 
tés ,  qui  ayaient  ^uché  son  t^ritoire  ;  la  seule 
dont  les  toits  hospitaliers  n'aient  jamais  été  trans- 
formés en  cachots ,  pour  servir  des  passions  étran- 
gères ;  la  seule  enfin ,  où  un  ennemi  même ,  s'il 
est  Bû^dMrtané ,  troUTe  non-seulement  des  secours , 
mais  les  égards  que  \tB  cteurs  nobles  savent  ac- 
corder au  malheur. 

Les  plénipotentiaires  français  furent  conduits 
le  même  jour  à  Bâle,  d'où  ils  se  dirigèrent  sur 
Paris.  Us  y  arrivèrent  dans  la  nuit  du  4  au  5 ,  et 
le  gouyernement  provisoire  crut  devoir  cacher  la 
réponse  qu'ils  avaient'  reçue.  Un  bulletin,  publié 
dans  le  Moniteur  ^  Àmonce  simplement  que  les 
conférences  de  Haguenau  ont  été  ajournées ,  jus- 
qu'à ce  que  le  ministre  d'Angleterre  ait  reçu  ses 
pouvoirs,  et  que  les  souverains  coalisés  avaient 

Yiniention  la  plu»  prononcée  de  ne  pas  s'écarter 

< 

n  Voyez  Pi^i'jwiiÛcaihcs^  N<>  XXXIU. 


3l4  tIVBC   UI. 

i|e«  imurances  que  domwent  leurs  déclarations. 
On  Toit  qu'il  n'était  pas  possible  de  pubUer  un 
bulletin  plus  directement  conlraire  à  la  vâjté. 

Pendant  que  nos  plénipotentiaires  voyageaient 
mwii,  ;  allant  chercher  iin  dénoAment,  qu'un 
peu  de  réflexion  et  une  }U8ie  appréciation  de  I9 
situation  réelle  des  choses,  auraient  pu  (kire  det 
^iaerâPariB,  saos les  wvoyer à eêink lieues rpe»» 
daiit  ce  temps,  dis^e ,  des  négociations  intérieures 
se  préparaient  dans  la  capitale.  Peu  après  Tabdi* 
cation  de  Napoléon ,  des  ouvertures ,  de  la  part  du 
rôi  Louis  XY III ,  avaient  été  faites  au  maréchal 
Davoust ,  par  le  maréchal  Oudinot  ;  det  proposi* 
tions  lui  furent  demandées.  Le  chef  et  quelques 
memlM»s  du  gouvernement  proviscHre  ayant  été 
prévenus  de  cette  négociation ,  il  en  résulta  un 
projet  de  convention  en  quinie  articles  ^  conque 
nant  les  conditions  auxquelles  le  gouvememeot 
royal  devait  être  de  nouveau  reconnu.  La  réponse 
qui  fut  transmise  par  le  maréchal  Qudinot ,  quoi- 
que très-réservée  et  renfermant  quelques  aoihi* 
guités ,  contenait  cependant  la  garaniie  deiasA^ 
reté  des  per$onne$  et  de$  propriéié$,  et  centre  Kmie 
espèce  de  recberehee;  cette  double  garantie  était  ai* 
surée  $ans  reetrktion:  Apooès  ces  premi^^  pas ,  la 
o^ociation  passa  à  M.  de  YitroUes ,  qui  eut  dns 
conférences  fréquentes  avec  le  maréchal  Davoual. 
Fouché ,  le  troisième  m»abre  de  ce  triumvirat  ; 
retint  pour  lui  la  direction  suprême  de  la  né- 
gociation ,  qu'il  voulait  encore  prolonger ,  parce 


qu'U  Af^  trauvrà:  paa  le  movifint  opiH^riua  pour 
praMlre  luinaiém^  riuitiative.  HabUe  dand  l'art 
de  ae  rendre  néoeasaire,  c'était  ^m  doimaiit  un 
.  owactèse  j^mi-^ofàciel  à  se9  démarches  9  en  jni- 
JiÎ9^t:â^mQitié  beWQOup  de  pM^rsounefi  dans  a^ 
4âçrfl»5  et  en  ^wmt  h  reapopaafaUîlé  ,4^  évén 
jDKitti^iia  on  im  gemd  nonsibre  de  portv»»^ ,  qu'il 
ii||ecç)ml:j^âlai^li)abase  4}ui  devait  le  wD^enîr , 
fti^u'ik  m«to«()$|uq  tous  }e»  resaorta  ^u'H  faisait 
4ipi?  viiia^t  de.  pouTeau  ^orrespondrc  au  centime 
Â'aËtiob. 

iCependaoi,  après  le»  premières  féponses  faites 
pi^  W^BIngtofi  fA  Bludbter  aux  plémpotenfûâras 
âpaofms^^^  /Foudié  )Ugea  iiéceasatre  de  haisasdiçr 
pm  pramère  démarche  oataaasîble,  qui  prép^ 
iftt;jQplJki  qu'il  voulait  J&ixe  plut  tard.  Dana  la 
jtuit  }dii  ^6  au  27  )uîn,  le  maréchal  DaToitat 
é&dfit  am  peéafidbspl;  du  gouvernement,  pe«ir 
faii  tranainetbre  le  rappmi:  dea  arniéès.  En  mêaioe 
i^kifà  il  lui  maftda  ^'il  n'y  avait  paa  un  mo- 
cuent  4  pwdpe  pour  envoyier  an  roi  Lo\m  XY lU 
^S:lui  faire  lea  piropaai^iofifl  auivanlea  :  t""  d'enti?er 
À. Saris,  $ans  garde  étran^^ère;  ^  de  prendre  la 
ttoenpde  nationale  «t  de  oonaerver  le  dri^eau  itri- 
ôdùne;  If^ de^jarantir  laiièreté  de  toutea  lea  peiv 
BMpas-^^  de  toutea.  ka  propriétés ,  quela  qu'aient 
ÉÈé  h»  ftmotittaa ,  voÉea  et  oiûniona  {uaqu'Â  ne 
jour;  ^  de  mmntii|nir  les  deux  chandirea  exi»- 
tantes  ;  S*"  d'aasurer  aux  fonctionnainea  pufalica^la 
'«oMefnnBtion'delenm  plaÂea,  «t  a  Tamiée  lançon- 


2i6  LIVRE  m. 

servation  de  ses  grade» ,  péfisicms ,  honncMirs  et 
prérogatives  ;  6^  de  mamieiik*  la  l^[ion  d'honneur 
et  ses  institations ,  comme  premier  ordre  de  l'état 

Fouché ,  toujours  attentif  à  chercher  le^  oc- 
casions de  se  r^idre  nécessaire  à  tou»  les  par- 
tis ,  n'avait  amené  cette  démarche  que  pour  dé- 
montrer à  ceux  de  ses  c<dlègiies  qui  n'entraleiit 
pas  dans  ses  vues,  que  les  che9b  de  l'année  ih^ 
sistaient  eux-mêmes  sur  un  apcommodompnt  ; 
il  devait  en  résulter,  selon  lui,  que  legoviveme- 
ment  provisoire,  pour  ne  pas  perdre  l'initiative, 
consentirait  é  entrer  en  n^ociations ,  et  qu'elles 
passeraient  par  ses  nmins.  Il  ne  voulait  pas  que 
ces  négociations  lui  échappaiisent,  parce  qu'elles 
devaient  lui  fournir  Toccastonde  persuade», 
d'un  côté  à  ses  collègues,  quelcseaUMioyen^de 
salut  était  celui  qu'il  proposait,  et  de  démbntrer, 
de  l'autre  côté  au  souverain^  que  lut  seul  aVait  su 
diriger  l'opinion  publique  et  amener  l'année  et 
les  citoyens  à  la  soumission.  Il  devait  '  résulter 
de  cette  complication.,  que  sa  permanence  à  la 
tête  des  affaires  était  néoessaûre  au  bien  public, 
et  la  seule  garantie  du  maintien  de  l'cNrdre.  Dans 
la  séance  du  27 ,  il  présenta  la  lettre  de  Dawowt 
à  ses  collègues.  Geux-oi  décidèrent  qu'il  ftUhùt 
s'en  tenir  à^  la  question  militaire ,  et  le  Dlémefour 
la  commbsion  du  gouvernement  proposa  amx 
chand>res  le  projet  de  loi  qui  mettait  Paris  ^ei 
état  de. siège.  '  /.  • 

Ijp  2S  au  matin ,  cinq  nouveaux  ptémpolBn*- 


tiatres  ifùteîA  euToyés  par  lei  gouVeroetaient  au 
<{uarfleKgéiiéra)deWéUiiigton.  C'étMeo^MM.  Aii* 
ààéoBsfy  fidissy^d^An^laff  /tde  Valausè ,  flaug^ért 
Igués  et  La  fiénardièneL  Leuttr.inisaîoii  .était  dPinsbr 
ter  sur  la. condtntcm  d'un' armistice, Jasqu'âti 
retour  idBà^pvsnàem  pléiiipotenliaûres.*Ib  étaient 
en  nBème  tempé?pcv|eun  'd'wie  lettre  pasttoufière 
dm  duc  d'Otandttfé  airdttc  de  l^MliDglnf  f  ).  GeMe 
lettre  étail<  talli  ^donte  éeritô  «mc  :  aditaHe  ;*'  oar 
•mdle  part  Vin  n'y  ^troure  niie  ojAnldn*  déddémetit 
^àrrttée^  La;  aeoletsarwIàDist^ué  j^honoée  q«*oii 
y  trouMt,')Ktàitt'l^ornanque  de  cette  dignité  qui 
ooki^ikiiâiltMr  gaaÉmmenkent  d^  k  f^nce,  dans 
4iielqiie.\poBiliokvi|tt'il  aè^l^Nniirât  aki».  Le  ton 
aoumis  et  la  4hitlkrie;t|ui  7  doiàinateat,  né  ^^ 
^menA^Bervir/qu^'excttàr  uifeNaiBlNftîett 
-fitw  patHt^dicler  tfeâ  fek.  Ces  demien^pléa^tti^ 
ftiaires  réiàcQUlràrfint  Fàmoée  {troatfBnnè  audeli 
de  NantaÉîl.  'ILeafidifllciiltés* qu'on  leur  fit  épooifr 
i^er,  fhiitade  rhumetn^rquerresaentaient  BIttchev 
et  Gneisenau*  de  ce  qu'oodid  s'adressait  .pab'ii 
eux  4  et  tjpu'ls  exhalèrent  aTjeolenr  urbanité  ao- 
coutmUée.)  tes  difficultés^  4it»-)e  ^  «lUpéchèD^t 
nos  députés  d'aitii/enâ  Ponfe-ScwdrMaxeiicejaTant 
le  29  aiu  joDiatin.  On  tes  conduisit  à  Eresnoy  ,  tft- 
lage  hors  de  la  route;  où  ils  attendirent  l'arri* 
¥éé  du  duo  de  Wdlington ,  dont  le  quartifir^ 
général  aTait  été  -marqué  au  Plessis. 

*    n  Voyez  Pièces  îottificatiTO,  N«  XXXIV. 


^i6  .(u^wmiiU' 

Du»  iar  méiae:  iolirnée  ^  \e  àoc^Otitia^râl 
cbbix 'd'iin  Anglais,  aôde-^de-^^aniqp'fdii  mi  d&ilia^ 
pi^  ^  Jéaciiiin^  et  qui  m  tmimil  alc»  à-  Parte, 
poorhii  semp^ajgentk,  xlaiis  kscoi&imuucatîcnv 
direct»; qu'il  vonkiit.fle.réaanrér  amc.  leiducds 
WiittugMm'tf^iisiaHoaft  ïiqus  flanUidiiiréfattide 
otîîigotMoiénid,  ^dbwf  le9>€n|imfpM^ 

seutixuenkiakéfaMiiabiêrata  dïÊoWOtmaÊ^ir )%iht 
ji^j  ta^:nSiiuitv  ftf;)  Jf:w  fortit  ;éeMVam>  ^|taiv 
tinkf;  d5«n0>fM)rfFAi;{siftnà6^  éêiiWtè- 

liqgtèlà  V  'et  -dWi'  feneuBge  :oslieilÉîlfle.,-«:diNit.  l|i 
êObstance'  éfait ,  ^eto  Ub  -  MutiÊiê  a!^uM\:éàaiavi 
ifuè  td  guerre  était  dirigée  tmtre  IBlapiflém,  $mdj, 
U'étfiit^cohvmaile  ë'atùemlrêM^màsmkàê  dêu  né^ 
gmiatwm  0Êtamiéê$  (mec  ^leà  umwèrcAnà'^^f^âiet  çue 
Ari^fipB^fiArf/Hltf  enifiefoe^Ù .  (/fxekfAe^déhiMrchei  éécù- 


âam,»es  bas,  ain»  qu!tttt  ira:8U'.dbpttH,  portait 
«a  1  rMlMstanca  -  :uae  ■  iuTi^tio»  r  A\  ; WeUiugton ,  lie 
èerhâtei*  de 'Tenir  oocupèr' Paris',  pour  ^mettre  fin 
«mK  d<)sm*dr€8qUe  pi^urtaityxlisdkHi^^  fe^atta^ 
tibli'des'ffiédépés  ^kLb»  1>oiia{iartisle8.  iUL.  Mv.\ 
4»at«na'le«.avaiilMpoét0s  français' aailéilrifiiiipolte 
«k  Â  pM  pores  par  diirpHlM^/  Ànrivlèftà  ./i'iaiirauat»- 
garde  prussieniie  ,  M.  DI..:  '&it  conduit '  chea: 
filAclier ,  dont  il  eut  à  .^mkiyer  la  mauvaiie  hu- 

(*)  InteresUng  facu ,  eic, ,  hy  Fr,  Macirone.  London ,  Rîdvgay , 
>8»7»I*8«  37.45.  ,   .  - 


fréqwn$  mes»agm  du.^gûwksmemenf  frmcm^  044 
duc.  </#  Wetimgtm-ii  00  i|%ii  -^éteit  muoquâr/  M 
iw^tect  mvXiPriMîeiiit  ;iG^iad$iiftt  M.  M^^  ^^^«k 

ito  W#l]M«toiii,w.:di4è  db  Paiitr&»mt-Afo«9Àte  1 
at lui  raidît>QMiiil»  éfi:tt')iittséM^  'Àprèft^lwàr 

avait  n^çu  de  fMkchk  ^  ..6«M  ibtwit  m  df^if^H  plu» 
éte  f|H^  db  Jes  anttktf.;  Biemr  (Ut  4«oc  d'ftb«>nd.» 
qu'A  dléiivait  .confiémr  a^w  JUib^r^i.^Y^wt  d^ 
di«u«  Une  TépoM0,:et  it  ks.  ^Skti^a- là  j Ji^^ninr 
we9  pour  l^fttlàftdtet*  I)aiiÀ\Ie'(>Qw«ttt  de  k .  cwMir 
w«rMtioiiv  fl  leinfJaUaa.etttteyôir  la  pcrsiibpUl^ 
diacrmi*  à  uû  iirinilitîçe  da*  bnok.  )eur»v^<Mi^^^ 
iH  qt»  Napoléon,  htm/:  pâtsti  j  (|tK::lese.Qmliafii 
ni.  se  jqélnaèient  pab  du  €teâ''d'i!iii;â<niwi'aJ|Bi 
imir  lafraskoe;  mais  qû'îkne  ffoulatont^iii» 
4b  NapoIéoD^  II;  q<|e  ai  lelsouYetaîa  ^  qu'onioboit- 
aindt  ne  làir  :â»pi«naft.fMiav»îk;.exîgemieAt.^ 
fortes  garanties; *«..  que  celui  qui  leur  cdnteDatt 
)e  mieiix,  était  lionîa  XYIII ,  à  Féigard  duquel  ib 
n'avaiont  pâa  liesoia  de  garanties  oontre  las  antrch- 
fmaèf  delà  France,  lie  juème  jour,  à  onae  heuves 
et  .demie  da  aciir,  il  fit  dire  au):  ceimnibaàires 
qu'il  ne  pouvait  pas  y  avoir  d'armistice^  tasat 
que  Napoléon  serait  à  Paris. et  en  Hkerté.  loe  len- 
demain WeUîsigton.ae  vit  pas  lea .  commlssiHres. 
Ce  ne  fut  quelle  1  ^^  fiiiUet  qu'ils  eurent^unenim*^ 


Telle  ooiiféretioe ,  idanB  kqUdle  ite  "firent  eocH 
naitrc  que  Napoléon  était  paiti.  Foaché  ,  qui 
n'avait  point  entcore^eu  de  launi^  noùv^es,  leur 
«pédia  le  général  Ti:oiùeUa:''Ois  général ,  à  son 
tetoui',  dit  avofr  brûlé  êes  d^pêdiesv  Wellington, 
obligé  de  réi>ondre  a  la  cèmnwniMtiaii  qui  lui 
était  fdle/téiMlgtiâreneara  vëfdBircoiiftrer»ir«o 
Blûeher.  Il  annonça  avoir  reçs  de  Maariheini  «n 
ordre  des  iouveirains ,  qui  «njôigtiail  dé  oontinuer 
les  opéraéioM  îiaÉitaires  ^  ci  dédarait*  *que  tout 
armistice, 'Conclu  par  léè  génévauiL^  serait  regardé 
icbmme  non  aVonu.  Cependant  il  témoigna  qtfV 
serait  po8fltt>le  d'driiver  à  une  ^^ùspeniMoB  é'ap- 
me»,  êi  l'armée  française  qmliaiùPdaii.  Sorterap^ 
port 'deg  commissaires,  M.  Bignoh leur  adressa 
donouv^lles  instructions,  afin  qu'ils  insistassent 
sur  on  armistice  de  cinq  fours,  nécessaire  pour 
qu'on  pAt  a  entendre  siir  4a  :  qteatkm  politique 
du  gouvernement,  qui  devenait  une  transaction^ 
Fouché  y  Ajouta  une  lettre  pour 'les  deux  gêné- 
raux ,  où  il  è'abamdcMana  &  une  pfaraséologie'qu'A 
savait  bien  être  inutile.  Les  secoiides  instrtio- 
tions  ne  servirent  pas  mlcfux  que  fes  premières; 
on  se  joua  des  oommissaires.  Le  3  ^  ils  itevinrent 
à  Paris ,  où  des  difficultés  combinées  aux  barrières 
ne'leuyr  permirent  d'entrer  qu'après  la  capitu- 
lation* 

Cependant  M.  M...  avait  vu  une  seconde  fois, 
le-iig,  le  duc  de  WeUingto»,  après  la  première 

des  commissaires  ^français.  Le  duc 


[^■j.',\  I 


1d  jebargaik  de  porter  au  goutérnèttent  lé  meft-* 
aage:  OBtensiUerSUivâiit.  «  Dites  à  la  GoûliXiisaion 
a  du  gouyameineiit ,  que  ce  -qu'elle^ade  ûiieux  à 
«  faire  est.  <fe  proclamer  immédiatenient  le  roi.  Je 
«ne  peux. pgsitrai ter  a^ec  elle  à  d'autres  ço&di* 
«lions,  he  roi  est  idl  som  ia  main,  qfa'elle  lui 
«euToie  SA  sotemlsafatti  (*).  »  M.  M...  retourna  à 
Paris  le  ^  %u  matin ,  et  se  présenta  à.  la  com- 
mission  du  gouTemement.  Gamot  ne  parut  pas 
peu  étonné  de  la  mission  qtd  siTait  été  confiée  à 
un  étranger  ^  et  da  cette  course  au  camp  ennemi  ; 
la  répon^:  de.  Fouché ,  qui  prît  la  mission  sw 
son  compte ,  né  le  satisfit  pas ,  et  il  ne  pUt  cacher 
rindignation  que  lui  osiusait  le  ton  arrogant  de 
Wellington. 

Dans  la  nuit  du  ag  au  3o  ,  le  maréchal  Da- 
▼oust  écriTÎt  encore  une  fois  à  Fouché  ......  «  il 

«n'y  a  pas.de  temps  à  pardre,  disait-il,  pour 
«adopter  la  proposition  que  j'ai  déjà  faite.  Nous 
«  devons  proclamer  Louis  XYJIL  Nous  devons  le 
«  prier  de  faire  son  entrée  d^Ens  la  capitale ,  sans 
«  les  troupes  étrangères ,  qui  ne  doivent  jamais 
«mettre  le  pied  dans  Paris.  Louis, XYIII  doit 
«  régner  avec  Tappui  de  la  nation.  Pour  les  autres 
«  rapports  de  la  question ,  \e  m'en  réfère  à  c^ 
«  que  j'ai  dit  aupiuravant  :  Tavenir  inspire  mes 
«  motif».,  J*ai'  vaincu  mes  préjugés,,  mes  idées; 


(^  M.  M...  cite  pour  témoins  lord  Mareh  et  les  coloneb  Herrey, 
Frecmande  et  AJbercTOmby. 


jisâ  iittm  fir. 

irla  plus  irréBfatIble  néoÊmiltt  ^  la  pku  entière 
i  couTktiott  m'ont,  détenniné  à  eitwe  qn*ii  n'y  a 
4  pad  d'antres  moyens  de  «auter  notre  patrie.  > 
Fotfché^  voulant  essayer  de  faire  un  pas  plus  en 
avxat ,  se  hâta  de  répondre  :  qu'il  convenait  de 
la  nécessité  de  conclure  un  armistice  ;  maia  qa'îl 
fallait  ériler ,  i  ""  de  recoinnaltre  home  XYIII ,  sans 
engagement  de  sa  part$  i^  de  n'en  être  pas 
moins  forcé  de  receyoir  les  troupes  étrangères  à 
Paris;  5*  de  n'obtenir  aiicnnè  condition  dt 
Louis  XYIIL  II  ajoute  :  ^  Je  ptends^  ntr  moi  de 
«TOUS  autoriser  à  envoyer  aux  avant^poetes  de 
à  l'ennemi,  et  de  conelm*e  un  armistice,  en  faisant 
«  toiM  les  sacrifices  qui  seront  eompattbles  avec 
«  nos  devoirs  et  notre  dignité:  » 

Le  219,  Pouché  communiqua  la  leCire  et  sa 
réponse,  à  ses  collègues,  ils  le  blâmèient  d*avoir 
entamé  la  question  politique ,  et  lui  firent  donner 
l'ordre  à  Davoust  de  ne  conclure  qu'un  armirtice 
purement  militaire.  L'armée  venait  d'être  réunie 
sous  Paris  ;  elle  était  danâ  la  meilleure  situation 
et  dans  le  meilleur  esprit  ]>ans  ce  moment, 
puisqu'on  voulait  un  armistice,  on  pouvait  en 
faire  la  proposition  avec  moins  de  pusitlanimilé. 
Il  n'en  fut  rien.  On  reçut,  le  3o  au  matin ,  la 
nouvelle  télégraphique  de  l'armistice  conclu  par 
le  maréchal  Suchet.  Le  maréchal  Davoust  en 
profita  pour  écrire  aux  deux  généraux  ennemis. 
Un  génâcal  qui  aurait  voulu  y  mettre  la  dignité 
qui  convenait  a  sa  position  ,-  aurait  rappelé  le 


GHAPITRB   I.  225 

nombre  et  la  valeur  de  ses  troupes ,  et  n'aurait 
présenté  l'armistice  que  comme  le  seul  moyen 
que  l'ennemi  eût  d'échapper  à  un  combat  fu- 
neste ,  contre  des  soldats  qu'animaient  l'amour  de 
la  patrie  et  un  noble  désespoir. 

Le  duc  de  Wellington  rejeta  la  demande,  en 
conservant  les  formes  de  la  politesse.  La  réponse 
de  Blûcher  fut  celle  d'un  chef  de  Vandales ,  qui , 
ivre  d'une  prospérité  inattendue ,  et  entraîné  par 
une  fureur  arrogante ,  foule  aux  pieds  tous  les 
égards.  Nous  croyons  devoir  mettre  sous  les 
yeux  du  lecteur  la  lettre  du  maréchal  Dàyoust, 
et  la  réponse  de  l'Arioviste  prussien  (*)  ;  cette 
dernière  est  un  monument  qu'il  est  intéressant 
de  conserver. 

(♦)  rayez  Pièces  jnsUficatiTes,  «•  XXXV. 


CHAPITU   II.  2^5 


»W»WltmWM«t«t«i«»^IWl»i«WII«l>lWl 


CHAPITRE  II. 


L'armée  prosgienne  passe  la  Seine.  —  Réflexions  rar  œ  monTement.  — 
Coaabat  de  Versailles ,  le  i*'  Joillet.— -Combat  de  Mendoa  et  dlssy, 
le  9.  — •  Second  combat  d^hêj^  et  conrentîon  de  Paris ,  le  3.  -^ 
Réflexions  sar  cette  convention.  —  N^ociadons  du  doc  d'Otrante. 
-^  Conduite  des  cbambres.  — «  Dissolution  forcée  da  gouyemement 
et  des  diambret. 


■A-M|»«flM 


Nou»  ayons  vu  que,  le  29  )um,i'armée  pru»- 
Meone  était  venue  se  àéfioyer  vers  le  soir  devant 
Paris;  les  corps  de  Ziethen  et  Bûlow  en  pre^ 
mière  ligne ,  la  droite  vers  Stains  et  la  gauche 
à  la  forêt  de  Bondy;  le  corps  de  Thielemann  en 
aeconde  ligne  à  Dammartin.  Dans  la  nuit ,  Blû- 
cher  voulut  reconnaître ,  ainsi  qu'il  le  dit  dans 
son  ordre,  la  contenance  de  Farmée  française. 
Le  général  Sidow,  du  corp^  de  Bûlow,  reçut  en 
conséquence  l'ordre  d'attaquer  Aubervilliers , 
avec  huit  bataillons  de  la  1 3*  division  et  huit  es- 
c^droitf  9  et  de  forcer  le  passage  du  canal  de 
Saint-Dents.  11  réunit  ses  troupes  près  de  l'Hô- 
tel-Dieu ,  à  une  heure  du  matin ,  et  fit  attaquer 
Aubervilliers  par  quatre  bataillons ,  deux  de  front 

TV.  i5 


et  un  sur  chaque  flanc  ;  les  quatre  autres  batail- 

Ipn^  et  Isa  cayalerie  swakoL  ca  vès^HYXi.  1^  ba- 
taillon français  qui  était  d'avant-garde  à  Aubcr- 
villiers  se  défendit  ayec  la  plus  grande  valeur; 
mais  enfin,  forcéi pa^^  le  ppv^^bpi^ ^  il  se  retira  en 
bon  ordre  derrière  le  canal.  Le  général  Sidow 
s'ayança  vers  le  canal  ^  et  en,  ipême  temps  une 
autre  colonne, ^  d'uQ.ba.Wilk^.ejt  un  iréginient  de 
bussards,  marcha  rar  Paatid  ;  mais  -le  condMt  se 
réduisit^  sur  ces  deux  points,  à  une  fusillade  de 
tirailleurs.  La  reconnaissance,  faite  alors,  sur  les 
lignes  qui  couvraient  la  capitale ,  démontra  â 
Blùcher  qu'il  était  i"i{tfya'Hlf>  de  les  forcer,  au- 
trement que  par  \m  siège  régulier  et  au  prix  de 
beaucoup  de  sang. 

Les  deux  généraux. emiemitienent' ine'aDtire- 
VMS.  à  GoiMttse ,  afin  jde«ép3ceite»«leiiffs  opâratioiM 
ultiénieQreis.  Us  étaient  toiis  Ibs  *4oux  tfaccoad^ 
quoÎKfti^  par  des  BAotifsdiffé#èiis^  svr.bi  Ji^eaàké 
de  se  rendre  maiires  àe  f  aeriS',  ataiit  Bavrivéé 
des  autres  années  coaliirées.  L^nn^vom^A  àmigat 
UBtt  révolution  pofidque;  Taatpe  voolaîl)  levcr^ 
des  cpntoibutioiis  ^  avaii^  d'en  ÔIpo  empàéhè  fB» 
Its^atttves  pimsances.  ha  diJOSculM*  As  raoooiiiplis>^ 
sèment  de  lëups  projets  étmt  daixS'KexiéctttiiHii  Bs^ 
levaient  pas  plus  do  aent  miMe  horame^  ffiféseam* 
dans,  leui^s  deux  mrmées;  la  nâtre  e^  coBsptail:. 
p«ès  de  cent  miH^^  et  étsiti  appuyée  à  une  csu-. 
pi^e^pMÎ  pouvaijt  aisément  fournir  plus  de  tuent»* 
miiid  hommes  d^éBte,  wfkutiêé\à  Kf%ï.  11  ne  ffa]« 


latl  dottc  pc(»  penser  à  une  aftMque  de  vtre  feree, 
quoique  rilMÎstauce  qu'avaient  mise  le  gouTeitie- 
méat  françak  et  le  générai  en  chef  ^  à  obtenkr  un 
iffmistice ,  dût  encourager  les  généraux  ennemis , 
qui  devaient  y  voir,  ou  urne  grande  terreur  ou 
une  excesaîte  méfiance  de  soi^mteie  (*),• 

Malgré  la  îactance  avec  laquelle  Blncher  avait 
DÉfenaeé  le  maréchal  Davou^t,  de  prendre  la  ville 
de  Paris  d'assaut  et  de  la  Hvrer  au  pillage ,  3  était 
bien  loin  d'en  avoir  l'envie.  L'atiiseur  que  nou« 
venoss  de  cÂter,  et  qui  ûe  peut  pas  être  suspect , 
établit ,  par  tn^  caiciil  qui  n'est  pas  exagéré  ^ 
Vimpossibâité  de  cette  enlveprise«  Welington- 
tira  soo  coUègite  d'etnbarras  ^  en  lui  proposant 
un  plan  d'opérations ,  qui  portait  sur  une  base* 
tout-4^f«it  polftique.  C'était  cekii  de  faire  passer 
la  Seine  A*  l'armée  prussienne,  pour  entourer 
Pasis  à  la  rive  gauehe ,  et  couper  la  commun»- 
«ation  avec  la  ïnoitié  des  départemens ,  dont  la 
capitale  pcmvàît  encore  tker  des  vivres.  Un  pa* 
veii^  mouvement  Bepoufvait  être  justifié,  que  par 
là  certitifdô  que  le  général  en  chef  français  n'y 
petteraitauciin  obstaele,  et  ne  chercherait  pas  à 
«n  plTofitclr.  Mais  en  admettatait  cette  certitude, 
dont  il.  ne  pavait  pas  qoe  le»  généraux  euierais^ 
aient  douté ,  le  rés«dlnt  du  mouvement  devait 

(*)  MûSIÎDg  dit  tsaaâdétôJU  qbe  h»^éainax  eanottûs  se  déçidèrènc 
cVaçrès  Vidée  qu'ils  aTaicnt  de  TépouTante  et  de  l'anarchie  qui  rëgnaien 
^  Paris,  f^oyez  G.  de  W.,  Campagne  des  années  anglo-batayc  et  prus- 
sienne, en  i8i5,  page  5t. 


âdS  uyftE  III. 

éti«  d'amener  Paris  à  capituler ,  et  d*eii  éloigner 
l'année.  Wellington  r^ardait  ce  résultat  comme 
la  fin  de  la  guerre  {*)  ;  les  éclaircissemens  que 
nous  donnerons  sur  la  convention  de  Paris ,  et 
le  licenciement  de  l'armée,  qui  eut  lieu  plus 
tard ,  expliquent  cette  manière  de  voir. 

Les  deux  généraux  ennemis  ayant  arrêté  leur 
plan  d'opérations ,  il  fut  convenu  que  Blùcher  di- 
rigerait ,  dans  la  journée ,  les  corps  de  Thidbmann 
et  de  Ziethen  à  Saint-Germain,  pour  y  passer  la 
Seine ,  et  que  celui  de  Bûlow  se  tiendrait  en  po- 
sition au  Bourget  et  devant  Saint-Denis ,  jusqu'à 
ce  qu'il  fût  relevé  par  l'armée  anglo-batave.  En 
conséquence ,  le  colonel  Hfller ,  du  corps  de  Bû- 
low ,  reçut  l'ordre  de  s'étendre ,  avec  six  batail- 
lons de  sa  division  (  i6*)  et  un  r^^iment  de  ca- 
valerie, de  Stains  et  Pîerrefitte  vers  Épinay ,  pour 
compléter  l'investissement  de  Saint-Denis  et  cou- 
vrir le  mouvement.  Le  corps  de  Thielemann ,  qui 
était  parti  à  cinq  heures  du  matin  de  Dammartin, 
arriva  vers  midi  à  Gônesse ,  où  il  reçut  l'ordre 
de  continuer  sa  marche  sur  Argenteuil.  Vers  trois 
heures  après  midi,  ce  mouvement  de  troupes 
ayant  été  aperçu  de  Saint-Denis ,  le  général  qui 
y  ccmimandait  poussa  des  reconnaissances  vers 
Stains ,  Épinay  et  Pîerrefitte.  Après  un  combat 
de  tirailleurs  assez  vif,  les  reconnaissances  ren- 
trèreht.  Â  dix  heures  et  demie  du  soir,  le  corps 

(*)  C.  deW.,  page  5î,  etBotho,  pag«  t^a. 


GHAPITU   II.  !È2^ 

de  Ziethen  se  mit  également  en  marche ,  se  diri- 
geant sur  Gônesse  :  ses  avant-postes ,  soutenus  par 
deux  rëgimens  de  cavalerie  et  un  bataillon  d'in- 
fanterie, restèrent  sur  la  ligne  qu'il  avait  occupée. 
Dès  le  matin,  le  ma)or  Colomb ,  avec  son  régi- 
ment de  hussards  (le  8*)  et  deux  bataillons  d'in- 
fanterie ,  avait  été  détaché  par  le  maréchal  Blû- 
cher,  pour  essayer  d'enlever  Napoléon,  qu'on 
croyait  encore  à  Malmaison.  Le  major  ayant  trouvé 
le  pont  de  Chatou  détruit ,  se  rabattit  sur  celui 
du  Pecq  qui  lui  fut  livré.  Là,  le  major  prussien 
apprit  que  Napoléon  était  parti ,  et  il  s'arrêta,  se 
contentant  de  garder  le  pont.  Un  détachement 
envoyé  par  le  général  Yandamme ,  pour  le  dé- 
truire, arriva  trop  tard.  L'armée  prussienne 
marcha,  toute  la  nuit ,  savoir  :  le  corps  de  Ziethen , 
par  Gonesse ,  Montmorency ,  Samois  et  Sartrou- 
ville,  sur  Maisons,  où  il  devait  passer  la  Seine;  le 
corps  de  Thielemann,  par  ArgenteuU,  où  il  laissa 
sa  cavalerie ,  et  de  là  au  Pecq.  Le  lieutenant-colo- 
nel Sohr ,  avec  les  régimens  de  hussards  de  Bran- 
debourg et  de  Poméranie ,  détaché  du  corps  de 
Pirch,  depuis  Namur,  fut  dirigé  de  bonne  heure 
vers  le  Pecq  ;  il  y  passa  la  Seine,  et  vint  la  même 
nuit  à  Versailles. 

•L'armée  anglo-batave  s'avança  le  3o  jusqu'à 
Louvres ,  où  les  deux  corps  de  Hill  et  de  Byng 
prirent  position.  La  réserve  du  général  Kempt, 
passa  l'Oise  à  Pont-Saint-Maxence ,  et  s'avança 
jusqu'au  delà  de  la  forêt. 


s3o  JLivAE  m. 

Le  mouTeme&t  de  Blficfaer ,  mit  la  i4v€  gauclie 
de  la  Seine,  a  été  loué  par  tous  les  écrivalifts  de  b 
coalition,  comme  le  réaukat  des  conribinaisont 
d'un  esprit  supérieur.  Il  a  réussi,  et  le  vulgaire 
ne  fuge  guère  audremeot  que  par  rérénement. 
Le  bon  sens  seul  suffit  cependant  pour  en  faire 
voir  le  danger  et  l'imprudence.  Bldcher  n'avait 
devimt  Paris  qu'environ  cinquante  mille  hom- 
mes (*) ,  ç'e8t-4-dire ,  une  force  inférieure  à  celle 
de  f  armée  française  qui  était  autour  de  Paris. 
Le  3o ,  l'armée  mglo-batave  était  en  marche  de 
Pont-Saint-Maxence ,  et  ne  pouvait  pas  dans  cette 
Journée ,  ni  même  le  premier  juillet  avant  midi  \ 
joindre  les  Prussiens.  Il  devait  donc  admettre 
dans  les  choses  probables ,  que  l'armée  française 
réunie,  aurait  l'intention  de  lui  livrer  une  ba- 
taille avant  l'arrivée  de  son  allié.  Cependant  il 
hasarde  le  même  jour  un  mouvement,  qui'éten- 
dait  son  armée  jusqu'à  Saint-Oermain,  et  dont 
la  continuation  allait  laisser  son  flano  gauche  dé- 
couvert, douze  heures  avcmt  que  les  premières 
troupes  anglaises  ne  pussent  arriva*.  A  quatre 
heures,  le  corps  de  Thielemann  avait  dépassé  Âr- 
genteuil ,  et  son  mouvement  ne  pouvait  pas  être 
ignoré  à  Paris.  Si  donc  en  ce  moment ,  ou  même 
une  heure  plus  tard,  soixante  mille  hommes 
de  troupes  françaises  eussent  débouché,  par  Au* 
berviiliers  et  Saint-Denis,  .sur  le  corps  de  Bù- 

{*)  ZictUcu ,  1 3y0oo^  ThielemMin,  i  S^ooo  -,  Bfulow ,  sOyt>oo . 


caiO'nsB  u.  a3i 

iow^  l'armée  prassieime  élMt  coupée  fiar  tntx 
centre,  et  exposée  i  une  défisdte  certaine.  Slâcher 
n'avait  paB  tfUMraiite  mille  hammes  entre  le  Bour- 
get  et  BoiKly,  et  le  corps  de  TUelemann  était 
défd  tffop  ékngné  pour  qu'il  pût  revenir  à  tempe. 
Le  i*'  fuiliet,  au  malin,  le  daaiger  de  Tarmée 
prutsâeoBft  était  encore  pl«B  imminent.  Si,  wtm 
deux  beuTCs  d«  matin ,  Tnnmée  firançaise  eût  atta- 
qué Bûlow,  elie  n'aurait  en  aflGûre  qu'A  ce  corps 
aeul;  celui  de  Zielhen  était  engagé  en  colonnes  de 
marche  dans  la  TaUée  de  Montmor^oicy  $  celui  de 
Thielemann  appiuchait  de  Saint-Germain.  Dans 
une  situation  semblable,  ces  trois  corps  étaient 
détruits  l'un  après  l'autre. 

La  position  de  l'armée  prussienne  n'était  pas 
moins  désavantageuse  le  a  juillet.  Vers  midi,  le 
corps  de  Ziethen  était  engagé  dans  les  défilés  de 
Ville-d'Avré  et  de  Sèvres;  celui  de  Thielemann 
était  entre  YersaiUes  et  Velisy;  celui  de  Bûlow 
entre  Saint-^Germain  et  Versailles.  C'était  le  mo^ 
ment  dont  pouvait  profiter  le  général  en  chef 
français.  Un  corps  de  quinae  mille  hommes ,  ap- 
puyé par  les  fédérés ,  suffisait  pour  garder  les 
lignes  de  Montmartre  et  de  Bdleville.  £n  dé^ 
ployant  une  partie  de  la  garde  nationale  sur  la 
sommité  des  hauteurs ,  et  sans  l'exposer  aucu- 
nement ,  on  pouvait  engager  de  fausses  attaques 
sur  différens  points  du  front  de  l'armée  anglaise* 
La  prudence  du  duc  de  Wellington  est  un  sûr 
garnit  qu'il  aurait  été  retenu   dans  ses   pùà* 


.â3s  Lnru  lU. 

tioDB  par  cette  démonstaration. 
croire  que  le  général  français  était  assuré  qu*y 
n'aTait  rien  â  craindre  à  la  riye  gauche  de  la  Seine, 
et  Youlait  l'attaquer  isolément.  Alors  il  restait 
plus  de  soixante-quinze  mille  hommes  disponibles 
pour  agir  contre  les  Prussiens.  Les  ponts  de  Sè- 
vres et  de  Saint-Gloud  n'étaient  pas  encore  dé- 
truits ;  l'armée  française  pouvait  donc  déboucher 
en  trois  colonnes,  par  Saint-Cloud,  Sèvres  ^ 
Meudon.  L'armée  prussienne  se  trouvait  alors 
dans  la  position  la  plus  critique  où  une  armée 
puisse  se  trouver  ;  attaquée  en  flanc  par  des  forces 
supérieures ,  lorsqu'elle  même  était  séparée ,  dans 
un  terrain  coupé,  et  qui  ne  lui  offrait  pas  un 
champ  de  bataille  où  elle  pût  se  réunir.  Le  duc 
de  Wellington  avait  bien,  à  la  vérité,  fait  jeter 
un  pont  à  Ai^enteuil;  mais  en  supposant  même 
qu'on  n'eût  pas  réussi  à  le  retenir  à  la  rive  droite 
de  la  Seine,  il  lui  fallait  faire  un  détour  de  plus 
de  six  lieues  pour  secourir  les  Prussiens  :  il  arri- 
vait donc  trop  tard. 

Ce  court  exposé  suffit  pour  démontrer  que  le 
seul  mérite  des  généraux  ennemis,  fut  de  n'a- 
voir éprouvé  aucun  obstacle  pendant  un  mou- 
vement, qu'on  pourrait  qualifier  une  témérité 
inouïe,  s'ils  n'avaient  pas  des  garanties  qu'on  les 
laisserait  faire  impunément.  La  faute  commise 
par  Blûcher  fut  aperçue  et  appréciée  par  toute 
l'armée  française,  et  y  excita  les  plus  vives  ré- 
clamations. Mais ,  pour  nous  servir  des  exprès- 


sions  d'un  écrhrain  contemporain,  «  des  hommes 
«  qui  croyaient  gouverner  la  France ,  avaient  en- 
«  chaîné  le  courage  d'une  armée,  outragée  d'être 
c  vendue  aux  intérêts  de  quelques  hommes ,  qui 
c  voulaient  se  racheter  aux  dépens  de  l'honneur 
c  de  leur  pays.  »  On  ne  prit  pas  d'autre  mesure 
que  celle  de  retirer  la  garde  de  la  rive  droite  de 
la  Seine,  pour  renforcer  les  corps  du  général 
Yandamme.  ^  force  de  représentations ,  le  comte 
d'Erlon  obtint  que  trois  inille  fédérés  (sur  quinze 
mille  )  fussent  armés  et  envoyés  sur  la  butte 
Chaumont,  en  remplacement  de  la  garde,  et 
sous  les  ordres  du  général  Darricau.  Nous  avons 
vu  que,  le  ^7,  Napoléon  avait  proposé  au  gou- 
vernement provisoire ,  de  se  mettre ,  comme  gé- 
néral ,  à  la  tête  de  l'armée  française.  Si  son  offre 
avait  été  acceptée,  il  n'y  a  pas  de  doute  qu'il 
n'ait ,  le  29 ,  attaqué  avec  toutes  ses  forceis ,  les 
flancs  et  les  derrières  de  l'ennemi,  en  profitant  de 
son  faux  mouvement.  Une  victoire  certaine  sau- 
vait la  capitale^  et  donnait  le  temps  et  les  moyens 
de  négocier  avec  plus  d'avantage.  Mais  une  vic- 
toire remportée  sur  les  armées  prussienne  et  an- 
glaise ,  et  la  conservation  des  intérêts  nationaux 
n'entraient  pas  dans  les  plans  qui  avaient  été  ar- 
rêtés. Il  fallait,  pour  leur  développement,  que 
Paris  fût  rendu  sans  défense ,  et  que  l'armée  en 
fût  éloignée  ('). 

O  Nooft  ne  pouToni  ptt  noii§  dispenser  dMnscrcr  ici  une  note  de 


a34  ^^"  ™^ 

lie  1  *  î^illet ,  de»  fc  maÉin ,  le»  dntx  Tégimeiw 
{iffUMieiiS  qui  étaieiit  à  Vemaittes  se  mirent  ea 
mmiTemenl: ,  dans  la  direction  de  Yelisy ,  afin  de 
gagner  la  roate  d'OriéanB,  Ters  Antony.  JLe  n»- 
féchal  Davoust,  averti  de  leur  dessein,  0e  délei^ 
miiia  «pendant  â  doiiner  quelques  fiâmes  d'eus*- 
tmce.  Le  général  Exceimaus  reçut  Totére  d'atta- 
quer la  caTakrie  pruBsi^ine,  avec  environ  quinrô 
cents  chevaux  et  UH  bataûHon  dlnfantwîe.  Le  gé- 
néral Ëxcdmanfi  se  dirigea  par  la  route  de  Mont* 
rouge  et  Ptessis-Picquet,  avec  les  5%  i5*  et  ao* 
de  dragons ,  et  le  6*  de  hussards ,  tandis  qu'U  en- 
voya le  général  Pire,  par  Yille-d'Avré,  prendre 
poste  à  Roquencôurt,  avec  les  i""  et  6*  de  chas- 
seurs, et  un  bititaiUon  du  44^  régiment  de  ligne. 
Les  deux  régimens  de  hussards  prussiens  avaient 
déjà  dépassé  YeKsy  et  arrivaient  à  la  hauteur  du 
bois  de  Verrières^  lorsqu'ils  furent  rencontrés  par 
le  général  Ëxcefanans.  L'ennami  fut  chargé  de 
front  par  les  5*  et  1 5"*  de  dragons,  et  en  flanc  par 
le  6*  de  hussards  et  le  20*  de  dragons  ;  il  fut  cul* 
buté  sur  tous  les  points ,  et  poussé  jusqnes  au 
ddà  de  Versailles,  par  le  6*  de  hussards  ^  le  5*  de 
dragons.  Là,  les  Prussiens  rencontrèrent  le  gé* 
néral  Pire ,  et  tandis  qu'ils  recevaient  en  flanc ,  et 
â  bout  portant ,  la  fusillade  du  44*  ^  ligue ,  les 

rantcnr  de  PEssai  sur  la  puÎMance  militaire  et  politiqoe  de  la  Roâtie , 
relatÎTement  à  cette  circonsuuice  :  «  Napoléon  ignorait  sans  doute, 
«c  dit-il,  qnc  Te  mouyement  des  allies  était  réglé  par  des  arrangemcns 
«  politises  à  Paris.  »  Pkgeçt. 


CAIif  IHB  II.  fl35 

i**  el  6*  <|e  cfaMtteurs  les  ebaongèmnt  en  tête.  Lee 
deuK  régîisia[is  prussieiis  furaot  presque  détriHt»; 
leur  chef  reste  sur  le;Ghajxip  de  bataille,  griève^ 
ment  blessé,  et  an  leur  prit  environ  miUe  dhe*- 
^rmxL.  Le  général  Excelmaos,  contiiiuant  nom 
^louye^lent ,  arrira  vars  s^  heures  du  soir  à  la 
vue  de  Marly,  où  îl  reucofutra  la  division  prus- 
sienne de  Bork ,  qui  était  en  têle  de  colonne  da 
carpe  de  Thidemann.  L'ennemi  se  mit  en  ba«- 
taiUe  en  travers  de  la  route,  et  fit  occuper  Lan-'- 
veciennes  par  deax  bataillons.  Le  général  Excel- 
mans ,  qui  n'avait  qu'un  faible  bataillon  d'infan*- 
terie  ^  n'était  pas  eai  état  de  rien  entreprendre 
contre  la  division  ennemie  ;  il  évita  le  combat  et 
•e  replia ,  par  Versailles,  sur  l'armée.  Les  a*  «t  4* 
corps,  qui  devaient  l'appuyer,  avaient  reçu  contres- 
ordre  à  l'instant  de  se  mettre  en  mouvement* 
Ainsi  finit  une  opération  que  le  maréchal  Da- 
voust  n'avait  entreprise  que  pour  satisfaire  aux 
réclamations  de  toute  l'armée ,  indignée  qu'on  la 
tint  dans  une  honteuse  inaction ,  à  la  vue  des 
bravades  de  l'ennemi  :  ordonnée  contre  son  gré, 
^e  échoua  par  l'ordre  précis  du  général  en  chef, 
et  l'armée  prussienne  échappa  au  désastre,  au^ 
quel  l'avait  exposée  l'imprudence  et  l'impéritie 
de  son  propre  chef.  Dans  les  rangs  français ,  on 
cria  hautement  i  la  trahison. 

Le  soir,  l'armée  prussienne  occupait  les  posi- 
tions suivantes  :  le  corps  de  Ziethen,  qui  avait 
passé  la  Seine  au  pont  de  Besons,  campa  entre 


336  Lnru  ui. 

Mesnil  et  Saint-Germain  ;  le  corps  de  Thiele- 
mann  en  ayant  de  Saint-Germain ,  ayant  la  divi- 
sion Bork  à  Roquencourt  ;  le  corps  de  Bûlow, 
Tdbvé  dans  l'après-midi  par  Tayant-garde  an- 
glaise ,  était  en  mouyement  pour  se  rendre  à  Ar- 
genteuil ,  et  de  là  à  Saint-Germain. 

L'armée  anglo-bataye  entra  dans  les  positions 
de  Tarmée  prussienne.  Les.  corps  de  Hill  et  de 
Byng,  occupèrent  les  positions  d'Aulnay  et  du 
Bourget ,  ayant  leurs  postes  ayancés  à  Baubîgny, 
Auberyilliers  et  deyant  Saint-Denis  (*).  La  ré- 
serve de  Kempt  yint  à  Louvres. 

Les  troupes  françaises  qui  défendaient  la  riye 
gauche  de  la  Seine ,  sous  les  ordres  du  général 
Yandanmie ,  étaient  en  position  sur  les  hauteurs 
de  Montrouge  ;  la  droite  à  la  Seine ,  vers  Issy ,  le 
centre  yers  Montrouge ,  et  la  gauche  appuyée  à 
Gentilly .  Les  villages  de  Yanvres  et  Issy  étaient  mis 
en  état  de  dtfense,  et  Tavant-garde  occupait  Chà- 
tillon,  Glàmart,  Meudon,  Sèvres  et  Saint-Cloud. 

Enfin,  le  i*' juillet,  Fouché  ayant  vu  arriver 
le  moment  du  dénoûment  qu'il  avait  préparé , 
et  assuré  que  la  capitale  allait  être  investie  sur 
les  deux  rives,  écrivit  au  maréchal  Davoust, 


{*)  La  moitié  de  rinfanterie  hollandaise  était  rest^  en  arrière  ,  savoir  : 
la  dinsion  Stedtmann  derant  Valenciennes ,  et  nne  brigade  de  la  division 
Perponcher,  à  Pcronnc;  le  resunt  était  devant  Paris  :  la  b^gade  An- 
tbing,  à  Stains^  la  division  Cliasse,  à  Aulnay  et  Baabigny;Ia  a*  Ixi- 
gadc  de  la  dÎTision  Perponcher,  au  Bonrget  j  lacaTslerie,  an  Bourgel, 
D«gnj  et  Suins. 


CHAFITBS   II.  237 

pour  lui  demander  un  rapport,  qui  devait  se  l>or- 
ner  à  répondre  aux  questions  suivantes  :  i""  Peut- 
on  défendre  les  approches  de  Paris,  même  à  la 
rive  gauche  de  la  Seine?  â"^  Peut- on  empêcher 
les  ennemis  d'entrer  à  Paris?  S""  Peut-on  tenter 
un  combat  sur  tous  les  points  ?  4*  Peut-on  ré- 
pondre du  sort  de  la  capitale,  et  pour  combien 
de  temps  ?  Le  maréchal  Davoust  fut  invité  à  por- 
ter son  rapport  i  la  séance  de  la  commission  du 
gouvernement,  qui  devait  avoir  lieu  le  mêine 
jour  à  dix  heures  du  matin.  A  l'heure  indiquée , 
un  conseil  extraordinaire  fut  tenu  aux  Tuileries. 
Outre  le  maréchal  Davoust,  on  y  appela  les  ma- 
réchaux. Masséna ,  Soult  et  Lefëvre ,  et  quelques 
généraux  choisis.  Au  lieu  des  bureaux  entiers  des 
deux  chambres,  quelques  membres  seulement  fu- 
rent appelés.  Un  membre  du  gouvernement  pro- 
posa d'abord  qu'on  se  renfermât  absolument 
dans  la  question  militaire.  Quelques  membres 
de  la  réunion  demandèrent,  pour  se  décider,  de 
connaître  où  en  étaient  les  négociations.  Fouché 
répondit  que  Wellington  montrait  beaucoup  d'é^ 
loignement  poiu*  un  armistice  ;  il  mit  tout  son 
art  à  insinuer  qu'il  ne  fallait  pas  }»*olonger  la 
défense  de  Paris,  et,  lorsque  tout  était  prêt  à 
s'arranger,  risquer  une  existence  assurée  pour 
tm  avenir  incertain.  Il  fallait  reconnaître  les  Boar^ 
bons,  mais  ib  seraient  forcés  d'accorder  toutes  les 
garanties  qu'on  demanderait.  Les  chambres  se- 
raient conservées  ;  ks  généraux  resteraient  à  l'ar-- 


j|3&  UTU   lU. 

mé^:  tout  iitettUe»*  La.  qiiestioli  ramenée  acw» 
le  poin<  de  ime  «aâlitrâre,  la  cemoniiMioB'  prit  nm 
tfrëté  cjfuî  p(»!taif  en  svd>ftlaace  :  cpie  le  maréchnl 
Dapfowt  réiMMifai*  le  sdr  ,^  à  neuf  heiures^  à  li» 
¥ilktle  jx  un  eomèit  de  guerre.^  composé  de»  gé^ 
néiaux  centtnandatii;  lea  corpe  d'armée^  q&lU  wmn 
éraii.  cl^mrs  de»  chef»  de  TactHierie  «t  du  9énie^ 
el  d€9i  nuêrédamte  prëêtoiâ  è  Fvu^  que  ce  eoB$el> 
4a  guerae ee  faoraecait  ktvèfaùàE& wku  qncstâoiui 
quiiureait  indiqikéeB,  el  ipli  étaient  kaqmigc  f  e> 
noiM  atoti»  rapportées  ^  et  deilK  «nivelles ,  rcla«« 
tlvea,  runeÀTébat  dm  retraneheineBs  aatoar  de 
Pari»,.  Fautse,  i  Fétarfc  des  iminiliôra'  f^). 
:  ]>bku  épargneMUfi  au  lecleikr  de.kMsgttea  obcM^ 
"MitiiHifl  sut  Fabflurdité  de  ciêtie  mètfiure.  La  touiH 
BUte  des  questions  pcksées,  déddait.  émlctainieiift 
leur  salutioo.  Leur  eirconscriplion  avaife  été  tra^ 
cce,  de  manière  i  ce  que  ks  réponses  dussen* 
nécessiter  la.  i^dltion.  de  Bâti».  On  avait  évité 
d^  prësenter  k  véritable  petsilMte  militefire  deà 
dvtnéeé,  qui  aurait  araené  le»  q;Malk>tts  suhranles. 
Ldt-  aormées*  prussienne  et  anglaise  sont  séparée» 
pa»  hiSeineeK  par  ua  détona  de  As.  lieues;  te» 
a*t]ie»'Gdaliflé»'ne  pëu'^nt  aMiver  avant  le  i&; 
fieutton ,  à  Faide  des  retranehenens  de  la  rive 
draibe ,.  contenir  les  Anglais  »  afin  dé  pouvoir  réU^ 
nir  Ik  plua  gmnde  partie  db  Fàftnée  contre  k» 
Sniaskntf?  peutHm  être  assuré  aks»  d^nne  vic^ 


cnâfiiuriii.  »99 

g^ais-A  ^<&^ffdew  ife  ^Favin  ?  Cei:  deuoD  ^pieBtÎDiiiy 
ksMfufes  ^%  y^t  èb  jpoi'cr^  awaifiitjélé  répoq>* 
é«eA  iafifanitatÎTeniéirt  ^  et  ne  fi^wniènt  pas  l'éta 
avfeeeÉBieitf «  Moi»  ne  pounnons.  ftaÉier  «a»i»  silence 
tiiie.  «atre*  dbierfadîoil.  Pourquoi  avoir  bâsgé  â 
]^Kn>nst  le  dmit  d'écaifter  d&  la  détibératâcm  «  tei 
généraux,  cfaa&de'Covp»,  qv^ voudrait,  dest-i^ 
disev^  ■  cenx'  ^lii'sflrâlèiiÉ .  (J'ubr;  Qfiîiion -éèÉlMiio 
àila  iâsnileB-)  '  «N!'-' 

:MJbC!:cibÉ8èil'jAe^g«eiTa  se  Iîdé  en  eiSet  èneaf 
lBmmxeà:.êah  ibîà4  iiialRlfetft^^IaîéiB^usMDii/y 

mons^.  Lii<pki|Mrt  doiof  us;q«i  amitant  '  éomiaMb 
à  è^flumée^  étaatet'  dlaeiia  qu'il-lailail;  attaqur  Ida 
Bnass^ènijpiijjb^c»  ^r^it;  assvnéV  d^aaSûAb.;'  Le^ 
a]ilnèfa:^:él'cânx'ikiitoitt  Sqnâ  aûfppestënwUI:  :pU 
àifktmèe^^lyimaàaàafk .  qv^àtk  icapitalàtl  Uas^afiN 
pat^èratt;  sm  iSmpmsïlbmté  ^  .vémtsfÊ-.  à  une 
dablrle,  sÊtài^yliiulstfim^ne  mAiiè  des  rati 
tSMftcfafUMns  jab0  ^l^^'-niré  gâuds».  Xei  6it  pen«i 
ëÎBrtr.eejGnsatl,  .cfia'lm,  messagier  de  la. .ciKuaibau 
dmiseiiaésefataHHiy  ^ilit^âpi|lorter  aitiqNiÉéclKifc  ïlbEi^ 
lioust  la'Ir^pfiDAé'ii  Kadrwne  dfi:Vàraiée;  'Le  ma-^ 
FÀthal  Dsanvàt,  -aascs  «nkaraasaé-  4e  la  poiéscnca 
dê':4ufi]k]Uibft;iûnè(iÉ»-^  eîftplB|qat:faaK'.cuiMOXiki 
nœasage.jquiibMettrait,  endbam:  )fil'il  s!a^asaih 
dlnlieiadnBisev  pcair  la(|iidiié  «a  iiturit)  m/^fonr.M 
^^gMdrcirir.  La*  générai  Haso  déiayôu^^égafaiaeut 
ku.sîntte*  Enfin,  le:  conseil-  d»  gt^rvei  se  sépioray 


dans  la  nâlt,  $an$  uns déHbiratUm  fùrm§Ue^%hMs 
ATom  p&m  iHi  KXBkvk.  Après  que  la  plupart  des 
généraux  employés  à  l'armée  furent  partis,  pour 
retourner  à  leurs  postes,  il  fut  cependant  dressé 
un  procès  -  Terbal ,  que  si^èient  individueile- 
ment  les  généraux  qui  partageaient  l'opinion  de 
Dayoust.  Ce  procès-verbal ,  quiattendaii  Fouché, 
ayant  été  euToyéau  gouvernement ,  lacapitulatiou 
fut  décidée,  malgré  l'ôppoMlion  die  Camot,  sedl 
Le  2  juillet ,  l'armée  prussienne  continua  son 
mouvenMit  em.  avant;  Le  oorps/de  Thielemann 
s'avança?  }Ufiqu  a  Roquientcttirt,  oà. il  devait  s'ar- 
rétor  pt>ur  attendre  celui  de  Ziethem.  JUors  oe 
deruer  devait  se  <firiger  par  Ydaevesson ,  Sèvm» 
et  Meudcm,  aur  Issy,  et  celui  dé  Thiel^nann,> 
par  Yersaitles,  YéHsy  et  Vtksm^JHc^^aet,  sur 
GhatiUaii.  Le.corps  de.BùloW.dewôt  s'élabliren; 
réserve  à  Yersailles.  Bans  l'â^ia^midi^'le  coi^ 
de  Ziethen^yant  dépassé  Yauaràsaa,rèncontBa 
nos  premiers  avant^postes  à  YiUeKl'Aviré ,  et  ks 
poussa  sur  Sèvres.  Ce  bourg  étaint  «occupé  par 
nos  troupes,  le  général  Ziethen  fit  ses  dispos»- 
tioÎDâ  d'attaque,  vers  trois  heures.  La  division 
Steinmetz,  soutenue  par  les  divisions  Pirch  et 
Henkel,  fut  destinée  à  attaquer  Sèvres,  en  dé- 
bouchant par  le  parc  de  Saint^^loud.:  La  divi- 
sion Jagow  fut  placée  en  observation ,  devant  ce 
dernier  endroit.  Le  jEedhle  corps  français  qui  était 
à  Sèvres ,  se  défendit  avec  valeur  et  assez  long-^ 
temps,  pour  qu'on  pût  détruire  une  aiche  de 


CHAPITU   II.  2i^l 

ce  pont  et  unie  de  celui  de  Saint-Cloud.  Après  un 
combat  de  près  de  deux  heures,  nos  troupes  furent 
forcées  à  la  retraite  sur  Meudon  et  Moulineau. 
Alors  le  général  Ziethen ,  faisant  occuper  Sèvres 
par  la  division  Henkel ,  rappela  la  division  Jagow 
de  Saint -Cloud,  et  dirigea  la  division  Steinmetz 
sur  Moulineau ,  et  celle  de  Pirch  sur  Meudon. 
Ces  deux  villages  furent  emportés  par  l'ennemi. 
Le  général  Yandamme  fit  réattaquer  Moulineau  ; 
mais  l'ennemi ,  ayant  reçu  quelques  bataillons  de 
renfort,  l'attaque  échoua.  Le  général  Ziethen, 
maître  des  hauteurs  de  Meudon ,  vers  six  heures 
du  soir ,  fit  ses  dispositions  pour  attaquer  Issy. 
Les  divisions  Steinmetz  et  Pirch  s'avancèrent  sur 
les  hauteurs ,  près  du  moulin  de  Clamart  ;  les  di- 
visions Jagow  et  Henkel  restèrent  en  réserve ,  la 
première ,  près  du  château  de  Meudon ,  la  se-s 
conde,  â  Moulineau.  A  sept  heures,  les  deux  di- 
visions prussiennes  attaquèrent  Issy,  défendu  par 

la  division Le  combat  fut  long  et  sanglant  ; 

plusieurs  fois  les  ennemis  furent  repoussés  ;  mais 
enfin ,  vers  minuit ,  le  général  Ziethen  ayant  fait 
entrer  toutes  ses  troupes  en  ligne,  le  village  fut 
emporté.  Cette  journée  coûta  près  de  treize  cents 
hommes  à  l'ennemi.  Le  général  Ziethen  laissa  la 
division  Pirch  à  Issy  ;  la  division  Steinmetz,  qui 
avait  le  plus  souffert ,  prit  position ,  avec  la  cava- 
lerie ,  au  moulin  de  Clamart  ;  celle  de  Jagow  se 
réunit  à  Meudon,  et  ceUe  de  Henkel  à  Moulineau. 
Le  corps  de  Thielemann  avait  continué  son  mou- 
IV.  i6 


VëiftèDt  pekidatit  ce  témfMs.  La  tiiviston  Botii ,  tjuî 
ëtalt  &  l'avant-g^de ,  Arriva  à  lanfiit-devant  Châ- 
tSthn ,  ^  y  prit  ip<ysitioiL ,  après  avoir  échangé 
^èt<{Ues  coups  de  caB<yh  aVèc  nos  troupes.  Le 
testant  du' corps  campa  plils  en  arrière,  deux  dt- 
viirtons  en  avant  de  Yelizy.  et  ttne  ^ntre  Sceaux  et 
Chsttenay';  la  cavalerie  avalit  été  détadiée  â  Samt- 
^yr,  pour  couvrir  le  mMvéïifiéDrt  de  FarBCiée  par 
ik  droite.  Le  corps  de  Bûlow  S'étabMt  à  Versail- 
les (*) ,  oè  Bîôcher  ètit  soti  ^artielvgéHéral. 

Le  duc  de  Wéllkigton ,  àyai^  fé&t  jeter  un,  pont 
&  Argentëiril,  fit  occuper  par  des  détàcSiemens. 
•Snrêne ,  Gourbevoye ,  Ânières ,  Vffleneu ve*la-Gà- 
Yetihe  et  Chàtoti. 

L'aiinée  'frailçâfse,  laissant  ^on  edle  gauche  Ven 
^eMilly  ,'ét  le  cenftre  à  Môntrouge,  repfia  sa  damte 
'e<i  ârtrièt^  de  Vaughrard;  ce  village  continua  néam- 
Itioins  à  être  occupé. 

"Vers  dix  heures  dn  soir-,  le  maréchal  Davoust 
'éiivOysL  «le  général  Aevest,  pour  proposer  au  .gé- 
^érbl  Zietlien  tine  suspension  d'armes  et  la  red- 
'ditiMi'de  Paris.  ïi&  réponse  fut  telle  qu'on  9>oii- 
vait  lattendre  :  Ziéthen  dit  qu'il  ne  voulait pcûnt 
entendre  de  suspension  d'hostilités ,  que  l'armée 
française  ne  posât  les  armes  (**).  Le«gôuveroe- 

(*)  La  Tillc  ^e  VersaUIes  paya  ebcr  le  cdttibâtqaî  sVtait  litre  U  reillc, 
«t  imùnUt  les  effetf  de  la  colère  de  l'eimemi  à  <pà  elle  atait  affaire.  Elle 
fat  rançonnée  par  une  contribution  énorme,  et  livrée  aux  dévastations 
d^unc  soldatesque ,  la  plus  pillarde  de  TEurope. 

(**)  ^o^cz  Pièces  jûftifieàlîm,  W*' 'îOOMl. 


ment  et  le  gjénér^  en  chef  avidèneut,  ibpa  U  ai* 
Jence,  l'opprobre  4e  .cette  ipsujte.  Fouch^,  ^pei^ 
^ot^  et&^  associés,  ^ui ne  pouvaient p^  espéreir 
de  ployer  V^rvaée  à  p^fisejr  sou$  Je  joug,  de  ^1  eur 
nem^  se  Jbâtëcent  4e  ct^Lercl^r  uja  adaucîspiei- 
meot  Dons  1»  méi^te  nuit,  4eu9:  pc^^^^pj^e»  fMrenf; 
expédiées  :  te  génér^J  Tp^melin  è  Blûdiep,  ef 
Maciron^  à  Wellington.,  pour  Jevr  repréaenltejr 
<)u'wie  îactan^^  jidici^le  étaj^t  hors  de  ^^i^on.,  et 
que  .&i  r^wée  avait  cpnoai^çaw^  4e  la  br^ya^^ 
4e  Zietben^  rien  ne  p^ur^ait  arjrêter  ea  '}^^t^  indi- 
gnation; Wellioigton  et  Blncb^»  malgré  Icjur^  mer 
Jaaces ,  craignaient  l'année  ;  nous  en  foujrni^ona 
4es  preuves  pLusbas.  Foucbé  reçut  Fass  wance  que 
4e3  commissaire^  »eraien|:  reçus  ^  le  lendemaw, 
pour  traiter  d'une  convention  d'évacuation. 

X-e  3  juillet ,  les  deux  armées  ennemies  ne  firent 
auoiin  mouY-ement.  Ce  jour-là ,  vers  trois  i^eures 
jdu  ms^e  le.jmwéchal  Davoust  fit  u^ie  espèce  de 
tentative  jpow*  .reprendre  le  yiUage  d'.Issy ,  ^jm  fut 
4éfep,du  jpar.deu^4ivi4iQn$  du  corps  de  i^ietben. 
Cette  attaque ,  mal  feife,  et  par  ,un  corp?  ,trop 
iffiible^  ^'eut  d'aMtr^  résulta  que  de  faire  tg/qr  4u 
2SKmde  .de  part  et  d'autre.  A  sept  bouges  du  noa- 
tix^i  le  combat  avait  oessé  et  nos  troupes  éjKniq;&t: 
centrée»  dam  lem^s  po^tk>n3.  Au  reste ,  cette  At- 
taque n!av«it  été  qu'un  prestige ,  pour  tromper 
l!opînlon  publiqi^e  et  le  déair  qu'oyait  l'armée 
de  défendre  la  capitale  par  les  armes.  Pour  com- 
pléter la  déception  9  on  avait  annoncé  pour  ce 


ii44  uvnt  m. 

)OUi>-là  une  bataille  générale ,  qui  tint  toute  Far- 
inée en  attente.  C'était  le  moyen  dont  on  se  ser- 
vait, depuis  plusieurs  jours ,  pour  calmer  son  im- 
patience. Après  le  combat  du  matin,  on  convoqua 
un  conseil  de  guerre  à  Montrouge ,  mais  on  eut 
l'attention  d'avertir  les  généraux  qui  s'opposaient 
à  la  reddition ,  assez  tard  pour  qu'ils  ne  pussent 
y  venir  qu'après  que  tout  serait  terminé  :  c'est 
ce  qui  arriva  en  effet.  A  huit  heures  du  matin, 
la  demande  formelle  d'une  suspension  d'armes , 
sous  la  condition  de  livrer  Paris  à  l'ennemi ,  avait 
été  faite  par  le  gouvernement  provisoire.  Cette 
demande  fut  acceptée,  et  Saint-Cloud  fut  désigné 
pour  le  lieu  des  conférences.  A  quatre  heures 
après  midi,  les  comjoiissaires  nommés  de  part 
et  d'autre  s'y  réunirent.  Ce  furent ,  pour  Je  gou- 
vernement provisoire ,  le  baron  Bignon ,  chargé 
du  portefeuille  des  relations  extérieures ,  le  lieu- 
tenant-général Guilleminot ,  chef  de  Tétat-major 
général ,  et  le  comte  de  Bondy ,  préfet  de  Paris  ; 
de  la  part  du  duc  de  Wellington ,  le  colonel 
Hervey  ;  de  la  part  du  maréchal  Blûcher,  le  géné- 
ral Mûfiling.  Dans  la  nuit ,  la  convention  pour  la 
remise  de  Paris  fut  signée  (*).  Les  principales 
conditions  étaient,  que  les  postes  avancés  se- 
raient remis  à  l'ennemi  le  4  ^t  le  5 ,  et  les  bar- 
rières le  6  ;  l'armée  française  devait  se  retirer 
derrière  la  Loire  ,  en  emmenant  son  artillerie  et 

(*)  ro>«  Pièces  jiisiificaÛTcs,  N»  XXXVffl. 


CHAPITRE   II.  a4^ 

tout  son  matériel ,  et  y  être  rendue  le  8.  Aucune 
garantie  ne  fut  stipulée ,  pour  les  intérêts  de  la 
nation,  ni  pour  ceux  de  l'armée.  On  n'avait  pas 
osé  livrer  une  bataille  à  un  ennemi  ^al  en  nomr 
bre ,  et  on  se  soumettait  à  des  conditions,  qui  ne 
pouvaient  être  pires  après  l'avoir  perdue.  Ainsi 
fut  conclue  une  des  plus  mémorables  capitu- 
lations dont  l'histoire  nous  ait  conservé  le  sou- 
venir ,  et  une  des  plus  riches  en  conséquences 
désastreuses  def  tout  genre.  La  première  fut  le 
licenciement  de  l'armée ,  exigé  par  la  vengeance 
de  nos  ennemis.  La  seconde  fut  l'occupation  du 
territoire  français  ,  cause  principale  d«s  réac- 
tions sanglantes  que  cette  occupation  protégeait , 
et  qui  ont  fait  autant  et  plus  de  mal  peut-être 
au  gouvernement  même ,  qu'à  ceux  qui  en  furent 
les  victimes.  Une  convention  conclue  après  une 
victoire  facile  à  obtenir,  et  qui  aurait  conservé 
la  dignité  nationale,  en  replaçant  le  gouverne- 
ment sur  ses  vraies  bases ,  aurait  ramené  et 
maintenu  l'ordre ,  comprimé  des  vengeances  san- 
guinaires et  le  plus  souvent  personnelles ,  et  mis 
un  frein  salutaire  aux  effets  de  l'irritation  et  de 
l'exagération  de  tous  les  partis. 

Quelque  douloureux  qu'il  soit  de  nous  arrêter 
plus  long-temps  sur  un  souvenir  aussi  pénible , 
nous  ne  pouvons  pas  nous  dispenser  de  mettre 
sous  les  yeux  du  lecteur  quelques  faits,  qui 
pourront  servir  à  diriger  ses  réflexions  et  à  fixer 
ses  idées.  Ils  sont  relatifs  aux  n^ociations  qui 


a46  LiTBB  m. 

OHt  ^u  liea  à  Sainf-Clood ,  et  démontrent  queDes 
étalent  les  Intentions  avec  lesquelles  Blûcber  et 
Welliîigton  ont  traité.  Nou^  laisserons  parier  le 
général  Mûffling  t  personne  ne  peut  être  mietcr 
informé  que  lui.  Voici  donc  ce  qu'il  nous  dît  (*)  : 

«t^our  la  France,  les  commissaifes  nommés 
«  pour  négocier  la  convention  de  Paris  étaient , 
«  le  ministre  des  relations  extérieures  ,  le  préfet 
*  de  Paris ,  et  le  chef  de  Tétat-major  général  de 
«larmée.  Ces  nkessieun  avaient  déjà  dressé  le 
«pfojet  d'une  convention. 

*  Là  première  difficulté  s'éleva  sur  ce  que  Far- 
«  mée  fi'ancaise  ne  Voulait  pas  passeï*  la  Loire. 
«  On  proposait  cependant  un  armistice.  Les  deux 
«maréchaux  avaient  sans  doute  les  mo^^ens  de 
«  dicter  la  convention  (**) ,  mais  leur  intention 
«  était  d'agif  avec  les  plus  grands  égards  et  la 
«plus  grande  modération,  pourvu  qu'on  ob- 
«tint  tes  quatre  points  suivans. 

«  1*  Placer  l'armée  française  dans  Une  position 
«  telle ,  qu'elle  ne  puisse  point  avoir  d'influence 
«  sur  le  gouvernement. 

«  2*  Retenir  le  gouvernement  au  pouvoir  des 
«  alliés ,  et  ne  point  permettre  qu'il  soit  déplacé 
«  de  Paris  (***). 

{*)  Campagne  des  années  anglo-baUTt  et  iirunftime^  cd  i6i5«  par 
àe  M... y  page  56  et  suÎTantcs. 

(**)  tl  £itit  passer  cette  petite  jactance,  en  fàrcnr  de  la  naiTet^  des 
arettt  qnl  guitent. 

(^^*)  Où  peut  Toir  le  but  de  cette  condition  dans  ^occupation  des 


«  3**  Ptec^r  r vwée  fnn,çm^  é^m  une  pMUioa 
«  telle  ^  qu'elle  ^e  pui3^  plw  être  nûlitairemeaQLt 
«  dnugereuse  ^ux  coalisées  {*}, 

«^'^  Jie  ne  tî^xk  «ccor4er  qui  puiaso  gép^ei?  te& 
«  souveraiii»  y  claoa  le»,  mesures^  qWU&  voMilf^ieut 
«  preiKlre  ^  Tawiiir  (**) . 

«  D'apr^â:  oes  pr^oiclpea»  U  ét^it  «^e^M^ 
«  d'insister  pow  qiie  Fermée  francise  ps^s^ât  la 
«Ivoire.  Conm^  toutes  lea  repr^utatipus  sur 
«  cet  objet  porm^^ept  ipotiles ,  les  ^us,  mar^ 
«  chaux  déoUir^eilt  qu'ils  ue  pouvaient  acop^ 4)çx: 
«  de  suspenaipQ  d'armes ,  que  spu^  cette  c^di- 
«  tlou,  Comme  i)  dépepdait  de  r^urpée  fr^uçâise 
«  de  prepdl^e  position  où  elle  voudrait ,  qu'elle 

a  deypit  s'3ttwdre  A  être  s^tt^quée  sur-le-i^hamp , 

«et  qu'elle  u'était  pa§  en  pos.itiou  de  recevoir 
%  uue  bpt^ille  (***) ,  cettç  difiioulté  fut  levée, 

«Dans  uu  wtîf^le  particulier,  il  avmt  été pyp^ 
«  posé  que  les  autorités  exiatautes  fussent  pj^ 

«  tégées. . 

«  Cet  article  étant  purement  politique  fut  re- 
«jeté,  et  les  maréçhaui^)  en  remplaeement  de 
«  l'article  i  o ,  en  dictèrent  un  autre  avec  une  pré<r 

* 

Tuileries  et  du  Luxembourg  par  leâ  Prus^jens,  et  celle  de  la  chaifi)>re 
des  rcpréscDtans  à  main  armée. 

(*)  Ceci  portait  sijf  une  cooveutioo  pajrliculicrc ,  dt'jà  faite  aycç  ]^ 
priace  de  T...,  et  qui  stipulait  le  licenciement  de  Tarixiée. 

(**)  /^ussi  ne  stipula-t-on  aucune  garantie  pour  )a  nation.  Xput  pxs^^ 
déj^  réglé  par  ^^  Ira^tc  conclu  à  Gand. 

{***)  L'auteur  ne  se  eouneat  plus  de  ce  qu'il  a  dit  plus  haut,  pagv  5a. 


â48  LITRE   ta. 

caution  si  cauteleuse,  qu'il  ne  fut  absolument 
question  que  de  respecter  les  autorités,  aussi 
long-temps  qu'elles  existeraient.  Ainsi  les  armées 
alliées  ne  pouvaient  pas  se  trouver  mêlées  dans 
les  querelles  intérieures  des  Français  (*). 

«  Il  avait  été  proposé ,  dans  un  autre  article , 
que  Paris  serait,  ainsi  qu'en  18149  exempt 
de  logement  militaire.  Le  duc  de  Wellington, 
qui  avait  décidé  de  faire  camper  son  armée 
au  bois  de  Boulogne ,  ne  fit  aucune  objection  ; 
mais  le  maréchal  Blùcher  rejeta  cet  article  comme 
politique  et  dépendant  de  la  décision  des  sou- 
verains ,  et ,  d'un  autre  côté ,  comme  étant  in- 
décent que  les  habitans  de  Paris  ilemandassent 
une  exemption  pareille ,  lorsque  l'armée  fran- 
çaise avait  logé  si  commodément  à  Berlin  pen- 
dant plusieurs  années.  U  ajouta  qu'il  était 
également  nécessaire,  pour  plusieurs  motifs, 
que  toute  son  armée  séjournât  à  Paris ,  au  moins 
pour  quelques  jours  (**). 

«Dans  un  autre  article,  il  avait  été  proposé 
que  le  musée  fût  respecté,  comme  étant  une 
propriété  française. 

c  Le  maréchal  Blucher  l^ejeta  cette  demande , 

(*)  Le  motif  qu^allègne  Tautenr  n^est  pas  le  vrai.  Le  sens  de  cette 
tournure  de  phrase  citait  une  réserre,  qui  prt^vint  toute  réclamation  re- 
latÎTe  au  changement  de  la  forme  du  gouTcmement. 

{**)  Deux  motifs  dirigèrent  Bliiçher.  Le  premier  était  la  dissolution 
du  gouTemcment  et  des  chambres,  qui  n^aurait  pas  en  lien  si  son  ar- 
mée n^éuit  pas  entrée  à  Paris  j  le  second  était  les  cantribotions  et  les 
exactions  qu^ii  désirait  pour  lui  et  pour  son  armée. 


GHAPITHE  II.  â49 

«et  déclara  qu'il  reprendrait  tout  ce  qui  était 
«  prussien ,  d'autant  plus  que  le  roi  de  France 
«  avait  promis  à  la  Prusse ,  Tannée  précédente  , 
«de  lui  rendre  les  objets  d'art,  et  qu'il  n'en 
«  avait  rien  fait. 

«  Les  commissaires  consentirent  à  cette  excep- 
«tion,  et  demandèrent  la  garantie  du  restant  du 
«  muséum.  Le  duc  de  Wellington  la  refusa ,  dé- 
«  clarant  qu'il  !  ne  pouvait  entrer  dans  d'autres 
«  arrangemens  pour  les  souverains  dont  il  com- 
«  mandait  les  armées  ,  que  ceux  qui  seraient 
•  purement  mUUaires;  que  l'Angleterre  n'avait 
«rien  perdu ,  mais  bien  le  roi  de  Hollande,  et 
a  les  petits  princes ,  dont  les  contijQgens>  étaient 
«  dans  son  armée  :  cet  objet  regardait  les  souve* 
«  rains. 

«  Dans  le  1 1  *  article ,  où  il  était  question  de 
«  garantir  les  propriétés  publiques  ,  il  y  .  fut 
<  ajouté ,  à  l'exception  de  celles  qui  ont  rapport  à 
«  la  guerre.  Ces  mots  furent  choisis  avec  autant 
«  de  soin ,  pour  que  les  souverains  ne  fussent 
«  pas  empêchés  de  détruire  ,  s'ils  le  voulaient , 
«  le$  monumens  élevés  en  mémoire  des  guerres  pas-^ 
a  sées. 

«  L'article  14  portait ,  que  la  convention  dure- 
«  rait  jusqu'à  la  paix. 

«  On  ne  pouvait  pas  nier  alors ,  comme  on  a  voulu 
«  le  faire  plus  tard,  que  nous  ne  fussions  en  guerre 
«  avec  la  France. 

«La  dernière  difficulté  fut,  que  les  commis- 


25o  LItlS  Ul. 

«  saireft  français  demandèareat  qilé  la  efmventîoB 
«  fôt  conclue  au  nom  de3  puissances  coalisées, 

«  On  leur  dit  que  les  pouvoirs  maciquaient ,  et 
«  on  trouva  un  échappatoire  dans  la  rectJficatÎQa 
«  de  Farticle  1 6. 

«  Il  est  devenu  nécessaire  de  puhUer  tous  ces 
«  détails  sur  les  négociation»  relatives  à  cettQ  QOOr 
«  vention ,  parce  qu'on  a  voulu  s'en  prévdoîr,  pw-r 
«  ticulièrement  lors  de  la  spoliation  du  miiiaée, 
ff  et  du  procès  du  maréchal  Mey.  n, 

La  franchise  de  cette  narration ,  où  Ton  n'a 
rien  omis  ni  déguisé,  nous  <fispenae  de  toutes 
réflexions.  Nous  avons  vu  que  le  duc  d'Otrante , 
ayant  tout  préparé  pour  la  remise  de  la  capitale 
aux  coalisés,  envoya  encore  le  2  juillet  au*  scttr, 
l'agent  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus,  au  dvc 
de  Wellington.  Voici  le  récit  que  M.  AI»... 'nous 
donne  de  sa  mission  {*).  Il  se  rendit  au  CMup 
anglais  avec  une  note  de  Fouché ,  pour  lui  servir 
d'instruction  près  du  duc  de  Wellington.  Cette 
note  ëtait  de  la  tenenr  suivaqte  ; 

«  L'armée  résiste ,  parce  qu'elle  est  inquiète. 
«  Qu'on  lui  donne  des  garanties ,  elle  sa  soumettra* 

«Les  chambres  sont  en  opposition  pour  le 
«  même  motif.  Donnez  des  garanties  à  tout  le  monde, 
«  et  chacun  sera  pour  vous. 

«  L'armée  étant  renvoyée ,  les  chambres  cède— 
«  ront ,  en  leur  accordant  les  g^anties  pronpses 

(*)  Macironef  Inurestinff  facts ,  cic, ,  page  47  et  suivtnici. 


CUAfITRB   II.  «tSi 

«t>ar  le  Rdi,  comme  suppléinent  â  la  charte. 
«  Afin  d'être  bien  compris ,  U  est  nécesdatre  de 
,  t  s'expliquer,  ainsi  il  ne  faut  pas  entrer  dam  Pa- 
*  ris  ayatit  trois  jours ,  et  pendant  ce  temps  tout 
«s'arrangera, 

«r  Les  chambres  doivent  être  gagnées ,  eUes  doi* 
«  tent  se  croire  indépendantes  ^  et  elles  consentiront 
«  à  tout*  C'est  la  persuasion  et  îi<m  la  force,  qu'il 
«  faut  etoployer  envers  les  chambres.  » 

M.  M...*,  retardé  aux  avant-poâtes  français, 
ne  put  arriver  à  ceux  des  Anglais  que  le  3  au 
matin.  Il  y  fut  retenu  par  Tordre  qu'avait  donné 
le  duc  de  Wellington^  de  ne  laisser  passer  aucun 
parlementaire  sans  permission.  M.  M....  envoya 
sa  note  à  Gonesse ,  où  se  trouvait  Wellington 
avec  sir  Charles  Stuarl ,  Pozzo  di  Borgo  et  Tal- 
leyrand.  Le  duc,  l'ayant  reçue,  se  rendît  a  Saint- 
Cloud  pour  conférer  avec. Blficher.  M.  M....  fut 
appelé  à  Gonesse  dans  la  nuit  dw  5  au  4^  U 
y  trouva  sir  Charles  Stuart,  Pozzo  dî  Borgo  et 
Talleyrand ,  en  conférence-  chez  le  duc.  Alors 
Talleyrand  lui  fît  répéter  leé  înstructioais  quHl 
avait  reçues,  et  lorsqu'il  en  vint  au  départ  de 
l'armée  et  à  la  nécessité  de  calmer  les  mquîé- 
tudes,  il  observa  que  tout  était  déjà  arrangé,  et 
il  pria  le  duc  de  Wellington  de  lire  4  M.  M....  la 
convention  ifu'ils  venaient  de  eondare.  En  réponse 
aux  observations  faites  par  Fouché ,  sur  la  con- 
duite à  tenir  envers  les  chambres ,  le  duc  de  Wel- 
lington dicta  à  M.  M....  la  note  suivante:  «Je 


25â  UTEE  m. 

c  pense  que  les  sJliés  ayant  déclaré  le  gouveme- 
«  ment  de  Napoléon  une  usurpation ,  et  non  légi- 
«  tûne  ;  toute  autorité  qui  émane  de  lui  doit  être 
«regardée  comme  nulle  et  d'aucun  pouvoir. 
«  Ainsi ,  ce  qui  reste  à  faire  aux  chambres  et  â  la 
«  commission ,  est  de  donner  de  suite  leur  dé- 
«  mission ,  et  de  déclarer  qu'ils  n'ont  pris  sur  eux 
«  la  responsabilité  du  gouvernement ,  que  pour 
«assurer  la  tranquillité  publique  et  l'intégrité 
«  du  royaume  de  S.  M.  Louis  XVIII  (*).  »  Chacun 
des  diplomates  présens,  sans  en  excepter  Tal- 
leyrand,  prit  une  copie  de  cette  note,  au  bas 
de  laquelle  furent  écrits  les  noms  de  tous,  même 
celui  de  M.  M.... 

Après  cela,  Talleyrand  lui  dicta  enco^  une 
seconde  note ,  conçue  dans  ces  termes  :  «  Le  Roi 
«accordera  toute  l'ancienne  charte,  y  compris 
«l'abolition  de  la  confiscation;  l'appel  immé- 
«  diat  des  coUéges  électoraux ,  pour  la  formation 
«d'une  nouvelle  chambre;  le  non  renouveDe- 
«  ment  de  la  loi  de  Tannée  dernière  sur  la  liberté 
«de  la  presse;  l'unité  du  ministère;  l'initative 
«  réciproque  des  lois ,  par  message  du  coté  du 
«Roi,  et  par  proposition  de  la  part  des  cham- 
«  bres  ;  l'hérédité  de  la  pairie.  Recommandez  de 
«  notre  part  la  bonne  foi  et  la  confiance  la  plus  illi- 
«  mitée.  »  Les  noms  des  mêmes  diplomates  ayant 


(*)  Ccpca  de  mots  contient  ^explication  àe  la  décfaratioii  des  coa- 
lises sur  l'nrl.  8  du  traiié  du  a5  mars. 


GHAPltRS   II.  253 

été  écrits  au  bas  de  cette  note,  le  duc  de  Wel- 
lington y  fit  ajouter  en  note  particulière  pour 
le  duc  d'Otrante  i  «Qu'il  désirait  que  M.  M.... 
«  lui  fût  renvoyé  au  plus  tôt,  arec  d'autres  notes  et 
«  informations  :  qu'il  était  à  désirer  que  Fouché 
«  fût  ouvert  et  sincère ,  particulièrement  avec  lui , 
«  duc  de  Wellington ,  qui ,  de  son  côté ,  avait  la 
«  confiance  la  plus  entière  en  Fouché  :  que  le  duc  dé- 
«  sirait  savoir  si  Fouché  avait  besoin  de  secours 
«  ou  d'assistance ,  de  quelque  espèce  et  de  quel- 
le que  manière  que  ce  soit ,  et  que  dans  ce  cas  il 
«  l'obtiendrait  de  suite.  »  Les  notes  demandées 
furent  sans  doute  remises  par  Fouché  lui  même , 
dans  la  conférence  qu'il  eut  avec  Wellington  le 
lendemain  5  juillet. 

Depuis  la  nomination  de  la  commission  du  gou- 
vernement et  la  séance  du  a3,  les  chambres  s'é- 
taient renfermées  dans  leurs  attributions  consti- 
tutionnelles, laissant  cette  commission  jouir  sans 
partage  de  la  dictature.  Persistant  dans  leur  en- 
tière confiance  dans  les  déclarations  des  coali^ 
ses  (*) ,  elles  ne  s'occupaient  que  de  recevoir  les 


(*)  Noua  ne  pouvons  noàs  dispenser  de  faire  part  à  nos  lecteors  d'une 
réflexion  de  Fauteur  de  VEssai  iur  la  puissance  de  la  Russie  s  a  Lenr 
flc  intention  (des  constitutionnels),  était  honnête;  mais  la  confiance 
«  dans  les  promesses  d'un  invaseur,  est  une  foUe  impardonnable  dans 
«  les  gardiens  du  salut  puhKc ;  lenr  conduite,  en  arrêtant  Véhai  na- 
«  tional,  et  souffrant  eu  dernier  lieu  ^'on  leur  enlevât  leur  unique 
«  rempart  (Parmée),  lorsque  la  France  ne  pouvait  présenter  sur  la  brèche 
«  qu'un  corps  nu,  fnt  une  aberration  infligée  par  le  destin  ponr  l'accom- 
«  plissement  de  ses  décrets.  »  Page  93. 


254  ^i^<  u^« 

communioatioiis  du  pourair  «9(éeiitif ,  et  4e  voter 
les  lois  qm  teur  étaie&t  préseoitées.  i«a  chambue 
des  T«prés€B£âiid  Domma,  le  âS^  une  cohudm* 
iiûtt  de  oeuf  meinbivcs  pour  pnéparer  le  trarail 
de  lac^nstitulioii,  à  laquelle  devait  étre«9u|flHî 
le  pnooe  <^î  régnu^ait  sur  la  Fcance;  elle  crojait 
etLoore  en  avoir  le  <JaQiiL  Les  seuls  actes  par  Je^ 
qsek  elle  «se  imt  eu  ooramiioâcaliosi  avec  la  «a* 
tMNBL,  ^reut  i&Be  adresse  i  TariDée^  et  une  ans 
Français.  £n  vain  quelques  meoibras  noulweirt- 
ik-dïserver  aux  deux  secti<ms  de  la  l^slatee, 
ifot  le  gowreraemeDjt  ne  répojadait  pas  â  la  ooa* 
fiattoe  de  la  nation ,  et  que  «urtout  la  conduite 
de  San  chef  /était  au  suoins  très-^dioiileuse;  ^éùe» 
n'y  eurent  auqun  égard. 

Le  4  juillet.,  lorsque  la  .cos^rentios  de  Paris 
eut  été  commuoiquée  auK  chambres  ^  elles  vo- 
tëvent  une  adresse  de  r^sieiicknens  à  Vannée , 
dent  elles  allaient  être  privées  {").  Le  lendemain, 
le  ^gouvernement  annonça  la  jrodâitàwi  de  h 
ciipitale,  par  une  proclamation  adiressée  aw 
Français  {**y.  Les  termes  ambigus  <le  cette 
pièôe  singulière  n'étaient  pas  propre  à  rassurer 
des  esprits  qu'inquiétait  l'avenir  ;  ils .  devaient 
bien  plutôt  augmenter  l'alarme  du  plus  grand 
nombre. 

La  communication  de  cette  pièce  fit  une  îra- 

(*)  royez  Pièces  jiwliCcativçs,  ÎV°  XXXIX. 
<**)  ^o;rea  Kèccs  justificatives,  N*»  XL. 


,  CH&?ITBS   II.  ^55 

jm!»si(Ai  «déflfMraMe  à  ia  thatÊbre  des  Kprésea- 
taïift  :  soti  SttAyigvttté  me  put  échapper  à  la  plupart 
ées  tftcttniired  ;  mais  le  coup  étak  porté,  et  il  ne 
Pétait  dautre  pao-ti  que  cdcii  de  marcher  coura* 
gf^senWBtt  au*^vaifit  de  la  destinée*  La  possX>î- 
Ifté  d'une  dissololtton  ^ieote  n'échappa  pas  aux 
représcfiftans  de  la  nation,  et  oé  pressenthnent , 
sans  sftiaf  tre  40ur  courage ,  iemr  traça  la  cociduîte 
l^'il  leur  pertâih:  à  tenir.  Une  dédaratioa  solea- 
nelle  el^posa,  a«ix  yeux  de  la  France  et  de  Tëu'* 
t<bpe,  les  sentknens  «et  les  principes  ^pû  dirigeaient 
fe  chambi>^ ,  et  traça  d^nne  main  ferme  l'exposé 
des  ycetm  des  français  (*); 

CqpendafBl: ,  dès  'le  4  9  rarmée  française  -s^'était 
mise  en  mo«i76meiiit  vers  la  Loire.  Le  désespoir 
dans  l'âme,  mais  décidés  à  tout  sacrifier  pour 
tme  patrie  à  laquelle  ils  s'étaient  déyoués,  aos 
guerriers  marchèrent  d'un  front  «calme  'vers  Jeur 
nouvelle  destination.  Ils  ne  tpouvaient  pas  âgnorer 
-que 'bientôt,  séparés  deleurs^drapeaux,  ils  seraient 
répandus  sans  armes ,  au  milieu  des  eiinenufl  de 
4a  Framice  ;  ils  -se  résignèrent  au  nom  du  salut  de 
ieus-s  concitoyens ,  et  supportèrent  sans  juurmure 
oe  noble  et*douloureux  sacrifiGe. 

Le  même  Jour,  Safaat-Denis,  Saint-Ouen,  Cli- 
cfay  et  Neuilly  ifuvent  livrés  aux  Anglais ,  et  te  len- 
demain on  leur  remit  Montmartre.  Le  6,  les  bar- 
rières de  la  me  droite  de  la  Seine  fureiit  remises 

C)  -rùymx  Pièces  jnMlfiailîtes ,  N<*  \U. 


a56  UYBE  m. 

aux  Anglais,  et  celles  de  la  rive  gauche  aux  Prus* 
siens.  Blùcher  ayaitcru occuper  la  ville  de  Paris 
ce  jour-là,  et  les  troupes  s'étaient  déjà  préparées; 
les  dispositions  furent  contremandées.  Les  pillages 
et  les  dévastations  comftiis  par  les  militaires  prus- 
siens de  tous  grades,  sur  les  derrières  de  Farmée, 
étaient  arrivés  à  un  tel  degré ,  que  Blùcher  crai- 
gnit une  insurrection  générale.  Il  crut,  pour  réta- 
blir Tordre,  autant  qu'il  se  pouvait  dans  une 
armée  dont  une  grande  partie  s'était  répandue 
dans  les  campagnes ,  devoir  envoyer  un  régiment  . 
de  cavalerie  à  Compiègne ,  un  à  Senlis  et  un  à  | 
Saint- Germain.  Ces  troupes  avaient  ordre  de 
réunir  les  maraudeurs ,  qui  formaient  une  petite 
armée  de  plus  de  dix  mille  hommes. 

T  e  7 ,  enfin ,  les  Prussiens  virent  satisfaire  leur 
vanité.  Le  corps  de  Ziethen  eiitra  à  Paris,  et 
s'y  promena  en  procession.  Yoici  quel  fut  leur 
ordre  de  marche.  La  division  Jagow  passa  le  pont 
de  Jéna ,  et ,  défilant  le  long  de  la  Seine ,  alla  re- 
passer le  pont  d' Austerlitz ,  pour  occuper  les  io% 
11*  et  12'  mairies.  La  cavalerie  suivit  jusqu'au 
pont  d' Austerlitz,  et  de  là  revint  par  les  boulevards 
aux  Champs-Elysées.  La  division  Pirch  suivit  le 
même  chemin,  et  vint  occuper  la  i"  mairie, 
division  Steinmetz  suivit  également  le  quai  jus- 
qu'à la  Grève,  où  elle  resta,  occupant  ia  9* 
mairie.  La  division  Henkel  entra  par  l'Étoile,  et 
vint  bivaquer  dans  le  jardin  des  Tuileries.  Ce 
ridicule  détail  n'appartiendrait  pas  à  l'histoire,  s'il 


le 
La 


GlIiJPITRE    II.  267 

ne  peignait  pad  au  naturel  l'esprit  du  général  en 
chef  et  de  Tannée  (*). 

Restait  encore  une  opération  â  faire  ;  c'était  la 
dissolution  du  gouvernement  et  des  chambres. 
Un  senthnent  de  dignité  empêcha  le  duc  de  Wel- 
lington de  9e  charger  de  cette  violation  de  la 
convention  de  Paris  ;  au  moins  on  le  pense' ainsi. 
Mais  lord  Castlereagh  était  venu  présider  cette 
opération  ;  il  fallait  donc  qu'elle  se  fit.  Blùcher , 
3ans  se  laisser  arrêter  par  des  scrupules ,  qui  ne 
pouvaient;  point  avoir  de  prise  sur  lui,  prit  la 
,  commission  sur  son  compte;  et  comme  une  se- 
conde violation  peut  suivre  la  première ,  il  voulut 
esfôyer  s'il  pourrait  y  gagner  des  contributions 
pour  son  compte.  Par  des  ordres,  un  espadron  de 
cavalerie ,  et  deux  bataillons  d'infanterie  vin  rent 
occuper  la  place  du  Carrousel  et  les  Tuilei^ies , 
et  l'ordre  fut  intimé  à  la  commission  du  gotiver- 
nement  de  quitter  le  palais.  En  même  temps  on 
remit  au  président  la  demande  d'une  contribu- 
tion de  cent  millions.  Une  contribution  de  dix 
inilliona  avait  dé)  à,  été  demandée  au  préfet  de 
Paris,  Tune  et  l'autre  de  la  part  de  Blûcher.  A  la 
mêine  heure ,  la  division  Jagow  occupa  le  palais 
du  liUxemboui^. 


f 
rit 

ée. 

ai- 


&r 


V^ 


(*)  (iVrdre  du  jour  de  Blâdier,  en  prescrivant  Ja  procession,  or- 
donnât- que  tous  les  Prussiens  traitassent  les  Français  avec  un  sérieux 
solennel  et  d'une  mamère  imposante.  Si  la  gravita  du  sujet  permet- 
tait de  rire,  on  pourrait  se  rappeler  la  consigne  du  sieur  Altenkirkhof, 
dans  les  Dntx  Prisonniers. 

IV.  17 


âS8  LITRE  III. 

Là  cessa  le  rôle  politique  de  Pouclié  ;  il  avait 
achevé  la  révolution  qu'il  avait  entreprise.  Le 
tableau  de  sa  conduite»  du  21  juin  au  3  juillet, 
est  tout  entier  dans  la  recommandation  que  le  duc 
de  Wellington  adressa  en  sa  faveur  à  Louis  XYIII, 
lorsqu'il  fut  banni.  La  voici  :  «  Sire  !  je  suis  bien 
c  fâché  de  ce  qui  arrive  au  duc  d'Otrante,  à  lui  seul 
t  vous  devez  d'être  rentré  dans  votre  capitale  et 
«  remonté  sur  votre  trône.  Blûcher  ni  moi  n'étions 
•  capables  de  vous  rendre  votre  couronne.  Nous 
«  avions  affaire  à  une  armée  de  quatre-vingt  mille 
«  enragés ,  gui  nous  auraient  écrasés.  Nous  ne  pou- 
«  viôns  éviter  une  bataille  y  si  on  nous  l'eût  offerte, 
«  ou  nous  étions  obligés  de  battre  en  retraite  pour 
«  attendre  la  coopération  des  autres  puissances  ; 
c  et  y*  M.  sait  quelles  étaient  alors  leurs  disposi-- 
«  tions.  Le  duc  d'Otrante  a  empêché  que  la  ba- 
«  taille  n'eût  lieu ,  et  c'est  à  hii  que  vous  devez 
«  d'être  remonté  sur  le  trône  de  vos  pères.  » 

La  chambre  des  représentans  était  en  séance , 
délibérant  sur  la  constitution.  Elle  avait  reçu  un 
message  du  pouvoir  exécutif,  qui  garantissait  sa 
sûreté.  Peu  après,  die  apprit  que  le  Luxembourg 
était  occupé  par  les  Prussiens,  et  envoya  un  des 
secrétaires  au  gouvernement  {Provisoire,  pour 
hâter  le  message  qu'elle  attendait  sur  cet  événe- 
ment. Vers  cinq  heures  après  midi  dlle  reçut 
enfin  celui  {*)  qui  lui  annonçait  la  dissolution 

(*)  rofCM  Piicgs  juttificatiTcs,  N"  XLïI. 


cHÂprru  II.  1159 

forcée  du  gouvernement.  A  six  heures ,  le  prési- 
dent ,  malgré  les  réclamations  de  quelques  mem- 
bres qui  demandaient  la  continuation  de  la  per- 
manence 9  ajourna  la  chambre  au  lendemain  huit 
heures  du  matin.  Le  8,  à  l'heure  indiquée,  lors- 
que' les  représentans  voulurent  se  rendre  en 
séance,  ils  trouvèrent  les  portes  fermées.  M.  De- 
cazes  y  avait  placé  des  piquets  de  gendarmerie 
et  de  volontaires  royaux  en  habit  de  gardes  na- 
tionaux, qui  leur  présentèrent  la  baïonnette 
pour  les  empêcher  d'entrer.  Tel  est  le  fait  qu'on 
a  dénaturé  dans  la  chambre  des  pairs  du  parle- 
ment d'Angleterre,  au  mois  de  février  1816  (*). 

(*)  n  est  impossible  de  passer  sous  silence  une  phrase  do  discours 
de  lord  Casdcrcagh,  à  la  même  cpoqiiu  et  à  roocasion  da  traiid  de.  pus 
(st-ance  des  communes ,  du  19  féwicr  1S16).  «  L*un  des  derniers  actes 
«  de  Bonaparte,  fut  d'ordonner  aux  préfets  de  la  France  de  lui  envoyer 
«  des  listes  descriptiTes  des  femmes,  de  leurs  fort  ânes ,  etc. ,  dans  leurs 
«  départemens  respectif,  ajant  e'Tidemment  l'intention  de  les  sacrifier  à 
«  la  luxure  et  à  la  rapacité  de  cette  armée,  avec  laquelle,  en  lui  don- 
«  nant  ce  stûpuius,  il  espérait  Tainement  se  maintenir  sur  le  trône  de 
«  France,  et  porter  la  désolation  dans  les  états  environaans.  » 

Que  doit-on  le  plus  admirer,  ou  de  celui  qui  atança  des  calomnies 
aussi  atroces,  non  pas  seulement  contre  le  chef  d'un  gouTemement,  mais 
contre  l'armée  française  tout  entière,  ou  de  ceux  qui  l'écontèrent  sans 
jeter  un  cri  d'indignation?  Quelle  opiMon  peut- on  se  former  dtm 
ministre  qui  emploie  de  pareils  moyens?  et  d'un  parlement  qui  l'ap- 
prouTe? 


CHAPlflRl   ill.  2161 


I  I 


CHAPITRE  III. 


Mouyemens   des   Bayaroîs  et  de  fannëe  française  du  Rhin.  — -  Les 

.    Baytar<HS  passexït  la  San^»  11*  9$.  jcfifi.  '—  JAovmmûVM  eu  quartier- 

.  •  Jj^^ofral  dfs  «ptiTcraiw  alliés.  —  Opérations  de  Wnnée  du  Rhjn.  — - 

Les  Wurtembcrgeois  passent  le  Rhin,  le  93   juin. —*  Combat  de 

Sarbourg  et  de  Seltz,  le  a6..  -—  Combat  de  Strasbourg,  le  a8.  — 

^  Céhibat  de  Hanabetgen,  le 9  joâlet.  —  ConTentîon  ponr  Vtrtaée  4u 

^in,  et  rérolte  de  la. garnison  de  Strasbourg*  •—  Opérations  de 

J'arme'e  du  Jura.  -^  Combat  de  Dannemarie,  le  27  juin.  —  Combats 

de  Cbavanne  et  Faussemagne,  le  99.  —  Combats  de  Besoncourt  et  de 

:  -  ChcTremont^  le  i**  jinUet.  — .Combau  d'Anjnatin,  dX)ffanoiit  et 

.  3<bxP/:roa8e,  le  4,  ^-r- ^Copfapit  d^^Essert  et  de  Bavillicrs,  le  5.  — «Con- 

Ycntion  poar  Farmce  du  Jura,  t—  Marcbe  de  rarchiduc  Ferdinand  et 

de  l'armée  russe. 


Il 


« 


Lorsque  Napolëon  eut  réuni  la  maBse  de  ses 
forces  dans  le  nord,  la  défense  des  frontières 
orientales  fut  confiée  à  l'armée  du  BJbin,  sous  les 
ordres  du  général  Rapp,  et  à  Tannée  di|  Jura , 
coimnandée  par  le  géitàral  Lecoorbe.  Nous  a^ons 
donné  dans  le  liyre  I ,  chapitre  i  *%  la  force  de  ces 
deux  corps.  Sur  la  Moselle  et  la  Sarre  il  n'y  avait 
qu'une  division  de  gardes  natioiiales  sous  les  or- 
dres du  général  Rouyer. 

Le  18  juin,  l'armée  du  Rhin  occupait  les  lignes 


a6»  uyKL  m. 

delaLauter ,  entre  LauterbourgetWeissembouig 
L'armée  du  Jura,  appuyée  à  Huningue,  s'éten- 
dait yers  Ferette  :  tous  I^  postes  jusqu'au  fort 
rÉcluse  dépendaient  â  la  vérité  de  cette  armée , 
ainsi  que  les  places  da  Rhin  de  celle  du  général 
Rapp;  mais  ces  postes  isolés  se  replièrent,  ou 
furent  bloqués  par  Tennemi. 

Les  armées  russe  et  autrichienne  occupaient , 
le  1 8  juin ,  les  positions  suivantes.  ÂRiiiE  Aimn*- 
GHiENME.  Corps  de  CoÙoredp  et  de  HohenzoUem, 
le  long  du  Rhin,  depuis  Bâle  jusqu'au  hm  de 
Constance.  Corps  de  Wurtemberg,  à  Rastadt, 
Durlach ,  Bruchsal  et  Wiesloch.  Corps  de  Wrede, 
autour  de  Mannheim  et  de  Spire ,  ayant  son  avant- 
garde  à  Rayserslautem  et  Birkenfeld  :  il  occu- 
pait Germersheim ,  par  deux  mille  hpmmes  d'in- 
fanterie et  quarante-cinq  bouches  à  feu  de  gros 
calibre ,  sous  les  orckes  du  général  Zweyer.  Ré- 
serve de  l'archiduc  Ferdinand,  cantonnée  dans  le 
Wurtemberg.  Armée  ru»e.  Elle  était  [encore  [en 
marche  vers  le  Rhin,  excepté  ravant-garde,*com- 
mandée  par  le  général  Lambert,  qui  était  arrivée 
à  Mannheim  (*). 

En  attendant  les  événemehs  qui  [devaient^  se 
passer  dans  le  nord ,  le  prince  de  Schwarzenberg 
se  contenta  d'Ordonner  au  corps   bavarois  de 

(*)  CctU!  avant-garde Vlaît  composée  de  dooM  caoadrom  de  hv»- 
sards  de  la  brigade  WaMÎksîkow,  de  la  division  Lambert,  de  deux 
régimcns  de  cosaquct,  et  des  douse  bataillons  «le  la  dinsîon  Udom,  du 
;*  co)|»;  en  font  doute  mille  qnatre  cenu  bommcs^  et  4^  canon». 


GHAYITRS  m.  a63 

s'approcher  de  la  Sarre.  Il  ne  )ugea  pas  à  propos 
de  faire  passer  le  Rhin  au  reste  de  son  armée , 
avant  de  savoir  quel  serait  le  résultat  du  mouve- 
ment de  Fetnpereur  Napoléon  sur  Bruxelles.  En 
conséquence,  le  19,  l'infanterie  bavaroise,  qui 
était  encore  à  la  droite  du  Rhin ,  passa  ce  fleuve 
et  s'avança  jusqu'à  Tûrkheim  et  Alzey.  L'avant-* 
garde  du  général  Lambert  vint  à  Worms.  Le  20 ,' 
l'avant  "garde  du  général  Lambert  s'avança  à 
Gelheim.  Le  Corps  bavarois  laissa  une  division 
(Delamotte)  en  partie  à  Spire,  en  partie  sur  la 
Queich  et  devant  Landau ,  et  une  division  de  ca* 
Valérie  vers  Neustadt,  afin  d'observer  les  mouye- 
mens  du  général  Rapp.  Les  trois  autres  divisions 
d'infanterie  occupèrent  Deux-Ponts ,  Ottersberg 
et  LamlstuhL  La  division  de  cavalerie  du  prince 
Charles  resta  à  Birkenfeld. 

Ce  )our-là,.le  général  Rapp,  ayant  appris  que 
les  hostilités  avaient  commencé  dans  le  nord, 
se  décida  d  faire  un  mouvement  en  avant.  Son 
but  ne  pouvait  être  que  de  menacer  en  flanc  les 
colonnes  qui  devaient  passer  le  Rhin  vêts  Mann- 
heim  et  Spire,  car  l'énorme  différence  du  noin* 
bre  ne  lui  permettait  pas  de  compter  sur  aucun 
succès.  En  s'avançant  sous  les  murs  de  Landau 
et  sur  les  lignes  de  la  Queich ,  le  seul  avantage 
qu'il  pût  espérer ,  était  d'assurer  sa  ligne  de  re-^ 
traite  par  Bitcfae  et  Metz ,  et  par  conséquent  le 
chemin  lë  plus*  direct  pour  gagner  la  ligne  de  la 
Meuse.  Le  général  Rapp  ordonna  une  reconnais- 


264  LIVRE    Itl. 

sance  générale  sur  la  ligne  de  la  Qoeich,  Les 
postes  bavarois  qui  s'y  trouvaient  furent  enleva 
en  partie ,  et  le  soir  nous  étions  maîtres  de  Dahn 
et  d'Anweiler.  Le  lendemain,  le  général  Rapp  fit 
ses  dispositions  pour  attaquer  Germersfaeim.  Ce 
point  était  d'autant  plus  intéressant,  qu'il  servait 
de  tête  de  pont ,  et  que  sa  perte  aurait  obligé  Ten^ 
nemi  â  effectuer  son  passage  plus  bas.  Nous  allons 
quitter  un  instant  Farmée  du  Rhin,  pour  suivre 
le  mouvement  des  Bavarois  jusqu  a  la  Moselle. 

Le  2 1 ,  le  corps  bavarois  se  serra  sur  la  tête  de 
colonne.  La  division  Beckers  s'avança  à  Ramstein, 
et  la  divisioA  Zollern  â  Yogelbach.  La  division 
Delamotte  resta  en  arrière  de  la  Queich  vers 
Neustadt.  Le  22,  les  divisions  Raglowich,  Beckers 
et  Zollern,  et  celle  de  cavalerie  du  prince Chai^ 
les,  se  réunirent  entre  Deux -Ponts,  Bliescastel 
et  Hornbach.  La  division  Delamotte  ayant  été  re- 
levée sur  la  Queich ,  par  des  troupes  venues  de 
Mayence ,  s'avança  à  Anweiler ,  dans  la  direction 
de  Pirmasens.  Pendant  ce  temps ,  le  prince  de 
Schwarzenberg  avait  appris  les  événemens  qui 
s'étaient  passés  dans  le  nord.  II  fit  en  consé- 
quence toutes  ses  dispositions  pour  franchir  les 
frontières  de  la  France.  Le  corps  bavarois  de- 
vait forcer  le  passage  de  la  Sarre,  le  25  ou  le  24 i 
et  se  diriger  de  là  sur  Nancy ,  soit  par  Morhange 
et  Dîeuze,  soit  par  Bouquenom,  sî  le  général 
Rapp  voulait  tenir  dans'  les  lignés  de  Weissem- 
bourg.  Le  corps  de  Wurtemberg;  auquel  s'était 


€HAHTK£  111.  265 

réunie  la  divisidh  Walfanoden,  defrait  passer  le 
Rhin,  les  â^  et  24 9  à  Germersheiùi ;  de  là  lé 
|>rince  de  Wttrlettiberg  devait  se  diriger  sur 
'Weiàsemboui^g  et  Laut^bourg;  après  aS^oir  iii- 
▼esti  Strasbourg  *  et  bloqué  cette  place,  jusqu'à 
rarrnrée  du  corps  de  Hohensollem,  le  prince 
dô^^urtemberg  devait  continuer  son  monve- 
inent,  par  Molshdm,  Schirmeck,  Radn-rÉtapé 
et  lunéville ,  sur  Nancy.  Les  corps  de  CoUoredd 
et  Hohen2olIerït  devaient  se  réunir  lé  55,  à  Lcer- 
.t^ch  èt<]rerizach  ;  ôèlûî  de  Fàrchiduc -Ferdinand, 
â  Bkizen  et'  Eimeldingéri ;  cbs  trois'  corps  dé- 
î^arient  passer  le  Rhin  le  26.  IXous  sUhiH)ns  leUf« 
mouvemens  plus  bas. 

-  Le  23,  le  mhréchal'de  Wrede^  après  avoir  an- 
nencé,  parùné  prôdamàtion ,  à  ses  soldats,  que 
ià  victoire  les  aVâit' conduits  en  ttois  jours  .dix 
Rèiin^  â  la  Sarre ,  et  qu'ils  devaient  anéantir  le j 
armées  qui  leur  étaient  opposées',  fit  ses  dis- 
positions  pour  passer  cette  rivière  S  Sairbrfick  et 
â  Sàtçueiiiines.  Dans  le  premier'  endroit ,  le  gé-^ 
néral  Belliard,  qui'cbmmandàît  dând  lés  3*  et  4* 
divisions  militaires ,  avait  placé  deux' UÀtàiBons 
de  gardes  nationales  mobîlei  et  une  compagnie 
firanche;  dans  lé  sébénd,  il  ii'y  avait  qii'une  com^ 
pagnie  de  douaniers.  La'  dfvisidh  Beckers  attà- 
qua  Sarbrûck  en  deux  colonnes.  Après  un  com- 
bat assez  vif  et  assez  opiniâtre ,  le  passage  de  Ta 
Sarre  fut  forcé.  L  ennemi  y  perdit  environ  cent 
hommes^  nous  en  perdîmes  une  trentaine.  Après 


ayoir  passé  la  rivière,  la  dhrision  Becka»  prit 
posilion  sur  les  hauteurs  vers  Forbach.  Devant 
Sarguemines ,  le  maréchal  de  Wrede  fit  former 
la  division  Raglowich  en  colonnes  d'attaque  ;  b 
divisiou  de  cavalerie  du  prince  Charles  appuyait 
ce  mouvement  A  Neukirchen,  â  un  quart  de 
lieue  du  pont,  on  rencontra  Tavuit-postê  de 
dix  douaniers ,  qui  se  retira  en  combattant,  sur 
le  corps-de-garde  palissade,  qui  était  â  la  tête 
du  pont.  Le  reste  de  la  compagnie  de  douaniers 
était  à  la  rive  gauche  de  la.  Sarre  et  derrière^ 
la  barrière,  avec  quelques  gardes  nationaux  de 
la  ville.  lia  division  bavaroise  étant  arrivée  sur 
les  hauteurs  qui  dominent  la  Same,  le  maréchal 
de  Wrede  fit  mettre  vingt«^cinq  pièces  en  bat- 
terie ,  pour  détruire  ce  que  les  rapports  ennemis 
appellent  une  tête  de  pont.  Une  canonnade  très- 
vive  fut  allun|ée  contre  le  pont  et  la  ville ,  et  un 
bataillon  fut  lancé  au  pas  de  chaige ,  sur  les  dix 
douanier^  qui  défendaient  le  corps-de-garde. 
Ces  derniers  fmrent  obligés  de  plier,  et  repassé^ 
rent  le  poi^  en  fermant  la  barrière  après  eux. 
JjSi  compagnie  de  douaniers  se  retira  sur  Saint- 
Avold ,  où  s'étaient  également  repliées  les  troupes 
qui  avaient  été  à  Sarbrûck;  le  général  Meriage, 
qui  les  commandait ,  y  fut  rejoint  par  deux  ba- 
taillons venus  de  Metz.  La  bataille  de  Saigue* 
mines  ne  coûta  la  vie  à  personne  {*).  Le  maré- 
es) Il  a  été  fût  Uanft  les  êcriti  ennemis,  un  rtfipon  ridicalciDeiit 
pompeux  de  octic  air«ire  de  dix  mille  hommes  contre  une  compi^SDic 


GHAFItlB   m.  267 

chai  de  Wrede  ayant  fait  biaiser  là  barrière  par 
des  sapeurs,  traversa  la  rûïé  «vet  ses  troupes. 
La  division  Raglowich  priti  position  sur  h -route 
de  Bouquenom/  et  la  division  de  cavalerie  du 
prince  Charles  poussa  jusqu'à  SaraB>e.  Le  même 
joinr,  la  dicton  Zollerh  s'était  portée  de  Hom- 
bach  sur  Bilche  eli  avait  sommé  cette  place;  le 
général  Ijreuzer  qui  y  commandait,  ne  jugea  pas 
à  propos  de  r^fiondre.  La  division  Delamotte  s'a- 
vança à  Pirmasens,  le  reste  de  la  cavalerie  vkxt 
tffutour*4e  JbévLwBbfeta;  le  %énéral  LsaEkibert'  à 
Otteweile^.  Le  général  Ozemiszeff,  4{ui  précédait 
râhuéé-ruBScf,  avec  hui^  régixnenS' de  cotaqiiess 
arriva  oe  jour4à  à' Sarbrdck. 

Le  24,  le  '  corps  Kavarcds  cotftinua  son  mom^ 
ment  en  avant  ^  et  occupa  le  soir  lea  -positimn 
suivantes  :  la  divisionl^âgtowich  à  Sosquenbm  ; 
la  divisiob  Béc&ers  à  Porbach,  ayant  laissé  des 
froupes  devant  Sarrelouis  ;  la  division  Dekttnotle 
près  Hornbach;  la  divisioQi  Zollena  A'&ivguem»- 
nes,  ayant  Idts^  des;- troupes  <j[€ftdnt  Bilche;  la 
division  du  prince  Charles  vers  Fenestéange  ;  la 
division  -Preysirig  à'Pettelange  ;  le  général  Lam- 
bert avait  sa  cavalerie  à  Saiqt-Avold  et  son  infan- 
terie â  SarbNîck  ;  lé  général  Cagemiszeff  â  Bou- 
2e«iVille  (^).  La  brigade  française  du  général 
*Meriage  se  replia  sur  Fouligny. 

de  quarante  homm/et.  On  parle  iVim  grand  nombre  de  prisonniers  faùUn 
U  n'y  eut  de  pris  que  quelques  nudfaeureuz  paysans  dans  les  champs. 

(*)  Les  rapports  ennemis  disent  que  ce-  jou-Ià  le  j^-niiral  Mcriagc 


a6&  UYAB   iU. 

Le  ^5  9  la  corps  bavarois  continua  à  s'avaiàcer 
vers  Napcy  :  les  divisions  Raglowich  et  du  prince 
Ghavlad  vinr^Eit  à.Dieuze  et  Moyenyic;  cdie  da 
J^kjers  à  Saint-Avold;  celle  Deiaiaotte  devant 
Sarguemiiies  s  celle  de  ZoIWn  à  £jrstix>ff ,  celle 
4e  Preysmg  à  Aforhai^e  :  le  f/éikitâl  Lambert 
«'avança  avec  sa  cavalerie  jusqu'à  Fouligny  et 
CourceUes  ,  et  le  général  Gsfemiszeff  à  Kedange , 
vers,  TbioAville.  lie  g^éral  Meriage'se  reptia  à 
JPont'-àrCbaussy  >  en  arrière  de  GourceUes^  Les 
irapparta  ennemis  Ibnl  ipeation4.'vai  ctenbat  .oà 
leë  troupes  françaises  auraient  été  dispersées.  Le 
iOsit  .est  encore  &iùx;  la': bataille  de  GouroeHe;^, 
aussi  peu  sanglante  queceUeldre  Sarguemines,  Cot 
Picore  moins  bruyante.  Ge'î0ur4è  préplsëm^nt, 
^l'auteur,  i^argé.d'une  mission  pap^e  général  Bel- 
•liard,  conclut  à  Gourcell^s ,  av^ç  le  général  ruâse, 
«ne  suspeiQ^ion  d'armes  de  ving!tTf{Uatre  heures , 
nécessaine  paur  attendre  une  réponse  du  quar- 
tiergénéral  aanetni.  »  /  ,  .  « 

Le  âlS;  k  corps  bavarois  Avait  ujie  division  â 
Sfoyenvic,  une  i  Eralroff^  une  à  Bett^lange  et 
Sorgu^^fnines ,  une  à  Fouligny  et  Saint-Avold;  \à 
oatalarie  en  partie  à  Ëinvitte,  en  partiç  vers  Ma- 
zerulle:  Le  général  Giierfuszeff  d^[>assa  Thion- 

'  ville ,  et  la  cavalerie  du  g^iàral  Landiert  s'avajaça 

• 

écrivit  au  maréchal  de  Wrcde ,  pour  loi  annoncer  les  érénemcns  de 
Paru,  le  ddpart  des  plénipotcntlaîres  pour  le  cpiartîen^énJ  dct  coa- 
lisés, et  pour  demander  nn  armistice.  Le  fait  est  faox,  paîscjae  nos 
pléaipotADtiuites  ne  sont  partis  de  Paris  (jm  la  34  m  aoir« 


CUÀFIT1IS  m.  1169 

deranft  MeftZi'  Xe  général  BeHiârd  ovâH  fiiit  presH 
dre  position  â  la  di^ison  Rouy^  fà  la  jonctioii 
des  routés  de  Sarreiouis  et  de  Saint-^ÂTold* 

lie  27 ,  la  tête  du  corps  bavarois  arriva  deraiit 
Nancy ,  et  la  division  du  prince  Charles  occupa 
Lunéville.  Le  âS ,  il  é^t  en  position ,  savoir  : 
trois  dÎTisions  d'infanterie  et  une  de  cavalerie 
devant  Nancy  ;  une  division  d'infaïiterie  et  une 
de  cavalerie  à  Lutiéville  ;  il  resta  le  29  et  le  3o 
dans  cette  position. 

Pour  prendre  congé  du  corps  bavarois ,  sans 
entrer  dans  le  fastidieux  détail  de  sa  paislible 
marche ,  nous  nous  contenterons  de-  l'indiquer 
en  peu  de  mots.  Le  1*'  Juillet ,  il  vint  à  Toul  ;  le 
2  â  Ligny  ;  le  3  à  Bar-sur-^Ornain  (*)  ;  le  5  à 
Ghâlons-sur-Marne  ;  le  7  entre  Ép^rnay  et  Éto- 
ges;  le  8  à  Château -Thierry  et  Montioairail  ;  le 
9  À  la  Ferté-sur-Jouarre  et  Meaux  ;  le  1  o  â  Lagny , 
Meaux  et  Coulonmners;  de  là  elle  marcha  vers  la 
Loire,  et  s'étendit  entre  Gien  et  Montereau. 

Le  27  juin ,  le  prince  de  Schwarzenberg  porta 
son  quarlier^général  à  Spire ,  où  vinrent  les  em- 
pereurs de  Russie  et  d'Autriche ,  et  le  roi  de  Prusse. 
Le  corps  russe  de  Rajewsky ,  destiné  d  couvrir  le 


(*)  Ce  joar-U,  CiemiszefTarrÎTa  deTant  CMIons  avec  deux  rc'gimcns 
de  cavalerie  et  but  de  coiaques,  en  tout  tmq  mille  cinq  cents  chevaux. 
Ï4i  général  Rigand,  c(ui  commandait  le  département  de  la'  Marne,  se 
mit  en  défende  arec  Icf  âèvca  de  l'école  de  Ch&lons  et  qiidques  soldats 
des  dépAts.  H  fjit  forcé,  et  tm  nombre  d^babiians  paisibles  égorgés  dans 
les  nies,  par  les  soldato  de  CscmisscfT. 


2'jo  uvaK  m. 

grand. quartier-général ,  passa  le  Rhin  le  même 
îour  à  Spire,  et  ^'avança  vers  Landau.  Le  3a 
juin ,  le  quartier-gc^iéral  et  son  escwte  étaient  à 
Haguenau,  ô«  se  présentèrent  les  plénipoten- 
tiaires français ,  ainsi  que  nous  Tavons  déjà  dit. 
La  démarche  du  gouvernement  provisoire,  et  la 
marche  des  armées  anglo-batave  et  prussienne 
sur  Paris ,  Àtant  toute  idée  de  résistance  sérieuse 
et  par  conséquent  de  danger ,  le  quartier^général 
ennemi  et  son  escorte  continuèrent  leur  marche, 
par.  Saveme  et  Sarbourg  o4  ils  arrivèrent  le  2 
juillet  et  séjournèrent  le  3.  Il  s'en  faUut  peu 
qu'ils  ne  fussejot  enlevés  par  le. corps  franc  du 
lieutenant- colonel  Brice.  L'entreprise  manqua 
pâff  Fimprud^ice  de,  celui  qui  commsoidait  son 
avant-garde,  et  qui,  au  lieu  de  marchor  directe- 
ment à  Sarbourg ,  où  il  n'y  avait  que  deux 
bataillons ,  s'amusa  à  attaquer  la  division  de  ca*- 
Valérie  russe  qui  était  à  Heming.  Le  5  juillet , 
les  souverains  et  Schwarzenberg  étaient  à  Nancy; 
le  8  à  Ligny.  De  là  les  souverains  se  ï'endirent  à 
Châlons,  et ,  continuant  leur  route  sous  l'escorte 
d'un  régiment  de  cosaques,  ils  arrivèrent  le  10 
juillet  au  soir  à  Paris. 

Nous  avons  laissé  le  général  Rapp  en  avant  des 
lignes  de  la  Lauter ,  se  disposant  à  attaquer  Ger- 
mersheim  le  22.  Dans  la  nuit ,  il  reçut  la  nou- 
velle oiBcielle  des  désastres  de  Waterloo;  en 
même  temps ,  il  reçut  l'avis  que  des  corps  autri- 
chiens se  rassemblaient  vers  Bâie.    Il  ne  fallait 


CH^PlTttB   III.  2'Jl 

plm  «onger  à  prendre  l'offensive ,  et  fai  position 
du  général  Rapp  allait  devenir  très- embarras- 
sante. Il  n'ignorait  pas  que  le  corps  bavarois 
marchait  sur  la  Sarre  ^  et  par  conséquent  aUak 
le  dâ>order.  Une  armée  débouchait  sur  lui,  et, 
«en  «se  mettant  sur-le-champ  en  mouvement,  il 
n'avait  que  deux  journées  d'avance.  Il  est  vrai 
tpi'en  s'aidant  par  des  transports  extraordinaires, 
il  pouvait  en  gagner  davantage.  Il  n'était  pas 
probable  que  .le  corps  de  Wurtembeig  voulût 
s'aventurer  à  sa  suite,  et  laasser  Strasbourg 
«n  arrière ,  avant  que  les  troupes  autrichiennes , 
qui  passaient  à  Bâle,  n'eu6sent  occupé  l'Alsace. 
D'ailleurs,  en  écartant  sur  sa  route  tous  les 
moyens  de  transport  extraordinaires ,  dont  l'en- 
nemi pouvait  se  servir ,  il  l'aurait  rebuté  au  bout 
de  trois  marches  forcées.  En  se  mettant  en  maiv 
che,  le  ii4  au  mâtin,  de  Weissembourg,  il  pou- 
vait arriver  le  même  jour  â-Brumat;  le  26,  A 
Kaon-l'Étape,  et  il  aurait  été  le  3  juillet  à  Troyes. 
Il  lui  suffisait  de  faire  dix-neuf  mille  toises  ou 
vingt  milles  géographiques  par  jour;  ces  distan- 
ces ont  été  souvent  parcourues  par  nos  armées , 
plusieurs  jours  de  suite. 

Mais  d'autres  considérations  devaient  le  rete- 
nir. La  place  de  Strasbourg  n'avait  qu'une  fai- 
ble garnison  et  sa  garde  nationale,  qui,  malgré 
son  zèle  patriotique  qu'on  ne  peut  méconnaître, 
pouvait  cependant  ne  pas  suffire  aux  fatigues 
d'un  long  siège  et  au  service  qu'exigeait  le  dé^ 


2'j^  .UVRJB  ni. 

ffel<^pen9ijei|t  diQ9  ouvrages.  Peraonne  n'^orait 
alor9,  ddOft  les.d^ijix  cindevaut  provinces  id'Als^i^ 
et  de  Lorraiae,  que  F  Autriche  ea  convoitait  la 
jlossesHkon,  et  quelle  s'était  préparée  à  faire  va- 
loir, de  préteikdua  drpil^'  La  place  de  Strasbourg 
jsurlout  lui  teuajt .  é  cœur.    Il  n'était  donc  .4f>a8 
possible  qu'un  général ,  chargé  de  la  défense  des 
places  du  Rhin,  abandonnât  la  principale,  sans 
enavoir  Tordre..  Ce  fut  sans  doute  ce  motif  qui  dé- 
cida le  général  Rapp.  Pendant  la  journée  du  ââ, 
ilfit  entiar. dans  jLandau  les  caisses  des  pays ,  avec 
un  bataillon  :  un  bataillon  fut  envoyé  en.  poste  à 
Neuf-Brisach,  et  un  autre  à  Schelestadt.  L'armée 
rentra  dans  les  lignes  de  la  Lauter,  ac  laissant 
qu'une  arrière -garde  sur  la  Queich.   Ce  même 
jour,  le  prince  royal  de  Wurtemberg  réunit  son 
«orps.   Les  six  bataillons  de  la  brigade  Luxem 
(  division    Palombini  )    vinrent,  roccuper    Ger- 
mersheini:,  et  le  restant  de  cette  division  s'assçm* 
bla  à  Bruchsal.  La  division  de  Darmstadt  se  réu- 
nit à  Philipshourg.  Les  troupes  de  Wurtembeig 
vinrent  camper  derrière  Germersheim  ;  un  régi- 
ment de  cavalerie  fut  envoyé  à  Lustadtt  :  la  di- 
vision Wallmoden  (plus  tard  Yacquant)  descendit 
de  Spire  devant  Landau,     , 

Le  23,  le  corps  de  Wurtemberg  passa  le  Rhin, 
â  l'exception  de  six  bataillons  de  la  division  Koch, 
et  douze  escadrons  de  la  division  Palombini.  Dans 
l'après-midi,  le  prince  de  Wurtembei^  fit  atta- 
quer les  lignes  de  la  Queich,  par  (£ix-huit  batail- 


lond.et  douze  escadrons  en  deux  colonnes.  Nos 
avant-postes ,  appartenant  à  la  division  Rothem- 
bourg,  se  réunirent  à  Rheinasabem , .  d*oii  ils  se 
replièrent  peu  à  peu^  en  combattant,  vers  Lau- 
terbourg.  Les  troupes  ennemies  qui  avaient  passé 
la  QUeich,  s'avancèrent  jusqu'à  la  hauteur ^  de 
Rheinzabern  ;  le  reste  du  corps  de  Wurtemberg 
s'arrêta  à  Germersheim.  > 

Le  â4  9  le  corps  de  Wurtemberg  continua  son 
mouvement.  Le  général  Jett ,  arte  um  bataillon 
et  quatre  escadrons ,  se  dirigea  vers  la  droite,  sur 
Bei^f^abem.  Le  général  Luxem,  avec  six  bataU- 
Ions  et  huit  escadrons ,  se  porta  plus  à  gauche , 
vers  Babelroth ,  où  il  rencontra  l'avant  «garde  du 
général  Rapp ,  composée  du  7*"  de  chasseurs  et 
du  8*  de  dragons.  Une  charge  brillante  de  notre 
cavalerie  arrêta  l'ennemi,  qui  ne  dépassa  pas 
Bergzabem.  La  division  de  Hesse  -  Darmstadt 
resta  à  Billigheim ,  et  la  division  Eocfa  en  arrière, 
à  Impfing.  Le  général  Wallmoden ,  ayant  laissé 
devant  Landau  trois  bataillons  et  deux  escadrons, 
s'avança  avec  onze  bataillons  et  six  escadrons  à 
Rheinzabern.  Le  général  Palombini ,  avec  la  bri- 
gade GzoUich  (huit  bataillons)  et  un  régiment  de 
cavalerie ,  resta  également  devant  Landau.  Le  gé- 
néral Lalance ,  avec  quatre  bataillons  de  la  divi- 
«on  Koch,  resta  à  Germersheim.  * 

Le  25,  le  général  Rapp  quitta  les  lignes  de  la 
Lauter ,  qu'il  était  impossible  de  défendre  ;  tant 
parce  qu'elles  étaient  tombées  en  ruines,  que 
IV.  18 


/ 


ji74  "  ufu  nî. 

par  la  disproportion  du  Bombre  ;  il  vint  prendi^ 
position  â  la  tête  de  la  forêt  de  Haguenau  ;  la  di- 
vision Grand|ean,  é  gauche,  vers  Rei^ofen,  pour 
couvrir  la  route  de  Bitche  ;  la  division  Albert  à 
Surbourg,  en  arrière  de  Soulz;  i  rextréme  droite, 
à  Seltz ,  le  général  Rothembourg  ;  le  général  De»< 
bureaux,  avec  un  bataiUon  de  ligne,  quelques 
lanciers  et  une  compagnie  franche^  était  à  Sa--' 
verne.  Le  corps  de  Wurtemberg  s'avança  jusqu'à 
Weissembourg  ;  lavant -garde  â  Ingolsheim,  à 
moitié  chemin  de  Soulz;  la  division  Wallntoden , 
à  Lauterjjourg.  Le  général  Palombini  fut  rappelé 
de  la  Queich,  avec  la  brigade  Czollich  ;  la  brigade 
Lalance  fut  chargée  du  blocus  de  Landau. 

Le  â6,  l'ennemi  attaqua  notre  position  à  Sur- 
boui^  et  à  Settz.:  dans  ce  dernier  endroit 4ÎCkit  ie 
général  Rothembourg,.  avec  la  brigade  de  Gudin, 
seule  ;  la  brigade  Fririon  avait  été  détachée  vers 
le  Port-Louis ,  pour  couvrir  les  derrières  de  Tar* 
mée.  Dans  le  moment  ou  l'ennemi  s'approchait  ^ 
il  fui  encore  obligé  de  détacher  le  4o*  régiment 
sur  m  gauche.  11  ne  resta  donc  à  Sehz  que  ie  3^*, 
doat  un  bataillon  formait  l'avant-garde  et  la  ré** 
serve;  l'autre  bataî|Uon,  etcepté  ûnè  compagnie 
qui  était,  employée  à  garder  les  gués  jusqu'à  Nt* 
dei^Adem ,  formait  le  c<urps  de .  bataille.  Vers 
onze  heures  du  matin,  le  général  Wallmoden 
parut  devant  Seltz;  son  avant-garde ,  composée 
de  quatre  bataillons ,  deux  escadrons  et  une  bat* 
terie,  attaqua  les   trois  compagnies  que  nous 


CHAPITM   III.  QJ^ 

avions  à  la  tête  du  boi».  La  résistance  de  *no» 
trdupes  fut  vive  H  opûluiâtre,  et  ce-i^e  fut  qu'a« 
près  deux  heures  de  condbtt^  et  par  une'  dernière 
atla4|ue  des  quatre  batailkms ,  qile  notire  petite 
avaut-^arde  put  être  forcée  de  se  repKer  dans 
Seltz;  elle  y  occupa  la  partie  de  la  ville  situé  à 
la  goOçhe  dt  la  rivière.  Les  quatre  batâôBoùs^ienH 
ntvûi^  débouchèrent  alors  sur  Selte,  qu'ils  essiyè^ 
rent  d'emporter  ;  ils  furent  repousses  avec  pertes 
Mais  l^généralWallinodeui  aj^nt  «igi^é  de  non-» 
voiles  troupes ,  renouvela  Tattaque ,  et  parvint 
à  s'^mpaErer  de  h  J^artle  de. la  ville  au  delà  du 
ponJb  '  Une  Dôuvelle  charge  de  nos  troupes  cul-» 
buta  r^nnemi But. le  bois,  où  il  s'arrêta,  rebuté 
de  ses  uiutiles  efft>rbk;  Ce  combat ,  que  les  rap^ 
pôirt^  ^menns  appellent  gbruux,  coûta  au  gé* 
néral  Wallmoden  )filus  d^  cinq  cents  hommes. 

Au  centre,  le  prince  de  Wurtemberg  se  porta ^ 
sofw  le.grc^  de  son  corps,  sur  Ja  grande  route 
de  Baguenau«.  La  diviii^  ÂJUbert  avait  pris  po^ 
^tk>n  à  la  tête  de  )a  forêt,  derrière  la  .Sure;  le 
vittage  de  Sorbolirg ,  sur  0on  fir<mt ,  était  gardé 
par.ttn  bataillon  du  1 8*  régiment,  sotts  les  or*- 
dnÊA  du  colonie  VeyroL  Vers  dix  heures^  la  tête 
de  la  colonne  ennemie,  composée  d'un  bataillon 
et  quaibre  escadrons,  sous  les  ordres  du  général 
Jett,rfiâriit  devant  Surbourg^  N.os  premiers;  avant*- 
postas  furent  repliés  sur  le  village,  et  le  combat 
s^engdgêa;.^  Fibu  après,  le  groB  de  l'avant -^garde 
ennemie ,  bomposé  de  fax  bataillons  et  huit  eè^ 


wjG  Livii  ni. 

cûdrom ,  arriTa ,  et  le  village  de  Surbourg  fat 
Tement  attaqué.  Le  bataillon  du  1 8*  se  défendit 
avec  la  plus  grande  valeur ,  et  ce  ne  fut  qu'après 
deux  heures  de  combat ,  que  le  général  Albert^ 
le  voyant  au  momait  d'être  tourné,  le  fit  replier 
derrière  la  Sure.  Le  reste  du  corps  ennemi  étant 
arrivé,  le  prince  de  Wurtemberg  le  fit  déployer, 
et  le  combat  s'engagea  sur  tout  le  front  de  la 
division  Albert.  Plusieurs  fois  l'ennemi  tenta  de 
forcer  le  passage  de  la  rivière;  chaque  fois  ses 
colonnes  d'attaque  fur^it  culbutées  avec  une 
grande  perte.  Enfin,  vers  le  soir,  lennemi,  rebuté, 
renonça  à  ses  attaques ,  et  se  replia  hors  de  la 
portée  du  canon.  Cette  journée  coûta  au  corps 
de  Wurtemberg,  tant  à  Surbourg  qu'à  Seltz, 
deux  miUe  hommes  hors  de  combat  et  deux  piè- 
ces démontées.  Notre  perte  s'éleva  à  trois  cents 
hommes. 

Dans  la  nuit ,  le  général  Bapp  continua  sa  re- 
traite. La  nouvelle  qu'if  venait  de  recevoir  du 
passage  du  Rhin,  â  Bâl6,  par  trois  corps  autri- 
chiens ,  ne  lui  permettait  plus  de  défendre  le  dé- 
filé de  Brumat  ;  il  fallait  se  hâter  de  couvrir 
Strasboui^.  Ce  fut  dans  cette  marche,-  que  l'ar* 
mée  du  Rhin  apprit  l'abdication  de  Napoléon. 
L'effet  moral  de  cette  nouvelle  pensa  causer  la 
désorganisation  de  l'armée.  Un  de  nos  plus  bra- 
ves régimens,  dont  le  nom  était  associé  A  bien 
des  hauts  faits,  fut  au  moment  de  la  quitter,  et 
de  se  jeter  dans  les  montagnes;  mais  l'ennemi 


CUAPITRB   111.  377 

s^a^ançaît ,  et  U  suffit  de  le  dire  pour  que  ce  ré: 
giment,  qui  n'avait  jamais  tourné  le  dos,  restât 
â  son  poste.  Le  soir,  l'année  française  était  en 
position  derrière  la  Souffel ,  à  une  lieue  de  Stras- 
boui^;  une  petite  arrière -garde  d'infanterie  et 
de  cavalerie  fût  laissée  en  avant  de  Brumat.  Le 
corps  de  Wurtemberg  s'avança,  le  27,  par  les 
deux  routes  de  Haguenau  et  de  Lauterbourg  ;  Ta- 
vant-garde  du  général  Lvxem ,  eut,  en  avant  de 
Brumat,  un  léger  engagement  avec  la  nôtre,  qui 
ae  retira  derrière  le  défilé,  où  l'ennemi  ne  put 
la  forcer  ;  l'avant-garde  de  Luxem  resta  en  ar- 
rière de  Brumat;  le  corps  de  Wurtembei^  prit 
position  plus  en  arrière  à  Schueffelheim  ;  la  bri- 
gade Czollich  occupa  Haguenau  ;  la  division  Wall- 
moden  vint  à  Drusenheim  ;  la  brigade  wurtem- 
bergeoise  de  Lalance,  ayant  été  relevée  devant 
Landau,  arriva  à  Haguenau,  le  â 8  au  matin. 

Le  28  au  matin ,  l'armée  française  occupait  les 
positions  suivantes  ;  la  division  Rothembourg 
était  à  l'aile  droite  ;  les  39*  et  4o*  régimens,  à  la 
droite  de  la  route  de  Bischeveilcr  ;  le  36*  devant 
le  village  de  Souffelweyersheim  ;  le  1  o3*  au  centre; 
la  division  Albert  était  à  l'aile  gauche  ;  le  1  o'  régi- 
ment occupait  Lampertsheim  et  Mundolsheim; 
les  52%  1 8' et  57*  couvraient  les  trois  Hausbergen  ; 
une  brigade  de  cavalerie,  composée  des  7*  de 
chasseurs  et  1 1*  de  dragons,  était  en  réserve.  Nos 
avant-postes  étaient  à  Reichstett  et  à  l'auberge  de 
Lampértsbeim  ;  la  division  Grandjean  et  une  brir 


Wjè  UTAS   Ul. 

gade  à»  cavalerie ,  étaienl  en  ccrfonnes  iur  la  roule 
de  Molsheim ,  afin  d'obienrer  le»  mcavemeos  que 
pourraient  faire  les  troupes  ennemies  venant  de 
Bâle..  Des  troupes  de  la  garnison  de  Strasboui^g 
avaient  été  placées  dans  la  Roberts^Au ,  et  devant 
Wantzenau.  On  y  avait  également  établi  des  i>atte- 
ries.  I^s  villages  de  Honheim ,  Bischheim  et  Schil- 
ligheim  avaient  été  retranchés  et  couvraient  la 
position  que  Tarmée  devait  occuper  devant  Stras- 
bourg. 

Dans  raprès-midl^  l'ennemi  parut,  et  vers 
•deux  heures  le  prince  de  WurtMâbei^  déploya 
ses  colonnes  d'attaque.  La  division  autrichiaone 
-était  à  droite;  la  brigade  Luxem  et  la  cavalerie 
du  général  Kinski  se  dirigèrent  de  Wendenheim 
sur  Fful-Griesheim  ;  la  brigade  CzoUîch  fut  déta- 
chée de  cette  division  et  resta  sur  la  grande  route 
près  de  Wendenheim  ;  la  division  hessoise  du 
prince  Emile  était  au  centre ,  die  se  dirigea  de 
Wendenheim  sur  Lampertsheim.  Les  troupes  de 
Wurtembeig  étaient  à  l'aile  gauche;  la  brigade  de 
Hohenlohe,  a  droite  de  la  roule;  la  brigade  Misany 
au  centre  ;  la  brigade  Hûgel ,  à  gauche  ;  la  cavar 
lerie ,  derrière  le  ruisseaa  de  Wendenheim.  La 
division  Wallmoden  était  encore  en  marche,  et  la 
brigade  Lalamce  était  restée  à  Haguenau. 

Vers  trois  heures , .  le  combat  Ait  engagé  par 
l'attaque  de  Lampertsheim,  par  la  division  hes^ 
soise  :  la  cavalerie  ennemie  se  développa  en  m^ne 
temps  dans  la  plaine,  en  avant   des  colonnes. 


GUAriTiifi  m.  2279 

Lompevtsheim ,  occupé  par  un  bataillon  du  1  o* 
régiment ,  fut  défendu  losg-temps  aVec  vigueur 
contre  six  bataillons  de  la  division  hessoise.  A  la 
fin ,  la  2"  brigade  ennemie  s'avançant ,  le  colonel 
Creité  rappela  son  bataillon,  et  réunit  le  1 0*  ré- 
ginbent  à  Mondolsheim.  Le  prince  ÉmUe  poussa 
sa  pointe  et  parvint  à  s'emparer  des  premières 
maisons  de  Hundolsheim;  mais  une  charge  vi* 
goureuse  culbuta  les  Hessois  au  delà  du  ruls* 
«eau ,  où  ils  furent  contenus ,  malgré  leurs  ten* 
tatives  réitérées. 

A  peu  près  en  même  temps ,  le  prince  de  Wur- 
temberg avait  fait  attaquer  Souffelweyersheim 
par  la  brigade  Hûgel ,  la  faisant  appuyer  â  droite 
par  la  brigade  Hobenlohe,  et  à  gauche  par  la 
brigadeJMUsany.  La  brigade  Czollich  s'avançait  sur 
Ja  route  de  Brumat.  Celle  de  Luxem  avait  dépassé 
Pful-Griesheim.  La  cavalerie  du  général  Kinski 
était  vers  Dingsheim.  La  division  Rothembourg  s'é- 
tait rapprochée  du  viOage  de  Honhdm ,  que  cou- 
vrait la  brigade  Gudin;  le  général  Fririon,  avec  le 
1  o3%  était  sur  la  route  de  Brumat  ;  le  3&'  défendait 
Souffelweyersheim.  Le  général  Rapp,  jugeant  que 
le  projet  de  l'ennemi  était  de  séparer  les  deux  di« 
visions ,  en  portant  ses  colonnes  sur'  la  route  de 
Brumat ,  resserra  son  aile  gauche  vers  le  centre. 
Le  52'  régiment  fut  envoyé  à  Mundqlsheim  pour 
appuyer  le  1  o**  ;  les  1 8*  et  S'j'  furent  rapprochés ,  à 
^îieder-Hausbergen.  Le  village  de  Souffelweyers- 
heim fut  vaillamment  défendu;  mais  eoGn  les 


!iSo  iivRE  m. 

colonnes  ennemies  parvinrent  à  passer  le  ruisseau 
et  à  s'en  emparer.  Le  36'  se  replia  sur  le  i  o5',  et 
l'ennemi  commençait  à  déboucher.  Alors  le  géné- 
ral Rapp,  voulant  Farréter  pour  dégager  son  aile 
gauche,  jeta  au-devant  de  ses  colonnes  une  compa- 
gnie du  56",  en  tirailleurs,  et  porta  en  avant  la  bri- 
gade Fririon.  Ce  général ,  laissant  un  bataîUon  et 
quatre  pièces  de  canon  près  de  l'auberge  de  Souf- 
fel ,  marcha  sur  Souffelweyersheim  et  en  rechassa 
l'ennemi.  Le  général  Gudin  seconda  l'attaque,  par 
un  mouvement  en  avant  sur  la  route  de  Bisch- 
vrefler.  Pendant  ce  temps ,  la  division  Wallmoden 
s'était  avancée  à  Wantzenau ,  où  elle  s'engagea 
avec  les  troupes  qui  étaient  à  l'autre  rive  de  l'Ill. 
Cependant  le  prince  de  Wurtembei^  avait 
fait  entrer  en  ligne ,  a  SouffelweyeKheim ,  les 
brigades  Misany,  Hohenlohe  et  Czollich.  D^un 
autre  côté,  la  brigade  autrichienne  de  Luxem 
menaçait  en  flanc  les  troupes  de  Mundolsheim. 
Le  général  Rapp  )ugea  alors  indispensable  de 
faire  un  moi^vement  de  concentration  et  de  re- 
traite. La  division  Rothembourg  se  rapprocha  de 
Honheim  ;  la  division  Albert  se  réplia  en  éche- 
lons; les  18*  et  57*  régimens  se  retirant  vers 
Schilligheim  ;  le  général  Beurmann,  avec  les  to* 
et' 52%  évacua  Mundolsheim,  en  soutenant  les 
efforts  de  la  division  de  Hesse  et  de  la  brigade 
Luxem.  L'ennemi,  maître  de  Souffelweyersheim  ^ 
s'avança  :  la  cavalerie  wurtembergeoise,  débou- 
chant rapidement  par  la  grande  route,  força  le 


CUAPITRE  111.  ubt 

I>ataiUoix  qui  était  à  Souffel ,  a  empara  des  quatre 
}>ouches  à  feu  et  couronne^  le  plateau  ;  les  bri- 
gades Misany,  Hûgcl,  Hohenlohe  et  Czollich  at- 
teignirent les  hauteurs.  Dans  ce  moment,  le  géné- 
ra] Rapp,  se  mettant  à  la  tête  du  7*  de  chasseurs 
etdu  1 1"*  de  dragons,  chargea  la  cavalerie  ennemie» 
Cette  charge  eut  le  plus  heureux  succès  ;  la  ca- 
valerie 'wurtembergeoise  fut  mise  en  désordre. 
XiC  3â*  régiment ,  de  la  brigade  Beurmann,  arriva 
aussi  en  colonnes  serrées  sur  la  cavalerie  ennemie, 
et  lempéchade  se  rallier.  Elle  se  renversa  sur  Tin- 
fanterie  encore  en  colonnes ,  et  peu  en  ordre  à 
cause  du  passage  du  ruisseau,  qui  avait  rompu  les 
bataillons.  Le  général  Rothembourg ,  portant  en 
même  temps  sa  droite  en  avant ,  l'ennemi  fut  re- 
jeté en  désordre  au  delà  de  la  Souffel ,  et  le  com- 
bat cessa.  Il  était  alors  plus  de  huit  heures  du 
soir ,  et  la  déroute  des  Wurtembergeois  fut  telle , 
que  les  bagages  s'enfuirent  jusqu'à  Haguenau; 
une  partie ,  et  surtout  ceux  du  prince  de  Wur- 
temberg, furent  pillés  par  les  fuyards. 

Le  général  Kinski ,  chargé  de  tourner  la  gau- 
che de  l'armée  française,  était  arrivé  à  Ober- 
Hausbergen.  Là  il  se  trouva  en  présence  de  la 
division  Grandjean.  Celle-ci  se  déploya,  et  l'en- 
nemi fut  contenu  de  ce  coté. 

La  journée  du  28  coûta  plus  de  trois  mille 
hommes  à  l'enneixti.  Nous  en  perdîmes  sept  cents 
et.  quatre  canons.  Le  lendemain ,  le  général  en- 
nemi, pour  se  venger,  fit  brûlerie  village  de  Souf* 


l82  UVRK   lil. 

felweycnheim,  sous  le  prétexte  mensonger  que 
ks  habiUBs  ayaient  fait  feu  sur  ses  troupes,  et 
fit  rayager  les  y illages  yoistas. 

Le[[28.,  au  soir,  Farinée  française  feutra  eu 
partie  dans  Strasbourg,  en  partie  dans  les  ré- 
tranclieraens  de  Honheim,  Bischeim  et  Schilli- 
l^eim.  Le  corps  de  Wurtemberg  resta  au  delà  de 
la  Souffel,  entre  Reichstett  et  Wendenheim;  son 
aile  droite  occupant  cependant  Mundolsheim  et 
Nieder-Hausbergen.  Le  29,  elle  occupa  les  vil- 
lages de  Souffelweyersheim ,  et  les  trois  Hausber- 
gen  ;  le  quartier-général  fut  à  Wendenheim.  Le  3o, 
trois  bataillons  et  deux  escadrons  furent  enyoyés 
pour  bloquer  Schelestadt  ;  deux  bataillons  et  un 
escadron  pour  bloquar  Phalzbourg.  Le  corps  de 
Wurtemberg  resta  devant  Strasbourg  jusqu'au  4 
juillet ,  sans  rien  entreprendre  militairenient.  Mais 
le  prince  de  Wurtemberg  fit  des  tentatives  politi- 
ques pour  se  rendre  maître  de  la  place.  Il  essaya 
d'abord  d'employer  le  pasteur  de  Wendenheim  â 
gagner  le  général  Rapp ;  ce  moyen  ne  réussit  pas, 
parce  que  le  pasteur  refusa  dé  coopérer  à  une  bas- 
sesse. Le  général  Yacquant  étant  yenU  prendre  le 
commandement  de  la  division  Wallmoden,  le 
prince  de^/Vurtemberg  le  crut  propre  A  décider  le 
général  Rapp.  Il  fut  envoyé  à  Strasbourg,  le  5  juil- 
let ,  pour  demander  la  remise  de  la  place  au  nom 
du  roi  de  France.  Cette  tromperie  était  trop  gros- 
sière pour  avoir  du  succès.  Le  4  juillet ,  le  corps  de 
WurtembeiTg;  ayant  été  relevé  par  celui  de  Hohcn- 


CBAPITKS   m.  .â83 

atoUern^  se  mit  en  marche  pour  gagner  Paris.  Le 
noéme  jouF^  fe  priiiGedeWmtemberg  s'avança  }us- 
qa'à  Mokheim.  Le  5 ,  il  était  a  Raon-l'Étape ,  et  ce 
îour-]à  il  fit  faÎK  une  tentative  inutile  sur  Phah- 
bourg  :  le  7,  àLunéViHe;  le  1 3,  à Cbaumont;  le  1 7, 
a  Troyes,  et  le.  â  1 ,  entre  Montbard  et  Tonnerre. 

Le  corps  de  Hohenzollem  avait  passé  le  Rhin , 
dans  la  nuit  du  a5  au  26,  à  Rheinfelden  et  Crên- 
zBcfa.  Le  27  il  était  devant  Huningue;  le  a8  il  oc- 
cupa Thann  et  Saint-Amarin;  le  29  il  occupa 
Colmar  et  fit  investir  NeufnBrisach.  Le  3  juillet, 
Tavant-garde  du  général  Klebelsberg  était  à  Fe- 
gersheim ,  en  avant  d'Erstiein ,  et  investit  Stras- 
bourg de  ce  c6té.  Le  4  >  1^  corps  de  Hohenzollem 
releva  tous  les  postes  du  corps  de  Wurtemberg, 
et  prit  Finvestissement  de  Strasbourg  avec  la  di- 
vision y acquant ,  que  le  prince  de  Wurtemberg 
y  laksa.  Ce  jour-lâ ,  vers  trois  heures  après  midi, 
le  général  Rapp  fit  faire  une  grande  reconnais- 
sance sur  tous  les  poiqts  du  blocus.  Notre  cavâ- 
4erte  pénétra  jusqu'à  Ober^Hausbergen,  et  enleva 
-quelques  postes  ennemis. 

Le  9  îuiHet ,  le  général  Rapp,  Toulant  connaître 
la  force  des  troupes  qu'il  avait  devant  lui,  se  dé- 
cida à  pousser  une  pointe  sur  la  route  de  Saveme. 
A  la  pointe  du  jour,  la  division  Albert  et  la  cava- 
lerie se  mirent  «n  mouvement.  La  division  Al- 
bert se  porta  en  avant  sur  deux  colonnes  :  le  1 8* 
et  le  57*régimen8  à  droite  sur  Mittel-Hausbergen  ; 
les  1 0*  et  3a*  à  gauche  sur  Ober-Hausbergen.  Les 


D&4  uyM,  m. 

trois  villages  étaient  occupée  par  la  diûston  au- 
trichienne  de  Mazzuchelli ,  couverte  par  la  cava* 
lerie  badoise.  Cette  dernière  fut  bientôt  renversée 
par  la  nôtre  ;  les  villages  de  Ober  et  Mittet-Haus- 
bergen,  emportés  par  les  i  o*  et  1 8*  rég^ens  ^  et 
la  division  ennemie  culbutée  en  désotxlre  sur 
Dingsheim.  Le  prince  de  HohenzoHem,  ayant 
fait  avancer  la  division  badoise  de  Schaefer,  le 
combat  s'alluma  avec  vivacité.  Nos  troupes  se 
maintinrent  cependant  dans  les  deux  villages., 
jusqu'au  moment  où  le  général  Rapp  fit  don- 
ner le  signal  dé  la  retraite.  Elle  se  fit  en  bon 
ordre,  soutenue  en  échelons,  à  droite  par  le  5 7% et 
a  gauche  par  le  32*.  Deux  charges  successives  de 
la  cavalerie  badoise  furent  repoussées  ^  et  cette 
cavalerie  mise  en  désordre.  Depuis  lors  il  n'y  eut 
plus  devant  Strasbourg  aucun  fait  d'armes.  Le' 
22  juillet,  une  convention  de  suspension  d'vmes 
fut  conclue  entre  le  général  Rapp  et  le  prince  de 
UohenzoUern ,  pour  les  places  de  Strasbourg, 
Landau,  la  Petite -Pierre,  Phalzbourg,  Sche* 
lestadt,  Neuf*Brisach ,  Fort-Mortier  et  Hunin- 
gue  {*).  Cette  convention  eut  le  sort  de  toutes 
celles  qui  allaient  contre  les  vues  secrètes  des 
coalisés;  elle  fut  violée  par  le  siège  d'Hun ihgue. 
Tant  que  l'activité  des  opérations  militaires 
avait  tenu  le  soldat  occupé,  ses«réflexions  sur  les 
évéuemens  politiques  et  militaires  avaient  été  sust^ 

C)  rojez  Pièce.  jmiiBcalive»,  N«  XLUI. 


GHA?iTKS  m.  285 

pendues.  Après  la  conclnsion  de  rarmisHce ,  dies 
eurent  un  libre  cours  et  portèrent  Tagitaftiim 
datas  Farm  je.  Non^seuJement  Fespérance  de  sau- 
ver rindépendance  nationale  était  déçue,  et  la 
France  avait  succombé  presque  sans  défense, 
malgré  le  courage  et  le  déveueipent  des  armées,* 
mais  Fexistence  même  de  ces  armées  était  mena- 
cée :  leur  licenciement  n'était  plus  un  mystère. 
Pour  des  cceurs  droits,  accoutumés  à  peser  la 
cociduife  de  cbacun  à  la  balance  de  l'honneur 
militaire,  ignorant  les  principes,  la  marche  et  les 
effets  de  la  politique ,  et  ne  jugeant  des  causes 
que  par  les  résukats,  et  du  devoir  que  par  les 
possibilités ,  les  événemena  du  jour  devaient  pa- 
raître incompréhensibles  au  premier  coup  d'onL 
I^es  factieux  de  Tintérienr  de  la  ville,  d-accord  avec 
les  Autrichiens ,  s'emparèrent  de  la  fermentatioîi 
sourde  qui  agitait  l'armée,  et  lui  donnèrent  une 
direction,  eax  répandant  des  accusations  de  trahi- 
son contre  les  chefs.  Deux  mesures  fatales,  ût 
qu'on  peut  appeler  hautement  imprudentes ,  6- 
reht  croître  le  mécontentement,  qu'il  ne  fut  plus 
possible  de  contenir.  La  première  fut  l'ordre  de 
licencier  l'armée  et  de  renvoyer  chaque  homme 
isolément,  sans  argent  et  sans  armes;  la  seconde 
fut  celui  de  livrer  à  l'ennemi  dix  mille  fusils  de 
l'arsenal  dé  Strasbourg.  L'insurrection  éclata ,  et 
le  gouve^ement  se  vit  forcé  de  payer  aux  soldats 
le  prix  de  leur  sang  versé  pour  la  pairie ^  et  dont  on 
avait  vouhi  les  priver.  Le  corps  ennemi  profita  de 


a8(i  UYBB  ai. 

ce  ttioBoaEit  pour  se  mpprodier  de  la  placc^  mai» 
les  mesures  énergiques  que  prirent  les  troupes, 
iiu3gré  leur  révolte,  déjouèrent  tous iles projets. 

Les  factieux  qsd  avaient  excité  la  sédition  en-^ 
reni  la  douleiBr  de  ne  pouvoir  pas  livrer  une  de 
nos  pbces  prinoipales  à  rennraai.  Quelque  péni- 
ble .qnait  pu  éfeM.la  révolte  de  Tannée  du 
pour  les  amis  de  la  patrie,  dtea  prétantéai 
une  réflexion  consolante  ;  c'est  que  le  soldat  finsH 
çais^.méme  au  miitêa  de  ses  égaremens^  sait  s'a!»-' 
tenir  da  .désordre»  luKxtenx  ^  et  mtiourd  aux  si^ 
gestions  de  la  perfidie; 

Pendant  qtie  ces  événemens  ée  passaient  sur  le 
Rhin  et  davantStrasbouag^d'aùtrcs  colonnes  eun^ 
nkfcstsepoDtaisnt  jflv*  rannëe  du  Jura.  Cette  ar- 
mée .kronmandéë  pat*  le  général  Lecourbe ,  était, 
aincA  qae  nous  Tavoiisvu  livre:!,  ehapitre  i^,  com-^ 
posée  d'niae  division. d'infanterie  de  ligM,  d'une 
de  cavalerie,  et  d'une  de  gardes  natkmales.  Elle 
éteit  à  peu  près  réunie  éuv  les  frontières  de  la 
Suisse^  vers  Bâle  ;  la  division  Àbtié  et  la  cava- 
lerie eh  pY^mière  ligne ,  celle  des  gardes  nationales 
en  Seconde  ligne ,  devant  Béfort.  '  La  division  de 
gatdes  nationales  du  général  Laplane,  qui  était 
entre  Pontarlier  et  Saint-Claude ,  dépendait  de 
Tarméè-  du  Jura  ;  niais ,  en  ayant  été  ^itièrement 
séparée ,  TMms  ne  nous  occuperons  d^^le  qu'en 
parlant  dé  Façmée  dies  Alpes. 

Dans  ta  nuit  du  i5  au  36  juin,  les  corps  de 
Colloredo,  de  Hohenmllem,  et  de  4- archiduc 


CHAPITKE    m.  ùBj 

Ferdinand ,  padaèrent  le  Rkki  «  à  Crenzach',  près 
Bâle.  Le  ^6,  à  .dix  helires  da  matin,  ilg  éteient 
en  avant  de  Bâle ,  Ters  la  firontière  *  dé  France^ 
La  divitton  Abbé  était  en  position  sur  les  hatt*^ 
leurs  de  TnHs-Maisons,  sur  la  route  d'Ahkirch; 
elle  occupait  Hassingen.  Le  généiia!  Meuifau  ^ 
avec  un  bataillon  d'infanterie  et  m'I^égiiMut 
de  cavalerie,  éclairait  Ferette;  le  général  Caitex; 
avec  le  3*  de  hussards ,  la  route  de  Mifidfiaifseni 
Les  corps  de  l'archiduc  Ferdinand  et  de  Hoiien- 
z#Uem  suivirent  laToutê  de  Mûlhausen,  et  mves- 
tirent  Suningue.  Nous^avons  déjà  rendu  éovtfpt^ 
des  mouvemens  de  ce  dernier.  ^  Le  corps  de  Gol-' 
loredo  se  dirigea  sur  Akkirch;  les  divisions  Le- 
derer.  et  Marschall,  qui  étaient  eii  télé,  ayant 
replié  nos  avant^postes ,  attaquèn^ent  là  <iivision 
Abbé  â  Trois-Maiôons}  après  tm  coii^ibâttrès-vffl 
oà  k  maréchal  de  camp  Maltet^se  distàiguà^  lé 
giénéralJUdbé  se  retira  leptement  etën  b'èn  ordre 
à  Tagadorf. .'.     > 

-  Le  57,  fe  généralCoDoreda,  ayant  dirigé  la  bri- 
gade Scbelther,  de  îa  division  Marzîâny,  ^r  !Fe- 
rette,  continua  son  mouvement.  Le'généràï  Abbé 
s'était  mis  en  reti^aite  au  point  du  jour,  et  avait 
pris  position  au-  delà  de  Dannemarie ,  derrière  ïa 
Largue  î  le  Sa*  réghnént  était  d'arrîère-garde,  sous 
les  ordres  du  général  Clavel  et  couvrait  le  bourg. 
A  peine  la  divisi^Mi  était  en  position ,  que  Danne- 
marie fat  attaqué  par  la  division  Lederer.  Le  Sa* 
se  défendit  vaillamment,  mais  il  ne  put  se  soute- 


â88  LITRE    III. 

nîr,  et  fut  poussé  vers  la  rivière.  Le  i  o'  riment 
se  forma  sur-IeKshamp  en  colonne  d  attaque ,  et , 
s'élancant  à  la  baïonnette  sur  les  Autrichiens, 
les  rechassa  de  Dannemarile.  Une  charge  brillante 
des  3*  el  ^^  de  hussards  acheva  de  les  mettre  en 
déroute ,  et  les  poussa  sur  la  division  Marschall , 
qui  arrêta  nos  troupes.  L'ennemi  ne  renouvela 
pas  son  attaque  y  dont  Fessai  lui  avait  coiité  en- 
viron cinq  cents  honunes.  Content  de  ce  succès, 
et  ne  voulant  pas  exposer  ses  troupes  au  choc  de 
tout  le  corps  de  CoUoredo ,  le  général  Glavel  ra- 
mena fes  5a*  et  lOâ*  a  la  gauche  de  la  Largue, 
et  fit  rompre  le  pont. 

.  Le  â8,  l'ennemi  ne  fit  aucun  mouvement  de- 
vant Dannemarie.  Le  29 ,  le  général  Abbé ,  ins^ 
truit  de  celui  du  corps  de  HohenzoUem,  dont 
les  troupeu  avancées  occupai^t  Thîuin  et  Màs- 
vau'f.,  et  sachant  qu'un  corps  autrichien  mar- 
chai surr  Pelle ,  jugea  nécessaire  de  se  retirer.  Il 
n'était,  à  la  vérité,  pas  attaqué  de  front,  mais  il 
dllai|:  être  tourné  ;  il  vint  prendre  position  a  Cha- 
vanne ,  ayant  en  avant  du  village  les  6*  et  5  a*  ré- 
gimens.  L ennemi  ne  tarda  pas  à  Ty  attaquer; 
nos  troupes  se  défendirent  avec  une  telle  vi*- 
gueur ,  que  le  général  CoUoredo ,  désespérant  de 
forcer  le  passage  de  front,  se  décida  à  manœu- 
vrer par  les  ailes  ;  il  poussa  à  sa  gauche  la  bri- 
gade fioheneck,  de  la  division  Marziaôay,  vers 
Montreux  ;  la  brigade  Vilajta  fut  dirigée  vers 
Collonge.  Le  général  Abbé,  se  voyant  débordé 


CHAPITRE    III.  ^89 

par  les  deux  ailes,  fut  obligé  de  se  replier  sur 
la  position  ^e  Foussemagne ,  où  il  se  défendit 
encore  avec  intrépidité  ;  mais  le  mouvement  de 
flanc  continuant,  il  lui  fallut  se  retirer  en  arrière 
de  Fray  et  se  rapprocher  de  Béfort.  Il  prit  po- 
sitioîi  à  une  lieue  de  la  ville,  ayant  le  général 
Clavel  avec  le  S  2*  régiment  à  Pfasunx ,  le  C  à 
Besoncourt,  le  102*  entre  les  deux ,  avec  quel- 
ques compagnies  de  la  Haute-Sa^e,  et  un  ba- 
taillon du  62'  à  Chevremont  ;  à  son  extrême 
gauche,  â  Roppes ,  était  le  S^  bataillon  de  Saône- 
et- Loire;  sur  sa  droite,  les  retranchemens  de 
Bourogne  étaient  défendus  par  le  général  Ber- 
trand ,  avec  deux  bataillons  de  garde  nationale. 
Le  général  CoUoredo  prit  position  avec  son  corps 
principal,  sur  la  route  de  Chevremont;  la  bri- 
gade Vilatta  était  à  CoUonge ,  et  la  brigade  Hohe- 
neck,  vers  Sainte-Croix.  Cette  journée  coûta î)1u8 
de  mille  hommes  à  Tennemi  ;  nous  en  peroJines 
deux  cent  vingt-quatre.  Le  général  Meuziâu  /  qui 
avait  été  détaché  le  28  vers  Délie ,  avec  deux  esca- 
drons et  un  bataillon  du  62%  rencontra  lavaut- 
garde  du  général  autrichien  Scbeither  ;  il  la  chassa 
de  Faverois ,  Courtelevant  et  Rochery  ;  mais  l'ap- 
proche du  corps  principal  le  força  â  se  replier 
sur  Bourogne;  le  général  Scheither  occupa  Délie. 
Le  29 ,  le  général  CoUoredo ,  en  même  temps 
qu'il  attaquait  le  général  Abbé,  à  la  Chavaniie, 
fit  attaquer  les  retranchemens  de  Bourogne  par 
le  général  Scheither.  ;  Les  généraux  Bertrand  et 
IV.  .  19 


$^  UTIX    iU. 

« 

Heunau ,  qui  n'avaient  pas  plus  de  quinze  cents 
hommes  â  opposer  à  cinq  mille ,  furent  forcés , 
après  la  plus  vigoureuse  résistance  ;  ils  se  replié* 
rent  sur  la  Savoureuse ,  à  Sevenans  ;  le  général 
Scheither  occupa  Mo  val.  Le  3o,  le  général  Schei- 
ther  s'avança  de  Bourogne ,  et  chercha  à  débou- 
cher par  Sevenans  ;  le  général  Lecourbe  s'y  porta 
sur-le-champ,  avec  les  2*  et  3*  bataillons  de 
Saône -et -Loire.  L'ennemi  fut  attaqué  avec  vi- 
gueur et  repoussé  jusqu'à  Bourogne.  Le  soir,  le 
corps  du  Jura  occupa  les  positions  suivantes  :  le 
général  Avisart  était  avec  un  bataillon  àGiroma- 
gny  ;  un  bataillon  à  Yal-d'Oye  ;  un  bataillon  et 
le  3*  de  hussards  à  Roppes;  quatre  bataillons 
avec  le  général  Clavel ,  à  Pfasunx  ;  deux  batail- 
lons avec  le  général  Abbé ,  à  Besoncourt  ;  un  ba- 
taillon appuyait  à  Chevremont  ;  un  bataillon  et 
sept  canons,  en  réserve ,  à  Perouse  ;  un  bataillon 
et  le  1 3"*  de  chasseurs ,  avec  le  général  Hambourg, 
à  Dam  Justin  ;  un  bataillon  et  un  escadron  à  Se- 
venans ;  deux  compagnies  d'infanterie  et  un  es- 
cadron â  Brémont  ;  quatre  compagnies  à  Cha- 
tenoix;  un  bataillon  vers  Charmont,  et  un  à 
Montbelliard.  Le  général  Meuziau,  avec  trois 
compagnies  du  i*"  de  la  Côte-d'Or,  un  bataillon 
du  62*  et  vingt-cinq  chevaux ,  furent  détachés  â 
Blamont  ;  le  général  Delorme ,  avec  trois  compa- 
gnies du  1*'  de  la  Côte-d'Or,  au  pont  le  Rmde  ; 
le  restant  des  troupes  était  à  Béfort. 

Le  1**  juillet,  le  général  Colloredo,  voyant  son 


GHAPITRB   III.  29 1 

aile  gauche  aTancée  jusqu'à  la  Savoureuse,  se 
décida  à  attaquer  le  général  Lecourbe  de  front. 
Le  général  Marschall,  avec  une  brigade,  fut  di- 
rigé sur  Yezelois  et  Sevenans  ;  le  général  Lederer, 
avec  deux  brigade»,  sur  Besoncourt  et  Chèvre^ 
mont  ;  le  général  Yilatta ,  sur  Roppes  ;  le  général 
Scheither  devait  marcher  par  Morvillars  sur  Mont* 
belliard.  A  Roppes ,  le  chef  de  bataillon  Fustha- 
mel,  qui  commandait  le  5*  de  Saône-et-Loire,  se 
défendit  avec  la  plus  rare  valeur;  il  parvint  même 
a  rechasser   les   deux   premiers  bataillons   qui 
étaient  déjà  entrés  dans  le  village  ;  mais  la  bri- 
gade ennemie  ayant  donné  en  entier,  quatre  cents 
hommes  ne  pouvaient  pas  résister  â  plus  de  trois 
mille.  Le  bataillon  de  Saône-et-Loire,  formé  en 
carré,  se  retira,  sans  être  entamé,  en  arrière  de 
Denne,  où  Tennemi  prit  position;  au  centre,  Tei^- 
nemi  parvint  à  s'emparer  successivement  de  Be-i 
soncourt  et  de  Chevremont.  Nos  troupes  furent 
un  moment  en  déroute  ;  mais  un  brigadier  de 
gendarmerie ,  nommé  Prost,  ayant  saisi  une  caisse 
de  tambour,  ramena  les  soldats  â  la  charge  ;  dans 
ce  moment ,  le  colonel  Jacquet ,  à  la  tête  du  5â* 
régiment ,  s'avança  sur  l'ennemi  et  le  chassa  de 
Chevremont.  Mais  la  position  était  tournée  par 
Denne  et  par  Yezelois ,  et  nos  troupes  furent  obli- 
gées de  se  replier  à  Perouse,  où  elles  occupèrent 
une  position  retranchée.  A  notre  droite,  l'ennemi 
parvint  à  forcer  le  pont  de  Sevenans ,  et  débou- 
cha sur  les  deux  bataillons  de  gardes  nationales 


ags  UTBS   III. 

qui  étaient  en  position  derrière.  Le  général  Ram* 
bourg ,  qui  était  à  peu  de  distance ,  se  pré<!ipita 
sur  l'ennemi  à  la  tète  du  â'  régiment  de  hussards. 
Les  Autrichiens  furent  culbutés  et  rejetés  au  delà 
du  pont.  Le  général  Lecourbe,  dès  qu'il  avait 
aperçu  les  efforts  de  l'ennemi  pour  s'emparer 
du  pont  de  Sevenans ,  avait  rappelé  le  général 
Meuziau ,  de  Blamont ,  et  lui  avait  ordonné  d'oc- 
cuper Audincourt  et  les  hauteurs  d'Étupes,  afin 
de  couvrir  Montbelliard.  A  peine  la  tête  de  co- 
lonne du  général  Meuziau  eut-elle  dépassé  Au- 
dincourt ,  qu'on  vit  arriver  sur  le  plateau  la  bri- 
gade autrichienne  de  Scheither.  Le  i"  bataillon 
de  la  Côte-d'Or  se  jeta  au-devant  de  l'ennemi, 
avec  une  compagnie  du  6â*,  et ,  l'ayant  attaqué 
avec  le  plus  grand  courage ,  parvint  à  le  contenir  ; 
mais  le  général  Meuziau ,  ayant  été  prévenu  que 
l'ennemi  passait  la  rivière  au  pont  d'Essincourt, 
se  replia  sur  Montbelliard ,  où  le  bataillon  de  la 
Côte-d'Or  défendit  le  parc  jusqu'à  neuf  heures 
du  soir.  Le  général  Delosme  fut  également  atta- 
qué au  pont  le  Roide  ;  l'ennemi  fut  repoussé  avec 
quarante  hommes  de  perte. 

Le  â ,  le  général  Lecourbe  demanda  une  sus- 
pension d'armes  ;  mais  les  Autrichiens  voulaient 
avoir  Béfort ,  et  la  négociation  n'eut  pas  de  suite. 
La  brigade  Scheither  se  présenta  ce  jour-Iil  de- 
vant Montbelliard  et  attaqua  les  redoutes  défen- 
dues par  le  bataillon  de  la  Côte-d'Or;  cell^  de 
gauche  fut  un  instant  abandonnée  et  immèdla- 


CHiPITKB   111.  993 

tement  reprise  par  le  62*.  Après  d'inutiles  efforts, 
rennemi  renonça  à^ses  attaques.  Alors  le  géné- 
ral Meuziau  se  replia  sur  Dien,  et  le  même  sob 
les  Autrichiens  occupèrent  Montbelliard.  Ces 
deux  journées  nous  coûtèrent  six  cent  cinquante 
hommes  et  plus  de  quinze  cents  à  Fenhemi. 

Le  3,  les  deux  armées  restèrent  en  position^ 
mais  le  4«  le  général  CoUoredo,  voulant  com-^ 
pléter  Finyestissement  de  Béfort,  fit  attaquer  les 
villages  de  Dam  Justin  et  de  Brémont,  tandis 
qu'un  corps  dé  cavalerie  se  portait  sur  Giroixia- 
gny ,  pour  gagner  la  route  de  Lure.  Le  général 
Lecourbe,  averti  de  ce  mouvement,  porta  sur 
Giromagny  une  reconnaissance  commandée  par 
le  général  Montfort ,  et  la  fit  soutenir  par  quel-* 
ques  bataillons  de  garde  nationale ,  sous  les  or- 
dres  du  lieutenant -général  Sainte-Croix.  Les 
troupes  avancées  des  Autrichiens  furent  poussées 
jusqu'à  Chaux ,  mais  l'ennemi  étant  en  forces  à 
Roppes ,  attaqua  vivement  le  village  d'Ofl&nant. 
Le  5'  bataillon  de  Sa6ne-et-Loire  y  était  posté, 
pour  couvrir  la  reconnaissance.  Le  brave  chef 
de  bataillon  Fusthamel  se  défendit  avec  intré- 
pidité et  soutint  courageusement  la  charge  d'un 
régiment  de  hussards;  mais  après  avoir  reçu  plu- 
sieurs charges ,  le  bataillon  fut  enfin  entamé  et 
forcé  de  se  replier  sur.  la  Savoureuse.  Le  chef 
ayant  pu  rallier  son  bataillon,  le  ramena  à  l'en- 
nemi ,  qu'il  repoussa  jusqu'à Offmont.  Il  ne  serait 
pas  néanmoins  parvenu  à  reprendre  le  village  si 


2g£^  UYRS  lu. 

le  gàiéral  Montfott,  rappelé  par  le  brait  do 
combat ,  ne  fût  venu  â  son  secours.  L'ennemi 
fut  mis  en  déroute  et  repoussé  d'Offmont.  Le 
général  Lecouri>e  s'y  étant  porté  avec  deux  ba- 
taillons du  Jura  et  un  régiment  de  cayakrie,  les 
A^utrichiens  furent  attaqués  de  nouveau  et  rejetés 
sur  Roppes.  Le  chef  de  bataillon  Fusthamel  fut 
blessé  j  et  deux  de  ses  officiers  tués  ;  un ,  le  lieu* 
tenant  Courbette ,  fait  pris<mnier,  s'échappa  des 
mains  de  l'ennemi.  Le  général  Sainte-Croix  avait 
été  blessé  en  avant  de  Yal-d'Oye.  Le  même  jour, 
le  poste  de  Damjustin  avait  été  si  vivement  atta- 
qué ,  que  l'ennemi  pensa  s'en  empsffer.  Le  géné^ 
rai  Lecourbe ,  voyant  le  danger  de  nos  troupes , 
s'y  porta  avec  le  i3*  de  chasseurs,  fit  battre  la 
charge  et  culbuta  l'ennemi.  Une  colonne  d'in- 
fanterie autrichienne ,  chargée  par  le  ^lonel  Des* 
rivaux  à  la  tête  du  1 3*  de  chasseurs ,  fut  enfoncée 
et  dispersée.  Mais  la  brigade  autrichienne  qui 
avait  occupé  Montbelliard  se  portait  sur  Héri- 
court,  le  poste  de  Brémont  était  pris  à  dos,  et 
rien  n'empêchait  plus  l'ennemi  de  passer  la  Sa- 
voureuse.  Le  général  Lecourbe  se  vit  forcé  de 
retirer  les  troupes  qu'il  avait  â  Brémont  et  de 
les  reployer  en  arrière  de  Bavilliers.  Le  général 
CoUoredo  avait  fait  attaquer  en  même  temps  Pe* 
rouse  et  Bavilliers.  Le  premier  endroit  était  dé- 
fendu par  le  général  Abbé ,  avec  une  partie  de 
sa  division  et  par  quelques  bataillons  <fe  la  Hautc^ 
Saéne.  Un  bataîUoii  du  6"  qui  occupait  Perouse 


CHÂPITKE   m.  21^5 

fut  d'abord  fbrc^,  mafe,  soutODU  par  le  ioâ%  il 
repoussa  reunemià  son  tour.  Deux  bataillons  de 
Saône-et-Loïre»  commandés  par  le  major  Morellî^ 
et  qui  défendaient  la  redoute  des  Perches,  repous*- 
sèrent  également  les  attaques  de  Tainemi;  Cette 
affaire  coûta  aux  Autrichiens  plus  de  mille  hom- 
mes h<M*s  de  combat;  nous  en  perdîmes  trois 
cent  cinquante.  Le  soir  l'aile  gauche  du  corps 
de  Golloredo  prit  position  à  la  droite  de  la  Say 
Youreuse ,  entre  Brémont  et  Héricourt ,  occup*- 
pant  Bavilliers  et  Essert. 

Le  général  Lecourbe  attendait  avec  impa-» 
tience  l'arrivée  d'un  convoi  de  vivres  venant  de 
Yesoul.  Depuis  quelques  jours  il  avait  envoyé 
dans  cette  place  le  colonel  Seganville ,  du  â*  de^ 
hussards,  avec  cent  chevaux  et  trois  cents  hommes 
d'inianteri»,  pour  le  chercher.  Le  colonel  trouva 
à  Lure ,  en  revenant ,  le  général  Meuziau ,  qui  y 
avait  été  envoyé  de  Dun,  avec  trois  bataiUons, 
pour  couvrir  le  convoi.  Les  deux  détachemens 
se  réunirent  et  se  unirent  en  marche ,  avec  cent 
soixante  voitures  de  vivres.  Le  5  juillet,  le  gé* 
néral  Lecouibe,  instruit  de  leur  approche,  fit 
vivement  attaquer  et  emporter  à  la  pointe  du 
jour  les  villages  d'Ëssert  et  de  B^vilfiars.  L'ennemi 
retira  ses  troupes  de  la  route  de  Lure,  pour- 
couvrir  celle  dç  Besançon,  et  le  convoi  entra  â 
la  faveur  de  ce  mouvement.  Le  6 ,  le  corps  du 
Jura  occupait  les  positions  suivantes  :  la  division 
Abbé ,  composée  4e  sept  bataillons  ^  défendait  le 


2q6  livre  III. 

front  de  Béfort  qui  regarde  les  routes  de  Colmar 
et  d'Âltkirch.  La  division  Gastex,  composée  de 
cinq  bataillons  et  du  1 3*  de  chasseurs ,  occupait 
Dam  Justin  et  défendait  la  route  de  Montbelliard. 
La  brigade  Martel ,  de  trois  bataillons ,  occupait 
Bavilliers  et  Essert;  la  brigade  Avisart,  de  deux 
bataillons ,  occupait  Val-d*Oye.  Le  général  Meu- 
ziau ,  avec  les  2*  et  S"*  de  hussards  était  à  Béfort , 
dont  la  garnison  se  copiposait  de  quatre  bataillons 
de  garde  nationale ,  un  de  douaniers,  un  deretrat- 
tés  9  et  une  compagnie  de  vétérans.  La  nouvelle 
des  événemens  de  Paris  étant  arrivée  à  Béfort,  des 
négociations  furent  entamées  pour  une  suspen- 
sion d'armes.  Le  i  o ,  le  général  Lecourbe ,  ayant 
eu  avis  de  l'approcho  du  général  Delosme,  qui 
venait  de  Besancon  avec  un  convoi,  voulait  tenter 
une  attaque  générale.  Mais  la  disproportion  des 
forces  était  trop  grande ,  pour  qu'il  f àt  possible 
de  rejeter  l'ennemi  à  la  rive  gmuche  de  la  Savou- 
reuse. Le  général  Lecour)>e*  se  vit  donc  forcé ,  le 
1 1 ,  de  ratifier  la  convention  qui  put  être  n^o- 
ciée  par  son  chef  d'état-major.  Elle  devait  durer 
jusqu'à  la  paix,  et  comprendre  la  place  de  Besan- 
jçon  et  les  troupes  du  général  Laplane.  L'ennemi 
s'engageait  à  laisser  entrer  dans  Béfort ,  tous  les 
quinze  jours,  des  subsistances,  à  raison  de  dix  mille 
rations  de  vivres  et  dix-huit  cents  de  fourrages. 
Nous  avons  vu  que  l'archiduc  Ferdinand,  ayant 
passé  le  Rhin  dans  la  nuit  du  25  au  26,  avec  les 
corps  de  Colloredo  et  de  Hohénzollern ,  s'était  di- 


CHAPITRE    m.  !I97 

rigé  yers  Mûlhausen.  Le  âS,  Tarchicltic  Ferdi- 
nand occupa  Tfaann ,  et  le  29 ,  son  avant-garde 
était  à  Colmar;  il  y  arriva  le  3o.  Là  il  se  sépara 
du  corps  de  Hohenzollern ,  et  se  dirigea  sur  Sainte- 
Marie-aux-Mines.  Le  4  juillet,  il  arriva  à  Raon- 
rÉtape  ;  le  8 ,  à  Neuf*Ghâteau  ;  le  1  o ,  à  Doulevant , 
où  était  le  quartier-général  de  Schwarzenbeiig  ; 
le  22  juillet,  l'archiduc  Ferdinand  était  d  Fontai- 
nebleau ,  d*où  il  vint  prendre  des  cantonnemenB 
autour  de  Dijon.  Nous  ne  devons  pas  oublier  que 
pendant  la  marche  des  Autrichiens  dans  les  dé-> 
partemens  des  Yosges ,  il  furent  singulièrement 
inquiétés  par  les  partisans  et  par  la  garde  nationale 
armée.  Schi^arzenberg ,  encore  irrité  du  danger 
qu'il  avait  couru  à  Sari>ourg ,  résolut  de  s'en  ven-^ 
ger,  et  ordonna  qu'on  arrêtât  les  preniiers  gardes 
nationaux  qu'on  pourrait  rencontrer.  Le  7  juil- 
let, on  lui  amena  neuf  hommes  de  la  garde  natio- 
nale sédentaire  des  villages  de  Lagny,  Pogney  et 
Ecoux  :  ils  furent  assassinés  par  un  jugement 
d'un  prétendu  conseU  de  guerre.  Wrede  et  le 
prince  de  Wurtemberg  ei)  faisaient  autant  de 
leur  côté.  Les  villages  étaient  incendiés,  sous 
prétexte  que  les  habitans  avaient  pris  les  armes 
pour  se  défendre  des  bandes  de  maraudeurs ,  qui 
s'appelaient  avant-garde ,  et  qui  y  conmtiettaient 
des  horreurs  sans  exemple. 

Nous  avons  jusqu'à  présent  passé  sous  silence 
les  mouvemens  du  gros  de  l'armée  russe.  Quoi- 
qu'elle n'ait  eu  aucune  opération  mUitaire ,  comme 


398  UVBB   KU. 

eUe  a  pris  part  à  l'occupation  de  la  France ,  nous 
réparerons  cette  omission.  Nous  dis<Mis  qu'elle  a 
pris  part  à  l'occupation ,  et  nous  sommes  loin  de 
l'accuser  de  déTastation.  La  discipline  sévère  de 
cette  armée  a  diminué  les  charges  qui  acca- 
blaient de  toutes  parts  notre  patrie.  C'est  une  jusr 
tiq^  que  l'impartialité  historique  doit  lui  rendre , 
en  1 8 1 5.  Sous  le  rapport  politique ,  sa  présence 
est  peut-être  loin  d'avoir  été  un  malheur.  Le 
maréchal  Barklay  de  Tolly  passa  le  Rhin  à  la 
fin  du  mois  de  Juin ,  à  Mannheim  et  Oppen- 
heim ,  avec  les  corps  d'in&nterie  de  Doktorow , 
Sackeh,  Laogeron,  Sabaneîew,  la  réserve  de 
grenadiers,  et  les  corps  de  cavalerie  deWinzin- 
gerode  et  Pahlen.  Ayant  laissé  le  corps  de  Lan- 
geron  pour  observer  les  places  de  la  Sarre  et  de 
la  Moselle,  il  s'avança  avec  le  reste  de  son  aripiée 
à  Châlons ,  ou  il  arriva  le  10  juillet.  Quelques 
troupes  russes  s'avancèrent  jusqu'à  Paris ,  et 
bientôt  après  l'armée  entra  en  cantonnemens. 


CHAPITRE  IV.  agg 


CHAPITRE  IV. 


O^p^tioDS  de  rarméedes  Alpes. —•  Combats  dt  MonUoëfian,  de  Mal- 
taTcrne  et  des  Bauges ,  le  1 5  juin.  •—  Combat  de  Thonon ,  le  a  i .  ^— 
Combats  de  Conflans  et  d'AigoebeUe,  les  Q7  et  a8. — Suspension 
d'armes.  —Combat  des  Rousses ,  le  3  juillet.  —Combats  de  Cbarix  et 
d*OyonnaaL,  le  3.-^Piise  de  Grenoble.  —  Conrention  pour  Fannec 
des  Alpes.  —  Les  Autrichiens  ^'avancent  vers  Besançon.  — Opérations 
de  Tarmée  duVar. — Assassinat  du  maréchal  Brune.— Places  prises 
par  FenDemî,  jusqu'au  ao  septembre.  —  Combat  de  Longwyy  le 
14  juillet.  —Si^ga  de  Hmùngue. 


Lb  maréchal  Suchet,  dont  la  petite  armée 
était  étendue  snr  les  fronti^es  de  France,  depuis 
Gcx  fusques  vers  Grenoble ,  avait  reçu  Tordre 
de  commencer  les  hostilités  en  même  temps  que 
Farmée  du  nord.  Il  fit  en  conséquence  ses  dis^ 
positions  pour  passer  la  frontière  le  i5  juin.  Il 
réunit,  le  i4,  les  divisions  Desaaix  et  Maransin, 
vers  Chambéry  et  le  fort  Barreaux.  Les  défilés 
de  Saintr*Claude  et  des  Rousses  étaient  retran* 
chés,  et  défendus  par  des  gardes  nationales.  Le 
fort  de  l'Écluse ,  ainsi  que  le  passji^e  des  Échel- 
les^ avaient  été  couverts  par  des  ouvrages.  Le 


3oo  UTRB  m. 

plan  du  maréchal  Suchet  était  de  gagner  le  plus 
tôt  possible  Saint-Maurice  par  son  aile  gauche  et 
le  Mont-Cénis  par  la  droite.  De  cette  manière  il 
transportait  la  guerre  sur  le  sommet  des  Alpes  ; 
c'était  le  seul  moyen  de  résister  à  une  force  aussi 
imposante]  que  celle  qui  le  menaçait ,  et  de  la 
combattre  avec  quelque  avantage. 

Dans  la  nuit  du  i4  au  i5  juin,  la  division  Ma- 
ransin  déboucha  sur  Montmélian.  Les  Piémon- 
tais  avaient  sur  ce  point  les  deux  régimens  de 
Savoie  et  de  Piémont ,  et  les  chasseurs  de  Robert. 
Montmélian  fut  surpris ,  et  on  y  fit  près  de  trois 
cents  prisonniers.  Le  régiment  de  Savoie ,  qui  se 
replia  sur  Aiguebelle ,  prit  position  à  Maltaverne; 
il  en  fut  chassé.  Ce  même  régiment  essaya  en- 
suite de  défendre  le  pont  de  TArc  et  y  opposa 
une  vive  résistance  ;  mais  le  1)4*  ^^  l^e  Tayaut 
chargé  à  la  baïonnette ,  le  pont  fut  enlevé ,  et  deux 
bataiUons  mirent  bas  les  armes.  Le  régiment  de 
Piémont  et  les  chasseurs  de  Rob^t  suivirent  la 
vallée  de  l'Isère.  Au  revers  des  Bauges ,  ces  deux 
corps  prirent  position  et  essayèrent  de  tenir  ; 
mais  le  i4*  régiment  les  débusqua  et  les  poussa 
jusqu'à  l'Hôpital,  près  de  Conflans.  Le  soir,  la 
division  Maransin  prit  position ,  en  partie  à  Ai-* 
guebdle ,  en  partie  à  Conflans.  Des  délachemens 
furent  envoyés  pour  suivre  l'ennemi  et  éclàireâr 
les  vallées  de  l'Isère  et  de  l'Arc. 

La  divisiom  Dessaix  fut  dirigée  sur  Genève  ; 
mais  elle  avait  un  plus  long  chemin  à  fake ,  et 


CHAPITKE   IT.  3oi 

elle  ne  put  arriver  sur  les  bords  de  TÂrve  que 
le  1 7.  Garrouge  fut  emporté ,  et  le  géné];al  Des-- 
saix  ayant  l^ssé  quelques  troupes  devant  Ge- 
nève^ fit  occuper  Bonneville,  et  s'avança  vers 
Thonon..  Il  arriva  devant  cette  ville  le  20  juin. 
Pendant  ce  temps,  la  division  Mâransin  resta 
dans  ses  positions  de  Gonflans  et  d'Aiguebelle.  Le 
maréchal  Suchet ,  qui  devait  craindre  que  len- 
nemi  ne  débouchât  par  Genève  ou  par  le  Valais 
et  le  bord  méridional  du  lac ,  ne  pouvait  faire 
encore  aucun  mouvement  par  sa  droite.  Il  lui 
faUait  attendre  que  Genève  fût  pris ,  et  le  passage 
de  Meillerie  occupé. 

Gependant  le  général  ("rimont,  commandant 
l'armée  autrichienne  dans  l'Italie  supérieure ,  s'é- 
tait mis  en  mouvement  dans  les  premiers  jours  de 
juin,  avec  son  armée  .forte  de  cinquante -quatre 
mille  hommes  environ.  Il  la  dirigea  sur  les  Alpes 
en  deux  colonnes.  Celle  de  droite ,  composée  des 
corps  de  Radiwojewich  et  Merville,  était  forte 
d'environ  trente-huit  mille  hommes ,  en  trente- 
neuf  bataillons  et  quarante-huit  escadrons  ;  elle 
se  dirigea  par  le.  Simplon  sur  Saint-Maurice ,  par 
le  Valais.  Gelle  de  gauche ,  composée  du  corps  de 
Bubna  et  forte  de  quinze  mille  hommes ,  en  dix- 
sept  bataillons  et  douze  escadrons ,  se  dirigea  par 
Turin ,  et  de  là  au  Mont-Génis  ;  elle  devait  être 
jointe  en  Savoie  par  les  troupes  du  roi  de  Sar- 
daigne ,  qui  s'y  trouvaient  au  nombre  d'environ 
douze  mille  hommes. 


30!2  LITRE   m. 

Le  2 1  juin  ,  le  général  Dcssaix  résolut  d'em- 
porter Je  pont  de  la  Dranse ,  en  arrière  de  Tho- 
non,  que  défendaient  les  Piémontais.  Un  ba- 
taillon du  4^*  fu^  passer  la  Dranse  à  Effreux ,  se 
dirigeant  sur  Evian ,  pour  tourner  Tennemi.  Un 
détachement  du  53*,  avec  cinquante  dragons,  sous 
les  ordres  du  colonel  Beauchaton ,  marcha  droit 
au  pont.  Il  fut  enlevé  à  l'arme  blanche ,  et  nous 
fîmes  cent  cinquante  prisonniers.  De  là,  le  gé- 
néral Dessaix  poussa  le  bataillon  du  4^*  ^ur 
Meillerie ,  pour  occuper  ce  défilé  ;  mais  les  Autri- 
chiens nous  avaient  prévenus.  Le  20 ,  le  général 
Crenneville ,  avec  Favant-garde  du  corps  de  Ra- 
diwojewich  était  arrivé  à  Saint-Maurice.  Averti 
de  la  marche  du  général  Dessaix ,  il  porta  rapi- 
dement en  avant  le  général  Bogdan  avec  quatre 
bataillons  ;  lui-même  s'avança  jusqu'à  Monthey. 
Lorsque  nos  troupes  arrivèrent  devant  Meillerie , 
elles  trouvèrent  déjà  le  général  Bogdan  occupant 
le  défilé ,  entre  cet  endroit  et  Saint-Gingolf .  Leur 
attaque  fut  repoussée ,  et  le  général  Dessaix,  averti 
de  l'approche  des  Autrichiens ,  se  replia  derrière 
la  Dranse,  laissant  quelques  troupe^  à  Evian. 
L'ennemi ,  content  d'avoir  occupé  Meillerie ,  ne 
s'avança  pas,  voulant  attendre  que  toutes  ses 
forces  fussent  réunies. 

Le  général  Bubna  s'afvançait  de  son  côté ,  et 
une  reconnaissance  poussée  le  22  de  Briançon, 
rencontra  à  Sezanne  le  régiment  autrichien  de 
Kerpen ,  qui  couvrait  la  marche  du  corps  d'ar- 


CHAPITRE   IV.  3o5 

mée.  Le  â4  ^^  le  26,  le  corps  de  Bubna  passa  le 
Mont-Cénis.  De  Lans4e-Bourg ,  les  brigades  de 
Trenk  et  de  Bretschneider  (onze  bataillons) ,  avec 
la  brigade  piémontaise  d' Andezène ,  furent  diri- 
gées vers  Moustiers.  La  brigade  Klopfstein  (  six 
bataillons) ,  avec  un  corps  piémontais ,  fut  dirigée 
vers  Saint -Jean  de  Maurienne.  Le  â6,  nos  pos- 
tes avancés  furent  repoussés  de  Moustiers  et  de 
Saint-Jean  de  Maurienne.  Le  27,  l'aTant-garde 
de  Bubna  parut  devant  Conflans ,  et  essaya  d'em- 
porter la  ville;  elle  fut  repoussée  avec  perte. 
Conflans  était  défendu  par  le  1 4'  régiment  et  un 
bataillon  du  20";  une  tête  de  pont  avait  été  éta- 
blie au  confluentMeTArly  et  de  l'Isère,  en  arrière 
de  la  ville.  Le  même  jour  l'ennemi  fit  une  tenta- 
tive non  moins  infructueuse  sur  Aiguebelle.  Le 
général  Dessaix ,  qui  s'était  replié  derrière  l' Arve , 
fut  également  attaqué  Iç  27  à  Bonne  ville ,  par  le 
général  Bogdan  ;  cette  attaque  n'eût  pas  plus  de 
succès  que  les  autres.  Le  maréchal  Suchet,  qui 
voyait  que  l'ennemi  avait  porté  ses  principales 
forces  le  long  du  lac  de  Genève  ,  craignit  d'être 
prévenu  à  Lyon.  Désirant  pouvoir  concentrer  ses 
troupes  à  la  rive  droite  du  Rhône ,  fl  fit  proposer 
au  général  Bubna  un  armistice  de  quelques  jours  ; 
celui-ci  le  refusa. 

Le  28,  le  général  Bubna  fit  renouveler  l'at- 
taque de  Conflans  ;  la  brigade  piémontaise  d' An- 
dezène se  porta  contre  notre  aile  gauche  à  Ven- 
ton;   la  brigade  Trenk  attaqua  notre  droite  à 


3o4  UV^M  UI. 

Conflans  et  le  long  de  .llsère  ;  le  combat  fut  vif 
et  opiniâtre  :  nos  bataillons ,  et  surtout  ceux  du 
i4%  se  battirent  avec  la  plus  grande  valeur.  L  en- 
nemi ,  repoussé  dans  toutes  ses  attaques ,  perdit 
près  de  douze  cents  hommes  ;  l'attaque  d' Aigue- 
belle,  faite  en  même  temps  par  la  brigade  Klopf- 
stein,  n'eut  pas  un  meilleur  succès.  Les  deux  com- 
bats du  27  et  du  28,  coûtèrent  à  l'ennemi  plus  de 
dix-huit  cents  hommes  hors  de  combat  et  cinq 
cents  prisonniers.  Le  maréchal  Suchet  renouvela 
ce  )our-là  la  proposition  d'une  suspension  d'ar- 
mes; le  général  Bubna,  rendu  moins  difficile  par 
le  mauvais  succès  de  ses  entreprises ,  y  consentit, 
et  le  général  Frimont ,  qui  était  arrivé  ce  jour- 
là  sur  r Arve  avec  le  gros  de  son  armée ,  ratifia 
l'armistice ,  qui  devait  durer  jusqu'au  2  juillet  ; 
l'armée  des  Alpes  devait  se  retirer  derrière  les 
frontières  de  l'ancienne  France. 

Le  maréchal  Suchet  profita  de  l'armistice  pour 
remettre  son  armée  en  ligne  ;  la  division  Dessaix 
fut  chaînée  de  défendre  les  défilés  du  Jura  de- 
vant Gex  et  au  pas  des  Rousses  ;  la  division  Ma- 
ransin  était  à  l'aile  droite,  vers  Seyssel.  Le  géné- 
ral Pannetier,  avec  quelques  bataillons  de  garde 
nationale,  défendait  les  Échelles;  le  général  Fri- 
mont, de  son  côté,  déploya  son  armée  en  trois 
colonnes.  Le  corps  de  Radiwojewich  passa  le 
Rhône  à  Genève,  afin  d'entrer  dans  le  départe- 
ment de  l'Ain,  par  Saint-Claude;  ce  corps  de- 
vait s'étendre  vers  la  Haute-Saône  et  le  Doubs , 


CHAPITKE    IV.  3o5 

du  côté  de  Maçon  et  de  Dole.  Le  corps  de  Mer- 
ville  ,  que  le  fort  l'Écluse  empêchait  de  suivre  la 
grande  route  de  Genève  à  Lyon ,  devait  suivre  la 
rive  gauche  du  Rhône,  le  passer  à  Perte -du- 
Rhône ,  et  se  diriger  sur  Nantua  et  Pont-d'Ain. 
Le  corps  de  Bubna  devait  suivre  la  route  de 
Chambéri  â  Lyon,  par  les  Échelles. 
•  Le  2  juillet ,  le  corps  de  Radiwojewich ,  se  pré- 
senta devant  les  Rousses ,  avec  les  brigades  Pflû- 
ger  et  Fœlseis  ;  le  général  Bogdan ,  avec  quatre 
bataillons ,  était  resté  en  observation  sur  la  route 
de  Gex  à  Saint-Claude.  Les  retranchemens  des 
Rousses  furent  attaqués  d'abord  par  la  brigade 
Fœlseis;  l'ennemi  fut  repoussé;  mais  le  général 
Radiwojewich ,  ayant  fait  entrer  la  brigade  Pflû- 
ger  en  ligne,  le  général  Dessaix,  qui  n'avait  pas 
trois  mille  hommes ,  fut  obligé  de  céder  à  la  su- 
périorité du  nombre,  après  un  long  et  sanglant 
combat  ;  il  se  replia  sur  Saint-Claude ,  et  le  len- 
demain sur  Oyonnax.  Cette  journée  coûta  plus 
de  mille  hommes  à  l'ennemi. 

Le  même  jour,  un  régiment  du  corps  de  Mer- 
ville,  ayant  été  détaché  contre  le  fort  l'Écluse, 
parvint,  après  un  combat  opiniâtre,  à  emporter 
la  redoute  extérieure,  dont  on  l'avait  couverte; 
l'ennemi  y  perdit  deux  cents  hommes.  Dans  la 
journée  j  le  bombardement  commença;  le  6,  au 
matin,  le  magasin  à  poudre  sauta,  et  le  fort 
démantelé  fut  obligé  de  se  rendre. 

Pendant  ce  temps ,  le  corps  de  MerviUe  s'était 

IV.  20 


5o6  uviiB  III. 

avancé  le  long  du  Rhône ,  et  était  arrWé  deranl 
la  tête  du  pont  de  Perte-du-Rhone  ;  elle  fut  éva- 
cuée et  le  pont  détruit.  Le  général  Merville  en 
fit  ]cteiF  un  autre  un  peu  plus  bas ,  Â  Gresia ,  et 
ses  troupes  passèrent  le  Rhône  le  lendemain  ma- 
tip.  Le  3,  les  corps  de  Radiwojewich  et  de  Mer^ 
ville  s'avancèrent  sur  Nantua  ;  le  premi^,  par 
la  route  de  Saii^t-Claude ,  l'autre ,  par  ceUe  de 
Châtillon;  le  maréchal  Suchet  occupait  Nantua, 
ayant  des  troupes  à  Oyonnax  ejt  à  Charix.  Le 
poste  d'Oyonnax  fut  attaqué  par  le  général  Bog- 
dan  ;  celui  de  Charix ,  par  le  général  Harde^ , 
avec  douze  bataillons  ;  le  combat  fut  assez  vif  et 
coûta ,  sur  les  deux  points,  près  de  six  cents  hom- 
mes aux  ennepiis  ;  ils  furent  contenus  de  l'un  et 
de  l'autre  coté;  le  maréchal  Suchet  sentit  ce- 
pi^odant  qu'il  ne  lui  était  pas  possible  de  se  sou- 
tenir^ contre  plus  de  trente-cinq  mille  hommes 
qu'il  avait  devant  lui;  il  était  exposé  à  être  tourné 
à  sa  gauche  par  Bourg ,  que  le  général  Radiwo- 
jewich  pouvait  atteindre  sans  difficulté;  adroite, 
le  général  Pannetier  ne  pouvait  se  soutenir  de- 
vant le  corps  de  Bubna  et  les  Piémontais  ;  Tac- 
ces  de  Lyon  allait  donc  se  trouver  également  ou- 
vert de  ce  côté.  Une  nouvelle  tentative,  pour 
obtenir  une  suspension  d'armes,  avait  été  inu* 
tile ,  parce  que  le  général  Frimont  exigaiak  la  re- 
mise de  Lyon.  Ces  réflexions  engagèrent  le  ma- 
réchal Suchet  à  se  replier,  d'abcH:d  sur  Nantua, 
et  ensuite  sur  Pont-d'Ain. 


CHAPITRE   ÏT.  ,5p7 

Cependant  le.  génécal  Bubna ,  ayant  débouché 
par  les  deux  vallées  dç  TArc  et  de  l'Isère,  avait 
étendu  son  corps  d'armée  entre  Montmélian  et  Jç 
Bourget;  ce  dernier  point  étak  occupé  par  j[a 
brigade  Trenck  ;  les  Piémontais  étaîe;it  à  Monlr- 
niélian.  Le  .6|  le  général  B.ubna  fit  çcçoipcj^  le 
pont  de  Beauvoisin ,  par  Tavant-jgar^e  <lu  géné- 
ral Bretschneider.  Le  même  )our,  le  générfiji 
Trenck,  ayant  laissé  un  petit  détachement  ppur 
observer  le  fort  de  Pjerre-Châtel^,  ç^^vwQ^  i 
Saijit-Geniés  ;  le  général  Biibna  avait  popi^sé, 
dès  le  2,  le  cctrps  piémoootais  .^pr  Grenoble; 
Tavant -garde,  commandée  par  le  ^néi^^t  Gif- 
flenga,  arriva  devant  la  ville  dès  le  4;  le  corps  du 
général  Latour  y  arriva  le  6 ,  et  Ja  brigade  d'An- 
dezène^  occupa  les  hauteurs  de  Yoreppe;  Le  fau- 
bourg fut  attaqué,  et  après  une  vive  résist^ce, 
emporté  et  saccagé.  La  ville  de  Grenoble ,  gar- 
^ée  par  quelques  bataillons  de  ^arde  nationale , 
fut  alors  étEoitement  resserrée  ;  Jie  général.  P^r 
netier^  jdacé  aux  Échelles^  avec  quelques  i(>a- 
taillons  de  garde  nationale ,  se  voyant  tourné  par 
sa  droite  et  par  sa  gauche ,  ^se  ^epHa.  si;^r  La  Tq^r- 
du-FjuQ,  le  6,  ayant  fait  ron^pre  Ja  grande  ^oute, 
et  laissé  une.  centaine  d'^onunes  au  fprt  Lar 
x^rotte.  Le  mèi;ne  soir,  Je  régiment  a,utrichien  de 
Kerpen ,  s'étant  présenté  .devant  ce  fort ^  le  com- 
mandant se  rendit  sa^s  tirer  un  coup  de  fusil. 
Le 7, ie  général  Bubi^a  ayant  fait  réparer  la  route, 
fii  occuper  les  Échelles  par  la  brigade  Klopfstein. 


3o8  'livre  ni: 

Le  9 ,  le  général  Frimont  coutinua  son  mou- 
vement. Le  corps  de  Radlwojewîch  occupa  Bourg, 
où  le  général  Frimont  établit  son  quartier-géné- 
ral ;  le  corps  de  Merville  s  établit  à  Nantua  ;  celui 
dé  Bubna  s'était  avancé  jusqu'à  La  Tour-du-Pin. 
Ce^our-là ,  la  ville  de  Grenoble  se  rendit  au  gé- 
néral Latour;  la  garde  nationale  mobile  qui  y 
était  en  garnison ,  Tut  licenciée. 

L(i  10,  le  général  Frimont  détacha  la  brigade 
Pfli^get*  au  pont  de  Maçon,  qui  était  défendu  par 
quelques  gardés  nationaux  de  Saône-et-Loire,  A 
minuit ,  la  tête  du  pont  fut  attaquée ,  et  après  un 
combat  assez  vif,  les  Autrichiens ,  favorisés  par 
letii^  nombre ,  l'emportèrent ,  malgré  la  valeureuse 
résistance  des  braves  gardes  nationaux  de  Saône- 
et-Loire:  le  corps  de  Merville  s'avança  à  Pont- 
tï'Aiù  ;  celui  de  Bubna  était  vers  Bourgoin. 

*  Le  maréchal  Suchet ,  après  les  combats  de 
(^harîx  et  d'Oyonnax ,  s'était  mis  en  retraite  sans 
.tenter  davantage  la  fortune  des  armes.  La  capi- 
tulation* de  Paris,  qu'il  apprit  peu  après,  acheva 
de'fi<er  ses  déterminations  ;  il  aurait  pu ,  en  s'en- 
fermaût  dans  tyon,  conserver  les  magasins  et  le 
matériel  d'artillerie,  qui  y  avait  été  réuni  pour  la 
défense  de  la  place  ;  il  préféra  accéder  aux  con- 
ditionà  imposées  par  l'ennemi,  et  abandonner 
Lyon.  Le  1 1,  une  convention,  conclue  entre  le 
ttiarècharSuchétot  le  général  Frittiont,  remit  aux 
Autrichiens  la  place  de  Lyon  ;  l'armée  française 
ie  retira  derrière  la  ligne  de  démarcation  établie 


CHAPITRE   IT.  ?09 

par  cette  coaventioD  ;  elle  passait  de  Maçon  par 
Beau)eu,  Tarare,  Montrotticr,  Izeron,  Saint-r 
Andeol,  Gondrieux,  le  Bhône,  jusqu'à  Tembou- 
chure  de  Tlsère;  le  Drac  et  le  cours  de  la  Ro- 
manche (*).  Cette  convention  fut  encore  violée 
comme  à  lordinaire,  puisque,  le  12  août,  les 
Piémontais  allèrent  s'emparer  de  la  place.  d'Ëm-^ 
brun  et  du  matériel  qu'elle  contenait. 

Après  la  reddition  de  Lyon ,  dont  l'occupation 
fut  confiée  au  général  Bubna,  le  corps  de  Radi- 
wojewich ,  se  dirigea  de  Boui^  sur  Maçon ,  où  il 
arriva  le  12;  son  avant-garde  occupa. le  même 
jour  Chdlonfr-sur-Saône  ;  le  corps  de  Merville  se 
dirigea  de  Nantua  sur  Lons-le-Saunier.  Le  gé- 
néral Laplanc ,  qui  ne  pouvait  plus  tenir  les  pas- 
sages du  Jura,  avait  quitté  Pontarlier,  défendu 
encore  par  le  fort  de  Joux ,  et  s'était  replié  à  Sa- 
lins, avec  sa  faible  division  de  gardes  nationales. 
Le  16,  la  brigade  Mumb  et  la  brigade  Hecht,  du 
corps  do  Merville ,  se  présentèrent  devant  Salins  ; 
le  général  Radiwojewich  avait  fait  avancer  la  bri- 
gade Fœlseis  devant  Besançon  ;.le  général  Laplaae, 
se  voyant  enveloppé ,  consentit  à  une  conventioU| 
ensuite  de  laquelle  la  garde  nationale  fut  licen- 
ciée ,  et  les  officiers  se  retirèrent  derrière  la  Loire. 
Dans  le  mois  d'août,  l'armée  du  général  Frimont 
occupa  les  positions  suivantes  :  le  corps  de  Radî- 
.wojewich,  à  Vienne;  le  corps  de  Bubna,  à  Lyon; 

(*)  Voyez  Pièces  jastificotWes,  N«  XLIV. 


5lO  LIVRE    ttl. 

le  totps  de  MerTiHe,  à  Maçon;  lé  corps  piëmoit- 
tais,'  à  Gap. 

Vers  le  commeDcement  de  Jum ,  le  maréchal 
Brune  avait  rénni  sa  petite  ariàée  sur  les  bords 
du  Var,  entre  Antibes  et  Gîtette.  Hors  d*état'  de 
rien*  entreprendre ,  il  se  contenta  de  défeildre  les 
frontières  de lempire ,  contre  un  corps  piémon- 
tais  qui  s'assemblaient  à  Nice ,  sous  les  ordres  du 
générai  d'Osasco.  La  nouveHe  des  désastres  de 
Waterloo  ne  tarda  pas  à  exciter  la  plus  grande  fer- 
mentation, dauÀ  les  départemens  du  Yar,  des 
Bouches-dtt-Rhéne  et  des  Hautes-Alpes.  Une  in- 
surrection éclata  lé  â6  juin  à  Marseille,  où  eHe 
coûta  la  vie  à  plus  de  huit  cents  personnes,  parti- 
culièrement aux  Mamelouks  et  aux  Égyptiens 
qui  s'y  trouvaient,  et  qui  furent  massacrés  sans 
distinction  d'âge  ni  de  sexe.  Cette  insurrection 
força  le  général  Verdier  à  se  retirer  avec  sa  gar- 
niscm  à  Toulon.  D'un  autre  côté,  les  généraux 
Pereymond  et  Loverdo ,  ayant  organisé  des  trou-^ 
pes  dans  le  district  de  Digne ,  marchaient  contre 
Tarmée  du  Var.  Lé  maréchal  Brune,  attaqué  de 
front  par  les  Piémontais ,  et  harcelé  sur  ses  der- 
rières par  les  généraux  Pereymond  et  Loverdo , 
songea  à  sauver  Toulon ,  qu'il  craignait  de  Voir 
livrer  à  rennemî ,  malgré  la  résistance  du  général 
Yercfier,  qui  n'avait  que  quinze  cents  hommes  à 
ses  ordres  (*).  Il  conclut,  le  g  juillet,  un  armis- 

{*)  Deux  liataillons  de  maritie. 


CHAPITRE   IV.  3l  1 

tlce  ayec  le  général  d'Osasco ,  et  replia  son  armée 
à  Brignoles,  afin  de  couvrir  Toulon.  Mais  de 
nouveaux  ennemis  s'avançaient  :  le  marquis  de 
Rivière  débarqua  le  i3  juillet  à  Marseille,  avec 
cinq  mille  Anglo-Siciliens  ;  une  escadre  anglaise 
se  présenta  devant  Toulon ,  et  le  maréchal  Brune 
y  porta  son  quartier-général  le  1 7.  Bientôt  l'ar- 
mée du  Var  s'y  trouVa  resserrée  par  les  Piémon- 
tais ,  par  les  généraux  Pereymônd  et  Loverdo ,  et 
par  les  Angio- Siciliens  qui  occupaient  MarseUle. 
Le  24 9  le  marquis  de  Rivière  vint  lui  signifier, 
que  les  alités  s'abstiendraient  de  toute  hostilité, 
si  le  maréchal  Brune  se  démettait  du  comman- 
dement de  l'armée  du  Var,  et  quittait  Toulon.  Le 
maréchal  Brune  se  sacrifia  à  sa  patrie,  et  ne.vou- 
hit  pas  servir  de  prétexte  à  d'autre  efi*usion  de 
sang;  il  n'y  eut  en  efiet  que  le  sien  de  versé. 

Malgré  le  licenciement  de  l'armée  du  Var ,  l'ar- 
mée autrichienne  du  général  Bianchi,  voulut 
encore  avoir  sa  part  de  l'occupation  de  la  France. 
Elle  passa  les  Alpes  au  mois  d'août,  et  vint  inonder 
les  départemens  du  midi. 


La  convention  de  Paris,  la  dissolution  de  lar- 
mée  par  ordonnance  du  6  juillet  (*),  et  le  réta- 

(*)  C«ttc  ordonnance  i^appaic  sur  une  autre ,  rendue  h  Lille  le  iS  mars , 
qui  dc')&  licenciait  l'amiee.  Le  considcrani  en  e^t  ainsi  conçu  : 
Lxïuis,  etc. 
Considérant  qu^il  est  ucgcnt  d^orgauiscr  une  nouvelle  arm^e,  attendu 


5iâ  LIVRE  ai. 

blissenient  de  la  royauté ,  ne  mirent  cependant 
pas  fin  à  la  guerre,  et  lea  opérations  hostiles  furent 
continuées  pendant  plus  de  trois  mois ,  après  la 
reddition  de  Paris.  Les  armées  coalisées ,  après 
s'être  fait  remettre  le  matériel  immense  qui  était 
à  Lyon  et  à  Paris ,  et  avoir  tiré  même  des  armes 
des  arsenaux  qu'elles  ne  possédaient  pas ,  se  ré- 
pandirent dans  rintérieur.  Là  elles  s'occupèrent 
à  compléter  le  désarmement ,  sous  différens  pré- 
textes. Pendant  ce  temps ,  les  corps  qui  avaient  été 
laissés  sur  les  frontières ,  continuèrent  le  siège  des 
places  fortes;  quoique,  s'étant  soumises  à  l'auto- 
rité royale ,  elles  appartinssent  de  fait  au  gouver- 
nement ,  dont  la  coalition  se  disait  alliée.  Cette 
secoixde  guerre  ne  cessa  que  le  20  septembre. 
Toutes  les  places  qui  succombèrent  avant  cette 
époque  furent  dépouillées.  En  vain  les  comman- 
dans  de  ces  places  s'adressèreût-ils  au  gouverne- 
ment ,  pour  réclamer  contre  la  guerre  faite  au 
drapeau  blanc ,  le  gouvernement  ne  donna  aucun 
ordre ,  ni  aucune  instruction. 

Sans  entrer  dans  le  détail  des  sièges  qui  furent 
faits ,  jusqu'à  l'époque  que  nous  venons  d'indi- 
quer ,  nous  nous  contenterons  d'une  courte  no- 
tice des  places  qui  furent  prises  et  désarmées. 

L'armée  anglo-batave  avait  laissé  dans  le  nord , 
le  corps  du  prince  Frédéric  d'Orange ,  chargé  des 


qae,  diaprés  notre  ordonnance  du  a3  mars,  celle  qni  exiftait  •«  teouye 
licenciée  y  etc. 


caAPITRB   IV.  3l3 

sièges  de  Yalenciennes ,  Condé  et  le  Quesnoy.  La* 
première  de  ces  places,  commandée  par  le  gé- 
néral Reille,  capitula  le  12  août.  Mais  l'ennemi 
n'y  entra  pas  pour  le  moment ,  la  garnison  seule 
fut  licenciée. 

L'armée  prussienne  avait  laissé  sur  la  Sambre 
et  sur  la  Meuse ,  le  corps  de  Pirch ,  et  le  2"  corps 
d'Allemagne.  Ces  troupes  prirent  les  places  sui- 
vantes :  Charleviltej  le  29  Juin;  Maubeuge^  le  i4 
]ui]let; L/andrecies^le  25\Marienbourg,  le24;  PAt- 
Uppevillej  le  8  août  ;  Mezières^  le  1 0  août  ;  Rocroy, 
le  1 6  ;  les  forts  de  Givet^  le  1 1  septembre  ;  Sedan, 
le  1 5  ;  Montmedyj  le  2  2 ,  après  que  Médy-Bas  eut 
été  emporté  d'assaut  le  1 4-  La  ville  de  Longwy 
fut  bloquée  le  3o  juin  par  le  prince  de  Hesse- 
Hombourg ,  avec  sept  bataillons ,  un  escadron  et 
trois  compagnies  d'artillerie  de  la  garnison  de 
Luxembourg.  Le  i3  juillet ,  le  général  Belliard 
fit  sortir  de  Metz  le  général  Meriage,  avec  trois 
bataillons  de  garde  nationale  et  deux  compagnies 
franches ,  faisant  trois  cents  hommes  en  partie 
à  pied,  en  partie  a  cheval.  Le  général  Mejriage 
prit  position  à  peu  distance  de  Longwy ,  dans  la 
nuit  du  11  au  12.  Les  corps  francs  s'élancèrent 
sur  l'ennemi,  qui  fut  surpris ,  mis  en  déroute  et 
poussé  à  deux  lieues  de  là.  Les  Prussiens  perdi- 
rent cent  cinquante  hommes  tués,  onze  cents 
prisonniers,  et  leurs  munitions  furent  détruites. 
Le  lendemain ,  le  6"  corps  prussien  arriva  devant 
Lon^y,  et  le  siège  commença;  la  place  se  rendit 


Sii4  tvmi  nu 

le  18  s^lembre.  Par  ces  ùégts^  les  PruMÎens 
acquirent  quatre  cent  trente  bouches  â  feu  de 
gros  calibre. 

Les  Russes  ne  prirent  que  la  place  de  Soissons , 
qu'ils  reçurent  en  dépôt  le  1 4  août.  Ib  la  rendi* 
rent  avec  le  matériel  à  la  paix. 

Parmi  les  places  que  bloquèrent  les  Autri- 
chiens ,  ils  ne  nous  en  prirent  que  deux.  Il  n'é- 
tait pas  possible  que  leurs  troupes  passassent 
devant  la  place  d'Auxonne ,  sans  que  la  tentation 
de  s'emparer  de  cet  arsenri  ne  leur  ytnt.  L'ar- 
chiduc Ferdinand  en  fit  donc  faire  le  siège  ;  elle 
capitula  le  26.  La  seconde  place  est  Haningue,. 
dont  ta  destinée  et  la  défense  hérmque  méritent 
un  détail  un  peu  plus  circonslancié  (*).  Cette 
place  avait  été  bloquée ,  dès  le  26  juin  ^  par  I^ 
troupes  de  l'archiduc  Ferdinand  et  du  général 
Hohenzollem.  Bien  construite  et  bien  armée  (  il 
y  avait  cent  trente  et  une  bouches  à  feu),  elle 
aurait  été  capable  de  lasser  tous  les  efforts  de  l'en- 
nemi, si  elle  avait  eu  une  garnison.  Mais  les 
bataillons  de  gardes  nationales,  qui  devaient  7 
entrer,  se  dispersèrent  en  partie  à  la  nouvelle  de 
nos  désastres  ;  le  peu  qui  entra  dans  la  place 
ne  put  être  employé  qu'an  service  intérieur,  et 
il  ne  resta  disponible  pour  la  défense ,  que  cent 
eanonniers,  trente  soldats  et  cinq  gendarmes.  Vn 

(fj  ^oyez  pour  récil  pIiM  décaniG,  l'ouvrage  iniiiule  :  Précis  des 
•ffémiions  des  armées  du  Âhin  et  du  Jura.  Paris ,  1 8 1  <> 


Bo«>Tel  accident  ylat  rendre  eette  poéftioir  encoi^e 
plus  critique;  une  grande  partie  dés  munitions  se 
trouva  avariée.  Le  général  Biurban^[re  ne  se  laissa 
point  intimickr  par  le  ckinger  qui  le  menaçait ,  et 
il  sut  faire  partager  son  courage  et  son  dévoue* 
ment,  par  sa  petite  trou^  et  par  les  habitant. 
Peu  de  jours  après,  Farchiduc  Jean  fit  ènvestir 
Huningue  par  la  division  Mariassy,  qu'il  suivit 
bientôt  avec  la  cSvision  Wimpfen  et  cinq  ttàBe 
Suisses.  Cent  trente  hommes  étaient  donc  assiégés 
par  près  de  vingt-quatre  mille.  A  la-  suite  de  ces 
troupes  vint  un  débordement  d'babitans  de  Bftle. 
Eux  et  les  soldats  leurs  compatriotes ,  se  répan- 
dirent dans  les  campagnes,  la  torche  a  ht  main, 
pillant,  ravageant,-  incendiant  les  villages,  les 
bourgs  et  les  maisons  ;  des  chariots  amenés  par  les 
habitans  de  Bâle ,  qui ,  parmi  les  pillards ,  étaient 
tes  plus  avides,  transportaient  dans  cette  ville 
les  dépouilles  des  paysans  et  de»  citoyens ,  que  les 
soklàts  coalisée  avafent  respectés.  Le  général  Bar- 
banegre  ayant  en  vain  demandé  satisfaction  de  ce 
bri^[andage ,  se  Vit  forcé  dé  bombarder  la  ville  de 
Bâle ,  pour  le  faire  cesser. 

Le  mois  de  juiUet  se  pa£to  en  escarmouches  et 
en  tirailleries  ridicules  des  Suisses,  contre  des 
postes  de  trois  ou  quatre  hommes.  Mis  en  fuite 
par  nos  détachemens ,  ils  s'en  vengèrent  par  de 
nouveaux  ravages,  et  la  destruction  d*un  moulin,^ 
hors  de  la  place ,  et  que  ies  guerres  avaient  tou- 
jours respecté.  Un  nouveau  bombardement  les 


3l6  UYRfi    lU. 

punit   eucore  ;   malheureusement    la   mauvaûe 
qualité  des  munitions  adoucit  le  châtiment. 

Le  i4  août,  la  tranchée  fut  ouverte,  et  plus 
de  cent  vingt  bouches  à  feu  en  vingt-huit  batte- 
ries ouvrirent  le  bombardement.  Bientôt  la  ville 
ne  fut  qu'un  monceau  de  décombres.  Une  seule 
caserne,  que  le  général  Barbanegre  avait  fait 
blinder  avec  soin,  servait  de  refuge  aux  blessés, 
aux  vieillards,  aux  femmes  et  auxenfans.  Les  ci- 
toyens valides  travaillaient  aux  réparations  de  la 
place  et  à  étouffer  les  incendies;  iSs  femmes  et 
les  enfans,  bravant  la  mort,  portaient  les  muni- 
tions sur  les  remparts;  la  garnison,  sous  les  armes 
nuit  et  jour ,  se  multipliait ,  pour  présenter  tour 
à  tour  quelques  hommes  sur  les  points  menacés. 

Le  22 ,  un  petit  aînas  de  munitions  aycmt  sauté 
dans  la  redoute  de  Custine  (^),  à  trois  cents  toises 
de  la  place,  les  trois  canonniers  qui  y  étaient 
avec  deux  canons,  Fabandonnërent.  Les  Suisses  y 
entrèrent  un  moment,  au  nombre  de  trois  cents 
hommes ,  mais  ils  en  furent  bientôt  chassés,  et  les 
pièces  rentrées  dans  la  place.  Le  23,  le  bombar- 
dement continuait  encore,  et  le  soir  l'archiduc 
Jean  fit  sommer  la  i)lace.  Le  général  Barbanegre 
répondit  qu'étant  soumis  au  roi  de  France,  il 
attendait  de  l'équité    des  coalisés  que  le   si^e 


(*)  G^est  k  cette  redoute  et  au  tombeau  du  gdticrnl  Âbatucci ,  q^ai  est 
h  fAtëy  que  les  coalises  ont  donne'  le  nom  pompeux  de  Fort  AbaUtcci 
et  d«  la  TbfiT  Blanche, 


CIIAPIT11£    IV.  3l7 

cessilt.  Pour  toute  réponse,  le  bombardement 
fut  continué.  Enfin,  le  26,  le  général  Barbanegre 
ayant  obtenu  un  armistice,  en  profita  pour  réunir 
sa  garnison ,  ce  qui  avait  été  impossible  pendant 
le  bombardement,  et  la  passer  en  revue.  Elle 
était  réduite  à  cinquante  hommes  exténués  et 
quelques  ouvriers;  il  n  était  plus  possible  de  son- 
ger à  se  défendre,  sans  exposer  les  malheureux 
restes  des  habitans  à  périr  dans  un  assaut.  Des 
négociations  furent  ouvertes  le  même  jour ,  et  la 
capitulation  fut  signée  le  28.  La  garnison  obtint 
la  permission  de  se  retirer  derrière  la  Loire,  et 
cinquante  hommes  défilèrent  avec  les  honneurs 
de  la  guerre  devant  une  armée. 

Le  2  septembre,  d'après  la  demande  du  gou- 
vernement suisse ,  l'archiduc  Jean  ordonna  la  dé- 
molition des  fortifications  de  Huningue  ;  des  mil- 
liers d'ouvriers  suisses  mirent  la  main  à  l'œuvre. 


FIN   DE    LÀ   CAMPA6VK   DK    l8l5 


■i:'m- 


■        I' 


TABLE 


•DV 


QUATRIÈME   VOLUME. 


LIVRE  DEUXIEME. 

Bataille  de  Waterloo.  —  Abdication  de  Napoléon. 

CHAPITRE    PREMIER.    . 

Position  de  Tannée  prussienne,  le  j  7 . — L'armée  an- 
glo-batave  se  met  en  retraite.  — MauvemeAt  dp 
l'armée  française,  le  17.  —  L'aile  droite  est  déta- 
chée contre  les  Prussiens.  —  Napoléon ,  avec  le 
gros  de  l'armée,  se  dirige  sur  Bruxelles.  —  Posi- 
tion de  l'armée  française  et  de  l'année  anglo- 
bataye,  le  17  au  soir.  —  Mouvement  de  l'aile 
droite  française,  le  17.  —  Dispositions  du  duc  de 
Wellington  et  du  maréchal  Blûcher,  pour  le  18. 

—  Ordre  de  bataille  de  l'armée  an^lo-batave, 
le  18.  —  Ordre  de  bataille  de  l'armée  française. 

—  Bataille  de  Wa^r}qo.  —  Réflexions  sur  cçtte 
bataille 


3!10  TABLE 


CHAPITRE  II. 

Mouvement  de  Tarmée  pniBsienne  sur  Saint-Lam- 
bert ,  le  1 8.  —  Mouvement  du  maréchal  Grouchj, 
le  18.  —  Premier  combat  de  Wavre^  le  18.  — Se- 
cond combat  de  Wavre,  le  19.  —  Retraite  du 
maréchal  Grouchy  sur  Namur.  —  Combat  de 
Namur,  le  ao.  —  Observations  sur  les  mouve- 
mens  de  Taile  droite  française 85 

CHAPITRE  III. 

Conséquences  militaires  de  la  bataille  de  Waterloo. 

—  Ressources  de  la  France.  —  Moyens  des  coa- 
lisés. —  Conséquences  politiques.  —  Situation 
de  la  France  depuis  le  ao  mars.  —  Retour  de  Na- 
poléon à  Paris  9  et  son  effet.  —  Les  deux  cham- 
bres se  déclarent  en  permanence.  —  Message  de 
Napoléon.  —  Nomination  d'une  conunission  de 
salut  public. —  Délibération  de  cette  commission, 
et  ses  conséquences.  —  Abdication  de  Napoléon. 

—  Nomination  d'un  gouvernement  provisoire.  — 
Réflexions  sur  les  actes  du  aa  fuin ist 

LIVRE  TROISIÈME. 

Marche  des  coalisés  sur  Paris,  et  occupation  de 
cette  capitale.  —  Opérations  des  autres  armées. 

« 

—  Sièges  des  places 175 

CHAPITRE   PREMIER. 

Mouvemens  des  armées  coalisées,  du  nord,  jusqu'au 
a5  juin.'—  L'année  française  se  rallie  à  Laon.  — 


W)   QUATRIÂMB   TOLCMB.  3âl 

—  sue  se  retire  à  Soissons.  —  Marche  deg  Prus- 
siens sur  Compiègoe.  -^  Retraite  de  l'armée 
française ,  et  combat  de  Senlis ,  le  27.  —  Combat 
de  YiUers-Cotterets  et  de  Levigneu,  le  a8.  —  Ré- 
flexions  sur  les  événemens  militaires.  —  Les  con- 
séquences de  la  révolution  du  a  a  se  développent. 

—  Opérations  du  gouvernement.  —  Résultat  de 
la  mission  des  plénipotentiaires  français.  —  En- 
voi de  nouveaux  plénipotentiaires >  .     i^S 

CHAPITRE  II. 

L^armée  prussienne  passe  la  Seine.  —  Réflexions 
sur  ce  mouvement.  — Combat  de  Versailles,  le 
!•■  juillet.  — Combat  de  Meudon  et  d'Issy,  le  a. 

—  Second  combat  d'Issy,  et  convention  de  Paris  9 
le  3.  —  Réflexions  sur  cette  convention.  —  Né- 
gociations  du  duc  d'Otrante.  —  Conduite  des 
chambres.  — Dissolution  forcée  du  gouvernement 

et  des  chambres .,     aaS 

CHAPITRE  III. 

Mouvemens  des  Bavarois  et  de  Tarmée  française 
du  Rhin.  —  Les  Bavarois  passent  la  Sarre  9  le 
a3  juin.  —  Mouvemens  du  quartiex^générâl  des 
souverains  alliés.  —  Opérations  de  Tarmée  du 
Rhin.  —  Les  Wurtembergeois  passent  le  Rhin,  le 
a3  juin. — Combat  de  Surbourg  et  de  Seltz ,  le  a6. 

—  Combat  de  Strasbourg,  le  a8.  —  Combat  de  ' 
H aus- Bergen,  le  9  juillet.  —  Convention  pour 
Tannée  du  Rhin,  et  Révolte  de  la  garnison  de 
Strasbourg.  —  Opérations  de  l'armée  du  Jura.  — 
Combat  de  Dannemarip,  le  97  juin»  —  Combats 

nr.  ai 


3j»S  TARIX   D0    QOAnE&MB   VOCVME. 

de  Chavafme  et  Ffeussemagncy  le  519.  — Combata 
de  Beso&courf  et  de  Chevrement,  lé  1**  fUîAet.  — 
Combat  de  Damfufltîn,  d*0<l^in<mt  et  de  Péitms^, 
le  4.  —  Combat  dessert  et  de  BartlBen,  te  5.  — 
Gonrentibn  pour  Tarmée  du  Jura.  —  Marcbe  de 
Tarchiduc  Ferdinand  et  de  l'armée  russe a6i 

CHAPITRE  lY. 

Opérations  de  Tannée  des  Alpes.  —  Combats  de 
Montmélian,  de  Maltaveme  et  des  Bauges  ^  le 
i5  juin.  —  Combat  de  Thonon,  le  ai .  —  Com- 
bats de  Conflans  et  d^Aiguebelle,  les  27  et  aS.  — 
Suspension  d*firmes.  —  Combat  des  Rousses ,  le 
a  juillet.  —  Combats  de  Charîx  et  d'Oyonnax, 
le  3.  —  Prise  de  Grenoble.  —  Convention  pour 
l'arinée  des  Alpes.  —  Les  Autrichiens  s'avancent 
vers  Besançon.  —  Opérations  de  Tannée  du  Var. 
—  Assassinat  du  maréchal  Brune. — Places  prises 
par  Tehnemi ,  jusqu'au  ao  septembre.  —  Combat 
de  Longwy,  le  14  juillet.  —  Siège  de  Huningue.     399 


flK    DE    LA    TàBLB    DU    QVATlIBifE   VOLUMB. 


f  9 


TABLE  GENERALE. 


1815. 


3â6  TABLE. 

Tableau  dqfla  furce  dM  aiuiéeacoali»^,  4aï4juin.  86 

Mesures  prises  pour  la  défense  de  la  France g6 

Répartition  des  armées  françaises 99 

Plan  de  la  campagne  proposé  pour  la  France 101 

Plan  adopté  par  Tempereur  Napoléon io5 

Tableau  de  la  fbrce  des  armées,  dans  les  premiers 

jours  de  juin 107 

Observations  sur  la  formation  de  Tannée  du  nord.  .111 

Position  des  armées  coalisées 1 1  a 


CHAPITRE  II. 

pMitî^u  de  l'armée  française ,  du  nord  9  le  14  i^o-  >  ^ 

Position  du  corps  de  Ziethen,  idem 116 

Observations  sur  le  plan  de  la  campa^pie  de  Napo- 
léon 9  dans  le  nord 117 

Dispositions  de  Blwliw,  le  14  juin laa 

Passage  de  la  Sambre,  le  i5  juin 127 

Combat  de  Gilly,  le  même  jour 139 

Position  des  armées  françaises 9  le  i5  juin i3i 

Position  de  Tarmée  prussienne  1  le  i5  juin ih. 

Mouvemens  de  Tarmée  anglaise; iSa 

Réflexions  surles  projel»  de  Napoléon,  peur  le  16. .  i5S 

Mouvemens  de  Tajle  dn>i(e  française  sur  Flcamia.  .  i55 

Position  do  rafmée  prusaienne i36 

Bataille  de  Lfgny^  le  16  juin i4o 

Mouvement  de  l'aile  gauche  sur  les  Quatre*Effa»«  .  i55 


TiBLE.  337 

Combat  des  QcMtn-Bf^M»  le  16  iam i56 

ftéflexions  sur  les  opérations  et  les  mouveneas  du 

i5  et  du  16 i65 


TOME  QUATRIÈME. 


LIVRE  DEUXIEME. 


Bataille  de  llVaterloo.  —  Abdication  de  Napoléon. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Position  de  Tarmée  prussienne  ^  le  17 1 

L'année  anglo-batave  se- nele»  retraite.  . 5 

Mouvement  de  Tarmée  française,  le  17 6 

L'aile  droite  est  détaohée  contre  les  Prussiens.  ...  8 
Napoléon,  avec  le  gros  de  Tannée,  se  dirige  sur 

Bruxelles r  .  .  9 

Position  de  l'arméç  française,  le  17  au  soir.  ....  as 

Position,  de  Tannée  anglo-batave ,  le  1 7  au  soir. ...  >^ 

Mouvement  de  Taile  droite  française,  le  1 7  au  soir.  iS 

Dispositions  du  duo  de  WeUington,  pour  le  aB.  .  «  i(^ 

Oispositions  du  mai^clial  Bliicher.  pour  le  18.  .  .  .  ià. 


338  TABLE. 

Ordre  de  bataille  de  rarmée  angto-batare,  le  18.  .  %t 

Ordre  de  bataille  de  l'amiée  françaiie,  le  18 96 

Bataille  de  Waterloo »8 

Réflexion»  sur  cette  bataille 61 


CHAPITRE  II. 

Mouvement  de  rarmée  pruMienne  sur  Saint-Lam- 
bert, le  18 86 

Mouvement  du  maréchal  Grouchy,  le  18 87 

Premier  combat  de  Wavre,  le  18 95 

Second  combat  de  Wavre,  le  19 97 

Retraite  du  maréchal  Grouchy  sur  Namur loa 

Combat  de  Namur,  le  ao io5 

Observations  sur  les  mouvemens  de  Taile  droite 

française 106 


CHAPITRE  III. 

Conséquences  militaires  de  la  bataille  .de  Waterloo.  1 2 1 

Ressources  de  la  France 1 34 

Moyens  des  coalisés 137 

Conséquences  politiques 1  a8 

Situation  de  la  France  depuis  le  ao  mars i3o 

Retour  de  Napoléon  à  Paris,  et  son  effet i36 


TABUS.  3^9 

Les  deux  chambres  se  déclarent  en  permanence.  .  146 

Message  de  Napoléon 147 

Nomination  d'une  commission  de  salut  public. ...  i58 
Délibération  de  cette  commission,  et  ses  consé- 

pences 161 

Abdication  de  Napoléon* 166 

Nomination  d'un  gouvernement  provisoire 170 

Réflexions  sur  les  actes  du  ad  Juin 179 


LIVRE  TROISIEME. 

Marche  des  coalisés  sur  Paris,  et  occupation  de  cette 
capitale.  —  Opérations  des  autres  armées!  —  Sièges 
des  places. 


CHAPITRE   PREMIER. 

■ 

Mouvemens  des  armées  coalisées  du  nord,  jusqu^au 

a5  juin >7^ 

L'armée  française  se  rallie  à  Laon 179 

Elle  se  retire  à  Soissons i^a 

Marche  des  Prussiens  sur  Compiègne iS3 

Retraite  de  l'armée  française i84 

Combat  de  Senlis >B5 

Combat  de  ViUers-CottereU »86 


35o  TAULE. 

Gonibal  de  Lefi|çneu i8f 

Réflexions  sur  les  événemens  milîtàîtfes 190 

les  conséipieMces  de  la  rérohilkm  dti  at  se  déip»- 

loppent 194 

Otiérations  du  gouvernement iqS 

Résultat  de  la  mission  des  plénf)(H>teiitiAtiies  fhHA«<' 

çaîs .  » •!» 

Etivoî  de  nouveaux  piénit>eteM$af^êBi uiC 


CHAPITRE  II. 

Ilouvemcas  de  Tannée  proasîenBe as» 

J/aittiée  pruwienne  passe  la  Seine* 339 

Réflexions  sur  ce  mouvement 33o 

Combat  de  VersaiUes a54 

Combat  de  Meudon 340 

Combat  d'Issy ;  .  .  .  341 

Second  combat  d'Issy a43 

Convention  de  Paris 344 

Réflexions  sur  cette  convention 345 

Négociations  du  duc  d'Otrante 3S0 

Conduite  des  chambres 353 

Dissolution  forcée  du  gouvernement  et  des  cham- 
bres   aS^ 


TABLE*  ÙO 1 


CHAPITRE  III. 


Mouyemens  des  Bavarois « oB% 

Mouvemens  de  Tannée  française  do  Rhin* a6$ 

Les  Bavarois  passent  la  Sarre a6S 

Mouvemens  du  quartier -général  des  souverains 

aUiés 269 

Opérations  de  Tarmée  du  Rhin < ^70 

Les  Wurtembergeois  passent  le  Rhin 2751 

Combat  de  Seltz .  1174 

Ccmibat  de  Surbourg 275 

Combat  de  Strasbourg 278 

Combat  de  Haus-Bergen <  .  .  •  .  a8S 

Convention  pour  Tarmée  du  Rhin ftd4 

Révolte  de  la  garnison  de  Strasbourg.  «... »85 

Opérations  de  Tarmée  du  Jura 986 

Combat  de  Dannemarie ,  .  2187 

Combats  de  Chavanne 2186 

Cmnbat  de  Faussemagne « a8g 

Combat  de  Besoneourt ».  391 

Combat  de  Chevremont 29* 

Combat  de  Dam)ustin 295 

Combat  d'Oflfemont 294 

Combat  de  Pérouse 296 

Combat  d^Essert ib. 

Combat  de  Bavilliers U>, 

Convention  pour  Tannée  du  Jura.  . 296 

Marche  de  Tarohkluo  Ferdinand 297 

Marche  de  Tannée  russe 298 


% 


533  TABUS. 

CHAPITRE  lY. 

Opérations  de  Tarmée  des  Alpes.  ...» 399 

Combat  de  Montmélian. 3oo 

Combat  de  Maltaveme ih. 

Combat  des  Bauges ^ ih. 

Combat  de  Thonon 3o9 

Combat  de  Conflans.  .  .  , 5o5 

Combat  d'Aig:uebelle 3o4 

Suspension  d^annes ih. 

Combat  des  Rousses 3o5 

Combat  de  Charix 3o6 

Combat  d^Ojonnax.  .  .  , ib. 

Prise  de  Grenoble •  .  5o8 

Convention  pour  Tarmée  des  Alpes Ih. 

Les  Autrichiens  s*avancent  vers  Besançon 5o9 

Opérations  de  Tarmée  du  Yar 3io 

Assassinat  du  maréchal  Brune 3ii 

Places  prises  par  Fennemi,  |usqu*au  ao  septembre.  3i9 

Combat  de  Longwj,  le  14  juillet 3i3 

Siège  de  Huningue 5i4 


mr  DU  QrAmkMB  volvmb. 


IMPRIMBRIB  DE  VICTOR  CABUCHET, 


HISTOIRE 

DES  CAMPAGNES 

Df  lBl4  ET  l8l5. 


EN  FRANCE. 


HISTOIRE 

DES  CAMPAGNES 

DE   l8l4  ET  l8l5, 

EN  FRANCE; 

Pae  le  GÉiïÉaAL  GuiUAUME  ^DE  VAUDONCOURT. 

AÙtSUB  DX  L*BttTOXlUI  DBS  GAMPlORU  D* AKSIBIL  UT  ITALIB,  DS  ft«T>.y  j)Bi 

GUBRBU  DB  BUtSIB  BIT  1 8 1  a,D'iJJ.BllAOirK  BIT  1 8 1 3|  ZT  D*IT1UE  EN  1 8 1 3 
BT  1 8 1 4»  DIBBGTB17B  DU  JOURNAL  DE»  SCU^ICES  IULITAUUU. 


•• Ot  r«r,  qu4ttrqut  bftl 

Qs»«  MU  orm  pmtrmmy  TroJM  sub  muMihut  sltis 
Comtigh  Ofp«Mr« , 


TOfiffi   CINQUIÈME. 


PARIS, 

CHEZ  AVRIL  DE  Gîl^TEL,  LIBRAIRE, 

boulbtabt  bonnb-nouvbllb  ,  HO  35; 
ET  CHEZ  PONTmEU  ET  C**  »  LIBRAIRE , 

FALAU-BOTAL^,  OÂLBBU  DE  BoÙ. 

1826. 


De 


w.,       HISTOIRE 


DES 


CAMPAGNES  DE  18i&  ET  1815. 


PIECES  JUSTIFICATIVES. 


CAMPAGNE  DE  1814. 


N-  I. 

Proclamation  aux  habitons  du  Grand 
Duché  de  Francfort. 

S.  Â.  R.  le  grand  duc  de  Francfort  ayant  quitté 
ses  états  à  l'approche  des  armées* alliées,  et  ayant 
clairement  démontré ,  par  la  déclaration  faite  à 
l'ambassadeur  de  Bavière  près  de  sa  cour,  que 
la  mission  dudit  ambassadeur  devait  être  regar- 
dée comme  terminée;  qu'elle  est  décidée  à  per- 
sister dans  le  système  politique  qu'elle  a  suivi 
V.  1 


â  VIÀCES  lUITiriCATITES. 

jusqu'à  présent ,  contre  la  cause  sacrée  de  l'Alle- 
magne ,  et  à  ne  pas  s'unir  aux  puissances  alliées , 
le  soussigné,  commandant  en  chef  de  l'armée 
austro-bavaroise,  se  trouve  dans  l'obligation  de 
preii(|r^  p6$!^sioti  de  la  totalité  ;M^  états.,  de 
S.  A.  R. ,  au  nom  des  puissances  alliées ,  et  de  les 
mettre  sous  le  séquestre. 

Hanau ,  le  a8  octobre  i8i3. 


S  igné  j  Wrede. 


'CAM^AGin!  '  DE    l8l4- 


..  W  IL..  .    . 

•        •  .    .     .  .    . 

A.  Convention  entre  la  Russie  et.. 

V  Angleterre. 

m  * 

ARTICLE    !•'. 

S.  M.  l'empereur  de  Russie  y  fen^dement  décidé 
â  continuer  la.guexre  .présente  areci  1^  plus  grande 
énergie ,  s'eng9ge  à  maintenir  constamment  sur 
piqd  un  çarps  de  cent  soixante  mille  hommes  de 
trpU|>es  de. toutes  Içç.  an»^s ,  outre  les  garnisons 
d0s  places  fortes  « 
•.    .  •  •  .         •   ■ 

ART.    2. 

I 


«  * 


. ,  D^:9pB  côté ,  et  pour  coopérer  de  la  manière  )a 
pl^s  efficace  au  m^me  but,  S.  M.  britannique 
jS'^^Dgage  »  pq^if  Jlçp^be^çins  de  1 8 1 3 ,  à  mettre  à  la 
idispositiop  de ,  S^  M.  l'empereur  de  Russie ,  les 
spinines  suivantes  :     .. 

1^  1,333)334  litres -sterling,  payables  à  Lon- 
dres; 

^a'^'La  Gra»derBrQtâgi[ie  se  charge  de  l'entretien 
de  \a^  flotte  r:U6se  qui  se  trouve  4ans  les  ports 
d'Angleterre ,  et  de  ses  équip^g[es;  dépense  qui  est 
portée  à  5oo,qoo  livrea  sterling. 


PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 


Art.  3. 


La  somme  de  1,333,334  livres  sterling  sera 
payée  mensuellement ,  de  manière  à  être  acquittée 
au  1*'  jailvîer  i8i4- 

Art.  4- 

Aifin  d'obvier  au  manque  d'argent  comptant 
qui  se  fait  sentir  tous  les  jours  davantage  sur  le 
continent ,  et  afin  de  réunir  pour  cette  lutte  im- 
portante tous  les  moyens  qui  peuvent  en  assurer 
le  résultat,  les  hautes  puissances  contractantes 
sont  convenues,  d'accord  avec  S.  M.  le  roi  de 
Prusse ,  d'émettre ,  sous  le  titre  de  monnaie  fé- 
dérative ,  des  billets  de  banque  payables  au  por- 
teur. 

(a)  Le  montant  de  ce  papier-monnaie  ne  doit 
pas  s'élever  au  delà  de  cinq  millions  sterling ,  à 
quoi  les  trois  puissances  contractantes  s'engagent 

(b)  Le  remboursement  des  cinq  millions  ster- 
ling doit  s*effectuer  par  les  trois  puissances  con^ 
tractantes ,  dans  les  proportions  suivantes  :  l'An- 
gleterre trois  sixièmes  ,  la  Russie  deux,  et  la 
Prusse  un. 

(c)  Le  remboursement  ne  doit  pas  avoir  lieu 
avant  le  i  **  juillet  1 8 1 5 ,  ou  six  mois  après  la  con- 
clusion d'une  paix  définitive. 

(d)  Les  cinq  millions  sterling ,  donnés  comme 


CAMPAGNE   DE    l8l4*  5 

monnaie  fédérative  au  nom  des  trois  puissances 
contractantes  ,  ne  doivent  servir  que  pour  des 
dépenses  de  guerre  et  pour  entretenir  les  armées 
au  complet. 

(e).  Une  commission,  nommée  par  les  trois  puis- 
sances ,  réglera  tout  ce  qui  a  rapport  à  la  distri- 
bution de  cette  somme.  Les  paiemens  se  feront 
successivement  et  mois  par  mois.  Cependant  tout 
ce  qui  concerne  la  prime ,  la  garantie ,  l'émission , 
le  transport,  la  circulation  et  le  remboursement 
de  ce  papier-monnaie,  sera  réglé  par  une  com- 
mission spéciale,  et  les  stipulations  faites  sur  cet 
objet  auront  la  même  force  et  la  même  validité 
que  si  elles  étaient  mot  à  mot  dans  le  présent 
traité. 

Art.  5. 

Le  gouvernement  britannique  se  chai^eant, 
d'après  Farticle  â,  pour  la  somme  de  5oo,ooO' 
livres  sterling  ^  de  l'entretien  de  la  flotte  russe , 
S.  M.  l'empereur  de  Russie  consent  de  son  côté 
à  ce  que  S.  M.  britannique  emploie  de  son  côté 
la  susdite  flotte  «  dans  les  mers  de  l'Europe ,  de  la- 
manière  la  plus  convenable,  aux  opérations  contre 
l'ennemi  commun. 

Art.  6. 

...       •  • 

Quoiqu'il  soit  stipulé  par  le  présent  traité  que 


6  PIÈGES   JU9TIVICATiyiS&L 

les  subsides  de  la  Grande-Bretagne  ne  doÎToit 
ètte  fournis  que  pendant  Tannée  181 3,  les  deux 
puissances  contractantes  promettent  cependant , 
puisque  leurs  engagemens  réciproques  doivent 
être  en  vigueur  pendant  tout  le  temps  que  du- 
rera la  présente  guerre ,  de  convenir  des  secours 
qu'elles  veulent  se  prêter  réciproquement  dans 
le  cas ,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise ,  où  la  guerre  du- 
rerait a^  delà  du  terme  fixé  ci-dessus  ;  car  cette 
nouvelle  convention  aurait  principalement  pour 
but  de  donner  encore  plus  d'exten3ion  à  leurs 
ejQforts. 

Art.  7. 

Les  deux  puissances  contractantes  agiront  dans 
la  plus  parfaite  intelligence  relativement  aux  opé- 
rations militaires ,  et  se  communiqueront  fran- 
chement tout  ce  qui  est  relatif  à  leur  politique 
réciproque.  Les  susdites  puissance^  s'engagent  ré- 
ciproquement à  ne  pas  traiter  avec  leur  ennemi 
commun ,  et  à  ne  conclure  ,  sans  un  accord  réci- 
proque y  ni  paix ,  ni  supension  d'armes ,  ni  con- 
vention quelconque. 

Art.  8. 

Il  sera  permis  d'accréditer  des  officiers  près  des 
géniTaux  en  chef  des  différentes  armées  actives , 
et.  i^  l^r  sera  Jibre  dç.  communiquer  avec  leurs 


CAMPAGNE   BB    l8l4«  7 

cours  9  «t  de  les  tenir  eu  couuaissauce  des  éyéue- 
meus  militaires  et  de  tout  ce  qui  a  rapport  aux 
opérations  de  ces^armées. 

Art.  9. 

La  présente  conyention  sera  ratifiée  le  plus  tôt 
que  faire  se  pourra. 
En  foi  de  quoi ,  etc. 

V 

Reichenbach,  le  5  juin  i8i3. 


s 
s 


B. 

Le  traité  conclu  entre  TAngleterre  et  la  Prusse 
stipule,  que  l'Angleterre  paiera  pour  181 3  un 
subside  de  666,666  livres  sterling,  et  que  la 
Prusse  maintiendra  au  complet  une  armée  de 
quatre -vingt  mille  hommes,  non  compris  les 
garnisons.  Les  autres  stipulations  sont  conformes- 
à  celles  du  précédent  traité. 


c. 

Le  3o  septembre  1 8 1 3 ,  il  fut  conclu  à  Londres  y 
entre  lord  Gastlereagh  et  le  comte  de  Lieven, 
un^.  conventîoti  pour  Téxécution  de  Tarticle  4 
du  traité  de  Reicbetibaçli.  Cette  convention  porte 
on  rabstance: 
.    4!  Jies  dn«x  millions  et  demi  sterlii^,  ou,  l& 


8  PIÂGES  JUftTIFIGATITEft. 

miUions  d'écus  de  Pragse ,  accordés  en  subside 
à  la  Russie  et  à  la  Prusse,  seront  convertis  en 
bons  de  crédit ,  desquels  il  sera  remis  à  la  Russie 
et  à  la  Prusse ,  la  valeur  d'un  million  d'écus  par 
mois,  jusqu'à  parfait  paiement ,  oujusques  trois 
mois  après  la  signature  de  la  paix« 

2*  La  valeur  de  ces  bons  sera  exprimée  en  écus 
de  Prusse  et  en  piastres  fortes  (ces  dernières  à 
,  raison  d'un  écu  et  demi  ) .  Us  seront  classés  par 
millions  d'écus ,  divisés  en  séries,  et  numérotés.  II 
n'y  aura  point  de  bons  au-dessous  de  la  valeur 
de  1 00  écus.  Ils  commenceront  à  être  échangés 
contre  de  l'argent  comptant  un  mois  après  la  ra* 
tification  de  la  paix  générale. 

5*  Deux  tiers  de  cette  somme  seront  remis  à 
la  Russie  et  un  tiers  à  la  Prusse.  Le  paiement  en . 
sera  compté  du  3  juin ,  en  sorte  que  l'Angleterre 
paiera  d'abord  aux  deux  puissances  autant  de 
millions  d'écus  qu'il  y  a  de  mois  écoulés  depuis 
le  3  juin,  et  ensuite  un  million  par  mob. 

4**  Les  bons  ne  porteront  point  d'intérêt  ;  mais 
il  sera  établi ,  dans  une  ville  du  nord  de  l'Alle- 
magne y  un  comptoir,  où  les  possesseurs  des  bons 
pourront  les  échanger  contre  des  obligations  de 
l'état  portant  six  pour  cent  d'intérêt,  et  qui 
seront,  de  même  que  la  dette  nationale,  enregis- 
trées dans  les  livres  delà  banque  d'Angleterre. 

5*  Le  remboursement  des  bons  pour  la  valeur 
de  1 5  millions  d'écus  de  Prusse ,  ccHOimencera  un 
mois  après  là  signature  du  traité  de  paix  générale^ 


CAUPA6NE   DE    i8l4«  9 

à  raison  d'un  million  d'écus  par  mois ,  commen- 
çant d'abord  par  ceux  qui  auront  été  échangés 
contre  des  obligations  de  l'état. 


D. 

Le  3  octobre  1 8 1 5 ,  il  fut  conclu  un  traité  pré- 
liminaire de  paix  et  d'alliance ,  entre  l'Angleterre 
et  l'Autriche.  Nous  ne  le  rappellerons  que  som- 
mairement ,  pour  éviter  la  répétition  d'un  grand 
nombre  d'articles  et  d'expressions  communes  à 
tous  les  traités  des  coalisés ,  jusques  et  compris 
celui  de  Chaumont. 

AkT.    2. 

s.  M.  l'empereur  d'Autriche s'engage  à  em- 
ployer toutes  ses  forces  à  des  opérations  actives 
contre  l'ennemi  commun. 

Art.  3. 

« 

S.  M.  britannique  s'engage  de  son  côté  à  sou- 
tenir les  efforts  de  l'Autriche,  par  tous  les  moyens 
qui  seront  en  son  pouvoir. 

Art.  4  ^T  5. 

Sont  conformes  aux  articles  7  et  8  du  traité 
avec  la  Russie  (  A.  ) . 


10 


PliCBS   JU8TIFICATITE8. 

C'est  en  exécution  de  l'article  3  du  présent 
traité  que  rAuiriche  reçut  un  subside  de  un 
million  sterling  et  cent  mille  fusils.  (  Discours 
de  lord  Castlereagh  au  parlement,  le  i4  novem- 
bre i8i3.) 


CAMPÀGNB   DE    t8l4>  ^ 


N-  III. 

Dispositions  des  Puissances  alliées  h  V égard 
"    des  pays  conquis  pendant  la  durée  de  la 
guerre. 

« 

Les  années  alliées  ayant  occupé  une  partie  de 
la  Saxe  et  étant  à  la  veille  d'entrer  dans  d'autres 
provinces  de  l'Allemagne ,  lés  souverains  alliés 
ont  jugé  nécessaire  de  se  concerter  sur  le  mode 
d'après  lequel  les  pays  occupés  par  leurs  troupes, 
doivent  être  administrés  au  plus  grand  avantage 
de  la  cause  commune. 

A  cet  effet, 

S.  M.  l'empereur  d'Autriche  à  nommé 

S.  M.  l'empereur  de  Russie, 

S.  M,  le  roi  de" Prusse, 

S.  M.  le  roi  d'Angleterre , 

S.  M.  le  roi  de  Suède, 

Lesquels ,  en  suivant  les  sentimens  de  modéra- 
tion et  de  justice  qui  caractérisent  si  éminemment 
les  souverains  alliés ,  et  considérant  que  la  guerre 
actuelle  exige  la  réunion  de  toutes  les  forces  dis- 
ponibles ;  qu'il  est  par  conséquent  d'une  néces- 
sité absolue  de  faire  contribuer  tous  les  pays  occu- 


12  PliCES   JUSTIFICATIVES. 

pé$  aux  frais  de  la  guerre  (*)  et  de  donner  à  cha- 
cun une  organisation  militaire  la  plus  conforme 
au  soutien  de  la  cause  générale  ;  double  but  qui 
ne  saurait  être  atteint  sans  un  point  central  des- 
tiné à  diriger ,  d'après  les  mêmes  principes ,  Tad- 
ministration  temporaire  de  tous  les  pays  occu- 
pés :  ont  jugé  que  les  mesures  suivantes ,  arrêtées 
à  l'unanimité,  rempliraient  le  mieux  les  inten- 
tions bienfaisantes  des  souverains  alliés. 

Article  !•'. 

n  sera  établi  un  département  central  d'admi- 
nistration temporaire,  qui  sera  muni  des  pou- 
voirs de  toutes  les  puissances  alliées. 

Art.  2. 

L'autorité  de  ce  département  s'étendra  sur  tous 
les  pays  occupés  qui ,  par  les  événemens  de  la 
guerre ,  se  trouveront  momentanément  sans  sou- 
verains ,  ou  dont  le  souverain  n'aura  pas  accédé  à 
l'alliance  contre  l'ennemi  commun. 

Art.  3. 

Quant  aux  pays  dont  les  souverains  devîen- 


(*)  Malheur  h  rhiimaniu:  !  si  on  pouraît  jamais  admettre  en  principe 
que  les  proTÎnccs  occupées  par  rennemi  doivent  sur-le-champ  fournir 


GAMPAGNE   DE    l8l4-  l5 

ciraient  alliés  des  puissances,  il  dépendra  des 
traités  à  conclure  avec  eux,  de  régler  en  combien 
le  département  central  pourra  s'inuniscer  dans 
l'administration. 

Arx»  4- 

« 

Ce  cas  venant  à  avoir  lieu ,  un  agent  dépen- 
dant du  département  central  sera  placé  près  de 
ces  princes. 


""•■■■  Aet.  5.      .• 

Il         •*     ^         *  \' .  I.,.. 

Les  provinces  autrichiennes,: prussiennes,  ha? 
novriennes  et  suédoises  qui ,  avant  Tannée  1 8o5 , 
appartenaient  aux  puissances  actuellement  alliées, 
resteront  exemptes  de  l'influence  du  départe- 
ment central.       >       •  i\y       /        ';!)  .\ 

'  .;  Le 'grand  duché  de  Wûrtzbdurg,  coDamjepesi- 
MàsîpjEi  :de -seconde  génituré  de  «la  nudfam  d'Aiï- 
4iii^i6he  y  jouira  du  même  privilège.   .     -        .  <   w 

•        •  •  r 

♦■•••  ♦•  •*  '  -*  «,*- 

Art.  6.  ^ 

Ce  département  /exercera  ses  fonctions  dans 
les  provinces  occupées ,  moyennant  des  gouver- 
rieurs  qui  dépendront  de  ses  ordres. 


♦  ' 


des  t/oupcs  et  (le  TargenK  contre  leur  SôUveraiii.  N<(as  arerionÀ  de  fiût 
recales  de  qnatone  sièdés.  i   : , .    .i . 


I  . 


l4  VIÈCes   JUSTIFICATIVES. 

Art.  7.  ' . 


..  1 


La  direction  du  département  central  devant 
être  confiée  à  un  ministre ,  sur  le  choix  duquel 
les  souverains  alliés  cpnviendraient  ensemble ,  ils 
ont  nommé  à  cet  effet  le  sieur  baron  Stein. 


<*  I 
) 


Art*  8* 


r.  ,   • 


Il  dirigera  son  département  uni(iuement  sous 
sa  propre  responsabilité,  et  il  pourra  en  consé- 
quence établir  à  son  choix  les  bureaux  qui  lui 
-sei^ont  ^nécessaires.  "  •  -  •    • '-  •■"./«'•.'    ^i 

,'•.  •  Mil.,  iii 'î..      '.. .' 1. .  Art.  9*       '       a  .::•     "j^* 

Le  département  central  dépendant  de^tbvÊm 
ks'ipoiîfismces  alliëeiftiy.îr  séra«*teiiii  UeprenVlre 
4eûi%  ordres^  dans-  les  cas  qui ^ ne  seraient  pmit 
prévus  dans  l'iastruction  génâ:*ale  ^i  sera  ifédi<- 
gée ,  et  de  leur  rendre  compte  de  son  adminis- 
tration. 

<...',      :n    :    .  "  Art«.XO* 

Les  cours'  alliées  s'engagrant  ic.f^âëguer  cha- 
cune un  agent  suffisamment  autorisé ,  pour  déli- 
bérer et'  décider  sqr  tous  les  objets  relatifs  à 
l'administration  des  pays  occupés.> 


GAJfPAGNX   BB    l8l4-  l5 

Four  réunir  tes  dÎTers  tiélégués  au  quartier- 
^nérdl  de  LL;  MM.  IL  et  KR. ,  les  iotiveraim  qui 
né  s'y  trouTaront  paa  eti  personne,  prolnettetit  et 
munir  de  leurs  pleins  pouvoirs  un  de  kurs  ttûr 
nistres  accrédités  près  de  LL.  MM* ,  afin  que  la 
marche  des  affaires  soit  spnplifiée  et  accélérée 
autant  que  possible,  et  qu'elle  ne. puisse  souf- 
frir aueuBi  retard  par  défaut  d'ingbnietiôns. 

Art.  11,^ 

Ces  délégués  formeront  un  conseU  dont  le 
d<^n  s^ra*  lepl^ident  Le  chef  du  département 
central  llri'  adressera  '  ses  rappbrts  ■  et  recevra  de 
lui  ks  réponse!.  '  ' 

Akt.  \s\ 

Les  aMnbnÛma  prbatipàiè»  àtàM'Aéptactëètient 
aeront'i  ■.'■'■•  -i'   •':   •  ' 

i"*  De  nommer  les  gouverneurs  des  pays  oc^ 
café»  fia  lesponseillers  qui  4eur  éeronf  ad^t^mits. 
Il  nmxmiera'  égalemeat  les  ageilflr  auprès  des  prin^ 
ces  4{m  auront  adoédé  i  l'alliance ,  dans  les  cas 
prévus  parl'artide  4-  -  H  indiquera  êes  différentes 
nominatioÉis  aux  cour^^Uéès.*;  -  -^^ 
.  a""  Be  éoémof  îdeiribstruùtions  afttx  gouvemcfurs 
des  pays  occupes.  •   -  

Ces:  înstructionB  seront  signées  par  le  chef  dû 
département  central,  et  il  ne  sera  tenu  de  Ids 


iÇ  PléCBS   JUSTinCATIVES. 

soumettre â lapprobation spéciale  des  puissances 
£|lliées ,  qu  aulant  qu'elles  renfenneront  des  points 
qui  ne  se  trouveront  pas  dans  ses  instructions  et 
pouvoirs. 

3?  De  diriger  et  de  surveiller  la  gestion  des 
gouverneurs  et  des  agens. 

4°  ^^  rappder  les  gouverneurs'  et  agens  ainsi 
que  leurs  conseillers,  lorsqu'il  le  j  ugera  nécessaîre. 

Les  places  des  gouverneurs  et  celles  de  leurs 
conseillers  seront  toujours  regardées  comme  des 
commissions  temporaires,  et  révocables  d'un  mo- 
mept  à  l'autre.  , 

; .  Chaque  nomination  ou  déplacement  des  em- 
plois précités,, devra  être  an^uwicé  :wihle-ckamp 
aux  cours  alliées,  par  le  départements cjentral. 

.^  t4çs:.diff<^|reiites:  fonctio^B  .seront  exercées  par 
le  département  central ,  de  la  manière  et  sous  les 
n^di^catipns  suivantes  :         . 

Son  activité  sur  un  pays  quelconque  ne  pourra 
fonuBcncer  qu'yen  vertu  d'un  arrêté  des  cours 
alliées»  Cet  arrêté  fixera  exactement  les  limites 
auxquelles  elle  devra  se  borner  pour  le  moment, 
et  le  nombre  de  gouverneurs  à  établir^ 

;  Il  présent^a  également  uti  plan 'd'administra- 
tion générale  des  pays  en  question;  qui  s'éten- 
dra principalement  sur  les  moyens  de  défense 
Uvationale  à  y  organiser. 


CAMPAGNl   DE    l8l4*  I7 

Art.   i4- 

Les  prestations  des  proTÎnces  administrées  se- 
ront partagées  entre  l'Autriche,  la  Russie  et  la 
Prusse  en  parties  égales,  au  taux  de  cent-cinquante 
mille  hommes  chacune.  La  Suède  y  participera 
dans  la  proportion  de  trente  mille  hommes  qu'elle 
fournit  ;  la  régence  de  Hanovre ,  à  raison  du 
nombre  de  troupes  qu'elle  Rengagera  à  mettre 
en  campagne. 

Am*    1 5. 

Les  gouYemeurs  des  pays  occupés  seront ,  au- 
tant que  cela  se  pourra  faire ,  des  militaires  d'un 
grade  supérieur. 

Art.    16. 

Les  gouverneurs  exerceront  leurs  fonctions 
sous  la  direction  du  département  central  ;  ik  se 
conformeront  par  conséquent  strictement  aux 
instructions  qui  leur  seront  données  par  lui. 

Art.    17. 

Si.,,  dans  les   cas   urgens  ou  imprévus,   ils 
croyaient  nécessaire  de  s'en  écarter,  ils.  seront 
autorisés  à  agir  sous  leur  propre  responsabilité , 
V.  a 


i8  PiicKt  JGflonncÀTinab 

sous  robligation  seulement  d'en  faire  un  rapport 
immédiatement  au  département  central. 

Ait.    1  & 

U  sera  établi,  en  principe  constant,  qfœ  ks  gou- 
ifemeura  laisseront  subsister  partout  les  auto- 
rités existantes.,  et  n'agiront  que  par  ettes.  Les 
motifs  ks  plus  important  pourront  seuls  justi- 
fier une  exception  là  cette  règle  générale. 

Art.    1 9. 

Les  fonctions  principales  dont  les  gouverneurs 
seront  chargés^  se  réduirent  aux  aorticles  sui* 
vaus  : 

1*  De  surveiller  tout  ce  qui  sera  relatif  à  Fen- 
tretien  immédiat  des  armées  alliées,  autant 
qu'elles  se  trouveront  dans  les  limites  de  leur 
cercle  d'activité.  Le  soin  de  pourvoir  à  cet  en- 
tretien sera  confié  directemcsit  aux  intendans 
des  armées. 

2*  De  Êdre  contrtt>uer  leur  gouvernement ,  par 
des  fournitures  ou  despaiemens,  aux  frais  com* 
muns  de  la  guerre.  A  cet  effet  un  de  leurs  pre- 
miers soins  sera  de  s'assurer  des  moyens  que  pos- 
sèdent ces  gouvernemens.  Us  en  présenteront 
le  tableau  au  département  central  et  en  atten- 
dront la  décision. 

3*  D'ftotiver,  dana  les  pays  oocnpéa  et  admmisr 


très ,  les  ressources  militaires  les  plus  efficaces  et 
les  mieux  adaptées  aux  circonstauces  locales. 

4*  D'exercer  une  direction  et  une  surveillance 
générale  sur  l'administration  des  autorités  du 
pays ,  d'après  les  principes  énoncés  plus  haut. 

Ait.    âo. 

Les  appointemens  des  personnes  qui  compo- 
seront le  département  central,  ainsi  que  ceux 
des  gouverneurs ,  des  agens ,  et  de  leurs  em*- 
ployés  j  seront  pris  sur  les  revenus  des  provinces 
administrées. 


20  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 


N-  IV. 

Plan  de  la  Cons^ention  imposée  aux  princes 
allemands  pour  la  prestation  des  dé- 
penses de  la  guerre. 

Aetigxx  I*'. 

Les .  princes  allemands  qui  ont  renoncé  â  la 
confédération  du  Rhin ,  s'obligent ,  comme  condi- 
tion du  traité  conclu  ou  à  conclure  avec  euXy  de 
contribuer  aux  frais  de  la  guerre,  et ,  en  outre  du 
contingent  de  troupes  à  fournir  à  la  grande  ar- 
mée coalisée ,  par  un  crédit  qui  devra  s'étendre 
jusqu'à  la  concurrence  d'une  année  du  revenu  brut 
de  leUr  pays. 


Art. 


2. 


Le  montant  de  ce  revenu  annuel  sera  établi  sur 
les  données  statistiques  connues,  ou  d'après  la 
proportion  générale  de  la  population  connue. 

« 

Aet.    5. 

Afin  de  pouvoir  employer  de  suite  ce  crédit  à 
couvrir  les  dépenses  dé  la  guerre,  il  sera  dressé 


CAMPAGNE,  DE    l8l4-  21 

sans  retard  une  obligation  générale  et  commune 
du  total  de  la  somme.  Cette  obligation  sera  signée 
par  des  commissaires  que  nommeront  les  hautes 
puissances  alliées,  et  par  les  plénipotentiaires  spé- 
ciaux de  tous  les  princes  qui  y  sont  intéressés; 
après  quoi  elle  sera  déposée  daus  un  lieu  iBxé 
â  cet  effet ,  entre  les  mains  desdits  commissaires^. 

Art.    4- 

Le  paiement  des  sommes  portées  dans  l'obliga- 
tion totale,  est  solidairement  obligatoire  pour  tous 
les  princes  qui  y  participent.  Les  sommes  levées 
ou  à  lever  d'après  cette  obligation  seront  répar- 
ties proportionnellement  à  la  quotité  de  chacun 
des  intéressés,  en  vingt-quatre  termes  payables 
de  trois  en  trois  mois  dans  six  années,  à  dater 
d'un  an  de  la  remise  de  l'obligation;  en  sorte 
que  si  la  remise  a  lieu  le  premier  décembre  de 
cette  année  18 13,  le  premier  terme  échoira  au 
premier  mars  181 5  et  le  dernier  au  premier 
mars   1821. 

Les  hautes  puissances  alliées  revêtiront  cette 
obligation  de  leur  garantie  également  solidaire, 
et  elles  s'engagent,  à  la  conclusion  de  la  paix, 
d'insérer  dans  le  traité  un  article  particulier,  par 
lequel  il  sera  donné  la  plus  entière  assurance 
pour  le  paiement  de  la  dette  (*). 

(*)  Cetartide  a-t-il  servi  de  base  au  traite  da  20  noTcmbrc  iSiS? 
Dans  ce  cas  il  fournît  matière  à  bien  des  réflexions. 


22  VTECM9   JUSTIFICATIFS. 


Art.  5. 


Le  total  des  revenus  publics ,  et  particulièfe-' 
meut  les  domaines  et  revenus  domaniaux  des 
princes  signataires,  sont  spécialement  hypothé- 
qués pour  le  paiement  des  sommes  qui  sont  à 
leur  charge. 

Art.  6. 

L'obligation  totale  sera  divisée  en  obligations 
partielles  de  5,ooo,  2,000,  1,000,  5oo,  200,  100 
et  5o  florins,  qui  seront  au  porteur  et  à  six  pour 
cent  d'intérêt ,  et  signées ,  pour  plus  de  garantie, 
par  des  plénipotentiaires  ad  hoc.  Chaque  trois 
mois,  le  vingt-quatrième  mentionné  dans  l'art.  4> 
sera  tiré  au  sort  et  remboursé  avec  les  intérêts. 

Art.  7. 

Toutes  les  obligations  partielles  seront  parta- 
gées par  seizièmes,  entre  l'Autriche,  la  Russie,  la 
Prusse  et  la  Suède,  en  sorte  que  chacune  de» 
trois  premières  en  reçoive  cinq  seizièmes  et  la 
Suède  un  seizième.  Si  le  Hanovre  accède  à  ce 
plan,  il  obtiendra  autant  d'obligations  qu'il  de- 
vra en  fournir.  Cette  disposition  est  applicable 
à  la  Bavière  et  au  Wurtemberç. 


CÀUPAJ6M&  BS    161 4*  âS 

Art.   8. 

Les  puissances  alKées  s'obligent  à'eflfectuer ,  au 
moyen  de  ces  obligations ,  les  patemens  auxquels 
des  traités  pourraient  les  obliger. 

Art.    9. 

Les  hautes  puissances  aUiées  réuniront  dans 
une  Tille,  qui  ne  soit  pas  trop  voisine  du  théâtre 
de  la  guerre,  un  comité  près  duquel  les  princes 
signataires  auront  des  députés ,  et  qui  veillera  à  ce 
que  ces  princes  remplissent  leurs  obligations  à  cha- 
que terme.  L'agent  que  les  puissances  alliées  pla- 
ceront près  de  chaque  prince ,  aura  également 
des  instructions  particulières  sur  cet  ob)et.  Ces 
remboursemens  par  terme  ne  pourront  avoir 
lieu  qu'en  obligations  émises ,  d'après  les  articles 
7  et  8,  ou  en  argent  comptant.  Les  obligations 
favorisées  par  le  sort,  que  leurs  propriétaires  pré- 
senteront directement  au  comité ,  seront  payées 
en  aident  comptant. 

^Art.    1  o. 

Sur  le  rapport  du  comité^  il  sera  de  suite  pris  les 
mesures  coercitives  nécessaires  contre  les  princes  qui 
ne  rempliraient  pas  leurs  engagemens. 


•  • 


a4  ruàcEfi  msTUicAxvfia. 

Abt.    1 1 . 

Les  obl%atioDs  rachetées  seront  aimulées  sans 
délai  par  le  comité;  leur  montant  et  leur  nu- 
méro sera  pubUé. 


GlHPAeifE   DE    l&l4«  ^S 


Etat  des  fonds  dont  la  Coalition  disposait 
pour  la  campagne  de  i8t4* 

»  •  .  •  ,  '  .  ■  r.  J       1 

.  ,  •  1 

■•       •  .  •  .  ■  • 

PATS  OOm   LA  TAXAnON   aBSTAIT  A  LEVK  DIBPOStllOK. 


•  > 


'    '  •   •  •  '  Florini. 

^ftarière  (*). .  .  .  .  .-.       .  .-.  . •  -iSyoô^cioo 

Wurtemberg.-.  .'.  .  .'•  '-^j^oO^éôb 

1        t     .  .  •  ■      ■■      ■!         I 

37,000,000 


PATS  TOMBÉS   EU   AivBASION   OIT    ADMI^tSTEi^. 

Weëtphàlie  (**) ao,ooo,ooo 

Saxe.  .  •  ., 149000,000 

Ber^ -: 3,5oo,ooo 

Wurtzbourg .  ^,200,000 


lui 


40,700,000 
À  reporter.  .  .  .       67,700,000 


O  A  en  )uger  par  le  rcrenu  actael  de  la  fiaTÎèrc,  qiii  est  officielle- 
\àeoi  commv  il  paraît  que  les  six  premiers  articles  ne  présentent  que  les 
dcnz  ticrsr  'CHTtaron  du  reTcnu  rëcl  j  cela  produirait  une  augmentation 
de  près  de  soixante  millions  de  francs. 

(**)  On  a  porte  le  rcTcnu  du  royanmc  de  Westphalîc  en  efitier,  parce 
que  ce  que  la  coalition  a  tiré  de  la  32'  division  militaire  compense  le 
dottUe  emploi  de  Hesse-Cassel  et  au  delà. 


26  PIÂCES   ICSTIFICAZnrBS. 

Report.  .  .  .  -^67,700,000 

PAYS    TAXÉS   (*). 

Ânhalt  (Bemboiir^y  Dessau  et  Koethen).  1,090,400 

Baden.  •-  •  • ,  5,74^9^00 

Hesse-Danmladt 3,8oo,ooo 

Hesse-Cas^. .  <.  ;  «  ^  .  .  .  •  .  .  «  •  .  «  ;  .  .  5,ooo,ooo 

HohenzoUern  (Sigmaringen  et  Hechingen)  373,100 

Lippe  (.Schaumboorg  et  Detmold) 47^9^00 

Lichtenstein.' •....'..•'  '  ^000 

Nassau  (Usingen,  Weilburg  et  Orange).  .  1,971,900 

ReuBa.{lqutes  les  branches].  .  ...«..,.  .  -     /§ûo^oiêfi 
Saxe  '(  /Gotha   et  .  Altenbpurg  ,,  "Weiinar , 

Meintrogen,  Cobourg  et  Hildburghausen.  a,g5o,ioo 
Schwarzbourg  (  Sondershausen  et  Rudol- 

stadt 5o4,ooo 

WaldecL  .  , 3ao,ooo 

Meklenbouig a35,ooo 

30,770,600 

'  '  '  '  Total  tsÉNÉRAL 88,473,6ôo 

Contribution  extraordinaire  de  la  Saxe, 

■  • 

Reuss,  AHen bourg  et  Schi^arzbourg.  .  .         8,000,000 

96,475,600 

£n  francs.  .  .  .     307,889,24^ 
Subside  de  TÂngleterre.  ...     1 35,000,000 

533389,94^ 

(*)  Le  restant  dn   tableau  piéscntc  lc«  taxations  rccllcmcnt  payées 
par  les  pays  qui  j  «oui  indirpics. 


GAMPAGIIE  n«    l8i4-  ^7 


i^^^^^im^^^^m^^m 


T- 


W  VI. 

Bases  du  système  de  défense  de 

r Allemagne. 

■ 

Le  comité  indiqué  ci-dessus  (III)  arrêta,  peu 
après  Tarrivéedes  souverains  coalisés  à  Francfort, 
les  mesures  suivantes  : 

Article  i*'. 

Pour  assurer  l'indépendance  future  de  l'Alle- 
magne, et  donner  plus  d'unité  et  de  force  à  ses 
moyens  militaires ,  il  a  été  convenu  d'établir  un 
système  général  pour  tous  les  états  de  l'Alle- 
'Hiûgiie. 


Akt. 


2. 


'  Dans  ce  nombre  ^  on  c<Hnpte,  hers  les  états 
des  puissances  alliées ,  de  l'Autriche ,  de  la  Prusse, 
de  la  maison  de  Hanovre,  dô  la  Suède,  de  la 
Bavière  et  du  Wurtemberg,  ceux  de  tous  les 
princes  allemands  qui  ont  accédé  à  la  grande  al- 
liance ,  pour  le  but  de  l'indépendance  de  l'Alle-- 
tnagne;  enfin  ceux  qui,  dans  ce  moment^ 
sont  administrés  pour  le  bien  de  la  cause  pu- 


a8  PIEGES   JC8TinGATIVE8. 

blique,  comme  le  royaume  de  Saxe,  le  grand 
duché  de  Francfort ,  etc. 

Art.  3. 

Dans  tous  les  pays ,  on  formera ,  sans  délai ,  à 
l'exemple  de  TAutriche,  de  la  Prusse  et  de  la 
Bavière ,  des  corps  de  volontaires ,  des  troupes  de 
ligne  et  une  landwehr;  une  réserve  pour  celle- 
ci,  et,  de  plus,  dans  les  pays  où  cela  sera  néces- 
saire ,  un  landsturm. 

Art.  4* 

Ces  troupes  ne  pourront  être  composées  que 
d'indigènes  des  pays  respectifs. 

Art.   5. 

Le  nombre  des  troupes  de  ligne,  de  la  réserve, 
et  de  landwehr,  pour  chaque  pays,  sera  réglé 
d'après  le  contingent  que  chacun  d'eux  a  fourni 
à  la  confédération  du  Rhin ,  en  doublant  celui-^ci, 
de  maiàière  que  la  première  moitié  formera  les 
troupes  de  ligne,  qui  seront  fournies  aussitôt 
et  le  plus  promptement  possible  ;  la  seconde  la 
landv^ehr,  qu'on  se  pressera  également  de  for- 
mel d'après  un  règlement  particulîo*  :  toutes  ces 
troupes  seront  toujours  maintenues  au  grand  com- 
plet ,  moyennant  des  réserves  proportionnées ,  et 
toutes  prêtes. 


CAMPAGNE   DE    l&l4-  ^9 


Art  6. 


Le  landsturm  n'entrera  pas  dans  ce  calcuL 

.    Am.  7. 

Les  troupes  de  ligne  et  la  bndwehr  seront  te- 
nues de  combattre  partout  où  la  guerre  l'exigera^ 

Art.  8. 

Les  troupes  de  la  landwehr  îoindront ,  le  plus 
tôt  possible  9  leurs  corps  respectifs. 

Art.  9. 

Le  landsturm  ne  servira  que  dans  l'intérieur 
des  pays  et  pour  la /défense  de  leurs  propres 
foyers. 

Art.    1  o. 

Toutes  ces  forces  seront  organisées  en  diffé- 
rens  grands  corps. 

Art*   1 1 . 

Chacun  cfec^  €prps  aura  un  géiiéral  et  un- 
état -major  particulier.  Les  frais  que  causeront 


3o  FiicEs  JtnrifiCAtrrtd. 

ceux-ci,  seront  â  la  charge  des  états  qui  forme- 
ront les  corps. 

Chaque  corps  d'armée  sera,  le  plus  que  faire 
se  pourra ,  placé  dans  la  proxîknité  des  états  qui 
le  fournissent ,  et  mis  sous  le  conmanâenient 
gâiéral  le  plus  rapproché  d'eux. 

ÂJLT.    1 3. 

Ckaqu0  f€rf%  pourvoira  à  l'équipememt  et  à  l'ka- 
bitlementj  aussi  bien  qu'à  la  soUe  des  troupes,  €t  de 
la  manière  la  plus  prompte  et  la  plus  exacte. 

Art.    1 4- 

Aussitôt  que  les  corps  seront  formés,  leur  a|>- 
proyisionnement  se  fera  d'après  l'arrangement 
dont  on  est  convenu  séparément  ;  au  reste,  cha- 
que état  sera  tenu  de  fournir  tes  trains  de  transport 
nécessaires. 

Art.    i5. 

Pour  éviter  dès  ce  moment  toute  méprise ,  les 
troupes  des  puissances  aUiées  porteront  toutes 
une  seule  et  même  marque  distînctive. 


eAHPAGHE   »B    1&l4'.  3i 

Abx.   i6. 

\ 

Les  pmssanceft  alliées  aoinnieraixt  siir4e-'tliamp 
des  officiers ,  qui  désîgneroxit  les  points  et  les  po* 
sitioDS  qui  deiront  être  fortifiés  ou  letranchés , 
pour  la  défense  commune  de  TAUemagi^e,  et  il 
sera  procédé  sans  délai  à  leur  établissement. 

Art.    1 7^ 

Aucun  pays  ne  pourra  se  refuser  à  ces  établis- 
semens  ;  ils  seront  tenus  de  pourvoir  gratis  bux 
charrois  et  à  la  main-d'œuvre.  Les  pays  voisins 
seront  obligés  cependant  de  leur  prêter  secours 
à  cet  effet. 

Art.   1 8. 

Pour  faciliter  les  armemens  nécessaires,  les 
puissances  alliées  sont  convenues  d'exploiter  les 
manufactures  d'armes  et  les  moulins  à  poudre  de 
l'Allemagne ,  uniquement  pour  cet  objet ,  et  les 
établissemens  de  Subi,  Solingen,  Herzberg,  Al- 
bemhau,  etc.,  recevront  les  ordres  nécessaires 
à  cet  effet. 

Art.   1 9. 

Afin  de  favoriser  également  l'établissement  de 


3â  piàcEs.  JvsrmùknfBB. 

FartUlerie ,  les  puissances  alliées  sont  convenues 
d'y  assigner  une  partie  de  Tartillerie  prise  sur  Fen- 
nemi.  Les  chevaux  et  harnais  seront  fournis  par 
les  états  et  pays  respectifs^  Toutes  les  sormes  quel- 
conques ,  que  les  puissances  alliées  conquerront 
dans  les  places  fortes  de  FElbe ,  seront  également 
en^loyées  aux  arméniens  de  FAUemagne. 


CAlTiL^ftfi  M  i8i4-  33 


■■        *■     ■  *  ■*■'   "T'i    K  iiin^'i"   ■■■?*" ■■'^'■"•»'   ■«-*   -' 


Protocole  de  la  Commission  chargée  du 
règlement  du  système  de  défeme  d^ 
VAUenuijgne* 

m 

Le  a4  novembre  i8i3. 

Les  hautes  puissances  alliées  d'Autriche,  de 
RiAflii?  et  de  PrutfBe^  ^laos  le  but  de  t^ler  dia- 
pré» des  principes  gâiéràux  détonaiiiéi,  le  êy^ 
tèaie  de  défense  tfe  rAUemagne  ^  aufourd'hui  en- 
tièremeat  déli^i^  des  aitnèeslraiiçalseè,  ea  oiiî? 
chargé  une  commission ,  composée ,  sous  la  pfé^ 
sidence  du  général  en  chef  àfi  la  gra,nde  armée , 
maréchal  prince  de  Schwartzenberg ,  des  mem- 
bres suiyans  : 

Le  ministre  d'état  de  Stein  ;  le  prince  Wol- 
konsky;  le  gé^kénd-àiajnr  Wo^bogeii,  tous  deux 
aides-de-canilp  de  S.  M.  Tempereurde  Rum^} 
le  feld-maréchal  lieutenant  Radetzky  ;  le  f^éoéni 
de  Omâsenau^  dief  d'étatHoiajor  de  Si  M.  ie  Mi 
de  Prusse ,  qui  sont  conyenus  des  poilitd  suivant  : 

«  « 

Article  i". 

U  a  été  déterminé  que ,  outre  les  troupes  que 
la  Bayière  doit  mettre  sur  pied ,  d'après  raUiancc 
V.  3 


34  viÀCËs  lusTincAirrEs. 

conclue  atec  cDe ,  et  qui  doivent  être  considérées 
comme  le  premier  corps  destiné  à  agir  d  accord 
avec  la  grande  armée  autrichienne ,  il  devra  être 
formé  j  dans  les  états  des  princes  allemands ,  les 
corps  de  troupes  suivans ,  qui  devront  être  réu- 
nis aux  grandes  armées  coalisées,  afin  de  leur 
procurer  les  secours  en  aitiUerie,  en  cavalerie  et 
en  tout  ce  qui  peut  être  nécessaire ,  pour  l'emploi 
immédiat  de  ces  troupes  devant  Fennemi. 

Art.  2.  « 

Le  nombre  de  troupes  qui  devront  être  mises 
aussitôt  sur  pied  dans  les  états  de  TÂUemagne , 
est  réglé  de  la  manière  suivante ,  et  en  propor- 
tion des  obligations  antérieures  des  états  confé- 
dérés. 

i"  Corps,  à  V armée  de  Bohème  (*). 

LB  GiiriBAL  DB  WB^BB. 

Bavarois 36,ooo 

a*  Corps ,  dans  le  nord. 

Hanovre ao,ooo 

Brunswick 6,000 

Oldenbourg i,5oo  ^       0^900 

Villes  anséatiques 3,5oo 

Mecklenbourg-Schwerin »>9oo 

J  reporter,  .  .  .       68,900 

(*)  Ce  ubleau  de  répartition  est  celui  qui  fat  d^îfinitÎTeineDt  ucrèlâk 
la  Bin  fie  novembre,  c'est  pourquoi  nous  ravons  tabttitné  à  odai  ^i 
avait  été  décidé  le  a4. 


GÀMPAGHB  DB  l8l4*.  35 

Report.  ...       68,900 

3*  Corps  j  dans  le  nord. 

LE  DUC  DE  WBIILUL.  . 

Royaume  de  Saxe.  . ao^ooo 

Weimar 800 

Gotha «... 1,100  y       a3^55o 

Schwartzbourg 65o 

Ânhalt 800 

4*  Corps  j  à  l'armée  de  Blûcher. 


U  nUDffCB  HBBBMTAUB  SB 

Hesse-CaBsel 13,000 

5*  Corps,  à  l'armée  de  Blûcher. 

LE  BirC  BE  GOBOVEG. 

/ 

Berg 5,000 

Waldeck. 400 

Lippe 65o 

Nassau 1,680   . 

Gobourg 400  {          ^ 

M  einungen '    5oo 

Hildburghausen -  •  •  •  ^oo 

Meckleiibourg-Strehlitz 600 

6*  Corps,  à  l'armée  de  Bohême. 

LE  PEINCE  PHILIFPE  DE  HESSE-HOMBOUBG. 

Wurzbourg 2,000 

Damistadt. 49^09 

Francfort  et  Isenbourg .........  a,8oo   '         9?^^ 

Reuss 4^0 

A  reporter.  •  .  .     1213^730 


36  piioKB  swnwïkrtnâ. 

Report.  «  .  .     ia%^3o 

7*  C&rpiy  à  l'itrmée  4b  Bohême. 

u  rmiHOt  aoYAt.  M  wvmitiiBXEG. 

Wurtembei^g is^ooo 

8'  Corps,  à  l'armée  de  Bohême. 

Baden  (général Schaefferj.....  .     lo^ooo  \ 

Hohenzollem 2^90    >       io,55o 

Lichtensteûi*  •••«.% 4*   } 

ToviA  dat  trottpas  da  ligna» .  .     145,060 
Nombre  égal  de  landwehr..,.  .     i45f06o 

Total  ciNéaiL ^    ago^iao 

Aot.  3. 

Les  états  dlemands  mettront  %xxt  pied  une 
landwehr  bien  armée ,  en  nombre  %al  â  cehti 
des  troupes  de  ligne  susmentionnées. 

AjlT.   4* 

//  eu  déterminé  que  la  ratification  du  traité  d'al- 
liance de  ces  ffrinces  allemands  avec  les  puissances 
alliées,  antra  Ueu  k  Jour  même  où  knr  quote  part 
de  troupes  sera  sur  pied,  4unnplétement  équipée. 

Am.  5. 
Ls  dernier  Joar  de  décembre  de  cette  année  est  fixé 


\ 


s 


pmsr  h  demUr  temm  aupiil  €ê$  traupe»  dturani 
aêwinment  être  mr  fnedf  ce  terme  est  pr&langé  de 
douze  Joun^  pear  Ia  iandweir. 

Art.  6. 

Outre  ces  troupes  armées  de  rAUemagne ,  il 
deTra  ôtre  «rgaaisé  une  lerée  génârats  en  masse, 
d'après  un  régiment  que  récfigera  un  comité 
apéciri. 

Art.  7. 

Ce  même  comité  réglera  tout  le  système  dé- 
fensif  de  FAllemagne ,  et  surtout  les  fortifications 
à  établir  dans  ce  but*  Les  généraux  en  chef  des 
asmées,  cliargarcmt  des  cimunissaires  milttainos 
partieiilier&  da  TesDécutien  de  ce  règiemaut 

Art.  8. 

Pour  k  ttaintfen  de  l'ordre  ^  surtout  sur  ka 
domères  da  l'armée,  il  aéra  étaUt  w»^  pofibe  gé*- 
nérak  dao  «nuéQ». 

Aw.  9. 

Il  sera,  à  la  vérité,  loiiible  aux  états  alle- 
mands de  fixer,  sur  un  pied  particulier,  la  solde 
ck  kura  trompes  ;  msAâ  à  l'égard  de  l'entreti^i  en 


38  PIÈCES  JusTincATnnEs. 

nature ,  on  établit  en  principe ,  que  cet  entretien 
doit  être  fixé  sur  le  même  pied  en  usage  dans  les 
grandes  années ,  auxquelles  les  troupes  all^nan- 
des  seront  réunies. 

Art.   1  o. 

L'emploi  des  manufactures  d'armes  à  feu  ^ 
d'armes  blanches,  des  poudrières  de  l'Allemagne, 
et  en  général  de  toutes  les  fabriques  qui  servent 
à  l'équipement  des  troupes  ^  sera  établi  par  un 
règlement  particulier. 

Art.   1 1 . 

La  nomination  aux  places  d'officier,  jusqu'à» 
grade  de  capitaine  inclus ,  sera  laissée  aux  géné- 
raux t^ommandans  ;  ces  généraux  devront  pro- 
poser la  nomination  des  officiers  supérieurs  aux 
souverains ,  par  lesquels  ont  été  placés  les  gou- 
verneurs de  ces  pays.  En  sorte  que ,  d'après  ce 
principe ,  S.  M.  l'empereur  d'Autriche  nomme 
les  officiera  supérieurs  des  troupes  de  Francfort 
et  dlsenbourg  ;  S.  M.  l'empereur  de  Russie,  ceux 
des  troupes  saxonnes,  et  S.  M.  le  roi  de  Prusse, 
ceux  des  troupeç  de  Berg. 

Art.   1  a. 
Les  généraux  cominandans  correspondront. 


CAMPAGNE  i«    l8l4-  39 

pour  les  besoins  des  armées,  avec  les  autorités 
locales  respectiyes;  mais  à  Fégard  des  pays  ad- 
ministrés ,  ils  correspondront  avec  le  ministre 
baron  Stein.  Dans  les  cas  urgens ,  cette  correspon- 
dance aura  lieu,  pour  Francfort  et  Isenboui^, 
avec  le  prince  Philippe  de  Hesse  -  Hombourg  ; 
pour  la  Saxe ,  avec  le  prince  Repnin ,  et  pour  le 
duché  de  Berg,  avec  le  prince  de  Solms. 


4u  PliCW  M?»T^i«iTl¥«». 


■i       *  i.mHiJiSSB 


PraçUfmatUm  du  général  Buhw  aujt 

FbmHsnds. 

La  juste  punition  du  ciel  a  atteint  celui  qui 
dévastait  le  monde  par  orgueil  et  par  prépo- 
tence ,  et  qui ,  d'une  main  impie ,  détruisait  tout 
ce  qu'il  y  a  de  sacré,  pour  peu  qu'il  y  trouirât 
d'opposition  à  ses  plans  dévastateurs  et  sangui- 
naires. Les  BANDES  qu'il  a  conduites  au-devant  du 
glaive  vengeur  des  nations ,  ont  été  deux  fois  dé- 
truites (*) ,  et  les  choses  en  sont  venues  au  point 
qu'il  suffit  de  rappeler  le  nom  de  Napoléon,  pour 
exciter  les  malédictions  de  plusieurs  millions  de 
ses  sujets,  dont  il  a  sacrifié,  sans  pudeur,  le  bon- 
heur à  ses  plans  ruineux. 

Flamands  !  parmi  les  peuples  qui  vous  sont  al- 
liés et  unis  d'aussi  près,  vous  êtes  les  seuls  qui 
portez  encore  le  joug  de  la  tyrannie;  les  seuls 
dont  il  puisse  encore  arracher  les  frères ,  les  fils 
et  les  parens ,  pour  les  conduire  à  la  boucherie  « 
et  faire  périr  dans  la  misère  et  dans  le  malheur 
où  le  précipiteront  inévitablement  sa  rage  et  son 

{*)  La  bAnde  priuMeime  qui  nouf  a  louroë  le  dos  en  iSia,  «  cepeB' 
daat  ccbap|)c  à  la  dcturuction. 


imprud(9M^;  k»  màfk  enfin  qu^  V^qkecMCQià'^Eh 

votr?  prospérité  ft  «ow  un  gwy^Knmnent  luite  et 
pabHiMl;  vaiidrie9^fow«apporterphi6loii|^t^^ 
YOBohaUm^y^  pntience?  y^ftewpyki^Qitt  4« 
vos  Toiftins  et  de  vos  atnift  t  <|ui  d^  Tiiient  n^ 
nattre  le  bonheur  et  les  avantages  des  heureux 
tfM^  aneimêp  n'escitarait^U  paa  Mtre  émulatien? 
Certes,  le  sang  de  vos  valeureux  ancêtres  coule 
encore  dan*  vos  v^efaies  :  vous  êtes  ce  même  ancien 
peuple  de  héros  que  l'histoire  nomme  avec 
gloire  (*) ,  et  dignes  d'appartenfa*  à  k  gnuide  li- 
gue des  peuples  qui  se  sont  délivrés  par  leurs 
propres  forces.  Tous  aussi,  vous  agirez;  vous 
aussi ,  vous  briserez  vos  fers  honteux  1  Prenez 
courage  1  nous  sommes  ici  pour  vous  protéger, 
pour  aider  à  votre  délivrance ,  et  nous  avons  bien 
mérité  votre  confiance.  Ce  n'est  point  pour  con- 
quérir {**)  ni  pour  vous  opprimer  et  vous  dé- 
pouiller, que  nous  nous  approchons;  nous  vou- 
lons seulement  sauver,  délivrer  et  rendre  heureux 
des  frères  qui  nous  appartiennent^  par  tes  droits  Us 
plus  sacrés  et  par  un  même  langage  (***).  Ainsi,  en- 
core une  fois ,  Flamands  !  réunissez-vous ,  et  agis- 
sez ainsi  qu'il  appartient  à  un  peuple  généreux 
et  indépendant.   Exterminez  les  bandes  de  brir- 

(*)  Qui  poomit  mëcoimaStre  nos  frères  les  TailUms  GéadoU^Btigu  ? 
(^^)  La  Pnisêe  n'a  sans  donte  rien  wnrpë  en  Belgiq[iie? 
{^^^)  M.  Bâlow  est  on  poissant  logicien  et  un  sarant  historien. 


4d  nàém  jwrmckrm^. 

-gandi  étrangers  (*)  qui  entourent' votre  pays; 
'  renversez  les  asiles  où  leur  lâcheté  se  cache  {**). 
Dans  tous  les  dangers,  nos  drapeaux  seront  â 
côlé  des  vôtres ,  et  le  Dieu  des  armées  donnera 
diws  y  comme  toujours ,  la  victoire  à  la  cause  sa- 
crée et  à  celle  de  la  justice. 

Au  quartier-général  à  Utrecht,  le  9  décembre  161^.  ' 

«  _ 

Signé,  Bûiow. 


(*)  Pour  les  GsnloU-Belseï  »  qui  tont  les  ëtFBQSen?  Les  aatxes  Gm- 
lois  on  les  Genaains? 

{**)  I^  Uche  est  odui  qui  est  insolent  dans  une  pcospëriié  qu^il  na 
doit  pas  h  sa  yaleur. 


GAMPA61VE   DB    l8l4-  4^ 


N"  IX. 
Proclamation  de  Justus  Gnmer. 

Appei  aux  hommes  et  aux  jeunes  gens  des  proYinces 
moyennes  du  Rhin,  au  combat  volontaire  pour  Tan- 
tique  et  conunune  patrie  des  Teutons  {*). 

Dieu  a  jugé  !  le  Seigneur  nous  a  sauvés.  II  est 
descendu  visiblement  sur  la  terre  sous  la  figure 
de  ses  dignes  représentans ,  et  a  sauvé  Thuma- 


(*)  Qaelqae  dëgoùtant  tjvTû  ait  été  de  rapporter  en  entier  la  capu- 
cmade  sanglante  et  injentée  de  cet  iodiTidu,  die  nous  a  para  on  mono- 
ment  trèa-prédeos  à  consenrer ,  pour  faire  connaître  h  la  postérilé  Tes- 
prit  et  la  conduite  des  sauvages  qui,  alors,  souUlaient  le  nom  de  la 
diTinitë,  et  insultaient  la  foi  publique,  en  se  serrant  des  plus  grossiers 
mensonges.  En  calomniant  une  nation  entière,  ils  croyaient  tromper 
plus  fiicilcmcnt  les  peuples  et  accréditer  des  promesses  falladenses  qui 
couTraient  tous  les  désastres  qu'a  pu  produire  rambilion,  la  cupidité 
et  la  mauvaise  foi.  En  comparant  IVtat  actuel  des  provinces  du  Rhin 
avec  celui  dont  elles  jouissaient  pendant  leur  réunion  avec  la  France, 
on  a  peine  k  concevoir  Fimpudeur  avec  laquelle  de  pareilles  accusations 
ont  pu  être  proférées  au  milieu  dVUcs.  D  s'est  bien  peint  lui-même 
dans  cet  acte,  ce  Justus  Gruner,  dont  Pôdieuse  conduite,  e(t  i8i5, 
n'a  pas  besoin  d'être  rappelée.  Lui  et  ses  compagnons ,  par  leurs  décla- 
mations haineuses,  ont  cru  tromper  les  contemporains^  mais  le  contraste 
entre  leurs  paroles  et  leurs  actions  les  a  déjà  jugés  dans  l'opinion  pu- 
blique, et  l'histoire  est  là.  C'est  en  vain  que  les  ambitieux  et  les  intrî- 
gans  cherchent ,  par  de  pompeux  manifestes,  à  justifier  leurs  usurpations j 
le  burin  sévère  de  l'histoire,  en  les  gravant  dans  les  fastes  de  l'humanité, 
les  rend  à  leur  véritable  valeur,  et  la  postérité,  juste  et  inexorable,  n'y 
voit  que  des  moDumens  de  honte  et  de  déloyauté. 


44  piàcM  Ji^^TiHCAfim. 

nité  gémissante.  L'empiire  du  crime  est  anéantL 
.  La  fumée  du  sang  des  Tictimes  immolées ,  la  Ta- 
peur des  larmes  des  orphelins ,  s'élèvent  de  ses 
ruines  en  colonnes  menaçantes  et  crient  v^igeance 
au  ciel;  il  a  pesé  vingt-quatre  ans  sur  la  terre,  tié 
de  la  frénésie ,  de  la  révolte ,  il  n'a  produit  que  la 
fureur  et  la  misère;  détruit  la  liberté;  ébranlé  la 
foi,  et  U  a  fini  par  les  honesrs  d^m  deqpolkne 
universd  ;  0  voulait  aussi  anéantir  h,  patrie  teu- 
tonique  ;  il  en  a  arraché  les  plus  beaux ,  les  plus 
cbcrs  pays  :  les  antiques  et  respectables  fooda- 
lions  ecclésiastiques  ^  ç^s  sièges  pisux  do  di§^w 
priucQ&  de  l'église  et  de  l'empire  ;  les  florissantes 
vallées  du  Rliin^  de  la  Moselle  et  de  la  Sarre,  les 
libres  et  précieuses  montagnes  de  la  Teutonie ,  et 
ses  habilans,  peuple  fidèle,  loyal,  industrieux  et 
hospitalier.  Oui,  concitoyens!  vous  avez  été  sé- 
parés de  nous  pendant  plus  de  vingt  ans  ;  les  frè- 
res, des  frères;  les  ^itfans,  du  pèM  commun! 
Longues  et  terribles  années,  pendant  lesquelles  il 
vous  a  fallu  souffrir  tout  ce  que  l'homme  peut 
souffrir  de  dur  et  de  méchant.  Vous  étiez  sous  le 
joug  et  vous  avez  été  traités  comme  des  esclaves.  On 
vous  a  impudemment  dérobé  ce  que  vota  aviez  de 
plus  précieux,  civilement  et  moralement  ;  il  voua 
a  fallu  renoncer  à  votre  langue ,  et  vous  voir  com- 
mandés par  des  étraxigers ,  les  plus  ignûran^  et  Us 
plus  méckans  d'entre  eux,  qu'on  vous  envoyait  par 
mépris.  Ces  vampires  se  nourrissaient  de  la  moelle  dt 
voire  pays,  de  la  sueur  de  vos  fronts,  et  du  sang 


€iMPA6Nfi  ht    l8l4-  4& 

dttâê  mftms.  Les  impâts  ^ttient  tûttltlplié»  et  ac- 
eettipàgfié&  de  fbnnes  qoi  détrdisaietitk  bonheur 
domestiipM  et  la  sûreté  citile.  Votre  oomtnerca 
^tak  détruit,  votre  industrie  latignissànte ,  vos 
ils  ég^rgéjs  en  pays  énraiigers  pour  des  querelles 
étrangères,  vos  filles  déshonorées  et  méprisées.  A(jh 
cmté  toi  y  nuctm  règlement  ne  tous  protégeaient;  des 
déitiiOM  sécrétas  apptiyûient  larapMcitê  oatiertùs  et 
t!»ut  «ce  que  les  parIkuHers  pôdsëdaieut  devint 
leur  proie,  quand  le  but  d'une  guerre  ambitieuse 
Teiâgea.  Les  mœurs  forent  énervées^  h  foi  vadt^ 
tait  s  et  la  sainte  religion  devint  une  tnomerie , 
sôus  la  protection  de  celui  qui ,  en  Egypte ,  re- 
connaissait Mahomet  pour  prophète ,  et  qui  re- 
tient le  respectable  pontife  prisonnier.  Tout  ce  que 
vous  utiezdt  grande  de  hon^  de  sacrée  fut  détruit 
à  detiithtj  et  peu  s'en  faHut  que  vous  ne  périssiez 
vous-tnémes.  Mais  le  Seigneur  l'a  voulu  ainsi,  afin 
iqu*iau  moment  de  ta  nécessité,  vous  fussi^  puri- 
fiés ^  isauvés  à  Thumanîté  et  à  la  patrie  ;  vous 
Avec  passé  un  temps  d^oppresslon ,  mais  nous 
aussi.  La  misère  et  le  malheur,  la  crainte  et  le 
désordre ,  ont  aussi  régné  au  delà  du  IKhin  ;  maïs 
il  en  est  sorti  une  nouvelle  patrie,  plus  noble  et 
plus  unie  que  jamais.  Un  seul  esprit  règne  en 
TeutonSe  et  dans  toute  f  Europe  :  la  malheureuse 
France  en  est  seule  exceptée  ;  cet  esprit  a  été  con* 
qpais  et  se  mamtient  dans  les  combats.  Comme 
vos  ancêtres  condbattirent  jadis  pour  la  foi  et  pour 
léisalnt  sépulcre,  de  même  nous  avons  combattu 


»\r 


46  PliCBS  JU8TIFIGATITB6. 

dans  la  sainte  lutte  pour  ce  qu'il  y  a  de  plus  no- 
ble et  de  plus  cher ,  pour  la  patrie  et  rhonneur, 
pour  la  vérité  et  la  justice,  pour  la  liberté  et  la 
foi.  Ce  n'est  rien  de  moins  que  cela  que  nous 
vous  avons  apporté ,  et  que  vous  devez  conserver 
avec  nous. 

Concitoyens  !  je  viens  à  vous  d'un  pays  teuto- 
nique  voisin ,  qui  a  été  lo^-temps  sous  le  )oug 
de  la  France,  appauvri  et  ^ervé.  Mais  lorsque  je 
l'appelai,  au  nom  du. grand  prince  libérateur, 
à  prendre  part  à  la  lutte  pour  l'existence  et  la  li- 
berté de  la  Teutonie ,  des  milliers  de  jeunes  gens 
se  sont  levés  (?)  et  ont  formé  une  cohorte  sacrée , 
la  cohorte  des  volontaires  sur  le  Rhin  et  sur  la 
Sieg.  Ils  sont  entrés  en  campagne,  ils  se  sont 
réunis  aux  légions  des  guerriers  immortels,  et 
combattait  avec  eux  pour  nous.  Youdriez-vous 
être  moins  qu'eux?  voudriez-vous  Êdre  moins 
qu'eux?  Comme  eux  vous  êtes  devenus  libres  par 
une  main  étrangère;  demeurez  libres  par  vous- 
mêmes.  Pourriez-vous  balancer  à  prendre  part  à 
cette  guerre  sacrée?  pourriez-vous  oublier  la  li- 
berté, l'honneur  et  le  bonheur  qui  sont  déjà 
devenus  votre  partage ,  et  le  bonheur  plus  grand 
qui  vous  attend  encore?  Voyez  conune  l'oppres- 
sion a  été  détruite;  comme  tous  les  droits  et  les 
propriétés  vous  ont  été  rendus.  Ou  les  vampiret 
qui  vous  ont  sucé  doivent^ils  revenir;  une  domina- 
tion et  une  langue  étrangères  doivent-elles  encore 
vous  gouverner,  vous  avilir,  déshonorer  vos  fa- 


milles , .  soiiiUer  yo&  autels  ?  Jamais  ! .  Teutons  du 
Rhin!  leyez-yo^^l  réunisses^-vous  sons.  les. dra-*. 
peaux  de  votre  patrie,  pqur  la  sajbate. lutte  ^dcNEit 
elle  est  l'objet.  Formez ,  comme  vos  frères  au  delà^ 
du  Rhin,  une  cohorte  de  Yolontaires  du  Rhin, 
de  la  Moselle  et  de  la  Sarre,  et  rendez-Yous  à  la 
destination  que  )e  vous  assigne.  Teutons  rendus 
â  la  liberté,  il  s'agit  de  la  lutte  pour  la  Teu- 
tonie  IKobles  et  propriétaires!  reconquérez  vos 
dignités,  votre  hoimeur  et  vos  propriétés.  Ci- 
toyens !  il  s'agit  de  la  vieille  boui^eoisie  teutonne. 
Paysans  !  on  combat  pour  vos  propriétés ,  pour 
celles  de  vos  communes ,  pour  les  fruits  de  votre 
industrie,  pour  la  conservation  de  vos  enfans. 
Employés  teutons!  c'est  à  vous  à  éloigner  les 
étrangers  et  à  régir  votre  peuple  par  ses  propres 
magistrats.  Hommes  de  tous  les  états  !  c'est  pour 
vous  tous,   pour  le  commerce  et  les  métiers, 
pour  les  arts  et  les  sciences.  Les  droits  et  les 
usages  anciens,  doivent  être  rappelés  à  la  vraie 
existence  du  peuple,  fondée  de  nouveau.  Pères  et 
mères ,  qui  survivez  à  cette  époque  glorieuse ,  re- 
merciez Dieu  et  bénissez  vos  enfans  qui  peuvent 
y  prendre  part.  Ainsi  qu'Abraham,  qui  sacrifia 
)adis  son  fik  unique,  envoyez -les  à  la  guerre 
sainte,  afin  qu'ils  combattent  pour  leurs  pro- 
priétés ,  leur  honneur ,  leurs  fils  et  leurs  petits- 
fils.  Prêtres  de  l'Étemel  !  professeurs  de  l'Évan- 
gile ,  aimoncez  au  peuple  la  parole  de  Dieu ,  et  ses 
devoirs;  appelez-le  en  son  nom  tout-puissant. 


48  piicks  jtfmMïckWfiê. 

PlMitt  hi  êaioÊè  ^roil,  et  iMtttheft  ée^sÊOÊt  en 
mm  Dom.  OA  flMife  là  baunièrd  île  k  foi,  M  k 
tkMira  Mt  Mrtaine,  l'hoiitiéitf  ix»éparri>le,  te 
gloi^eél«nldOle,  kiMort une  tie  immoitdle. 

XrêyeSy  le  }owt  de  Sailit- Alexandre^  -g  ftmer  1814. 


Signé,  ht  Gouverneur 


•  • 


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^.  ,  .«'V      «1   «Pli   <  IM  ■> 


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CâHtAOM   BI    l8l4-  4d 


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N-  X; 


.i. 


Noie  ducorhte  de  Mettemichj  en  réponse 
.h  celle  du  duc  de  Basiano.    . 

•  •     •  ■  ; .  .    : 

Le  soussigné  ministre  d'^t  et  de»  affaires 
étrangères  a  reçu  hier  la  note  que  S.  Ex.  le  duc  de 
Bassano  lui  a  fait  Thonneur  de  loi  adressa:  en  date 
du  1 8  courant.  Actuellement,  après  que  la  guerre 
a  éclaté  entre  la  France  .et  rAutriche ,  le  cabinet 
autrichien  ne  peut  plus  se  croire  obligé  de  ré- 
pondre aux  inculpations  arbitraires  contenues 
dans  la  note  du  duc  de  Bassano.  Soutenue  par 
l'opinion  publique,  TAutriche  attend  tranquflle- 
ment  le  jugement  de  FEurope  et  de  la  postérité. 
Cependant,  comme  la  proposition  de  S.  M.  Fem- 
pereur  des  Français  présente  à  Fempereur  une 
lueur  d'espoir  d'arriyer  à  la  conclusion  d'ime 
paix  générale ,  S.  M.  I.  a  cru  devoir  la  saisir.  Elle  a 
en  conséquence  ordonné  au  soussigné  de  commu- 
niquer aux  cabinets  russe  e^'prussien  la  demande 
d'un  congrès,  qui,  même  pendant  la  guerre,  s'oc- 
cuperait des  moyens  d'arriver  à  une  pacification 
générale.  LL.  MM.  Fempereur  Alexandre  et  le  roi 
de  Prusse,  animées  des  mêmes  sentimens  que 
leur  respectable  allié ,  ont  autorisé  le  soussigné  à 

▼.  4 


50  PIACW  JMTIHOAUVBt. 

déclarer  à  S,  Ex.  le  duc  de  Bassano,  que,  ne 
pouvant  rien  décider  sur  un  objet  auquel  toua 
ont  un  même  intérêt,  sans  en  avoir  conféré  avec 
les  autres  alliés ,  les  trois  cours  communiqueront 
sans  délai  à  ces  derniers  la  proposition  de  la 
France.  Le  soU39i||p:ié  «at  cl^atgé  de  coHunuiû- 
quer  dans  le  plus  bref  délai  possible  au  cabinet 
français ,  les  ouvertures  de  toutes  les  cours 
à  la  proposition  de  la  France. 
'  Le  0ôutoii|[né  a  lliotiiiéiir,  etc. 


«  I 


PhifW  I»  91  iN>4l:li9t5. 


). 


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«         » 


Sig^^',  Mvmitincv. 


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CAtf^AGNB   DE    l8l4-  5l 


'<  ■.■îar.vrK^^sTTxrLaï.  i.  —  T-.-jcg: 


:  N-  XI- 

Rapport  du  baron  de  Saint" Aignan. 

'Apre»   at^îr  été   trMlé  pendant  deux   jouw 

comme  prisonnier  de  guerre  â  Weîmar ,  où  se 

trouvait  le  qualtîer-général  des  empereur»  d*Au- 

•  friche  et  de  Russie,  je  reçus  Tordre,  le  jour  suî- 

Tant,  de  partir  pour  la  Bohême  avec  un  conToi  de 

prisôniiiers.  Jùsque-M  je  n'avais  vu  personne  ni 

fiait  aucune  réclamation,  pensant  que  le  titre 

ûoiEkt  j'étais  revêtu  était  une  réclamation  suffis 

ifanle.  Outre  cela,  j'avais  déjà  jM^otesté  conti^  te 

traitement  qu'on  me  faisait  éprouver.  Cependant 

je  crus',  dans  ces  circonstances,  devoir  écrire  au 

prince  de  Schwartenberg  et  au  comté  de  Met- 

teitnch,  pour  leur  représenter  l'inconvenance 

d^un  pareO  procédé.  Le  prince  de  Schwérzeiï- 

berg  m'envoya  sur-le^hamp  le  comte  Paar,  son 

premier  aide-de-camp,  pour  excuser  la  méprise 

t^crtnmise  k  mon  égard,  et  m'inviter  soit  chez  hn, 

M>it  ckez  le  comte  de  Mettérnieh.  Je  me  ren^s 

fie  êunte  chez  ce  defrnièr ,  parce  que  le  comte  de 

-9€liwat^iri>etff  n'était  pas  cbei  lui.  Le  comte  de 

jMetternicïi  me  reçut  avec  des  égards  disiSïigués  ; 

il  me  dit  quelque»  mots  sur  ma  ^fnositiob ,  dont  il 

^e  chargea  dé  me  tirer  ^  s'estfinaiBil  heureux,'  mé 


5d  PIECES   JUSTXFICàTIYES. 

dit-il»  de  me  rendre  ce  service,  et  de  me  témoigner 
en  même  temps  l'estime  que  TempeFeur  d'Autri- 
che a  pour  le  duc  de  Yicence.  Ensuite  il  me  paria 
du  congrès,  sans  que  je  lui  aie  fourni  matière  â 
ce  nouveau  tour  de  conversation.  «  Nous  désirons 
«  sincèrement  la  paix ,  me  dit-il ,  et  nous  la  con- 
«  durons.  Il  s'agit  de  saisir  la  chose  ouvertement 
cet  sans  détour.  La  coalition  restera  unie  :  les 
«moyens  indirects  que  l'empereur  Napoléon 
«  pourrait  employer  pour  parvenir  à  la  paix  ne 
«  peuvent  plus  avoir  d'effet.  Que  toutes  les  parties 
«  s'expliquent  clairement  l'une  envers  l'autre ,  et 
«  la  paix  pourra  être  conclue.  »  Après  cette  con- 
versation, le  comte  de  Metternich  me  dit  que  je 
devais  me  rendre  à  Toeplitz,  où  j'aurais  dans  peu 
de  ses  nouvelles,  et  qu'il  espérait  me  voir  à  mon 
retour.  Je  partis  le  27  octobre  pour  Tœplitz,  où 
j'arrivai  le  3o.  Le  2  novembre ,  je  reçus  une  lettre 
du  comte  de  Metternich,  d'après  laquelle  je  quit- 
tai Tœplitz  le  3,  et  me  rendis  au  quartier-général 
de  l'empereur  d'Autriche,  à  Francfort,  où  j'arri- 
vai le  8.  Je  fus  le  même  jour  chez  le  comte  de 
Metternich.  II  me  parla  de  suite  des  succès  des 
puissances  alliées,  de  la  révolution  qui  se  pas- 
sait en  Allemagne ,  et  de  la  nécessité  de  faire  la 
paix.  Il  me  dit  que  les  alliés ,  long-temps  avant 
la  déclaration  de  l'Autriche ,  avaient  salué  l'em- 
pereur François  du  titre  d'emp^ieur  d'Allemagne; 
mais  qu'il  n'avait  point  accepté  ce  titre  insigni- 
fiant,'  et  que  V Allemagne,  de  cette  manière^  lai  a/h 


CÂHPA6T9E   1>E    l8l4-  ^^ 

parienaii  pluê  qu'auparavant;  qu'il  désirait  que 
l^ëmpereur  Napoléon  se  persuadât  que  la  plus 
grande  impartialité  et  la  plus  grande  modération 
régnaient  dans  les  conseils  des  alliés  ;  mais  qu'ils 
se  sentaient  d'autant  plus  forts  qu'ils  étaient  plus 
modérés;  que  personne  n'avait  des  projets  contre 
ta  dynastie  de  l'empereur  Napoléon  ;  que  l'Angle- 
terre était  '  bien  plus  modérée  qu'on  ne  croyait  ; 
que  jamais  il  n'y  ayait  eu  tin  moment  plus  favo- 
rable pour  traiter  avec  cette  puissance  ;  que  si 
l'empereur  Napoléon  voulait  réellement  conclure 
une  paix  durdi>le,  il  épargnerait  de  grands  maux 
à  l'humanité,  et  de  grands  dangers  à  la  France 
en'  ne  retardant  pas  les  négociations  ;  qu'on  était 
prêt  à  s'entendre;  que  les  idées  qu'on  s'était  for- 
mées de  la  paix  étaient  de  nature  à  poser  à  l'An- 
gleten^  des  bornes  équitables,  et  assurer  par  mer 
à  là  France,  toutes  les  Kbertés  auxquelles  pou- 
Wiâkil;  prétendre  les  autres  puissances  de  FEu- 
Mpe;  que  l'Angleterre  était  prête  à  rendre  à  la 
fldUânde,  comme  éiàt  indépendant,  bien  des 
choses  qu'elle  ne  lui  rendrait  pas  comme  pro- 
tlncé  de  l'^fnpire  '  français  ;  que  ce  que  M.  de 
Meerfeklt  avait  été  ôbargé  de  dire  de  la  part  db 
Fentpèreur  Napoléon  pouvait  donner  lieu  à  plu- 
sieurs déclarations ,'  qu'il  me  prierait  âiû  rappor- 
ter ;  qu'il  né  demandait  de  moi  que  de  les  rendre 
exactement,  sans  y  rien  changer;  que  l'empe- 
reur Napoléon  ne  voulait  pas  concevoir  l'idée 
'ëquifibré'éhirë  les  puissances  de  l'Europe; 


54  PlÈOIft  iVWtVMAJVm». 

que  œt  équil3>re  cepwdant  était  "tfrn  fff-nirnicint 
po9»ible  y  mai»  néceMaire;  que  la  (NrcpofiÀtîoii avait 
été  faite  à  Djregde  de  prendre  eu  c^mipen^atioii 
différeufl  payf  que  Tempereuir  ne  possédait  plua^ 
comme,  parexeoaple,  le,Duçhé  de  Vavwvîet  ^ 
que,  dans  le  cas  présenjt ,  on  pouvait  eqooK  ikim- 
uer  de  semblables  compeiuatiow-  Le  comte  de 
Metternicb  me  fit  pjier.de  me  fendre  obe^  Uv 
le  9  au  soir.  Il  venait  du  palais  de  reupqt^ur 
d' Autriche ,  et  me  remit  I4  lettre  de  S.  M.  à  l!ItiiH- 
pératrice.  Le  comte  me  dit  que  le  comte  de  ties- 
selrode  allait  venir  à  Tinstaiit  cbez  lui,  et  ^u'en 
sa  présence  il  me  chargerait  de  ce  que  jfi  dff^sajs 
annoncer  à  l'empereur.  Il  me  ^bar§^  de  dii^ 
au  duc  jde  Yîcepce  qu'il  avait  t^ui^urs  pofur  t^i 
les  mêmes  sentimens  d'estime,,  ^pfie^lxii  avait  m 
tout  temps  inspiré  son  caractère  nobl^  ^4P 
d'instans  après ,  le  cooft^.,^,  Nçyselrode  (»|(r% 
Cdui-ci  me  «répéta  en  peu  d,p  W^r  ^  W^  1^ 
comte  de  Metternicb  m'a  v^  di^dî^  su? J^  nijffr 
sion  dont  j'étais  invita  à  mte  charge;  il  f.  ^joulfi 
qu'on  pouvait  cqnsidà'f^:  ^»  de,:  ^wdwJMs 
comme  présent  -et  agréant  tout  ce.qif  ^ai$>ii^ 
dit.  Ici  M.  de  JMletternicb  dévelcfip^;  Ififi  'mi^m- 
tions  des  alliés ,  ainsi  q^^  je  devais  fffi  re^y^ 
compte  à  l'empereur.  Après. quQ  je,  rifua-f.en? 
tendu,  je  répliquai  que,  p^mUque^ntoq, r^oje  ici 
n'était  que  d'écouter  saqs  ^  paf*lqr^  je  n'av^i^iTÂW 
à  faire  que  de  répéter  iia|o|.  à  û^qt  s>p3.pwoieS||  içt 
que ,  pour  en  être  plus  sûr,  je,  d^m^gnçbis^  ^a  j^^ 


.mmfAom  os.  i8i4«  55 

nUiiiaiii  dm  In.  éoiiré  ^  aimtJemciit  >p6iHp;aMm 
Mige,  et^de  les  lui  lœttre  apuès  musIm  yévkil* 
Lé '  conte  Kenèbode  proposa  i|ue  j*<éeriTiss«:eatté 
note  lor^le-cliani^,  et  fe  comte  de  Mctteenfdh 
tné  oôndUisit  êeaiâsufÊ  im  ûabinefe  icnï  j'éomié  fa 
liole  qid  fluit*  Loi!s<{iie^  feilftieniiméd^  .|6ten^ 
tifm  idans  ra^fnoteraeirf.  jM;  de  Mettarnielt  dit  a 
V<ra9>ayei  kprd  jy»rllBen^  r^o^^  aife^ 

{^sii|  BOBilHilenIbiw  sfont  les  tnteaes^  ainsi  nous 
poiivoas  oontmwBP  à  noua  eàferétenir  en;  sa  prés 
iëiioe..iàkm  H  demanda  qde  fâ  lusse  ce  qt»  \*9^ 
irâte  écrit*  Lorsique  j'^n-ms  à  Tartiole  conbeniaift 
rAAgkdem;  kirdidbevdem  parut  ne  pasinatotf 
Mén  coii^>t4»;  |e  le  fa»  encbre  une  fiois^  et  alhrf 
il  obs<|r«a  quefes  «x^iressipiis,  liberté  du  eoâanen^ 
k  df^ii  de^  na^é^aiiêri  «iââeat  très-mgiaes.  Je  xé^ 
pondis -qite  f«?ab  écrit  oe  que  M.  de  i/kMaankh 
MfikyàSêL  chargé  de  dire.  M.  de  Metterafeb  ajoufta 
qiie^s  è^preifeîMis  poavaientenieflfet^nbroUiUer 
*  la  question,  et  qu'il  serait  mieux  d'en  mettre 
d*autras  Â  là  (rfac^.  ^  Il  prit  la  plume,  et  écrivit: 
gue  l'Angleterre  ferait  les  plus  grands  sacrifices 
pour  une  paix  fondée  sur  ces  bases  (  celles  énoncées 
plus  haut  ).  Je  fis  l'observation  que  ces  expres- 
sions étaient  tout  aussi  vagues  que  celles  qu'on 
avait  retranchées.  LottH  Aberdeen  fut  de  la 
même  opinion ,  et  dit  qu'il  serait  mieux  de  réta- 
blir ce  que  j'avais  écrit  d'abord;  en  même  temps, 
il  répéta  l'assurance  que  l'Angleterre  était  prête 
aux    plus    grands   sacrifices;   qu'elle   possédait 


50  piicifi  xwrrniGktmEÊ. 

beMicaïap  et  rendrait  â  pkJDe»  wtioB.  Le  taMe 
de  la  note  ayant  été  trouvé  conforme  à  ce  tfo» 
î'aTais  entendu ,  la  eon^reatico.  tombai  sur  det 
objets  indiffSrcns.  Alors  entra  le  prince  de 
Schweozenbei^:  tout  os  qui  a^ait  été  tsafté  fint 
répété.  Le  comlè  de  Neâ»elrode,  qui  »'éttair  iid^ 
gné  un  instant  pendant  Jkai  conyeiwlion,  véaffixtf 
et  me  chargea,  de  la  partie  l'empereur  Alexan- 
dre ,  de  dire  an  duc  de  Vioenoé.  ^'il  ne  ehaie 
gérait  jamais  d'opiniœi  sur  son'CaractèDe.et  sa 
loyauté,  et  que  tout  serait  biehtèt  arrangé  s^il 
était  chargé  d^une  négociation.  Je  devais  partir 
le  lendemain  to  nov^nbre  au  matin^  maiSf  le 
prince  de  Schwarzenfaerg  me  fit  prier  d!attendrtf 
Jusqu'au  soir,  n'ayant  pas  ençoreeule  temps  d^ 
crire  au  prince  de  Neûlchâtiel.  Uans  la  nuit,  il 
m'ènToya  le  comte  Woyna  son .  aîdeHie-GUmp-^ 
qui  me  remit  c^tte  lettre  et  me  conduisît  aum 

avant-postes.  J'arrivai  le  1 1  au  matin  &  Mayence* 

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Signé  , .  SàWT'AiGtiis. 


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p0tnTai&  étx  uiiiiAé»^  «a  sue  ^aiç^^  dç.ppr jte^  à, 

aurait  faltifake  par  le  comte  de  Mec^feidt.  Ebucqii^ 
$âqti€*»»v.-|Q  §QipjtQ.4e  ]if^tte{\qich  €jt;lç.çaqi^ 
d6^j>i6ssdmde. j^'oAt  iqvjix^: .d'iWiMsgQÇ^r  à  S.,  M-  >î. 
Que  kfl.'^uiasanf^^^dji^es  9;^t^ent^u<^^  par^flg^ 
li^BBindi^aoblbles^pi^r  lesquels  .ell^ét^^t  9Wn 
saMes^  et  aiuqiiets  eUq»  »q  reqpnc^l^if  i4;)£^^>qis,l 
Que ,  d'aftfès  leaeiigâg^emteita  qu'ell^  a^iMÛeitit  çqi|p 
tractas ,  elles  Ahraiesit  ptis  la  ^^i^fèïh  4e .  ^e  poiat 
cûQohife  d'aatte|>iu.qU'uae  paU  générjs^e.  Qu'j^^ 
temfw»  dupongrè^de  Prague  5  ij  ét^tjODçgijç  pp^^f 
sôblëde  péiiser  àUne'pafk  costtinexitalei.pjsifce  qiip, 
d'fqnès  leSijckcoBaataBeei^  ol^.n'aTait.^a  encose» 
eu  lé*  temps  de  a'eiit^oidiie.attt.fuiie  aitfre  négo*-, 
ciaAioB^  mais  que  d^uxB,  les  iciteatio^s  des  pùi^ri 
saucés  et  de  l'Angleterre  létaiesot  coçijçaies ,  '  çtqu'U; 
saraîl  en  consé^uwctt  ittuljle  de  p^niK^c  à  UA^ai^r! 
nàistice.eu  ^  UAei«ëgpclati^<qi}l)n!(imrail«,,pail 


5ft  piicBtt  •  jiffriiKrinfu. 

pour  but  une  paix  générale.  Que  les  souverains 
coalisés  9  sous  le  rapport  de~6i  puissance  eCtle  la 
prépondérance ,  sont  unanim^nent  d'accord  que 
la  France  doit  être  conservée  dan$  $on  imégrité  et 
dans  ses  limites  naturelles,  le  Rhin,  les  Alpes  et 
^s ^Pyrénées.  Qqe  Tliidépc^adi^Qe  àp,]lMkmà^qe 
était  une4Q;pndition.«ciie  quâ  nt^^uA  qu'ei^consé^ 
quence  ,'1a  France  devait  renoncer  ^  non  pas  a  Tin- 
fluence  que  tout  grand  état  a  nécessairement  sur 
tm'  étîÉt' MéftM  ^iitfiii;  miâl¥t(kte«|ièoeide 
sdtiverainètè'  Wir  r All^tiiàgtiQ  ;  îqne  *  ë/  it  «r«t 
dlè-inénlé^  p6fcé  îëti  pinÉfeip^^fùe^iés^gràndiiuétHli 
doWent  «tf«  éêparM  pitf  de  plu^  fittM;  QAe  v  dd 
cAté  des  Vjtéhéés^  hndépemlaiick  4e  l^Bqpa|^ 
et  le  rétabiisëidiènt  éi  ranaittfllé  tiynâflltoétdl 
^[dénient  unfe'  ebnditioù  ««mm^^wm;  Qi^eà 
Ralié,  rAMriche  devait  «blettiif  um  fiMitièKd 
qiii'fei'aft  ù'ù  des  olifètt  dé  la  bégiKdafcionv  «t  tfti^ 
le^  Piémotif  ainsi*  ^toè  FéUt  itaHm  (  oinâent  ^^1»^ 
siëtti^  Ugii^  qui  pii&inraildnt:6l^  tm  Mfft  de  nrib^ 
goê^ionv'^ttrrii  qiiîe  rifalie^  ainsi  ^ue  rilk>4 
AiBgnè^  ;fttt  gmiVêitiéé  dvii^ffptttpeiidaiitie  de 
la  IVàïicë  ^--dè  loute  «utr^i grande^  piâssaiwioi 
Qtte>deménié'Pélat>dela  Bollande  sirait>«n'oU|tt 
de  tiégbciétioii,  toii}our«f  ev^iaitmil  du  •^B&icpfib 
qtt'dAe  4M>  être  libM.  Que  l'iAngMeRpiétàitldkH 
pofiièe  à  feife  liis^{)lu8  grands  keoov|ficM  ponriine 
paik établie  mt  i%s  basés,  et  â  :W>nn4ittre  feftt^ 
bêrtè^ii'  éomiMet^cc  «l?'do  la  nai^lg«tion^  iqtoiltt 
Frdneè^'le  dfHrftJ4A«'^emmidm'Qu6;«i^S.  IL 


adopte  CCS  bases  d'une  paix  générale ,  on  pourrait 
déclarer  neutre  une  ville  jugée  convenable ,  sur  la 
rive  droite  du  Rhin ,  où  les  plénipotentiaires  de 
toutes  les  puissances  b^ligâ?antes se  réuniraient, 
sans  que  le  cours  des  événemens  de  la  guerre 
soit  arrêté  p^-  oes  n^dciatipAs.    .       ^  . .  V     / 1 

Signé,  Saint-Aignan. 

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N*  xni. 


Proclamation  dû  prince  d'Ohange  aux 

Hollandais. 

Chers  compatriotes  1  après  une  séparation  de 
dix-neuf  ans,  j'ai  l'inexprimable  plaisir  de  rentrer 
parmi  vous,  sur  votre  invitation.  Je  suis  déjà 
arrivé ,  et  je  suis  prêt  à  vous  aider  à  prendre  pos- 
session de  votre  antique  indépendance.  C'est  mon 
unique  but  et  le  vœu  le  plus  ardent  et  le  plus 
sincère  de  mon  cœur.  Je  puis  aussi  vous  donner 
la  pleine  assurance  que  tel  est  en  même  Xemjf^ 
le  vœu  des  coalisés  ;  c'est  principalement  l'objet 
des  désirs  de  S.  A.  R.  le  prince  r^ent  d'Angle- 
terre. Je  vous  en  convaincrai  par  le  généreux 
secours  que  vous  recevrez  sans  délai  de  ce  puis- 
sant royaume ,  et  qui  posera  les  bases  du  rétablis^ 
sèment  des  anciennes  relations  d'amitié  et  d'al- 
liance qui  ont  existé  si  long-temps  pour  le  bien 
des  deux  états.  Je  suis  prêt  et  fermement  décidé 
à  tout  pardonner  et  tout  oublier.  Dirigeons  toute 
notre  attention  à  fermer  les  plaies  de  notre  chère 
patrie ,  à  lui  rendre  son  ancienne  splendeur  et  le 
rang  qu'elle  a  occupé  parmi  les  nations.  La  re- 
naissance du  commerce  sera,  je  m'en  flatte ,  une 


GAMPAGNl   DE    l8l4-  6l 

des  conséquences  immédiates  de  notre  retour. 
Tout  esprit  de  parti  doit  être  à  jamais  banni. 
Moi  et  les  miens ,  nous  ferons  tous  les  efforts  pos- 
sibles pour  assurer  et  pour  consolider  votre  indé- 
pendance ,  votre  bonheur  et  votre  prospérité. 
Mon  premier-né ,  qui ,  sous  Tinmiortel  Welling-^ 
ton ,  s'est  montré  digne  de  ses  ancêtres  ,  me 
suivra  dans  peu.  Réunissez -vous  donc,  dignes 
concitoyens ,  de  cœur  et  d'âme  autour  de  moi ,  et 
notre  patrie'  sera  sauvée.  Is  bon  vUum  temps  re- 
tiendra  -,  et  nous  pourrons  alors  laisser  en  kérl- 
tage  à  nos  enians  ^  les  gages  précieux-  que  nous 
avons  reçus  de  nos  ancêtres. 

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Piiblié  d  Amsterdam,  le  i*  décembre  i8i3. 


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N-  XIV. 


Proclamation  du  prince  d'Orange, 


~  Noifft.  Fvédéric  GuiDamue^  par  là  pràce  de 
Dieiiy  ptnwe  d'Omis ,  pvmoe  tomreraÎBi  de 
NaaMU  ^  de»  ptanoc»  uma  d»  Pay9rBa§. 

Ayant  plu  au  Tout-PttiiMBit  de  détdamer  de 
la  France  le  bonheur  des  armes  et  de  rétablir  la 
justice  j  rindépendantt  €i  te$  0$uÀames  frofiriHés 
tur  te  tr&ne;  ayant  été  conclu  par  notre  plénipo- 
tentiaire le  ministre  baron  de  Gagem ,  le  traité  de 
notre  adhésion  â  la  grande  coalition  j  au  cpiartier- 
général  de  Francfort-sur-le-Mein ,  le  1 1  du  cou- 
rant; ayant  auparavant  conclu,  à  l'égard  de  Dietz, 
une  convention  avec  notre  cousin  le  duc  et  prince 
souverain  de  Nassau  ;  nous  rentrons ,  en  consé- 
quence de  ces  conventions  et  par  les  préseides 
lettres  patentes ,  dans  la  possession  et  le  gouver- 
nement de  nos  pays,  comme  prince  souverain; 
et  promettons  â  tous  ceux  qu'il  appartiendra  la 
protection  des  lois ,  notre  grâce  et  notre  protec- 
tion souveraine.  Les  homm<*s  de  ces  pays  qui 
sont  en  état  de  porter  les  armes ,  se  rendront 


.OAlBKAQirB  DE    l&l4*  63 

dignes'  de  ces  grâces ,  en  défendant ,  les  armes  à 
la  main ,  nons,  notre  bien-aimé  prince^  et  ce  que 
la  Providence  nous  a  rendu. 

Dellenbourgy  ie  ao  décenabre  t8i3. 

Cohtre^BTgné ^  GÀOERif. 


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64  piicEs  jTovnncàjm». 


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N'  XV. 

Lettre  du  duc  de  Bassano  au  comte 

de  Mettemich^ 

Paris,  le  i6  noTcmbre  i8i3. 

Monsieur,  le  baron  de  Saint-Aignan  est  arrivé 
hier  ici ,  à  midi ,  et  il  annonce  que ,  d'après  les 
communications  faites  par  Y.  Ex. ,  FAngleterre 
accède  à  la  proposition  relative  à  l'ouverture  d'un 
congrès  pour  la  paix  générale ,  et  que  les  puis- 
sances sont  portées  à  déclarer  neutre  une  ville 
sur  la  rive  droite  du  Rhin,  pour  la  réunion 
des  plénipotentiaires.  S.  M.  désire  que  cette  ville 
puisse  être  Mannheim.  Le  duc  deYicence,  qu'elle 
nomme  son  plénipotentiaire ,  s'y  rendra  aussitôt 
que  Y.  Ex*  me  fera  connaître  le  jour  que  les  puis- 
sances fixent  pour  l'ouverture  du  congrès.   H 
parait  convenable ,  Monsieur ,  et  même  conforme 
d  l'usage ,  qu'il  n'y  ait  point  de  troupes  à  Mann- 
heim,  et  que  le  service  soit  fait  par  la  bour- 
geoisie, pendant  que  la  police  serait  confiée  à 
un  employé  du  grand  duché  de  Baden.   Si  on 
jugeait  convenable  d'y  avoir  des  piquets  de  ca- 
valerie,  leur  force  doit  être  égale  de  part  et 


gampaghs  db  i8i4'  65 

d'autre.  A  Tégard  des  cammunications  du  pléni- 
potentiaire  anglais  avec  son  gouvernement ,  elles 
pourraient  avoir  lieu  par  la  France ,  et  par  Ca- 
lais. Une  paix  fondée  sur  l'indépendance  de  toutes 
les  nations,  tant  sous  le  point  de  vue  du  continent 
que  sous  celui  du  commerce  maritime,  a  toujours 
été  Tobjet  des  vœux  de  Fempereur.  S.  M.  con- 
çoit un  heureux  présage  du  rapport  que  le  sieur 
de  Saint- Aignan  lui  a  fait  sur  les  assurances  du 
ministère  anglais. 
J'ai  l'honneur,  etc. 


66  PIÈCES   JUSTIflCàTmi». 


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N-  XVI. 

Réponse  du  prince  de  Mettemichj  au  duc 

de  Bassano. 

FnAofeii-iuMe-M«in ,  ie  s5  Bovembre  iSi5. 

Monsieur  le  duc,  le  courrier  que  V.  Ex.  a  expé- 
dié de  Paris  le  16,  est  arrivé  ici  hier.  Je  me  suis 
empressé  de  mettre  sous  les  yeux  de  LL.  MM.  II 
et  de  S.  M.  le  roi  de  Prusse ,  la  dépêche  dont  vous 
m'avez  honoré.  LL.  MM.  ont  Vu  avec  plaisir  que 
Fentretien  confidentiel  avec  M.  de  Saint-A%nan  a 
été  considéré  par  S.  M.  Fempereur  des  Français , 
comme  une  preuve  des  intentions  pacifiques  des 
hautes  puissances  alliées.  Animées  des  mêmes 
intentions ,  constantes  dans  leurs  vues  et  insépa- 
rables dans  leur  alliance ,  elles  sont  prêtes  â  en- 
trer en  négooiation ,  aussitôt  qu'elles  auront  la 
certitude  que  S.  M.  Fempereur  des  Français  re- 
connaît les  bases  générales  et  sonmiaires  que  )'ai 
indiquées  dans  ma  conféi^nce  avec  le  baron  de 
Saint-Aignan.  Il  n'est  pas  fait  mention  de  ces 
bases  dans  la  dépêche  de  Y.  Ex.  Elle  se  borne  à 
énoncer  un  principe  auquel  tous  les  gouverne- 
mens  européens  prennent  part ,  et  qui  forme  le 
premier  objet  de  leurs  vœux.  Mais  enfin  ce  prin- 


cipe ,  étant  trop  général ,  ne  peut  pas  remplacer 
les  bases  énoncées.  LL.  MM.  désirent  donc  que 
S.  M.  l'empereur  Napoléon  veuille  ôe  déclarer 
sur  ces  bases ,  afin  d'empêcher  que  des  difficultés 
insurmontables  n'arrêtent  les  négociations  dès 
leur  ouverture.  Les  alliés  n'ont  aucune  difficulté 
à  admettre  le  choix  de  la  ville  de  Mannheim.  Sa 
neutralisation ,  et  les  règles  de  la  police ,  telles  que 
y.  Ex.  les  propose ,  sont  parfaitement  conformes 
a  l'usage  ^  et  peuvent  avoir  lieu  en  tout  cas. 
AgréesE,  etc. 


68  PIÈCES   JU8TIPIGATITES. 


N-  XVU. 

Déclaration  des  Coalisés. 

Publiée  à  FraDcfort,  le  i"  décembre  i8i5. 

Le  gouvemement  français  vient  d'arrêter  une 
nouTelle  levée  de  trois  cent  mille  conscrits  ;  les 
motifs  du  sénatus-consulte  renferment  une  pro- 
vocation aux  puissances  alliées.  Elles  se  trouvent 
appelées  de  nouveau  à  promulguer  à  la  face  du 
monde ,  les  vues  qui  les  guident  dans  la  présente 
guerre,  les  principes  qui  font  la  base  de  leur 
conduite,  leurs  vœux,  et  leurs  déterminations.  Les 
puissances  alliées  ne  font  point  la  guerre  à  la 
i^rance ,  mais  à  cette  prépondérance  hautement 
annoncée ,  à  cette  prépondérance  que ,  pour  le 
malheur  de  FEuropie  et  de  la  France ,  l'empereur 
Napoléon  à  trop  long- temps  exercée  hors  des 
limites  de  son  empire. 

La  victoire  a  conduit  les  armées  alliées  sur  le 
Rhin.  Le  premier  usage  que  LL.  MM.  II.  et  KR. 
ont  fait  de  la  victoire  a  été  d'offrir  la  paix  à  S.  M. 
l'empereur  des  Français.  Une  attitude  renforcée 
par  l'accession  de  tous  les  souverains  et  princes 
de  l'Allemagne,  n'a  pas  eu  d'influence  sur  les 
conditions  de  la  paix«  Ces  conditions  sont  fondées 


CAUPAGNE  DE    l8l4-  69 

sur  Tindépeudance  de  l'empire  français ,  comme 
sm*  rindépendance  des  autres  états  de  l'Europe» 
Les  vues  des  puissances  sont  justes  dans  leur 
objet,  généreuses  et  libérales  dans  leur  applica- 
tion ,  rassurantes  pour  tous ,  honorables  pour 
chacun. 

Les  souverains  alliés  désirent  que  la  France 
soit  grande ,  forte  et  heureuse ,  parce  que  la  puis- 
sance grande  et  forte  est  une  des  bases  fonda- 
mentales de  l'édifice  social.  Ils  désirent  que  la 
France  soit  heureuse  ;  que  le  commerce  français 
renaisse ,  que  les  arts ,  ces  bienfaits  de  la  paix , 
refleurissent;  parce  qu'un  grand  peuple  ne  sau- 
rait être  tranquille  qu'autant  qu'il  est  heureux.  « 
Les  puissances  confirment  à  l'empire  français 
une  étendue  de  territoire  que  n'a  jamais  connue 
la  France  sous  ses  rois  ;  parce  qu'une  nation  va- 
leureuse ne  déchoit  pas ,  pour  avoir  à  son  tour 
éprouvé  des  revers  dans  une  lutte  opiniâtre  et 
sanglante,  od  elle  a  combattu  avec  son  audace 
accoutumée. 

Mais  les  puissances  aussi  veulent  être  heureusea 
et  tranquilles.  Elles  veulent  un  état  de  paix ,  qui , 
par  une  sage  répartition  de  forces ,  par  un  juste 
équilibre ,  préserve  désormais  leurs  peuples  des 
calamités  sans  nombre  qui,  depuis  vingt  ans, 
ont  pesé  sur  l'Europe. 

Les  puissances  alliées  ne  poseront  pas  les  ar- 
mes sans  avoir  attdnt  ce  grand  et  bienfaisant 
résultat,  noI)le  objet  de  leurs  efforts.  Elles  ne 


^O  PIÈCSS  JUariFtCATITEd. 

poseront  pas  les  armes  avant  que  Fétat  politique 
de  TEurope  ne  soit  de  nouveaa  raffermi ,  avant 
qne  des  principes  immuables  n'aient  repris  leurs 
droits  sur  de  vaines  prétentions ,  avant  que  fat 
sainteté  des  traités  n^ait  enfin  assuré  une  paix 
véritable  à  TEurope. 


CAMPAGNS   DS    l£l4>  7I 


;    1         r 


N-  XVXIL 

Lettre  du  duc  de  Vicence  au  prince 

de  Mettemich. 

m 

Paris,  le  %  décembre  i8i3. 

Prince,  j'ai  mis  sous  les  yeux  de  S.  M.  la  lettre 
que  y.  Ex.  a  adressée  au  duc  de  Bassano.  La 
France,  en  acceptant  sans  restriction  comme  bases 
de  la  paix ,  Tindépendance  des  nations ,  tant  sous 
le  point  de  vue  du  continent  que  sous  celui  des 
mers ,  a  déjà  reconnu  en  principe  ce  que  les  alliés, 
paraissent  encore  trouver  manquant;  S.  M.  accé- 
dait par-là  â  toutes  les  conséquences  de  ce  prin- 
cipe ,  dont  le  résultat  final  doit  être  une  paix 
basée  sur  l'équilibre  de  l'Europe,  sur  la  recon- 
naissance de  l'intégrité  des  nations  dans  leurs 
limites  naturelles,  et  de  l'indépendance  totale 
des  états  ;  en  sorte  que  personne  ne  puisse  pré- 
tendre à  une  domination  ou  à  une  suprématie, 
sous  quelque  forme  que  ce  soit ,  sur  les  autres. 
Cependant ,  c'est  avec  la  plus  vive  satisfaction  que 
j'annonce  à  Y.  Ex.  que  je  suis  autorisé  par  l'em- 
pereur ,  mon  auguste  souverain ,  à  déclarer  que 
S.  M.  accepte  les  bases  générales  et  sommaires , 
qui  oui  été  communiquées  par  M.    de  Saint- 


y  s  PliCBft  JVVtmCATIfU. 

Aignan*  Elles  entratneront  de  grands  sacrifices 
du  côté  de  la  France  ;  mais  S.  M.  les  fera  sans 
peine ,  si  après  cela  l'Angleterre  fournit  les  moyens 
d'arriver  à  une  paix  générale  et  honorable  pour 
chacun,  qui,  ainsi  que  Y.  Ex.  l'assure,  est  le  vœu 
n<Mir-seu]ement  des  puissances  coalisées,  mais 
même  de  rAngleterre« 
Agréez,  etc« 


GA)IPÂ61fE  DB    l8l4«  73 


=c 


N-  XIX. 

Réponse  du  prince  de  Mettemich  au  duc 

de  Flcence. 

Francfort^ur-le-Hein ,  le  10  décembre  i8i5» 

Monsieur  le  duc ,  la  note  officielle  dont  V.  Ex. 
m'a  honoré  en  date  du  2  décembre ,  m*est  arrivée 
de  Cassel  par  nos  ayant-postes.  Je  n'ai  pas  tardé 
â  la  mettre  sous  les  yeux  de  LL.  MM.  Elles  y 
ont  vu  avec  plaisir  que  S.  M.  l'empereur  des 
Français  a  adopté  les  bases  essentielles  pour  le 
rétablissement  d'un  état  d'équilibre,  et  pour  la 
tranquillité  future  de  l'Europe.  Elles  ont  décidé 
de  communiquer  sans  délai  cette  pièce  officielle 
à  leurs  coalisés.  LL.  MM.  IL  et  RR.  sont  con- 
vaincues qu'aussitôt  après  la  réception  de  leurs 
réponses ,  les  négociations  pourront  être  ouvertes. 
Nous  nous  hâterons  alors  d'en  prévenir  Y.  Ex. , 
et  de  concerter  avec  vous  les  mesures  qui  paraî- 
tront les  plus  propres  â  atteindre  le  but  qu'on  se 
propose. 

Je  vous  prie ,  etc. 


^4  PliCBS   JUSTIFICATIVES. 


N-  XX- 
Acte  de  neutralité  de  la  Suisse. 

Nous,  landammann  de  la  Suisse  et. députés 
plénipotentiaires  des  dix-*neuf  cantons  de  la  con- 
fédération helvétique,  réunis  extraordinairement 
dans  la  ville  fédénle  de  Zurich ,  afin  de  prendre 
en  mûre  délib^ation ,  dans  les  circonstances  nû- 
litaires  et  politiques  actudles ,  la  situation  inté<- 
rieure  de  notre  patrie  et  sa  position  à  l'égard  des 
hautes  puissances  étrangles;  déclarons  par  k 
présent,  unanimement  et  solenndlement,  au  nom 
des  dixr-neuf  cantons  : 

Que  la  confédération  heivétique,  fidèle  ^un 
antiques  principes  qui  y  pendant  des  fiftëcles ,  ool 

» 

eu  pour  base,  pour  but  et  pour  effet  Féloigne- 
ment  du  théâtre  de  la  guerre  du  territoire  hel- 
vétique ,  son  inviolabilité  de  la  part  d'armées  qui 
en  seraient  voisines,  et  la  conservation  d'une  con- 
duite amicale  envers  tous  les  états  ;  regarde 
comme  un  devoir  sacré  de  se  maintenir  «dàère» 
ment  neutre  dans  la  guerre  présente ,  et  d'obser- 
ver fidèlement  et  impartialement  cette  neutralité 
envers  toutes  les  puissances  belligérantes.  Pour 
le  maintien  de  cette  même  neutralité,  et  pour 
celui  de  l'ordre  dans  toute  l'étendue  du  territoire 


CAHPAGNI   DE    l8l4-  75 

helvétique ,  la  diète  a  décidé  de  garnir  les  fron- 
tières de  troupes  fédérales ,  et  de  défendre  par  les 
armes  la  sûreté  et  FinViolabilité  de  son  territoire. 
Ensuite  de  l'intérêt  bienveillant  que  les  cours 
II.  et  RR.,  aujourd'hui  en  guerre,  ont  toujours 
pris  au  sort  de  la  Suisse,  la  diète  est  dans  la  per- 
suasion intime  qu'elles  ne  violeront,  dans  aucune 
circonstance  de  la  guerre ,  la  neutralité  d'un 
peuple  indépendant ,  pour  lequel  le  repos  inté- 
rieur et  extérieur,  un  juste  ménagement  de  la 
part  des  pays  étrangers ,  et  une  sécurité  entière, 
sont  les  conditions  essentielles  de  son  existence  ; 
et  qu'à  cet  effet  elles  ordonneront  aux  chefs  de 
leurs  armées  de  ne  point  toucher  au  territoire 
neutre  helvétique ,  et  bien  moin»  encore  de  l'oc- 
cuper ou  de  le  traverser. 

En  foi  de  quoi  la  présente  déclaration  a  été 
munie  du  sceau  fédéral,  et  de  la  signature  du 
landammann  de  la  Suisse  et  du  chancelier  de  la 
confédération. 

A  Zurich,  le  iS  novendire  i8i5. 

Signé,  Reinh ARD ,  et  Mousson  ,  chancelier* 


^6  PIÈCX8  JUSTIFICATIVES. 


N-   XXI. 

Note  remise  au  landammann  de  la  Smsse^ 
par  les  plénipotentiaires  russe  et  autri- 
chien j  le  20  décembre  i8i3. 

Les  soussignés  ont  reçu  l'ordre  de  leurs  cours, 
de  remettre  à  S.  Ex.  le  landammann  de  la  Suisse, 
la  déclaration  suivante  : 

La  Suisse  jouissait  depuis  plusieurs  siècles 
d'une  indépendance  bienfaisante  pour  eUe,  utile 
à  ses  voisins ,  et  nécessaire  pour .  le  maintien  de 
TéquUibre  politique.  Le  fléau  de  la  révolution 
française,  les  guerres ,  qui  depuis  vingt  ans  ont 
détruit  le  bonheur  de  tous  les  états  de  l'Europe , 
n'ont  pas  épargné  la  Suisse.  Ébranlée  dans  son 
intérieur,  affaiblie  par  d'inutiles  efforts  pour  s'op- 
poser aux  effets  destructeurs  du  torrent ,  elle  fut 
dépouillée  par  la  Fance ,  qui  se  disait  son  amie  , 
des  plus  importans  boulevards  de  son  indépen- 
dance. L'empereur  Napoléon  fonda  enfin  sur 
les  ruines  de  la  constitution  fédérative  helvéti- 
que ,  et  sous  un  titre  jusqu'alors  inconnu ,  une 
puissance  suprême  formelle  et  permanente  ,  in- 
compatible avec  la  liberté  de  la  confédération  : 
avec  cette  antique  liberté,  respectée  par  toutes  les 


CAMPAGNE  BB    l8l4*  77 

puissances  de  l'Europe ,  le  premier  garant  des 
relations  amicales  que  la  Suisse  a  entretenues  jus- 
qu'au )our  de  son  oppression  avec  les  autres  puis- 
ssmces  de  l'Europe,  la  première  condition  d'une 
Téritable  neutralité.  Les  principes  qui  animent  les 
souverains  coalisés  dans  la  guerre  présente  sont 
connus.  Tout  peuple  qui  n'a  pas  perdu  le  souve- 
nir de  son  indépendance  dmt  les  reconnaître. 
Les  souverains  veulent  que  la  Suisse  participe  de 
nouveau ,  avec  l'Europe  entière ,  à  ce  premier 
droit  national ,  et  obtienne,  en  recouvrant  ses  an- 
ciennes  limites ,  le  moyen  de  le  soutenir.  Mais  ils 
ne  peuvent  reconnaître  une  neutralité  qui  ^  dans 
les  relations  actuelles  de  la  Suisse,  n'est  que  pure- 
ment nominale.  Les  armées  des  puissances  coali- 
sées espèrent ,  en  entrant  sur  le  territoire  suisse , 
ne  rencontrer  que  des  amis.  LL.  MM.  s'enga- 
gent à  ne  pas  poser  les  armes  sans  avoir  assuré 
à  la  Suisse  la  restitution  des  pays  arrachés  par  la 
France.  Elles  ne  se  mêleront  pas  de  sa  constitu- 
tion intérieure ,  mais  elles  ne  peuvent  permettre 
qu'elle  demeure  soumise  à  une  influence  étran- 
gère. Elles  reconnaîtront  sa  liberté  du  jour  où  elle 
sera  libre  et  indépendante;  et  elles  attendent  du 
patriotisme  d'une  nation  respectable ,  que,  fidèle 
aux  principes  qui,  dans  les  siècles  passés  fon- 
dèrent sa  gloire ,  elle  ne  refusera  pas  son  acces- 
sion aux  nobles  et  généreuses  entreprises ,  pour 
lesquelles  les  souverains  et  tous  les  peuples  de 
l'Europe  se  sont  réunis  en  cause  commune.  Les 


^S  PliCBS   JUariFICATITES. 

soosaigiaiés  sont  en  même  temps  chargés  de  covsi- 
muniquer  à  S.  Ex.  le  landanunann,  la  proclama- 
tion et  Tordre  du  )ow:*  que  le  générai  comman- 
dant en  chef  la  grande  armée  coalisée  publiera^ 
en  caatrant  sur  le  territoire  suisse.  Ils  se  flattent 
que  S.  Ex.  ne  méconnaîtra  pas,  dans  cette  publi- 
cation ,  les  véritables  intentions  de  LL.  MM.  II. 
envers  la  ccmfédération  helv^que. 

Signée  LsRZEtTERN  et  Capo  d'Istria. 


çAiiPÂGm  DE  i8i4>  79 


I    1 .1    I" , .       I  11  I  j 


N-  xxn. 

ProclûtruOion  du  général  Wattewilte 

à  ses  troupes. 

Sou>Ajs  ! 

Ayant  apjpris  que  les  hautes  puissances  alliées 
ont  déclaré  que  la  neutralité  de  la  Suisse  ne  «pou- 
vait pas  être  reconnue  dans  les  circonstances  pré- 
sentes, et  que  l'acte  de  médiation  était  annulé 
avec  toutes  ses  conséquences ,  et  comme  U  doit 
résulter  de  cette  situation  des  choses,  un  chan- 
gement essentiel  dans  la  confédération,  l'objet 
pour  lequel  l'armée  fédérative  avait  été  réunie, 
n'existe  plus  ;  j'ordonne  en  conséquence  que  les 
différens  corps  rentrent  dans  leurs  cantons  et 
dans  leurs  foyers.  Soldats  !  vous  vous  êtes  montrés 
comme  de  braves  eX  honnêtes  gens,  comme  de 
vrais  Suisses  ;  vous  vous  êtes  distingués  par  le  bon 
ordre  et  par  la  discipline.  Il  n'entrait  pas  dans 
les  vues  de  la  Providence  que  le  but  pour  lequel 
vous  avez  été  appelés  sous  les  armes  à  la  der- 
nière session ,  pût  être  rempli  ;  mais  vous  portez 
en  vous-même  la  consolation  d'avoir  rempli  fidè- 
lement vos  devoirs.  Porté  trois  fois,  par  l'hono- 


8o  PdtCBB  JV8TIFICATITE8. 

rable  confiance  des  états-généraux,  au  comman- 
dement de  Tarmée  fédérale ,  recevez  mes  remer- 
cimens  pour  celle  que  vous  m*ayez  vous  -même 
accordée.  Rentrez  en  bon  ordre,  avec  calme  et 
tranquillité  dans  yos  foyers,  obseryez  dans  la 
marche  qui  vous  sera  tracée  par  vos  feuilles  de 
route ,  la  même  discipline  que  jusqu'à  ce  mo- 
ment ;  songez  que  le  désordre  et  rindiscipline 
pourraient  plonger  votre  patrie  et  vous  dans  les 
plus  grands  malheurs.  Yivez  en  amis  avec  les 
guerriers  étrangers  que  vous  pourriez  rencontra 
sur  votre  route ,  et  conservez  sans  tache  la  belle 
réputation  des  Suisses.  Dieu  vous  donne  sa  bé* 
nédiction  ! 

Au  quartier-général  de  S*-Urban ,  le  34  décembre  181 5. 


Proclamation  de  SçhwojnZieniperg  im^c-i 
•  Français. 

Français  ! 

La  victoire  a  conduit  les  armées  alliées  sur  vos 
frontières  ;  elles  Tûnt  les  franchir. 

Nous  ne  faisons  pas  la  guerre  à  la  France  ; 
mais  nous  repoussons  loin  de  nous  le  joug  que 
votre  gouvernement  voulait  imposer  à  nos  pays , 
qui  ont  cependant  le  même  droit  à  Findépen- 
dance  et  au  bonheur  que  le  vôtre. 

Magistrats,  propriétaires,  cultivateurs,  restez 
dans  vos  foyers.  Le  maintien  de  Tordre  public , 
le  respect  pour  les  propriétés,  la  plus  sévère  dis- 
cipline marqueront  le  passage  et  le  séjoiu?  des  ar- 
mées alliées  ;  elles  net  sont  animées  de  nul  esprit 
de  vengeance  ;  elles  ne  veulent  point  rendre  à  la 
France  les  maux  sans  nombre  dont  la  France, 
depuis  vingt-cinq  ans ,  a  accablé  ses  voisins ,  et  les 
contrées  les  plus  éloignées. 

D'autres  principes  et  d'autres  vues  que  celles 

qui  ont  conduit  vo»  armées  chez  nous ,  président 

aux  conseils  des  monarques  alliés.   Leur  gloire 

sera  celle  d'avoir  amené  la  fin  la  plus  prompte  des 

V.  6 


8i  p4GËi(  JVsrincAxhrA. 

malheurs  de  l'Europe.  La  seule  conquête  qu'ils 
andHtioBneBt^  est  c^le  de  la  paix  ;  mais  d'une 

•  

paix  qui  assure  à  leur  pays ,  à  l'Europe  et  à  la 
France,  un  véritable  àtal^ de  repos.  Nous  espé- 
rions la  trouver  avant  tie  toucher  au  sol  français  : 
nMsaUoAsl'y^bertfaerl  '  ^ 


ï 


Au  quartier-général  de  Lcerach^le  ai  décemlne  iSi3. 


«  '  i***  **.».*  -** .  j ' / . . 


•   % 


I 


I     r^ 

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CAMFÀGW    DE    l8l4»  $3l 


•     ». 


*  \ 


N-  xxiv; 


Proclamation  de  Bljiicher  am^  lufhib^is 
de  /(*  rive  gauche  du  Rhin. 

Jai  fait*  passer  le  Rhin  à  rarmée  de  Silésie, 
pQur  rétablir  la  liberté  et  Findépendance  des  na- 
tions ,  pour  conquérir  la  paix.  L'empereur  Napo- 
léon a  réuni  à  Tempire  français,  la  Hollande,  une 
partie  de  F  Allemagne  et  de  l'Italie;  il  a  déclaré 
qu'il  ne  cédef  ait  aucun  village  de  ses  conquêtes , 
quand  même  l'ennemi  occuperait  les  hauteurs 
qui  dominent  Paris. 

C'est  contre  cette  déclaration  et  ces  principes , 
que  marchent  les  armées  de  toutes  les  puissances 
européennes. 

Voulez-vous  défendrç  ^ces  principes ,  mettez- 
vous  dans  les  rangs  des  armées  de  l'empereur 
Napoléon ,  et  essayez  encore  de  combattre  contre 
la  )uste  cause  que  la  Providence  protège  si  évi- 
demment. 

Si  vous  ne  le  voulez  pas ,  vous  trouverez  pro- 
tection en  nous  :  je  vous  assurerai  vos  propriétés. 
Que  tout  habitant  des  villes  et  des  campagnes 
reste  paisible  chez  lui  ;  que  tout  employé  reste  à 
«on  poste  et  continue  ses  fonctions. 

Toute  communication  avec  Fempire  français 


84  PliCES   JUSTIFICATIVES. 

doit  cesser  à  l'instant  même  ;  et  ceux  qui  ne  se 
conformeront  pas  à  cet  ordre ,  seront  coupables  de 
trahison  envers  les  puissances  alliées;  je  les  ferai  tra- 
duire devant  un  conseil  de  guerre^  et  punir  de  mort  (*) . 

(*}  Lft  à&èaat,  Bom  peine  de  mort;  aux  Fnmçais,  de  conuDoniqixr 
atec  la  France ,  pourraii  éurc  regardée  cpnune  un^tmit  digne  d* Attila , 
•î  elle  n^avait  pas  été  dictée  par  la  peur.  Blùcher  tremblait  plus  encore 
^ne  ses  coUègnet  de  l'idée  d^une  insurrection  contre  les  coalisés. 


/ 


GAMPAGHE   DS    l8l4-  ^ 


N°  XXV. 

Proclamation  de  Biibna. 

HaBITANS  du   DÉPAKTEHEIfT  DE  l'Ain! 

Des  habitans  de  votre  capitale ,  ont  osé  prendre 
les  armes  contre  mes  troupes  et  s'opposer  à  elles 
sous  ses  murs.  Ils  ont  été  obligés  de  fuir  de  la  ville, 
et'  de  l'abandonner  à  ma  discrétion.  !l^eurs  noms 
rae  sont  connus  :  )e  connais  les  lois  de  la  guerre  ; 
î'aurais  pu  disposer  de  leur  vie  et  de  leurs  biens  ; 
mais ,  sourd  à  toute  espèce  de  vengeance ,  je  les  ai 
épargnés  avec  une  modération  qui  excitera  leur 
repentir.  J'apprends  avec  étonnement  quedes 
malintentionnés  ont  répandu  lé  Induit  que  j'avais 
incendié  la  ville.  Venez,  habitans  trop  crédules, 
reûtrez  dans  les  murs  de  Bourg ,  vous  y  verrez 
régner  l'ordre  et  la  tranquillité  ;  vous  y  verrez  un 
gouvernement  provisoire.  J'en  appelle  aux  citoyens 
dé  cette  ville;  ils  ont  été  téiùoins  de  la  généro- 
sité  avec  laquelle  j'ai  arrêté  un  combat  qui  n'au- 
rait pu  devenir  que  trop  funeste.  Ainsi  agissent 
les  troupes  alliées;  leur  conduite  modérée  vous 
fera  voir  avec  quelle  fidélité  eHes  observent  les 
proclamations  de  leurs  souverains. 


•  >  < 


Quartier-général  de  Bourg,  le  i4  janTierï8s4- 


86  l'IÈCXS   JCSTincÀTIVES. 


N-  XXVI. 

Lettre  du  duc  de  Vicence  au  prince 

de  Mettemich. 

Lunéville ,  le  6  janvier  1 8 1 4- 

Priqce ,  )*ai  reçu  la  lettre  que  Y.  Ex.  ma  fait 
rhonneur  de  m'écrira ,  en  date  du  i  o  du  mds 
pa36é.  L  empereur  ne  veut  en  aucune  manière 
préjuger  les  motifSs  qui  ont  été  cause  que  Sà 
pleine  et  potière  acceptation  des  bases  proposées 
par  y*  Ei(«  >  de  concert  av^  les  ministres  de  Russie 
et  d'Angleterre ,  et  avec  l'agrément  de  la  Prusse  ^ 
doive  encore,  ayant  l'ouverture  du  congrès,  être 
communiquée  aux  alliés.  Il  est  difficile  de  croire 
que  lord  Abeixieen  ait  pu  avoir  des  pouvoirs 
pour  proposer  des  bases  et  non  pas  pour  négo^ 
cier.  .3.  M.  ne  fait  pas  aux  alliés  l'injure  de  croire 
qil'ilf  aiont  été  indécis,  et  qu'ils  dél9>ètent  encore; 
ils  Savent  trop  bien  que  toute  offre  conditionnette 
devient  absolument  obligatoii:e  pour  cehii  qui  Ta 
iaite,  dès  que  la  condition  qui  y  a  été  jointe  est 
remplie.  Dans  tôlis  les  Cas,  nous  pouvions  nous 
attendre  à  reqevi^ir,  le  6  janvier,  la  réponse  que 
V.  Ex.  nous  avait  annoncée  le  lo  décembre.  Votre 
correspf^ndan^e,  et  les.  «ssuranoes  répétées  des 


{kuisaaboes  alHées^  rmncm  ioat  pdkà  préfroir  db 
difficulbés*,  et  lés  rapports  db  M.  de  Taifeyvaiid, 
à  soit  retom'  de  lâ^  âiûsse^  cobfiimMnt  «pe  teuri: 
ifajtentions  sont  tôufbun  les  mêmes.  D'où  peurent 
donc  Ypûiv  ]ës.#etards?  S.M.',  qfui n^d  rien  pliii. 
à  corar  que  le  rétabifesemént  dk  la  paix  générale^ 
droit  ife  pas  pburoir  donnor  une  plut  forte  prôuTe^ 
de  la*  aUicérité  idè  «es  intSenlittis^à  cet  ^gard^  qu'en, 
einroyant  son  inii&tre  ^lè^afEBdt^es^étMngèk^ 
éc»  pleins  pouvoirs  ^  pfè»  des  souverains'  alliés. 
Je  in'empresse  dottc  éervonÈ  annoncer  que  î.'at^ 
feendiai  à  nos  a^ieuatsr postés  lès  passe^ports  né* 
«essaimes,  pour  trarerser  les  arants*  postes  des. 
années.  aUiées,  et  me  œndfe  près  de  Y.  Ex»      ' 
Agréez,  etc..  ;     - 


• .  I  •  »  -  \  » 


Réponse  du  prince  de  MetttrMchi 

•  Fribourg-en-BrlHgaw ,  le  8  {anvier  i8i4- 

Monsieur  le  duc  ,  j'ai. reçu  aujourd'hui  la  lettre 
dont  y.  £x.  m'a  honoré^  en  date  .de  Lunéville , 
le  6  courant.  Le  retard  de  la  communication  que 
le  gouvernement  français  attendait,  ensuite  de  ma 
note  officielle  du  lo  décemUhe,  est  une  consé- 
quence de  la  conduite  que  les  puissances  alliées 
doivent  observer  entre  elles.  Les  explications  con- 
fidentielles avec  le  bai*on  de  Saint-Aignan ,  ayant 


88  Piicss  HivancjLTvra. 

dbimé.Iieii  à  des  propoMliaiM  offideltes  de  la  part 
de  la  Finance  V  LL.  MM.  IL  et  KRi ,  ^^!ént  que 
la  répo0se  de  Y.  Ex.  y  du -âdécembre,  était  de 
nature  ài  deirotr  être  cèmmiiniquée  à  lean  ai- 
liai.  La  préau{>position  faite  par  Y.  Ex. ,  qve  lord 
AJbiepdeefi  doit  cdui  qui .  a  proposé  des  bases ,  et 
qu'il. ait  été  muni  de  pleînS;  pouYoirs  à  cet  effet, 
n'a  point  ..de  fcmdeiÊieuL;  La  cour  de  Lon4ie8 
vient  d'enyoyelr  son  secrétaire  d'état,  pour  les  af- 
fairbs  étrangères,  sur  le  continent.  S.  M.  Tempe- 
itBÛr  de  Russie,  se  trouvant  momientanément  éloi- 
gné  dfici,  et  lord  Gastlereagh,  étant  attendu  d'un 
mioment  à  l'autre,  Tempereur,  mon  auguste  sou- 
verain^ et  S;  M.  le  rGÂ.de  Prusse,  me  charf^nt 
d'annoncer  à  Y.  Ex.  qu'elle  recevra ,  avec  toute 
la  diligence  possible ,  une  rSponse  à  sa  proposi- 
tion de  se  rendre  au  quartier-général  des  sou- 
verains alliés» 


Ag#e?v  ^\  : 


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tlii.j.i   .1.   >;''l    ■   l'un  .11    iCt'iiijj      iii/m^   ui     \t'tr  tttu  '  n    j" 


»#»t.  'il  fia  «  *^» 


N-  XXVII;''"  •  I'' 


'         ^     1 
!  -  I  •.♦ 


(1       >t    ' •    l> 


Proclamation/du  prince  \rùyr^de  Suède. 

Fhan^au  i    •  ' 

J'ai  pris  les  armes  par  ordre  de  mon  roi ,  pour 
défendre  les  droit»  du  peuple  suédois.  Après  avoir 
yengé  les  injures  qu'il  avait  reçues,  et  contribué 
à  délivrer  l'Allemagne ,  j'ai  passé  le  Rhin.  En  re- 
voyant les  bords  de  ce  fleuve,  sur  lequel  j'ai  si 
souvent  et  si  heureusement  combattu  pour  vous, 
il  est  un  besoin  pour  moi  de  vous  faire  connaî- 
tre mes  intentions.  Votre  gouvernement  chercha 
constamment  à  tout  déprécier  pour  acquérir  le 
droit  de  tout  méprisa  ;  il  est  temps  que  ce  sys- 
tème change.  Tous  les  hommes  éclairés  font  des 
vœux  pour  la  conservation  de  la  France  ;  ils  dé- 
sirent seulement  igp^'elle  ne  soit  plus  le  fléau  de 
l'Europe.  Les  souverains  ne  se  sont  pas  ligués 
pour  faire  la  guerre  à  la  nation,  mais  pour  for- 
cer votre  gouvernement  à  reconnaître  les  autres 
états  ;  telles  sont  leurs  intentions ,  et  j'en  garantis 
la  sincérité.  Placé ,  comme  fils  adoptif  de  Char- 
les XIII ,  par  le  choix  d'un  peuple  libre ,  sur  les 
degrés^du  trône  du  grand  Gustave ,  ma  seule  am- 
bition ne  doit  plus  être  que  de  travailler  au  bon- 


90  Ftàai9  jmnvKàwm. 

heur  de  la  presqu'île  scandinaTe.  Puisse -je,  eo 
remplissaiit  ce  devoir  sacré  emrers  ma  souTeHe 
patrie ,  concourir  également  au  bonheur  de  mes 
anciens  compatri#lef. 

« 

Au  qoartUiMgétténl  de  Célàgiie^  le  id  f&Yiler  1S14. 

CHARtlffJlAll. 


«     \  «  .'  • 


# 


GAMPAGNS   DE.   1814.  91 


N-  xxvm. 

Décret  impéHal  du  5  mars  i8i4* 

Considérant  que  les  généraux  emieHiis  ont 
déclaré  qu'ils  feraient  ftisiller  tous  les  citoyens 
qu'ils  prendront  les  armes  à  la  main ,  nous  «vous 
décrété,  ^c. 

Tous  les  citoyens  français  sont ,  non-seulement 
autorisés  à  courir  aux  armes,  mais  il  leur  est  or- 
donné  de  le  faire;  de  sonner  le  tocsin  quand  ib 
entendent  approcher  le  bruit  du  canon  de  nos 
troupes;  de  se  réunir;  de  parcourir  les  bois;  de 
rompre  les  ponts  ;  de  couper  les  routes ,  et  d'at- 
taquer les  flancs  et  les  derrières  de  T^memi. 

Art.  â. 

Chaque  citoyen  français,  prisonnier  de  guerre, 
qui  serait  exécuté,  sera  immédiatement  vengé, 
par  représailles,  par  la  mort  d'un  prisonnier  en- 
nemi. 


g2  PIECES  JCmVICATlVBS. 


=E=: 


N-  XXIX. 

■ 

Proclamation  de  Schwarzenberg. 

f  >  a      >  • 

Français  ! 

On  vous  excite  à  la  rébellion  (*).  Votre  gouver- 
nement autorise  des  démardbies,  qui  tendent  à 
entraîner  i  Finsurrection  le  peuple  de  tous  les 
départemens  occupés  par  les  armées  alliées.  On 
s'efforce  de  vous  égarer  par  des  promesses  trom- 
peuses ,  et  on  y  emploie  des*  moyens  qui  ne  ser- 
vent qu'à  prouver  la  faiblesse  du  gouvernement 
qui  y  à  recours.  La  présence  de  nombreuses  ar- 
mées vtwui'  est  à  charge  ;.  mais  votre  gou?erne- 
ment  seul  peut  mettre  un  terme  à  ces  maux. 
S'il  accepte  la  paix  que  lui  offre  l'Europe ,  vous 
recouvrerez  votre  tranquillité.  Les  puissances 
alliées  ne  veulent  pas  conquérir  la  France ,  mais 
elles  ne  feront  la  paix  qu'à  des  conditions  qui 
assurent  à  leurs  peuples  et  à  la  France ,  un  état 
de  tranquillité  durable.  Les  sacrifices  que  vous 
êtes  actuellement  obligés  de  faire,  sont  passa- 
gers ;  là  bien  qui  doit  résulter  des  efforts  de  tant 

(*)  L^abus  de  mots  qu^on  trouTC  dans  toutes  les  proclamatioiis  de 
ce  temps  est  ce  qii'on  peut  voir  de  plus  honteux  pour  Tin  tell  igencc  hu- 
maine. A  qui  cuicnt  rebelles  les  Français  qui  deïendaient  leur  patne 
contre  les  invascurs  étrangei-s? 


de  nations  Ten  un  s^ul  but,  sera  liUràbkéiFrtuH 
çais  I  votre  existence  et  votre  inëépehdknce  n^tit^ 
nale  seront  affermie?  avec  k  nôtre  ;  'alors  le  sang 
de  vos  enfans  ne -coulera  plus  pour  des' desseiât^ 
€pi\  vous  sont  inconnus.  Les  armées  alliées  ne  <][uit- 
teront  le  territoire  français  qu'après  la  conchisioa 
de  la  poix^  Déjài  les  tioutes  d'AllemagiEie ,  de  Be%i^ 
que,  d'Espagne  et  d^Itâlie,  ^ont  couvertes  'de  xvom- 
breux  bataillons  qui  s'avancent.  Français  !  élevez 
votre  voix  pour  obtenir  la  paix  de  l'Europe ,  une 
paix  qui  est  le  seul  but  des  efforts  des  puissances 
aliiées,  et  qfui  devmitêire  votre  unique  il4^;  Ré- 
clamez de  votre  gouvernement  la  restitution  de  vos 
colonies ,  l'ouverture  de  vos  ports ,  la  liberté  de 
votre  commerce  ;  tous  ces  avantages  vous  sont  of- 
ferts par  nous.  Tout  ce  que  vous  entreprenez 
pÊfar  prolonger  la  'fuerrè  retoinbd  sur^n)»  tètès, 
et  celui  qui  s'y  égarera  loi)  s^  laissera  ëntMilofir, 
n'échappera;  |îas<  À  ime  punitfon  oèktaibe^^*'  »  ^if 

IVoyes,  le  10  inar^  isl^.  '    "^  *"•''    '^''''^   ' 

*    ORï)«E  Dir-jôefi.'  *  ^    ""^ 

• .'   .  Il- 

•     •   .  •  .    -.     •  *  Il  ••   {  ►•     •  •        fi  .   ,  »•}! 

I  »  » 

Considérant  les  ordres  et  instructions  donnés , 
le  6  mars ,  par  le  général  J^llix ,  pour  la  levée  en 
masse ,  nous  ordonnons  ce  qui  suit  : 

Art.  1*. 


*  f  '  •  É 


Chaque  habitaDtprb  les  armes  a  lâ^nainj^  ^ 


94  PliOM  JVflTIFICATIVI». 

qw  «ppAMient  à  la  levée  en  in9fl«e»  swâ  traité 

piM^iôvcH^  k^  plu»  :ék>igBéea  des  états  des  puâ»- 

Chaque  Mutant  des  vîUes  oh  de  la  caoip«b- 
gae^  qui  aitfa  fné  ou  blessé  uu  naîBtaire  des  al-* 
IVSjf  )  s«a  i;^  à  nn^  ^ommmiMk  militam  et 
fufiUé  daot  li99.ifingtnqwftre  Ikeiires» 


I 


.  Ch^ile  commune  où  Ton  aura  soimé  le  lue- 
ski  «ma.  brûlée*. 

-.  •  -  '    '  ' 

4  Art,  3«  ••  • 

.  i. 
Chaque  oaiaÉs«w  où  il  aui^a  élé  coimnis^ 
assaiwnat  en  sera  responsiMet  et  sem  taxée  .à 
une  coiHribuCioQ»  dans  If»|iroportî9aaftuiY«aJtoa( 
les  communes  de  plus  de  vingt  nulle  âmes , 
5oo,ooo  francs;  celles  de  dix  à  vingt  mille  SjxteSy 
3oo,ooo  francs;,  .celles  de  (^jAf^  cents  â  cinq 
mille ,  1 00,000  francs  ;  celles  au-dessous  de  quinze 
c^t?  ômeSj  d'après  leurs  moyens.. 


Akt.  4« 


Chaque  chef  de  corps  est  autorisé  à  Féxécu- 
tion  de  ces  mesures,  et  il  prendra  des  otages  de 
la  piMaière  classe  de  to  .bôjargeolsfe ,  qnï  seront 


conduits  sur  les  derrières  de  l'armée ,  jusqu'à 
l'entier  paiement  de  la  contribution ,  çt  la  remise 
des  coupables. 

Toute  cpnuinune  dont  les  habitans  agiront  of- 
fensivement  contre  les  troupes  aillées ,'  sera  pillée 
et  brûlée. 

r  >    - 

Art.  6. 

Tout  cdiportiMir  d'ordres  leïiidGiiis  â  féxéciU'^ 
tion  des  mesures  ordonnées  par  le  |;énéi*sd  AlKx  ; 
dans  sa  preelamafioB  du  6  maro,  qui  toiribertf 
entre  les  taiains  des  alliés ,  sera  èon^idérê  ccfmniS 
espion,  et  fiisfllé  sui^le-chanfp.  i- 

••       -  Art.  7. 

'  "  I 

Tous  lesl  prisonniers  qui  sonl  eMfe  lèëinëibf 

des  alliés ,  tépôtidE^mt  des  ^otettces  qii^on  paur^ 

r^it  eserce1^  icontre  lès  militaires  que  lé  sort  êéé 

Àrtnes  poulcndt  fakè  fon^ber  éàtjre  les  fiïainsf  tte 

Paritatée  frionçaisei  '   '  •  ..;  ;  w:.'/ri 

•  .  •      .       »        . »  ,.  ,    •  ,        » 

♦  -  •  .1 

I 
A  ... 


9$.  niCW  i  JlifTIVICATIfSS. 


r 

* 


g^ t_    I  » 


N'...XXfX. 


Ordre  du  wiir  dû  duc,  d^  iDàlmatie. 


Soldats  ! 


'  t  •  •  •  • 


<  i 


De  nouTeaux  combats  vous  appellent  ;  il  n'y 
a^ra  pp»ir  ,Apftq  ijlft^^p^^  a^aquam  oif  attaqués, 

quelle  que  soit  sa wsupfériofjfé^jpu^t^rj^iiiie  etq^ii^ 
que  soient  ses  projets. 

Soldats!   le  général   quf  commande  Varmée 
contre  laquelle  nous  nous  battons  tous  les  jours, 

vAquer  jjos  comj^riote^âJl^ij^^plJp.çt  à  ksédjh 
tipp-U  parle  de,pai^,  et]i^sb];^i^pf^ydçladisco]fde 

Français  à  la  guerre  ciTile.  Grâcqq.l^i^ent  jrçp^ 
dues  de  nous  avoir  fait  connaître  ses  projets  !  Dès 
ce  moment  nos  forces  sont  centuplées ,  et  dès  ce 
moment  aussi  il  rallie  lui-même  au<  aigles  im- 
périales ceux  qui,  séduits  par  de  trompeuses 


apparences ,  ayait  pu  cFOire  ^u'il  faisait  la  guerre 
ayec  loyauté. 

V  rOn*»  osé  insitlteirà  yhpmieur  natîoual,  on  ajeu 
rinfamie' d'exciter  les<  Français  à.tr^ir  leurs  sep- 
mens  et  à  être  parjures  envers  Fempereur  :  cette 
offense  ne  peut  être  yengée  que  dans  le  sang. 
Aux  armes  l  Que  daas  tout  le  .midi  de  l'empire  ce 
cri  retentisse.  Encore  quelques  jours ,  et  ceux  qui 
ont  pu  croire  à  la  sincérité  et  à  la  délicatesse  des 
Anglais,  apprendront  à. leurs  dépens  que  leurs 
artificieuses  promesses  n'avaient  d'autre  but  que 
d'énerver  nos  courages  et  île  nous  subjuguer;  ils 
se  rappelleront,  ces  êtres  pusillanimes  qui  cal- 
culent les  sacrifices  nécessaires  pour  sauver  la 
patrie,  que  les  Anglais,  dans  cette  guerre,  n'ont 
d'autre  objet  que  de  détruire  la  France  par  elle- 
même  et  d'asservir  les  Français ,  comme  les  Por- 
tugais ,  les  Siciliens ,  et  tous  les  peuples  qui  gémis- 
sent sous  leur  domination.    ^ 

Soldats  !  vouons  à  l'opprobre  et  à  l'exécration 
générale  tout  Français  qui  aura  favorisé  dNine 
manière  quelconque  les  projets  insidieux  des 
ennemis.  Quant  à  nous ,  notre  devoir  est  tracé  : 
combattons  jusqu'au  dernier  les  ennemis  de 
notre  chère  France  et  de  notre  auguste  empereur  ; 
respect  aux  personnes  et  aux  propriétés;  haine 
implacable  aux  traîtres  et  aux  ennemis  du  nom 
Français  ;  guerre  à  mort  à  ceux  qui  tenteraient 
de  nous  diviser  pour  nous  détruire  !  contemplons 
v."  1 


98  piÈdBs  JVfiimcATrn». 

les  efioTts  ptodlgieiix  de  notre  grand  emperetv 
et  ses  victoires  signalées  ;  soyons  toujours  dignes 
de  lui  ;  soyons  FVâtiçàis ,  et  moarons  les  armes  â 
la  htatn  plutôt  que  de  survin*e  à  notre  dériion» 
neuf. 

An  qaartier^génëral  46  nabaMeiii,  le  S  man  1814* 


f"-*' 


cApiifA^îKS  ue.  1814.  99 


^T 


W  XXXI- 

Traité  de  Chaumont. 

Su  M.  ]q  roi  du  royaume  uni  de  la  Grande-Bre- 
i^gUe  et  d'brland^y  $•  M.  I.  et  R.  Af  lempereur 
jd'Atttrioba^  coide Jlongnîie  et d^  Bohême,  S.  M. 
IVîittpereur  de  toute»  les  Russie»,  et  S.  M.  le  roi 
de  Pruase  »  ayant  £att  parvenir  au  gouvernement 
frmiçaî»4eii  prai^osUiocis  pour  la  conclusion  d'une 
pahi gépéral^ ,  fit  d^m^,  ^n ca»  que  la  France 
veftiMt  le»  ^nditioM  de  cette  paix,  i^esaerrer  les 
3mw  qw  lea  unisseq^;,,  pour  :1a  poursuite  vigour- 
tfewe  d'uAC  gneme ,  entreprise  dans  le  but  s^u** 
tejre.  d^  «ettre  fin  aux  n^plheurs  de  r£urope, 
il'an.as^uiTer  le  repos  foturv  F^  ^  rétatilisseii^^i^ 
4'ua  juste  é<iwtetw^  des;  puissax^ps  j  €«  voiUanp: 
en  ^B9Âme  t&at^f,  '«i  ^  Pi^vida^ce  \i^#^\t  teiurs 
Hlt^ltiwis  pocififiwa^  •déterminer  le  moyen  de 
nmntevâr  o^Atn^touto  i9l*t^iptee  i'^rdiiP  4e  cb^^ses 

qui  aura,  été  l'heureux  résultat  de  leurs  efforts , 
sont  convenues  de  sanctioiyner,  par  un  traité  so- 
lennel ,  signé  séparément  par  chacune  des  quatre 
P)liipS(¥J»tTes  Ai^  1^  ,tr«>i^,aMti^,  ce  double  en- 


100  FISCIi   JUSTinCÀnTES. 


Article  i 


•r 


Les  hautes  puissances  c<mtractantes  ci-dessus 
dénommées  s'engagent  solennellement  l'une  avec 
Tautre ,  par  le  présent  traité ,  et  pour  le  cas  où 
la  France  refuserait  d'accéder  aux  conditions  de 
la  paix  proposée ,  de  consacrer  tous  les  moyens 
de  leurs  états  respectifs  à  la  poursuite  vigoureuse 
de  la  guerre  contre  elle  ;  et  de  les  employer  dans 
un  parfait  concert ,  afin  de  se  procurer  à  elle^ 
mêmes  et  à  l'Europe ,  une  paix  générale ,  sous  la 
protection  de  laquelle  les  droits  et  la  liberté  de 
toutes  les  nations  puissent  être  établis  et  assurés. 

Cet  engagement  ne  pourra  pas  porter  préju- 
dice aux  stipulations  que  les  états  respectifs  ont 
déjà  contractées,  relatiyement  au  nombre  de  trou- 
pes à  tenir  en  campagne  contre  l'ennemi;  et  il 
est  bien  entendu  que  les  cours  d'Angleterre,  d'Au- 
triche, de  Russie  et  de  Prusse,  s'engagent,  par 
ie  présent  traité,  à  tenir  constamment  en  cam- 
pagne, chacune  cent  cinquante  mille  hommes  au 
complet,  sans  compter  les  garnisons,  et  de  ks 
employer  activement  contre  l'ennemi  commun. 

Art.  2. 

» 

Les  hautes  puissances  s'engagent  réciproque- 
ment à  ne  pas  négocier  séparément  avec  l'ennenii 
commun,  et  à  ne  signer  ni  paix,  ni  trë^,  ni  con- 


CAMPAGNE   DE    l8l4«  101 

vention,  que  d'un  commun  accord  ;  elles  s'enga- 
gent de  plus  à  ne  pas  poser  les  armes,  ayant  que 
l'objet  de  la  guerre  «  mutuellement  convenu  et 
entendu,  n'ait  été  atteint. 

Art.  3. 

Pour  contribuer  de  la  manière  la  plus  prompte 
et  la  plus  décisive  à  remplir  ce  grand  objet , 
S.  M.  B.  s'engage  à  fournir  un  subside  de  cinq 
millions  de  livres  sterl. ,  pour  le  service  de  18149 
à  répartir  en  parties  égales ,  entre  les  trois  puis- 
sances ;  et  Sadite  Majesté  promet  en  sus  de  con- 
venir ,  avant  le  1  *'  janvier  de  chaque  année ,  avec 
LL.  MM.  II.  et  RR. ,  des  secours  ultérieurs  à 
fournir  pendant  chaque  année  subséquente,  si, 
c€  qu'à  Dieu  ne  pl£Lise ,  la  gu<»Te  devçdt  se  pro- 
longer jusque-là. 

Le  subside  ci-dessus  stipulé ,  de  ciûq  millions 
de  livres  sterling ,  sera  payé  à  Londres ,  en  tamea 
mensuels  et  en  proportions  égales ,'  aux  ministres 
des  puissances  respectives,  dûment  autorisés  à 
le  recevoir. 

Dans  le  cas  que  la  paix  entre  les  puissances  al- 
liées et  la  France  fût  signée  avant  l'expiration  de 
l'année ,  le  subside ,  calculé  sur  l'échelle  de  cinq 
mOlions  de  livres  sterling ,  sera  payé  jusqu'à  la 
fin  du  mois  dans  lequel  le  traité  définitif  aura 
été  signé ,  et  S.  M.  B.  promet ,  en  outre,  de  payer 
à  l'Autriche  et  à  U  Prusse  deux  mois,  et  à  la 


1(^9  PliCES   JimTiriGATl¥É&. 

Rusêle  qtiatre  mois ,  en  sus  du  subside  «tipalë , 
ptmr  ocmTrir  les  frais  du  retour  de  leurs  troupes 
dans  leurs  propties  frontières. 

-    Art.  4- 

Les  hautes  puissances  contractantes  auront  la 
faculté  d'accréditer  respectivement ,  auprès  des 
généraux  commandans  de  leurs  armées ,  des  offi- 
ciers qui  auront  la  liberté  de  correspondre  aTec 
leurs  gouv^memens ,  pour  les  informer  des  évé- 
nemens  militaires  et  de  tout  ce  qui  est  relatif  aux 
opérations  des  armées. 

Art.  5. 

Les  hautes  po&sances  confractanfes  se  réser- 
vant de  se  concerter  entre  elles ,  au  momâtit  de 
la  conclusion  de  la  paix  avec  la  France ,  sur  les 
moyens  les  plus  propres  à  garantir  â  l'Europe, 
et  à  se  garantir  réciproquement  le  maintien  dé 
eette  paix  ;  n'en  sont  pas  moins  convenues  d'entrer 
sans  délai  dans  des  engagemens  défensifs  pour  la 
protection  de  leurs  états  respectifs  d'Europe,  con- 
tre toute  peinte  que  la  France  voudrait  p<Mter 
à  l'ordre  de  choses  résultant  de  cette  pacificati^Hi^ 

Art.  6. 
Pour  obtenir  ce  résultat,  elles  conviennent  que, 


dam  le  eas  où  les  états  de  l'une  dei  liautes 
puiaMnees  conteactantea  seraloat  tiiQMo^  4Nipe 
attaque  de  la  part  de  la  France^  bis  ailtrâs  ^9!Sk^ 
plofieront  acliwiiieiit  tous  kiira  affprte .  |^jir  1^ 
prévenir  par  une  kiterventiaB  amioafe. 

Aht.  7. 

Les  hautes  puistttMea  contoaetaaMs  pe  'Pf0^ 
mettent,  dam  le  cas  où  ces  efforts  restebaient  sans 
effets  de  venir  inoanédiatement  au  sec^ours  de  la 
puissanee  attaquée  5  chacune  avec  un  corps  de^ 
soixante  mille  hommes. 

Art.  8. 

Ce  corps  auxiliaire  sera  composé  respective^ 
ment  de  cinquante  mille  hommes  d'infanterie^ 
et  dix  mille  de  cavalerie  ^  avec  un  train  d'artil- 
lerie et  de  munitions  proportionné  au  nombre  de 
ces  troupes.  Le  corps  anxiliaiae  Ben  |»ét  à  en- 
trer en  campagne  de  la  tnaÊÀètm  la  plus  efficace, 
pour  la  sûseté  de  la  |hrissance  attaquée  ou  «ne- 
lUttée,  deux  mois  ou  plus  lard  après  que  la  #é-- 
tfuisition  en  aura  été  faite. 

Art.  g. 

La  siiuati<m  àa  théâtre  de  la  guerre ,  ou  d  au«- 
f res  drconslafices ,  pouvant  rencke  difficile  pour 


1 0'4  PIBCE8  '  JUSTIFICATIVES. 

la  Grande -Breta^e,  FenToi  du  secours  stipulé 
en  forces  auxiliaires,  dans  le  tenue  convenu,  et 
le  maintien  de  ces  troupes  sur  le  pied  de  guerre  ^ 
S.  M.  B.  se  réserve  le  droit  de  fournir  à  la  puis- 
sance requérante  son  contingent  en  troupes  étran- 
gères à  sa  solde ,  ou  de  lui  payer  annuellement 
une  somme  d'argent  au  taux  de  vingt  livres  ster- 
ling par  homme  pour  Finfanterie,  et  de  trente 
livres  sterlitig  pour  la  cavalerie,  jusqu'à  la  con- 
currence du  secours  stipulé.  Le  mode  du  secours 
que  fournira  la  Grande-Bretagne ,  sera  déterminé 
à  l'amiable ,  dans  chaque  cas  en  particulier,  entre 
elle  et  la  puissance  attaquée  ou  menacée,  au  mo- 
ment où  la  réquisition  sera  faite. 

Le  même  principe  sera  adopté  à  l'égard  des 
forces  que  S.  M.  B.  s'est  engagée  à  fournir,  par 
Fartiele  i*'  du  présent  traité. 

Art.    10.. 

L'armée  auxiliaire  sera  sous  le  commandement 
du  général  en  chef  de  l'armée  de  la  puissance  re- 
quérante ;  elle  sera  conduUe  par  un  général  à 
elle,  et  employée  dans  toutes  les  opérations  mi- 
litaires ,  selon  les  règles  de  la  guerre.  La  solde  de 
l'armée  auxiliaire  sera.à  la  charge  de  la  puissance 
requise.  Les  rations  et  les  portions  en  vivres, 
fourrages ,  etc. ,  ainsi  que  les  logemens ,  seront 
fournis  par  la  puissance  requérante. au9sitot  que 
l'armée  auxiliaire  sera  sortiq  de  ses  frontières,  et 


campague  de  i8i4*  ia5 

cela  sur  le  pied  où  elle  entretient  ou  entretien- 
dra ses  propres  troupes,  en  campagne  ou  dans  les 
quairtiers. 

Art.  1 1, 

L'ordre  et  Féconomie  militaire  dans  l'intérieur 
de  ces  troupes ,  dépendront  uniquement  de  leur 
propre  chef;  elles  ne  pourront  être  séparées.  Les 
trophées  et  le  butin  qu'on  aura  fait  sur  les  enne- 
mis ,  appartiendront  à  ceux  qui  les  auront  pris. 

Art.  12. 

Les  hautes  puissances  contractantes  se  réser* 
vent,  toutes  les  fois  que  le  montant  du  secours 
stipulé  sera  trouvé  insuffisant  pour  l'exigence 
clu  cas ,  de  convenir  ultérieurement ,  et  sans  perte 
de  temps,  des  secours  additionnels  qu'dn  jugera 
nécessaires. 

Art.  i3. 

Les  hautes  puissances  contractantes  se  pro- 
mettent mutuellement,  pour  le  cas  où  elles  se- 
raient engagées  réciproquement  dans  des  hosti- 
lités, par  la  prestation  des  secours  stipulés,  que 
la  partie  requérante  et  les  parties  requises  et 
agissant  comme  auxiliaires  dans  la  guerre,  ne 
feront  la  paix  que  de  commun  accord* 


106  PliCBS   JU8TIRCATIVB8. 


ART.    l4- 


Les  engagemens  contractés  par  le  présent  traité, 
ne  sauraient  préjudioier  à  ceux  que  les  hautes 
puissances  contractantes  peuvent  avoir  pris  en- 
vers d'atiti»»  étatft»  dans  Je  b«t  d'atteindre  au 
néfiie  rébult^  bjenCmant. 

Aix»  i5. 

Pour  rendre  plus  efiicaces  les  engagemens  sti- 
pulés plus  haut,  en  unissant  pour  une  défense 
commune  les  puissances  les  plus  exposées  à  une 
invasion  française ,  les  hautes  paissances  contrac- 
tantes conviennent  entre  elles  d'inviter  ces  puss- 
sanees  a  accéder  au  présent  traité  d'alliance  dé- 
fensive. 

Art.  i6. 

Le  présent  traité  d'alliance  défensive  ayant 
pour  but  de  maintenir  l'équilibre  en  Europe, 
d'assurer  le  repos  et  l'indépendance  des  puissan- 
ces,  et  de  prévenir  les  envafiissemenB  qui ,  depuis 
tant  d'années ,  ont  désolé  te  monde  ;  les  liaistes 
puissances  contractantes  sont  convenues  oitre 
elles  d'en  étendre  la  durée  à  vingt  ans ,  i  dater  da 
jour  de  sa  signature ,  et  elles  se  réservent  de  con- 
venir, si  les  circonstances  l'exigent,  trois  ans 


1 


gmmêjlok  tm  i8i4*  107 

avant  son  expiration,  de  sa  prolongation  ulté- 
rieure. 

Art.  17. 

Le  présent  traité  sera  ratifié,  et  les  ratifica- 
tions seront  échangées  dans  deux  mois ,  ou  plus 
tôt  si  faire  se  peut. 

Fait  à  ChmsaoM,  le  1*'  mars  >ai4. 


Signé,  CAStutïAGH ,  le  prioce  de  MsrrERif ich  , 
le  baron  de  Bahmsuberg  ,   le  comte  de 

NZSSELKODE. 


108  '  PIECES  JUtTIFiCATITES. 


-y 


N-  xxxn. 

Déclaration  des  puissances  coalisées. 

Les  puissances  coalisées  se  doivent  à  elles- 
mêmes  ,  à  leurs  peuples ,  et  i  la  France ,  d'an- 
noncer publiquement,  dans  le  moment  de  la 
rupture  des  conférences  de  Châtillon,  les  motifs 
qui  les  ont  portées  à  entamer  une  négociation 
avec  le  gouvernement  français,  et  les  oauses  de 
la  rupture  de  cette  négociation.  Des  événemens 
militaires ,  tels  que  l'histoire  aura  peine  à  en  re- 
cueillir dans  d'autres  temps,  renversèrent  au 
mois  d'octobre  passé  l'édifice  monstrueux  com- 
pris sous  la  dénomination  d'empire  français  ; 
édifice  politique  fondé  sur  les  ruines  d'états 
jadis  indépendans  et  heureux,  agrandi  par  des 
provinces  arrachées  â  d'antiques  monarchies, 
soutenu  au  prix  du  sang ,  de  la  fortune  et  du 
bien-être  d'une  génération  entière.  Conduits  par 
la  victoire  sur  les  bords  du  Rhin,  les  souverains 
alliés  crurent  devoir  exposer  de  nouveau  à  l'Eu- 
rope les  principes  qui  forment  la  base  de  leur 
alliance,  leurs  vœux  et  leurs  déterminations. 
Eloignés  de  toute  vue  de  conquête ,  animés  du 
seul  désir  de  voir  l'Europe  reconstruite  sur  une 


juste  échelle  de  proportion  entre  les  puissances , 
décidés  À  ne  pas  peser  les  armes  avant  d'avoir 
atteint  le  .noble  but  de  lenrs  efforts,  ils  manifea* 
tèrent ,  par  un  acte  public ,  la  constance  de  leurs 
intentions  et  n'hésitèrent  pas  à  s'expliquer  vis4- 
vis  du  gouvernement  ennemi ,  dans  Un  aens  con- 
forme à  leur  irésolution  mvariable.  Le  gouve^- 
neatcat  français  se  pgrévalut  de  la  déclaration 
.franche  des  cours  alliées,  pour  témoigner  des  di»- 
positions  phcifiqiles/'Ii  avait  besoin,  sans  doute, 
d'en  prendre  l'apparence,  pour  justifier  aux  yeux 
de  ses  peuples  les  nouveaux  efibrts  qu'il  ne  ceê- 
sait  de  leur  •  demander.  Tout  cependant*  prouvait 
aux  cabinets  alliés  qu'il  né  voùlmt  que  tarer  parti 
'd'une.négocfalien  apparente,  dans  l'intention  de 
disposer  l'opinion  publique  eu'sa  ftifeur,  dl  que 
la  paix  de  l'Europe,  était  encore  loiïi  de  sa  pem- 
«ée.  Lès  puissances  alliées,  pénétranlt  ses  vues  se- 
xnrètes ,  se  décidèrent  à  aHsr  t^onq^érc^  en>iRrànce 
-même  cette  paix  tant  désirée,  Be  nôiphreiises 
armées  passèreitt  le  Rhin  ;  à  peinfe  «ureut-ellès 
franchi  les  premières  barrières ,  que  le  ministre 
des  relations  extérieures  de  France 'se  piésenta  * 
aux  avant-postes. 

Dès^lors,  toutes  les  démarches  du  gouvemé- 
.m^Dit .  français  n'eurent  d'autre  but  que  de  don- 
ner le  change  à  l'opinion  publique,  de  fasciner 
les  yeux  du  peuple  français ,  et  de  chercher  à  re- 
jeter sur  les  alliés  l'odieux  des  malheurs  de  cette 
guerre  d'invasion.  '  •  ^ 


éebi  Ugu9*iuwféemê.  Ln plrincèfeê  çnî  pnsêtkuem 
imtt  caueUi'4gÊ  $oMerulm  caaliiéÊ^dèê  learpr»^ 
mik^  réufmn  peim  ie  $aiut  cmmmimj  maieÊU  rmfu 
ma  ient  ^Uvttoppermxt^    Ribei  s'arteBâiT  vu» 

SA  ^sBoojnvÊLVûTum  Mi.fi'éMfic»sefaiA«  fiefti 
^ium^  aprèli  tant  de  nctarurei^  ne  dmoeat 
foEBMr  «m  ofaitacle  â  la.]^x«.  L«  éeaie 
ûffpeïée  à  meHvé  danf  >t.^lmlai)m  do»  oonqMaUH 
^ii»pôuF  la  Framte^VJùÊf^tÈem^  pMiirait  ë&eiH 
oer,  en  détail^  i|».8ac9iBc«»<pft'idk>éiMk  poète  â 
ifair9  poar  la  pâicifioQftion<géi»âialè;.l0i)toiw 
tàEé^  pcMwài«ti>  espérer  en^  ifwi  FieKpériimtt 
de»  demnriillempi'awrwl  in^ué  Mr  un  etofiié- 
Biw|,.en:!biilftri  aux. i«proGli6i|[  d'iuia  giamle 
tioB  €t  témbinv pcâir.l»  pÈtnàèrnêÊm^  ésÉOA 
capitaitti^'âés  ■qans'jqiip1l;é  atlkiéÉiinlÉiIft'.F. 
celle  «kpérienoe  pèvreait  l'aMit  itandait  ^aii 
ttriieàd;*  7iif  imioÊitaerpatiM  dàg  MvtteM^tf  lie  « 
rièUitmntà  itiifnodmttitmM^iûftMipek.  Toatefeài 
ka  soo^erains^alliée ,  éoBTunciia  ipie.itcMÛ  qiiHk 
feraient  ne  devait  pas  comproncHvQ  la.  mandie 
-ÔM  opératiolM  nMbtaÎMs^  oonvînisat  (]piecesopé- 
Tatiem  contittMraiaat  peadantleft  uégMààtiûmÊ^ 
ririBloir64u.p«0sôvet;defimqite&^O0(Teiiîr8^  leur 
tf^icnt  démontré  la  néocaalli  de  œtte  maraicL 
r&c»  plbnfpoleniliairet  ao  vàniiirent  net  oâm  dii 
gouvernement  français. 


CAMPAÛHE  DE    It8l4-  111 

Sientôt  lei«riiiéesvictofie«tes  ft»'ay«ûoèr8iit)mt- 
qu'au^L  portes  de  k  capilde;  le  govTernémeixt  ne 
soikgea,  dès  ce  ntmneHt,  qit'4  la  $Miver  d'une  «o- 
cupaiioB  cttuiéttiie.  Le  pléttip-etenliaiie  de  Pvàaeë 
reçut  Tôrdm  die-  proposer  «m  armistice  y  f^Mté  fcur 
des  bases  conformes  i  oelles  que  le»  cours  àlliéee 
jugeaioM  ellâs-ïnéiÉtfies  néceesaires  -mi  tétihllm^ 
fbent  d^'la  paist  géfnéralet  il  e«iHt  la  téÊtàmîimh 
lotiédiate  des  plaeep  fortes ,  dan^  les  p^a  que  ia 
WtmùOù'cèAeMiij  mais-soue  k  condition  dd  la atM^ 
pensioti  des  opérations  miHtatres.  L^'af&i^^  o^m- 
"faincus  pâ!]^' vin^  annéea  d'aïpérieiicé  ^;  qu'4Mi 
lî^tnnl?  a^eè  lo^eabinet  fr^iÇEÛa^  les  appatenet» 
dèvaiebt^ôl^ëttsemQirt  étr^  dMlhguées  dbs  intttn- 
I9è«i^  (^v^fetdMtituèrentâ  oettie.pi»ep<arsllla«i,  Oèiit 
^ëigMrStti«4ë^)bample6  pvopo^ltioti^derla  paix. 
HS^të  ^stgnaMre  ahriiit  ;  powr  ^  la*  Vtaimt?  i,  tous  -les 
^TQHfb^  delà  pait^  sans  eMtalnér  potik*  lei^al- 
IKs^^lëè  Aàigefs  d'UM  «uspetfsion  d'artiàes.  Quc^ 
ques  succès  partiels  venaient  cependant  dé  tnaih 
iô^et  les  prëittïsM  -  pas  ^  d'une  îarmée  '  Ibtmie  A)us 
iësorinii4  de  Paria  r  d<)  IWlitéde  la  g^nérution  aie- 
iîkéHk ,  dèTtiièfe  ^pi^ncië  !  de'  la  '  nation),  'et  ^ka 
dël^ria id'^n  Mffl^  detiraMes:,' i{til armfevit pé^i 
siir  4c  ^lefifnp  de  bâtailk  ^  ou  iquî  «irâiont)  ébéiàbab- 
ddimâi  s«ir'kS'grati^dOil<W)Uté»,  idep^ 

Il  *         '  J  *  I 

■  «r«rr-  /•«'.'»•        f  •«        •        •        •  .1  I 

/'t>         .•»  .'I  .<.•  ««fl  t. 

(^)  (tes  coaJiiies  j  fidèles  ii  ce^  principe  ^  ont  en  cil'ct  toujours  ^pa^c 
teun  intentions  atei  apparences ,'  qu'ils  mctlaicnl  ch  '.1^*flîît  (fans  îiîufs 


lis  PliGBS   JUSTinCAflVES. 

{usqu'â  Moskou,  sacr^Sés  à  dm:tDtérèt9  étran- 
gers à.  la  France.   Aussitôt  ks  confiances  de 
Châtillôn  changèrent  de  caractère;  le  plénipo- 
tentiaire'français  deilieura  sans  instructions,  et 
fut  hors  d'état  de  rép<»idre  aux  proposition»  des 
conts  alliées.  Alors  les  projets  du  gouvernenienit 
français  se  montrèrent  clairement  aux  cours  :  elles 
.S9:  décidèrent  donc  à  une  démarcha  djécisÎTe ,  la 
seule  qui  fût  digne  de  leur  puissance  et  de  la 
ilroiiture  de, leurs  intentions.   Elles  chargèrent 
leurs  plénipotentiaires  de  remettre  un  projet  de 
traité  pTf§Uminaire',  qui  contint  toutes  les  bases 
qu'elles  jugeaient  nécessaires  pour  fe  ^rétablisse- 
ment  de  l'équilibre  politique,  et  qui,  peu  de 
jours. «Aparavant,  avaient  ét4  offev:!^  par  levant 
yérnemébt  fronçais  lui-*méme ,  dans  un  momeot 
où;  il  croyait  sans  doute  son  existeDce  comp^iCH- 
mise.  Les  principes  de  la  reconsfsruction  pol^r 
que  de  TEutope  se  trouiment  établis  dans  ce 
projet. 

La  France ,  rendue  â  des  diqiMeiisians  que  des 
«iècled  de  gloire  et  de  prospérité,,  sous  la  domir 
nation  de  ses  tw  »  lui  avaient  assurées , .  ^vç^ 
pajptager  avec  l'Europe  les  bienfltits.de  sa  IS^ei^, 
de  rindépendamde  nationale  et  de  la  paix^  Il  m 
dépendait  que  de  son- gouV^m^meift  de  mettnç, 
par  un  seul  mot,  un  terme  aux  souffrances  de 
la  nation  ;  de  lui  rendre ,  avec  la  paix ,  ses  co- 
lonies ,  son  commerce ,  et  le  libre  exercice  de  son 
industrie.  Voulait  -  il  plus  ?  Les  puissances  sér 


CAMPAGNS  DB    l8l4«  m5 

taient  offertes  à  discuter ,  dans  un  esprit  de  con* 
ciliation,  ses  vœux  sur  plusieurs  objets  de  pos- 
session d'une  mutuelle  cadvenance,  qui  dépas- 
seraient les  limites  dç  lia  France  avati^  la  guerre  de 
la  révolution.  Quinze  jours  se  passèrent  sans  ré^ 
ponse  de  la  part  du  gouvernement  français.  Les 
plénipotentiaires  des  alliés  insistèrent  sur  un 
terme  péremptoire ,  pour  Tacceptation  ou  le  refus 
des  conditions  de  la  paix.  On  laissa  au  plénipo- 
tentiaire français  la  latitude  de  présenter  un  con- 
tre-projet ,  pourvu  que  ce  contre-projet  répondit 
à  l'esprit  et  à  la  substance  des  conditions  propo- 
sées par  les  cours  alliées.  Le  terme  du  i  o  mars 
fut  fixé  d'un  commun  accord.  Le  plénipotentiaire 
français  ne  présenta,  à  l'échéance  de  ce  terme , 
que  des  pièces  dont  la  discussion ,  loin  de  rap- 
procher du  but ,  n'aurait  fait  que  prolonger  de 
stériles  négociations.  Sur  la  demande  du  j^é- 
nipotentiaire  de  France ,  il  fut  accord/é  un  nou- 
veau terme  de  peu  de  jours.  Le  1 5  mars ,  enfin , 
ce  plénipotentiaire  remit  un  contre -projet,  qui 
ne  laissa  plus  de  doute  que.  les  malheurs  de  la 
France  n'avaient  pas  encore  changé  les  vues  de 
son  gouvernement.  Revenant  sur  ce  qu'il  avait 
proposé  lui-même,  le  gouvernement  français  de- 
manda ,  dans  un  nouveau  projet ,  que  des  peu- 
ples étrangers  à  l'esprit  français,  que  des  peuples, 
que  des  siècles  de  domination  ne  pouvaient  pas 
fondre  dans  la  nation  française,  continuassent  à 
en  faire  partie.  La  France  devait  coiuerTer  des 

T.  8 


Il4  PIÈCES   JUtTinCATIVES. 

diofieomoDS  incompatibles  ayec  rétabltssenkent 
d'uD  système  d'équilibre ,  et  hors  de  propoitioD 
avec  les  autres  grands*  corps  politiques  de  l'Eu- 
rope; die  voulait  conserver  des  points  et  des  po- 
sitionS'  offensives,  au  moyen  desquels  son  gou- 
vernement avait ,  pour  le  malheur  de  l'Europe  et 
de  la  France ,  amené  la  chute  de  tant  de  trônes , 
et  opéré  tant  de  bouleversemens.  Des  membres 
de  la  famille  régnante  en  France ,  devaient  être 
replacés  sur  des  trônes  étrangers.  Le  gouverne- 
ment français  enfin,  ce  gouvernement ,  qui,  de- 
puis tant  d'années ,  n'a  pas  moins  cfherché  à  ré- 
gner sur  l'Europe  par  la  discorde  que  par  la  force 
des  armes ,  devqit  rester  l'arbitre  des  rapports  in- 
térieurs et  du  sort  des  puissances  de  l'Europe. 

Les  cours  alliées,  en  continuant  les  négfociar 
tions  sous  de  tels  auspices,  eussent  manqué  â 
tout  ce  qu^elles  se  doivent  à  eUes -mêmes  ;  elles 
eussent,  dès  ce  moment,  renoncé  au  but  glo- 
rieux qu'elles  se  proposent;  leurs  efforts  n'eus- 
sent plus  tourné  que  contre  leurs  peuples.  En 
signant  un  traité  sur  les  bases  du  contre-projet 
français ,  les  puissances  eussent  déposé  les  armes 
entre  les  mains  de  l'ennemi  commun  ;  elles  eus- 
sent trompé  l'espérance  des  nations  et  la  ccmi- 
fiance  de  leurs  à^iés. 

,  C'est  dans  un  moment  aussi  décisif  pour  le  sa^ 
lut  du  monde,  que  les  souverains  alliés  renou- 
vellent l'engagement  solennel ,  qu'ils  ne  poseront 
pas  les  armes  avant  d'avoir  atteint  le  grand  objet 


GAHr  AONS  <  DU   1  à  l^V  ï'  1  5 

de  lenr  allianœ..  La  Fraaoe  ne  peut  s>en  prendre 
qu'à  son  gouvernenient  des  maux  qu'elle  soûfi- 
fre  (*).  La  paix  seule  peut  lenner  les  plam;  qu'un 
esprit  de  domination  universelle  et  sans  exemple 
dans  les  annales^  du  monde ,  hii  a  portées.  Il  est 
enfin  temps  que  les  princes  puissent,  sans  in- 
fluence étrangère ,  Teiller  au  bonheur  de  leurs 
peuples;  que  les  nations  respectent  leur  indé- 
pendance réciproque;  que  les  institutions  sociales 
soient  à  Fabri  de  bouleversemens  journaliers  \  les 
propriétés,  assurées ,  et  le  commerce,  libre. 

L'Europe  entière  ne  forme  qu'un  vœu ,  celui 
de  faire  participer  à  ces  bienfaits  de  la  paix ,  la 
France,  dont  les  puissances  alliées  elles-mêmes 
ne  désirent ,  ne  Teulent ,  ne  souffriront  pas  le  dé- 
membrement. La  foi  de  leurs  promesses  est  dans 
les  principes  pour  lesquels  elles  combattent.  Mafs 
par  où  les  souverains  pourront^ils  juger  que  la 
France  veut  les  partager^  ces  principes  qui  doivent 
fonder  le  bonheur  du  monde ^  aussi  long-temps  qu'ils 
verront  que  la  même  ambition  qui  a  répandu  tant 
de  maux  sur  l'Europe,  est  encore  le  seul  mobile  du 
gouvernement;  que,  prodigue  du  sang  français 
et  le  versant  à  flots,  l'intérêt  public  est  toujours 
immolé  à  l'intérêt  personnel?  Sous  de  tels  rap- 
ports ,  où  SERAIT  LA  GARANTIE  DE  l' AVENIR ,  SI  UN 
SYSTÈME     AUSSI    DESTRUCTEUR    NE    TROUVAIT    PAS    UN 


f  (*)  Dans  les  publications  allemandes  de  cette  pièce,  on  a  eu  soin 

I  de  mettre  :  La  France  ne  peut  aUnhuer  qua  elle-même  ,  etc. 


ii6  piÈGBs  jrcsTmcjiTivss. 

TERMB  DAN0  LA  TOLONTÉ   GÉNl&lLAXB  DE    LK  MATION  ? 

Dès-4or8  la  paix  de  TEurope  est  assurée ,  et  rien 
né  saurait  la  troubler  â  Tavenir  {*). 

Chàtillon-siuvSeiney  le  16  mars  i8i4* 


(*)  Dans  le»  pnUications  aUeniandet ,  on  a  ea  soin  de  si^primer  oeK 
appel  aux  Francaû  de  se  rërolter  contre  lenr  goaTememenU  La  dernière 
période  est  conçne  lûnsi  qn'il  mît  :  a  UEorope  entière  ne  forme  (jn*uB 
c  Toen  y  et  ce  Toen  est  Texpresâon  dn  besoin  oniTersel  des  peuples.  Tons 
«  sont  nsnnis  ponr  le  soutien  d'une  senk  et  même  canae;  cette  cause 
«  triomphera  du  seul  obstacle  ^^elle  ait  encore  à  Taincre.  » 


GAHPAGm  Ni  l8l4.  1^7 


N-  xxxm. 

J^roclamation  de  Schwarzenberg. 

Hâbitans  de  Paris! 

Les  armées  alliées  se  trouvent  devant  Paris  ;  le 
but  de  leur  marche  vers  la  capitale  de  la  France, 
est  fondé  sur  l'espoir  d'une  réconciliation  sincère 
et  durable  avec  elle.  Depuis  vingt  ans ,  l'Europe 
est  inondée  de  sang  et  de  larmes;  les*  tentatives 
faites  pour  mettre  un  terme  à  tous  ses  malheurs 
ont  été  inutiles,  parce  qu'il  existe,  dans  le  pour- 
voir même  du  gouvernement  qui  vous  opprime , 
un  obstacle  insurmontable  à  la  paix.  Quel  Fran- 
çais ne  serait  convaincu  de  cette  vérité?  Les  sou- 
verains alliés  cherchent  de  bonne  foi  une  auto- 
rité salutaire,  en  France,  qui  puisse  cimenter 
l'union  de  toutes  les  nations  et  de  tous  les  gou- 
vernemens  avec  elle. 

C'est  à  la  ville  de  Paris  qu'il  appartient  y  dans 
les  circonstances  actuelles  ^  d'accélérer  la  paix  du 
monde  ;  son  vœu  est  attendu  avec  l'intérêt  que  doit 
inspirer  un  si  immense  résultat;  qu'elle  se  pro-- 
nonce  y  et,  dès  ce  moment,  l'armée  qui  est  de- 
vant ses  murs  devient  le  soutien  de  ses  décisions. 


Il8  PlfieER  JU8TinCATIV£0. 

Parisiens  !  tous  connaissez  la  situation  de  Totre 
patrie,  la  conduite  de  Bardeaux^  l' occupation  ami- 
cale de  Lyon^  les  maui  attirés  sur  la  France ,  et 
les  dispositions  véritables  de  vos  concitoyens. 

Vous  trouverez  dans  ces  exemples  le  terme  de 
la  guerre  étrangère,  et. celui  de  la  discorde  civile; 
vous  ne  sauriez  plus  le  chercher  ailleurs.  La  con- 
servation et  la  tranquillité  de  votre  ville ,  seront 
l'objet  des  soins  et  des  mesures  que  les  alliés  s'of- 
frent de  prendre ,  avec  les  autorités  et  les  notables 
qui  jouissent  le  plus  de  l'estime  publique. 

Aucun  logement  militaire  ne  pèsera  sur  la  ca- 
pitale. 

C'est  dans  ces  sentimens  que  l'Europe,  en 
armes  devant  vos  murs ,  s'adresse  â  vous.  Hâtez- 
vous  de  répondre  â  la  confiance  qu'elle  met  dans 
votre  amour  pour  la  patrie  et  dans  votre  sagesse. 

Quartier-Général  de  Bondy ,  le  29  man  iBi4> 


'1 


>  ■  *»  •  •  j 


.  •.    •   M 


CAMPAGNE   DE    1814^  1  I9 


N-  XXXIV. 

Capitulation  de  Paris. 

Article  !*'• 

Les  corps  des  maréchaux  ducs  de  Trévise  ei 
de  Raguse,  éyacueront  la  ville  de  Paris,  le5 1  mars, 
à  sept  heures  du  matin. 

Art.  2. 

f 

Ils  emmèneront  le  matériel  de  leur  armée. 

Art.  3. 

Les  hostilités  ne  pourront  recommencer  que 
deux  heures  après  révacuaden  de  Paris ,  c'est-à- 
dire  ,  le  3 1  mars ,  â  neuf  heures  du  matin. 

Art.  4- 

Tous  les  arsenaux ,  ateliers ,  édifices  militaires 
et  magasins ,  resteront  dans  l'état  où  ils  se  trou- 
vaient avant  la  présente  capitulation. 


120  PIÈCES   JUftTIPICÂTIVE9. 


Abt.   5. 


La  garde  nationale  ou  garde  urbaine  est  entiè- 
rement séparée  des  troupes  de  ligne;  elle  sera 
conservée,  désarmée  ou  licenciée,  selon  que  les 
souyerains  alliés  le  jugeront  nécessaire. 

Art.  6. 

Le  corps  de  la  gendarmerie  municipale  parta- 
gera en  tout  le  sort  de  la  garde  nationale. 

Art.  7. 

Les  blessés  et  maraudeurs  qui ,  après  sept  heu- 
res ,  seront  encore  à  Paris ,  seront  prisonniers  de 
guerre. 

Art.  8. 

La  Tille  de  Parts  est  recommandée  à  la  géné- 
rosité des  hautes  puissances  alliées. 

Fait  à  Paris,  le  3i  mars,  à  deux  heures  du  matin. 

Signée  le  colonel  Fabtier  ,  le  colonel  Dents  , 
le  colonel  Orloff,  le  comte  Paar. 


CAMPAGNE   IfX    l8l4-  1^1 


N-  XXXV- 
Déclaration. 

Les  années  des  puissances  alliées  ont  occupé 
la  capitale  de  la  France.  Les  souverains  alliés  ac- 
cueillent  le  vœu  de  la  nation  française. 

Ils  déclarent  : 

Que  si  les  conditions  de  la  paix  devaient  ren- 
fermer de  plus  fortes  garanties,  lorsqu'il  s'agis- 
sait d enchaîner  l'ambition  de  Bonaparte,  elles 
doivent  être  plus  favorables  lorsque ,  par  un  re- 
tour vers  un  gouvernement  sage ,  la  France  elle- 
même  offrira  l'assurance  du  repos. 

Les  souverains  proclament  en  conséquence  : 
Qu'ils  ne  traiteront  plus  avec  Napoléon  Bona- 
parte, ni  avec  aucun  de  sa  famille. 

Qu'ils  respectent  l'intégrité  de  l'ancienne  France, 
telle  qu'elle  a  existé  sous  ses  rois  légitimes.  Ils 
peuvent  même  faire  plus ,  parce  qu'ils  professent 
toujours  les  principes  que,  pour  le  bonheur  de 
l'Europe,  il  faut  que  la  France  soit  grande  et 
forte. 

Qu'ils  reconnaîtront  et  garantiront  la  constitu- 
tion que  la  nation  française  se  donnera.  Ils  in- 
vitent ,  par  conséquent ,  le  sénat  à  désigner  sur- 


122  FliCBS   JUSTIFIGATITES. 

le-champ  un  gouvernement  provisoire,  qui  puisse 
pourvoir  aux  besoins  de  Tadministration ,  et  pré- 
parer la  constitution  qui  conviendra  au  peuple 
français. 

Les  intentions  que  )e  viens  d'exprimer  me  sont 

communes  avec  toutes  les  puissances  alliées. 

« 

Paris  ^  le  3i  mars  1814»  trois  heures  après  midi. 

Signé,  Alexandke. 


CAHPAG9IE   DE   .l8.l4-  1  ^^ 


N-  XXXVI. 
Acte  de  garantie. 

Article  i**. 

Je,  Charles,  prince  de  Schwarzenberg ,  maré- 
chal et  généralissime  des  armées  alliées ,  promets 
à  toutes  les  troupes  françaises  qui,  ensuite  du 
sénatus-consulte  du  a  avril ,  quitteront  les  dra- 
peaux de  Napoléon  Bonaparte,  qu'elles  pour- 
ront librement  et  sans  obstacles ,  avec  armes  e^ 
bagages ,  et  avec  les  égards  et  les  honneurs  mili- 
taires que  se  doivent  réciproquement  les  troupe» 
alliées  j  faire  leur  retraite  sur  la  Normandie» 

Art.  2. 

« 

Que  si,  par  suite  de  ce  mouvement,  lesévéne- 
mens  de  la  guerre  mettaient  la  personne  de  Na- 
poléon Bonaparte  au  pouvoir  des  armées  alliées, 
sa  vie  et  sa  liberté  lui  seront  garanties ,  dans  une 
contrée  renfermée  dans  de  certaines  limites ,  et 
au  choix  des  puissances  alliées  et  du  gouverne- 
ment français. 

Au  quartier-général  de  ChevîUy,  lé  4  avril  1814. 

Signée  SCHWARZENBERG. 


\ 


1^4  PIÈGES  JUSTIFICATITES. 

Ordre  du  prince  de  Schwarzenberg  pour 

les  armées  coalisées. 

Le  corps  ennemi  du  maréchal  Marmont  mar* 
chera,  par  Juvisy,  sur  la  grande  route  jusqu'à 
Fresnes ,  où  il  s'arrêtera  pour  repaître  ;  U  suivra 
ensuite  son  mouvement,  d'après  les  ordres  du 
gouvernement  provisoire. 

Les  3*,  4%  5*  et  6*  corps,  se  tiendront,  à  l'en- 
trée de  la  nuit,  prêts  à  tout  événement;  il  en  sera 
de  même  de  l'armée  de  Silésie.  Le  corps  ennemi 
sera  escorté ,  jusqu'à  Fresnes ,  par  deux  r^imens 
de  cavalerie  du  5'  corps ,  et  de  là  à  Versailles ,  par 
deux  régimens  de  cavalerie  russe  de  la  réserve. 
Tant  parce  motif  qu'à  cause  de  l'indisposition  des 
habitans  de  Versailles ,  cette  ville  devra  être  for- 
tement occupée  par  les  troupes  alliées. 


Ordre  du  maréchal  Barklaj  pour  l'armée 

de  Silésie. 

Le  maréchal  français  Marmont  ayant  promis 
de  passer  de  notre  côté  (*),  avec  son  corps  de  dix 
mille  hommes ,  il  doit  se  diriger  par  Fresnes  sur 

(*')  Dauft  le  texte  original  allemand,  Wy  ;k:  Zu  uns  ûbcrzugc/tcn. 


CAMPAGNE  DS    l8l4*  lâ5 

Versailles;  mais  comme  il  pomrait  arrÎTer  que 
Napoléon  eût  acquis  la  comiaissance  du  projet  du 
maréchal  Marmont ,  et  qu'il  voulût  en  profiter 
pour  tenter  une  surprise  de  nuit  sur  notre  aile 
gauche ,  il  est  indispensablement  nécessaire  que 
tous  les  commandans  des  corps  se  tiennent  prêts 
à  marcher,  avec  leurs  troupes,  jusqu'à  ce  qu'on 
ait  appris  avec  certitude  que  le  passage  à  eu  lieu 
tranquiUement.  On  donne  en  conséquence  la  dis- 
position suivante  pour  l'armée  de  Silésie ,  en  cas 
d'une  attaque  de  nuit. 

(  Suivent  les  dispositioiu  de  bataille  des  différens  corps.  ) 


126  PIÉGÉS   JCSTIFIGATITCS. 


3=3C 


N-  xxxvn. 

Traité  de  Fontainebleau. 


Abtigls  i'". 

S.  M.  Fempereur  Napoléon  renonce ,  pour  lui 
et  ses  successeurs  et  descendans ,  ainsi  que  pour 
chacun  des  membres  de  sa  famille,  à  tout  droit 
de  souveraineté  et  de  domination ,  tant  sur  lem- 
pire.  français  et  le  royaume  d'Italie  que  sur  tout 
autre  jpays. 

Art.  5i« 

LL.  MM.  l'empereur  Napoléon  et  rimpératrice 
Marie-Louise  ,  conservent  ces  titres  et  qualités 
pour  en  jouir  leur  vie  durant  ;  la  mère ,  les  frères , 
sœurs ,  neveux  et  nièces  de  l'empereur  conserve- 
ront également ,  partout  où  ils  se  trouveront ,  le 
titre  de  princes  de  sa  famiUe. 

Art.  3. 

L'île  d'Elbe ,  adoptée  par  l'empereur  Napoléon 
pour  le  lieu  de  son  séjour,  formera,  sa  vie  du- 


•GA]iPÂ<;NB    DE    l8l4-  127 

rant ,  une  principauté  séparée ,  qui  sera  possédée 
par  lui  en  toute  souveraineté  et  propriété.  Il  sera 
donné  en  outre ,  en  toute  propriété ,  â  l'empereur 
Napoléon ,  un  revenu  annuel  de  deux  millions  de 
francs ,  en  rentes  sur  le  grand-livre  de  France , 
dont  un  million  réversible  à  l'impératrice. 

Art.  4« 

Toutes  le^  puissances  s'engagent  à  employer 
leurs  bons  offices,  pour  faire  respecter  par  lès 
Barbares  ques  le  pavillon  et  le  territoire  de  File 
d- Elbe 9  et  potfr  que,  dans  ses  rapports  avec  les 
Barbaresques ,  elle  soit  assimilée  à  la  France. 

Art.  5. 

^  Les  duchés  de  Parme ,  Plaisance  et  Guastalla , 
seront  donnés,  en  toute  sou veraineté  et  propriété, 
à  S.  1\I.  l'impératrice  Marie-Louise  ;  ils  passeroiit 
à  son  fils  et  à  sa  descendance  en  ligne  directe. 
Le  prince  son  fils  prendra  dès  ce  moment  le  nom 
de  prince  de  Parme ,  Plaisance  et  GuastaUa. 

Art.  6. 


Il  sera  réswé  ^ .  dont  le»  pays  auxquels  4^m^ 
pereur  Napoléon  renonce,  pour  lui  et  sa  famiUe , 
des  domaines,,  oa  donné  des  rentes  sur  le  grand- 
livre  de  France ,  produisant  un  revenu  annuel , 


\2S  PIÀGE8   JUSTIFICATIVES. 

net  et  déduction  faite  de  toute  charge ,  de  deux 
millions  cinq  cents  miUe  francs.  Ces  domaines 
ou  rentes  appartiendront  en  toute  propriété ,  et 
pour  en  disposer  comme  bon  leur  semblera ,  aux 
princes  et  princesses  de  sa  famille ,  et  seront  ré- 
partis entre  eux ,  de  manière  à  ce  que  le  revenu 
de  chacun  soit  dans  la  proportion   suivante  , 
savoir  :  à  madame  mère,  3oOyOOO  francs;  au  roi 
Joseph  et  à  la  reine,  5oo,ooo  francs;  auroiLouis^ 
300,000  francs  ;  à  la  reine  Hortense  et  à  son 
enfant,  4^0,000  francs;  au  roi  Jérôme  et  à  la 
reine ,   5oo,ooo    francs  ;  à  la  princesse  Élisa , 
3oo,ooo  francs;  â  la  princesse  PauUne,  3oo,ooo 
francs;  les  princes  et  princesses  de  la  famille  de 
l'empereur  conserveront  en  outre  tous  les  biens 
meubles  et  immeubles ,  de  quelque  nature  que 
ce  soit ,  qu'ils  possèdent  â  titre  particulier ,  et 
notamment  les  rentes  dont  ils  jouissent  égale- 
ment, comme  particuliers,  sur  le  grand-livre  de 
France,  ou  le  Mont-Napoléon  de  Bfilan. 

Art*  7^ 

Le  traitement  annuel  de  l'impératrice  José- 
phine sera  réduit  à  un  million ,  en  domaines  ou 
en  inscriptions  sur  le  grand-livre  de  France.  Elle 
contlQuera  à  jouir ,  en  toute  propriété ,  de  ses 
biens  meubles  et  immeubles  particuliers  ,  et 
pourra  en  jouir  conformément  aux  lois  fran- 
çaises. 


campagne  de  181 4-        >^ 

Art*  8.        * 

Il  sera  donné  au  prince  Eugène,  vice-roi 
d'Italie  ,  un  établissement  convenable  hors  de  la 
France, 

Art.  9. 

Les  propriétés  que  S.  M.  l'empereur  Napoléon 
possède  en  France ,  soit  comme  domaine  extraor- 
dinaire, soit  comme  domaine  privé,  resteront  à 
la  couronne.  Sur  les  fonds  placés  par  l'empereur 
Napoléon ,  soit  sur  le  grand-livre ,  soit  sur  la  ban- 
que de  France ,  soit  sur  les  actions  des  forêts , 
soit  de  toute  autre  manière ,  il  sera  réservé  un 
capital ,  qui  n'excédera  pas  deux  millions ,  pour 
être  employé  en  gratifications  en  faveur  d^s  per- 
sonnes qui  seront  portées  sur  l'état  que  signala 
l'empereur  Napoléon ,  et  qui  sera  remis  au  gou« 
vemement  français. 

Art.  10. 

Tous  les  diamans  de  la  couronne  resteront  à 
la  France.  ^ 

Art.  11. 

* 

L'empereur  Napoléon  fera  versement  au  trésor 

V.  9 


|30  PliCXS   JVfTinGATITES. 

et  aux  autres  caisses  publiques  de  toutes  les  som- 
mes et  effets ,  qui  auf  aient  été  déplacés  par  ses 
ordres  ^  à  Fexception  de  la  liste  civile. 

ART.  1  a. 

Les  dettes  de  la  maison  de  S,  M,  Fempcareur 
Napoléon ,  telles  qu'elles  se  trouvent  à  la  signa- 
tjare  du  présent  traité,  seront  immédiatement 
acquittées  sur  les  arrérages  dus  par  le  trésor  pu- 
blic à  la  liste  civile,  d'après  les  états  qm  se» 
roBt  signés  par  un  commissaire  nommé  a  cet 
effet 

Aet.  i3. 

Les  obligations  du  Mont-Napoléon  de  Mikoa , 
envers  tous  ses  créanciers ,  soit  français  soit  étran- 
gers ,  seront  exactement  remplies  >  sans  qu'il  soit 
fait  aucun  changemait  &  cet  égard. 

Art.  i4- 

On  donnera  tous  les  saufs-conduits  nécessaires 
pour  le  libre  voyage  de  S.  M.  l'empereur  Napo- 
léon, de  l'impératrice,  des  princes  et  princesses, 
et  de  toutes  les  personnes  de  leur  suite  qui  vou- 
dront les  accompagn^er  ou  s'établir  hors  de 
France ,  ainsi  que  pour  le  passage  de  tous  les 
équipages ,  chevaux  et  effets  qui  leur  appartiei>- 


nent  ;  les  puisMuaces  alliées  donneroBt  ^en  cmisè* 
quence  des  officiers  et  des  hommes  d^escorte;* 

La  garde  impériale  française  fournira  un  dé- 
tachement de  douze  à  quinze  cents  hommes  de 
toutes  armes ,  pour  servir  d'escorte  jusqu'à  Saint- 
Tropez^  lieu  de  l'embarquement. 

Ait.  i6. 

< 

II  sera  fourni  une  corrette  armée  ^  et  les  biti- 
mens  nécessidres  pour  conduire,  au  lieu  de  sa 
destination  y  6.  M.  l'empereur  Napoléon ,  ainsi 
que  sa  maison  ;  la  corvette  demeurera  en  toute 
propriété  à  S«  M; 

S.  M.  l'empereur  emmènera  avec  lui,  et  con- 
servera pour  sa  garde ,  quatre  cents  hommes  de 
bonne  volonté ,  tant  oiSiciers  que  scfus-officiers  et 
soldats. 

Art.  i8. 

Tous  les  Français  qui  auront  suivi  S.  M.  l'em- 
pereur Napoléon  ou  sa  famille ,  seront  tenus ,  s'ils 
ne  veulent  pas  perdre  leur  qualité  de  Français , 


l3d  PIÈCES   JI^ATIFICATIVES. 

de  rentrer  en  France  dans  le  terme  de  trois  ans , 
â  moins  qu*ils  ne  soient  compris  dans  les  emplois 
que  le  gouvemetnent  français  se  réserve  d'accor- 
dar  après  l'expiration  de  ce  terme. 

Art.  19. 

Led  troupes  polonaises  de  toutes  armes  qui 
sont  au  service  de  France ,  auront  la  liberté  de 
retourner  chez  elles ,  en  consefvant  armes  et  lia- 
gages,  comme  un  témoignage  de  leurs  services 
honorables  ;  les  oflEiciers ,  sous-oflSiciers  et  soldats 
conserveront  les  décorations  qui  leur  ont  été  ac- 
cordées ,  et  les  pensicMis  affectées  à  ces  décwations. 

Art.  âo. 

Les  hautes  puissances  alliées  garantissent  Vexé- 
cution  de  tous  les  articles  du  présent  traité  ;  elles 
s'engagent  à  obtenir  qu'ils  soient  adoptés  et  ga- 
rantis par  la  France. 

Art.  21. 

Le  présent  traité  sera  ratifié ,  et  les  ratifications 
échangées  à  Paris ,  dans  l'espace  de  deux  |our8 ,  et 
plus  tôt  si  faire  se  peut. 

Fait  à  Paris,  le  11  avril  i8i4. 

Signé,  Caulaijncourt )  duc  de  Vicence;  Net, 


CAMPAGNE   DE    l8l4-  l33 

duc  d'ElchÎDgen;  Macdonau>,  duc  de  Ta- 
rente  ;  le  prince  de  Metternigh  ;  le  comte  de 
Stadion  ;  le  comte  Rasumowsky  ;  le  comte 
de  Nesselrode  ;  Castlereagh  ;  le  baron  de 
Hardenberg. 

Nous  avons  accepté  le  traité  ci-dessus ,  en  tous* 
et  chacun  de  ses  articles  ;  le  déclarons  accepté  et 
ratifié ,  et  en  promettons  l'invariable  observation» 
En  foi  de  quoi  nous  avons  délivré  le  présent^, 
signé  et  revêtu  de  notre  sceau  impérial. 

Ainsi  fait  à  Fontaiâebleau,  le  i  a  avril  i8l4- 

Signé,  Napoléon. 

Et  plus  bas, 

Le  ministre  secrétaire  d'état  ^ 
Duc  de  Bassano. 


Fin    DBS  PIECES  JtSTinCATlVES  BE    l8l4' 


PIEGES    JrSTIFIGiLTITES( 


CAMPAGNE  DE  i8i5. 


PIECES  JUSTIFICATIVES. 


CAMPAGNE  DE  i8i5. 


N*  I, 

Traité  du  iS  mars. 

* 

S.  M.  Fempereur  d'Autriche ,  roi  de  Bohême 
et  de  Hongrie,  et  S.  M.  le  roi  de  la  Grande-Bre- 
tagne, ayant  pris  en  considération  tes  suites  que 
Tinyasion  en  France  de  Napoléon  Bonaparte, 
fX  .la  situation  actuelle  de  ce  royaume ,  peuveuit 
avoir  pour  la  sûreté  de  l'Europe ,  ont  résolu , 
d'un  conunun  accord  avec  S.  M.  l'empereur  de 
Ruflsie  et  S.  M.  le  roi  de  Prusse  ^  d'appliquer 
â  cette  circonstance  importante ,  les  principes 
omsacrés  par  le  traité  de  Ghaumont.  En  consé-- 


l38  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 

quence,  ib  sont  convenus  de  renouveler  ^  par 
un  traité  soleiinel,  signé  séparément  par  cha- 
cune des  quatre  puissances  avec  chacune    des 
trois  autres,  rengagement  de  préserver  contre 
toute  atteinte ,  l'ordre  de  choses  si  heureusement 
rétabli  en  Europe,  et  de  déterminer  les  maximes 
les  plus  efficaces  de  mettre  cet  engagement  à  exé- 
cution, ainsi  que  de  lui  donner,  dans  les  circons- 
tances présentes,  toute  Textension  qu'elles  récla- 
ment impérieusement.  A  cet  effet 

Lesdits  plénipotentiaires ,  après  avoir  échangé 
leurs  pleins  pouvoirs  respectifs ,  ont  arrêté  les  ar- 
ticles suivans  : 

Article  i". 

Les  hautes  puissances  contractantes  ci-dessus 
dénommées ,  s'engagent  solennellement  à  réunir 
les  moyens  de  leurs  états  respectifs ,  pour  main- 
tenir, dans  toute  leur  intégrité,  les  conditions  du 
traité  de  paix  conclu  â  Paris,  te  3o  mal  i8i4> 
ainsi  que  les  stipulations  arrêtées  et  signées  au 
congrès  de  Tienne  ^  dans  le  but  de  remplir  les 
dispositions  de  ce  traité ,  de  les  garantir  de  toute 
atteinte ,  et  particulièrement  contre  les  desseins 
de  Napoléon  Bonaparte. 

A  cet  effet,  elles  s'engagent  i  diriger,  si  le  cas 
Texige,  et  dans  le  sens  de  la  déclaration  du  1 3  mars 
dernier,  de  concert  et  de  commun  accord,  tous 
leurs  efforts  contre  lui,  et  contre  tow  ceux  qià 


CAMPAGNE   ISK    l&l5.  tSg 

leraient  déjà  ralliés  à  sa  faction,  ou  t'y  réuni- 
raient dans  la  suite ,  afin  de  le  forcer  à  se  dé^ 
sister  de  ses  projets,  et  le  mettre  hors  d'état  de 
troubler  à  Tavenir  la  tranquillité  et  la  paix  géné- 
rales, sous  la  protection  desquelles  les  droits, 
la  liberté  et  l'indépendance  des  nations  venaient 
d'être  placés  et  assurés. 

Art.  d^ 

Quoiqu'un  but  aussi  grand  et  aussi  bienfaisant 
ni^  permette  pas  qu'on  mesure  les  moyens  desti- 
nés pour  l'atteindre ,  et  que  les  hautes  puissances 
contractantes  soient  résolues  d'y  consacrer  tous 
ceux  dont,  d'après  leur  situation  respective,  elles 
peuvent  disposer,  elles  sont  néanmoins  conv^ 
nues  de  tenir  constamment  en  campagne  cha- 
cune cent  cinquante  mille  hommes  au  complet, 
y  compris ,  pour  le  moins ,  la  proportion  d'un 
dixième  de  cavalerie ,  et  une  juste  proportion 
d'artillerie ,  sans  compter  les  garnisons ,  et  de  les 
employer  activement  et  de  concert ,  contre  l'en- 
nemi  commun. 

Akt.  3. 

Les  hautes  puissances  contractantes  s'engagent 
réciproquement  à  ne  pas  poser  leâ  armes  que 
d'un' commun  accord,  et  avant  que  l'objet  de  la 
guerre,  désigné  dans  l'article  i""  du  présent  traité,. 


l40  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

n'ait  été  atteint,  en  tant  que  Bonaparte  ne  sera 
pas  mis  absolument  hors  de  possibilité  d'exciter 
des  troubles ,  et  de  renouveler  ses  tentatives  pour 
s'emparer  du  pouvoir  suprême  en  France. 

Art.  4- 

Le  présent  traité  étant  applicable  principale- 
ment aux  circonstances  présentes ,  les  stipula- 
tions du  traité  de  Ghaumont ,  et  notamment  celles 
contenues  dans  l'article  16,  auront  de  nouveau 
toute  leur  force  et  vigueur ,  aussitôt  que  le  but 
actuel  aura  été  atteint. 

Art.  5. 

Tout  ce  qui  est  relatif  au  commandement  des 
armées  combinées,  aux  subsistances,  etc. ,  sera 
réglé  par  une  convention  particulière. 

Art.  6. 

Les  hautes  puissances  contractantes  auront  la 
faculté  d'accréditer  respectivement,  auprès  des 
généraux  commandant  leur»  armées,  des  officiers, 
qui  auront  la  liberté  de  correspondre  avec  leurs 
gouvernemens,  pour  les  informer  des  événemens 
militaires  et  de  tout  ce  qui  est  relatif  aux  opéra- 
lions  des  armées. 


/ 


CAMPAGNE    DE    181 5.  l4l 

Art.  7. 

Les  cDgagemens  stipulés  par  le  présent  traité 
ayant  pour  but  le  maintien  de  la  paix  générale , 
les  hautes  puissances  contractantes  conviennent 
entre  elles  d'inviter  toutes  les  puissances  de  l'Eu- 
rope à  y  accéder. 

Art.  s. 

Le  présent  traité  étant  uniquement  dirigé  dans 
le  but  de  soutenir  la  France ,  ou  tout  autre  pays 
envahi ,  contre  les  entreprises  de  Bonaparte  et 
de  ses  adhérens,  S.  M.  T.  C.  (le  roi  de  France) , 
sera  spécialement  invitée  à  donner  son  adhésion , 
et  à  faire  connaître ,  dans  le  cas  où  elle  devrait 
requérir  la  force  stipulée  dans  l'article  2 ,  quels 
secours  les  circonstances  lui  permettront  d'a- 
dapter â  l'objet  du  présent  traité. 

Art.  $. 

Le  présent  traité  sera  ratifié ,  et  les  ratifications 
en  seront  échangées  dans  deux  mois ,  ou  plus  tôt 
si  faire  se  peut. 

En  f(M  de  ^oi,  etc. 


l42  PIÈC3S  JCSTIFICAnVES. 


N-II. 

Les  débats  sur  la  guerre  que  le  gouYemement 
anglais  voulait  déclarer  à  la  France,  commencè- 
rent le  6  avril,  jour  auquel  il  fut  remis  au  par- 
lement un  message  royal ,  relatif  au  traité  du  26 
mars.  L'opposition  s'éleva ,  dans  les  séances  des  7 
et  8  avril,  contre  l'adresse  proposée  aux  cham- 
bres, et  qui  avait  pour  but  de  sanctionner  la 
guerre.  M.Whitbread,  dans  la  chambre  des  com- 
munes ,  proposa  même  un  amendement  qui  fut 
rejeté  sur  la  déclaration  dé  lord  Castlereagh,  que 
l'Angleterre  n'était  pas  entraînée  si  absolument 
qu'il  ne  lui  restât  la  faculté  d'opter  entre  la  guerre 
et  la  paix.  Le  traité  ne^  fut  cependant  ni  com* 
muniqué  aux  chambres,  ni  présenté  comme 
ayant  déjà  été  conclu  par  le  gouvernement  an- 
glais. Quoique  le  ministère  anglais  se  crût  assuré 
d'une  grande  majorité,  il  crut  cependant  devoir 
prendre  des  mesures  politiques  pour  amuser  l'o- 
pinion publique ,  écarter  de  lui  des  pétitions  €t 
des  représentations  importunes ,  et  emporter  les 
secours  d'argent  dont  il  avait  besoin  pour  payer 
les  subsides  stipulés  d'avance.  Il  avait  déjà  décidé 
la  question  dans  le  cabinet  ;  ainsi  le  même  jour, 
et  quelques  heures  avant  que  lord  Castlereagh, 


GÀMPA.GNE   DB    181S.  l43 

ne  déclarât ,  à  la  tribune ,  que  l'Angleterre  n'était 
pas  irrévocablement  engagée  à  la'guerre,  le  traité 
du  35  mars  avait  été  ratifié  :  la  ratification  avait 
été  accompagnée  de  la  déclaration  corrective  de 
l'art.  8,  que  nous  donnerons  ci-^près  {Pièces] m-' 
tificative$3  N"*  III).  Cette  déclaration,  dont  nous 
avons  expliqué  la  tendance,  avait  été  arrêtée  dans 
le  conseil  des  ministres,  au  congrès  de  Vienne. 

Cependant  le  traité  du  26  mars,  publié  par  la 
voie  des  journaux,  parvint,  par  cette  voie,  aux 
membres  du  parlement.  L'opinion  publique  s'é» 
leva  avee  force,  et  tous  les  députés  de  l'opposition 
témoignèrent  l'indignation  que  leur  faisait  éprou- 
ver cet  acte.  Nous  ne  citerons  qu'un  des  discours 
tenus  à  cette  occasion,- et  nous  choisirons  préci- 
sément celui  d'un  orateur  qtd  ne  peut  ^as  être 
soupçonné  d'aimer  les  Français ,  et  encore  moins 
Napoléon* 

Le  24  avril ,  dans  la  chambre  des  pairs,  lord 
comte  Stanhope  demanda  au  chancelier  de  l'Échi- 
quier ,  s'il  y  avait  quelque  difficulté  à  faire  con- 
naître le  traité  du  25  mars c  II  y  a  une 

«  clause  qu'on  a  dit  à  l'orateur  n'être  pas  correcte. 
«U  ne  le  croit  pas  non  plus,  puisque,  si  cette 
c  clause  était  dans  le  traité ,  il  ne  serait  plus  fm 
«simple  traité  de  guerre,  mais  un  acte  tendant 
c  à  introduire  un  système  de  massacre  universel. 
«  L'orateur  entend  la  clause  par  laquelle  les  puis- 
«  sances  alliées  s'engagent  à  poursuivre  tous  les 
<  individus  qui  ont  pris  parti  pour  celui  qui  gou- 


l44  •  PliCES   JUSTIFICATHISB. 

«  Terne  aujourd'hui  la  France  ;  il  entend  deman- 
der au  noble  lord ,  si  une  telle  clause  est:  réel- 
lement dans  le  traité.   Si  cela  n'est  pas ,   il  est 
essentiel  à  rhottaieur  de  TAngleterre ,  qae  le  dé- 
saTeu  en  scuit  public.  Cette  clause  peut  être  com- 
battue, non  -  seulement  sous  le  rapport  de  la 
justice  et  de  rhumanité^  mais  même  légalement. 
X'orateur  refuse  donc  aux  rois  et  à  leurs  repré- 
sentans ,  le  droit  de  conclure  un  traité  qui  ren- 
ferme une  clause  pareille  ;  elle  change  totale- 
ment la  situation  des  armées ,  des  flottes  et  des 
ojfficiers  employés  dans  les  unes  et  les  autres. 
Quand  ils  se  sont  enrôlés ,  c'était  pour  attaquer 
l'ennemi  franchement  et  mourir  sur  le  champ 
d'honneur ,  mais  non  pas  pour  être  assassinés , 
en  se  faisant  pendre  de  sAng- froid  {*).  L'ora- 
teur s'oppose  à  la  clause ,  sous  le  point  de  yue 
du  droit ,  pour  un  autre  motif.  Un  des  statuts 
les  plus  sages  et  les  plus  humains  de  V  Angle* 
terre ,  est  le  statut  de  Henri  YII  j.  qui  établit 
que  l'adhésion  â  un  souverain  de  facto,  qu'il  soit 
ou  non  souverain  de  Jure,  non-seulement  n'est 
pas  une  haute  trahison ,  mais  qu'elle  n'est  pas 
même  un  crime.  Sur  ce  motif,  l'orateur  dénie 
à  l'Angleterre  le  droit  d'adhérer  au  traité  du  ^5 
mars.  Une  troisième  objection  ^  sous  le  rapport 

{*)  Ce  qtie  Porateor  ajoute  peu  apris  explique  cette  ex^ntâioa,  » 
faisant  Toir  qu^U  considère  les  Iroopea  employées  pour  rezecuiioii  de 
Tartide  i**  du  uaite  du  i5  mars,  comme  des  meurtriers,  plat/it  que 
comme  des  troupes  Fdgnlièrcs. 


CAM PAGNlî    DE .  1 8 1  5.  1 45 

«de  rUlégalilé,  est  que,  si  aucun  commaiidant 
«  en  chef,  autorité  civile ,  roi  ou  empereur,  met-* 
«  tait  à  mort  un  individu  quelconque ,  pour  avoir 
«  soutenu  un  souverain  existant  de  fait ,  cet  acte , 
«  d'après  les  lois  de  F  Angleterre ,  serait  un  assas- 
«  sinat  :  par  ce  motif,  Torateur  soutient  que  le 
«  pouvoit  exécutif  n'a  pas  le  droit  de  conclure  un 
«  traité  qui  renferme  une  clause  de  ce  genre.  Une 
<c  quatrième  objection  est  fondée  sur  ce  que*cetie 
«  clause  est  contraire  aux  lois  de  la  guerre ,  re^ 
«connues  parmi  les  nations  civilisées.  Enfin  le 
«cinquième  motif  d'illégalité  est,  que  la  clause 
«  en  question  est  contraire  aux  lois  divines,  n 

Lord  Liverpool  répliqua  que  le  traité  n'avait 
pas  été  imprimé  correctement  dans  les  papiers 
publics  ;  il  nia  qu'il  y  eût  une  clause  qui  fût  sus- 
ceptible de  recevoir  une  interprétation  pareille , 
c'est-à-dire  qu'il  nia  le  paragraphe  seeond  de 
l'article  i*'  du  traité  du  25  mars. 

Le  ^7  avril,  le  ministère  n'ayant  pas.  encore 
jugé  à  propos  de  donner  communication  au  par- 
lement du  traité  qui  avait  été  conclu ,  M.  W^it- 
bread  se  lew  dans  la  chambre  des  communes , 
et  annonça ,  .pour  le  lendemain ,.  une  motion,  re- 
lative à  la  question  de  la  pa|x  ;  ou  de  la  guerre. 
Effectivenient ,  le  â8 ,  cette  motion  fut  !dévelôp- 
pée  dans  un  knog  et  éloquenj:  discours,  dont  nous 
citerons  les.  principaux  traits.  •  M.  Whitbread , 
après  avoir  fait  quelques  réHexions  asséi  amères, 
sur  la  conduite  du  chancelier  de  r Echiquier  a  ia 

V.  10 


l46  PIÈCES   JUSTIFICATItES. 

chambre  des  pairs,  et  indiqué  rurgence  de  la  dis- 
cussion qu'il  élève  ,  entre  en  matière  :  «  La  ques- 
«tion,  dit  l'orateur,  e^  réduite  à  ses  plus  sim- 
«  pies  termes  ;  il  s'agît  de  savoir  si  la  chambre  veut 
«consentir  à  embarquer  l'Angleterre  dans  une 

<  nouvelle  gueire,  dont  personne  ne  peut  prévoir 
«  le  terme ,  ou  si  elle  veut  se  prévaloir  du  court 
«intervalle  qui  reste  encore,  afin  de  protester 
«contre  une  guerre  aussi  prochaine,  en  votant 
«  une  adresse ,  dans  le  but  de  prier  k  prince  ré- 
«  gent  d'éloigner  line  aussi  terrible  calamité.  Sur 

<  cet  objet ,  l'orateur  rappelle .  Fattention  de  la 
«chambre  sur  ses  propres  procédés.  Quand,  ù 
«  y  a  trois  semaines ,  une  adresse  fut  proposée  par 
«  le  noble  lord  au  ruban  bleu  (  Castlereagh  ) ,  eu 
«  conséquence  d'un  message  du  trône ,  l'orateur 
«  proposa  de  faire  à  cette  adresse  un  amende- 
«  ment  qui  fut  rejeté  par  la  chambre  ;  le  reyet  fut 
«  motivé  sur  l'obswvation  précUe  du  noble  lord , 
«  qu'il  restait  toujours  à  l'Angleterre  une  altema- 
ff  tive ,  dans  la  faculté  de  décider  si  elle  voulait  se 
«  prévaloir  du  drc«t  de  faire  la  guerre ,  ou  s^  se- 
«  rait  d'une  plus  ssûne  politique  de  se  tenir  dans 
«  un  système  défensif.  Il  n'a  pas  toujours  été  aisé 
«  de  comprendre  l'opinion  du  noble  loi*d ,  si  tant 
«  est  qu'il  ait  émis  une  opinion ,  mais  on  peut 
«conclure  des  mots  qu'il  a  prononcés,  que  cette 
«  alternative  dure  encore.  La  chambre ,  dit  l'o- 
«  rateur ,  étant  persuadée  que  la  marche  du  gou- 
«  vernement  tendait  à  prendre  des  mesures  pour 


CAMFÀ6NB   D«    l8l5^.  l^J 

«  assurer  la  paix,  d'une  maaière  honorable  4  VAn^ 
«  gleterre  ;  quel  a  dû  être  son  étonnement ,  en 
«  voyant  que  le  noble  lord  avait  trolnpé  et  l'An-» 
«  gleterre  et  elle ,  lorsqu'il  a  maintenu  la  po&sîhi-r 
«  Uté  de lalternative ,  et  énoncé  le  désir  d'adopter 
«  une  résolution  pacifique  9  tandis  que  le  conseil 
«  avait  déjà  décidé  que  les  hostilités  commence-** 
«  raient  bientôt.  En  ce  moment ,  l'orateur  craint 
«  que  la  discussion  ne  spit  trop  tardive,  d'après 
«  ce  qu'a  dit  un  nqble  comte  (Liverpooi)  ,,en  au^ 
«  tre  lieu  (à  la  chambre  des  pairs )f  et  qui  s'est 
«  vérifié.  Par  un  hasard  que  les  ministres  n'ont 
«  pas  prévu ,  les  gazettes  de  Vienne  contiennent 
c  une  publication  illicUe,  qui  doit  bipn  faite  toip^ 
«  ber  la  réputation  du  nobte  lord ,  de  ^élévation 
«  où  on  la  place.  Cette  publication  est  lé  traité 
«  du  :i5  mars  ;  U  a  été  reçu  par  le  gouvernement 
«le  5  avril,  la  veille  du  message.  Les i^înistres, 
«  connaissant  la  teneur  de  ce  traité  et  les  engar 
Kgaitiens  qu'il  imposait  à  l'Angleterre  5  a'ont  pas 
<  jiugé  i  propos  de  changer  une  parole  de  la  c^mn 
«  munication  royale.  Ayant  été  déposé  Je  .6 ,  le 
f  message  lut  pris  en  considération  te  7,  et  la  ré^ 
«  |K«se  faite  le  8 ,  jour  où  la  ratification  du  prince 
«f'régenti  tok  expédiée.  Dans  la  discussion  du  7^ 
«  ^  ufte  aussi  forte  déception  fut  employée  pour 
«  clore  la  discussion ,  l'acte  du  1 3  mars ,  si  mal- 
«  heureusement  signé  par  le  duc  de  Wellington , 
«  fut  rappelé  ;  le  noble  lord  essaya  d*en  donner 
«  une  interprétation ,  et  de  prouver  qu'il  pouvait 


l4S  PIECES  JUdTlPIGATrVfiS. 

avoir  une  double  application  :  en  un  mot,  ifeo 
affaiblir  et  d'en  falsifier  les  expressions  ;  il  pré- 
tendit que  le  changement  d'une  circonstaiM^  (*) 
avait  effacé  l'obligation.  Au  bout  de  tout  ce4a, 
le  traité  du  â5  mars  renouvelle  aujourd'hui 
cet  acte  dans  toute  son  horreur  et  sa  malignité, 
pourvoit  à  son  exécution,  et  Favoue  comme 
base  du  nouvel  engagement.  Il  reste  au  noble 
lord  à  concilier  les  paroles  altérées  avec  les  faib, 
et  à  démontrer  comment  sa  déclaration  peut 
subsister,  en  face  d'un  traité  auquel  il  a  accédé, 
et  qui  ouvre  les  hostUités 

«  Dans  cette  circonstance ,  l'orateur  a  cm  de- 
voir proposer  une  adresse  ,  pour  engager  le 
prince  régent,  à  réfléchir  avant  d'engager  ses 
peuples  dans  une  guerre,  sous  le  prétexte  que 
le  pouvoir  exécutif  en  France  a  été  placé,  par  le 
choix  du  peuple,  dans  les  mains  d'un  homme 
dangereux. 

<  Le  rétablissement  de  la  maison  des  Bourbons 
n'a  jamais  été  un  motif  d'hostilité;  M.  Pitt  Ta 
désavoué ,  et  le  même  désaveu  a  souvent  été  pro- 
noncé par  ses  successeurs  ;  dans  la  déclaration 
du  prince  régent  annexée  au  traité  de  Vienne , 
3.  A.  R.  a  rejeté  toute  intenticm  d'intervenir 
dans  une  forme  particulière  de  gouvernement. 


(^)  Cette  cinsonstance  ^tait  la  suppositioa  qni  aTait  cncoura^  ia  dé- 
claration du  x3  mars;  celle  que  Tcntreprisc  de  Napolcon  ne  rcusuraît 
pas. 


>' 


CAHPAGNS    DE    l8l5.  l49 

«  Les  ministres  crurent  qu'il  pouvait  entrer  dans 
«  les  desseins  des  alliés  de  rétablir  les  Bourbons , 
«  et  .dans  cette  Tue  la  déclaration  fut  ajoutée  au 
«  traité.  Ainsi ,  nous  ne  devons  pas  discuter  si  le 
«  gouvernement  doit  être  impérial ,  ou  royal ,  ou 
«  républicain;  nous  accordons  nous-mêmes  que  la 
«  nation  a  le  droit  de  choisir  celui  qui  lui  con- 
«  vient ,  mais  nous  ne  parmettons  pas  qu'un 
«  homme  en  particulier  soit  â  sa  tête  l  Une  telle 
«  déclaration ,  un  tel  motif  de  guerre  est  il  juste 
«  ou  politique?  N'est-il  pas  au  contraire  un  moyen 
u  sûr  d'irriter  un  peuple  puissant ,  et  de  raffermir 
«  dans  la  résolution  de  soutenir  cet  homme  par 
«les  plus  grands  efforts?  On  a  essayé  d'étabUr 
«  une  distinction  entre  le  gouvernement  et  les 
«  gouvernés  ;  mais  où  est  le  politique  assez  subtil  y 
«ou  assez  égaré  dans  les-  paradoxes,  pour  con- 
«  vaincre  un  peuple  de  cette  distinction  futile  ? 
«  une  déclaration  pareille  d'une  puissance  étran- 
«  gère 5  appliquée  à  nous-mêmes,. ne  nous  anime- 
«  raitnelle  pas  à  renverser  un  projet  aussi  inoui  et 
«  aussi  extravagant  ?  La  déclaration  du  1 3  mars , 
«  quoique  dirigée  nominativement  contre  un  seul 
«  homme ,  est  dans  le  fait  un  anathème  contre  dès 
«  millions.  Rien  ne  peut  surpasser  l'indignation 
«  dont  l'orateur  a  été  saisi  à  la  lecture  de  cet  acto 
«  inouï  ;  il  a  éprouvé  un  sentiment  de  honte  en  y 
«  voyant  attaché  le  nom  de  Wellington.  Suivi  pap 
«le  traité  du  â5  mars,  il  doit  plonger  la  grande 
«  Bretagne  dans  une  guerre ,  que  nous  serons- for-^ 


l5o  PliCBS   JlJSTfFIGATITES. 

ces  d'abandonner  par  le  manque  de  nos  r^^ 
sources  physiques»  L'orateur  blâme  dans  les 
termes  les  plus  sévères  la  déclaration  qui ,  en 
mettant  Bonaparte  hors  des  garanties  sociales , 
le  livre  à  la  vindicte  publique,  et  le  met  dans  la 
position  de  l'homme  qui  a  forfait  son  dernier  et 
unique  droit  à  Texistence.  Pour  la  première 
fois  on  verra  dan»  les  annales  de  Thistoire, 
une  guerre  déclarée  à  un  homme  pour  la  des- 
truction de  son  pouvoir.  Quel  est  ce  pouvoir? 
son  peuple.  On  en  doit  donc  inévitablement 
conclure  que  les  hostilités  seront  renouvelées , 
dans  le  but  sanglant  et  désespéré  de  détruire 
une  notion  entière.  L'orateur  Ht  le  premier  pa- 
ragraphe de  la  déclaration  du  1 3  mars ,  et  ridi- 
culise ceux  qui ,  en  revivifiant  toutes  les  cala- 
mités de  la  guerre ,  se  proclament  eux-mêmes , 
avec  une  vanité  égoïste ,  les  libérateurs  de  YEu- 
rope.  Il  soutient  qu'en  provoquant  Vn^aasrinat 
de  Bonaparte ,  ils  sont  eux-mêmes  les  auteurs 
directs  de  cettç  nouvelle  guorre ,  par  leurs  vio- 
lations des  traités  et  par  leur  duplicité.  U  lit 
ensuite  une  partie  du  traité  du  12 5  mars  (art.  i , 
3  et  8) ,  afin  de  démontrer  qu'il  nest  que  la 
continuation  et  l*aveu  formel  de  la  déclamtion 
antécédimte,  puisqu'il  stipule  que  ni  paix  ni 
trêve  ne  peuvent  être  faites  avec  Bonaparte. 
Quel  sera  9  dit  l'orateur^  le  résultat  probable  de 
Ce  système?  Ett  apposant  que  les  alliés  aient 
le  bonheur  d'accomplir  > leurs  desseins;  et  que 


CAMPAGNE   DE    181 5.  l5l 

«  Bonaparte  tombe  dans  la  premièpe  bataille , 
«  le  système  sera-t-il  accompli  ?  Les  alliés  se  reti* 
«  reront-ils ,  ou  croiront-ils  pouvoir  se  retirer  avec 
«  sécurité,  dans  leurs  propres  principes?  IN 'y  a-t-il 
a  pas  d'autre  homme  de  mérite  et  d'expérience , 
c  que  la  nation  française  puisse  placer  à  sa  t&te  ? 
«Ayant  armé  le  genre  humain  contre  un  seul 
«homme  (objet  peu  proportionné  à  tant  de 
<i  moyens) ,  les  alliés  seront-ils  plus  sûrs  qu'a  pré-"* 
«  sent  9  si  tout  autre  individu  se  trouve  à  la  tète 
«  du  peuple  français?  » 

Après  avoir  fait  quelques  dbservations  sur  le» 
membres  qui  êe  cachent  derrière  leurs  amis  re- 
vêtus du  pouvoir ,  sur  le  libéralisme  et  l'équité 
qu'ils  possèdent ,  lorsqu'ils  sont  encore  sur  le  seuil 
de  la  porte j  et  qu'ils  perdent  en  passant  cette  poite 
fatale ,  l'orateur  continue  : 

«  En  tout  cas ,  même  le  côté  opposé  ne  peut 
«  pas  prétendre  que  le  rétablissement  des  Bour*- 
«  bons  soit  une  conséquence  inévitable  ;  11  n'est 
«  pas  impossible  que  lea  alliés,  jettent  la  France 
«  dans  la  répétition  des  sanglantes  horreurs  d'une 
«  révolution ,  et  la  jnettent  dans  la  situation  où, 
«  autrefois ,  eUe  fut  déclarée  incapable  de  mainte- 
«mr  aucunes  relations  de  paix  pu  d'ionitié*  L'o<- 
«  rateur  désire  que  la  chambre ,  avant  de  plongfer 
«  r Angleto:re  dans  ttne  nou^eUe  guerre ,  en  pèse 
«  bien  les  alternatives ,  et  qu'elle  réfléchisse  que 
«c'est  une  guerre îde^ pure  spéculation ,  dans  la* 
«  quelle  les  politiques  ont:  le  droit  ^e  détôrminer 


5a 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES. 

«  s'ils  veulent  s'y  engager  immédiatement ,  ou  at- 
«  tendre  les  événemens.  En  admettant  qne ,  par  le 
«  retour  de  Bonaparte ,  nous  avons  le  droit  abs- 
«  trait  de  la  guerre ,  s'ensuit-il  nécessairement  qoc 
«  nous  devons  user  de  ce  droit  ?  En  quoi  consiste- 
«  t^il?  Qui  nous  donne  celui  de  déclarer  le  guerre? 
«On  dit  que  le  traité  de  Parts  a  accordé  à^ia 
«  France  des  conditions  meilleures ,  que  m  Buo- 
«  naparte  était  resté  empereur  :  que  leur  séTérité 
«  a  été  diminuée  en  raison  de  ce  que  la  France  a 
«  accepté  Louis  XYIII.  Quelles  étaient  ces  condi- 
«  tions  plus  sévères  qu'on  aurait  imposées?  U  est 
«  impossible  à  l'orateur  de  pouvoir  le  deviner.  Il 
«  a  été  dit  qu'à  une  époque  ,  il  avait  été  offert  â 
«  B<»iaparte  des  conditions  plus  avantageuses  et 
«  phis  honorables  à  la  France  ,  sous  le  rapport 
«  du  territoire ,  que  celles  qui  ont  été  Imposées  A 
«  Louis  XYIII ,  et  que  Bonaparte  les  avait  ratées; 
«  plus  tard ,  Bonaparte  parut  les  accepter ,  et  lord 
«  Castlereagh  y  donna  son  consentement  ;  ensuite 
«les  affaires  de  Bonaparte  se  trouvèrent  dans 
«  un  état  à  lui  faire  espérer  de  voir  agréer  des 
propositions  plus  favorables  ;  ces  propositions 
furent  enfin  rejetées,  parce  que  les  alliés  se 
trouvèrent  en  état  de  dicter  les  conditions  qu'ils 

voulurent 

«  Les  motifs  les  plus  plausibles  pour  déclarer  la 
guerre ,  sont  donc  que  les  conditions  qui  ont  été 
accordées  à  la  France ,  sous  les  Bourbons ,  sont 
plus  favorables  qu'elles  ne  l'auraient  été  sous 


CAMPAGNE    DE    l8l5.  l53 

«  Bonaparte.  On  peut  y  répondre  que  Napoléon , 
a  étant  rentra  en  Franco  et  se  trouvant  à  la  tête 
«du  pouvoir  exécutif,  la  France  «peut  se  sou*- 
a  mettre  aux  limites  resserrées  qu'on  aurait  voulu 
«lui  imposer,  et  que  nous  pouvons  rester  en 
«  paix.  On  n'a  pas  tenté  de  s'en  assurer.  Des  ou- 
«  vertures  ont  été  faites  par  Bonaparte ,  et  il  fut 
«répondu  qu'elles  devaient  être  communiquées 
«  aux  alliés  de  S.  M.  :  soit  qu'elles  aient  été  prises 
«  en  considération ,  soit  qu'eUes  aient  été  mépri- 
«  sées  et  mises  de  côté ,  aucune  réponse  n'y  a  été 
«  donnée;  car ,  si  cela  était  j  il  y  en  aurait  quelques 
«  traces.  Leur  nature  a  été  cachée ,  par  le  noble 
«  lord ,  à  la  chambre ,  comme  un  grand  secret.  On 
«ne  peut  nier  que  la  puissance  de  Napoléon  ne 
«  soit  moindre  qu'avant  le  traité  de  Paris.  Il  n'y  a 
«  donc  point  de  motif  qui  puisse  engager  le  prince 
«  régent  à  faire  la  guerre.  Les  alliés  ont-ils  déclaré 
«  qu'ils  n'étaient  pas  sûrs  tant  que  la  France  ne 
«  serait  pas  plus  restreinte  ?  y  a-t-il  eu  une  agrès- 
«  sion  de  Napoléon  ?  y  a<*t*il  eu  quelque  chose  de 
«  semblable  à  ce  qui  a  causé  le  message  de  1 8o3, 
«  pour  engager  la  chambre  à  la  guerre?  y  a«-t-il  eu 
«  a.n  armement  sur  nos  côtes?  y  a-t-il  eu  un  acte 
«  pareil  à  celui  du  gouvernement  révolutionnaire 
«  de  1 792 ,  qui  menaçait  de  la  guerre?  craignons- 
<  nous  une  invasion  :  nos  flottes  et  nos  armées 
«  sont-elles  dans  un  état  tel  que  nous  puissibns  la 
«  craindre?.. r. 

L^'oiratour  conclut  en  votant  une  adresse  au 


l54  PIÉCia  JUSTIFICATIVES. 

prince  régent ,  pour  le  supplier  d'empécker  que 
la  Grande-Bretagne  ne  soit  entraînée  dans  une 
guerre  9  sur  le  fondement  seul  que  le  pouYoir 
exécutif  en  France  était  entre  les  mains  de  Bo- 
naparte. 

•  La  motion  fut  rejetée  par  la  majorité  mlnisté- 
rieUe. 

Le  sâ  mai,  enlGin ,  le  message  annonçant  la  ra- 
tification du  traité  du  25  mars ,  et  la  conventioD 
relative  aUK  subsides ,  fut  adressé  aux  deux  cfaara* 
bres  du  parlement.  Les  débats  s'ouvrirent  le  â3 
dans  celle  des  pairs ,  et  le  lord  Gray  se  leva  le 
prCToier  pour  répondre  à  l'allocution  du  chan- 
celier de  rÉchiquier.  L'orateur  examine  d'abord 
le  droit  d'interposition ,  qu'exprimait  le  traité. 
«  De  quelle  nature ,  dit-il ,  est  donc  le  danger 
«  contre  lequel  l'Angleterre  est  appelée  â  se  tenir 
«  en  garde  ?  On  dit  qu'il  vient  et  de  l'existence  dk 
c  du  caractère  personnel  d'un  seul  homme.  Les 
c  guerres  modernes  sont  abondantes  en  Êiux  pré- 
«  textes  ;  les  vues  les  plus  rapaces  sont  toujoiffs 
«masquées  sous  le  prétexte  de  l'indépendance, 
«  et  sous  les  principes  les  plus  libéraux.  Mais  l'his* 
«  toire  n'offre  pas  d'exemple  qu'on  ait  exclu  an 
«  individu  du  pouvoir  suprême,  â  nôson  de  sen 
«  caractère  ou  de  ses  qualités  personneUes»  L'eus- 
«  tence  d'un  souverain  guerrier  et  ambitieux  ne 
«  peut  pas  dcmner ,  seule ,  le  droit  de  lui  faire  k 
«  guerre.  D'ailleurs  notre  ennemi  h'est-il  pto,  dans 
«  le  moment  présent ,  aussi  bwué^n  pouvoir  et  en 


CAMPA6NX   DB    l8l5.  j55 

territoire  qu'on  a  jamais  pu  désirer  qu'il  lefAt, 
pour  l'intérêt  de  l'Europe?  La  France  nous  a-t* 
elle  menacés?  y  a*t-il  eu  quelque  agression  de  la 
part  de  Napoléon  ?  nous  a*-t41  refusé  la  répara- 
tion de  quelque  tort?  Sur  quoi  se  fonde  donc  le 
droit  de  lui  faire  la  guerre?  sur  la  violation  du 
traité  de  Fontainebleau?  il  est  incontestable  que 
les  coalisés  ont  justifié  la  conduite  de  Bona« 
parte ,  en  violant  eux-mêmes  une  partie  des  sti«* 
pulations  du  traité.  Ses  pensions  n'ont  pais  été 
payées,  ses  propriétés  lui  ont  été  ravies,  son 
fils  a  été  dépouillé  du  duché  de  Parme.  L'ora*- 
teur  blâme  la  déclaration  du  1 3  mars,  qu'il  ap- 
pelle méchante  et  imprudente  ;  il  demande  quel 
est  le  but  de  cette  déclaration  et  du  traité  du  25 
mars?  ce  ne  peut-être  que  celui  d'annoncer  q«e 
la  guerre  a  commencé  et  qu'elle  ne  sd  termi-* 
nera  que  par  la  mort  ou  le  triomphe  complet 
de  Bonaparte.  Réfléchissons  à  quelle  alterna-^ 
tive  un  projet  pareil  pourrait  nous  réduire ,  en 
portant  au   plus  haut  degré  d'irritation    un 
homme,  qui  est  à  la  tête  d'une  nation  puis*- 
santé ,  et  agité  par  des  passions  dangereuses ,  tel 
qu'on  le  suppose.  L'orateur  compare  les  forces 
«  et  les  ressources  de  Napoléon  et  des  coalisés ,  et 
•  demande  si  on  croit  que  les  troupes  de  ces  der^ 
«  nicrs  apporteront  à  cette  ^guerre  le  même  degré 
«  d'énergie  que  l'année  dernière?  après  ce  qui  est 
t  arrivé  â  Gènes ,  en  Saxe  et  en  Pologne  ^  la  même 
«  confiance  peut-eUe  animer  toUs  les  tioembrcft  ^ 


l56  PliCES   JUSTIFICATIVES. 

«  la  coalition  ?  la  nature  des  choses  ne  permet  pas 
«  de  Tespërer.  La  Russie  et  TAutriche  ne  peuvent 
«  pas  être  sans  inquiétude  sur  la  Pologne  et  ITtalie. 
«Des  jalousies  et  des  inquiétudes  réciproques 
«  doivent  accompagner  les  puissances ,  dans  leur 
«  guerre  contre  la  France.  L'orateur  désapprouve 
«  autant  que  qui  que  ce  soit  le  système  politique 
«  de  Bonaparte  :  il  déteste  son  ambition  ;  il  re- 
«  connaît  que  son  gouvernement  a  été  injuste  ; 
«  mais  qui  peut  dire  qu'un  changement  dans  son 
«  caractère  et  dans  sa  politique  soit  une  chose  im- 
«  possible?  n'a-t-il  pas  eu  assez  d'occasions,  pen- 
«  dant  une  année  d'exil ,  pour  réfléchir  sur  ses 
«  erreurs  ?  n'est-il  pas  possible  qu'il  se  soit  con- 
a  vaincu  de  la  nécessité  de  changer  un  système , 
«  qui  a  déjà  causé  sa  chute  ?. . . .  L'orateur  demande 
«  si  on  fera  la  guerre  dans  le  but  de  détruire  la 
«  personne  de  Bonaparte ,  ou  le  système  mililaire 
«  de  la  France  ?  si  c'est  le  dernier  but  auquel  on 
«  a  déterminé  de  parvenir ,  on  ne  peut  l'atteindre 
«qu'en  détruisant  l'armée  française >  L'ora- 
teur termine  en  votant  une  adresse,  qui  désap- 
prouve les  opérations  du  congrès  et  la  guerre 
qu'on  veut  faire  au  chef  du  gouvernement  fran- 
çais :  mais  la  majorité  ministérielle  était  là. 

La  discussion  n'eut  lieu  que  le  ^4  dans  la 
chambre  des  communes.  Lord  Gastlereagh  l'ou- 
vrit par  un  discours  qu'il  promena  à  son  ordinaire 
aux  quatre  vents,  parce  qu'ayant  déjà  compté  les 
suffrages ,  et  étant  assuré  d'avance  du  nombre  de 


CÂMPAGHS   DE    181&.  iSj 

votes  favorables  dont  il  avait  besoiû ,  ilne  lui  était 
nécessaire  de  parler  que  pour  conserver  un  reste 
de  forme.  Il  finit  par  proposer  que  le  parlemoit 
promette  tous  les  subsides  que  le  gouvernement 
pourrait  demander. 

Plusieurs  membres  de  l'opposition ,  le  lord  Ga- 
vendiih ,  MM.  Lard ,  Tierney ,  Ponsonby ,  J.  Smith 
et  sir  Francis  Burdett,  s'élevèrent  contre;  la  mo- 
tion. Nous  ne  citerons  qu'une  partie  du  (fiscours 
de  ce  dernier  ;  elle  servira  à  compiler  Tidée 
qu'on  doit  se  former  du  système  politique  de  l'op- 
position constitutionnelle  an  Angleterre.  «  L'ora- 
«  teur  s'attacha  d'abord  à  prouver  qu'il  n'y  avait 
«  ni  Justice  ni  convenance  dans  la  guerre  qu'on 
«  allait  entreprendre.  Les  états  qui  s'arment  au-* 
«  jourd'hui  contre  Napoléon  ont-ils  toujours  été 
«religieusement  fidèles  à  leurs  traités?  u'ont-ils 
«jamais  rompu  leurs  engagemens  entré  «ux,  avec 
«lui,  avec  l'Angleterre  mémei^ne  se  soiit*4lB  pas 
«  tous  unis,  avec  lui  contre  nous?  n'est-ce  pas  t^nx 
«  qui  accusent  Napoléon  d'avoir  violé  les  traités, 
«qui  ont  partagé  la  Pologne?  et  n'en.aumient- 
«  ils  pas  fah  autant  de  la  France,  si  leur  pouvoir 
«  eût  é^é  égal  à  leur  cupidité?  La  diestruCtion  de 
«  la  puissance  française  a  été  opérée  par  desi  causes 
«presque. étrangères  aux  efibrts  qui  ont  été  fiiits 
«pour  atteindre  ce  but.  C'est  Napoléon  qui  a 
«  compromis  par  trop  de  précipitation  cette^  gr^Q- 
«  deur  de  la  France ,  contre  laquelle  le  reste  de 
«  l'Europe  avait  déployé. en  vain  toutes  ses  forces. 


l58  PliCES  JDSTIPICAnVBS. 

Mais  quand  k  fortune  Fa  abandonné,    cfu   a 
consommé  sa  rukie?  C'est  la  Tiolation  dea  tzaîtés 
de  la  part  de  ses  alliés.  Dira-t-on  que  leur  con- 
duite était  excusable  ^  parce  que  ces  traités  lev 
avaient  été  imposés  par  une  force  supérieure  el 
coiAre  leur  volonté  ?  Mais  le  traité  ^i  vertu  du- 
quel Bonaparte  se  retira  à  File  d'Elbe ,  étaît-3 
davantage  un  acte  volontaire  de  sa  part?  avait-S 
plus  die  raisons  pour  le  respecter  que  l'Autricbe, 
la  Prusse  )  la  Bavière  n'en  ont  euea  pour  res- 
pecter ceux  qui  les  liaient  avec  lui ,  et  qu'elles 
ont  tous  violés  sans  reniords ,  comme  sans  pré* 
textes?  Rappdons-nous  la»  conduite  des  coali- 
sés lorsque,  pour  employer  leur  phrase  favo- 
rîle,  ils  eur^it  délivré  l'Europe.  Ils  ont  coupé, 
tranché  sekm  leur  bon  plaisir;  ils  ont  effacé  des 
états  de  la  carte  du  monde  ;  ils  ont  donne  à  dea 
nations  des  chefe  qu'eUes  abhorrent,  sans  res- 
pecter les  opinions  des  peuples ,  ni  même  ce 
qu'on  app^e  la  légitimité  des  rois  ;  et  c'est  dans 
cet  état  de  désorganisation  de  l'Europe,  que  nous 
allons  entrer  dans  une  lutte  nouvelle  contre  un 
homme,  pasce  que,  dit- on,  nous  ne  ponvons 
nous  fier  à  lui.  Mais  si  cet  homme  a  l'esprit  re- 
muant qu'on  ne  cesse  de  lui  attribua,  pourquoi 
lui  fournir  l'occasion  de  rétablir  son  énonne 
puissance?  En  rendant  la  guerre  nécessaire  à  la 
France,  nous  en  faisons  pour  elle  une  guerre 
«-juste.  Si  le  principe  d'intervenir  dans  les  affaires 
«  des  gouvememens  étrangers  est  une  fois  admis, 


CAMPAONB  BB    l8l5.  15$ 

«  les  guerres  seront  éternelles.  Le  pouvoir  inter- 
«  venant  étant  le  seul  juge  de  ses  motifs ,  on  verra 
«  les  gouvememens  despotiques  attaquer  les  états 
«libres,  et  tous  ceux  qui  auront  entre  eux  des 
«  principes  opposés ,  se  mettre  en  guerre  les  uns 
«  contre  les  autres.  » 

La  nmùslère  l'emporta,  à  une  majorité  de  cent 
cinquante-neuf  voix  contre  quatre-vingt-douze. 
L'effet  de  l'opinion  publique  se  retrouve ,  en  ce 
que  cette  majorité  fut  moindre  que  celle  que 
Castlereagh  avait  obtenue  contre  la  motion  de 
M.  Whitbread  (  deux  cent  soixante-treize  contre 
soixante -douze);  et  cependant  quelques  vote» 
habituels  de  l'opposition ,  comme,  par  exemple, 
ceux  de  lord  Milton  et  de  MM.  Gratham  et  Plun- 
kett ,  étaient ,  ce  jour-là ,  passés  en  faveur  du  mi-* 
nistère. 


l6o  PIÈGES   JUSTIFICAnVES. 


1  TT-S 


N-  m- 

Déclaration  de  V Angleterre  au  sujet  du 

traité  du  iS  mars. 


Le  souBsigaé,  en  échangeant  les  ratificatioiis 
du  traité  du,  â5  mars  dernier,  a  reçu  l'ordre  de 
déclarer  que  Tart.  8  dudit  traité ,  par  lequel  S.  M. 
T*  C  est  invitée  d'y  accéder,  sous  certaines  stipu- 
lations ,  doit  être  entendu  comme  liant  les  parties 
contractantes ,  sous  des  principes  de  sécurité  mu- 
tuelle, à  un  effort  commun  contre  la  puissance 
de  Napoléon  Bonaparte,  en  exécution  de  Var- 
ticle  3  dudit  traité  ;  mais  qu'il  ne  doit  pas  être 
entendu  comme  obligeant  S.  M.  britannique  â 
suivre  la  guerre ,  dans  la  vue  ^imposer  à  la  France 
aucun  gouvernement  particulier;  quelque  sollici- 
tude que  le  prince  Régent  doive  apporter  à  Yoir 
S.  M.  T.  C.  rendue  au  trône,  et  quelque  désir 
qu'il  ait  de  contribuer,  conjointement  avec  ses 
alliés ,  à  un  événement  aussi  heureux ,  il  se  croit 
néanmoins  appelé  à  faire  cette  déclaration  ,  au 
moment  de  l'échange  des  ratifications ,  tant  par 
considération  de  ce  qui  est  dû  aux  intérêts  de 
S.  M.  T.  C.  en  France,  que  conformément  aux 


CAHPAGNB   DS    l8l5.  l6l 

principes  sur  lesquels  le  gouTemement  anglais  a 
réglé  inyariablement  sa  conduite. 

.*  ■  • 

Adhésion  de  l'Autriche  a  la  déclaration 

de  V  Angleterre  i       -  ' 

Le  soussigné,  ministre  (Tétatet  dés  affaires 
étrangères  de  S.  M.  l'empereur  d'Autriche ,  ayant 
informé  son  auguste  mattre  des  communications 
à  lui  faites  par  lord  Gastlereagh ,  concernant  le 
8*  article  du  traité  du  â5  mars  dernier,  a  reçu 
Tordre  de  S.  M.  de  déclarer,  que  l'interprétation 
donnée  à  cet  article  par  le  gouyemement  bri- 
tannique, est  entièrement  conforme  aux  prin- 
cipes sur  lesquels  S.  M.  I.  se  propose  de  r^Ier  sa 
politique ,  dans  le  cours  de  la  guerre  actuelle. 

L'empereur,  quoique  irrévocablement  résolu 
â  diriger  tous  ses  efforts  contre  l'usurpation  de 
Napoléon  Bonaparte,  ainsi  que  cet  objet  a  été 
exprimé  dans  le  3*  article  dudit  traité,  et  à  agir, 
avec  ses  alliés ,  dans  le  plus  parfait  concert ,  est 
néanmoins  convaincu  que  le  devoir  qui  lui  est 
imposé  par  l'intérêt  de  ses  sujets ,  et  par  ses  pro- 
pres principes ,  ne  lui  permettra  pas  de  pour- 
suivr3  la  guerre,  pour  imposer  à  la  France  un  gou- 
vernement quelconque. 

Quel  que  soit  le  vœu  que  forme  S.  M.  l'empe- 
reur, pour  voir  replacer  sur  le  trône  S.  M.  T.  C, 
et  quel  que  soit  son  constant  désir  de  contribuer, 

V.  11 


ayee  ses  alliés  »  à  atteindre  ua  but  aussi  déûrabfe , 
S.  M.  a  cru  juste  de  répondre^  par  cet  éclaiicîft- 
sement,  à  la  déclaration  que  S.  E.  lord  Castle- 
reagh  a  remise  lors  de  l'échange  des  ratifications 
eu  traita  9  laquelle  déclaration  le  souss^é  est 
pleinsment  autorisé  i  accepter. 


Vieisne^leg  «lai  i9i5. 


Signée  MKTTBBNlCii. 


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gampajgne  ds  161 5.  i65 


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"  ^'^'   '^-   ■^"  '      "    ■"     *■    *    J'i    '>■■'■     ■vi»>iv 


N*  IV. 


•      .  '  " 


Proclamation  de  Wellington. 


J'informe  tous  les  Français  que  j'entre  dans 
leur  pay»  â  k  I6te  d'une  armée  tictorieiise ,  non 
en  ennemi ,  à  l'exception  de  l'usurpateur,  qui  est 
l'ennemi  de  la  nature  humaine ,  et  avec  <|iii  on 
ne  peut  avob  ni  paix  ni  trêve.  Je  passe  tos*  fr&nr 
tièares  pour  tous  soustraire  au  joug  de  fer  qui 
Touk  <^prime.  En  conséqvenee  de  celte  dôtér^ 
minalioD ,  j'ai  donné  à  mon  armée  les  ordves  que 
Toici ,  et  je  demande  à  connattre  ceux  qui  o»^ 
raient  y  désdbéir.  Les  Français  savent  que  foA 
droit  de  désirer  qu'ils  se  condttiseiift  de  inai|iiiim 
âme  mettre  en  état  de  les  protéger,  ecntare  ceux 
qui  voudraient  leur  laire  tort  :.it  eut  dofic  néce^^- 
saire  qu'Us  obéissent  aux  réquisitions  des  per-- 
sonne»  autorisées  à  cet  effet.  On  leur  en  dotmera 
des  reçus  iqfu'il  consenreront,  en  éTitont  toute 
communiçatidii  ou  cohresfKindance  avec  l'uaur- 
psitevrati  aes  adhérens.  Toutes  les  .personiies  qut 
s'absenteront  de  leur  demevire,  après  L'entcés  de 
cette  aormée  en  France,  tentes  ceUes  qui  seront 
attackées  au  eervîce  de  l'usurpateur,  et  air|gi  ab* 
se^teS)  sevont  coundérôes  cotrime-ses  partisans  et 


l64  TTkCtS  J«8TinCATTTS8. 

comme  des  emiemis  publics ,  et  leurs  propriété» 
seront  destinées  à  la  subsistance  des  troupes. 

Quartier^néral  de  Halplaqoet,  le  ai  fuin  i8i5. 

Signé,  Weluhgtoit. 


Ordre  du  Jour  annexé  à  la  proclamation. 

Comme  l'armée  Ta  entrer  sur  le    territoire 
français,  les  troupes  des  nations  alliées,  qui  sont 
maintenant  sous  les  ordres  du  duc  de  Wellington, 
doivent  se  rappeler  que  leurs  souverains  sont  les 
alliés  de  S.  M.  le  roi  de  France,  et  qu'en  consé- 
quence, la  France  doit  être  traitée  comme  un 
pays  ami.  Il  est  donc  ordonné  que  rien  ne  soit 
pris  par  les  sous^fficiers  ou  les  soldats  sans  payer, 
lies  commissaires  de  l'armée  subviendront ,  de  la 
manière  accotutumée ,,  aux  besoins  des  troupes , 
et  il  n'est  permis  ni  aux  officiers  ni  aux  soldats 
d'exiger    des   contributions.    Les    commissaires 
seront  autorisés ,  soit  par  le  maréchal ,  soit  par 
les  généraux  qui  conounandent  les  troupes  des  di- 
verses nations ,  dans  le  cas  où  les  provisions  ne 
seraient  pas  fournies  par  un conumssaire  anglais, 
à  faire  lès  réquisitions*  nécessaires ,  dont  on  fera 
les  reçus  réguliers.  Il  doit  être  strictement  en- 
tendu, qu'ils  seront  euxHOiémes  responsables  de 


CAMPAGNE   DB    l8l5.  l65 

ce  qu'Us  obtiendront,  par  voie  de  réquisition,  des 
habitans  de  la  France;  de  la  même  manière  qu'ils 
seraient  comptables  d'achats  faits  par  leur  gou- 
vernement, dans  les  dominations  auxqueUes  ils 
appartiennent. 

Signée  J.  Watirs. 


l66  PlÉGBf  JWTinCATITBS. 


N*  V. 

s 

Proclamation  de  Justus  Gruner. 

Braves  Camarades  ! 

Cette  nation  si  long-temps  fière  de  ses  triom- 
phes ,  et  dont  nous  ayons  courbé  le  front  org;ueil- 
leux  devant  les  aigles  germaniques ,  menace  de 
troubler  encore  le  repos  de  FEurope.  Elle  ose 
oublier  que ,  maîtres  de  sa  capitale  et  de  ses  pro- 
%  yinces ,  nous  devions ,  aux  dépens  d'un  gouver- 
nement dangereux,  nous  indemniser,  il  y  a  un  an^ 
par  un  partage ,  que  tous  les  sacrifices  que  nous 
avons  faits  pour  affranchir  TAUemagne,  rendaient 
nécessaire  et  légitime.  Elle  a  laissé  pénétrer  sans 
résbtance,  jusqu'au  trône  de  la  France,  ce  guorier 
turbulent  que  notre  prudence  avait  relégué  sur 
le  rocher  brûlant  de  File  d'Elbe;  elle  a  accueilli 
cet  homme;  elle  a  vu  fuir  la  famille  des  Bourbons, 
et  s'est  plutôt  armée  contre  elle  qu'en  fajireur  de 
sa  cause. 

Braves  Teutons!  un  pays  ainsi  livré  au  dé- 
sordre de  l'anarchie ,  dans  lequel  les  révolutions 
se  succèdent  tour  à  tour,  menacerait  l'Europe 


CAHPÀGiirE  i>£  i8i5.  167 

d'une  honteuse  dlMolution,  si  tons  les  braves 
Teutons  ne  s'armaient  contre  lui.  Ce  n'est  plus 
pour  lui  rendre  des  princes  dont  il  ne  veut  pas  ; 
ce  n'est  plus  dans  l'intention  de  chasser  encore 
ce  guerrier  dangereux  qui  s'est  mis  à  leur  place , 
que  nous  nous  armons  aujourd'hui  :  c'est  pour 
diviser  cette  terre  impie  que  la  politique  des 
princes  ne  peut  plus  laisser  subsister;  c'est  pour 
nous  indemniser,  par  un  juste  partage  de  ses 
provinces ,  de  tous  les  sacrifices  que  nous  avons 
faits  depuis  vingt -cinq  ans  pour  résister  à  tes 
désordres. 

Guerriers  1  cette  fois  vous  ne  combattarez  point 
à  vos  dépens.  La  France ,  dans  sa  fureur  déma- 
gogique ,  a  vendu  à  vil  prix  des  biens  immenses 
pour  rattacher  le  peuple  à  sa  cause.  Ces  biens  9^. 
qu'an  ose  appeler  nationaux,  sontMs  légitimement 
acquis  ?  Une  sage  administration  en  ressaisit  la 
masse,  et  cette  masse  fournira  enfin  de  nobles 
dotations  à  tous  nos  braves ,  de  tous  les  rangs  et 
de  tous  les  mérites. 

Ainsi  les  princes  et  les  sujets  allemands  trouve- 
ront à  la  fois ,  dans  le  fruit  de  cette  guerre  contre 
la  tyrannie,  les  premiers,  des  vassaux  que  nos  lois 
feront  courber  sous  la  discipline  ;  et  les  seconds , 
des  biens  fertiles ,  dans  un  pays  que  nos  baîon- 
nettes  maintiendront  dans  une  terreur  nécessaire. 
Ainsi ,  marchez ,  braves  Teutons  !  fiers  vain- 
queurs des  Romains ,  marchez  !  La  voix  des  sou- 


l68  TJÈCBB  JUSTIFICATIVES. 

yerains ,  la  voix  de  Fintérèt  particulier ,  tout  vons 
appelle  contre  un  ennemi  que  vous  avez,  déjà 
vaincu^  et. que  vous  vaincrez  enccure!  (*) 

Dusseldorfy  le  i5  avril  i8i5. 

Le  gouverneur-général  ^ 
Signé,  JusTUS  GiUTinsB.. 

(*)  Noos  nom  abstien^ont  de  tonte  réflexion  sor  cette  pièce.  £^ 
peint  aTec  k  pins  grande  fidëlitié  le  caractère  de  tout  les  TcutomaiKs^ 
l'caprit  des  lois  çpe  raorvrak  la  répuhliqaa  de  Teutonia,  ^*ib  nw- 
draient  fonder,  et  la  moralité  de  Jahn,  Goenres  et  consoiSy  dontoa 
plaint  si  ridicnlcment  le  triste  sort.  Jusqu'à  quand  nous  iMsserQns^aoaa 
abuser  par  une  phihoithroponiame  aussi  mal  appliquée.  Que  leur  gouver- 
nement ait  tort  ou  raison  envers  eux ,  qu'il  soit  ingrat  oa  qn'iJ  ne  Je 
soit  pas ,  cette  question  doit  nous  être  indijSerente,  parce  que  les  uns  et 
les  autres  sont  nos  ennemis  jures.  Ne  nous  faisons  pas  d^illusions,  et  ne 
perdons  pas  de  Tue,  que  si  ces  énergumènes  réussissaient  à  créer  Une 
Teutonia  /  ils  se  tourneraient  de  suite  contre  nous  y  et  que  nous  seriona 
condamnés  h  des  guerres  perpétuelles ,  pour  nous  garantir  de  icucs  dépré- 
dations et  de  lcw*s  agressions. 


I    I 


GAIIPAGNB   DE    181  S.  169 


N-  VI. 
Conçention  açec  la  Suisse. 

Article  i*'. 

L'aUiance  contractée  par  les  cours  d'Autriche , 
de  Russie,  de  la  Grande-Bretagne  et  de  Prusse, 
ayant  pour  but  de  rétablir  la  tranquillité  et  de 
maintenir  la  paix  en  Europe,  et  les  intérêts  les 
plus  chers  de  la  Suisse  s'y  trouvant  étroitement 
liés ,  la  confédération  déclare  son  adhésion  au 
même  système;  elle  s'engage  à  ne  point  s'en  sé- 
parer ,  à  n'entrer  dans  aucune  négociation  qui  y 
serait  contraire,  et  à  y  coopérer  d'après  ses  moyens, 
jusqu'à  ce  que  le  but  de  cette  alliance  soit  atteint. 
LL.  MAI.  promettent,  de  leur  côté,  à  l'époque  de 
la  pacification  générale,  de  veiller  au  maintien 
des  avantages  assurés  à  la  Suisse  par  la  note  du 
congrès  de  Vienne,  des  20  et  ag  mars  i8i5,  et 
généralement  de  soigner  tous  ses  intérêts  autant 
que  les  circonstances  pourront  le  permettre. 

Art.  2. 

Pour  remplir  l'engagement  de  la  coopération 
stipulée. par  l'article  précédent ,  la  Suisse,  qui  a 


1^0  PIÂCtS   JUITIFICATITB». 

dé)à  sur  pied  trente  mille  hommes ,  et  qui  orga- 
nise une  réseire  pour  les  soutenir  au  besoin ,  pro- 
met de  tenir  constamment  en  campagne  un  corp» 
d'armée  suffisant  pour  garantir  ses  frontières  cb 
toute  attaque  de  Fennemi,  et  pour  empêcher,  de 
ce  côté,  toute  entreprise  qui  pourrait  nuire  aux 
opérations  des  armées  alliées. 

Art.  3. 

Dans  le  même  but ,  les  hautes  puissances  s'en* 
gagent  à  destiner,  aussi  long-temps  qfue  les  cir- 
constances l'exigeront ,  et  d'une  manière  compa- 
tible avec  le  plan  des  opérations  générales ,  une 
partie  suffisante  de  leurs  forces,  pour  se  porter  â 
l'aide  de  la  Suisse,  toutes  les  fois  que  ses  firontières 
seront  attaquées  et  qu'elle  réclamera  des  secours. 

Art.  4- 

En  considération  des  efforts  que  la  Suisse  s'en- 
gage â  faire  avec  elles ,  les  puissances  renoneent  à 
former  des  établissemens  de  routes  militaires, 
dliôpitaux  et  de  dépôts  onéreuxsur  son  territoire. 
Dans  le  cas  d'urgence ,  où  l'intérêt  commun  exi- 
gerait un  passage  momentané  des  troupes  alliées 
à  travers  de  quelques  p^oties  de  la  Suisse ,  on  re- 
courra à  l'autorisation  de  la  diète.  Les  dispositions 
ultérieures  résultantes  de  son  acquiescement, 
ainsi  que  les  indemnités  que  la  Suisse  serait  en 


GilIFAGNB   Dl    l8l5.  I71 

I     droit  de  réclamer,  seront  réglées  de  gré  à  gré  par 
I     des  commissaires. 


Art.  5. 

Les  puissances  promettent  de  faciliter,  d'après 
les  demandes  particulières  qui  leur  seraient  faites, 
des  achats  d'armes  et  de  munitions ,  dans  les  pays 
voisins ,  aux  cantons  qui  en  auraient  besoin. 

Art.  6. 

Voulant  accorder  à  la  Suisse  une  preuve  de 
bienveillance,  et  afin  de  subvenir  aux  besoins 
des  cantons  qui  pourraient  se  trouver  hors 
d'état  de  faire  face  d'une  autre  manière  aux  dé- 
penses d'un  armement  prolongé,  les  puissances 
sont  disposées  à  la  secourir  au  moyen  d'emprunts. 
Le  montant  de  ces  emprunts  et  les  autres  condi- 
tions nécessaires  seront  réglés  mutuellement  par 
une  convention  spéciale. 

Art.  7. 

Les  ratifications  de  LL.  MM.  IL  et  RR.  et  celle 
de  la  diète,  au  nom  des  cantons  de  la  confédéra- 
tion suisse,  seront  échangées  à  Zurich,  dans  l'es* 

pace  de  troi$  semaines,  ou  plus  tôt  si  faire  se  peut. 

* 

1  Zurich,  (e  ao  mai  181 5. 


IJ2 


PIÂCX8  jusnncATivxs. 


A.  Répartition  de  Varmée  prussiermey 
au  mois  de  mars  iSiS. 


.1 


; 


ARMÉE   ACTIVE. 
LE  QksbuLt  Kum. 


1"  corps,  le  général  Pirch  ii. 


a* 

3- 


Ziéthen. 

-»  Borstel 

Légion  allemande 

LAndwehr  de  Westphalie. 

Troupes  de  Bet|^ 

Troupes  saxonnes 


ToTàL. 


▲  I.  IHTERIEUR. 


A  IV  1*      i  ^*'^*  *^  grenadiers.    .  . 

*  \  Division  Lobenthal.    .  . 

Dans  les  Marches,  général  Wrangel. 

En  Thuringe,  général  Oppen 

Sur  rOder,  général  Thiimen 

A  Mayence 


Total. 


B.  Augmentation  qu'a  reçm  tarmée 
prussienne  en  i8i4« 


Garde  à  pied 

—     à  cheval 

Grenadiers  (doux  régimens). 


En  i8i5. 

Infanierie  »  hnit  réghoens ,  y  compris  un  saxon • 

Cuirassiers  (un  régiment) 

Dragons  (deux  régimetn)..  .  - . 

Hussards  (six  régimens)  . 

Hulans  (cinq  régunens) 


9 
i3 

ao 

6 

i5 

e 

i5 


>4 

6 

i3 
i3 
6 


i36 


I 
6 


«4 


Total 1     3 


ï6 

%o 

8 

4 

» 

•4 


84         74 


i6 

4 

i6 


136 


56 

El 


^ 


CAXPÀGNIS   DE    181 5. 

=  C.    Situation  de  l'armée  prussienne, 
au  mois  de  mai  18 15. 

(2  Tcgimeiis  de  garde  h  pied,  at  1  UtaiJl.  de  chasseurs. 

a        id.  grenadiers •..',.. 

•1  régiment  de  gardes  da  corps 

K     il         id.  garde  hulans , 

1         id.  garde  hassards 

'♦       1        id.  garde  dragons .  .  ,  . 

3a        îtL  d^infanterie , 

21  bataillons  de  diasseurs »  .  . 

4  regimens  de  cnirassiers 

^      m       id,  dragons* 

"      S       id,  bnlans , 

iQ       id.  hussards. • 

Total.  .  .  . 


.73 


BauUlons 


8 
6 


EMadr. 


96 

a 


CHaqne  bataillon  h  8o5  hommes;  infiinterie,  90,160. 
Chaque  escadron  à  i5o hommes;  cavalerie,   a  1,600. 

D.   Classification  des  troupes  des  six 
corps  d'armée  de  la  Prusse,  en  1 8 1 5, 


lia 


» 
» 

» 
laS 


i44 


r«» 


corps. 


a*  corps.  . 


3*  corps.  . 


Taoorat 

BB  Mont. 

BataiUoni 

EMsdr. 

6 

» 

6 

» 

6 

3> 

4 

» 

3» 

ao 

6 

» 

6 

» 

6 

» 

6 

D 

» 

»4 

6 

» 

3 

» 

3 

» 

3 

» 

T» 

»4 

6i 

68 

LAlIBWBBa. 


j 


174 


PliCES   JDSTIFIGAnTKS. 


Report*  .  .  . 

Ii3*  dÎTinon 
•  •§•••••  ••••• 
!$•• 
iQ*,  .,  : 
CaTiler» 

Îin*  dWwion.  .  .  .  . 
>8*- 
19^ 
ao« 
CaTalerie 

Iai'dWUion 
aa« 
23« 
A' 
Caralavie 

Total 


CAHVAOlfS  DS    l8l5.  I7S 


MM  I  rrj 


N-  vm. 

Ordre  du  jour. 

ÀTesnes,  le  i5  juin  i8i5.  " 

I 

■ 

Le  grand  quartier-général  à  BeaumoAt. 
L' infcutme  de  la  garde  impériale  sera  bt¥ai|uée 
à  un  quart  de  lieue  en  avant  de  Beaiunont,  et 
fioarmera  trois  lignes  ;  la  jeune  garde,  les  chasseurs 
et  Jeagrenadiers.  M.  le  duc  da  Trévise  jKConnattra 
Vecôplacement  de  ce  canqp;  il  aura  soin  que  tout 
soit  à  saplade^artaUèri^amlnilanoe^  équipages,  etc« 
Le  ^**  régiment  degresadiérs  à  pied  so rendra 
à  Beamnônt. 

.  La  oivalerie  de  la  garde  impériale  sera  plaeée 
en  arrière  de  BeauiMsnl  ;  mais  lea  corps  les  plus 
éloignés  n'en  doiwnt  pas  être,  a  une  iieue. 

•  lie  a^  ceorps  prendra  pdsifcÎQii  à  Lairc ,  c'est-A<- 
dire,  laphis  près  possibkrde  la  firontiive,  sans 
k'dépasser.  Les  quatre  divisions  de  œ  corps  dW 
méé  seront  réunies  et  biTaqveront  sur  dsux  ou 
qustreiignes  :  le  quart|er^général  an  iBifie||;  la 
caTéleriv  en  avaal;,  éoUvant  toruskadébouebés, 
iftals  aussi  sans  dépasser  la  froiftière,  et  laïoÎHUit 


176  PIÂCE»  JU8TIFIGATITES. 

respecta:  par  les  partisans  ennemis  qui  voudraient 
la  violer. 

Les  bivacs  seront  placés  de  manière   qne  ks 
feux   ne  puissent  être  aperçus  de  rennemi  :  les 
généraux  empêcheront  que  personne  ne  s*écait? 
du  camp  ;  ils  s'assureront  que  la  troupe  est  pour- 
vue de  cinquante  cartouches  par  homme ,  quatre 
jours  de  pain  et  une  demi-livre  de  riz  ;  que  lar- 
tillerie  et  les  ambulances  sont  en  bon  état ,  et  les 
feront  placer  à  leur  ordre  de  .bataille.  Ainsi  Je  j* 
corps  sera  disposé  à  se  mettre  en  marche  le  i5,  â 
trois  heures  du  matin ,  si  l'ordre  en  est  doimé  j 
pour  se  porter  sur  Gharleroi ,  et  y  arriFer  avant 
neuf  heures. 

Le  r'  corps,  prendra  position  à  SoIre-sur-Sam- 
bre,  et  il  bivaquera  aussi  8«r  plusieurs  lignes,  ob- 
servant, ainsi  que  le  deuxième  corps ,  que  sesieux 
ne  puissent  être  aperçus  dé  rennemi;  que  per- 
sonne ne  s'écarte  du  camp ,  et  '  que  les  généraux 
s'assurent  de  l'état  des  munitions,  des  vivres  delà 
troupe ,  et  que  l'artillerie  let  les  ambulances  soient 
placées' à  leur  ordre  de  bataille. 

Le  1*'  corps,  se  tiendraigaiement  prêt  â paitir 
le  ib,  à  trois  heures  dt\  matin,  :pour  suivre  le 
mouvement  du  2*  corps  ;!  de  namère  que,  dans  la 
journée  d'après-demain  V  ces  deux  corps  manœu- 
vrent dans  la  même  direction,  et  se  ptotégent. 

Le  5"  corps,  prendra  position  demain,  à  une 
lieue  en  avant  de  Beaumont,  le  plus  près  de  la 
,  sans  cependant  la  dépasser ,  ni  souffrir 


GAMPAGNB   DE    l8l5.  177 

qu'elle  soit  violée  par  aucun  parti  ennemi.  Le  gé- 
néral Yandamme  tiendra  tout  le  monde  à  son 

.  poste,  recommandera  que  les  feux  soient  cachés , 
et  qu'ils  ne  puissent  être  aperçus  de  Fennemi  :  il 
se  conformera  d'ailleurs  à  ce  qui  est  prescrit  au  2* 
corps,  pour  les  munitions,  les  vivres,  l'artillerie  et 
les  ambulances ,  et  pour  être  prêt  à  se  mettre  en 
mouvement  le  i5,  à  trois  heures  du  matin. 

Le  &"  corps ,  se  portera  en  avant  de  Beaumont , 
et  sera  bivaqué  sur  deux  lignes ,  â  un  quart  de 
lieue  du  3^  corps.  M.  le  comte  de  Lobau  choisira 

'  l'emplacement,  et  il  fera  observer  les  disposi- 
tions générales  qui  sont  prescrites  par  le  présent 
ordre. 

M.  le  Maréchal  Grouchy  portera  les  1",  2%  3* 
et  4''  corps  de  cavalerie  en  avant  de  Beaumont , 
et  les  établira  au  bivac,  entre  cette  ville  et  Wal- 
court,  faisant  également  respecter  la  frontière, 
empêchant  que  personne  ne  la  dépasse,  et  qu'on 
se  laisse  voir ,  ni  que  les  feux  puissent  être  aper* 
çus  de  l'ennemi;  et  il  se  tiendra  prêt  à  partir 
après-demain,  à  trois  heures  du  matin,  s  il  en 
reçoit  l'ordre ,  pour  se  porter  sur  Charleroi ,  et 
faire  l'avant-garde  de  l'armée. 
.    Il  recommandera  aux  généraux  de  s'assurer 
si  tous  les  cavaliers  sont  pourvus  de  cartouches, 
si  leurs  armes  sont  en  bon  état ,  et  s'ils  ont  pour 
quatre  jours  de  pain  et  la  demi-livre  de  riz,  qui 
ont  été  ordonnés. 

I/équipage  de  ponts  sera  bivaqué  derrière*,  lé 
V.  12 


{.-g  PIÈCES   JISTIFICATIVES. 

6*  corps ,  et  en  avant  de  rinfanlerie  de  la  garA 

impériale. 

Le  parc  central  d'artillerie  sera  en  arrière  ik 

Beaumont. 

L'armée  de  la  Moselle  prendra  demain  por- 
tion en  avant  de  Philippeville.  M.  le  comte  C^ 
rard  la  disposera  de  manière  à  pouyoir  partir 
après-demain,  le  i5,  à  trois  heures  du  matÎD, 
pour  joindre  le  3*  corps,  et  appuyer  son  mon- 
▼ement  sur  Charleroi,  suivant  le  nouvel  ordre 
qui  lui  sera  donné  ;  mais  le  général  Gérard  aura 
soin  de  se  bien  garder ,  sur  son  flanc  droit  et  en 
avant  de  lui,  sur  toutes  les  directions  de  Charieroi 
et  de  Namur.  Si  l'armée  de  la  Moselle  a  des  pon- 
tons à  sa  suite ,  le  général  Gérard  les  fera  avancer 
le  plus  près  possible ,  afin  de  pouvoir  en  disposer. 

Tous  les  corps  d'armée  feront  marcher  en  télé 
les  sapeurs ,  et  les  moyens  de  passage  que  les  g& 
néraux  auront  réunis. 

Les  sapeurs  de  la  garde  impériale,  les  ouvriers 
de  la  marine ,  et  les  sapeurs  de  la  réserve ,  mar- 
cheront après  le  6'  corps,  et  en  tête  de  la  garde 

Tous  les  corps  marcheront  dans  le  plus  grand 
ordre  et  serrés.  Dans  le  mouvement  sur  Charle- 
roi ,  on  sera  disposé  à  profiter  de  tous  les  passa- 
ges, pour  écraser  les  corps  ennemis  qui  voudraient 
attaquer  l'armée ,  ou  qui  manoeuvreraient  contre 
elle. 

Il  n'y  aura  à  Beaumont  que  le  grand  quar- 
tier-général. Aucun  autre  ne  devra  y  être  établi, 


CAMPAGNE   DE    181 5.  I79 

et  la  ville  sera  dégtkgée  de  tout  embarras.  Les  an- 
ciens règlemens  sur  le  quartier-général  et  les 
équipages,  sur  Tordre  de  marche,  et  la  police 
des  voitures  et  bagages ,  et  sur  les  blanchisseuses 
et  vivandières,  seront  remis  en  vigueur.  Il  sera 
fait,  à  ce  sujet,  un  ordre  général;  mais,  en  at- 
tendant, MM.  les  généraux  commandant  les  corps 
<i'armée,  prendront  des  dispositions  en  consé- 
quence ;  et  M.  le  grand  prévôt  fera  exécuter  ces 
règlemens.  L'empereur  ordonne  que  toutes  les 
<lispositions  contenues  dans  le  présent  ordre , 
soient  tenues  secrètes  par  MM.  les  généraux. 

Par  ordre  de  Tempereur^ 

I^  maréchal  d'empire ,  major-général , 
Signé,  duc  de  Dauiatie. 


«  •  •  • 


l8o  PIÈGES   JUSTIFICATIVES. 


N-  IX. 

Ordre  de  mous^ement. 

Beaumont,  le  i4  juini  Bi5. 

Demain,  le  i5,  à  deux  heures  et  demie  du 
matin,  la  division  de  cavalerie  légère  du  général 
Yandamme  montera  à  cheval ,  et  se  portera  sur 
la  route  de  Charleroi  :  elle  enverra  des  partis  dans 
toutes  les  directions,  pour  éclairer  le  pays,  et  en- 
lever les  postes  ennemis  ;  mais  chacun  de  ces 
partis  sera  au  moins  de  cinquante  hommes. 
Avant  de  mettre  en  marche  sa  division ,  le  géné- 
ral Yandamme  s'assurera  qu'elle  est  pouunrue  de 
cartouches. 

A  la  même  heure,  le  lieutenant-général  Pajol 
réunira  le  i  •'  corps  de  cavalerie ,  et  suivra  le  mou- 
vement de  la  division  du  général  Domont,  qui 
sera  sous  les  ordres  du  général  Pajol.  Les  divi- 
sions du  I  *'  corps  de  cavalerie  ne  fourniront  point 
de  détachemens;  ils  seront  pris  dans  la  3*  divi- 
sion. Le  général  Domont  laissera  sa  batterie  d'ar- 
tillerie ,  pour  marcher  après  le  premier  bataillon 
du  3*  corps  d'infanterie.  Le  lieutenant -géné- 
ral Yandamme  lui  donnera  des  ordres  en  consé- 
quence. 


CAMPAGNE   DB    1 8 1 5.  1 $  1 

Le  lieutenant-général  Yandamme  fera  battre  la 
diane  à  deux  heures  et  demie  du  matin  ;  à  trois 
heures ,  il  mettra  en  marche  son  corps  d'armée , 
et  le  dirigera  sur  Charleroi  :  la  totalité  de  se&  ba- 
gages et  embarras  seront  parqués  en  arrière ,  et 
ne  se  mettront  en  marche  qu'après  que  le  6*  corpa 
et  la  garde  impériale  auront  passé  ;  ils  seront  sous- 
les  ordres  du  vaguemestre-général,  qui  les  réu- 
nira â  ceux  du  6'  corps ,  de  la  garde  impériale  et 
du  grand  quartier-général,  et  leur  donnera  des 
ordres  de  mouvement. 

Chaque  division  du  3*  corps  d'armée  aura  avec, 
elle  sa  batterie  et  ses  ambulances  ;  toute  autre 
voiture  qui  serait  dans,  les  rangs  sera  brûlée., 

M.  le  comte  de  Lobau  fera  battre  la  diane  à. 
trois  heures  et  demie ,  et  il  mettra  en  marche  le 
6*  corps  d'armée  à  quatre  heures.,  pour  suivre  le 
mouvement  du  général  Yandamme,  et  l'appuyer;, 
il  fera  observer  le  même  ordre  de  marche ,  pour 
les  troupes^  l'artillerie,  les. ambulances  et  les  ba- 
gages ,  qui  est  prescrit  au  3*  corps. 

Les  bagages  du  6*  corps  seront  réunis  à  ceux, 
du  3%  sous  les  ordres  du  vaguemestre-général, 
ainsi  qu'il  est  dit. 

La  j^une  garde  battra  la  diane  à  quatre  heures, 
et  demie,  et  se  mettra  enîtnarche  à  cinq  heures;, 
elle  suivra  le  mouvement  du  6*  corps  sur  la  route 
de  Charleroi. 

Les  chasseurs  à  pied  de  la  garde  battront  la 
diane  à  cinq  heures,  et  se  mettront  en  marche* 


1^2  PIÈGES   JUSTIFICATIVES. 

â  cinq  heures  et  demie ,  pour  suivre  le  moui^ 
ment  de  la  jeune  garde. 

Les  grenadiers  à  pied  de  la  garde  battront  h 
diane  à  cinq  heures  et  demie ,  et  partiront  à  sîj 
heures ,  pour  suivre  le  mouvement  des  chasseiBi 
à  pied.  Le  même  ordre  de  marche ,  pour  VaiiB- 
lerie ,  les  ambulances  et  les  bagages  ^  prescrit  poor 
le  3'  corps  d'infanterie ,  sera  observé  dans  la  garde 
impériale. 

Les  bagages  de  la  garde  seront  réunis  i  œm 
des  3*  et  6*  corps  d'armée,  sous  les  ordres  du 
vaguemestre  -  général ,  qui  les  fera  mettre  en 
mouvement. 

M.  le  maréchal  Grouchy  fera  monter  à  cheval, 
à  cinq  heures  et  demie  du  matin ,  celai  des  trob 
autres  corps  dfe  cavalerie  qui  sera  le  pJus  près  de 
la  route,  et  lui  fera  suivre  le  mouvement  sur 
Charleroi  ;  les  deux  autres  corps  partiront  suc- 
cessivement à  une  heure  dlntervaDe  Tun  de  Fan- 
tre  ;  maïs  M.  le  maréchal  Grouchy  aura  soin  de 
faire  marcher  la  cavalerie  sur  les  chemins  laté- 
raux de  la  route  principale ,  que  la  colonne  d'in- 
fanterie suivra,  afin  d'éviter  rencombrcment,  et 
aussi  pour  que  la  cavalerie  observe  un  meiUeur 
ordre  :  il  prescrira  que  la  totalité  des  bagages  res- 
tent en  arrière,  parqués  et  réunis ,  )usqu  au  mo- 
ment où  le  vaguemestre^ génial  leur  donnera 
l'ordre  d'avancer. 

M.  le  comte  Reille  fera  battre  la  dîàne  à  deux 
heures  et  demie  du  matin ,  et  il  mettra  en  mar- 


CAMPAGNE   D£    l8l5.  l83 

che  le  2^  corps  à  trois  heures  ;  il  le  dirigera  sur 
Marchieimes-au-Pont,  où  il  fera  en  sorte  d'être 
rendu  avant  neuf  heures  du  matin  ;  il  fera  garder 
tous  les  ponts  de  la  Sambre,  afin  que  personne 
ne  passe.  Les  postes  qu'il  laissera ,  seront  succes- 
sivement relevés  par  le  i  *'  corps  ;  mais  il  doit  tâ- 
cher de  prévenir  l'ennemi  à  ces  ponts ,  pour  qu'ils 
ne  soient  pas  détruits  ,  surtout  celui  de  Mar- 
chiennes ,  par  lequel  il  sera  probablement  dans 
le  cas  de  déboucher ,  et  qu'il  faudrait  faire  aus- 
sitôt réparer  s'il  avait  été  endcnnmagé. 

  Thuin  et  à  Marchiennes ,  ainsi  que  dans  tous 
les  villages  sur  sa  route ,  M.  le  comte  Reille  inter- 
rogera les  habitans ,  afin  d'avoir  des  nouvelles  des 
positions  et  forces  des  armées  ennemies  :  il  fera 
prendre  les  lettres  dans  les  bureaux  de  poste,  el 
les  dépouillera ,   pour  faire  parvenir  aussitôt  à 
l'empereur  les  renseignemens  qu'il  aura  obtenus. 
M.  le  comte  d'Erlon  mettra  en  marche  le  i*' 
corps  à  trois  heures  du  matin,  et  il  le  dirigera 
aussi  sur  Charleroi,  en  suivant  le  mouvement  du 
2*  corps ,  duquel  il  gagnera  la  gauche  le  plus  tôt 
possible,  pour  le  soutenir  et  l'appuyer  au  besoin; 
il  tiendra  une  brigade  de  cavalerie  en  arrière, 
pour  se  couvrir  et  pour  maintenir,  par  de  petits 
détachemens ,   ses  communications  avec  Mau- 
beuge;  il  enverra  des  partis  en  avant  de  cette 
place,  dans  les  directions  de  Mons  et  de  Binch, 
jusqu'à  la  frontière,  pour  avoir  des  nouvelles  des 
ennemis,  et  en  rendre  compte  aussitôt.  Ces  partis 


]84  PliCES   JUSTIFICATIVES. 

auront  soin  de  ne  pas  se  compromettre ,  et  de  ff 
point  dépasser  la  frontière. 

M.  le  comte  d*Erlon  fera  occuper  Tfauin  w 
une  division  ;  et  si  le  pont  de  cette  ville  était  dé  : 
truit ,  il  le  ferait  aussitôt  réparer,  en  même  temps  ^ 
qu'il  fera  tracer  et  exécuter  immédiatement  une 
tête  de  pont  sur  la  rive  gauche.  La  division  qui 
sera  â  Thuin,  gardera  aussi  le  pont  de  TabbaT? 
d'Âlnes,  où  M.  le  comte  d'Erlon  fera  également 
construire  une  tète  de  pont ,  sur  la  rive  gauche. 

Le  même  ordre  de  marche  prescrit ,  pour  k  5' 
corps ,  pour  Fartillerie ,  les  ambulances  et  les  ba- 
gages ,  sera  observé  aux  2*  et  1*'  corps ,  qui  faront 
réunir  leurs  bagages^  et  marcher  à  la  gauche  du 
1  *'  corps ,  sous  les  ordres  du  vaguemestre  le  plus 
ancien* 

Le  4'  corps  (armée  de  la  Moselle),  a  reçu  or- 
dre de  prendre  aujourd'hui  position  en  avant  de 
Philippeville  :  si  son  mouvement  est  opéré ,  et  si 
les  divisions  qui  composent  ce  corps  d*armée, 
sont  réunies ,  M.  le  lieutenant-général  Gérard  les 
mettra  en  marche  demain ,  à  trois  heures  du  ma- 
tin ,  et  les  dirigera  sur  Charleroi  (*)  ;  il  aura  soin 
de  se  tenir  à  la  hauteur  du  3'  corps ,  avec  le- 
quel il  communiquera ,  afin  d'arriver  à  peu  près 
en  même  temps  devant  Charleroi;  mais  le  gé- 
néral Gérard  fera  éclairer  sa  droite  et  tous  les 


(*)  Le  général  Gérard  reçut  plus  tard  an  nouvel  ordre  qui  lut  jnt»- 
crivii  de  passer;  atcc  son  corps,  la  Sambrc  au  Qii^telek. 


CAMPAGNE   DE    181 5.  l85 

débouchés  qui  vont  sur  Namur  ;  il  marchera 
serré  en  ordre  de  bataille ,  fera  laisser  à  Philip- 
peville  tous  ses  bagages  et  embarras ,  afin  que  son 
corps  d'armée ,  se  trouvant  plus  léger ,  soit  plus 
à  même  de  manœuvrer. 

Le  général  Gérard  donnera  ordre  à  la  i4*  divi- 
sion de  cavalerie,  qui  a  dû  arriver  aujourd'hui 
â  Philippeville ,  de  suivre  le  mouvement  de  son 
corps  d  armée  sur  Charleroi,  où  cette  division 
joindra  le  4*  corps  de  cavalerie. 

Les  lieutenans  -  généraux  Reille,  Yandamme, 
Gérard  et  Pajol,  se  mettront  en  communication 
par  de  fréquens  partis ,  et  ils  régleront  leur  mar- 
che de  manière  à  arriver  en  masse  et  ensemble 
devant  Charleroi  :  ils  mettront ,  autant  que  pos- 
sible, à  l'avant  -  garde  les  officiers  qui  parlent 
flamand,  pour  interroger  les  habitans,  et  en 
prendre  des  renseignemens  ;  mais  ces  officiers 
s'annonceront  comme  commandans  de  partis, 
sans  dire  que  l'armée  est  en  arrière. 

Les  lieutenans-généraux  Reille ,  Yandamme  et 
Gérard ,  feront  marcher  tous  les  sapeurs  de  leurs 
corps  d'armée  (  ayant  avec  eux  des  moyens  pour 
réparer  les  ponts)  après  le  premier  régiment 
d'infanterie  légère ,  et  ils  donneront  ordre  aux  of- 
ficiers du  génie ,  de  faire  réparer  les  mauvais  pas- 
sages, ouvrir  des  communications  latérales,  et 
placer  des  ponts  sur  les  courans  d'eau ,  où  l'infan- 
terie devrait  se  mouiller  pour  les  franchir. 

Les  marins ,  les  sapeurs  de  la  garde  et  les  sa- 


|86  PIÂCE8    JUSTIFICATIVES. 

peurs  de  la  réserve ,  marcheront  après  le  premier 
régiment  du  3*  corps;  les  licutenans-généraui 
Rogniat  et  Haxo  seront  â  leur  tête:  ils  n'emmène- 
ront avec  eux  que  deux  ou  trois  voitures  ;  le  sur- 
plus du  parc  du  génie  marchera  à  la  gauche  do 
5*  corps.   Si  on  rencontre  lennemi ,  ces  troupes 
ne  seront  point  engagées  ,  mais  les  généraux  Ro- 
gniat et  Haxo  les  emploieront  aux  travaux   de 
passages  de  rivières ,  de  têtes  de  ponts ,  de  répa- 
rations de  chemins ,  et  d'ouvertures  de  conununf- 
cations ,  etc.  La  cavalerie  de  la  garde  suivra  Je 
mouvement   sur  Charleroi ,  et   partira   â  huit 
heures. 

L'empereur  sera  à  l'avant-garde  sur  la  route 
de  Charleroi.  MM.  les  lieutenans^énéraux  auront 
soin  d'envoyer  à  S.  M.  de  fréquens  rapports  sur 
leurs  mouvemens,  et  les  renseigncmens  qu'ils 
auront  recueillis  ;  ils  sont  prévenus  que  l'inten- 
tion de  S.  M.  est  d'avoir  passé  la  Sambre  avant 
midi ,  et  de  porter  l'armée  à  la  rive  gauche  de 
cette  rivière. 

L'équipage  de  ponts  sera  divisé  en  deux  sec- 
tions :  la  première  section  se  subdivisera  en  trob 
parties ,  chacune  de  cinq  pontons  et  ciBq  bateaux 
d'avant-garde ,  pour  jeter  trois  ponts  sur  la  Sam- 
bre  ;  il  y  aura  à  chacune  de  ces  subdivisions  une 
compagnie  de  pontonniers  ;  la  première  section 
marchera  û  la  suite  du  parc  du  génie ,  après  le 
troisième  corps. 

La  deuxième  section  restera  avec  le  parc  de 


CAUPAGNB   DE    181 5.  187 

réserve  d'artillerie ,  à  la  colonne  des  bagages  ; 
elle  aura  avec  elle  la  quatrième  compagnie  de 
pontonniers.  Les  équipages  de  Tempereur,  et  les 
bagages  du  grand  quartier-général  seront  réunis , 
et  se  mettront  en  marche  à  dix  heures.  Aussitôt 
qu'ils  seront  passés  ,  le  vaguemestre-général  fera 
partir  les  équipages  de  la  garde  impériale,  dii 
troisième  corps  et  du  sixième  corps  ;  en  même 
temps  il  enverra  ordre  à  la  colonne  d'équipages 
de  la  réserve  de  la  cavalerie,  de  se  mettre  en 
marche ,  et  de  suivre  la  direction  que  la  cavale- 
rie aura  prise.  Les  ambulances  de  l'armée  suive- 
r<»it  le  quartier-général ,  et  marcheront  à  la  tête 
des  bagages  ;  mais ,  dans  aucun  cas ,  ces  bagages , 
ainsi  que  les  parcs  de  réserve  de  l'artilla^'ie  ,  et  la 
deuxième  section  de  l'équipage  de  ponts  ,  ne  s'ap- 
procheront à  plus  de  trois  lieues  de  l'armée ,  à 
moins  d'ordre  du  major-général,  et  ils  ne  pas- 
seront la  Sambre ,  aussi  que  par  ordre. 

Le  vaguemestre-général  formera  des  divisions 
de  ces  bagages ,  et  il  y  mettra  des  officiers  pour 
les  commander,  afin  de  pouvoir  en  détacher  ce 
qui  sera  ensuite  appelé  au  quartier-général,  ou 
pour  le  service  des  officiers. 

L'intendant-général  fera  réunir  à  cette  colonne 
d'équipages  la  totalité  des  bagages  et  transports 
de  l'administration,  auxquels  il  sera  assigné  un 
rang  dans  la  colonne.  Les  voitures  qui  seront  en 
retard  prendront  la  gauche ,  et  ne  pourront  sortir 


l88  PIÈGES   JU8T1FIGATITES. 

du  rang  qui  leur  sera  donné ,  que  par  ordre  du 
yaguemestre-général. 

L'empereur  ordonne  que  toutes  les  voitures 
d'équipages  qui  seront  trouvées  dans  les  colon- 
nes d'infanterie ,  de  cavalerie  ,  ou  d'artillerie , 
soient  brûlées,  ainsi  que  les  voitures  de  la  co- 
lonne des  équipages  qui  quitteront  leur  rang  et 
intervertiront  leur  marche,  sans  la  permission 
expresse  du  vaguemestre-général. 

A  cet  effet ,  il  sera  mis  un  détachement  de  cin- 
quante gendarmes  à  la  disposîtiondu  vaguemestre- 
général  ,  qui  est  responsable ,  ainsi  que  tous  les 
officiers  de  la  gendarmerie  et  les  gendarmes ,  de 
l'exécution  de  ces  dispositions ,  desqueUe&le succès 
de  la  campagne  peut  dépendre. 

Par  ordre  de  Fiempereur, 

Le  maréchal  d'empire,  major-général, 
Signée  duc  de  Dalmatie. 


CAMPAGNE   DS    l8l5.  189 


i.'i    m    .r-iii  s    'ÀàT  I      «r  ■     .■       .    m'       1. 


Ordre  de  moui^ement  au  maréchal 

Grouchy. 

Gharleroi,  le  16  juin  181 5. 

Monsieur  le  maréchal,  Tempereur  ordonne 
que  vous  vous  mettiez  en  marche  avec  les  i*',  2" 
et  4'  corps  de  cavalerie ,  et  que  vous  les  dirigiez  sur 
Sombref ,  où  vous  prendrez  position.  Je  donne 
pareil  ordre  à  M,  le  lieutenant -général  Van- 
damme ,  pour  le  3*  corps  d'infanterie ,  et  à  M.  le 
lieutenant-général  Gérard ,  pour  le  4'  ;  et  je  pré- 
viens ces  deux  généraux  qu'ils  sont  sous  vos  or- 
dres ,  et  qu'ils  doivent  vous  envoyer  immédiate- 
ment des  officiers  pour  vous  instruire  de  leur 
marche  et  prendre  des  instructions.  Je  leur  dis 
cependant  que ,  lorsque  S.  M.  sera  présente ,  ils 
pourront  recevoir  d'elle  des  ordres  directs,  et 
qu'ils  doivent  continuer  à  m'envoyer  les  rapports 
de  service  et  états  qu'ils  ont  coutume  de  fournir. 

Je  préviens  aussi  monsieur  le  général  Gérard 
que ,  dans  son  mouvement  sur  Sombref ,  il  doit 
laisser  la  ville  de  Fleurus  à  gauche ,  afin  d'éviter 
l'encombrement  ;  ainsi  vous  lui  donnerez  une  di- 
rection, pour  qu'il  marche,  d'ailleurs  bien  réuni,  à 


igo  PIÈGES   JIKTIFlCATlVeS. 

portée  du  5*  corps,  et  soit  en  mesure  de  concourir 
a  Tattaque  de  Sombref ,  si  l'ennemi  fait  résitance. 

Vous  donnerez  aussi  des  instructions  en  con- 
séquence â  M.  le  lieutenant-général  Yandamme. 

J  ai  l'honneur  de  vous  prévenir  que  M.  le  comte 
de  Valmy  a  reçu  ordre  de  se  rendre  à  Gosselies , 
avec  le  3*  corps  de  cavalerie ,  où  il  sera  à  la  dis- 
position de  monsieur  le  prince  de  la  Moskowa. 
Le  1  *'  régiment  de  hussards  rentrera  dans  la  jour- 
née au  1*'  corps  de  cavalerie;  je  prendrai  à  ce 
sujet  les  ordres  de  Tcmpereur. 

J'ai  l'honneur  de  vous  prévenir  que  M  le  ma- 
réchal prince  de  la  Moskowa  reçoit  ordre  de  se 
porter,  avec  le  i*'  et  le  2*  corps  d'infanterie  et  le 
3*  de  cavalerie,  à  l'intersection  des  cbemms  dite 
les  Trois-Bras  (les  Quatre-Bras)  ^  sur  la  i^ule  de 
Bruxelles,  et  qu'U  détachera  un  fort  corps  à 
Marbais,  pour  se  lier  avec  vous  sur  Somhref ,  et 
seconder  au  besoin  vos  opérations. 

Aussitôt  que  vous  vous  s^ez  rendu  maître  de 
Sombref ,  il  faudra  envoyer  une  avant-garde  à 
Gembloux ,  et  faire  reconnaître  toutes  les  direc- 
tions qui  aboutissent  à  Sombref,  particuU^e- 
ment  la  grande  route  de  Namur ,  en  même  tem|>s 
que  vous  établirez  vos  communications  avec  k 
maréchal  Ney. 

La  garde  impériale  se  dirige  sur  Fleurus. 

Par  ordre  de  Tempereur , 

Le  duc  de  DiXMAris. 


CAMPAGNE    DE    181 5.  101 


N°  XI. 

Premier  ordre. 

Cliarleroi,  le  16  juin  181 5. 

Monsieur  le  maréchal ,  l'empereur  vient  d'or- 
donner à  M.  le  comte  de  Yalmy ,  commandant 
le  5*  corps  de  cavalerie ,  de  se  réunir  et  de  se  diri- 
ger sur  Gosselies ,  où  il  sera  à  votre  disposition. 

L'intention  de  S.  M.  est  que  la  cavalerie  de  la 
garde ,  qui  a  été  portée  sur  la  route  de  Bruxelles , 
reste  en  arriére,  et  rejoigne  le  restant  de  la  garde 
impériale;  mais,  pour  qu'elle  ne  fasse  pas  de 
mouvement  rétrograde ,  vous  pourrez ,  après 
l'avoir  fait  remplacer  sur  la  ligne ,  la  laisser  un 
peu  en  arrière,  où  il  lui  sera  envoyé  des  ordres 
dans  le  mouvement  de  la  journée.  M.  le  lieute* 
nant-général  Lefébvre  Desnouettes  enverra  à  cet 
effet  un  officier  pour  prendre  des  ordres. 

Veuillez  m'instr uire  si  le  i  •'  corps  a  opéré  son 
mouvement ,  et  quelle  est  ce  matin  la  position 
exacte  des  i*'  et  2"  corps  de  l'armée,  et  des  deux 
divisions  de  cavalerie  qui  y  sont  attachées ,  en 
me  faisant  connaître  ce  qu'il  y  a  d'ennemis  de- 
vant vous ,  et  ce  qu'on  a  appris. 

Signée  duc  de  Dalmatie  ,  major-général. 


iga 


?liGE9   JUSTIFICATITE8. 


as 


N*  XII. 

Deuxième  ordre. 

Gharleroiy  le  16  juin  181 5. 

Monsieur  le  maréchal ,  un  officier  de  lanc«ei« 
if  ient  de  dire  à  l'empereur  que  l'ennemi  présentait 
des  masses  du  côté  des  Quatre-Bras.  Réunissez  les 
corps  des  comtes  Reille  et  d'Erlon  à  celui  du  comte 
de  Yalmy,  qui  se  met  à  l'instant  en  route  pour 
TOUS  joindre.  Atcc  ces  forces,  tous  devez  battre 
et  détruire  tous  les  corps  ennemis  qui  peuvent 
se  présenter.  Blûcher  était  hier  à  Namur ,  et  il 
n'est  pas  vraisemblable  qu'il  ait  porté  des  troupes 
vers  les  Quatre*Bras;  ainsi  vous  n'avez  affaire 
qu'à  ce  qui  vient  de  Bruxelles. 

Le  maréchal  Grouchy  va  faire  le  mouvement 
sur  Sombref  que  je  vous  ai  annoncé ,  et  l'empe- 
reur va  se  rendre  à  Fleurus  ;  c'est  là  où  vous 
adresserez  vos  nouveaux  rapports  à  S.  IM. 

Signée  duc  de  Dalmatie. 


CAM?AGiaS   DB    l8l5b  190 


:SB 


w  xni. 

Troisième  ordre. 


t  '     >  .^  I    t 


En  avant  de  Fleurus,  le  16  juin  18 15. 


•     •     •  •»     i"«»it«i 


4^  tr^upç»  enti>ç  3qmbreC  «t.Bxy^  çÇ  ;q^'44?^?v 
heures  et  denijiç.  M*  le  ii^a^^Qb^  (irQi^pljy„.^veçi 
les  3*  ^\  4'  ^^'P^  '  V^tAqwey^,  X.*Ute.i4iQa  4^ 
S*  M*  cs^  <^ue  voviSj  ^t,tiaqJMez^  aussi.Cj^.  q.ijii  .r^^ 
devant  ypu^p.  e*  qu'après  l'^voiç  yig9Ufe\i9ep[^fii^ 
poi^s^ ,  yQU3  r^^tji^?.  auy  ^©♦ls  ^  p^çnjyr^  ç9JJpq^,. 

pwl^r..  Si  çç  .cQrpft  é^t  ;e^fQncié;  \^Wp^Avwt 
alor?  Si  M,  fep^t  îp^ncç^y^er  4?i^s  yo^  cUffeçr. 
tioii,  pour  Wter  ég4eipent.yQs^tq^^al;^oiw^    .  ; 

I^a^rui^e?  ^^  suUç  Vefnp^^ur:4p  ypfsJl^pos^. 
lions  et  de  ce  qui  se  passe  sur  Vçtre  frw^  ; 


1»»»  »  •  ','» 


Signé ^^^\^ç,  4e  ,D4^i^Tï)E,  ;.  ..,, 


♦'};'•      '    '  *  i 


V. 


i3 


ig4  PliCBS  JUSnnCATITES. 


N-  XIV: 
Quatrième  ordre. 

En  avant  de  Fleuras,  le  16  juin ,  à  trois  hetires  an  quart. 

Monsieur  le  marëclial,  je  tous  ai  écrit,  il  y  a 
une  heure ,  que  Tempereur  ferait  attaquer  /en- 
nemi à  deux  heures  et  demie,  dans  la  position 
qu'il  a  prise'  entre  Saint- Amand  et  Bry.  En  ce 
motbent  rengagement  est  très-prononcé.  S.  M. 
me  chaîne  de  vous  dire  que  vous  devez  manœu- 
vrer sur-le-champ ,  de  manière  à  envelopper  la 
droite  de  Fennémi,  iet  tomber  â  bras  raccourcis 
dur  ses  derrières.  Cette  armée  est  perdue  si  tous 
agissez  Tigoutieusement  ;  le  sort  de  ta  France  est 
dans  vos  mains.  Ainsi,  n'hésitez  pas  un  instant 
pour'  faire  le  mouvement  que  l'empereur  vous 
ordonne ,  et  dirigez-^oùs'  sur  les  hauteurs  de  Bry 
et  Saint-Amand  ;  pouî*  concourir  à  une  victoire 
peut-être  décisive.  • 

L'ennemi  est  pris  en  flagrant  délit ,  au  moment 
où  il  cherche  à  se  réunir  aux  Anglais. 

Signé ,  duc  de  Daijiatib. 

Cet  ordre  fut  remis  à  six  heures  du  soir,  par  le  colonei 
Forbin-Janson. 


gampagn;b  de  181  s.  .195 


ip    ,7    jpgsa»: 


N-  XV.      .    ' 

.  Fleunia»  1^  }uih  i8i5..    , 

.         .  X  .  .  .  .  ' 

Monsieur  le  maréchal,.  1^  général  Fjiahaut^  qui 

arrive  à  Tinstant,  fait  connattre  que  vous  êtes 

dans  rincertitude  sur  les  résultats  de  là  journée 

d'hier.  Je  crois  cependant  vous.iavoir  porcTenu  de 

la  victoire  que  Fempereur.  a  remportée.  L.'armée 

prussienne  à  été-  mise  en  déroute  4  Le  général 

Pajol  est  à  sa  poursuite  sur  -les  routes  de  JVamur 

et  db  Liège.  Nous  avons  déjà  plusieurs  .milliers 

de  prisonnier^,  et  trente  piëbes. de ' cation;. ^oii 

troupes  se  sont  bien  4^onduites.  tlne^chaige.dosixt 

bataillons  de  la  garde,  des  escadrons  des^vioe^» 

etdlB  la  division  de  cavalerie  du  général.  Dolori  ^ 

a. .percé  la  ligne>  «anémie',:  porté  le.plul^.^and* 

désordre  dans  ses  rangs,  et  enlevé  la  .positioi^-.r.l 

.  L'empereUrse  rend  am  tnoulia  de  Bry  voù;  passe 

la    grande  route  ^ui  conduit  dei  .IKamur  ajux» 

Quatre-Bras;  il  n'etit.dci^nc'pas  ^os«iUe:qa6  lapr. 

mée  anglaise  puisse  agir  deyant  vim^iSi  c^la  ètmttii 

l'empereur  marcherait^  directement  sur  elle  par 

la  route  des  Qiiâtre-Bràrf ,  tandis  que  vous  latta- 

queriez  de  front  avec  vos  divisions , .  qui  à  présent 

doivent  être  réunies.  Ainsi  instruisez  S.  M.  do  la 


ig6  ?iicEs  JVSTiPicATiyEs. 

position  exacte  des  divisions,  et  de  tout  ce  qui  s 
passe  devant  vous. 

L'empereur  espère  et  désire  que  vos  sept  dhi- 
sions  d'infanterie  et  la  cavalerie  soient  réunies  d , 
formées ,  et  qu'ensemble  elles  n'occupent  pas  um 
lieue  de  terrain  ,  pour  les  avoir  bien  dans  vob? 
mafh  et  le^  ètnpioyer  au  besoin. 

L'intention  de  S.  M.  est  que  vous  preniez  po- 
sition aux  QuatrmBi'âB ,  ainsi  que  l'ordre  vous  en 
a  été  donné t  mais  si,  p»  Impossible,  cela  ne 
peut  avoir  lieu ,  vendee-en  compte  vaî4e<iïBÊÊïp 
avec  détaB ,  et  l'empcsTettr  s'y  portera ,  âinù  que  je 
vous  l'ai  dit.  Si  a»  eontraire  tt  n'y  a  gv'tme  arrière- 
fgavAe  ^  attaquez-la  et  pren«»  position. 

(*)  La  )oiyrnée  d'au}outd'faui  est  TkècesAaire 
pour  torfliinër  cette  opératiôei  «I  pour  compléter 
les  munitions ,  rallier  les  militaires  isoles ,  «t  faite 
rentier  les  détachem^ft.  I>oiiineK  des  ordres  en 
conséqoence ,  et  assurez^Vous  que  tous  les  blessé» 
sûkit  pan^s  et  transportés  sar  les  derriëtes.  L'od 
sTest  plaint  que  les  ambulances  n'avaiecit  pas  fait 
leur  devrâr. 

Le  femôux  piartisan  Lutzow,  qvri  a  Mè  prU, 
disait  que  larmée  prussîetiiie  élidlt  pefdue,  et 
que  Blûch^  avait  exposé  une  deasième  foi»  h 
monarchie  prumenne. 

Signé,  le  duc  de  Dalmatie. 

(^)  Il  semble  (jii'îl  y  ait  Une  lacune  \  car  l'avant-demter  par^apbe 
■'a  anevnc  liaiaon  ay«e  le  préocdciit.«  .  -      ' 


\1 


CÂU?AQfi%   PS    181 5.  197 


M Odi^içur  le  m^éçl^ ,  Fempereur  yient  de  faire 
prendre  powtion,  91  ft^aat  de  Marbais,  à  un 
corps  d'infanterie  et  à  la  garde  impériale.  S.  M. 
me  «ab^iffe  de  irou»  dire  que  ftcrn  lotesiilwiit  est 
<|ue  ¥Q»ua.attaquÛ£  les  .•ennemis  dus:  Q^u^re-Bras , 
pour  les  chasser  dp  leur  posttioii ,  et  que  le  porpfi 
qui  fist.à  Marbais  Aecondcx'a  vos  opératibos.  S^  M^ 
ya  se  cendse  â  Marbais^  at  die  juttend  vçn  r«p- 
pfirts  JKvec  impati^iûe. 

Signés  h  jduc  de  Damm^ism. 


igS  PrèCES   JUSTIFICATIVES. 


N-  XVII. 

Premier  ordre  au  nutréclial  Grouchjr* 

En  avant  de  la  ferme  de  CaiBoa, 
le  1 8  îain  à  dix  heures  du  matin. 

Monsieur  le  maréchal ,  Fempereura  reçu  votre 
dernier  rapport  daté  de  Gembloux;  vous  ne  parles 
à  S.  Mé  que  des  deux  colonnes  prussiennes  qui  atU 
passé  à  Sauvenières  et  Sart-é-fFalhaln;  cependant 
dçs  rapports  disent  qu'une  troisième  colonne, 
qui  était  assez  forte,  a  pasaé  à  Gery  et  (ïentines, 
se  dirigeant  sur  Wavre. 

L'empereur  me  charge  de  vous  prévemr  qo^en 
ce  moment  S.  M.  va  faire  attaquer  Tarmée  an- 
glaise 9  qui  a  pris  position  à  Waterloo  y  près  de  k 
forêt  de  Soignes  ;  ainsi  S.  M.  désire  que  vous  di- 
rigiez vos  mouvemens  sur  Wavre,  afin  de  vom 
rapprocher  de  nous ,  vous  mettre  en  rapport 
d'opérations ,  et  lier  les  communications  ;  pous- 
sant devant  vous  les  corps  de  l'armée  prussienne 
qui  ont  pris  cette  direction  et  qui  ont  pu  s'arrêter 
à  Wavre ,  où  vous  devez  arriver  le  plus  tôt  possi- 
ble. Vous  ferez  suivre  les  colonnes  ennemies  qui 
ont  pris  sur  votre  droite ,  par  quelques  corps  légers j 
afin  d'observer  leurs  mouvemens  et  ramasser  leurs 


GAUPAGNE   DE    181 5.  1^9 

traînards.  Instruisez-moi  immédiatement  de  vos 
dispositions  et  de  votre,  marche ,  ainsi  que  des 
nouyelles  que  tous  ayez  sur  le»  eimemis ,  et  ne 
négligez  pas  de  lier  vos  cemmunications  mec  nous  ; 
l'empereur  désire  avoir  très-souvent  de  vos  nou- 
velles. 

Le  duc  de  Dalmàtie. 


f , 


'AOO  RdCBS   niBTIFrCâtfVKS* 


a  itn  iifn    ifntir     "irî 'inr"'   '-  w    ri       m 


<      «  '   >     I 


»   •      » 


ïï-XVlïï 


Ordre  donné  sur  le  champ  de  bataille 
de  MontS oint-- Jean. 

Le  18  )uin,  Ters  onze  heures. 

Une  fois  que  l'année  sera  rangée  en  bataille , 
à  peu  près  â  une  heure  après  midi,  au  moment 
où  l'empereur  en  donnera  Tordre  au  maréchal 
Ney,  l'attaque  commencera  par  s'emparer  du  vil- 
lage de  Mont-Saint-Jean ,  où  est  l'intersection  des 
deux  routes.  A  cet  effet,  les  batteries  de  dôme 
du  2*  corps  et  celles  du  6* ,  se  réuniront  à  cello 
du  1  *'  corps.  Ces  vingt-quatre  bouches  à  feu  ti- 
reront sur  les  troupes  de  Mont-Saint-Jc^an ,  et  le 
comte  d'Erlon  commencera  l'attaque ,  en  portant 
en  avant  sa  division  de  gauche ,  et  la  soutenant ,  se- 
lon les  circonstances ,  par  les  divisions  du  1**  corps. 

Le  2*  corps  s'avancera  â  mesure  pour  garder 
la  hauteur  du  comte  d'Erlon.  Les  compagnies 
de  sapeurs  du  1*'  corps  seront  prêtes,  pour  se 
barricader  sur  le  Mont-Saint-Jean. 

(Dicté  par  l'empereur  Napoléon.) 


cjottàoni  m  iSiâ.  aoi 


■       •     •        W  XIX. 

4  • 

Second  ordre  au  manécfial  Gi^ouchjr. 

Du  champ  de  bataille  de  Waterloo  ^ 
le  18  juin  à  une  heure  après  midi. 

Monsieur  le  maréchal ,  vous  ayez  écrit  ce  matin 
à  deux  heures  à  Fempereur ,  que  tous  marchiez 
sur  Sart-à-Walhain  :  donc  votre  projet  était  de 
vous  porter  à  Corbaix  ou  à  Wavre.  Ce  mouve- 
ment est  conforme  aux  dispositions  de  S.  M. ,  qui 
vous  out  été  communiquées. 

Cependant  l'empereur  m'ordonne  de  vous  dire, 
que  vous  devez  toujours  manœuvrer  dans  notre 
direction.  C'est  à  vous  à  voir  le  point  où  nous 
sommes,  pour  vous  régler  en  conséquence,  et 
pour  lier  nos  communications,  ainsi  que  pour  être 
toujours  en  mesure  pour  tomber  sur  quelques 
troupes  ennemies ,  qui  chercheraient  à  inquiéter 
notre  droite,  et  les  écraser.  En  ce  moment  la 
bataille  est  engagée  sur  la  ligne  de  Waterloo, 
ains  i  manœuvrez  pour  joindre  notre  droite. 

Le  duc  de  Dalhatie. 

P.  5.  Une  lettre,  qui  vient  d'être  interceptée. 


ûoa  PIÈGES  JUBTincÀTm». 

porte  que  le  général  Bûlow  doit  attaq[uer  notre 
flanc.  Nous  croyons  aperccToir  ce  corps  sur  ks 
hauteurs  de  Saint-Lambert;  ainsi  ne  perciez  pas 
un  instant  pour  tous  rapprocher  de  nous  et  nous 
joindre,  et  pour  écraser  Bûlow,  que  tous  pren- 
drez en  flagrant  délit. 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  203 


F 


Rapport  du  duc  de  Wellington  ^  adressé 
au  comte  Bathurstj  principal  secrétaire-- 
d'Etat  de  S.  M.  pour  le  département 
de  la  guerre. 

Waterloo,  le  19  juin  i8i5. 

Milord,  Napoléon  ayant  réuni,  du  10  au  1 4  de 
ce  mois,  le  i*',  a*,  3%  4*  ^^  6*  corps  de  rarmée 
française ,  ainsi  que  la  garde  impériale ,  et  presque 
toute  la  cavalerie,  sur  la  Sambre  et  sur  le  terrain 
situé  entre  cette  rivière  et  la  Meuse ,  s'avança  le 
i5,  à  la  pointe  du  jour,  et  attaqua  les  postes 
prussiens  établis  à  Thuin  et  à  Lobes ,  sur  la 
Sambre. 

Je  ne  connus  ces  événemens  que  dans  la  soirée 
du  i5;  et  sur-le-champ  je  donnai  Tordre  aux 
troupes  de  se  préparer  à  marcher  ;  ensuite  je  les 
fis  diriger  contre  la  gauche  de  Fennemi ,  aussitôt 
que  j'eus  appris  que  son  mouvement  s'opérait^sur 
Charleroi. 

L'ennemi  chassa,  ce  jour-lâ,  les  postes  prus- 
siens de  leurs  positions  sur  la  Sambre.  Le  général 
Ziéthen ,  qui  commandait  le  corps  de  trou]pes 


%;/ 


établi  à  Charleroi,  se  retira  sur  Fleurus.  Le  ma- 
réchal prince  Blûcher  concentra  rarmée  prus^ 
sienne  sur  Sombref ,  occupant  les  villages  de  Saint- 
Amand  et  de  Ligny,  situés  en  face  de  sa  position. 

L'ennemi  continua  sa  marche  sur  la  route  de 
Charleroi  à  Bruxelles,  et,  dans  la  soirée  du  même 
J4Mir,  k  i5^  îl^AtaqaaimeiMrigàdcderanBéefcol- 
Jaiidrise.,  sc^ns  le  cammandemeàt  dn  ponoe  de 
•  Weimar.,  laquelle  ét9it  pottée  à  f  rasnes ,  et  il  h 
força  de  se  retirer  jusqu'à  la  ferme  nommée  les 
Quatre-Bras ,  située  sur  le  chemin. 

Le  princQ  d'Orange  la  renforça  de  suite  d'une 
autre  brigade  de  la  même  division ,  commandée 
par  le  géaér^  Perponcher,  et,  le  kodemamma- 
tin^.  de  boime  heure  ^  il  reprit  le  terrain  i{aîl 
avait  perdo;  ce  qui  le  rendit  maître  des  coibbhi* 
vacations  avec  Ja  position  du  marécbal  Blûcher, 
foif  Nivelles  et  Biruxelles. 

Dans  l'intervalle.  î'^vais  l^it . looaixher  toute 
l'armée  sur  le»  Quatre  ^Bras^  et  W  division  au 
ordres  du  lieutenant-général  Picton  arriva  .à  deux 
heures  et  dai^ie  du  soir^  suivie  4u  ^arp»  de  tniu- 
pes  du  duc  de  Brunswick,  .et  ensuite  du  cout^n- 
gent  de  J>Ussau. 

.  £n  ménxe  temp^»  l'ennemi  cojjwofimça  à  ^tta* 
4{uer,  avec  tautes  ses  foires ,  Je  prinpç  Blûchier» 
à  l'exception  des  i  *'  et  2*  corps ,  et  d'un  corps 
de  cavalerie ,  général  KeUçrii^aiw  9  qw  .attaqua 
notre  poaitioo  411X  Quatre-Bns* 

J^'armée.  prj4S3ieane  ponse^rv^  ,sa  position  fi¥€c 


M  bmTOtil^  et  s^  per^évérbncé  ftCeôUthmées,  ïnaT- 
gré  lagl^nctë  disparité  dès  foircfes,  te  4^'  corps> 
sôU»  \en  Mdres  du  général  ^^law,  n'ayant  point 
encore  rejoint  :  il  mefut  impossible  de  Ini  donner 
dtt  retïfôttc&ttitAejè  le  ^ésiraiëy  étatit  attaqué 
nioi-mê^5  et^le»  trôupeis,  sur^rât  }â  caTalerie) 
qui  avait  une  longtie  marche  à'  Taire  pour  më 
feindre , .  n'étatit  point  è«core.  arrivée».  -  '     - 

Notf »  côMèfVtâitiès  àtièéi  ndtré^  position^  et  re-^ 
powsâme»  ïéB  efforts  qu^  fit  reiinemi  pour  sVn 
rendre  maître.  II  nous  attaqua  &  plusieurs  rè-^ 
prises  «vec  de»  corps  nombteiix  tTmfafaténé  et  de 
cavalerie,  sèirt^usi  pair  une  artillerie  formidable,* 
fit  plusieurs  chât'^s  de  câfvfiflerîesttir' notre  infbn^ 
te^fe ,  et  fat  tonjoifrs  repoussé  aveé  là  plus  grandie 
vigueur.   Dans  cette  affaire ,  S.  A.  R.  le  prince 
d'Oïrange,  le  ducde-Brunèwick,'  te  lieutenant- 
gé^râll'hoindS'Piclônv  te-ttiajJdi^-gené^àl  str  Jame^ 
Kemptet  «ir  Denis  Pack ,  qm  se  trcruvèrent  en-* 
gagés  depuis  le  cottimeniièiiielit 'dé  l'affaire,  se 
dtgtkigaèrênt ,'  ainii  que  tes 'lieutenant -^fénéràl 
barori  Allen^,  ^ïn^jor-générail  Halke^t;  lieutenant-^ 
géméral  Codke^   maj<)rs  -  géttéraitx  •  Maîf land  et 
Bing,  à  iiiesufe  Qu'ils  arrfvèrênft  suécessiveriient.' 
Les  trdtipes  de  Ite  5r  tftvisîoti'  ^f  ccilles  ^ dii  coî^ 
de- Brunswick;  fuient  engâgées^'^nd^nt  lông-^ 
tempe  y  et  se- conduiârerit  àVèeik  plus 'grande 
bravoure,  surto^  les  s^^ ,  ij  ^^  y-j^  -52^  aînst  que 
te  bataillon  ^Banovriens.  ..... 

ÎVotrè' perte  a  été  considérable,  ëèiAitiie  votre 


:-  I 


'/ 


3o6  piicBS  JusnncA-nvEs. 

< . 

Seijgiieurie  la  verra  par  les  états  que  j'eiiToîe.  J*ai 
particulièrement  à  regrettai  S.  A,  S.  le  duc  de 
Brunswick^  qui,a  été  tué  en  combattant  vaillam- 
ipent  à  la  tête  de  ses  troupes.  ; 

.  Quoique  le  maréchal  BlùchQi*  eût  conserré  sa 
position  à  Soml^ref,  il  se  trouva  si  affaibli  par  la 
violence  du. combat  q^'il  savait  eu  à  soutenir^  qu'il 
!se  détermina,  lorsqu'il  vit  que  le  If  corps  n'arri- 
yait.:pa^,  à  reculer  et  â.concent{*er  son  armée  sur 
Wavre.  Il  se  mit  en  marahe  dans  la  nuit ,  après 
que  l'affaire  fut  finie^ 

Ce  mouvexoeiit  du  n^échal  m'obligea  à  en 
faire  un  correspondant ,  et  )â  me .  retirai  de  la 
ferme  des  Quatre-Bras  sur  Genappe,  et  le  len- 
demain 1 7»  à  djx  beures  du  AJ^djU:,  je  me  portai 
sur  Waterloo.  ' 

L'ennemi  ne.  fit  aucun.ipouvemQntppur  pour- 
suivre, le  maréchal  Boucher.;  )du  contraire,  une 
patrouille ,,  que  j'envoyai  daos  la  matinée  à  Som- 
bref,  trouya  touf  trai>quiile',ï^t  les-.vedéW^  do 
l'ennemi  se  reti|:*èrent  à  l'approiîiie  de  la  patrouille.. 
L'ennemi  ne  fit  non  plu»  aucune  tentative  poui' 
inquiéter  notre  arrière^garde ,  quoique  notre  «e- 
tir^i^ie  s'opérât; en  plein,  jtpur;  U  se  content;a  de 
fajre  suivre^ijpsMr  un.gros  corps  de  cavalerie,  tiré 
de,3on  aile  droite,  la  c^valqrl^.spiis  Iqs  ordr^  du 
comte  d'Uxbrifige  ;  qç  qui -fournit  roccasion  a  Iprd 
Uxbridge  de  faire  une.charge  ^  JUitélte  dupren^itt 
régiment  des  gardes ,  au  n^ipenji,  oxV  J'qnneuû.dé- 
bouchait  du  village  d^  Genappci  Sa  Seigqeurie 


GAMPAGNl   DB    l8l5.  ^07 

se  loue  de  la  conduite  de  ce  réginient  dans  cette 
occasion.  ' 

La  position  que  je  jMris  en  avant  de  Waterloo 
coupait  les  grandes  routes  de  Charleroi  et  de  Ni- 
Telliesy  et  était  appuyée,  sur  la  droite,  à  un  ravin 
près  Merke-Braine,  qui  fut  occupé;  lagiauche 
s'étendait  à  une  hauteur  qui  couronne  le  hameau 
T^-la-Baye,  qui  fut  également  occupé.  Entête^ 
la  droite  de  notre  centre,  et  près  la  rpute  de  Ni-< 
Telles ,  nous  occupions  la  miaison  et  |e  jardin  de 
Hougoûmont ,  ce  qui ,  de  ce  côté,  couyrait  optr^ 
flanc;  en. tête  de  notre  centre,  sur  la  gauche^ 
nous  occupions  la  ferme  de  la  Hayer-Sainte.  Par 
QOitre  gauche ,  nous  communiquions  ,^  par  Ohaip,^ 
avec  le  maréchal  prince  Blûcher,  qui  se  ti^ouvai^ 
â  Wavre^  Ce  maréchal  m'avait  jg'omis.,  dans,  le 
cas  où  nous  serions  attaqués ,  de  me  soutenir  par 
un  ou  plusieurs  de  ses  corps,  selon  que  cela  se- 
rait jugé  nécessaire. 

.  Dans  la  nuit  du  17,  et  dans  la  matinée  d'hier, 
l'ennemi  rassembla  toute  son  armée,  à  Texcepr 
tion  du  3*  corps ,  qui  fut  envoyé  pour  observer 
le  maréchal  Blûcher  sur  une  chaîne  de,  hautaui^s 
qui  nous  faisaiestt  face ,  .et,  vers  Iqs  dix  heures^  il 
attaqua,  avec  la  plus  grande  vigueur,  notre  posfq 
àiHougoumont  .J'avais- fait  occuf^r  ce  poste  p^ 
lin:  détachement:  de  la  brigade  d^s  gardes,  .§pus 
les  ordres  du  général  Bing,  qui  se  tint  en  position 
an  arrière.  Ge  poste  fut  pendant  quelque  tei9ps 
seUs  les  ordi^i.dtt  UefltenautTColonel  Macdonaldj^ 


ao6  PiicBft  JVsri9icMri«ia 

et  eomite  soi»  asax  du  aolood'  ibun»;  «e  tt  n  ett 
agréable  de  pouvoir  ajouter  que ,  pendant  touie 
fa  |oiimée,  il'fot  mânitecifu  avec  la  pk»  grande 
infrépidltë  par  ces  tiares  troopea,  nonobstant 
lefi  effotfs  répétés  de  renneioi  pour  s'en  emparcr. 

Cette  attaque ,  flur  la>  ^oîte  de  notre  eeiÉtn, 
fut  aceompagitéed'uBe  lorte  canoonade  snr  tonte 
BOtre  ligne ,.  dont  Pobjet  était  de  90i|t«Enr  le^  char- 
ge» de  eavalerie  et  (Ffafaalerik  fiiiles  à  pkttpfenn 
reprises ,  tantât  iimulf auémenlr ,  tantôt  l'une  après 
raiitrc.  Datid^ nue  de  ces  chargfiB ,  lennenif  enfeva 
la  ^tné  dé  kiHaye^Sakilevlé  détachemetit  d%[i- 
fanterie  légère'^  q«d  la  gai>de  ^en  était  confiée, 
ayant  épuisé  toutes  ses^  munitioas ,  et  ne  pa«^ 
vaut  eh  recevoir,  parce  que  hstmeml  oeoapalt>la 
seule  eommUnicatiiôn  que*  tiens  avions  avise  ce 
point*.  '  ' 

L'énnêfini  ishaf^ea  .  à  -  phisiotnrs  reprlseii  notre 
infanterie  avec  sa  cavalerie,  mais  ce iat  saiift  sue- 
ces,  et  il  ne  fit  por^lâ  que  foumip  à  n^lro^ava* 
terle  f  odcadion*  de  faire  plusieurs  charges  MI^ 
lantes,  dans  lesquelles  se  sotit-p^rticuliàranent 
distinguées  la  ^brigade  de  kyrd  B.  Soaamcnet^ 
composée  deâ  gàrdesKl-UK^orps^  des  gardes  ro^iaux, 
et  du  premier  i^égiment  de  dragfons  de  la  garde, 
et  celle  du  nia)or-igénéral  sir  Ni  J^sosealiy^  qui 
se  'sont  cfmpàrées  de  plusieurs  ai(j^ ,  et  <Mt  fait 
un  grand  bombre  de  prisonniers. 

Ces  attaqutft  furent  répétées  jusqu'à  environ 
sept' heures  du  soir,  que  r^inemi  'fit  xuie  atta* 


CAIfP'AGNB   DE    l6l5.  209 

I  que  désespérée  avec  sa  cavalerie  et  «on  inian- 
I  terie ,  soutenues  par  le  feu  de  rartillerie ,  pour 
I  forcer  la  gauche  de  notre  centre ,  près  de  la  ferme 
j  de  la  Haye-Sainte*  Après  un  combat  obstiné ,  il 
fut  défait  ;  et  ayairi:  remarqué  que  ses  troupes  se 
retiraient  dans  une  grande  confusion ,  et  que  le 
corps  de  Bûlow  avait  commencé  à  marcher,  par 
Frichermont^  sur  Plandienoit  et  la  Belle-Alliance , 
dès  que  je  pus  apercevoir  le  feu  de  ses  canons, 
et  que  le  maréchal  Blûcher  avait  joint  en  per- 
sonne, avec  un  corps  de  son  armée,  la  gauche 
de  notre  ligne  par  Ohain  ^  je  me  décidai  à  atta- 
quer Tennemi,  et  fis  avancer  toute  la  ligne  d'in- 
fanterie ,  soutenue  par  la  cavalerie  et  Fartillerie. 
L'attaque  xéussit  complètement  sur  tous  les 
points;  Fennemi  fut  chassé  de  sa  position  sur  les 
hauteurs ,  et  se  retira  dans  la  plus  grande  confu- 
sion ,  laissant  derrière  lui ,  autant  que  j'en  puis 
juger ,  cent-cinquante  pièces  de  canon  avec  leurs 
munitions,  qui  tombèrent  entre  nos  mains^  Je 
continuai  à  le  poursuivre  long- temps  après  la 
chute  du  jour ,  et  ne  cessai  qu'à  raison  de  la  fa- 
tigue de  nos  troupes ,  qui  combattaient  depuis 
douze  heures ,  et  de  ce  que  le  maréchal  Blucher, 
avec  qui  je  me  trouvai  sur  la  même  route,  m'as- 
sura qu'il  poursuivrait  l'ennemi  toute  la  nuit.  II 
m'a  fait  savoir,  ce  matin ,  qu'il  avait  pris  soixante 
'  pièces  de  canon  de  la  garde  impériale,  et  plu- 
sieurs voitures ,  bagages ,  etc. ,  de  Napoléon ,  qui 
se  trouvaient  à  Genappe. 

v.  i4 


Je  me  propose  de  marcher,  ce  matin,  sur  ÎH- 
^vdles ,  et  de  ne  pas  discontinuier  mes  opérations. 
Votre  Seigneurie  remarquera  qu'une  aflhire 
aussi  désespÀ^,  et  de  tds  avantages,  ne  peu- 
vent avoir  eu  lieu  sans  une  grande  perte ,  et  j'ai 
la  douleur  d'ajouter  que  la  notre  a  été  itnnrwyifaft^ 
S.  M*  a  perdu ,  dans  le  lieutenant-généial  Tho^ 
mas  Picton ,  un  officier  qui  s'était  distingué  fort 
souvent  â  son  service;  il  est  mort  glorieusement, 
en  conduisant  sa  divisicm  â  une  charge  â  la  baïon- 
nette )  par  laquelle  une  des  plus  sérieuses  attaques 
faites  par  l'ennemi  sur  notre  positkm ,  a  été  re^ 
poussée. 

Le  comte  d'Uid>ridge ,  après  avoir,  toute  la 
journée ,  combattu  avec  «uccès ,  a  reçu  une  bles- 
sure presque  au  dernier  coup  de  canon  qm  a  été 
tiré ,  et  je  crains  que  S.  M.  ne  soit  privée  pour 
quelque  temps  de  ses  services. 

S.  A.  R.  le  prince  d'Orange  s'est  distingxié  par 
sa  bravoure ,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  été  blessé  â  Té- 
paule  d'une  balle  de  fusil,  ce  qui  l'a  obligé  i 
quitter  le  champ  de  bataille. 

J'ai  la  satisfaction  d'assurer  V.  £.  que  l'armée 
ne  s'est  mieux  conduite  dans  aucune  occasion.  La 
division  des  gardes  du  lieutenant-général  Coi^e, 
qui  est  grièvement  blessé,  les  majors -généraux 
Maitland  et  Bing,  ont  donné  un  exemple  qui  a 
été  suivi  partout,  et  il  n'y  a  point  d'obiers  ni 
de  corps  de  toute  arme  qui  ne  se  soient  bien 
conduits. 


CAMPAGNB    DE    l8l5.  H  1 1 

Je  dois  pourtant  recommander  particulière- 
ment à  l'attention  de  S.  A.  R.  le  lieutenant--géné- 
ral  Henry  Clinton,  le  major-gâiéral  Adams,  le 
lieutenant-général  Charles  baron  Alten,  griè^e- 
ment  blessé,  ainsi  que  le  major-général  Colin 
Halkett  ;  les  colonels  Ompteda,  MitcheU ,  qui  com- 
mandait une  brigade  de  la  quatrième  division; 
les  majors-généraux  James  Kempt  et  Denis  Pack , 
Lambert ,  lord  Sonunerset ,  sir  Willam  Ponsonby , 
Charles  Grant,  H.  Vivian,  0.  Vandeleur  et  comte 
Doernberg.  Je  dois  aussi  beaucoup,  dans  cette  oc- 
casion ,  comme  dans  toutes  les  autres ,  au  secours 
du  général  lord  HilL 

L'artillerie  et  le  génie  ont  été  dirigés  à  ma  sa- 
tisfaction par  les  colonels  sir  G.  Wood  et  Smith , 
et  l'ai  tout  lieu  d'être  content  de  la  conduite  du 
lieutenant -génâ^al  Barnes,  qui  a  été  blessé,  et 
du  colonel  Delancey,  du  quartier-général ,  qui  a 
été  tué  par  un  boulet ,  dans  le  milieu  de  l'affaire. 
La  perte  de  cet  officier  est  en  ce  moment  fort  à 
regretter  pour  le  service  de  S.  M. ,  ainsi  que  pour 
moi  en  particulier.  Je  dois  aussi  beaucoup  au 
courage  du  lieutenant-colonel  lord  Fitzaroy  Som- 
mersçt ,  qui  a  été  grièvement  blessé ,  ainsi  qu'aux 
officie]*^  de  mon  état- major,  qui  ont  beaucoup 
souffert  dans  l'affaire.  Le  lieutenant -colonel  sir 
Alex  Gordon ,  qui  est  mort  de  ses  blessures , 
était  un  officier  de  la  plus  grande  espérance. 

Le  général  Kruse,  au  service  de  Nassau, 
s  est  également  conduit  à  ma  satisfaction ,  ainsi 


j  I 


«lia  piàcss  JcsTincATivcs. 

que  le  général  Trip ,  commandant  la  brigade  àe 

grosse  caTalerîe,  et  le  général  Yanhope,  oom- 

mandant  une  brigade  d'infanterie    du    roi   des 

Pays-Bas» 

Les  généraux  Pozzo  di  Borgo ,  Vincent  y  Môf- 
fling  et  Alava,  ont  assisté  à  toute  rafiaire,  et 
m'ont  rendu  tous  les  services  qui  étaient  en  ienr 
pouvoir.  Le  général  Vincent  est  blessé  légère- 
ment, et  le  général  Pozzo  di  Borgo  a  reçu  une 
contusion. 

Je  dois  rendre  justice  au  maréchal  Blucfaer  et 
à  l'armée  prussienne ,  en  attribuant  Fheureux  ré- 
sultat  de  cette  terrible  journée  aux  secours  qu'ils 
m'ont  donnés  â  propos ,  et  avec  la  plus  grande 
cordialité. 

Le  mouvement  du  général  Bûlow,  sur  les  flancs 
de  l'ennemi)  a  été  décbif;  et  si  je  ne  m'étais  pas 
trouvé  moi-même  en  position  de  faire  l'attaque 
qui  a  décidé  de  l'affaire ,  il  aurait  forcé  les  Fran- 
çais à  se  retirer,  si  leurs  attaques  n'avaient  pas 
réussi  y  et  les  aurait  au  moins  empêché  d'en  tirer 
aucun  fruit  si  elles  avaient  eu  du  succès. 

J'envoie ,  avec  cette  dépèche ,  deux  aigles  que 
nos  troupes  ont  prises  dans  l'affaire,  et  que  le 
major  Percy  aura  l'honneur  de  mettre  aux  pieds 
de  S.  A.  R.  Je  prends  la  liberté  de  le  recom* 
mander  â  la  protection  de  Votre  Seigneurie. 

J'ai  l'honneur ,  etc. , 

Signé,  Wblungton. 


CAMPAGNE   DB    l8l5.  2l5 

P.  S.  J'ai  appris  depuis  que  ma  lettre  est  écrite 
que  le  ma}or-général  sir  W.  Ponsonby  a  été  tué  ; 
et ,  en  anuonçant  cette  fâcheuse  nouvelle  à  Votre 
Seigneurie ,  je  dois  lui  exprimer  la  douleur  que  je 
ressens  de  la  perte  d*un  officier  qui  avait  déjà 
rendu  de  si  brillans  et  importans  services,  et  qui 
faisait  honneur  à  sa  profession. 

2*  P.  S.  Je  n'ai  pas  encore  reçu  les  Ustes  des 
tués  et  blessés ,  mais  je  mets  ici  celle  des  officiers 
tués  et  blessés  dans  les  deux  journées^  et  )'ajoute 
avec  plaisir  que  le  colonel  Delancey  n'est  point 
mort ,  mais  qu'on  espère  beaucoup  de  sa  guérison. 

OfficieKs  angUh  tués.. 

Le  duc  de  Brunswick-Oels  ; 

Le  lieutenant-général  Thomas  Picton  ; 

Quatre  colonels ,  quatre  lieutenans^olonels , 
sept  majors,  treize  capitaines,  deux  lijeutengns, 
deux  enseignes. 

Blessés. 

S.  A.  R.  le  prince  d'Orange,  grièvement; 

Le  lieutenant -générale  comte  d'Uxbridge^  la 
jambe  gauche  amputée  $ 

Le  Ueutenant- général  Charles  Alten,  griève- 
ment; 

Six  majors-généraux ,  cinq  colonels  ,  dix-sept 
lieutenans-colonels,  tréUe  majors,  onze  capitaines, 
idngt-trois  lieutenans. 


2i4  VliCES   JCftTIFlGATITES. 


N-   XXI- 

Rapport  de  V armée  prussienne. 

C'est  le  1 5  de  ce  mois  que  IS'apcJéon ,  aprèa 
avoir  réuni,  le  i4»  cinq  corps  de  sou  armée 
et  plusieurs  corps  de  sa  garde  eetre  Maubeiige 
et  Beaumont,  a  commencé  les  hostilités.  Lcs^ 
points  de  concentration  des  quatre  corps  prus- 
siens étaient  Fleurus,  Namur,  Cîney  elHannut, 
ce  qui  permettait  d'unir  l'armée  sur  Vun  de  ces 
points  en  vingt-quatre  heures. 

Le  iS,  Napoléon  s'avança  par  Thuin,  sur  les 
deux  rives  de  la  Samhre,  contre  Charleroi-  Le  gé- 
néral Ziethen  avait  réuni  le  prenuer  corps  près 
Fleurus ,  et  eut  ce  jour  une  action  très-vive  a^ec 
l'ennemi,  qui,  après  avoir  pris  Charleroi,  mar- 
chait sur  Fleurus.  Le  général  Ziethen-se  maintint 
dans  sa  position  près  cette  ville. 

Le  feld-maréchal  Blûcher ,  aj^ant  l'intention  (fe 
donner  une  grande  bataiUe  à  l'enneHii,  aus^ 
qu'il  lui  serait  possible ,  dirigea  les  trois  antres 
corps  de  l'armée  prussienne  sur  Sombref ,  à  ^^ 
lieue  et  demie  de  Fleurus.  Les  a*el  3*  corps  9©^»^ 
arrivés  le  1 5  ;  le  4*  cbrps  n'y  parvint  que  le  i6. 
Lord  Wellington  rassembla  son  armée  entre  Alfc 


GlUPAGNB   DE    l8l5.  dl5 

et  Nivdles ,  ce  qui  le  mettait  en  étsA  d'appuyer  le 
felid-maréchal  Blucher,  dans  le  cas  où  la.bataUle 
aurait  lieu  le  i5.. 


Bataille  de  Lignjr. 

Le  16  juin. 

L'armée  prussietiûe  était  pwtée  sur  les  hauteurs 
entre  Bry  et  Somi>refy  et  autour  de  cette  deruière 
place  ;  elle  occupait  en^aude  force  les  villages  de 
Saint-Àmand  et  Ligny,  situés  sur  son  front.  A  ce 
roometit,  il  n'y  avait  encore  qucf' trois  corps  de 
l'armée  réunis.  Le  4*9  <}ui  était  stationné  entre 
Liège  et  Hannût ,  avait  été  retardé  <jbns  sa  mar- 
che par  plusieurs  circonstances,  et  n'avait  pu 
rejoindre.  Néanmoins  le  feld -maréchal  filûcher 
résolut  de  donner  bataille ,  lord  Wellington  ayant 
déjà  mis  en  mouvement,  pour  le  soutenir,  une 
forte  colotmç  de  son  armée,  ainsi  que  toute  .sa  ré- 
serve stationnée  dans  les  environs  de  Bruxelles ,  et 
le  4*  corps  prussien  étant  sur  le  point  d'arriver. 
Labat^dUe  commença  à  trois  heures  après-midi. 
L'ennemi  déploya    i3o,ooo   hommes.  .L^armée 
prussienne  étaitfortede  80^000  luwnmes.  I.e  village 
de  Saint-Amand  fut  le  point  qu'attaqua  d'abqrd 
rennemi,  qui  s'en  empara  aprèft.uiie  vigoureuse 
résistance.  Il  dirigea  ensuite  tous  ces  efforts  contre 
Ligny.  C'est  un  gtamd  village,  solidement hâti ,  et 


dl6  PliCES   JD8TIF1CATIVES. 

situé  sur  un  ruisseau  du  même  nôm«  Là  commença 
un  combat  qui  peut  être  considéré  comme  un  des 
plus  acharnés  dont  l'histoire  fasse  mention.  Des 
villages  ont  été  pris  et  repris  plusieurs  fois  ;  mab 
là ,  la  bataille  se  donna  pendant  cinq  heures  dans 
le  village  même,  et  les  mouvemens,  au-dcîssus  et 
au-dessous,  eurent  lieu  sur  un  très-petit  espace  de 
terrain. 

De  chaque  côté,  des  troupes  fraîches  arrivaient 
continuellement.  Chaque  armée  avait ,  derrière  la 
partie  du  village  qu'elle  occupait,  de  grandes 
masses  d*infanterie  qui  entretenaient  le  comibat , 
et  étaient  continuellement  renouvelées  par  des 
renforts ,  qu'elles  recevaient  de  leurs  derrières  et 
des  hauteurs  de  droite  et  de  gauche.  Environ  deui 
cents  bouches  à  feu  tiraient  de  chaque  côté  sur 
le  village,  où  le  feu  se  manifesta  plusieurs  fois  en 
différens  endroits.  De  temps  en  temps  rengage- 
ment s'étendait  à  toute  la  ligne ,  Vennemi  ayant 
engagé  des  troupes  avec  le  troisième  corps.  Mais 
le  fort  du  combat  avait  toujours  lieu  à  Ligny.  Les 
affaires  semblaient  prendre  une  to  umure  fevorable 
pour  les  troupes  prussiennes;  une  partie  du 
village  de  Saint-Amand  ayant  été  reprise,  par  un 
bataillon  que  commandait  le  feld-maréchal  en 
personne,  avantage  qui  avait  permis  de  reprendre 
là  hauteur  abandonnée  après  la  perte  de  Saint- 
Amand  ;  cependant  le  combat  Continuait  à  Ligny 
avec  la  même  furie.  L'issue  semblait  dépendre  de 
l'arrivée  des  troupes  anglaises ,  où  de  celles  du  4' 


CAMPAGNE   DE    181 5.  2îJ 

corps  prussien.  En  effet ,  FarriTée  de  cette  divi- 
sibn  aurait  donné  au  feld-maréchal  les  moyens  de 
faire  immédiatemait,  avec  son  aile  droite ,  une 
attaque  dont  on  derait  attendre  un  grand  succès* 
Mais  on  apprit  que  la  division  anglaise  destinée  à 
nous  appuyer  y  était  violemment  attaquée  par  un 
corps  de  l'armée  française ,  et  qu'elle  ne  se  main- 
tenait qu'avec  une  extrême  difficuhé  dans  sa  posi-» 
tion  aux  Quatr&-6ras.  Le  4* corps  prussien  n'avait 
pas  paru;  en  sorte  que  nous  fûmes  forcés  de 
soutenir  seuls  l'engagement  avec  un  ennemi  très- 
supérieur  en  nombre. 

La  soirée  était  déjà  très-avancée,  que  le  combat 
continuait  à  Ligny  avec  la  même  fureur  et  des 
succès  également  balancés.  Nous  demandâmes  , 
mais  en  vain,  les  secours  qui  nous,  étaient  néces*^ 
sâires.  Le  danger  devenait  d'heure  en  heure  plus 
urgent;  toutes  les  divisions  étaient  engagées  00 
l'avaient  été ,  et  il  n'y  avait  aucun  corps  qui  pût 
nous  appuyer.  Tout  à  coup  une  division  d'infan^ 
terie  ennemie ,  qui,  à  la  faveur  delà  nuit,  avait 
tourné  le  village  sans  être  remarquée ,  et  quel- 
ques régimens  de  cuirassiers  qui  avaient  forcé  le 
passage  sur  l'autre  côté ,  prirent  à  revers  le  corps 
principal  de  nos  troUpes ,  qui  était  posté  derrière 
les  maisons.  Cette  surprise  de  la  part  de  l'ennenii 
fut  décisive ,  spécialement  au  moment  où  notre 
cavalerie,  postée  aussi  derrière  les  maisons ,  avait 
été  repoitssée  par  celle  de  l'ennemi  dans  plusieurs 
attaques  répétées. 


JTlS  PIÈCBS   JUaTIflCATI¥Xa. 

Notre  infanterie,  qui  était  derrière  Ligny,  ne  ae 
laissa  pas  décourager ,  quoiqu'elle  fût  surpriae 
dans  les  ténèbres ,  circonstanœ  qui  accroît  l'idée 
du  danger  dans  Tesprit  des  hommes ,  et  quoi- 
qu'elle  eût  Tidée  qu'elle  était  entourée  de  tous 
côtés.  Elle  se  forma  en  masse  ^  repoussa  chaude- 
HienI;  toutes  les.  attaques  de  la  cavalerie ,  ^  se  re-* 
tira  en  bon  ordre  sur  les  hauteurs  ,  d'où  elle 
continua  ton.nourement  rétrograde  sur  Tilly. 
Uirruption  subite  de  la. cavalerie  ennemie  obli- 
geant notre  artiUerte  à  se  retirer  précipitamment, 
plusieurs  pièces  prirent  des.  directions  quikscoife- 
duisirent  à  dos  défilés ^  où  il  y  eut  du  désordre, 
et  quinze  tombèrent  entre  les  mains  de  l'ennemi. 

L'armée  ae  teforma  à  la  distance  d'un  quart  de 
lieue  dur  champ  de  bataille*  L'ennemi  ne  se  ha- 
sarda pomt  à  la  poursuivre.  Le  village  de  Bry  resta 
e&  notre  pouvoiîr  pendant  toute  la  nuit  ^  aussi  bien 
que  Sombref,  où  le  général  Thielemamx  avait 
eombatttt  avBc  le  3*  corps ,  et  où  il  s'était  retiré 
lentement  à  la  chute  .du  jour,  par  Gembloox. 
Le  4*  corps ,  commandé  par  le  général  Bûlow,  y 
arriva  enfin  pendant  la  nuit.  Le  i"  et  le  â*  corps 
se  mirent  en  marche  le  matin ,  derrière  le  défiilé 
de  Mont-Saint-^Guibert.  Notre  perte  en  tués  et 
blessés  a  été  grande  ;  mois  l'ennemi  ne  no«s  fit 
point  d'autrei^  prisonniers  que  les  blessés. 

La  bataille  a  ^té  perdue ,  mais  non  notre  hon- 
neur. Nos  soiAa/ts  ont  combattu  avec  une  bravoure 
qui  a  surpassé  tout  ce  qu'on  pouvait  attendre. 


CAMPA&NB    DE    l8l5.  ^lig 

Leur  courage  demeura  inébranlable,  parce  que 
chacun  mit  sa  confiance  dans  sa  propre  force.  Le 
feld-maréchal  courut  dans  la  îburnée  de  grands 
dangers.  Une  chaîne  de  cavalerie  qu'il  conduisait 
ne  réussit  point ,  et  la  cavalerie  ennemie  le  pour- 
suivait vigoureusement.    Son  cheval  ayant   été 
frappé  d'un  coup  de  mousquet ,  l'animal,  au  lieu 
de  s'arrêter ,  irrité  de  sa  blessure ,  ^e  mit  au  galop, 
et  courut,  en  furieux,  jusqu'à  ce  qu'il  tombât 
mort.  Le feld-maréchal,  étourdi  delà  chute, resta 
engagé  sous  le  corps  de  son  cheval.  Les  cuirassiers 
ennemis,  poursuivant  leur  avantage,  avançaient; 
notre  dernier  cavalier  avait  déjà  passé  le  feld-ma- 
réchal, et  il  ne  restait  avec  lui  qu'un  adjudant,  qui 
venait  de  mettre  pied  à  terre,  résolu  de  partager 
son  sort.  Le  danger  était  grand ,  mais  la  Provi- 
dence veOlait  sur  nous.  L'ennemi,  continuant  sa 
charge ,  passa  rapidement  près  du  feld-maréchal 
sans  le  voir.   Un  moment  après,   une  seconde 
charge  de  cairalerie  repoussa  l'ennemi,  qui  passa' 
avec  la  même  rapidité,  sans  remarquer  davantage! 
le  feld-maréchal  que  la  première  fois.  Mais  ce  ne 
fut  pas  sans  difficulté  qu'on  le  retira  de  dessous 
son  cheval  mort  ;  il  s'éloigna  sur  le  cheval  dlin 
dragon. 

Le  17,  daiis  la  soirée,  l'armée  prussienne  se 
concentra  dans  les  environs  de  Wâvre.  Napoléon 
se  mit  en  mouvement  contre  WeHinglôn ,  sur  la 
grande  route  de  Charleroî  à  Bruxelles.  Une  divi- 
sion anglaise  soutint ,  le  même  jdur,  un  combat 


a  20  FliCES  JUSTIFICATIVES. 

très -vif  près  des  Quatre- Bras,  liOrd  Welling-ton 
prit  position  sur  la  route  qui  conduit  à  Bruxelles^ 
ayant  son  aile  droite  dans  la  bruyère  delaLeud, 
son  centre  près  de  Mont-Saint-Jean,  et  son  aile 
gauche  appuyée  à  la  Haye-Sainte.  Lord  Welling^n 
écrivit  au  feld-maréchal ,  qu'il  était,  résolu  à  ac- 
cepter bataille  dans  cette  position. ,  si  le  feld- 
maréchal  pouvait  l'appuyer  avec  deux  corps  d'ar- 
mée. Celui-ci  offrit  de  faire  marcher  toute  son 
armée ,  et  proposa  même ,  dans  le  cas  où  iVajM>- 
léon  n'attaquarait  pas ,  que  les  alliés  allassent  l'at- 
taquer le  lendemain  avec  toutes  leurs  forces. 

Cela  peut  servir  â  prouver  combien  peu  la 
bataille  du  16  avait  désoi^anisé  l'armée  pros-^ 
sienne ,  ou  abattu  son  moral. 

Ainsi  fut  terminée  la  journée  du  1 7. 

Au  point  du  Jour  9  l'armée  prussienne  com- 
mença â  se  mettre  en  mouvement  Le  4*  ^^  le 
iÀ*  corps  marchèrent  par  Saint-Lambert ,  où  ils 
devaient  prendre  une  position  couverte  par  la 
forêt  de  Frichermont ,  afin  de  prendre  l'ennemi 
sur  les  derrières,  quand  le  moment  paraîtrait 
fa V wable«  Le  1  *'  corps  devait  agir  par  Ohain  » 
sur  le  flanc  droit  de  l'ennemi.  Le  5""  corps  devait 
suivre  lentement,  pour  porter  des  secours  en  cas. 
de  besoin.  La  bataille  commaiça  ^ers  dix  heures 
du  matin.  L'armée  anglaise  occupait  les  hauteurs, 
de  Mont-Saint-Jean;  celle  des  Français  était  sur 
les  hauteurs,  devant  Planchenoit;  la  r*  était  de 
quatre  -  vingt  mille  hommes ,  l'ennemi  en  avait 


CAMPAONS  OS.  181 5.  2a l 

plus  de  cent  trente  mille.  En  peu  de  temps  la 
bataille  devint  générale  tout  le  long  de  la  ligne. 
Il  parait  que  Napoléon  avait  le  dessein  de  pousser 
r^ôle  gauche  sur  le  centre ,  et  par-là  d'effectuer  la 
séparation  de  Tarmée  anglaise  de  celle  de  Prusse, 
qu^il  <;royait  devoir  se  retirer  sur  Maëstricht.  Dans 
ce  dessein ,  il  avait  placé  la  plus  grande  partie  de 
sa  réserve  dans  le  centre ,  contre  son  aile  droite  ; 
et  c'est  sur  ee  point  qu'il  attaqua  avec  fureur. 
L'armée  anglaise  combattit  avec  un  courage  qu'il 
est  impossible  de  surpasser.  Les  charges  répétées 
de  la  vieille  garde  furent  repoussées  par  l'intrépi- 
dité des  régimens  écossais  ;  et ,  à  chaque  chaîne , 
la  cavalerie  française  était  renversée  par  la  ca- 
valerie anglaise;  mais  la  supériorité  en  nombre 
de  l'ennemi  était  trop  grande.  Napoléon  rame- 
nait continuellement  des  masses  considérables  ; 
«t,  quelque  fermeté  que  les  troupes  anglaises 
missent  pour  se  maintenir  dans  leur  position,  il 
n'était  pas  possible  que  tant  d'efforts  héroïques 
n'eussent  un  terme. 

Il  était  quatre  heures  et  demie.  La  difficulté 
extrême  du  passage  par  le  défilé  de  Saint-Lam- 
bert, avait  considérablement  retardé  la  marche 
des  troupes  prussiennes;  de  scurte  qu'il  n'y  avait 
que  deux  brigades  du  4*  corps  qui  fussent  arri- 
vées à  la  position  couverte ,  qui  leur  avait  été  as- 
signée. Le  moment  décisif  était  arrivé  ;  il  n'y  avait 
pas  un  instant  à  perdre  :  les  généraux  ne  le  lais- 
sèrent pas  échapper.  Ils  résolurent  de  commen- 


11112  PIÂCE0   JUSTIFICATITSS. 

cer  Tattaque  Mir-le-champ ,  ayec  les  troupes  qolk 
ayaieni  sous  la  main.  En  conséquence  ,  le  général 
Bûlow,  avec  deux  brigades  et  un  ccxpa  de  cava- 
lerie ,  s'ayança  rapidement  sur  le  derrière  de  l'aîk 
droite  de  T^memi.  L'ennemi  ne  perdit  pas  sa  pié 
sence  d'esprit;  il  tourna  dans  Tinstant  sa  résem 
contre  nous ,  et  de  ce  coté  commença  un  com- 
bat meurtrier.  Le  succès  de  ce  combat  demeura 
long-temps  douteux  ^  pendant  que  la  bataille  avec 
l'armée  anglaise  continuait  avec  la  m^ooe  riolence. 
Vos  les  six  heures  du  soir  ^  nous  reçûmes  lat  nou- 
Telle  que  le  général  Thielemann ,  avec  le  5'  corps , 
était  attaqué  près  de  Wavre ,  par  on  corps  très- 
considérable  de  r^imemi^  et  que  dé)à  Von  se  dis- 
putait la  possession  de  la  ville.  Le  feld-marècViaL, 
cependant ,  ne  fut  pas  beaucoup  inquiet  de  cette 
nouvelle.  C'était  sur  le  lieu  où  il  éLak  ^  et  non 
pas  ailleurs  9  que  l'affaire  devait  se  décider.  On 
ne  pouvait  obtenir  la  victoire  que  par  un  com- 
bat soutenu  continuellement  avec  la  même  opi- 
niâtreté ,  et  par  de  nouvelles  troupes  ;  et ,  si  on 
pouvait  l'emporter  sur  le  lieu  où  l'on  était,  tout 
revers,  du  côté  de  Wavre,  était  de  peu  de  cm^ 
quence.  d'est  pourqu<û  les  colonnes  c<M[itinuèfenll 
leur  mouvement.  Il  était  sept  heures  et  demie . 
et  l'iseue  de  la  bataille  était  encore  incariaiiie. 
Tout  le  4*  corps  et  une  partie  du  s* ,  sous  le 
général  Pirch,  avaient  été  successivement  ea- 
gagés.  Les  troupes  françaises  comA^attaiènt  avec 
toute  la  fureur  du  désespoir  ;  cependant  on  pou- 


GAXPAGSE  DE    l8l5.  ââ5 

▼ait  apercevoir  quelque  incertitude  dand  leurs 
mouvemens ,  et  on  observa  que  quetques  ptèoes 
de  canon  se  retiraient.  Dans  ce  moment,  les  pre- 
mières colonnes  du  corps  du  général  Ziethen 
arrivèrent  sur  les  points  d'attaque ,  près  du  vil«- 
lage  de  Smohain ,  sur  le  flanc  gauche  de  Fen- 
nemi  ;  elles  chaînèrent  surrle-champ.  Ce  momeut 
décida  la  défaite  de  Tennemi.  Son  aUe  droite  fut 
rompue  en  trois  endroits ,  et  il  abandonna  ses 
positions.  Nos  troupes  se  précipitèrent  alors  au 
pas  de  charge ,  et  attaquèrent  T^memi  de  tous 
les  côtés  ,  pendant  que  toute  la  ligne  anglaise 
s'avançait. 

Les  circonstances  étaient  extrêm^nent  favora- 
bles à  Tattaque  par  l'armée  prussienne  :  le  tess^ 
rain  s'élevait  en  amphithéâtre ,  de  manière  que 
notre  artillerie  pouvait  ouvrir  librement  son  feu, 
du  sommet  de  plusieurs  hauteurs  qui  s'élevaient 
graduellement  l'une  au  dessus  de  l'autre ,  et  entre 
lesquelles  les  troupes  descendues  dans  les  plaines 
se  formaient  en  brigades ,  et  dans  lé  plus  grand 
iurdre ,  tandis  que  de  nouvelles  troupes  se  dév^ 
Icxppaient  continuellement  au  «ortir  de  la  forêt, 
sur  les  hauteurs  de  derrière.  L'^on^ni,  cepen- 
dant, conservait  encore  des  moyens  de  retraite^ 
jusqu'à  ce  qu'on  eut  emporté ,  après  plusieurs 
attaques  sanglantes ,  le  village  de  Planchenoit ,  qpii 
était,  sur  ses  derrières,  défendu  parla  garde.  Dès 
ce  moment-li ,  la  retraite  devint  une  déroute  qxû 
s'étendit  bientôt  à  toute  l'armée  française. 


2^4  PIÈCES   JGBTinCATIVBS. 

Il  était  neuf  heures  et  demie.  Le  feld-maréchal 
assembla  tous  les  officiers  supérieurs  ,   et  doom 
ordre  d'envoyer  à  la  poursuite  de  renneiui  jus- 
qu'au dernier  cavalier.  L'avant-garde  de  l'armée 
accéléra  sa  marche»  L'armée  française  ,  poui^ 
suivie  sans  relâche ,  était  entièrement  dësof^- 
nisée.  La  chaussée  présentait  l'image  d'une  im- 
mense  quantité  de  canons ,    de    caissons ,    de 
chariots,  de  bagages,  d'armes  et  de  débris  de 
toute  espèce.  Ceux  de  l'ennemi  qui  Toulaient  se 
reposer,  ne  s'attendant  pas  à  être  pourso/vû  si 
vivement,  furent  poussés  successivement  de  pJus       { 
de  neuf  bivacs  ;  dans  quelques  villages  il  cher- 
chèrent à  tenir  ;  mais  aussitôt  qu'ils  entendaient  le 
son  du  tambour  ou  des  trompettes ,  ils  làchaàimt 
pied,  ou  se  jetaient  dans  les  maisons,  et  là ^  ils 
étaient  taillés  en  pièces  ou  faits  prisonmers.  Le 
clair  de  lune  favorisait  beaucoup  la  poursuite  de 
l'ennemi,  qui  n'était  qu'une  chasse  continuelle, 
soit  dans  les  champs ,  soit  dans  les  maisons. 

L'ennemi  s'était  retranché  à  Genappe ,  avec 
du  canon  et  des  chariots  renversés.  Nous  fûmes 
exposés  en  y  entrant  à  un  feu  très-vif  de  mous- 
queterie  ^  auquel  nous  répondîmes  par  quelques 
coups  de  canon  suivis  d'un  houra,  etbientôt  après 
la  ville  fut  à  nous.  Ce  fut-là  qu'entre  autres  équi- 
pages ,  on  prit  la  voiture  de  Napoléon;  il  venait 
de  la  quitter  pour  monter  à  cheval ,  et  avec  tant 
de  précipitation,  qu'il  y  avait  oublié  son  épée 
et  son  chapeau.  Les  affaires  continuèrent  ainsi 


CAMPAGNE    DE    l8l5.        .  225 

jusqu'à  là  pointe  du  jour.  Environ  quarante  mille 
hommes  dans  le  plus  grand  désordre  furent  tout 
ce  que  l'ennemi  put  sauver  dans  sa  retraite  par 
Gharleroi.  Yingt-sept  pièces  de  canon  furent  tout 
ce  qu'il  emmena  de  sa  nombreuse  artillerie. 

L'ennemi  a  dépassé ,  dans  sa  fuite ,  ses  places 
fortes ,  seule  défense  de  ses  frontières ,  qui ,  main* 
tenant  sont  franchies  par  nos  armées. 

A  trois  heures ,  Napoléon  avait  expédié  du 
champ  de  bataille  un  courrier  pour  Paris ,  por^ 
tant  la  nouvelle  que  la  victoire  n'était  plus  dou- 
teuse :  quelques  heures  après  il  n'avait  plus 
d'armée.  On  n'a  pas  encore  une  exacte  connais- 
sance de  la  perte  de  l'^inemi  :  il  suffit  de  savoir 
que  les  deux  tiers  de  cette  armée  sont  tués , 
blessés  ou  prisonniers;  au  nombre  de  ces  der- 
niers sont  les  généraux  Mouton ,  Duhesme , 
Cambrone;  jusqu'à  ce  moment  environ  trois 
cents  canons,  et  au  delà  de  cinq  cents  caissons, 
sont  en  notre  pouvoir. 

Peu  de  victoires  ont  été  aussi  complètes;  et 
certainement  il  n'y  a  point  d'exemple  qu'une 
armée ,  deux  jours  après  une  bataille  perdue ,  ait 
engagé  un  tel  combat ,  et  l'ait  si  glorieusement 
soutenu.  Honneur  aux  troupes  capables  de  tant 
de  constance  et  de  valeur  !  Au  milieu  de  la  posi- 
tion occupée  par  l'armée  française,  et  absolu- 
ment sur  la  hauteur ,  est  située  une  ferme  nom- 
mée la  Belle-Alliance.  La  marche  de  toutes  les 
colonnes  prussiennes  était  dirigée  sur  cette  ferme , 
V.  i5 


3^  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

qu*on  pouvait  apercevoir  de  tous  côtés.  C'^  ï 
que  Napoléon  se  trouvait  pendant  la  balaBr 
c'est  là  qu'il  donnait  ses  ordres  ;  cfu'il  se  flattait  i^ 
la  victoire ,  et  c'est  là  que  sa  perte  fut  déckfe? 
C'est  là  aussi  que  se  rencontrèrent ,  dans  Fob- 
curité  et  par  un  heureux  hasard ,  le  feld-maïf 
chai  Blûcher  et  lord  Wellington ,  et  qu'ils  se  sa- 
luèrent mutuellement  comme  vainqueurs. 

En  commémoration  de  l'allianoe  qui  existe  au- 
jourd'hui entre  les  nations  anglaise  ^  prussienne, 
de  la  réunion  des  deux  armées  ^  et  de  kur  con- 
fiance réciproque ,  le  feld-maréchal  a  demandé 
que  cette  bataille  portât  le  nom  de  la  BeUe- 
Alliance. 

Par  ordre  du  feld-maréchal  Blôcher, 

Le  général  Gneisehau. 


CAMPAGNE  DE    lâl5« 


^^7 


N'   XXII. 

Etat  des  pertes   des  armées  coalisées  et 
française^  dans  le  nordj  du  i5  juin  au 
3  juillet  i8i5. 


[  Prem.    corpf. 

Anatte     )  Dewiiime  id. 

Pruasienae.  \  Troiaiime  id. 


TOTAL.  .  . 

Ani^aii.  .  .  . 
I^gion.i  .  .  . 
HanovrieiM.  . 
HoUndcù..  . 
Broiuwick .  . 
< NMMtt  .... 


Aoglo- 


Total  «âwirnAii. 


Annuc  UmtçMiêê. 


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1,000 

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a7,to3 

57.7'îJfi 

io,3io 

46,708 

38^S 

La  perte  des  armées  coalisées  a  été  déduite 
en  entier  de  leurs  rapports  bfficielé ,  qui ,  sans 
doute  ,  ne  sont  pas  exagérés. 


51  â  8  PIÈCXS   JUSTIFICATIVES. 


N-  xxin. 

Discours  de  M.  de  L^fayette. 

Messieurs,  lorsque,  pour  la  première  fois  de- 
puis tant  d'années ,  j'élève  une  voix  que  ies  an- 
ciens amis  de  la  liberté  reconnaîtront  eocore,  /e 
me  trouve  chargé  de  vous  parler  des  dai^ers  de 
notre  patrie,  que  vous  seuls ,  dans  cette  conjonc- 
ture, avez  les  moyens  de  sauver.  Des  bruits  sinistres 
circulent  au  dehors  :  malheureusement  ils  sont 
fondés  ;  maintenant  donc  il  est  temps  de  se  rallier 
autour  de  l'ancien  étendard  tricolore,  Tétendatà 
de  89,  l'étendard  de  la  liberté,  de  Tordre  pubtic 
l'étendard  que  seuls  nous  devons  défendre^  contre  Us 
prétentions   étrangères  et  la  trahison  intérieure. 
Permettez ,  Messieurs ,  à  un  vétéran  de  cette  caase 
sacrée ,  qui  a  toujours  été  étranger  à  Tesprit  de 
faction ,  de  vous  soumettre  quelques  résolutions 
préliminaires  dont  j'espère  que  vous  appréciera 
la  nécessité. 

Article  1". 

La  chambre  des  représentans  déclare  que  Fin- 
dépendance  de  la  nation  est  menacée. 


CÂMPAGNJS   DE    l8l5.  â^g 

Art.  2. 

La  chambre  des  représentans  se  déclare  en  per- 
manence; toute  tentative  pour  la  dissoudre  est 
un  crime  de  haute  trahison  ;  quiconque  se  mon- 
trera coupable  de  cette  tentative,  sera  regardé 
comme  traître  à  la  patrie,  et  jugé  comme  tel. 

Art.  3. 

L'armée  de  ligne  et  la  garde  nationale ,  qui  se 
sont  battues  et  se  battent  encore  pour  la  défense 
de  la  liberté ,  Tindépendance  et  le  territoire  de  la 
France ,  ont  bien  mérité  de  la  patrie. 

Art.  4. 

Le  ministre  de  Fintérieur  est  invité  à  réunir 
Tétat-major  général ,  les  commandans  et  les  ma- 
jors légionnaires  delà  garde  nationale  de  Paris , 
pour  aviser  aux  moyens  d'armer  et  de  complé- 
ter cette  garde  urbaine ,  dont  le  patriotisme  et  le 
zèle ,  éprouvé  pendant  dix  ans ,  offrent  une  ga- 
rantie sûre  à  la  liberté,  à  la  prospérité  et  à  la 
tranquillité  de  la  capitale,  et  à  l'inviolabilité  des 
représentans  de  la  nation. 


;i30  PliCES   J08TIFIC1TIVS8- 

Art.  5. 

lies  minûtres  de  la  guerre^  des  affaires  étm- 
gère»,  de  la  police  et  de  Tinlérieur  ^  soêèî  in^ià 
à  se  rendre  mus  délai  â  rassemblée. 


CAMPAGNE    DE    181 5.  25l 


3=a= 


N-  XXIV. 

p 

/ 

l     message  porté  par  le  ministre  d'Etat 
Kegnault  de  Saint-Jean-d'Angeljr. 

L'empereur  est  arrivé  à  onze  heures  ;  il  a  fait 
assembler  le  conseil  des  ministres  ;  il  a  annoncé 
que  l'armée ,  après  une  victoire  signalée  dans  les 
plaines  de  Fleurus ,  et  dans  laquelle  la  fleur  de 
Farmée  prussienne  avait  été  détruite ,  donna  une 
grande  bataiUe ,  deux  jours  après ,  à  quatre  lieues 
de  Bruxelles.  L'armée  anglaise  fut  battue  pen- 
dant toute  la  journée  et  obligée  d'abandonner  le 
champ  de  bataille.  Nous  avions  pris  six  drapeaux 
anglais  et  la  journée  était  décidée ,  lorsque,  vers 
le  soir,  des  mécontens  répandirent  Talarme  et  oc- 
casionèrent   un  désordre,  que  la  présence  de 
S.  M.  n'avait  pu  empêcher,  à  cause  de  l'obscurité. 
Le  résultat  fut  un  désastre  que  rien  ne  put  répa- 
rer dans  le  moment;  l'armée  se  rallie  sous  les 
murs  d'Avesnes  et  de  PhUippeville.  S.  M.  a  passé 
par  Laon ,  et  là  elle  a  donné  ordre  que  la  levée 
en  masse  de  la  garde  nationale  des  départemens 
arrêtât  les  fuyards;  elle  est  revenue  à  Paris  pour 
conférer  avec  les  ministres  sur  les  moyens  de  réta- 
blir le  matériel  de  l'armée.  L'intention  de  S.  M.  est 


23â  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 

aussi  de  concerter  avec  la  chambre  les  mesures 
législatives  que  les  circonstances  exigent.  S.  M. 
est  occupée  en  ce  moment  â  rédiger  des  proposi- 
tions ,  pour  que  la  chambre  les  prenne  en  consi- 
dération. 


CAMPAGNE    D£    l8l5.  233 


N"  XXV. 

Déclaration  au  peuple  français. 

Français  ! 

En  commençant  la  guerre  pour  soutenir  Fin- 
dépendance  nationale ,  je  comptais  sur  la  réunion 
de  tous  les  efforts ,  de  toutes  les  volontés ,  et  le 
concours  de  toutes  les  autorités  nationales;  j'étais 
fondé  à  en  espérer  le  succès ,  et  j'avais  bravé 
toutes  les  déclarations  des  puissances  contre  moi. 

Les  circonstances  me  paraissent  changées.  Je 
m'offre  en  sacrifice  à  la  haine  des  ennemis  de  la 
France*  PuUsent^ik  être  sincères  dans  leurs  décla- 
r allons j  et  n'en  avoir  réellement  voulu  qu'à  ma  per- 
sonne !  Ma  vie  politique  est  terminée ,  et  je  pro- 
clame mon  fils,  sous  le  titre  de  INapoléon  II, 
empereur  des  Français. 

Les  ministres  actuels  formeront  provisoire- 
ment le  conseil  du  gouvernement.  L'intérêt  que  je 
porte  à  mon  fils  m'engage  à  inviter  les  chambres 
à  organiser  sans  délai  la  régence,  par  une  loi. 

Unissez-vous  tous  pour  le  salut  public,  et  pour 
rester  une  nation  indépendante. 

Le  22  juin  i8i5. 

Signé  ^  Napoléon. 


a34  PIECES   JUSTIFICATIVES. 


N-  XXVL 

Résolution  de  la  chambre  des  représentansy 

le  23  juin. 

La  chambre  des  représentans,  délibérant  sur 
les  diverses  propositions  faites  à  sa  séance,  et  men- 
tionnées dans  son  procès-yerbal ,  passe  à  Tordre 
du  jour,  motivé  : 

1  *  Sur  ce  que  Napoléon  II  est  dierenu  empe- 
reur des  Français ,  par  le  fait  de  Tabdication  de 
Napoléon  P'  et  par  la  force  des  constitutions  de 
Fempire  ; 

a'  Sur  ce  que  les  deux  chambres  ont  voulu  et 
entendu,  parleur  arrêté  à  la  date  d'hier,  portant 
nomination  d'une  commission  de  gouvernement 
provisoire ,  assurer  à  la  nation  les  garanties  dont 
elle  a  besoin,  dans  les  circonstances  extraordinaires 
où  elle  se  trouve ,  pour  sa  liberté  et  son  repos ,  au 
moyen  d'une  administration  qui  ait  toute  la  con- 
fiance du  peuple. 

Le  présent  acte  sera  transmis  à  la  chambre  des 
pairs  par  un  message. 


CAlfFAGNI  SE    181 5.  335 


N-  XXVII. 

r 

Proclamation  du  gouçemement  provisoire. 

Paris,  le  a4  juin  181 5. 

Français  I 

Dans  l'espace  de  quelques  jours ,  des  succès 
glorieux  et  des  revers  affreux  ont  de  nouyeau 
agité  Tos  destinées. 

Un  grand  sacrifice  a  paru  nécessaire  à  TOtre 
paix  et  à  celle  du  monde  :  Napoléon  a  abdiqué  le 
pouvoir  impérial  ;  son  abdication  a  été  le  terme 
de  sa  vie  politique;  son  fils  est  proclamé. 

Votre  constitution  nouvelle,  qui  n'avait  encore 
que  de  bons  principes ,  va  recevoir  tous  ses  dé- 
veloppemens  et  ses  principes  mêmes  vont  être 
assurés  et  agrandis. 

D  n'existe  plus  de  pouvoirs  jaloux  l'un  de 
l'autre;  l'espace  est  libre  au  patriotisme  éclairé  de 
vos  représentans;  et  les  pairs,  qui  se  rassemblent, 
pensent  et  votent  comme  vos  mandataires. 

Après  vingt-cAiq  années  de  tempêtes  politiques, 
voici  le  moment  où  tout  ce  qui  a  été  conçu  de 
sage,  de  sublime  sur  les  institutions  sociales ,  peut 
être  perfectionné  encore  dans  les  vôtres. 

Que  la  raison  ef  le  génie  parlent,  et  de  quelque 


336  PIÉCBS   JUSTlFlCATll^ES. 

côté  que  se  fasse  entendre  leur  voix ,  elle  sera 
écoutée. 

Des  plénipotentiaires  sont  partis  pour  traiter 
au  nom  de  la  nation,  et  négocier,  avec  les  puis- 
sances de  l'Europe ,  cette  paix  qu'elles  ont  pro- 
mises, à  une  condition  qui  est  aujourd'hui 
remplie. 

Le  monde  entier  ira  être  attentif  comme  vous 
à  leur  réponse;  leur  réponse  fera  eonnattre  $i  la 
justice  et  les  promesses  des  rois  sont  quelque  chose 
sur  la  terre. 

Français  !  soyez  unis ,  ralliez-vous  tous  dans  des 
circonstances  si  graves. 

Que  les  discordes  civiles  s'apaisent;  que  les 
dissensions  mêmes  se  taisent  en  ce  moment ,  où 
vont  se  discuter  les  grands  intérêts  des  nations. 

Soyez  unis  du  nord  de  la  France  aux  Pyrénées, 
de  la  Vendée  â  Marseille. 

Quel  qu'ait  été  son  parti ,  quels  que  soient  ses 
dogmes  politiques ,  quel  homme ,  né  sur  le  sol  de 
la  France,  pourrait  ne  pas  se  ranger  sous  le 
drapeau  national  ^  pour  défendre  l'indépendance 
de  la  patrie  ! 

On  peut  détruire  en  partie  des^  armées  ;  mais, 
l'expérience  de  tous  les  siècles  et  de  tous  les  peu- 
ples le  prouve ,  on  ne  détruit  pa6 ,  on  ne  soumet 
pas  surtout  une  nation  intrépide,  qui  combat 
pour  la  justice  et  pour  la  liberté. 

L'empereur  s'est  offert  en  sacrifice  en  abdi- 
quant. 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  ù5'] 

Les  membres  du  gouvernement  se  dévouent , 
en  acceptant  de  vos  représentans  les  rênes  de 
rètat 


La  commission  du  gouvernement , 

Yu  la  résolution  des  chambres ,  portant  que  tous 

les  Français  sont  appelés  à  la  défense  de  la  patrie , 

arrête  ce  qui  suit. 

Article  i*'. 

Les  jeunes  gens  de  181 5  restant  des  cent 
soixante  mille  hommes ,  dont  la  levée  a  été  or- 
donnée le  9  octobre  1 8 1 3 ,  seront  sur-le-champ 
mis  en  activité. 

Art.  â. 

Les  jeunes  gens  de  1 8 1 5 ,  mariés  antérieure- 
ment â  la  publication  du  présent  arrêté ,  sont  dis- 
pensés de  l'appel.  ^ 

Art.  3. 

Les  individus  faisant  partie  des  bataillons  de 
gardes  nationales ,  de  grenadiers  ou  de  chasseurs 
mobilisés ,  qui  appartiennent  aux  classes  levées 
en  1 8 1 3  et  années  antérieures ,  sont  mis  à  la  dis- 


a38  Plies»  JusTuriCATiYis. 

positicMi  du  gouvemement ,  pour  être  employés 
dans  Farinée  de  ligne ,  soit  en  corps  de  batail- 
lons, soit  en  les  incorporant  dans  les  cadres  de 
Tarmée. 

Art.  4- 

Les  indiyidus  mariés,  compris  dans  l'article 
précédent ,  resteront  dans  les  bataillons  de  gar- 
nison. 

Art.  5. 

Les  bataillons  de  la  garde  nationale  qui  auront 
ainsi  fourni  des  hommes  à  l'armée ,  seroirt  com- 
plétés par  les  départemens  auxquds  ils  appar- 
tiennent. 

Art.  6. 

Lesautorités  administratiycs,  chargées  d'opérer 
ce  complètement,  aj^lleront  d'abord ,  à  cet  effet  ^ 
les  hommes  non  mariés  ou  les  hommes  veufs  sans 
enfans. 


Art.  7. 


Le  ministre  de  la  guerre  est  chaîné  de  l'exécu* 
lion  du  présent  arrêté ,  qui  sera  inséré  au  bulletin 
des  lois. 


CAHPA6NE   DS    l8l5.  nZg 


N-  XXVIII. 
LOI. 

AU    ROX   DU    PEUPLE   FEAVÇAIS. 

La  commission  du  gouvernement  a  proposé  et 
les  chambres  ont  adopté  ce  qui  suit  : 

Article  i**. 

La  ville  de  Paris  est  en  état  de  siège. 

Art.  2. 

Les  autorités  civiles  conserveront  l'exercice  de 
leurs  fonctions. 

Art.   3. 

Pendant  la  durée  de  Tétat  de  siège ,  la  com- 
mission du  gouvernement  prendra  toutes  les 
mesures ,  pour  garantir  la  sûreté  des  personnes 
et  des  propriétés ,  et  la  tranquillité  de  la  capitale. 
La  présente  loi,  discutée,  délibérée  et  adoptée 
par  la  chambre  des  pairs  et  par  celle  des  représen^ 
tans  ,  sera  exécutée  comme  loi  de  Tétat. 

La  commission ,  etc. 


2^0  PIÈGES   JUSTIFICATIVES. 

Extrait   des  minutes  de  la  secrétairerie 

d'Etat. 

Paris,  le  a8  juin  i8i5. 

La  commission  du  gouyemement , 

Vu  la  délibération  des  deux  chambres  portant 
que  la  yiUe  de  Paris  est  en  état  de  siège ,  arrête 
ce  qui  suit  : 

Article  i**. 

Les  approches  de  la  capitale  seront  seules  dé- 
fendues; eUes  le  seront  par  les  troupes  de  ligne, 
qui  resteront  campées  hors  des  murs. 

Art.  2. 

La  tranquillité  sera  maintenue  dans  Tintérieur 
par  la  garde  nationale  ordinaire,  laquelle  ne  sera 
employée  extérieurement ,  que  sur  les  demandes 
qu'en  pourraient  faire  les  légions  ou  bataillons  de 
cette  garde. 

Art.  3. 

Les  tirailleurs  de  la  garde  nationale  serviront, 
conformément  à  l'offre  qu'ils  ont  faite ,  comme 
auxiliaires  avec  les  troupes  de  ligne ,  à  la  défense 
des  postes  les  plus  rapprochés  de  la  place. 


cahpagns  de  181 5.  24 1 

Art.  4- 

Les  habitans  des  campagnes  se  hâteront  de 
faire  entrer  dans  la  place  la  plus  grande  quantité 
possible  de  subsistances ,  et  travailleront  aux  re- 
tranchemens  qui  doivent  couvrir  les  troupes. 

Ait.  5. 

L'armée  du  nord  se  rendra  sans  délai  sous  les 
murs  de  Paris. 

Art.  6. 

Les  anciens  militaires  en  état  de  porter  les 
armes ,  et  tous  ceux  qui  sont  absens  de  leurs  dra- 
peaux ,  se  rallieront  à  cette  armée ,  et  seront  in- 
corporés dans  les  cadres. 

Art.  7. 

Les  troupes  qui  sont  sur  le  Rhin  et  sur  les 
frontières  de  la  Suisse ,  maintiendront  leurs  posi- 
tions et  défendront  les  places  fortes. 

Art.  8. 


Les  troupes  qui  sont  sur  la  rive  gauche  de  la 
Loire ,  formeront  à  Orléans  une  armée  de  réserve. 

V.  16 


a4s  TliCEft  JUt-miGATIYBS. 

Art.  9. 

Les  hostilités  n'empéclieroiit  point  de  conti- 
nuer les  négociations  qa'U  sera  possible  d'eor 
tretenir  pour  obtenir  la  paix  à  des  conditie» 
honorables. 

A&T.  10. 

Le  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exécu- 
tion du  présent  arrêté. 


CAMFAGKB   DX    l8l5.  $^5 


as 


N*  XXIX. 

Napoléon  aux  braves  soldats  de  Y  armée 

des^ant  Paris. 


Malmaison,  le  a5  juin  181 5. 


Soldats  ! 


Quand  )e  cède  à  la  nécessité  qui  me  force  de 
«l'éloigner  delabrayearmée  française ,  j'emporte 
avec  moiTheureuse  certitude  qu'elle  justifiera, 
par  les  services  éminens  que  la  patrie  attend 
d'elle ,  les  éloges  t|ue  nos  ennemis  eux-mêmes  ne 
peuvent  pas  lui  refuser. 

Soldats ,  je  suivrai  tous  vos  pas  quoique  ab- 
sent. Je  connais  tous  les  corps ,  et  aucun  d'eux 
ne  remportera  un  avantage  signalé  sur  l'ennemi , 
que  je  ne  rende  justice  au  courage  qu'il  aura  dé- 
ployé. Vous  et  moi  nous  avons  été  calomniés. 
Des  hommes,  absolument  indignes  d'apprécier 
vos  travaux ,  ont  vu  dans  les  marques  d'attache- 
ment que  vous  m'avez  données,  un  zèle  dont 
j'étais  le  seul  objet.  Que  vos  succès  futurs  leur 
apprennent  que  c'était  la  patrie  par-dessus  tout 
que  vous  serviez  en  m'obéissant ,  et  que  si  j'ai 


a44  PIECES   JUSTIFICATIVES. 

quelque  part  à  votre  affection,  je  le  dois  à  mon 
ardent  amour  pour  la  France ,  notre  mère  com- 
mune. 

Soldats ,  encore  quelques  efforts ,  et  la  coali- 
tion est  dissoute.  Napoléon  vous  reconnaîtra  aux 
coups  que  vous  aUez  porter. 

Sauvez  l'honneur,  Findépendance  des  Français. 
Soyez  jusqu'à  la  fin  tels  que  je  vous  ai  connus 
depuis  vingt  ans ,  et  vous  serez  invincibles. 

Napoléon. 


CAMPAGNE    DS    l8l5.  ^45 


N*  XXX. 

Le  message  dont  Napoléon  chai^ea  le  général 
Beckers ,  était  verbal ,  et  à  peu  près  de  la  teneur 
suivante  : 

«  Au  moment  où  vous  stipulez  les  intérêts  de  la 
«  nation ,  où  vos  plénipotentiaires  sont  auprès  des 
«  souverains  étrangers ,  pour  stipuler  au  nom  de 
«  Napoléon  II ,  les  négociations  peuvent  être  facî- 
«  litées ,  et  le  succès  en  peut  être  assuré  par  une 
«  attaque  rapide  et  franche ,  qui  repousserait  les 

«  Anglais  et  les  Prussiens  au  delà  des  frontières ' 

«  Mais  si  des  mouvemens  militaires  aussi  pronon- 
«  ces  vous  inquiétaient,  sur  tes  conséquences  qu'ils 
«  pourraient  avoir ,  je  donne  ma  parole  d'éloigner 
«  seulement  les  étrangers  à  vingt  lieues  de  Paris , 
«  et  de  les  tenir  à  cette  distance ,  jusqu'à  ce  que 
«  les  négociations  soient  assez  avancées,  pour  que 
«  la  nation  n'ait  plus  à  craindre  de  voir  les  débris 
«  des  armées  anglaises  et  prussiennes  lui  venir 
«  imposer  des  lois  à  Paris.  J'offre  de  me  remettre 
«  à  la  tête  de  l'armée ,  non  plus  comme  le  sou- 
«verain  de  la  France,  mais  comme  un  soldat 
«  qui  peut  encore  guider  les  Français  dans  le  ehe- 


«i46  PlàCS8  JUfTIFIGATim.  ^ 

«  min  de  Thoimeur.  Je  vous  engage  ma  parofe 
«  qu'après  avoir  atteint  le  but  auquel  vous  deva 
«  tendre ,  je  me  dépouillerai  de  toute  autorité ,  de 
«  tout  commandement ,  et  je  saurai  subir  la  des- 
«  tinée  qui  m'est  réservée.  » 


cAWfÂQin  DB  181 5.  a47 


N-  XXXI. 

Précis  des  instructions  données  aux 
plénipotentiaires  français. 

Parisy  le  aS  |iiin  iSi5. 

Le  salut  de  la  patrie  est  attaché  à  deux  que»* 
tiens  essentielles.  L'indépendance  nationale  et 
llntégraiité  du  territoire. 

L'indépendance  nationale  ne  peut  être  com* 
plète^  qu'autant  que  les  coalisés  respecteront  Je» 
constitutions  et  le  droit  d'hérédité  qu'elles  éta*- 
blissent  pour  le  fils  de  l'empereur.  Les  modifica- 
tions qu^ont  reçues  la  déclaration  du  1 3  mars  et  le 
traité  du  25 ,  peuvent  appuyer  les  représentations 
des  plénipotentiaires  à  cet  égard. 

Les  coalisés  peuvent  objecter  que  la  prise  d'ar- 
mes de  la  nation  a  détruit  la  distinction  qu'ils 
avaient  établie  entre  Napoléon  et  la  France.  Il  est 
facile  de  répondre,  que  le  devoir  sacré  de  l'hon- 
neur a  obligé  la  nation  de  se  rallier  pour  défen- 
dre le  prince  qu'elle  avait  choisi.  Que  ai  la  décla- 
ration des  coalisés  était  sincère ,  cette  sincérité 
devrait  se  manifester  en  re^MSCtauat  l'iadépendanoe 
nationale,  knnque  l'abdication  de  Napoléon  repla- 


2/fi  PIÈGES   JUSTIFICATIVES. 

çait  nécessairement  la  France  en  état  de  paix  avec 
les  puissances. 

Les  coalisés  pourraient  refuser  de  reconnaître 
le  gouyemement  provisoire ,  et  cela  pour  profiter 
des  avantages  de  leur  position  militaire ,  comme 
étant  le  résultat  d'un  ordre  de  choses  qui  n'est 
pas  légal  à  leurs  yeux.  La  sagesse  des  plénipoten- 
tiaires y  répondra  ,  s'appuyant  de  l'exemple  de 
FAngleterre. 

Une  autre  objection  serait,  que  le  véritable  vœu 
de  la  France  n'étant  pas  bien  connu ,  il  faudrait 
d'abord  rétablir  ce  qui  existait  avant  le  mois  de 
mars ,  sauf  à  la  nation  à  se  déclarer  après.  L'An- 
gleterre a ,  en  pareil  cas ,  répondu  que  le  fait  de  la 
possession  du  pouvoir  autorise  celui  qui  en  est 
revêtu  à  traiter.  Refuser  de  rien  reconnaître  serait 
porter  la  France  à  chercher  les  ressources  du  dé- 
sespoir. 

Les  coalisés  peuvent ,  sans  imposer  les  Bour- 
bons ,  refuser  le  fils  de  Napoléon.  Ils  peuvent  trou- 
ver des  prétextes  mêmes  dans  le  danger  d'une 
longue  minorité.  La  minorité  étant  un  état  de 
langueur,  est  par  elle-même  une  garantie  de  la 
tranquillité.  Le  vœu  national  est  fortement  pro- 
noncé pour  la  paix.  Le  plus  solide  garant  que 
puissent  donner  les  coalisés  de  leur  désir  de  res-^ 
pecter  l'indépendance  de  la  France ,  est  de  renon- 
cer au  rétablissement  des  Bourbons.  Le  retour 
de  cette  famille,  entourée  d'hommes  qui  ont  cessé 
d'être  Français ,  rallumerait  toutes  les  haines ,  et 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  2^g 

écarterait  toute  idée  de  tranquillité.  Son  exclu- 
sion est  une  condition  absolue  de  la  tranquillité 
de  l'Europe  et  de  la  France. 

La  question  de  l'intégralité  du  territoire  se 
lie  à  celle  de  l'indépendance.  Si  la  guerre  a  été 
faite  à  Napoléon  seul,  ce  qui  était  convenable 
en  1 8 1 4  9  sous  le  rapport  des  limites  de  la  France , 
ne  peut  pas  cesser  de  l'être  en  i8i5. 

Ainsi  les  deux  objets  principaux  sont  l'indé- 
pendance et  l'intégralité  de  la  France.  Elles  sont 
indivisibles  et  ne  sont  susceptibles  d'aucune  mo^ 
dification. 

Les  propositions  incidentes  qui  s'accorderaient 
avec  ces  bases  seront  reçues,  mais  seulement 
pour  en  rendre  compte  et  demander  des  instruc* 
tions  ef  des  ordres  ;  dans  le  cas  où  l'admission 
entière  des  principes ,  ou  bien  des  explications 
admissibles  pourraient  amener  à  traiter ,  il  est 
important  de  conclure  préalablement  un  armis- 
tice général  et  de  le  conclure  le  plus  tôt  possible. 

Un  devoir  sacré  est  de  stipuler  la  sûreté  et 
l'inviolabilité  de  l'empereur  Napoléon,  hors  du 
territoire  français. 

Les  intérêts  de  l'Angleterre ,  de  la  Russie ,  de 
l'Autriche  et  de  la  Prusse  n'étant  pas  les  mêmes , 
il  faudra  tirer  parti  de  cette  diversité  :  f  Au  triche 
peut  désirer  s'unir  â  la  France  ;  la  Russie  n'a  plus 
rien  à  gagner;  l'Angleterre  offrira  plus  de  diffi^ 
cultes ,  non  pas  pour  les  principes ,  mais  par  sa 
volonté. 


a5o  piÂcxft  JCSTincATivxf. 


N-  xxxn. 

Lettre  du  duc  de  FTelUngton. 

Au  qoarttef^-géBéffai,  le  a8  fuin. 

Mtmsieur  le  comte,  j'ai  eu  rhonneur  de  rece- 
voir votre  lettre  en  date  du  26  ;  )*ai  déjà  écrit  aux 
comminaires  nommés  pour  trattar  de  Ja  paix 
avec  les  puissances  alliées,  sur  la  proposition 
d'une  suspension  d'hostilités  ;  Y.  Ex*  a  vu  la  ré- 
ponse «pie  j'ai  donnée ,  et  â  laquelle  je  n'ai  rien  à 
i^outer.  Quant  i  ce  qui  regarde  un  passe-port  et 
on  sauf-conduiè  pour  Napoléon  Bonaparte,  pour 
passer  aux  États-Unis ,  je  suis  forcé  d'informar 
y.  Ex.  que  je  ne  suis  pas  aut(»isé  par  mon  gou- 
vernement à  satisfaire  â  cette  demande. 

J'ai  rhonneur  d'être ,  etc. 

Signé,  Wellington. 


GAHPA6NB  DE    l8l5.  â5l 


N-  xxxm. 

Note  des  Coalisés. 

Étant  stipulé  dans  le  traité  d'alliance  qu'aucune 
des  parties  ne  négociera  séparément ,  ni  ne  con- 
clura de  traité  ou  d'armistice ,  autrement  que  de 
commun  accord ,  les  trois  cours  Ici  présentes  ne 
peuToit  entrer  dans  aucune  négociation.  Les  ca- 
binets se  réuniront  aussitôt  que  possible.  Les  trois 
souverains  regardent  conmie  une  condition  préli* 
minaire  et  essentielle ,  pour  toute  espèce  de  paix, 
et  pour  une  tranquillité  véritable ,  que  Napoléon 
Bonaparte  soit  mis  à  l'avenir  hors  d'état  de 
troubler  la  paix  de  la  France  et  de  l'Europe; 
après  ce  qui  est  arrivé  au  mois  de  mars ,  les 
puissances  doivent  exiger  qu'il  soit  confié  A  leur 
garde. 

Haguenau^  le  i"  iuillet  iBiS^  à  neuf  heures  du  matin. 

Signé ^Vi kUMOhEJn ,  Capo-^'Istria,  Knessbeck.. 


252  PIECES   JUSTIFICATIVES. 


N-  XXXIV. 

Lettre  de  Fauché  h  fVellington. 

Parts,  le  27  fuinr  181 5. 

Milord,  vous  venez  d'agrandir  votre  nom  par 
de  nouvelles  victoires  remportées  sur  les  Fran- 
çais. C'est  donc  par  vous  surtout  que  les  Français 
sont  connus  et  appréciés.  Vous  voterez  pour  leurs 
droits  au  milieu  des  puissances  de  l'Europe. 

Dans  ce  conseil  de  souverains,  votre 'crédit  et 
votre  influence  ne  peuvent  être  moindres  que 
votre  gloire. 

Les  vœux  des  nation»,  qui  ne  calomnient  ni  ne 
flattent ,  ont  fait  connaître  votre  caractère.  Dans 
toutes  vos  conquêtes ,  votre  droit  des  ^ens  a  été 
la  justice,  et  votre  politique  a  paru  la  voix  de 
votre  conscience. 

Vous  trouverez  les  demandes  que  nous  faisons, 
par  nos  plénipotentiaires,  conformes  à  la  justice 
la  plus  rigoureuse. 

La  nation  Française  veut  vivre  sous  un  mo- 
narque. EUe  veut  aussi  que  ce  monarque  règne 
sous  l'empire  des  lois. 

La  république  nous  a  fait  connaître  tout  ce 


CAMPAGNE   DS    l8l5.  âS3 

qu'ont  de  funeste  les  excès  de  la  liberté;  Fempire , 
tout  ce  qu'a  de  funeste  l'excès  du  pouvoir.  Notre 
vœu ,  et  il  est  immuable ,  est  de  trouver  à  égale 
distance  de  ces  excès ,  l'indépendance ,  l'ordre  et 
la  paix  de  l'Europe.  Tous  les  regards ,  en  France , 
sont  fixés  sur  la  constitution  de  l'Angleterre; 
nous  ne  prétendons  pas  être  plus  libres,  mais 
nous  ne  consentirons  pas  à  l'être  moins. 

Les  représentans  du  peuple  français  travaillent 
à  son  pacte  social.  Les  pouvoirs  seront  séparés, 
mais  non  divisés.  C'est  de  leur  séparation  même 
qu'on  veut  faire  naître  leur  harmonie.  Dès  que 
ce  traité  aura  reçu  la  signature  du  souverain 
qui  sera  appelé  à  gouverner  la  France ,  ce  souve- 
rain recevra  le  sceptre  et  la  couronne  des  mains 
de  la  nation. 

Dans  l'état  actuel  des  lumières  de  l'Europe ,  un 
des  plus  grands  malheurs  du  genre  humain ,  ce 
sont  les  divisions  de  la  France  et  de  l'Angleterre  : 
unissons-nous  pour  le  bonheur  du  monde. 

M ilord ,  nul  homme  en  ce  moment ,  ne  peut 
aussi  puissamment  que  vous  concourir  à  mettre 
l'humanité  tout  entière  sous  un  meilleur  génie 
et  dans  une  meilleure  condition. 

Je  prie  V.  S. ,  etc. 

Signée  le  duc  d'OTRAWTB. 


d54  PliCES   JUSTIFICATIVES. 

Précis  des  instructions  des  commissaires 
chargés  de  négocier  un  armistice. 

Paris  9  le  ^7  juin  i8i5. 

Les  prétentions  de  Blûcher  sont  telles ,  que^ 
ccNDobinées  avec  celles  des  autres  chefs  des  coali- 
sés, elles  seraient  effrayantes.  Le  motif  qtie  Blû- 
cher met  en  avant ,  la  sûreté  de  son  armée j  est  illu* 
soîre ,  et  n'a  de  but  que  d'augmenter  indéfiniment 
ses  avantages.  La  déclaration  du  chef  jprusûen, 
de  ne  conclure  d'armistice  qu'avec  des  avantages 
immenses,  présente  beaucoup  de  difficultés.  Une 
faut  cependant  pas  se  retrancher  dans  une  négar 
tive  absolue ,  si  les  conditions  ne  dépassait  pas 
le  vrai  intérêt  public. 

S'il  fallait  consentir  à  la  cession  d'une  place , 
ce  ne  pourrait  être  qu'à  la  condition  qu'cUe  ga* 
rantirait  un  armistice  jusqu'à  la  paix. 

Il  est  d'une  grande  importance  d'obtenir  la 
ligne  de  la  Somme ,  pour  la  démarcation  de  l'ar- 
mistice. Si  l'ennemi  exigeait  plus ,  et  qu'on  ne  put 
s'y  refuser ,  il  faudrait  que  la  ligne  fût  tracée  entre 
la  Somme  et  l'Oise ,  à  vingt  lieues  de  Paris. 

Il  est  indispensable  que  l'armistice  soit  com- 
mun aux  armées  prussienne  et  anglaise. 

On  tâchera  d'y  inclure  les  armées  des  autres 
puissances ,  sur  la  base  du  statu  quo.  Les  négocia- 


GAMFA6NB   DK    l8l5.       .  2 55 

tions  devant  nécessairement  se  prolonger  un  peu , 
il  est  nécessaire  d'obtenir  une  suspension  prépa- 
ratoire ,  de  deux  jours  au  moins ,  de  la  marche 
des  troupes.  Il  faut  aussi  stipuler  que  les  coalisés 
ne  lèveront  point  de  contributions  extraordi- 
naires. 

Quoique  leur  mission  ne  soit  que  la  conclusion 
d'un  armistice  ^  ils  devront  cependant  recueillir 
<le  la  part  des  généraux  ennemis ,  à  Tégard  de  la 
forme  du  gouvemement  de  la  France  et  des  vues 
des  souverains ,  tout  ce  qui  leur  paraîtra  être  de 
quelque  influence  sur  le  parti  définitif  à  prendre 
par  le  gouvernement. 

Il  est  possible  qu'on  soit  obligé  d'élargir  leê 
bases  qui  ont  été  tracées  aux  plénipotentiaires. 
Mais  s'E  fallait  donner  la  main  â  des  arrangemens 
d'tmê  autre  nature^  et  qu'on  ne  pût  pas  sauver 
dans  toute  sa  plénitude  le  principe  de  notre  indépen^ 
dancej  il  est  un  devoir  sacré  de  chercher  À  échap* 
per  à  la  plus  grande  partie  des  înconvéniens 
d'une  modificàtioii. 

Les  commissaires  répondreot  aux  objections 
relatives  à  la  personne  de  Napoléon ,  par  la  c<»n^ 
munication  des  résolutions  prises  par  le  gouver- 
nement. (  De  faire  garder  NsqfMtléim  par  le  général 
Beckers.  ) 


!256  •     PIÈGES   JC8TIFICATIVBS. 


N-  XXXV. 

Lettre  du  maréchal  Daçoust  à  Wellington . 

Au  quartier-général  de  la  Yillette  y  le  5o  juin  iBi5. 

Milord ,  vos  mouTemens  hostiles  continuent , 
quoique,  suivant  leurs  déclarations,  les  motifs 
de  la  guerre  que  nous  font  les  souverains  alliés , 
n'existent  plus ,  puisque  l'empereur  Napoléon  a 
abdiqué. 

Au  moment  où  le  sang  est  de  nouveau  sur.  le 
point  de  couler ,  je  reçois  de  M.  le  duc  d'Albu£éra 
la  dépèche  télégraphique  dont  je. vous  envoie 
copie.  Milord ,  je  garantis  sur  mon  honneur  cet 
armistice.  Toutes  les  raisons  que  vous  auriez  de 
continuer  les  hostilités  sont  détruites ,  parce  que 
vous  ne  pouvez  pas  avoir  d'autres  instructions  de 
votre  gouvernement ,  que  celles  que  les  généraux 
autrichiens  tiennent  du  leur. 

.  Je  fais  â  votre  Seigneurie  la  demande  formdle 
de  cesser  immédiatement  toutes  hostilités,  et 
que  l'on  s'occupe  d'un  armistice,  en  attendant 
la  décision  du  congrès.  Je  ne  puis  croire,  milord, 
que  ma  demande  restera  sans  effet;  vous  pren- 
driez sur  vous  une  grande  responsabilité  aux 
yeux  de  vos  nobles  compatriotes. 


€AHPAGNS   DB    l8l5.  1257 

Nul  autre  motif  que  celui  de  faire  cesser  l'effu- 
sion du  sang,  et  l'intérêt  de  ma  patrie,  ne  m'ont 
dicté  cette  lettre. 

Si  )e  me  présente  sur  le  champ  de  bataille  avec 
ridée  de  vos  talens,  j'y  porterai  la  conviction  de 
combattre  pour  la  plus  sainte  des  causes,  celle  de 
la  défense  et  de  l'indépendance  de  ma  patrie ,  et 
quel  qu'en  soit  le  résultat ,  je  mériterai ,  milord , 
votre  estime. 

Agréez,  etc; 

Signé,  le  maréchal  prince d'EcKMÛHi. 


Une  lettre  pareille  fut  écrite  à  Blûcher  ;  voici  âa 
réponse  : 

  mon  quartier-général,  le  i**  juillet  i8i5. 

Monsieur  le  maréchal,  il  n'e^  pas  vrai  que 
tous  les  motifs  de  guerte  entre  les  puissances  al- 
liées et  la  France  aient  cessé  parce  que  Napoléon  a 
abdiqué  ;  il  n'a  abdiqué  que  conditionnellement 
et  en  faveur  de  son  fils ,  et  les  décisions  des  puis- 
sances réunies  excluent  du  trône ,  non-seulement 
Napoléon,  mais  tous  les  membres  de  sa  famille. 

Si  le  général  Frimont  s'est  cru  autorisé  à  con- 
clure un  armistice  avec  le  général  ennemi  qui 
lui  était  opposé ,  ce  n'est  point  un  motif  pour 
V.  17 


«258  PISCES   JUSTinCATIVBS. 

nous  d*en  faire  autant.  Nous  poursuiyons  notre 
victoire ,  et  Dieu  nous  en  a  donné  la  Yolonté  et 

les  moyens. 

Prenez  garde  à  ce  que  vous  faites,  M.  le  ma- 
réchal ,  et  ne  plongez  pas  encore  une  ville  dans 
le  malheur  ;  car  vous  savez  ce  que  le  soldat  irrité 
se  permettrait ,  si  votre  capitale  était  prise  d'as- 
saut. 

Voulez-vous  vous  charger  des  malédictions  de 

Paris ,  comme  de  celles  de  Hambourg? 

Nous  voulons  entrer  dans  Paris,  pour protc^ger 
les  honnêtes  gens  contre  le  pillage ,  dont  les  hon- 
nêtes gens  sont  menacés  par  la  canaille.  Un  ar- 
mistice satisfaisant  ne  peut  être  conclu  que  dans 
Paris.  Vous  ne  méconnaîtrez  sans  doute  pas, 
M.  le  maréchal,  cette  situation  où  nous  nous 
trouvons  envers  votre  nation. 

Au  reste,  M.  le  maréchal,  je  vous  observe  que 
si  vous  voulez  traiter  avec  nous,  il  est  singulier 
que  vous  arrêtiez,  contre  le  droit  des  gens,  nos 
officiers  porteurs  de  lettres  et  de  missions  (*). 

J'ai  l'honneur  d'être ,  dans  les  formes  de  la  po- 
litesse convenue,  M.  le  maréchal,  votre  dévoué 
serviteur , 

Signée  Blûgher. 

(♦)  A  qui  Blikher  oaToyaii-U  de»  ofBcîei»,  dont  lo  géaéni  oa  chef 
français  ne  devait  pas  connaître  la  missionf  Étaît-ce  à  Fooché?  Ma» 
le  irûinîchal  Davoust  n'aurait  pas  arréui  de»  dép^e»  adresse»  au  cbcf 
du  gouvci-nement  français.  Cctaîcni  donc,  et  on  n'en  pcnt  pas  douter, 
des  missions  d'espionnage. 


CAMPAGNE  DE   l8l5.  sSq 


K  XXXVI. 

Délibération  de  la   commission   du 

frouçemement . 

Du  1"  juillet  i8i5. 

La  commission  arrête  ce  qui  suit  : 

Article  i**. 

M.  le  maréchal  prince  d'Eckmûhl  réunira  ce 
soir,  à  neuf  heures ,  à  son  quartier-général  de  la 
y iUette ,  un  conseU  de  gu«rre ,  auquel  il  appelera 
les  officiers  généraux  commandant  les  corps  d'aiv 
mée  sous  ses  ordres,  qu'il  croira  susceptibles 
d'éclairer  la  délibération,  ainsi  que  les  officiers- 
généraux  commandant  en  chef  l'artillerie  et  le 
génie. 

Art.  2. 


^  Tous  les  maréchaux  présens  â  Paris,  et  le  lieu- 

I      tenant-général  Gazan ,  sont  invités  â  se  rendre  au 
^      conseil  et  à  concourir  â  la  délibération. 


a6o  PIÈCES    JUSTIFICATIVES. 


Art.   5. 


L'objet  de  la  délibëratian  ie  composera  des  ques- 
tions suivantes  : 

i""  Quel  est  l'état  des  retranchemens  et  leur  ar- 
mement ,  tant  sur  la  rive  droite  que  sur  la  rive 
gauche  de  la  Seine? 

2*  L'armée  peut-elle  défendre  toutes  les  appro- 
ches de  Paris ,  même  sur  la  rive  gauche  de  la 

Seine? 

3**  L'armée  pourrait-elle   recevoir  le  combat 

sur  tous  les  points  à  la  fois? 

4*»  En  cas  de  revers,  le  général  en  chef  pourrait- 
il  réserver  ou  recueillir  des  moyens ,  pour  s'op- 
poser à  l'entrée  de  vive  force? 

5'  Existe-t-il  des  munitions  suffisantes  pour 
plusieurs  combats  ? 

6*  Enfin,  peut-on  répondre  du  sort  de  la  capi- 
tale ,  et  pour  combien  de  temps? 

Art.  4- 

11  sera  dressé  procès-verbal  de  la  délibération 
du  conseil  de  guerre ,  et  ce  procès-verbal  sera 
signé  par  MM.  les  maréchaux  et  officiers  généraux 
présens. 

Art.  5. 
L'expédition  de  ce  procès -verbal  sera  adres- 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  â6l 

sée ,  séance  tenante^  à  la  commission  du  gouverne- 


ment» 


Art.  6. 


Le  ministre   de  la   guerre  est  chargé  de  la 
prompte  exécution  de  cet  arrêté. 


Après  que  le  conseil  de  guerre  se  fut  séparé  , 
on  adressa  au  gouvernement  un  prétendu  procès- 
verbal  portant  les  réponses  suivantes  : 

A  la  i^  question.—  L'état  des  retranchemens  et 
leur  armement  à  la  rive  droite  de  la  Seine ,  quoi- 
qu'incomplet,  est  en  général  assez  satisfaisant. 
Sur  la  rive  gauche ,  les  retranchemens  peuvent 
être  considérés  comme  nuls. 

jd  la  â*.  —  Elle  le  pourrait,  mais  non  pas  indé- 
finiment et  elle  ne  doit  pas  s^xposer  à  manquer 
de  vivres  et  de  retraite. 

Jl  la  3'.  — Il  est  difficile  que  l'armée  puisse  être 
attaquée  sur  tous  les  points  à  la  fois;  mais,  si  cela 
arrivait ,  il  y  aurait  peu  d'espoir  de  résistance. 

j4  la  4*.  —  Aucun  général  ne  peut  répondre 
des  suites  d'une  bataille. 

J  la  5*.  —  Oui. 

j4  la  6*.  —  Il  n'y  a  aucune  garantie  à  cet  <!ganl. 


263  PdkCES   JtSTIFICATITBS. 


N-   XXXVH- 
Lettre  de  Ziethen  au  maréchal  Das^oust. 

Le  •  fulllet  i8i5. 

Monsieur  le  général,  le  général  Revest  ma 
communiqué  verbalement  que  tous  demandiez 
un  armistice ,  pour  traiter  de  la  reddition  de  la 
yiUe  de  Paris. 

En  conséquence ,  monsieur  le  général ,  je  dois 
TOUS  déclarer  que  je  ne  suis  nullement  autorisé 
à  accepter  un  armistice;  je  n'ose  même  point 
annoncer  cette  demande  â  S.  A.  le  maréchal  Blû- 
cher;  mais  cependant^  si  les  députés  du  gouver- 
nement déclarent  â  mon  aide-de-camp ,  le  comte 
Westphalen ,  qu'ils  veulent  rendre  la  ville ,  et  que 
l'armée  veut  se  rendre  aussi^  j'accorderai  une  sus- 
pension d'armes. 

J'en  ferai  part  alors  à  S.  A.  le  prince  Blûcher, 
pour  traiter  sur  les  autres  articles. 

Signée  Ziethen. 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  a63 


N-  XXXVIII. 

Convention  militaire. 

Aujourd'hui  3  juillet,  les  commissaires  nom- 
més par  les  commandans  en  chef  des  armées 
respectives,  savoir:  le  baron  Bignon,  ayant  le 
porte- feuille  des  affaires  étrangères;  le  comte 
Guilleminot,  chef  de  Tétat-major  général  do 
l'armée  française;  le  comte  de  Bondy,  préfet  du 
département  de  la  Seine ,  munis  des  pleins  pou- 
voirs du  maréchal  prince  d^Eckmûhl,  comman- 
dant en  chef  de  l'armée  française,  d'une  part:  et 
le  major-général  baron  Mufiling,  muni  des  pleins 
pouvoirs  de  S.  A.  le  feld-maréchal  prince  de 
Blûcher,  commandant  en  chef  de  l'armée  prus- 
sienne; le  colonel  Harvey,  muni  des  pleins  pou- 
voirs de  S.  E.  le  duc  de  Wellington ,  commandant 
en  chef  de  l'armée  anglaise ,  d'autre  part  ;  sont 
convenus  des  articles  suivans  : 

Articie  i". 

Il  y  aura  une  suspension  d'armes  entre  les  ar- 
mées alliées,  commandées  par  S.  A.  le  prince 
Blûcher  et  S.  E.  le  duc  de  Wellington ,  et  l'armée 
française  sous  les  murs  de  Paris. 


1264  PIÈCES   JVSTIFICATITES. 

Art.  â. 

L'armée  française  se  mettra  en  marche  demain^ 
pour  prendre  sa  position  derrière  la  Loire.  Paris 
sera  entièrement  éracué  en  trois  jours ,  et  le 
mouvement  derrière  la  Loire  sera  effectué  sous 
huit  jours. 

Art.  3. 

L'armée  française  emportera  ayec  elle  tout  son 
matériel,  son  artillerie  de  campagne,  ses  caisses 
militaires ,  chevaux  et  effets  de  régimens ,  sans 
exception.  Toutes  les  personnes  attachées  aux  dé- 
pôts seront  aussi  emmenées ,.  ainsi  que  celles  qui 
appartiennent  aux  différentes  branches  de  Tad- 
ministration  de  l'armée. 

Art.  4- 

Les  malades  et  les  blessés,  et  les  officiers  de 
santé  qu'il  sera  nécessaire  de  laisser  avec  eux, 
seront  sous  la  protection  spéciale  des  comman- 
dans  en  chef  des  armées  anglaise  et  prussienne. 

Art.  5. 

Les  militaires  et  employés,  que  l'article  précé- 
dent concerne ,  auront  la  liberté ,  immédiatement 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  265 

après  leur  guérison ,  de  rejoindre  les  corps  aux- 
quels ils  appartiennent. 

Aht.  6. 

Les  femmes  et  enfans  de  tous  les  individus  ap- 
partenant à  l'armée  française,  auront  la  liberté 
de  rester  à  Paris.  Les  femmes  mariées  pourront 
quitter  Paris  pour  rejoindre  l'armée ,  et  empor- 
ter avec  elles  leurs  propriétés  et  celles  de  leurs 


maris. 


Art.  7. 

* 

Les  officiers  de  la  ligne  employés  avec  les  fé- 
dérés ,  ou  avec  les  tirailleurs  de  la  garde  nationale, 
pourront  ou  rejoindre  l'armée ,  ou  retourner  chez 
eux,  ou  dans  leur  pays  natal. 

Art.  8. 

Demain,  4  juillet ,  à  midi ,  Saint-Denis,  Saint- 
Ouen,  Clichy  et  Neuilly  seront  rendus;  après- 
demain  5 ,  à  la  même  heure ,  Montmartre  sera 
rendu;  le  3*  jour  6,  toutes  les  barrières  seront 
rendues. 

Art.  9. 
Le  service  de  la  ville  de  Paris  continuera  d'être 


366  PliCBS   JU8TIFICATIYES. 

fait  par  la  gardb  nationale ,  et  par  le  corps  de  la 
gendarmerie  municipale. 

Aht.  io. 

Les  commandans  en  chef  des  armées  anglaise 
et  prussienne  s'engagent  à  respecter,  et  à  faire 
respecter,    par  leurs  subordonnés,  les    autis^ 
rites  actuelles,  aussi  long -temps  qu'elles  existe-- 
ront. 

Art.  11. 

Les  propriétés  publiques,  à  Texception  de 
celles  qui  ont  rapport  à  la  guerre,  soit  qu'elles  ap- 
partiennent au  gouTemement  ou  qu'elles  dépen- 
dent des  autorités  municipales ,  seront  respectées, 
et  les  puissances  alliées  n'interviendront  en  au- 
cune manière  dans  leur  administration  et  direc- 
tion. 

Art.  12. 

Les  personnes  et  propriétés  individuelles  seront 
également  respectées.  Les  habitans,  et  en  général 
tous  les  individus  qui  seront  dans  la  capitale, 
continueront  de  jouir  de  leurs  droits  et  libertés , 
sans  être  recherchés^  soit  en  raison  des  emplois 
qu'ils  occupent  ou  ont  occupés ,  ou  de  leur  con- 
duite ou  opinions  politiques. 


CAMPAGNE    DE    l8l5.  267 

Art.  i3. 

Les  troupes  étrangères  ne  mettront  aucun  obs- 
tacle à  TapproYisionnement  de  la  capitale,  et  elles 
protégeront ,  au  contraire ,  l'arrivée  et  libre  cir- 
culation des  articles  qui  seront  destinés  pour  elle. 

Akt.  i4* 

La  présente  convention  sera  observée  et  sera 
prise  pour  règle  des  relations  mutuelles ,  jusqu'à 
la  conclusion  de  la  paix.  En  cas  de  rupture  ,  elle 
devra  être  dénoncée  dans  les  formes  usités,  au 
moins  dix  jours  d'avance. 

Art.  i5. 

S'il  survient  des  difficultés  dans  l'exécution 
d'aucun  des  articles  de  la  présente  convention, 
l'interprétation  en  sera  faite  en  faveur  de  l'armée 
française  et  de  la  ville  de  Paris. 

Art.  16. 

La  présente  convention  est  déclarée  commune 
à  toutes  les  armées  alliées,  pourvu  qu'elle  soit  ra- 
tifiée par  les  puissances  dont  ses  armées  dépen- 
dent. 


268  pièces  jvstificatites. 

Art.  17. 

Les  ratifications  seront  échangées  demain  4 
juillet,  à  6 heures  du  matin,  au  pont  de  Neuilly. 

Art.  18. 

Il  sera  nommé  de  part  et  d'autre  des  commis^ 
saires ,  pour  surveiller  l'exécution  de  la  présente 
conTention* 

Fait  et  signé  à  Saint -Gloud,  en  tripltcata,  par  les 
commissaires  nommés  ci-dessus,  les  jour  et  an  susdits. 

Signée  le  baron  Bignon,  le  comte  Guilleminot  , 
le  comte  de  Bondy  ;  le  baron  de  Mûffung  , 
F.  B.  Haryey,  colonel. 

Approuvé  et  ratifié  la  présente  suspension  d^amies  ,  à 
Paris  9  le  5  juillet  181 5. 

Blûcher,  Wellington. 

Approuvé , 

Le  maréchal  prince  d'EcKM ûhl. 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  269 

m  — ^— »— ^— »—— -^      I    ■  ■— »— a^i—       ■  ■ ■         ■ 

N'  XXXIX. 

Remercimens  à  V armée  de  Paris. 

AU   NOM  BU    PEUPLE    F&ÀNÇIIS. 

Les  chambres ,  vu  la  convention  faite  avec  les 
généraux  des  puissances  aUiées ,  ont  adopté  ce 
qui  suit  : 

Article   i*'. 

Les  chambres  votent  des  remercimens  aux 
braves  de  toutes  armes,  qui  ont  si  vaillamment 
défendu  les  approches  de  la  capitale. 

Art.  2. 

Elles  chargent  spécialement  le  gouvernement 
de  s'occuper  sans  délai  à  faire  liquider  les  pen- 
sions, et  distribuer  les  secours  auxquels  ont  droit 
les  militaires  blessés ,  les  veuves  et  les  enfans  de 
tous  les  citoyens  morts  en  combattant  pour  la 
*  patrie. 

Art.  3. 
Les  chambres  déclarent  qu'elles  ne  cesseront 


a^O  PIÈCES  JUSTIFICATIYES. 

de  s'occuper,  ayec  sollicitude  et  affection,  des 
années  françaises,  de  leur  situation,  de  leurs 
besoins.  Elles  leur  rappellent  que  c'est  encore  sor 
leur  fidélité  à  leurs  drapeaux,  sur  l'énergie  de 
leurs  dispositions ,  sur  la  fermeté  de  leur  conte- 
nance, sur  la  régularité  de  leur  discipline,  sur 
leur  amour  de  la  patrie ,  que  reposent  la  garantie 
de  l'ordre  public  dans  l'intérieur ,  l'indépendance 
nationale ,  et  une  heureuse  influence  sur  les  né- 
gociations avec  les  alliés. 

Art.  4- 

La  chambre  rote  également  des  remerclmens 
à  la  garde  nationale  parisienne ,  qui  s'est  si  no- 
blement  partagée  entre  le  maintien  de  l'ordre 
dans  la  cité ,  et  la  défense  contre  les  ennemis  hors 
des  murs;  aux  fédérés  ;  aux  tirailleurs  ;  aux  élèves 
des  écoles  polytechnique,  de  droit,  de  médecine 
et  d'Alfort;  de  l'école  normale;  des  lycées,  qui 
ont  rivalisé  de  zèle  et  de  courage. 

Art.  5. 

La  cocarde,  le  drapeau,  le  pavillon  aux  trois 
couleurs  sont  mis  sous  la  sauve -garde  spéciale  * 
des  armées ,  des  gardes  nationales  et  de  tous  les 
citoyens. 

La  présente  résolution ,  etc. 

Donné  à  Paris,  le  4  juillet  i8i5. 


CAUPAGNE   DE    l8l5.  2'J\ 


N-  XL. 

Proclamation  de  la  commission  du 

gùui^emement. 

Français  ! 

Dans  les  circonstances  difficiles  où  les  rênes 
de  Tétat  nous  ont  été  confiées ,  il  n'était  pas  en 
notre  pouvoir  de  maîtriser  le  cours  de  événemens 
et  d'écarter  tous  les  dangers  ;  mais  nous  devions 
défendre  les  intérêts  du  peuple  et  de  l'armée, 
également  compromis  dans  la  cause  d'un  prince 
abandonné  par  la  fortune  et  par  la  volonté  na- 
tionale. 

Nous  devions  conserver  à  la  patrie  les  restes 
précieux  de  ces  braves  légions,  dont  le  courage 
est  supérieur  aux  revers ,  et  qui  ont  été  victimes 
d'un  dévouement  que  la  patrie  réclame  aujour- 
d'hui. 

Mous  devions  garantir  la  capitale  des  horreurs 
d'un  siège  ou  des  chances  d'un  combat;  main- 
tenir la  tranquillité  publique,  au  milieu  du  tu- 
multe et  des  agitations  de  la  guerre,  soutenir  les 
espérances  des  amis  de  la  liberté ,  au  milieu  des 
craintes  et  des  inquiétudes  d'une  prévoyance  soup- 
çonneme;  nous  devions  surtout  arrêter  l'effusion 


27a  PliCES   JUSTIFICATITSS. 

inutile  du  sang  ;  il  fallait  opter  entre  une  exis- 
tence nationale  assurée ,  ou  courir  le  risque  d'ex* 
poser  la  patrie  et  les  citoyens  â  un  bouleversement 
général  y  qui  ne  laisserait  plus  ni  espérance  ni 
avenir. 

Aucun  des  moyens  de  défense  que  le  temps  et 
nos  ressources  permettaient,  rien  de  ce  qu'exi- 
geait le  service  des  camps  et  de  la  cité  n'a  été 
négligé. 

Tandis  qu'on  terminait  la  pacification  de  l'Ouest, 
des  plénipotentiaires  se  rendaient  auprès  des  puis- 
sances alliées ,  et  toutes  les  pièces  de  cette  négo- 
ciation ont  été  mises  sous  les  yeux  de  nos  rc- 
présentans. 

Le  sort  de  la  capitale  est  réglé  par  une  conven- 
tion; ses  habitans,  dont  la  fermeté,  le  courage 
et  la  persévérance  sont  au-dessus  de  tout  éloge , 
ses  habitans  en  conservent  la  garde.  Les  décla- 
rations des  souverains  de  l'Europe  doivent  ins- 
pirer trop  de  confiance ,  leurs  promesses  ont  été 
trop  solennelles ,  pour  craindre  que  nos  libertés 
et  nos  plus  chers  intérêts  puissent  être  sacrifiés 
à  la  victoire. 

Nous  recevons  enfin  les  garanties^  qui  doivent 
prévenir  ces  triomphes  alternatifs  et  passagers 
des  fections ,  qui  nous  agitent  depuis  vingt-cinq 
ans,  qui  doivent  terminer  nos  révolutions,  et  con- 
fondre ,  sous  une  protection  commune,  tous  les 
partis  qu'elle  a  fait  naitre  et  tous  ceux  qu'elle  a 
combattus. 


CAMPAGNE    DE    l8l5.  ^'JÔ 

Les  garanties  qui  jusqu'ici  n'ont  existé  que 
dans  nos  principes  et  dans  notre  courage,  nous 
les  trouverons  dans  nos  lois,  dans  nos  constitu- 
tions ,  dans  notre  système  représentatif ,  car , 
quelles  que  soient  les  lumières,  les  vertus,  les 
qualités  personnelles  du  monarque ,  elles  ne  suf- 
fisent jamais  pour  mettre  le  peuple  à  l'abri  de 
l'oppression,  de  la  puissance  des  préjugés,  de 
l'orgueil,  de  l'injustice  des  cours,  et  de  l'ambi- 
tion des  courtisans. 

Français!  la  paix  est  nécessaire  à  votre  com- 
merce ,  à  l'amélioration  de  vos  mœurs ,  au  déve- 
loppem^it  des  ressources  qui  vous  restent;  soyez 
unis,  et  vous  touchez  au  terme  de  vos  maux. 
Le  repos  de  l'Europe  est  inséparable  du  vôtre  ; 
l'Europe  est  intéressée  à  votre  tranquillité  et  à 
votre  bonheur. 

Donné  à  Paris,  le  5  juillet  181 5. 


V.  iS 


274  PIÈCES   JUSTIFICÀTITES. 


=3 


N-  XLI. 

Déclaration  de  la  chambre  des 
représentons. 

Les  troupes  des  puissances  alliées  sont  sur  le 
point  d'occuper  la  capitale. 

La  chambre  des  représentans  continuera  néan- 
moins à  siéger  au  milieu  des  habitans  de  Paris , 
où  le  vœu  du  peuple  a  appelé  ses  mandataires. 

Mais ,  dans  ces  graves  circonstances ,  la  cham- 
bre des  représentans  se  doit  à  elle-même,  elle 
doit  à  la  France  et  à  l'Europe ,  de  déclarer  ses 
sentimens  et  ses  principes. 

EUe  déclare  donc  qu'elle  fait  un  appel  solennel 
à  la  fidélité  et  au  patriotisme  de  la  garde  nationale 
de  Paris  s  chargée  du  dépôt  de  la  représentation 
nationale. 

Elle  déclare  qu'elle  se  repose  avec  la  plus  haute 
confiance  sur  les  principes  de  morale,  d'honneur,  sur 
la  magnanimité  des  puissances  alliées,  et  sur  leur 
respect  pour  l'indépendance  de  la  nation,  si  haute^ 
ment  exprimé  dans  leurs  manifestes. 

Elle  déclare  que  le  gouvernement  français, 
quel  qu'en  puisse  être  le  chef  ^  doit  réunir  les 
vœux  de  la  nation ,  légalement  émis ,  et  se  cqor- 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  2'jS 

donner  avec  les  autres  gouyememens ,  pour  de* 
yenir  un  lien  commun  et  la  garantie  de  la  paix 
entre  la  France  et  TEurope. 

Elle  déclare  qu'aucun  monarque  ne  peut  of- 
frir de  garantie  réelle,  s'il  ne  jure  d'observer  une 
constitution ,  délibérée  par  la  représentation  na* 
tionale  et  acceptée  par  le  peuple.  Ainsi  tout  gou- 
vernement qui  n'aurait  d'autre  titre  que  des  ac- 
clamations et  la  volonté  d'uii  parti ,  ou  qui  serait 
imposé  par  la  force  ;  tout  gouvernement  qui  n'a- 
dopterait pas  les  couleurs  nationales  et  ne  garan- 
tirait pas  :  la  liberté  des  citoyens;  —  l'égalité  des 
droits  civils  et  politiques  ;  —  la  liberté  de  la  presse  ; 
—  la  liberté  des  cultes;  -  le  système  représen- 
tatif; — le  libre  consentement  des  levées  d'hommes 
et  d'impôts; — la  responsabilité  des  ministres;  — 
l'irrévocabilité  des  ventes  des  biens  nationaux  de 
toute  origine  ;  —  l'inviolabilité  des  propriétés  ;  — 
l'abolition  de  la  dîme ,  de  la  noblesse  ancienne 
et  nouvelle ,  héréditaire ,  et  de  la  féodalité  ;  — 
l'abolition  de  toute  confiscation  de  biens  ;  — l'ou- 
bli entier  des  opinions  et  des  votes  politiques  émis 
jusqu'à  ce  )Our  ;  — l'institution  de  la  légion-d'hon- 
neur ;  -  les  récompenses  dues  aux  officiers  et  aux 
soldats  ; — les  secours  dus  à  leurs  veuves  et  à  leurs 
enfans;  —  l'institution  du  jury;  —  l'inamovibilité 
des  juges; — le  paiement  de  la  dette  publique, 
n'aurait  qu'une  existence  éphémère ,  et  n'assure- 
rait point  la  tranquillité  de  la  France  et  de  l'Europe. 

Que  si  les  bases  énoncées  dans  cette  déclara- 


276  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 

tion  pouvaient  être  méconnues  ou  violées ,  les 
représentans  du  peuple  français  s'acquittent  au- 
jourd'hui d'un  devoir  sacré,  protestant  d'avance, 
à  la  face  du  monde  entier,  contre  la  violence  et 
l'usurpation.  Us  confient  le  maintien  des  dispo- 
sitions qu'ils  proclament  à  tous  les  bons  Fran- 
çais, à  tous  les  cœurs  généreux ,  â  tous  les  esprits 
éclairés ,  à  tous  les  hommes  jaloux  de  leur  liberté; 
enfin ,  aux  générations  futures. 


CAMPAGNE    DB    l8l5.  277 


N-  XLII. 

Message  de  la  commission  du 
goui^emem^nt. 

Monsieur  le  président,  jusqu'ici  nous  avons 
dû  croire  que  les  souverains  afliés  n'étaient  point 
unanimes ,  sur  le  choix  du  prince  qui  doit  régner 
en  France;  nos  plénipotentiaires  nous  en  ont 
donné  les  mêmes  assurances  à  leur  retour. 

Cependant  les  ministres  et  les  généraux  des 
puissances  alliées  ont  déclaré  hier,  dans  les  con- 
férences qu'ils  ont  eues  avec  le  président  de  la 
commission ,  que  tous  les  souverains  s'étaient  en- 
gagés à  replacer  Louis  XYIII  sur  le  trône ,  et  qu'il 
doit  faire ,  ce  soir  ou  demain ,  son  entrée  dans 
cette  capitale. 

Les  troupes  étrangères  viennent  d'occuper  les 
Tuileries ,  où  siège  le  gouvernement. 

Dans  cet  état  de  choses ,  nous  ne  pouvons  plus 
que  faire  des  vœux  pour  la  patrie ,  et ,  nos  délibér 
rations  n'étant  plus  libres,  nous  croyons  devoir 
nous  séparer. 

Le  maréchal  prince  d'Essling  et  le  préfet  de  la 
Seine  ont  été  chargés  de  veiller  au  maintien  de 


278  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 

Tordre,  de  la  sûreté  et  de  la  tranquillité  pu- 
bliques. 

J'ai  rhonneur  de  tous  offrir,  .M.  le  présidents, 
les  nouvelles  assurances  de  ma  haute  considé- 
ration. 


CAHPAGNB   0B    l8l5#  279 


1  ■  ■  ■        ■ 


N'  XLni. 

■ 

Coni^ention  pour  l'armée  du  Rhin. 

Pour  conclure  la  présente  convention  ^  ont  été 
nnmb  de  pleins  pouYoïrs,  de  k  part  de  M.  le 
comte  Rapp ,  général  en  chef  de  rarmée  du  Rhin, 
le  lieutenanC-général  commandant  du  génie ,  ba- 
ron de  MaureiUan ,  et  de  la  part  de  S.  A.  le  prince 
de  HohenzoUem-Hechingen ,  général  en  chef  des 
armées  alliées  en  Alsace,  le  lieutenant -général 
comte  Yacquant  Geozelles ,  lesquels  sont  convenus 
de  ce  qui  suit  : 

Article  i*'. 

n  y  aura  entre  leb  armées  respectives ,  une  sus- 
pension d'armes ,  qui  s'étendra  à  toutes  les  places 
fortes  sous  les  ordres  du  général  en  chef  deFarmée 
du  Rhin,  savoir  :  Strasbourg,  Landau,  Lichten- 
berg ,  la  Petite-Pierre ,  Phalzbourg ,  Schelestadt , 
Neuf-Brisach ,  Fort-Mortier',  Hunin^ue  et  Béfort. 

Art.  2. 

La  présente  suspension  d'armes  ne  pourra  pas 
être  dénoncée  avant  dix  jours  de  la  date  de  sa  ra- 


a80  PJÈGE8   JUSTIFICATIVES. 

tification;  mais  les  hostilités  ne  pourront  com- 
mencer que  quarante-huit  heures  après  la  dé- 
nonciation, pendant  lequel  temps,  les  forte- 
resses ci -dessus  dénommées  pourront  en  être 
prévenues. 

Art.  3. 

Les  armées  respectives,  ainsi  que  les  corps  de 
blocus ,  conserveront  leurs  positions  respectives , 
telles  qu'elles  étaient  au  moment  delà  conclusion 
du  présent  armistice. 

Art.  4- 

Il  sera  envoyé ,  par  le  général  en  chef  de  Fannée 
française ,  un  officier,  porteur  de  la  présente  con- 
vention ,  et  accompagné  par  un  officier  de  l'armée 
alliée.  Ces  officiers  seront  chargés  d'établir,  par 
des  communications  mutuelles ,  qudle  était  la 
position  des  avant-postes  autour  de  ces  forteresses, 
au  moment  de  la  conclusion  de  la  présente  con- 
vention. 

Art.  5. 

La  dénonciation  du  présent  armistice  ne  peut 
avoir  lieu ,  que  de  la  part  des  généraux  en  chef  de 
l'armée  française  ou  de  l'armée  alliée. 


CAMPAGNE   DE    i8l5.  28 1 


Art.  6. 


Le  général  qui  dénoncera  l'armistice  enverra 
trois .  officiers  pour  en  prévenir  les  forteresses  y 
savoir  :  un  à  Schelestadt,  Neuf-Brisach ,  Fort-Mor- 
tier, Huningue  et  Béfort  ;  le  second  à  Phalzbourg, 
Lichtenberg  et  la  Petite -Pierre;  le  troisième  à 
Landau.  Le  général  qui  recevra  la  dénonciation , 
sera  tenu  de  faire  accompagner  chacun  d  eux 
par  un  officier  de  son  armée ,  afin  que  cette  no- 
tification soit  faite  de  la  même  manière  que  celle 
de  l'armistice. 


Art. 


Si,  dans  l'espace  de  dix  jours,  aucune  dé- 
nonciation n'a  eu  lieu ,  le  commandant  en  chef 
de  l'armée  des  alliés  s'engage  à  permettre,  de 
cinq  en  cinq  jours,  une  communication  entre  le 
commandant  en  chef  de  l'armée  française  et  ceux 
des  places  ci -dessus  mentionnées,  au  moyen 
d'officiers  escortés,  ainsi  qu'il  a  été  déterminé 
par  l'article  précédent. 

Art.  8. 

L'armée  française,  désirant  envoyer  une  dépu- 
tation  â  Paris,  pour  prendre  les  ordres  du  gou- 


28s  PIÈCS8  JosrmcATnrBS. 

Temement,  le  commandant  en  chef  de  Tannée 
des  alliés  délivrera  des  passe-ports  à  cette  dépu- 
tation,  composée  d'un  lieutenant-général,  un  ma- 
réchal de  camp  et  huit  officiers  supérieurs ,  et  la 
£era  accompagner  par  un  officier,  qui  lui  facili- 
tera les  moyens  d'arriver  au  plus  tôt  i  sa.  des- 
tination. 

Art.  9. 

Les  commandans  en  chef  der  armées  respect 
tives  conviendront  entre  eux,  dans  tes  vingt- 
quatre  heures ,  du  mode  par  lequel  les  lettres  et 
paquets  du  gouvernement,  et  tous  autres  adressés 
à  l'armée  et  aux  places  fortes,  et  vice  vend ,  par- 
viendront à  leur  adresse  et  les  courriers  pourront 
passer. 

Art.  10. 

La  présente  convention  entre  les  deux  armées^ 
n'ayant  pour  objet  que  d'éviter  toute  effusi<m  de 
sang  inutile ,  il  n'y  est  rien  établi  relativement  au 
territoire  quelconque  qui  doit  être  occupé  par. 
l'armée  française ,  pendant  la  durée  des  n^ocia- 
tions  de  paix  présumées;  cet  objet  devant  d'ail- 
leurs être  traité,  dans  les  conventions  générales, 
entre  les  puissances  alliées  et  le  gouvernement 
français. 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  ^83 

Art.  1 1 . 

Le  présent  armistice  ne  sera  valable  qu'après 
avoir  été  ratifié. 

Ainsi  fait  et  conclu  au  quartier- général  de  Ttle  de 
Wacken^  le  aa  {uillet  i8i5. 


284  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 


N-  XLIV. 

'  Convention  pour  l'armée  des  Alpes. 

Article  i"'. 

Il  y  a  suspension  d'armes  entce  les  deux  armées. 

Art.  2. 

La  ligne  de  démarcation  ^  entre  elles ,  part  de 
Mâcon ,  passe  par  Beaujeu ,  Chasselay ,  Tarare , 
Montrottier,  Izeron,  Saint-Andeol,  Condrieux,  ex- 
clusivement, et  de  là,  le  long  de  la  rive  gauche  du 
Rhône,  jusqu'à  l'embouchure  de  l'Isère,  le  long 
de  cette  rivière  jusqu'à  Grenoble;  mais  dans  le 
cas  où  cette  ville  serait  déjà  prise ,  la  ligne  se  di- 
rige sur  Yizille  et  de  là  le  long  de  la  Romanche 
jusqu'à  Almont.  Les  troupes  qui  sont  dans  le  dé* 
partement  des  Hautes-Alpes  conserveront  les  po- 
sitions qu'elles  occupaient  le  jour  de  la  signature 
de  la  présente  convention. 

Art.  3. 

Le  1 3  juillet,  l'armée  française  quittera  sa  po- 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  285 

sition  actuelle  et  occupera  les  ouvrages  de  Mon- 
tesny  entre  le  Rhône  et  la  Saône.  Le  14?  avant  le 
coucher  du  soleil ,  ces  ouvrages  seront  remis  aux 
troupes  autrichiennes,  ainsi  que  les  ouvrages 
avancés  des  Brotteaux  et  de  la  Guillottière  ;  le  1 5 , 
les  faubourgs  et  les  ouvrages  des  Brotteaux  et 
de  la  Guillottière  seront  remis  de  même;  le  16, 
le  faubourg  de  la  Croix-Rousse ,  et  la  barrière  de 
Sainte-Claire  ;  enfin ,  le  1 7 ,  avant  le  coucher  du 
soleil,  toutes  les  barrières  de  Lyon  seront  remises, 
et  les  troupes  françaises  évacueront  la  ville.  La 
route  que  Farmée  française  suivra  dans  sa  retraite, 
ne  pourra  être  occupée ,  avant  le  2 1 ,  par  aucunes 
troupes  alliées. 

Art,  4« 

L'armée  française  conduit  avec  elle ,  sans  excep-^ 
tion ,  tout  son  matériel ,  parcs  de  campagne  ^  cais- 
ses militaires ,  chevaux ,  et  tout  ce  qui  est  de  la 
propriété  des  régimens;  il  en  sera  de  même  du 
personnel  des  dépôts  et  des  différentes  branches 
de  l'administration.  Dans  le  cas  où  l'armée  fran- 
çaise laisserait  une  partie  de  ses  équipages  mili- 
taires à  Lyon,  il  en  sera  dressé  un  inventaire;  les 
objets  y  resteront  en  dépôt  et  sont  confiés  â  la 
loyauté  du  commandant  en  chef  autrichien.  Les 
forts ,  redoutes  et  ouvrages  de  fortifications ,  res- 
teront tels  qu'ils  sont  pendant  la  suspension 
d'armes. 


aè6  PIÂCEft  JUSTIFIGATITBS. 

Art.  5. 

Les  malades  et  blesfléa,  ainsi  qae  les  officiers  de 
santé  qu'on  laisse  pour  les  soigner,  sont  placéssous 
la  protection  particulière  de  l'année  autrichienne. 

Art.  6. 

Les  premiers  retourneront  à  leurs  corps  lors- 
qu'ils seront  rétablis. 

Art.  7. 

Les  femmes  et  les  enfans  des  individus  qui  sont 
à  l'armée  française ,  peuvent  rester  à  Lyon  ou  dans 
d'autres  lieux  occupés  par  les  troupes  autrichien- 
nes, ou  se  rendre  sans  obstacles  à  l'armée  fran- 
çaise ,  avec  les  propriétés  de  leurs  époux. 

Art.  8. 

Les  officiers  de  ligne ,  qui  ont  commandé  des 
fédérés  ou  des  tirailleurs  de  la  garde  nationale, 
peuvent,  à  leur  choix,  suivre  l'armée  ou  se  retirer 
chez  eux. 

Art.  9. 

Le  service  intérieur  à  Lyon ,  Vienne ,  ViUefiran- 


CAHPAGTIB  DE    l8l5.  2187 

che  et  autres  villes ,  en  dedans  de  la  ligne  de  dé- 
marcation, sera  fait  en  commun  par  la  garde 
nationale  et  les  troupes  alliées. 

Art.   10. 

Les  autorités  actuelles  seront  respectées,  et 
tous  les  employés  ou  autres  individus  qui  vou- 
dront Véloigner  des  lieux  occupés ,  recevront  les 
saufs-conduits  nécessaires. 

itRT.    1 1 . 

Les  propriétés ,  les  monumens  et  les  établisse- 
mens  publics ,  soit  qu'ils  appartiennent  au  gou- 
vernement ou  qu'ils  dépendent  des  administra- 
tions municipales ,  seront  respectés ,  et  les  com- 
mandans  de  l'armée  autrichienne  s'abstiendront 
de  toute  intervention  dans  l'administration  lo- 
cale. 

Art.  12. 

Les  propriétés  particulières  et  les  personnes 
seront  également  respectées  ;  les  habitans  conti- 
nueront à  jouir  de  leurs  droits  et  de  leur  liberté , 
sans  qu'ils  puissent  être  recherchés  ni  inquiétés , 
soit  par  rapport  à  leurs  fonctions  publiques  ac- 
tuelles ou  passées,  soit  pour  leur  conduite  ou 
leurs  opinions  publiques. 


2%8  pièges  justificatives. 

Art.  i3. 

Les  autorités  autrichiennes  se  concerteront 
ayec  les  françaises ,  pour  le  maintien  de  Tordre  et 
de  la  tranquillité. 

Art.  i4- 

Les  troupes  étrangères  ne  troubleront  en  au- 
cune manière  le  libre  transport  des  vivres  à  Lyon 
et  dans  les  provinces  occupées  ;  elles  le  protége- 
ront au  contraire.  La  même  chose  s'entend  pour 
les  forts  ou  places  for^  comprises  dans  la  ligne 
de  démarcation. 

Art.  i5. 

Il  sera  pris  des  arrangemens  particuliers  avec 
le  maire  de  Lyon,  pour  le  casernement  des  trou- 
pes autrichiennes. 

Art.  i6. 

La  présente  convention  fixe  les  rapports  res- 
pectifs jusfju'à  la  conclusion  de  la  paix.  En  cas  de 
rupture ,  elle  sera  dénoncée  dans  les  formes  ordi- 
naires 9  dix  jours  à  l'avance. 


CAMPAGNE   DE    l8l5.  a&Q 

Art.  17. 

Tous  les  articles  douteux  de  cette  convention 
seront  interprétés  en  faveur  de  Farmée  française , 
et  des  viUes  de  Lyon,  Vienne,  ViUefranche,  etc. 
Il  en  sera  de  même  pour  les  cas  non  prévus  dans 
la  présente  convention* 

Art.  1 8. 

La  présente  convention ,  sous  le  rapport  de  la 
ligne  de  démarcation  qu'elle  établit ,  est  déclarée 
obligatoire  pour  Tannée  autrichienne  et  pour 
toutes  les  autres  armées  alliées  ;  cependant,  à  l'é- 
gard de  ces  dernières ,  sous  la  réserve  de  la  ratifi- 
cation des  puissances  dont  elles  dépendent. 

Art.  19. 

Lei  ratifications  seront  échangées  demain, 
\2  juillet,  à  trois  heures  après  midi,  et  plus  tôt 
si  faire  se  peut. 

Art.  20. 

Les   plénipotentiaires  autrichiens   ayant  de- 
mandé la  remise  des  forts  Barreaux  et  Pierre-Châ- 
tel,  et  ceux  du  duc  d'Albuféra  ayant  déclaré 
qu'ils  n'étaient  pas  autorisés  à  cette  remise ,  on 
V.  19 


2Q0  PIECES   JUBTinCATIVES. 

est  convenu  de  laisser  cet  objet  â  la  décision  des 
puissances  respectives. 

Art.  ai. 

Il  sera  nommé  de  part  et  d'autre  des  com- 
missaires pour  reiécution  de  la  présente  conven- 
tion. 

Aet.  22. 

Il  sera  de  suite  expédié  des  officiers  le  long  de 
la  ligne ,  pour  faire  cesser  les  hostilités. 

Art.  â3. 


Les  articles  de  cette  convention  qui  seraient 
contraires  à  ce  qui  sera  conclu  â  Paris  entre  les 
gouvememens  respectifs,  seront  regardés  comme 
non  avenus. 

AiBsi  conclu  et  signé  à  Montluel,  le  1 1  iufllet  i8i5. 


Signé j  le  lieutenant-général  baron  Puthod  ;  Pons, 
préfet  du  Rhône;  Ricci,  adjudant-comman- 
dant; Jare,  maire  de  Lyon;  le  général-major 
comte  Fiquelmont;  le  colonel  baron  Kudelka, 
chef  d'état-major  de  Tarmée  d'Italie. 


CAMPAGNE   DE    181 5.  âQl 

Yu  et  ratifié ,  avec  les  additions  suivantes  : 

A  l'Art.  4- 

L'obligation  de  laisser  les  fortifications  dans 
leur  état  actuel,  ne  s'entend  que  de  celles  qui  sont 
armées. 

A  l'Art.  9. 

La  fixation  du  nombre  et  du  service  de  la  garde 
nationale  dépendra  des  autorités  militaires  et 
alliées. 

A  l'Art.  18. 

Après  ces  mots  :  pour  toutes  les  armées  autri-- 
chiennes  j  il  faut  ajouter ,  et  toutes  les  armées  fran- 
çaises. 

Signée  le  maréchal  duc  d'ALBUFÉRA, 
le  général  en  chef  baron  Frimont. 


FIN    DBS   PIEGBS   JUSTIFICATIVES   DB    l8l5. 


TABLE 


DES 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 


CAMPAGNE  DE  i8i4. 


ItomcrM.  Page*. 

I.  Proclamatton  aux  habitans  du  Grand  Duché 

de  Francfort,  du  a8  octobre  iBi3 i 

II.  A.  Convention  entre  la  Russie  et  TAngle- 

terre 5 

B.  Traité  conclu  entk*e  TÂngleterre  et  la 

Prusse 7 

G .  Gonventfon  du  3b  septembre  1 8 1 3,  entre 

lord  Gastlereagh  et  le  comte  de  Lieven.      ib. 
B.  Traité  préliminaire  de  paix  et  d'alliance 
entre  l'Angletene  et  rÂutriohe,  le  3 
octobre  i8i3.  ^ 9 


394  TABLE. 


Ni 


TH.  Di«poutioii8  des  puissances  alliées  à  Tégard 
des  pays  conquis  pendant  la  durée  de  la 

guerre / .  '. ii 

IV.  Plan  de  la  convention  imposée  aux  princes 
allemands,  pour  la  prestation  des  dépenses 

de  la  .guerre 20 

Y.  Ëtat  des  fonds  dont  la  Coalition  disposait 

pour  la  campagne  de  1814 ^5 

VI.  Bases  du  système  de  défense  de  l'Allemagne.      %^ 
VII.  Protocole  de  la  Conunission  chargée  du  rè- 
glement du  système  de  défense  de  l'Alle- 
magne       35 

VIII.  Proclamation  du  général  Bûlow,  aux  Fla- 
mands       4^ 

IX.  Proclamation  de  Justus  Gruner,  aux  habi- 

tans  des  provinces  moyennes  du  Rhin.  .  .       éfi 
X.  Note  du  comte  de  Mettemich,  en  réponse  à 

celle  du  duc  de  Bassano 49 

XI.  Rapport  du  baron  de  Saint- Aignan 5i 

XII .  Note  écrite  à  Fran  cf ort ,  le  9  novembre  1 8 1 3 , 

par  le  baron  de  Saint- Aignan 67 

XIII.  Proclamation  di^  prince  d'Orange  aux  Hol- 

landais       60 

XIV.  Proclamation  du  prince  d'Orange 6a 

XV.  Lettre.du  duc  de  Bajssano  au  comte  de  Met- 

temich.  . >  .  .  .      64 

XVI.  -Réponse  du  prince  de  Metternichf  au  duc 

de  Bassano 66 


TABIE.  âg5 

NwBÀTM.  Pages. 

XYIL  Déclaration  des  Coalisés^  puUîée  à  Franc- 
fort, le  1"  décembre  i8i3 6S 

XYIII.  Lettre  du  duc  de  Yicence  au  prince  de 

Mettemich yt 

XIX.  Réponse  du  prince  de  Mettemich  au  duc 

de  Yicence ^3 

XX.  Acte  de  neutralité  de  la  Suisse 74 

XXI .  Note  remise  au  landammann  de  la  Suisse, 
par  les  plénipotentiaires  russe  et  au- 
trichien ,  le  30  décembre  i8i3*  ....  76 
XXII.  Proclamation  du  général  Watte^lle  à 

ses  troupes «  .  79 

XXIII.  Proclamation    de    Schwarzenberg    aux 

Français. 81 

XXIY.  Proclamation  de  Blûcher  jaux  habitans 

de  la  riye  gauche  du  Rhin 85 

XXY.  Proclamation  de  Bubna 85 

XXYI.  Lettre  du  duc  de  Yicence  au  prince  de 

Mettemich 86 

Réponse  du  prince  de  Mettemich 87 

XXYII.  Proclamation  du  prince  royal  de  Suède.  89 

XXYIII.  Décret  impérial  du  5  mars  1814 91 

XXIX.  Proclamation  de  Schwarzenberg 9a 

XXX.  Ordre  du  jour  du  duc  de  Dalmatie.  ...  96 

XXXI.  Traité  de  Chaumont,  du  1*'  mars  181 4-  99. 

XXXII.  Déclaration  des  puissances  coalisées.  .  .  108 
XXXIII.  Proclamation    de   Schwarzenberg   aux 

Parisiens 117- 


<206  TABLE. 

XXXIY.  Capitulation  de  Paris,  le  3i  mars  1814.     119 
XXXV.  Déclaration  de»  coalisés,  à  Paris,  du 

même  four lai 

XXXVI.  Acte  de  garantie ia5 

Ordre  du  prince  de  Schwanenberg ,  pour 

les  années  coalisées ia4 

Ordre  du  maréchal  Barkiay ,  pour  rarmée 

de  Silésle iè. 

XXXVII.  TrailédeFontainebleau,duiiavrîli8i4.  laS 


TABLE. 


297 


ii 


CAMPAGNE  DE  i8i5. 


Numéros.  Page*. 

I.  Traité  du  26  mars  i8i5 137 

II.  Discours  tentis  au  parlement  anglais i4a 

III.  Déclaration  de  TAngleterre  au  sujet  du  traité 

du  a5  mars 160 

Adhésion  de  TAtitriche  à  la  déclaration  de 

l'Angleterre 161 

IV.  Proclamaition  de  Wellington i63 

Ordre  du  jour  annexé  à  la  proclamation.  .  .  164 

y.  Proclamation  de  Justus  Gruner 166 

VI.  Convention  avec  la  Suisse 169 

VII.  Â.  Répartition  de  l'armée  prussienne,  au 

mois  de  mars  i8i5 173 

B.  Augmentation  qu'a  reçue  l'armée  prus- 

sienne en  1S14 ilf' 

C .  Situation  de  l'armée  prussienne ,  au  mois 

de  mai  i8i5 173 

D.  Classification  des  troupes  des  six  corps 

d'armée  de  la  Prusse /en  i8i5 ib. 

VIII.  Ordre  du  jour  pour  le  14  juin 175 

IX.  Ordre  de  mouvement  pour  le  i5  |uin 180 


agS  TABLE. 

X.  Ordre    de    mouvement    au   maréchal 

Gronchy 1 89 

XI.  Premier  ordre  au  maréchal  Ney,  du  16 

{uîn 191 

XII.  Deuxième  ordre ,  idem 193 

XIII.  Troisième  ordre,  idem 193 

XIV.  Quatrième  ordre,  idem. 194 

XY.  Premier  ordre  au  maréchal  Ney,  du 

17  juin , 195 

XVI.  Deuxième  ordre  au  même,  idem 197 

XVn.  Premier  ordre  au  maréchal  Grouchy, 

du  18  juin 198 

XVin.  Ordre  au  même»  idem 300 

XIX.  Deuxième  ordre  au  même,  idem aoi 

XX.  Rapport  du  duc  de  Wellington,  adressé 
au  comte  Bathurst,  principal  secvé- 
taire-d'État  de  S.  M.  pour  le  dépar- 
tement  de  la  guerre 3o3 

« 

XXI.  Rapport  de  l'armée  prussienne a  14 

BataiUe  de  Ligny ai5 

XXII.  État  des  pertes  des  années  coalisées  et 
.française,  dans  le  nord,  du  i5  juin 

au  3  juillet  i8i5 aa^ 

XXIII.  Discours  de  M.  de  Lafayette aa8 

XXIV.  Message  porté  par  le  ministre- d'État 

Regnault  de  Saint-Jean-d'Angely.  .  .  a5i 

XXV.  Déclaration  au  peuple  français a53 

XXyi.  Résolution  de  la  chambre  des  représeo- 

tans,  le  a5  juin a34 


r 


TABLE.  2gg 

NviMfM.  Pkgei. 

XXTII.  Proclamation  du  gouTernemeiit  provi- 
soire..      a35 

XXYIII.  Loi  du  a8  Jniii n5g 

Extrait  des  minutes  de  la  secrétairerie 

d'État : a4o 

XXIX.  Napoléon  aux  braves  soldats  de  raimée 

devant  Paris a4^ 

XXX.  Offre  de  Napoléon  à  la  commission  du 

gouvernement a4^ 

XXXI.  Précis  des  instructions  données  aux  plé- 
nipotentiaires français a47 

XXXII.  Lettre  du  duc  de  Wellington a5o 

XXXIII.  Note  des  Coalisés a5i 

XXXIY.  Lettre  de  Fouché  à  Wellington. aSa 

Précis  des  instructions  des  conunissaires 
chargés  de  négocier  un  armistice.  .  .     354 
XXXY.  Lettre  du  maréchal  Davoust  à  Welling- 
ton et  à  Blûcher * a56 

Réponse  de  Blûcher  au  maréchal  Da- 
voust      a57 

XXXVI.  Délibération  de  la  commission  du  gou- 
vernement      a59 

XXXYII.  Lettre  de  Ziethen  au  maréchal  Davoust.     262 

XXXYIII.  Convention  militaire  de  Paris a63 

XXXIX.  Remerctmens  à  Tannée  de  Paris 269 

XL.  Proclamation  de  la  conunission  du  gou- 
vernement      371 

XLI.  Déclaration  de  la  chambre  des  repré- 

sentans 374 


300  TABLE. 

IVamcru*. 

XLII.  MeMage  de  la  commusion  du  gourer- 

nement 

XLIII.  Convention  pour  Tannée  du  Rhin. .  . 
XLIV.  Convention  pour  l'armée  des  Alpes.  .  . 


Page». 

«79 
a84 


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