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I
1
De •
23t.1
'VJ4
HISTOIRE
DES CAMPAGNES
DE i8i4 ET i8l5,
ET^ FRANCE.
0 -
HISTOIRE
DES CAMPAGNES
t
DE i8l4 ET l8l5,
EN FRANCE;
Pae lb GiNiaàL^GuiUAUiiE DE VAUDONCOURT,
AimDBDSL*llUT0IlUIDMGAMPJL01fSS D'AKinEALIiriTALn«OZGSLLBDXt
ovniatDBHvnuBir i8is,D'ALLXMA0JrxBv i8i3,btd'italibxn i8i3
n 18149 DIBBOnUB DV JOUlUriLDJU SCIBNCU HIUTAIBBS.
• O! iir^ quMttr^Mg ktûtl
^M$ mai4 cfm patrumy Tr^M suh métnibut éUtiê
Coatigit oppêttrt, ,,.
TOME QUATRIÈME.
PARIS,
CHEZ AVRIL DE GASTEL; LffiRAIRE,
BOUtBTART BONHl-SOVTXLLB , iro35;
ET CHEZ PONTHIEU ^T €*• , LIBRAIRE ,
PAItAU-BOTAL, OALSBU DB BOIS,
1
1826.
^ C- • V. <^'* .
■ .. «
"^ fe :ii '^
H
HISTOIRE
DES
€AHPA€^NE8 DE 18t& ET 1815.
LIVKE II.
BalaUle de Watwloo. — Abdication de Napoléon.
CHAPITRE PREMIER.
Poniîon de Vannée prnMÎenne, le 17. -^ L'armée aoglo-baUTe se met
en retnùte. «^MoaTomeat de TamiiSe françaÎM , le 1 7. — L'aile droite
est dctachee contre le» Pnuûena. — Napoléon, avec le gros de Far-
mée, se dirige sur Bmzelles. -«- Position de Tannée française et de
Tarmée anglo-lntare, le 17 au soir. — MonTcment de Taile droite
femçuse, lei7.*— IKspositionadndncdeWeUitigtonetdnniaréchal
Bliiclier, pour Je 18. — Ordre de hatsûUe de Tannée anglo-batqTe,
le 18. -— Ordre de bataille de l'année française. — Bataille de Wa-
terloo. —Réflexions sur cette bataille.
Nous avons vu que le maréchal Blûcher, immé-
diatement après la bataille de Ligny , avait réuiii
ses deux premiers corps à Mont-Saint*Guibert ,
et que le troisième était venu prendre position à
Gembloux. Il se plaça à la rive droite de FOr-
neau , sa gauche appuyée à la ville , pour y at-
tendre le quatrième corps , dont il devait couvrir
la marche. Ce dernier s'était mis en mouvement ,
r?. 1 6^'
Cy
il ' UTlK^n.
• • •* u
le 16 au matm, pour se réunir à Hanut, ainsi
que le portait le prem^ ordre de Blûcher. Mais
le général Bûlow trouva, à son arrivée, le second
or^Kc^qMl Iff i9i)àifiiB|t ^ s'aiPanoêi; )ilsffu'â i^6|n-
bref; cette dépêche , adressée à Hanut , dans l'hy-
pothèse que Bûlow y sepftîl d^ rendu le 1 5 au
soir, y était restée par négligence. Le général
Bûlow, ayant donné quelques heures de repos
à ses divisions pour repaître , les remit en mou-
' vement , et vint prendre position , après minuit ,
derrière FOrneau, à la gauche du 3' corps.
Cependant. le maréchal Blûcher, à qui la perte
de la bataille de Ligny avait fait croire que Far*
mée française était trop nombreuse pour pou-
voir lutter seul contre elle (*), se décida à se
retirer sur la Dyle^ afin d'assurer sa réunion avec
Tarmée anglaise* Le 1 7 , a la pointe du )oar^ les
corps de Ziethen et de Pirch i passerait le dé-
filé de Mont-Saint-Guibect. Le premi^ marcha
jusqu'à Bierge , où il prit position , occupant for-
tement Limale. Le second laissa ^es divisions
Brause et Bose derrière le défilé de Mont-Saint-
Guibert, en arrière-garde; les deux autres divi-
êions vinrent prendre position à Alsemont , de*
vant Wavre. Lorsque le corps de Bulow arriva ,
plus tard, à Dion-le-Mont, la division Ryssel fut
placée à Vieux -Sart, et les deux divisions qui
éludent restées à Mont-Sainl)*Guibert y furent rele**
(^) Les rapports prussiens portent la force de rarmée i^-apcaisc , qui
combattit i Lîgny, k eent trente miUe hommes.
CBAPins* I. 3
▼ées peur deux batailk»is et deux régitiv^ns db
cavalerie* Le corps de Thieknpaiiii reçut Fwdre
de Be dûnger par Wadhain et Saint-Martin sur
Wan«, et de s'établir en arrière de k TÎlIe sur k
route de Bruxelles , à k Bavette : il n'arriva dans
sa position que pendant la nuit et le lendemain
•matin. Le corps de Bûlow vint prendre position
à Dion-le-Mont ; il ne quitta cependant celle de
Gembloux que vers deux heures après midi,
ayant eu besoin de reposer ses troupes fatignées
d'ime marche d'environ dbuae lieues. Ainsi l'ar-
mée prussienne se trouvait établie , le 1 7 au smr,
sur k route de BruxdUes à Namur , par Wavre ^
à cheval sm* la Dyk.
Le duc de Wélliiigton était resté toute la nuit
aux Quatre-Bras, ignorant les événemens qui
s'étMenit passés siir sa gaAche. Pendant Tac-
tiop, Si avait été instruit, presque heure par
heure, de k situation de l'armée prussienne;
vers huit heures et demie , il reçut un dernier
message de Blûcher, qui annonçait qu'il comp*
tait soutenir k bataiOe sans perdre sa position,
WelUn^on se décida alors à tenir aux Quatre^
Bras, où,^ pendant fe nuit, il fut joint par le
cx>rps de Hill, par la cavalerie, et par le restant
d6$ troupes du prince d'Orange et de la réserve.
Lu nuit sr'écoula en grande partie sans recevoir
des nouvelles de Tarmée prussienile , et le géné-
ral anglais poussa^ vers le matin, des reconnais*
smces tm k route de Sonibref. EHes renéon-*
4 UTllE n.
trèrent les avant-^postes français vers Marbais , et
lui rapportèrent qu'un aide^e-camp de Blûcher,
porteur de dépêches , ayait été tué dans la nuit
sur la grande route. Enfin, à sept heures du
matin , il apprit accidenteDement la retraite des
Prussiens sur Wavre. La perte de la bataUle de
Ligny ne permettait plus au duc de Wellington de
douter qu'il ne dût être attaqué dans la journée
par toute Farmée française ; il était donc néces-
saire de quitter la position des Quatre-Bras^ et
d'en choisir une où la communication avec l'ar-
mée prussienne lui fût rouverte. Son but devait
être, aussitôt qu'il serait rentré en communica*
tion avec Blûcher , de s'assurer si ce dernier était
en état de livrer une seconde bataille. Dans ce
cas , il était urgent de s'y préparer sans délai ,
pour sauver Bruxelles. Dans le cas contraire, il\
fallait sacrifier cette ville, et se retirer dans une
position où l'on pût attendre l'instant où les
progrès des armées du Rhin obligeraient Napo-
léon à choisir une autre ligne d'opérations. La
position du Mont- Saint -Jean, en avant de la
forêt de Soignes, fut celle qu'il se décida à oc-
cuper, soit pour y recevoir la bataille , si Blûcher
pouvait y concourir , soit pour couvrir son
mouvement en arrière par Bruxelles. Il se dis-
posa donc à la retraite. Vers neuf heures du
matin , il reçut du maréchal Blûcher, de Wavre,
des nouvelles satisfaisantes. Le général prussien
ne demandait que de gagner assez de temps pour
CUAPITU I. 5
fournir ion année de vivres et de munitions^
A dix heures, l'armée anglaise se mit en marche
en trois colonnes. La première, sous les ordres
5iu général Hill , composée de la division anglaise
de Clinton et de la division hollandaise de Chassé^
se dirigea, par Nivelles, sur Braine~la-Leud; la
seconde, composée des divisions anglaises de
Cooke, Picton et Cole, de la division hollan-
daise de Perponcher , et de celle de Brunswick ,
se dirigea, par Genappe, sur Mont-Saint-Jean;
la troisième, composée de la division anglaise de
Colville, de la division hollandaise de Stedtman,
de la brigade indienne et de celle de cavalerie
d'Ëssdorf , se dirigea , par Nivelles , sur Hall , afin
de couvrir également Bruxelles par cette route :
le prince Frédéric d'Orange la commandait. La
division Alten , et toute la cavalerie , restèrent
aux Quatre-Bras pour couvrir la retraite. Le duc
de Wellington avait répondu au message du ma«
réchal Blûcher, en lui faisant la proposition de
s'approcha, avec deux corps d'armée, de la
position de Mont-Saint-Jean, qu'il avait choisie;
dans ce cas, Wellington annonçait qu'il y rece-
vrait la bataille. Blûcher répliqua sur-le-champ ,
que le 18, il arriverait, non pas avec deux corps,
mais avec toute son armée , à la Chapelle-Saintr
Lambert, afin de soutenir l'armée anglaise, si
elle était attaquée , ou de prendre l'offensive en?
semble le lendemain.
après la bataille de Ligny, l'armée française
6 LIVIX II.
était restée, pendant la nuit, sur le champ de
bataille. Le 3* et le 4* corps evàre Vagnelé,
Bry, Ligny ^t Saint- Amand; la diviaon Du*
ratte, vers la jonction de la route romaine;
les cuirassiers de Milhaud, en avant de Ligny,
Ters la route de Namur; les corps d'Eiccelmans
et de Pajol, devant Sombref; la garde, et le
6* c<M*ps , qui arriva à la tombée de la nuit , sur
le plateau entre Sombref et Ligny. Le 17 au
matin , le général Pajol fut envoyé , avec la divi-
sion Soult , pour suivre rennémi sur la route de
Namur. La division Teste, du 6* corps, fut
d*abord poussée jusqu'à Mazy, pour appuyer
le général Pajol , dont elle suivit plus tard les
mouvemens; la brigade de dragons du général
Berton (division Chastel ) , fut également avan-
cée dans le environs de Mazy, pour soutenir ce
mouvement au besoin. Peu après , Napoléon se
rendit sur le champ de bataille, passa la revue
des troupes qui avaient combattu, et ordonna
de relever les bkssés. Des reconnaissances furent
poussées , par la route de Namur, vers les Quatre-
Bras* Le général Flahaut avait été expédié au-
près du maréchal Ney, pour lui porter Tordre de se
tenir prêt à suivre la retraite de l'armée anglaise ,
que la perte de la bataille de Ligny, par les
Prussiens, allait obliger de quitter sa position;
il devait occuper les Quatre-Bras, jusqu'à l'ar-
rivée des troupes que Napoléon destinait à agir
du côté de Bruxelles. Il parait que le maréchal
Meyr ^<it^^ «imte' lWiziée:.aaig|alie dMttfttdhii:^
et étaBtdans.ladMteMr les TéritaUcs-iémllifei
âe-lalnftqilieëe Ij%ii7v pi^jeacfvf feskiiidtliHiiieni
pf^pantdanes de- la retraîle «(«'allMt'ooiBlnaaoct
Je duc deWdUngtoiiy étalent dés diqpositkttis d'fut^
taquecoBtie. liu^'- Illiémoigiia en C0B9é4|iidiin^
quelque indécvioD à: ealrtpiTiMlt!^ ? d'eàkmv là
poflUioa des Qitatfe-firad« L'empereur Napoléon
lui adressa ak>n uà* second «erdie (*), pav leipiet
il.lui ei^iàgnait de nouveau de prendre posilkiii
aux Qiiaire^Bras. Napoléàn fageaît que les Aù^
filais ; na fiauf aient teattop axKis» moiaveiDent haa
tOfi. an. la' ix>ùtë de Gl|ader<a,* et il présunaft»
aaBO'n|SDn;.')Ciiilîisi-ne'bis«8faien^ devssàt le ma»
réoludi fiiaji 4a!ùae «rrièn*^!^. Bâus^ le cas
teppiiiit bA >Waiiingtod^*8ërait rasléi en: place,
erred dau âmàe^ |dhilva«qie^^i se tMiifatent en
aaant deLigay ài±HiemîrWtebé par lai roate ^
Witsninf p pani^iapptfyep l^ifegamdbei:
Sfendjyat criitenip*^ le>général Bisiton , q«i était,.
aiiùi xfié immis Fa^nfaai*ifu, a«^ sa brigade en
afvâai^ de; hksajyveikàii compte: ^[He Farmée pras*
sânne'se vetiiéit 'sbr-WaTM/i et qu'une partie
^^il enoote à Gembloar. Niapoléên se décida
ak>Ts i. mcttue son eartnée^ sur4iM?liamp eit mou^
vement La prudence^' eé iMites les rè^ea de
la stratégie tfobli^Mt â laisser n» fort! déta-
rbeansnt d!rTGaitJU«..l^iflsjien^^ àé s'asraper
qu'ils «ne» aacïBaien» fifttcWnWrir^^-
^ r<y« Plàccrtnttlficàtiter, N" XV.
8 'UVB& Uv '
meut contre WelK>oti, et ménie ne htt- foniv
piraient aueim siecours. On. pouYait s'attendre à
ce que Blucher prendrait un de$ deux partis qui
lui restaient encore. Le premier était ceioi de
reprendre ToffensiTe, et de marcher sur Som*
bref; s'il avait rallié son armée: dans la journée,
le renfort qu'il recevait ^ par la fonction de- -son
4* corps lui permettait de teinter cette eMr&r
prise. Le second était œlui de se joindre à l'âi^
mée anglaise. Dans l'un et dans l'autre cas.,
il n'était guère pos8tt>le d'employer moins de
trente mille hommes contre lui , luBn de conéer^
yer à cette aile droite la possibilité ; de faire uâe
retraite mesurée, sans être tlispèraée au^poemifir
choc. Si l'armée prusrienner n'était pa^ ralliée,
le commandant de l'ailâ; crotte,. en Ja*.{iàiieianl
en arrière: de Wavaee, {i^umiC^gagàer ksidébon*
chés de la forêt de Soigne,' .ei;. forcer le duc «de
Wellington à dépassée ;BtuxeUqs4. Si anicpnlaiaire
elle s'était réunie à WaVre:, et qu'dle voulût Ikire
un mouvement pour joindns. tes Anglais > l'aile
droite, plus rapprochée A^- notre corps prin-^
cipal que Blûcher ne l'était de Wellington, pour
vait facilement, par uprcoutre-mouvenient, s'op-
poser à celui des' Prussiens, ou se mettre en
ligne avec le restant de rsurméè.
Napoléon se décida donc à détacher cèntréi les
■*"!'»"« cavalerie et use diTiobn du i".
Cette aUc droite , forte d'emiron trente mUlc
GHAPmB 1. 9
hommes {*) , et qui resta son» le» wcbes duman
récriai Grouc]iy> devait sume et éckofer les
naouTemens de Blûcher; luinnéme voulait oiàr-
on, avec le restant de l'w-
cher ûonfare
inée^ c'est là idire ^ la garde, les i*' et 2* corps.,
deux divisions du 6*, les 5" et 4* de cavalerie^
une division du i**, et la division de cafvatorie
du corps de Yandamme, oe qui faisait environ
soixante-cinq mille hommes {*")* La reconnais-
sance envoyée vars ies Quatre-Bras,. ayant fait
Gimnattre qu'elle avait Ix^uvé ka Anglais en
position. Napoléon mit le 6* corps en mouve-
ment, vers les dix heures du matin, le dir
'.;
1 un I m
CA.TAVBMS. I cAjioaa.
{*) AILB DftOlTE.
Trotsîèinc corps. '. ] ii,53o
(Quatrième corpt • .| lo^i^o
Sixième coitm ((faVision Teste). . .
I*' de caraterie (dÎTÎtioo Soiut). .
a' idem, . . • « > • .
Tmai..
• ••••»
(**) Goaps paincipii..
Garde impériale
IVtiiiiartoipi, • ,
Deuxième corps
Sixième corps
3* de caTalcrie. • • . . .
4* iàem
1*' idism (divisîm SUbanvkk)
I^Tision Domont
4^000
a»
1,1 56
3,390
a5,46o; 4,^7j>
3)
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Total
iii.vAs;rukS.
• • * .
CA^o«a.
ÏM9O
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5i,4<o
j 4> 1 60
«54
tO XlfU II*
rigcant tuv Marbab; fes dhAiiou Domont et
Suberwick fonaakul: i'awBtffacch. La garde il»*
pérîale et k» cniFastiors de MilhattdsuÎTÎveiit k
mouvem^it. La dîviiîoa GkÉKdV qui airak k
pii}8 aoaffeit y reftâ pcndmrf: la ^Ounlée sur k
champ de bataiiUe^ en résçr^^ et poûrriUre re*
kTer ks hknâi. La dKvbion . ûmruftte siûyit k
oolonne qui se dirigeait tmt Maifaais, Vers midi»
la cafakii05 qui étak • en autant dn 6^ corps, ranr*
contra^ entre Matbaiâ et Pemfanoat, ks p»
miers postes de la omialme' an^^ise, Napeléon
ee vendit sur^le«4shât»p â MailMifti; il 'fit iwendve
pôsttloB au 6* corps^ et â la gaide, et ez}>édia
de nouveau Tordre au maréchal Ney d'attaquer
l'eMiemi -et»- Quatro Bras , et de le chasser de
jcéttei position (^); Les tiraiUeurs du 6" corps
«'engagèrent ayec ceux des Anglais , sur la grand|^
route;; m autre comhat de tiraiUeurs »'alkwfia
paiement â gauche, vers fe boûi de YiUenr
(Peruin. Mais ce dernier, qui avait ébk engagé, par
«méprise,, avec les chasseurs de^la division Pire,
\ Cependant, vers tme heure, Napoléon remit
lie 6* corps et les deux divisions de cavalerie
uégère en mouvement; k garxle et le;^ cuirasi-
.siers suivirent. La cavalerie anglaise se mit en
retraite , et la tête de la colonne arriva vers deux
heures aux Quatre-Bras. Pendant ee temps , le
*-cbmte d'Erlon , qui avait aperçu k colonne du
• n ^^^ ^"i^^^es iustificaûvct, N* XVI.
CHAPmi I. 11
6*èotps, déboQckaiit sur P«vi]|^oiit, ataftCdC
prendre las anbcss au sîen^ et Tavut misci^
môuyement. Il arrÎTa aux Quatre*^Bras un peu
après le 6* corpa, qui s'y était arrêté ; Fetope-s
reur Napoléon y était déjà. Le maréchal Nèy,
que la pluie^ qui tombait par toirens , avait eish
péché d'aperceYoâr la retraite du groB de l'aimée
anglaise^ fit alors pr«idre les armes au 2* corps,'
et le fit avancer à la suite du i^. Mapoléoq
ordonna de continuer sor^le-cl^amp à suivre
le môuvemeiit rétrograde des Anglais. Le i^
corps prit la t£te de la cdbnne, avec la dtvisioi)
de cavalerie de Jacquinot ; l'empereur Napoléon
le fit appuyer, par douze pièces^ d'artitterie à
cheval de la gardé. lia division- Domont fut déta*
chée à droitci» le long de la ]>yle, pour enédairef
la Tive gautohe.' Le 4* régiment de chaîseurs
pioussa jusqu'^ Moustiers , ou il échâfigea quel*
ques coupe de caradbine avec la cavdbrie prûs^
sienne. Le 2" corps suivait, puis le 6*9 et ensuite
la garde. Le corps de cuirassiers de MHIhaud flan-
quait les colonnes, en marchant à travers champs,
arrêté presque à chaque instant par des terres
détrempées et tenaces. Le corps du comte de
Yahny faisait Fanrière-garde.
Devant Ge^appe^ il y eut un engagement entre
notre cavalerie légère et celle des Anglais; cette
dernière fut battue et repoussée au^deM du
bourg. Mais lâ , nous fûmes arrêtés par la bri-
gade des gardes à cheval de Sommerset. Le dé-
12 LITRB li;
bouché de Genappe aurait pu devenir difficile ,
par Timpàssibilité où se trouvait la cavalerie de
quitter la grande route et de marcher dans les
lerres. Le oomte d'Erlon fit passer de Tinfan-
terie des deux côtés de la route; Fennemi fut
poussé, et le mouvement continua. Quoiqu'il n'y
eât^ pendant cette journée, d'autre combat qu'une
canonnade de position en position , les Anglais ont
porté leur perte à cent soixante et dix hommes.
Vers les sept heures du soir, le i** corps*
arriva à la Maison-du-B:ol, où Napoléon lui fit
preiidre position, pour reccmnaitre à l'œil cdle
de l'ennemi ; il se rendit hii*méme stur lea hau--
teufs à gauche de Rossome. Celles qui traversent
la grande route, en avant du Mont-Saint-Jean,
paraissaient occupées par des troupes ennemies ,
dpnt le petit nombre pouvait faire supposer que
ce n'était qu'une arrière-garde. Dans ce moment,
les cukrassiers de Milhaud , qui avaient reçu l'or*
dre de se porter en avant, s'avançaient vers la
Belk-AUiance. Là, ils furent accueillis par le feu
de plusieurs batteries placées sur les hauteurs à
droite et à gauche de la Haye-Sainte. Cette ca-^
nonnade , assez violente , démontra que l'armée
anglaise était en position. La journée était trop
avancée pour engager une bataille , et Napoléon
se décida à attendre le lendemain. Le i ^ corps
s'établit à cheval de la grande route, entre la
Belle-Alliance et Rossome ; le a* appuya sa gau-
che à la route de Nivelles. Les avant-postes de
GHAPITKB I. 1 3
ces deux corps s'ayançaient jusque contre Crou-
mont et' au bas de la Haye-Sainte. La garde dt
le 6' corps restèrent en arrière de la Maiaon-
du-fioi. Les cuirassiers furent placés à Plan-
chenoit, et en arrière. La division Dotiiont
revint le soir prendre position, à la droite en
avant de Planchenoit. Le quartier impérial fut
à la ferme de Caillou.
Le duc de Wellington , ayant reçu la dernière
réponse de Blûchar, par laquelle celuin^i pro-
mettait de le joindre, le i8, avec toute son ar-
mée , se décida à receyoir la bataille. Il sentait
la nécessité de hasarder la fortune des armes,
avant d'abandonner Bruxelles , dont la perte pou-
vait entraîner les plus graves inconvéniens. Cette
place n'était pas seulement importante à Napo-
léon , sous le rapport stratégique;, sa possession
devait plus que probablement amener une révo-
lution , dont l'effet aurait été de forcer les Anglais
et les Prussiens à évacuer, sans délai, la Bel-
gique. D'ailleurs, l'assurance donnée par le ma-
réchal Blûcher avait, diminué l'idée du danger
et des efforts qu'il fallait faire pour assurer la
victoire. La grande supériorité des deux armées
réunies , sur l'armée française , donnait déjà bien
des chances de succès. Ainsi le duc de Wellington
n'avait d'autre emploi à faire de la stratégie, que
celui de combattre de pied ferme jusqu'4 l'arri-
vée des Prussiens. Aussi son rôle , le 1 8 ; se ré-
doîsit-il à cela , et le mauvais temps , en retar-
i4 u?u II.
dut ^attaque» le fadUta afaigulièitineftt. Dmis
la soirée du 17, il rapprocha ses différeos corps
des positions qu'ils deyaient occuper, en les te-
nant cependant en deçà des hantetirs, . sur fes^
qndles ils deTaient se déployer le lenideniaBi. Les
réseryes {*) furent placées à Tafle gaiiche^ cnbpe
Papelotte et la route de Charierea; le corps du
prince d'Orange , entre cette route et celle de Ns-
refies, vers Goumont. Le corps de Hill s'avança,
de Braine4a*Leiid dans Ja vallée de Merbe^Brainfi
La ferme de la Haye-Sainfte et le château de GtMa-
mont furent crénelés et barricadés* Deux brigades
de cavalerie, à rextrôme gauche, entretinrent 1,
par Okain, la communication avec Wavre. La
force de l^armée anglo-batave réunie dans ces
portions , s'élevait à environ quatre^vingt mille
hommes {**).
«
(*) y oyez le Tablcaa général.
(**) ARMÉE ANGLO-BATAVE.
Aile drohe; j '^'"'°" ^^
^ÛiTisîon Oooke*
— Allen
— Brunswick
Centre 5 /Brig»d« d« Mauau
Leprinctd'OniMfA "^ Sommcrict. . . .
i — Doernbrrg. . . .
— Ahrenachild.. . .
— Grant
^DÎTttion hoUaadakc
mrAHT.
7/100
3,600
19,700
CAtALB»
4,000
9,800
6, {00
4,000
i
3$,)00
]»
900
6,100
4,000
11,000
37
»
»
1»
»
83
GBAPXIM I. l5
teak biea peu dexiàQûieak^oiSi l^iis mùoa vu que
le géioéral Bcrton Avait r^idu Compte , dès le
xnatio , que h (ptos de Farmée j^iieskyaiie »'était
teCiré sut lWaTre« Il reçut l'onàre de ge rendre^
avec sa brigkdé de dragons (i4^ et 17* r^ftoieBis)»
derant Gembloux; il y arriva vers ofeirf beuïes
du matiii, et pMt feoeiiiiaitre le oerps de Bulow^
iqui était ebcore dn poefetion derrière VOmeau*
Pev après , le général Ghaatd y vint avec la iHi-
gade Bonneiéain (4' et 12^ regimbas )^ et lors^
que, ver» deux hetires, le corps de Bâlow se
siit en retraite par Sart-à-'Walbai& et Taurines ,
la division Cbastel traversa la ville à la suite de
l'ennemi. Le maréchal Groucky la fit arrêter à
de là^ où elle Ait re)(»nte par la divi*
E« Le coarps du général Excelmans prit
fliorsposition, jusqu'à Januif^ à une lieue en avan(
I — Picton. . *
Aile gauche^ y — Cole
le ffênécàï Picum. \JBrig»de Ponioiibj.
I — Vanddeur
IWAJIT.
9,000
Vîvjan
ArdScrie àc téBetre,
leur \
• ••••• ••!
»
Total céirÉRiL. . .
Perte des i6 et i ^
Ecste^le 18.
aS^^oo
CATAI.BK,
4,700
CA«.
^^
70,600
5,100
65,5oo
4,700
16,700
3oo
i5>4oo
70
68
^58
»
a58
l6 LIVKB II.
de Gembloux. La Imgade Bonnemafti fat :pouaflée
iQsqu'à Walhâin^i^et ce général rendit également
compte de la i^trailie des Prussiend sur Wanv*
Un rapport pareil fut encore fait par le colond
Chaillot y^iai arait été enyoyé à Perwez-le-Marbhé
avec son régiment (i5* dragons). Les 3* et 4*
corps et la division Maurin restèrent â Gesa^
bloux , où le maréchal Grouchy établit son quar-
tier-général. Le général Pajol, avec les divisions
Soultet Teste, revint de Saint^D^ûs, par Bossières,
s'établir à Mazy.
Il ne pouvait pas y avoir de difficulté pour
Faile droite , de s'établir le 1 7 au soir, à Sart-4^
Walhain , où se trouvait déjà la brigade du gé^
néral Bonnemain. De ce point, au champ de
bataille de Ligny, il n'y a que quatre petites
lieues ou neuf mille toises au (dus. En admettant
que l'ord^ de marche n'ait été donné que vers
midi 9 à deux heures , toutes les troupes devaient
être en mouvement, et elles pouvaient arriver
avant neuf heures , malgré le mauvais état des
chemins. Le lendemain il ne restait au maréchal
Grouchy que trois lieues â parcourir, et il pou-
vait être arrivé, à dix. heures du matin devant
Wavre. Le maréchal convient (*) qu'il avait reçu
Tordre de suivre les Prussiens, d'attaquer leur
arrière^arde , et de ne jamais les perdre de vue.
(*) Obeerrattons st^r ronyrage da guiWnÉ Qonrgaad. Paris 9 iBtQ»
pages 13 cC 06.
CHAFITttB I. 17
U convient encore (*) qu'à êon airlvée à Gem-
iyloux, il apprit que les colonnes prussiennes
avaient quitté la route de Namttr, et qu'il jugea
qu'elles se retirafient sur Bruxelles ou Louvaki.
Dans l'un et dans l'autre cas, c'était à Wavre
qu'il devait se rendre , peur les atteindre et cou-
vrir la colonne de gauche. Les Prussiens avaiaott
douze heures d'avance , ifira-t-on : cela est vrai ,
pour les corps qui avaient combattu à Lignjr;
mais le <^orps de Bulow n'était paErti de 6em-
Moux que vers trois heures, et ne s'était pas
retiré sur Nàmnr , puisqu'il n'avait pas attaqué
le général Pajol , à Saint-Denis. Il n'en fallait pas
davantage pour indiquer au maréchal Grouchy,
qu'il fallait s'avancer encore vers Wavre le même
jour. Cependant ,' le maréchal Grouchy s'arrêta
â'Gembloux, et rendit compte le méAê soir, Â
l'empereur Napoléon , de son indécision au sujet
de la direction qu'avaient prise les Prussiens.
Plus tard, vers deux heures du matin, lorsque
les guides qui avaient conduit la colonne prus-
sienne rentrèrent , le maréchal Grouchy, ne pou-
vant plus douter de la direction de leur retraite ,
annonça à Napoléon qu'il partirait au point du
jour pour se rendre à Sart-à-Walhain. Nous trou
Yons dans l'ouvrage du général Gourgaud (**) ,
que l'empereur Napoléon expédia au maréchal
(^) Obcenratiom sur FooTrage da fg/êùénl Gouryiud, page i3.
(»'') Pape 8a.
IV. 2
l8 UVM II.
Grouchy 9 le 17, à dix heures du soir, un officier
d'élat-major pour lui annoncer qu'il était çn pré-
sence de l'armée anglaise , et lui prescrire^ de se
rapprocher du restant de Tarmée. Le maréchal
Grouchy nie l'existence d'une dépêche de cette
date qu'il n'a pas reçue. La mission était-elle ver-
bale , ou la dépêche se trouve-t-eUe sur le registre
du major-général? C'est ce que nous ignorons en-
coi«. Mais un fait vient à l'appui de l'assertion du
général Gourgaud. Dans la nuit du 1 7 au .1 8 , un
officier d'état-major français fut tué, avec son
ordonnance , sur la route romaine , au-delà de
Marbais, par des fuyards et maraudeurs prus-
siens, embusqués dauB les broussailles [*). Au
reste, la question, est de peu d'importance, car
un ordi^ qui n'est pas parvenu , peut être censé
n'avoir pas été donné.
Les dispositions préparatoires du duc de Wel-
lington étant achevées , dans la nuit même du 1 7
(*) Un fiiit singulier est rapporté dans le Journal Militaire autrichien
*(i8i9, 7* cahier, pages 66 et 67), et on ne le cite ici que parce (pie
Timpartialité de Tauteur , cl Findicalion des témoins semblent y donner
dn poids. Selon l'auteur, M. Delme, chez qui le maréchal Groucbj logeait
à Gembloux, aurait dit que, c le 17, à onse heures du soir, le prince
«c Jérôme y et un aide-de-camp de Napoléon, arrivèrent chez le mare-
« chai, et lui témoignèrent leur étonaement de le trouver encore Ih,
« lif» lui répétèrent le contenu des ordres, qui déjà lui avaient été ex-
«c pédiés, et qu'il n'avait pas reçus. A deux heures dn matin, ils repar-
« tirent chargés d'une dépêche du maréchal Grouchy. »
Nous avouons qu'il nous paraît assez étrange que , si cette mission a
existé, ce soit précisément le prii^c JérAme, commandant une division ,
qui en ait été chargé.
CHAPlTaE I. 19
au 1 8 , U en prévint le maréchal Blûcher, et con-
vint avec lui des mouvemens principaux qui au>*
raient lieu , d'après le système d'attaque de l'ar-
mée française ; il ne pouvait pas méconnaître la
faiblesse de la position de son aile gauche. Elle
était en l'air, et n'avait pour appui, que celui,
que l'armée prussienne devait lui donner. Il n'en
était pas de même de son aile droite, qui tou-
chait à Braine-la-Leud , et que l'ennemi ne pou-
vait pas même attaquer de front, sans quitter la
ligne d'opérations de Charleroi , pour prendre
celle de Nivelles. Toutes les probabilités se réu-
nissaient donc , pour faire présumer que INapoléou
attaquerait l'aile gauche de l'armée anglaise, afin
de. la séparer tout-à-fait des Prussiens. Cepen-
dant Wellington , pour ne pas s'écarter des règtes
scolastiques , établit dans ses communications
avec Blûcher, même les possibilités improbables.
Il classa les dispositions de la bataille qu'il allait
livrer, dans trois cas généraux , en en proposant
en même temps les solutions. Voici comme il les
étabUt.
!•' Cas. L'armée française attaque l'aile droite
des Anglais.
Alors l'armée prussienne s'avancera par Saint-
Lambert sur Ohain , pour entrer de là en ligne.
2* Cas. U armée française attaque le centre ou
ta gauc/ie des Anglais.
Alors un corps prussien viendra , par Lasne .
s'établir sur le plateau entre Frichcrmont ef Ay-
M UTIB II.
Tiers. tJn second corps se rendra à Ohain , poiu*
appuyer les Anglais. Un troisième marchera sur
Maransart. Le quatrième restera en réserve.
y Cas* L* armée françaUe te dirigera det kau-^
teurs de Belle-* Alliance 9ur Saint-LamberL
Alors Wellington s'avancera sur la route de
Ghiuieroi , pour attaquer Tennemi en flanc et à
dos.
Tout cet échafaudage scplastique se réduis
Sait, dans la redite, au second cas. Il n'y avaiC
pas de probabilité que l'armée française, dont
l'intérêt majeur était de séparer les deux armées
ennemies, voulût avoir la complaisance d'atta-
quer les Anglais par leur aUe droite , afin de les
obliger de se réunir plus vite aux Prussiens. Il
aurait fallu changer la ligne d'opérations , et dé^
couvrir ses communications , pour avoir le plaisir
d'obtenir le résultat le plus désavantageux poë»
sible. Pour écarter la probabilité de ce premier
cas , il suffisait que Wellington accordât à Napo-
léon autant de talens qu'il en avait lui-même;
cela n'exigeait pas beaucoup de modestie. Quant
à l'idée que l'armée française irait , en présence
des Anglais , faire , presque à travers champs , Un
mouvement latéral de la Belle^AHiance à Saint-
Lambert ; elle rappelle les leçons que le rhéteur
stratégicien de la cour d' Aiftiochus Voulait donner
à Annibal. A propos de quoi ce mouvement ati*
rait-il eu lieu ? A-t-on jamais pu pemer qu'une
armée , qui a devant elle un objet stratégique
CHAPITRE I. tl
dans la prolongation de sa ligne d'opérations,
irait abandonner cette ligne et la comniunio»r
tion qui la cpnduijt à son çbjet ? Id , l'objet était
Bruxelles , et la seule coimmunication passait par
Mo|it-Saint-Jean« Mais il est 4'usagfe que les cas
qu'on doit prévoir soient au nombre de trois.
Au reste , le d^c de Wellingtofi parait avoir
eu un pressentiment, que l'attaque de l'armée
française aurait lieu sur le centre et même vers
la gauche de sa position ; car il pensa au cas ,
très-possible, où son aile gauche battue et Mont-
Saînt-Jean enlevé , le centre et la droite ne pour-
raient plus se retirer par la forêt de Soignes. Il
raccourcit d'abord son aile droite, et le 18 au
matii), la division Clinton et une brigade de la
division Colville vinrent se placer entre Merbe-
Braine et la chaussée de Nivelles* La division
Chassé (hollandaise) resta Smilè sur la route
de Braine -la -Leud à Nivelles.' Non content de
cette précaution, Wellington reconnut, le 18 au
matin y une position de retraite , la gauche à la
forêt de Soignes, et la , droite vers Del vaux.
Le i 8 , très à bonne heure , les diflférens corps
de l'armée anglaise se mirent en niouvement ,
pour occuper leurs places de bataille. L'ordre
dans lequel ils se placèrent était le suivant.
AILE DROITE.
La division Cliiùou, entre Merbe-Braine et la
chaussée de Nivelles, en colonnes, mais prête à
33 LIVRE II.
faire front, par leur droite , qui était couverte par
des batteries. La brigade Adams (a) à gauche ;
les brigades Duplat, (b) et colonel Halkett (c)
à droite. La brigade Mitchell , de la division Ool-
ville, en arrière (d). La division Chassé avait
la brigade Ditmers devant Braine-la-Lcud (f) , et
la brigade d'Aubremé, à la ferme de Vieux-Fo-
riez (g). Laile droite avait cinq batteries.
CENTRE.
La division Gooke était à lia droite; la brigade
Maitland (h) et la brigade Byng (i)j les trois bri-
gades de la division Alten et celle de Nassau
suivaient et s'étendaient jusqu'à la route de Char-
leroî , savoir : la brigade Ompteda (k), celle de
Kielmansegge (l)^ celle de Nassau, entre deux (o)^
et celle de Halkett (m) (*). L'infanterie de Nassau
était en partie derrière la division Cooke , et en
partie entré les deux brigades (n). Derrière le
centre étaient huit brigades de cavalerie , savoir :
en seconde ligne, celle de Sommerset (p), celle
de Doernberg (g), celle d'Alirenschild (r)j celle
de Grant ($)^ et celle de Brunswick (t) ; en troi-
sième ligne , les trois hollandaises de Van-Mer-
len (u)j de Ghigny (v)^ et de Triptc (w)^ sous
les ordres du général CoUaert. Le château de
{*)' Il y avait deux brigades Halkett : la jiremière , commaDdce jKir
le gt'iicral-major de ce nom, dans la dÎTision Alten j la seconde , com-
mandée par le colonel , dans la division Clint*ii.
#
CHAPItKE I. â5
Goumont était occupé par quelques troupes de
la brigade Byng , de Nassau et de Brunswick. La
ferme de la Haye-Sainte, Fêtait par deux batail-
lons de la brigade Ompteda. Le centre avait onze
batteries.
AILE GAUCHE.
Elle s'étendait derrière le chemin bordé de
haies, qui, de Braine-la-Leud, conduit à Lou-
yain. La division Gole et' it le long de la route
de Charleroi, la brigade Lambert en ligne (x)^
et la brigade Best devant Mbnt-Saint-Jean (y).
Suivait la division Picton , et une brigade de la
division Perponcher, savoir : la brigade de
Winck (z)j la brigade Pack (aa)^\a brigade hol^
landaise de Bylandt (ce) et la brigade Kempt (bb)^
ayant le gS* régiment en avant , derrière une haie.
La brigade du prince de Weimar occupait la
Haye, Papelotte et Smohain (dd). En seconde
ligne se trouvaient trois brigades de cavalerie;
celle de Ponsonby, vers la route (ff)^ et celles
de Yandeleur (gg) et Vivian (kh), à Textréme
gauche , pour tenir la communication avec Ohain
et les Prussiens. L'aile^auche avait neuf batte-
ries.
Il restait neuf batteries ou soixante-huit ca-
nons en réserve , outre une batterie à la congrève.
Napoléon, assuré par la dépêche du maréchal
^4 l'ivAs II*
Grouchy, qu'il atait reçue à cinq heures du ma-
tin , que son aUc droite aérait à Wavre vers midi ^
voulait attendre jusqu'à ce moment pour atta-
quer. Il avait plu pendant toute la nuit; il pleu-
vait encore au point du jour, et le temps ne com-
mença à s'éclaircir que vers huit heures du
matin. A peu près à cette heure, quelqu'un des
aides-de-camp de Napoléon , et noit pas le maré-
chal Ney, comme .on l'a dit , vint le prévenir que
Farmée anglaise se mettait en retraite. Cet offi-
cier avait pris les mouvemens des troupes, qui se
rendaient à leur poste de bataille , dans différentes
directions , pour des mpuvemeiis de retraite. Na-
poléon aivoya au comte d'Ërlon Tordre de sui-
vre l'ennemi avec son corps ; mais ce général
ayant répondu que » loin de se retirer, l'ennemi
se mettail: en ligne, Napoléon se rendit sur-le-
champ au I*' corps. Là il vit qu'en effet l'armée
anglaise se disposait à recevoir la bataille, et
qu'elle achevait de se ranger. Son premier mou-
vement fut de déployer ses troupes et d'engager,
l'action sur-le-champ ; mais les armes mouillées
par une pluie de près de vingt-quatre heures,
n'étaient pas encore nettoyées : bien que cette
opération ait été commencée de grand matin,
comme elle ne pouvait se faire* que successive-
mant, elle n'était pas encore achevée. Napoléon
^^«'«^^ft^r'ef de !<;; tenir prêtes tl^^
les armes a orne heures. La bataiUe étant inén-
CHAPITEE <. Ji5
table. Napoléon écrivit au maréchal Grouehy,
vers dix heures du matin, pour len prévenir.
En même tempa, il lui observait que son second
rapport de Gembloux ne .parlait qpue des colon*
nés prussîeones, qui avaient passé par Sàuvenières
et Sart-4-Walhaîn, tandis qu'une troisième (les
corps de Zieihen et de Pirch) avait passé par
€rentines. Napoléon enjoignait an maréchal Grou-
chy de se diriger sur Wavre, dt. d'y arriver le
plutôt possible, afin de se rapprocher du restant
de l'armée, se mettre en rapport d opérations e^
lier les commmiicatiokis. Il devait faire suîvre;les
eorpa ennemis qui auraient pris sur la droite
(dans la directian.deLiége), par quelques corpa
lëgers (*).
Le plan dé bataille qu'avait conçu Napoléon ,
était celui que lui dictait le but auquel il devait
atteindre t s'emparer de Mont- Saint -Jean , afin
d'être maître des deux routes ^ d'empêcher l'ar-
mée anglaise dé se retirer par la forêt dcSoîgnes,.
et de Ini faire le plus de mal possible. Le résultat
de ce plan, s'il réussissait, était de forcer Iq duc
de Wellington à se replia sur Hali, et i ubandon^
ner Bruxelles, ce qm consonnnait la séparation
des Anglais et des Prussiens. Napoléon fit ses dis*
positions en conséquence. Le i "^ corps était destiné
à attaquer Mont-Soint-Jean ; après avoir emporté
ee village, ri devait s'y établir et s'y mettre en
n Pièces jistifiaitiycB , N« X VU.
â6 LITRE II.
défeuse. Cette attaque ne devait -cependant avoir
lieu , que lorsque le s' corps , destiné à tenir en
échec Faile droite de l'ennemi , aurait pu appuyer
sa gauche à Goumont. Le 2' corps devait alors
s'avancer à mesure , pour se tenir à la hauteur du
1 •'. Le 6* corps , derrière le centre , devait servir
de réserve , soit pour remplir l'espace qui pouvait
s'ouvrir entre le i** et le a* corps, soit pour tenir
en échec le centre des Anglais. Deux directions
d'attaque se présentaient , pour parvenir au but
prrincipal , qui était de se rendre maître de Mont-
Saint-Jean. La prcmière était de porter le 1 *' corps,
en ordre oblique de gauche à droite , sur la Haye-
Sainte, et de forcer la ligne ennemie près de la
route de Charleroi. Le a* corps, en se serrant
au 1 •' par l'oblique inverse , doublait la force de
ràttaque , et la réserve partagée derrière les deux
ailes, pouvait empêcher Tennemi de les débotH
der. La seconde direction d'attaque, était celle
de porter le 1 •' corps , en ordre oblique de droite
à gauche , sur la pointe de l'aile gauche ennemie.
Une partie de la réserve , en se présentant en co-
lonne sur la route de Charleroi , aurait empêché
Wellington dé faire un contre-mouvement, et
son aile gauche débordée se serait vue rejetée
sur Mont-Saint-Jeaii. Napoléon s'arrêta d'abord
à cette dernière disposition : ayant exactement
reconnu son champ de bataille, vers onze heu-
res il déploya son armée dans l'ordre suivant.
Le 1" corps passa à la droite de la route de
CHAPITKE 1. 57
Cfaarkroi , et s'étendit oMiquemcnt sur lé che-
min de Smohain, fes divisions Durutte (A), Mar-
cognet (B) , Dontelot (C) et AUix (D) (*) , en co-
lonnes , Tune derrière l'autre , en ordre imcrse.
La division Jacquinot (E) couvrait 1 aile droite.
Les seize pièces de douze ^ de la réserve des s" et
6* coicps, forent données au premier, ce qui
porta son artillerie à soixante-deux bouches à
fev; ollesfixrent m^ses en batterie au delà du che-
min, sur le plateau, en face de l'aile gauche an-
glaise.
Le 2* corps vint s'appuyer à la route de Char-
leroi et se déploya, s'étend ant vers la route de
INivelles. La division Girard (G) à droite (**),
^celles de Foy (H) et de Bachelu (I), au centre,
et celle du prince Jérôme à gauche (K). La di-
vision Pffé (L) passa au delà de la route de
Nivelles , près de Monpiaisir, pbiir observer les
troupes ennemies qui étaient à Braine-la-Leud
et Foriez.
Le corps de cuirassiers de Milhaud (M) étârit
en réserve derrière lo 1 " corps ; celui du comUî
de Valmy (N) , derrière le second.
. Le 6" corps , qui n'avait que les deux divi-
sions Simmer (0) et Jeannin (P), était en co-
lotuies serrées à la droite de la route , à la hau-
teur de Planchenoit. Dans celle position, il était
{*) Le général AUix ttait en mission) la division ctaic commandes pr
\t c,vncral Quîot.
{**) ConiToandcr par le gcncraJ ^ . ; . -
a& LIVRE II.
prôt à entrer en ligne, ausaUôt que le i*^ corps
aurait ouvert le centre, en abordant la gauche
de rennemi. La division légjnre du général Do-
mont ( Q ) avait été poussée en obiervatîon , ver*
le bois de Paris, et jetait des partis en avant, pour
avoir des nouvelles du maréchal Grouchy,. La
division légère du général Suberwîck (R) élait
derrière Plancheinoi.t
La garde imp<^a)e était ^n' réserw à là gau-
che de Rossôme ; les troî^ dÂvisipn^.de vieille
garde (S), moyenne garde (T), et jeune garde (U)
au centrç; la çavafcrie de. réserve (V) à gauche,
ot la cavalerie légère (W) à droitq^ . Napoléon «e
plaça , avec le^ quatre escadrons de service de la
gard^, sur une petite hauteur, entre^Rosaoméet.
la Maisoxi-du-Jloi (X).
Lorsque TaBipée française se déplpya et^se mît
en mouvement , les troupe» -ennemies , bivaquées
sur leur ligtie de bataille, prenaient leur repas.
La marche des colonnes qui s'avançaient, les fit
courir aux iarjpoea. Wellington se porta sur la li-
gne , afin dis reconnaître le système de l'attaque
dont il était menacé. Le mouvement du i°' corps
ne pouvait lui laisser aucun doute, et il expédia
surJe-champ au général Biilow l'avis que la ba-
taille allait, s'engager ; il le preiisa également de
bâter sa ipiarche. *
A onze heures et demie , le combat s'engagea
à rextrémité de notre aile gauche , contre le bois
ot le château do Goumont. Six bataillons de la
cuàprim I. âg
diyision da prince Jérôme s'avançaient en co-
lonnes d'attaqae ( i ) . Le bois ^ et le château qu'à
entoure presque, étaient occupés par un bataUlon
de Nassau, Un de Brunswick, et onze compa-
gnies anglaises de )a brigade Byng (â). On conn
battit quelque temps sur ce point , avec des suc^
ces variés ; enfin nos troupes parvinrent à s'em-
parer de la moitié du bois , jusqu'au fossé qui
le partage, et à s'y établir (5) vers une heure.
Alors Wellington fit avancer sur la crête du pla-
teau, en arrière de Gomnont, la division de Bruns-
wick (4) ; les brigades des gardes et de Nassau
firent également un mouvement en avant (5) ;
de nouvelles troupes furent envoyées dans le
bois , et la divknou du prince Jérôme fut repous-
sée. Les divisions Bachehi et Foy entrèrent suc-
cessivement en ligne, 4 mesure que l'ennenû
faisait avancer de nouvelles troupes. La division
Pire s'approcha de Goumont (6) , et fit plusieurs
charges sur l'ennemi , qui tentait de déboucher
par la gauche du château , et de prendre l'attaque
en flanc. Enfin la moitié du bois resta définiti-
vement en notre pouvoir ; mais il ne fut pas pos-
sible de se retidre maître du château , qui avait
été crétielé et piis en état de résister à un coup
de main. Une fois nos troupes parvinrent à s'em-
parer d'une des portes du jardin ; un nouveau
renfort des gardes anglaises les en repoussa. Alors
Napoléon ordotina au comte Reîlle d'établir con-
tre le château une batterie d'obiisiers, afin de
3o LIYRB II.
rincendier. Le combat 8e soutint pondant quel*
que temps stationnaire sur ce point. A notre
droite , les soixante-deux bouches à feu qui cou-
vraient le 1 •' corps , avaient ouvert leur feu vers
midi. L'importance que le duc de Wellington
attachait à la position de Goumont , où se trou-
vaient engagées ses meilleures troupes , était d'un
bon augure pour le succès de l'attaque , qui de-
vait avoir lieu sur l'aile opposée. En prolongeant
Je combat avec vigueur à notre gauche , on pou-
vait espérer d'y attirer une partie des réserves de
l'ennemi, et d'alléger par-là les diflScultés que
pouvait présenter l'attaque de Mont-Saint-Jean.
Tel était en effet l'aspect sous lequel se présen-
tait alors la bataille. Mais une circonstance tout-
à-fait imprévue , allait en changer les combinai-
sons, et obliger l'empereur Napoléon à disposer
du 6* corps , d'une autre manière qu'il ne l'avait
d'abord pensé. Wellington , de son côté , dont
toute la sollicitude se portait sur sa gauche , par
où les Prussiens devaient le joindre , ne pouvait
faire aucun changement dans sa ligne. Obligé de
livrer un combat de pied ferme, et de passer
par-dessus tous les sacrifices d'hommes , pour se
maintenir dans sa position , il ne pouvait disposer
de ses réserves , ailleurs qu'à l'aile gauche et à la
plus grande extrémité.
A peu près dans le moment où l'attaque de
Goumont commença , Napoléon avait aperçu sur
les hauteurs de Saint-Lambert, un corps de trou-
CHAPITRE I. 5l
pes qui y arrivait (H). Si le maréchal Grouchy
avait quitté Gembloux au point du jour, il pou-
vait avoir passé la Dyle, et son avant-garde avoir at-
teint les hauteurs de Saint-Lambert à cette heure;
la première idée qui se présenta , fut donc que c'é*
taient ses troupes qu'on voyait. Mais bientôt des
chasseurs à cheval de la division Domont, lui ame-
nèrent un ordonnance prussien, porteur d'une
dépèche , par laquelle Bûlow annonçait son arri-
vée au duc de Wellington. Cette circonstance
changea toutes les dispositions, jusqu'alors déci-
dées.pour la butaille. Le corps de Sûlow se trou-
vait entre l'armée française et l'aile droite, que
commandait le maréchal Grouchy. Ce dernier
pouvait bien, à la vérité, l'arrêter et même le dis-
perser , en arrivant à temps sur ses derrières.
Mais il était possible qu'il fût retardé lui-même
au passage de la Dyle , ou qu'il eût rencontré des
obstacles imprévus. L'interposition d'un corps
ennemi, à Saint-Lambert, était toujours un pré-
sage défavorable , en ce qu'il allait paralyser une
partie de la réserve. La distance de Saint-Lam-
bert au champ de bataille, n'était pas de deux
lieues; il fallait donc tenir un corps prêt à se
porter au-devant de Bùlow et le contenir. Dès-
lors , il ne fallait plus penser à prolonger l'atta-
que du r' corps jusqu'à l'extrême gauche, puis-
qu'il n'était plus possible de remplir le vide , que
ce mouvement à droite aurait laissé entre le i*'
£t le a* corps. Napoléon, forcé de tenir sa réserve
52 LITRE II.
disponible contre une attaqae de flanc, se vit
donc obligé de changer la disposition d'attaque
0
du i** corps. Il prescrivît en conséquence au ma-
réchal Ney, d'entamer l'action par l'attaque vers
la Haye-Sainte, par la dÎTision de gauche du i"
corps. La ligne de bataille, contre les Anglais,
n'allait plus être composée que de trente mille
hommes environ ; WcfHington y en avait déjA
soixante mille. Plus tard, dans les pilus grands
efforts de la journée , quarante mille hommies fu-
rent employés ; alors Wellington en avait réuni
quatre-vingt mille , et Ziethen lui éa amena vingt.
La première mesure que prit Napoléon , lors-
qu'il apprit l'arrivée de Bulow à Saint-Lam-
bert, fut celle d'envoyCT la division légère de
Suberwîck, renforcer celle de Domont (<i). Ces
deux divisions, fortes environ de deux mille
cinq cents chevaux , devaient chercher à contenir
l'avant-garde de Bûlov^, occuper les débouchés,
pour empêcher la cavalerie ennemie de se jeter
sur nos derrières , et pousser des partis à la ren-
contre du maréchal Grouchy. Le comte de Lobau
fut reconnaître la position qu'il devait occuper,
en avant de Planchenoit , pour combattre les
i^russiens, s'ils débouchaient du bois de Paris.
Un officier d'état- major fut expédié vers une
heure au maréchal Grouchy, pour lui porter un
nouvel ordre d'appuyer à gauche , et de chercher
à empêcher les Prussiens d'inquiéter l'aile droite
de l'armée principale. Le maréchal fut également
dupnu I. 3$
préireBU du molTreineftl. de Bûfew, «fui^deratt
r-engagai' â se hÂter (*). Cet officier d^étalràia|or,
qui: était Je c€Mk>ûel Zefiotfitz, averti- dé Finlpor^
tance de sa mission , aurait dû arriver prè» dû
vmrécbêl Gfouchv yen trois keures ; il ne lere-
)o^it cependant qu'à s^ heure» du soir, et
trop tard, par une négligence bien Coupable,
Mous ne rapporterons pas les bruils qui ont couru
dans te temps sur S€» eon^pte.
Cespetidiffit F^napereur. Mapoléon se décida à
faire attaquer sia^Je-champ l'aile gauche enne-
mie ^ sans attemke pkis long-temps le succès <de
l'attaque de Goutnont. Vers une heure, le i""
corps ftsçut l'ordîe de changer de direi^on. Po\ir
suivre de plus {^^ës e^le attaque, Napoléon se
porta avec ses.escadronsde service, sur la hauteur
en arrière de la BeUe^^Amanee (T). Le maréchal
Key„ qui se trouvait Au i" corps, le forma en
quatre colenkies serrée» et le dîriglëa en échelons ,
la gauche en avant,, surb division Piéton, labsant
la Haye-Sainte 4 gauche. Les colonnes des quatre
dissions (7, 8 , 9, 10), étaient tellement rappro-*
chées , qu'il amfait été hnpossiUe de les déployer.
L'artillerie resta sur le plateau ( 1 1 ) où elle avait
d'fidx»^ été mise en batterie. La cc4onne de gau-*
che (7) s'avança jusqu'au chemin creux qui cou-
rût « la division PictML {"*) , et se trouva bientôt
n Pièce» jusUficiUiTes, »<> lOX,
{*^) Les baies qni bordent ce cbemin cieifx aTaieni été coupées à hau-
IV. 3
34 UTRB IK
engagiée avec la brigade hollandaise de By-
landt (ce). Cette brigade fut culbutée presque au
premier choc ; mais la brigade Kempt (bb) sou«
tint le combat ; le Ss"* régiment anglais, qui était
en seconde ligne , vint remplir le vide laissé par
les Hollandais. Dans ce moment, le général Pic-
ton fit faire un mouvement â droite aux 4^* ^t
92* régimens, qui étaient en première ligne de la
brigade Pack (aa). Nos troupes, prises en flanc,
furent arrêtées. Le îo5* régiment, qui était en
tête de la colonne , fut mis un instant en désor-
dre et perdit son aigle. Le combat se soutint ce-
pendant avec le plus grand acharnement sur ce
point. Le général Picton , frappé d'une balle à la
tête , tomba aux premiers rangs de ses troupes ,
qu'il encourageait par son exemple.
La division de gauche du 1*" corps souffrait
beaucoup et commençait à perdre du terrain. La
3* colonne (8) allait entrer en action, lorsque Wel-
lington pensa à profiter de la faute qu'avait faite
le maréchal Ney. Le premier objet de l'attaque
qu'il dirigeait aurait dû être de s'assurer un point
d'appui, en occupant la Haye-Sainte. Tant que
ce poste restait entre les mains de l'ennemi, ce
dernier pouvait déboucher par-là , pour prendre
ïios colonnes en flanc ; et d'un autre côté , l'artil-
lerie , qui ne pouvait pas bien se mouvoir dans
tenr d'appoi ponr décourrir le fca de rarlilleriei elles formaient cepen-
dant an parapet suffisant contre la caTalerie.
GH^AÏITfiE I. 35
les terres détrempées du valloii qu'elle avait
devant elle, avait besoin de la grande route pour
se porter en avant. La brigade de dragons de
Ponsonby (ff) déboucha par la grande route et
vint charger la colonne de gauche en flanc ; cette
charge inattendue y jeta quelque dés(»rdre : elle
s'appuya sur la colonne voisine (division Don*
zelot) , et la fit également plier. Le comte d'Erlon ,
dont le cheval venait d'être tué , fit former les
carrés. Mais les dragons ennemis , par un motif
dont il est difficile de se rendre compte , passèrent
outre , en frisant les carrés de si près , que des
hommes et des chevaux furent tués à coups d'épée
par nos ofl&ciers. Il semblait que l'ivresse les
entraînât , sans but , au travers de l'armée fran-
çaise. Dans ce moment, par une autre faute inex*
ensable , l'artillerie quittait sa position ( 1 1 ) , et
s'avançait dans le vallon pour suivre le i *' corps.
Les dragons anglais se pestèrent sur elle (12),
sabrèrent un nombre de chevaux et désorganisé^
rent une quinzaine de pièces. Le général Milhaud
fit alors arrêter la charge de l'ennemi, en portant
en avant la brigade Travers de la division Wa-
thier (7" et 1 a* cuirassiers) (i3). Le généralJac-
quinot , par un mouvement habile , se porta sur
la ligne de retraite des Anglais (i4)» ^^ brigade
Gobrecht (3* et 4* lanciers) les chargea en flanc et
à dos. La plus grande partie de la brigade en-
nemie y périt , avec le général Ponsonby ; les
restes regagnèrent la Haye-Sainte en désordre. En
36 LIVRE II.
mtme temps que la brigade Pousonhy , cette du
général Yandeleur ayait débouché par rextréme
gauche de la ligne anglaise ; mais le mouTemcnt
du général Jacquinot Vc^Ugea à se repUer sais
s'être engagée avec notre cavalerie.
L'empareur Napoléon , voyant le désordre que
la charge des dragons anglais avait mis dans une
partie du i " corps , se porta en avant. Le corps
du général Milhaud prit position en arrière <ta
la Haye-Sainte ( 1 5) ; la cavalerie de la garde en
seconde ligne (16). Les colonnes d'attaque du 1*'
corps furent reformées. Aucun mouvement ne
s'étant fait apercevoir dans la ligne anglaise,
Plapoléon ordonna de renouveler l'attaque , mais
d'enlever d'abord la Haye-Sainte. Wellii^on, de
son côté^ avait déjà donné l'ordre à la division
Clinton (a^bjc) de s'approcher un peu du centre
4e sa ligne ; elle s'avança jusqu'à la route de
Nivelles (17). Un peu après trois heures, le dom-
mage fait aux batteries du 1 *' corps ayant été ré-
paré , les colonnes se remirent en mouvement.
Le général Milhaud et la cavalerie légère de la
garde , chargèrent par la gauche de la Haye-Sainte
les brigades Ompt^d^ (K) et de Nassau (O). L'in<*
fanterie ennemie se forma en carrés , et les ca-
nonniars, abandonnant leurs pièces, se réfugièrent
dans les cairrés. Dès le coHunenc^ment de Yac-^
tion , le duc de Wellington avait fait retirer der**
rière la %ne , les chevaux des batteries qui étaient
9ur le front. Nos cuirassiers enfoncent les ba-»
taillons de gauche de la brigade Ompteda et dé-
{>assèrent la ligne. Une charge de la brigade Som^
merset les ramena, et l'infanterie n'étant pas
encore en mesure de les soutenir, ils furent
obligés par le feu de Tennemi à se replier. Peu
après, la gauche du 1*' corps étant arrivée de
nouveau à la hauteur de la Haye-Sainte , le comte
d'Erlon fit attaquer ce poste par quelques batail-
lons. Malgré la résistance opiniâtre de la brigade
Ompteda , il fut enlevé , et nos troupes s'y établi^
rent vers quatre heures. Alors le duc de Wel-
lington fit avancer la brigade Mitchel (b) à la
droite de la division Clinton (18). Il ordonna
aussi au général Chassé de faire avancer la bri-
gade Ditmers de Braine-la-Leud, pour remplacer
la division Clinton, dans sa première position (a);
de retirer également la brigade d'Aubremé de la
ferme de Foriez, et de s'approcher avec elle de
Mont-Saint-Jean : cette brigade se plaça plus tard
en avant de la route de Nivelles (19). Wellington
voyait alors , par la direction des attaques , qu'il
n'avait rien à craindre pour son extrême droite ,
contre laquelle il n'y avait eu jusqu'alors d'autre
mouvement, que quelques reconnaissances pous*-
aées par le général Pire , sur les bords du ruis^
seau de Hain. A la gauche, le combat se soutenait
toujours à Goumont. Le château avait été réduit
en cendres , et l'incendie avait été allumé d'une
manière si violente , que l'ennemi occupé , à se
défendre contre des attaques opiniâtres, n'avait
58 LIYRS II.
pu enlever ses blessés qui y étaient restés, par une
négligence qui ne fait pas honneur à Thumanité.
Cependant il nous fut impossible d'emporter le
jardin , dont les murs solides résistaient au feu
de Tartillerie. La perte de Fennemi fut très-grande
sur ce point; le général Cooke fut grièvement
blessé. De notre côté, le prince Jérôme, blessé
au bras , ne quitta pas le champ de bataille.
Pendant que ces événemens se passaient, le
corps de Bùlow s'était réuni à Saint-Lambert.
Vers trois heures , toutes les troupes de ce corps
étant arrivées, le maréchal Blûcher, qui s'y trou-
vait en personne , le porta en avant. A quatre
heures , l'avant-gardc de Bûlow occupait le bois
de Paris , et une demi-heure plus tard , les 1 5*
et 1 6* divisions , la cavalerie et l'artillerie y furent
réunis. Dans ce moment Blûcher reçut l'avis que
le corps de Thielemann était fortement attaqué,
et que l'arrière-garde , que Ziethen avait laissée à
Limale , était elle-même engagée. Il n'y avait plus
moyen de reculer ; une marche rétrograde au tra-
vers dés défilés qu'il venait de passer, le ramenait à
Wavre, trop tard pour soutenir son troisième
corps ; d'ailleurs il sentait parfaitement, ce qui pa-
rait avoir échappé au maréchal Grouchy , que les
événemens de la campagne de Belgique devaient
se décider à Mont-Saint-Jean et non pas à Wavre.
Il donna donc l'ordre au général Thielemann de
se défendre comme il pourrait , et en cas de mal-
heur , de sô retirer à Liège ; au général Bûlow ,
CHAPITltE I. 39
il donna cdui de déboucher da bois ; au général
Pirch I , celui de suivre son mouvement sans re-
tard ; le général Zietben^ continuait le sien« Ainsi ^
un renfort de quatre-vingt mille hommes allait
arriver aux Anglais {*) et changer entièrement
l'aspect de la bataillé, dont toutes les chances
étaient pour nous jusqu'à ce moment.
Un peu après quatre heures et demie y les troupes
de Bùlow débouchèrent des bois de Paris , en trois
colonnes (20). Blûcherleur donna la ferme élevée
de la Belle-Alliance pour point de direction {**).
Les deux autres divisions de ce corps étaient en-
core en arrière du bois (â 1). Lé général Domont
prévint sur-le-champ l'empereur Napoléon de l'ap-
proche de l'ennemi^ qui paraissait au nombre de
(*) ARMÉE PRUSSIENNE
A WATERLOO.
1*' corps
a* cocps
4* corps
(^ Tiens n« pouvons pas passer sous silence l'anecdocte romancsipie
que rapporte nn «écrivain anglais. (^Bojrce, Histoiy ofthe second iisur-
•potion of Bonaparte, ii, page 6S.) Selon lui, Blucher, en débon-
elianc du bois de Paris , Tonlait se diriger par Smohain snrla gauche des
Anglais. Mais son guide lui cousciUa d'attaquer Planchenoit, afin de
toamer rarmce française. Nons remettrons ce conte h la Bibliothèque
**"* arec les neuf dixièmes des rfcrivasscrîcs des Anglais sur cette
joomçe, MxtB de Ta ^cmauou mw —
4o LITRe II.
vingt voiUe hommes: Le moment cntiquedeia ba-
taille était arrivé , conduit par un événement inat-
tendu et qui devait rêtrc. Il n'y avait plus lieu de
douter que le passage de la Dyle , par le maréchal
Grouchy,n aitété retardé^. Le mouvement offensif
que faisaient les Prussiens démontrait sufBsam--
ment que, bien loin d'être attaqués en queue
par notre aile droite , celle-ci était assez éloignée
d'eux pour ne pas les détourner du plan convenu
avec Wellington. Mais quelle était la cause du
retard de Grouchy? Voilà où était l'incertitude.
U n'avait certainement pas été battu; l'arrivée des
Prussiens à cette heure prouvait que le lieu du
combat n'aurait pas dû être éloigné , et ou n'avait
pas entendu le canon. Il ne restait , dans le dout^
où il devait se trouver , que deux partis â prendre
par Napoléon. L'un était celui de porter un corps
au devant de Bûlow pour le contenir ; de faire
occuper les postes de Papelotte et la Haye , afin
de couper la communication entre les Anglais
et ce premier corps prussien; et de porter un
grand effort sur le centre de la position anglaise ,
afin de décider , s'il était possible , la bataille
avant l'arrivée du restant des troupes prussiennes.
Si le maréchal Grouchy avait , comme il était pro-
bable, reçu le dernier ordre qui lui avait été expé-
dié , il ne devait pas tarder à déboucher de Limale
ou de Moustîers, et à arrêter la marche de Blûcher,
en engageant fortem^at son aixière-fifarde. Ou-'»»^'^
_ 5 ^ — laiipWreçu, iT devait, d'après le
rapport qn'îl avait flût de Gend^loux dans* la nuit
précédente, se trouver à midi devant Watre. Il
devait alors arriver de deux choses Tune : ou la ma-
jeure partie de Famiée prussienne était restée da-
Tanthii,€ft alors la diversion de Blûcher se rédui-
sait au corps de Bûlow seul , et le danga:* cessait
d'être aussi grand; ou Blucher avait quitté Wavre,
et le maréchal Grouchy le suivait , en laissant un
simple corps d'oltoervation vers cette vHle. 11 était
donc possible que, pendant le temps où Bulow
serait ccmtenu , une' attaque bien conduite nous
rendit maîtres de Mont-Saint-Jean , et mit par-
là l'armée atigtaise hors de combat.
Le second parti était celui de dégager son aile
droite et de la faire pivoter «n arrière sur la
gauche. L'armée française pouvait alors prendre
une position oblique de gauche a driMte, entre
Goumont et Planchenoit. Un coup de collier vi-
goureux devait nous rendre maître de Goumont,
et en même temps empêcher les Anglais d'in-
quiéter le mouvement rétrograde du i"' corps.
Le champ de bataille entre Goumont et Planche-
noit était assez resserré pour pouvoir être défendu
sur tous les points. L'occupation de Planchenoit
couvrait notre droite. Celle de Goumont avait un
double avantage : d'abord elle menaçait la route
de Nivelles et empêchait Wellington de dégarnir
son aile droite, ensuite elle rendait dangereux
tous les mouvemens qu'il aurait voulu faire faire ,
au centre et à la gauche de son armée , vers la
4^1 uns, II.
BeUe-AUiance ; car le bols et le château de Gou-
mont offraient un point d'appui aux colonnes d'at-
taque, qui seraient venues prendre ces mouvemens
en écharpe. Dans cette position , il était facile de
gagner la nuit et d'en profiter pour se retirer
derrière Genappe, et s'y réunir au corps de
Grouchy. Le but de la guerre offensive , entre-
prise en Belgique, était à la vérité manqué^
mais l'armée était sauvée , et il était possible de
suivre le second des trois plans de campagne
entre lesquels avait balancé Napoléon. Voyez
liv. I, chap. I.
Napoléon parut un instant se déterminer à
suivre ce dernier parti. L'ordre fut donné au
comte d'Erlon de se préparer à retirer son ar-
tillerie et à dégager ses troupes de l'action. Quel
fut le motif qui le décida peu après à changer
de détermination? Il parait que, la certitude que
le maréchal Grouchy ne pouvait pas manquer
d'arriver par Saint-Lambert , et le désir d'abréger
la durée de la guerre par un coup décisif, l'em-
portèrent. Peut-être est-il vrai qu'il se laissa en-
traîner par l'assurance , que lui donnèrent quel-
ques personnes qui étaient alors près de lui, que
le centre de la position anglaise serait indubita-
blement enfoncé , avant que les Prussiens ne
soient en mesure de l'empêcher. Quoi qu'il en
soit, il se décida à courir les chances d'une at-
taque de flanc, pendant qu'il redoublerait d'ef-»-
forts sur le front. Le 6* corps reçut Tordre de
€HAP1T&B I. 43
se porter au-deTant de Bûlow. Il prit position à
la gauche de Planchenoit (22)^ se trouvant ainsi
en potence derrière le i*' corps. Les deux divi-
sions du corps de Bùlow , qui avaient débouché
du bois de Paris , se déployèrent , vers cinq
heures, à la hauteur de Frichermont (^3), la
i5* à droite , la 16* à gauche, et la cavalerie sur
les ailes , la plus grande partie cependant à gau-
che ; im régiment de hussards fut détaché vers
Haransart pour couvrir l'aile gauche (â4)« Quel-
ques bataillons du 6* corps, poussés en avant
pour appuyer la cavalerie , formèrent devant
l'ennemi une ligne de tirailleurs. Des charges de
cavalerie eurent lieu , entre celle des Prussiens et
les divisions Domont et Suberwick , avec des suc-
r
ces variés. Le combat se soutint quelque temps
presque stationnaire ; Blûcher, content d'avoir
annoncé son arrivée à Wellington, par le bruit
du canon, attendait que les deux autres divi-
sions de Bûlow eussent passé le bois. Il fit ce-
pendant, à sa droite, occuper Smohain (26),
dont les troupes , de la brigade hollandaise de
Weimar , furent chassées , par erreur, à coups de
fusil (*]; à sa gauche, il jeta deux bataillons
dans le petit bois de Hanotelet (â6).
(*) Une lettre du prince de Weimar k son père nons dît qnc les
Prasiiens prirent ces troupes pour des Français y quotqu'eUcs eussent le
ooenr bien allemand. GVtait le mémo régiment de Nassan qvâ ayait
déserte en 1814» devant Bayonne» et <jui se trouTait alors au service
de Hollande.
44 tVTBJL U.
£n même temps que le 6* corps se portait sur
la droite, Napoléon avait ordonné au maréchal
Ney de se maintenir à la Haye-* Sainte, de sou-
tenir ce poste , et de faire attaquer par une di-
TÎsion les fermes de Papelotte et de la Haye«
La division Durutte y fut dirigée (27). Le ma*
réchal Ney ne devait faire aucun mouvonent of-
fensif, avant que lattaque de Bùlow n'ait pris un
caractère décidé. Vers cinq heures, le duc de
Wellington fit porter la division Clinton (17) en
avant, en seconde ligne de la division Alten (k^
ly m) ^ qui avait beaucoup souffert. A laide de
ce renfort , les Anglais tentèrent une attaque sur
la Haye- Sainte. Us furent vigoureusement re^
poussés par notre infanterie, et une chai^ des
cuirassiers acheva de culbuter les brigades etx-^
nemies qui s'étaient portées en avant. Les cui-
rassiers de Milhaud et la cavalerie légère de la
garde , s'élancèrent sur le plateau aux deux côtés
de la route ; un bataillon hanovrien fut taillé en
pièces dans la seconde ligne, et la charge fut
poussée au travers des carrés , dont la plupart
furent entamés. Les deux brigades de gauche de
la division Alten se replièrent sur la division
Clinton , qui se trouva engagée elle-même. Na-
poléon , voyant en ce moment le plateau couvert
par la cavalerie de notre droite, craignit pour
elle Teffet du feu meurtrier auquel elle se trou-
vait exposée , et d'une charge de la part de l'en-
nemi. Une déroute de cette cavalerie aurait pu
GBi^PlTftE I. 4^
dès-lors entraîner la perte de la bataille. Il or-
donna au comte de Yalmy de 8e portcfr en ayant,
avec son corps, ^our lia aoutenir. Les deux div^
gîons accoururent an galop. La cavalerie de ré-
serre de^ la garde sutvil ce mouvement , sans en
avoir cependant reçu Tordris. Dans le moment
où ces divisions arrivèrent sur le plateau , la ca*
Valérie ai^Iaise et hollandaise venait d'arrêter la
charge des cuirassiers de Mittiand , et de les forcer
de se repUcr à côté du premier corps. Ce der-
nier se trouvait cependant engagé sur toute sa
ligne (28), et son feu, bien nourri, portait le
ravage dans les rangs ennemis; sa gauche était
maitresse de la Haye^ainte, et repoussait de là
une nouvelle tentative que fit Fennemi pour s'en^
parer de cç poste (*).
L'arrivée des deux divisions du comte de Yal-
my, et de celle du général Guyol^ ranima Je.
eoonbat; la cavalerie eoDemie fat repoussée à
son tour, et la liôtr^ couronna de nouveau le
plaleau. Là s'alluma un oombat dont il n'y a
peut^tre pas d'encoifile dans lliiatoice, tant à.
cause de son achatnémeiit , que de la dis{H>sition
des troupes. Les n^imens ennemid éUiient for-^
mes mx carrés , qui furent attaqués tpur à tour
(*) Ud d» mnmwn apgbît c|ont noo» aTooa drjà r^vk'» fl^co ïà
raventare mcrvÂUense du colonel Ualkctt, coamundant uoe brigade
de la dÏYÙûon Clinton, qui se porta seul sur une colonne française, et
éx ^tonnier le {«nierai qui cuît à sa t^te. Noss la renTerroos I^ un
nâvdmnie p^ otiwir fe M* do capUan,
46 l'HTRE n.
et en tous sens par notre cayalerie. Au
de ces carrés', furent fournies et reçues plusieurs
charges des escadrons français, hollandais et an-
glais, souvent entremêlés. Dès que notre cava-
lerie s'éloignait d'un carré ennemi , pour se re-
mettre en ligne , il se déployait pour recommencer
son feu ; s'approchait-elle de nouveau , le carré
se reformait. De temps à autre une charge heu-
reuse entamait un carré; trois même furent en-
foncés et détruits. La brigade du général Hal-
kett (m) reçut à elle seule onze charges ; le carré
du 69* régiment anglais fut taillé en pièces, et
les deux tiers des autres couchés par terre. Ce
combat effrayant dura, dans le même état, jus-
qu'à sept heures du soir. Le duc de Wellington ,
le prince d'Orange et lord Uxbridge , au milieu
de cette mêlée , obligés de s'enfermer eux-mêmes
à chaque instant , dans un carré , ne pouvaient
qu'encourag«r leurs troupes à tenir ferme , mal-
gré leurs pertes énormes ; il n'était pas possible
de faire aucune disposition : lin déploiement
aurait entraîné la déroute de Tannée. Jamais la
situation d'un général n'avait été plus critique ,
que ne l'était en ce moment celle du duc de
Wellington. Il était temps que le secours des
Prussiens vint l'en tirer. Ne pouvant pas , pen-
dant que la cavalerie française était tout contre
ses lignes, atteignant partout par des charges
sans relâche, faire un mouvement ni en avant
ni arrière , la fermeté , ou , disons mieux , l'im-
CHAPITRE I. 4?
mobilité était le seul moyen de salut qui lui re^
tât. Il fallait supporter tous ces chocs , dans l'es^
poir qu'il lui resterait encore quelques hommes
debout à l'arriTée des Prussiens. Toutes ses ré-
serves étaient engag[ées , même la division Chassé,
qui avait été obligée d'entrer en ligne. La divi-
sion Piéton , foudroyée par l'artillerie du premi»
corps 5 Toyait «es carrés se fondre et disparaître
l'un après l'autre. On vint dire à Wellington,
vers sept heures , que cette division n'avait plus
que quatre cents hommes dans les rangs : « H
<£aut qu'ils restent en place jusqu'au dernier
«homme, > fut la seule réponse qu'il pût leur
donner. La division Alten était puisée des ef-
forts qu'elle avait à sou^nir. Le général Van-
Merlen était tué, avec lés commsaidans de brigade
Omptedaet Duplat; les généraux Alteh, Collaert,.
Kempt, Pack, Halkett, Adams, Boeniberg, By-
landt, blessés. Les batteries delà première ligne
étaient réduites au silence; celles de la. seconde,
à chaque instant abaxîdonnées pour sauver les cat-
nbnniers dana les carrés. Ce fut dans ce, moment
terrible que l'angoisse de sa position , et la dou-
leur d'un carnage pareil lui arracha des larmes,
et cette exclamation du désespoir : « Il faut en-
t core quelques heures pour tailler en .pièces
« ces braves gens. Plût au cid que la nuit ou
c les Prussiens (urriTassent avant I » Près de quinze
mffle hommes de l'armée anglo-baftave ^étaient
tués ou blessés ; un grand nombre d'autres s'é*
43 UYBS U.
toit employé â transportar les bfeaaéa, et un bien
phid grand nombre ayak quitté les rangs , c»r
traîné par la frayeur. Dès la preiittëre attaque
du 1*' cerps, tous les bagages qui étaient sur la
route <le Bruxelles, s'étaient enfuis à vau-de^route ,
à travers la £orét de Soigne. La terrible altaqte
d^ deux corps de cavalerie y jeta les fuyards
des troupes combattantes. La grande route et
les chemins latéraux présentaient l'image daplM
affreux désordre ; couverte des déconbres de vain
tures brisées , elle ^ait encore obstruéed'bcMBsmes
de toutes, armes , blessés ou non, qui aUèrent
porter Tépouvante à Bruxelles et jusqu'à Anvers..
A sept heures du soir, il restait à peine au duc
de Wellington trente mille hommes dans; les-
rangs. Lui-même comptait alor& si peu aur la
victoire, qu'il ordonna de &ire rétrograder sur-
Anvers la batterie de dix-huit , qui devait pindre
son armée , et qui avait déjà dépassé Malines. Les
fuyards, qui encombraient. cette rouJte, jetèresil:
le désordre dans le convoi, et une partie des,
pièces fut jetée dans le canal. Qu'il nous soiti
permis de rendre hommage à la valeur des di-
visions de cavalerie française, qui soutinrent une
aussi brillante lutte, pendant ced deux sanglantes >
heures. Atteintes de toutes parts pw le feu des
bataillons ennemis y au miJUbâu desqueb elles pro^
menaient la terreur et la mort , elles ne se rebu»
tèrent pas un instant «le la contiaitité de leurs-
efforts , ni des pertes ncmfarenses qu'elles firant .
GUAPITRB I. 49
Cepeadant Bûlow a^vait continué son mouve-
ment en ayant, dès que les t3* et i4* divisions
de son. corps furent à sa portée, et, poussant de-
vant lui la ligne de nos tirailleurs et notre cava-
lerie l^re, avait abordé le 6"* corps. Le combat
s'engagea et se soutint de pied ferme; même
une charge de nobre cavalerie repoussa celle de
Tennemi devant Planchenoit. Vers cinq heures
et demie, les i5* et i4* divisions prussiennes
ayant rejoint , Bûlow déploya tout son corps
sur deux lignes (2g) par divisions; la i5^ et la
i3* adroite, la 16* et la i4* à gauche. Il débor^
dait ainsi le 6* corps , et le comte de Lobeau se
vit obtigé, pour couvrir sa droite, de faire oc-
cuper Planchenoit. Le général Bulow, de son
oôlé, fit alors former en colonnes d'attaque la
i^ division, et la porta sur Planchenoit, qu'il
fit attaquer par. six bataillons. Le faible déta-
chement du 6* corps, qui défendait ce village,
soutint le choc avec la plus grande valeur, et
l'ennemi ne put s'emparer que des maisons avan-
cées; ses efforts échouèrent à l'attaque du ci-
metière. L'empereur Napoléon, attentif à ce qui
se passait à sa droite , avait aperçu le déploie-*
ment de Bûlow; il avait sur-le-champ envoyé
la division Duhesme (jeune garde), avec deux
bataillons de la nH>yenne garde et une batterie
de <iouœ de la réserve , pour prolcHiger la ligne
du $*- corps. La tète de la colonne- de la jeune
garde porta sisr Planchenoit et en chassa l'en-
IV. ' 4
50 LIVEB II.
nenû; la division prît position à la droite du
& corps (5o). Une nouvelle attaque des Prus-
siens replia encore nos troupes jusqu'au cîme^
tière; mais cette seconde attaque ifut de nou-
veau repoussée. L'^oinenii , chassé de Planchenoit
avec une grande perte, fut obligé de reculer
dans ^a position. Dans ce moment, la division
Durutte venait d'emporter successivement Pape-
lotte, la Haye et Smohain (3i). Bûlow, dâ>ordé
par sa droite , se crut obligé de retirer sa gauche ,
qui pouvait être compromise, et de la remettre
en ligne avec la droite. Il était alors six heures
et demie.
Le mouvement rétrograde de Bûlow, était la
pireuve certaine que les Prussiens n avaient plus
de nouvelles troupes à engagw sur ce poiaC:.
Tranquillisé pour le momaat de ce côté , Napo-
léon songea à p<xter le coup décisif au centre
de l'armée anglaise. Bulow était contenu, Wel-^
lington avait toutes ses réserves en ligne , et se
soutenait à peine ; il n'y avait donc aucun dan-
ger à faire avancer la garde, qui présentait encore
une réserve de huit mille hommes d'élite. L'en»-
pereur Napoléon formait la garde en colonnes
vers sept heures , lorsqu'on entendit sur la droite
s'approcher le canon du corps de Grouchy ; c'é-
tait le moment où il commençait enfin â passer
la Dyle à' Limale. L'interruption momentanée diu
combat avec Bûlow , qui alors était presque ia-
signifiant, permit dans cet instant d'entenihre
GHAPrru I. 5i
nùeilx la canonnade 9 qui durait depuû cinq heu^
res. Napoléon put et dut même croire que Je
maréchal Grouchy était parv^iu à arrêter la ma*
jeure partie de l'armée pruasienne. Mais préci-*
sèment en même temps, le duc de Wellington
recevait l'avi» que le corps de Ziethen dét>ou-
chait d'Ohain ; il fit circuler cette nouvéUe daw
les rangs , et le courage presque éteint de ses
troupes se ranima ; il prescriyit aux brigades Van*
deleur (gg) et Yivian (hh)^ aussitôt que les pre-
mières troupes de Ziethen seraient à leur hau-
teur, de se porter au centre, et il ordonna à la
brigade MitcheQ (i8} et à la cavalerie de Bruns^
wick (tj, d'attaquer le bois de Gounvont.
Notre cavalerie , q[toi était sur le plateau de la
Haye-Sainte , où elle 3e soutenait encore , ayant
forcé l'infanterie ennemie à descendre le revers
opposé, vit également, vers sept heures, le corps
de Ziethen qui avait dépassé le bois d'Ohain (3i)) ,
et les brigades de caFalerie anglaise qui revenaient
à elle. Un moment d'hésitation la aaisit, et il fut
facile d^apercevoir du flottement. Napoléon,
poiw aller au-devant d'une crise qui pouvait àt*
venir latale , se porta rapidement avec quatre ba*
taillons de la moyenne garde et quatre batteries ,
en arrière de la Haye-Sainte (z) ; les quatre barr
taillons formés en colonnes d'attaque , passèrent
â la gattcbe (53) ; les huit bataillons de la vieille
garde devaient suivre ; le comte ReiUe reçut Tor-
dre de former son corps en colonnes , â côté du
5 a LIYBE II.
bois de Goumont , et de marcher en ayant. Le
général Labédoyère fut envoyé dans les rangs
du I *' corps y pour annoncer l'approche du ma*
réchal Grouchy, afin de relever le moral du sol-
dat. Ce fut alors qu'il rencontra trois bataillons
du 1 " corps , . qui se retiraient , sur Tordre d'un^
chef, et , disait-on , d'après ceux de l'empereur.
Labédoyère les fit retourner en ligne , assez pro-
bablement sans leur chef. Napoléon donna au
maréchal Ney le commandement des quatre ba-
taillons de moyenne garde (33) , et lui donna l'or-
dre de maintenir la position du plateau. Un peu
après , les huit bataillons de la vieille garde arri-
vèrent, et furent placés en arrière du ravin (34),
en trois brigades. Les deux premières, formées
d'un bataiUon en bataille et deux en colonnes sur
les flancs, en première ligne et â distance de ba*
taillon ; la troisième en réserve ; l'artillerie dans
les intervalles. Les quatre bataillons de la moyenne
garde , le général Priant à leur tète , se mettent
en mouvement ; Napoléon leur montre du doigt
les lignes éclaircies de l'ennemi; «Voilà le chemin
de Bruxelles , b leur dit-il. Le cri de Vive l'Empe-
reur fut leur réponse. Ils arrivèrent sur le plar
teau (35) , et Napoléon mettant pied à terre, se
rendit aux batteries de la Haye-Sainte , pour les
diriger. Le comte ReiUe, débouchant par la droite
de Goumont (36) , aborde également la ligne en-
nemie. Wellington, de son côté, se hâte de ren-
forcer le centre , que menace cette double atta-
CHAPITKS 1. 55
que. La division de Brunswick reçoit l'ordre de
quitter sa position (3) , et d'appuyer à gauclie.
La brigade Ditmers reçoit celui de s'avancer de
sa seconde position (a)^ pour remplacer les trou-
pes de Brunswick et soutenir la brigade Mitchell ,
dans son attaque sur le bois de Goumont.
Cependant les^ quatre bataillons de la moyenne
garde avaient encore forcé la Ugne ennemie ,
qui leur était opposée, à un mouvement rétro-
grade ; le combat s'était rallumé avec une nou-
velle vigueur , devant le front du i *" corps ; le a*
était également engagé. Le duc de Wellington
opposa «lors aux bataillons de la garde ^ la divi-
sion de Brunswick, qui venait d'arriver de sa
droite; cette division fut culbutée. Le prince
d'Orange essaya d'arrêter la colonne formidable
qui s'avançait tou)ours, en se jetant au-devant
d'elle , avec un bataillon de la brigade de Nassau ;
il fut blessé et le bataillon dispersé. Enfin Wel-
lington , ayant porté en avant la brigade d'Au-
bremé (19), les Brunswickois se rallièrent à elle^
et ces deux corps réunis parvinrent à arrêter les
bataillons de la garde et à les faire rétrograder
un moment. Ces braves troupes revinrent plu-
sieurs fois à la charge , sans parvenir à enfoncer
les quatorze bataillons qui leur étaient opposés ;
le feu terrible des batteries de la seconde ligne ,
que Wellington avait fait avancer, éclairdssait
leurs rangs ; le général Michel ^tait tué ; les gé-
néraux Priant et Cambrone étaient blessés; le
54 LITRE II.
maréchal Ney , toujours â leur tête , avait été dé^
monté ; mais elles se maintinrent sur le plateau ,
et la caTalefie s'y soutînt avec elles (*).
A huit heures, le général Durutte, entière-
ment maître de Papelotte, la Haye, et Smohain,
se trouvait sur le plateau à là gauche de Pape-
lotte (37J ; il avait même repoussé tine charge
de cavalerie de la brigade Yandeleur , qui avait
essayé de l'entamer. Dans ce moment, le corp»
de Ziethen se déploya à la gauche de l'armée an*
glaise, une batterie de trente-deux pièces sur
son front (36). La division Steinmetz, avec la
cavalerie, se portèrent sur la Haye, et'empor^
tèrent ce poste. Papelotte fut repris presque eit
même temps, par les autres divisions de Ziethen.
La division Durutte, poussée devant le corp»
prussien qui se dirigeait vers la BelIe^ÂUiance,
découvrit la droite des autres divisions du i**
corps , et les força également à un mouvement
rétrograde. Dans cet instant critique , Napoléon
se vit obligé de disposer des huit bataillon» de
(^) Un des Anglais ^i ont ccrit sur cette journée (Sain a delaUed
accounty etc. y page i^) cite nbe anecdote que nous râpportona podt
en conserrer ks cxprcnioiia, qui font faoBBeur 4 rimpariiblîté de celai
qui les a tracées. « Dans on de ees mouTemcns rétrogrades y un officiel
« français , le coeur navré du dommage que Tartillerie anglaise causait
c a^jx iMtaiUoBs de la garde, chaqne fob qu'ils s^éloiguaient, saisît ttn
c fusil. Cl, se ^açant près d^one batterie an^aise, ne ceM« de faire îex\
« tant qii^l Técuu D succomba soos le coup d^un chasseur de Bruns-
ce wick y mais il sauva la rie à beaucoup des siens. Le nom de ce héros
«' notis est inconnu Paix k ses eendiiei ! »
cHAPims I. 55
la TÎeîUe garde , qui alkiest se portor sur le pla-
teau, où il n'y a pas de doute qu'ils auraient
enfoncé la ligne anglaise, qu'aucune résenre ne
pouvait plus soutenir. Une dernière attaque de
la division de Brunswick et de la brigade d'Au-
bremé , ayait été reçue par les bataillons de la
moyenne garde , sur la pointe de leurs baïon-
nettes et aTait échoué. Mais la retraite forcée d€
la droite du i*' corps , rendait un appui néces^
sairc de ce côté. La vieille garde passa à droite
de la grande route, et forma une ligne de car*
rés (39), derrière laquelle le i*' corps pouvait
se remettre en bataille.
Alors les brigades de cavalerie anglaise de Yan-
deleur et Vivian , devenues disponibles par
l'arrivée des Prussiens, étaient arrivées vers le
centre des Anglais. Le duc de Wellington les ûl
déboucher entre la Haye-Sainte et le corps du
comte Reille (4o). Cette cavalerie, au lieu de se
porter sur les cairés de la vieille garde, les
tourna, pour atteindre notre extrême droite en
retraite. Napoléon , dont toute la cavalerie était en*
gagée sur le plateau , n'avait de disponîble que
les quatre escadrons de service qui étaient auprès
de lui (z). Il les envoya au-devant de la cava*»
lerie ennemie; la disproportion était trop grande
et ib furent culbutés. Dès ce moment tout rallie-
méat devmft imposrible. Les troupes qui étalent
sur le plateau, voyant la retraite du i** corps et
le feu des carrés (39), se mirent égalemaat en re-^
56 LIVRB II.
traite. Wellington alors fit faire un mouvement
de ligne en avant à son armée. Le reste des ba-
taillons de la moyenne garde soutint quelque
temps la retraite en carrés, mais ils furent bientôt
obligés de succomber sous le nombre. Les carrés
de la vieille garde, disputant le terrain pied â pied,
luttèrent long-temps contre les masses de cava-
lerie et d'infantme de l'ennemi. Enfin ces valeu-
reuses cohortes, les triaire$ de l'armée française,
ainsi que les ont nommées nos ennmais mê-
mes {*) , désorganisées par les fuyards , oppri-
mées par le choc d'une armée entière ^ succom-
bèrent sur les hauteurs de la Belle -Alliance,
sans avoir été vaincues.
Napoléon, après la défaite de ses escadrons
de service , s'était porté à la gauche et en avant
de Rossome, où était encore un régiment de la
moyenne garde et deux batteries , afin d'essayer
de rallier son armée, sur les hauteurs de la Mai-
son-du-Roi. La division légère du général Pnré,
fut envoyée vers Genappe pour arrêter, s'U se
pouvait, les fuyards. Cette dernière ressource al-
lait bientôt être enlevée. Vers, sept heures et de-
mie, les 5% 6* et 8* divisions du corps de Pirch i ,
avaient joint celui de Bûlow (40 * ^^7" ^^^
été dirigée sur les hauteurs de Maransart (4^).
Bûlow , dont la gauche venait encore d'éprouver
un échec par une charge des divisions Domont
{*) Journal Militaire autricKieny 1819, 7* cahier, page 49-
CHÂPITES 1. 57
et Suberwick, reprit Toffensive. Les i4* et 16* di?
visions de son ccHrps, et la 5* de celui de Pirch 1 ^
se portèrent sur Planchenoit. Une .colonne de
dix-liLuit bataillons attaqua le villa^ , qui fut dé*
fendu avec la plus grande valeur. Enfin, à Fen»
trée de la nuit , il fut emporté, et le prince Guil-
laume de Prusse, débouchant avec sa cavalerie,
se dirigea sur la Maisonr-du-Roi et la routa de
CharleroL Dans ce moment , la cavalerie anglaise
arrivait sur les deux bataillons de la moyenne
garde, qui s'étaient avancés au delà de Aos-^
some (43). Napoléon ordonna au général Gour-
gaud de faire tirer sur l'ennemi la batterie qui
se trouvait là ,• afin d'essayer de Farrêter : ce fu-
rent les derniers coups de canon; un d'eux fira-
cassa une jambe à lord Uxbridge. Les deux ba-
taillons de la garde se formèrent en carrés, et
Napoléon, voyant que la perte de Planchenoit
venait d'ôter le dernier espoir de ralliement, al*
lait se renfermer dans l'un des deux , lorsque le
maréchal Soult le força à se retirer du champ
de bataille (*). Ces deux derniers bataillons fu-
rent bientôt désorganisés par l'ennemi et par la
masse des fuyards. Le 1 *' corps était en déroute
depuis la Belle-Alliance ; le â* corps qui s'était
retiré en assez bon ordre, jusque près du bois
de Gallois , fut dissous peu après. La nuit aug«
(*) jih! Sifc, les ennemis sont déjà assez heureux , lui dit-il en
rentnbaiit.
58 uvu il.
mentait encore le désordre, que roccupation â»
la grande route par les Prussiens porta â son
comble. Tous les liens de Tordre et de la discH
pline étaient rompus , et tout ce que pouvaient
ïairè les chefs , était de se porter rapidement %uê
là Sambre , afin de tâcher de réorganiser l'armée.
La jonction des deux armées ennemies se fit
â la BeUe-Alfianoe , où Blûicfaer et WeMington se
rencontrèrent â nsuf heures du soir. Là , il fut
décidé que l'armée anghnse, épuisée, resterait sur
le champ de bataiHe; que le corps de Bûiow,
soutenu par celui de Ziethen, suivrait l'armée
française; ût qoe celui dePirch i se porterait
sur la Dyie à Moustier, pour couper le maréchal
Grouchy. Toutes les colonnes désorganisées de
l'armée française se dirigèrent sur G^enappe. Na*^
poléon s'y arrêta quelques instans, pour es-*
sayer de remettre l'ordre ; mais il n'y avait plus
moyen d'y parvenir. Les corps étaient tellement
confondus, qu'il n'aurait pas été possible que
chacun retnmvftt ses drapeaux, quand même
l'obscurité n'y amwt pas mis obstacle. La route
était obstruée d'hommes, de chevaux* et de
voitures , marchant ou renversées ; dans les rues
de ce bourg, on trouva même quelques voitures
fixées entre elles parles chahies d'enrayage , après
avoir été abandonnées*
Vers onze heures du soir , la cavalerie du corps
de Bûlow arriva à Genappe , et y fit encore quel-
ques prisonniers. Elle y trouva également le reste
CHÀPITBI I. 59
du Btotériel de l'armée , que reficambrêment
avait fait abandonner y et les équipages du quaiv
tier impérial (*). Cette cayalerie poussa la même
nuit jusqu'A Quatre-^Bras , et Bûlew arriya le 19
au matin à Mellet*
Notre perte, dans cette funeste journée, s'éfeya
à vingts-cinq mille hommes, savoir :
Tiu:s OQ Uessës • iS,Soo
Prisonniers ^ . 7,008
a5y5o8.
Nous perdtmes tout le matériel d'artillerie qui
(*) CTest 11 que fat prise la Toiture de Fempercur Napoléon, sur la-
quelle la jactance anglaise et prussienne a fait tant de contes. Cette
Toiture, promenée de contrée en contrée par le major prussien qui
ravait prise au milieu des équipages abandonnés, arriva enfin à Lon-
dres lorsque rauteUr y était Le tMJor, par une spécolation q«j tài lut
as#ei lucraiÎTe , imagina de tirer parti de HTretae oè le ministère aoglaii
endormait la populaee, pour détourner le souTenir des pertes d'hommes
faites à Waterloo. La voiture fut exposée en public , et les badauds dit
pars obèrent, moyennant untcbelling, k permiarion d*y entrer par
ane portière et de sortir par Tautre, sans avoir peur de F homme qu'elle
iiTait contenu, ee qni leur paranait mi bonheur niexprimable. BtcD
de Fari^t fbt gagné par ce moyen; mais nous pourons douter qu'on
troorât, dans notre vîèUle mrmée, mi officier supérieur qm voulAt
fidre lé méder de sahinbanque , avec une voiture trouvée sur U roate.
Tint «ensuite rexpositfon Sunfeose dont parle le généiui Berum (page 78).
Si elle a exdté sèn mdigtiaâotl, eDe n'a excité que le naépris de ftea-
lear, tfok était sur les lieux et qui sait œ qu'on y finsait v<Mr. Nous ne
pvlenms pas de la garde-robe inqiériale , de celfe du champ-dè-mai , ei
de ceBe de HmitHLouise ; certain rapport fait^ peu de tenpa après»
MT la situation de l'Europe 9 lait voir (usqu'oii peut aller dans ce paya
rimpndenoe des charlataua et la stupidité dei badauds. Voîct eo quoi
6o LITRB II.
avait été employé à Waterloo, moiiifi vingt-^ept
canons qui repassèrent la Sainbre , c'est-4-dire ,
deux cent yingt-sept bouches à feu. Les généraux
Devaux, et Michel furent tués. Les généraux
comte de Lobau, Duhesme (*), Compans et
Cambrone furent faits prisonniers.
Les ennemis perdirent aussi vingt-cinq mille
hommes^ d'après le tableau suivant, extrait des
rapports officiels.
Anglais, légion allemande, et HanoTiicDs 11,678
Hollandais 3,547
Brunswick • , . 1,000
Nassau 1,000
[ 1" corps 317 \
Pmssiens. ' • »l a* corps 329 l 7>4^4
( 4' corps 6,808 )
34,679
Les généraux Picton, Ponsonby, Van-Merlen,
les commandans de brigade, Duplat, Oinpteda,
Schwerin et Lettow et le colonel Heinemann,
qui à la fin de l'action commandait la division
de Brunswick , furent tués. Le généraux prince
oonsbuit rexpositîon : 1^ des kabillemeos fort maossadement brodes à
Londru , et bapiisés sur l'affiche -y 3® une caisse d'armes de Versailles ,
donnée an général en chef Bonaparte par le Directoire , achetée à Paris |
et devenne turque à Londres f 3* une collection de vieilles boites, de
TÎeux chapeaux f de boulets, d'obus, de cuirasses, etc., Tenus tn
partie deWatedoo^ en partie de la boutiijue des fripiers.
(*) Le 19 au matin, àGenappe, le général Duhesme fiit massacrtf
de sang'froid par les hussards de Brunswick , en présence de son es-
corte prussienne, ijui trouva la chose toute naturelle, et tonforme 4
sa manière de voir. Combien de nos blessés sur U champ de Wa«
trrioo , n'oDi-ils pas été égorgés par les PhUMens ?
CHàPlTBX I. 6l
d'Orange , lord Uxbridge , Alteii , CoUaeit , Cooke ,
Bames, Eempt^ Halkett, Adams, Doembeig,
Pack, Bylandt, et le colonel Olfermann, com-
mandant la division de Brunswick , furent blessés.
Nous venons de donner le récit fidèle de la ba--
taille du 1 8 juin , â laquelle nous avions donné
le nom duMontSaint-Jean, point stratégique,
de l'occupation duquel dépendait le succès de
la journée; les Prussiens l'avaient nommée Belle-^
Alliance, parce que c'est là qu'elle fut décidée;
l'usage a prévalu de l'appeler bataille de Waterloo,
parce que le duc de Wellington avait passé la
tmit dans ce vfllage : il fallait bien que l'histoire
c<»iBervàt le nom de d'endroit où le héros de la
Grande-Bretagne avait couché* Ce récit est en
entier tiré des documens et des relalioiiiB authen*
tiques , fournis par nos ennemis mêmes ; nous y
avons ajouté les circonstances de détail, que nous
avons pu recueillir dans notre armée , et quenous
ont fournies les généraux Gourgaud et Barton.
Tous ces matériaux ont été pesés dans la même
balance, et leur coïncidence sur les .faits prin-
cipaux, nous a permis de les employer tous.
Nous avons cru devcnr entrer dans un détatt
qu'on trouvera peut-être trop circonstancié et
trop minutieux. Plusieurs motifs nous y ont dé-
cidé. D'abord l'importance de cette journée, qui
a eu une si grande influence sur nos destinées ,
et qu'on a si mal à propos voulu comparer à
cette d'Aaincourt. Dans cette dernière, laprétomp-
6) LITHB II.
tion, lloocmdltttte et riodîioîpliiie'de la gcndaf«-
aftorie françaige, ont seules causé la perte de ïhat^
fanlerie : à Waterloo , nous avons succombé sous
le nombre. Le second motif a été celui d'assigner
les véritables causes des désastres de notre armée.
Pour cela, il fallait, non««eulenient classer exactor
ment et par ordre tous les mouvemens et tons les
événemens de la bataille, mais même assigner
l'heure aà ils avûent eu lien. Lesrésultats de la
}oumée du 1 8 )ui|i ont , jusqu'ici , servi de guide
unique aux éorivains ennemis, pour distribuer
le blâme aux unyï , et donner unf àévei/appemmit
fiantasmagoriqaé A quelques r^vtations. Ce n'est
pas ton jours la aottise quLjuge d'après les évén»*
mens; famonr- propre et l'esprit de parti s'«i
emparent souvent i leur profit : l'un et l'autre
est arrivé dans ce cas. Il est dope enfin temps
que le flambeau do la vérité vieime se placer à
cété dea princtpauxanteurs de ce drune sangknt,
etéclairef le rôle de chacun ; les faits doivent seuls
décider de la portion de mérite qui leur revient :
onx peuk nous serviront de guide. '
• Jusqu'ici on parait assez généralement avoir
suivi les erremens du vulgaire, peur juger la
bataille de Waterloo. L'armée française a été
battue, donc elle a été mal connnaidée; voilA
ce qu'on peut lire dans vingt ampHficatioiis
auxquelles on a donné le nom de relations vérir
diques, impartiales, etc. Si Ton- avait osé dire
qu'elle avait manqué de valeur, on l'amrait fait;
CHAPITRB l. 65
mais an reste de pnadeur a empécké eette acoa*-
gation. Noos n'y répondrons donc* pas , et nous
nous contenterons d'exainkier cette bataiHe sous
le rapport stratégique. Cet eosamen est d'autant
plus nécessaire , que là création de. tant de répu^
tations européennes, sorlies tout i coup, pour
ainsi dire, par le trou, du soufileur , nous offre
un pendant de l'illustnation du tièsHonécttocre
Guillaume IXI , tentée pour offusquer celfe de
Louis XIV. La «éule. diffifanence qu'il y ait entre
les deuoc époques , est qu'alors les coalisés se co»-
tentèreut d'un seul &nt4nie , dont ils exaltèrent
fi]|âmel0i sottises ,>que le succès araK couronnées (
auîourd'kui , chacun d'eux ireut wckt le sien»
Ce |eu des passions est uneffet direct et iné^iîtaUè
des écarts de Tamour^propre. long«tftmps hlGnmlié c
la postérité en fait )uslice. - r
. On a' beaucoup reproché de fautes à l\apoléonr<»
dans les trois, fournées des 16^ 17 «t lâ^ quel-
ques reproches sont même m oontra^kâJoii'idi^
rscte entre eux; cela devait être, pâme que ^la
plupart sont nus en avant au hasard, ou par.déb
tuiUtaires qui somt encore bien lom de saTOÎr la
guerre , ou par des hommes. qui veulent fab'e^4>l|^
blier qu'ils ont trouvé toutes ses conception^ %uh
fbiimes quand* ii était tout-puissant.
-Nous examinerons suceessivèment toutes les
frutes qu'on tut impute^ noua y opposerons les
considérations ^ue .peuvent fournir les faits et la
situation des choses c le lecteur jugem; PosAr 1*^
64 i*i^us u.
mettre sifeii^t en état de pcariasr son jugraMut^
nous remettrons sous ses yeux le tableau succinet
des mouyemens et des événemens du 1 7 et du 18.
Le lendemain delà bataille deLigny , Napoléoa,
voyant que Tannée anglaise était encore, à dix
heures duxnatin ^ devcuit «(Ma ailegauche, sedécida
à marché, contre elle. Le duc de Wellington , en
s-arrétant aux Quatre>Bras> paraissait avoir Tiiirr
téntion de recevoir la bataille ; il fallait la lui li^
vrer smvle-champ , avant que l'armée prussienne
ne pût reprendre l'offensive. Cette deraièxe éfaut
battue et mm détruite ; la direction de sa retraite
était incertaiBe % H fallait donc laissa un corps
pour l^obsecver et là suivre : Napoléon en chaz^gea
lemaa?échalGrouchy . Wellington j que l'indécision
où. il était, sub les événemens du 16 , avait seule
retenu aux Quatre-Bras , se hâta de se mettre en
retraite* On le suivit deux heures trop tard,
parce que son mom^ement avait échappé au ma»
réchalNôy, étonne put entamer l'aimée anglaise.
Le soir odl la rencontra sur les hauteurs du Mont*
Saint-Jean , et là elle parut décidée à tenir ferme.
Dans cette position, totalement contraire aux rèr
gles de la stratégie, sur cent chances, elle ^1
mettait quatre-^vingts en notre faveur. Le seul
débouché qu'elle eût derrière elle, était un défilé
au travers de la forêt de Soignes. Son aile droite ,
extrêmement avancée, se trouvât plus loin de la
grande route que la gauche. Une attaque , sur
cette dernière , pouvait donc w¥obR pour résultat
GHAPITRB I. 65
de nous rendre maîtres du défilé. L'armée an-
glaise , coupée de Bruxelles , ne pouvait pas alors
échapper à une destruction complète^Quelques-
uns ont voulu attribua à un amour-propre ridi-
cule, le désir qu'avait Napoléon de se rendre maître
de Bruxelles le plus tôt possible. C'est qu'ils n'ont
pas été capables de concevoir , que la prise de
Bruxelles était le terme, de l'existence des armées
anglaise et prussienne , et probablement celui de
la guerre. L'histoire développera un jotir les con-
léquences qu'aurait eues cet événement; ce n'est
ici ni le temps ni le lieu.
Maisavantdes'engagerdans unebataille, quelles
qpie fussent les chances avantageuses qu'offrait la
position de l'armée anglaise , il faUait s'assurer de
celle de notre aile droite et de celle des Prussiens ;
il fallait empêcha ces derniers de (aire une di-
version, et même de s'opposer à celle que pourrait
faire notre aile droite. C'est dans ce but que Na-
poléon adressa au maréchal Grouchy l'ordre de
suivre les Prussiens à Wavre. Le premiar rapport
du maréchal Grouchy annonça qu'il était encore
à Gembloux , et la bataille du 1 8 n'aurait peut-
être pas eu lieu , si un second rsqpport du même,
n'eût annoncé qu'il se mettait en mouvement dès
le matin , pour se rendre â Wavre.
Napoléon ayant reçu ce rapport à cinq heures
du matin , dut compter que son aile droite serait
devant Wavre et en comomunication avec Saint-
Lambert , à midi au plus tard. Il se décida donc
IV. * 5
« ^
(Hi LITRE II.
à suivre les chances de la journée. Le rapport que
lui fit , vers huit heures du matin , un des offi-
ciers de son étal-major , que les Anglais étaient
en retraite , pouvait lui paraître plausible. Il n'était
pas hors des probabilités que Blûcher eût dépassé
Wavrc , afin d'opérer sa réunion avec l'armée an-
glaise , sans courir les risques d'une marche de
flanc. Il donna en effet l'ordre au comte d'Erion
de se mettre en mouvement , poujr suivre les An-
glais ; mais s'étant porté seul , à pied , avec le comte
d'Erlon, jusqu'à nos premières vedettes, il recon-
nut bientôt que le rapport de ce dernier était
exact 5 et que Wellington se préparait au combat.
L'heure où l'attaque devait commencer, semblait:
fixéepar les circonstances. D'abord la pluie venait
i peine de cesser , et il fallait laisser au soldat le
temps de sécher et de préparer ses armes. Ensuite
la détermination de Wellington devait paraître fci
conséquence d'un accord avec Blûcher. Il ne pa-
raissait pas probable qu'il voulût combattre dans
une position aussi mauvaise en elle-même, si le
point où il s'était placé n'était pas celui où les
deux armées ennemies avaient destiné de se réu-
nir. Il fallait donc s'attendre à ce que Wellington ,
dont toute la science stratégique devait se réduire
à garder sa position , n'épargnerait aucun sacrifice
d'hommes pour y parvenu; la lutte devait donc
être opiniâtre. Napoléon ne crut pas devoir l'en-
gager avant d'avoir fait repaître le 'soldat. Ce der-
nier repas de ces nobles victimes , n'offrit pour-tout
CHAPITU I. Çj
ioet$ <iue le pain qu'ils avaient apporté 4e Beau*
mottt. Il y a Imn de là aux piHages , dojçit de trils
cdiommateurs , qui défihoàorent le noaxi français ,
ont voulu accuser .une armée qu'îjb n'ont jamsûs
été dignes de connaître. Enfin le maréchal Grou*-
chy devait être à midi au.plus tard devant Wavre ^
et, passé oette heure, aucune diverdon n'était
plus à cramdre de la part des Prussiens.
Le signal du combat fut en effet donné à midi
environ, et il s'engagea par l'aile gauche* Il étaft;
intéressant d'appeler d'abord Fattention des An-
gkus*^sar leur droite, afin de les ei^fager à di»^
teaire, pour la sout^ûr, des troupes que plus
tsffd ils couraient pu employer au centre. L'ordre
de bataille primitif delSapoLéon présentait d'abwd
ridée d'une attaqueporlesdjMtx: ailes, enrefuss^f
le'centre dans ks premicxâ instans. Le. sC corpf;
attaquait Croumont et menaçait la route de I!^
velles ; le i*' corps devait attaqua en d^daiijS'd^
Papelotte , menaçant ainsi le Mont-^aint-Jean à
revers; le & corps restait en colonnes sur la gspuidQ
route , chargé de décider le ré&ultat de la bataille;
ens'avançant sur le. centre , lorsque les deux ailç^
seraient fortement engagées et que l'enniemi iuirail
été obligé d'y envoy^a ses réserves.
Mais bient6t cette première disposition fut
changée. Peu après les pretiiiera coups de canon,
msb dépêche prise avertit Napoléon que fe céri:il
qu'il apercevait à Saint *^Land>ert était uà corps
«nnemi. Le maréchal Grouehy avait donc été re-
68 uyts, n.
tard<^. n n'était pag possible de croire qu'il eût èiô
battu 9 car à la di^aûce où il avait dû de tenir de
l'armée , on aurait enlemiu le bruit du canon.
Aussi Napoléon , persuadé qu'il n'y avait qu'un
retard qui eût pu faire manquer cette {M^mière
combinaison , lui envoya-t-il de nouveau l'ordre
de se rendre en hâte à Wavre et de marcher con-
tre Bûlow. Mais il fallait changer la première dis^
position de la bataille. Le 6' corps ne pouvait plus
entrer en ligne ; il fallait le tenir prêt à s'opposer
au mouvement des Prussiens. Il fallait donc aussi
que le i '' corps portât son attaque plus à gauche.
Ainsi , au lieu d'avoir quarante*«ept mille hommes
à 'employer à l'attaque des positions anglaises , et
dix-huit mille hommes en réserve, nous ne pou-
vions plus en opposer que quarante mille, aux
soixante et dix que Wellington avait entre Gou-^
mont et Papdotte : il fallait en tenir vingt'H^inq
mille en réserve.
Une seconde conséquence de l'apparilion de
Tcmnemià Saint-Lambert ,. fut de £sûre languir l'at-
taque principale. Il n'était pas prudent de tenter
sur le centre un grand mouvement , qui aurait
pu nécessiter l'appui d'une grande partie des ré-
serves , avant d'avoir vu se développer la diversion
que présentaient les Prussiens. C'était ce déve-
loppement qui devait faire voir si le maréchal
Grôuchy approchait ou non. Nous nous étiosm
cependant rendus maîtres de la Haye-Sainte, et
tout le 1** corps était engagé de front avec les An-
CHAPITRE I. 69
^ais. A la gauche, le â* se consumait en d'inutiles
efforts contre Goumont Pendant oe temps , l'atta-
que de Bûlow se développa , et devint bientôt
assez sérieuse pour obliger encore Napoléon à dis-
poser d'une autre partie de sa résierve.
C'est ici que l'on a fait à l'empereur Napoléon
le reproche stratégique le plus grave. C'est celui
de ne point avoir dégagé ses troupes , au moins le
1 *' corps, de la bataille, pour prendre une position
oblique, où il pût se soutenir jusqu'à la nuit et
couvrir sa retraite derrière la Sambre. Il aurait
pu donner au maréchal Grouçhy l'ordre de se
replier sur Sombref , le 18 au soir, et alors il ra-
menait son armée , sans perte , sur les frontières
de France. 11 songea un moment à prendre le
parti que nous venons d'indiquer , et nous avons
déjà dit (page 4^) que le comte d'Erlon reçut
l'ordre de se tenir prêt à retirer son artillerie et
successivement ses divisions. Nous avons égale-
ment développé les avantages stratégiques qui
auraient pu résulter, pour le 1 8 , d'un mouvement
qui aurait obligé le duc de Wellington à cesser
le combat , ou à quitter sa position. Ce dernier
parti n'était pas le plus avantageux. Les armées
anglaises sont des armées de bataille , mais non
pas des armées de manœuvres ; cette vérité est
reconnue par tous les militaires qui ont com-
battu avec ou contre elles. Il en résulte donc
que les Anglais, en voulant suivre le mouvement
rétrograde du 1" corps , noua auraient immaa-
70 LIVKb II.
quablement présenté des chances , qui pouvaient
nous rendre tous les avantages que ce mouve-
ment paraissait nous faire perdre. S'ils ne bou-
geaient pas, les opérations de la journée du i8
se bornaient â la jonction pure et simple des An-
glais et des Prussiens. L'armée était sduTée, itiais
le but qui avait fait commencer les hostilités était
manqué. Cette considération était déjà d^un grand
poids j car dans la situation équivoque où se trou-
vait le gouvernement impérial , il n'y avait que de
gri^nds succès qui pussent le consolider (*). Un
mouvement rétrograde le 1 8 , détruisait tous les
résultats qu'on avait espérés de la victoire du 16 ;
et une guerre défensive, qui aurait pu être bonne,
si on s'y était décidé dès le premier instant , deve-
nait dangereuse , lorsqu'elle était commandée
par le renversement de toutes les combinaisons
offensives. Cette considération aurait cependant
cédé à la nécessité de ne pas exposer à la destruc-
tion, la seule armée organisée que la France eût
alors. Mais rien ne détruisait encore l'espéranoe
de voir arriver le maréchal Grouchy à Saint*Lam-
bert ; U pouvait avoir passé la Dyle â Umale et
même à Moustiers , et cette probabilité expliquait
(*) La correspondance d'nm de ses ministres qm joua un grand rAle
peu après y ayec le prince de Mettemich, aTait dcjà ouTert les yeux
il Napol^U; sur les trames qui s'outdissaient jusque dans son conéeil. U
•cotait que la Tictoire seule pourait donner une direction tmiqua à Tts-
prit public, et iairtt disparaître les dangers dont il ëuit menacé , autant
par les mendcs de quelques-uns des agens mêmes qn^il employait, que
par les intrigues du parti qui préparait sa chute.
CHAPITRE I. '^l
encore pourquoi le mouvement de Bùlow , do
Wavre à Saint-Lambert, n'avait pas été arrête.
Quelques personnes prétendent que INapoléon
aurait dû, dès qu'il connut la marche de Bùlow ,
chaîner sa ligne d'opérations et la transporter sur
la route de Nivelles. Il est certain que ce mouve-
ment pouvait se faire sans danger. 11 suffisait de
faire passeï: le 6* corps à gauche , et de rappro-
cher le 1*' de la route de Nivelles; les parcs et les
équipages, qui étaient à Genappe, pouvaient faci-
lement gagner Nivelles ; l'armée française s'éloi-
gnait des Prussiens, en même temps qu'elle dé-
bordait la position des Anglais , et le château de
Goumont tombait de lui-même , dès que les hau-
teurs en arrière étaient enlevées. Le général Gour-
gaud nous dit que Napoléon balança s'il ne pren-
drait pas ce dernier parti {*) ; nous en doutons, et
cela par les réflexions nouâmes qu'il ajoute un peu
plus bas. £n eifet, le corps du maréchal Grou-
ehy se trouvait tout-â-fait isolé, et toutes les com-
munications entre cette aile droite et le reste de
l'armée étaient abandonnées. Le corps de Bùlow ^
dégagé , sujOfisait pour contenir Grouchy dans les
défilés de Saint -Lambert, et le reste de l'armée
prussienne arrivait sans c^stacle sur la gauche des
Anglais. 11 pouvait même arriver que le corps du
maréchal Grouchy , engagé au milieu de l'armée
prussienne, éprouvât une défaite totale. Pouvnit-
n Page 1 iS.
72 LIVRE n.
on se décider légèrement à sacrifier une portion
aussi considérable de la seule armée qui fût alors
sur pied? D'un autre côté, en forçant l'aile droite
des Anglais et la rebouchant sur le centre et même
sur l'aile g^che , on la jetait au-devant des Prus-
siens, et l'on hâtait la jonction. Les plus grands
avantages qu'on pouvait espérer , n'auraient donc
conduit qu'à une victoire tactique , dont le ré-
sultat aurait été une retraite forcée sur Nivelles et
sur Mons. Comment alors communiquer avec le
maréchal Grouchy, lui faire parvenir des ordres
de retraite , et lui indiquer un point de réunion?
L'empereur Napoléon prit un parti mitoyen. Ce
fut celui de suspendre l'offensive à son aile droite ,
de jet^ le 6* corps au-devant de Bûlow, et de se
rendre maître de la communication de ce dernier
avec les Anglais. Il fallut joindre une division de
la garde au 6* corps ; mab alors Bûlow fut con-
tenu , et bientôt après , la division Durutte ayant
emporté Smohain , le général prussien se vit
forcé à un mouvement rétrograde. Il était donc
évident que toutes les forces des Prussiens avaient
été engagées sur ce point. Il était six heures ; la
lutte , qui durait depuis midi , devenait d'instant
en instant plus sanglante ; il était temps de la ter^
miner. C'est peut-être ici que J'on peut accuser
Napoléon d'un peu d'hésitation. Nous suivons en
cela l'opinion de quelques généraux expérimentés,
qui étaient sur le champ de bataille. Il est néces-
saire , pour mettre le lecteur en étxt de juger, de
CHAPITBS I. 73
rapporter son attention sur la situation de la bat-
taUleconlreles Anglais, et particulièrement sur une
circonstance , dont les conséquences se sont dé¥e-
loppées plus tard. Le maréchal Ney avait, d'après
Tordre qu'il reçut , arrêté le mouvement offensif
du 1 *' corps et rendu lecombat stationnaire devant
l'aile gauche anglaise. Vers cinq heures du soir,
l'ennemi attaqua i son tour. La défense coura-
geuse du 1*' corps, et une charge de cavalerie de
celui de Milhaud rarrëtèrent. Mais la cavalerie de
la garde, que Napoléon avait déjà portée en avant
( page 36) , suivit le mouvement des cuirassiers. H
ne parait pas qu'il y ait eu un ordre positif donné
à cet égard , ni par Napoléon , ni par le maréchal
Ney ; le mouvement fut spontané , et tînt à ce que
l'absence du duc de Trévise , resté en arrière
pour cause de maladie , avait privé la garde d'un
chef supérieur, qui en dirigeât les opérations.
Quoi qu'il en soit , non-seulement la cavalerie de
la garde échappa à Napoléon , mais il fut obligé de
faire soutenir les trois divisions qui déjà étaient
sur le plateau de la Haye-Sainte , exposées à un feu
meurtrier et menacées par plus de dix mille che^
vaux ennemb , de les faire soutenir , dis-je , par les
deux divisions du comte de Yalmy. Le maréchal
Ney a été accusé par le général Gourgaud (*) , d'a-
voir imprudemment débouché sur le plateau de
la Haye- Sainte. Celte aiccusation mérite d'être
(*) OaTiage cite, psfe 97.
74 uvRfi II.
exafnitiée, pdr rinflaence que oet emploi de la
cavalerie eut sur le sort de la journée* D'abord
il u'éxUte aucune preuve que le maréchal Ney ait
disposé de la cavalerie de la garde, qui n'était pas
$0us ses ordres. On ne peut donc attribuer qu'à
un zèle de valeur mal entendu l'empressemeat
que cette cavalerie mit à suivre les cuirassiers de
Hilhaud. Quant à ces derniers , le maréchal Ney
ne pouvait passedispenserdes'enservir, pourcou-
vHr sa gauche , séparée du a* corps par une asse^
l^ande distance , et qui pouvait être de nouveau
menacée par une attaque de flanc» Le s* corps
était arrêté par le château de Goumont, devant
lequel il était â p^u près entassé. Le maréchal
Mey y en se maintenant à la Haye*Sainte , n'avait
pas fait un pas en avant de la position qu'il occu-
pait depuis trois heures; il n'avait fait que l'assu-
rer par les seules troupes dont il pût disposer.
Dans cette situation, le parti qu'avait à prendre
Tempereur Napoléon , était celui de profiter du
relâche que lui donnait la suspension de l'attaque
de Bûlow , pour porter un grand coup sur le centre
des Anglais. II fallait pour cela porter le â* corps
et toute la garde sur le plateau de la Haye-Sainte,
par un mouvement rapide. Cette attaque aurait
dû avoir lieu avant sept heures. Il suffisait de lais-
ser une seule division devant Goumont , dont la
perte même n'aurait été d'aucune conséquence , ^ï
l'attaque principale réussissait. Malgré les pertes
déjà faites par le a* corps, Napoléon pouvait
'<&i-hutt mîBe homnifla à la gauche ée la
Sàye-Sainte; le duc de Wellingtcm n'avait plua de
ré9etYes à mettre en ligne, et à sept heures et
demie, le corps prussien de Ziethen -serait arrivé
pùur être entraîné par les fuyards. Ce plan d'a^
taque fut bien celui que suivit l'empereur Napo-
léon , ïnais un peu trop tard , puisqn'à sept heures
et demie il ne porta en avant que quatre bataillons
de la garde. Cependant tout devait l'engager à
hâter le moment décisif. Bien que la cessation du
mouvement hostile de Bûlow prouvât que toutes
ses troupes avaient été engluées , et semblât don-^
ner du poids à l'opinion que le maréchal Crrouchy ,
dont on entendait le canon , avait arrêté le restant
de l'année prussienne, il était dans l'ordre des
choses possibles que cela ne fût pas. Il se pouvait
qu'une jjhortie seulement de cette armée fût restée
en présence du maréchal Grouchy, et qu'on vit
arriver, d'un moment à l'autre, au moins un se-
cond corps prussien. Cette supposition pouvait
prendre un degré de probabilité, par le retard
même de Grouchy, qui aurait dû être vers deux
heures à Saint-Lambert, et qui se battait loin de
là à six. C'était donc dans le moment même de
la reprise de Planchenoit et de l'occupation de
Smohain, qu'il fallait faire l'attaque décisive, en
faveur de laquelle Napoléon avait voulu courir
les chances d'une attaque de flanc. On pouvait
compter que dans tous les cas possibles , il se pas^
serait près de deux heures avant que les Prussiens
76 LIVRI II.
ne fussent de nouveau mattres de Planchenoit ;
il n en fallait pas tant pour remporter la victoire
à Mont-S»nWean. Le retard de l'attaque donna
à Ziethen le temps d'arriver, et le manque de est-
valme en réserve nous arracha la victoire des
mains.
. Nous ne pouvons pas nous dispenser de rap-
porter un passage des Considérations sur l'Art de
la Guerre s relatif à la journée de Waterloo. «Le
18 , dit l'auteur, nous employons toute la mati-
née, jusqu'à midi, à développer notre armée et
a la préparer au combat. Nous avions cinquante^
cinq mille combattans , non compris notre co-
lonne de droite, de trente-cinq mille hommes,
qui, dès le matin, était partie de Gembloux
pour suivre la marche des Prussiens sur la route
de Wavre. Cette colonne , séparée dmreste de
l'armée par la rivière fangeuse de la Dyle , resta
près de Wavre, à près de trois lieues du champ
de bataille; éloignement fatal au succès de la
journée! Le combat s'engage à midi au Mont-
Saint-Jean, et nous sommes privés de ce corps
de trente mille hommes , que le général français
semble avoir oublié loin de lui pm* un aveugle-
ment ou une présomption sans exemple ,: et
cette colonne reste stupidement sur la rive
droite de la Dyb , au lieu d'accourir vers le bruit
du canon, pour prendre part à la bataille; au
lieu du moins de marcher vivement sur les traces
des Prussiens , qui passent la Dyle à Wa^xe et
« tiennent reitforoerrarmée angkiflè. » On ne dSs-
conyiendra pas que Tauteur de cet ouvrage ne soit
phis abondant elQ ^itfaètes qu'^a raisonnemais ,
et qu'il ne saute à pieds jcdnts parnlessus les faits ,
pour arriver à une opkiion tranchante. Cette mé-
tiiode est facile , mais elle^mble conveoiir plus à
un pamphlet qu'à un ouvrage, qui est annoncé
comme scientifique; peut-être même la êupério»
rite magistrale, dont «'est abstenu Frédéric II, qw
pouvait cependant donner des leçons , convient-*
die peu à un militaire qui, n'ayant jamais com-
mandé dé troupes en ligne de bataillé , doit igno-
tet bien des choses qui constituent le sttatégicien
savant , en pvaMk}ue autant qu'en thécnie. Au reste,
nous h'aprôns cité ce passive que pour ^ faire voir
jUêquk'à quel point le désir de brOldr et^de faire
valoir des opinions ou des systèmes nopiveaux,
peut être nuisible à la modémlion qui acoom--
pi^g^ la vérités Le lecteur ausa déjà vu> par le
récit que nousavoosfait des évém^neiis de cette
tournée , et qui est garanti par toutes lesr^tions ,
miême ennemies , que. l'armée française n'a pas
perdu la: matinée du 1 8 en l'employant à se déveh/h
per, et que te général en chef n'a poBOubtié^ par aveu-»
glement au par présomption,, le corps du maréchal
Grouchy. Le retard de ce dernier devant Wavre-,
et son éloîgnement , ont été véritablement une fa-p
talité qui a amené la ruine de l'armée française.
Nous revieiidrons plus tard sur les causes > de ee
retard et de cet éloignemiint, que «nous n'attri^
^S Lrrn u.
bumia cependant pas an» gimireuMemmt que
l'auteur.. .à h stupidité.
Nous ne dirons que peu de mets dur la conduite
du duc de Wellington , â la batmlle:de Waterloo.
La nécessité de haaardér k sort des armes aranl
d'abandonnor Bruxelles , ne peut être révoquée
CD doute. La perte de cette capitsile entraînait
ode de la Bdgique entière, et mettait les a]:mée»
anglaise et prussienne dans une situation si périls
leuse, qu'il ne leur restait d'autre partie pomr
échapper à une destruction totale^ que celui de
repasser le Khin en hâte. Détermjné à Uirer une
luitailie, si lesTimssiens pouyaient l'appuyer, Wd-
Ungton viwmà plus que le champ de batàiUe à
choisir. Gene^OTait pas être la posilios de Gt&*
nappe, dont Fa?antage ne pouvait pas. être ^sses
giand , pour contre-haiancer den inconvéniens
graves qu'entndnnit une bataille livrée le 1 7. Le
prenuer était Féloignement de Wavre ; le seoond
était que l'armée prussiemié «e povmit pas èta«
ralliée le 17, et avoir réparé le désovdie ine^par
rable d'une retraite forcée , faite pendant la nuit*
IL se décida donc pour la position de Mont-Saint»
Jean , lorsqu'il eut reçu du maréchal Blûcbâr l'as*
surance d'en être secouru. Cette position n'était
pas bonne en elie-méme , car elle couvrait mal le
village de Mont-SaintiJean , qui en est la clef $ l'aile
gauche , qui était en l'air , pouvait être forcée , et
même tournée, et cet événement , tufes^pessible ,
obus rendait maîtres des débouchés de la forêt de
CHAPITRE I. 79
Soignés ^c'était lasenle retraite derarmée àagbife^
dans un moment où les pluies avaient vendu les
chemins de traverse presque impraticidiles. Toute
la force avait été portée vers Taile droite » demèra
laquelle quatre des ûx bri^des du géoéral Bill,
avaient été placées en potence. Nous atons déjà
vu qu'il avait conçu Fidée singulière qm Napoléon
vouerait attaquer ou même tourner Vai)e droito
anglaise : c'est ce qui explique la seeimde &iite
litratégique que St Wellington , en détachant suiH
Hfiill ' un corps de dix*neuf mille hommes , sous
les ordi^ du prince Frédéric d'Ortange* Une feia
celte position prise , le duc dé WelHngten n'avaft
amtre chose à faire que de tenir ferme en attendant
}e» Prussiens; anciasa» mouvement 8tratégii|Ute m
fcii était pb^ifale , mèci^c par aon aile droite. &%
eût voulu profiter de la possession de Cbuinonfty
pour tenter de déboucher sur notre aile gauche ,
il ne faànaàt que hâter la défaiteidî» céhtre; de son
armée : aussi se tinfc^il toute la jemrnéé dans une
pesMion passive , opposant- les cairés de son inn
fKaterie au feu de nos batturies et à nos attaque^ y
et «e cententant de faire avancer successivement
les réserves, pour remplir tes lacunes qui se (xny
meàeal dans la ligne. Toutes les disposifkms qolii
poûv^t ordouner et qu'A ordonna ^ sont conçue^
dims'Ia iMi{Mmse^si|u'il Màlk division PictoUvàl^i
hriguide Çalkett, et à toutes les troupe^ dont ou
hii'pdgnait lîafifeihlissement : < Ufimt q^'ibre^
* t»nt en place jusqu'au demiw homme. * Soa
8o UYKS II.
unique but était de conserver sa poisition jusqu'à
rarrivée de Blûcher , et il espérait que sou armée
ue serait pas détruite avant ( page 47 )• Cependant
si, avant sept heures, il eût été attaqué par douxe
bataillons de la garde , et non pas par quatre seu--
lement et à sept heures et demie, son espérance
était encore trompée. Il parait qu'il croyait que
l'armée prussienne arriverait bien plus tôt ; §t on
peut encore mettre en question, s'il aurait teçn-
la baftaiUe, dans le cas où il aurait prévu qu'il la
soutiendrait seul aussi lonjg-temps, et avec un
aussi grand sacrifice d'hommes. On peut donc
dn«, avec juste raison, que la bataille de Wa-»
ferloo n'appartient pas à la classe des batailles
stratégiques; elle rentre bien plutôt dans celle de»
combats de pied ferme et purement défenaifs : le
courage des troupes y a tout^fait
Le ' mouvement du maréchal Blûcher , de
Wavrè pa^ Saint-Lambert, a été décisif, et , sous
ce petnf'de Tue, il a été porté aux nues» On
ne peut pas nier qu'il n'ait été exirémement katdi;
mais la hardiesse heureuse est-elle toujours le
signe caractéristique d'une conception profonde?
Non certainement; car alors la témérité tendrait
fieu' de talent. Il est hors de doute qu'à la guare
9 faut so^uvent donner des chances au hasard;
mais il ne faut pas les lui ab^donner toutes.
Il faut égalemeitt souvent diriger, ses opérattotis
d'après le casactère conxm de son adversaire;
mais il n'est pas permis de hii supposer des
GHÀVltM t. dl
ftitttes qtll à]>pr6theiit ' de l'incûpddté. Une pa-
rcrile snppoi^itiùù né peut nalti^ que d'une pré-
somption sârts borner ou de Tlgnorsince. Il est
de ï^èçlc générale que, même cnliôsàrdantftcau-
<iotip , 11 faut tôtijours se' conservée tles inoyeM
de parer à un désastre tomplet. C'est cette pré-
voyance qui totisfittié la science de Ht guette;
affronter te danger , *an5 talcnler les moyens dé
le détourner , en est te tnéller : ïnn feit le gédé^
rai , l'autre le soldai Après avoir posé ces re-
flétions préliminaires, ^i tienifcnt à 1-aIphàbet
de Tart de la guerre, nous allons examiner, soUft
le rapport stratégique, le mouvement des Prus-
siens pendant la bataflte de Waterloo. Le texte
dont liotls nous ^^ît%t>n8 nous est fouM! pai^ uti
àiilitâite prussien (*") qu'on ne peut pas ace^Uter
d'un excès de modestie nationale j-HÎ-dè Vtrtfloit
dîmîhùer ie mérite de FAi'ioviste pl^ussien. Voici
ses ' expressibtx^ : * Mais si on considèi^e la pôsi"
« tîon: de Fârlnéé prussienne, dàhs 'fer strpposi^
ï tîbh qûë le diië tié Wellington ait élé battu ,
« et que le màréichàl Grotiehy, ce qui était ce^
t pendant pôssiMe,' 'arrivât pendant la bàtalHe^
« par Limalc, à tUtapdlë-Samt-Liglrabert, il faut
« cîotlvenir qu'où durait pu difficilement tencorUrer*
t Une position plm désftoantagemé. 1* 1*' corp»
* était ëéparé du 4* , cdtli-ci du 4% ^^ ^^ der-
OC. de W, Campagne flos arméf» anglo - bntnve ft prnstitMinc,
IV. 6
8:1 UVBB II.
« nier à son tour, du i*' par des défilés; tous
« Tétaient par rennemi même, du 3* corps. Les
« chemins. de traverse , par la forêt de Soignes,
« étaient rendus presque impraticables , pour
c l'artillerie^ par une pluie de deux jours; les.
c chaussées auraient été occupées par lennemi. •
L'auteur tire de ces faits la conséquence suivante :
« Toutes ces raisons démontrèrent au général
t expérimenté, que l'opération la plus sûre était
ç celle de réunir ses trois corps sur le plateau
« de la * Belle-AUiance , pour battre Napoléon. »
Nous abandonnerions cette; conséquence au de*
voir et au désir que l'auteur pouvait avoir de
faire ua compliment â son général en chef, et
nous nous en tiendrons à Tes^posé qui précède ,
et qui fournit au lecteur impartial une consé-.
quence tout-ie-fait contraire.
En effet V lautour que nous venons de citer,
convient que, 9i le maréchal Grouchy s'était
présenté vers. quatre heures â. Chapelle- $aint-
Lambert, il aurait trouvé Farfi^ée prussienne
dans une situation dangereuse pour eUe. Le
4* corps était alors dans les défilés de Lasne , le
d* dans ceux de Chapelle-Saint-Lambert, le i*'
dans ceux de Genval, et le S'' à Wavre. Il est
donc évident que les 2^" et 4" corps auraient été
culbutés et dispersés. Cette réflexion ne pouvait
pas échapper au général expérimenté, et l'aurait
engagé à laisser le a* corps à Chapelle -Saint-
Lambert , et à faire occuper Limale et Moustier,
CHÀPITRB i. 85
ou au moiiis à pousser de fortes reconnaissances
au delà de ces deux points , afin d'avoir des nou-
velles certaines de la direction qu'aVait prise le
maréchal Grouchy. Il lui. importait surtout df
Bavoir sî l'attaque ^de Wavre, qu'on lui annon-
çait, n'était pas une fausse attaque, et si les têtes
de colonnes qui se présentaient élevant la petite
arrière-garde qu'U avait laissée à Limale, n'étaient
pas le gros du corps du maréchal Groudiy. Au
lieu de cela , il donna l'ordre à ses colonnes de
continuer leui" mouvement , et a Thielemann de
défendre Wavre, et d'y arrêter l'ennemi. L'au-
teur que nous venons de citer, pour établir le
mtérite éminent de la détermination de son gé-
néral en ehef , présuppose qu'il connaissait la
force du corps de Grouchy, et que le jugeant
en entier devant \?avre , il calcula avoir le tèmpâ
de sortir du défilé. En admettant que Blùcher
ait connu la véritable force qu'avait le iliaréchal
Grouchy, son calcul n'en était pas moins faux,
puisque d'après les ordres qu'avait reçus le ma-
réchal , l'attaque de "Wavre n'aurait pas dû être
la véritable. Mais le maréchal Blùcher ignorait
quelles étaient les troupes qui le suivaient , et
ne s'était pas mis en peine d'en prendre une
connaissance exacte. Le même auteur nous dit
bii-méme (*) que jusqu'au 19, on crut que le
maréchal Grouchy n'avait que le 3* corps seul ,
«
(^) OiiTragc cité, page 88.
ft4 hlVKE IL
et le rapjport de Wellington nous fait Toîr qu'il
a tcKifoUfi supposé être attaqué par une armée
plus forte que la sienne {*). U résulte donc de
îjà que Blûcher crut que Thieletnann n'était atta-
qué que par le 3"* corps y c*est-À-dire ^ par douie
milfe hommes enyiron^ Le danger de cette atta-
que ne put donc pas lui paraître grand. Le corps
de Thielemann était en état d'arrêter le corps
français » et il regarda cette circonstance comme
une preuve qu'aucunes troupes françaises ne pas^
seraient la Dyle. L'événement seul a pu justifier
cette supposition 9 qui nous fait voir que k
Blttdier de Wal:erioo était encore cdui de Champ*
Aubert et de Yauchamp. Si les ordres expédiés
par Napoléon au maréchal Grouchy eussent été
exécutés 9 Blûcher aUrak porté la peine de sa
léEQérité ; le hasard Ta servi ^ et ce hasard a
consolidé la réputation que ses partisans lui
ijUmnent«
(*) f^oym Uê nfport» do Wellh|t»D et Biacber {Pihn jmgtè-
Jicatwes^ N" XX et N^ XXI), et IViiTrage cite , page 3i.
Tiova ne pouVoDS nous dispenser de rapporter deux traits de ce
■aénie dutta^ , ^î pourront hirt Toir ^ac noi ennem{< ne se pilent
fm de pkM de bonne foi en înveniMic dei diacoun qu'ai forgeant dop
lettres. L'auteur prussien fait dire à Napoléon (page 65 ) : « J'ai
c 75,000 homme», les Anglais en bnt 5o,oou. Tattaqoerai l'armée an-
â slaiae, et je hi kMtrai. » Et t>lus bas (p«ge d;},'!! lui fait dire,
à eepcbenitf d« soir i a La bainlle «si 9^ëe, il faut (breer l'ait àtokk
« des Anglais et les jeter dans les défilés de WaTrc. AHons, k garde
* en ayant. » Napoléon ignôrait-il la forcé de l'armée anglaise et de
la sienne? A-t^il pu dire qu'il forcerait la droite des Anglais, lorsqu'il
disait attaquer le centre?
cHAPiTU n. B5
CHAPITRE 11.
MoBTemeBt de ravmce prassiemie sur Saint-LAmbert, le 18. — Movlr^-
ment da OQtf^al Groucfay, le 18.-— Premier coaolMl de Wft<^M,
le x8. —•Second combat de Wayp^^ le iq. -^Retraite du maréchpi
Grouehj sur Namur. — Combat de rïamar, le 30. — Obsenraiions
aiir ka mouTemeiM de Faile droite fivncawe.
Nous avons déjà vu que, le 17 au mmt, le ma-
réohal Blûcher avait réuni son armée autouir
de Wavre. Les trofe corps qui avaient combattu
i liigny étaient teUement désoi^ganisés, qu'ils
ne présentaient guère plus de quarante mUle
hommes sous les armes. Les fuyards s'étaient
répandus dans toutes les directions, et même
jusqu'à Liége« Nos éclaireurs de droite en rame-
nèrent pendant toute la journée du 17. Mais
celte }oumée s'étant passée tranquillement , les
dbétachemens de cavalerie prussienne, envoyés
sur les différentes routes, les dirigèrent ou les
recueillirent, et le 18, au matin, ces mêmes
corps comptaient plus de soixante et dix mille
hommes. Le maréchal Grouchy s'était arrêté à
Gembloux , ayant poussé une brigade à Walhaîn
86 UYRB II.
et un régiment à Perwez-Ie-Marché. Le 18, au
matin, Blûcher mit son armée en mouvement
sur deux colonnes. Celle de droite., composée
du i" corps, devait se diriger, par Frbmont et
Genval , sur Ohain , pour joindre la gauche des
Anglais : celle de gauche , composée des 4* et a*
corps, devait se diriger, par Neuf-Cabaret, sur
Saint-Lambert, afin de se porter de là sur le
flanc droit de l'armée française. Le 5* corps de-
vait rester provisoirement à Wavre, pour dé-
fendre ce poste s'il était attaqué : dans le cas
contraire, dès que toutes les divisions des 2' et
/|* corps auraient défilé, il devait laisser deux
bataillons seulement à "Wavre, et se diriger sur
Saint -Lambert et Couture, où il recevrait de
nouveaux ordres. Au point du jour, le 4* corps
se mit en mouvement de Dion-le-Mont. 11 fut
arrêté quelque temps au passage de Wavre , par
un incendie , qui l'obligea à défiler par des rues
détournées. La pluie et le mauvais état des che-
mins retarda encore sa marche , en sorte que la
tête de colonne n'arriva que vers onze heures à
Saint-Lambert, où le général Bûlov^ l'arrêta pour
réunir son corps. Le général Zielben se mit en
mouvement de Bierge un peu plus tard, lais-
sant encore à Limale trois bataillons et un ré-
giment de cavalerie pour garder le passage. Le
2' corps se mit en marche le dernier, tant pour
laisser défiler « le 4% que parce qu'il n'était ar-
rivé à Wavre que dans la iiuit|| la division Brause,
GHi^PITRE II. 87
qui n'avait pu rejoindre qu'à six heures du ma-
tin , s'arrêta rers Alsemont, pour y prendre quel-
ques heures de repos. Le 3* corps dépassa Wavre,
et prit position sur les hauteurs qui domiaent
la Tille, laissant cependant la division Bork à la
rive droite de la Dyle.
Cependant le maréchal Grouchy s'était aussi
mis de son côté en mouvement, le 18, mais très-
lentement. A cinq heures du matin , le général
Pajol, avec les divisions Teste et Soult, avait
quitté Mazy, pour marcher, par Saint-Denis et
Grand-Lez, à Tourînes, où il devait attendre de
nouveaux ordres. A huit heures seulement, le
corps du général Excelmans fut mis en marche
et dirigé , par Nil-Sàint-Martin , vers la route de
Namur à Louvain. Enfin les 3* et 4* corpsr s'é-
branlèrent , entre neuf et dix heures du niatin ,
se dirigeant en une seule colopie , par Walfaain ,
•ur Wavre ; la division légère de Maurln les éclai-
rait à gauche vers la Dyle. On se deitiande pour-
quoi cette espèce de déploiement ou éventail , et
cette obstination d'appuyer à droite et dans uno
direction divergente de celle qu'avait prise Na-
poléon, avec le reste de l'armée? Le maréchal
Grouchy était assuré que les Prussiens s'étaient
retirés surW^vre; il n'avait pu ignorer, à Gem-
bloux même, que Bûlow avait pris la même di-
rection. Mais quand bien même il aurait pu
craindre que Bûlow ne se soit rejeté sur la route
de Louvain à IVamur, ce mouvement ne pouvait
Sa LiVAK U,
se fmç qvCw delà ds Pc nr^i^le^Marçbc , on y
avait des traupe^ Bûlow x^ pQirvait 4ouc arriver
sur Fleurua, ep supposant qu il eu ^it au le de^
seiu, que le 19. Or, il s'agissait du 18, et e^
)our-là, Napoléon allait ^ ^trouver engagé avoc
Farmée anglaise ^ ou se voir maître de Bruxellep
par l£i retraite de Wellington. C'était donc le
jour décisif; et un mouvement de l'ennemi 9ur
Fleur us , le lendemain , ne pouvait être d'aucune
conséquence.
Les deux hypothèses que nous venons de pré-
senter, et dont l'une devait nécessairement se réa*
User, imposaient au maréchal Grouchy la loi dç
ne pa& disséminer son corps et de se rapprocha:
du gros de l'armée, pour ne pas sortir de cqtot
muuicatioQ avec elle, et pour pouvoir même
prendre part à ses manœuvres. Le projet qu'on
pouvait le plus faîsoniiablen)ent supposer au
maréchal Blûcher, d'après le mouvement qu'ij
avait fait sur Wavre , était celui de se réunir a
l'armée anglaise. C'était principalement paw
^'oppos^ à cette réunion, que le maréchal Grou-^
chy avait été détaché, avec, l'aile droite de l'ar^
méev Ce véritable point de vue stratégique de sa
mission , n'aurait pas dû lui échapper. Pour ta
remplir, il lui fallait se rapprocli^r de la Byfe^
s'il voulait absolument se couvrirai droito par un
gros corps de cavalerie , et garder ses derrièf^fli^
il pouvait, envoyer la corp^ dm général Ë&cel*i
maps par Nil-Saint^Martin^ ^iK Bi^n^le-Mont,
et falM f;wd9r ki défilée 4u iHÛMim 4^ Mou9^
tlars , vers Nttr^iDt^Maiïtiii , p^ 1^ général P«îol*
Mais il detmt diriger le gros d^ non Qorp» par
MoQtnSaint^Guibcrt, et, en fai«aiit écbirer sa gau<-
che le long de, la Byle, Caire occuper les pointi
de Mouatiers et de liiinale , et jeter des partis vert
Maranswt et b ruisseau de Lasuo* Cette marche,
4{iie lui dictaient les règles de la stratégie, Tau^
rait mis à portée d^avoir è chaque iustant des
nouvelles du restant de Tarmée ^ de la secourir,
ou d'eu être secouru. SI Wavro eût été le seul
point où il pût passer la Dyle, il est évident qu'il
n'y aurait pas eu à balancer ; mais il existait d'au*-
tres ponts , dont l'occupation lui assurait ce pasr
sage, sans avoir à forcer un défilé de front i celui
de Limale était le plus rapproché de Wavre.
MaStre de ce point , U pouvait éclairer tous les
mouvemens de Blvcher. Si ce dernier se mettait
en marche pour joindre Wellington, le.maré^
chai Grouchy Farrôtait à Saint*^Lambert ; «i au
contraire il se retirait vers Bruxelles eu faisant
défend» Wavre par une arrière-garde, le maré-
chal, eu tournant la ville par Rosieren, se fai-
sait ouvrir le passage sans coup férir. Mais toutes
œs mesures auraient dû être précédées par une,
qui était la plus indispensable de toutes ; c^âtait
celle de mettre les troupes en mouvement A trois
heures du matin , ainsi qn'U Favait annonoé. 11
a^HÔt déjà perdu la journée du 17 en d'inutiles
lenteurs et dans une funeste indécision ; il devait
go LI¥11E n.
bien penser que Farmée prussienne ne serait pas
restée en place à Tattendre. f 1 fallait donc se hâ-
ter de l'atteindre de nouveau et de la serrer
d'aussi près que possible; c'est ainsi qu'on suit
et qu'on éclaire les mduveniens de son ennemi.
C'est pour cela qu'on lui avait dcmné trente mille
hommes ; car sans ce but, une division- de ca-
valerie légère aurait suffi. Lorsque le maré-
chal Grouchy fut arrivé à Walhain, avec sa co-
lonne , on entendit les premiers coups de canon
du Mont-Saint-Jean. Le général Grérard, com-
mandant le 4* corps, ouvrit l'avis de passer la
Dyle et de marcher, par la rive gauche , au bruit
du canon , afin de se rapprocher de l'armée prin-
cipale et agir sur la même base d'opérations. Le
maréchal Grouchy allégua les instructions qu'il
avait reçues , et témoigna craindre que Blûcher
ne marchât sur Fleurus. Le général Gérard lui
représenta que les instructions , qui lui prescri-
vaient de marcher sur Wavre, étaient du 17, et
qu'U avait )ugé à propos de ne pas les exécu-
ter, étant incertain des mouvemens de Blûcher*
Le 1 8 , il était évident que les Prussiens avaient
gagné une demi-marche, et qu'ils en profite-
raient pour se porter ailleurs, pendant qu'on
marcherait sur Wavre ; au lieu qu'en marchant
droit sur la violente canonnade qui se faisait en-
tendre , on était sûr de trouver à qui parier. Mais
le maréchal Grouchy, trompé par un faux rap-
port , croyait avoir l'armée ennemie en entier de-
N
CHAPITIB II. 91
vant lui ; dans ce moment , il apprit que la tête
de TaTant-garde avait rencontré les Prussiens à la
Baraque 9 et il persista dans son dessein de mar-
cher à Wavre.
Vers une heure , le 3* corps , qui était en têle
de colonne, arriva devant la Baraque; oà étaient
encore deux bataillons et deux régimens de ca-
valerie du corps de Bûlov^. Après un, engage-
ment assez court et une légère canonnade , l'ar-
rière-garde ennemie se retira sur Wavre , et de là
rejoignit son corps. Vers trois heures après midi,
lès 3* et 4' corps débouchèrent des bois , et arri-
vèrent sur les hauteurs devant Wavre. La divi-
sion prussienne de Brausc était encore à la
droite de la Dyle, avec la division Bork. Les dis-
positions d'attaque furent faites. Le 3"* corps prit
position sur les hauteurs d'Alsemont ; le 4*9 pl^s
à gauche ; le corps du général Excelmans , que
les coups de canon tirés à la Baraque avaient
rappelé , revint , par Dion-le-^Mont , se placer en
arrière et à droite du 3* corps; la division lé-
gère du général Maurin (*) observait les ponts de
Limale et Limelette , et se trouvait en présence
de Farrière-garde du corps de Ziethen.
■ Pendant que le corps du maréchal Grouchy
débouchait du bois de Ménil , le général Thie-
lemann, qui avait réiini trois divisions du sien
{*) Le gênerai Maurin avait ctc' blc8s<f le 16, et sa division cUût
coirimamlce par le marccbal-dc-catnp Vallin.
\
^ uy/WK II.
ckarrière Wavre , donna oitbre à la diviflicm Bork
de se reployer a la gauche de la Dyle, pour sui-
vre le mouvement qu'il allait commenoer* Q étail
alors environ trois heures , et la division Brause,
du 2* corps, qui se mettait en marche pour
Saint-Lambert, se trouva peu après engagée avec
les premières troupes du corps du général Van^
damme. Cette circonstance engagea le général
Thielemann à ordonner à la division Bork de sou*
tenir et de couvrir le mouvement de celle de
Brause. Il ordonna cependant aussi au général
Bork de disposer de trois bataillons pour la dé-
fense de Wavre et de Bas--Wavre ; de les y en^
Toyer sur-le-champ et d'enjoindre à Fofficier qui
les commanderait, de s'occuper sans délai de
barricader les ponts et de créneler les maisons
voisines. Trois bataillons de la division Bork,
avec une batterie , forent poussés au-rdevant de
l'avant-garde du corps de Yandamme. Pendant
que le combat s'allumait de ce côté, la division
Brause traversa Wavre et continua sa marche vers
Neuf-Cabaret. La division Bork suivit peu après.
Le général Thielemann, qui l'avait destinée à t^
nir la tête de son corps, lui fit continuer son
mouvement, à l'exception des trois bataillons qui
étaient a Wavre et qui y restèrent. Lui-* même
se disposait à suivre, avec ses trois autres divi-
sions, lorsque les têtes de colonnes du corps de
Grouchy parurent sur les hauteurs de Wavre. Le
combat au faubourg était devenu tellement vif.
cHATini 11. 93
que cetlè double ciccotastance (i% juger aa gé*
néral Thielemaim 9 que trou batâiUons ne saffi**
paient pas pour défendre le paasage. U se décida
en coméquence à déplojfer son corps , et â atten*
dre le dé?eIoppement -de Tattaque , afin de juger
des forceB qo'il ayait devcuit lui. La lâ* divi**
sioli praâeienne prit position sur les hauteurs
de Bierge ^ ayant un bataillon au mouUn ; la 1 o*
prit position entre Bieioge et Watre; k 1 1*, der^
rièlre Wavre t b cayalerie 9 à cfaeTal sur la chaus^
sée de Bruxelieé , vers la Bavette. La Tillo de
Wavre était défendue par deux bataillons de la
division Bork ; un autre bataillon de la môme di-
Tision étût à Bas-Wavre* Derritee ce Tiilage , fut
établie une batterie.de douze. La cMyision Bork ,
qui s'était déjà niise en marche, continua son
mouvement , mais elle ne déj^sa pas Gouturc,
ou elle arriva à la nuit close»
CependàtU le maréchal Grouchy se disposa^
vers quatre heures ,' à forcer .le passage de la
Dyk* L0 5' corps fUt chargé àt lattaque de Wa*
rre et Sas-WaYre; le 4* corpB , de cette de Bierge«
En même temps, il donna Tordce au général
Pbjdi dé quitta ToUrines et de se rapprocher; et^
par une dispbsitioïi dont il est diflfeile de saisir Is
but /il ordonna au général Ëxcelmans, d'enroyelr
le 1^* réf^uoBn&kt de dragons en reconnaissance,
par Dton«-le*Mont ^ vers la route de LouVain à Na«-
mur. La nature du terrain ne permettait pas de
déployer Un qUaM de» forces qu'atait le maré^
94 LIVRE il.
chai Grouchy ; l'infanterie et la cayalerie étaient
en colonnes, à l'exception des bataillons employés
aux attaques. Aucune tentative n'était faite sur
le pont de Limale. Ce fut ce dernier motif qui
engagea le général Thielemànn à ne pas rappeler
la division Bork : il jugea qu'il n'avait devant
lui que les troupes qu'il voyait et qu'il évalua
à environ huit mille hommes. A cette époque ,
le corps de Ziethen était déjà vers Genval ; celui
de Bûlov^, entre Saint-Lambert et Lasne; celui
de Pirch arrivait à Saint-Lambert, excepté' la
division Brause qui était encore en arrière.
L'attaque de Wavre^et de Bierge contmuait
Inrec acharnement.; la première, surtout, avait
eu qudques succès. Nos tirailleurs étaient venus
à bout de se rendre maîtres du faubourg , mal-
gré la résistance des Prussiens. Leponl fut vi-
vement attaqué , et la barricade même, forcée an
moment ; mais deux nouveaux bataillons de la
12" division, que le général Thieiemann y envoya,
}a reprirent. Les Prussiens établirent sur les hau-
teurs de Wavre une batterie de douze et une de
six , et la canonnade s'engagea avec vigueur d'un
bord à l'autre de la Dyle , tandis qu'une fusillade
meurtrière^ près du pont, faisait perdre beaucoup
de monde des deux côtés. Le pont du moulin de
Bierge , où fut envoyé un second bataillon de la
\ 2* division prussienne , fut défendu avec une
égale opiniâtreté. Pendant ce temps ,^ le canon
du Mont-Saint-Jean continuait à se faire enten^
ghXpitbe II. 95
dreavec la plus grasi^e violence; depuis deux
heures, on ne pouvait plus douter que ce ne
fût celui d'une bataille opiniâtre. On dit, qu'a-
lors le général £xcelnians crut devoir représen-*
ter au maréchal- Grouchy, qu'il était inutile de
rester plus long -temps devant Wavre. La ca-
iionnade qu'on entendait était d'une violence
extrême ; en y. marchant droit , on pouvait arri-
ver asse^ tôt pour y prendre part. Le général
Gérard insista, dit-on, de nouveau, sur le con-
seil qu'il avait déîâ donné à Walhain^ il observa
au maréchal Gr^uphy? que k corps ai^quel on
levait affaire, netaô^t qu'une airière-garde jf et que^
^^s {>erdre du tçfnps et des^ho^unes, il valait
mieux tourner la position.de "yVavre, e^ passsui^
la Dyle plus haut. Mais le maréchal Grouchy,
était fixé sur l'idée que Blûcher av%it toute son
armée à Wavre,. et, qu'il profiterait d'un mou-
yeinent sur Saint^Lambert pour marcher à Fieu-
rus ; il suivit malheureusement un conseil tout
opposé, et .s'obstina^ a continuer son attaque.
Icu 4e moment après,, le général Gérard fut
( rièvement blessé, devant le moulin de Bierge.
Le cçmbat se soutjnt dans cet éta(, jusqu'après
six heures du soir;| niéme nos tirailleurs furent
obligés ' d'abandonner en partie le faubourg de
Wavre, qu'une batterie d'obusiers de l'ennemi
était parvenue à incendier. Le général Thiele-i
maim, que le prolongement du combait inquié-
tait , en lui faisant voir qu'il avait . affaire à un
g6 titM tt
tatpB pluâ fort qulj tie ratait cru d'abord, ptH^
tint le maréchal Blûcher dn daïi^r qu'il oeu-
rait. Cehil^i ,• âé\à engagé deTant Planch^tioit,
hiî rè^tâ rôrdfe de se défendre comme il pour-
rait; il y ajouta que la décbioû de la jouriiée
était devant lui , et qu'une TÎctolre à Mont-Saint-
Jean ferait disparaître la perte de Wavre (^).
Vers sept heures, arriva l'officier d'état«4najor ,'
expédié du champ de bataille de Mont^-Saiiit^
Jean, à ude hetire après midi (pag. Ssj^etpor^
teur de l'ordre au maréchal Grotichy de se diri-
ger snr^léHchamp vers Saint-^Lambert. Immédiat
tement il fit «lever l'attaque -de Bterge par le 5*
eorps, et dirigea le 4* ^^^ timale. La division
Vichery , qui arriva la première^ n'éprouva qu'une
fiiible résistance dé la part de l'arrière-garde dti
corps de Zief heu. Elle passa la Djle avec la dt-^
tision légère de YaHiii , et fut suivie peu après ,
par tout le 4* corps , qui prit position sur les hau^
tcurs entre Limale et Neuf-Cabaret. Vers huit
heures , attiva le général Pa jol , qui s'établit près
du pont de Limale , avec les dfrisièns Testo t^t
Soult. '
Aussitôt que le général Thielemanti' J?ut^ avis
de ce passage, îtfit prendre la défense de Bierge
(^) n ne faot pafi perdfc de tue qtie iSt&éier ^dyftltt totfjoiirs' q[ue
le Qot|x de yfiAàaÊUBpi était seul déTâHC W«trei.Alift9 TiileUdiiintt4fiâift
aMts fort; pc^ir résister , ^ais^^il x^it /caçok-e ^ après le dt^part de la di-
vision Bork) 27 bataillons et Sa escadrons, c^cst-^^ire, vingt mille
hommet d?îttfafttcrie ai ^ilAut^ ftliQe dâq' céfaU' dCér&ul.
cHÀPnaE II. 97
par trois bataillons de la i o* divisioh , et wdoiihii
à la a 2', et à la cavalerie de réserve, de se.p(Hrter
à Limale. Le colonel Stûlpnagel ^ qui commaR^
dait cette division, se niit de suite en mouve-
ment, mais il ne put airiver qu'à la niiit close,
en face de la division Yichery, qui tenait la droite
du 4" corps. Malgré Tobscurité, il essaya de
passer le ravin qui le séparait de nos troupes ;
mais le 3i* régiment prussien, qui ouvrait l'at-
taque , ayant été culbuté avec assez grande perte ,
le colonel se vit forcé. à la retraite. Il prit posi-
tion bors de la portée du fusil du tf corps , ayant
à sa droite les troupes du corps de Ziethen, qui
auraient été à Limale. La cavalerie de réserve
prussienne s'arrêta en arrière du bois de fro-
mont. Le combat cessa, tant sur ce point qu'à
Bierge et à Wavre, vers onze heures du soir;
mais les patrouilles des deux armées entretin-
rent , pendant toute la nuit, une fusillade presque
continuelle.
Le 19, dès trois heures du matin, la cavalerie
prussienne déboucha du bois , et vint remplacer
le détachement qui venait de se mettre en mar-
che pour rejoindre le corps de Ziethen. Le gé-
néral Thielemann ordonna aldrs à la 12' divi-
sion d'attaquer nos troupes sur les hauteurs de
Limale, et de les rejeter au delà de la Dyle. Deux
batteries a cheval s'établirent devant la cavalerie
prussienne, et la canotmade s'engagea. Deux ba-
taillons prussiens débouchèrent sur la droite du
IV. 7
^ . tITlB II.
4' corps 9 et tentèrent de passer le ravin : ik fyr
fent aisémeiit culbutés, et mdre artillerie^ ou*
vrant un feu nourri sur les batteries ennemies ,
dont ekiq pièces furent démontées en peu d'ins^
tans , obligea les Prussiens à songer à la retraite.
Leur cavalerie et leur artillerie se retirèrent par
le bois de Froment, et vinrent prendre position
en arrière ; la i i2* division suivit ce mouvement
r^roglrade. AIms le général Thielemann, ayant
fait occuper Bierge par quatre bataillons de k.
10' division, fit faire un changement de front â
la 1 1*^ et la porta un peu en avant, afin qu'elle
pût servir die réserve à sa nouvelle ligne. Il v»*
nait d'apprendre le résultat de k bataille de W»*
terloo , et présumant que le maréchal Grouchy
se mettrait en retraite^ dès que cette nouvette
lui seraijt parvaiue , il se décida à soutenir en*
corç le combat, pour perdre Je moins de terrain
possible.
Le maréchal Grouchy, de son côté, porta en
avant le 4! corps et la divbion Yallin. La divkion
Teste, qui ve^ait de passer le pont de Limafo^
marcha sur Bierge ; la division légère du général
Soult s'avança en reserve ; le corps du générai
Excelmans vint prendre position près du pont
de Limale ; une partie du corps du général Yan-
damme passa devant Bierge ; le village fut attaqué
par la division Teste. Après un combat assez opi^
niâtre, labrigade Penneemporta, vers neuf heures,
k vUkge et le» hauteurs j ce brave général y reçut
cHApnn II. 99
une bkasure mintelle {*). Leé hauteiûrs de Bierge
emportées, le général Yanddmine fit passer une
de ses diyisions au pont du moulin. Le général
ThieJemann , forcé par ce mouvement de flanc, à
en faire un rétrograde , se retira dans une seconde
position, parallèle à la chaussée de Bruxelles, qu'il
ayait derrière lui. La lo"* division, chassée de
Bierge, s'appuya à Wavre, ayant la lâ* à sa
droite. Le général Thielemann , ayant fait rester
deux batailloQs (k la 1 1' division en rései^e, à la
batterie de douze qu'il avait encore derrière Wa-^
vre , fit entrer les isept autres en ligne. La cavalerie
forma l'aile droite. Cependant , vers neuf heures ,
le maréchal Grouchy avait appris, par un aide-de^
camp du général Oressot, les désastre» de Wa-
têrloo« Il fallait songer à la retraite^ msâs il fdSaîl
avant tout se débarrasser de l'ennemi '<|u'on avait
en tête , et le mettre hors d^état d'iniquiëtelr cette
retraite, pendant les premiers momens. Le ïnaré*
chai se décida donc à poursuivre le combat. L^s
forces qui se trouvaient en ligne étaient â peu
près égales {*") , et il y avait encore à la droite
(*) Laissa' à Vyavrc , à la retraite du maréchal Grouchy, il fut trans-
porta à Btuséfin <Ài il moaraïf, empoiisnl les regreU de ses camutades
et dt» Bellay surtout decenx <jjai aTaient servi dans le m* r<%iinent ^
il la t^le duquel il fut fait général.
(^) Le général Thielemann avait en ligne, dans cette dernière posi^
tMm f sept hataillons de la 1 1' division, six delà lo* et neuf de la la^,
avec toute sa cavalerie. En tout dix-sept mille hommes d'infanterie et
quatre mille cinq cents chevaux. Le mari^chal Grouclij avait cinq di-
aOO LIVRE II.
de lai Dyle deux divisions du 3* corps; toutes les
chances de succès étaient donc en notre faveur.
La division du 5* corps et celle du général Teste
étaient déjà sur les hauteurs de Bierge : le 4'
corps se déploya à leur droite ; la division légère
de Soult entra en ligne ; celle du général Vallin
reçut l'ordre de tourner le petit bois de Rosieren,
afin de gagner la route de Bruxelles et de déborder
la droite de Tennemi* Vers dix heures du matin ,
lé combat fut de nouveau engagé sur toute la
ligne, et se soutint pendant quelque temps avec
un avantage égal. Mais le général Thielemann
voyant, vers onze heures, que ses troupes com-
mençaient à plier , et que notre cavalerie légère
approchait de la grande route , songea à cesser le
combat. Il mit son artillerie de réserve en mou ve-
mentvers Liège, et ordonna d'abandonner Wavre.
Â.midi il était en pleine retraite , et il la continua
jusqu'à Saint- Achtenrode , où il prit position pour
donner du repos à ses troupes. Le maréchal
Grouchy ne le suivit pas au delà de la chaussée ,
où il resta en position , pour masquer les mouve-
mens de retraite qu'il allait ordonner. La perte
des Prussiens, dans ces deux journées, s'élève à
deux mille quatre cent vingt-quatre hommes,
d'après leurs propres états. La nôtre fut de plus
de douze cents*
irisioDt d^infanteric et qoatre de caToleric y ce qm faisait diz-fauit mille
houimcs d^iufanicric et quatre nulle chcrau^E j le reste, de part et d^autre,
ctait dedmu et devant Wayre.
CUAPITU II. 101
Pendant que le second combat de Wayre se
livrait, les armées anglo-batave et prussienne
s'avançaient vers la Sambre , et une partie de cette
dernière menaçait la retraite du maréchal Grou-
chy* Nous avons déjà vu (page 58) que le maré-
chal Blûcher, aussitôt qu'il vit la bataille de Wa-
terloo gagnée , avait ordonné au général Pirch de
se porter avec son corps sur la Dyle , pour dégager
Thielemann et envelopper le corps de Grouchy.
Le général Pirch , dont la 5* division et la plus
grande partie de la cavalerie avaient poussé vers
Genappe, se mit en mouvement vers dix heures
du soir, avec les 6* et 8" divisipns et neuf esca-
drons de cavalerie. A onze heures, il arriva à
Maransart , où U trouva la 7* division , et conti-
nua son mouvement pendant la nuit. Imaginant
que le maréchal Grouchy, à la nouvelle des ëvé-
nemens du 18, se jnettrait immédiatement en
retraite , au lieu de marcher sur Moustjers , il se
dirigea par Bousseval sur Melioreux , afin de
pouvoir gagner Gembloux* Il arriva le 1 9 , â onze
heures du matin , à Melioreux , où il se vit obligé
de donner du repos et de la nourriture à ses
troupes, épuisées par trois fortes marches. Ses
reconnaissances lui annoncèrent que le maréchal
Grouchy était encore â Wavre , ayant des postes
à Mont-Saint-Guibert.
Cependant le maréchal Grouchy, dès qu'il
avait vu que lennemi se mettait en retraite , avait
songé aux moyens de couvrir la sienne en s'assur
«os UT&S U.
rant des poats de Namur. 11 devait être certain
que rennemi le préyiendrait à Charleroi; il ne lid
restait donc d'autre moyen de retraite, que celui
de prendre la route de Givet et Mézières, par
Namur. lie général Excelmans reçut, un peu
après onze heures , Tordre de se rendre en iiâle
dans cette place , avec sept r^[imens de dragons
de son corps , les blessés et l'artillerie de réserve*
Le général Ei^^elmans fit une telle diligence, que
ses premières troupes arrivèrent A Namur , vers
les quatre heures du soir. Içïn&nterie des 3* et
4* corps, et la division Teste, restèrent pendant
toute la journée en position devant Wavre , ap^
puyées et éclairées à droite par la division Soult
et à gauche par la division Yallin, le âo* régiment
de dragons derrière le centre. Vers minuit, le ma-
réchal Grouchy se mit en mouvement, se diri-
geant d'abord sur Gembloux. De là il continua sa
retraite en deux colonnes : celle de droite , coni<*
posée du 3* corps , de la division Teste , de la di^
vision légère de Soult et du ao* de dragons , prit
la route directe de Namur; celle de gauche,
composée du 4* corps et de la division légère de
Yallin, se dirigea par Temploux, où eUe reprit
la grande route.
Le général Thielemann , qui avait une avant-
garde vers Ottenburg , ayant été prévenu au point
du )our de la retraite de nos troupes , se mit en
marche à cinq heures du matin avec son corps ,
pour la suivre. U prit ta route de Gen^loux , se
CHAFITU U. 103
feiëaat précéder par toute sa cavalerie; Le gé-
néral Pirch, de soncôCë, prévefiu égalemetit par
sesreconiiaîsaaiices, que le maréchal Grouchy se
retirait par Geipbloux sur Namur, se mit aussi
en mouvement à cinq heures du matin. Il se di-
rigea sur Sombref , poussant , en avant de lui ,
une avant-garde composée de trois bataillons de
la division Kraft et des 3% 5* et 1 1* régimens de
hussards. La cavalerie de Thielemann arriva
â Gembloux, lorsque le régiment de hussards
de dernière arrière-garde en partait; mais il n'y
eut point d'engagement jusqu'à environ une
lieue de Namur, à la hauteur de Bisne. L'ar-
vi^re-garde de la colonne de droite, composée
de deux bataillons du ... régiment, des i*' et 4*
de hussards, du 20"" de dragons et d'une demi-
batterie, y était eiv position en deçà du ravin (*).
La cavalerie ennemie se déploya aussitôt et s'en-
gagea avec la nôtre. Une chaîne du i fi* de hus-
sards prussiens, mit un moment du désordre
dans notre infanterie, et nous perdîmes deux
canons; mais nos carrés arrêtèrent l'ennemi et
lui firent éprouver une assez, grande perte. Une
charge du 20* de dragons, commandé par le co*
lonel Bricqueville , mit le désordre dans la cava^
lerie prussienne, reprit les deux pièces et nous
tendit maîtres d'un obusiçr ennemi. Le gèlerai.
(^) D'après les rappoits prussiens , Us ont pris nos hussards pour des
coirisncrs , qu^ils ont disperses h Vordihairt, fféjreB Piotho; GniapagiM
^eiSiS^page sa. ~^
I04 LIVRE II.
Clary, à la tête du i*' de hussards, maltcaita
fort le 8* de hulans prussiens et lui fit un bon
nombre de prisonniers. Enfin la cavalerie de
Thielcmann , malmenée par la nôtre dans plu*
sieurs chaînes , se désista de l'attaque , et notre
arrière-garde continua sa retraite. Dans le même
temps , Farrière-garde de notre colonne de gauche
se trouvait engagée j en deçà de Temploux, avec
Favant-garde du corps de Pirch. Elle soutint le
combat , pas à pas , jusqu'à la hauteur de Fla-
vinne.
Tout le corps du maréchal Grouchy étant
réuni, se déploya sur la crête des hauteurs qui
couvrent Namur, et commença sa retraite au
travers de la ville» Toute la route, jusqua Dî-
nant ^ étant un long défilé le long de la Meuse,
où il est impossible de marcher sur plus d'une
colonne , il était d'une nécessité absolue de dé-
fendre Namur, jusqu'à ce que la tête, au moins,
de la colonne eût atteint les hauteurs de Bouv^^e
et ^e Dînant. On n'avait aucun moyen de dé-
truire le pont de pierre de la Sambre ; il fallait
donc se décider à défendre les murs. La division
Teste en fut chargée , mais on ne lui laissa point
d'artillerie (*) , qui lui aurait été plus embarras-
sante qu'utile dans les défilés qu'elle avait à tra-
verser en quittant la place. Le 4"* corps se miit
(^) Q^6 «icvidnt lo mitraille dont les Pnusiens prétendent <{iie l<ur>
troiipcs, par trop de zèle, ont en tant à souffrir?
CHAPITRE II. 105
de suite en mouYement, le 3* et la cavalerie sui-
virent ; après le départ des troupes , devait se
faire révaciiation des bagages et des blessés. C'est
ici le lieu de porter aux habitans de Namur le
tribut d'éloges, que mérite leur conduite gé-
néreuse et fraternelle envers. nos troupes; les
soins qu'ils prirent des blessés , et le zèle cordial
avec lequel ils s'empressèrent de fournir tous les
secours et les transports nécessaires , ne peuvent
être oubliés par des Français.
Pendant que nos troupes se retiraient de Na-
mm» , le corps de Pirch s'était déployé en entier
devant la place, et s'était engagé avec nos troupes.
Il fit commencer l'attaque par la division Kraft ,
qui peu après fut appuyée par la division Brause.
Voyant que nos troupes rentraient successive-
ment dans Namur, et que bientôt elles lui eurent
abandonné le champ de bataille , son ardeur re-
doubla et il voulut essayer d'emporter la place
d'assaut ; en même temps il voulut tenter le pas-
sage de la Sambre vers Flavinne. Ni l'un ni l'au-
tre ne réussit ; la rivière était trop profonde, et la
division Teste tint ferme. Le combat dura jusqu'à
huit heures du soir ; alors , tout étant évacué , et
les hauteurs de Dinant et de Bouvigne occupées
par nos troupes, le général Teste quitta Namur,
sans perte qu'un petit nombre de tués et de
blessés. Le 2* corps prussien perdît devant Namur
mille'six cent quarante-six hommes , dont soixante
officiers , d'après ses propres rapports. Le général
106 LITRE IL
Pirch détacha le lieutenaiift-coionel Sohr, avec
deux bataillons , les 3* et 5* régimens de hussards
et une batterie, pour suivre la division Teste.
L'officier prussien avait l'ordre de reconnaître
simplement la position du corps du maréchal
Grouchy , et de rejoindre l'armée prussienne par
Florennes et Walcourt.
Nous croyons devoir ajouter quelques considé-*
rations , à ce que nous avons déjà dit sur la con-
duite stratégique du maréchal Grouchy ; mais ce
ne sera qu'une récapitulation des laits et des ré-
flexions que ces faits peuvent produire. Ce résu-
mé est nécessaire, pour fixer l'opinion sur les yéri-»
tables causes des désastreb de Waterloo. Personne
parmi nous ne songera certainement à élever des
soupçons sur le zèle ardent et sur la loyauté avec
laquelle le maréchal Grouchy servait sa patrie
à cette époque. Mais il ne peut être révoqué en
doute , que l'armée prussienne n'ait échappé le
1 8 au maréchal Grouchy {*) , et que le manque
de coopération de notre aile droite , n'ait été la
principale et même la seule cause de la perte de
la bataille; l'opinion est d'accord avec les faits
sur ces deux points. Voyons donc s'il est possible
de déterminer, si, et jusqu'à quel degré le nia->
{*) On toit, par la lettre qiie noua arona déjà rapportée (Pièces
justificatives, N" XVII), que le maréchal Groucbj ne iVtait pas £ik
éclairer par la gauche , et n'arait pas eu connaissance de la colonne
prussienne qui était passée par Gcntînes, cVst^-dire, des corps de
Ziethen et de Pirch.
réchal Grouchy peut être accusé d'aydr contrit
bué , par oa conduite strat^ique, à amener ces
deux circonstances fatales*
Nous ayons déjà vu que le 1 7 au matin , lorsque
Napoléon se mit en mouvement vers les Qviatre-
Bras, il avait ordonné au maréchal Grouchy de sui*-
vre les Prussiens , avec les troupes de f aile droite.
On assure que le maréchal avait Tordre de ne
pas dépasser Gembloux. Nous accorderons volon-
tiers cette restriction, qui nous parait même
avoir dû exister dans le premier ordre. En effet ,
Napoléon ayant appris que les Anglais étaient en-
core aux Quatre-Bras, jugea, puisque le maréchal
Ney ne les avait pas attaqués, que Wellington
pouvait avoir l'intention d'y livrer une bataille.
L'armée anglo-batave réunie était assez forte pour
hasarder le sort des armes (*). Dans cette situa-
tion probable , l'occupation de Gembloux réunis-
sait un double avantage : d'abord , l'aile droite
était assez éloignée pour pouvoir tenir les Prus-
siens hors de portée du champ de bataille , et ne
l'était pas trop, pour pouvoir y détacher des
troupes, en cas qu'elles fussent nécessaires; en
Becond lieu , Gembloux étant sur la communica-
tion directe de Namur à Bruxelles , c'était de là ,
bien mieux que de tout autre point , qu'on pou-
vait reconnaître la véritable direction de retraite
(*) Elle comptait quatre-TÎngt-dix mille hommes d^infantcric et seize
mille cheraiix.
I08 LITRE Us
des Prussiens. Mais en admettaiit que le inaré*
chal Grouchy ait d'abord reçu Tordre de ne pas
dépasser Gembloux , la circonstance même qu'U
ne reçut pas celui qui lui fut adressé plus tard,
de se diriger sur Wavre, cette circonstance, dis-
)e , ne nous paraît pas le justifier siratégiqucment
d'avoir arrêté son mouvement le 17. Un maré-
chal n'est plus dans la classe des officiers subal-
ternes, dont tous lesmouvemens sont réglés par
des ordres écrits ; ceux qu'il reçoit sont toujours
accompagnés d'instructions explicatives et de
la latitude d'action que comporte et qu'exige
même Timportance de son commandement. Il
n'est d'ailleurs pas croyable que iNapoléon, en
se séparant du maréchal Grouchy, ne lui ait pas
fait connaître ce qu'il attendait de l'aile droite, et
ce qu'il entendait faire lui-méqie : la supposition
qu'il ait voulu abandonner le résultat qu'il atten-
dait des opérations de l'aile drpite, au hasard de
l'arrivée d'un officier d'ordonnance, ne peut pas
être admise ; il est donc bien évident que le maré-
chal Grouchy n'a jamais pu être privé du droit
d'interpréter ta lettre de ses ordres, en suivant
l'intention qui les avait dictés; sans ce droit, son
commandement aurait été illusoire.
D'après ces données , voici à notre avis l'inter-
prétation dont étalent susceptibles les ordres que
l'empereur Napoléon avait donnés au comman-
dant de son aile droite. L'armée prussienne n'avait
que deux directions de retraite à prendre : celle
cHAntiŒ II. 109
de Namur , pour rester sur sa première ligne
d'opération», et celle de Wavre , pour rentrer dans
la ligne d'opérations de Wellington , soit à Lou-
vain, soit à Bruxelles même. Dans le premier cas,
Tordre de s'arrêter à Gembloux devenait impé-
ratif; car il n'était pas possible que l'aile droite
s'avançât seule dans la direction de Liège ; tandis
que le restant de l'armée marchait à Bruxelles.
Mais dans le second cas , cet ordre ne pouvait
plus être que conditionnel , et devait recevoir son
interprétation de la situation même où allaient se
trouver les deux armées. Les Anglais n'avaient pas
tenu aux Quatre-Bras , et il n'y avait par consé-
quent pas eu de combat; le maréchal Grouchy le
savait , avant de quitter Sombref. 11 était donc
évident que Napoléon, avec lé gros de son armée ,'
marchait , par Genappe , dans la direction de
Bruxelles , et par conséquent s'éloignait. Dès lors
il était nécessaire de serrer de près Tarmée prus-
sienne , afin de pouvoir suivre tous ses mouve-
mens , et pouvoir en rendre compte , pour ainsi
dire d'heure en heure, à soi-même et au général
en chef. Le maréchal Grouchy savait , depuis
neuf heures du matin , que le corps de Bûlow
était à Gembloux. Le général Pajol , qui était à
Saint-Denis , tournait déjà la gauche de ce corps ;
U aurait donc fallu se porter sur lui en deux co-
lonnes , l'une directement , et l'autre par la route
romaine. La défaite du corps de Bùlow , tourné
par les deux ailes , était immanquable , et sa dé-
110 IITU II.
route aurait empêché la réorganisation du reste
de Tannée prussienne. Mais enfin , puisque cda
n'avait pas été fait , cette première faute pouvait
encore être réparée. Les 3* et If corps arrivèrent
à Gembloux vers quatre heures après midi ; là
le maréchal Groucfay apprit d'une manière cer-
taine que Blûcher s'était retiré sur Wavre. Les
domestiques mêmes de son hôte ( M. Delrue), que
les Prnssi(ens avaient pris pour guides, vinrent
rendre compte de la direction qu'ils avaient prise.
Tout devait donc indiquer au maréchal Grou*
chy, que l'armée prussienne manœuvrait pour
joindre la ligne d'opérations des Anglais, et que
ces deux armées rentreraient en commumcar
tion à Wavre. Alors il devait nécessairement arri^
ver de deux choses l'une ^ ou que Welliugtxm
voudr»t défendre les débouchés de la forêt de
Soignes, ou qu'il se retirerait sur Bruxelles. Dans
le premier cas, il était uigent de se trouver le
plus tôt pos^le à la même hauteur que le gros
de l'armée française, afin de rentrer en comrr
munication avec elle et de surveiller <fe près
tous les moùvemens que Blûcher pourrait feire ,
par sa droite. La supposition qœ ce dernier
voudrait appuyer l'armée anglo-batave , par une
diversion, était dans l'ordre des choses très-*
probables. Dans le cas où le duc de Wellington
se retirerait sur Bruxelles , il était évident que
le maréchal Blûcher ne resterait pas à Wavre.
Alors encore , plusieurs- raisons se réunissaient
GHAPimE II. m
poiaur engager le maréchal Grouohy à se rendre
le plus tôt possible sur la Dyle , et s'assiurer du
passage de cette rivière. Nous n'eïitrerons pas
dans le détail de ces différens motifs , qui nous
coaduiratt à l'examen des mouYemens par les*
^eJs il était possible que Napoléon se portât sur
Bruxelles; nous nous contenterons de dire qu'il
n'était pas possible que l'aile droite pensért à res-*-
ter à Gembloux , pendant que les autres corps
de l'armée marcheraient peut-être sur Hall.
Le maréchal Grouchy parait avoir craint un
mouvement du corps de BûIqw sur sa droite*
Une réflexion bien ûmple pouvait dissiper cette
eraînte. Il était indubitable que le général Bùlow
avait une parfaite connaissance du résukat de
la hatàîUe de Ligny , iQéme aat supposant que
le nufféchal Blûcher ne l'en eût pas: prévenu ,
puisqu'il s'était rencontré à Gembloux avec le
corps de Thielemann* Il n'était doinc pes proba^
hh qu'il voulût hasarder seul uni9 attaque^ lors*
tfgkH devait croûpe et qu'il croyait e» dSet avoir
toute l'armée française devant lui. II n'était: pas
non plus dans Tordre des choses probd^ies, que
Blûcher pût ordonner une diversion pareille.
D'abord, il ignorait et il devait encore ignorer
qi^e l'empereur Napoléon se fût dirigé sur Go-
nappe ^ avec le gros de l'armée française ; ensuite ,.
scm armée ayant été battue ( * ) , et ayant trois
{*) Uauteur prussien , que nous avons dé}hc\té, dit(pelemu6é»k
1 I 2 LITIE II.
corps t à peu près désorganisés , on ne pouTait
guère supposer au maréchal Blûcher assez peu
de jugement, pour vouloir encore sacrifier H
seul corps qu'il eût complet et en bon ordre. II
était au contraire certain , que le général Bûlow
devait avoir reçu Tordre de se replier sur le
point de réunion de l'armée. Le maréchal Grou-
chy devait donc le faire suivre et éclairer jus-
que vers TourineSy par un fort détachement.
Quant au reste de^ son corps , il devait le porter
le soir même du 17 en avant de Gembloux. De
cette manière , le maréchal Blucher se voyant
suivi de près , aurait dû croire qu'il avait devant
lui un corps considérable. Obligé de manœu-
vîper pour en connaître la force , il n'aurait cei^
tainement pas' hasardé son< mouvement du 18.
Le maréchal Grouchy devait penser que Napo-
léon se serait avancé au moins jusqu'à Genappe;
alors la position qu'il lui convenait de prendre
était en avant de Walhain, sur ks bords du ruis^
seau de Moustiers , occupant les défilés de Sàïoith
Martin et de Mont-Saint-Guibert, et ayant de la
cavalerie sur la Dyle. Une probabilité plus grande
Grouchy ne pourait pas regarder rarmce prussienne comme battue ^
bien que son intérêt fut de le faire croire & *es troupes. (C. de W. Cam-
pagne des arm<^e8 ûnglo-baUTe et prossienue, «n ^8i5, page C40 H est
assez pi(|uant qu^on dise qli^une année enfoncée et obligée à une retraUe
précipitée de nuit, après avoir lai»sé le quart de son monde sur le champ
de bataille, n'est pas battue. On ne sait quel nom donner À une assertion
pareille.
que ropmion à laqnefle il s'était fif^é , lui rendait
l'occupation de M<mt-Saint-Guibert importante;
c'est que, si l'ennemi ayait le projet de faire une
pointe sur Fleurus , au lieu de faire le grand
tour par Perwe^le-M arche et Saint-J)enis , il s'y
porterait tout droit par Mont-Saint-Ouibert et
Melioreux, afin de couper le marédbal.Grouchy
du reste de l'wmée et de Cliaiieroi.
Enfin le 18 arriva, et trouva encore notre aife
<lroîte à Gembloux. Le maréchal Groucby savait
alors que l'armée prussienne était à Wavre. Elfe
avait donc gagné une marche sur lui, et die n'é-
tait qu'à trois lieues de Tannée anglaise. La (nto-
mière idée qui devait alors frapper le marécbdi
Crroucfay, était que le maréchal Blûchar proft*-
Cerait de cette avance pour faire un mouvement
par sa droite , et consommer ainsi une réunion
que toutes les manœuvres de farmée française
avaient tendu jusqu'alors â empêcher. Il était
encore possible de réparer les fautes de la veffle ,
par tin mouvement rapide , mais il n'y avait plus
d'autre moyen. En mettant l'aSe drcrfte en moi>-
vement à trois heures du matin, elle pouvait
arriver à neuf heures devant Wavre. A cette
heure , le mouvement de flanc de l'armée prus^
sienne, s'fl avait été comm^acé, ne pouvait pas
être achevé , et il se trouvait arrêté par la crainte
qu'aurait conçue Blûcher de compromettre ses
troupes. La direction de la marche de l'aile
droite était également indiquée , par le but qiié
IV. 8
1 1 4 ' LITRE II.
devait se proposer le maréchal Grouchy. Ce but
était d'obséryer les Prussiens d'aussi près que
possible , et de les empêcher de faire une divers
sion, en les menaçant d'inquiéter leur mouve-
ment. Pour le remplir, il fallait se porter en
même temps sur Limale et sur Wavre; car si
Tarmée prussienne, ou même son arrière-garde
seule, tenait ce dernier point, on ne pouvait l'em-
pêcher de s'approcher des Anglais que par Li-
male , ou peut-être même par Moustiers. Il est
inconcevable que malgré ces réflexions, qui de-
vaient se présenter si naturellement, le maré-
chal Grouchy se soit fixé dans la crainte chimé-
rique d'un mouvement de l'ennemi sur sa droite,
et ait encore perdu six heures à attendre une
confirmation qu'il ne pouvait pas recevoir. II
savait cependant que Napoléon devait croire qu'il
s'était mis en mouvement au point du jour ; U
l'avait annoncé. II pouvait se faire que Napo-
léon , comptant sur l'heure où l'aile droite pou-
vait arriver sur la Dyle , eût dirigé le système de
la bataille dans cette hypothèse. Le moindre in-
convénient de ce retard devait être de détruire
tous les résultats avantageux d'une affaire déci-
sive , en renversant les combinaisons qui avaient
dû les assurer. Ne pouvait-il pas arriver que ces
combinaisons fussent conçues de manière à ce
qu'en échouant elles pussent entraîner des dé-
sastres ? Ou ne nous accusera pas d'avoir jugé
d'après l'événement, car nous sommes partis de
CU^ITRE II. U5
la supposition qu'un seul des. oirdres expédiés au
maréchal Grouchy lui était parvenu.
' Lorsqu 'enfin Je maréchal se mit en meuve*
ment, on vit encore dans la direction qu'il donna
à ses colonnes, une suite de cette crainte pour
sa droite y qu'un génie ennemi de la France pa-
raissait s'être plu à lui inspirer. 11 )ette presque
toute sa cavalerie vers Tourines et la route de
Liège ; il dirige son infanterie par Walhain ,
la route le^ plus éloignée de la Dyle qu'il pût
prendre {*). Tous ces mouvemens étaient du
temps perdu. Nous avons déjà dit que ladiver*
sion que les Prussiens auraient pu faire sur Fleu-
rus , si un pareil projet pouvait entrer dans la
tête du maréchal Blûcher, aurait passé par Mont-
Saint-Guibert et Melioreux. Nous avons fait voir
qu'un mouvement en dehors de notre extrême
droite, ne pouvait conduire l'ennemi à Fleurus
que le 19, et aurait été sans effet; puisque, par '
toutes Ibs raisons possibles , le 1 8 devait être le
jour décisif, soit par le gain d'une bataille , soit
par la prise de Bruxelles. C'était donc à cette dé»
cision qu'il fallait marcher, et le plus rapide-
ment possible.
(*) Le maiéchal Groncby, pour se jnstifier d'ayoîr pris cette direc-
tion, cîte les eq)restioiis de It lettre que noas aTons d^jà rapportée
{Pièces justificatwes , N* XIX). Il suffit de la lire arec attention, pour
«e conrainCre que c'est le mouTcmcnt sur Wavrc que NapoU'on ap-
prouve, et non pas la direction de Sart-à-Walliain , dont il ne ponrait
plus s^occnpcr, pnisqn^il ne pouTait pins lu changer.
1t6 LIVU II.
En route , la colonne de droite entendit le canon
du Mont-Saint-Jean , dont la progression rapide*
fnent croissante annonçait que c'était celui d'une
bataille générale. C'était un appel qui ne pouvait
pas laisser le maréchal Grouchy en doute sur ce
qu'il devait faire. Le commandant du 4' corps lui
donna le conseil de se dirige immédiatement vers
le champ de bataille* Ce conseil était sans doato
le meilleur , car il aurait eu pour conséquence la
destruction de l'armée anglaise : U n'yjavait aucun
danger à le suivre , puisque tout intérêt local ou
momentané devait céder à l'intérêt majeur de
remporter une victoire décisive sur le point oik
nos forces principales étaient employées. Un avanr
tage momentané des Prussiens sur un détache-
ment de notre aile droite, aurait été bientôt
réparé ; c'est ce que le maréchal Blûcher a conçu
en sens inverse. Le maréchal Grouchy opposa ses
instructions aux représentations du général Gé*-
rard, et plus tard encore à l'insistancte de ce der*
nier et aux instances du général Excelmans. Mais
il pouvait facilement les remplir sans aller donner
du nez contre un défilé , où il était évident qu'une
force bien inférieure à la sienne lu» ferait poxlre
un temps précieux; il ne pouvait pas espérer de
retenir l'armée prussienne , en attaquant ce point
êeuij puisqu'un corps $eui pouvait l'y arrêter. Le
véritable moyen de remplir le but de ses instruc-
tions était de pousser une avant-garde sur Wavre«
de rappeler sur-le^hamp les généraux Excdmans
GIUPITBI II. 117
et Pa)ol , qtt'U avait $i imprudemment éloig;Dés ,
et de diriger, de la Baraque , le restant de ses forcer
sur les ponts de Limale et de Limelette. En atta-
quant trois p£^sages à la fois , il était sûr d'en
forcer un au moins , si le» Prussiens n'avaient
qu'une arrière-gaitle à Wavre, ou d'empêcher
Blûcher de quitter sa position , s'il y était encore
resté. Dans le premier cas , en s'emparant du pont
de Limale ou de celui de Limelette , il tournait
les hauteurs de Wavre, et ce passage tombait entre
ses mains sans coup férir. Par l'événement, il
aurait attaqué le 2* corps prussien dans les défilés
de Saint-Lambert , vers le» cinq heures du soir;
il le détruisak , sans aucun doute , dans une posir
tion aussi dangereuse ; et vers six heures il pour
irait étire maître de Saint-Lambert et de Lasne, Un
seul de ses corps , en paraissant sur ce point , nous
assurait la victoire.
Quelle est Finfluence qui a pu décidetr le ma^
réchal Grouchy à fermer l'oreille aux coiiseils sa-
lutaires qu'il avait: reçus ? La voix commune, en
accuse le commandant du 3^ corps ; cette opinion
a passé jusque chez nos ennemis , et on a été jusr
qu'à y faire entrer des vues de jalousie contre le
commandant de l'aile droite. Nous aimons à croire,
pour l'honneur de tous deux , qu'il n'en est rien , et
nous^ désirons que des preuves positives viennent
appuyer notre opinion. Le maréchal Grouchy pa**
rait s'être effrayé d'une responsabilité dont il s'e»t
exagéré les conséquence^. Cette responsabilité,
Il8 ' LIVRE II.
qui ne pouvait avoir pour objet que nos commu-
nications avec la Sambre , portait sur des cir-
constances qui n'existaient plus dès que, d'une
part, Blûcher était à Wavre, et de l'autre, Na-
poléon en présence de Wellington. Cependant il
semble que c'est là le motif qui l'a obligé â s'en
tenir à la lettre de ses instructions , et à ne se laisser
détourner de l'attaque directe de Wavre par aiv-
cune considération. Nous ne soutiendrons pas avec
l'auteur des Considérations sur l*Art de la Guerre^
que dès qu'un corps est attaqué , les corps voisins
doivent tout quitter pour voler à son secours.
L'application d'un principe pareil , qu'il est assez
étonnant de trouver en règle générale dans un
ouvrage qui doit donner des leçons de stratégie,
serait bien souvent dangereuse. Mais nous croyons
pouvoir dire , avec le général Berton , qu'on ne
trace point à un corps d'armée des feuilles de
route , oomme aux détachemens qui marchent par
étape : la marche dépend alors des événemens et
des circonstances; le général doit savoir les dis-
tinguer et les saisir. Nous y ajouterons encore
qu'une mission de confiance , telle que l'avait re-
çue le maréchal Grouchy , entraine avec elle une
latitude d'action qui exclut l'idée d'une obéissance
littérale.' Cette dernière peut être bonne pour un
officier qui est en ligne sous les yeux de son chef;
mais un officier général détaché , en s'y soumet-
tant , détruit l'ejOTet de sa mission ; car elle devient
nulle en effet, et souvent nuisible, s'il n'a pas bien
CHAnTBE u. iig
conçu les dispositions du général en chef, et si,
en combinant ces dispositions avec les circons-
tances de chaque moment, il ne sait pas en dé-
duire les modifications ou les interprétations qu'il
doit donner aux ordres qu'il a reçus.
Au reste, nous le répétons encore, loin de
nous la pensée de vouloir oJEfenser un de nos an-
ciens chefs; mais la vérité historique, en portant
son flambeau sur les causes et les conséquences
des désastres de Waterloo, nous impose la loi de
ne passer sous silence aucun fait , ni aucune des,
réflexions que nous avons cru pouvoir servir à les
présenter sous leur point de vue véritable , et à
asseoir le jugement du lecteur i c'est à lui à pro-
noncer.
CHAPITRK UI. \H\
CHAPITRE III.
Cons^<{aeiicc8 militaires de la I>ataillc- de Waterloo. — Restonroes de
la France. — Moyens des coalisas. — Consécjaences politiqnes. —
Situation de la France depnis le. ao ma». — > Retout de INapolëon k
PuUy et son efiet. — Les deux chambres se dëdarent en perma-
nence. — Message de Napoléon. «- Nomination d'une commission
dé saint public. — Défibération de cette commission, et ses consc-
qoenoet. — - Abdicatimi de Napoléon. «^ Nomîoation d'an goiiicr-
ncment provisoire. — Reflexions sur les actes du a a juin.
Les conséquences militaires de la bataille de
Waterloo n'étaient rien, ou au moins bien peu
de chose ; ses conséquences politiques furent ter-
ribles, et elles pouvaient être encore bien plus
désastreuses qu'elles ne le furent. Ceux de nos
lecteurs qui ont parcouru toutes les phases de la
guerre que nous avions soutenue jusqu'alors pour
le maintien de notre indépendance ; ceux qui ont
TU réparer, par le patriotisme des Français, des
revers bien plus signalés , des désastres bien plus
grands; ceux, en un mot, qui ont connu la si-
tuation de leur patrie en 1 793, en 1 796 et en 1 799;
ceux-là nous accorderont facilement la première
122 LIVRE II.
moitié de notre proposition. Nous aimons à croire
que ce sera la majorité. Les autres croiront peut-
être y voir un paradoxe ; c'est ce que nous allons
examiner.
Nous avions perdu trente -sept mille hommes
et deux cents canons ; Fennemi en avait perdu
près de cinquante- quatre mille (*) : tel était le
résultat des événemens qui s'étaient passés dans
le nord, du i5 au 20 juin. Nous avions donc sa-
crifié un cinquième de la totalité de nos armées
disponibles, et la coalition, seulement un dix-
huitième. Mais était-ce sous ce point de vue qu'il
nous convenait de considérer la situation défen-
sive de la France? Avait- on jamais pu croire
qu'une seule bataille, gagnée ou perdue, dût
amener d'un seul coup la fin de la guerre? En un
mot , les destinées de la France devaient-elles re-
poser en entier sur l'armée du nord? Nous avons
vu dans l'introduction et dans le chapitre i'%
quelles étaient les ressources qui avaient été pré-
parées pour une guerre défensive. Sur plus de
cent vingt mille hommes , existans dans les dé-
pôts des dififérens régimens (**) , près de quarante
(*) rofez Pièces jasUficatÎTes , N« XXH.
{**) Troupé$ eœistantês dans les dépôts au iS juin.
3*f 4* et 5* bataillous des rëgimens d'infanterie. . 85,ooo hommes.
Régimens «étrangers 8,000
4* et 5* escadrons des régimens de cavalerie. . . 1 7,000
A repoiier, . . 1^10,000
CHAPITRE III. 1^3
mille étaient armés , équipés , et prêts à marcher.
L'armée du Rhin était disponible, et pouvait. re-
joindre Paris par la ri?e gauche de la Seine. Les
régimens de marine étaient organisés ; on pouvait
tirer deux cents bataillons d'élite de vingt-deux
départemens, des i4'j i5*j i8*, 21* et 22* divi-
sions militaires; ceux des sept départemens de
la i** division étaient sous la main. Nous aUon^
établir le calcul de la masse des moyens qui noué
restaient encore â opposer â l'ennemi, en restant
dans le système défensid
La ligne des frontières étant abandonnée, les
places fortes, depuis Huningue jusqu'à Dunker^
que , se trouvaient couvertes ou gardées par les
bataillons mobiles des 2% 3', 4% 5* et 1 6* divisions ,'
au nombre de cent quarante-six. L'armée des
Alpes et le corps des Vosges, se réunissant à Lyon,
y conduisaient dix-huit mille hommes de troupes
de ligne , et les cinquante-huit bataillons mobUes
des 6* et 7* divisions ; ceux de la 1 9*, au nftmbre
de quarante , auraient porté l'armâe de défense
HeporL ... 1 1 0,000 hommes.
^ , . , . , ( infimicric 10,000
^ ( caTalcrie a,ooo
Total. . . i«»,ooo
iVb/i compris,
Artillerie. , . i5,ooo
G^fnie 6,000
Train et cfqiiipagef 3,ooo
Total général. . . i j6,ooo
ia4 WRi il,
de ce point stratégique , à plufs de quatre^Tingt
mille hommes , dans les premiers jours de juillet.
C'en était assez pour paralyser l'armée du généra)
Frimont et la plus grande partie de celle du prince
Schwarzenborg. Nous ne parlons pas de l'armée
duYar et des corps de TouloUM ^ BcHrdeaux, qui
comprenaient , outre environ douze mille hommes
de ligne , les bataillons mobiles des 8% g% i o* et
^ 1* divisions ; il aurait été possible d'en disposer
plus tard* L'armée de la Vendée elle-même , qui
comptait près de quinze mille combattans , aurait
pu être dans le commencement de juillet sous
les murs de Paris ; nous avons vu que la perte de
la bataille de Waterloo n'a pas empêché les Ven-
déens de se soumettre.
Cependant il restait encwe quarante mille
hommes des troupes qui avaient combattu à Wa-
terloo ; le maréchal Grouchy en ramenait vingt-
huit mille; les dépôts seuls de la garde pouvaient
founûr six mille hommes. Nous avions perdu des
canons , mais la plus grande partie des chevaux
du train avaient été sauvés, et nous pouvions
encore atteler deux cents bouches à fou, qu'il était
aisé de tirer des parcs de Vincennes et de Paris.
L'armée du Rhin, en lui donnant télégràphi-
quement l'ordre de se mettre en mouvement le
32 juin, pouvait arriver le 6 juillet à Paris, pour
peu qu'elle voulût hâter sa marche (*). Pour ne
(*) En laisant 18,000 toises par jour, œ que nos arni<^ ont fait bien
souTcnt.
y
GHÀPITM III. Ii5
{MM nous écarter de la' probabilité, iious ne nous
appuieroner que sur des faits , dan^ le tableau que
nous allofis dmmer des forces qu'il était possible
de réunir autour de Paris et dans cette capitale,
le 6 juillet U n'était pas probable que rennemi
y arriyât même â cette époque , ainsi que nous
ie verrons plus^ bas.
Let tnmpes qui forent rëoniet à Laon et So Jssons ,
de Ysrmée da noid, s^âevaient à. • . , . . . 65jOoo homiaca.
Les dépôts ont fonrni (*) 35,ooo
Uotmée du Rhin. . « 18,000
Gaide natioiiale d* Parir, en en comptut la
nioitië seulement ponr un service actif. .... i5,ooo
Tédcrcs 1 5,000
».
148,000
Dans le courant de Juillet, on pouvait y ajouter
on moins deux dents bataillons mobiles de^garde
nationale (**). . ..«.......; s5oy00o
Vingt regimens de marine 3o,ooo
Total. . . . 3a8|Ooo
Comme il aurait été possible , et même plu#
utile , d'armer les bataillons miobiles avec les fusils
de la garde nationale sédentaire , la réunion do
cette force imposante ne pouvait éprouver aucun
obstacle.
w
(*) Le prince d'Eckmuhl avait , devant Paris , cent raîUc hommes de
ligne, dont vingt-cinq mille chevaux.
(**) Nous ne comptons pas , dans cette levée , la garde nationale des
ia^, i3* et so* divisions militaires, paralysL-e pa^* le mooTCoient de la
Vendée.
1^6 IIVRB II.
Voyons actuellement quelles sont les forces
dont la coalition aurait pu disposer. Nous en pren-
drons également Tétat dans les données que nous
fourniront les faits dont nous rendrons compte
successivement. D'abord il ne faut pas perdre de
vue que Lyon devait être occupé par l'armée des
Alpes , le corps des Vosges , et la garde nationale
des départemens environnans; nous avons vu que
la force destinée à défendre ce point stratégique,
pouvait s'élever à quatre-vingt mille hommes. Mais
l'armée des Alpes et le corps des Vosges, isolés,
privés du concours d'une grande partie des gardes
nationales qui auraient pu se réunir a Lyon , ont
suffi pour occuper l'armée du général Frimont et
le corps de Colloredo ( de l'armée du prince de
Schwarzenberg ). On peut donc bien raisonna-
blement supposer que le duc d' Albuféra tt le
général Lecourbe les'' auraient tenus en échec,
puisqu'ils ne formaient que quatre-vingt-cinq
mille hommes environ. L'armée de Naples ne pou-
vait franchir les Alpes que vers la fin de juillet.
Les corps des archiducs Jeau et Ferdinand d'Esté
n'étaient pas réunis, et il fallut que celui du géné-
ral HohenzoUern restât devant les places du Rhin.
Les Russes furent obligés de laisser le corps de
Langeron sur la Moselle. Les Prussiens laissèrent
celui de Pirch sur la Meuse ( * ) , et les Anglais
{*) La garde , et les 5* et 6* corps pmasieiu «uient encore loin du
Rhin. Les i*' et a* corps nisscsy sar la Vislule.
CHAPITRE III. 1^7
-eelui du prince d'Orange en Flandre. Voici donc
l'état des troupes que les coalisés auraient pu con-
duire devant Paris.
■
Prnsnens (il* y arrÎTèrent) Oo^ooo hommes.
Anglais (Idem) • So^ooo
Russes i35,ooo
Autrichiens (3* et 4* corps.) . 97,000
34^,000
Encore faut-il calculer que ces forces ne pou*^
Taient pas être mrivées devant Paris avant le 26
juillet , les Russes et les Autrichiens n'ayant passé
le Rhin que le ^4 juin. On object^a peut-être
que les Anglais et les Prussiens arrivèrent devant
la capitale le 29 juin. Mais cette objection ne peut
avoir de valeur, que pour ceux qui ignorent que
Blûcher et Wellington devaient attendre que les
autres armées coalisées fussent arrivées à la Meuse,
avant de continuer leur mou vemec^t ; qu'ils se
sont en effet arrêtés les 2 1 , âi2 et s5 juin, et qu'ils
ne se sont remis en marche le 26, et avec autant de
célérité, que parce qu'on kur avait fait connaître
les événemens du 22 ^ et qu'on les avait appelés à
achever la révolution qui venait de s'opérer. C'est
ce que la suite développai'a.
On voit donc que , sous le rapport militaire, le
danger n'était pas à beaucoup près aussi grand
qu'on a voulu le dépeindre et qu'on est venu à
bout de le faire croire. Des circonstances presque
inexplicables se sont réunies pour paralyser l'é-
15)8 tlfVE H.'
nergie de la nation, plus encwe p» les ffiusîaiu
que par la crainte. La France se trouva tout à
coup divisée en deux partis : Fun , guidé par une
imprudente confiance dans des déclarations diplo-
matiques , espérait trop ; Fautre croyait tout perdu
et pensait devoir se soumettre à un avenir qui
n'offrait encore ni espoir ni garantie. En présence
dé tous deux étaient les agens de la coalition , qui
nourrissaient les espérances d'uncôté, grossissaient
les craintes de l'autre , et travaillaient ainsi dans
le but d'ouvrir la France à l'invasion , dont elle es-
pérait profiter dans ses intérêtê seuU. Que les peu-
ples , ployés au joug de gouvememens despoti-
ques, puissent croire les destinées des nations
attachées â ceBes d'un individu, il n'y arien d*éton«
nant; cette manière de voit est dans l'essence de
leur éducation politique : mais que les Français -,
au bout d'une lutte de vingt-^ix ans , aient eruqtie
la perte d'une bataille et la chute d'un homme
devaient entraîner la ruine de leur patrie 1 voilà
oc qui reste encore à expliquer. Peut-être que les
développemens qui suivront, dans le cours de cet
ouvrage , pourront fournir des données pour la
solution de ce problème.
Si la situation militaire de la France était bien
loin d'être désespérée , sa situation politique en-
vers la coalition n'était pas plus dangereuse. L'une
dépendait de l'autre , et il est inutile de fiure entrer
en ligne de compte des déclarati<ms dont la va-
leur intrinsèque aurait été déterminée par nous;
ghjlfitrb ni. iig
M nous Ta^iong voulu. Nous avons déjà développé
dans l'introduction, q^uelles étaient les véritables
vues de la coalition en attaquant la France. La
bataille de Waterloo n'-avait rien pu y changer,
puisque Napoléon régnait e^core après. Ni L'ab-
dication, ni même la déposition de Napoléon, |ie
devait rien, y changer , puisque la puissance de la
France , à laquelle $eule en voulaient les coalisés,
lui aurait survécu comme elle l'avait précédée.
Lorsque, dans la ratification du traité du â5 mars ,
les coalisés écartèrent solennelleinent les intérêts
de la maison de Bourbon ^ qui auraient pu légi-
timer leur agresnon, et la rendre conséquente
nux principes qu'ils avaient si hautement prootof
mes ; lors , dis-)e , qu'ils écartèrent ces intéféts ,
ils déchirèrent l'article 8 , et déterminèrent le sens
que l'on devait attacha à l'article i *'. La combi-
naison des expressions de cet article, avec celles
de la déclaration de l'Angleterre , réduisait le
but de la guerre à ses plus simples termes. Elle
était dirigée contre la puissance de la France ,
contre les citoyens qui avaient servi leur patrie
depuis le commencement de la Révolution^ et surtout
contre l* armée, dont la destruction a été le but
constant de la coalition. Le danger politique n'a-
vait donc pas commencé pour nous après la perte
de la bataille de Waterloo ; il était né dès la signa-
ture du traité du â5 mars, ou peut-*étre douze
jours plus tdt. Dès que te premier acte d'hostilité
avait été consommé , la force seule devait décider
nr. 9
,3o ""* "•
d'une qaesàon qw le» déceptions de la diploma-
tie avaient enveloppée d'un nuage. H n'était pat
bien difficile de le percer, ce nuage, eA prenant
pour guide l'intérêt , ce mobile unique des gou-
wrnemens bien plus encore que des hommes.
On aurait alors vu que si , je ne dis pas après
Waterloo , mais même le i* avril , un autre
homme que Napoléon eût été mU à la tète du
gouvernement , les armée» ooaBséeB n'en auraient
pas moms continué la guerre. Les prétextas n'a«^
raient pas manqué. Le préambule du traité du
ao novembre prouve '«ssefc qu'ils aùTMent alors
Tottlu coo*attpe l'esprit de la Révokition , ou de-
mander des gM-anties contre l'ambitioB qu'aurait
pu déployer un des «hefs de la France, dans les
sièdes futurs. '
Ce qui rendit la bataille de "Waterfoo si désas-
treuse pour nous , fut notre situ^ion pditique
intérieure. Nous avons déjà vu cpi'au 2« mars ,
tin élément , pour ainsi dire hétérogène , était
venu se lancer an milieu de ceux qui s'accumu-
laient pour hâter une^xplosion pOKtique , et leur
avait donné une direction inattendue. La ca^se
de la Bberté constitutionnelle, qui ne pouvait
trouver ni appui ni garsartie dans «une dic«atm«e
établie par la force des circonstanoes , risquait
d'«tt« encore une «ms compromise. Cependant
l?ind6p«!ndaBce nationale «tait menaeée, et pour
la d«endre , a TôHlâtf qv* Itt «atièe constituficte-
luAk triomphât. ITmi autre cdté, k gloire dont
'
CHiPITEK 111. l5&
«vdil brillé Temptre français , et qu'un nuage arait
pu obscurcir, mais noa effacer, semblait être un
^oge de eonfiattce jen faveur du goui&ememeiit
de fail:, donf: la France ne pouvait pius sépaser
-ses destinées. Le vojle qui a^ait cou vert les ^causes
des Hialheurs de i8i4 éftail: levé, pour la grande
majorité des Français ; ces causes , pitrement po-
litiques , ne suffisaient pas pour diminuer auK
yeux de la multitude b confiance qu'inspiraienl:
les trophées accumulés par le Biâme homme,
aux soins duquel allait être confiée la défense de
4a France : jamais la gloire militaire de NapcAéon
n'avait brillé d'un plus bel éclat que fondant la
<^mpagne de i8i4* Ces deux sentimens opposés ,
quoique bien loin d'être incompatibles , furent
la cause première de l'état d'incertitude ^ et pces*-
que même d'anxiété , qui s'empara de tous les
patriotes édairés , et qui , un peu plus tard , abattiC
les âmes leê moins fortement trempéesl Ils expli-
quent en même temps la naturc du prodalème
que IKapcdéon avait a résoudre : justifier la con-^'
fiance d'un cjoté, an défendant l'ûidépendance
de la £rance ; la n^ériter de l'autre , en faisant
fmnchemeipft diBparaitre toutes tes teaces du gçur
ver&ement impérial f>assé, et donnant à ia nation
xles garanties comtitutîonneUes inattaquables.
Telles délaient les conditions auxquefies seules fl
pouvait .espéxer de ccHiserver le tpôi\e -s^ur lequd
-il «reliait se rasseoir.
Son.ac^e additionnel contenaif en lui 'un triple
\Zt uvm II.
défaut. D'abord , en portant sur une hypothèse
qui n'existait pas , en prenant pour base un
pacte qui avait été déchiré , il mettait la nation
en contradiction avec elle- même , et Tentrahiait
dans .un cercle vicieux , dans une véritable pé-
tition de principeSé En second lieu il était impar-
fait , et les limites mal tracées entre cet acte nou-
veau et d'anciens actes réprouvés par l'opinion
publique, lui donnaient une couleur provisoire,
peu propre à inspirer la confiance. Enfin c'était
une concession , et cette forme, toujours, offen*
santé jpour uù pacte qui ne tire sa validité et ses ga-
ranties (^e du consentement mutuel, tranchait
trop despatiquemeni pour ne pas augmenter les
inquiétudes intérieures.'Cependant il fallait, pour
sauver la France de l'anarchie, que le gouverne-
ment se constituât L'acte additionnel, malgré
tous ses vices , présentait une base constitution-
nelle assez large , pour y établir successivement
toutes les garanties conservatrices des droits de
la nation. La situation critique, où se trouvait la
France, et le danger imminent dont elle était
menacée, nécessitaient de grands efibrts de toute
espèce. La création et le développement des
moyens de défense ne p&uvaient point souffrir de
retard. Il fallait donc promptement se décider,
ou à laisser le gouvernement se prévaloir de la
dictature , qu'on lui confirmait en refusant l'acte
additionnel^ pour les créer lui-même ; ou le ré-
duire à des mesures constitutionnelles, enTobli-
' CHAPITBB m. l55
géant à réunir promptement une législature. Le
choix n'était pas douteux. Pour garantir Tindé-
pendance au dehors et sauver la liberté au de-
dans, il fallait que lé gouvernement reçût de la
législature le titre dont il pourrait se prévaloir ^
pour prendre les* mesures qui importaient au
salut de Fétat. Ces mesures ne pouvaient recevoir
un caractère national , que par la sanction du
corps législatif : il était par conséquent néces-
saire que les représentans de la France , défen-
seurs-nés des droits nationaux, fussent réunis
pour maintenir le gouvernement dans les limites
de la constitution, en fixant la nature et les bor-
nes des moyens d'exécution qu'ils mettaient à sa
disposition.
L'acte additionnel fut donc accepté, et l'opir-
nion publique ne tarda pas à se prononcer, dans
le choix des députés que se nommèrent tous les
départemens. Bien peu se montrèrent indignes
du mandat , aussi honorable que difficile , qu'ils
avaient reçu. Un bien plus petit nombre encore
d'ennemis de la patrie s'y glissèrent à la faveur
du masque de g5 (*). '^
Dès ses premières relations avec le gouverne-
ment , et dans son adresse à l'empereur Napoléon ,
la chambre des représentans avait montré qu'elle
(*) Noof mettront dans oette dasse l'auteur de Fodietue motion, ten-
dante à fîiire mettre hors de la loi les porcna des indmdus qni t'étaient
•onlerÀ dans Pooest^ et à ditmire lenis maisons : motion qni ftit re-
poittstfe aTec indiipatîon.
l54f UVBE II.
n'entendait pas être un instrument passif. Sa
marche et son but furent bientôt d<^eid^s. Smsis^
sant l'aveu fait par le gouvernement luî-^méme ,
de la nécessité de réviser les oonstitutious de
l'empire , et de les coordonner dans un seul acte
«constitutionnel , elle avait annoncé; dans son
adresse même , la résolution de ne pas attendre
que le gouvernement prit rinitkttive sur un pokot
qui était aussi important. En effet, il résultait
(du mélange contradictoire des dispositions de
l'acte additionnel et des anciens sénatus-consultes,
qull n'y avait point de pacte fondamental assuré.
PoUr éviter les désastres de l'anarchie , il n'v avait
eu d'autre voie de salut, que celle de se réunir -au
gouvernement établi de fait. Mais il fallaif sortir
le pltis tôt possible de l'état douteux d'une cons-
titution provisoire, par cela même qu'elle était
Imparfaite. Cette vérité fut sentie par la majorité
de la chambre des représentans , et la détermi-
nation de tratailler au nouvel acte constitutionnel
fut prise, pour ainsi dire, au bruit du canon qui
annonçait la victoire de Ligny (*).
Telle était la situation de l'esprit public en
France , lorsque la bataille de Waterloo fut livrée.
Après avbir vainement essayé de rallier quelques
parties de l'armée à Oenappc , Napoléon avait con-»
tinué sa route sur Charleroi, où il arriva le 19, à
cinq heures du matin. Il donna , en passant par
■
(*) Si'nncc de ]a chambre de» rcprcscnUins , dû ao juin.
GHA?ITU III. l55
cette vûhBy Tordre aux équipages de ponts et de
vivres qui se trouvaient à la droite de la Sambre ,
d'en partir sur-le-champ, pour ée rendre a Laon ,
par Philîppeville et Avesnes. Mais , soit que la mal-
veillance fût dé)â prête â augmenter nos désastres ,
soit que les chefs et les subalternes eussent pris l'é-
pouvante , ces équipages ne furent pas attelés , et
les chevaux seuls se sauvèrent. Arrivé à Philippe*
ville , vers dix heures du matin, Napoléon expédia
Tordre au maréchal Grouchy de se retirer par Re-
thel sur Laon ; il fit avertir les commandans des
places de la Meuse de se mettre en état dé défense;
il donna ordre au maréchal Soult de rallier le
quaortier^énéral et les troupes qui arriveraient , et
de les conduire à Laon ; il fit expédier aux gêné*
ranx Rapp , Leoomrbe et Lamarque , celui de se
rendre à Paris avec leilurs armées {*). Ces disposi-
tions faites , il partit lui-même pour Laon. £n
routç, dans une halte près Rocroy, le général La-
bédoyère ouvrit Tavis que Tempereur se rendit
sans délai à Paris , et descendit au sein de la repré-
sentation nationale ; qu'il avouât franchement ses
malheurs , et que, comme Philippe-Auguste, il
offrit de mourir en soldat , et de remettre la cou-
ronne au plus digne. Cet avis fut combattu par les
(*) Le gc^neral C..., wde-<îc-camp de Napoléon, enroyc en mission
près de l'armée da Rhin , arriTa le a6 juin à Mets. Si c'est kii dont
parle le général Gourgand , il « voyagé awei lentement. Au re«te , il sVst
bonié ik s'enicnner à Metz : son opinion était ifue tout était perdu»
l36 UTBB U.
autres penonnes présentes. Il fallait surtout , dit
Tune d'elles , éviter l'impression défavorable que
ferait l'abandon de l'armée. Arrivé à Laon, Napo^
léon y fut rejoint par trois mille hommes de la
garde , le maréchal Soult et quelques généraux ,
et il se décida à rester -et â attendre le maréchal
Grouchy. Cette détermination fut vivement com*
battue par presque tous les généraux , qui lui
dirent que Grouchy était perdu , et qu'il fallait
aller à Paris pour éviter une révolution. Napo^
léon résista d'abord, et finit par céder, en s'écriant
néanmoins : « Je suis persuadé que vous me faites
c faire une sottise ; ma vraie place est ici. •
De Laon, Napoléon se rendit à Paris, où il
arriva le 2 1 à onze heures du matin , et descendit
à l'Elysée. Après quelques mœnens de repos,
ayant réuni les ministres , il s'occupa avec eux de
l'état des affaires. L'opinion du général Labé-
doyère avait fait impression sur lui : une id^ gé^
néreuse n'avait jamais manqué de l'émouvoir.
Il annonça donc l'intention de réunir les deux
chambres en séance impériale ; de leur peindre
les malheurs de l'armée; de leur demander les
moyens de sauver la France, et ensuite de repartir.
Le duc de Yicence le détourna de ce projet , en
lui annonçant que la chambre des députés ne le
soutiendrait pas : ses deux frères Lucien et Joseph
nchevèrent de 1 en dissuader , et l'engagèrent à
laisser agir les ministres. Peu après, le c<mseil fut
assemblé. Napoléon , décidé par les discours de
CHA3PIT11S III. l57
ses frères , y annonça qu'il fallait que la France se
levât en ms»se, et qu'il fût revêtu d'une dictuiure
temporaire; qu'il pouyait la prendre, mais qu'il
serait plus national que les chambres la lui confé-
rassent.. Cette déclaration frappa les ministre^ de
stupeur , et ils n'ouvrirent aucun avis , que sur
une nouvelle interpellation de Napoléon. L'avis
du général Carnot fut, qu'il fallait déclarer la
patrie en danger, appeler les fédérés et les gardes
nationales, défendre d'abord Paris, et puis se
retirer derrière la Loire. Les ducs de Yicence et
d'Otrante ne voulaient pas qu'on quittât Paris,
en aucun cas. Regnault de Saint-Jean-d'Ângely
annonça que les députés paraissaient vouloir
exiger l'abdication. Aucun ne se prononçait sur
la dictature : *Lucien , espérant un nouveau 1 8
brumaire, y revint, et déclara qu'il fallait que
l'emperfur la prit malgré les chambres. Pour en
venir enfin à un résultat et obtenir une délibé-
ration , Napoléon reprit la question par l'exposé
des ressources qui restaient encore à la France. . . .
Peu après, la délibération fut interrcmipué par
le message des représentans , dont nous parle-
rons plus bas. Napoléon en fut irrité et témoi-
gna le regret de ne pas avoir dissous la chambre,
avant son départ. Il ajouta, selpn l'intention
qu'il avait déjà énoncée en 18149 dans ses ins-
tructions au duc die Yicence : •J'abdiquerai
9' il le faut. » Fouché ne laissa pas tomber ces
mots. Cependant , pour gagner du temps , on
l38 UVRE u.
envoya le géuéwï Gamot aux pairs ^ c^ BegpEiauU
aux représentaus , pour faire une coattnuoica*
lion*
. Nous ne pouvosus nous empêcha de remar-
quer coaibien il a été malheureux pour .lui,
qu'entraîné par des consd^ls impmdens et par
une aveugle fatalité, Napoléon n'ait pas suivi
le^ avis qui pouvaient seuls le sauter. Ecarté
d'abord de Laon , où il devait rester avajit tout ,
il perd son temps en d'inutiles délU>érations ,
Iprs qu'il était si urgent, de tif>er la .France, de
l'état d'anxiété où allait la jeter un désastre inat-
tendu. L'opinion qu'avait émise le ministre de
l'intérieur, que partageait Napoléon, et à la*-
quelle deux autres ministved^ qui ont ouvert les
portes de Paris, s'opposjèrçnt si mfil«â propos,
celle de transporterie siège du. gouvernement et
les chambres au delà de la Loire, était la meil-
leure. U fallait placer l'un et Tautre dans un lieu
où leur action et leur influence ne pussent pas
être paralysées par un blocus , qui leur aurait ôté
toute communication avec les départemens.
Paris cessant , pendant le moment du danger ,
d'être le centre politique de la France , pouvait
être défendu avec plus de succès , par un double
motif : premièrement parce que, ne contenant
plus dans ses murs les organes de la vie constitu-
tionnelle de l'empire français , sa défense rentrait
dans les principes de celle de tout autre point
stratégique, et pouvait être appuyée du dehors;
cHAnm m. iSg
secondement, parce que les coalisés , n'dyant
plus le même intérêt politique à en être mitres,
et ne ponrant pas laisser derrière eux un point
aussi important, l'attaque de! Paris et son oocu*
patîon leur était également nuisible^ sous le
rapport de l'affaiblissement de leurs forces. S'il
était urgent pom* Napoléon d'adopter la me-
sure que nous Tenons ' d'indiquer , il ne l'était
pas moins que, sans perdre de temps en de
Taines délibérations , il réunit les deux chambre*
en comité ^néral , et s'y rendit avec ses miois^
très. C'était daiis la réunion des trois pouToir»
constitutionnels qu'il contenait, plus que par-^
tout ailleurs, de délibérer sur la situation de
la Frante et sur les moyens de la s»iyér de
l'inyasion, dont elle était menacée par les coa<«-
Usés. Un des motifs qui décidèrent- ^Napoléon
Si se rendre à Paris, fut celui, ditH9n, de pré^
venir ta cammûtion politique y que ta nêuvetle du dé^
taure pouvait accasioner'y et préparer les . esprits à
la grande crise dans taqueUe ta France allait se
trouver. Nous aimons à croire que ce motif est
lé principal qui ait pu rengager à quitter soU
armée, sans chercher lui-même à la rallier.
Mais alors rien n'aurait dû le retenir de se
rendre en personne et sans délai au seiii des
chambres. C'était bien certainement aussi en
habit de voyage qu'il aurait dû s'y rendre; car,
après avoir concerté atec les chamlbres les me-*
sures qui étaicht nécessaires , après avoir même
i4o uns II.
sanctionné j êéance tenante, les acteslégislatifs qui
auraient résulté de la délibération, U fallait sans
retard retourner au point de ralliement de son
armée. Le moment présent ne pouvait pas être
celui de penser à une étiquette ridicule ; dans
un danger aussi imminent , une délibération in
pleno aurait été aussi énergique qu'efficace. Les
circonstances qui avaient précédé et suivi le re-
tour de Napoléon, l'agitation de Topinion pu-
blique qu'il ne pouvait pas méconnaître, tout
lui indiquait que ce n'était qu'en justifiant la
confiance des Français , qu'il pouvait espérer de
consolider son trône. U venait d'éprouver un
grand revers, et ce revers, qui compromettait
l'indépendance de la nation , ne pouvait être
réparé que par un grand élan national. Com-
ment espérer de produire cet élan unanime, sans
aller au-devant par la confiance et la- franchise ?
La France ne pouvait-elle donc lui demander
aucun compte des sacrifices qui déjà avaient été
faits? C'est en le rendant lui-même , ce compte,
c'est en remettant avec confiance la conserva-
tion de son trône à la loyauté des représentans
de la nation , tandis qu'il emploierait les moyens
que la France lui confierait au maintien de
son indépendance; c'est alors, dis-je, qu'il au-
rait pu trouver des niioyens de salut. Mais li
méfiance divisait déjà le corps législatif et le
chef du gouvernement ; cette méfiance , soigneu-
sement alimentée, amena une révolution sou-
^ CBAPmOS III. i4i
daine , dont la conséquence pen^ être funeste
à la France. *
Cependant la nouvelle des désastres de Tar-
mée était arrivée à Paris , deuLS^ heures avant le re-
tour de Napoléon. La fenne#ation avait, dès
ce moment , commencé à agiter en sens divers
le petit nombre de personnes, qui, les premières,
apprirent cette nouvelle* L'arrivée de Napoléon,
la convocation soudaine du conseil des ministres ;
tous ces présages d'un événement important ac-
créditèrent les bruits sourds qu'on faisait circu-
ler , et répandirent L'anxiété dans toutes les classes
de citoyens. *
A midi, personne, dans Paris, n'ignorait pluç
ce retour. Les deux chambres s'assemblèrent;
les représentans à midi un quart , les pairs à une
heure et demie. La séance des représentans pré-
senta, dès son ouverture, l'image de l'inquié-
tude 'qui agitait tous ses membres. Â cette in-
quiétude , assez naturelle , s'en joignit une autre
non moins grande, sur les dispositions du chef
de l'état ,- et les mesures qu'il mettait en délibé^
ration dans son conseil. On insinuait que l'in-
tention de Napoléon était de dissoudre la chambre
et de remplacer par une dictature la monarchie
constitutionnelle , qu'il avait annoncé vouloir
conserver. Cette opinion , répandue avec adresse ,
et qu'adoptèrent un grand nombre de membres
de la chambre des représentans , décida les me-
Bures de cette séance et fixa les destinées de Nan
pgléoÊL Ce profet a-t-il réeUenient exfaté diuu les
premiers momens de son retour ? Nous avouons
fytachnsnatt que tous Jes documeiw, que nous
aTOOS pu coMulter iiwqu'i présent , ont encore
laùsé « nos yeu^th. question indécise. Elle nous
parait plutôt fondée sur une présomption dont
on ne peut cependant pas mer la tvès-graade
lirobabUité , auitoot d'après l'opinion éoûae par
Je frète de Napoléon.
La chambre des rqprései^ns , dans son adresse,
avait été dirigée à déclarer son indépendance," et
quelques-unes des expressions de eette déclara-
tion, avaient dû blesser un souverain, qui n'était
peut-être pas tout-à-Éait revenu des erremens
de l'empire. La chambre des représenlana, «■ ,
rappelant à Napoléon qu'U avait déposé son pou-
voir extraordinaire, et qu'il avait déclaré lui-
même , que le soin de coordonner les constitu-
tions éparses, étaU une dos occupations les plus
importantes de la législature , lui annonçait que
son intention était de se charger de ce tcavaiL
«Aucun projet ambitieux, disait-elle, n'entre
«dans la pensée du peuple français» la volonté
«m^ne du prince victorieux êcisM^ impuissante.
« pour entraîner la nation hors des limites de sa
« propre défense. . Enfin elle énonçait positive-
*•*«»* qutf , poiK concourir de tout son pouvoir
■*** ■nwuies de défense, elle devait coniMltre les
****** ot les ressources de l'état. Napoléon vit
«» contraste frappant entre cette adresse et les
GHàPITBE m. 143
e&ppessi0iift <iont il avait été Tobjeft , depuis son
retour eu France. Il le sentit , et une l^éserve cha-
grine régna dans sa réponse. Il consentit à ce que
la chambre méditât sur les constitutions ; mais
il désapprouvait les discussions publiques qui
tendraient àii^minuer, même indirectement , la
confiante qu'on devait avoir deaid ceSÛe qui exis-
tait. Il ne hn accordait positivement que le droit
de discuter les mesures législatives intérieures et
les lois m*ganiques , dépendantes de l'acte addi-
tionnel. Enfin , une des phrases de sa r^onse , à
laquelle l'événement a donné une expression pro-
phétique , portait l'empreinte de son opinion
giir ce qu'il vo^'ait se préparer. « M'imitons pas ,
^ disâit-41 , l'exemple du Bas-Empire , qui , pressé
« de tous côtés par les barbares , se rendit la risée
«de la postérité , en «'occupant ée étscussions
« abstraites , au moment où le bélier brisait les
« portes de la ville. »
L'eSet de l'adresse et de la réponse, fut de
donner à la chambre des représentans de la mé-
fiance sur »les dispositions constitutionnelles de
l'empereur» D'un autre côté, Napoléon parais-
sait stvoir aperçu dans la chambre le désir de le
jpriver peu â peu de l'autorité, en la limitant
successivement, et en lui imposant une consti-
tution. II est difficile que les leçons du pouvoir
s'oublient tout-à-^fait ; il est impossible que celui
qui en est en possession, consente volontaire-
ment à le limiter, au delà du degré où cesse sa
l44 ^ITRE II.
convenance. Un grand homme devrait cependant
se mettre au-dessus de cette faiblesse. Le besoin
de ménager l'opinion publique, dont les repré-
sentans de la nation étaient les interprètes fidè*
les , et Fespérance de ressaisir Fautorité absolue,
sur les ailes de la victoire, obligèrent d'abord
Napoléon à se calmer. Un revers aussi grand
qu'inattendu renversa ses espérances ; et le sacri-
fice d'une partie de son autorité , auquel il au-
rait peut-être consenti , si la guerre ne s'était pas
rallumée, lui sembla insupportable, dès qu'il
devait paraître arraché à l'infortune. Il voulait
sauver la France, mais il voulait seul disposer
des moyens , et seul en recueillir le mérite. Sans
approuver cette manière de voir, qui ne pou-
vait amener que. des résultats funestes, ne peut-
on pas dire qu'il serait encore excusable d'avoir
eu l'idée de soutenir^ par son géniq seul, une
lutte dont il était le prétexte apparent {*) ? Son
dessein était de lever une forte conscription, de
mobiliser la garde nationale, par une espèce de
levée en masse , et de transférer le^ chambres à
Tours. D'après les dispositions de la chambre
des représentans , et Findépendance dans la-
quelle elle paraissait vouloir se maintenir, il
{*) La politique libératrice de IToropc a ea des prétextes apparens ,
qa elle publiait dans det manifesiet^ des prétextée non apparens, consi-
gors dans des traités secrets, et des projets, que las diels gardaient par
devers enx.
CHAPITKK 111. 145
u'esi pas étonnant qu'il n ait craint une résis-
tance, dont le résultat aurait été de lui ôter la
disposition arbitraire <le ces moyens. Il n'était
a\oT% pas extraordinaire qu'il ait pu conceToir
ridée de dissoudre cette chambre , par une me-
sure qui pouvait être constitutionnelle dans un
autre moment, mais qui, dans les cbconstances
présentes , déchirait l'acte additionnel.
Dans la fermentation où se trouvait la ville de
Paris , le â 1 juin , il ne faut pas s'étonner si les
bruits les plus exagérés et les plus sinistres cir-
culèrent dans la capitale. La réserve silencieuse
où se tenaient les chambres et le gouvernement ,
ne pouvait que les accroître encore. Aussi en-
tcndait-on répéter de toutes parts que toute Far-
mée était détruite; que le corps du maréchal
Grouchy même n'existait plus; que onze cent
mille soldats de la coalition étaient déjà aux portes
de Paris; que toute résistance était inutile, et
que chacun n'avait plus à penser qu'à son. salut
particulier. A quoi bon se sacrifier, disait -t>n,
pour un homme qui forme les projets les plus
menaçans, q\ ^, veut dissoudre les chambres et
scanner d'4j.»ie dictatmre sanglante? Si Ton on
doit croirt> M. Beauchamp, l'alarme qui^ise ré-
pandit sur la dissolution des chambres, -partît
du cabinet du duc d'Qtrante ; ses ^misbaires
cherchèrent à effrayer les citoyens , en leur re-
présentant les excès qui pouvaient naître d'une
telle entreprise , par l'én^^rgie du (*hef et la do-
IV. 10
l4<$ LIYRE U.
cUité de ses instrumens pris parmi la soldates-
que et la populace. « Dans cet affreux boulever*
«sèment, livré à la dévastation d'un furieux et
« à la fureur de l'étranger , tout périrait , Fi^dé-
« pendance nationale et les intérêts de la révolu-
« tîon (*). »
Quoi qu'il en soit, dès le commencement de
la séance du 21 juin, M. de Lafayette monta à
la tribune de la chambre des représentans. Dans
un très-court exorde, il exposa à ses collègues
la nécessité de se rallier à Fancien étendard na-
tional , celui de 89 et de la liberté , dans un mo-
ment où des bruits sinistres, et malheureusement
fondés , venaient se joindre au sentiment du dan-
ger de la patrie. U proposa une résolution en
cinq articles , portant en substance , que l'indé-
pendance nationale était menacée ; que la cham-
bre se déclarait en permanence, et que toute
tentative pour la dissoudre, était un crime de
haute trahison ; que Farmée de ligne et la garde
nationale avaient bien mérité de la patrie ; qu'on
aviserait aux moyens d'armer la garde nationale
de Paris ; enfin, que les ministres seraient man-
dés. Sans qu'il fût besoin que M. de Lafayette
s'expliquât plus au long sur la nature des bruits
sinistres qu'il avait annoncés , il fut compris par
tous les représentans. Sa proposition , écoutée
dans le silence et avec la plus grande attention ^
(♦) Pa^ 356.
GHAPITRS lU. 147
fut accueillie à Tunaniinité. Les trois premiejc^
articles furent adoptés sur-le-champ; le qua-
trième fut considéré comme étant eqcore pré-
maturé , et écarté (*) ; le cinquième fut adopté
comme étant une mesure que les circonstances
rendaient urgente {**). L'idée que la chambre
était menacée d'être dissoute , était partagée par
la presque totalité des membres, et même un
d'eux s'en servit comme d'un motif qui com-
mandait d'adopter sans délai les mesures propo-
sée^: aucun de ses collègues ne le contredit. La
chambre décida en outre que sa déclaration,
telle qu'elle l'ayait adoptée, serait communi-
quée par un message à la chambre des pairs , et
au gouvernement, imprimée et affichée à Paris
et dans les départemens.
Peu d'instans après, le ministre d'état Re-
gnault de Saint-Jean-d'Angely se présenta â la
chambre des représentans , et fit lecture d'un
message qui , en annonçant le retour de l'empe-
reur à Paris , afin de conférer avec les ministres ,
et de concerter avec les chambres les masures lé-
gislatives nécessaires, donnait un récit très-abrégé
de la bataUle de Waterloo (***). M. Regnault
de Saint-Jean-d'Angely, observant l'impression
(*} LV^énement a cependant bien proare que cette mesure était aiutx
urgente qae le» autres. Il né antre organisation de k garde nationale
aurait amené des chances bien plus iaToraUes.
(**) ^ofex Pièces justificatif, N* XXm.
(***) Vty^ez Pièoos justifioaÛTCt, K* XXIV.
l4â LlYRE II.
défavorable qu'avait produite son récit , proposa
alors de lire un supplément au Moniteur du â i ,
qui contepait un plus grand détail. Mab la cham-
bre , qui venait de prendre la détermination de
mander les ministres , ne voulut plus s'en écâr*
ter. Particulièrement occupée de sa sûreté per-
sonnelle , elle décida de former une commission
d'administration , pour l'organisation de la garde
nationale destinée à la protéger : les membres en
forent nommés sur-le-champ ; ce furent MM. Ga-
mon , le général Beckers , Lefebvrc , Penièrft et
Labbey de Pompières. Après quelques discus-
sions sur la réception des ministres , la chambre
décida que son président leur adresserait une
invitation ; mais ayant reçu dans le même ino*
ment , de Tarchi-chancelier et du duc dç Bas-
sano, l'accusé de réception de son message à
l'empereur , elle suspendit sa séance.
Pendant que M. Regnault portait à la cham-*
bre des représentans le message dont nous ve-
nons de rendre compte , le ministre de l'intérieur
en communiqua un pareil à la chambre des
pairs ; il y ajouta que la chambre recevrait , a
quatre heures, un nouveau message de l'empe-
reur. Peu après, arriva la résolution prise par
la chambre des représentans ; celle des pairs l'a-
dopta , après une courte discussion.
Toi fut l'acte qu'on a^ qualifié d'insurrection ,
en ajoutant que M. de Lafayette paraissait se
placer à la tête d'an partie dont on ignorait tes
GHAPITKI III. l49
véritables intentions. Ce peu de mots contient de
grandes erreurs et de grandes yérités. D'abord
il est vrai qtie le parti â la tête duqud se trouva
placé , par hasard , M. de Lafayette , avait des in-
tentions que peu de gens pouvaient pénétrer, ^
de ce nombre n'était pas cehii par qui il fit faire
la levée de boucliers, qui amena les résultats
suivans. Mais en revanche , le mot d'insurrection
n'est pas ici à sa place. On avait fort adroitement
mis en avant les grands intérêts nationaux, et
c^était en leur nom qu'on avait provoqué les me-
sures qui furent adoptées. C'était dans cette ligne
ipi'il fallait chercher Vintention de tout ce qu'il y
avait d^honnétes patriotes et d'hommes loyaux
dans la ci^amhre: En y répondant, on ne pou-
vait ni se tromper^ ni se laisser tromper. Les
devoirs ^u souverain et du corps législatif étaient
tracés par la crise dangereuse dans laquelle se
trouvait la France. Dans un moment pareil , lors^
que Tunion de tous les pouvoirs constitutionnels
et l'accord de toutes les volontés étaient indis-
pensables pour le salut de Tétat; lorsque cette
union seule pouvait produite les efforts néces-
saires pour défendre notre indépendance mena-
cée; fidors, dis-îe, tout élément de discordé était
non-seulement dangereux, mais compromettait
même le salut public. Toute tentative pour (fi-
viser les pouvoirs qui devaient être réunis, ou
pour amniler un d'entre eux, était incontesta-
blement criminelle , puisque son résultat devait
f
l50 LITRB II.
ôtre de plonger la France dans Tanarchie , ou de
la liTrer sans défense à ses ennemis. Cette :¥érité
devait être sentie par Napoléon tout aussi bien
que par les députés de la France , et servir sur-
tout de guide unique à tous. Si Napoléon avait
réellement eu Tintention d'ajourner ou de dis-
soudre les chambres, il fallait qu'il revint sans
délai de cette erreur; il en était encore temps.
Si au contraire ce projet n'avait pas existé, il n*y
avait rien de perdu. La permanence des cham-
bres , ' déclarée par elles-mêmes , n'était dans le
fait qu'une mesure de salut public, dont eUes
avaient pris l'initiative. Le gouvernement, obligé
de pousser â outrance la guerre nationale , pour
forcer la coalition à respecter l'indépendance de
la nation, avait lui-même besoin de cette perma-
nence. Non -seulement elle avait l'avantage d'em-
pêcher tout retard dans les mesures législatives et
executives, que requérait le salut public; mais la
nation , en voyant ses représentans inébranlables
Il leur poste, occupés sans relâche, de concert avec
le pouvoir exécutif, à veiller au salut public, au-
rait elle-même redoublé de zèle et d'énei^e.
Le parti le plus convenable que pût prendre
Napoléon dans cette circonstance , était de se ren*^
dre sur-le-<:hamp dans le sein des chambres réu*
nies in pleno. Là il aurait pu leur dire , que pour
répondre à leur zèle patriotique, il avait cru de-
voir transporter au milieu d'elles la délibération
qui avait déjà été commencée dans son conseil , et
CUAPITU lU. l5l
réunir ainsi les trob pouvoirs constitutioDiieb dans
une circonstance aussi imposante, etc. Mais déjà
Napoléon était assailli de conseils opposés entre
eux. Les uns, dictés par un dévouement aveugle
à sa personne , ou par le désir du rétablissement
de son autorité absolue , tendaient à le porter à
des mesures extrêmes. Il y répugnait, parce qull
était trop éclairé pour ne pas voir que leur résul-
tat aurait été une révolution sanglante, la guerre
civile, une chute plus terrible, et la ruine de la
France* D'autres individus, agrandissant à ses
yeux le danger où le plaçait Tattitude de la cham-
bre des représentans , lui conseillaient de résigner
le pouvoir. L'opinion publique, disaient-ik, était
prononcée contre lui et le regardait comme le
seul obstacle à la paix; les notes des agens de la
police venaient à l'appui de. ces assertions. La
même main qui portait dans l'âme de Napoléon
le doute sur toutes les mesures qu'on proposait ,
et la crainte envers la chambre des représentans ,
qu'on lui dépeignait comme acharnée à sa perte ;
cette même main , dis-je , agissait en sens opposé
dans cette chambre. Nous ne l'indiquerons pas ;
la suite des événemens la,dévoilera suffisamment.
Chaque moment de délai était ajouté à la mé-
fiance réciproque et à l'iiigreur. L'attitude des
représentans, qui n'avait été que défensive , de-
vint hostile ; et la situation de l'empereur Napo-
léon, qui aurait pu être aussi imposan^te qu'ho-
norable, devint désespérée. Une détermination
iSli LI?RE LI.
vigoureuse, qui n'avait eu pour but Cjpàù de so
prémunir contre le despotisme, fut regardée
par lui comme une conjuration contre sa per-
sonne , et cette erreur, soigneusement alimentée ,
le perdit. Il ne manquait , pour porter le mal à
l'extrême , qu'une demi-mesure ou une fausse
démarche ; Tune et l'autre eurent lieu , et dès ce
moment il n'y eut plus de remède. Le sen-
timent qui dicta cette démarche fatale est tout
entier dans les expressions suivantes : On ne jugea
pins qu'il fût convenable que l'empereur se trans^
portât nu milieu des députés de la nation, puisqu'ils
s'^étaient déclarés en insurrection.
Cependant la chambre de^ représentans avait re-
pris sa séance à trois heures et un quart. Aucune
communication n'avait encore été faite par les
ministres , et l'agitation commença à se répandre
dans l'assemblée. A quatre heures et un quart un
second message fut adressé aux ministres de l'in-
térieur, de la guerre , de la police et des relations
extérieures. Le bruit qui s'était répandu, que la
dissolution des chambres était décidée dans le
conseil de l'empereur , prenait de la consistance
par ce retard même. Quelques membres , initiés
dans le secret de ces menées , firent alors des pro-
positions tendantes à mettre la chambre en état
de résister à la force. Un d'eux proposa de changer
le commandant en second de la garde natiwialt^ ;
cette proposition fut écartée d'une manière hono-
rable pour le général Durosnel. l ne autre propo-
GUAPIT1LE lU. l55
sition, tendante à ordonner aux chefi deléjiîons de
tenir chacun un bataillonprét à protéger les repré-
sentans de la nation et la yille de Paris , aurait été
adoptée , s'il n'eût été rendu compte à la chambre
que déjà un bataillon faisait le service de la salle.
Enfin, vers cinq heures, les ministres annoncèrent
leur prochaine arrivée , et peu'd'instans après ik
vinrent en effet , accompagnés du prince Lucien,
commissaire extraoïWnaire de l'empereur.
L'insistance de la chambre des représentans
avait vaincu la résistance de Napoléon, à permet-
tre que les ministres se rendissent â une somma-
tion qui annulait à ses yeux le pouvoir du souve-
rain. Mais' pour sauver les apparences et pa&ier
^ne condescendance qu'il prévoyait devoir être
dangereuse , il résolut de les charger d'un message
impérial, qui éludait l'effet de la sommation. Mé-
content de la tiédeur avec laquelle les ministres
avaient accueilli le projet de dictature , ii mit à
leur tête son frère Lucien.
Sur la demande du prince Lucien , la chambre
se forma en comité secret. Alors on lut un mes-
sage de l'empereur , qui donnait un récit détaillé
de la bataille d& Waterloo, dans lequel ni les
pertes que nous avions faites, ni leurs consé»
quences n'étaient dissimulées. Napoléon recom-
mandait aux chambriB l'union' et la concorde, et
annonçait la nomination des ducs de Yioence et
d'Otrante et du comte Carnot, en qualité de
commissaires pour traiter avec les èoalisés. Le si-
i54 uvis u«
lence de l'étiKmemeot guooéda à la kcture de ce
message, dont la conclusion déyeloppait une série
de conséquences dont on ne pouvait pas mesurer
l'étendue. Bientôt les interprétations , demandées
par Tanxiété et l'impatience, et fournies par la
crainte d'un côté et par l'astuce de l'autre, vin-
rent achever l'ouvrage. Puisque Napoléon ne
proposait aucune mesure de défense , et que l'u-
nique moyen de salut, qu'il présentait aux cham:
bres , était la n^ociation de la paix , il désespérait
donc de pouvoir réumr des moyens de résistance;
les désastres étaient donc encore plus grands
qu'on ne les avait d'abord imaginés. Sous ce
point de vue la mesure que proposait Napoléon
était insuffisante et par cela même illusoire. Était-
il croyable que la coalition , qui avait refusé de
traita avec lui , quand toutes les ressources de
la France étaient encore intactes , prêterait l'o-
reille à des propositions de paix, faites en son
nom , et qui alors ne pouvaient être que' l'aveu de
l'impuissance où il était de se défendre? Si l'uni-
que ressource qui restât à la France , était celle de
demander la paix , U n'y avait de chance de réus-
site que celle de la bonne foi deS coalisés , et de
leur loyauté à remplir les engagemens qu'é-
nonçaient leurs déclarations authentiques. Mais
alors il fallait en écarter le'iym de Napoléon , car
lui seul était exclus de la promesse faite de res-
pecter l'indépendance du peuple français.
C'est ainsi que l'empereur Napoléon, peur uno
GHAPITBB III, l55
démarche Imprudente , amena lut-mème la né-
cessité de son abdication, en paraissant déses-
pérer le premier de tout moyen de salut. Il avait
annoncé , le matin , qu'il allait concerter avec les
chambres les moyens de rétablir le matériel de
Tarmée, et les mesures lé^slatives nécessaires.
Quel était donc le motif qui pouvait l'engager
plus tard à tenir un langage différent? Les cir-
constances ne pouvaient pas avoir changé à un tel
point en peu d'heures, et les moyens ^e défense,
qui paraissaient suffisans à midi, ne pouvaient
pas être devenus insuffisans à cinq heures du
isoir. On ne peut donc pas blâmer la chambre des
représentans , de s'être affermie dans l'opinion,
qui hii avait été inspirée, que Napoléon visait à
une dictature réelle , soit en Fobtenant par l'as-
sentiment du corps lé^latif , soit en s'en em-
parant de vive force , et que son projet était de
tenter une défense désespérée, d'une nature telle
qu'il n'osait pas en faire l'aveu. Sans doute que
cette opinion- était exagérée, mais elle était ré-
pandue dans Paris, par des menées auxquelles
la police n'était pas étrangère. Une conduite
franche et ouverte, telle enfin que le caractère
de Napoléon aurait pu Fannoncer, aurait tout
ramené. La réticence subite , qui venait détruire
les espérances qu'il avait voulu ranimer, jeta
sur ses projets un jour défavorable. Ou le mes-
sage du matin avait exagéré les espérances, ou
celui du soir était l'effet d'une bouderie indigne
l56 JLITRB il.
d'un grand homme. L'un ou l'autre deTaît lui
enlever la confiance , et c'est ce qui arriva.
Après quelques momens d'un silence pénible ,
un représentant , connu par ses liaisons avec le
ministre de la police , s'élança à la tribune. Après
avoir fait quelques réflexions sentimentales sur
les malheurs de la patrie , et démontré Tinsuffi-^
sance de la mesure proposée par le message ;
mesure que les dispositions du traité du 25 mars
rendaient illusoire , il apostropha le ministre
des relations extérieures en ces termes ; < Yous
« parlez de paix : quel nouveau moyen avez-vous
« de communiquer a\ ec les coalisés ? Quelles ba*
« ses nouvelles donnerez-vous à vos négociations?
« L'Europe a déclaré la guerre à Napoléoft ; sé*
« parerez-vous désormais le chef d'avec la nation?
^ pour moi , je le déclare , je n'entends plus au-
t'jourd'hui que la Toix de la patrie ; je ne vois
« plus qu'un homme entre nous et la paix. Ao
«nom du salut public, dévoilez-*noàs vos nou-
«velles ressources, ou montrez-neus.la profon*
« deur del'abime; peut-être trouverons^nouâ dans
« notre courage des moyens de sauver la patrie: »
L'approbation qui accompagna le discours du
député , ne permit plus au prince Lucien de dou*
tel* que cette nouvelle erreur n'eût décidé le sort
de INapoléon. Alors il chercha à la réparer, et,
dans un disc6urs oà il employa toutes les res-
sources de l'éloquence , il essaya d'atténuer l'im-
pression sinistre qu'avait faite la conclusion de
CUAPITRK m. ID-J
son message , en développant les ressources qui
restaient encore à la France. Mais il était trop
tard ; et lorsqu'après avoir invoqué la générosité
nationale ^ Thonneur et la foi des sermens , il lui
échappa de dire que les Français devaient se
garder du reproche de légèreté , qu'on leur avait
si souvent adressé ; M. de Lafayette l'interrom-
pit , en lui disant , sans doute plutôt au nom des
armées françaises , . que sous celui de la cham-
bre : « N'avons -nous pas suivi votre frère jusque
« dans les sables de l'Afrique et dans les déserts
« de la Russie ? Les ossemens de nos malheureux
« compatriotes , qui blanchissent les plaines de
« presque toute l'Europe , sont des témoins au-
« thentiques de notre patience et de notre fidè-
le lité. Dites à votre frère que la nation ne veut
« plus avoir confiance en lui , et que nous entre-
«prendrons nous-mêmes le salut de la patrie. »
MM. Dupin et Manuel énoncèrent les mêmes sen-
timens. Le prince Lucien essaya plusieurs fois,
mais en vain , de ramener la chambre. Les mi-
nistres furent interrogés; enfin M. Girod, de
l'Ain, fit une proposition qui fixa les détermina-
tions ; ce fut celle de la nomination d'une com-
mission, qui se concerterait avec le conseil des
ministres sur les dangers de la patrie , et les me-
sures de salut public.
La séance fut rouverte au public à huit heures
du soir , et , prenant la proposition de M. Girod
en considération , la chambre arrêta : « Qu'il se-
l58 LITBE II.
« rait nommé une commission de cinq membres,
« qui se concerterait avec la commission de la
«chambre des pairs, s'il en était nommé une,
« et avec le conseil des ministres de S. M. , pour,
« sans délai , recueillir tous les renseignemens sur
« Tétat de la France , et proposer tout moyen de
« salut public. » La chambre nomma son prési-
dent M* Lanjuinais, et ses quatre vice-prési-
dens , MM. le général Grenier, Lafayette , Flau-
gergues et Dupont» Cependant les menées qui
tendaient à la séparation définitive du gouver-
nement et des chambres continuaient toujours.
La rumeur, qui annonçait un coup d'état, allait
en croissant , et , pour lui donner un nouvel ali^
ment, ses auteurs y ajoutèrent la nouvelle que
le ministre de la guerre faisait marcher de»
troupes sur le corps l^^islatif. Le maréchal Da-
voust crut devoir démentir cette nouvelle, en
faisant connaître quelles étalait celles qui ve-
naient d'arriver â Paris 2 c'étaient les dépôts de
la Somme, que la marche de l'ennemi obligeait
de faire replier, et qui passaient dans les ca-
sernes à la rive droite de la Seine. La chambre
s'ajourna au lendemain à neuf heures et demie
du matin.
Celle des pairs , qui s'était ajournée après avoir
adopté la première déclaration des représentais ,
avait rouvert sa séance à sept heures et demie
du soir, lorsque le prince Lucien et les ministres
vinrent y porter un message pareil â celui qui
€HAPITBS m. iSg
avait été adressé aux représentans. A huit heures
et demie les pairs se formèrent en comité secret,
et après une discussion qui dura une heure et
demie, la chambre se fixa â une détermination
pareille â celle que nous venons de rapporter.
A dix heures , la séance fut rouverte au public ,
et une commission composée de MM. Boissy-
d'Anglas, Drouot, "îhibaudeau, Dejean et An-
dréossy, fut nommée.
Le prince Lucien , de retour de sa mission , ne
cacha pas à l'empereur Napoléon que la chambre
des représentans s'était fortement prononcée , et
paraissait prête à se porter aux dernières extré-
mités contre lui. 11 lui annonça qu'il ne lui restait
que deux partis à prendre : abdiquer ou dissoudre .
la chambre. Ce dernier lui paraissait le meilleur,
et il insista fortement pour que Napoléon le prit
sans délai. Les ducs de Yicence et de Bassano s'y
opposèrent avec une égale force. Ils prétendirent
que la chambra avait acquis une trop grande
force dans l'opinion , pour qu'il fût possible de
tenter un coup d'aut<Mrité. Leur opinion fut qu'il
fallait se soumettre à la circonstance impérieuse
où l'on se trouvait, et qu'il fallait le faire sans
délai , parce que les hésitations pourraient ame-
ner la chambre â prononcer la déchéance, et
qu'alors il ne resterait plus de chances pour Na-
poléon IL II était aisé de voir, dans ce moment,
que l'empereur était fortement ébranlé. Nous ne
répéterons pas ce que nous avons défà dit sur sa
}6o LITRE II.
première abdication , en 18149 et sûr les moUfs
qui l'ont amenée. Il fut donc décidé que le gou-
vernement nommerait une commission , pour se
concerter avec celle des chambres.
Dans la nuit , les trois commissions se réuni-
rent aux Tuileries. Celle du gouTernement était
composée des ministres et des conseillers d'état
Boulay , de la Meurthe , Merlin , Defermon et
Regnault de Saint-Jean-d'Angely. La commission
réunie fut présidée par rarcbi-chancelier Cam-
bacérès. *La séance se prolongea d'abord dans
Fexamen de différentes propositions relatives à
la défense de la patrie. Toute la délibération
se dirigea sur la solution d'un des deux mem-
bres du dilemme absolu qui se présentait : ou
trouver des moyens de défense et des ressources,
ou faire la paix. Cette seconde partie rencontrait
cependant, dans la situation actuelle des choses,'
un obstacle invincible dans la déclaration for-
melle qu'énonçaient les articles .1 et 3 du traité
du aS mars. Il était donc impossible de concilier
les deux membres du dilemme, cl il parait que
la majorité de la commission réunie ne crut pas,
ou ne voulut pas croire à la possibilité de dé-
ployer assez de moyens, pbur ne pas se voir dans
la nécessité de mendier la paix plus tard. M. de
I^afayelte , pressé d'arriver à son but , fit alors
observer qu'il restait un moyen de lever l'obs-
tacle qui avait jusqu alors empêché de prendre
unje détermination fivo, et i\o sauver la pairie.
CHAPITRE III. .161
Ce moyen était Tabdicatioti volontaire de Napo-
léon. Cette mesure deyait faciliter la paix , « et si
«les ministres de l'empereur ne la lui conseil-
la laient pas , sa grande âme la lui révélerait. »
U fit encore la proposition de se rendre en corps
près de Napoléon , pour lui faire à ce sujet les
représentations les plus pressantes. Cette propo-
sition ne fut pas adoptée, et les débats conti-
nuèrent encore quelque temps. Enfin la com-
mission réunie s'arrêta, à la majorité de seize
voix contre cinq , à reconnaître l'ui^ence des dé-
terminations suivantes.
i"" Que le salut de la patrie exigeait que l'ein-
pereur consentit à ce que les deux chambres
nommassent une comnnssion qui serait chargée
de négocier avec les coalisés , sur la base, de Tin-
dépendance nationale ^ el du droit de choisir un
gouvernement. Mais qu'il fallait appuyer ces nér
gociations por le déveioppement de toutes les
forces nationales; 2° que les ministres d'état^
membres des chambres, proposeraieat ies me-
sures propres à fournir des hommes, des che^
^aux et de l'argent, et les mesures propres à
•contenir l'ennemi.
A trois heures du matin la conHuission réunie
leva la séance.
C'était encore une demi-mestire qu'on venait
d'adopter. Ou l'on admettait que les coalisés se-
rsuent fidèles aux principes qu'ils avaient solen*
Hellement proclamés, et qu'un chmigement à^,
IV, 1 1
l6â UVBB II.
dynastie arrêterait leurs hostilités ; ou biep on ne
se laissait pas éblouir par des mots , et Ton était
persuadé que le véritaMe but des coalisés n'était
que de paralyser la défense de la France, en iso-
lant le chef du gouvernement. Dans le premier
cas , il fallait que le changement de dynastie eût
lieu sur-le^hamp , et que la déclaration formelle
du nouveau choix précédât Toffre de la paix.
Cette détermination franche, accompagnée d'un
appel solennel à la nation de se lever en masse,
aurait forcé les coalisés à jeter le masque , et em*
péché les déceptions qui se sont succédées jus*
qu'au 3 jufllet; il ne leur était même pas néces-
saire de se déclarer diplomatiquement; un pas en
avant dévoilait leurs projets. Dans le second cas^
les négociations étaient inutiles et même nuisi-
bles , parce qu'elles ne pouvaient servir qu'à dé-
voiler un sentiment de faiblesse , et accroître Tin-
aolence d'un «inemi encore étourdi d'un bonheur
inattendu. La mesure qu'on avait prise était donc
insuffisante , et en exigeait une autre qu'dle avait
rendue inévitable.
Le ââ , à neuf heures du matin , la chambre des
représentans rouvrit sa séance, présidée par
M. Bédoch , l'un des secrétaires. Une foule im-
mense se pressait dans les corridors et aux tri-
bunes ; il semblait qu'un senthnent fit pressentir
que les délibérations de cette journée devaient
décider du sort de l'empire français : elles en dé-
cidèrent en effet. La plus vive agitation se mani-
CHàPITRS III. l63
festa parmi les représentans; de toutes parts on
demandait le rapport de la commission eiLtraordi-
naire. Enfin elle revint; le président reprit le
fanteuil , et le général Grenier , rapporteur de la
m
commission , montant à la tribune , rendit compte
de la délibération que nous avons rapportée plus
haut. Sur le second poinft, il ajouta qu'il était
urgent , et que les ministres étaient prêts. Quant
au premier , il déclara qu'il lui paraissait insuf-
fisant. « II ne remplirait pas , dit*il , le but que
« se propose la chambre , parce qu'il pourrait ar^
« river que votre députation ne fât pas admise.
« Mais il se présente un moyen d'en fecUiter le
« succès; j'ai des raisons de croire que vous re^
tcevrez bientôt un message, par lequel l'em-
« pereur doit déclarer que , vu les circonstances
« fâcheuses où se trouve la France , et lès dispo-
t sitions des puissances alliées , il sera prêt à faire
«le sacrifice qui lui serait demandé, si lui seul
« était un obstacle invincible à ce que la nation fût
« admise à traiter de sofn mdépendance. » L'agita-
tion de l'assemblée ne fit que croître après ce rap-
port , malgré ce que put faire le président pour
la calmer, et l'assurance qu'il donna qu^ avant trois
heures la chambre recevrait le message qu'elle
désirait. Plusieurs membres insistèrent vivement
sur ce que les coalisés ne traiteraient pas avec
Napoléon , et que leur marche sur Paris pourrait
avoir pour résultat d'imposer à la France un gou-
vernement qu'elle ne voulait pas. Ils demandé*
l64 LIXÏJS. H.
rent que Tempereur fût engagé , au nom de la
patrie , d'abdiquer. Le président engagea encore
l'assemblée à attendre le message. Le général
Solignac monta à la tribune , pour représenter à
la chambre qu'elle devait conserver l'honneur de
ne pas avoir proposé une chose qui doit être
l'expression libre de la volonté de l'empereur;
qu'on devait concilier le salut de la patrie avec
le désir honorable de conserver l'honneur du chef
de l'état : il demanda qu'on attendit encore une
heure.
Dans ce moment, le ministre de la guene
rendit compte d'une dépêche , portant en subs-
tance , que le 20 , le duc de Dalmatie avait rallié
deux mille hommes de la garde à Philippeville;
que le 2 1 , vingt mille hommes étaient ralliés à
Avesnes ; que des officiers de la garde avaient ren-
contré un convoi de fusils , et avaient armé cinq
mille hommes; que le maréchal Grouchy avait
battu 9 le 1 8 , les Prussiens qui lui étaient opposés;
enfin, qu'on avait encore sur les frontières du
nord soixante mille homme», auxquels on pou-
vaient ajouter dix mille autres, de la cavalerie et
cent canons. Le ministre de la guerre y ajouta
que des émissaires cherchaient à faire déserter
les gardes nationales dans les placiçs fortes (*). Il
(^) Cca manœuvres se répétèrent sur toutes les frontières. Les gardes
nationaux qui se laissèrent séduire eurent souvent Tavantage dVtrc trans'
portes dkns des voitures brillantes, et ^clcjncfois llioimeur de partager
la garde-robe de qoclq^uc dame iQégantc.
GHAÎITBE 111. l65
dit que si la chainl>re voulait prendre de fortes
mesures, et déclarer traître à la patrie tout garde
national ou tout militaire qui abandonnerait ses
drapeaux, on aurait encare une année suffisante
pour appuyer les négociations. Cette dernière
résolution fut prise par la chambre , qui déclara
que la guerre était nationale et que tous les Fran-
çais étaient a{>pelés au service de la patrie. Peu
après, la séance fut interrompue pour une heure.
Cependant M. Regnault de Saint-Jean-d'An-
gely , ' après le rapport du général Grenier , re-
vint à l'ÉLysée rendre compte à Napoléon de la-
gitatton où était la chambre, et lui annoncer
qu'elle paraissait décidée à prononcer sa dé-
chéance. Napoléon, irrité de la violence qu'on
voulait lui faire, déclara d'abord qu'il n'abdique-
rait pas. M. R^;nault insista, en le conjurant de
eéder â la force des choses; il lui représenta
que l'ennemi avançait , que le moment était ar-
rivé de renouveler le sacrifice de 1 8 1 4 ^ et qu'il
ne fallait pas que la France pût accuser Napo-
léon d'avoir été un obstacle à la paix. Ces con-
sidérations calmèrent l'empereur. Il répondit
qu'on lui laissât le temps de la réflexion ; qu'il
avait été soldat et le redeviendrait. Peu après,
de nouveaux messages vinrent peindre à l'Elysée
l'agitation toujours croissante de la chambre des
leprésentans , et la détermination où elle était
de prononcer la déchéance, si elle ne recevait
pas l'abdication dans l'après-midi. D'autres mes-
l66 UVBB u.
sages, partis de F*...é et de ses agens, aUaient
augmenter Tinritation de la chambre, en lui
anncmçaht que Napoléon était déterminé à
frapper un coup violent. Au milieu de ces mes-
sages réciproques, de nouvelles instances, plus
pressantes encore que les premières, furent
faites à l'empereur; tout pliait devant l'orage.
Enfin Napoléon, cédant au sentiment intfane
qui l'avait toujours porté vers l'abdication, et
auquel il n'avait résisté que par une aversion
assez naturelle pour une démarche arrachée par
la violence , se décida à souscrire au désir de la
chambre des représentans. Il dicta et signa son
abdication.
A midi la séance fut reprise. A une heure, les
ministres de l'intérieur, delà guerre, des rela-
tions extérieures et de la police furent intro-
duits. Ils étaient porteurs d'un message, dont le
président fit lecture à la chambre. C'était l'abdi-
cation de l'empereur Napoléon (*). Elle fut reçue
et écoutée dans un silence religieux.
Le duc d'Otrante fut le premier qui rompit
ce silence, en rappelant à la chambre que dans
les négociations qui pourraient suivre, on ne
devait pas oublier de stipuler tes intérêts de cdiiii
qui pendant si long-temps présida* aux destinées
de la France. Cette générosité hypocrite était
insultante dans la bouche de celui qui devait
n F<yycz Fiècet j^tificativcs, N*» XXV.
GU^ITEB m. 167
voir que Napoléon, instruit de sa correspondance
avec FAutriche , ne voyait en lui qu'un traître.
Elle indigna tous ceux qui connaissaient dans
Fouché Fauteur des intrigues qui avaient forcé \
la chambre à se m^tre en défense, et par-là
amené l'abdication. Un membre qiii lui succéda
â la tribune, proposa, outre l'acceptation de
Tabdication, que la chambre se déclarât assem-
blée nationale; qu'on envoyât des plénipoten-
tiaires aux puissances coalisées; qu'on nommât
une commission executive et un généralissime;
enfin, qu'on s'occupât de la constitution. Un
autre membre proposa de déclarer la vaôance du
trône. Tous deux cependant demandèrent que
la personne de Napoléon fût inviolable et placée
sous la sauvegarde nationale. M. Regnauh , qui
prit la parole après ces deux orateurs, exposa
à la chambre le danger qu'il y avait à se jeter
dans un état révolutionnaire , en sortant de la
forme existante du gouvernement. Il pensait
qu'on devait passer à l'ordre du jour , sur les
propositions qui venaient d'être faites, et qu'en
sA^ceptant l'abdication, il convenait qu'on y
ajoutât « quelques expressions de la reconnais-
« sanoe nationale , envers un homme qui , hier
« encore, était à la tête de la nation ; qu'elle avait
« proclamé grand; que la postérité pigera; qui,
« investi par la nation du pouvoir . suprême , l'a
«rendu à la nation, sans réserve et sans au-
« cunc condition poreonnelle. ^ Il conclut par une
l68 LIVRE H.
proposition que la chambre adopta dans ces
termes.
«La ctiambre des représentans , considérant,
« que le premier intérêt du peuple français , est
« le maintien des lois qui assurent TorganisatioB
« de tous les pouvoirs ,
a Passe à l'ordre du jour sur les propositions
« qui ont été faites , de la former eu assemblée
« nationale ou en assemblée constituante.
«La chambre arrête, que le président et son
«bureau se retireront vers Napoléon, pour lui
« exprimer , au nom de la nation , la reconnais-
« sance et le respect avec lesquels elle accepte le
« noble sacrifice qu'il a fait à l'indépendance et
« au bonheur du peuple français.
« La chambre arrête , qu'il sera nommé sans
« délai une commission de cinq membres , dont
« trois seront choisis par la chambre des repré-
« sentans et deux par la chambre des pairs , pour
«exercer provisoirement les fonctions du gou-
«vcmement, et que les ministres continueront
a leurs fonctions , sous l'autorité de cette com-
« missipn. »•
La nomination des membres du gouverne-
ment provisoire fut suspendue, par l'annonce
que fit M. Lacoste, qu'il venait de recevoir une
lettre par laquelle on lui dénonçait une conspi-
ration contre la chambre. D'autres membres
avalent déjà reçu des lettres semblables, dans
lesquelles il était dit qu'on préparait un nouveaju
GUAPITRB III. 169
i5 veud^maire ou un 18 brumaire, et que la
dissolution de la chambre et la mertde plusievors
de ses membres étaient résolues, au palais. Une
réflexion bien simple devait faire voir Tabsurdité
de ces dénonciations anonymes. Si Napoléon n'a-
vait pas voulu ou n'avait pas osé appuyer son
pouvoir constitutionnel par la force, pour dis-
soudre lesv chambres ayant d'abdiquer , il est
aussi odieux quHnsensé de prétendre qu'il ait
voulu le faire par une conspiration et des as-
sassinats. Au reste, ces lettres, dont on a évité
d'approfondir le mystère, peuvent être mises,
avec la prétendue conspiration du lendemain,
sur . le compte de la police , dont le chef cher-
chait , en semant de fausses alarmes , en fomen-
tant les dissensions , en augmentant les craintes
réciproques, à obliger tous les partis à se jeter
entoe ses bras. Tout concourt à le démontrer;
rien dans sa conduite ne prouve le contraire. Le
ministre de la guerre démentit , pour son compte ,
cette prétendue conspik^ation, et annonça que les
troupes réuiiies pour la défense de Paris , étaient
spus les ordres des généraux Grenier, Sébastiani
et Yalence , sur lesquels la chambre ne pouvait .
avoir aucun doute. La chambre s'ajourna, pour
communiquer ses résolutions à celle des pairs et
à Napoléon.
Pendant cet intervalle, le président de la
chambre des représentans s'était rendu à l'Ely*
sée, pour conmiuniquer à l'empereur la résolu-
170 LITU II.
tion qui venait <f être prise. Napoléon répondit :
Je TOUS remarcie des sentimens que toùs' m'ex*
primez. Je désire que mon abdication puisse
faire le bonheur de la France , mai$ je ne l' espère
pas; eDe laisse l'état sans chef, sans existence
politique. Le temps perdu à renverser la mo-
narchie aurait pu être employé à mettre la
France en état d'écraser l'ennemi. Je recom-
mande à la France de renforcer promptement
les armées : qui vent la paix doit se préparer â
la guerre. Ne mettez pas cette grande nation à la
merci des étrangers; craignez d'être déçus de vos
espéramces : c'est là qu'est le danger. Dans quel-
que position que je me trouve, |e serai toujours
bien, si la France est heureuse. Je recom*
mande mon fils  la France. J'espère qu'elle
n'oubliera point que je n'ai abdiqué que pour
lui. Je l'ai fait aussi , ce grand sacrifice, pour le
bien de la nation; ce n'est qu'avec ma dynastie
qu'elle peut espérer d'être libre, heureuse et
indépendante {*). »
A quatre heures la chambre reprit sa séance,
et on passa au scrutin , pour la nomination des
membres du gouvernement provisoire* Les noms
de Camot et de Fouché sortirent au premier
tour, celui de Grenier, au second. Jusque vers
trois heures la majorité de la chambre était dé^
(*) Mémoires pour servir h riiistoîrc de la vie privée, etc. , de Napo-
Icou en 181 5, par M. Flcury. Londres , iSfto. Tome ii, page 934-
CHAPITRE m. 171
GÎdée en faveur du parti à la tétse duquel ou ayait
mis M. de Lafayette, Si elle avait peraaté dans sa
preinière ligne de conduite , il n'y a pas de doute
que Tindépendance nationale aurait été sauvée,
et que des garairiies certaines nous auraient évité
les agitations et les réactioiis déplorables qui ont
suivi. Rien n'était plus facile, si Ton avait voulu;
ear il suffisait de défendre Paris jusqu'à l'arrivée
des souvei«in3. Ausffl menaçans qu'aient été Blû-
cher et Wellington , ils n'auraient pas dévoré la
capitale et deux cent mille hommes qui pou-
vaient la défendre , avant l'arrivée de l'armée
russe : alors tout était gagné. Mais après quatre
heures , les intrigues du ministre de la police pré-
valurent. Lafayette, dont on n'avait plus besoin,
fut écarté , et bientôt après éloigné , et Fouché se
(daça dani» le gouvernement, dont il était certain
d'obtenir la présidence. Dès-lors, ainsi que nous le
vemms plus bas , tout fut combiné de manière â
ce que Paris fût rendu avant l'arrivée des autres
armées coalisées. La chambre des pairs s'était
assemblée à une heure et demie, et avait reçu
peu après le message relatif a l'abdication de l'em-
p^eur Napoléon. Le ministre de l'intérieur ayant
ensuite fait part des détails contenus dans la dé-
pêche du maréchal Soult {voyez ci-^dessus) , le
maréchal Ney s'éleva avec force contre les asser*
tions qu'elle contenait, et qu'il déclara fausses.
Sdon lui, le maréchal Grouchy avajC, tout au
plus , pu rallier huit mille hon^mes , et le mare-
1^2 LIVBB II.
chai Soult , rien du tout. Une discusdion très-vive
s'alluma entre le maréchal Ney, le ministre de
l'intérieur et le général Flahaut; mais le premier
persista dans son opinion. Il est pénible de penser
que l'irritation, contre des inculpations injustes,
ait pu porter le maréchal Ney â une discussion
aussi dangereuse , et ijui manquait de fondement.
L'effet en fut bien funeste, en ce qu'il coûtribua
)>uissamment à paralyser l'énergie nationale et à
abattre tous les courages Dans le cours de cette
même séance, la chambre des pairs adopta la
résolution des représentans , au sujet de l'abdi-
cation, et nomma les deux autres membres du
gouvernement provisoire, qui furent le ministre
des relations extérieures et M. Quinette.
Ainsi finit cette journée mémorable , dont les
suites ont été d'une si haute importance. Nous
ne pouvons pas cependant terminer ce chapitre
sans examiner, en peu de mots , quelques propo-
sitions qui se trouvent dans un ouvrage qui a
paru, il y a quelque temps. L'auteur nous dit
d'abord qu'il ne restait à l'empereur que trois
partis à prendre : le premier, d'ajourner les cham-
bres, en employant la force militaire, ce qu'il
appelle faire rentrer la chambre dans le cercle
constitutionnel; le second, de caresser la faction
qui menait les chambres , et de la laisser s'empa-
rer de l'autorité , et envoyer aux coalisés des plé-/
nipotentiàires pour traiter de la paix en son nom ;
le troisième était d'abdiquer en faveur de sou fils.
CHAPITRE m. 173
Ces propositions , et les réflexions qui les accom*
pagnent nous paraissent mériter quelques obser-
vations. Nous répéterons encore que rien ne nous
parait prouver, avec quelque degré d'évidence,
que Napoléon voulût prendre le premier parti.
Mais quand il l'aurait voulu, rejflTet que produi-
sît le bruit seul d'une mesure pareille, avait dû
lui prouver qu!il faudrait verser des torrens de
sang pour y parvenir. Et les conséquences ! elles
sont tout entières dans les expressions effrayantes
qu'on lit dans le même ouvrage : « Encore fallait-
« il être prêt à se porter aux actes les plus arbi*
« traires et les plus terribles. Dictateur , il fallait
« gouverner par la hache du licteur, et par Fim-
« pulsion d'une populace furieuse qu'il fallait dé-
<c chaîner. » Nous n'ajouterons aucune réflexion à
des principes peu propres à servir celui pour
lequel leur auteur a écrit. L'auteur nous dit que
le second parti ne valait rien , parce que , « cons-
«tans dans leur politique fallacieuse, les souve-
« rains alliés flatteraient les députés des chambres ,
«et, sûrs de n'être plus arrêtés dans leurs pro-
« )ets de conquête et dé spoliation , aussitôt qu'ils
« auraient écarté le seul homme qui pût y mettre
« obstacle , ils promettraient tout , à condition que
« Napoléon fût éloigné du timon de l'état. » L'é-
vénement a donné à cette opinion im air prophé-
tique; mais il parait que le 2 1 juin , ce n'était pas
celle du conseil de Napoléon , puisqu'il fit annon-
cer aux chambres qu'il allait traiter en son nom.
174 ^^^ II-
Enfin, quoiqu'on nous dise que Napolém balança
seulement entre le premier parti et le trMnème,
les faits nous démontrent le contraire. Soit que le
premier ait été écarté d'abord ou }ugé impratica*
ble , U n'en est pas moins constant que la délibé-
ration arrêtée par la commission réunie, dans la
nuit du 21 au â9,et là laquelle Use serûtsoumn,
n'était autre chose que le second parti. La consé-
quence naturelle était d'en rev^Mor au troisième,
et Napdéon s'y soumit encore.
CHAPITU I. 175
»»•»<
LIVRE III.
lllarcfae des coalisés sur Paris , et occupation de cette
capitale. -^ Opérations des autres armées.' — Sièges
des places.
é 4
CHAPITRE PREMIER.
MouTcmens des armëGs coalisées du nord, )as<pi''ati a 5 jain, — L'armc'e
française se rallie & Laon. —-Elle se retire à Soissona. — Marche des
Phisnent sur Compîègne. -— Retrûte de rannëe française, et combat
'de Seolis, k 37. —^Combat de Villecs-Cottcrets et de Lerigneu,
le a8. -^ Réflexions sur les érénemcns militaires. —-Les conséquences
de la rc^lntion du a 2 se développent. — Opérations da goavemc-
ment. — Résoltat de la mission des plénipotentiaires français. — -
EnToi de uoayewa plénipotcnttains.
Nous aTOfis vu «fa'aprës la tentative infruo
tueuse qu'avait feiite Napoléon , pour rallier une
partie de fton arm^ à Genappe , il avait continué
sa route au ddà de la Sanibre vers Philippeville.
H y avait laissé le maréchal Soult , pour réunir
rétatHoiajor-général , et avait envoyé des officiers
i^6 LITRE m.
sur les différentes routes de retraite que pou-
vaient prendre les troupes; l'intelligence natu-
relle aux soldats français les avait ramenés sur la
Sambre , aux points où chacun d'eux l'avait pas-
sée. La garde et les faibles restes du 6* corps se
dirigèrent vers Charleroi, et leur ralliement com-
mença à Philippeville. Les restes des i" et a*
corps passèrent à Marchiennes et se portèrent
sur Mailbeuge. La cavalerie vint à Beaumont ,
où se rendirent le maréchal Ney et le général
comte d'Erlon. Le général ReiUe était allé à Aves*
nés. A l'approche de l'avant^garde e|inemie , le
maréchal Soult quitta Philippeville et se rendit
par Rocroy à Laon , où les restes de l'armée se
réunirent au nombre de quarante nylle hommes.
L'armée prussienne avait continué son mou-
vement , dans la nuit du 1 8 au 1 9 et pendant la
journée suivante. Le corps de Ziethen se touvait
le 19 au soir à Charleroi , Marchiennes et Gilly;
celui de Bûlow, qui s'était reposé le matin à
Mellet , arriva le soir à Fontaine-l'Évêque. La 5'
division du corps de Pirch et la plus grande par-
tie de la cavalerie , s'avancèrent des Quatre-Bras
à Anderlues ; le reste du corps était , ainsi que
nous l'avons vu , à Melioreux» Le corps de Thie-
lemann combattait à Wavre. L'armée anglo-ba-
tave , qui avait passé la nuit sur le champ de
bataille , vint camper le soir près de Nivelles.
Le 20 , l'armée prussienne occupait les posi-
tions suivantes : le corps de Ziethen à Beaumont;
CHAPITRE 1. 17'-
celui de Bûlow à Collerets vers Maubetige; celui
de Thielemann à Gembloux , ayant sa cavalerie
à Temploux; celui de Pirch entra le soir à Na*
mur; la 5* division s'avança jusqu'à Yillers, d'où
elle devait se rendre devant Maubeuge , pour en
former le blocus. L'armée anglaise campa entre
Mons et Binch,
■
Le â 1 , l'armée prussienne fit peu de mouve-
ment en avant ; eUe se serra plutôt sur la tête de
sa colonne , et se mit en ligne avec l'armée anglo-
batave. Le corps de Ziethen marcba sur Avesnes ,
que la 3* division investit et I^ombarda avec dix
obusiers et huit pièces de douze. Le corps de
Pirch vint à Thuin ; la 5' division et la cavalerie
investissaient Maubeuge : le corps de Thielemann
à Charleroi et Marchiennes : le corps de Bûlove à
Marville , entre Maubeuge et Landrecies ; la ca-
valerie investissait cette .dernière place. L'armée
anglo-batave vint à Bavay et son avant-garde,
investit le Quesnoy.
Dans la nuit dii 21 au 22 ^ le bombardement
d' Avesnes recommença. Un obus ayant par acci-
dent' mis le feu à un magasin à poudre , l'explo-
sion fit un tel dommage dans la ville , que le
commandant se crut obligé de capituler. Deux
cents vétérans environ qui s'y trouvaient furent
faits prisonniers de guerre. Le aâ , l'armée prus-
sienne acheva de se concentrer ,, sans faire un
grand mouvement en avant. Le corps de Ziethen,
après avoir pris possession d'Avesnes , s'avança
IV. ' 1 a
178 LIVRB m.
jusqu a Ëtroueng , poussant une division à la
Capclle et de la cavalerie à Eslréenau-Poot. U
y eut dans cet endroit un l^er engagement avec
la cavalerie de la garde impériale. Le corps de
Pirch fut destiné aux sièges des places frontières;
savoir , deux divisions et la cavalerie pour Mau-
beuge , une division pour Landrecies , et une divi-
sion pour Philippèville et Givet : le corps de
Thielemann à Beaumont ; le corps de Bùlow à
Fesmy , ayant sa cavalerie à Haiiappe. L'armée
anglo-batave était autour de Cateau-Cambresis.
Le â3 , les armées coalisées du nord ne firent I
aucun mouvem^it , que celui de faire avancer
le corps de Thielemann , de Beaumont à Avesnes.
Ainsi Farméc prussienne se trouva concentrée à
Avesnes , Ëtroueng , et Fesmy ; Tannée angle- |
batave entre Cateau-Cambresis et CambraL j
Le 224 9 Tarmée prussienne se porte sur FOise.
• L'avan^-garde de Ziethen se présenta ce )our*là
devant Guise; le château fut r^idu au premier
coup de canon. Le soir cette* armée occupa les
positions suivantes : le corps de Ziethen à Guise ^
ayapt une division a Origny et de la cavalerie sur
la Serre , vers Crecy ; le corps de Thielemann a
Nouvion, ayant des partis vers Hirson et Yervins,
pour reconnaître les mouvemens qu'avait
1q corps de Grouchy ; le corps de Bnlow» â
sonville , ayant une avant-garde â Fontaine-Notre-
Dame et des partis devant Saint-Quentin. L'ar-
mée anglo-batavc resta en position, et Wellington
CHAPITRE 1. 179
fit des fMPépâintifs pour emporter Cambrai. L'ar-
mée française qui avait ccmibattu. à Waterloo,
s'était ridliée à Laon. La garde impériale , sous
les ordres du général Morand ^ était en avant sur
la route de Maubeuge : la cavalerie du général
CoH>ert était à Maile, où elle- eut un engagement
^vec la cavalerie de Ziethen. Le maréchal Grou-
chy , qui avMl marché lé â 1 de Dinant à PHi-
lippeyiHe , était arrivé le 2^ à Réthd ; il était
couvert sur^sa gauche par un corps de cavalerie
A Montcomet. Il coiftmençait ainsi à entrer en
commuBÎcation avec les troupes qui étaient â
I:Aon. lusqu'ici le projet des deux généraux en-
nemis avait été de forcer les troupes françaises â
Laon et de s'établir sur l'Aisne , tant pour tâcher
de couper le corps de Grouchy , que pour atten-
dre que les armées russe et autrichienne eussent
passé la Meuse» Mats l'avis qu'ils reçurent de
Tabdicafimi* de l'empereur Napoléon et de la
révolution qui s^tait faite à Paris , l'invitation
quVm leur fit de se hâter d'arriver devant la ca*
pitrie , afin de profiter des conséquences du
changement dé gouvernement, dont la moindre
était de retarder l'exécution des mesures défen-
sives {*) , leur firent changer de dessein. Dans un
conseil qu'ils tinrent au Castelet, Blûcher et
Weilifigton conviareat :
(*) No» vicrroiM plof bas qiM les ordres 4}iii aaraicBt àtt éue iioiiiH;«
le «a )iim, ne le fusent que le ftS, rartout celui qoi enfoignaUk Û'armie
du nord de ^e rendre éeyant Paris.
i8o Livfts m.
1* Que leurs armées réunies marcheraient sur
Paris.
2"" Que ce mouvement se ferait par la rive droite
de l'Oise, afin de tourner Tarmée française, qui
était â Laon et Boissons.
3^ Que dans le cas où les ponts seraient rom-
pus , on en construirait sur l'Oise , et que lord
WeUington fournirait pour cela son équipage de
ponts, puisque l'armée prussienne n'avait que
dix pontons arcivés*
4'' Qu'on ferait approche^ les équipages de
siège ; que l'armée anglo-batave se chaigerait du
siège des places à l'ouest de la Sambre , et l'armée
prussienne, de celui des places de la Sambre et
delaMeuse (*).
En conséquence de ces dispositions arrêtées ,
le duc de Wellington chaigea le prince Frédéric
d'Orange , avec le corps qui avait été détaché à
Hall ( page 5 ) , des sièges de Yalenciennes , le
Quesnoy , et Condé. Les places depuis Landre-
cies et Maubeuge, jusqu'à Longwy, furent assié-
gées par le corps prussien de Pirch , le 2* corps
d'Allemagne et la garnison de Luxembourg. Ces
difiérens corps furent mis sous les ordres du
(*) Le marëchal Blûcfaer arait aussi propos<$ à Wellington de pousser
rapidement la cavalerie belge sur Poiitoise \ d^oh , en prenant la cocarde ,
et an moyen de la même langue, elle ae présenterait comme cavalerie
française sur les derrières de notre armée. La caralerie prussienne "derait
pendant ce temps se présenter en masse de front. Mais Bliicher avait
jugé arec trop d'abondance de cœnr^ cette trahison ne pouvait pas con-
venir aux Belges : le projet tomba. • *
CHÂPITBE I. .181
prince Guillaume de Prusse. Le même jour 24 ,
le général Morand , qui commandait Farrière-
garde <le l'armée française , fit notifier par ordre
du duc de Dalmatie , aux ayant-postes prussiens ,
l'abdication de Napoléon, et deiûanda une sus-
pension d'armes. Mais Blûcher et Wellington, qui
avaient déjà reçu cette nouTelle et qui savaient à
quoi s'en tenir sur ses résultats , répondirent
qu'il ne pouvait pas être question d'armistice , si
on ne livrait Napoléon et si on ne remettait les
places frontières. Blûcher faisait la guerre sans
s'inquiéter des résultats politiques qu'elle pou-
vait savoir. Wellington, de son côté , avait des vues
et des instructions qui ne se comportaient pas
avec l'indépendance de la France ; il avait même
fak ce jour-lâ une démarche qui'prouvait dès-lors
quel était son dessein. Ia notification du général
Morand , ne pouvait donc servir qu'à hâter leu^
marche.
Le 25, les plénipotentiaires envoyés par le
gouvernement provisoire de France , arrivèrent à
Laon. De là, ils s'adressèrent à Blûcher, qui était
le plu» près , pour annoncer leur arrivée et né-
gocier un armistice. Celui-ci leur envoya deux
officiers de son état-major, avec lesquels ils eu-
rent une conférence le 26. Le chef des Prussiens
se montra disposé à conclure une suspension
d^armes, sous la condition qu'on lui remettrait
les pkces de Maubeuge, Mézières, Metz, Thion-
ville et Sarrelouis. Cette demande n'eut pas de
l8t LIVRE lil. ^
suite , et les plénipotentiiérefr eofttkluèrent leur
voyage, vers le qiiartîet-général des souverains.
Nous reviendrons plus tard sur cet ot^et. Ce
luême )our, Saist^uentin ayant ouvert ses por-
tes, Tarmée prussienne commença soii mouye-
ment à la rive droite d^ l'Oise. Le soir, elle oo-
cupait les positions suivantes : le corps de Zie^
then, à Cerisy, ayant une diviak» devant La
Fèi^ ; le corps de Thielemann, entre Origny et
Saint-Quentin; le corps de Bulow, à Essigny,
ayant son avant«^ilrde à Jussy.
Dans la nuit du :i4 au 25, Wellington fit at<*
taquer Cambrai par escalade* Il y employa la di-
vision ColviUe, soutenue, on ne sait pas trop
pourquoi ^ par la brigade de cavalerie de Grant*
Les compagnies légères de la brigade Johnston
escaladèrent l'angle de la porte de Valeticienncs.
Le 9 r régiment enleva la caponière près de la
route d'Amiens. La brigade Mitchell fit une
fausse attaque à la porte de Paris. La garnison
se retira à la citadelle, où elle capitula le d 5 au
matin. Le soir, l'armée anglo-batavc s'avança
juâqu'à Jeaucourt , ayant sa droite à Pérontie.
Le â6, l'armée française se replia derrière
l'Aisne à Soissons, La division légère du gteéràl
JacquiiK>t resta à Laon ; le corps du général Lai*
Icmand s'étendit vers Corbeny, pour couvrir le
mouvement du maréchal Grovchy : le corps du
général Pa^l était en arrière, die Coocy, sur la
route de La Fête. Le ikiavéchnl Groibchy ailriva ce
i CHAPITRE 1. l63
i
jour-là à Reims , d'où il se rendit de ea personne
i Soissons^ pour prendre le commandement de
Farinée, €pn lui fut donné pstt le gouvernement
prorisoire. Le général Yandammé resta à la tête
des troupes qui avaient eombattu à Wavre.
L'armée prussienne fit^une tentative de botn--
bardement sur La Fère ; mais le général Berthier,
qui y commandait, riposta si vigoureusement, que
les Prussiens renoncèrent à leur projet et conti-
nuèrent leiur mouvement Le soir, le corps de Zie-
then était â Chauny, ayant son avant^arde à
Candironnei Un détachement de la division Ja-
gow occupa Compiègne pendant la nuit , et des
partis forent poussés vers Verberie et Soissons. Le
corps de Thielemann vînt à Guiscard. Le corps
de Bùlow vint â Ressous ; son avant-garde était à
Gotttnay, poussant des partis vers Pont -Saint-
Moxence , Creil et Verberie.
Le duc de' Wellington fit attaquer Péronne ,
le 26 au matin , par la brigade du général Mait-
land , des gardes anglaises. L'ouvrage à corne , à
la gauche de la Somme , ayant été emporté d'as-
saut , la place capitula de suite. Le même soir ,
Farmée anglo-batave vint s'établir entre Yermand
et Péronne.
Le J27, l'armée prussieime continua son mou-
vement i les corps de Ziethen et Thielemann ,
sur Compiègne, et cdui de Bûlow sur Pont-
SaintrMaxente. L'armée française était toujours
à Soisiom; et par un ottMi inconcevable , le ma-
l84 LITBX lU.
réchal Soult , qui la commandait , ne s était , en
aucune manière, occupé de sa gauche* S'il y
avait eu un fort détachement à CoTopiëgoe^ et
que les ponts de Saint-Maxence et de Creil eussent
été détruits , il est certain que les armées coali*
sées auraient été arrêtées jusqu'à l'arriyée des
équipages de ponts anglais , qui étaient encore
en arrière de Péronne. Il parait qu'on n'a pas
imaginé que les armées ennemies pussent se di-
riger sur Paris, par la route directe de Pont-
Saint-Maxence et Senlis. Sur l'observation du gé-
néral d'Erlon , le maréchal Grouchy, qui venait
de prendre le commandement, l'envoya dans la
nuit du 26 au 27, à Compiègne , avec son corps ,
réduit à environ quatre mille hommes , et les
cuirassiers du comte de Yalmy. Le général d'Er-
lon arriva à Compiègne le matin, et y trouva la
division Jagow , du corps de Ziethen , qui venait
de passer le pon( et qui occupait la ville. Après
une escarmouche de quelques heures, le géné-
ral d'Erlon, hors d'état de résister .aux troupes
qui allaient déboucher sur ce point, défila par
sa gauche , le long de la forêt , afin de gagner Yer-
berie et Senlis , et se placer de front aux troupes
ennemies, qui déboucheraient de Pont-Saint-
Maxehce ; il fit prévenir le maréchal Grouchy du
mouvement des Prussiens. Ce dernier, qui avait
réuni toute l'armée à Soissons , se mit en mouve-
ment de retraite, et vint le soir prendre position à
Yillcrs-Cotterets ; le a* corps, la garde et les cui-
CHAPITRE î. l85
rassiers en avant vers Yaucienne ; le corps du gé-
néral Pajol et la division Domont, en arrière de la
forêt. Le corps du général Yandamme, qui devait
arriver â Soissons le 27 au soir, reçut l'ordre de se
diriger surVillers-Gotterets. Pendant ce temps, le
corps de Bûlow avait atteint Pont-Saint-Maxence,
et son avant-garde , de quatre bataillons et huit
escadrons , sous les ordres du général ^Sidow,
avait passé l'Oise à Creil, et s'était portée sur
Senlis , qu'elle occupa vers neuf heures du soir.
Le général d'Erlon arriva une. heure plus tard
devant la ville, et une brigade de cuirassiers, qui
était en avail^ , traversa Senlis , ce qui fit courir
aux armes les Prussiens , déjà occupés à piller
dims les maisons* La fusillade s'engageait aux
portes, lorsque le général d'Erlon se décida à
éviter un combat de nuit, dont l'issue risquait
d'entràlaer la destruction de la ville, que l'en-
nemi n'aurait pas balancé â incendier. Le but
de son mouvement était de gagner les Quatre-
Bras, près Gonesse, et de couvrir la gauche de
l'armée qui se retirait par Nanteuil et Dammar-
tin. Il fit donc appuyer* sa colonne à gauche vers
Mont-l'Évêque , où elle prit position , et le len-
demain, au jour, il regagna la grande route et
se dirigea sur Louvres.
Le soir , l'arpaée prussienne occupait les posi-
tions suivantes : le corps de Ziethen passa l'Oise
à Compiègne, et s'avança au delà de la forêt
jusqu'à Bethancourt; la division Pirch ii, avec
l86 LIVRE UU
un régiment de dragonB, fut poussée en ayant
vers YiUers^Cotterets , et marcha toute la nuit ;
le corps de Thidemami vint à Gompiègne ; le
corps de Bûlow à P(mt-Saint«Maxence, ayant
son avant -garde à Seolis. L'armée anglo-batave
vint en avant de Nesle et de Roye.
Le â8, ve» trois heures du matin, le maréchal
Grouchy avait mis l'armée en mouvement vevs
NanteuiL Dans ce moment^ la division prus-*
sienne de Pirch ii déboucha le long du bois ;
elle s'était dirigée, en sortant de la forêt de
Gompiègne , par Morienval et Bonneuil. YiUerd*
Gotteqpts était défendu par une faible arrière-
garde ; le corps du maréchal Grouchy était en
position sur les hauteurs de Yaucienne. Le gih
néral Pirch poussa d'abord un escadron de drar-
gons à sa gauche , pour gagner la route de Sois-
sons. Gette troupe rencontra une batt^s'ie d'artil-
lerie à cheval qui sortait de Montgd^ert,. où elle
s'était retardée par la faute du chef, et s'en em-
para^ La cavalerie française , qui était vers Y^te-
feuiUe, prit position pour attendre le général Yan-
dâuaatme. Maître de la route de Soissons , et assuré
qu'il n'avait aff^e qu'à l'arrière-garde de l'armée
française, le général Pirch fit attaquer Yillers-Cot-
terets, et vint à bout de s'empajrer du parc. Alors
il se déploya, la gauche au château , et la droite à
Long-Pré , et se prépara à engager l'action. La ca-
nonnade s'ouvrit , et les Prussiens essayaient en
vain de déboucher de Yillers-Gotterets, lorsque
CHAPlin I. 1&7
leur gauche fut ^ubitemeut attaquée à doi» {mt le
corpB de Vaxidamine , qui airivait en ce moment.
Xe gàiéral Yaadamaie porta de suite une co-
louue d'îa£auiterie aur Yîflerd-Cott^rets , pendant
^ue deux régûneuB de caTalerie tournaient l'en-
nemi, dans la direction de Yivières et RheteuiL
yiller»4^îottqrets fut emporté, et le général Pirch,
.viyencmt poussé par » gauche, pendant qae sa
retraite était menacée, fut culbuté jusqu'à Bon-
jieuil, .'d'où il regagna lif route de Compiègne à
Crepy*. Le maréchal Grouchy continua sa re-
trait TQra«Nan|teuil, aieé le â** corps ^ la garde et
les cuirassiers, et urdoniia au généial Yandamme
de se aretii^r par La Ferté-MIkn^ Me^ux et La<-
gny, sur Pariô*
Cependant le général Ziethen, ayant appris l'é-
vénement du ciimbat de Yillers*Gotterets , se mit
en mouvem^it par Crepy, afin d'^^eind^e notre
arrière-garde sur la route de YiUers«-Cotteréts k
Nant^uil. Le général Eeille, avec le 9J cotiis et
les cuirassiers , avait déjà • dépassé Levigneu $
mais le maréchal Grouchy, avec Ib garde , y ar-
rivait seulement, lorsque le général Ziethen, dé-
bouchant par la route de Crepy, s'empara du
village. Coupé ainsi du 2* corps, le maréchal
Grouchy, après une légère canonnade , évita le
combat en se retirant par Assy, sur Claye. De Le*
vigneu , Ziethen continua son mouvement sur
fauteuil, où il eut un léger engagement avec
notre arrière -garde. A la cMÎsée des routes de
|88 LIVHE III.
Soissons et de Sentis, le i*' corps rejoignit le 2%
qui prit position le soir en arrière de Bourget (*}.
L'armée prussienne occupa les positions suivan-
tes : le corps de Ziethen , à Nanteuil , et son
ayant^arde au Plessis ; le corps de Thielemann
autour de Crepy ; la cavalerie , moitié vers Vau-
maise, l'autre moitié à Montagny, près Nan-
teuil ; le corps de Bûlow, à Marly, et l'avant-
garde près de Gonesse. L'armée anglo-bataye
s'avança vers Pont-Saibt-M axence , et prit posi-
tion, la droite, à Saint- Just, et la gauche, à la
grande route. Le quartieivgénéral était à Orville.
Le 29 , l'armée française était rentrée dans les
lignes devant Paris. Le général Yandamme ar-
riva ce jour-là, et fut prendre position, avec son
corps et le 4'' 9 i^ur les hauteurs de Montrouge.
Le reste de l'armée occupa les hauteurs de Bel^
leville et Montmartre , Yincennes , Saint-Denis et
les bords du canal de l'Ourcq ; le i*' corps, entre
la Villette et Vincennes, et le a*, entre la Yil-
lette et Saint-Denis ; la garde en réserve derrière
le 1 *' corps , â Menilmontant ; la cavalerie était
au bois de Boulogne. Dès le 28, le maréchal
Davoust avait pris le commandement en chef de
C) Nous ne pouvons passer sous sUence une anecdote qui sert h
prouTer ce que nons «Tons dit au sujet des correspondances entre Paris
et le camp ennemi. Les avant-postes du général ReiJle loi amenèrent
au Bourget un individu porteur d'un passe-port sous le nom de Petit.
On dit que cet individu éuit le frère de M. Talleyrand, qui annonçait
ètït chargé d^nne mission importante près dn gouvernement.
GHAPITIB I. 189
Farinée que ramenait le maréchal Grouchy (*),
et des troupes tirées des dépots et qui avaient
été réunies à Paris. Ces dernières troupes avaient
été armées et portées en avant de Paris , savoir :
celles des 1 •% a' et 6' corps, près de la butte Mont-
martre ; celles des 3' et 4' corps sur les hauteurs
de Belleville ; la garde près du Petit -Gharonne ,
et la cavalerie sur la route de Saint-Denis , à la
croisée de Clichy. Le maréchal Davoust établit
son quartier-général à la Yillette.
L'armée prussienne occupa le soir les positions
suivantes : le corps de ZietheQ, entre Au|nay et
Blanc-Ménil; Tavant-garde à Bondy et Baubigny :
le corps de Thielemann avait une division à Dam-
martin, une à Longperrié, une à Rouvres et
une à Villeneuve ; la cavalerie était à Tremblay :
le corps de Bûlow était au Bourget, ayant son
{*) M. de fleaiy de Cbaboulon aTance que, pendant la retraite, il
entra en pourparlers avec les Pnusiens, et qn^un officier ge'ne'ral fit ré-
trograder un colonel d*ëtat-major de Bliîcher, qui Tenait conclure un
traité avec lui. Ce fait nous parait hasardé , et exigerait des preuves que
Pauteur ne fournit pas. Il parsût cependant que des bruits de ce genrs
•Vtaient accrédités, on plutôt avaient été répandus dans Paris. Us ser-
virent de prétexte au gouvernement, pour Ater le commandement au ma-
réchal Grouchy et le remettre au maréchal Davoust , puisqn^en lui pres-
crivant de ramener Tarmée sous Paris, on lui défendit de conclure un
armistice, ni même d'entrer en négociations. Les évcnemens qui ont
suivi pourraient faire naître un doute dWe nature toutp4h'&it contraire.
L'armiscice, de la manière dont çn semblait le craindre^ fut eoncln plus
tard. Ne pourrait-on pas demander si le motif qui fit Ater le comman-
dement ;iu maréchal Gronchy, n*cst pas la crainte qu'il ne fût pas d'avis
de capituler le 3 ioiUet?
aTant-garde à Stains et vers Courneave. L'armée
anglo^batave occupait Pont-Satnt*-Maxence; le
quartier-général de Wellington était au Plessis.
Ce )our-lâ , les cinq commissaires , partis la veiUe
de Paris, avec une nouTclle proposition d'ar*
mistice, arrivèrent à Pont-Saint-Maxenœ. Ils fu-
rent conduits au Fresnoy, â côté de la route, où
ils eurent une entrevue avec lord Welfington.
Aiâsi , le 29 au soir, Tarmée prussienne se trou-
vait devant Paris , à plus de dix lieues en avant
de l'armée anglaise , dont les postesies plus avan-
cés ne. dépassaient pas Senlis. Les Prussiens n'a-
vaient pas soixante mille hommes, et le maréchal
Davoust pouvait, en y comprenant les fédérés,
qu'on pouvait mettre à côté des troupes de ligne ,
en réunir plusxle cent miHe. La senie comparaison
des forces de part et d'autre nous fournit des ré-
flexions pénibles. Nous allons examiner en peu
de mots , si un résultat aussi désastreux avait pu
être la conséquence immédiate de la bataille de
Waterloo. Les corps qui avaient combattu au
Mont-Saint-Jean étaient ralliés â Laon le â 3. Le
maréchal Grouchy , arrivé le 2 1 à Philîppeville ,
pouvait être le 24 â Laon , en se dirigeant de Ro-
croy sur Montcomet. Une réflexion assez naturelle
devait le dispenser du détour qu'il fit , par Ré-
thel et par Reims. C'est que l'armée prussienne
ne chercherait dans aucun cas à déboucher sur
Mézîères, lorsque le centre stratégique du système
d'invasion des coalisés était Pari^. L'armée du
GHAPmE I. 191
nord , réunie a Laon , offrait encore une masse de
près de soixante mille hommes. Il fallait alors se
replier le 25 derrière TAisiie , et suitre de l'œil les
mouTemens des coalisés. On ne poivrait pas igno<-
rer, le 2^^ que les ayant-postes ennemis étaient
sur les deux riyes de TOise, devant -Çrecy et de .
vant Saint-Quentin. Ces ayant-postes étaient
prussi^is ; la ccmséquence naturelle à en déduire
était donc, que Tarmée anglo-bataye auiyait la
route de Cambrai, par Péronne et Roye.- Il en
résultait donc encore , que la position de Laon
n'était pas tenable. Ou die serait attaquée' de
front par l'armée prussienne, et tournée par l'ar-
mée anglo-bataye; ou elle serait débordée par
toutes les deux : dans l'un et dans l'autre cas, la
capitale était découyerte. L'armée française fut
ramenée de Laon à Soissons le 26, parce qu'on
apprit que Saint-^Quentin était occupé et La Fère
inyestie. On se demande pourquoi, le même jour
et de bonne heure , un corps assez fort n'occupa
pas Qompi^ne ; pourquoi des détachemens ne fu-
rent paa enyoyés à Yerberie , Pont^Saint-Maxence
et Creil , pour détruire les ponts et garder ces pas-
sages?
On* se demande comment le gouyemement
provisoire, déjà installé le 23 au matin, et <{m
avait à sa dispcaitlon près de dix mille hommes
de troupes , et quinze mille fédérés , qu'il pou-
vait armer, n'a pas envoyé un corps de troupes
vers Senlis , et fait occuper Beaumont et Pon-
igs uvftE m.
toise? Ces dispositions, que le bon sens aurait die*
tées au dernier officier de l'armée , que Fintelli-
gence naturelle du soldat français lui faisait ré-
clamer hautement et à grands cris, ne furent point
prises. On ne dut même le mouvement tardif sur
Gompiègne, qu'aux observations du général d'Er-
lon, le dernier des généraux qui fût arrivé au
point de retraite (*). Ce mouvement, qui aurait
arrêté la marche de l'ennemi, vingt-<{uatre heures
plus tôt , servit au moins à décider le maréchal
Grouchy à quitter Soissons, pour ne pas être
coiipé de Paris. Il fit très-bien de ne pas attendre
les ordres du gouvernement provisoire , car ils ne
furent donnés qu'à une époque où l'armée du
nord devait être perdue , si elle était restée sur
l'Aisne. La retraite du maréchal Grouchy fut ra-
pide , et elle devait l'être , puisque les colonnes
ennemies débouchaient sur son flanc , et qu'un
peu moins d'impatience les aurait fait arriver sur
ses derrières.
Pourrait- on vouloir soutenir, après ce court
exposé des faits , que la retraite de l'armée sous
Paris , sans avoir même essayé d'arrêter l'enne-
mi, ait été l'effet inévitable de la bataille de
Waterloo? N'est-il pas évident qu'on pouvait re-
tarder l'arrivée des ennemis de quelques jours?
Si le maréchal Grouchy se fût hâté un peu da-
C) Après avoir fait tons ses efforts pour rallier quelques troupes à
Beaomont et li Aresnes, le g<fnéral d'Erlon arrira à SoisMms, lorsque
toute Vumée était réunie et qu^on le croyait prisonnier.
CHAPITRE I. 193
rantage de gagner Laon ou Soissons ; si Compiè-
gnc eût été occupé le â5 ou môme le 26 au ma-
tin , et les ponts de Saint-Maxence et de Creil rom-
pus , il est certain que Tannée prussienne aurait
été obligée d'attendre les équipages de ponts an-
glais , qui étaient encore en arrière de Péronne ,
et de manœuvrer pour forcer le passage : c'étaient
au moins trois jours de gagnés. Avec soixante
mille hommes on pouvait se défendre ; et si les
troupes de ligne réunies à Paris s'étaient avan-
cées jusqu'à Senlis et Beaumont, on aurait en-
core pu arrêter pendant quelques jours les ar-
mées réunies^ En vain voudrait-on objecter qu<;
le moral des troupes était ébranlé ; une sembla-
ble allégation retombe toujours sur la tête du
chef. La vieille armée qui , après avoir défendu
rindépendance de la France , en avait soutenu sî
long-temps la gloire et la grandeur, n'était pas
sourde à la voix de la patrie. Mais sa confiance
dans la plupart de ses chefs, était plus que chan-
celante ; et après les fautes qui avaient été com-
mises, il ne faut pas demander qui en était la
clause. On s'est beaucoup récrié sur les accusa-
tions de trahison qui, dès-lors, se sont élevées
de toutes parts, et qui se fondaient sur les ré-
sultats qu'on voyait arriver chaque jour. L'accu-
sation était peut-être un peu trop sévère et sur-
tout trop générale ; cependant les fautes qui ont
été commises du 25 juin au 3 juillet , ne {^eu-
vent admettre que trois causes : la trahison , la
IV. i3
1^4 IIYRS III.
pusillanimité ou l'iDeptie. Laquelle peut-oa im-
puter aux directeurs de la défiense nationale à
cette époque? Simple narrateur des fait», nou»
ne prononcerons pas.
Pendant que les événemens dont nous ve-
nons de rendre compte , se passaient à l'amiée »
les conséquences de la révolution politique du
212, se développaient à Paris. Le gouvernement
provisoire s'ét^t établi , basé plutôt sur des es-
pérances vagues que sur la confiance de la na-
tion, et sur la conscience intime des citoyens,
que des mains fermes sauveraient Tindépendance
nationale. Le moment était arrivé , où tous les
efforts réunis ^e la masse des citoyens étaient né-
cessaires, pour soutenir une lutte qu'il n'était ce-
pendant pas impossible de hasarder. Il n'y avait
pas de choix entre une convention et une dicta-
ture : on s'était décidé pour cette dernière (*);
mais il aurait fallu que les dictateurs appelassent
la confiance de la nation et des armées par leur
nom seul, ou qu'ils la fissent naître par la vi-
gueur et par la sagesse de leurs mesures. Ni l'un
ni l'autre n'arriva. La France , étonnée , en lisant
les noms de ses nouveaux gouvernans , n'en vit
qu'un qui lui rappelât ses jours d'énergie, de
dangers et degloire; et ce nom, refoulé au second
rang, avait laissé le fauteuil de la présidence s'en-
velopper de présages sinistres. Aucun acte de
(*) ti^ KoaTemement prorisotre, saw fwpàruabilUé f ëtmtune dio
Utare réelle.
CHAPITRC I. ig5
cette dictature , créée avec autant de prédpitatioa
que d'impréToyancc , ne justifia le choix des re-
prés^itans de la nation. La police de Pouché,
chargée d^ destinées de la France, envdôppa
toutes les branches de Fadministration d^ns ses
filets insidieux; Téuergie nationale fut dirigée
contre des fantômes ; et le patriotisme , trahi dans
ses efforts, se vit livré sans défense aux plus
cruels et aux moins généreux de nos enûemis*
Dès le a3 , une conspiration factice avait signalé
les premiers pas du gouvernement provisoire, ou
plutôt de son président. Ce premier acte devait
dé)à donner la mesure de ce qu'on pouvait en at-
tendre Quand uh gouvernement a recours au
moyen aussi inique que honteux d'inventer des
conspirations, c'est qu'il conspire lui-même et
«fu'il cherche à distraire l'opinion publique de
«es usurpations. Malheur à l'état où l'homme qui
a acquis une effrayante célébrité dans Cette car-
rière de sang et d'opprobre , parvient à se saisir
des rênes du gouvernement, au nom de la sû-
reté de son souverain. Cependant cette conspira-
tion fu^ le prélude de l'agitation et de la mé^
fiance , dans laquelle la police s'appliqua à tenir
les citoyens. Ces germes^ de division furent soi-
gneusement cultivés , et les différens genres de
déceptioii ^ qui furent employés , selon les affbc-
ttons ou les opinions de ceux contre qtd elle
^taît dirigée, rallumèrent les anciens partis et
en créèrent de nouveaux. Nous étions dans un
ig6 LimE lU.
état qui ne différait de rénarchic que par le
manque d'aetion, et nous y serions tombés, si la
main qui guidait nos destinées n'eût pas mis le
plus grand soin â contre-balancer les espérances
et les craintes. Gela se pouvait, car cette même
main était la directrice de tous les partis â la
fois.
Dans la séance du 23, quelques membres de la
chambre des représentans, s*aperçurent cepen-
dant que le gouvernement provisoire se trouvait
investi d'une dictature illimitée; de ce même
pouvoir dont la crainte seule avait amené Tab*
dication de Napoléon. Un d'entre eux proposa
de soumettra le gouvernement provisoire à une
responsabilité collective. Mais il était déjà trop
tard; le parti qui dirigeait les destinées de la
France avait acquis une trop grande intensité de
pouvoirs , pour qu'il fût possible d'y mettre des
bornes. Il était même trop tard pour un autre
motif. C'est que la responsabilité, quelque in-
dispensable qu'elle fut , n'aurait servi qu'à foiu>
nir un prétexte pour paralyser toutes les mesures
nationales, si urgentes dans une crise pareille;
nous verrons qu'elles le furent déjà assez , par la
conduite chancelante et les tei^iversations du
gouvernement. La question de la responsabilité
amena une discussion, qui y étiitt tout-*à*falt
étrangère , ce fut celle de la succession de Napo*
léon II , au trône de son père. Un effet , la res-
ponsabilité des membres du gouvernement pro*-
GHAVITBS I. ' 197
visoire. ne pouvait riçn avoir .de commun avec
cette seconde question. Sous quelque point de
vue qu'on voulût considérer le quintumvirat
qu'on avait intesti du pouvoir, rien ne devait le
soustraire à la responsahilité que devait entrainar
letat de simple agent, dans l'absence matérielle
de tout souverain reconnu. Les représentans de
là nation française , entre les mains desquels était
retombée l'autorité suprême, pouvaient bien dé-
léguer un ou plusieurs individus pour l'exercer
en leur nom ; mais ils ne pouvaioit pas et ne vou-
laient certainement pas affranchir ces délégués
temporaires du devoir qui leur était imposé à
eux-mêmes : celui de surveiller , au nom de la
nation , l'exercice du pouvoir exécutif.
Cette réflexion a-t-elle échappé à tous nos re-
présentans, ou a-t-elle été écartée par l'idée que
Icd négociations, qu'on allait entamer avec les
coalisés, ne. devaient plus éprouver d'obstacles,
et que leur résultat amènerait la solution du
problème? Tout porte à croire, et la discussion
même qui s'éleva semble le prouver, que cette
dernière opinion dominait dons la chambre.
SoiJ^s ce point de vue , si la question de la res-
ponsabilité pouvait paraître inutile, celle qui
lui succéda ne. pouvait pas moins être r^ardéc
comme iixtempestive. C'était la veille qu'elle au-
rait pu être agitée, parce que c'était en recevant.
Vabdication conditionnelle de l'empereur, que
!a couyenouçc vouifiit qu'on s expliquât s$ud ré-
igS LlVftB III.
ticence sur la condition qui y était énoncée.
Gc jour- là était précisément celui où il fallait
prendre une décision irrévocable, de quelque
nature qu'elle fût. Voulait-on brattr les menaces^
de la coalition? il ne fallait pas toucher au chef
qu'on s'était donné. Voulait -on donner une
preuve de loyauté nationale, eli£aiisant un sacri-*
fice , que la coalition présentait comme le seul
qu'elle voulût exiger? on pouvait le Sûre, en
sauvant l'honneur et l'indépendance de la nation:
mais il fallait le faire sans retour et avec énei^e ;
il fallait, en écartant et Napoléon et sa famille,
proclamer sur-le-champ le souverain que la
France reconnaitrait ; faire signifier aux coalisés
cette reconnaissance comme irrévocable ; trans-
porter le gouvernemc»it au delà de la Loire , et
fever la France en masse. Ce parti eût été sans
doute le plus convenable, parce qu'A nous évi-
tait les humiliations que nous avons éprouvées
depuis , et qui nous ont fait descendre de £ait au
rang des puissances du second ordre.
On avait mieux aimé résoudre la question par
le silence. Ayant adopté le parti de n^ocier, en
écartant l'homme à qui la coalition avait dé-
daré qu'elle en voulait seul , on lui avait mémo
déjà donné une solution négative. Il valait mieux
s'en tenir là. En rouvrant une discussion inu-
tile, on n'amenait d'autre résultat que celui de
donner une preuve de faiblesse , en révélant au
public les considérations politiques qui avaient
CHAPITRE I. 19g
mattrisé la délibération de la veMe. La discussion
fl'aUuma cependant. Plusieurs orateurs parlèrent
en faveur de Thérédité constitutionnelle; d'antres
s'életrèrenl contre, par des considérations aux*
quelles la déftrmination prise de négocier avec
Fennemi ne permettait guère de répondre ; d'au-*
tires eiifin proposèrent d'écarter la question par
l'ordre du jour , moyen qui peut servir A défaut
de réponse , pour tirer une assemblée délibérante
d'embarras. Enfin, un dernier orateur, après
avoir conféré avec F. , parvint à terminer la dis-
cussion par Un discours assez adroit, qui, san^^
rien conclure , concilia toutes les opinions , parce
que chacune y trouva sa part. Après avoir fait
observer, ou plutôt après avoir rappelé à la
chambre que les coalisés , qui n'avaient pas voulu
traiter avec Napoléon, ne le voudraient proba-
blement pas avec le fils , on en son nom , l'ora-
teur ajouta qu'il devait s'agir de la patrie et non
pas d'mi homme. II était malheureux, dit-il,
qu'on eût rendu publiques les considérations
politiques qui ont pu influencer l'abdication.
Cette abdication avait été acceptée , les condi-
tions devaient l'être aussi, puisqu'elle était un
acte volontaire et non Tefiet d'une révolution.
Mais l'acte important, ta mesure décisive qu'on
avait prise la veille était-elle assez sûre, assez
colkiplète pour donner les résultats qu'on en
attendait? Il était certain et indubitable que le
gouvernement devait agir, au nom dé la nation ,
1200 UVB£ Ul.
et que c'était au nom de la nation qu'il fallait
combattre pour le maintien de l'Uidépendaiice
et de la liberté. Mais n'y avait41 en France qu'uA
parti? Après avoir tracé un tableau rapide de»
différens partis existans en France , ou que les
circonstances du moment avaient fait naître , et
démontré la nécessité de se rallier autour d'une
opinion fixe et déterminée, l'orateur conclut
que la question incidente qui venait de s'élever
avait rendu nécessaire la proclamation de Napo-
léon II. Il proposa donc , et la chambre adopta ,
sur cette base , un ordre du jour motivé, qui
réunit l'unanimité des suffrages (*). L'orateur
conviendra lui-même, que son discours, était
plus spécieux encore qu'il n'était éloquent. Mais
il n'était pas possible de se tirer autrement d'une
question vicieuse ; je dis vicieuse , parce qu'elle
sortait la chambre de la position où elle s'était
placée la veille. Vingt-quatre heures plus tôt on
avait reconnu et accepté la condition imposée par
lennemi ; il ne convenait plus , même pour la di-
gnité nationale, de vouloir la refuser à moitié.
Au reste, le gouvernement provisoire, après
avoir fait une espèce de mention de cette résolu-
tion, dans une proclamation au peuple français,
la laissa dormir dans le procès-verbal où elle était
consignée. Un arrêté du 26 , porte que tous les
actes publics émanés des différentes autorités et
C) l'ayez Piècci jaâiificatiws, IN'» XXVI.
CUAJPlTRfi I. JIOI
même cewL d^ notaires, seront intitulés : au
nom du peuple français.
Dans, la chambre des pairs , la même disons^
sion s'était ouverte, dès le 22 au soir; elle avait
été fermée sur la proposition du comte Decrès^
qui avait appelé la chambre à s'occuper de la no*
mination de la commission du gouvernement. Le
lendemain elle se rouvrit a la réception du me^
sage des représentans , et elle aboutit à une de*
claration semblable.
Cependant le gouvernement provisoire s'était
constitué le 23, et le duc d^Otrante en avait été
nommé président par ses collègues. Le porte-
feuiHe d^ affaires étrangères fut confié au baron
Signon , celui de la guerre au baron Marchant ^ et
celui de la police au comte Pelet, de la Lozère. Le
maréchal Davoust fut chargé d^ la défense de Pa«
ris ; le général Ândréossy du commandement de la
première division militaire ; le général Drouot du
commandement de la garde impériale ; le maré-
chal Masséna fut iiommé commandant en chef de
la gaf de nationale de Paris. Ses travaux du ^3
se bornèrent là.
Le 24 , il annonça son installation à la France ,
par une proclamation et un arrêté rendu ensuite
de la délibération des deux chambres., qui appe-
lait tous les Français à la défense de la patrie
{voycz.page i65) (*). Le même jour, furent nom-
7) f'oycz Pièces jnsliûcaliTc?, N" XXVII.
iOfl « UTU lU.
mes les plteipotentialreft chargés de négocier avec
les puissances coalisées; ce furent MM. de La-
fayette, Sébastian! , d'Argenson, La Forêt, de
Pontécoulant , et M. B. de Constant, en qualité
de secrétMre. Ils partirent le soir même , se diri-
geant d'abord à Laon.
Pour ne pas notis interrompre par des obserra-
tions qui peuvent facilement se réduire à une seule ,
nous allons rapporter tout d'un trait les opéra-
tions du gouvernement provisoire, relativement
à la défense nationale, jusqu'au ag juin: le récit
n'en sera pas long. Par un message du 24 9 le gou-
vernement proposa aux chambres deux projets
de loi, l'un tendant à autoriser les réquisitions
pour le service de l'armée , l'autre , pour la mise
en surveillance, ou l'arrestation provisoire des
mdividus coupablis de manœuvres séditieuses ou
de trahison. Ces deux projets furent adoptés le
lendemain. Un arrêté du 525 prescrivit à tous les
militaires absens de leur corps de rejoindre le
corps le plus prochain , ou de se rendre à Paris.
Enfin, le 28, une loi, qui déclarait la ville de
Paris en état de siège , ayant été rendue sur la
proposition du gouvernement, celui-ci prit un
arrêté pour en déterminer l'exécution {*).
Après son abdication , Napoléon était resté â
l'Elysée. Fouché, qui l'y voyait mal volontiers,
mais qui ne voulait pas lui faire l'invitation fraur-
{•) r<frez Pièces iutûfieaûm, K* XXVIiL
che de 0e retirer ailleurs, eut recours à d'autres
moyens. A chaque instant, des aTÎs, tantôt de jour,
tantôt de nuit, venaient annoncer à Napoléon des
conspirations contre sa personne. Il méprisa ces
avis» car il saymt bien que les Français- ne sont pa0
assassins; mais il sentit que son séjour dans une
maison impériale pouYait jeter des doutes sur la
lK>nBe foi de son abdication, et Je 25 , à midi, il
partit pour la Malmaison ; de là U prit congé dé
l'armée , par une adresse qui n'a été publiée que
dans un seul journal {*). Son premier projet
avait été de se retirer en Angleterre; quelques
personnes, qui cmmaissaient mieux les Anglais,
le dissuadèrent. Alors il demanda au ministre de
la marine un état des bàtimens prêts à partir pour
l'Amérique. Ce dernier l'envoya, et en recom-
manda un, qui était au Havre , et dont le capi-
taine attendait à Paris sa décision, ^iapolé^m, ne
se fiant pas à l'offre^ qui lui était faite, refusa.
Foucbé, instruit de son refus, lui fit insinuer
qu'il fallait partir; Napoléon répondit qu'il était
prèf , et demanda deux frégates. Le ministre de
la marine, qui eut ordre de les préparer â Ro-
ehefort , destina la Saale , capitaine Philibert , et
la Méduse, capitaine Poncé. L'amiral Violette de-
vait d'abord commander cette expédition; se
trouvant absent, elle fut confiée au capitaine
Poncé. Mais le gouvernement, qui avait donné
n P^^ex Pièces jostificaUTet, M* XXIX.
20ift UHU lit.
à ses pléiiipotcntiafa-es des kistructiènB au sujet
de Napoléon, voulant en attendre le résultat,
et une réponse sur le sauf-^conduit qui avait été
demandé, su^endit le départ; il prit même la*
mesure d'envoyer le général Beckers à la Mal--
maison.
Le 27, le ministre de la marine vint annoncer
â Napoléon que les ennemis s'avançaient et qu'il
fallait partir sans» sauf-conduit. Napoléon, frappé
de l'imprudence que commettaient les généraux
ennemis , envoya alors le général Beckers à Paris,
offrir au gouvernement de le mettre momenta*
nément à la tête de l'armée, pour éloigner Tennemi
de la capitale, et faciliter par-là les négocia--
tiens {*). Il était si persuadé de la justesse de ses*
vues, qu'il avait fait commander des chevaux.
Fouché se récria hautement , et décida ( malgré
Carnot) ses collègues à refuser: alors Napoléon
chargea le général Flahaut d'aller concerter son
départ avec le gouvernement. Ce général eut, aux
Tuileries, une altercation avec le maréchal Da-
voust, qui s'écria: « S'il ne part pas  l'instant, je le
« ferai arrêter , je l'arrêterai moi-^minie. » Cette al-
tercation finit par une menace de punition , à la-
quelle le général Flahaut répondit en donnant sa
démission. Cet incident irrita Napoléon , qui vou-
lut se présenter à l'armée. On l'en détourna, et
sou départ fut fixé à la nuit du 37 au 588. Maw le
C) ï'oycz Piicrs jiwlificatîvcs, N" XXX.
CHAPITRE I. &o5
IfiiuTcrnemenf , qui v^ialt de recevoir ime dvpè-
che de ses plénipotentiaires, qui annonçait que
le départ de Napoléon, avant l'issue des négocia-
tions ) serait regardé comme un acte de manvaise
foi, le retint encore. Cependant on avait reçu
Tavis que Blûcher cherchait â enleva. Nàpoléc»^
et qu'il avait dit : « Si je puis attrapar Bonaparte ,
A je le ferai pendis à la tête de mes colonnes. »
Cette lâcheté était dans le caractère de l'Arioviste
prussien. Le gouvernement se trouva dans la per-
plexité. Napoléon pouvait se mettre à la t6te de
Tarmée. L'armée pouvait all^ le chercher, ou il
pouvait tomhet entra les mains d'un ennemi sans
iiA. Ce dernier d^Bg^r était cependant le moins â
craindre , les. troupes l«s plus voisines d&'kt Mal-
maison veillaient à la sftreté de Napoléon. -
Enfin le gouvern^U^it fut tiré!d'emhaiirab, pat
le refus que fit Wellington d'un» saa£^eaadmt. lio
â9i à trois heures et demie du maitiii ^ te iknnistre
de la marine vint en prévenir Napoléon^ qui par-
tit dans la journée pour Rochefort. Durant ce
voyage, qui se fit leiïtement , Napoléon rejeta tou-
tes- les offres qui lui furent feites. En art4vant à
Aochefort , te SjuilUtj il se trouva que les Ânglab,
préventu j A^^^ïd en le tempa diatnener «une es-
içadre devant la fadet^ . L'amiral anglais ayaii^. re^
futé les garai;ijlies. ({u'^oÉi lût avait sderaandéed, et
l'impossibilité d'échapper au/blttùUs:^tantiKecon<-
nue , Napoléon s'était décidé • à' ,. s^'ëinbarquer à
bord d'un américain, qui était à l'enilMmchure
ao6 LivUE m.
de la Gironde, et qui avait {MTomis de le sous-
traire à ses ennemis. Mais d'autres consens pré-
valurent, et, le i5, il se rendit aux Anglais. Le
général Beckers voulait l'accompagner â bord de
lamiraL « Retirez- vous , général , hii dit Napo*
« léon, je ne veui pas qu'on puisse ct<Àte qu'un
« Francis est venu me livrer â mes ennemis. »
En examinant les mesures prises par le go«ver-^
nement provisoire, on se convaincra facflement
qu'elles étaient loin de ceirreipondre â VchfA
qu'on paraissait avoir en vue, et qu'elles ne vee^
plissaient pas les intentions exprimées dans les
résolutions des chambres, du aa juin. Il sembte
que le gouvernement , décidé à négocier avec les
chefs des deux années les plus voisines de Pteb>
ne jugea pas â propos de déployer une force,
dont le bot serait de forcer-Blncber et Wdlington
d'attendue l'-àrrivée de tous les souverains.
En effet, faï^sblution précitée portait, que ki
guerre était nationaie, et 4ine tom leê Françah
étaient appelés à la défense de la patrie. La consé-
quence de cette déclaration devait être dis pMn<b«
les mesures lés plus promptes , afin de réunir des
forces assez considérables pour appuyer les né-
gociations qu'on* voulait entreprendre. Il atfr^
donc ùlHu ordonner ta mobifisatlon immédiate de
toute la garde nationale des déparletnens, la for-
mation, en. bataillons de ceUe qui était armée de
fusils de caUbre^, et la levée en masse du reste. II
aurait fafin ordonner la réunion à Marches fi»^
céea de ces bataUlons derrière la Loiro, et y tra&s^
pcNTler sans délai le siège du gouyeroement. Par-
là an réunissait une force imposante , et , pendant
que Tannée du nord défendrait les approches de
Paris et le passage de la Seine,. on gagnait le
temps d'attendre Tarrivée des souverains coalisés;
alors on pouvait traiter avec tous. Ce qu'il fallay;
surtout éviter, était de conclure une convêDlJkm
quelconque avec deux généraux, dont les stipU'*
lations ne présentaient aucune espèce de garasytîe^
puisqu'ils pouvaient être désavoués.
Au- lieu de prendre ces mesures, que récla*<
maient les intérêts dé la France , que fit le gouver*
nement provisoire? Il décréta une conscription^
ou plutpt la levée du restant des conscrits appelés •
le 9 octobre i8i3, et qui nes'étaiont pas mariés
depuis. En admettant que la moitié de ces cons«
crits n'a^t pas marché ei^ 18149 il en serait xe^é
quatre-vingt mille , dontmoîlié sans doute étaient
ou mariés, ou compris dans la garde nationale
mobile des départemens qui étaient ou allaleot.
être envahis. Qu'on y ajoute encore qu'ilfalkqit près
de deux mois , pour que l'appel et la révision de
cette conscription fussent faits et que les conscrits .
eussent reîointl'armée; qu'il fallait encore le temps
de les équiper et de les instruire. Il résultera alors
de tous ces faits incontestables , que le décret du
gouvernement préparait dam l'espace de deux
mois, à la France, une levée de quarante mille
hommes au plus: et ce sont d^ teUês mesures
/
â08 LIVRE IIÏ.
qu'on prenait , lorsque deux cents bataillons de
garde nationale auraient pu être réunis à Orléans
dans peu de jours! Il serait inutile de chercher
à couvrir les erreurs du gouvernement provî*
soire, en les justifiant par des considérations
politiques, quelques respectables qu'elles puis-
sent être en elles-mêmes. Le souverain qu'on
voulait rendre à la nation, aurait dû être ap-
pelé dans les rangs des Français armés pour dé-
fendre leur indépendance; derrière lui , une fôrét
de baïonnettes devait élever une bairière impé^
nétrable aux prétentions de Tennemi. Hors de
là il ne pouvait y avoir que des malheurs à at-
tendre et aucune garantie pour les éviter.
• L'arrêté du 28 , pris en conséquence de la loi
qui mettait Paris en état de siège , ne présenta
également que des mesures insuffisantes pour la
défense de la capitale. L'article i** annonce
que lès approches seules de Paris seront défen-
dues. Certes, l'intention de ne pas défendre la
capitale de maison en maison , comme les Es-'
pagnols avaient fait à Saragosse, est tout-à-fait
raisonnable; le sacrifice d'une ville comme Paris
entraînait des conséquences trop calamiteuses
pour qu'on pût en faire la proposition : mais
pour en défendre les approches était-il néces-
saire de n'y employer que les troupes de ligne ,
lorsque tant de gardes nationaux demandaient de
marcher à l'ennemi? L'article a dît, il est vrai,
que les légions on bataUlans de l.i garde nationale*
cHàPiTRB I. aoa
p^mrrcoit être emidoyés, sur leur demande , avec.
les troupes de ligne. Mais les chefs des batai&ons
ou m&ne des Jégioiis y auraient-ils youIu prendre
sur. leur responsabilité une demande isolée? se
seraient-'ils même .crus autorisés à la faire , avant
d'aToir Tassentiment , un par un ^ de leurs subor-
donnés? L'artijQle 3 porte. ([ue les tirailleurs de
la garde nationale , ou plutôt les fédérés , seront
employés d^ns les postes les plus rapprochés de
la capitale* Ne valait-il pas mieux les envoyer à
l'armée^ plutôt que de priver ainsi cette méïne
armée d'un renfort de quinze mille hommes , qui
demandaient tous les joui» la perntission de la^
rejoindre ? Au reste cette question est devenue;
oiseuse par le fait , puisque les fédérés n'ont pas
été ariQés. L'article 5 est indéfinissable. Gom-
menlil c'était le 28 qu'on se ressouvenait que
l'armée du nord était à Soissons , où elle risquait
d'être coupée de Paris , par \dt marche des armées
ennemies! L'article 7 et l'article 8 étaient déjà
devenus surabcfudans , , puisqu'on n'avait, pas
donné aux armées du Rhin et du Jura l'ordre de
se rendre à Paris , quand cela se pouvait , c'est-â-
direleâS: il était facile de juger que le 28 elles
étaient déjà coupées de la capitale et ne pou-
vaient plus y venir. Il en était de même de celle
de la Vendée:; pn demandera seulement à quoi
elle servait de réserve. Ce court exposé renferme
toutes les mesures de défense qu'a prises le gou-
vernement provisoire , et les questions qui peu-
IV. i4
210 UVRE ni*
vent ndftre de f aiamett de m «elev. Le fecteor
les résoudra oomme il le jugen co&Teoable*
Nous avonS' ?u que, dès le ^4^ le» plénipo*
teiitiaires chargés de négocier au nom du peuple
français , étaient partis de Paris. Les instroctions
dont Os étaient porteurs étaient entièrement ba-
sées sur les déclarations des coatisés, et repo*
saient sur Tindépendance nationale et l'intégf iiâité
du territoire (^). Le â5, ib arriTèrent à Laon,
d'où ils firent prévenir Blûclier et Wellington
dé leur arrivée et de leur mission. Le dO, ils
eurent une entrevue avec deux officiers de TéCat-
major de Blûcher. Ce dernier, p^dw conclure ttil
amûêtioe, demandait non^-^ulement toutes les
places de la Flandre, toàiê celles de la frontièrs
oi'ientale, y compris Metz et ThionviBe. Il eut
même Timpudeur de faire dire , qu*dles seraient
plu^ sûrement gardées dans ses mains que dons
celles des généraux français. Blûcher et ses 4bux
acolytes prétendaient toujours que les coaliséa ne
voulaient pas te mêler du geUvemement dek
France; mais qu'ils voulaient être maîtres de 1*
personne de Napoléon. La demande de la ré*
mise des places fortes fut écartée^ comme outi^
passant les pouvoirs des plâtiipptentiaires ; ce-
pendant Blûcher et Wellington- se . montrèreant
disposés à recevoir des commiflSak*eil spéciaux,
chargés de négocier un armistice. Les plénipo-
»
(♦} f^^ù^et Recel jutilfiaiiitrt, N- XXXl.
CHAPITRE I. S 1 1
leùtlaÔNB reBdirent compte de cette co»£érenoe
au gouVeiTnement ^ et ajoutèrent dans leur rap-^
port , que ïéwaakm de Napoléou , ayant l'issue
des négociatidiis , serait regardée comme un^
mauTaise foi de notre part, et pourrait c<Rm-«
promettre essaitielfement le salut de la France.
Le ^7, ayant reçu leurs passe-ports^ ik partirent
de Làon, se dirigeaot à Maimheim par Metie.
Wellixigton répondit le fendemain à M. Bignon,
pour refuser te sauf-coaduit de Napoléon {*y.
Arrivas â lùiyserslautem, le maréchal Barkky
de Tôlly prévint les plénipotentiaires que les
souverains avaient dépassé Mannheim. Âiion ib
changèrent de route , et ^ le 5o juin , ib arviTèrent
à Haguenau. Les souverains coalnés refusàrent
de les rooevoir) et nonuuèrent dés commissaires
pour Iraiter avec eux* Ce furent le comte yVaB«
moden^ pour TAutriche, le comte Gapo distria,
pour là Russie, et le général Knesebedi , pour la
Pnmse;» le général lord . Stewart , quoique sans
mission spéciale f prit paît à la conférence , et y
|oua ménie le rdle principal, comme représen*-
lont l'Angleterre, chef de la coalition par ses sub*
sides* La négociation , si on peut doim^ pe nom
à une conversation assez impérieuse, où lord
Stewart permit â peine aux autn^s commissaires
ooaUsés de placer quelques observatiom , fut
courte* Nos plénipotentiaires exposèrent la situai
\
212 UTU III.
tioii nouvelle où se trouvait la France, par Tab*
dication de Napoléon, et demandèrent la cessa-
tion des. hostilités, le but de la guerre étant rem-
pU. Cette interpellation, faite à la loyauté des
coalisés, ne fut et ne devait être qu'une tentative
inutile; lord Stewart y répondit par. des subter-
fuges. Il demanda d'abord de quel droit rassem-
blée législative avait déposé son souverain. Cette
demande seule, après le traité du â5 mars, et la
déclaration qui l'avait expliqué , caractérisait la
politique de la coalition , et présageait les actes
qui devaient suivre. Les coalisés n'avaient-ils pas
demuxdé cette abdication, qui, disaient-ils, était
le but unique de leurs hostilités? Nous n'ajoute-
rons aucune réflexion à ce peu de .mots : il était,
dèp ce moment, indubitable que toutes les dé--
darations les plus solennelles et les droits les plus
sacrés des nations allaient être foulés aux pieds.
A cette question si révoltante, lord Stewart ajouta
peu après une grossièreté, en traitant J'armée
française d*une bande de trattres. Comment a-t-il
pu proférer ^ces expressions sans rougir ? Com-
ment n'a-t-il pas été pénétré, de la vérité acca-
blante, que le ministère anglais a petdu le jdroit
de reprocher, à quelque individu que ce soU: au
monde , la trahison ou la perfidie. Cette n/^o-
dation pénible et si peu honorable pour les com-
missaires de la coalition, termina le i*' juillet, à
neuf heures du matin, par la remise officielle
d'une note, qui devait contenir la réponse des
CHAPITRE I. et 5
coaUdés , et qui ne contenait <{ue de nouTeatf x
gubterfuges ( * ) ; On y alléguait que ^ lé» • pui^--
sancès coaliséeB'ne pouvaient pas traiter fi^paré*
ment; comme si la présence de lord Stewairtn^ëùt
pas complété la réunion du' quartumvirat -euro-
péeiié La cokclusion en était une demande peu
digne de la loyauté des puissances coalisées, et ré-
yoltante pour le caractère généireux de la natk>A
française; la seule en Europe qui, même jus-
qu'à ce jour, ne se soit pas souillée parTex-
tradition des malheureux proscrits ou persécu*^
tés , qui ayaient ^uché son t^ritoire ; la seule
dont les toits hospitaliers n'aient jamais été trans-
formés en cachots , pour servir des passions étran-
gères ; la seule enfin , où un ennemi même , s'il
est Bû^dMrtané , troUTe non-seulement des secours ,
mais les égards que \tB cteurs nobles savent ac-
corder au malheur.
Les plénipotentiaires français furent conduits
le même jour à Bâle, d'où ils se dirigèrent sur
Paris. Us y arrivèrent dans la nuit du 4 au 5 , et
le gouyernement provisoire crut devoir cacher la
réponse qu'ils avaient' reçue. Un bulletin, publié
dans le Moniteur ^ Àmonce simplement que les
conférences de Haguenau ont été ajournées , jus-
qu'à ce que le ministre d'Angleterre ait reçu ses
pouvoirs, et que les souverains coalisés avaient
Yiniention la plu» prononcée de ne pas s'écarter
<
n Voyez Pi^i'jwiiÛcaihcs^ N<> XXXIU.
3l4 tIVBC UI.
i|e« imurances que domwent leurs déclarations.
On Toit qu'il n'était pas possible de pubUer un
bulletin plus directement conlraire à la vâjté.
Pendant que nos plénipotentiaires voyageaient
mwii, ; allant chercher iin dénoAment, qu'un
peu de réflexion et une }U8ie appréciation de I9
situation réelle des choses, auraient pu (kire det
^iaerâPariB, saos les wvoyer à eêink lieues rpe»»
daiit ce temps, dis^e , des négociations intérieures
se préparaient dans la capitale. Peu après Tabdi*
cation de Napoléon , des ouvertures , de la part du
rôi Louis XY III , avaient été faites au maréchal
Davoust , par le maréchal Oudinot ; det proposi*
tions lui furent demandées. Le chef et quelques
memlM»s du gouvernement proviscHre ayant été
prévenus de cette négociation , il en résulta un
projet de convention en quinie articles ^ conque
nant les conditions auxquelles le gouvememeot
royal devait être de nouveau reconnu. La réponse
qui fut transmise par le maréchal Qudinot , quoi-
que très-réservée et renfermant quelques aoihi*
guités , contenait cependant la garaniie deiasA^
reté des per$onne$ et de$ propriéié$, et centre Kmie
espèce de recberehee; cette double garantie était ai*
surée $ans reetrktion: Apooès ces premi^^ pas , la
o^ociation passa à M. de YitroUes , qui eut dns
conférences fréquentes avec le maréchal Davoual.
Fouché , le troisième m»abre de ce triumvirat ;
retint pour lui la direction suprême de la né-
gociation , qu'il voulait encore prolonger , parce
qu'U Af^ trauvrà: paa le movifint opiH^riua pour
praMlre luinaiém^ riuitiative. HabUe dand l'art
de ae rendre néoeasaire, c'était ^m doimaiit un
. owactèse j^mi-^ofàciel à se9 démarches 9 en jni-
JiÎ9^t:â^mQitié beWQOup de pM^rsounefi dans a^
4âçrfl»5 et en ^wmt h reapopaafaUîlé ,4^ évén
jDKitti^iia on im gemd nonsibre de portv»»^ , qu'il
ii||ecç)ml:j^âlai^li)abase 4}ui devait le wD^enîr ,
fti^u'ik m«to«()$|uq tous }e» resaorta ^u'H faisait
4ipi? viiia^t de. pouTeau ^orrespondrc au centime
Â'aËtiob.
iCependaoi, après le» premières féponses faites
pi^ W^BIngtofi fA Bludbter aux plémpotenfûâras
âpaofms^^^ /Foudié )Ugea iiéceasatre de haisasdiçr
pm pramère démarche oataaasîble, qui prép^
iftt;jQplJki qu'il voulait J&ixe plut tard. Dana la
jtuit }dii ^6 au 27 )uîn, le maréchal DaToitat
é&dfit am peéafidbspl; du gouvernement, pe«ir
faii tranainetbre le rappmi: dea arniéès. En mêaioe
i^kifà il lui maftda ^'il n'y avait paa un mo-
cuent 4 pwdpe pour envoyier an roi Lo\m XY lU
^S:lui faire lea piropaai^iofifl auivanlea : t"" d'enti?er
À. Saris, $ans garde étran^^ère; ^ de prendre la
ttoenpde nationale «t de oonaerver le dri^eau itri-
ôdùne; If^ de^jarantir laiièreté de toutea lea peiv
BMpas-^^ de toutea. ka propriétés , quela qu'aient
ÉÈé h» ftmotittaa , voÉea et oiûniona {uaqu'Â ne
jour; ^ de mmntii|nir les deux chandirea exi»-
tantes ; S*" d'aasurer aux fonctionnainea pufalica^la
'«oMefnnBtion'delenm plaÂea, «t a Tamiée lançon-
2i6 LIVRE m.
servation de ses grade» , péfisicms , honncMirs et
prérogatives ; 6^ de mamieiik* la l^[ion d'honneur
et ses institations , comme premier ordre de l'état
Fouché , toujours attentif à chercher le^ oc-
casions de se r^idre nécessaire à tou» les par-
tis , n'avait amené cette démarche que pour dé-
montrer à ceux de ses c<dlègiies qui n'entraleiit
pas dans ses vues, que les che9b de l'année ih^
sistaient eux-mêmes sur un apcommodompnt ;
il devait en résulter, selon lui, que legoviveme-
ment provisoire, pour ne pas perdre l'initiative,
consentirait é entrer en n^ociations , et qu'elles
passeraient par ses nmins. Il ne voulait pas que
ces négociations lui échappaiisent, parce qu'elles
devaient lui fournir Toccastonde persuade»,
d'un côté à ses collègues, quelcseaUMioyen^de
salut était celui qu'il proposait, et de démbntrer,
de l'autre côté au souverain^ que lut seul aVait su
diriger l'opinion publique et amener l'année et
les citoyens à la soumission. Il devait ' résulter
de cette complication., que sa permanence à la
tête des affaires était néoessaûre au bien public,
et la seule garantie du maintien de l'cNrdre. Dans
la séance du 27 , il présenta la lettre de Dawowt
à ses collègues. Geux-oi décidèrent qu'il ftUhùt
s'en tenir à^ la question militaire , et le Dlémefour
la commbsion du gouvernement proposa amx
chand>res le projet de loi qui mettait Paris ^ei
état de. siège. ' /. •
Ijp 2S au matin , cinq nouveaux ptémpolBn*-
tiatres ifùteîA euToyés par lei gouVeroetaient au
<{uarfleKgéiiéra)deWéUiiigton. C'étMeo^MM. Aii*
ààéoBsfy fidissy^d^An^laff /tde Valausè , flaug^ért
Igués et La fiénardièneL Leuttr.inisaîoii .était dPinsbr
ter sur la. condtntcm d'un' armistice, Jasqu'âti
retour idBà^pvsnàem pléiiipotenliaûres.*Ib étaient
en nBème tempé?pcv|eun 'd'wie lettre pasttoufière
dm duc d'Otandttfé airdttc de l^MliDglnf f ). GeMe
lettre étail< talli ^donte éeritô «mc : aditaHe ;*' oar
•mdle part Vin n'y ^troure niie ojAnldn* déddémetit
^àrrttée^ La; aeoletsarwIàDist^ué j^honoée q«*oii
y trouMt,')Ktàitt'l^ornanque de cette dignité qui
ooki^ikiiâiltMr gaaÉmmenkent d^ k f^nce, dans
4iielqiie.\poBiliokvi|tt'il aè^l^Nniirât aki». Le ton
aoumis et la 4hitlkrie;t|ui 7 doiàinateat, né ^^
^menA^Bervir/qu^'excttàr uifeNaiBlNftîett
-fitw patHt^dicler tfeâ fek. Ces demien^pléa^tti^
ftiaires réiàcQUlràrfint Fàmoée {troatfBnnè audeli
de NantaÉîl. 'ILeafidifllciiltés* qu'on leur fit épooifr
i^er, fhiitade rhumetn^rquerresaentaient BIttchev
et Gneisenau* de ce qu'oodid s'adressait .pab'ii
eux 4 et tjpu'ls exhalèrent aTjeolenr urbanité ao-
coutmUée.) tes difficultés^ 4it»-)e ^ «lUpéchèD^t
nos députés d'aitii/enâ Ponfe-ScwdrMaxeiicejaTant
le 29 aiu joDiatin. On tes conduisit à Eresnoy , tft-
lage hors de la route; où ils attendirent l'arri*
¥éé du duo de Wdlington , dont le quartifir^
général aTait été -marqué au Plessis.
* n Voyez Pièces îottificatiTO, N« XXXIV.
^i6 .(u^wmiiU'
Du» iar méiae: iolirnée ^ \e àoc^Otitia^râl
cbbix 'd'iin Anglais, aôde-^de-^^aniqp'fdii mi d&ilia^
pi^ ^ Jéaciiiin^ et qui m tmimil alc» à- Parte,
poorhii semp^ajgentk, xlaiis kscoi&imuucatîcnv
direct»; qu'il vonkiit.fle.réaanrér amc. leiducds
WiittugMm'tf^iisiaHoaft ïiqus flanUidiiiréfattide
otîîigotMoiénid, ^dbwf le9>€n|imfpM^
seutixuenkiakéfaMiiabiêrata dïÊoWOtmaÊ^ir )%iht
ji^j ta^:nSiiuitv ftf;) Jf:w fortit ;éeMVam> ^|taiv
tinkf; d5«n0>fM)rfFAi;{siftnà6^ éêiiWtè-
liqgtèlà V 'et -dWi' feneuBge :oslieilÉîlfle.,-«:diNit. l|i
êObstance' éfait , ^eto Ub - MutiÊiê a!^uM\:éàaiavi
ifuè td guerre était dirigée tmtre IBlapiflém, $mdj,
U'étfiit^cohvmaile ë'atùemlrêM^màsmkàê dêu né^
gmiatwm 0Êtamiéê$ (mec ^leà umwèrcAnà'^^f^âiet çue
Ari^fipB^fiArf/Hltf enifiefoe^Ù . (/fxekfAe^déhiMrchei éécù-
âam,»es bas, ain» qu!tttt ira:8U'.dbpttH, portait
«a 1 rMlMstanca - :uae ■ iuTi^tio» r A\ ; WeUiugton , lie
èerhâtei* de 'Tenir oocupèr' Paris', pour ^mettre fin
«mK d<)sm*dr€8qUe pi^urtaityxlisdkHi^^ fe^atta^
tibli'des'ffiédépés ^kLb» 1>oiia{iartisle8. iUL. Mv.\
4»at«na'le«.avaiilMpoét0s français' aailéilrifiiiipolte
«k  pM pores par diirpHlM^/ Ànrivlèftà ./i'iaiirauat»-
garde prussieniie , M. DI..: '&it conduit ' chea:
filAclier , dont il eut à .^mkiyer la mauvaiie hu-
(*) InteresUng facu , eic, , hy Fr, Macirone. London , Rîdvgay ,
>8»7»I*8« 37.45. , . -
fréqwn$ mes»agm du.^gûwksmemenf frmcm^ 044
duc. </# Wetimgtm-ii 00 i|%ii -^éteit muoquâr/ M
iw^tect mvXiPriMîeiiit ;iG^iad$iiftt M. M^^ ^^^«k
ito W#l]M«toiii,w.:di4è db Paiitr&»mt-Afo«9Àte 1
at lui raidît>QMiiil» éfi:tt')iittséM^ 'Àprèft^lwàr
avait n^çu de fMkchk ^ ..6«M ibtwit m df^if^H plu»
éte f|H^ db Jes anttktf.; Biemr (Ut 4«oc d'ftb«>nd.»
qu'A dléiivait .confiémr a^w JUib^r^i.^Y^wt d^
di«u« Une TépoM0,:et it ks. ^Skti^a- là j Ji^^ninr
we9 pour l^fttlàftdtet* I)aiiÀ\Ie'(>Qw«ttt de k . cwMir
w«rMtioiiv fl leinfJaUaa.etttteyôir la pcrsiibpUl^
diacrmi* à uû iirinilitîçe da* bnok. )eur»v^<Mi^^^
iH qt» Napoléon, htm/: pâtsti j (|tK::lese.Qmliafii
ni. se jqélnaèient pab du €teâ''d'i!iii;â<niwi'aJ|Bi
imir lafraskoe; mais qû'îkne ffoulatont^iii»
4b NapoIéoD^ II; q<|e ai lelsouYetaîa ^ qu'onioboit-
aindt ne làir :â»pi«naft.fMiav»îk;.exîgemieAt.^
fortes garanties; *«.. que celui qui leur cdnteDatt
)e mieiix, était lionîa XYIII , à Féigard duquel ib
n'avaiont pâa liesoia de garanties oontre las antrch-
fmaèf delà France, lie juème jour, à onae heuves
et .demie da aciir, il fit dire au): ceimnibaàires
qu'il ne pouvait pas y avoir d'armistice^ tasat
que Napoléon serait à Paris. et en Hkerté. loe len-
demain WeUîsigton.ae vit pas lea . commlssiHres.
Ce ne fut quelle 1 ^^ fiiiUet qu'ils eurent^unenim*^
Telle ooiiféretioe , idanB kqUdle ite "firent eocH
naitrc que Napoléon était paiti. Foaché , qui
n'avait point entcore^eu de launi^ noùv^es, leur
«pédia le général Ti:oiùeUa:''Ois général , à son
tetoui', dit avofr brûlé êes d^pêdiesv Wellington,
obligé de réi>ondre a la cèmnwniMtiaii qui lui
était fdle/téiMlgtiâreneara vëfdBircoiiftrer»ir«o
Blûeher. Il annonça avoir reçs de Maariheini «n
ordre des iouveirains , qui «njôigtiail dé oontinuer
les opéraéioM îiaÉitaires ^ ci dédarait* *que tout
armistice, 'Conclu par léè génévauiL^ serait regardé
icbmme non aVonu. Cependant il témoigna qtfV
serait po8fltt>le d'driiver à une ^^ùspeniMoB é'ap-
me», êi l'armée française qmliaiùPdaii. Sorterap^
port 'deg commissaires, M. Bignoh leur adressa
donouv^lles instructions, afin qu'ils insistassent
sur on armistice de cinq fours, nécessaire pour
qu'on pAt a entendre siir 4a : qteatkm politique
du gouvernement, qui devenait une transaction^
Fouché y Ajouta une lettre pour 'les deux gêné-
raux , où il è'abamdcMana & une pfaraséologie'qu'A
savait bien être inutile. Les secoiides instrtio-
tions ne servirent pas mlcfux que fes premières;
on se joua des oommissaires. Le 3 ^ ils itevinrent
à Paris , où des difficultés combinées aux barrières
ne'leuyr permirent d'entrer qu'après la capitu-
lation*
Cependant M. M... avait vu une seconde fois,
le-iig, le duc de WeUingto», après la première
des commissaires ^français. Le duc
[^■j.',\ I
1d jebargaik de porter au goutérnèttent lé meft-*
aage: OBtensiUerSUivâiit. « Dites à la GoûliXiisaion
a du gouyameineiit , que ce -qu'elle^ade ûiieux à
« faire est. <fe proclamer immédiatenient le roi. Je
«ne peux. pgsitrai ter a^ec elle à d'autres ço&di*
«lions, he roi est idl som ia main, qfa'elle lui
«euToie SA sotemlsafatti (*). » M. M... retourna à
Paris le ^ %u matin , et se présenta à. la com-
mission du gouTemement. Gamot ne parut pas
peu étonné de la mission qtd siTait été confiée à
un étranger ^ et da cette course au camp ennemi ;
la répon^: de. Fouché , qui prît la mission sw
son compte , né le satisfit pas , et il ne pUt cacher
rindignation que lui osiusait le ton arrogant de
Wellington.
Dans la nuit du ag au 3o , le maréchal Da-
▼oust écriTÎt encore une fois à Fouché ...... « il
«n'y a pas.de temps à pardre, disait-il, pour
«adopter la proposition que j'ai déjà faite. Nous
« devons proclamer Louis XYJIL Nous devons le
« prier de faire son entrée d^Ens la capitale , sans
« les troupes étrangères , qui ne doivent jamais
«mettre le pied dans Paris. Louis, XYIII doit
« régner avec Tappui de la nation. Pour les autres
« rapports de la question , \e m'en réfère à c^
« que j'ai dit aupiuravant : Tavenir inspire mes
« motif»., J*ai' vaincu mes préjugés,, mes idées;
(^ M. M... cite pour témoins lord Mareh et les coloneb Herrey,
Frecmande et AJbercTOmby.
jisâ iittm fir.
irla plus irréBfatIble néoÊmiltt ^ la pku entière
i couTktiott m'ont, détenniné à eitwe qn*ii n'y a
4 pad d'antres moyens de «auter notre patrie. >
Fotfché^ voulant essayer de faire un pas plus en
avxat , se hâta de répondre : qu'il convenait de
la nécessité de conclure un armistice ; maia qa'îl
fallait ériler , i "" de recoinnaltre home XYIII , sans
engagement de sa part$ i^ de n'en être pas
moins forcé de receyoir les troupes étrangères à
Paris; 5* de n'obtenir aiicnnè condition dt
Louis XYIIL II ajoute : ^ Je ptends^ ntr moi de
«TOUS autoriser à envoyer aux avant^poetes de
à l'ennemi, et de conelm*e un armistice, en faisant
« toiM les sacrifices qui seront eompattbles avec
« nos devoirs et notre dignité: »
Le 219, Pouché communiqua la leCire et sa
réponse, à ses collègues, ils le blâmèient d*avoir
entamé la question politique , et lui firent donner
l'ordre à Davoust de ne conclure qu'un armirtice
purement militaire. L'armée venait d'être réunie
sous Paris ; elle était danâ la meilleure situation
et dans le meilleur esprit ]>ans ce moment,
puisqu'on voulait un armistice, on pouvait en
faire la proposition avec moins de pusitlanimilé.
Il n'en fut rien. On reçut, le 3o au matin , la
nouvelle télégraphique de l'armistice conclu par
le maréchal Suchet. Le maréchal Davoust en
profita pour écrire aux deux généraux ennemis.
Un génâcal qui aurait voulu y mettre la dignité
qui convenait a sa position ,- aurait rappelé le
GHAPITRB I. 225
nombre et la valeur de ses troupes , et n'aurait
présenté l'armistice que comme le seul moyen
que l'ennemi eût d'échapper à un combat fu-
neste , contre des soldats qu'animaient l'amour de
la patrie et un noble désespoir.
Le duc de Wellington rejeta la demande, en
conservant les formes de la politesse. La réponse
de Blûcher fut celle d'un chef de Vandales , qui ,
ivre d'une prospérité inattendue , et entraîné par
une fureur arrogante , foule aux pieds tous les
égards. Nous croyons devoir mettre sous les
yeux du lecteur la lettre du maréchal Dàyoust,
et la réponse de l'Arioviste prussien (*) ; cette
dernière est un monument qu'il est intéressant
de conserver.
(♦) rayez Pièces jnsUficatiTes, «• XXXV.
CHAPITU II. 2^5
»W»WltmWM«t«t«i«»^IWl»i«WII«l>lWl
CHAPITRE II.
L'armée prosgienne passe la Seine. — Réflexions rar œ monTement. —
Coaabat de Versailles , le i*' Joillet.— -Combat de Mendoa et dlssy,
le 9. — • Second combat d^hêj^ et conrentîon de Paris , le 3. -^
Réflexions sar cette convention. — N^ociadons du doc d'Otrante.
-^ Conduite des cbambres. — « Dissolution forcée da gouyemement
et des diambret.
■A-M|»«flM
Nou» ayons vu que, le 29 )um,i'armée pru»-
Meone était venue se àéfioyer vers le soir devant
Paris; les corps de Ziethen et Bûlow en pre^
mière ligne , la droite vers Stains et la gauche
à la forêt de Bondy; le corps de Thielemann en
aeconde ligne à Dammartin. Dans la nuit , Blû-
cher voulut reconnaître , ainsi qu'il le dit dans
son ordre, la contenance de Farmée française.
Le général Sidow, du corp^ de Bûlow, reçut en
conséquence l'ordre d'attaquer Aubervilliers ,
avec huit bataillons de la 1 3* division et huit es-
c^droitf 9 et de forcer le passage du canal de
Saint-Dents. 11 réunit ses troupes près de l'Hô-
tel-Dieu , à une heure du matin , et fit attaquer
Aubervilliers par quatre bataillons , deux de front
TV. i5
et un sur chaque flanc ; les quatre autres batail-
Ipn^ et Isa cayalerie swakoL ca vès^HYXi. 1^ ba-
taillon français qui était d'avant-garde à Aubcr-
villiers se défendit ayec la plus grande valeur;
mais enfin, forcéi pa^^ le ppv^^bpi^ ^ il se retira en
bon ordre derrière le canal. Le général Sidow
s'ayança vers le canal ^ et en, ipême temps une
autre colonne, ^ d'uQ.ba.Wilk^.ejt un iréginient de
bussards, marcha rar Paatid ; mais -le condMt se
réduisit^ sur ces deux points, à une fusillade de
tirailleurs. La reconnaissance, faite alors, sur les
lignes qui couvraient la capitale , démontra â
Blùcher qu'il était i"i{tfya'Hlf> de les forcer, au-
trement que par \m siège régulier et au prix de
beaucoup de sang.
Les deux généraux. emiemitienent' ine'aDtire-
VMS. à GoiMttse , afin jde«ép3ceite»«leiiffs opâratioiM
ultiénieQreis. Us étaient toiis Ibs *4oux tfaccoad^
quoÎKfti^ par des BAotifsdiffé#èiis^ svr.bi Ji^eaàké
de se rendre maiires àe f aeriS', ataiit Bavrivéé
des autres années coaliirées. L^nn^vom^A àmigat
UBtt révolution pofidque; Taatpe voolaîl) levcr^
des cpntoibutioiis ^ avaii^ d'en ÔIpo empàéhè fB»
Its^atttves pimsances. ha diJOSculM* As raoooiiiplis>^
sèment de lëups projets étmt daixS'KexiéctttiiHii Bs^
levaient pas plus do aent miMe horame^ ffiféseam*
dans, leui^s deux mrmées; la nâtre e^ coBsptail:.
p«ès de cent miH^^ et étsiti appuyée à une csu-.
pi^e^pMÎ pouvaijt aisément fournir plus de tuent»*
miiid hommes d^éBte, wfkutiêé\à Kf%ï. 11 ne ffa]«
latl dottc pc(» penser à une aftMque de vtre feree,
quoique rilMÎstauce qu'avaient mise le gouTeitie-
méat françak et le générai en chef ^ à obtenkr un
iffmistice , dût encourager les généraux ennemis ,
qui devaient y voir, ou urne grande terreur ou
une excesaîte méfiance de soi^mteie (*),•
Malgré la îactance avec laquelle Blncher avait
DÉfenaeé le maréchal Davou^t, de prendre la ville
de Paris d'assaut et de la Hvrer au pillage , 3 était
bien loin d'en avoir l'envie. L'atiiseur que nou«
venoss de cÂter, et qui ûe peut pas être suspect ,
établit , par tn^ caiciil qui n'est pas exagéré ^
Vimpossibâité de cette enlveprise« Welington-
tira soo coUègite d'etnbarras ^ en lui proposant
un plan d'opérations , qui portait sur une base*
tout-4^f«it polftique. C'était cekii de faire passer
la Seine A* l'armée prussienne, pour entourer
Pasis à la rive gauehe , et couper la commun»-
«ation avec la ïnoitié des départemens , dont la
capitale pcmvàît encore tker des vivres. Un pa*
veii^ mouvement Bepoufvait être justifié, que par
là certitifdô que le général en chef français n'y
petteraitauciin obstaele, et ne chercherait pas à
«n plTofitclr. Mais en admettatait cette certitude,
dont il. ne pavait pas qoe le» généraux euierais^
aient douté , le rés«dlnt du mouvement devait
(*) MûSIÎDg dit tsaaâdétôJU qbe h»^éainax eanottûs se déçidèrènc
cVaçrès Vidée qu'ils aTaicnt de TépouTante et de l'anarchie qui rëgnaien
^ Paris, f^oyez G. de W., Campagne des années anglo-batayc et prus-
sienne, en i8i5, page 5t.
âdS uyftE III.
éti« d'amener Paris à capituler , et d*eii éloigner
l'année. Wellington r^ardait ce résultat comme
la fin de la guerre {*) ; les éclaircissemens que
nous donnerons sur la convention de Paris , et
le licenciement de l'armée, qui eut lieu plus
tard , expliquent cette manière de voir.
Les deux généraux ennemis ayant arrêté leur
plan d'opérations , il fut convenu que Blùcher di-
rigerait , dans la journée , les corps de Thidbmann
et de Ziethen à Saint-Germain, pour y passer la
Seine , et que celui de Bûlow se tiendrait en po-
sition au Bourget et devant Saint-Denis , jusqu'à
ce qu'il fût relevé par l'armée anglo-batave. En
conséquence , le colonel Hfller , du corps de Bû-
low , reçut l'ordre de s'étendre , avec six batail-
lons de sa division ( i6*) et un r^^iment de ca-
valerie, de Stains et Pîerrefitte vers Épinay , pour
compléter l'investissement de Saint-Denis et cou-
vrir le mouvement. Le corps de Thielemann , qui
était parti à cinq heures du matin de Dammartin,
arriva vers midi à Gônesse , où il reçut l'ordre
de continuer sa marche sur Argenteuil. Vers trois
heures après midi, ce mouvement de troupes
ayant été aperçu de Saint-Denis , le général qui
y ccmimandait poussa des reconnaissances vers
Stains , Épinay et Pîerrefitte. Après un combat
de tirailleurs assez vif, les reconnaissances ren-
trèreht. Â dix heures et demie du soir, le corps
(*) C. deW., page 5î, etBotho, pag« t^a.
GHAPITU II. !È2^
de Ziethen se mit également en marche , se diri-
geant sur Gônesse : ses avant-postes , soutenus par
deux rëgimens de cavalerie et un bataillon d'in-
fanterie, restèrent sur la ligne qu'il avait occupée.
Dès le matin, le ma)or Colomb , avec son régi-
ment de hussards (le 8*) et deux bataillons d'in-
fanterie , avait été détaché par le maréchal Blû-
cher, pour essayer d'enlever Napoléon, qu'on
croyait encore à Malmaison. Le major ayant trouvé
le pont de Chatou détruit , se rabattit sur celui
du Pecq qui lui fut livré. Là, le major prussien
apprit que Napoléon était parti , et il s'arrêta, se
contentant de garder le pont. Un détachement
envoyé par le général Yandamme , pour le dé-
truire, arriva trop tard. L'armée prussienne
marcha, toute la nuit , savoir : le corps de Ziethen ,
par Gonesse , Montmorency , Samois et Sartrou-
ville, sur Maisons, où il devait passer la Seine; le
corps de Thielemann, par ArgenteuU, où il laissa
sa cavalerie , et de là au Pecq. Le lieutenant-colo-
nel Sohr , avec les régimens de hussards de Bran-
debourg et de Poméranie , détaché du corps de
Pirch, depuis Namur, fut dirigé de bonne heure
vers le Pecq ; il y passa la Seine, et vint la même
nuit à Versailles.
•L'armée anglo-batave s'avança le 3o jusqu'à
Louvres , où les deux corps de Hill et de Byng
prirent position. La réserve du général Kempt,
passa l'Oise à Pont-Saint-Maxence , et s'avança
jusqu'au delà de la forêt.
s3o JLivAE m.
Le mouTeme&t de Blficfaer , mit la i4v€ gauclie
de la Seine, a été loué par tous les écrivalifts de b
coalition, comme le réaukat des conribinaisont
d'un esprit supérieur. Il a réussi, et le vulgaire
ne fuge guère audremeot que par rérénement.
Le bon sens seul suffit cependant pour en faire
voir le danger et l'imprudence. Bldcher n'avait
devimt Paris qu'environ cinquante mille hom-
mes (*) , ç'e8t-4-dire , une force inférieure à celle
de f armée française qui était autour de Paris.
Le 3o , l'armée mglo-batave était en marche de
Pont-Saint-Maxence , et ne pouvait pas dans cette
Journée , ni même le premier juillet avant midi \
joindre les Prussiens. Il devait donc admettre
dans les choses probables , que l'armée française
réunie, aurait l'intention de lui livrer une ba-
taille avant l'arrivée de son allié. Cependant il
hasarde le même jour un mouvement, qui'éten-
dait son armée jusqu'à Saint-Oermain, et dont
la continuation allait laisser son flano gauche dé-
couvert, douze heures avcmt que les premières
troupes anglaises ne pussent arriva*. A quatre
heures, le corps de Thielemann avait dépassé Âr-
genteuil , et son mouvement ne pouvait pas être
ignoré à Paris. Si donc en ce moment , ou même
une heure plus tard, soixante mille hommes
de troupes françaises eussent débouché, par Au*
berviiliers et Saint-Denis, .sur le corps de Bù-
{*) ZictUcu , 1 3y0oo^ ThielemMin, i S^ooo -, Bfulow , sOyt>oo .
caiO'nsB u. a3i
iow^ l'armée prassieime élMt coupée fiar tntx
centre, et exposée i une défisdte certaine. Slâcher
n'avait paB tfUMraiite mille hammes entre le Bour-
get et BoiKly, et le corps de TUelemann était
défd tffop ékngné pour qu'il pût revenir à tempe.
Le i*' fuiliet, au malin, le daaiger de Tarmée
prutsâeoBft était encore pl«B imminent. Si, wtm
deux beuTCs d« matin , Tnnmée firançaise eût atta-
qué Bûlow, elie n'aurait en aflGûre qu'A ce corps
aeul; celui de Zielhen était engagé en colonnes de
marche dans la TaUée de Montmor^oicy $ celui de
Thielemann appiuchait de Saint-Germain. Dans
une situation semblable, ces trois corps étaient
détruits l'un après l'autre.
La position de l'armée prussienne n'était pas
moins désavantageuse le a juillet. Vers midi, le
corps de Ziethen était engagé dans les défilés de
Ville-d'Avré et de Sèvres; celui de Thielemann
était entre YersaiUes et Velisy; celui de Bûlow
entre Saint-^Germain et Versailles. C'était le mo^
ment dont pouvait profiter le général en chef
français. Un corps de quinae mille hommes , ap-
puyé par les fédérés , suffisait pour garder les
lignes de Montmartre et de Bdleville. £n dé^
ployant une partie de la garde nationale sur la
sommité des hauteurs , et sans l'exposer aucu-
nement , on pouvait engager de fausses attaques
sur différens points du front de l'armée anglaise*
La prudence du duc de Wellington est un sûr
garnit qu'il aurait été retenu dans ses pùà*
.â3s Lnru lU.
tioDB par cette démonstaration.
croire que le général français était assuré qu*y
n'aTait rien â craindre à la riye gauche de la Seine,
et Youlait l'attaquer isolément. Alors il restait
plus de soixante-quinze mille hommes disponibles
pour agir contre les Prussiens. Les ponts de Sè-
vres et de Saint-Gloud n'étaient pas encore dé-
truits ; l'armée française pouvait donc déboucher
en trois colonnes, par Saint-Cloud, Sèvres ^
Meudon. L'armée prussienne se trouvait alors
dans la position la plus critique où une armée
puisse se trouver ; attaquée en flanc par des forces
supérieures , lorsqu'elle même était séparée , dans
un terrain coupé, et qui ne lui offrait pas un
champ de bataille où elle pût se réunir. Le duc
de Wellington avait bien, à la vérité, fait jeter
un pont à Ai^enteuil; mais en supposant même
qu'on n'eût pas réussi à le retenir à la rive droite
de la Seine, il lui fallait faire un détour de plus
de six lieues pour secourir les Prussiens : il arri-
vait donc trop tard.
Ce court exposé suffit pour démontrer que le
seul mérite des généraux ennemis, fut de n'a-
voir éprouvé aucun obstacle pendant un mou-
vement, qu'on pourrait qualifier une témérité
inouïe, s'ils n'avaient pas des garanties qu'on les
laisserait faire impunément. La faute commise
par Blûcher fut aperçue et appréciée par toute
l'armée française, et y excita les plus vives ré-
clamations. Mais , pour nous servir des exprès-
sions d'un écrhrain contemporain, « des hommes
« qui croyaient gouverner la France , avaient en-
« chaîné le courage d'une armée, outragée d'être
c vendue aux intérêts de quelques hommes , qui
c voulaient se racheter aux dépens de l'honneur
c de leur pays. » On ne prit pas d'autre mesure
que celle de retirer la garde de la rive droite de
la Seine, pour renforcer les corps du général
Yandamme. ^ force de représentations , le comte
d'Erlon obtint que trois inille fédérés (sur quinze
mille ) fussent armés et envoyés sur la butte
Chaumont, en remplacement de la garde, et
sous les ordres du général Darricau. Nous avons
vu que, le ^7, Napoléon avait proposé au gou-
vernement provisoire , de se mettre , comme gé-
néral , à la tête de l'armée française. Si son offre
avait été acceptée, il n'y a pas de doute qu'il
n'ait , le 29 , attaqué avec toutes ses forceis , les
flancs et les derrières de l'ennemi, en profitant de
son faux mouvement. Une victoire certaine sau-
vait la capitale^ et donnait le temps et les moyens
de négocier avec plus d'avantage. Mais une vic-
toire remportée sur les armées prussienne et an-
glaise , et la conservation des intérêts nationaux
n'entraient pas dans les plans qui avaient été ar-
rêtés. Il fallait, pour leur développement, que
Paris fût rendu sans défense , et que l'armée en
fût éloignée (').
O Nooft ne pouToni ptt noii§ dispenser dMnscrcr ici une note de
a34 ^^" ™^
lie 1 * î^illet , de» fc maÉin , le» dntx Tégimeiw
{iffUMieiiS qui étaieiit à Vemaittes se mirent ea
mmiTemenl: , dans la direction de Yelisy , afin de
gagner la roate d'OriéanB, Ters Antony. JLe n»-
féchal Davoust, averti de leur dessein, 0e délei^
miiia «pendant â doiiner quelques fiâmes d'eus*-
tmce. Le général Exceimaus reçut Totére d'atta-
quer la caTakrie pruBsi^ine, avec environ quinrô
cents chevaux et UH bataûHon dlnfantwîe. Le gé-
néral Ëxcdmanfi se dirigea par la route de Mont*
rouge et Ptessis-Picquet, avec les 5% i5* et ao*
de dragons , et le 6* de hussards , tandis qu'U en-
voya le général Pire, par Yille-d'Avré, prendre
poste à Roquencôurt, avec les i"" et 6* de chas-
seurs, et un bititaiUon du 44^ régiment de ligne.
Les deux régimens de hussards prussiens avaient
déjà dépassé YeKsy et arrivaient à la hauteur du
bois de Verrières^ lorsqu'ils furent rencontrés par
le général Ëxcefanans. L'ennami fut chargé de
front par les 5* et 1 5"* de dragons, et en flanc par
le 6* de hussards et le 20* de dragons ; il fut cul*
buté sur tous les points , et poussé jusqnes au
ddà de Versailles, par le 6* de hussards ^ le 5* de
dragons. Là, les Prussiens rencontrèrent le gé*
néral Pire , et tandis qu'ils recevaient en flanc , et
â bout portant , la fusillade du 44* ^ ligue , les
rantcnr de PEssai sur la puÎMance militaire et politiqoe de la Roâtie ,
relatÎTement à cette circonsuuice : « Napoléon ignorait sans doute,
«c dit-il, qnc Te mouyement des allies était réglé par des arrangemcns
« politises à Paris. » Pkgeçt.
CAIif IHB II. fl35
i** el 6* <|e cfaMtteurs les ebaongèmnt en tête. Lee
deuK régîisia[is prussieiis furaot presque détriHt»;
leur chef reste sur le;Ghajxip de bataille, griève^
ment blessé, et an leur prit environ miUe dhe*-
^rmxL. Le général Excelmaos, contiiiuant nom
^louye^lent , arrira vars s^ heures du soir à la
vue de Marly, où îl reucofutra la division prus-
sienne de Bork , qui était en têle de colonne da
carpe de Thidemann. L'ennemi se mit en ba«-
taiUe en travers de la route, et fit occuper Lan-'-
veciennes par deax bataillons. Le général Excel-
mans , qui n'avait qu'un faible bataillon d'infan*-
terie ^ n'était pas eai état de rien entreprendre
contre la division ennemie ; il évita le combat et
•e replia , par Versailles, sur l'armée. Les a* «t 4*
corps, qui devaient l'appuyer, avaient reçu contres-
ordre à l'instant de se mettre en mouvement*
Ainsi finit une opération que le maréchal Da-
voust n'avait entreprise que pour satisfaire aux
réclamations de toute l'armée , indignée qu'on la
tint dans une honteuse inaction , à la vue des
bravades de l'ennemi : ordonnée contre son gré,
^e échoua par l'ordre précis du général en chef,
et l'armée prussienne échappa au désastre, au^
quel l'avait exposée l'imprudence et l'impéritie
de son propre chef. Dans les rangs français , on
cria hautement i la trahison.
Le soir, l'armée prussienne occupait les posi-
tions suivantes : le corps de Ziethen, qui avait
passé la Seine au pont de Besons, campa entre
336 Lnru ui.
Mesnil et Saint-Germain ; le corps de Thiele-
mann en ayant de Saint-Germain , ayant la divi-
sion Bork à Roquencourt ; le corps de Bûlow,
Tdbvé dans l'après-midi par Tayant-garde an-
glaise , était en mouyement pour se rendre à Ar-
genteuil , et de là à Saint-Germain.
L'armée anglo-bataye entra dans les positions
de Tarmée prussienne. Les. corps de Hill et de
Byng, occupèrent les positions d'Aulnay et du
Bourget , ayant leurs postes ayancés à Baubîgny,
Auberyilliers et deyant Saint-Denis (*). La ré-
serve de Kempt yint à Louvres.
Les troupes françaises qui défendaient la riye
gauche de la Seine , sous les ordres du général
Yandanmie , étaient en position sur les hauteurs
de Montrouge ; la droite à la Seine , vers Issy , le
centre yers Montrouge , et la gauche appuyée à
Gentilly . Les villages de Yanvres et Issy étaient mis
en état de dtfense, et Tavant-garde occupait Chà-
tillon, Glàmart, Meudon, Sèvres et Saint-Cloud.
Enfin, le i*' juillet, Fouché ayant vu arriver
le moment du dénoûment qu'il avait préparé ,
et assuré que la capitale allait être investie sur
les deux rives, écrivit au maréchal Davoust,
{*) La moitié de rinfanterie hollandaise était rest^ en arrière , savoir :
la dinsion Stedtmann derant Valenciennes , et nne brigade de la division
Perponcher, à Pcronnc; le resunt était devant Paris : la b^gade An-
tbing, à Stains^ la division Cliasse, à Aulnay et Baabigny;Ia a* Ixi-
gadc de la dÎTision Perponcher, au Bonrget j lacaTslerie, an Bourgel,
D«gnj et Suins.
CHAFITBS II. 237
pour lui demander un rapport, qui devait se l>or-
ner à répondre aux questions suivantes : i"" Peut-
on défendre les approches de Paris, même à la
rive gauche de la Seine? â"^ Peut- on empêcher
les ennemis d'entrer à Paris? S"" Peut-on tenter
un combat sur tous les points ? 4* Peut-on ré-
pondre du sort de la capitale, et pour combien
de temps ? Le maréchal Davoust fut invité à por-
ter son rapport i la séance de la commission du
gouvernement, qui devait avoir lieu le mêine
jour à dix heures du matin. A l'heure indiquée ,
un conseil extraordinaire fut tenu aux Tuileries.
Outre le maréchal Davoust, on y appela les ma-
réchaux. Masséna , Soult et Lefëvre , et quelques
généraux choisis. Au lieu des bureaux entiers des
deux chambres, quelques membres seulement fu-
rent appelés. Un membre du gouvernement pro-
posa d'abord qu'on se renfermât absolument
dans la question militaire. Quelques membres
de la réunion demandèrent, pour se décider, de
connaître où en étaient les négociations. Fouché
répondit que Wellington montrait beaucoup d'é^
loignement poiu* un armistice ; il mit tout son
art à insinuer qu'il ne fallait pas }»*olonger la
défense de Paris, et, lorsque tout était prêt à
s'arranger, risquer une existence assurée pour
tm avenir incertain. Il fallait reconnaître les Boar^
bons, mais ib seraient forcés d'accorder toutes les
garanties qu'on demanderait. Les chambres se-
raient conservées ; ks généraux resteraient à l'ar--
j|3& UTU lU.
mé^: tout iitettUe»* La. qiiestioli ramenée acw»
le poin< de ime «aâlitrâre, la cemoniiMioB' prit nm
tfrëté cjfuî p(»!taif en svd>ftlaace : cpie le maréchnl
Dapfowt réiMMifai* le sdr ,^ à neuf heiures^ à li»
¥ilktle jx un eomèit de guerre.^ composé de» gé^
néiaux centtnandatii; lea corpe d'armée^ q&lU wmn
éraii. cl^mrs de» chef» de TactHierie «t du 9énie^
el d€9i nuêrédamte prëêtoiâ è Fvu^ que ce eoB$el>
4a guerae ee faoraecait ktvèfaùàE& wku qncstâoiui
quiiureait indiqikéeB, el ipli étaient kaqmigc f e>
noiM atoti» rapportées ^ et deilK «nivelles , rcla««
tlvea, runeÀTébat dm retraneheineBs aatoar de
Pari»,. Fautse, i Fétarfc des iminiliôra' f^).
: ]>bku épargneMUfi au lecleikr de.kMsgttea obcM^
"MitiiHifl sut Fabflurdité de ciêtie mètfiure. La touiH
BUte des questions pcksées, déddait. émlctainieiift
leur salutioo. Leur eirconscriplion avaife été tra^
cce, de manière i ce que ks réponses dussen*
nécessiter la. i^dltion. de Bâti». On avait évité
d^ prësenter k véritable petsilMte militefire deà
dvtnéeé, qui aurait araené le» q;Malk>tts suhranles.
Ldt- aormées* prussienne et anglaise sont séparée»
pa» hiSeineeK par ua détona de As. lieues; te»
a*t]ie»'Gdaliflé»'ne pëu'^nt aMiver avant le i&;
fieutton , à Faide des retranehenens de la rive
draibe ,. contenir les Anglais » afin dé pouvoir réU^
nir Ik plua gmnde partie db Fàftnée contre k»
Sniaskntf? peutHm être assuré aks» d^nne vic^
cnâfiiuriii. »99
g^ais-A ^<&^ffdew ife ^Favin ? Cei: deuoD ^pieBtÎDiiiy
ksMfufes ^% y^t èb jpoi'cr^ awaifiitjélé répoq>*
é«eA iafifanitatÎTeniéirt ^ et ne fi^wniènt pas l'éta
avfeeeÉBieitf « Moi» ne pounnons. ftaÉier «a»i» silence
tiiie. «atre* dbierfadîoil. Pourquoi avoir bâsgé â
]^Kn>nst le dmit d'écaifter d& la détibératâcm « tei
généraux, cfaa&de'Covp», qv^ voudrait, dest-i^
disev^ ■ cenx' ^lii'sflrâlèiiÉ . (J'ubr; Qfiîiion -éèÉlMiio
àila iâsnileB-) ' «N!'-'
:MJbC!:cibÉ8èil'jAe^g«eiTa se Iîdé en eiSet èneaf
lBmmxeà:.êah ibîà4 iiialRlfetft^^IaîéiB^usMDii/y
mons^. Lii<pki|Mrt doiof us;q«i amitant ' éomiaMb
à è^flumée^ étaatet' dlaeiia qu'il-lailail; attaqur Ida
Bnass^ènijpiijjb^c» ^r^it; assvnéV d^aaSûAb.;' Le^
a]ilnèfa:^:él'cânx'ikiitoitt Sqnâ aûfppestënwUI: :pU
àifktmèe^^lyimaàaàafk . qv^àtk icapitalàtl Uas^afiN
pat^èratt; sm iSmpmsïlbmté ^ .vémtsfÊ-. à une
dablrle, sÊtài^yliiulstfim^ne mAiiè des rati
tSMftcfafUMns jab0 ^l^^'-niré gâuds». Xei 6it pen«i
ëÎBrtr.eejGnsatl, .cfia'lm, messagier de la. .ciKuaibau
dmiseiiaésefataHHiy ^ilit^âpi|lorter aitiqNiÉéclKifc ïlbEi^
lioust la'Ir^pfiDAé'ii Kadrwne dfi:Vàraiée; 'Le ma-^
FÀthal Dsanvàt, -aascs «nkaraasaé- 4e la poiéscnca
dê':4ufi]k]Uibft;iûnè(iÉ»-^ eîftplB|qat:faaK'.cuiMOXiki
nœasage.jquiibMettrait, endbam: )fil'il s!a^asaih
dlnlieiadnBisev pcair la(|iidiié «a iiturit) m/^fonr.M
^^gMdrcirir. La* générai Haso déiayôu^^égafaiaeut
ku.sîntte* Enfin, le: conseil- d» gt^rvei se sépioray
dans la nâlt, $an$ uns déHbiratUm fùrm§Ue^%hMs
ATom p&m iHi KXBkvk. Après que la plupart des
généraux employés à l'armée furent partis, pour
retourner à leurs postes, il fut cependant dressé
un procès - Terbal , que si^èient individueile-
ment les généraux qui partageaient l'opinion de
Dayoust. Ce procès-verbal , quiattendaii Fouché,
ayant été euToyéau gouvernement , lacapitulatiou
fut décidée, malgré l'ôppoMlion die Camot, sedl
Le 2 juillet , l'armée prussienne continua son
mouvenMit em. avant; Le oorps/de Thielemann
s'avança? }Ufiqu a Roquientcttirt, oà. il devait s'ar-
rétor pt>ur attendre celui de Ziethem. JUors oe
deruer devait se <firiger par Ydaevesson , Sèvm»
et Meudcm, aur Issy, et celui dé Thiel^nann,>
par Yersaitles, YéHsy et Vtksm^JHc^^aet, sur
GhatiUaii. Le.corps de.BùloW.dewôt s'élabliren;
réserve à Yersailles. Bans l'â^ia^midi^'le coi^
de Ziethen^yant dépassé Yauaràsaa,rèncontBa
nos premiers avant^postes à YiUeKl'Aviré , et ks
poussa sur Sèvres. Ce bourg étaint «occupé par
nos troupes, le général Ziethen fit ses dispos»-
tioÎDâ d'attaque, vers trois heures. La division
Steinmetz, soutenue par les divisions Pirch et
Henkel, fut destinée à attaquer Sèvres, en dé-
bouchant par le parc de Saint^^loud.: La divi-
sion Jagow fut placée en observation , devant ce
dernier endroit. Le jEedhle corps français qui était
à Sèvres , se défendit avec valeur et assez long-^
temps, pour qu'on pût détruire une aiche de
CHAPITU II. 2i^l
ce pont et unie de celui de Saint-Cloud. Après un
combat de près de deux heures, nos troupes furent
forcées à la retraite sur Meudon et Moulineau.
Alors le général Ziethen , faisant occuper Sèvres
par la division Henkel , rappela la division Jagow
de Saint -Cloud, et dirigea la division Steinmetz
sur Moulineau , et celle de Pirch sur Meudon.
Ces deux villages furent emportés par l'ennemi.
Le général Yandamme fit réattaquer Moulineau ;
mais l'ennemi , ayant reçu quelques bataillons de
renfort, l'attaque échoua. Le général Ziethen,
maître des hauteurs de Meudon , vers six heures
du soir , fit ses dispositions pour attaquer Issy.
Les divisions Steinmetz et Pirch s'avancèrent sur
les hauteurs , près du moulin de Clamart ; les di-
visions Jagow et Henkel restèrent en réserve , la
première , près du château de Meudon , la se-s
conde, â Moulineau. A sept heures, les deux di-
visions prussiennes attaquèrent Issy, défendu par
la division Le combat fut long et sanglant ;
plusieurs fois les ennemis furent repoussés ; mais
enfin , vers minuit , le général Ziethen ayant fait
entrer toutes ses troupes en ligne, le village fut
emporté. Cette journée coûta près de treize cents
hommes à l'ennemi. Le général Ziethen laissa la
division Pirch à Issy ; la division Steinmetz, qui
avait le plus souffert , prit position , avec la cava-
lerie , au moulin de Clamart ; celle de Jagow se
réunit à Meudon, et ceUe de Henkel à Moulineau.
Le corps de Thielemann avait continué son mou-
IV. i6
VëiftèDt pekidatit ce témfMs. La tiiviston Botii , tjuî
ëtalt & l'avant-g^de , Arriva à lanfiit-devant Châ-
tSthn , ^ y prit ip<ysitioiL , après avoir échangé
^èt<{Ues coups de caB<yh aVèc nos troupes. Le
testant du' corps campa plils en arrière, deux dt-
viirtons en avant de Yelizy. et ttne ^ntre Sceaux et
Chsttenay'; la cavalerie avalit été détadiée â Samt-
^yr, pour couvrir le mMvéïifiéDrt de FarBCiée par
ik droite. Le corps de Bûlow S'étabMt à Versail-
les (*) , oè Bîôcher ètit soti ^artielvgéHéral.
Le duc de Wéllkigton , àyai^ fé&t jeter un, pont
& Argentëiril, fit occuper par des détàcSiemens.
•Snrêne , Gourbevoye , Ânières , Vffleneu ve*la-Gà-
Yetihe et Chàtoti.
L'aiinée 'frailçâfse, laissant ^on edle gauche Ven
^eMilly ,'ét le cenftre à Môntrouge, repfia sa damte
'e<i ârtrièt^ de Vaughrard; ce village continua néam-
Itioins à être occupé.
"Vers dix heures dn soir-, le maréchal Davoust
'éiivOysL «le général Aevest, pour proposer au .gé-
^érbl Zietlien tine suspension d'armes et la red-
'ditiMi'de Paris. ïi& réponse fut telle qu'on 9>oii-
vait lattendre : Ziéthen dit qu'il ne voulait pcûnt
entendre de suspension d'hostilités , que l'armée
française ne posât les armes (**). Le«gôuveroe-
(*) La Tillc ^e VersaUIes paya ebcr le cdttibâtqaî sVtait litre U reillc,
«t imùnUt les effetf de la colère de l'eimemi à <pà elle atait affaire. Elle
fat rançonnée par une contribution énorme, et livrée aux dévastations
d^unc soldatesque , la plus pillarde de TEurope.
(**) ^o^cz Pièces jûftifieàlîm, W*' 'îOOMl.
ment et le gjénér^ en chef avidèneut, ibpa U ai*
Jence, l'opprobre 4e .cette ipsujte. Fouch^, ^pei^
^ot^ et&^ associés, ^ui ne pouvaient p^ espéreir
de ployer V^rvaée à p^fisejr sou$ Je joug, de ^1 eur
nem^ se Jbâtëcent 4e ct^Lercl^r uja adaucîspiei-
meot Dons 1» méi^te nuit, 4eu9: pc^^^^pj^e» fMrenf;
expédiées : te génér^J Tp^melin è Blûdiep, ef
Maciron^ à Wellington., pour Jevr repréaenltejr
<)u'wie îactan^^ jidici^le étaj^t hors de ^^i^on., et
que .&i r^wée avait cpnoai^çaw^ 4e la br^ya^^
4e Zietben^ rien ne p^ur^ait arjrêter ea '}^^t^ indi-
gnation; Wellioigton et Blncb^» malgré Icjur^ mer
Jaaces , craignaient l'année ; nous en foujrni^ona
4es preuves pLusbas. Foucbé reçut Fass wance que
4e3 commissaire^ »eraien|: reçus ^ le lendemaw,
pour traiter d'une convention d'évacuation.
X-e 3 juillet , les deux armées ennemies ne firent
auoiin mouY-ement. Ce jour-là , vers trois i^eures
jdu ms^e le.jmwéchal Davoust fit u^ie espèce de
tentative jpow* .reprendre le yiUage d'.Issy , ^jm fut
4éfep,du jpar.deu^4ivi4iQn$ du corps de i^ietben.
Cette attaque , mal feife, et par ,un corp? ,trop
iffiible^ ^'eut d'aMtr^ résulta que de faire tg/qr 4u
2SKmde .de part et d'autre. A sept bouges du noa-
tix^i le combat avait oessé et nos troupes éjKniq;&t:
centrée» dam lem^s po^tk>n3. Au reste , cette At-
taque n!av«it été qu'un prestige , pour tromper
l!opînlon publiqi^e et le déair qu'oyait l'armée
de défendre la capitale par les armes. Pour com-
pléter la déception 9 on avait annoncé pour ce
ii44 uvnt m.
)OUi>-là une bataille générale , qui tint toute Far-
inée en attente. C'était le moyen dont on se ser-
vait, depuis plusieurs jours , pour calmer son im-
patience. Après le combat du matin, on convoqua
un conseil de guerre à Montrouge , mais on eut
l'attention d'avertir les généraux qui s'opposaient
à la reddition , assez tard pour qu'ils ne pussent
y venir qu'après que tout serait terminé : c'est
ce qui arriva en effet. A huit heures du matin,
la demande formelle d'une suspension d'armes ,
sous la condition de livrer Paris à l'ennemi , avait
été faite par le gouvernement provisoire. Cette
demande fut acceptée, et Saint-Cloud fut désigné
pour le lieu des conférences. A quatre heures
après midi, les comjoiissaires nommés de part
et d'autre s'y réunirent. Ce furent , pour Je gou-
vernement provisoire , le baron Bignon , chargé
du portefeuille des relations extérieures , le lieu-
tenant-général Guilleminot , chef de Tétat-major
général , et le comte de Bondy , préfet de Paris ;
de la part du duc de Wellington , le colonel
Hervey ; de la part du maréchal Blûcher, le géné-
ral Mûfiling. Dans la nuit , la convention pour la
remise de Paris fut signée (*). Les principales
conditions étaient, que les postes avancés se-
raient remis à l'ennemi le 4 ^t le 5 , et les bar-
rières le 6 ; l'armée française devait se retirer
derrière la Loire , en emmenant son artillerie et
(*) ro>« Pièces jiisiificaÛTcs, N» XXXVffl.
CHAPITRE II. a4^
tout son matériel , et y être rendue le 8. Aucune
garantie ne fut stipulée , pour les intérêts de la
nation, ni pour ceux de l'armée. On n'avait pas
osé livrer une bataille à un ennemi ^al en nomr
bre , et on se soumettait à des conditions, qui ne
pouvaient être pires après l'avoir perdue. Ainsi
fut conclue une des plus mémorables capitu-
lations dont l'histoire nous ait conservé le sou-
venir , et une des plus riches en conséquences
désastreuses def tout genre. La première fut le
licenciement de l'armée , exigé par la vengeance
de nos ennemis. La seconde fut l'occupation du
territoire français , cause principale d«s réac-
tions sanglantes que cette occupation protégeait ,
et qui ont fait autant et plus de mal peut-être
au gouvernement même , qu'à ceux qui en furent
les victimes. Une convention conclue après une
victoire facile à obtenir, et qui aurait conservé
la dignité nationale, en replaçant le gouverne-
ment sur ses vraies bases , aurait ramené et
maintenu l'ordre , comprimé des vengeances san-
guinaires et le plus souvent personnelles , et mis
un frein salutaire aux effets de l'irritation et de
l'exagération de tous les partis.
Quelque douloureux qu'il soit de nous arrêter
plus long-temps sur un souvenir aussi pénible ,
nous ne pouvons pas nous dispenser de mettre
sous les yeux du lecteur quelques faits, qui
pourront servir à diriger ses réflexions et à fixer
ses idées. Ils sont relatifs aux n^ociations qui
a46 LiTBB m.
OHt ^u liea à Sainf-Clood , et démontrent queDes
étalent les Intentions avec lesquelles Blûcber et
Welliîigton ont traité. Nou^ laisserons parier le
général Mûffling t personne ne peut être mietcr
informé que lui. Voici donc ce qu'il nous dît (*) :
«t^our la France, les commissaifes nommés
« pour négocier la convention de Paris étaient ,
« le ministre des relations extérieures , le préfet
* de Paris , et le chef de Tétat-major général de
«larmée. Ces nkessieun avaient déjà dressé le
«pfojet d'une convention.
* Là première difficulté s'éleva sur ce que Far-
« mée fi'ancaise ne Voulait pas passeï* la Loire.
« On proposait cependant un armistice. Les deux
«maréchaux avaient sans doute les mo^^ens de
« dicter la convention (**) , mais leur intention
« était d'agif avec les plus grands égards et la
«plus grande modération, pourvu qu'on ob-
«tint tes quatre points suivans.
« 1* Placer l'armée française dans Une position
« telle , qu'elle ne puisse point avoir d'influence
« sur le gouvernement.
« 2* Retenir le gouvernement au pouvoir des
« alliés , et ne point permettre qu'il soit déplacé
« de Paris (***).
{*) Campagne des années anglo-baUTt et iirunftime^ cd i6i5« par
àe M... y page 56 et suÎTantcs.
(**) tl £itit passer cette petite jactance, en fàrcnr de la naiTet^ des
arettt qnl guitent.
(^^*) Où peut Toir le but de cette condition dans ^occupation des
« 3** Ptec^r r vwée fnn,çm^ é^m une pMUioa
« telle ^ qu'elle ^e pui3^ plw être nûlitairemeaQLt
« dnugereuse ^ux coalisées {*},
«^'^ Jie ne tî^xk «ccor4er qui puiaso gép^ei? te&
« souveraiii» y claoa le», mesures^ qWU& voMilf^ieut
« preiKlre ^ Tawiiir (**) .
« D'apr^â: oes pr^oiclpea» U ét^it «^e^M^
« d'insister pow qiie Fermée francise ps^s^ât la
«Ivoire. Conm^ toutes lea repr^utatipus sur
« cet objet porm^^ept ipotiles , les ^us, mar^
« chaux déoUir^eilt qu'ils ue pouvaient acop^ 4)çx:
« de suspenaipQ d'armes , que spu^ cette c^di-
« tlou, Comme i) dépepdait de r^urpée fr^uçâise
« de prepdl^e position où elle voudrait , qu'elle
a deypit s'3ttwdre A être s^tt^quée sur-le-i^hamp ,
«et qu'elle u'était pa§ en pos.itiou de recevoir
% uue bpt^ille (***) , cettç difiioulté fut levée,
«Dans uu wtîf^le particulier, il avmt été pyp^
« posé que les autorités exiatautes fussent pj^
« tégées. .
« Cet article étant purement politique fut re-
«jeté, et les maréçhaui^) en remplaeement de
« l'article i o , en dictèrent un autre avec une pré<r
*
Tuileries et du Luxembourg par leâ Prus^jens, et celle de la chaifi)>re
des rcpréscDtans à main armée.
(*) Ceci portait sijf une cooveutioo pajrliculicrc , dt'jà faite aycç ]^
priace de T..., et qui stipulait le licenciement de Tarixiée.
(**) /^ussi ne stipula-t-on aucune garantie pour )a nation. Xput pxs^^
déj^ réglé par ^^ Ira^tc conclu à Gand.
{***) L'auteur ne se eouneat plus de ce qu'il a dit plus haut, pagv 5a.
â48 LITRE ta.
caution si cauteleuse, qu'il ne fut absolument
question que de respecter les autorités, aussi
long-temps qu'elles existeraient. Ainsi les armées
alliées ne pouvaient pas se trouver mêlées dans
les querelles intérieures des Français (*).
« Il avait été proposé , dans un autre article ,
que Paris serait, ainsi qu'en 18149 exempt
de logement militaire. Le duc de Wellington,
qui avait décidé de faire camper son armée
au bois de Boulogne , ne fit aucune objection ;
mais le maréchal Blùcher rejeta cet article comme
politique et dépendant de la décision des sou-
verains , et , d'un autre côté , comme étant in-
décent que les habitans de Paris ilemandassent
une exemption pareille , lorsque l'armée fran-
çaise avait logé si commodément à Berlin pen-
dant plusieurs années. U ajouta qu'il était
également nécessaire, pour plusieurs motifs,
que toute son armée séjournât à Paris , au moins
pour quelques jours (**).
«Dans un autre article, il avait été proposé
que le musée fût respecté, comme étant une
propriété française.
c Le maréchal Blucher l^ejeta cette demande ,
(*) Le motif qu^allègne Tautenr n^est pas le vrai. Le sens de cette
tournure de phrase citait une réserre, qui prt^vint toute réclamation re-
latÎTe au changement de la forme du gouTcmement.
{**) Deux motifs dirigèrent Bliiçher. Le premier était la dissolution
du gouTemcment et des chambres, qui n^aurait pas en lien si son ar-
mée n^éuit pas entrée à Paris j le second était les cantribotions et les
exactions qu^ii désirait pour lui et pour son armée.
GHAPITHE II. â49
«et déclara qu'il reprendrait tout ce qui était
« prussien , d'autant plus que le roi de France
« avait promis à la Prusse , Tannée précédente ,
«de lui rendre les objets d'art, et qu'il n'en
« avait rien fait.
« Les commissaires consentirent à cette excep-
«tion, et demandèrent la garantie du restant du
« muséum. Le duc de Wellington la refusa , dé-
« clarant qu'il ! ne pouvait entrer dans d'autres
« arrangemens pour les souverains dont il com-
« mandait les armées , que ceux qui seraient
• purement mUUaires; que l'Angleterre n'avait
«rien perdu , mais bien le roi de Hollande, et
a les petits princes , dont les contijQgens> étaient
« dans son armée : cet objet regardait les souve*
« rains.
« Dans le 1 1 * article , où il était question de
« garantir les propriétés publiques , il y . fut
< ajouté , à l'exception de celles qui ont rapport à
« la guerre. Ces mots furent choisis avec autant
« de soin , pour que les souverains ne fussent
« pas empêchés de détruire , s'ils le voulaient ,
« le$ monumens élevés en mémoire des guerres pas-^
a sées.
« L'article 14 portait , que la convention dure-
« rait jusqu'à la paix.
« On ne pouvait pas nier alors , comme on a voulu
« le faire plus tard, que nous ne fussions en guerre
« avec la France.
«La dernière difficulté fut, que les commis-
25o LItlS Ul.
« saireft français demandèareat qilé la efmventîoB
« fôt conclue au nom de3 puissances coalisées,
« On leur dit que les pouvoirs maciquaient , et
« on trouva un échappatoire dans la rectJficatÎQa
« de Farticle 1 6.
« Il est devenu nécessaire de puhUer tous ces
« détails sur les négociation» relatives à cettQ QOOr
« vention , parce qu'on a voulu s'en prévdoîr, pw-r
« ticulièrement lors de la spoliation du miiiaée,
ff et du procès du maréchal Mey. n,
La franchise de cette narration , où Ton n'a
rien omis ni déguisé, nous <fispenae de toutes
réflexions. Nous avons vu que le duc d'Otrante ,
ayant tout préparé pour la remise de la capitale
aux coalisés, envoya encore le 2 juillet au* scttr,
l'agent dont nous avons parlé ci-dessus, au dvc
de Wellington. Voici le récit que M. AI»... 'nous
donne de sa mission {*). Il se rendit au CMup
anglais avec une note de Fouché , pour lui servir
d'instruction près du duc de Wellington. Cette
note ëtait de la tenenr suivaqte ;
« L'armée résiste , parce qu'elle est inquiète.
« Qu'on lui donne des garanties , elle sa soumettra*
«Les chambres sont en opposition pour le
« même motif. Donnez des garanties à tout le monde,
« et chacun sera pour vous.
« L'armée étant renvoyée , les chambres cède—
« ront , en leur accordant les g^anties pronpses
(*) Macironef Inurestinff facts , cic, , page 47 et suivtnici.
CUAfITRB II. «tSi
«t>ar le Rdi, comme suppléinent â la charte.
« Afin d'être bien compris , U est nécesdatre de
, t s'expliquer, ainsi il ne faut pas entrer dam Pa-
* ris ayatit trois jours , et pendant ce temps tout
«s'arrangera,
«r Les chambres doivent être gagnées , eUes doi*
« tent se croire indépendantes ^ et elles consentiront
« à tout* C'est la persuasion et îi<m la force, qu'il
« faut etoployer envers les chambres. »
M. M...*, retardé aux avant-poâtes français,
ne put arriver à ceux des Anglais que le 3 au
matin. Il y fut retenu par Tordre qu'avait donné
le duc de Wellington^ de ne laisser passer aucun
parlementaire sans permission. M. M.... envoya
sa note à Gonesse , où se trouvait Wellington
avec sir Charles Stuarl , Pozzo di Borgo et Tal-
leyrand. Le duc, l'ayant reçue, se rendît a Saint-
Cloud pour conférer avec. Blficher. M. M.... fut
appelé à Gonesse dans la nuit dw 5 au 4^ U
y trouva sir Charles Stuart, Pozzo dî Borgo et
Talleyrand , en conférence- chez le duc. Alors
Talleyrand lui fît répéter leé înstructioais quHl
avait reçues, et lorsqu'il en vint au départ de
l'armée et à la nécessité de calmer les mquîé-
tudes, il observa que tout était déjà arrangé, et
il pria le duc de Wellington de lire 4 M. M.... la
convention ifu'ils venaient de eondare. En réponse
aux observations faites par Fouché , sur la con-
duite à tenir envers les chambres , le duc de Wel-
lington dicta à M. M.... la note suivante: «Je
25â UTEE m.
c pense que les sJliés ayant déclaré le gouveme-
« ment de Napoléon une usurpation , et non légi-
« tûne ; toute autorité qui émane de lui doit être
«regardée comme nulle et d'aucun pouvoir.
« Ainsi , ce qui reste à faire aux chambres et â la
« commission , est de donner de suite leur dé-
« mission , et de déclarer qu'ils n'ont pris sur eux
« la responsabilité du gouvernement , que pour
«assurer la tranquillité publique et l'intégrité
« du royaume de S. M. Louis XVIII (*). » Chacun
des diplomates présens, sans en excepter Tal-
leyrand, prit une copie de cette note, au bas
de laquelle furent écrits les noms de tous, même
celui de M. M....
Après cela, Talleyrand lui dicta enco^ une
seconde note , conçue dans ces termes : « Le Roi
«accordera toute l'ancienne charte, y compris
«l'abolition de la confiscation; l'appel immé-
« diat des coUéges électoraux , pour la formation
«d'une nouvelle chambre; le non renouveDe-
« ment de la loi de Tannée dernière sur la liberté
«de la presse; l'unité du ministère; l'initative
« réciproque des lois , par message du coté du
«Roi, et par proposition de la part des cham-
« bres ; l'hérédité de la pairie. Recommandez de
« notre part la bonne foi et la confiance la plus illi-
« mitée. » Les noms des mêmes diplomates ayant
(*) Ccpca de mots contient ^explication àe la décfaratioii des coa-
lises sur l'nrl. 8 du traiié du a5 mars.
GHAPltRS II. 253
été écrits au bas de cette note, le duc de Wel-
lington y fit ajouter en note particulière pour
le duc d'Otrante i «Qu'il désirait que M. M....
« lui fût renvoyé au plus tôt, arec d'autres notes et
« informations : qu'il était à désirer que Fouché
« fût ouvert et sincère , particulièrement avec lui ,
« duc de Wellington , qui , de son côté , avait la
« confiance la plus entière en Fouché : que le duc dé-
« sirait savoir si Fouché avait besoin de secours
« ou d'assistance , de quelque espèce et de quel-
le que manière que ce soit , et que dans ce cas il
« l'obtiendrait de suite. » Les notes demandées
furent sans doute remises par Fouché lui même ,
dans la conférence qu'il eut avec Wellington le
lendemain 5 juillet.
Depuis la nomination de la commission du gou-
vernement et la séance du a3, les chambres s'é-
taient renfermées dans leurs attributions consti-
tutionnelles, laissant cette commission jouir sans
partage de la dictature. Persistant dans leur en-
tière confiance dans les déclarations des coali^
ses (*) , elles ne s'occupaient que de recevoir les
(*) Noua ne pouvons noàs dispenser de faire part à nos lecteors d'une
réflexion de Fauteur de VEssai iur la puissance de la Russie s a Lenr
flc intention (des constitutionnels), était honnête; mais la confiance
« dans les promesses d'un invaseur, est une foUe impardonnable dans
« les gardiens du salut puhKc ; lenr conduite, en arrêtant Véhai na-
« tional, et souffrant eu dernier lieu ^'on leur enlevât leur unique
« rempart (Parmée), lorsque la France ne pouvait présenter sur la brèche
« qu'un corps nu, fnt une aberration infligée par le destin ponr l'accom-
« plissement de ses décrets. » Page 93.
254 ^i^< u^«
communioatioiis du pourair «9(éeiitif , et 4e voter
les lois qm teur étaie&t préseoitées. i«a chambue
des T«prés€B£âiid Domma, le âS^ une cohudm*
iiûtt de oeuf meinbivcs pour pnéparer le trarail
de lac^nstitulioii, à laquelle devait étre«9u|flHî
le pnooe <^î régnu^ait sur la Fcance; elle crojait
etLoore en avoir le <JaQiiL Les seuls actes par Je^
qsek elle «se imt eu ooramiioâcaliosi avec la «a*
tMNBL, ^reut i&Be adresse i TariDée^ et une ans
Français. £n vain quelques meoibras noulweirt-
ik-dïserver aux deux secti<ms de la l^slatee,
ifot le gowreraemeDjt ne répojadait pas â la ooa*
fiattoe de la nation , et que «urtout la conduite
de San chef /était au suoins très-^dioiileuse; ^éùe»
n'y eurent auqun égard.
Le 4 juillet., lorsque la .cos^rentios de Paris
eut été commuoiquée auK chambres ^ elles vo-
tëvent une adresse de r^sieiicknens à Vannée ,
dent elles allaient être privées {"). Le lendemain,
le ^gouvernement annonça la jrodâitàwi de h
ciipitale, par une proclamation adiressée aw
Français {**y. Les termes ambigus <le cette
pièôe singulière n'étaient pas propre à rassurer
des esprits qu'inquiétait l'avenir ; ils . devaient
bien plutôt augmenter l'alarme du plus grand
nombre.
La communication de cette pièce fit une îra-
(*) royez Pièces jiwliCcativçs, ÎV° XXXIX.
<**) ^o;rea Kèccs justificatives, N*» XL.
, CH&?ITBS II. ^55
jm!»si(Ai «déflfMraMe à ia thatÊbre des Kprésea-
taïift : soti SttAyigvttté me put échapper à la plupart
ées tftcttniired ; mais le coup étak porté, et il ne
Pétait dautre pao-ti que cdcii de marcher coura*
gf^senWBtt au*^vaifit de la destinée* La possX>î-
Ifté d'une dissololtton ^ieote n'échappa pas aux
représcfiftans de la nation, et oé pressenthnent ,
sans sftiaf tre 40ur courage , iemr traça la cociduîte
l^'il leur pertâih: à tenir. Une dédaratioa solea-
nelle el^posa, a«ix yeux de la France et de Tëu'*
t<bpe, les sentknens «et les principes ^pû dirigeaient
fe chambi>^ , et traça d^nne main ferme l'exposé
des ycetm des français (*);
CqpendafBl: , dès 'le 4 9 rarmée française -s^'était
mise en mo«i76meiiit vers la Loire. Le désespoir
dans l'âme, mais décidés à tout sacrifier pour
tme patrie à laquelle ils s'étaient déyoués, aos
guerriers marchèrent d'un front «calme 'vers Jeur
nouvelle destination. Ils ne tpouvaient pas âgnorer
-que 'bientôt, séparés deleurs^drapeaux, ils seraient
répandus sans armes , au milieu des eiinenufl de
4a Framice ; ils -se résignèrent au nom du salut de
ieus-s concitoyens , et supportèrent sans juurmure
oe noble et*douloureux sacrifiGe.
Le même Jour, Safaat-Denis, Saint-Ouen, Cli-
cfay et Neuilly ifuvent livrés aux Anglais , et te len-
demain on leur remit Montmartre. Le 6, les bar-
rières de la me droite de la Seine fureiit remises
C) -rùymx Pièces jnMlfiailîtes , N<* \U.
a56 UYBE m.
aux Anglais, et celles de la rive gauche aux Prus*
siens. Blùcher ayaitcru occuper la ville de Paris
ce jour-là, et les troupes s'étaient déjà préparées;
les dispositions furent contremandées. Les pillages
et les dévastations comftiis par les militaires prus-
siens de tous grades, sur les derrières de Farmée,
étaient arrivés à un tel degré , que Blùcher crai-
gnit une insurrection générale. Il crut, pour réta-
blir Tordre, autant qu'il se pouvait dans une
armée dont une grande partie s'était répandue
dans les campagnes , devoir envoyer un régiment .
de cavalerie à Compiègne , un à Senlis et un à |
Saint- Germain. Ces troupes avaient ordre de
réunir les maraudeurs , qui formaient une petite
armée de plus de dix mille hommes.
T e 7 , enfin , les Prussiens virent satisfaire leur
vanité. Le corps de Ziethen eiitra à Paris, et
s'y promena en procession. Yoici quel fut leur
ordre de marche. La division Jagow passa le pont
de Jéna , et , défilant le long de la Seine , alla re-
passer le pont d' Austerlitz , pour occuper les io%
11* et 12' mairies. La cavalerie suivit jusqu'au
pont d' Austerlitz, et de là revint par les boulevards
aux Champs-Elysées. La division Pirch suivit le
même chemin, et vint occuper la i" mairie,
division Steinmetz suivit également le quai jus-
qu'à la Grève, où elle resta, occupant ia 9*
mairie. La division Henkel entra par l'Étoile, et
vint bivaquer dans le jardin des Tuileries. Ce
ridicule détail n'appartiendrait pas à l'histoire, s'il
le
La
GlIiJPITRE II. 267
ne peignait pad au naturel l'esprit du général en
chef et de Tannée (*).
Restait encore une opération â faire ; c'était la
dissolution du gouvernement et des chambres.
Un senthnent de dignité empêcha le duc de Wel-
lington de 9e charger de cette violation de la
convention de Paris ; au moins on le pense' ainsi.
Mais lord Castlereagh était venu présider cette
opération ; il fallait donc qu'elle se fit. Blùcher ,
3ans se laisser arrêter par des scrupules , qui ne
pouvaient; point avoir de prise sur lui, prit la
, commission sur son compte; et comme une se-
conde violation peut suivre la première , il voulut
esfôyer s'il pourrait y gagner des contributions
pour son compte. Par des ordres, un espadron de
cavalerie , et deux bataillons d'infanterie vin rent
occuper la place du Carrousel et les Tuilei^ies ,
et l'ordre fut intimé à la commission du gotiver-
nement de quitter le palais. En même temps on
remit au président la demande d'une contribu-
tion de cent millions. Une contribution de dix
inilliona avait dé) à, été demandée au préfet de
Paris, Tune et l'autre de la part de Blûcher. A la
mêine heure , la division Jagow occupa le palais
du liUxemboui^.
f
rit
ée.
ai-
&r
V^
(*) (iVrdre du jour de Blâdier, en prescrivant Ja procession, or-
donnât- que tous les Prussiens traitassent les Français avec un sérieux
solennel et d'une mamère imposante. Si la gravita du sujet permet-
tait de rire, on pourrait se rappeler la consigne du sieur Altenkirkhof,
dans les Dntx Prisonniers.
IV. 17
âS8 LITRE III.
Là cessa le rôle politique de Pouclié ; il avait
achevé la révolution qu'il avait entreprise. Le
tableau de sa conduite» du 21 juin au 3 juillet,
est tout entier dans la recommandation que le duc
de Wellington adressa en sa faveur à Louis XYIII,
lorsqu'il fut banni. La voici : « Sire ! je suis bien
c fâché de ce qui arrive au duc d'Otrante, à lui seul
t vous devez d'être rentré dans votre capitale et
« remonté sur votre trône. Blûcher ni moi n'étions
• capables de vous rendre votre couronne. Nous
« avions affaire à une armée de quatre-vingt mille
« enragés , gui nous auraient écrasés. Nous ne pou-
« viôns éviter une bataille y si on nous l'eût offerte,
« ou nous étions obligés de battre en retraite pour
« attendre la coopération des autres puissances ;
c et y* M. sait quelles étaient alors leurs disposi--
« tions. Le duc d'Otrante a empêché que la ba-
« taille n'eût lieu , et c'est à hii que vous devez
« d'être remonté sur le trône de vos pères. »
La chambre des représentans était en séance ,
délibérant sur la constitution. Elle avait reçu un
message du pouvoir exécutif, qui garantissait sa
sûreté. Peu après, die apprit que le Luxembourg
était occupé par les Prussiens, et envoya un des
secrétaires au gouvernement {Provisoire, pour
hâter le message qu'elle attendait sur cet événe-
ment. Vers cinq heures après midi dlle reçut
enfin celui {*) qui lui annonçait la dissolution
(*) rofCM Piicgs juttificatiTcs, N" XLïI.
cHÂprru II. 1159
forcée du gouvernement. A six heures , le prési-
dent , malgré les réclamations de quelques mem-
bres qui demandaient la continuation de la per-
manence 9 ajourna la chambre au lendemain huit
heures du matin. Le 8, à l'heure indiquée, lors-
que' les représentans voulurent se rendre en
séance, ils trouvèrent les portes fermées. M. De-
cazes y avait placé des piquets de gendarmerie
et de volontaires royaux en habit de gardes na-
tionaux, qui leur présentèrent la baïonnette
pour les empêcher d'entrer. Tel est le fait qu'on
a dénaturé dans la chambre des pairs du parle-
ment d'Angleterre, au mois de février 1816 (*).
(*) n est impossible de passer sous silence une phrase do discours
de lord Casdcrcagh, à la même cpoqiiu et à roocasion da traiid de. pus
(st-ance des communes , du 19 féwicr 1S16). « L*un des derniers actes
« de Bonaparte, fut d'ordonner aux préfets de la France de lui envoyer
« des listes descriptiTes des femmes, de leurs fort ânes , etc. , dans leurs
« départemens respectif, ajant e'Tidemment l'intention de les sacrifier à
« la luxure et à la rapacité de cette armée, avec laquelle, en lui don-
« nant ce stûpuius, il espérait Tainement se maintenir sur le trône de
« France, et porter la désolation dans les états environaans. »
Que doit-on le plus admirer, ou de celui qui atança des calomnies
aussi atroces, non pas seulement contre le chef d'un gouTemement, mais
contre l'armée française tout entière, ou de ceux qui l'écontèrent sans
jeter un cri d'indignation? Quelle opiMon peut- on se former dtm
ministre qui emploie de pareils moyens? et d'un parlement qui l'ap-
prouTe?
CHAPlflRl ill. 2161
I I
CHAPITRE III.
Mouyemens des Bayaroîs et de fannëe française du Rhin. — - Les
. Baytar<HS passexït la San^» 11* 9$. jcfifi. '— JAovmmûVM eu quartier-
. • Jj^^ofral dfs «ptiTcraiw alliés. — Opérations de Wnnée du Rhjn. — -
Les Wurtembcrgeois passent le Rhin, le 93 juin. —* Combat de
Sarbourg et de Seltz, le a6.. -— Combat de Strasbourg, le a8. —
^ Céhibat de Hanabetgen, le 9 joâlet. — ConTentîon ponr Vtrtaée 4u
^in, et rérolte de la. garnison de Strasbourg* •— Opérations de
J'arme'e du Jura. -^ Combat de Dannemarie, le 27 juin. — Combats
de Cbavanne et Faussemagne, le 99. — Combats de Besoncourt et de
: - ChcTremont^ le i** jinUet. — .Combau d'Anjnatin, dX)ffanoiit et
. 3<bxP/:roa8e, le 4, ^-r- ^Copfapit d^^Essert et de Bavillicrs, le 5. — «Con-
Ycntion poar Farmce du Jura, t— Marcbe de rarchiduc Ferdinand et
de l'armée russe.
Il
«
Lorsque Napolëon eut réuni la maBse de ses
forces dans le nord, la défense des frontières
orientales fut confiée à l'armée du BJbin, sous les
ordres du général Rapp, et à Tannée di| Jura ,
coimnandée par le géitàral Lecoorbe. Nous a^ons
donné dans le liyre I , chapitre i *% la force de ces
deux corps. Sur la Moselle et la Sarre il n'y avait
qu'une division de gardes natioiiales sous les or-
dres du général Rouyer.
Le 18 juin, l'armée du Rhin occupait les lignes
a6» uyKL m.
delaLauter , entre LauterbourgetWeissembouig
L'armée du Jura, appuyée à Huningue, s'éten-
dait yers Ferette : tous I^ postes jusqu'au fort
rÉcluse dépendaient â la vérité de cette armée ,
ainsi que les places da Rhin de celle du général
Rapp; mais ces postes isolés se replièrent, ou
furent bloqués par Tennemi.
Les armées russe et autrichienne occupaient ,
le 1 8 juin , les positions suivantes. ÂRiiiE Aimn*-
GHiENME. Corps de CoÙoredp et de HohenzoUem,
le long du Rhin, depuis Bâle jusqu'au hm de
Constance. Corps de Wurtemberg, à Rastadt,
Durlach , Bruchsal et Wiesloch. Corps de Wrede,
autour de Mannheim et de Spire , ayant son avant-
garde à Rayserslautem et Birkenfeld : il occu-
pait Germersheim , par deux mille hpmmes d'in-
fanterie et quarante-cinq bouches à feu de gros
calibre , sous les orckes du général Zweyer. Ré-
serve de l'archiduc Ferdinand, cantonnée dans le
Wurtemberg. Armée ru»e. Elle était [encore [en
marche vers le Rhin, excepté ravant-garde,*com-
mandée par le général Lambert, qui était arrivée
à Mannheim (*).
En attendant les événemehs qui [devaient^ se
passer dans le nord , le prince de Schwarzenberg
se contenta d'Ordonner au corps bavarois de
(*) CctU! avant-garde Vlaît composée de dooM caoadrom de hv»-
sards de la brigade WaMÎksîkow, de la division Lambert, de deux
régimcns de cosaquct, et des douse bataillons «le la dinsîon Udom, du
;* co)|»; en font doute mille qnatre cenu bommcs^ et 4^ canon».
GHAYITRS m. a63
s'approcher de la Sarre. Il ne )ugea pas à propos
de faire passer le Rhin au reste de son armée ,
avant de savoir quel serait le résultat du mouve-
ment de Fetnpereur Napoléon sur Bruxelles. En
conséquence, le 19, l'infanterie bavaroise, qui
était encore à la droite du Rhin , passa ce fleuve
et s'avança jusqu'à Tûrkheim et Alzey. L'avant-*
garde du général Lambert vint à Worms. Le 20 ,'
l'avant "garde du général Lambert s'avança à
Gelheim. Le Corps bavarois laissa une division
(Delamotte) en partie à Spire, en partie sur la
Queich et devant Landau , et une division de ca*
Valérie vers Neustadt, afin d'observer les mouye-
mens du général Rapp. Les trois autres divisions
d'infanterie occupèrent Deux-Ponts , Ottersberg
et LamlstuhL La division de cavalerie du prince
Charles resta à Birkenfeld.
Ce )our-là,.le général Rapp, ayant appris que
les hostilités avaient commencé dans le nord,
se décida d faire un mouvement en avant. Son
but ne pouvait être que de menacer en flanc les
colonnes qui devaient passer le Rhin vêts Mann-
heim et Spire, car l'énorme différence du noin*
bre ne lui permettait pas de compter sur aucun
succès. En s'avançant sous les murs de Landau
et sur les lignes de la Queich , le seul avantage
qu'il pût espérer , était d'assurer sa ligne de re-^
traite par Bitcfae et Metz , et par conséquent le
chemin lë plus* direct pour gagner la ligne de la
Meuse. Le général Rapp ordonna une reconnais-
264 LIVRE Itl.
sance générale sur la ligne de la Qoeich, Les
postes bavarois qui s'y trouvaient furent enleva
en partie , et le soir nous étions maîtres de Dahn
et d'Anweiler. Le lendemain, le général Rapp fit
ses dispositions pour attaquer Germersfaeim. Ce
point était d'autant plus intéressant, qu'il servait
de tête de pont , et que sa perte aurait obligé Ten^
nemi â effectuer son passage plus bas. Nous allons
quitter un instant Farmée du Rhin, pour suivre
le mouvement des Bavarois jusqu a la Moselle.
Le 2 1 , le corps bavarois se serra sur la tête de
colonne. La division Beckers s'avança à Ramstein,
et la divisioA Zollern â Yogelbach. La division
Delamotte resta en arrière de la Queich vers
Neustadt. Le 22, les divisions Raglowich, Beckers
et Zollern, et celle de cavalerie du prince Chai^
les, se réunirent entre Deux -Ponts, Bliescastel
et Hornbach. La division Delamotte ayant été re-
levée sur la Queich , par des troupes venues de
Mayence , s'avança à Anweiler , dans la direction
de Pirmasens. Pendant ce temps , le prince de
Schwarzenberg avait appris les événemens qui
s'étaient passés dans le nord. II fit en consé-
quence toutes ses dispositions pour franchir les
frontières de la France. Le corps bavarois de-
vait forcer le passage de la Sarre, le 25 ou le 24 i
et se diriger de là sur Nancy , soit par Morhange
et Dîeuze, soit par Bouquenom, sî le général
Rapp voulait tenir dans' les lignés de Weissem-
bourg. Le corps de Wurtemberg; auquel s'était
€HAHTK£ 111. 265
réunie la divisidh Walfanoden, defrait passer le
Rhin, les â^ et 24 9 à Germersheiùi ; de là lé
|>rince de Wttrlettiberg devait se diriger sur
'Weiàsemboui^g et Laut^bourg; après aS^oir iii-
▼esti Strasbourg * et bloqué cette place, jusqu'à
rarrnrée du corps de Hohensollem, le prince
dô^^urtemberg devait continuer son monve-
inent, par Molshdm, Schirmeck, Radn-rÉtapé
et lunéville , sur Nancy. Les corps de CoUoredd
et Hohen2olIerït devaient se réunir lé 55, à Lcer-
.t^ch èt<]rerizach ; ôèlûî de Fàrchiduc -Ferdinand,
â Bkizen et' Eimeldingéri ; cbs trois' corps dé-
î^arient passer le Rhin le 26. IXous sUhiH)ns leUf«
mouvemens plus bas.
- Le 23, le mhréchal'de Wrede^ après avoir an-
nencé, parùné prôdamàtion , à ses soldats, que
ià victoire les aVâit' conduits en ttois jours .dix
Rèiin^ â la Sarre , et qu'ils devaient anéantir le j
armées qui leur étaient opposées', fit ses dis-
positions pour passer cette rivière S Sairbrfick et
â Sàtçueiiiines. Dans le premier' endroit , le gé-^
néral Belliard, qui'cbmmandàît dând lés 3* et 4*
divisions militaires , avait placé deux' UÀtàiBons
de gardes nationales mobîlei et une compagnie
firanche; dans lé sébénd, il ii'y avait qii'une com^
pagnie de douaniers. La' dfvisidh Beckers attà-
qua Sarbrûck en deux colonnes. Après un com-
bat assez vif et assez opiniâtre , le passage de Ta
Sarre fut forcé. L ennemi y perdit environ cent
hommes^ nous en perdîmes une trentaine. Après
ayoir passé la rivière, la dhrision Becka» prit
posilion sur les hauteurs vers Forbach. Devant
Sarguemines , le maréchal de Wrede fit former
la division Raglowich en colonnes d'attaque ; b
divisiou de cavalerie du prince Charles appuyait
ce mouvement A Neukirchen, â un quart de
lieue du pont, on rencontra Tavuit-postê de
dix douaniers , qui se retira en combattant, sur
le corps-de-garde palissade, qui était â la tête
du pont. Le reste de la compagnie de douaniers
était à la rive gauche de la. Sarre et derrière^
la barrière, avec quelques gardes nationaux de
la ville. lia division bavaroise étant arrivée sur
les hauteurs qui dominent la Same, le maréchal
de Wrede fit mettre vingt«^cinq pièces en bat-
terie , pour détruire ce que les rapports ennemis
appellent une tête de pont. Une canonnade très-
vive fut allun|ée contre le pont et la ville , et un
bataillon fut lancé au pas de chaige , sur les dix
douanier^ qui défendaient le corps-de-garde.
Ces derniers fmrent obligés de plier, et repassé^
rent le poi^ en fermant la barrière après eux.
JjSi compagnie de douaniers se retira sur Saint-
Avold , où s'étaient également repliées les troupes
qui avaient été à Sarbrûck; le général Meriage,
qui les commandait , y fut rejoint par deux ba-
taillons venus de Metz. La bataille de Saigue*
mines ne coûta la vie à personne {*). Le maré-
es) Il a été fût Uanft les êcriti ennemis, un rtfipon ridicalciDeiit
pompeux de octic air«ire de dix mille hommes contre une compi^SDic
GHAFItlB m. 267
chai de Wrede ayant fait biaiser là barrière par
des sapeurs, traversa la rûïé «vet ses troupes.
La division Raglowich priti position sur h -route
de Bouquenom/ et la division de cavalerie du
prince Charles poussa jusqu'à SaraB>e. Le même
joinr, la dicton Zollerh s'était portée de Hom-
bach sur Bilche eli avait sommé cette place; le
général Ijreuzer qui y commandait, ne jugea pas
à propos de r^fiondre. La division Delamotte s'a-
vança à Pirmasens, le reste de la cavalerie vkxt
tffutour*4e JbévLwBbfeta; le %énéral LsaEkibert' à
Otteweile^. Le général Ozemiszeff, 4{ui précédait
râhuéé-ruBScf, avec hui^ régixnenS' de cotaqiiess
arriva oe jour4à à' Sarbrdck.
Le 24, le ' corps Kavarcds cotftinua son mom^
ment en avant ^ et occupa le soir lea -positimn
suivantes : la divisionl^âgtowich à Sosquenbm ;
la divisiob Béc&ers à Porbach, ayant laissé des
froupes devant Sarrelouis ; la division Dekttnotle
près Hornbach; la divisioQi Zollena A'&ivguem»-
nes, ayant Idts^ des;- troupes <j[€ftdnt Bilche; la
division du prince Charles vers Fenestéange ; la
division -Preysirig à'Pettelange ; le général Lam-
bert avait sa cavalerie à Saiqt-Avold et son infan-
terie â SarbNîck ; lé général Cagemiszeff â Bou-
2e«iVille (^). La brigade française du général
*Meriage se replia sur Fouligny.
de quarante homm/et. On parle iVim grand nombre de prisonniers faùUn
U n'y eut de pris que quelques nudfaeureuz paysans dans les champs.
(*) Les rapports ennemis disent que ce- jou-Ià le j^-niiral Mcriagc
a6& UYAB iU.
Le ^5 9 la corps bavarois continua à s'avaiàcer
vers Napcy : les divisions Raglowich et du prince
Ghavlad vinr^Eit à.Dieuze et Moyenyic; cdie da
J^kjers à Saint-Avold; celle Deiaiaotte devant
Sarguemiiies s celle de ZoIWn à £jrstix>ff , celle
4e Preysmg à Aforhai^e : le f/éikitâl Lambert
«'avança avec sa cavalerie jusqu'à Fouligny et
CourceUes , et le général Gsfemiszeff à Kedange ,
vers, TbioAville. lie g^éral Meriage'se reptia à
JPont'-àrCbaussy > en arrière de GourceUes^ Les
irapparta ennemis Ibnl ipeation4.'vai ctenbat .oà
leë troupes françaises auraient été dispersées. Le
iOsit .est encore &iùx; la': bataille de GouroeHe;^,
aussi peu sanglante queceUeldre Sarguemines, Cot
Picore moins bruyante. Ge'î0ur4è préplsëm^nt,
^l'auteur, i^argé.d'une mission pap^e général Bel-
•liard, conclut à Gourcell^s , av^ç le général ruâse,
«ne suspeiQ^ion d'armes de ving!tTf{Uatre heures ,
nécessaine paur attendre une réponse du quar-
tiergénéral aanetni. » / , . «
Le âlS; k corps bavarois Avait ujie division â
Sfoyenvic, une i Eralroff^ une à Bett^lange et
Sorgu^^fnines , une à Fouligny et Saint-Avold; \à
oatalarie en partie à Ëinvitte, en partiç vers Ma-
zerulle: Le général Giierfuszeff d^[>assa Thion-
' ville , et la cavalerie du g^iàral Landiert s'avajaça
•
écrivit au maréchal de Wrcde , pour loi annoncer les érénemcns de
Paru, le ddpart des plénipotcntlaîres pour le cpiartîen^énJ dct coa-
lisés, et pour demander nn armistice. Le fait est faox, paîscjae nos
pléaipotADtiuites ne sont partis de Paris (jm la 34 m aoir«
CUÀFIT1IS m. 1169
deranft MeftZi' Xe général BeHiârd ovâH fiiit presH
dre position â la di^ison Rouy^ fà la jonctioii
des routés de Sarreiouis et de Saint-^ÂTold*
lie 27 , la tête du corps bavarois arriva deraiit
Nancy , et la division du prince Charles occupa
Lunéville. Le âS , il é^t en position , savoir :
trois dÎTisions d'infanterie et une de cavalerie
devant Nancy ; une division d'infaïiterie et une
de cavalerie à Lutiéville ; il resta le 29 et le 3o
dans cette position.
Pour prendre congé du corps bavarois , sans
entrer dans le fastidieux détail de sa paislible
marche , nous nous contenterons de- l'indiquer
en peu de mots. Le 1*' Juillet , il vint à Toul ; le
2 â Ligny ; le 3 à Bar-sur-^Ornain (*) ; le 5 à
Ghâlons-sur-Marne ; le 7 entre Ép^rnay et Éto-
ges; le 8 à Château -Thierry et Montioairail ; le
9 À la Ferté-sur-Jouarre et Meaux ; le 1 o â Lagny ,
Meaux et Coulonmners; de là elle marcha vers la
Loire, et s'étendit entre Gien et Montereau.
Le 27 juin , le prince de Schwarzenberg porta
son quarlier^général à Spire , où vinrent les em-
pereurs de Russie et d'Autriche , et le roi de Prusse.
Le corps russe de Rajewsky , destiné d couvrir le
(*) Ce joar-U, CiemiszefTarrÎTa deTant CMIons avec deux rc'gimcns
de cavalerie et but de coiaques, en tout tmq mille cinq cents chevaux.
Ï4i général Rigand, c(ui commandait le département de la' Marne, se
mit en défende arec Icf âèvca de l'école de Ch&lons et qiidques soldats
des dépAts. H fjit forcé, et tm nombre d^babiians paisibles égorgés dans
les nies, par les soldato de CscmisscfT.
2'jo uvaK m.
grand. quartier-général , passa le Rhin le même
îour à Spire, et ^'avança vers Landau. Le 3a
juin , le quartier-gc^iéral et son escwte étaient à
Haguenau, ô« se présentèrent les plénipoten-
tiaires français , ainsi que nous Tavons déjà dit.
La démarche du gouvernement provisoire, et la
marche des armées anglo-batave et prussienne
sur Paris , Àtant toute idée de résistance sérieuse
et par conséquent de danger , le quartier^général
ennemi et son escorte continuèrent leur marche,
par. Saveme et Sarbourg o4 ils arrivèrent le 2
juillet et séjournèrent le 3. Il s'en faUut peu
qu'ils ne fussejot enlevés par le. corps franc du
lieutenant- colonel Brice. L'entreprise manqua
pâff Fimprud^ice de, celui qui commsoidait son
avant-garde, et qui, au lieu de marchor directe-
ment à Sarbourg , où il n'y avait que deux
bataillons , s'amusa à attaquer la division de ca*-
Valérie russe qui était à Heming. Le 5 juillet ,
les souverains et Schwarzenberg étaient à Nancy;
le 8 à Ligny. De là les souverains se ï'endirent à
Châlons, et , continuant leur route sous l'escorte
d'un régiment de cosaques, ils arrivèrent le 10
juillet au soir à Paris.
Nous avons laissé le général Rapp en avant des
lignes de la Lauter , se disposant à attaquer Ger-
mersheim le 22. Dans la nuit , il reçut la nou-
velle oiBcielle des désastres de Waterloo; en
même temps , il reçut l'avis que des corps autri-
chiens se rassemblaient vers Bâie. Il ne fallait
CH^PlTttB III. 2'Jl
plm «onger à prendre l'offensive , et fai position
du général Rapp allait devenir très- embarras-
sante. Il n'ignorait pas que le corps bavarois
marchait sur la Sarre ^ et par conséquent aUak
le dâ>order. Une armée débouchait sur lui, et,
«en «se mettant sur-le-champ en mouvement, il
n'avait que deux journées d'avance. Il est vrai
tpi'en s'aidant par des transports extraordinaires,
il pouvait en gagner davantage. Il n'était pas
probable que .le corps de Wurtembeig voulût
s'aventurer à sa suite, et laasser Strasbourg
«n arrière , avant que les troupes autrichiennes ,
qui passaient à Bâle, n'eu6sent occupé l'Alsace.
D'ailleurs, en écartant sur sa route tous les
moyens de transport extraordinaires , dont l'en-
nemi pouvait se servir , il l'aurait rebuté au bout
de trois marches forcées. En se mettant en maiv
che, le ii4 au mâtin, de Weissembourg, il pou-
vait arriver le même jour â-Brumat; le 26, A
Kaon-l'Étape, et il aurait été le 3 juillet à Troyes.
Il lui suffisait de faire dix-neuf mille toises ou
vingt milles géographiques par jour; ces distan-
ces ont été souvent parcourues par nos armées ,
plusieurs jours de suite.
Mais d'autres considérations devaient le rete-
nir. La place de Strasbourg n'avait qu'une fai-
ble garnison et sa garde nationale, qui, malgré
son zèle patriotique qu'on ne peut méconnaître,
pouvait cependant ne pas suffire aux fatigues
d'un long siège et au service qu'exigeait le dé^
2'j^ .UVRJB ni.
ffel<^pen9ijei|t diQ9 ouvrages. Peraonne n'^orait
alor9, ddOft les.d^ijix cindevaut provinces id'Als^i^
et de Lorraiae, que F Autriche ea convoitait la
jlossesHkon, et quelle s'était préparée à faire va-
loir, de préteikdua drpil^' La place de Strasbourg
jsurlout lui teuajt . é cœur. Il n'était donc .4f>a8
possible qu'un général , chargé de la défense des
places du Rhin, abandonnât la principale, sans
enavoir Tordre.. Ce fut sans doute ce motif qui dé-
cida le général Rapp. Pendant la journée du ââ,
ilfit entiar. dans jLandau les caisses des pays , avec
un bataillon : un bataillon fut envoyé en. poste à
Neuf-Brisach, et un autre à Schelestadt. L'armée
rentra dans les lignes de la Lauter, ac laissant
qu'une arrière -garde sur la Queich. Ce même
jour, le prince royal de Wurtemberg réunit son
«orps. Les six bataillons de la brigade Luxem
( division Palombini ) vinrent, roccuper Ger-
mersheini:, et le restant de cette division s'assçm*
bla à Bruchsal. La division de Darmstadt se réu-
nit à Philipshourg. Les troupes de Wurtembeig
vinrent camper derrière Germersheim ; un régi-
ment de cavalerie fut envoyé à Lustadtt : la di-
vision Wallmoden (plus tard Yacquant) descendit
de Spire devant Landau, ,
Le 23, le corps de Wurtemberg passa le Rhin,
â l'exception de six bataillons de la division Koch,
et douze escadrons de la division Palombini. Dans
l'après-midi, le prince de Wurtembei^ fit atta-
quer les lignes de la Queich, par (£ix-huit batail-
lond.et douze escadrons en deux colonnes. Nos
avant-postes , appartenant à la division Rothem-
bourg, se réunirent à Rheinasabem , . d*oii ils se
replièrent peu à peu^ en combattant, vers Lau-
terbourg. Les troupes ennemies qui avaient passé
la QUeich, s'avancèrent jusqu'à la hauteur ^ de
Rheinzabern ; le reste du corps de Wurtemberg
s'arrêta à Germersheim. >
Le â4 9 le corps de Wurtemberg continua son
mouvement. Le général Jett , arte um bataillon
et quatre escadrons , se dirigea vers la droite, sur
Bei^f^abem. Le général Luxem, avec six bataU-
Ions et huit escadrons , se porta plus à gauche ,
vers Babelroth , où il rencontra l'avant «garde du
général Rapp , composée du 7*" de chasseurs et
du 8* de dragons. Une charge brillante de notre
cavalerie arrêta l'ennemi, qui ne dépassa pas
Bergzabem. La division de Hesse - Darmstadt
resta à Billigheim , et la division Eocfa en arrière,
à Impfing. Le général Wallmoden , ayant laissé
devant Landau trois bataillons et deux escadrons,
s'avança avec onze bataillons et six escadrons à
Rheinzabern. Le général Palombini , avec la bri-
gade GzoUich (huit bataillons) et un régiment de
cavalerie , resta également devant Landau. Le gé-
néral Lalance , avec quatre bataillons de la divi-
«on Koch, resta à Germersheim. *
Le 25, le général Rapp quitta les lignes de la
Lauter , qu'il était impossible de défendre ; tant
parce qu'elles étaient tombées en ruines, que
IV. 18
/
ji74 " ufu nî.
par la disproportion du Bombre ; il vint prendi^
position â la tête de la forêt de Haguenau ; la di-
vision Grand|ean, é gauche, vers Rei^ofen, pour
couvrir la route de Bitche ; la division Albert à
Surbourg, en arrière de Soulz; i rextréme droite,
à Seltz , le général Rothembourg ; le général De»<
bureaux, avec un bataiUon de ligne, quelques
lanciers et une compagnie franche^ était à Sa--'
verne. Le corps de Wurtemberg s'avança jusqu'à
Weissembourg ; lavant -garde â Ingolsheim, à
moitié chemin de Soulz; la division Wallntoden ,
à Lauterjjourg. Le général Palombini fut rappelé
de la Queich, avec la brigade Czollich ; la brigade
Lalance fut chargée du blocus de Landau.
Le â6, l'ennemi attaqua notre position à Sur-
boui^ et à Settz.: dans ce dernier endroit 4ÎCkit ie
général Rothembourg,. avec la brigade de Gudin,
seule ; la brigade Fririon avait été détachée vers
le Port-Louis , pour couvrir les derrières de Tar*
mée. Dans le moment ou l'ennemi s'approchait ^
il fui encore obligé de détacher le 4o* régiment
sur m gauche. 11 ne resta donc à Sehz que ie 3^*,
doat un bataillon formait l'avant-garde et la ré**
serve; l'autre bataî|Uon, etcepté ûnè compagnie
qui était, employée à garder les gués jusqu'à Nt*
dei^Adem , formait le c<urps de . bataille. Vers
onze heures du matin, le général Wallmoden
parut devant Seltz; son avant-garde , composée
de quatre bataillons , deux escadrons et une bat*
terie, attaqua les trois compagnies que nous
CHAPITM III. QJ^
avions à la tête du boi». La résistance de *no»
trdupes fut vive H opûluiâtre, et ce-i^e fut qu'a«
près deux heures de condbtt^ et par une' dernière
atla4|ue des quatre batailkms , qile notire petite
avaut-^arde put être forcée de se repKer dans
Seltz; elle y occupa la partie de la ville situé à
la goOçhe dt la rivière. Les quatre batâôBoùs^ienH
ntvûi^ débouchèrent alors sur Selte, qu'ils essiyè^
rent d'emporter ; ils furent repousses avec pertes
Mais l^généralWallinodeui aj^nt «igi^é de non-»
voiles troupes , renouvela Tattaque , et parvint
à s'^mpaErer de h J^artle de. la ville au delà du
ponJb ' Une Dôuvelle charge de nos troupes cul-»
buta r^nnemi But. le bois, où il s'arrêta, rebuté
de ses uiutiles efft>rbk; Ce combat , que les rap^
pôirt^ ^menns appellent gbruux, coûta au gé*
néral Wallmoden )filus d^ cinq cents hommes.
Au centre, le prince de Wurtemberg se porta ^
sofw le.grc^ de son corps, sur Ja grande route
de Baguenau«. La diviii^ ÂJUbert avait pris po^
^tk>n à la tête de )a forêt, derrière la .Sure; le
vittage de Sorbolirg , sur 0on fir<mt , était gardé
par.ttn bataillon du 1 8* régiment, sotts les or*-
dnÊA du colonie VeyroL Vers dix heures^ la tête
de la colonne ennemie, composée d'un bataillon
et quaibre escadrons, sous les ordres du général
Jett,rfiâriit devant Surbourg^ N.os premiers; avant*-
postas furent repliés sur le village, et le combat
s^engdgêa;.^ Fibu après, le groB de l'avant -^garde
ennemie , bomposé de fax bataillons et huit eè^
wjG Livii ni.
cûdrom , arriTa , et le village de Surbourg fat
Tement attaqué. Le bataillon du 1 8* se défendit
avec la plus grande valeur , et ce ne fut qu'après
deux heures de combat , que le général Albert^
le voyant au momait d'être tourné, le fit replier
derrière la Sure. Le reste du corps ennemi étant
arrivé, le prince de Wurtemberg le fit déployer,
et le combat s'engagea sur tout le front de la
division Albert. Plusieurs fois l'ennemi tenta de
forcer le passage de la rivière; chaque fois ses
colonnes d'attaque fur^it culbutées avec une
grande perte. Enfin, vers le soir, lennemi, rebuté,
renonça à ses attaques , et se replia hors de la
portée du canon. Cette journée coûta au corps
de Wurtemberg, tant à Surbourg qu'à Seltz,
deux miUe hommes hors de combat et deux piè-
ces démontées. Notre perte s'éleva à trois cents
hommes.
Dans la nuit , le général Bapp continua sa re-
traite. La nouvelle qu'if venait de recevoir du
passage du Rhin, â Bâl6, par trois corps autri-
chiens , ne lui permettait plus de défendre le dé-
filé de Brumat ; il fallait se hâter de couvrir
Strasboui^. Ce fut dans cette marche,- que l'ar*
mée du Rhin apprit l'abdication de Napoléon.
L'effet moral de cette nouvelle pensa causer la
désorganisation de l'armée. Un de nos plus bra-
ves régimens, dont le nom était associé A bien
des hauts faits, fut au moment de la quitter, et
de se jeter dans les montagnes; mais l'ennemi
CUAPITRB 111. 377
s^a^ançaît , et U suffit de le dire pour que ce ré:
giment, qui n'avait jamais tourné le dos, restât
â son poste. Le soir, l'année française était en
position derrière la Souffel , à une lieue de Stras-
boui^; une petite arrière -garde d'infanterie et
de cavalerie fût laissée en avant de Brumat. Le
corps de Wurtemberg s'avança, le 27, par les
deux routes de Haguenau et de Lauterbourg ; Ta-
vant-garde du général Lvxem , eut, en avant de
Brumat, un léger engagement avec la nôtre, qui
ae retira derrière le défilé, où l'ennemi ne put
la forcer ; l'avant-garde de Luxem resta en ar-
rière de Brumat; le corps de Wurtembei^ prit
position plus en arrière à Schueffelheim ; la bri-
gade Czollich occupa Haguenau ; la division Wall-
moden vint à Drusenheim ; la brigade wurtem-
bergeoise de Lalance, ayant été relevée devant
Landau, arriva à Haguenau, le â 8 au matin.
Le 28 au matin , l'armée française occupait les
positions suivantes ; la division Rothembourg
était à l'aile droite ; les 39* et 4o* régimens, à la
droite de la route de Bischeveilcr ; le 36* devant
le village de Souffelweyersheim ; le 1 o3* au centre;
la division Albert était à l'aile gauche ; le 1 o' régi-
ment occupait Lampertsheim et Mundolsheim;
les 52% 1 8' et 57* couvraient les trois Hausbergen ;
une brigade de cavalerie, composée des 7* de
chasseurs et 1 1* de dragons, était en réserve. Nos
avant-postes étaient à Reichstett et à l'auberge de
Lampértsbeim ; la division Grandjean et une brir
Wjè UTAS Ul.
gade à» cavalerie , étaienl en ccrfonnes iur la roule
de Molsheim , afin d'obienrer le» mcavemeos que
pourraient faire les troupes ennemies venant de
Bâle.. Des troupes de la garnison de Strasboui^g
avaient été placées dans la Roberts^Au , et devant
Wantzenau. On y avait également établi des i>atte-
ries. I^s villages de Honheim , Bischheim et Schil-
ligheim avaient été retranchés et couvraient la
position que Tarmée devait occuper devant Stras-
bourg.
Dans raprès-midl^ l'ennemi parut, et vers
•deux heures le prince de WurtMâbei^ déploya
ses colonnes d'attaque. La division autrichiaone
-était à droite; la brigade Luxem et la cavalerie
du général Kinski se dirigèrent de Wendenheim
sur Fful-Griesheim ; la brigade CzoUîch fut déta-
chée de cette division et resta sur la grande route
près de Wendenheim ; la division hessoise du
prince Emile était au centre , die se dirigea de
Wendenheim sur Lampertsheim. Les troupes de
Wurtembeig étaient à l'aile gauche; la brigade de
Hohenlohe, a droite de la roule; la brigade Misany
au centre ; la brigade Hûgel , à gauche ; la cavar
lerie , derrière le ruisseaa de Wendenheim. La
division Wallmoden était encore en marche, et la
brigade Lalamce était restée à Haguenau.
Vers trois heures , . le combat Ait engagé par
l'attaque de Lampertsheim, par la division hes^
soise : la cavalerie ennemie se développa en m^ne
temps dans la plaine, en avant des colonnes.
GUAriTiifi m. 2279
Lompevtsheim , occupé par un bataillon du 1 o*
régiment , fut défendu losg-temps aVec vigueur
contre six bataillons de la division hessoise. A la
fin , la 2" brigade ennemie s'avançant , le colonel
Creité rappela son bataillon, et réunit le 1 0* ré-
ginbent à Mondolsheim. Le prince ÉmUe poussa
sa pointe et parvint à s'emparer des premières
maisons de Hundolsheim; mais une charge vi*
goureuse culbuta les Hessois au delà du ruls*
«eau , où ils furent contenus , malgré leurs ten*
tatives réitérées.
A peu près en même temps , le prince de Wur-
temberg avait fait attaquer Souffelweyersheim
par la brigade Hûgel , la faisant appuyer â droite
par la brigade Hobenlohe, et à gauche par la
brigadeJMUsany. La brigade Czollich s'avançait sur
Ja route de Brumat. Celle de Luxem avait dépassé
Pful-Griesheim. La cavalerie du général Kinski
était vers Dingsheim. La division Rothembourg s'é-
tait rapprochée du viOage de Honhdm , que cou-
vrait la brigade Gudin; le général Fririon, avec le
1 o3% était sur la route de Brumat ; le 3&' défendait
Souffelweyersheim. Le général Rapp, jugeant que
le projet de l'ennemi était de séparer les deux di«
visions , en portant ses colonnes sur' la route de
Brumat , resserra son aile gauche vers le centre.
Le 52' régiment fut envoyé à Mundqlsheim pour
appuyer le 1 o** ; les 1 8* et S'j' furent rapprochés , à
^îieder-Hausbergen. Le village de Souffelweyers-
heim fut vaillamment défendu; mais eoGn les
!iSo iivRE m.
colonnes ennemies parvinrent à passer le ruisseau
et à s'en emparer. Le 36' se replia sur le i o5', et
l'ennemi commençait à déboucher. Alors le géné-
ral Rapp, voulant Farréter pour dégager son aile
gauche, jeta au-devant de ses colonnes une compa-
gnie du 56", en tirailleurs, et porta en avant la bri-
gade Fririon. Ce général , laissant un bataîUon et
quatre pièces de canon près de l'auberge de Souf-
fel , marcha sur Souffelweyersheim et en rechassa
l'ennemi. Le général Gudin seconda l'attaque, par
un mouvement en avant sur la route de Bisch-
vrefler. Pendant ce temps , la division Wallmoden
s'était avancée à Wantzenau , où elle s'engagea
avec les troupes qui étaient à l'autre rive de l'Ill.
Cependant le prince de Wurtembei^ avait
fait entrer en ligne , a SouffelweyeKheim , les
brigades Misany, Hohenlohe et Czollich. D^un
autre côté, la brigade autrichienne de Luxem
menaçait en flanc les troupes de Mundolsheim.
Le général Rapp )ugea alors indispensable de
faire un moi^vement de concentration et de re-
traite. La division Rothembourg se rapprocha de
Honheim ; la division Albert se réplia en éche-
lons; les 18* et 57* régimens se retirant vers
Schilligheim ; le général Beurmann, avec les to*
et' 52% évacua Mundolsheim, en soutenant les
efforts de la division de Hesse et de la brigade
Luxem. L'ennemi, maître de Souffelweyersheim ^
s'avança : la cavalerie wurtembergeoise, débou-
chant rapidement par la grande route, força le
CUAPITRE 111. ubt
I>ataiUoix qui était à Souffel , a empara des quatre
}>ouches à feu et couronne^ le plateau ; les bri-
gades Misany, Hûgcl, Hohenlohe et Czollich at-
teignirent les hauteurs. Dans ce moment, le géné-
ra] Rapp, se mettant à la tête du 7* de chasseurs
etdu 1 1"* de dragons, chargea la cavalerie ennemie»
Cette charge eut le plus heureux succès ; la ca-
valerie 'wurtembergeoise fut mise en désordre.
XiC 3â* régiment , de la brigade Beurmann, arriva
aussi en colonnes serrées sur la cavalerie ennemie,
et lempéchade se rallier. Elle se renversa sur Tin-
fanterie encore en colonnes , et peu en ordre à
cause du passage du ruisseau, qui avait rompu les
bataillons. Le général Rothembourg , portant en
même temps sa droite en avant , l'ennemi fut re-
jeté en désordre au delà de la Souffel , et le com-
bat cessa. Il était alors plus de huit heures du
soir , et la déroute des Wurtembergeois fut telle ,
que les bagages s'enfuirent jusqu'à Haguenau;
une partie , et surtout ceux du prince de Wur-
temberg, furent pillés par les fuyards.
Le général Kinski , chargé de tourner la gau-
che de l'armée française, était arrivé à Ober-
Hausbergen. Là il se trouva en présence de la
division Grandjean. Celle-ci se déploya, et l'en-
nemi fut contenu de ce coté.
La journée du 28 coûta plus de trois mille
hommes à l'enneixti. Nous en perdîmes sept cents
et. quatre canons. Le lendemain , le général en-
nemi, pour se venger, fit brûlerie village de Souf*
l82 UVRK lil.
felweycnheim, sous le prétexte mensonger que
ks habiUBs ayaient fait feu sur ses troupes, et
fit rayager les y illages yoistas.
Le[[28., au soir, Farinée française feutra eu
partie dans Strasbourg, en partie dans les ré-
tranclieraens de Honheim, Bischeim et Schilli-
l^eim. Le corps de Wurtemberg resta au delà de
la Souffel, entre Reichstett et Wendenheim; son
aile droite occupant cependant Mundolsheim et
Nieder-Hausbergen. Le 29, elle occupa les vil-
lages de Souffelweyersheim , et les trois Hausber-
gen ; le quartier-général fut à Wendenheim. Le 3o,
trois bataillons et deux escadrons furent enyoyés
pour bloquer Schelestadt ; deux bataillons et un
escadron pour bloquar Phalzbourg. Le corps de
Wurtemberg resta devant Strasbourg jusqu'au 4
juillet , sans rien entreprendre militairenient. Mais
le prince de Wurtemberg fit des tentatives politi-
ques pour se rendre maître de la place. Il essaya
d'abord d'employer le pasteur de Wendenheim â
gagner le général Rapp ; ce moyen ne réussit pas,
parce que le pasteur refusa dé coopérer à une bas-
sesse. Le général Yacquant étant yenU prendre le
commandement de la division Wallmoden, le
prince de^/Vurtemberg le crut propre A décider le
général Rapp. Il fut envoyé à Strasbourg, le 5 juil-
let , pour demander la remise de la place au nom
du roi de France. Cette tromperie était trop gros-
sière pour avoir du succès. Le 4 juillet , le corps de
WurtembeiTg; ayant été relevé par celui de Hohcn-
CBAPITKS m. .â83
atoUern^ se mit en marche pour gagner Paris. Le
noéme jouF^ fe priiiGedeWmtemberg s'avança }us-
qa'à Mokheim. Le 5 , il était a Raon-l'Étape , et ce
îour-]à il fit faÎK une tentative inutile sur Phah-
bourg : le 7, àLunéViHe; le 1 3, à Cbaumont; le 1 7,
a Troyes, et le. â 1 , entre Montbard et Tonnerre.
Le corps de Hohenzollem avait passé le Rhin ,
dans la nuit du a5 au 26, à Rheinfelden et Crên-
zBcfa. Le 27 il était devant Huningue; le a8 il oc-
cupa Thann et Saint-Amarin; le 29 il occupa
Colmar et fit investir NeufnBrisach. Le 3 juillet,
Tavant-garde du général Klebelsberg était à Fe-
gersheim , en avant d'Erstiein , et investit Stras-
bourg de ce c6té. Le 4 > 1^ corps de Hohenzollem
releva tous les postes du corps de Wurtemberg,
et prit Finvestissement de Strasbourg avec la di-
vision y acquant , que le prince de Wurtemberg
y laksa. Ce jour-lâ , vers trois heures après midi,
le général Rapp fit faire une grande reconnais-
sance sur tous les poiqts du blocus. Notre cavâ-
4erte pénétra jusqu'à Ober^Hausbergen, et enleva
-quelques postes ennemis.
Le 9 îuiHet , le général Rapp, Toulant connaître
la force des troupes qu'il avait devant lui, se dé-
cida à pousser une pointe sur la route de Saveme.
A la pointe du jour, la division Albert et la cava-
lerie se mirent «n mouvement. La division Al-
bert se porta en avant sur deux colonnes : le 1 8*
et le 57*régimen8 à droite sur Mittel-Hausbergen ;
les 1 0* et 3a* à gauche sur Ober-Hausbergen. Les
D&4 uyM, m.
trois villages étaient occupée par la diûston au-
trichienne de Mazzuchelli , couverte par la cava*
lerie badoise. Cette dernière fut bientôt renversée
par la nôtre ; les villages de Ober et Mittet-Haus-
bergen, emportés par les i o* et 1 8* rég^ens ^ et
la division ennemie culbutée en désotxlre sur
Dingsheim. Le prince de HohenzoHem, ayant
fait avancer la division badoise de Schaefer, le
combat s'alluma avec vivacité. Nos troupes se
maintinrent cependant dans les deux villages.,
jusqu'au moment où le général Rapp fit don-
ner le signal dé la retraite. Elle se fit en bon
ordre, soutenue en échelons, à droite par le 5 7% et
a gauche par le 32*. Deux charges successives de
la cavalerie badoise furent repoussées ^ et cette
cavalerie mise en désordre. Depuis lors il n'y eut
plus devant Strasbourg aucun fait d'armes. Le'
22 juillet, une convention de suspension d'vmes
fut conclue entre le général Rapp et le prince de
UohenzoUern , pour les places de Strasbourg,
Landau, la Petite -Pierre, Phalzbourg, Sche*
lestadt, Neuf*Brisach , Fort-Mortier et Hunin-
gue {*). Cette convention eut le sort de toutes
celles qui allaient contre les vues secrètes des
coalisés; elle fut violée par le siège d'Hun ihgue.
Tant que l'activité des opérations militaires
avait tenu le soldat occupé, ses«réflexions sur les
évéuemens politiques et militaires avaient été sust^
C) rojez Pièce. jmiiBcalive», N« XLUI.
GHA?iTKS m. 285
pendues. Après la conclnsion de rarmisHce , dies
eurent un libre cours et portèrent Tagitaftiim
datas Farm je. Non^seuJement Fespérance de sau-
ver rindépendance nationale était déçue, et la
France avait succombé presque sans défense,
malgré le courage et le déveueipent des armées,*
mais Fexistence même de ces armées était mena-
cée : leur licenciement n'était plus un mystère.
Pour des cceurs droits, accoutumés à peser la
cociduife de cbacun à la balance de l'honneur
militaire, ignorant les principes, la marche et les
effets de la politique , et ne jugeant des causes
que par les résukats, et du devoir que par les
possibilités , les événemena du jour devaient pa-
raître incompréhensibles au premier coup d'onL
I^es factieux de Tintérienr de la ville, d-accord avec
les Autrichiens , s'emparèrent de la fermentatioîi
sourde qui agitait l'armée, et lui donnèrent une
direction, eax répandant des accusations de trahi-
son contre les chefs. Deux mesures fatales, ût
qu'on peut appeler hautement imprudentes , 6-
reht croître le mécontentement, qu'il ne fut plus
possible de contenir. La première fut l'ordre de
licencier l'armée et de renvoyer chaque homme
isolément, sans argent et sans armes; la seconde
fut celui de livrer à l'ennemi dix mille fusils de
l'arsenal dé Strasbourg. L'insurrection éclata , et
le gouve^ement se vit forcé de payer aux soldats
le prix de leur sang versé pour la pairie ^ et dont on
avait vouhi les priver. Le corps ennemi profita de
a8(i UYBB ai.
ce ttioBoaEit pour se mpprodier de la placc^ mai»
les mesures énergiques que prirent les troupes,
iiu3gré leur révolte, déjouèrent tous iles projets.
Les factieux qsd avaient excité la sédition en-^
reni la douleiBr de ne pouvoir pas livrer une de
nos pbces prinoipales à rennraai. Quelque péni-
ble .qnait pu éfeM.la révolte de Tannée du
pour les amis de la patrie, dtea prétantéai
une réflexion consolante ; c'est que le soldat finsH
çais^.méme au miitêa de ses égaremens^ sait s'a!»-'
tenir da .désordre» luKxtenx ^ et mtiourd aux si^
gestions de la perfidie;
Pendant qtie ces événemens ée passaient sur le
Rhin et davantStrasbouag^d'aùtrcs colonnes eun^
nkfcstsepoDtaisnt jflv* rannëe du Jura. Cette ar-
mée .kronmandéë pat* le général Lecourbe , était,
aincA qae nous Tavoiisvu livre:!, ehapitre i^, com-^
posée d'niae division. d'infanterie de ligM, d'une
de cavalerie, et d'une de gardes natkmales. Elle
éteit à peu près réunie éuv les frontières de la
Suisse^ vers Bâle ; la division Àbtié et la cava-
lerie eh pY^mière ligne , celle des gardes nationales
en Seconde ligne , devant Béfort. ' La division de
gatdes nationales du général Laplane, qui était
entre Pontarlier et Saint-Claude , dépendait de
Tarméè- du Jura ; niais , en ayant été ^itièrement
séparée , TMms ne nous occuperons d^^le qu'en
parlant dé Façmée dies Alpes.
Dans ta nuit du i5 au 36 juin, les corps de
Colloredo, de Hohenmllem, et de 4- archiduc
CHAPITKE m. ùBj
Ferdinand , padaèrent le Rkki « à Crenzach', près
Bâle. Le ^6, à .dix helires da matin, ilg éteient
en avant de Bâle , Ters la firontière * dé France^
La divitton Abbé était en position sur les hatt*^
leurs de TnHs-Maisons, sur la route d'Ahkirch;
elle occupait Hassingen. Le généiia! Meuifau ^
avec un bataillon d'infanterie et m'I^égiiMut
de cavalerie, éclairait Ferette; le général Caitex;
avec le 3* de hussards , la route de Mifidfiaifseni
Les corps de l'archiduc Ferdinand et de Hoiien-
z#Uem suivirent laToutê de Mûlhausen, et mves-
tirent Suningue. Nous^avons déjà rendu éovtfpt^
des mouvemens de ce dernier. ^ Le corps de Gol-'
loredo se dirigea sur Akkirch; les divisions Le-
derer. et Marschall, qui étaient eii télé, ayant
replié nos avant^postes , attaquèn^ent là <iivision
Abbé â Trois-Maiôons} après tm coii^ibâttrès-vffl
oà k maréchal de camp Maltet^se distàiguà^ lé
giénéralJUdbé se retira leptement etën b'èn ordre
à Tagadorf. .'. >
- Le 57, fe généralCoDoreda, ayant dirigé la bri-
gade Scbelther, de îa division Marzîâny, ^r !Fe-
rette, continua son mouvement. Le'généràï Abbé
s'était mis en reti^aite au point du jour, et avait
pris position au- delà de Dannemarie , derrière ïa
Largue î le Sa* réghnént était d'arrîère-garde, sous
les ordres du général Clavel et couvrait le bourg.
A peine la divisi^Mi était en position , que Danne-
marie fat attaqué par la division Lederer. Le Sa*
se défendit vaillamment, mais il ne put se soute-
â88 LITRE III.
nîr, et fut poussé vers la rivière. Le i o' riment
se forma sur-IeKshamp en colonne d attaque , et ,
s'élancant à la baïonnette sur les Autrichiens,
les rechassa de Dannemarile. Une charge brillante
des 3* el ^^ de hussards acheva de les mettre en
déroute , et les poussa sur la division Marschall ,
qui arrêta nos troupes. L'ennemi ne renouvela
pas son attaque y dont Fessai lui avait coiité en-
viron cinq cents honunes. Content de ce succès,
et ne voulant pas exposer ses troupes au choc de
tout le corps de CoUoredo , le général Glavel ra-
mena fes 5a* et lOâ* a la gauche de la Largue,
et fit rompre le pont.
. Le â8, l'ennemi ne fit aucun mouvement de-
vant Dannemarie. Le 29 , le général Abbé , ins^
truit de celui du corps de HohenzoUem, dont
les troupeu avancées occupai^t Thîuin et Màs-
vau'f., et sachant qu'un corps autrichien mar-
chai surr Pelle , jugea nécessaire de se retirer. Il
n'était, à la vérité, pas attaqué de front, mais il
dllai|: être tourné ; il vint prendre position a Cha-
vanne , ayant en avant du village les 6* et 5 a* ré-
gimens. L ennemi ne tarda pas à Ty attaquer;
nos troupes se défendirent avec une telle vi*-
gueur , que le général CoUoredo , désespérant de
forcer le passage de front, se décida à manœu-
vrer par les ailes ; il poussa à sa gauche la bri-
gade fioheneck, de la division Marziaôay, vers
Montreux ; la brigade Vilajta fut dirigée vers
Collonge. Le général Abbé, se voyant débordé
CHAPITRE III. ^89
par les deux ailes, fut obligé de se replier sur
la position ^e Foussemagne , où il se défendit
encore avec intrépidité ; mais le mouvement de
flanc continuant, il lui fallut se retirer en arrière
de Fray et se rapprocher de Béfort. Il prit po-
sitioîi à une lieue de la ville, ayant le général
Clavel avec le S 2* régiment à Pfasunx , le C à
Besoncourt, le 102* entre les deux , avec quel-
ques compagnies de la Haute-Sa^e, et un ba-
taillon du 62' à Chevremont ; à son extrême
gauche, â Roppes , était le S^ bataillon de Saône-
et- Loire; sur sa droite, les retranchemens de
Bourogne étaient défendus par le général Ber-
trand , avec deux bataillons de garde nationale.
Le général CoUoredo prit position avec son corps
principal, sur la route de Chevremont; la bri-
gade Vilatta était à CoUonge , et la brigade Hohe-
neck, vers Sainte-Croix. Cette journée coûta î)1u8
de mille hommes à Tennemi ; nous en peroJines
deux cent vingt-quatre. Le général Meuziâu / qui
avait été détaché le 28 vers Délie , avec deux esca-
drons et un bataillon du 62% rencontra lavaut-
garde du général autrichien Scbeither ; il la chassa
de Faverois , Courtelevant et Rochery ; mais l'ap-
proche du corps principal le força â se replier
sur Bourogne; le général Scheither occupa Délie.
Le 29 , le général CoUoredo , en même temps
qu'il attaquait le général Abbé, à la Chavaniie,
fit attaquer les retranchemens de Bourogne par
le général Scheither. ; Les généraux Bertrand et
IV. . 19
$^ UTIX iU.
«
Heunau , qui n'avaient pas plus de quinze cents
hommes â opposer à cinq mille , furent forcés ,
après la plus vigoureuse résistance ; ils se replié*
rent sur la Savoureuse , à Sevenans ; le général
Scheither occupa Mo val. Le 3o, le général Schei-
ther s'avança de Bourogne , et chercha à débou-
cher par Sevenans ; le général Lecourbe s'y porta
sur-le-champ, avec les 2* et 3* bataillons de
Saône -et -Loire. L'ennemi fut attaqué avec vi-
gueur et repoussé jusqu'à Bourogne. Le soir, le
corps du Jura occupa les positions suivantes : le
général Avisart était avec un bataillon àGiroma-
gny ; un bataillon à Yal-d'Oye ; un bataillon et
le 3* de hussards à Roppes; quatre bataillons
avec le général Clavel , à Pfasunx ; deux batail-
lons avec le général Abbé , à Besoncourt ; un ba-
taillon appuyait à Chevremont ; un bataillon et
sept canons, en réserve , à Perouse ; un bataillon
et le 1 3"* de chasseurs , avec le général Hambourg,
à Dam Justin ; un bataillon et un escadron à Se-
venans ; deux compagnies d'infanterie et un es-
cadron â Brémont ; quatre compagnies à Cha-
tenoix; un bataillon vers Charmont, et un à
Montbelliard. Le général Meuziau, avec trois
compagnies du i*" de la Côte-d'Or, un bataillon
du 62* et vingt-cinq chevaux , furent détachés â
Blamont ; le général Delorme , avec trois compa-
gnies du 1*' de la Côte-d'Or, au pont le Rmde ;
le restant des troupes était à Béfort.
Le 1** juillet, le général Colloredo, voyant son
GHAPITRB III. 29 1
aile gauche aTancée jusqu'à la Savoureuse, se
décida à attaquer le général Lecourbe de front.
Le général Marschall, avec une brigade, fut di-
rigé sur Yezelois et Sevenans ; le général Lederer,
avec deux brigade», sur Besoncourt et Chèvre^
mont ; le général Yilatta , sur Roppes ; le général
Scheither devait marcher par Morvillars sur Mont*
belliard. A Roppes , le chef de bataillon Fustha-
mel, qui commandait le 5* de Saône-et-Loire, se
défendit avec la plus rare valeur; il parvint même
a rechasser les deux premiers bataillons qui
étaient déjà entrés dans le village ; mais la bri-
gade ennemie ayant donné en entier, quatre cents
hommes ne pouvaient pas résister â plus de trois
mille. Le bataillon de Saône-et-Loire, formé en
carré, se retira, sans être entamé, en arrière de
Denne, où Tennemi prit position; au centre, Tei^-
nemi parvint à s'emparer successivement de Be-i
soncourt et de Chevremont. Nos troupes furent
un moment en déroute ; mais un brigadier de
gendarmerie , nommé Prost, ayant saisi une caisse
de tambour, ramena les soldats â la charge ; dans
ce moment , le colonel Jacquet , à la tête du 5â*
régiment , s'avança sur l'ennemi et le chassa de
Chevremont. Mais la position était tournée par
Denne et par Yezelois , et nos troupes furent obli-
gées de se replier à Perouse, où elles occupèrent
une position retranchée. A notre droite, l'ennemi
parvint à forcer le pont de Sevenans , et débou-
cha sur les deux bataillons de gardes nationales
ags UTBS III.
qui étaient en position derrière. Le général Ram*
bourg , qui était à peu de distance , se pré<!ipita
sur l'ennemi à la tète du â' régiment de hussards.
Les Autrichiens furent culbutés et rejetés au delà
du pont. Le général Lecourbe, dès qu'il avait
aperçu les efforts de l'ennemi pour s'emparer
du pont de Sevenans , avait rappelé le général
Meuziau , de Blamont , et lui avait ordonné d'oc-
cuper Audincourt et les hauteurs d'Étupes, afin
de couvrir Montbelliard. A peine la tête de co-
lonne du général Meuziau eut-elle dépassé Au-
dincourt , qu'on vit arriver sur le plateau la bri-
gade autrichienne de Scheither. Le i" bataillon
de la Côte-d'Or se jeta au-devant de l'ennemi,
avec une compagnie du 6â*, et , l'ayant attaqué
avec le plus grand courage , parvint à le contenir ;
mais le général Meuziau , ayant été prévenu que
l'ennemi passait la rivière au pont d'Essincourt,
se replia sur Montbelliard , où le bataillon de la
Côte-d'Or défendit le parc jusqu'à neuf heures
du soir. Le général Delosme fut également atta-
qué au pont le Roide ; l'ennemi fut repoussé avec
quarante hommes de perte.
Le â , le général Lecourbe demanda une sus-
pension d'armes ; mais les Autrichiens voulaient
avoir Béfort , et la négociation n'eut pas de suite.
La brigade Scheither se présenta ce jour-Iil de-
vant Montbelliard et attaqua les redoutes défen-
dues par le bataillon de la Côte-d'Or; cell^ de
gauche fut un instant abandonnée et immèdla-
CHiPITKB 111. 993
tement reprise par le 62*. Après d'inutiles efforts,
rennemi renonça à^ses attaques. Alors le géné-
ral Meuziau se replia sur Dien, et le même sob
les Autrichiens occupèrent Montbelliard. Ces
deux journées nous coûtèrent six cent cinquante
hommes et plus de quinze cents à Fenhemi.
Le 3, les deux armées restèrent en position^
mais le 4« le général CoUoredo, voulant com-^
pléter Finyestissement de Béfort, fit attaquer les
villages de Dam Justin et de Brémont, tandis
qu'un corps dé cavalerie se portait sur Giroixia-
gny , pour gagner la route de Lure. Le général
Lecourbe, averti de ce mouvement, porta sur
Giromagny une reconnaissance commandée par
le général Montfort , et la fit soutenir par quel-*
ques bataillons de garde nationale , sous les or-
dres du lieutenant -général Sainte-Croix. Les
troupes avancées des Autrichiens furent poussées
jusqu'à Chaux , mais l'ennemi étant en forces à
Roppes , attaqua vivement le village d'Ofl&nant.
Le 5' bataillon de Sa6ne-et-Loire y était posté,
pour couvrir la reconnaissance. Le brave chef
de bataillon Fusthamel se défendit avec intré-
pidité et soutint courageusement la charge d'un
régiment de hussards; mais après avoir reçu plu-
sieurs charges , le bataillon fut enfin entamé et
forcé de se replier sur. la Savoureuse. Le chef
ayant pu rallier son bataillon, le ramena à l'en-
nemi , qu'il repoussa jusqu'à Offmont. Il ne serait
pas néanmoins parvenu à reprendre le village si
2g£^ UYRS lu.
le gàiéral Montfott, rappelé par le brait do
combat , ne fût venu â son secours. L'ennemi
fut mis en déroute et repoussé d'Offmont. Le
général Lecouri>e s'y étant porté avec deux ba-
taillons du Jura et un régiment de cayakrie, les
A^utrichiens furent attaqués de nouveau et rejetés
sur Roppes. Le chef de bataillon Fusthamel fut
blessé j et deux de ses officiers tués ; un , le lieu*
tenant Courbette , fait pris<mnier, s'échappa des
mains de l'ennemi. Le général Sainte-Croix avait
été blessé en avant de Yal-d'Oye. Le même jour,
le poste de Damjustin avait été si vivement atta-
qué , que l'ennemi pensa s'en empsffer. Le géné^
rai Lecourbe , voyant le danger de nos troupes ,
s'y porta avec le i3* de chasseurs, fit battre la
charge et culbuta l'ennemi. Une colonne d'in-
fanterie autrichienne , chargée par le ^lonel Des*
rivaux à la tête du 1 3* de chasseurs , fut enfoncée
et dispersée. Mais la brigade autrichienne qui
avait occupé Montbelliard se portait sur Héri-
court, le poste de Brémont était pris à dos, et
rien n'empêchait plus l'ennemi de passer la Sa-
voureuse. Le général Lecourbe se vit forcé de
retirer les troupes qu'il avait â Brémont et de
les reployer en arrière de Bavilliers. Le général
CoUoredo avait fait attaquer en même temps Pe*
rouse et Bavilliers. Le premier endroit était dé-
fendu par le général Abbé , avec une partie de
sa division et par quelques bataillons <fe la Hautc^
Saéne. Un bataîUoii du 6" qui occupait Perouse
CHÂPITKE m. 21^5
fut d'abord fbrc^, mafe, soutODU par le ioâ% il
repoussa reunemià son tour. Deux bataillons de
Saône-et-Loïre» commandés par le major Morellî^
et qui défendaient la redoute des Perches, repous*-
sèrent également les attaques de Tainemi; Cette
affaire coûta aux Autrichiens plus de mille hom-
mes h<M*s de combat; nous en perdîmes trois
cent cinquante. Le soir l'aile gauche du corps
de Golloredo prit position à la droite de la Say
Youreuse , entre Brémont et Héricourt , occup*-
pant Bavilliers et Essert.
Le général Lecourbe attendait avec impa-»
tience l'arrivée d'un convoi de vivres venant de
Yesoul. Depuis quelques jours il avait envoyé
dans cette place le colonel Seganville , du â* de^
hussards, avec cent chevaux et trois cents hommes
d'inianteri», pour le chercher. Le colonel trouva
à Lure , en revenant , le général Meuziau , qui y
avait été envoyé de Dun, avec trois bataiUons,
pour couvrir le convoi. Les deux détachemens
se réunirent et se unirent en marche , avec cent
soixante voitures de vivres. Le 5 juillet, le gé*
néral Lecouibe, instruit de leur approche, fit
vivement attaquer et emporter à la pointe du
jour les villages d'Ëssert et de B^vilfiars. L'ennemi
retira ses troupes de la route de Lure, pour-
couvrir celle dç Besançon, et le convoi entra â
la faveur de ce mouvement. Le 6 , le corps du
Jura occupait les positions suivantes : la division
Abbé , composée 4e sept bataillons ^ défendait le
2q6 livre III.
front de Béfort qui regarde les routes de Colmar
et d'Âltkirch. La division Gastex, composée de
cinq bataillons et du 1 3* de chasseurs , occupait
Dam Justin et défendait la route de Montbelliard.
La brigade Martel , de trois bataillons , occupait
Bavilliers et Essert; la brigade Avisart, de deux
bataillons , occupait Val-d*Oye. Le général Meu-
ziau , avec les 2* et S"* de hussards était à Béfort ,
dont la garnison se copiposait de quatre bataillons
de garde nationale , un de douaniers, un deretrat-
tés 9 et une compagnie de vétérans. La nouvelle
des événemens de Paris étant arrivée à Béfort, des
négociations furent entamées pour une suspen-
sion d'armes. Le i o , le général Lecourbe , ayant
eu avis de l'approcho du général Delosme, qui
venait de Besancon avec un convoi, voulait tenter
une attaque générale. Mais la disproportion des
forces était trop grande , pour qu'il f àt possible
de rejeter l'ennemi à la rive gmuche de la Savou-
reuse. Le général Lecour)>e* se vit donc forcé , le
1 1 , de ratifier la convention qui put être n^o-
ciée par son chef d'état-major. Elle devait durer
jusqu'à la paix, et comprendre la place de Besan-
jçon et les troupes du général Laplane. L'ennemi
s'engageait à laisser entrer dans Béfort , tous les
quinze jours, des subsistances, à raison de dix mille
rations de vivres et dix-huit cents de fourrages.
Nous avons vu que l'archiduc Ferdinand, ayant
passé le Rhin dans la nuit du 25 au 26, avec les
corps de Colloredo et de Hohénzollern , s'était di-
CHAPITRE m. !I97
rigé yers Mûlhausen. Le âS, Tarchicltic Ferdi-
nand occupa Tfaann , et le 29 , son avant-garde
était à Colmar; il y arriva le 3o. Là il se sépara
du corps de Hohenzollern , et se dirigea sur Sainte-
Marie-aux-Mines. Le 4 juillet, il arriva à Raon-
rÉtape ; le 8 , à Neuf*Ghâteau ; le 1 o , à Doulevant ,
où était le quartier-général de Schwarzenbeiig ;
le 22 juillet, l'archiduc Ferdinand était d Fontai-
nebleau , d*où il vint prendre des cantonnemenB
autour de Dijon. Nous ne devons pas oublier que
pendant la marche des Autrichiens dans les dé->
partemens des Yosges , il furent singulièrement
inquiétés par les partisans et par la garde nationale
armée. Schi^arzenberg , encore irrité du danger
qu'il avait couru à Sari>ourg , résolut de s'en ven-^
ger, et ordonna qu'on arrêtât les preniiers gardes
nationaux qu'on pourrait rencontrer. Le 7 juil-
let, on lui amena neuf hommes de la garde natio-
nale sédentaire des villages de Lagny, Pogney et
Ecoux : ils furent assassinés par un jugement
d'un prétendu conseU de guerre. Wrede et le
prince de Wurtemberg ei) faisaient autant de
leur côté. Les villages étaient incendiés, sous
prétexte que les habitans avaient pris les armes
pour se défendre des bandes de maraudeurs , qui
s'appelaient avant-garde , et qui y conmtiettaient
des horreurs sans exemple.
Nous avons jusqu'à présent passé sous silence
les mouvemens du gros de l'armée russe. Quoi-
qu'elle n'ait eu aucune opération mUitaire , comme
398 UVBB KU.
eUe a pris part à l'occupation de la France , nous
réparerons cette omission. Nous dis<Mis qu'elle a
pris part à l'occupation , et nous sommes loin de
l'accuser de déTastation. La discipline sévère de
cette armée a diminué les charges qui acca-
blaient de toutes parts notre patrie. C'est une jusr
tiq^ que l'impartialité historique doit lui rendre ,
en 1 8 1 5. Sous le rapport politique , sa présence
est peut-être loin d'avoir été un malheur. Le
maréchal Barklay de Tolly passa le Rhin à la
fin du mois de Juin , à Mannheim et Oppen-
heim , avec les corps d'in&nterie de Doktorow ,
Sackeh, Laogeron, Sabaneîew, la réserve de
grenadiers, et les corps de cavalerie deWinzin-
gerode et Pahlen. Ayant laissé le corps de Lan-
geron pour observer les places de la Sarre et de
la Moselle, il s'avança avec le reste de son aripiée
à Châlons , ou il arriva le 10 juillet. Quelques
troupes russes s'avancèrent jusqu'à Paris , et
bientôt après l'armée entra en cantonnemens.
CHAPITRE IV. agg
CHAPITRE IV.
O^p^tioDS de rarméedes Alpes. —• Combats dt MonUoëfian, de Mal-
taTcrne et des Bauges , le 1 5 juin. •— Combat de Thonon , le a i . ^—
Combats de Conflans et d'AigoebeUe, les Q7 et a8. — Suspension
d'armes. —Combat des Rousses , le 3 juillet. —Combats de Cbarix et
d*OyonnaaL, le 3.-^Piise de Grenoble. — Conrention pour Fannec
des Alpes. — Les Autrichiens ^'avancent vers Besançon. — Opérations
de Tarmée duVar. — Assassinat du maréchal Brune.— Places prises
par FenDemî, jusqu'au ao septembre. — Combat de Longwyy le
14 juillet. —Si^ga de Hmùngue.
Lb maréchal Suchet, dont la petite armée
était étendue snr les fronti^es de France, depuis
Gcx fusques vers Grenoble , avait reçu Tordre
de commencer les hostilités en même temps que
Farmée du nord. Il fit en conséquence ses dis^
positions pour passer la frontière le i5 juin. Il
réunit, le i4, les divisions Desaaix et Maransin,
vers Chambéry et le fort Barreaux. Les défilés
de Saintr*Claude et des Rousses étaient retran*
chés, et défendus par des gardes nationales. Le
fort de l'Écluse , ainsi que le passji^e des Échel-
les^ avaient été couverts par des ouvrages. Le
3oo UTRB m.
plan du maréchal Suchet était de gagner le plus
tôt possible Saint-Maurice par son aile gauche et
le Mont-Cénis par la droite. De cette manière il
transportait la guerre sur le sommet des Alpes ;
c'était le seul moyen de résister à une force aussi
imposante] que celle qui le menaçait , et de la
combattre avec quelque avantage.
Dans la nuit du i4 au i5 juin, la division Ma-
ransin déboucha sur Montmélian. Les Piémon-
tais avaient sur ce point les deux régimens de
Savoie et de Piémont , et les chasseurs de Robert.
Montmélian fut surpris , et on y fit près de trois
cents prisonniers. Le régiment de Savoie , qui se
replia sur Aiguebelle , prit position à Maltaverne;
il en fut chassé. Ce même régiment essaya en-
suite de défendre le pont de TArc et y opposa
une vive résistance ; mais le 1)4* ^^ l^e Tayaut
chargé à la baïonnette , le pont fut enlevé , et deux
bataiUons mirent bas les armes. Le régiment de
Piémont et les chasseurs de Rob^t suivirent la
vallée de l'Isère. Au revers des Bauges , ces deux
corps prirent position et essayèrent de tenir ;
mais le i4* régiment les débusqua et les poussa
jusqu'à l'Hôpital, près de Conflans. Le soir, la
division Maransin prit position , en partie à Ai-*
guebdle , en partie à Conflans. Des délachemens
furent envoyés pour suivre l'ennemi et éclàireâr
les vallées de l'Isère et de l'Arc.
La divisiom Dessaix fut dirigée sur Genève ;
mais elle avait un plus long chemin à fake , et
CHAPITKE IT. 3oi
elle ne put arriver sur les bords de TÂrve que
le 1 7. Garrouge fut emporté , et le géné];al Des--
saix ayant l^ssé quelques troupes devant Ge-
nève^ fit occuper Bonneville, et s'avança vers
Thonon.. Il arriva devant cette ville le 20 juin.
Pendant ce temps, la division Mâransin resta
dans ses positions de Gonflans et d'Aiguebelle. Le
maréchal Suchet , qui devait craindre que len-
nemi ne débouchât par Genève ou par le Valais
et le bord méridional du lac , ne pouvait faire
encore aucun mouvement par sa droite. Il lui
faUait attendre que Genève fût pris , et le passage
de Meillerie occupé.
Gependant le général ("rimont, commandant
l'armée autrichienne dans l'Italie supérieure , s'é-
tait mis en mouvement dans les premiers jours de
juin, avec son armée .forte de cinquante -quatre
mille hommes environ. Il la dirigea sur les Alpes
en deux colonnes. Celle de droite , composée des
corps de Radiwojewich et Merville, était forte
d'environ trente-huit mille hommes , en trente-
neuf bataillons et quarante-huit escadrons ; elle
se dirigea par le. Simplon sur Saint-Maurice , par
le Valais. Gelle de gauche , composée du corps de
Bubna et forte de quinze mille hommes , en dix-
sept bataillons et douze escadrons , se dirigea par
Turin , et de là au Mont-Génis ; elle devait être
jointe en Savoie par les troupes du roi de Sar-
daigne , qui s'y trouvaient au nombre d'environ
douze mille hommes.
30!2 LITRE m.
Le 2 1 juin , le général Dcssaix résolut d'em-
porter Je pont de la Dranse , en arrière de Tho-
non, que défendaient les Piémontais. Un ba-
taillon du 4^* fu^ passer la Dranse à Effreux , se
dirigeant sur Evian , pour tourner Tennemi. Un
détachement du 53*, avec cinquante dragons, sous
les ordres du colonel Beauchaton , marcha droit
au pont. Il fut enlevé à l'arme blanche , et nous
fîmes cent cinquante prisonniers. De là, le gé-
néral Dessaix poussa le bataillon du 4^* ^ur
Meillerie , pour occuper ce défilé ; mais les Autri-
chiens nous avaient prévenus. Le 20 , le général
Crenneville , avec Favant-garde du corps de Ra-
diwojewich était arrivé à Saint-Maurice. Averti
de la marche du général Dessaix , il porta rapi-
dement en avant le général Bogdan avec quatre
bataillons ; lui-même s'avança jusqu'à Monthey.
Lorsque nos troupes arrivèrent devant Meillerie ,
elles trouvèrent déjà le général Bogdan occupant
le défilé , entre cet endroit et Saint-Gingolf . Leur
attaque fut repoussée , et le général Dessaix, averti
de l'approche des Autrichiens , se replia derrière
la Dranse, laissant quelques troupe^ à Evian.
L'ennemi , content d'avoir occupé Meillerie , ne
s'avança pas, voulant attendre que toutes ses
forces fussent réunies.
Le général Bubna s'afvançait de son côté , et
une reconnaissance poussée le 22 de Briançon,
rencontra à Sezanne le régiment autrichien de
Kerpen , qui couvrait la marche du corps d'ar-
CHAPITRE IV. 3o5
mée. Le â4 ^^ le 26, le corps de Bubna passa le
Mont-Cénis. De Lans4e-Bourg , les brigades de
Trenk et de Bretschneider (onze bataillons) , avec
la brigade piémontaise d' Andezène , furent diri-
gées vers Moustiers. La brigade Klopfstein ( six
bataillons) , avec un corps piémontais , fut dirigée
vers Saint -Jean de Maurienne. Le â6, nos pos-
tes avancés furent repoussés de Moustiers et de
Saint-Jean de Maurienne. Le 27, l'aTant-garde
de Bubna parut devant Conflans , et essaya d'em-
porter la ville; elle fut repoussée avec perte.
Conflans était défendu par le 1 4' régiment et un
bataillon du 20"; une tête de pont avait été éta-
blie au confluentMeTArly et de l'Isère, en arrière
de la ville. Le même jour l'ennemi fit une tenta-
tive non moins infructueuse sur Aiguebelle. Le
général Dessaix , qui s'était replié derrière l' Arve ,
fut également attaqué Iç 27 à Bonne ville , par le
général Bogdan ; cette attaque n'eût pas plus de
succès que les autres. Le maréchal Suchet, qui
voyait que l'ennemi avait porté ses principales
forces le long du lac de Genève , craignit d'être
prévenu à Lyon. Désirant pouvoir concentrer ses
troupes à la rive droite du Rhône , fl fit proposer
au général Bubna un armistice de quelques jours ;
celui-ci le refusa.
Le 28, le général Bubna fit renouveler l'at-
taque de Conflans ; la brigade piémontaise d' An-
dezène se porta contre notre aile gauche à Ven-
ton; la brigade Trenk attaqua notre droite à
3o4 UV^M UI.
Conflans et le long de .llsère ; le combat fut vif
et opiniâtre : nos bataillons , et surtout ceux du
i4% se battirent avec la plus grande valeur. L en-
nemi , repoussé dans toutes ses attaques , perdit
près de douze cents hommes ; l'attaque d' Aigue-
belle, faite en même temps par la brigade Klopf-
stein, n'eut pas un meilleur succès. Les deux com-
bats du 27 et du 28, coûtèrent à l'ennemi plus de
dix-huit cents hommes hors de combat et cinq
cents prisonniers. Le maréchal Suchet renouvela
ce )our-là la proposition d'une suspension d'ar-
mes; le général Bubna, rendu moins difficile par
le mauvais succès de ses entreprises , y consentit,
et le général Frimont , qui était arrivé ce jour-
là sur r Arve avec le gros de son armée , ratifia
l'armistice , qui devait durer jusqu'au 2 juillet ;
l'armée des Alpes devait se retirer derrière les
frontières de l'ancienne France.
Le maréchal Suchet profita de l'armistice pour
remettre son armée en ligne ; la division Dessaix
fut chaînée de défendre les défilés du Jura de-
vant Gex et au pas des Rousses ; la division Ma-
ransin était à l'aile droite, vers Seyssel. Le géné-
ral Pannetier, avec quelques bataillons de garde
nationale, défendait les Échelles; le général Fri-
mont, de son côté, déploya son armée en trois
colonnes. Le corps de Radiwojewich passa le
Rhône à Genève, afin d'entrer dans le départe-
ment de l'Ain, par Saint-Claude; ce corps de-
vait s'étendre vers la Haute-Saône et le Doubs ,
CHAPITKE IV. 3o5
du côté de Maçon et de Dole. Le corps de Mer-
ville , que le fort l'Écluse empêchait de suivre la
grande route de Genève à Lyon , devait suivre la
rive gauche du Rhône, le passer à Perte -du-
Rhône , et se diriger sur Nantua et Pont-d'Ain.
Le corps de Bubna devait suivre la route de
Chambéri â Lyon, par les Échelles.
• Le 2 juillet , le corps de Radiwojewich , se pré-
senta devant les Rousses , avec les brigades Pflû-
ger et Fœlseis ; le général Bogdan , avec quatre
bataillons , était resté en observation sur la route
de Gex à Saint-Claude. Les retranchemens des
Rousses furent attaqués d'abord par la brigade
Fœlseis; l'ennemi fut repoussé; mais le général
Radiwojewich , ayant fait entrer la brigade Pflû-
ger en ligne, le général Dessaix, qui n'avait pas
trois mille hommes , fut obligé de céder à la su-
périorité du nombre, après un long et sanglant
combat ; il se replia sur Saint-Claude , et le len-
demain sur Oyonnax. Cette journée coûta plus
de mille hommes à l'ennemi.
Le même jour, un régiment du corps de Mer-
ville, ayant été détaché contre le fort l'Écluse,
parvint, après un combat opiniâtre, à emporter
la redoute extérieure, dont on l'avait couverte;
l'ennemi y perdit deux cents hommes. Dans la
journée j le bombardement commença; le 6, au
matin, le magasin à poudre sauta, et le fort
démantelé fut obligé de se rendre.
Pendant ce temps , le corps de MerviUe s'était
IV. 20
5o6 uviiB III.
avancé le long du Rhône , et était arrWé deranl
la tête du pont de Perte-du-Rhone ; elle fut éva-
cuée et le pont détruit. Le général Merville en
fit ]cteiF un autre un peu plus bas , Â Gresia , et
ses troupes passèrent le Rhône le lendemain ma-
tip. Le 3, les corps de Radiwojewich et de Mer^
ville s'avancèrent sur Nantua ; le premi^, par
la route de Saii^t-Claude , l'autre , par ceUe de
Châtillon; le maréchal Suchet occupait Nantua,
ayant des troupes à Oyonnax ejt à Charix. Le
poste d'Oyonnax fut attaqué par le général Bog-
dan ; celui de Charix , par le général Harde^ ,
avec douze bataillons ; le combat fut assez vif et
coûta , sur les deux points, près de six cents hom-
mes aux ennepiis ; ils furent contenus de l'un et
de l'autre coté; le maréchal Suchet sentit ce-
pi^odant qu'il ne lui était pas possible de se sou-
tenir^ contre plus de trente-cinq mille hommes
qu'il avait devant lui; il était exposé à être tourné
à sa gauche par Bourg , que le général Radiwo-
jewich pouvait atteindre sans difficulté; adroite,
le général Pannetier ne pouvait se soutenir de-
vant le corps de Bubna et les Piémontais ; Tac-
ces de Lyon allait donc se trouver également ou-
vert de ce côté. Une nouvelle tentative, pour
obtenir une suspension d'armes, avait été inu*
tile , parce que le général Frimont exigaiak la re-
mise de Lyon. Ces réflexions engagèrent le ma-
réchal Suchet à se replier, d'abcH:d sur Nantua,
et ensuite sur Pont-d'Ain.
CHAPITRE ÏT. ,5p7
Cependant le. génécal Bubna , ayant débouché
par les deux vallées dç TArc et de l'Isère, avait
étendu son corps d'armée entre Montmélian et Jç
Bourget; ce dernier point étak occupé par j[a
brigade Trenck ; les Piémontais étaîe;it à Monlr-
niélian. Le .6| le général B.ubna fit çcçoipcj^ le
pont de Beauvoisin , par Tavant-jgar^e <lu géné-
ral Bretschneider. Le même )our, le générfiji
Trenck, ayant laissé un petit détachement ppur
observer le fort de Pjerre-Châtel^, ç^^vwQ^ i
Saijit-Geniés ; le général Biibna avait popi^sé,
dès le 2, le cctrps piémoootais .^pr Grenoble;
Tavant -garde, commandée par le ^néi^^t Gif-
flenga, arriva devant la ville dès le 4; le corps du
général Latour y arriva le 6 , et Ja brigade d'An-
dezène^ occupa les hauteurs de Yoreppe; Le fau-
bourg fut attaqué, et après une vive résist^ce,
emporté et saccagé. La ville de Grenoble , gar-
^ée par quelques bataillons de ^arde nationale ,
fut alors étEoitement resserrée ; Jie général. P^r
netier^ jdacé aux Échelles^ avec quelques i(>a-
taillons de garde nationale , se voyant tourné par
sa droite et par sa gauche , ^se ^epHa. si;^r La Tq^r-
du-FjuQ, le 6, ayant fait ron^pre Ja grande ^oute,
et laissé une. centaine d'^onunes au fprt Lar
x^rotte. Le mèi;ne soir, Je régiment a,utrichien de
Kerpen , s'étant présenté .devant ce fort ^ le com-
mandant se rendit sa^s tirer un coup de fusil.
Le 7, ie général Bubi^a ayant fait réparer la route,
fii occuper les Échelles par la brigade Klopfstein.
3o8 'livre ni:
Le 9 , le général Frimont coutinua son mou-
vement. Le corps de Radlwojewîch occupa Bourg,
où le général Frimont établit son quartier-géné-
ral ; le corps de Merville s établit à Nantua ; celui
dé Bubna s'était avancé jusqu'à La Tour-du-Pin.
Ce^our-là , la ville de Grenoble se rendit au gé-
néral Latour; la garde nationale mobile qui y
était en garnison , Tut licenciée.
L(i 10, le général Frimont détacha la brigade
Pfli^get* au pont de Maçon, qui était défendu par
quelques gardés nationaux de Saône-et-Loire, A
minuit , la tête du pont fut attaquée , et après un
combat assez vif, les Autrichiens , favorisés par
letii^ nombre , l'emportèrent , malgré la valeureuse
résistance des braves gardes nationaux de Saône-
et-Loire: le corps de Merville s'avança à Pont-
tï'Aiù ; celui de Bubna était vers Bourgoin.
* Le maréchal Suchet , après les combats de
(^harîx et d'Oyonnax , s'était mis en retraite sans
.tenter davantage la fortune des armes. La capi-
tulation* de Paris, qu'il apprit peu après, acheva
de'fi<er ses déterminations ; il aurait pu , en s'en-
fermaût dans tyon, conserver les magasins et le
matériel d'artillerie, qui y avait été réuni pour la
défense de la place ; il préféra accéder aux con-
ditionà imposées par l'ennemi, et abandonner
Lyon. Le 1 1, une convention, conclue entre le
ttiarècharSuchétot le général Frittiont, remit aux
Autrichiens la place de Lyon ; l'armée française
ie retira derrière la ligne de démarcation établie
CHAPITRE IT. ?09
par cette coaventioD ; elle passait de Maçon par
Beau)eu, Tarare, Montrotticr, Izeron, Saint-r
Andeol, Gondrieux, le Bhône, jusqu'à Tembou-
chure de Tlsère; le Drac et le cours de la Ro-
manche (*). Cette convention fut encore violée
comme à lordinaire, puisque, le 12 août, les
Piémontais allèrent s'emparer de la place. d'Ëm-^
brun et du matériel qu'elle contenait.
Après la reddition de Lyon , dont l'occupation
fut confiée au général Bubna, le corps de Radi-
wojewich , se dirigea de Boui^ sur Maçon , où il
arriva le 12; son avant-garde occupa. le même
jour Chdlonfr-sur-Saône ; le corps de Merville se
dirigea de Nantua sur Lons-le-Saunier. Le gé-
néral Laplanc , qui ne pouvait plus tenir les pas-
sages du Jura, avait quitté Pontarlier, défendu
encore par le fort de Joux , et s'était replié à Sa-
lins, avec sa faible division de gardes nationales.
Le 16, la brigade Mumb et la brigade Hecht, du
corps do Merville , se présentèrent devant Salins ;
le général Radiwojewich avait fait avancer la bri-
gade Fœlseis devant Besançon ;.le général Laplaae,
se voyant enveloppé , consentit à une conventioU|
ensuite de laquelle la garde nationale fut licen-
ciée , et les officiers se retirèrent derrière la Loire.
Dans le mois d'août, l'armée du général Frimont
occupa les positions suivantes : le corps de Radî-
.wojewich, à Vienne; le corps de Bubna, à Lyon;
(*) Voyez Pièces jastificotWes, N« XLIV.
5lO LIVRE ttl.
le totps de MerTiHe, à Maçon; lé corps piëmoit-
tais,' à Gap.
Vers le commeDcement de Jum , le maréchal
Brune avait rénni sa petite ariàée sur les bords
du Var, entre Antibes et Gîtette. Hors d*état' de
rien* entreprendre , il se contenta de défeildre les
frontières de lempire , contre un corps piémon-
tais qui s'assemblaient à Nice , sous les ordres du
générai d'Osasco. La nouveHe des désastres de
Waterloo ne tarda pas à exciter la plus grande fer-
mentation, dauÀ les départemens du Yar, des
Bouches-dtt-Rhéne et des Hautes-Alpes. Une in-
surrection éclata lé â6 juin à Marseille, où eHe
coûta la vie à plus de huit cents personnes, parti-
culièrement aux Mamelouks et aux Égyptiens
qui s'y trouvaient, et qui furent massacrés sans
distinction d'âge ni de sexe. Cette insurrection
força le général Verdier à se retirer avec sa gar-
niscm à Toulon. D'un autre côté, les généraux
Pereymond et Loverdo , ayant organisé des trou-^
pes dans le district de Digne , marchaient contre
Tarmée du Var. Lé maréchal Brune, attaqué de
front par les Piémontais , et harcelé sur ses der-
rières par les généraux Pereymond et Loverdo ,
songea à sauver Toulon , qu'il craignait de Voir
livrer à rennemî , malgré la résistance du général
Yercfier, qui n'avait que quinze cents hommes à
ses ordres (*). Il conclut, le g juillet, un armis-
{*) Deux liataillons de maritie.
CHAPITRE IV. 3l 1
tlce ayec le général d'Osasco , et replia son armée
à Brignoles, afin de couvrir Toulon. Mais de
nouveaux ennemis s'avançaient : le marquis de
Rivière débarqua le i3 juillet à Marseille, avec
cinq mille Anglo-Siciliens ; une escadre anglaise
se présenta devant Toulon , et le maréchal Brune
y porta son quartier-général le 1 7. Bientôt l'ar-
mée du Var s'y trouVa resserrée par les Piémon-
tais , par les généraux Pereymônd et Loverdo , et
par les Angio- Siciliens qui occupaient MarseUle.
Le 24 9 le marquis de Rivière vint lui signifier,
que les alités s'abstiendraient de toute hostilité,
si le maréchal Brune se démettait du comman-
dement de l'armée du Var, et quittait Toulon. Le
maréchal Brune se sacrifia à sa patrie, et ne.vou-
hit pas servir de prétexte à d'autre efi*usion de
sang; il n'y eut en efiet que le sien de versé.
Malgré le licenciement de l'armée du Var , l'ar-
mée autrichienne du général Bianchi, voulut
encore avoir sa part de l'occupation de la France.
Elle passa les Alpes au mois d'août, et vint inonder
les départemens du midi.
La convention de Paris, la dissolution de lar-
mée par ordonnance du 6 juillet (*), et le réta-
(*) C«ttc ordonnance i^appaic sur une autre , rendue h Lille le iS mars ,
qui dc')& licenciait l'amiee. Le considcrani en e^t ainsi conçu :
Lxïuis, etc.
Considérant qu^il est ucgcnt d^orgauiscr une nouvelle arm^e, attendu
5iâ LIVRE ai.
blissenient de la royauté , ne mirent cependant
pas fin à la guerre, et lea opérations hostiles furent
continuées pendant plus de trois mois , après la
reddition de Paris. Les armées coalisées , après
s'être fait remettre le matériel immense qui était
à Lyon et à Paris , et avoir tiré même des armes
des arsenaux qu'elles ne possédaient pas , se ré-
pandirent dans rintérieur. Là elles s'occupèrent
à compléter le désarmement , sous différens pré-
textes. Pendant ce temps , les corps qui avaient été
laissés sur les frontières , continuèrent le siège des
places fortes; quoique, s'étant soumises à l'auto-
rité royale , elles appartinssent de fait au gouver-
nement , dont la coalition se disait alliée. Cette
secoixde guerre ne cessa que le 20 septembre.
Toutes les places qui succombèrent avant cette
époque furent dépouillées. En vain les comman-
dans de ces places s'adressèreût-ils au gouverne-
ment , pour réclamer contre la guerre faite au
drapeau blanc , le gouvernement ne donna aucun
ordre , ni aucune instruction.
Sans entrer dans le détail des sièges qui furent
faits , jusqu'à l'époque que nous venons d'indi-
quer , nous nous contenterons d'une courte no-
tice des places qui furent prises et désarmées.
L'armée anglo-batave avait laissé dans le nord ,
le corps du prince Frédéric d'Orange , chargé des
qae, diaprés notre ordonnance du a3 mars, celle qni exiftait •« teouye
licenciée y etc.
caAPITRB IV. 3l3
sièges de Yalenciennes , Condé et le Quesnoy. La*
première de ces places, commandée par le gé-
néral Reille, capitula le 12 août. Mais l'ennemi
n'y entra pas pour le moment , la garnison seule
fut licenciée.
L'armée prussienne avait laissé sur la Sambre
et sur la Meuse , le corps de Pirch , et le 2" corps
d'Allemagne. Ces troupes prirent les places sui-
vantes : Charleviltej le 29 Juin; Maubeuge^ le i4
]ui]let; L/andrecies^le 25\Marienbourg, le24; PAt-
Uppevillej le 8 août ; Mezières^ le 1 0 août ; Rocroy,
le 1 6 ; les forts de Givet^ le 1 1 septembre ; Sedan,
le 1 5 ; Montmedyj le 2 2 , après que Médy-Bas eut
été emporté d'assaut le 1 4- La ville de Longwy
fut bloquée le 3o juin par le prince de Hesse-
Hombourg , avec sept bataillons , un escadron et
trois compagnies d'artillerie de la garnison de
Luxembourg. Le i3 juillet , le général Belliard
fit sortir de Metz le général Meriage, avec trois
bataillons de garde nationale et deux compagnies
franches , faisant trois cents hommes en partie
à pied, en partie a cheval. Le général Mejriage
prit position à peu distance de Longwy , dans la
nuit du 11 au 12. Les corps francs s'élancèrent
sur l'ennemi, qui fut surpris , mis en déroute et
poussé à deux lieues de là. Les Prussiens perdi-
rent cent cinquante hommes tués, onze cents
prisonniers, et leurs munitions furent détruites.
Le lendemain , le 6" corps prussien arriva devant
Lon^y, et le siège commença; la place se rendit
Sii4 tvmi nu
le 18 s^lembre. Par ces ùégts^ les PruMÎens
acquirent quatre cent trente bouches â feu de
gros calibre.
Les Russes ne prirent que la place de Soissons ,
qu'ils reçurent en dépôt le 1 4 août. Ib la rendi*
rent avec le matériel à la paix.
Parmi les places que bloquèrent les Autri-
chiens , ils ne nous en prirent que deux. Il n'é-
tait pas possible que leurs troupes passassent
devant la place d'Auxonne , sans que la tentation
de s'emparer de cet arsenri ne leur ytnt. L'ar-
chiduc Ferdinand en fit donc faire le siège ; elle
capitula le 26. La seconde place est Haningue,.
dont ta destinée et la défense hérmque méritent
un détail un peu plus circonslancié (*). Cette
place avait été bloquée , dès le 26 juin ^ par I^
troupes de l'archiduc Ferdinand et du général
Hohenzollem. Bien construite et bien armée ( il
y avait cent trente et une bouches à feu), elle
aurait été capable de lasser tous les efforts de l'en-
nemi, si elle avait eu une garnison. Mais les
bataillons de gardes nationales, qui devaient 7
entrer, se dispersèrent en partie à la nouvelle de
nos désastres ; le peu qui entra dans la place
ne put être employé qu'an service intérieur, et
il ne resta disponible pour la défense , que cent
eanonniers, trente soldats et cinq gendarmes. Vn
(fj ^oyez pour récil pIiM décaniG, l'ouvrage iniiiule : Précis des
•ffémiions des armées du Âhin et du Jura. Paris , 1 8 1 <>
Bo«>Tel accident ylat rendre eette poéftioir encoi^e
plus critique; une grande partie dés munitions se
trouva avariée. Le général Biurban^[re ne se laissa
point intimickr par le ckinger qui le menaçait , et
il sut faire partager son courage et son dévoue*
ment, par sa petite trou^ et par les habitant.
Peu de jours après, Farchiduc Jean fit ènvestir
Huningue par la division Mariassy, qu'il suivit
bientôt avec la cSvision Wimpfen et cinq ttàBe
Suisses. Cent trente hommes étaient donc assiégés
par près de vingt-quatre mille. A la- suite de ces
troupes vint un débordement d'babitans de Bftle.
Eux et les soldats leurs compatriotes , se répan-
dirent dans les campagnes, la torche a ht main,
pillant, ravageant,- incendiant les villages, les
bourgs et les maisons ; des chariots amenés par les
habitans de Bâle , qui , parmi les pillards , étaient
tes plus avides, transportaient dans cette ville
les dépouilles des paysans et de» citoyens , que les
soklàts coalisée avafent respectés. Le général Bar-
banegre ayant en vain demandé satisfaction de ce
bri^[andage , se Vit forcé dé bombarder la ville de
Bâle , pour le faire cesser.
Le mois de juiUet se pa£to en escarmouches et
en tirailleries ridicules des Suisses, contre des
postes de trois ou quatre hommes. Mis en fuite
par nos détachemens , ils s'en vengèrent par de
nouveaux ravages, et la destruction d*un moulin,^
hors de la place , et que ies guerres avaient tou-
jours respecté. Un nouveau bombardement les
3l6 UYRfi lU.
punit eucore ; malheureusement la mauvaûe
qualité des munitions adoucit le châtiment.
Le i4 août, la tranchée fut ouverte, et plus
de cent vingt bouches à feu en vingt-huit batte-
ries ouvrirent le bombardement. Bientôt la ville
ne fut qu'un monceau de décombres. Une seule
caserne, que le général Barbanegre avait fait
blinder avec soin, servait de refuge aux blessés,
aux vieillards, aux femmes et auxenfans. Les ci-
toyens valides travaillaient aux réparations de la
place et à étouffer les incendies; iSs femmes et
les enfans, bravant la mort, portaient les muni-
tions sur les remparts; la garnison, sous les armes
nuit et jour , se multipliait , pour présenter tour
à tour quelques hommes sur les points menacés.
Le 22 , un petit aînas de munitions aycmt sauté
dans la redoute de Custine (^), à trois cents toises
de la place, les trois canonniers qui y étaient
avec deux canons, Fabandonnërent. Les Suisses y
entrèrent un moment, au nombre de trois cents
hommes , mais ils en furent bientôt chassés, et les
pièces rentrées dans la place. Le 23, le bombar-
dement continuait encore, et le soir l'archiduc
Jean fit sommer la i)lace. Le général Barbanegre
répondit qu'étant soumis au roi de France, il
attendait de l'équité des coalisés que le si^e
(*) G^est k cette redoute et au tombeau du gdticrnl Âbatucci , q^ai est
h fAtëy que les coalises ont donne' le nom pompeux de Fort AbaUtcci
et d« la TbfiT Blanche,
CIIAPIT11£ IV. 3l7
cessilt. Pour toute réponse, le bombardement
fut continué. Enfin, le 26, le général Barbanegre
ayant obtenu un armistice, en profita pour réunir
sa garnison , ce qui avait été impossible pendant
le bombardement, et la passer en revue. Elle
était réduite à cinquante hommes exténués et
quelques ouvriers; il n était plus possible de son-
ger à se défendre, sans exposer les malheureux
restes des habitans à périr dans un assaut. Des
négociations furent ouvertes le même jour , et la
capitulation fut signée le 28. La garnison obtint
la permission de se retirer derrière la Loire, et
cinquante hommes défilèrent avec les honneurs
de la guerre devant une armée.
Le 2 septembre, d'après la demande du gou-
vernement suisse , l'archiduc Jean ordonna la dé-
molition des fortifications de Huningue ; des mil-
liers d'ouvriers suisses mirent la main à l'œuvre.
FIN DE LÀ CAMPA6VK DK l8l5
■i:'m-
■ I'
TABLE
•DV
QUATRIÈME VOLUME.
LIVRE DEUXIEME.
Bataille de Waterloo. — Abdication de Napoléon.
CHAPITRE PREMIER. .
Position de Tannée prussienne, le j 7 . — L'armée an-
glo-batave se met en retraite. — MauvemeAt dp
l'armée française, le 17. — L'aile droite est déta-
chée contre les Prussiens. — Napoléon , avec le
gros de l'armée, se dirige sur Bruxelles. — Posi-
tion de l'armée française et de l'année anglo-
bataye, le 17 au soir. — Mouvement de l'aile
droite française, le 17. — Dispositions du duc de
Wellington et du maréchal Blûcher, pour le 18.
— Ordre de bataille de l'armée an^lo-batave,
le 18. — Ordre de bataille de l'armée française.
— Bataille de Wa^r}qo. — Réflexions sur cçtte
bataille
3!10 TABLE
CHAPITRE II.
Mouvement de Tarmée pniBsienne sur Saint-Lam-
bert , le 1 8. — Mouvement du maréchal Grouchj,
le 18. — Premier combat de Wavre^ le 18. — Se-
cond combat de Wavre, le 19. — Retraite du
maréchal Grouchy sur Namur. — Combat de
Namur, le ao. — Observations sur les mouve-
mens de Taile droite française 85
CHAPITRE III.
Conséquences militaires de la bataille de Waterloo.
— Ressources de la France. — Moyens des coa-
lisés. — Conséquences politiques. — Situation
de la France depuis le ao mars. — Retour de Na-
poléon à Paris 9 et son effet. — Les deux cham-
bres se déclarent en permanence. — Message de
Napoléon. — Nomination d'une conunission de
salut public. — Délibération de cette commission,
et ses conséquences. — Abdication de Napoléon.
— Nomination d'un gouvernement provisoire. —
Réflexions sur les actes du aa fuin ist
LIVRE TROISIÈME.
Marche des coalisés sur Paris, et occupation de
cette capitale. — Opérations des autres armées.
«
— Sièges des places 175
CHAPITRE PREMIER.
Mouvemens des armées coalisées, du nord, jusqu'au
a5 juin.'— L'année française se rallie à Laon. —
W) QUATRIÂMB TOLCMB. 3âl
— sue se retire à Soissons. — Marche deg Prus-
siens sur Compiègoe. -^ Retraite de l'armée
française , et combat de Senlis , le 27. — Combat
de YiUers-Cotterets et de Levigneu, le a8. — Ré-
flexions sur les événemens militaires. — Les con-
séquences de la révolution du a a se développent.
— Opérations du gouvernement. — Résultat de
la mission des plénipotentiaires français. — En-
voi de nouveaux plénipotentiaires > . i^S
CHAPITRE II.
L^armée prussienne passe la Seine. — Réflexions
sur ce mouvement. — Combat de Versailles, le
!•■ juillet. — Combat de Meudon et d'Issy, le a.
— Second combat d'Issy, et convention de Paris 9
le 3. — Réflexions sur cette convention. — Né-
gociations du duc d'Otrante. — Conduite des
chambres. — Dissolution forcée du gouvernement
et des chambres ., aaS
CHAPITRE III.
Mouvemens des Bavarois et de Tarmée française
du Rhin. — Les Bavarois passent la Sarre 9 le
a3 juin. — Mouvemens du quartiex^générâl des
souverains alliés. — Opérations de Tarmée du
Rhin. — Les Wurtembergeois passent le Rhin, le
a3 juin. — Combat de Surbourg et de Seltz , le a6.
— Combat de Strasbourg, le a8. — Combat de '
H aus- Bergen, le 9 juillet. — Convention pour
Tannée du Rhin, et Révolte de la garnison de
Strasbourg. — Opérations de l'armée du Jura. —
Combat de Dannemarip, le 97 juin» — Combats
nr. ai
3j»S TARIX D0 QOAnE&MB VOCVME.
de Chavafme et Ffeussemagncy le 519. — Combata
de Beso&courf et de Chevrement, lé 1** fUîAet. —
Combat de Damfufltîn, d*0<l^in<mt et de Péitms^,
le 4. — Combat dessert et de BartlBen, te 5. —
Gonrentibn pour Tarmée du Jura. — Marcbe de
Tarchiduc Ferdinand et de l'armée russe a6i
CHAPITRE lY.
Opérations de Tannée des Alpes. — Combats de
Montmélian, de Maltaveme et des Bauges ^ le
i5 juin. — Combat de Thonon, le ai . — Com-
bats de Conflans et d^Aiguebelle, les 27 et aS. —
Suspension d*firmes. — Combat des Rousses , le
a juillet. — Combats de Charîx et d'Oyonnax,
le 3. — Prise de Grenoble. — Convention pour
l'arinée des Alpes. — Les Autrichiens s'avancent
vers Besançon. — Opérations de Tannée du Var.
— Assassinat du maréchal Brune. — Places prises
par Tehnemi , jusqu'au ao septembre. — Combat
de Longwy, le 14 juillet. — Siège de Huningue. 399
flK DE LA TàBLB DU QVATlIBifE VOLUMB.
f 9
TABLE GENERALE.
1815.
3â6 TABLE.
Tableau dqfla furce dM aiuiéeacoali»^, 4aï4juin. 86
Mesures prises pour la défense de la France g6
Répartition des armées françaises 99
Plan de la campagne proposé pour la France 101
Plan adopté par Tempereur Napoléon io5
Tableau de la fbrce des armées, dans les premiers
jours de juin 107
Observations sur la formation de Tannée du nord. .111
Position des armées coalisées 1 1 a
CHAPITRE II.
pMitî^u de l'armée française , du nord 9 le 14 i^o- > ^
Position du corps de Ziethen, idem 116
Observations sur le plan de la campa^pie de Napo-
léon 9 dans le nord 117
Dispositions de Blwliw, le 14 juin laa
Passage de la Sambre, le i5 juin 127
Combat de Gilly, le même jour 139
Position des armées françaises 9 le i5 juin i3i
Position de Tarmée prussienne 1 le i5 juin ih.
Mouvemens de Tarmée anglaise; iSa
Réflexions surles projel» de Napoléon, peur le 16. . i5S
Mouvemens de Tajle dn>i(e française sur Flcamia. . i55
Position do rafmée prusaienne i36
Bataille de Lfgny^ le 16 juin i4o
Mouvement de l'aile gauche sur les Quatre*Effa»« . i55
TiBLE. 337
Combat des QcMtn-Bf^M» le 16 iam i56
ftéflexions sur les opérations et les mouveneas du
i5 et du 16 i65
TOME QUATRIÈME.
LIVRE DEUXIEME.
Bataille de llVaterloo. — Abdication de Napoléon.
CHAPITRE PREMIER.
Position de Tarmée prussienne ^ le 17 1
L'année anglo-batave se- nele» retraite. . 5
Mouvement de Tarmée française, le 17 6
L'aile droite est détaohée contre les Prussiens. ... 8
Napoléon, avec le gros de Tannée, se dirige sur
Bruxelles r . . 9
Position de l'arméç française, le 17 au soir. .... as
Position, de Tannée anglo-batave , le 1 7 au soir. ... >^
Mouvement de Taile droite française, le 1 7 au soir. iS
Dispositions du duo de WeUington, pour le aB. . « i(^
Oispositions du mai^clial Bliicher. pour le 18. . . . ià.
338 TABLE.
Ordre de bataille de rarmée angto-batare, le 18. . %t
Ordre de bataille de l'amiée françaiie, le 18 96
Bataille de Waterloo »8
Réflexion» sur cette bataille 61
CHAPITRE II.
Mouvement de rarmée pruMienne sur Saint-Lam-
bert, le 18 86
Mouvement du maréchal Grouchy, le 18 87
Premier combat de Wavre, le 18 95
Second combat de Wavre, le 19 97
Retraite du maréchal Grouchy sur Namur loa
Combat de Namur, le ao io5
Observations sur les mouvemens de Taile droite
française 106
CHAPITRE III.
Conséquences militaires de la bataille .de Waterloo. 1 2 1
Ressources de la France 1 34
Moyens des coalisés 137
Conséquences politiques 1 a8
Situation de la France depuis le ao mars i3o
Retour de Napoléon à Paris, et son effet i36
TABUS. 3^9
Les deux chambres se déclarent en permanence. . 146
Message de Napoléon 147
Nomination d'une commission de salut public. ... i58
Délibération de cette commission, et ses consé-
pences 161
Abdication de Napoléon* 166
Nomination d'un gouvernement provisoire 170
Réflexions sur les actes du ad Juin 179
LIVRE TROISIEME.
Marche des coalisés sur Paris, et occupation de cette
capitale. — Opérations des autres armées! — Sièges
des places.
CHAPITRE PREMIER.
■
Mouvemens des armées coalisées du nord, jusqu^au
a5 juin >7^
L'armée française se rallie à Laon 179
Elle se retire à Soissons i^a
Marche des Prussiens sur Compiègne iS3
Retraite de l'armée française i84
Combat de Senlis >B5
Combat de ViUers-CottereU »86
35o TAULE.
Gonibal de Lefi|çneu i8f
Réflexions sur les événemens milîtàîtfes 190
les conséipieMces de la rérohilkm dti at se déip»-
loppent 194
Otiérations du gouvernement iqS
Résultat de la mission des plénf)(H>teiitiAtiies fhHA«<'
çaîs . » •!»
Etivoî de nouveaux piénit>eteM$af^êBi uiC
CHAPITRE II.
Ilouvemcas de Tannée proasîenBe as»
J/aittiée pruwienne passe la Seine* 339
Réflexions sur ce mouvement 33o
Combat de VersaiUes a54
Combat de Meudon 340
Combat d'Issy ; . . . 341
Second combat d'Issy a43
Convention de Paris 344
Réflexions sur cette convention 345
Négociations du duc d'Otrante 3S0
Conduite des chambres 353
Dissolution forcée du gouvernement et des cham-
bres aS^
TABLE* ÙO 1
CHAPITRE III.
Mouyemens des Bavarois « oB%
Mouvemens de Tannée française do Rhin* a6$
Les Bavarois passent la Sarre a6S
Mouvemens du quartier -général des souverains
aUiés 269
Opérations de Tarmée du Rhin < ^70
Les Wurtembergeois passent le Rhin 2751
Combat de Seltz . 1174
Ccmibat de Surbourg 275
Combat de Strasbourg 278
Combat de Haus-Bergen < . . • . a8S
Convention pour Tarmée du Rhin ftd4
Révolte de la garnison de Strasbourg. «... »85
Opérations de Tarmée du Jura 986
Combat de Dannemarie , . 2187
Combats de Chavanne 2186
Cmnbat de Faussemagne « a8g
Combat de Besoneourt ». 391
Combat de Chevremont 29*
Combat de Dam)ustin 295
Combat d'Oflfemont 294
Combat de Pérouse 296
Combat d^Essert ib.
Combat de Bavilliers U>,
Convention pour Tannée du Jura. . 296
Marche de Tarohkluo Ferdinand 297
Marche de Tannée russe 298
%
533 TABUS.
CHAPITRE lY.
Opérations de Tarmée des Alpes. ...» 399
Combat de Montmélian. 3oo
Combat de Maltaveme ih.
Combat des Bauges ^ ih.
Combat de Thonon 3o9
Combat de Conflans. . . , 5o5
Combat d'Aig:uebelle 3o4
Suspension d^annes ih.
Combat des Rousses 3o5
Combat de Charix 3o6
Combat d^Ojonnax. . . , ib.
Prise de Grenoble • . 5o8
Convention pour Tarmée des Alpes Ih.
Les Autrichiens s*avancent vers Besançon 5o9
Opérations de Tarmée du Yar 3io
Assassinat du maréchal Brune 3ii
Places prises par Fennemi, |usqu*au ao septembre. 3i9
Combat de Longwj, le 14 juillet 3i3
Siège de Huningue 5i4
mr DU QrAmkMB volvmb.
IMPRIMBRIB DE VICTOR CABUCHET,
HISTOIRE
DES CAMPAGNES
Df lBl4 ET l8l5.
EN FRANCE.
HISTOIRE
DES CAMPAGNES
DE l8l4 ET l8l5,
EN FRANCE;
Pae le GÉiïÉaAL GuiUAUME ^DE VAUDONCOURT.
AÙtSUB DX L*BttTOXlUI DBS GAMPlORU D* AKSIBIL UT ITALIB, DS ft«T>.y j)Bi
GUBRBU DB BUtSIB BIT 1 8 1 a,D'iJJ.BllAOirK BIT 1 8 1 3| ZT D*IT1UE EN 1 8 1 3
BT 1 8 1 4» DIBBGTB17B DU JOURNAL DE» SCU^ICES IULITAUUU.
•• Ot r«r, qu4ttrqut bftl
Qs»« MU orm pmtrmmy TroJM sub muMihut sltis
Comtigh Ofp«Mr« ,
TOfiffi CINQUIÈME.
PARIS,
CHEZ AVRIL DE Gîl^TEL, LIBRAIRE,
boulbtabt bonnb-nouvbllb , HO 35;
ET CHEZ PONTmEU ET C** » LIBRAIRE ,
FALAU-BOTAL^, OÂLBBU DE BoÙ.
1826.
De
w., HISTOIRE
DES
CAMPAGNES DE 18i& ET 1815.
PIECES JUSTIFICATIVES.
CAMPAGNE DE 1814.
N- I.
Proclamation aux habitons du Grand
Duché de Francfort.
S. Â. R. le grand duc de Francfort ayant quitté
ses états à l'approche des armées* alliées, et ayant
clairement démontré , par la déclaration faite à
l'ambassadeur de Bavière près de sa cour, que
la mission dudit ambassadeur devait être regar-
dée comme terminée; qu'elle est décidée à per-
sister dans le système politique qu'elle a suivi
V. 1
â VIÀCES lUITiriCATITES.
jusqu'à présent , contre la cause sacrée de l'Alle-
magne , et à ne pas s'unir aux puissances alliées ,
le soussigné, commandant en chef de l'armée
austro-bavaroise, se trouve dans l'obligation de
preii(|r^ p6$!^sioti de la totalité ;M^ états., de
S. A. R. , au nom des puissances alliées , et de les
mettre sous le séquestre.
Hanau , le a8 octobre i8i3.
S igné j Wrede.
'CAM^AGin! ' DE l8l4-
.. W IL.. . .
• • . . . . .
A. Convention entre la Russie et..
V Angleterre.
m *
ARTICLE !•'.
S. M. l'empereur de Russie y fen^dement décidé
â continuer la.guexre .présente areci 1^ plus grande
énergie , s'eng9ge à maintenir constamment sur
piqd un çarps de cent soixante mille hommes de
trpU|>es de. toutes Içç. an»^s , outre les garnisons
d0s places fortes «
•. . • • . • ■
ART. 2.
I
« *
. , D^:9pB côté , et pour coopérer de la manière )a
pl^s efficace au m^me but, S. M. britannique
jS'^^Dgage » pq^if Jlçp^be^çins de 1 8 1 3 , à mettre à la
idispositiop de , S^ M. l'empereur de Russie , les
spinines suivantes : ..
1^ 1,333)334 litres -sterling, payables à Lon-
dres;
^a'^'La Gra»derBrQtâgi[ie se charge de l'entretien
de \a^ flotte r:U6se qui se trouve 4ans les ports
d'Angleterre , et de ses équip^g[es; dépense qui est
portée à 5oo,qoo livrea sterling.
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Art. 3.
La somme de 1,333,334 livres sterling sera
payée mensuellement , de manière à être acquittée
au 1*' jailvîer i8i4-
Art. 4-
Aifin d'obvier au manque d'argent comptant
qui se fait sentir tous les jours davantage sur le
continent , et afin de réunir pour cette lutte im-
portante tous les moyens qui peuvent en assurer
le résultat, les hautes puissances contractantes
sont convenues, d'accord avec S. M. le roi de
Prusse , d'émettre , sous le titre de monnaie fé-
dérative , des billets de banque payables au por-
teur.
(a) Le montant de ce papier-monnaie ne doit
pas s'élever au delà de cinq millions sterling , à
quoi les trois puissances contractantes s'engagent
(b) Le remboursement des cinq millions ster-
ling doit s*effectuer par les trois puissances con^
tractantes , dans les proportions suivantes : l'An-
gleterre trois sixièmes , la Russie deux, et la
Prusse un.
(c) Le remboursement ne doit pas avoir lieu
avant le i ** juillet 1 8 1 5 , ou six mois après la con-
clusion d'une paix définitive.
(d) Les cinq millions sterling , donnés comme
CAMPAGNE DE l8l4* 5
monnaie fédérative au nom des trois puissances
contractantes , ne doivent servir que pour des
dépenses de guerre et pour entretenir les armées
au complet.
(e). Une commission, nommée par les trois puis-
sances , réglera tout ce qui a rapport à la distri-
bution de cette somme. Les paiemens se feront
successivement et mois par mois. Cependant tout
ce qui concerne la prime , la garantie , l'émission ,
le transport, la circulation et le remboursement
de ce papier-monnaie, sera réglé par une com-
mission spéciale, et les stipulations faites sur cet
objet auront la même force et la même validité
que si elles étaient mot à mot dans le présent
traité.
Art. 5.
Le gouvernement britannique se chai^eant,
d'après Farticle â, pour la somme de 5oo,ooO'
livres sterling ^ de l'entretien de la flotte russe ,
S. M. l'empereur de Russie consent de son côté
à ce que S. M. britannique emploie de son côté
la susdite flotte « dans les mers de l'Europe , de la-
manière la plus convenable, aux opérations contre
l'ennemi commun.
Art. 6.
... • •
Quoiqu'il soit stipulé par le présent traité que
6 PIÈGES JU9TIVICATiyiS&L
les subsides de la Grande-Bretagne ne doÎToit
ètte fournis que pendant Tannée 181 3, les deux
puissances contractantes promettent cependant ,
puisque leurs engagemens réciproques doivent
être en vigueur pendant tout le temps que du-
rera la présente guerre , de convenir des secours
qu'elles veulent se prêter réciproquement dans
le cas , ce qu'à Dieu ne plaise , où la guerre du-
rerait a^ delà du terme fixé ci-dessus ; car cette
nouvelle convention aurait principalement pour
but de donner encore plus d'exten3ion à leurs
ejQforts.
Art. 7.
Les deux puissances contractantes agiront dans
la plus parfaite intelligence relativement aux opé-
rations militaires , et se communiqueront fran-
chement tout ce qui est relatif à leur politique
réciproque. Les susdites puissance^ s'engagent ré-
ciproquement à ne pas traiter avec leur ennemi
commun , et à ne conclure , sans un accord réci-
proque y ni paix , ni supension d'armes , ni con-
vention quelconque.
Art. 8.
Il sera permis d'accréditer des officiers près des
géniTaux en chef des différentes armées actives ,
et. i^ l^r sera Jibre dç. communiquer avec leurs
CAMPAGNE BB l8l4« 7
cours 9 «t de les tenir eu couuaissauce des éyéue-
meus militaires et de tout ce qui a rapport aux
opérations de ces^armées.
Art. 9.
La présente conyention sera ratifiée le plus tôt
que faire se pourra.
En foi de quoi , etc.
V
Reichenbach, le 5 juin i8i3.
s
s
B.
Le traité conclu entre TAngleterre et la Prusse
stipule, que l'Angleterre paiera pour 181 3 un
subside de 666,666 livres sterling, et que la
Prusse maintiendra au complet une armée de
quatre -vingt mille hommes, non compris les
garnisons. Les autres stipulations sont conformes-
à celles du précédent traité.
c.
Le 3o septembre 1 8 1 3 , il fut conclu à Londres y
entre lord Gastlereagh et le comte de Lieven,
un^. conventîoti pour Téxécution de Tarticle 4
du traité de Reicbetibaçli. Cette convention porte
on rabstance:
. 4! Jies dn«x millions et demi sterlii^, ou, l&
8 PIÂGES JUftTIFIGATITEft.
miUions d'écus de Pragse , accordés en subside
à la Russie et à la Prusse, seront convertis en
bons de crédit , desquels il sera remis à la Russie
et à la Prusse , la valeur d'un million d'écus par
mois, jusqu'à parfait paiement , oujusques trois
mois après la signature de la paix«
2* La valeur de ces bons sera exprimée en écus
de Prusse et en piastres fortes (ces dernières à
, raison d'un écu et demi ) . Us seront classés par
millions d'écus , divisés en séries, et numérotés. II
n'y aura point de bons au-dessous de la valeur
de 1 00 écus. Ils commenceront à être échangés
contre de l'argent comptant un mois après la ra*
tification de la paix générale.
5* Deux tiers de cette somme seront remis à
la Russie et un tiers à la Prusse. Le paiement en .
sera compté du 3 juin , en sorte que l'Angleterre
paiera d'abord aux deux puissances autant de
millions d'écus qu'il y a de mois écoulés depuis
le 3 juin, et ensuite un million par mob.
4** Les bons ne porteront point d'intérêt ; mais
il sera établi , dans une ville du nord de l'Alle-
magne y un comptoir, où les possesseurs des bons
pourront les échanger contre des obligations de
l'état portant six pour cent d'intérêt, et qui
seront, de même que la dette nationale, enregis-
trées dans les livres delà banque d'Angleterre.
5* Le remboursement des bons pour la valeur
de 1 5 millions d'écus de Prusse , ccHOimencera un
mois après là signature du traité de paix générale^
CAUPA6NE DE i8l4« 9
à raison d'un million d'écus par mois , commen-
çant d'abord par ceux qui auront été échangés
contre des obligations de l'état.
D.
Le 3 octobre 1 8 1 5 , il fut conclu un traité pré-
liminaire de paix et d'alliance , entre l'Angleterre
et l'Autriche. Nous ne le rappellerons que som-
mairement , pour éviter la répétition d'un grand
nombre d'articles et d'expressions communes à
tous les traités des coalisés , jusques et compris
celui de Chaumont.
AkT. 2.
s. M. l'empereur d'Autriche s'engage à em-
ployer toutes ses forces à des opérations actives
contre l'ennemi commun.
Art. 3.
«
S. M. britannique s'engage de son côté à sou-
tenir les efforts de l'Autriche, par tous les moyens
qui seront en son pouvoir.
Art. 4 ^T 5.
Sont conformes aux articles 7 et 8 du traité
avec la Russie ( A. ) .
10
PliCBS JU8TIFICATITE8.
C'est en exécution de l'article 3 du présent
traité que rAuiriche reçut un subside de un
million sterling et cent mille fusils. ( Discours
de lord Castlereagh au parlement, le i4 novem-
bre i8i3.)
CAMPÀGNB DE t8l4> ^
N- III.
Dispositions des Puissances alliées h V égard
" des pays conquis pendant la durée de la
guerre.
«
Les années alliées ayant occupé une partie de
la Saxe et étant à la veille d'entrer dans d'autres
provinces de l'Allemagne , lés souverains alliés
ont jugé nécessaire de se concerter sur le mode
d'après lequel les pays occupés par leurs troupes,
doivent être administrés au plus grand avantage
de la cause commune.
A cet effet,
S. M. l'empereur d'Autriche à nommé
S. M. l'empereur de Russie,
S. M, le roi de" Prusse,
S. M. le roi d'Angleterre ,
S. M. le roi de Suède,
Lesquels , en suivant les sentimens de modéra-
tion et de justice qui caractérisent si éminemment
les souverains alliés , et considérant que la guerre
actuelle exige la réunion de toutes les forces dis-
ponibles ; qu'il est par conséquent d'une néces-
sité absolue de faire contribuer tous les pays occu-
12 PliCES JUSTIFICATIVES.
pé$ aux frais de la guerre (*) et de donner à cha-
cun une organisation militaire la plus conforme
au soutien de la cause générale ; double but qui
ne saurait être atteint sans un point central des-
tiné à diriger , d'après les mêmes principes , Tad-
ministration temporaire de tous les pays occu-
pés : ont jugé que les mesures suivantes , arrêtées
à l'unanimité, rempliraient le mieux les inten-
tions bienfaisantes des souverains alliés.
Article !•'.
n sera établi un département central d'admi-
nistration temporaire, qui sera muni des pou-
voirs de toutes les puissances alliées.
Art. 2.
L'autorité de ce département s'étendra sur tous
les pays occupés qui , par les événemens de la
guerre , se trouveront momentanément sans sou-
verains , ou dont le souverain n'aura pas accédé à
l'alliance contre l'ennemi commun.
Art. 3.
Quant aux pays dont les souverains devîen-
(*) Malheur h rhiimaniu: ! si on pouraît jamais admettre en principe
que les proTÎnccs occupées par rennemi doivent sur-le-champ fournir
GAMPAGNE DE l8l4- l5
ciraient alliés des puissances, il dépendra des
traités à conclure avec eux, de régler en combien
le département central pourra s'inuniscer dans
l'administration.
Arx» 4-
«
Ce cas venant à avoir lieu , un agent dépen-
dant du département central sera placé près de
ces princes.
""•■■■ Aet. 5. .•
Il •* ^ * \' . I.,..
Les provinces autrichiennes,: prussiennes, ha?
novriennes et suédoises qui , avant Tannée 1 8o5 ,
appartenaient aux puissances actuellement alliées,
resteront exemptes de l'influence du départe-
ment central. > • i\y / ';!) .\
' .; Le 'grand duché de Wûrtzbdurg, coDamjepesi-
MàsîpjEi :de -seconde génituré de «la nudfam d'Aiï-
4iii^i6he y jouira du même privilège. . - . < w
• • • r
♦■••• ♦• •* ' -* «,*-
Art. 6. ^
Ce département /exercera ses fonctions dans
les provinces occupées , moyennant des gouver-
rieurs qui dépendront de ses ordres.
♦ '
des t/oupcs et (le TargenK contre leur SôUveraiii. N<(as arerionÀ de fiût
recales de qnatone sièdés. i : , . .i .
I .
l4 VIÈCes JUSTIFICATIVES.
Art. 7. ' .
.. 1
La direction du département central devant
être confiée à un ministre , sur le choix duquel
les souverains alliés cpnviendraient ensemble , ils
ont nommé à cet effet le sieur baron Stein.
<* I
)
Art* 8*
r. , •
Il dirigera son département uni(iuement sous
sa propre responsabilité, et il pourra en consé-
quence établir à son choix les bureaux qui lui
-sei^ont ^nécessaires. " • - • • '- •■"./«'•.' ^i
,'•. • Mil., iii 'î.. '.. .' 1. . Art. 9* ' a .::• "j^*
Le département central dépendant de^tbvÊm
ks'ipoiîfismces alliëeiftiy.îr séra«*teiiii UeprenVlre
4eûi% ordres^ dans- les cas qui ^ ne seraient pmit
prévus dans l'iastruction génâ:*ale ^i sera ifédi<-
gée , et de leur rendre compte de son adminis-
tration.
<...', :n : . " Art«.XO*
Les cours' alliées s'engagrant ic.f^âëguer cha-
cune un agent suffisamment autorisé , pour déli-
bérer et' décider sqr tous les objets relatifs à
l'administration des pays occupés.>
GAJfPAGNX BB l8l4- l5
Four réunir tes dÎTers tiélégués au quartier-
^nérdl de LL; MM. IL et KR. , les iotiveraim qui
né s'y trouTaront paa eti personne, prolnettetit et
munir de leurs pleins pouvoirs un de kurs ttûr
nistres accrédités près de LL. MM* , afin que la
marche des affaires soit spnplifiée et accélérée
autant que possible, et qu'elle ne. puisse souf-
frir aueuBi retard par défaut d'ingbnietiôns.
Art. 11,^
Ces délégués formeront un conseU dont le
d<^n s^ra* lepl^ident Le chef du département
central llri' adressera ' ses rappbrts ■ et recevra de
lui ks réponse!. ' '
Akt. \s\
Les aMnbnÛma prbatipàiè» àtàM'Aéptactëètient
aeront'i ■.'■'■• -i' •': • '
i"* De nommer les gouverneurs des pays oc^
café» fia lesponseillers qui 4eur éeronf ad^t^mits.
Il nmxmiera' égalemeat les ageilflr auprès des prin^
ces 4{m auront adoédé i l'alliance , dans les cas
prévus parl'artide 4- - H indiquera êes différentes
nominatioÉis aux cour^^Uéès.*; - -^^
. a"" Be éoémof îdeiribstruùtions afttx gouvemcfurs
des pays occupes. • -
Ces: înstructionB seront signées par le chef dû
département central, et il ne sera tenu de Ids
iÇ PléCBS JUSTinCATIVES.
soumettre â lapprobation spéciale des puissances
£|lliées , qu aulant qu'elles renfenneront des points
qui ne se trouveront pas dans ses instructions et
pouvoirs.
3? De diriger et de surveiller la gestion des
gouverneurs et des agens.
4° ^^ rappder les gouverneurs' et agens ainsi
que leurs conseillers, lorsqu'il le j ugera nécessaîre.
Les places des gouverneurs et celles de leurs
conseillers seront toujours regardées comme des
commissions temporaires, et révocables d'un mo-
mept à l'autre. ,
; . Chaque nomination ou déplacement des em-
plois précités,, devra être an^uwicé :wihle-ckamp
aux cours alliées, par le départements cjentral.
.^ t4çs:.diff<^|reiites: fonctio^B .seront exercées par
le département central , de la manière et sous les
n^di^catipns suivantes : .
Son activité sur un pays quelconque ne pourra
fonuBcncer qu'yen vertu d'un arrêté des cours
alliées» Cet arrêté fixera exactement les limites
auxquelles elle devra se borner pour le moment,
et le nombre de gouverneurs à établir^
; Il présent^a également uti plan 'd'administra-
tion générale des pays en question; qui s'éten-
dra principalement sur les moyens de défense
Uvationale à y organiser.
CAMPAGNl DE l8l4* I7
Art. i4-
Les prestations des proTÎnces administrées se-
ront partagées entre l'Autriche, la Russie et la
Prusse en parties égales, au taux de cent-cinquante
mille hommes chacune. La Suède y participera
dans la proportion de trente mille hommes qu'elle
fournit ; la régence de Hanovre , à raison du
nombre de troupes qu'elle Rengagera à mettre
en campagne.
Am* 1 5.
Les gouYemeurs des pays occupés seront , au-
tant que cela se pourra faire , des militaires d'un
grade supérieur.
Art. 16.
Les gouverneurs exerceront leurs fonctions
sous la direction du département central ; ik se
conformeront par conséquent strictement aux
instructions qui leur seront données par lui.
Art. 17.
Si.,, dans les cas urgens ou imprévus, ils
croyaient nécessaire de s'en écarter, ils. seront
autorisés à agir sous leur propre responsabilité ,
V. a
i8 PiicKt JGflonncÀTinab
sous robligation seulement d'en faire un rapport
immédiatement au département central.
Ait. 1 &
U sera établi, en principe constant, qfœ ks gou-
ifemeura laisseront subsister partout les auto-
rités existantes., et n'agiront que par ettes. Les
motifs ks plus important pourront seuls justi-
fier une exception là cette règle générale.
Art. 1 9.
Les fonctions principales dont les gouverneurs
seront chargés^ se réduirent aux aorticles sui*
vaus :
1* De surveiller tout ce qui sera relatif à Fen-
tretien immédiat des armées alliées, autant
qu'elles se trouveront dans les limites de leur
cercle d'activité. Le soin de pourvoir à cet en-
tretien sera confié directemcsit aux intendans
des armées.
2* De Êdre contrtt>uer leur gouvernement , par
des fournitures ou despaiemens, aux frais com*
muns de la guerre. A cet effet un de leurs pre-
miers soins sera de s'assurer des moyens que pos-
sèdent ces gouvernemens. Us en présenteront
le tableau au département central et en atten-
dront la décision.
3* D'ftotiver, dana les pays oocnpéa et admmisr
très , les ressources militaires les plus efficaces et
les mieux adaptées aux circonstauces locales.
4* D'exercer une direction et une surveillance
générale sur l'administration des autorités du
pays , d'après les principes énoncés plus haut.
Ait. âo.
Les appointemens des personnes qui compo-
seront le département central, ainsi que ceux
des gouverneurs , des agens , et de leurs em*-
ployés j seront pris sur les revenus des provinces
administrées.
20 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
N- IV.
Plan de la Cons^ention imposée aux princes
allemands pour la prestation des dé-
penses de la guerre.
Aetigxx I*'.
Les . princes allemands qui ont renoncé â la
confédération du Rhin , s'obligent , comme condi-
tion du traité conclu ou à conclure avec euXy de
contribuer aux frais de la guerre, et , en outre du
contingent de troupes à fournir à la grande ar-
mée coalisée , par un crédit qui devra s'étendre
jusqu'à la concurrence d'une année du revenu brut
de leUr pays.
Art.
2.
Le montant de ce revenu annuel sera établi sur
les données statistiques connues, ou d'après la
proportion générale de la population connue.
«
Aet. 5.
Afin de pouvoir employer de suite ce crédit à
couvrir les dépenses dé la guerre, il sera dressé
CAMPAGNE, DE l8l4- 21
sans retard une obligation générale et commune
du total de la somme. Cette obligation sera signée
par des commissaires que nommeront les hautes
puissances alliées, et par les plénipotentiaires spé-
ciaux de tous les princes qui y sont intéressés;
après quoi elle sera déposée daus un lieu iBxé
â cet effet , entre les mains desdits commissaires^.
Art. 4-
Le paiement des sommes portées dans l'obliga-
tion totale, est solidairement obligatoire pour tous
les princes qui y participent. Les sommes levées
ou à lever d'après cette obligation seront répar-
ties proportionnellement à la quotité de chacun
des intéressés, en vingt-quatre termes payables
de trois en trois mois dans six années, à dater
d'un an de la remise de l'obligation; en sorte
que si la remise a lieu le premier décembre de
cette année 18 13, le premier terme échoira au
premier mars 181 5 et le dernier au premier
mars 1821.
Les hautes puissances alliées revêtiront cette
obligation de leur garantie également solidaire,
et elles s'engagent, à la conclusion de la paix,
d'insérer dans le traité un article particulier, par
lequel il sera donné la plus entière assurance
pour le paiement de la dette (*).
(*) Cetartide a-t-il servi de base au traite da 20 noTcmbrc iSiS?
Dans ce cas il fournît matière à bien des réflexions.
22 VTECM9 JUSTIFICATIFS.
Art. 5.
Le total des revenus publics , et particulièfe-'
meut les domaines et revenus domaniaux des
princes signataires, sont spécialement hypothé-
qués pour le paiement des sommes qui sont à
leur charge.
Art. 6.
L'obligation totale sera divisée en obligations
partielles de 5,ooo, 2,000, 1,000, 5oo, 200, 100
et 5o florins, qui seront au porteur et à six pour
cent d'intérêt , et signées , pour plus de garantie,
par des plénipotentiaires ad hoc. Chaque trois
mois, le vingt-quatrième mentionné dans l'art. 4>
sera tiré au sort et remboursé avec les intérêts.
Art. 7.
Toutes les obligations partielles seront parta-
gées par seizièmes, entre l'Autriche, la Russie, la
Prusse et la Suède, en sorte que chacune de»
trois premières en reçoive cinq seizièmes et la
Suède un seizième. Si le Hanovre accède à ce
plan, il obtiendra autant d'obligations qu'il de-
vra en fournir. Cette disposition est applicable
à la Bavière et au Wurtemberç.
CÀUPAJ6M& BS 161 4* âS
Art. 8.
Les puissances alKées s'obligent à'eflfectuer , au
moyen de ces obligations , les patemens auxquels
des traités pourraient les obliger.
Art. 9.
Les hautes puissances aUiées réuniront dans
une Tille, qui ne soit pas trop voisine du théâtre
de la guerre, un comité près duquel les princes
signataires auront des députés , et qui veillera à ce
que ces princes remplissent leurs obligations à cha-
que terme. L'agent que les puissances alliées pla-
ceront près de chaque prince , aura également
des instructions particulières sur cet ob)et. Ces
remboursemens par terme ne pourront avoir
lieu qu'en obligations émises , d'après les articles
7 et 8, ou en argent comptant. Les obligations
favorisées par le sort, que leurs propriétaires pré-
senteront directement au comité , seront payées
en aident comptant.
^Art. 1 o.
Sur le rapport du comité^ il sera de suite pris les
mesures coercitives nécessaires contre les princes qui
ne rempliraient pas leurs engagemens.
• •
a4 ruàcEfi msTUicAxvfia.
Abt. 1 1 .
Les obl%atioDs rachetées seront aimulées sans
délai par le comité; leur montant et leur nu-
méro sera pubUé.
GlHPAeifE DE l&l4« ^S
Etat des fonds dont la Coalition disposait
pour la campagne de i8t4*
» • . • , ' . ■ r. J 1
. , • 1
■• • . • . ■ •
PATS OOm LA TAXAnON aBSTAIT A LEVK DIBPOStllOK.
• >
' ' • • • ' Florini.
^ftarière (*). . . . . .-. . .-. . • -iSyoô^cioo
Wurtemberg.-. .'. . .'• '-^j^oO^éôb
1 t . . • ■ ■■ ■! I
37,000,000
PATS TOMBÉS EU AivBASION OIT ADMI^tSTEi^.
Weëtphàlie (**) ao,ooo,ooo
Saxe. . • ., 149000,000
Ber^ -: 3,5oo,ooo
Wurtzbourg . ^,200,000
lui
40,700,000
À reporter. . . . 67,700,000
O A en )uger par le rcrenu actael de la fiaTÎèrc, qiii est officielle-
\àeoi commv il paraît que les six premiers articles ne présentent que les
dcnz ticrsr 'CHTtaron du reTcnu rëcl j cela produirait une augmentation
de près de soixante millions de francs.
(**) On a porte le rcTcnu du royanmc de Westphalîc en efitier, parce
que ce que la coalition a tiré de la 32' division militaire compense le
dottUe emploi de Hesse-Cassel et au delà.
26 PIÂCES ICSTIFICAZnrBS.
Report. . . . -^67,700,000
PAYS TAXÉS (*).
Ânhalt (Bemboiir^y Dessau et Koethen). 1,090,400
Baden. •- • • , 5,74^9^00
Hesse-Danmladt 3,8oo,ooo
Hesse-Cas^. . <. ; « ^ . . . • . . « • . « ; . . 5,ooo,ooo
HohenzoUern (Sigmaringen et Hechingen) 373,100
Lippe (.Schaumboorg et Detmold) 47^9^00
Lichtenstein.' •....'..•' ' ^000
Nassau (Usingen, Weilburg et Orange). . 1,971,900
ReuBa.{lqutes les branches]. . ...«..,. . - /§ûo^oiêfi
Saxe '( /Gotha et . Altenbpurg ,, "Weiinar ,
Meintrogen, Cobourg et Hildburghausen. a,g5o,ioo
Schwarzbourg ( Sondershausen et Rudol-
stadt 5o4,ooo
WaldecL . , 3ao,ooo
Meklenbouig a35,ooo
30,770,600
' ' ' ' Total tsÉNÉRAL 88,473,6ôo
Contribution extraordinaire de la Saxe,
■ •
Reuss, AHen bourg et Schi^arzbourg. . . 8,000,000
96,475,600
£n francs. . . . 307,889,24^
Subside de TÂngleterre. ... 1 35,000,000
533389,94^
(*) Le restant dn tableau piéscntc lc« taxations rccllcmcnt payées
par les pays qui j «oui indirpics.
GAMPAGIIE n« l8i4- ^7
i^^^^^im^^^^m^^m
T-
W VI.
Bases du système de défense de
r Allemagne.
■
Le comité indiqué ci-dessus (III) arrêta, peu
après Tarrivéedes souverains coalisés à Francfort,
les mesures suivantes :
Article i*'.
Pour assurer l'indépendance future de l'Alle-
magne, et donner plus d'unité et de force à ses
moyens militaires , il a été convenu d'établir un
système général pour tous les états de l'Alle-
'Hiûgiie.
Akt.
2.
' Dans ce nombre ^ on c<Hnpte, hers les états
des puissances alliées , de l'Autriche , de la Prusse,
de la maison de Hanovre, dô la Suède, de la
Bavière et du Wurtemberg, ceux de tous les
princes allemands qui ont accédé à la grande al-
liance , pour le but de l'indépendance de l'Alle--
tnagne; enfin ceux qui, dans ce moment^
sont administrés pour le bien de la cause pu-
a8 PIEGES JC8TinGATIVE8.
blique, comme le royaume de Saxe, le grand
duché de Francfort , etc.
Art. 3.
Dans tous les pays , on formera , sans délai , à
l'exemple de TAutriche, de la Prusse et de la
Bavière , des corps de volontaires , des troupes de
ligne et une landwehr; une réserve pour celle-
ci, et, de plus, dans les pays où cela sera néces-
saire , un landsturm.
Art. 4*
Ces troupes ne pourront être composées que
d'indigènes des pays respectifs.
Art. 5.
Le nombre des troupes de ligne, de la réserve,
et de landwehr, pour chaque pays, sera réglé
d'après le contingent que chacun d'eux a fourni
à la confédération du Rhin , en doublant celui-^ci,
de maiàière que la première moitié formera les
troupes de ligne, qui seront fournies aussitôt
et le plus promptement possible ; la seconde la
landv^ehr, qu'on se pressera également de for-
mel d'après un règlement particulîo* : toutes ces
troupes seront toujours maintenues au grand com-
plet , moyennant des réserves proportionnées , et
toutes prêtes.
CAMPAGNE DE l&l4- ^9
Art 6.
Le landsturm n'entrera pas dans ce calcuL
. Am. 7.
Les troupes de ligne et la bndwehr seront te-
nues de combattre partout où la guerre l'exigera^
Art. 8.
Les troupes de la landwehr îoindront , le plus
tôt possible 9 leurs corps respectifs.
Art. 9.
Le landsturm ne servira que dans l'intérieur
des pays et pour la /défense de leurs propres
foyers.
Art. 1 o.
Toutes ces forces seront organisées en diffé-
rens grands corps.
Art* 1 1 .
Chacun cfec^ €prps aura un géiiéral et un-
état -major particulier. Les frais que causeront
3o FiicEs JtnrifiCAtrrtd.
ceux-ci, seront â la charge des états qui forme-
ront les corps.
Chaque corps d'armée sera, le plus que faire
se pourra , placé dans la proxîknité des états qui
le fournissent , et mis sous le conmanâenient
gâiéral le plus rapproché d'eux.
ÂJLT. 1 3.
Ckaqu0 f€rf% pourvoira à l'équipememt et à l'ka-
bitlementj aussi bien qu'à la soUe des troupes, €t de
la manière la plus prompte et la plus exacte.
Art. 1 4-
Aussitôt que les corps seront formés, leur a|>-
proyisionnement se fera d'après l'arrangement
dont on est convenu séparément ; au reste, cha-
que état sera tenu de fournir tes trains de transport
nécessaires.
Art. i5.
Pour éviter dès ce moment toute méprise , les
troupes des puissances aUiées porteront toutes
une seule et même marque distînctive.
eAHPAGHE »B 1&l4'. 3i
Abx. i6.
\
Les pmssanceft alliées aoinnieraixt siir4e-'tliamp
des officiers , qui désîgneroxit les points et les po*
sitioDS qui deiront être fortifiés ou letranchés ,
pour la défense commune de TAUemagi^e, et il
sera procédé sans délai à leur établissement.
Art. 1 7^
Aucun pays ne pourra se refuser à ces établis-
semens ; ils seront tenus de pourvoir gratis bux
charrois et à la main-d'œuvre. Les pays voisins
seront obligés cependant de leur prêter secours
à cet effet.
Art. 1 8.
Pour faciliter les armemens nécessaires, les
puissances alliées sont convenues d'exploiter les
manufactures d'armes et les moulins à poudre de
l'Allemagne , uniquement pour cet objet , et les
établissemens de Subi, Solingen, Herzberg, Al-
bemhau, etc., recevront les ordres nécessaires
à cet effet.
Art. 1 9.
Afin de favoriser également l'établissement de
3â piàcEs. JvsrmùknfBB.
FartUlerie , les puissances alliées sont convenues
d'y assigner une partie de Tartillerie prise sur Fen-
nemi. Les chevaux et harnais seront fournis par
les états et pays respectifs^ Toutes les sormes quel-
conques , que les puissances alliées conquerront
dans les places fortes de FElbe , seront également
en^loyées aux arméniens de FAUemagne.
CAlTiL^ftfi M i8i4- 33
■■ *■ ■ * ■*■' "T'i K iiin^'i" ■■■?*" ■■'^'■"•»' ■«-* -'
Protocole de la Commission chargée du
règlement du système de défeme d^
VAUenuijgne*
m
Le a4 novembre i8i3.
Les hautes puissances alliées d'Autriche, de
RiAflii? et de PrutfBe^ ^laos le but de t^ler dia-
pré» des principes gâiéràux détonaiiiéi, le êy^
tèaie de défense tfe rAUemagne ^ aufourd'hui en-
tièremeat déli^i^ des aitnèeslraiiçalseè, ea oiiî?
chargé une commission , composée , sous la pfé^
sidence du général en chef àfi la gra,nde armée ,
maréchal prince de Schwartzenberg , des mem-
bres suiyans :
Le ministre d'état de Stein ; le prince Wol-
konsky; le gé^kénd-àiajnr Wo^bogeii, tous deux
aides-de-canilp de S. M. Tempereurde Rum^}
le feld-maréchal lieutenant Radetzky ; le f^éoéni
de Omâsenau^ dief d'étatHoiajor de Si M. ie Mi
de Prusse , qui sont conyenus des poilitd suivant :
« «
Article i".
U a été déterminé que , outre les troupes que
la Bayière doit mettre sur pied , d'après raUiancc
V. 3
34 viÀCËs lusTincAirrEs.
conclue atec cDe , et qui doivent être considérées
comme le premier corps destiné à agir d accord
avec la grande armée autrichienne , il devra être
formé j dans les états des princes allemands , les
corps de troupes suivans , qui devront être réu-
nis aux grandes armées coalisées, afin de leur
procurer les secours en aitiUerie, en cavalerie et
en tout ce qui peut être nécessaire , pour l'emploi
immédiat de ces troupes devant Fennemi.
Art. 2. «
Le nombre de troupes qui devront être mises
aussitôt sur pied dans les états de TÂUemagne ,
est réglé de la manière suivante , et en propor-
tion des obligations antérieures des états confé-
dérés.
i" Corps, à V armée de Bohème (*).
LB GiiriBAL DB WB^BB.
Bavarois 36,ooo
a* Corps , dans le nord.
Hanovre ao,ooo
Brunswick 6,000
Oldenbourg i,5oo ^ 0^900
Villes anséatiques 3,5oo
Mecklenbourg-Schwerin »>9oo
J reporter, . . . 68,900
(*) Ce ubleau de répartition est celui qui fat d^îfinitÎTeineDt ucrèlâk
la Bin fie novembre, c'est pourquoi nous ravons tabttitné à odai ^i
avait été décidé le a4.
GÀMPAGHB DB l8l4*. 35
Report. ... 68,900
3* Corps j dans le nord.
LE DUC DE WBIILUL. .
Royaume de Saxe. . ao^ooo
Weimar 800
Gotha «... 1,100 y a3^55o
Schwartzbourg 65o
Ânhalt 800
4* Corps j à l'armée de Blûcher.
U nUDffCB HBBBMTAUB SB
Hesse-CaBsel 13,000
5* Corps, à l'armée de Blûcher.
LE BirC BE GOBOVEG.
/
Berg 5,000
Waldeck. 400
Lippe 65o
Nassau 1,680 .
Gobourg 400 { ^
M einungen ' 5oo
Hildburghausen - • • • ^oo
Meckleiibourg-Strehlitz 600
6* Corps, à l'armée de Bohême.
LE PEINCE PHILIFPE DE HESSE-HOMBOUBG.
Wurzbourg 2,000
Damistadt. 49^09
Francfort et Isenbourg ......... a,8oo ' 9?^^
Reuss 4^0
A reporter. • . . 1213^730
36 piioKB swnwïkrtnâ.
Report. « . . ia%^3o
7* C&rpiy à l'itrmée 4b Bohême.
u rmiHOt aoYAt. M wvmitiiBXEG.
Wurtembei^g is^ooo
8' Corps, à l'armée de Bohême.
Baden (général Schaefferj..... . lo^ooo \
Hohenzollem 2^90 > io,55o
Lichtensteûi* •••«.% 4* }
ToviA dat trottpas da ligna» . . 145,060
Nombre égal de landwehr..,. . i45f06o
Total ciNéaiL ^ ago^iao
Aot. 3.
Les états dlemands mettront %xxt pied une
landwehr bien armée , en nombre %al â cehti
des troupes de ligne susmentionnées.
AjlT. 4*
// eu déterminé que la ratification du traité d'al-
liance de ces ffrinces allemands avec les puissances
alliées, antra Ueu k Jour même où knr quote part
de troupes sera sur pied, 4unnplétement équipée.
Am. 5.
Ls dernier Joar de décembre de cette année est fixé
\
s
pmsr h demUr temm aupiil €ê$ traupe» dturani
aêwinment être mr fnedf ce terme est pr&langé de
douze Joun^ pear Ia iandweir.
Art. 6.
Outre ces troupes armées de rAUemagne , il
deTra ôtre «rgaaisé une lerée génârats en masse,
d'après un régiment que récfigera un comité
apéciri.
Art. 7.
Ce même comité réglera tout le système dé-
fensif de FAllemagne , et surtout les fortifications
à établir dans ce but* Les généraux en chef des
asmées, cliargarcmt des cimunissaires milttainos
partieiilier& da TesDécutien de ce règiemaut
Art. 8.
Pour k ttaintfen de l'ordre ^ surtout sur ka
domères da l'armée, il aéra étaUt w»^ pofibe gé*-
nérak dao «nuéQ».
Aw. 9.
Il sera, à la vérité, loiiible aux états alle-
mands de fixer, sur un pied particulier, la solde
ck kura trompes ; msAâ à l'égard de l'entreti^i en
38 PIÈCES JusTincATnnEs.
nature , on établit en principe , que cet entretien
doit être fixé sur le même pied en usage dans les
grandes années , auxquelles les troupes all^nan-
des seront réunies.
Art. 1 o.
L'emploi des manufactures d'armes à feu ^
d'armes blanches, des poudrières de l'Allemagne,
et en général de toutes les fabriques qui servent
à l'équipement des troupes ^ sera établi par un
règlement particulier.
Art. 1 1 .
La nomination aux places d'officier, jusqu'à»
grade de capitaine inclus , sera laissée aux géné-
raux t^ommandans ; ces généraux devront pro-
poser la nomination des officiers supérieurs aux
souverains , par lesquels ont été placés les gou-
verneurs de ces pays. En sorte que , d'après ce
principe , S. M. l'empereur d'Autriche nomme
les officiera supérieurs des troupes de Francfort
et dlsenbourg ; S. M. l'empereur de Russie, ceux
des troupes saxonnes, et S. M. le roi de Prusse,
ceux des troupeç de Berg.
Art. 1 a.
Les généraux cominandans correspondront.
CAMPAGNE i« l8l4- 39
pour les besoins des armées, avec les autorités
locales respectiyes; mais à Fégard des pays ad-
ministrés , ils correspondront avec le ministre
baron Stein. Dans les cas urgens , cette correspon-
dance aura lieu, pour Francfort et Isenboui^,
avec le prince Philippe de Hesse - Hombourg ;
pour la Saxe , avec le prince Repnin , et pour le
duché de Berg, avec le prince de Solms.
4u PliCW M?»T^i«iTl¥«».
■i * i.mHiJiSSB
PraçUfmatUm du général Buhw aujt
FbmHsnds.
La juste punition du ciel a atteint celui qui
dévastait le monde par orgueil et par prépo-
tence , et qui , d'une main impie , détruisait tout
ce qu'il y a de sacré, pour peu qu'il y trouirât
d'opposition à ses plans dévastateurs et sangui-
naires. Les BANDES qu'il a conduites au-devant du
glaive vengeur des nations , ont été deux fois dé-
truites (*) , et les choses en sont venues au point
qu'il suffit de rappeler le nom de Napoléon, pour
exciter les malédictions de plusieurs millions de
ses sujets, dont il a sacrifié, sans pudeur, le bon-
heur à ses plans ruineux.
Flamands ! parmi les peuples qui vous sont al-
liés et unis d'aussi près, vous êtes les seuls qui
portez encore le joug de la tyrannie; les seuls
dont il puisse encore arracher les frères , les fils
et les parens , pour les conduire à la boucherie «
et faire périr dans la misère et dans le malheur
où le précipiteront inévitablement sa rage et son
{*) La bAnde priuMeime qui nouf a louroë le dos en iSia, « cepeB'
daat ccbap|)c à la dcturuction.
imprud(9M^; k» màfk enfin qu^ V^qkecMCQià'^Eh
votr? prospérité ft «ow un gwy^Knmnent luite et
pabHiMl; vaiidrie9^fow«apporterphi6loii|^t^^
YOBohaUm^y^ pntience? y^ftewpyki^Qitt 4«
vos Toiftins et de vos atnift t <|ui d^ Tiiient n^
nattre le bonheur et les avantages des heureux
tfM^ aneimêp n'escitarait^U paa Mtre émulatien?
Certes, le sang de vos valeureux ancêtres coule
encore dan* vos v^efaies : vous êtes ce même ancien
peuple de héros que l'histoire nomme avec
gloire (*) , et dignes d'appartenfa* à k gnuide li-
gue des peuples qui se sont délivrés par leurs
propres forces. Tous aussi, vous agirez; vous
aussi , vous briserez vos fers honteux 1 Prenez
courage 1 nous sommes ici pour vous protéger,
pour aider à votre délivrance , et nous avons bien
mérité votre confiance. Ce n'est point pour con-
quérir {**) ni pour vous opprimer et vous dé-
pouiller, que nous nous approchons; nous vou-
lons seulement sauver, délivrer et rendre heureux
des frères qui nous appartiennent^ par tes droits Us
plus sacrés et par un même langage (***). Ainsi, en-
core une fois , Flamands ! réunissez-vous , et agis-
sez ainsi qu'il appartient à un peuple généreux
et indépendant. Exterminez les bandes de brir-
(*) Qui poomit mëcoimaStre nos frères les TailUms GéadoU^Btigu ?
(^^) La Pnisêe n'a sans donte rien wnrpë en Belgiq[iie?
{^^^) M. Bâlow est on poissant logicien et un sarant historien.
4d nàém jwrmckrm^.
-gandi étrangers (*) qui entourent' votre pays;
' renversez les asiles où leur lâcheté se cache {**).
Dans tous les dangers, nos drapeaux seront â
côlé des vôtres , et le Dieu des armées donnera
diws y comme toujours , la victoire à la cause sa-
crée et à celle de la justice.
Au quartier-général à Utrecht, le 9 décembre 161^. '
« _
Signé, Bûiow.
(*) Pour les GsnloU-Belseï » qui tont les ëtFBQSen? Les aatxes Gm-
lois on les Genaains?
{**) I^ Uche est odui qui est insolent dans une pcospëriié qu^il na
doit pas h sa yaleur.
GAMPA61VE DB l8l4- 4^
N" IX.
Proclamation de Justus Gnmer.
Appei aux hommes et aux jeunes gens des proYinces
moyennes du Rhin, au combat volontaire pour Tan-
tique et conunune patrie des Teutons {*).
Dieu a jugé ! le Seigneur nous a sauvés. II est
descendu visiblement sur la terre sous la figure
de ses dignes représentans , et a sauvé Thuma-
(*) Qaelqae dëgoùtant tjvTû ait été de rapporter en entier la capu-
cmade sanglante et injentée de cet iodiTidu, die nous a para on mono-
ment trèa-prédeos à consenrer , pour faire connaître h la postérilé Tes-
prit et la conduite des sauvages qui, alors, souUlaient le nom de la
diTinitë, et insultaient la foi publique, en se serrant des plus grossiers
mensonges. En calomniant une nation entière, ils croyaient tromper
plus fiicilcmcnt les peuples et accréditer des promesses falladenses qui
couTraient tous les désastres qu'a pu produire rambilion, la cupidité
et la mauvaise foi. En comparant IVtat actuel des provinces du Rhin
avec celui dont elles jouissaient pendant leur réunion avec la France,
on a peine k concevoir Fimpudeur avec laquelle de pareilles accusations
ont pu être proférées au milieu dVUcs. D s'est bien peint lui-même
dans cet acte, ce Justus Gruner, dont Pôdieuse conduite, e(t i8i5,
n'a pas besoin d'être rappelée. Lui et ses compagnons , par leurs décla-
mations haineuses, ont cru tromper les contemporains^ mais le contraste
entre leurs paroles et leurs actions les a déjà jugés dans l'opinion pu-
blique, et l'histoire est là. C'est en vain que les ambitieux et les intrî-
gans cherchent , par de pompeux manifestes, à justifier leurs usurpations j
le burin sévère de l'histoire, en les gravant dans les fastes de l'humanité,
les rend à leur véritable valeur, et la postérité, juste et inexorable, n'y
voit que des moDumens de honte et de déloyauté.
44 piàcM Ji^^TiHCAfim.
nité gémissante. L'empiire du crime est anéantL
. La fumée du sang des Tictimes immolées , la Ta-
peur des larmes des orphelins , s'élèvent de ses
ruines en colonnes menaçantes et crient v^igeance
au ciel; il a pesé vingt-quatre ans sur la terre, tié
de la frénésie , de la révolte , il n'a produit que la
fureur et la misère; détruit la liberté; ébranlé la
foi, et U a fini par les honesrs d^m deqpolkne
universd ; 0 voulait aussi anéantir h, patrie teu-
tonique ; il en a arraché les plus beaux , les plus
cbcrs pays : les antiques et respectables fooda-
lions ecclésiastiques ^ ç^s sièges pisux do di§^w
priucQ& de l'église et de l'empire ; les florissantes
vallées du Rliin^ de la Moselle et de la Sarre, les
libres et précieuses montagnes de la Teutonie , et
ses habilans, peuple fidèle, loyal, industrieux et
hospitalier. Oui, concitoyens! vous avez été sé-
parés de nous pendant plus de vingt ans ; les frè-
res, des frères; les ^itfans, du pèM commun!
Longues et terribles années, pendant lesquelles il
vous a fallu souffrir tout ce que l'homme peut
souffrir de dur et de méchant. Vous étiez sous le
joug et vous avez été traités comme des esclaves. On
vous a impudemment dérobé ce que vota aviez de
plus précieux, civilement et moralement ; il voua
a fallu renoncer à votre langue , et vous voir com-
mandés par des étraxigers , les plus ignûran^ et Us
plus méckans d'entre eux, qu'on vous envoyait par
mépris. Ces vampires se nourrissaient de la moelle dt
voire pays, de la sueur de vos fronts, et du sang
€iMPA6Nfi ht l8l4- 4&
dttâê mftms. Les impâts ^ttient tûttltlplié» et ac-
eettipàgfié& de fbnnes qoi détrdisaietitk bonheur
domestiipM et la sûreté citile. Votre oomtnerca
^tak détruit, votre industrie latignissànte , vos
ils ég^rgéjs en pays énraiigers pour des querelles
étrangères, vos filles déshonorées et méprisées. A(jh
cmté toi y nuctm règlement ne tous protégeaient; des
déitiiOM sécrétas apptiyûient larapMcitê oatiertùs et
t!»ut «ce que les parIkuHers pôdsëdaieut devint
leur proie, quand le but d'une guerre ambitieuse
Teiâgea. Les mœurs forent énervées^ h foi vadt^
tait s et la sainte religion devint une tnomerie ,
sôus la protection de celui qui , en Egypte , re-
connaissait Mahomet pour prophète , et qui re-
tient le respectable pontife prisonnier. Tout ce que
vous utiezdt grande de hon^ de sacrée fut détruit
à detiithtj et peu s'en faHut que vous ne périssiez
vous-tnémes. Mais le Seigneur l'a voulu ainsi, afin
iqu*iau moment de ta nécessité, vous fussi^ puri-
fiés ^ isauvés à Thumanîté et à la patrie ; vous
Avec passé un temps d^oppresslon , mais nous
aussi. La misère et le malheur, la crainte et le
désordre , ont aussi régné au delà du IKhin ; maïs
il en est sorti une nouvelle patrie, plus noble et
plus unie que jamais. Un seul esprit règne en
TeutonSe et dans toute f Europe : la malheureuse
France en est seule exceptée ; cet esprit a été con*
qpais et se mamtient dans les combats. Comme
vos ancêtres condbattirent jadis pour la foi et pour
léisalnt sépulcre, de même nous avons combattu
»\r
46 PliCBS JU8TIFIGATITB6.
dans la sainte lutte pour ce qu'il y a de plus no-
ble et de plus cher , pour la patrie et rhonneur,
pour la vérité et la justice, pour la liberté et la
foi. Ce n'est rien de moins que cela que nous
vous avons apporté , et que vous devez conserver
avec nous.
Concitoyens ! je viens à vous d'un pays teuto-
nique voisin , qui a été lo^-temps sous le )oug
de la France, appauvri et ^ervé. Mais lorsque je
l'appelai, au nom du. grand prince libérateur,
à prendre part à la lutte pour l'existence et la li-
berté de la Teutonie , des milliers de jeunes gens
se sont levés (?) et ont formé une cohorte sacrée ,
la cohorte des volontaires sur le Rhin et sur la
Sieg. Ils sont entrés en campagne, ils se sont
réunis aux légions des guerriers immortels, et
combattait avec eux pour nous. Youdriez-vous
être moins qu'eux? voudriez-vous Êdre moins
qu'eux? Comme eux vous êtes devenus libres par
une main étrangère; demeurez libres par vous-
mêmes. Pourriez-vous balancer à prendre part à
cette guerre sacrée? pourriez-vous oublier la li-
berté, l'honneur et le bonheur qui sont déjà
devenus votre partage , et le bonheur plus grand
qui vous attend encore? Voyez conune l'oppres-
sion a été détruite; comme tous les droits et les
propriétés vous ont été rendus. Ou les vampiret
qui vous ont sucé doivent^ils revenir; une domina-
tion et une langue étrangères doivent-elles encore
vous gouverner, vous avilir, déshonorer vos fa-
milles , . soiiiUer yo& autels ? Jamais ! . Teutons du
Rhin! leyez-yo^^l réunisses^-vous sons. les. dra-*.
peaux de votre patrie, pqur la sajbate. lutte ^dcNEit
elle est l'objet. Formez , comme vos frères au delà^
du Rhin, une cohorte de Yolontaires du Rhin,
de la Moselle et de la Sarre, et rendez-Yous à la
destination que )e vous assigne. Teutons rendus
â la liberté, il s'agit de la lutte pour la Teu-
tonie IKobles et propriétaires! reconquérez vos
dignités, votre hoimeur et vos propriétés. Ci-
toyens ! il s'agit de la vieille boui^eoisie teutonne.
Paysans ! on combat pour vos propriétés , pour
celles de vos communes , pour les fruits de votre
industrie, pour la conservation de vos enfans.
Employés teutons! c'est à vous à éloigner les
étrangers et à régir votre peuple par ses propres
magistrats. Hommes de tous les états ! c'est pour
vous tous, pour le commerce et les métiers,
pour les arts et les sciences. Les droits et les
usages anciens, doivent être rappelés à la vraie
existence du peuple, fondée de nouveau. Pères et
mères , qui survivez à cette époque glorieuse , re-
merciez Dieu et bénissez vos enfans qui peuvent
y prendre part. Ainsi qu'Abraham, qui sacrifia
)adis son fik unique, envoyez -les à la guerre
sainte, afin qu'ils combattent pour leurs pro-
priétés , leur honneur , leurs fils et leurs petits-
fils. Prêtres de l'Étemel ! professeurs de l'Évan-
gile , aimoncez au peuple la parole de Dieu , et ses
devoirs; appelez-le en son nom tout-puissant.
48 piicks jtfmMïckWfiê.
PlMitt hi êaioÊè ^roil, et iMtttheft ée^sÊOÊt en
mm Dom. OA flMife là baunièrd île k foi, M k
tkMira Mt Mrtaine, l'hoiitiéitf ix»éparri>le, te
gloi^eél«nldOle, kiMort une tie immoitdle.
XrêyeSy le }owt de Sailit- Alexandre^ -g ftmer 1814.
Signé, ht Gouverneur
• •
•I •
^. , .«'V «1 «Pli < IM ■>
t
CâHtAOM BI l8l4- 4d
■*>■ I ■ . ■ ..,■■■■■ ■ » L ■ l^^J^^^r^l-^*^ 'J 11'^ M l.'»!* *-lll
N- X;
.i.
Noie ducorhte de Mettemichj en réponse
.h celle du duc de Basiano. .
• • • ■ ; . . :
Le soussigné ministre d'^t et de» affaires
étrangères a reçu hier la note que S. Ex. le duc de
Bassano lui a fait Thonneur de loi adressa: en date
du 1 8 courant. Actuellement, après que la guerre
a éclaté entre la France .et rAutriche , le cabinet
autrichien ne peut plus se croire obligé de ré-
pondre aux inculpations arbitraires contenues
dans la note du duc de Bassano. Soutenue par
l'opinion publique, TAutriche attend tranquflle-
ment le jugement de FEurope et de la postérité.
Cependant, comme la proposition de S. M. Fem-
pereur des Français présente à Fempereur une
lueur d'espoir d'arriyer à la conclusion d'ime
paix générale , S. M. I. a cru devoir la saisir. Elle a
en conséquence ordonné au soussigné de commu-
niquer aux cabinets russe e^'prussien la demande
d'un congrès, qui, même pendant la guerre, s'oc-
cuperait des moyens d'arriver à une pacification
générale. LL. MM. Fempereur Alexandre et le roi
de Prusse, animées des mêmes sentimens que
leur respectable allié , ont autorisé le soussigné à
▼. 4
50 PIACW JMTIHOAUVBt.
déclarer à S, Ex. le duc de Bassano, que, ne
pouvant rien décider sur un objet auquel toua
ont un même intérêt, sans en avoir conféré avec
les autres alliés , les trois cours communiqueront
sans délai à ces derniers la proposition de la
France. Le soU39i||p:ié «at cl^atgé de coHunuiû-
quer dans le plus bref délai possible au cabinet
français , les ouvertures de toutes les cours
à la proposition de la France.
' Le 0ôutoii|[né a lliotiiiéiir, etc.
« I
PhifW I» 91 iN>4l:li9t5.
).
il
. i. <
« »
Sig^^', Mvmitincv.
.f ,
• I /i* p«tfj4 t
' • * f
: r
CAtf^AGNB DE l8l4- 5l
'< ■.■îar.vrK^^sTTxrLaï. i. — T-.-jcg:
: N- XI-
Rapport du baron de Saint" Aignan.
'Apre» at^îr été trMlé pendant deux jouw
comme prisonnier de guerre â Weîmar , où se
trouvait le qualtîer-général des empereur» d*Au-
• friche et de Russie, je reçus Tordre, le jour suî-
Tant, de partir pour la Bohême avec un conToi de
prisôniiiers. Jùsque-M je n'avais vu personne ni
fiait aucune réclamation, pensant que le titre
ûoiEkt j'étais revêtu était une réclamation suffis
ifanle. Outre cela, j'avais déjà jM^otesté conti^ te
traitement qu'on me faisait éprouver. Cependant
je crus', dans ces circonstances, devoir écrire au
prince de Schwartenberg et au comté de Met-
teitnch, pour leur représenter l'inconvenance
d^un pareO procédé. Le prince de Schwérzeiï-
berg m'envoya sur-le^hamp le comte Paar, son
premier aide-de-camp, pour excuser la méprise
t^crtnmise k mon égard, et m'inviter soit chez hn,
M>it ckez le comte de Mettérnieh. Je me ren^s
fie êunte chez ce defrnièr , parce que le comte de
-9€liwat^iri>etff n'était pas cbei lui. Le comte de
jMetternicïi me reçut avec des égards disiSïigués ;
il me dit quelque» mots sur ma ^fnositiob , dont il
^e chargea dé me tirer ^ s'estfinaiBil heureux,' mé
5d PIECES JUSTXFICàTIYES.
dit-il» de me rendre ce service, et de me témoigner
en même temps l'estime que TempeFeur d'Autri-
che a pour le duc de Yicence. Ensuite il me paria
du congrès, sans que je lui aie fourni matière â
ce nouveau tour de conversation. « Nous désirons
« sincèrement la paix , me dit-il , et nous la con-
« durons. Il s'agit de saisir la chose ouvertement
cet sans détour. La coalition restera unie : les
«moyens indirects que l'empereur Napoléon
« pourrait employer pour parvenir à la paix ne
« peuvent plus avoir d'effet. Que toutes les parties
« s'expliquent clairement l'une envers l'autre , et
« la paix pourra être conclue. » Après cette con-
versation, le comte de Metternich me dit que je
devais me rendre à Toeplitz, où j'aurais dans peu
de ses nouvelles, et qu'il espérait me voir à mon
retour. Je partis le 27 octobre pour Tœplitz, où
j'arrivai le 3o. Le 2 novembre , je reçus une lettre
du comte de Metternich, d'après laquelle je quit-
tai Tœplitz le 3, et me rendis au quartier-général
de l'empereur d'Autriche, à Francfort, où j'arri-
vai le 8. Je fus le même jour chez le comte de
Metternich. II me parla de suite des succès des
puissances alliées, de la révolution qui se pas-
sait en Allemagne , et de la nécessité de faire la
paix. Il me dit que les alliés , long-temps avant
la déclaration de l'Autriche , avaient salué l'em-
pereur François du titre d'emp^ieur d'Allemagne;
mais qu'il n'avait point accepté ce titre insigni-
fiant,' et que V Allemagne, de cette manière^ lai a/h
CÂHPA6T9E 1>E l8l4- ^^
parienaii pluê qu'auparavant; qu'il désirait que
l^ëmpereur Napoléon se persuadât que la plus
grande impartialité et la plus grande modération
régnaient dans les conseils des alliés ; mais qu'ils
se sentaient d'autant plus forts qu'ils étaient plus
modérés; que personne n'avait des projets contre
ta dynastie de l'empereur Napoléon ; que l'Angle-
terre était ' bien plus modérée qu'on ne croyait ;
que jamais il n'y ayait eu tin moment plus favo-
rable pour traiter avec cette puissance ; que si
l'empereur Napoléon voulait réellement conclure
une paix durdi>le, il épargnerait de grands maux
à l'humanité, et de grands dangers à la France
en' ne retardant pas les négociations ; qu'on était
prêt à s'entendre; que les idées qu'on s'était for-
mées de la paix étaient de nature à poser à l'An-
gleten^ des bornes équitables, et assurer par mer
à là France, toutes les Kbertés auxquelles pou-
Wiâkil; prétendre les autres puissances de FEu-
Mpe; que l'Angleterre était prête à rendre à la
fldUânde, comme éiàt indépendant, bien des
choses qu'elle ne lui rendrait pas comme pro-
tlncé de l'^fnpire ' français ; que ce que M. de
Meerfeklt avait été ôbargé de dire de la part db
Fentpèreur Napoléon pouvait donner lieu à plu-
sieurs déclarations ,' qu'il me prierait âiû rappor-
ter ; qu'il né demandait de moi que de les rendre
exactement, sans y rien changer; que l'empe-
reur Napoléon ne voulait pas concevoir l'idée
'ëquifibré'éhirë les puissances de l'Europe;
54 PlÈOIft iVWtVMAJVm».
que œt équil3>re cepwdant était "tfrn fff-nirnicint
po9»ible y mai» néceMaire; que la (NrcpofiÀtîoii avait
été faite à Djregde de prendre eu c^mipen^atioii
différeufl payf que Tempereuir ne possédait plua^
comme, parexeoaple, le,Duçhé de Vavwvîet ^
que, dans le cas présenjt , on pouvait eqooK ikim-
uer de semblables compeiuatiow- Le comte de
Metternicb me fit pjier.de me fendre obe^ Uv
le 9 au soir. Il venait du palais de reupqt^ur
d' Autriche , et me remit I4 lettre de S. M. à l!ItiiH-
pératrice. Le comte me dit que le comte de ties-
selrode allait venir à Tinstaiit cbez lui, et ^u'en
sa présence il me chargerait de ce que jfi dff^sajs
annoncer à l'empereur. Il me ^bar§^ de dii^
au duc jde Yîcepce qu'il avait t^ui^urs pofur t^i
les mêmes sentimens d'estime,, ^pfie^lxii avait m
tout temps inspiré son caractère nobl^ ^4P
d'instans après , le cooft^.,^, Nçyselrode (»|(r%
Cdui-ci me «répéta en peu d,p W^r ^ W^ 1^
comte de Metternicb m'a v^ di^dî^ su? J^ nijffr
sion dont j'étais invita à mte charge; il f. ^joulfi
qu'on pouvait cqnsidà'f^: ^» de,: ^wdwJMs
comme présent -et agréant tout ce.qif ^ai$>ii^
dit. Ici M. de JMletternicb dévelcfip^; Ififi 'mi^m-
tions des alliés , ainsi q^^ je devais fffi re^y^
compte à l'empereur. Après. quQ je, rifua-f.en?
tendu, je répliquai que, p^mUque^ntoq, r^oje ici
n'était que d'écouter saqs ^ paf*lqr^ je n'av^i^iTÂW
à faire que de répéter iia|o|. à û^qt s>p3.pwoieS|| içt
que , pour en être plus sûr, je, d^m^gnçbis^ ^a j^^
.mmfAom os. i8i4« 55
nUiiiaiii dm In. éoiiré ^ aimtJemciit >p6iHp;aMm
Mige, et^de les lui lœttre apuès musIm yévkil*
Lé ' conte Kenèbode proposa i|ue j*<éeriTiss«:eatté
note lor^le-cliani^, et fe comte de Mctteenfdh
tné oôndUisit êeaiâsufÊ im ûabinefe icnï j'éomié fa
liole qid fluit* Loi!s<{iie^ feilftieniiméd^ .|6ten^
tifm idans ra^fnoteraeirf. jM; de Mettarnielt dit a
V<ra9>ayei kprd jy»rllBen^ r^o^^ aife^
{^sii| BOBilHilenIbiw sfont les tnteaes^ ainsi nous
poiivoas oontmwBP à noua eàferétenir en; sa prés
iëiioe..iàkm H demanda qde fâ lusse ce qt» \*9^
irâte écrit* Lorsique j'^n-ms à Tartiole conbeniaift
rAAgkdem; kirdidbevdem parut ne pasinatotf
Mén coii^>t4»; |e le fa» encbre une fiois^ et alhrf
il obs<|r«a quefes «x^iressipiis, liberté du eoâanen^
k df^ii de^ na^é^aiiêri «iââeat très-mgiaes. Je xé^
pondis -qite f«?ab écrit oe que M. de i/kMaankh
MfikyàSêL chargé de dire. M. de Metterafeb ajoufta
qiie^s è^preifeîMis poavaientenieflfet^nbroUiUer
* la question, et qu'il serait mieux d'en mettre
d*autras  là (rfac^. ^ Il prit la plume, et écrivit:
gue l'Angleterre ferait les plus grands sacrifices
pour une paix fondée sur ces bases ( celles énoncées
plus haut ). Je fis l'observation que ces expres-
sions étaient tout aussi vagues que celles qu'on
avait retranchées. LottH Aberdeen fut de la
même opinion , et dit qu'il serait mieux de réta-
blir ce que j'avais écrit d'abord; en même temps,
il répéta l'assurance que l'Angleterre était prête
aux plus grands sacrifices; qu'elle possédait
50 piicifi xwrrniGktmEÊ.
beMicaïap et rendrait â pkJDe» wtioB. Le taMe
de la note ayant été trouvé conforme à ce tfo»
î'aTais entendu , la eon^reatico. tombai sur det
objets indiffSrcns. Alors entra le prince de
Schweozenbei^: tout os qui a^ait été tsafté fint
répété. Le comlè de Neâ»elrode, qui »'éttair iid^
gné un instant pendant Jkai conyeiwlion, véaffixtf
et me chargea, de la partie l'empereur Alexan-
dre , de dire an duc de Vioenoé. ^'il ne ehaie
gérait jamais d'opiniœi sur son'CaractèDe.et sa
loyauté, et que tout serait biehtèt arrangé s^il
était chargé d^une négociation. Je devais partir
le lendemain to nov^nbre au matin^ maiSf le
prince de Schwarzenfaerg me fit prier d!attendrtf
Jusqu'au soir, n'ayant pas ençoreeule temps d^
crire au prince de Neûlchâtiel. Uans la nuit, il
m'ènToya le comte Woyna son . aîdeHie-GUmp-^
qui me remit c^tte lettre et me conduisît aum
avant-postes. J'arrivai le 1 1 au matin & Mayence*
*
Signé , . SàWT'AiGtiis.
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p0tnTai& étx uiiiiAé»^ «a sue ^aiç^^ dç.ppr jte^ à,
aurait faltifake par le comte de Mec^feidt. Ebucqii^
$âqti€*»»v.-|Q §QipjtQ.4e ]if^tte{\qich €jt;lç.çaqi^
d6^j>i6ssdmde. j^'oAt iqvjix^: .d'iWiMsgQÇ^r à S., M- >î.
Que kfl.'^uiasanf^^^dji^es 9;^t^ent^u<^^ par^flg^
li^BBindi^aoblbles^pi^r lesquels .ell^ét^^t 9Wn
saMes^ et aiuqiiets eUq» »q reqpnc^l^if i4;)£^^>qis,l
Que , d'aftfès leaeiigâg^emteita qu'ell^ a^iMÛeitit çqi|p
tractas , elles Ahraiesit ptis la ^^i^fèïh 4e . ^e poiat
cûQohife d'aatte|>iu.qU'uae paU générjs^e. Qu'j^^
temfw» dupongrè^de Prague 5 ij ét^tjODçgijç pp^^f
sôblëde péiiser àUne'pafk costtinexitalei.pjsifce qiip,
d'fqnès leSijckcoBaataBeei^ ol^.n'aTait.^a encose»
eu lé* temps de a'eiit^oidiie.attt.fuiie aitfre négo*-,
ciaAioB^ mais que d^uxB, les iciteatio^s des pùi^ri
saucés et de l'Angleterre létaiesot coçijçaies , ' çtqu'U;
saraîl en consé^uwctt ittuljle de p^niK^c à UA^ai^r!
nàistice.eu ^ UAei«ëgpclati^<qi}l)n!(imrail«,,pail
5ft piicBtt • jiffriiKrinfu.
pour but une paix générale. Que les souverains
coalisés 9 sous le rapport de~6i puissance eCtle la
prépondérance , sont unanim^nent d'accord que
la France doit être conservée dan$ $on imégrité et
dans ses limites naturelles, le Rhin, les Alpes et
^s ^Pyrénées. Qqe Tliidépc^adi^Qe àp,]lMkmà^qe
était une4Q;pndition.«ciie quâ nt^^uA qu'ei^consé^
quence ,'1a France devait renoncer ^ non pas a Tin-
fluence que tout grand état a nécessairement sur
tm' étîÉt' MéftM ^iitfiii; miâl¥t(kte«|ièoeide
sdtiverainètè' Wir r All^tiiàgtiQ ; îqne * ë/ it «r«t
dlè-inénlé^ p6fcé îëti pinÉfeip^^fùe^iés^gràndiiuétHli
doWent «tf« éêparM pitf de plu^ fittM; QAe v dd
cAté des Vjtéhéés^ hndépemlaiick 4e l^Bqpa|^
et le rétabiisëidiènt éi ranaittfllé tiynâflltoétdl
^[dénient unfe' ebnditioù ««mm^^wm; Qi^eà
Ralié, rAMriche devait «blettiif um fiMitièKd
qiii'fei'aft ù'ù des olifètt dé la bégiKdafcionv «t tfti^
le^ Piémotif ainsi* ^toè FéUt itaHm ( oinâent ^^1»^
siëtti^ Ugii^ qui pii&inraildnt:6l^ tm Mfft de nrib^
goê^ionv'^ttrrii qiiîe rifalie^ ainsi ^ue rilk>4
AiBgnè^ ;fttt gmiVêitiéé dvii^ffptttpeiidaiitie de
la IVàïicë ^--dè loute «utr^i grande^ piâssaiwioi
Qtte>deménié'Pélat>dela Bollande sirait>«n'oU|tt
de tiégbciétioii, toii}our«f ev^iaitmil du •^B&icpfib
qtt'dAe 4M> être libM. Que l'iAngMeRpiétàitldkH
pofiièe à feife liis^{)lu8 grands keoov|ficM ponriine
paik établie mt i%s basés, et â :W>nn4ittre feftt^
bêrtè^ii' éomiMet^cc «l?'do la nai^lg«tion^ iqtoiltt
Frdneè^'le dfHrftJ4A«'^emmidm'Qu6;«i^S. IL
adopte CCS bases d'une paix générale , on pourrait
déclarer neutre une ville jugée convenable , sur la
rive droite du Rhin , où les plénipotentiaires de
toutes les puissances b^ligâ?antes se réuniraient,
sans que le cours des événemens de la guerre
soit arrêté p^- oes n^dciatipAs. . ^ . . V / 1
Signé, Saint-Aignan.
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N* xni.
Proclamation dû prince d'Ohange aux
Hollandais.
Chers compatriotes 1 après une séparation de
dix-neuf ans, j'ai l'inexprimable plaisir de rentrer
parmi vous, sur votre invitation. Je suis déjà
arrivé , et je suis prêt à vous aider à prendre pos-
session de votre antique indépendance. C'est mon
unique but et le vœu le plus ardent et le plus
sincère de mon cœur. Je puis aussi vous donner
la pleine assurance que tel est en même Xemjf^
le vœu des coalisés ; c'est principalement l'objet
des désirs de S. A. R. le prince r^ent d'Angle-
terre. Je vous en convaincrai par le généreux
secours que vous recevrez sans délai de ce puis-
sant royaume , et qui posera les bases du rétablis^
sèment des anciennes relations d'amitié et d'al-
liance qui ont existé si long-temps pour le bien
des deux états. Je suis prêt et fermement décidé
à tout pardonner et tout oublier. Dirigeons toute
notre attention à fermer les plaies de notre chère
patrie , à lui rendre son ancienne splendeur et le
rang qu'elle a occupé parmi les nations. La re-
naissance du commerce sera, je m'en flatte , une
GAMPAGNl DE l8l4- 6l
des conséquences immédiates de notre retour.
Tout esprit de parti doit être à jamais banni.
Moi et les miens , nous ferons tous les efforts pos-
sibles pour assurer et pour consolider votre indé-
pendance , votre bonheur et votre prospérité.
Mon premier-né , qui , sous Tinmiortel Welling-^
ton , s'est montré digne de ses ancêtres , me
suivra dans peu. Réunissez -vous donc, dignes
concitoyens , de cœur et d'âme autour de moi , et
notre patrie' sera sauvée. Is bon vUum temps re-
tiendra -, et nous pourrons alors laisser en kérl-
tage à nos enians ^ les gages précieux- que nous
avons reçus de nos ancêtres.
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Piiblié d Amsterdam, le i* décembre i8i3.
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6a viioBÈ JomfiOATnru.
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N- XIV.
Proclamation du prince d'Orange,
~ Noifft. Fvédéric GuiDamue^ par là pràce de
Dieiiy ptnwe d'Omis , pvmoe tomreraÎBi de
NaaMU ^ de» ptanoc» uma d» Pay9rBa§.
Ayant plu au Tout-PttiiMBit de détdamer de
la France le bonheur des armes et de rétablir la
justice j rindépendantt €i te$ 0$uÀames frofiriHés
tur te tr≠ ayant été conclu par notre plénipo-
tentiaire le ministre baron de Gagem , le traité de
notre adhésion â la grande coalition j au cpiartier-
général de Francfort-sur-le-Mein , le 1 1 du cou-
rant; ayant auparavant conclu, à l'égard de Dietz,
une convention avec notre cousin le duc et prince
souverain de Nassau ; nous rentrons , en consé-
quence de ces conventions et par les préseides
lettres patentes , dans la possession et le gouver-
nement de nos pays, comme prince souverain;
et promettons â tous ceux qu'il appartiendra la
protection des lois , notre grâce et notre protec-
tion souveraine. Les homm<*s de ces pays qui
sont en état de porter les armes , se rendront
.OAlBKAQirB DE l&l4* 63
dignes' de ces grâces , en défendant , les armes à
la main , nons, notre bien-aimé prince^ et ce que
la Providence nous a rendu.
Dellenbourgy ie ao décenabre t8i3.
Cohtre^BTgné ^ GÀOERif.
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64 piicEs jTovnncàjm».
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N' XV.
Lettre du duc de Bassano au comte
de Mettemich^
Paris, le i6 noTcmbre i8i3.
Monsieur, le baron de Saint-Aignan est arrivé
hier ici , à midi , et il annonce que , d'après les
communications faites par Y. Ex. , FAngleterre
accède à la proposition relative à l'ouverture d'un
congrès pour la paix générale , et que les puis-
sances sont portées à déclarer neutre une ville
sur la rive droite du Rhin, pour la réunion
des plénipotentiaires. S. M. désire que cette ville
puisse être Mannheim. Le duc deYicence, qu'elle
nomme son plénipotentiaire , s'y rendra aussitôt
que Y. Ex* me fera connaître le jour que les puis-
sances fixent pour l'ouverture du congrès. H
parait convenable , Monsieur , et même conforme
d l'usage , qu'il n'y ait point de troupes à Mann-
heim, et que le service soit fait par la bour-
geoisie, pendant que la police serait confiée à
un employé du grand duché de Baden. Si on
jugeait convenable d'y avoir des piquets de ca-
valerie, leur force doit être égale de part et
gampaghs db i8i4' 65
d'autre. A Tégard des cammunications du pléni-
potentiaire anglais avec son gouvernement , elles
pourraient avoir lieu par la France , et par Ca-
lais. Une paix fondée sur l'indépendance de toutes
les nations, tant sous le point de vue du continent
que sous celui du commerce maritime, a toujours
été Tobjet des vœux de Fempereur. S. M. con-
çoit un heureux présage du rapport que le sieur
de Saint- Aignan lui a fait sur les assurances du
ministère anglais.
J'ai l'honneur, etc.
66 PIÈCES JUSTIflCàTmi».
os
N- XVI.
Réponse du prince de Mettemichj au duc
de Bassano.
FnAofeii-iuMe-M«in , ie s5 Bovembre iSi5.
Monsieur le duc, le courrier que V. Ex. a expé-
dié de Paris le 16, est arrivé ici hier. Je me suis
empressé de mettre sous les yeux de LL. MM. II
et de S. M. le roi de Prusse , la dépêche dont vous
m'avez honoré. LL. MM. ont Vu avec plaisir que
Fentretien confidentiel avec M. de Saint-A%nan a
été considéré par S. M. Fempereur des Français ,
comme une preuve des intentions pacifiques des
hautes puissances alliées. Animées des mêmes
intentions , constantes dans leurs vues et insépa-
rables dans leur alliance , elles sont prêtes â en-
trer en négooiation , aussitôt qu'elles auront la
certitude que S. M. Fempereur des Français re-
connaît les bases générales et sonmiaires que )'ai
indiquées dans ma conféi^nce avec le baron de
Saint-Aignan. Il n'est pas fait mention de ces
bases dans la dépêche de Y. Ex. Elle se borne à
énoncer un principe auquel tous les gouverne-
mens européens prennent part , et qui forme le
premier objet de leurs vœux. Mais enfin ce prin-
cipe , étant trop général , ne peut pas remplacer
les bases énoncées. LL. MM. désirent donc que
S. M. l'empereur Napoléon veuille ôe déclarer
sur ces bases , afin d'empêcher que des difficultés
insurmontables n'arrêtent les négociations dès
leur ouverture. Les alliés n'ont aucune difficulté
à admettre le choix de la ville de Mannheim. Sa
neutralisation , et les règles de la police , telles que
y. Ex. les propose , sont parfaitement conformes
a l'usage ^ et peuvent avoir lieu en tout cas.
AgréesE, etc.
68 PIÈCES JU8TIPIGATITES.
N- XVU.
Déclaration des Coalisés.
Publiée à FraDcfort, le i" décembre i8i5.
Le gouvemement français vient d'arrêter une
nouTelle levée de trois cent mille conscrits ; les
motifs du sénatus-consulte renferment une pro-
vocation aux puissances alliées. Elles se trouvent
appelées de nouveau à promulguer à la face du
monde , les vues qui les guident dans la présente
guerre, les principes qui font la base de leur
conduite, leurs vœux, et leurs déterminations. Les
puissances alliées ne font point la guerre à la
i^rance , mais à cette prépondérance hautement
annoncée , à cette prépondérance que , pour le
malheur de FEuropie et de la France , l'empereur
Napoléon à trop long- temps exercée hors des
limites de son empire.
La victoire a conduit les armées alliées sur le
Rhin. Le premier usage que LL. MM. II. et KR.
ont fait de la victoire a été d'offrir la paix à S. M.
l'empereur des Français. Une attitude renforcée
par l'accession de tous les souverains et princes
de l'Allemagne, n'a pas eu d'influence sur les
conditions de la paix« Ces conditions sont fondées
CAUPAGNE DE l8l4- 69
sur Tindépeudance de l'empire français , comme
sm* rindépendance des autres états de l'Europe»
Les vues des puissances sont justes dans leur
objet, généreuses et libérales dans leur applica-
tion , rassurantes pour tous , honorables pour
chacun.
Les souverains alliés désirent que la France
soit grande , forte et heureuse , parce que la puis-
sance grande et forte est une des bases fonda-
mentales de l'édifice social. Ils désirent que la
France soit heureuse ; que le commerce français
renaisse , que les arts , ces bienfaits de la paix ,
refleurissent; parce qu'un grand peuple ne sau-
rait être tranquille qu'autant qu'il est heureux. «
Les puissances confirment à l'empire français
une étendue de territoire que n'a jamais connue
la France sous ses rois ; parce qu'une nation va-
leureuse ne déchoit pas , pour avoir à son tour
éprouvé des revers dans une lutte opiniâtre et
sanglante, od elle a combattu avec son audace
accoutumée.
Mais les puissances aussi veulent être heureusea
et tranquilles. Elles veulent un état de paix , qui ,
par une sage répartition de forces , par un juste
équilibre , préserve désormais leurs peuples des
calamités sans nombre qui, depuis vingt ans,
ont pesé sur l'Europe.
Les puissances alliées ne poseront pas les ar-
mes sans avoir attdnt ce grand et bienfaisant
résultat, noI)le objet de leurs efforts. Elles ne
^O PIÈCSS JUariFtCATITEd.
poseront pas les armes avant que Fétat politique
de TEurope ne soit de nouveaa raffermi , avant
qne des principes immuables n'aient repris leurs
droits sur de vaines prétentions , avant que fat
sainteté des traités n^ait enfin assuré une paix
véritable à TEurope.
CAMPAGNS DS l£l4> 7I
; 1 r
N- XVXIL
Lettre du duc de Vicence au prince
de Mettemich.
m
Paris, le % décembre i8i3.
Prince, j'ai mis sous les yeux de S. M. la lettre
que y. Ex. a adressée au duc de Bassano. La
France, en acceptant sans restriction comme bases
de la paix , Tindépendance des nations , tant sous
le point de vue du continent que sous celui des
mers , a déjà reconnu en principe ce que les alliés,
paraissent encore trouver manquant; S. M. accé-
dait par-là â toutes les conséquences de ce prin-
cipe , dont le résultat final doit être une paix
basée sur l'équilibre de l'Europe, sur la recon-
naissance de l'intégrité des nations dans leurs
limites naturelles, et de l'indépendance totale
des états ; en sorte que personne ne puisse pré-
tendre à une domination ou à une suprématie,
sous quelque forme que ce soit , sur les autres.
Cependant , c'est avec la plus vive satisfaction que
j'annonce à Y. Ex. que je suis autorisé par l'em-
pereur , mon auguste souverain , à déclarer que
S. M. accepte les bases générales et sommaires ,
qui oui été communiquées par M. de Saint-
y s PliCBft JVVtmCATIfU.
Aignan* Elles entratneront de grands sacrifices
du côté de la France ; mais S. M. les fera sans
peine , si après cela l'Angleterre fournit les moyens
d'arriver à une paix générale et honorable pour
chacun, qui, ainsi que Y. Ex. l'assure, est le vœu
n<Mir-seu]ement des puissances coalisées, mais
même de rAngleterre«
Agréez, etc«
GA)IPÂ61fE DB l8l4« 73
=c
N- XIX.
Réponse du prince de Mettemich au duc
de Flcence.
Francfort^ur-le-Hein , le 10 décembre i8i5»
Monsieur le duc , la note officielle dont V. Ex.
m'a honoré en date du 2 décembre , m*est arrivée
de Cassel par nos ayant-postes. Je n'ai pas tardé
â la mettre sous les yeux de LL. MM. Elles y
ont vu avec plaisir que S. M. l'empereur des
Français a adopté les bases essentielles pour le
rétablissement d'un état d'équilibre, et pour la
tranquillité future de l'Europe. Elles ont décidé
de communiquer sans délai cette pièce officielle
à leurs coalisés. LL. MM. IL et RR. sont con-
vaincues qu'aussitôt après la réception de leurs
réponses , les négociations pourront être ouvertes.
Nous nous hâterons alors d'en prévenir Y. Ex. ,
et de concerter avec vous les mesures qui paraî-
tront les plus propres â atteindre le but qu'on se
propose.
Je vous prie , etc.
^4 PliCBS JUSTIFICATIVES.
N- XX-
Acte de neutralité de la Suisse.
Nous, landammann de la Suisse et. députés
plénipotentiaires des dix-*neuf cantons de la con-
fédération helvétique, réunis extraordinairement
dans la ville fédénle de Zurich , afin de prendre
en mûre délib^ation , dans les circonstances nû-
litaires et politiques actudles , la situation inté<-
rieure de notre patrie et sa position à l'égard des
hautes puissances étrangles; déclarons par k
présent, unanimement et solenndlement, au nom
des dixr-neuf cantons :
Que la confédération heivétique, fidèle ^un
antiques principes qui y pendant des fiftëcles , ool
»
eu pour base, pour but et pour effet Féloigne-
ment du théâtre de la guerre du territoire hel-
vétique , son inviolabilité de la part d'armées qui
en seraient voisines, et la conservation d'une con-
duite amicale envers tous les états ; regarde
comme un devoir sacré de se maintenir «dàère»
ment neutre dans la guerre présente , et d'obser-
ver fidèlement et impartialement cette neutralité
envers toutes les puissances belligérantes. Pour
le maintien de cette même neutralité, et pour
celui de l'ordre dans toute l'étendue du territoire
CAHPAGNI DE l8l4- 75
helvétique , la diète a décidé de garnir les fron-
tières de troupes fédérales , et de défendre par les
armes la sûreté et FinViolabilité de son territoire.
Ensuite de l'intérêt bienveillant que les cours
II. et RR., aujourd'hui en guerre, ont toujours
pris au sort de la Suisse, la diète est dans la per-
suasion intime qu'elles ne violeront, dans aucune
circonstance de la guerre , la neutralité d'un
peuple indépendant , pour lequel le repos inté-
rieur et extérieur, un juste ménagement de la
part des pays étrangers , et une sécurité entière,
sont les conditions essentielles de son existence ;
et qu'à cet effet elles ordonneront aux chefs de
leurs armées de ne point toucher au territoire
neutre helvétique , et bien moin» encore de l'oc-
cuper ou de le traverser.
En foi de quoi la présente déclaration a été
munie du sceau fédéral, et de la signature du
landammann de la Suisse et du chancelier de la
confédération.
A Zurich, le iS novendire i8i5.
Signé, Reinh ARD , et Mousson , chancelier*
^6 PIÈCX8 JUSTIFICATIVES.
N- XXI.
Note remise au landammann de la Smsse^
par les plénipotentiaires russe et autri-
chien j le 20 décembre i8i3.
Les soussignés ont reçu l'ordre de leurs cours,
de remettre à S. Ex. le landammann de la Suisse,
la déclaration suivante :
La Suisse jouissait depuis plusieurs siècles
d'une indépendance bienfaisante pour eUe, utile
à ses voisins , et nécessaire pour . le maintien de
TéquUibre politique. Le fléau de la révolution
française, les guerres , qui depuis vingt ans ont
détruit le bonheur de tous les états de l'Europe ,
n'ont pas épargné la Suisse. Ébranlée dans son
intérieur, affaiblie par d'inutiles efforts pour s'op-
poser aux effets destructeurs du torrent , elle fut
dépouillée par la Fance , qui se disait son amie ,
des plus importans boulevards de son indépen-
dance. L'empereur Napoléon fonda enfin sur
les ruines de la constitution fédérative helvéti-
que , et sous un titre jusqu'alors inconnu , une
puissance suprême formelle et permanente , in-
compatible avec la liberté de la confédération :
avec cette antique liberté, respectée par toutes les
CAMPAGNE BB l8l4* 77
puissances de l'Europe , le premier garant des
relations amicales que la Suisse a entretenues jus-
qu'au )our de son oppression avec les autres puis-
ssmces de l'Europe, la première condition d'une
Téritable neutralité. Les principes qui animent les
souverains coalisés dans la guerre présente sont
connus. Tout peuple qui n'a pas perdu le souve-
nir de son indépendance dmt les reconnaître.
Les souverains veulent que la Suisse participe de
nouveau , avec l'Europe entière , à ce premier
droit national , et obtienne, en recouvrant ses an-
ciennes limites , le moyen de le soutenir. Mais ils
ne peuvent reconnaître une neutralité qui ^ dans
les relations actuelles de la Suisse, n'est que pure-
ment nominale. Les armées des puissances coali-
sées espèrent , en entrant sur le territoire suisse ,
ne rencontrer que des amis. LL. MM. s'enga-
gent à ne pas poser les armes sans avoir assuré
à la Suisse la restitution des pays arrachés par la
France. Elles ne se mêleront pas de sa constitu-
tion intérieure , mais elles ne peuvent permettre
qu'elle demeure soumise à une influence étran-
gère. Elles reconnaîtront sa liberté du jour où elle
sera libre et indépendante; et elles attendent du
patriotisme d'une nation respectable , que, fidèle
aux principes qui, dans les siècles passés fon-
dèrent sa gloire , elle ne refusera pas son acces-
sion aux nobles et généreuses entreprises , pour
lesquelles les souverains et tous les peuples de
l'Europe se sont réunis en cause commune. Les
^S PliCBS JUariFICATITES.
soosaigiaiés sont en même temps chargés de covsi-
muniquer à S. Ex. le landanunann, la proclama-
tion et Tordre du )ow:* que le générai comman-
dant en chef la grande armée coalisée publiera^
en caatrant sur le territoire suisse. Ils se flattent
que S. Ex. ne méconnaîtra pas, dans cette publi-
cation , les véritables intentions de LL. MM. II.
envers la ccmfédération helv^que.
Signée LsRZEtTERN et Capo d'Istria.
çAiiPÂGm DE i8i4> 79
I 1 .1 I" , . I 11 I j
N- xxn.
ProclûtruOion du général Wattewilte
à ses troupes.
Sou>Ajs !
Ayant apjpris que les hautes puissances alliées
ont déclaré que la neutralité de la Suisse ne «pou-
vait pas être reconnue dans les circonstances pré-
sentes, et que l'acte de médiation était annulé
avec toutes ses conséquences , et comme U doit
résulter de cette situation des choses, un chan-
gement essentiel dans la confédération, l'objet
pour lequel l'armée fédérative avait été réunie,
n'existe plus ; j'ordonne en conséquence que les
différens corps rentrent dans leurs cantons et
dans leurs foyers. Soldats ! vous vous êtes montrés
comme de braves eX honnêtes gens, comme de
vrais Suisses ; vous vous êtes distingués par le bon
ordre et par la discipline. Il n'entrait pas dans
les vues de la Providence que le but pour lequel
vous avez été appelés sous les armes à la der-
nière session , pût être rempli ; mais vous portez
en vous-même la consolation d'avoir rempli fidè-
lement vos devoirs. Porté trois fois, par l'hono-
8o PdtCBB JV8TIFICATITE8.
rable confiance des états-généraux, au comman-
dement de Tarmée fédérale , recevez mes remer-
cimens pour celle que vous m*ayez vous -même
accordée. Rentrez en bon ordre, avec calme et
tranquillité dans yos foyers, obseryez dans la
marche qui vous sera tracée par vos feuilles de
route , la même discipline que jusqu'à ce mo-
ment ; songez que le désordre et rindiscipline
pourraient plonger votre patrie et vous dans les
plus grands malheurs. Yivez en amis avec les
guerriers étrangers que vous pourriez rencontra
sur votre route , et conservez sans tache la belle
réputation des Suisses. Dieu vous donne sa bé*
nédiction !
Au quartier-général de S*-Urban , le 34 décembre 181 5.
Proclamation de SçhwojnZieniperg im^c-i
• Français.
Français !
La victoire a conduit les armées alliées sur vos
frontières ; elles Tûnt les franchir.
Nous ne faisons pas la guerre à la France ;
mais nous repoussons loin de nous le joug que
votre gouvernement voulait imposer à nos pays ,
qui ont cependant le même droit à Findépen-
dance et au bonheur que le vôtre.
Magistrats, propriétaires, cultivateurs, restez
dans vos foyers. Le maintien de Tordre public ,
le respect pour les propriétés, la plus sévère dis-
cipline marqueront le passage et le séjoiu? des ar-
mées alliées ; elles net sont animées de nul esprit
de vengeance ; elles ne veulent point rendre à la
France les maux sans nombre dont la France,
depuis vingt-cinq ans , a accablé ses voisins , et les
contrées les plus éloignées.
D'autres principes et d'autres vues que celles
qui ont conduit vo» armées chez nous , président
aux conseils des monarques alliés. Leur gloire
sera celle d'avoir amené la fin la plus prompte des
V. 6
8i p4GËi( JVsrincAxhrA.
malheurs de l'Europe. La seule conquête qu'ils
andHtioBneBt^ est c^le de la paix ; mais d'une
•
paix qui assure à leur pays , à l'Europe et à la
France, un véritable àtal^ de repos. Nous espé-
rions la trouver avant tie toucher au sol français :
nMsaUoAsl'y^bertfaerl ' ^
ï
Au quartier-général de Lcerach^le ai décemlne iSi3.
« ' i*** **.».* -** . j ' / . .
• %
I
I r^
t
CAMFÀGW DE l8l4» $3l
• ».
* \
N- xxiv;
Proclamation de Bljiicher am^ lufhib^is
de /(* rive gauche du Rhin.
Jai fait* passer le Rhin à rarmée de Silésie,
pQur rétablir la liberté et Findépendance des na-
tions , pour conquérir la paix. L'empereur Napo-
léon a réuni à Tempire français, la Hollande, une
partie de F Allemagne et de l'Italie; il a déclaré
qu'il ne cédef ait aucun village de ses conquêtes ,
quand même l'ennemi occuperait les hauteurs
qui dominent Paris.
C'est contre cette déclaration et ces principes ,
que marchent les armées de toutes les puissances
européennes.
Voulez-vous défendrç ^ces principes , mettez-
vous dans les rangs des armées de l'empereur
Napoléon , et essayez encore de combattre contre
la )uste cause que la Providence protège si évi-
demment.
Si vous ne le voulez pas , vous trouverez pro-
tection en nous : je vous assurerai vos propriétés.
Que tout habitant des villes et des campagnes
reste paisible chez lui ; que tout employé reste à
«on poste et continue ses fonctions.
Toute communication avec Fempire français
84 PliCES JUSTIFICATIVES.
doit cesser à l'instant même ; et ceux qui ne se
conformeront pas à cet ordre , seront coupables de
trahison envers les puissances alliées; je les ferai tra-
duire devant un conseil de guerre^ et punir de mort (*) .
(*} Lft à&èaat, Bom peine de mort; aux Fnmçais, de conuDoniqixr
atec la France , pourraii éurc regardée cpnune un^tmit digne d* Attila ,
•î elle n^avait pas été dictée par la peur. Blùcher tremblait plus encore
^ne ses coUègnet de l'idée d^une insurrection contre les coalisés.
/
GAMPAGHE DS l8l4- ^
N° XXV.
Proclamation de Biibna.
HaBITANS du DÉPAKTEHEIfT DE l'Ain!
Des habitans de votre capitale , ont osé prendre
les armes contre mes troupes et s'opposer à elles
sous ses murs. Ils ont été obligés de fuir de la ville,
et' de l'abandonner à ma discrétion. !l^eurs noms
rae sont connus : )e connais les lois de la guerre ;
î'aurais pu disposer de leur vie et de leurs biens ;
mais , sourd à toute espèce de vengeance , je les ai
épargnés avec une modération qui excitera leur
repentir. J'apprends avec étonnement quedes
malintentionnés ont répandu lé Induit que j'avais
incendié la ville. Venez, habitans trop crédules,
reûtrez dans les murs de Bourg , vous y verrez
régner l'ordre et la tranquillité ; vous y verrez un
gouvernement provisoire. J'en appelle aux citoyens
dé cette ville; ils ont été téiùoins de la généro-
sité avec laquelle j'ai arrêté un combat qui n'au-
rait pu devenir que trop funeste. Ainsi agissent
les troupes alliées; leur conduite modérée vous
fera voir avec quelle fidélité eHes observent les
proclamations de leurs souverains.
• > <
Quartier-général de Bourg, le i4 janTierï8s4-
86 l'IÈCXS JCSTincÀTIVES.
N- XXVI.
Lettre du duc de Vicence au prince
de Mettemich.
Lunéville , le 6 janvier 1 8 1 4-
Priqce , )*ai reçu la lettre que Y. Ex. ma fait
rhonneur de m'écrira , en date du i o du mds
pa36é. L empereur ne veut en aucune manière
préjuger les motifSs qui ont été cause que Sà
pleine et potière acceptation des bases proposées
par y* Ei(« > de concert av^ les ministres de Russie
et d'Angleterre , et avec l'agrément de la Prusse ^
doive encore, ayant l'ouverture du congrès, être
communiquée aux alliés. Il est difficile de croire
que lord Abeixieen ait pu avoir des pouvoirs
pour proposer des bases et non pas pour négo^
cier. .3. M. ne fait pas aux alliés l'injure de croire
qil'ilf aiont été indécis, et qu'ils dél9>ètent encore;
ils Savent trop bien que toute offre conditionnette
devient absolument obligatoii:e pour cehii qui Ta
iaite, dès que la condition qui y a été jointe est
remplie. Dans tôlis les Cas, nous pouvions nous
attendre à reqevi^ir, le 6 janvier, la réponse que
V. Ex. nous avait annoncée le lo décembre. Votre
correspf^ndan^e, et les. «ssuranoes répétées des
{kuisaaboes alHées^ rmncm ioat pdkà préfroir db
difficulbés*, et lés rapports db M. de Taifeyvaiid,
à soit retom' de lâ^ âiûsse^ cobfiimMnt «pe teuri:
ifajtentions sont tôufbun les mêmes. D'où peurent
donc Ypûiv ]ës.#etards? S.M.', qfui n^d rien pliii.
à corar que le rétabifesemént dk la paix générale^
droit ife pas pburoir donnor une plut forte prôuTe^
de la* aUicérité idè «es intSenlittis^à cet ^gard^ qu'en,
einroyant son inii&tre ^lè^afEBdt^es^étMngèk^
éc» pleins pouvoirs ^ pfè» des souverains' alliés.
Je in'empresse dottc éervonÈ annoncer que î.'at^
feendiai à nos a^ieuatsr postés lès passe^ports né*
«essaimes, pour trarerser les arants* postes des.
années. aUiées, et me œndfe près de Y. Ex» '
Agréez, etc.. ; -
• . I • » - \ »
Réponse du prince de MetttrMchi
• Fribourg-en-BrlHgaw , le 8 {anvier i8i4-
Monsieur le duc , j'ai. reçu aujourd'hui la lettre
dont y. £x. m'a honoré^ en date .de Lunéville ,
le 6 courant. Le retard de la communication que
le gouvernement français attendait, ensuite de ma
note officielle du lo décemUhe, est une consé-
quence de la conduite que les puissances alliées
doivent observer entre elles. Les explications con-
fidentielles avec le bai*on de Saint-Aignan , ayant
88 Piicss HivancjLTvra.
dbimé.Iieii à des propoMliaiM offideltes de la part
de la Finance V LL. MM. IL et KRi , ^^!ént que
la répo0se de Y. Ex. y du -âdécembre, était de
nature ài deirotr être cèmmiiniquée à lean ai-
liai. La préau{>position faite par Y. Ex. , qve lord
AJbiepdeefi doit cdui qui . a proposé des bases , et
qu'il. ait été muni de pleînS; pouYoirs à cet effet,
n'a point ..de fcmdeiÊieuL; La cour de Lon4ie8
vient d'enyoyelr son secrétaire d'état, pour les af-
fairbs étrangères, sur le continent. S. M. Tempe-
itBÛr de Russie, se trouvant momientanément éloi-
gné dfici, et lord Gastlereagh, étant attendu d'un
mioment à l'autre, Tempereur, mon auguste sou-
verain^ et S; M. le rGÂ.de Prusse, me charf^nt
d'annoncer à Y. Ex. qu'elle recevra , avec toute
la diligence possible , une rSponse à sa proposi-
tion de se rendre au quartier-général des sou-
verains alliés»
Ag#e?v ^\ :
A\ -'j .i
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tlii.j.i .1. >;''l ■ l'un .11 iCt'iiijj iii/m^ ui \t'tr tttu ' n j"
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N- XXVII;''" • I''
' ^ 1
! - I •.♦
(1 >t ' • l>
Proclamation/du prince \rùyr^de Suède.
Fhan^au i • '
J'ai pris les armes par ordre de mon roi , pour
défendre les droit» du peuple suédois. Après avoir
yengé les injures qu'il avait reçues, et contribué
à délivrer l'Allemagne , j'ai passé le Rhin. En re-
voyant les bords de ce fleuve, sur lequel j'ai si
souvent et si heureusement combattu pour vous,
il est un besoin pour moi de vous faire connaî-
tre mes intentions. Votre gouvernement chercha
constamment à tout déprécier pour acquérir le
droit de tout méprisa ; il est temps que ce sys-
tème change. Tous les hommes éclairés font des
vœux pour la conservation de la France ; ils dé-
sirent seulement igp^'elle ne soit plus le fléau de
l'Europe. Les souverains ne se sont pas ligués
pour faire la guerre à la nation, mais pour for-
cer votre gouvernement à reconnaître les autres
états ; telles sont leurs intentions , et j'en garantis
la sincérité. Placé , comme fils adoptif de Char-
les XIII , par le choix d'un peuple libre , sur les
degrés^du trône du grand Gustave , ma seule am-
bition ne doit plus être que de travailler au bon-
90 Ftàai9 jmnvKàwm.
heur de la presqu'île scandinaTe. Puisse -je, eo
remplissaiit ce devoir sacré emrers ma souTeHe
patrie , concourir également au bonheur de mes
anciens compatri#lef.
«
Au qoartUiMgétténl de Célàgiie^ le id f&Yiler 1S14.
CHARtlffJlAll.
« \ « .' •
#
GAMPAGNS DE. 1814. 91
N- xxvm.
Décret impéHal du 5 mars i8i4*
Considérant que les généraux emieHiis ont
déclaré qu'ils feraient ftisiller tous les citoyens
qu'ils prendront les armes à la main , nous «vous
décrété, ^c.
Tous les citoyens français sont , non-seulement
autorisés à courir aux armes, mais il leur est or-
donné de le faire; de sonner le tocsin quand ib
entendent approcher le bruit du canon de nos
troupes; de se réunir; de parcourir les bois; de
rompre les ponts ; de couper les routes , et d'at-
taquer les flancs et les derrières de T^memi.
Art. â.
Chaque citoyen français, prisonnier de guerre,
qui serait exécuté, sera immédiatement vengé,
par représailles, par la mort d'un prisonnier en-
nemi.
g2 PIECES JCmVICATlVBS.
=E=:
N- XXIX.
■
Proclamation de Schwarzenberg.
f > a > •
Français !
On vous excite à la rébellion (*). Votre gouver-
nement autorise des démardbies, qui tendent à
entraîner i Finsurrection le peuple de tous les
départemens occupés par les armées alliées. On
s'efforce de vous égarer par des promesses trom-
peuses , et on y emploie des* moyens qui ne ser-
vent qu'à prouver la faiblesse du gouvernement
qui y à recours. La présence de nombreuses ar-
mées vtwui' est à charge ;. mais votre gou?erne-
ment seul peut mettre un terme à ces maux.
S'il accepte la paix que lui offre l'Europe , vous
recouvrerez votre tranquillité. Les puissances
alliées ne veulent pas conquérir la France , mais
elles ne feront la paix qu'à des conditions qui
assurent à leurs peuples et à la France , un état
de tranquillité durable. Les sacrifices que vous
êtes actuellement obligés de faire, sont passa-
gers ; là bien qui doit résulter des efforts de tant
(*) L^abus de mots qu^on trouTC dans toutes les proclamatioiis de
ce temps est ce qii'on peut voir de plus honteux pour Tin tell igencc hu-
maine. A qui cuicnt rebelles les Français qui deïendaient leur patne
contre les invascurs étrangei-s?
de nations Ten un s^ul but, sera liUràbkéiFrtuH
çais I votre existence et votre inëépehdknce n^tit^
nale seront affermie? avec k nôtre ; 'alors le sang
de vos enfans ne -coulera plus pour des' desseiât^
€pi\ vous sont inconnus. Les armées alliées ne <][uit-
teront le territoire français qu'après la conchisioa
de la poix^ Déjài les tioutes d'AllemagiEie , de Be%i^
que, d'Espagne et d^Itâlie, ^ont couvertes 'de xvom-
breux bataillons qui s'avancent. Français ! élevez
votre voix pour obtenir la paix de l'Europe , une
paix qui est le seul but des efforts des puissances
aliiées, et qfui devmitêire votre unique il4^; Ré-
clamez de votre gouvernement la restitution de vos
colonies , l'ouverture de vos ports , la liberté de
votre commerce ; tous ces avantages vous sont of-
ferts par nous. Tout ce que vous entreprenez
pÊfar prolonger la 'fuerrè retoinbd sur^n)» tètès,
et celui qui s'y égarera loi) s^ laissera ëntMilofir,
n'échappera; |îas< À ime punitfon oèktaibe^^*' » ^if
IVoyes, le 10 inar^ isl^. ' "^ *"•'' '^''''^ '
* ORï)«E Dir-jôefi.' * ^ ""^
• .' . Il-
• • . • . -. • * Il •• { ►• • • fi . , »•}!
I » »
Considérant les ordres et instructions donnés ,
le 6 mars , par le général J^llix , pour la levée en
masse , nous ordonnons ce qui suit :
Art. 1*.
* f ' • É
Chaque habitaDtprb les armes a lâ^nainj^ ^
94 PliOM JVflTIFICATIVI».
qw «ppAMient à la levée en in9fl«e» swâ traité
piM^iôvcH^ k^ plu» :ék>igBéea des états des puâ»-
Chaque Mutant des vîUes oh de la caoip«b-
gae^ qui aitfa fné ou blessé uu naîBtaire des al-*
IVSjf ) s«a i;^ à nn^ ^ommmiMk militam et
fufiUé daot li99.ifingtnqwftre Ikeiires»
I
. Ch^ile commune où Ton aura soimé le lue-
ski «ma. brûlée*.
-. • - ' ' '
4 Art, 3« •• •
. i.
Chaque oaiaÉs«w où il aui^a élé coimnis^
assaiwnat en sera responsiMet et sem taxée .à
une coiHribuCioQ» dans If»|iroportî9aaftuiY«aJtoa(
les communes de plus de vingt nulle âmes ,
5oo,ooo francs; celles de dix à vingt mille SjxteSy
3oo,ooo francs;, .celles de (^jAf^ cents â cinq
mille , 1 00,000 francs ; celles au-dessous de quinze
c^t? ômeSj d'après leurs moyens..
Akt. 4«
Chaque chef de corps est autorisé à Féxécu-
tion de ces mesures, et il prendra des otages de
la piMaière classe de to .bôjargeolsfe , qnï seront
conduits sur les derrières de l'armée , jusqu'à
l'entier paiement de la contribution , çt la remise
des coupables.
Toute cpnuinune dont les habitans agiront of-
fensivement contre les troupes aillées ,' sera pillée
et brûlée.
r > -
Art. 6.
Tout cdiportiMir d'ordres leïiidGiiis â féxéciU'^
tion des mesures ordonnées par le |;énéi*sd AlKx ;
dans sa preelamafioB du 6 maro, qui toiribertf
entre les taiains des alliés , sera èon^idérê ccfmniS
espion, et fiisfllé sui^le-chanfp. i-
•• - Art. 7.
' " I
Tous lesl prisonniers qui sonl eMfe lèëinëibf
des alliés , tépôtidE^mt des ^otettces qii^on paur^
r^it eserce1^ icontre lès militaires que lé sort êéé
Àrtnes poulcndt fakè fon^ber éàtjre les fiïainsf tte
Paritatée frionçaisei ' ' • ..; ; w:.'/ri
• . • . » . » ,. , • , »
♦ - • .1
I
A ...
9$. niCW i JlifTIVICATIfSS.
r
*
g^ t_ I »
N'...XXfX.
Ordre du wiir dû duc, d^ iDàlmatie.
Soldats !
' t • • • •
< i
De nouTeaux combats vous appellent ; il n'y
a^ra pp»ir ,Apftq ijlft^^p^^ a^aquam oif attaqués,
quelle que soit sa wsupfériofjfé^jpu^t^rj^iiiie etq^ii^
que soient ses projets.
Soldats! le général quf commande Varmée
contre laquelle nous nous battons tous les jours,
vAquer jjos comj^riote^âJl^ij^^plJp.çt à ksédjh
tipp-U parle de,pai^, et]i^sb];^i^pf^ydçladisco]fde
Français à la guerre ciTile. Grâcqq.l^i^ent jrçp^
dues de nous avoir fait connaître ses projets ! Dès
ce moment nos forces sont centuplées , et dès ce
moment aussi il rallie lui-même au< aigles im-
périales ceux qui, séduits par de trompeuses
apparences , ayait pu cFOire ^u'il faisait la guerre
ayec loyauté.
V rOn*» osé insitlteirà yhpmieur natîoual, on ajeu
rinfamie' d'exciter les< Français à.tr^ir leurs sep-
mens et à être parjures envers Fempereur : cette
offense ne peut être yengée que dans le sang.
Aux armes l Que daas tout le .midi de l'empire ce
cri retentisse. Encore quelques jours , et ceux qui
ont pu croire à la sincérité et à la délicatesse des
Anglais, apprendront à. leurs dépens que leurs
artificieuses promesses n'avaient d'autre but que
d'énerver nos courages et île nous subjuguer; ils
se rappelleront, ces êtres pusillanimes qui cal-
culent les sacrifices nécessaires pour sauver la
patrie, que les Anglais, dans cette guerre, n'ont
d'autre objet que de détruire la France par elle-
même et d'asservir les Français , comme les Por-
tugais , les Siciliens , et tous les peuples qui gémis-
sent sous leur domination. ^
Soldats ! vouons à l'opprobre et à l'exécration
générale tout Français qui aura favorisé dNine
manière quelconque les projets insidieux des
ennemis. Quant à nous , notre devoir est tracé :
combattons jusqu'au dernier les ennemis de
notre chère France et de notre auguste empereur ;
respect aux personnes et aux propriétés; haine
implacable aux traîtres et aux ennemis du nom
Français ; guerre à mort à ceux qui tenteraient
de nous diviser pour nous détruire ! contemplons
v." 1
98 piÈdBs JVfiimcATrn».
les efioTts ptodlgieiix de notre grand emperetv
et ses victoires signalées ; soyons toujours dignes
de lui ; soyons FVâtiçàis , et moarons les armes â
la htatn plutôt que de survin*e à notre dériion»
neuf.
An qaartier^génëral 46 nabaMeiii, le S man 1814*
f"-*'
cApiifA^îKS ue. 1814. 99
^T
W XXXI-
Traité de Chaumont.
Su M. ]q roi du royaume uni de la Grande-Bre-
i^gUe et d'brland^y $• M. I. et R. Af lempereur
jd'Atttrioba^ coide Jlongnîie et d^ Bohême, S. M.
IVîittpereur de toute» les Russie», et S. M. le roi
de Pruase » ayant £att parvenir au gouvernement
frmiçaî»4eii prai^osUiocis pour la conclusion d'une
pahi gépéral^ , fit d^m^, ^n ca» que la France
veftiMt le» ^nditioM de cette paix, i^esaerrer les
3mw qw lea unisseq^;,, pour :1a poursuite vigour-
tfewe d'uAC gneme , entreprise dans le but s^u**
tejre. d^ «ettre fin aux n^plheurs de r£urope,
il'an.as^uiTer le repos foturv F^ ^ rétatilisseii^^i^
4'ua juste é<iwtetw^ des; puissax^ps j €« voiUanp:
en ^B9Âme t&at^f, '«i ^ Pi^vida^ce \i^#^\t teiurs
Hlt^ltiwis pocififiwa^ •déterminer le moyen de
nmntevâr o^Atn^touto i9l*t^iptee i'^rdiiP 4e cb^^ses
qui aura, été l'heureux résultat de leurs efforts ,
sont convenues de sanctioiyner, par un traité so-
lennel , signé séparément par chacune des quatre
P)liipS(¥J»tTes Ai^ 1^ ,tr«>i^,aMti^, ce double en-
100 FISCIi JUSTinCÀnTES.
Article i
•r
Les hautes puissances c<mtractantes ci-dessus
dénommées s'engagent solennellement l'une avec
Tautre , par le présent traité , et pour le cas où
la France refuserait d'accéder aux conditions de
la paix proposée , de consacrer tous les moyens
de leurs états respectifs à la poursuite vigoureuse
de la guerre contre elle ; et de les employer dans
un parfait concert , afin de se procurer à elle^
mêmes et à l'Europe , une paix générale , sous la
protection de laquelle les droits et la liberté de
toutes les nations puissent être établis et assurés.
Cet engagement ne pourra pas porter préju-
dice aux stipulations que les états respectifs ont
déjà contractées, relatiyement au nombre de trou-
pes à tenir en campagne contre l'ennemi; et il
est bien entendu que les cours d'Angleterre, d'Au-
triche, de Russie et de Prusse, s'engagent, par
ie présent traité, à tenir constamment en cam-
pagne, chacune cent cinquante mille hommes au
complet, sans compter les garnisons, et de ks
employer activement contre l'ennemi commun.
Art. 2.
»
Les hautes puissances s'engagent réciproque-
ment à ne pas négocier séparément avec l'ennenii
commun, et à ne signer ni paix, ni trë^, ni con-
CAMPAGNE DE l8l4« 101
vention, que d'un commun accord ; elles s'enga-
gent de plus à ne pas poser les armes, ayant que
l'objet de la guerre « mutuellement convenu et
entendu, n'ait été atteint.
Art. 3.
Pour contribuer de la manière la plus prompte
et la plus décisive à remplir ce grand objet ,
S. M. B. s'engage à fournir un subside de cinq
millions de livres sterl. , pour le service de 18149
à répartir en parties égales , entre les trois puis-
sances ; et Sadite Majesté promet en sus de con-
venir , avant le 1 *' janvier de chaque année , avec
LL. MM. II. et RR. , des secours ultérieurs à
fournir pendant chaque année subséquente, si,
c€ qu'à Dieu ne pl£Lise , la gu<»Te devçdt se pro-
longer jusque-là.
Le subside ci-dessus stipulé , de ciûq millions
de livres sterling , sera payé à Londres , en tamea
mensuels et en proportions égales ,' aux ministres
des puissances respectives, dûment autorisés à
le recevoir.
Dans le cas que la paix entre les puissances al-
liées et la France fût signée avant l'expiration de
l'année , le subside , calculé sur l'échelle de cinq
mOlions de livres sterling , sera payé jusqu'à la
fin du mois dans lequel le traité définitif aura
été signé , et S. M. B. promet , en outre, de payer
à l'Autriche et à U Prusse deux mois, et à la
1(^9 PliCES JimTiriGATl¥É&.
Rusêle qtiatre mois , en sus du subside «tipalë ,
ptmr ocmTrir les frais du retour de leurs troupes
dans leurs propties frontières.
- Art. 4-
Les hautes puissances contractantes auront la
faculté d'accréditer respectivement , auprès des
généraux commandans de leurs armées , des offi-
ciers qui auront la liberté de correspondre aTec
leurs gouv^memens , pour les informer des évé-
nemens militaires et de tout ce qui est relatif aux
opérations des armées.
Art. 5.
Les hautes po&sances confractanfes se réser-
vant de se concerter entre elles , au momâtit de
la conclusion de la paix avec la France , sur les
moyens les plus propres à garantir â l'Europe,
et à se garantir réciproquement le maintien dé
eette paix ; n'en sont pas moins convenues d'entrer
sans délai dans des engagemens défensifs pour la
protection de leurs états respectifs d'Europe, con-
tre toute peinte que la France voudrait p<Mter
à l'ordre de choses résultant de cette pacificati^Hi^
Art. 6.
Pour obtenir ce résultat, elles conviennent que,
dam le eas où les états de l'une dei liautes
puiaMnees conteactantea seraloat tiiQMo^ 4Nipe
attaque de la part de la France^ bis ailtrâs ^9!Sk^
plofieront acliwiiieiit tous kiira affprte . |^jir 1^
prévenir par une kiterventiaB amioafe.
Aht. 7.
Les hautes puistttMea contoaetaaMs pe 'Pf0^
mettent, dam le cas où ces efforts restebaient sans
effets de venir inoanédiatement au sec^ours de la
puissanee attaquée 5 chacune avec un corps de^
soixante mille hommes.
Art. 8.
Ce corps auxiliaire sera composé respective^
ment de cinquante mille hommes d'infanterie^
et dix mille de cavalerie ^ avec un train d'artil-
lerie et de munitions proportionné au nombre de
ces troupes. Le corps anxiliaiae Ben |»ét à en-
trer en campagne de la tnaÊÀètm la plus efficace,
pour la sûseté de la |hrissance attaquée ou «ne-
lUttée, deux mois ou plus lard après que la #é--
tfuisition en aura été faite.
Art. g.
La siiuati<m àa théâtre de la guerre , ou d au«-
f res drconslafices , pouvant rencke difficile pour
1 0'4 PIBCE8 ' JUSTIFICATIVES.
la Grande -Breta^e, FenToi du secours stipulé
en forces auxiliaires, dans le tenue convenu, et
le maintien de ces troupes sur le pied de guerre ^
S. M. B. se réserve le droit de fournir à la puis-
sance requérante son contingent en troupes étran-
gères à sa solde , ou de lui payer annuellement
une somme d'argent au taux de vingt livres ster-
ling par homme pour Finfanterie, et de trente
livres sterlitig pour la cavalerie, jusqu'à la con-
currence du secours stipulé. Le mode du secours
que fournira la Grande-Bretagne , sera déterminé
à l'amiable , dans chaque cas en particulier, entre
elle et la puissance attaquée ou menacée, au mo-
ment où la réquisition sera faite.
Le même principe sera adopté à l'égard des
forces que S. M. B. s'est engagée à fournir, par
Fartiele i*' du présent traité.
Art. 10..
L'armée auxiliaire sera sous le commandement
du général en chef de l'armée de la puissance re-
quérante ; elle sera conduUe par un général à
elle, et employée dans toutes les opérations mi-
litaires , selon les règles de la guerre. La solde de
l'armée auxiliaire sera.à la charge de la puissance
requise. Les rations et les portions en vivres,
fourrages , etc. , ainsi que les logemens , seront
fournis par la puissance requérante. au9sitot que
l'armée auxiliaire sera sortiq de ses frontières, et
campague de i8i4* ia5
cela sur le pied où elle entretient ou entretien-
dra ses propres troupes, en campagne ou dans les
quairtiers.
Art. 1 1,
L'ordre et Féconomie militaire dans l'intérieur
de ces troupes , dépendront uniquement de leur
propre chef; elles ne pourront être séparées. Les
trophées et le butin qu'on aura fait sur les enne-
mis , appartiendront à ceux qui les auront pris.
Art. 12.
Les hautes puissances contractantes se réser*
vent, toutes les fois que le montant du secours
stipulé sera trouvé insuffisant pour l'exigence
clu cas , de convenir ultérieurement , et sans perte
de temps, des secours additionnels qu'dn jugera
nécessaires.
Art. i3.
Les hautes puissances contractantes se pro-
mettent mutuellement, pour le cas où elles se-
raient engagées réciproquement dans des hosti-
lités, par la prestation des secours stipulés, que
la partie requérante et les parties requises et
agissant comme auxiliaires dans la guerre, ne
feront la paix que de commun accord*
106 PliCBS JU8TIRCATIVB8.
ART. l4-
Les engagemens contractés par le présent traité,
ne sauraient préjudioier à ceux que les hautes
puissances contractantes peuvent avoir pris en-
vers d'atiti»» étatft» dans Je b«t d'atteindre au
néfiie rébult^ bjenCmant.
Aix» i5.
Pour rendre plus efiicaces les engagemens sti-
pulés plus haut, en unissant pour une défense
commune les puissances les plus exposées à une
invasion française , les hautes paissances contrac-
tantes conviennent entre elles d'inviter ces puss-
sanees a accéder au présent traité d'alliance dé-
fensive.
Art. i6.
Le présent traité d'alliance défensive ayant
pour but de maintenir l'équilibre en Europe,
d'assurer le repos et l'indépendance des puissan-
ces, et de prévenir les envafiissemenB qui , depuis
tant d'années , ont désolé te monde ; les liaistes
puissances contractantes sont convenues oitre
elles d'en étendre la durée à vingt ans , i dater da
jour de sa signature , et elles se réservent de con-
venir, si les circonstances l'exigent, trois ans
1
gmmêjlok tm i8i4* 107
avant son expiration, de sa prolongation ulté-
rieure.
Art. 17.
Le présent traité sera ratifié, et les ratifica-
tions seront échangées dans deux mois , ou plus
tôt si faire se peut.
Fait à ChmsaoM, le 1*' mars >ai4.
Signé, CAStutïAGH , le prioce de MsrrERif ich ,
le baron de Bahmsuberg , le comte de
NZSSELKODE.
108 ' PIECES JUtTIFiCATITES.
-y
N- xxxn.
Déclaration des puissances coalisées.
Les puissances coalisées se doivent à elles-
mêmes , à leurs peuples , et i la France , d'an-
noncer publiquement, dans le moment de la
rupture des conférences de Châtillon, les motifs
qui les ont portées à entamer une négociation
avec le gouvernement français, et les oauses de
la rupture de cette négociation. Des événemens
militaires , tels que l'histoire aura peine à en re-
cueillir dans d'autres temps, renversèrent au
mois d'octobre passé l'édifice monstrueux com-
pris sous la dénomination d'empire français ;
édifice politique fondé sur les ruines d'états
jadis indépendans et heureux, agrandi par des
provinces arrachées â d'antiques monarchies,
soutenu au prix du sang , de la fortune et du
bien-être d'une génération entière. Conduits par
la victoire sur les bords du Rhin, les souverains
alliés crurent devoir exposer de nouveau à l'Eu-
rope les principes qui forment la base de leur
alliance, leurs vœux et leurs déterminations.
Eloignés de toute vue de conquête , animés du
seul désir de voir l'Europe reconstruite sur une
juste échelle de proportion entre les puissances ,
décidés À ne pas peser les armes avant d'avoir
atteint le .noble but de lenrs efforts, ils manifea*
tèrent , par un acte public , la constance de leurs
intentions et n'hésitèrent pas à s'expliquer vis4-
vis du gouvernement ennemi , dans Un aens con-
forme à leur irésolution mvariable. Le gouve^-
neatcat français se pgrévalut de la déclaration
.franche des cours alliées, pour témoigner des di»-
positions phcifiqiles/'Ii avait besoin, sans doute,
d'en prendre l'apparence, pour justifier aux yeux
de ses peuples les nouveaux efibrts qu'il ne ceê-
sait de leur • demander. Tout cependant* prouvait
aux cabinets alliés qu'il né voùlmt que tarer parti
'd'une.négocfalien apparente, dans l'intention de
disposer l'opinion publique eu'sa ftifeur, dl que
la paix de l'Europe, était encore loiïi de sa pem-
«ée. Lès puissances alliées, pénétranlt ses vues se-
xnrètes , se décidèrent à aHsr t^onq^érc^ en>iRrànce
-même cette paix tant désirée, Be nôiphreiises
armées passèreitt le Rhin ; à peinfe «ureut-ellès
franchi les premières barrières , que le ministre
des relations extérieures de France 'se piésenta *
aux avant-postes.
Dès^lors, toutes les démarches du gouvemé-
.m^Dit . français n'eurent d'autre but que de don-
ner le change à l'opinion publique, de fasciner
les yeux du peuple français , et de chercher à re-
jeter sur les alliés l'odieux des malheurs de cette
guerre d'invasion. ' • ^
éebi Ugu9*iuwféemê. Ln plrincèfeê çnî pnsêtkuem
imtt caueUi'4gÊ $oMerulm caaliiéÊ^dèê learpr»^
mik^ réufmn peim ie $aiut cmmmimj maieÊU rmfu
ma ient ^Uvttoppermxt^ Ribei s'arteBâiT vu»
SA ^sBoojnvÊLVûTum Mi.fi'éMfic»sefaiA« fiefti
^ium^ aprèli tant de nctarurei^ ne dmoeat
foEBMr «m ofaitacle â la.]^x«. L« éeaie
ûffpeïée à meHvé danf >t.^lmlai)m do» oonqMaUH
^ii»pôuF la Framte^VJùÊf^tÈem^ pMiirait ë&eiH
oer, en détail^ i|».8ac9iBc«»<pft'idk>éiMk poète â
ifair9 poar la pâicifioQftion<géi»âialè;.l0i)toiw
tàEé^ pcMwài«ti> espérer en^ ifwi FieKpériimtt
de» demnriillempi'awrwl in^ué Mr un etofiié-
Biw|,.en:!biilftri aux. i«proGli6i|[ d'iuia giamle
tioB €t témbinv pcâir.l» pÈtnàèrnêÊm^ ésÉOA
capitaitti^'âés ■qans'jqiip1l;é atlkiéÉiinlÉiIft'.F.
celle «kpérienoe pèvreait l'aMit itandait ^aii
ttriieàd;* 7iif imioÊitaerpatiM dàg MvtteM^tf lie «
rièUitmntà itiifnodmttitmM^iûftMipek. Toatefeài
ka soo^erains^alliée , éoBTunciia ipie.itcMÛ qiiHk
feraient ne devait pas comproncHvQ la. mandie
-ÔM opératiolM nMbtaÎMs^ oonvînisat (]piecesopé-
Tatiem contittMraiaat peadantleft uégMààtiûmÊ^
ririBloir64u.p«0sôvet;defimqite&^O0(Teiiîr8^ leur
tf^icnt démontré la néocaalli de œtte maraicL
r&c» plbnfpoleniliairet ao vàniiirent net oâm dii
gouvernement français.
CAMPAÛHE DE It8l4- 111
Sientôt lei«riiiéesvictofie«tes ft»'ay«ûoèr8iit)mt-
qu'au^L portes de k capilde; le govTernémeixt ne
soikgea, dès ce ntmneHt, qit'4 la $Miver d'une «o-
cupaiioB cttuiéttiie. Le pléttip-etenliaiie de Pvàaeë
reçut Tôrdm die- proposer «m armistice y f^Mté fcur
des bases conformes i oelles que le» cours àlliéee
jugeaioM ellâs-ïnéiÉtfies néceesaires -mi tétihllm^
fbent d^'la paist géfnéralet il e«iHt la téÊtàmîimh
lotiédiate des plaeep fortes , dan^ les p^a que ia
WtmùOù'cèAeMiij mais-soue k condition dd la atM^
pensioti des opérations miHtatres. L^'af&i^^ o^m-
"faincus pâ!]^' vin^ annéea d'aïpérieiicé ^; qu'4Mi
lî^tnnl? a^eè lo^eabinet fr^iÇEÛa^ les appatenet»
dèvaiebt^ôl^ëttsemQirt étr^ dMlhguées dbs intttn-
I9è«i^ (^v^fetdMtituèrentâ oettie.pi»ep<arsllla«i, Oèiit
^ëigMrStti«4ë^)bample6 pvopo^ltioti^derla paix.
HS^të ^stgnaMre ahriiit ; powr ^ la* Vtaimt? i, tous -les
^TQHfb^ delà pait^ sans eMtalnér potik* lei^al-
IKs^^lëè Aàigefs d'UM «uspetfsion d'artiàes. Quc^
ques succès partiels venaient cependant dé tnaih
iô^et les prëittïsM - pas ^ d'une îarmée ' Ibtmie A)us
iësorinii4 de Paria r d<) IWlitéde la g^nérution aie-
iîkéHk , dèTtiièfe ^pi^ncië ! de' la ' nation), 'et ^ka
dël^ria id'^n Mffl^ detiraMes:,' i{til armfevit pé^i
siir 4c ^lefifnp de bâtailk ^ ou iquî «irâiont) ébéiàbab-
ddimâi s«ir'kS'grati^dOil<W)Uté», idep^
Il * ' J * I
■ «r«rr- /•«'.'»• f •« • • • .1 I
/'t> .•» .'I .<.• ««fl t.
(^) (tes coaJiiies j fidèles ii ce^ principe ^ ont en cil'ct toujours ^pa^c
teun intentions atei apparences ,' qu'ils mctlaicnl ch '.1^*flîît (fans îiîufs
lis PliGBS JUSTinCAflVES.
{usqu'â Moskou, sacr^Sés à dm:tDtérèt9 étran-
gers à. la France. Aussitôt ks confiances de
Châtillôn changèrent de caractère; le plénipo-
tentiaire'français deilieura sans instructions, et
fut hors d'état de rép<»idre aux proposition» des
conts alliées. Alors les projets du gouvernenienit
français se montrèrent clairement aux cours : elles
.S9: décidèrent donc à une démarcha djécisÎTe , la
seule qui fût digne de leur puissance et de la
ilroiiture de, leurs intentions. Elles chargèrent
leurs plénipotentiaires de remettre un projet de
traité pTf§Uminaire', qui contint toutes les bases
qu'elles jugeaient nécessaires pour fe ^rétablisse-
ment de l'équilibre politique, et qui, peu de
jours. «Aparavant, avaient ét4 offev:!^ par levant
yérnemébt fronçais lui-*méme , dans un momeot
où; il croyait sans doute son existeDce comp^iCH-
mise. Les principes de la reconsfsruction pol^r
que de TEutope se trouiment établis dans ce
projet.
La France , rendue â des diqiMeiisians que des
«iècled de gloire et de prospérité,, sous la domir
nation de ses tw » lui avaient assurées , . ^vç^
pajptager avec l'Europe les bienfltits.de sa IS^ei^,
de rindépendamde nationale et de la paix^ Il m
dépendait que de son- gouV^m^meift de mettnç,
par un seul mot, un terme aux souffrances de
la nation ; de lui rendre , avec la paix , ses co-
lonies , son commerce , et le libre exercice de son
industrie. Voulait - il plus ? Les puissances sér
CAMPAGNS DB l8l4« m5
taient offertes à discuter , dans un esprit de con*
ciliation, ses vœux sur plusieurs objets de pos-
session d'une mutuelle cadvenance, qui dépas-
seraient les limites dç lia France avati^ la guerre de
la révolution. Quinze jours se passèrent sans ré^
ponse de la part du gouvernement français. Les
plénipotentiaires des alliés insistèrent sur un
terme péremptoire , pour Tacceptation ou le refus
des conditions de la paix. On laissa au plénipo-
tentiaire français la latitude de présenter un con-
tre-projet , pourvu que ce contre-projet répondit
à l'esprit et à la substance des conditions propo-
sées par les cours alliées. Le terme du i o mars
fut fixé d'un commun accord. Le plénipotentiaire
français ne présenta, à l'échéance de ce terme ,
que des pièces dont la discussion , loin de rap-
procher du but , n'aurait fait que prolonger de
stériles négociations. Sur la demande du j^é-
nipotentiaire de France , il fut accord/é un nou-
veau terme de peu de jours. Le 1 5 mars , enfin ,
ce plénipotentiaire remit un contre -projet, qui
ne laissa plus de doute que. les malheurs de la
France n'avaient pas encore changé les vues de
son gouvernement. Revenant sur ce qu'il avait
proposé lui-même, le gouvernement français de-
manda , dans un nouveau projet , que des peu-
ples étrangers à l'esprit français, que des peuples,
que des siècles de domination ne pouvaient pas
fondre dans la nation française, continuassent à
en faire partie. La France devait coiuerTer des
T. 8
Il4 PIÈCES JUtTinCATIVES.
diofieomoDS incompatibles ayec rétabltssenkent
d'uD système d'équilibre , et hors de propoitioD
avec les autres grands* corps politiques de l'Eu-
rope; die voulait conserver des points et des po-
sitionS' offensives, au moyen desquels son gou-
vernement avait , pour le malheur de l'Europe et
de la France , amené la chute de tant de trônes ,
et opéré tant de bouleversemens. Des membres
de la famille régnante en France , devaient être
replacés sur des trônes étrangers. Le gouverne-
ment français enfin, ce gouvernement , qui, de-
puis tant d'années , n'a pas moins cfherché à ré-
gner sur l'Europe par la discorde que par la force
des armes , devqit rester l'arbitre des rapports in-
térieurs et du sort des puissances de l'Europe.
Les cours alliées, en continuant les négfociar
tions sous de tels auspices, eussent manqué â
tout ce qu^elles se doivent à eUes -mêmes ; elles
eussent, dès ce moment, renoncé au but glo-
rieux qu'elles se proposent; leurs efforts n'eus-
sent plus tourné que contre leurs peuples. En
signant un traité sur les bases du contre-projet
français , les puissances eussent déposé les armes
entre les mains de l'ennemi commun ; elles eus-
sent trompé l'espérance des nations et la ccmi-
fiance de leurs à^iés.
, C'est dans un moment aussi décisif pour le sa^
lut du monde, que les souverains alliés renou-
vellent l'engagement solennel , qu'ils ne poseront
pas les armes avant d'avoir atteint le grand objet
GAHr AONS < DU 1 à l^V ï' 1 5
de lenr allianœ.. La Fraaoe ne peut s>en prendre
qu'à son gouvernenient des maux qu'elle soûfi-
fre (*). La paix seule peut lenner les plam; qu'un
esprit de domination universelle et sans exemple
dans les annales^ du monde , hii a portées. Il est
enfin temps que les princes puissent, sans in-
fluence étrangère , Teiller au bonheur de leurs
peuples; que les nations respectent leur indé-
pendance réciproque; que les institutions sociales
soient à Fabri de bouleversemens journaliers \ les
propriétés, assurées , et le commerce, libre.
L'Europe entière ne forme qu'un vœu , celui
de faire participer à ces bienfaits de la paix , la
France, dont les puissances alliées elles-mêmes
ne désirent , ne Teulent , ne souffriront pas le dé-
membrement. La foi de leurs promesses est dans
les principes pour lesquels elles combattent. Mafs
par où les souverains pourront^ils juger que la
France veut les partager^ ces principes qui doivent
fonder le bonheur du monde ^ aussi long-temps qu'ils
verront que la même ambition qui a répandu tant
de maux sur l'Europe, est encore le seul mobile du
gouvernement; que, prodigue du sang français
et le versant à flots, l'intérêt public est toujours
immolé à l'intérêt personnel? Sous de tels rap-
ports , où SERAIT LA GARANTIE DE l' AVENIR , SI UN
SYSTÈME AUSSI DESTRUCTEUR NE TROUVAIT PAS UN
f (*) Dans les publications allemandes de cette pièce, on a eu soin
I de mettre : La France ne peut aUnhuer qua elle-même , etc.
ii6 piÈGBs jrcsTmcjiTivss.
TERMB DAN0 LA TOLONTÉ GÉNl&lLAXB DE LK MATION ?
Dès-4or8 la paix de TEurope est assurée , et rien
né saurait la troubler â Tavenir {*).
Chàtillon-siuvSeiney le 16 mars i8i4*
(*) Dans le» pnUications aUeniandet , on a ea soin de si^primer oeK
appel aux Francaû de se rërolter contre lenr goaTememenU La dernière
période est conçne lûnsi qn'il mît : a UEorope entière ne forme (jn*uB
c Toen y et ce Toen est Texpresâon dn besoin oniTersel des peuples. Tons
« sont nsnnis ponr le soutien d'une senk et même canae; cette cause
« triomphera du seul obstacle ^^elle ait encore à Taincre. »
GAHPAGm Ni l8l4. 1^7
N- xxxm.
J^roclamation de Schwarzenberg.
Hâbitans de Paris!
Les armées alliées se trouvent devant Paris ; le
but de leur marche vers la capitale de la France,
est fondé sur l'espoir d'une réconciliation sincère
et durable avec elle. Depuis vingt ans , l'Europe
est inondée de sang et de larmes; les* tentatives
faites pour mettre un terme à tous ses malheurs
ont été inutiles, parce qu'il existe, dans le pour-
voir même du gouvernement qui vous opprime ,
un obstacle insurmontable à la paix. Quel Fran-
çais ne serait convaincu de cette vérité? Les sou-
verains alliés cherchent de bonne foi une auto-
rité salutaire, en France, qui puisse cimenter
l'union de toutes les nations et de tous les gou-
vernemens avec elle.
C'est à la ville de Paris qu'il appartient y dans
les circonstances actuelles ^ d'accélérer la paix du
monde ; son vœu est attendu avec l'intérêt que doit
inspirer un si immense résultat; qu'elle se pro--
nonce y et, dès ce moment, l'armée qui est de-
vant ses murs devient le soutien de ses décisions.
Il8 PlfieER JU8TinCATIV£0.
Parisiens ! tous connaissez la situation de Totre
patrie, la conduite de Bardeaux^ l' occupation ami-
cale de Lyon^ les maui attirés sur la France , et
les dispositions véritables de vos concitoyens.
Vous trouverez dans ces exemples le terme de
la guerre étrangère, et. celui de la discorde civile;
vous ne sauriez plus le chercher ailleurs. La con-
servation et la tranquillité de votre ville , seront
l'objet des soins et des mesures que les alliés s'of-
frent de prendre , avec les autorités et les notables
qui jouissent le plus de l'estime publique.
Aucun logement militaire ne pèsera sur la ca-
pitale.
C'est dans ces sentimens que l'Europe, en
armes devant vos murs , s'adresse â vous. Hâtez-
vous de répondre â la confiance qu'elle met dans
votre amour pour la patrie et dans votre sagesse.
Quartier-Général de Bondy , le 29 man iBi4>
'1
> ■ *» • • j
. •. • M
CAMPAGNE DE 1814^ 1 I9
N- XXXIV.
Capitulation de Paris.
Article !*'•
Les corps des maréchaux ducs de Trévise ei
de Raguse, éyacueront la ville de Paris, le5 1 mars,
à sept heures du matin.
Art. 2.
f
Ils emmèneront le matériel de leur armée.
Art. 3.
Les hostilités ne pourront recommencer que
deux heures après révacuaden de Paris , c'est-à-
dire , le 3 1 mars , â neuf heures du matin.
Art. 4-
Tous les arsenaux , ateliers , édifices militaires
et magasins , resteront dans l'état où ils se trou-
vaient avant la présente capitulation.
120 PIÈCES JUftTIPICÂTIVE9.
Abt. 5.
La garde nationale ou garde urbaine est entiè-
rement séparée des troupes de ligne; elle sera
conservée, désarmée ou licenciée, selon que les
souyerains alliés le jugeront nécessaire.
Art. 6.
Le corps de la gendarmerie municipale parta-
gera en tout le sort de la garde nationale.
Art. 7.
Les blessés et maraudeurs qui , après sept heu-
res , seront encore à Paris , seront prisonniers de
guerre.
Art. 8.
La Tille de Parts est recommandée à la géné-
rosité des hautes puissances alliées.
Fait à Paris, le 3i mars, à deux heures du matin.
Signée le colonel Fabtier , le colonel Dents ,
le colonel Orloff, le comte Paar.
CAMPAGNE IfX l8l4- 1^1
N- XXXV-
Déclaration.
Les années des puissances alliées ont occupé
la capitale de la France. Les souverains alliés ac-
cueillent le vœu de la nation française.
Ils déclarent :
Que si les conditions de la paix devaient ren-
fermer de plus fortes garanties, lorsqu'il s'agis-
sait d enchaîner l'ambition de Bonaparte, elles
doivent être plus favorables lorsque , par un re-
tour vers un gouvernement sage , la France elle-
même offrira l'assurance du repos.
Les souverains proclament en conséquence :
Qu'ils ne traiteront plus avec Napoléon Bona-
parte, ni avec aucun de sa famille.
Qu'ils respectent l'intégrité de l'ancienne France,
telle qu'elle a existé sous ses rois légitimes. Ils
peuvent même faire plus , parce qu'ils professent
toujours les principes que, pour le bonheur de
l'Europe, il faut que la France soit grande et
forte.
Qu'ils reconnaîtront et garantiront la constitu-
tion que la nation française se donnera. Ils in-
vitent , par conséquent , le sénat à désigner sur-
122 FliCBS JUSTIFIGATITES.
le-champ un gouvernement provisoire, qui puisse
pourvoir aux besoins de Tadministration , et pré-
parer la constitution qui conviendra au peuple
français.
Les intentions que )e viens d'exprimer me sont
communes avec toutes les puissances alliées.
«
Paris ^ le 3i mars 1814» trois heures après midi.
Signé, Alexandke.
CAHPAG9IE DE .l8.l4- 1 ^^
N- XXXVI.
Acte de garantie.
Article i**.
Je, Charles, prince de Schwarzenberg , maré-
chal et généralissime des armées alliées , promets
à toutes les troupes françaises qui, ensuite du
sénatus-consulte du a avril , quitteront les dra-
peaux de Napoléon Bonaparte, qu'elles pour-
ront librement et sans obstacles , avec armes e^
bagages , et avec les égards et les honneurs mili-
taires que se doivent réciproquement les troupe»
alliées j faire leur retraite sur la Normandie»
Art. 2.
«
Que si, par suite de ce mouvement, lesévéne-
mens de la guerre mettaient la personne de Na-
poléon Bonaparte au pouvoir des armées alliées,
sa vie et sa liberté lui seront garanties , dans une
contrée renfermée dans de certaines limites , et
au choix des puissances alliées et du gouverne-
ment français.
Au quartier-général de ChevîUy, lé 4 avril 1814.
Signée SCHWARZENBERG.
\
1^4 PIÈGES JUSTIFICATITES.
Ordre du prince de Schwarzenberg pour
les armées coalisées.
Le corps ennemi du maréchal Marmont mar*
chera, par Juvisy, sur la grande route jusqu'à
Fresnes , où il s'arrêtera pour repaître ; U suivra
ensuite son mouvement, d'après les ordres du
gouvernement provisoire.
Les 3*, 4% 5* et 6* corps, se tiendront, à l'en-
trée de la nuit, prêts à tout événement; il en sera
de même de l'armée de Silésie. Le corps ennemi
sera escorté , jusqu'à Fresnes , par deux r^imens
de cavalerie du 5' corps , et de là à Versailles , par
deux régimens de cavalerie russe de la réserve.
Tant parce motif qu'à cause de l'indisposition des
habitans de Versailles , cette ville devra être for-
tement occupée par les troupes alliées.
Ordre du maréchal Barklaj pour l'armée
de Silésie.
Le maréchal français Marmont ayant promis
de passer de notre côté (*), avec son corps de dix
mille hommes , il doit se diriger par Fresnes sur
(*') Dauft le texte original allemand, Wy ;k: Zu uns ûbcrzugc/tcn.
CAMPAGNE DS l8l4* lâ5
Versailles; mais comme il pomrait arrÎTer que
Napoléon eût acquis la comiaissance du projet du
maréchal Marmont , et qu'il voulût en profiter
pour tenter une surprise de nuit sur notre aile
gauche , il est indispensablement nécessaire que
tous les commandans des corps se tiennent prêts
à marcher, avec leurs troupes, jusqu'à ce qu'on
ait appris avec certitude que le passage à eu lieu
tranquiUement. On donne en conséquence la dis-
position suivante pour l'armée de Silésie , en cas
d'une attaque de nuit.
( Suivent les dispositioiu de bataille des différens corps. )
126 PIÉGÉS JCSTIFIGATITCS.
3=3C
N- xxxvn.
Traité de Fontainebleau.
Abtigls i'".
S. M. Fempereur Napoléon renonce , pour lui
et ses successeurs et descendans , ainsi que pour
chacun des membres de sa famille, à tout droit
de souveraineté et de domination , tant sur lem-
pire. français et le royaume d'Italie que sur tout
autre jpays.
Art. 5i«
LL. MM. l'empereur Napoléon et rimpératrice
Marie-Louise , conservent ces titres et qualités
pour en jouir leur vie durant ; la mère , les frères ,
sœurs , neveux et nièces de l'empereur conserve-
ront également , partout où ils se trouveront , le
titre de princes de sa famiUe.
Art. 3.
L'île d'Elbe , adoptée par l'empereur Napoléon
pour le lieu de son séjour, formera, sa vie du-
•GA]iPÂ<;NB DE l8l4- 127
rant , une principauté séparée , qui sera possédée
par lui en toute souveraineté et propriété. Il sera
donné en outre , en toute propriété , â l'empereur
Napoléon , un revenu annuel de deux millions de
francs , en rentes sur le grand-livre de France ,
dont un million réversible à l'impératrice.
Art. 4«
Toutes le^ puissances s'engagent à employer
leurs bons offices, pour faire respecter par lès
Barbares ques le pavillon et le territoire de File
d- Elbe 9 et potfr que, dans ses rapports avec les
Barbaresques , elle soit assimilée à la France.
Art. 5.
^ Les duchés de Parme , Plaisance et Guastalla ,
seront donnés, en toute sou veraineté et propriété,
à S. 1\I. l'impératrice Marie-Louise ; ils passeroiit
à son fils et à sa descendance en ligne directe.
Le prince son fils prendra dès ce moment le nom
de prince de Parme , Plaisance et GuastaUa.
Art. 6.
Il sera réswé ^ . dont le» pays auxquels 4^m^
pereur Napoléon renonce, pour lui et sa famiUe ,
des domaines,, oa donné des rentes sur le grand-
livre de France , produisant un revenu annuel ,
\2S PIÀGE8 JUSTIFICATIVES.
net et déduction faite de toute charge , de deux
millions cinq cents miUe francs. Ces domaines
ou rentes appartiendront en toute propriété , et
pour en disposer comme bon leur semblera , aux
princes et princesses de sa famille , et seront ré-
partis entre eux , de manière à ce que le revenu
de chacun soit dans la proportion suivante ,
savoir : à madame mère, 3oOyOOO francs; au roi
Joseph et à la reine, 5oo,ooo francs; auroiLouis^
300,000 francs ; à la reine Hortense et à son
enfant, 4^0,000 francs; au roi Jérôme et à la
reine , 5oo,ooo francs ; à la princesse Élisa ,
3oo,ooo francs; â la princesse PauUne, 3oo,ooo
francs; les princes et princesses de la famille de
l'empereur conserveront en outre tous les biens
meubles et immeubles , de quelque nature que
ce soit , qu'ils possèdent â titre particulier , et
notamment les rentes dont ils jouissent égale-
ment, comme particuliers, sur le grand-livre de
France, ou le Mont-Napoléon de Bfilan.
Art* 7^
Le traitement annuel de l'impératrice José-
phine sera réduit à un million , en domaines ou
en inscriptions sur le grand-livre de France. Elle
contlQuera à jouir , en toute propriété , de ses
biens meubles et immeubles particuliers , et
pourra en jouir conformément aux lois fran-
çaises.
campagne de 181 4- >^
Art* 8. *
Il sera donné au prince Eugène, vice-roi
d'Italie , un établissement convenable hors de la
France,
Art. 9.
Les propriétés que S. M. l'empereur Napoléon
possède en France , soit comme domaine extraor-
dinaire, soit comme domaine privé, resteront à
la couronne. Sur les fonds placés par l'empereur
Napoléon , soit sur le grand-livre , soit sur la ban-
que de France , soit sur les actions des forêts ,
soit de toute autre manière , il sera réservé un
capital , qui n'excédera pas deux millions , pour
être employé en gratifications en faveur d^s per-
sonnes qui seront portées sur l'état que signala
l'empereur Napoléon , et qui sera remis au gou«
vemement français.
Art. 10.
Tous les diamans de la couronne resteront à
la France. ^
Art. 11.
*
L'empereur Napoléon fera versement au trésor
V. 9
|30 PliCXS JVfTinGATITES.
et aux autres caisses publiques de toutes les som-
mes et effets , qui auf aient été déplacés par ses
ordres ^ à Fexception de la liste civile.
ART. 1 a.
Les dettes de la maison de S, M, Fempcareur
Napoléon , telles qu'elles se trouvent à la signa-
tjare du présent traité, seront immédiatement
acquittées sur les arrérages dus par le trésor pu-
blic à la liste civile, d'après les états qm se»
roBt signés par un commissaire nommé a cet
effet
Aet. i3.
Les obligations du Mont-Napoléon de Mikoa ,
envers tous ses créanciers , soit français soit étran-
gers , seront exactement remplies > sans qu'il soit
fait aucun changemait & cet égard.
Art. i4-
On donnera tous les saufs-conduits nécessaires
pour le libre voyage de S. M. l'empereur Napo-
léon, de l'impératrice, des princes et princesses,
et de toutes les personnes de leur suite qui vou-
dront les accompagn^er ou s'établir hors de
France , ainsi que pour le passage de tous les
équipages , chevaux et effets qui leur appartiei>-
nent ; les puisMuaces alliées donneroBt ^en cmisè*
quence des officiers et des hommes d^escorte;*
La garde impériale française fournira un dé-
tachement de douze à quinze cents hommes de
toutes armes , pour servir d'escorte jusqu'à Saint-
Tropez^ lieu de l'embarquement.
Ait. i6.
<
II sera fourni une corrette armée ^ et les biti-
mens nécessidres pour conduire, au lieu de sa
destination y 6. M. l'empereur Napoléon , ainsi
que sa maison ; la corvette demeurera en toute
propriété à S« M;
S. M. l'empereur emmènera avec lui, et con-
servera pour sa garde , quatre cents hommes de
bonne volonté , tant oiSiciers que scfus-officiers et
soldats.
Art. i8.
Tous les Français qui auront suivi S. M. l'em-
pereur Napoléon ou sa famille , seront tenus , s'ils
ne veulent pas perdre leur qualité de Français ,
l3d PIÈCES JI^ATIFICATIVES.
de rentrer en France dans le terme de trois ans ,
â moins qu*ils ne soient compris dans les emplois
que le gouvemetnent français se réserve d'accor-
dar après l'expiration de ce terme.
Art. 19.
Led troupes polonaises de toutes armes qui
sont au service de France , auront la liberté de
retourner chez elles , en consefvant armes et lia-
gages, comme un témoignage de leurs services
honorables ; les oflEiciers , sous-oflSiciers et soldats
conserveront les décorations qui leur ont été ac-
cordées , et les pensicMis affectées à ces décwations.
Art. âo.
Les hautes puissances alliées garantissent Vexé-
cution de tous les articles du présent traité ; elles
s'engagent à obtenir qu'ils soient adoptés et ga-
rantis par la France.
Art. 21.
Le présent traité sera ratifié , et les ratifications
échangées à Paris , dans l'espace de deux |our8 , et
plus tôt si faire se peut.
Fait à Paris, le 11 avril i8i4.
Signé, Caulaijncourt ) duc de Vicence; Net,
CAMPAGNE DE l8l4- l33
duc d'ElchÎDgen; Macdonau>, duc de Ta-
rente ; le prince de Metternigh ; le comte de
Stadion ; le comte Rasumowsky ; le comte
de Nesselrode ; Castlereagh ; le baron de
Hardenberg.
Nous avons accepté le traité ci-dessus , en tous*
et chacun de ses articles ; le déclarons accepté et
ratifié , et en promettons l'invariable observation»
En foi de quoi nous avons délivré le présent^,
signé et revêtu de notre sceau impérial.
Ainsi fait à Fontaiâebleau, le i a avril i8l4-
Signé, Napoléon.
Et plus bas,
Le ministre secrétaire d'état ^
Duc de Bassano.
Fin DBS PIECES JtSTinCATlVES BE l8l4'
PIEGES JrSTIFIGiLTITES(
CAMPAGNE DE i8i5.
PIECES JUSTIFICATIVES.
CAMPAGNE DE i8i5.
N* I,
Traité du iS mars.
*
S. M. Fempereur d'Autriche , roi de Bohême
et de Hongrie, et S. M. le roi de la Grande-Bre-
tagne, ayant pris en considération tes suites que
Tinyasion en France de Napoléon Bonaparte,
fX .la situation actuelle de ce royaume , peuveuit
avoir pour la sûreté de l'Europe , ont résolu ,
d'un conunun accord avec S. M. l'empereur de
Ruflsie et S. M. le roi de Prusse ^ d'appliquer
â cette circonstance importante , les principes
omsacrés par le traité de Ghaumont. En consé--
l38 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
quence, ib sont convenus de renouveler ^ par
un traité soleiinel, signé séparément par cha-
cune des quatre puissances avec chacune des
trois autres, rengagement de préserver contre
toute atteinte , l'ordre de choses si heureusement
rétabli en Europe, et de déterminer les maximes
les plus efficaces de mettre cet engagement à exé-
cution, ainsi que de lui donner, dans les circons-
tances présentes, toute Textension qu'elles récla-
ment impérieusement. A cet effet
Lesdits plénipotentiaires , après avoir échangé
leurs pleins pouvoirs respectifs , ont arrêté les ar-
ticles suivans :
Article i".
Les hautes puissances contractantes ci-dessus
dénommées , s'engagent solennellement à réunir
les moyens de leurs états respectifs , pour main-
tenir, dans toute leur intégrité, les conditions du
traité de paix conclu â Paris, te 3o mal i8i4>
ainsi que les stipulations arrêtées et signées au
congrès de Tienne ^ dans le but de remplir les
dispositions de ce traité , de les garantir de toute
atteinte , et particulièrement contre les desseins
de Napoléon Bonaparte.
A cet effet, elles s'engagent i diriger, si le cas
Texige, et dans le sens de la déclaration du 1 3 mars
dernier, de concert et de commun accord, tous
leurs efforts contre lui, et contre tow ceux qià
CAMPAGNE ISK l&l5. tSg
leraient déjà ralliés à sa faction, ou t'y réuni-
raient dans la suite , afin de le forcer à se dé^
sister de ses projets, et le mettre hors d'état de
troubler à Tavenir la tranquillité et la paix géné-
rales, sous la protection desquelles les droits,
la liberté et l'indépendance des nations venaient
d'être placés et assurés.
Art. d^
Quoiqu'un but aussi grand et aussi bienfaisant
ni^ permette pas qu'on mesure les moyens desti-
nés pour l'atteindre , et que les hautes puissances
contractantes soient résolues d'y consacrer tous
ceux dont, d'après leur situation respective, elles
peuvent disposer, elles sont néanmoins conv^
nues de tenir constamment en campagne cha-
cune cent cinquante mille hommes au complet,
y compris , pour le moins , la proportion d'un
dixième de cavalerie , et une juste proportion
d'artillerie , sans compter les garnisons , et de les
employer activement et de concert , contre l'en-
nemi commun.
Akt. 3.
Les hautes puissances contractantes s'engagent
réciproquement à ne pas poser leâ armes que
d'un' commun accord, et avant que l'objet de la
guerre, désigné dans l'article i"" du présent traité,.
l40 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
n'ait été atteint, en tant que Bonaparte ne sera
pas mis absolument hors de possibilité d'exciter
des troubles , et de renouveler ses tentatives pour
s'emparer du pouvoir suprême en France.
Art. 4-
Le présent traité étant applicable principale-
ment aux circonstances présentes , les stipula-
tions du traité de Ghaumont , et notamment celles
contenues dans l'article 16, auront de nouveau
toute leur force et vigueur , aussitôt que le but
actuel aura été atteint.
Art. 5.
Tout ce qui est relatif au commandement des
armées combinées, aux subsistances, etc. , sera
réglé par une convention particulière.
Art. 6.
Les hautes puissances contractantes auront la
faculté d'accréditer respectivement, auprès des
généraux commandant leur» armées, des officiers,
qui auront la liberté de correspondre avec leurs
gouvernemens, pour les informer des événemens
militaires et de tout ce qui est relatif aux opéra-
lions des armées.
/
CAMPAGNE DE 181 5. l4l
Art. 7.
Les cDgagemens stipulés par le présent traité
ayant pour but le maintien de la paix générale ,
les hautes puissances contractantes conviennent
entre elles d'inviter toutes les puissances de l'Eu-
rope à y accéder.
Art. s.
Le présent traité étant uniquement dirigé dans
le but de soutenir la France , ou tout autre pays
envahi , contre les entreprises de Bonaparte et
de ses adhérens, S. M. T. C. (le roi de France) ,
sera spécialement invitée à donner son adhésion ,
et à faire connaître , dans le cas où elle devrait
requérir la force stipulée dans l'article 2 , quels
secours les circonstances lui permettront d'a-
dapter â l'objet du présent traité.
Art. $.
Le présent traité sera ratifié , et les ratifications
en seront échangées dans deux mois , ou plus tôt
si faire se peut.
En f(M de ^oi, etc.
l42 PIÈC3S JCSTIFICAnVES.
N-II.
Les débats sur la guerre que le gouYemement
anglais voulait déclarer à la France, commencè-
rent le 6 avril, jour auquel il fut remis au par-
lement un message royal , relatif au traité du 26
mars. L'opposition s'éleva , dans les séances des 7
et 8 avril, contre l'adresse proposée aux cham-
bres, et qui avait pour but de sanctionner la
guerre. M.Whitbread, dans la chambre des com-
munes , proposa même un amendement qui fut
rejeté sur la déclaration dé lord Castlereagh, que
l'Angleterre n'était pas entraînée si absolument
qu'il ne lui restât la faculté d'opter entre la guerre
et la paix. Le traité ne^ fut cependant ni com*
muniqué aux chambres, ni présenté comme
ayant déjà été conclu par le gouvernement an-
glais. Quoique le ministère anglais se crût assuré
d'une grande majorité, il crut cependant devoir
prendre des mesures politiques pour amuser l'o-
pinion publique , écarter de lui des pétitions €t
des représentations importunes , et emporter les
secours d'argent dont il avait besoin pour payer
les subsides stipulés d'avance. Il avait déjà décidé
la question dans le cabinet ; ainsi le même jour,
et quelques heures avant que lord Castlereagh,
GÀMPA.GNE DB 181S. l43
ne déclarât , à la tribune , que l'Angleterre n'était
pas irrévocablement engagée à la'guerre, le traité
du 35 mars avait été ratifié : la ratification avait
été accompagnée de la déclaration corrective de
l'art. 8, que nous donnerons ci-^près {Pièces] m-'
tificative$3 N"* III). Cette déclaration, dont nous
avons expliqué la tendance, avait été arrêtée dans
le conseil des ministres, au congrès de Vienne.
Cependant le traité du 26 mars, publié par la
voie des journaux, parvint, par cette voie, aux
membres du parlement. L'opinion publique s'é»
leva avee force, et tous les députés de l'opposition
témoignèrent l'indignation que leur faisait éprou-
ver cet acte. Nous ne citerons qu'un des discours
tenus à cette occasion,- et nous choisirons préci-
sément celui d'un orateur qtd ne peut ^as être
soupçonné d'aimer les Français , et encore moins
Napoléon*
Le 24 avril , dans la chambre des pairs, lord
comte Stanhope demanda au chancelier de l'Échi-
quier , s'il y avait quelque difficulté à faire con-
naître le traité du 25 mars c II y a une
« clause qu'on a dit à l'orateur n'être pas correcte.
«U ne le croit pas non plus, puisque, si cette
c clause était dans le traité , il ne serait plus fm
«simple traité de guerre, mais un acte tendant
c à introduire un système de massacre universel.
« L'orateur entend la clause par laquelle les puis-
« sances alliées s'engagent à poursuivre tous les
< individus qui ont pris parti pour celui qui gou-
l44 • PliCES JUSTIFICATHISB.
« Terne aujourd'hui la France ; il entend deman-
der au noble lord , si une telle clause est: réel-
lement dans le traité. Si cela n'est pas , il est
essentiel à rhottaieur de TAngleterre , qae le dé-
saTeu en scuit public. Cette clause peut être com-
battue, non - seulement sous le rapport de la
justice et de rhumanité^ mais même légalement.
X'orateur refuse donc aux rois et à leurs repré-
sentans , le droit de conclure un traité qui ren-
ferme une clause pareille ; elle change totale-
ment la situation des armées , des flottes et des
ojfficiers employés dans les unes et les autres.
Quand ils se sont enrôlés , c'était pour attaquer
l'ennemi franchement et mourir sur le champ
d'honneur , mais non pas pour être assassinés ,
en se faisant pendre de sAng- froid {*). L'ora-
teur s'oppose à la clause , sous le point de yue
du droit , pour un autre motif. Un des statuts
les plus sages et les plus humains de V Angle*
terre , est le statut de Henri YII j. qui établit
que l'adhésion â un souverain de facto, qu'il soit
ou non souverain de Jure, non-seulement n'est
pas une haute trahison , mais qu'elle n'est pas
même un crime. Sur ce motif, l'orateur dénie
à l'Angleterre le droit d'adhérer au traité du ^5
mars. Une troisième objection ^ sous le rapport
{*) Ce qtie Porateor ajoute peu apris explique cette ex^ntâioa, »
faisant Toir qu^U considère les Iroopea employées pour rezecuiioii de
Tartide i** du uaite du i5 mars, comme des meurtriers, plat/it que
comme des troupes Fdgnlièrcs.
CAM PAGNlî DE . 1 8 1 5. 1 45
«de rUlégalilé, est que, si aucun commaiidant
« en chef, autorité civile , roi ou empereur, met-*
« tait à mort un individu quelconque , pour avoir
« soutenu un souverain existant de fait , cet acte ,
« d'après les lois de F Angleterre , serait un assas-
« sinat : par ce motif, Torateur soutient que le
« pouvoit exécutif n'a pas le droit de conclure un
« traité qui renferme une clause de ce genre. Une
<c quatrième objection est fondée sur ce que*cetie
« clause est contraire aux lois de la guerre , re^
«connues parmi les nations civilisées. Enfin le
«cinquième motif d'illégalité est, que la clause
« en question est contraire aux lois divines, n
Lord Liverpool répliqua que le traité n'avait
pas été imprimé correctement dans les papiers
publics ; il nia qu'il y eût une clause qui fût sus-
ceptible de recevoir une interprétation pareille ,
c'est-à-dire qu'il nia le paragraphe seeond de
l'article i*' du traité du 25 mars.
Le ^7 avril, le ministère n'ayant pas. encore
jugé à propos de donner communication au par-
lement du traité qui avait été conclu , M. W^it-
bread se lew dans la chambre des communes ,
et annonça , .pour le lendemain ,. une motion, re-
lative à la question de la pa|x ; ou de la guerre.
Effectivenient , le â8 , cette motion fut !dévelôp-
pée dans un knog et éloquenj: discours, dont nous
citerons les. principaux traits. • M. Whitbread ,
après avoir fait quelques réHexions asséi amères,
sur la conduite du chancelier de r Echiquier a ia
V. 10
l46 PIÈCES JUSTIFICATItES.
chambre des pairs, et indiqué rurgence de la dis-
cussion qu'il élève , entre en matière : « La ques-
«tion, dit l'orateur, e^ réduite à ses plus sim-
« pies termes ; il s'agît de savoir si la chambre veut
«consentir à embarquer l'Angleterre dans une
< nouvelle gueire, dont personne ne peut prévoir
« le terme , ou si elle veut se prévaloir du court
«intervalle qui reste encore, afin de protester
«contre une guerre aussi prochaine, en votant
« une adresse , dans le but de prier k prince ré-
« gent d'éloigner line aussi terrible calamité. Sur
< cet objet , l'orateur rappelle . Fattention de la
«chambre sur ses propres procédés. Quand, ù
« y a trois semaines , une adresse fut proposée par
« le noble lord au ruban bleu ( Castlereagh ) , eu
« conséquence d'un message du trône , l'orateur
« proposa de faire à cette adresse un amende-
« ment qui fut rejeté par la chambre ; le reyet fut
« motivé sur l'obswvation précUe du noble lord ,
« qu'il restait toujours à l'Angleterre une altema-
ff tive , dans la faculté de décider si elle voulait se
« prévaloir du drc«t de faire la guerre , ou s^ se-
« rait d'une plus ssûne politique de se tenir dans
« un système défensif. Il n'a pas toujours été aisé
« de comprendre l'opinion du noble loi*d , si tant
« est qu'il ait émis une opinion , mais on peut
«conclure des mots qu'il a prononcés, que cette
« alternative dure encore. La chambre , dit l'o-
« rateur , étant persuadée que la marche du gou-
« vernement tendait à prendre des mesures pour
CAMFÀ6NB D« l8l5^. l^J
« assurer la paix, d'une maaière honorable 4 VAn^
« gleterre ; quel a dû être son étonnement , en
« voyant que le noble lord avait trolnpé et l'An-»
« gleterre et elle , lorsqu'il a maintenu la po&sîhi-r
« Uté de lalternative , et énoncé le désir d'adopter
« une résolution pacifique 9 tandis que le conseil
« avait déjà décidé que les hostilités commence-**
« raient bientôt. En ce moment , l'orateur craint
« que la discussion ne spit trop tardive, d'après
« ce qu'a dit un nqble comte (Liverpooi) ,,en au^
« tre lieu (à la chambre des pairs )f et qui s'est
« vérifié. Par un hasard que les ministres n'ont
« pas prévu , les gazettes de Vienne contiennent
c une publication illicUe, qui doit bipn faite toip^
« ber la réputation du nobte lord , de ^élévation
« où on la place. Cette publication est lé traité
« du :i5 mars ; U a été reçu par le gouvernement
«le 5 avril, la veille du message. Les i^înistres,
« connaissant la teneur de ce traité et les engar
Kgaitiens qu'il imposait à l'Angleterre 5 a'ont pas
< jiugé i propos de changer une parole de la c^mn
« munication royale. Ayant été déposé Je .6 , le
f message lut pris en considération te 7, et la ré^
« |K«se faite le 8 , jour où la ratification du prince
«f'régenti tok expédiée. Dans la discussion du 7^
« ^ ufte aussi forte déception fut employée pour
« clore la discussion , l'acte du 1 3 mars , si mal-
« heureusement signé par le duc de Wellington ,
« fut rappelé ; le noble lord essaya d*en donner
« une interprétation , et de prouver qu'il pouvait
l4S PIECES JUdTlPIGATrVfiS.
avoir une double application : en un mot, ifeo
affaiblir et d'en falsifier les expressions ; il pré-
tendit que le changement d'une circonstaiM^ (*)
avait effacé l'obligation. Au bout de tout ce4a,
le traité du â5 mars renouvelle aujourd'hui
cet acte dans toute son horreur et sa malignité,
pourvoit à son exécution, et Favoue comme
base du nouvel engagement. Il reste au noble
lord à concilier les paroles altérées avec les faib,
et à démontrer comment sa déclaration peut
subsister, en face d'un traité auquel il a accédé,
et qui ouvre les hostUités
« Dans cette circonstance , l'orateur a cm de-
voir proposer une adresse , pour engager le
prince régent, à réfléchir avant d'engager ses
peuples dans une guerre, sous le prétexte que
le pouvoir exécutif en France a été placé, par le
choix du peuple, dans les mains d'un homme
dangereux.
< Le rétablissement de la maison des Bourbons
n'a jamais été un motif d'hostilité; M. Pitt Ta
désavoué , et le même désaveu a souvent été pro-
noncé par ses successeurs ; dans la déclaration
du prince régent annexée au traité de Vienne ,
3. A. R. a rejeté toute intenticm d'intervenir
dans une forme particulière de gouvernement.
(^) Cette cinsonstance ^tait la suppositioa qni aTait cncoura^ ia dé-
claration du x3 mars; celle que Tcntreprisc de Napolcon ne rcusuraît
pas.
>'
CAHPAGNS DE l8l5. l49
« Les ministres crurent qu'il pouvait entrer dans
« les desseins des alliés de rétablir les Bourbons ,
« et .dans cette Tue la déclaration fut ajoutée au
« traité. Ainsi , nous ne devons pas discuter si le
« gouvernement doit être impérial , ou royal , ou
« républicain; nous accordons nous-mêmes que la
« nation a le droit de choisir celui qui lui con-
« vient , mais nous ne parmettons pas qu'un
« homme en particulier soit â sa tête l Une telle
« déclaration , un tel motif de guerre est il juste
« ou politique? N'est-il pas au contraire un moyen
u sûr d'irriter un peuple puissant , et de raffermir
« dans la résolution de soutenir cet homme par
«les plus grands efforts? On a essayé d'étabUr
« une distinction entre le gouvernement et les
« gouvernés ; mais où est le politique assez subtil y
«ou assez égaré dans les- paradoxes, pour con-
« vaincre un peuple de cette distinction futile ?
« une déclaration pareille d'une puissance étran-
« gère 5 appliquée à nous-mêmes,. ne nous anime-
« raitnelle pas à renverser un projet aussi inoui et
« aussi extravagant ? La déclaration du 1 3 mars ,
« quoique dirigée nominativement contre un seul
« homme , est dans le fait un anathème contre dès
« millions. Rien ne peut surpasser l'indignation
« dont l'orateur a été saisi à la lecture de cet acto
« inouï ; il a éprouvé un sentiment de honte en y
« voyant attaché le nom de Wellington. Suivi pap
«le traité du â5 mars, il doit plonger la grande
« Bretagne dans une guerre , que nous serons- for-^
l5o PliCBS JlJSTfFIGATITES.
ces d'abandonner par le manque de nos r^^
sources physiques» L'orateur blâme dans les
termes les plus sévères la déclaration qui , en
mettant Bonaparte hors des garanties sociales ,
le livre à la vindicte publique, et le met dans la
position de l'homme qui a forfait son dernier et
unique droit à Texistence. Pour la première
fois on verra dan» les annales de Thistoire,
une guerre déclarée à un homme pour la des-
truction de son pouvoir. Quel est ce pouvoir?
son peuple. On en doit donc inévitablement
conclure que les hostilités seront renouvelées ,
dans le but sanglant et désespéré de détruire
une notion entière. L'orateur Ht le premier pa-
ragraphe de la déclaration du 1 3 mars , et ridi-
culise ceux qui , en revivifiant toutes les cala-
mités de la guerre , se proclament eux-mêmes ,
avec une vanité égoïste , les libérateurs de YEu-
rope. Il soutient qu'en provoquant Vn^aasrinat
de Bonaparte , ils sont eux-mêmes les auteurs
directs de cettç nouvelle guorre , par leurs vio-
lations des traités et par leur duplicité. U lit
ensuite une partie du traité du 12 5 mars (art. i ,
3 et 8) , afin de démontrer qu'il nest que la
continuation et l*aveu formel de la déclamtion
antécédimte, puisqu'il stipule que ni paix ni
trêve ne peuvent être faites avec Bonaparte.
Quel sera 9 dit l'orateur^ le résultat probable de
Ce système? Ett apposant que les alliés aient
le bonheur d'accomplir > leurs desseins; et que
CAMPAGNE DE 181 5. l5l
« Bonaparte tombe dans la premièpe bataille ,
« le système sera-t-il accompli ? Les alliés se reti*
« reront-ils , ou croiront-ils pouvoir se retirer avec
« sécurité, dans leurs propres principes? IN 'y a-t-il
a pas d'autre homme de mérite et d'expérience ,
c que la nation française puisse placer à sa t&te ?
«Ayant armé le genre humain contre un seul
«homme (objet peu proportionné à tant de
<i moyens) , les alliés seront-ils plus sûrs qu'a pré-"*
« sent 9 si tout autre individu se trouve à la tète
« du peuple français? »
Après avoir fait quelques dbservations sur le»
membres qui êe cachent derrière leurs amis re-
vêtus du pouvoir , sur le libéralisme et l'équité
qu'ils possèdent , lorsqu'ils sont encore sur le seuil
de la porte j et qu'ils perdent en passant cette poite
fatale , l'orateur continue :
« En tout cas , même le côté opposé ne peut
« pas prétendre que le rétablissement des Bour*-
« bons soit une conséquence inévitable ; 11 n'est
« pas impossible que lea alliés, jettent la France
« dans la répétition des sanglantes horreurs d'une
« révolution , et la jnettent dans la situation où,
« autrefois , eUe fut déclarée incapable de mainte-
«mr aucunes relations de paix pu d'ionitié* L'o<-
« rateur désire que la chambre , avant de plongfer
« r Angleto:re dans ttne nou^eUe guerre , en pèse
« bien les alternatives , et qu'elle réfléchisse que
«c'est une guerre îde^ pure spéculation , dans la*
« quelle les politiques ont: le droit ^e détôrminer
5a
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
« s'ils veulent s'y engager immédiatement , ou at-
« tendre les événemens. En admettant qne , par le
« retour de Bonaparte , nous avons le droit abs-
« trait de la guerre , s'ensuit-il nécessairement qoc
« nous devons user de ce droit ? En quoi consiste-
« t^il? Qui nous donne celui de déclarer le guerre?
«On dit que le traité de Parts a accordé à^ia
« France des conditions meilleures , que m Buo-
« naparte était resté empereur : que leur séTérité
« a été diminuée en raison de ce que la France a
« accepté Louis XYIII. Quelles étaient ces condi-
« tions plus sévères qu'on aurait imposées? U est
« impossible à l'orateur de pouvoir le deviner. Il
« a été dit qu'à une époque , il avait été offert â
« B<»iaparte des conditions plus avantageuses et
« phis honorables à la France , sous le rapport
« du territoire , que celles qui ont été Imposées A
« Louis XYIII , et que Bonaparte les avait ratées;
« plus tard , Bonaparte parut les accepter , et lord
« Castlereagh y donna son consentement ; ensuite
«les affaires de Bonaparte se trouvèrent dans
« un état à lui faire espérer de voir agréer des
propositions plus favorables ; ces propositions
furent enfin rejetées, parce que les alliés se
trouvèrent en état de dicter les conditions qu'ils
voulurent
« Les motifs les plus plausibles pour déclarer la
guerre , sont donc que les conditions qui ont été
accordées à la France , sous les Bourbons , sont
plus favorables qu'elles ne l'auraient été sous
CAMPAGNE DE l8l5. l53
« Bonaparte. On peut y répondre que Napoléon ,
a étant rentra en Franco et se trouvant à la tête
«du pouvoir exécutif, la France «peut se sou*-
a mettre aux limites resserrées qu'on aurait voulu
«lui imposer, et que nous pouvons rester en
« paix. On n'a pas tenté de s'en assurer. Des ou-
« vertures ont été faites par Bonaparte , et il fut
«répondu qu'elles devaient être communiquées
« aux alliés de S. M. : soit qu'elles aient été prises
« en considération , soit qu'eUes aient été mépri-
« sées et mises de côté , aucune réponse n'y a été
« donnée; car , si cela était j il y en aurait quelques
« traces. Leur nature a été cachée , par le noble
« lord , à la chambre , comme un grand secret. On
«ne peut nier que la puissance de Napoléon ne
« soit moindre qu'avant le traité de Paris. Il n'y a
« donc point de motif qui puisse engager le prince
« régent à faire la guerre. Les alliés ont-ils déclaré
« qu'ils n'étaient pas sûrs tant que la France ne
« serait pas plus restreinte ? y a-t-il eu une agrès-
« sion de Napoléon ? y a<*t*il eu quelque chose de
« semblable à ce qui a causé le message de 1 8o3,
« pour engager la chambre à la guerre? y a«-t-il eu
« a.n armement sur nos côtes? y a-t-il eu un acte
« pareil à celui du gouvernement révolutionnaire
« de 1 792 , qui menaçait de la guerre? craignons-
< nous une invasion : nos flottes et nos armées
« sont-elles dans un état tel que nous puissibns la
« craindre?.. r.
L^'oiratour conclut en votant une adresse au
l54 PIÉCia JUSTIFICATIVES.
prince régent , pour le supplier d'empécker que
la Grande-Bretagne ne soit entraînée dans une
guerre 9 sur le fondement seul que le pouYoir
exécutif en France était entre les mains de Bo-
naparte.
• La motion fut rejetée par la majorité mlnisté-
rieUe.
Le sâ mai, enlGin , le message annonçant la ra-
tification du traité du 25 mars , et la conventioD
relative aUK subsides , fut adressé aux deux cfaara*
bres du parlement. Les débats s'ouvrirent le â3
dans celle des pairs , et le lord Gray se leva le
prCToier pour répondre à l'allocution du chan-
celier de rÉchiquier. L'orateur examine d'abord
le droit d'interposition , qu'exprimait le traité.
« De quelle nature , dit-il , est donc le danger
« contre lequel l'Angleterre est appelée â se tenir
« en garde ? On dit qu'il vient et de l'existence dk
c du caractère personnel d'un seul homme. Les
c guerres modernes sont abondantes en Êiux pré-
« textes ; les vues les plus rapaces sont toujoiffs
«masquées sous le prétexte de l'indépendance,
« et sous les principes les plus libéraux. Mais l'his*
« toire n'offre pas d'exemple qu'on ait exclu an
« individu du pouvoir suprême, â nôson de sen
« caractère ou de ses qualités personneUes» L'eus-
« tence d'un souverain guerrier et ambitieux ne
« peut pas dcmner , seule , le droit de lui faire k
« guerre. D'ailleurs notre ennemi h'est-il pto, dans
« le moment présent , aussi bwué^n pouvoir et en
CAMPA6NX DB l8l5. j55
territoire qu'on a jamais pu désirer qu'il lefAt,
pour l'intérêt de l'Europe? La France nous a-t*
elle menacés? y a*t-il eu quelque agression de la
part de Napoléon ? nous a*-t41 refusé la répara-
tion de quelque tort? Sur quoi se fonde donc le
droit de lui faire la guerre? sur la violation du
traité de Fontainebleau? il est incontestable que
les coalisés ont justifié la conduite de Bona«
parte , en violant eux-mêmes une partie des sti«*
pulations du traité. Ses pensions n'ont pais été
payées, ses propriétés lui ont été ravies, son
fils a été dépouillé du duché de Parme. L'ora*-
teur blâme la déclaration du 1 3 mars, qu'il ap-
pelle méchante et imprudente ; il demande quel
est le but de cette déclaration et du traité du 25
mars? ce ne peut-être que celui d'annoncer q«e
la guerre a commencé et qu'elle ne sd termi-*
nera que par la mort ou le triomphe complet
de Bonaparte. Réfléchissons à quelle alterna-^
tive un projet pareil pourrait nous réduire , en
portant au plus haut degré d'irritation un
homme, qui est à la tête d'une nation puis*-
santé , et agité par des passions dangereuses , tel
qu'on le suppose. L'orateur compare les forces
« et les ressources de Napoléon et des coalisés , et
• demande si on croit que les troupes de ces der^
« nicrs apporteront à cette ^guerre le même degré
« d'énergie que l'année dernière? après ce qui est
t arrivé â Gènes , en Saxe et en Pologne ^ la même
« confiance peut-eUe animer toUs les tioembrcft ^
l56 PliCES JUSTIFICATIVES.
« la coalition ? la nature des choses ne permet pas
« de Tespërer. La Russie et TAutriche ne peuvent
« pas être sans inquiétude sur la Pologne et ITtalie.
«Des jalousies et des inquiétudes réciproques
« doivent accompagner les puissances , dans leur
« guerre contre la France. L'orateur désapprouve
« autant que qui que ce soit le système politique
« de Bonaparte : il déteste son ambition ; il re-
« connaît que son gouvernement a été injuste ;
« mais qui peut dire qu'un changement dans son
« caractère et dans sa politique soit une chose im-
« possible? n'a-t-il pas eu assez d'occasions, pen-
« dant une année d'exil , pour réfléchir sur ses
« erreurs ? n'est-il pas possible qu'il se soit con-
a vaincu de la nécessité de changer un système ,
« qui a déjà causé sa chute ?. . . . L'orateur demande
« si on fera la guerre dans le but de détruire la
« personne de Bonaparte , ou le système mililaire
« de la France ? si c'est le dernier but auquel on
« a déterminé de parvenir , on ne peut l'atteindre
«qu'en détruisant l'armée française > L'ora-
teur termine en votant une adresse, qui désap-
prouve les opérations du congrès et la guerre
qu'on veut faire au chef du gouvernement fran-
çais : mais la majorité ministérielle était là.
La discussion n'eut lieu que le ^4 dans la
chambre des communes. Lord Gastlereagh l'ou-
vrit par un discours qu'il promena à son ordinaire
aux quatre vents, parce qu'ayant déjà compté les
suffrages , et étant assuré d'avance du nombre de
CÂMPAGHS DE 181&. iSj
votes favorables dont il avait besoiû , ilne lui était
nécessaire de parler que pour conserver un reste
de forme. Il finit par proposer que le parlemoit
promette tous les subsides que le gouvernement
pourrait demander.
Plusieurs membres de l'opposition , le lord Ga-
vendiih , MM. Lard , Tierney , Ponsonby , J. Smith
et sir Francis Burdett, s'élevèrent contre; la mo-
tion. Nous ne citerons qu'une partie du (fiscours
de ce dernier ; elle servira à compiler Tidée
qu'on doit se former du système politique de l'op-
position constitutionnelle an Angleterre. « L'ora-
« teur s'attacha d'abord à prouver qu'il n'y avait
« ni Justice ni convenance dans la guerre qu'on
« allait entreprendre. Les états qui s'arment au-*
« jourd'hui contre Napoléon ont-ils toujours été
«religieusement fidèles à leurs traités? u'ont-ils
«jamais rompu leurs engagemens entré «ux, avec
«lui, avec l'Angleterre mémei^ne se soiit*4lB pas
« tous unis, avec lui contre nous? n'est-ce pas t^nx
« qui accusent Napoléon d'avoir violé les traités,
«qui ont partagé la Pologne? et n'en.aumient-
« ils pas fah autant de la France, si leur pouvoir
« eût é^é égal à leur cupidité? La diestruCtion de
« la puissance française a été opérée par desi causes
«presque. étrangères aux efibrts qui ont été fiiits
«pour atteindre ce but. C'est Napoléon qui a
« compromis par trop de précipitation cette^ gr^Q-
« deur de la France , contre laquelle le reste de
« l'Europe avait déployé. en vain toutes ses forces.
l58 PliCES JDSTIPICAnVBS.
Mais quand k fortune Fa abandonné, cfu a
consommé sa rukie? C'est la Tiolation dea tzaîtés
de la part de ses alliés. Dira-t-on que leur con-
duite était excusable ^ parce que ces traités lev
avaient été imposés par une force supérieure el
coiAre leur volonté ? Mais le traité ^i vertu du-
quel Bonaparte se retira à File d'Elbe , étaît-3
davantage un acte volontaire de sa part? avait-S
plus die raisons pour le respecter que l'Autricbe,
la Prusse ) la Bavière n'en ont euea pour res-
pecter ceux qui les liaient avec lui , et qu'elles
ont tous violés sans reniords , comme sans pré*
textes? Rappdons-nous la» conduite des coali-
sés lorsque, pour employer leur phrase favo-
rîle, ils eur^it délivré l'Europe. Ils ont coupé,
tranché sekm leur bon plaisir; ils ont effacé des
états de la carte du monde ; ils ont donne à dea
nations des chefe qu'eUes abhorrent, sans res-
pecter les opinions des peuples , ni même ce
qu'on app^e la légitimité des rois ; et c'est dans
cet état de désorganisation de l'Europe, que nous
allons entrer dans une lutte nouvelle contre un
homme, pasce que, dit- on, nous ne ponvons
nous fier à lui. Mais si cet homme a l'esprit re-
muant qu'on ne cesse de lui attribua, pourquoi
lui fournir l'occasion de rétablir son énonne
puissance? En rendant la guerre nécessaire à la
France, nous en faisons pour elle une guerre
«-juste. Si le principe d'intervenir dans les affaires
« des gouvememens étrangers est une fois admis,
CAMPAONB BB l8l5. 15$
« les guerres seront éternelles. Le pouvoir inter-
« venant étant le seul juge de ses motifs , on verra
« les gouvememens despotiques attaquer les états
«libres, et tous ceux qui auront entre eux des
« principes opposés , se mettre en guerre les uns
« contre les autres. »
La nmùslère l'emporta, à une majorité de cent
cinquante-neuf voix contre quatre-vingt-douze.
L'effet de l'opinion publique se retrouve , en ce
que cette majorité fut moindre que celle que
Castlereagh avait obtenue contre la motion de
M. Whitbread ( deux cent soixante-treize contre
soixante -douze); et cependant quelques vote»
habituels de l'opposition , comme, par exemple,
ceux de lord Milton et de MM. Gratham et Plun-
kett , étaient , ce jour-là , passés en faveur du mi-*
nistère.
l6o PIÈGES JUSTIFICAnVES.
1 TT-S
N- m-
Déclaration de V Angleterre au sujet du
traité du iS mars.
Le souBsigaé, en échangeant les ratificatioiis
du traité du, â5 mars dernier, a reçu l'ordre de
déclarer que Tart. 8 dudit traité , par lequel S. M.
T* C est invitée d'y accéder, sous certaines stipu-
lations , doit être entendu comme liant les parties
contractantes , sous des principes de sécurité mu-
tuelle, à un effort commun contre la puissance
de Napoléon Bonaparte, en exécution de Var-
ticle 3 dudit traité ; mais qu'il ne doit pas être
entendu comme obligeant S. M. britannique â
suivre la guerre , dans la vue ^imposer à la France
aucun gouvernement particulier; quelque sollici-
tude que le prince Régent doive apporter à Yoir
S. M. T. C. rendue au trône, et quelque désir
qu'il ait de contribuer, conjointement avec ses
alliés , à un événement aussi heureux , il se croit
néanmoins appelé à faire cette déclaration , au
moment de l'échange des ratifications , tant par
considération de ce qui est dû aux intérêts de
S. M. T. C. en France, que conformément aux
CAHPAGNB DS l8l5. l6l
principes sur lesquels le gouTemement anglais a
réglé inyariablement sa conduite.
.* ■ •
Adhésion de l'Autriche a la déclaration
de V Angleterre i - '
Le soussigné, ministre (Tétatet dés affaires
étrangères de S. M. l'empereur d'Autriche , ayant
informé son auguste mattre des communications
à lui faites par lord Gastlereagh , concernant le
8* article du traité du â5 mars dernier, a reçu
Tordre de S. M. de déclarer, que l'interprétation
donnée à cet article par le gouyemement bri-
tannique, est entièrement conforme aux prin-
cipes sur lesquels S. M. I. se propose de r^Ier sa
politique , dans le cours de la guerre actuelle.
L'empereur, quoique irrévocablement résolu
â diriger tous ses efforts contre l'usurpation de
Napoléon Bonaparte, ainsi que cet objet a été
exprimé dans le 3* article dudit traité, et à agir,
avec ses alliés , dans le plus parfait concert , est
néanmoins convaincu que le devoir qui lui est
imposé par l'intérêt de ses sujets , et par ses pro-
pres principes , ne lui permettra pas de pour-
suivr3 la guerre, pour imposer à la France un gou-
vernement quelconque.
Quel que soit le vœu que forme S. M. l'empe-
reur, pour voir replacer sur le trône S. M. T. C,
et quel que soit son constant désir de contribuer,
V. 11
ayee ses alliés » à atteindre ua but aussi déûrabfe ,
S. M. a cru juste de répondre^ par cet éclaiicîft-
sement, à la déclaration que S. E. lord Castle-
reagh a remise lors de l'échange des ratifications
eu traita 9 laquelle déclaration le souss^é est
pleinsment autorisé i accepter.
Vieisne^leg «lai i9i5.
Signée MKTTBBNlCii.
>j ..
•i
»'
!i"
gampajgne ds 161 5. i65
■^i— ^1 I [ I ■ I « m»
" ^'^' '^- ■^" ' " ■" *■ * J'i '>■■'■ ■vi»>iv
N* IV.
• . ' "
Proclamation de Wellington.
J'informe tous les Français que j'entre dans
leur pay» â k I6te d'une armée tictorieiise , non
en ennemi , à l'exception de l'usurpateur, qui est
l'ennemi de la nature humaine , et avec <|iii on
ne peut avob ni paix ni trêve. Je passe tos* fr&nr
tièares pour tous soustraire au joug de fer qui
Touk <^prime. En conséqvenee de celte dôtér^
minalioD , j'ai donné à mon armée les ordves que
Toici , et je demande à connattre ceux qui o»^
raient y désdbéir. Les Français savent que foA
droit de désirer qu'ils se condttiseiift de inai|iiiim
âme mettre en état de les protéger, ecntare ceux
qui voudraient leur laire tort :.it eut dofic néce^^-
saire qu'Us obéissent aux réquisitions des per--
sonne» autorisées à cet effet. On leur en dotmera
des reçus iqfu'il consenreront, en éTitont toute
communiçatidii ou cohresfKindance avec l'uaur-
psitevrati aes adhérens. Toutes les .personiies qut
s'absenteront de leur demevire, après L'entcés de
cette aormée en France, tentes ceUes qui seront
attackées au eervîce de l'usurpateur, et air|gi ab*
se^teS) sevont coundérôes cotrime-ses partisans et
l64 TTkCtS J«8TinCATTTS8.
comme des emiemis publics , et leurs propriété»
seront destinées à la subsistance des troupes.
Quartier^néral de Halplaqoet, le ai fuin i8i5.
Signé, Weluhgtoit.
Ordre du Jour annexé à la proclamation.
Comme l'armée Ta entrer sur le territoire
français, les troupes des nations alliées, qui sont
maintenant sous les ordres du duc de Wellington,
doivent se rappeler que leurs souverains sont les
alliés de S. M. le roi de France, et qu'en consé-
quence, la France doit être traitée comme un
pays ami. Il est donc ordonné que rien ne soit
pris par les sous^fficiers ou les soldats sans payer,
lies commissaires de l'armée subviendront , de la
manière accotutumée ,, aux besoins des troupes ,
et il n'est permis ni aux officiers ni aux soldats
d'exiger des contributions. Les commissaires
seront autorisés , soit par le maréchal , soit par
les généraux qui conounandent les troupes des di-
verses nations , dans le cas où les provisions ne
seraient pas fournies par un conumssaire anglais,
à faire lès réquisitions* nécessaires , dont on fera
les reçus réguliers. Il doit être strictement en-
tendu, qu'ils seront euxHOiémes responsables de
CAMPAGNE DB l8l5. l65
ce qu'Us obtiendront, par voie de réquisition, des
habitans de la France; de la même manière qu'ils
seraient comptables d'achats faits par leur gou-
vernement, dans les dominations auxqueUes ils
appartiennent.
Signée J. Watirs.
l66 PlÉGBf JWTinCATITBS.
N* V.
s
Proclamation de Justus Gruner.
Braves Camarades !
Cette nation si long-temps fière de ses triom-
phes , et dont nous ayons courbé le front org;ueil-
leux devant les aigles germaniques , menace de
troubler encore le repos de FEurope. Elle ose
oublier que , maîtres de sa capitale et de ses pro-
% yinces , nous devions , aux dépens d'un gouver-
nement dangereux, nous indemniser, il y a un an^
par un partage , que tous les sacrifices que nous
avons faits pour affranchir TAUemagne, rendaient
nécessaire et légitime. Elle a laissé pénétrer sans
résbtance, jusqu'au trône de la France, ce guorier
turbulent que notre prudence avait relégué sur
le rocher brûlant de File d'Elbe; elle a accueilli
cet homme; elle a vu fuir la famille des Bourbons,
et s'est plutôt armée contre elle qu'en fajireur de
sa cause.
Braves Teutons! un pays ainsi livré au dé-
sordre de l'anarchie , dans lequel les révolutions
se succèdent tour à tour, menacerait l'Europe
CAHPÀGiirE i>£ i8i5. 167
d'une honteuse dlMolution, si tons les braves
Teutons ne s'armaient contre lui. Ce n'est plus
pour lui rendre des princes dont il ne veut pas ;
ce n'est plus dans l'intention de chasser encore
ce guerrier dangereux qui s'est mis à leur place ,
que nous nous armons aujourd'hui : c'est pour
diviser cette terre impie que la politique des
princes ne peut plus laisser subsister; c'est pour
nous indemniser, par un juste partage de ses
provinces , de tous les sacrifices que nous avons
faits depuis vingt -cinq ans pour résister à tes
désordres.
Guerriers 1 cette fois vous ne combattarez point
à vos dépens. La France , dans sa fureur déma-
gogique , a vendu à vil prix des biens immenses
pour rattacher le peuple à sa cause. Ces biens 9^.
qu'an ose appeler nationaux, sontMs légitimement
acquis ? Une sage administration en ressaisit la
masse, et cette masse fournira enfin de nobles
dotations à tous nos braves , de tous les rangs et
de tous les mérites.
Ainsi les princes et les sujets allemands trouve-
ront à la fois , dans le fruit de cette guerre contre
la tyrannie, les premiers, des vassaux que nos lois
feront courber sous la discipline ; et les seconds ,
des biens fertiles , dans un pays que nos baîon-
nettes maintiendront dans une terreur nécessaire.
Ainsi , marchez , braves Teutons ! fiers vain-
queurs des Romains , marchez ! La voix des sou-
l68 TJÈCBB JUSTIFICATIVES.
yerains , la voix de Fintérèt particulier , tout vons
appelle contre un ennemi que vous avez, déjà
vaincu^ et. que vous vaincrez enccure! (*)
Dusseldorfy le i5 avril i8i5.
Le gouverneur-général ^
Signé, JusTUS GiUTinsB..
(*) Noos nom abstien^ont de tonte réflexion sor cette pièce. £^
peint aTec k pins grande fidëlitié le caractère de tout les TcutomaiKs^
l'caprit des lois çpe raorvrak la répuhliqaa de Teutonia, ^*ib nw-
draient fonder, et la moralité de Jahn, Goenres et consoiSy dontoa
plaint si ridicnlcment le triste sort. Jusqu'à quand nous iMsserQns^aoaa
abuser par une phihoithroponiame aussi mal appliquée. Que leur gouver-
nement ait tort ou raison envers eux , qu'il soit ingrat oa qn'iJ ne Je
soit pas , cette question doit nous être indijSerente, parce que les uns et
les autres sont nos ennemis jures. Ne nous faisons pas d^illusions, et ne
perdons pas de Tue, que si ces énergumènes réussissaient à créer Une
Teutonia / ils se tourneraient de suite contre nous y et que nous seriona
condamnés h des guerres perpétuelles , pour nous garantir de icucs dépré-
dations et de lcw*s agressions.
I I
GAIIPAGNB DE 181 S. 169
N- VI.
Conçention açec la Suisse.
Article i*'.
L'aUiance contractée par les cours d'Autriche ,
de Russie, de la Grande-Bretagne et de Prusse,
ayant pour but de rétablir la tranquillité et de
maintenir la paix en Europe, et les intérêts les
plus chers de la Suisse s'y trouvant étroitement
liés , la confédération déclare son adhésion au
même système; elle s'engage à ne point s'en sé-
parer , à n'entrer dans aucune négociation qui y
serait contraire, et à y coopérer d'après ses moyens,
jusqu'à ce que le but de cette alliance soit atteint.
LL. MAI. promettent, de leur côté, à l'époque de
la pacification générale, de veiller au maintien
des avantages assurés à la Suisse par la note du
congrès de Vienne, des 20 et ag mars i8i5, et
généralement de soigner tous ses intérêts autant
que les circonstances pourront le permettre.
Art. 2.
Pour remplir l'engagement de la coopération
stipulée. par l'article précédent , la Suisse, qui a
1^0 PIÂCtS JUITIFICATITB».
dé)à sur pied trente mille hommes , et qui orga-
nise une réseire pour les soutenir au besoin , pro-
met de tenir constamment en campagne un corp»
d'armée suffisant pour garantir ses frontières cb
toute attaque de Fennemi, et pour empêcher, de
ce côté, toute entreprise qui pourrait nuire aux
opérations des armées alliées.
Art. 3.
Dans le même but , les hautes puissances s'en*
gagent à destiner, aussi long-temps qfue les cir-
constances l'exigeront , et d'une manière compa-
tible avec le plan des opérations générales , une
partie suffisante de leurs forces, pour se porter â
l'aide de la Suisse, toutes les fois que ses firontières
seront attaquées et qu'elle réclamera des secours.
Art. 4-
En considération des efforts que la Suisse s'en-
gage â faire avec elles , les puissances renoneent à
former des établissemens de routes militaires,
dliôpitaux et de dépôts onéreuxsur son territoire.
Dans le cas d'urgence , où l'intérêt commun exi-
gerait un passage momentané des troupes alliées
à travers de quelques p^oties de la Suisse , on re-
courra à l'autorisation de la diète. Les dispositions
ultérieures résultantes de son acquiescement,
ainsi que les indemnités que la Suisse serait en
GilIFAGNB Dl l8l5. I71
I droit de réclamer, seront réglées de gré à gré par
I des commissaires.
Art. 5.
Les puissances promettent de faciliter, d'après
les demandes particulières qui leur seraient faites,
des achats d'armes et de munitions , dans les pays
voisins , aux cantons qui en auraient besoin.
Art. 6.
Voulant accorder à la Suisse une preuve de
bienveillance, et afin de subvenir aux besoins
des cantons qui pourraient se trouver hors
d'état de faire face d'une autre manière aux dé-
penses d'un armement prolongé, les puissances
sont disposées à la secourir au moyen d'emprunts.
Le montant de ces emprunts et les autres condi-
tions nécessaires seront réglés mutuellement par
une convention spéciale.
Art. 7.
Les ratifications de LL. MM. IL et RR. et celle
de la diète, au nom des cantons de la confédéra-
tion suisse, seront échangées à Zurich, dans l'es*
pace de troi$ semaines, ou plus tôt si faire se peut.
*
1 Zurich, (e ao mai 181 5.
IJ2
PIÂCX8 jusnncATivxs.
A. Répartition de Varmée prussiermey
au mois de mars iSiS.
.1
;
ARMÉE ACTIVE.
LE QksbuLt Kum.
1" corps, le général Pirch ii.
a*
3-
Ziéthen.
-» Borstel
Légion allemande
LAndwehr de Westphalie.
Troupes de Bet|^
Troupes saxonnes
ToTàL.
▲ I. IHTERIEUR.
A IV 1* i ^*'^* *^ grenadiers. . .
* \ Division Lobenthal. . .
Dans les Marches, général Wrangel.
En Thuringe, général Oppen
Sur rOder, général Thiimen
A Mayence
Total.
B. Augmentation qu'a reçm tarmée
prussienne en i8i4«
Garde à pied
— à cheval
Grenadiers (doux régimens).
En i8i5.
Infanierie » hnit réghoens , y compris un saxon •
Cuirassiers (un régiment)
Dragons (deux régimetn).. . - .
Hussards (six régimens) .
Hulans (cinq régunens)
9
i3
ao
6
i5
e
i5
>4
6
i3
i3
6
i36
I
6
«4
Total 1 3
ï6
%o
8
4
»
•4
84 74
i6
4
i6
136
56
El
^
CAXPÀGNIS DE 181 5.
= C. Situation de l'armée prussienne,
au mois de mai 18 15.
(2 Tcgimeiis de garde h pied, at 1 UtaiJl. de chasseurs.
a id. grenadiers •..',..
•1 régiment de gardes da corps
K il id. garde hulans ,
1 id. garde hassards
'♦ 1 id. garde dragons . . , .
3a îtL d^infanterie ,
21 bataillons de diasseurs » . .
4 regimens de cnirassiers
^ m id, dragons*
" S id, bnlans ,
iQ id. hussards. •
Total. . . .
.73
BauUlons
8
6
EMadr.
96
a
CHaqne bataillon h 8o5 hommes; infiinterie, 90,160.
Chaque escadron à i5o hommes; cavalerie, a 1,600.
D. Classification des troupes des six
corps d'armée de la Prusse, en 1 8 1 5,
lia
»
»
»
laS
i44
r«»
corps.
a* corps. .
3* corps. .
Taoorat
BB Mont.
BataiUoni
EMsdr.
6
»
6
»
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4
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LAlIBWBBa.
j
174
PliCES JDSTIFIGAnTKS.
Report* . . .
Ii3* dÎTinon
• •§••••• •••••
!$••
iQ*, ., :
CaTiler»
Îin* dWwion. . . . .
>8*-
19^
ao«
CaTalerie
Iai'dWUion
aa«
23«
A'
Caralavie
Total
CAHVAOlfS DS l8l5. I7S
MM I rrj
N- vm.
Ordre du jour.
ÀTesnes, le i5 juin i8i5. "
I
■
Le grand quartier-général à BeaumoAt.
L' infcutme de la garde impériale sera bt¥ai|uée
à un quart de lieue en avant de Beaiunont, et
fioarmera trois lignes ; la jeune garde, les chasseurs
et Jeagrenadiers. M. le duc da Trévise jKConnattra
Vecôplacement de ce canqp; il aura soin que tout
soit à saplade^artaUèri^amlnilanoe^ équipages, etc«
Le ^** régiment degresadiérs à pied so rendra
à Beamnônt.
. La oivalerie de la garde impériale sera plaeée
en arrière de BeauiMsnl ; mais lea corps les plus
éloignés n'en doiwnt pas être, a une iieue.
• lie a^ ceorps prendra pdsifcÎQii à Lairc , c'est-A<-
dire, laphis près possibkrde la firontiive, sans
k'dépasser. Les quatre divisions de œ corps dW
méé seront réunies et biTaqveront sur dsux ou
qustreiignes : le quart|er^général an iBifie||; la
caTéleriv en avaal;, éoUvant toruskadébouebés,
iftals aussi sans dépasser la froiftière, et laïoÎHUit
176 PIÂCE» JU8TIFIGATITES.
respecta: par les partisans ennemis qui voudraient
la violer.
Les bivacs seront placés de manière qne ks
feux ne puissent être aperçus de rennemi : les
généraux empêcheront que personne ne s*écait?
du camp ; ils s'assureront que la troupe est pour-
vue de cinquante cartouches par homme , quatre
jours de pain et une demi-livre de riz ; que lar-
tillerie et les ambulances sont en bon état , et les
feront placer à leur ordre de .bataille. Ainsi Je j*
corps sera disposé à se mettre en marche le i5, â
trois heures du matin , si l'ordre en est doimé j
pour se porter sur Gharleroi , et y arriFer avant
neuf heures.
Le r' corps, prendra position à SoIre-sur-Sam-
bre, et il bivaquera aussi 8«r plusieurs lignes, ob-
servant, ainsi que le deuxième corps , que sesieux
ne puissent être aperçus dé rennemi; que per-
sonne ne s'écarte du camp , et ' que les généraux
s'assurent de l'état des munitions, des vivres delà
troupe , et que l'artillerie let les ambulances soient
placées' à leur ordre de bataille.
Le 1*' corps, se tiendraigaiement prêt â paitir
le ib, à trois heures dt\ matin, :pour suivre le
mouvement du 2* corps ;! de namère que, dans la
journée d'après-demain V ces deux corps manœu-
vrent dans la même direction, et se ptotégent.
Le 5" corps, prendra position demain, à une
lieue en avant de Beaumont, le plus près de la
, sans cependant la dépasser , ni souffrir
GAMPAGNB DE l8l5. 177
qu'elle soit violée par aucun parti ennemi. Le gé-
néral Yandamme tiendra tout le monde à son
. poste, recommandera que les feux soient cachés ,
et qu'ils ne puissent être aperçus de Fennemi : il
se conformera d'ailleurs à ce qui est prescrit au 2*
corps, pour les munitions, les vivres, l'artillerie et
les ambulances , et pour être prêt à se mettre en
mouvement le i5, à trois heures du matin.
Le &" corps , se portera en avant de Beaumont ,
et sera bivaqué sur deux lignes , â un quart de
lieue du 3^ corps. M. le comte de Lobau choisira
' l'emplacement, et il fera observer les disposi-
tions générales qui sont prescrites par le présent
ordre.
M. le Maréchal Grouchy portera les 1", 2% 3*
et 4'' corps de cavalerie en avant de Beaumont ,
et les établira au bivac, entre cette ville et Wal-
court, faisant également respecter la frontière,
empêchant que personne ne la dépasse, et qu'on
se laisse voir , ni que les feux puissent être aper*
çus de l'ennemi; et il se tiendra prêt à partir
après-demain, à trois heures du matin, s il en
reçoit l'ordre , pour se porter sur Charleroi , et
faire l'avant-garde de l'armée.
. Il recommandera aux généraux de s'assurer
si tous les cavaliers sont pourvus de cartouches,
si leurs armes sont en bon état , et s'ils ont pour
quatre jours de pain et la demi-livre de riz, qui
ont été ordonnés.
I/équipage de ponts sera bivaqué derrière*, lé
V. 12
{.-g PIÈCES JISTIFICATIVES.
6* corps , et en avant de rinfanlerie de la garA
impériale.
Le parc central d'artillerie sera en arrière ik
Beaumont.
L'armée de la Moselle prendra demain por-
tion en avant de Philippeville. M. le comte C^
rard la disposera de manière à pouyoir partir
après-demain, le i5, à trois heures du matÎD,
pour joindre le 3* corps, et appuyer son mon-
▼ement sur Charleroi, suivant le nouvel ordre
qui lui sera donné ; mais le général Gérard aura
soin de se bien garder , sur son flanc droit et en
avant de lui, sur toutes les directions de Charieroi
et de Namur. Si l'armée de la Moselle a des pon-
tons à sa suite , le général Gérard les fera avancer
le plus près possible , afin de pouvoir en disposer.
Tous les corps d'armée feront marcher en télé
les sapeurs , et les moyens de passage que les g&
néraux auront réunis.
Les sapeurs de la garde impériale, les ouvriers
de la marine , et les sapeurs de la réserve , mar-
cheront après le 6' corps, et en tête de la garde
Tous les corps marcheront dans le plus grand
ordre et serrés. Dans le mouvement sur Charle-
roi , on sera disposé à profiter de tous les passa-
ges, pour écraser les corps ennemis qui voudraient
attaquer l'armée , ou qui manoeuvreraient contre
elle.
Il n'y aura à Beaumont que le grand quar-
tier-général. Aucun autre ne devra y être établi,
CAMPAGNE DE 181 5. I79
et la ville sera dégtkgée de tout embarras. Les an-
ciens règlemens sur le quartier-général et les
équipages, sur Tordre de marche, et la police
des voitures et bagages , et sur les blanchisseuses
et vivandières, seront remis en vigueur. Il sera
fait, à ce sujet, un ordre général; mais, en at-
tendant, MM. les généraux commandant les corps
<i'armée, prendront des dispositions en consé-
quence ; et M. le grand prévôt fera exécuter ces
règlemens. L'empereur ordonne que toutes les
<lispositions contenues dans le présent ordre ,
soient tenues secrètes par MM. les généraux.
Par ordre de Tempereur^
I^ maréchal d'empire , major-général ,
Signé, duc de Dauiatie.
« • • •
l8o PIÈGES JUSTIFICATIVES.
N- IX.
Ordre de mous^ement.
Beaumont, le i4 juini Bi5.
Demain, le i5, à deux heures et demie du
matin, la division de cavalerie légère du général
Yandamme montera à cheval , et se portera sur
la route de Charleroi : elle enverra des partis dans
toutes les directions, pour éclairer le pays, et en-
lever les postes ennemis ; mais chacun de ces
partis sera au moins de cinquante hommes.
Avant de mettre en marche sa division , le géné-
ral Yandamme s'assurera qu'elle est pouunrue de
cartouches.
A la même heure, le lieutenant-général Pajol
réunira le i •' corps de cavalerie , et suivra le mou-
vement de la division du général Domont, qui
sera sous les ordres du général Pajol. Les divi-
sions du I *' corps de cavalerie ne fourniront point
de détachemens; ils seront pris dans la 3* divi-
sion. Le général Domont laissera sa batterie d'ar-
tillerie , pour marcher après le premier bataillon
du 3* corps d'infanterie. Le lieutenant -géné-
ral Yandamme lui donnera des ordres en consé-
quence.
CAMPAGNE DB 1 8 1 5. 1 $ 1
Le lieutenant-général Yandamme fera battre la
diane à deux heures et demie du matin ; à trois
heures , il mettra en marche son corps d'armée ,
et le dirigera sur Charleroi : la totalité de se& ba-
gages et embarras seront parqués en arrière , et
ne se mettront en marche qu'après que le 6* corpa
et la garde impériale auront passé ; ils seront sous-
les ordres du vaguemestre-général, qui les réu-
nira â ceux du 6' corps , de la garde impériale et
du grand quartier-général, et leur donnera des
ordres de mouvement.
Chaque division du 3* corps d'armée aura avec,
elle sa batterie et ses ambulances ; toute autre
voiture qui serait dans, les rangs sera brûlée.,
M. le comte de Lobau fera battre la diane à.
trois heures et demie , et il mettra en marche le
6* corps d'armée à quatre heures., pour suivre le
mouvement du général Yandamme, et l'appuyer;,
il fera observer le même ordre de marche , pour
les troupes^ l'artillerie, les. ambulances et les ba-
gages , qui est prescrit au 3* corps.
Les bagages du 6* corps seront réunis à ceux,
du 3% sous les ordres du vaguemestre-général,
ainsi qu'il est dit.
La j^une garde battra la diane à quatre heures,
et demie, et se mettra enîtnarche à cinq heures;,
elle suivra le mouvement du 6* corps sur la route
de Charleroi.
Les chasseurs à pied de la garde battront la
diane à cinq heures, et se mettront en marche*
1^2 PIÈGES JUSTIFICATIVES.
â cinq heures et demie , pour suivre le moui^
ment de la jeune garde.
Les grenadiers à pied de la garde battront h
diane à cinq heures et demie , et partiront à sîj
heures , pour suivre le mouvement des chasseiBi
à pied. Le même ordre de marche , pour VaiiB-
lerie , les ambulances et les bagages ^ prescrit poor
le 3' corps d'infanterie , sera observé dans la garde
impériale.
Les bagages de la garde seront réunis i œm
des 3* et 6* corps d'armée, sous les ordres du
vaguemestre - général , qui les fera mettre en
mouvement.
M. le maréchal Grouchy fera monter à cheval,
à cinq heures et demie du matin , celai des trob
autres corps dfe cavalerie qui sera le pJus près de
la route, et lui fera suivre le mouvement sur
Charleroi ; les deux autres corps partiront suc-
cessivement à une heure dlntervaDe Tun de Fan-
tre ; maïs M. le maréchal Grouchy aura soin de
faire marcher la cavalerie sur les chemins laté-
raux de la route principale , que la colonne d'in-
fanterie suivra, afin d'éviter rencombrcment, et
aussi pour que la cavalerie observe un meiUeur
ordre : il prescrira que la totalité des bagages res-
tent en arrière, parqués et réunis , )usqu au mo-
ment où le vaguemestre^ génial leur donnera
l'ordre d'avancer.
M. le comte Reille fera battre la dîàne à deux
heures et demie du matin , et il mettra en mar-
CAMPAGNE D£ l8l5. l83
che le 2^ corps à trois heures ; il le dirigera sur
Marchieimes-au-Pont, où il fera en sorte d'être
rendu avant neuf heures du matin ; il fera garder
tous les ponts de la Sambre, afin que personne
ne passe. Les postes qu'il laissera , seront succes-
sivement relevés par le i *' corps ; mais il doit tâ-
cher de prévenir l'ennemi à ces ponts , pour qu'ils
ne soient pas détruits , surtout celui de Mar-
chiennes , par lequel il sera probablement dans
le cas de déboucher , et qu'il faudrait faire aus-
sitôt réparer s'il avait été endcnnmagé.
 Thuin et à Marchiennes , ainsi que dans tous
les villages sur sa route , M. le comte Reille inter-
rogera les habitans , afin d'avoir des nouvelles des
positions et forces des armées ennemies : il fera
prendre les lettres dans les bureaux de poste, el
les dépouillera , pour faire parvenir aussitôt à
l'empereur les renseignemens qu'il aura obtenus.
M. le comte d'Erlon mettra en marche le i*'
corps à trois heures du matin, et il le dirigera
aussi sur Charleroi, en suivant le mouvement du
2* corps , duquel il gagnera la gauche le plus tôt
possible, pour le soutenir et l'appuyer au besoin;
il tiendra une brigade de cavalerie en arrière,
pour se couvrir et pour maintenir, par de petits
détachemens , ses communications avec Mau-
beuge; il enverra des partis en avant de cette
place, dans les directions de Mons et de Binch,
jusqu'à la frontière, pour avoir des nouvelles des
ennemis, et en rendre compte aussitôt. Ces partis
]84 PliCES JUSTIFICATIVES.
auront soin de ne pas se compromettre , et de ff
point dépasser la frontière.
M. le comte d*Erlon fera occuper Tfauin w
une division ; et si le pont de cette ville était dé :
truit , il le ferait aussitôt réparer, en même temps ^
qu'il fera tracer et exécuter immédiatement une
tête de pont sur la rive gauche. La division qui
sera â Thuin, gardera aussi le pont de TabbaT?
d'Âlnes, où M. le comte d'Erlon fera également
construire une tète de pont , sur la rive gauche.
Le même ordre de marche prescrit , pour k 5'
corps , pour Fartillerie , les ambulances et les ba-
gages , sera observé aux 2* et 1*' corps , qui faront
réunir leurs bagages^ et marcher à la gauche du
1 *' corps , sous les ordres du vaguemestre le plus
ancien*
Le 4' corps (armée de la Moselle), a reçu or-
dre de prendre aujourd'hui position en avant de
Philippeville : si son mouvement est opéré , et si
les divisions qui composent ce corps d*armée,
sont réunies , M. le lieutenant-général Gérard les
mettra en marche demain , à trois heures du ma-
tin , et les dirigera sur Charleroi (*) ; il aura soin
de se tenir à la hauteur du 3' corps , avec le-
quel il communiquera , afin d'arriver à peu près
en même temps devant Charleroi; mais le gé-
néral Gérard fera éclairer sa droite et tous les
(*) Le général Gérard reçut plus tard an nouvel ordre qui lut jnt»-
crivii de passer; atcc son corps, la Sambrc au Qii^telek.
CAMPAGNE DE 181 5. l85
débouchés qui vont sur Namur ; il marchera
serré en ordre de bataille , fera laisser à Philip-
peville tous ses bagages et embarras , afin que son
corps d'armée , se trouvant plus léger , soit plus
à même de manœuvrer.
Le général Gérard donnera ordre à la i4* divi-
sion de cavalerie, qui a dû arriver aujourd'hui
â Philippeville , de suivre le mouvement de son
corps d armée sur Charleroi, où cette division
joindra le 4* corps de cavalerie.
Les lieutenans - généraux Reille, Yandamme,
Gérard et Pajol, se mettront en communication
par de fréquens partis , et ils régleront leur mar-
che de manière à arriver en masse et ensemble
devant Charleroi : ils mettront , autant que pos-
sible, à l'avant - garde les officiers qui parlent
flamand, pour interroger les habitans, et en
prendre des renseignemens ; mais ces officiers
s'annonceront comme commandans de partis,
sans dire que l'armée est en arrière.
Les lieutenans-généraux Reille , Yandamme et
Gérard , feront marcher tous les sapeurs de leurs
corps d'armée ( ayant avec eux des moyens pour
réparer les ponts) après le premier régiment
d'infanterie légère , et ils donneront ordre aux of-
ficiers du génie , de faire réparer les mauvais pas-
sages, ouvrir des communications latérales, et
placer des ponts sur les courans d'eau , où l'infan-
terie devrait se mouiller pour les franchir.
Les marins , les sapeurs de la garde et les sa-
|86 PIÂCE8 JUSTIFICATIVES.
peurs de la réserve , marcheront après le premier
régiment du 3* corps; les licutenans-généraui
Rogniat et Haxo seront â leur tête: ils n'emmène-
ront avec eux que deux ou trois voitures ; le sur-
plus du parc du génie marchera à la gauche do
5* corps. Si on rencontre lennemi , ces troupes
ne seront point engagées , mais les généraux Ro-
gniat et Haxo les emploieront aux travaux de
passages de rivières , de têtes de ponts , de répa-
rations de chemins , et d'ouvertures de conununf-
cations , etc. La cavalerie de la garde suivra Je
mouvement sur Charleroi , et partira â huit
heures.
L'empereur sera à l'avant-garde sur la route
de Charleroi. MM. les lieutenans^énéraux auront
soin d'envoyer à S. M. de fréquens rapports sur
leurs mouvemens, et les renseigncmens qu'ils
auront recueillis ; ils sont prévenus que l'inten-
tion de S. M. est d'avoir passé la Sambre avant
midi , et de porter l'armée à la rive gauche de
cette rivière.
L'équipage de ponts sera divisé en deux sec-
tions : la première section se subdivisera en trob
parties , chacune de cinq pontons et ciBq bateaux
d'avant-garde , pour jeter trois ponts sur la Sam-
bre ; il y aura à chacune de ces subdivisions une
compagnie de pontonniers ; la première section
marchera û la suite du parc du génie , après le
troisième corps.
La deuxième section restera avec le parc de
CAUPAGNB DE 181 5. 187
réserve d'artillerie , à la colonne des bagages ;
elle aura avec elle la quatrième compagnie de
pontonniers. Les équipages de Tempereur, et les
bagages du grand quartier-général seront réunis ,
et se mettront en marche à dix heures. Aussitôt
qu'ils seront passés , le vaguemestre-général fera
partir les équipages de la garde impériale, dii
troisième corps et du sixième corps ; en même
temps il enverra ordre à la colonne d'équipages
de la réserve de la cavalerie, de se mettre en
marche , et de suivre la direction que la cavale-
rie aura prise. Les ambulances de l'armée suive-
r<»it le quartier-général , et marcheront à la tête
des bagages ; mais , dans aucun cas , ces bagages ,
ainsi que les parcs de réserve de l'artilla^'ie , et la
deuxième section de l'équipage de ponts , ne s'ap-
procheront à plus de trois lieues de l'armée , à
moins d'ordre du major-général, et ils ne pas-
seront la Sambre , aussi que par ordre.
Le vaguemestre-général formera des divisions
de ces bagages , et il y mettra des officiers pour
les commander, afin de pouvoir en détacher ce
qui sera ensuite appelé au quartier-général, ou
pour le service des officiers.
L'intendant-général fera réunir à cette colonne
d'équipages la totalité des bagages et transports
de l'administration, auxquels il sera assigné un
rang dans la colonne. Les voitures qui seront en
retard prendront la gauche , et ne pourront sortir
l88 PIÈGES JU8T1FIGATITES.
du rang qui leur sera donné , que par ordre du
yaguemestre-général.
L'empereur ordonne que toutes les voitures
d'équipages qui seront trouvées dans les colon-
nes d'infanterie , de cavalerie , ou d'artillerie ,
soient brûlées, ainsi que les voitures de la co-
lonne des équipages qui quitteront leur rang et
intervertiront leur marche, sans la permission
expresse du vaguemestre-général.
A cet effet , il sera mis un détachement de cin-
quante gendarmes à la disposîtiondu vaguemestre-
général , qui est responsable , ainsi que tous les
officiers de la gendarmerie et les gendarmes , de
l'exécution de ces dispositions , desqueUe&le succès
de la campagne peut dépendre.
Par ordre de Fiempereur,
Le maréchal d'empire, major-général,
Signée duc de Dalmatie.
CAMPAGNE DS l8l5. 189
i.'i m .r-iii s 'ÀàT I «r ■ .■ . m' 1.
Ordre de moui^ement au maréchal
Grouchy.
Gharleroi, le 16 juin 181 5.
Monsieur le maréchal, Tempereur ordonne
que vous vous mettiez en marche avec les i*', 2"
et 4' corps de cavalerie , et que vous les dirigiez sur
Sombref , où vous prendrez position. Je donne
pareil ordre à M, le lieutenant -général Van-
damme , pour le 3* corps d'infanterie , et à M. le
lieutenant-général Gérard , pour le 4' ; et je pré-
viens ces deux généraux qu'ils sont sous vos or-
dres , et qu'ils doivent vous envoyer immédiate-
ment des officiers pour vous instruire de leur
marche et prendre des instructions. Je leur dis
cependant que , lorsque S. M. sera présente , ils
pourront recevoir d'elle des ordres directs, et
qu'ils doivent continuer à m'envoyer les rapports
de service et états qu'ils ont coutume de fournir.
Je préviens aussi monsieur le général Gérard
que , dans son mouvement sur Sombref , il doit
laisser la ville de Fleurus à gauche , afin d'éviter
l'encombrement ; ainsi vous lui donnerez une di-
rection, pour qu'il marche, d'ailleurs bien réuni, à
igo PIÈGES JIKTIFlCATlVeS.
portée du 5* corps, et soit en mesure de concourir
a Tattaque de Sombref , si l'ennemi fait résitance.
Vous donnerez aussi des instructions en con-
séquence â M. le lieutenant-général Yandamme.
J ai l'honneur de vous prévenir que M. le comte
de Valmy a reçu ordre de se rendre à Gosselies ,
avec le 3* corps de cavalerie , où il sera à la dis-
position de monsieur le prince de la Moskowa.
Le 1 *' régiment de hussards rentrera dans la jour-
née au 1*' corps de cavalerie; je prendrai à ce
sujet les ordres de Tcmpereur.
J'ai l'honneur de vous prévenir que M le ma-
réchal prince de la Moskowa reçoit ordre de se
porter, avec le i*' et le 2* corps d'infanterie et le
3* de cavalerie, à l'intersection des cbemms dite
les Trois-Bras (les Quatre-Bras) ^ sur la i^ule de
Bruxelles, et qu'U détachera un fort corps à
Marbais, pour se lier avec vous sur Somhref , et
seconder au besoin vos opérations.
Aussitôt que vous vous s^ez rendu maître de
Sombref , il faudra envoyer une avant-garde à
Gembloux , et faire reconnaître toutes les direc-
tions qui aboutissent à Sombref, particuU^e-
ment la grande route de Namur , en même tem|>s
que vous établirez vos communications avec k
maréchal Ney.
La garde impériale se dirige sur Fleurus.
Par ordre de Tempereur ,
Le duc de DiXMAris.
CAMPAGNE DE 181 5. 101
N° XI.
Premier ordre.
Cliarleroi, le 16 juin 181 5.
Monsieur le maréchal , l'empereur vient d'or-
donner à M. le comte de Yalmy , commandant
le 5* corps de cavalerie , de se réunir et de se diri-
ger sur Gosselies , où il sera à votre disposition.
L'intention de S. M. est que la cavalerie de la
garde , qui a été portée sur la route de Bruxelles ,
reste en arriére, et rejoigne le restant de la garde
impériale; mais, pour qu'elle ne fasse pas de
mouvement rétrograde , vous pourrez , après
l'avoir fait remplacer sur la ligne , la laisser un
peu en arrière, où il lui sera envoyé des ordres
dans le mouvement de la journée. M. le lieute*
nant-général Lefébvre Desnouettes enverra à cet
effet un officier pour prendre des ordres.
Veuillez m'instr uire si le i •' corps a opéré son
mouvement , et quelle est ce matin la position
exacte des i*' et 2" corps de l'armée, et des deux
divisions de cavalerie qui y sont attachées , en
me faisant connaître ce qu'il y a d'ennemis de-
vant vous , et ce qu'on a appris.
Signée duc de Dalmatie , major-général.
iga
?liGE9 JUSTIFICATITE8.
as
N* XII.
Deuxième ordre.
Gharleroiy le 16 juin 181 5.
Monsieur le maréchal , un officier de lanc«ei«
if ient de dire à l'empereur que l'ennemi présentait
des masses du côté des Quatre-Bras. Réunissez les
corps des comtes Reille et d'Erlon à celui du comte
de Yalmy, qui se met à l'instant en route pour
TOUS joindre. Atcc ces forces, tous devez battre
et détruire tous les corps ennemis qui peuvent
se présenter. Blûcher était hier à Namur , et il
n'est pas vraisemblable qu'il ait porté des troupes
vers les Quatre*Bras; ainsi vous n'avez affaire
qu'à ce qui vient de Bruxelles.
Le maréchal Grouchy va faire le mouvement
sur Sombref que je vous ai annoncé , et l'empe-
reur va se rendre à Fleurus ; c'est là où vous
adresserez vos nouveaux rapports à S. IM.
Signée duc de Dalmatie.
CAM?AGiaS DB l8l5b 190
:SB
w xni.
Troisième ordre.
t ' > .^ I t
En avant de Fleurus, le 16 juin 18 15.
• • • •» i"«»it«i
4^ tr^upç» enti>ç 3qmbreC «t.Bxy^ çÇ ;q^'44?^?v
heures et denijiç. M* le ii^a^^Qb^ (irQi^pljy„.^veçi
les 3* ^\ 4' ^^'P^ ' V^tAqwey^, X.*Ute.i4iQa 4^
S* M* cs^ <^ue voviSj ^t,tiaqJMez^ aussi.Cj^. q.ijii .r^^
devant ypu^p. e* qu'après l'^voiç yig9Ufe\i9ep[^fii^
poi^s^ , yQU3 r^^tji^?. auy ^©♦ls ^ p^çnjyr^ ç9JJpq^,.
pwl^r.. Si çç .cQrpft é^t ;e^fQncié; \^Wp^Avwt
alor? Si M, fep^t îp^ncç^y^er 4?i^s yo^ cUffeçr.
tioii, pour Wter ég4eipent.yQs^tq^^al;^oiw^ . ;
I^a^rui^e? ^^ suUç Vefnp^^ur:4p ypfsJl^pos^.
lions et de ce qui se passe sur Vçtre frw^ ;
1»»» » • ','»
Signé ^^^\^ç, 4e ,D4^i^Tï)E, ;. ..,,
♦'};'• ' ' * i
V.
i3
ig4 PliCBS JUSnnCATITES.
N- XIV:
Quatrième ordre.
En avant de Fleuras, le 16 juin , à trois hetires an quart.
Monsieur le marëclial, je tous ai écrit, il y a
une heure , que Tempereur ferait attaquer /en-
nemi à deux heures et demie, dans la position
qu'il a prise' entre Saint- Amand et Bry. En ce
motbent rengagement est très-prononcé. S. M.
me chaîne de vous dire que vous devez manœu-
vrer sur-le-champ , de manière à envelopper la
droite de Fennémi, iet tomber â bras raccourcis
dur ses derrières. Cette armée est perdue si tous
agissez Tigoutieusement ; le sort de ta France est
dans vos mains. Ainsi, n'hésitez pas un instant
pour' faire le mouvement que l'empereur vous
ordonne , et dirigez-^oùs' sur les hauteurs de Bry
et Saint-Amand ; pouî* concourir à une victoire
peut-être décisive. •
L'ennemi est pris en flagrant délit , au moment
où il cherche à se réunir aux Anglais.
Signé , duc de Daijiatib.
Cet ordre fut remis à six heures du soir, par le colonei
Forbin-Janson.
gampagn;b de 181 s. .195
ip ,7 jpgsa»:
N- XV. . '
. Fleunia» 1^ }uih i8i5.. ,
. . X . . . . '
Monsieur le maréchal,. 1^ général Fjiahaut^ qui
arrive à Tinstant, fait connattre que vous êtes
dans rincertitude sur les résultats de là journée
d'hier. Je crois cependant vous.iavoir porcTenu de
la victoire que Fempereur. a remportée. L.'armée
prussienne à été- mise en déroute 4 Le général
Pajol est à sa poursuite sur -les routes de JVamur
et db Liège. Nous avons déjà plusieurs .milliers
de prisonnier^, et trente piëbes. de ' cation;. ^oii
troupes se sont bien 4^onduites. tlne^chaige.dosixt
bataillons de la garde, des escadrons des^vioe^»
etdlB la division de cavalerie du général. Dolori ^
a. .percé la ligne> «anémie',: porté le.plul^.^and*
désordre dans ses rangs, et enlevé la .positioi^-.r.l
. L'empereUrse rend am tnoulia de Bry voù; passe
la grande route ^ui conduit dei .IKamur ajux»
Quatre-Bras; il n'etit.dci^nc'pas ^os«iUe:qa6 lapr.
mée anglaise puisse agir deyant vim^iSi c^la ètmttii
l'empereur marcherait^ directement sur elle par
la route des Qiiâtre-Bràrf , tandis que vous latta-
queriez de front avec vos divisions , . qui à présent
doivent être réunies. Ainsi instruisez S. M. do la
ig6 ?iicEs JVSTiPicATiyEs.
position exacte des divisions, et de tout ce qui s
passe devant vous.
L'empereur espère et désire que vos sept dhi-
sions d'infanterie et la cavalerie soient réunies d ,
formées , et qu'ensemble elles n'occupent pas um
lieue de terrain , pour les avoir bien dans vob?
mafh et le^ ètnpioyer au besoin.
L'intention de S. M. est que vous preniez po-
sition aux QuatrmBi'âB , ainsi que l'ordre vous en
a été donné t mais si, p» Impossible, cela ne
peut avoir lieu , vendee-en compte vaî4e<iïBÊÊïp
avec détaB , et l'empcsTettr s'y portera , âinù que je
vous l'ai dit. Si a» eontraire tt n'y a gv'tme arrière-
fgavAe ^ attaquez-la et pren«» position.
(*) La )oiyrnée d'au}outd'faui est TkècesAaire
pour torfliinër cette opératiôei «I pour compléter
les munitions , rallier les militaires isoles , «t faite
rentier les détachem^ft. I>oiiineK des ordres en
conséqoence , et assurez^Vous que tous les blessé»
sûkit pan^s et transportés sar les derriëtes. L'od
sTest plaint que les ambulances n'avaiecit pas fait
leur devrâr.
Le femôux piartisan Lutzow, qvri a Mè prU,
disait que larmée prussîetiiie élidlt pefdue, et
que Blûch^ avait exposé une deasième foi» h
monarchie prumenne.
Signé, le duc de Dalmatie.
(^) Il semble (jii'îl y ait Une lacune \ car l'avant-demter par^apbe
■'a anevnc liaiaon ay«e le préocdciit.« . - '
\1
CÂU?AQfi% PS 181 5. 197
M Odi^içur le m^éçl^ , Fempereur yient de faire
prendre powtion, 91 ft^aat de Marbais, à un
corps d'infanterie et à la garde impériale. S. M.
me «ab^iffe de irou» dire que ftcrn lotesiilwiit est
<|ue ¥Q»ua.attaquÛ£ les .•ennemis dus: Q^u^re-Bras ,
pour les chasser dp leur posttioii , et que le porpfi
qui fist.à Marbais Aecondcx'a vos opératibos. S^ M^
ya se cendse â Marbais^ at die juttend vçn r«p-
pfirts JKvec impati^iûe.
Signés h jduc de Damm^ism.
igS PrèCES JUSTIFICATIVES.
N- XVII.
Premier ordre au nutréclial Grouchjr*
En avant de la ferme de CaiBoa,
le 1 8 îain à dix heures du matin.
Monsieur le maréchal , Fempereura reçu votre
dernier rapport daté de Gembloux; vous ne parles
à S. Mé que des deux colonnes prussiennes qui atU
passé à Sauvenières et Sart-é-fFalhaln; cependant
dçs rapports disent qu'une troisième colonne,
qui était assez forte, a pasaé à Gery et (ïentines,
se dirigeant sur Wavre.
L'empereur me charge de vous prévemr qo^en
ce moment S. M. va faire attaquer Tarmée an-
glaise 9 qui a pris position à Waterloo y près de k
forêt de Soignes ; ainsi S. M. désire que vous di-
rigiez vos mouvemens sur Wavre, afin de vom
rapprocher de nous , vous mettre en rapport
d'opérations , et lier les communications ; pous-
sant devant vous les corps de l'armée prussienne
qui ont pris cette direction et qui ont pu s'arrêter
à Wavre , où vous devez arriver le plus tôt possi-
ble. Vous ferez suivre les colonnes ennemies qui
ont pris sur votre droite , par quelques corps légers j
afin d'observer leurs mouvemens et ramasser leurs
GAUPAGNE DE 181 5. 1^9
traînards. Instruisez-moi immédiatement de vos
dispositions et de votre, marche , ainsi que des
nouyelles que tous ayez sur le» eimemis , et ne
négligez pas de lier vos cemmunications mec nous ;
l'empereur désire avoir très-souvent de vos nou-
velles.
Le duc de Dalmàtie.
f ,
'AOO RdCBS niBTIFrCâtfVKS*
a itn iifn ifntir "irî 'inr"' '- w ri m
< « ' > I
» • »
ïï-XVlïï
Ordre donné sur le champ de bataille
de MontS oint-- Jean.
Le 18 )uin, Ters onze heures.
Une fois que l'année sera rangée en bataille ,
à peu près â une heure après midi, au moment
où l'empereur en donnera Tordre au maréchal
Ney, l'attaque commencera par s'emparer du vil-
lage de Mont-Saint-Jean , où est l'intersection des
deux routes. A cet effet, les batteries de dôme
du 2* corps et celles du 6* , se réuniront à cello
du 1 *' corps. Ces vingt-quatre bouches à feu ti-
reront sur les troupes de Mont-Saint-Jc^an , et le
comte d'Erlon commencera l'attaque , en portant
en avant sa division de gauche , et la soutenant , se-
lon les circonstances , par les divisions du 1** corps.
Le 2* corps s'avancera â mesure pour garder
la hauteur du comte d'Erlon. Les compagnies
de sapeurs du 1*' corps seront prêtes, pour se
barricader sur le Mont-Saint-Jean.
(Dicté par l'empereur Napoléon.)
cjottàoni m iSiâ. aoi
■ • • W XIX.
4 •
Second ordre au manécfial Gi^ouchjr.
Du champ de bataille de Waterloo ^
le 18 juin à une heure après midi.
Monsieur le maréchal , vous ayez écrit ce matin
à deux heures à Fempereur , que tous marchiez
sur Sart-à-Walhain : donc votre projet était de
vous porter à Corbaix ou à Wavre. Ce mouve-
ment est conforme aux dispositions de S. M. , qui
vous out été communiquées.
Cependant l'empereur m'ordonne de vous dire,
que vous devez toujours manœuvrer dans notre
direction. C'est à vous à voir le point où nous
sommes, pour vous régler en conséquence, et
pour lier nos communications, ainsi que pour être
toujours en mesure pour tomber sur quelques
troupes ennemies , qui chercheraient à inquiéter
notre droite, et les écraser. En ce moment la
bataille est engagée sur la ligne de Waterloo,
ains i manœuvrez pour joindre notre droite.
Le duc de Dalhatie.
P. 5. Une lettre, qui vient d'être interceptée.
ûoa PIÈGES JUBTincÀTm».
porte que le général Bûlow doit attaq[uer notre
flanc. Nous croyons aperccToir ce corps sur ks
hauteurs de Saint-Lambert; ainsi ne perciez pas
un instant pour tous rapprocher de nous et nous
joindre, et pour écraser Bûlow, que tous pren-
drez en flagrant délit.
CAMPAGNE DE l8l5. 203
F
Rapport du duc de Wellington ^ adressé
au comte Bathurstj principal secrétaire--
d'Etat de S. M. pour le département
de la guerre.
Waterloo, le 19 juin i8i5.
Milord, Napoléon ayant réuni, du 10 au 1 4 de
ce mois, le i*', a*, 3% 4* ^^ 6* corps de rarmée
française , ainsi que la garde impériale , et presque
toute la cavalerie, sur la Sambre et sur le terrain
situé entre cette rivière et la Meuse , s'avança le
i5, à la pointe du jour, et attaqua les postes
prussiens établis à Thuin et à Lobes , sur la
Sambre.
Je ne connus ces événemens que dans la soirée
du i5; et sur-le-champ je donnai Tordre aux
troupes de se préparer à marcher ; ensuite je les
fis diriger contre la gauche de Fennemi , aussitôt
que j'eus appris que son mouvement s'opérait^sur
Charleroi.
L'ennemi chassa, ce jour-lâ, les postes prus-
siens de leurs positions sur la Sambre. Le général
Ziéthen , qui commandait le corps de trou]pes
%;/
établi à Charleroi, se retira sur Fleurus. Le ma-
réchal prince Blûcher concentra rarmée prus^
sienne sur Sombref , occupant les villages de Saint-
Amand et de Ligny, situés en face de sa position.
L'ennemi continua sa marche sur la route de
Charleroi à Bruxelles, et, dans la soirée du même
J4Mir, k i5^ îl^AtaqaaimeiMrigàdcderanBéefcol-
Jaiidrise., sc^ns le cammandemeàt dn ponoe de
• Weimar., laquelle ét9it pottée à f rasnes , et il h
força de se retirer jusqu'à la ferme nommée les
Quatre-Bras , située sur le chemin.
Le princQ d'Orange la renforça de suite d'une
autre brigade de la même division , commandée
par le géaér^ Perponcher, et, le kodemamma-
tin^. de boime heure ^ il reprit le terrain i{aîl
avait perdo; ce qui le rendit maître des coibbhi*
vacations avec Ja position du marécbal Blûcher,
foif Nivelles et Biruxelles.
Dans l'intervalle. î'^vais l^it . looaixher toute
l'armée sur le» Quatre ^Bras^ et W division au
ordres du lieutenant-général Picton arriva .à deux
heures et dai^ie du soir^ suivie 4u ^arp» de tniu-
pes du duc de Brunswick, .et ensuite du cout^n-
gent de J>Ussau.
. £n ménxe temp^» l'ennemi cojjwofimça à ^tta*
4{uer, avec tautes ses foires , Je prinpç Blûchier»
à l'exception des i *' et 2* corps , et d'un corps
de cavalerie , général KeUçrii^aiw 9 qw .attaqua
notre poaitioo 411X Quatre-Bns*
J^'armée. prj4S3ieane ponse^rv^ ,sa position fi¥€c
M bmTOtil^ et s^ per^évérbncé ftCeôUthmées, ïnaT-
gré lagl^nctë disparité dès foircfes, te 4^' corps>
sôU» \en Mdres du général ^^law, n'ayant point
encore rejoint : il mefut impossible de Ini donner
dtt retïfôttc&ttitAejè le ^ésiraiëy étatit attaqué
nioi-mê^5 et^le» trôupeis, sur^rât }â caTalerie)
qui avait une longtie marche à' Taire pour më
feindre , . n'étatit point è«core. arrivée». - ' -
Notf » côMèfVtâitiès àtièéi ndtré^ position^ et re-^
powsâme» ïéB efforts qu^ fit reiinemi pour sVn
rendre maître. II nous attaqua & plusieurs rè-^
prises «vec de» corps nombteiix tTmfafaténé et de
cavalerie, sèirt^usi pair une artillerie formidable,*
fit plusieurs chât'^s de câfvfiflerîesttir' notre infbn^
te^fe , et fat tonjoifrs repoussé aveé là plus grandie
vigueur. Dans cette affaire , S. A. R. le prince
d'Oïrange, le ducde-Brunèwick,' te lieutenant-
gé^râll'hoindS'Piclônv te-ttiajJdi^-gené^àl str Jame^
Kemptet «ir Denis Pack , qm se trcruvèrent en-*
gagés depuis le cottimeniièiiielit 'dé l'affaire, se
dtgtkigaèrênt ,' ainii que tes 'lieutenant -^fénéràl
barori Allen^, ^ïn^jor-générail Halke^t; lieutenant-^
géméral Codke^ maj<)rs - géttéraitx • Maîf land et
Bing, à iiiesufe Qu'ils arrfvèrênft suécessiveriient.'
Les trdtipes de Ite 5r tftvisîoti' ^f ccilles ^ dii coî^
de- Brunswick; fuient engâgées^'^nd^nt lông-^
tempe y et se- conduiârerit àVèeik plus 'grande
bravoure, surto^ les s^^ , ij ^^ y-j^ -52^ aînst que
te bataillon ^Banovriens. .....
ÎVotrè' perte a été considérable, ëèiAitiie votre
:- I
'/
3o6 piicBS JusnncA-nvEs.
< .
Seijgiieurie la verra par les états que j'eiiToîe. J*ai
particulièrement à regrettai S. A, S. le duc de
Brunswick^ qui,a été tué en combattant vaillam-
ipent à la tête de ses troupes. ;
. Quoique le maréchal BlùchQi* eût conserré sa
position à Soml^ref, il se trouva si affaibli par la
violence du. combat q^'il savait eu à soutenir^ qu'il
!se détermina, lorsqu'il vit que le If corps n'arri-
yait.:pa^, à reculer et â.concent{*er son armée sur
Wavre. Il se mit en marahe dans la nuit , après
que l'affaire fut finie^
Ce mouvexoeiit du n^échal m'obligea à en
faire un correspondant , et )â me . retirai de la
ferme des Quatre-Bras sur Genappe, et le len-
demain 1 7» à djx beures du AJ^djU:, je me portai
sur Waterloo. '
L'ennemi ne. fit aucun.ipouvemQntppur pour-
suivre, le maréchal Boucher.; )du contraire, une
patrouille ,, que j'envoyai daos la matinée à Som-
bref, trouya touf trai>quiile',ï^t les-.vedéW^ do
l'ennemi se reti|:*èrent à l'approiîiie de la patrouille..
L'ennemi ne fit non plu» aucune tentative poui'
inquiéter notre arrière^garde , quoique notre «e-
tir^i^ie s'opérât; en plein, jtpur; U se content;a de
fajre suivre^ijpsMr un.gros corps de cavalerie, tiré
de,3on aile droite, la c^valqrl^.spiis Iqs ordr^ du
comte d'Uxbrifige ; qç qui -fournit roccasion a Iprd
Uxbridge de faire une.charge ^ JUitélte dupren^itt
régiment des gardes , au n^ipenji, oxV J'qnneuû.dé-
bouchait du village d^ Genappci Sa Seigqeurie
GAMPAGNl DB l8l5. ^07
se loue de la conduite de ce réginient dans cette
occasion. '
La position que je jMris en avant de Waterloo
coupait les grandes routes de Charleroi et de Ni-
Telliesy et était appuyée, sur la droite, à un ravin
près Merke-Braine, qui fut occupé; lagiauche
s'étendait à une hauteur qui couronne le hameau
T^-la-Baye, qui fut également occupé. Entête^
la droite de notre centre, et près la rpute de Ni-<
Telles , nous occupions la miaison et |e jardin de
Hougoûmont , ce qui , de ce côté, couyrait optr^
flanc; en. tête de notre centre, sur la gauche^
nous occupions la ferme de la Hayer-Sainte. Par
QOitre gauche , nous communiquions ,^ par Ohaip,^
avec le maréchal prince Blûcher, qui se ti^ouvai^
â Wavre^ Ce maréchal m'avait jg'omis., dans, le
cas où nous serions attaqués , de me soutenir par
un ou plusieurs de ses corps, selon que cela se-
rait jugé nécessaire.
. Dans la nuit du 17, et dans la matinée d'hier,
l'ennemi rassembla toute son armée, à Texcepr
tion du 3* corps , qui fut envoyé pour observer
le maréchal Blûcher sur une chaîne de, hautaui^s
qui nous faisaiestt face , .et, vers Iqs dix heures^ il
attaqua, avec la plus grande vigueur, notre posfq
àiHougoumont .J'avais- fait occuf^r ce poste p^
lin: détachement: de la brigade d^s gardes, .§pus
les ordres du général Bing, qui se tint en position
an arrière. Ge poste fut pendant quelque tei9ps
seUs les ordi^i.dtt UefltenautTColonel Macdonaldj^
ao6 PiicBft JVsri9icMri«ia
et eomite soi» asax du aolood' ibun»; «e tt n ett
agréable de pouvoir ajouter que , pendant touie
fa |oiimée, il'fot mânitecifu avec la pk» grande
infrépidltë par ces tiares troopea, nonobstant
lefi effotfs répétés de renneioi pour s'en emparcr.
Cette attaque , flur la> ^oîte de notre eeiÉtn,
fut aceompagitéed'uBe lorte canoonade snr tonte
BOtre ligne ,. dont Pobjet était de 90i|t«Enr le^ char-
ge» de eavalerie et (Ffafaalerik fiiiles à pkttpfenn
reprises , tantât iimulf auémenlr , tantôt l'une après
raiitrc. Datid^ nue de ces chargfiB , lennenif enfeva
la ^tné dé kiHaye^Sakilevlé détachemetit d%[i-
fanterie légère'^ q«d la gai>de ^en était confiée,
ayant épuisé toutes ses^ munitioas , et ne pa«^
vaut eh recevoir, parce que hstmeml oeoapalt>la
seule eommUnicatiiôn que* tiens avions avise ce
point*. ' '
L'énnêfini ishaf^ea . à - phisiotnrs reprlseii notre
infanterie avec sa cavalerie, mais ce iat saiift sue-
ces, et il ne fit por^lâ que foumip à n^lro^ava*
terle f odcadion* de faire plusieurs charges MI^
lantes, dans lesquelles se sotit-p^rticuliàranent
distinguées la ^brigade de kyrd B. Soaamcnet^
composée deâ gàrdesKl-UK^orps^ des gardes ro^iaux,
et du premier i^égiment de dragfons de la garde,
et celle du nia)or-igénéral sir Ni J^sosealiy^ qui
se 'sont cfmpàrées de plusieurs ai(j^ , et <Mt fait
un grand bombre de prisonniers.
Ces attaqutft furent répétées jusqu'à environ
sept' heures du soir, que r^inemi 'fit xuie atta*
CAIfP'AGNB DE l6l5. 209
I que désespérée avec sa cavalerie et «on inian-
I terie , soutenues par le feu de rartillerie , pour
I forcer la gauche de notre centre , près de la ferme
j de la Haye-Sainte* Après un combat obstiné , il
fut défait ; et ayairi: remarqué que ses troupes se
retiraient dans une grande confusion , et que le
corps de Bûlow avait commencé à marcher, par
Frichermont^ sur Plandienoit et la Belle-Alliance ,
dès que je pus apercevoir le feu de ses canons,
et que le maréchal Blûcher avait joint en per-
sonne, avec un corps de son armée, la gauche
de notre ligne par Ohain ^ je me décidai à atta-
quer Tennemi, et fis avancer toute la ligne d'in-
fanterie , soutenue par la cavalerie et Fartillerie.
L'attaque xéussit complètement sur tous les
points; Fennemi fut chassé de sa position sur les
hauteurs , et se retira dans la plus grande confu-
sion , laissant derrière lui , autant que j'en puis
juger , cent-cinquante pièces de canon avec leurs
munitions, qui tombèrent entre nos mains^ Je
continuai à le poursuivre long- temps après la
chute du jour , et ne cessai qu'à raison de la fa-
tigue de nos troupes , qui combattaient depuis
douze heures , et de ce que le maréchal Blucher,
avec qui je me trouvai sur la même route, m'as-
sura qu'il poursuivrait l'ennemi toute la nuit. II
m'a fait savoir, ce matin , qu'il avait pris soixante
' pièces de canon de la garde impériale, et plu-
sieurs voitures , bagages , etc. , de Napoléon , qui
se trouvaient à Genappe.
v. i4
Je me propose de marcher, ce matin, sur ÎH-
^vdles , et de ne pas discontinuier mes opérations.
Votre Seigneurie remarquera qu'une aflhire
aussi désespÀ^, et de tds avantages, ne peu-
vent avoir eu lieu sans une grande perte , et j'ai
la douleur d'ajouter que la notre a été itnnrwyifaft^
S. M* a perdu , dans le lieutenant-généial Tho^
mas Picton , un officier qui s'était distingué fort
souvent â son service; il est mort glorieusement,
en conduisant sa divisicm â une charge â la baïon-
nette ) par laquelle une des plus sérieuses attaques
faites par l'ennemi sur notre positkm , a été re^
poussée.
Le comte d'Uid>ridge , après avoir, toute la
journée , combattu avec «uccès , a reçu une bles-
sure presque au dernier coup de canon qm a été
tiré , et je crains que S. M. ne soit privée pour
quelque temps de ses services.
S. A. R. le prince d'Orange s'est distingxié par
sa bravoure , jusqu'à ce qu'il ait été blessé â Té-
paule d'une balle de fusil, ce qui l'a obligé i
quitter le champ de bataille.
J'ai la satisfaction d'assurer V. £. que l'armée
ne s'est mieux conduite dans aucune occasion. La
division des gardes du lieutenant-général Coi^e,
qui est grièvement blessé, les majors -généraux
Maitland et Bing, ont donné un exemple qui a
été suivi partout, et il n'y a point d'obiers ni
de corps de toute arme qui ne se soient bien
conduits.
CAMPAGNB DE l8l5. H 1 1
Je dois pourtant recommander particulière-
ment à l'attention de S. A. R. le lieutenant--géné-
ral Henry Clinton, le major-gâiéral Adams, le
lieutenant-général Charles baron Alten, griè^e-
ment blessé, ainsi que le major-général Colin
Halkett ; les colonels Ompteda, MitcheU , qui com-
mandait une brigade de la quatrième division;
les majors-généraux James Kempt et Denis Pack ,
Lambert , lord Sonunerset , sir Willam Ponsonby ,
Charles Grant, H. Vivian, 0. Vandeleur et comte
Doernberg. Je dois aussi beaucoup, dans cette oc-
casion , comme dans toutes les autres , au secours
du général lord HilL
L'artillerie et le génie ont été dirigés à ma sa-
tisfaction par les colonels sir G. Wood et Smith ,
et l'ai tout lieu d'être content de la conduite du
lieutenant -génâ^al Barnes, qui a été blessé, et
du colonel Delancey, du quartier-général , qui a
été tué par un boulet , dans le milieu de l'affaire.
La perte de cet officier est en ce moment fort à
regretter pour le service de S. M. , ainsi que pour
moi en particulier. Je dois aussi beaucoup au
courage du lieutenant-colonel lord Fitzaroy Som-
mersçt , qui a été grièvement blessé , ainsi qu'aux
officie]*^ de mon état- major, qui ont beaucoup
souffert dans l'affaire. Le lieutenant -colonel sir
Alex Gordon , qui est mort de ses blessures ,
était un officier de la plus grande espérance.
Le général Kruse, au service de Nassau,
s est également conduit à ma satisfaction , ainsi
j I
«lia piàcss JcsTincATivcs.
que le général Trip , commandant la brigade àe
grosse caTalerîe, et le général Yanhope, oom-
mandant une brigade d'infanterie du roi des
Pays-Bas»
Les généraux Pozzo di Borgo , Vincent y Môf-
fling et Alava, ont assisté à toute rafiaire, et
m'ont rendu tous les services qui étaient en ienr
pouvoir. Le général Vincent est blessé légère-
ment, et le général Pozzo di Borgo a reçu une
contusion.
Je dois rendre justice au maréchal Blucfaer et
à l'armée prussienne , en attribuant Fheureux ré-
sultat de cette terrible journée aux secours qu'ils
m'ont donnés â propos , et avec la plus grande
cordialité.
Le mouvement du général Bûlow, sur les flancs
de l'ennemi) a été décbif; et si je ne m'étais pas
trouvé moi-même en position de faire l'attaque
qui a décidé de l'affaire , il aurait forcé les Fran-
çais à se retirer, si leurs attaques n'avaient pas
réussi y et les aurait au moins empêché d'en tirer
aucun fruit si elles avaient eu du succès.
J'envoie , avec cette dépèche , deux aigles que
nos troupes ont prises dans l'affaire, et que le
major Percy aura l'honneur de mettre aux pieds
de S. A. R. Je prends la liberté de le recom*
mander â la protection de Votre Seigneurie.
J'ai l'honneur , etc. ,
Signé, Wblungton.
CAMPAGNE DB l8l5. 2l5
P. S. J'ai appris depuis que ma lettre est écrite
que le ma}or-général sir W. Ponsonby a été tué ;
et , en anuonçant cette fâcheuse nouvelle à Votre
Seigneurie , je dois lui exprimer la douleur que je
ressens de la perte d*un officier qui avait déjà
rendu de si brillans et importans services, et qui
faisait honneur à sa profession.
2* P. S. Je n'ai pas encore reçu les Ustes des
tués et blessés , mais je mets ici celle des officiers
tués et blessés dans les deux journées^ et )'ajoute
avec plaisir que le colonel Delancey n'est point
mort , mais qu'on espère beaucoup de sa guérison.
OfficieKs angUh tués..
Le duc de Brunswick-Oels ;
Le lieutenant-général Thomas Picton ;
Quatre colonels , quatre lieutenans^olonels ,
sept majors, treize capitaines, deux lijeutengns,
deux enseignes.
Blessés.
S. A. R. le prince d'Orange, grièvement;
Le lieutenant -générale comte d'Uxbridge^ la
jambe gauche amputée $
Le Ueutenant- général Charles Alten, griève-
ment;
Six majors-généraux , cinq colonels , dix-sept
lieutenans-colonels, tréUe majors, onze capitaines,
idngt-trois lieutenans.
2i4 VliCES JCftTIFlGATITES.
N- XXI-
Rapport de V armée prussienne.
C'est le 1 5 de ce mois que IS'apcJéon , aprèa
avoir réuni, le i4» cinq corps de sou armée
et plusieurs corps de sa garde eetre Maubeiige
et Beaumont, a commencé les hostilités. Lcs^
points de concentration des quatre corps prus-
siens étaient Fleurus, Namur, Cîney elHannut,
ce qui permettait d'unir l'armée sur Vun de ces
points en vingt-quatre heures.
Le iS, Napoléon s'avança par Thuin, sur les
deux rives de la Samhre, contre Charleroi- Le gé-
néral Ziethen avait réuni le prenuer corps près
Fleurus , et eut ce jour une action très-vive a^ec
l'ennemi, qui, après avoir pris Charleroi, mar-
chait sur Fleurus. Le général Ziethen-se maintint
dans sa position près cette ville.
Le feld-maréchal Blûcher , aj^ant l'intention (fe
donner une grande bataiUe à l'enneHii, aus^
qu'il lui serait possible , dirigea les trois antres
corps de l'armée prussienne sur Sombref , à ^^
lieue et demie de Fleurus. Les a*el 3* corps 9©^»^
arrivés le 1 5 ; le 4* cbrps n'y parvint que le i6.
Lord Wellington rassembla son armée entre Alfc
GlUPAGNB DE l8l5. dl5
et Nivdles , ce qui le mettait en étsA d'appuyer le
felid-maréchal Blucher, dans le cas où la.bataUle
aurait lieu le i5..
Bataille de Lignjr.
Le 16 juin.
L'armée prussietiûe était pwtée sur les hauteurs
entre Bry et Somi>refy et autour de cette deruière
place ; elle occupait en^aude force les villages de
Saint-Àmand et Ligny, situés sur son front. A ce
roometit, il n'y avait encore qucf' trois corps de
l'armée réunis. Le 4*9 <}ui était stationné entre
Liège et Hannût , avait été retardé <jbns sa mar-
che par plusieurs circonstances, et n'avait pu
rejoindre. Néanmoins le feld -maréchal filûcher
résolut de donner bataille , lord Wellington ayant
déjà mis en mouvement, pour le soutenir, une
forte colotmç de son armée, ainsi que toute .sa ré-
serve stationnée dans les environs de Bruxelles , et
le 4* corps prussien étant sur le point d'arriver.
Labat^dUe commença à trois heures après-midi.
L'ennemi déploya i3o,ooo hommes. .L^armée
prussienne étaitfortede 80^000 luwnmes. I.e village
de Saint-Amand fut le point qu'attaqua d'abqrd
rennemi, qui s'en empara aprèft.uiie vigoureuse
résistance. Il dirigea ensuite tous ces efforts contre
Ligny. C'est un gtamd village, solidement hâti , et
dl6 PliCES JD8TIF1CATIVES.
situé sur un ruisseau du même nôm« Là commença
un combat qui peut être considéré comme un des
plus acharnés dont l'histoire fasse mention. Des
villages ont été pris et repris plusieurs fois ; mab
là , la bataille se donna pendant cinq heures dans
le village même, et les mouvemens, au-dcîssus et
au-dessous, eurent lieu sur un très-petit espace de
terrain.
De chaque côté, des troupes fraîches arrivaient
continuellement. Chaque armée avait , derrière la
partie du village qu'elle occupait, de grandes
masses d*infanterie qui entretenaient le comibat ,
et étaient continuellement renouvelées par des
renforts , qu'elles recevaient de leurs derrières et
des hauteurs de droite et de gauche. Environ deui
cents bouches à feu tiraient de chaque côté sur
le village, où le feu se manifesta plusieurs fois en
différens endroits. De temps en temps rengage-
ment s'étendait à toute la ligne , Vennemi ayant
engagé des troupes avec le troisième corps. Mais
le fort du combat avait toujours lieu à Ligny. Les
affaires semblaient prendre une to umure fevorable
pour les troupes prussiennes; une partie du
village de Saint-Amand ayant été reprise, par un
bataillon que commandait le feld-maréchal en
personne, avantage qui avait permis de reprendre
là hauteur abandonnée après la perte de Saint-
Amand ; cependant le combat Continuait à Ligny
avec la même furie. L'issue semblait dépendre de
l'arrivée des troupes anglaises , où de celles du 4'
CAMPAGNE DE 181 5. 2îJ
corps prussien. En effet , FarriTée de cette divi-
sibn aurait donné au feld-maréchal les moyens de
faire immédiatemait, avec son aile droite , une
attaque dont on derait attendre un grand succès*
Mais on apprit que la division anglaise destinée à
nous appuyer y était violemment attaquée par un
corps de l'armée française , et qu'elle ne se main-
tenait qu'avec une extrême difficuhé dans sa posi-»
tion aux Quatr&-6ras. Le 4* corps prussien n'avait
pas paru; en sorte que nous fûmes forcés de
soutenir seuls l'engagement avec un ennemi très-
supérieur en nombre.
La soirée était déjà très-avancée, que le combat
continuait à Ligny avec la même fureur et des
succès également balancés. Nous demandâmes ,
mais en vain, les secours qui nous, étaient néces*^
sâires. Le danger devenait d'heure en heure plus
urgent; toutes les divisions étaient engagées 00
l'avaient été , et il n'y avait aucun corps qui pût
nous appuyer. Tout à coup une division d'infan^
terie ennemie , qui, à la faveur delà nuit, avait
tourné le village sans être remarquée , et quel-
ques régimens de cuirassiers qui avaient forcé le
passage sur l'autre côté , prirent à revers le corps
principal de nos troUpes , qui était posté derrière
les maisons. Cette surprise de la part de l'ennenii
fut décisive , spécialement au moment où notre
cavalerie, postée aussi derrière les maisons , avait
été repoitssée par celle de l'ennemi dans plusieurs
attaques répétées.
JTlS PIÈCBS JUaTIflCATI¥Xa.
Notre infanterie, qui était derrière Ligny, ne ae
laissa pas décourager , quoiqu'elle fût surpriae
dans les ténèbres , circonstanœ qui accroît l'idée
du danger dans Tesprit des hommes , et quoi-
qu'elle eût Tidée qu'elle était entourée de tous
côtés. Elle se forma en masse ^ repoussa chaude-
HienI; toutes les. attaques de la cavalerie , ^ se re-*
tira en bon ordre sur les hauteurs , d'où elle
continua ton.nourement rétrograde sur Tilly.
Uirruption subite de la. cavalerie ennemie obli-
geant notre artiUerte à se retirer précipitamment,
plusieurs pièces prirent des. directions quikscoife-
duisirent à dos défilés ^ où il y eut du désordre,
et quinze tombèrent entre les mains de l'ennemi.
L'armée ae teforma à la distance d'un quart de
lieue dur champ de bataille* L'ennemi ne se ha-
sarda pomt à la poursuivre. Le village de Bry resta
e& notre pouvoiîr pendant toute la nuit ^ aussi bien
que Sombref, où le général Thielemamx avait
eombatttt avBc le 3* corps , et où il s'était retiré
lentement à la chute .du jour, par Gembloox.
Le 4* corps , commandé par le général Bûlow, y
arriva enfin pendant la nuit. Le i" et le â* corps
se mirent en marche le matin , derrière le défiilé
de Mont-Saint-^Guibert. Notre perte en tués et
blessés a été grande ; mois l'ennemi ne no«s fit
point d'autrei^ prisonniers que les blessés.
La bataille a ^té perdue , mais non notre hon-
neur. Nos soiAa/ts ont combattu avec une bravoure
qui a surpassé tout ce qu'on pouvait attendre.
CAMPA&NB DE l8l5. ^lig
Leur courage demeura inébranlable, parce que
chacun mit sa confiance dans sa propre force. Le
feld-maréchal courut dans la îburnée de grands
dangers. Une chaîne de cavalerie qu'il conduisait
ne réussit point , et la cavalerie ennemie le pour-
suivait vigoureusement. Son cheval ayant été
frappé d'un coup de mousquet , l'animal, au lieu
de s'arrêter , irrité de sa blessure , ^e mit au galop,
et courut, en furieux, jusqu'à ce qu'il tombât
mort. Le feld-maréchal, étourdi delà chute, resta
engagé sous le corps de son cheval. Les cuirassiers
ennemis, poursuivant leur avantage, avançaient;
notre dernier cavalier avait déjà passé le feld-ma-
réchal, et il ne restait avec lui qu'un adjudant, qui
venait de mettre pied à terre, résolu de partager
son sort. Le danger était grand , mais la Provi-
dence veOlait sur nous. L'ennemi, continuant sa
charge , passa rapidement près du feld-maréchal
sans le voir. Un moment après, une seconde
charge de cairalerie repoussa l'ennemi, qui passa'
avec la même rapidité, sans remarquer davantage!
le feld-maréchal que la première fois. Mais ce ne
fut pas sans difficulté qu'on le retira de dessous
son cheval mort ; il s'éloigna sur le cheval dlin
dragon.
Le 17, daiis la soirée, l'armée prussienne se
concentra dans les environs de Wâvre. Napoléon
se mit en mouvement contre WeHinglôn , sur la
grande route de Charleroî à Bruxelles. Une divi-
sion anglaise soutint , le même jdur, un combat
a 20 FliCES JUSTIFICATIVES.
très -vif près des Quatre- Bras, liOrd Welling-ton
prit position sur la route qui conduit à Bruxelles^
ayant son aile droite dans la bruyère delaLeud,
son centre près de Mont-Saint-Jean, et son aile
gauche appuyée à la Haye-Sainte. Lord Welling^n
écrivit au feld-maréchal , qu'il était, résolu à ac-
cepter bataille dans cette position. , si le feld-
maréchal pouvait l'appuyer avec deux corps d'ar-
mée. Celui-ci offrit de faire marcher toute son
armée , et proposa même , dans le cas où iVajM>-
léon n'attaquarait pas , que les alliés allassent l'at-
taquer le lendemain avec toutes leurs forces.
Cela peut servir â prouver combien peu la
bataille du 16 avait désoi^anisé l'armée pros-^
sienne , ou abattu son moral.
Ainsi fut terminée la journée du 1 7.
Au point du Jour 9 l'armée prussienne com-
mença â se mettre en mouvement Le 4* ^^ le
iÀ* corps marchèrent par Saint-Lambert , où ils
devaient prendre une position couverte par la
forêt de Frichermont , afin de prendre l'ennemi
sur les derrières, quand le moment paraîtrait
fa V wable« Le 1 *' corps devait agir par Ohain »
sur le flanc droit de l'ennemi. Le 5"" corps devait
suivre lentement, pour porter des secours en cas.
de besoin. La bataille commaiça ^ers dix heures
du matin. L'armée anglaise occupait les hauteurs,
de Mont-Saint-Jean; celle des Français était sur
les hauteurs, devant Planchenoit; la r* était de
quatre - vingt mille hommes , l'ennemi en avait
CAMPAONS OS. 181 5. 2a l
plus de cent trente mille. En peu de temps la
bataille devint générale tout le long de la ligne.
Il parait que Napoléon avait le dessein de pousser
r^ôle gauche sur le centre , et par-là d'effectuer la
séparation de Tarmée anglaise de celle de Prusse,
qu^il <;royait devoir se retirer sur Maëstricht. Dans
ce dessein , il avait placé la plus grande partie de
sa réserve dans le centre , contre son aile droite ;
et c'est sur ee point qu'il attaqua avec fureur.
L'armée anglaise combattit avec un courage qu'il
est impossible de surpasser. Les charges répétées
de la vieille garde furent repoussées par l'intrépi-
dité des régimens écossais ; et , à chaque chaîne ,
la cavalerie française était renversée par la ca-
valerie anglaise; mais la supériorité en nombre
de l'ennemi était trop grande. Napoléon rame-
nait continuellement des masses considérables ;
«t, quelque fermeté que les troupes anglaises
missent pour se maintenir dans leur position, il
n'était pas possible que tant d'efforts héroïques
n'eussent un terme.
Il était quatre heures et demie. La difficulté
extrême du passage par le défilé de Saint-Lam-
bert, avait considérablement retardé la marche
des troupes prussiennes; de scurte qu'il n'y avait
que deux brigades du 4* corps qui fussent arri-
vées à la position couverte , qui leur avait été as-
signée. Le moment décisif était arrivé ; il n'y avait
pas un instant à perdre : les généraux ne le lais-
sèrent pas échapper. Ils résolurent de commen-
11112 PIÂCE0 JUSTIFICATITSS.
cer Tattaque Mir-le-champ , ayec les troupes qolk
ayaieni sous la main. En conséquence , le général
Bûlow, avec deux brigades et un ccxpa de cava-
lerie , s'ayança rapidement sur le derrière de l'aîk
droite de T^memi. L'ennemi ne perdit pas sa pié
sence d'esprit; il tourna dans Tinstant sa résem
contre nous , et de ce coté commença un com-
bat meurtrier. Le succès de ce combat demeura
long-temps douteux ^ pendant que la bataille avec
l'armée anglaise continuait avec la m^ooe riolence.
Vos les six heures du soir ^ nous reçûmes lat nou-
Telle que le général Thielemann , avec le 5' corps ,
était attaqué près de Wavre , par on corps très-
considérable de r^imemi^ et que dé)à Von se dis-
putait la possession de la ville. Le feld-marècViaL,
cependant , ne fut pas beaucoup inquiet de cette
nouvelle. C'était sur le lieu où il éLak ^ et non
pas ailleurs 9 que l'affaire devait se décider. On
ne pouvait obtenir la victoire que par un com-
bat soutenu continuellement avec la même opi-
niâtreté , et par de nouvelles troupes ; et , si on
pouvait l'emporter sur le lieu où l'on était, tout
revers, du côté de Wavre, était de peu de cm^
quence. d'est pourqu<û les colonnes c<M[itinuèfenll
leur mouvement. Il était sept heures et demie .
et l'iseue de la bataille était encore incariaiiie.
Tout le 4* corps et une partie du s* , sous le
général Pirch, avaient été successivement ea-
gagés. Les troupes françaises comA^attaiènt avec
toute la fureur du désespoir ; cependant on pou-
GAXPAGSE DE l8l5. ââ5
▼ait apercevoir quelque incertitude dand leurs
mouvemens , et on observa que quetques ptèoes
de canon se retiraient. Dans ce moment, les pre-
mières colonnes du corps du général Ziethen
arrivèrent sur les points d'attaque , près du vil«-
lage de Smohain , sur le flanc gauche de Fen-
nemi ; elles chaînèrent surrle-champ. Ce momeut
décida la défaite de Tennemi. Son aUe droite fut
rompue en trois endroits , et il abandonna ses
positions. Nos troupes se précipitèrent alors au
pas de charge , et attaquèrent T^memi de tous
les côtés , pendant que toute la ligne anglaise
s'avançait.
Les circonstances étaient extrêm^nent favora-
bles à Tattaque par l'armée prussienne : le tess^
rain s'élevait en amphithéâtre , de manière que
notre artillerie pouvait ouvrir librement son feu,
du sommet de plusieurs hauteurs qui s'élevaient
graduellement l'une au dessus de l'autre , et entre
lesquelles les troupes descendues dans les plaines
se formaient en brigades , et dans lé plus grand
iurdre , tandis que de nouvelles troupes se dév^
Icxppaient continuellement au «ortir de la forêt,
sur les hauteurs de derrière. L'^on^ni, cepen-
dant, conservait encore des moyens de retraite^
jusqu'à ce qu'on eut emporté , après plusieurs
attaques sanglantes , le village de Planchenoit , qpii
était, sur ses derrières, défendu parla garde. Dès
ce moment-li , la retraite devint une déroute qxû
s'étendit bientôt à toute l'armée française.
2^4 PIÈCES JGBTinCATIVBS.
Il était neuf heures et demie. Le feld-maréchal
assembla tous les officiers supérieurs , et doom
ordre d'envoyer à la poursuite de renneiui jus-
qu'au dernier cavalier. L'avant-garde de l'armée
accéléra sa marche» L'armée française , poui^
suivie sans relâche , était entièrement dësof^-
nisée. La chaussée présentait l'image d'une im-
mense quantité de canons , de caissons , de
chariots, de bagages, d'armes et de débris de
toute espèce. Ceux de l'ennemi qui Toulaient se
reposer, ne s'attendant pas à être pourso/vû si
vivement, furent poussés successivement de pJus {
de neuf bivacs ; dans quelques villages il cher-
chèrent à tenir ; mais aussitôt qu'ils entendaient le
son du tambour ou des trompettes , ils làchaàimt
pied, ou se jetaient dans les maisons, et là ^ ils
étaient taillés en pièces ou faits prisonmers. Le
clair de lune favorisait beaucoup la poursuite de
l'ennemi, qui n'était qu'une chasse continuelle,
soit dans les champs , soit dans les maisons.
L'ennemi s'était retranché à Genappe , avec
du canon et des chariots renversés. Nous fûmes
exposés en y entrant à un feu très-vif de mous-
queterie ^ auquel nous répondîmes par quelques
coups de canon suivis d'un houra, etbientôt après
la ville fut à nous. Ce fut-là qu'entre autres équi-
pages , on prit la voiture de Napoléon; il venait
de la quitter pour monter à cheval , et avec tant
de précipitation, qu'il y avait oublié son épée
et son chapeau. Les affaires continuèrent ainsi
CAMPAGNE DE l8l5. . 225
jusqu'à là pointe du jour. Environ quarante mille
hommes dans le plus grand désordre furent tout
ce que l'ennemi put sauver dans sa retraite par
Gharleroi. Yingt-sept pièces de canon furent tout
ce qu'il emmena de sa nombreuse artillerie.
L'ennemi a dépassé , dans sa fuite , ses places
fortes , seule défense de ses frontières , qui , main*
tenant sont franchies par nos armées.
A trois heures , Napoléon avait expédié du
champ de bataille un courrier pour Paris , por^
tant la nouvelle que la victoire n'était plus dou-
teuse : quelques heures après il n'avait plus
d'armée. On n'a pas encore une exacte connais-
sance de la perte de l'^inemi : il suffit de savoir
que les deux tiers de cette armée sont tués ,
blessés ou prisonniers; au nombre de ces der-
niers sont les généraux Mouton , Duhesme ,
Cambrone; jusqu'à ce moment environ trois
cents canons, et au delà de cinq cents caissons,
sont en notre pouvoir.
Peu de victoires ont été aussi complètes; et
certainement il n'y a point d'exemple qu'une
armée , deux jours après une bataille perdue , ait
engagé un tel combat , et l'ait si glorieusement
soutenu. Honneur aux troupes capables de tant
de constance et de valeur ! Au milieu de la posi-
tion occupée par l'armée française, et absolu-
ment sur la hauteur , est située une ferme nom-
mée la Belle-Alliance. La marche de toutes les
colonnes prussiennes était dirigée sur cette ferme ,
V. i5
3^ PIÈCES JUSTIFICATIVES.
qu*on pouvait apercevoir de tous côtés. C'^ ï
que Napoléon se trouvait pendant la balaBr
c'est là qu'il donnait ses ordres ; cfu'il se flattait i^
la victoire , et c'est là que sa perte fut déckfe?
C'est là aussi que se rencontrèrent , dans Fob-
curité et par un heureux hasard , le feld-maïf
chai Blûcher et lord Wellington , et qu'ils se sa-
luèrent mutuellement comme vainqueurs.
En commémoration de l'allianoe qui existe au-
jourd'hui entre les nations anglaise ^ prussienne,
de la réunion des deux armées ^ et de kur con-
fiance réciproque , le feld-maréchal a demandé
que cette bataille portât le nom de la BeUe-
Alliance.
Par ordre du feld-maréchal Blôcher,
Le général Gneisehau.
CAMPAGNE DE lâl5«
^^7
N' XXII.
Etat des pertes des armées coalisées et
française^ dans le nordj du i5 juin au
3 juillet i8i5.
[ Prem. corpf.
Anatte ) Dewiiime id.
Pruasienae. \ Troiaiime id.
TOTAL. . .
Ani^aii. . . .
I^gion.i . . .
HanovrieiM. .
HoUndcù.. .
Broiuwick . .
< NMMtt ....
Aoglo-
Total «âwirnAii.
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1,000
a4>d4
a7,to3
57.7'îJfi
io,3io
46,708
38^S
La perte des armées coalisées a été déduite
en entier de leurs rapports bfficielé , qui , sans
doute , ne sont pas exagérés.
51 â 8 PIÈCXS JUSTIFICATIVES.
N- xxin.
Discours de M. de L^fayette.
Messieurs, lorsque, pour la première fois de-
puis tant d'années , j'élève une voix que ies an-
ciens amis de la liberté reconnaîtront eocore, /e
me trouve chargé de vous parler des dai^ers de
notre patrie, que vous seuls , dans cette conjonc-
ture, avez les moyens de sauver. Des bruits sinistres
circulent au dehors : malheureusement ils sont
fondés ; maintenant donc il est temps de se rallier
autour de l'ancien étendard tricolore, Tétendatà
de 89, l'étendard de la liberté, de Tordre pubtic
l'étendard que seuls nous devons défendre^ contre Us
prétentions étrangères et la trahison intérieure.
Permettez , Messieurs , à un vétéran de cette caase
sacrée , qui a toujours été étranger à Tesprit de
faction , de vous soumettre quelques résolutions
préliminaires dont j'espère que vous appréciera
la nécessité.
Article 1".
La chambre des représentans déclare que Fin-
dépendance de la nation est menacée.
CÂMPAGNJS DE l8l5. â^g
Art. 2.
La chambre des représentans se déclare en per-
manence; toute tentative pour la dissoudre est
un crime de haute trahison ; quiconque se mon-
trera coupable de cette tentative, sera regardé
comme traître à la patrie, et jugé comme tel.
Art. 3.
L'armée de ligne et la garde nationale , qui se
sont battues et se battent encore pour la défense
de la liberté , Tindépendance et le territoire de la
France , ont bien mérité de la patrie.
Art. 4.
Le ministre de Fintérieur est invité à réunir
Tétat-major général , les commandans et les ma-
jors légionnaires delà garde nationale de Paris ,
pour aviser aux moyens d'armer et de complé-
ter cette garde urbaine , dont le patriotisme et le
zèle , éprouvé pendant dix ans , offrent une ga-
rantie sûre à la liberté, à la prospérité et à la
tranquillité de la capitale, et à l'inviolabilité des
représentans de la nation.
;i30 PliCES J08TIFIC1TIVS8-
Art. 5.
lies minûtres de la guerre^ des affaires étm-
gère», de la police et de Tinlérieur ^ soêèî in^ià
à se rendre mus délai â rassemblée.
CAMPAGNE DE 181 5. 25l
3=a=
N- XXIV.
p
/
l message porté par le ministre d'Etat
Kegnault de Saint-Jean-d'Angeljr.
L'empereur est arrivé à onze heures ; il a fait
assembler le conseil des ministres ; il a annoncé
que l'armée , après une victoire signalée dans les
plaines de Fleurus , et dans laquelle la fleur de
Farmée prussienne avait été détruite , donna une
grande bataiUe , deux jours après , à quatre lieues
de Bruxelles. L'armée anglaise fut battue pen-
dant toute la journée et obligée d'abandonner le
champ de bataille. Nous avions pris six drapeaux
anglais et la journée était décidée , lorsque, vers
le soir, des mécontens répandirent Talarme et oc-
casionèrent un désordre, que la présence de
S. M. n'avait pu empêcher, à cause de l'obscurité.
Le résultat fut un désastre que rien ne put répa-
rer dans le moment; l'armée se rallie sous les
murs d'Avesnes et de PhUippeville. S. M. a passé
par Laon , et là elle a donné ordre que la levée
en masse de la garde nationale des départemens
arrêtât les fuyards; elle est revenue à Paris pour
conférer avec les ministres sur les moyens de réta-
blir le matériel de l'armée. L'intention de S. M. est
23â PIÈCES JUSTIFICATIVES.
aussi de concerter avec la chambre les mesures
législatives que les circonstances exigent. S. M.
est occupée en ce moment â rédiger des proposi-
tions , pour que la chambre les prenne en consi-
dération.
CAMPAGNE D£ l8l5. 233
N" XXV.
Déclaration au peuple français.
Français !
En commençant la guerre pour soutenir Fin-
dépendance nationale , je comptais sur la réunion
de tous les efforts , de toutes les volontés , et le
concours de toutes les autorités nationales; j'étais
fondé à en espérer le succès , et j'avais bravé
toutes les déclarations des puissances contre moi.
Les circonstances me paraissent changées. Je
m'offre en sacrifice à la haine des ennemis de la
France* PuUsent^ik être sincères dans leurs décla-
r allons j et n'en avoir réellement voulu qu'à ma per-
sonne ! Ma vie politique est terminée , et je pro-
clame mon fils, sous le titre de INapoléon II,
empereur des Français.
Les ministres actuels formeront provisoire-
ment le conseil du gouvernement. L'intérêt que je
porte à mon fils m'engage à inviter les chambres
à organiser sans délai la régence, par une loi.
Unissez-vous tous pour le salut public, et pour
rester une nation indépendante.
Le 22 juin i8i5.
Signé ^ Napoléon.
a34 PIECES JUSTIFICATIVES.
N- XXVL
Résolution de la chambre des représentansy
le 23 juin.
La chambre des représentans, délibérant sur
les diverses propositions faites à sa séance, et men-
tionnées dans son procès-yerbal , passe à Tordre
du jour, motivé :
1 * Sur ce que Napoléon II est dierenu empe-
reur des Français , par le fait de Tabdication de
Napoléon P' et par la force des constitutions de
Fempire ;
a' Sur ce que les deux chambres ont voulu et
entendu, parleur arrêté à la date d'hier, portant
nomination d'une commission de gouvernement
provisoire , assurer à la nation les garanties dont
elle a besoin, dans les circonstances extraordinaires
où elle se trouve , pour sa liberté et son repos , au
moyen d'une administration qui ait toute la con-
fiance du peuple.
Le présent acte sera transmis à la chambre des
pairs par un message.
CAlfFAGNI SE 181 5. 335
N- XXVII.
r
Proclamation du gouçemement provisoire.
Paris, le a4 juin 181 5.
Français I
Dans l'espace de quelques jours , des succès
glorieux et des revers affreux ont de nouyeau
agité Tos destinées.
Un grand sacrifice a paru nécessaire à TOtre
paix et à celle du monde : Napoléon a abdiqué le
pouvoir impérial ; son abdication a été le terme
de sa vie politique; son fils est proclamé.
Votre constitution nouvelle, qui n'avait encore
que de bons principes , va recevoir tous ses dé-
veloppemens et ses principes mêmes vont être
assurés et agrandis.
D n'existe plus de pouvoirs jaloux l'un de
l'autre; l'espace est libre au patriotisme éclairé de
vos représentans; et les pairs, qui se rassemblent,
pensent et votent comme vos mandataires.
Après vingt-cAiq années de tempêtes politiques,
voici le moment où tout ce qui a été conçu de
sage, de sublime sur les institutions sociales , peut
être perfectionné encore dans les vôtres.
Que la raison ef le génie parlent, et de quelque
336 PIÉCBS JUSTlFlCATll^ES.
côté que se fasse entendre leur voix , elle sera
écoutée.
Des plénipotentiaires sont partis pour traiter
au nom de la nation, et négocier, avec les puis-
sances de l'Europe , cette paix qu'elles ont pro-
mises, à une condition qui est aujourd'hui
remplie.
Le monde entier ira être attentif comme vous
à leur réponse; leur réponse fera eonnattre $i la
justice et les promesses des rois sont quelque chose
sur la terre.
Français ! soyez unis , ralliez-vous tous dans des
circonstances si graves.
Que les discordes civiles s'apaisent; que les
dissensions mêmes se taisent en ce moment , où
vont se discuter les grands intérêts des nations.
Soyez unis du nord de la France aux Pyrénées,
de la Vendée â Marseille.
Quel qu'ait été son parti , quels que soient ses
dogmes politiques , quel homme , né sur le sol de
la France, pourrait ne pas se ranger sous le
drapeau national ^ pour défendre l'indépendance
de la patrie !
On peut détruire en partie des^ armées ; mais,
l'expérience de tous les siècles et de tous les peu-
ples le prouve , on ne détruit pa6 , on ne soumet
pas surtout une nation intrépide, qui combat
pour la justice et pour la liberté.
L'empereur s'est offert en sacrifice en abdi-
quant.
CAMPAGNE DE l8l5. ù5']
Les membres du gouvernement se dévouent ,
en acceptant de vos représentans les rênes de
rètat
La commission du gouvernement ,
Yu la résolution des chambres , portant que tous
les Français sont appelés à la défense de la patrie ,
arrête ce qui suit.
Article i*'.
Les jeunes gens de 181 5 restant des cent
soixante mille hommes , dont la levée a été or-
donnée le 9 octobre 1 8 1 3 , seront sur-le-champ
mis en activité.
Art. â.
Les jeunes gens de 1 8 1 5 , mariés antérieure-
ment â la publication du présent arrêté , sont dis-
pensés de l'appel. ^
Art. 3.
Les individus faisant partie des bataillons de
gardes nationales , de grenadiers ou de chasseurs
mobilisés , qui appartiennent aux classes levées
en 1 8 1 3 et années antérieures , sont mis à la dis-
a38 Plies» JusTuriCATiYis.
positicMi du gouvemement , pour être employés
dans Farinée de ligne , soit en corps de batail-
lons, soit en les incorporant dans les cadres de
Tarmée.
Art. 4-
Les indiyidus mariés, compris dans l'article
précédent , resteront dans les bataillons de gar-
nison.
Art. 5.
Les bataillons de la garde nationale qui auront
ainsi fourni des hommes à l'armée , seroirt com-
plétés par les départemens auxquds ils appar-
tiennent.
Art. 6.
Lesautorités administratiycs, chargées d'opérer
ce complètement, aj^lleront d'abord , à cet effet ^
les hommes non mariés ou les hommes veufs sans
enfans.
Art. 7.
Le ministre de la guerre est chaîné de l'exécu*
lion du présent arrêté , qui sera inséré au bulletin
des lois.
CAHPA6NE DS l8l5. nZg
N- XXVIII.
LOI.
AU ROX DU PEUPLE FEAVÇAIS.
La commission du gouvernement a proposé et
les chambres ont adopté ce qui suit :
Article i**.
La ville de Paris est en état de siège.
Art. 2.
Les autorités civiles conserveront l'exercice de
leurs fonctions.
Art. 3.
Pendant la durée de Tétat de siège , la com-
mission du gouvernement prendra toutes les
mesures , pour garantir la sûreté des personnes
et des propriétés , et la tranquillité de la capitale.
La présente loi, discutée, délibérée et adoptée
par la chambre des pairs et par celle des représen^
tans , sera exécutée comme loi de Tétat.
La commission , etc.
2^0 PIÈGES JUSTIFICATIVES.
Extrait des minutes de la secrétairerie
d'Etat.
Paris, le a8 juin i8i5.
La commission du gouyemement ,
Vu la délibération des deux chambres portant
que la yiUe de Paris est en état de siège , arrête
ce qui suit :
Article i**.
Les approches de la capitale seront seules dé-
fendues; eUes le seront par les troupes de ligne,
qui resteront campées hors des murs.
Art. 2.
La tranquillité sera maintenue dans Tintérieur
par la garde nationale ordinaire, laquelle ne sera
employée extérieurement , que sur les demandes
qu'en pourraient faire les légions ou bataillons de
cette garde.
Art. 3.
Les tirailleurs de la garde nationale serviront,
conformément à l'offre qu'ils ont faite , comme
auxiliaires avec les troupes de ligne , à la défense
des postes les plus rapprochés de la place.
cahpagns de 181 5. 24 1
Art. 4-
Les habitans des campagnes se hâteront de
faire entrer dans la place la plus grande quantité
possible de subsistances , et travailleront aux re-
tranchemens qui doivent couvrir les troupes.
Ait. 5.
L'armée du nord se rendra sans délai sous les
murs de Paris.
Art. 6.
Les anciens militaires en état de porter les
armes , et tous ceux qui sont absens de leurs dra-
peaux , se rallieront à cette armée , et seront in-
corporés dans les cadres.
Art. 7.
Les troupes qui sont sur le Rhin et sur les
frontières de la Suisse , maintiendront leurs posi-
tions et défendront les places fortes.
Art. 8.
Les troupes qui sont sur la rive gauche de la
Loire , formeront à Orléans une armée de réserve.
V. 16
a4s TliCEft JUt-miGATIYBS.
Art. 9.
Les hostilités n'empéclieroiit point de conti-
nuer les négociations qa'U sera possible d'eor
tretenir pour obtenir la paix à des conditie»
honorables.
A&T. 10.
Le ministre de la guerre est chargé de l'exécu-
tion du présent arrêté.
CAMFAGKB DX l8l5. $^5
as
N* XXIX.
Napoléon aux braves soldats de Y armée
des^ant Paris.
Malmaison, le a5 juin 181 5.
Soldats !
Quand )e cède à la nécessité qui me force de
«l'éloigner delabrayearmée française , j'emporte
avec moiTheureuse certitude qu'elle justifiera,
par les services éminens que la patrie attend
d'elle , les éloges t|ue nos ennemis eux-mêmes ne
peuvent pas lui refuser.
Soldats , je suivrai tous vos pas quoique ab-
sent. Je connais tous les corps , et aucun d'eux
ne remportera un avantage signalé sur l'ennemi ,
que je ne rende justice au courage qu'il aura dé-
ployé. Vous et moi nous avons été calomniés.
Des hommes, absolument indignes d'apprécier
vos travaux , ont vu dans les marques d'attache-
ment que vous m'avez données, un zèle dont
j'étais le seul objet. Que vos succès futurs leur
apprennent que c'était la patrie par-dessus tout
que vous serviez en m'obéissant , et que si j'ai
a44 PIECES JUSTIFICATIVES.
quelque part à votre affection, je le dois à mon
ardent amour pour la France , notre mère com-
mune.
Soldats , encore quelques efforts , et la coali-
tion est dissoute. Napoléon vous reconnaîtra aux
coups que vous aUez porter.
Sauvez l'honneur, Findépendance des Français.
Soyez jusqu'à la fin tels que je vous ai connus
depuis vingt ans , et vous serez invincibles.
Napoléon.
CAMPAGNE DS l8l5. ^45
N* XXX.
Le message dont Napoléon chai^ea le général
Beckers , était verbal , et à peu près de la teneur
suivante :
« Au moment où vous stipulez les intérêts de la
« nation , où vos plénipotentiaires sont auprès des
« souverains étrangers , pour stipuler au nom de
« Napoléon II , les négociations peuvent être facî-
« litées , et le succès en peut être assuré par une
« attaque rapide et franche , qui repousserait les
« Anglais et les Prussiens au delà des frontières '
« Mais si des mouvemens militaires aussi pronon-
« ces vous inquiétaient, sur tes conséquences qu'ils
« pourraient avoir , je donne ma parole d'éloigner
« seulement les étrangers à vingt lieues de Paris ,
« et de les tenir à cette distance , jusqu'à ce que
« les négociations soient assez avancées, pour que
« la nation n'ait plus à craindre de voir les débris
« des armées anglaises et prussiennes lui venir
« imposer des lois à Paris. J'offre de me remettre
« à la tête de l'armée , non plus comme le sou-
«verain de la France, mais comme un soldat
« qui peut encore guider les Français dans le ehe-
«i46 PlàCS8 JUfTIFIGATim. ^
« min de Thoimeur. Je vous engage ma parofe
« qu'après avoir atteint le but auquel vous deva
« tendre , je me dépouillerai de toute autorité , de
« tout commandement , et je saurai subir la des-
« tinée qui m'est réservée. »
cAWfÂQin DB 181 5. a47
N- XXXI.
Précis des instructions données aux
plénipotentiaires français.
Parisy le aS |iiin iSi5.
Le salut de la patrie est attaché à deux que»*
tiens essentielles. L'indépendance nationale et
llntégraiité du territoire.
L'indépendance nationale ne peut être com*
plète^ qu'autant que les coalisés respecteront Je»
constitutions et le droit d'hérédité qu'elles éta*-
blissent pour le fils de l'empereur. Les modifica-
tions qu^ont reçues la déclaration du 1 3 mars et le
traité du 25 , peuvent appuyer les représentations
des plénipotentiaires à cet égard.
Les coalisés peuvent objecter que la prise d'ar-
mes de la nation a détruit la distinction qu'ils
avaient établie entre Napoléon et la France. Il est
facile de répondre, que le devoir sacré de l'hon-
neur a obligé la nation de se rallier pour défen-
dre le prince qu'elle avait choisi. Que ai la décla-
ration des coalisés était sincère , cette sincérité
devrait se manifester en re^MSCtauat l'iadépendanoe
nationale, knnque l'abdication de Napoléon repla-
2/fi PIÈGES JUSTIFICATIVES.
çait nécessairement la France en état de paix avec
les puissances.
Les coalisés pourraient refuser de reconnaître
le gouyemement provisoire , et cela pour profiter
des avantages de leur position militaire , comme
étant le résultat d'un ordre de choses qui n'est
pas légal à leurs yeux. La sagesse des plénipoten-
tiaires y répondra , s'appuyant de l'exemple de
FAngleterre.
Une autre objection serait, que le véritable vœu
de la France n'étant pas bien connu , il faudrait
d'abord rétablir ce qui existait avant le mois de
mars , sauf à la nation à se déclarer après. L'An-
gleterre a , en pareil cas , répondu que le fait de la
possession du pouvoir autorise celui qui en est
revêtu à traiter. Refuser de rien reconnaître serait
porter la France à chercher les ressources du dé-
sespoir.
Les coalisés peuvent , sans imposer les Bour-
bons , refuser le fils de Napoléon. Ils peuvent trou-
ver des prétextes mêmes dans le danger d'une
longue minorité. La minorité étant un état de
langueur, est par elle-même une garantie de la
tranquillité. Le vœu national est fortement pro-
noncé pour la paix. Le plus solide garant que
puissent donner les coalisés de leur désir de res-^
pecter l'indépendance de la France , est de renon-
cer au rétablissement des Bourbons. Le retour
de cette famille, entourée d'hommes qui ont cessé
d'être Français , rallumerait toutes les haines , et
CAMPAGNE DE l8l5. 2^g
écarterait toute idée de tranquillité. Son exclu-
sion est une condition absolue de la tranquillité
de l'Europe et de la France.
La question de l'intégralité du territoire se
lie à celle de l'indépendance. Si la guerre a été
faite à Napoléon seul, ce qui était convenable
en 1 8 1 4 9 sous le rapport des limites de la France ,
ne peut pas cesser de l'être en i8i5.
Ainsi les deux objets principaux sont l'indé-
pendance et l'intégralité de la France. Elles sont
indivisibles et ne sont susceptibles d'aucune mo^
dification.
Les propositions incidentes qui s'accorderaient
avec ces bases seront reçues, mais seulement
pour en rendre compte et demander des instruc*
tions ef des ordres ; dans le cas où l'admission
entière des principes , ou bien des explications
admissibles pourraient amener à traiter , il est
important de conclure préalablement un armis-
tice général et de le conclure le plus tôt possible.
Un devoir sacré est de stipuler la sûreté et
l'inviolabilité de l'empereur Napoléon, hors du
territoire français.
Les intérêts de l'Angleterre , de la Russie , de
l'Autriche et de la Prusse n'étant pas les mêmes ,
il faudra tirer parti de cette diversité : f Au triche
peut désirer s'unir â la France ; la Russie n'a plus
rien à gagner; l'Angleterre offrira plus de diffi^
cultes , non pas pour les principes , mais par sa
volonté.
a5o piÂcxft JCSTincATivxf.
N- xxxn.
Lettre du duc de FTelUngton.
Au qoarttef^-géBéffai, le a8 fuin.
Mtmsieur le comte, j'ai eu rhonneur de rece-
voir votre lettre en date du 26 ; )*ai déjà écrit aux
comminaires nommés pour trattar de Ja paix
avec les puissances alliées, sur la proposition
d'une suspension d'hostilités ; Y. Ex* a vu la ré-
ponse «pie j'ai donnée , et â laquelle je n'ai rien à
i^outer. Quant i ce qui regarde un passe-port et
on sauf-conduiè pour Napoléon Bonaparte, pour
passer aux États-Unis , je suis forcé d'informar
y. Ex. que je ne suis pas aut(»isé par mon gou-
vernement à satisfaire â cette demande.
J'ai rhonneur d'être , etc.
Signé, Wellington.
GAHPA6NB DE l8l5. â5l
N- xxxm.
Note des Coalisés.
Étant stipulé dans le traité d'alliance qu'aucune
des parties ne négociera séparément , ni ne con-
clura de traité ou d'armistice , autrement que de
commun accord , les trois cours Ici présentes ne
peuToit entrer dans aucune négociation. Les ca-
binets se réuniront aussitôt que possible. Les trois
souverains regardent conmie une condition préli*
minaire et essentielle , pour toute espèce de paix,
et pour une tranquillité véritable , que Napoléon
Bonaparte soit mis à l'avenir hors d'état de
troubler la paix de la France et de l'Europe;
après ce qui est arrivé au mois de mars , les
puissances doivent exiger qu'il soit confié A leur
garde.
Haguenau^ le i" iuillet iBiS^ à neuf heures du matin.
Signé ^Vi kUMOhEJn , Capo-^'Istria, Knessbeck..
252 PIECES JUSTIFICATIVES.
N- XXXIV.
Lettre de Fauché h fVellington.
Parts, le 27 fuinr 181 5.
Milord, vous venez d'agrandir votre nom par
de nouvelles victoires remportées sur les Fran-
çais. C'est donc par vous surtout que les Français
sont connus et appréciés. Vous voterez pour leurs
droits au milieu des puissances de l'Europe.
Dans ce conseil de souverains, votre 'crédit et
votre influence ne peuvent être moindres que
votre gloire.
Les vœux des nation», qui ne calomnient ni ne
flattent , ont fait connaître votre caractère. Dans
toutes vos conquêtes , votre droit des ^ens a été
la justice, et votre politique a paru la voix de
votre conscience.
Vous trouverez les demandes que nous faisons,
par nos plénipotentiaires, conformes à la justice
la plus rigoureuse.
La nation Française veut vivre sous un mo-
narque. EUe veut aussi que ce monarque règne
sous l'empire des lois.
La république nous a fait connaître tout ce
CAMPAGNE DS l8l5. âS3
qu'ont de funeste les excès de la liberté; Fempire ,
tout ce qu'a de funeste l'excès du pouvoir. Notre
vœu , et il est immuable , est de trouver à égale
distance de ces excès , l'indépendance , l'ordre et
la paix de l'Europe. Tous les regards , en France ,
sont fixés sur la constitution de l'Angleterre;
nous ne prétendons pas être plus libres, mais
nous ne consentirons pas à l'être moins.
Les représentans du peuple français travaillent
à son pacte social. Les pouvoirs seront séparés,
mais non divisés. C'est de leur séparation même
qu'on veut faire naître leur harmonie. Dès que
ce traité aura reçu la signature du souverain
qui sera appelé à gouverner la France , ce souve-
rain recevra le sceptre et la couronne des mains
de la nation.
Dans l'état actuel des lumières de l'Europe , un
des plus grands malheurs du genre humain , ce
sont les divisions de la France et de l'Angleterre :
unissons-nous pour le bonheur du monde.
M ilord , nul homme en ce moment , ne peut
aussi puissamment que vous concourir à mettre
l'humanité tout entière sous un meilleur génie
et dans une meilleure condition.
Je prie V. S. , etc.
Signée le duc d'OTRAWTB.
d54 PliCES JUSTIFICATIVES.
Précis des instructions des commissaires
chargés de négocier un armistice.
Paris 9 le ^7 juin i8i5.
Les prétentions de Blûcher sont telles , que^
ccNDobinées avec celles des autres chefs des coali-
sés, elles seraient effrayantes. Le motif qtie Blû-
cher met en avant , la sûreté de son armée j est illu*
soîre , et n'a de but que d'augmenter indéfiniment
ses avantages. La déclaration du chef jprusûen,
de ne conclure d'armistice qu'avec des avantages
immenses, présente beaucoup de difficultés. Une
faut cependant pas se retrancher dans une négar
tive absolue , si les conditions ne dépassait pas
le vrai intérêt public.
S'il fallait consentir à la cession d'une place ,
ce ne pourrait être qu'à la condition qu'cUe ga*
rantirait un armistice jusqu'à la paix.
Il est d'une grande importance d'obtenir la
ligne de la Somme , pour la démarcation de l'ar-
mistice. Si l'ennemi exigeait plus , et qu'on ne put
s'y refuser , il faudrait que la ligne fût tracée entre
la Somme et l'Oise , à vingt lieues de Paris.
Il est indispensable que l'armistice soit com-
mun aux armées prussienne et anglaise.
On tâchera d'y inclure les armées des autres
puissances , sur la base du statu quo. Les négocia-
GAMFA6NB DK l8l5. . 2 55
tions devant nécessairement se prolonger un peu ,
il est nécessaire d'obtenir une suspension prépa-
ratoire , de deux jours au moins , de la marche
des troupes. Il faut aussi stipuler que les coalisés
ne lèveront point de contributions extraordi-
naires.
Quoique leur mission ne soit que la conclusion
d'un armistice ^ ils devront cependant recueillir
<le la part des généraux ennemis , à Tégard de la
forme du gouvemement de la France et des vues
des souverains , tout ce qui leur paraîtra être de
quelque influence sur le parti définitif à prendre
par le gouvernement.
Il est possible qu'on soit obligé d'élargir leê
bases qui ont été tracées aux plénipotentiaires.
Mais s'E fallait donner la main â des arrangemens
d'tmê autre nature^ et qu'on ne pût pas sauver
dans toute sa plénitude le principe de notre indépen^
dancej il est un devoir sacré de chercher À échap*
per à la plus grande partie des înconvéniens
d'une modificàtioii.
Les commissaires répondreot aux objections
relatives à la personne de Napoléon , par la c<»n^
munication des résolutions prises par le gouver-
nement. ( De faire garder NsqfMtléim par le général
Beckers. )
!256 • PIÈGES JC8TIFICATIVBS.
N- XXXV.
Lettre du maréchal Daçoust à Wellington .
Au quartier-général de la Yillette y le 5o juin iBi5.
Milord , vos mouTemens hostiles continuent ,
quoique, suivant leurs déclarations, les motifs
de la guerre que nous font les souverains alliés ,
n'existent plus , puisque l'empereur Napoléon a
abdiqué.
Au moment où le sang est de nouveau sur. le
point de couler , je reçois de M. le duc d'Albu£éra
la dépèche télégraphique dont je. vous envoie
copie. Milord , je garantis sur mon honneur cet
armistice. Toutes les raisons que vous auriez de
continuer les hostilités sont détruites , parce que
vous ne pouvez pas avoir d'autres instructions de
votre gouvernement , que celles que les généraux
autrichiens tiennent du leur.
. Je fais â votre Seigneurie la demande formdle
de cesser immédiatement toutes hostilités, et
que l'on s'occupe d'un armistice, en attendant
la décision du congrès. Je ne puis croire, milord,
que ma demande restera sans effet; vous pren-
driez sur vous une grande responsabilité aux
yeux de vos nobles compatriotes.
€AHPAGNS DB l8l5. 1257
Nul autre motif que celui de faire cesser l'effu-
sion du sang, et l'intérêt de ma patrie, ne m'ont
dicté cette lettre.
Si )e me présente sur le champ de bataille avec
ridée de vos talens, j'y porterai la conviction de
combattre pour la plus sainte des causes, celle de
la défense et de l'indépendance de ma patrie , et
quel qu'en soit le résultat , je mériterai , milord ,
votre estime.
Agréez, etc;
Signé, le maréchal prince d'EcKMÛHi.
Une lettre pareille fut écrite à Blûcher ; voici âa
réponse :
 mon quartier-général, le i** juillet i8i5.
Monsieur le maréchal, il n'e^ pas vrai que
tous les motifs de guerte entre les puissances al-
liées et la France aient cessé parce que Napoléon a
abdiqué ; il n'a abdiqué que conditionnellement
et en faveur de son fils , et les décisions des puis-
sances réunies excluent du trône , non-seulement
Napoléon, mais tous les membres de sa famille.
Si le général Frimont s'est cru autorisé à con-
clure un armistice avec le général ennemi qui
lui était opposé , ce n'est point un motif pour
V. 17
«258 PISCES JUSTinCATIVBS.
nous d*en faire autant. Nous poursuiyons notre
victoire , et Dieu nous en a donné la Yolonté et
les moyens.
Prenez garde à ce que vous faites, M. le ma-
réchal , et ne plongez pas encore une ville dans
le malheur ; car vous savez ce que le soldat irrité
se permettrait , si votre capitale était prise d'as-
saut.
Voulez-vous vous charger des malédictions de
Paris , comme de celles de Hambourg?
Nous voulons entrer dans Paris, pour protc^ger
les honnêtes gens contre le pillage , dont les hon-
nêtes gens sont menacés par la canaille. Un ar-
mistice satisfaisant ne peut être conclu que dans
Paris. Vous ne méconnaîtrez sans doute pas,
M. le maréchal, cette situation où nous nous
trouvons envers votre nation.
Au reste, M. le maréchal, je vous observe que
si vous voulez traiter avec nous, il est singulier
que vous arrêtiez, contre le droit des gens, nos
officiers porteurs de lettres et de missions (*).
J'ai l'honneur d'être , dans les formes de la po-
litesse convenue, M. le maréchal, votre dévoué
serviteur ,
Signée Blûgher.
(♦) A qui Blikher oaToyaii-U de» ofBcîei», dont lo géaéni oa chef
français ne devait pas connaître la missionf Étaît-ce à Fooché? Ma»
le irûinîchal Davoust n'aurait pas arréui de» dép^e» adresse» au cbcf
du gouvci-nement français. Cctaîcni donc, et on n'en pcnt pas douter,
des missions d'espionnage.
CAMPAGNE DE l8l5. sSq
K XXXVI.
Délibération de la commission du
frouçemement .
Du 1" juillet i8i5.
La commission arrête ce qui suit :
Article i**.
M. le maréchal prince d'Eckmûhl réunira ce
soir, à neuf heures , à son quartier-général de la
y iUette , un conseU de gu«rre , auquel il appelera
les officiers généraux commandant les corps d'aiv
mée sous ses ordres, qu'il croira susceptibles
d'éclairer la délibération, ainsi que les officiers-
généraux commandant en chef l'artillerie et le
génie.
Art. 2.
^ Tous les maréchaux présens â Paris, et le lieu-
I tenant-général Gazan , sont invités â se rendre au
^ conseil et à concourir â la délibération.
a6o PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Art. 5.
L'objet de la délibëratian ie composera des ques-
tions suivantes :
i"" Quel est l'état des retranchemens et leur ar-
mement , tant sur la rive droite que sur la rive
gauche de la Seine?
2* L'armée peut-elle défendre toutes les appro-
ches de Paris , même sur la rive gauche de la
Seine?
3** L'armée pourrait-elle recevoir le combat
sur tous les points à la fois?
4*» En cas de revers, le général en chef pourrait-
il réserver ou recueillir des moyens , pour s'op-
poser à l'entrée de vive force?
5' Existe-t-il des munitions suffisantes pour
plusieurs combats ?
6* Enfin, peut-on répondre du sort de la capi-
tale , et pour combien de temps?
Art. 4-
11 sera dressé procès-verbal de la délibération
du conseil de guerre , et ce procès-verbal sera
signé par MM. les maréchaux et officiers généraux
présens.
Art. 5.
L'expédition de ce procès -verbal sera adres-
CAMPAGNE DE l8l5. â6l
sée , séance tenante^ à la commission du gouverne-
ment»
Art. 6.
Le ministre de la guerre est chargé de la
prompte exécution de cet arrêté.
Après que le conseil de guerre se fut séparé ,
on adressa au gouvernement un prétendu procès-
verbal portant les réponses suivantes :
A la i^ question.— L'état des retranchemens et
leur armement à la rive droite de la Seine , quoi-
qu'incomplet, est en général assez satisfaisant.
Sur la rive gauche , les retranchemens peuvent
être considérés comme nuls.
jd la â*. — Elle le pourrait, mais non pas indé-
finiment et elle ne doit pas s^xposer à manquer
de vivres et de retraite.
Jl la 3'. — Il est difficile que l'armée puisse être
attaquée sur tous les points à la fois; mais, si cela
arrivait , il y aurait peu d'espoir de résistance.
j4 la 4*. — Aucun général ne peut répondre
des suites d'une bataille.
J la 5*. — Oui.
j4 la 6*. — Il n'y a aucune garantie à cet <!ganl.
263 PdkCES JtSTIFICATITBS.
N- XXXVH-
Lettre de Ziethen au maréchal Das^oust.
Le • fulllet i8i5.
Monsieur le général, le général Revest ma
communiqué verbalement que tous demandiez
un armistice , pour traiter de la reddition de la
yiUe de Paris.
En conséquence , monsieur le général , je dois
TOUS déclarer que je ne suis nullement autorisé
à accepter un armistice; je n'ose même point
annoncer cette demande â S. A. le maréchal Blû-
cher; mais cependant^ si les députés du gouver-
nement déclarent â mon aide-de-camp , le comte
Westphalen , qu'ils veulent rendre la ville , et que
l'armée veut se rendre aussi^ j'accorderai une sus-
pension d'armes.
J'en ferai part alors à S. A. le prince Blûcher,
pour traiter sur les autres articles.
Signée Ziethen.
CAMPAGNE DE l8l5. a63
N- XXXVIII.
Convention militaire.
Aujourd'hui 3 juillet, les commissaires nom-
més par les commandans en chef des armées
respectives, savoir: le baron Bignon, ayant le
porte- feuille des affaires étrangères; le comte
Guilleminot, chef de Tétat-major général do
l'armée française; le comte de Bondy, préfet du
département de la Seine , munis des pleins pou-
voirs du maréchal prince d^Eckmûhl, comman-
dant en chef de l'armée française, d'une part: et
le major-général baron Mufiling, muni des pleins
pouvoirs de S. A. le feld-maréchal prince de
Blûcher, commandant en chef de l'armée prus-
sienne; le colonel Harvey, muni des pleins pou-
voirs de S. E. le duc de Wellington , commandant
en chef de l'armée anglaise , d'autre part ; sont
convenus des articles suivans :
Articie i".
Il y aura une suspension d'armes entre les ar-
mées alliées, commandées par S. A. le prince
Blûcher et S. E. le duc de Wellington , et l'armée
française sous les murs de Paris.
1264 PIÈCES JVSTIFICATITES.
Art. â.
L'armée française se mettra en marche demain^
pour prendre sa position derrière la Loire. Paris
sera entièrement éracué en trois jours , et le
mouvement derrière la Loire sera effectué sous
huit jours.
Art. 3.
L'armée française emportera ayec elle tout son
matériel, son artillerie de campagne, ses caisses
militaires , chevaux et effets de régimens , sans
exception. Toutes les personnes attachées aux dé-
pôts seront aussi emmenées ,. ainsi que celles qui
appartiennent aux différentes branches de Tad-
ministration de l'armée.
Art. 4-
Les malades et les blessés, et les officiers de
santé qu'il sera nécessaire de laisser avec eux,
seront sous la protection spéciale des comman-
dans en chef des armées anglaise et prussienne.
Art. 5.
Les militaires et employés, que l'article précé-
dent concerne , auront la liberté , immédiatement
CAMPAGNE DE l8l5. 265
après leur guérison , de rejoindre les corps aux-
quels ils appartiennent.
Aht. 6.
Les femmes et enfans de tous les individus ap-
partenant à l'armée française, auront la liberté
de rester à Paris. Les femmes mariées pourront
quitter Paris pour rejoindre l'armée , et empor-
ter avec elles leurs propriétés et celles de leurs
maris.
Art. 7.
*
Les officiers de la ligne employés avec les fé-
dérés , ou avec les tirailleurs de la garde nationale,
pourront ou rejoindre l'armée , ou retourner chez
eux, ou dans leur pays natal.
Art. 8.
Demain, 4 juillet , à midi , Saint-Denis, Saint-
Ouen, Clichy et Neuilly seront rendus; après-
demain 5 , à la même heure , Montmartre sera
rendu; le 3* jour 6, toutes les barrières seront
rendues.
Art. 9.
Le service de la ville de Paris continuera d'être
366 PliCBS JU8TIFICATIYES.
fait par la gardb nationale , et par le corps de la
gendarmerie municipale.
Aht. io.
Les commandans en chef des armées anglaise
et prussienne s'engagent à respecter, et à faire
respecter, par leurs subordonnés, les autis^
rites actuelles, aussi long -temps qu'elles existe--
ront.
Art. 11.
Les propriétés publiques, à Texception de
celles qui ont rapport à la guerre, soit qu'elles ap-
partiennent au gouTemement ou qu'elles dépen-
dent des autorités municipales , seront respectées,
et les puissances alliées n'interviendront en au-
cune manière dans leur administration et direc-
tion.
Art. 12.
Les personnes et propriétés individuelles seront
également respectées. Les habitans, et en général
tous les individus qui seront dans la capitale,
continueront de jouir de leurs droits et libertés ,
sans être recherchés^ soit en raison des emplois
qu'ils occupent ou ont occupés , ou de leur con-
duite ou opinions politiques.
CAMPAGNE DE l8l5. 267
Art. i3.
Les troupes étrangères ne mettront aucun obs-
tacle à TapproYisionnement de la capitale, et elles
protégeront , au contraire , l'arrivée et libre cir-
culation des articles qui seront destinés pour elle.
Akt. i4*
La présente convention sera observée et sera
prise pour règle des relations mutuelles , jusqu'à
la conclusion de la paix. En cas de rupture , elle
devra être dénoncée dans les formes usités, au
moins dix jours d'avance.
Art. i5.
S'il survient des difficultés dans l'exécution
d'aucun des articles de la présente convention,
l'interprétation en sera faite en faveur de l'armée
française et de la ville de Paris.
Art. 16.
La présente convention est déclarée commune
à toutes les armées alliées, pourvu qu'elle soit ra-
tifiée par les puissances dont ses armées dépen-
dent.
268 pièces jvstificatites.
Art. 17.
Les ratifications seront échangées demain 4
juillet, à 6 heures du matin, au pont de Neuilly.
Art. 18.
Il sera nommé de part et d'autre des commis^
saires , pour surveiller l'exécution de la présente
conTention*
Fait et signé à Saint -Gloud, en tripltcata, par les
commissaires nommés ci-dessus, les jour et an susdits.
Signée le baron Bignon, le comte Guilleminot ,
le comte de Bondy ; le baron de Mûffung ,
F. B. Haryey, colonel.
Approuvé et ratifié la présente suspension d^amies , à
Paris 9 le 5 juillet 181 5.
Blûcher, Wellington.
Approuvé ,
Le maréchal prince d'EcKM ûhl.
CAMPAGNE DE l8l5. 269
m — ^— »— ^— »—— -^ I ■ ■— »— a^i— ■ ■ ■ ■
N' XXXIX.
Remercimens à V armée de Paris.
AU NOM BU PEUPLE F&ÀNÇIIS.
Les chambres , vu la convention faite avec les
généraux des puissances aUiées , ont adopté ce
qui suit :
Article i*'.
Les chambres votent des remercimens aux
braves de toutes armes, qui ont si vaillamment
défendu les approches de la capitale.
Art. 2.
Elles chargent spécialement le gouvernement
de s'occuper sans délai à faire liquider les pen-
sions, et distribuer les secours auxquels ont droit
les militaires blessés , les veuves et les enfans de
tous les citoyens morts en combattant pour la
* patrie.
Art. 3.
Les chambres déclarent qu'elles ne cesseront
a^O PIÈCES JUSTIFICATIYES.
de s'occuper, ayec sollicitude et affection, des
années françaises, de leur situation, de leurs
besoins. Elles leur rappellent que c'est encore sor
leur fidélité à leurs drapeaux, sur l'énergie de
leurs dispositions , sur la fermeté de leur conte-
nance, sur la régularité de leur discipline, sur
leur amour de la patrie , que reposent la garantie
de l'ordre public dans l'intérieur , l'indépendance
nationale , et une heureuse influence sur les né-
gociations avec les alliés.
Art. 4-
La chambre rote également des remerclmens
à la garde nationale parisienne , qui s'est si no-
blement partagée entre le maintien de l'ordre
dans la cité , et la défense contre les ennemis hors
des murs; aux fédérés ; aux tirailleurs ; aux élèves
des écoles polytechnique, de droit, de médecine
et d'Alfort; de l'école normale; des lycées, qui
ont rivalisé de zèle et de courage.
Art. 5.
La cocarde, le drapeau, le pavillon aux trois
couleurs sont mis sous la sauve -garde spéciale *
des armées , des gardes nationales et de tous les
citoyens.
La présente résolution , etc.
Donné à Paris, le 4 juillet i8i5.
CAUPAGNE DE l8l5. 2'J\
N- XL.
Proclamation de la commission du
gùui^emement.
Français !
Dans les circonstances difficiles où les rênes
de Tétat nous ont été confiées , il n'était pas en
notre pouvoir de maîtriser le cours de événemens
et d'écarter tous les dangers ; mais nous devions
défendre les intérêts du peuple et de l'armée,
également compromis dans la cause d'un prince
abandonné par la fortune et par la volonté na-
tionale.
Nous devions conserver à la patrie les restes
précieux de ces braves légions, dont le courage
est supérieur aux revers , et qui ont été victimes
d'un dévouement que la patrie réclame aujour-
d'hui.
Mous devions garantir la capitale des horreurs
d'un siège ou des chances d'un combat; main-
tenir la tranquillité publique, au milieu du tu-
multe et des agitations de la guerre, soutenir les
espérances des amis de la liberté , au milieu des
craintes et des inquiétudes d'une prévoyance soup-
çonneme; nous devions surtout arrêter l'effusion
27a PliCES JUSTIFICATITSS.
inutile du sang ; il fallait opter entre une exis-
tence nationale assurée , ou courir le risque d'ex*
poser la patrie et les citoyens â un bouleversement
général y qui ne laisserait plus ni espérance ni
avenir.
Aucun des moyens de défense que le temps et
nos ressources permettaient, rien de ce qu'exi-
geait le service des camps et de la cité n'a été
négligé.
Tandis qu'on terminait la pacification de l'Ouest,
des plénipotentiaires se rendaient auprès des puis-
sances alliées , et toutes les pièces de cette négo-
ciation ont été mises sous les yeux de nos rc-
présentans.
Le sort de la capitale est réglé par une conven-
tion; ses habitans, dont la fermeté, le courage
et la persévérance sont au-dessus de tout éloge ,
ses habitans en conservent la garde. Les décla-
rations des souverains de l'Europe doivent ins-
pirer trop de confiance , leurs promesses ont été
trop solennelles , pour craindre que nos libertés
et nos plus chers intérêts puissent être sacrifiés
à la victoire.
Nous recevons enfin les garanties^ qui doivent
prévenir ces triomphes alternatifs et passagers
des fections , qui nous agitent depuis vingt-cinq
ans, qui doivent terminer nos révolutions, et con-
fondre , sous une protection commune, tous les
partis qu'elle a fait naitre et tous ceux qu'elle a
combattus.
CAMPAGNE DE l8l5. ^'JÔ
Les garanties qui jusqu'ici n'ont existé que
dans nos principes et dans notre courage, nous
les trouverons dans nos lois, dans nos constitu-
tions , dans notre système représentatif , car ,
quelles que soient les lumières, les vertus, les
qualités personnelles du monarque , elles ne suf-
fisent jamais pour mettre le peuple à l'abri de
l'oppression, de la puissance des préjugés, de
l'orgueil, de l'injustice des cours, et de l'ambi-
tion des courtisans.
Français! la paix est nécessaire à votre com-
merce , à l'amélioration de vos mœurs , au déve-
loppem^it des ressources qui vous restent; soyez
unis, et vous touchez au terme de vos maux.
Le repos de l'Europe est inséparable du vôtre ;
l'Europe est intéressée à votre tranquillité et à
votre bonheur.
Donné à Paris, le 5 juillet 181 5.
V. iS
274 PIÈCES JUSTIFICÀTITES.
=3
N- XLI.
Déclaration de la chambre des
représentons.
Les troupes des puissances alliées sont sur le
point d'occuper la capitale.
La chambre des représentans continuera néan-
moins à siéger au milieu des habitans de Paris ,
où le vœu du peuple a appelé ses mandataires.
Mais , dans ces graves circonstances , la cham-
bre des représentans se doit à elle-même, elle
doit à la France et à l'Europe , de déclarer ses
sentimens et ses principes.
EUe déclare donc qu'elle fait un appel solennel
à la fidélité et au patriotisme de la garde nationale
de Paris s chargée du dépôt de la représentation
nationale.
Elle déclare qu'elle se repose avec la plus haute
confiance sur les principes de morale, d'honneur, sur
la magnanimité des puissances alliées, et sur leur
respect pour l'indépendance de la nation, si haute^
ment exprimé dans leurs manifestes.
Elle déclare que le gouvernement français,
quel qu'en puisse être le chef ^ doit réunir les
vœux de la nation , légalement émis , et se cqor-
CAMPAGNE DE l8l5. 2'jS
donner avec les autres gouyememens , pour de*
yenir un lien commun et la garantie de la paix
entre la France et TEurope.
Elle déclare qu'aucun monarque ne peut of-
frir de garantie réelle, s'il ne jure d'observer une
constitution , délibérée par la représentation na*
tionale et acceptée par le peuple. Ainsi tout gou-
vernement qui n'aurait d'autre titre que des ac-
clamations et la volonté d'uii parti , ou qui serait
imposé par la force ; tout gouvernement qui n'a-
dopterait pas les couleurs nationales et ne garan-
tirait pas : la liberté des citoyens; — l'égalité des
droits civils et politiques ; — la liberté de la presse ;
— la liberté des cultes; - le système représen-
tatif; — le libre consentement des levées d'hommes
et d'impôts; — la responsabilité des ministres; —
l'irrévocabilité des ventes des biens nationaux de
toute origine ; — l'inviolabilité des propriétés ; —
l'abolition de la dîme , de la noblesse ancienne
et nouvelle , héréditaire , et de la féodalité ; —
l'abolition de toute confiscation de biens ; — l'ou-
bli entier des opinions et des votes politiques émis
jusqu'à ce )Our ; — l'institution de la légion-d'hon-
neur ; - les récompenses dues aux officiers et aux
soldats ; — les secours dus à leurs veuves et à leurs
enfans; — l'institution du jury; — l'inamovibilité
des juges; — le paiement de la dette publique,
n'aurait qu'une existence éphémère , et n'assure-
rait point la tranquillité de la France et de l'Europe.
Que si les bases énoncées dans cette déclara-
276 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
tion pouvaient être méconnues ou violées , les
représentans du peuple français s'acquittent au-
jourd'hui d'un devoir sacré, protestant d'avance,
à la face du monde entier, contre la violence et
l'usurpation. Us confient le maintien des dispo-
sitions qu'ils proclament à tous les bons Fran-
çais, à tous les cœurs généreux , â tous les esprits
éclairés , à tous les hommes jaloux de leur liberté;
enfin , aux générations futures.
CAMPAGNE DB l8l5. 277
N- XLII.
Message de la commission du
goui^emem^nt.
Monsieur le président, jusqu'ici nous avons
dû croire que les souverains afliés n'étaient point
unanimes , sur le choix du prince qui doit régner
en France; nos plénipotentiaires nous en ont
donné les mêmes assurances à leur retour.
Cependant les ministres et les généraux des
puissances alliées ont déclaré hier, dans les con-
férences qu'ils ont eues avec le président de la
commission , que tous les souverains s'étaient en-
gagés à replacer Louis XYIII sur le trône , et qu'il
doit faire , ce soir ou demain , son entrée dans
cette capitale.
Les troupes étrangères viennent d'occuper les
Tuileries , où siège le gouvernement.
Dans cet état de choses , nous ne pouvons plus
que faire des vœux pour la patrie , et , nos délibér
rations n'étant plus libres, nous croyons devoir
nous séparer.
Le maréchal prince d'Essling et le préfet de la
Seine ont été chargés de veiller au maintien de
278 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Tordre, de la sûreté et de la tranquillité pu-
bliques.
J'ai rhonneur de tous offrir, .M. le présidents,
les nouvelles assurances de ma haute considé-
ration.
CAHPAGNB 0B l8l5# 279
1 ■ ■ ■ ■
N' XLni.
■
Coni^ention pour l'armée du Rhin.
Pour conclure la présente convention ^ ont été
nnmb de pleins pouYoïrs, de k part de M. le
comte Rapp , général en chef de rarmée du Rhin,
le lieutenanC-général commandant du génie , ba-
ron de MaureiUan , et de la part de S. A. le prince
de HohenzoUem-Hechingen , général en chef des
armées alliées en Alsace, le lieutenant -général
comte Yacquant Geozelles , lesquels sont convenus
de ce qui suit :
Article i*'.
n y aura entre leb armées respectives , une sus-
pension d'armes , qui s'étendra à toutes les places
fortes sous les ordres du général en chef deFarmée
du Rhin, savoir : Strasbourg, Landau, Lichten-
berg , la Petite-Pierre , Phalzbourg , Schelestadt ,
Neuf-Brisach , Fort-Mortier', Hunin^ue et Béfort.
Art. 2.
La présente suspension d'armes ne pourra pas
être dénoncée avant dix jours de la date de sa ra-
a80 PJÈGE8 JUSTIFICATIVES.
tification; mais les hostilités ne pourront com-
mencer que quarante-huit heures après la dé-
nonciation, pendant lequel temps, les forte-
resses ci -dessus dénommées pourront en être
prévenues.
Art. 3.
Les armées respectives, ainsi que les corps de
blocus , conserveront leurs positions respectives ,
telles qu'elles étaient au moment delà conclusion
du présent armistice.
Art. 4-
Il sera envoyé , par le général en chef de Fannée
française , un officier, porteur de la présente con-
vention , et accompagné par un officier de l'armée
alliée. Ces officiers seront chargés d'établir, par
des communications mutuelles , qudle était la
position des avant-postes autour de ces forteresses,
au moment de la conclusion de la présente con-
vention.
Art. 5.
La dénonciation du présent armistice ne peut
avoir lieu , que de la part des généraux en chef de
l'armée française ou de l'armée alliée.
CAMPAGNE DE i8l5. 28 1
Art. 6.
Le général qui dénoncera l'armistice enverra
trois . officiers pour en prévenir les forteresses y
savoir : un à Schelestadt, Neuf-Brisach , Fort-Mor-
tier, Huningue et Béfort ; le second à Phalzbourg,
Lichtenberg et la Petite -Pierre; le troisième à
Landau. Le général qui recevra la dénonciation ,
sera tenu de faire accompagner chacun d eux
par un officier de son armée , afin que cette no-
tification soit faite de la même manière que celle
de l'armistice.
Art.
Si, dans l'espace de dix jours, aucune dé-
nonciation n'a eu lieu , le commandant en chef
de l'armée des alliés s'engage à permettre, de
cinq en cinq jours, une communication entre le
commandant en chef de l'armée française et ceux
des places ci -dessus mentionnées, au moyen
d'officiers escortés, ainsi qu'il a été déterminé
par l'article précédent.
Art. 8.
L'armée française, désirant envoyer une dépu-
tation â Paris, pour prendre les ordres du gou-
28s PIÈCS8 JosrmcATnrBS.
Temement, le commandant en chef de Tannée
des alliés délivrera des passe-ports à cette dépu-
tation, composée d'un lieutenant-général, un ma-
réchal de camp et huit officiers supérieurs , et la
£era accompagner par un officier, qui lui facili-
tera les moyens d'arriver au plus tôt i sa. des-
tination.
Art. 9.
Les commandans en chef der armées respect
tives conviendront entre eux, dans tes vingt-
quatre heures , du mode par lequel les lettres et
paquets du gouvernement, et tous autres adressés
à l'armée et aux places fortes, et vice vend , par-
viendront à leur adresse et les courriers pourront
passer.
Art. 10.
La présente convention entre les deux armées^
n'ayant pour objet que d'éviter toute effusi<m de
sang inutile , il n'y est rien établi relativement au
territoire quelconque qui doit être occupé par.
l'armée française , pendant la durée des n^ocia-
tions de paix présumées; cet objet devant d'ail-
leurs être traité, dans les conventions générales,
entre les puissances alliées et le gouvernement
français.
CAMPAGNE DE l8l5. ^83
Art. 1 1 .
Le présent armistice ne sera valable qu'après
avoir été ratifié.
Ainsi fait et conclu au quartier- général de Ttle de
Wacken^ le aa {uillet i8i5.
284 PIÈCES JUSTIFICATIVES.
N- XLIV.
' Convention pour l'armée des Alpes.
Article i"'.
Il y a suspension d'armes entce les deux armées.
Art. 2.
La ligne de démarcation ^ entre elles , part de
Mâcon , passe par Beaujeu , Chasselay , Tarare ,
Montrottier, Izeron, Saint-Andeol, Condrieux, ex-
clusivement, et de là, le long de la rive gauche du
Rhône, jusqu'à l'embouchure de l'Isère, le long
de cette rivière jusqu'à Grenoble; mais dans le
cas où cette ville serait déjà prise , la ligne se di-
rige sur Yizille et de là le long de la Romanche
jusqu'à Almont. Les troupes qui sont dans le dé*
partement des Hautes-Alpes conserveront les po-
sitions qu'elles occupaient le jour de la signature
de la présente convention.
Art. 3.
Le 1 3 juillet, l'armée française quittera sa po-
CAMPAGNE DE l8l5. 285
sition actuelle et occupera les ouvrages de Mon-
tesny entre le Rhône et la Saône. Le 14? avant le
coucher du soleil , ces ouvrages seront remis aux
troupes autrichiennes, ainsi que les ouvrages
avancés des Brotteaux et de la Guillottière ; le 1 5 ,
les faubourgs et les ouvrages des Brotteaux et
de la Guillottière seront remis de même; le 16,
le faubourg de la Croix-Rousse , et la barrière de
Sainte-Claire ; enfin , le 1 7 , avant le coucher du
soleil, toutes les barrières de Lyon seront remises,
et les troupes françaises évacueront la ville. La
route que Farmée française suivra dans sa retraite,
ne pourra être occupée , avant le 2 1 , par aucunes
troupes alliées.
Art, 4«
L'armée française conduit avec elle , sans excep-^
tion , tout son matériel , parcs de campagne ^ cais-
ses militaires , chevaux , et tout ce qui est de la
propriété des régimens; il en sera de même du
personnel des dépôts et des différentes branches
de l'administration. Dans le cas où l'armée fran-
çaise laisserait une partie de ses équipages mili-
taires à Lyon, il en sera dressé un inventaire; les
objets y resteront en dépôt et sont confiés â la
loyauté du commandant en chef autrichien. Les
forts , redoutes et ouvrages de fortifications , res-
teront tels qu'ils sont pendant la suspension
d'armes.
aè6 PIÂCEft JUSTIFIGATITBS.
Art. 5.
Les malades et blesfléa, ainsi qae les officiers de
santé qu'on laisse pour les soigner, sont placéssous
la protection particulière de l'année autrichienne.
Art. 6.
Les premiers retourneront à leurs corps lors-
qu'ils seront rétablis.
Art. 7.
Les femmes et les enfans des individus qui sont
à l'armée française , peuvent rester à Lyon ou dans
d'autres lieux occupés par les troupes autrichien-
nes, ou se rendre sans obstacles à l'armée fran-
çaise , avec les propriétés de leurs époux.
Art. 8.
Les officiers de ligne , qui ont commandé des
fédérés ou des tirailleurs de la garde nationale,
peuvent, à leur choix, suivre l'armée ou se retirer
chez eux.
Art. 9.
Le service intérieur à Lyon , Vienne , ViUefiran-
CAHPAGTIB DE l8l5. 2187
che et autres villes , en dedans de la ligne de dé-
marcation, sera fait en commun par la garde
nationale et les troupes alliées.
Art. 10.
Les autorités actuelles seront respectées, et
tous les employés ou autres individus qui vou-
dront Véloigner des lieux occupés , recevront les
saufs-conduits nécessaires.
itRT. 1 1 .
Les propriétés , les monumens et les établisse-
mens publics , soit qu'ils appartiennent au gou-
vernement ou qu'ils dépendent des administra-
tions municipales , seront respectés , et les com-
mandans de l'armée autrichienne s'abstiendront
de toute intervention dans l'administration lo-
cale.
Art. 12.
Les propriétés particulières et les personnes
seront également respectées ; les habitans conti-
nueront à jouir de leurs droits et de leur liberté ,
sans qu'ils puissent être recherchés ni inquiétés ,
soit par rapport à leurs fonctions publiques ac-
tuelles ou passées, soit pour leur conduite ou
leurs opinions publiques.
2%8 pièges justificatives.
Art. i3.
Les autorités autrichiennes se concerteront
ayec les françaises , pour le maintien de Tordre et
de la tranquillité.
Art. i4-
Les troupes étrangères ne troubleront en au-
cune manière le libre transport des vivres à Lyon
et dans les provinces occupées ; elles le protége-
ront au contraire. La même chose s'entend pour
les forts ou places for^ comprises dans la ligne
de démarcation.
Art. i5.
Il sera pris des arrangemens particuliers avec
le maire de Lyon, pour le casernement des trou-
pes autrichiennes.
Art. i6.
La présente convention fixe les rapports res-
pectifs jusfju'à la conclusion de la paix. En cas de
rupture , elle sera dénoncée dans les formes ordi-
naires 9 dix jours à l'avance.
CAMPAGNE DE l8l5. a&Q
Art. 17.
Tous les articles douteux de cette convention
seront interprétés en faveur de Farmée française ,
et des viUes de Lyon, Vienne, ViUefranche, etc.
Il en sera de même pour les cas non prévus dans
la présente convention*
Art. 1 8.
La présente convention , sous le rapport de la
ligne de démarcation qu'elle établit , est déclarée
obligatoire pour Tannée autrichienne et pour
toutes les autres armées alliées ; cependant, à l'é-
gard de ces dernières , sous la réserve de la ratifi-
cation des puissances dont elles dépendent.
Art. 19.
Lei ratifications seront échangées demain,
\2 juillet, à trois heures après midi, et plus tôt
si faire se peut.
Art. 20.
Les plénipotentiaires autrichiens ayant de-
mandé la remise des forts Barreaux et Pierre-Châ-
tel, et ceux du duc d'Albuféra ayant déclaré
qu'ils n'étaient pas autorisés à cette remise , on
V. 19
2Q0 PIECES JUBTinCATIVES.
est convenu de laisser cet objet â la décision des
puissances respectives.
Art. ai.
Il sera nommé de part et d'autre des com-
missaires pour reiécution de la présente conven-
tion.
Aet. 22.
Il sera de suite expédié des officiers le long de
la ligne , pour faire cesser les hostilités.
Art. â3.
Les articles de cette convention qui seraient
contraires à ce qui sera conclu â Paris entre les
gouvememens respectifs, seront regardés comme
non avenus.
AiBsi conclu et signé à Montluel, le 1 1 iufllet i8i5.
Signé j le lieutenant-général baron Puthod ; Pons,
préfet du Rhône; Ricci, adjudant-comman-
dant; Jare, maire de Lyon; le général-major
comte Fiquelmont; le colonel baron Kudelka,
chef d'état-major de Tarmée d'Italie.
CAMPAGNE DE 181 5. âQl
Yu et ratifié , avec les additions suivantes :
A l'Art. 4-
L'obligation de laisser les fortifications dans
leur état actuel, ne s'entend que de celles qui sont
armées.
A l'Art. 9.
La fixation du nombre et du service de la garde
nationale dépendra des autorités militaires et
alliées.
A l'Art. 18.
Après ces mots : pour toutes les armées autri--
chiennes j il faut ajouter , et toutes les armées fran-
çaises.
Signée le maréchal duc d'ALBUFÉRA,
le général en chef baron Frimont.
FIN DBS PIEGBS JUSTIFICATIVES DB l8l5.
TABLE
DES
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
CAMPAGNE DE i8i4.
ItomcrM. Page*.
I. Proclamatton aux habitans du Grand Duché
de Francfort, du a8 octobre iBi3 i
II. A. Convention entre la Russie et TAngle-
terre 5
B. Traité conclu entk*e TÂngleterre et la
Prusse 7
G . Gonventfon du 3b septembre 1 8 1 3, entre
lord Gastlereagh et le comte de Lieven. ib.
B. Traité préliminaire de paix et d'alliance
entre l'Angletene et rÂutriohe, le 3
octobre i8i3. ^ 9
394 TABLE.
Ni
TH. Di«poutioii8 des puissances alliées à Tégard
des pays conquis pendant la durée de la
guerre / . '. ii
IV. Plan de la convention imposée aux princes
allemands, pour la prestation des dépenses
de la .guerre 20
Y. Ëtat des fonds dont la Coalition disposait
pour la campagne de 1814 ^5
VI. Bases du système de défense de l'Allemagne. %^
VII. Protocole de la Conunission chargée du rè-
glement du système de défense de l'Alle-
magne 35
VIII. Proclamation du général Bûlow, aux Fla-
mands 4^
IX. Proclamation de Justus Gruner, aux habi-
tans des provinces moyennes du Rhin. . . éfi
X. Note du comte de Mettemich, en réponse à
celle du duc de Bassano 49
XI. Rapport du baron de Saint- Aignan 5i
XII . Note écrite à Fran cf ort , le 9 novembre 1 8 1 3 ,
par le baron de Saint- Aignan 67
XIII. Proclamation di^ prince d'Orange aux Hol-
landais 60
XIV. Proclamation du prince d'Orange 6a
XV. Lettre.du duc de Bajssano au comte de Met-
temich. . > . . . 64
XVI. -Réponse du prince de Metternichf au duc
de Bassano 66
TABIE. âg5
NwBÀTM. Pages.
XYIL Déclaration des Coalisés^ puUîée à Franc-
fort, le 1" décembre i8i3 6S
XYIII. Lettre du duc de Yicence au prince de
Mettemich yt
XIX. Réponse du prince de Mettemich au duc
de Yicence ^3
XX. Acte de neutralité de la Suisse 74
XXI . Note remise au landammann de la Suisse,
par les plénipotentiaires russe et au-
trichien , le 30 décembre i8i3* .... 76
XXII. Proclamation du général Watte^lle à
ses troupes « . 79
XXIII. Proclamation de Schwarzenberg aux
Français. 81
XXIY. Proclamation de Blûcher jaux habitans
de la riye gauche du Rhin 85
XXY. Proclamation de Bubna 85
XXYI. Lettre du duc de Yicence au prince de
Mettemich 86
Réponse du prince de Mettemich 87
XXYII. Proclamation du prince royal de Suède. 89
XXYIII. Décret impérial du 5 mars 1814 91
XXIX. Proclamation de Schwarzenberg 9a
XXX. Ordre du jour du duc de Dalmatie. ... 96
XXXI. Traité de Chaumont, du 1*' mars 181 4- 99.
XXXII. Déclaration des puissances coalisées. . . 108
XXXIII. Proclamation de Schwarzenberg aux
Parisiens 117-
<206 TABLE.
XXXIY. Capitulation de Paris, le 3i mars 1814. 119
XXXV. Déclaration de» coalisés, à Paris, du
même four lai
XXXVI. Acte de garantie ia5
Ordre du prince de Schwanenberg , pour
les années coalisées ia4
Ordre du maréchal Barkiay , pour rarmée
de Silésle iè.
XXXVII. TrailédeFontainebleau,duiiavrîli8i4. laS
TABLE.
297
ii
CAMPAGNE DE i8i5.
Numéros. Page*.
I. Traité du 26 mars i8i5 137
II. Discours tentis au parlement anglais i4a
III. Déclaration de TAngleterre au sujet du traité
du a5 mars 160
Adhésion de TAtitriche à la déclaration de
l'Angleterre 161
IV. Proclamaition de Wellington i63
Ordre du jour annexé à la proclamation. . . 164
y. Proclamation de Justus Gruner 166
VI. Convention avec la Suisse 169
VII. Â. Répartition de l'armée prussienne, au
mois de mars i8i5 173
B. Augmentation qu'a reçue l'armée prus-
sienne en 1S14 ilf'
C . Situation de l'armée prussienne , au mois
de mai i8i5 173
D. Classification des troupes des six corps
d'armée de la Prusse /en i8i5 ib.
VIII. Ordre du jour pour le 14 juin 175
IX. Ordre de mouvement pour le i5 |uin 180
agS TABLE.
X. Ordre de mouvement au maréchal
Gronchy 1 89
XI. Premier ordre au maréchal Ney, du 16
{uîn 191
XII. Deuxième ordre , idem 193
XIII. Troisième ordre, idem 193
XIV. Quatrième ordre, idem. 194
XY. Premier ordre au maréchal Ney, du
17 juin , 195
XVI. Deuxième ordre au même, idem 197
XVn. Premier ordre au maréchal Grouchy,
du 18 juin 198
XVin. Ordre au même» idem 300
XIX. Deuxième ordre au même, idem aoi
XX. Rapport du duc de Wellington, adressé
au comte Bathurst, principal secvé-
taire-d'État de S. M. pour le dépar-
tement de la guerre 3o3
«
XXI. Rapport de l'armée prussienne a 14
BataiUe de Ligny ai5
XXII. État des pertes des années coalisées et
.française, dans le nord, du i5 juin
au 3 juillet i8i5 aa^
XXIII. Discours de M. de Lafayette aa8
XXIV. Message porté par le ministre- d'État
Regnault de Saint-Jean-d'Angely. . . a5i
XXV. Déclaration au peuple français a53
XXyi. Résolution de la chambre des représeo-
tans, le a5 juin a34
r
TABLE. 2gg
NviMfM. Pkgei.
XXTII. Proclamation du gouTernemeiit provi-
soire.. a35
XXYIII. Loi du a8 Jniii n5g
Extrait des minutes de la secrétairerie
d'État : a4o
XXIX. Napoléon aux braves soldats de raimée
devant Paris a4^
XXX. Offre de Napoléon à la commission du
gouvernement a4^
XXXI. Précis des instructions données aux plé-
nipotentiaires français a47
XXXII. Lettre du duc de Wellington a5o
XXXIII. Note des Coalisés a5i
XXXIY. Lettre de Fouché à Wellington. aSa
Précis des instructions des conunissaires
chargés de négocier un armistice. . . 354
XXXY. Lettre du maréchal Davoust à Welling-
ton et à Blûcher * a56
Réponse de Blûcher au maréchal Da-
voust a57
XXXVI. Délibération de la commission du gou-
vernement a59
XXXYII. Lettre de Ziethen au maréchal Davoust. 262
XXXYIII. Convention militaire de Paris a63
XXXIX. Remerctmens à Tannée de Paris 269
XL. Proclamation de la conunission du gou-
vernement 371
XLI. Déclaration de la chambre des repré-
sentans 374
300 TABLE.
IVamcru*.
XLII. MeMage de la commusion du gourer-
nement
XLIII. Convention pour Tannée du Rhin. . .
XLIV. Convention pour l'armée des Alpes. . .
Page».
«79
a84
riH DV CIHQUIEIIE BT DEfeNItt VOLVHl.
IMPRIllERIE DE VICTOR CARUCIIET,
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HISTOIRE
DES CAMPAGNES
DE i^lt ET 1815,
EN FRANCE i
Par iK GiNÉBAL Guillaume de VAUDONCOURT,
AbTKOB Dl l'sISTOIBB DBS GAHPAQMf o'aRIIIBAL EN ITALIB, DB CBLLB SBB
GCBBBiB DB BV88IB BB iSia, s'aU-EMACRB BH i8i5, KT d'iTALIB BR i8i5
BT l8l4) DIBECTBIB ftU JOCBBAL DES SCIEXCBS IIILITAIEli*
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