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Full text of "Histoire des conferves d'eau douce, contenant leurs différens modes de reproduction, et la description de leurs principales espèces, suivie de l'histoire des trémelles et des ulves d'eau douce"

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Chez Fucus, Libraire, rue des Mathurins, 
A PARIS, 4 Chez Poucens, Libraire, Quai- Voltaire, N°, rs. 
Chez les Frères LEVRAULT, Libraires, Quai- Malaquais, 
À LEIPSICK, Chez Ch. H. RECLAM. 
A LONDRES, Chez Ducau et C.° Soho Square. 


HISTOIRE 


D'ES 


CONFERVES 


D'EAU DOUCE, 


ConNTENANT leurs différens modes de reproduction, et la 
description de leurs principales espèces, 


SUIVIE 


DE L'HISTOIRE DES TRÉMELLES ET DES ULVES 
D EUAUU (D OUNIO D 
Par JEAN-Pierre VAUCHER, Ministre du St. Évangile à Genève ; 


Professeur de Botanique , Membre de la Société d'Histoire Naturelle 
et .de la Société des Arts de la même ville, 


UTUT sit, nostra tamen enumeratio terminum aliquem figit, ultra quem cum 
voluptate posteri excurrent, nostræque penui suas addere divitias gaudebunt, 
Et ego desidero superari , satisque puto mihi decoris fore si fundamertum 
ædificio straverim. = HALLER, Præfat, Historiæ stirpium Helveticarum. 


A GENÈVE; 


Chez J. J Pascmoun», Libraire, 


An XL — 1803, 


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dite Lier 


INTRODUCTION. 


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D E tous les genres de plantes il n'en est aucun sans 
doute dont la fructification soit encore plus inconnue qne 
celui des conferves. Dillenius, qui , le premier des botanistes, 
a décrit, avec soin, leurs diverses espèces , assure qu’au lieu de 
porter des fleurs, elles croïssent à la manière des minéraux , 
par juxta position, et sans avoir besoin de semences pour se 
reproduire. Micheli, son contemporain, qui examina plus atten- 
tivement la plupart des cryptogames, apperçut sur le &yssws 
vert, byssus velutina Linnei, des petits grains verts, qu'il prit 
pour des semences, et qu'il crut appartenir généralement à 
toutes les conferves. Linné , ‘qui les suivit, et dont le système 
sexuel supposait dans tous les végétaux des fleurs et des 
oraines, décrit, dans son livre des genres, les conferves comme 
des substances simples, uniformes, capillaires et filamenteuses , 
sans leur assigner aucune fructification, et sans faire aucune 
tentative pour reconnaître la manière dont elles se multiplient, 
Jussieu, dans ses derniers genres naturels, où-ii rend compte 
des connaissances que l’on a acquises sur la reproduction des 
diverses famÿles qui composent la grande classe de crypto- 
games, place les conferves, les ulves et les tremelles parmi 
les plantes dont la fructification n’est pas connue, et de tous 
les botanistes dont les ouvrages sont parvenus à ma con- 
aaissance, Muller. est le premier et à peu près le seul, qui, dans 
a 


f IxrropucTrion ÿ 
sa Flore Danoise, a décrit et représenté une fécondation parti 
culière qu'il avait observée dans une espèce de conferve (1 }. 


Dans cet état de choses , il était important pour le perfec- 
tionnement de la science, que quelque botaniste entreprit de’ 
fixer les idées qu'on devait se faire de la reproduction des 
conferves, qu'il en rassemblât les diverses espèces, qu'il suivit 
leur développement pendant un long intervalle de temps, et 
qu'il les plaçât dans des circonstances telles qu’elles pussent 
pour ainsi dire se multiplier sous ses yeux. 


Tel est le travail que je me suis proposé, et dont je présente 
le résultat dans l'ouvrage que j'offre aujourd’hui au public. 


Il ya déjà plusieurs années qu'en m'occupant des plantes 
cryptogames , j'avais étudié les conferves d'eau douce, et ras- 
semblé les diverses espèces que fournit notre département ; 
mais, quoique je les observasse au microscope, je n'avais rien 
apperçu dans leur organisation, qui ressemblât à des graines ; 
et je serais resté long-temps dans l'ignorance à cet égard, si 
un heureux hasard ne m'avait pas acheminé aux recherches 


dont je présente l’histoire. 
J'ai rendu compte dans le Journal de Physique de l'an IX (2), 
PR 
(1 ) Conférva jugalis. Voyez Flore Danoise, tab. 883. 


(2 ) Mémoire sur la fructification des conferves d'eau douce. Flor. an IX. 


INTRODUCTION. tx 


des premiers pas que j'avais faits dans cette carrière, dès- lors 
et jusqu'au moment où je reprens ma plume, c’est-à-dire, 
pendant l'espace de deux ans, j'ai continué avec soin mes obser- 
vations, afin d’examiner:les espèces que je n'avais pas encore 
étudiées, et de rendre moins imparfaite la connaissance de 
celles dont je m'étais occupé. Et, quoique mes travaux n'aient 
pas été aussi heureux que je l'aurais désiré, et qu'il me reste 
encore quelquès conferves sur la reproduction desquelles je con- 
serve quelques doutes; je crois cependant pouvoir assurer que 
j'ai reconnu dans ce grand genre six modes différens de géné- 
ration, d'après lesquels on peut assez commodément le partager 
en six autres. 


J'aurais pu me contenter de faire connaître ces diverses repro- 
ductions, en laissant aux botanistes le soin de rechercher celle 
qui appartenait à chaque espèce: mais alors, le travail par lequel 
jétais parvenu à reconnaître chacune d'elles, devenait moins 
utile, et les faits que j'aurais énoncés sans détail, auraient natu- 
rellement inspiré quelque défiance. J'ai donc préféré de rendre 
compte de la plupart de mes recherches, et de joindre à la partie 
physiologique de ce genre, celle de la botanique proprement 
dite. On verra ainsi d'un seul coup -d'œil ce qui reste à faire 
pour compléter nos connaissances à cet égard. 


Je ne me suis pas contenté d'’éclaircir ce qui concerne les 
-conferves proprement dites. Comine en histoire naturelle, ct 
sur-tout en botanique, les êtres sont étroitement liés entr'eux 
en étudiant les conferves, j'ai observé les tremelles, et en obser- 

a ij 


Fa NTrROoDUCTION$. 


vant les tremelles , j'ai examiné les ulves. Et, quoique les opi- 
nions que je présente sur ces deux derniers genres n'aient pas 
le même degré de certitude que celles qui regardent les conferves, 
cependant, je n’ai pas voulu les passer sous silence, soit pour 
ne pas perdre des observations qui ont été faites avec quelque 
soin, soit pour fournir à ceux qui se livreront à ces mêmes 
recherches un point d'où ils pourront partir, pour axriver plus 
sûrement à la vérité | 

Pour me guider dans ces recherches, jai trouvé peu de 
secours. Les ouvrages de Linné, et ceux des botanistes.distin- 
gués qui l'ont suivi, ne renferment, comme je l'ai dit, à peu 
près rien sur la fructification de ces différens genres. Les con- 
ferves d’eau douce, en particulier, y sont traitées. avec une telle 
négligence , qu'il.est souvent impossible de reconnaître l'espèce 
dont parle l'auteur. De toutes les figures et les descriptions de 
Dillenius , il ne s’en trouve qu'un petit nombre qui se rappor- 
tent aux diverses espèces que je décris. Muller est le premier 
et le seul des botanistes, que je connaisse, qui ait déterminé 
avec exactitude plusieurs espèces de conferves. Ses descriptions 
qui sont citées dans le Linné de Gmelin, se trouvent plus 
-en détail, soit dans la Flore du Danemarck, soit dans les mé- 
moires, de l’Académie de Pétersbourg (1); et par rapport aux 
tremelles et aux ulves, je ne connais d’autres ouvrages qui en. 
traitent; que les mémoires du citoyen Girod-Chantrans (2 ), 


-( x) Nova acta Petropolitana , 3 hist, p. 80.: 
{ 2 } Recherches chimiques et microscopiques. Paris an X. 


” 


ENTRODUCTION\. v 


ceux d'Adanson ( 1 }, de Desaussure ( 2 ), et ceux de l'abbé 
Corti, que je n'ai pas encore pu me procurer. 


Les plantes dont il est question dans cet ouvrage sont presque 
toutes microscopiques. Car, quoiqu'on les apperçoive à l'œil simple 
à cause de leur habitude de vivre réunies, cependant il est diff- 
cile de les distinguer une à une, et surtout il est impossible 
de reconnaître sans instrument leur organisation et leurs graines. 
Cest uniquement avec le secours du microscope , qu'on peut 
espérer de découvrir quelque partie de leur organisation : c’est 
aussi par son moyen que je suis parvenu à voir la plupart des 
espèces , et c’est en les observant de la même manière, que l'on 
pourra juger de la fidélité de mes descriptions. 


Ées planches qui accompagnent ces mémoires, représentent 
Les objets observés au microscope, et à la vue simple toutes Les fois 
que cela a été possible : car il arrive fréquemment que l'espèce 
est si petite, qu'a peine les yeux peuvent lappercevoir : dans 
ce cas, on s'est contenté de déterminer le nombre de fois 
qu'elle avait été grossie; et comme toutes les conferves ont été 
vues avec l même lentille, qui est la troisième du microscope 
composé , et qui augmente d'environ $o fois les dimensions 
linéaires ; il suflira de réduire mentalement d'environ so fois le 


2 


( 1 ) Acta Parisiens, 17, p. 228. 


{ 2 ) Description de deux nouvelles espèces de tremelles douées d’un mow- 
vement spontanée , par Desaussure, 


VI INTRODUCTION. 


diamètre de la figure, si l'on veut se faire une idée nette de la 
grandeur naturelle de l'objet. Les espèces dont il est ici question 
ont toutes été vues un très-grand nombre de fois, et toujours 
gravées d’après nature. 


.) 


Lorsque jai pu suivre leur développement , j'ai eu 
soin d'ajouter à la représentation de la plante , celle des 
graines qui la reproduisent ; lorsqu'aü contraire l'organisation 
seule a déterminé la famille, sans que l'observation ait montré 
les semences, la conferve est représentée sans aucune graine. 


_ Indépendamment de la fructification , j'ai fait connaître ce 
qui concerne les maladies , et les diverses particularités qui sont 
propres aux espèces de ce genre, Et comme je n'étais point 
capable de les peindre et de les graver, et qu'il m'aurait été 
difficile de trouver un artiste qui püt entrer dans tous ces détails, 
et les rendre avec vérité, j'ai eu recours à une personne qui, 
vivant auprès de moi, et ayant suivi avec intérêt mes diverses 
recherches, a bien voulu apprendre à manier le burin, pour 
exprimer, si non avec élégance, du moins avec précision, ce 
que nous avions observé ensemble ; ses gravures n'ont peut- être 
pas de mérite de l'exécution , mais elles ont au moins celui de 
Ja fidélité. 


Les espèces que renferme cet ouvrage ont été trouvées dans 
Je département du Léman et autour de l'enceinte de Genève. 
Une ou deux seulement ont été rapportées de Lons-le-Saunier 
(1) du voisinage de la saline. J'ai bien, essayé quelquefois 


R— 


( 1 ) L'ulve intestinale et la conferve à appendices de cet ouvrage. 


INTRODUCTION. VIE 


d'én examiner d’autres qui avaient été prises dans des lieux 
plus écartés, mais l'embarras qu'occasionne leur transport, et la 
difficulté qu’on éprouve à les conserver quelque temps sans alté- 
ration , mont fait abandonner une entreprise d'autant moins 
utile , que pour achever l’histoire d'une espèce, il ne suffit pas 
de l'examiner quelques instans, mais qu'il faut au moins la suivre 
pendant l'espace d’une année. Je crois du reste qu’en général 
les mêmes espèces sont assez universellement répandues. Car, 
indépendamment de ce que je rencontre presque par-tout la 
plupart des espèces que je décris, j'ai trouvé dans nos environs 
presque toutes celles que Muller a reconnues soit en Danemarck, 
soit au bains de Pyrmont et de Meynbourg, et dont il donne 
les figures dans sa Flore Danoise, ou dans les mémoires de 
l'Académie de Pétersbourg ( 1 }. 


J'aurais pu m'occuper plus long-temps de ce sujet ; 
rechercher un plus grand nombre d'espèces, et suivre au 
développement de chacune d’entrelles; mais j'ai désiré mettre 
un terme à cette étude, qui, sans cela, se serait indéfiniment 
prolongée. D'ailleurs, il n’en est pas des ouvrages d'Histoire 
Naturelle , comme de ceux d’Eloquence ou de Poésie. Ces 
derniers peuvent être entrepris et achevés par un seul homme, 
tandis que les autres reçoivent sans cesse de nouveaux ac- 
croissemens, et exigent, pour leur perfection, le concours de 
plusieurs observateurs. J'ai fait ce que j'ai pu avec mes faibles 


( 1 } Nouveaux mémoires de l’Académie de Pétersbourg, 3 hist. P. 30, 


vif INTRODUCTION. 


moyens. Je souhaite que ceux qui aiment la botanique, puis- 
sent entrevoir quelles sont nos richesses à cet égard, et 
quelles sont les découvertes qui ont été réservées à leur per- 
sévérance : à présent que la route est ouverte, plus il y 
aura de personnes qui s’occuperont de ces objets, et plus rapi- 
dement ïüls seront étudiés. Si cet ouvrage excite l'attention du 
public, on verra paraître de tous côtés, des observations sur 
des conferves nouvelles, et l'on annoncera peut-être des 
reproductions plus singulières que celles que je décris. Ce 
goût de recherche ne s'arrêtera pas à ce seul genre, mais il 
s'étendra encore aux genres voisins, qui ont le même besoin 
d’être étudiés, et cette belle partie de la botanique sera insensible- 
nent tirée de la confusion où elle se trouve depuis trop long- 
temps. 


J'avoue que j'avais ardemment désiré d'examiner les conferves 
marines, et de comparer leur reproduction avec celle des con- 
ferves d'eau douce. Je m'étais même flatté que mes con- 
naissances sur les premières, mauraient facilité l'étude des 
autres. Mais comme, pour les étudier avec quelque fruit, il 
aurait non-seulement fallu aller sur les lieux , mais qu'il-était 
encore indispensable d'y faire une assez longue résidence, 
pour suivre de jour à jour les développemens des conferves 
qui y croissent; j'ai été forcé, quoique avec peine, de renoncer 
à un projet qui n'était plus dans mes convenances. Il faut 
pour de pareils déplacemens, assez de fortune et beaucoup de 
loisir. Si les circonstances me favorisent un jour, et que les 
conferves marines n'aient pas encore leur botaniste, je re- 

| prendrai 


INTRODUCTION. IX 


prendrai cet agréable projet. En attendant, j'exhorte les bota- 
nistes français qui vivent sur les bords de la mer, et qui 
s'intéressent à ces recherches, d'examiner d’abord les conferves 
d’eau douce, et de bien étudier leurs développemens : exercés 
par ces premières observations, ils suivront avec plus de fruit 
les conferves marines, ils jugeront si elles forment des fa- 
milles différentes; et ils trouveront aisément les moyens qu'ils 
doivent mettre en usage, pour connaître de leurs reproductions, 


S'il m'était permis de présenter quelques conjectures , je 
croirais que l’on ne rencontrera sur les bords de la mer au- 
cune de ces conferves conjuguées , si nombreuses dans nos 
eaux douces. Je crois de même qu'on ny appercevra aucun 
Ectosperme, ni aucun Hydrodictye ( 1 ). L'organisation des con- 
ferves marines n’a rien de si frêle et de si délicat. Ce sont 
ordinairement des filets formés d’une substance cornée ou géla- 
tineuse , plus ou moins solides à l’intérieur , et sans aucun 
vestige de cette matière verte qui se trouve dans la plupart des 
conferves d’eau douce. Elles ressemblent plutôt aux Polys- 
permes , qui composent notre troisième famille ; elles en ont 
la consistance , le coup-d’œil, et sans doute que celles d'en- 
trelles qui ne se reproduisent pas par des grains extérieurs , 
portent de même que nos Polyspermés leurs nombreuses 
semences dans leurs tubes. 


Les étangs salés qui se trouvent dans le voisinage de la 
mer, renferment peut-être des conferves qui tiennent le 


(5) Voyez, pour la définition de ces mots, Car. I. De la classification, 


b 


x INTRODUCTION. 


milieu entré les marines et celles d’eau douce, et je pense qu'il 
serait nécessaire de les examiner avec soin. Au moins jai 
observé à la saline de Lons-le-Saunier , dans un temps(1) 
qui n'était pas celui de la reproduction des conferves , quelques 
espèces que je n'ai pas vues ailleurs , et qui sans doute n’ont 
pas encore été décrites , et Dillenius, qui le premier, a ras- 
semblé les espèces de ce genre que l'Angleterre fournit , en a 
rencontré plusieurs dans ces étangs , que le flux et le reflux 
de la mer forme souvent sur ses bords. 


J'aurais bien désiré exécuter sur les conferves , ce qu'Hedwig 
a fait avec tant de succès sur les mousses , et découvrir dans 
chacune d'elles les organes sexuels que Linné a observés dans 
le plus grand nombre des végétaux. Mais je suis obligé de 
‘convenir que si dans quelques familles ces organes m'ont paru 
fort apparens , dans d’autres au contraire , je n'ai pas su en 
appercevoir la moindre trace. Par exemple , les conferves 
Prolifères ne m'ont rien offert jusqu’à présent qui ressemblât à 
des graines. Les Hydrodictyes ne présentent qu'un emboîte- 
ment indéfini, et d’après lequel la plante n’est elle - même 
qu'un assemblage de graines. Il en est de même des autres 
familles , où il est difficile de se former une idée de ce qui 
constitue la fleur mâle. Les seules Ectospermes contiennent 
évidemment les deux organes : ce n’est pas du reste quil ne 
soit possible, par un plus grand nombre d'observations , de 
ramener ce genre , au système de Linné , et à la loi si géné- 


( 1 ) Vendémiaire an IX, 


INTRODUCTION. XI 


tale des sexes ; mais je ne l'ai pas encore fait, et je ne dois 
pas étendre les conséquences au- delà des observations. 


Je n'ai joint à la description des espèces qu'un petit nombre 
de synonimes, Je me suis contenté de citer les auteurs sur 
l'exactitude desquels je n'avais aucun doute ;, et qui avaient 
“accompagné leurs descriptions de figures sufisantes. J'aurais 
bien pu rassembler un plus grand nombre de descriptions 
correspondantes , et renvoyer à un plus grand nombre 
d'auteurs. Mais , comme jusqu’à présent , il n'existe dans ce 
genre aucune bonne description , jai pensé que les renvois 
devenaient à peu près inutiles. Par exemple, la fontinalis de 
Linné, se rapporte également bien à toutes nos Ectospermes , 
et la bwlleta du même auteur, à toutes nos Conjuguées. Le dic- 
tionaire de La Mark , si estimable d’ailleurs , n'offre pas à cet 
égard de plus grandes lumières. IL me paraît donc plus con- 
venable , au moins pour les conferves d’eau douce , de partir 
des principes que j'ai posés dans cet ouvrage , et de ne 
regarder comme décrite , aucune espèce dont la reproduction 
n'a pas été reconnue: À mesure que cette reconnaissance sera 
faite, on placera la conferve dans la famille dont elle fait partie. 
Les six divisions que je propose, deviendront insensiblement six 
nouveaux genres , et si les observations l'exigent , on en for- 
mera encore d’autres, jusqu'à ce que toutes les conferves connues, 
ayant été décrites , l'ouvrage entier sera achevé. 


_Tels sont les renseignemens que j'ai cru nécessaires de 
sonner sur la manière dont cet ouvrage a été composé.et 
bij 


XII INTRODUCTION. 


sur ce qui reste à faire pour le perfectionner. Si l'on me 
demande ensuite quels sont les motifs qui ont pu me por 
ter à consacrer un tems si considérable à une étude en appa- 
rence si minucieuse et d'une utilité si éloignée; je répondrai 
que, depuis ma première jeunesse j'ai été entraîné vers l'étude 
des plantes par un goût irrésistible , soit que cette science 
me séduisit par elle-même, soit qu'elle se trouvât liée à des 
idées de voyages pédestres et de courses dans les montagnes, 
si agréables à cet âge. La ville de Genève, ma patrie, est à 
cet égard plus favorisée qu'aucune autre. De son heureuse 
enceinte, on découvre une grande partie de la chaîne des 
Alpes; le Mont-Blanc en particulier , qui sy montre dans 
toute sa hauteur , et l'on peut dans l’espace d’une journée , 
cueillir sur les montagnes les plus élevées, et rapporter dans 
sa demeure, les végétaux les plus rares. C’est donc là que 
mon penchant pour la botanique est né et s’est entretenu : 
c'est dans la vallée de Chamouni , à la première vue des 
fleurs du menyanthe, qui firent sur moi une vive impression 
‘de plaisir , que je fis le vœu de consacrer mes loisirs à cette 
étude si douce et si aimable; et depuis ce tems , c’est-à-dire, 
pendant l’espace de vingt années, il s'est à peine écoulé un jour 
où j'aie manqué volontairement au vœu que javais formé. 


Dés que j'eus fait quelques progrès dans cette science, je 
sentis que la nombreuse classe des cryptogames n'avait encore 
été qu'entrevue, et qu’elle devait être plus particulièrement 
objet de l'étude des botanistes. Les heureux travaux d'Hedwig 
sur cette matière , me confirmèrent dans une opinion que 


INTRODUCTION. XIII 


j'avais depuis longtemps embrassée, c’est que l’Auteur de la nature 
au lieu d’avoir pourvu à la reproduction des cryptogames , avec 
plus de négligence qu'à celle des autres végétaux , avait au 
contraire extrêmement varié les formes de leur reproduction , 
et leur avait attribué des organes nouveaux. J'ambitionnai 
donc le précieux avantage d'observer et de décrire quelques- 
uns de ces genres obscurs ,et mon choix flotta long-temps 
entre diverses familles. J'avais d'abord entrepris l'étude des 
«plantes parasites, lorsque l'ouvrage d'Hoffman vint interrom- 
pre le mien, et c'est en partant pour une course où je devais 
rassembler des lichens, que je découvris par hasard les graines 
des conferves. Ainsi la fortune a mieux servi mes desseins , 
que ne l'avait fait ma propre volonté, et jai obtenu tout à 
coup d'elle , ce que je n'avais pas acquis par plusieurs 
années de recherches, 


Quoique ce goût pour la botanique puisse être excusé 
comme un délassement , cependant on peut considérer la 
science des plantes comme ayant un but utile. Je ne lenvi- 
sage pas ici sous le point de vue médicinal ou sous celui 
de l’agriculture. La nécessité de cette science est trop évidente 
dans ces cas pour qu'elle puisse être contestée. Mais, indépen- 
damment de ces usages généraux, elle a une foule d'avantages 
perticuliers , qui se rencontrent à chaque pas : par exemple, 
l'étude des conferves m'a présenté deux vérités fort impor- 
tantes en physiologie. La première , c’est qu'il est des êtres qui, 
sans appartenir à la classe des animaux, et sans avoir de 
mouvement, ont besoin de se réunir pour pouvoir être féconds. 


“XIV INTRODUCTION. 


La seconde , c'est que l'emboîtement des germes reconnu 
chez quelques animaux , est encore plus évident dans quel- 
ques plantes. Mais quelque prix qu’on attache à ces vérités, 
et à d'autres du même genre dont la botanique fournit la 
‘démonstration , je crois que la principale utilité que l’on 
doit retirer de cette étude, se trouve dans les goûts simples 
qu'elle inspire à ceux qui la cultivent. Le jeune homme qui 
s'y applique avec ardeur, se dérobe par son moyen aux 
passions turbulentes du premier âge, et fortifie sans cesse 
sa santé par des exercices agréables. Il est heureux lorsqu'il 
a pu rapporter d'une course lointaine, quelques fleurs nou- 
velles , dont il enrichit son herbier, et qu'il partage avec 
ses amis. Je ne crains point d'être contredit par ceux qui 
connaissent le charme de cette étude, lorsque je leur rap- 
pelerai les transports qu'ils ont éprouvés toutes les fois qu'il 
leur est ärrivé de cueillir des plantes précieuses, qu'ils 
avaient long-temps désirées. Et, quoique les ouvrages de la 
nature doivent sans cesse ramener à leur auteur les esprits 
des hommes qui les contemplent , cependant il faut convenir 
que la botanique produit sur-tout cet effet. Il y a dans chaque 
plante bien examinée , une preuve vivante de l'existence 
du grand Être qui gouverne cet univers. Les divers arrange- 
mens que présentent les organes sont autant de petits problèmes 
proposés par la grande Intelligence à notre faible intelligence 
qui en dérive. J'avoue au moins pour moi-même, que je 
n'examine pas une simple fleur , sans être étonné de la 
sagesse qui en a disposé Îes diverses parties, et sans apper- 
cevoir dans le détail, ou dans Fensemble, le texte des médi- 


= INTrRoDucTION. XV 


tations les plus profondes. Je suis étonné que les botanistes 
n'aient pas envisagé les plantes sous ce nouveau point de 
vue. Elles leur auraient présenté une foule de phénomènes 
curieux dont les nomenclateurs n'ont pas la moindre idée. 
J'ai essayé de consigner mes vues sur cet objet dans un 
ouvrage dont je m'occupe, et qui sera intitulé Paysivlogie 
des genres, J'avais d'abord voulu l'étendre à tous les 
genres connus , mais la difficulté de les avoir en pleine 
végétation , et de les observer pendant toute leur durée, 
m'a forcé de ne décrire que les genres d'Europe , et ceux 
qui, par une longue habitude, se sont pour ainsi dire accli- 
matés dans nos jardins. J'y présente leurs mœurs , et en 
comparant leurs espèces , je parle des phénomènes nombreux 
et inapperçus quelles présentent , et des rapports qui se 
trouvent entre leur structure et les fonctions qu’elles sont 
appelées à remplir. Ce dernier ouvrage ne sera jamais entièrement 
fini , et il renfermera sans doute bien des inexactitudes : 
mais enfin, quel qu'il soit , il m'aura instruit d'une foule 
de choses que jignorais; et, s'il fait éprouver aux autres 
une partie des jouissances quil ma procurées , il n'aura 
pas été inutile à leur bonheur. 


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HISTOIRE 


DE LA FRUCTIFICATION 


DES CONFERVES D'EAU DOUCE. 


CLASSIFICATION. Vorez PraNCHs [". ) 


Lzs botanistes entendent par le mot de Couferves, des 
plantes à filets capillaires qui croissent ou sur le rivage 
de la mer, ou dans les eaux douces des rivières et des étangs. 


Cette définition qui n'est fondée que sur les caractère exté- 
rieurs, et non pas sur les organes de la fructification, pouvait 
être suffisante dans le temps où ces dernières parties étaient 


inconnues ; mais, depuis qu'elles ont été découvertes , il est. 


nécessaire d'ajouter ce nouveau caractère à la définition des 
conferves. 


Or, comme un examen attentif des diverses espèces de ce 
senre a suffisamment montré qu'elles n'étaient pas douées des 
mêmes organes sexuels, et n'avaient pas, par conséquent , le 


même mode de reproduction, il me paraît nécessaire et conforme 
A 


HISTOIRE DES CONFERVES 


to 


aux principes de la botanique, de diviser ce genre d’ailleurs 
trop étendu , en autant de genres particuliers, qu'il y a de 
reproductions. | 


Les conferves d’eau douce m'ont offert, jusqu’à présent, six 
formes de reproduction , assez différentes pour constituer six 
genres distincts. Dans la première, les organes fécondans sont 
extérieurs , et les graines sont portées sur des pédoncules qui 
patent d'un tube ramifié [ Fig. 1°]. Dans la seconde, les 
graines sont intérieures et renfermées , une à une, dans des 
tubes cloisonnés et toujours simples [ Fig, 2.% ]. Dans la troi- 
sième , elles sont répandues en très -grand nombre dans l’inté- 
rieur d'un tube renflé, non transparent et ramifié [ Fig. 3]. 
Dans la quatrième , chaque articulation de la conferve , devient 
elle-même une nouvelle plante, qui s'étend comme un réseau 
[ Fig. 4%]. Dans la cinquième , chaque anneau, après s'être 
séparé de l’ancienne conferve, pousse de toutes parts de nou- 
velles gamifications [ Fig. s.* 7]. Et enfin, dans la sixième et 
dernière , il sort des parties renflées, ou des bourrelets du vieux 
tube, des filets cylindriques, qui s'étendent en tout sens, et qui, 
après avoir pris un assez grand accroissement, se séparent en-: 
suite de leur mère, pour devenir eux-mêmes une conferve 
parfaite [Es 6% 1 


Je conserve donc la dénomination de conferve, pour désigner 
généralement les plantes , auxquelles les anciens botanistes 
avaient appliqué ce nom, et dont je considère la réunion , 
comme formant une classe naturelle, semblable à celle que 


D 28; À: » D :0: UCTE! à 3 


l'on remarque dans la cryptogamie; et dans cette classe je dis- 
tingue autant de genres qu'il y a de reproductions différentes. 


La première famille que je propose, est celle des conferves 
à graines extérieures , et adhérentes au tube. Je les appelle 
Æcrospermes , de deux mots Grecs , qui signifient graines exté- 


rieures. 


PLANCHE 1° FIGURE 1. Ectosperme vue au microscope: 
aa Graines de l'Ectosperme prêtes à se séparer de la plante, 
b Fleur mâle ou anthère, chargée de sa poussière. 


La seconde famille est celle des conferves cloisonnées, dont 
chaque loge renferme une seule graine ; je les appelle Comjugnées, 
parce qu’on les: rencontre fréquemment réunies deux à deux, 
et quelles ont besoin de cette opération préalable pour pouvoir 
être fécondes. Le cit. De Candolle leur a conservé le nom de con- 
ferve ; mais, comme le même mot désigne ici toute la famille, 
je n'ai pas cru pouvoir l'adopter. 


F1G. 2.4 Conjuguée dans l'état de réunion , et vue au 

microscope. | 

aaaa Graines renfermées dans les loges. 

bbb Filets spiraux, qui se montrent dans la conferve avant 
la réunion. 

c Conduits de communication d'une conferve à une autre. 

d Loges vides dont la matière s’est répandue dans la loge 
voisine, par le canal de communication. 


À HISTOIRE DES CONFERVES 


La troisième famille est celle des conferves à graines inté- 
ricures et nombreuses , auxquelles je donne le nom de Polyspermes, 
à cause de la multitude de leurs semences. 


Fie. 3. Polysperme de grandeur naturelle. 
a Base de la conferve, ou point d'adhérence avec les bois aux- 
quels elle s'attache. 
b Renflement ou articulation de la Polysperme. 
c Petites pelottes de poilf fréquemment attachées à la plante 
d Morceaux rompus du tube, grossis au microscope, et par 
lesquels se sont répandus les graines. 
e Graines qui se répandent. 


La quatrième famille est celle des conferves à réseau et 
auxquelles le git. De Candolle a conservé le nom d'Hydro- 
dictye , que Retz lui avait déjà donné. Ce genre ne contient 
jusqu'à présent que l'espèce représentée par la fig. 4.m° 


Le réseau qui la forme est un sac presque fermé par ses 
extrémités, et dont les mailles sont pentagones. 


F1c. 4.%° Hydrodictye de grandeur naturelle. 
a Un des côtés du polygone qui s'est séparé , et qui com 
mence à grossir. 
b Un autre plus grossi , observé à deux jours de distance du 
premier. 
c Un troisième dans lequel on apperçoit déjà les mailles. 


La cinquième famille est celle des conferves dont chaque 


D'EAU DOUCE; s 
anneau , après la séparation , devient une graine ; on pourrait 
les appeler conferves gélatineuses , parce qu'elles sont toujours 
enveloppées d'une humeur visqueuse dans laquelle elles vivent. 
Le cit. De Candolle, d'après Retz, les appelle Barrachosper- 
mes à cause de leur ressemblance avec le frai de grenouille. 


Fic. s." Batrachosperme vue au microscope. 
a Anneaux qui se séparent pour donner une nouvelle conferve: 
b Anneaux plus développés , et d'où naissent de nouveaux 
filets. 


i 


La 6% famille est celle des conferves dont les tubes se 
renflent irrégulièrement , et poussent ensuite par leurs renfle- 
mens un grand nombre de filets. Ces bourrelets se séparent en- 
suite du tronc principal , et reproduisent la plante; j'appelle 
ces conferves Proliftres. Le cit. De Candolle les à dédiées au 
cit. Girod - Chantrans , et les appelle Chautrania. 


Fic. 6." Conferve Prolifère 
a Bourrelets. 
b Rejetons de Prolifére. 
c Rejetons séparés de la plante principale: 


Ces dénominations sont tirées tantôt du mode de reproduc- 
tion , tantôt de l'apparence extérieure. J'ai pris ce dernier carac- 
tère , toutes les fois qu'il suffisait pour distiñiguer au premier 
coup - d'œil la famille dont je parlais ; mais, lorsque les conferves 


à 


6 H1STOoIRE DES CONFERVES 


ne mont pas paru avoir un caractère commun et facile à saisir, 
j'ai préféré les. désigner par leur reproduction : je demande 
quelque indulgence pour ces mots nouveaux que j'introduis dans 
la science , et qui mont paru nécessaires pour distinguer des 
êtres différens. On pourra à volonté ou les adopter , ou en 
substituer d'autres qui seront mieux choisis : mais je désirerais 
extrêmement que quelques naturalistes distingués , et peut-être 
la section de l'Institut qui s'occupe de botanique , daignät 
prendre en considération ce qui regarde la nomenclature de 
la science. Il faudrait qu'on accordât à ce corps ou à tel autre 
le droit de prononcer sur les espèces , et de leur imposer des 
noms. De la même manière qu'un mot n'était pas reçu autre- 
fois , lorsqu'il ne se trouvait pas dans le Dictionnaire de l’Aca- 
démie , ainsi une espèce ne serait pas reconnue, avant qu'elle 
eût été sérieusement examinée. Chaque auteur présenterait 
à ce nouveau Jury, les plantes qu'il jugerait nouvelles ; 
et l’on éviterait ainsi cette confusion qui menace de toute 
part la science. 


Quoique j'établisse six genres de conferves , que je crois suf- 
fisamment distinctes, cependant je ne me dissimule pas que 
des observations ultérieures pourront aisément les modifier. Par 
exemple , je comprends qu'il est possible de ne voir dans les 
anneaux des conferves gélatineuses que des germes qui se repro- 
duisent indéfiniment , comme les côtés du. polygone de l'Hydro- 
dictye : mais il y a tant de différence dans l'organisation de 
ces deux genres , qu'il était difficile de les réunir. D'ailleurs le 
grain qui forme l'anneau ne s'étend pas dans tous les sens, pour 


DE AU -D O UC E. “ 


reproduire la conferve ; au contraire , celle-ci en sort de tous 
côtés comme une nouvelle plante sort de sa graine. Dans ce 
cas les conferves Batrachospermes ressembleraient aux con- 
ferves Prolifères , dont-les renflemens pourraient bien n'être 
qu'un amas de graines ; mais j'applique encore ici ce que j'ai 
dit plus haut en parlant des Hydrodictyes ; indépendamment 
des différences que présentent ces deux développemens , 
il y a trop peu de ressemblance dans l’organisation, pour que les 
conferves Batrachospermes et les :conferves Proliféres puissent 
jamais appartenir au même genre. 


Si d'un côté l'on peut espérer de réduire le nombre des 
genres dans lesquels nous avons divisé les conferves d’eau 
douce ; de l’autre l’on doit s'attendre que les conferves mari- 
nes , beaucoup plus nombreuses que les autres , donneront 
plusieurs reproductions différentes. Que de moyens peut em- 
ployer pour arriver à son but l’Auteur de toutes choses ! aussi 
j'avoue que j'attends avec une vive impatience le moment où 
la reproduction de ces conferves ne sera plus un problème , 
et en même temps je ne peux pas mempêcher de croire que 
plusieurs ne se multiplient comme les conferves du troisième 
genre. Voyez Fig. 3."° 


À la suite des discours qui précèdent chacun de nos genres, 
et dans lesquels j'ai rassemblé tout ce que je connaissais sur 
chacun d'eux , je décris les espèces que j'ai rencontrées, et je 
les désigne par des noms spécifiques , qui n'ont paru indiquer 
quelques-uns des caractères de la conferve ; les descriptions 


1 Les e à 2 
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g HISTOIRE DES CONFERVES 

abrégées ; que Linné appelait le caractère factice, sont faites 
dans les deux langues pour être comprises avec plus de facilité, 
et transportées, quand il le faudra, dans les livres de bota- 
nique : j'aurais bien voulu conserver quelque proportion dans 
le nombre des espèces que renferme chaque genre ; mais mal- 
heureusement les uns en ont beaucoup , et les autres en ont 
très-peu : et cependant je n'ai pas cru que l’on püût sous 
aucun prétexte , réunir des espèces qui n’ont point dé rap- 
port; mais j'ai espéré que les découvertes futures agrandiront 
ceux des genres qui sont encore peu étendus. 


CS 


PREMIÈRE 


D'EAU DOUCE. © 
TO 
PREMIÈRE FAMILLE. (Pr2#rr3") 


ConFERVrESs EcTosrERMES. 


J'arretre Ectospermes toutes les espèces de conferves dont 
les tubes sont cylindriques et ramifiés, sans aucune cloison 
ni étranglement quelconque , et dont l'intérieur contient une 
. plus ou moins grande quantité de matière verte , qui donne 
à la plante la couleur qui la distingue. 

L'organisation de ces conferves est en apparence très - simple. 
La plante, au premier coup-d'œil , ne paraît composée que 
d'un tube et d'une poussière intérieure; mais ce tube , dont 
la structure ne semble pas difficile à saisir , est une mem- 
brane transparente et élastique, qui se plie et s'étend facile- 
ment, et qui sans doute est formée d'un tissu extrême- 


ment fin, puisque les plus fortes lentilles n'y laissent rien 
appercevoir, 


La poussière qui occupe le tube, s'y trouve fort irrégu- 
lièrement disposée. Quelquefois elle le remplit assez également, 
et alors les filets sont uniformément verts et cylindriques. 
Dans d'autre temps elle disparaît, et alors les filets s’appla: 

B 


0. HISTOIRE DES CONFERVES 


tissant deviennent d'un jaune sale; souvent aussi cette pous- 

sière est disposée en forme de taches vertes dont les intervalles 

sont transparens, et donne ainsi au tube une apparence de 

cloisons : enfin , dans certaines saisons de l'année, la pous- 

sière est accumulée aux extrémités des tubes , qu’elle renfle 
\ 


de manière à ce qu'ils ressemblent à de petites massues d'un 
vert intense et noirâtre. 


Ce genre de conferves est fort commun, particulièrement 
dans les petits fossés remplis d’une eau peu courante. On 
rencontre ses espèces attachées à la terre ou flottantes à 
la surface de l’eau. Mais les individus, qui se trouvent dans 
le premier état, ont été sans doute fixés au sol, par le moyen 
de leurs graines , ou par des obstacles accidentels ; car les 
filets ne m'ont pas paru avoir naturellement aucune adhérence 
aux corps étrangers. 


Ces filets examinés au microscope varient de longueur selon 
les espèces. Les plus courts n'ont que quelques lignes , les 
plus grands s'étendent de quelques pouces. Les uns et les 
autres <ont pour l'ordinaire divisés ; leurs extrémités sont 
fermées et se terminent d'ordinaire en pointe mousse; et , 
quoiqu’ils puissent vivre séparés les uns des autres , cependant 
als se réunissent et forment ensuite des masses tellement 
serrées , quilest difficile d’en séparer les filets sans les mutiler. 


C'est sur cette famille de conferves que se.sont d'abord 
portées les recherches que je présente dans le cours de cet 


D'EAU DOUCE. II 


ouvrage. Dans le mois de Brumaire de l'an VIIT, j'allais chercher, 
sur yne montagne voisine de Genève , quelques espèces de 
lichens dont je voulais examiner la fructification , et connaître 
les graines , lorsque le hasard me fit jeter les yeux sur un 
petit fossé rempli d'eau dont la surface était recouverte d’une 
pellicule. verdätre. Curieux d'observer de plus près cette subs- 
tance , je l'examinai à la loupe , et je vis qu’elle était composée 
d'une multitude de grains verts à peu près sphériques, sensi- 
blement égaux entreux, et terminés pour l'ordinaire par un 
ou deux filets en forme de queue. La régularité de ces petits 
grains ne me permit pas de douter qu'ils ne fussent organisés, 
et je les recueillis pour les examiner plus à loisir. 


En les considérant attentivement , je conclus qu'ils étaient 
des êtres organisés , parvenus à l’époque de leur développement ; 
que ceux qui n'avaient point de queue, en seraient bientôt 
pourvus ; et que ceux qui en avaient, étaient de jeunes confer- 
ves. En effet , au microscope, il était impossible de trouver 
aucune différence entre les filets de mes grains et ceux des 
conferves Ectospermes. 


Malheureusement je ne pus continuer mes observations 
comme je l’aurais souhaité. Mes grains se perdirent ou furent 
mal soignés. En vain je voulus retourner au fossé qui me 
lés avait fournis , la pellicule et les grains avaient disparu. 
Enfin, après un assez grand nombre de recherches infructueuses , 
eus le bonheur de trouver, le ro Nivôse de l'an VIII, une 
conferve Ectosperme chargée de ses grains. Je rassemblai ceux 

B 2 


12 HISTOIRE DES CONFERVES 


d’entr'eux qui étaient déjà flottans , avec ceux que je recueillis 
par le lavage, et je les plaçai tous ensemble dans un vase 
pour suivre de jour à jour leur développement. Ils restèrent 
longtemps rassemblés au fond de l’eau, sans changement 
apparent, et j'eus soin de renouveler fréquemment le liquide 
qui les contenait. Cependant , malgré toutes mes précautions, 
la gelée de l'hiver atteignit l'eau de mon vase, et mes grains 
se trouvèrent engagés dans une glace assez épaisse. Ils y 
restèrent jusqu'au moment du dégel , c’est-à-dire, à peu près 
pendant une quinzaine de jours; et, lorsqu'ils reparurent , 
je les crus d'abord trop maltraités pour espérer aucun succès: 
mais je me rappelai fort à propos les expériences de Spallarizani 
sur les différens degrés de froid que peuvent supporter les 
semences sans perdre pour cela la faculté de germer , et bien 
convaincu que les conferves exposées en plein air , n'avaient 
pas été plus heureuses que les miennes, je résolus de ne pas 
abandonner mes observations. 


Pendant que j'attendais avec une espèce d'inquiétude le 
résultat de cette expérience, et que selon les alternatives 
du froid et de la chaleur , l'eau de mon vase gelait et dége- 
lait , le 12 Pluviôse , six semaines après le moment où les 
grains s'étaient détachés de leurs tiges, je crus appercevoir 
quelques changemens. Leur couleur verte s'était affaiblie ; 
et leur volume avait un peu augmenté. Au bout de deux 
jours, tout devint plus marqué. Chacun de mes globules 
verts, et jen avais plusieurs milliers, était pourvu d'une 
queue ou d'un filet en tout semblable à ceux des conferves 


néréAs va mov mer | 13 
dont ils tiraient leur origine. ( Voyez planche 2% Fig. 1 b; 
b,«b0) 


J'éprouvais alors ce sentiment de plaisir que l'on ressent 
toutes les fois que l’on arrive à une vérité dont on a fait 
l'objet de ses recherches. Car j'avais bien découvert les graines 
de ces conferves , puisque les grains dont il est ici question 
s'étaient détachés d'eux-mêmes de la plante , et avaient 
ensuite poussé des filets. Néanmoins je les suivis scrupuleu- 
sement pendant quelques jours, afin d'écarter , autant qu'il 
était en moi , toutes les illusions, et d'assister à leurs premiers 
accroissemens, après avoir été témoin de leur naissance. Huit 
jours après leur apparition, les filets avaient près de deux 
lignes ; bientôt ils s’entrelacèrent les uns avec les autres et 
formérent des flocons verts, semblables à ceux qui flottent si 
souvent sur la surface des eaux , mais incomparablement 
plus petits. Il ne me fut donc plus possible de méconnaître 
dans ces flocons de véritables conferves. 


Alors je les plaçai dans trois vases séparés et je les exposai 
en plein air; ils grandirent considérablement , et au bout de 
quinze jours ils avaient plus d'un pouce. [ls conservaient 
encore à leur extrémité le globule dont ils étaient ‘sortis, 
mais ce globule était vide à l'intérieur et presque transparent. 


Successivemeut mes jeunes Ectosperines occupèrent une 
plus grande étendue , et au commencement de Germinal 
an VII , elles remplissaient la moitié d’un vase d'un pied 


T4 HISTOïRE DES CONFERVES 


.de long sur huit pouces de large. Cependant elles ne portaient 
encore aucune graine, et ce ne fut qu'au 22 Germinal de la 
même année, que je les trouvai chargées des mêmes grains que 
javais rencontrés sur leur mère le ro Nivôse. Elles étaient à la 
vérité moins vertes et moins grosses, mais leurs filets étaient 
très-ditincts et sur-tout très - nombreux. 


Quoique je ne pusse former aucun doute -sur la manière 
dont les conferves qui avaient des graines extérieures se multi- 
pliaient ; cependant, je désirai répéter cette expérience 
soit pour massurer encore plus de la réalité du phénomène 
soit surtout pour saisir les détails qui auraient pu m'écha pper 
à la première vue , et qui cependant étaient nécessaires à la 
connaissance complète de ce genre. Et j'ai eu le plaisir dans 
l'intervalle de deux ans, de voir naître et se développer 
plusieurs fois des espèces qui appartiennent à cette famille, 


Dès que j'eus terminé tout ce qui concernait la reproduc- 
tion , je crus qu'il était nécessaire de passer à l'examen d’une 
question fort importante , je veux parler de celle de la fécon- 
“ation. Les graines des conferves , me demandaï-je , ont-elles 
la faculté de germer sans fécondation préalable , ou bien ont: 
elles besoin , comme la plupart des autres graines , de l'in 
fluence d’une poussière ? Pour répondre à cette question, je 
cherchai fort attentivement dans toutes les parties de Ja conferve, 
pour voir si je ne trouverais point quelquetofgane auquel on 
pût donner le nom d'étamine. Et effectivement , après plu- 


sieurs recherches, je rencontrai à l’extréinité de quelques. tubes . 


D’'E A U DOUCE. 1$ 


des renflemens d’un vert noir , qui avaient une forme plus 
ou moins arrondie. La matière dont ils étaient remplis, ne 
me parut pas différente de la poussière verte , qui était conte- 
nue dans le tube , seulement elle y était accumulée en plus 
grande quantité. Ce renflement se rompait par son extrémité 
supérieure, lorsqu'il était parvenu à son dernier degré de déve- 
loppement; et l'on en voyait sortir un nuage de poussière 
qui se répandait à l'entour. Je pris donc cet organe pour la 
fleur mâle de la plante, et c'est sous ce point de vue que 
je l'ai présenté dans le premier mémoire que j'ai envoyé au 
journal de Physique ( 1 }; mais alors je n'avais pas examiné 
un grand nombre d'Ectospermes, et jene connaissais pas tout 
ce qui concerne leur fructification. J'ai vu depuis que la plupart 
des espèces portaient sur les pédoncules qui soutiennent les 
graines , un ou plusieurs prolongemens en forme d’anthère; 
et comme ces nouveaux organes que je n'avais pas d’abord 
apperçus sont remplis de matière-verte , ainsi que les renfle- 
mens , jen ai conclu que les uns et les autres faisaient selon 
les espèces , l'office de fleurs mâles, ou plutôt que tout l'intérieur 
du tube était rempli de poussière fécondante , qui s'échappait 
principalement par ses extrémités, au moment où elle se vidait, 


Je n'ignore pas qu'il aurait été nécessaire , pour donner 
à cette opinion un plus grand degré de probabilité, de prendre 
des Ectospermes chargées de grains et d’en détacher les organes 
de la fleur mâle, pour s'assurer si , après ce retranchement, 
px 2DITTE > “HeshiRTe tr bte SHION I 

{ 1 ) Floréal an IX, 


16 HISTOIRE DES CONFÉRVES 


les semences seraient encore fécondes ; mais je n'ai pas osé 
tenter cette expérience qui m'a paru trop difficile , et après y 
avoir bien réfléchi , j'ai trouvé qu'elle était plus ingénieuse 
que concluante. 


En effet, quand on pourrait faire ce retranchement avec 
quelque succès, et s'assurer que pendant qu'il a lieu, il ne 
s'échappe aucune vapeur de poussière fécondante , je ne crois 
pas que pour cela l’on fût plus avancé dans la découverte de 
la vérité : car je le répète, je ne regarde pas seulement comme 
poussière séminale, celle qui est contenue dans les organes 
dont nous avons parlé, mais je suis porté à croire que toute 
la matière verte, qui est renfermée dans le tube, est destinée 
aux mêmes fonctions. Non-seulement elle m'a paru entière- 
ment semblable dans toutes les parties de la plante, mais de 
plus, elle communique immédiatement avec les corps que nous 
avons pris pour les .anthères, puisque ces derniers ne sont 
séparés de l'intérieur du tube par aucun étranglement. 


Ces organes, ainsi que je l'ai dit, ont des formes très - diffé- 
entes , selon les espèces : dans le plus grand nombre, l'extré- 
mité est en pointe, et ressemble assez bien à un petit crochet 
recourbé ; fig. 2. aaa ; fig. 4. ccc etc., qui accompagne toujours. 
la graine. Les autres sont ovales, renflés dans leur milieu; 
fig. 2. nnn, pl. 3. Il existe méme une espèce que j'appelle 
Pyriforme, du nom de ses s graines , dans laquelle CES corps 
ressemblent à des semences; elles n’en différent à à la vue, que 

| paice 


D'EAU DOUCE. 17 


parce qu’elles ne sont pas articulées avec leur tube. Fig. 1. t, pl. 2. 
I est facile de les voir répandre leur poussière. Fig. 1. dd. 


J'ai donné à ceux de ces organes qui accompagnent les graines 
le nom de Corses pour exprimer plus exactement leur figure, 
et leur apparence extérieure qui dépend de l'âge de l'Ectosperme : 
d'abord, elles sont droites et opaques, et par conséquent elles 
contiennent la matière verte fécondante ; peu-à-peu elles se 
recourbent sur la graine, et, à mesure que celle-ci müûrit, elles 
s'inclinent sur elle pour y répandre leur poussière. Lorsque la 
semence s'est séparée , elles sont vides et roulées en spirale; 
et ce qui me confirme encore dans l'opinion que les corses rem- 
plissent les fonctions des étamines , c’est que toutes les Ectos- 
permes qui en sont pourvues n'ont point d'autre renflement , et 
qu'au contraire , celles qui ont ailleurs des renflemens sont toutes 
privées de cornes. 


Il ne faut pas confondre les cornes ou les renflemens dont 
nous parlons, avec un autre corpuscule que l’on rencontre assez 
fréquemment sur les Ectospermes , et dont l'usage nous a 
long-temps été inconnu. Voyez fig. 8. rrr. Il diffère des 
graines proprement dites , non-seulement parce qu'il est beau- 
coup plus gros, mais encore parce que sa forme est variée, soit 
dans la même plante, soit sur-tout dans les espèces diffé- 
rentes , fig. 10. ss; mais, quelle que soit cette forme, il porte 
toujours dans son intérieur un grain noir arrondi, qui quelque- 
fois m'a paru double. Ce grain noir que j'avais d’abord cru 
appartenir à la fructification, ne m'avait ensuite fourni aucun 


C 


18 HISTOIRE DES CONFERVES 


développement , et javais été forcé d’avouer dans le mémoire 
de Prairial an 9, que toutes mes recherches sur son usage 
avaient été inutiles. Cependant , en continuant d'observer , 
japperçus enfin ce point noir se mouvant en tout sens dans: 
l'intérieur du grain , et après l'avoir dégagé de sa demeure , 
je le reconnus pour linsecte microscopique auquel Muller donne 
le nom de Cyclops Lupule. Apparemment qu'il dépose ses œufs 
sur le tube de la conferve , et que sa piqüre y fait naitre un 
développement semblable à ceux quon observe sur les végé- 
taux’ et auxquels on donne le nom de Bédegar ou de Galle. 
L'insecte n'en sort naturellement qu'après avoir consumé toute: 
la matière contenue dans l'enveloppe qui alors ressemble assez 
bien à yne gaze ( Fig. 8. ). Cette excroissance singuliere, 
qui se trouve sur la plupart des espèces de ce genre , lui 
est particulière, et les autres familles ne m'ont offert rien de 
semblable. 


L'habitation de cette famille de conferves et de toutes les 
autres, est exclusivement l'intérieur ou la surface des eaux. En: 
particulier celles-ci vivent de préférence dans les fossés ou les 
mares qui bordent les chemins , pourvu que l'eau en soit assez: 
renouvelée pour n'être pas croupissante. Les eaux corrompues. 
et fétides ne sont absolument la demeure d'aucune conferve. 
que je connaisse » au contraire elles y. meurent assez prompte- 
ment, tandis que plusieurs. espèces d’animalcules ont besoin de: 
cette circonstance pour leur développement, Je crois même avec 
assez de vraisemblance , que cette fimille appartient presque 
entièrement aux eaux douces ; Car toutes les conferves marines, 


DE AO: Di OU! € FF; 19 


que j'ai examinées, m'ont paru différemment colorées , formées 
d’un tube solide , et beaucoup plus consistant que ceux de nos 
Ectospermes. J'aurais donc supposé au premier COUP - d'œil que 
ces deux grandes familles étaient absolument différentes » Si je 
n'avais pas appérçu Sur plusieurs conferves. marines des grains 
extérieurs, assez sphériques , et que je nai pu m'empêcher de 
regarder comme des graines. Il serait donc à présumer que la 
fructification de quelques espèces marines ressemblerait à celle 
des Ectospermes ; mais, comme un soupçon n’est pas une 


preuve, il faut voir leur développement avant d'annoncer com- 
ment il s'opère. 


La vie des-conferves en général n’est pas longue, mais celle 
des espèces dont il est ici question est encore plus courte. On 
commence à trouver des grains à la fin de l'automne , et on 
en rencontre ensuite jusqu’au milieu du printemps. D'après mes 
premières expériences que trois ans d'observations ont depuis 
confirmées, les graines des Ectospermes dans la saison de l'hiver, 
restent environ six semaines à germer , depuis le moment où 
elles se sont détachées ; mais en été cet intervalle est beaucoup 
plus court, et n’est guères que de huit jours. La conferve elle- 
même au printemps ne se développe qu'après plusieurs semaines, 
et au bout de ce temps , elle pousse de nouvelles graines qui 
germent à leur tour après un intervalle de deux mois. Il suit 
donc de ce calcul que la durée totale d’une espèce ne va guères 
au - delà de quatre ou cinq mois; car ce sont des plantes annuelles 
qui périssent lorsqu'elles ont donné leurs graines , et dont par 
‘conséquent lesitubes ne; repoussent jamais. Cependant, comme 

C3 


20 HISTOIRE DES CONFERVES 


il arrive fréquemment que les graines qui se reproduisent au 
printemps, ne rencontrent pas l’eau dont elles ont besoin, elles 
se conservent dans des lieux humides pendant l'été, et jusqu’en 
automne où elles commencent à germer; de cette manière, îl 
n'y a guères par année qu'un seul développement d'Ectos- 
permes ; et l'espèce même à laquelle j'ai donné le nom de 
Didyme et qui, vivant dans les eaux pures des fontaines, aurait 
pu donner deux fois des graines dans Fannée , ne fructifie qu’à 
la fin du printemps, soit parce que l'été s’oppose à son accrois- 
sement , soit parce que sa durée est réellement plus considé- 
rable que celle des autres. 


Les mêmes espèces ne se rencontrent pas toutes les années 
dans les mêmes lieux. Lorsque les Ectospermes ont peuplé un 
fossé, et y ont répandu beaucoup de graines, il s'ensuit , par une 
conséquence immédiate , que les insectes aquatiques et Îles 
animalcules de tout ordre , se multiplient davantage dans ces 
lieux qui leur fournissent une plus abondante pâture. Cette cir- 
constance suffisant pour gâter l'eau plus rapidement que la con:- 
ferve ne peut la purifier, ces végétaux sont bientôt altérés; et 
l'on s’apperçoit en les cueillant que leurs tubes ont souffert et 
sont prêts à se détruire : voilà sans doute pourquoi l'on ne ren- 
contre pas toujours 11 même espèce dans les lieux où l’on avait 
accoutumé de lobserver. C'est la remarque que j'ai faite fréquem- 
ment dans le cours de ces observations. 


Non -seulement les filets des Ectospermes se détruisent, aisé- 
ment , s'ils vivent dans une eau impure et non renouvelée ; 


D'EAU DOUC-E 27 


mais encore ils ne résistent ni à la grande chaleur , ni à un 
froid trop intense. Par exemple , il est rare en été d'en rencon- 
trer ailleurs que dans les eaux pures. Avant cette époque, les 
filets se vident presqu’entièrement , et ils ne présentent plus 
qu'une apparence blanchâtre et flétrie ; et par rapport à l'action 
que le froid exerce sur les conferves, il m'a-semblé que toutes 
celles , qui, pendant cet hiver , ont été engagées dans la glace, 
se sont détruites, ou du moins, n'ont presque rien conservé de 
cette vie que je leur avais observée les années précédentes : en 
sorte que jamais printemps ne m'a paru plus pauvre en espèces 
de ce genre que celui de l'an X. 


Mais, si les filets des conferves sont aisément détruits par la 
gelée , leurs graines au contraire , semblent résister à l'influence 
des hautes tampératures. J'ai déjà remarqué que les premiers 
grains qui avaient germé sous mes yeux, avaient été exposés 
à une longue alternative de gelée et de dégel. J'ai eu occasion de 
recueillir au commencement de cet hiver, les graines d'une autre 
espèce que j'avais placées en plein air pour observer leur dévelop- 
pement. Or, non-seulement elles ont résisté , sans se détruire , à 
un froid rigoureux qui a été plus d'une fois au-dessous du 
18." degré de Reaumur, et qui a duré plusieurs semaines , mais 
encore elles se sont développées avec beaucoup de vigueur, et 
-dans le moment où j'écris ( 20." Ventôse an X }), elles sont en 
pleine germination. 


On se ferait une fausse idée de ces corpuscules ovoides aux- 
quels j'ai donné le nom de graines , si l’on voulait les comparer 


23 HISTOIRE DES CONFERVES 


aux semences des autres végétaux. 11 y a déjà long -temps que 
les botanistes ont reconnu que la plupart des graines des plantes 
Cryptogames ne comprenaient uniquemeut que le germe de la 
nouvelle plante, sans aucune enveloppe destinée à protéger son 
développement. C’est pourquoi ils leur ont donné le nom d’aco- 
tylédons , expression par laquelle ils entendent que la semence 
n'est elle-même que le germe qui se développe lorsqu'il est 
placé dans les circonstances convenables. Cependant , quoique 
je n’aie vu aucun cotylédon , ni aucune apparence d’enveloppe 
dans le grain qui a redonné l’Ectosperme , je suis obligé de 
convenir qu'il ne se changeait pas en filet dans le cours du déve- 
loppement de la plante ; mais qu'au contraire il conservait sans 
cesse la même forme, en acquérant seulement une plus grande 
transparence : en sorte que je considère les grains adhérens 
aux Ectospermes , non pas comme constituant le germe pro- 
prement dit , mais comme le contenant , à -peu- près comme 
un vase contient le corps qui y est renfermé. 


Nous avons été long-temps en doute si le point d’où partait 
le nouveau tube était le même que celui par lequel le grain 
tenait à la conferve, ou bien s’il lui était opposé; car les grains 
étant ronds ou ovales , et ne se développant qu'après leur sépa- 
ration, il était difficile de décider cette question. Mais les espèces 
dont les grains ont la forme d’une sphère irrégulièrement échan- 
crée , nous ont permis de conclure que le point précis de la 
semence d’où part le nouveau filet , est plus souvent opposé à 
celui par lequel le grain a été adhérent. Cependant , comme 
l'Ectosperme pousse quelquefois deux queues opposées , il est 


D'EAU DOUCE. 23 
évident que les deux extrémités peuvent également donner 
naissance au filet. 


Si lon voulait se former quelque idée de Ia manière dont 
s'opère le développement , il faudrait considérer chaque grain 
comme formé d'une matière incapable de s'étendre : aux deux 
extrémités de cette semence serait placé un segment formé de 
milles serrées , qui , en s'étendant insensiblement, produirait 
enfin un tube dont l'extrémité serait fermée. Ce nouveau tube 
à son tour contiendrait d’autres grains disposés comme les pre- 
mers, qui, en se développant, produiraient de nouvelles con- 
ferves. On verra par la suite que cet emboîtement n’est pas une 
supposition gratuite, et que l’on est au moins forcé de l'admettre 
pour les Hydrodictyes. 


La fructification des conferves de cette famille a été jusqu'# 
présent inconnue. Îl est bien vrai que Linné, dans ses genres , 
parle de tubercules irréguliers, qui se rencontrent sur les tubes 
des conferves ; mais je présume qu'il entend par cette expression 
les grains des conferves marines , plus apparens que les autres. 
Au moins les botanistes de nos jours , et Jussieu en particulier, 
parlent -ils des conferves comme de plantes dont la fructification 
est encote à trouver. Et le seul botaniste qui ait disertement 
parlé de ces tubercules inégaux, c’est Micheli, qui, dans sa figure, 
les représente comme adhérens au tube du &issws velutina de 
Linné ; (1) mais cet auteur paraît ne les avoir apperçus qu’à la vue 


{ x ) Micheli genera 111. 89 FIG. 5, 


24 HISTOIRE DES CONFERVES 


simple : car il les peint comme sessiles, tandis qu'ils sont pédon- 
culés ; et il ne parle ni de la corne qui les accompagne , ni de 
tout ce qui a rapport à la fructification de la plante. 


Les espèces de cette famille ont été pour la plupart confondues 
par les botanistes , à cause de leur extrême ressemblance : non- 
seulement il est impossible à la vue simple de les distinguer , 
mais l'œil même , aidé du microscope , n’apperçoit presque 
aucune différence dans leurs tubes; ils sont tous cylindriques à 
demi-pleins , d'un vert plus ou moins foncé, et les différences 
qu'on pourrait y observer, dépendent plus du port et de l’âge de 
la plante que des autres circonstances. Mais, s’il est difficile de 
les reconnaître par leurs tubes , leur fructification présente au 
contraire tant de variétés , qu'il est impossible de n’y pas voir 
des espèces différentes. Les unes , par exemple, n'ont qu'une 
graine , tandis que les autres en ont deux ou davantage. Quel- 
quefois les graines sont sessiles, d'autrefois au contraire elles 
sont pétiolées. Ici, elles sont terminales ; là , elles sont placées 
le long du tube ; et lors même que toutes ces différences 
n’existeraient pas , on pourrait encore distinguer ces conferves 
par la forme et la grosseur de leurs grains. 


Tontes les espèces que je présente sont comprises par Linné 
sous le nom de coyférvua fontinalis, conferve de fontaine, et placées 
dans Ja division des conferves à filets simples et non articulés. 
Il faut en excepter une seule le byssus velutina, byssus velouté 
de La Marck que j'ai été obligé de rapporter aux conferves 
de cette famille, parce qu’il en a tous les caractères. Mais , quoi- 

5 
qu'au 


D’E A U D O'UIC'E. 25 


qu'au premier coup -d'œil les filets de ces conferves puissent 
paraître simples , comme Linné le croyait ; il n’en est pas moins 
vrai qu'ils sont tous plus ou moins ramifiés : leur tube ne laisse 
appercevoir à l'intérieur ni cloisons , niétranglement, au con- 
traire , il est fistuleux depuis la base jusqu'au sommet , et il 
présente dans toute son étendue le même diamètre : caractère 
qui, indépendamment de toute fructification, peut suffire pour 
distinguer ce genre de tous les autres. 


Le Citoyen De Candolle, qui le premier , a essayé de classer 
les conferves d'après le principe de leur fructification , a bien 
voulu donner mon nom à cette famille , parce qu’elle était 
la première dont javais reconnu les graines. Je les appelle 
Æcrospermes de deux mots Grecs qui signifient semences 
extérieures , parce que de toutes les conferves que j'ai obser- 
vées , celleslà seules portent leurs ovaires au dehors des 
tubes. 


Les espèces de ce genre, sont les suivantes: 
ECTOSPERMES À UN GRAIN. 


Planche 1e 1.° Ectosperme ovoïde. Ecsosperma ovata. Fig, x.re 


Seminibus  solitariis pedunculatis; antherà ovatà, pedunculatà 
seminiformi. 


Semences solitaires, pédonculées ; anthère ovale , pétiolée; 
.Séminiforme, 


26 HISTOIRE DES CONFERVES 


Cette conferve à graines solitaires est facile à reconnaître , cha- 
cune de ses semences est terminale etsessile, ou latérale, et portée 
sur un pétiole, L'anthère, qui en est assez éloignée ; est également 
pétiolée. Au premier aspect , elle ressemble beaucoup à la graine; 
mais elle en diffère par une circonstance remarquable, c’est 
qu'au lieu d’être articulée au tube, elle n'en est que le prolon- 
gement : aussi s’ouvre- t-elle pour répandre sa poussière, et 
se flétrit-elle ensuite ; tandis que la véritable graine se détache 
de son articulation sans jamais s'ouvrir. J'ai fréquemment 
rencontré cette conferve dans les mois d'hiver, et en 
particulier à la fin de Nivôse ; elle est, comme toutes les 
autres ; chargée d’une multitude presqu'innombrable de graines 
qui ont germé deux fois sous mes yeux. ( Voyez Fig. 1e b b ). 
Il n'est pas rare de voir des graines pousser des filets par les 
deux extrémités opposées b’. Ces tubes sont plus gros et plus 
verts. que ceux des autres :conferves de la même famille. 


2° Ectosperme à hameçon; Ecrosperma hamata. Fig. 2e 
Seminibus solitariis ,ovatis , pedunculatis , authere recurve insi 
dentibus. 


Semences solitaires , pédonculées , ovales, portées sur leur : 
anthère recourbée. 


:. Cette conferve du genre desEctospermes et qui n'a qu'une 
seule graine, se rencontre assez fréquemment dans les envi- 
rons de Genève. En particulier je l'ai reconnue deux années de 
‘suite dans les fossés du marais de Bossey, où elle se mul- 
tiplie. Elle forme au fond de l'eau où elle vit, des tapis d'un 


Di EVA) VU (D © UC: ET) 27 


vert jaune : elle diffère presque de toutes les autres par la 
manière dont elle porte ses grains. Les pédoncules qui les 
soutiennent , sont fort allongés ; ils portent à leur extrémité 
deux petits filets, l’un recourbé et qui sert d’anthère. Planche 2. 
Fig. 2% a, l’autre plus court et plus droit qui porte la graine; 
Fig. 2% e , comme le filet fourchu de la brunelle porte ‘son 
anthère. Ces graines fort nombreuses sont d'un vert foncé, un 
peu plus applaties et beaucoup plus petites que celles de l'espèce 
précédente : Cette conferve répand ses graines au commen- 
cement du printemps ; je l'ai vue germer, en sorte que je ne doute 
pas que ces grains ne soient la semence. 


3.” Ectosperme terrestre ; Ecsosperma terrestris. 


Serminibus solitaris , complanuatis , pedunculatis ; anthere recurve 


snsidentibus. 


Semences solitaires , applaties , pédonculées ; portées sur 
leur anthère recourbée. | 


Bissus velutina Lin. Dal, Musc. 7. #. 1. Fig. 14. 


Cette Ectosperme est le Bissus velutina de Linné que l'on 
rencontre en automne et en hiver sur les terres humitles. Il 
a tous les caractères des conferves, et en particulier des 
Ectospermes; ses filets sont verts, cylindriques, entrelacés les 
uns dans les autres, tellement qu'on ne l'en distinguerait 
pas , sil vivait dans les mêmes lieux. Observé au microscope, 
il paraît avoir ses tubes moins réguliers que ceux des autres 
Ectospermes. Ses semences ne sont pas ovoïdes, mais applaties. 
Il les porte sur sa corne ou sur son anthère comme l'espèce 

D 2 


28 HISTOIRE DES CONFERVES 


précédente. Il est chargé de graines dès l'automne, et ses 
graines sont assez grosses pour être visibles à l'œil. C’est cette 
espèce dont Micheli avaitapperçu les grains, et qu'il représente 
dans sa figure. Il est singulier que cet auteur , d’ailleurs si 
exact et qui observait au microscope , les ait vus sessiles et 
sans cornes. Je n'ai pas cru devoir laisser plus long-temps 
parmi les bissus, une espèce qui appartient si visiblement à 
la famille des conferves. 


ÆCcTOSPERMES À DEUX GRAINS i 


4° Ectosperme gazonnée. ÆEcrosperma cespitosa. Fig. 4.%e 


Seminibus duobus terminalibus , subsessilibus ; antherà intermedia ; 


subincarvata, 


Deux semences terminales , sessiles ; anthère  intermé- 
diaire , recourbée. 


Cette Ectosperme qui est représentée Fig 3" est remarqua- 
_ ble par la manière dont elle porte ses graines : elles sont termi. 
nales , deux à deux et séparées par une corne qui fait les 
fonctions d’étamine. Ses filets sont courts, très-nombreux, et 
forment un gazon d'un vert noir. On la rencontre fréquem- 
ment auprès des fontaines et des eaux pures , et c'est à peu 
près la seule des Ectospermes qui s’y plaise. Je lai vue dans 
toutes les sources du pied du Jura, et surtout dans celle de la 
Versoix , où je lai suivie pendant deux années ; elle donne 
une immense quantité de graines qui commencent à se répan- 
dre en Thermidor; dans cette saison chaude, celles que j'avais 


D'EVA U : D'O UC E. 29 


recueillies ont germé au bout de huit jours , et alors les filets 
de la plante prenaient une couleur blanchâtre et se décom- 
posaient ; mais ensuite ils semblaient reverdir , parce que 
les graines germaient sur la vieille touffe qui les avait pro- 
duites , et tendaient sans cesse à la rendre plus épaisse. Voyez 
sa description , Journal de physique , Floréal an IX. 


Ses graines sont représentées se développant , dans la Fig, 
4% sous les lettres b, b, 
a a (Graines geminées. 
c c Anthère recourbée. 
g Filet qui a perdu ses graines. 


$. Ectosperme géminée. Ecsosperma geminata. Fig. 5. 


Sesiinibus duobus lateralibus , pedunculatis ; antherà intermedià 
curvatà. 


Deux semences latérales, pédonculées ; anthère intermé:- 
diaire , recourbée. 

Elle ressemble à la précédente , mais elle en différe à 
plusieurs égards. D'abord ses graines, au lieu de terminer le 
filet , sont toutes latérales, de plus elles sont pédonculées et 
non pas sessiles. D'ailleurs, tandis que la première vit dans 
les eaux courantes, où elle se fait remarquer par sa couleur 
d'un vert intense , l’autre au contraire se rencontre dans les 
eaux stagnantes des fossés , où elle se distingue par son vert 
sale. Ses graines, au lieu d'être arrondies, représentent une 
portion de sphère fortement échancrée à l'intérieur. Lorsqu'’elles 


30 HISTOIRE DES CONFERVES 


sont tombées, le pédoncule commun et les pédoncules parti- 
culiers forment avec la corne une croix droite : Fig çme c. 
Je l'ai trouvée dans les fossés du chemin qui conduit de 
Genève à Versoix et ailleurs. 


6° Ectosperme croisette. ÆEcsosperma cruciata. Fig. 6% 


Seminibus duobus , lateralibus , pédunculatis ; anther4 inter- 
medig, cruciara. À 


Deux semences latérales , pédonculées ; anthère inter- 
médiaire, en forme de croix. 


Cette conferve a beaucoup de rapport avec la précédente, 
et se trouve dans les mêmes lieux. Mais outre qu'elle en diffère 
par son tube dont le diamètre est beaucoup moindre , et par 
les dimensions de toutes les parties de la fructification qui sont 
plus petites de moitié , elle porte une anthère plus allongée, 
au milieu de laquelle est placé à angles droits un appendice 
qui donne à l'organe entier la forme d’une croix. Cette croix 
que l'on voit distinctement , tandis que les pédoncules sont 
encore chargés de leurs graines , ne doit pas être confondue 
avec celle de l'espèce précédente, qui ne s’apperçoit qu'après la 
chûte des semences. Sans doute que cette seconde anthére 
transversale ‘est destinée à rendre la fécondation plus facile Il 
serait au reste possible que cette espèce ne fût qu'une variété 
de la précédente ; mais, comme elle en est süffisamment distin- 
guée , j'ai préféré de ne pas la passer sous silence : on jugera 
ensuite si elle mérite d'être conservée. 


D'EAU D: OU CE. 31 


a a Graines de l'Ectosperme. 
b b Croix de l’anthère. 
c c La croix sans les graines. 


7. Ectosperme sessile. Ecrosperma sessilis. Fig, 7. 


Seminibus binis et solitariis, oblongis , sessilibus ; anther® inter. 


mediñ , recurva. 


Semences deux à deux et solitaires, oblongues , sessiles ; an- 
thère intermédiaire , recourbée. 


Cette conferve qui se rencontre dans les mêmes lieux que les 
précédentes, porte deux graines sessiles et oblongues , entre 
lesquelles se trouve une corne recourbée presqu’en cercle : quel- 
quefois aussi la corne ou l'anthère n’est acccompagnée que 
d'une seule graine , comme on peut le voir dans la fig. 7% 
sous la lettre b. Mais je ne sais pas si dans ce cas, la seconde 
graine ne s'est pas déjà séparée. On pourrait s’en assurer en 
regardant, s'il reste quelque cicatrice sur le tube à l'endroit où 
la semence devrait être placée, 


a a Graines sessiles pourvues de leur anthère. 
b Graïne solitaire avec son anthère. 

c Graines qui ont perdu leur anthère. 

d Anthère qui a perdu ses graines. 


I ne serait pas impossible qu'il n’existät naturellement 


32 H1STOIRE DES CONFERVES 


quelques graines sans anthère, et quelques anthères sans graines ; 
mais, comme je n'ai point vu ce cas dans les autres espèces, je 
ne présume pas qu'il se rencontre ici. 


ECTOSPERMES À PLUSIEURS GRAINS, 
8.” Ectosperme à bouquet; Ecéosperma racemosa. Fig. 8." 
Seminibus sepius quaternis, ovatis, pedunculatis ; antherà unica. 


Semences ordinairement quaternées , ovales , pédonculées ; 
une seule anthère, 


Cette Ectosperme qui est une des plus communes , se rencontre 
presque dans tous les fossés , principalement au printemps. 
Elle est chargée de petits bouquets, discernibles à l'œil simple, 
et qui, au microscope sont formés d'un pédoncule commun, 
subdivisé en pédicules qui portent chacun à leur sommet, un 
corps sphérique, en tout semblable aux graines des autres 
Ectospermes , mais plus petit à peu près de moitié: au milieu 
de ce bouquet est la corne qui fait sans doute la fonction de 
fleur mâle, et qui n'est ici que le prolongement du pédoncule. 
Le nombre de ces graines varie depuis trois jusqu'à sept ; mais 
ordinairement on n'en rencontre que quatre. On remarque prin- 
cipalement sur cette espèce , un grand nombre de ces gros grains 
qui portent un point noir à l'intérieur. Voyez fig. 8." aux lettres 
r tr r. J'en ai parlé dans le discours préliminaire , et j'ai fait 
voir qu'ils n'étaient que des habitations d'insectes , en particu- 
lier du cyclops lupula. 


p p Bouquet de graines, pre 
a nn 


D'EAU DOUCE: 32 


nn  Anthère formée par le prolongement du pédoncule , et ter- 
minant le bouquet. 

r r r Galles ou excroissances habitées par le cyclops lupula. 

a a Graines séparées du pédoncule. 

b b Graines poussant un filet. 

€ c Graines qui poussent deux filets. 


9.” Ectosperme multicorne. Ecsosperma multicoruis. Fig. 9.m* 


Seminibus sæpius quateruis, truncatis , pedunculatis ; autheris 
Dluribus. 


Semences quaternées , tronquées , pédonculées , pour vues cha- 
cune de leur anthère 


Cette singulière conferve s’est offerte plusieurs fois dans le 
cours de mes observations : j'ai d’abord cru qu'elle était une 
variété de quelqu’une des espèces précédentes, mais ensuite j'ai 
eu lieu de me convaincre qu'elle était une espèce distincte. 
Rien n’est plus remarquable que cet assemblage et cette alternative 
de cornes et de graines, placées pour ainsi dire par étages, les 
unes au-dessus des autres. On dirait que la nature s’est plu à 
mettre dans les organes des Ectospermes une plus grande variété 
que dans des plantes parfaites. Quelquefois, il est vrai, iln'y 
a que deux comes et deux grains à chaque pédoncule ; mais 
souvent l'on peut en apercevoir trois et même quatre. Cette 
plante répand ses graines au printemps, dans le même temps. 


que les autres. 
E 


34 HISTOIRE DES CONFERVES 


a a Pédoncule commun des graines. 

b b Anthère recourbée. 

c  Pédoncule qui a perdu ses graines. On y distingue les pédi- 
cules des semences qui sont droits , et les anthères qui sont 
recourbées. 


10° Ectosperme à massue. Æcrosperma c.avara. Fig. 10." 


Seninibus bactenus nullis, extremitatibus incrassatis, clavaris. 


Semences extérieures jusqu à men nulles ; extrémités ren- 
flées en massue. 


Elle se rencontre dans les eaux pures et courantes des fon- 
taines et des petites rivières, et elle s'attache aux bois et aux 
pierres qui s'y trouvent , et sur lesquelles elle forme des touffes 
d'un beau vert. Elle paraît composée de tubes beaucoup plus 
minces que les autres, et présente aussi un coup-d’œil plus lustré ; 
elle est douce et onctueuse au toucher; ses extrémités, princi- 
palement en hiver, sont pour la plupart terminées par ces mas- 
sues ovales et non articulées, dont il est parlé plus haut. Leur 
poussière se répand aisément, sur-tout , lorsqu'on les irrite avec 
une aiguille. J'ai inutilement cherché sur les filets les graines de la 
plante , jamais je n'ai pu les rencontrer , quoique l'espèce soit 
fort commune , et que pendant deux ans je l'aie constamment 
suivie. Je présume donc que cette conferve est une espèce. 
dioïque dont les filets femelles sont séparés des filets mâles, 
et portent à leur tour des graines sans donner de massne « 
je crois avoir aperçu cette fleur femelle près de la fleur mâle, 


D'EAU DOUCE. 25 


où elle forme un gazon plus jaune et plus entrelacé, auquel je 
n'ai pas encore reconnu des graines 


Ectosperme à massue. 


n n n Massues de l'Ectosperme : elles sont prêtes à répandre 
leur poussière. 


Fig. 11." Ectosperme à appendices. Ecrosperma appendiculata. 
Seminibus hactenus wullis ; tubis solidis, appendiculatis. 


Semences jusqu'à présent inaperçues; tubes solides, appen- 
diculés, . 


Cette Ectosperme se trouve à Lons-le-Saunier auprès du bâti- 
ment de graduation : elle flotte aussi dans le grand bassin qui 
recoit l’eau salée découlant des fagots : elle se présente sous deux 
états , dans le premier elle forme des filets ramifiés d'un jaune 
pâle , solides et non articulés. C'est son état le plus ordinaire 
sous les égouts du bâtiment. Au contraire, dans le grand bassin 
rempli d'eau salée, elle s'offre sous la forme de filets bruns fine- 
iment ramifiés, chargés d'une multitude presqu'infinie’ d'appen- 
dices de figures différentes, que je crus d’abord appartenir à la 
plante, et que j'ai reconnu être la demeure particulière d'autant 
d'insectes. L'analogie qu'il y a entre ces appendices et ceux 
des autres Ectospermes, ne me permet pas d'en douter. On 
aperçoit parmi ces grains des corps ronds et sessiles, que 
lon peut considérer comme autant de graines. Mais je n'ai pas 


séjourné assez long-temps à Lons- le - Saunier , pour suivre cette 
E 2 


36 HISTOIRE DES CONFERVES 


Ectosperme , comme je l'aurais désiré : je crois que ces graines sont 
extérieures , sans en avoir la conviction. Je la décris ici, parce 
que je conjecture que c’est sa véritable place. Cependant j'invite 
ceux qui s'occupent de ces recherches, et particulièrement les 
botanistes qui se trouvent près de quelque saline, de vouloir bien 
l’examiner et la suivre. C’est le 22 Vendémiaire de l'an IX que je 
l'ai rencontrée. IL est possible qu'il faille l’ôter du nombre des 
conferves d'eau douce pour la placer parmi les conferves marines. 
Il est également possible que ces conferves des salines soient 
es espèces moyennes entre les unes et les autres. Quoi qu'il 
en soit, jai préféré indiquer cette espèce , afin qu'elle ne 
. demeurât pas plus long-temps inconnue , et que les botanistes 
tournassent leur attention sur les nouvelles cryptogames qui 
vivent dans le voisinage de nos salines. 


s s s Galles ou excroissances habitées par un insecte microsco- 
pique. 

tt t Corps arrondis sans point noir intérieur; je conjecture 
qu'ils sont les semences. 


Cat 2 9e 


D'EAUDOUCE. 37 
D 


SECONDE FAMILLE. (Pz.4‘$‘6°ET 7°) 


ConFrEeRvEes CoONJUGUÉES 


Nous avons vu, dans la première partie de ces mémoires , 
l'histoire des conferves d’eau douce, dont les tubes dépourvus 
de cloisons, sont remplis à l'intérieur d'une matière verte, 
confusément entassée , et portent au dehors des graines 
‘sphériques pédonculées , placées dans le voisinage des fleurs 
mâles qui les fécondent. 


Les conferves que nous nous proposons d'examiner ici ;, 
sont à tous égards différentes des premières ; leurs filets sont 
simples dans toute leur étendue ; leur tube est divisé en un 
grand nombre de cloisons perpendiculaires à leur axe : fa 
- matière qu'il contient est disposée régulièrement , pour l'ordi- 
naïre , en spirales entremélées de grains brillans , et les graines, 
au lieu d’être attachées au dehors, se forment à l'intérieur, 
après la réunion préalable de deux tubes. Ê 


Indépendamment de ces différences essentielles , il y a encore 
d'autres caractères accessoires qui servent à distinguer ces 
deux familles. Dans la première, les conferves forment des 
duvets courts et épais , sur les corps auxquels. elles adhèrent. 


38 HISTOIRE DES CONFERVES 


Dans la seconde au contraire, les filets sont longs et déliés ; 
leur apparence extérieure est d'un vert brillant, leur toucher 
est doux , onctueux ; jamais elles ne présentent sur leurs 
tubes aucun de ces corps étrangers , qui se trouvent fréquem- 
ment dans les autres espèces ; elles vivent dans l'intérieur 
de l'eau , ou s'étendent sur sa surface en croûtes épaisses et 
souvent remplies de bulles d'air. 


Linné n’a point connu ces conferves. Ce prince des natura- 
listes, entièrement occupé des grandes divisions de la science, 
a abandonné les détails à ses successeurs. Toutes les espèces 
que doit renfermer un jour cette nombreuse famille , ont été 
comprises par cet auteur sous la dénomination générale de 
Conferve bulleuse à Jaquelle ïil assigne deux caractères, dont 
lun est faux , et l’autre équivoque ( 1 ). Les botanistes qui 
l'ont suivi, n'ont pas été plus exacts; ils ont copié ses 
erreurs ,; et admis sa nomenclature, jusqu'à Muller qui a 
reconnu que cette espèce décrite par Linné , en com- 
prenait un grand nombre d’autres. 


J'avoue qu'il n'était pas facile de les reconnaître ; car, autant 
elles sont distinguées de celles des autres familles, autant 
au contraire elles se ressemblent entrelles. Les caractères -par 
lesquels on voudrait les distinguer , échappent à la vue, ou 
ne peuvent être saisis que par un observateur exercé, et la 


( r } Voici le caractère spécifique : Æilamentis æquolibus ramosis , œreas bulles 
éncludentibus, 


D'EAU DOUCE. 39 


seule différence marquée qu’elles présentent au premier coup- 
d'œil, est celle de la couleur. 


Si ces conferves prises séparément ne s’aperçoivent presque 
point à la vue, elles offrent au microscope des formes très- 
remarquables. Muller , qui les observa le premier, en fut si 
frappé , qu’il rappelle fréquemment dans son mémoire (1), la 
surprise qu'il éprouva en examinant des objets si nouveaux. IL 
compare les tubes et les spirales de ces conferves aux orne- 
mens de toilette les plus ‘élégans , et les grains qui les 
accompagnent , aux pierres précieuses les plus brillantes. 
Lors même queses expressions seraient exagérées , il faudrait 
cependant convenir que dans le règne végétal , la nature a 
rarement donné à des objets aussi petits et aussi vils en 
apparence, des formes si agréables et si régulières. 


Mais , comme on ne peut les étudier que par lemoyen du 
microscope , cest à cet instrument que jai eu recours pour 
déterminer leur structure. J'ai reconnu d’abord que toutes ces 
conferves étaient composées d’un tube simple , plus ou moins 
allongé , sans ramifications , ni étranglement quelconque. J'ai 
vu de plus que ce tube est divisé dans toute sa longeur par des 
cloisons intérieures , perpendiculaires à son axe, et dont les loges 
sont plus ou moins étendues selon les espèces. Chaque filet com- 
prend un plusou moins grand nombre de ces cloisons , depuis 
une seule jusqu'à quarante et plus. L'intérieur des loges que forment 


(1) Nova acta Petropolirana 1785. Pars 34 


40 HISTOIRE DES CONFERVES 


les cloisons m'a paru très - varié. Quelquefois ilest occupé par des. 
filets en spirale , couchés le long du tube, et qui portent de 
distance en distance des points brillans de forme à peu près sphé- 
tique. Voyez Fig. re PL 4m D'autrefois il est plus ou moins 
rempli d'une matière verte, disposée en tubes; souvent cette 
même matière imite la forme d'étoile; ces arrangemens diffé- 
rens dans la même famille m'ont engagé à la diviser en trois 
ordres. 1.” Celui des conferves à spirales ; 2.° celui des con- 
ferves à étoiles; 3.° celui des conferves à tube intérieur. 


Pour nous former une idée plus exacte de l'organisation de 
ces conferves , examinons particulièrement toutes les parties 
qui les composent. Et d’abord , quoique la conferve paraisse. 
uniformément colorée quand on l’examine à l'œil nu, om 
voit distinctement au microscope que la couleur ne réside 
que dans la spirale ou dans la matière verte , logée dans les 
cloisons. Le tube qui les contient en est absolument dépourvu ; 
ï est composé d’une membrane séche , transparente , et d’un 
tissu tellement fin qu'il est impossible d'y distinguer ni 
maille , ni réseau quelconque. Mais la spirale présente plus de 
variétés dans ses formes ; tantôt ses tours sont serrés de manière 
à ne laisser entr'eux presque aucun vide ; tantôt ils s’écartent, 
et forment des entrelacemens très - variés ; quelquefois à la 
place de la spirale , on n’aperçoit plus qu'une matière verte 
irréculièrement disposée ; enfin , souvent le tube paraît entié- 
rement vide, sans qu’on puisse soupçonner comment la matière 
s’est échappée. Ces différentes apparences pour la même conju- 


guée, sont représentées dans les cloisons de la Fig. 1. PI. 4."° 
4 
sous 


D ';8f AU » D10 ÙU.CEi 41 


sous les lettres a &,6 b;c c. Et elles permettent de tirer cette 
conséquence immédiate; c'est que la spirale n’est pas attachée 
au tube comme une partie nécessaire et inséparable, puisque 
la destruction de lune n'entraîne jamais celle de l’autre; et 
que, quoique la spirale soit détruite, les tubes et les cloisons 


subsistent toujours dans leur entier. | 


Les grains brillans paraïssent avoir plus d’adhérence avec 
les spirales , puisqu'ils sont distribués avec beaucoup de régu- 
larité dans toute leur étendue. S'ils étaient eux-mêmes des 
semences , on pourrait considérer la spirale comme le cordon 
ombilical, destiné à les nourrir. Cependant il n’est pas rare de 
voir des conferves conjuguées , dont la spirale subsiste en 
partie, et dont les grains ont disparu;.et toutes les fois que 
la spirale est détruite, les grains se mêlent à la masse verte, 
de manière qu'il n’est pas toujours possible de les en dis: 
tinguer. 


Par rapport aux cloisons intérieures qui divisent le tube de 
la conjuguée, elles sont ainsi que lui formées d’une membrane : 
très-fine et transparente. Quoiqu’elles paraissent simples, j'ai 
lieu de les croire doubles ; car j'ai souvent vu un tube de 
conferve se séparer en deux, en trois ou même en autant de 
parties qu'il contient de loges PL 4ma Fig. 6." Et comme 
ces loges, au lieu de se vider, retiennent chacune la matière 
verte ou les spirales , ilest à présumer qu’elles étaient exac- 
tement fermées; car autrement cette apparence n'aurait pu 
avoir lieu, Voyez Fig. 6." PI, 4.me 

F 


à 


42 H1iSToiRE DES CONFERVES 


On peut donc considérer les tubes des eonferves dont il est 
ci question , non pas comme formant chacun une plante 
particulière , mais plutôt comme l'assemblage d'un grand nom- 
bre de plantes. Sous ce point de vue , chaque loge est elle- 
même une plante qui ne communique point avec les autres 
renfermées dans le même tube. Elle peut leur être appliquée, 
elle peut aussi en être séparée : elle a son enveloppe parti- 
culière , ses spirales, ses grains , en un mot tout ce qui la 
constitue plante, et comme nous le verrons bientôt, elle peut 


aussi se reproduire. 


Le premier objet que je me suis proposé dans cette famille 
de conferve , ainsi que dans les précédentes , c’est de trouver 
la manière dont elle se multiplie. Je voulus d’abord appli- 
quer la reproduction des conferves de la première famille à 
toutes les autres. Je nimaginais pas que la nature qui 
donne à des végétaux fort différens des reproductions très- 
semblables , eût varié, avec tant de soin , la reproduction 
des conferves. Je cherchai donc pendant plusieurs mois, sur 
les conjuguées , les grains extérieurs et les massues des Ectos- 
permes ; mais ce fut inutilement. Non seulement je n’aperçus 
sar leur tube aucun grain extérieur, mais encore je n’y décou- 
vris aucun vestige de ces corps étrangers qui s’attachent aux 
Ectospermes , et qui sont si communs dans la première famille. 
Voyez Fig. 8." Planche 3° Au contraire, leur tube me parut 
toujours simple , dépourvu d’appendice extérieur et doué dans 
toute son étendue de la même transparence. : 


” D'EAU DOUCE. 43 


. Je continuai d'observer pendant plusieurs mois , sans pouvoir 
absolument comprendre comment se reproduisait cette famille ; 
et j'avoue que je désespérai pendant quelque tems d'y rien 
découvrir. Je voyais sans cesse sur toutes ces conjuguées 
des spirales , des cloisons , des points brillans ; la seule diffé- 
rence que jy remarquais, c'est quà mesure que la saison 
s'avançait , ( j'étais alors en Frimaire, ) les spirales me parais- 
saient plus écartées. Enfin un jour que j'avais recueilli un grand 
nombre de ces conjugées, et que, selon nta coutume, je les obser- 
vais plutôt par habitude et par devoir , que par l'espérance d'y 
rien trouver ; je fus le témoin d'un phénomène aussi nou- 
veau quinattendu : je vis se former sur toutes les divisions 
de ces tubes cylindriques et toujours semblables à eux-mêmes, 
de petits bourrelets ou mamelons , de forme irrégulière, 
ordinairement obtuse ; chacun de ces bourrelets s'allongeait 
jusquà ce qu'il atteignit le mamelon de la conjugale voisine. 
Voyez Fig. 3m PL 4" aux lettres ccc. La même chose 
avait lieu dans toute l'étendue des deux plantes, dont les 
cloisons se communiquaient dans le même moment, et qui 
se trouvaient alors réunies dans toute leur longueur. Voyez 
Fig. 3m Les bourrelets, avant d'avoir pu s'atteindre, s'étaient 
irrégulièrement contournés. Quelquefois le phénomène était plus 
varié; et, au lieu de deux conjuguées réunies, l'on en aper- 
cevait trois et davantage. Dans ce cas, la plante du milieu 
communiquait alternativement avec la conjuguée de sa droite 
et avec celle de sa gauche. Mais je ne crois pas avoir vu la 
même cloison percée de deux ouvertures ; et la transparence 
du tube permettait presque toujours de distinguer facilement le 
EN TE 


44 HISTOIRE DES CONFERVES 


point précis où les deux bourrelcts s'étaient appliqués par leur 
ouverture. Fig. 3% d d d. 


Lorsque la réunion a été achevée, les cloisons des spirales qui 
étaient déja fort écartées et quelquefois déformées , se sont réu- 
nies en une masse verte irrégulière , qui , des deux côtés où 
elle. était contenue , a bientôt passé toute entière dans un seul; 
de manière quune des cloisons est restée vide , tandis que 
l'autre renfermait seule la matière verte des deux tubes. 
Voyez fig. 3. f f Ordinairement l’un des tubes donnait , 
tandis que l’autre recevait dans toute sa longueur. Cependant 
il n'était pas rare de voir la même conjuguée donner dans une 
partie de sa longueur , et recevoir dans l’autre ; en sorte que 
les cloisons des tubes étaient les unes vides et les autres rem- 
plies. Mais, avant la réunion et même après cette époque , je 
n'ai jamais pu connaître laquelle des deux cloisons se viderait , 
et laquelle au contraire se remplirait. Celle qui donne et celle 
qui reçoit mont toujours paru organisées précisément de la 
même manière. 


Lorsque la matière a passé d’une cloison dans une autre, 
elle se rassemble en un seul grain qui, selon les espèces, varie 


de la forme sphérique à la forme ovoïde. 


Je donnerai à ces grains le nom de Globules, pour les distin: 
guer des grains. brillans dont j'ai parlé, 


Cette aggrégation en une seule masse dépend , je, le soup: 


D'EAU DOUCE. 45 
çonne , d’une contraction de l'enveloppe particulière de la loge, 
qui a lieu par le mélange de la matière des tubes. Cé qui me 
persuade qu’il y a une enveloppe contractée, c’est que la matière 
est visiblement renfermée dans une coîffe ; ’et ce qui me fait croire 
que le mélange est nécessaire pour la contraction , c’est que je 
n'ai jamais vu aucun globule se former sans une réunion préa- 
lable. Il se passe donc dans les conjuguées réunies un phéno- 
mène semblable à celui dont l'irritabilité est la cause : mais ce 
qu'il y a de remarquable ici, c’est que la forme des globules est 
tellement semblable dans la même espèce , et tellement variée 
dans les espèces différentes, qu’elle fournit elle seule un des 
caractères les plus propres à les distinguer. 


Lorsque la conjuguée est réunie sous la forme de globules ; 
elle persévère long-temps dans cet état , sans aucun changement 
remarquable. La comferva jugalis de Muller que je décris prin- 
cipalement dans ce mémoire , y est demeurée depuis le mois de 
Ventôse, jusqu’à celui de Messidor. D'abord les tubes étaient en- 
tiers, et les globules étaient logés dans leurs cellules particulières. 
La conjuguée elle-même examinée à la vue simple ne différait de 
la conjuguée plus jeune et non réunie, que par ses filets, qui, 
au lieu d'être lisses et d'un vert foncé , étaient au contraire 
frisés , et d’une couleur un peu jaune; et dans la plupart des 
conferves de cette famille, le défaut de souplesse des filets, est 
presque toujours l'indice d’une réunion fort avancée. Peu à peu 
lestubes se sont détruits, ou du moins les diverses cellules qui 
les composent se sont séparées , et dans le même temps les 
globules se sont en grand nombre détachés de leurs enveloppes : 


46 HISTOIRE DES CONFERVES 


la conjuguée elle-même que j'observais toujours dans un vase 
dont l’eau était fréquemment renouvelée , ne présentait plus 
que des débris informes de tubes et de matières étrangères, 
sans aucune apparence d'organisation. Les grains seuls ne 
s'étaient pas altérés , et ils avaient conservé leur forme régu- 
lière et leur couleur verte au milieu de la destruction de toutes 
les parties de la plante. 


C'est cette dernière circonstance qui a rendu plus difficile la 
découverte des graines de cette famille. D'abord, lorsque je 
rencontrais des conjuguées réunies , je me contentais de les 
examiner sur place, et de les visiter souvent, espérant que 
la nature acheverait tôt ou tard son ouvrage, et qu'infailli- 
blement je surprendrais , par ce moyen, quelque jeune conjuguée 
au moment de sa naissance ; mais, lorsque les globules me 
paraissaient le plus près de leur développement , et au moment 
où je croyais être sur le point de connaître la vérité , toutes mes 
espérances étaient trompées : je ne retrouvais plus la plante au 
lieu où je l'avais laissée ; les globules devenus libres, s’enfonçaient 
dans l'eau , les tubes se détruisaient, et il ne restait rien de 
la conjuguée. 


Enfin, le 25 Messidor an IX, en examinant les débris de 
la conferva jugalis de Muller, que je suivais depuis le commen- 
cement du printemps, j'arrivai pleinement et sans aucun doute, 
à cette vérité si désirée, qui avait fait si long-temps et si 
infructucusement l'objet de mes recherches. 


D'EAU DOUCE. 47 


Presqu’au même instant et dans le même jour, ou au moins 
dans la même semaine, tous les grains de la conferva jugalis, 
( jen avais plusieurs milliers ) s’ouvrirent par une de leurs 
extrémités comme les deux cotylédons d'une graine dont l’em- 
bryon se développe ; et de la base de l'ouverture il sortit un 
sac vert, d’abord très-petit, mais qui bientôt s’étendit de ma. 
nière qu'il surpassa plusieurs fois la longueur du globule. 
Dans l’intérieur de ce sac parurent bientôt les spirales. Voyez 
Fig. $ “ a a a Elles étaient accompagnées de leurs points bril- 
lans , comme dans une conjuguée entièrement développée b 
Le tube lui-même montrait ses cloisons , d'abord une , puis 
deux , puis un plus grand nombre c c c ; enfin, la conjuguée 
se détacha de son grain pour flotter seule sur le liquide ; 
et alors à la grandeur près , et aux deux extrémités qui étaient 
encore pointues , elle ressembla parfaitement à la plante qui 
lui avait donné naissance. pi 


Pour mieux constater l'exactitude de ces observations 5 
j'ai désiré qu'elles fussent répétées par des naturalistes accoutumés 
à se servir du microscope. J'ai donc montré plusieurs fois mes 
conferves , et en particulier les conjuguées , à des personnes 
capables de juger ; et j'ai vu. avec plaisir, que sur les divers 
objets dont il est ici question , leur opinion ne différait pas de 
la mienne. En particulier un heureux hasard a voulu que le Cit. 
De Candolle,, qui a eu la bonté de rendre compte de mon pré- 
cédent mémoire dans le Bulletin des sciences ( 1 }), et le 


FE 


(1) Prairial an IX, 


43 HISTOIRE DES CONFERVES 


journal de physique, Prairial an X ; ait été le témoin oculaire de 
la naissance et du développement de cette conjuguée, ainsi qué 
de quelques autres qui n’appartiennent pas à cette famille.  } 
Du reste lopinion que chacun des globules de la conferra 
jugalis donnait naissance à une Conjuguée , avait déjà été 
annoncée par deux excellens naturalistes , les Citoyens Romain et 
Charles Coquebert, dans le N° 30 du Bulletin des sciences 
du mois de Nivôse an IL Ils y ont consigné leurs observations 
sur la confèrva jugalis que Muller avait le premier découverte; 
et quil désigne dans sa Flore Danoise, par ces expressions : 
conferve à filamens réunis et souvent globifères. Il en, résulte que 
ces naturalistes. avaient vu clairement , de même que Muller, 
la réunion des filets et le passage de la matière verte d'un 
tube dans un autre. Le Citoyen Romain Coquebert affirme 
en particulier , qu'il a vu sortir de cette boule, que l’on pour- 
vait regarder comme la graine , une petite conjuguée semblable 
à celle d’où elle procède, et ayant son tube rempli de spires 
de la même forme; mais, comme cet observateur ne donnait 
aucun détail sur les précautions qu'il avait prises pour s'assurer 
de ce fait, et sur l'état de la conjuguée au moment où elle 
donnait ses graines ; comme de plus les figures qui représentent 
cette conjuguée réunie sous plusieurs états, ne contiennent 
rien qui soit particulier au développement du grain et à la 
plante qui en sort, j'avoue que j'avais de grands doutes ; 
non pas sur Ja véracité des observateurs, mais sur l'exactitude 
de l'observation , et qu’à présent je ne comprends pas encore 
comment ces naturalistes sont parvenus à la vérité à tre 
, outes 


D'EAU DOUCE. 49 


“toutes les difficultés que j'ai rencontrées , et sur lesquelles ils 
gardent un profond silence. 


Non - seulement je suis certain que Îa conferva jugalis se repro- 
duit par les globules renfermés dans chacune de ses cloi- 
sons, mais encore jaflirme que cette forme de reproduction 
n'est pas particulière à cette conferve , et qu'elle s'étend à toutes 
les conjuguées à spirales, qui sont comprises dans cette famille. 
La première preuve à cet égard , c'est que toutes ces confer- 
ves ayant une organisation extrêmement semblable , l'analogie 
ne nous permet pas d'assigner une reproduction différente à 
des êtres qui ont de si grands rapports. La seconde, c'est que 
dans toutes ces conferves la réunion a lieu , comme dans la 

conferva jugalis , que a matière verte passe d’un tube à l’autre 
au moyen des canaux de communication, et qu'après le passage 
elle se réunit en globules. La troisième , c’est que j'ai déjà 
vu ce développement dans quelques autres espèces. 


J'avouerai cependant que je ne suis pas sûr que ces globules 
contiennent comme dans la couferva jugalis, indépendamment 
de la jeune conjuguée , ce sac ou cette enveloppe extérieure que 
j'ai comparée aux cotylédons des-plantes. La conjuguée N° 5. 
PL çgre Fig, 4m dont nous avons suivi le développement 
comme celui de la jyzaks, ne nous a présenté qu'un grain qui 
s'étendait , et qui prenait peu-à-peu Îa forme d'une conferve. 
La conjuguée à portiques, dont je suivis le développement au 
printemps de l'an VIII, ne moffrit non plus que de jeunes 
conjuguées sans vestiges d’enveloppes. Cependant ces faits ne 

s G 


so HISTOIRE DES CONFERVES 


me permettent pas encore de conclure que ces conferves naissent 
sans enveloppe. Il est possible que la transparence et la peti- 
tesse de cette membrane l'ait dérobée à ma vue, ïilest sur- 
tout possible que ces grains développés avant le temps aient 
manqué, dans mes vases, de quelques-unes des conditions 
nécessaires ( 1 }), et j'ai fréquemment vu dans les conjuguées 
mal soignées ou entassées en trop grand nombre, les grains 
ovales ou les globules se fondre, pour ainsi dire, dans leur 
tube , et ne donner qu'un embryon ou qu'un monstre de con- 
ferve sans enveloppe, sans cloisons , seulement formé d’un tube 
court et renflé avec quelques spirales à demi effacées, de 


couleur jaune. PL 4 Fig. 4% nnn. 


Cette maladie qui détruit ou fait avorter le germe de Îa 
conjuguée , nest pas la seule qui se présente , même dans 
ces plantes abandonnées à la nature. On en rencontre en- 
core une seconde, sur laquelle il importe de donner des détails 
pour éviter les erreurs dans lesquelles elle pourrait jeter. 
Lorsque les conjuguées accumulées en trop grand nombre dans 
le même lieu, ont déjà leurs tubes remplis de globules, et 
que ces globales engagés dans une masse considérable de 
filets ne peuvent ni gagner le fond , ni recevoir les influences 
de l'air , alors au lieu de suivre la marche assignée à leur 
développement , et de donner naissance à de nouvelles con- 
juguées , ces globules se fondent pour ainsi dire et se rédui- 


( r ) En effet, je viens de voir éclore aveC son enveloppe la conjuguée renflée, 
Planche gme Fig. 3.7 


D'’ÆE AU DOUCE. SI 


sent en fragmens verdâtres , informes, que j'ai cru long-temps 
être des germes renfermés dans une enveloppe commune, 
mais qui , observés à diverses reprises et pendant plusieurs 
semaines , ne mont jamais donné aucun  développe- 
ment. Dans ces circonstances, les conjuguées même , dont 
les tubes n’ont pas été encore réunis, se détruisent; les spira- 
les s'altèrent et la matière verte dont elles étaient formées se 
rassemble en masses informes d'un vert noir. Toute la plante 
répand alors une odeur insupportable , qui indique assez qu'elle 
ne renferme plus de principes de vie. Fig. 2.% d d d On aura 
donc grand soin, lorsqu'on se proposera d'examiner des confer- 
ves de cette famille, et de suivre à leur développement, de 
renouveller fréquemment l'eau dans laquelle elles sont conte- 
nues, et de ne pas entasser en trop grand nombre Îes individus 
dans le même vase. Voyez à la Fig. 4"° des exemples de 
conjuguées détruites avant la réunion, et à la Fig. 2. 4 d, 
la matière verte provenant des débris des globules. 


Quelle idée faut-il se faire de cette opération par laquelle les 
coujuguées se réunissent avant de paraître sous la forme de 
globules : est-ce une fécondation proprement dite ? Tout ce que 
nous connaissons des procédés de la nature nous autorise à le 
croire. Toutes les fois que dans les êtres organisés et dépourvus 
d'intelligence , nous voyons des rapprochemens de ce genre, 
toutes les fois sur-tout que ces réunions sont suivies d'un déve- 
loppement qui n’a pas lieu sans leur moyen; l’analogie nous 
force à croire qu'elles ont pour but une fécondation ‘nécessaire. 
Cependant nous sommes forcés d’avouer ici que, si d’une part, 

G 2 


52 HISTOIRE DES CONFERVES 


nous ne pouvons rien opposer de solide à ce raisonnement , ni 
donner aucun autre but à ees réunions si multipliées, de l’autre 
nous n'avons rien apperçu dans les tubes qui pôt nous donner 
l'idée d'organes sexuels , que suppose ou fait naître toute fécon- 
dation. D'abord les deux tubes se réunissent de manière que 
chacun semble concourir également à cette opération. Les boux- 
relets de l’un sont exactement constitués comme ceux de l’autre, 
les tubes ont la même forme. Les spirales, les grains brillans sont 
absolument semblables , de sorte qu'il est impossible de recon- 
naître quel est le tube qui donnera, quel est celui au contraire 
qui recevra la matière verte. [ y a plus; quoique le même tube 
donne ordinairement ou reçoive dans toute sa longueur, cepen- 
dant il arrive fréquemment , comme je l'ai déjà dit, qu'il donne 
et reçoit presque alternativement. Enfin, dans les fécondations 
ordinaires , l’un des individus contient le germe à développer, 
tandis que l’autre renferme la matière développante ; or il est 
impossible de faire des distinctions. de ce genre. dans des indi- 
vidus où il y a une si grande ressemblance . Mais si l’on veut 
appeler fécondation le phénomène dont il s’agit ici , il faut 
convenir qu'elle est à beaucoup d'égards fort différente des fécon- 
dations ordinaires. 


Puisque je ne pouvais parvenir à ramener ce cas particulier aw 
c1s général, et à bien établir les: distinctions de mâle et de fe- 
melle , j'ai du moins voulu me former quelqu'idée de la manière 
dont ce développement s’opérait : pour cela je me suis d’abord 
rappelé cette loi si connue que les êtres organisés préexistent 
à tout développement, et que ce que nous appelons leur nais- 


D'EvA U :D:0 ŸÜ:C E: 53 


sance, n'est que l’époque où des circonstances favorables les 
plaçent sous nos yeux. Cherchant ensuite à appliquer cette règle 
à l'objet dont il est ici question, je me suis.demandé où était 
la conjuguée avant qu'elle sortit toute formée de l'enveloppe qui 
la contenait ? Etait-elle renfermée dans l’un-des tubes , ou l'était- 
elle dans les deux ? Sil'on admet la prémière supposition, et que 
l'on se persuade que l'un des tubes faisait les fonctions de mâle, 
et l’autre celles de femelle , il faudra que l’on reconnaisse que 
de deux êtres semblables et semblablement organisés dans toutes 
leurs parties, l’un n’est qu'un 'amas de poussière fécondante, tan- 
dis que l'autre est le germe d’une conjuguée. Si Fon suppose au 
contraire que la conjuguée qui va naître, est contenue dans les 
deux tubes , ik faudra que l’on. explique comment les deux 
conjuguées en se réunissant , n’en font plus qu'une ; pourquoi 
l'une périt tandis que l’autre se développe. Et lorsqu'on passe- 
rait sur ces diMicultés , et que l'on accorderait que la jeune con’ 
juguée était contenue dans l'un des tubes ou dans les deux , 
à volonté ,on ne serait pas pour cela plus avancé. Il resterait 
encore à expliquer comment un filet en spirale chargé de grains 
sphériques , donne naissance à une conferve, ce que deviennent 
la spirale et les grains dans ce nouveau développement, et quel 
est celui des deux tubes où le nouvel être préexistait avant 
Sa naissance ? 


Sans doute que ces difficultés n’affaiblissent pas le système 
de l'emboîtement , et qu'il est encore plus facile de supposer 
un germe préexistant , que d'imaginer ces spirales et ces grains 
se mélant ensemble pour former un être organisé. Sans doute 


s'4 HISTOIRE DES CONFERVES 


encore qu'un observateur plus attentif découvrira un jour ce qui 
ma échappé; mais j'avoue que je n’ai jamais pu répondre d'une 
manière satisfaisante à ces objections , et que quoique j'aie vu 
sortir la jeune conjuguée de son globule , je n’en conçois pas 
mieux comment elle s'y est formée. 


Le seul moyen qui me reste à employer pour arriver à la 
vérité , c'est d'observer le développement et l'organisation d’un 
plus grand nombre d'espèces. IL est probable que dans d’autres 
conjuguées l’organisation d’un des'filets réunis ne paraîtra pas 
toujours exactement semblable à celle de l’autre, que l’on distin 
guera mieux au moment de la réunion, ce qui forme le nouveau 
germe, ou qu'un développement un peu différent, éclaircira 
ce qui dans ce moment me paraît si obscur. L'examen des cas 
semblables, observés dans des espèces différentes, me paraît en 
histoire naturelle , le moyen le plus sûr d'arriver à la vérité. 


La reproduction dont je viens de rendre compte , n'appar- 
tient qu'à la première division de cette famille, c’est-à-dire aux 
conjuguées à spirale. Les conjuguées à étoile qui forment la 
seconde division, et qui sont représentées dans la PL 7."° 
ont beaucoup de ressemblance avec les conjuguées à spirales, 
et cependant à certains égards , elles en sont assez différentes. 
Au lieu de spirales ornées de grains brillans, on ne voit ici 
qu'une matière verte plus ou moins dense. Lorsque la conju- 
guée est encore jeune , cette matière, ne forme guères qu'un 
tout confus qui remplit presqu’entièrement le tube. Peu à-peu elle 
s'éclaircit, et elle se sépare en deux corps assez distincts. Tantôt 


D’E AU DOUCE S$ 
ces deux corps ont la forme de deux petites étoiles à six rayons. 
semblables, comme on le voit dans la Fig. 15 PL 72% a a. Tantôt 
cette étoile plus considérable n'est marquée que de quatre angles 
principaux ; auelquefois la matière se rassemble en deux mas- 
ses ovales aux deux extrémités de chaque loge , Fig. 3." ; quel- 
quefois enfin ces deux masses ressemblent assez bien à des 
peignes à trois dents. 


Ces diverses apparences constantes dans les mêmes espèces, 
peuvent servir à les distinguer , mais elles n'apprennentrien de 
nouveau sur les questions que nous nous sommes proposées 
plus haut et dont la solution nous a paru Si difhcile. 
Seulement il convient de remarquer que les petits corps ren- 
fermés dans chaque loge et séparés l’un de l'autre sont tou- 
jours en nombre double et qu’ils ne se réunissent qu'au moment 
où la matière passe d’une loge à une autre. Seraient - ils 
destinés à remplir réciproquement les fonctions que Îa nature 
a assignées à tous les êtres organisés. L'un d’eux serait-il la 
partie fécondante et l’autre la partie fécondée ? Mais si cela 
était ainsi, on devrait apercevoir entreux une différence qu’on 
n'y rencontre point ; et ces deux corps ayant alors tout ce 
qui est nécessaire à leur reproduction , n'auraient pas besoin 
de se mêler à ceux de la loge voisine pour former un globule, 
Quoiqu'il en soit il y a trop de ressemblance entre ces conju. 
guées , et celles de la première division, par rapport à 
l'organisation , et relativement à la réunion et aux globules 
qui en résultent, pour que leur développement ne soit pas 
accompagné des mêmes circonstances. J'avoue cependant que 


56 HISTOIRE. DES CONFERVES 
jai désiré de voir naître une conjuguée de cette division 
et que jusqu'à présent mes souhaits n'ont pas été remplis. 


4 
did 7 y | is l i \At 


Pour ce qui concerne! les conjuguées de la troisième division 
que j'ai désignées par l'expression de conjuguées à tube inté- 
rieur , Fig. g.%, elles sont assez différemment organisées pour 
qu'il ne soit pas inutile de les décrire. Leur tube principal ne 
diffère, ni à la vue niau miscroscope, de celui des autres con- 
juguées ; il est également ‘divisé en plusieurs cloisons , entre 
lesquelles sont logées les petites conferves ; mais , “dans 
l'intérieur de ces cloisons , on ne trouve ni spirales, ni étoiles 5 
on aperçoit seulement'une matière verte assez régulièrement 
continue , plus ou moins rassemblée, selon le moment 
où on lJobserve, et apparemment selon les circonstances 
où se rencontre la conferve. J'ai souvent vu dans le même 
tube cette matière verte étalée dans quelques loges, et ras- 
semblée dans les autres. Voyez Fig. 1: Dans son intérieur 
lon remarque des grains au nombre de quatre ou cinq, plus: 
gros que ceux des spirales , et peut-être moins brillans. 
La réunion de ces conjuguées, au moins dans l'espèce que jai 
observée ne se) fait: pas par des bourrelets , comme dans les 
autres, au contraire chaque loge se replie en forme: de 
coude voyez Figure 2%, et va ensuite se réunir au sommet 
de langle de la conjuguée sal: voisine ainsi fléchie. Voyez 
Fig. 2m 3m et 4m Elle persiste long-temps dans cette 
bizare position, en sorte qu'on peut toujours rencontrer ces 
conjuguées réunies. Il est probable qu'à son tour chacune des 
loges se recourbe , et puis se sépare , jusqu'à ce que toutes les 

loges 


ES 


D'EAU DOUCE. 7 


loges aient été réunies. Au moins j'ai vu le même filet réuni 
par deux de ses loges les plus éloignées. Voyez Fig. $. et 6. 
et j'en ai conclu que chacune d'elles avait besoin d'une fécon- 
dation ; mais ce qui ma paru extraordinaire dans ce cas , c’est 
que jamais la matière n'a passé de l'un des tubes dans l'autre, 
comme cela arrive dans les conjuguées , ils sont restés 
les mêmes avant et après la réunion, en sorte que je ne 
comprends pas quel a été le but de l'opération, et quel chan- 
gement elle a apporté à la matière renfermée dans les loges. 


J'étais arrivé jusque là dans la recherche de Ja vérité ; toujours 
désirant de voir la matière passser dans une des loges et se 
réunir en un globule ; et toujours trompé dans mon attente ; 
je ne savais que penser de ces conjuguées dans lesquelles 
je ne voyais aucun changement d'état depuis leur naissance , 
lorsqu'enfin j'ai eu le plaisir, après mille tentatives infructueuses, 
d'ajouter cette nouvelle reproduction à celles que j'avais déjà 
trouvées. C'est le 2 Prairial an X quelle s'est opérée. J'ai 
vu ce jour-là sortir des tubes de cette conjuguée que j'obser- 
vais depuis si long-temps, de petites conferves semblables à leur 
mère, Fig 7" et 8. Le départ s’opérait ou par l'extrémité 
du tube, quand c'était la dernière loge qui donnait, ou par 
les côtés du tube , lorsque les loges intérieures se vidaient. 
Voyez Fig. 7.% On apercevait distinctement les petites con- 
ferves qui sortaient du sommet du tube; elles étaient placées 
moitié au dehors , moitié au dedans de la loge, Fig. ge et 
toutes tenaient encore au tube, de manière qu’il n'était pas aisé 


de les en détacher. Elles étaient à peu près doubles en 
H 


72 


59 HISTOIRE DES CONFERVES 


grandeur du tube dont elles étaient sorties, et renfermaient ; 
comme leur mère, une matière verte à l'intérieur dans laquelle 
on remarquait déjà les grains brillans. La seule difféience 
essentielle qui les distinguait des conjuguées plus âgées , c'est 
qu'elles étaient pointues par leurs deux extrémités et sur-tout 
par celle qui était la plus éloignée du tube : apparemment 
que cette conformation leur avait été nécessaire pour rompre 
les parois du vieux tube , dont on voyait çà et là épars les 
débris transparens et entièrement vides. 


Le nombre des espèces que je présente ici comme apparte- 
nant à la même famille, est de quatorze. Treize d’entrelles, 
m'ont permis d'observer plusieurs fois les réunions telles que 
je les représente dans les figures qui accompagnent cet ouvrage ; 
dans la quatorzième, elles sont encore incertaines , mais la res- 
semblance d'organisation , et les loix de l’analogie, ne me per 
mettent pas de douter qu’elles n'aient également ieu. Qu'on ne 
croie pas que je reconnaisse ici un plus grand nombre d’espèces 
que n’en a établi la nature. Ce n'est pas en les voyant une seule 
fois et sous un seul point de vue, que je me suis permis de les 
distinguer, mais c’est en les suivant pendant deux ans entiers, 
et en décrivant plusieurs fois les apparences qu'elles offraient , 
que je suis parvenu à les reconnaître dans tous les périodes 
de leur accroissement. 


Le seul auteur que j'aie eu pour guide dans ce travail c’est 
le célèbre Frédéric Muller , qui, dans un voyage aux eaux de 
Pyrmont et de Meinberg, observa quelques-unes des conferves 


DAEVAUU DE 0 Vi CE s9 


de cette famille , et les décrivit dans un inémoire inséré dans 
les nouveaux commentaires de Pétersbourg pour l’année 178$ 
( 1 ),accompagné de figures qui représentent les diverses espé- 
ces. Cet infatigable et ingénieux naturaliste est tombé, comme 
je l'ai déjà dit, dans une faute qui lui est commune avec un 
grand nombre d'observateurs. C'est que n'ayant observé ces con- 
ferves microscopiques qu’une seule fois, ou du moins dans une 
seule époque , et cette époque ayant été les mois d’Août et de 
Septembre pendant lesquels il n’y a plus de réunion, il n’a pas pu 
connaître les divers changemens auxquels elles sont sujettes ; et 
qu'il a pris pour des espèces différentes , des conferves qui dif- 
féraient seulement par l'âge. En particulier, quoiqu'il eût le premier 
découvert le singulier phénomène de la réunion dans la conferoæ 
jugalis, et qu'il l'ait fort bien représenté dans les planches qui 
accompagnent sa Flore Danoise (2), il ne l’a pas même soup- 
çonné dans aucune des onze espèces dont il donne la descrip- 
tion, et dans lesquelles il prend pour autant de semences les 
grains brillans attachés aux spirales. 


Aussi ces descriptions spécifiques se sont-elles ressenties de 
cette trop -grande promptitude à observer et à décrire ; d’abord 
il n’a pas toujours vu les cloisons qui divisaient les tubes ; en 
sorte qu’il a souvent regardé comme conferves sans cloisons, celles 
qui étaient réellement divisées ; ensuite il a pris pour caractère 
spécifique Ja disposition de la spirale, le nombre et l’arrangement 


Cr) Nova commentaria 1785. Pars 3 P. 89% 
{ 2 ) Flora Danica, 1 883. 


60 | HISTOIRE DES CONFERVES 


des grains brillans , ce qui l’a conduit à décrire comme des es- 
pèces différentes , des conjuguées qui ne différaient que par l’âge, 
ou par les circonstances particulières où elles étaient placées. Car 
souvent le même tube présente des loges fort différentes. Voyez 
Fig.oare PL 4e 


J'avoue qu'il est dificile de trouver de bons caractères spé- 
cifiques dans des végétaux dont chacun séparément échappe à 
la vue simple , et qui ne peuvent être aperçus que lorsqu'ils 
sont réunis en très-grand nombre. Aussi je ne crois pas que 
ceux que je présente soient les meilleurs que lon puisse trouver. 
Je dis seulement qu'ils sont meilleurs que ceux de Muller , et 
je crois au reste qu'il ne faut pas prétendre ici à une perfection 
dont le sujet n'est pas susceptible. Pour donner quelqu'idée. 
du diamètre du tube des conferves de cette famille , jai com- 
paré au microscope la longueur d’une ligne avec le diamètre de 
la plus grande de mes conjuguées , et j'ai trouvé qu'ilen était 
environ la so“ Cette première mesure ainsi donnée , sert: à 
déterminer la largeur des autres filets que j'ai rapportés au premier. 
J'ai ensuite vu que, quoique les tubes des conferves n’eussent 
pas une longueur constante , les loges qui les composaient con- 
servaient le même rapport de la longueur à la largeur ; sur-tout 
quand on prenait pour le fixer une époque déterminée, par exem- 
ple , celle de Fentier développement , ou plutôt celle.de læ 
réunion, J'ai donc fait usage de ce caractère dans mes descrip- 
tions spécifiques ; j'ai de plus employé , pour le même but, les habis. 
* tudes particulières de chaque conjuguée , le mode de leur réunion , 
la forme de leurs globules , la position de ces globules par rap 


D'EAU DOUCE 61 
port aux tubes réunis ; et de cette manière je n'ai aucun doute 
qu’un observateur ordinaire , aidé des figures qui accompagnent 
cet ouvrage, ne puisse facilement reconnaître les diverses espèces 
dont je parle. 


Les conferves de cette famille habitent les eaux douces ; 
comme celles de la famille précédente, mais elles vivent de 
préférence dans les étangs ou les petites mares, Je les ai toutes 
trouvées dans les environs de Genève, à une distance qui 
n'excède pas trois lieues. Le très - grand nombre se rencontre 
dans les fossés des environs de cette ville, J'ai même de fortes 
raisons de croire qu'aucune des espèces qui composent cêétte 
famille ne se développe dans les eaux salées de la mer : 
car indépendamment de ce que la plupart d’entr'elles sont sim- 
ples et flottantes , tandis que les conferves marines , plusieurs 
fois divisées , sont attachées aux rochers ; l'organisation des 
premières ne semble avoir aucun rapport avec celle des secon- 
des , comme il est facile de s'en convaincre à la première 
inspection. 


Aucun observateur n'a remarqué dans les conferves marines des 
phénomènes semblables à ceux que présentent nos conjuguées 
d'eau douce: quoique da fructification en soit encore inconnue, 
il est presque sèr que la manière dont elle s'opère , ne ressem- 
ble en rien à Gelle dont il est ici, question. Chaque conferve 
marine parait se reproduire sans:le secours, d'aucune autre ; 
et chaque articulition doit contenir en elle-même, non pas un 
seul grain, mais des milliers. | 


62 HISTOIRE DES CONFERVES 


Presque toutes nos espèces sont flottantes , le petit nombre 
de celles qui ne le sont pas se distingue parun diamètre très-petit, 
et par une flexibilité qui facilite les rapprochemens. Celles qui 
sont libres forment dans les eaux de vastes flocons d’un beau 
vert , qui s'abaisse et s'élève selon l’âge de la plante , et 
aussi selon les circonstances de l'atmosphère. Celles que job- 
servais dans mes vases gagnaient le fond de l'eau pendant les 
jours couverts , et s'élevaient à sa surface , dès que le soleil 
commençait à luire. Je crois qu'elles sont principalement char- 
gées de quelques fonctions qui ont rapport à la pureté de 
l'air, où à la décomposition de l’eau ; car elles m'ont souvent 
paru remplies de bulles d’air : mais ,comme ces bulles pouvaient 
en se dégageant du fond, s'être arrêtées entre les filets de la 
conferve , je ne peux rien annoncer ici de précis, d'autant plus 
que je ne me suis point occupé de cet objet. 


: Ta durée de ces plantes varie sans doute selon les espèces ; 
mais en général elle m'a paru être d'une année. La chaleur de 
l'été desséchant la plupart des étangs et des mares, on n’en 
trouve qu'un petit nombre dans cette saison; mais, lorsque 
Fannée devient plus humide , on commence à les voir re- 
verdir. Si dans ce moment on les examine au microscope , 
on reconnaît aisément quelles sont encore dans le premier 
période de leur vie. Les tubes de quelques espèces sont presque 
remplis, les spirales des autres sont serrées, il ny à encore 
aucun globule , ni par conséquent aucune réunion. Elles demeu- 
rent dans cet état pendant tout l'hiver , en élargissant insen- 
siblement leurs spirales , ou en se disposant en étoiles. Lors- 


D'EAU DOUCE. 63 
que les mois du printemps arrivent, de toutes parts on n'aperçoit 
que réunions , que grains qui se forment , ou qui sont déjà 
formés ; successivement la couleur des conjuguées devient 
moins intense , les tubes se détruisent, les globules gagnent 
le fond et enfin toutes les plantes disparaissent. Ce sont ces 
globules qui, descendant au fond de l’eau par leur pesanteur 
spécifique, survivent à la destruction de la plante, et qui, après 
un intervalle, que j'ai trouvé d'environ trois mois pour la cou- 
ferva jugalis, de Muller, mais qui sans doute dépend: de Ia 
chaleur et de l'humidité , reproduisent chaque année les espèces 
diverses , d’après une des loix les plus générales de la nature. 


Cr à Lg 


6à HISTOIRE DES CONFERVES 


OO —_—_— 2 ———p 


ESPÈ CES. CPT 4.6 07 Eee } 


—— 


Les conferves conjuguées se divisent en trois ordres. 
Le premier est celui des conjuguées à spirales. 


Le second est celui des conjuguées à deux étoiles ou deux 
masses distinctes. 


Le troisième est celui des conjuguées à tube intérieur. 
PREMIER ORDRE. 


CoxrErrvrEes MS PIRALES: 


N° 1.7 Conjuguée majeure. Coxjugata princeps. PL 4e 
Adolescente. Spiris pluribus insricatis ; loculi longitudine latisudinens 
excedente. Fig. 1° 


x 


Fructificante. Sexinibus ovatis , intra loculos contentis. Fig. 3. 
Conferva jugaïis. Muller, Flora Danica. 


Conjuguée à articulations une fois plus longues que larges, 

à spirales entrelacées et semées de grains brillans, et dont les 
semences après la réunion conservent la forme ovale. 

C'est 


D'E'A U D:0 UC E. 65 
C'est la conferva jugalis de Muller, représentée dans sa Flore 
Danoise , et décrite ensuite par les Citoyens Romain et 
Charles Coquebert dans le Bulletin des sciences (1). Son dia- 
mètre est presque de moitié plus grand que celui des conjuguées 
ordinaires. Ses spirales très-serrées et entrelacées dans leur 
jeunesse, voyez Fig. 1° a, s'élargissent en vicillissant comme 
celles des autres plantes de la même famille , et souvent sont 
très-différemment disposées dans le même tube bb. Les grains 
brillans fort gros, se trouvent en grand nombre sur chaque 
tour de la. spirale. 


Il n'est pas rare de voir cette conjuguée , au lieu de se réu- 
air à une autre pour donner naissance à des globules, se diviser 
en autant de petites plantes que son tube avait de loges. Fig, 
gum et 6% Cet état du végétal qui, au premier coup-d’œil 
ressemble à une reproduction, en diffère cependant à beaucoup 
d'égards, et doit être plutôt considéré comme une maladie. Cha- 
cune de ces petites conjuguées séparées les unes des autres, 
loin de s'étendre en longueur, et de se diviser en plusieurs cloisons, 
conserve la même forme. Pour que la matière qu’elles renfer- 
ment puisse produire une graine , il faut qu'elle ne soit pas 
trop altérée, comme cela arrive à la Fig. 4." sous les lettres 
nn, et quelle s’unisse préalablement à celle d’une autre loge. 
Voyez Fig. p 


Cet état qui est commun à presque toutes les espéces du 


nn ee LE 


( x ) Nivôse an II, N° 30, 


66 HiISToIRE DES CONFERVES 


genre , m'a longtemps trompé sur le vrai développement. La 
Fig a.4% représente la même conjuguée dans un état encore 
plus détruit : les spirales se sont fondues au lieu de donner 
des graines ; ce qui arrive quand les filets sont entassés en 
trop grande quantité dans le même lieu , ou que l'eau qui les 
contient est corrompue ; leur couleur est alors d'un vert intense, 
et ils répandent une odeur infecte qui annonce leur décom- 
position. La Fig. 3. représente la conjuguée réunie dont jai 
si souvent parlé dans l’histoire de ce genre , et enfin la Fig. 
s." montre cette plante au moment de son développement. En 
tt, elle est encore engagée dans le tube où le grain s’est formé. 
On remarque déjà les cloisons en c c c. 


Rien n’est plus commun que cette conjuguée dans le Départe- 
ment du Léman : elle flotte dans les grands étangs , comme un 
nuage d'un beau vert, principalement dans les mois du prin- 
temps. Elle disparaît en été, et elle se montre à l'entrée de 
Jhiver. Indépendamment de sa grandeur , on la distingue de 
toutes les autres , par un toucher plus rude, un coup-d'œil plus 
lisse, des tubes à demi frisés, et par son habitude constante 
de relever ses extrémités hors de bin toutes les fois qu'elle 
est plongée dans ce liquide. 


N.° 2 on: juguée à portiques. Dies Dorticals EL * Fig 1. 

Adolescente. Spira triplici ; granulis micantibus ; loculi longitudine 
datitudinem bis excedente a. 

_Fructificante. Sexinibus ovatis , intra Dane contentis b. 


Conferve porticalis, Muller ova comment, Petropolitana. pars 3 p. 90. 


DN'ETAUUY P'olu’ciE: 67 

Conjuguée libre à trois spirales disposées en forme de porti- 

ques dont les cloisons sont à peu près deux fois plus longues 
que larges , et dont les graines sent ovales, 


Cette conjuguée déjà décrite et observée par Muller, est 
peut-être la plus commune de toutes celles de la même famille ; 
ses spirales sont formées de grains brillans réunis par un filet 
* ou un tube. Muller les compare à des portiques, parce que 
dans une certaine époque de leur développement, elles ont la 
forme d’une demi ellipse, comme ont peut le voir par la figure 
qu'il en donne. 


Quoique cet auteur n'ait pas reconnu les parois de ses loges, 
ni les filets qui retiennent les grains brillans, et que par con- 
séquent il l'ait placée parmi les conferves inarticulées , elle a 
pourtant des cloisons et des spirales comme toutes celles du 
même genre. C’est une des plus belles et des plus remarqua- 
bles de la famille. Elle commence à se réunir en Ventôse , elle 
persévère dans cet état pendant les mois de Germinal et de 
Prairial. J'ai fréquemment observé sur ses tubes les deux mala- 
dies qui sont propres aux conferves de cette famille. Elle est 
représentée en a dans son état ordinaire, mais on la voit réu- 
nie sous la lettre D. 


N° 3 Conjuguée condensée. Comugata condensata Fig. 2% 


Adolescente. Spiris ssrictis duabus ; loculi longitudine latiéudinem 
bis excedente à. 


12 


68 HiSTOIRE DES CONFERVES 


_Fructificante. Sexinibus sphæricis, intra loczlos confentis b. 


Conjuguée à deux spirales, dont la largeur des cloisons excède 
un peu la longueur, et dont les graines sont arrondies. 


Cette conjuguée se trouve en fort grande quantité sur les 
pierres du lit du Rhône. Elle commence à paraître en Ther- 
midor , elle se réunit en Fructidor , et disparaît jusqu’à l’année 
suivante Ses semences qui se conservent à sec pendant tout 
l'hiver ;, ont sans doute la faculté de revivre dès qu’elles sont 
plongées dans l’eau , et la même faculté appartient sûrement à 
un grand nombre d’autres espèces du même genre : elle forme 
sur les pierres des flocons verdâtres assez allongés, et qui sont 
un peu glutineux au toucher. Aucune conjuguée à spirale ne 
m'a paru avoir ses cloisons plus serrées. Elles se renflent 
au moment de la réunion , et les bourrelets qu'elles poussent 
alors , sont plus arrondis que ceux des autres espèces. Les graines 
sont indifféremment logées dans lun et l'autre tube; elles sont: 
remarquables par leur forme exactement sphérique. Lorsque je 
l'ai plongée dans l'eau ; elle m'a paru la tendre en noir. 
Elle est représentée en a dans son état ordinaire , mais on la 


voit réunie sous la lettre b. 
N° 4. Conjuguée renflée ; cowugara inflata. Fig. 3. 


Âdolescente. Spiris lucis inflatis 3 loculi longitudine latitudinems ter 
excedente a. 


Fructificante. Semivibus ovatis, intra loculos infatos contentis. b. 
Conjuguées à trois spirales écartées , à cloisons trois fois plus 


D'Æ' AU D O0 UC E 6) 
longues que larges, dont les loges se renflent au moment de 
la réunion , et dont les globules sont allongés. 


Cette conjuguée se rencontre dans les fossés de Genève et 
ailleurs , son diamètre est de moitié plus petit que celui de la 
conjuguée à portiques , à laquelle elle ressemble assez ; mais ses 
tubes renflés et ses semences fort allongées l'en distinguent 
suffisamment : nulle part elle ne m'a paru former des masses 
particulières , comme cela arrive dans les autres espèces ; mais 
elle était toujours mêlée ou avec des conjuguées à étoiles , ou avec 
des conjuguées à tube intérieur : on la rencontre réunie en Ven- 
tôse. Elle se sépare après la réunion, et conserve dans cet état 
des bourrelets fort apparens. C’est pourquoi dans la Fig. 3." b 
elle est représentée séparément avec ses tubes renflés. 


Quoique je l’eusse observée aussi fréquemment que toutes les 
autres espèces, et que dans le but d’apercevoir sa germination , je 
l'eusse placée dans des vases séparés , et dont je renouvelais 
soigneusement l'eau, cependant je n'avais pas été assez heureux 
pour voir son développement. Mais enfin le 15 Messidor de cette 
année ( an X }), j'ai aperçu son filet sortant de sa coîffe de la 
même manière que celui de la conjuguée majeure, avec la seule 
différence que la première abandonne promptement l'enveloppe 
d'où elle est sortie , tandis que la seconde la conserve assez 
long -temps. Je n'ai donc aucun doute que la germination de 
toutes les conjuguées à spirales ne s'opère de la même manière, 
et jannonce cette vérité avec confiance. Mais je n'ai encore 


LA 


70 HISTOIRE DES CONFERVES 


rien de déterminé sur ce sujet pour ce qui concerne les con- 
Juguées à étoile. 


{ 


a Graine prête à germer et demi transparente sur les bords. 
b Giaine qui germe. 

c Graine observée au second jour de sa naissance. 

d Graine séparée de son enveloppe. 


N. 5. Conjuguée adhérente. Comjugata adnata. Fig. 4.me 


Adolescente. Spiris intricatis ; loculi longitudine lutitudinem bis 


excedente a. 


Fructificante. Seminibus ovatis , intra loculos contentis b. 


Conjuguée à cloisons entrelacées , dont les loges sont plus 
longues que larges , et dont les graines sont ovales. 


Cette conjuguée a beaucoup de ressemblance avec la majeure 
n° 1 , dont elle diffère principalement par son diamètre , qui 
est d’un tiers plus petit. J'ai d’abord cru qu’elle n’en était qu'une. 
variété ; mais comme elle n’a jamais différé dans ses dimensions, 
et que de son côté la majeure a constamment gardé les siennes, 
je la considère comme une espèce distincte. Du reste les car ac- 
tères par lesquels elle diffère de la conjuguée majeure, indépen- 
damment de ses dimensions ; peuvent se réduire à trois prin- 
cipaux. 1.° Elle est attachée aux pierres des ruisseaux, tandis que 
l'autre est libre et flottante. 2° Elle est douce et onctueuse au 
toucher, tandisque l’autre est plus rude et plus sèche. 3° Elle 
reste toute entière plongée dans l’eau , tandis que l’autre relève 
l'extrémité de ses filets. | 


D'EAU DOUCE. 71 


Je l'ai représentée réunie dans l’état où je l'ai souvent rencontrée, 
et sous lequel on la trouve au printemps. J'ai vu la germination 
de ses semences ; mais, comme dans ce développement, les 
graines ne sortaient pas d'une coiffe et que les jeunes plantes 
ne se sont pas étendues , je soupçonne qu’elles ont avorté , et 
je ne regarderai ce développement comme naturel que lorsque 
je serai assuré que les conferves de cette famille peuvent se déve- 
lopper sans coîffe : or, comme au contraire la conjuguée renflée 
a germé avec une enveloppe , je dois admettre que celle que 
je décris, se développe semblablement, lorsqu'elle est placée 
dans des circonstances convenables. On la trouve en grande 
abondance dans quelques petites rivières des environs de Genève 
et sur les bords de son Lac , où elle forme de grands flocons 
d’un beau vert. 


N.° 6. Conjuguée allongée. Coxjugata longata. PL 6. Fig. 1. 


Adolescente. Spiris elongatis ; granulis interstinctis ; loculi longitudiie 
Zatitudinem sexies excedente a. 
Fructificante. Seminibus ovatis intra subuim contentis b. 
Conferva punctalis. Muller PL 1 N° 1. 


Conjuguée dont les cloisons sont environ six fois plus lon- 
gues que larges , et dont les grains sont disposés en spirales 
allongées. | 


Elle ressemble un peu à la conjuguée N° 4. Fig. 3."° PI g.me 
cependant elle en diffère par ses points brillans plus nombreux, 
et disposés en spirales plus allongées et par la plus grande lon- 
sueur des cloisons ; ses globules sont aussi plus petits et ses 


7e HISTOIRE DES CONFERVES 


loges ne sont jamais renflées. Je l'ai trouvée le 1.4 Ventôse » 
an IX dans les environs de Genève. Je l'ai revue le 22 Germi- 
nal au même endroit lorsqu'elle commençait à se réunir. Les 
grains brillans de cette espèce sont plus gros et plus distincts 
que ceux des autres, et les globules sont constamment placés 
à l'ouverture de la loge. Il n’y a rien de plus élégant et de plus 
gracieux au microscope que cette johe conjuguée. 


Cats DU 2 be 


SECOND 


DE AU: DO VC E 7? 


ER —— 


SECOND ORDRE. 


Dot Re DR ÉE.r Jai Ë T0 L,LE. 


N° 7 Conjuguée effilée. Corjugata gracilis. Fig. 2. PL 6. 


Adolescente. Loculis semi repletis ; loculi longitudine latitudinem 
quater excedente. à 


Fructificante. Seminibus sphæricis , minutis, intra loculos contentis. b 


Conjuguée à tube demi plein , à diamètre quatre fois plus 
étroit que les cloisons , dont les loges sont remplies d’une matière 
divisée confusément en deux corps , et dont les graines sphé- 
riques sont placées dans les loges des tubes. 


Cette conjuguée, la première de celles de la seconde famille ; 
ne m'est pas encore assez connue pour que je puisse en donner 
une description qui soit complette. Je l'ai peu observée dans 
son état d’adolescence : elle était alors à demi remplie d'une 
matière verte, divisée en deux corps , comme dans toutes les 
conjuguées de cet ordre. Elle s’est ensuite réunie, ainsi qu'on 
peut le voir dans la Fig. 2% b, où l’on aperçoit ces jolis glo- 
bules parfaitement sphériques , placés dans l’intérieur des loges 

K 


74 .. HISTOIRE DES CONFERVES 


vis-à-vis de l'ouverture. Elle doit être rangée comme la pré- 
cédente parmi les espèces les plus élégantes de ce genre. Je l'ai 
trouvée à la fin de Thermidor , mêlée avec la conjuguée coudée; 
N° 13 , PI ge 


Je ne doute pas qu'il ne se trouve ici plusieurs espèces de 
conjuguées que je passe sous silence: mais je ne connais pas 
assez leurs différens états , pour en parler avec certitude. 


N° 8. Conjuguée jaunâtre. Comugata lutescens. Fig. 3." PI, 6."° 


 Adolescente. Sfe/là obliteraté duplici ; longitudine tubi latitudinem bis 
superanie. à / 


Fructificante. . : :. 


Conjuguée à tube plein, à diamétre de la moitié de la longueur 


de la cloison , dont la matière intérieure est divisée en deux 


parties distinctes qui se communiquent. 

C'est la conjuguée la plus commune de cet ordre : elle est dis- 
tinguée des autres par sa couleur qui est d’un assez beau jaune 
dans tous les périodes de sa vie, et par un coup-d’œil gras et 
luisant : elle se trouve dans les fossés qui bordent les chemins, 
dans les endroits où il y a peu d’eau. On la remarque en plus 
grande quantité au printemps, qui est le moment de l’année où 
elle se réunit : quoique j'aie dit qu'elle était divisée en deux 


. . . . Li 
- parties, cependant cette division n’a lieu qu'à un période avancé, 


car elle est d’abord entièrement pleine. J'ai sürement vu ses réu- 
nions, et je ne doute donc pas qu'elles n'aient lieu, cependant je 


D'EAU DOUCE. 75 


,n'en ai pas conservé de notes ; et par conséquent je les ai passées 
sous silence. Cette espèce est probablement celle que Linné a 
voulu désigner plus particulièrement par l'expression de Bullata. 


N.° 9. Conjuguée étoilée. Comjugara stellina. PI 7.% Fig, 1. 
Adolescente. Stellt duplici, sex radiatü ; loculi longitudine latitudi- 
nem bis excedente. à 


Fructificante. Seminibus ovatis, intra tubos contentis. D 


Conferva stellina. Muller. Nova acta Perrop. P. 3% page 93: 
Conjuguée à deux étoiles séparées. La longueur de ces 
cloisons est à peu près double de leur largeur, et ses graines 
ovoïdes se trouvent dans l'un des deux tubes, ou dans tous les 
deux. 


Elle est d’un vert pâle, et ses étoiles n’occupaient pas , lorsque 
je l'ai observée, toute l'étendue de la cloison ; maïs cette particu- 
larité peut tenir à l’âge de la conferve , et il est possible que 
dans un autre période de son accroissement , elles soient plus 
étendues. Elle se rencontre dans les fossés des environs de Ge- 
nève , où elle est mêlée avec la conjuguée coudée et la con: 
juguée à portiques; quelquefois aussi elle se rencontre séparée ; 
je n'ai pas vu ses graines se séparer et reproduire. Muller qui l'a 
décrite ne l'a jamais vu réunie. Il est possible que dans son pre- 
mier développement, ses étoiles ne soient pas encore distinctes. 


c. Globules qui donneront naissance à une nouvelle conjuguée. 

d Etoiles qui ne se sont pas encore réunies. 

e Matière verte qui passe d’un tube dans l'autre. 

f Loges vides , dont la matière a passé dans le tube voisin, 
K 2 


76 HISTOIRE DES CONFERVES 


N.° 10. Conjuguée en croix. Comjugata cruciata. Fig. 2.me 
Adolescente. Sell duplici distinctà , quadriradiasa ; loculi longite- 
dine, latitudinem bis excedente. à 
 Fructificante. Sewinibus sphæricis, intra loculos contentis. L 


Conjuguée à deux étoiles, séparées à diamètre plus long 
que large , et dont les graines sphériques se placent dans l’un 
des deux tubes , ou dans tous les deux. 


Elle diffère de la précédente, non- seulement par ses étoiles 
à quatre rayons plus grandes que les précédentes, par son dia- 
mètre qui est d’un tiers plus considérable , mais encore par ses 
globules, qui, au lieu d'être ovales, sont exactement sphériques. 
Elle se trouve dans les fossés de Genève où elle flotte en grandes 
masses d'un vert un peu jaune : elle commence à paraître en 
Prairial , et elle se réunit à l'entrée de l'hiver. 


c Cloisons séparées les unes des autres, et qui sans doute ne 
sont pas destinées à reproduire. 
d. Bourrelets destinés à se réunir. 


N° 11. Conjuguée croisée. Conjugata decussata. Fig. 3.m° 

Adolescente. Locnli semi repletis ; loculi longitudine latitudinem quater 
excedeute, à 
 Fructificante. Seminibus sphericis | in intervallo tuborum contentis. ; 
exctremiratibus frequenter decussatis. D | 


Là al 


Conjuguée à tube presque plein, à diamètre quatre fois plus 


D'APAIUE D: OU CE. “hr 
étroit que les cloisons , dont les loges sont remplies d'une 


matière non divisée, et dont les grains sont placés entre deux 
tubes, souvent croisés au moment de la réunion. 


Cette conjuguée se rencontre dans les marais de Bossey, où 
je l'ai prise à la fin de Thermidor : elle est environ de moitié 
plus étroite que les précédentes. Elle ne se présente pas en 
grandes masses , mais elle est mêlée avec d’autres : on ob- 
serve que la matière verte qui s’y rencontre ne remplit pas entié- 
rement le tube , et qu'elle est rassemblée en deux masses ; ce 
qui pourrait faire soupconner que ces deux corps sont néces- 
saires l'un à l’autre , et qu'il s'opère entr'eux quelque fécondation, 
comme dans les tubes étoilés. Cette conjuguée est agréable 
et fort élégante à la vue ; on peut aisément la reconnaître 
à l'entrelacement de ses tubes au moment de la réunion. 


c Réunion de deux tubes par leurs bourrelets. 
d Globules sphériques. 
e Entrelacemens des deux tubes. 


N.” 12 Conjuguée à peigne. Conjugata pectinata. Fig. 4.% 

Adolescente. Pectine duplici tridentato, loculi longitudine latifudinems 
excedente. à 

Fructificante. Sexsiuibus sphericis, in intervallo fuborum contentis. L 


Conjuguée à tube demi plein, à diamètre une fois et demi 
plus long que large, et dont les semences sphériques se placent 
après la réunion entre les deux tubes. 


78 HisTOoiRE DES CONFERVES 


Cette conjuguée se présente sous plusieurs aspects différens: 
d'abord ses tubes paraissent presque entièrement pleins, ensuite 
la matière de chaque loge se divise en deux portions qui peu 
à peu prennent la forme d'un peigne à trois dents. C'est sous 
ce dernier état que les tubes se réunissent ; la longueur des cloi- 
sons est alors un peu diminuée ; les graines sont entièrement 
sphériques et un peu hérissées, ce qui sans doute est la cause 
pour laquelle elles sont retenues dans le canal de communication 
qui est entre les deux tubes. Cette espèce est commune dans 
les fossés de Genève. | 


c  Bourrelets prêts à se réunir. 

d Matière verte étendue ; je suppose qu’elle est altérée et 
qu’elle ne peut plus former de graines. 

e e Semences arrondies: et sphériques. 


à 
tes. de à 


D'E AU DOUCE. 79 


EE ————————————— 


TROISIÈME ORDRE. 


CoNJUGUÉES A TUBE INTÉRIEUR. 


Fa 2 Ep Conjuguée coudée. Conjugata argulata. PI. 8. 

Adolescente. Granulis pluribus ; longitudine tubi latitudinem ter 
excedente. Fig. 1." 

Fructificante. Tubis angulatis. Fig. 2.4 3% etc. 

Muller. Acta Petropolitana pars 3. p. 92. PL 1° Fig. 9.°° 


Conjuguée à tube demi plein, dont les articulations ont trois 
fois la longueur de leur diamètre, dont la matière est parsemée 
de grains brillans , et dont les réunions ont lieu au sommet 
. de l'angle formé par la flexion des tubes. 


Cette conjuguée se trouve en grande abondance dans tous 
les fossés pendant toutes les saisons ; elle est d'un vert un peu 
jaune, lisse et douce au toucher ; au microscope elle se pré- 
sente sous la forme d’un tube à demi rempli par une matière 
irrégulièrement disposée : sa principale singularité consiste dans 
ses filets qui, au lieu de s'étendre en longueur comme tous 
ceux du même genre , se coudent et vont ensuite s'appli- 
quer par le sommet de leur angle à la conjuguée voisine qui 
s'est courbée de la même manière. Voyez Fig. 4. J'ai vu dans 


go HISTOIRE DES CONFERVES 


la même conjuguée deux ou trois inflexions du même tube ; 
je présume donc que chaque cloison se coude à son tour et 
que la fécondation n’est achevée qu'après la flexion de chacune 
des cloisons. Cette conjuguée ne m'a point présenté les globules 
ronds des autres espèces de Ja même famille, au contraire, la 
matière verte qu'elle renferme m'a paru conserver à peu près 
la même forme, en sorte que je ne sais point comment la 
graine se forme , ni comment Je développement s'opère dans 
cette espèce ; seulement j'ai remarqué distinctement trois ou 
quatre grains brillans plongés dans cette matière verte , et 
jai vu dans le mois de Prairial les: cloisons des tubes se sépa- 
rer et s’enfoncer dans l'eau; mais je ne sais rien de plus. Cepen- 
dant j'ai de la peine à croire que les grains brillans ne soient 
. pas les germes : je lui ai donné le nom de conjuguée coudée, 
pour exprimer la forme de ses réunions. On la rencontre en 
fructification pendant tous les mois de l'année. 


Depuis le moment où j'écrivais cette description, j'ai vu, 
comme je l'ai dit plus haut, germer cette conjuguée ; elle nait 
d'une manière fort différente de toutes les autres: la matière 
ne passe pas d'un tube à un tube voisin, mais chaque loge 
fournit elle seule une jeune plante ; le tube extérieur qui sy 
trouve renfermé, devient une jeune conjuguée qui était toute 
entière contenue dans le vieux tube comme elle-même con- 
tient les plantes qui doivent se développer ensuite: elle en 
sort par l'extrémité lorsqu'elle occupe la dernière loge, ou par 
les côtés lorsqu'elle se trouve dans une des loges du milieu. 


Fig. 


+ 
D'EAU DOUCE. SI 

Fig 8." Jeune conjuguée qui sort par l’extré ri é, 

Fig. 7."° Jeune conjuguée qui sort par les côtés. 

Fig 9." Conjuguées entièrement dégagées de leurancien tube. 


N° 14 Conjuguée serpentine. Conjugata serpentina Fig. rome 

Adolescente. Tubis revolntis ; loculi longitudine latitudinem bis 
excedente, a b c 

Fructificante. ... 

._ Conferva serpentina. Nôva acta Petrop. pars 3a. Muller. PL. 1.fe 
“Fig, g.me 

Cet auteur paraît l'avoir confondue avec la précédente qu'il 
représente dans sa Fig. 9.m° 


Conjuguée à tube demi plein dont les cloisons ont au moins 
trois fois la longueur de leur diamètre et dont les tubes roulés 
en spirale sont remplis de points brillans. 


Cette conjuguée que j'ai trouvée dans les marais de Bossey , 
aurait pu passer pour une variété de la précédente, si je ne l'avais 
pas vue représentée dans Muller. Elle en a le diamètre ; 
les grains brillans, et la matière verte qui les contient; mais, 
quoique j'aie souvent observé des conjuguées coudées, jamais je 
ne les ai vues se rouler en spirale , tandis qu’au contraire tous les 
individus de l'espèce que’ je décris étaient constamment contour- 
nés. Je la regarde donc comme une espèce proprement dite, et 
quoique je ne l'aie jamais observée réunie, je ne doute pas 
d’après son organisation , qu’elle ne se féconde et ne se multiplie 
ensuite comme l'espèce précédente. La Fig. 10." a b c la 
représente sous des états un peu diffèrens par la forme, mais 


essentiellement les mêmes par le fond, 
L 


82 HISTOIRE DES CONFERVES 


TROISIEME FAMILLE. (Pr. 9°) 


HrporoDt1crrr. 


Le genre que nous plaçons après les conferves conjuguées 
est celui des conferves à réseau , dont les botanistes et Roth en 
particulier ont déjà fait un genre nouveau qu'ils ont désigné 
sous le nom d’hydrodictye ou de filet d’eau. La conferve qui le forme 
anciennement connue et décrite par un grand nombre de bota- 
nistes , se rencontre à peu près dans toutes les contrées de l’Eu- 
rope. Mais dans les environs de Genève, elle est loin d’être com- 
- mune , et quoique j'aie visité un grand nombre de rivières et 
de petits étangs , je ne l'ai encore trouvée que dans un seul 
lieu. 


Rien n’est si singulier que l’organisation de cette plante : elle 
est formée d’un réseau vert à mailles ordinairement pentagones, 
et quiimitent assez bien la figure d'un filet. Fig. 1."° Ce filet est 
presque fermé par les deux bouts où il est un peu renflé. Sa 
couleur est d’un beau vert , principalement dans sa jeunesse, et 
quoi qu'en disent quelques naturalistes, il est flottant dans le 
liquide et n’adhère aux corps étrangers par aucune de ses parties. 


Mon premier soin , lorsque j'eus rencontré cette conferve , 


D'EAU D,0 UC E. 97 


fut d'étudier son organisation. Pour cela je l'examinai d’abord à 
la vue simple ; je vis que les côtés qui formaient les mailles, 
non. - seulement n'étaient pas égaux entreux, mais encore qu'ils 
différaient par le nombre. Les dimensions de ces côtés étaient 
aussi très-variées ; les plus grands avaient plus d’une ligne. Les 
plus petits étaient moindres de moitié , et la grandeur de la 
maille paraissait dépendre de l’âge de la plante qui, dans son 
entier développement , n'avait guères que sept à huit pouces de 
longueur sur deux à trois de largeur. 


Comme il est difficile dans des objets aussi petits d'acquérir 
de grandes lumières avec le seul secours des yeux, je ne tardai 
pas à faire usage du microscope. Je vis d’abord que les côtés 
qui formaient le pentagone étaient des tubes cylindriques , 
remplis de matière verte et de petits grains brillans , tels 
qu'on les rencontre dans les conferves conjuguées , voyez 
Fig. 2." et je jugeai par conséquent que leur intérieur était 
vide. J'étudiai ensuite la manière dont ces côtés adhéraient les 
uns aux autres, et je ny découvris d'abord qu'un simple 
rapprochement favorisé par la configuration particulière des extré- 
mités qui s'étaient engagées les unes dans les autres. Voyez 
Fig. 3.me Mais en examinant la chose avec plus d'attention , 
je reconnus que le tube qui formait le bâton était enveloppé 
d'un sac transparent dont il était possible de le dégager avec la 
pointe d’une aiguille , et que cette même membrane adhérente 
aux deux autres tubes servait à les fixer à leur point de réunion. 
Voyez Fig. $."° 

L 2 


g4 HISTOIRE DES CONFERVES 


Lorsque ces objets eurent été suffisamment examinés, | Pétudiai 
la reproduction de la conferve. Préoceupé comme je l’étais de 
l'idée que toutes ces plantes se multipliaient par des grains exté- 
rieurs € pédonculés , je cherchai avec beaucoup d'attention à 
découvrir quelques semences sur les tubes de cette plante. Mais 
tous mes soins furent inutiles , jamais je ne trouvai sur cette 
singulière production , aucun corps qui fut étranger au réseau , 
et à l'exception de quelques taches noirâtres que j'apercevais 
sur les tubes qui avaient vieilli, tout m'y parut entièrement 
homogène. Alors je me livrai aux conjectures que me présentait 
ce singulier sujet. Si cette conferve , me disais-je , se multi- 
plie de graines comme le genre des Ectospermes et que le premier 
développement soit un filet simple, comment est-il possible que 
ce filet simple devienne un réseau? Le filet tendrait-il lui-même 
à se couder , et les coudes en se réunissant, formeraient-ils une 
maille ? Je n'avais jamais rien aperçu de semblable dans le règne 
végétal, et je ne pouvais pas admettre un procédé si étrange dans 
les opérations de la nature. J'eus donc recours à une manière 
plus simple de concevoir cette reproduction , et j'imaginai que 
la graine était elle - même le réseau en petit , et que le déve- 
loppement se faisait par l’extension de toutes les parties. J'étais 
favorisé dans cette opinion par la forme de réseau fermé, que 
présentait l'hydrodictye , et par les dimensions différentes de 
ces mailles qui supposaient une extension simultanée de toutes 
les parties. 


Je me livrai à ces conjectures pendant tout l'hiver de l'an VIF, 
visitant sans cesse le fossé qui renfermait la plante , et atten. 


D’'E À U D OU C'E. 8$ 


dant avec impatience la solution de ce nouveau problème. L'in- 
térêt que j'y mettais était extrême , et ne peut guères être com- 
pris que par ceux qui se sont occupés de recherches semblables. 
Enfin , le 24 Germinal j'arrivai à ce but tant désiré , et je vis 
d'un seul coup-d’œil, toute la reproduction de fhydrodictye. 
Chacun des cinq filets qui forment le pentagone commença à se 
renfler légérement , sur-tout à ses extrémités. Ensuite il s'en 
sépara , non pas par une rupture proprement dite, mais en sortant 
de l’intérieur de la membrane dans laquelle il était contenu, 
et qui sans doute s’étaitouverte; voyez Fig. $." et après cette 
séparation, il lotta dans l’eau sous la forme d’un bâton cylindrique. 
Bientôt il s'aplatit, et éprouva une altération que je comparerai 
à celle qu'un commencement de fusion produit sur les métaux ; 
ensuite il s'agrandit insensiblement dans tous les sens , et les 
mailles dont la réunion le constituait s'étant écartées les unes 
des autres , il devint lui-même un nouveau réseau que l'on 
distinguait au microscope. Voyez Fig. 5." Bientôt ces mailles 
purent être observées à la vue simple, et enfin chaque baton fut 
totalement changé en un réseau entièrement semblable à celui 
dont il faisait partie. Toutes ces transformations s’opérèrent dans 
l'espace de quelques jours , et au bout de deux ou trois mois 
les jeunes réseaux avaient acquis toutes les dimensions dont ils 
étaient susceptibles. Quoique je n’eusse aucun doute sur ce mode 
de reproduction , je n'ai pas laissé de le suivre pendant les deux 
années qui se sont écoulées depuis ma première observation. 
J'ai donc vu ces réseaux qui étaient nés dans l'an VIIT, se con- 
server pendant tout l'été sans reproductions nouvelles, et ensuite 
se développer au printemps de l'an IX, comme les autres s'étaient 


86 HiSToIRE DES CONFERVES 


développés l'année précédente , et au moment où j'écris, sx" 
Floréal an X, ) quoique le printemps ait été extraordinairement 
sec , et que le fossé où vit l'hydrodictye soit entièrement privé 
d'eau ; les filets que j'y ai recueillis , et que j'ai rapportés chez 
moi ne s'en sont pas moins développés comme les autres années. 


Voilà donc une exemple d'emboîtement peut-être plus remar- 
quable que tous ceux qui, jusqu'à présent ont été observés. En 
effet il n'est guères permis de mettre en doute que si les côtés 
des maïlles du réseau de l'année précédente , étaient les 
réseaux de cette année, les côtés des mailles des réseaux 
actuels sont aussi les réseaux de l'année prochaine, que chaque 
fibre de ces mailles est elle-même le réseau qui se développera 
dans deux ans , et que chaque fibrille de la fibre principale sera 
le réseau qui se développera dans trois ans, et ainsi de suite, 
jusqu'a ce qu'il plaise à l’auteur de la nature de mettre fin à ce 
développement en détruisant l'espèce qui le présente. 1 

Quelle est la cause qui détermine cette extension de parties ? 
Dans les animaux, c’est la liqueur seminale , dans les plantes, 
c'est la poussière fécondante. Mais ici je ne rencontre ni liqueur 
ni poussière; mais dans les ouvrages de la nature, je suis trop 
disposé à reconnaître la même cause, quand j'aperçois les 
mêmes effets, pour n'être pas persuadé qu'il y a ici comme dans 
les plantes une poussière fécondante. La difficulté est de savoir 
quel est l'organe qui la renferme Or, comme je ne vois dans 
la plante rien qui puisse la contenir, excepté les grains brillans 
qui tapissent l'intérieur des tubes , je suis porté à croire qu'ils 


D'EAU DOUCE. 87 


sont eux-mêmes les organes mâles de la plante. Ce qui me for- 
tifie dans cette opinion , c’est que ces grains sont placés dans 
l'intérieur du tube comme les poussières fécondantes que j'ai 
aperçues dans les autres conferves, et qu'ils ont une entière 
ressemblance avec les grains brillans des conferves conjuguées, 
auxquelles il est presque impossible de refuser la fonction qui 
caractérise la fleur mâle. Mais l'on comprend que tout ceci n’est 
qu'une conjecture dont chaque naturaliste peut à son gré appré- 
cier la force. Malheureusement, il me paraît impossible de la 
soumettre à l'épreuve de l'expérience ou de l'observation, car 
ces grains à peine discernibles au microscope, ne seront pas 
aisément étudiés. 


Quoi qu'il en soit je remarquerai en finissant que la durée de 
l'hydrodictye , est la même que celle du plus grand nombre 
des conferves. L'intervalle entre un développement et celui qui 
le doit suivre sont communément d’une année , peut-être que 
dans d'autres climats, ce temps est plus court , parce que le 
” fossé où j'ai observé cette plante, se désséchant pendant l'été ; 
l'accroissement du végétal a été naturellement suspendu ; 
mais ce quil importe d'observer ici, c'est l’organisation singu- 
lière de cette conferve qui ne redoute ni le froid ni la chaleur. 
Elle à été exposée cet hiver à une température de 18 degrés 
au-dessous du zéro , et cependant son organisation n'a pas 
été détruite , et cet été elle supporte au fond d’un fossé toute 
l'ardeur au soleil, sans que ce desséchement paraisse lui nuire, 
car, aussitôt que l'ai replongée dans l’eau , elle a reverdi, et 
s'est développée avec la même facilité qu'auparavant. 


88 HISTOIRE DES CONFERVES 


Je ne dois pas omettre une précaution employée par la nature 


pour la conservation de cette espèce , ainsi que de plusieurs 
autres. Lorsque le réseau qui doit la reproduire a acquis toutes 
ses dimensions , ce qui arrive à la fin de l'automne , alors au 
lieu de nager dans le liquide comme auparavant , il se précipite 
au fond du fossé , et se mêle avec la vase. Il reste dans cette 
position à l'abri des accidens qui pourraient lui nuire, et de la 
glace qui pourrait l'envelopper ; ce n’est qu'au printemps , lors- 
que les beaux jours sont arrivés , que les côtés séparés des mailles, 
venant à s'enfler, acquièrent assez de Jégéreté spécifique pour 
venir flotter sur la surface de l’eau, 


Quoique ce genre ne présente qu'une espèce , cependant je 
n'ai pas voulu le réunir à aucun autre , à cause de la singularité 
de sa reproduction, et aussi à cause de sa conformation. Comme 
tous les ouvrages de la naturesont liés ; il faut espérer que les 
voyages des botanistes nous procureront bientôt de nouvelles 
plantes congénères qui nous présenteront des apparences sem- 
blables. Je crois même avoir déjà observé une autre hydrodictye 
qui vit dans les lieux humides ; mais malheureusement je ne 
l'ai pas assez examinée pour. pouvoir la décrire. 


N° 1. Hydrodictye Pentagone. Hydrodictyurs Pentagonum. 
CPL 9°.) 

Flarrtntis recticulato - coadunatis. 

Conferva recticulata, Linneri. 


Filets en réseau. . 
Frc. 


Frc. 
Frc. 
Fic. 
Fic. 
Fic. 


te do Gr Coll, CE 89 
1. Hydrodictye de grandeur naturelle. 
2.me Maille détachée, vue à l'œil nu. 
3.me La même, vue au microscope avec ses grains brillans: 
4." Côtés du pentagone prêts à se séparer. 
5." Les mêmes, vus au microscope , et enveloppés de 


leur membrane. 
Fic. 6. Hydrodictye à la maitié de son développement: 


HR Dre 


M 


‘90 HisToiRE DEs CONFERVES 


LA 


QUATRIÈME FAMILLE. 


PoOITSPERMENS 


| classe de conferves dont il est ici question n'a aucun rap: 
port avec celles qui précèdent , ni pour l'apparence , ni pour 
l'organisation intérieure. Au lieu de ces tubes membraneux et 
transparens qui appartiennent aux conferves de la deuxième 
famille , ou de ces filets en réseau qui constituent l'hydrodictye ; 
on ne trouve ici que des filets grossièrement conformés et sans 
apparence extérieure d'organisation : leur couleur n'est pas 
verte, au moins dans l'espèce principale , mais elle est d’un 
gris noirâtre , et le tube lui-même est entrecoupé de distance 
en distance par des renflemens irréguliers , qui lui donnent 
l'apparence d’une anthenne articulée , en sorte que la seule res- 
semblance que cette singulière production ait réellement avec les 
autres conferves , c’est d'être disposée en filets et de vivre 
dans l'eau. Voyez Fig. 1. PL 10. 


L'espèce que je décris dans ce discours et qui est la seule dont 
je connaisse la reproduction , est celle que Linné désigne sous 
le nom de conferve fluviatile , et qu'il dit habiter dans les rivières 
dont le lit est rocailleux. Je l'ai aperçue quelquefois dans les 
ruisseaux d’eau courante ; mais sur-tout je l'ai trouvée en grande 


ap ALMA OU CHEPo Tai 91I 


quantité dans les conduits de bois de quelques moulins qu’elle 
tapisse en entier. Sa couleur , qui , comme je l'ai dit,est d'un 
gris , ou plutôt d'un vert très-foncé, se noircit promptement 
hors de l'eau. La longueur de ses filets dans leurs plus grandes 
dimensions ; va jusqu'à quatre à cinq pouces , et leur diamètre 
est à peu près d’un quart de ligne. Elle s'implante au bois par 
une espèce d’empâtement qu'il est difficile de bien examiner. 
Dillenius la représente très -bien dans la Fig. 47 de son 7° 
tableau , et il annonce aussi qu’elle a été trouvée sur les pierres 
d'un ruisseau aux environs d'un moulin. Quoique ce genre ne 
m'ait fournit jusqu'à présent que deux espèces , je vois par les 
figures de Dillenius qu'il en renferme encore quelques autres. 
En particulier il n'y. a aucun doute que la conferve du même 
auteur n.° 47 ne doive lui appartenir. Je soupçonne la! même 
chose, quoiqu'avec moins de confiance, des conferves comprises 
sous les n° 27 et 9, et en général je présume qu'il faut placer 
dans la même famille toutes ces conferves solides et coriacées: 
qui n'ont aucun organe apparent ; et qui semblent communes 
sur les bords de la mer, rl 


La conferve fluviatile de Linné, dont il est question’; a été 
suivie avec assez de soin depuis l'hiver de l'an VIIT jusqu’à celui 
de l'an X; c’est-à-dire ; pendant un intervalle :de-deux ans. Le 
premier état sous lequel elle s’offrit à mes regards , fut celui 
de filets chargés d'un très-grand nombre de petites houppes, 
telles qu'on le peut voir dans à figure 1.'° aux lettres b''Cha- 
cun des) petits poils dont l'assemblage constituait la houppe 


examiné avec une lentille ; présentait une.) petite polysperme : 
M 2 


_ 


e2 H1iSTOIRE DES CONFERYVES 


semblable ten tout à sa mère. Je crus d’abord que cette plante 
se multipliait par bouture: J'imaginai.que lorsque ces petits bour- 
relets avaient acquis une grandeur sufhsante , ils se séparaient 
du filet sur lequel ils avaient pris naissance, et allaient former 
ailleurs une autre polysperme. Mais ce procédé qui était bien 
celui de la nature et que l'observation confirma plusieurs fois, 
ne donnait pas une idée suffisante de la première formation de 
ces houppes. H fallait pénétrer plus avant dans l'organisation, pour 
en acquérir une-connaissance plus approfondie. Or , c’est ce qui 
m'est arrivé dans l'hiver de l'an IX (le 5 Pluviôse ). Comme 
j'observais cette conferve au lieu où elle croissait, et que dans le 
but d'y découvrir quelques traces de :fructification , je l’examinais 
avec toute l’attèntion dont j'étais capable, j'aperçus qu'en la 
pressant entre les doigts , j'en faisais sortir une poussière verte 
qui paraissait organisée : je n’eus rien de plus pressé que d’ob- 
servér: ces! pêtits corpuscules au microscope, et je vis avec éton- 
nement au lieu de grains proprement dits , de petits chapelets 
ranmifiés eb composés d’anneaux'à peu près égaux dans toute 
leur longueur. Voyez fig. 2." Je crus d’abord que ces petits cha- 
pelets étaient la polysperme encore jeune , et quoique je ne 
comprisse pas bien la manière dont ils grandissaient et devenaient 
semblables à la plante d’où ils étaient sortis, j'espérai qu’en les 
suivant avec! soin , jacquérerais assez promptement cette con- 
naissance. Aw 19 Pluviôse je ‘visitai de nouveau la conferve : 
jy trouvai les mêmes -chapelets renfermés ‘en grand nombre 
danS l'iitérieur dustube ; maïs le dernier anneau et quelquefois 
ceux qui lui étaient immédiatement contigus , au lieu de rester 
semblables aux autres pour. la grandeur et la couleur, avaient 


D} ALU .2D (0, U 20: Bit À 93 
considérablement grossis et étaient devenus opaques. Voyez 
e e e. Quelques-uns des anneaux s'étaient séparés du cha- 
pelet et flottaient dans le liquide f £ A leur grosseur et à leur 
opacité; on jugeait qu'ils avaient occupé l'extrémité du chapelet : 
cet état de la polysperme dura tout le printemps : on aperce- 
vait toujours des chapelets et des grains qui s’en étaient déta- 
“ chés : cependant les chapelets devenaient tous les jours plus 
rares: et les grains plus nombreux ; on voyait clairement quil 
n’y aurait bientôt plus que des grains : dans le courant de 
Prairial il n’y avait plus de chapelets. Enfin, le 19 Messidor 
de la même année , l'apparence de la plante avait totalement 
changé , au lieu de ces filets noirs et opaques sous lesquels 
elle s'était constamment présentée , je ne vis presque plus que 
des tubes flétris à demi transparens. Je cherchai dans leur inté- 
rieur les grains qu’ils avaient contenus , et à mon grand éton- 
nement je trouvai qu'ils s'étaient échappés , ou par l'extrémité 
du filet quand ce dernier avait été coupé , ou par quelque 
déchirure irrégulière qu'on pouvait apercevoir à la vue simple, 


Je compris que le moment était venu de redoubler d'atten- 
tion, si je voulais connaître la reproduction de cette conferve. 
Je recueillis donc avec grand soin les tubes qui n'étaient pas encore 
entièrement vidés , et ceux qui paraissaient prêts à s'ouvrir. Je 
plaçais le tout avec soin dans un vase assez grand , et pour 
ne causer aucune altération à la conferve , je l’exposai sous le 
jet d’une fontaine ; ses grains restèrent quelque temps dans le 
liquide sans subir de changement remarquable , seulement ils 
devenaient plus nombreux à cause des tubes qui achevaient de se 


94 HISTOIRE DES CONFERVES 


vider. Ils formaient au fond de l’eau un nuage obscur. Insensible: 
mentils grossissaient, devenaient plus opaques, mais on n’aper- 
cevait encore aucun développement. Au bout de huit à dix jours 
quelques-uns s’allongèrent par l’une de leurs extrémités. Voyez Fig 
3." 9 Bientôt ce prolongement devint plus sensible h, etil par- 
tait quelquefois du côté de lasemence i, ensuite on commença à 
entrevoir sur le tube les vestiges des renflemens ou des articulas 
tions 1 k, quelques-uns des grains produisaient deux queues 
comme dans les conferves simples 1, enfin, le nouveau prolon- 
gement commença à se ramifier m o, et il ne fut plus possible 
de douter que le grain contenu dans ce tube ne füt la semence 
de la conferve, 
Voili donc un quatrième mode de reproduction , qui , je le 
pense, ne ressemble pas à ceux qui le précèdent. Il est bien 
vrai que les graines sont ici intérieures à la conferve , comme 
dans le genre des conjuguées. Mais indépendamment de ce que 
ces graines ne se fécondent pas par rapprochement comme cela 
a lieu dans la 2.% famille, elles sont contenues en très - grand 
nombre dans chaque articulation , tandis que celles des conferves 
conjuguées sont solitaires dans chaque loge. | 


J'ai bien compris que pour avoir trouvé la reproduction de ce 
genre , je n'avais pas achevé de m'instruire de tout ce qui le 
concernait. Aussi ai-je d'abord tâché de reconnaître s'il y avait 
des fleurs mâles dans cette espèce. Mais je n'ai à cet égard, que 
des conjectures à proposer: Comme je nai aperçu dans cette 
plante aucun organe extérieur , et que d'ailleurs ses graines sont 


D'EAU FD Oo" C'E. CT 


dans le tube , il est évident que si elle renferme quelque pous- 
sière fécondante , c'est au-dedans qu'il faut la chercher ; or je 
ne vois rien dans l'intérieur qui puisse remplir cette fonction, 
excepté les chapelets eux-mêmes. À cet égard on peut sup- 
poser que quelques-uns d’entr'eux sont remplis de cette matière 
prolifique nécessaire au développement, ou que parmi les anneaux 
d'un même chapelet, les uns sont des grains , et les autres des 
poussières. Mais c'est une conjecture que Le temps aidé de lob- 
servation , peut seul confirmer. 


En acquérant la connaissance de la reproduction de cette con- 
ferve , j'ai acquis en même temps de plus grandes lumières 
sur les houppes dont elle est chargée dans certains mois de 
l'année. J'ai pensé que celles-ci étaient formées par l'assem- 
blage d’une foule de jeunes conferves dont les semences sont 
encore dans le tube et qui avaient passé au travers par le moyen 
de quelque ouverture. L'observation a confirmé cette conjecture ; 
j'ai dégagé plusieurs de ces petits filets , à l'extrémité desquels 
j'ai trouvé adhérent le grain qui les avait produits. Ces pelottes ne 
sont donc qu'un assemblage de jeunes conferves, et il n’est 
pas étonnant si, après s'être détachées de la tige principale, 
elles reproduisent de semblables plantes, 


Je tire de-à une conséquence générale sur la nature des Bour- 
relets dont il sera beaucoup question dans ma dernière famille. 
Toutes les fois qu'une conferve reproduit des filets sembla- 
bles à elle-même, il est à présumer que ces filets ne croissent 

pas au hasard et sans aucun ordre , mais au contraire qu'ils 


96 : HISTOIRE DES CONFERVES  - 


sont le prolongement de germes placès dans l'intérieur de la 
conferve que l'on doit quelquefois découvrir, mais que leur 
petitesse dérobe souvent aux meilleurs instrumens. Et pour 
étendre ma conséquence aux plantes en général j'ajoute que 
les productions qui se développent toutes les années sur les 
arbres et les arbrisseaux doivent sans doute leur origine aux 
germes placés dans les aisselles, quoiqu'il soit difficile de les 
voir. 


Pour ce qui regarde l'organisation du tube de la conferve, 
javoue mon extrême ignorance. Malheureusement les objets 
opaques ne peuvent pas s'apercevoir au microscope, et celui-ci 
est trop petit pour être observé à la vue simple ; autant 
que j'en peux juger, la structure du tube est celle d'un réseau 
a mailles polygones et serrées; mais voilà tout ce que j'en 
connais , les nœuds ou renflemens qui ont peut-être un but plus 
marqué, me sont encore inconnus relativement à leur usage ; 
cependant s'ils contiennent des graines, ils ne sont pas les 
seuls organes qui les renferment, puisqu'il est facile de les voir 
dans le tube. Les conferves du même genre pourront rendre 
cette étude plus facile. Je dirai seulement qu'au commencement 
du printemps on aperçoit dans l'intérieur du tube, un double 
filet qui en occupe toute la longueur, et que j'ai cru être le 
cordon ombilical qui retenait les graines. | 


Le terme de la durée de cette polysperme est aussi d’une année, 
etle moment où elle répand ses graines , est, comme on la vu, 
la fin du printemps ; cette saison paraît être l'époque fixée par 

là 


D'EAU DOUCE 97 


la nature pour la reproduction de presque toutes les plantes. 
Lorsque le mois de Thermidor a commencé, des conferves dispa. 
raissent presque toutes du canal de bois qui les contenait et 
quelques temps après de nouvelles les remplacent Ce n’est pas 
comme je l'ai vu, qu'on ne trouve quelques tubes qui se vident 
plus tard que les autres et qui donnent leurs semences dans d’autres 
saisons de l'année. Je ne parle ici que du cas le plus général. 


Si les eaux douces ne paraissent pas riches en conferves de 
ce genre, les rivages de la mer doivent au contraire en fournir beau- 
coup. La plupart de celles qu'on en retire ont cette nature cartila- 
gineuse et demi solide qui est propre à la conferve fluviatile, 
J'ai sous les yeux un mémoire du Citoyen De Candolle pré- 
senté à la Société Philomatique et ensuite à celle d'histoire 
naturelle de Genève au printemps de l'an VIII, et qui est 
intitulé Observations sur les plantes marines. I] y rend compte de 
l'organisation intérieure des conferves, en particulier de la coy- 
ferva elongata de Gmelin , Dill Tabl. 6" Fig 38." et de la 
polymorpha de Lighfoot. L'anatomie de ces deux espèces lui 
montre qu'elles sont composées de loges intérieures dans les- 
quelles sont renfermés des grains en grand nombre. Or il 
me semble quil ny a aucun doute, d'après ce que je viens 
d'exposer, que ces grains ne soient eux-mêmes les semences de 
la conferve, qui, se répandant au moment de la destruction de 
la plante, redonnent l'espèce à laquelle ils appartiennent , 
comme les grains de la polysperme fluviatile la reproduisent. 
Ce qu'il a trouvé sur ces deux conferves , les seules dont il 


rende compte, doit sans doute appartenir à plusieurs autres 
N 


98 H1iSTOIRE DES CONFERVES 


espèces; en particulier ces mêmes grains se rencontrent dans 
l'intérieur du Fucus Plocamium que l'anteur regarde avec raison 
comme une espèce voisine des conferves. Mais comme des con- 
.jectures, quelque probables qu’elles soient, ne sont pas encore 
des faits , il importe de les confirmer par quelques observations. 
. L'expérience la plus décisive consisterait à renfermer dans un vase 
- rempli d'eau salée fréquemment renouvelée, quelques indivilus 


des conferves marines, qui fussent prêts à répandre leurs grains - 


intérieurs. On les examinerait souvent pour tenir compte 
des changemens qui s'opéreraient. On verrait sans doute Jeurs 
grains se répandre, germer, reproduire , et l’on aurait en même 
temps occasion d'observer une foule de circonstances nouvelles et 
variées, qui accompagnent le développement de chaque espèce; 
car ici plus qu'ailleurs , il semble que l’Auteur de la nature a 
diversifié à l'infini ses merveilleux ouvrages. 


Fic. 1. Polysperme un peu grossie. 
Fic, 2m Tube de la polysperme , vue au microscope. 
cc Chapelets sortis du tube. 
d d d Les mêmes grossis. 
e e f f Les mêmes anneaux prêts à se séparer. 
Fic. 3.m g g Anneaux séparés. 
ih klmno Graines dans différens degrés de développement. 


PRE IE 


PTE 


D'EAU DOUCE. 99 


RÉSTAPME CRIE TS 


Ni: Pocvsrerne fluviatile. Polysperma fluviatilis. PL 10. 
Higfa:e 


Filomentis antenni formibus subdivisis. 
Conferva fluviatilis. Linnei Dill Fig. 47. 
Tubes à filets semblables à des antennes, un peu divisés. 


Cette polysperme se distingue de toutes les conferves d’eau 
douce par son tube solide et presque cartilagineux. On la ren- 
contre dans toutes les saisons de l’année, mais uniquement 
dans les eaux pures et dont le cours est rapide , et princi- 
palement, comme je l'ai dit, dans les conduits des moulins, à 
l'endroit où l’eau se précipite sur la roue : elle est chargée de 
bourrelets , b, dans la saison de l'hiver, et elle répand ses 
graines dans le courant de Prairial Sa couleur est d'un vert 
sombre qui passe au noir dès qu'elle est desséchée : elle teint 
en rouge l'eau dans laquelle elle a séjourné On la rencontre 
dans un grand nombre de lieux. Je ne lai jamais trouvée 
adhérente aux pierres, mais seulement au bois. 


N° 2. Polysperme pelotonnée:, Polysperma glomerata. 
Filamentis articulatis | multoties. ramosis. 


N 2 


oo HiSToIRE DES CONFERVES 


Conferva glomerata. Linnei. Dill muscorum. Tabl. $ Fig. 28. 
Filamens articulés et plusieurs fois divisés. 


Cette polysperme la plus commune de toutes les conferves, 
remplit le lit du Rhône dans lequel elle se rencontre à peu près 
dans toutes les saisons de l’année. On la trouve également dans 
les ruisseaux d’eau courante , dans les conduits des moulins, 
dans les fontaines , et en général dans toutes les eaux rapide- 
ment renouvelées. Sa couleur est d’un beau vert, un peu varié 
selon l’âge de la plante. Elle est adhérente aux pierres , et n'est 
jamais flottante. Ses dimensions varient selon les lieux ; dans 
les fontaines et les canaux ; elle est courte et forme des tapis 
verts de quelques lignes de longueur ; dans le Rhône au contraire, 
et dans toutes les grandes rivières elle s'étend jusqu'à un pied. 
Ælle est extrémement ramifiée , ses divisions partent exclusi- 
vement de la cloison et non pas de l'anneau. Son caractère 
essentiel consiste dans des articulations légèrement renflées dont 
la réunion compose ses tubes. Elles sont renfermées dans une mem- 
brane transparente qui recouvre en même temps toute la plante: 
on aperçoit facilement cette membrane, lorsque la matière verte 
s'échappe des articulations qui la contiennent : quand j'examinai 
pour la première fois cette conferve, ce qui eut lieu immédia- 
tement après que j'eus trouvé les graines des ectospermes, ma 
première pensée fut qu'elle avait aussi des graines extérieures et 
des fleurs mâles : en conséquence, je cherchai long - temps des 
semences le long de son tube , et je fus quelque temps 
trompé par les articulations plus renflées qui se rencontrent fré- 
quemment à l'extrémité des filets, et qui, au premier coup d'œil, 


ss" 


Dr À U: D DU CE. FMÉQE 


ont quelques rapports avec les semences. Après avoir inutilement 
cherché , je fus obligé d'abandonner cette idée. Alors je me per- 
suadai que cette conferve se multipliait comme les hydrodictyes, 
Il me semblait que chaque articulation renfermait elle - même 
le germe d'une polysperme , et que je la verrais s'étendre, 
comme javais vu se développer les mailles du réseau. Je fus 
encore trompé dans cette conjecture , et quoique je suivisse 
cette espèce pendant une année, je ne vis pas les articulations 
se séparer et reproduire. 


Je pris le parti de renfermer mes polyspermes dans des boîtes 
que je plongeai dans l'eau courante : je Les plaçai dans diverses 
positions, et j'eus soin de les visiter fréquemment. Mais celles 
qui étaient percées se remplirent de limon et encombrèrent la 
conferve, et celles que j'avais exactement fermées ne m'offrirent 
rien de plus heureux. La conferve s'y corrompit assez prompte- 
ment, quoique la lumière pénétrât dans l'intérieur par un des 
côtés de la boîte qui était une plaque de verre. Dans une troi- 
sième boîte que j'avais exposée au courant du Rhône, et que 
javais également percée, la conferve disparut entièrement sans 
laisser aucun reste. Enfin, je mis ma polysperme dans un vase 
ouvert sous le jet d'une fontaine , et je tins le journal de mes 
observations. Elle s’y conserva d’abord fraîche et sans altération 
apparente, ensuite son tube se chargea de petits disques arrondis 
que je crus être des germes, voyez la planche des prolifères, 
PI. rame Fig. 6", et qui effectivement produisirent des filets. 
Mais ces filets s'étant allongés me parurent appartenir à une 
autre conferve parasite de la mienne, et effectivement ils se 


102 HISTOIRE DES CONFERVES 


multiplièrent bientôt après à la manière des prolifères. La con- 
ferve sur laquelle ils avaient pris naissance , conserva elle - même 
son état , mais il était facile d’apercevoir qu'elle ne végétait 
plus. Autour d'elle étaient souvent réunis une foule de petits 
grains transparens qui ressemblaient d’abord à des graines, et que 
je reconnus ensuite à leur mouvement être des animalcules du 
genre des monades. Ici finirent mes expériences, et j'abandonnai 
dès lors ma polysperme. 

Je n’ai donc aucune connaissance positive sur la reproduction 
de cette espèce : mais je peux raisonner sur elle par voie d’ex- 
clusion, et voici À cet égard comment je procède. D'abord il est 
évident que cette polysperme n'a pas de graines extérieures ; 
je l'ai examinée pendant deux ans, sans en trouver aucune: il 
n’est pas moins clair quelle ne se reproduit pas comme l’hy- 
drodictye, ni comme les conjuguées. Il faut donc que ses graines 
soient intérieures , et qu’elles soient contenues dans cette subs- 
tance verte répandue entre les cloisons. Cette conséquence me 
paraît assez rigoureuse. | 

S'il fallait l'appuyer par des observations particulières , je dirais 
que j'ai souvent vu dans l'intérieur des tubes , sur-tout dans 
le moment où ils répandaient leur poussière , des corpuscules 
arrondis , plus grands que les autres , etqui, au milieu du reste 
de la matière , me paraissaient être le germe proprement dit. 


Ce qui fortifie encore cette conjecture , c'est qu'après cette 
émission de poussière qui a lieu à l'entrée du printemps , la 
plante disparaît insensiblement , et qu'à l'exception d'un très- 
petit nombre d'individus qui-se trouvent peut-être dans l'endroit 


“ 


BEA OÙ TO CU CE: 103 


le plus profond de la rivière , il ne s’en rencontre absolument 
aucune. Cette disposition commence au printemps, et dure assez 
long -temps. À la fin de Floréal je n'apercevais aucune conferve, 
je n'en voyais pas davantage dans le courant de Prairial ; tout-à- 
coup et à peu près au milieu de Messidor, je trouvai les pierres 
des bords de [a rivière couvertes en grand nombre de petits 
grains verdâtres , lesquels portaient des filets plus ou moins 
allongés , qui devenaient bientôt de nouvelles conferves. 
Peut-on conclure autre chose de ces faits, sinon que Îes germes 
de la polysperme s'étaient répandus sur la pierre , et qu'ils y 
étaient restés adhérens , pour se développer au moment cori- 
venable ? Je n'ai pas donné à ce développement toute l'atten- 
tion qu'il méritait , parce que je n'avais pas cru qu'il eût lieu 
de cette maniere. Mais à présent que le raisonnement réuni à 
Fobservation me persuade que la plante ne se reproduit pas 
autrement , il faut bien que je l'admette. Cependant il ne sera 
guères possible de suivre ces germes depuis le moment où ils 
sortent du tube, ni même de les reconnaitre sur la pierre avant 
qu'ils aient poussé ; mais je les suivrai depuis le moment où 
ils seront discernibles, jusqu’à leur entier développement. Je ver- 
rai, par exemple , quelle est la nature du lien qui les attache à 
la pierre; si la conferve à d’abord tous ses anneaux eomme le 
réseau possède toutes ses mailles, ou bien si de l'anneau supé- 
rieur sort successivement chacun des autres ; je déterminerai, s’il 
est possible , quel est le temps de [a croissance : et enfin je 
verrai si, parmi ces anneaux, quelques -uns sont destinés à 
féconder les germes , et d’autres à les contenir : si je ne 
peux achever ces recherches avant [a publication de cet 


104 HISTOIRE DES CONFERVES 


ouvrage , je prie ceux entre les mains desquels il pourra tom- 
ber et qui s'occupent de ce genre d'objet, de vouloir bien 
donner leur attention à la reproduction de cette plante. 


Fig. 4% Polysperme pelotonnée , vue à la loupe. 
a Anneau qui ressemble à une graine extérieure. 
b  Poussière verte qui sort du tube. 
c Tube vidé qui a perdu sa poussière. 
d d Cloisons de la conferve desquelles partent les rameaux. 


J'ai encore visité les bords du Rhône le 21 Messidor de l'an 
X , pour déterminer définitivement le mode de reproduction 
de cette plante. J'ai vu comme l’année dernière à la même époque 
les pierres qui commençaient à verdir, et les jeunes polyspermes 
qui naissaient. Je les ai observées au microscope, et j'ai vu que 
chacune d'elles sortait d'un germe qui avait une consistance 
demi molle, qui était d'un beau vert, ressemblant beaucoup al a 
matière contenue dans les tubes. Les filets qui en sortaient 
paraissaient plus étroits que ceux de la polysperme développée 
et leurs articulations étaient plus courtes. Cependant on les distin- 
guait fort bien, et on pouvait aisément juger que la plante ne se 
développait pas au même instant par toutes les parties, mais qu'elle 
croissait seulement par le sommet comme les autres conferves, 


Fig. sm. Nouvelle Polysperme. 

f Germe prêt à se développer. 

g Radicules par lesquelles la jeune plante est adhérente à la 
pierre. 

b Nouveaux filets de la polysperme. 


i Nouveaux filets déjà ramifiés. 
CINQUIEME 


D'E AU DOUCE. 10$ 


CINQUIÈME FAMILLE. (Pc 11.12: er13:) 


BATRACHOSPERMES. 


DE toutes les familles de conferves, il n'en est peut-être 
ducune qui soit plus facile à distinguer que celle que nous 
avons désignée par la dénomination de Batrachospérme ( con- 
ferves gélatineuses ) et que nous décrivons dans, ce chapitre, 
Nous leur avons conservé ce nom que Roth le premier leur 
a donné, à cause d’une propriété qui leur est commune et 
que l’on reconnaît à la première vue. Les conferves qui la pos- 
sèdent présentent à la main une surface douce et onctueuse ; 
lorsqu'on les saisit sans précaution elles s’échappent aisément, 
et quand on les étend sur le papier , elles y restent fixées de 
manière quil est impossible de les séparer, sans les avoir 


auparavant humectées, 


Cette propriété doit-elle son origine à une matière gélatineuse 
sécrétée par la conferve , ou bien dépend -elle de la nature des 
filets qui la forment ? C’est ce qui n’est pas facile à décider. La 
Bañrachosperme mamelonnée, PI. 12.% Fig. 24% et la pelotonnée 
PL 13° Fig. 1. paraissent bien être enveloppées d’une liqueur 
gluante différente des filets eux-mêmes, blanche à la vue, et sans 


organisation, discernible ; mais les trois autres espèces ont leurs 
O 


106 HISTOIRE DES CONFERVES 


contours plus exactement terminés et ne paraissent pas pro- 
duire de matière visqueuse. 


Indépendamment de ces caractères, ces conferves en présen- 
tent plusieurs autres. Les espèces que nous avons jusquà 
présent examinées, sont ou simples, ou peuramifiées, si vous en 
exceptez la polysperme pelotonnée; les premières au contraire 
ont une multitude presqu'innombrable de divisions et de subdi- 
visions assez irrégulières , et qui ne pouvant pas être distinguées 
à la vue simple, donnent à la plante une apparence veloutée. 


Ces divisions dans les trois premières espèces tirent toutes 
leur origine d’un tronc primitif qui est formé d’anneaux trans- 
parens , ou plutôt d'un tube cloisonné et dont chaque loge con- 
tient une certaine quantité de poussière verdâtre. Voyez PI 
qi Fig, 1 Mais la conferve mamelonnée en diffère , en ce 
qu'elle n’a point de tube principal et quelle se divise irrégu- 
lièrement à peu près depuis sa base jusqu'à son sommet. 


L'objet le plus remarquable que présentent ces conferves et qui 
est commun à toutes les espèces, c'est un filet transparent et 
d’une grande finesse qui termine chaque ramification , et qui, 
s'il était visible à l'œil, donnerait à la plante une apparence 
ciliée : tantôt ces fils sont plus allongés , tantôt ils le sont 
moins Quelquefois ils sont extrémement nombreux , d’autre- 
fois la conferve en est dépourvue; ct il ne serait pas impossible 
qu'ils ne fussent les organes par lesquels sort la matière géla- 
tineuse, ou qu'ils ne fussent eux-mêmes la cause de ce toucher 
doux et onctueux que présente la plante. 


D'EAU DOUCE. 107 


L'organisation elle-même de ces conferves n'est pas très-dif. 
férente de celle des autres ; elles sont composées d'anneaux 
solides , d'une forme à peu près ovale, placés bout à bout les 
uns devant les autres, et renfermés dans un tube dont l’extré- 
mité supérieure forme les filets déliés dont je viens de parler. 
Voyez PL 11." aux lettres c c. Les anneaux vont en diminuant 
de la base au sommet, où ils disparaissent insensiblement dans 
l'intérieur du cil. Les uns sont plus ovales, les autres plus cylin- 
driques ; tellement qu'on peut croire, ou qu’il ne règne pas une 
régularité parfaite dans leur organisation , ou qu’ils ne sont pas 
tous appelés aux mêmes fonctions. 


On rencontre les batrachospermes à peu près toute l’année; 
mais sur-tout au printemps. 


La première recherche que je me suis proposée sur cette 
famille , est celle qui concerne sa reproduction. J'ai d'abord 
voulu la rapporter à celle des autres genres ; pour cela j'ai 
examiné si elle avait quelques rapports avec les précé- 
dentes ; mais je nai jamais su voir de graines extérieures , 
semblables à celles des ectospermes , ni de rapprochemens 
comme ceux des conferves conjuguées , seulement j'ai de bonne 
heure apercu sur la polysperme à collier de petits grains noirâtres 
qui sont discernibles à la vue simple, et que l'on y rencontre 
dans toutes les saisons et principalement à la fin de l'hiver. La 
première fois que je les ai aperçus’, je les ai détachés pour les 
observer à part, et en les suivant avec exactitude, j'ai trouvé 
qu'ils redonnaient la batrachosperme. Ce sont ceux que jai 

O2 


108 HISTOIRE DES CONFERVES 


fait dessiner dans le Journal de Physique, comme étant Les 
graines de la plante , et que l'on voit encore représentés PL 
pue Fis 2) aux lettres g g. Quoique je n'eusse aucun doute 
sur l'usage de ces grains , j'en avais beaucoup sur leur origine; 
mais dans l'hiver de l'an X, désirant mettre en ordre mes obser- 
vations sur cette famille, je cherchai à me former une idée juste 
de certains corps blanchâtres que l'on trouve constamment dans 
l'intérieur de la batrachosperme mamelonnée ; d'abord je les 
avais pris pour de petits débris quartzeux chariés par les eaux 
et retenus par la plante; mais, lorsque j'eus reconnu qu'ils se 
rencontraient régulièrement dans tous les individus de la batra- 
chosperme mamelonnée , quelque füt le lieu où je les cueillais, 
je cominençai à soupçonner qu'ils étaient les graines. Je fus 
fortifié dans mes conjectures , lorsqu'en les examinant avec plus 
d'attention , j'eus aperçu dans leur intérieur de petits filets 
étendus en différens sens et qui ressemblaient en petit à la 
plante développée PL 12% Fig. 2% c; enfin je n'eus plus de 
doute lorsque j'eus rencontré ces mêmes grains dans les autres 
espèces de batrachospermes et que je les eu vus se développer. 


Ainsi cette famille fort différente des autres , se multiplie: 
par ses anneaux. Lorsqu'elle a acquis à peu près tout son ac- 
croissement , les anneaux dont elle est composée se rompent, 
et se séparent Le plus grand nombre d'entreux, sur-tout lors- 
que toutes les parties de la conferve se détruisent er même 
temps , s’éloignent de manière qu'il m'est plus. possible de 
les suivre. Les autres restent attachés aux filets à cause de leur 
viscosité ; peu à peu ils croissent et s'étendent. La forme qu'ils 


D'EAU DOUCE. 109 


ont alors n’est pag régulière, mais elle est assez semblable dans 
tous les grains. Insensiblement ils grossissent, en même temps 
ils acquiérent assez de transparence pour qu'on puisse voir dans 
leur intérieur la batrachosperme à laquelle ïls doivent donner 
naissance : enfin l'enveloppe, qui les contenait , ne pouvant 
plus se prêter à leur accroissement il en sort dé toutes parts 
un grand nombre de petites plantes qui s'étendent en rayon- 
nant autour d'un même point, et chaque filet est un tronc prin. 
cipal'de la conferve qui se développe PL 11° Fig rre et 2 me 
aux lettres g #. Cet état de demi développement est celui des 
grains noirs que l’on aperçoit sur la batrachosperme à collier PL 
pie Fig g"% aa. Ils y sont retenus, comme je l'ai dit, par 
les filets de la plante; et si on les examine au microscope , on 
trouve à leur centre l'anneau dont il est ici question, qui 
pousse de toutes parts des filets rayonnans et déjà articulés. 


Tous les anneaux qui se séparent de la batrachosperme déve- 
loppée , sont-ils destinés à reproduire l'espèce , ou bien n’y en 
at-il qu'un certain nombre? S'ils avaient, la même forme, ils 
seraient sans doute appelés aux mêmes fonctions; mais, comme 
il s'en trouve d’une forme assez différente, on peut croire que 
ces derniers sont des grains stériles, ou peut-être des grains 
renfermant la poussière fécondante, nécessaire au développement 
des premiers. 


Par rapport à ces cils qui terminent chaque filet , et qui sont 
si constans dans toute la famille, je crois bien qu'ils sont des- 
tinés à quelques usages; mais jusqu'à présent je soupçonne ces 


T10 HISTOIRE DES CONFERVES 


usages bien plus que je ne les connais ; comme ils renferment 
dans leur intérieur tous les anneaux de la batrachosperme , et à 
leur sommet ceux qui étant beaucoup plus petits ne semblent. 
pas destinés à reproduire , on peut imaginer que ces derniers 
contiennent la poussière fécondante qui sort des cils au moment 
de la maturité ; et comme ces filets extrémement mobiles 
sont capables de tous les mouvemens , ils peuvent, au gré de 
l'eau qui les agit sans cesse , répandre aisément leur pous- 


sière , ou leurs émanations fécondantes sur toutes -les parties 
de Ja plante, 


Mais ce ne sont là que des conjectures que j'indique aux 
botanistes qui s'occupent de ces recherches , et auxquelles je 
ne veux pas quon donne plus de poids qu’elles n'en méritent. 
La seule chose que je présente ici comme certaine, c’est la 
reproduction de la batrachosperme par la séparation de ses 
anneaux. Pour l'observer aisément il sufira d'étendre sous le 
microscope Ja plus petite particule de la batrachosperme ma- 
imelonnée, si commune dans toutes les sources d'eau pure ; bien- 
{ôt on démêlera dans les filets qui la composent , ces grains 
blancs et demi transparens qui y sont si nombreux : on en 
verra de toutes les grosseurs , depuis le diamètre d’un anneau : 
on démélera dans ces grains , des rudimens de filets; peu 
à peu ces filets se marqueront davantage ; enfin on en vetra 
sortir ces rayons dont j'ai parlé, qui redonnent la plante. Ce 
‘que je dis de la batrachosperme mamelonnée doit également 
s'appliquer aux quatre autres espèces. 


D'EAU DOUCE. 11 


On découvre à la vue simple ces grains reproducteurs dans la 
conferve mamelonnée. Il est ordinaire de voir le beau vert 
de cette plante entrecoupé par ces grains blancs que l’on prend 
au premier coup -d'œil pour des corps étrangers. Il arrive même, 
lorsque les anneaux se sont séparés les uns des autres, que la 
masse en totalité ne renferme plus rien de vert ; alors les grains 
blancs se séparent, parce qu’ils ne sont plus retenus par la ma- 
tière gélatineuse, et ils vont ailleurs établir une nouvelle colonie. 
Car un seul grain donne naissance à un très-grand nombre 
d'individus. 


Les plantes dont il est ici question, sont toutes adhérentes aux 
pierres des ruisseaux ou aux débris qui s’y rencontrent. Il faut 
donc que les grains qui reproduisent soient munis de crochets 
ou d'organes par lesquels ils se fixent aux corps étrangers. Ces 
corps sont à la vérité trop petits pour qu'il soit facile de les 
reconnaître ; cependant, comme on ne peut saisir ces grains 
dans leur premier développement, qu’en enlevant avec un ins- 
trument aigu la première surface des corps, on ne saurait douter 
qu'ils ne portent avec eux ces organes qui servent à les fixer, 
puisque ces. mêmes radicules existent dans d’autres espèces, 
Voyez PL 10%: Fig. $." aux lettres g. 


ÈS 


112 HISTOIRE DES CONFERVES 


PAPE MER: 0 R'D'R’E: 


BatTracuosPermEes RAMIFIÉES. 


NT: FARMER ET à collier. Batracospermum momiliforme. 
Couferva gelat inosa. Linnei. 


Filis ramosis moniliformibus , articulis ; globosis gelasi nosis, 


Filets rameux en chapelets; chaque articulation globuleuse 
et gélatineuse. 


Sa couleur est d'un brun plus ou moins intense , selon les 
lieux et les saisons de l'année. À la vue elle ressemble à des 
grains de chapelets enfilés à un axe commun, irrégulièrement 
ramifié , et qui va en décroissant de la base à la pointe, A la 
loupe ces grains paraissent de petites houppes de poils séparées 
les unes des autres, et disposées en verticilles autour de l'axe. 
Au microscope chacun de ces poils est un filet articulé qui 
part du tube principal et porte à son extrémité un cil long 
et transparent : c'est dans l'intérieur de ces houppes que sont 
arrêtés les grains noirs, provenus des anneaux séparés et grossis, 
et qui multiplient la plante. 


Rien ne manquerait à la beauté de cette espèce ; si ses 
ramifications 


D'Æ.A U : D O U LE; | 113 


ramifications étaient assez grandes pour être aperçues à la vue 
simple , et si sa couleur était plus brillante. Elle flotte avec 
beaucoup de grâces dans les petits ruisseaux , où sa mobilité 
est si grande qu'on la prendrait au premier coup - d'œil pour un 
être animé. La durée de sa vie est d'environ une année : comme 
elle se multiplie dans tous les mois , on la rencontre à peu 
près dans toutes les saisons. Je vois par les descriptions des 
botanistes qui lont citée , qu'elle habite à peu près dans toute 
l'Europe. 


Elle ne présente pas toujours le même aspect : quelquefois 
ses ramifications sont tellement nombreuses que la conferve 
ne semble former qu'un seul filet irrégulier ; quelquefois au 
contraire elles sont assez rares , pour que ses verticilles soient 
distincts. Mais les nuances qui séparent ces deux extrêmes sont 
assez nombreuses pour qu'on y reconnaisse les variétés de la 
même espèce. Du reste ces différens états sont indiqués par Dil- 
Jenius. PL 7, Fig. 42, 43, 44, 45, et 46. 


N° 2. Batrachosperme en plume. Batrachospermum plumosum. 
Hsrore PL 11." 


Ramis prioribus elongatis , ramulis cauli approximatis. 


Rameuse ; rameaux allongés, subdivisés , et rapprochés de la tige, 


Cette conferve d’un beau vert, se rencontre sur les bords des 
fontaines , et dans le lit des petits ruisseaux d’eau fraîche et 
courante : elle est disposée en petites touffes de quelques lignes 


de largeur ; et d'environ un ou deux pouces de longueur dans 
È 


114 HISTOIRE DES CONFERVES 


leur développement. Ses ramifications principales et secondaires 
sont nombreuses , allongées et rapprochées de la tige principale ; 
c'est pourquoi je l’ai désignée sous le nom de conferve en plume. 
Des cinq espèces qui composent cette famille, c'est la moins gélati- 
neuse, Observée au microscope, elle paraît formée d’un tube prin- 
cipal à cloisons rapprochées, desquelles partent de temps en temps 
des ramifications , tantôt alternes , tantôt opposées. Ces secondes 
ramifications se subdivisent encore plusieurs fois, et font cons- 
tamment des angles aigus avec le rameau d’où elles naissent. Cette 
batrachosperme dont le port au microscope ressemble beaucoup 
à celui du saule pleureur ( salix Babylonica », se multiplie comme 
les autres par les anneaux ; on ne l'aperçoit guères qu'en hiver, 
et dans les premiers mois du printemps ; on la rencontre sou- 
vent dans les eaux pures et les bassins des fontaines. 


Cette batrachosperme ne me paraît point encore décrite : elle 
n'est cependant pas rare; mais, comme il n'est pas aisé de la 
reconnaître , lorsqu'on ne la regarde pas avec attention, on 
l'aura sans doute confondue avec quelqu'autre. Il est difficile 
d'imaginer un aspect plus élégant et plus gracieux que celui 
qu'elle présente au microscope. 


N° 3. Batrachosperme en houppe. Batrachospermum glomeratum. 
PLATS a | 
Ramosum ; ramis et ramulis brevibus , confertis , divergentibus. 


Rameuse ; à subdivisions courtes, ramassées et divergentes, 


Elle est d'un vert assez semblable à la précédente, et se ren- 


DR A4 D; OU CE; IIS 


contre comme elle sur les pierres des ruisseaux. Sa longueur 
varie depuis quelques lignes jusqu'à deux pouces. Lorsqu'elle 
flotte dans l’eau , elle ressemble assez bien en petit aux tiges 
des mnies androgyns. On aperçoit à l'œil ses divisions ramassées 
qui ressemblent à de petites houppes d'un vert intense. Au 
microscope , elle est composée d’un tube principal, transparent 
et subdivisé , dont les anneaux sont renflés , et des cloisons 
duquel partent irrégulièrement des petits rameaux dont les sub- 
divisions nombreuses et raccourcies forment des touffes. Ils sont 
eux-mêmes articulés , recourbés et fréquemment terminés par 
des cils. Cette batrachosperme contient comme toutes les précé- 
dentes un grand nombre de ces grains qui proviennent de la rup- 
ture des anneaux , et que l’on trouve souvent à demi déve- 
loppés et engagés dans les houppes. On la rencontre avec les deux 
autres batrachospermes gélatineuses vertes, fixées aux pierres des 
ruisseaux , quelquefois détachée et flottante. Cette espèce qui est 
fort commune , ne me paraît pas avoir été décrite. Elle se pré- 
sente sous deux aspects fort différens , et qui dépendent de son 
âge. Lorqu'elle est jeune ,ses filets sont ramassés de manière à 
former une matière gélatineuse verte , et alors on peut la con- 
fondre, ou avec les ulves, ou avec la batrachosperme mamelonnée. 
Lorsqu'elle est plus âgée, ses ramifications sont bien séparées et 
distinctes. On la trouve en hiver et au printemps dans les 
eaux courantes. . | 


Elle vient d’être décrite par le cit. Girod-Chantrañs, au n.° 9 
de son ouvrage; sa description renvoie à l'ouvrage de Veiss, 
que je n'ai pas l'avantage de connaître, et qui la désigne sous 


le nom de Chara Batrachosperma. 
P'2 


116 HISTOIRE DES CONFERVES 


SECTION D OR D:R E: 


BATRACHOSPERMES A MAMELONS. 


N.° 4. Pme: ‘fasciculée.  Batrachospermum - fascicu- 
latum.. P1 13% Fig: 17e 

Filis approsinatis, simplicibus , summitate ramosis. 

Filets rapprochés en faisceaux , rameux à leur extrémité. 


Cette batrachosperme est plus rare que les précédentes : elle 
. se rencontre dans les eaux à demi courantes , autour des pierres 
auxquelles elle est attachée, sous la forme d'un petit ma- 
melon vert, irrégulièrement lobé àses extrémités. Elle n’a guères 
que quelques lignes de longueur sur une largeur de moitié. On 
n'y peut rien distinguer à la vue simple , mais au microscope 
elle paraît artistement composée. Si l'on n'en observe qu'un très- 
petit fragment, on verra avec surprise qu'il est formé d’une foule 
de filets principaux, parallèles, allongés, et qui portent à leurs 
extrémités des subdivisions très - courtes, en trois ou quatre ra- 
meaux. On y peut voir en grande quantité ces grains blancs qui 
proviennent des anneaux rompus et qui sont destinés à la repro- 
duire, en sorte qu'il serait difficile de douter de la destination 
de ces grains, lors même qu'elle ne serait pas confirmée par 
des expériences directes. | 

Cette batrachosperme n’est sans doute pas encore décrite, et il 
faut avouer qu'il est difficile de voir au premier coup-d'œil une 


DBNA CU DNONUXO!E. 117 


conferve dans la matière gélatineuse qui la forme, mais ce qui est 
obscur à la vue simple, devient distinct au microscope. 

N.° 5. Batrachosperme pelotonnée. Batrachospermum intricatun. 
PI 2m Fig. 12 

Filis impexis ramosis. Haller. N° 2110. 

Filets ramifiés , extrémités plusieurs fois divisées. 

Aucune espèce n'est plus facile à reconnaître : elle est formée 
de mamelons gélatineux de toutes sortes de figures et d'un dia- 
mètre qui varie d’un point, à un pouce , et que l'on rencontre 
à peu près à la source de toutes les petites fontaines. Ils s'at- 
tachent à tous les corps qu'ils rencontrent. Leur couleur est 
d’un beau vert parsemé constamment de points blancs. Ces points 
sont eux-mêmes le germe de la plante prêt à se développer. A la 
loupe on commence à reconnaître que ces mamelons sont for- 
més de filets très-déliés. Au microscope on voit que ce sont des 
batrachospermes ramifiées, engagées, je pense, dans une matière 
gluante. Cette espèce diffère des trois premières, non-seulement 
par son apparence extérieure , mais encore par son organisation. 
Elle diffère de la quatrième par ses mamelons qui sont arrondis 
sans être lobés. Elle est la seule qui n’a pas de tube principal 
d’où partent les ramifications : elle est pourvue de cils comme 
toutes les autres : c’est en l'observant que j'ai enfin reconnu 
l'usage. de ces grains blancs que j'avais long-temps pris pour de 
petits débris quartzeux. Elle est décrite par Haller au n° 2110. 
On la rencontre dans toutes les saisons de l’année. Il serait 
difficile à la première vue de la prendre pour une batrachosperme 
non plus que la précédente. Elle se trouve souvent sur les coquil- 
lages des marais d’eau pure , où elle forme des points verts , 
d'un très- petit diamètre. 


118 HISTOIRE DES CONFERVES 


SIXIÈME FAMILLE. 


PAR 0 LITE R Er 


J ‘Ar donné à ce genre de conferves , le nom de Prolifères , à 
cause de la manière dont ses diverses espèces se reprodui- 
sent. Ce mode de génération n'a rien de commun avec le pré- 
cédent ; les plantes comprises dans cette famille ne se multiplient, 
ni par des graines placées en dehors ou en dedans du tube , 
ni par des anneaux , ni par des développemens semblables à 
ceux des hydrodictyes : leur régénération est plus simple et au 
premier coup-d'œil plus facile. Lorsque la plante a pris son 
accroissement, on voit naître tout le long du tube des renfile- 
mens ou des bourrelets, d'où sortent de nombreux filets , 
semblables à celui qui leur a donné naissance. 


Cette forme de reproduction n’est pas rare parmi les végétaux ; 
tout le monde sait que la plupart des plantes et en particulier 
les espèces ligneuses sur le tronc desquelles l’art a fait naître des 
bourrelets , poussent par ces mêmes renflemens une multitude de 
racines ou de branches , et que les jardiniers se servent fréquem- 
ment de ce moyen , pour multiplier les espèces rares dont ils 
ne peuvent obtenir les graines. 


EN SEA NUt FD)0 uAc EE 119 


La nature elle-même sans le secours de l'art met aussi en 
usage ce moyen. Indépendamment des drageons qui, partant du 
collet de la racine , s'étendent tout au tour de la plante et 
donnent de nouvelles productions ; on connaît plusieurs arbres dont 
les rameaux s'inclinent vers la terre pour y jeter des racines ; 
dans les plantes grasses, quelques tiges se détachent par parcelles 
pour se ressemer comme d’elles-mêmes, d’autres poussent des 
filets , toutes les fois qu'elles sont platées dans le voisinage de 
quelque corps. Les branches du Solazum Dulcamara , et d’autres 
végétaux , sont chargées de tubercules, ou de bourrelets na- 
turels d’où sortent des racines ou des tiges. 


Si les végétaux se multiplient si fréquemment par bourrelets, 

il n’est pas étonnant que les prolifères se perpétuent de cette 

manière. L’analogie aurait indiqué cette forme de reproduction 

lors même que l'observation ne l'aurait pas apprise. Il est plutôt 

étonnant que toutes les conferves ne se multiplient pas de cette 

_ manière , et qu'il s’en trouve un si grand nombre dont la géné- 
ration n’a aucun rapport avec celle qui nous occupe. 


‘Les conferves de cette famille n’ont au premier coup-d'œil 
rien de remarquable ; on les prendrait facilement pour des 
ectospermes , ou pour des conjuguées. Elles ont la même cour- 
leur verte et elles n’en diffèrent que médiocrement par le dia- 
mètre des tubes , et par le port; observées au microscope, elles 
m'ont paru simples, ou du moins rarement ramifiées : leur tube 
cylindrique est divisé par des cloisons. On distingue dans leur 
intérieur ( PL 14 Fig. 1.° ) comme dans la plupart des autres 
conferves , des grains brillans assez nombreux. 


120 HISTOIRE DES CONFERVYES 


Un second caractère de ce genre, c'est la longueur des filets du 
plus grand nombre des espèces; dans la plupart des prolifères ces 
tubes ont plusieurs pieds, l'espèce principale en particulier, la 
rivularis de Linné flotte dans les ruisseaux qu'elle remplit presqu'en 
entier, et la cotonneuse que je vais décrire et qui habite les 
mêmes lieux , est également remarquable par la même propriété. 
Lorsque les prolifères sont: prêtes à se reproduire , on voit naïtre 
comme je l'ai dit , le long des tubes des renflemens cylindriques, 
que l’on prendrait pour des nœuds, si la plante n'était pas d’ail- 
leurs cloisonnée. Ces bourrelets d'abord peu sensibles , grossissent 
bientôt , ensuite ils se couvrent d'une matière pulvérulente , 
qui est formée ou de débris qui flottaient dans le liquide, et 
qui ont été retenus par le bourrelet; ou d'une matière qui s’est 
sécrétée de la conferve. Lorsque cette poussière a séjourné quel- 
que temps sur le bourrelet , on voit sortir ses nombreux filets 
qui forment d’abord de petites têtes arrondies Voyez Fig. 1. a. 
Malheureusement cette poussière en même temps qu’elle 
semble favoriser l'accroissement , gène beaucoup l'observateur. 
On ne peut guères voir le premier développement de la jeune 
plante , et juger par exemple, si elle sort de la surface du bour- 
relet ou du centre. Quoi qu'il en soit , les jeunes filets s'étendent 
rapidement sur toute la circonférence du bourrelet où ils for- 
ment comme une houppe de poils. Peu à peu leurs cloisons 
commencent à se marquer, bientôt leurs tubes ressemblent en 
petit à celui de la grande prolifère; enfin ils se séparent pour 
aller former ailleurs un nouvel individu semblable à celui sur 


lequel ils ont pris naissance ; mais j'avoue que je n'ai pas encore 
vu 


DRAC U: (M0 ui EH 121 


vu de séparation, quoique je n'aie aucun lieu de douter qu’elle 
ne s'opère. 

. J'ai vu quelquefois la prolifère des ruisseaux conferva rive. 
laris de Linné, au lieu de pousser des bourrelets, se couvrir le 
long de son tube de filets formés en alène d'un beau vert; voyez 
Fig. 2% C'est au commencement du printemps qu’elle m'a offert 
cette apparence. Ses longs filets s'étaient entrelacés les uns dans 
les autres , de manière à former une espèce de chevelure crépue, 
Leur couleur était d'un vert foncé , tandis que celle des jeunes 
Pousses était moins intense. On apercevait sur la tige les bour- 
relets qui appartiennent à l'espèce, mais ils étaient moins mar- 
qués que ceux des autres prolifères , et les jeunes plantes parais- 
saient en partir. Je ne puis guère décider si cette reproduction 
est naturelle, ou si elle n’a lieu que dans quelques cas : seulement 
il est certain que, dans le même moment, les fossés de 
Genève et ceux des environs renfermaient la prolifère dans le 
même état. 


Il ne faut pas confondre les conferves qui se multiplient pa. 
bourrelets avec celles qui naissent sur d’autres conferves, sans 
leur appartenir. La plupart des plantes de cette grande famille 
étant pourvues d'organes par lesquels elles s’attachent au corps 
qui les entourent, elles peuvent aussi bien s'attacher à des 
conferves qu'à des êtres inorganiques ,: tels que les pierres. 
Les exemples de ces conferves qui s’implantent:sur d'autres con- 
ferves sont assez fréquens. Elles attaquent sur:tout les individus 
malades des espèces sur lesquelles elles se multiplient. J'ai sous 
les yeux des échantillons de prolifèrerivularis, Fig. 1° qui, indépen 

Q 


és 


122 HISTOIRE DES CONFERVES 


damment de leurs bourrelets, portent encore des conferves para- 
sites. Cette particularité appartient également aux conferves ma- 
rines , chez lesquelles les parasites sont extrêmement nombreuses. 
Je conserve, dans mon herbier, des échantillons de conferves 
marines qui en sont entièrement couvertes, et qui semblent 
détruire et consumer l'espèce principale en vivant de sa subs- 
tance. 


Ces conferves parasites sont en général, comme il est natu- 
rel de le croire, plus petites que les autres. Elles forment une 
branche de l'étude des conferves encore plus difficile que celle 
qui nous occupe: car dans des objets aussi petits, il doit être 
presque impossible de reconnaître quels sont les organes sexuels, 
comment se fait la fécondation etc. Et si , comme on ne peut 
guères en douter , ces parasites ont à leur tour d'autres para- 
sites proportionnellement plus petites ; je demande si la sagacité 
humaine peut espérer de pénétrer jusques dans ces mystères de 
la végétation, et s’il ne convient pas plutôt qu'elle les considère 
comme des objets que la providence n’a pas encore mis à sa 
portée. Je n’ai donc pas tenté de porter aussi loin mes recher- 
ches. Toutes les fois que jai aperçu quelque conferve parasite, 
je lai régligée, à moins que ses dimensions ne fussent assez 
considérables pour me permettre de l’observer. Mais les genres 
que je présente m'ont rarement offert des exemples de parasites ; 
excepté pourtant celui des prolifères dont les espèces en sont 
pour la plupart chargées. 


Pour qu'une conferve puisse donner naissance à des parasites, 


D'EAU DOUCE. 123 


il faut nécessairement que son tube soit rempli. Or ce n’est pas 
ce qui arrive aux espèces de nos deux premiers genres , dont 
les tubes sont presque transparens. La membrane qui les forme 
est trop mince ét trop sèche pour que d’autres conferves puissent 
s'implanter sur elle, et se développer à ses dépens. Mais les 
autres genres ayant un tube plus rempli, ne sont pas dans le 
même cas , et jimagine que la plupart des conferves marines 
dont la substance est si solide, sont plus propres que toutes les 
autres à faciliter la naissance et le développement des parasites. 


Ce qui distingue une conferve parasite d'une vraie conferve pro- 
lifère, c'est que la première, PL 14." Fig. 1. b b, prend naissance 
dans toute la longueur du tube, tandis que la prolifère ne 
pousse de nouveaux filets que par son bourrelet. Fig. 1° a. 
Avant que ces conferves parasites se développent , on voit sur 
toute la surface du tube, de petits renflemens applatis et circu- 
laires, qui n’en occupent qu'une petite partie. Voyez Fig, 1e b, 
Ces renflemens sont tous placés sur la surface du tube, et ne 
paraissent pas s'étendre à l’intérieur. Dans les prolifères au con- 
traire , le bourrelet qui occupe toute la circonférence du tube, 
est tout couvert de ces filets qui, au lieu d'être extérieurs, 
semblent parti du centre du tube. 


Si ces caractères paraissent insuMsans pour la distinction dont 
nous parlons, on levera toute équivoque en observant pendant 
quelques jours le développement. de la conferve. Si les filets 
qui s'accroissent sont ceux d'une prolifère , peu à peu ils pren- 
dront la figure et l'organisation :de leur mère ; ils seront cloi- 


Q 2 


124 HiSTOoiRE DES CONFERVES 


sonnés comm elle , ils croitront comme elle a cru , et enfin 
ils se multiplieront comme elle s’est multipliée ; mais au contraire 
si les filets qui se développent sont des conferves parasites , 
bientôt l’on apercevra la différence qui se trouve entreux et. 
de filet principal , et on ne risquera pas d'être trompé: C'est 
par ce moyen que j'ai évité l'erreur où mravait jeté la conferve 
glomerata de Linné. Comme je l’observais pour reconnaître sa 
reproduction , et que dans. ce but je l'avais isolée , j'aperçus 
sur son tube ees petits disques applatis dont j'ai parlé , et bien- 
tôt je vis sortir de toute la longueur de son tube une foule de. 
petits filets qui me parurent d'abord des rejets du grand tube, 
Je les suivis pendant plusieurs semaines : mais comme au lieu 
de se disposer en anneaux , ils se divisèrent en cloisons, et 
que loin de se ramifier, ils demeurèrent simples, je conclus qu'ils: 
appartenaient à une conferve parasite , et je n'eus plus aucum 
doute lorsque je vis cette conferve pousser des. bourrelets, et se 
déclarer prolifère , tandis: que la conferve sa mère était polys- 
perme. PL 4m Fig. éme & a, bb. 


Ce n'est pas la première fois que les conferves prolifères m'ont. 
paru être parasites. Au contraire cette particularité est un carac-- 
tère qui. peut servir à les reconnaître ; car des six espèces que: 
je décris , les trois premières seulement sont entièrement 
libres et indépendantes. Les. autres sont attachées à d'autres 
conferves; et en me rappelant tout ce que j'ai vu,et que j'ai 
négligé d'écrire, je ne fais aucun doute ,que si j'eusse donné à 
cette famille la même attention qu'aux précédentes ; je 


n’eusse aperçu un plus grand nombre de parasites également 
prolifères. 


D'EAU DOUCE. 12$ 


Quelle idée doit-on se faire de cette multiplication par 
bourrelets ? Peut-elle se rapporter à quelquune des repro- 
ductions dont nous avons déjà parlé, ou bien en est-elle esser- 
tiellement différente ? Remarquons d’abord qu'il est impossible 
à la saine philosophie, de comprendre comment un bourrelet 
peut donner naissance à de nouvelles plantes, sans supposer 
que ce bourrelet lui même en contenait primitivement les germes : 
les plantes ne s'organisent pas d'elles -mêmes , mais elles ont 
été organisées d'avance, et les conferves l'ont été comme les 
autres. Si donc je conçois que les germes. de conferves sont 
disséminés dans le bourrelet, la seule différence qui se trouvera 
entre cette reproduction et celle des polyspermes par exem- 
ple , c'est que dans celle-ci kes graines sont apparentes, libres: 
et dispersées dans toute l'étendue du tube , au lieu que dans 
les prolifères ,.elles échappent à la vue et sont toujours engagées 
dans la matière du bourrelet. qui les retient Cette analogie 
est d'autant plus marquée, que dans la polysperme fluviatile , 
conferva fluviatilis de Linné, toutes les fois que le tube ne s'ouvre 
pas assez tôt pour donner issue aux graines, celles-ci germant 
à l'intérieur , se font ensuite jour par le tube , d'où leurs filets 
sortent. en: paquets. Et dans cet état les conferves représentent 
très - bien des bourrelets chargés de nouvelles plantes. Voyez 
Fig, Le PL 1o"e aux lettres bb: 


I n'y a donc pas de différence essentielle entre les repro- 
ductions par bourrelets, et celles qui ont lieu par un germe 
proprement dit. Les graines que l'on n’aperçoit pas dans ces 
premières, ne sont pas une objection , et iln’est pas impossible 


126 HISTOIRE DES CONFERVES 


qu'on ne finisse par les reconnaître. Il faudrait pour cela ouvrir 
un bourrelet, lorsqu'il est prêt à pousser, ou lorsqu'il pousse, 
et examiner attentivement s’il n’y a point de graines à l'inté- 
rieur , qu'on puisse en détacher. C'est ainsi que j'ai procédé 
pour découvrir les graines attachées à la base des filets des 
jeunes polyspermes. On aurait obtenu tout ce qu'on peut desirer 
sur cet objet , si l’on réussissait à dégager des filets dont l’ex- 
trémité serait encore chargée de sa graine. Malheureusement 
ces végétaux sont si petits,qu'il paraît difficile de tenter sur 
eux de pareilles expériences. Peut - être le hasard offrira-t-il un 
jour des espèces plus grandes. Peut-être les rivages de la mer 
en contiennent-ils qui ont toutes les conditions demandées. 
Quoi qu'il en soit, une question de cette nature ne saurait être 
oiseuse , et quand elle sera résolue, elle éclaircira la question 
de la dispersion des germes dans les grands végétaux. 


Mais s'il est facile de ramener la reproduction qui nous occu- 
pe, à quelques unes de celles dont nous avons précédemment 
parlé , il ne l’est pas également de ramener ce genre de con- 
ferve au système de Linné. Comment aperçevoir ici ces organes 
sexuels des autres végétaux: où sont les étamines , où sont 
les pistils ? Vatil une fécondation? S'il y en a une, comment 
s'opére-t-elle ? Sans doute qu'il n’est pas facile de répondre à : 
chacune de ces questions; cependant , pour ce qui regarde la 
fécondation , qui est ici le point essentiel , il n’est pas impos- 
sible de concevoir que ces germes intérieurs ne puissent être 
et ne soient réellement fécondés. Cette opération réduite à ses 
plus simples termes , ne suppose pas nécessairement des éta- 


D'EAU DOUCE. 127 


mines , des pistils , ni toute cette admirable ccnstruction que 
lon remarque dans les autres plantes: il suffit uniquement de 
concevoir un germe qui contienne en petit la plante, etune pous- 
sière qui le féconde, ou, ce qui est la même chose, qui déter- 
mine son accroissement. Or nous avons ici tout ce qui peut 
être nécessaire à cette singulière opération. Car, quoique nous 
n’ayons pas vu les germes , il n'est pas difficile de les supposer ; 
et par rapport à la matière fécondante , nous avons dit que les 
bourrelets lorsqu'ils avaient pris leur accroissement , étaient 
constamment enveloppés d’une atmosphère de poussière , et que 
cette matière était si abondante , qu'elle dérobait entièrement 
aux yeux , les premiers développemens des jeunes conferves ; 
ainsi donc sans prétendre que la nature ne puisse pas développer 
les êtres organisés à moins qu’elle ne les ait fécondés, jaffirme 
que les prolifères ne sauraient être une objection solide à une loi 
si constante, puisque l’on peut voir dans ce genre comme dans 
les autres, des germes et de la poussière , et qu’on trouve dans 
plusieurs de ces espèces, ces grains brillans que nous avons 
souvent considérés comme pouvant faire et faisant les fonctions 
des étamines dans les grands végétaux. 

J'ai dit plus haut que j'avais apporté moins d'attention aux 
espèces de ce genre , qu'à celles des précédentes , et voici pour- 
quoi. 1.° Ces espèces ne se sont présentées à moi que plus tard 
et dans un temps où j'avais presque achevé mon travail. 
2° Comme j'avais sans cesse cherché sur les prolifères des fécon- 
dations semblables à celles des autres conferves , j'ai négligé 
pendant long-temps , de les considérer sous le point de vue qui 


128 HISTOIRE DES CONFERVES 

pouvait me faire connaître ces plantes. 3 Ces végétaux ne 
présentant rien de si remarquable que ces fécondations dont jai 
parlé , et n'offrant d’ailleurs dans leur organisation rien qui pût 


flatter les veux ou piquer la curiosité, ont été naturellement, 


peu étudiés, J'en ai décrit un moins grand nombre que la 
nature n'en doit offrir : ils présentent sans doute des phé- 
nomènes qui leur sont propres, et sur-tout ils se multiplient 
avec une rapidité presqu'inconcevable , car c'est dans l'espace 
de quelques mois et souvent de quelques semaines, que les 
prolifères couvrent des fossés dans lesquels on n'en voyait 
auparavant aucun vestige. 


Si je n'ai pas dit tout ce que j'aurais pu dire, au moins je 
n'ai rien écrit que je n’aie vu, ou que je n'aie cru voir. La rivu- 
laris, par exemple, pousse bien des bourrelets, j'ai vu sou- 
vent ses renflemens et au moment où je rédige cet ouvrage, je 
les vois encore; cependant j'ai toujours quelque sentiment inté- 
rieur qui semble me persuader que ces plantes, indépendamment 
de leurs bourrelets, se multiplient de quelque autre manière: 
Par exemple la parasite de la polysperme glomérée , conferva 
glomerata de Linné qui -est ma sixièmeespèce ne peut guères 
s'implanter sur les tubes d'une autre conferve , sans le secours 
de quelques germes. Quoi qu'il en soit, de cette manière que 
je soupçonne sans la connaître , elle ne peut pas faire oublier 
la première, qui n'appartient pas aux autres familles , mais qui 
est propre à ce genre. 


Les espèces que je décris ne sont pas toutes nouvelles. Indé- 
pendamment 


un ve 


D'£.A UN 0 40 El 129 


pendamment de la rivwlaris de Linné, j'ai devant les yeux une 
espèce de Muller recueillie aux eaux de Meinberg et de Pyrmont, 
que jai trouvée en abondance, et quil désigne sous le nom 
de vesicata, en ajoutant qu’elle est rare (1 ).. Quant à la 2de. 
qui me paraît évidemment prolifère , et qu'il appelle saccata, 
je ne l'ai jamais trouvée. La seule inexactitude que je reproche 
à ces deux descriptions, c'est de représenter les tubes de ces con- 
ferves comme simples, tandis qu'ils sont articulés ; mais par 
rapport à l'espèce qu'il nomme bwrsasa, elle. doit appartenir 
aux ectospermes , et ses appendices extérieurs sont ces galles 
dont j'ai souvent parlé dans la description de cette famille Voyez 
en particulier ectosperme en bouquet Fig. 8.%° PL 3m. 


Les espèces de ce genre sont les suivantes. 


N° 1. Prolifère des ruisseaux Prokifera rivuluris. Fig, 1. 

Filamentis longissinis, binc arque binc incrassatis ; loculi longitudine 
lagitudinenn pluries excedente. 

Conferva rivularis. Linnœi. 

Filamens trés-longs , çà ct là renflés ; la longueur de læ cloi 
son surpasse plusieurs fois sa largeur. 

Ses filets sont fra beau vert, surtout dans, leur, premier 
développement : la matière qui les remplit occupe toute l'éten: 
due des loges, clle contient les mêmes s grains brillans que nous 


( 1 ) Noya acta Petropolitana, Ann, 8s. Pars 3e Pr:98, et, seg. 
| KR 


130 HISTOIRE DES CONFERVES 


avons aperçus dans toutes les conjuguées ; elle est rude au 
toucher , ét sans doute qu’elle est douée d’une plus grande 
ténacité que la plupart des autres espèces ; car elle suit en 
longs filets la main qui veut la prendre. Ses bourrelets naissent 
sur la cloison, qu'ils entourent en imprimant au tube une cour- 
bure assez sensible ; elle est libre et flottante, mais. ses longs 
filets s’entortillent aux corps qu'ils rencontrent et qui les arré- 


tent. C'est avec cette espèce que l’on a tenté dernièrement de . 


faire du papier (1 ). 


N.° 2. Prolifère frisée. Prolifera crispa. Fig. 2.me 

Eilamentis" intricatis, hinc atque hinc surculos bamatos emmittentibus ; 
loculi longitudine latitudinem pluries excedente. 

Filets entrelacés et frisés , poussant çà et là des rejets en 
hameçon et solitaires; la longueur de la cloison surpasse plu- 
sieurs fois la largeur. 


Ses filets sont d’un vert plus foncé que ceux de la précédente : 
on la rencentre en grande quantité dans Les ruisseaux d’eau vive, 
ét surtout sur les bords du Rhône, au commencement du prin- 
temps, et jusqu'à la fin de Thermidor : elle est libre et flottante. 
En l'observant au microscope, on ne voit pas d’abord en quoi 
élle différe de lespèce précédente; ses tubes ont en effet le 
même diamètre ét sont semblablement cloisonnés : cependant 


€ 1-) C’est au-moins celle qu'a employée le Citoyen Colladon Martin, Fe 
papier qu'il en a obtenu et qui pouvait servir à plusieurs usages, était moins 


blanc que les päpiers ordinaires. 


Pa 


D'EAU DOUCE. I31 


comme cette dernière a toujours ses filets fort étendus, tandis 
que dans l’autre ils sont constamment pelotonnés ; et comme 
on les rencontre toutes deux dans le même temps, chacune 
avec le caractère qui lui est propre, je n'ai pas jugé que je 
dusse entiérement passer sous silence cette seconde espèce , 
d'autant plus que ses nouveaux filets ne se développent pas 
uniquement sur les bourrelets , mais qu'ils naissent dans toute 
l'étendue du tube, où ils sont solitaires et en hamecçon, tan- 
dis que ceux de la rivularis sont nombreux et non recourbés. 


N° 3. Prolifère cotonneuse. Prolifera floccosa. Fig. 3. 

Filamentis longissimis , minutissinis; loculi longitudine latitudinem vix 
excedente. 

Filamens très-longs, et trés- fins ; la longueur des cloisons 
surpasse à peine la largeur. 


On la rencontre dans les eaux vives et tranquilles où elle 
forme des Aocons extrêmement épais d'un vert un peu jaune : 
elle se multiplie avec une telle rapidité, qu'elle couvre au bout 
* de quelques jours des places considérables dans lesquelles on ne 
l'avait pas d’abord aperçue : c'est la plus petite de toutes les 
espèces que j'ai décrites dans le cours de cet ouvrage : elle a, 
comme on le verra, quelque ressemblance avec les tremelles; 
mais elle est cloisonnée d’une manière fort différente , et ne 
paraît pas douée du moindre mouvement. Je l'ai placée parmi 
les prolifères, quoique je ne l'aie jamais vue donnant des bour, 
relets ; l’espace vide qui se trouve entre ses cloisons , et le petit 


grain sphérique qui en occupe le centre, semblent au contraire 
R 2 


132 H1iSTOIRE DES CONFERVES 


ndiquer qu'elle appartient à un autre genre : cependant , comme 
jamais elle ne s’est réunie pendant le cours de trois ans, et 
qu'évidemment elle n'appartient pas à la famille des ectos- 
permes , j'ai cru devoir la ranger parmi les prolifères, auxquelles 
elle ressemble d’ailleurs beaucoup par son port, jusqu’à ce que 
le temps et l'observation lui aient assigné sa véritable place. 
Le diamètre de son tube varie un peu, de même que l'intérieur 
des loges. 


N° 4. Prolifère en vessie. Prolifera vesicata, Fig. 4."e 


Filamentis inflatis; incrementis sphæricis ; tubis semi repletis. 

Conferva vesicata. Mull. Nova act. Petrop. Pars 3a. 

Filamens enflés, renflemens sphériques ; tubes à demi rem 
plis par la matière verte. 


Elle est parasite des feuilles et des tiges des plantes aqua- 
tiques qu'elle recouvre ; sa couleur est d'un vert glauque; elle 
forme de petits flocons extrêmement fins qu'on prendrait dif 
ficilement pour des conferves. Lorsqu'on l'observe au micros 
cope, on la distingue toujours par ses rérnflemens exactement 
sphériques , qui sont tantôt pleins , tantôt remplis d'une matière 
opaque. Le tube lui-même ne paraît pas entièrement rempli , 
mais la matière qu'il contient s'y trouve irrégulièrement dis- 
séminée. Cette prolifère est fort commune au printemps dans 
tous les fossés où elle se mêle fréquemment avec les autres 
conferves. Il n’est pas rare de voir ses renflemens pousser des 
filets. Muller, qui la décrit, la présente comme ramifiée ; cepen- 
dant elle m'a toujours paru formée de filets ‘simples. 


DFE ABGUL DE 0 TR GiIR: 12 


V9 


N° 5. Prolifère composée. Prolifera composisa, Fig. $.me 

Filamentis incrassatis; incrementis cylindricis , surculis incrassatis. 

Filets à bourrelets; les rejetons des bourrelets sont égale- 
ment pourvus de bourrelets. 


Cette prolifère habite avec les conferves des autres genres ; 
dont elle est souvent parasite : elle ne m'a rien offert de plus 
remarquable , que des rejetons déjà pourvus de bourrelets prêts 
à donner d’autres filets ; si cette faculté de pousser des bour- 
relets s’étendait jusqu'aux filets du quatrième et du cinquième 
ordre, cette plante ainsi divisée offïirait une figure assez bizarre. 
Je ne peux pas assurer qu'elle soit cloisonnée, mais j'ai lieu 
de le croire. Elle diffère de la prolifère N° 1. par le peu d’éten- 
due de ses filets et par les lieux où “elle croit. Je l'ai trouvée 
recouvrant les filets de l'ectosperme à bouquet , quoique j'aie 
dit dans le discours préliminaire , que les espèces de ce genre 
n'avaient pas de parasite : c'est là une exception dont il sera 
facile de rendre raison , quand on examinera avec plus de soin 
cette prolifére attachée à l'ectosperme. 


N.° 6. Prolifère parasite. Prolifera parasitica. Fig. 6." 

Filamentis mediocribus, dissepimento divisis ; granulo intermedio. 

Filamens d’une grandeur médiocre, cloisonnés et dont les 
Joges sont remplies d'un grain opaque. 


C'est la parasite de la conferva glomerasa Lin. dont jai beau- 
coup parlé à l’occasion de cette dernière plante ; je crus long- 
temps qu'elle était elle-même la conferve glomerulée, qui se 
multipliait par bouture; je ne fus pleinement détrompé que 
lorsque je vis ses cloisons , le grain obscur qui les remplis- 


34 HISTOIRE DES CONFERVES 


sait, et que japerçus ses filets donner eux-mêmes de nou- 
velles plantes. Je ne sais pas précisément comment se fait 
cette reproduction , mais je soupçonne que le grain intérieur 
grossit et se développe en tous sens. On peut voir Fig. 6. 
les empâtemens que forme cette plante sur le tube de la con- 
ferve qui lui donne naissance : elle ressemble beaucoup à la 
prolifère cotonneuse du N°3, mais celle-ci ne m'a jamais paru 
habiter sur d’autres conferves, et n'a jamais danné de bourrelets. 
C'est en Prairial et en Messidor de l'an IX qu’elle se déve- 
loppait sur des tubes quelle recouvrait en entier; dès lors je 
n'ai pas eu occasion de l’observer. On apercevait à l'œil, ses 
nombreux bourrelets ; c'était une multitude de points blancs: et 
brillans qui couvraient toute la plante. 


DE: ACCUS X 0 CE 135 


CONCLUSION. 


"Lers sont les faits nouveaux que j'avais à annoncer sur les 
conferves d'eau douce. Ils sont nombreux si l’on entre dans les 
détails , et que l’on considère en particulier chaque espèce : 
mais si Von prend le sujet dans son ensemble , l'on verra que 
cet ouvrage ne contient qu'un seul fait, celui de la reproduc- 
tion des conferves. | 


Cette reproduction , il est vrai, présente dans cet OUVragE 
des phénomènes extrêmement variés; d'abord on n'aperçoit 
dans ces plantes qu'une organisation assez semblable à celle des 
autres végétaux ; elles ont des grains extérieurs , auprès des. 
quels semblent placées des étamines. Voyez la Planche des 
ectospermes. Bientôt la scène change, et les reproductions, au 
lieu de s’opérer comme dans les plantes , ressemblent au con- 
traire à celle des animaux ; les individus s’approchent et se réu-. 
nissent. Voyez la Planche des conjuguées. La reproduction qui 
succède à cette dernière , n’a rien de commun avec elle. Elle 
consiste dans un développement de l'être organisé , au moyen 
duquel chaque partie de l'ancien tout, devient lui - même un 
être nouveau , sans que la nature semble avoir besoin, pour 
opérer cet accroissement ; de l'intermède de la fécondation. 
Voyez la Planche des hydrodictyes. La quatrième famille au 


136 HISTOIRE DES CONFERVES 


contraire reproduit des grains comme la première, mais ses 
semences sont intérieures, et loin de se féconder au milieu de 
l'air , elles sortent en se développant de l'intérieur d’un tube 
étroit qui les contenait par milliers. Voyez la Planche des polys- 
permes. La cinquième famille, peut-être plus singulière encore 
que les précédentes , est formée d’anneaux qui tous séparément 
sont une graine, et dans lesquels, comme dans une membrane 
transparente, on voit rénfermé l'embryon qui, après avoir rompu 
sa tunique, sort de tous les côtés. Voyez la Planche des 
batrachospermes. Et enfin dans la sixième et dernière des famil- 
les , celle des prolifères ; les conferves, comme de grands végé- 
taux, se multiplient par des rejets ; et chaque section du tube, 
jouit de la propriété de pousser des filamens , lesquels à leur tour 
en pousseront encore d’autres, qui multiplieront ainsi la plante 
pendant la suite des années et des siècles; en sorte que dans 
un nombre assez borné de plantes que les botanistes avaient 
autrefois réunies en un seul genre , la nature semble présenter 
plus de phénomènes sur la génération, qu'elle n'en offre ail 
leurs dans des classes très-nombreuses d'êtres organisés, 

Le nombre des espèces dont je présente Ia reproduction est 
jusqu'à présent de trente-huit: dix d’entrelles appartiennent 
aux ectospérmes, quatorze aux conjuguées, une aux hydro- 
dictyes, deux aux polyspermes , cinq aux, batrachospermes , 
et le reste aux proliféres. J'aurais pu aisément rassembler un 
plus grand nombre d'espèces, principalement dans la seconde 
et la, sixième, famille, et je l'aurais fait sans doute , Si l'hiver 

et s- printemps de cette année an X, n'avaient contrarié mes 
projets 


MAÉ ELA UN UUi € x; 137 


projets. La sécheresse de l’un et l'extrême rigueur de l’autre , 
ont détruit presque toutes les conferves. Je présente donc un 
ouvrage moins complet quil ne devait être, mais le temps et 
l'observation acheveront ce que j'ai cominencé. 


C’est à dessein que j'ai omis un assez grand nombre d'espèces : 
toutes celles dont l'organisation ne s’apercevait que difficilement 
au microscope, et dont je ne pouvais guêres espérer de con- 
naître les semences , ne sont pas décrites dans cet ouvrage. 
J'ai cru qu'il fallait d’abord commencer à dégager cette nou- 
velle route , des obstacles qui pouvaient s'y trouver. Lorsqu'on 
sera plus avancé dans cette étude , on pourra donner une 
énumération plus complète. Les premières conferves étudiées 
- rendront les autrés plus faciles. En attendant il m'a semblé que 
ces plantes imperceptibles que j'ai quelquefois rencontrées sur 
le champ de mon microscope , avaient été plutôt faites pour 
donner à l'homme une idée de l'infinité des productions de la 
nature que pour devenir l'objet particulier de ses études , et 
qu'on ne pouvait guères espérer de parvenir à leur connais- 
sance, tant qu'on n'aurait pas des instrumens plus parfaits. 


Cependant j'espère qu'il sera facile de reconnaître celles 
que je décris, et le travail qu'exigera cette étude sera plus 
agréable que pénible : il suffira d'un microscope pourvu de 
six lentilles dont on emploiera seulement la troisième : on 
mettra sur le porte-objet quelques brins de conferve, ét après 
les avoir éclairés, on reconnaïîtra je crois sans peine, quelle est 
Yespèce que l'on examine, Il n'y aura de difficulté que pour 

S 


139 HISTOIRE DES CONFERVES 


quelques prolifères ‘et pour les polyspermes qui ne sont pas 
pourvues de graines : les tubes de ces premières ont trop de 
ressemblance pour pouvoir être distingués, mais on s’aidera 
de la description, en se rappelant le lieu où vivait la plante 
et ses habitudes particulières ; on achevera de lever les doutes. 
Plus on fera de pas dans cette étude, plus l'on recon- 
naîtra d'espèces de conferves, plus l’on verra par ses propres 
yeux les phénomènes que j'ai décrits, et plus aussi les plaisirs 
que procurera cette occupation , seront vifs et multipliés. 


Je ne crains point de proposer de pareilles occupations à 
tous les hommes qui ont le goût de l'observation , et qui aiment 
les beautés de la nature. Si leur position et leur fortune leur 
permettent quelques loisirs , ils ne sauraient les employer plus 
heureusement. Toutes les fois qu'en histoire naturelle on a un 
but déterminé, et qu’on a fait choix de quelque objet d’études, 
les travaux auxquels on se livre deviennent plus agréables et 
en même temps plus utiles : les botanistes qui feront des décou- 
vertes dans cette science qui en offre un si vaste champ , non seu- 
lement éprouveront un plaisir vrai, mais de plus ils en conser: 
veront un long souvenir. Toutes les fois quils verront le lieu 
qui en aura été le théâtre , il leur rappelera les objets avec 
lesquels il est lié. Pour moi je l'avoue, je ne vois pas sans inté- 
rêt , le lieu où j'apperçus pour la première fois les graines flot- 
tantes de mes ectospermes, ni celui où je surpris le réseau de 
lhydrodictye dans son premier développement. Les espèces 
inême de conferves que j'ai long temps visitées , et dont je n'ai 
reconnu la fructification qu'avec peine, minspirent un genre 


DE AU: AD lOXU CE. 139 


d'attachement qêe je sens plus que je ne puis l'exprimer. J'aime 
à voir naître et se développer auprès de moi les espèces avec 
lesquelles je suis pour ainsi dire en connaissance. J'éprouve- 
rais quelque peine si je savais que quelques-unes d’entr’elles 
vinssent à être détruites. Cette connaissance que jai acquise 
me semble une espèce d'empire que je désire encore éten- 
dre. Je me dis quelquefois , quand quitterai-je les environs de 
Genève ? Quand verrai-je les bords de la mer ? La Méditerranée L 
l'Océan ? Cette conferve vagabonde dont parle Linné qui flotte 
sur la mer comme nos conjuguées flottent sur les eaux ? 
Je ne crois pas que l'on trouve ailleurs un genre de vie 
plus heureux , ni que la société fournisse aux hommes des 


plaisirs plus vrais que la nature n'en procure à ceux qui 


l'aiment. 


Je n’ai rien dit de l'utilité des conferves et je ne pouvais rien 
en dire: des plantes si peu connues, et jusqu'à présent si 
négligées , n'offrent pas encore de grands avantages à l'huma- 
nité, mais elles pourront un jour en offir. Il faut étudier 
avec soin une production, quelque vile qu'elle paraisse ; ce 
n'est que par la connaissance de ses propriétés qu’on arrive à 
ses usages. Quand on raconterait à un homme qui n’en 
aurait jamais entendu parler , la plupart de nos expériences 
chimiques, il nen tirerait pas d'abord les conséquences que 
nous en avons ensuite déduites ? Mais dans ces matières, il 
faut toujours séparer l'utilité prochaine de l'utilité éloignée. 
L'utilité éloignée se rapporte au perfectionnement de l'esprit , 


et au développement des connaissances. Or , qui pourrait doutes 
S 2 


140 HISTOIRE DES CONFERVES 


que l'étude des plantes de quelque genre qu’elles soient n’en- 
richisse notre entendement , en exposant à nos yeux une plus 
grande partie du plan du Créateur, et ne nous prépare peut- 
être à des vérités d’un ordre trésrelevé. Ce fut un beau jour 
pour la science naturelle, que celui où Trembley découvrit le 
premier la reproduction des polypes par bouture: cette heu- 
reuse découverte manifesta un de ces rapports inconnus, qui lient 
les deux rêgnes. Elle fit ensuite connaître dans un grand nom- 
bre d'animaux, des propriétés qui jusqu'alors avaient été igno- 
rées. Ce fut également un beau jour pour la botanique que 
celui où Hedwigg découvrit la reproduction des mousses et 
ramena cette nombreuse famille de végétaux à la loi générale 
des sexes. Sans doute que je ne mets pas les découvertes que 
Jannonce au même rang que celles de ces hommes à jamais 
célébres ; mais il suffit qu'elles fassent connaître des faits nour- 
veaux pour qu'elles ne soient pas sans quelqu'intérêt pour 
Ja science ; or il me semble qu'on n'avait pas encore vu en 
histoire naturelle des végétaux dépourvus d'ailleurs en appa- 
rence de toute sensibilité, se rechercher et s'unir comme des 
animaux , avant de donner des graines fécondes. Le système 
de l'emboîtement avait déjà été exposé, les brillans travaux de 
immortel Haller , le plus grand peut-être et le plus éloquent des 
naturalistes, avaient mis cette vérité à l'abri de toute atteinte : 
mais il ne l'avait montrée que dans les animaux, et je fais 
voir et toucher aux yeux , pour ainsi dire , qu'elle s'étend égale- 
ment aux plantes les plus viles en apparence, à celles que 
naguëres nos plus grands botanistes ( 1 ) croyaient se former 


© 


( x ) Dillen, Prœfario Histor. Muscor, Page x, 


BPM A Us DN OU: :E EH 141 


d’elles-mêmes dans la fange des marais. Les fonctions de la pous- 
sière fécondante étaient suflisamment connues , on savait que 
son action était nécessaire au développement des êtres orga- 
nisés, mais je ne sais si l'on avait vu cette poussière opérer 
dans le sein de l'eau comme dans celui de l'air, et rendre 
fécondes des graines encore contenues dans l'intérieur de la 
plante. En un mot on ne peut douter que les lumières que four- 
nit cet ouvrage sur quelques points obscurs de la Physiologie, 
n'éclaircissent , ne développent et ne modifient quelques -unes 
de ces grandes lois par lesquelles la providence gouverne les 
êtres. Indépendamment de ce genre d'utilité que je pourrais 
développer davantage, les conferves ont sans doute des rapports 
avec l'ensemble de l'univers, sur-tout avec cette terre ; leur usage 
le plus connu consiste à putifier l'air des marais en absorbant 
la partie impure pour rendre l'oxygène. Plusieurs chimistes 
se sont assurés de cette propriété par des expériences directes 
qui leur ont donné des résultats uniformes. L'on ne peut 
guère douter de cet usage, lorsqu'on retrouve ces mêmes plantes, 
dans tous les lieux où l’eau a séjourné pendant quelque temps. 
On conclut la même chose, lorsqu'on voit les nombreuses bulles 
d'air que fournissent leurs filets , principalement dans les jours 
où le soleil éclaire l'horizon. Cependant il importe de remar- 
quer que ce n'est que dans les eaux pures-, ou peu altérées 
que les conferves remplissent ces fonctions; car, dés que le 
liquide dans lequel elles sont renfermées s'est corrompu , les 
plantes , au lieu de contribuer à le purifier, périssent elles-mêmes, 
et l'odeur infecte qu'elles exhalent, indique assez qu'elles sont 
en pleine putréfaction, 


142 HISTOIRE DES CONFERVES 


Pour ce qui regarde l'utilité de ces mêmes plantes par rap- 
port aux arts et aux besoins de la vie, elle n'entre pas dans 
mon sujet. Je me contenterai de dire que les espèces marines 
plus durables que les nôtres , pourraient être utiles à la teinture, 
si l'on en juge du moins par les belles couleurs qui les distin- 
guent. J'ai vu quelques-unes de nos espèces teindre en rouge 
ou ennoir , l’eau dans laquelle elles avaient séjourné, et je sais 
que l’on a depuis quelque temps essayé de fabriquer du papier 
avec la conferve rivulaire de Linné, et que l'ouvrage même 
qui rendait compte de cette découverte, avait été imprimé 
sur ce papier qui était gris et assez grossier. 


Par rapport à l'analyse chimique de ces mêmes plantes, je 
ne l'ai pas essayée, et je m'en rapporte entièrement à ce qu'ont 
décidé sur ce sujet des hommes trop habiles pour se tromper, 
Je sais qu'ils ont trouvé que les différens produits qu'elles don- 
naient ne les plaçaient pas parmi les animaux , mais au contraire 
parmi les plantes : je me permettrai cependant de remarquer 
que les conferves, différant entr'elles par leur organisation, 
leur substance doit différer par les produits, en sorte que dans 
les analyses qu’on en fait, non -seulement on ne doit prendre 
que la même espèce , mais encore il faut dégager cette espèce 
des animalcules sans nombre qui y vivent , et s'il se peut, 
ne l’observer que dansle même âge; d’ailleurs je ne comprends 
pas comment un tel produit indiquerait nécessairement un 
être animé, et tel autre une plante. Le Créateur n'atil pas pu 
varier dans les différens êtres, non - seulement les proportions, 
mais encore les composans du composé , sans que pour cela La 
nature de l'être organisé en fût changée. 5 


* DAELAIU: FDÉD DCE: 143 


Il me reste à examiner, avant de terminer ce chapitre, la 
question si souvent débattue de l’animalité des conferves , à 
laquelle vient de donner un plus grand développement le Cit. 
Girod-Chantrans dans l'ouvrage publié depuis quelques mois, 
et intitulé Recherches microscopiques ( 1 ). J'observai d'abord avant 
d'exposer mon opinion , que ces questions générales doivent 
toujours être résolues dans les questions particulières qui les 
composent ; que, par exemple , il nest pas d'une saine logi- 
que de prononcer quelque chose à cet égard, avant d'avoir 
examiné séparément chaque conferve , et de s'être assuré par 
l'observation , si les phénomènes que présentent les unes sont 
semblables à celles qu'offrent les autres ; et comme les con- 
ferves connues jusqu'à présent peuvent facilement être distri- 
buées en six familles, il s'ensuit que la question générale : 
les conferves sont-elles des animaux ? doit être changée en 
celle -ci, la première famille des conferves est-elle animée, la 
seconde lest-elle etc. ? Et l'on ne peut prononcer sur la 
question générale qu'après avoir décidé toutes ces questions 
particulières. C’est ce qu'a vu le Cit Girod-Chantrans luimême, 
lorsqu’en décrivant ses diverses espèces , il a décidé que les 
unes étaient animées , tandis que les autres ne l’étaient pas. 


Or si l'un des caractères les plus marqués de l’animalité est 
la faculté de se mouvoir, et si nous ne pouvons pas placer 
parmi les animaux des êtres d’ailleurs inconnus, lorsqu'ils ne 


( 1) Recherches chimiques et microscopiques sur les conferves, les bisses 
ct les tremelles, Paris an X, 


144 HISTOIRE DES CONFERVES 


nous ont donné aucun signe de mouvement, je déclare d'abord 
que pendant les trois années où j'ai observé les conferves , je 
ne leur ai jamais aperçu aucun mouvement qui ne fut pas 
occasionné par l’eau dans laquelle elles étaient plongées, quoïi- 
que je cherchasse souvent à leur en trouver, et que je fusse 
prévenu de l'idée qu'elles pouvaient bien se mouvoir. 


Voilà d'abord ce que je peux généralement affirmer : pour ce 
qui regarde en particulier mon premier genre, celui des ectos- 
permes , indépendamment de ce qu'il ne m'a offert aucun exem- 
ple de mouvement spontanée , il avait trop de rapport avec 
les végétaux pour quil fut facile de l'en séparer: en effet lors- 
qu'on voit un être organisé, donner des graines qui le repro- 
duisent , lorsqu'on voit ses nouvelles productions se charger à 
leur tour de nouvelles semences, lorsqu'on trouve placé dans 
le voisinage de sa graine, le corps que l’on peut prendre pour 
la fleur même, quelle raison pourrait-on avoir de ne pas con- 
sidérer un pareil être, comme un végétal aussi parfait dans 
son espèce que ceux d'un rang plus élevé ? 


J'avoue que la seconde famille m'a présenté plus de difficulté 


relativement à la mêmé question. Ces tubes, dont les bourrelets. 


se greffent comme par approche sur les bourrelets du tube voi- 
sin, en sorte que dans toute sa longueur et dans toutes ses 
cloisons une conjuguée communique avec une autre, mont 
laissé long-temps incertain sur l’idée que je devais m'en former. 
J'ai souvent désiré de voir la manière dont ces tubes se rap- 
prochaient et parvenaient enfin à se réunir. Mais je n'ai jamais 

aperçu 


chrétiens "tu. à - 04 


D'EAU DOUCE 3 0 TA T 


aperçu sous le microscope aucun mouvement d'un des tubes 
vers l’autre , je n'ai de même jamais vu les bourrelets se for- 
mer sous mes yeux, et s'accrocher les uns avec les autres. Ce 
mouvement doit donc être extrêmement lent, si du moins 
il a lieu, et si la réunion ne s'opère pas au moyen de 
l'eau dans laquelle flottent ces conferves. Ces plantes toujours 
rassemblées en grand nombre , et se touchant presque en tout 
sens, peuvent aisément s'unir ; et rien n'empêche qu'il n'y ait, 
à l'extrémité de ces bourrelcts, quelque matière glutineuse , ou 
quelques crochets assez recourbés, pour qu'après s'être réunies, 
elles se maintiennent ensuite dans le même état. IL se passe sans 
doute ici quelques phénomènes semblables à ceux qui ont lieu 
lorsqu'une plante se dirige vers la lumière, ou bien lorsqu'elle 
s'accroche par ses vrils, ou enfin lorsqu'elle retourne ses feuil- 
les renversées. Or, puisque nous ne croyons pas que les grandes 
plantes soient des animaux , quoiqu’elles exécutent quelques mou- 
vemens de la même manière, nous ne devons pas croire que 
les conjuguées soient des animalcules , parce qu'elles poussent 
des bourrelets. Il faudrait pour établir leur animalité qu'elles 
fussent composées de parties distinctes les unes des autres, 
qu'on y trouvât quelque chose , qui ressemblât par exemple 
à une tête, ou à un corps; que son organisation intérieure püt 
se rapporter à celle de quelqu’animal , et enfin qu'indépendam- 
ment de ses bourrelets , elle füt capable de quelques mouvemens 
volontaires; or, comme rien de tout celane se rencontre dans 
cette plante, comme au contraire elle est composée de cloisons, 
ainsi que la plupart des autres conferves , comme de plus ses 


#5 


146 HISTOIRE DES CONFERVES 


loges séparées forment tout autant de végétaux, il s'en suit que 
la conjuguée est une plante, et qu'elle en a les propriétés. 


Pour ce qui concerne les autres familles , elles doivent évi- 
demment être placées parmi les végétaux. Les polyspermes ont 
leurs graines, les hydrodictyes se multiplient par le dévelop- 
pement simultané de toutes leurs parties ; dans les batrachos- 
permes chaque anneau contient un germe ,et dans les prolifères- 
la reproduction est trop semblable à celle qu'on observe dans 
les plantes, pour qu'il y ait à cet égard le moindre doute Je 
n'ai apercu dans ces familles aucun fait qui pût me faire 
croire à leur animalité ; et, si les mouvemens rapides de 
quelques batrachospermes placées dans les eaux courantes, 
ont pu faire conjecturer à quelques naturalistes que ces plantes 
étaient animées, jamais un examen attentif de ces diverses 
espèces n’a confirmé ces opinions. 


Cependant le Cit. Girod - Chantrans affirme que la plupart des 
conferves sont des animaux qui se multiplient de plusieurs 
manières. Les formes de productions qu'il leur assigne , sont 
par conséquent fort différentes de celles que je leur ai reconnues, 
etelles ont été examinées fort en détail , dans le Journal de Physi- 
que. (1) Cet auteur leur donne en général le nom de Polypiers, 
et il les considère sous trois points de vue. 1°. Comme des 


( 1 ) Journal de Physique an X. Rapport sur les conferves, fait à le 
Société Philomat. parle Cit. De Candolle, 


NP SR | 


à mit mat dE Én A et be de ut de ie A A ne 


D'EAU EN Gi U CE. | 147 
polypes. 2° Comme des espèces de polypiers. 3° Comine des 
aggrégations d'animalcules accolés les uns aux autres, immo- 
biles , lorsqu'ils sont réunis, et doués, lorsqu'ils sont séparés 
de la faculté de se mouvoir, d'un mouvement spontané, et 
girigé dans tous les sens. 


Je ne peux rien prononcer sur les conferves que je n'ai point 
encore vues. Il est possible que la nature toujours si variée 
dans ses moyens , ait donné à quelques-uns de ces êtres que 
nous désignons par le nom de conferves, des formes de repro- 
duction, et des facultés qui n’appartiennent point aux autres. 
Les phénomènes que nous ont offert les conjuguées peuvent 
nous en faire soupçonner d'autres , et nous apprendre à ne 
pas hasarder des jugemens inconsidérés : -mais les espèces 
qui sont communes aux deux ouvrages, et dont le nombre est 
assez considérable, ne peuvent pas être regardées comme des 
polypiers , elles m'ont toujours paru des plantes bien caractéri. 
sées, et douées de la plupart des propriétés qui appartiennent 
aux végétaux. Elles croissent par l'extension de leurs extré- 
mités, elles portent des graines , les semences de plusieurs 
des espèces sont accompagnées des organes qui les fécondent, 
les plantes qui les donnent périssent après les avoir fournies , 
et ce quil y a de plus décisif dans cette question , les confer- 
ves dont je rends compte ne m'ont jamais offert aucun mou- 
vement , ni aucun genre de sensibilité qui püt les rapprocher 
en quelque point de la classe des animaux. J'en excepte cepen- 
dant les conjuguées. 

T2 


148 HISTOIRE DES CONFERVES 


Je suis assez surpris que le Cit. Girod-Chantrans qui a observé 
ces végétaux avec tant de zèle, n'ait jamais aperçu les graines 
de mes ectospermes , et en particulier celles de l'ectosperme 
terrestre, bissus velutina de Linné , qui sont si communes. Micheli 
cependant les avait déjà reconnues ( 1}. Il les représente même 
dans son ouvrage , et il les prend pour ce qu’elles sont, c'est 
à-dire pour des semences. Or, quoique je ne représente pas ces 
graines comme germant, cependant je les ai vues se développer; 
et qui pourrait douter ,en les comparant à celles des antres espé- 
ces du même genre, qu’elles ne soient réellement des semences ? 


Je suis également étonné que le même observateur qui a 
examiné plusieurs de mes conjuguées, et qui est tombé sur 
les mêmes espèces que je présente, voyez Fig. 26, 27,56, 
64, 70, 71,76, n'ait Jamais aperçu le phénomène de la réur- 
nion qui est pourtant si commun dans les mois du printemps; 
sans doute qu'il a observé ces plantes dans une autre saison. 
Cependant , il devait déjà connaître ce que les Cit. Coquebert 
avaient écrit sur cette matière. Or, s'il avait été témoin de 
cette réunion dont j'ai parlé si souvent, il aurait vu également 
les graines auxquelles elle donne naissance ; et, s’il avait suivi 
ces mêmes semences , il leur aurait vu produire des conjuguées. 


J'en dis autant des autres genres, en particulier, de celui des 
batrachospermes dont l'auteur décrit trois espèces. Ma batra- 


(1) Voyez Micheli gencra 211, 2. 89. fig. Se 


DIE AO: M 6 D Ci 149. 


chosperme moniliforme, qui est la Couferva gelatinosa de Linné, 
N° 63 du Cit. Girod, porte des graines tout le long de la tige. 
On peut même les découvrir à la vue simple ; ces graines 
observées au microscope sont en partie développées ; elles 
montrent des filets articulés et déjà pourvus de leurs ramifi- 
cations. Ces productions n'appartiennent donc pas aux animaux, 
et ne se multiplient pas, comme l'avait cru l'auteur des recher- 
ches sur les conferves. 


La cause de ces différences ne tient pas tant à l'exactitude 
de l'observation, qu'aux circonstances qui l'ont accompagnée. 
Comme je-connaissais depuis long-temps la facilité avec laquelle 
les conferves s’altéraient , lorsque l'eau qui les contient n'était 
pas renouvelée , j'ai eu soin de changer ce liquide aussi sou- 
vent que je le pouvais. Et parce que l'expérience m'avait appris, 
que malgré ces précautions, mes conferves s’altéraient encore , 
je me procurais de nouveaux échantillons pris dans les mêmes 
lieux qui m’avaient offert les premiers , en sorte que je pouvais tou- 
jours juger des altérations que ma plante avait souffertes. C’est 
ainsi que j'ai étudié : j'ai observé chaque espèce séparément , 
toutes les fois que je le pouvais, et j'ai parcouru, presque tous 
les jours, une partie des environs de Genève : il y a plusieurs 
espèces de conferves que j'ai suivies pendant trois ans, et j'en 
décris un grand nombre , dont je connais toute l’histoire. 

Il m'a semblé que le Cit. Girod-Chantrans n'avait pas 
employé des précautions du même genre. IL a laissé ses con- 
ferves séjourner plusieurs jours dans l’eau, et alors, comme il 


150 HISTOIRE DES CONFÉRVES 


était naturel de le penser, elles se sont décomposées ; en même 
temps il s'est développé un grand nombre d’animalcules, quil 


prend souvent pour des produits de la conferve , mais qui réel 


lement sont de vrais animaux déjà connus. Voyez dans 
sonouvrage, Pl 33m Fig 77m PL gr" Fig, 18e Ces'ani- 
malcules ainsi que plusieurs autres sont décrits depuis long-temps 
(x) par le célèbre Muller auteur de tant d'ouvrages sur lhis: 
toire naturelle , en particulier sur les animaux microscopiques, 
et qui dans une dissertation que j'ai fréquemment citée (2), 
annonce le premier plusieurs espèces de conferves que le 
Cit. Girod regarde comme inédites. 


Si les tubes de plusieurs espèces de conferves que cet auteur 
examine , se séparent en autant de parties qu'ils renfermaient 
de cloisons , cette circonstance ne provient que du mauvais 
état du liquide qui les contient et n'a aucun rapport à la repro- 
duction. J'ai vu la même chose toutes les fois que j'ai ramassé 


ma conferve dans des eaux croupissantes , ou , qu'après 


l'avoir recueillie, je l'ai entassée en trop grande quantité dans 
le même vase, ou enfin, lorsque j'ai négligé d'en renouveler 
l'eau, mes tubes, au lieu de se réunir, se sont détruits ; et l’eau 
qui les contenait exhalait une odeur fétide. Voyez mémoires 
chimiques etc. Fig. 26, 27, 56, 64, 70, 71, 76. 


Je ne dis rien de ces diverses reproductions qu'admet le Cit. 


( x ) ÆAnémalcula infusoria auctore Muller. 


(2) Nove acta Perropolitana ; Purs 3. P. go 


Re ue CS EC teint. 


sénat 


he LUE DO UaGE. ISI 


Girod, et dont la nature ne nous offre aucun exemple, ni de 
tout ce que présentent de singulier ees soudures par lesquelles 
s'accroit la conferve ; ni de tous ces animalcules qui, après 
s'être réunis, forment un polypier doué de vie: le Cit Girod 
lui-même en a été embarrassé , il a senti toutes les difficultés 
auxquelles donnait lieu une pareille supposition , et lorsqu'il 
organise son nouvel être, il ne marque pas assez exactement, 
comment se fait cette singulière opération, et quel est le moment 
précis où elle s'opére.  : 


Les reproductions que j'ai annoncées sont au contraire con- 
formes à l’analogie; je retrouve dans les conferves les graines 
dont toutes les plantes sont pourvues , et qui se développent 
comme celles des autres végétaux; je découvre, auprès des 
graines , les organes que je soupçonne fournir la poussière fécon- 
dante ; je vois mes conferves croître et se multiplier d'après la 
loi générale de la reproduction des êtres ; en sorte que, lorsque 
l'expérience n'aurait pas confirmé ce résultat , la raison l'aurait 
d'avance annoncé. 


Je l'avoue cependant, je suis réellement fâché des différences 
qui existent entre les opinions du Cit Girod et les miennes ; 
mais .deux amis de la nature, qui n'ont pour but que la décou- 
verte de la vérité ne peuvent pas manquer tôt ou tard de s’en- 
tendre. Si javais un jour le bonheur de me trouver dans les 
lieux qu'habite cet auteur, je lui montrerais ce que j'ai vu, et 
je l'en ferais juge : il déciderait lui-même, si les corpuscules que 
j'ai pris pour des graines reproduisent la conferve, si les con- 
juguées se réunissent , si les polyspermes ont des graines 


52 HISTOIRE DES CONFERVES 


intérieures , et je n’hésiterais pas à m'en remettre à son jugement. 
Je voudrais de mon côté qu'il me montrât quelques-unes des 
productions qu'il annonce , et je tâcherais de découvrir et de lui 
faire voir les causes de son erreur. En attendant, si cet ouvrage 
parvient jusqu à lui, quil sache quels sont les sentimens d'es- 
time que je lui ai voués , pour des travaux aussi multipliés 
que dificiles. Il n’y a que ceux qui se sont long-temps occupés 
d'observations de ce genre, qui peuvent comprendre combien il 
est facile de s’égarer; et si j'ai quelquefois découvert la vérité, 
je le dois moins à mes talens qu'aux soins d'une personne qui, 
vivant auprés de moi, et assistant à tous mes travaux, m'en- 
gageait à ne rien admettre qui ne fût fondé sur l'évidence. Son 
utile sévérité m'a beaucoup servi. J'ai aussi été favorisé par 
le hasard qui, en m'offrant des graines de conferves, m'a forcé 
de bonne heure à ne voir dans ces productions que des plantes. 


Je désirerais que le Cit. Girod - Chantrans répétât mes obser- 
vations , comme je répéterai aussi les siennes; si j'osais me 
flatter qu'il me fit part de ses remarques , je lui promettrais 
de les recevoir avec beaucoup de reconnaissance : si son ouvrage 
m'était parvenu plus promptement, j'aurais cité dans mes syno- 
nymes les conferves qui nous sont communes , surtout celles 
qui étant nouvelles, nont pas encore été décrites , et qui 
sont en assez grand nombre: en attendant et pour remplacer 
cette omission, je donne ici le tableau des conferves qui se 
trouvent dans les deux ouvrages, il pourra servir à leur com- 
paraison, et il ne serx pas inntile à ceux qui se proposent de 
pareilles recherches. 


ESPÈCES 


ER 


PTS PO TE 


D'EAU DOUCE. 153 


mm 


ESPÈCES 


Du CIT. GIROD-CHANTRANS, 


N° 1 Byssus velutina. 

N° 2 Ulva intestinalis, 

N° 3 Conferva n.° 2123 Hall. 
N° 8 Conferva glomerata. 
N° 9 Conferva gelatinosa. 
N° 10 Tremella verrucosa. 
N° 11 Byssus flos aquæ. 

12 Tremelle nostoc. . 
N° 19 Conferva fontinalis, 


N° 22 Byssus botryoïdes. 

N° 26 Conferva bullosa. 

N° 27 Conferve. 

N° 45 Conferve inédite. 

N° 56 Conferve inédite. 

N.° 62 Conferva canalicularis. 

N° 63 Conferva fontana no- 
dosa. 

N° 64 Conferva rivularis. 


N° 65. Eponge de rivière. 
N° 68 Bysse des caves. 


ESPÈCES 


CORRESPONDANTES DE CET OUVRAGE, 


Ectosperma terrestris. 

Ulva intestinalis. 

Oscillatoria. 

Polysperma glomerata. 

Batrachospermum glomeratum, 

Nostoc verrucosum. 

Oscillatoiria. 

Nostoc commune. 

Conjugata. Ce n’est pas la fos- 
tinalis de Linné, 

Oscillatoria. 

Conjugata lutescens, 

Conjugata princeps. 

Ectosperma. 

Conjugata porticalis. 

Polysperma glomerata. 

Batrachospermum moniliforme 


Conjugata media. Ce n’est pas 
. la rivularis de Linné. 
Conjugata media. 
Oscillatoria... 


154 HISTOIRE DES CONFERVES 


N° 70 Conferve inédite. Conjugata pectinata. 
N.° 74 Espèce inédite. Oscillatoria variegata. 
N° 75 Conferve inédite, Ectosperma. 

N° 76 Idem. Conjugata major. 

N° 77 Idem. Conjugata. 


N° 79 Idem. Ectosperma clavata. 


Je termine ce sujet en indiquant en peu de mots ce quil 
reste encore à faire pour achever l’histoire des conferves. 


L'objet qui se présente le premier , et celui qui offre la 
plus riche moisson de découvertes , c’est l'étude des conferves 
marines. Nous sommes dans une ignorance profonde sur tout 
ce qui les concerne. Tous les jours on nous présente quelques- 
unes de ces jolies plantes teintes des couleurs les plus brillan- 
tes, et dont nous connaissons à peine le nom. Nous ne savons 
ni comment elles croissent , ni comment elles se multi 
plient, ni comment elles sont organisées. Il est bien vrai que 
Réaumur , et ensuite De Candolle ont tenté de soulever une 
partie du voile qui les couvre, mais leurs travaux encore impar- 
faits ont besoin d’être continués. Cependant les filamens de ces 
plantes sont proportionnellement beaucoup plus gros que ceux de 
nos conferves , et leurs graines si elles en ont, seraient sans doute 
plus grandes. 


Il faudrait donc entreprendre ce sujet, et y procéder d’une 
manière à peu-près semblable à celle que j'ai employée pour 
les conferves d'eau douce. On chercherait dans ces plantes, 


D'EAU DOUCE. 1$$ 


comme je l'ai fait dans les autres, les divers organes de la 
reproduction , et on appuy erait toujours ses conjectures sur des 
expériences. 


Qu'est-ce que ces corpuscules qui se trouvent attachés aux 
rameaux de plusieurs espèces marines ? Faut-il les considérer 
comme des graines , ou comme des capsules qui contiennent les 
semences, ou enfin comme des galles habitées par des animalcu. 
Jes ? Ces plantes périssent-elles et renaissent-elles chaque année, 
ou bien, comme cela est plus probable, se multiplient-elles 
dans toutes les saisons ? Leurs diverses espèces se divisent-elles 
en familles, comme les conferves d'eau douce , ou n'admet- 
tent-elles dans leur ensemble qu'un seul mode de reproduc- 
tion ? Cette reproduction ressemble-t-elle à quelques -unes de 
celles que nous avons indiquées , ou bien , en est-elle différente ? 
Que de questions à éclaircir , que de conjectures à vérifier, que 
de découvertes à faire ? 


Quoique nous soyons plus avancés pour les conferves d’eau 
douce, cependant il reste encore beaucoup à faire pour complé- 
ter leur histoire. Le premier but quon peut se proposer 
dans ce qui les concerne, c'est d'achever leur nomenclature , 
en rapportant à leur genre celles que je n'ai pas encore décrites. 
J'ai prévenu en commençant cet ouvrage, que j'avais omis à 
dessein quelques espèces, et qu'il en existait d'autres que je 
n'avais pas aperçues. Je vois de même par les mémoires du- 
Cit. Girod-Chantrans , qu'il a rencontré quelques espèces que 


je n'ai jamais vues. Or, si deux naturalistes qui n’ont observé 
V 2 


156 HISTOIRE DES CONFERVES 


que dans un petit espace, ont déjà rassemblé plusieurs espèces 
nouvelles, que ne peut-on pas espérer d’un heureux concours 
de plusieurs botanistes observant dans différens lieux. Peut-être 
que dans quelques années ce genre sera mieux connu que beau- 
coup d'autres. Peut-être les découvertes qu'on y ‘aura faites 
encourageront-elles les botanistes à porter leurs regards sur les 
cryptogames dont la fructification est encore obscure. Peut-être 
ces nouveaux genres seront-ils liés à ceux des conferves , par 
un plus ou moins grand nombre de ressemblances. Peut - être 
enfin que riches de tant de découvertes et instruits par tant 
de travaux , les botanistes compléteront enfin ce grand ouvrage 
de la science botanique , un des plus beaux monumens du 
génie observateur de notre siècle. 


Le second objet dont il faut s'occuper pour les conferves 
d’eau douce , c'est d'achever les travaux que j'ai seulement ébau: 
chés : quoique je ne croie pas mes observations entièrement: 
inutiles , et que je pense au contraire qu’elles pourront contri- 
buer au bien de la science ; cependant je ne me dissimule pas les 
impetfections qu’elles renferment. 


Dans ün Sujet qi a déjà occupé d’autres ñaturalistes, of voit 
bientôt cé qu'ils ont fait et ce qu'ils ont abandonné à leurs 
SUCCESSEUIS ; l'esprit se concentre mieux sûr un petit nombre 
de recherches , il peut aisément écaiter l'erreur et découvrir la 
vérité, toutes les fois que celle-ci a été mise à notre portée. 
Mais , lorsque de toutes parts, il n’ÿ à qu'obscurité ; lorsque 
toutes les conjectures auxquelles on s’abañndonne peuvent être 
également fausses, et qu'on se trouvé dans ün labyrinthe sans 


D 2H 440: D'O"U: CE 157 


aucun fil qui puisse diriger les pas, on ne peut pas raisonnable- 
ment espérer de se préserver de toutes les erreurs , et de con- 
naître toutes les vérités. C’est là précisément le cas où je 
me suis trouvé , lorsque j'ai entrepris l’étude des conferves : je 
nai vu dans les ouvrages des naturalistes rien qui püt 
m éclairer, au contraire, leurs opinions n'étaient propres qu’à me 
jeter dans de plus grands doutes. Les uns les regardaient comme 
des animaux, les autres imaginaient qu’elles étaient des plantes. 
Le sage et savant Muller luimême avance dans ses ouvrages 
des opinions bizarres sur leur origine , leur ressemblance avec 
les tremelles qui pourtant en diffèrent à tant d’égards , augmen- 
tait encore la difficulté ; et cest pourquoi j'avais vainement 
tenté quelques années auparavant ( lan III ) de me faire quel- 
que idée juste de leur organisation. 


Les imperfections du travail que je présente au public con- 
cernent également mes six familles. Quoique je ne puisse dou- 
ter que les.corpuscules auxquels j'ai donné le nom de graines 
dans la première famille , ne remplissent véritablement cette fonc. 
tion ; cependant je ne suis pas aussi certain des fonctions aux- 
quelles est appelée la corne qui les accompagne ; elle est à 
la vérité constamment placée dans le voisinage des graines ; 
on la voit bien répandre sa poussière dans l’ectosperme ovoiïde 
en particulier , cela est incontestable. Cependant j'ai toujours 
désiré quelque expérience directe , qui pût me convaincre de 
l'usage de cette corne ; j'aurais voulu par exemple surprendre 
les petites cornes qui accompagnent les graines du grand nom- 


bre des espèces, au moment où elles répandaient leur poussière, 


158 HiSToIRE DES CONFERVES 


savoir quel était le moment précis où se faisait cette émission. 
J'aurais également désiré de connaïtre , si toute la matière 
verte , répandue dans les tubes, n'était pas la poussière fécon- 
dante , comme le pense le savant Senebier , qui m'a suggéré 
cette opinion, et comme semble le prouver l'observation ; car 
la corne communique avec le tube intérieur, et il n'y a pour 
les yeux aidés du microscope, aucune différence entre la matière 
du tube et celle que répand l'anthère, 


Pour ce qui regarde la seconde famille , j'ai exposé fort au 
long, dans le discours qui la concerne, toutes les difficultés qu’elle 
présente ( 1). Jamais je n'ai pu comprendre où était contenu 
le germe de la nouvelle conjuguée avant la fécondation etc. 
Les membres de la société d'histoire naturelle de Genève et le 
Cit. Maunoir en particulier , m'ont présenté sur cette matière 
des opinions fort ingénieuses et plus ou moins probables. 
Mais , indépendamment de cette difficulté générale , il en 
existe de particulières, qui ne sont pas encore résolues. Je 
n'ai pas vu des conjuguées du second ordre répandre leurs 
graines ; je ne sais donc pas si leurs semences ont une enve- 
loppe , ou si elles en sont privées ; je ne sais pas non plus quelle 
est l'utilité de la fécondation dans le troisième ordre des con- 
juguées, puisque les deux tubes sont semblables, et que rien 
ne paraît passer de l'un dans l’autre; enfin dans toutes 
les familles , je n'ai pas compris, aussi bien que je l’aurais désiré, 
comment se fait l'accroissement. Il me semblait que j'aurais dû 


( 1 ) Voyez page 37 et suiv. 


ee M mt Éd Sd 


D'EJAIUV | DIO UV: CE: 159 


voir ce tube de la jeune conjuguée rempli de cloisons rappro- 
chées et prêt à s'étendre ; et cependant ces cloisons étaient 
presqu’aussi écartées que dans la plante adulte. 


La troisième famille, celle des hydrodictyes me paraît à peu 
près achevée. Ce joli réseau se développe à volonté sous les 
yeux de l'observateur qui peut suivre tous les degrés de son 
accroissement. Je voudrais seulement savoir si tous les côtés 
sont faits pour se développer, et si les grains brillans de l’'inté- 
rieur sont réellement les organes qui répandent la poussière. La 
première de ces questions sera facile à éclaircir , la seconde 
présentera beaucoup de difficultés , jusqu'à ce quon ait bien 
constaté l'usage de ces mêmes grains dans d’autres conferves. 


Dans la famille des polyspermes , il faut distinguer les deux 
espèces. La première qui est la fuviatilis de Linné, est presqu'en- 
tièrement connue. J'ai vu ses graines naître, germer et donner 
la conferve. Mais la fleur mâle ou l'organe qui en remplit les 
fonctions , est encore à trouver. Je ne sais pas si tous les grains 
qui forment le chapelet sont des semences , ou si quelques- 
uns d’entreux renferment la poussière. Je ne connais pas non 
plus comment sont attachés les chapelets , et à quoi servent 
les renflemens qui se trouvent sur le tube. Mais ces diff 
cultés ne sont rien, en comparaison de celles que présente 
la seconde espèce , la glomerata de Linné. Ici tout est inconnu : 
poussière, graine , développement , et c’est bien plus l’analogie 
et le raisonnement que les observations directes qui nous ont 


conduit dans les conjectures que nous avons hasardées sur son 
histoire. 


160 HISTOIRE DES CONFERVES 


1 


La cinquième famille présente également des’ difficultés à 
éclaircir. Quoique je n’aie pas lieu de douter que les anneaux 
en se rompant ne deviennent des graines , quoique je les aie 
vus très-fréquemment se rompre , et que je n’aie jamais trouvé 
de batrachospermes dépourvues de ces grains blanchâtres, dans 
lesquels on aperçoit déjà des rudimens de filets ; cependant je 
n'ai pas encore assez vu tous les passages qui doivent exister 
entre ces anneaux et les grains blancs qui donnent la graine, 
pour avoir à cet égard cette pleine satisfaction que j'ai quel- 
quefois éprouvée. En particulier, je ne connais pas assez l'usage 
de ces jolis filets transparens, si déliés, si flexibles, si réguliers 
dans chaque espèce ; j'ai cru qu'ils pouvaient servir à répandre 
les émanations prolifiques , et leur extrême mobilité semblait 
en effet leur assigner cette fonction ; mais je sais trop qu'on 
ne peut et qu'on ne doit en histoire naturelle admettre que des 
faits, et j'avoue que je n'ai rien vu qui puisse m'autoriser à 
croire que ces filets soient des anthères. | 


Mais la sixième famille me paraît bien plus obscure, et je 
ne l'offre aux naturalistes qu'avec répugnance. Cette reproduc- 
tion par bourrelets , toute conforme qu'elle paraît aux loix de 
la nature, me cause toujours quelque peine quand je l'annonce. 


Elle me semble plutôt devoir être considérée comme un moyen 


surabondant que comme une forme particulière , qui distingue 
certaines espèces. Et en effet on trouve peu de plantes qui ne 
se multiplient de cette manière, en même temps qu'elles se 
propagent par leurs graines. Cependant jusqu'à présent, je n'ai 
jamais vu les conferves de cette famille s'accroitre autrement , 

et 


». 


DB A DOUCE 161 


et d'autre part je n'ai jamais vu les conferves des autres famil- 
Jes se multiplier de cette manière : j'en excepte cependant 
la Couferva glomerata Linnœi, sur les débris de laquelle j'ai quel- 
quefois rencontré des brins verts , qui étaient de nouveaux 
développemens. Je recommande donc les prolifères en particu- 
lier aux observations des botanistes, pour qu'ils y cherchent des 
organes sexuels, et qu'ils tâchent de reconnaître si, indépendam- 
ment des bourrelets , elles renferment des graines. La conferve 
rivularis est très-commune et très facile à observer: les grains 
brillans dont elle est pourvue doivent donner quelque soupçon, 
et faire conjecturer que son organisation est plus composée 
que je ne l'ai dit. De mon côté, autant que j'aurai du 
loisir et de la santé , je ne regarderai pas ma tâche comme 
achevée ; j'observerai cette famille plus attentivement que je 
n'ai fait jusqu'à présent, j'en isolerai quelques individus , 
et j'espère qu'aidé des lumières que me fournira sans doute la 
publication de cet ouvrage, je découvrirai enfin la reproduction 
de cette famille, si du moins elle en a une qui lui soit 
propre , indépendamment de ses bourrelets. 


CAC TEEN © 


" x Cid 


va 


HAS FOIRE 


DES 


RÉ: Mi E ET EiS 


D E tous les êtres organisés qui jusqu'à présent ont fixé 
l'attention des naturalistes , il n’en est peut-être aucun dont 
l'histoire soit encore plus obscure, que celui auquel on a donné 
le nom de Trémelle. Non-seulement les botanistes ont placé 
dans ce genre, un grand nombre de plantes qui n'avaient que 
des ressemblances extérieures, mais encore ils en ont décrit 
les diverses espèces sans connaître la manière dont elles 


croissent et se reproduisent. Le nom même de trémelle, 


par lequel ils les ont désignées, ne présente qu'un sens équi- 
voque ; il indique tantôt des substances gélatineuses et soli- 
des, comme le nostoc et la trémelle veruqueuse ; tantôt des 
productions filamenteuses et microscopiques qui semblent n'avoir 
aucun rapport avec les premières. Ces dénominations incertaines 
se rencontrent dans les méthodes d'histoire naturelle les plus 
modernes. Jussieu lui-même dans son bel ouvrage des genres 
naturels et Ventenat dans son tableau du règne végétal, divisent 
les trémelles en espèces qui ont du mouvement et en espèces 
qui en sont privées; comme si l'on pouvait placer dans le 
même genre des êtres qui, par la différence de leurs propriétés , 


n'appartiennent pas au même règne, 
| X 2 


164 HISTOIRE ’ 


J'ai donc cru que je rendrais quelque service à l'histoire 
naturelle , si je parvenais à répandre un peu de lumière sur un 
sujet aussi obscur. Les observations que j'ai faites sur les con- 
ferves m'ont rendu plus faciles celles qui regardent les trémel- 
les , et quoique je n'aie pas apporté à ce sujet toute l'atten- 
tion que j'ai donnée à celui qui le précède, et que parmi les 
difficultés qu'il présente , il-s’en trouve quelques- unes que je 
n'ai pas éclaircies ; je crois pourtant avoir jeté les fondemens 
de la méthode qu'il faudra suivre , lorsqu'on voudra étudier 
sérieusement cette matière. 


J'ai divisé les trémelles en deux genres , afin de ne pas 
confondre des êtres qui doivent être séparés. Le premier com- 
prend les trémelles filamenteuses que j'ai nommées Oscillatoires, 
pour indiquer plus clairement la propriété qui les distingue, 
Les secondes que je désigne par le nom de Mostoc, sont les 
trémelles proprement dites des botanistes : mais je n'entens 
par cette expression que ces substances qui ressemblent au 
nostoc commun, et dont l'intérieur est formé de filets articu- 
lés. J'en exclus par conséquent la trémelle poyrpré , celle du 
genévrier et toutes les autres dont l'organisation est plus com. 
posée Ces productions et celles qui leur ressemblent doivent 
être examinées plus attentivement , et à l'aide du microscope 
qui peut seul déterminer leur nature. J'ai réservé le nom de 
trémelles aux deux genres réunis , comme jai consacré celui 
de conferves à designer en général les six genrés de cette 
famille. 


DES TRÉMELLES. 16$ 


RREMMIERL GENRE 


Diner as riauTiR zu Cauet.) 


L ES oscillatoires ont au premier coup-d'œil un trés - grand 
rapport avec les conferves. Elles forment comme ces dernières 
des tapis d’un beau vert, qui sont fixés au fond de l'eau, ou qui 
flottent sur sa surface: ces tapis paraissent composés d’un 
grand nombre de filets réunis les uns aux autres ; en sorte que 
d'après la définition de Linné et des autres botanistes, ces pro- 
ductions seraient de vraies conferves. 


Je les ai prises long-temps pour des conferves micros- 
copiques. Non-seulement elles en avaient l'apparence extérieure, 
mais, lorsque je les observais à l’aide des instrumens, elles me 
paraissaient formées de filets simples et cloisonnés comme 
ceux des conjuguées, en sorte que je les aurais évidemment décri- 
tes comme des espèces de ce genre , si j'eusse pu les voir réunies, 
et si leur diamètre nem'avait pas paru d'une extrême petitesse. 


C'est au Cit. Boissier (1) que je dois l'avantage de les con- 
naître : cet amateur distingué d'histoire naturelle et de chimie 


( x ) Professeur à Genève et recteur actucl de notre Académie, 


166 HiIiSToiRre 


rapporta d'Aix en l'an VIIL , une espèce d'oscillatoire que le 
Cit. Desaussure avait trouvée et décrite depuis quelques 
années ( Sept. 1789.) Il eut la bonté de me montrer ses 
mouvemens , et de me permettre de les observer plus à loisir. 
À la première inspection de cet être singulier je fus frappé de 
sa ressemblance avec les conferves, je vis que jusqu'alors je 
l'avais confondu avec ces dernières , et dès le jour même je 
parvins à me procurer d'autres espèces d'oscillatoires. ï 


Cependant il n'aurait pas été difficile à un observateur atten- 
tif de les distinguer des conferves. Leurs filets sont communé- 
ment d’un diamètre si petit, que certaines espèces n'ont guëres 
qu'une millième de ligne, Les flocons qu'ils forment par leur 
réunion , ont par conséquent un velouté et une finesse qui n’ap- 
partiennent pas aux conferves , et quand ces caractères seraient 
encore trompeurs, on pourrait toujours distinguer une oscilla- 
toire, placée dans une eau tranquille, par les longs filets rayon- 
nans qu’elle forme autour de sa masse, comme autour d'un centre, 
toutes les fois qu'on labandonne à elle même pendant quelques 
heures. Voyez Fig. 1. 


Mais il est encore plus facile de les distinguer au micros- 
cope : quoiqu'au premier coup-d'œil on puisse les prendre pour 
des conjuguées, parce que leurs tubes qui ne se ramifient jamais, 
ressemblent à des tubes cloisonnés ; cependant il n’est pas 
difficile de remarquer les différences qui se trouvent entre ces 
cloisons et celles des conjuguées. Ces dernières forment des 
loges presque toujours plus longues que larges, dans l’intérieur 
desquelles est contenue une matière verte, régulièrement dis- 


DES TREMELLES, 167 
posée et qui n’en occupe qu'une partie ; les loges des oscil- 
latoires, bien différentes des premières , ont une longueur 
plusieurs fois moindre que leur largeur; et leur intérieur 
est rempli d'une matière verte qui en occupe toute la capacité. 
Ce sont des anneaux plutôt que des loges proprement dites , 
c'est-à-dire , de petits corps qui paraissent solides et dont la 
forme ne dépend point de l’âge de l'oscillatoire. On pourrait 
comparer leur apparence à celle que présentent les trachées des 
plantes observées dans leur longueur, avec des loupes assez 
fortes pour laisçer aperçevoir leurs spirales; mais ces trachées 
sont des tubes vides, tandis que les oscillatoires sont formées 
de filets solides. Voyez Fig. 2 a. 


Indépendamment de ces caractères soit apparens soit micros- 
copiques , qui distinguent les oscillatoires des conferves ; il en 
est un autre quon ne doit pas passer sous silence , parce 
qu'il tient de plus près à l’organisation de ces premières. Lors- 
qu'on rencontre une conferve flottante, on voit aisément que 
sa masse, quelque considérable qu'elle puisse être , est toute 
entière composée de filets, sans aucun mélange étranger ; mais 
l'on trouve avec les oscillatoires une substance qui les accom- 
pagne qu'on pourrait appeler le ssbstratum des filets eux-mêmes: 
cest une matière douce et onctueuse au toucher , une espèce 
de feutre dans lequel se trouvent les oscillatoires , lorsque la 
saison est froide ou qu'elles ont été transportées d’un lieu dans un 
autre. On les voit s'étendre autour de cette substance en formant 
de jolies productions en étoile, toutes les fois qu'après les avoir 
enlevées du lieu où elles avaient pris naissance , on les replonge 


168 HISTOIRE 


dans l'eau. C'est une espèce d'habitation qui leur est propre, 
qui les protège et les défend lorsque le froid ou la sécheresse 
les exposeraient à périr. Cette substance nest pas toujours 
également abondante dans les mêmes espèces : lorsque les oscil- 
latoires que l'on examine ont vécu long-temps dans le même lieu, 
elle est ordinairement plus épaisse. Celles que le Cit. Desaussure 
avait apportées des eaux d’Aix en 1789 , que depuis le Cit. 
Boissier a retrouvées vivantes dans le même bassin et que 
je viens encore de recevoir, avaient leur feutre extrêmement 
épais. D'autres oscillatoires en ont de plus considérables encore. 
J'ai vu quelquefois s'élever du fond des eaux pures et tranquil- 
les des croutes de plusieurs pieds de contour et de quelques 
pouces de largeur, qui étaient en entier composées des débris 
de cette substance. Cependant il arrive quelquefois que des 
oscillatoires semblent en être dépourvues ; ce sont celles qui 
sen sont détachées pour fonder ailleurs une nouvelle colonie, 
ou celles dont les espèces vivent sur les pierres et les bois aux- 
quels elles sont adhérentes, 


On peut comparer cette matière à la substance gélatineuse 
des nostocs ; l’une et l’autre contiennent les filamens en anneaux 
qui contituent véritablement la trémelle: l'une et l’autre les 
retiennent pendant un certain temps et leur donnent ensuite 
passage; mais l'enveloppe des nostocs n'est As organisée comme 
celle des oscillatoires. 13 


Cette matière, examinée au microscope, ne m'a rien offert de 
distinct: d’abord elle est opaque , et tous les naturalistes savent 
qu'il 


DES TRÉMELLES. 169 


qu'il est difficile de reconnaître l'organisation des objets qui 
ne sont pas transparens. Cependant à force de l’examiner, j'ai 
cru voir qu'elle était formée de débris terreux, qui avaient été 
retenus par les filets, et ensuite d’une multitude presqu’in- 
nombrable de tubes transparens , qui sont, comme on le verra 
bientôt , le fourreau de l'oscillatoire , la partie dont elle se 
dépouille lorsqu'elle se multiplie. 


Mais ce qui distingue sans contredit les oscillatoires de toutes 
les conferves, c’est la faculté de se mouvoir que possèdent les 
premières. Leurs filets dont la longueur varie extrêmement , mais 
qui n'ont jamais plus de cinq ou six lignes, oscillent constam- 
ment de gauche à droite, ou de droite à gauche, de manière 
que les angles sous lesquels ils se coupent, varient sans 
cesse de grandeur. Quelquefois un filet s'avance parallèlement 
à un autre qu'il dépasse, quelquefois certains filets vont dans 
un sens, tandis que le reste va dans un autre. Souvent une 
partie des filets est stationnaire, tandis que l’autre se meut. Et 
ces mouvemens ne s'exécutent pas seulement sur des plans 
horizontaux , mais ils ont également lieu dans des sens inclinés. 


L'idée ingénieuse de Desaussure qui mesurait avec une montre 
le chemin que faisait une oscillatoire et qui comparait son 
mouvement à celui de l'aiguille des heures , ne peut pas s'ap- 
pliquer au mouvement irrégulier que je décris. Il n'y a rien 
desi bizarre que la marche du même filet ; quelquefois iloscille, 
d'autres fois il na point de mouvemens angulaires : souvent, 
après avoir marché ‘en avant , il reste quelque temps station- 

Y 


170 € HT REMOTE R € 

naire, ou même il rétrograde. Il n’est donc guéres possible de 
trouver la moyenne d’un mouvement si singulier , et si Desaus- 
Sure- a pu°y parvenir, c'est apparemment parce que les oscil- 
latoires des eaux d'Aix avaient des mouvemens moins variés 
que les miennes. Leur marche devait être aussi beaucoup plus 
lente , car celles que ai j'observées faisaient en peu de minu- 
ies le chemin que les siennes parcouraient en une heure. 


‘ Apparemment que ce grand naturaliste , n’aura pas observé 
ses oscillatoires dans des circonstances convenables. Les eaux 
où il les avait prises avaient une température habituelle de 
trente-trois degrés. du thermomètre de Reaumur, tandis que 
celles , où il des conservait, étaient beaucoup moins chaudes. 
Il se peut aussi que la saison de l’année où il observait ne fût 
pas celle où la température est la plus convenable. Pour moi, 
jai constamment remarqué que plus la journée est chaude, plus 
Voscillatoire étend promptement ses rayons, et qu’en hiver plu- 
sieurs espèces non-seulement ne s'étendent point, mais encore 
disparaissent presqu'entièrement. 2 


Je trouve encore moins d’exactitude dans les observations 
d'Adanson sur l'oscillatoire qui fait l'objet de son mémoire , et 
qui est une des espèces les plus communes. D'abord il affirme 
sénéralement qu'elle demeure immobile dans une température 
au-dessous de 9. degrés. Or, quoique le mouvement soit réellement 
moins marqué, lorsque la température est plus froide, j'ai vu cette 
oscillatoire étendre ses filets au milieu de l'hiver. Cet auteur ajoute 
que le mouvement des filamens qu'il observait se combinait 


DES TRÉMELLES. 171 


de manière que la forme extérieure de l'oscillatoire restait toujours 
la même, parce que les filets s’'avançaient tous parallèlement 
et avec la même vitesse du même côté. Or, toutes les fois 
que j'ai placé dans l'eau un fragment d’oscillatoire il a toujours 
donné des productions dans tous les sens , de manière à augmen- 
ter considérablement de surface; et l'on comprend d'avance que 
si les oscillatoires croissent de la même manière que tous les 
autres corps organisés , il faut bien qu'elles aient un commen- 
cement et une fin dans leurs développemens.. 


J'ai désiré de m'assurer si le mouvement des oscillatoires 
était dirigé dans un sens plutôt que dans un autre ; je les ai 
fréquemment placées sous le microscope, pour lesobserver sous 
ce point de vue : mais j'ai toujours trouvé tant de bizarrerie 
dans leur marche; les directions de leurs mouvemens m'ont 
toujours paru si différentes , qu'il m'a semblé que ce mouve- 
ment ne pouvait guères s'expliquer par des agens mécani- 
ques. Au contraire il a tous les caractères d’un mouvement 
spontané. Il est plus vite ou plus lent, non seulement dans des 
filets différens , mais encore dans le même; il a lieu à droite ou 
à gauche , en avant ou en arrière; en un mot, il est aussi 
varié que celui des vers rampans , auxquels nous n'’hésitons 
pas d'accorder le titre d'animaux. 


Cependant il est une direction que les oscihatoires parais- 
sent affecter de préférence. , et cette direction est celle 
de la lumière. Desaussure avait. déjà vu. avant moi , que 


si l'on enveloppait d'un drap noir et épais le poudrier qui con- 
Y 2 


172 HASUToNT RE 


tenait ces êtres singuliers , en faisant à ce drap des ouvertures 
par lesquelles la lumière pût parvenir jusque dans l'intérieur 
du vase, les oscillatoires qui y étaient répandues venaient se 
réurir , à l'endroit du verre qui était découvert. Or cette obser- 
vation que j'ai répétée plusieurs fois et avec les mêmes atten- 
tions à eu un succès si complet qu'après quelques heures, les 
filets avaient entièrement disparu de l’intérieur du vase, pour 
se réunir en très-grand nombre vers les points éclairés. 


Or , quoique les plantes affectent aussi de se diriger vers 
Ja lumière , et qu'il soit peut-être possible d'expliquer mécani- 
quement leurs divers mouvemens, cependant il est facile de 
comprendre que si les oscillatoires partagent cette propriété 
avec les végétaux , elles peuvent bien malgré cela être des 
animaux. Rien n'empêche en effet qu'un être ne recherche, 
par choix et par instinct , la lumière dont il a besoin pour 
vivre et se développer, et puisque les oscillatoires se meuvent 
à la lumière comme à l'obscurité, au milieu du jour comme à 
da fin, et en général, dans tous les momens de leur existence, 
dans tous les sens et dans toutes les directions , il est aisé 
d'en conclure qu’elles ont une volonté. 


On arrive à la même-conséquence par une considération 
attentive de toutes les parties qui les composent. J'avais d’abord 
cru que leur tube cylindrique était similaire dans toute son 
étendue, qu'il conservait partout le même diamètre , en sorte 
qu'à lexception des anneaux qui le formaient, il n'y avait 


DES TRÉMELLÉS. 173 


aucune distinction de parties , mais je rencontrai bientôt une 
oscillatoire dont une des extrémités était efhilée et crochue. 
Voyez PL rs Fig. 6° b. Je commençai alors à "revenir 
de l'idée que je nrétais formée. Et enfin je fus entièrement 
désabusé, lorsque j'eus trouvé une nouvelle oscillatoire à laquelle 
jai donné le nom de swajeure , À cause de son diamètre, 
qui est à peu près décuple de celui des espèces ordinaires , et 
dans laquelle je vis distinctement une tête et je crois même 
une queue. Voyez PL 15.% Fig, 2% a, à. 


Cette tête était efilée et occupait environ la 20% partie du 
tube : ses anneaux au nombre de quatre ou cinq étaient beau- 
coup plus longs que ceux du corps : l'animal avait la proprièté 
de les allonger ou de les retirer , en sorte que sa tête se termi- 
nait tantôt en aiguille , tantôt au contraire en pointe obtuse : 
rarement elle se trouvait sur la même droite que le reste du 
corps ; plus souvent elle était fléchie , tantôt dans un sens, 
tantôt dans un autre. L’extrémité opposée du tube que l'on 
pouvait appeler la queue , n'était pas non plus terminée en 
pointe mousse, au contraire elle semblait pourvue à droite et 
à gauche de deux appendices plus où moins étendus , et par 
conséquent plus ow moins sensibles. 


Tous les individus de l'espèce n'étaient pas pourvus de tête et 
de queue, ceux qui n'étaient pasavec leurs dimensions naturel- 
les, mais qui paraissaient avoir été rompus, avaient leurs extré- 
mités plus ou moins tronquées ; et j'ai également remarqué avec 
étonnement que ceux, qui avaient péri par l'effet du desséche- 
ment , ne laissaient plus voir de tête. Voyez Fig. 2. s, 5. 


174 HE S:T 6 TRE 


J'ai cherché avec beaucoup de soin à aperçevoir quelque 
mouvement dans les anneaux , mais je n'ai pu y parvenir: je 
voyais bien l’animalcule se mouvoir , mais je ne pouvais point 
reconnaître la manière dont s'opérait le mouvement. La largeur 
de ses anneaux m'a paru constamment la même ; jamais je ne 
les ai vus s'écarter ou se rapprocher comme ceux de la tête, 
jamais non plus je n'ai découvert sur le tube , des aspérités, 
des brosses , ou tel autre organe qui püt aider au mouvement. 
Desaussure n'a pas été plus heureux, et , quoiqu'il n’y 
ait guères de doute que le mouvement des oscillatoires ne 
s'exécute par la contraction et la dilatation successive des 
anneaux, puisque la tête elle -même se meut de cette manière, 
cependant on ne peut pas dire jusquà présent que cette opinion 
ait été confirmée par les faits. 


Je n'ai pas non plus trouvé sur le corps des oscillatoires ces 
productions parasites qui sont assez communes sur les confer: 
ves au moment où elles se détruisent : leur tube dans toute 
son étendue, est dégagé de substance étrangère. J'ai cru quel- 
quefois y apercevoir des poils extrêmement déliés, mais je 
ne puis décider si ces poils appartenaient véritablement 
à l'animalcule: la seule chose qu'il m'a été permis de distin: 
guer dans la matière verte qui forme les tubes, sont 
des grains extrèmement petits , d'une couleur plus intense. 
Cette hétérogénéité de la matière contenue dans les tubes, s’aper- 
coit principalement dans les grandes oscillatoires : les deux 
premières espèces, la principale et la majeure, sont remarqua- 
‘ bles à cet égard, et si l'on pouvait se procurer des oscillatoires 


DES TRÉMELLES. 17$ 


encore plus grandes, sans doute qu’on pénétrerait plus avant 
dans lur organisation, et qu'on découvrirait enfin quelque 
chose de satisfaisant sur leur structure. 


J'ai désiré de bonne heure reconnaître la manière dont se 
multiplient des êtres aussi singuliers. Leur reproduction était 
Ja circonstance de leur histoire qui pouvait fournir à l'observa- 
teur un plus grand nombre de faits instructifs. Elle m'interes- 
sait d'autant plus que je voulais la comparer à celle des conferves, 
et juger par ce moyen si les oscillatoires avaient quelque rapport 
avec elles; mais j'ai eu beaucoup de peine à satisfaire ma 
curiosité à cet égard: dans ces objets et dans ceux qui leur 
ressemblent, il faut être favorisé par le hasard, ou suppléer , au 
défaut des circonstances favorables , par la persévérance du tra- 
vail Desaussure, cet observateur si habile, na pas réussi 
a voir cette reproduction, quoiqu'il en eût fait l'objet de ses 
recherches ; j'ai de même long-temps observé ces animalcules, 
jen ai reconnu un plus grand nombre d'espèces que les natu- 
ralistes qui mont précédé , cependant je n'ai jamais rien 
trouvé qui püt me satisfaire. Quoique je visse les oscillatoires 
répandues presque par-tout,se multiplier avec rapidité jusques 
dans mes vases; quoiquelles parussent et disparussent succes- 
sivement, suivant les circonstances de l'humidité et de la séche- 
resse, et que je fusse ‘persuadé quelles avzient un mode de 
reproduction simple et facile, toutes les fois que jobservais, 
je ne voyais pourtant que des filtes, et dans ces filets je 
n’aperçevais rien qui ressemblit à une reppoduction. 


176 HISTOIRE 

Fatigué d'observer sans succès, je me mis À raisonner ; 
convaincu que le raisonnement me conduirait à la vérité. Si les 
nouvelles oscillatoires, me disaisje , sortent de l'intérieur de 
leur mère , comme l'œuf ,par exemple, sort du papillon, je 
trouverai dans les brins que j'observe des filets de toutes les 
dimensions et de tous les diamètres , depuis les plus petits jus- 
qu'aux plus grands. Si au contraire ces animalcules se reprodui- 
sent par bouture, comme Îes prolifères dont j'ai rendu compte, 
je verrai sur les tubes des renflemens; et s'ils ne se multiplient 
que par section, je ne verrai rien de tout cela , mais le dia- 
mètre de mes filets restera toujours invariable, au moins dans 
la même espèce, 


Après m'être fait ce raisonnement à moi-même , je me mis 


à observer de nouveau. Je ne sus pas aperçevoir ces jeunes 
oscillatoires qui devaient selon moi, être sorties de leur mère. 
Je ne fus pas plus heureux, quand je voulus chercher des ren- 
flemens ou des bourrelets ; rien n'était si lisse et si exacte- 
nent cylindrique que mes oscillatoires. Mais, lorsqu'au contraire 
jexaminaices animalcules , avec l'opinion qu'ils se multipliaient 
par section , j'avoue que je trouvai quelque vraisemblance à ma 
conjecture, puisque toutes mes oscillatoires jusqu'aux plus 
petites , me paraissaient exactement du même diamètre, 


Ce n'était pourtant là qu’une conjecture qu'il fallait vérifier, 
Parce que les filets des oscillatoires étaient de même diamètre, 
il ne s’ensuivait pas pour cela qu’elles se multipliassent par sec- 
tion. Rien n'empéchait que ces filets n’eussent été accidentel- 


lement 


DES TRÉMELLES. 177 


Jement rompus et que la trémelle ne se régénérât autrement, 
Il est bien vrai encore que ces filets rompus étaient doués de 
mouvement , mais ce mouvement pouvait avoir lieu après une 
rupture violente et se conserver dans des parties qui n'auraient 
pas été naturellement séparées. Je n'avais donc aucun fait abso- 
lument décisif sur le mode de reproduction , et il fallait atten- 
dre pour prononcer là - dessus, que l'observation me présentät 
de nouveaux phénomènes. 


Elle m'en a bientôt présenté comme je le désirais, et c’est 
à l'oscillatoire principale que je les dois. Cette belle espèce 
d'un vert à demi transparent , la plus remarquable de 
toutes celles que j'ai encore vues, m'a présenté un grand 
nombre de tubes, divisés dans leur étendue en deux ou plu- 
_Sieurs parties. Ces divisions d’abord imperceptibles et qu’on 
ne reconnaît qu'à une légère transparence , s'étendent peu à 
peu et bientôt deviennent très-marquées. On voit distinctement 
que le tube se sépare en deux ou plusieurs parties , qui sem- 
blent déjà avoir une tête et une queue: Fig. 2% a. Elles 
sont retenues toutes ensemble par une membrane trans- 
parente qui ressemble beaucoup au tube des conjuguées ; 
et qui est commune à toutes les oscillatoires. Enfin les parties 
divisées sortent de l'enveloppe , et l'on voit souvent les tubes 
qui les ont contenues , moitié transparens et moitié remplis 
par l'oscillatoire qui s'y trouve encore renfermée. Voyez 
Fighione tr, 


Lorsqu'une fois j'eus aperçu la section de cette oscillatoire, 


Z 


178 H rsTo:rtrE 


je reconnus plus aisément le même phénomène dans les autres. 
En particulier l'oscillatoire que Desaussure le premier rap- 
porta d'Aix, me l'a évidemment montré. J'ai vu des tubes 
à demi-rompus retenus par une membrane et prêts à s’échap- 
per : j'ai vu la même chose dons les autres espèces, et à l'ex- 
ception d'une seule que je désigne par le nom doscillatoire en 
Jourrenu , toutes les autres me paraissent se multiplier de la 
même manière. Il n'y a rien de régulier dans les sections; on 
en voit de toutes les longueurs , depuis celles qui ne contien- 
nent que quelques anneaux jusqu'à celles qui en renferment 
un grand nombre. Cependant il ma semblé qu'en général, 
elles étaient environ la dixième partie de la longueur totale.de 
l'animalcule. Les anneaux de la tête ne m'ont jamais paru se 
séparer dans les oscillatoires qui sont pourvues de cette partie, 
ils sont sans doute d’une organisation différente ; mais comme 
la portion du tube, qui s’est séparée, reproduit une tête et sou- 
vent une queue, il faut ou que les ruptures aient été pré- 


parées à l'avance , ou que chaque anneau contienne le germe 
d'une tête. 


Au reste la reproduction des oscillatoires par section n’est 
pas une opinion nouvelle en histoire naturelle. J'ai vu que ce 
mode de multiplication avait déjà été découvert par l'abbé 
Corti dans un ouvrage imprimé à Lucques en 1774 et que je 
n'ai jamais pu me procurer; Desaussure ajoute que cet auteur 
a vu cette oscillatoire se diviser sous ses yeux. Je n'ai jamais 
eu ce même bonheur , excepté pour les trémelles nostocs, 
comme ‘je le dirai bientôt, | 


» 


DES TRÉMELLES. 179 


Le Cit. Girod-Chantrans annonce que la reproduction n'a 
pas lieu de cette manière; il dit avoir vu ( Page 216 de ses 
observations ) l’oscillatoire parvenue à son dernier dévelop- 
pement , répandre à travers son tube une poussière grenelée ; 
il ajoute que chaque grain qui compose cette poussière gros- 
sissant peu à peu , prend insensiblement une forme allongée 
et devient enfin une grande oscillatoire : il représente même 
dans sa figure ( PL 31° Fig 74." )les divers périodes de 
cet accroissement: mais, quoique je ne connaisse pas l'espèce 
ellemême qui lui a fourni ces observations, j'avoue que ce 
n'est pas sans peine, que jadmettrais dans cette oscillatoire , 
une reproduction qui ne me paraît pas avoir lieu dans les autres. 


… Dureste, il n’est pas étonnant que les oscillatoires se mul- 

tiplient par division. Les observations de Trembley sur 
les polypes , ayant donné lieu à plusieurs naturalistes d’exami- 
ner d’autres animalcules sous le même point de vue, ils ont 
vu et ils ont décrit un ‘assez grand nombre d'êtres organisés 
qui se reproduisent par bouture. Les vers en particulier, leur 
ont offert ce phénomène , et comme les ‘oscillatoires semblent 
avoir un grand rapport avec les vers, qu'elles sont comme eux 
composées d’anneaux , il n’est pas singulier qu'elles se mul- 
tiplient de la même manière. 


Mais il faut remarquer que cette reproduction qui est acci- 
dentelle dans les vers, se trouve essentielle dans les oscillatoires. 
Jamais je ne les ai vues se reproduire autrement. En particulier 
je n'ai jamais aperçu aucun organe , ni aucun mouvement qui 


Z 2 


180 HiSToiRreEz 


pût m'annoncer quelque différence de sexe : elles sont tellement 
semblables entrelles , et elles paraissent à l'observateur d’une 
Construction si simple, qu'il est difficile de soupconner que les 
unes soient des mâles et les autres des femelles. Je dirai cepen. 
dant que j'ai vu quelquefois deux oscillatoires entrelacées dans 
toute leur étendue; qu'une autre fois en particulier , j'ai aperçu 
un tube se placer à l'extrémité d'un autre , et rester adhérent 
malgré que jessayasse de l'en séparer. Mais ces faits isolés 
que jexpose uniquement pour donner l'éveil aux observateurs , 
et les rendre plus attentifs à d’autres faits semblables, ne me 
permettent pas de conclure , que les oscillatoires s'unissent , ow 
qu'elles se multiplient autrement que par bouture. 


Comment se fait l'accroissement de ces animalcules ? C'est [à 
une question à laquelle il n’est pas facile de répondre : on 
pourrait croire qu'il a lieu par le développement de chaque 
anneaë qui augmente en dimension, à mesure que l'oscillatoire 
grandit. Mais, comme la jeune trémelle n’est qu'une portion 
de la trémelle toute développée , elle a déjà ses anneaux entie- 
rement formés. Il faut donc supposer qu'entre les anneaux pri- 
mitifs il se développe d’autres anneaux , ou bien que le filet 
s'accroît par ses extrémités. L'observation ne m'a pas encore 
permis de décider lequel de ces deux accroissemens il convient 
d'admettre : peut-être ont-ils lieu en même temps; au moins 
il est certain que le filet rompu, qui d’abord était tronqué à 
ses extérmités , acquiert insensiblement une tête et une queue. 


C'est une remarque de Desaussure que les anneaux auxquels 


DÈS TREMELLES. 181 


il donne le nom de daphragmes ou de chisons, ont une plus 
grande épaisseur à mesure qu'ils sapprôchent des extrémités 
et que leur convexité diminue par degrés jusqu'au milieu du 
filet où elle disparaît entièrement. Cette observation peut se 
confirmer aisément sur les grandes oscillatoires , dans la prin- 
cipale sur-tout, osczllatoria princeps, dont les anneaux Extrêmes 
ont une convexité très - marquée. 


Desaussure observe encore que l'accroissement des oscillatoi- 
res se fait avec une grande rapidité , lorsque la saison est 
convenable. Il dit avoir vu un paquet de trémelles filamenteuses 
nageant à la surface d’un poudrier très-élevé, pousser en deux 
fois vingt-quatre heures , des filets de huit pouces de longueur 
qui se prolongeaient en descendant vers le fond du vase ; mais, 
ou je ne comprends pas les expressions de ce savant natu- 
raliste , ou ce qu'il prend pour l'accroissement des oscillatoires 
est un effet de leur mouvement. Quand lon en plonge une 
certaine quantité dans l’eau avec la substance terreuse qui les 
contient , elles sortent de cette enveloppe , comme je l'ai dit, 
et se répandent en rayonnant de tous les côtés ; et puisque 
leurs filets n’ont guëres plus d’une ligne dans leur plus grande 
longueur , on ne pourrait guères comprendre autrement com- 
ment ils se seraient étendus jusqu'à huit pouces. 


Quelle idée faut-il se faire de la vie des oscillatoires ? Com 
ment se nourrissent-elles ? Quel est le terme de leur durée ? 
Quelles sont les causes qui favorisent leur développement, et 
quelles sont celles qui le suspendent , où même qui le détrui 


182 H 1 :s T'otir € 


sent ? Pour ce qui regarde la première de ces questions , 
j'avoue que je ne sais ce qu'il est possible d'y répondre. Des 
êtres destitués , au moins en apparence , de tout ce que nous 
appelons membres et organes , qui paraissent seulement doués 
de la faculté de ramper , ou d’osciller sur leurs extrémités, et 
dont le mouvement est si lent quil ne peut pas toujours être 
aperçu au microscope , nont pas un grand rapport avec ceux 
que nous connaissons. Ils sont placés pour nous dans les der- 
niers rangs de l'animalité, et leur faculté de se multiplier par 
bouture , lesrapproche évidemment des plantes avec lesquelles 
ils ont d’ailleurs tant de ressemblances extérieures ; ils parais- 
sent d'une structure encore plus simple que les polypes. La 
nourriture qui leur est propre, et qui peut servir à leur déve- 
loppement , sera long-temps un problème. Comment apercevoir 
la proie que peuvent saisir des êtres en apparence aussi iner- 
tes ? Comment reconnaître le mécanisme par lequel ils l'intro- 
duisent dans l’intérieur de leur corps ? Ou ils ne vivent que 
du liquide qui les entoure , ou il faut qu'il existe un autre monde 
d'animalcules plus petits que ceux que nous connaissons et qui 
leur servent de nourriture. Les microscopes les plus forts ne 
laissent apercevoir autour de la tête ou de la queue , aucune 
agitation quelconque. Le mouvement oscillatoire servirait -il à 
la nutrition, et cette fonction se ferait -elle autrement que par. 
les extrémités? Sans doute que ce mouvement angulaire a un 
but, mais il n’est pas. facile de reconnaître son usage. 


Je n'ai pas déterminé le temps qu’emploie l'animalcule. 
pour parvenir à son développement. Il est probable qu'il varie 


DES TRÉMELLES. 183 


dans les diverses espèces : il dépend sans doute de la tempé- 
rature dans laquelle il se trouve. Commeles filets qui forment 
l'osciHatoire se meuvent dans la saison chaude et deviennent 
immobiles pendant le froid , on peut raisonnablement sup- 
poser quil en est de même de leur accroissement. Cependant, 
comme une conjecture nest pas une preuve , on pourrait is0- 
ler une oscillatoire, et la suivre depuis le moment de sa nais- 
sance , sil était facile de reconnaître et de saisir à volonté un 
filet imperceptible nageant dans un liquide. 


La durée de l'oscillatoire n'est pas mieux connue que le temps 
de son accroissement. Mais nous avons de plus grandes lumiè- 
res sur les agens qui la détruisent. Le premier de tous, c'est 
l'absence d'une quantité suffisante de chaleur. Il est certain que 
la chaleur les favorise autant que le froid leur est contraire ; 
mais nous ne connaissons pas le degré du thermomètre où 
elles cessent de vivre, Cependant l'opinion d'Adanson qui 
fait . périr ces! animalcules au 9"° degré ,sur o , doit 
être reformée ou appliquée exclusivement à certaines espèces. 
On trouve des oscillatoires dans l'hiver comme dans les autres 
saisons, et si elles périssaient au degré que cet auteur leur 
assigne , comment supporteraient - elles la température de nos 
hivers ? Il faut supposer que dans la rigueur de la saison , elles 
sont protégées par l’eau dans laquelle elles vivent, ou par le 


feutre dont jai parlé , et qui est pour elles comme une habi- 
tation dans laquelle elles se retirent. 


La seconde cause qui détruit les ‘oscillatoires, c’est la priva- 


184 Lt Tor R 


tion du liquide qui les contient. Desaussure affirme que 
toutes les fois qu'il a laissé à sec le vase où ils les observait, 
elles ont péri sans retour. J'ai éprouvé la même chose dans les 
mêmes circonstances. Les oscillatoires que je voulais rendre à 
la vie , après les avoir privées d’eau pendant quelques heures, 
ne laissaient apercevoir aucun mouvement Leurs têtes n'étaient 
plus efilées et fléchies; mais elles paraissaient comme rentrées 
dans leur fourreau. Cependant il n'est pas à présumer que la 
même chose ait lieu dans les oscillatoires abandonnées à la 
nature. Elles renaissent trop promptement lorsque la terre 
devient humide, pour que l’on puisse croire que la sécheresse 
les tue. Il faudrait donc restreindre l'opinion de Desaussure 
aux espèces qu'il a examinées , ou imaginer que l'enveloppe 
qui les contient, et la terre sur laquelle elles reposent , les pré- 
servent mieux dans ces circonstances que ne peuvent faire nos 
vases. 


Toutes les liqueurs irritantes , acides, ou alkalines , les 
font périr sans retour. Lorsqu'on en verse une goutte dans le 
fluide où elles nagent , elles meurent et deviennent immobiles 
au moment où les animalcules des infusions périssent dans le 
même mélange. 


Il paraît qu'elles redoutent moins la chaleur que le froid. 
Cette oscillatoire qui vit dans les bains d'Aix, où le thermo- 
mêtre se soutient entre le 33." et le 37."° degré , el qui sy 
conserve et s’y multiplie depuis un grand nombre d'années , 
vit également dans l'eau commune à la température de l'at- 

mosphère, 


DES TRÉMELLES. 185$ 


mosphére. Je crois même, avec Desaussure, que cette espèce 
est l’oscillatoire d'Adanson, que l'on rencontre dans les mares, 
et dans laquelle ce savant botaniste découvrit d'abord le mou- 
vement angulaire. Au moins il me paraît difficile d'apercevoir 
quelque différence entre l’oscillatoire des eaux d'Aix, et cette 
dernière. 


* Ces animalcules n'ont pas besoin d’une eau pure, et fré- 
quemment renouvelée. On les rencontre dans les lieux où l'eau 
est assez gâtée pour que les conferves y périssent Ils s'y 
rassemblent souvent en fort grande quantité , sur les flocons 
même des conferves qu'ils recouvrent et dont ils semblent 
pour ainsi dire tirer leur nourriture. On les trouve même dans 
les mares qui répandent une odeur infecte, en sorte qu'ils 
confirment la vérité de la remarque déjà faite ,que les animaux 
microscopiques ont plus de vitalité que les plantes de même 
grandeur , puisquils se multiplient dans les lieux où ces 
dernières se corrompent. 


Les diverses espèces d’oscillatoires , habitent dans l'eau ou 
sur les terres humides. On les rencontre fréquemment dans le 
lit des rivières, dans les mares qui ont peu de fond, où sur 
les parois des bassins des fontaines. Cependant quelques - unes 
d'entreiles n'ont besoin que d'un peu de terre pour croître eb 
végéter. Telle est en particulier l'oscillatoire en fourreau si com- 
mune dans les lieux abrités et humides: elles ne vivent pas 
seulement dans nos plaines, mais elles se trouvent encore sur 
les montagnes les plus élevées : j'en ai rencontré dans tous les 

Aa 


186 . HI1STOTRE 


torrens du Jura, et je sais qu'on en voit également dans tous 
ceux des Alpes : en général par-tout où il existe quelque 
cours d'eau, l'on aperçoit des taches vertes. ou noirâtres, et ces. 
taches sont toujours des oscillatoires. Je ne puis dire si elles 
sont particulières à notre climat , ou bien si elles sont géné- 
ralement répandues sur la surface du globe. Il ny a pas de 
doute qu'elles ne se trouvent en Europe , et dans les contrées 
dont la température ressemble à la nôtre , mais il n’est pas éga- 
lement sûr qu'on les retrouve dans les climats plus chauds, 
et dans les lieux voisins de la ligne: En particulier je ne sais 
point si elles se rencontrent dans les eaux salées, sur les bords. 
de la mer, au milieu des nombreuses espèces de nos confer- 
ves. Aucun observateur que je connaisse n'en a rapporté de ces 
lieux ; soit qu'il n'en existe réellement aucune , soit qu'on ne 
puisse pas à la première vue les distinguer des conferves. Cepen- 
dant il doit être important aux progrès de l’histoire naturelle de 
rassembler les espèces d’un genre si nombreux. Il est d'ailleurs 
assez différent de tous ceux que nous connaissons , pour inté- 
resser la curiosité des observateurs. Les oscillatoires que 
Desaussure a rencontrées aux eaux minérales d'Aix , et celles 
que Scherer (1) avait rapportées auparavant de Carlsbad , nous 
permettent de penser que les eaux salées en contiennent , et 
lorsqu'on aura une fois trouvé quelque oscillatoire dont l'on 
puisse observer commodément la structure , on aura en même 
temps par analogie , l’organisation des oscillatoires plus petites. 


( 1 ) Je n’ai point son ouvrage et par conséquent je ne puis dire si les filets 
verts dont il parle sont des oscillatoires ou des conferves ; cependant 
Desaussure affirme qu'ils sont des oscillatoires, 


DES TRÉMELLES. 187 


On peut déjà distinguer leurs espèces en flottantes et en 
sessiles. Les premières sont celles que l’on rencontre sur la sur- 
- face des eaux disposées en plaques vertes : les autres sont 
celles que l'on voit adhérentes à la terre : cependant il arrive 
fréquemment qu'une oscillatoire , après avoir vécu au fond 
* de l'eau, se détache pour venir à la surface du liquide : cela 
a lieu lorsque le feutre est spécifiquement plus léger , et qu'il 
a perdu son adhérence avec le terrain ; alors loscillatoire 
paraît détruite et le feutre n'en contient guères que les débris. 


C'est le propre de ces animalcules d'aimer à se réunir en 
grand nombre. Ils forment pour ainsi dire une société d'êtres 
. vivans , dans laquelle il semble régner une grande concorde. 
Le rang obscur qu'ils occupent dans l'échelle des êtres, et le 
petit nombre de facultés qu'ils ont reçues, ne leur permettent 
guères de se nuire ou de s’aider. Chacune de ces oscillatoires paraît 
exécuter son mouvement sans aucun rapport avec celui des 
autres. Quand les unes oscillent à droite, les autres oscillent 
à gauche , quand les unes viennent , les autres s’en vont. La 
seule sensation dont elles paraissent avoir besoin, et qu'elles 
semblent constamment désirer , c’est celle de la lumière. C’est 
elle qu’elles recherchent lorsqu'elles sortent du feutre qui les 
contient , pour s'étendre circulairement tout autour , et lors- 
qu'elles se transportent des endroits obscurs du vase, vers ceux 
qui sont éclairés. Ainsi, quand l'animalcule est privé de toutes 
ses facultés, l'instinct lui reste encore pour le diriger et veiller 
à sa conservation. 


Aa 2 


188 HisT'oirez 


J'ai été embarrassé lorsque j'ai voulu parler des usages des 
conferves , je le suis encore davantage, lorsqu'il est question 
de ceux des oscillatoires. Je ne connais à ces animalcules 
aucune propriété qui puisse servir aux besoins de l'homme, et 
ilne paraît pas qu'on puisse en trouver de longtemps. On doit 
les considérer jusqu’à présent comme destinés à étendre nos 
connaissances plutôt que nos plaisirs , si du moins les connais- 
sances ne sont pas, pour l’homme raisonnable, le premier des 


plaisirs. 


Cependant la lumière en dégage beaucoup d'air, et cet air 
éprouvé à l’eudiomètre , s'est trouvé être de l'oxygène; mais 
il faut , selon Scherer , qui le premier a fait cette expérience, 
que l’oscillatoire soit pour cela exposée au soleil, car à l'ombre 
elle donne un air moins pur que celui de l'atmosphère, et dans 
une obscurité parfaite , elle n'en donne point du tout. 


Les oscillatoires que j'ai décrites, sont au nombre de douze; 
mais il n’y a point de doute que les environs de Genève n'en 
renferment un plus grand nombre. Ce genre qui jusqu’à présent 
était à peine connu, sera bientôt un des plus riches en 
espèces , s'il parvient à fixer l'attention de quelque observateur. 
Pour moi , ainsi que je lai dit , jai moins pensé à 
Fachever , qu’à le proposer aux naturalistes comme digne de 
les occuper. Cependant les descriptions que j'en donne sont 
aussi exactes que la petitesse de l’objet le comporte. Pour aug- 
menter un peu le nombre des caractères spécifiques dont j'avais 
besoin, jai fait entrer les dimensions de Foscillatoire comme 


DÉS TRÉMELLES 189 


l'avait déjà fait Desaussure , et les mesures que je donne 
sont calculées d’après les siennes que je suppose être exactes. 
Les figures qui accompagnent chaque espèce ajouteront à la 
clarté de la description, et je ne crois pas qu'à l'aide de leurs 
secours et des détails qui les accompagnent , on puisse trouver 
quelque difficulté dans la nomenclature qui les concerne. 


Je dois prévenir avant d'entrer dans le détail des espèces, 
1.0 Que les dimensions que j'assigne aux filets des oscillatoires 
ont été déterminées d’après l’oscillatoire d’Adanson, et les deux 
autres espèces que Desaussure a observées. 2° Que j'entends 
par la longueur de l'anneau son étendue dans le sens de la lon- 
gueur du tube , et par sa largeur le diamètre même du tube; 

6 


3° Que toutes les espèces sont vues à la 3° lentille du 
microscope composé qui augmente environ de cinquante fois. 


% 


A PE 


190 HISTOIRE 


EN IC LS 


LA Oscirrarome principale. Oscillatoria princeps. Fig. 2." 
Filamentis viridious; anunuli latitudine  longitudinem quinquies exce- 
dente ; extremitate anteriori atteuwatt , reflexà , posteriori appendiculata. 
Filamens verts en anneaux, d’une 60° de ligne de diamé- 
tre ; largeur des anneaux cinq fois plus grande que la lon- 
gueur ; extrémité antérieure efflée; postérieure terminée sur 
deux appendices. 


Cette oscillatoire la plus grande de celles que je connais, 
se rencontre dans un étang près de Crevin (1) où je l'ai trouvée 
deux années de suite. J'avais d’abord soupçonné qu'elle était 
une variété de quelque autre espèce; mais, comme tous les 
individus que j'ai examinés , avaient les mêmes dimensions , 
je la regarde comme une espèce distincte : elle flotte en grands 
flocons sur la surface des eaux. Lorsqu'on l'observe dans un 
vase , l'on voit ses filets se disposer en rayons autour d'un 
centre , ou bien s'élever le long des parois. Ils sont assez 
gros pour être distingués à l'œil nu, et leur diamètre comparé 
à celui d’un cheveu, m'a paru plus petit de moitié. On observe 
aisément dans cette espèce les deux mouvemens qui distin- 
guent ce genre. Elle marche en avant et se balance sur une de 
ses extrémités d'une manière sensible. La tête de l’oscillatoire 


( 1 ) Hameau près de Genève, 


DES TRÉMELLÉS. 191 


principale est fort différente de la queue. Elle est composée 
d’'anneaux plus longs et moins larges que ceux du reste du 
corps. Le dernier anneau qui me semble plus particulièrement 
former la tête, ressemble à une section de cercle. Il a comme 
ceux qui le précèdent la faculté de s’allonger et de se fléchir 
dans tous les sens. La partie du filet qui est opposée à la tête est 
tronquée : elle est pourvue à droite et à gauche de deux appen- 
dices assez saillans , ces deux parties qui sont très - distinctes 
lorsque l'animal est en santé , ne s’aperçoivent plus lorsqu'il est 
privé de vie. Elles disparaissent alors entièrement , et les anneaux 
eux-mêmes ne sont plus aussi marqués. L'oscillatoire éprouve 
sans doute après sa mort une sorte de contraction qui resserre 
toutes ses parties: cependant il est des individus qui ont la 
faculté de se mouvoir , et qui sont dépourvus de tête ; ce sont 
ceux qui ont perdu une partie de leur corps , ou par accident, 
ou par une séparation naturelle: mais dans ce cas ces parties 
se réparent assez promptement , tandis que dans le premier 
il n’y a point de reproduction. On aperçoit dans l’oscillatoire 
principale, mieux que dans aucune autre , les séparations dont 
nous avons parlé dans le discours préliminaire sur le genre. 


PL zçme Fig. 2. a Oscillatoire principale avec sa tête et 
sa queue. 

b Oscillatoire prête à se séparer en plusieurs autres. 

c Tube vide d'oscillatoire. 

d Petite oscillatoire séparée. 

e Anneaux de la tête qui ont la faculté de se mouvoir. 

f Queue de l'oscillatoire pourvue de ses appendices. 

r Tube à moitié plein. 


192 HISTOIRE 


N° 2. Oscillatoire majeure. Oscillatoria major. Fig. 3." 

Filaentis annulatis viridibus ; annuli latitudine longitudinem quiu. 
guies excedente; exfremitatibus deforinibus. 

Filamens verts d'une go." ligne de diamètre , distance 
. des cloisons de la cinquième du diamètre, extrémités un peu 


efilées, sur-tout l'antérieure. 


Cette oscillatoire que Desaussure a le premier décrite , se 
rencontre aux eaux d'Aix dans le bassin de St. Paul (1), où 
elle vit et se propage depuis un grand nombre d'années. Je 
ne l'ai point vue ailleurs, et sans doute qu’elle doit être rare, 
puisqu'elle vit habituellement dans une eau dont la tempéra- 
ture est entre le trente-troisième et le trente-septième degré 
du thermomètre de Reaumur. Elle ressemble à quelques égards 
à la précédente , mais elle en diffère par son diamètre moin- 
dre d'un tiers , par sa couleur d'un vert plus foncé et enfin 
per son extrémité postérieure qui est dépourvue d'appendices. 
Elle vit dans les eaux d'Aix, avec l’osciliatoire d’Adanson 
(N° s),en conservant toujours ses dimensions et la figure 
qui la distinguent. C'est l'espèce dans laquelle la matière verte 
paraît le.moins homogène , et où l’on distingue le mieux des 
parties transparentes et d'autres opaques. 


N° 3. Oscillatoire noire. Orcillatoria nigra. Fig. 4m 
Filainentis aunulatis nieris ; anuuli latitudine longiudinem ter exce- 


deute; extremitotibus voix deformilus. 


( 1 ) Dit bassin d'eæm d'alun, 
Fiamens 


DES TREMELLES: 193 


Filamens noirs, d'une 160. de ligne de diamétre : distance 
des cloisons égale au tiérs du diamètre ; anneaux des exiré: 
mités à peine différens des autres. 


Cette oscillatoire se rencontre en thermidor et dans les autres 
mois de l'été, sur la surface des eaux peu courantes: elle 
s'étend en longs filets rayonnans autour d'un centre. Lors- 
qu'elle est transportée dans un vase , elle se dispose promp- 
tement en étoile sur la surface du liquide. Ses anneaux sont 
moins serrés que ceux des deux premières. On aperçoit à 
peine dans les individus de cette espèce une tête et 
une queue : mais l’on voit distinctement le long du tube , les 
séparations qui se préparent. La couleur de cette oscillatoire, 
est noire à la vue; à la loupe ses filets paraissent demi 
transparens ; les contours et les bords de ses anneaux sont d'un 
noir plus foncé. Les mouvemens progressifs anguleux sont fort 
sensibles dans l’animalcule , et dans l'intervalle d'une seule 
nuit, elle fait des productions de plusieurs pouces. Elle aime à se 
disposer en ligne droite , et il est rare de voir ses filamens 
fléchis et recourbés comme dans les espèces précédentes. 
Cest latroisième en grandeur de celles que je décris. 


N° 4. Oscillatoire rougeûtre. Oscillatoria suEfnsca, Fig. $.me 
Filawentis fuscis vix articulatis ; extremitatibus æqualibus. 
Filamens à peine articulés d’un rouge vineux d'une 360.% 

de ligne de diamètre ; extrémités égales, 


Cette oscillatoire se rencontre sur les pierres du lit du Rhône 
Bb 


94 Éinisrvize x 


daus les eaux basses : elle y forme des plaques irrégulières 
d'un rouge foncé, qui ne sont que des oscillatoires entrela- 
cées dans tous les sens ; ses mouvemens sont fort sensibles; 
je ne l'ai pas assez observée pour y distinguer une tête et 
une queue ; je ne doute cependant pas qu’elle n’en soit pour- 
vue, de même que les autres espèces. Je ne l'ai jamais 
vue flottante , mais je l'ai constamment trouvée adhé- 
rente au fond de l'eau , accompagnée de son feutre qui est 
formé d’une lame plus mince que les autres. C'est en hiver que 
je l'ai rencontrée, il est bien possible qu'elle existe dans les 
autres saisons, mais la hauteur de l'eau ne permet pas sans 
doute de l’'aperçevoir 


N° 5. Oscillatoire d'Adanson. Oscillasoria Adansonii. Fig. 6. 

Filamentis annulatis , viridibus ; annuli longitudine latitudinem 
æquante ; extremitatibus inæqualibus 

Filamens verts d’une 400. de ligne de diamètre ; distance 
des cloisons égale au diamètre; extrémités effilées sur-tout 
l'antérieure. f 


J'ai donné à cette oscillatoire le nom #'Adauson , pour hono- 
rer la mémoire de ce botaniste célèbre , qui le premier a 
observé ces animalcules : elle se rencontre dans les lits des 
petits ruisseaux et sur les bassins des fontaines où elle forme 
des touffes plus abondantes et plus épaisses que toutes les autres. 
Elle est presque toujours accompagnée d'une matière terreuse, 
qui au toucher parait douce et onctueuse , et qui au microscope 
est composée de débris d’oscillatoires mélées avec du terreau, 


DES TRÉMELLES. 195 


C'est la seule espèce dans laquelle j'ai cru apercevoir des 
Mifférences assez sensibles; sa couleur qui est en général 
d'un vert assez clair , passe par toutes les nuances intermédiai- 
res, jusquà celle d'un noir foncé ; ses anneaux ne s’aperçoi- 
vent pas toujours avec la même facilité et sa tête est plus 
ou moins efflée. En particulier la variété que Desaussure a 
rapportée des eaux d'Aix , est remarquable par la rapidité 
de ses mouvemens qui ne se rallentissent point dans un liquide 
plus froid. Je soupçonne qu'il pourrait bien se trouver dans 
l'espèce que je décris, deux ou trois espèces distinctes ; mais 
je n'ai pas encore vérifié ce soupçon. 


N.° 6. Oscillatoire verte. Orscillatoria viridis. Fig. 7e 

Filamentis viridibus, inarticulatis ; extremitatibus inequalibus. 

Filamens sans articulations distinctes, d’une 450." de ligne 
de diamètre. 


Cette oscillatoire est très semblable à la précédente pour 
Tapparence extérieure ; elle recouvre le limon des petits ruis- 
seaux et les bassins des fontaines , sur lesquels elle forme des 
plaques vertes de peu d'épaisseur que l’on détache aisément ; 
son extrémité est courbée en crochet , comme l'espèce précé- 
dente; mais sa tête est moins allongée et moins aigue : Quoi- 
que l'on n'aperçoive pas ses anneaux au microscope , il n’y 
a pas de doute qu'elle n’en soit pourvue , et qu'avec une 
lentille plus forte, on ne parvint à les reconnaître : de 
même que l'espèce précédente , elle a plusieurs variétés qui 
différent les unes des autres par des apparences extérieures ; 

Bb 2 


196 HISTOIRE 


plutôt que par l’organisation : mais dans ces êtres microscopi- 
ques ; la moindre différence, pourvu qu’elle soit constante » 
peut suffire pour constituer une espèce. 


N° 7. Oscillatoire parietine. Oscillatoria parietina. Fig. 8. 

Filamentis viridibus , articulatis ; latitudine ns vix longitudinem exce- 
dente ; extremitatibus globosis. 

Filamens verts à articulations presque aussi longues que 
larges, d'une 400.%° ligne de diamètre ; extrémité terminée par 
un globule. 


Elle forme sur les pierres, sur la terre et le bois, des taches 
vertes , que l'on remarque en automne et en hiver ; ses 
articulations sont presque aussi larges que longues , elles se 
séparent fort aisément du tube principal, surtout au prin- 
temps et en été ; si à cette époque l'on observe cette 
oscillatoire , on la trouve composée de filets presqu'entière- 
ment rompus. Je vois dans mes notes que ses mouvemens 
sont peu sensibles, et que l’on remarque plutôt ceux qui sont 
progressifs , que les autres. Aujourd'hui que je l’observe de 
nouveau ( 12 Therm. an X. ) en rédigeant cet ouvrage, j'aperçois 
très-bien ses mouvemens , et je trouve que ses articulations 
très distinctes sont plus arrondies que celles des autres oscil- 
latoires : elle est sur-tout remarquable: par sa jolie tête globu- 
leuse que l’on peut voir se séparer du tube. Cette espèce a 
des rapports avec les nostocs par la manière dont elle se mul- 
tiplie , mais elle n’est pas comme eux entourée d’une substance 
gélatineuse, Il faudrait l'observer davantage. 


DES TREMELLES. 197 
N° 8. Oscillatoire brune. Oscillatoria fusca. Fig. 9.me 


Filamentis fuscis, articulatis, latitudine #ubi longitudinem bis snge- 
rante ; extremitatibus deformibus. 

Filamens noirâtres , articulés, d'une 300% de ligne de 
diamètre ; distance des cloisons égale à la moitié du diamètre ; 
extrémités efhilées. 


On trouve cette oscillatoire aux mêmes lieux que la noire ; 
dont elle diffère à quelques égards ; son diamètre est cons- 
tamment moindre , d'environ un tiers ; la largeur des cloi- 
sons n'est guère que le double de leur longueur ; sa tête quoique 
moins effilée que celle de la plupart des espèces, est cepen- 
dant assez sensible: on la rencontre en grandes masses au 
milieu de l'été dans les eaux pures et tranquilles; elle s’épanouit 
assez promptement, et ses mouvemens angulaires sont très-sen- 
sibles J'ai eu le plaisir de l'observer quelquefois dans les environs 
de Genève. 


N.° 9. Oscillatoire lisse. Oscillatoria lavigata. Fig. 10° 


Filamentis fuscis, inarticulatis; extremitatibus deformibus. 
Filamens noirâtres à articulations insensibles ; le diamètre 
d'une 600" de ligne ; extrémités terminées en pointe. 


Cette oscillatoire vit principalement sur les bassins des fon- 
taines où elle forme des plaques minces, d'une consistance 
assez semblable à celle du carton, et d’un noir brillant à Ha 
surface ; cette espèce de feutre est si épaisse et si serrée 


198 ass ortR E 


qu'ii est difficile de la rompre. Cependant si l'on parvient 
à en détacher quelques filets pour les observer à la loupe, 
on trouvera qu'ils se meuvent latéralement d’une manière 
très-marquée : jai peine à croire que ce mouvement qui s’aper. 
çoit toutes Les fois que l'on observe cette oscillatoire plongée dans 
un liquide , ait lieu également dans l’animalcule abandonné à 
lui-même , lorsque tous ses filets sont adhérens entr'eux. C’est 
une des oscillatoires les plus fines que je connaisse ; je n'ai 
pas aperçu ses anneaux, mais je pense qu'avec une loupe plus 
forte et avec une plus grande attention, on peut les découvrir, 


N° ro. Oscillatoire blanche. Oscillatoria alba. Fig. 11.° 

Filamentis albis ; aunuli lougitudine latitudinom æquante ; extremiras 
fibus vix deformibus. 

Filamens blancs , d’une oo. de ligne de dame ; distan- 


ce des cloisons égale au diamètre ; es obtuses et non 
efälées, 


C’est la troisième des oscillatoires que Desaussure a rencon- 
trées aux eaux d'Aix dans le bassin de St. Paul et qu'il décrit 
en ces termes : « Elle forme sur les plaques veloutées de l'os- 
» Cillatoire d’Adanson une espèce de moisissure blanche : 
» observée au microscope elle paraît douée d'un mouvement 
» Spontané; ses filets sont de moitié plus petits que ceux 
» de l’oscillatoire d'Adanson. Leur forme est aussi assez diffè- 
»s tente: ils aiment à réunir et à croiser leurs deux extrémités 
» sous la forme d’anneaux, ou de boucles, qui ont une tres: 
» grande ouverture rélativement à l'épaisseur des filets qui 


DES TREMELLES. 20 og 


» les forment : ces boucles exécutent divers mouvemens : 
elles s'élèvent , s'abaissent , s’allongent , s’élargissent * quel- 
quefois aussi, mais plus rarement, ces fils s'étendent en 
» ligne droite ; on observe alors plus commodément leurs 
» extrémités; on voit qu'au lieu de s’amincir auprès de ces 
» extrémités, comme ceux de la plupart des oscillatoires, ils 
» se terminent brusquement par un segment de sphère très- 
» applati. Comme ces différences sont constantes, et que je n'ai 
pu trouver aucune nuance intermédiaire , ni pour la couleur ; 
ni pour la grandeur, ni pour la forme, je regarde cette espèce 
comme distincte, et comme je crois quelle n'avait pas encore 
été décrite , je la nomme oscllatoire blanche. ; Telles sont 
les expressions de cet illustre observateur , auxquelles je 
n'ajoute rien , si non qu'ayant examiné les oscillatoires d'Aix 
(Thermidor an X ) , je nai pas su y distinguer la moisissure 
blanche en petites touffes , mais j'ai très-bien reconnu l’oscil- 
latoire elle-même et les filets rebouclés qui la caractérisent, 


2 


N°. 11. Oscillatoire menue. Oscilletoria tenuissima. Fig. 12.%° 

Filamentis albis , inarticulatis, crispatis ; extremitatibus non difor- 
mibus. 

Filamens blancs ; largeur du diamètre presque insensible ; 
articulations invisibles ; extrémités sans tête et sans queuc. 


C'est jusqu'à présent la plus petite des espèces ; on n'y dis- 
tingue au microscope ni cloisons, ni tête , ni anneaux. Elle 
se rencontre dans les eaux d’Aix mêlée aux autres oscillatoires, 


209 HisToire 


que Desaussure a décrites et elle forme par la réunion de, ses 
filets« des touffes épaisses et nombreuses. Elle diffère de toutes 
les autres par ses fils qui au lieu de s'étendre en ligne droite, 
sont recourbés et frisés ; ses mouvemens sont très-vifs et très- 
sensibles : il est facile de l’aperçevoir parmi les oscillatoires 
d'Aix, et je métonne qu'elle ait échappé à la sagacité de 
Desaussure. 


N° 12. Oscillatoire en fourreau. Oscillatoria vaginata. Fig. 13.%° 

Filamentis nigricantibus , vaginatis , coadunatis , vix articulatis ; 
extremitatibus distincts vix deformibus. 

Filamens noirâtres d'une 450." de ligne de diamètre, ren: 
fermés dans un fourreau membraneux, et libres à leurs extré- 
mités qui sont tronquées. 


Cette singulière oscillatoire se rencontre dans les temps 
humides , et principalement en automne et au printemps, sur 
la terre et dans le voisinage des maisons ; à l'œil elle forme 
des petits filets noirs qui serpentent irrégulièrement sur les 
pierres : au microscope ces filets sont formés d'un grand nom- 
bre de filamens réunis par une membrane transparente , et 
séparés à Jeur extrêmité où l’on peut aisément observer leurs 
mouvemens angulaires. Cette oscillatoire me semble faire le 
passage du genre des nostocs à celui qui nous occupe. Il est 
assez probable qu'elle ne se multiplie pas comme les autres, 
mais qu'au contraire chaque filet , après s'être séparé du four- 
reau , grossit et devient lui-même à son tour une enveloppe 
qui contient plusieurs filets. Ce qui foitifie cette opinion, 

c'est 


DES TRÉMELLES, 201 


c'est que l'oscillatoire en fourreau est la seule qui offre des fila- . 
mens d'un diamètre très-varié, cependant il est à désirer qu’on 
examine de nouveau cette espèce qui est fort commune, et 
qu'on la suive dans ses développemens; sa singulière organi- 
sation doit la rendre plus intéressante ; la propriété qu'elle a 
de revivre, dès qu’elle est humectée, et de ne pas périr comme 
Jes autres par la sécheresse, la rend encore plus remarquable. 


Fig. 13. a Fourreau de l’oscillatoire. 
b Extrémités séparées et flottant en gerbe, 
c Filet simple d'oscillatoire. 


Indépendamment des espèces d’oscillatoire que nous venons 
de décrire, on rencontre fréquemment, dans les lieux humides 
et dans les eaux , certaines productions formées de filets cylin- 
driques, réunis en grand nombre et ressemblant au premier coup- 
d'œil à des oscillatoires. Sans doute que parmi ces êtres orga- 
nisés , il s'en trouve quelques-uns qui sont de vraies trémelles 
filamenteuses , mais en général ils en diffèrent par leurs tubes 
qui ne sont pas formés d'anneaux, par leurs extrémités qui 
ne sont pas eñilées, et enfin parce qu'ils sont entièrement 
dépourvus de mouvemens. J'ai remarqué en particulier trois 
substances que j'ai quelque temps prises pour des oscillatoires, 
et que j'ai ensuite séparées de ce genre. La première est une 
plante à filets ramifiés et d'un beau vert glauque que j'ai reconnue 
ensuite être le bissus aquatica de Muller. Flore Danoise. T. 896. 
La seconde est une production qui forme des tapis noirûtres 
et étendus sur les tufs des marais , et qui au microscope est 


C c 


202 Dai Sr ONIUR UE 


composée d’un filet cylindrique et ramifié , rempli à l'intérieur 
d'une matière plus dure. La troisième est une substance géla- 
tineuse en mamelons , fort commune dans les mêmes lieux, 
et composée aussi de filets plus organisés que les précédens. 
Il me suffit d'indiquer ces trois espèces, afin de prévenir les 
erreurs dans lesquelles on pourrait tomber en prenant pour des 
oscillatoires des êtres qui n'en ont pas les propriétés. 


CES 


DES TREMELLES. 203 


SECOND: GENRE. 


Most mio cs, (Pr ue ) 


Nés désignons par la dénomination de sostoc, quelques- 
unes des substances auxquelles les botanistes donnent le nom 
de trémelle , et en particulier la trémelle nostoc et la trémelle 
verruqueuse. 


Ces substances sont faciles à reconnaître ; on les rencontre 
exclusivement sur les terres humides et dans les eaux , où 
elles se distinguent par leur consistance gélatineuse , leur 
couleur verdâtre , et les filets allongés qui remplissent leur 
intérieur , et qui sont composés de globules adhérens les uns 
aux autres, à peu près comme les anneaux d'un chapelet, 
Voyez Fig. Ire b. ; 


Leur organisation a évidemment de grands rapports avec 
celle des oscillatoires , mais elle en diffère à plusieurs égards. 
La première différence regarde la matière qui renferme les filets. 
Dans les nostocs cette matière est une espèce de gelée , dans 
les oscillatoires c’est une substance terreuse : la première con- 
tient les filets, la seconde les supporte. Ces filets eux - mêmes 
sont formés dans les nostocs d’anneaux plus arrondis , ils 

Cc2 


204 HoriSeT ur RE 


sont plus couts , plus recourbés , et ils ne laissent pas aper- 
çevoir ces mouvemens angulaires qui distinguent les oscillatoires. 


Les espèces que je renferme dans ce genre , sont au nom- 
bre de cinq ; la frémelle nostoc des botanistes , la sréwelle 
verrugreute ,; la  lichénoïde et deux autres espèces non encore 
décrites , mais cependant très-distinctes. Ce m'est qu'à celles 
que je désigne dans ce paragraphe , que je désire quon 
applique les détails qui vont suivre. Pour ce qui regarde .les 
autres espèces du même genre qui, dans le livre que j'ai sous 
les veux, ( Systema nature Gmelin 1789. ) sont au nombre de 47, 
je ne puis et je ne dois rien en affirmer : je n'ai pas eu occa- 
sion d'examiner le plus grand nombre d’entrelles, et je soup- 
conne que leur organisation intérieure ressemble peu à celles 
des nostocs : au moins la trémelle pourprée , et celle du gené- 
vrier en sont fort différentes. On a réuni confusément dans 
ce genre, toutes les productions à demi solides qui n'avaient 
point de formes déterminées , sans penser que dans les plantes 
où la fructification n’est pas apparente, on ne doit établir de 
ressemblance générique que d’après l’organisation intérieure. 


Je ne doute cependant pas que le genre que je propose ne 
ne s'étende un jour davantage ; d’abord les diverses variétés 
de la frémelle lichénoïde que j'ai examinées plusieurs fois, y 
seront sans doute placées; quelques-unes , comme la 2/obu- 
leuse , la pruniforme, y. entreront peut-être également. Je 
je pense de même que les trémelles marines de Linné 
qui habitent les rochers submergés, telles que l'hémsphérica , 


DES TRÉMELLES. 20$ 


l'adyata, la diformis, n'appartiennent au même genre; mais, 
comme je ne connais pas leur organisation intérieure , je ne 
peux encore rien prononcer. 


Il faudra faire, pour le genre des byssus , la même reforme 
que je propose pour celui des trémelles. J'ai déjà vu qu'on en 
a séparé avec beaucoup de raison, toutes les espèces pulvé- 
rulentes , mais ce nest pas assez ; il faut encore recon- 
naître la fructification de chaque espèce , pour en ôter d’un 
côté celles qui appartiennent aux oscillatoires , comme le fos 
aquæ , et de l'autre toutes celles qui sont des conferves, 
comme le byssus velutina, de manière qu'il ne reste plus dans 
le genre que des espèces qui aient une fructification qui leur 
soit propre. 

L'opinion des anciens botanistes sur la reproduction du nos- 
toc, ne mérite pas d’être rapportée. Ils croyaient en particulier 
que celui auquel nous donnons le nom de communs naissait 


_ naturellement sur la terre dans les jours de pluie, et mourait 


par la sécheresse. Réaumur est le premier naturaliste qui 
ait donné sur cet objet des idées raisonnables : il examina 
avec beaucoup de soin le nostoc commun qu'il avait placé 
dans un vase, et il vit distinctement dans l'intérieur de la 
matière gélatineuse , de petits globules arrondis qui en sortaient 
ensuite , et devenaient tout autant de nostocs. Voyez Aémoires 
de l'Académie 1757. 


I n'y avait rien à objecter à l'opinion de ce grand natu- 


206 Hxs ToOoirE 


raliste , qui était véritablement trés-exacte ; mais ellé ne suffisait 
pas pour expliquer la reproduction de cette substance. Il fallait 
savoir quelle était l’origine de ces grains ronds qui reproduisaient 
le nostoc, s'ils existaient dans l'intérieur de la gelée avant 
d'être visibles à l'œil, et quelle forme ils y avaient. 


Je ne comprends pas comment Reaumur, pour faire un pas 
de plus vers la découverte de la vérité, n’a pas observé au 
microscope l'intérieur du nostoc ; comment il n'a pas été 
curieux de connaître plus particulièrement une substance aussi 
singulière. Cependant ses mémoires sur les insectes l'avaient 
accoutuimé à l'observation des petits objets, et Micheli avait 
déjà découvert les filets intérieurs et les anneaux dont j'ai parlé, 

Le Cit. Girod-Chantrans vient d'examiner à son tour, les 
deux premières espèces de nos nostocs, et a donné ses 
idées sur leur reproduction. Il a vu, comme les botanistes 
qui l'ont précédé , les filets articulés contenus dans l’intérieur 
de la gelée ; ces filets ne lui ont paru doués d'aucun mouve- 
ment , tant quils sont restés sous leur première forme; mais, 
lorsque les anneaux qui les composent ont été entièrement 
séparés , et ont flotté dans la gelée, il a commencé à aper- 
cevoir un mouvement rapide qui animait tous les petits globules, 
et qui n'a cessé que lorsqu'ils se sont réunis pour former de 
nouveaux filets articulés ; d’où il conclut que les nostocs sont 
des polypiers. Voyez Recherches microscopiques Planche 6." 
Figure 10."° 


DES TRÉMELLES. 207 


. Indépendamment des objections particulières qu’on peut 
faire contre cet étrange arrangement , il me semble quil 
présente une objection générale d'une très - grande force. Le 
but de la nature dans la génération étant de reproduire de 
nouveaux êtres, pour réparer ceux que le temps a détruits, 
et tous les êtres que nous connaissons, se multipliant de 
cette, manière ; on ne comprendrait pas pourquoi les nostocs 
feraient seuls une exception ; car dans l'observation dont je 
viens. de rendre compte, il ny a point de multiplication 
proprement dite, mais seulement une transformation conti- 
nuelle : les grains forment des filets et les filets à leur tour 
forment des grains, sans que rien se détruise ou soit produit ; 
au contraire les globules sont inaltérables pendant la suite 
des années , et la seule différence qui existe dans leur état, 
cest quils sont mobiles ou stationnaires , selon qu'ils se 
trouvent séparés ou réunis : c’est du moins de cette manière 
que jai compris le système de reproduction du Cit. Girod- 
Chantrans sur les trémelles. 


Je n'avais point la connaissance des ouvrages de cet auteur, 
lorsque j'ai commencé mon travail ; par conséquent mes 
observations n’ont pas été faites dans le but de confirmer ou 
de détruire les siennes. Mais la grande différence qui se 
trouve entre les faits que nous rapportons, vient des cir- 
constances dans lesquelles nous avons examiné. J'ai toujours 
eu soin d'observer des nostocs frais et contenus dans une eau 
pure; mais le Cit. Girod les a laissés quelque temps dans une 
eau corrompue qui a donné naissance à des animalcules, et il a 


208 HISTOIRE 


confondu le mouvement de ces animalcules, avec celui des 
globules qui mont toujours paru immobiles. 


J'ai beaucoup observé les nostocs pour reconnaître leur repro- 
duction, et leur apparence dans les divers périodes de leur accrois- 
sement. Lorsque la substance qui les compose est parvenue à 
son dernier degré de développement , ce qui a lieu généralement 
dans le mois de Brumaire , la pellicule qui la recouvre se fend 
régulièrement : il en sort bientôt la matière gélatineuse à 
demi liquide et qui se répand dans l'eau. Il ne reste plus de 
la trémelle , que la pellicule adhérente à la pierre. 


C'est dans cet état qu'étaient les nostocs que j'ai examinés. 
La gelée observée au microscope, était remplie de filets moins 
sensiblement articulés que ceux des autres espèces, et fort 
ressemblant à ceux des oscillatoires ; leur extrémité était ordi- 
mairement formée par un globule plus rond et plus gros que 
les autres anneaux : lorsque ce globule avait acquis une forme 
a peu près sphérique , il se détachait insensiblement du reste 
du filet ; le globule suivant montrait les mêmes apparences, 
et enfin la totalité du filet était réduite en globules. Cependant 
il arrivait quelquefois que la séparation des globules , au lieu 
d'être successive, devenait simultanée , et qu'au lieu d’un filet, 
on napercevait qu'une suite de petits anneaux rangés sur la 
même ligne et séparés les uns des autres, 


Ce sont ces globules que je crois être les commencemens 
d'un nouveau nostoc. J'imagine qu'après s'être séparés les uns 


des 


DES! TR EMEILLES. 209 


des autres, et être devenus libres, dans l’eau où ils flottent, 
ces grains grossissent insensiblement au lieu de se détruire, 
qu'il se forme, dans leur intérieur, des filets semblables à 
ceux dont ils faisaient partie, et quenfin, ils se fixent par 
adhérence , sur les corps voisins où ils commencent à être 


aperçus , lorsqu'ils ont acquis des dimensions assez considé- 
rables. 


Les raisons qui donnent du poids à cêtte opinion sont les 
suivantes : d’abord comme on n'aperçoit dans l'intérieur de la 
gelée , même avec les loupes les plus fortes, aucun autre 
corps que les filets, il faut bien que l’on admette que les 
filets sont destinés à reproduire la substance dont ils font 
partie ; et comme au moment où cette substance a acquis son 
développement , ces filets se rompent en anneaux, il faut 
bien encore que ces anneaux reproduisent la plante. 


Ce qui fortifie sur-tout cette opinion, c'est que les jeunes nostocs 
ont tous une forme sphérique : quelles que soient les figures 
bizarres du nostoc verruqueux et des autres espèces, lorsqu'elles 
sont arrivées à leur dernier développement , elles ont toujours 
commencé par être sphériques. Lorsqu'on observe avec une 
loupe la surface des pierres sur lesquelles habite cette espèce, 
on voit quelle est couverte de corps sphériques de toutes 
les grandeurs qui ne sont que des nostocs , et dont l'intérieur 
examiné à la loupe , laisse :voir les filets qui font l'essence 
de ce genre ic 


D d 


210 HISTOIRE 


L'intérieur du nostoc commun , donne encore plus de lumière 
sur ce sujet : comme sa membrane extérieure est moins lisse 
que celle de la verruqueuse , et que sa gelée ne se répand 
pas dans l'eau ; on y trouve en tout temps quelques-uns 
des filets dont j'ai parlé ,et dont le caractère est d’avoir irré- 
guliérement des anneaux plus gros les uns que les autres, 
On y trouve aussi des anneaux de tous les diamètres , depuis 
celui quon observe lorsqu'ils sont encore disposés en filets, 
voyez Fig. 1° c, jusqu'à celui sous lequel ils peuvent être 
aperçus à la vue simple. Ce sont ces añneaux parvenus à une 
grosseur assez considérable que Reaumur avait aperçus ; ce 
sont ceux en effet qui multiplient la plante ; mais il était 
nécessaire de connaître leur origine , et de les suivre depuis 
leur naissance. 


Ce qui confirme ce que je viens de dire , c’est l'observa- 
tion même du nostoc globuleux : cette espèce qui ne me sem- 
ble pas avoir été aperçue , vit à la surface et dans l'intérieur 
des terres humides et arrosées, où elle se distingue par les 
globules dont elle est remplie. ( Ces globules de toutes les 
grandeurs sont représentés Fig. 2m a. et ses filets Fig. b 
et c ). Or , si l'on examine au microscope la gelée un peu 
solide qui la forme, on y trouvera une foule de grains séparés; 
les plus petits sont opaques et ne laissent rien aperçevoir, dans 
leur intérieur , mais dans les autres qui sont plus gros , il 
sera facile de reconnaître les rudimens des filets existans déjà 
dans le globule, d’abord un , puis deux , puis un plus grand 
nombre, puis enfin un nostoc tout formé. Voyez Fig. 2.me e» 


DES! TRÉMELLES CtI 


La même chose ne s'aperçoit pas dans l'intérieur des grains 
du nostoc commun , parce que sa substance. est opaque; mais 
il est impossible dans une aussi grande ressemblance d'objets , 
d'imaginer des reproductions différentes ; et quand une fois 
on s'est assuré par l'observation, que les grains de l'espèce 
seconde sont remplis de filets , il est aisé de comprendre 
que ces mêmes filets se trouvent dans les autres espèces. 


Il me semble donc qu'il n'est guères possible d'élever des 
doutes sur ce mode de reproduction : il est conforme à ce qu'on: 
avait déjà observé sur la multiplication du nostoc, il ressem- 
ble à la génération d'un assez grand nombre de productions 
microscopiques , et enfin il est également simple et facile. 
En effet il ny a 1ien de plus naturel à concevoir que des 
anneaux qui se séparent , et qui après s'être séparés reprodui- 
sent l'être dont ils faisaient partie, comme une portion de 
plante, redonne la plante entière à laquelle elle avait appartenu. 


Cette reproduction ressemble enfin à celle de l'hydrodictye, 
quoiqu'elle en diffère par quelques circonstances. C'est toujours 
un emboitement de germes contenus les uns dans les autres, 
depuis le premier qui les renfermait tous, jusqu'au dernier qui 
terminera l'existence de l'espèce ; les anneaux deviennent des 
trémelles , dont les nouveaux filets donnent des anneaux. 
sans interruption pendant la suite des siècles: en sorte qu'on 
pourrait considérer tous ces nostocs comme nélant qu'un 
seul et même être qui a reçu l’existence au commencement, 

D d 2 


212 ÉX 2 SUN OT RCE 


et dans lèquel la vie a été répandue jusques dans les parties 
infiniment petites. 


Nous sommes donc sans cesse ramenés aux idées d’embot- 
tement successif. Il n'y a point de création nouvelle, comme 
on l'a dit si souvent; les êtres ont tous été formés à l'avance, 
et l'époque de leur développement est déterminée dans le 
temps par l'auteur de la nature. La trémelle était sans. 
doute au nombre de ces êtres dans lesquels on pouvait 
supposer des reproductions spontanées ; cependant elle se mul 
tiplie avec une régularité aussi grande que celle qui a lieu 
dans les substances les mieux organisées. Mais quelle idée 
peut-on se faire de cette force puissante et toujours active qui 
hâte incessamment les accroissemens des êtres organisés, et qui 
reproduit la vie et la jeunesse, du sein même de la vieillesse 
et de la mort. De quelle infinie petitesse doivent être ces 
derniers germes contenus dans les corps organisés : quand on 
pense que le nostoc se reproduit peut-être depuis six mille 
ans , et que le germe qui se développera après un pareil nom- 
bre d'années , est déjà contenu dans le nostoc que nous fou 
lons aux pieds, et qu'il y est organisé de la même manière 
que tous les autres; peut-on n'être pas frappé du plus profond 
étonnement ? Et peut-on ne pas tirer cette conséquence, que 
les idées de grandeur et de petitesse qui sont beaucoup pour 
nous , ne sont rien pour la nature. 


Ce mode de reproduction dont nous venons de rendre 
compte , ne ressemble pas beaucoup à celui que les oscilla- 


DES’ TRÉMELLES. 213 


toires nous ont présenté ; dans ces dernières chaque division 
conserve un grand nombre d'anneaux qui tous ensemble ne 
produisent quun filet ; dans les nostocs au contraire chaque 
anneau fournit lui seul un être complet, qui en contient un 
très-grand nombre d’autres. Mais, puisque dans les conferves 
qui ont entrelles de si grands rapports, nous avons vu six 
reproductions différentes , il n’est pas étonnant qu’on en trouve 
deux dans les trémelles, d'autant plus que les nostocs qui sort 
retenus dans un liquide, et dont l'assemblage des filets ne forme 
pour ainsi dire qu'un seul être , ne peuvent guère se multiplier 
comme les oscillatoires. Il me paraît pourtant assez probable que 
l'on trouvera quelque être qui unira enfin ces deux genres ; leurs 
filets ont trop de ressemblance pour qu'on puisse entièrement 
les séparer; et l'oscillatoire en fourreau dont les filamens sont 
à moitié libres et à moitié enveloppés, me paraît déjà former 
un de ces passages que l'observation multipliera bientôt. 


: En attendant, je ne crois pas que l'on doive chercher 
dans les nostocs , la plupart des attributs qui caractérisent les. 
vraies plantes. Ce sont des êtres singuliers, qui semblent avoir 
été placés pour ainsi dire sur la limite du règne végétal, 
ainsi que plusieurs autres cryptogames. Je vais même plus loin, 
et je serais porté à croire que les nostocs sont plutôt des 
animalcules que des plantes : cette opinion doit paraître 
singulière, et contraire aux idées le plus généralement reçues. 
Tous les naturalistes qui ont parlé du nostoc, l'ont considéré 
comme un végétal et l'ont décrit comme tel ; cependant if 
est évident que les idées particulières dont est composé poux 


2TA EF 2 SITÈ0: TRE 


nous l'idée générale du végétal, ne s'appliquent nullement à 
cette substance. Il n'a point de racines,comme l'a montré 
Réaumur ; ilest dépourvu de feuilles, de tige, de tronc, et 
de tous ces organes qui caractérisent La plupart des plantes; 
examiné à l'intérieur , il n'a ni fibres , ni parenchyme , ni vaisseaux 
etc. La gelée à demi transparente, et les filets articulés, sont 
les seules substances dont il est composé ; et ces substances: 
n'appaitiennent pas plus à l'un qua l'autre des règnes : mais 
ce ne sont là, je l'avoue, que des présomptions qui peuvent 
engager les observateurs à suspendre leur jugement , mais 
qui sont loin d'établir l'animalité du nostoc : il faut pour déci- 
der cette question des preuves plus convaincantes, et ces preu- 
ves sont tirées du mouvement ; si les filets des nostocs se 
meuvent , ils sont animés ; s'ils sont immobiles, ils ne sont 
pas animés : il faut donc examiner avec la plus grande attention: 
si les filets articulés qui composent presque en entier les 
nostocs sont susceptibles de quelque mouvement , ou bien s'ils 
en sont totalement privés ; si l'observation est bien faite , ja 
question sera décidée, | 


J'ai donc soumis au microscope des filets de nostocs , et je: 


les ai examinés sous ce point de vue. D'abord je n’y ai point 
vu, comme on peut le croire , les mouvemens angulaires et 


progressifs qui distinguent les oscillatoires. Leurs filets , quoi- : 


que diversement fléchis et recourbés, ne paraissent doués 


d'aucun mouvement ; en sorte qu'au premier coup-d'œil on 


aurait prononcé qu'ils n'étaient pas des êtres animés. Mais, : 
puisque nous ne connaissons paint le mouvement dans ses : 


DES TRÉMELLES. ‘ter 


extrèmes, et que les oscillatoires m'ont presenté des exemples 
de mouvemens treé- peu sensibles , lorsqu'on les comparait 
à ceux de la plupart des animaux ; il ne serait pas impossible 
non plus, que les filets des nostocs n’eussent la faculté de 
se mouvoir, lors même que leurs mouvemens ne s’apercevraient 
pas d'abord au microscope. J'ai donc examiné ces filets, 
non plus séparément, mais les uns relativement aux autres : 
j'ai remarqué leur position , je lai dessinée sur le papier, et 
après quelque temps jai comparé mon dessin à la position 
des filets mis en expérience. J'ai vu fréquemment , dans ces 
deux circonstances , que la distance de deux ou de plusieurs 


filets augmentait ou diminuait. 


Je ne crois pas avoir été trompé par les illusions que le 
microscope occasionne. J'ai bien distingué le mouvement des 
filets , de celui que produit l'agitation de l'eau dans laquelle 
ils sont plongés: j'ai vu souvent ces filets parfaitement immo- 
biles , souvent j'ai observé que tandis que les uns se mouvaient, 
les autres restaient stationnaires; que le mouvement des uns 
était dirigé dans un sens différent de celui des autres ; et que 
le même filet après s'être dirigé vers la droite , revenait vers 
la gauche ; et qu'après s'être avancé d’un côté, il paraissait 
rétrograder du côté opposé. | 


Le moment le plus favorable pour saisir ces mouvemens , 
c’est celui où la pellicule du nostoc vient à s’entrouvrir, et 
où la gelée commence à se répandre ; avant on après ce temps 
la gelée est trop solide , et les filets sont trop engagés les 


D . Hi TS 0 Tr EC 


uns dans les autres , pour qu'ils se meuvent aisément. Maïs 
toutes les fois que j'ai examiné une gelé un peu liquide, j'ai 
eu le plaisir de voir quelque mouvement. En particulier les 
filets du nostoc commun se sont mûs plusieurs fois sous 
mes yeux, dans le mois de Messidor de l'an X, après les 
pluies , quoique le nostoc verruqueux soit incontestablement 
l'espèce dans laquelle les mouvemens m'ont paru le plus 
marqués 


Je prévois d'avance toutes les objections auxquelles don- 
nera lieu ce mouvement. Je ne doute pas, par exemple , 
que d'après les faits que j'expose, on n’examine des filets de 
trémelle verruqueuse dans le but d'observer leurs mouvemens, 
et qu'on ne prononce ensuite qu'ils sont immobiles : j'ai été moi- 
même dans cette opinion, et je ne serais pas étonné siles autres 
observateurs la partageaient; mais je prie qu'on veuille pren- 
dre les précautions que jindique ; qu'on observe la gelée au 
moment où elle se répand, quon examine avec attention la 
position des filets que l'on a soumis au microscope; et alors 
si l'on ne précipite pas trop son jugement, et que l’on suive 
à plusieurs reprises des filets dont l'on aura bien remarqué 
la position relative , j'ose espérer quon verra comme moi 
que les filets des nostocs sont doués de la faculté de se mouvoir. 


Indépendamment du mouvement dont je viens de parler et 
qui est un mouvement de transport, j'ai observé quelquefois 
dans les filets des nostocs, un autre mouvement par lequel 
ils changeaient de figure , et se repliaient sur eux-mêmes, Ce 
à mouvement 


DES TRÉMELLES. 217 


mouvement que je n'ai aperçu que rarement ma semblé avoir 
lieu principalement, lorsque les filets étaient entraînés par 
l'agitation rapide de l'eau. Il a lieu par une contraction 
subite, et non point insensiblement ; le filet semble alors 
éprouver une sorte dirritation, et s’agiter sur lui-même ; 
il est bien possible que toutes les courbures bizarres qu'il pré- 
sente , soient un effet de ce mouvement rapide et convulsif 
dont je parle. 


Quoique je pense avec le Cit. Girod-Chantrans que les 
nostocs pourraient être des animaux , cependant les idées que 
je m'en fais différent absolument des siennes. Cet auteur croit, 
comme je l'ai dit, que chaque anneauiest un animalcule doué 
par lui-même de vie et de mouvement : il ajoute que cet ani- 
malcule après s'être réuni accidentellement à ceux de la même 
espèce qui nagent dans le même liquide , forme avec eux des 
filets ; et il donne le nom de polype à ces réunions qui, consi- 
dérées dans leur ensemble, n’ont plus de vie ni de mouvement. 
Moi je pense au contraire, que chaque anneau est un germe 
qui, au lieu de se réunir à l'anneau voisin ; s’en sépare, et 
après la séparation, redonne lui seul un nostoc. Je crois que 
ce germe n'a jamais eu aucun mouvement , non plus que le 
nostoc qui en dérive, mais que lés filets contenus dans l'in- 
térieur , sont des êtres animés , et que leur mouvement nest 
pas difficile à apercevoir. Je vois donc du mouvement lors- 
que le Cit. Girod n’en voit point , et lui à son tour en aper- 
coit où je nen ai jamais vu: la cause de son erreur est 
toujours celle que, j'ai annoncée ; il a observé ses filets dans 

Ee 


218 HISTOIRE 


une eau corrompue , et il a pris des animalcules d’infusion 
pour des anneaux. 


Je n'ai pas pas besoin de répéter que le mouvement de 
mes filets est presqu'insensible. I1 est peut-être cent fois moins 
considérable que celui des oscillatoires dont Desaussure com- 
parait la marche à celle de l'aiguille des heures dans une 
montre Quelquefois cependant il m'a paru beaucoup plus rapide, 
mais en général il est tel qu'on n’en peut juger que par le 
changement de position entre les filets; et non par le mou- 
vement du filet lui-même. Mais la lenteur de ce mouvement 
nest pas une objection contre l'animalité du filet. Il existe 
dans le traité des animalcules infusoires de Muller , un assez 
grand nombre d'êtres dont le mouvement est encore moins 
sensible. En particulier, l'on peut voir dans presque toutes 
les eaux et sur-tout dans celles qui fournissent des conferves, 
un animalcule désigné sous le nom de Trichoda semilmna que 
je n'ai jamais vu se mouvoir, et dont Muller lui-même na 
aperçu le mouvement qu'après avoir observé l'animal pen- 
dant un temps considérable. 


J'avoue cependant que je ne sais quelle idée me former d'un 
être si étrange. Une suite de globules enfilés qui ont un mou 
vement commun, ressemblent bien peu à tous les animaux 
que nous pouvons connaître. Si les oscillatoires m'ont paru 
s'éloigner de nos notions sur l’animalité , à combien plus forte 
raison les nostocs s’en écartent-ils Au moins les premières 
avaient quelque apparence d'organes ; on pouvait y distinguer 


DES: TRÉMELLES. 219 


une partie qui faisait les fonctions de la tête , et qui avait 
un mouvement qui lui étaic propre. Mais dans les nostocs, je 
ne trouve absolument rien qui ressemble à un organe. Cepen- 
dant quelque bizarres que soient ces substances, on ne peut 
pas dire quil ny ait rien dans la nature quien approche. Ces 
animalcules singuliers qui ressemblent à des tuyaux d'orgues 
et que Muller décrit , ont déjà. avec eux quelque ressem- 
blance. Cette gelée qui flutte dans les fossés comme un 
nostoc , et que décrit le même auteur, en approche encore 
davantage ; mais rien ne paraît plus semblable à l'organisation 
de nos filets , que celle de cette monade sphérique, compo- 
sée de seize autres plus petites, dont aucun des globules en 
particulier ne jouit du mouvement , mais dont chaque collec: 
tion séparément peut se mouvoir (1). 


Je considère donc le nostoc , non pas comme un animal 
proprement dit , mais comme une réunion d’animalcules vivant 
dans le même lieu. Les filets sont les animalcules , et le lien 
qui les unit est la gelée dans laquelle ils sont plongés. Ils ont 
une enveloppe qui les protège et les contient jusqu'au moment 
où ils sont appelés à se multiplier. Et il nest pas trop éton- 
nant de trouver dans les animalcules des espèces qui vivent 
en société , comme on en rencontre si fréquemment chez les 
insectes. Au contraire, il serait plus remarquable qu'il n’en 


( 1) Quatrième Mémoire sur la matière verte , par Senchier ; Journal de 
physique ( Flor. an VII ) page 361. C’est le Gonium pecrorale de Muller. 
| EE 2 


220 HisSTOoiIREz 


existât point, et que l'auteur de la nature eût refusé à cette 
classe d'êtres ce qu'il a accordé à toutes les autres. 


Mais on ne doit pas espérer de retrouver ici ces merveilles 
d'instinct qui existent chez les insectes. Il est bien possible 
que parmi ces filets qui nous paraissent semblables , les uns 
soient destinés à des fonctions auxquelles ne sont pas appelés 
Jes autres. 1l est bien possible encore qu'il existe entr'eux des dif 
férences de sexe , de rang , de grandeur etc., et d’autres encore 
dont nous n'avons aucune idée; car nous devons soupçonner 
dans les petits objets, les mêmes merveilles que nous avons 
reconnues dans les grands ; mais jusqu'à présent je nai rien 
vu qui puisse me faire soupçonner aucune différence dans 
les filets. 


Il n’en est pas de même de la trémelle du genévrier : par 
exemple, sans prononcer si elle doit être placée parmi les ant 
maux ou dans les plantes , je puis déjà dire que son intérieur 
contient des êtres organisés de forme très-différente , distribués 
par ordre dans la gelée. J'ai fait la même remarque sur deux 
ou trois productions du même genre : je ne doute pas qu'elle 
se confirme sur quelques autres. J'en conclus donc que les tré- 
melles sont des êtres plus composés qu’on ne l'avait cru d’abord , 
et que par conséquent elles doivent être examinées avec plus 
de soin qu’elles ne l'ont été jusqu'à présent 


Les nostocs jouissent de la propriété accordée à quelques 
oscillatoires, de revivre par l'humidité. Tout le monde sait 


DES TRÉMELLES. 235 


que le nostoc commun, se réduit, par la sécheresse en une mem- 
brane noirâtre et presque imperceptible qui reprend son premier 
état dès qu’elle a été exposée à la pluie Cette propriété 
qu'ilepartage avec plusieurs animaux microscopiques , est 
une raison de plus pour le ranger dans la mème classe ; et la 
manière dont il se présente , les formes irrégulières qu'il 
affecte, ainsi que toutes les espèces du même genre , me 
semblent encore prouver quil est plutôt un assemblage d’êtres, 
qu'un étre particulier. 

On prononcera plus sûrement sur l'animalité des nostocs , 
lorsqu'on aura examiné les espèces marines. Leur intérieur 
présentera sans doute des ressemblances et des différences avec 
celles d’eau douce. Leurs filets auront peut être un mouvement 
plus sensible : on y reconnaîtra sans doute quelques vestiges 
d'organisation : on étudiera plus aisément leur mode dé repro- 
duction, et en même temps que lon y rencontrera des phéno- 
mènes nouveaux , on confirmera, ou l’on réformera quelques- 
uns des faits que nous ont offerts les nostocs d’eau douce. 


En attendant, je donne la description des cinq espèces que 
jai étudiées. Les nostocs que représentent les figures, sont de 
grandeur naturelle , et telles qu’on les rencontre communément, 
ils sont accompagnés de leur gelée remplie de filets et obser- 
vée au microscope : auprès de cette gelée sont des filets grossis 
et prêts à se séparer ; on en voit d’autres déjà séparés, et dont 
les anneaux ont déjà acquis quelque accroissement : enfin les 
mêmes anneaux se sont tellement développés qu'ils n'est guère 
possible de ne pas les considérer comme des nostocs , d'autant 
plus qu'ils ont déjà de nouveaux filets dans leur intérieur. 
Voyez surtout Fig. 1° et 2.1 


-223 HausSTozrrEe: 


Nosroc commun. Mostoc commune. PI. 16% Fig. 1. 
Exr. Plicatum undulatrn. 
Tuter. Filarentis moniliformibus , uléimo majori. 
Tremella nostoc. Linnæi. 
Nostoc plissé ondulé : filamens intérieurs en collier, le der- 
nier anneau est ordinairement plus gros que les autres. 


Tout le monde connaît cette trémelle qui se rencontre le 
Jong des chemins , quelque temps après la pluie: elle res- 
semble alors à des gousses de raisin, pour la couleur et pour 
la forme. Si l'on choisit ceux de ces individus qui contien- 
nent une plus grande quantité de matière gélatineuse, et qu'on 
les examine au microscope ; on verra avec surprise qu'ils sont 
en entier composés d’une multitude presqu'innombrable de filets 
articulés, qui varient de grandeur, depuis un jusqu'à cinquante 
anneaux, et si l'on observe attentivement ces anneaux, on 
apercevra qu'ils ont un mouvement qui n’est peut-être pas 
également sensible dans toutes les saisons et dans tous les 
individus; mais il est facile à apercevoir, lorsque la matière 
de la trémelle est liquide. I1 ne peut pas être attribué à l'eau, 
ni à aucune circonstance étrangère ; car les individus qui se 


DES TRÉMELLES. 223 


meuvent , changent à chaque instant de direction. Comme le 
mouvement de ces trémelles est extrêmement lent, il faut , 
pour en mieux juger, remarquer la figure de certains assem- 
biages de filets , et observer quelque temps après les changemens 
qui surviennent dans la position relative. Je n'ai jamais distin- 
gué dans la substance du nostoc , autre chose que des filets 
dont les anneaux se séparent les uns après les autres. IL est 
facile de voir cette séparation, en fixant quelque filet dont 
le dernier anneau soit fort grossi. J'imagine que : cet anneau 
grossissant ensuite devient lui-mème une autre trémelle. Au 
moins Reaumur a bien prouvé (1) que le nostoc avant d’être 
sous la forme de membrane, avait été sous celle de grains 
arrondis , et ces corps sphériques que l’on rencontre dans la 
substance de tous les nostocs, et dans l'intérieur desquels on 
voit déja des filets , semblent prouver avec assez de force 
que les anneaux sont eux-mêmes des germes de nostoc. 


Fig. 1° à Nostoc de grandeur naturelle. 
b Morceau de substance gélatineuse vue au microscope. 
c Filets en collier. 
d Articulations prêtes à se séparer. 
e Articulations grossies et déjà semblables à ‘une trémelle. 
Tous ces objets sont vus au microscope, 


Nostoc sphérique. Nossoc sphericum. Fig, 2.1 


{ 


(1) Mémoires de l'Académie, année 1722, pege 121. 


224 2H ais or & 

Ext. Granuiarum sphericum. 

lnt Filamientis moniliformibus. 

Tremella palustris, wesiculis sphericis fungiformibus Dill. Fig. 17.me 
Tab. 10. 

Trémelle gélatineuse, à grains sphériques; flamens intérieurs 
en collier. 


Cette trémelle ressemble beaucoup au nostoc commun , avec 
lequel.elle a sans doute été confondue par un grand nombre de 
botanistes. Cependant elle ne se présente point sous la forme 
de membrane plissée ; au contraire elle est constamment for- 
mée de grains arrondis, plus ou moins nombreux , souvent 
distincts et quelquefois réunis : aussi elle ne disparaît pas 
pendant la sécheresse , mais elle se conserve dans son même 
état tout le temps de sa durée; elle habite de préférence 
dans les lieux humides, et sur les bords des ruisseaux. Je l'ai 
observée trois années de suite dans le même lieu sur une 
terre argilleuse et -fraîiche où elle se multipliait. Comme elle 
contient des grains ronds de tous les diamètres , on peut en 
trouver d'assez petits pour les observer au microscope et l’on 
voit avec surprise que leur intérieur est déjà habité par de nou 
veaux filets: lon ne peut donc guëres douter que ces grains ne 
soient les anneaux déjà grossis. J'ai vu cette trémelle se mouvoir , 
et ses mouvemens étaient semblables à ceux de la précédente. 


Fig. 2% à Nostoc sphérique de grandeur naturelle. 
b Morceau de nostoc vu au microscope. 


c Filets en collier. x as 51) 
d Articulation 


DES TRÉMEÉLLES. 225$ 


d Atticulation prête à se séparer. 

e Articulation grossie et semblable au nostoc: la membrane qui 
enveloppe ces jeunes noëtocs , est si transparente qu’elle 

permet de distinguer au microscope les filets de l'intérieur, 
ce qui narrive pas au nostoc commun. 


N° 3 Nostoc verruqueux. Nostoc werrucosum. Fig. 3." 

Ext. Solidum difforme, gelatinosum , adnatum. 

Int. Filamentis ennulatis, vix monilifrrmibus. 
_ Substance solide , difforme , adhérente aux pierres des eaux 
courantes : filamens intérieurs à anneaux moins sensiblés, 


Elle vit dans les eaux de tous les ruisseaux , et principa- 
ement dans celles du Rhône, où elle se trouve en très-grande 
abondance pendant lhiver. Sa grosseur varie depuis une 
ligne , jusquà un ou deux pouces ; sa couleur est d’un brun 
plus foncé que celle des précédentes. C’est dans le mois de 
Nivôse que la pellicule extérieure qui là recouvre; s’entr'ouvre 
pour donner issue à la matière gélatineuse à demi-liquide, 
renfermée dans l'intérieur. Lorsque cette gelée s’est répandue, 
on ne retrouve plus que la peau du nostoc; qui bientôt après 
se sépare de la pierre. Si l’on a soin de recueillir cette gelée 
au moment où elle sort, et qu'on l'observe au microscope ; 
lon voit qu'elle est entièrement formée de filets articulés, 
presqu'égaux en grandeur et différemment repliés ; leur dernier 
anneau est plus gros et plus sphérique’ que les autres , et se 
sépare souvent du filet à la vue de l'observateur ; et il n'est 
pas rare de trouver l'intérieur de ce nostoc presqu’entig- 

FT 


226 HA ST o TRE. 


rement formé d'anneaux séparés et sphériques. C’est dans 
cette espèce que j'ai remarqué premièrement le mouvement 
des filets, que jai vu ensuite dans les nostocs ; mais il est 
nécessaire pour que les filets se méuvent sensiblement , qu'ils 
soient pris dans la gelée au moment où celle-ci commence à 
se répandre, 


Fig. 3° a Nostoc verruqueux de grandeur naturelle. 
b Substance intérieure observée au microscope. 
c Filets articulés. 
d Anneaux qui se séparent. 
Ces derniers objets sont vus au microscope, 

Comme les anneaux, après s'être séparés, se répandent dans 
l'eau , il n’est pas possible de suivre leur accroissement ; mais 
on peut les retrouver sur les pierres à la fin du printems : 
ils sont déjà visibles à la vue simple. 


N° 4. Nostoc coriacé. Nossoc coriacenm. Fig. 4.me 

Ext. Solidum , difforme , coriaceum, crispum. 

Inr. Filamentis vix moniliformibus ; recurvatis 

Nostoc coriacé , irrégulier ; filamens en collier ; la dernièse 
articulation n'est pas plus renflée que les autres. 


Ce nostoc n’est point formé , comme le nostoc commun, 
d'une substance membraneuse qui se dessèche au soleil ; mais 
la matière qui le constitue est beaucoup plus solide, et sa 
consistance approche de celle du cuir : sa couleur est d'an brun 
qui tire sur le jaune : on rencontre cette espèce dans les lieux 


DES TRÉMELLES 297 


marécageux , et sur la terre humide , où elle séjourne toute 
l'année. Les individus qui ont servi à ma description , se sont 
rencontrés dans les marais de Bossey ,où je les ai remarqués 
depuis trois ans. Je n'ai point vu dans l'intérieur de ce nostoc , 
les grains ronds qui se trouvent dans les deux autres espèces. 
Ces filamens de moitié plus petits, n'ont pas les anneaux 
aussi distincts que ceux des espèces précédentes ; ils sont 
presque toujours recourbés , et leur dernier anneau, au moins 
dans le temps où je l'ai observé, ne m'a pas semblé plus 
gros que les autres; cependant je n'ai aucun doute, que cette 
espèce ne se multiplie de la même manière. 


Fig. 4% a Nostoc coriacé. | 
b Morceau de substance gélatinguse observée au microscope. 
c Filets recourbés et frisés. 


On aperçoit à peine les anneaux , et l'on ne voit pas leur 
séparation. 


N° 5. Nostoc lichénoïde. Nostoc lichenoïdes Fig. me 

Ext, Expansum, membranaceun, crispum , nigruim. 

Int. Filamentis annulatis. 

Expansion membraneuse , frisée et noirâtre , adhérente aux 
arbres et aux pierres. 


Rien n'est plus commun que cette espèce, sur-tout en hiver 
après les pluies ; l'humidité la gonfle, et la rend visible. 
Je ne l'ai pas assez observée pour la décrire exactement ; 
mais j'ai constamment remarqué quelle était presque toute 

HD 


228 | H x SIT OR E 


couverte de grains noirs, de toutes les grosseurs depuis Ja 
plus petite : il est plus que probable que ces grains ont été 
primitivement les anneaux des filets; mais je n'afirme rien 
à cet égard ; seulement j'ai trouvé que cette espèce avait une 
extrême ressemblance avec le lichen trémelloïde, qui est chargé 
d’écussons bruns ; en sorte que je désire que l'on observe si 
le règne végétal n’est pas ici lié au règne animal d’une manière: 
plus étroite. que. dans les autres productions de la nature; et si. 
parmi les nombreuses variétés que l'on remarque dans cette 
espèce, quelques-unes ne méritent pas un examen'plus détaillé. 


Fig. $." Nostoc lichénoïde, 
b Grains séparés. 


CN PL 2 9g 


HISTOIRE 


D E'S 


DE V ES, 


L:: botanistes ont donné le nom d’Ulues à des productions 
qui vivent dans l'intérieur des eaux, et qui sont ordinaire- 
ment formées d'une substance membraneuse , mince et trans- 
par ente, 


Ces plantes ont des rapports avec les nostocs : elles en 
diffèrent cependant, soit par la matière dont elles sont formées , 
soit principalement par l'organisation intérieure , qui ne pré- 
sente point de filets articulés, mais seulement un réseau et 
des globules d'une extrême petitesse. 


C'est dans la mer qu'elles vivent ; les botanistes ont décrit 
un assez grand nombre d'espèces qui s’y trouvent ou flottantes 
eur les eaux, ou nageant à leur surface : celles qu'ils indiquent 
comme habitant les eaux douces, ne sont pas de vraies ulves, 
mais plutôt des conferves ou des tré melles , si l'on excepte 
cependant l’ulve intestinale, qui me semble avoir le caractère 
des ulves. 


230 HISTOIRE 


Cependant, il existe dans les eaux douces quelques espèces 
d’ulves : en particulier j'en ai trouvé dans les environs de 
Genève , au commencement du printems deux espèces dis- 
tinctes. La première, PL 17% Fig. 1. est une expansion 
foliacée très-mince , d’un beau vert, et du diamètre de quelques 
lignes. La seconde , Fig. 2.4, est une substance gélatineuse à 
peu près de la consistance du frai de grenouille, qui s'élève en 
forme de tube , ou de trompette du fond des petits fossés, 
dont l'eau n'est pas corrompue. 


L'organisation des ulves marines ne m'est point encore con- 
nue. Je vois dans un mémoire de De Candolle ( 1), que leurs 
expansions foliacées paraissent composées de deux épidermes 
appliqués l'un contre l'autre ; ces épidermes forment un réseau 
à mailles polygones très-serrées et souvent hexagones. Le 
parenchyme qui se trouve dans la plupart des plantes , ne 
s'aperçoit point dans celles-ci, eton ny voit aucun vestige de 


ces glandes corticales découvertes par Desaussure. 


J'ai essayé dernièrement d'examiner au microscope quelques 
ulves desséchées et principalement l'ulve élargie va latissima. 
J'ai aperçu dans la membrane transparente qui la compose, 
les vestiges d'un réseau plutôt que le réseau lui-même ; au 
milieu des mailles de ce réseau, j'ai distingué des points 
irréguliers , d'un vert assez clair, mais je n’ai rien vu de plus. 


(x) Observations sur les plantes marines. Ventôse an VII. 


DIE SV'L VE S. 231 


Ce n'est donc point l'organisation des ulves marines que je 
décris; je n'ai même aucune idée sur la manière dont elles 
croissent et se multiplient. Je n'offre aux naturalistes que 
quelques faits sur des plantes qui leur ressemblent et que jai 
suivies quelques années ; mais j'espère que ces faits pourront 
conduire à d’autres plus importans, et jeter quelque lumière 
sur la reproduction des ulves marines. 


Je découvris en Ventôse de l'an VIIT, l'espèce que je décris ; 
et à laquelle je donne le nom d’Ulva rivularis , à cause des 
lieux où elle vit. Elle recouvrait un petit fossé, placé sur les 
bords du chemin. Quelques individus étaient flottans et foliacés ; 
d'autres étaient adhérens aux herbes et aux corps plongés dans 
le liquide; et parmi ces derniers , les uns avaient une figure 
régulière , les autres ressemblaient à de petites vessies vides 
à l'intérieur. Fig. 1° 


‘Je rapportai chez moi quelques -unes de ces petites ulves, 
et je les examinai au microscope ; elles me parurent toutes 
formées d'une membrane transparente , dans laquelle on dis- 
tinguait un très-grand nombre de globules. Ces globules étaient 
disposés régulièrement quatre à quatre , de manière à former 
un quarré. Quelquefois ils étaient si pressés les uns contre les 
autres , qu'ils semblaient seuls constituer la membrane ; d’autres 
fois au contraire ils étaient plus écartés, et ils indiquaient 
par conséquent l'existence d'une membrane. Fig. 1. b. 


Je suivis régulièrement cette singulière production ; j'observai 


232 HISTOIRE 


d'abord que dans le même individu les grains n'étaient pas 
également serrés ; qu'ici ils l’étaient plus, que là ils l’étaient 
moins. Je remarquai ensuite que plus la saison s'avançait , 
plus les grains s’écartaient les uns des autres. Les petits globu- 
les en forme de vessie qui étaient adhérens aux corps étran- 
gers, devenaient tous les jours plus rares : après s'être gonflés 
ils s’entrouvraient succéssivement, se changeaint en de simples 
membranes et disparaissaient entièrement. 


J'examinai ensuité ce que deviendraient à leur tour ces 
petites membranes ; les grains sphériques et réguliers qui les 
formaient, continuaient à s’écarter ; on n'aperçevait presque plus 
la disposition régulière qu'ils avaient d'abord si constamment 
affectée. Au lieu d'être arrangés quatre à quatre, ils semblaient 
étre attachés à la membrane sans aucun ordre. Insensiblement 
ils grossissaient de manière à acquérir un volume plus que 
double. Les membranes elles-mêmes disparaissaient dans le 
liquide ; celles qui subsistaient encore étaient molles et se fon- 
daient à la main, et enfin dans le courant de Prairial , je 
n'aperçus absolument aucun vestige de cette ulve. 


Je ne regardai pas pour cela mon observation comme achevée : 
au contraire persuadé que dans les recherches de ce genre , 
on ne peut parvenir à la vérité, qu'en examinant le même 
objet pendant une suite de mois ou même d'années ; je remar- 
quai exactement la place dans laquelle j'avais observé mon 
ulve , bien résolu de la visiter fréquemment, et de voir ce 
qui sy passerait. | 


k | Je 


DES ULVES. 233 


Je n'obtins rien pendant le courant de l'an VIII, le fossé 
fut alternativement desséché et rempli d'eau , selon les vicis- 
situdes du beau tems et des pluies; je vis naître et se déve- 
lopper quelques espèces de conferves, mais je n’aperçus aucune 
etrace de mon ulve, en sorte que je craignis pendant quelque 
tems que cette plante n'eût péri sans retour. Cependant j'eus 
le plaisir de la voir renaître le 29 Nivôse de l'an IX ; elle 
remplissait toute l'étendue du même fossé où je l'avais ren- 
contrée l'année précédente : elle était attachée sous la forme de 
grains verts d'une grande petitesse, sur tous les brins de paille 
et de bois qui se trouvaient dans le liquide. Parmi cet 
assemblage de grains , dont les plus gros n'avaient pas même 
une demi-ligne de diamètre , on en remarquait qui étaient à 
peine discernibles à la vue simple ; et il n’était pas douteux 
qu'entre ces derniers , le microscope n’en pût découvrir 


d’autres plus petits. 


Tel était l'état des choses au milieu de l'hiver, et cet état 
dura pendant quelques semaines, sans aucun changement sen- 
sible ; mais lorsque la température eut commencé à s’adoucir, 
mes grains grossirent peu à peu, après s'être détachés suc- 
cessivement des corps auxquels ils adhéraient ; ils flottèrent 
dans le liquide , ils se présentèrent ensuite sous la forme de 
membrane , en un mot, ils passèrent par tous les états, sous 
lesquels je les avais observés l’année précédente , et enfin ils 
disparurent exactement à la même époque. 


J'observai le même fait dans les ulves de la même 
Gg 


234 FH sr de 


espèce qui croissaient dans d’autres fossés ; quoique séparées 
des premières , elles se développaient simultanément; elles 
atteignaient en même tems le terme de leur accroissement : 
leurs quatre grains s'écartaient à la même époque ; leur subs- 
tance devenait plus molle et toutes ensemble disparaissaient 
au commencement de Prairial. 


D'après ces observations il n'y avait aucun doute que les 
ulves ne se multipliassent par des graines comme tous les autres 
végétaux : il était également sûr que la durée de ces plantes 
était d'une année à peu près, et que la première forme de ces 
graines , celle sous laquelle elles commençaient à se dévelop- 
per, était la forme ronde et sphérique. 


Mais ces semences, où devais-je les chercher ? La réponse 
à cette question était loin d'être douteuse ; c'était dans la 
substance de l’ulve qui s'était développée avant une année. 
Car les germes reproducteurs d’un être sont toujours contenus 
dans cet être organisé lui-même. Or, je n'avais jamais aperçu 
dans la membrane qui forme l'ulve , autre chose que des 
grains, et ces grains par conséquent devaient être les globules. 
Ce qui confirmait cette opinion , c’est que ces corps, au lieu 
de se détruire en même tems que la membrane, grossis- 
saient au contraire et n'étaient jamais plus apparens que lorsque 
cette dernière était prête à disparaître. 


Je considérai dès lors ,et je considère encore les grains qui 
se trouvent dans les ulves, comme de véritables semences. 


DES ULVES. 23$ 


Les naturalistes qui liront cet ouvrage , ne trouveront pas sans 
doute mon opinion trop hasardée, peut-être même leur parat- 
tra-telle mieux établie que beaucoup d'autres : j'avoue cepen- 
dant qu’elle n’est pas rigoureusement prouvée, et que j'ai 
souvent désiré pour me satisfaire moi-même, de suivre les 
petits grains depuis le moment où ils se séparent de la mem- 
brane , jusqu'à celui où ils se développent. 


L'expérience ne sera pas difficile à tenter , elle consistera 
à prendre des ulves au moment de leur vigueur, et si on le 
veut , au moment où elles se décomposent. On les placera 
dans un vase que l’on aura soin d'exposer à la température 
de l'atmosphère et dont l’on renouvellera fréquemment l'eau. 
L'on examinera de tems en tems pour voir ce que devien- 
nent les grains et comment ils se développent, et l’on aura 
enfin la preuve de l’opinion que j'ai avancée. 


Si l'expérience ne réussissoit pas , il ne faudrait pas en con- 
clure d'abord que je me suis trompé ; il est si diffcile de 
réunir dans ces cas les conditions que présente l'air extérieur ; 
il arrive si rarement que l'on puisse pendant plusieurs mois, 
suivre sans aucune négligence à des expériences délicates , 
et il y a tant de différence entre l'état d'une graine qui repose 
sur la terre et celui dune autre qui est placée sur de 
l'argile cuite , comme est celle de nos vases, que dans le 
cas où l'on n'obtiendrait aucun développement, il faudrait 
varier les expériences plutôt que de les abandonner. 


Gg2 


236 Hi1sSsTOorRrE«z 


Si les grains qui se trouvent dans les ulves sont les semences 
par lesquelles elles se reproduisent, il faut considérer ces plantes 
comme nétant elles - mêmes qu'un assemblage de graines. 
Or, quoique cette idée ne s'applique pas aux grands végétaux 
dans lesquels la partie consacrée à la graine, n'est pas à 
beaucoup près la plus considérable, nons avons déjà vu qu'elle 
est exacte relativement aux conferves. Le réseau des hydro- 
dictyes n'est qu'un assemblage de semences , les batrachosper- 
mes sont composés d'anneaux qui reproduisent l'espèce , et 
dans les deux genres de trémelles, les filets eux - mêmes ne 
sont guères que des semences : l'essentiel de la plante est 
donc la semence, c'est à sa reproduction que l'auteur de la 
nature a tout rapporté, et cette partie subsiste encore toute 
entière, quand les autres ne sont plus. 


Je n'affirme pas que tous les grains soient destinés à se 
développer, comme je n'ai pas dit que tous les anneaux des 
batrachospermes réproduisaient leur espèce. Des recherches à 
cet égard sont presque impossibles dans des objets aussi petits, 
et loin de croire qu’on puisse y réussir, je suis persuadé qu'il 
est inutile de les tenter , sur-tout quand on ne peut aper- 
cevoir dans les subtances qu'on observe rien qui ne soit uni- 
forme et semblable, 


Nous voyons encore ici un exemple de ces développemens 
qui se sont présentés plusieurs fois dans l'histoire des confer- 
ves. Chacun des petits grains dont l'assemblage forme la mem- 
brane de l'ulve est lui-même une ulve toute entière. Cette 


DES ULVES. ï 237 


nouvelle ulve est à son tour formée de grains destinés égale- 
ment à reproduire d’autres ulves ,et cette succession d'ulves et 
de grains va ainsi en se perpétuant pendant la suite des siècles: 


En vain aije tenté de pénétrer dans l'intérieur de la meme 
brane qui forme les ulves pour me faire quelque idée de son 
organisation ; je n'ai jamais pu lapercevoir : sa transparence 
et son extrême subtilité la dérobent également à la vue ; 
mais je ne puis douter qu'elle n'existe, parce que les grains, 
quoiqu'éloignés les uns des autres, conservent pourtant la même 
position relative, et sont toujours disposés dans le même ordre, 
ce qui n'arriverait pas s'ils n'étaient pas retenus par un corps 
étranger. 

4 

Je ne suispas plus instruit sur ce qui regarde l'organisation 
des grains eux-mêmes; ils m'ont toujours paru assez exactement 
sphériques et opaques. J'ai cru apercevoir que lorsqu'ils se sépa- 
raient les uns des autres , ils avaient à leur centre un point 
noirâtre , ou une légère fente : mais il serait bien pos- 
sible que ce point ou cette fente ne fussent qu'une illusion 
d'optique. 


J'ai aperçu les mêmes phénomènes d'acroissement et de des- 
truction dans une autre ulve que je désigne par le nom de 
gélatineuse , et qui se rencontre à l'entrée du printems dans 
les mêmes fossés que la première. Elle est d'un vert blan- 
châtre et d'une grandeur beaucoup plus considérable ; mais 
elle renferme , comme la précédente, des grains sphériques 


238 HisToirreEe! 


réguliérement disposés, en sorte quil n'est pas possible d'y 
‘méconnaître une espèce du même genre : seulement ses grains 
sont plus gros, et d'ordinaire plus écartés, et parce qu'elle est 
plus rare en individus , quoiqu’elle se rencontre dans presque 
tous les fossés , je n’ai pas suivi à son développement comme 
à celui de la précédente : elle disparaît assez promptement, 
et l’on n'en trouve plus aucun vestige à la fin du printems. 


I nest pas impossible qu'il n'existe quelques autres espé- 
ces d'ulves d'eau douce, indépendamment de celles que je 
viens de décrire. J'en ai rencontré moi-même quelques autres 
qui mont paru être différentes de ces deux premières : une 
en particulier dont les grains étaient disposés deux à deux et 
non pas quatre à quatre; mais je les passe sous silence , 
parce que je ne suis pas assuré si ce sont des espèces ou 
seulement des variétés , et jomets également les ulves prumi- 
Jormis , granulata et pisum qui ont déjà été ôtées du nombre 
des espèces par Gmelin , et qui ne sont évidemment que des 
conferves gélatineuses , ou des nostocs. 


Je passe également sous silence l’ulve intestinale , que 
je n'ai point rencontrée dans notre département , mais qui 
est fort commune à Lons - le - Saunier auprès des bâtimens 
de graduation ,et qui m'a été rapportée du port de Lorient. 
Je trouve d'un côté dans mes notes qu'elle est composée 
d'un réseau à mailles ordinairement tétragones , et de l’autre 
que sa substance est un amas de grains sphériques qui ne 
sont pas régulièrement disposés. Je ne puis donc rien dire de 


ES PS PE TR SE 


DES: U L YVES. 239 


son organisation, non plus que de sa reproduction, que je 
n'ai pas obtenue, quoique jaie mis la plante en expérience, 
et je demande expressément quon n'applique pas à la repro- 
duction de cette ulve, ce que jai dit de celle des deux 
autres. 

Mais il existe dans les eaux fraîches et courantes, une 
autre espèce qui s'y trouve fort abondamment et que je veux 
placer ici quoique je sois assez incertain sur sa nature Elle 
vit à peu près toute l’année sur les pierres des ruisseaux qu’elle 
recouvre souvent en entier : sa couleur est d'un roux plus 
ou moins intense, sa consistance est entièrement gélatineuse, 
elle est formée de filets principaux à peu près cylindriques , 
dont les plus grands ont deux ou trois pouces de longueur , et 
sont chargés d’autres plus petits comme le tuyau d'une plume 
est revêtu de sa barbe. Elle répand au dehors de l'eau 
une odeur forte et animale: c'est probablement celle que 
Willars ( 1 ) décrit sous le nom de conferva fetida ; et je 
m'étonne qu'Haller qui l’a vue sans doute fréquemment, n'en 
fassse aucune mention dans l’histoire des plantes de la Suisse. 


J'ai long-tems hésité sur le genre dans lequel je devais 
placer cette substance. D'abord je l'avais crue une conferve. 
de la famille des gélatineuses ; en effet son port et sa con- 
sistance avaient un grand rapport avec ceux des batrachos- 


f 


{ r) Histoire des plantes du Dauphiné, Vol. IT, Pag. 1010. — Tabl. 56. 


240 | H1STOIRE 


permes ; mais comme elle n’était point formée en anneaux , 
que de plus elle n’était pas pourvue de ces cils] si constans 
dans toutes les batrachospermes, je l'ai ôtée de ce genre 
pour la placer dans celui des ulves. Ses grains extrêmement 
nombreux sont solitaires et assez considérables ; je les ai vus 
grossir , changer de figure , s'allonger et pousser une pointe 
par leur extrémité; je ne doute donc point qu'ils ne soient 
la graine , et c’est pourquoi jai placé cette plante dans le 
genre que je décris. 


Je ne veux point conclure de la reproduction des ulves 
d'eau douce à celle des ulves marines. Je n’ai vu qu'une fois 
Jes dernières dans un état de fraîcheur , et cet examen ne 
m'a rien appris sur leur reproduction: ce que je connais de 
l'ulve intestinale , m’engagerait bien plus à suspendre qu’à pré- 
cipiter mon jugement ; les tubes nombreux qui la forment , et 
les rejets dont ils se couvrent , semblent indiquer qu'elle se 
multiplie plutôt par la division que par le développement d'une 
seule partie, et je suis assez porté à croire qu'il y a dans ce 
genre la même variété de reproduction qu'on rencontre dans 
les autres. 


Les botanistes modernes supposent que les ulves se repro- 
duisent par des germes ou des corps plus solides , auxquels 
ils donnent le nom de gongiles et qui sont répandus dans ure 
membrane diaphane. Je vois même par les figures que Gmelin 
a données de quelques-unes de leurs espèces qu'il recon- 
naît dans leur substance des parties plus solides et plus 

serrées 


1 


DE SC UE V ES 241 


d’autres plus lâches. Ces parties plus solides se séparent sans 
doute après l’entier développement, et tandis que les autres 
périssent , elles se développent et reproduisent l'espèce. Cela 
me paraît d'autant moins difficile à concevoir, que cette 
génération se rapprocherait alors de celle des ulves d’eau 
douce : on supposerait qu'après s'être séparés du reste de la 
plante , ces noyaux ou ces germes flottent quelque tems 
dans le liquide , ou se précipitent au fond. Là ils rencontrent 
des pierres auxquelles ils adhèrent, et sur lesquelles ils .se 
développent en formant ces expansions foliacées qui sont si 
communes dans la mer. Mais ce ne sont là que des conjec- 
tures qui peuvent mettre sur la voie les naturalistes et 
les observateurs , et qui ne doivent jamais être confondues 
avec les faits. 


Je soupçonne encore que la matière verte qui a occupé les 
naturalistes assez long -tems , et sur laquelle Senebier a 
donné un grand nombre de savans mémoires, doit être ran- 
gée parmi les ulves. En effet, en débarrassant cette produc- 
tion des substances étrangères qui s'y trouvent fréquemment 
méêlées , en ne tenant aucun compte des filets qu'on y observe 
et qui appartiennent sans doute à un autre genre de plantes, 
on ne voit dans cette matière qu'une membrane transparente 
et des grains adhérens. Or , la membrane est le propre des ulves 
dont toutes les espèces en sont également pourvues ; et les 
grains qui sy mêlent , ressemblent aux grains de nos ulves, 
ou plutôt aux germes des ulves marines. Je ne serais 
pas même éloigné d'imaginer que c’est dans ces grains plutôt 

Hh 


242 HisToOïR.…zE 


que dans la membratie elle-même qu'il faudrait chercher Ia 
semence qui reproduit : car, si la matière verte est organisée, 
il faut bien qu'elle se reproduise par quelqu'une de ses 
parties , et quelque difficile qu'il soit d'imaginer que ses grai- 
nes soient répandues dans toutes les eaux , ou qu'elles soient 
transportées à travers l'air, ce qui est nécessaire pour concevoir 
sa formation ; il est encore beaucoup plus difficile d'admettre 
qu'elle s'organise d'elle-même gt d'une manière si régulière, 


me Des 


DES TTL VIE’. 19843 


SUD PER ONE"S 


N°, 1. | HR minime. Uloa minima. Fig, 11e 

Adol. Pellicult diaphant , membranacea , globulost ; reticulo incous- 
picuo ; granulis quateruis. 

Adult. Granulis distinctis. 

Pellicule transparente , membraneuse et globuleuse dans sa 
jeunesse ; réseau invisible; grains disposés régulièrement qua- 
tre à quatre, dans la jeunesse de la plante , et séparés dans 
son entier développement. 


Cette jolie ulve est commune au commencement du prin- 
tems dans les petits ruisseaux d'eau courante. Elle s'attache 
aux pierres sur lesquelles elle forme des expansions qui ont 
plusieurs lignes , et qui flottent dans le sens du courant ; 
elle est d'un beau vert foncé ; sa substance est membra- 
neuse et fort semblable à celle des ulves marines ; observée 
au microscope , elle paraît formée d’une réunion de globules 
disposés très-régulièrement en forme de quarré ; ces grains 
s'écartent ensuite , de manière à ce quon ne peut pas aisé- 
ment reconnaître leur ancienne disposition. Cette “espèce ne 
se trouve qu'au printems, 

Hh 2 


244 Fissirio rm 2 


N° 2. Ulve gélatineuse. Ulva gelatinosa. Fig, 9.4 

4dol. Gelatinosa, tubulosa ; reticulo inconspicuo ; granulis quaternis 

Adult. Granulis distinctis. 

Substance gélatineuse, tubulée, sans aucun réseau visible; 
grains intérieurs disposés en ordre quaterne, et qui se sépa- 
rent par l'âge. 


Elle se rencontre dans les mêmes lieux que l'espèce précé- 
dente, au commencement du printems. On la trouve aussi 
dans les mares et les petits fossés dont l’eau n’est pas cor- 
rompue. Elle ressemble au frai de grenouille, avec lequel 
elle a sûrement été confondue : sa couleur est d'un vert 
faible et peu sensible. Quelquefois elle flotte sur l’eau , mais 
plus souvent elle s'élève du fond sur la surface, sous la 
forme d’un tube cylindrique terminé à son extrémité par une 
éspèce de tête. Voyez Fig. 2.% bb. Elle contient les mêmes 
grains que l'espèce précédente ; mais ces grains sont plus 
gros , et perdent aisément leur première disposition. Ils gros- 
sissent beaucoup avant de se séparer de la matière gélati- 
neuse qui les renferme. Il m'a semblé voir assez distinctement 
sur chacun de ces grains un point noir ou une ouverture; 
mais il serait possible que cette apparence ne fût qu'une 
illusion d'optique. Cette espèce disparait assez promptement 
et ne se trouve qu'au printems. 


N° 3. Ulve fétide. Uloa ferida. 
Adol. Filaméntis cylindricis, solidis , gelatinosis ; extremitntibus multe- 


fes divisis. 
Aënl. Filamertis nudis. 


DES ULVES. 24$ 


Filamens cylindriques, solides, gélatineux, dont l'extrémité 
est en barbe de plumes , et qui dans leur vieillesse n’ont 
plus de subdivisions. 


Cette singulière ulve se rencontre dans toutes les eaux 
fraîches et courantes des petits ruisseaux. Elle est adhérente 
aux pierret-du fond. pendant tous les mois de l’année ; sa 
couleur est d’un brun noirâtre vers les extrémités : mais les 
tubes eux-mêmes , sur-tout ceux qui sont jeunes, ont un 
coup-d'œil verdâtre. Cette ulve est probablement celle que 
Villars a rencontrée dans les cuves de Sassenage , à laquelle 
il donne des racines. ( Voyez, Tab. $6."° de son ouvrage , ) 
et quil désigne sous le nom de corfèrve fétide. Elle paraît 
entièrement formée de tubes transparens et remplis de grains 
moins réguliers que ceux des espèces précédentes. Ces grains 
s’allongent et semblent redonner l'ulve , mais je n'ai pas assez 
suivi leur développement, pour affirmer quelque chose à cet 
égard. L'odeur qu'elle répand est très-forte, et ressemble 
aux odeurs animales et sur-tout à celle des corps qui com- 
mencent à entrer en putréfaction. Quoiqu’elle ne soit pas 
décrite par Linné, ni par la plupart des autres botanistes , 
je ne doute pas qu'elle ne se rencontre par-tout : son port 
la rapproche des conferves , mais son organisation l'en éloigne. 

a Ulve fétide de grandeur naturelle. 
b La même; vue au microscope avec ses grains. 


FREE 


(246) 


AUBIN: D T'CUE 


Eve IN j'ai eu le plaisir de compléter depuis quelques jours 
la reproduction des conferves de la seconde famille, auxquelles 
jai donné le nom de coxjnguées. On se rappelle sans doute 
qu'en présentant l'histoire de ce genre, je l'ai divisé en trois 
ordres, selon que la matière verte, contenue dans les tubes, 
était disposée en spirales , en étoiles, ou qu'elle se trouvait 
confusément répandue. J'ai donné le mode de reproduction du 
premier et du dernier ordre , comme on peut le voir, PI 4° 
Fig. ç.me et PL s.me Fig. 3.%, pour les conjuguées à spirales, 
ct PL gum Fig. çme Gme 7.me g.me et om pour les conjuguées 
à tube demi-plein ; mais pour ce qui concerne les conjuguées 
à étoiles , je n'avais sur leur reproduction que les connaissan- 
ces qu'on tire de l'analogie , et j'avais témoigné vivement le 
regret de n'avoir à offrir que des conjectures , malgré mes 
recherches réitérées pour parvenir à la vérité. Voyez page 56. 


Aujourd'hui (11 Fructidor ) , après avoir conservé dans un 
vase , pendant trois mois, la conjuguée en croix, cowugata 
cruciata, PI. 7. Fig. 3% et l'avoir vue se détruire, au point 
qu'il aurait été impossible à un observateur peu exercé d'y 
apercevoir ls moindre vestige de conferve , j'ai reconnu enfin 


APPENDI CE: 247 


ces grains sphériques auxquels j'ai donné le nom de globules , 
qui changeaient peu à peu de couleur, et. qui sentrou- 
vraient pour donner naissance à une conjuguée. Voyez PL; 6." 
Fig. 4%. ,b5:6 | 


- Ce mode de reproduction différent de celui des conjuguées 
àutube demi-plein, est tout-à-fait semblable à celui des con- 
juguées à spirales. Dans celles-ci comme dans les conjuguées 
à étoile , on aperçoit une enveloppe qui s’entr'ouvre longi- 
tudinalement pour donner naissance au nouvel être; mais il 
est plus facile de voir dans les conjuguées à étoile la manière 
dont se -fait l'accroissement de la nouvelle conferve. Les deux 
parties , ou les deux étoiles qui forment d’abord le jeune 
tube se divisent chacune en deux autres, qui se subdivisent 
de la même manière, en sorte que l'accroissement de la 
conferve se fait également non pas seulement par les deux 
extrémités , mais encore par toutes les parties du tube, qui 
s'étendent ainsi indéfiniment , jusqu’à ce que l'être organisé 
soit parvenu à son entier développement. Du reste, je ne sais 
point comment les botanistes envisageront la germination des 
conferves conjuguées; s'ils la regarderont comme celle d’une 
plante pourvue de cotylédon, ou comme celle d'un végétal qui 
en est privé. Pour moi j'avoue que cette reproduction me paraît 
avoir les caractères d’une reproduction animale, plutôt que ceux 
d'une reproduction végétale, et qu’on ne peut guères s'empêcher 
de comparer cette enveloppe, d'où sort la conferve, à la coquille 
dun œuf plutôt, qu'aux cotylédcns d'une plante, 


548 APPENDICE. 


Planche éme Fig. 4.me 

a Globule prêt à éclore. 

b Globule d’où sort la jeune conferve. 

c Jeune conferve qui a déjà quelque accroissement, et 
dans le tube de laquelle on distingue les cloisons. 

d Conjuguée qui a perdu son grain. Cette circonstance 
est très-commune dans cette espèce et peut-être dans toué 
l'ordre. J'avais cru d’abord que ces conjuguées n'avaient point 
d'enveloppe, et que les grains s'étendaient dans tous les sens 
au moment du développement : mais j'ai reconnu ensuite que 
cette opinion était erronnée , et que les conjuguées à étoiles 
étaient pourvues d'une enveloppe comme toutes les ‘autres 
conjuguées, 


EXPLICATION 


( 249 ). 


on) 


Fig. r. 


Fig 3. 


EXPLICATION 


. DES 


FIGURES. 


GENRES. @rawcur 1 


Écrosrerne vue au microscope. 
a a Graines de l’ectosperme. 
b Fleur mäle de lectosperme. 


Conjuguée vue au microscope. 

aaaa Graines. 

b b Filets spiraux. 

cc Conduits par fesquels passent les filets spi. 
raux d'un tube à l'autre pour aller former la 
graine. 

ä d Tube vide dont les filets spiraux ont passé 
dans le tube voisin. 


Polysperme de grandeur naturelle. 
a Point par lequel elle est attachée au bois. 


4 


b Renflemens ou nœuds propres à cette espèce. 
Li 


350 


Fig. 


ExPLICATION 
c Petites houppes de. filets. qui se.détachent ensuite 
et qui sont de jeunes polyspermes. 
d Un morceau du tube de! la polysperme vue à Ia 
loupe. 
e Graines sorties du tube. 


Hydrodictye < de _grandeur naturelle. 
a Bâton détaché de pus qui commence 
à changer d'état 
b Le même bâton peu de tems après. 
c Le même vu-aw microscope. 


Batrachosperme vue au microscope. 

a Anneaux déjà détachés et prêts à donner la 
jeune plante. | 

b La jeune plante sortant de tous les côtés de 
l'anneau. 


Prolifère vue au microscope. 
a Renflemens du tube de la prolifère. 
b b Jeunes filets qui sortent des renflemens. 
€ Filet qui persiste après la mort de la vieille pro- 
_ Kfère. 


DES FIGURES. eFt 


. 
ls 


Fig. 


nés. 


PREMIÈRE FAMILLE. 


“ EcTosrERMES VUES AU MICROSCOPE AVEC LA MÉME 


LENTILLE, PLANCHE 9.4 


Ecrosrrrme ovoïde. 
a Organe mâle de Ia poussière. 
b b b Graines donnant de jeunes ectospermes, 


Ectosperme à hamecçon. 
a.a Filets recourbés qui servent d’anthère. 
c Filet non recourbé qui porte la graine. 
d Pédoncule qui a perdu sa graine. 


Ectosperme terrestre. 
c c Filets recourbés qui servent d'anthére, 
d Filet qui a perdu sa graine. 


Ectosperme gazonnée. 

a a Graines géminées. 

b b Graines se développant. 

cc Filets qui servent d'anthére et qui se recourbent 
après Ja fécondation, 


A 4 
n ‘ , 


Tics 


252 


Fig. 5. 


EXPLICATION 
d Filet qui a perdu ses graines. 
o Point sur lequel reposait la graine. 


Ectosperme géminée. 
c L'anthère et les filets où reposent Îes graines 
formant une croix. 


Ectosperme  croisette. 
a Graine de la croisette. 
b b Croix de l’anthère. 


c La croix sans les graines. 


Ectosperme sessile. 
aa a Graines sessiles pourvues de leur anthère. 
b Graine solitaire avec son anthère. 
c Graines qui ont perdu leur anthère. 
d Anthère qui a perdu ses graines. 


eme 


Fig. 8. 


P.LANCELE’ LIT 


Ecrosperme à bouquet. 
p Bouquet de graines. 
n n Anthère. 
rrr Galles ou excroissances habitées par le ryclope 
Fupula. 
q Cyclope lupala développé. 


Fig. 9. 


DES FIGURES. 253 


a à Graines séparées et gonflées. 
b b Graines donnant un filet. 
c (Graines qui donnent deux filets. 


Ectosperme multicorne. 


_aa Pédoncule commun des graines. 


Fig. 10. 


Fig. 11. 


b b Anthère recourbée. 

c Pédoncule qui a perdu ses graines. On y dis- 
tingue les pédicules des semences qui sont 
droits et les anthères qui sont recourbées. 


Ectosperme à massue. 
nnn Massues de l’ectosperme. Elles sont prêtes 
à répandre leur poussière. 


Ectosperme à appendice. 
ss s Galles ou excroissances habitées par un 
insecte microscopique. 
ttt Corps arrondis sans point noir. Je soupçonne 
qu'ils sont des graines. 


SECONDE FAMILLE. 


CON y 6 ve: so P Fax ce HE 4" 


Fig. 7. 


Conveutr majeure dans son état le plus ordi- 
naire avant la réunion. 


54 


Fig. 4. 


EXPLICATION 


* 


a a a Spirales trés-serrées. 
b bb Spirales moins serrées et dans l'état où elles 
sont peu de tems avant la réunion. 


Conjuguée majeure malade. : 
ddd Spirales fondues et changées en matière 
d'un vert noir. Elles ne donnent jamais de graines. 


Conjuguée majeure réunie. 
a Spirale prête à passer dans Îe tube voisin , ayant 
les grains brillans très -apparens. | 
cecc Bourrelets qui s’avancent pour se réunir à 
la conferve voisine. 
ddd Loges réunies dont les? grains sont formés : 


les loges voisines sont constamment vides. , 


Conjuguée majeure malade dont les loges sont 
séparées. 


n nn Loges séparées ne la conjuguée malade et 


placée dans le vieux tube. 


Graines de la conjuguée majeure s’entrouvrant 

pour donner de jeunes confervés. 

t t Grains se développant dans l'intérieur du vieux 
tube. | 

a a a Jeunes conferves venant de naître. 

gc.c Jeunes conferves ‘tenant encore à la graine 
et dans lesquelles on aperçoit déjà les cloisons 
et les grains brillans. 


Fig 6. 


DES FIGURES. 25$ 
Conjuguée majeure un peu altérée. 
r r Elle est rompue par petits morceaux d’une ou 
deux cloisons. Ces cloisons se réunissent quel- 
quefois dans cet état, sur-tout lorsque la matière 
qui forme les spirales n'est pas altérée. 


A 


PREMIER ORDRE. 


CoNJUGUÉES 4. SPIRALESy-PLANCHE $" 


Lig. 


Comucuts à portiques dans son premier état. 
b La même réunie ; semènces ovales. 
aid: 
a Conjuguée condensée dans son premier état. . 
b La même réunie; semences sphériques. | 


a Conjuguée renflée dans son premier état. 

b La même, réunie; Semences ovales. 

a Grain dégagé du vieux tube et prêt à donner 
une jeune conjuguée, | 

b c Graines qui germent. 

d Jeune conjuguée qui a perdu son grain, 


a Conjuguée adhérente dans son premiér état. 
b La même réunie; semences ovales. 


256 EXPLICATION 


YPpLANCHE VI. 

VMtOf 

Fig. 1 a Conjuguée allongée dans son premier état. 
b La même réunie; semences ovales. 


SECOND ORDRE. 


ConNJUGUÉES À ÉTOILES PLANCHE G" 


DC QE efñlée avant la réunion. 


Fig. 
b La même réunie; semences sphériques et pla- 
cées dans un des deux tubes. 
Fig. 3. Conjuguée jaunâtre, 
APPENDICE Präixcur 6." 
Fig. 4 Cr en croix dans son premier état : 


c'est l1 même que celle qui est représentée 
El Fios, 

an Semences séparées et qui vont germer. 

b b b Semences qui ont germé, et d'où l'on voit 


sortir la jeune conjuguée. 
cc 


DES PIGURES. 257 


c c Jeune conjuguée dont l’on apperçoit les cloisons 
et qui tient encore à la semence. 
d La même séparée de la semence. 


Fig. 1. 


PLANCHE) VEL 


: Cire étoilée dans son premier état. 

b La même réunie; semences ovales placées dans 
un des deux tubes. 

cc Globules qui donneront naissance à une nou: 
velle coujuguée. 

d Etoiles qui ne sont pas encore réunies. 

e Matière verte qui passe d’un tube dans l'autre. 

f Loges vides dont la matière a passé dans le 
tube voisin. 


a Conjuguée en croix dans son premier état. 

b La même réunie; semences sphériques placées 
indifféremment dans l'un des deux tubes. 

c Cloisons séparées les unes des autres, et qui sans 
doute ne sont pas destinées à reproduire. 

b Bourrelets destinés à se réunir. 


a Conjuguée croisée dans son premier état. 
b La même réunie; semences sphériques placées 
entre les deux tubes. 


c Réunion des deux tubes par leur bourrelet. 
Kk 


258 EXPLICATION 


d Globules sphériques. 
ee Entrelacement des deux tubes. 


Fig. 4. a Conjuguée en peigne dans son premier état. 
b La même réunie. 
d Matière verte étendue qui indique un dépéris- 
sement de la plante. 
e Bourrelets prêts à se réunir. 
e Semences sphériques. 


TROISIÈME ORDRE. 
Conte cie A TUBE INTÉRIEUR. PLANCHE 8." 


EL 


pos coudée dans son premier état. 


Fig. 1. 

Fig, 2. 3. $.6. La même réunie. 

Fig. 4. La même prête à se réunir. 

Fig. 8. Jeune conjuguée qui sort par l'extrémité. 

Fig. 7. Jeune conjuguée qui sort par les côtés. 

Fig. 9. Conjuguées entièrement dégagées de leur an: 
cien tube. 

Fig. 10. : Conjuguée serpentine. | 


a bc ÆEa même représentée par trois figures dif 
férentes. 


DES FIGURES. 259 


TROISIÈME FAMILLE. 


HYDRODICTYE PLANCHE 9" 


Fig. 1. és de grandeur naturelle. 

Fig. 2. Maille détachée vue à l'œil nu. 

Fig. 3. La même vue au microscope avec ses grains 
brillans. 

Fig. 4 ‘ Côtés du pentagone prêts à se séparer et vus à 
l'œil nu. 

Fig. 5. Les mêmes vus au microscope et enveloppés 
de leur membrane. 

Fig. 6. Hydrodictye à la moitié de son développement, 


\ ? . 
vue à l'œil nu. 


QUATRIÈME FAMILLE. 


PLV SELLE SNPEAMANOQEE 107 


Fig. x. Pa fluviatile un peu grossie; 
Fig. 2. Tube de la polysperme vu au microscope. 


c c Chapelets sortis du tube. 
Kk 2 


260 


Fig. 3. 


Fig. 4. 


EXPLICATION 


d d 4 Les mêmes qui ont grandi. 
e ff Les mêmes anneaux prêts à se séparer. 


g Anneaux séparés. 
hiklmno Graines dans différens degrés de 
développement. 


Polysperme pelotonnée vue à la loupe. 
a Anneau qui ressemble à une graine extérieure. 
b Poussière verte qui sort du tube. 
c Tube vide qui a perdu sa poussière. 
d d Cloisons de la conferve, d'où partent de nou- 
VEAUX rameaux. 


Jeune polysperme vue au microscope. 
f Germe prêt à se développer. 
g Radicules par lesquelles la jeune plante est adhé- 
rente. 
b Nouveaux filets de la polysperme. 
i Nouveaux filets déjà ramifiés. 


DES-FIGURES. 261 
LEUR 
CINQUIÈME FAMILLE. ( Prawc. 11, 12ET 13). 


PURE M L'EIROTORODIRE 


BATRACHOSPERMES RAMIFIÉES. 


PL XL Fig. 1. Barracnoseene à collier vue au microscope 
a a Grains noirs qui se développent. Tite 
g g Grains noirs déjà développés. 
c c Cils qui terminent les anneaux. 
Fig. 3. Batrachosperme à collier de grandeur naturelle. 
Fig. 2.  Batrachosperme en plume vue au microscope 
cc Cils qui terminent les anneaux. 
g g Jeunes batrachospermes dans leur premier déve- 
loppement., 
Fig. 4  Batrachosperme en plume , de grandeur naturelle. 


PL XIL Fig 1. Batrachosperme en houppe vue au microscope. 
c c Cils qui terminent les anneaux. 
nn Jeunes batrachospermes dans leur premier 
développement. 
Fig. 4 Datrachosperme en houppe de grandeur naturelle, 


262 EXPLICATION 


SECOND ORDRE. 


BATRACHOSPERMES 4 MAMELONS. 


PL 12." Fig: a Barracuosemenx pelotonnée vue au micros: 
cope. 


c Anneaux prêts à donner la jeune batrachosperme. 


n n Jeunes batrachospermes dans leur premier dé- 
veloppement. ” 


Fig. 3.  Batrachosperme pelotonnée de grandeur naturelle. 


PL 13.% Fig. 1.Batrachosperme fasciculée vue au microscope, 
cc Cils qui terminent les filets ramifiés. 
Fig.2.  Batrachosperme fasciculée de grandeur naturelle. 


SIXIÈME FAMILLE. 


PR O’z TERRES ‘PLAN Ed", 


Fig. r. | D CIRE des ruisseaux. 
a a Bourrelets qui donnent les jeunes filets. 
b b Prolifère parasite, | 

Fig. 2.  Prolifère frisée. 

Fig. 32  Prolifére cotoneuse. 

Fig. 4. Prolifère en vessie. 

Fig. s.  Prolifère composée. 

Fig. 6.  Prolifére parasite. 


DES FIGURES. 263 


TRÉMELLES. Praxc 1" Er 16° 


OscILILATOIRES PLANCHE :15" 


Fig. 7. 


Fig. 2. 


Canoe principale vue à l'œil simple. 

aa Oscillatoire principale vue au microscope avec 
sa tête et sa queue ; diamètre d’une 60." de 
ligne. 

b Oscillatoire prête à se séparer en plusieurs autres. 

c Tube d'oscillatoire vide. 

d Petite oscillatoire séparée. 

fQueue de l'oscillatoire ayant ses appendices. 

r Tube à moitié plein. 

s s Oscillatoire privée de vie. 


Oscillatoire majeure d’une 80." de ligne. 
Oscillatoire noire d'une 160."° de ligne. 
Oscillatoire rougeâtre d’une 360." de ligne. 
Oscillatoire d'Adanson , d'une 400." de ligne. 
Oscillatoire verte, d’une 450.* de ligne. 
Oscillatoire pariétine , d’une 400." de ligne. 
Oscillatoire brune , d'une 300." de ligne. 
Oscillatoire lisse , d'une 605." de ligne. 
Oscillatoire blanche , d’une 300." de ligne. 
Oscillatoire menue. 


Oscillatoire en fourreau , d’une -450." de ligne. 


Fig. 1. 


Fig. 4. 


EXPLICATION 


N: 0:45 DOCS. Prianwet ace, 


a Ncroe commun , de grandeur naturelle. 

b Morceau de substance gélatineuse vu au micros: 
cope. 3 

c Filets en collier. 

d Articulation prête à se séparer. 

eAtticulation grossie et déjà semblable à une 
trémelle. 

Tous ces objets sont vus au microscope. 


Nostoc sphérique de grandeur naturelle. 
b Morceau de substance gélatineuse vu au microscope. 
c Filets en collier. 
d Articulations prêtes à se séparer. 
e Ârticulations grossies et déjà semblables à une 
ÉTÉNTORE TT MR 1 


Nostoc verruqueux de grandeur naturelle. 
b Morceau de substance gélatineuse vu au micros: 
cope. | ( 
c Filets en collier, 


Nostoc coriacé de grandeur naturelle. 
b Morceau de substance gélatineuse vu au micros: 


cope. 
ç 


Fig. $. 


DES FIGURES. 265 


c Filets en collier. 
d Articulation prête à se séparer. 


Nostoc lichénoïde de grandeur naturelle. 
b Grains qui reproduisent le nostoc. 


U. LYVOE ES NOR ane re » TZR 


Ua minime de grandeur naturelle: 
a Fragment de l’ulve détaché et flottant, de grandeur 
naturelle; 
b Même fragment vu au microscope. 
Ulve gélatineuse de grandeur naturelle. 
a Ulve fétide de grandeur naturelle. 
b Ulve fétide vue au microscope. 
c Fragment de la même vu au microscope. 


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om 


TABLE RAÏSONNÉE 
D ES 


M.A TIiÈR.E.S. 


Lyrronverrow. — Histoire des connaissances que Îles anciens 


botanistes avoient acquises sur les conferves. — Précis de ce 
qui restait à faire pour compléter cette étude. — Pourquoi 
jai donné une nomenclature nouvelle de ce genre. — Pour- 


quoi jy ai ajouté la reproduction des trémelles et des ulves. — 
Mémoires que j'ai consultés sur ce dernier objet. — J'ai été 
obligé d'employer le microscope dans ces recherches. — Détails 
sur les figures qui représentent les diverses espèces. — Elles 
ont toutes été trouvées dans le Département du Léman. — 
Je n'ai pas examiné les conferves marines et la raison. — 
J'aurais désiré de trouver les organes sexuels de toutes Îles 
conferves. — Je n'ai ajouté à mes descriptions qu'un petit 
nombre de synonimes. — Raisons particulières qui m'ont déter- 
miné à entreprendre cet ouvrage: elles sont scientifiques ou 
morales. Pag. 1 jusqu'à la 16. 


Classification. — Définition du genre des conferves. — Sa 
division en six autres genres. — 1° Les Æctospermes. 2° Les 
- Conjuguées. 3° Les polyspermes. 4° Les hydrodicryes, 5° Les barra- 

Le Lis 


268 T'{£sur 


chospermes. 6° Les prolifères. — Cette division n’est peut-être 
pas complète. — Elle peut être plutôt étendue que resserrée. 
— Discours préliminaire sur chaque genre suivi de la descrip- 
tion des espèces qu'il comprend. Page 1 jusqu’à la 8. 


PREMIERE FAMILLE. 


EcToOoSrPERMES. 


Du de ce genre et du mot par lequel il est désigné. — 
Organisation de ses diverses espèces.— Poussière qui y est conte- 
nue. — Ce genre est fort commun.— C'est celui dont les 
graines ont été d'abord reconnues. — Histoire détaillée de 
cette découverte faite en lan VIIT et vérifiée depuis — 
Comment on peut supposer que ces graines sont fécondées. — 
Cette opinion serait difficile à confirmer par l'expérience. — 
Ces organes mâles ont des formes très-différentes selon les 
espèces. — Je leur donne le nom de corses ou d’arthères. — 
Ine faut pas confondre ces anthères avec un autre corps étranger 
qui se trouve sur les conferves de ce genre, et qui n'est qu'une 
galle habitée par un insecte, — Habitation des ectospermes. — 
Durée de leur vie. — Elles ne résistent ni à la grande chaleur, 
ni au grand froid. — Leurs graines au contraire résistent à l'in- 
fluence des hautes températures. — Leurs semences ne sont pas 
proprement à cotylédons. -— Point d'adhérence, s’il est le même 
que le point par lequel commence le développement. Quelle 
idée on peut se former de ce développement. — Micheli est 
le seul botaniste qui ait eu quelque connaissance de la repro: 
duction de ces conferves.— Les espèces de ce genre ont été 


RAISONNÉE. 269 


jusqu'à présent la plupart confondues. Linné les a comprises 
sous la dénomination de conferva fontinalis. — Depuis la page 
8 à la 25. 


ESPÉCES DE CE GENRE 


© 


Ectosperme ovoide. 

a hamecon. 
M LE EE 
gazonnée. 
———— géminée. 


[=] © © 


D A+ D 


[=] 


——— croisette, 


Q 


———— sessile. 


7. 

8° ————— à bouquet, 
9 ——— multicorne. 
10 ———— à massue. 
LT. —— à appendices. 


Depuis la page 25 à la 38. 


SECONDE FAMILLE. 


CONJUGUÉES. 


DRE on de ce genre. — Comment il diffère des 
ectospermes, esssentiellement et accidentellement. — Il n'a 
pas été connu de Linné. — Ses espèces sont difficiles à dis- 
tinguer. — Leurs formes au microscope sont très-remarquables. 
— Leur organisation. — On peut communément diviser cette 
famille en trois ordres. — Tube sa composition. — Grains brillans 


27e TABLE 


— Cloisons intérieures. — Elles sont doubles et non pas simples. 
— Le premier objet que je me propose, cest de trouver la 
manière dont ces conferves se multiplient. — J'ai beaucoup de 
peine à la trouver. — J’aperçois d'abord une réunion qui me 
paraît fort remarquable. — Je vois ensuite des globules dans l'un 
des deux tubes. — D'où peut dépendre cette forme arrondie. — 
Ces globules varient de forme suivant les espèces. — La con- 
juguée réunie persévère long-tems dans le même état. — Les 
tubes se détruisent enfin.— Cette destruction a rendu plus dif- 
ficile la découverte des graines. — Les globules sont des 
graines et je les vois germer en grand nombre. — Je les 
montre à d'autres. — Ce n'est pas seulement la couferva jugalis 
qui se reproduit de cette manière, immnais cette reproduction 
appartient encore aux autres conjuguées du même ordre. — Il 
serait pourtant possible que les autres espèces neussent pas 
toutes la même enveloppe ; cependant quelques-unes la pré- 
sentent. -— Maladies auxquelles sont sujettes les conjuguées. 
— La réunion des tubes des conjuguées est-elle une fécon- 
dation proprement dite ? — Discussion à ce sujet. — Combien 
il est difficile de rapporter ce cas à celui des fécondations ordi- 
naires.— Mais les objections qui se présentent ici n'affaiblis- 
sent pas le système de l’emboîtement. — Cette reproduction 
n'appartient proprement qu'aux conjuguées du premier ordre. 
On ne peut pas conclure de celles-ci à celles des deux derniers 
ordres. — Je n'ai pas encore vu des conjuguées du second ordre 
se multiplier en ma présence. — Les conjuguées du troisième 
ordre sont assez différentes de celles des deux autres. — Elles 
se réunissent aussi différemment, — Je réussis enfin à voir 


E 


RAISONNÉE. o7I 


leur reproduction. — Nombre des espècés. — Frédéric Muller est 
le seul auteur qui a décrit quelques espèces de conjuguées. 
— Il est tombé dans quelques erreurs à leur sujet. — Ses des- 
criptions spécifiques ne sont pas exactes et ses caractères sont 
difficiles à reconnaître. — Diamètre du tube mesuré au microscope, 
— Habitation des conjuguées. — Les phénomènes qu’elles pré- 
sentent n'appartiennent pas à d’autres conferves. — Elles sont 
presque toutes flottantes. — Leur durée varie selon les espèces. 
— Elle est en général d'une année. — Depuis la page 38 
jusqu'à la 63. 


ESPÈCES DE CE GENRE 


PREMIER ORDRE. 


7 GGICA, PA) 
1 558 #e y 
CONJUGUÉES A4 SPIRALES: fu A6 
(= L'PRARYES 
qu LES EC TO 
1° Conjuguée majeure. NC 7 
x n._" 
| miagiti * 
D à portiques, Née # 7 
3.2 ————— condensée. 
4° ————— renfiée. 
ÿ ———— adhérente. 
6° ————— allongée. 
SECOND ORDRE 
ConNJUGUuÉES À ÉTOILES. 
7° Conjuguée effilée. 
8° jaunâtre. 
9 — étoilée. 


272 TABLE 
10.° Conjuguée en croix. 
#8 croisée. 
12" à peigne. 


TROISIEME ORDRE. 


CONJUGUÉES 4 TUBE INTÉRIEUR 


13.0 Conjuguée coudée, 
14° - Serpentine. 
Depuis la page 63 jusqu'à La 81. 


TROISIEME FAMILLE. 


HYDRODICTYE. 


D: FINITION de ce mot. — Ce genre est composé d'une 
seule espèce. — Son organisation est très - singulière. — Je l’é- 
tudie au microscope. — Je cherche à reconnaître sa reproduc- 
tion. — Conjectures multipliées que je forme à cet égard. — 
Je parviens à être témoin de ce singulier phénomène. — 
C’est un emboîtement bien remarquable. — Où est ici la pous- 
sière fécondante ? Il est probable quelle est contenue dans 
es grains brillans. — Intervalle entre deux générations. — 
Précautions de la nature pour la conservation de l'hydrodictye. 
— Depuis la page 82 à la 89. 


ESPÈCE DE CE GENRE, 


Hydrodictye pentagone, — Page 88 et 89. 
| QUATRIEME 


RAISONNÉE. 273 


QUATRIÈME FAMILLE. 


POLYSPERMES. 


J E la désigne par le nom de Polysperme. — Comment ce genre dif 
-fère des précédens. — L'espèce dont je connais la reproduction est 
la Conferva fluviatilis de Linné. — Sa description. — Elle a été 
suivie pendant deux ans.— Elle paraît d'abord se reproduire 


par bourrelets. — Je trouve dans son intérieur des chape- 
lets, dont les anneaux grossissent , se détachent et devien- 
nent des graines. — Je vois ces graines germer. — C'est là un 


quatrième mode de reproduction. — Je ne connais rien dans 
ce genre qui puisse remplir les fonctions de la poussière fécon- 
dante. — Quelle idée il faut se faire des houppes dont elle 
est recouverte. — Conséquence générale sur les bourrelets. — 
Je ne connais pas l'organisation du tube dans ce genre. — 
Durée de la principale espèce. — Il est probable que les eaux 
de la mer renferment plusieurs espèces du même genre. — 
Depuis la page 89 à la 98. 
ESPÈCES DE CE GENRE. 
1° Polysperme fuviatile. 
y pelotonnée. — Son histoire particulière. 
Depuis la page 99 à la 104. 
CINQUIÈME FAMILLE. 


BATRACHOSPERMES. 


Fanirre. des Batrachospermes. — Elles sont très-faciles à 
distinguer. — D'où vient leur toucher doux et onctueux. — Les 
conferves de ce genre sont plus ramifiées que toutes les autres. 


Mm 


274 TABLE 


— Elles ont un tronc principal à l'exception d’une seule espèce, 
et chacune de leurs ramifications est terminée par un cil. — Leur 
organisation ne diffère pas entièrement de celle des autres 
conferves. — On les rencontre à peu près toute l’année. — 
Recherches sur leur mode de reproduction. — Les germes sont 
de petits grains blanchâtres répandus sur toute la plante. — 
Ces grains ont été originairement des anneaux. — Comment 
se développent-ils ? — Tous les anneaux fournissent-ils des 
germes ? — Usages auxquels pourraient être destinés les cils 
qui terminent les rameaux. — Les grains reproducteurs se 
découvrent à la vue simple. — Les espèces de batrachospermes 
sont adhérentes aux pierres des ruisseaux. — Depuis la page 
104 à la page 112. 


“ESPÈCES DE CE GENRE. 
PREMIER ORDRE. 
BaTRACHOSPERMES RAMIFIÉES. 

Tr B'arnacrae ue à collier. 


en plume. 
en houppe 


ire 


(J 


LR 


SECOND ORDRE. 
BaTRACHOSPERMES À MAMELONS. 
4° Bin oomene fasciculée. 


5.” pelotonnée. 
Depuis la page 104 jusqu'à la 118. 


RAISONNÉE. 275 
SIXIÈME FAMILLE. 


PROLTFÉRES. 


Faurrce des Prolifères. — Pourquoi les conferves de cette 
famille ont reçu ce nom.— Leur mode de reproduction n'est 
pas rare parmi les végétaux. — Les prolifères n'ont rien de 
remarquable au premier coup-d’œil. — Elles sont simples. — 
Leurs filets sont très- allongés. — Comment se forment les bour- 
relets qui les reproduisent et les filets qui en sortent. — Nou- 
velle manière de se reproduire propre à la conferva rivularis de 
Linné.— Il ne faut pas confondre les conferves qui se mul- 
tiplient par bourrelets avec les -conferves parasites. — La même 
conferve peut être prolifère et donner naissance à des parasites. 
— Ces conferves parasites forment une branche nouvelle de 
la science. — Caractères qui distinguent les filets d’une conferve 
parasite de ceux d'une conferve prolifère. — On’peut lever 
toute équivoque par l'observation. — Exemple de conferve para: 
site développée sur la conferva glomerata de Linné.— Les con- 
ves prolifères peuvent elles-mêmes être parasites. — Quelle 
idée on doit se former de la multiplication par bourrelets. — 
Il n'y pas de différence essentielle entre les reproductions par 
bourrelets et celles qui ont lieu au moyen d'un germe — fl 
n'est pas facile de découvrir le germe dans le bourrelet: — II l’est 
encore moins de voir dans les prolifères les organes sexuels 
qui appartiennent aux autres végétaux. — Raisons pour les- 
quelles j'ai donné moins d'attention à ce genre qu'aux précédens. 
— Mais j'ai rendu un compte fidèle de ce que jai vu. — Les 
espèces de ce genre ne sont pas toutes nouvelles. — Depuis Ia 
page 118 jusqu'à la 129. 
Mm 2 


276 TABLE 
ESPECES DE CE GENRE. 


Nfur. Pronrère des ruisseaux. 


2. » — frisée. 
347 ——1cotonneuse 
4. — —— en vessie 
S. ———— composée. 
6 parasite. 


Depuis la page 129 à la 134. 
CONCLUSION. 


Cr ouvrage ne contient guères qu'un seul fait, celui de 


la reproduction des conferves, — Tableau abrégé de leur 
diverses reproductions, — Le nombre des espèces dont je 
représente les reproductions est de 38. — On pourroit aisé— 


ment en rassembler un plus grand nombre. — Mais les circons- 
tances n’ont pas été favorables à mes recherches. — J'ai omis 
à dessein un grand nombre d’espèces qui étoient microscopi- 
ques.— Il sera facile de reconnoître celles que je décris. — 
Plaisir que l’on trouve dans cette connaissance. — Son utilité 
n'est pas grande. — Mais il faut distinguer l'utilité prochaine 
de l'utilité éloignée. — L'utilité éloignée est ici très- grande. 
On peut espérer de parvenir par cesobservations à de grandes 
vérités. — Les conferves ont sans doute des rapports avec l’é- 
conomie de cette terre. — En particulier elles purifient l’atmos- 
phère. — Elles ont quelque utilité pour les arts. — Analyse 
chimique.— Précaution à prendre dans ces analyses. — Examen 
de la question de l'animalité des conferves, et en particulier de 


RAISONNÉE. 277 


lopinion du Cit. Girod-Chantrans. Cette question générale doit 
être résolue en autant de questions qu'il y a de genres de con- 
ferves. — Si le caractère de l'animalité est la faculté de se 
mouvoir , les conferves ne sont pas des animaux. — La 
seconde famille paraît douée de quelques mouvemens, mais les 
phénomènes qu’elle présente ressemblent à ceux d'un assez 
grand nombre de plantes. — Les autres familles doivent 
évidemment être placées parmi les végétaux. — Le Cit. Girod- 
Chantrans affirme cependant qu'elles sont pour la plupart des 
polypiers. — Je ne peux rien prononcer sur les conferves que 
je n'ai pas vues, mais les espèces que j'ai examinées et qui 
se trouvent dans le livre du Cit. Girod , ne sont pas des êtres, 
animés. — Cet auteur n'a point aperçu les graines de mes 
ectospermes, ni les phénomènes que présentent mes conjuguées. 
— Il na pas non plus reconnu la manière de se reproduire de 
mes autres familles. — La cause de ces omissions se trouve 
dans les circonstances qui ont accompagné ses observations , 
et dans le défaut de précautions. — Des animalcules de tout genre 
se sont développés dans l'eau qui contenait les conferves. — 
Les tubes se séparent par leurs articulations à cause du 
mauvais état du liquide qui les renferme. — Les reproductions 
que décrit le Cit. Girod, sont à peu près sans exemples dans 
la nature , celles que j'annonce sont conformes à l’analogie. 
— Je suis fâché des différences d'opinion qui se trouvent entre 
le Cit. Girod et moi. — Je voudrais lui montrer ce que jai 
vu et l'engager lui-même à prononcer, — Je désirerais qu'il 
répétât mes observations, comme je répéterai les siennes. — 
En attendant je présente le tableau comparatif des espèces 


278 T'Ap Li 

que nous avons décrites ; il servira à ceux qui voudront porter 
un jugement entre les deux auteurs — Ce qu'il reste encore 
à faire pour achever l'histoire des conferves. — Il faut étudier 
les conferves marines, et les examiner à peu près comme jai 
examiné les conferves d'eau douce. — Questions à résoudre à 
cet égard. — I] reste beaucoup à faire pour les conferves d’eau 
douce. — [1 faut achever leur nomenclature. J'ai négligé quel- 
ques espèces et il en existe beaucoup d'autres que je ne connais 
pas encore. — [1 faut achever les travaux que je n'ai qu'ébau- 
chés et qui seront facilement perfectionnés. Quelles sont les 
principales imperfections de mon travail, pour ce qui regarde 
les six familles en particulier. — La moins achevée est Îa 
dernière. —— Je tâcherai de suppléer un jour à ce qui lui manq. "À 
— Depuis la page 134 jusqu'à la 161. 


LS TO UTRE 


D'ESeREU RE MEET EE Es 


Cr qu'on entend par trémelles. Ce genre est encore fort obscur. 
C'est pourquoi je l'ai étudié — Je le divise en deux genres; celui 
des trémc'les filamenteuses que je nomme oscillatoires, et celui des 
trémelles gélatineuses que j'appelle sostocs. J'exclus de ce second 
genre plusieurs espèces qui y ont été placées parles botanistes. 
— Depuis la page 163 jusquà la 165. 

PREMIER GENRE. 


U OscILLATOIRES. 
Premrer genre oscillaroires. — Elles ressemblent à des con- 
ferves et elles ont été long-tems prises pour telles. —— Je dois 


leur connaissance au Cit. Boissier. — Il n'était pas dificile de 


RAISONNÉE. 279 


les distinguer des conferves. —— Leurs caractères. — Ils sont plus 
Saillans au microscope. — Elles sont presque toujours. accom- 
pagnées d'un corps étranger sur lequel elles reposent. — Elles 
en sortent pour s'étendre en forme d'étoiles. — On peut corm- 
parer cette substance à la matière gélatineuse des nostocs. — 
Elle n'offre rien de remarquable au microscope. — Ce qui 
distingue surtout les oscillatoires , c'est leur faculté de se 
mouvoir, — Desaussure compare leur mouvement à celui de 
l'aiguille des heures dans une montre. — Ce mouvement des 
osciilatoires est trop variable pour que cette comparaison puisse 
être exacte. — Adanson est encore moins exact dans la descrip- 
tion de son oscillatoire. — Le mouvement des oscillatoires est 
trop varié pour être expliqué mécaniquement. Cependant ces 
animalcules recherchent la lumière. — Mais on n’en doit pas 
conclure qu'ils ne sont pas des animaux. — Ils ont une 
tête et une queue. —- Description de ces parties dans l'oscillatoire 
majeure. Tous les individus n'étaient pas également pourvus de 
ces parties — Je nai pas vu le mouvement des anneaux du 
corps. Je n'ai pas trouvé sur les oscillatoires les productions 
parasites que l’on rencontre sur les conferves. Cependant la 
matière contenue dans les tubes m'a paru hétérogène. — Recher- 
ches sur la manière dont ces animalcules se reproduisent, — 
Difficulté de cette recherche. — Moyen logique de procéder 
dans ce travail. — Je conjecture qu'ils se multiplient par sections. 
— Cette conjecture se vérifie dans loscillatoire principale, — 
Quand jeus reconnu cette division dans une espèce , je la 
vérifiai aisément dans les autres. — Il n'y a rien de régulier 
dans ces sections. — La reproduction des oscillatoires par section 
n'est pas une opinion nouvelle en histoire naturelle, — Le Cit, 


280 TA B'L-E 


Girod-Chantrans annonce que la reproduction n’a pas lieu de 
cette manière. — La reproduction par division resemble à celle 
des polypes. — Elle est essentielle dans les oscillatoires , mais 
elle est accidentelle dans les vers. — Les oscillatoires ne pa- 
roissent pas avoir de différence de sexe.— Comment se fait 
l'accroissement de ces animalcules. — C’est une question à laquelle 
il n'est pas facile de répondre. — Observation de Desaussure sur 
les diaphragmes. — Le même auteur observe que l'accroissement 
des oscillatoires se fait avec une grande rapidité. — Quelle 
idée faut:il se faire de la vie des oscillatoires , comment vivent- 
elles et quel est le terme de leur durée. — I] n'est pas facile de 
répondre à ces questions. — Leur accroissement est probablement 
plus rapide en été.— Quels sont les agens qui les détruisent. — 
L'opinion d’Adanson sur le degré de froid qui les fait périr , 
doit être réformée. — La privation du liquide dans lequel elles 
vivent détruit au moins quelques espèces. — Les liqueurs irri- 
tantes les tuent. — Elles redoutent moins la chaleur que le froid. 
— Elles n'ont pas besoin d’une eau pure et fréquemment renou- 
velée. — Elles habitent dans l'eau ou sur les terres humides. — 
Elles vivent également sur les montagnes très-élevées. — Je ne 


sais pas si l’on en rencontre dans les climats plus chauds. — 


Les eaux salées peuvent en contenir. —— On peut distinguer 
Ieurs espèces en flottantes et en sessiles. — Elles aiment à vivre en 
société. — Leur utilité n'est pas grande , cependant elles ser. 
vent comme les conferves à dégager l'air pur lorsqu'elles sont 
exposées au soleil. — Les espèces que je décris sont au nombre 
de douze. — Embarras que j'ai éprouvé pour trouver des carac- 


tères spécifiques. — Depuis la page 165 jusqu'à la 189. 
ESPECES 


ENCNTS SNS. 


RAISONNÉE. CEE 4 


ESPÈCES DE CE GENRE. 


NI”. Oscrcrarome principale. 
% ——— majeure. 


2 

3° ————— noire. 

4 ——————— rougeûtre. 

$ ————— d'Adanson. 

6 ————— verte. 

7 ——————— pariétine. 

S° ——————— brune. 

QU ———————— lisse. 

10. ———————— blanche. 

LL ——————— menue. 

12.° —— en fourreau. — Et quelques espèces 
obscures. — Depuis la page 189 jusqu'à la 202. 


SECOND GENRE, 


Nos Trocs. 


Lo. du genre des Nossocs. — Leur organisation a 
de grands rapports avec celle des oscillatoires. — Les espèces 
de ce genre sont au nombre de cinq. — On ne doit pas y 
comprendre les autres espèces décrites‘ par les botanistes. — 
Je ne doute pas cependant que ce genre ne s’étende un jour. 
— Il faudra faire pour le genre des byssus la même réforme 
que j'ai faite pour celui des trémelles. — L'opinion des bota- 
nistes sur la reproduction du nostoc ne mérite pas d'être rap- 


portée. — Reaumur a donné le premier sur ce sujet des idées 
Nn 


282 Es MOD ue D ad 


raisonnables. — Mais il aurait pu faire un pas de plus vers la 
vérité. — Le Cit. Girod a donné ses idées sur la reproduction 
de cette substance, mais elles diffèrent des miennes. — On peut 
lui faire des objections particulières et sur-tout une objection 
générale. — Comme je ne connaissais pas son ouvrage , mes 
observations n’ont pas été faites dans le but de contredire ou 
de confirmer les siennes. — Précis de mes observations. — Com- 
ment je conçois que se fait la reproduction du nostoc. — 
Raisons qui donnent du poids à cette opinion. — Ce qui la 
fortifie davantage. — L'intérieur du nostoc commun, donne, 
de même que celui du nostoc globuleux, encore plus de lumière 
sur ce sujet. — On ne peut guères élever de doutes sur ce 
mode de reproduction. — Il ressemble à celui de lhydrodic- 
tye. — Nous sommes sans cesse ramenés aux emboîtemens 
suecessifs. — Les nostocs ne se multiplient pas comme les oscil- 
latoires. — On ne doit pas chercher dans les nostocs les attributs 
qui constituent les véritables plantes. — Je’ vais plus loin et 
je crois qu'ils sont des animalcules. — IT faut, pour établir cette 
opinion , des preuves convaincantes. — Leurs filets ne se meu- 
vent pas comme ceux des oscillatoires, mais ils se meuvent , et 
je ne crois pas avoir été trompé par les illusions que le micros- 
cope occasionne. — Quel est le moment le plus favorable 
pour saisir ces mouvemens. — Je prévois les objections: aux- 
quelles ce mouvement doit donner lieu. — Les filets du nostoc 
ont encore une autre espèce de mouvement qu'on pourrait ap- 
peler mouvement de contraction. Quoique je pense avec le 
Cit. Girod que les nostocs pourraient être des animaux , cepen- 
dant lesidées que je m'en fais, diffèrent absolument des siennes. 


RAISONNÉE. 283 


Le mouvement des filets est presqu'insensible. = Je ne sais 
quelle idée me former d'un être aussi étrange. — Cependant 
Muller et Senebier ont décrit des animalcules encore plus ex- 
taordinaires. — Ce n'est pas tant un animalcule qu'une réunion 
d’animalcules. — On ne peut pas y trouver ces merveilles 
d'instinct si communes dans d'autres êtres. — Cependant [a 
trémelle du genévrier paraît assez composée. — Les nostocs 
revivent par l'humidité. — On prononcera plus sûrement sur leur 
animalité lorsqu'on aura examiné les espèces marinés. — Je 
donne la description de cinq espèces que j'ai étudiées. — Depuis 
la page 202 jusqu'a la page 221. 


ESPECES ‘DE CE GEN'RE. 


N°, 1. Nosroc commun. 
»" sphérique. 
3 —— veriuqueux. 
4° ——— coriacé. 

é? lichénoïde, 


Depuis la page 222 à la page 229. 


U-L :V'E *S. 


A QUELLES substances les botanistes ont donné le nom 
d'uives, — Elles vivent en grand nombre dans la mer , cependant 
il en existe quelques espèces , dans les eaux douces en particu- 
lier. — L'organisation des ulves marines ne m'est pas connue 
quoique j'aie essayé de les examiner au microscope. — Je dé- 


couvris au printems de l'an VIII la première espèce. — Sa 
Nn2z 


284 'ANSIRIE) 


structure au microscope.— Je la suis avec régularité jusqu’à son 
dépérissement. — Je la perds de vue. — Je la vois renaître. — Je 


l'observe dans tous les périodes de son existence. — Elle disparaît . 


dans le même tems que l'année précédente. — Et avec elle 
toutes les ulves des autres fossés. — Je forme des conjectures 
sur la manière dont elle se reproduit. — Ces conjectures me 
paraissent fondées. — Cependant je n’ai pas suivi le petit germe 
depuis le moment ou il se sépare de l'ulve ; mais il est facile 
de le suivre. — Si l'expérience ne réussissait pas, il ne faudrait 
pas conclure que je me suis trompé. —L'ulve d’après ma ma- 
nière de voir n'est qu'un amas de graines. — Je ne dis pas 
cependant que tous les grains soient destinés à reproduire. — 
Ce développement est assez semblable aux précédens. — On 
ne peut pas voir l’organisation de la membrane de l'ulve non 
plus que celle du grain. — L’ulve gélatineuse qui est ma seconde 
espèce présente les mêmes phénomènes. — Il peut exister quelques 
autres ulves d’eau douce. — Je passe sous silence l'ulve intesti- 
nale, mais il existe une autre ulve fort commune et que je 
désigne sous le nom d'ulve fétide. — Sa description. — C'est 
probablement celle que Villars appelle la conferve fétide. — 
Elle paraït se reproduire comme les précédentes. — Je ne conclus 
point de la reproduction des ulves d’eau douce à celle des ulves 
marines. — Les botanistes modernes supposent que ces dernières 
se reproduisent par des germes auxquels ils donnent le nom 
de Gongyles, — Voyez Gmelin de Fncis. — Je crois que la matière 
verte qui a oceupé si long-tems les naturalistes se multiplie de 
la même manière. — Au moins a-t-elle assez de rapport avez 
les ulves. — Depuis la page 229 jusqu'à la page 242. 


RAISONNÉE. 285 


ESPÈCES DE CE GENRE 


À, 22 Ve minime, 
2. - - gélatineuse. 


32 fétide. 
Depuis la page 243 jusqu'à la page 245. 
Appendice : page 246. 


Fix de la Table raisonnée des matières. 


A GENÈVE, de FImprimerie de Luc SESTIÉ, rue de la T'artasse, 


PAGE 


EHURS BA T4 


9 ligne 8. 
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ni aucune 


| 


PAGE 


EURE T LE ER RER EE) 


14 


INTRO DU CrAGIMN 


de supprimez le de 


13. aucun ectosperme ni aucun lisez : aucune ectosperme 


23. les organes lisez: ses organes 


EH LS OHR'E 


2 ligne dernière. semblable à celle Zisez: à celles 


4 10. 
6 —— 20 
7 —— 20 
10 —— 3 
II ——— 6 
16 —— 123 
id, —— 25 
17 —— 2 
id. —— 2 
Do UE 
25 —— 19 
27i— 12 
DOUTE 
34 —— 14 
56 —— 56. 
OEM Se: 
70 —— II 
F4 ds rann te à 
74 —— 10 
83 —— 16. 
NS 


répandus lisez : répandues 


. distinctes lisez: distincts 

. ne se multiplient Zisez: se multiplient 

. donne lisez: donnent 

. pellicule. verdâtre Zisez: pellicule verdàtre 
Pig: 12. Gsesk Fig ro 

. elles Zsez: ils 

Fig. 1 0d d \Bses 7 Fist rte 

"Fig RO | des # HIS ULT 


Fig. 8.% Lisez: Fig. 8.% q 


. Planc. 14 Zisez: PI. 2." 


à la fin ajoutez Fig. 3.°° 
Fig. :3,%° lisez Fig. 4% 


. et présente lisez : et elle présente 


Fig. 8.% Zisez: Planc. 8." 
conferves lisez : conjuguées 


cloisons lisez: spirales 


. longata lisez : elongata 


effacez la lettre a 

Fig. 27° lisez: Fig. 3.% 
cffacez pas 

et éprouva lisez : et il éprouva 


LE PTERÉERE TEE 


ERRATA 


6. une Zisez : un 

19. effacez mais 

16. sont lisez : est 

dern. et s’est lisez: et elle s’est 

23 et 24. recticulata. lisez : reticulata 

2. des Lisez: les 

2. aucune. Cette disposition lisez : aueune trace. Cette 
disparution 

6. les premières lisez: celles-ci 

21. polysperme disez : batrechosperme 

2. His re res: ET Te 

5. articulis ; lisez: articulis. 

PAS 2e Pie 2.0 Pres: PL rame pe "20 

I OPLEAE (Hier ET. A 

10. autres ajoutez : plantes 


Jobservai lisez: j'observerai 


Len 


12. celles lisez : ceux 

9. oscillatoiria lisez : oscillatoria 

25. cette oscillatoire Zisez : l'oscillatoire 

16. l'animalcule lisez : cette espèce 

1. n'appartiennent lisez : appartiennent 
14. genévrier; par exemple, lisez : genévrier, pir exemple, 
zo. qu'elle se Ziscz : qu’elle ne se 


Chez J. J PASCHOUD,, Libraire et Commissionnaire . 


, 


en: Librairie, à GENÈFE. 


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membre de la Société de médecine de Paris, de la Société pour l'avancement des Arts, et de celle 
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rentes graines, par les citoyens François Huber, membre de plusieurs Sociétés savantes , et Jean 


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duction à la lecture de ses ouvrages, par Jean Senebier, membre associé de l’Institut national etc. 
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GENRES 


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