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HISTOIRE
DES ,
DÉCOUVERTES
ET
DES V O Y AG E S
FAITS DANS LE NORD.
TOME SECONa
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* Orbis fitaim.dkcrei . . j . împcdîmm opus Se
facundix minime capax.«M. verum afpici tameo
cognofcique digniilîmum.
P-o Ji^P 0^ J u Si^]M^ L^4^ in Fromwl
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HISTOIRE
DES
DÉCOUVERTES
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DES VOYAGES
FAITS DANS LE NORD,
Par M, J. R, Fo rst E r:
msi EN rHAUÇAIS
Par M. B R o u s s o N E T.
Avec trois Cartes Géographiques,
TOME SECOND.
A PARIS,
Chez CucHET, Eîbraite , rue & hôtel Serpente.
M. DCC. LXXXVIII.
Avec Approhation & Privilège du Roi^;...
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X T A É t m
Scâ. VI. j$j^i 9 Fmnf 014 de la Roque dé j
Roberval y 19 x S
Seâ. VII. 1598 9 Z^ mif^npiis de la Broche,
ihii
SedtyiII. 1 70 j , Le capitaine Fronda^^ z 94
Chap. IV. Découvertes des Efpagnols
dans le Nord y ^ :t$6
Scâ. L 1514, Etienne Gome^y ^979^99
1537 , François UlloA & d^ autres , 199
Scft. IL 1541 5 Jean Rodrigue^ de Ca^
brilla y 300
Scâ. in. . 1 5 5 ^ 5 André Urdanietfa^ joi
Se£L IV. 158Z, François Gualle, 30Z
SeSL, V; 1591 f Jean de Fuca, outHmênt
appelé Apoflolos Valenanos y . }oj
Se<a. Vt i$$é ^ SébafH&%Vifc(mdi^ jo^
Scék. VIL 1^01 , Son fécond Voyage y 30^
Scd. VIIL 1^40, Voyage prétendu 4e Bar*
thelerrd de Fuente , - — ^^^
Seâ. IX» 177 s > Dom BrunoHecetây Dom
Jean d'Ayala & Jean-Franfôi4 de Im^
Badegay-^Quadra Tfi _ , r^ 3131
CitAP. V. D^aouvenes des Portugais
^ \ dans le Nord j 317
. Scâ:. I. I j Qp j \CaJpar de Coreer^al ^ 319
'.Sé^ IL .1 J78., Cinquante- vaijffeaux por--
- .:.\ tugai^ pèchent au banc de Terre-Neuve y
Seâ. III. 1555, Martin Chaque ^ 322
" Sea. IV. 1^10, liîii , lej Jéfuitesy de An-
gelis & Jacob Caravalho y 324
Scâ:. V. 1^21, 1^49, Joao de Gamay 325
Scû. VI. i^^o, David Melguery 32^
C H A P* VI. Découvertes des Danois dans
le Nord^^ 328
Seâ. I. i$é4yDithmarBlefkensy 329
Sââ. IL îé'05 > Gotske Lindenau & James
Hall y a 30
Scft. m. I ^of , Leur fécond Voyage ,335
Scft. IV. I ^07 , Kàrften Kichardt y ibid.
Se&.S. \€\^yJensMunky 334
Scd. VL 1^3^^ Xtf compagnie Danoife du.
Groenland y 337
Scâ:. VIL x-j^^ y Le prétendu Voyage du
baron van Uhlefeldy ijbid.
Idj TaBLB OIS CHil^rTftlB^.
Cnuf. Vn. DécowêTUs £is Rujfes <Utti
le Nord, ^^^
Okfervûtibns générûUs fur les Découvertes
fauts dans le Nù$d^ (f réjlexiotis fur
laphyjiqut y la ^oolagie^ la hotanique
& la minéralogie de ces contrées, SSS
Table générale des deux Volumes, 5^4
HISTOIRE
**•
77ne 2Jh^ j
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^■j^vlBSffi^^^
r^t^™BSN V*iâ*^^^*f?^
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DÉCOUVERTES
ET DRS VOY4GËS
F A i T S 13 À ISf à L E ' N OR D.
a=2:
LI VRE lï L
Z)^5 VécouvetteS faites dans U Nord
ri.. fgf U9 Modernes.
r ; f
JOBSERVA'l^iQN.S GÉÎ^ÊALES,
l«i E S progrès cîes cennaîflancés & de i'induftrie \
la liberté accordée ^ux fcrfs & aux ^êfcla^^es -, là
tmlflance 5 la cofiâdéxaûon quç le conunerce 5^ la
navigation, avaient données à quelques villes d*Ât'
lemagne, dltalîe & des Pays-Bas j les réformes
faites dans ladminiftration dé la juftice q^i for-
çaient diaqùe individu à renoncer au droit de
venger ib& {oopres Heures; l'augmentation de h]
puifTance des princes Se des rois, leurs efforts pour
anéantir dani les matières' ^à gOâverhernerf l'in-
fluence de leurs grands vaflaux & de la nobleflc -j
1 etablîflement des armées toujours fubfiftantes en
France & eij Italie, & la néccffité où les fouverains
fe trouvaient d'augmenter leurs revenus ; toutcÀcIs
circonftances avaient concouru à produire au com-
mencement du quinzième fiècle de grands dian-«
gemens dans la forme des gouverneipens. de l'Bu*
rope. ' ^ * -
Tt)ur ler^pïitKres avaîem -iormé-Ie projet de
s'agrandir , foit par de nouvelles conquêtes , foit
par l'augmentation de leût pouvoir dans leurs
propres états. Dès l'an iijo , les Portugais
avaient cbaffê les princes Arabes des lieux qui les
avgiient vus naître. Pour tmpêcBcr l^ Maures
de*fe-]ier avec ceux de TETpagne &^ raiifrr
de nouveaux troubles chez eux, les Portugais
pafsèrènt fur ta côte de H Mauritanie où fditit
aujourd'hui Fez & Maroc , & firent tout le mal
qu'ils purent aux ennemis du nom chrétien. Ils
s'emparèrent de Ceuta en Ï415, & fortifièrent
plufieurs ports des environs, for TOcéan.' En 1418^
'ieûJt' Gondoles ZioUa bcTrifloa P^ai^^ après avoir
été battus pat une grande tempête , découvrirent ^
une île qufls nommèrent Porto-Santa (Pùnt^Saint)^
à caufe de lafile qu'Us avaient eu le bonheur dy
trouver* Il eft impoflîble de ne pas voir » de
^Portjû-Saneoy Tîie de Afcîi^rtf , fur-tout lorfquil
fait beau. Ces navi^eurs firent voile vers cette
île qui leur paraiflàît comme un nuage ; ils lui
donnèrent le nom de Saint^Laurent dont on célè*
brait la fête le jour qu'ils la découvrirent. Mais
bientôt après elle fuc liommée Madère à caufe
de» bois dont elle était couverte. Deux ans après
on nut le feu à ces forêts, cq <p4 4&VQriik beau?
coup la culture du fucxe» .! .
X'in&nt de Portugal » Dom Henri » enflammé
du défît de faire de grandes découvertes » envoya
Goas^ales Velho Cabrai pousuen &ire de nou-
velles vers l'oueft. Celui-ci entreprit ce voyage
en 145 1. Il découvrit d'abord quelques rochef^
arides qu'il nomma las Formigas ( les Fourmis ) ^
à caufe du mouvement continuel de la mer qui les
entoure. Bientôt après il découvrit l'île de Sainte-
Marie qu'il peupla en 1452» après en avoir ob-*
tenu la perimflxon de l'ihfknt Dom Henri, On
envoya dans le ttAim temps Antonio Gon^ales
avec deux caravels , efpècc de petit vaUïèau, pour
feire de nouvelles découvertes fur la cote d'A-
ficique. JufqualQrs oq avait eu coutume de fe
Ail
4 DécoDrVERïES ET Voyages
faifir dés Maaies mahomecâh&qaon trouvait etrai»
dans ces lieiixy& de les>iëdaire*eQ efclavage comme
eimemis àà chriftianifmè. Mais dans Tannée 1442 ^,
quelques-uns de cts prifonniers forent rachetés
paf leurô parens qui donnèrent en échange,, non-
feuletncint des hommes à cheveux crépus & tout-
à-fait noirs , mais encore de la poudre d'or. De^
puis ce: tçraps le defir de découvrir leis contrées
d'où venaieiït les Njcgrcsi& depofféder l'or quoa
y ^trouve, feCaxtifia dei jour *en joar. En 144; ,
Nunno Triflan décèuvxicle ca{^ Arguin ou Aiageif
te rîle des Crues ( Uàa de J&ar:^as^ ) L'anaée
fuivantas cuvxippoçuc l^'ik^de San^rAUguêl ('S9\txtr
Michel) une des Ai^oïts. 'JUm^droue fit un grand
nombre de prîionmeïf fur' la côté d'Afrique ,'&
Cadamojk découvtit la rivière de Gambra. Ori .
reconnut dan& l'année 1445 9 ^^^ ^^xi^ des Âçores^
c'eft l'île -des Oifeaux s elle fat nommée Terèèfe
parce qu elle était la troifième de celles qui avaient
été découvertes dans ces parages dans la mémo
année, Denis Fernandes découvrit le Cap-^V&ri^
qu'il nomma ainfi par<^ . qu'iL était couvert de
verdure, âc* donna le mêmc.noHj aux îles fituées
vis- à-rvis. Depuis 1445 jufqû'en 14495 oa recon-
nut le refte des Açores, les îles Saint^Geatges ^
Gracieufe ^ Fayid & Pico* Il était in^fiîble jque
ces îles.prefque à la vue de Tercère^ demeurafient
plus long-temps inconnues. L'île de'Fayal nom-
D A K î L E N O R D. ^ j
mée aînfi, non à caufe du hêtre qui y croît, mais
cl*une nouvelle efpè'ce de bruyère, Myrica-Fajra ^
fut donnée par Alphonfe à Ifabelle , duchefle de
Bourgogne, fa fœur. Après la mort de Tlnfant
Dom Henri, cette princèffe la donna à Jo-bfl F'on^
Hurter^cpe les Portugais nomment /c;j .'de Hutrœ
& Hura, né à Nuremberg. Hurter qui était entré
par un ma^rîage dans rilluftre maifon portugaifc
de Macedoy aborda dans Tîle Fayal en 14^^, avec
une colonie de plus de deux mille Flamans des deux
fexés. Quoique là nation fut, à cette époque,
accablée par une guerre ruîneufe & parla famine^
la duchefle avait donné "à ces colons toutes les
provifions néceflàîres pour deux ans ; cette colonie
fit bientôt de grands progrès. On fît encore en
147:;, quelques tentatives pour peupler les îles
du Cap -. Verd. L'année précédente ', on avait
découvert les îles de Saint -Thomas', Ilha do
Principe , l'île du Prince , & Anho - Bon , ainfî
que la côté de Guinée Se la côte d*Or. SUr les
globes terreftres de Martinm Behai, la Guinée eft
nommée Genea*, &, félon Léon T Africain , elle
'était appelée par tes "Arabes Ghefieda, Se par les
Nègres Genni. Le5 Portugais prirent autant de
foin pour cacher la' fituatïôn de çt% côptrées qui
recèlent for, que les (llarthaginois en. avaient pri$
autrefois pour cachqr celle dcis lieux <)ù ils allaient
chercher l'étain. Cependanîi les Français pr^étendeiit
A ii)
4 DÉCôuviRTis rr VotAôEj
^voir é^ dès 134^9 ou au moins en 13^4, Je
Dieppe à D^lla^Miw Çux h cote de. Guinée, en
longeant la cote, occidentale de l'Afeique. Les
. grands avantages que Iç Poi;tugal tira dci la cire,
de l'ivoire > des plumes d^utruchc^ , des efclaves
nègres , & fur-tout de 1 or dç ces contrées , dé-?
terminèrent Jean II à y envoyer eç 148 1 , douzç
vaifTeaux foi^ le commandement de Dom Diego
d^A^mbuya & à faire bâtiç un fort pom protéger
le commerce. Ç^ fort fut nonuné Saint-Çeorge
delta Mina. Dans Tannée 1483, Diego Cam ai^
Jacob de Cano & Martin Behaim { a ) de Ninem-^
berg» mirent à la voilç avec dçux caravQls pour'
faire de nouvelles découvertes. Us reconnurent Iq
royaume de Bénin où croît un^ efpècç d'épice
qu'on prit pour 1^ poivrç & qu'on tranQ)oxta ^
grandç quantité en Europe.. Cependant cette^ épice^
bien obfeirvé& ne fi^ ûouva ê^e que la graine de
paradis (i). Ces navigateurs abordèrent en 1484 j,
i la côte, d^ Congo. Les Portugais continuèrene
d'examinet ces lieux avec la plus grande attention.
BanheUmi Dia^ s'a^yança 5 avec trois vaiilèaux^
.1 ' » " ■ I . m
(a) Ce ]\^artln, Behaîni épovJtà enHiIte à Fayal eii?|^
ron Pan 148^ , Jeanne de Macedû , fille du chevali^iç
Jobs Vpi^ Hutçç ^ ^ çn 148P , il en eut m &s poiaxmi
i^artîn^
{b) j4mcmum ^ana paroMjt ^u*oçi nûi)m.e ^^\ gcaû?»
PANS I,Ê NôRO. 7
beaucoup plus loin au fud qu'aucun de ceux qui
l'avaienc précédé. Enfin il découvrit en 148^ ^ le
promontoire le plus au fud de TAfrique, il le
nomnia Cabo de todosAos Tormhtuos ( Cap des
Tourmentes ) à caufe des fréqucnjtcs tempêtes qui
s^y forment. Mais, le rpi de Portugal qui avait
lefpoir de faire de plps grandes découvertes , ^
iùrf-touç de trouver une nouvelle route pour aller
aux Indes 9 lui donna le nom de Cap de Bonne*
Efpérance. La célébrité que ces voyages avaient
acquife aux Portugais & les avantagées qu'ils en
retiraient firent neutre à plufieurs personnes très-^
vexfé^ dans les mathématiques & la navigation ,
l'envie, de participer à çe^ découvertes. Les Alle-
mands, les Flamands & les Italiens furent les pre-
miers, à acquérir par ces moyens de la réputation
& des richefles. Ja4:ob Pan Bri^gg^ & Guillaume
vxui Dagora qui pm enfuite le nom de Silveira^
tous deux flamands ^ peuplèrent quelques - unes
des Açores. Jacob van Hurter &c Martin Behaim »
tous deuic de Nuremberg, devinrent feigneurs dci
Fayal 3ç dç ^ico. Antoine d^ Nolle y italien ^
découvrit San-Jaga (Saint 7 Jacques), çne des
îles du Çap-Verd^ dont il deyînt enfuite gouver-
neur. Jeûxi'-Bapùfii^y français d'qrigine, devint
propriétaire de Afciyo» autrç île du Cap-Verd.
Bethencourt^ gentilhomme fr^açais , prip pplTef-
iîon , le premier i dçjile^ Ca/jiwriei. Des; hommes
A iv
8 DÉcouvEîtTÉs ET Voyage*
cle toutes les nations» difHngués par leur iKingi
leurs connaHTances & leur caraâère entreprenant^
s'unirent aux aventuriers portugais dans toutes
leurs entreprifts. Quoique les Portugais ne pcr-
miflent pas alors aux antres nations de prendre
poileffion des pays qu^ils avaient découverts a^tra-^
vers tant de dangers 5 avec de fi grandes dépenles
& foutcnus d'un zèle infatigable-, ils n^étaîent pas
éloignés d admettre des étrangers infttuics à leur feiy
vice ^ de les unir par des alliances aux famille»
porpigaifes , & de partager avec eux les avan-
tages, de leurs découvertes. Tous les vaifleaux que
l'inimortel Dom Henri avait envoyés pour ces
•voyages étaient pourvus de pilotes aufli habiles
qu*ils pouvaient 1 être à cette époque. Il avait eu
foin au0î' de prendre à fon fervice , une jeûna
poMcfTe quil avait Êiit élever à Ternauiel près
Siigre en Algarve , & inftruire d^s la géogra^
phîc, la :Ï!àvîgatîon & dans lart de lever de»
cartes , par un habile mathématicien de Mayorquo
qu'il avait envoyé exprès à TernaubeL On in*
diqua fiir les cartes tous les -pays nouvellement
découverts. On voit que lorfque Pedro de Cwit-
lam Se Alon^o de Pdyva mirent à la voile- diais.
Tannée J 487 5'ilA^'ï^t- avec eux une mappof
imonde ; qui avait été doffinée par Cal/adUta ,
cvequç de f^i/eu , très ^ favaiït mathématicieni^
J^ftph II ^ roi d^vP^rtugal^ otdoîina à fe d«ux
, paksleNok». 9
inéddcîns , Roderic & Jofepk , & à Martin Behaim i
tbus trois bons^ mathématiciens pour ce temps ^
de chercher un moyen de déterminer avec plus
de certitude quon ne l'avait fait jufqu alors , la
marche d'un vaiffedu & le point où il fe trouve
en mer. En Conféquence de cet ordre , ces fa-
vans &ent des thangcmens à Tafeolàbe , dont
l'ufage avait jufqu alors été borné à l'aftronomie,
& ils le rendirent également propre à la navigation.
Ccft un fait avéré, que lorfque Martin Behaim
fiit en i4^z à Nuremberg pour y revoir fes parens^
îl fit un globe fiir lequel il deflîna tous les pays alors
conhus. Entre plufieurs chofes que préfente ce
globe, on voit que l'auteur penfait qu'en avan-
çant toujours vers l'oueft on pourrait enfitt abordet
au Cathay ou nord de la Chine , & au Cipangu
ou Japon. On trouve auffi fur ce globe là grande
& la petite Java^ les îles de Kandyn & HAn^
gama décrites par Marco Polo. L'opinion dont
nous venons de parler, fûts encore confirmée pai
l'obfervation que l'en fit des fruits exotiques fou-
vent poufles fur les cotes àts Açores par les cou-
rants & les vents d'oueft. Ces courants y avaient
même porté une ^barque' & les cadavres d'une
nation inconnue v ce qui fufiîÊdt pour rendre pro-
bable l'exiftence d'une contrée habitée vers roueffi,
mais on fuppofalt toujours que c'étoit l'Inde. Un
génois j Chrijiopkii Ca/p/7i^-, qui joignait à dc«
«o Dica.uvERTEs ET Voyages
çonnaiffançes très-étendues en mathématiques & eu
çofinographie5 une grande habileté dans la naviga-
tion, avait demeuré long temps en Portugal , où
il avait époufë la fille de Bardielemi PereftrellQ ,
un des premiers qui avait contribué à peupler
Pono-Santo Se Madère.
Colomb ne pouvait pas ignorer les fuccès des
importantes découvertes que les Portugais avaient
Élites* Il devait auflî être informé de l'opinion où
on était alors » qu'un vaiiTeau qui ferait voile vers
loueft , arriverait immanquablement aux Indes«
Plein de cette idée il demanda au roi de Portu^
gai» Jofeph II, quelques vaifleaux.pout aller au
Japon , pays dont il était fait mention dans le$
écrits de M^co Polo. Le roi le renvoya à Dieg<^
Orii^^y évêque de Ceuta, & à fes deux médecins.
Roderic & Joi^h qui r^ardaient tous lopinbii
reçue g^éralement fur le Japon , comme une rèr
verie , & le plan de CArifiophe Colomb comme
împojffîble à exécuter 5 rejetèrent cohféqueipment
là demande. Mais Colomb que de pareils r^us
étaient bien loin de décourager , quitta le Por-^
tugal où Ion n'acceptait pas fes proportions ^
paifa en Efpagne en 1484, ^ envoya (on frère
Barthelemi en Angleterre poux y Êûre les mêmes
ptopofitions à Henri VIL
Chriftophe Colomb folliçita pendant fept ans
auprès de la cour d'Efpagne pour rexécutioa dcf
DANS JLÉ Non D* Il
ton projet Se n'éprouva que des obftacles. Dans le
même. temps fon frère avait été pris pat des pirates
qui le retenaient en prifon. En 1488 5 il fit préfent
au Roi Henri d une mappemonde qu'il avait deffi-r
née lui-même. Henri VII, prince extrêmement
9var6 ôc par cela même peu fait pour les grandes
découvertes , UiSk partir Barthelemi Colomb de
fes états fans avoir rien fait pour lui. Barthelemi
Vînt trouver à Paris Charles VIII i ce prince fiit
le premier qui lui donna connai^ànce des impor*
tantes découvertes de fon frère*
Cependant Chriftopbe Colomb fatigué de ces
longs délais & d'une attente infiruâueufe , était fur
le point de quitter rEfpagne, Il voulut cependant
Êdre encore une tentative v niais la réponfe iî défîr
tée fe Ëiifant trop attendre » il partit pour rejoindre
fon frère en Angleterre. La reine Ifabelle détermî*
née enfin par la conquête qu'elle venait de Êdre du
toyaume de Grenade , & pa^r les {^eifantes foUici-^
tarions de deux de fes courrifâns dont i'efprit était
fans préjugés &c 1q coup d'œil vaib , accorda un
foible fecours de 40,000 florins pour l'expédition
qu'avait projçttée Colpmb j on envoya un bateau
^tprès lui pour le ramener, il revint , fie on conclut
liVec ce navigateur un arrangement convenable* >
Colonnb paidt de Polos en EQ)agnc , le j
noût 14^2 5 & le 15 mars de l'année fuivante,
5 rçntxa dans ce port après avoir découvert quel-
Il DÉCOUVERTES ET VOYAGES
ques îles* De lor, du coton, du piment, un grand
nombre de perroquets de différens plumages ,i
des animaux rares qu'il rapporta & même quel-
ques habitans de Haiti ( Saint-Domingue ) qu'il
amena avec lui , furent les preuves inconteftables
de fes découvertes. Ce gr^d événemtJit fixa 1 at-
tention de toute l'Europe. Il fe trouva, des hommes
qui defîrèrent partager avec Chrîftophe Colomb
l'honneur de faire de nouvelles découvertes. L'un
defguels était Amerigo Vefpucci , qui avait vu 1q
nouveau pays , (inon avant Colomb ,. au moins
bientôt après lui *, & par un fingulier effet du *
hafard , toute cette vafte contrée, fiit appelée de
fon nom , Amérique. Enfin , vers cette même
époque , c'eft-à-dire , en 149^» Vafco de. Ganta
doubla \t Cap dei Tempêtes , ou plutôt de BcMîi^e-
Efpérànce , & aborda aux grandes Indes. Alors
l'émulation naquit entre les Eipagnols & les Pçr^
tugais ;. ils cherchèrent à étendre de plus ^ plus
leurs découvertes , & à les rendre plua utiles 5c
plus importantes. En 1500, Pedro Alvarez Cabj:al
partit pout les Indes, & découvrit par hafard une
vafte côte qu'il appela Terre de Sainte - Croix ,
& qu'on nomme actuellement BréfiL ^ an nom
d'un bois qui teint en rouge, qu'on y trouve ea
abondance. Ce nom étaùt déjà connu par les.
Arabes (tt). ^ r :< •.
-j ;, y, .
(a) Abulfeia Tab% XFl , exhibcns infulas marit
DANS Ll Non Û. tj
Oïl Cïut pendant lotig-tèmps que ce contînent
nouvellement découvett était i*Inde. Ct ne fut
qu'au bout de plufieu« années' qu'on s'apperçut
qu'il était împoffiblè qutine cbtt d'une étendue
de plufîeurs centaines de milles du nord au fud
fut celle de llnde. Mais lorfque f^afco Nunne^
de Balbao eut en 15 13* découvert l'Océan au-delà
de Tifthmç de Panama , il ne refta plus de doute
fur cet objet.
Cependant le Poftûgal tirait d'imtnenfes tré-
Ibts dts Indes 5 & THpagne femblait ne s'être
pas moins enrichie de ceux de l'Amérique. Toute
!\Europe contemplait avec étonnemènt &: jaioufic
cette augmentation de richefles & de puiflance.
L'Efpagne , les Pays ^ Bas , line grande partie de •
ritalîè '&• en Allemagne, les états héréditaire»
d'Atitrîche étaient réunis en la perfoftne de Charles
V. Les tréfors dte l'Amérique le rendaient capable
d'ufiirper en Allemagne plus de pouvoir que n'çn
avaient eu avant lui des chefs de l'empire. Fran-
çois premier qui effayâ.dé mefurer fes forces' avec
lui j fot vakicu & fait prifonnièr devant Pavie.
Les armées que; Charles V employa pour l'exécution
de fe^ defleins ambitieux étaient principalement
cornpofées d'Efpagnohi nation douée d'uoe grande
Onçnthtîs. Lameri eji matripç Ugni hrafitll & cannés
Jndi'cœ. " ••'..*
l4 DÉCOUVERTES BT YotAÙËS
valeur » d'une rare conftance , endurcie à la fatigue
ic fière de fes exploits. Les opérations militaires de
ce prince en Italie , dans les Pays-Bas &c dans pref-
que toutes les parties de T Allemagne, fervirent à ré-
pandre les tréibrs des deux Indes dans ces contrées.
Les richeiTes & la guerre, non-feulement introduis
firent chez ks différentes nations le mélange de$
mœurs & le rafinement du luxe, mais elles exci-
tèrent encore les princes de l'Europe à Êdre des
efibrts poufl augmenter leurs finances, maintenir
des armées toujours fur pied , & être en état de
réiîfter à la trop grande puiifance des papes & de
l'empereur. Les différentes nations de l'Europe
commencèrent à communiquer entr'elles plus
•quelles ne lavaient encore fait. Les iouverains
les plus éloignés cultivèrent l'amitié des uns des
autres dans le deflein d'augmenter leurs forces
par le moyetl de& traités & de fe mettre en étSLt
d'exécuter les plans d'agrandiflèment ou de dé^
fenfe qu'ils aViient formés* Le génie Se le talent
commencèrent à être en grande confidération, le
feu facré de la liberté s'alluma dans les cœurs
généreux , & fe déploya dans les penfées & dan^.
les aâions ^ . en un mot l'Europe prit une face
toute nouvelle. Lt$ deux Indes , fourçes de tant
de changements dans la politique, devinrent l'objet
des defirs de tous les princes , ainfi que des par-
ticuliers qui joignaient à des connaiffances dans
BANS L s No» m' îj
la tt)fmogt2^Me , rs^Ofiomie &c la navigation »
ùft codcagc î&ant & un 4:fprit élevé 9 & qui efpé+
raient exécuter les plus grandes entrepri&s. Il était
difficile 9 dans de pareilles circonftances ^ qu'il ne
fe trouvât pas chez les nations maritimes & com«
merçant^ des gens qui s'of&iiTent à chercher de
nouveaux pailàges pour aller ^aux Indes.
I>epuis la découverte de la route des deux In*
des 9 pr^que toutes les nations qui ont une ma^i-
line ont eflàyé d'y aller par des mers diflFérentcs
& en mcme-jtemps de découvrir de nouvelles re-
giom. • - . - ^ . .
Les borner qpe nous nous fommes prefcritcs dan^
cet ouvrage nous reftreignent à THiftoire des dé-
couvertes faites dans le Nord-, cependant nous avon$ ,
cru néceflàire de lier notre narration par cette
ïntrodudion , & nous obferverons dans, ce qui
nous refte à dire, que les tentatives quon a Êiites
pour arriver aux Indes par des roujtes nouvelles &
plus courtes , que celles qu'on prend ordinaires
ment, ont donné lieu à plufîeurs voyages dans le
Nord* Mais quelques-uns de ces voyages ont été
faits dans d'autres vues que nous aurons occafion
de développer fuivant Tordre de leurs dates.
Il eft cependant néceiTaire, pour mettre de la
ptécifion & de la clarté dans notre expofé , de
Héfigner les découvertes dont nous allons rendre
compte, fous le nom des différentes nations qvtt
16 DÉCOU^VERTES EX VoYAÔËS
y ont eu part; c eft pouiquoi hous ifeom url récit
fuccinâr dé celles qu'ont fiiitôs les Anglais. ^-^ les
Allemande , le» Fiançait j- les Danois , les Rulfes ^
les Efpagnals & les Portugais -, &: nous finirons.pai;
quclqiics obfcrvations générales; fur la phyfique j
la zoplogîe, la- botanique:, b njiiaéralogie & rhifr
toire de rhomine. Nous ajouterons enfin quelque
chofe fur la poflibilité de trouycr un paifag« pat
les mers du Nord, pour aller ckos jcelle du Su4«
CHAPITRE PREMIER.
Découvertes des Anglais dans lé Nord^
Sous JLe.regn0.de Henri Vïî , après U perte
de toutes lejî provinces que les rois d'Angleterre
avaient pcffédécs en France , & les longues guerres
civiles qui avaient divifé' les jtnaifpns d'York de
de Lancaftre-, y. l'Angleterre . étciit reflée dans un
état extrême de foibleffe. La défiance &, l'éco-
nomie de Henri contribuèrent particulièrement a
ïnaintenir la tranquillité w dedans &c la paâx au
dehors. Ce. qui fiit favorablç au commerce, :&
les majtiufadtures commencèrent à s'établir de
tous côtés. Les maurchands f« rendirent en foule
à Londres de toutes les parties de l'Europe. Lt&
Vénitiens & les Lombajrcky étaient en particulier
fi nombreux^ que ces derpiers donnèrent leur
nom
bA'Ks LE Noftnw ;; %f
abm à liîie me dé Londres. Les habitâtes dés 'villes
Anféatiques y firent airiîî un grand commerce; Là
découverte de rAmérique occupa tous les eQ)rit$
& fuggéra l'idée d'entreprendre des voyages poiii
trouver de nouveaux pays,
L II yftvait alt)rs à Londres lin vépiçiéti^nomi
imé /e^m Cabota xm €at^c ^ qui avait trois .fils ]^
Louis ^ S04^ien & Séutckeiv Sébaftien quoique
très-jeune , avait fait de grands progrès dans les
lettrés &, en particuliêt dans la connaiffande de 1^
ïphèrèi c'eft-à-Klirés, dans les fcienees mathéma^
tîquès qui ont pour objet la géographie & la ha^
■vigation. La rénommée de Colomb êcie bruit dé
les fuccès inrpirèrent à Sëbaftien lé défit d'acquérir
ittUiffi dé la gloire par de fémblâblès entreprîfes;
Henri VU-, en 14^5 bu 14^6^5 permit à Gaboc
& à ks trois fils dé partir avec cinq vaifféaux fous
pavillon royal poUr parcourir les mers de Teft^
dé Toiieft & du nord ^ & s'emparer des contî?^
hénts & dés îles appartenant aux payens & qui
h'auiraiént point été découverts jpar des princes
chrétiens. La treizième année du régné d'Henri VII^
Jean ^abot obtint la pérmifllon d'aller avec fix
Vaifléaux de deux cents tonneaux chacun, feîre de
hôuveliés découvertes > il ne partit cependant qu aii
tomméncément dé mai 1497. Il n'avait . aloi^
î^àe deux vallféaux frétés & approvifionés aux ftais
du Roi. Mais lés marchands de Btiftol epvoyèient
Tome ÏL B
1« DédOUVBRrrs ET SrO'^AQËS
ivec Im trois ou quatle petits bâtimens chargée (ftf
gtosdtâj» 5 de bonncwrie & d'autres marchandifes
de peu<^ valeur. Il navigua quelque temps iàns
Voir àûfiûae terre. Sofl équipage commençait k
murmurer \ loifqu'enfin ^ craignant de le vcrir fe mu*^
tiner, il dïtigea plus au fud-oueft •, Sc^ après avoir
Élit voile èiKi^e qu&lque temps ^ 'û découTtit le 14
Jttin ttne terre qu'il tiômma Prima f^ifia (Première
Vue ) par ^lifiiofi aux citocmftances où il fe trouvait
lAoî». Lê?s Aftglais employant un mot à peu près de
ia même fîgnification, la nommèrent Ntwfound--
•fa/i^/{TetTe -Neuve). D'autres auteurs difent qu'il
tencoi^tti de grarïdes montagnes de glaCe-, que
les jours étaient devenus plus longs, & que dan§
les lieux quil vifita il n'y bavait p(^t de glacés-.
Quelques-uns prétendent qu'il s'avança jufqu au (bî-
tantième degré trente minutes latitude nord ; d'au*
très {)enfeflt qu'il n'alla pas piusioin que le cinquan-»
te-huitièiî4e degré même latitude. Il nous apprend
luî'-ntême qu'il ne s'éleva que jufqu'au cinquante*
fixîème degré latitude nord, & que la côte dans cette
partie s'étend à i*ôft^ ce qui femble peu probable»
car la côte de Labrador ne court ni au cinquante-
{îxtcme ) ni au cinquante - huitième degré à l'cft ,
& la cote de Groenland cft au foixante-feptièmê
degré & demi.
Je pcnferais >donc que Sîpaflitti Cahot vit d'a-
bord Terre-Neuve vis-à-viit du cap de JSana
b A NS L fe N Ri*i
yijla. Selon la relariôii de Pierre Martyr ^ Catoi
homma auffi cette térrë nouvdle Bùc^alaos , paric0
qu'il trouva dans ces parages une grande quantité
de gros poiflbhs <que les habîtans de ces lieuï
nomment airifi. Ce mot eft proncbcé avec I9
double // élpagnol, Baccaljaos, C'eft delà que lef
Allemands & lés HoUahdais oht fait leur mot
Kaibéljau doht la fighificatîon eft la même. Jo
^réfumè d'après cela que Prima Vijîa , la premier^
terre que découvrit Cabot , était la pointe de Terrer-
Neuve 9 encore appelée Cape botta f^ifta ; & cettf
conjed:uré eft confi^iiiéé pair la fîtûation de l'îl^
Baccalao qui n'eft pas éloignée dé ctt endroit»
Les habitans que Cabôt rehcontra étaient côuvej:t^
dé péaù:!^ daniniauXi II Vit auàî quelques cerÇ?
& des ours blancs qui prenaient lé cabeiliaii dans
la mer. îl trouva àuffi daniji ces lieuï des 6uico^
noirs ^ des perdrix &: des aigles de 1» mtmt cour
leur. Il rèmarc^ua que les habitans avaient beau*
icoup de Cuivre,
Ayant pris des raèaîchiflemens daûs cette îlè>
il fit voile vers le fud-oueft à-peu-près à la mêm»
latitude que le détroit de Gibtaltar , & à la mêm^
longitude que Tîle de Cuba. Suivant cette re-
marque de Pierre Martyr ^ Sébajlieti Cabot doit
avoir été au(fi loin que la baye de Chefape^k
tti Virginie. Il fut obligé , faute de provifions ,
de fotiger à fon retour j il emmeiva «vjîc lui trok
Bij
10 DÉCOUVERTES Et Voyagea
liàbitaos 'de Baccalao ou Terre - Neuve -, mari
comme on faifait alors en Angleterre de grandi
. préparâtife pour une guerre cotitre i'Ecoffe , il
ne lui parut pas probable qu'on fe déterminât à
tirer aucun parti de fes découvertes : il entra
en conféquence au fervice de TEfpagnc où il fut
fait pilote-mayor y grand pilote. Il reconnut en
cett^ qualité la côte du Bréfil & la rivière dé là
'Plata. U eotreprit enfuitie quelques autres voyages
pour rEfpagne. Il y eut auflî un Sébaftien Cabot j
élevé au grade de gratid pilote d'Angleterre , par
un ordre d'Edouard VI, en 1545 , avec 166 fter-
Itegs 1 3 fcheliins 4 fols d'appointemens. Mais fi
c'eft le même que celui dont nous parlons i il
devait êtfre aloirs très-âgé.
IL Nous ne voyons pas que depuis ce temps ^
fous les règnes de Henri VII & de Henri VIII ^
on ait entrepris aucun grand voyage au Nord; L'a*
■varicJe da psemîeat Téloignait de toute nouvelle
entreprife s & SébaJUen Cabot , quoiqu'il eût dé-*
^couvert une grande étendue J« terre en s'élevant
depuis ile cinquante-^bciéme jufqu'au trente-fixièmé
degré de latitude nord, n avait rapporté cm Angle-^
terre de fa première expédition , ni or , ni argent^
' feuls objets qui déteuninaient alors à entreprendre
des, voyages de découvertes. Henri VIII avec un
caraârère voluptueux, cruel & violent, notait pas
fait pour encourager ^ les*, navigateurs inftrtiits à
I> AUtS hE N O R P* ' ai
tenter des entréprifes qui tes autaient expofés à.
fa tyrannie en cas de mauvais fuccès 5 de teiles ex-
péditions dépendant (buviant des vents pouvaients
prendre une tournure nialbeureufe. Après la mort
de ce prince , arrivée en 1 548 , il y eut un Sébaf-
lien Cabota qui fut non-feulement créé gs^nd pilote^
d'Angleterre, mais qui obtint en outre une penfioa
de \C€ livres flerlings i) ichelins 4 den^pend^ist
fa vie , en confldération des feryices qu'il avait
rendus &: de ceux q^on attendait de lui. Ces
expreffions femblent indiquer que c'était le même
Sébaftien Cabot qui longtemps avant, en 1497,"
avait fait avec fon père , la découverte du nord
de l'Amérique^ , de Terre - Neuve & de. la. terre
di Laborador ( de Labrador }• IXaprès ce qu'il die
lui-même:, il était fort jeune alors. Suppofons qu'il
eût, en 1497, 2 2c ans, en 1^548» il devait être
âgé de 7} ^ns. Ainfi, fi Sébaftien Cabot avait été
un jeune homme & diiféteut du premies nayiga^
teur ( comme le père Bergeron le fuppofe dan^
fpn Traité des Navigations) , il aurait f^it lui-même
le voyage dont nous park>n$ i Aa contraire , le
titre 4^ gouverneur de. 1^ fociété des maigcbands
formée pour découvrir des. terres inconnues, mon-
tre aflèz qu'il devait être alors u^ homme d'une
expérience confommée» Il eft done p^at>le' que
ce Sébajlim Cabot 9. foit par mécoutentCfiM^t pu
^ queiqu'autre caufe, avait quitté ta cour dé;
|1 ^ D*0<>t?VBRTBS BT Vot?A(3»Si
Chdiçs-Quiiit, Se était rçtourné en Angleterre.
Pans <ks obfeyatioj^is qu U lit fitr fes voyages ,
tt elïà|^^ 4e prouver qu'il était poflîhle do trqavct
m pa#ige par te noipd^ p^Ur allée ^ la Chine
|£ aux Indes.
• Une c€TOp^gnie de maTchafids forma une ;aflcH
l^iatiM k h ^4^^ de laquelle il fut placé. Cettei
fôciçti^ envoya tw{s vaifleaux, en 155} j foàs le
iEX)mmandement du chevalier Hugh^ Wiilough-
fey 5 fom fe^lre de noiwelles découyertes. Au mois
de jfuin ils arrivèrent à Hafgolàndi^ patrie d'O/^eri
«avançant plus loin U$ touchèrent à Rofi où Qui-
fini avait hiverné, s'élcvatit encore dai^antage, ils^
virent L^a( ^ Sejfnam (Senju). A la vue de cette
tic , i'Ëd<Hiard - Bonaventûre , commandé par le
çapitsdnç Richard ÇVncçllor , fot fçparé du yaif
feaa amiral paç une tempête. L'amiral bi^aitÔG
après vît la terre , mais U ne put y ahordçr à,
•çaufe dçs glaces & des bas-fonds. Il fupppfa qu'il
é&k a c^nt fo^xante lieues dç Sej^nam , dans la
liirei^on d'eft pat nord, &c au foixante-dpuàèmei^
èzgci latîtede nord. Jl pouvait cçnféqu^mnxent
Wc^r touéhé à la côte dç Kola. Peut-être ^ttt
tçrrè ét^it-elle la cote de la Nouvelle-Zemble ,
ou k%9' è^ Ki>lff0w. H pattrit fe dirigeant ^e nou--
veâii vers^*roiueft & ab^tdat enfin dans un havre à
l'éripibott^hm^ dW rhdète, où il fê détermina à
î^^èçr. Mà^s ils y périrent tops ^ foit qil'lla aient^
iSté atteints dn fep4>^»'fQ^ quUis nai^nt^ pa& eu
aiTez d^ boîiS ppur ikçhvdffex. U faidlt aé»aK>iai
jpax iQ& nut^&clct qy^n tiouva^: «près citai ^idani
ces li^pc^ qu'ils ét^is^ ^co$€i vivants m^mofti
de janviei: 1 5 54. I«3^ à^h^ oti le poxstoà k db«f
1^ ce. nom eiur^ iS^a/aiSr.ib. cap qbe Im R«ft^4ip4
i^^iï^nx S'^jioi-^N^ffi .Gu il: neft'^pàs"p!»b«i>i#
que Witto^^by' dt vu 1» Spittbecg , ccœme^ W.aod
taflur^ X^ fartk; V pLt»: au ^ t<b Spûzbec^
degrés; ^11:$. w= aip^rd qm. k;^ tecre* ^iff^iUmgUtyè
Tikk que* WiUwgkky^.ètSi i ht. v» às^r cetco:
f^tr^ ^ h BoîUi « Con^md^L ci9Pi0i«lQydé»;.pai U
capitaine^ Dufforih y&it i'ép&cée^ pac léïK^ JaiMsfi^ninr
pêt^&. fCfôurna en Angleterre» Êe^ wifeai* U B«^
nav^tii^e> commande paa^ RicfeMrf> CJl?iw:gl loc^
àb^^. ail- p^rt 4t:5ai»^•Nif:Qte'5. À^i^mtouliiur^
dflt U. Xh^ma ;^ i8c CbjJac^llop alla.' voit If, «ar
a^îl»ïtii^U}aiH^:bi^ttc<»ipJ5^4&^ '
Tamîes:i n^ai$ tts- laKaloflU? dbw^^^oôiif^nrtnt f^
tmiçSf^ M ^otMnuititaide: idp pacii)es.fd]iK;ipai9téss
tii^x^àmk plus .<^W- f<$iriL Êiuy<ràn^ \^:^nà^
AiCfl dipite la. psLiUiôoCfr à»M^ dev^U^ &w i^^ôniidâ-^
B i^
/
^4 Déc-dUV'ERTES ït VO^AO»*
f abte par- cw:« xéuBCom Qdt empre n'^ de pmir
j&nces dcisétiennes Umittophes ^^ quq k Pôtegne»
ia. Livonîe & -b Suèd^^ maisi s^i( fii^ it a pour voi«
fias. les. l^t»cs , l«s Tàitiû^^le» Pçi^es Se d'au-
tres' Baâons peu dvififêes. Cette fituation était-
^ufe: que ies négodas» d^s yUles Anféanques;
«ment, potu^ faise-te^ commerce^ un* grand aVat»-.
tagctite- ceuk de la Rtt(&, Le czar devait dbnc
voit a^ec IsftisÊtâion les Angtois" dacis (è& ports».
Auffi iL leur fit les oStcs les plus ayantageafès ^^
jteu£ accorda les plu» gvauds privilèges &• les traita^
avec beaucoup d'égatds.^ <!i amicié. Richard Cha»r
i)elk>»> vendis, &( cargaUoa, prit- d^u&es marcban-.
difeà «El éctiange de celles: qu^l laiflkit, So s'en
tetourna exL.i 5 54, en Angleterre, avec- une lettre^
idu. çzax h/a^ Jf!affi»kwajih.^ B trouva à ibn
arrivée l'Angleterre gouvernée pas^ h reiâe Msgrie
qui étaî& 'montée fur le-orâne s^ès- la lapr^ à^
^ feèrevJEcfcaïaid VL :î
^ liL Lesiatani^ages ^i réfûltèrent dja G^premtex
:v'oy>age ea Ruâîe ^ eogsi^ceoc la. compagnie sok
glai^ àtixer ^tom le paeti polfible de cet lieineeux
'çvéQ^Mi 3C(des dîipo&ion5vfav<yables cki giÈrâc^.
^iuc./^aiTcSBeiJV&zri^ Se PJkUlippe H"^ roi <fE(pa>?.
cgne^ foa^épdbx ,,.{e^ firent ua pki£r d'aecord)ir à
t^. fsompagiée^apià s'engageait à paiooum ies fUeri;
4ur nord, Hprdhqft fie* iKMvI-oiieft , £bu^, kdîxeâtoti
1> A NS t E No RB. ij
fflcîviléges. Leurs majeftés écrivirent auflî une lettre
au czar^ jfc éoimèrcnt pouvoir à Richard CAvzit*
celior 9 Georges KiUingu^onk êè Richapd Gray^
de traiter avec ce prince de tout Ce qli^i coucerfiait
le commerce & les privilèges de la nouvelle com<
pagnie qu'il voulait favotifer. Ces plénipotentiaires
partirent avec de nou^Mes marchandijfes , fur 1^
vaifleaut le^Mâvé/i^i^f-e, le Philippe ê^ Marie ^
ils furent trèsT-bien reçus du czar, ils en obtinreflt
ia permiflSon de vendre leurs cargaifons , & le
firent avangeufement à Kolmolgori , Woloj^a %
iéo^ou &; Gi?and*- Novogorod,
^ Ainfi la compagnie angiaiie fut amplement dé-
dommagée des peines quelle avaft prifes pour
trouver un chemin plus court quieonduint aut
indes. Cependant elle continua de recommander
à fes marins de faire des recherches exaâies pour
découvrir la route des Indes & de la Chine.
Dans Tannée 155^5' les deux vaîifeâux par-
tirent d^ la Du4na de de la baie Saint-Nicolas,
fous le comnumdement de Richard Chancellor Se
retournèrent en Angleterre. Dans le même temps
ou avait appris la deftinée des deux vaifièaux per-
dus dans le profiler voyage, & la Bonna^EJpe-^
ranjà 9c h Borma - Confidenûa retournèrent en
Angleterre avec de riches cargaifons. Le grande-
duc , lv<in WajUklùwitfch , avoit envoyé fur ces
^^âèaiix çpimnandés par ChancdUbr^ un-^irmbft^^
I.tf DécayvERTEs ^T: Voyages
dpur avec la fuite f en Angletetcre. MaU de toip
ces vaiiTeaux» un feul rentra 4ans If s po(ts d'An-t
gletecre,. to^s les autres fur^ti p^du$^ Ricbacd
Çhantellor périt5&ra{iibaâkdwi Ofip {Jcfephy
Nepea eut 1^ plus ^and(^, p^ie^, iJauv^ f«
vie fur l^ côtes . d'Ecoil^ ^ il ^^rdit^ toutes» fes
niarchandifes & les préf^s qu'il, portait çn An--
^leterre. Dès quq ç^ accident fut cotiliu w An-,
gleterre ji on envoya chercher 1 amha^^r » qui^
fut magnifiquement reçu à Londre;S«: la^ cpoipa^.
gnie lui fit de riches pré^s %$c i^ r^^soya en
Ruffie fur fes propres vaiflèaux.. En ij,57» le W
(8c la reine lui ^cordèrent uJie audience où. ils le.
xeçurent ttès - bien, & lui donnèrent des piséfens.
pour lui & le grand - duc. Los vaiflèaux angUi$.
continuèrent à aller tous les ans- en Rufne^& f
firent un commesce très-avantagiaux que Oaot-
zick & les autres villes Aoifêati^jiie^ s'efon;èfefl%
cnvain de détruire.
, . IV. La cpmpagnie envoya » en ^ffC^ une pî--^
naflè, fous le commandement i* Etienne., Sur--
rough ou Burrow qui avait £|it le prçmict voyago:
avec Richard Çhancdhr en qualité de cofitxe^
jnaîore, en 1553. Ce vaiffcau Amplement deftiné^
aux découvertes , fut nommé k Searchthrift. \
leur départ, le gouvorneur de la compagnie, Sé-
baftien Cabot, leur rendit we vifite» ôf.çû 11?-
nommait U htivmlUrd^ comme 00 kvoijc da»
BAÎWS LIE NOUB. 27
tihe relarion de ce voyage. Ceûte expteffion fera^
ble une preuve évidente que ce Sébûfiien Cabot e^
le même que celui qui découvrît Terre-Neuve , &
$*il avait vingt-deux ans lorfqu i| fit cette découver-
te , il devait en avoi« alors quatr6-ving^un• Bur^
rougk relâcha à la côte de Norwége^ vît Lafot 8c
Je Nord-Cap , qu il avait nommé ainfî dans fofi
ftfemiet voyage de Tantiée 1 5 j î 5 îl vint enfin i
Cola. Delà il fit voile de conferve avec quelques
peftits vaiffeaux ruflès ou lodje , jufqu'à Kartyrt"
Nojfoa Kanda Noff. Dès qu'on a paffë le cap de
ijette île ^ on trouve les vents d eft , nord - eft
& nord , qui foufflent de plus en plu5. Il relâ-
cha enfiiite à trente lieues delà par eft-nord-eft à la
baîçde MorfchioH^e^ ( Morzovetz) pat le foixante-
huitième degré vingt minutes latitude nord. Delà
il courut vingt-cinq milles à left; & à huit lieues
f^u nord par ouçft j^ il trouva Tîle de Colgoive-'
( KolgowrOftrovL/ ), Il vint enfuite à S vetinocc
ÇSwjœtoir-Noff) , & bientôt après à l'embouchure
Jangeroife de la Petfçhora. Toute cette côte eft
çoïïvertç de petites collines fablonneufes. Enfin ,
il toucha à la Nouvelle - ?Qmblç ( Nçwland ) &
^ux îles de Waîgats {a).
-■1 ■ I, ■ ■ ' I ■ ■ 1 . 1 . ■ ■ ' ■ ■ ' ' . ■ ' ' ' " ■ ^ *-
' (d) U^aigàis^ ftion ropînian de quelques ûvar.ts ,
i^tent de l'hollandais i^^iAzVM, c*eaà-&e,fouffler, vcntet'^
ac de gat^ creux ou étroit, & eft appelé Waigat, pecçc q«e
^8 DÉCOUVERTES ET VOYAGES
.-■ Mm Burrough trouvant qu'il était împofl3)le
d avancQt plus loin à caufe des vents de nord-eft>
Çc de la grande quantité dç glace -, outre cela le$
nuits commençant déjà, au iz d'août 5 à devenii
très-obfcures , fe détermina à retourner fur fes pas
& à pafler l'hiver à l'île Colmogori } quoique leç
Ruifes lui montraffent les avantages qu'il retiro-
lait dans k voiHnage de TOby , à caufe de Ix
grande quantité de morfes qu'il y trouverait. U
ne vit pas, dans la Nouvelle-Zemble, un feul
homme , mais il apperçut beaucoup d'oifeaux,
quelques renards blancs & des ours de la mêmç
couleur. Sur le continent il vit les Samoje-r
des , nation payenne qui habite les bord$ de. I9
dans ces détroits le vent (buffle avec violence. Maïs comme^
ces détroits étaient déjà appelés Jf^aigats ,par Burrougb^
avant que les Hollandais le$ euilènt vues , & que les AngJaisL
leur avaient entendu donner les noms de Nouvelle-Zemble ^
& des W^aigats par un ruffe appelé Loshak ; il fuit que ce
nom efi plutôt ruffe qu'hollandais. Barenti trouva (hr la Nou^
velle-Zemble quelques figures gravées (ur un promontoire
près le détroit, H le nomni^ pour cela, Afgoedenhock ( le
Cap des Idoles ) : dans la langue efclavone , Wojcit, fî-
gnîfie graver, faire une figure. IVajatï-Noff^ (îgnifîeraît
dohc cap gravé , ou cap des images. M me paraît que c*eft
la vraie origine du mot Waigats l^ qu'on pourrait appe«
let très^proprcment Wajdtclft'v^oi PtoUwt Détioît doa
Images^
i
ft À N s L E N b R n. 10
î?ètfchora ^ Us étaient déjà fujets de la Ruffie, &
vivaient affez en paix. Ceux qui étaient établis fut
les bords de l'Ohy , étaient cruels & fauvages*
Burrough RysiTit paffé Thiver en Ruflîe , retourna
en Angleterre dans l'année 1557 , & fut fait
enfuite contrôleur de la marine royale,
V. Les tentatives pour découvrir un pa0ag«
par le nord - eft pour aller aux Indes ^ ayant
échoué , on conçut de nouveau l'efpérance d'en
trouver un par le nord oueft. Pénétrée de cette
idée, la reine Elifabeth envoya en 157^, Martin
Forbisker &vec trois petits vaifTeau^. Lé 11 de juil-
let, ce- navigateur vit une terre par le foixante-
linième degré latitude nord, qu'il fuppofa être le
Friejland de Zeno. Il trouva dans ces parages
une grande quantité de glace ^ le 2 8 du même
"mois, il vit encore une terre qu'il prit pour la
côte de Labrador. Le premier d'août il apperçut
une troîfième terre & trouva une grande île de
glace qui s'éclata le lendemain avec un bruit
effroyable. Le 11 du même mois il était dans
un détroit, quoique cela ne fut peut-être qu'un
golfç. Après qu'il eut fait quelques préfens aux
fcabitaûs, ceux-ci vinrent voir fon vaiflèauj le
jour fuivant l'un d'eux vint à bord fur la chaloupe &
fot enfuite renvoyé à terre -, mais les cinq mater
lots qui l'accompagnaient , defcendirent.avec lui ,
malgré les ordres qu'ils avaient reçus» & difpa^
)o Decoûvèêtes et VoYAéÉs
tarent avec la chaloupe |j depuis ce temjpà 6H
0*en entendit plus parler* Forbishcr fe faifit d'un
naturel de ce 'pays & remmena avec lui en An^
^tene où il mourut bientôt après foh arrivée^
Pdtan. lés. objets que Forbishér apporta avec lui^
il Hiontraiine pierre noire » brillante Ôc trèspé^
feite. C'était la marcaffite dot ( Piryusaureus
de tÀnné)^ qui contient iiné aflez grande .quaû-»
ttté d or*
VL L or trouvé dané tèt±6 pierre fut caufe que
la ibciété fe détermina à envoyer dn 1577, trois
autres vaiiTeaUx. Forbisher en fut encore nommé
)e chef/ A la diibnce dé fix journées des Orcadesî
il rencontra des boi^ âottan$ ^ pouffes continuel^
iement par des courans qui allaient dû fud^oueft vf^
le nord-eft- Après avoir fait Voilé pendant ving?-»
£ix jours dans la direâion de l'oueft & nofd-oueÀ^*
il vint des Orcadés à la terre qu il avait d abotd
ptife pour le Friejland^ bientôt après il rélâcha
dans le détroit de Forbisher, ou tout était cou-*
vert de neige & de glace y qûoiqu on fût aldri
au 4 juillet» Cependant il ne pouvait fe perfua^
lier que le ficoid fut ailêz fort poux faire gelet
l'eau de la mer, parce que la différence entre U
âme & le réflux était de plus dé dix brafféSé
Forbisher trouva dé la glacé à ime difbnce de
plus de mille milles de la terre *, mats cette glatit
était founée d'eau dcmce. On né pouvait pias con*
* ï) A-N s L E N O R D4 3 1
tévoir alors comment cette glace avait pu fe dé*-
tacher de la msffe entière dajis une latitude où
1 air eft d un froid il péaétrant j & où: les tayoM
du foleil tombent fi obliquement^ que cet aftre
même à fa plus^ gr-ande hauteur 5 ne seleve que
de vingt-îarois degrés trente minutes ai-delTus de
rhorizom II fallait qu'il y eût des torrens rapide]^
d'eau douce 9 ou au moins une grande inondatioa .
pour pouvoir détacher ces mailès énormes de glacé
& les charrier à la nier. Fprbisher n ofant appro-
cher de plus près avec fes vaiiTeaux^ à caufe de
ces glaces 5 defcendit à terre avec fa chaloupe;
& après avoir tout examiné 5 ilfe failît d'un na^-
turd du piys -& s'en retourna à bord.- Il rapporta
que J'intérieuï de ces montagnes ftérîlcs& pelées
recelait probablement de grandes- richeffes. Ayant
pris terré dans quelques autres lieux , il effaya
toujours de fe faifir de quelques naturels , mais ils
fe défendaient quelquefois courageufemcnt avec
leurs flèches dont la plupart étaient armées de
-pierres ou dos aigus, & quelquesHiries de pofai-
tes de fer. . - . . . i
Les Anglais de leur côté fifcnt feu & en bleC-
:sèrcnt quelque^uns, qui, pour ^vitet d'être pris,
•fe noyèjîentj adion qui parut très- extraordinaire
jftux< Anglais , eux qui cherchaient i les guérir de
leurs bieflures , & à les emmener* en AngleterfÀ ,
\ Xes Groenkndais- èmployècetit toutes fortes d'^c^ -
ji DÉcotvÈàïES ET Voyages
^HÊces pour attirer à terre les étrangers , au poîht
que Tun d'eux feignit d être boiteux ^ & un autre
de remporter. Cependant ils ne purent s'empa-
rer d aucun Anglais. Ceux-ci au contraire, iefirayè-
tent tellement les Groenlandàis par k feu de leur
moufqueterié 5 que ces prétendus bkffés s'enfui-
rent bientôt avec autant dé vîtcfle que lés autres;
Xes Anglais examinèrent leurs huttes Biites dé
peaux de rennes Se d'autres animaux. Us trouvè-
rent quelques-uns des habits dés cinq Anglais
jijui s'étaient perdus l'année précédente. Ils virent
auili quelques miférables habitations des naturels |
ce n'étaient que des pierres amoncelées. Vient en-
fuite la defcription de leurs barques faites pour
un feul bommi^ î de leurs vêtemens & de leurs
meublés.
De deux femmes quils trouvèrent , Us èti
prirent une avec fon enfant qui était blefTé , ils
laifsèrent l'autre à terré » à caufe de fon extrême
laideur. Les matelots fôupçonnèrent cette fèm^
me d'avoir lés pieds fourchus ^ mais après lui
avoir ôté fa chaufluré , ils virent qu'elle lés
avait Gonuné ceux de tous les autres hommes^
Ils prirent quelques pierres luifantes & revinrent
en Angleterre. Pendant le voyagé , les prifon»-
niers grojsnlandais ^ hommes &c femmes » Cà
ciompbrtèrent «vec une décence & une modeftie
qu'on n aurait pas. atteiîdu^s d« leur part. Lé vaif-
feaii
dakslêNord. 3}
ttan amiral fut féparé des deux autres par une
tempête. 11$ arrivèrent cependant heureufément,
l'un à Ëriftôl, l'autre en Ecofle, & l'amiral à iWi/-
ford'îlavefi.
Les remarques de fauteur du' voyage de For-'
bisher (ur les courans, qui charrient la grande quan-
tité de bois flottant qu on rencontre dans la di-
icdion du fud-oueft vers le nord-eft, opt été
depuis fréquemment confirmées -, car , c'efl par ces
courans que les bois & les fruits de l'Amérique font"
poufles fur les côtes d'Irlande, d'Ecoffe, des îlé^
Feroe & Weflern ; ainfî qiie fur les Orcades , &
les iflès de Scketland & la Norvège. Il efl pro-^
bable que les pois & les fèves noires SSc rouges
qu'on trouva au troifîème voyage dans les butes
des Groenlandais, avaient été portés par les mêmes
courans. On avait fuppofé quç c'était des fruits
de Guinée , mais il efl à préfû^ner qu ils font'
la régUfle des îles ( Abrus precatorius. ) Les
iflandais tirent de grands avantages de ces mêmes
courans qui leur fourniflent du bois à brûler.
Les peuples qui habitent là Nouvelle-Zemble ^W
Spitzberg , le Groenland & même ceux des côtes
fepteritrionales & orientales de la Sibérie , trou-
vent au0i beaucoup de ces bois flottails qui leur
font dVn grand ulâge pour bâtir leurs demeureSj(,
îiînfi que pour le chaufFagje.
Cette partie di|- Groenland découverte par For*
^om^ IL C '
34 DÉCOUVERTES ET VoYAGES
bisher , fituée. plus, au fud qu'aucune partie de
riflande & que p'ronthcim en Norvège, eft ce-
pendant beaucoup plus froide Se plus environnée
de glace que ces, derniers lieux; ce qui paraît
dépendre des' caufes fuivantes : le Groenland s'é-
tend beaucoup plus au nord, il eft coupé de
havres qui s^avancent profondément dans lès terres
où il fe forme des mafles énormes de glace par
les pluies du printemps, & les monceaux de neiges
qui fe précipitent des rochers élevés. Ces mon-
tagnes de glace entraînées par la marée & les
torrçns font portées à la mer. Elles y font fi nom-,
hreufes, que dans les- détroits entre Tlflande &
le Giîoenland , lorfqu elles font preflees par les
gros temps , elles s'arrêtent fur lès fables & les
bas-fonds , & forment , en fe réumflànt, de vaftes
champs de glace. ; leur hauteur eft telle , qu à'
peine la quinzième partie de ces mafles s'élève
au-defïus des eaux, tandis qu'il y en a plufîeurs.
milliers de pieds au-delïbus. Conmie elles cou-
vrent une grande partie de rOccah , les vapeurs
delà mec qui font ordinairement tempérées', nç^
peuvent arriver au Groenland , ou du moins qu'eti
petite quantité , ce qui doit prodigieufement y
augmenter Tintenfîté du froid \ fur-;out lorfque les
vents du nord déjà très-froids , foufïlant fur ces
plaines de glaces. Te rèfix)idiflèrit dé plus en pliis^'
jufqu à Ce qu'ils deviennent Infoutenables.
D À N s L E N O R D. j j
Oél rencontre ici une preuve de la cruauté qui
îat taïadérifé par-tout les découvertes des Euro--
péc^fts. On avait réfolu de fe faifir.de ces mal->
heureux fans trop favoir ce qu'on eh- ferait ^ &:
Vxfîi prétendait que c'était pour leur, bîeln. Il n eft'
pas fuiprenant que ces gens Amples ne pufîeht^
pas fe foïnier une Idée auffi avantagèufe deÙa hïttt^
veillance de leurs vainqueurs qui portaient la défb-^
lation <lans leurs familles & qui dévaffcaent Teèr^
payisV Le^ Européens s'imaginaient fasis déuïpe que'
paAfer, les bleffures qu'ils^ leur avaient faites ^
auprès les avoir privés de leur liberté -& fouvcntf
de- leurs membres, était Une très-grande récem-^
penfe. Enfin, le défefpoir irifpira à 'ces peuplèi-
tourmentés la vigduréirfk iséfolutioti de préférer là^
mort a une iodgaè •& ddûlou*eufe captivité. Ce
qui priva ^lufieursf familles de ceux qui lès prô*-'
tégeaient & les expofa à; mourir de faim dafis'
ées triûes & mîférables cofitrées. Mais fiippofons
que les Européens aient tu la' loUable intention'
dé leur rendre fervice & dà les iilftmire dans IsT
religion chrétienne ^ nous; ofons lâffiirer que ces
irtoyeïis Vîolens n étaient rien moins qu^ la méthode
la {^lusr (joôvehablè pour rermplir cet objet. Quel
attrait 1^ religion pouvait-elle avoir pour un peuple
^u oii f^îfâit géinîr fous la plus durer tyrannie,
& qui ne voyait que la violation dû premier des
préceptes; de la -religion qu'on dui - prêchait j, L'biii
Cij
3^ DÉCOUVERTES ET Voyages
inanitë. Mais ce que ces prétendus apôtres du
chriftkniftne cherchaient avec le plus dapplic?(ition,
c'était où Ton pourrait trouver de 1 or. Tunique objet
des vœux de tous les Européens. Fait qui prouve juG-
qu a la démonftratîon, que leur zèle pour la conver-
lion des âmes n'était que le prétexte, & que l'avarice
'& la (bifdes.richeilès étaient le véritable motif de
tous les voyages qu ils.efitreprenaient. Cependant la
xapacité&la cruauté qui lesdiftinguait lésa cou*
yert5 d'une bpxite . inefiàçable , & n'a fervi qu'à
dépeupler des régions où la nature n'eft déjà que
tjrop avare de Tefpèce humaine. La modeftie & la
décençip jde . deux Groenlandais qu'on amena eti
lAngletWie filt auffi.uo fujet de gçand. étonne-
tnent, çbi^nime iî la chàft^é &:: la vertu étaient le*
paçcimoine des Européens. Mais noii -, c-eft chez
les nattions les plus barbares qu'elles fe trouvent
dans leur'.pUis grandej pureté. -.
Enfin, que pouvoiisrnous penfer de chrétiens
qui prenaient pour un diable une vieille fenime
peu favojcifée par la nature ,.& qui ne furent con*
vaincus- du contraire, que ioifqu'ils virent jqq'elle:
n'avait pas le pied fourchu? Des hommes cour-
bés fous le^joug de la fuperftition fgnt.pqu ^ifs
pour éclairer d'autres hommes , & ceux qui trai-
tent fi inhumainement, des pelles auxquels il$
jfont forcés, en dépit des préjugés, de reconnaître^
l4e folide^ venus ^ ne font nullement ^v:>^rx&}i^
DAMJ5 tS NOK0, ' '^7j
prêcher l'évangile , qui ne refpire que refprît de
douceur 5 de paix^Sc de charité.
Toutes les defcriptions qu'on a données de$
mœurs 3 des habillemcns , des inftnunens & du
langage de ces Groenlandais , prouve que leurs
defcendans n'ont point changé les coutumes qu'ils
en avaient reçues •, ces flèches armées de fer,
ces couteaux qu on a trouvés alors chez eux , prou-
vent, à mon avis, qu'ils eftimaient le fer qui
avait été apporté dans ces lieux par des naufra-
ges. Il me femble également probable , qu'ils
pouvaient avoir confcrvé de génération en gêné-"
ration une partie du fer qu'ils avaient acquis lors
de la deftrudîon de la colonie Norvégienne. If
eft vrai qu'il s'était écoulé plus de neuf cents ans:
depuis cet événement mémorable. Cependant cette
cfpèce d'économie ne paraît nullement invraifcm-
blable. Car en 1773-, f achetai dans l'île de U
nouvelle Amfterdam* , un petit clou qui y avait
été lailfé ett i ^43 , conféquemment cent trente
ans auparavant , par Abel-Janfen Taftnann.^
VII. La reine Elîfâbeth fut très-fatisfeite Ae^
découvertes de Martin Forbisherj on examina fbn
rapport , aînfî que ta pofSbilité- dit pafl&ge: à lia
Chine , & tes avantages qu'on pourrait retirer de
la mine d'or dont il avait apporté des échantil-
lons ^ tout cela ayant été mûrement confidéré;^
on réfolut de bâtir un fcr4r dans le pays ripuvdt*
C )if
38 Déûp.uvERTES Eï Voyagea
len^ent découvert, auquel la^ieine avait doîmé
le nom de Meta Incognita ( Borne Inconnue ),
& dy laiil^r pour fa défenfe cent hommes , &
trois vaiffeaux fous le commandement des capir
taires Fenton , Bejl & Filpot. Ces cent hommes
confiftaient en quarante matelots, trente pionniers,
& trente foldats ; il s'y trouvait des boulangers,
des lafineuts d or, des charpentiers & d'autres gens
légalement néceflai^es. On équipa quinze petits
vaiffeaux pour cette entreprife , dont on donna le
commandement à l'amiral Mania Forbisher.
Ils partirent iiHarwich le 3 1 mai de Tannée
1578. Lorfqu'ils curent pafle l'Irlande, ils rencon-
trèrent un grand courant dans la direâion du fudr
pueft au nord-eft. Us découvrirent, le 20 de juin, Iç
ïf^eJl'Friefland qu'ils nommèrent alors Angleterre
.occidentale , & y étant defcendus , Us en prirent
poiTeflipû. Us virent des cabanes ou des tentes
dont la forme &ia conftruétion leur parurent par-
jÊiitement femblftbles à celles des cabanes qu'ils
avaiept vues dans le Meta Incognita* Les habl-
tans ayant pris la fuite, les Anglais entrèrent dans
leurs tentes., ils y trouvèrent une boete pleine de
petits clous , des harengs falés & des planches
fort bien faiteis.. On en conclut que ce, peuple
commerçait avec quelques nations civilifécs , ou
qu'il y avuit d'affez bons ouvriers parmi* eux. Ou
ftoMvat.près delccs butps, quelques chiens j on en
ï) A Ns L E Nord. * .3^
emmena deux en place defquels on laifla quelques
préfens de peu de valeur , comme de petites fon^
nettes ^ des miroirs , & quelques autres bagatelles.
Les baleines étaient auffi nombreufes dans ces
parages, que les marfouins dans les autres mers.
Le vaifTeau , la Salamandre , qui allait avec un
' bon vent, donna ii fort contre une baleine ^ que
la violence de ce choc l'arrêta j la baleine fit
un bruit épouvantable, s éleva fur l'eau, mais bien-
tôt elle fe replongea dans cet élément. Deux
jours après, ils trouvèrent une très-grande baleine
morte qu'ils crurent être celle qui avait été frap-
pée par le vaiffeau la Salamandre. Ils ne purent
ientrer dans le détroit de Forbisher à caufe de la
grande quantité de glace qui s'y trouvait. L'ami-
ral qui penfait que la mer ne pouvait geler fur*
tout parce que la marée monte à dix brafles dans
ces lieux, où ils trouvèrent des glaces à cent milles
de la terre , penfait qu'elles étalent formées d'eâu
douce, en effet, lorfquon les fit fondre, elles
xendirefit de l'eau qui n'était nullement falée.
Elles -avaient , fans doute , été chaflees par les
vents d'eft & d oueft qui foufflent très-fi:équem-
ment dans ces parages. Ces énormes glaçons chan-
geaient fi fouvent de pofition ijue les vaiffeaux
couraient les plus grands dangers. La batque la
Dennis , coula à fond pour avoir heurté contre un
de ces glaçons j heureufement qtt'ayant tiré un
C iv
'40 DéCOÛlTÉRT^J ET VôlTAGEi
coup de canon à temps, tout l'équipage fut fai3H
vé. Mais le vàifleaiî fiit perdu avec une partie
du bois qu'on avait préparé pour conftruire les
habitations de ceux qui devaient hiverner dans ces
parages.
Une tempête qu'éleva le vent de fud-eft mit la
flotte dans un dangisr imminent. Les vaifleaux étaient
fi fouvcnt environnés de ces immenfes glaçons qu ils
eurent la plus grande peine à fe garantir de leurs
chocs réitérés. Enfin, un vent de oueft-nord-oucft
difperfa toutes ces glaces, & délivra la flotte de
ce preflant danger. Les Anglais fe rapprochèrent
de la terre , qui était fi * couverte de neige & de
brouillards, qu'ils ne pouvaient diftinguer où ils
étaient. Un courant très-rapide entraîna les na-
vires hors de leur route dans la direâ:ion du nord-
cfl: au fixd-oueft.
Forbisher croyait que la caufe de ces courans
dépendait de ce que la mer qui coulait confl:am-
inent de la baie du Mexique vers Tlflande & la
Norvège , trouvait fiir ces cotes une réfifl:ance
augmentée par un courant venant par lé Cap-
Nord de la mer de Sibérie , & était repouflée
avec fi^rce fiir la côte nord du Groenland, où
elle continuait à être poufiee le long de la côte
dans la direction du nord-efl: au fiid-oueft.
L'amiral envoya le vaifleau, le Gabriel^ dans
une paffe d'où Ton pouvait entrer dans le déttoit
: DANS t E Nord. 41
de Forbisher ; il examina avec foin les îles nom-
breufes qui s'y trouvent & foutint avec courage
les mutmures de fon équipage; enfin, après avoir
lutté une féconde fois contre les dangers d'une
nouvelle tempêtes U arriva heureufement dans le
détroit de la ComtefTe de Warwick. Defcetidu à
terre 5 ion premier foin fut de chercher des miné-
raux. Il obferva que dans les vallées 9 lair était
quelquefois extrêmeniient chaud ^ mais que pour
peu que le vent (bufflât de delTus Içs glaces , ii
changeait cette douce température en un froid
extrêmement pénétrant.
Trois vaiiTeaux que la tempête avait féparés de
la flotte, tinrent long -temps la mer au milieu
des plus grands dangers. Enfin , ils gagnèrent un
havre où l'équipage répara les vaifleaux. Us conC-
truifirent une pinafTe avec les pièces de bois qu'ils
avaient préparées à ce delTein , & avec laquelle
ils fe mirent à chercher l'amiral qu'ils réjoigni-
rent. On fit alors l'eflkî des mines que le capi-
taine Bejl avait trouvées , ainfi que de celles qui
avaient été découvertes par l'amiral 5 on les trouva
aflez bonnes pour en charger les deux vaifleaux*
On ne put fe réfoudre à laifler perfbnnc cette
année dans ces lieux -, la faîfon étant trop avan^
cée , Ôc les bois pour la conftrudion des habita-
tions , ainfi que les povifions pour les cent
hommes , ayant été perdus.
42 DÉCOUVERTES ET VOÏAÔËS
Ils avaient fixé leur retour au dernier jour d^août;
mais une violente tempête les obligea d'appareiller
plutôt» Pendant tout le voyage ils ne perdirent
que quarante hommes fur toute la flotte.
Lts habitans de ces contrées étaient extrême
ment timides. On fuppofa que ces peuples com-
merçaient avec quelque autre nation, parce qu'on
leur avait trouvé du fer en barre ^ des aiguilles Sc des
boutons de cuiVre dont ils ornaient leur tête.,
toutes chofes qu'ils n'étaient point capables de
faire eux-mêmes. Ils avaient coutume d'allumer
leur feu en frottant deux bâtons Tun contre l'au-
tre. Ils faifaient traîner fur la glace par des cHiens
tout ce dont ils avaient befoin. Leurs marmittes
•étaient faites avec beaucoup d'art ^ d'une certaine
pierre, pierre Ollaîre Lapis Ollaris. Les Anglais
bâtirent dans le détroit de l'Ours Bear - Sound ^
une maifon & un foué , on laiffa dans cette mai-
fbn des bagatelles de différentes efpèces &: des
poupées pour les naturels du pays. Lorfque le Brid-
géwaur revint , il trouva une terre au fud - eft de
Friejland vers le cinquante-feptième degré trente
minutes latitud^ nord-, il en côtoya pendant trois ,
jours le rivage qui était couvert de bois & de
verdure.
La kdure du voyage de Forbisher nous fait .
connaître fon opinion fur l'origine des glaces qu'il
trouva en fi grande quantité dans les mers du
D A N s L E N O R D» 45
Nord- Malgré les l^ouanges que donne le chevalier ^
JPringle au capitaine Cook fur lufage qu'il a fait
de la glace pour fournir d'eau douce fes vaiC-
•féaux 5 il eft très-certain cependant qu'il n eft pas
le premier qui ait connu que la glace flottante
fur la mer , étant fondue , donnait une eau trcs-
potable. Forbisher l'avait éprouvé dès l'année
1578 5 conféqucmment cent quatre-vingt-quatorze
ans avant l'expérience du capitaine Cook. Celui-
ci pouvait avoir connaiffance de l'obfervation de
Forbisher , car il avait fur fon bord la collec-
tion des voyages par Hackluyt dans laquelle fc
trouve celui de Forbisher, &il lifait fouvent cet
ouvrage pour fon amufementj en outre, immé*
diatement après le voyage de Forbisher fuit ,
dans cette collection, celui de Jean Davis fait
dans l'année 1585, dans lequel il eft dit expret
fément , que ce navigateur fit charger fur une
barque, de la glace qui fournit une eau très-douce.
Il eft vrai que les montagnes de glace font for^
mées d'eau douce gelée 5 mais il ne s'enfuit pas que
toutes ces glaces flottantes fut la mer nefoient
que de l'eau de pluie ou de neige. M. Nairne a
montré en 177^ , que lorfque le thermomètre
de Fahrenheit était à vingt-fept degrés &: demi ,
les molécules douces de l'eau de la mer fe gelaient
5c ne iaiffaient qu^une eau falée ttès-chatgée. Ba^
nnts^ a vu , étant à ia NouveUe-Zemble , la mer
Î44 DiCÔXJVERÏfS Ef VOITAGES
geler fubitcment de 1 epaiffcur de quelques pouces,
& cette glace fondue aurait fourni une eau douce &
potable. Il cft poflible, fans doute, qu'il fe forme
des glaces des neiges &c des torrens d'eaux plu-
viales^ w^ il ne s'enfuit pas pour cela qua toutes ^
les glacei qu oa trouve dans la mer » ayent la*
même origine* On en trouvera davantage fur cet
objet , dans mes obfervations faites pendant mon -
voyage autour du monde»
U eft remarquable que le choc d'un vaiflèaa
voguant à pleines voiles foît capable de tuer d'un
ieul coup, un auifî grand animal qu'une baleines^
Je me rappelle qu'un jour , dans notre voyage
autour du monde , il parut plufîeurs baleines au-
tour de notre vaiiTeau. Tandis que quelques-unes
fe jouaient en s'élevant iç fe replongeant dans les
eaux, le vaîflieau effleura dans fans courfe, le dos
de l'un de ces animaiBcj la mer for bientôt teinte
de fon fkng ^ quoique nous n'euffions qu'un vent
très-doux & que la, direction de cette baleine croifat
celle du vaiffeau -, elle aurait été infailliblement
tuée ,' fi nous euffions eu vent frais & fi le vaifr^
feau l'eût frappée en ligne droite^
J'ai dit auflî dans mes obfervations que ta mer
entre les tropiques^ coule Bxt nord, & au fud le long
des cotes du continent de l'Amérique , poufTéê
continuellement par les vents de l'eft. dans l'At-
lànticpie vers le continent de l'Amérique , & dans
D A K s t £ N ft D. '4j
la met du Sud vêts la Chine, la nouvelle Hol*
lande & les Moluques ». & qu elle prend dans la
zone tempérée de^ rhémifphèrc feptentrional , la
diredîon du fud-oueft au nord-eft j & dans Thémif.
phère méridional, celle du nord-oueft au fud-eft.
Conféquemment , nous voyons qu'il part un
courant de la )>aie du Mexique qui fe dirige au
9iord-eft vers Tlflande Se la Norvège; Se un autre
dans rhémifphère Âuftral qui vient du Bréfîl 6c
poulie les eaux de l'Océan au - delà du cap de
Bonne - Efpérance dans la mer des Indes; d'un
autre côté , ce courant fe jeté par le nord con-
tre la Norvège, & eft repouffé de Teft à Touefi:
fur les côtes occidentales du Groenland : dans
rhémifpbère méridional le courant part du cap>
fe jète fur la nouvelle Hollande &. revient vers
l'oueft. ...
C'eft pourquoi^ au-delà de la terre de Feu^
près le cap Hom & dani le détroit de le Maire ,
nous obfervâmes un grand courant venant de
Teft , que nous remarquâmes auffi près de l'île des
Etats & les îles de la Nouvelle Année*. Dans la
mer du Sud on ^trouve de femblables couians i
par exemple, entre les tropiques, de l'eft à l'oueft,
dansi^/Tpnes tempérées, de l'oueft à l'eft, & dans
les ;eq4^$ glaciales encore de l'eft à l'oueft. Ces cou^
rans en occafionnent auffi de femblables dans Vsâu
Q^^ U taUbp pour laquelle les vents 'dx>ueft do^
4^ DÉCOUVERTES ïf VôVAGE*
minent dans les zones tempérées, airifi que dan»
les zones glaciales les vents d'eft font plus fré-
quens que les autres vents , & la remarque de
Torbisher eft parfaitement d'accord avec la vérité;
Pouf ce qui eft des mines qu'on dit avoir trou-
vées dans le Groenland , il faut bien que ce ne
foit pas fans fondement. Mais quelques habiles
que fetiTent les eiTayeurs que nos navigate'iits avaient
^avec eux, "il fut impoffible de déterminer quelle
quantité d'or contenaient ces mines. Il eft poffiblë
cependant qu'il y ait dans le Groenland des niines
de fer & de cUivfe qui contiennent peut-être^ une
alTez grande quantité d'or & d'argent. .Crû/ir;f dan j
fon hiffoîre du Groenland , livre premier , chàpi
éa.^z^y femble en quelque forte confirmer cette
dippoiition. Enfin , on ne peut pas dire que les pays
du Nord foient entièrement privés d'or, puiftjuê
les miniîs SAedelfirs & de Kof^berg^ioiit con-
nues de tout le monde -, & que les RufTes ojtit
trouvé dans i'île Béar des morceaux d'argent na-
tif & très-bien ramifié. -
Que les Gxotolandais faflènt encore leurs chau-
dières avec la pierre Otlaîxc , c'eft ce qui eft
alTuré par Crantz , dans le livre cité ci-deffus , § xf.
Il neft pas probable que les Groenlan<fateiobniJt
met^!(B^nt alors avec auMne^nadèn civiH^^*; ni
qu'ils eil reçuflent le fer en bartes & le^ petits
morceatoxde cuivre dom ils ornaieiit leur tête. Le
I> A N s L E N Ô R D. j^y\
fer & le cuivre trouvés chei eux, y avaient été fans*
doute , gatdés depuis la dcftruâion des colonies
Norvégiennes -, quelques naufrages le leur avaient '
peut-être procuré j ou 5 enfin , ils pouvaient lavoir
obtenu par échange , par ftatagêmê ou par force*
de quelques faùva^s Américains, habitans de la'
baie d'Hudfonr, On trouve même à préfent chez*
cts fauyages des morceaux de cuivre brut, mais-
qu ils ont forgés avec beaucoup de peine en fbt-»
me de bracelets. Du"refte, les mœurs des Grèen-
landais d'aujourd'hui font parfaitement femblablcs^-
à<- celles ^es anciens Groenlandais. •
Si le vaiflèau le Bridgewatet a trouvé véf ita-
bleipent une terre couverte de bois-& de verdure-
au cinquante-feptième degré trente minutes kâ-
tude iK)rd>4ifei|l: quelle ait été fubmergée depuis 5
on ne Ta revue dans aucun des voyages qu on^ a^
faits plus récemment à la baie d'Hudfbn, au Groen-*
land & à la côte de Labrador. Autrement ces navi-
gateurs fe feraient bien trompés dans leur compte;*
il faudrait qii'its feuffent pris Tlflande pour une'-
nouvelle cbritréej'& que les bois n cufïent exiûé^
que dans leur imagination;
VIIL Forbisher n'ayant pas réuffi^ dans les trois-
voya^s^ am hôrd-^oucffl: ehtr'eprîs pour^ découvrît?
unpaflage a là Gîhînè & en Afie, & les Portu-
gais acquérant journellement des richeffes par léut^
voyages aàx ^grandes Indes; là tômpagnie deRulfii^l
'^i Découvertes et Voya(îês
fit de nouveaux efforts pour découvrir le moyeiî
de pénétrer dans ces contrées pat le nord - eft.
Ce paflage devint l'objet des defirs de toutes les
puiflànces maritimes de l'Europe. La compagnie
Rufle expédia pour cette tentative , deux vaifleaux
fous le commandement à' Arthur Pet & de Char-
les Jackman , dans Tannée 1 5 80 j . ils mirent à
la voile à!Harwich le 30 mai. Au bout de quel-
ques jours 5 ils arrivèrent à la vue du cap Nord
& de fP^ardhoufe; mais les vents d*eft, de nord-
cft & de fud-eft foufflèrent fi long- temps , qu'ils
les empêchèrent de continuer leur voyage Enfin,
après avoir beaucoup foufFert de la grande quan-
tité de glaces, & avoir été fouvent trompés par,
les faufles apparences de terre , ik parvinrent le
!i8 juillet au. détroit de Waigat^ » Us y entré-,
ient& rencontrèrent bientôt une fi grande quai>-
tité d^ glaces , qu'après bien des efforts inutiles
pour les traverfer, ils furent obligés de retounier
fyi leurs pas. Il eft à remarquer que ^ dans la
mer. qui s'étend entre la Nouvelle-Zemble & le
«tontinent, par-tout où ils fondaient , ils trouver,
jrent le fond , c'eft-à-dire , qu'ils avaient de.quatre
à tre/ite-trois', foixante-huit, foixante & dix & qua-
tre-vingt-quinze bralfes ; tout prèç^.de Çplg^yeve
ils touchèrent fur un banc de fable- , ils apperçur
xent la tene de Hugri ou Jugria fur le bprd de,
laPetchoraj ic la baie de Morjo^et^. Enfm, ils *
doublèrent
ÎD A 1^ S: L Ë N O K Î5* 4^
âouWèrent le Gap-Nord; & le i^ novembre, ils
arrivèrent faeureufement à Ratclifi L'autre vaiC-
feau^ \o fP^iUianty commandé par Charles Jaclc
mon 9 ayant été féparé des autres par un brouil-
lard ■ très-épais 5 fut forcé d'hiverner dans u» havre
de la'Nôrwègc; il en partit au mois de février
"de. compagnie avec un vaifleau danois thargé pour
riflaaide -, depuis ce temps on ne fait; • plus ce
qu eft devenu le Jf^illiam, Cette recherche d'un
palïàgé par le nord-eft, ne- reuffit pas nàioux que
lés précédentes ; mais elle fervît à confirmer deux
obfervations de pbyfique dont j'ai déjà parlé. La
•pj^emîèfe^ c'eft que :darïs ces latitudes élevées vers
le nord , les vents d'eft , de nord-èft Se de
fud- eft font les pli|s firéquens. La féconde , que
la îïier glaciale eft^peu profonde, c« qu'on 9
remarqué non - feulement alors , mais ce qui a
été vérifié depuis par plufîeurs navigateurs mo^
dernes. Ce voyage nous montre auffi l'exiftence
de là quantité de glacés & de brouillards épais
& dangereux dont on éft accablé dans les zonôs
glaciales des deux hémifphères , &: qui contri-
buent infiniment à retarder les découvertes qu'où
^pourrait faire dans ces triftes mers.
.IX, Malgré qu'il n'eût réfulté aucun avantage
des premiers voyages au Nord, il fe trouva toUr
JQurs'des hommes! qui tentèrent de faire de nour
^yeUes. découvertes \ Us uns dans refj^érançe xle
Tome IL D
pjp DécouirEKTES ET Voyagea
:tiK)uver des xoDtrées qui leai fomnitaietat de l'or,
lie l'argent & des épices ; les autres 5 ciahs jU
'^^rfuaiioti ^ue , dans la poursuite À& ces décoi»-^
vertes , ils trouvecaient une nouvdtte route pour
«lier aux Indes. La reine SHùbeth voulant fvtrof
rifer ce goût pour ^Ics découvertes , fit d<« ^au
idievaliet &imfhrey Cilben , ât tous les peryis ^u'H
idécouvtiraic&'doDt il prendrait poi!èffion. Ea» oôâ-
l&juence il fît les prépatâti& de ion voyage. J^
fie puis dSTconvenir qui! uj ait quelques reliitioiâ
^bfcures de voyage entrepris dans de pîarfiMes
Afues long- temps «vant celui-ci. Nous trouvons
•que dè« 1 année 1 502 ^ ii^^i^ i^V/iW & Thomûs
)Askhurfl , marchands de^'Briâol ^ obtinrent des
lettres-patentes de Henri Vïï pour r^ablîllèment
idetîolpnies dans les conti^ts nouveMement -décou-
vertes par Cûbot s mais nous ne trouvons ttcn qia
^uîfle nous apprendre ^'ils oiif feit ufa^ ^e cette
j>ermiffion , dans les éarivain^' leurs contemporains »
ni dans c^ux qui les ont in^médiatement fiâvî^. En
1527", (bus le règne Je Henri VIII , d'i^près le
confeH de Roiert Thorne 4e Briftol, on envoya
deux vaîfleauKj dont l'un était nommé le Domintis
vobifcum , pour faire deis ^découvertes dans le
f^ord-oueft. Lun de ces vaiflèaiEx fe perdit dans
im golfe entre le nord de Terre-Neuve, & la
contrée appelée depuis par la reine Elifebei^h^
^ent-Incognita. L'autre vaiffeau fit route y^îcs k
DANS 'L£ N O RtIX yi
«p Breton &c la côte d'Aïambec. Ces naviga-
<^{m descendirent fouyent à tetrc pendant leur
vo^cige^ examinèrent avec attention ces régions
:jur9u'ftloïs inconnues , &c retournèrent heureufe-
-naent en Angleterre, au conunencement dodobre.
JMLais cette relation très-inparfaite efl: .tout ce
•qu'il y a de connu de ci^tte expédition. Cepen-
jdant elle nous apprend que U cap Breton nomn^
•ainfi <la!is un temps Ci reculé , doit avoir reçu ce
jnom de Sékafiien Cii^éir y»lor{qu'il découvrit avec
fon {j^re T^:re - Neuve ou Mûccalao , & ^u!il
«avaiïça le loi>g des côtes cle TAaiécique juiqua
J.a baie de Ckefapeak^ A l'^gaKl de la cote à'A-
yamb^g^j^YOue que (à (kuatipn tneik entsièrenaent
inconnue ^ cependant je présume que c'eft la
câte de ce -qu'on nom^œ 4iéhiellement nouvelle
£coflè , ou peut- êrre^meme de quelque région
fim au fud.
A{»£s ce voyage , un homme appelé Hore^
partit de Londres fur la fin d'avril a 5 3 ^ , avec
deux vaifleaux, la TriniuSc le Mignon. Us asri^
vèreot au cap Breton, s'avancèrent au nord-eft,
ic vabordèrent à l'île d^s Pinguius iîtuée à la côte
fud de Terre - Neuve. Cette île a été nommée
réxA d'«ne elpèce d'oifeaux de mer que les EC-^
f i^aols &: les Portugais appellent Piriguins, parci&
.iqu'ik foac fort gros. Ces oifeaux conAiruifent leuss
ffiàs 8c vivent en quantités innombrables, fur le$
Dij
5z Découvertes et VotA<5E$
petits rochers qui font auprès de cette île. Us
vinrent enfuite à Terre-Neuve où ils apperçurenc
quelques habitans qui veiiaient voir leur vaiiTeau ,
& qui, lorf^u'ils fe virent pourfuivis, s'enfuirent
dans Itlc. On y defcendit^fc Ion trouva un mor-
ceau de viande d'ours qui rôtiflkit à une bro-
che de bois. Les Anglais tuèrent quelques ours
blancs & noirs , dont ils trouvèrent la chair très-
bonne. Mais enfin, leurs provifîons commençant
à diminuer , ils fe virent forcés de manger quel-
ques poiflons qu une orficaye avait portés à (on nid
pour la nourriture de fes petits , même des herbes
& des racines de toutes efpèces y ils furent réduits
à un tel excès de misère, que des matelots tuè-
rent & mangèrent quelques - uns de leurs cama-
rades dans les bois. Enfin , malgré la févérité des
reproches que le capitaine fit à fon équipage de
cette cruauté , on allait tirer au fort poiur favoir
•qui d'entr'eux ferait dévoré par fes compagnons,
lorfqu'il arriva un vaiffeau français <lont ils s'em-
parèrent laiffant le levir aux ficançais après leur
avoir diftribué une fuffifante quantité de provi-
fîons. Ils retournèrent par ce moyen en Angle*
terre , où ili arrivèrent heureufement. Bientôt après
les Français firent des plaintes contr'eux parce
qu'ils s'étaient emparés de force de leur vaiflèauj
mais le roi informé de la dure néceffité qui le«
avait contwijats à commettre çci a<ae de violence^
ibkvn L» Nord; ' ^^'
îtidcmnifa les Français & ne fir point punir cette
piifaterîe, qui dans toutp autre' circonftance aurait
mérité la plus févère punition.
Il eft évident que ces aventuriers n'avaient nulle
connaiffance de Timmenfe quantité de poiflbns
qu'on trouve fur les côtes de Terre-Neuve, autre-
ment ils s'en feraient fervis dans leur extrême
difette. Il exifte quelques relations qui atteftent
que dès l'année 1504, les Français, Normands
&c Bretons , les Efpagnols de Bifcaye, ainfi ^e les
Portugais, péchaient la morue fur ce^ bancs, avec
un grand nombre de vaifleaux. Cette pêche s'était
donc faite pendant trente-deux ans avant que les
Anglais en euffent eu ta moindre connaillance ^ il
femble même qu'ils n'aient eu aucune idée des
différentes manières dont on peut foutenir là vie
fans le fecours du pain & des autres nourritures
d'ufage 'en Eut ope. Ceft une chofe inconcevable
que des hammes prefles par le befoin n'aient trouvé
d'autre moyen pour vivre que d'aflaflîner leurs
femblables..
On frémît d'horreur en voyant ces gens fou-
1er aux pieds les liens facrés de l'humanité & fe
porter à un tel degré, de cruauté,, que l'un d'eux^
tandis que foa camarade, était courbé vers U terre
pour arracher une faible, nqurriture, vîntp^jc der-
rière Se le tuât pour fer pourvoir de fa chaîr-^ fie
qu'un autre attiré pat l'odeur de ce déteftablc
D iij
j^ Decouapï^rtes ex VoiiAGES
^ment, làintraflàffin & le mçnaçât derlui&fea
ûibir. un p^s^ieil fort s'il na p^tageak av^ec kiiy
cet abominable mejCs^ (4} •
Il p^xaj^ diofH Qa;t un aâ;e 4u^ parJenxeîit pafTé
Ibusile règpe d'Edouatd^ Vl^jeni 1584, que goux»
fevorifet la pcchç. en. IflaïuJe & à Terre-Neuvea^
00 exempta, les pêcheurs angjbis &c les matelôtfr
attachés à cette pêche, de toute împofiti©» ç$k
argent , c» poiffon ou en efpèces v 5^ on défienr
dît d'ica exigea: d'eux fous, aucun prétexte. Cela
]^rouve au moins que les Anglais, même dans, cq
temps>9. Êdfaient ta pêche fur le banc de Tecro^
]>Ieave , & qaon cherchait par ces encQurage?^
iliens t enlever ce commerce à d^autt^es natiom
auxquelles il ét^dt trèsrluctatiC.
Le capitaine d'un vaiflèau d^ &iâ;ol » nommé
'Antoine Parkhurjly^ donner dans la CoUedioncdur
lavant Hackluyti ua ti;es-bon & très-fidèle »lcib
qui conftate qail' fe fe}feit d^ Tannée 1,5785.1100
pêchp coIlfîdér^^ble dans le voifinage de Terre-
Neuve ; il paraît que cinquante vaifleaux ànglftisi
pu. environ étaient oc^cufés-à c^tte pêche^^ q» il
(a) Ce, fait efi mal préftnté. Celui qui voi^ut g^art^gf r^
avec le xHeurtrler, ne connaîflàit pasde quelle espèce étai^
cette chaîf; 8f quand il en fiât înfltuît, îl paraît qu'il fei
diyulguk à^ fts autres compagnons, Viojçz^- ffiidhliiyri
» A K s n fi N H ©. 55
fe tendait à Ter«?-Neo?w pour le même objet,
oQviion cent vsà&saiH' eTpaj^iois^ & à - peu -près .
wigt car trentfe de* hd Biic^e; Gerdernâets f ve-
ndent fèiiiemeot pour 1» pêche de ba baleine;
Tous les ipaiâisauK e^agûols piis ônfet^te p(Em--
yaient former environ cinq! oir fîx cencstbnneaar,*
outre celÎBi j ii y venait environ, cinquante .vaif-
• féaux portugais pour . la pêche de la^ morue , Se
leur charge pouvait êcr^ de trois milie^ tonneaux;
aïfin, il venait attffi delà France , priacipulement
de la Bretagne » cent cinquante vaiflèàusr fàifiint
enfemble à-peu-pfàs> f^t railte tonneaux; Pur- .
khar/l décrit *au(& très - bienr la grande qËfâxitité
de poilExi qui vient annuellement dô Terre-
Neuve^ ainfi' quelâs prodoâiom de cette île;
telles qœ le gibiet ^.ks oifbaux ^ les oifeaux d'eau ,
les fonaacuises^ le fel, le cume, le fer» & d'au-
. très objets de commerce tïès-utîles;
Dans la même amiée 1578,10 chevalier /fo/w-
fkrey GHiert ayant obtenu dfe la reine Elifeberh
la permiflîon de s'emparer de toutes les contrées
qui n-appartîendrâiéflt eiidore à aucimprince chré-
tien, & de le^ pfâipkt, eïiga'gea plufîeurs de fe« '
amis & de fes^ cohiiaîffâflces- à fe joindre à lui
en aiTcÊ grand nomfee pour faire efjpérer dé^ for-
nwac une flotte capable <fe téfifter 'à d^ fotces çon- -
fidérables. Mafe lôrtqu ils fotent prêès à nièttre à^.
h voile ,. plufîeflrs d'ent/eux dégagèrent leur pâ^-^
D iv
j6 DÉCQUVERÏES JT VotAGE^
râler Malgré cô contre-temps, -le chevalier JÏkh^
phr^ tenta cette expédition avec un petit nom-
bre d'amis :& quelques vailTeaux. A peine foitr
du port i une violente tempête endommagea coh^
fidérablément la flotte & caufa la perte des plus
grands .vaiflcaux. Quoique Gilbert fouffrît le plus
dei ctt accident ,. puifqu'il av^dt engagé la plu^
grande partie de fa fortune , ce malheur n'abatit ♦
point fbn courage, il l'employa au contraire tout"
entier à fe procurer les moyens de mettre fdn pror
|et à exécution. Il donna une certaine étendue èek
terre à l'embouchure de la rivière Canada ^ à dau-^
très gens , fous la condition de peupler & de cul-
tiver ce pays. Mais voyant qu'ils, n'étaient pas
difpofés à remplir ces conditions, il fe dét;ermina
enfin à entreprendre encore une fois feul ce voya-^
ge , parce qu'il n'y avait plus que deux ans juf*
qu'à l'entière expiration: de la conceflion que k
reine lui avait feite. -
Quelques amis fécondèrent enfin fes efforts*
de leurs avis & de leur argent, & il partit avec
cinq vç^iffeaux, & environ cent foixante homines ,.
de la baie de Caufand près Plymouth , le n de ^
juin 1 5 83 . li foujSrit beaucoup des brouillards/épais ;
qu'il rçnçontj:^ & des tempêtes qu'il efluy^i prjiv
cipalçment fur Je banc.de 3rerre-Neuve.;l.e.5î de
jailieî? il vit là terre; ôigih : ne -Çf Quvant qiie dea
rochers arides, il dirigea plus au fud&'. arrivai'
Wa n s t ê Nord. 57
thfin à Tîlc âcs'Pînguins (a) où il prit une gtande
quantité d oifcaux de mer. Enfuîte il alla à l'île
de Baccalao Se à la baie de la Conception, Il y
ïetrouva le Swall<m^^ lin des.vaiiTcaux qu'il avait
perdus étant dans les brouillards. Il entra enfuite^
dans la baie de Saine-Jean , où il trouva un grand
nombre de vaîfleaux anglais & étrangers occupés
à la pêche, Humphrey reçut de riches préfens de
tous les capitaines des vaifleaux qui étaient devant
rîle, principalement des Portugais qui s y trouvaient
en grand nombre. L'un d'eux lui apprît que trente
ans auparavant, on avait jeté dans l'île de Sablon (île
de Sable ) des cochons & des bêtes à cornes. Après
avoir pris poflcflîon de l'île , l'amiral recueillit des
informations fur la nature du pays & l'examina
lui-même avec fon équipage. Il apprit que cette
contrée était fort chaude en été, mais très-froide
en hiver j cependant que le firoid y^tait fuppor-
table. La mer qui environne Terre-Neuve eft fi'
abondante çn poiilbn, qu'il n'y a point d'exem-
pie de quelque chofe de femblable ailleurs. Les
bàics $c Içs livièrçs abondent en (kumoiis, en
(a) Cette île des Pînguîns ne doit pas être confondue
avec celle du même nom vue par Hon ; car h premier»
ed fiméç fur la côte fud de Tenre^Neuve , la fecowde à l'eft
fc (k nom^ne aujourd'hui Fogo%
tndteSs turbots & en^ txès-g|cand$.,arabe9^ aîniî,
^'en unaefpèce de bareng^ auf&.beaux'qae; ceiu&
de Norvège. Il *y trouvait auflî oa g^aïuî jrora*
bue de> baleines; Touta cette çoatrée était coa*
verte des plus beaux bois fort* gxopres à foucnip
des mats 5 des planches pour la coniltuâion d^
vaiiSèaux^, du g^oudton & de la potaflè en g^:asuid
^antiùcé.
Il a y trouvait auflS du gibicx de tout» cfpècesi
& des aniixiaus: dont on pouvait tirer de fort-
belles fourrures. Outre cela ^ le fol était très-
ferdie & on pouvait obtenir 9. par la culture ^pdui
blé ,. du lin & da chanvre, & faire de ces. der-
niers,, des cordes,, des cables-, dey toiles & d au-
tres choies auflî utiles. Toutes les efpèces d'd--;
(èaux^ deao. sy, trouvaient en abondance; On y
découvrit' auifi des mines de &r>, de plomb^ Se
de cuivrcr Maître Ua/Ke/yfaxon, tarès-habiie^ mJT.
heur & plein de probité 3r préfenta au cbeva*
lier une efpèce de mine ^dans kqt^el]^< ï kt
afliira <jail: trouverait de 1 argent. Comme il- y
zvm beaucoup de vaifleaux étrangers dans le port^^
Gilbert ne voulut pas qu'on ébruitât cette décou-
verte; mais il ordonna de porter filr le champ
cette portion de minéral à bord. Tandis qu'ils
étaient à terre, quelqu€S-^un$.de fè^gens^empar
rèrent dans une baie voifîne dom^ vaifTeau , mirent?'
à terre les hommes qtd Je gardaient , Sc s'en-
ftâiorA h toutes voiles. Quelques - unss le quittée
ïisnt fecmttement & fe cachèisciit? dans- Im boîs*»
RauÉre«» tomhèteht. malades de .La djçffentorîeî
Sç plu(i^rs en moururent ^ ce quir l'obligea- doi
divifejr fa^ flotta y, UU' vaiflTeau- refta» aviec leîs ma*-
lades & il en renvoya- quelques autres^ ea Angle*
terr^, Gej^endant l'amiral diefiraît' vivement pour-
fuivte fes découvertes & pteiidre poflbflîoni de quel*
ques^ autres pays fîmes au fcd. Il mît à la* voile?
pour aller au cap Breton- & h l'île- de Sable oui
il y avait ,. difiiit^on , un grand nombre»* de hètt^
à-cornesi Boracé çà. & là par le» vents ctoatuairos /
le vaifleau amiral^ lur lequel cieçendant n était!
point Humphrey, échoua dans un^épaiff Brottiilatdiî
contre un banc de fable 8c fiit totalement: hàSè^
Un petit nombre di^ gens: do Tëquipage cep«^
dant fe fauva. dans une barque v 2»ai& tout le f«^
périt^. Cet accident 8c La faifon qui était ëon a^n*
cée^, déterminèrent lé commandant à>riet&Uf3i[er^ ctf
Angleterre. Maîsi à h vue des c^v^t âef ctt&i Mis,*
ils. fixrent fiirpïîs> par une autre terr^cg qui' en^
glbutit dans les flots le vaifleau que .montait T^
mirai.
Je fierai feulement quçlques> remarquosîfi» plt^
fîeursiciiconftànccs} de ce maUî^uieiîa voyage. DV
hordjii paraît qae^,- bientôt après la- découvaett^t
de Terre-Neuve*, le^ Pormgds , les Èfprgtiols »
les: Elançais^: &: dettes nations firent la pèche'
ïa DÉdOTTVH^TÊS tr VôYAÔM ,
furjes bancs & les côtes de cette île, & quilr
ufurpèrent le droit de pêche fur une côte que
la couronne d'Angleterre avait découverte à fei
propïcs dépens. Tant que rEfpagne, le Portugal
& la France furent très-puiflantes fur mer , l'An-
gleterre n'effaya pas de leur difputer leurs droits
à cette pêche. Mais dès que TEfpagne tut enga*
gée dans la guerre avec l'Angleterre, cette dernière
puiffance envoya en 1 5*S 5 , une âotte dans ces mers-
fous le commandement du chevalier François
Drake^ qui s'empara de tous les vaiflèaux qu'il
y trouva & les emmena, comme de bonnes pri-
fes , «1 Angleterre. La puiffance navale de l'An-
gleterre s^étant accrue dans la fuite , elle- eifayai
d'exclure entièrement de ces importantes pêche-
ries , les Efpagnols &c les Portugais dont les for*
ces nafvales commençaient à décliner..
Dans l'année 17 J^, l'Angleterre s'empara dct:
tous les vaiflèaux firançais qui péchaient dans ces
parages 'y la France perdît alors plais de vingt-cincj
mille matelots » & il lui fut impoffiblc: d'équiper
parfaitement une flotte pendant tout le refte da
la [guerre. Par le traité de Paris en 17^3', on nft
laiffii à la Francc^ que les îles de^ Saint-Pierre &
de Miquclon avec un droit à la pêche borné f^t
mille reftridions. Ce royaume, a cependant recou-
vré plus de liberté pour cette pêche, & afaitî
de meilleures conditions par le demi©: traité de
BÀÎTS LE NCKD. Vi
|)âîx de 178 3, La même paix en cirilentant Tin-
dépendance des Américains a tonfirmé leurs droits
à cette pêche à laquelle ils avaient toujours ea
jpart dès le commeiicement de leur établiflèmcnt
•dans CCS contrées. En fécond lieu , ce font les
.Portugais 6c les Efpagnok qui ont peuplé d'ani-
maux domeftiques , après la découy«te de l'A-
«uéïique Se de la nouvelle route aux Indes, toutes
les îles & les endroits du continent où ils lou-
chaient. Ces animaux y ont confidérabl^n^ent
multiplié, comme le prouve le. grand nombre .dç
chevaux Se de bceufs iàùvages qu oh a trouvés au
Chili & dans les terres Magellaniqueç. Il y, ai
encore quelques chèvres fauvages aux iïcs à$
ÏAfcenJion &. da .Sainte - Helené. Au commenii
rcement de xe Pfièçle on voyait un grand nombre
^ ces chèvres fauvages dans fîle de Juaw
Firnàndès ; Tùs^s cts troupeaux font à préfent
corifidérablemcnt diminués & peut - être même
totalement détruits par les gros chiens que les
Efpagnols ont lâchés dans ces îles. Il y avait aufli
une grande quantité de bœufs, de cochons & d oî-
feaux de bafle-cour devenus fauvages dans l'île de
Tinian ,• mais ils ont été également dévorés en
grande partie par les chiens qu'on y a portés.
Dans les Manilles & dans quelques autres îles
des Philippines,, on trouve encore des troupeaux
. jjie bœufs & de chevaux fauvages proyenans d^
£t DÉCOU^Vï;iRtï$ HIT VvOîTACÈS
x:t\xx. que ks E^agiiok ^ îGVaidnt kHfès/ Noii^
aroyon^ 4tos usiniers oiawigatiRurs vçaî découvrirent
Renouveau monde , pkisisxi'hunianhé & da.à&Gi
^ {)ourv0if4àl'ti£amiiie.des jnaUieiu:^ qiii pou^-
<raieî« édlnJOv^t €ut ces côtés. Mais h politique
-Èiriflè5'tyBâfttoiqiaei8ccjuelle des t^tips moderne»,
a -détrair pr des moyens odieux , ies anîmaiiK
^sté&es que -ces navigateurs ^vaifeintUaiflës,>eQ me^
tant à leur place des dhiens, Eâr«-ce là ce quon
âevêfe attendre d'uto iîède ii vantsé , £ ickirté-, &
ée nos FncBurs £ douces ? Quand eftnce ique rfaunaa-
fàcé 9 Winie depuis trop loiig»temps de VmdjvGtg^,
«eUtiendr^ luîbite^ dans le cœur <des hommes-^
êes <:hcéÛGRs 9 ^d^ maîtres de la. t&ûte i j
* Cette piàfe de poi&ffion effeânée. dans iaxmée
15*5 , ai Jiom de l'Angleterre , .dft-le fondemearf
du Àoit de pêche jsgac prétend JSYok jcetso m^
trou dians res meas » droit qui ideriendtait hi^
]plus iitMea cette puiflànce iî TcaB-Nciuve était
xaieiBc peuplée. Mais la perte qaa&ioe la Gxander
Bi)etagne d^s treize oolofnes axoéricaimes , la dé-
population quelie a iprouvée par les feéquentes
guêtres où dk s eft engagée , & plufieurs autres
eonfidérations ne permettent pas à ce «>yaun^ 4e
penfêt à augmenter la population ni à fiâre fleurir
Tagricnlture daas ces belles îles.
• Il y a des mines 6 riches de charbon de terne
l Tej!ïe-Nwve & au cap Breton , que fi rAogle'*
Mïie pedcwwtcait 4e les -«xp l^itcf, oMes pôutratc^iic
fu$)M i fonunir d'EaBBcape .& i'Amér^uc <Je x:e n4-
nérd:. il f len ^ ck £ aa^amageufemenc £iruées M
Jfi pics de la.met, iju^ «p Qowcâit ^ter^^teâ^mcnt
4c icbafbon de fâ loîme dans de vaiâè^u. Je tiens
<fii^ cenTeigReinèns ciç «i^onaoïi iie gmsd cnavigateur
Cbc>A: , qui a examiné pendant plufieurs années ies
<d^es jde res iitos ^ Imr timiaticm &: dtms ^iMances
:«:e%eiaire$ ^ Tpfàiï ^ iesœr k-caqceu -
JX. Plwâem» nMsi&af)^ , niofi que iâvers pso-
fitiéfaii^s .& iqpioli^tfss £Eàgncnxs£xenc en i.j£(; ^.ua»
/eaux âias ides déccaiirerres^ ïons ie consnando-
ss^wc de y^^ Daa^Sj^ suar4gaceur .isrè^éexpeiiimeiité.
Jl;. mit à lU vo^ ià& JQaflanoiLtli le y de jnia » Hc
4e^ :x 3 .du iseme nsois^ il javak ^imté faunoudu
iSJ) jdirigfia idjabord à i^oiafift & ieiafisit;e au «ocd»-
aotieft» Ces vidâfiaux xenoontiaèreat un ^tatnd mont-
re jde l>aleinfis .& de dauphiii»^ ils tuècei»: ini
gle xres denûeis janiqimtx dont ils iiuangècent Jm
<iiaix i^ils txDuvqrent £î)ct t>oâne ^ & de mêiMo
•goût querelle du jnoiston. Le i^ )iân^ envéloj^
^és d'i^a ibrt ^^xais broidâkrd 5 ils «ntè^dh^ept uli
.grand l>tuit 4a<is la mer produit pat ies vagues
iqui fe bxifaient contice les glaces. Le conrafit ies
portait alors au ciprd. ik fondè^e^t avec ujse ligne
4le crois cents bi^aiïès & œ pur^eint ^rou^iier de &nd.
Ilfs chatgècent ime i>«vque de ces ^açes ^ & «n
^ Découvertes et VôyaCë§
ayant feit fondre» ils m obtinrent de Teau douce
& très*bonne. Le jour fuivant» lo de juillet » ils
apperçucent une terre hériflfée de montaguès en
forme de pain de fucre , toutes couvertes de neige ^
dont qudques- unes s élevaient Jufqu aux nues,
ils nommèrent ce trille pays : Terre de Difo^
làtion*
Cette terré était tellement environnée de gla^
ces 5 qu'ils ne purent y aborder. Ils tnurent y voit
des forêts. Ils trouvèrent dans la mer des bois
.flottant , ils en tirèrent un arbre entier avec fe?5
tacines, il avait foixante plieds^de long &c quatorze
palmes d& circonférence. Le z 5 du même mois,
ils dirigèrent au nord-oueft dans refpérance . de
trouver ce paflàge fi defiré. Le 2^ juillet, ils. di-
couvrirent lune autre terre par le foixante •* qua^
>trième degré quinze minutes latitude nord, où
•Us trouvèrent des havres fort commodes & dtfs
golphcs, l'un defquels ils nommèrent /f/wree^e
Gilbert* Defcendus à terre , ils virent quelques
-iiabitans vètu5 des peaux de phoques* Ils devin^
^ent bien.tpt amis avec ces hommes & en obtin-
rent prefque tout ce quils voulurent. Ces peuples
donnèrent aux Anglais leurs habits , des pirogues ,
fiti armes , en reconnaiflance de quoi ceux-ci leur
firent quelques préfens. Les Anglais parurent dc-
firer une plus grande quantité de fourrures ; lès
hyabitans promirent de revenir le lendemain pour
le£
' j^AH ^ LÉ N-O ^ï>i ^j
W fatisfaîre 5 ils n'osèrent pourtant pas te halàr^
der d'approcher des Anglais, avant que l'un &C
l'autre parti n'euffent regardé le foleil & frappé
leur poitrine. •
. On trouva dans ces lieux du verre de Mof-
covie ( Mica menbranaçea Linn. ) , ainfi que l'ef*
pèce de mine que Martin Forbishery avait trou-*
vée. Le lendemain matin, Davis ayant le vent
Éivorable , ne voulut pas attendre le retour des
habitans , il partit faifant' route vers le nord-ouefl.
Le ^ août il découvrit encore une tçrre au foi^
xantç - fixième degréy quarante minutes latitudô
nord. On nomma la rade ,' rade de Totnejf ^ &
le golfe qui environne une haute montagne bril-.
lante comme lor ^ golfe d'Exâter; la montagne ,
reçut le nom de Mont Raleigh ^ le promontoira.
du nord , celui de cap Dyer \ le cap du fud ,
celui de cap ïf^alfingham , du nom du fecrétairô
d'état 5.1e chevalier François ff^alfingham. Ils
trouvèrent quatre outs blancs, ils en tuèrent trois»
& U jour fuivant , un autre, donc les pattes
avaient quatocïe pouces de large. Le 8 du même
mois, Davis fit voile vers le fud-fiîd-oueft Id
long àt la côte & découvrit là. pointe la plus
au fud de cette terre ,. qu'il nomma le cap <)e
la Miféricorde^, Il doubla ce cap & trouva un dé-
troit qui a, en quelques endroits-) vingt lieuCS
de large, ie temps était douXf A 1^ mes: i&Yaic
Tom^ Il E
J
fg DécouvHftfÊs IT Voyages
la couleur des eaux de l'Ocëan. Davis avait alor^
la plus grande efpérance de trouver le paflàge
aux Indes. U avança foixante lieues dans ce dé-
troit 5 & trouva dans le milieu plufieurs îles &
un paflage ouvert de deux cotés. Il envoya on de
fes vaiflcaox faire des recherches au nord, 1 autre
au fud. Maïs les vents de fud - eft , le mauvais
temps & d'épais brouillards les empêchèrent d'aller
plus loin* Ils dépendirent a terre , & trouvèrent
dts tracer d'habitation > ils virent des chiens avec
des oreilles pointues , & la queue très - épaîffe ,
l'un de 'ces chiens avait un collier. Ils trouvèrent
deux traîneaux, Tun defquels était feit de fapin,
& aflfez élégant -, Tautre était de baleine j des figures?
gravées & le modèle d'une barque. Ils rencon-*
trèrent dans cette mer un grand nombre d'îlejr
réparées par de larges détroits. En s'avançant entré
CCS îles , ils virent quelques baleines, ils n'en
avaient point apperçu à l'embouchure à Tcft du
détroit. Ils s'avancèrent à l'aide de la marée dont
la diredion , ainfi que là leur , était de l'eft à
l'oueft & qui s'élevait Se s'àbaiflkit de fix où fept'
btaflês, c'eli-à-dire , de trente-fix ou quarante-deuxl
pieds. Dans ce détroit à trois cents braflès , ils -
ne purent trouver de fond*
Mais ce qui eft plus digne de remarque, c*eft^-
qu en allant avec la marée vers le fud-oueft, ils ren*
contrèrent \m tris-â^rt eoittant dans une direâioA
<6ppoféè,dont ils ne purent deviner U caufc. Là
profondeur de la mer à rémbouchure du détroit
fut trouvée d'environ quatre - vingt - dix brafles j
mais plus ils s'avançaient , plus la mer. était pror
fonde. Ils ne trouvaient point de fond à troià
cents trente brafles. Les vents étant contr*êux ,
ils réfolurent de retourner fur leurs pas. Le ic>
de feptembre , ils virent la terre de Défolation^
où ils feraient defcendus , fi une violenté tempête
ne les en eût empêchés. Enfin , ils fé hâtèrent
de retourner dans leur patrie, (8^ le 30 feptem-
bre , ils arrivèrent heureufement à DatmouA*
Ainfi il paraît cjue Davis fiit le preoiief qui
vit, dans ces derniers temps, les côtefe d^Moueft
du Groenland , où eft fitué le cap de Dél^là^
tion , &: qu'il découvrit la terre la plus éloignée
vers l'oueft fur l'île qu'il appela pat la fuite
ile de Cumberland. Ceft dans cette île aufii que
font fitués le Moru-Raléigh ^ la rade dé Totneffl
le détroit d'Exeter, les caps Dyer & Walfingham;
La mer qui. s'étend entre l'île de Cumberland SC
la c6te à Toueft du Groenland fut, dans la fuite^
nommée détroit dû. Davis ; & contme toute 1*
terre jufqu'à l'île Button Çat la côte de Labra-
dor , fut découverte pax Davis ^ le détroit de
I)avis s'étendit auffi dans toUtd cette longueur»
Il vit encore le cap dô la Miféricôrde^ & le dé-
Qcoit qu'U &QauA dans la fuijte» détroit dé Cum-
E îj
1
'€« DÉCOUVERTES ET VoYAGES
berlandé Telles font les découvertes de Davr;
dans fon premier voyage 5 où il montra qu'il était
très - entreprenant & de la plus grande probité*
Il ordonna à fes étquipages de ne maltraiter en
aucune manière lèîs naturels de Tîle de Cumber-
land V & il fut par fes manières douces & pat
fes préfets, fe conciliet Tamitié de ces créatures
innocentes qui ont la mètrie origine que lc$
Groenlaridais & les Eskimaux de Labrador. Tant
il eft vrai qu'un traitement doux & humain gagne
l'affedtibn tic tous les hommes & qull fait naître
la confiance & l'amitié. Vérité confirmée par la
conduite des frères Moraves envers les Grocn-
landais -& les Efquimaux de la côte de Labrador;
ils vivent avec eux dans la plus grande intimité,
tandis que les autres Européens qui habitent 1^
baie d'Hudfon 5 & les pêcheurs de Terre-Neuve ,
à force de iiipercherie , de £3urberie 8c même de
.violence , élèvent des dîfputes pour le moindre
fujet entre cette miférabie poignée d'hommes ;
ôc jetant aînfi , dan^ ces efprits groffiers Se in-
cultes 9 des ifèmences de haine, de défiance & de
méchanceté 5 ils fomentent les querelles par leuri
continuelles oppreffions.
La marée que Davis rencontra dàn^ le bra« •
qui eft au fud^oueft du détroit dé Cumberlandj
entre cet amas d'îles, & qui était contraire à celle
<^ le portait 9 dut- lui paraître^ kiit-ekft^oidinaire»
B A N s t E N Ô H pr. 4^ -
Peat-être k regarda-t-il comme venant cFun autr^
Océan à loueft. Mais fî nous jetons feulement les
yeux fur la Carte du pole-nord, nous concevrons
aifément que. le même, flux qui était venu au-
travers du: détroit de Davis, dans celui de Cum^
berland , pouvait aufll avoir été poufle au travers
du détroit d'Hudfon , autour de Tîle de Bonne*
Fortune, jufqaà l'extrémité du détroit de Cum-
berïand , près le grouppe d'îles où- les deux courans
fe feront rencontrés dans leur courfe, Tun, aura
ifetardé l'autre. Nous voyons- delà combien il faut
de prudence pour ne pas adopter des conféquences
,de cette efpèce, fur -tout quand elles font de
.nature à nous faire tenter des entreprifes difpen«-
aieufes. Il en eft de même, de la. plus grande;
profondeur de., la mer , de la tranfparence àt%
«aux 5 de la quantité des baleines qu'on rencon-^
tre à l'extrémité, du détroit de Cumberland ; ces
.chofes ceffent detre des preuves de Texiftence:
d'un paffage., depuis que: la vraie jStuation des
contrées voifines qui. n'ont été découvertes que
.par la fuite, nous eft bien, connue.- Davis vit
..dans ces lieux du verre: de Mofcovier , & des
.Biines fexnblables à celle que Forbisher rapporta
de cette côte. Je pofféde; du m/Va: & du verre
.de Mofcovie , de- Groenland , delà il paraît pro-
bable, que le fol de. pi;efque toutes^ les montagnes.
X Tell & ^ loueft du Groenland, & dans les îles;
70 DÉCOV^fiRTES ET VOYAGES
au-delà du détroit de Davis , font de la même
nature , & contienhcnt les mêmes efpèces de
pierres.
' XL Le 7 de mai 158^ , le capitaine Davis
partit de Darmouth avec quatre vaifleaux ^ pour
(on fécond voyage. Deux de ces ,vaifleaux allèrent
dans le détroit entre le Groenland & Tlflande
pour chercher un paflàge. Près du lieu où eft
aduellement Statenhoek^ Davis vit terres mais
les glaces l'empêchèrent d aller plus loin. Il fut
donc obligé pour les éviter de prendre par le
cinquante-feptième degré latitude nord.
Après avoir efluyé plufieurs tempêtes il aborda^
vers le foixante - quatrième degré latitude nord^
à une^ terre qu'il avait à Teft , il entra dans u»
havre, connu alors fous le nom d'entrée de
Gilbert, & qu'on nomme aujourd'hui, en langue
danoife God-Haob ( Bonne-Efpérance V Les voya^
gQurs trouvèrent quelques habitans, avec qui ils
entrèrent bientôt en commerce d'amitié 6^ qui
^rendirent à Davis & à fes compagnons , pour des
t)réfens de peu de valeur , de grands fervic«*
Cependant ces habitans ne purent réfiftcr à la
tentation de dérober aux Européens , même en
leur préfencc, le fi^r & les inftrumens de ce métal
t[uî leur tombaient fous la main. Et quoique
Pavis cherchât à donner , autant qu'il lui était
.p(ïibk, la meilleure interprétaÛQU à cela, il«
DAKS t£ NOKD. 71
portèreût la hardieiTe de leur vol fi loin 5 que les
Anglais eflàyèrent de les effrayer avec leurs at^
xnes à feu, ce qui eut d'abord quelque effet; mais
ils revinrent bientôt & firent leur paix , qu ils
rompirent de nouveau , en jetant des pierres d*en-
viron une demi -livre dans les vaiflfeaux, l'une
defquelles renverfà le contre - maître d^un des
navires. Enfin , Davis cédant aux prefTantes folli*^
citations de fon équipage , faifit le chef des aflàil^
lants , & bientôt après , par un bon vent 5 mît
à la voile le 11 de juillet. La grande quantité
de glace qu'il trouva, & l'intenfité du froid qui
rendait impoffible la mânœuve des vaiffeaux, dé-
^•couragèrent l'équipage & le rendirent malade *, &
quoique Davis fut déjà fort avancé dans le nord 5
le danger du voyage & les murmures des mate-
lots le déterminèrent à gouverner à l'eft-fud-eft.
Le premier d'août , il découvrit une terre ait
foixante - fixième degré trente - trois minutes lati-
tude nord , & foixante - dixième degré à Toueft
longitude de Londres. Il prît quelques proviûons
du. plus grand vaiffeau & augmenta le left du
fien. Il acheta des habitans quelques peaux de
veaux marins, lailïà le grand vaiffeau , & fit voile
avec le petit à l'ouefl ; il trouva encore, fous le
foixante -fixième degré dix-neuf minutes latitude
nord, une terre à la diflance de foixante -dix
lieues de celle qu'il venait de quitter. Le 15.
Eiv
7» DÉCOtTVÊHTES ET VotrA(ÏES- '
il pattit de cette terre vers le fud , iSc le 1 8 , il
vit une *tre terre au nord-oueft. Le même jour ,
il vit encore une terre au fud-oueft.par fud. Le
ï7 d'août, il était par foixante - quatre degrés
vingt minutes latitude nord. Là il rencontta un
fort courant dont la direékion était à loueft -, il
examina la terre &: trouva que ce n'était qu'un
-grouppe d'îles. Jufqu au 2 8 d'août , il dirigea
conftamment fa courfe au fud , depuis le foixante^
feptième jufqu'au cinquante -fepticme degré lati^
tade nord , rangeant la cpte pendant tout ce
temps. Il vit dans c^s parages une prodigieufe
quantité de mouettes &: d'autres oifeaux de mev.
L'équipage prit auffi , fans beaucoup de pein^-,
plus de cent grandes mejluches.
Enfin, 1q 28 d'août, ils arrivèrent au cinquante-
fixième degré latitude nord, dans un havre qui
uvait deux lieues de large , & dans lequel ils^
firent plus de dix lieues j les deux bords étaient
couverts de belles forêts. Davis refta à l'ancre
dans ce liçu jufqu'au premier de feptembre, qu'il
o^Tuya deux grandes tç/npêtes. Le pin, le fapin»
l'aune, l'if, l'ofîer & le bouleau çompofaîent les
forets dç ces parages -, il vit un ours noir , des
ftifans ( teiréio phafianeUus ) , des oifçau?: qu'Us
^ftppe.lcr^t pintad^^ , probablement ( tetrao cana-
é^nfis}^ dQS ptrd^ix {tetraqt togatus)^ des canards
^ dts oyes fauviçesj dçs merles -> des gQai§. ( car-
DAi^s LE Nord. • jj
yus eanadenfis)^ des grives ( tardas migratorius )
Se beaucoup d'autres pettts oifeaux. Ils tuèrent un
grand nombre de faifans & de p«xlrix, & prirent
une grande quantité de morues. Davis mit à la
voile le premier ^ de feptembre , il rangea la cote
jafqu au 3 de ce mois , alors un grand calme
donna à 1 équipage le loifir de pêcher fiir cette
côte 5 qui était au cinquante - quatrième degré
trente minutes latitude nord , il prît beaucoup
d'excellentes morues. Des pêcheurs' très - expéri-
mentés qui étaient à bord du vaiffeau , afïurèrent
le capitaine qu'ils n'avaient jamais vu une fi grande
quantité de ce^ poiflbns. Il avança toujours jus-
qu'au 4, & trouva un mouillage environné d'îles
bien boifées. A huit lieues ou environ de cette
terre ^ ils virent un fort courant paflant entfe
deux terres & qui prenait fa diredlion à l'oueft.
Cela fit naître l'efpérance de trouver un paflage
dans, ces lieux , & fiir - tout parce que vers le
fud, il fô trouvait un grand nombre d'îles. On
avait laiffé fiirune île une certaine quantité de
poiflbns , on envoya pour la prendre & l'apporter
à terre , cinq jeunes matelots , mais les habitans qui
s'étaient mis en embufi:ade dans la bois, lancé-
xent fur eux une grêle de flèches , en tuèrent deux
& blefsèrent dangereufement deux autres , un feul
échappa en fe jettant à la nage , quoiqu'il eût le
bias pçrçé d'unç flèche. Les gen$ du vaiflôau
1
74 Découvertes ET Voyages
s avancèrent vers le rivage, mais après 1 accident.
Cependant on fit deux ^charges de moufouc'*
terie contre ces perfides & cruels fauvages , qui
£irent fi>rcés de s ebigncr.
Bientôt après les vaifTeaux fiirent pris d une *"
violente tempête qui manqua de les jetter fiir la
terre, quoique toutes les voiles fiiflcnt ployéesi
Enfin le vent s appaifa , lancre fiit retrouvée &
le vaiflèau fiit amarré de nouveau. Après avoir
encore efliiyé une autre tempête, ces navigateurs
mirent à la voile Je ii feptcmbre, & arrivèrerit,
au commencement d'odobre , heureufement en
Angleterre.
Les deux vaifleaux qui étaient deftinés à la
recherche , d un pafTage entre Teft Groenland &
riflande , quittèrent le capitaine Davis le 7 de
Juin, vers le foixantième degré latitude nord^ ils
avaient ordre de s'élever jufqu au quatre-vingtîèmcr
degré latitude nord , s'ils n'en étaient pas empê-
chés par la terre. Dès le 9 , les gens de l'équi-
page apperçurent de vaftes champs de glace à h
vue defqueiles ils furent jufqu'au 11 , alors ils
découvrirent une terre au fbixante - fixième de-
gré, c'était riflande. Les habitans de cette con-
trée avaient en abondance toutes fortes de poif-
fons , tels que des morues , des lieus , des rayes
( rcûa bâtis) y ainfi que des chevaux , des bœu& ,
^es moutons & du foin pour nourrir ces animaux*
D A N s L E N O R D. 7J
Les maifons étaient conftruites de pierres^ cou-
-vcrtts de bois & f ccouv^rtes de gazon. Les int
trumens & uftenfiles étaient , comme ceux d'An-
gleterre , de bois , de fer , de cuivre , &c.
Le I ^ de juin , ils quittèrent l'Iflandc , &
firent, voile droit au nord-oueft. Ils fe trouvèrent
Je 3 juillet , entre des glaces à travers iefquelles
ils avancèrent fort avant dans la nuit, alors ils
approchaient du<jroenland qu'ils apperçurent en-
fin, le 7 du même mois. Cette terre leur parut
«levée Se d'une couleur bleuâtre , ils ne purent
y aborder à caufe des glaces -, ils continuèrent
donc à ranger la côte. Le 17, ils virent la terre
de -Défolaticn y ainfî nommée par Davis l'année
précédente. Mais les glaces les empêchèrent en-
core d'y defcendre. Us jetèrent l'ancre le 3 d'août,
dans l'entrée de Gilbert , le lieu du rendez-vous ;
mais Davis en était parti le n de juillet. On
vécut en paix & l'on fit des échanges livec les
Groenlandais jufqu'au 3 o d'août , mais . alors il
s'éleva une querelle à l'occafion d'une barque
qu'on avait achetée d'eux & qu'ils refiifàient de
livrer. Il y eut quelques hommes tués & bleltés
de part & d'autre. Les Anglais partirent de c^
parages le 3 1 d'août , eatrèrent dans la Tamife
le ^ oélobre , & vinrent jufqu'à Ratcliff. '
Ge voyage de Davis eft, à tous égards de la
plus grande imporçiuicc 5 niais il eft auffi fort
1
J6 DÉCOUVERTES ET VoVAGES
iiifScile à entendre, parce que ce voyageur a né*
/ gligé 'de nommer les contrées qu'il avait vues.
Cependant nous pouvons recueillir de €e voyage
les obfervations fuivantes.. i
Il , entra une féconde fois dans l'entrée de
<jilbert , découverte l'année précédente , qui étak
iituée fur la cote occidentale du Groenland. En-
fuite Davis alla encore par un temps de brume
dans le détroit de Cumberland 5 & s'avança juf-
qu'à un^rouppe d'îles-, là, il fut obligé de céder
aux murmures de fon équipage , & de prendre
terre daps un havre fur la côte, fud du détroit de
Cumberland , ou Mans l'île de Bonne - Fortune ^
au foixante-fixième degré trente minutes latitude
.nord & foixante - dixième degré à l'oueft longi-
.tude de Londres. Il rencontra encore une terrç
iîtuéc au nord du détroit de Cumberland , ou
rîle de Cumberland. Il fut enfuite vers le fud,
,& vit une terre qu'il eut toujours à l'oueft. Le i^
août, il alla quelque part aux envîrotis de la baie
de Bonne - Fortune , vers le foixanta- quatrième
degré vingt minutes latitude nord par le cinquanr
-te-quatrième degré. Il vit encore une terre, &
conféquemment il était déjà fur la côte de La^
Iràdor. Le 2,8 août, il vit deux détroits fous le
cinquante - fixième degré de latitude, Le^ premier
cft près des îles fituées diredement devant la
colonie ties feères Moraves , appelée JViîi/2. lu^sk^
ï)ANS LE Nord.- 77
.tre eft probablement le détroit à louefl: de Nmi*
tucktuhc^Sc le lieu fitué au cinquante-quatrième
degré trente minutes latitude nord , près le gjand
détroit où il* vit l'Océan couler à loueft, cil le
détroit de Eywucksoke. Delà il revint en An-
gleterre par ïêtk.
Les détails du voyage des autres vaîilèaux font
ûuflî vagues -, cependant il femble que la partie
de riflande où ils abordèrent était aïK environs
de Bnrdejlrandfyjfel y dans le Weftfildinga-Fior--
dangy peut-être lehavrç de Fatrickfiord. Au nord^'
oueft de cet endroit , eft cette partie de l'cft du
Groenland, à travers laquelle paffe probablement
le bras de mer qui vient de Cfirijlian-Haab , &
qui eft préfentèment fermé par les glaces xjui'em*
pèchent les vaiflfeaux d y entrer. C'était auffi le
cas où fe trouvait l'entreprenant Anglais, ce qui
l'obligea de longer la côte au fud-oueft, jaf^*i
ce qu'il eût doublé' le ca.ç Farewell, il vint à
la terre de Défolation & i l'oitrée de Gilbert.
Conféquemment il atteignit à peine k foixante-
fcptième degré , quoiqu'il dût aller jufqu au qua-^
tre-vingticme.
Davis traita avec la plus grande douceur lei
habitaîîs des lieux où il aborda. Ceux du Groen-
land donnèrent maigre cela ,de$ épreuves de lèu{-
perfidie &- fe rendirent coupable d'une Infeadioa
continuelk di - la ^ paixr 11 ^paraît qu'on n'a pa<
\'
1
78 DÉCOUVERTES ET VoVA(ÎÊS
toujours inftruit Davis des caufes qui provoqué-»
rent ces infradions. La manière dont ces peuples
attaquèrent les Anglais , femble indiquer une
'grande animofité » & conféquemment quelque
ofFenfe qu'ils auraient reçue. Les habitans de la
côte de Labrador paraifTent avoir été moins
humains & plus groflîets que ceux de Groenland-
Il eft très-probable que ces peuples avaient été
avant cette époque , maltraités par les Européens
qui faifaient la pêche à Terre Neuve Se au nord.
Se conféquemment qu ils auront été excités à la
vengeance. par le fbuvenir de ces mauvais traite-*
mens. Ces peuples malheureux avaient fans doute
un extrême befoin de fer , ce métal indeftruc-
tible, puifquils ne pouvaient réiîfter à la tenta-
tion de s'emparer de celui qu'ils voyaient. Les
Européens mettaient auffi trop de négligence à
garder leurs inftrumens de fer ^ pout ne pas ren^
dre cette faute trop aifée à commettre à ces pau-
vres habitans. La defcriptioiï de la côte de La*
brador que nous venons de mettre fous les yeux
du ledeur , s'accorde paxfeitemcnt avec celle que
le lieutenant Curtis en a donnée dans les Tran*
fictions philofophiques,
XIL Nous voilà enfin arrivés au troificme & ad
phis important voyage de Davis qu'il fit dans Tan-
pée 1587. On équipa trois vaii&ftux;» l'un defquels
feulement fut dbftiné à fiike de»' découvertes ^ le$
PANS JLE Nord. jf
<Jcax autres à la pêche. Ces vaiffcaux partirent de
Dart^outh le t^ de mai , & firent voile droit
à la côte occidentale du Groenland \ ils prirent
terre le 16 de juin » fur lune des îles au ibixan-
te-quatrième degré latitude nord. Là , Davis quitta
les deux autres vaifièaux & leur ordonna de fuivre la
pêche vers le cinquante-quatrième ou cinquante-
cinquième degré latitude nord , & de Tattendre
|ufqu à la fin d'août. Pour lui il dirigea (k route
çu nord - oueft , & quelquefois au nord , ainil
quau nord -oueft par nord & même nord par
eft; arrivé au foixante - feptième degré quarante
minutes latitude ngrd, c'eft-à-dire, vis-à-vis la
rade de Disko , il vit un grand nombre de ba-
leines & de ces oifeaux que les marins appellent
Coninous. Quelques habitans de cette contrée
vinrent dans de petites barques , échanger lcui«
dards armés d os pointus » contre des couteaux*
Le jour fuivant plus de .trente barques vinrent do
plus de dix lieues &. apportèrent de jeunes fau^
mons , des oifeaùx aquatiques 9 des capelans {gadus
minutas ^ Linn») qu'Us échangèrent pour des. aiguil*
les» des bracelets » des doux, des couteaux ^ des
fonnettes , des miroirs Se d'autres bagatelles. Ils
apportèrent feulement vingt peaux de phoques#
Nos navigateurs s'avancèrent le 30 de juin, juA
<}u au foixanre - douzième degi^ douze minutes
latitude nord» le foleil tefta cinq degrés au-ddP
1
io DéCOtJVEK'f E^ JET VùyAÔËi
fus àfi rhor'zon -, pendant tout le temps qu il^
furent fous cette' latitude, on trouva que la va-
tiation dô laiguille aimantée était de vitigt^huit
degrés à Toueft. Toute^ cette côte fut nommée
côte de Londres. La mer avait été tout ce temps,
libre à loueft 8c au nord 5 la terre qu'ils avaient
à droite fut toujours à Teft. Mais le vent étant
tourné au nord , ils ne purent faire voilé plus
loin fur ce rumb de vent. Davis appela la pointe
de terre hope Sanderfon^ de Guillaume Sanderfon,
qui avait contribué , pour la plus grande partie ,
à l'équipement du vaiffeau deftiné aux décou-
vertes. Enfuiteilfe porta vers loueft, après avoit
avancé quarante lieues , il trouva une grande quan-
tité dç glaces , il aurait bien voulu Continuer de
feirô voile vers le nord le long de ces glaces,
mais lèvent du nord l'en empêcha. Il eflaya en-»
c'ore une f<MS de s'ouvrir un chemih à travers ce^
glaces, parce qu'il avait apperçu un petit efpace
qui n*en était point c^ftnié v niais il ^t obligé
de retourner après avoir marché pendant Atxtii
jours entre ces montagnes flottantes. Le temps
devint beau & calme, &C il côtoya ces glaces vêts
le fud. Davis ayant remarqué que le foleil avait
beaucoup de ibtce , pcnfa. qu'il lui ferait pluS
avantageux d'attendre quelques jours pour tenter-
une autre route" à 1 oueft , lorfque le vent & le
fodeil auxaient nettoyé h met de ces glaces:. U
refta
jUÀ^ donc à ia côte de.l'eft., Mai^ Coxi équipage
pétait trop plein du. fouyenir des mauvais traiçemetis
.qu'il avait reçus d^s habitant de c«tte côte, pour
jofer y mouillf^icil fut donc obligé de tenir la
;çiçf* Quoique de«i '.vagues fuflenptacès-bautcs 5 les
;^uvtes. habitant d« cette cùocfé^. le. fuivirent à
M m^t poQx y Élire quelques éc^iwg^^ Davif
i^^^àt'paflë: quelque ceitips dans ces, patages, prçs
f«les g^ce$ ic euviiroaçé de btouiUacds , découvrit
<«nfin Jet Mont-Rakigh ^^ns liie df^Cumberland.
,Ij'e .19 dc;jiftH^5 U a^jciva à Teuaée ^ détroit
iiqui p9rte 1« ni^aae nom* La 2} j^^près.avoir faiç
foixame lieu^s.daf)s ce détroit 9 iigp;arâiia:e au
'mllieii4'iin gts^^dllPA^bf^^.d'îles fo^aa^t un groupf e
:à l'ex^tréiiûté de-Ub^ie \ il le& 9$i}nma ,îles d.e
jÇuçiterlandé Ta^is que le^.As^gials furent à l'an-
î^rç^aos^cfe Up\\H iiç/^rent paflT^r -.grès, d'jèax une
rbàl6ine ^ui aUak;à loueft. La vâ^riaâoix de l'ai-
guîUp. aina^fttéè ét^t de trente degrés, à louefl;*
Itl ^etûornèrent: À M H^l^t par r i^ môme chemin
.4ju>l$; suaient; ptôi, SÉt ikiurûnt.ftôrpBls^d'uacalmç
;;plpfp5Ld' pfcnds#vle^«l-iis. ftntirept une très-
.jgrande chaleWf:;6£àitQ]3b»^ Il9;tti2£t?»i dju-vaifleau^
^sfee^dît à tctr^.fve(Ç.jqufiquft|;:i^S5eiots pour
,jeh»flitf » U yk plnfietits^itotïibeaus], fie de Thuil^
de -poiflbnréjlajftij^ifriï laltfrrid. J#^ chiens ^
-cette contrée lui(|aiWM^'fi gc«si:(ilMls^p<>^y9^P^
à peine courir/ r^ . . ; /
Tome IL F
Datais ayant: quitté le déttok dû Cumberlané,
ic étant rentré en pleine mer, découvrit, entre
le foixante-cfèuxième & le fôkante-troifième de-
gré laritttde nàtd , un paiTage qu'il ap{>ela dé*
troit de Lumléy , du nom 'du loïd Lumley* Il
rencontra dan^ te lieu des coïKr^ins fiwt iaf>i<!fts
dans la dtxeââon de Toutô^ ^tii entlralfialint M$
vaUleaax, £é:dènt le toornaiement âkifait un bmk:
feniblable à celui dNinê dafaraAe '^itf fe précipite
tl'un Ifeu fort élevé. Le .}i juillet, il vît ifti
promoiTtcfire qûll «omnla cap-, 9» If^arwiek. Le
premier cfaoûtj; il vit an feixnfM - unièniè degfé
^ir minutcs4atitode nord ^ un câp (» la edte dji
fud-oueft du déermt , quil nomma cap dé ChiâUys
irprès avoir été pendant ptuïieûr^ ^ur$ enveloppé
de broufllàrdt , 21 aboifdsl énâlv à une île <|ull
noîamâ île Darcy , du nom du lord Dàrcy^ Il
y avait 'fur* «tte île quelles animaux i& VePj^dc
du cerf; phifiêâr^ perfbnnes- de Téqiâpage à^skûïh
dhent pour les 'tuer» mais après les avok ^chaâls
ideux ou trèîsi^s àutoi» de i^le., ces jsoiimMpK
Te jetèrent- i-1» mer èc ^agnèrôfife- à lii riage ttt^
filtre île '4 ttsii tleaes de dUkneè de celle ->a«
Luh de <ts aiitn^aux était ^ès^^ras, (ès^ pieds
étaient^ au£ -larges 5^ aâffi~gio5 que ceûk Aim
bœuf. Tandis t[m les ctiàifeturs Ibngeaieikt^à fb-
joindre les vttffTeaujc auxquefe' Pavis avait Ordôtiné
de pêcher danc ces parages Se de Tattendre jiif-
3ÛÀ.KS Jtle No n^ $1
t^u à la fin d^août ^ leur navire dcmoa & rud^meDr.
contre un rocher quil fit une grande voie d'e^u ^ '
^nais ils Eurent affez heureux pour la réparer
mèiût au milieu dune tempête» I»e 15 d'août ,
i\s vinrent au cinqùante^^euxièm^ degré dou2e 2ni-«t
nutes latitude nord , où iU virètlt un grand nom**
bie de baleines. Mjaà^ n'ayant pu >^elErouyer les dttt:ie
VaifTeaux , parce que ceux * ci avaient fini ItAti
pêche en feiîe jours^ & étaient revenus en Ât^le-s
terre; Davis fe réfolut à retourner dan^ fa partie. Il
quitta- cette côte le. tS aout^ fie .arriva le î$ fep-
tem^ie à Darmouth. >
. Datais paraît avoir poiled^ à un. degré émtnent
la.douceut » Vhumanité^ Tintel^gence & le cou^
rage.' Il pénétra plusi loin dans If nord qjb'aucucr
de ft^s jprédéc^ifeurs^ SC ù. les glaces ne l'en qU(^
fimt empêché^ il aurait, certainement fait les dé^
fauvettes que Buffin fit heureufement en i ^1.6. . :
Les régions du nord paraifTent jouis 9 nmlgré
les brouillards qoi s'y élèvent fréqueiiinient 5 d'un
ciel plus; pur «pieies contrées du fud fîtuées ftus
la mèsne platitude.; Noa^ avons été trois, feis par
le fojxante-imàfnj& degré trente minutes latitude
fii(i » .nous nous (omines avancés même jufqu au
{bixante;Tonziènie.diegré><buKe minutes de la même
l^tudo.^.&\nous.aa.vpns-vu que très-rarement le
iç^eil, au*defiùs-de.l'hpipÎ4^n ^ lotfqu'il^^'éitevait
au-deifus de ce cercle^» ii était enveloppé ?ets le
Fij
J4 DÉCOtfVER-fE^ ET VorkGiÈ
foir de tant de brouillards, que nous ne poUVîOfi^
yôit^ fon imagé qubiquU rcftât plus de vrngt-^
è[uatre* heures for Thorizon,
Pendant- lôs' trois faifons fchaudcs que tioor
avons patiees dafts rhémifphère auftral , à one*
grande dîftàrfëc dé réquatètir^ moindre cependant
quô-ceÛê à 'laquelle 'Davis était dians l'hëmîT-' ^
phère nord , -nous avons-bien ftntî quelques jours
doux i mais -le tfctermomft:re rïe s'eft jamais élevél
que de quelques degtés aU'dcflhs du point -"dô
congélation. Ceff donc titte cHofe digne de re-
marque , que Davis parle plufièurs fois dû IV
grande chaleur qu'il a refleôtie au foixante-fixîême
& même m foixante-dôuiième degré htitude hbrd»'
lia caufecle cette rhaleàr ner^eutctre attribuée
qu'à la grande étendue- de 'tbttc dont il était'
environné-, tandis que le^ froid extrcmcf qirdh"
ref&nt 'dâi«''Wiémifphère lauftral , ^ient'cfc' W
grande étendue des mers; & dû matnque de terrés 'y
comme je Fai éprouvé dans tnes -Qbfervations (<a):"
Les animatxx de Tefpèce da'ccrF quW trouva?
fur là <>otc- de -Labrador étaient, ou le cerf d*A^^
mériqué,t>u le renne , ou nTcniè félan, ôti'ènfià^
ce qu'on appelle le ( tnoôfédèer). Je (uis'^rÉë*
à croire que t'eft ce dernier qiwDa^s à vit. '
h n r I <>« '
( a ) 'QèJèrv'asîoHs fait^pthdani 'un voyagé' aàiàut^
- Xili.. Les Anglais envoyèrent enfin une efca-
<îre de- quatre gxands vaîllèaux iaux Indes orien-
tales. L'exécution de cette grande entreptife fur
confiée au capitaine: George Raymond ^&c , après
fainaort, an capitaina James- Laneafier., C^te cf^
cadre: mit à k voile en 15^1, &: Lanca/ler revint
eti I f ^ 3 . Ayant été fuçpris par une violente tem-
pête 'pjès du cap^& fertjrouvant en danger dctre
filbmergé avec fon navire, fon équi^page eilaya de
l'engager à paffer à bord d'un autre vaiflcau ^
naaîs il fe refufa courageufement à cette, prière,
& il attendit avec fermeté tous les événemens-
Cependant il écrivit en Angleterre, par un dets autres
vidilèaux. Dans fa lettre, il aflùrait la compagnie
cju'il employ était tous les moyens qui feraient en
fon pouvoir pour fauver fon vaiffeau & la cargai-
fon y Se- que néannroins il les informait que. 1^-
paflage aux Indes était au lîord-oueft de i'Amé*-
tique- au foixante- deuxième degré: trente minutes,
latitude nord.. •
. L'aflertion d'un homme fi verfe dans toutes les
connaifTances nautiques ,,& qui avait eu de fi fré-
quentes, occafions de ^raffembler dans les Indcs%
une multitude d'obrervations-- des Portugais , ne -
pbuvait manquer de faire une grande (èn&tion cvt.
Anglet^rrci On .pouvait encore ajouter à cela les«
renfeignertiçns dpnoés par quelques Portugais pri*
fcmnkri des Anglais > & qui avaient dit q^u'uiv
F iij
^
vaiil^aa ic teuf naeien avait été que^ac' toaips
avant , te long d& la côte <je k Clûfw, & avait
tHcouvé 9 au dn^ntf -^ ciiiqiiiànie degré latituds
Rord » ufiCr mcf libce^ {<e8 deux compgniei éta^
.blks pour le eoninierce de la Ruffie & d^ la
Turquie, pcket^ ia rëiblutîoii de checehet ce pa^
fage à leurs propres dépens. Ces marchands ^uU
pèrent pour cela à fiai» commuas deux vailfbiux
<k>nt ils confièrent le coffunandement au capittum
George ^Teymoufk ou Waymoutk
Weymomh partit d'Angkterse te 2 de mai fur
le vâifieau la Découverte. Il prk au nord, pafl«
t»!ès les Orcades ^ la pointe de VËcofie. Le t> de
juin , il vk des glaces &i ta partie ta plus wéàh
dionale du Groenland. Le 2 1 5 il tourfia à 1 oueft
8er apperçut au foixanne- deu^me degté latitude
itoid, le pomontoifede AP^4imi^^ qit il reconiutc
pour une île \ 'û vînt enlmtd*aa détroit de Lumtey
où il vit ufi cour^^t rs^ide allant à loneft pat
le foixante-unlèmé degré latitude nord^ à la dUb]>*
ce de douze lieues de k^ câae du continent ^de
rAmérique. Le premier de. juin., l'air écak âoid'»
couvert de brouillards, ic il neigsek; Le 1 j^ U ap*^
pesçut une grande ma& de gkcei^ il en pm &r
fon bord Se e» obtint àt ï^dn^ très - po^ble^ Ik
rencontra pluiieiM» couaans^ ti&è»- rapîc^ U toMg
des côtes de ÏAm^kpç. Cette conesée hà p«Eut
e^^ , non un continent?, maisiùn^nattlQ^e dltok
P A irS^ £ B N O R Pi . îj
Le j Se le 1 5 U vit le continent de rAm^ri^ue
^ui étak tout couvert de neige , il était alocs par
Irfoixantiènie dibgié tiente-ttois minutes latitude
nord. Le 17 * le temps fiit très-obfcisr ^ couvert
de brouillards 9 2c fi fi:oid que les agrêts de foiv
yaifTeau étaient entièrement couverts de glâ93ns^
le lendemain le &oid fut encore trèsrvii , & le&
cordages cominuatit à être gelés « ^eymouth ne:
put £aire avancer fon vaifTeau. Son équipage com-
n^ençait à fe mudner ic k. vouldr le forcer à re«
tourner en Angletene. Mais infonpé à temps de-
ce defTein ^ fa fermeté en empêcha l'exécution. Le
22 5 étant déjà au foixante ^hmtièooe degré cii>-
quante<*cinq minutes latitude t^ord ( oU: plutôt
. foixanto^troifième degré cinquàntentroÎA minutes) •
il fit punir féVèrdmtot ïtî$ plus mutins de Téqui-'
page* Il fit prendre de la glace- dont il fie de l'eau
bonne à boires Une de ces mai&s énoimes^de glaces
séclata axec un bsuit femblable^ à celui du ton-
nerre , les éclats de c6tte glace . endonuni^èrent
une dès barques où Ion en chargeait. Le 25 ^
il vit l'entrée d'un détroit au foixante- unième
degré xpiacance minutes latitude nordv le 30 ^
k$' vents d'oueft & nord-^oueft foufOèrent violem*
ment^ 9: plufieurs/iperfibnnes de l'équipage étant
tombées malades parce que la fajfon était fort avan*
cée» le capitaine fe détermina à revenir 5 ^quoiqu'il
eut déjà ioit fiai dé cent lieues, dans ce détroit
F iv
dont la largeur était ât quarante lieues, ta va-
riation de raiguiilé aimantée fot de trente -cin^
<?egréî douze minutes à Toueft. Le 5 dç juiiïctv
îl était forti du détroit. Alors il navigua le long
de la côte de TAmérkjue, enveloppée dam de-*
pais brouillards , Se au milieu des glaces flottantes -y
2 vit une île par le cinquante - cinquième degré,
trente minittes ktitude nord. Il continua de ranr^
ger cette côte jufqu au 14 , au milieu d'un gi?oi'
temps & d'un grand nombre d'îles ail cinquante*'
itxièmé'dcgré, 5c eut» dan» -un détroit. Plnfieuts:
raifons probables lui firent naître Tempérance de
trouver un paflage au cincpiante-cinquièmc degré
trente minutes , Se au cià^quance^mquième degré
cinquante minutes latitude ;ndrd^ il trouva que^
l'aiguille aimantée avôit décliné -d^ dix-fept degrés^
quinze minutes & de dix*hdt degrés douze minutes;
à rouèfl. La eôte était alor-s'^débarraflee de glaces.^
Lorfqu il en vient fur cette^ côte., elles foftent d»
nord. Il obferva qu'un tourbillon de vent éleva les
eaux de4a mer à une très -grande hauteur. Il avait
fait trente lieues dans le détroit au cinquante-
iîxnème' degré latitude liord , ce qiii certainement
aurait caùfe fa perte fi le vent eût foufflë feole-
nicnt un jour du .nord-, àiv jW ou de Peft. Le"
4 d'août, il découvrit les >lés Sejilly, & lerlende-'
main il arriva à Darmoùth. • - :
Le récit que fit LàrUaJkr ï fgn retopr ea
DANS LE No BB; t^
Angleterre», fes^ réjponlè^ aux obj^ftions quôh lui
faîfak, & hs détails ^u il donna de fon expédia
idon 9 étaient bki^ &ii$ pourinipirerde la confiance
aux compagnies du^ commerce de Ruffie icÀc Tur-
quie ^ aufli ces raiibns leur parurent-çUes dun &
grand poids , qa^slles donnèrent des ordres pour
une nouvelle expédition dont lobjet ferait de feire
dés découvenes. Les gtatules Indes , le commerce
il utile de ces< contrées, & les immenfes richeffes*
qu il procurait à cçùx qui en étaient en poiTeiEon,'
&ifaient toujours Td^jet des deiirs de toutes les.
puiflànces maritimes* de l'Europe. Les Portugais
Sç i^s Efpagnols fournis alors à un même Prince t
étaient en pofleffîoil de toutes les places où 1 on
pouyai^ trouver: des «afraîchiflemens dans ce voya-
ge* Cependant fans.de pareilles ftations , il était^
s^ors., & il eft encore prefque tmpoilible d'en-
tiepsendte aux Indes orientales un voyage qui.
demande fix. mois pour aller fie autant pour re-
venir» . Toutes les tiations étaient dood occupées
de la redierche d'une nouvelle route aux Indes ^
. fur iaxyielle Us'pufifentvétabltr des ^places où il fût
permis à leurs vaiilèaux de relâcher &c de pren-
dre desrta&akhiiremeas. Les Anglais &c les Hol-
landais cfaetchèfent cetteroute pât.le nord- cft>
& le nord-oueft. Lantafler dit que les Portugais
avancèrent avec leurs vaiffeaux jufqu'au cinquante- '
cin<|uièm6.dç^ré;.Ufîtu^ç nord ^ au nord de U
JO DtCOlfVEBTES ET VoVAG£S
Chine & qu'ils trouvètœt une mex parÉmeme&è
libre & ftôis aaôiM tejrev & que» daptès qoel*
^les taifiumomons probdbles» let paflage de& bides
doit être chotcbë qudçio paît au foizame*deur
xième degté. tteoce mimitts iaritude soid aa BOtd«^
ooeft da TAmëriqna. Il paiakndt delà ^ que les.
Fomigais aticaient été dam Ifi /voîfinagc de i'ilft
de SagqJhi-AngeJtaia^ de la lixière d'Amour^ 6c
qu'ils fe feraient aTaacés )u%i a ki riarière de Uda
où eft aâueilemenr 1 etabli&nieDt nifi& Udskoi ^
( en fuppofazu: qu ils ayent oavigqé le long des
cotes du cŒidnent au nord delà Cfame),^2n&me
dam le cas où ils auraient pafië près des îles dé
Lekju\ Japon ou Nipofi.( découvmps par les
Portugais en 1^41), Marfinaî & les KurileS) ils«
devaient néceflàtf ement rencontrer le Kamtfchâtka,
au cinquante- cinçûènne degré lacioide nord*, Sc
le pai&ge de Lanufier zsx fisixafite - denaâème^
degré trente mtnoÉes latitude Bosd ,. n aura été
qu'une conjeâure pcifè d'apsès les w^es àk
Jiavïs^ ' '
Le flot qui c;oule dans k nfte baie d*HiidIaii
y caufe un courant très -rapide» febn le témoir
gnage unanime des différem navigateurs qui ont-
été dans cette baie, au Ibîsanre -^ fistàoBe degré
dans le détroit de CumieriMd^ da foncantièmer
*t foixante^deuxijème degré ààU le détioh ^Hud-^
fon 9 & au cinquaûte-fteu^me- degfé oÔ pïo^ *
DANSLENoRD. ft
hitmetat un 9Utxe liétreit <imie la terre de Lor»
trador. Fout *< éere 3r a^r-it gluEeim tiu^xéci <Us&
k même ^tioîr au citiquante^fixièftie iegxé quinze
]|iigiuc9s latmide iiQfd, au cinquante ^ cicquiàiiie
degré & aa citiqaaiiee*<piatrième degcé quatante
mifuttesy qai notit pas eticoire été him examinée
&: qui cependant «ne un cooraat trèS'*- ta^e. U
eft probaèie que le ildc qui encre pat tant <b
diffîrwtes loittee dam )a baU d'HudTon & dans
celle dft Baffio^ lefibtt çiifàte par le déttoit da
Ce voyage nous, è&e detix pteu^s de f iiiàge
dft la glace convertie en eau douce Se potable*
B fxat donc bien fe garder de citer 'cet a&ge.
oocninfi une gtandô & nouv^le invention appas^
tenaoe aux piodecnes ; ce fessât montrer une bkn
grande ignorance dans Thiftoiie àet découvertes
naïKiqtMfiL îorCcfm lair s^adoucit je qu'il cornu*
jaMiïC0 à agti^ fur ce» ntaflès ésiormes qu^on nom*
nie montagne» de gkce, il arrive fbnvent qu ellei
s^ëclsMAt en n^reeaiK» avec un liracas femblable
à cetui dm tosmerva Coanme k centjr& de gravité
de ces quad^ùess de gtace e& fort diffêxent de
■ " Il !■ I Ji ■ H M I II I ■ I II I iiwai^M*— *W»*— ^»— — *
. ' i0) Ciflci eft en .parue prcwté |>«t ce ftie Weymfimh
a ramstfqii< , aa psurkni de U côte de Labrador. Côcn»
côte, dk-U j^ eS libre de glace», Toab s*il eu vient , elles
arrivent du nord. Confeqjiemraent elles doivent Être ap-
portées à travers lè'dêtrôi Z^-Davh^'
Jt DÉCOUVERTES ET VOYAC^ES
celui Je k mafle entière 5 ils téurnenr pendant qntU
ques temps fur la furfece des eaux jufqu'à ce
qu'ils aycnt ttouvé leur équilibre, Nou^ nous Hoitm
mes trouvés deux ou trois fois^ dans notre voyage
autour du monde^, trcsr-près.dm ces glaces qui fe:
brifaient -, mx des morceaux qui fe détacha une fois
vuit en roulant fi près de notre- vaifleau qu'il
ne. s'en fallut que de. dix ou douze, pieds qu iJL
ne l'atteignit , ce. qui l'aurait inÊdlliblement fica-^
cafle , ou du moins très-endommagé. J'avoue que?
cette fcène effrayante eft encore préfente à mot^
imagiiiatibn dans toute foh horreur 9 & je crois
qu'elle ne s'eâàcera jamais de ma mémoire. Car
peut-on concevoir une- plus terrible fituation que:
de fe voir enfermé 9 dans un vaiffeau ifolé , au,
milieu de maffes énormes dç glace dai|s un océasT-
immenfe, à une fi grande diftance de la terre»,
éloigné de tout fecouts humain : 8t dans cet-
état, conftamment enveloppé de: brouillards épais ^
dans la crainte continuelle de voir ces glaces
menaçantes s'éclater en^ pièces & venir en roulant
pefamment, fracaffer le.vaiffeau & l'engloutir avec,
l'équipage infortuné ,. dans le- profond ^îme dô.
ces vaftes niers. . .
Avec un bon vent, un temps clair & une mer .
libre, on peut naviguer dans ces mers du Nord y-
mais lorfque les brouillards , les vapeurs froides
& glaciales s*attachcut par-tout aux voilçs & aux.
«grcts^ & quelles forment quelquefois des maif^
<le glaces du poids dç dix ou douze onces qui
le détachent au moindre vent & tombent fur la
cête des xrattlots y «& qu enfin les cordes & les
voiles devie^mcnt fi dûtes & fi' fiagilcs. quelles £c
tompeht a« moindre cibrt -, alQr$ ia navigation
devient très-pénibie & très-dangercufc. Ce furent
ces dj^cultés qui arrachèïent des plaintes ^ même
à iinorépidc Wcymouthi, & qui Tempechièrent d a-
vancer dans ces marsrdhcomnies 6c couvertes de
çlâces. '.1 ' .
/ .Dans ces firoids climats, Weymouth vit une
<»combe^ pfaénooiène^e Davis avait aufil remar*-
quék Cette obrerVadonièmblç confirmer celle que
)'ai faite, dans :mfiii broyage autour du monde , que
}ès:. trombes Te. voycnt principalement dans les
^rsj droites- oà la^tsrrc neft;pas. à.rniè giand«
dilj»nce'de chfaq\ie:côfiéi* -; .r il. 7? .
.' XIY- Lc^ découvertes faites ^ans-lc Nord pr let
^é^nmsfvxS[m&s de rEuràpe:,' engagèrent le iqi
de.P%tlemârcfe4[ dôniiei: des ordics pour qu'on fît
w voyage qui 9Utr«b: pour o|)j|stxie faire des décach
feiS^i p0Ur lû>%ièmè. Les An^ais;.pallàient déjat
paur;iç$ plas. expérimentés &'leç pbs habiles
SfiarÎQs.'de r£iirôp&. te tcd de Danhmarck avait
çhojfi parini eiM|:,;ei> ïfPf .*. fe$; çnp^iincs Jaâ/i
Kn i gh L.&L Jmaet.Hall pour commander les vai&
f(?auiciqi4{iés pouTeette/^édltiim^ M^en i^o^^
1
j4 DécotrvjËJffirfeT V'otÀdPES
Kmght Êic dé/îgiié daiis fim pajrs par las compas
gnies des graniks Indes ft du csomm^riTe de la
Àuffie. Il pacdt de Gnmfend 6c mtbm k ii dit
snêoie mois amc Orcados, où ii fiar obligé dé
xefter quinze joitts à canie dâs vtau conmdrô?*
Le iz de nui^ tt remit en mec Le t^^ il était
au cin^uânte-faaitième d^é dit^Dettf minutes latî«
tude nord » lai décUnaîlbtr de Taiguille aimantée*
était èo huit degrés. Le ^r ^ il fe trofvra au dt^
quante-%ttèis>e dqpoé cinquaoi» minâtes latcmde
nord , il faifait une brume fort épaifTe ^ &: il y
avait ibus cette latitude » Un gcand cooranc dont
la diieâdio& était au nord» Le itl ^ il irk beaucoup
de mouettes As d'aigu imuioei* Le 29 » E ^fêrva
Une dmette* Lr 18 , il était :aQ; ctnquaote-'fep'*-
tîème degcé eiiujMirte^fept immitea latitude noid»
8c ia déciinsBr(W de raigniliei aimancée âak de
quatorze degrés trente mfaïQteev;*! Tic des raycé
oôirea daos la nmr^ û vk asi&des4^«rans^ <^el«
que»*UBs defquelfi eihûent l i'emU^ i'M&e$. ait
nordw Le xf^ikùi tamm à te ]ftcfeid# d$ ciû^
qBame-^faRiit digtés^. ic le comasic âUait yteav U
fitds il vh u0 grorid iU)ndir)( drolieaut bkni^f
qtà Jsv^ent uftT g^uâtemosic paceit il ce&ii de$
ttKmeatci.? A Hf^ecçut aoffi picfâMtes vaclMS oti
plutôt ccttbwM» ^} mÊM ûût9aM§aÉ té0 «aux. l4
1 1 A ài>toi
(^} Ettaagb&<;gtr i%i<fc ! >Jite at<my coibeao.
^i,..
1) AN S LE Nord* ' ^j
t) de ]\m p il vi£ une terre qui lui parut un
«1018^ 4'^es pai: le ci^quance-feptième degré vingt-
ci^ )^^l«$^ nutis il trouva aoffi une gtatidc
I^Wtité de g^aees ^m étaient peuffîes am iiid;
il avmçt «utmt qu'il lui fut poâible au tiave»
^e ces glaces » mais use tempêce qui s'éle?a poulià
fur U vaiâcau cjsUes dont il étaâ: entouré & le
£t beaucoup feoffirir. Le 19 , il rit encore la terre
À ipràxe. lieues de diftaoce aa cinquam^fîxiéine
4agai quanuiteJimt minâtes latitude nord, l'aigaillc
ainjaméedéclinaii <fe tisîgt-cinq degrés à Todeft^ la
marées venait càinord;- Le ^4 » -un grasid vent dft
•DOtdiompit le cai>k qui attachait le vaifi^u à la
censj, &: le gouvsrnatl &t emporté par le» glacer.
Le capitaine Kn^gkt fat obligé de cotidiiîte fbfi
iiai&8ai:dansutseeQiDrée& cfécbouer ion nafvirie dans
Pe^Kiir (le fauver au Moini fes pr^dv^ôti^f mais
«vant içd'il pac timcbér à t»ce ,'le b&!^mefit étak
^^^itmeitté pkiii 4f^Au. 31 i€^^t«if toiMs iés
fove^ avec aifitt^ à^^^^piifar pôiir ^{re en état
4^éeafflcher la toie ^teadl Ënfimè itniii^'^Iiefs
ta élffidieiape , afin de dietcher «n lieu^ {liîlls C09-
wsédb. peut séptter J«t v«iftau v tmfer mÉ€ é«alt
!4tDvpnr:de gkce > oepteidwc dA'déoottttk'U^ti ti6&
^nai^GMi ftccettàcears^lcM^, le cajdlateârKitig^
avec iûnxrni^aBhttSBâtm Sa^wok^ttmtàd^^ fonts bitk
«Doiéiar^ dcfesUdkent âa^itte; Ue %t granodè, poair
ickercàér m iteo* pcopiis i f rado0b* 4^ navire.
Il laiiTa deux hommes dans la batqiie, & alla aVerc
trois autres , lun delîjucls était fon frère y dans
la partie la plus élevée de llle s les doux bommes
qu'il avait laiifès dans la barque 5 ratteâdirefit ;
mais inutilement^ depuis dix heures* du niatià ju(^
qu'à onze heures du foir. L'un d'eux fonna deiîx
on trois fois de la trompette , l'autre tir» deux
ou trois coups de fufîl; mais né. voyant point re-
venir le capitaine, ni fes Compagnons 9 ils retpùr*-
lièrent au vaiffcau. Cet événement jeta tout l'é^
^quipage. dans la plus grande confternation » fie
on pafTa la nuit dans- le chagrin 6c la douleur*
Le lendemain fept hommes biea armés allèrent
dans l'intentioli de chercherais, capitaine & fes
Compagnons,. mais ils ne purent avec leçr chà-
iQUpe ^boi;d4t à caufè d^ glai:es. Us déharafsè^
:tent le vâU&au , comme ils avaient fait le 28'^
& iirem. jouer. vivement le& pompes pouc trou>-
ver la voie d'eau, & l'étanchér. Les tnâturels
pâturent pendant ce t^mg^ (iir les rochers, ic
voulurent fe jeter fur jia .i^halpupe & la barque
qu'ils cop^iiifsii^t , mai^lafentinelle ajrahtdori-
:ixé falinyï^^- ie^ laûVages., quoique nombietiK-,
iurçnt jh^i^^nfement xepouilE^ L'équipage: xcpoitti
fes pr^^iâQÇ^ à)>otd , fe hâta d'achever â faaxque:,
& quictf fifj&a cette ceree fi fimefte, avec le vaîf-
feau Scia barque qiii o^édak ta calâitée, m ^n-
dronnée/, condui&nt g dbi' t&me le vaifibau qui
n'avait
'1
DANS LB NoKD. 5^
iiavaît point de gouvernail , ils prirent leur grande
bonnette qu'ils confirent avec des cordes défilées
& ils appliquèrent cela fous la quille de leur vaif.
feau où était la plus grande ouverture , par ce
moyen ils empêchèrent en effet , feau d'entrer
en auffi grande quantité qu'auparavant. Ils furent
cependant toujours obligés de faire aller les pom-
pes j de cette manière ils dirigèrent vers Terre-
Neuve, où ils arrivèrent enfin & entrèrept dans
une baie près Fogo^ le 23 de juillet', ils. y ré-
parèrent leur vaiffeau & leur fanté. Ils partirent
delà le 22 d'août^ & arrivèrent le 24 feptembrc
à Dartmouth.
Ce voyage fut d'autant plus malheureux, que
fefpoir qu on avait fondé fur fliabileté de Knight
à faire des obfervations , fut entièrement trompé
par la perte de cet habile homme. Il efi: pro-
bable que le jR>uvenir ^s cruautés que les Euro-
péens avaient exercées autrefois fur les Efquimaux^
& l'avidité que ces derniers ont pour le fer,
occafionnèrent la mort du capitaine Knight^ &c
excitèrent les fauvagcs à attaquer le refte de
l'équipage. Il n'y a rien autre chofe dans ce
voyage , digne de remarque , fi ce n'eft que
Knight I a obfervé aufld le même courant que
plufieurs autres navigateurs avaient reconnu , dont
la direction eft au nord. La chouette qu'il a vue,
venait probablement des îles Feroe , puifqu il palfa
Tome !/• G .
f^ DÉCOUVERTES ET VoYAGES
î^Tex près de ces îles ^ mais les brouillards rem^
péchèrent de les bien voir. •
XV. Jkimei^ Hall avait déyi paflK trofe ans air
fefvice. de- Danemarck-i d^ 1^505 à 1^07, & avait
feît des voyages dans ley contrées du Nord. Dans
le dernier qu'il fit, Téquipage s'étant mutiné, it
fiit obligé de relâcher en Mande , fans avohr vu-
autre chofe que les côtes du Groenland. Gn ne^
trouve presque rien fur ce^ voyage. On fait fcu-
fement que /urnes Hati partit de fhtU ou Kin-
gftoft'Vponkull avec deux vaiffeauy, Fun nomméi
la Patience y l'autre /e Ht art s Eaft. La pre-
mière chofe dont il faffe mention dans ce voyage,
eft lobfervation de la longitude d un lieu qu'il
nomma Cockittgy détroit qui eft au foixante-cin-
quième degré vingt minutes latitude nord^, Sc
qu'on nomme autrcinent Bnah-Revier ^ 8c félon-'
fbn eftinte , au fôïxahtième degré trente minutes
à l'oueft longitude de Londres. On trouve auflï
dans la relation de ce voyage , que Hall fut tué
d'un coup .de lance par un Groenlandais le 22
de juillet , & qu'avant cet événement , il n'avait
jamais eu de difputes avec les- naturels de ce
pays -, feulement on avait remarqué que cer der-
niers défignaient Hall par le nom de capitaine,
ce qui fit conjedlurer que le meurtrier était ou
un fière , ou quelque parent des cinq Groenlan-
dais, qui avaient été emmenés par les Danois en
D À N s lî fî N O R D. 5f
i^oéT. BaU avait fait des recherches pour décou-
vrir des minéraux, & avait par-là, eu occafion
d obfèrver quelques rivières & quelques havres y il
avait auffî apperçu les traces d'un grand ceif
ou élan. Après la mort du capitaine , l'équipage
reprit les recherches dans rintéiieur des terres ^
ils trouvèrent plufieurs endroits où les Danois
avaient creufé ^vant eux. Us trouvèrent auffi des
pie&es brillantes , qui ne furent quand on les
examina, que des fcories. Elles ne contenaient
point de métal , mais refiemblaient au verre do
Moicovie, Glaciss^Mana.
N'ayant pu trouver de métaux, ni engager les
babltans à cofmnercer avec eux , ils laifsèxenc
Rommels Fiord au ibixante-(eptième degré lati-
tude nord ( là, l'aiguille aimantée déclinait de;
vifigt*quatre degrés feize minutes) , & arrivèrent le
même jour à Hongs - Fiord. Alors ils dirigèrent
leur route au fud , parce qu'un matelot avait
été tué par un Groenlandais à c#uife que le pre-
mier voulait chailèr celui-<i hors de fon canot.
Le i8 d'août, ils étaient au cinquante-huitième
degré cinquante minutes latitude nord \ depuis
ce moment jufquau 6 fcptembre, ils furent con-
tinuellement tourmentés du gros /emps, ils étaient
alors au foixante-unième degré dix-huit minutes
latitude nord, la déclinaifon de l'aiguîUe était de
fix degrés à Teft , & ils avaient le fond à foi-
G ij
loo DÉCOUVERÎES ET VoYAGES
xante-huit brafles. Us arrivèrent le 8 de feptem-
bre aux Orcades , où ils mouillèrent. Ils achetè-
rent des habitans, des oyes & des moutons , &
leur donnèrent en échange de vieux habits & des
foulicrs. ï-e 1 1 du même mois , ils rentrèrent à
Jiull ou Kingfion fur ÏHuU.
Guillaume Baffin qui était très -jeune alors &
qui écrivit la relation de ce voyage , ajoute que pro-
bablement les pierres brillantes & de différentes
couleurs dont il Êiit mention , ne contenaient pas
de métal. Il paraîtrait d'après cette affertion que ces
pierres étaient le fpath étincelant ou pierre de La*
bràdoiî. Peut-être en trouvè-t-on dans cette contrée,
& perfonne ne peut mieux donner dé çonnaif-
Iknce fur cet objet » que les frères Moraves qui
y habitent. BafSn nous aiTure qu'on y trouve des
montagnes d'albâtre blanc, à quarante milles de
diftance dans le pays. On avait oifefvé, près de
la rivière de Baals un petit bois de fept à huit
pieds de haut , il était compofé de'faules, dé gené-
vriers, & d'autres arbres de cette efpèce. On vit
auffi une grande quantité à'angélique^ c'eft peut-
être Vheracleum fphondylium. Il eft affez probable
que ce peuple avait coutume de manger les racines
de cette plante, puifqu'on en trouva dans leurs
barques.
Il y a dans le Groenland une grande quantité
de renards dont quelques - uns font tout blancs*
DANS LE N0R1>. XOl
On y voit auffi de grands animaux du genre def
cerfs ( des rennes ) qui ont les fabots très-larges.
Les Groenlandais pèchent pendant tout l'éré , & •
font fecher leur poiflbn 5c la chair des phoques
for les rochers 5 poux leur provifîon d'hiver. Ils
ont de petites barques de. deux pieds de iai^ge ^
&9 quelquefois 9 de vingt pieds de long. Elles
font totalement recouvertes de peaux, de phoques
avec un trou au milieu où k. place le. maître du
canot qui s'enveloppe, fî bien avec des peaux que
l'eau ne peut entrer dans labarque» Leurs rames, font
plattes à chaque extirémité , ils les prennent par le
milieu » Sç rament alternativement avec les deux
extrémités, de cette manière ils vont fi vite quun
vaiiTeau ne peut lesfoivre. Ils chaiTent dans ces bar-
ques, les phoques, les morfes, les fàumons &
d'autres poiffons qu'ils percent avec un dard ou
un harpon,, dont la pointe eft faite d'un os,. & le
lefte de baleine.
L'été ils vivent fous des tentes , Thiver dans,
des maîfons à moitié enfoncées en terre j ils n'ha-
bitent pas toujours le même lieu, mais ils s'éta-
fcliflent là où la pêche eft la plus abondante. Ils
ont coutume d'adorer le foleil. Lorfqu'ils voyent
arriver parmi eux quelqu'étranger, ils fe tournent
vers le foleil , te^ montrent , & lenomment à haute
voix , Ilyouc ; Se & l'étranger étend la main
comme eux vers cet aftre &c prononce le même
/"' • • •
\j lij;
102 DÉCOUVERTES ET VoTAGES
mot, alors ils s approchent de lui; ce qu'ils n'au-
raient pas ofé faire avant cette cérémonie. Ils en-^
terrent leurs morts dans des trous environnés de
pienes pour empêcher que leis renards ne les
mangent, ils enterrent dans ati aoiâre trou près
de celui-là, lare , les flèches & les d«ds du mort*
Ils mangent la viande toute crue Se boivent de
i'eau de met; ils ne font cependant pas canni-
bales* Us aiment beaucoup le fer Se cherchent à
lobtenir par toutes fortes de moyens»
Cette narration nous fait connaitte combien
de tems ces peuples fe rappelent des injures ,
puifqu'ils fc vengèrent fur le capitaine Hall de
Tenlcvement de leurs cinq compatriotes que les
Danois avaient emmenés Tannée précédente. Mal-
gré cet exemple, un matelot fiit tenté d'emmener
on autre Groenlaftdais qui cttt cependant aflèz
de courage & d'adrefle pour punir de mort cet
homme qui voulait le priver de fa liberté.
Les obfervations de Bafîîn font excellentes»
Il en eft une cepe»dant , fur laquelle nous nous
trouvoïis obligés de foire avec Crantz («) 'quel-
ques remarques. Elle a pour objet Taddcatlon du
foleil par ce peuple»
(a) David Crante, Hift. du Groenland , pai-u I, liv.
IV, chap. 4.
DANS LE Nord. 1C5
Les marins voyaient les Groenlandais fomr, en
fe levant de leurs cabanes ^ .& ^s^dier fi^menc
au ciel le lever da foleil 9 pour connaîtse ., 4
cette vue , le temps qu'il ferait tout le jour. Cette
adion fut confldérée jku: nos voyageurs comme
une adoration du fbkil , choit à 'laquelle le <7ro6n*
landais n avait jamais ^penfé.
XVI. Malgré les tentatives Iréquentes &. in-
feudueufes qu on avait faites poUt ttouvor >uïi paf-
fage aux Indes par le nord ^ lUdée qu'on avait
eue de fa poffibilité ^l'ésait pas effacée, on .pcn-
fait au contraire , -qu'on le découvrirait aifémcnt
fous la diredioa J'un homme habile & réfolu.
Les premières entréprîfès avaient été en partie,
foutenucs par le gouvernement , 'par des. gens les
plusopulens & par des matrchands. Mais, aprèsde
tels eflais, leurtèle serait ralenti. D'aUleurs le ca-
pitaine James Lû/itr^er dans Ion voyage aux Indes
dans le^années 1551 , 1551 & 15^3» par le cap
de Bonne-Efpérance , avait reçu des renfeignemens
fur la poffibilité de s'y rendre par le païfage fuppofé v
mais il avait montré auffi les difficultés qui devaient
accompagner cette recherche. Il mit à la voile une
féconde fois pour les grandes Indes en i^oi , &:
commanda une flotte appartenant à la Compagnie
des bides, & revint en Angleterre deux ans après ,
avec de grandes richeffes. Le chevalier Henri
Middkton Se le chevalier Edward Michelbourn^
G iv
104 DÉCOUVERTES ET VoVAGES?
revinrent aufli hcureufcment des grandes Indes
en Angleterre Tannée 160^ ^ chacun avec une
flotte richement chargée. Il fcmblô que ces expé-
ditions heureufes aux Indes auraient dû étouffer
le dcfir de faire de nouveaux efforts pour décou-
vrir un paflage dans ces contrées par le nord.
Cependant il fe trouva une fbciété d'hommes riches
& hardis i qui non-feulement crurent à la poûî-
bilité de ce paflage, mais qui prévirent encore
les avantages qu*on en pourrait retirer. Us four-
nirent l'argent néceflàitc pour trois expéditions
avec une libéralité & une perfévérance prefque
fans exemple ailleurs. Ils donnèrent le comman-
dement de ces expéditions à Henri Hudfon^ ma-
rin confommé & très-expérimenté , dont à peine,
on a égalé les connaiflànces , la capacité & Tin-
trépidité , & dont l'afliduité & le travail* infati-
gable n'ont certainement été furpaffés par aucun
homme de fdn fiècle. Le journal de Hudfon Se
les noms de ceux qui l'ont employé ne nous ont
pas été tranfmis. Il ne nous eft parvenu que des
fragmens concernant cette navigation. On réfolut
de chercher le paflage par trois difierentes routes,
ou par le fiord diredcment, ou par le nord-eft,
ou enfin par le nord-oueft. Ces trcMS voyages
fiirent faits par Hudfon.
Hudfon commença fon premier voyage on 1607^
& partit de Gravefend le premier de mai. Le
B ANS L E No RD. I05
I j de juin 5 il vît par le foixante-treizième degré
latitude nord ^ une terre à laquelle il donna le
nom de Hold-Jf^hh-Hope. Cette terre eft fituéc
à ik & fept degrés au nord de Tlflande , à Teft
du Groenland. Il trouva le temps beaucoup plus
firoid au foixante-troifième degré , qu'il ne l'était
ici. Le 27, ils étaient au foixante - dix-huitième
degré latitude nord , ils eurent encore un temps
doux & même chaud. Le z de juillet , il faifâit
très - firoid quoiqu'ils n'euflent pas changé de
latitude. Le 8 de juillet , ils étaient encore fous
la même latitude de fbixante-dix-huit degrés. Us
curent alors un grand calme , & une mer libre
où ils virent une grande quantité de bois flot-
tant. Toutes les fois que la mer paraiffait verte,
elle était toujours libre •, mais lorfqu elle femblait
bleue, elle était généralement couverte de glace.
Hudfbn envoya le 14 de juillet, le maître & le
contré - maître du fon vaifTeau à terre fous le
quatre-vingtième degré viijgt-trois minutes latitude
nord , ils trouvèrent des traces de rennes , & vi-
rent quelques oifeaux aquatiques , & deux ruif-
fcaux d'eau douce , dont ils burent avec une
grande fatisfadion ; le temps étant chaud , le fo-
leil refta même à minuit , dix degrés quarante
minutes au-deflus de l'horizon. Hudfon navigua
jufqu au quatre - vingt - deuxième degré latitude
nord , & fc ferait avancé plus loin s'il n'en eût^
1
lO^ DÉCOirVERTES ET VoYAGES
été empêché par la multitude de glaces qui Tetv
vironnaicnt. Cela ne le détourna cependant pa$
de faire une nouvelle fentative pour chercher ua
paiTage autouf du Groenland qu'il regardait comme
une île, & delà revenir dans fa patria par le dé-
troit de Davis. Mais ce palTagc était auflî obiftrué
par les glaces,; il fut donc obligé de revenir em
Angleterre^ où il arriva le 1 5 feptemhre^ à Gra-
vefend.
On découvrit dans ce voyage plus de côte
orientale du Groenland vers le nord , qu'on n ea
avait apperçu dans les voyages précédens. ï-e grand
degré de chaleur qu'on reflent dans les hau^a
latitudes du nord , me paraît être dû aux terres
t;:ès-élevées ficuées vers ce pôle i car dans rhémiC-
phère auftral où l'on ne trouve que des mers au
trentième , quarantième & cinquante - quatrième
degré latitude fud, la mer abforbe tous les rayons-
du foleil qui conféquemment ne peuvent pas pro-
duire de chaleur dans l'air. Car , c'eft à la réfle-
xion de ces rayons fur la furfece inégale d«$
terres & à leur croifement en différentes direc-
tions, qu'eft due la chaleur de Tair, Ce fiit u»
phénomène iîngulier pour Hudfon , de fentir.,
fous une latitude fi élefvée, un plus grand degré
de chaleur que celui qu^ avait éprouvé au foi-
'^ante-troifième degré. Mais il ne favait pas <\xtc
\cc n'eft pas feulement par le voifinage des texïcs
DANS LE Nord. 10/
qu'on peut rendre raifon 4t la température de
Tair y car les vents fouffl?in*t fur les glaces & tra-
verÉint des contrées très-froides 5 contradent un
degré de froid dont il cft difficile de fe former
une idée fans lavoir éprouvé. Au-delà du foixante-
trcizième ^degré latitude nord » entre le Groen^
land & le Spit^erg^ il rencontra des bois flot-
tans qui avaient fans doute été portés dans ces
mers par quelques rivières de la Sibérie ou de
l'Amérique. Nçus n'avons rien obfervé de fem-
blable dans les mers fituées dans rhémifphère auf-
tral pr^s du pôle , parce qu'il n'y a point de
terre dans ct^ régions. L'honneur de la décou-
verte du Spitzberg appartient conféquemment à
Hudforu Les premiers qui naviguèrent enfuite dans
ces parages pour la pêche de la baleine , furent
les Anglais. C'était long - temp avant que les
Hollandais fe fuffent déterminés à y envoyer. Ce-
pendant ils trouvèrent cette branche de commerce
fi lucrative, qu'au commenceramt de ce fiècle,
les Hollandais & les Hambourgeois étaient prefque
les feuls qui péchaient la baleine dans les mers
du Spittberg. Les Anglais avaient tellement né-
gligé cette pêche, qu'ils n'y envoyaient plus an-
nuellement qu'un vaifleau , jufqu'à ce qu'enfin l'at-
tention du gouvernement fe touroa de ce côté*,
alors le Parlement trouva nécelTaire, pour encoiï-
rager les Anglais à s'occuper de cet objet, d'ae-
io8 Découvertes et Voyagea
corder des récompenfcs aux pêcheurs de la ba-
leine au Spiaberg ( ou comme on l'appelle im-
proprement le Groenland ). On continue encore
d'accorder ces prîmes chaque année. Les Anglais
avaient (î peu d'expérience pour cette pêche, dans
les premières années, qu'ils étaient obligés, quoi-
qu'ils équipaffent leurs vaiffeaux en Angleterre,
de prendre des Hollandais pour former la moi-
tié de leurs équipages. Quoique le Spitzberg fort
très-ftoid, cependant il fournit de la nourriture
pour quelques rennes qui viennent fans doute du
Groenland , où l'on trouve ces animaux à des lati-
tudes très élevées , par-deflus les mers glacées , puiC-
que le Spitzberg eft tout environné par la mer.
Dans ces latitudes élevées le foleil refte, comme
on fait, fur l'horizon pendant vingt-quatre heu-
res , cela depuis le cercle polaire arftique , &
plus on avance près du pôle, plus on voit le
foleil long - te ups fur Thorizon , jufqu à ce que
précifément fous le pôle il y refte les vingt-quatre
heures entières & prefqu'à une hauteur égale.
Hudfon effaya hardiment d'approcher du pôle,
il alla en effet jufqu*au qr xre- vingt -deuxième
degré latitude nord , & il eft fans doute le pre-
mier qui ait été au-delà du quatre-vingtième de-
gré au nord. Il eft vrai que les glaces l'empê-
chèrent d'aller plus avant , mais nous avons vu
que, malgré cela, il fe dirigea encore vers le Grden-.
r
I
i'
B A iî S L E N Ô R Û; 10^
laiïd 3 où il efpérait trouver un paflàge & reve-
nir par le détroit de Davis , & que les glaces
obftruaient auffi ce paflàge. Tout cela prouve au
moins l'intrépidité & le courage inébranlable jde
l'homme qu'on avait choifi pour cette entreprife^
XVII. Hudfon ayant inutilement cherché ce
palTage diredement au nord, les membres de la
fociété aux dépens & fous la dîredipn defquels
le premier voyage avait été entrepris , réfolurent
de faire une autre tentative l'année fuivante; &
Hudfon fut encore choifi pour commander cette
expédition. Il mit à la voile le n avril 1^08,
& eflàya de trouver ce pai&ge au nord-eft, entye
le Spitzberg & la Nouvelle - Zemble qu'il avait
découverte l'année précédente. Mais les glaces lui
préfentèrent des obftacles infurmontables. Nous
avons à regretter qu'il n'exifte point de relation qui
nous apprenne à quel degré de latitude Hudfon s'eft
élevé dans cette route. Le réfultat de fes recher-
ches ne répondit point à fbn attente j il navigua
le long de la Nouvelle-Zemble, où il trouva un
climat doux &c agréable , & la côte libre de glace*
Il penfa qu'il ferait poflîble «de trouver au - delà
de la Nouvelle-Zemble , un paflàge que jufqu'a-
lors tous les navigateurs avaient tenté de décou-
vrir dans la mer intérieure au-delà du détroit de,
^aygat:^y mais il rencontra tant de glaces qu'ij^
fut obligé d'abandonnçt ce projet. Il employa donc
1
IIO DÉCOUVERTES ET VoYAGÉS
toute la diligence poiÇble à chercher ce paflage
par le détroit de Lumley , mais la faifon étant
déjà avancée , les^ jours devenant plus courts , le
temps froid 8c orageiux, il fat obligé de remettre
cette nouvelle tentative à une autre année. Il fe
hâta de revenir en Angleterie, où il arriva heu-
reufement le 21 d'aroût.
Il n'eft 'parvenu à notre connaîlEince que quel-
ques relations fort imparfaites de cette expédi-
tion; il ferait bien à défirer qu'on retrouvât en
Angleterre , le journal de ce grand navigateur ;
car il eft hors de dout*e qu il ne contienne , mal-
gré le peu de fuccès de la recherche que Teritre-
prife eut pour cet objet, des obfervations inq)or-
tantes & infttudives fur la géographie phyfique.
XVI II. Avant de parler du dernier voyaga
d'Hudfon Se de fes découvertes , je crois néceflàîre
de faire quelques remarques fur plufîeurs tentatives
de cette nature, faites par d*autres navigateurs. Les
Hollandais avaient déjà découvert , fous le com-
mandement de Guillaume Barentz & de Heemskerk,
une petite île au foixante-quatoriième degré trente
minutes latitude nord , à laquelle ils donnèrent le
nom d*Ile de TOurs {Bear-Ifland) , parce qu'ils
en avaient tué un très-gros dans cette île. Hr
portèrent enfuite au nord - nord - oueft , & envi*
rbn vers le quatre-vingtième degré onze minutes
latitude nwd, ils découvrirent encore une fort
jftmde terre. Ils naarcbèrent le long de la côte à
ïoa&& jjifiija aa ibixante-dix-neuvième degré trente
lairMttes^ & trouvèreii une baie. Cette vafte con-
trée fat découverte "enfuite par Hudfon en léoj*
EBô Éit appelée par les Hollandais Spitïberg,
& par les Anglais Groenland , parce qu'ils la re-
^cMent comme la continuation du Groenland.
Ea. 1^03., le chev^ier François Ckerr/j anglais,
éqjjipa à £es dépens \in vailTeau avec lequel il
décQiwrit, fcms le foixante-quttorzième degré cin-^
quante- cinq minutes latitude nord, une île où il
t3aaa?wa une mine contenant du plomb , & une dent
^mdrfe. Les matelots appelèrent cette Ile Cherry ^
tcn l'hcmneur du chevalier François Cherry , & en
pmmt poflfclfion en fon nom. C'était la jijiême
He que ceMe de l'Ours, découverte en 155^^
par Guillaume Barentz. On équipa en 1^04, pour
l'île de Cherry un \^îflcau dont le propriétaire
fe nommait Weldert^ & It conwîiandant Etienne
Sennet. Us mirent à la voile le 1 5 d'avril, arrivèrent
sa pemier de mai à Kola en Laponiç & reftèrent
kà JMfqu'au premier de juillet ; enfuite ils con-
lînuèrmit leur voyage, & le 8, ils arrivèrent à
ïth de Cherry. Le courant était fi fort qu'ils ne
fatant prendre terre , ils firent le tour de l'île
& jetèrent l'ancre à la diftance de deux milles
âe cette terre. Erifuite ils defcendirent dans
ce lieu & tuèrent un grand nombre d'olièaur*
112 DÉCOUVERTES ET VOVAGES
Le ^ de juillet , ils virent des renards , ou plutôt
ce que les Rufles appelent pes;[i , Tifatis ( canis
lagopus )• Cette partie de l'île était au foixante-
quatorzième degré quarante^^Lnq minutes latitude
nord. Ils levèrent l'ancre & mouillèrent le lo ,
dans une autre baie , où ils trouvèrent plus de
mille morfes couchés les uns fur les autres &
endormis j de ce grand nombjre , ils n'en tuèrent
cependant que quinze ^ ils trouvèrent auffi beau-
coup de dents de cts animaux *, c'était fans doute
les dépouilles de ceux qui étaient morts de vieil-
lefle ou même de ceux qui avaient été dévorés
par les ours. Avant le i } , ils avaient déjà tué
plus de cent morfes dont ils ne prenaient que
les dents. En 1^05 , le même vaifTeau & les mêmes
pcrfonnes retournèrent à cette île , où ils arrivè-
rent le 2 de juillet , ils tuèrent encore beaucoup de
morfes 5 mais cette fois ils en retirèrent de l'huile*
Cinq de ces animaux feurniffaient une tonne de
cette huile, & ils en remplirent onze tonnes. Ils
découvrirent une veine de plomb fous une môn^
tagne qu'ils nommèrent le Mont de Misère ^ ils
emportèrent plus de trente tonnes de cette mine
en Angleterre. En 1606 ^ le même équipage re-
tourna encore avec le même vaiiTeau à l'île de
Cherry , ijs y arrivèrent le 3 de juillet , par le
foixante-quatorzième degré cinquante-cinq minu-
tes latitude nord^ ils y attendirent que les glaces
Êiifent
r
{îliïent fendues, parce que les morfes ne viennent
pas avant ce temps fur le rivage. En moins de
fept heures ils tuèrent fèpt ou huit cents de. ces
animaux & deux ottrs blancs. Us tirèrent des mor-
fes vingt -deux tonnes d'huile 8t remplirent de
leurs dents Trois muids. En 1^08 , ils firent à
cette île, dont ils tiraient tant d'avantage, un nou*
veau voyage, & le 2 1 de juin , il y faifait un temps
fi chaud, que la poix fondait. & coulait fur les
côtés du navire. Ils tuèrent daas le court efpace
de fept heures plus de neuf cents morfes qui
rendirent trente -une tonnes d'huile. Us prirent
deux jeunes morfes vivans , la femelle mourut
dans le^ voyage , mais le mâle vécut encore
plus de deux mois après leur retour en Angle-
terre, oà on lai avait appris à ùltt quelques
tours.
En 1^09 , un vaifleau appelé V Amitié^ équipé
par Thomas Smith & la compagnie du commence
de ia Ruflîe, fous le commandement de Jonas
Poole , alla à l'île de Cherry & vers le pôle nord
pour faire des découvertes. Poole partît de Black-
waU près de Londres le premier de mars , & , *
après avoir éprouvé un froid très - rigoureux &
elTuyé pluiîcurs tempêtes , il découvrit le i ^ de
mai, la partie méridionale du Spitzberg. Il fui--
vît la côte de cène contrée , jeta la fonde par-
tout, donna un noixi. à chaque pointe de terrée:
Tome 11% H
«4 DÈCotfifiEViti9 Bt Voyages
à chaque baie qu'il examina , & fit dey obfet-
vations très-exades & très-utÛes pour la naviga-
tion.
Le z^ de mai, il était à la vue de Fair^Fo^
reland ( du beau Cap ), pointe de terre fituéd
fiir la côte oueft du Spitzberg dans Tilé appe-[
lee ForelcUid ou Voorland. Cette pointe eft ap-
pelée par les Hollandais Vogel-Haek. Il envoya
à terre le maître de Ton vaifTeau , qui lui ap-
prit que les étangs & les lacs étaient dégelés ,
ce qui lui fit efperer un été trè« - doux , &
comme le foleil avait alors beaucoup de force
dans ces parages , il perifa qu'il pourrait trouvée
un paflàge dans ces lieux auilî. bien qu'ailleurs ^
puifqu'il y faUait beaucoup moins froid qu au foi-
xante-treizième degré de latitude. Cependant \X
clTaya deux fois fans fuccès, de paffçr au-delà
dii foixante-dix-neuvième degré cinquante minutes.
Les glaces, l'obligèrent de retourner en arrière &'
de s'occuper de la pêche pour couvrk les dé-
penfes de fon voyage. Il arriva heureufemefit à
Londres le dernier jour d'août. Poole & {on équi-
page coururent un grand danger par la quantité
de morfes qu'ils rencontrèrent. Un de fes mate-
lots fut entouré dans l'eau par ces animaux ic
bleifé dangereufetnent par Tun d'eux à la cuiflè»
Le morfe, qui a un grand rapport avec le pho-/
q^ue ou veau marùi» eâ fect recherché pour fes
dtnts qu*on emploie aux mêmes ufages que Tî-
Yoire , & pour fa graifle dont on fait 6c l'huilé,
ainfi que pour fa peau très-épaîflè & couverte de
ïbies jaunâtres. Ces animaux vivent en grandes
fahiilles & fe nourriflent de cruftacés , de poiflbns,
d'herbes & d'algue marine. Ils étaient autrefois
très^^fés à aborder lorfqu'ils dormaient enfemblé
par milliers ; mais aujourd'hui ils font devenus
très-fauvages &: aflcz rares depuis qu'on' les dé-
truit avec une efpèce de fiireun On les voit rarcf-
ment à terre , & lorfqu'ils y viennent ^ ils s'ëloî-*-
çnent peu du bord , ils ont même le foin de
placer l'un d'eux en fentirielle, ou bien, pour-plu$
de précaution , ils dorment fur un glaçon au mi-
lieu des eaux. Si le lieu où ils repofent cft efcaf-
pé, ils ont coutume lorfqu'ils font attaqués > de
mettre leurs jambes de derrière entre leurs longues
défenfes , & de fe laiffer ainfi rouler avec rapidité
dan$ la mer. Ces animaux mettent bas un , ou tout
au plu%, deux petits à la, fois. Quand ils fe trou^
vent en danger, ou qu'ils font bleffés, ils devien-
nent furieux & cherchent à déchirer les hommes &:
même les barques avec leurs défenfes. Ils ont auflî
plus de courage dans l'eau que fur la terre.
En t^io, la compagnie de Ruflîé envoya en-
core deux vaiffeaux à l'île de Cherrys on y xxxà,
quelques ours blancs, plufîeurs phoques & un grand
nombre d'oif^aux. Les gens de l'équipage emme-
H ij'
iii^ DJeO^UVïflTES ET VoVAÔÊJ
aèrent auili deux jeunes ours en Angleterre. Le
j 5 de juin , ils arborèrent pavillon & prirent pof-
feffion de llie au nom de la compagnie. Suc
l'île de GuU ils découvrirent trois filons ou
veines de mhie jde plomb, & dans la partie du
nord, une mine de charbon de terre. Il vint
encore dans ce lieu trois, autres vailTeaux pour
la pêche , & on y tua plus de huit cents morfes»
Enfin , Poole fiit encore envoyé pour Éaire des
découvertes en i^ii-, il s'arrêta à Crojjroad à la
hauteur du 5pitzbcrg ^ jufqu'au 16 de juin , à
caufe des glaces & du mauvais temps. Après cela
il fit quatorze lieues à loueft par le nord , & £è
nouva au milieu de plaines de glaces i delà juf-
quau quatre-vingtième degré, les glaces étaient
tout près de la terre. Mais un fi^rt courant l'em-
pêcha d'avancer entre ces glaces. Il fe tint donc
au fud de cts maffes s il efpérait par ce moyen
arriver à loueft de ces glaces , mais il les re-
trouva au fiid-oucft, & au fud-oucft ^t £\xà.
Il les côtoya l'efpace de cent vingt lieues. Il ne
put trouver le fond dans leur vôifînage avec cent
foixante , cent quatre-vingt & même deux cents
braffes de fonde. Cela l'obligea de retourner au
Spitzberg, pour fuivre la pêche de la baleine,
mais il eut le malheur d'y perdre fon yaiffeau.
Tous ces voyages à l'île de Cherry avaient
été prmcipalcment entrepris poux Êûre la chaffe
DAÎTS £.1 Noit0^ 1^7
âux morfes. Cette île a fouvent été prife^ pour?
celle de Jan Mayen, mais celle-ci diffère tota*
lement de la première , en longitude & en lati*^
tude^ ainiî que dans k forme h car ^'île d^ Cherry
cft prefque quarrée, & celle de Jan Mayen efk*
longue & étroite. Les Anglais ont trouvé dans'
la première plufieurs veines de plomb, & dans^
des temps plus modernes , les RuiTes y ont dé-
couvert de: l'argent natif,, dont j'ai vu quelques
morceaux en dendrites (a), & d'autres fous la
formede cdftaux oâaédres. Cette île fembleabon^^
der en toutes fortes de minéraux utiles. Perfenna*
n'a encore &it connaîtra au public fà minéralogie^
Les baleines & les morfes qui étaient autrefois S
nombreux dans ces parages , ont beaucoup diitiiw*
nué depuis qu'on leur ùit k chafTe , ccs^ ani^
maux fe font retirés dans des lieux moins fré*
quentés par les hommes leursb plus grands enne»^
mis^
XIX. Henri Hudfon avait fiiit un voyager cm
Amérique en^ 1^09 , & av«dt découvert la rivière^
d^ttdibn. Après avoir commei^ un peu plus:
loin , il retourna dans fa patrie. Il avait enttepris ce^
voyage pour les Hollandais, il leur offirit d'en faire:
un autre , ce qu'on n'accepta point -, conféqucm-
ment. il. fut délié de: fès engagemens avec ces:
(a) Voyez â ce fùjet la Minéralogie de Brunnicb^
^ditToKi (te Gèorgt > pag. zôu
Kiij
tl» DéCôtrVEïtTEJ IT VùfAQtS
léptrblicains , & rentra au fervicc de la compa-
gnie Anglaife qui l'avait déjà employé dans deux
expéditions.
Hudfon partit de Black wall près de Londres»
lé 17 avril r^io. La compagnie qui avait équipé
les vaiffeaux pour ce voyage exigea qu Hudfon
pît'avec lui, comme confeil, un homme nom-
mé Coleburne (Fox l'appelle Coôlbrand), très-
expérimenté dans la navigation. Fox dit que cet
homme était en tout fupéricur à Hudfon. Mais
la confiance que la compagnie mettait dans le
lavoir & Thabileté de Coleburne , excita l'envie
d'Hudfon. Il le renvoya de Lee, fur la Tamife»
à Londres, avec une lettre pour la compagnie >
dans laquelle il alléguait les raifons qu'il avait
eues d'agir ainfî. Tous ceux qui ont parlé de
ce voyage, affioent que cette conduite incori-
fidérée fut en partie la fource des malheurs qu'ef
fuya Hudfon , & qu'il donna à fon équipage
l'exemple de la défobéifTance à fes fupérieurs,
«nfî que du manque de foumiffion & de ref^
peâ: dûs à tous^eux qui commandent. Le 5 de
mar, il était déjà aux Orcades & à l'extrémité
feptentrionale de l'EcofTe qu'i^ trouva fous la latî»
tude de cinquante - neuf degrés vingt - trois mi-
nutes. Le 8, il vit les îles Feroe par foîxantc-
deux degrés vingt - quatre minutes. Le 11 , if
arriva fur la côte orientale de Hilande., fit voUe
le long êc celle du fud jufquà ce qu'il abordât
à 'la cote occidentale^ c'eft fans doute dans ces:
parages qu'il trouva un port où il entra , & oii
les habitans de Tîle lui firent une réception d'ami.
Mais il eut cxl même - temps le défagrément de
voir s élever parmi les gens de fon équipage ^
une grande diflchrion qu'il n'appaifa que très-
difEcilement. Le- premier de juin, il navigua plui
loin à loueft au foixantc'- fixième degré trente-
quatrc^ minutes de latitude. Le 4 , il vit très-r
clairement le Groenland au-deffus des glaces dont
il était environné , il fè tint alors le long de ti
côte qui était toute entourée de ces glaces. Le
5 , il était à la vue du détroit de Forbisher. Lé
X5, il apperçut la terre de Défolanon m cin^
quante-neuvième degré vingt-fept liiinutcs latitude
îiotd-, il navigua au <^ord-oueft parle foixantièmfe
degré quarante - deux minutes-, le courant allait
au nord-oueft. Le 23 , il vint à la vue d'immenfes:
glaces , au foixante-deuxième degré dix-neuf mî^-
nutes. Le 25 , il vît une terre vers le nord , &
porta toujours à 1 oueft au foixanter-deuxième de-
gré dix -neuf minutes, mais alors il dirigea aût
fud dans l'efpérance de trouver la côte-, au foi-
/ xante-deuxièmc degré feize minutes , il avait tou-
jours une grande quantité de glace devant luî^
Le 8 de juillet, il abandonna le rivage &: appei?^
çuc une terre unie & couverte de neige .^l se-
H i%
îiio DÉCôU^«ltTËS ET VOTtKGtS
tendait du nord-oueft par oacà/m fud-oueft par
oueft. Il nomma ctxt^ t^xt UDefire-Provoked). Il
continua toujours de fairp^ioute à Toucft, & le 1 1,
craignscnt une tenjpcfe, il jeta Tancre derrière trois
îles couvertes ^ rochers fut un fond très-inégaL
Il avait paffé fur des rochers dont l'un était le matin
deux hrafles audeffus des eaux , car le flot s'élevait
en cet endroit d'environ quatre braffes, & venait du
nord. La latitude était de foixante -; deux degrés
neuf minutes. La baie dans laquelle étaient les
îles qu'il appelait Iles de la Miféricorde de Dieu^
femble être iîtuée près de la grande île de Bonne*
Fortune , au nord du détroit d'Hudfon ^ au trpis
cents - huitième ou trois cents -neuvième degré
longitude de l'île de Fer. Le 19 , il fe trouva au
foixante-unième degré vingt-quatre minutes, &
vit une baie dans une terre au fud 5 à laquelle Jl:
avait donné dans un premier voyage, le nom de
Hold'Jf^ith'Hope \ il porta au nord jufqu'au zi ,
& trouva la mer plus haute qu'il ne lavait encore,
vue depuis fon départ d'Angleterre. Le 2 3 , la haur
teur était, du pôle, de foixante-un degrés trente-
troi* minutes , -il vit au fud une terre ( la côte
de Labrador ) qu'il nomma Magna Bruarmia. L^
.2^5 il était au foixante-deuxième degré quarante-
quatre minutes. Le 2 d'août, il découvrit un pro-
montoire élevé auquel il donna le nom de cap
de Salijhury i alors il courut quatorze lieues à
r
DANS LE Nord. m
1 oueft-fud-ouefl^ & à-peu-près à moitié chemin ,
il trouva la mer pleine de goufiies & de courans.
Après avoir fait encore fept lieues, il fe trouva
à l'entrée d'un détroit de deux lieues de large,
diftant de deux cents cinquante lieues du côté
fcptentrîonal du détroit de Davis. Le 3 , il pafli
au travers de ce détroit & nomma le cap à droite,
cap Diggi^ &c celui de la gauche, cap JP^olften-^
holnii Quelques perTonnes de fon équipage qu'il
envoya à terre, obfervèrent que la marée s'éle-
vait de cinq brafTes , ft qu'elle venait du nord \
il remarqua que la terre s'étendait au fud & qu'il
y avait une yafte mer à loueft.
C'eft là tout ce qu'on trouve dans la narra-
tion ^Mudjon. Il faut chercher le re^e dans la
narration d'un marin nommé Habakuk Pricketf
qui était au fervice du chevalier Dudley Diggs.
U dit que lorfque Hudfon fiit près de la terre
de DéfoUtioîiy il rencontra un grand nombre de
baleines dont quelques-unes nagèrent le long
de fon vaifTeau, & que d'autres pafsèrent deifous
fans le toucher s que tandis que Hudfon était
encore dans le détroit de Davis au milieu d'une
grande quantité de glaces , il vit le bouleverfc-
ment d'une de ces énormes mafles , ce qui fer-
vit à lui faire connaître le danger qu'il courait
en s'en approchant trop. Près de Defire-Pro-
yoked p il vit, une de -ces montagnes de glace
Su DÉCOU^ÊRTIS ET VoïAtSEJ
échouer a cent vingt ou cent trente braflcs d*eattr
Pricket fit lever une touvée de perdrix , fur l'îler
de la Miféricorde de Dieu^ mais il ne tua que.
la mère. Toute cette contrée eft nue ; on n'y
trouve que des mares d'eau ftagnante & des ro^
chers fendus , comme fi elle avait été fiijette k
des tremblemens de terre* Il trouva auffi quel-
ques bois flottans fur le rivage. Enfuite il revint
au milieu des glaces , il nomma im promontoire
de là terre qu'il apperçut au fud de ce détroit,
cap du Prince Henri \ de un autre plus loin à
Toueft , mais fur le coté fud de ce détroit , fiit
appelé cap du Roi Jacques. Il y avait quelque*
îles vers le nord qu'il norhma cap de la Reine
Anne. Toutes ces terres font fituées au nord
-dans une baie où il paraît y avoir une grande
quantité de terres divifées, fort près de la terre-
ferme. Enfin, après avoir eflùyé une tempête,
il vit une autre terre montagneufe au nord qu'il
nomma le cap Charles ; à l'oueft il vit une
grande quantité de petites îles formant une baie
dans laquelle il était poffible de trouver une
bonne rade pour les vaiffeaux , le promontoire
fut nommé cap de Salijbury. Entre la terre-
ferme au fud & une île , était un détroit avec
un courant rapide -, les deux proniontoireis qdi
le formaient fiirent appelés, comme nous l'avons
déjà vu, l'un cap Diggs^ te l'autre Woljienhoùti»
Gn trouva fur l'île de Dîggs un troupeau d'a-
nimaux de refpèce du Cerf ( des rennes ) , mais
on ne put \ts atteindre avec le fiifil. Après une
marche d'environ yingt ou trente lieues , la mer
devint moins profonde, ils fe trouvèrent parmf
des •rochers & une multitude de petites îles -, la
nier devenant toujours plus bafle, ils furent obli-
gés de mouiller par quinze braffes. Peu-après ils
levèrent l'ancre , & fe tinrent au fud-eft le long
de la tene -, ils fe trouvèrent enfuite dans une
grande mer qu'ils reconnurent pour une baie , ils
y prirent de l'eau & du left. Au cinquante-troî-
fième degré latitude nord, ils apperçurent une
île. Mais l'équipage s'étant permis quelques re-^
marques înconfidérées fur l'entrée & la fortie
d'Hudfon dans la baie , ce capitaine déplaça le
maître de fon yaifleau, Robert Ivet ^ auffi bien
que fon contre - maître , & mit à la place du
maître Robert Bylot , & William Wilfon à
celle du contre-maître.
Enfin , le jour de faint Michel il s'arrêta au
milieu d'un grouppe d'îles; & nomma ce lieu,
baie de Saint-Michel. Il avait jeté l'ancre dans
une «au fort baffe , loxfqu'il voulut démarrer de
là, il perdit fon ancre, mais il conferva heureu-
fement le cable. Il toucha , dans l'obfcurité , fur
Un rocher , dont la marée le tira fans qu'il eût
xeçu aucun 4ommage# Après avoir erré çà &:
tz4 DiSCÔtrVBltTBS ET VoTXCEt
I2 afTez long- temps, HudfoTi fe détermina $
mouiller dans la baie ,où il était , & d'y paf-
fer l'hiver puifqu on était déjà à la fin d'oc-
tobre. Ayant trouvé une place convenable, il mit
le vaifTeau en fureté contre les dangers de la
mer , & au bout de dix jours il était environné
de glaces. Hudfbn penfa alors à ménager les pro-
tons, car il n'en avait pris que pour fix mois^
qucHcp'il eût pu en prendre pour plus long-temps.
Son deiTein n était que de les Êdre durer jus-
qu'au printemps, comptant pouvoir aller alors au'
cap Diggs j où les oifeaux aquatiques fe trou^
¥ent en grand nombre. En attendant , il propof»
des récompenfes à ceux qui tueraient quelques
animaux , ou qui prendraient quelques poiflbus*
Au milieu de novembre le canonier mourut. La
xelarion donne à entendre que ce fut par la fuite
des mauvais traîtemens qu'il avait reçus d'Hudfbn..
Ce capitaine avait reçu à Londres , dans
iâ maifbn , un jeune homme nommé Henri
Green^ d'une famille honnête, mais qui avait
perdu l'affeâion de fes parens & de fes amis pas
fa mauvaife conduite & par fes extravagances.
Hudfon lui avait fait obtenir de fa mère quatre
guinées pour acheter des habits , & il l'avait
emmené avec lui fans que la compagnie en fût
rien. Ce jeune hommje s'était déjà rendu cou-
pable de quelques Êiutes^ car il avait eifayé, à
i
DAKS r.B Nord* hj
Har^ch , de dé&rtei avec un matelot , & en
Iflande il avait battu iCiuellement le chirurgien
du vaiflèau. Malgré cette conduite repréhenfibk^
Hudfbn avait toujours pris fa défenfè. La faiibn
étant alors fort avancée , Se la terre couverte à»
neige, Hudfbn engagea k charpentier à bâtit
une cabane où ils puilènt paiTer Thiver. Ceiuixi
refulà de le faire fous prétexte qa*il n'était pas
charpentier de batimens, mais devaiflèau. Se <]i»
d'ailleurs il devait donner fes ordres avant que
la neige eût couvert la terre & que la gelée
Veut fi fort endurcie. Hudfon fe laifla emportear
dans cette difpute , julqu à battre le charpentier»
Lor{que celui-ci voulut fe mettre à l'ouvrage il
eut befoin d'un compagnon 9 le capitaine avait iS-*
vêtement défendu que perfonne allât nuUe part
feul^ & Green qui voyait le charpentier malheo-»
reux, l'accompagna. Cette démarche re&oidit beaor
coup Tamitié d'Hudfon pour le jeune homme »
qui dès-lors s'iempreffa de faifir toutes les occa**-
fions de perdre Hudfon dans l'efprit des gens de
fon équipage, d'alièi^r de lui tous les cœurs, &
de femer ces germes de divifions qui devaient
lui être fi funeftes. Pendant tout l'hiver Us virent
tant de gelinottes dç de coqs de bruyère qu'ils
en tuèrent plufieurs milliers/ Lorfque ces oifeanx
. quittèrent ces lieux au printemps, ils forent rem-
placés par des cl^es^ des oyes Su des canards
tl€ DÉCOUVERTES ET VoîPAGES
fauvages & des (àrcelks qui ne firent cependant
que paffer du fud au nord , parce qu'ils n'y firent
pas leur ponte comme on s'y était attendu^ en
très - peu de temps on n'en vît plus. C'eft alors
que commença la grande détrefTe de ces naviga-
teurs. Ils fiirent réduits à manger de la moufTe 6c
des grenouilles.
Thomas Woodhoufe 5 jeune homme qui les
avait accompagnés comme volontaire, & qui avait
étudié les mathématiques , leur apporta les bran-
ches &: les bourgeons d'un arbre qui étaient pleins
d'une fubftance femblable à la térébenthine. Le
chirurgien les fit bouillir & en fit une tifane.
Il appliqua les bourgeons en forme de cataplafme,
fur les bras & les jambes des malades , ce qui
leur donna un prompt foulagement. Je penfe
que ces bourgeons étaient ceux du Tacama^
haca ( PopulUs Balfamifera ) j qui contiennent
une réfine glutineufe comme la térébenthine &
qui en ont l'odeur. La décoâion de cts boiir^
geons était cenainement un très - puiflânt antî-
fcorbutique , & dut réellement difliper les dou-
leurs &c l'enfiure de leurs membres attaqués du
fcorbut &c du rhumatiime. Les jeunes pouifes ou
bourgeons du fapin> (*Pinus Manana &c Pinus
Canadenfis) font aufli un bon remède contre le
fcorbut. Un naturel de ce pays les vint voir, ils
lui donnèreni: un qouteau & quelque bagatelles.
à
r
. DAKS JLE NôHD. 127
Ce fauvagc leur apporta en retour quelques peaux
de caftors & d'autres animaux. Il promit de re-
venir, mais on ne le levit plus. Ils' prirent en-
core quelques poiflbns , mais c'était un faible
fecours. On prépara tout pour le départ, après
quHudfon, les yeux remplis de larmes, eut diC-
tribué le refte des provifions en parties égales.,
Immédiatement après le départ, Green , avec quel-
ques autres & particulièrement Wdfon , Michel
Vkrce & l'ancien maître Ivtt , fe mutinèrent. Ils
mirent Hudibn avec fon fils , qui n'était encore
qu'un enfant , Woodhoufç ,- le mathématicien ,
Philippe StafFe , le charpentier du vaifleau & ciji?<j
matelots dans la chaloupe. Ils ne leur donnèrent
qu'un feul fufil , quelques épées & une très-petite
quantité de provifions, & les abandonnèrent ainfi
à une deftinée infiiilliblement malheureufe^ avec
une dureté de cœur difficile à comprendre. Ceux
qui reftèrent dans le vaifleau firent route le long
de la côte à l'eft. Ils defcendirent fouvent à terre ,
& ne pouvant, prendre aucun poiflbn, ils mangè-
rent une herbe qu'ils appelèrent Cpçkle - Graff\
(on peiit croire que c'était une efpèce de varec,
peut-être le Fucus-Saccharinus) \ fans cette herbe,
ils feraient immanquablement morts de fitim. Ils
arrivèrent enfin au détroit & aux caps , où ils.
virent un grand nombre d'oifeaux couvans fur
leurs nids. Us en tuèrent beaucoup. Us échoué-
tii DÉdotjxTKRïis ET Voyagea
tent dans ce lieu fur un rochet où ils relièrent
huit ou neuf heures. Car ils échouèrent pendant
la marée qui venait de Teft, & le reflux venait de
i oueft. Dès qu'ils furent remis à flot , ils pourfuî-
virent leur route , & tentèrent de tuer quelques
ûifeaux près du cap Diggs* Ils virent dans ces
parages fept barques remplies de fauvages dont ils
fc firent amis'5 mais bientôt après ils hirent atta-
qués par ces mêmes fauvages , qui tuèrent Green
& blefsèrent les autres ii dangereufement , que
les plus braves de l'équipage Se principalement
les cheft de la révolte , moururent le même jour
ou le lendemain de ce combat.
Alors Bylot devint le chef de ceux qui ref-
taîent ; ils tuèrent plus de trois cents oi-
feaiix de mer. Ils avancèrent enfin plus loin ;
mais ils fiirent réduits à une telle extrémité ,
qu'ils fe trouvèrent obligés de manger les en-
trailles & même les peaux des oifeaux qu'ils avaient
dépouillés. D'abord ils tentèrent d'aller à Tçrre-
Neuve , mais un vent de fud - oueft les en em-
pêcha , alors ils dirigèrent leur route vers l'Ir-
lande. Leur détreflè augmentant , ils prirent les
os des oifeaux qu'ils avaient mangés , les firent
cuire avec du fuif , les arrosèrent d'un peu de
vinaigre 9 & mangèrent ce ragoût avec délices.
Us avaient perdu tout efpoir d'arriver en Irlande.
Robert Ivet mourut alor6; Us venaient de mettre
dans
PANS Lfi Nord. h^
dans la marmitte leur dernier oifeau 5 ils étaient
dépourvus d'alim^ns , lorfqu ils découvrirent Tir-
lande. Us eurent cependant les plus grandes dif-
ficultés pour obtenir quelques prdyifions y mais
enfin ils arrivèrent , par flymouth & Gravefend ,
à Londres.
Il fe fit des découvertes importantes dans ce
voyage^ mais il en coûta la vie au malheureux Hud^
{on & à fceux qui étaient avec lui. Jamais fans
doute une plus noire ingratitude que celle de
TinSme Green, ninfeda le cœur humain j Hud-
fon avait arraché ce miférable à la perte où il
courait 5 il l'avait retiré dans fa maifon & l'avait
traité comme fon propre filsj il avait , même avec
trop de faiblefle, pris fa défenfe lorfqu il s'était
rendu coupable des plus grandes fautes. Tant de
fpins , une amitié fi tendre n'amoUiffent point ce
cœur de fer, il a la fcélérateflè de Ibulever l'é-
quipage contre fon chef^ la cruauté de livrer fon
bienfaiteur , fon fécond père , à la fiireur d'une
mer orageufe &. immenfe , dans une frêle bar-
que, fans provifions, fans armes & fans habits ,
dans un âpre climat où la terre couverte toute l'an-
née de neige & de glace, n'eft habitée que par
des bêtes fauvages & par des hommes plus fau^
vages encore.
L'adion barbare de Green & de fes complices
xje demeura cependant pas long-temps impunie j
Tome IL I
13© DéCOUVERTES ET VO¥AGES
«1 fat, ainfî que fcs compilas, comme nous Ta-
vons dit , tué par les Efquimaûx , & le refte de
fes compagnons fat réduj| à la plus afixeufç
misère.
On aura peine à le croire , il cft cependant
tien vrai que la caufe de ces fortes d'aventures,
«ft dans les mauvaifes lois concernant la naviga-<
tion & les cens de mer. Il n y a que quarante ans
Won a patte un afte par lequel les matelots ap-
partenans à la marine royale , qui auraient rfefafé
d'obéir à leurs offitiers après un naufrage, ftraienj;
punis. Aftuellemcnt même, ks officiers de la mâ-
tine royale ont feuls le privilège de punir ceux
<3ui ont commis quelques fautes, ou quelques
in£caâions aux articles de guerre. A bord des
vaiiTeaUx marchands & même far ceux de la com«
pagnie des Indes , ni maître , ni capitaine n'a le
«droit de punir aucun homme de fon équipage,
ic s'il le faifait, les matelots, à leur retour, pour-
taient rendre plainte contre lui , &c demander
fatisfaftion, ce qui leur cft rarement re&fé, parce
^uîl eft bien connu que le pouvoir ufarpé par
les fapérieurs dans ces circonftances, excède trop
ibuyent les limites naturelles. L'intérêt & la crainte
de perdre leur paie en tout ou en partie, en cas
^e refas de rem^dir leurs devoirs , font les feuls
liens qui attachent l'équipage à l'obéifTance duc
au capitaine, Delà vient jqu'on encend^ fi {biiyent
Dâirs LE Nqbq^ Xjj
paxUr fur Us: r^i^n% angkis , de révoltes con-
tre les capitaioes qui font q\i tué« tm e»pQ(es fuc
quelques sivage^ iibWs. On aurait fouveôr vu dec
nouveaux voyage»; entrepris » ^ nos jours ^ ans
dépens de particuliers, & Ton neuc ^ainc lc9
lautineries des équipsige^ qui fom p^dre txmt le
£ruit d'une 6ntrepri|e de çett^ ^èee^ Ceft pour
ceirte railbn qu-on ne peut, même aujourd'hui,
employer que desvaiâèau^ de guerre dans ces ex«
pédicions. M. Alexandre Ualrymfh , t^ès^babild
nangi^eur, doAt k zèlo poui? iei$ d^couvertm
égale le courage. & la ie^m^t^s aucaic depuis^ long»
ti(n»ps m>uvé parnfû fès amis tout ce qui feraio-
nécoilàir^ pous un voyager propre- àr r^nipiir cet
objet \ il le gouvernement d'AngUteriref 4ui eM
accoodé ^ comme il le deiiiandait , d'écendre ait
v^iTeau deftiné à cette entreprit, le réginiK^ &L
1^ lois de la marIpQ i^oyal^.
Hudfon trouva la cote orientai..^ du Qroeolandi
toute couverte dç glaces , comme 09 1» trouver
aujourd'liui. Le bouleverfement vraiment tffirayant
des moptagnes de glaces à été auffi obfervé par
Fnck^t^\% continuateur d'Hudfon. JLa grande quani^ .
tité q|u'il y en avait d'acçumidée dans le. détroir
de Uavis , obligea Hudfpo 4e tourner à l'oueft y
& conféqfiiemmeDt de &ire hm ^céFein , la dé-
couverte du détroit appelé de fen iioqu Us trou^
vèmt ait cef Diggi^ ^% tAt^\% 4q Vor<^Ue Se
1^2 DéCÔtJVÏRTIS ET Vô¥AXÎES
•du cochléaria ( cochleària officinalis ) : ces plantes
font d'excellens remèdes contre le fcorbut de mcn
Je fus très-furpris , dans mon voyage autour du
inonde , de trouver les bords des contrées que
nous vifitâmes , tout couverts de ces plantes qui
font de fi puiflans antifcorbutiques. Dans les îles
du Tropique nous trouvâmes l'allelnya ( ojcû/ij),
la poivrée ( lépidium oleraeeum & pifcidium ^ le
cardamine farmentafa) \ dans la nouvelle Zélandc
te la terre de Feu, une efpèce de creflbn {arabis
heteropkyllâ) & le céleri {apium-decumbens). On
ferait tenté dé croire que la providence a placé
àdeflèin dans ces lieux, ces plantes utiles pour
foulager les peuples qui habitent les bords de la
mer, 8^' tes gens qui reviennent de longs voya-
•ges 5 d une maladie dont l-es eflPets font fi terribles.
Le matelot affligé du fcorbut [ne chercha pas
long -temps le remède à fcs douleurs, car dès
qu'il defcend à terre , il trouve fous fes pas chan-
ccllans CQ% végétaux falutaires & fi appropriés à
fes befoins.
Ceft une chofe vraiment inconcevable, que
la quantité de différentes efpèces de gelinottes ic
de coqs de bruyère qu'on prend & qu'on mange
dans les coinptoirs de la compagnie de la baie
d'Hudfon. Quelquefois on en tue^ansunefailbn
plus de dix mille. ' /
Lorfquc îa baie d'Hudfon était au pouvoir des
DANS LB Nord;* r^jr
-ÎFrariçais , depuis i^^7 jufqu en 17J4 , un gouv-
verneur du fort de Bourbon tua Se mangea avec"
fa garnifon compofée de quatre-vingts hommes •,
quatre-vingt-dix mille- gélinott^i dans un hiver î^
éc Viingt-ciaq' mille lièvres. Ajoutez à cela Tinr
Bombrable quaatité de cignes, doyes & de ca-
nards qui viennent au printemps dans ces lieux.
Outre cela 5 on y prend un grand nombre^ de reur .
hes^ Il eft étonnanr qu Hudfbn qui avait coutume*
^'agir en toutes les occafions avec' prudence, n'ait
'pas confirvé pour- le printemps &. pour achever
Ion voyage, quelques-uns des oifeaux qù'it avait
pris en iî grande quantité* Mais le défordre qui
s'était mis dans fon équipage: lui^ aura probible:*-
ment fait commettre cette négligence.
Ce qu'il y a de remarquable , c'eft que .les
fcélérats qui avaient traité Hudfon fi cruellement,
s*8taîent engagés à cette aâion atroce;, comme i
quelque chofe de- louable y par un ferment fait
fur la Bible , félon la coutume des Anglais ; ilt
jurèrent que tout ce qu'ils entreprendraient ferait
à la gloire de Dieu 8c pour le bien des hommesi
Peut - on imaginer un abus plus révoltant d unr
aâe facré de. religion ^ ou une plus honteufe hy.~
pocrifie?
XX. Lorfque Habakuk Pricket dit que Ir
vaifleau d'Hudfon avait échoué fur un rocher près:
de X^Q Diggs^ & qu'il avait été remis à flot par
ts4 DÉÔ0UTTltTB5 KT VOTAÔBS
lô flux venant de l'oueft, ce récit ranima Tefpi-
unce <le la fbciétë qui avait fait les ârais du pr^
^er vâ^rage , & lui £lt croire qu'il fallait bieti
Ajail y «uc 5 qixdx^ pai^ à Toiiâft de la baie
«d'Hudfon , un détmit à tx^wets letp»! la iHarép
-wnart de loneft. Qhc & la pirtte de la mttc décoif-
*T«t« pat Hudfoa «tmt fimfltmcm voit bai^ ^ le
•flot devait nécsSJàkGtntM y yenit de Teft» En
Cuj^jofaiit que le Six ^rittc de Teâi, il devait à^
-mmucx en baateui: i çtOfotûoQ qui! entrait daa^
fa baie> mais ici c'était exaâemeat lecontraixe^
i:ar le flkit était plus bas à Tentréc tju il ne l'étaît
jfhis loin. U était donc très-probâbje que ce (h%
«LiVIi & vetiacit de loueft, fortuit d'une mer ^ui
n'avait pas de ccwhmunication avec Tcnfrée du
étroit dUadfoQ. L'hamanité d^ailleurs femblait
jàcmander^-que, dam k cas où l'infortuné H^d^
{oa & (es csDmpagnons feraient encore yivans , on
ifis arrachât de Tétat de profonde misère où Us
devaient céceflairement fe trouveî*.
On équipa conféqucmment pour cette entre*
prife» deox vaiiTeaux dont Tun fut nommé Ik
M£Jûlution^ l'autre la Découv&ru {a^x Thomas
(a) Il eft à remarquer que dans le demîér voyftg
entrepris par rilluflrc & înfonun^ i ook, dans la tner d*
jBpd , Si dan<; ie« panks d^ N<}pd entré TAlîe h l^Amé*
rîque, fes vgiffe^Hx. avaient le mêinç nom ^ue cçuk em-
ployés dans cet^ expédition.
Butfon, navigateuf très-cxpétîm«nté , que le roji
cré^ chevalier dans la fuite pour reconnaître quel-
ques fervices qu'il avait rendus, fat choifi pour
commander toute Texpédîtion , & le commande-
ment de la Découverte fat donné au capitaine
Ingram. Outre ces deux perfonnes , Button em-
mena avec kd quelques autres habiles gens. Le*
premier maître de la Réfolution était Nelfon^
homme dune expéiiencerconfonunée&d'un granJ
iavoir ; ce fat de fon nom qu'on appela la ri-
vière ou ils pafsêrenc l'iiiver , la rivière de Nel*
fon. Il y avait encore deux perfonnes des eon-
naiflànêes defquelles nous prendrons une haute
klée d*^apfès le témoignage de Button. L'un était
Ion parent & fon ami, ilfe nommait Gibbons v
l'autre était le capitaine HoM^kridge. Le nom du
maître du vaiffeau de Button, était Jojiah Hut-^
iartj hommd qui avait' la meilleure' idée de cette
entreprife & de la pofïîbilité d'un paflagR Enfin ^
Button était accompagné par tiahakuk Pricket
qui avait fait- le dernier voyage avec l'infortuné
Hudfon. Us prirent des vivres pour treize mois^
& mirent à la voile au commencement de mat-
i^iî., ils dirigèrent à l'oueft 8c arrivèrent au dér
troit d'Hudfon , ou- ils entrèrent par le fud des
îles de la Réfcdution , ils y farent quelque temps^*
bloqués par la glace. Edïn ils touchèrent à l'île
de Diggr oà ils pafsèi ent huit jours pendant le&
'Ï3V DÉCOUVERTES ET VoYAÔES
quels ils s'occupèrent à conftruire une pinafle qu'ils
avaient apportée en pièces , cf Angleterre. Enfuite
ils avancèrent davantage à Toueft , où ils virent
une terre qu'ils nommèrent CareysSu/aas-Nest.
Delà ils marchèrent au fud-ouefl , & revinrent au,
♦foixantièmc degré quarante minutes latitude nord*
à cette terre que Button nomma, à caufe de ce
xetour 5 Hopes-Checked ( Efpérance-trompée ). Là,
ils furent furpris par une tempête fi fiirieufe qu'ils
furent obligés d'entrer dans un port pour réparer
les dommages que leur vaiffeau avait foufFerts*
Mais bientôt l'hiver , très-rigoureux dans ces pa*
rages, fe fit fentir, & Button fût obligé d'hiver-
ner par le cinquante feptième 3egré dix minutes
latitude nord , dans une petite baie fiir le côté
nord de la rivière ; ils nommèrent ce lieu port
Nelfon^dvL nom du maître du navirequi étoit mort.
Button aflura le mieux qu'il put les vaifleaux con-
tre les tempêtes, les glaces & les hautes marées,
au moyen de pilotis qu'il fit enfoncer à Tembouchurc
de la rivière. On pallà l'hiver dans les vaifleaux ,
on tînt conftamment trois feux allumés. Malgré
le foin qu'il prit de fbn équipage il mourut plu-
fieurs perfonnes. On mangea pendant cette faifon
vingt-une mille fix cents gelinottes.
Button lui-même fut >indifpofé durant les trois
ou quatre premiers mois de l'hiver. La rivière
'Nelfon n'était pas encore gelée au id" de février.
»AH5 LE NôRCf. Î37
qtfoîqu il eût déjà fait extrêmement froid j les
Tents doux qui fuivirent immédiatement le temps
froid , avaient amené le dégel. Button avait ob-
fervé que pendant les premiers voyages Tinadi-
vité & le défaut d occupation avaient été trop
fouvent la caufe de mécontentemens , de mur-
mures & de ligues fecrettes parmi l'équipage
contre les fupérieurs, Poiir prévenir ce danger,
il donna à chacun une tâche à remplir , & un
emploi convenable à fa capacité.' Il chargea l'un
de chercher ce qu'il y aurait à faire au cas que
l'eau vînt à manquer dans leur féjourj'un autre
fiit occupe à découvrir la manière la plus avanta-
geufe de faire la recherche qui était l'objet de
leur préfent voyage. Il enjoignit à d'autres de lui
donner par écrit un calcul exad de leur voyage
jiifqu'à ce moment , avec les diftances refpec-
tives de chaque lieu, la route du vaiflèau, la lon-
gitude 6c la latitude , les variations de l'aiguille
aimantée , les fondes, & enfin , les obfervations fuc
les vents , les faifons, la marée, &c. De cette ma-
nière perfbnne n'eut le loifir de penfer à mal faire.
La rivière Nelfon commença à fe nettoyer des gla-
ces dès le 2 1 avril 5 mais ce ne fut que deux mois
après qu'ils remirent à la voile dans le deflèin
d'examiner la côte oueft de la baie que le capitaine
appela de ^n nom , baie de Button. La terre voi-
fine fut nommée New-}f^ales. Ils trouvèrent au foi-
I
Ijl Dico:aVKAT»S Et VoYAGHJ
xantième degré , un fort courant qm alll^ <^dk
quefois à Teft, d'antres Ibis à loueft. Cette ck-
confiance engagea Hubbart z défigaer cette pai:-^
tie, dans {a carte » fous le tkre de Huibaris--
Hope^ La plus haute latitude à lamelle Button
ait étendu fes recherches eft enrVircm lefoixante-cin-
quième degré. Les obfervatiy^QS ^'il eut occafion
de faire dans ces pafagi^, fur la nfarée^ étaienr
telles, qu'elles ne lui laUsèrem pas le moiôdi^
4oote fur la poffibilité d'un pafTage au nord. H
nomma quelques îles fituées; au fod-eft de D»
terre de €areys^S%^an$ - Ne(ly îies< de Manfiîl
(Mansfield) *, à IToueft de ct^te mème'^târre» il vit
une efpèce de baie qu il ndmma Neth-phiS-ulifûè'
Le point le plu^ naérridional de cette tesfi^ âit-ap^
f elle cap. SvuêhampêoTi ; fur le c^té de l'eft ttdix
Ha promontoire auquel il donna le nom de cap
Fembnoke. Il eftima. de di^ lieues la diftanc& <far
ce cap aux îles Mansfield* Entre le cap^ Chidl^
Se la cot& de Labifadof , les voy.agmi£S' trou¥èr^t;
un autre^ détroit à travers lequel ils pafsèrent, 8ff
delà en feiîte jours ^ ils- activèrent daas Kauiomïnr
de 1^13. » en Ânglecerie..
Ceft une ^ande perte qjie BuuotL n:ait ppinr
publié fon journal, car nous n'apprenons ,. de «es
jelations dilperfées^ qnL nous reftcnt ,. rie» autrfe
chofe.^ fî^ ce^ nr'eft' <pie fon journal contenait deS;
AicmMQoi^ impostantes fitt les marées* & c^autse»
f
iùhfiH àc géographie fhyCiqnt. Il eft tr軫é?ideiic
^u^ les gelinottes foht en très -grande quantité
dans CCS régions , puifque Butron & fon équipages
,ini mangèrent doL-hak cents doueaines.
X X I. la même fociéte t]ui avait entrepris le
pren^if^r Voyage de Button Ik plufieuts autres, en^
voya tn 1^14, pinir It mtnic objet, le Capîtaifle
GiU)ons^ paxetit & ami de Butron» U monta le
miiTftw la Découptncj le même fut lequel But»
foa avait fait fon vofage« Mail à peine &t»ii
«crivé à rentrée du détcoii^ d'Hud&iii , ipi'il fiic
enveloppé pat les glaces^ bc pocté par les veut»
fe kd QOttsaPs dani une baie de la oôte de Labrâ'**
doge M ciiiquaite4kiitlànie degré & drnnî latitudt
itoid) ftn équipage nomma cttte baie Gibbons^
Saie. U 6it forcé de cefter dans ce lieu pèodatsc
l-cfpace de dix ibmaines & fut datant trait ce
tBOsfs ta danger de perdre fon vaiflèau de la vm
Déàffé tfifin de ce périls il reprit k chettiki dt
TAl^etBxre, paxce qxte le bâtiment avait été
crèsHnaitraité par hes ^aces , fie parce que la fai»
fon ^tait trop avancée pour tenter de nouvelles
entreprifes dans ces froides régions.
Fox appelle cette terre où la baie eft fituée ,
Stinenit^^ dénomination dont je ne puis donne^
ancunè raifon (a)* Cétait fans doute la côte de
{fi) Daoc rcrraur du lirre de Fox le moi: itStinenia
I40 DéCÔOVSRTlS ET VôYAôËS
Labrador y & Gibbon s^Hole eft près la coïotAm
<îcs frères Moravci, à laqudUie ces frères ont donné
le nom de Nain.
XXII. Là même année 1^14 , Fotherby &
Suffin furent envoyée avec un feul vaJflèau pour
un voyage dont Tobjet était de faire des décOnf-
vertes dans le^ Nord. Il eft ptobable^ que ce fut
la compagnie de Ruflîe qui fit les Ê*ais de ce
voyage. Après de grandes, difficultés & quelques
jcentatives infrudkueufes;, ils ayancèrent cependant
avec leur barque jufijuawx glaces qui environ-
nèrent Red'Beach. Cette terre forme la pointe
du nord- eft du Spitjbergm & eft fituée fur ce
qu'on appelle le Deer-Fieldf'Rennen Felde\
rîle de Moffen eft fituée au nord - eft de Red^
\Beach. Ils c arrivèrent à ce dernier lieu , à. pied
fur les. glaces, efpérant qu'ils feraient aflcz.' heos-
jreux pour y trouver quelques portions de. baleine;
Mais leur attenta fiit trompée. Fotkérby ajouter:
« Si nous n'avons pas trouvé ce que nous ^défi-
» rions , nous avons vu au moins ce que nous ne
» comptions pas voir \ unç grande- quantité de glace
eft changé pour America*- Maïs cette erreur & quelcjucs
autres qui font corrigées îcî , ont trompé les écrivains qui
fcnt vettus après & Te doifteur Forfter luî-même~, parce
que cet errata eft mal adroitement placé a» nj^eu- d»
livre de fox. . .
©AKs tÊ Nord. 141:
» qui, du îivage où elle était amoncelée, s'étendait
» dans la mer à une diftance où la vue pouvait à
» peine atteindre». Au premier août, ils partii
rcnt de Fair-Haven ( fitué entfc l^gâp Hakluyt,
nommé encore île $ Amfierdam & Tîle de
Vogdfang à la pointe nord-oueft du Spitz-
berg ) , dans le deffein d'effayer s'ils pourraient
paffer au travers des glaces pour gagner le nord
ou le nord-eft. Du cap Barren ou f^ogelfang ^
ils avsdent fait huit lieues nord-eft par cft, lorf-
qu'ils rencontrèrent des glaces à l'eft par fud,
- & pueft par nord. Le 1 5 d'août , ils fe trouvé-^
xent dans la mer qui était gelée de l'épaifTeur
d'un écu.
Cette courte relànon d'une autre tefetativc pour
chercher un paffage au nord par le SpitT^trg^
eft une nouvelle preuve dd l'importance qu'on
mettait à découvrir ce pafïàge qui devait rendre
en effet le commerce aux Indes beaucoup plus
facile. Ceux qui ont cru jufqu'ici avcîc M. de
Buffon & M. Daines Barrington , que l'eau de la
mer ne pouvait geler , trouveront auffi une nou-,
velle preuve du contraire -, car fi , même d^is
l'été, fix femaines après le folftice, la mer était
gelée dans une nuit de l'épaiffeur d'un écu, com-
bien , à plus forte raifon , ne le fera - 1 - elle
pas pendant les longs 6c rigoureuK hivers de ces
parages ?
TiXllh En ii,ij, Fo/Af/iJy foe encore «^
«D^é «tt Nofii» 4aiM k filMiitt le Richard 9^ &écé«
pat U compagciie d« RudW-^ mw U bc pue acutn^i
C9r ptos lom^e Ï9Pmém pécié^nkH à lei^tilii àe»
dâces. U rinySâ à OM catte fiit la<]tteUe tt imi^-
qûa ce qui avait dqà été décoQVort dam Tefpacd
compris «nnt le ^tte t wigriànie &: 1^ f<H«
itanto-onzièim dagté kdtUfie ilosd » £t k vkigt-^
{mèmâ dcgfé ik bngitttcla à loueft» ckçob Oii^
ifiyiV Eedland. Il amair biali daâré avanaecc pl«si
Ipin qa'U ne le fît > mais les glaces lot officient
coBft^nimtnt des obftaçlcs infiamontables;- H y
^ait eependacit lar gcaaé ofpcecle mer entra le
Groenland & King-James-Ntivland (00 nerame
saiffi cette terve, Spéaberg) & Tbo aosait pa peat-
être y tfouvet utt paffage, qwoècjue cette m« foie
auffi obftfufe paa les glaces. Etepmi cetee tea»
tative, la compagnie Ang^aàfe powar te conuaerc»
de la Ruffie , ferribla ne pi» s accapec do dé-
ccmvestes dans le oocdu
XXIV. La naâmw «arcskattdi <fuî avaietot
entrepris les pcemie» voyages aw cr cawo d'awleiM
& Œii avateni fourai affoc tant de lU)éfalitâ,
a«ix &aia c]4i.'il^ wirniU coaté 9 aaakai conteffré
refp&ance^ de décoattisir ce pafego^ Dan* cette
idée ils cnvoyèreftt en tifïf ^ la ÏUcamwUy vaîf-
feau quî avait déjà feit trois voyages pou? ce
même objet, fous le cojjwnaadement des c^i^iiws^
DANS rs Nord. 14 j
Hudfon» Button & Gib^ens, & cette fois qui
éf ait la quatrième , Robert Bylot ou ( comme
Purcbas 1 appelle ByUth) fut à la tête de Tcx-
pédition; Byloi avait accompagné dans ce même
iraiileaia confié alo; s à fes ^oins , le^ capitaines
^ue je viens de nommer. Il avait avec lui pour
maître de fou vaiiTeau, WiUiam Baffin qui avait
Êtit un voyage en 1^08 avec Hali, & qui avait
^ttflS accompagné Budjhn , Butien & Fotberby.
U avait acquis feus ces capitaines ^ une grande
«xpéfience ^ une connaiffance fuffifsane de ht
«ature des irions qu'il devait vifiter , Se de ce
q^uon pouvait faife pour le futcès de cette entre-
prife, Byto^ mit à la voile le i j awil 5 le ^ de
tnai, îl vit le Groenland à Teft du cap Farevi/ell^
Bientôt apeès il fe trouva au mEieu d'une grande
quantité de glace. Baffin vit une de ces malles
de ghu:e qui s'élevait de cent quarante braf][ps {a)
(^> Ce calcul , fwik fiir L'aSècôpiv de Fo»^ eft mal
fait. Cec auteyr, dans fis Voyages du Nord-Oucfty
pag. 137, dî^î qpe BafBn a vu la glace s'élever de cent
quarante brades aurdeflTus de Teau. Mais ceci eft évidem-
ment une erreur de Fox, qui a mal entendu la relation
de B.afEui publiée sar Puncto.
B^O 4it exjj^eflTément que la glace s'élevait de deux
cents quarante pieds s^\i-de(Iùs de Teau^ & il conclur
de U que la ntailè entière était de Tépa^ilèur de ^ent
1
144 DÉCOUVERTES ET VoVAÔES
OU huit cents quarante pieds au-dcflus du niveau
de la mer. Quelques perfonnes afliirent qu il n'y
a jamais plus d'un feptième de la glace au-deffus
de l'eau. Mais il paraît félon M. de Mairan dans
fon ouvrage fur 4a glace, /^tzg^. 2^4, que la glace
ne s'élève fur la furface de l'eau douce que d'une
quatorzième partie de fa hauteur, qu, félon le
dodeur Irving dans fes remarques fur le voyage
dii capitaine Phipps au pôle nord , feulement
d'un quinzième fur l'eau de neige, c'eft pourquoi
fur l'eau de mer il eft très-probable qu elle ne s'é-
lève que d'un dixième ; ainfi multipliant huit cents
quarante, hauteur au-deffus de la furface, non
par fept, mais par dix, mefure de toute la hau-
teur , cette mafle de glace avûit huit mille qua-
tre cents pieds , hauteur qui eft certainement
étonnante ! Au foixante-unième degré feize minu-
tes , ils cherchèrent à pafTer au travers de ces gla-
ces, dans Tefpérance que chaque marée les chafle-
raitde plus en plus & débarrafferait la mer. Après
avoir paffé quelques jours au milieu des glaces , ils
découvrirent le 27 de mai , les îles de la Ré-
folution-, fur la côte occidentale de l'une de ces
îles , ils trouvèrent le premier de juin , un bon
• ■■ Ml I ■■
quarante bradés ou de Ceize cents quatre-vingts pieds. Voy*
Voyages de Pwrchas^ Part% lll^ pag. 857»
• port.
. DANS LE NoRt). . Î4J
. POtt* Au changement de phafe de la lune , leau
. s éleva & retomba de cinq braffes -, la déclinaifon
de Taiguille aimantée était de vingt • quatre de-
grés fix minutes. Le canal du nord ou le détroit
de Lumlejr était de la largeur de huit milles
dans le^ endroits les plus réflèrrés. Us arrivèrent!
le 8 de juillet aux îles Salvages qui forment un
grouppe confidérable ^ ils y trouvèrent ufi grand
nombre de naturels avec qui ils, firent quelques
échanges -, les chiens de <î:ts infulaires étaient, pout
la plupart, mufelés 5 ils portaient des coliers & des
harnois pour traîner le bagage de leurs maîtres
lorsqu'ils vont d'un lieu à un autre. Ces animaux
font d'upe couleur brun-foncé & reflèmblent affez
à des lpups« Les traîneaux de ct% peuples font
revêtus de grands os de poiffons. Ces îles font
fituées au foix^nte - deuxième degré trente -deux
minutes latitude nord , à foixante lieues environ
de l'embouchure du détroit , la déclinaifon de
l'aiguille aimantée eft de vingt -fept degrés
trente minutes au fud-eft , il y a une marée, qui
s'élève prefque auffi haut que les îles de la Ré-
folution ^ & qui vient de l'eft.. Le 15? de juin ,
le temps s'étant éclairci , ils apperçurent les îles
de SAlijhury. Le premier de juillet, ils décou-
vrirent un grouppe d'hes qu'ils nommèrent Mi//-
IJles , a caufe du bruit que font les glaces en fe
Coiffant & fe brif^nt entre ces îles. Leur lati-
Tom^ IL K
T4^ DÉCOUVERTES ET VoYAGEJ
tude cft de foixantc-quatre degrés. Tandis 'qu^ils
étaient ca ftation le long de ces rivages , le flot
venant dé Teft pouflà le vaiffeau de Bylot avec
une très-grande force contre la barre de ces îles.
Le 1 1 , ils découvrirent une pointe de terre à
loueft , qu'ils nommèrent cap Comfort , & dont la
latitude eft de foîxante-cinq degrés. Plus ils s avan-
çaient dans le détroit, plus Teau devenait baffe.
Ce cap était fur la terre de Carey - Swaas -Nefl.
Bylot ne s'éleva que julqu au Ibixante-cinquième
degré vingt - cinq minutes latitude nord , & fut
environ au quatre -vïngt-fixième degré dix minutes
longitude oueft de Londres. Il fe décida à reVénîr
parce que la terre s'étendait au nord - eft. Dans
ion retout il découvrit le 16 àt juillet, près
d'une pointe de terre , un grand nombre de mor-
fes couchés fur la glace. Delà il nomma ce cap
(Point-Sea-Horfe)-, il obferva que le flot venait
da fud-cft & le reflux du notd-oueft. Le 2^, il
paffa entre les îles de Saliftury & de Nottin'-
gham. ïl mouilla à l'île de Diggs où fon équi-
page tua une grande quantité d'oifèaux aquati-
ques 5 & arjriva' enfin à Plymouth.
XXV. Les hommes courageux qui avaient déjà
fait les frais des premiers voyagies pour les dé-
couvertes 5 étaient très-difpofés à en faire de nou-
veaux pour une autre cntrepnfe. C'étaient les
chevaliers Thomas Smith & Dudley-Diggs , Jean.
iSf^olflenkolme & fAldermàfê'Jonès , javéb queî-
'ques autres. Ils choiiSrent Rotert B^ïdt'^oùr ca-
pitaine, & William BàfBn-^ pour piloter Iti^^àif-.
feàu la Découverte fut équipé pour lacînijûîème
fois. Us partirent de GravefêlSd' It 16 àé mars
161 é. La j)remière tetre' qti'fik' Virent j'fhtdaiîi
le détroit de^ Davis au foSxaàte-ciùquiêiiie^-ilegr^
vingt minutes latftudè iiord;^ c'était' re'i4 de'mai.
Quelque Groenlandais* Viriretif à leur Vaifleau'^
de ce qiie Bylot ne's'àïrêtait pas. "'ie^^capîtainè
ne jeta l'âncrë que lorfquitlfat au foîxarife"'-4i^ieiîij5
Ôegfé vingt minutes nord ,' près' <ïe Ta cote 'cf^
Londres de Davis {Uàvls'^s Londoa Coa/lf. 'Lgs
ha'bîtans prhent là fuite (févànt lui & fé iei^irêrenc
Hàns leurs barques. Dans ce détroit qui.' eft 'sur',
la maréd'hè s'élève pas* plus de Huit' où neûif
pieds. Deux jours après ils avancèrent plus au nordi
Ire 30';'ils virent ie^'Hopë^Sanderfonyla, terre la
plus éloignée où Davis -ait- été , au foixahte-dou-
zième degré vingt minutes. ' En continuant leur
toute ils abordèrent à quelques îles par le foiiante-
douziéme degré quarante - cinq minutes nordjoi^
ils ne trouvèrent que des femmes qu'ils traitèrent
avec douceur & à qui ils' firent pséfent de queU
qùes morceaux de fer. ^ Le capitaine donna à cti
îles le nom Womtn^s Iflartds ( îles des Femmes ).
Kij
54» TiïcaVV£KTIl,SlT VoifAGE»
ta marée ne s élevait dans ces parages guère plus
^e fîx pu fept pieds. G^sfeoïnies avaient des rayes
noires fur le yif*\gQ, qui dépaflkiçnt la fuxfacc
dela^eau. Alors Bylpt ne -pouvant plus avancer
vers le nordj à caufe de la grande. quantité de
places ji^.cberch?^ un port où il pût attemlre que
ies glaces iuflfent çhaffées. Il le trouva par le
foîxante-treizièrne degré quarante - cinq minutes.
Xes habîtans vinrent bientôt le voir Sç lui appor-
tèrent des peaux de phoques , & des ^ dents de
iiarv«4 ((O.en échange pour du fer. D'après cela
il nomnia cq ff>lk iHornr^ound). Il rcfta dans
ce lieii encore <juelqucs jours , & enfuite il remit
^ la voile. Le vent était tQuiours cpntraire , maïs
la^glace était prefqu entièrement dil|îpée v de mar-
îiière qu il: put retourner aux îles des Feouncs ,
il'où il fit vingt lieues à Toueft fans trouver de
places.] A la faint Jean les cordages du vaiflcaiu
ctaient tout couverts de glace, cependant le liroid
^^— Il ' I II I > n I ■« I I — ^—n^iM^»
{a) C'eft très-improprement ^'on nomme ces défen(êtf
des cornes. Il efl bien connu gue k narval ou unicome
de mçr ^ eipèce de baleine trouvée dans le Groenland y
t, deux dents de cette forte qui (ont longues Se tovCes ,
mais que rarement on les trouve ensemble dans TanlmaL
Probablement qu'Us en perdent dans les combats qu-Hs &
livrent entrVux ou avec d'autres ipoiflTons. On a vu de
ces licornes enfoncer & rompre dans le ^or^s d'uB vat(^
iêau cette longue défeniè.
j DANS tÉ Nord. 14^
I ëtaît fupportable. Comme la mer était Kbrc , U
I s'éloigna du rivage -, mais le vent contraire lé força
bientôt de s*en rapprocher. Il laifïà tomber une*
ancre pour mefurer la hauteur du flot 5 ce qui
ne lut donna que peu d'efpérance. Le temps alors
fe chargea débrouillards, ce qui fui fit ranger Isr
I côte. Le jour fûivant il vit un Beau promontoire j>-
qu'il nomma du nom du chevalier Dudley-Diggs»^
! C'était fous le foixante-feizième degré trente cinq,
minutes latitude nord. Fort près de ce cap était
I une petite He. A là dîftance de douze lieues delà,*
I il vit un paflage fort grand dans le milieu du-
quel était une petite île qui donnait lieu a ua
double courant» Ils mouillèrent li, mais le vaîC-
feau , quoique' fur deux ancres, dérivant avec le
courant, il fut obligé de lever l'ancre & de tenir
la mer. Il nomma ce paflage WolflenKolme^s^
Sound i il fe divife en plufieurs petits golfes/ S:,,
eft très-commode pour Ta pêche dé la baleine. It
I s'éleva alors une tempête qui l'obligea de mettre.-
Toutes les voiles dedans. Le temps s'étant éclaircî ^
il fe trouva dans une large baie; If remit à 1»
voile , Se alla jeter l'ancre dans un petit détroit:
au fud-oueffi. Mais le vent foufïla avec tant dé*
violence du fommet it% montagnes , que- Bylot
perdit fon ancre & fon cable; Il fiit obligé d^c
s-'éloigner parce que le fond de cette baie était
cntrèremenf couvert' de glace. Il 1 y trouvait unor
150 DÉCOUVERTES ÇT VoYAGfisr
gxande quantité de baleines , c'eft pourquoi il la
nonima . golfe de la Baleine ( Whale - Sound ).
Lai latitude de cette baie cft de foixante-dix-fèpt
degrés trente, minutes. Le temps étant devenu trèi-
beau , il tint fa route à la vue de la terre juf-
qu à ce qu'il arriva à un grand banc de glacç
derrière lequel était fîtuée la terre. Il fe tint à
environ huit lieues au- deflbus , auprès d une île à
laquelle il donna Icf nom ^Hakluyt. Cette île eft
fîtuée entre deux golfes 5 celui de la Baleine &
celui du chevalier Thomas Smith \ celui-ci court
au nord du foixante -dix -huitième degré. On y
obferve une. plus grande variation de l'aiguille
aimantée qu'en aucun lieu du monde connu , car
diverfes obfervations exades firent connaître à By-
lot qu'elle était de cinquante-fix degrés à l'oueft.
Cette baie femble être très- convenablement fituéc
pour la pêche de la baleine ,. c'eft en eflFet la plus
large de tout le golfe. Ce qui l'engagea à fe
porter fuï cette île , fiit le deffein d'y chercher
des fanons de baleine. Mais le temps fut fi mau-»
vais , qu il ne put aborder avec fa chaloupe. Le
lendemain le vent devînt plu$ doux ;* mais la mer
était devenue fi grofle qu'il fut deux jours fans
pouvoir trouver un bon mouillage^ Le temps s'é-
tatit éclairci^ il découvrit un grouppe d'ijes à la
diftance. de dix ou douze lieues de la terre, Il
aurait bien^cfefire y aboxcfef ^^mais le vcnf l'en
©A KS h JE NOR 0. ip
C(Bpêcha. Il nomma ces îles Cay^s. Un ^ent frais
qui avait fuccédé à un grand calme accompagné
de brouillards qu il avait éprouvés , le porta à
Voutik , & il fe trouva, à l'entrée d'un grand
golfe 5 qu'il appela Alderman Jones s^ Sound.
I^près^midi le temps étant redevenu beau & clair »
Bylot envoya une barque à terre , tandis que le
vaiflèau continua fa courfe j mais le vent fouffla
grand frais , .& la chaloupe retourna à bord. Ceux
qui la montaient rapportèrent qu'ils avaient vu
un f ^and nombre de morfes couchés fur la glace.
le long de la côte. Us marchèrent avec un vent
tcd!\s d'eft-nord-eft , le long de la côte qui com-
mençait à s'étendre davantage vers le fud & prc^
i)ait l'apparence d'une baie. Le douzième joui il
çntra dans un autre grand golfe ^ qu'il nommai
James Lancaftcr's-Sound. L'efpérance qu'ils avaient
eue de découvrir un paflàge s'afiàibliflàit cepen-^
dant de jour en jour» De cette baie, une bordée^
de glace courait le long du rivage. , vers le fud;,
il rafa les glaces jufquà ce qu'il arriva au foi-
xante - on^&ième degré feize minutes , où il put
voir la terrç jufqu'w foixante-dixième degré trente
nûputes. Etant alors prpfque par-tout environné
par les glaces^ il fitt obligé de fe tenir plus à
l'eft , dans^ l'cfpérance qull en ferait bientôt dé-
barrafTé > fon deflein .était de.fe tjenir for la dïoiter
di» ces malTes jufquà qu'il eût atleint le foixantcîr
Kiv
'i;2 DÉCÔfTVERTËS BT VôYAGES
dixième degré , & de fe porter enfuite au fudw
Mais fes projets n'eurent pas le fuçcès qu'il efpé-
tait , car il fut forcé de courir à travers ces
glaces entre lefqueUes il fut fouvent enfermé quoi-
qu'il 'fe tînt le plus qu'il put à l'eft. Il en ferra
quelques-unes de fi près qu'il eut plus d'une foi^
beaucoup de peine à s'en retirer. Il ne put ap-
procher de la terre que lorfqu'il fat au foixante-
huitième degré quarante-une minutes ^ alors il vît
le rivage. Mais la grande quantité de glaces l'en
tînt éloigné de fept ou huit lieues. On était alors
au 24 de juillet. Il chercha pendant trois jours
dans ces parages, un lieu pour jeter l'ancre êc
pour obfcrver la marée -, mais les glaces l'empor-
tèrent, après avoir long-temps lutté contre elles»
fous le foixante-çinquième degré quarante minutes.
Il abandonna entièrement la côte de l'oueft, étant
alors diredement vis-à-vis le détroit de Cumber-
land, où il n'efpérait pas trouver un paflàge. Il
^ £è trouva , pat toutes ces contrariétés , dans la nécef-
fité de terminer là fon voyage, & parce que la
faifon convenable pour faire des découvertes dans^
ces contrées était déjà paflTée , & que fon équi-
page était très - affaibli. Flufieurs de fes gens
étaient très - malades & même le cuifinier était
mort. Il fat alors à la côte de Groenland & re-
lâcha dans le pc»ct de CockingSouad 9 au foixante-
cinquième degré quarante- cinq minutes. En dcf*
r
D ANS I.E Nord. 153
tendant à terre dans une île, ils trouvèrent d'a-
botd le cochléaria ( cochlearia oficinalis varietas
Groenlandica) 9 ïoCcUlc (rumex acetofa) & lor-
pin {fedum acre ) en grande quantité \ ils firent
bouillir le cochléaria dans de la bière, & dans
Felpace d'une femaine tous les malades furent par-
faitement rétablis & continuèrent de fe bien por-
ter jufqu à leur retour' en Angleterre. Dès qu'ils
curent débarqué dans ce port du Groenland , les
habitans vinrent leur apporter des faumons &
d'autres poillbns qu'ils échangèrent pour des grains
de verre , des jetons & des morceaux de fer.
Ces alimens frais contribuèrent beaucoup au ré-
tabliffement de l'équipage. C'était une chofë éton-
nante que la grande quantité de faumons qui
fourmillaient dans ce port. La marée s'y élève
d'environ dix-huit pieds. Lorfque l'équipage fut
bien repofé , ils mirent à la voile , en dix-
neuf jours ils virent les cbtts de l'Irlande, &
le 30 d'août, ils mouillèrent dans la rade de
Douvres. '
Ce voyage , quoique très-digne d'attention , ne
nous eft connu que très - imparfaitement par la
relation de BaflSn. Toutes les cartes de la baie
que découvrit ce voyageur , ont été fîmplement
tracées d'après les obfervations faites dans fon
.journal. Car Purchas qui a publié de fi mauvailes
(Cartes, fut cflrayé de la dépenfe qu'entraînerait
154 DÉCOCrVIRTES «T VùtAGlf
llmpreffioQ de Tiniportante caxte de Bai&n^ &
îl cft très - probable <jue c*eft pour cela (qpi'dle
cft entièrement p«due.
Les Groeailandaifcs de l'île de^ Femmes avaient
ics raies noires fur le vifkge élevées fur la fur-
face de la peau*, cette même efpèce d ornement
ai été obfervée parmi les Tartares Tungufes de
la Sibérie, ainfî que chez quelques Jakutes {ay
la diipinution graduelle de la matée vers le nord»
me fcmble itne preuve convaincante qu elle vient
du détroit de Davis , & que, conféqu^iunent ,
la baie dç Baffîn n'a de communication, ni au
nord, ni à Toueft, avec le grand Océan, &
qu'on ne doit pas efpérer trouvar de pafiàge par
cette baie. Il eft cependant étonnait que BaiEa
s^t été le (eul navigateur qui ait julqu'ici examiné
cette baie. Les baleines qu on y trouve en grande
quantité femblent avoir choifi à deflçin cette baie
ou aucun homme excepté Baffin, n^a été , pour j
Étire leur féjour, à caufe de la tranquillité dont
elles j jouifTent* ta baleine a beaucoup d'inftinét,
dyte eft très-capable de diftinguer les lieux où otr*
toir fait Êréquemment la çbailè;.
Il eft vraiment digne de remarxpie, que tov&
{a) Voyez les Voyages de Gmelin, en SSbéne , Panier
première , pag, 79 j Partie II , pag, %oZ^ Voyages d»
Çeorggy^iA. 1I> pag. i$J* . .
BAKS LÉ NOKO. 155^
ceux quî étaient attaqués du fcorbut à bord du
vaîfleau de Bylot^ aient été rétablis en huit ou
neuf jours par. Tufage des végétaux frais & du
poiflbn. C'eft une preuve que rien ne contribue
davantage à faire naître cette eipèce de fièvre
putride, que le défaut d'un air doux & d'aUmens
.frai^. Il eft poffible fans doute de retarder en
quelque manière lés progrès de cette maladie ayec
le malt ou la drêche , mais pour la guérir radi-
calement , rien n eft à comparer à un régime con-
fiftant principalement en végétaux.
XXVI. Ce dernier voyage de Bylot & de
Baffin n'eut pas plus de fuccès que les préçédens.
Il paraît avoir prefque entièrement refroidi lar-
deur de la fpciété dont on a parlé, & quî n'a
plus entrepris de nouveaux voyages au Nord. Il
s'eft écoulé en effet un aflèz long efpace de temps
fans qu'il en foit fait mention. On dit cepen-
dant quelque chofe d'un voyage fait par le capL
taine 'W^illiam Hawkhidge ou Hawkridge^ le
même qui en \6ii & 1^13, avs^it accompagné
le chevalier Thomas Button dans fon voyage 'au
Nord. Mais la relation que nous avons de ce
voyage eft très - imparfaite. Premièrement on ne
fait dans quelle année il eut lieu, ni aux dépens,
ni à la follicitation de qui il fot entrepris s on ne
fait pas mieux ftfi: quel vaîfleau Hawkbridge était»
de qtiel Ueu U mit à la voile , ni/en quel en-
"ifé DÉCÔUVIRTIÈS ÏT VoyAGESr
droit U débarqua à fan retour en Angleterre. ît
femble cependant 3 que cette expédition doit Çc
placer après celle de Bytot en 1616^ parce qucr
Fax Ta décrite après cette dernière, & qu'elier
fe fit avant celle de Fox , & de James qm fe
place en i ^ j i ; le même écrivain Fayant décrite
immédiatement avant la fiennc. »
Hawkbridge dirigea à loueft, & fê trouva le
29 de juin , dans le grand détroit de Lumley ;
3 était le premier qui y fût véritablement entré,
car tous ceux qui l'avaient précédé , s'étaient feu*
Icment imaginé y avoir été. Il ne quitta ce dé-
troit que le 8 de juillet , le ^ il retrouva la pî-
Bafle avec laquelle il était parti. Il fat retardé
long-temps par les courans & par les vents con-
traires. Près le Cap-Charles il trouva une petite
He , dont les environs femblaient lui promettre
beaucoup de poifibn , cependant il n'en put pren-
dre aucun. La latitude de cette île était de foi-
xànte-deux degrés dix-neuf minutes , la déclinai-
fbn de 1 aiguille aimantée 5 était de trcris d^rés
neuf minutes, le fiot s élevait de vingt-un pieds,
& venait du fud-eft. Le 27, il alla plus loin, 8c
le 7 d'août, il vit une terre qui lui parut ctie
file de Salijbury. Vers le fond de là baif^, la
latitude était de foixante - quatre degrés trente
minutes -, la déclinaifon de laiguiUfe de vingt-troî^
degrés dix minutes. Enfin le 10 , il vînt à Seor-
. dAks lb Non©. 157
Horfe - Poïat. Le 11 , il s'avança plus profcndé-
ment dans la baie jufqu a la latitude de fpixante-
cinq degrés, il chercha l'île de Diggs^ dan? l'inten-
tion d'y fonder la hauteur du flot. Il xefta quelques
jours à la hauteur de Kings-Foreland & de lUe
de Mansfield. Un peu plus loin il vit des glaces
fixes, & s'en retourna le 7 feptembre| il était revenu
. près des îles de ht . Ré/plutioa. Le xo^ la pina&
perdit fa ehaloupe, & probahleoxent quH revint
auflî-tôt en Angleterre, car le récit fe termine IcL
Cette tentative de HaWkbrid^ ne reufiame
xien 4e tiouveau. Il eft feulement .temarquaUe
^*il ait été jufqu à ibixante - cinq degrés cntxç
Careys'SwottS'-Nefi & les îles Orientales , ojk
.cependant Bylot avait jeté avant lui. en x^iy..
XX VIL Après un aflcz long intervalle, Telprît
de recherches fe réveilla comme d'un profond
^ilbupiflèmenL Lucas Fox. qui dès (à jçuneilè était
à la mer , & qui était parti avec John Knï^
en qualité de pilote en 1^0^,, avait depuis ce
temps , raffemblé toutes les çpnnaillànces que le^
voyages qu'on avait &its jufqu alors vers le pôle
ardique , avaient données fur cette partie de la
géographie. Il fe lia intimement avec quelques
Xavans mathématiciens de cç temps, (sntre leiquels
il cite particulièrement Thomas Sterne, qui avait
foigneufement recueilli tous les journaux & toutes
ies cartes dçs premiers voyages pout fe perfeélion^
/
Ij8 . DÉCOUVERTES EÏ*VoîrA(ÎES
Ber dans l'art qu'il profeflait, de faire des globes.
Enfiiite il renoua fon ancienne aniitié avec le fameux
mathématicien Henri Brigges , qui lui fit faire coû-
naifTancç avec le chevalier Jean Brooke. C'eft
alors que quelques gens eftimables s'aflbcièrent
pour faire au Nord , un nouveau voyage , que ré-
tarda cependant la mort de Henri BriggeS. Pen-
dant ce tentps lecapirarne Thomas James avait
pcrfûadé à pluficurs marchands- dé Briftol , dé faire
les fiafe d'une pareille etitreprife Ceux-ci follicî-
tèrent Brigges & le chevalieï Brooke' de donner
deux vaiffeaux pour faire enfemble cette expëdf-
tion, deniatnde que Brigges 6c Brooke accotdé-
icnt avec plàlnr; le chevalier Thomas Roe ^ qni
avait été ambafTadeur à la cour de Suède , & le
^îeux chevalier John Woljlenholnte^ furent char-
gés par le roi de pourvoir à tout ce qui feraît
néceffaire* pour le fucccs de cette expédition. Les
Frères de la maifon de la Trinité firent auflî
tout ce qui fut en leur pouvbir pour les fé-
conder. Le jeune Wolftenholme, depuis le che-
valier Jeaii Wolftcnholme, fut le tréforîer des
fends deftines à cette entreprife. Le roi Charles
premier donna auffi un vaifleau pour ce voyage, &
ordonna de l'équiper de tout ce qui lierait nécef-
faire &"de Itf fournir de vivres pour dix-huit mois.
Le capitaine Fox ayant été ptéfenté au Roi , Sa
^Majefté lui donria une carte de toutes les décou-
BANS LH NôRT>, xjj
vertes faites par ceux qai Tavaicnt précédé dam
les répons qu'il allait vifiter j avec des inftruc-
tions & une lettre pour l'empereur in Japon ,
dans le cas où il irait dans la mer tlu fud pat
le paffage qu on eïpétait qu'il découvrirait.
Le capitaine Lucas Fox partit de Dtptford^
le y de mai x6i\ , fut le vai(&au du roi le
Charles, de quatre-vingts tonneaux. Le 15 , il rom-
pit en deux fa grande vergue. Il alla aux Orcar
des ou il ne pat fe procurer une autre vergue ,
& partit. Après avoir paffi le cap Fareit^ell
par un brouillard jil'dirîgcà vers la baie d'Hud-
fon. Alors il fe trouva au vent d'une très-grande
île de glace , & tout près des glaces qui flottaient
en petits morceaux formés par le choc continuel
de la mer contre ces îles qui les mine de manière
qu elles tombent en pièces par leur propre poids.
Enfin, Fox vît le zo de juin , une tetre fur le
côté nord du détroit de Lumley. Il était alors
au foixante - deuxième degré vingt -cinq minutes
latitude nord. Trouvant de la glace dans ce pat-
lâge , il voulut entrer dans le détroit d'Hudfon ,
mais les glaces flottantes l'en empêchèrent égale-
ment. Il tint la mer depuis le cap JF'ûrwick fut
i.*île de la Réfolution jufqu'au cap Childey , fur
les îles de Buttoû , quatre defquellcs il vît diftinde-
incnt. Le 23 , le matin fut brumeux, mais au
milieu du jour le fpleilfiit fî chaud ^ qiie la glace
têo DécOU^ÉRTKS ET VôYASËff
& la poix qui enduifait le vaiiTeau commencèiretiC
à fondre* Il y avait dans ce détroit deux fortes
de glaces , d'abord des montagnes de la hauteur
de dix à trente toifcs *, & de la glace brifée donc
les morceaux égalaient un quart d'acre & quel-
ques-uns deux acres en quarré. La plupart s'éle-
vaient au-deffus de l'eau d'un ou deux pieds &
y defcendaient huit ou dix pieds au-deflbus. Le
30 , ils pafsèrent auprès d'un morceau de ces
. glaces plus haut que les autres, fur lequel était
une large pierre du poids au moins de cinq ou
fix tonnes 9 quelques autres pierres & de la boue.
Ces montagnes de glaces lont formées fur les
rivages par les neiges, &c lorfque le vent fouffle
fiir le fommet des hautes montagnes auquel elles
adhèrent, il les durcit en une glace très-compadte^
& au printemps elles fe ramolliflent à l'approche
du dégel, 8c roulent dans la mer, entraînant les
pierres , la terre & les arbres qu'elles couvraient.
Une de ces montagnes vint une nuit , en chaf-
fknt droit au vaifTeau ; comme elle s'enfonçait
profondément dans les eaux , elle frappa dans fa
courfe quelques-uns des-itiorceaux plus petits qui
étaient entre elle & le vaifTeau, ce qui le garan-
tit de ce choc effrayant. Car fî cette maffe énorme^
déjà minée par l'adion de l'eau , avait atteint le
bâtiment , elle l'aurait aifément fracaffé & fub-*
mergé fous fa propre ruine, puifque cette mori-
% tagne
r
DANS LE Nord. i^j
tagnc de glace avait neuf ou dix braffes , c eft-
à-dire» cinquante-quatre ou^Ioixante pieds au-<leflus
des eaux & peut-être neuf ou dix fois autant au-
deilouS) conféquemment toute fa hauteur pouvait
être de cinq cents quarante ou fix cents pieds.
Le premier de juillet , Fox était vis - à - vis une
féconde île , féparée des îles de, la Réfolution ,
& qui eft appelée dans quelques cartes Terra-*
Nivea. Le temps était chaud &c «couvert , mais
calme de forte qu'ils ne pouvaient avancer. Le
4 5 ils envoyèrent une barque à terre , où Ton vit
quelques huttes que les naturels avaient abandon-
nées ; on trouva auffi quelques morceaux «de bois
flotté Se les traces d'un animal du genre des
cer6. Le 7 5 ils virent un narval long d'environ
neuf pieds > le dos de cet animal était noir, avec une
petite nageoire defCis « la queue était plate fituée
tranfverfalement Se comme dentelée fur fon bord^^
les deux angles de l'extrémité étaient pointus » les
côtés du corps étaient marqués de blanc & de
noir 5 le ventre était d'un blanc de lait , le corps ,
depuis les ouies jufqu'à la queue , était conformé
comme celui d'un maquereau -, mais la tête ref-
feniblait à celle d'une écrevîlfe' de mer -, & fiip
le devant était une corne torfe de fix pieds de
long & noire par-tout excepté à la pointe. Le
même foir ils virent plus de vingt de ces ani-
maux. Le 1 5 , à la vue & à fept lieues des îlc^
^ Tome II • L
1^1 DÉCOUVERtES ET VoYAGES
de Salisbury Se de Rottingham ^ ils tournèrent
vers le fud pour s'éloigner des glaces , ils avaient
alors cent foixante braffcs de fondj les pierres
^ûe la fonde apporta, étaient de la même nataro
que celles qu'on trouvait fur les glaces & qui
font entraînées par elles de la terre - fermer
Ces pierres fe détachant par degrés de la glace ^
tombent dans le fond, qui en eft trèsrprobable^
fneiit tout couvert. Fox obferva dans ce lieu que
i'aiguille aimantée avait perdu (a vertu j U donn^
fes conjeâures fUr la caufe de ce phénomène ^
qu'il attribue au peu de mouvement du vaiffeau^
6u à l'aâtion de quelques montagnes voifines qui
contienilèht peut-être quelques minéraux qui in**
flUent fur la puifiance magnétique de l'aiguille)
Ikiêhie àu £rdid qui agit fur cette aigttiUe comme
U agit flic nous en engourdi(!ànt , ou plutôt
cette caufé eft due à la ténuité de l'air intet-
pofé entre l'aiguille & fbn point atttaâif , ténuité
k^Ui diminue la force de fa dkeâion {a)^ Il étaif
{a) Le célèbre M. Henri EIlîs qlii fit un voyage en
174^ & T747 ^ à la baie d'Hudlbn dans le vaiffeau le
Dobb - Galey , obferva entre les îles & les plus hautes
ktitades, qile l'aiguille aimantée avait peirdu (à Vertu mag-
nétique* Il affigna pour caufe de ce phénomène , i^. les
minéraux pat le(quels il était poffible que l'aiguille fût
fortement attirée ( comme cela arrive en effet dans Ttle
d'Elbe) 3 »^ b p|;oximité du pôle magnétique ^&> en£d
aktfs pcK& de l'île dt Nottirigham , où il avak in*
tentiob J'eavoycc i» chaloupe. Il avait im fend
de pierres & dé moules à trente - dnq braffes»
Le reflux venait cbi notd-ojueâ;» la latitude. étatt
de foixaoce - trois dt^és douze minutes, h^ i^ ^
Fûx fit une obCsT^ation trèfi-iniporcarKie : les îles
de la Ré/hhuiany de Satisbury & de Nattiagham
étaient toutes les tcois élevées à la cote de l'eft^
& bai&s à celle die l'oueft (a). Il vit auffi uni»
grande ({uantité de jnorfss v ii vit le mcm» jour ,
mais dans 1 eloigaement 5 le c^ Pembroke finie
coatinenc de Cary s^Swam^Nefi y où il fe trou-
vait auffi beaucoup de mor&s. Le 1 8 , il appct^
cha d'aâè^ pès cette terse, & le 15 » il vit fi»
un grand ^Laçon un ours blanc 5 i^'il tua après
le firoîd à\ /:lîmat qu'il confîdère comme la vraie càulîê
de ces effets, parce qu'il trouva que raîguillç. reprit (bu
pouvoir & fa direâion , lor(qu'Ii paiïa dans liiî lieu plus
chaud. Nous voyons cependant que Fox avait obfervé
ce fait avant lui, & en avait affigné presque \è& mimée
causes. I
(â) Cette obftrvation da géogeaphie. pkjfiçu^i oSi49
la ^us grande importance, St ne iêmble une prôuye»
lyie dgo& le temps que La mer & jeta avec iixipétuo/ité,
dans la baie d'Hud&n & arracha ces îles du continent-,
elle doit être venue de Teft & du (ud-eft , & avoir
inondé la terré vers l*ouefi ^ circonstance qui a occadonné
leur pofitîoiï' aiftueUe.
Lij
ï<f4 DÉCOVXTERTES ET VOYAGEî
quelque temps. Cet animal rendit quatante^huit
galions, ou cent quatre-vingt-douze pintes d'huile;
1 équipage en mangea la chair bouillie , & la
trouva fort bonne ; rôtie , elle Tentait le poiflon
Se avait une mauvaife odeur. La même nuit il
parut une bande noire dans l'horizon , & le mé-
téore connu fous le nom de henbanes , ou aurores
boréales v Fox confidérait cela comme les avant-
coureurs d'une tempête qui devait s'élever dans
vingt - quatre heures , ce qui cependant n'arriva
pas. Le 1 1 , ils n'étaient pas beaucoup plus avancés.
Ils abordèrent à Careey^s^Swans-NeJly où ils chaf-
5èrent des cignes, mais ils n'en tuèrent point à
caufe des marais , des ruifleaux & des flaques d'eaux
fiagnantes très-nombreux fur ces terres. Le 24, ils
virent quelques phoques au foixante - deuxième
degré vingt minutes latitude nord. Pour ce qui eft
des oifcaux, il n'y en a que peu de chaque efpècc;.
Le 27, il faifait chaud, même dans la nuit. Ils
trouvèrent une grande quantité d'algue & de
varec. Près la terre-ferme à l'oueft de la baie
d'Hudfon , il découvrit au foixante-quatrième de-
gré dix minutes latitude nord 5 une île qu il nom-
ma yïr Thomas-Rœ^S' ff^elcomes ils y virent
quelques fépultures dés naturels, mais ils n'y
virent perfonne. Les lances laiffèes dans ces fé-
pulcres avaient des pointes de fer , quelques-
unes 4e cuivre. Le z8 , Fox obferva une grande
ri J ' ■
"f DAKS^ LE NOKD. téf
quantité de poiflbns fautans hors de J'eau, des
phoques & même des baleines. Il vint enfin à
une île blanche , à laquelle il donna le nom de
Brook - Coiham y elle eft auffi appelléc île de
Marbre. Ils trouvèrent des cignes , des canards .
& un jeune oifeau qui avait te cou & la tête
fi>rt longs. Fox dit qu'il ne favait pas fi c'était
une autruche ou non ( c'était probablement une
çfpèce de grue). Le chien du vaifleau pourfuivitt
long -temps une renne, mais le quartier - maître
n'ayant ni fufil, ni lance, fut obligé de la laiffer
échapper , quoique le chien l'eût arrêtée j la renne
& le chien s'étaient ble(Ie les pieds contre les
rochers & faignaîent abondamment. Ils virent auffi
près de l'île environ quarante baleines qui étaient
probablement endormies. Enfuite Fox s'éloigna i
Foueft du continent , à la vue duquel il refta tou-
jours , il était bordé d'une multitude de petits
rochers. Le maître defcendit le 20 , dans une
petite île fur laquelle il trouva une foule innom*
brable d'oifcaux de mer comme des plongeons
( coVymbtts - grylle Linn. ). Il apporta auffi
delà un renard brun vivant ( canis - lagopus
ou îfatis } -, il avait vu deux morfes l'un des-
quels il frappa d'une lance, cependant il lui
échappa parce qu'il n'avait perfonne pour l'aidoT*
Il apporta auffi à bord une grande quantité de
cochléaria. Fox ordonna d'en exprimer le liic &:
L iij[
de le mcler avec un mirid de forte bière, & com-
manda d'en donner tmc deàai - pinte à cewx qui
en Youdnfienc pour la boiâbn du matin ; ma»
perfonne n'en voalttt feialeaient goûter', de ibrte
que la bière fe perdit & tout Téqttipage «fot ih*
fedbé du fcorfrot (û). L'île fut appelée DurirFoXs
Le 3 1 , ils arrivèrent à une quantité d'4ic^ ^è ,
Fax notamK Briggs^s Mathématks. Le 3 d'août^
(a) C'ed une plainte que font confiamment les com-
mandants des vaiflêaux a la mer. Les matelots ont une
peine infime à (e foumettre â aucune innovation dans leur
kiantère de vivre , & duf&nt-Jls tomber malades, )k ne.
«reulein pas aix&kunent f«re «ifage des remèdes pïé&rva*-
iifs, L*tnfiifion -de drêdhe du cheu-crout , les bifoi&s faits
au Cap avec la &rine de fèigle & préparés avec te levain
aigre, tout. cela était rejeté par notre équipage. Ce ne
fut qu'avec les plus grandes difficultés , 8c après qu'ils
eurent vu que les officiers fal(âient ufage de tous ces
moyens pour fè préfèrver du fcbrbut & ^u'ik s'en trou-
vaient srès-bien , <fi*iU confèmii^nt à en faire de même.
Ce fut pfécifêmem la même opiniâtreté » lorsqu'à k Noti-
velle-Zélande,le capitaine Cook ordonna de faire bouillk
dam la purée de pois une efpèce de céleri & du crefibn^.
la plupart des matelots refusèrent d'en manger, jufqu'à ce
qu'ils euflent vu le capitaine & les officiers en faire ufage.
11 en fut de même lorfque nous commençâmes à manger
les plongeons noir? 8: les pîngoîns à la terré ée Feu ,
ain/i que la thair des phoques , niais à notre exemple !'£-
^ipage apprit à manger de tout.
DàN s L E Nord. kj
Ils côtoyèrent une terre baflc couverte çà & là
de petites dunes de fable, comme les cotes de
Hollande & de Elandre. Plus Fox s'éloignait de
Wekame^ moins la bauteur de la marée était
grande. Le 9 , il fe détermina à entrer dans la
rivièse Melfon à l'enibouchiare de laquelk il vit
quelques baleines blanches* Il mit dehors £a pi-
nafle & trouva les reftes du quartier d'hiver de
Bultun» Il vit des baleines innombrables , de la
grandeur di un masfbuin. Le 1 5 d'août , le temps
étftit très-chaud. Le 175 en remontant la rivière^
il vit ie long de fps bords, des mûres , des feai-
fe$ , des grofeilles & <ju£lques plantes iégami**
pei^o^ Jl •ppeiçut aufll des traces de rennes. Près
de )çe Ueu^ il vit une cabane conftruite en bois
^ ips^^à&àt faite depuis peu*, la place d'un feu^
dips çoîls de icei^ne , des os d'oilèauK & d'autres
/igi^ iemblaienr lui indiquer que les hommes
qui rivaient habitée en étaient partis depuis peu.
]U !<¥ 9 il apperçut du bord du vaiiTeau une renne
icto^aixt Cm le cîvage, mais il ne put latteindre;
1)1 trouva jxnvssfée la ictoix x}ue Bultûn avait
âevie , ii la cétabiic , y mit une«infctîption grar
vée fur une plaque de plomb , 8c nomma cette*
jerxe N£W'f/^ales. Comme le vent jEut contraire
le 19, ils ne purent point avancer. Fox envoya
tmot& de charpentier à tprre pour abattre le Oieil--
Iciir de cinq arbres chpifis par le maître, pour
LÎY
ï^8 DÉCOUV'ERTES ÏT Vôf AG^Ê^
faire une grande vergue ; mais aucun de ces arbres
n'était d une grandeur fufHfante. Le bois eft géné-
ralement petit dans ces parages , car l'épaifleur
de la moufle dans laquelle les arbres font enve-
loppés , les empêche de prendre profondément
racine en terre ; delà vient que pendant qu'ils
croiflent dans la moufle ils font aflez vigoureux,
mais ils ne deviennent pas grands, ils font faci--
lement renverfés par les tempêtes & périflent. De
ces cinq arbres défignés aucun ne put fervir,
ils étaient pourris au dedans. La plus haute ma-
rée du printemps s'éleva de quatorze pieds. Mais
les vents d'eft , de fud - eft & d'eft - nord - eft
avaient poufle le flot dans cette rivière , car fans
cela la' marée ne s'y ferait pas élevée de plus
de douze pieds. De ce lieu Fox alla à l'eft le
long de la côte. Le z^ d'août, il rencontra le
vaifleau du capitaine James & converfà avec ce
navigateur. Le 2 de feptembre , il vint au cap
Henriette ^ Marie , où le rivage de la baie prend
(a diredion au fud> & ainfl il examina la baie
d'Hudfon. On reconnut pareillement toute la côte
entre le port Nelfon & le cap Henriette -Marie.
Çonféquemment il ne reftait plus d'efpérance de
trouver de paflàge dans cette partie du monde,
depuis le foixante-quatrième degré trente minutes
jufqu'au cinquante - cinquième djegré dix minutes
latitude nord. Ce qui engagea Fox à faire quel-»
DAMS t£ Nord. 169
ijues nouveaux cflfbrts au-delà de file de Nottin^
gham^ où il avait trouvé précédemment tous les
paflàges ohftrués par les glaces-, il donna au cap
Henriette-Marie le nom de WoljfLenholme s ^ ulti"
mum vale. Dès le ^ , le maître & le contre-maître
étaient malades. Le 7 5 Fox approcha du CareyV
Svrans-Neft fur lequel il aurait échoué s'il ne
s'était trouvé aJors fur le tillac. Le 8 , il fe trou-
va au foixante-dcuxième degré vingt-une minutes ,
au nord . il avait le cap Pembrocke. Enfin , il
arriva à Sea-Horfe-Point , & le 15 , il vit Mill-
Ilej les voiles étaient devenues par la gelée aulS
loides que du parchemin. Lé i S ^ il vit un cap»
qu*îl nomma King- Charles -Fromontory , & la
pointe fîtuée au nord de celui - ci , fut appelée
le cap Marie ^ du nom de la reine d'Angleterre.
Le premier de ces caps eft au Ibixanté-quatrième
degré quarante fix minutes s le fécond huit lieues
plus au nord. Au nord-oueft du promontoire du
ïoi Charles font fituées trois îles qui forment
par leur pofition un triangle équilatéral , il les
nomma îles de la Trinité, en l'honneur des Frères
de la maifon de la Trinité. Une autre île un peu
plus éloignée de la terre reçu? le nom de l'amî
de Fox , Waher-Cook , & fut nommée île de Cook.
Xe cap de la reine était par foixante - cinq degrés
-treize minutes. Le 10 , il vit un autre promon-
toire fitué quelques lieues au-delà du cercle po-
ïjo DÉcôtryËATES et Voyages
laire , il k nonuna I^ard - Wtfious - PqrtUnd »
parce qu'il a en dEFet quelque leiTeinbUnce avec
la pointe de Portland en Angleterre. Au nord de
ce promontoire la terre s'étend au iud-eft t & il
1 appela Fox's'Farthefl ; mais l'île fur la côte de
laquelle Fox fit ces découvertes ^ cft nommée
dans quelques cartes James - IJland ^ quoique la
grande contrée dans la partie du fud de la baie
de Baffin, vis-à-vis l'île de Difco^ foit auffi ap-
pelée île de iamts. Ce qui a introduit une grande
confiifion dans la géographie {a). Alors ¥ox penû^
à Ton retour ^ il donna des noms à toutes les
pointes de terre de cotte côte, à tous les détroits
& aux îles adjacentes \ il p^ le 5 d'oâobre »
près du cap ChidUy. Plufieurs perfonnçs de fon
(équipage Paient malades^ le courant près de cff^
,cap l'emporta avec beaucoup d'inçétuofité vers
Jie notd^ Ayant enfin travcrfé l'Atlantique, il en-
tra dans la Manche ie } i d'oâobre , fans avoir
jjerdu un feul iomme , ni la moindre pîirtie des
.agrêts de fon vaifliau.
, La relation de ce voyage & les cemaf ques xle
JFox^ montrent que c'était on honune fort infr-
truit (8c un très-Mbbile marin. En effet, il a fait
' ( aS 11 vattdiak mieux appelle c«tte tcrte F<>»'JflAni^
i'ile 4e Fox , f utf«a'a eo a' (tteouorert b fdbte b ^
j&ptentrionale»
. © A K S JL E N OR D, 171
des obfervations tjui ^rahlent appartenir plus à
la pbyficjue qu'à la navigation ^ comme celles
«juil a ^tes fiir la glace ^ les marées, la boitf-
fole, les aurores boréales qu'il nomme henlfanes.
Fox petx(àit auifi que s'il exiftait un-paiTc^^ an
-oord , on le tçouverait néceflàkement dans le fir
ThomuS'Koês'Wtlcom 9 la marée étant plus
-liame là que dans aucune autre partie de la baie
d'Hudfons en outre il y a un grand nombre de
infleines dans ce lieu. •
XXVIII. Nous avons déjà -dit .que le. cs^pitaine
James avait été envoyé auflî pour feire às,^ dé-
couvertes dans le Notd par quelques marchands
^de Briûol, avec un v^îfleau de Toixante-dix ton-
«neaux 5 nommé le Maria, James vint à Londres
J&c fut préfenté par le chevalier Titomus Roe^ au
;jfoi Charles premier. Ce prince lui donjQa, comme
à Fox^ des lettres poux l'empereur du Japon. Il
•|>artit de Briftol le 3 de mai 1^3 i:, & le 4 de
juin , il était à la vue du 'Groenland , & envi-
rïonné À& montagnes de glaces. Le 9, il avait déjà
le cap Farewellà l'eft. Le 10^ il jetait à la hau-
teur <lu cap de la Défolation; delà aux, îles de
la ftéfolution , il peut y avoir environ »çent tjua-
acante lieues. U vit un .grand nombre de hautes
montagnes de 'glaces, &c plufieurs marfouins ( del-
phifLus oua). La mer parafiffalt noire, le brouil-
lard était continuel j ^ais& d'une n^auvaife odeuc.
Le 17, îl appefçut les îles de la Réfoludoir.
Lorfquil en approcha, le mouvement del'aîguillc
aimantée était fufpendu , ce que James attribua à
XzdXow du brouillard épais , groflier & &oid.
Un courant rapide fe jetait dans le déhoit d'Hud-
fon. Les voiles & les cordages du vaiffeau étaient:
gelés. Le détroit était rempli de glace, & lorC-
qu'ils eflâyèrent d avancer , ils furent emprifonnés
dans ces glaces qui les portèrent de tous cotis.
Jamts n*avait1iulle connaiflancé des voyages qu'on
avait faits avant lui dans le Nord \ il avait évit^
à defTein, d'engager fur fon vaiffeau aucun de
ceux qui avaient été faire des voyages au nordv
oueft ou au Spitzberg-, il ignorait conféquemment
ce qu'il fallait Êiire pour fe tirer d'une pareille
fituarion. Ce défaut d'expérience à cet égard l'eit-
pof^ à beaucoup d'incommodités , & le mit dans
un danger imminent: Après avoir navigué avec
les plus grandes difficultés à travers le détroit
d'Hudfon, il porta droit au rivage occidental de
la baie d'Hudfon, où fon vaiffeau toucha plus
d'une fois fur les rochers. Rarement il eut la vue de
la terre à caufe des glaces qui la lui cachaient.
Enfin, il rencontra Lucas Fox avec qui il eut
quelques entretiens, entre le port Nelfon & Ite
cap Henriette-Marie , comme il l'appelle \ maïs,
C eft celui Aç;JP^oljlenholme*s ^ uttimum vale. Après
avoir quitté Fox^ il aborda au promontoire qu'il
DANS Ll NOKD. 173
aomma le premier Henriette-Marie ^ du nom de
là reine d'Angleterre. La faifon propre aux dé-
couvertes était près de finir. Il chercha donc pour
hiverner un lieu à Textrémité de la baie. Après
avoir eiTuyé plufieurs tempêtes , & couru mille
dangers entre les glaces & les rochers qui (ont
en grand nombre dans cette partie de la mer , 8C
fon vaiflèau ayant deux ou trois fois touché les bas-
fonds , il fe fit échouer fur une île qu'il nomma
cnfuite île Charleton. On porta à terre avec les
plus grandes difficultés, les voiles , les cordages ,
les cables, les uftenfiles, les provifions & tout
ce qu'on put tirer Ju vaiflèau. Ces naufiragés fe
firent quelques miférables huttes de pièces de
bois qu'ils gfiacèrent en les inclinant autoui^ d'un
arbre , ils le$ couvrirent de branche^ d'arbres ,
& de leurs voiles qui fiirent bientôt recouvertes
d'une épaifle couche de neige. Ils bâtirent auifi
un magafin. Ils eurent prefque tous les mains ,
les pieds , les oreilles ou le nez gelés. Ils fiirent
obligés d'arracher de deflbus les glaces les habits
qu'ils avaient laiffés dans le vaiflèau , de les faire
dégeler & fecher au feu% Comme leur vaiflèau
était totalement perdu , ils fe mirent à conftruire
qne petite pinaflè avec laquelle ils efpéraient, après
avoir pafle l'hiver , fe tirer de ce trifte lieu. le
j&oid était fi grand fous cette latitude de cinquante-
.4eux degrés trois minutes , que le vin d'Elpagne,
174 Découvertes etVovages
fhuile, la bière, le vinaigre Se feau-de-vie mémo,*
étaient gelés-, de forte qu'ils furent obligés de
couper la première de ces liqueurs avec la hache.
Un puits qu'ils avaient creufé fe gela auffi , mais
une fontaine qui couloir à deux ou trois cents
pas de leur habitation , 8c dont la furface était
couverte de glace Se de neige , n'était pas gelée
au-de(Ibus. Ee foleil & la lune paraiffaient fur
fhorizoïi deux fois auffi longs que larges, à caufe
de la grande quantité de Vapeurs dont l'atmoC-
phère était remplie. L'île était toute couverte de
forêts qui ne contenaient que quelques rennes
& qaelques îfatis. Le 3 1 de janvier , Tatmof-
phèrè était fi claire que le capitaine James vit
deux fois plus d'étoiles , qu'il n'en wait encore
▼u de fa vie. La mer eft gelée toutes les nujits
de deux ou trois pouces d'épailTeur. La lame rompt
cette glace , & en poufîe les morceaux les uns
fiir les autres , ils fe gèlent fur le champ. De cette
manière la glace devient , en peu d'heures, épaiilè
de cinq ou fix pieds, & le norùbre des morceaux
& des plaines de glace augmente au point que
la mer en eft entièrement remplie, & Teau de-
vient fi froide de joûr^ en joHr , qu'enfin elle
eft tnfupportable. Lorfqu^ l'équipage du capitaine
James entra dans la mer au mois de décembre ,
quoique Teau gelât fur lelirs jambes, le fi:oid ne .
leur paruf pas fi tigonreux qu^au mois de juin i
r
DAjps L£ Nord. i«^|
cas alors , il leur fembk Ci piquant 8c û pëtié-
trant qu'ils ne pouvaient iuppotter d'entrer dant
, l'eau de la met.
Dans le mois de février , le fcorbut commença
à fe manifefter, La bouche leut faignait , leur*
gencives étaient gonflées , quelquefois fort noir^
&c putrides , toutes leuts dents vacillaient y ils
avaient k bouche fî douloureufè » qu'ils ne pouh
vaient prendre leur nourriture ordinaire* Quel^
ques-uns fe plaignaient de douleurs lancinantes à
la tête 9 d'autres dans la poitrine , pluiieurs CtBF*'
talent une grande £bibleflè dans les teins , d'âit->
très avaient des douleurs dans les cttifles Se dans
les genoux; quelques-uns avaient les jambes en-
flées. Les deux tiers de l'équipage étaient ent»»
les mains du chirurgien , ils furent cependant
obligés de acavaillex beaucoup, quoiqu'ils' ne^
fent point de fouliers, mais des lir^es entortillés ,
autour de leurs pieds au lieu de cbauffiire. A *
l'air extérieur le froid 'était entièrement infup-
portaUe, les habits n'en pouvaient garantir. Se
nul niouvement ne pouvait entretenir la chaleuf
I naturelle. Leurs cils fe gelaient de forte qu'ils ne
pouvaient pas voir. Ce n'était qu'avec les plus
grandes difficultés qu'ils refpiraient. Le froid était
• un peu moins rigDuïeux dans les bcm^ cefpendant
L lis y forent ^igés d'eûgelw^s au vifage, aut
i nains Se. aux pieds*
Ijg DédOÛVÉRlTES ET^«tdlfAGÉ5
Leur maifon était couverte de neige *épaifle
^es -deux tiers de fa haut;cur y c'était le lieu ou
il feifait le moins froid. Cependant tout Tinté -
lieur était tapifle de glaçons & tout y geloit.
Leurs couvertures étaient rrès-durcies & couvertes
de gelée blanche, quoique leurs lits fiiflènt très-
près du feu. L'eau dans laquelle le cuifinier fai-
fait tremper la viande geloit dans la maifon quoi-^
qu elle ne fut qu'^ trois pieds du feu. Mais dans
la nuit, lorfque le cuifinîer dormait feulement
quatre heures &: que le feu était moins bien en-
tretenu , toute l'eau de la cuve devenait une mafle
de glace. Lorfqu^enfuite le cuifînier fit tremper
la viande dans une chaudière de cuivre, tout près
du feu , pour l'empêcher de geler , le côté près
du feu était chaud , tandis que le côté oppofé
épdt gelé de l'épaiffeur d'un pouce. Leurs haches
& leurs autres outils tranchants étaient émoulTés
& incapables de refervir lorfqu'ils en avaient; cou-
jpé du bois gelé ^ de ibrte que le capitaine James
|ugea nécellàire d'enfermer la hache du charpen-
tier pour qu'elle ne fut pas gâtée auffi. Le bois
verd qu'ils brûlaient dans leur cabane les fuf-
foquait pat fa fumée; le bois fec, au contraire,
était plein de térébenthine & répandait tant de
fuie que leurs lits , leurs habits , leurs uftenfîles
^ eux-mênîes .en. étaient tout couverts, de forte
qu'ils raifemblaient à des charhoniers. Ils eurent les
plus
r
i
DAKSLiNoRP. 177
plus grandes difficultés à fe procurer le boîs, les'
poutres & les autres pièces de bois courbes né*
ceflàires pour la conftriK^ion de leur pinafTe, èar
avant d'abattre les arbres ils étaient obligés de les
' Êdre dégeler par le moyen du feu. Après que
les pièces de bois avaient été ébauchées , on les
féchait encore ^ enfin on leur donnait la derniers
forme quelles devaient avoir, & on les alTemblait.
On était obligé dé tenir conftamment un grand
feu près de ces pièces de bois, car fans cela on
n'aurait pu parvenir à les travailler. Plufieurs perfom
nés de l'équipage étaient très - affaiblies par le .
fcprbut, ou avaient les membres gelés & ulcérés;
d'autres avaient les membres fi contradés par le
rhuniatiCne, qu'il fallait, pour leur rendre leur
foupleflè & leur ufage, les fomenter tous les
matins avec de l'eau chaude &< de la décodion,
de branches de fapin. Dans le mois de mars^ le
ftoid était, auifi rigoureux qu'au milieu de l'hiver;
en avril , il tomba une plus grande quantité de
neige qu'il n'en était tombé pendant tout l'hiver;,
mais les flocons étaient larges & plus humides,
tandis que dans l'hiver la neige était sèche comme
de la pouffière. Au 5 d'avril niême, la. fontaine
qu'ils avaient découverte comme nous l'avons dit,
était gelée. II. y avait une île fituée à quatre lieues
de diftance de leur habitation , qu'ils ne pouvaient
apperccvoir de defluj une petite colline dans le
Tome IL M
17» DÉCOUVERTE^ ET VoYAGES
beau temps & lorfque Tair était pur*, au con-
traire , cette île était vifil^le pour eux , même de
la plaine, lorfque l'air était groffier 3c chargé de
vapeurs.
Ils commencèrent alors à débarraffer encore la
glate du fond du vaifTeau, à chercher leur gouver-
nail que la glace avait emporté Tannée précédente.
Ils defiraient auflî voir û le vaifleau était afTez
bon pour les porter , fans danger , en Angle-
terre. Ils travaillèrent tous avec ardeur pour le
rendre tel. Ils furent aifez heureux pour débar-
rafTer les glaces par degrés , ils remirent ks ancres
à bord 5 retrouvèrent leur gouvernail, le reportè-
rent fur le pont, & trouvèrent Itur vaifféau en
meilleur état qu'ils ne s'y étaient attendus» Après
avoir ôté quelques glaces ils trouvèrent de l'eau
dans. le fond de cale. Quand l'eau fut baffe, ils
bouchèrent les trous qu'ils avaient faits eux-mêmes
dans le fond de leur vaiifeau l'automne précédent,
dans le deifein de le remplir &c de le rendre ainfi
plus pefant afin qu'il tînt ferme, & que la mer
ne pût l'enlever de deifus le fond, & en le rcn-
v^etlànt encore le mettre en pièces. Us retrouvè-
rent les deux pompes ^ firent fortdre la glace dont
elles étaient remplies > & fe mirent à pomper l'eau
de la cale.
Le dernier jour d'avril, il commença à pleu-
voir , ce qu'ils regardèrent comme un figne de
DANS LE Nord. ly^
rapproche du printemps. Le i de mai , il neigea
encore & fit très-froid. Ce temps découragea les
malades, Scieurs maux augmentèrent au point qu'ils
fe trouvaient mal dès qu'on voulait les enlever du
lit. Les oyçs & les grues vinrent alors en grand
nombre, mais elles étaient extrêmement fauvages.
Le 8 de mai , il fit encore fi froid que là glace pou-
vait porter un homme. Le 24, elle fe rompit
dans la baie avec un grand bruit. Le même jour
le foleil fut très -chaud, mais la nuit il gelait.
le dernier jour de m'ai, ils trouvèrent ça Se là
quelques plantes (des vefces ) fortânt de terre,
ils les cueillirent avec foin & lès. préparèrent
pour les malades. Pendant tout le mèis de mai,
les vents du nord dominèrent dans ces parages.
Le 4 de juin, ils eurent beaucoup de neige, de
pluie & de grêle, il fallait fî froid que les étangs
étaient couverts de glace & que Teau gelait même
dans leurs huttes. Leur linge nouvellement lavé
refta gelé toute la journée. Ils levèrent leur ancre
& trouvèrent le cajple en bon état. Le ^ , les ma-
lades avaient déjà relfenti beaucoup de foulage-
ment des feuilles vertes de la vefce, & ils pou-
vaient fe traîner dans la mailbn , ils étaient même
capables de fupporter Tadîon de lair , & ceux qui
avaient été le moins affedés, étaient redevenus
aflcz forts. Les feuilles vertes de la vefce étaient
préparées deux fois par jour, & ils les mangeaicpt
M ij
i8o DÉCOUVERTES ET Voyages
avec de. l'huile & du vinaigre. Us pilaient auffi-
ces feuilles & en mêlaient le fuc exprimé , avec
leur boiflbn. Us les mangeaient encore crues avec
leur pain. Le ii , ils attachèrent leur gouvernail,
ce qu'ils n'auraient pu faire quelques jours avant
à caufe de leur extrême faiblefle. Ils déleftèrent
auffi leur vaifleau. Le i j , tous les malades étaient
. fî bien rétablis qu'ils pouvaient fe promener aux
-environs de leur maifon. Leurs gencives étaient
bien guéries, & leurs dents fi bien confolidées
qu'ils purent alors manger du bœuf avec les feuiUes
. vertes de la plante falutaire dont nous venons de
parler. La mer était toujours gelée & pleine de
glace. Le temps fut très-chaud le i^ , il .éclaira
& tonna. La chaleur fut fi forte qu'ils furent obli-
gés de fe baigner. Mais alorà il parut une mul-
titude incroyable de mofquites ( culex pîpiensj
qui les tourmentèrent extrêmement. Ils virent auffi
"^ une. grande quantité de fourmis & de grenouilles,
mais les ours, les. renards 5c les oifeaux s'étaient
totalement retirés. Le 20 , ils mirent, le vaifleau
en pleine mer, quoiqu'il y eût encore beaucoup
de glace autour, ils le garnirent de fes cordages,
& reportèrent à bord leurs provifions, leurs
voiles , leurs habits & tout ce qui leur était
néceflaire. Enfin , ils mirent à la voile le 2
de juillet -, ils rencontrèrent , au cap Henriette-
Marie^ quelques cerfs , mais leurs chiens ne purent
© ANS lE Nb RD. 18 î
les atteindre. James mit à caiife de cela, fut
le rivage ces animaux , c'étaient un chien & *
Une chienne , & les laifFa li. On attrapa cepen-
dant: fix oifons. Après avoir traverfé avec beau*
coup de peine & de grandes difficultés une mul-
titude de glaces jufqu'au 11 d'août, ils arrivè-
rent à Careys'Swans-NeJlj & enfin* à l'île de
Nottingham. Mais James conGdérant que la fai-
fon propre, à faire^ des découvertes était écou-
lée , qu'il n'avait plus qu'une petite quantité de
proviiîons & que fon vaiffeau était en très-mau-
vîiis état, hâta fon retour en Angleterre.
Il était dans l'opinion qu'on ne pouvait trouver
aucun, paflage dans ces contrées , par les raifbns
fuivantes : i^. parce que la marée , dans' toute^
les parties de cette mer , vient ^e-Teft à travers
les détroits d'Hudfon , & qu'elle arrive d autant
plus ta:rd dans tous les lieux de la baie & du dé-
troit^ qu'elle avance plus loin ,^ z**. parce que ce^
mers ne contiennent pas de petits poiflbns , ce^mmer
des morues, des merluches, &c. & quon n'y en
voit que rarement de grands, qu'on n'y trolîvc rS
baleines 5 ni morfes ,. ni autres grands poiflbns qut
fe rencontrent vers les rivages, & qu'on n'y ren-
contre point de bois flottans» y 3 **. parce que la^
glace.,*au foixante-cinquième degré trente minutes
latitude nord,, eft en grands morceaux plats fur*
k mer> à caufe quelle fe forme dans des baies
Miij
l82 DÉCOUVERTES ET YoYAGtS
peu profondes ; mais s'il y avait un grand Océan
au-delà, on ne trouverait que de grandes montagnes
de glaces , comme gn en voit à Tentrée du dé-
troit d'Hudfon , & plus loin à Tcft j 4*^. enfin ,
par.ce que la glace eft pouflee à Teft à travers le
détroit dans le grand Océan, par la raifon qu elle
vient du pord & qu elle fl a point d'autre voie
pour en fortir. Apres que James fut forti du
détroit, il traverfa l'Atlantique & vint mouiller
dans la rade de Briftol, le 22 d'oâobre 16^1.
On ne peut nier que le voyage de James ne
contienne des obfervàtions de phyfique fort in-
térelfantes fur l'inteniité du froid & fur la grande
quannté de glaces qu'on voit dans ces climats ;
mais on n'y trouve abiplument rien de relatif aux
découvertes des nouvelles régions & des mers. Ses
taifons pour prouver la non-exiftence d'un pafTage
dans ces mers, ne font point du tout ûiti^i-
iàntes. D'abord la première n'eft vraie qu'en par-
tie , car dans l'enfoncement au fud de^ la baie ,
la marée décroît beaucoup, & y anive auflî plus
tard qu'à l'embouchure des détroits s mais il ne
s'enfuit pas qu'il en foit de même par -tout,
cela n'eft pas ainfi , en particulier, dans le jCr 7%o-
tfiaS'RoeS'-Welcome ^ où le flux eft même plus
haut qu'à l'embouchure du détroit d'Hudibn , Se
ctpendant il ne vient pas , dans ce lieu , de i'oucft.
De plus. Fox trouva plufîeurs baleines près TMe
DANS t E NOR m !r8j
Êrook-Cohham (île de Marbre), aînfi que plu-
ficurs narvals ^ conféquemment ce qUe dit James
à cet égard, ne prouve que^ pottr les autres pat;^
ries de la baie. La troifième & quatrième raifoii
n'en font évidemment qu'une ; & puiTquil y a
toujours en cet endroit beaucoup d'eau qui vient
du nord , qui brife la glace & la pouflè iK)ïs
du détroit d'Hùilfon à l'éft , on doit plutôt eft
conclure qu'une autre mer fe |ete dans ces pa-
rages.
XXIX. Apres fes voyages de "Fox Se de James ^
îl fembkSt qu t)n ne devait plus trouver le public
difpolë à foutehir -de pareilles entreprîfes. Cepen-
dant vsi bbargeois du Canada, nommé de Gro*
folie ou de Grâjfelièrs , homme etitréprenant &
qui avaût beaucoup voyagé dans ces parties de
^Ansériqur, était allé avec les fauvages tlu Ca-
ilgda, dans là teftrfr de Ou^mtons^^j feuée fur la
rivière du Wêilic nom , & avait pénétré fi loi»
-dan^ la <x>ntréê , quil avait pris connaiflance de
îa baie d'Hudfon & de fa fituatiort. Èorfqu il £it
de tetour à Québec ^ îl fe joignît âvfec quelques-
uns de fes compâttiôtes , pour équipet une bar-
îi^é daîM liiitention d'acheVer fa découverte pœ
met. Il mit à la voile bientôt après & prit terre
à l'èaitréé d'une rivière que lies fauvages appellent
Pihajfiwet'Schiewany ^ui n'eft qu'à une lieue
<lc la rivière Pawînnwagau ou rivière dtt Port-
M iv
l84 DÉCOUVERTES ET VôlTAGES
Nelfon.Jl fix^ ù réfidence fur le coté du miJi;,
dans une île. à trois lieues de rembouchure de
cette rivière. Les Canadiens qui font de bon^
chafleurs , arrivèrent enfin au milieu de Thiver à
la jrivière du Port-Nelfou (que le$ Français ap-
pelèrent livicie de Bourbon), & y découvrirent
un^tabliflement d'Européens. De Groffeliers y
vint avec fon .monde pour les attaquer, mais: il
ne trouva qu'une miférable cabane couverte de
gazon, dans laquelle il y avait iîx hommes à demi-
morts^ de faim. Un vaiffeau de Bojlon dans, la
îiouvelle Angleterre , les avait mis à terre afin
qu'ils cherchaffent un lieu où Us puflent, eux &
l'équipage , paflèr l'hiver. Pendant ce . temps la
glace avait poufle le vaiffeau avec le r.efte de
i équipage en pleine mer , & ces malheureux . ne
le revirent jamais plus. De Groffeliers apprit
dans le mên^e hiver, qu'il y avait à fept lieues
de fa réfidence, un autre établiffement d'Anglais j
fur les bords de la rivière du Port- Nelfon. Il ré-
foliit de les attaquer. Mais ayant appris qu'ils
étaient dans une place fortifiée , il choifit pour
fon entreprife un jour que les Anglais avaient
coutume de paffer en divertiffemens s ce fut le
jour des Rois qu'il prit , il les trouva tous telle-
ment ivres , que quoiqu'ils fuffent quatre - vingts
hdmmes , ils ne purent fe défendre , & il les fit
tous prifonniers , (quoiqu'il n'eût avec lui qup
» AÎÎ5 Ll NOKD. i8f
quatorèe Français. De cette manière il demeura le
maître de toute la contrée. Après que de Grofle-
liers. eut examiné tout le diftrid , il retourna ,
avec fon beau-ficère Ratijfon , à Québec , chargé
duçe grande quantité de riches fourrures & do
- marchandifes anglaifes. Il laifla cependant fon ne-
veu Chouars^ , avec cinq liommes , en poffeffion
du pofte dont il s'était . emparé. Au lieu detre
bien reçu à Québec , pour fa bonne conduite , il
eut difpute avec fa compagnie à caufe de quelque
butin dont il n'avait pas rendu compte. De Grof-
Jeliers envoya, fon beau -frère Ratijfon eh France
pour fe plaindre de l'injuftice qu'il avait foufFerte j
mais Ratijfon ne fut pas écouté. Il vint donc
lui-même en France , & préfenta aux miniftres ,
fous. le jour le plus favorable qu'il lui fut pof-
iîble, toute l'importance de fa découverte; mais
on ne , fit attention , ni à lui, ni à fes repréfen-
tations, . L'ambaflàdeiir d'Angleterre à Paris , M.
Montague {a)^ ayant appris les offres que faifait
dç Groffeliers au miniftre & l'indifférence avec la*
quelle elles étaient reçues , eut un entretien avec
lui 5 & lui donna , ainfî qu'à- fon beau-frère , ' des
lettres pour le comte palatini fiupert , à. Londres.
(a) Cet ambalTadeur fut créé diic dans la Culte. Ceffi
â liiî qu'appartenoît d'abord le mu(eum Britannicum , que
ia nation. Atiglaife a. acheté de (es héritiers.
Ce prince aimait à protéger & à encourager les
cntreprifes utiles ; il j«reflemît les avantagics que
rAngleterre pourrait tirer de récablîflcment âont
parlait de Groflèiilers. On écjaipa, pour cela, un
yaiflèau du roi en i^^8 9 dont le commanderpent
fut confié iZacharie GHtam^ & les deux Fran-
çais prtirent avec liri. Ce capitaine s'avançar yaC-
quau fbîxante - quinzième degré latitude nord
dans la baie de BafBn, & relâcha alors à Tex-
trémité la plus méridionale de la baie d'Hudfon ^
& entra le 15^ de Septembre , dans la rivière de
Rupert , où il pafla l'hiver. Cette rivière fort du
grand lac Mfiaffie^ Se fe jète dans Tangle fud-
cft de la baie d*Hudfon. Le 2^ de décembre^
leur navire était pns dans les glaces de cetti?
rivière 5 & ils allèrent à pied fiir la glace à une
petite île couverte de peupliers Se de Ëipins d'A-
mérique. En avril le froid avait pre(que entière-
ment ccffé. Les naturels etrans dans ces contrées
qui font plus fîmples ^ plus doux Se meilleurs
que les fauvages du Canada ^ tes vinrent voir;^
mais les Nûdways ou Eskimaux qui prennent
probablement leur nom de la rivière îfodumy^^ ^
ou qui peuvent bien même avoir donné le leur
à cette rivière , font beaucoup plus groffiers Se
lus cruels. Ce fut là que les Anglais bâtirent
e premier fort en pierres 5 ils le nommèrent le
Fort CharUs ^ & donnèrent à la contrée det
i
r
«nvîions , le nom de Terre de Rupert. Enfin ^
après s être acquitté parfehemenc -de fa conimîl-
fion, le capitaine GiUam ravint & laiKa'la place
fortifiée & gardée par un norabîe d'hommes fut
fifànt.
Mais le roi ^Oiarles 12 avak déjà accordé,
même avant le retour du capitaine Gillam, au
pince Rupert & à difFérens ieigneucs, chevaliers
& marchands afTociés avec lui , une charte datée
du 2 de mai i6é^ y par ftquelle ce prince leur
donnait le titre de gouverneurs, & à leur com-
pagnie celui de compagnie de commerçans pour
l'Angleterre, à la baie d'Hudfon; & en confidé-
ration de ce qu'ils avaient entrepris , à leurs pro-
près dépens, utie expédition à cette même baie,
dans le nord-oueft de rAmérique, pour découvrit
un nouveau paflage dans la mer du fiid^ de
ce quils avaient déccmverc une nouvelle fourcc
de commerce en fourrures , en minéraux & autres ,
chofes utiles ^ & de ce <pi'ils avaient déjà fait
des découvertçs qui devaient les encourager à pour-
fiiivre une entreprifè qui promettait de fi grands
avantages au roi & à ion royaume , il cédait en-
tièrement & donnait aux afipciés à cette entre-
prife 5 le commerce de toutes ces mers , baies , ^
rivières , lacs , criques & détroits dans quelque
latitude qu'elles fiifTent & qui font fituées dans
i'iiitéxieut de la bùe d'Hudfon j ainfi que toutes
'1
[Xg8 DÉCOUVÊAriJ Et VOYACJÊS
les contrées & les terrés fituées fur les côtes de
ces mersj baies, lacs ,. rivières, criques &détroitSw
De forte qu eux feuls ^à Texcluâon de toutes autres
perfonnes , avaient le droit de commercer dans
ces contrées, & que quiconque ferait trouvé na-
vigant ou commerçant dans ces limites , ferait
arrêté & fes marchandifes confifquées ; que la moi-
tié des objets confifqués appartiendrait au roi,
lautre à la compagnie de la baie d'Hudfon.
Tel fut le commlhcemcnt d une compagnie
de commerce qui a fubfifté fans interruption de*
puis Tannée 166^^ & fubfifté toujours la même,
excepté pendant que les Français ont été en poC-
feffion, depuis Tannée 1^97 jufquen 1714, dii
Fort - Bourbon ou York , fur la rivière Nelfon^
Aujourd'hui la compagnie n'a que quatre éta-
bliffemens dans toute Tétendue de cette vafte
baie. Le premier de cts jétabliflemens, eft le Fort
du prince de Galles , fur la rivière Churchill;
on le nomme auffi Fort Churchill^ parce qu'il
eft fitué fur la rivière de ce nom; c'eft le plu?
éloigné de ces comptoirs vers le nord. Il eft au:
cinqùant,e -huitième degré cinquante-cinq minutes
latitude nord , & au quatre-vingt-qiiinzième degré
dix-huit minutes à Toueft de Greenwich. Le fé-
cond eft le Fort-Yorck^ fur la. rivière Nelfon^
où les Français eurjent d'abord leur Fort-Bourbon^
Le troifième eft plus loin au fud-eft^SC- porte le
î:>ans1l]e Nord* ig^^
lïomde New-Severn. Le dernier, le plus méri-
diçnal, eft litué entièrement dans la baie de James^
Se eft appelé Fort-Albany^ fur la rivière de ce nom.
Il y a encore eu autrefois quelques comptoirs ,
comme le fort Meofe , le fort Rupert , & fur la
côte-eft de la baie de James dans la .rivière de
Slude^msih il paraît qu'à préfent ils ne font plus
ni occupés, ni fréquentés par la compagnie de la
baie d'Hudfoij. La fomme qui conftituaitle premier
fonds de cette compagnie était. de 10,500 liv.
fterling. Chaque poffefleur d'une adioi? de 100
liy. a le droit de. voter dans les. délibéxatioi^ .de
la compagnie, & ceux qui pofledent plus de 100
liv. de ce fonds, put. autant de voix .qu'ils ont
de fois 100 liv. Mais fi unç adion de 100 liv.
eft divifée çn plufièurs perfdnnes, toutes ces per-
fonnes n'ont jamais qu'une voix. »
Cette fociété haufla par degrés le prix de fes
marchandifes & rabaifla. celui des denrées des. na-
turels de l'Amérique & des Efquimaux à un tel
point, que les. marchandifes exportées d'Angleçejre
à la baie d'Hudfon chargent feulement quatre petits
navires, dont ç^nt . trente hommes peuvent for-
mer l'équipage , & dont le prix de la cargaifbn
eft de 4,000 liv. 'fterling pour la .première dé-
penfe. Ces exportatigns confiftent en fiîfîls, pifi
tçlets, poudi;e & plomb, en marmittes d^ cuivre
&ç de fer, en haches, coignées, couteaux, habits.
l'90 DéCÔOVÈRTES Et VoVACES
couvertures, étoffes groflîères, flanelles, acier,
pierres à fofil & tire-bourres , chapeaux , miroirs ,
hameçons , anneaux , fonnettes , aiguilles , dés à
coudre , grains de verre , vermilloii , fil , eau-
de - vie, &c. Avec ces marchandîfes ils achètent
des peaux, des fourrures de caftor, de la ba-
leine 5 de rhuile de poiflbn & de Tédredon
pour plus it I2o,o6q livret ftérling-, ce ferait
dans la- proportioh de 25,000 livres pour cha-
que 1,000 livres de leurs mifes^ou 5,150 livres.
pour cent; Mais il faut déduire de ce profit, les
dépenfes d^quipemerït du vàiffeati , la paye des
officiers ' & ddS matelots , lentretien des for-
tifications, dès comptoirs & des hommes qui y
font attachés *, malgté cela il refte à la compa-
gnie un gtànd profit* L'opihion générale eft que les
propriétaires de ces adions , qui ne font aujour-
d'hui quau nombre de quatre-vingt, gagnent en-
viron ijooo pour loo. Il eft vrai qu'on ne peut
avoir de connailTânces certaines à cet égard, car
la compagnie fait fes afiaires dans le plus grand
fecret.
Il eft toujours très-certain que nul commerce
au monde n eft fi avantageux que celui de la
baie d'Hudfon. Mais il eft bien certain auffi que
la nation Angl'aife n'eft grevée dans aucune bran- ,
che de commerce autant que dans celle - ci , &
quil n y a qu-uae charte accordée par le gou-
^
DANS LE Nord. iji
Ternement qui puifle protéger cette compagnie
<le commerce fi nuifîble à fa patrie. Si ce com-»
mcrce étiit- entièrement libre,, plus de cinquante
ou foixante vaifTeaux iraient tous les ans à fa
baie d'Hudfon , &c au lieu de cent trente mate-
lots , il en ferait employé annuellement deux mille
cinq cçnts au moijtis qui fearaicnt entretenus & for-
més pour le fervice de l'état. Ces foixante vaiifeaux
exporteraient auffî toutes les années pour la valeur
de loo ou iiOjQoo liv. fterling de marchandifes
anglaifès j ce qui revivifierait les manufedures &
fournirait de lemploi & de l'occupation à un grand
nombre d'hommes. Ajoutons à cela , que ces pro-
vinces du nord de l'Amérique pourraient être aujffi
mietix peuplées» & mieiix cultivées par les colo-
nies Anglaifes..Gar fi elles s'éloignaient feulement
de quelques milles des. bords de la mer couverte
d'une immenfe quantité de glaces , ce qui en rend
le voifinage extrêmement froid, ils trouveraient
un climat beaucoup plus doux & plus tempéré ^
ils y pourraient cultiver en abondance toutes
les chofes nécçi&ires à la vie , ce qu'il eft im-
poffible de faire croître fur les bords de la baie
d'Hudfon.
Par ce moyen ils pourraient s'avancer de plul
en plus dans les tenes & y former des établiiTe-
mcns européens. S'ils allaient plus avant à la
rencontre des !(fidiens^ leur porter des marchan-
191 DéCOI/VÊRTÊS ir V07A,aES
difes, ils achèteraient de ces peuples plus de^ peaux
de caftors & de rennes & d'autres pelleteries, qu'ils
. ne le font : ils tes porteraient enfuite-dans de
grandes barques européennes aux comptoirs prèg
de la mer. Un bon chaffeur chez les Indiens peut
tuer fix cents caftors, mais il ne peut porter,
dans fa petite barque feite decorce de bouleau,
jplus de cent peaux de ces animaux aux comptoirs
près de la mer. Il fait ufage des cinq cents qui
leftent , pour fon lit , ks couvertures , ou il les
pend à des arbres comme un fouvenir, lorfquil
' lui arrive de perdre quelqu'un de fes enfans , ou
bien il brûle le poil & fait griller la peau de ces
animaux , & la mange comme quelque chofe de dé-
licieux , dans les feftins qu'il donne à fes amis y
on enfin, il jeté ces. peaux & les laifTe moiiîr &
fe corrompre. Si les Indiens portent peu de. ces
peaux aux comptoirs près de. la mer, ils portent
bien moins encore de peaux de rennes. Car dans
Tannée 1740, la compagnie vendit dans fa pre-
mière vente publique., environ vingt-fix mille neuf .
cents foixante - dix peaux de caftors de diffé-
rentes efpèces, & feulement deux cents cinquante
peaux de rennes & trente peaux d'élans ; ils re-
tinrent alors les trois cinquièmes de leurs mar-
chandifes pour la vente prochaine. Les Indiens
font . dans l'opinion que plus ils tuent de rennes ,
plus leur nombre s'accroît.. En conféquence de
cette
DANS LE Nord. i^j
cette idée, lorfqu'iis arrivent dans une contrée
où ces animaux font nombreux , ils fe plaifent
à en tuer le plus qu'ils peuvent ^ quoiqu'ils ne
faflent ufage ni de toutes ces peaux , ni de leur
chair à caufe de la grande quantité qu'il y en a»
Il réfulte delà que ces animaux le corrompent &C
deviennent totalement inutiles. Mais s'il y avait
une place habitée par des Européens qui ne fût.
pas trop éloignée , & où les Indiens puffent fe
rendre pour y vendre leurs peaux & leurs cornes
de cerfs { ou de rennes ) , ils aimeraient mieux
ce^rtainement les conferver que *les détruire ainfî
fans néceffité* Conféquemmcnt en faifant de nou-
veaux établiflemens d'Européens dans ces contrées,
la quantité de mçirchandifes qu'on en tire ferait
quintuplée & peut-être décuplée. D'ailleurs la con-
currence des acheteurs engagerait Içs Indiens à
faire de plus grands efforts pour fe procurer une
plus grande quantité de marchandifes, ce qui éten-,
drait & augmenterait confidérablement le com-
mercé. Nous pouvons ajouter à tous ces avantages ,
qu'il fe trouve , dans les parties du nord de la
baie d'Hudfon , une grande quantité de baleines ,
de morfes & de phoques dont le produit ferait très-
avantageux, & pourrait fervir à charger une par-
tie des vaifleaux dans la baie. Plus avant dans
les terres, on trouve auflî d'excellent bois propre
à faire des mâts & des vergues pour la marine
Tome IL N
IJ4 DÉCOUVÏRTES ET VoYAGES
xoyale » aînfi que de beaux chênes dont on ferait
^s quilles, des madriers, des pj^ces courbes, des
planches, ainfi que des douves pour les tonneaux i
objets qui commencent à devenir rares pref-
eue psff-tottt, &*qui font vendus à un prix ii
cxhorbitant , qu'il eft prefqu'impoffiblc d*en appro*
cher. S'il y avait dans ces contrées quelques habi^
tarions d'une certaine étendue, on y couperait les
bois propres à la conftrudion desr vaiiTeaux , ainii
qu'à d'autres ufages, ce qui retiendrait ^ans le
royaume Targent qu'on en tire pour l'achat de
ces matériaux^ Se les chantiers royaux feraient four-
nis de bon bois de conftrudion & de mâts à
beaucoup ftieilleur marché qu'ils ne le font à pré-
fent. Mais quelque préjudiciable que (bit à la na-
tion Britatinique le commerce excluiîf de la baie
d'Hudfon, cm le continué toujours 5 8ç quoique
hi compagnie foit menacée de temps en temps
par un ou deux membres du parlement, d'être
etaminée , les propriétaires ont l'art d'apporter
des raifonnemens fi folides & <tun fi grand poids ^
contre cet examen , qu'on laiffe tout cela dans
l'ancien état , & que les adionnaires rcftent pai-
fibles poifeAcurs de leur commerce lucratif.
XXX. Le mauvais fuccès des tentatives faites
dans la baie d'Hu^dfon, & Tétabliflement d'une
compagnie pour le commerce exclufif de cette
l&aie, étaient de puiflans obftacles à de nouvelles
D ANS JLB NOKD. ijj
enttepiites pour (aire des découvertes dahs ces
parties. Cependant Jeafi Wood^ homme de nfiet
expérimenté & qui avût donné une attention par-
ticulière aux vojrages qui avaient été fiiits au
Nord , propofa encore fine fois de chercixer ,
entre la Nouvelle - ZémHe & le Spiti^berg , un
paflage pour aller au Japon » à la Chine & aux
grandes Indes. Le roi donna pour cette expédl-*
non le vaiflca» Speedwelî^ &C le duc ê^Torck^
le lord Berkley^ le chevalier Jofeph Wlllianifon^
le chevalier John Banks y M. Samuel Peeps, le
capitaine Herbert^ M. Dupcjr & M. Hoopgood
achetèrent une flûte appelée la Profperous & en
donnèrent le commandement au caipitaine IFllUàttt
Fiawe^ê , afin que ces deux navigateurs puiTent
partir einfémble pour ce voyage.
^Ils forment le 28 de mai ièf6 , de la
Nore% les 17 &: î8 de juin, ils fe trouvèrent
aa (bixante-dixième degré trente minutes latitude
nord , l'aiguille aimantée variait de fept degrés ^
ils virent fous cette latitude, un grand nombre
de baleines. Le 19 au matin, après un temps
pluvieux & chargé de brouillards , ils apperçurent
une grande quantité d oifeaux de mer & de ba-
leines {balœnapTiyfalus). Bientôt après ils décou-
vrirent la terre, c'eft-àdire , des îles à environ vingt
lieues à loueft du Cap -Nord Delà ils gouver-
nèrent au nord-eft , ic dès le ii de juin, au
Nij
Ij^ DéCOtrVËRTËS ET VoYAGtS
foixante-quinzième degré cinquante-neuf minutes,
ils virent des glaces qui s'étendaient, de 1 oueft-
ïiprd-oueft, à left-fud-oueft & dont les mor-
ceaux rompus formaient diflfeentes figures bizar-
res. Ces plaines de glace , quoique peu élevées,
étaient cependant trcs-raboteuies , les morceaux
4étaient placés à côté ou au - deflûs les uns des
autres. Us obfervèrent de hautçs montagnes d'une
glace tom à-fait Bleue en quelques endroits , tan-
dis que tout le refte était blanc conune neige.
Ils trouvèrent auflî çà&là du bois flottant entre
les glaces. Us prirent un peu; de cette glace quils
firent fondre pour avoir4c l'eau pptable. Us avaient, -
près de ces glaces, le fond à cent cinquante-huit
braiTes , l&plomb apporta une mine verte 8ç moUe.
Le courant portait au fud-fud-eft le long de la
glace ir.fur laquelle le i^ de juin, ils virent deux
morfes çoujchés y mais ces animaux s'échappèrent
quoiqu'ils fufTeiU: .bleilës^ en fe jetant dans la mer.
'A minuit nos navigateurs avaient foixante - dix
brafFes de fond &c la mine verte. Us virent le
loir du même jour , la terre, de Teft au fud-eft,
cUe était à la diftance de quinze lieues & toute .
couverte de neige. Le 27 , Us trouvèrent que la
glace ferrait de fi pès la côte de la Nouvelle- -
Zemble qu'ils nç purent paflèr entr'elle & la terre.
Le 25 ^ Je vaifleau toucha fur quelques rochers
cachés fous les eauxi ils fauvèrent feulement quel-
' ^ D A N s L E Nord. 157^
ques provifionsr& quelques outils, réqitipage gagna
:1e rivage avec les phis grandes difficultés. Un'e^
fe chaloupes qui chavira leur fit perdre une
grande quantité dte provîfions , les papiers du ca-
pitaine & beaucoup d'autres chofes. Lorfqu ik
fiirent à terre, leur embarras était de favoir com-
ment ils fortiraient delà. Mais le 8 de juillet^
ils apperçurent heurcufement le- vatffcau du capi-
*taine Flawes ; ils firent un grand feu pour lui
faire connaître où ils étaient, il apperçut ce fi-
gnal, envoya fa chaloupe à leur fecours & les prit
tous fur fon bordl
La Nouvelle-Zemble était prefque toute coui-
•verte de neige \ dans les lieux où il n'y en avait
pas , la terre était marécagcufe , & il y croifïàîc
abondamment une elpèce de moufle- portant une
•fleur bleue & jaune. Hs creusèrent k terre '&:
ia trouvèrenr gelée à deux pieds de- profondeui:;
Quoîqut)n ne trouve point de- neige ffur le$
collines, il eft très* - probable que les haute*^
montagnes en (ont perpétuellement couvertes^
ïls trouvèrent dans cette contrée beaucoup de
rennes, quelques ifiitis, un petit animal fem-
blable à un lapin, mais* plus* petit qu^un* rat, Sc
queliques oifeaux femblables à des alouettes. II&.
fax)uvèrent prefque à chaque quart de mille, ucfc
ruifleau, mais qui n'était formé que par k fontct
des neiges. La plupart des montagnes qu'ils ic»k
N iij
198 DÉCOUVERTES ET VotkÔES
contrèrent étaient d'ardoife y cependant ils virent
près de la mer de beau marbre noir avec des
veines blanches. îf^ood trouva que la vaziatiofi
de l'aiguille aimantée était de treize degrés à
loueft. Le flot s'élçvait de huit pieds 5 & coulait^
non le long du rivage » mais direâement contre^
ce qu'il regarda comme une preuve qu'on ne
pouvait trouver un pafiàge par le nord« Mais puis-
que le flux 9 dans ces mers » doit néceilairement
venir de loueft & du fud - eft ^ c*eft une raifbn
pour qu'à une telle diflance de l'influence ou de
l'attraâion de la lune , il {bit très-Êdble 9 & ^ con^
iequemmont qu'il ne s'élève pas à une glanda
hauteur , & comme il vient du fud-oueft^ il ne
peut couler dans une autre direûion qu en ligne
droite contre le rivage d'une pointe de terre qui
s'avance au nord ~ oueft. Wood trouva l'eaa de
cette mer très-falée & très-pefante^ voèxait plus
(àlée , à ce qu'il penfait , qu'aucune qu'il eût jar
mais goûtée, quoique 5 en même temps, elle fût
ii claire & fl limpide , qu'il pouvait voir le fon4
de la mer à la profondeur de quatre-vingts braflès
& même diftinguer les di£R$rentes efpèces de mour
les qui le couvraient. Wood nomma Speedu/ell^
du nom de Ton vaîflèau , la pointe de terre fuc
laquelle il le perdit, & iu|>pofa qu'elle était au
foixante-quatorzième degré trente minutes latimde
nord , & au (bixante*troiiième degré longitude à
D A K S^ L E N O R 1> tff
Teft de Londres. Mais puifque félon fà carte, ce
lieu doit être le même que celui qui eft nom-
mé, dans les cartes hollandaifes & la nouvelle
carte rufle, Troofi-Hoek; il femblerair plm;ôt
que fa latitude doit être defoixante^-dix-feptdegrét
quarante minutes^ & fa longitude de quatrer-vingt-
cinq degrés à Vdk de l'île de Fer -y tandis que ^
félon (bn eftime, ce lieu ferait feulement à cp^r
tre-vingts degrés trente-quatre minutes de l'île de
Fer. Quoique le journal de JP^ood ne contienne
autre chofe que le calcul de la route de foa
vaiflèau, ce voyageur ne paraît pas avoir, été fu£^
fifamment exaâ dans fon calcul & dans fes obferva»
dons. Après avoir fauve tout le refte de l'équipage ^
il fit voile dîredement pour l'Angleterre^ Dans leur
route ils virent les îles Fcroé , &! pafsèrenr à I3:
vue des Orcades & Caithnejf tw EcoiTe, & arri-
vèrent enfin , le aj d'août, au mouillage du Norc
d'où ils étaient patds.
XXXI. La chartre xoyale avait été jkccordée
i la compagnie de la baie d'Hudfon en partie
parce qu'elle avait, à fes propres dépens, feit ua
voyage dans le deffein de trouver un paifage dans
la mec du fad, & qu'elle avait fait aifez de
.progrès pour donnor l'efpératKre de le découvrir ;^
il femble que ces motifs allégués par le loi.
pour accorder à une compagnie defî grands avan^
tages te des privilèges fii étendus, auraient dû IW
N iv
n
200 DÉCOUVERTES ET VoYAGEÎ
citer à pourfuivre avec ardeur fes découvertes;
mais ces grands avantages produifîrent un effet
'tout-à-fait oppofé. Le grand profit qu'elle tirait
dô ce commerce lui fit craindre que , fi Ton dé-
couvrait ce pafTage, le gouvernement ne révoquât
fon privilège & ne l'accordât à la compagnie des
■ grandes Indes , ou peut-être ne laifsât le com-
merce libre dans ces contrées. Elle cacha donc
autant qu'il lui fiit poflîble la véritable fituation
& la nature des côtes & des mers de cette con-
' trée *, ainfi que les nations voifines Se fur - tout
le commerce lucratif qu'elle y faifait. Comme la
propriété de toutes les terres qui bordent la baie
d'Hudfon appartient à la compagnie , & que les
fauvages fe rendent aujourd'hui dans cette baie,
des contrées fort éloignées au fud - oueft & à
l'oueft., pour y échanger leurs marchandifes j on
peut vraiment dire que quatre-vingts perfonnes ott
environ, en Angleterre , font propriétaires d'un pays
plus étendu que l'Angleterre , l'Ecoffe & l'Irlande
prifes enfemble. On accufe même les membres cîe
cette compagnie d'avoir cherché à corrompre ceux
qui avaient quelques connaîfTahccs de ces mers &
de ces côtes & qui étaient perfuadés de l'exiftencfe
d*un paflage dans la mer du Sud. Cependant pour
qu'on ne leur reprochât point de n'avoir rien fait
à cet égard , ils envoyèrent les capitaines Knight
U Barlow avec un vailfeau & un floop, pour
I>A'N5 le NoëO. lot
fakedes découvertes. Selon ElUs ce fut en 171^.
Tirage , le fecrétaîre de la Californie 2Sw.tç, au con-
traire que ce fut en 1720. Mais on ne fait de
ce vayage autre chofe 5 fi ce n'eft qu'ils parti-
tent, car on n'a jamais entendu parler de l'un
ni de l'autre de ces deux vaifleaux.
XX5III. Comme ces vaifleaux ne revinrent
point 5 on fuppofa qu'ils avaient été détruits par
les glaces, & peut -être même engloutis dans la
mer -, mais on conjedura que leurs équipages s'é-
taient fauves & pouvaient exifter encore dans quel-
que partie de ces terres , fous le foixahte - troi-
fième degré latitude nord. Ce bruit était pro-
bablement fondé fur les relations vagues des E^
kimaux, &: il y avait peu de foi à y ajouter.
Cependant dès que la compagnie eut reçu cette
nouvelle, elle donna des ordres pour faire par-
tir un autre floop à la recherche des gens qui
avaient été fur les vaiffeaux de Knight & de Bar-
low ^ & en même -temps pour faire les décou-
vertes & les obfervations qu'il ferait en leur pott- '
voir de faire. Le floop partit de la rivière de
Churchill le 20 de juin 1722, fous le comman^
dément du capitaine Scroggs. Sous la latitude du
ibixante-deuxième degré , ce capitaine acheta des
habitans quelques fanons de baleine & des dents de
morfes. Au foixante-deuxième degré quarante-huit
minutes , il envoya fa chaloupe après un morceau
de bois flottant » il trouva que c'était un mât de
mifaine qui avait été cailë à cinq' pieds au-delTus
du pont. Scroggs avança jufqu^ dans Welcome^
.il nomma une pointe de ce détroit, Whcdebone'
F oint , & rîle la plus au fud du cz:^ ^FuUertoiu
U vit dans ce lieu un grand nombre de baleines
jioires ^ & quelques-unes blancbes. Ayaiy: envoyé
ia chaloupe à terre, fes gens y virent beaucoup
de rennes , des oyes , des canards & d'autres oi-
féaux fauvages. Il calcula que la marée s'élevait
de cinq braffes , ^ car il l'avait mefurée avec le
^lomb & la ligne de delTus fon bord tandis qu'il
était à l'ancre.- U trouva alors douze braffes de
.fond dans la marée haute, •& (eulement fept dans
la marée baffe , ce qui fisrait une différence de
jcinq braffes. Mais cette obfexvation était défec-
tueufe-Car puifqu'un vaiffeau qui eft à l'ancre change
toujours de place avec le flot , Scroggs devait
néceffaitement avoir préfuppofé quq le fond de la
mer où un vaiffeau eft à i'ancre eft par - tout à
la même diftance de la furÊice de l'eau , ce qui
était une très-fauflè fuppofition -, l'expérience fi»
laquelle cela était fondé étant &ite, non par un
iigne fixé fur le rivage , mais par une ligne du
vaiffeau. Deux Indiens du nord que Scroggs avait
avec lui, & qui avaient paffé l'hiver à ChurchUl»
lui parlèrent d'une riche mine de cuivre natif
qu'on trouvsûc fur la côte à la furface de la terre»
Ils ajoutèient qu'il (uffirait d y allée avec we ban-
que , & qu'on en anrait bientôt une charge. Ik
avaient même apporté avec eu^ à Churchill ^
comme une pieuve <le,leu£ aflèmon^ 4es mor-
ceaux de ce cinvi:e. Ils avaient aiffî deilîné étam:
^ Churchill, fixr un parchemin avec 4u dbarbon,
la fituation des côtes de là à cette tetre ^ Se pen-
dant toute la route du vaiflèau , refquiflè qu'ils
avaient faite correfpondit par&itement avec là
vraie fituation 4e cette contrée. Un de ces Indiens
avait marqué le dciir de s'en retourner chez lui
parce qu'il n'était qu'à trois ou quatre journées
de marche du lieu où il Ëiifait fa demeure ordi*
naire. Scroggs lui re^ifà cependant cette demande*
Ce navigateur dit dans fon journal » qu'il a été
dans le Welconu^ £c. qu'il ne put avancer plut
loin, à caulè d'iine chaîne d« roche];$ 0tuée dans
ce paflage. Mais il paraît évidemment quil nu
jamais été dans le Jf^elcome , & feulement dans
une baie qui eft en effet connue fous trois difië-
icns noms , elle eft appelée PifloPs-Bay , Rari-
kin*s-'Inlet Se James-Douglas' ^-B^.\ Vile trèsr
connue appelée île de Marbre , & qu'on nom-*
mait aufli irant, île 4e Brook-Cohham , eft fituée
i l'emboucbure de cçtte baie , Se conféquemment
on ne peut s'y méprendre. Le banc de rochers
filt la raiipn poux laquelle Scroggs n'avança pas
plus loin. Les Indiens qui defirai^nç vive^ient re-
Stb4 Déeôijrv«KTË5 lï Voyages
tourner chez eux avaient fait , à deflein , une his-
toire fur quelques obftacles à la navigation , pour
rengager à s'en retourner & à les laifler aller*
La plupart des gens de fon équipage étaient
charmés auffi de retourner à Londres cette même
année. Us craignaient que les vaifleaux de la com-
pagnie non-feulement ne fufTent arrivés à Churchill,
mais encore qu'ils ne fiiflent retournés en Angleterre.
'La barque envoyée par Scroggs s'étaht avancée à
-quelque diftance dans la baie, les gens qui dé-
fraient retourner en Angleterre, revinrent immé-
diatement, difant qu'ils avaient été jufquaux ro-
chers dont les fauvages avaient parlé, & qulls
n'avaient pu aller plus loin. Ce rapport fiiflSt
pour pcrfuadcr Scroggs de retourner en Angle-
terre, & de donner pour raifon de fon retour ,
qu'il avait été jufquau banc de rochers, quoi-
qu'il en fut tout autrement.
Ce voyage qui échoua comme tous les autres,
avait plufieurs défauts particuliers. Scroggs dé^
pourvu de connaiflances, & de ce courage adif
& entreprenant , fi néceflaire en de pareilles oc-
cafions, n'était nullement fak pour conduire -une
cntreprife de cette nature. Son équi^ge n'avait
pas non plus la confiance , ni l'ardeur propres
à pourfuivre ces recherches.
^ Leur retour en Angleterre était leur objet prin^
cipal, ce qui les rendait înfenÉbles à toute atttrt
<iofc-, enfin, ils nont pas fçu profiter des rcu-
feignemens que leur donnaient les fauvages, ou ils
les ont dégoûtés d'aller plus loin avec eux. Je
nç puis m'empccher de faire ici quelques obfer-
vations fur ^a multitude de noms donnés à Ime
feule & même terre , & fur la confiifion que cela
introduit dans la géc^grapbie. Mais cette confii-
fion devient encore plus graude, lorfque le même
nom eft donné à deux contrées , ou à deux en«
droits différens. Dans le détroit de Usager ^ dont
nous aurons occafion de parler dans la fuite, eft
un port nommé port de Douglas ; &c le lieu
appelé quelquefois Rankins - Inles^ eft nommé
par d'autres Fi/Iol" Bay^ ainfi que James^DoU"
glas "Boy. On avouera certainement que celui,
qui introduifit le premier dés dénominations il,
propres à faire naître la plus grande confiifion ^ ,
s'embarraffait fort peu de la clarté & de lexac- .
titude qui doit régner dans la géographie : nous fom-
xnesaînfi fâchés de trouver qu'outre le détroit de
Cook entre les deux îles qui compofent la nou-
velle Zélande , il en eft encore un .autre de ce .
nom dans le nord entre l'Afie & l'Amérique-
XXXIII. Les relations donnéça par Button $c
Fdx^ avec Ip rapport du dernier navigateur, le
capitaine Scroggs^ excitèrent en 1733, l'attention
dp M. Arthur Dobbs & la portèrent principale-
Jiient fur la bauteux du flux dws ie W^Uomt.
lO^ DÉCOtrVÈÈTÉ* ET VùtAÙÊi
D apprit aaffi quelque chofe concernant cet objet
du capitaine Ckriftoph^ Middletoji , qui avait na-
vigué dans cts tntts au fervice de la compagnie
de la bâte d'Hudfbn. Il s'attacha donc à ta com--
Jiagnie, & obtint à force dlmportunitçs en 1737,
un floôp avec une chaloupe. Ces navires, n^allèrent
que jufqu au foixante-deuxième degré trente mî- '
mîtes* latitude nord , où ils trouvèrent un grand
nombre d^îles & quelque^ baleines branches , &
dans le lieu où Us étaient à Fancre , le flot s'é-*
levait à dix ou douze pieds & venait du nord.
Ce récit imparfait eft tout ce qui nous eft connu
de ce voyage*
• XX)tIV. M, Dobbs trouvant que ce voyage
entrepris par Tordre de lai compagnie de la baie
dfHudfon ^ avait été fait avec une lenteur &une né-
gligence qui marquaient une indifPérence affedée
pour le ftrccès , s'attacha au gouvernement qui
ordonna d'équiper un brûlot ou Jloop , appelé
le Furnace (la Ppurnaife) , dont le commandement
fut confié à Chriftophe Middleton , qiii jufqu a-
lors avait été au fervice da le compagnie de la
baie d'Hudfon.
On y joignît la flûte la Découverte ^ comma»-
dëe par le capitaine fPl:tliam Moor. Ces. deux
vàifTeaux partirent en 1741 , & arrivèrent à la ri-
vière de Churchill ydbir\k pafsèrent l'hiver , & après
avoir tout préparé , ils repartirent le premier de
D^Ns LE Nord. 207
juillet 1742. MiddletoTii félon les înftruôions
tju on lui avait données , devait gouverner au nord-
oueft , après avoir pafle au travers du détroit
d'Hudfon & par le Careys-Swans-Nefi^ & fuivre
la même route jufquà ce quil fut arrivé à une
terre au nord-oueft, au Thomas-Roé*S'Welcom€ ^
par le foixante-cinquième'degré latitude nord. Le 4,
il vit Brook - Cobham ou Tîle de Marbre , cou-
verte de neige , 6c fituée au foixante - troifième
degré latitude nord, & au quatre-vingt-treizième
degré quarante minutes longitude oueft de Lon-
dres , la variation de Taiguille aimantée était de
vingt-un degrés dix minutes à 1 oueft. Le 13 , il
découvrit un cap très-élevé (br la côte nord-oueft
du Welcome , au foixante-cinquième degré douze
minutes latitude nord, & au quatre-vingt-fixièmc
degré fix minutfes longitude oueft, il le nomma
cap Dobbs 'y au - delà de ce cap il découvrit un
golfe au nord - oueft » il y entra & le nomma
Jf^ager ' Rher 9 du nom du chevalier Charles
Wager. Le promontoire du nord fur cette rivière
fut appelé enfuite Cap -Smith s l'embouchure de
cette rivière Wagtr eft" au foixante-cinquième de-
gré vingt-quatre minutes latitude nord , & quatre-
vingt-huit degrés trente -fept minutes longitude
oueft de Londres. Dans cette îmmenfe étendue
d'eau ils trouvèrent une grande quantité de glace,
%L au-delà de quelques îles fur le côté nord de
Xo8 DÉCOUVKRtEi ET Vo^AGES
cette rivière , était un détroit qu'ils nommèrent
Savage - Sound ( Détroit des Sauvages ) , parce^
qu'ils y avaient vu quelques Eskimaux. Il y avait
encore fur ce même côté un autre détroit où les^
Eskimaux, qui étaient venus avec eux de Chur-
chill, tuèrent quelques rennes; delà, ce détroit
fut nommé Deer-Sound (Détroit des Rennes). Ces
Eskimaux n'étant jamais venus dans ces contrées
n'en avaient nulle connaiiiànce. Après avoir pajdë
quelques femaines dans ce détroit , ils avancèrent
plus au nord-eft le long de la côte, fur laquelle
ils découvrirent enfin, un très-beau promontoire
derrière lequel la côte s'étend à l'oueft, ils le
prirent pour la pointe la plus feptentrionale de
l'Amérique, & le nommèrent Cap-Hope. Après,
avoir vogué toute la nuit au travers d'une grande
quantité de glace, le matin après que le fbleil
eut diflipé le brouillard, ils virent autour d'eux
la terre & une large baie où ils entrèrent &c
avancèrent jufqu'à fon fond, la marée venait de
l'eft & coulait lentement, comme cela arrive dans
un lieu où il n'a pas de paffage. La déclinaifon de
l'aiguille aimantée était de cinquante degrés. Us
nommèrent cette baie Repulfe-Bqy , parce qu'ils
n'y trouvèrent pas ce qu'ils cherchaient. Ils mon-
tèrent fur une très-haute montagne d'où ils virent
tout le détroit qui avait environ dix-huit ou vingt
Ijieues de long dans la diret^ion du fud - eft par
^ ^ ïud,
1
A A lï Si L £ N OZ O. 20J
lud,..à ane certaine -diftance une terre' élevée
Kju'a prit pour le cap Ctw^/or/ ,.;for. une, terre ,
qu W fait aujourd'hui être une île où eft fitué
X^ar^'s-SwmsrN^ftr &' ^ HoppQjTé; duquel dans
tinc dircdidfi oblique, éft Lord-W^florCs-Port*
làndf découvert par Fojc, Middleton ayant yifité
cous ces lieux, '.po](ta. encore auriud dan^ le def-
fiûn.'d'jexàniiAer^iCiHiforaiénl^ut'i fes inlh^i^ptis^
ia-3CÔté à loucftr.ducji5Ç^^&a/72tf,:;d^puis le Cap-^
Dûibbs'^ juiqu à: llk 4e Brooh-Çf^hamvy mais il
fï y trouva. pcdi» de pitflàge.. Près de cette îk, il
^iv^ à terré leSijdéiix /Eskimaux. quH avait avec
iai;;^après :leai: ayoitriait de b^atix. j>rélèQts , Sc
iihmédiatenient âpr^ès^^ il fît v.cjla.pour l'Angle
, t^:xe. Le détroit ^ilepuii RepiUJi -Bq^^z Teft,
vcrs[ le.<:ap Çom^t'^-çft finie. pj^^^u.foixa$):e-j
(èptième degré latitude nord, & Va-.p^s de fond
fiidlequel 0n.puii& jjffouiller, près dût rivage, mais
il eft très-profond & conféqueromeot. tcès-dange-:
idux pour, les ivaiffeauxq^i n'ont,, |toint de pbrc
oà ik ipùiffcnt rfe: jre&gier . en .cis -de 'tempêtes,
U.à'éleva çntfce.Mt:ï?aA^Jf & le . capitaine Mid-
dUion une difpsiteltrès-rvi^e au^fqj^f de et voyage.
Le .premier, f^t&îi i^jp. \t fetond avait caché à
d^flèiili^ ou au i^aoi^ jdéguifé quelques décou-
teicés pcktr ,<a|teç'.l|i 45ienveiUapcp >le la com-
pagnie, de la ;baiç.(;d'Hudfon , qui avait tou-^
purs .'xegflïdé dis jnauvâi^ ce^ les voyages qu'on
Tgmé IL O
110 DÉcotrViâTBS je* Yûit-aôes
wait tàts pour chetcher:4iii paiTage à la mer éa
Sud 4âti5 la baio d'Vbdfon ^ que le gojuvemeinenc
lui ayak cédée.
XXX Y- On difpata ides deux côtés avec beau-
coup d'aigteut* les tai£on$ qii appoifa M. Dôèit
étaient fondées fur des* faits ' rapportés par- Mîd-
dleton lui-même, on les esamind^ & TopinicMi
générale fut que M* Doits avait^ railbn% Laibmmd
de lo^oo ftei^liag fiit levée en 'aâbnf de loo
liv. chacune pour faire les^ &ai^ <fim «oùveiui
moyage de découverte. Enfin ^ on éqmpa àcaxysif^
feauac, le Dùibis commandéi.po? M. IpruUam
Moor y && le C^d^amià^^ Ibus' ie commandement
et M. Frmçû'u Smith ^ qui parfirent enfemUe dé
Gfaifefend le 19 de mai ; 174^.^ arrivés, à.uno
petite diiffiaiKe du cap Fartwôli^ ils paisèrent peip
4atlt .quelque temps à ttavéïs mie jpande qiiap
tité de boÎ9 ftottans , qâe-i^ Memi lEths décrit
comme de^ tlr^s-bteau boisw • ■ -v . . i
U penfe que puifqu f^fe^ law^it • vu dqns , lo <
Groenland au ^foixante -f^ièmie idegré latitude
nord, des bofuleatux ^ des ormes «ic d'autre» elpècel
de bois de la hauteur de 'c&^-teiit piecis env&ob
de la grdfleur de là p^% d'un homms^ ce
bois flottant devait venk Aé ttttt côïitiéev 60
que, comme tes cètes dé 4'Oiief| du GwDeniandr
àinfi que de la' Norvège^ feil^^^lus^ ftôidesl quq
celles de Teft , le b^is qui -^iK^t âir ceU<3^ peuc^
p A H s- 1 3^ N Q -[^ vt, ' C ^n
ÈLxpB^t en gfpfli«r ec. eq grandftii; «lui. qui
Yieni ftir Iw cÔtcs tic Foupft* Mais h qwftRtitâ
<}e bois qui croit dans le Gtoenklaoïl &i: mémo
iians los coottéesiiencote-pliô cloBudes 4e ïmàttàe^
eft fi pcdte, que 4 penjastii ^ aBS-^Ieideîauoiit H
s-en convcrtif&it.cn'hois:flottatu:) autant qu'on en
voit aiiK envinM^ de èettfr cDàtré©, 'il ne» refte^
fait pas uù bâtoxi.au.bçBt'de ce tean|is. .DatUeio»
k boîs JUS ccQÎt îisnaii' aiie2i près: :dos: botds .do
b mor pouf ii|ii*â {>ttii& aUiment on offo l^vé^
4c^o9iëqpe»imeol: fintmtio* Ënfiri^ oQ;<$ir0u»!$ lino
énonne quantité is jx>is:âottami da8tî)i$moeie3firQ
nord de la Sibérie. iPiês; de llk Séy à k hwn
tour du iSfMCzheig w^ cple de. Elflandei)^ o5
Yûit beaucoup dé: bois floctant , de: ixienne: x|aÉ
fiir. toutes ics iks qpii s:ét£Ddenc.du;Ki^^
diadca à rAméxique. 'Di£a t^t- on. qn*U ^nentida
GrDodjand où le bois croît en fi pistite quatLH
titéf dans des. vaUées fort é^oignéfif^de la i met
âf à l'abri di6s lEents du nord 'l il Êiut couver^»
nk quç ce t>*cft.dba' moins :que> piobablew Mais
il vient àe$ graiâle^ xiiiiè^es de«Sibérie 'iqul trar-
vèicieQt pendant pli^fieu^s cepitainea- de milles des
x^gêpns toutes couveitpsdçbois, f^^anslefquelles;
fe^èceixcjd'amrcs g£aodes.:sivJsccs9 qui fbuknc auffi
de contrées très.boîiëesî^xei riviètesïbnt-la Pe^
^oïïa . VQby , le - Jeni/èa ,?le Lioa ,* le CfmuLnga^
Oij
2lt DÉCOtTttKRTBS tT VolTAGÊS
V:drué'ara ; le Jena , le Kolyma'y VIndigirka ,
^hinûdir & ÏAmur , toutes trèi- confîdiérablbs
qui^^ à là Fonte <les- glaces dahs^ Je printemps^
çntraiaeitt cpai. rleoï . déb>rdement . une imiiienfe
aaàtidxè^â^^tes^ qa'elies pottent avec leurs eaiix
^ms' les "merr du: nord» ^^i^. nous.' confidérons
ia grandeur des rivière» d'Amérique 5 Tabondance'
des arbres .dans les t foDÊts , la rapidité & la; gran-
deur desi toiiteiis qui fe forment conftamment' au
printemps-, nous concevrons aiféinent quelle quan<
tité de bois 'elles charrient . à la m6r-&: ce qui
s'en^ttooveidanile détroit du -Rài worge^^ dans
celui Ai* Saddui^icà y ^anslà rivière Turnagain^
da^s lé £^%^i^er^/z 9 :qui (e^jète dans le -détroit
de Norton^ &i dans le- <^^. La 'rivière Saint-*
Lanrenr-^ plufieurs autres rivières^ du nord de
rAmériqué: en portent aiiil|) beaucoup , ainfi qud
celles, de Terre-Neuve *&v de Labtadito , xôttunci
me ÏJom zSmé des peiforines qui JoritiéDfcfiix?
ces .liciix-^ * qui y ontv:même paffé* Tfaivér, &•
confé^emnkedt ont vu la débade des 'places Se
le débordement des .rivières: Hd&uf ajouter quf les"
rivières de::là. haie d'Htidfon '^-'&' jwincipaienicnt
ksr risdbères CkurckiU^ Ht^e^i 'Port-NelfmyÇiiU
iaqy &'iMQBji^ ainfi-que^lufieurs autres, pior*
tent auâi> datij(4a mer/:du bois^'^des paraeSTintsé"^:
rieures idesftbrres où il xxcut xles àrbires d uné^^an-'
deur ex)nfidéra(>le^ Nous, pouvons, tirer dé toutes
- D ANS L E No RD; : 21}
ces kidiKStions , de meilleiites conjedurcs fur les
lieux d'où viennent ces bois flotrans^ qu'on trouve
dans les mecs du nord , fans avoir recours^ aux
bois' du Groenland qui font en très-petite qnan-^
tîté &c de peu de groflfeur*
A l'occafion des premiers morceaux dé glace
qu'ils trouvèrent dam le voifinage du détroit
d'Hudfon^, M. Ellis fuppofe , comme Fa dit Mid--
dletortt qu'ils viennenrdes glaces & des neiges ac-
cumulées pendant ufae longue fuite d'années, qùr
fe détachent feulement tous les fix ou fept ans par
de grandes inondations Se qu-elles font portées àr
la mer par les torrens; il effaye cqjcndant de
combiner cette opinion avec ceiiç^d'Egéde^ qui dit
expreffément que ce font de grands morceaux dé-
tachés des glaébs qui fe* forment, fur les bords^
Mai9 il peut y avoir d'autres caufes que les pré-
pédetites. En effet, au commencement derThiveD
la glaqç fe forme dans un temps calme, de quel-
ques pouces d'épaiilèur , & lorfque ia glace fe*
rbmipc par: une tempête ou par les hautes riiarées,
les monceaux font poai]ës les uns fur les. autm
& fe gèlent de manieur a former des maifes tou-
jours^ plus épaiifes, qui accumulées ainiij fimfl&nc
f^rjhttntt des mont^nes de glaces. J'^J'Virmoî-
ïtièinQ dans' les mets podaires >de ce^ montagnes
de glaces compole^s dexoùchei régulières pla-
cées les unes^ fur les , autres ^ èc> chacrne - <f ellti
G ^
114 DÉCOUVERTES ET VOYAGES
était prefquc dune ëgafe épaîlTeiir. Mais quel-
ques " unes 'de ces mafTes avaient une couche de
glace tout à fait tranQ)artate) & fur celle-là une
autre totalement opaque , ce qui me fit coicluie^
que la glace , avant d avolt ,été rompue par les
vents 6t la marée» devait avoir étié tout- à -fait
couverte de neige; que la met ayant baigné cette
neige lavait convertie éti glace épaiffe & opaque v
que les vent6 avaient pou0e ces morceaux les uns ^
fiir les auttes , & qu'il s'était ainfi fi^rnfié des
maflfes compofées de Couches alterhativemdnt tran£
parentes & opaques. Cependant » il eft poffible
aufli que des mafTes de neige foient tranfportees
de deflTus les hauts promontoires dans la met qui
eft gelée au-defE)us » & qu elles forment en cel
endroits de grandes montagnes d^ neige qui bu-
meâée & ramollie pat les pluies du printemps
& les rtiijfeauK formés par la- fonte des neiges |
gèlent àinfi en mafSss folides & compaâ:e§. Alors
c^ font des montagnes de glaces que les tem^
pêtes fie les bauteis marées détachent des botds &
pouiTent çà fie là dans les mers* Mais qui entre-
prendra de dife toutes le» diâéienteS manières
dont là' glace fe forme ! Pour revenir à nos na--
vigato^s.5/tls s'amarrèrent à un ^and glaçoïi fie
rempliiient leurs: tonneaux de f eau douce quils
trôuvècetiç for h: glace. .Le i8 de juiilet, ils
fflixyèîceoi: wijkeyiçicpte tempête accompagnée ^Té^
lyAif ?• 1 s No R m if%
clairs & de totmexre^ tous ceuv^qiii étaient ac*
coutumes à naviguer dans ces contrées legardè*
lent cela comme quelque choie de rare & d'ex-*
tûoardinaire. Ellis pen£e que les aurores 9oréales
dans le nord enflamment & diflipent les vapeuts
propres à la formation du too&erxe Se des éclairs.^
Cela peut bien être uoe dies raifons pourquoi ces
phénomènes font rates ikns ces tég^ns ; mais il
Êinc ob(èrv«r méR^ qiirtlans les lieux où la ten&
eft> couverte'' de^ neîge .aisfli long - temps queUc
Téft 4ans ces -cdntrées, les vapeurs ékiâxiques ne
peuvent s'en dégager ni s'élever dans lair. Ce^
pendant fi ces vapeuss font en grande quantité
oooime celles^ par ^xeo^e» qui Portent des vol*
<ans d'idande .& du iîmealand oriental ^ elles
occafionneKont des çempê&es accooopagiiéesxiu tcm*
nenae*
Leur gtaçoD sietant fenc&f ,. ib furent obfigés
de s amarrer i tœ a^iose julqu a ce qu'ik euiTeaf
toMivé une meilleur place 5 & qu'enfin- ib puf&BC
zepf éndre leur ivoyage.
Le tjk êtaoùx^/Ss découvnrenr une tei;re à
f oueit An Wjelcome^ 8c vinrent à ^ilt de Marbre.
Là. ils firent àei^ obfetvaxic»is fiir le temps , la
diseâioh ^ la rapidité, âc la hauteur de la marée.
BsjtEQK^fèrefMr qu eEe veiAaît du nosdreft^Sc qu'elle
i^ivBk . conTéqoemmânt 1» côte y en outre ils
icconnurent wqa!il& avaient» daaas la pleine & Isk
Oiv
n
21^ DÉCOUVERTES IT^'VoYAGES
nouvelle lune, kautc marée, à .quatre heures, &
qu elle s'élevair à la hauteur de dix pieds. Ils allè-
rent immédiatement prendre leurs quartiers d'hi-
ver au^ort Nelfon^ où ils ne^ trouvèrent que de
foiblcs fecours- auprès des perfônnes attachées à
la compagnie de la baie' d'Hud£bn. Xe premier
de juillet 1747 , ils remireçt à la voile pour con-
tinuer de remplir l'objet de leur voyage. Ils avaient
préparé leur grande chaloupe dam cette inten-»
tion, îls l'avaient élevée, alongée & y avaient
ajouté un pont. Cela étant fait ils la nommèrent
la Réfotution. Près de l'île -de JLnighi , l'aiguille
aimantée perdit fa vertu magnétique; après plu-
iieurs elfais , ils trouvèrent |qu'il était néceflaire
de tenir la bouflble dans un lieu chaud, ce qu'ils
firent , & la puiflànce magnétique commença à to^
paraître. Ils virent quelques Eskimaux , l'un dcf^.
quels , homme âgé , leur montra la meilleure route
pour conduire leur vaiflèau qui avait déjà touché
une fois. Cette attelition eft jcôrtainement une
preuve de la bonne difpofition de ces peuples ,'
lorfqu'ils font, traités avec doi^ceur & humaniti.
Les barques quils avaient envoyées en avant ,.
découvrirent un grand &- large détroit dont I'gl-
trémîté n'avait jamais été examinée, il était nom-
mé par quelques-uns BowdtrCs^InUt^ du noziti
du fécond pilote maître du Hé&w^^ CnUfahâk:^
mais d'autres nommèrent ce cfetïoit Cyiç/îrr/îe^^xt
DANS LE NôRDi ' 217
InleU Ils allèrent auffi .dans des- bat^au^c jufqu a
1 extrémité du fP^ager ^ Jf^ater ^ qui fe termine
dam ^rivières & des lacs d*eau douce, ce qui
-montre clairement quon ne doit pas s'attendre à
trouver un paf&ige dans ce lieu.
ht% Eskimaux leur vendirent de . la .chair frai-
che de buffle , ( c'eft probablement la chair du
bœuf mufqué de ces contrées , efpèce de
bœuf inconnu à plufieurs naturaliftes ) » &; leur
fourniront auffi de" la viande falée dfe renne &
de faumonî ils virent dans cette mer beau-
coup de phoques & de baleines blanches. Après
avott fait quelques tentatives très - inutiles pour
trouver 'le paflage defîré , ils firent voile ^ pour
l'Angleterre. Eîccepté dans le détroit de Cheflef"
field & dans un antre détroit iîtué au - delà de
l^e de Knight , il n'y a plus d efpérance de
trouver un pafTage dans ces parages, que ces na-
vigateur § nt fi foignaufettient examinés.
XXX VL Après ce dernier voyage pour faire
des découvertes, Ips recherches d'un paflàge dans
le nord fiirent fufpendues pendant long:- temps.
Les: raifbns alléguées par l'amiral Anjon , grand
navigateur , rendirent ^ttentive^la nation Britan-
nique ,.& lui firent porter fes regards fur letablif-
(èmcnt des îles FaUcland ( Malouines )' dans la
mer du Sud. On envoya en 17^4, le Commo-
dore Byron^ depuis. amiral, aux iles Falkland,
é'ovL U leyintcri ijé^. Dam cett^ mêiàè wn4^
17^^^ on envoya les ca^itakies ff^aiiis te Carurei
Êdre un autre vof âge aatoas: du voaoÂc^ donc îtg
dirent <Ie retour en 17^8. A leur axchréç^ le lî<^
tenant C00A: fut envoyé avec imWêui vaiilèaa ao*
compagne âe M. Banks ( maintenant lé cheva-
lier Jc^h Banks) & le doâeut Soktnder^ pouf
ébfeiver à Ocafaeite te paâàge de Véam fiir W
ibleîL^ & lorfqu'il eut rempli £a comniiffion ^ il
partit de là pour faite des découvertes. ÇHxxa:
pinfieurs îles ^\ï découvrit dans le voifina^ de
l'île d'Otahelte, il recoamit aufi <<|Be ia N^uvdk^
Zélande confiftait ea demt iles féparées lune de
I auSre pas le ïlétrak de Cook^ Apcès avoir dé^
couvert for la Nouvelle^ HoUssde une cote de
plus 4e Éx oeiKS limes detoidtte» tf: avoir fm
voile à travers le détroit YEndtavour ^axt Sles;
MoIu<pies & à Batavia » il tevmt enfin bemeuib^
ment en lyyT en AsigleteoEr. Il teftay touyoura^
cette grande ipeftioii è décider .» s tl edftait dsois
i'hémifpliàre méiadîonal >quel<pe grand coodaent*.
Cook lîir encote envoyé pour Êire cette impot-^
tante & três^ificile découvette. Mon fis Se moi
nous ladcompagi^nies dans^^cs voyage. Il |MLrtic
cii 1772 ) & fut le premier qui navig^.à l'gff
autour du gi^ \ cous les aattres nav^âteim a»
nombre de vingts ayant xommeocé ce voyage pac
Toueft. Il revint de cpcfie .ex|Kdkiotfi en 177$ «
couvert d'une glâtiris inrunoitelle. Mab tandis ijue
nous tiavigmons atftôut ^' pèle aUfttâl dans des
mers couvertes de ^tftt^ , iàMa^efté Brkann^ue
voulut lÀttt tettiftxt les de&is de k foeiété royale»
en envoyiSËtit dei^tt: vaifldaax en 1773 9 pour eta-
miner la mer ^adale ftès .du S^t:^erg. L'un dé
ces vaiflèaux était appelé le Race-Horfi, ctnn^
mandé pat le capitaine CoêjÎMiin Jcnh Phipps^
aujourd^ui Idrd Mulgfavèi le feèond^tait le Car-
caffy fous le coi)nbi<natideitiônt du capitaine Sk^^
Jingtùm LutM^idge% Ife partirez» de Nore le 4 de
juin) le 19) ik étajent àii foixante - fixième
degfë ccnqùsËûte ^ ^UAtf e mittul'es latitude nord ,
#& att ù ddgré ctnquttnte - Inut minutes k>ngi«
tude oueft de Greenwich^ la déclinaifon de Tàî-
gttille aimafUde étak de ^t-nedf degrés onze
imnutes à i'otieft. Le lend^malti il^ étirent un
calme qui dura prêtée toute la journée-, ils fon-
dèrent, avec un {Jomb très^efantila profondeur
de fept cents quatre-YÎftgts braftes , fans trouver
le fond. A cette profondeur le thermomètre de
Fahtcnhfeit était- à- viAgt-fix degffe-,'Wà l'air libre
tA. était à ^arante^httk degrés & deifn.> le 18 de
juin^ vers mintait, Hi virent 'W terrrf à Teft. Le
i 9 , ils étaîc|jt au toixanre-dixr-feptième degré cin*
qùame^neuf minutes , aflcz près Ai'Sta€k'-Pi)mi
for rîle du Pri/rce -CAar&j,* que les- MoUandaîi
appellent Zuydkoçk^Van - Het- Voorhand. IH
1
Ho DÉCatfVBRTÉS Èf^VotTAèES
trouvèrent que la hauteur d'une des montagnes
du Spitzbetg au rokante-dix-hultième degré vingt-
deux minutes , était de quatre mille cinq^ centS'
neuf pieds. Ils virent fur une île vis-à-vis le Way--
gat ou Hinlopen - Straits , deux rennes , ils ea
tuèrent une qu'ils trouvèrent fort graiTe-, ils y
virent un renard d'un gjris clair » & un ammal
un peu plus gros quun^ belette » il avait les oreilles
courtes, la queue longue5 & la peau marquée de^
blanc & de noir. Cette île abondait en bécaffines^
les canards y couvaient alors» & un gran4 nom-
bre d'oyes fauvages paiflàient le long des bord^
Le milieu de Tile était couvert de moufle, de.
cochléaria, d'ofeiUe & de quelques renoncules cxt^
fleurs.
Bientôt après ils furent aifiégés par les glaces^
cependant ils s'en dégagèrent après avoir été aa.
lud-oueft des fept îles. Ils eflàyèicht d'avancet.
autant qu'ils purent à l'oueft, mais- la glace était
fi ferrée qu'elle leur parut comme une muraille,
impénéttablc. Pendant un vent très-fort, ils obfer-
vèrent la ten;ipérature de la mer. dans cet état
d'agitation, 3c lia trouvèrent cpnfidéra^lement plusr
chaude que celle de l'air» pbfervation qui avdt
déjà été fàdte paf Plutarque. Enfin* confidérant
qu'il était impoâlble , à caufe des glaces , d'al-.
1er plijis loin,' ik le réfolurent à revenir en Aa-
gleterçe. . ; ^ .
DANS LE NoKt). ttt
' XXXVII. Le capitaine Coo* étant revenu tû
1775 de fou voyage du fu^, fans avoir décou-
vert aucun grand continent, il parut toujours
néccllàire de connaître la fituation des terres dans
la mer entre TAfie & TAmérique v Cook fut en-
core choifi pour ^ette expédition. On lui donna
auffi la Réjolution , vaifTeau à bord duquel il avait
feit précédemment le- voyage autour du pôle aiff^
tral, avec la Découverte ^ le commandement du-
-qùel fut donné au capitaine Charles ^Cltrke qui
avait fait, le voyage autour du monde ^ Une foc«
avec Byron Se deux fois avec Cook. Les deux
vaiffeaux quittèrent kTamife dans Tiannée 177^4
mais Coûjt partit pour fon voyage au Cap le 12
de piillet. I
Clerke , homrtie d'un cœiâ: -noble^ & défînté-
xelTé^ s'était rendu caution pour ion frère ^ le
chevalier Jean €terke^. lorfqu il partit fur un vaifi
fean du roi pour les Indes où il mourut. Les
oéanciers voulaient avoir recours à Charles Clerkê
pour leur paiement. Quelques perfbnnes de diP
tinâion qui lui voulaient du bien lui cônfeiUèreht
jde fe rendre au banc, puifque laibmme que Jean
Clerke devait, était -très- confidérable & beaucoup
plus que (on frère Charles ne pouvait payer. Un
aâe de grâce qui fortit bientôt après» rendit là
liberté à un grand nombre de prifonniers , ainfi
qu à Charles Clerke qui l'obtint vers la $n de
1
t$i Découv^ERTEs m Voyages
îmlkt^ & {wtic dçr Fiymû^^h ihx b Découverte,
Is premier d'stf>ûi^ fit arriva à la bab de ia mon-
fij^na de la TaWc i- où ia Rêfoluûon était déjà
Mliivép depuj^ tw$ bmmm*Cp0k esamina alors
l0S Ues découvertes pw les capitaine» Harion &
JSierguekn^ ii alla i U terie de Diémn^ delà à
ia Nôuv^Ue-Zàl^nde* Ayam perdu lavancage da
v%«t» il fttt QbBgé, au Ueu d'aller droit à Qta^
lidte» de ùxm Toiky^^ l^tUndc f amitié ^ & dans
cette louie U découvrit pbûeiirs ile& qui nV
vaient pa^ eocote été vues. Delà U alla à Qtahei»
fie aiux Ues voiâbes de la Société» oà il laiflk Omaï
^ pQ^a dans la nier du Sud pour cecoonaitre
lliéoiifpbèxQ du nord. Il découvrit non loin de
l'Equateur une île bailè & inhabitée , . oà i) vit
im gramd ncMhdse de tomies j il' nonin^ cette île
à cau&de.cela 5 île des Tortues. Enfoite U alla
icsus le ttcpiquo du cancer, dans le voifmage du^
quel il découvât un groi^pe.dlles : les habhass
\é reçurcànt avec anùiiéficfatt pocutcrent de tics-
bons rafraîcBfièfneôs pour .fou écpiipage. Le 7 de
tnars 17789 au quàtante-^troilicaie degré dir mi-
nurés iatitadQfioird9& deux cçott tronterciitq degrés
cinquante mioiites à If efr longitude de Greenwich ,
il jdécoavTit le aq> Mlanca^ùai)^ cofee. derAmé^
lâque fept;^3Otri0nale. Lé j^-^iit jfntia poinr xéfzrr
m fon tat&au d^uis unliaffre qu'il namma Kingk
CeorgeUi- &wi4 ^ difioit dut jRi^-^GQorge.^ m^js
pAUs t» Nord, : i»j
^aoa. nomme géoéfaleimot aujourd'hui > Nôotka-
Sôundi^&cink au çyj^ati^e-'iieuyi^mcl 4egré trente-
huit aifflètesktltiide noi^ , ^ au d^ix cents trente-
ixdîffîiius Acpé dùasfâ mmm^ elt Ipngitude M.
GreenwiahJ Le capitaine CW* après avQk prî»
éc l'eau ».de&ra£âîchîflêmens & de âipuveaux mats
pouî £ba vaiflfeàu^ rejnk à îa^ yoiie* Le ix de
maf y les* dàapc vaîSeai^ enrcrèrent dans un détroit
qu'ib jiommèie^t Sandwich » & qui eft appelé
piéfqtitcaient, détroit'^ Pr'^fii;0^W^illi^m, Ce dé-.
tisofiH ficiié veis. le foi^canticnie degcé laïkkide. nord ».
sréteiicktr iotiîtrloin^iis.lfis tefre^-PliM 4 loueft
Us tcouvèrent un autre déttoit â: ime i^iyiè]^ -covr
fidératile qui «V |e&e».i& la Boi^m^riçgt.T^r/ïii*
gam^Hjpcri ConwfeTlai^Pte çQft¥»çQçait à s e-*
teo^a^im fiid-Griie& ik' xemcomtère^. plufieurs îles
pleines iIb cocbci&le:^9fig ik ceî^cote,^ &: furent,
obligés de piepibie Wucoiip de p^^éf Mutioqs pour
év^iteÉv id^écliotfèr^ Dm& un épais hrouUlacd la uR^^
foluàM iut. akrméeL d!un grand bruit» On jeta^
}sL fonde & l'on mk à Tancre. immédiatement,
après-, ce ijuevfit auifi la Dft:o^>^^rô?..L!B^Jbrojxil-,
latd ^^ant diâlpé <]ûelques hemes apii^^ ils,
fe:^ t^^avèf ent dans un liaVre profond Se ^n^: eAvi-.
ronnési'de tochersi entre iefquels ils avaient pa{]^;
dans, l'obfiiruckérv 11^' le luixnniècent .bak\de X^Pro-,
yi^Ace; ils reôràburenr que ce .poct éSftic. dast^.
rUè d'ÇmalasAkdi Couverte. pii3r.içjst.Ru^> ^,
XZ4 DÉcotrvER^TÉ^ iT Voyages
qu il était* fitué au cinquante-quatrième d^gtédiit-
huit minutes ktitude nord. Apiès un court fé-
jour 9 '{>ook continua fa toute le long des côtes
• d'Amérique, & donna des noms à plofieuis baies
&àdes caps, quoique pendant une grande partie
de 'te trajet, il ne pût approcher de la cotè.l
caufe dès bas -fonds qui la bjprdaient. Les gens
de 1 équipage péchèrent des plies ( pleurane3es^
hèppoglàffus^ & <les morues { gadus-morrhua^ . e»
fi grande quantité ; que nôn-ïculcment ces pirit-
fons foufBÎrent aux équipages une nourriture! firaî-.
che & agréable, mais enccxte' on eh fala piôfieurs
milliers, c^ qui fervit à augmenter leurs jMOvi-
fions qui commençaient iènfiblement à diminuer,.
Enfin, le capitaine CookittVfdL à la côte'd'Afie»
mx foLxanté-âxt^lpne degi?é vîng&]»iic itniniites. Jbti-:
tudé nord, Se cent quatre-yingtt^huitième degrétrois
minutes longitude eft de Gre^nwick^^ s arrêt» fur
cette ^ôte dans^m détroit 'quiféparel'Afie de TAmér
rique* Ces^détroîts fur lacôte^d'Afie font iiabités
par le$ Tfchucktfchi ^ qui vont très-fréquemment^
à la câte d'Amérique 5 quoiqu'ib.foienr fouvcnt^
en guette avec des habitansdex^ contrées* Qqnùxic
les Améri<5ains du nord , loïfqulls peuplèrent cette*:
partie du monde , travei'sèreDt.pxobablemeat ces;
détroits -É^aùitclef :: Tfohuk^cAki :ofx idjeyjriskit ippe- .
1er ées^ détroits jde leur ncunr Mxjs puifque noosi
ignorons pu£ùteii|et}t lé^opii^ 4^^ta tribu qui iâs:
traverfa
•DANS L ]E N O K D. 215
traverfa la première, & que d'ailleurs les Tfchuk-
tfchi font une nation barbare & fauvage , ce dé-
troit devrait peut-être être appelé du nom de
Semen^Defchnew , un chçf des Cofaques ( ou
Knfatfchid - Golau^a ) qui le premier alla en
1^48, de Kolyma, avec deux kotfchi fîbériens
< efpèce de vaiflcaù ) à la rivière SAnadyr &
Olutora^ & fut conféquemment le premier qui
navigua à travers ce détroit , ou bien on pour-
rait leur donner ie nom de GeodûEJift''Gu>osdef ^
qui en 1730, navigua entre le foixante-cin*
quième & le foixante-iîxièipe degré, & alla de
la côte des Tjahuektfchi à une cote étrangère
pppdfée à celle - ci. Néanmoins il conviendrait
-encore mieux d'en faire une efpèce de monu-
ment à la gloire du très-illuftre & très -grand
navigateur Feit Bering en nommant ce détroit,
détroit de Bering^
Quoique ceci puiffe fournir aux mal -inten-
tionnés un prétexte pour les confirmer dans l'i-
dée qu'ils ont de ma prétendue inimitié contre
mon ami , l'immortel Cook\ je ne puis m'empê-
<rher de m'élevcr contre l'abus qull y aurait d'ap-
peler ce détroit de fon nom- Ce nom illuftre
ne foxtira jamais de la mémoire des hommes^
quand mente il n'y aurait pas dans la mer du
Sud' un détroit qui le portât. Cook connaiflait
parfaitement bien et qui lui était dû. Il a ngm-
Tomê II. P
1X6 DÉCOUVERTES ET VOYAGES
xné le détroit qu il a découvert dans la Nouvelle^
Zélande, défroîic de Cook, paxc^: que c'était le
fruit de fes recherches & de fa pexfévérance.
Il n avait pas coutume de moiflonner là où il
n'avait point lènié , Se certainement ^ s'il eut
vécu , )ï aurait re&fé m honneur qu'il favait
bien ne pas lui appartenir, mais qui était d4 à
un homme de mérite foà prédécefleor-, ôc il eft
tr^s-poflible qu'il fe fut déterminé lui-même à
donner à ces détroits le nom de Bering, Je me
devais à moi-même cette digreflîon. Si quelques
perfonnes difent que le nom de détroit de Caok
eft préférable à celui de détroit de Bering que
je propofe , j-obferverai que je me devais la fatis-
Êatâion d'apporter les taifons de ma conduite
dans cette circonftance ^ & de mettre le public
dans le cas de juger qui de nous a raifon. Puifr
que mes ennemis continuent d'afiiirer avec tant
de chaleur, que ce font mes diffërens avec le
capitaine Cook qui me déterminèrent à préférer le
nom que je propofe pour le détroit dont il eft
ici queftion *, je n'ai pas dû paffer (bus filence
rette difcuflîon, que la malignité avec laquelle
ils ont tâché de répandre cette fkuilèté dans
le public , ont fur-tout rendue nécefTaire quoi-^
que je me fois formellement epcpliqué là-defliis, il
y à déjà plufîeurs années.
' Mais revenons à notre fùjet. Au milieu du dé*
DANS JLB NOJRD* xij
troit on trouv/e trois petites îles. Cook rangea la
cote de ïkxnénc^ jufqu au foixante-cUxième de-
gré quarante - cinq minutes latitude Xioxà * &
cent quatrcrvingt-dix-huit degrés longitude eft de
Gremwichs alors il fc trçfuya entièremenî; enyi-
ronné de glai:$s, «c il m put ni avancer pl4s loin
vçrs le nord , ni mîmt continuer fa route U long
de la cètc , car la gliu:e pnfermaît prefque de
tous côtfis une pointe de terre bafle & déferte %
t|u'il appela à caufe de cela cap de Glace ( Ice Cap,}
Après avoir fait route pendant quelques jours le
long de cette glact^ il revint à la cote d'Afie, qu'il
rangea & rentra bientôt après dans le détroit. La
mer dans c« détrmt n'eft pas profonde , ni la
terre fort élevée*, mais plus au fud la hauteur
des terres & la profondeur de la mer augmentent*
Cook revint à Oonalashka 5 dans la baie de la
Providence , que les habirans appellent Samga^
nàoodha* Là il s'entretint avec quelques Rufles
quil chargea de lettres pour M. Stephens y fc-
crétaire de l'amirauté d'Angleterre 5 & le cheva-^
lier Jarne^ Harris^ alors ambafladeur d'Angleterre
à la coiir de Ruflîe. On pécha dans ce lieu une
grande quantité de faumons, de truites & de plies.
Un de ces derniers poiflbns pefait deux cents cin-
quante-quatre livres. Enfuite il dirigea vers les îles *
<Je Sandwich p qu'il avait découvertes précifément
avant fon arrivée à cette côte. Il exagiina cçf
128 DÉCOUVERTES ET VotAGtt
îles pendant fix fcmaîncs & tiouva que leur nom-
bre était de quinze (a). Il s y procura toutes (brtes
de fafraâchifTeniens &fut fîngulièrement bien reçu
par les babitans qui lui rendirent des honneurs
prefque divins. Après qu'il eut pris des xafitaichiflè-
mens , il repartit au commencement de février ;
mais le mât d'avant de la Réfolution s étant caffê ,
il retourna à l'île ^O^x^hyhet. La réception que
lui firent alors les babitans fut tout*à-fait difië-
rente de celle qu'ils lui avaient faite précédem-
ment. Enfin, on vola le cutter de la Découverte ^
dont il était <lîfficile de fe pafler dans un voyage
comme celui-là. Le capitaine Cook alla ^irouver
le roi Terrteoboo pour l'engager à venir fur fon
bord , fe propofant de l'y retenir |ufqu'à ce que le
cutter fût rendu. Msds le roi avait de l'éloignement
pour cette démarche. Pendant ce temps -là un
des chefs de ce peuple reçut un coup de (ufBi
de quelqu'un des gens de l'équipage qui avaient
été envoyés dans les autres barques -, ces faiivages
commencèrent à lancer des pierres au capitaine
Cook qui voulant venger cet outrage, tua un
(^z) Cependant le capîtaioe Cook lui-ni£me laiflè ce
nombre indéterminé. Le leâeur s*apperçoit sdfément que
ce récit du troîfîème voyage de Cook fvt écdc avant la
publication de la relation écrite par lui-même & par k
capitaine King.
r
15 A K S L E No R Oi *X^
des aggreflêurs. Il vit alors- le danger où il' fe:
trouvait, & fe hâta de revenir vers les chaloupes^
mais un des chefs le frappa par derrière*entrè les^
deux épaules avec un large- ^poignard, dont le
capitaine* Cook hii-même lui avait fait préfent;
Cook avait cependant encore^ affez de force poui^
marcher vers le rivage, mais ii fat renvcrfé â^
terre à coups de pierres & d'aflbmoir5'/'&: fut
tué. Ainfi périt cet illuftre navigateur, fi ^uflemélir
admiré»
Si nous cônfidérons fa capacité' natifrelfc &: ccr
îjue l'étude y avait ajouté, fa fermeté & la cons-
tance de fon courage , fes foins vraiment pater-
nels pour l'équipage ^ on lui avait- confié V W
manière avec laquelle il fiit gagner raffîklë dé*
routes les nations grofBèfes & fauvages, K fa con*
dttite même avec fes amis & fes connatifances i
nous avouerons fimsi diffi^lté , quil^ Àqir êtro
nd$^ au hombre des pius-gsafids hommes de fon
fiècle-, ce qui juftifie les larmes que.! amitié ré--
pand fil* fa tombe. ïi n'était* pas exempt de dé^
fiiutsymatt ils étaient bien furpaffôs pas fes gran-
des (plantés. H- tù, bien- malheureux qu^it n'ait
{^à^ eu avec lui dans fon dernier voyage, un ami
qui. par & fageflfe St par fe. prudence , aurait pix^
ie contenir & fempêcher de donner l'efTor à fe$:
palfions qui lui devinrent fi nuifibles Se causèrenr
ia pertes
Fiij;
^}d DécOUVERTES ET VoVAÔESf
. Le tapitaine CUrke devint alors le premier
capitaine ^, & le lieutenant Gare le fécond. Leur
premier foin fut de pourvoir à la fureté de ceux
de leurs gens qui fe trouvaient à Tobfervatoire^
^nû que de ceux qui étaient occupés à réparer
k mal â( à remplir d'eau les tdnneaux. Une grêle
qle piei^res & d'autres aâics de violence l^ em-
pêchèrent de prendre de TeM s itiais ils vengèrent
fat ces peuples la mort de leur iUuâxe capkaine
& les outrages qu'ils en avaient reçus. S'étant
pourvus e^ite dans les. autres^ iles de ce' qui
feur était . néceffaire & fur - tout de prdvifion»
fraîches 5. ils fiient route pendant quelque temps
à l'oûèft, enfuite droit w Kath^/ch^tka où ijLi
eôtrètem dans le poi?t é* /éu^atska ^, €m Saint-
Pierre & Saiat-Paul» le jo' d'avril^ la RéTolution
y était arrivée quelques JQiirs ^Upwavant. Ils prirent
U des provisions SÇ. de$^ ràfrau^hifrenteiis jde^ tsmtfi
•fjpèçé , #£: ir€np(iretit à U Voilé le t%.ât juin ^
mai^ ils ne purent ibrtir de la. baie à caqfe des
vents contraires* Le 15, il fitreht furpris par Vé^
ruption <l'4in Volcan » qui remplit l'atmofphèr^
de cendres Se en couvrit te pont de Iftur .va^T^
feau d'un pouce d'é^^fleur» quoiqu'ils fiiilGbit
à huit lieues à l'oueft-fud-oueft de ce volcan, ÎU
entendirent un bruk terrible , & reçurent une
grêle de pierres-foncés de la groflèur d'une floif-
fette. Le foir du même jour , ils eurent du ton«
DANS r.E Nord. :cjr
oeire 8c des éclaits. Lelendemaîn Us contiûuèrenr
leur voyage. Il s'éloignèrent peu du rivage pen-
dant leur route, & ils virent fréquemment du boi«^
flottant & dés baleines. Il repayèrent par le dé-
troit de Bering y & fe trouvèrent dans les glaces^
fiir la. cote de fAméfique, au-delà du foijtiante-^
disxième degré ; cette glace était très - folide &
s'étendait comme tfné vafte plaine fur cette mer
peu profonde , & qui n a guèife que vingt - dnq^
à vingt-fcpt braffes de fond. Us viifent encore iftfc
grand nombre de morfes, ils en tuèrent quelques-
uns. Ik virent àtt côté dé Teft plufiéurs ourst
blsmcs courir fur les glates. Ha obfervèrént auflS
quelques albat^d&s & la mouette Uanche ( lariiS"
eburneus ) que le capitaine Pkipps avak auflî ob-
fervée près du Spît7;herg ^ ainû que* la bécaffihe
grife {tringa loûata)^ Aidts ils allèrent à la côt^
d'Afie^ & en: fuivirent 1er cours jufijuW détroit.
Us virentf les iies" fituéa^ dans ce détroit y & lé
ttemps^'étant échirci, ils découvrirent les rîvages^
des- deux continâis: qui né font f(^arés Fon dèt
Tautreencet efià:<»tqùé^devi»gt^lwic lieues^. teUfS'^
^ vatflèaux étaient en très-mauvais état , & pkifieur^
perfonnes 'de Téquipeger étsmr tombées malade^ »•
on prit la râblution de jetomner dans le port
de Saint-Pierre & de^ Saifit-Pkul au Kamtfchatka^
Ce fut à la vue de ce port que mourut le^ capi-
taine Clerkey dans \% trente- huitième' année de:
P \^
Ijl DÉCOUVERTES ET VoYAGB^
fon âge. C'était un homme d une grande capa^
cité- Il avait été élevé dans l'académie de la m*-
xine à Portsmoutk. Il avait été pilotin* Dans la
guerre de 175^ « <lans un combat il était placé
fur le mât de mifàine , le mât fiit rcnverfé , CUrke
tomba dans la mer s tous les matelots qui étaient
avec lui furent noyés , lui feul échappa de ce
danger & fe fauva en s'attachant aux cordages
du vaiflèau. Il fit fon premier voyage autour du
monde avec le commodore Syron ^ depuis l'an-^
née 17^4 jufcjucn 17^^^ le fécond avec le lieu-
tenant Cook 9 en qualité de contre>maître , dans
les années 17^8^1771. Dans fon troificme voyage
il partit comme fécond lieutenant avec Cook »
le voyage dura depuis T^née 1771 ^ufqu'en 177 S ^
Ce fut en qualité de capitaine qu'il fit, fon der-
nier voyage. Il calcula pendant fon fécond voyage
des tables d'éphémérides pour deux ans. C'était
un officier intrépide & confommé dans la fcience
navale^ il était d'un caraâère plein de feu qui
approchait un peu de la légèreté 5 mais il était
mêlé de bonté &c de beaucoup de grandeur d'ame»
Les écarts de fa jeunefle l'avaient énervé à un tel
<}egré , qu'il fuccomba dans ces firoide^ régions ^
smx attaques réitérées des maladies & de l'intem^
périe du climat. M. Gore prit alors le comman-
dement de la Réfolution , & plaça M. King ^
comme capitaine à bord de la Découverte. Ils
DANS Li? Nord.' . ij.j
prirent foin des malades à teitt , réparèrent leur*
vaifleaux, & après s être bien rétablis, ik remirent
à la voile le ^ d'oétobrc 1775, & , fuivant le cours
de la côté , ils pafsèrent par les îles Kuriles , &
apperçurent le Japon 5 après cela ils pafsèrent au
travers 'd'une grande quantité de pierres-ponces,
ètifuite entre le vingt-cinquième degré cinquante-
fix minutes & le vingt-troifième degré cinquante-
fix minutes , ils virent un volcan qui , félon toute
apparence , avait vomi ces pierres-ponces. Le pre-
mier de décembre, ils arrivèrent à Macao, où îls
fe procurèrent des rafraîchiflèmens & des provi-
fions , & partirent delà le 13 janvier 1780. le
Il d'avril, ils étaient à la baie de Simon au cap d«
Bonne-Efpérance. Le 11 de, mai, ils reprirent leur
voyage & arrivèrent le 22 d'août aux OrcaJesi
enfin , le 4 d odobre , ils fe trouvèrent à Note ,
après une abfence de quatre ans, deux mois 8c
vingt-deux jours. '
XXXVIIL Pendant ce voyage entrepris pour
la découverte dun paflâge atl Nord entre TA fie
& TAmérique , l'amirauté envoya le lieutenant
Richard Pickerjgill , fiir le brigantîn le Lion , au
détroit de Davis, dans lé deflcin de voir s'il était
pollible d'y découvrir un paflâge. Mais l'ami-
rauté commit plus d'une faute, en cette occa-
fion, dans les mefures qu'elle prit. Le lieutenant
Picker/gill avait fait un voyage autour du monde
zj^ Découvertes et Vo«ages^
en qualité de pilotin ^ fous 1& capitaine J^alliSf,
depuis les années ij66 juf<)u'en 17^8 ; enfuite
il avait été . det» fois autour du monde avtc.
Cookj depuis Tannée 176^ )ufqu'ea 1771 ,& de
177 1 à 1775 , la première' fois comme contre-
maître 5 & la féconde en qualité de lieutenant..
Il était fort inftruit dans fon état^ & était ca-
pable 5 comme Cook y Clerke Se beaucoup d autres
officiers de la marine Ânglaife, de Êiiredes ob-^
fervadons agronomiques » il iavait en outre lever
les cartes avec beaucoup d*exaâitude. Mais dans^
deux ou trois occafioas^ lorfqille Cook emporté
par la colère avait traité txès-dusemeat les Iku-^-
tenans& les autres officiers 5^ ii lui étak anivé de
s expliqui&r librement fut un traitement aixffi peo^
convenable* Ceci- &; te penchant trop vif quePio
kerfgill avait poui^ Us Uqueuis festes,. (enablûont:
être des raifons pour <^'il* ne fut pas élevé, comme:
les deux premiers l\eutenans , au grade de capitaine-
du troi£ème rang ou de maure & commandant.^
Le caraâèie aigre àt Pickerfgill le rendsût moin^
zélé & moins attentif aa (èrvice , Se l^engàgesdr
plus Couvent que jam^s à noyei; fon^ cbsigsia dan»
le vin»
Le vaifièau co^i àr fes (bins » avait dé)à éc^
employi^ par lamkaucé peâdant quelques années:
pcHir examina les cotes de Terfe-NeuveSc deLa--
brador y cette expédition avait été confiée à Michei
X>AN8LB NOBD. ajj
Lanty lotfque Cùok^ qui avait toujours été em-
ployé à leconnaStre les cox^ de Terre-Neuve &
à lever k càirte qui ks devait repréfenter^ fut en--
Voyé dans la m^ du Sud. Ce Lane avait eu con-
féquemntent, le conKmandement en chef du Liqn^
pendant pluâeUrs années ^ & devenait alors iîmple
imutre du même vai^ièau & fubordonné au lieu-
tenant Piek^rfgilL C'était bien fait pour bleflct
rànKnu-propf e de Lane. Deux hommes aufli char
grins & aùffi méçontens devaient nécefTairemeti^
kxtt à charge Ton à i'autie » mais le caraâère ou-
vert & ficanç d4 lofficier fupéneux donnait plus
de prîTe à Ltjgier^^ était très - siécofitenr^ àc
d'ailleurs plus. ciic(%fpeâ 8c plus diûimulé que
le nouveau <:apitdine« Il était donc «npodiblç qu il
^Vékvât pas de fréquentes diiiêtitions. entr'eux.
fUkerjgdl fit fentii^ à lautt c <^'il était fon fupé-
tieuf. XoM h fOufB&t «a filencc» «uùs il recueillit
«ne -multitude <le petites ohfervatkns qui donnè-
rent, IcMrfquil ât fes plantes yr beaucoup de dé^
lagrément à Plthir^Ui ^ car Tannée adaptés Iç
coflfintandenieAt lift lut oté iC donné à Laney
£n^, Piehsr^ill (at «ntiètement négligé par la-
mirauté , ^n ' ccxiféquence de quoi il accepta k
oommandémeat dun. Vs^fleau dasmatettr, & une
fois» en allant à bordr dé -fon vaiifeai^, pendant
Jâ nuit ^ le pied lui glifTa , il tomba dans la T^
^fe & fut ntiyé. . :
if^ DéCôtrVÊRTÈS Et VôTAGÊS
Le lo de juin 177^5 Pickerfgill pâflà prfe dcr
Sorlingues. Le 19 avec trois cents vingt & deul
cents qoatre^vingt-dir braffa; de fonde, il trouva,
un fond de fable au cinquante*- fkième degr^
trente -huit minutes latitude nord, & au dix«
(êprième- degré quarante - quatre minutes à Toueft
de GreertH^zch ; ce qui Fepgagea à nomn^r cette
terre le^ banc du Lion , & fur-tout parce qu it y
trouva, ce qail effi fort ordinaire de trouver fuf
tous les bancs de la mer, une grande quantité
doifèaux de^mer, covtmit Aes goélands^ des pton^
geons, &c. &c. Bientôt après, U ne- trouva plus-
de fond & ne» vit plus doifeaux. Le 7' de jmlleti;.
a était à hr hauteur Ai cap Furewéll^ 8r le 12».
i la vue^ du cap de la Défotatiort. Alors il' ran^
gea la cote du Groenland. Le 17 , il entrât
dans une pafle qui! npmma Muskita - Covt ^
fîtuée au foixantc-quatrieihe degré Ginquantc»fcpt
minutes latitude nord , & cincpiante-deuxième de»-
gré cinquante-fix minutes Se demi« longitrae oueft
de Grtentf^îek.An cinquante-neuvième degré trente
minutes longitude oueft. Se feixânte- cinquième
degré trente -huit minutes latitude nord ,. il ft
trouva près d une vafte plaine de glace ^ derrière
laquelle il vit quelque chofe qui avait Ts^parofice
d'une terre. Le 4 d'août à minuit , il étairpar le:
foîxante - huitième degré (^atorze minutes lati-
tude nord^ & le cinquante-^huitième degré cinquante
\
ISkVs L s Nord* tj^
nmutes longitude oueft» il vit une tiès- grande
quantité de g]ace qui le fit tourner au fud. le
X j 9 il vit une terre qui lui parut comme des
îles vers le foixante - cinquième degré trois mi-
nutes latitude nord, £^e cinquante-quatrième degré
deux nùnutes latitude oueft, il prit beaucoup de
plies. Enfuite il alla lut la côte de Labrador ^
doû il partit le 2^ feptembre^ & arriva enfin,
iàns accident 9 en Angleterre.
XXXIX. PickerfgiU ayant perdu ^ par fes diiSFé-
xens avec Lane ^ le confunandement du Lion ^
\oià Sandwich le donna à ce dernier {a) ^ qui
partit pour \t même objet & revint Ikns avoir
découvert 5 autant que j*ai pu l'apprendre ^ aucun
paflage^ ni rien de femblable {b). L'hiftoire de
ces voyages étant fiir le point dctre publiée,
fous Tinfpeâion du confeil de l'an^irauté, nous y
trouverons probablement des cpnnaiflances parti-
culières concernant l'expédition dç PickerJgiU &
de Lane. L'objet du gouvernement était que ces
dieux expéditions pulT^t s'aider mutuellement $C
■ ■ — ' ' ■
\d) Nous (avons , d'après une melUeure autorité « qu'O
iiit donné au capitaine Young. Voyez Tlntroduâion au
dernier voyage de Cook.
' (*) Ceft encore une erreur ; car nous favons certaine*
ment que Pickerfgill nt fut pas envoyé pour la découverte
d'un pa&àge , mais feulement pour examiner les câtes de
la baie de fiaffio* Uid,
1
coopérer a la découverte d'un paffàgc , s'il étaîl*
poffiblc.
Quoique les Anglais ayent dépenfé des (bmmes
îmmenfes depuis deux cents ans pour trouver le
paffage en cjueftîon , ils n ont cependant pas été
heureux dans leurs entreprlfes. S'ils y réuflîflÈdent,
la nation Anglaife tirerait de cette découverte
des avantages infinis > 6c elle pourrait étendre fon
commerce beaucoup plus que celui d'aucun autre-
peuple de TEtirope , pourvu qu'il lui fut poflîble
de le conferver pour elle feule.
■ H lli U II II1I1 I U JWIJU ■lllllil II Vm 114 ■
CHAPITRE U.
J^écouvertes faites dans le Nord par Us
Hollandais.
L-i A cruelle tyrannie que Philippe II, roi d'Efpa-
gne, exerçait fur la religion & la liberté civile de
fes fujets des Pays-Bas , ne laiflàit à czs peuples
opprimés que le choix de la mort ou de l'efcla-
vage. Cette fîfuation leur infpîra la réfolutîon de
défendre de tout leur pouvoir leurs droits &
leur liberté, droits qui étaient ceux de l'humanité
entière. Ils virent au0î que le plus iur moyen de
zéfifter à la puiffance de l'Efpagne , qui était alors
grande & formidable , & de fe procurer en même
temps 1» force nécei&irç pour . fedye une vig^u-»
xeufe réfiftance, était de découvrir une route aux
Indes 9 çomrée où ils pourraieni;» non^feulement
^tftaqu^ leurs ennemis, mais encore s'enrichir.
La route ordinaire aux Indes par le cap de Bonne-'
Efpérance leur paraiiïàit d'abord trop longue , &
d'un autre côté 3 les Efp^ignols & les Portugais
fournis alors au même maître , étaient en pofTef*
iîon de tous les ports où l'on pouvait trouver
de l'eau & des ptovilions» ainiî que des ports
pour relâcher pn cas de belpin. Conféquemment
il n'y avait pas de meilleur moyen pour aller aux
Indes Orientales, félon l'opinion de ces temps-là,
que de découvrir une nouvelle route qui y con-
duisît. Les Anglais ayant déjà fait quelques ten-^
tatives depuis l'année 1553, pour trouver un paA
fage par le Nord, à la Chine Se aux Indes, il
itait naturel que les Hollandais animés alors de
2:èle , d'aâivité & de courage , penfallent dès ce
temps*- là,. à chercher auflî ce pafTage. De forte
que l'iotérêt & l%trop puiflànt* motif de la ven-
geance furent les principales caufes qui enga^
gèrent des marchands des Provinces - Unies à
entreprendre des voyages au Ndrd, & quoiqu au-
cun de CCS voyages n'ait eu de fuccès , puifque
les tfoUandais allèrent bientôt après aux Indes
par le cfip de Bonne-Efpérance , & qu'ils en tirè-
rent des avantages qui furpa^çrent de beaucoup leur
1
t^o DÈcoûVfiRTES it Vôtkàus
attente , on ne peut nier que ce peuple n'ait
contribué, après les Anglais, plus que les autres
nations de l'Europe, aux connaiflances que nous
avons acquifes fur les contrées du Nord , & fur
les peuples qui les habitent.
; L Baleha^ar Moucheron^ marchand.de Mid-
delbourg en Zélande , propoCi de tenter d'aller à
la Chine & au Japon par le Nord. Dès l'année
15«^3 , quelques marchands s'afibcièrent pour équi-
per un vaifTeau de la Zélande, quelques autres
marchands à*Enkhuyfen Se £ Amfierdam fe joi-
gnirent à ceux-là , & tous enfemble avec le fe-
cours de leurs hautes-puiflances les Etats-généraux,
& de Maurice prince d'Orange & de Naffau,
grand -amiral, ils équipèrent trois vaiffeaux. Le
vaifleau de la Zélande était appelé le Cigne^ celui
d'Enkhuyfen, le Mercure ^ic celui d'Amfterdam,
le Boot ou le Meffager. Le commandement du
premier fut donné à Cornelis - Comtlijjon Nqyj^
qui fiit auffi défigné amiral de cette expédition \
Brand-Ysbrands ou Tetgàles 0,£\it capitaine du
vaifTeau d'Enkuyfen, & Wilhelm Barent^y de
Schellingj fut capitaine de celui d'Amfterdsun. On
parle de ce dernier comme d'un homme d'un très-
bon jugement & fort adif , & qui avait une con-
naiffance parfaite de la navigation. Gérard ( Getr
rit ) de f^eere , écrivit l'hifloire des voyages -de
Barentz> & Jean Hugh van Linfchoten donna la
relation
/
DANS LIÉ Nord. 141
relation des voyages des vaifleaux de Zélande 8c
d'Enkhuyfcn. Barents^ avait avec lui , outre fon
propre Vaiflèau, un jracAt de pêcheur de Schelling^
en cas quil fe féparât des autres vaifleaux. Le y
de juin 1554, ces vaifleaux, excepté celui d'Am-
ftcrdam, partirent enfemble. Le 23 du même mois,
ils arrivèrent à Kilduyn en Fimmark, ou Laponio
Rufle. Le 25 j Barentz avait remis à la voile, &
il était convenu qu'ils fe rencontreraient à Kil-
duyn , au cas qu'ils ne fe viflent pas près de
Jf^aigat:^. Il y a une bonne pêcherie de morue
à Kilduyn. Les autres vaifleaux mirent à la voile Iç
2 de juillet. Le 4, ils étaient à vingt-fix lieues de
Kolgoy, où ils virent une grande quantité de glace
& de phoques. Dans toutes les parties de cette mer,
ils avaient le fond à cinquante, foixante & foi-»
xante-cinq brafles. Le 14 de juillet, ils chaC-
sèrent une jeune baleine jufqu à ce qu'ils l'euC
lent fait écjiouer fur le rivage. Cet animal avait
trente-quatre pieds de long & fa queue huit pieds
de large. Le temps était auflî chaud qu'il l'eft
ordinairement en Hollande dans la canicule. Les
gens de l'équipage étaient fort tourmentés des
couiîns. De Swœtoinofs à la Petfchora l'eau de la
mer eft chargée, trouble & très-peu falée, à caufe
de la grande quantité de neige fondue qu'elle
contient. Ils rencontrèrent beaucoup de bois flot-
tant. Ils trouvèrent fur la côte de l'île de Waljats
Tome 11% Q
I4i DÉCOUVËHTES 15T VolTAGËS
de grands monceaux de bois, & de~gxands ar«
bies, quelques-uns avec leurs racines i ces arbres
étaient couchés les uns fur les autres, comme s'ils
avaient été entailës à defTein. Ils conclurent de
ce qu'ils ne voyaient point de forêt fur cette
côte, que ces bois venaient dif continent. Ils
obfervèrent que cette contrée était couverte d'une
belle verdure émaillée de toutes fortes de fleurs
êc ou il s y trouvait une grande quantité de plantes
^ fur^out de porreaux. Le temps était chaud & les
confins fort incommodes. Les vaiffeaux avaient
paffé entre l'île de Nf'aijats & l'île du Sud , &
tios navigateurs cherchaient alors un pallàge
«u fud de l'île. Us trouvèrent une terre qu'ils
prirent pour une île, ils y virent plus de trois
ou quatre cents idoles, quelques-unes mâles &
d^autres femelles *> d'autres repréfentaient des en--
fans ', enfin, il y en avait à quatre Se à huit faces,
maies & femelles. Toutes ces idoles avaient le
tifage tourné vers l'orient , & il fe trouvait i
leurs pieds une grande quantité de bois de
sennes. Quelques - unes de ces figures étaient
vieilles 8c toutes brifêes, d'autres étaient nouvelle-
ment fculptées. Il me paraît probable que les
Samojedes qui ont coutume d'errer dans ces con-
trées , avaient fculpté ces images en mémoire de
leurs parens, de leurs femmes & de leurs enfans,
de point du tout dans l'intention de les adorer
D ANS t fi NOR D. ^ 14}
comme des idoks* Les nations que nous avons
vues dans la met du Sud^ avaient, fur les tom-
beaux de leurs princes, la même efpèce d'images
fculptéesdes deuxfexes, pour conferver leur mé-
moke; ces peuples avaient auflî coutume de leut
ofl&ir des alimens. Ils nommaient ces figures Tihfu
' ou Ames. Les Hollandais, croyant que ces figurés
étaient des idoles, nonunèrent le promontoire fiir
lequel ils les avaient trouvées , Afgoden^Hoek ou
le Cap des Idoles. Mais les Ruffes ne paraiflentj
pas avoir tonfidéré fi férieufement ces figures, car
le nom de Jf^aijatlNoJs , Promontoire des Image?
, ou Promontoire fçulpté, montre clairement qu'ils
ne le^ prenaient pas pour des idoles. Du refte
une période de plus de deux cents vingt -hiuic
ans s'étant écoulée depuis que les Ruffes virent
les premiers ces images (en 15;^) & qu'ils don-
nèrent ce nom au promontoire , il peut s'être fait,
de grandes altérations dans les coutumes de ces
peuples. Us ont aujourd'hui un Dieu fuprême &
bon , & un Dieu filbalterne àç méchant. Les
Koedefnicks ou Tadebes , efpèce de prêtres ou
favoris du mauvais efprit, leur cohfeillent de por-
tesc avec eux une certaine efpèce de petites idoles,
dont cependant ils fi^nt peu de cas. Peut-être;
que les Ruffes qui les premiers ont découvert les
Samojedes, auront montré leur répugnance peut
ces prétendues idoles , & qu'ils l'aui^t mcrm
^44 DÉCOUVERTES ET Vo5'AGÊ5
exprimée d une manière un peu énergique , car
il arrive quelquefois que le zèle pour la religion
éclate en menaces & même en violences y delà
hs Koefdefniks les auront engagés à n'avoir plus
d'auflî grandes images pour éviter d oflFenfe]; les
Rufles, & qu'ils leur auront confeillé d'en avoir
de plus petites qu'ils pourraient porter avec eux-,
que de cette manière les RufTes ne les verraient
pas & qu'ils ne féviraient pas contr'eux. Du refte
il eft certain que lorfque Burrough vifita la Nou-
y elle - Zetnble en 155^, il apprit le nom de
Waijat ou Jf^aigati^^ de Lafchak\ qui était né
en Ruflîe -, conféquemment les Hollandais ne furent
pas les premiers qui {a) découvrirent ce détroit ni
le promontoire. La glace donna beaucoup de peine
^ aux Hollandais. Ils prirent terre fur le bord méri-
dional du détroit où ils furent fur le point d'être
détruits par quçlques fauvages. Enfuite ils conver-
sèrent encore avec d'autres Samojédes qui cepen-
. ^a) Le vrai détroit de Waigat^ auŒ nommé Hiti"
loperiy t^ près du Spîuberg, & iitué entre le vrai Spit\'
herg & la partie orientale de cette même contrée ( qui
^ auffi appelée New Friejland & Sudojlerland) & l'île
i^pelée Nordqflerland. Ce nom a été donné en effet au
détroit près du Spit\berg à caufe de la violence avec
^laquelle le vent du fùd y (buffle. Car Waaleh fîgnifie
fbufflet avec force, & Gat veut dire détroit 4 ouverture;
DANS L 1 N O R Ûi 24f:
datit entendaient la langur ruffe; L'eau de la mei?
au - delà du détroit avait la même couleur Se le
même goût que celle de rOcéan.'^ Ils naviguèrent le:
long de la côte de la Nouvelle-Zemble ^ Se ne
virent ni havres, ni pafles. La grande quantité
de glace les obligea à revenir fur leurs pas. Mais
lorfquelle fut un peu difperfée, ils reprirent leur:
route, & lorfquils furent à la diftance de qua^
rante lieues de Wàigatz, ils trouvèrent une mer
bleue & profonde & peu de gllbe -, ils virent
auffi la côte au-delà d'un certain point qui s'é-
tendait plus au fud-eft, & conféquemment vers
la Chine. Ayant Êdt^ cette découverte , ils fe-
hâtèrent de retourner en Hollande pour être les:
premiers à porter cette bonne nouvelle. Ils traver-
sèrent encore le détroit de WaigatTi , auquel ils
donnèrent le nom de détroit de Naflau *, & l'ife qui
cft précifément devant Waigatz, Us la nommèrent
île der Etats. Ils appelèrent Doîgoi- Ofirof ^
Mauritius , ils donnèrent le nom d'île d'Orange.
ai une petite île près d'Olgoi-Oftrof, Se appelèrent
le continent Nen^ - Jf^alcheren. Ib traversèrent
alors le golfe qui conduit à la mer Blanche^
ConfSquemmetit on pourrait le tr^^dùîre WindhoU^ paf^
fiige dû yent, maïs le mot ruffé W'aijat a une autre orvi-
gine, Voyei la note, pagn 27*
9^ H
1
i4^ DéCQUVEKTlS ET VoYAGES
pafscrent par Kilduyn & entrèrent dans le îf^ardr
huys^ delà ils re>rinrent enfin en Hollande ^ramixai
prit le chemin de la Zélande 5 les autres capi-
taines entrèrent dans le TexelSc arrivèrent le z^
feptembre à Enkhuyfen.
Barentz qui avait pris une route toute difFé-
jcnte arriva à la côte de la Nouvelle - Zemble
le 4 de juillet, près d'une pointe de terre à laquelle
U donna le nom de Langenefs , fituée quelque
part à loueft d^ cette maffe d'eau qui divife Tîlc
de la Nouvelle - Zemble. Il rangea la côte &
jiomma une baie qu'il y rencontra , la baie de
io/Tïjjparce qu'il y vit une grande quantité d'oi-
feaux de ce nom. Ces oifeaux ont le corps fort
grand & les ailes très- petites 9 ils bâtiflent leurs
nids fur les montagnes les plus efcarpées pouc
fe im^ttre en sûreté contre les animaux Ils ne
pondent qu'un œuf qu'on pourrait leur enle-
ver fans qu'ils s'envolaffent. Ces voyageurs vinrent
cnfuite à une île qu'ils nommèrent île de ï Ami-
rauté. Au foixante-quinzième degré vingt minutes
latitude nord , ils trouvèrent un promontoire qu'ils
appelèrent Zwartenhoek ( Pointe-Noire ) , & aii
foixante-quinzième degré cinquante-cinq minutes^
ils virent l'île de William , ils y trouvèrent une
grande quantité de bois flottant & de morfes. Us
nommèrent Berenfon un havre au-delà de l'île de
,\(^illiam ^ où ils avaient tué un ours blanc. U
DANS tt Nord. 247
trouvèrent dans une île deux grandes croix, ce
^ui leur fit donner 4 cette île le nom d'île de la
Croix. Ils nommèrent une pointe de terre au foî«
xanre=-feiaflènîe degré trente minutes. Cap Naffau^
Delà ils allèrent à Troojihoek & à Yshoek ( Pointe
de glace ) & aux îles d'Orange. Ils revinrent en-
fuite fur leurs pas, & repafsèrent par tous cef
lieux que nous venons de nommer, &: arrivèrent
à une île fituéc au-delà de Langenefs , au fud-
oueffi, à laquelle ils donnèrent le nom d^le^Noire
à caufe de fà couleur. Enfuite Barentz entra dans.
une paffe qu'il fuppofa être le même lieu oà
Olivier Bennel avait relâché précédemment , ^
auquel il avait dxMiné la nom de Confiant' Searck
{Confiante-Recherche) {a). Sur un promontoire
un peu plus loin, il vît une* croix, ce qui lui fit
donner , à ce promontoire, le nom de Cruyshoek
{ Pointe de la Croix ). Enfuite il entra dans la
pajfe Saint- Lauren:^^Hoek , & en vit une autre
(^ Il èA très^viAeftt (}ue les nav^teurs, qui avaient
£lé dans ta Nour^éZemble axrant Barentz ^ étaient Afi#»
glais; carie nom^ d*Otmer Bennel ell entièrement anglais,
ft le nom de la paflè qiic Barentz appelle Confiînt-Sarch^
ne peut être pris pour un autre que ConJlantSearch. Maî»
on ne peut aifSment déterminer, dans lequel des royz^9^
<mapà% fsûts par les Anglaîs dans ces lieux , cet endroit a
été nonoimée ainfi, ou fi Olivier Bennel aura entrepris un^
Q iv
245 DÉCOUVERTES ET VoYAGlS
trois milles plus loin nommée Schanshoek. En,
s'avançant toujours plus loin, il découvrit un havre
beau & sûr , fur les bords duquel il trouva de
la farine-, il le nomma, pour cela, Meelhaven^
enfin , il vit deux petites îles auxquelles il donna
le nom d'îles de Sainte - Claire. Arrivé aux îles
Matfeoi&c Dolgoyy il rencontra les vaifleaux de
la Zélande & èiEnkhuyfea qui étaient précifé-
ment revenus de W^aigat7;^.\.z% équipages de ces
vaifleaux croyaient que Barentz avait feit le tour
de la Nouvelle-Zemble. Après s'être félicités mu-
tuellement de leur heureufe rencontre , ils prirent
tous enfemble le chemin de la Hollande.
IL En 1 5 9 5 » fept vaifleaux furent équipés ,
deux à Amflérdam , deux en Zélande , autant . à
Enkhuyfen & un à Rotterdam 5 le 2 de juillet ,
ils partirent des Dunes-, le 17 d*août, ils trou-
Yereht des glaces en grandes maflès. Le 18,
ils virent l'île Mauritius ( pu Dolgoi-O/lrof. ) Le
19, ils étaient vis-à-vis du détroit de Tf^aigatT^y
mais ils fe troiiî^èrent bloqués par les glaces. Ils
attendirent dans quelques paflès & devant le dé- .
troitj mais la glace continua long- temps ,& le
voyage dans le deSèîn de faire des découvertes, ou
enfin , s'il aura été jeté (ur cette cote en allant ailleurs.
Nous n'avons rien de pofitif là-deflîis.
©ANS tl NOÎRI), 249
1 &: le 3 de feptembre , étant arrivés à l'île des
'-^ Etats , ils furent obligés, à caufe des glaces &
des brouillards , de fe mettre en ftation derrière
l'île. Ils tinrent un confeil général dans lequel il
fut réfolu qu'ils feraient encore un nouvel effort
pour avancer. Il gelait toutes les nuits , & la glace
avait un pouce d'épaifTeur. Ils tuèrent deux lièvres
fur cette île , mais un ours blanc qu'ils apperçurent,
leur échappa. La marée venait de Teft , ce qui
leur fît croire qu'il y avait une grande mer de ce
côté. Us trouvèrent fur l'île des Etats , de petits
criflaux tranfparens j dans la recherche de ces mi-
néraux deux de leurs gens furent dévorés par un
ours blanc. Us furent obligés à caufe des glaces,
d'avancer dans les détroits jufqu'à Tu^i/ihoek.
Le 1 1 , ils réfolurent de faire une nouvelle ten-
tative -, mais bientôt ils fe trouvèrent forcés de
letourner en arrière à caufe des glaces qui obs-
truaient leur route. Le 15 , ils fe déterminèrent
dans un confeil général de revenir, puifqu'il était
impoffible de naviguer au travers du détroit à
^ caufe de la grande quantité de glace dont il
était rempli. Après avoir beaucoup fbuffert des
mauvais temps & des tempêtes, ils fe trouvèrent
le 10 d'odobre au fud-oueft de Waardhuys. Ce
ne fut que très - rarement qu'ils apperçurent la
luneu La lumière des étoiles compenfaît prefque
iabûficedu foieil. Outre cela^ les aurores boréales
1
x$,o Découverte* et Voyages
tfontribuèient beaucoup à les éclaires^' -Enfin 9s
anivéïent le i^ oâobre dans leur patrie.
1 1 L Quoique les états généraux euffent refufS
4*aTanicer l'argent néceflkire pour entreprendre un
autre vo/age, cela n'empêcha pas ta ville d'Anv*
fterdam d'équiper deux vaiflèaux en 15^^- Le com*
mandement en chef de ces vaiflèaux fut donné à
Jacob van Heemskerk » & la place de premier
pilote 4 ff^illîam Barent^^ Jean Cornelis Ryp fut
maître du fécond vaiflèau Se en même temps fii"
ftrcargiu des marchandifes qui étaient à bord de
ce bâtiment. Le 18 de mai, ils fortirent du Vlie^
Ct le 21 9 ils virent les liM de Schetland & Fayer^
hill. Le 2 de juin, ils virent deux parélies au foi-
xante-onadème degré latitude nord-, il s'éleva alor^
une difpute entre Sarent^ Se Ryp fur la rout^
que les vaifleaux devaient tenir. Le premier peo*
fait quTl fallait fiiire voile plus à left; mais Ryp
aflîirait qu'ils étaient dans la bonne routes car il
avait toujours fait voile à Toppofîte du détroit de
Waigatz; Ils virent le 5 de la glace pour la pre^
nûèrc fois. Se pafsèrent heureafement au travers.
le 9, ils virent une île par le foixante - ijpatorzième
degré trente minutes, qui pouvait avoir, félon
leur conjcfture , environ quinze milles 4c Ion-
gueuf. Ils y trouvèrent un grand nonJ>re de goi-
lands dont ils emportèrent les obu6. Ils mon-
tèrent fiir une haute imoatagne de neige du haut
D A Ki t E NoflD. 151
dé laquelle ils fc laifsèrent bientôt gliflcr en bas;
Ils virent un ours blanc qu'ils furent deux heiir
res à tuer. La peau dt cet animal était de douze
pieds de iong , quelques perfonnes de Téquî-
page mangèrent de la chait de cet ours , mais
ils la trouvèrent d'un goût défagréable. Il appe«
lèrent ce lieu île de ïOurs. Le 17 & le 18 ,
ils virent luie grande quantité de glace » qu'ils
côtoyèrent, jufqu'à ce qu'ils fuflcnt arrivés à une
pointe de terre iîtuée au fud de ces glaces. Us
apperçurênt encore la terre le 15 , & trouvèrent
qu'ils étaient par le quatre-vingtième degré onze
minutes. Cette terre était fort étendue, fls navi-
guèrent le long de la côte oueft jufqu'au foixante-
dix-neuvième degré trente minutes » où ils trou-
vèrent une bonne rade, mais la glacé les empê-
cha d'en approcher. Ils mouillèrent cependant dans"
une baie qui s'étendait du nord au fud , dans la
mer. Ils tuèrent encore là im grand ours blanc
de treize pieds de long. Ils trouvèrent fur une
île un grand nombre d oyes ( anas-hernicla) y ils eh
tuèrent une à coup de pierres •, ils trouvèrent plus
de foixante œu6. Ils obfervèrent fiir cette île , ati
quatre-vingtième degré latitude nord , des gra^t
nées Se du trèfle en végétation, ainfi que des
rennes qui paifTaient. Tous les animaux de la Non*
V€lle*Zemble\ qui eft fituée bien plus au fud,
font , au contraire , d'efpèces carnivores j parce qull
1
t5i DÉCOUVlItTfiS II? VôTAÔÏf
n y croît point d'herbe. La déclînaifon de raîguîller
aimantée était ,en cet endroit, de feize degrés. Ik
côtoyèrent cetteterre jufqu au foixante-dix-neuvième
degré, 8C découvrirent une large paffe de trente
milles de long au moins, mais ils furent obligés
de fe détourner. Le 2 8 , ils arrivèrent à une pointe
de terre fituée fur la côte à ioueft , où ils trouvè-
rent un fi grand nombre d oifeaux qu'ils volaient
|ufques^ dans leurs voiles & Gît leurs mâts. Us
revirent le premier de juillet , l'île de ÏOurs.
Jean Cornelis Ryp vint à bord de leuf vaifleai*
& leur dit qu'il avait intention de faire voile le
long de la côte efl de cette terre , vers le qua-
tre-vingtième degré. Barent:^^ au contraire, alla
vers le fud à caufe de la glace. Le 17 de juillet,
ils découvrirent la Nouvelle - Zerhble ^ non loin
du- rivage de Loms-Bay. Le 20 , ils defcendirent
fur Crofs-Ifland ( l'île de la Croix) , ils y virent
deux croix qu'ils voulurent exanûner, mais y étant
allés fans armes , leur curiofité penfa leur coû-
ter la vie ) car deux ours coururent fur eux , &
ce ne fut qu^avec les plus grandes difficultés qu'ils
échappèrent à ces animaux varaces. Le 17 d'août,
ils étaient près de Trooshoek autour duquel il y
avait une grande quantité de glace. Le 15, ils
doublèrent le cap Defiré , où ils virent diftindes-
ment la terre qui s'étendait au fud. Le vaiffeau
totalement environné de glace était dans un graal
1>AÎIS LE NOÏtD. iSi]
Ranger •, ce qui les obligea de porter leurs provi-
fions à terre & de fe préparer à hiverner. Ils tirè-
letit fur un ours , mais le ficoid était iî grand
que le coup n'eut point d'eflFet. Ils découvrirent
une rivière & virent, beaucoup de bois flottant.
Le 15 de feptembre, la mer était gelée de deux
pouces d'épaiffeur. Le i^ fie fut encore de même 5
ils allèrent chercher du bois fur des traîneaux
pour conftruire leur habitation. Le 2 d'oélobre,
tous les matériaux étaient prêts, mais ils ne purent
creufer la terre qui était fi fort endurcie, qu'ils ne
purent la ramollir même pat le moyen du feu.
Ils amoncelèrent de la neige autout de leur mai-
fon, afin de la rendre un peu plus chaude &c de
Taflurer contre l'effort des vents. Leur bière gela,
même la bière forte de Dantzick appelée joppen.
ïlsfouf&irent confidérablement du firoid & furent
continuellement en guerre avec les ours. Us tuè«
lent & firent rôtir un renard blanc , dont la chair
leur parut avoir le même goût que celle du
lapin. Le 3 de novembre , ils perdirent la vue du
foleil) les ours difparurent auffi; mais les renards
commencèrent à fe montrer ^ les ours ne revinrent
dans ces lieux que lorfque le foleil y reparut. Nos
voyageurs attrapèrent des renards dkns des pièges.
Le 7 de décembre , il s&n fallut peu qu'ils ne
ftiffent tous étouffés par la fiimée d'unç mine de
charbon 4e terre. Le fi:oid augmenta alors 'prodt
154 DéCOUVBRTES X)B VôYAOÈI?
gieufcment. Le 24 janvier, ils revirent pour la pre*-
mière fois depuis le 3 de novembre, le foleil qui pa-
xoifTair depuis quinze jours ^ comme lecrépufcule. Us
forent étonnés de ce phénomène , parce que félon
leur calcul, le foleil aurait dû paroître environ feizc
tours plus tard. Mais c'était une erreur , ils n Sa-
vaient pas fait attentioa que dans ces régions la
té&adion eft très - confidérable , à caufe de la
grande quantité de vàpeuj^ contenues dans Tain
Ils manquaient de bois , & ils eurent des pei-
nes incroyables à s'en procurer, parce que le
bois flottant était tout couvert de neige. Ce fiit
vers ce temps que la mer fe nettoya des glaces
qui la couvraient, & qu'ils conçurent Tefpérance
de fe ther de ce trifte lieu. Mais le 14 février 5
les vents d'eft-nord-eft ramenèrent d'autres gelées,
ce qui abanit le courage de ces pauvres gens Se
les réduifît prefque au défefpoir. Le 8 & le 5 de '
mars , le vent foufflant du fud * oueft chaflà les
glaces. Mais le 10 , un vent violent du nord-eft
ramena d'énormes montagnes de glace. Les mois
d'avril & de mai ils en virent enfin la mer en-
tièrement débarraflëe , ils commencèrent alors
à fotiger à leur retour dans leur patrie. Ils pré-
parèrent au mois de juin les barques pour leur
Voyage. Ils virent un grand nombre d'ours & en
tuèrent plufieurs -, quelques perfonnes de l'équipage
ayant mangé du foie d'un ours , elles en furent
DANS LÉ No& D. 155
tiès'inconunodées, & après ayoir recouvré la lanté ,
leur peau tomba toute en écailles. Ayant porté
à bord de leurs deux petits vaiffeaux tout ce
qu'ils purent fe procurer de provifions, ils mirent
à la voile le 14 de juin, Barentz & une autre per-
fonne de l'équipage étant malades. Le 20 , Barentz
& un homme appelé Nicolas Andreifs mouriucent.
Les gens de l'équipage fe trouvèrent fouvent en
grand danger au milieu des glaces. Ils perdirent une
grande A||||tité de provifions & de marchandifes.
Ce no^ pas fans de grandes difficultés que leurs
vaiflTeàux pafsèrent à travers ces glaces j enfin ^
ils commencèrent à naviguer dans une mer aifet
libre. Ils defcendirent quelquefois pour chercher
des œufs 9 des oifeaux , & du bois pour les Êdre
cuire. A peu de diftance de U^aigatTi^ ils trott-
vèrent deux petits vaiflcaux ruffes , plufieurs pet-
fonnes des équipages ruilès reconnurent quelques^
uns d'entr'eux parce qu'ils s'étaient vus dans d'au-
tres voyages. Ils arrivèrent enfin , avec de grandes
difficultés» à Kandnoes (Kanyn-Nofs), ils ob-
tinrent quelques provifions de plufieurs vaifièaux
zuiTes*, mais ils fiirentféparés de leur petite bas*
que par une tempête. Cependant ils traversèrent en
trente heures avec leur petit vaifleau l'entrée de
la mer Blanche qui a dans ce lieu cent vingt
milles de large. Ils rencontrèrent un bâtiment ruÂe
& quelques pâlcheuxs» dont ils obtii^ent des pxo-
1
^
1S( DéC0t;VÊÏlTE5 ET VoYkGEi
vifions, & bientôt après ils trouvèrent leurs cama-
rades dans Tautre barque. Ils arrivèrent à Kildayn
où ils apprirent qu'il y. avait à Kola trois vaif-
féaux hollandais , dont dîux étaient prêts à
mettre à la voile. Ils y envoyèrent deux matelots
avec un lapon, & en trois jouis ils Reçurent des
lettres du capitaine Jean Cornelis Ryp^ dîuis les-
quelles il leur difait qu'il les croyait perdus depuis
long-temps. Ce capitaine vint les trouver à Kola
avec des rafraîchUTemens & les prit^ptS^vaif
feau , ils s'en allèrent avec lui au noiîwe de
douze en Hollande , &:. arrivèrent à Amfterdam
le premier novembre 1597.
Cette relation prouve évidemment que Heems-
kerk^ Barent:^ Se Ryp avaient découvert , dès l'an-
née I J.95 5 l*île de rOurs, que les Anglais recon-
nurent depuis, en 1^03 , à laquelle Us ont donné
le nom d'île de Cherry , & qu'ils vifitèrent fou-
vent dans la fuite. De même , Hudfon vit , en
1^07, le SpitT^erg qui avait été découvert onze
ans auparavant parles Hollandais, &qu'Hudfon prit
à tort pour le Groenland. Cette relation montre
clairement la difficulté de naviguer dans la mer
peu profonde qui baigne le nord de la Sibérie ,
à caufe des glaces dont elle eft couverte, & les
eftets de l'intcnfîté du froid , qui eft tel , que
l'eau de la mer fe gèle en une nuits ainfi que
la
BANS LE Nord. 257
la durée & rextrême froideur des vents d'eft fous
le cercle polaire.
IV. Hfsnri Hudfon , partit du Texel le ^ d*avri!
1^0^ , avec un yacht équipé aux dépens de la
compagnie Hollandaife des grandes Indes. Le 5,
de mai, il était à la vue du cap Nord, & bien-
tôt après il arriva à la Nouvelle - Zemble qu'il
trouva environnée de glace très-épaiflè. Ce fut
pour cette raifon qu'il abandonna cette côte, &
dirigea vers l'Amérique où il découvrit une ri-
vière qui eft encore appelée de fon nom , rivière
dHudfon , à l'embouchure de laquelle eft New-
York , & un lieu fitué un peu plus haut qu'on
nommait New - Belgium , où les Hollandais
avaient autrefois envoyé une colonie. Mais S
l'égard des découvertes dans le Nord , le voyage
d'Hudfon fut abfolument infrudueux.
V. L'île de Jean Moyen fut découverte en 1 6"! i^
par un marin de ce nom , elle eft fituée verg le
foixante-onzième degré de latitude nord , & huit
degrés quinze minutes de .longiti^de eft dis l'île de
Fer. Elle eft longue & étroite, S^s'étend du nord-
eft au fud'Oueft. Il y avait autreS3i&._une pêche-
rie & une manufeélure d'huile de poiflbn, parce
que les baleines fe rendaient quelquefois de
l'ancien Groenland fur cette côte -y on y trouvait
auflî un grand nombre d'ours blancs, de morfes
&c d'autres animaux marins , &c quelques renards*
Tome II R
1
%^i DéCpUVEKTES BT WoYA&'ES
Mais 111e étant trop petite & Vappas très-rare»
les poiflons découvrirent bientôt leurs ennemis Se
fe retirèrent parçni les glaces , où ils trouvent plus
4e sûreté & 4e tranquillité. Cette pêcherie avait
^é en activité depuis itfii jufqvi'en 1^53 i mais
4epuis ce temps cette île a «té peu-à-pcu négli-
gée. AâûeUement on ne la vifite plus que par
bafard. Elle fut nommée 9 en l'honnettr du pfincQ
IVl^uiice de Naf{»i » île Mauruius in Groenland i
ijiais il faut bien la diftingu^r d'une autre île Maurl-
tius fur la pointe nord-oueft du SpU^berg^ qui
porter auili le nom d*i/e ^Amfierdam 9 Se que le&
^^nglais appellent çap ê^Eackluyt. On avak laifle,
^r l'île Maurims ep Groenland ou île Je^n
May en ^ fept matelots pour hiverner dantlafaifoa
4e 1^)3. à 1^343 maïs tous moururent principa-
lement du fcosbut. Us avaient fait leur jomrnai
jufqu'au 30 avril s ce fiit probablement ttès-peu
de temps après qu'ils nioururent v x:ar les vaif-
iieaux: qui arrivèrent là de la Hollande » le 7 juin
1^34^ ne les trouvèrent plus vivans.
YI. On trouve dans les Tranfaôions Fhilolb-
phiquesy n''. 118, que pbjfieurs nfxai:chasids. de
Hollande équipèrent, on ne dit pas en quel temps,
quelques vaiiTeaux qui s'avancèrent^ jusqu'au {xÀ*
i^ante-dix^neuvième & quatie-vingidènie d^é à&
latitude nord, cent lieues à l'eft Si aurdelà de la
NouvelU-ZcmbU^ Sc qi^'iU qrQUviriOiit feus cett»
\
lâdtucle une mer parfaitement libre de gkce y mais
aii quatre-vingtième degré 5 un degré de longitude
ne vaut que dix milles géographioues ^ & cent
lieues font trois cents milles communs anglais,
comme on cotnptfe à la merj conféquemment les
Hollandais n'allèrent pas plus loin que trente dc^
grés à Teft de la pointe la plu$ orientale de la
Nouvelle - Zemble 5 peut - être aux environs de
Chatanga ^ au eent* vingt-cinquième degré longi^
tude eft de l'île de Fer; ce qui ft'étatt pas d'une
aflez grande importance pour cacher cette décou-*
verte avec autaht de foih que nous favons qu'ils
le faifaient.
VU* Quelques perlbtines qui défiraient contir
nuer les navigatiohs au Nord » préfentèrent en
r^i45 une requête à leurs hautes- puilTadces les
Etats * généraux 9 dans laquelle elles demandaient
d'être établies dans la libre navigation au Nord
du ^troit de Davis , au Groenland , au Spitzberg
& à la Nouvelle-Zemble. Ce privilège leur fat
accordé par une charte eh date du 27 jfinviet
I ^14 ^ & depuis ce temps il a toujours fubfifté une
compagnie du Nord, ou comme on l'appelle encore,
du Spitzberg ou du Groenland 5 qui a coutume
c'envoyer tous les ans aux régions polaires ^ des
vaiâèaux employés à la pêche de k baleine as
des phoques. On ift peut cependant pas afluret
que cette compagnie aie fak attçune découverte im^
R ij
3L^o DéCôWlRtES Sî» VôYASlsr
portante dans le Nord , car ces marchands afïb-
ciés fe contentèrent des gains médiocres qu'ils
firent à cette ^cche , 3^ ne portèrent pas leurs vues
plus loin.
VHI; En 1^33 , la compagnie Hollandaîfe du
Nord envoya, comme de coutume , fes vaiflèaux
au Spitzberg & donna en outre des ordres pour
qu'on laiffât des matelots 5 mais de leur propre
confentement , pour hiverner dans ce pays. Plu-
ficurs s'offrirent d'eux-mêmes pour cette expédition.
Ils y pafsèrei;it en effet l'hiver, mms ils eurent
beaucoup à fouf&ir du froid. Ils fe battirent quel-
quefois avec les ours , ils tuèrent quelques ren-
nes 5 attrapèrent & mangèrent plufieurs renards ,
tuèrent un ou deux morfes, préparèrent quelques
fanons d'une baleine qui avait été jetée fur le ri-
vage par la marée , mais ils n'en tuèrent point ;
enfin Us reviment heureufement en Hollande dans
l'année i^J4- Us avaient paffé l'hiver dans une
baie au nord fur l'île Mauritius ( ou cap Hackluyt),
près du Spitzberg. On laiffa encore dans la même
année fept matelots fur cette île , ce fut auflî de
leur propre confentement , mais ils moururent tous
du fcorbut eu 1^35. Us avaient continué leur
journal jufquau z^ de février feulement, & lors-
qu'on retourna dans ce lieu en 1^3 5 , ils n'étaient
plus. Depuis ce temps on n'a plus laiffé perfonne
pour hiverner dans cet âpre climat.
r
©ANS LE Nord. i^t
IX. En 1^40 ou 1^45 5 Ryke-Yfe du Vlîelajtdy
ancien négociant au Groenland , aborda à un
grouppe de très-petit;cs îles fur la côte orientale
du Spitzberg, qui n*îavaient encore été vues ni
ficéquentées par aucun des premiers navigateurs
au Groenland. Il avait toujours beaucoup aimé
à chaflèr les morfes. La grande cpiantité de
ces animaux qui fe trouvent fur ces rivages , lui
fournit Toccafion de- déployer fôn habileté ,
& Tadreffe de fes gens. En très -peu de temps
il tua pluQeurs centaines de. ces animaux & tira
un grand produit de leur graiffe. & de. leurs
dentSr
X. En 1^43 5 la compagnie HoUandaife des
grandes Indes donna ordre d'envoyer deux vaif-
feaux de Tlnde au Nord , dans le deffein d'exa-
miner la route du Japon vers le nord, & même'
d'aller auflî loin qu'ir ferait poflible au nord de.
TAmérique & de chercher un partage dans cette
partie. Pour remplir cet objet, deux vaiflèaux
partirent enfemble , le 3 de février 1 6^44 , dvp
havre de file de Ternate. Ces vaiffeaux étaient ^
le Ca/iricom^ commandé par le capitaine Martin.
Heri^oom van F'rie^; & le Breskes^ fi>us le corn.-
mandement du cafitaLineHendrick'Cornelzs Schaep^
Le 14 de mai , les deux vaiffeaux furent féparési
par une tempête, à la diftance de cinquante-fix.
lieues die Jeddo , la capitale du Japon. Ils apper-
R iij
1^1 DÉCOUVEKTES ET VOYAGES
curent la terre de Jefo. Le Breskes traverfa le
détroit entre^Jçfo & le Japon ^ au.quarante-unième
degré cinquante minutes de latitude nord, & au
cent foixante - quatrième degré dix-huit minutes
de longitude eft de Ténériffe. Ils virent encore It
terre au quarante-troifième degré quatre mioutei
de latitude nord > vers le quarante - quatrième
degré quatre minutes , quelques barques vinrent
du rivage vers leur vaifleau* Ils découvrirent une
autre fois la tene fous le quarante-troifième degré
quarante -cinq minutes, ainft quau quarante-qua-
trième degré douze minutes de latitude, &
cent- foixante -fept degrés vingt -une minutes de
longitude. Sous le quarante - ciiiquîème degré
douze minutes de latitude, & cent^foixante-neuf
degrés trente-fix "minutes, la terre parut, dans
l'éloignement, comme un graftd nombre d*îles;
mais en approchant , ces îles leur parurent ne for-
mer qu une feule terre. Ils apperçurent par le qua-
rante-fixième degré quinze minutes de latitude, &
te cent-foixante-douzîèmis degré feize minutes de
longitude , ainfi qu'au cent- foixante -ànizième
degré cinquante-trois minutes de longitude , quel-
ques hautes montagnes. Us virent encore rerr«
au quarante - feptième degré huit minutes de la-
titude, & cent - foixante - treizième degré ci«K
quante-trois minutes de longitude. Nous vofcms
par cette relation comme par celle du CaAricoin^
DANS LE NOK0. t^f
que ce qu'on appelle l'île de Jefù coniîfte en effet
en une grande quantité d'îles omnues au^utd'boî
par les Rufles fous le nom de Kutiles. Les Hol-*'
landais knaginërent avok découvert dàns"^ Jejk
une grande contrée ) 8t dans la dernière relatioir
que nous^ avons des Ruffes (a) ^ on donne k
mèmfi defcriptipn de la terre de Matmai , dan&
laquelle lés Hollandais parlesit dun lieu nommé
Acquêts j que te RuiTes appellent ^^*ij. Le dé-
troit entre^ Matmai & le Japon eft d'environ Çoh
xante îf^erflei ou trente - quatre milles géogra^
phiques en largeur ) il y pafTe un grand courant y
comme entre pefquè toutes les îles Kuriles. Mat--
mai eft une viUe fous la domination de i'empereuÉ
du Japon ; les Chinois commercent auffî à la terre
de Matmai. Les Kuriles chevelus (ont un peuple
libre. Qp n^ fait pas encore fi Matmai eft une
ile ou un continent* Mai$ il eft probable que
c'eft une île pu^que les babitans ne font pas tri^
butaires des Cbiiîds^ D'ailleurs cela eft auflî cotî^
£rnié pai le père Hieronymus de Angelis^ qui
parle du, détroit de Teffoi qui fëpare Matmai évt
Continent 9 8é par lequel 11 pafie un coc^aât fert
& rapldei Cette cô^réé £»nble a^R^ pris fSfftt
(a) Nouvelle* Colkaiotts de M. PaRas , Vol. IV,,
pag. 131$ (en allemasid )«
R W
1^4 DÉCÔÛVÉRfgS ET Vo'ÏAGlSr
nom àtJefo ou Efo^àu peuple qui l'habite. "Lts
Japotiais appellent les Kuriles, Jefo^ & c'eft delà
que les Portugais & les Hollandais ont donné le
nom de Jefo à la terre de 'Matmai. La terre & le
pic de Saint- Antoine 5 décrit dans le journal du Caf
trîcom^ paroît être Tîle Itorpu ou Etorpu^ qui
n'eft formée, félon les dernières^ relations {a) y
que d'une chaîne de hautes montagnes avec plu-
fieurs fommets élevés. Dans ce cas Urup doit être
l'île des Etats des Hollandais 5 de même Tfchirpo-
Oi répond à la terre de la Compagnie , & le dé-
troit entre Urup & Tfchirpo-^Oi ^ fera le détroit
de Van-Vriei^. On trouve pluiîeurs volcans dans
les îles Kuriles ^ il y en a qui font aéluellement
éteints , d'autres brûlent encore. Quelques - uns
formés nouvellement, ont de ftéquentes érup-
tions , comme celui qui jeta des flamipes le 8
de janvier 1780, dans Tîle de Rachkoke ou
Rakchotik. Cette éruption produifit un violent
tremblement de terre qui caufa de grands ravages
dans les îles de Ketoi, Schimufchiry Tfchirpo-
Oi & Urup.
Mais quand nous regarderions comme authen-
tiquer le récit des Hollandais qui crurent ap-
percevoir, comme le dit la relation du Caflricoik
^ . . . . -,
(a) Voyez Pallas, Colle^on du Nord, Vol. IV,
pag. 13}.
B A K s t £ N O R O. £^J
& du Breskes^ un continent étendu & fans in-
terruption 'y on ne peut nier cependant que ces
nombreux volcans ne donnent lieu de conjedu-
rer que plufieurs grands pays auront été divifés
par les violentes fecouffes des tremblemens de
terre Se qu'ils auront ainfi formé de petites
îles. Auflî ce qu Qn lit dans la relation du Caf-
tricom & du Breskes , ne me paraît pas très-in-
croyable.
XL Dans le temps que la compagnie du Nord
HoUandaife était encore dans toute fa fplendeur
( c'eft-à-dire de 1^14 à 1^41), elle epvoya un
vaifTeau au Groenland pour y charger de l'huile
de poilTon qu'on faifait à Sewerenberge. Mais
comme il n'y en avait pas fufGfamment pour com-
pletter la cargaifon, le capitaine trouvant la mer
libre, dirigea droit au nord> & approcha à la
diftance de deux degrés du pôle , duquel il fit
deux fois le tour. Ce capitaine avait coutume de
raconter cela publiquement & de prendre fon équî- *
page à témoin de ce fait. Voyez Zorgdrager ,
pèche de la baleine au Groenland , ( en allemand )
Vol. II 9 chap. 10 j pag. IC%. Jofeph Moxon dit
auflî à Wood en i6j6 ^ comme celui-ci nous
l'apprend 5 qu'étant en Hollande environ vingt
ans avant i & conféquemment en ié'5^, il en-
tendit dire à un capitaine Hollandais , homm©
trèsTrefpedable & auquel il pouvait ajouter foi 5
^u'il avait navigua fous le pôle où il trouva l'ak
aiiifi chaud qu'il a coutume de letre en été à
Amfterdam. Enfin , le capitpsitne Gould cpX avait
£ût plus de vingt voyages au Groenland , dit au
roi Charles II, quêtant au Groenland vingt ans
Aiparavant , U avadt rencontré près l'île Edges (a) y
à 1 eft *de cette contrée , deux navigateurs Hoi^
landais, qui réfolurent, ccmune il ner paraif^
fait point de baleine fur ce rivage, de faire
voile plus loin vers le nord, ce qu'ils firent en
cfiet,; qulls étaient revenus quinze jours après ,
6c avaient été jufqu'au quatre-vingt-neuvième
degré, où ils n'avaient vu aucune glace, mais
ime mer parfaitement libre & des vagues auffi
grandes que dans la bade de Btfcaie* La dé-
clinaifbn de l'aiguille aimantée était dans ce
lieu de cinq degrés. Il arriva dans la fuite, qu'un
de ces capitaines vint à Londres, le capitaine
Gould le préfenta-à quelques membres de U
* compagnie du Nord qu'il convainquit pleine^
ment de la vérité de fa relation. Voyez la Re-'
(a) Llle Edges eft probablement une des îles appar-
tenants à ce grouppe d'îles découvert par Ryke - Y/èm
Le capitaine Thomas Edge qui fit dix voyages au Groen-
land , découvrît cette îleeni6ï^j &eri 1617, tft>e île fituée
i fa hautent d«r Spttzberg ; fin appelée ile Wyche du ttom
4« M. WyciMs
DANS XI Nord. x€y
iàtion de quelques Voyages & de plufieurs Dé'
couvertes faues depuis peu; Londres, 171 1 5 pag.
ii45 ^ ^^^ 4^^ ÏHiftoire du Froid y par iit
Bôyle.
XIL C eft la malheureufe deftinée des favam
de ne pouvoir » malgré tous leurs foins , acqué*
rit les connaiifiànces qu'ils défirent fur les objets
de leurs recherches. Nous trouvons dans les meil^
leures cartes quelques relations ou plutôt quel^
ques notions relatives aux contrées qu'on pré«
tend avoir été découvertes par les Hollandais )
mais il eft fort difficile de déternniiner où l'on
pourrait trouver des relations plus circonftan-
ciées concernant ces découvertes. Je vais parler
de quatre ou cinq contrées découvertes dans le
Nord par les Hollandais, dont je ne puis guère
dire que le nom. Je pofsède une coUeâion d en«
vîroiîr fept cents volumes de voyages écrits en
d^érentes langues 5 cependant j'avouerai que
dans tous* ces livres je n ai rien pu trouver qui
ait le moindre raj^cMrt: à ces découvertes; peut--
être cet aveii engagera - 1 - Il quelques favans ou
d'autres perfonnes à me faire part d^ leurs re«
cherches fur ces contrées ; dans ce cas je leur
aurais une obligation infinie , non - feuleoient
d'avoir par-là augmenté la (bmme de mes co»-
naiffances 9 mais encore d'avoir rendu mon. His-
toire des Découvertes dans le Nord beaucoup
1
'2^-8 DÉCOUVÊJRTfiS ET VôyA(SE5
plus complette qu elle ne l'eft à préfent. Car jV
conviens feanchemeat que , même a mon avis ,
mon ouvrage n a pas atteint ce point de perfe#-
tîon auquel je m'étais propofé de le porter. Mais
j'ai rencontré une multitude de difficultés qu'il
m'a été impoffible de furmonter dans la fituation
■où je me trouve. Au foixante - quinzième degré
latitude* nord. Se environ cinq degrés à Téû de
l'île de Fer , nous trouvons fur la côte orientale
du Groenland, la terre de Gale-Hamkens y qu'on
dit avoir été vue en 1^54; Gale-Hamkens était
un Hollandais commerçant au Groenland, qui dès
l'année 1^59, avait le commandement de l'Or^/z^
jeboorriy vaiffeau du premier rang, & qui prit fur
fqn bord le capitaine Dirk-Alberts^Raven & le
refte de fon équipage , lorfque cet inforçuné per^
dit fon vaiffeau nommé le Spita^erg^ dans les
glaces près du Spitzberg. C'eft là tout ce qile
l'ai pu apprendre concernant ce Gale-Hamkens^
J'avoue même que je ne puis déterminer s'il a
découvert cette terre, ou fi quelque autre navi-
gateur lui aura donné le nom de Gale-Hamkens
pour perp^uer la mémoire de ce marin. On a in-
diqué ..^au^^oixante-dix-huitième degré de latitudô
ndrd, & au dixième degré de longitude eft de
l'île de Fer, une terre fîtuée fur la côte orien-
tale) du Groenland , & appelée la terre ai E dam*.
Elle fut découYCice en 1^55, mais je ne puis-
r
DANS tE NO^D. 169]
dire par qui, ni fi elle fat nommée ainfi du nom
d'un homme , d'un vaifleau ou de la ville d'Edam -
dans le nord de la Hollande. De plus on place
au foixante-treizième degré trente minutes de la-
titude nord, à peu de diïtance du premier méri-
dien qui pafle à l'île de Fer , une île fiir laquelle
eft écrit le ftom de Bontekoe avec la date de
Tannée 166^ , mais je ne fais qui la découvrit,
ni fi elle a été' nommée ainfi du nom de celui
qui y a abordé le premier , ou d'un vaifleau,
ou enfin , de quelqu homme de cette contrée. On
marque encore au foixante- dix- neuvième degré
de latitude nord , & au dixième degré de longi-
tude eft de l'île de Fe/r, une terre où Ion trouve
la date de 1^70, mais c'eft tout ce que je fais
concernant cette^ île. Enfin , précifément aif. qua-
tre-vingtième degré de latitude nord , & à cent
railles géographiques à l'eft de Northeajl - Land
dans le Spitzbcrg , on trouve une terre élevée.
Cette terre fat découverte en 1707, par un né-
gociant au Groenland , favant Se expérimenté ,
nommé Cornelis Gillis. Il alla beaucoup au-delà
du quatre-vingt-unième degré au nord des Sept-
Iles 9 fans trouver du tout de glacer enfaite il
tourna à l'eft , & enfin au fud-eft , de forte qu'il
fe tint toujours à l'eft de Northeaft-Land, & dé-
couvrit à vingt - cinq lieues delà , au quatre-
vingtièma degré, une terre élevée que perfonne
lyo DÉdO©VKRT£Sr fiT VOYAGES
n avait ptobablement vue avant lui. f^dn Keulen
a placé cette terre fur fa carte du Spitzberg, ap*
jtoyé fimplemcnt for le récit dofuié par le capitaine
Gillis. Voyez les Mélanges dé Barrington, Lond.
Telles font les relations des découvertes faites
dans le Nord par les Hollandais , Ils feules qui
(oient parvenues à ma connaiflànce* Cet efpric
aâif qui animait tous ces républicains , qui ca-
raâériïa fi énergiquement leurs entreprifes au fei-
zième & diz-feptième fiècles , & qui éleva à ce
haut point de grandeur où nous les voyons ac^
tuellement les ' provinces - unies des Pays - Bas ^
s*cft éteint par degrés & a totalement difparu. Ce
peuple a commencé à fuivre un fyftême diamé-
. tralem^nt oppofé à celui qui l^avait conduit à la
gloire & aux honneurs* Ce méprifable efprit de
parti en matière de religion Sc de politique qui
attire leur attention vers de vains objets , leur
fait négliger les chc^es vraiment grandes & im-
portantes. Ce faux fyftême engage cette république
à tout facriiier au commerce v d'après ce prin-
cipe , elle a cherché à demeurer neutre ,. & â fré-
quemment refufé, au mépris des conventions SC
des traités les plus folennels 5 de donner à (es
alliés les fecotfics qu'elle leur avait promis. Elle
s'eft bornée à faire en paix fou commerce, fans
penfer à mettre fes forc^ d^ t%ut ^ ^ ^er
r
DANS LE Nord. 471
fuc un pied refpcdable , ce qui Ta cxpoféc aux
juftes plaintes de fes voiiîns , & la rmfe dam la
oéceilîté de dépendre emièrement de la ptotec*
don de puiflàiyes qui pounaient , fi elles n'étaient
pas douées de la plus grande magnanimité , s'em-
parer des meilleures Se des plus importantes pof-
feûîons de la république. Unei pareille conduite a
totalement détruit dans liss cfprics toute inclina*
tion pour les grandes cntrcprifcs & pour tout ce
qui eft utile à la patrie. On ne doit donc pas
attendre de la part d'un tel peuple de nouvelles
découvertes. Peut-être i la vérité en refte-t-il
peu à faire dan$ rhémifphère Nocd.
CHAPITRE 1 1 L
Des I}éc<Hivents faites dans h Nord
par ks Françiàs.
X^A découverte de TAmésique par les Efpagnols^
& ceik de la route des Indes Orientales par le
cap de Bpnne-Efpérance doe aux Portugais^ pa-
xaiiTent ne pas avoit fait fur les Français un af&z^
puifismt effet pour les engaigen à de femblaèlor
ontreptifès. Une ondsre de Êuiâe grandeur avaîc
fafciné les yeux de& vm.^ de la no]plei& de cr^
1
rjz D^ÊCOUVERTÊs lï Voyages
royaupie. La couronne de Naplcs & le duché de
Milan étaient le phantôme trompeur quijemplit
lait leur imagination. La France prodigua, pour
conquérir ces contrées qui lui écbappq^ent enfin lune
& l'autre, d'immenfes tréfors & le fang de fes
héros. Elle négligea fa marine , & l'efprit roma-
nelque de chevalerie que les Français acquirent
dans ces guerres , leur ïnlpira le plus profond mé-
pris pour tout ce qui était relatif au commerce \
jufqua ce qu enfin, Henri IV & Sully, fon amij
Louis XIV & Colbert, fon miniftre, relevèrent
de toute leur puiflance le commerce & les manu-
fedures,& donnèrent aux marchands cette confia
dération qu'ils méritent fi bien comme membres
utiles de Ig fociété, & comme caufes de {g ri-
chçffe. Les préjugés dont nous avons parlé, em-
pêchèrent principalement les Français de donner
aux voyages de découvertes l'attention qu'ils mé-
ritent. Tout le nord de l'Amérique & le Bréfil
feraient tombés fous la puiflance de la France,
fi les rois & leurs miniftres enflent mieux appuyé
les premiers voyages , s'ils enflent donné de plus
grands encouragemens à la population de ces nou-
velles contrées , & porté en générai fur tout ce
qui intéreflè la navigation, plus d'attention qu'ils
ne le firent alors. Il n'eft donc pas furprenant
que la France ait contribué pour txcs-peu aux dé-
couvertes faites dans le Nord..
I.
DANS LE Nord. lyy
ï. Depuis la découverte de Terre-Neuve pat
Sébaflien Cabot tn 149^, les Européens avaient
commencé à tirer avantage de la terre de Bec--
calaos & de la grande quantité de poiflbn qu'on
trouve dans le voifinage de cette terre. En Fan-
née 1502 , quelques marchands de Briftol avaient
déjà obtenu des privilèges pour y établir des
colonies. Dès Tannée 1504, les Bifcayens 5 Ues
Normands & les Bretons des provinces fle
Normandie & de Bretagne , fréquentaient la
côte du fud pour y faire la pcdie. On fuppofe
même , avec quelque fondement , que l'île du
cap Breton fituée près du continent, a pris fon
nom de ces Bretons. En 1506^5 Jean Denis par-
tit à'Wonfleur pour Terre-Neuve ^ avec fon pilote
Camart de Rouen. On dit qu'il leva & publia le
premier la carte des côtes de cette contrée. En
1508 , un navigateur 5 nommé Thomas Aubert^
(félon Ramufio, Vol. III, pag. 423 ^ mais l'abbé
Prévôt dans fon Hiftoire des Voyages l'appelle
Hubert ) partit de Dieppe pour Terre - Neuve ^
fur un vaiffeau appelé h Penfee^ & amena delà
à Paris le premier fauvage qu'on eût encore vu
de ce pays. Le vaiffeau appartenait au père du
capitaine, Jean Ango, vicomte de Dieppe. Tout
cela eft plutôt une faible notion qu'une relation
circonftanciée des contrées & des lieux découverts
par les Français ^ mais ij. ne nous eiv eft parvenu
Tome IL S
t74 DéCOUVIlTBS ET VotAÔËS
>^pe ce <}ue nous venons de dire, & cela feule-
m9tit f^ l'ouvrage de Ramufio.
. IL Le premier (^if ak fait, pour fes Fcsmçats,
«Cb voyage donc lliiftotte nous; ibit patfvaaue , fiit
Jean yera^^ani^ FJbreatin ai2 Service de François
jpcecDier v il partit avec quatre vaiiTeaox pour cioi*
&^ontre les^ Efpagtiols , mais 'û fou fetcé psa
|9M:empête d'emrer, avec deux de &s. vsdâeaux,
flpormaodie 8c le Dauphis , dians ua port de
Jb Bretagne. Il continua enfuîte à croî&s avec
forces coffitre lesEfpagnols^fle léfolut enfia d'eu-
iBrepceodre ua voyage avec lie Dauphin,, fans
autre motif <pie do découvrit de nouvelles
«outrées.
Le 17 de janvier 1524, Verazzaai parft: de
tjuelques rochers inhabités pcès de Madère (a),
ds fit cinq cents lieues à Voueft en. vingt-- cinq
|pnrs. Après avoir efTuyé une violente tempête , il
continua fon voyage pendant Picore vingt - cinq
)oiHS \ dans cet efpace de temps il fit plus de
^pttre cents lieues & vit alors devant lui une
tene baflè où il apperçut plufieurs feux^ mais
la crainte TempÂchant de prendre terre y il fie
encore anquante Ueuos ait fud le long de: h
(a) Ces rochers inhabités (on appelés par les Porni-
gaîs llhcS'Defenas ; les Anglais les nomment Defirters
Déftrtes. Ils (ont fitiié» à Peâde M^ère.
D A N s L E N O K I>. iyy
côte Êins ttonv^er aiican pcxct. Il retoaxna dooo
au notdy cspen<ki^t fi'étaât pas pkis hism&Sso,
qi^aupatâvanr^ il momtla en pldœ mer âc en^
vcyjra Êr chaloupe au mage. Il pamc \m ^^joA
nombre d^â&icafls fot I9 cîot» qui fiiyarerit &c rc^
veHaietït, montrant «Hrt-à^ta-'fetts dîe l'éronneit
de la joie SC de la ocaîMe. Les figtiés quj^j
tes Ffançâîs ctt éngagèÉent quel<jues^uiis i'
tet ,- & S'étaïitf peu-à-pei^ remis de leur fra^
ifo apportèïfeftç enfifi dcs^ provifioâ^ ^ ces habitaaais
écaientniis , mais ik portaient ê^ tabliers de bdUes
fourrures & des feifceasl» de ptimes fisr- k têtc^
Leur taille ét^ bel^, leurs yett£ grai^ Se ndrs^
ils avaient les^ cfeeveuac floir^^^ longs 6c unis j ifa
étaient tfwfte grande agiiit& Leitt pays étak cch**
pé çà & là par Sè& petïdes rivières; No^ n&;vi^
teurs vireSt de bell^ plaîrteis Se de vaftes forêts^
âinfi que dès bofquets de cyprès , cfe lauiîiers^
de paltmefs, & d'auttes arbres inconnus en» E«»-
rope. 11 eft difficile de dët^miner où Véraz^fe^fi
pïk terre d'abord. Mafe il paraîtrait quef ce &t è
la côte (f Amérique , dans cette partie de kf
Géorgie, où eft aâueâleit^i^eiît la^ ville de Sé^oA-
ftak i & ^'enfiHCe il àSitig^ au- j^ jufqâat»
trentième degré de latkfeide.- Ce qui m'engage ^
|fônfer ainfi , c'eft qtfe Veraaâts^nî ait avoii< vu
des palmiers fur la terre où il defcîendît; ei||
aïbres^ aiAam^ que je puid^ le^ firv0îiy ne cmilknz
S ij V
^u en Floride. Il n'aurait pas été poffible de ikirc
cihquante lieues au ttid en partant, d'aucun autre
lieu de la cote d'Amérique, puifque la côte, de-
puisie <juarantième degré jufqu au trente-quatrième,
s'itend du nord-eft au fud-oueft; Après cela il di-
rigea encore vers le nord. Ayant fuivi cette direc-
tion j)endant quelque temps, il fe trouva au tren-
çjè^îè'iîegré de latitude , &C vit une. côte qui cou-
rait- à l'eft. Il eft vrai que cette côte eft plate , &
qu'on n'y trouve point de havre ni de rochers* Le
climat & l'aîr en font très-faîns, Anivés à la terre
où la côte court à l'eft , ils virent pluiieurs feux ,
Se envoyèrent leur barque à bord fans fe défier des
fauvages -, mais la mer était fi grofle que ceux qui
étaient dans la chaloupe ne purent prendre tene.
Un jeune matelot £e fiant à fon habileté à nager
& s^ux invitations des fauvages , fe hafiufla à nager
vers le bord avec quelques préfens de peu de va-
leur , il approcha fi près <lu bord , qu'il n'avait
plus d'eau que jufqu'à la ceintiure, mais la crainte
le faifit au point qu'il jeta les préfens fur le ri-
vage & fe ;cemit à nager pour retourner à la cha-^
loupe. Alors une vague le rejeta fur le rivage
avec tant de force,, qu'il demeura fur le fable
fans aucun fentimeut. Les fauvages accoururent
fur le champ à fon fecours 6c le portèrent à quel*
<jpe diftance de la mer.
Quelle fiic fa ficayeuz en revenant à lui , de
BANS tS No R». 277.
fe voir en leui puiiTance ! Il jeta- un grand cti
que les fauvages répétèrent pour l'encourager -, en- .
fuite ils le placèrent au^ pied d*ijne colline , le
tournèrent du côté du foleil , allumèrent du feu
&: lui ôtèrent fes habits. Il ne* douta plus qu'ils
n allaffent lofiiir en facrifice au foleil. On avait
la même idée dans le vaiffeau , Se Ign ne pou-
vait lui porter aucu» fecours. Cependant la crainte
le faifait mal augurer, car ik firent feulement
fécher fes habits Se ne rapprochèrent du feu qu'au-
tant qu'il était néceffaire pour le réchauffer^ mal-
gré"' cela il tremblait toujours. Les- fauvages le
carefsèrent avec beaucoup d'amitié & de douceur j
ils admiraient la blancheur de fa peau , Se s'é-
tonnaient de voir couvertes de poils les parties
du corps oè l'on fait que les (àuvages d'Amé-
rique n'en ont pas. Us lui rendirent fes habits Se
placèrent des alimens devant lui. Comme il mon*
tra un grand defir de retourner vers fes amis>
ces fauvages le conduisent fur te bord de la mer.
Se après l'avoir embraiK avec beaucoup de ten-
dreffc , ils s'éloignèrent un peu de lui pour lui
montrer qu'il était entièrement libre 5 ik le^ fui*-
tirent des yeux j4||i^'^ ^^ qu'il eût rejoint fa cha^
loupe Se qu'il fut à bord du vaiffeau. Or , tout
cela doit s'êfre paffé quelque part aux environs
àc NeW'Jerfey o\x lie des Etats ^ ou peut-êtrer
fiue Long-Ifland^ Enfuite Verazzani avançant plus.
Sii|-
^7* DÉcotTiTERfË* iT Voyages
loin vit la côte qui coûtait vas le noud. Après
avoir hk cinquante lieu^ » U motiiUa à la vue
d'une iélieiou^ CQOtrée , couverte des çhss belles
forêts; vingt homaies de Çcm équipa prirent
terre dans ce lie» & avaîicèrent environ deux
iieues dans les terres. î^es hij>itan$ foyaient de^
vant eux, mais ils attrapèrent une jeone &mme
d'environ dix-huit ans & une vieiile qui s'étaient
cachées dans de grandes herbes. La vieiUe por»
tait un enfant Co^ fon dos Se avait encore deux
petits garçons avec elle. La jeune femme emme-
nait auffi trois petites filles,. Lorfiju elles fe virent dé-
couvertes elles jetèrent de grands cris ^ & la vieille
fename fit entendre par iîgnfis, aux matelots ^ (pie
}e$ hommes s'étaient en&is dam les boiss ils lui
ofirirent quelque chofè à manger j ce qu'elle ac-
cepta; mai$ la fille le r^ufa» Cette fiUe étant
fort bien faite, ils auraî^t defiré l'emmener avec
eux 9 mais commue elle réfiftait 5c poqilàit de
grands crif , ils fe contentèrent d'emmener un
des petits garçons. Ces gens étaient à demi-vétus
d'un tiflu compofé d'herbes & d$ ro^ea^x« Ils
avaient des filets; lei^rs flèches étaient armées d'os
pointus ; leurs canots étaiei|^ formés d'un feul
tronc d'arbre. Les arbrfes ^étaient pas fi odoi-
jrans que ceux qui croiflenç dans les lîwx où
ils étaient defcendus précédenunent. Piuûeurs de
ces arbres avaient cependant des yigoes qaî s'é-
iJAKStXNôlllX ijf
kYdkfkt ju^u à l€tiï fommet. Nos voyageurs ne
Tirent aucune maîfon fur c%tce terre. Apçès avoir
refté ttcns jours à Taûcre , îk avancctcnt plus,
loin le lotlg de la cote , ik ilécouvrirent un©
ttès- belle contréerSc Tembouchure d'une grande
Les ïàuVages leur macquèrcnt les endroits pro^
fondç de cette rivière. Mais une tempête ^i fur-- ^
vînt tottt-À-coiç, les obligea de diriger 4 Teft^
où ils trouvèrent une Ûe bien cultivée ( l'île de
Nantucket , ou autrement celle de Marthas-*
. f^ineyard) ; un peu plus loin ils découvriretjt"
un havre ïur lequel ils virent plus de vingt .
canots appartenais aux (iaivages. Ils trouvèrent'
là une fort belle race d'hommes ^ ils font aaS
très-doux, cependant les hommes font extrême*
ment jaloux. Les femmes portent des ornemens
de cuivre ouvragé. Leurs maifbns font rondes, faites
de bois 6c couvertes de paille. L'embouchure de la-
rivière était au quarante-unième degré. Les Fran^
çais firent dans ce lieu une grande quantité de
provifioDs , fie le $; de mai , ils dirigèr^t plus aniK
nord. Après^^ avoir fait une route de cent cin-
quante lieues (qui font fept degrés &demi).,. ils-
découvrirent une tene élevée toute couverte de
forêts* Les hahitans de cette contrée étaient trè»-
fauvages^ Us étaient couverts de peaux d'animaux ^^
& vivaient de racines qui croilTaîent naturellement..
Siv
1
Vingt-cinq pcrfonnes de lequipage defcendirenf
à terre & furent fort mal reçues des habitans qui
les accablèrent d'une grêle de traits & de flèches.
Ils trouvèrent aufli dans ce lieu des omemens
de cuivre. Delà ils avancèrent plus loin &: ani-
vèrent après une route de cent cinquante lieues»
au cinquante - fîxième degré latitude nord , près
d'une contrée où les Bretons étaient venus pré-
cédemment. Cette contrée, le long des côtes de
laquelle ils avaient fait déjà plus de fept cents
lieues, fut appelée Nouvelle-France (û). Les pro-
vifions de l^era^:(ani <:ommençant à diminuer fen-
lîblement , il revint droit en France , d'où il
data fa lettre à François premier le 8 de juillet
11524.
(a) J'ai vu dans une carte ancienne la terre de Nïé^
Tiimbega placée précifément oi\ e(l aujourd%uI la Nou^
vellt " Ecoffi. J'aî avoué franchement à la page ipp ,
que je ne comprenais pas bien le nom ^Aremhec qu*on
donna à la côte de la terre appelée dans la (uite Nom-
velU-EcoJfei II n'efl cependant pas douteux que ce ne
fbk la même terre que Nurumhega ou Norîmhega, Néan-
moins rorîgîne de cette dénomination m*eft toujours In-
connue , â moins qu'on ne dl(e que les bagatelles ofïèrteè
aux fauvages & qui confinaient en miroirs, en (bnnettes,
&c. &c. avaient été fabriquées à Nuremberg , & qu'en
mémoire de cela j on aura donné ce nom à cette coi^-
trce.
DANS LE NôiR». 28î'
On croît que Vcrazzanî entreprît un autre
voyage à cette contrée nouvellement découverte
( la Nouvelle - France) , mais il eft abfolument
împoflîble de dire en quelle année. Cependant
Ramujîo nous affure pofîtivement que lorfque
F'era:(i^ani 'prit terre, il fut défait avec ceux qui
étaient avec lui , & dévoré par les fauvages » à la
vue du refte de l'équipage qui était refté à bord
du vaifleau fans pouvoir leur porter le moindre
fecours. Avant de terminer cet article je deman-
derai la pèrniiffion d'ajouter deux petites obfer-
varions 5 la première regarde la reflcmblance des
deftinées de F'eraç^ani & de l'immortel Cook y
,tons les deux ont été tués , mis en pièces &
dévorés par des peuples groffiers & barbares ;
tous les deux pofTédaient une grande connaiflance
de la navigation 5 tous les deux étaient doués du
courage le plus intrépide & de la plus grande
conftance. La féconde obfervation a déjà été faite
par d'autres avant moi , mais elle eft auiC vraie
que remarquable s c'eft que les trois plus puif-
fafls royaumes de l'Europe à cette époque fe fer-
vîreht chacun d'un Italien pour diriger les voya-
ges de découvertes dont ils faîfaient les frais.
L'Efpagne employa ChriJIophe Colomb , génois y
l'Angleterre Sébaftien Ciz^or, vénitien-, & la France
Vcra^i^aniy florentin. Ce qui prouve fuffifamment
qu'aucune nation n'égalait alors les Italiens dans
1
iU DÉCOOrVf ETES ET VoïAôl»
)e$ coAfiaifldaces ^u'oxige la marine. Mai$ mal'
pté leuxs connaif&aces maiitimes Se leuc etpé-
xîeacc , les Italiens nont pu acquéûr un pouce
île tefxe pour eux-mêmes dans rAoïérique. Toute»
les <lecoavertf s <]u'ils âreat lombèxent , en par-
tage à celle 6fi ces nations ^ul les avait en-
voyés Êdre ces Toy^^* L'^fptit mercanciile &
mesquin îles r^ubliques de VeniCe^ de Gènes ^
de Florence, de Pife & des autres états libres^
<kmt pHiiieurs avaient déjà paiTé fous le jôug
d'un makie ^, leurs difputes p^pétuelles ic h»
petites guerres qu'ils fe Êâ&ieni: entr'euxs &
leurs vues courtes &: intéreilëes,les empêchèrent
de voir les avalïCages qui devaient réfiilter de â
gt«ides tntrepriiès s les attachèrent à des détails
puériis qui les rendirent incapables d'entreprendre
des expéditions de U flm grande importance
pour l'état , quoiqu'il it couvât ichez eux de»
hommes qui avaient l'efprit , non-Teulement afl»
tafte pour concevoir de pareils projets ^ nfiais
encore tout le courage néceilkire pour les nfiettre
à exécution.
III. Les découvertes faites par ^ertfçça/t£ n'ayant
apporté que très* peu ou même point du tout
d'avantages à la France ^ on abandonna pendant '
quelque temps l'idée de pareils voyages. Mai^
en 1534 9 Tamiral Pfulippe Chahot repréfenta au:
foi combien il ferait avarttageux d'établir vne colo-
i>AK-s Li Nord. itf
nie <1«9S u&e contrée Je laquelle les £(pagnob
tiiaienr caiac de richefles ; on prétènta donc Jàc^ lÉf^
f i^ei* jUanier de Smu-Mido «n f!od qiïi agcéa les
pcojets* Ije 2;jo .davril , d partie <]e Saint-Maio ,
avec deox Tatâfeaux & cent viiigt^^x hontoies,
de le lo <de mai^ £1 Tit BoMT-f^ifta iur T^e lie
Terre-Neuve. La «ecre «était encore couyette de
neige 5 & il y javah nae grande cpiantitéde glace
vers le rivage. Six de^és plus loin au fud ou
au fud-fud*eft , il vit un havre auquel il donna
le nom de Sainte-Catherine. Il retourna enfuite
au nord 5 & près de Tîle des Oifeaux à la diftance
de quatorze lieues de Terre -Nwve^ il vit un
^ grand ours Uaac^iËnfiiite il fk pr eTque le cour de
Terre-Neuve, où il trouva des havres fârs, mais
un mauvds fol. Les habîtans étaient dune affez .
grande taille, affez bien faits-, leurs cheveux étaient
liés fur le fonmiet de la tête^ & ils portaient
des plumes pour 1 ornement de cette partie. Nos
voyageurs s'ap pcocbèient du cootment , Se s'arrè*
tèrent dans une baie profende, ils y foufinrent
de grandes chaleurs & ils la nommèrent à caufè
de cela , la Baie des Chaleurs. Elle eft auflî ap-
pelée dans quelques anciennes cartes Baie-Efpa-
gnole. On dit en effet que Velafco avait été dans
cette contrée avant Cartier^ & que n'y trouvant
ni métaux , ni hommes 5 il s'^éoria aca nada y
184 DécOTJVERTïS ET VOYAGES
ccft-à-dirc , il njr a tien ici {à) \ expieflîcm dont
IftVP^ on iotmdi le mot Canada yUbm'^us lequel cette
contrée fiit connue dans fa fuite; Il y aVait dans la
taie des Chaleurs un grand nombre de phoques..
Après, que Cartier eut examiné les côtes de la
baie de Saint-Laurent , il remit à la voile le i f
d'août & arriva le 5 . feptembre à Saint'Malo.
IV. Cartier doiuia la relation de fon voyage.
C^) Uétymologie du 00m ^e Canada prife de i'efpagnol
Aca-nada ayant été fi fouvent rapportée» je ne puis m*em-
pécher dé propofèr quelques objedions qui doivent bien
raf&iblîr. Le mot efpagnol qui répond à, ici y n'eÔ pas
aca , mais aqui ^ & la formation d» Canada par yÉqui"
nada parait forcée & peu naturelle. On ne peut mer ce«
pendant que plufieurs perfonnes ne nrent ce mot Canada
de ceux-là» Dans les anciennes cartes nous trouvons fou-
vent ca : da nada ou promontorium mhilL U parait
cependant par un vocabulaire Canadien annexé ï Tédi—
tîon originale du (econd voyage de Jacques Cartier^
Fafis , t ^45, qu'un aflèmblage de maifbns ou d'habications'y
c'eft- à-dire, une ville, était appelé par les naturels, Ca-
nada. Cartier dit , a ils ap-ptUent une ville Canada 9^
Et il paraît fort naturel que lorsque les Fram^ais deman*
dèrent à ces habitans comment ils appelaient un. tel lieu
comme un aflèmblage de maifbtis ou de huttes ^ ces gen»
leur aient répondu Canada ou une ville. Alors les Fran*^
Çais Ce feront imaginés que c'était le nom de cette
contrée , & delà toute cette région aura pas le nom de
Canada*
DANS I. S Nord. 285
<c qui engagea le vîce-amixal ^ Charles de Mouy,
fieur de la Meilleraye , à lui obtenir du roi plus
4'aucorité , & trois vaifTeaux bien équipés & bien
armés. Le ^ de mai 1535, Cartier fe rendit avec
tout fon équipage à la cathédjrale de Saint-jVlalo,
pour demander à Dieu qu'il bénît leur enrreprife i
ils reçurent en même - temps la bénédiâion <ie
Tévêque. Cartier mit en mer le 19, ayant abord
nombre de jeunes gens de diftinâion qui defîraient
faire fortune fous lui. Les vaifTeaux furent bientôt
difperfés par une tempête. Le 2^ de juin , ils fe
trouvèrent tous enfemble à leur rendez-vous gêné-
îal dans la baie de Terre-Neuve. Le premier
d août, le capitaine fut obligé par une autre tem-
pête de relâcher dans le port de Saint - Nicolas
à la côte nord de l'embouchure de la rivière
Saint- Laurent, qui eft au quarante-neuvième de-
gté vingt-cinq minutes de latitude nord. Le 10 ,
Cartier avança encore dans la grande baie qu'il
nôitfma baie de Saint - Laurent , & quoique la
zivière qui fe jète dans cette baie ait été d'abord
appelée rivière de Canada ,' on a changé par la
flûte du temps , ce nom en celui de rivière de
Saint-Laurent , d'après la baie ou le golfe de ce
nom^ Le non^ de. Saint- Laurent fut audî donné
d'abord à une paflie feâlçment, iituée entre l'île
iiAnticoJii & la jcôte nord de la Terre - Fermer
dans la fuite ce noi?» s'eft étendu à toute cette
1
t^Z6 DÉCOUtTEÏtTÊS HT VaïâÔEST
gcso^baie; Le 15 » Cartkt aborda à acre iie qi^
Bomixid rîfe èe ï AJU^ùiptioriy. & q^s» les faRivages;
a^edtenc Natifcûuc dent Ses Anglais om fait 1»
nom (fAnticoftiy qi/eile porte Mcose ai^ouf <^hai»
i^è» cdia il^ femdat^ k. fïvieire» & k premier
fepcenibre , il entr^ diat» U sivière Segtaeruty.
Delà ea alknc pius loin:) il rit une île com^erte
de noifetiefs» , il la nomma Ut amx Couirts. il
vît k teste des deux^ cotes dch'^vièfe, &:€h|^^-
d» dans cet endvois tar pott o& il pût pailèr Fki^
ver» Il ttouva; ptus haut me ild plus grai»de S^
pfo^ btfUe çie celle - ci, amvevce d^uDe grande»
dnaMité de v^e (a) qtâ croiiTatr naturelkmene
(a). Une des pxlndpales & des plus fortes objjcfttons
qu! aient été faites contre l'opinion 'que Terre Neuve eft
le IS^inland des anciens Normands (vi^. tome I » p9g*
138)^ c'efi qu'il ne croît point de vignes fpontanéinênt
dtms cette ile» Ov ^ \*fU de Baeehus de Carrier ou V9^
âfOdèms: a étéiooavée counrerte die vigKeSy^^ la laAtade^
ik eette île eu exa^emen» kb ipéme iff» oefle de Ter»e»r
Neuve >.& même de la partie la plus iméridionaie de cette,
contrée» D^ailleurs le dimat de Terre -Neuve étant, str
càufe du vpifînage de ^rOcean /plus doux que celui de
111e d^Orléans^ je ne puis pitis dbatéir que quelques efpèces
ik vigne iâuvage ne Çt froevaflènt aûffi U F3e dé Terre--
Neuve , ft GxMsm Vef^ctf àsùt jf'ai pat|é plut Haut i>
vms vu^imck « Ikhrufca , âf^orewcNoe^ nTavons aucune
htaoice des ehme&deTerre»»Ntuye^aiii&iu^
BANS tu NOKD* 1^7
lims les bois Se tes: filets. li la nomma l caa&
dt cela^ ile de Baccbos^ mais^ ce nom eft aâuet«
lemefnt oublié, elk œeft phts coanue que fom
le nqin. d*tte dfOctéan& Cartier semoiit» encow
la» grande rivière ^ de en vis une aucre qui ve^
naît du ndtfd» à taquelW il donaa le noin de\
Sainte - Croi& » poi^e qu'il 1 avaic découverte le
jouf de FraateaidbA dis la Cmiok Aujoard^ui cette
i^ière eft conaue' few le ttom de rivière de
Jacques CarMf. lÀ il s^'estietint avec Donna^
cona^ im chef de&uvages» (|ul asrak hksL à^sS^
conlèrvet pouc hà fetrf les avantages que la pé^<
iènçe de Camer & de Ion équipage pQuiQtak
pcocurer aux habitant de ces contséei^ dam ce
dsifein, ilc l'engagea à ne pas aller à Hocielaga,
grsuid écabUlTenienr éo feuvages. Mais C»dér laifià^
deux vaiâeaux dass la rivière de* Sainte -Croix 5
fie alla pks foin avec le croifième 5 Ut Gran^"
Hermine. Quanrf iî fut dai» le lac de Saîrrt^Pîerre ,
il ne put aller pk^ avant' avec fi>n vaiffeau»
parce que Teau n^était pas^ dSèi profonde. Il
arma fts deux chalbi^es Se alla< avec (a) i
affirmer cela avec certitude ; cependant II efi très-probablè
que c'eft conune nou&le préfûmons,
(â) Ce lieu n^efi phis appelé aujourd'hui Hochelaga,
mais Montréal s le pvemier noni eâ entièrement oublié,
Montréal efi la première place du Canada après ^«c«
1
Xi9 DéCOOVÊRrES Êï VoifAGÏS
Hochelaga. Cet établiffement contenait environ
cinquante habitations , dont chacune avait cin-
quante pas de long Se quatoae .ou quinze de
larges elles étaient toutes environnées de paliC-
fades. Il n'y avait qu'une porte pour entrer dans
ce lieu. Tout autour des fortifications il y avait
un étage élevé auquel on montait par une échelle.
Sur cet étage on avait mis une grande quantité
de pierres grandes & petites pour la défenfe des
fortifications. Les Européens y fiuent très - bien
reçus. L'air renfermé & putride des habitations
zeflèrrées & fales de ces fauvages, les alimens
falés & mauvais dont ils étaient obligés de fe
nourrir, ainfi que TimpoOlbilité où ils étaient
de changer d'habillemens , caufa le fcorbut parmi
les gens de l'équipage de Corner ^ il en mourut a 5
de cette maladie, jufquà ce qu'enfin ils appri-
rent des fauvages le meilleur remède pour ce mal
& en firent ufage. Ce remçde coufiftait dans une
décoâion des feuilles Se de l'écorce intérieure
de l'épinètte blanche de Canada ( pinus cann-'
4enjis Linn.) Par Tufage de ce remède Car-
tier Se fon équipage fiirent parfaitement réta-
blis en huit jours -, ceux même qui étaient atta-
hec. L'Ue fur laquelle elle cil fîtuée, efl très- bien cul-
tivée & très -peuplée en comparai&n du telle du Ca-
nada*
qués
pansleNord. 48^
tqués du mal vénérien en furent auiOS guéris. Lé
printemps fuivant, Carti«r revint en France avec
ce qui reftait de fon équipage. Il avait emmené
par force & par ftratagême Donnacona , de la ri-
vière Sainte-Croix , il le préfenta au roi , Sç s'é-
tendit beaucoup fur les avantages qui réfulteraienc
d'un établiflement dans cette contrée , principar
lement par le commerce de pelleteries 5 il fit voir
en même-temps que la douceur du climat "& la
fertilité du fol promettaient aux cultivateurs toutes
les- productions de la terre. Maïs le ridicule pré-
jugé dominant alors dans toute l'Europe, que les
contrées qui produifaient de l'or ou de l'argent
étaient feules de quelque valeur & méritaient feules
qu'on en prît poflèflîon j ce préjugé, dis-je, avait,
encore ^' cette époque, une telle influence fur
Tefprit des Français , qu'on méprifa l'avis très-
utile de Ckr/ier & qu'on ne voulut plus entendre
parler d'établiffement dans le Canada.
V. Il fe trouva cependant quelques perfonnes,
même à la cour, qui fe formèrent oe plus jufte^
idées fur cet objet. Un gentilhomme de Picardie,
nommé François de la Rofue, Seigneur de Ro-
h^rvaly qui jouilTait d'une grande confidératioii
dans fa province, & que François premier avait
coutume d'appeler à caufe de cela le petit roi de
f^imeuy fe montra plus zélé que perfonne à pour-
fiiivre ces découvertes. Le 15 jaovier i54Qf lo
Tome IL T
1
TfO DÉCOUVERTES IT Vôt^AÔES
tiol k créa fcigneur de Norîriiberga , & fon lieu-
tenant- général & vîcc-roî ^ans lé Canada ^ Boche"
lagay Sagueaay , Terre-Neuve^ Belle Ile y Car^
von 9 Lahrador^ la iGrande- Baie & Sacallaos^
Dé Roberml chargé dfr ces titres , voulut paraître
dans ces contrées avec la grandeur & la magnî-
licence convenable à fes dignités. Il envoya cher-
cher pour cela des canons en Normandie & même
fcn Champagne , & équipa deux vaiffeaux à fes
J)ropres dépens.
Cartier devait aller devant, comme capitaine,
J)arce que de Roberval ne pouvait être affcz tôt prêt
avec fes deux vaiffeaux. Cartier mit à la voile
avec cinq vaiffeaux le 2 J de mai 1540. Après
avoir effuyé plufieurs tempêtes , il débarqua enfin
à Terre - Neuve , dans le voifînage de Carpon
{ probablement Quirpon ou Kirpon fur la pointe
liord del'île). De Roi^rvû/ n'arrivant point, Cartier
alla droit au Canada où il s'enttetint avec Agona^
le fucceffeuf de Donnacona qui était mort en
l^rance. S*étant réciproquement fait dés préfens,
^Cartier alla à la diftance de quatre lieues dô
Sainte - Croix dans une petite rivière qui parut
mieux lui convenir que la tivière de Sainte-Croix.
il vît dans ce lieu une grande quantité de rai-
fin noir. Il y fema différentes efpèces de graines
potagères, comme celles de laitue^ de chou Se
de navet qui levèrent ixês-promptement. Il çwt-
r DANS L K NôK D, aji
truifît auffî dans ce lieu une petite citadelle qu il
nomma ChmUbourg (a). Cette contrée était fort
agréable & coupée patï plufieurs ruiffeaux. On y,
trouvait du fer * une grande quantité de pierres
criftalUfées, & même de la poudre dor. Cartier
arma deux canots daifô le defièin de palier par les
catara(Jles à Saguenay , mais il troura que celai
était impcifQble : il redoubla de foins & d'atten*
tîon- lorfquil eut découvert la peiffidie des natu*
lels de cette contrée^. Ayant attendu vainement
îufquep J J4i , l'arrivée du vice-roi de Robèrvul^
& Tes prbviiîons étant toutes conib^nmées , d aU*-
leurs ayant de grandes raifons.pqoir craindre une
attaque de la part des fautages^ il partit pour revenir
en France, mais il fut extrêmement futpris de trou-
ver à Terre-Neuve.^^ Raterval qui n était parti
de France qu'au mois d'avril 1542 , & était arrivé
à la rade de Sainte. Jean à Terre-Neuve pré*-
cifément avant lui, m&c trois vaiflèaiix chargés
d'hommes, de femn^s & d'ônfans* DeRoberval
voulait à la vérité obliger Cartier de retourner
avec lui en Amérique; mais ce dernier s'échappa
avec fon efcadre pendant la nuit, èc fit voile pout
la Bretagne.
(a) il. Semblerait delà que ce premier établîflèment iqi^
Français doit n'avoir pas été éloigné de Québec ^ de \n
petite rivière de Châkes \ en effet on trouve encore dans
cesL'epvfTôns ime place appelée Q^arUshourg.
Tij
'I
ijl DécOUVERTES ET VOYAGËJ
VI. De Roberval alla avec fes trois vaiffeaux: à
la cote de Saguenay ^ bâtit un fort fur une mon-
tagne près la rivière de Saint-Laurent, & envoya
fon premier pilote, fean-Alphonfe de Xaintoigne^
né erw Portugal ou en Gallice , dans le nord pour
découvrir un paflàge aux Indes orientales. Mais
celui-ci ne put aller au-delà du cinquante-deuxiè-
me degré latitude nord. De Roberval revint fans
doute en France, car nous voyons qu'on parle
tde pluiîeurs autres voyages entrepris par lui. La
guerre qui s'était allumée entre François premier
& Charles V , empêcha de Roberval de rien tenter
de nouveau jufqu'en 1549. Mais en cette année
il repartit avec fon frère, l'un des hpnimes de
fon iiècle le plus courageux. On rapporta qu'ils
avaient péri tous les deux*, cependant il ne nous
<ft parvenu aucuns détails particuliers concernant
les drconftanccs de leur mort.
VIL On ne fe fouda plus pendant aflci
long - temps , d'entreprendre des voyages en
Amérique, parce qu'on ne tirait point d'or des
contrées nouvellement découvertes dans cette
partie du monde. On rie voyait pas que la valeur
xéeUe du commerce 4e pelleteries & des pêche-
ries furpaffait de beaucoup celle' de tout l'or à\x
Pérou , & affurait à l'état des avantages bien plus
durables.^ En 15^8, le marqq|| de la Roche fut
à ces contrées en qualité de lieuCQOsutit du pay$î
i
D A N s L E N R n. X9^
©n avait envoyé avec lui quarante pctfonnes tî-
lées des prifons , il les defcendit fur une mifé-
rable île appelée ih de Sable ^ &c s'en alla e»
Acadie qui depuis a pris le nom de Nouvelle^
Ecoffe. Delà , après avoir fait, en différentes^ pat-
ries de ce pays, les recherches qu'il crut néceflàires,
il revint en France fans qu'il lui eût été pdflîble
de reprendre les pauvres malheureur de l'f/^ de
Sable. Il éprouva en France plufieurs malheurs
qui l'empêchèrent de retourner en Amérique , ce
qui l'affeéla au point qu'il mourut de chagrin*
Henri IV ayant entendu parler des malheureux
laiflës fur l'île de Sable , envoya Chetadel pour
les chercher & les ramener. Après fept ans de
féjour fur cette île déferte, il n'en reftait que
douze de vivans. A leur retour le roi voulut le»
voir précîfément comme ils étaient lorfqu'il»
quittèrent cette île, vêtus d'habits de peau de
veau marin , & avec leur longue barbe-, enfuite ce
prince leur fit à chacun un préfeht de cinquante
écus & leur pardonna- les crimes pour lefquels
ils avaient été mis ert prifon , & qu ik avaient fi
longuemenr expiés. Itnmédiarement après le voyage
du marquis de 1* Rocke , Pontgrave dt CHauvift
alla, avec un privilège du roi pour un commerce
exclufif ,' à Tadouffak à l'embouchure de k ri-
vière àtSaguenay ^ oà» il fit des échange? contré
des fourrures \ il y retourna l'année fuivante & coa*
1 UJ
^94 DÉCOUVERTES ET VOYASES
tinua ce rommcrcc ; il avait formé le dcffein d y
^Uer une troifîème fois, lorfque la mort vint
terminer fa carrière. Nous trouvons .enfiiite
quelque chofe concernant les voyages au Ca-
nada de Samuel Cbamplain, gentilhomme^ mais
les découvertes quil fit font I de peu de confé-
quènce» & ne peuvent, pour i[a plupart, entrer
dans le plan que nous nous fommes propofé. -Ce
que le fauvage Otfchagah ( c eft peut-être quel-
qu'un de la nation des Otfckagras ) a dit du
paifage du lac fupérieur dans le lac Bourbon &
des deux Ouinipiques , qui font jointes à la baie
d'Hucttbn par la rivière Nel/oa , eft également
incertain'. Aucune de cgs relations, non plu^ que
celles de quelques officiers Français, ne font fufii-
(àmment authentiques pour qu'on puifle dreffer des
cartes ou donner une defcription circonAanciée
de ces contrées fur de pareils fondemens.
VIII. M. Philippe Buacht dans fes Cenfide-
ratioris géographiques &phy(iques, Paris, in*4^
1753 , parle d'un voyage d'un capitaine Frùndad^
qui partit, en J709, de la Chine pour l'Amë-
rique feptenfrionale Efpagnole.. C'eft le feul vaîf-
feau qui ait jamais traverfé la mer du fud à une
il haute latitude.
Au cent foixante-citiquième degré de loftgimde
eft de l'île de Fer , il trouva 4m courant rapide
qui venait du- nord 5 & dans, le mois de inai \k
D A N s L E N O R X>/ ^y^;
eut de grandes piuies & de violens qoups du Yent;.>
Arrivé au cent quatre-vingt-huitième degré de:
longitude eft , & au quarante-cinquième degré U*
titude nord, il trouva upe mtt auffi. calme quWn^
étang -, ce qui lui fit penfer qu'au vent du lieu
où il était jj il devait y avoir une terre qui ralen-
tiilait le courant. Avant d'ayriver au quarante-qua-
trième degré delatitude, & au cent quatre-vingt-dix-
feptième degré de longitude eft de Tile de Fef » il^
efluya de terribles tempêtes de de violentes bou-
rafques ilu liord^nord-eft &c de Teft , Se vit des^
courans rapides au nord & nord-oueft. Il vit auffî
fous cette latitude qn grand nombre de baleines.
Au quarantième d^g^é latitude^ pord, la mer était
verte. Plus loin les courans étaient au fud-eft.
Enfin , le 24 juillet 9 il atteignit les c6tes d^
Californie 9 ^yant eu pendant to^t le cours de cç
voyage , des temps fie des V;epti5 trè? - varioles ,
de grande«^ pluies ^ ibuvent la m^ tiès^gitée s ISf^
quelquefois des calqi^ platSr
C(i&r]z tout ce- que n.ou$ ?;ypn$ pu xsff^snhi^
concernant les voyages des Fjrariçais gc loniiis 44^0»^
vertes dans le Nord. Mais il :feut qbfejfver qu# cr
n'eft que: depuiv^peu que cette nati^m a donné ms
voyages dans les régions éloignéâs» Tattent^n qu'île
méritent, les voyages que les |i raaçais ont entrepçi^
^utre&is font été par des particuliers & à hmf
prop;çs dépenj..Le GouvQpn^ent a rareofjc^t gj:*
Tiv
19^ Découvertes et Voitagis
tégé de femblables cntrcprîfes , & lorfqu il la fait,
ce n'a point été avec ce zèle & cette ardeur néceC-
faires pour les faire réuflîr. On ne peut nier cepen-
dant que le Gouvernement n'ait auffi ordonné quel-
ques voyages très-confidérables & avec de grandes
dépenfes , voyages dans lelquels on a fait des
découvertes importantes & d'une utilité générale.
CHAPITRE IV,
Des Découvertes faites par les Efpaffiols
dans le Nord.
C^E fut à un concours de circonftances heureufes
que l'Efpagne dut la découverte des îles de
TAmérique , que l'immortel génois , Chrîftophe
Colomb fit pour elle en 1492 j les avantages im«
portans que cette puiffance recueillit de ces dé-
couvertes enhardirent tous ceux de cttte: natioit
doués d'un courage élevé à courir la même carrière
avec la plus grande adivité. Les richefles ainfi
acquifes fervirent à équiper un grand nombre de
vaiffeaux & à l'exécution de nouveaux projets de
ce genre. L'heureufe îfliie des voyages des Por-
tugais en A&ique, le cap de Bonne - Efpérance
doublé en 14^^ , ^ là découverte d'un paflkge
DANS LE Nord* 257^
par mer aux grandes Indes-, tout cela rendit les
Efpagnols encore plus appliqués à la reclierchc
de nouvelles terres. Chacune de ces nations et
fayait d étendre ces fortes de conquêtes & d'en
profiter le plus qu il lui ferait poflîble. Des vaif-
féaux furent envoyés* de tous côtés pour des
voyages de cette nature. Vincent le Blanc aflure
que lorfque Thomas Aubert ( ou Hubert ) alla
au Canada en 1508, Tefpagnol Velafco y alla
auffi, & qu'il remonta la rivière appelée depuis
Saint - Laurent , environ l'efpace de deux cents
lieues , & qu'en côtoyant la terre de Labrador , il
revint à la rivière Nevado ^ que Cortereal avait
découverte avant lui. Mais les relations de Vin-
cent le Blanc méritent en général fî peu de con-
fiance, que nous ne pouvons ajouter foi à ce qu'il
raconte des entreprifes de Velafco ; & confé-
quemment nous ne pouvons déterminer fi c'efl:
conforme à la vérité.
I. Le pape Alexandre VI en 1453 divifa, d'a-
près le préjugé de ce temps -là, les nouvelles
terres à découvrir , entre les Efpagnols & les Por-
tugais, par la fameufe ligne de démarcation qui
commence en effet, à trente - fix degrés à l'oueft
de Lifbonne, ou à vingt -fept degrés vingt-neuf
minutes à l'oueft du premier méridien., favoîr,
celui qui pafle à l'île de Fer, ou trois cents
trente-deux degrés trente-une minutes à l'eft de
1
i55 DECOUVERTES ET YolttGES
cette île. Mais cette ligne fat changée en 1494,
par le traité de Tordefiilas pour le] plus grand
avantage des deux puiiTances ^ de manière que le
l^ortugal pouvait ccmquérir le royaume de fes^^
Se rEfp^gne d'un autre côté pouvait auilr s'em-
parer d'Alger i de Bugey^^ de Tunis Se de 7V-
le/m 5 & conféquemment la ligne de démarcation
devait être tirée à trois cents foixantedix lieues
àloueft des îks du cap Vert. Le premier voyage
de Magellan autour du monde avait montré aux
Efpagnols une route à Toueft , pour aller aux îles
Moluques , &c les deux nations étendaient trcs-
injuftement leurs cent quatre-vingts degrés depuis
la ligne de démarcation , dans la vue d'agrandie
leur domination.' Elles eflayèrent en 1514, de ré->
gler ces différens par des commifTaires à Badajo^
& Elvas ; mais on n'avait encore rien déter-
miné 5 lorfque l'cnapereur Charles V qui avait
befoin d'argent, céda, en 1519 par le traité de
SaragolTe , à Jean III » %o\ de Portugal, Tes pé-
tentions fur les îles Moluques pour la fomme
de 3 50,000 ducats. Cependant les Efpagnols trou*
vaient toujours beaucoup de difficultés pour aller
dans la mer du fud , au Pérou , au Chili ic aux
:îles Philippines, par le détroit de Magellan, à
caufe du danger de cette route & des tempêtes fré-
quentes qui s'y élèvent -, il était donc tout natu-
rel qu'ils fQuhaitaflent de trouver une voye plus:
i>AN$ L3È Nord. 299
comte. Les tentatives faîtes par les Anglais & par
les Français pour découvrir un paflàge par le norcl
dans la mer du fud, à la Chine , au Catbay,
inquiétaient, en quelque forte, les Efpagnols,
ils craignaient que ce paffage ne fût trouvé &
occupé par ces nadons , & qu ainfî ils n'en fufTent
exclus. Cette inquiétude leur fit naître l'idée de
chercher auffî un pafTage de la mer du fud dans
l'Atlantique. Avant que cette entreprife pût être
jnife à exécution , l'empercus: Charles V envoya
de la Corogne en 1524, Eftevan- Gome^ pour
chercher un paffage aux îles Moluques, par le
nord de l'Amérique. Mais ce capitaine ayant trouvé
que cette découverte était im^oflible 5 emmena
avec lui quelques Indiens de ces îles & revint ^
.Tolède en 1525. Voyez Miguel-f^enegas , Hifloire
de la Californie,. pag. 124. CorUT^lt conquérant
jdu Mexique, avait été iiiûruit des tentatives du
portugais Gafpar Coneréal pour trouver un paf^
fagc, & qu'il avait déjà découvert un détroit au-
quel il avait donné le nom £ Aniaiu En confé-
quence, il envoya trois vaifleaux bien armés fous
le commandement de Franfois Ulloa^ pour le
prévenir dans cette découverte. Cet événement
paraît être de 1537, quoiqu'il nous fbit parvenu
très-peu dé chofc fur le réfultat de cette expé-
dition. Comme CorteT^ voulait s'approprier les avan-
tages qui* pouvaient réfulter de cette découverte.
1
JOO DÉCOUVERTES Et VôYACE?
fi cUe fe fut faîte -, il prit le commandement de
l'expédition , mais il revint fans avoir rien fair.
Après lui, le vice-roi Mendo^a envoya en 1540,
cïcs gens par terre fous le commandement A^Fran--
cijco l^afque^ Coronado , & par mer fous celui
de Francifco Alarpon 5 pour chercher le détroit
connu- fous le nom £Anian , & reconnoître ta
cozt au cinquante-troifième degré latitude nordl
Alarçon n'alla pas plus loin que le trente-fixièmc
degré, parce que (on vaifTeau était en mauvais
état & fon équipage malade. Cependant la côte
commençait à courir au nord (probablement au
nord - oueft ) , dans ce cas il aurait pu s'éloi^
gner davantage des troupes de terre qui étaient
4é(à à la diftance de dix jours de marche de
l'endroit d'où' il retourna fur fes pas. Voyez An-
tonio de Herrera , Defcription de las Indias ,
amberesy fol. 1728 j ouvrage qui a été auflî pu--
blié en latin à Amfterdam, in-folio,, en 1611 ^
ainfi que in- S*', de Laet, novus orbis ^ feti Ame-
ricœ utriufque Defcriptio^ Antuerp. & Lugd. Bdt^
ap. Eli^evir^fol. 16^^.
IL La nouvelle du mauvais fuccès d'Alarçoa
^yant été apprife en Efpagne,'on donna des ordres
pour une autre expédition dont on confia le com-
mandement en 1542, à Jean Rodrigties(^ de Ca-
hnllo ^ portugais au fervice d'Efpagne, mais il
n'alla pas plus loin que le quarante-quatrième de^
DANS EK N O R D. • 301
gré de latitude nord , où il éprouva un très-grand
froid. Les malades de fon équipage , le manque
de provifions 5 le mauvais état de fon vaiffeau
qui faifait eau & qui ne pouvait foutenîr Igi mer
dans ces parages 5 tout cela obligea Cahrillo de
revenir fans avoir pu s'avancer auflî loin que le
portaient fes inftructions. Cependant il vit une
terre au quarante-deuxième degré latitude nord^
fur la côte de TAnlérique feptentrionale , & la
nomma , en l'honneur du vice-roi , Capo Mea-
docino. Il trouva que delà au port de la Nadi^
vidad ( de la Nativité), toute la côte était une
terre continue fans aucun détroit, ni aucune autre
réparation.
III. Outre ce qui fat fait par ces vaiflèaux
on affure qu'un gentilhomme efpagnol, nommé
Salvatierra, à fon retour dans fk patrie, de l'A-
mérique , prit terre par ha£krd en Irlande , &
rapporta au vice -roi c^ André Urdanietta avait
trouvé vers l'an 155^ ou 1557, iin pafrage,&
qu'il lui avait montré à lui-même, huit ans avant
fon arrivée en Irlande , une carte du Mexique ,
fur laquelle il avait tracé ce palfage. Urdanietta
venait de la mer du fud & fat en Allemagne ,
il eut oçcafion de parler au roi de Portugal &
de lui faire part de fa découverte. Ce prince lui
recommanda d'obferver le plus profond iîlence fur
jCjette aifàire , parce que £ Içs Anglais en prenaient
1
tonnaiflance, ils donneraient beaucoup d'inquîé^
tude au roi d*Efpagnc & à lui-même comme roî
de Portugal. Cet Urdanietta était un fimple moine,
maïs il avait de grandes cohnaiflances en mathé-
matiques & dans la navigation , ce qui lui valut
de l'emploi dans plufieurs voyages , particulière-
ment dans celui <juî avait pour objet les Phi-
Kppines en 15^4, fous le commandement SAn-
dreaS'Miguel L'opei^-Lega/pL
IV. En 1582, Francifco Gualle reçut ordre
du roî d*Efpagne de rechercher s'il était vrai qu'il
exiftât un palTage à Teft & nord - eft du Japon ,
par lequel la mer du fud communiquât avec celle
du nord de TAfie. Voici les propres terrhes de fon
l'apport : « En dirigeant îna foutç (du trente-
» deuxième degré latitude nord - eft du Japqn )
» à Teft-nord-eft^ environ à trois cents lieues du
)) Japon , je trouvai une mti très-profonde avec
» des courans qui venaient du nord & du nord-
» oueft , je fis ainfi plus de fept cents lieues,
» & ce ne fut qu à la diftançe de deux cents
)) lieues des côtes de la NouveHe-Efpagne ( ou
» Californie) que je perdis les courans & là mer
% tr^s-profônde. D après cela je fuis dans l'opinion
)> & je crois fermement qa'il exifte un détroit
» ou canal, entre le continent.de la Nôuvelle-
» Efpagne & la Tartarie d'Afie. fendant toute
î> cette -route de fept cents- lieue», mous vîmes
D un grand nombtè de baleines & de ces poif-»
>>' fons que les Efpagnols appellent atitns{thon^
)> fcomber tbynnuS) dont on prend un grand no?n*
» bre auprès de Gibraltar, ainfi que des alba-^
#) coras ( fcomber-hippos ) & des bonitos (fcom-*
» ber- pelamys)j toutes efpèees de poiflbns qui
5) friéquentent ordintirement les détroits & les cou-
» rans de la lîîer {a). Ces circonftances ptifti
» enfemble m'engagent à ctoite qu'il' doit y avoit
)> dans ce lieu un détroit ou canal » [b).
Juan de Fucn était , ftrîdemcrit parlant , uri
grec de l'île de Cephalohie , Ibh vrai liom était
ApoflùloS'Vahriahos. Il avait été plus de 'qua-
rante ans au fervice dé l'Efpagtte en qualité de
matelot & de pilote , il avait auffi perdu une
(a) Pour moi , je lie puis dire que toutes ces e(pèca$
de poîffbns fc trouvent particulièrement dans les détroits,
car dans le cours de mes voyages autour du monde, j'aî
vu plus d'une fois ces efpèees de maquereaux & particu-
lièrement les bonites en grande quantité au milieu de
TAtlantîque à de grandes dîftances de •toute terre, nous
en avons même pris quelques • uns. Nous avons vu des
baleines dans les hautes latitudes du fiid & près des glas»
ces fort loin des terres. Cependant la plus grande quan-
tité de celles que j*aî vues étaient dans un détroit qui 9
un fort courant : le détroit de le Maire.
(b) Vide de Contodecad. lo, Ub. J , çqf. iy&B^Un
tîer de Linfchoieny cap% ^4. -
1
J04 Di.CQVVtïiT'ËS ET VoiTAÔES
fortune confidérable fur le yaiflèau d'Acapulca ,
pris fur les Efpagnols par Cavendish , il eftima^
i:ertainement cette fomme trop haut en l'évaluanc
à ^0,000 ducats ( peut-être veut-il dire écusj.
Jl fit connaiflance à Venife avec John Dou/lafs^
pilote anglais, excellent homme de mer, auquel
il raconta fes aventures & lui apprit en même-
temps qu'il avait découvert un paflàge. Jean de
Fucii offrit a.uffi de paflèr en Angleterre , de s'at-
tacher au ferviçe de la reine Elifabeth & de mon-
trer ce paflàge , à condition qu'on l'indemnife-
rait de la perte qu'il avait faite fur le vaiflèa'u
àîAcapulco 'y il ajouta qu'il avait été envoyé
par le vice-roi du Mexique , comme pilote avec
trois vaifleaox fous le commandement d'un ef-
pagnol , pour découvrir les détroits ê^Anian;
mais que les foldats au nombre de cent, s*étant
mutinés, & d'ailleurs le capitaine s'étant mal con-
duit , tout ce voyage avait été fans fuccès. Le
vice-roi l'envoya lui-même en 15^2, avec une
petite caravelle & une pinaflc pour découvrir ces
détroits. Il vit .alors ^ entre le quarante-feptième
& quarante - huitième degré latitude nord , que
la terre courait au nord & nord-eft -, îl^ vît auffi
une grande paffe au travers de laquelle il navi-
gua pendant l'efpace de vingt jours, la terre s'é-
tendait quelqiiefois vers le nord-oueft, & la mer
qui devenait plus large qu elle ne l'était à l'en-
trée.
r
DAN S LE No K0. 305
trée , contenait plufowrs îles. Il prit terre piu-
fiears foi«, vit quelques hommes vêtus de peaux
d'anii^a^ux , Se troi^va h CQntrée tih - fejctile fie
abç^ante en 01 , en argent & en perles. £jt^.Qt
déjà psès de la m^r du pord, il frouVa le détroit
aijlèz large par - tout , il avait près de trente ou
quarj^nte lieues de large à remboucliure par où
il était entri ; «aïs alors il fe détermina à
letoumer parce qu il avait ^ d'une part , fait la
découverte G. deikée, &c que de l'autre il était
trop faible poux (e défendre contre les fauv^es
dans le cas où ii aurait ,été attaqué ^ar eux.
11 retourna donc à AtapuUo en 1 5 9 2 , où il e(pé-
rait recevoir une récompenfe confîdérable xlu vice-
xoi, mais il Tattendii: envain pendant deoix ans.
Il s'en alla delà en Efpagne où le roi le reçut
avec autant de bonté que l'avait fait le vice-roi ^
cependant il n'en obtint aucune récompenfe, &
après l'avoir attendue long-temps, il partit fecret-
tement pour l'Italie , dans l'intention d'aller delà
à Céphalonit fa patcie., pour pafTer en |iaix If
refte de fes jours au xniliett de fes parens. Cett^s
relation de Fma parait être fabuleufe en plu-
fleurs points , ce qui rend le refte fort fufped (û).
{a) VMe Lucas Fox, nord-oued, Fox Londres , in<4?.
i^3f > P^- ï^î > î^^î & 1«» Voyages de Purchas, Liv.
IV, part. 3.
Tom^ IL V
^^€ DBCOtrVÊRTÊS TET VotAGÊS
VI. L'expédition brillante du chevalier FrdH^
pois Drake^ qui prit poiTeflion en 1578, dans
un pott au-delà de la Californie, d'une terre au
trente-huitième degré trente minutes latitude nord,
& la nomma Nouvelle- Albion ^ ainifi que les' expé-
ditions du chevalier Thomas Cavendisk , devin-
rent très-incommodes Se très-nuifîbles aux Efpa-
gnols dans le commencement de leur commerce
mix îles Manilles ; ajoutons à cela qu'on croyait
toujours à l'exiftence du détroit ^Aaian^ ce qui
augmentait l'inquiétude de cette nation , parce
que toute la cote depuis Culhuacan (Culiacan)
jufqu'à Acapulco , était fans défenfè. La cour en-
voya donc Sébaftien Vizcaino, homme intelligent
& d'un grand courage, afin d'examiner la côte
nord. Pour remplir cet objet , il partit d'Aca-'
pulco en 159^5 avec trois vaiffeaux, & arriva
à l'île de MuT^lan dans la Nouvelle-Galice, &
au Pori'San-Sébaftien où il prit de Icau , & re» '
connut une étendue de plus de cent lieues de
pays v«rs le nord. Il perdit dans un des lieux
qu'il vifita , dix - fept hommes \ le manque de
prôvifions l'obligea de revenir à la Nouvclle-EC-
pagne.
VII. Après ce voyage fans fuccès, le roi Phi-
lippe III ordonna à fon vice-roi Don Gafpar de
Zunigdy comté de Momerey, de faire chercher
da^s le voifinage du cap Mendocino , puifquc les
DANS LE Nord. 307
VaiiTeaux qui allaient des Philippines à la Nou-
velle-Efpagne avaient coutume de paffer à cette
hauteur , un havre sûr où les vaifleaux puffent ,
en cas de befoin, trouver un afyle fi néceffairc
fur cette côte où les vents du nord foufflent
avec tant de violence, mais utile fur - tout aut
vaifleaux qui traverfent la mer du fud. On
fit immédiatement toutes les préparations néçef- ^
faites pour ce voyage. Sebaflien f^i^cdino partit
^Acapulco le 5 de mai 1^02 , avec deux vaif-
féaux, une frégate & une chaloupe. Il rangea cette
côte & décrivit tous les havres , les rochers &
toutes les îles qui s'y trouvant. Pendant cette
techerche, il eut infiniment à fouffrir des vents
nord-oueft qui dominent dans ces parages. Enfin,
il découvrit vers le trente-fixième degré quarante-
quatre minutes de latitude nOrd , un havre très-
commode & très - sûr , où Ton trouva du bois
excellent pour la mâture , ainfi que de trèsr
beaux chênes pour la conftrudion. On y trouva
àufli des pins , des faules & des peupliers , ainfi
que de beaux lacs , de gras pâturages & une
terre excellente pour le labourage. Il y avait^ des
ours & des bo^fs fauvages de deux différentes
efpèces s l'une dont les individus étaient grands
comme un buffle , & les autres de la taille d'un
loup, faits cependant comme un cerf 5 ils avaient
k col longSc les cornes femblables à celles d'un-
yij
1
}p8 DÉCOUVERTES IT VOYAGftl
c«rf i la queue de trois pieds de long & d'un
pied Se demi de large y leur pîed était fourchu
comme ceux Je nos bœu&.
On y trouva des cerfs » des lapips^ des lièvres ,
des chats fauvages , des oyes , des canards , des
pigeons» des perdrix » des merles» des nûi^ns &
des grues en grande quantité^ différentes fortes
de moules aînfi que des écrcvifles > on y voyait
auffi des veaux marins &c des baleines. Ce port
était environné d'habitations indiennes (rancherias).
Ceux qui les habituent étaient des gens bien
faits & d'un naturel fort doux. Ces navigateurs
nommèrent ce port Monterey en l'bqnneur du
vic^roi. Us virent auffi le cap Mendocino, au
quarante - unième degré trente minutes latitude
nord 5 &c parce qu'ils avaient beaucoup de ma^
lades à bord , ils revinrent fut les côtes de la
^uveile-Efpagne. La petite barque vit un pro<*
montoire fous la latitude de quarante - trois de-*
grés 9 on le nomma Capo-B lance. Martin Aqui-
. lar qui commandait la chaloupe & le pilote Flore^
pensèrent alors que, puifquils avaient vu le Cap-
Mendocinoy comme on leur avait prdonné de le
faire» il était nécelTaire qu'ils retomcnàffent & qu'ils
cherchafTent les côtes de la Nouvelle *£fpagne.
Mais leur rapport qu'on trouve dans Torquema^
das Monarquia Indiana » bien loin de dotuier la
defcriptiûn d'un détrgit^ ne contient pas un mot
DANS t s Non»; jô^f
cbncfttfiai^im port, ni crique, ni pafle. Cpn-
féquemmllt toute Thiftoire du détroit de Martin
AquUar dont il eft fait mention dans tant dé
cartes , cft appuyée fut imc pure fable. Enfin ,
après aroit beaucoup fdufièrt du fcotbut & per-
du beaucoup de nnïbnde, ces navigateurs retour-»-
nèrent à AcapnUù au commencement de l^annéé
VIIL Nous fôfirmes arrivés maintenant à uhe
très-fameufe expédition qui ne nous laiflerait au-
cun doute îm lexiftence réelle d un pâflage, fi
nous pouvions ajouter foi à la relation de ce
TOpge* Dans les mois d'avril &c de juin de Fah^
née I70-8 , dans un journal anglais^, intitulé Mé-^
moire des Curieux, on inféra la relation duh
voyag^e de découVettes faites par un amiral Efpa-
glïol, nommé Èafthàlùtneo de FbtttB^ décrit par
. lui-même dans uiiie lettre. On ne dît point par
quels moyens cette lettre eft venUe entre les
mains de réditéut. Quelques perfonnes ont pré^
fciida qu elle était fuppôfée , d audres ont affuré
le contraire. Au ôombre de ceux - ci , il n eft
pas douteux qu'il né faille tômpter rauteur d'un
attVtAge intitulé : Probabilités d'un Pàffage an
,àëtdbUifi^ déduitti dès Obfiruatiûns far ta kttrè
iit Camiral de Fonte. Londres , in-4°. 17^1. Lafi-
teut eft Théodore Sn^aine - Vrage , le même qui
âVait publié, étaht fécrétairt dû vailTeau la Cali-
V iiji
1
3IO DÉcôTjvËUïEs ir Voyages
foiidie 5 la relation du voyage de la baie d*Hud-
îbn txi î74i : nous ne nous en rap^rterons à
aucun de fes antagoniftes, mais nous obferverons
feulement qu'il eft difficile de concevoir que ,
d'après l'examen, foigneux des côtes du nord de
l'Amérique par les Efpagnols en 177J 5 depuis
que l'immortel Cook a parcouru cette même côte,
& que les voyageurs Ruflcs ont commencé à fré-
quenter plus que jamais & à examiner attentive-
ment cette côte, depuis enfin que la compagnie
de la baie d'Hudfon a tout nouvellement fait faire
un voyage par terre à la mer Glaciale , il eft .
difficile, dis -je, après tout cela, de concevoir
où nous placerons l'Archipel de San - Las^aroy
le Rio de Los-Reyesy le Lago-Bello\ la ri-
vière Parmentire i le Lago de Fuente ^ U EJire'
cho de Rouguiello , la, rivière Haro , la rivière
Bernardo y le lac Velafco & la péninfule de Co*
nibafftt ; qui tous fe trouvent nommés dans la
relation ou plutôt dans la rêverie de l'amiral de
Fonte. Aucun des auteurs efpagnols , eux qui à
d'autres égards élèvent fi haut les découvertes de
leurs compatriotes, ne connaît rien de ce voyage
qui paraît être une produdion de quelque vifion-^
naire. Cet auteur a certainement en général unô
mamère d'écrire très-vague. Car il parle d'eau falée
des lacs & d'un flux & reflux ^ui s'y fait fèntîr.
Cependant il trouve néçeflaire^ pour avancer plus
DAÎ^S lêNôïid. }ir.
loin , d'avoir recours à des barques paxce qu it
eft obligé de paflèr quelques catarades. Mais ,
fi Ton y fait la mondrc attention , comment eft-
il polfible^ que le flux pafle par-deffus uae cata-
xaéle ? Et comment peut -on .s'imaginer trouver
de l'eau falée au-delà d'une catarade? Il faudrair
avoir bien du temps à perdre ou être étrange-
ment pofledé du cacoetkes fcribendiy pour entre-
prendre une réfutation férieufe d'une rêverie
auffi abfurde que celle-là. Elle ferait certaine-
ment une auffi bonne figure dans cet ouvrage ,
qu'un extrait de. vingt pages de la relation bien
connue de Daniel Foe , intitulée Nouveau f^oyage
autour du Monde par une route qui na pas en-
core été tenue \ fi on la mêlait à des matériaux
pour l'hiftoire recueillis des papiers politiques^
ou d'une colledion de témoignages authentiques.
IX. Le dernier des^ voyages des Efpagnols qui fut
entrepris en 1775, par les ordres du vice - roi
du Mexique Uon Antonio -Maria de Bukarelli-
erOrJua^ ddius le dellèin de feiire des- découvertes
m nord fur la côte occidentale de l'Amérique
dans la mer du fud, paraît avoir été, félon toute * y
apparence , précédé par quelques autres voyages
dont le public n'a jamais eu la moindre connaiC-
fance j car il eft bien certain que les Efpagnols
tiennent toutes leurs affaires d'Amérique, dans le
plus grand fecret poffible. Il paraît qu'ils ont,,
y iv
1
3Ii DÉCOUVERTES Ef VoifAGfÉS
non -feulement des miffioftnaires 5 mais auffi on
port & un commandant à Mônterey, Il y a auffi
des paquebots ' qui vont régulièrement dans cd
Iteii 5 &»ils difent eux - mêmes que juiqù'à ce
port il ny a point de connaiilknces à acquérir
fat là navigation , la route qui y conduit ayant
été Ôequerttée fi fouvent depuis 1 etabliffement des
colonies , & la meilleure manière de faire ce
voyage étant déjà bien connue. La longitude de
ce lieu eft de dix-fept dégrés à left du port San-
BlaSf & la latitude trente-fîx degrés quarante-
quatre minutes notd. Les dèui vaifféaux étaient
commandés par Bruno Hecètà^ & le toiiiman-
dement de hi galère fiit donné au lieutehant Don
Juan de Ayala & au lieittehânt Don Juah-fronr
cifcê de la Bodegà.
Le paquebot de Moritetey appelé le Sah-Carlos^
commandé par Dàn Miguel Maiïrriqite , fit voile
avec eux de compagnie. L'atiteur de cette relation
était Antonro Maurelle , fécond pilote à bord de
ta Senora. Mais quelques vaifleaux avaient déjà
été envoyés au cinquante -cinquième degré lati-
tude nord en 1774 , avant ce voyage. Les fré-
î}uents voyages des Anglais dans la mer du fud.
Tous Byrbn , Wallis , & deux fois , fous Cook ,
avaient réveillé. Tattentioil des Êfpagnéls ; les
^découvertes nombreufes des Rùffes dans l'Océan
oriental , faites prindpalenient entre les anhécs
DAI7S LE NoRDr 3Î):
17^7 & 177 j, prcduifirent le même effet. En con-
féquence les Efpagnols envoyèrent deux ou trois
fois des vaiiTeaux de Callao à Otaheiie ^ Se en
1774 5 ils s'avancèrent vers le nord le long de
la c6tt oued de l'Amérique feptentrionàle 5 juf-
qu'au cinquante-cinquième degré de latitude nord-
efl, encore en 1775 , & dans cette année les vaif-
féaux partirent le i^de mars^ de compagnie avec
le paquebot. Le commandant du Don Carlos ayant
donné des preuves évidentes de folie , fut mis, à
terre, & le commandement du paquebot fut con-
fié à Don Juan d'^yda , & Don Juan Francifco
de la Bodegay Quadra demeura feul comman-^
daht à bord de la Soiiord. Dès leur départ ils
rencontrèrent de fores courants. Sur leur J^iïàge
ils virent des albâtre^» (Pelecanus-Aquilâs), des
oies de Bafan (Pekcanus-BaiTanus) &: les oifeaux
du Tropique ( Ph^ton«;^thereus ) , ainfi que des
hiîondelleî de nier { Bohos > SternûrStoUda y Ils
eurent à lutter contre lefe courants 6c les vencs
contraires. Ils ne relâchèrent cependant pas à Moii-
terey ^ maïs ils prirent la réfolution de dirigeï
vers lé quafante-troifîème degré de l|titude nord^
& là de réparer leurs vaHfeaux & de prendre de
reàU. Dans leur route ils virent une efpèce très^
extraordinaire d'algue-matine. La tige pat laquelle
la plante était attiachée au^ rocher, était un long
tube A)Jit*la partie fiipéiieux» étgk feite conraifc
1
^t4 DÉCOUVERTES Ë-r VôYAÔESr
une orange, & du fommet fortaient de grart-^
des feuilles larges. C'eft pourquoi ils nommèrent
cette plante cabe\a de nafànja ou la tête d'orange v
immédiatement après ils apperçurent une autre
efpèce d'algue - marine avec de longues feuilles
comme des rubans , on la nomme communément
i^acute del mare. Ils virent aufG des veaux ma-
rins , des canards & des poiifbns. La latitude était
de trente-huit degrés quatorze minutes. Le 8 de
juin , ils virent très - diftînâement la côte & un
courant très - rapide vers le fud. Le ^ , ils relâ-
chèrent dans un havre au quarante -unième degré
fcpt minutes, qu'ils nommèrent de la Trinitad^
du nom de la fête de la fainte Trinité. Les habî-
tans de ce lieu reflèmblent beaucoup à ceux que
Cook découvrit environ neuf degrés plus loin
vers le nord. Leurs flèches étaient armées de poin-
tes de caillou , de cuivre ou de fer. Us avaient
jpeut - être obtenu cette dernière fubftance par
échange , (bit des Anglais de la baie d'Hudfon ,
(bit des RufTes. Le pays des environs efl: fertile
& propre encore à recevoir de grandes amélio-
rations. En ^ntinuant leur route, ifs arrivèrent
au voifinage de l'île de Dolores , très-près de la
terre , où ils mouillèrent , fe propofanr d'y Éâre
eauj mais ils perdirent dans cette tentative, leux
barque, & la plus grande partie de leur équipage
fut tuée par les fwvages. Les Efpagnols tuèrent
î>ANs 1 1 Nord. 31 j
auffi pat repréfaillcs quelques - nm de ceux qui
par une diffimulation perfide étaient venus les in-
viter à defc^ndife à terre. Enfuite ils s'avance-
lent plus au nord. Le 17 d'août , ils virent en-
core la terre au cinquanté-feptième degré deux^mi-
nutes de latitude nord, là Us apperçurcnt une mon-
tagne à laquelle ils donnèrent le nom de Santo^
Hyacimho , le promontoire fut appelé Cabo del
Enganno. Le fonunet dé la montagne était cou-
vert de neige & le penchant Tétait de bois ,
comme le pays près le port de la Triniiad. Les
Efpagnols entrèrent enfin dan^ le port de , Gua-
daluppe.^ au cinquante-feptième degré onze mi-
nutes , & trente-quatrième degré douze minutes à
Touefl: de San- Bios. Cependant ils remirent, bien-
tôt à la voile-, & le 18 ils mirent à Tancre dans
le port de Remédias ^ au cinquante-feptième de-
gré dix-huit minutes de latitude nord , & trente-
quatrième degré douze minutes à l'oueft de San*
Blas. Us érigèrent en cet endroit une croix, &
prirent pofTetf on ^dicr-çette contf.ee , que les Ruffes
avaient découvert^ ^,fi;équentée:,long- temps aupa-
ravant. Ils ne pritçjit dans ce lieu quun mât,
un peu de bois &: ;d*eau , .&> dirigèrent enfuite ^
vers le fud, au cinquante-dnquième degré dix-
fept minutes, ils virent le port de Biikarelli où
ils prirent du bois & de Teau. Ils avaient pendant
ce temps plufieurs de leurs gens malades du fcor-
JXtf ^DÉCOUVERTES ET VOYAGES
but 9 ce qui les obligea de retoutner en diMgence
à Monttrey. Au trente -huitième degré dix-buic
minutes » ils entrèrent dans on havre qu ils nom-^
mèrent de la Bodaga^ du lieutenant de ce nom.
Us y perdirent leur chaloupe par un grand flot y
Se allèrent enfuite à Monterty» Ils étaient alor^
ptefque tous affligés du fcorbut. Après s'être bien
rétablis ^ rafraîchis, ils remirent à la vdile, & le
l€ novembre^ ils rentrèrent dans le port de San-
Bios.
Les ETpagnois ont autie&is entrepris des voyages
de découvertes très - importants \ mais dans le
dernier fiècle, la fuperftition) l'indolence^ la chute
de leurs manuËeiéhites & de leur commence 5 tour
cela* 9 joint là un faux fyftëme de politique & &
<1 autres caufes 9 les a ]tté% dans une efpèce de
léthargie , de laquelle cependant ils conunei^
cent à Ibrtir fous le gouvernement aiftuel.
1
bàks £S Noao. sxy
CHAPITRE V:
Dés Découvertes & des Voyages faits par Its
Portugais dans le Nord.
^ous U direétion vigoureufe & patriotique de
rinfant Don Henri » dont la mémoire fera tou^
jours glorieufe , les Portugais découvrirent dif-
férentes contrées. Dans le ^quinzième fîècle, la
fcience de la géographie & latt de la naviga-
tion furent plus redevables de leurs accroifle-
mens à cette nation qua toute autre. La cé^
lébrité du nom de Vafco Gama enflamma la
jeunefle de Portugal & excita (on émulation.
Une multitude de héros ^'empreilà de marcher
fur les traces de leurs prédécefTeurs. D'immenfès
ricfaeflès acquifes par le commerce des Indes
entraient continuellement dans le Tage ^ les
avantages réfultans de ce riche commerce traî-
nèrent à leur fuite le luxe , lorgueil & tous les
vices qui accompagnent la pro(périté ^ détruliènt
l'induftrie, la vertu 5 la vraie religion & fappent
par degrés les fondemens d un empire. L'extinc-
tion de l'ancienne famille des rob de Portugal,
la réunion de cette cMrohne à celle d'Efpagne
fou$ la puiflance de Philippe II» les conquêtes
1
5i8 DÊCOtrVÉRTIS tT Vô?À(3I5
des Hollandais dans les Indes & dans le Bréiil 9
les entraves que le pouvoir exceffif de Tlnquifi-
tion mettait à la liberté de penfer , toutes ces
chofes contribuèrent principalement à dégrader
cette nation, autrefois fi aârîve & fi célèbre par
fes grandes entreprifes, & à la réduire à un état
d'indolence avitiflante & d une profonde infenfi-
bilité. Les Portugais reprirent à la vérité, pour
quelque tçmps, leur courage accoutumé, à la ré-
volution qui plaça la maifon de Bragance fur le
trône* Mais les mines dor & de diamans du
Bréfil , en leur ouvrant de nouvelles (burces de
richeffes, ne fervirent qu'à précipiter vers fa perte
un peuple qui était déjà bien près de fit chute.
Son commerce avec l'Angleterre tarit fes richeffes
au lieu defquelles elle reçut les produits de Tin-
duftrie de cette puiflànce. L agriculture, les arts,
le commerce , la tadique & la navigation furent
fî négligés qu'il n'en refta plus que l'ombre. Tom-
bai s'efforça 5 il eft vrai , de remédier à tant de
maux-, mais il était trop détefté , fes mefures
étaient trop cruelles & trop injuftes, & la nation
était trop*déchue de fa primitive énergie, pour qu'il
lui fut poflîble de la lui redonner. Ce royaume
quoique favorifé de la nature , eft encore trop
profondément enveloppé des ténèbres delà fuper-
ftition, pour avoir rien à tfpèrer à cet égard. Le
gouvernement trop peu inftruit des vrais principes
BANS Ll NOR^D. 319
^e l'économie politique , n a pas cette follicitude
tjui rendrait fes indolens citoyens adifs & induf-
trieux-, l'engourdifTement où font les arts & les
fciences, Tagriculture &le commerce, augmente de
jour en jour la fifeblcfle de l'état. Il eft donc en
grand danger d'être englouti à la première occa-
fion favorable, par une puiflance voifîne telle que
rEfpagne, qui augmente tous les jours en gran-
deur & en pouvoir.,
4 Mais lorfquè le Portugal était encore dans toute
fa gloire , lorfqiie fes habitans étaient encore ani-
més de Tefprit des grandes adions, & ^ue le
-gouvernement était attentif aux objets importans
/qui fe préfentaient , cette puiffancc regarda toutes
les découvertes faites pat TEfpagne dans le nou-
veau monde, comme autant d'ufurpations fur fts
droits & fa propiftté , malgré la donation iâite
par le pape, & la promeffe de la tsoitié du monde
que le Portugal n'avait acceptée qu'avec répu-
gnance. Ce &t une même efpcce de jaloufie qui
infpira i Gafpar de Conereal ^ homme de naif-
Xance, la réfblution de découvrir de nouvelles conr
crées & une nouvelle route aux Indes. Il partit
de Lifbonne en 1500 , ou comme d'autres l'aflu-
rent , en 1501. Dans le* cours de fa navigation
il arriva à Terre - Neuve dans une baie qu'il
nomma baîc d^ la Conception , nom qui lui eft
toujours rcjfté. Il vifita toute la côte orientale
1
jio DÉcoùVfiaTiïs nr Voyages
de cette île 9 & vint enèn à leifiboucburç de
ia grande rivière du Canada* Enfuit^ il décou^
vrit une terre qu'il nomma 5 le premier 9 Terra-
Verde , mais qu'on appela par la fiiite Terra de
Cortereal^ pour honorer la mémûce du navigateur ^
qui la découvrit. Il nomma la partie de cette con-
trée qui eft en-deçà du cinquantième degré lati^
tude nord , Terra de Labrador , parce qu'il la
crut propre au labourage & à la culture. Cette
étendue de terre eft appelée , dans la çofmographi^
de SébaftUn Munfter^ Terra Agricola. Il dl très-
probable que Cortereal^ étant aux îles Button &c
au cap ChidUy 9 fuppofa de bonne ^ foi que c'é-
tait le détroit qui devait conduire dans la mer
èA% Indes. On dit auilî que ce détroit ceçut alors
de Coriereel^ le nom HAman^ de deux frères appe-
lés ainfî. Après avoir fait cect^ découverte impor-
tante» Cbr/^r^aïf s'empreiTa d'en communiquera
fa patrie, Tintéreflante nouvelle ; il eue à peine
fait part de Tes cpnnoîflànces , qi^il (b bâta de
retourner pour vifiter les cotes de Labrador 9 &
aller aux Indes par le détroit SAniaa quil ima-
ginait avoir hcureufement découvert. Mais on n en-
tendit plus parler de lui \ fans doute qu'il aura
été maflacré, par les fauvages Eskimaux , ou qu'il
aura péri dans les glaces. Après cela (on frère
Michel de Cbrrereû/ entreprit le même voyage avec
deux vaiffeaux , il eut probablement la même def-
tinée
iD A K s I, E Nord. j 2ii
^ttéc que fon feèie.. L'aîné de ces deux infortunés jf
Vajqut:^ de Conereal , qui était chambellan du
roi^ ne recevant point de nouvelles de fes frères,
réfolut -d'entreprendre le même voyage dans Tef-
pérance de les retrouver s mais le roi ne voulut
point lui permettre de s'expofer à un danger fi
éminent.
IL Entre les nations qui faifaient une pêche
confidérabie fur les bancs de Terre-Neuve , nous
trouvons dans un temps très-éloigné , les Bifcayens,
les Efpagnols & les Portugais -, car dès Tannée
1578, le capitaine Antoine Parkhufi comptait cin-
quante vaifTeaux portugais à la côte de Terre-
Neuve, ils portaient enfemble au moins trois mille
tonneaux. Il fout obferver qu'une pêcherie auflî
confidérabie na pu fe former tout-à-coup, mais
qu elle s eft établie par degrés -, conféquemment
il doit s'être écoulé un temps afièz long avant
qu elle ait pu s'élever ttu point où elle était alors»
Mais les Français ont péché fur cette côte, au
moins dès Tannée 1504-, ainfi il eft très-probable
que les Portugais y ont péché aufii , Xbit dans le
mêoie temps, foit au moins peu après. Ceci
montre évidemment Tétendue de la navigation,
ainfi que le caradère adif ^ induftrieux des Por-*
tugais à cefte époque, puifquils employaient plus
de cinquante voiles à la pêche fur le banc & fur
les' cbtts de Tene - Neuye , dans le temps cù
^ Tome IL X
1
|lt DèCôCVERtES El- VôYAÔEî
très-peu de vaiiTeaux anglais fuivaient cette btan-
che de commerce.
III. Nous trouvons dam le Livre de Lucas Fox ,
intitulé le Nord^-Ouefi de Fox, Londres^ în4'^.
1^55 ipag. 1^2 {a) , une dépofitîon faîte par un
certain Thomas Co%€^les ^maxtlot anglais » de BéLd--
minfler en Somerfetshire. Cette dépofition fat faite
dans Tannée 1579 5 temps où un ferment étoit
encore univerfellement confidéré comme un aâe
très-folennel de religion. Cette déposition porte que
ï( Cowles étant à Liflx>nne fix ans auparavant (con^
» féquemment en 1573)9 il entendit un certain
y^ Martin Chackc ou Chaque^ marin portugais,
D lire un livre que ce même Martin Chaque avait
^ écrit & publié en langue portugaife fix ans
» auparavant ( ceft-à-dire en 15^7). Il affirmait
9 dans ce livre que, douze ans auparavant (ceft-
9 à-dire en 1555), il avait Êdt voile des Indes
^ pour le Portugal , dans un petit vaiiTeau d en-
» viron quatre-vingts tonneaux, accompagné de
-» quatre autres très- grands vaifTeaux, defquels il
» fat féparé par une tempête élevée par un vent
» doùeft, ,qu il avait paiTé près depluficurs îles, &
» navigué enfin à travers un golfe près de Terre-
» Neuire, au cinquante- neuvième degré de latitude
(a) Cette' relation a été prife par Fox des Voyages
de Purchasj Part. III , pag« ^^.
» tiàxà 9 félon fon eftime , & qu aprçç avoir tra*
» verfé ç« golfe , il n^avait plus vu de terre jufqu ià
» ce qu'il fqt arrivé à la vue (Te la partie nord*
^> oucft de rWande , d où il était parti pour Lit
» bonne où U airiva un mois ou cinq femaines*
» plutôt que les quatre autres Véiifleaux ».
SJL cette relation était de nature à mériter notr^
confiatïce , elle ferait une très - forte preuve de
l'exiftence d'un paffage.. Mais le fimple témoignage
dun matelot qui a entendu lire la defcriptioa
dun voyage dans un livre qui n'était * peut - être
qu un roman » ne porte pas avec foi la moindre
conviâion. Conféquemment il ferait aufll abfurde
de faire quelque fond là-deffus, qu'il le ferait
de conclure , après avoir lu un extrait de M. BuJ^
<hingà}X roman de Foe^ intitulé Nouveau Voyage
autour du Monde pat une route inconnut jufqu* à
préfenty quun tel voyage a été entrepris dans le^
années 171$ & 1715, & qu'une contrée d'or &:
une île de perles comme celles qi|i font décrites
dans ce livre , ont été réellement découvertes*
D'ailleurs 9 les Êréquentes rech^hes qu'on a faites
dans la baied'Hudibxi» les voyages des Efpagnols^
des Anglais & des Ruifes le long des côtes occi^
dentales de l'Amérique, nous donnent les plus
grandes probabilités qu'il n'éxiAe pas de paflàge
dans ces cogtitrées \ & que le détroit imaginaire
à'An^ojr au d'A/Uan ja'exifte que dans les cer-
■ Xij
^24 DéeOTrVÊRTÊS ET VOTAÔES
Teaux foibles des vifionnaires , û par ce nom ton
entend un détroit conduifaiit de la mer du fud
dans la baie d'Kudlbn. Car à d'autres égards le
détroit centre TAfie & l'Amérique que j'ai nommé
détroi^de Berring^ ou de CboA: & d'autres de Def-
chneff^ peut être également bien appelé détroit
«d'Anian.
IV. Le jéfuîte dt Angtlis^ Portugais , alla dans
les années i^io & i^zi à la côte de Matfmaiy
le frère Jacob Caravalho y alla auffi. Us rapportent
que dans l*île à^Efo ou Ytdfo^ dans le voifinage
de la ville de Matfmai , il y a de très -riches
mines d'argent dans lefqueUes travaillent environ
cinquante mille Japonais \ que parmi eux il s^n
trouve qui y font volontairement & de leur pro-
pre choix, mais que les autres font des criminels
condamnés par les lois à ce genre de travail ; ils
ajoutent qu'il y avait alors dans ce nombre quel-
ques chrétiens. Us difent encore qu'il coule une
rivière près dcf la ville de Matfmai ou Mat/u-
mai^ où l'on trouve en abondance de la poudre
d'or. I^s habitans 4^s parties orientales apportent
au marché les peaux d'un ppiflbn ( la ioutre de
mer ) qu'ils achètent de quelques habitans des
îles voifiries lefqueUes font au. nombre de trois.
L'animal auquel ces peaux appartiennent » eft ap-
pelé raccon , & une peau fe vend . environ qua- '
rante écus. Chaque habitant de Matûxuu eft fba
* A W s t ï No It p.- }2 jf
proprer maître, ces hommes font forts , bien faits
& d'un bon caraâsère. Ils portent la barbe longue.
6c de grands anneaux d'argent ou de foie aux
oreilles. Leurs armes font des arcs Se des flèches;
empoifonnées, des lances. Se de petites épées ou
poignards. Ils portent des cuiralfes féûtes de petite»
planches de bois. A Matfumai on donne du vin
pour des fourrures , des plumes d'oifeaux & diffé-
rentes efpèces de poiffons. On conmiercc auffi
du riz 9 de la foie, du coton Se de la toile; On yv
adore le foleil , la lune Se les dieux des mpn->
tagnes & des mers. Ces peuples n'oicit qu'une idée:
très-imparfaite d'un état futur; ils font cependant,
très^humains , très - fociables Se de très - honnêtes
gens. Ce petit nombre de particularités eft tout
ce qu'il y a de connu fur la nature de la contrée
à-E/o Se de MatfumaL
V. Dans une carte de l'Inde publiée pour la
première fois à Lifbonne en 1^49 , par Pierre
Texeira 9 cofinographc du roi de Portugal , la-
quelle prouve , ainfi que- plufîéurs autres de fes
euvrages, qu'il était très-habile- géographe , nous
trouvons d'abord un grouppe* d'îles fîtuées à dix
eu. douze degrés au- noid»eft dut Japon , -au qua-
sante- quatrième & quarante^- cinquième degré de
latitude nord , où la côte s'étend de l'oueftà l^ft^
avec les mots (iiivans : «tene de Joao-da-Gama
X rindien 5 vue par lui en allant de la Chine, à
X2i
jitf DécoUViRTÊS lï VôYAÔEs?
» la Nouvelle - Efpagnc (a) ». Mais on ne fait
en quelle année ce voyage a été fait, & il ncft
pa^s poffible dt déterminer avec quelque certitude
qui était ce Jôao-da^Gama. Il parait cependant
avoir été an voyageur né dans Tlnde» mais d'ex*
tradion potthïgaife. La terre deflînée par Texeira
cft probablement la même que 111e SVrup ou
l'île Samufftr ou Schimujfir. La dernière a en-
viron cent trente Werjis , c'eft-à-dire , foixante-
feize milles géographiques ^ en longueur. Il eft
vrai que Texeira a marqué la cote comme s'é-
tendant en une ligne continue jufqu au détroit
d*Anian ( Efttaito de Anian ) qui eft fitué entre
TAfie & TAmérique. Mais oh peut clairement
appercevoir par ce plaû^ quil n'avait pas une exadle
connaiiTance de la continuation des câtes de l'A-
iie \ car » félon lui , le détroit d'Anian eft au cin-^
quantième degré de latitude nord ^ ce qui certaine-
ment eft très-éloigné de la vérité.
VI. Enfin j*ai trouvé , dans les Confidérations
Géographiques Se Phyfiques de M. Buaehe ,
Paris, in-4®. 1753 ^pag^ 158 , une relation où on
lit qu'en 1701 , un matelot du Havre^e-Grace
avait vu , vingt - huit ans auparavant , à Oporto
en Portugal un vaiifeau, appelé lo Padre-Eterna^
* " w i* ■ ■ ■
(a) Terra q. uio do Joao*da-Gama Indo , da ChinA
pera nova Efpaha.
35 ^N s L B Nord. ^ij
commandé pai: le capitaine David Melguer^ qui
mourut précifément dans ce temps & aux foné^
cailles duquel il aflîfta. On dit que: ccrMelguer
partit du Japoih avec {on vaiiTeau lo Padrc-Eterno^
h x^ de rmatr i^^^o^ qu'il navigua le. long dit
la côte de Tartaxie jufqu au quatrervingt-qiiatrièm»"
degré de latitude nord *, qu ildirigea enfuiteia route
entre le Spitzberg ic l'ancien Groenland», 8c qu'en
naviguant ainfi à loueft de l'Ecofle & de l'Irlande,,
il entra enfin dans- le port £Oporto. Telle eft la
partie efTentielle de fa relation» qui cependant ne
mérite pas de confiance 3 car depuis les années
1^37 & 1^385 les Portugais & les Efpagnols font
abfolument , Se pour toujours, bannis du Japon.
Comment était-il. donc poffible qu^un vaiileau por^
ti;gais vingt-deux ans après cette époque » partît
du Japon» contrée où les Portugais n'étaient plus^
admis », ni. fouffcrts depuis long*temps X Cette con-
fidération feule eft une preuve fiiffiiànte que toute
cette relation neft q[u'une pure fable accréditée
fsx, quelques matelots ». & dénuéer. même de la(
moindre probabilité.
Nous n'avons pas d'autre* relation concerpant
tes voyages des Portugal dans le Nord. Ils fer
contentent aujourd'hui de naviguer à leurs poITeCr
fions ^SréfH» delà cote d'Aficique » aux Açores,
aux îles du Cap^Vert & à Madère.^ ce n'eft que
larçment que quelques-uns de leurs vaifleaux vont:
X ivt
^
^28 DéCOUlTERTES ÏT VoYAGlS
à Goa 5 à Maicao & à Tîmoï. Le mauvais êtsit
de leur commerce & de leur marine , leur fendent
très - difficiles ces navigations. Conféquemment
il ne faut plus attendre de cette nation aucun
voyage au Nord , puifiju elle n'en poufrait tires
aucun avantage
CHAPITRE Vf.
Des Voyages & des Découvertes faites dans:
le Nord par les Danois..
JLjTës anciens Normands avaient coutume de
parcourir les mers les plus éloignées ,• avec une
intrépidité qui n a pas même été forpaiFée dans
l'état ftoriflànt où fe trouve adueliement la navi-
gation ; ces peuples qui habitent un pays dont
les cotes s'étendent fort loin , £c qui eft , pour
la plus grande partie, environné par irf^mer, dé
laquelle ils tirent leur fubfiftance au moyen de
la ppche, doivent fans doute mieux connaître la
navigation & être plus habitués à la rigueur àxt
froid quaucune autre nation. On ne peut nier
que les habitans de la Norvège & les ^nois
ne foîènt aujourd'hui d*excellens marins. Vers ki
fin du quatorzième iiècle Se au commencement
Su quinïièmc , leur principale navigation confif^
tait dans les voyages dlflande & de Groenland ;
ils avaient même enfin entièreiflent abandonné ceux
de Groenland. • •
I. Le gouverneur d'Iflande ayant confifqué en
15^4, tous les revenus du couvent d'HelgaQœl
au profit du roi, y trouva un moine aveugle
qui y vivait dans Tiridigcnce & la misère. Le
gouverneur le fit venir , & a^rit de lui , que
dès fes premières années il avait été jeté dans tut
couvent par fes parens, & qu'à Tâge de trente
ans, l'évêquc du Groenland l'avait mené avec lui
à Drontheim en Norvège chez rarchevcque : mais
qu'à leur retour l'évcque l'avait laifle au couvent
SHelgafjœl en Mande. Ceci fe pafla en i^^^^
il donna dans la fiiite une defcripdon du Groen-
land & du couvent de Saint-Thomas, dans le-
quel il avait autrefois habité*, fa relation eft con-
fi:)rme à ceHe de Ztno à quelques fables près
qu'il y ajoute. D'après fes difcours on conclut qu'il
ferait facile d'arriver. à la Chine parla mer Gla-
ciale. Le gouverneur donna des. ordres pour qu'un
des vaiifeaux du roi, qui avait pàfTé l'hiver en
Mande , fut équipé & envoyé au Groenland. En
çonféquence le capitaine mit à la voile le 3J
mars i$6j^^8c découvrit le Groenland le io avril,
mais il ne put y aborder à caufe des glaces ^
ni jeter l'anae par la profondeur de U mer. Les
"H
5JO DÉCOUVERTS^ iV VOÎA<ÎE^
gens de l'équipage vinxent donc^ à texte datis leur
canot, en grimpant le mieux qu'ils purent fut la
glace. Ils trouvèrent près de la cote un Gtoen^
landais mort dans fon petit bsœeau. Auffi-tôt après^
leur débarquement ils furent attaqués par un ours
blanc qu'ils mèresc» Un vent violent s'éleva Se
fls regagnèrent leur vaiflcau, fe dirigeant de l'clt
de nflande vers le Nord dans IcdefTeinde paiTec:
de la mer Blancbe dans c^c de la Taxtarie 8a
delà au Catay, mais la glace les empêcha d'allée
plus loin & les contraignit de fe rendre en Iflande
' le i^ juin. On trouve cette relation dans. lePi/A-
mar Blesken IJlandiayfive popidûrunty & mina^
hilium qua in ta injula reperuwtiàr y accunuiar
defcriptio ; Lugd* Bai. iSoj.
IL Chriftian IV, roi de DanemarcI:, defîrair
aufii reconnaître Ip viemç Groenland , qui avait fait
partie des états de Tes ancêtres; Dans cette inten*
tion il donna des ordres pour un voyage* à ce
pays; & afin de remplir fes vues il fit venir d'An-
gleterre & d'Ecoflè des pilotes expérimentés, John
Cunmnghamy James Hall Se John Knighu II
équipa trois vaiffeaux. Se Gouke Lindenau^ noble
Danois, fut nommé pour commander l'expédition
en qualité d'amiral. Il prit pour fon. inftruâdoa
les anciennes relations iflandaif^ du Groenland ^
avec le journal du voyage que David Von -Ntllt^ ,
avait Êdt dans ce pays pat les ordres de Frédé?-
©ANS L £ Noïf D, 55 1
sic IL Le 1 mal 1^05 , ils gagnèrent le large»
Comme ils approchaient de la glace » Hall diri-
gea fa toute au fud bueft. Gouke Lindenau diri^-
gea la fienpe ^lu ]y)rd-eft, & aborda fur ]/&s côtes
orientales du Groenland. Les naturels du pays
vinrent à bord de fon vaiiFeau. Ils buvaient de
rhuile de baleine'^ & convoitaient beaucoup le fet
& lacier. Lindenau après y avoir paiFé trois jours,
retint par force à fon bord deux de ces fauvages,
ils firent cependant une réfiftance courageufe pour
recouvrer leur liberté » les autres lancèrent des
flèches & jetèrent des pierres aux Européens , mais
le bruit d'un coup de canon les difperfa bien-
tôt. Gotske Lindenau fe hâta de fe rendre à
Copenhague où il arriva heureufement.
James Hall aborda fur les côtes occidentales
du Groenland, où il trouva plufieurs havres, de
beaux pays 8c de bons pâturages. Les habitans y
étaient fort timides. Les Danois trouvèrent plu-
fieurs endroits où il y avait du fbu&e brûlant*
Ils trouvèrent aufli de l'argent fous la forme
de poudre noire, dont cent livres rendirent à
Copenhague vingt-fix cmces d'argent* James Hall
appela Chrijiianus , du nom du loi fon maître ,
Je cap FareweU fitué' au cinquante-neuvième de-
gré cinquante minutes de latitude nord. Cinq
lieues plus loin l'aiguille aimantée varia de douze
degrés quinze minutes à l'oueft Un courant
"jjr DicùVVt^TiES ET VorAeir
très - fort le porta vers le nord contre la glac^
des côtes de rAmériquc : mais fur les côtes diF
Groenland le courant portait au fud. Pour du:
fer , des clous &c des couteaux , il reçut etv
échange des peaux de veaux marins ^ des cornes'
de narval » des dents de morfes & des fanons
de baleines. Après avoir été (jueltjue temps dans
un havre au foixante^- fixième degré trente-trois^
minutes 5 à trafiquer avec les- habitans^ il en fîir
attaqué (iibitement par une déchsurge d^ pierres^
& de flèches j mais ayant tiré fur. eux un faucon-
neau, ils furent entièrement diffipés. U fut en-
core attaqué ^eux (ois de la même* manière. Ih
fè retira dans un havte près le mont Cunningham,
qu'il nomma le havre de D^antmarck. Il y trouva^
environ trois cents natifs. Les anfer qui font
afTez profondes abondaient en fàumons , en ha^
rengs, en baleines & en veaux marins'» U y viD
des corbeaux, dçs corneilles, des feifans^ des per-
drix ( gelinottes ) 5 des mouettes & tf autres efp^ces^
4 oifeaux. Il y avait des renards noirs , il vit de
la fiente & des bois de cerf. U fit soute plus
loin au foixante - neuvième degré. Ayant foufferr
des hûftilités de la part des fauvages , il fe faifit
de trois d'entr eux , & fe trouva dans la trifke né-
ceâité d'immoler les autres à fa tranquillité. IL*
traita fes prifonniers avec humanité, & à fon retour^
il les préfenta au roi. Conformément aux oxdrcd
Ï>AKS 3L I NOR Dv 3}j
i^u il avait reçus du premier miniftre deDanemarclc^
il mit à tetre deux coupables condamnés à mort»
4es ayant munis d'avance de proviiions & des chofes
jCiécefTaires à la vie. Le 15 juiUet, il était au cin-
quante-feptiàme degré , Se le jour fuivant parmi
des glaces flptantes , il apperçut une grande mi^-
tirade de baleines , le courant portait au ik)rd-
oueft. Le premiera d'août, il rencontra une quantité
incroyable de harengs, qui lui firent eftimer quil
était dans les parages des Orcades. Le 10 5 il
mouilla dans la rade ^Helfingor.
IIL Les fi'ccès de ce voyage portèrent le roi
à faire une féconde entreprife de ce genrç. Le
27 de mai 1606 ^ cinq vaiilèaux partirent de Co«
^enhague fous les otdres de Gotske Lindenau
& de James Hall. Le 4 d'août, ils arrivèrent
au Groenland avec quatre vaifTeaux, le cinquiè-
me ayant été fëparé dans une tempête. Us na-
viguèrent le long des côtes & entrèrent dans
|dufieurs havres \ ils virent des rennes -, mais les
fauvages leur firent des hoftilités malgré le com-
merce de fer qu'ils avaient commencé avec eux.
Les Danois à leur départ firent cinq fauvages pri-^
fonnlers , un d'eux fe jetta à la mer & fiit noyé.
Ils trouvèrent à leur retour le vaifTeau qu^ils avaient
perdu de vue , & arrivèrent enfin à. Copenhague
le j d'odobrc.
JV, Qupiqu on n'eût rien découvert de pouveau
JJ4 HéCOVVEKttS ET VôïAÔÊ*
dans cz voyage , & qu'on n en eût tiré aucun
avantage , le roi réfolut d'envoyer encore àeux
vaîflcaux quil fit expédier en 1^07, fous les ordres
d'un Holfteinois , nommé Karflen^Richardt* Un
de ces vaifleaux fat commandé par James Hall,
Us quittèrent le Sond le 13 demain Se découvrir
iccnt le Groenland le 8 de juin. En s'eflForçânt de
continuer leur route à travers la grande quantité
de glace qui les environnait, ils farcnt féparés £
Richardt après plufieurs vaines tentatives fat con-
traint de s'en retourner fans avoir rien fait. Et tari*
dis que Hall faîfait tous fes efibrts pour pafTer
i travers la glace, fon équipage |fe révolta, & le
força de prendre d'autres mefures & de diriger
fà route vers Tlflande , de forte que cette expé-
dition fat manquée»
V. Comme on apprit qu'en i^io, Henri Hud-^
fon avait découvert un nouveau flétroit , & qu'il
y avait, au-delà, une mer afTez vafte, Chriftiaa
IV, roi de Danemarck, crut qu'il ferait poffible
qu'il y eût un paflàge aux grandes Indes, qui
aurait été très-avantageux \ il fit équiper en con-
féquence deux vaifleaux en i^i^, & en donna
le commandement à Jean Munck. Munck mit à
la voile, du Sond le 16^ de mai de la même année,
& découvrit le 20 juin , le cap Farewell. Il paflà
le détroit d'Hudfon qu'il nomma ( Fretum-Chrif-
ciani) ou détroit de Chrilliaii, du nom de fon toi.
PAHS lE NOKB- JJ5
Dans une île de ce détroit, ils trouvèrent une
ïcnne qui fiit tlée^ & l'île fut nommée à caufe
de cela Detr^s-IJLmd ; elle eft iituée au foixante^
unième degré vingt minutes latitude Qord« Munck
appela Mare-Novum (ou Nouvelle-Mer), la mer
qui touche à rAmérique ( c ejft-à-dire, les côtes de
Labrador), Se donna le nom de Mare^^CnJUanum
{ ou de mer de ChrifUàn ) à celle qui avoifine
le Groenland (fi c'cft en effet le Groenland ) , vers
le foixantième degré vingt minutes, il trouva tant
de glace quU lui fut abfolument impoffible d'aller
plus loin , alors il fe dirigea Ib fud & entra
dans la rivière de ChurcfùU. Lorfqu il fiit à tetre
il vit fur une pierre une figure qui avait des>
griffes & des cornçs. Il trouva auffi des chiens
<}ui étaient mufelés , des foyers ia^ des reffes de
huttes de fauvages. Les gens de fon équipage
mangèrent de la chair d'ouis blanc, des lièvres
& des perdrix, ils prirent quatre renards noirs &
quelques zibelines. Leur bière , leur vin, leur
eau-de-vie étaient gelés & firent crever les bar-
riques, La glace était épaiffe de trcris cents à trois
cents foixante pieds. La plus gtande partie de
l'équipage tomba malade du fcorbut qui fut fuivi
<de la diifenterie. Le 4 juin, Munck tomba aulE
malade & palTa quatre jours fans boire, ni rnan-*
ger, car les provifions étaient prefque épuiféess
malgré cela U fe xéo^hllt , fe trwia. hois de fa
1
cabane , & de foixante^quatre hommes qui conl-«.
posaient Ton équipage, il n'en tA>uva que deus^
vivans. Ces deux hommes furent ravis de revçic
leur capitaine , & ils eiTayerent tous trois de fe
foulager mutilellement , en cherchant leur nou^
xîture dans la neige^ Us arrachèrent des racines
qu'ils mangèrent & qui furent pour eux un reP
taurant efficace* Le 185 la glace étant fondue, ils
commencèrent à pêcher des faumons & des truites ,
& en peu de remps ils recouvrèrent entièrement
la fanté. Enfin, ils laifsèrent le plus grand vaiP-
feau dans la rivftre qu'ils nommèrent le havre de
Munck , & partirent .dans le plus petit ^ ils per-
dirent alors leur canot , &: la glace brifa leur
gouvernail qu'ils réparèrent avçc beaucoup'de diffi-
culté-, cependant lorfque la glace fiit rompue, ils
retrouvèrent le canot qu'ils avaient perdu depuis
dix jouis. Il s'éleva enfuite une violente tempête
qui rompit leur mât & emporta leurs voiles,^
enfin , ils eurent le bonheur d'aborder dans un
havre de Norvège , & peu de jours après ils arri-
vèrent à Cppenhague , où le roi qui les avait re-
gardés comrhe perdus fut très-étonné de les re-
voir. Ce Munck fut dans la fuite employé par
le roi en 1^24, i6zj & 1^27, dans la mer du
Nord & fur l'Elbe , & mourut le 3 juin 1^28,
dans une expédition maritime. Le roi avait en
1^20, établi une nouvelle compagnie de Groen^
land
DANS LE Nord. 337
land, qui devait envoyer tous les ans deux vaif
féaux à la pêche de la baleine j mais cette com-
pagnie fut encore diflbutc en 1^24, parce quelle
n'eut pas les moyens de continuer plus long-temps
' la pêche de la baleine i & le roi permit à tous ^
les particuliers de Danemarck d'aller au Groen- .
land^
VL En 1^3 ^5 le roi établit une nouvelle com-
pagnie de Groenland, qui, en conféquence, en*
voya fes premiers vaifleaux le 6 avril j mais pour
fe conformer aux préjugés de ces temps, ils né-
gligèrent entièrement la pêche des phoques ,. des
làumons & de la baleine , ainfi que toutes les
autres productions utiles de ce pays , pour fe
borner uniquement à la recherche de l'or & de
l'argent. Ils emportèrent une grande quantité de
fable brillant qu'on trouva cependant ne conte-
nir aucun métal. Ce mauvais fuccès dégoûta les
intérefles , & U compagnie fut diflbute.
VII. Au mois de novembre 1773 , on inféra
fous le nom de M. de la Lande, une lettre dans
le Journal des Savans, dans laquelle il eft die
qu'un vaiffeau du roi de Danemarck , appelé le
Nonkern- Crown ^ & commandé par le baron von
Uhlefeld f avait mis à la voile de BornJiolm en
Norvège ( où cependant il n'y a point d'endroit
de ce nom ) , fourni de provifions pour dix-huit
mois , avec des aftronomes , des deffinateurs &c
Tvme IL Y
^
35S DÈCOtrVïÈTES Et VotAGE5
tout ce qiii était nécelTâîre pour Un Voyagé-, que
ce Vaîffeau avait trouvé dans la baie d'Hudfon
iin paflàge à la mer d'Amérique au^deîlù^ de k
Californie. Cette lettre porte encore qu on trouva
idans le" détroit un grand nombre de buffles &
de bêtes fauves , & qu'après avoir foufFèrt bien
des fatigues , le vaifTeau arriva le 1 1 de février
1773 , par le détroit de le Maire, prés l'&e de
Rofs en Iflande, & fut conduit à Brème ^ parce
^ue le Sond était gelé y qu enfin , après une ab-
lèncc de trois ans , fept mois & onze jour? , il'
était arrivé à Copenhague.
U eft aifë d'appercevoir que cette lettre eft en-
tièrement fûppofëe , & qu'elle a été faite dans
Fitîtentîon de détourner l'attention que toute l'Eu-
rope portait au voyage du capitaine Cook & à
fes découvertes , & pour rabaîfler peut - être le
mérite de ce grand homme, dont le nom, <Juoi
qu'on puilTe faire , fera îmmolrtel, comme fes
découvertes font nombreufes & împortaiites.
? Il ne ferait point avantageux maintenant aux
Danois de faire de nouvelles découvertes dans le
Nord , ou de trouver un pafFage aux Indes •, confé-
( quemmpit il n'eft pas probable qu'ils faflent au-
cune dépenfe pour mettre à exécution un pro-
jet dont ils tireraient fî peu de profit.
V
i
DANS LE Nord. \j^
CHAPITRE VII.
Voyages & Découvertes des Kuffes daiis
' U Nord.
V/N£ gtœ^e ^aràe de la contrée ^ i^pelée au-*
jouïd'hui Rc^e, était habitée vers le nord-eft H
le 11(014» dès le9 temps les piui^ reculés » par un
péupld d origine JV/i/ioi/tf, peut-être defcendu des
anciens Scythes* Vers le tibild- oueft étaient des
tribus cômpoféôs d'uû mélange' de*colonîés^ Grec*
qiies & Sàuromatès , deiîquelles font défcendus les
Lkhàariiens , les Lettovieti€ , les Livoniens èc le^
Courlaniois modernes , ainfi que les anciens Prufi
Jiens^ Toute la partie méridionale de la Ruffie juf-
qua la Crimée fat, pendant quelque temps , habi-
tée par les Goths ; 8c une nation dcfcendue des
Mèdes, appelée Sauromates ^ ctA-^-Àitt^Mèdes
du Nord y habitait le pays^ fitué entre le Volga^j
le Don & le Caucafe. Dan^ la faite , loi^fque dei
ëf&ims de nations barbares fortirent fmrceflîvement
de Teft, & qiïe quelques - uriei des dtffërcntes
tribus dcs^ Goths eurent 5 vers te milieu du troi-
fième fiècle, pénétré dans les régions oGcrdentales
de l'empire Romain 5 une partie des Sauromates
fe trouta dans la néccffité de fe retirer vers le
1
J4<^ DÉCOUVERTES Et VoVAGES
nord & l'oueft. Ces peuples avaient dès ces temps
reculés , la même conftitution politique que nous
voyons toujours chez eux. Chaque individu de la
nation était ou maître ou efclave. Ceux qui te-
naient le premier rang parmi eux formaient la
<ribu de Slaw & Slawne ou nobles. Delà tous
ceux qui étaient illuftrés par de grandes aâions,
ou feulement capables d'en faire 5 furent enfuite
aufH appelés Slawne, C'eft fous cette dénomina-
tion qu ils furent connus aux Européens \ msds
les tribus particulières de cette nation ne Tont
été que depuis peu. Ces tribus prenaient firéquem-
ment leur nom de quelque rivière, auprès de la-
quelle elles étaient établies -, de quelque ville ,
ou de la contrée qu elles habitaient. Ainiî le nom
de Polabes dérive de la rivière Loba ou Ëibe^
celui de Poméraniens, de leur habitation Po-Moru^
ou près de la merv les Havellaniens ont pris le
leur. de la rivière Havel ; les Maroara Cfa Mora-
vîenside IdiMorawa ; les Wamabi , du WarnoU'-
ve; les PoLotT^anis ^ de la Pclate; les Chrobates^
de leur féjour dans les montagnes, (CAr^^e/); les
TolUnfiaiis ^ de la rivière TolUnJea dans, la Pomé-
ranie citérieure : cette rivière fe jeté 4^ns la Peene^
près Demmin. De Slden ou Sedin , le Sullin des
modernes, une trihtu a été ijonunjée Sicliniensi
^ . . • f ""
une autre , Bri^anians , de Bri^^en (Treunbrizen ) ;
les KiiEnians ont reçu leur nom de KuJJm, ville
p ANS t E NORIX 54i^
iqui fubfîftaît <Jans ces temps reculés , & àe la-^
quelle on retrouve encore les traces dans un vil**
lage près de Roftock, appelé KeJJen om Kijfen y
Se enfin , les LutUs^iens ont été nommés ainfi de
XozV:ç , fur la rivière de Peene. Mais il y a auflî
quelques noms de ces tribus qui font originaux »
comme par exempte ceux des Sorbs ou Serbs y
les Tfchechs ou Bohémiens-, les La^As , Lecks
ou Folâtres, c*eft-à-dire, les Polonais*, les Rufles
prirent leur nom vers Tannée 8^2 , des Wàre-
giens Rojp^ plus modernes. L orage qui, à la fiiiter
d'Attila , répandit la terreur & la dévaftation fur la
terre , depuis 435 jufiju en 45 d" , fiit court & pafla-
^er. Dans ce temps parurent en Europe , les tri-
bus Turques , qui avaient habité jufqu alors fer
grande Turquie y (c'eft-à-dire , la petite Bùkharîe)
& le Turkiftan 5 ( 6ù la ville de Turkiflan fub-
filie encore fur les bords du Taras ) , & ces tri-
bus établirent de nouveaux empires dans cette par-
tîe du monde. L'empire des If^lagL ^ Wolochi ^
W^ologares , Wolgars ou Bulgares , eft appelé
de même. Grande- Bulgarie-, il eft fitué au-delà
du Wolga fur les bords des rivières Kama , Bie-
laia & Samara. L'empire de Borkah ou Ardu des
Turcs Afconiens,. s'étendait fur le côtddu Wolga
depuis Uu/iech^ près Saratof, jufqu'au Caucafe*
Une partie, de ces tribus était appelée Kumani
ou Komam , de la rivière Kumd , & leur ville
1
J4X DécouvB]ftjE« BT Voyages
était Qommée Kuma^^r (af-y plus lok réâdaienc
les Madfchiard , Mafchans , Fafcaûrs ou fioj-r
chkirfy tribu d origine Fifînoife^ pjcès lo^ montagB^
, d'U&l & de Bielaia. Bientôt après epcoce 4 autres
tribus Turques » comme les Chaa^qrs , les P^/-
^henegi , les VT^tens Se Ips Fohwriens §c mêiii<9
les Bulgares s avanpècent (ians jb p%rqf méridio*
aal^ de la Rufïïe & ^^ns là- Moldavie s la Beflk-
'3{abîe te la Crimée. La RujQie était alofs gouver-
xiée par Tes grands-P^cs qui étaiet^tj» ainii que
leur nobleflè, Xl^aregiens d'origine. Le nombre des
petites principautés q^ divifai^pjt l'empire, les pré-
tentions des plus petits princes à la (buveraineté, ainfi
que le pouvoir exceflîf &c les ^andes ^içheUès 4^
ckrgé , tout cela contribuait à affaiblir ctt em{Hte.
Les petits princes étaient rarement très - fatisfaits
4e leurs ^ands - Ducs , ce qui élevait d'abord de
firivoles conteftaitions 5^ bientôt des guerres civile^
deftruâives. Mais dans le treizième iièçles fur les
( a ) Les niioe; connues aujourd'hui fous le nom de
Ruines de Madfchiar^ paraiflènt être plutôt les reâes de
la ville de Kumagfr ùx |es bords du Kuma & d^ By-
nuira. Le mot Kumàkir fignifie dam la langue Turque»
la plaine de Kuma. En efiët, il y a aux environs de ce
lieu une grande plaine, & par ce mot Kumager^ nous
devons entendra la vUk it la flaiiu de Kuma » Sbétir
bords de la xmèxe Of^on & Kerlon, il s éleva un
nouvel empire qui donna de la célébrité à une na»
t^on des Mongols ( ou Moguls ) inconnue jufqu a-
Iprs ; Temudfchin les commandait en iioi , bien-
tpt après fa viéloîre fur les Taijfus^ les Nainans^
hs Mekriu^s ou Merkitts^ & après plufieurs in-
curfipns dans J.e Tangut, eut le nom deGenghis^
Kan que lui doni^èrent toutes les hordes foumifes^
à fon commandement. J-es viftoiies de ce prince
fiirent gtandeç & rapides. Il donna à fes fils le com-
mandement de quelqiies tribus des Moguls & de
quelques-unes des nations conquifes , Se ces prin-
ces partirent pouir foumettre'lcs nations de TAfiç
à la puiiTance de Genghis-Kan. Tufchi-Kan un de
lès fils alla en mj , attaquer les liabitans de
Getç {a) & de Kaptfchak, dans la partie méridio-
nale dç la Ruiïie, depuis le Dnieper jufqua Embc^
pu JTernl^a» &c tputcs les nations qui vivaient verst
Toueft. ï-es Kotrfariie^s^ les Wlachs^ les Bulgares
& le? Hongrois ou Ma4fçhiars furent conquis par
Tiïfchi. Batu-Kan fon fils attaqua les Rufles &:
Les Polû.^riens & le^ défit dans une grande. ba-*
tç^ille qui fe dpn^a près 4e la rivière Kalka qui
(a) GeUy felon M. de Guîgfies , eft une contrée fi-
tuée à Pouefi iSc au fud-oueft de lirûsh } mais M. Danviile
la place au nord de la contrée de Turfau ou au fi^d du
tuu Ictish. /
y iv
344 DÉCOUVEtÎTÉS BT VotTAGES
fe jète dans la met d'Azof près du Don. Les
chefs, des Moguls enorgueilli?; de cette vidoire,
opprimèrent fouvent les Ruffes dans différentes
occafions. D'un autre côté les princes Rufles con-
duits par une fauffe ambition & par les petites
conteftations qui s'élevaient parmi eux , avaient
coutume de s'adrefler à la horde dorée du Kan,
près du Wolga , pour acheter par de honteufes
humiliations & de riches préfens, lé titre de grand-
duc. Cependant les continuelles diflèntions & les
guerres civiles des Moguls afikibliflaient leur puif-
lance, & les princes Rufles furent enfin honteux
d'adorer une ombre de pouvoir & de grandeur ,
& de tenir de ces infolens oppreflèurs un titre
qu'il était bien plus honorable de devoir à leur
propre valeur Iwan-Tf^ajfilewitfch fiit le premier
grand-duc qui, vers la fin du quinzième fiècle,
fecoua un joug fi humiliant ; il refixfa de payer le
tribut accoutumé & battit les Moguls en diffé-
rentes rencontres. Îwan-W ajjilewitjch le premier
czar & Autocrate de toutes les Ruflies , monta fiir
le trône en 1 5 j 3 ; il fit la conquête des royaumes
de Cafan & d'Aftracan, & étendit fi^rt loin la puîf-
fance de la Ru(fîe« Les Cofaques du Doo caufaient
de grands dommages à fcs fijjets par leurs incur-
fions & troublaient leur repos. Il envoya dans,
l'année 1577, des forces çônfidérablçs pour puniç
ces déprédateurs. Avant l'arrivée de ces troupes.
•^ ï>AKSLÉNblll>. 345
piufieurs des Cofaqucs avaient eu là prudence dé
fc fouftràire, par la fuite, à l'orage qui les «lenaW
çait. Yermak-Temofeeff*^ vaillant Cofaqueji très-
habile dans l'art de la guerre & rrès-eftimé parmi
fes compatriotes à caufe de fou expérience & de
fon grand courage , fe retira vers les rivières Kama
& Tfchuffowaya avec fix ou fept mille hommes.
Là il rencontra un neveu du fameux Anika-Stro^
ganoff^ duquel defcendent les comtes & les ba-
rons de StroganoflF d'aujourd'hui. Son nom était
Maximius Stroganof^ il polTédait une partie des
terres laîffées à fes ancêtres par la couronne , il
reçut avec bonté cette troupe pour éviter d'en'
être maltraite. Yermak apprit dans ce lieu que
quelques nations barbares, comme les Bafchkirs y
les Wotes , les Oftiaks & fes Tfjflfieremijfes trai-
taient très - durement les fujets Rufles près de
Kama , qu'ils étaient foutenus fecrétement par
Kutfchum kan de Sibérie & qu'ils en rece-
vaient des fecours , il fe détermina à prendre ven-
geance de ces déprédations , il remonta les rivières
dans les années 1578, 1579 & 1580, & arriva
enfin à Tura , où il foumit pluiîeurs petits chefs
de Tartares , & palTa l'hiver à Chimgi. Son armée
cependant était réduite à mille fix cents trente-fix
hommes. Il défit encore les Tartares en 1587*,
mais toutes fes forces confiftaient feulement alors
en mille & foixante hommes. Il fut forcé avec ce
tAC DÉcauvERrEs et Voyagea .
petit nombre de livrer planeurs conibats ayant
(Tarrixer à Tlrtisfa , & de pourfuivre fes viéloires y
9ygm enfin totalement défait & mis en fuite Kutf*
cbum-Kan , il fit publiquement ion entrée dans
SiPir. Les Ofliaks & les Wognls anciens fujets
de Kutfcbum , fe fournirent alors à Yermak 5 &
mèmt un gpand nombre de Taitsajres reconnu-*
lent fa fouveraipeté. Yermak avait fait un butin
CPnfîdérable & r^çu ea outr^ , de fes nouveaux:
fujetSy des préfens dune grande valeur. 41 régla
iïoxs le tribut qu'ils devaient payer» & envoya mt
Cofàque» nommé Araman 9 au czar d^ Mofco'gr >
avec la nouvelle de (à victoire. U envoya en même^
temp^ à ce prince les plu^ belles fourrures par
fiDrme de tribut » & lui dematK^a fa ^ace & le pria
délai envoyer ^KlquCs fccours. Le czar lui envoya
auifi des préfens » âc les fexrour^ qu il demandait^
lui accorda fa grâce & le con6rma dans ùl nouvelle
dignité. Mais ion extrême avidité pour étendre
(es conquêtes l'engagea à croire trop facilement
am^ faux rapports , & fa négligence pour les appro-
vil^onemens ât périr de faim la plus grande partie
de fon armée , il mourut lui - même dan$ une
expédition fur Tlrtisb. Sibir ^ toutes les nouvelles
conquêtes furent perdues ppur quelques temps >
mai$ de plus grandes forpes ayant été bientôt
envoyées dans cette cùjméç » elle fut peuplée &c
fertiiéu % W y bânt de$ villes -, $c en çqi d'aur
BANS H No Ri). )47
née$ les vidoires Se U$ acquifitions des Rufles
s'étendirent rapidement dune rivière à l'autre, &
fur diverfes tribus errantes 3c -éloignées les unes des
autres , jufqu à ce qu'enfin Dmitrei*Kopiloff arriva
en 1^35 à la c&te orientale de l'Afie , non loin du
lieu où Ochotçk eft maintenant. Si nous jetons un
coup-d œil fur la carte de Ruflie , nous verrons que
dans Tefpace de cinquante-neuf ans , dçs troupes
légères 6c des chafTeurs indifciplinés ont ajouté
ï cet empire une étendue de pays de près de
quatre - vingts degrés en longueur , $c dans le
nord njênje il touche au cent quatre - vingt-
cinquième degré d» longitude à ïeft de l'île
de Fer & conféquemmcnt , c'eft plus d'un quat
du globe. Ce pays s étend en largeur de plus de
vingt-cinq degrés ^ c'eft-à-dire , depuis le foixs^e*
quinzième jusqu'au cinquantième degré de* latitude
(èptentrionale. Il ne èmt que lire Tbiftoire de ces
conquêtes pour avoir une idée de h confiances
de l'intrépidité ^S^ de la fermeté du caraâère
des Rudes. Leurs corps endurcis à fupporter les
jlus grandes fatigues , leur force & leur çonfti^
tution égalent le courage avec lequel ils <mt
exécuté de d vaftes conquêtes. Mais au milieu de
ces fuccès 6c de cet accroiffement de rich^ilè
6c de pouvoir 9 cet empire fi puiilànt n'avait pas
encore fait i^n pas vers la civilifation que le^
{européens oçc|di^ntau9^ avgieiit porté au piu$ bauc
1
J4» DÉCOUVERTES ET VôYÀÔÉS
périodç, a lui fut même difficile de réfiftcr à I3
puiflkncc du petit royaume de Suède. Mais heù-
reufement pour la gloire de cet empire, la pro-
vidence lui envoya un homme, qui malgré le peuf
de foin qu'on avait donné à fon éducation & ley
efïbrts de ceux qui Texitouraicnt pour faire pren-
dre un faux pli à fes talens & aux qualités de
(biî efprit ^ & , malgré les préjugés qu'il a eu à
vaincre & qu'on aurait cru infurnx)ntables , eut
affez de courage & de génie- pour fe donner lui-
même une éducation ou plutôt s'en donner une
nouvelle. Dans l'âge mur , doué d'aflcz de péné-
tration pour apprécier à leur jufte valeur ceux
qui l'entouraient, & pour ne fe point méprendre^
dans le choix de fes nouveaux ferviteurs 5 favanr
dans l'art de former Tefprit des peuples qu'il
gouvernait, il leur fit foire, en un moment, uit
chemin rapide dans la civilifation & le raffine-
ment des mœurs, leur donna du poids dai^s la
balance politique de l'Europe ; enfin un prince ,
qui par fon génie créateur préparait fon peuple
à s élever au degré dé grandeur & de fplendeui
où nous le voyons aupurd'hui parvenu, fous le-
gouvernement de fa petite nièce, au grand éton-
nement de toute l'Europe.
Les découvertes de cette nation dans le Nori
ont trouvé de grands hiftoriens. Les conquêtes des
autres princes ont été Un fléau pour les peuples
, BANS LE Nord. j4 ^^
qu ils ont vaincus , leurs armes ont dépeuplé des
pays immenfes , & ,ils ont fouvent acheté des
défcrts par la mort de plufieurj milliers d'hom-
mes *, la conquête de la Sibérie,. au contraire,
ne coûta pas une goûte de fang -, ce pays a été
peuplé & cultivé depuis qui! a été conquis , &
croît toujours en richeffe » en population Se en
profpérité.
Cette hiftoirc a été écrite fort au long avec
beaucoup de fidélité & d'exaétitude , par M. Jean
Eberhard-Fijcher , de l'académie de Péterfbourg.
Les premières découvertes des RuiTes fur les côtes
feptentrionales de l'Océan , la certitude que l'A-
fie ne communique point avec l'Amérique » la
diftance entre l'empire des RuiTes & celui du Ja-
pon ; celle qui fe trouve entre la Ruffie & l'Amé-
rique , ont été clairement démontrées par le fà-
vant coafeiller d'état , Geo. Fred. Muller ( a ) ,
dans le troifièmc volume de fes Colleâions de
l'hiftoire RufTe. Enfin un grand naturalifte , le pro-
feflêur P allas , a continué avec un foin & une dili-
^nce louable dans fes nouvelles Colleâions du
Nord 9 l'hiftoire des dernières Découvertes faites
(a) Le leôeur trouvera un fiipplément à ces auteurs,
dans Touvrage de M. Coxe , qui a p'^ur titre : Relation des
Découvertes dgs Ruffes entre VAfie & t Amérique ^
1
lj0 DÉCODrVKATÊÎ ET VôlTACÎJÊî
depuis lai publiC9tk>A de Thiftoké de M. MuHer,
Se pattiéulièremeiïC depuis le commefictiMnt â«i
tègne de h célèbre Câtherkie II. Il eft dotwt inu-
tile dé donner ici la tektion àis Voyages Si des
dëcoutertes faites paf les Rttffe^ dms lé Notd*
11 n'eft pas nécefTaire de les tecU6illir aVec beau*
tùaf de peine & de travail da^s plufieurs ou-
vrages diffirens & très -rares, comme Thlftôire
des découvertes ùités par d'autres nations, mais
elle eft coniignée daAs des ouvrages liouveaiâc^
écrits avec un e(prit vr^diment philotophique , & eft
encte les mains de tout le monde. J'ajouterai ie«^-
lement quelques obfervadons générafes.
L'efprit vafle de TlmmOrtel Pierre avait d'a-
bord efquiffî tout le plan de ces difi^ens voyages
de découvertes -y & fk femme , alnjfî (^e les monar-
tpcs qui lui fuccédèrent, particujiièremerït les impé-
rattices Anne 8c Elifabeth^ contribuèrent de tout
leur pouvoir , à l'exécutioci de ce plan. On alla
d'Axchangel à TOby , de TOby au Jenifea , du
Jenifea on arriva au Lena en voyageant en par-
tie par eau, en partie par terre» Du Lena oa alla
pat Teft iu£]u'au Judigirha. On alla d'Ockatsk
par les îles Kuriles au Japon, Beering dSdÀt déjà,
avant cette époque , navigué le long des côtes
feptentrionales du Kamtfchatka,'iufquau foixan-
te-feizième degré de latitude nord. On entreprit
encore un grand voyage dans le deffein de dé-
PANS L£ Nord. 551
rouvrit le continent de TArnériquc ^n partant àa
^Kamtfchtuka ; entteprife dans laqudle le Com-
modore Btcriîlg a réufîî , aiflfi que le capitaine
Tfchirilcagr. L'un & l'autre de ces navigateurs ,
Tirent , outre les dbjiets particuliers à leurs re-
cherches , quelques îles, fur l'une defquelles Bee^
fîng éiîhoua, à peu de diftance du Kamtfchatka,
8c où il moutut. Son équipage fit une petite bar-
que dés débris du vaifTeau 9 & le retira dans le
havre de Saint-Pierre & Saînt-Paul au Kamtfchatka.
Enfuite quelqijes marchands & des flibùftiers allè-
rent dans ces lieux, avec la permiffion de la cour,
. pour faire des découvertes, chafler, commercer
6c recueillir les tributs \ ôc quqîqûe les vaifTeaux
dans lefquels ces premiers aventuriers s'eînbar-
quèrent , ne fuiTent autre chofe que de faibles
planches attachées les unes aux autres py des
bandes de cuir , ils découvrirent cependant dans
les années 1745 ^ ^75^ 9 ^^ grouppe d'îles
nohimées îles Alautian. Plus loin on trouva
encore un autre gtouppe dlles qui forent appe-
lées les îles Andreartoffi enfin, on découvrit les
îles Black-Fox ou du Renatd-Noir, près du con-
tinent de l'Amérique. Tous ces grouppes d'îles
compoferit;un archipel confidérable, qu'on a nom-
mé certâinemenr aVéc. beaucoup de raifon. Archi-
pel de Catherine , ^ f honhe^ de l'illuttre im-
pératrice féconde de ce nom. Il s'étend du Kamtf-
1
jjz DÊCpuvE&TES JET Voyagea
chatka à la pointe de terre appelée Alask^ àiM
le nord de TAmériqua Une chaîne d'îles s'étend
depuis cette terre du Kamtfchatka /ufqu au Japon.
Le Kamtfchatka , le nord de l'Amérique , le
Japon, les îles Kuriles & celles de Catherine
ont, des volcans , dont, plufieurs brûlent en-
core & d'autres font éteints. Ces volcans occa-
fionnent tous les jours de nouvelles Se de grandes
révolutions dans ces contrées. Ils forment une
chaîne de montagnes qui unifiait autrefois les
deux continens de la même manière qu'ils avaient
été joints probablement l'un à l'autre dans les dé-
troits de Beering. Un courant venu du fud-oueft
& dirigé au nord-eft , a aufE formé la pointe du
Kamtlchatka, appelée Lopatkay ainfi que la baie
SOchotsk & celle dt Pen/chi/uan, Se entraîné dans
fon coyrs une grande quantité de terre qui a
refté dans le fond des eaux & forme ces bas-
fonds fur lefquels les glaces s*arrctent fi fréquem-
ment aujourd'hui, & où elles ne peuvent plus
fondre. Il n'eft pas de mon objet de déterminer
le temps où cette féparation eft faite , .ni de
quelle manière cela eft arrivé. Mais nous avons
une preuve évidente qu'une grande & violente
révolution de cette efpèce a eu lieu. Les îles & les
volcans qu^elles contiennent , (ont encore une
preuve de ]# vérité de ce que j'ai avancé , que
les
DANSEE Nord. jj»
les îles' ont été formées des continens divifés dm
quelques Violentes feeoulles.
Les îles Catherine & le continent voifin du nord
«le- l'Amérique fourniraient à un habile naturalifte
une multitudie d'objets pour des obfcrvations in-
téreflàntes. Il ferait à fouhaiter que l'illuftrc Ca-
therine voulût bien donner des ordres pour faire
quelques voyages dans ces contrées : ils contri-
bueraient beaucoup à l'avancement des fciences ,
fut -tout de la géographie & de l'hiftoire des na-
tions, & à étendre les bornes des .connaiffances
humaines -, ce qui procurerait de grands avanta-
ges au pmfTant empire' qui reçoit fes lois , &
donnerait à cette grande princeffe des droits éter-
nels à la vénération de la pbftérité.
OBSERVATIONS GÉNÉRALES
Sûr' les Découvertes faites dans le Nord, &
R<:fléxions fur la Phyjique.t Anthropologie,
la Zoologie , U Botanique & la Minérahme
de ces contrées.
LiE globe contient dans ce que nous en con-
naiflons, une plus grande quantité de terres éle-
vées.aiwidrus de la furfece de la mer, dans les
te^^ns du nord que d,ans les teyes polaires du
Tomt IL 2
^J4 DÉCOUVERTES ET VoyAGBS
fnd (]ui ont çDpi):anunent montré à tous cens:
qui les ont obfervéçif^ que dcf ys^^es nifrs. Ceft
d'aprps ce principe qup j'ai çflEàyé 4^ 44PWλc«^
j^^m? up autre quyx^ge, que k$ coûtfé^çd* pàlç
BorcJ , pxifes ej^femble j^ fo^ p^iis cbj^ad^f paitir-
çu^ièrcpijBn^ çn pté, que fdlei dif p61p fud (4)*
j^p effet la grande profbndçux des xners ahfo^be
iiçs ]:ayQ|is du fbleil qui ne pçuyent ps^ C9in-
ipuniqucr ajifl^ aif^Reqç^ fie 1^ çbalcw 4 d$55
<;^ux dunjç i^ gtandç ^tendue &: {n;ofppde«|t f
iju'au fluide plus raie dç l'atmofpbèie. La cmf
au cqnqraixe réfléchit les rayons (^. ^JleU d%9f
toutes fortes dç 4^rç^ons, Uç fe çïpifent ea .
tou$.fens> & Vçxpçriçnçç a dénioptr^ quç cçft
feulement pat cçs ç?ypns aiç^ ra<&jvbJi4s^ que
le foleil peut donner un grand degré de cha-
leur. Il eft auffi confirmé par Texpérieuce de
tous ceux qui 9Çt navigué dans les régipjis . du
nord , qu on reffent ftéquemment , entre les
foixante - dixième & quatre - vingtièflpe degré?
de latitude nord» une chaleut afTez graQde pour
faire fondre le goudron qui enduit les vaiiTe^ux,
Mais vers le pôle fud la température de l'air
eft beaucoup plus firoide^ & dans ces contrées on
ne jouit jamai^ de j^a 49Ucçur 4'u^ jai$| chaju<|.
autour du mondejfjfogr,, 9Sf.
I
PANS L » NOR d! 3JI
Dans les jpays fifoidsi, on t;rouv€ mt gçande qijan*
cité de diâër«ntes oifpèces 4e talc & de mica^ 6c
beai)|g:ottp de ftéwtes & dç piei^res odlaires, pai?>
ticulièrement dè»s la baie d'Hqdfon , dans le
Groenland & le Spît^^bexg. JE,e^ produâions vol*
çaniques fe volent en. grande quantité dans le
Groenland , riflande , fur les cotes occidentales
du nord de TAnnéri^» fm hs îles Catherine 3c
Kutiles ôC; m Kaintfdbatka, On. 9 trouvé du cuivre
v*t]£ daoa h baie d'Hudfon §c . fur Tilê Cop-
por (de Cmvre) ^ prè$ du Kwitfçbatka. L'île de
rOurs eu dfi Cbe^ry contient beaucoup de plomb
& un peu d'agent natif. On ^re qu'on a dé-
eoaiYcrt d>w le Qtœ^Und we mine contenant de
Tarècnt & lïiemQ d^ l'or.
Les côtes éi Groe^JtaQ4 font totalement bor-
dées des deuil côtés de locbeiçs tfès- hauts Se
très-aigus. Cependant dans la baie d'Hudfbn les
montagnes connimenf ent à être nxoins efcarpées &c
dans quelques endroits les bords font plats & unis.
L'Iflande ainfi que le Spiizb^rg font des contrées
toutes couvertes de ipchers , l^ NouveHe-Zemble
préfente le ffiôme afpç^. Tpute la côte du nord
de b Sibérie eft piate & bafl^. La côte orientale
de VAûe jufqii'au Kamtchatka, eft prefque pat-
.tsout Jiaute &^leîne de roçlv^s. La côté de ïJir
rméàçgi^^ m^ c<^i;raire , eft b^flè $ç plate \ xms
an f»d d'Âl^ka» elle QQçmPQCi^ à fe se^^verv
Zij
3J^ DécOUVEKTES ET VoYAÔEf
Lts baies d'Hudfon Se de BafEn auffi bien que
toutes les petites mers tlepuis le Labrador jufqu au
Cap-Farevel , ont été évidemment formée^ par
la mer qui s'eft jetée dans les terres. Ceci paraît
également vrai, lorfquon obfcrve la pcÂnte éle-
vée ^u Cap - Faie vel & les hauts rochers de la
côte orientale des îles de la Réfolution & de
Salifbury & ceux de toutes les îles de la baie
4'Hudfbn qui fe terminent en éciTeils vers l'oueft»
comme fi la terre en avait été entraînée par un
flot venant de l'eu qui fc fut précipité fur ces
rochers. Le Groenland a une paiTe à Teft & une
ile à Toueft , c*eft Tlflande. Le Spitzberg a un
promontoire au fud-oueft, & aa*fud-eft une îk.
Tous les bords de la Sibérie le long de la mer
Glaciale font plats ^ Se les mers fituées au nord
<lc cette contrée font très-peu profondes. Nous
avons déjà fait connaître , page 3 5 2 , les efi^ts
phyfiques de la fituation d^ la mer entre i'Afic
& TAmérique, près du Kamtfchatka. Les mers
dans ces régions font trcs-ficoides & Couvertes en
partie de glaces. C'eft aduellemcnt un Ésdt plei-
nement cot^mé que l'Océan fe gèle dans ces
parages , dès 1& mois d'août ou de feptembre , &
que dgns l'hiver, il le couvre^ dans l'efpace d'une
nuit , d'iine glacé <le plufieurs pdRces d'épaiflcur.
La glace n'eft donc pas produite par les rivières
qui fe jcteot tians l'Océan, mais elle fe form*
X>ANS LX NOK0. « 357
dans ta mer même. Les grands blocs de glace
font pouffes par les vents les uns fur les autres
& forment ainfi d'épaiffes & de hautes monta-
gnes. Mais la glace fe forme de bien des ma-
nières. Nous ne pouvons pas dire quelle eft la
méthode que la nature emploie pour produire cer-
tains effets , parce qu elle a pour parvenir à fer
fins , difiërens moyqps qu'on ne peut découvrij
que très-lentement. Au commencement de ITiiver
rOcéan n eft pas auffi froid qu'au commencement
de l'été , qui fuit un long & ennuyeux hiver danr
ces régions. Dans la mer Glaciale les vents font
très-violepts, & lorfqu ils foufflent fur les immenfes
plaines de glace de ces mers ^ le froid eft infup-
portable. Les vents d'eft font auflî plus communs
qu'aucun autre vent fous le cercle polaire arc-
tique-La même chofe a été remarquée pécé-
demment pour les régions polaires antarâiques^
Les brouillards font très-fréquents dans cc^ cli-
mats 'y ce qui rend la navigation fort dangereufe^
Ces brouillacds retiennent en bas ^ par leur pref-
fion, les vapeurs qui fe feraient élevées dans^ fat*
molphère , c'eft pourquoi ils ont fouvenr une
odeur déGigréable. Le tonnerre & les éclairs^ font
très - rares dans ces contrées , d'abcwrd païce que
les aurores boréales y font très- fréquentes, gc
qu elles confument & détruifent les exhalaifon^
électriques ^ & encore parce que » dans ces^ ré-
Z iij
}}8 Dicôtrvjs»ïffs et Voyages
gions couvertes de neiges éternelles, dont il ne
fe fond que très-ped dans re'fpace de pluiîeurt
jours , la matière élédrique ne peut s éleva: fam
doute en afTez grande quantité de la terre » ni
(c raffembler pour former la matière du ton*-
oerre & des éclairs. La petite quantité dedia-»
iaifon éleârique qui paraît dans les tempêtes , s eft
élevée dans les. airs des volciiis de cesrégidns. LV
bondance des brouillards & des vapeuxs <pi font
en partie gelés» fervent à produire un phénomène
plus firéquent dans ces contrées que par •« tout
fdlleurs. Les parélies font très -communs dans le
nord, & ils ont été remarqués par pluûeurs voya-
geurs. Ces vapeurs dont latmofphère aboode,
fervent adfi à montrer dans ces âSttu&sic triftes
contrées l'agréable lumière du ibleil , quinze jours
plutôt qu elle n aurait paru au-deffus de Thorizoa
dans tout autre état de latmofplière; coniëquem-
inent elles contribuent à racoutcir les nuits téné-
bxeufes de ^ces régions , & à vivifier la nature
totalement engourdie pat le fouffie mortel de
rbiver*
Les ctîes organifés 8c animés ont été répandul
d'une main avare dans ces triftes lieux. La fut*
fece de la terre n'eft couverte que d'un petit
nombre de plantes , & celles que la bonté de la
nature leur a accordées craignent, pour ainfi dire,
d'élever la tête hors du fein de leur mèttf & de
fe mônirci dans un air totaletncnt prîté it char-
leur & condenfe par ie foufHe deftrdâieui des vcnt^
du nord & de Teft. Là terre élle-inême n eft riî
propre, ni préparée à recevoir les plahtes con-
fiées à fcs foins. Des rotbers nùs & arides ptéféù-
f cnt , avec une intrépidité calme , leurs firon^
Calleux aux attaques de la gelée qui ravage toutf
ils font couverts pendant la plus ^ande partie âè
Tannée, fune couche épâiflfe de neige, qui lè%
préfcrve long-temp de la deftruiftion. Les pluies^ ^
les vents & la chaleur fuccèdent altèrnativcmenè
âù firoid. Mais la chaleur Se Tair fixe flottant darii
ratrtiofphète , contribu'ent à détruire par degrés^
dans les climats chauds & tempérés , lés plul
d^s & les plus foiides rochers. L'air fixe acconf-
pagné dé la chaleur pfênètfe profondément dani
la fiAftance dés pierres , en diflbut de petitéi
parties que les pluies 6c les .vents entraînent St
emportent! dé grandes diftances; & par ce hiôyei^
la fiirfoce de la terre dévient de plus en plufe
capable de recevoir toutes les cfpèces de végé^
taux. Les femcnccs légères portées par les vené»
à cette terre , y . prodùifent d'a&drd une petite:
nïouffc qui s'étend par degrés ,. réfifte malgré fa
fiiible texture , au plus: grand froid & déploya
fuT k fiirfiice dela^tcrre un tapis verdoyant* Gés^
mouiTes font les nourrices des autres végéfaut^
lies piarties intérieures de ces moufles qui fc dé*
Z iv
3é'o DÉCOtTVEÎlTES Er VoYAÔEf
truifent annuellement , mêlées avec les parties àiC-
foutes & cependant groffières de la terre , four-
niiTent des molécules organifées qui, contribuent
à la nourriture & à Taccroiflement des autres
plantes *, elles donnent audî des parties graffes
pour le développement d une colonie future de
végétaux. Les femences des autres plantes, por-
tées des bords éloignés par la mer & les vents,
même par les oifeaux dans leur plumage , 8c
jetées fur les moufles ^ font reçues par elles & pré*
fervécs du froid avec un foin tout maternel,
imbibées de Thumidité que ces moufles ont te*
cueillie 5 & nourries par leurs exhalaifons huileufes.
Ainfi elles croiflènt & fe développent , portent
enfin des femences , &c mourant à leur tour ,
ajoutent à la terre des iparties nutritives , & y
répandent en même-temps de nouvelles femences »
gages d une nombreufe poftérité. Mais arrêtons-
nous un moment à confiderer de plus près les
rprôduftions du règne végétal. Elles font, comme
nous l'avons déjà obfervé, répandues avec écono-
mie dans les froides contrées des pôles ^ non à
qaufe que la nature eft marâtre envers elles, mais
parce que Tintenfité du froid dans ces climats
trouble & arrête fes opérations, & conféquém-
ment il lui faut un temps confidérable pour pro*
duire des cfftts qu'elle produit en un petit nom-
bre d'années fous la bénigne influence du foleil
. ^ D À K s L E N R 1>. -r xf^
dans les climats plus^ tempérés. Cependant elle
i€ montre ici une mère toujours: indulgente. Tu^s
animaux s'engraiiTent d'une manière étonnante avec
le peu de plantes rabougries qu'on trouve dans cts
pays.Les lichen {lichen-rangi/erinus & ijlandicus)
polTédent des qualités nutritives peu communes &
engraiflent en peu de temps les animaux qui s'en
nourriflent. Sur ces bords le cochléaria & les
autres plantes de cette claffe, fe préfentent aux
matelots infe(9:és de fièvres putrides & mettent
en peu de jours par leurs fucs fortifians des bor-
nes aux ravages du fcprbut.
Quoique des régions paraiflênt peu Êivorifées
de la nature , cependant la mer ni la terre ne
font privées de créatures, qui outre une ftrudure
organifée ont la puiflance &C la confcience du
xnouvement volontaire. Depuis le corail jufqu'aux
quadrupèdes toutes les clafTes d'animaux ont leur
repréfentant dans ces climats, d'ailleurs inhofpi-^
taliers.Tuz Nouvelle-Zemble, le Spîtzberg&le
Groenland ont leurs rennes, leurs ours blancs &
leurs rçnards grisj & la contrée fituée au nord
de la baie d'Hùdfon eft habitée par le bifon*
Les lièvres, les iouris & les gloutons font auflî
indigènes dans quelques-unes de ces régions. La
mer abonde en toutes fortes d'efpèces de^baleincs
& de dauphins •, tandis que fcs bords & les vaftes
champs de glace qui flottent fut fes eaux, fer--
tcftt comme d'haWtation à dé nombreuffes crpêces
de phô^ûês^ au3^qucls k prrfohdeur de TOcéit
ftéitûtéf dans la multitude de fes habitam, une
âbôndatlte faourrîturé. De toutes ces réglons* da
liord , la cote féptentrimiale de la Sibérie eft
feule conftaitimént habitée par refpêce humaine,
fi lioui en exceptons l'Amérique jufqu*à la baie
(fHudfbn 8t le Groenland. Les hommes de cette
lace ont le corps ^ peur aînfî dire, contracté pat
le froid. Ils ont le' trint d*im tôoge foncé , lei
cheveu^ déliés , durs it noirs. Letit hourrif liré
confifte en poiflbns , en phoques 6t en baleines j
tt lliuile dé poîflbn fait leuts plus grandes déliées.
Leurs idées font , fuivant notre manière de pén^
fet , trèi - fétfécies ; cependant ils niohtrent dani
ht âDrnftruftidn de leurs meubles 6é de leurs inf-
tttf rtïêns uôe habileté , mie dextérité , qu au preniiet
èbdrd on he crtriiah pas quilJ péflëdént. Les plain*-
tes que nous entendons faire fréqueiifimént de leui
ftîÈJàc Se de leur cruauté n oht Mcmi fondè^
ftient. Ce font les Européens qui ont attiré fur eux ,
^àr leur Violence , leurs meurtre $c par lés plôs
grandes cruautés, la vengeance de ce peuple nam-^
tellement holpitali^r %: d*iin cœur excellent-, enfin ,
ils lui ont appris à tromper. Ces peuples rempliffent
les devoirs paternels avec unetendreffe, un courage
& des foins tout particuliers, & dans des cir*
Confiances où mille Européens abandonneraient
PANS LE Nord. 30^
leurs devoirs. Ils fe hafardent fur la mer dans
de petites barquôs de cuit , au milieu des plus
grands dangers , des &oids les plus perçans ^ des
tieiges , de$ glaces 6c des vents ^ pour thetchfet
la nourriture de leurs en&ns. En un mot^ plus
nou$ contemplons ces objets 9 plus hoiis voyons de
tous côtés des traces de la providence ^ de la fageflè
& de la bonté , d un Etre-Suprême qui difpcnfe fes *
bienfaits fur tout Tunivets , & qui manifefte^a plus
grande intelligence dans Taccompliifement de fes
deffeins. Tant de follicitude doit exciter dans les
Moeurs fcnfibles, les fentimens les plUs vîfe de gra*»
tude, les tffeAet des plus tendîes agiotions» fie
leur foins verfet des latmés de joie âc d'admW
tation.
F 1 ]A
TABLE GÉNÉRALE
DES DEUX VOLUMES.
Le chiffre romain indique le tome, & le chiffre
arabe la page%
A
joLARau9Sy& pofition ancienne &: moderne, 1 , 1176-
ijtaluj , (île d') décrite par Pythéas,!, ^f.
ABUVFiDA , abrégé de ût relation relatiTement au Nord,
I, î8,6i.
Ahubeker^ I, 14^*
Acre y I, ip8,
Acridophagts y leur demeure, & l'explication de ce
nom > 1 , 4«
Adîgas ^ même pays que la Circaffie, I, i^x ^ m
Adiketi, peuplés voifins des Âianiens, I , i6t , ti*
Adkofi y Voyez Adikttu
Amirauté y (île de T ) II , 14^.
A£Jîi QM Efthoniens vifîtés par les Carthaginois, I, i8*
Inconnus pendant long - temps aux Romains ^ 4P*
Leurs mœurs & leur gouvernement décrits par Al-
fred, m.
Afgodcn-Hçek y Cap des Idoles, II, i4}*
Dis MXTIBRB5. jVj
jt/nque^ figoificatlon de oemot, I., i^\ n« Première
découverte de fes cotes, & le tout qu'on en a £iit à
différentes époques, lo, ii,
Agricola fait , avec & floue , tovt le tour de TAngle-
terre , & (bumet les Orcades aux Romains , 1 , 4^,
Ajaffa-Aly ( havre d' ) I, 19^.
âkko , Voyez Acrt%
Alanitns (les) ravagent les poiTeflions romaines , I , ^3«
Leur première demeure , I , i53.Xeur religion, lyj.
Alarçok, (François d') fi tentative pour trouver le
détroit d'Anian, II, 300.
AitARic , ficcage les terres des Romains, I, f3«
AU<^ efpece de bière , pourquoi les ÉfUibniens n*en
bradaient point, I,' II 3* , •
Alfred , fi conduite généreufê envers les Danois
vaincus , I, £8* Sa traduâion d'Orofe, ihid. Trar
dudion de fi Description Géographique relative
du nord de l'Europe , 8^« D'où il tenait (es con,-
naiflànces géographiques, ii6.
Al€uùany{ïie) qui Ta découverte, fi fîtuation, 3fi«
Albxakdrb VI ( le pape ) trace la ligne de démarca-
tion , II , ip7.
Allemand , origine de ce mot , 1 , 41 , n. G>nfédéra«
tion des divers peuples de cette nation , 53«
AU-Heath ou AU-Heide^ I, if7«
AlmaUgy ( ville d' ) 1 , 244 » «•
Amhre^ porté par les Phéniciens & les Grffcs, I, 10,
Décrit par Pline 9 j 5. Connu des Romains » 4sr«
1
•jf J T A B t 4
Baleiaf connu des Carthaginois, I, tS. D*oà dérive
ce nom, I> 3^»
Barbako, (Jofiphat) fon voyagea Tana, I, x^j.
BARBMT2 y ( Guiilanme ) (es voyages, II, x4x« Avec
Heemskerk, II, 150,
Barrach , Voyer Bereke-Kan*
Barkatier , (on opinion fiir lès voyages du rabin Bea*»
, jamîn de Tudelle , I, 150,
Bàschany I, i^j. '
BaschkirUns y leur langue, & le fieu de leur réfîdence,
I, j6$ y n. Leur origine , 165 , 166 , n. Leur
snanière d'écrire, 174.
Bascia , pays fiir la rivière Vaséh , Cet habîtans , 1 , 107,
BaflarkkhSy 1,153.
Bains ^ (lois & anecdotes concernant les ) I, 351.
Batu, Kan des Mogols, I, 168.
Baulak ou Bolàk , Tes mines d*or, I, i6Zy ru
Becinga Ce ou BUkingen, I, iip, n*
Beerimg, fon voyage avec l'schirïkoff, II, 3^i,
Beerlng-, (détroit de) II, 22^.'
Behaim, (Martin) fon globîe,' 11^ 9.
Bcigian , ( montagne de ) {tf^ièfe réfidence des Mo-
gols, I, ipi.^ . , ^ ^
Btlgorody I, 270, n. ..,
5e/or, (montagne de.) I, no.
Bemoit ( Minorité J accompagne 1^ ambaflàdeurs du
Pape envoyés aux Mogols > 1 , 1.^2. . ,, ,
Bbhjamiii
D E s 'M A» T I E R E s. 9 d^^
BekJamik D£ Tudelle , k& obtêpvatlons relatives au
. Nord, I, 14?» i^o, , ^ . .
Bemmet , (Etienne) Cm voyage à rîîe Cherry, II, m,
Beormas y I, io^«
Berfnfbrty (havre de) II , 14^,
Bereke-Kàn jlj 19 i y 199 y «•
Bergos y fon nom aôuel & (à fîtuation , I, ^i.
BergUy ( plaine de ) defcription de Ces habitans , I^ 213.
Biarmiefif , 1 , 107.
Bilkkan , voyez Belgidn»
BioRM , Jeté par une tempête à T^rre-Neuve, 1 , 137.
Bi/erniini.y I, I54«
Bijfibury Gl fîtuation, I, xf3. Ses Uàbitans, &$ pro-
duâions, 148.
Blachs ou Blachiansy I, 1^4,
Black'Pointy II, zi^«
Blekiîigen, I, iip, n.
Bokkaray (province 8c ville dg) I, i^^,
Bolgar, (la ville de) I, 6j. Sa defcription , i^f,
Bontekocy (l'île de) II, 2^^.
Borkaky voyez ^rJt/.
Borkuniy (ile de) on y trouvait autrefois de Ambre, 1, 4^«
Bornholniyl y I03,
Bofphore y I, 26^. .
Boujfole , fon inventeur, temps oà elle devînt d'un uûge
général, ï, 324, 379..
Bowdens , (paflè de ) II , 216. •
Tome IL A a
370 T A »JL «
^roHoin , terre d'éohi, I , ^.
Bretagne, ( la ) peuplée par des RcttoBS fogidfs , i , 739
Srîgg's'Mathematiés , ( îles ) It , î^tf,
Bretagne y ( la Grande ) vifitée par les Phéniciens ,
1, 10. Pourquoi dans la fuite inconnue encore. De^rnue
fuj^ette des Romains » 46, Vi&ée |par let Fntees
& les Anglo-Saxons> 7^*
j5rf^tfni<'«j , Il , J40.
Brook'Cohham y ( ile de ) II , 16$ >^ %of.
Brutachs^ I,. 15 3»
Sukartliy II, j. ♦
Bulgar , ( Bulgarie ) I , ^7 , i é^.
Bulgares y ItJàt origine , I^ 166^ 167.
Burchana , voyez Borkum^
Burgendas , le même (|ue Bonriiolnfr.
Bourguignons , établis dans les Gaules » I9 ^4ê
BuRRCuGH , ( Etienne ) fon voyage & fes découvertes ,
BurS'Al^ (montagne de) où efi une mamifkâure d»
fbie, I, ^^k^•
Bufay boiflbn enivrante des Ruflês, I, x74«
Bufurmen, Yoy ez Blfermini.
Butan^ I, 176, 177 > n.
BuTTOM y ( Thomas ) £bn voyage de découverte, It , 13^*
Remarques fur ce voyage, i^S.
BuuoTi y ( baie de ) Il , 1^7.
Button, (îles de j par qui elles ont été découverte!. Il, éy»
BBS M A T I JE K E S. 371
Bylot , ( Robert ) (on premier vof agf Je découtertè ,
il, 143, Soii fécond "voyage ,;i47» îlei»|W|%ue$ fur
ces voyages, II, iss»- • - . ,
c
V^ABOTA ou Cabct, (Jeaii) découtre Terre-NewYt
avec fes fils, II, 17 &fui¥*
Cabral y ( Pierre Alvarez ) découvre la terre de Sainte*
Croix , ou le Bréfîl , II ^ i^m ,
Cabrillo , ( Jean Rodrigue?, de ) Çav^ ^yage au nord
de l'Anlérique , II , 300.
Cadix , fondé par les Phéniciens ^ I , i>*
CésAR , }u(^u'où il s'avança dans le Nord ^ 1 , 44*
Cailac , (es habitans , fes man^âi^ ^ I, 27 j ^ ii7«
Calaciq^ YOfz Çaila^*
Çglifcs , encouragent la littérature , I , J7 ^ fidv.
Catmoucs^ leur manière d'écrire ,, J ^ ^74. Leurs bufles,
171.
Cambalu , lieu deréfidence de l^ublai^Kan pendant Phi-
ver , 1 , 133. Sa Situation , (es agrémens, I, ^6o ,5i«
Cam^KU i le même que Khame, 144. i^
Canada j origine de ce nom, II, i84f
Canglo y de(cendus des Cœmaniens ou Komaniens, 1, 1 ^> •
Canaries , ( îles des ) connues des Grecs (bus le nom
d'îles Fortunées, I , zi.
Cananéen 8c marchand dévieitnertt dès mots lynonymes ,
1,6.
Cap- Breton j par qui il fut ainfi nommé. II, 5^.
Abondant en charbon d« ftriSs^ ^1» 6%»
I Aaij
371 TAB't* ' ,
Ca/^ Barrcn, II» î4X«
Blanco, II, 308.
Charles vil» i_»i«
de Chidley , II , «*•
Chrillianus, II, SJi* • .'
Comfort, II, i4«#.
Défolation,II, ^7* - ' ^'
Dcl-Enganno,II, îiji
Dîggs, II, »4i«
Dobbs, II, »07.
Dyers» II, ^5«
Farcwel, II, 77»
FuUerton, II, loi.
de la Miféricorde {Gods mercy) II , ^7»
Henriette -Marie, II, 165^. Pat qui il fut aînfi
nommé, ihidm
Hope , II , »o8.
de Glace, II, 2i7«
du Roî Jacques, II, iir».
Langeneff, II, i4^«
Marie, II, 16^.
Mendocino, II, 308*
Naffau, II, 247»
Pembroke, II, 138.
• du Prince Henri , II , i x»«
Salisbury, II, itz*
Southampto&9 U» S38«
\
DÈS M A T I B K B y,. 375
Cap ^mîth y II , lor*
VTalfîngham, II, 6^. C
' Volâenholm^ II, iix«
Zwartetihoek , H , i^6»
Caravalho, (Jacques) fedefcrîptîpn d^Efo,II,3i4»
Caracoraiiy I, 213.
Çareys-SwaTwNeft; 11^ 13 S.
Carchan , ( province de ) défcriptiqn de ki habltans »
I', 211.
Carentariens , I , $7. '
Carpini , (Jean de Piano y minorité j ell envoyé ea
ambailâde par le pape Innocent IV aux Kans des
Mogols, I, i$2« Relation de fon Voyage^ .^^ihid^
Careys , (Uts de) II, içt
Carthagt origine de^ ce nom , 1 , 14. Etat florlilànt
qui dut (à grandeur à la ruine des Phéniciens, z5* /
Carthaginois , ( les ) font des voyages de long cours y
& un commerce très-étendu, I, 17 , i8«
Cartier , ( Jacques ) de St-Malo , fbn premier voyage ,.
II, 283. Son fécond» 285. Son trotfieme avec
de Roberval, 2^0»
Cafcar ^ ( pays de.) delcription de iêi habltans , I, 2iot»
Cafpienne^ (mer) I, 65 , ^^, i8p%
CaJJitérides \ (les îles ) I , p»
Cadidscha^ I, 5f, .
Charhul^ { pays & ville de } (es habitans ^ leurs tt(age& »
I, 217» xff » ^90.
Chamily ( la ville de ) (â fituation^ (bu fondateur ,^ I , r $ («.
A a II)
574 T A ». É «
Chamcblioil ( Richard ) va en Ruffic » II , %%• Sd/êHi
Toyage au m^me endroit , %^m
Chaque, ( Martin ) (on voyage fabuleux^ II > |»x*
Charbon de terre, Marco Polo en parle fl» i}f«
Ckarleïfourg y II, ipi«
Charliton^ . ( île de ) II , 1/5.
Chathiâns en Géorgie, I» If 5*
Chaiaria^ (la province de ) 1 , 2^8.
Cha\ariens, I, ].68. Anciens habitans delaCrisiée, xfj.
Chenenhci, ( la province de ) I , >é^^.
Chtrrj^ (île de) la même que celle de Bear, II» ftxr*
Sa detcriptioQ, 116.
CheruUj pays liir tes bords du Kherlon, I , tSt*
Chefmur , (es habitans , 1 , 207.
Ckefteijleîd^ (pafTe de) voyez Page ie Bowiau
Chiacato, roi des Indiens , fournit aux Polo tout ce qui
leur était nèceilâire pour l0iit voyage , 1 , 104*
Ckinchintalas , (à iituation , (es prodnftions , (es faabi«
tans, I, »iv.
Chirmia^ I, x^J.
Chitalas Datai ^ voyez Chinchintalas.
Chcôatal , envoyé à Rome avec Marco Polo , 1, J9i.
Chremuch , ( le pays de ) defcription de lès habitans ,
de (es animaux : —(à fertilité, I, %66.
Chrifiian Haab y II , 77.
Vkrifiien , (détroît de ) le même que celui d*Hud(ôn«
Clangano'r , ( la ville & le lac de ) leur iituation & leurs
habitans, 1 , 150,
DBS Matières jyj
Ciarciam » ( 1» ville de ) (es h^bimns & (es produc-
tions, I, 112.
Cicones ^ peuple du Nord, 1, 21.
Cimhalo , Sv/A/SaAtfi Xi/Airv , le Baiuklawa des modernes ^
Cimhres^ ( les) leurs expéditloiis militaires^ leurs coft-
quites , leurs établiflëmeiis , 1 , 4). S'ils étaient Ger-
mains, 40*
Cimm&iens^ (les) habîtans 4e la Crimée, I, tf.
Circajliens^ (les) 1 , 1^3. Profeflènt la religion chré-
tienne , 172*
Clerke, (Charles) accompagne le capitaine Codk^ II, iir»
Continue l'expédition après la mort de ce capitaine, 2 30*
Cocas y le même que le mont Caucafe , 6l fituation , Ceti
produâions, I , i^x»
Cogataly voyez Chogatah
CoLEBURM , acccmipagne Hud(bn dans (on troiiièmé
voyage, II, 118.
CoiOMB , ( Chrifiophe) (es (bllicitations auprès des rois
de Portugal &. d*E(pagne , II 10, 11. Découvre
rile de Haïti, i2«
Colomna^ (ville de ) (à de(cription , I, 2f4«
Compagnie j (terre de la) II , 2^4*
ComanUns ^ I, i6i*
Conception , ( baie de la ) Il , f 7. Par qui elle fut ainii
nommée.
Confiant SPàrch , II , 247.
OooK , ( Jacques ) (on voyage de découverte dan I»
Nprd, II, XI 8, Sa mort, 22^,
. Aa iv
57^ Table
Cook^ (île d«) II, 169.
Cook y ( détroit de ) voyez Détroit de Seering^
ConovADO, ( François Vafquez de ) va au détroit d*A-
nian, II, 300.
CoRTERBM., (Gafpard de) Ton voyage de découverte*
Son frère tente auffi le même voyage , II , 3 ip , 3Z9«
Cotan, (province de) Ces produâions, I, tu.
Courons du nord / remarques Hir ces courans , II , 44.
Croifades^ leurs motifs & leurs fuites, I, 371.
Cronîum , la mer Glaciale , origine de cette dénomina-
tion , 1,33.
CruyS'hoekf pointe de la.Croix, II, 147.
jCumaniens , décrits par Haitho , 1 , 1^0,
Cumherlandy (île de) II, 67.
Cumhcrlandi (détroit de) II, 90.
Cwenland^ même pays que la Finlande, I, po^^i,
Defcription de Tes habitans par Ohther, I, iio,
Cwennas ^ I, iio, m.
Cwen-Seay (mer) I, ^o, pi,
Cychiens & Cythiens , ( les ) I^ 1^4.
D
Ly AJMlK'KAUy I, 383.
Dalamcnfens y leur demeure, ï, 99^
DaUminiiens , voyez Dalamenfens.
DE. s MATIfiRfiS. 377
Danois i Jiuqu'où ils ont porté leurs pirateries^ I, 8x
& fulv. Reduilènt le roi Alfred à une grande détrelTe ,
87. Fondent pluâeurs (buverainetés en Irlande, ihid*
Darcy ^ (île de) II, %%.
Dada , (Dace) I , p^ , n«
Davis , ( Jean ) fon premier voyage de découverte »
II , ^3, Second voyage , 70. Remarques fur ces
voyages, 75» Troifiéme voyage, 78. Remarques lût
ce voyage, 81, \ *
Davis ^ (détroit de) II, 6^.
Deer-Field^ Il j 140.
Deer-Soundy ( détroit) II, io8.
Demis, (Jean) fait voile à Terre-Neuve, Il , 17^,
Derbem, I, iéi« Sa fituation, I, 184.
Desbkeff - Sbmen , traverse le premier le détroit dé
Beering, II, iij,
Defire - frovoked , terre ainfi nommée par Hudfôn ,
II, 110*
Défolation^ (terre de) II, 6/^.
DiDOM , établit une colonie en Afrique, I, 13*
Dietrich de Ber||, Tes exploits, 1 , 53.
DiR, compagnon d'Oskold, I, 131.
Difco , ( rade de ) II , 7p.
DôBBS , (Arthur) propofe un voyage de découverte,
II, 20^.
DoMiTiEM y {bumet à fà domination pre(que toute la
Grande-Bretagne , 1 , 44. ^ ^
Douglas y (havre de) II , t^.
1
ST8 T a b t «
Draâhc'Vfanant ^ nom dt foa vaûflom, Tt iir«
Draufen^ (lac de) I, 501.
Progioj (pays de) I, 30t. Sa ifituatlon, 3 £4*
Dumney ou Djumnoe > ( île de ) I , f i»
Diut'Fox, ( lie de ) II , z6^
E
jËL A6TldïTDy I) fil*
fidm > ( terre de ) II , %6S^
Edges, (Uede) II, %66. ^
Edigi, le même que le kan Yedighey, t, 146.
Edrbssi, ( ScherifF al ) géographe , I , ^8. Extrait ié
& géographie , de remarques , ^o*
Eggaya y le in4me qu'Irganekon , I , 117.
Biàingy ( rivière d' ) I , ito y n*
Elipbre , voyez Kîppch^
Elisb , v(f et Didon. •
Elliot , (Hugues) (on voyage au Nord , flippofl^, II, jo.
Emak ,' ( les enfkns d* ) habitent des cavernes , I > 4«
Leurs moeurs , 5. S'étendent le long des côtes de
la Méditerranée, où ils (ont app^|^ Cananéens, ièiéL '
Leur premier commerce ^ ils (ont nommés Phéniciens
par les Grecs, 6.
Engem , n'eft pas le pays des Angles , I, fi^ & fuiv^
Engvenland j le même que Groenland ,1^ §(1, i^^•
Eowiandi l^ 119.
Equius y ( ville d*^ la même qu*Akfii , I , I7î ) «*
Erdîhimury ( pays & ville d' ) 1 , 2x4/
D B i Matières. 37^
Ergimul , voyez Ershimur.
Erigaia^ le même quK}rgamua, l, %%f*
Eric , premier ivét^ue du Groeulsutâ^y ya à Winand ^
Ciuc Raudb , fugitif^ découvre le Groenland » t, 133.
En donp la defcriptiop • ibid»
Eric y ( détroit d') I, ij|.
Eskimauxy leurs mcéttei, I, X44«
1^, (îlcd*#S, 3»4*
Efihoniens , voyez C>/?i#
Eftmeriy c'eô-à-dire , Frîsch-Haf, I, xio.
Etats j (lie des) II, 2^4*
EvTHYMBMSS , pourfult le$ découvertes de^ Hannon 9
Eymah-Torf, Tancétre commun des comtes des Orcades,
I, 318.
EywucktokCt (paiTede) II , 77»
E\ina^ (ville d') bien fournie en toute (brtc; d'ani-
mkux 9 1 9 xzz y 123.
F
jT^ j»ui, (île de) I, jjf,
Fair'^Iiayen y II, Z4i*
€alr*Forelandy II, 114.
Tarai y (la ville de) voyez Orrjr.
Far-Oer ou Sheep y (îles de) époque de leur décou-
verte, I, 87. Conquifts par I|^rold, 130,
Femmes ^ ( terre des ) I , ^o, n.
Femmes y (îles des) II, i47.
1
jSô Table
Ftra^ roytz Faira,
FiMBOG fait voile d^Iflande à Winland, I, X4»«
FiMDANUs, extrait de (à vie, I, 78.
Finlandais , ( les ) detcendent des Scythes , incontius
aux Romains ju(qu*au dernier temps de Tempire,
1 , 51. Us habitaient des endroits marécageux , iio.
Leur ai^cien nom eft celui des Lapons , lof •
Finmarky même pays que la Laponie, I, lof.
Flawes , ( Guillaume ) Cou voyage l^pdécouverte ,
Flocke fait voile en Iflande, I, 83.
Flux & Réflux de r Océan , ( le) Pythéas le découvrit
le premier, & l'attribua à Tinfluence de la lune , 1 , 27.
' Le même Pythéas obfêrva trcs-juftement la hauteur
de ce phénomène fur les cotes de la Grande-Bre-
tagne, 53.
Fogo , ( île ) appelée autrefois île Pinguin , II , 57 » n»
FovTB, (Barthelemi de) (à prétendue découverte, II, 30^»
Fort-Charles^ (le) II, ï26.
FoTHERBY, {on premier voyage au Nord, II, 140»
Son (ècond , 141»
F o X , ( Lucas ) fou voyage de découverte » II , 1^7,
Francs , ( les ) origine de ce nom , 1 , 42. S'étendent
jufque dans la Grande-Bretagne, 53. Font le méti**
de pirates , avec fucccs fur la Méditerranée , 75 , lém
Sont chaffés de la Grande-Bretagne ,77.
Francs (les) de 1*^, frontières de leurs pays,I, ^r»
Freidis , accompagne Finbog dans (on expéditio» >
I, 14X.
î> E s ;M À T I B R ES. 3«i
Frieftand, I, 184, 2i^« i
FoRBiSHER , ( Martin ) iz tentative p^ur aller au Nord ,
II, z$* En faîî une féconde avec fuccès, 30. Son troi-
fième voyage avec une elcadre ,38.
Forbhher^ (détroit de) II, 30.
*Frondad , fon voyage de la Chine à f Amérique fep-
tentrionale, II, 2^4.
FucA , (Jean de) fon voyage , II, 303*
... Q
(jtalE'Hamken's ^i (terre de) II, 2é8«
Gal\ay voyez AjaJJa.
Gama , ( Joao de ) fês prétendues découvertes , II, 325,
GamAj (Vafco de) II, 13.
GamaUcco ^ méfait ville que Cambalig.
Gardar^ (île de) par qui elle fut découverte, I, 83*
D'où ce nom eft dérivé, ïbidm
Gborge ( le roi ) de Tendue , 1 , 228*
Géorgie^ I, 1^3. Sa fîtuation ôç fès anciens ha^tans, r%%.
Gipides ^ leur empire eflrenverfé par les Avares âc
les Lombards , 1 , 54. ,
Germains \ fignifications de ce nom , I, 42 , 43 •« Lieu
de leur demeure (êlon Alfred, ^Oè
Germanicus , vifîte le pays qui fiit fi fatal à Varui &
à (bn armée , 1 , 45.
Gttt^ ( terre de ) II, 343,
Gha\ariens , voyez Cha\anens»
Ghitercàn ou Aftrachan , fou commerce dans les pre-
laiers tepaps , 1 , 27*.
1
jlt T A B r B
GiBBOKS, (cm voyage, II, 135^
GiBBOR*iHoLc , II, 13^,
Gîhon^ (la rivière de) I, xp^,
GiLBBRT, (Humphrai) (bn voyage au Nord, 11^ yj.
Gilbert^ (détruit de) havre, II, ^4. Habîtans do
ces côtes , 70.
GiLLAM, (Zacharle) (on voyage «a Nord^ II, i%6.
GiLLis , ( Cornells ) ton voyage & (es découvertes »
II, x69»
Giorginania ^ (es habituis & la fettilitë de ce fSf »
I , z8o«
Glac^^ (oMHttagiies de) leur origine» II « 113 ^ »|4»
Gla[a^ voyez Gal\a.
God'Haab , vof eii I^étrok de Gllterif
Qpgatta » voyez ChogauU»
Galca , voyez Cailac^ '
GoMEZ , (Etiefine) chereke en vftki un pa(Q^ ¥M
, rAméri(}ue (èpttAttiflnale, II , i^*
60RB ,< le capitaine) contume le voyagé après te ^icèl
du capitaine Clerke , II , xl^^
Geri^ fit irtnadonr , I , i^%.
Gorm-'l' Ancien y unit en(êmble les Iles du Jutland &
du Danemark, L ^J-
Goths , ( les ) leurs expéditions militaires , I , ^4*
Trouvés par Rubruquis en Crimée , 1 5P» Leur langue,
271 «Autres explications (iir le même peuple , 3^1.
Goîtandy I, 1x4, zx7«
Gottan , 1 , 999
DES M A T I ï R K S. » |t|
Gra/ul^où doit être probablçmeat Gl fituatîon, I xéf^
Grecaland , 1 , 98,
Greek^ & conduite ctu«Ue envers HudÏQti, II, i^%
Gnefland^ fî c*eâ le même qu'Enkuyzeti , I, %$\ ^ n.
ou que Gnn(êy) jit»
Grikhata , vojez Guthaluu
Groenland y quand & par qui il fut découvert f0ur b
première fois^ I, i^4« La religion chrétienne y ti
établie & les Normands en font expulfés , 144* Le
froid y va toujours en croiflànt & la fertilité en di^
minuant, 145, Découvertes que Nîcolo Zeno fait
-dans ce pays» ipi* Mœurs des habitans & leurs
bâtimens , leu]( comnretce iùr des bateaux, 2^6. Ib
pofledent du fer & du cuivre , leurs m<£urs & leur
religion ,11, lùu
GroselliErs entrepend un voyage de découverte dans
le Nord, II, 183.
Ga^lb , (François) fon voyage de découverte. II, ^oi,
Guddai ou Gudd€y peuple dans la Pruflè, I, 3^.
Gudrid ,'époufe de Thorfleîn , I , Î40. Elle époufe en-
fiiite Thorfin , ibid* Va à Rome & ft reftferiue aptis
dans un couvent en Iflahde » x4a*
Gunbiom, I, 133,
Giuhaka , ( ville de ) I , t^n^.
Guttonly ly iZ y 96.
CwosoBEF^ Qxk voyage 9 I» Mf»
|t4 T 1 S £ I .
H
Ciadschi-Mehemst , Gl relation de Succuir & de
Kampîon, I, ^Si & fuiv,
Hœfellanieru ^
Hœtkahyy autre que Hœthum , I, né*
Hœthum^ (havre de) û vraie pofition , I, ii6 ^ o*
Haitho , (à vie & fes ancêtres , I , iZ6% Extrait de &
relation relative au Nord, 187.
Hakluyt , ( île de ) II , 150.
Headland » voyez Ile £Amfitrdam.
Halgoland , patrie d'Ohther , I , m, Vifité par Wii-
loughby ^1\^ %%•
Hall , ( Jacques ) (on malheureux voyage de décou-
.vertc , II , p8 £* fuiv. Ses deux voyage^ antérieurs
pour le Danemarck, II, 330.
Hall AD, comte des Orcades, I , i3i« ^
Hammok, navigue autour de rAfrique, I, i^.
Harengs^QÙ on lesa|(âlés pour la première fois^ I,i88,n«
Havn de la. Trinîtad , II , 5 14.
de la Bodtga , II , 316.
de Bukarelli, II, 315.
de la Guadaluppe ,11^ 3iy« *
de Remedios, II, 31 5. .
Harokbl, marchand phénicien, I, io,n«
Harold , fondateur du royaume de Norwège, I, 8f«
Punition contre ceux qui (brtent de (bn royaume,
86. Remporte plufieurs viâoires ,131.
Haficar^
\
DES Matières. 385
Hâficur^ voyci Cafcau
Hatt<^yVO)'t% Haitho. .
Hawkbridcè , ( GuiUaume ) ftn voyage incertsun ,
Hébrides , ou îles Weflirn , 1 , 87»
HsEMSKBRK, accompifgae Barentz, II, ifo.
HfiLGQ, accompagne Finbog à Winland) I, i4t«
HelUland^ I, 137.
Hemgist & HoKSA , s'^tablîiTent dans h Grande-Bre-
tagne ,1, 53.
Herat^ réfidence de SchahRokh , I » 153*
Hercules , voyez Harokelm
HsRjoLF, (on voyage, I, i4i,
Herjoirnejr\\y i33-
Hialtalandy I, 131, 13^
Hiarkand^ voyez Carchan.
HiMiLcoM , fon voyage dans la Grande-Bretagne » I , zi^f
Hinlopen , ( détroit ) II , xio , 144*
HoLAGflU - Kan » s'avance avec (es Mogols jtt(^tt*en
Europe, I, ijx, i^5«
Hold ff^ith-Hope, Il ^ tos.
Holliriy voyez KarakarunU
Holjîein , d'où dériye ce nom 9X9 ^i*
HoMEUE , connoiflTait l'ambre & Fétaîn , I $ t f«
Hors, fait voile au Nord avec deux vaiireaux>Il9 %%
Horites ^ voyez Enakt,
Tome IL ^ Bb
5ttf T Jl B X, B
HomTfli^ demeure de cette tram StlsfMae, I» f#b
Hom y < détroit de ) II , 148*
Jlotum j To^ez Coton*
HuoLf , &s aventures 8c As conquêtes « I, i^l ^ fiuvt
HUBBARTS , ( Hope ) tl ^ X}8é
HuDSOM, (Hctftî) Cm premier fcfpige de découverte,
II ^104* Remarques fur et voyage ^ lo^. Second , xop«
Troifîème, 1x8. Dernier voyage de et navigiteur,
»57% Remarques ùxr ces yojtges , ii^«
Hudfoîty ( compagnjie de la baied')
Hud/on, (détroit d* ) Il , 9«»
JluiUy I, IJJ.
Huns j d'od ils vinrent fr julqu'cù ils étendirent lew
domination, I, 67^ i^f , n«
Hylophagi , origine de leur nom : leur réfiienct &
leurs mœurs ,194*
Hyptrhoréens , habitans du Nord, t , x. Le lieu de
Icfur demeure incertain: \u Eattîènt ^»i ptéfimi à
Délos, i3«
J
J ACKMAM , ( Charles ) accompagAe Pet dans fttt voj^ge
au Nord , H , 4^»
Jagag'i (rivière de) voyti Atdim
Jatk , voyez Jagc^
Jalair^ rime Aes |^ a iidi ei»f s takm iks JKc^gols^ I#
Jacques y (île de) voyez fox*S'tartntjim\
JacqutS'Lancc^t , ( détroit de) Xt , x ^ z« .
DES Ma T I £ r e s. Î87
JacqueS'Douglas y ( b^ç cU) II, 103, lof,
J^^ifif, (Tbpîi»0 fou yayagfi. II, 171, ï8i.
Jean-Mayen, (île de) II, ^^58. Diffirente de Hle de
Çhwry, ij, 1^7.
Jacques-Cartier^ (rivière de)' autrefois appelée rivière
. 4^ .$9Îfi|ie-Çt9ix 5 II , %%!•
Ibérie ^ voyez Géorgie.
Icaria^ (Ile d') vifîtée par Zichmni , I, 30^. Sa fitua-
tion probable, 3 té*
Ijiandt , connue par Pythéas , très - anciennement par les
Griccs , I, 12. Vifitée par les Suédois , 83. Etymo-
logie de ce nom, 84. Sa nature attelle différente
de celle d'autrefois, 8$ , n. Epoque certaine od cette
Sle fut découverte & habitée , 136. Le firoid qui va
en augmentant en diminue la fertilité, i|(r4f«
Ichthyophages , 1 , 4«
liely le même que le Wolga.
Idifai mines d'argent qu'on y trouve, 1,-1 30**
3eai< , (le prêtre,) le même que Ungkan.
Jerkety voyez Hiarkand»
sJérufàUm entre les mains des Bîfermîens, I, 1^4.
3tfo\ ( terre de ) maintenant les îles K*uril^5 ^ V/oycï
aufll Efon
Ilacs , voyez Bïachsm
lia y ou lUot^ I, 31^*
lu de Guillaume , H , 14^. ^
^^f:^t y TOyjCZ lS.lbingm -
i&/^,(îled')I,3«^
B b i)
iti , Ta b l *
iKGOtF s'établit en Iflande , I> 84*
Ihm6cemt IV envoie des ambai&deuts auxMogob, I, r f tV
luttes y (détroit de) II, ^p*
Iraland , nom que le roi Alfred donne à TEcoflè dans
& géographie, I, iif«
Irlande i ravagée par les Danois , 1 , 8i. Attaquée pac
les Normands , 8i.
Irganakon, (pays de) (â defcription, I, 171 & fuîvm
Jugur^ nottk d'une grande contrée, I, zyi.
Juifs , ( les ) font le tour de l'Afrique par mer , I , ii«
JuLiANUs , chevalier romain , porte une grande quan-
tité d'ambre à Rome 9 I > 4^, .
K
XV. APF4 9 autrefois Théodofia , I , %69%
Kaffia^ voyez Kiow^
Kailac , voyez Galka.
Kajuk-Kan, fbuveraîn de tous les Mogolsj I, i5j«
Kaketiy voyez Chatkians,
Kalamita ou Klimita^ 1 , 170.
Kampion , capitale de Tangut : mœurs & religion des
habitans, I, m.
Kamul^ voyez ChamuU
Kanghittœ^ leur réfidence, I, 1J4.
2V. £• Les noms d'hommes qui ne fê trouvent pas
au K , fe trouveront au C, & vic€ vcrfa.
A
Dfis Matiebis. 58>
Kankîis^ vwyez Cangîœ.
iKianket'y (ville de) elle étsût au même endrcnt où^eS
aujourd'hui Kaschkanat, I, i6Z.
Kanischeûy voyez Kflmpioru
Kaptschàkj province de Tartarie^ I, z47. Série de»
kans de Tartarie^ ^4P« ^
Kqrakanim , capitale des kans du Mogoly I, i74« S»
defcription 9 iij*
Karakitaiy I, 154»
Xarf ou Kersch , I , tép«^
Kafan^ conquilè par les Ruflès^ I, 17^» .
Kafchkar , voyez Çajcar*
Kajfai, voyez Kiffin.
Kathay y ou le nord de la Chine , I, X77, Ses habi^
tans» ihid* Relation qu'en donne Haitho, 1S7»
Ktrgis ou Cîrcaffiens y I» i6i«
Kerkierde yl y x6$i.
Ken[ , voyez Kars^
Khahe\da , voyez. Chenenhti.
Khan^Baîga > voyez CamhaUu
Khan-BaUgh y ( ville de ) là defâription ^ I ^ 1^9*
Khara-Morofiy (rivière de) I, 144,.
Khafçhimiry voyez Chefinun
Khomd ou Kowakd , ( l'Emir ) (a relation d'un voyage
des ambaflàdeurs de Schah-Rokh au Cathay , I^ 15 }*^
Khuarefniy (pays & peuple de) leur defcription ^ 1 , 18^^
Kippiki , ( province de ) I^ %66^
Ki£inien9y II, 340%
.Bbîîî
n
3^0 Table
KUmata , 1 , 170. : •
Korafiniehs ^ ancêtres àèi Tnrbs Ofinahien^ , I ^ t8l«
Kûrkand^ (ville dey î, 18^.
KoRREMSA , général mogo), I, ijfz;
Kàrfutiy {"^ï&t de) la mèâie qûè Sarjbnï
Kremuk , voyez Chremuch , I , i,66.
Kublài-KaiS, e(l le premier qui envoie une Hotte jant
rOcéan oriental, I, 71, Son expédition au Japon:
73. Traite les Polo avec bonté , ip^» Soh palais , ik
ménagerie , » 3 ! & fuiv*
Kumager, ( ville de) oà elle é^ît, I, *iê
Kunat^ tribu des Mogols, I , ij^i»
Kyrk , voyez Kerkru
#
L
JLfABRADon , ( les habitans Je) lî, 78* Animaux qu'on
y trouve , 84. Nom de cette côte , par qui îi ^
donné ,5x0.
Lachiens^ tiibu Sclavoniife< II, 341»
Lagman ou Juge^ 1 , 144^
Latncàster, (Jacques) foh VôyStgé^ tl^ Sj, Rteârques
fur ce voyage, 8p;
Lanb , ( Michel ) accompagné Picker^ill en q^^^^^
de côntre-makre , II, 234 & fuivk
Langa^ (peuple de) I , 176,
Langàneff^ II, 24^.
Lechians ^ voyez LaâhieHs.
Ledit y voyez Wolga ^ I, i7î«
B « $ M A T I Ë K ]B $. }^1
jÈ^ov»,(ae de) I, 305.
Lbif , accompagne Ingûlf dans Cm voyage ^ 8f. Fait
des découvertes avec Bîojm , 1^7. Arrive à Terre-
Neuve, ijS.'Amène des mîffionnaîres au Groen-
land, 145* ]•
Lefghi fur les bords ^^nnar Of^tMttyt^ Ui^ lt4*
Ligne de démarcatîoîiril » ^'97*
LnKDBNAU , (Gotske) fon premier yoyage au Groenland,,
fcn ftcond voyage ^ Il , 333^
Lions, (banc des) II ,13^»
Londres , ( côte de ) II , 80.
Lqmharis ^ leurs divers établlilemens , I, 54.
Lonymy probablement le même que Slo^ym^l^ %7i*
Lopy (ville de) & de(cripdon , I« ifjr
Xjt^ÉkpMBi. , MTVfifé fttr le )|HqM «fl ambaflàde au laor
^ Mogols, I, 1^7*
^ ^[40»^ ^ < paSè de ) U, H»
Lvvw^MB accooqpagne Pfaîppfi :daiB*ftft ^vi^>»9e , U^ %v^'
LutiPiiaiS^ U^ 343»^
M-
Dut À D ff c F I iiit S , voyei Bafchkîriens^
Matffhaland ^ 6l StUBtion, I^ zdo.
Mahombt , (on caraâèrey (es expéditions mîlttaim^)
1 , 53* Sa éè&Afit de (es aventures , ^ 4»
Mamdbvillb , (Jean de) (a vie & (es aventures , I , %%$^^
Entrait de A rektioA 4xl Nord > :i40«^
BblT
1
j^i Table
Maugu-Kaii , fiippofé avoir cmbraffé la religion chré-
tletioe, I, 157* Ses efforts pour réformer les mœius
de Ces fujets, zi8«
Manfel ou Mansfieldy (île de) II, i38t
Maràhaniens , voyez Moravie^
MareCbnftianunif II» 335.^^
Mare Novum^ II, ^1%. ^W
Marbre, (île de) II, léf.^^
MARCotiNi, (Frahcifco) ùl relation des découvertes d«
Zeno, I , i8f*
MarcomanUnne , ( guerre > fes fuîtes , I , f o#
Mari , ( peuple de ) s*ils étaient Mahométans, I , ji , n.
Markœts^ de(cription de leurs mœurs, I , '224«
Markland^ly ijr»
Maroaro , voyez Moravlens»
MarfeilUy forme le deflèin de iaire des découverteflBj^w
Matmui^ II, 1^3.
Matricandis^ appelée aâuellement Tamenda*^ I, ijTl
Matriga^ appelle' maintenant Temruk, I, 158, n.
Mutfumaij (ville de) fcs habitai», II, 314.
Méduerranée ou mer, des Vandales , 1 , 8^«
MiiGUER , (Davis) (on voyage au Nord, fabuleux, II,
317.
Mentonomon , le même que Frifch & Kurîfch-Kaf, I , j 5.
Merdojy vo'jcz Mari.
Merfaga , probablement le même que Meferîtz; ^ I , %19.
Metrîtes ^ voyez Marh^ts.
Mexique^ quand il a été ciyiUfé, I, 73»
DBS Matières. $93
MiDACRTTUS , fut le premier qui porta Tétain des îles
Caflîtérîdes , I ^ p , n*
ATiDDLETOM, (Chridophe) Con voyage, II , 20^.
MiU'IUs, II, 14^
Mingrelie , de(cription de ce pays & des habitais , I , i^7«
Mirza-Ibka/H|m, (le fiiltan) étend (es pofTeffions , I, i57«
Mofferiy (ile) II , 140*
Mogoîs , ( les ) cnvahiflènt PAfie & l'Europe , I , é^.
Circonftances qui facilitèrent leurs conquêtes, 147.
Evénemens qui leur devinrent contraires , 148. Leuc
religion & leurs nusuVs, i^^.Leur manière d'écrire ,
174* Se divi(ènt en (èpt tribus , 19%%
Uokfcha , ( nation de ) I , iéo«
Moncaftro^ (es divers noms, I, 170.
Monghl^ tribu des Mogols^ I, i^2«
Monterey , havre , II , 3 1 »•
Wùntréal^ autrefois ncAnmé Hochelaga, II, 187/
MooR, (Guillaume) (es voyages avec Middleton, II, %o6»
Moravlens , Moraves , I , p^. •
Morduanienj ^ I, 17^.
Mofcow^ ( pays & rivière de ) 1 , 174,
Mont' Charles ^ II, iiz*
ilfonr de Misère, II , ii^«
Moxel , voyez Màkfcha.
Moxia y (es habitansy I, 176»
Moxiens , vqf ez Merduaniens»
MoYSE accompagne Sefbftris dans Ces conquêtes 1 1 , 8«
ÂIuc^ nom d'un peuple., I, 177.
1
\
m T A É r B
MVM , ( Jcns) fon voyage de docouTcrte, Il , jj^r
iliwn^,(portde) 11,33^.
MufqUitO'Covc ^ II, 23^.
Mujfclmen , voyez BifermUns.
N
IN A DDOD, découvre riflande, I^ gj.
Aai«, fur k côte de Labrador, 1 , 58.
Nwigtfiiu^ (ville de ) & ilefoipdon , I, »5t.
i^annuckiuckt^ l!, 77,
^iî^«, (détroit) II, 14 j.
Nassik-Eddin , fes tables afironomiques , î , 5».
Navigation : en grande confidératîon parmi les natîoii*
du Nord, I, i2«. Evénemens qui l'ont perfeâtonnée
dans le moyen âge, I, 147 & fidv.
Nay , ( Coraelrts-Coraeliffcm ) ftm voyage , H, 240»
NBtf<yi, navigue avec Buttoto, ÎI, 135. Rivftte dfe
Nelfon , i^i^/.
iV&m^, (île de) I, 311.
NérigoTtj I, 51.
Ncjioriens parmi les MogcJs, I^ 174. L«ir relîgîott «t
leur manière d'écrire, iâid. Monûmens de ces peuples
dans la ville de Sigan ou Segin, 179- Leurs mœmis,
i^^&8o, iio,
New-lTàles, Nouvelle-GaUes, II, 167, 137.
Nbrd^ pourquoi les anciens en ont donné des relations 6
imparfaites, l,7u
D B $ M A Tî I É K E s. 39j
iSfomahdîe , d») 4ûânà & jpar qui elle â reçu ce ftôM,
Normands^ leurs navigations , î, 8 1. Civilifés en quel-
que manière par le chrlàiattîfmè , ^7. A quelle
cpaqùe ils furent aller près le Vent, tif- Caufe de
leur hardieffe fur jher^ i»p#
Nonkmannalandy décrit par Ohther , I, HO*
Narwêge , voyez Ntrigùn.
NouvelU" France , II , xto'.
NouvelU'EcoJfe , II , 51.
NouvelU'Zemhle ^ II, lo^,
Nowgorod^ Ton origine , ï , 85. Son aggranéiîtemcfit ,
131. Ses habitai*, i?^.
Nuremiega , II , 280 , n.
o
CJbotkîtesj lie» certain dedeur demeure, I, 54> ii«
Oéiopary I, 140»
Ooémc MPoiiTfiKXv>fe pftrîè, fts travaux, I, 13^.
Oelandy voyez Eowland»
QftTHÊR , ftfi ÇÉfy^i I , S8, to44 Ses ric&eïfes^ tl? > ^^^
& Juîv, Ses voyages , 104 , 1 18 , n.
Okaihai-Kan y l y 155.
Olaf-Trygoeson , roî dif Nt^W^èe , I , ^44»
Oltransy (vîUé d*)'fii «ttt«iofti, I, t43*
Omyl^ voyez (MÊnyL
Onott^ ('p?cf$ & rivière ;de ) I, itfc*
Oonalashka , ( île ) II , 117 m
35^ T A B r» B
Orcades , époque de leur découverte , peuplées par les
Normands, 1 , 8i« Sinclair en obtient la (buveraineté ,
i8é. Hiftoire de leurs premiers poflêflèurs, 3x8.
Organum ^ voyez ïrganàkon.
Orléans , ( ile d' ) autrement ife de Bacchus , Il , z>8^.
OsKOLD pénetse ju(qu'â Xioir > I> 131. •
Otrar^ voyez Oltrare.
Ours , ( ile de r ) découverte par les Hollandais , II , 1 1 a«
p
uTalkâs I , l, X70«
Papier monnoie de la Chine ; Marco Polo en parle,
ly 13 5* Antre relation, 244, i4<«
Parkhurst, (Antoine) (a relation. fiir la pèche de la
morue à Terre-Neuve, II, 54.
Parmojites y l, I53»
Parofites, voyez ParmofiteSm
Pawirintwagauy voyez Port'-Nelfottm
Pegolstti , (Franci(co Balducd) Ton voyage d'ACe à
Pékin, I, 70. Ses écrits, 241.' Sa relation du Nord de
TAfie, 242, . . '"
Pinguin t (ile) 11^ ^i. Autre ile du même nom, voyez
FogOm
Permiaks , voyez Parmofites*
PennienSf voyez Biarmiens*
Pérou, ( le ) origine de cet empire, 1 , 73 , m
Pierre premier , II 9 350, w
Pet , ( Arthur) fait un voyage dans le Nord, II , 48* :
Pelfchcncgs %llyl^%9] /
DBS MATiIKEs. 397
Peym t dcfcrîptton de ce pays , I, m,
Phipps , ( Confiantin • Jean ) Éiit voile au Spluberg ,
II 5 2IP«
Phéniciens y leur origine ^ leurs mœurs , I , j^^ 4, Leut
commerce & leur navigation, 8. Leurs découvertes,
ihid. & fuiv. Font le tour de l'A&ique & fondent des
colonies ,116* fuiv. Leurs guerres & la décadence
de leur commerce, x; 6 fuiv»
PicKERSGiLL, (Richard) fait voile au détroit de Dav»,
II, 133.
Piêies ^ (les) I, %i.
PinaJpwet'Schiewan^ (rivière de) II, 183.
Pifiol^ (baie) II, 203, lOf.
Pointe^peedjfrelyîl^ 1^8.
Pointe^Tf^haUbone^ II, ici*
Po/a^i^nj, II, 340.
Polo , (Nîcolo, Mattheo & Marco) leurs voyages, ï , 1^3,
L*époqué de leurs voyages , 199 , n. Relation de Marco
Cir le Nord, 204 & fuiv.
Polatiesyllj 340.
Poîowriens y 11,342*
Pomonay ( île de ) I, 288, n«
Poméraniens , II, 340«
PoNTGRAVB, fcn Voyage de commerce à Taoul&ç, 11,25 1*
Pool , ( Jonas ) (on voyage , II , 1 14,
Pordandy I, 28^, 327. ,
Fort^Ntlfin^ II, i}^.
lit TABtf
Portugais ( les ) fbi|t des pirçm{(8rs à fejre d^s d£cpu<«
▼ertes dans le Sud , II , i» Leurs tentatives pour des
découvertes plus éloignées « 8.
Pruffe^ (la) I, ié.
Pn^cKpT y ( HabacMc ) accompagne Hudjpn & ButtpB ,
II, m . 1^5.
Pmci^karla , ( t}f du ) II , >is#
Providence^ (baie de la) II, iij.
fulgaraland^ voyez Bulgarie.
Pythéas , (es voyages dans le Nord , 1 , 17^ Ses çqii-
noiflances en aftronomie , xo. Jufqu*où il s*avsuifa
dans le Nord, i^*& fuiv.
Q
^uiRTNi, (Pierre) (bn voyage, î, 331. Son nau-
frage & les aventures qui raccompagnèrent , 533
£fjuiv. Son voyage de Bfrgei^ à Djrppd^, 55 j. S^n
retour dao» û P^^riç^ 36;»
R
/v. ALEiGB^ ( mont ) II , 6^.
Rankin^ ( paflTe de) II, 103 , 205*
Rennes , ( les ) fervent de leurre , I ,* 109 »
Rennen-Fel^ voyez Dcerfield.
Repulfe-Baie , Il , io8,
Re\an , fes habîtans, la fertilité de ce pay^, l^ >7}^
DES M-ATl-ilBi-ES. |99
Bhuharhe^ lieu o& elle croit naturellement, I, iZu
Ses propriétés & &. préparation, 385»
RicHARDi , (bn voyage, II, 334*
Rohtn , voyez Hro^
RoBBRVAL , ( François de la Roque ) (on voyage au nord
de l'Amérique, II , iSp*
RocHt , ( le Marquis de U) va au nord de l'Amérique ,
II, %9Zm
Ehoiun , ( rivière de ) 1 , 18 , jr*
Romains^ (l^s) ^*o^^ connu que lèct card lee ré^
gions du Nord , 1 , 38- Pafiènt les Alpes Jong-temps
auparavant, 3^ Intimidés par les Cimbres &; les Teu«
tons , 44* Pénètrent au loin dans le Nord ^ 45 & fuiv*
Font le tour de la Bretagne ,4^. Vont en Pruflfe chercher
Pambre , 48. Leur puiilànce s'a^iblit par la dépra»
vation des moeurs , ^o. L'Empire devkn^ la j^ie
des Germains , 5x £* fuiv*
Rojij ( lie de ) Ion commerpe .en paifibn , 1 , 348 OJuiv.
Ses habitanSy 3^0 é'/î^iv.
RoGKEVAL^ comte de Moere, I, i3i, ,
RoJJiens ^ appelés depuis RuiSens, I[,34f«
RtJBRVQUis, ambaflàdeur de France 9U kan des Mogpls,
fes voyages , I, i^j.
RummelS'Fiord f II, 99.
Rupert, ( terre de) It, 187.
Rupertj (rivière de ) TI , 187. *
Ruftène , voyez tlt de Roft*
Rvp ( Jan-Cornelis) accompagne Heem^kefk ^dans Ton
•Vayage, II, tje.
^400
T A g t K
i3iiciriOK« ( ^e de ) &% hibitans^ I » %i^
Sainte-Croix ^ II « i87«
Saldaia^ I, i^^.
Salcomi , ( Nicolas ) Hattho lui commuiuqtte & rela^
don de Teû, I, iSé;.
Samarkande\ (es habitans, (â fertilité,!, zio.
Samufyr^ (île) II, 31^.
Sainte-Claire y (ile de) II, X48tt
Saini'Lorenti-Hoek y lï , 147,
Saint-Laurent^ ( baie de ) 11^ x8f«
Sainte-Catherine^ (port de) II, i8}«
Saint' Nicolas j (port de) 11» x85»
Sandey^ (île) I, 34^,
Sandwich^ ( îles*) II, 117»
Sanghin-Talghin ^ voyez Chinchintàlas^
Saray^{m\\t de ) époque de (â fondation, I, ^4 , xS}*^
Par qui elle fîit détruite ;, i^t.
Saracamo^ ( ville de) (à fituation, I, 143* ,
Sarra\iens j T, iff.
Sarmatie , (îgnifie (bu vent un pays inconnu, I , ici.
Sarfony (nille de) I , 170, n; .
Sartem , voyez Ciarcîam.
Safftn , voyez Saxons.
SauromaHs , 1 , 50. Leurs diyerfês tribus , II , 3 3P«
Saxons ^
BSS MaT1SR£S. 401
Saxons ( les ) paflènt dans la Grande-Bretagne; 1 , 74.
Scajfen ^ (ville de) I, lOf.
Shadi-Khodscha , ambafladeur de. Scfaahf-Rokh , I^ «^4»
Eô bien accueilli ^ a$6 ^ Jkiv.
ScHAEP , ( Heiidrtck Comelis ) (on voyage » II ^ i^z.
ScHAH-RoKH envoie des:asiibaflkdeur& au Kathay^ ly^TS*
Scharjchew , voyez Sachion,
Schetlandy (iles) découvertes pac Pythéas; ï,-ji. Peu-
plées par les Normands^ 8 1. Peut-ét^e les mêmes qu'Eâ-
land, 317, ,^
S4:himuffyr ^ yoyéL Samujfyr^ ,
ScHiLDTBERGER y (Jean) (es voyages & (es aventufcs^
Schir'wan , 1 , 247.
Schnecland , voyez lies-Gariars fie Jflahdc.
Schurfchiy voyez Sarfoju .,,
Scillyy (iles) les mêmes que le» iles d'EtaIn, I, j^.
Sàringes-rH^al , (havre) û vraie pofitîon , I, ii»»n»
Scorungaj (pays de ) (a fituatton probable» L^ ix«» n«
Scnt'FinnaSy quel peuple, c'écaic & où ii fkifait (a ré-
£dence. II, 103 , lo^.
ScROGGS, (on voyage, II ,.101. Remarques (ùr ce toya|[e»
II, 104- ^ ^ ...
Segin^ (ville de) 1 , 17^. &s produâions^ Ces h^bi-
t^ns, rpn commerce, 114» xx^«
SerhUns , leur réfidence, I, zoo, n»
*$(ere/ , leur demeure , 1 , 177. . *
Sermende , voyez Sarmatc.
Tome II. ' C c \
4^2 T A B L K
Sidinîens » Il ^ 340*
Sigan , voirez Segin.
SiGU&o» roi de Norwège, I^ 74^.
SiUinie y ( mer de ) 1 , 116.
Sindlcia , ( TÎUe de ) îlj a bèancoiip d^anaiiriers» I, i}«.
Singuiy voyez Segiru
SirhitnSy Toyez Sérbitns.
Slriojediiy I,t4i,
Skrœllingers y leur commeroeàTecles Normands, I, 14 1«
La foi chrétienne leur eft préchée , voy^ auffi ^9f^
iBonds y 144*
Skydihladner , ( vailTeau) I, x»/,
Slaves y I, 100 , n,
Slonynty ville autrefois cfièbrè, I, ^7^.
SyiTB, (François ) (bn voyage , H, 210»
Smttk, ( détroit du chevalier "niomas ) H , ifo»
SueitiLD « ( Stufle(<m } (a relation {ttr ia manière dont a
été peuplée TlQande eft vraie, I, 1^4*
SMOHiLa , (Torfiafon ) £ê$ écrits €c Tes deicenda s^ I^
14*, «•
Sno^tAndy rojez SdmttianJU
Sotai y ( pays de ) I , x66.
SoK envoie prendreim évéquepourSe Groenland, 1 , 144.
Solangiens y les mêmes que les 'Mandfchurians , 1, 15^.
&/Jâm>n^, chrétiens qui vivaient dans Khuàrefm ,1, iS^*
Solgety la même que la Ville iTEskikyrym, I, 21^8.
SoUnia^ I» i^9m
i
DES M Jl ff lu K lE S. 4of
Sohnîens » vdyez Alangtensé ; '
Sonlch y une des principales «rfbus des Màgofc; l, i^».
Sorani^ I, i8o* Sa 'mie'fitlfttioii , it%.
Sorbi , voyez SerhUûs
Sorgaihî^ voyez Sdîgtt.
Sorlingues , ( iles ) I , P*
Sonahe^ (la) I, ^i»
Spit{b€rg^ découvert & aîn/ï nommé par les HoUan^
dais, II, 211, 144 >' >f ^* Par Baffin , 146. Èar
, HizdCnt, appelé 6xb«i|landV îor» ^ - ,* ' . -
Strana^ (ville de) (êsmanu&âures de (ble, F, i^j.
SvAFAUssoK , fait le tour de riflandè i' laquelle il
donne (on nom, I, 8j. •* * '
SuchuTt pays qui produit làrhnlMrbe^I, 3 Sx ^^fii^x
Sutk y voyez Suchur.
Sucktuky voyez Suàhûr»
Sudacky vàytz Sàldaia.
Suèves^ I> f3*
Suîonia , 1 , 7^*
«Sirm^ribenr, veàiges de cette irille, I> x8;«
iurpty y oyez SorH*
Syra-Horda^ I, ijtf. , . ,
Tadoujflu II » »p|*
Ce ij
1
TaUfy (vîUe 8e rivière) I| i^8«
Tanafyaj^^ Afof. j;^ . .
Tahcrbdb, l>ncétre /Commuft ics Nornumck , fidt k
conquête de la baflè Italie 9 I^» iji* .
Tangut^ fès habitans , les anîmam» I> I7^« Ses prin-
cipales provinces, %i3*
Tarfaan (ville de) I, tff.
Tarkfutn , yoytz Tarfaan^
tarfœ , fes limites & (es babitans ,1,187.
ToTshishy ville cofl^uie-d^ Egj^ttens &.des Phénidens,
TartOTiex, I^ i^»* Leurs diïifioiis intefilnes.,.l,.x4^
TartejniSy voyn'X' TanhUh, • . . , . • »,
Jatarkofia] ( pays de) I, ié^«
Tif^e^, (peuple du) leurs mœurs,, I, ,17^» 23 1«
Tendue j ( pays^ ville & habitans 4e) I, %vï^ ,
Terfinna-Land, î^ 106.
• • t - ♦ '•
Terra Agricoluj II j ^%o. y
T^f/T^ de Co^teréal, 11^ jio*. . .,^ .
7err^Neuve^ par qui elle fut découverte la première^
foi», I, X38« Découverte enfuite par Cabot ^ II , i8.
Féche & produôions du pays ;' sî**l^'tàémé que
Winland, 286, n. : ci t'^V
Tetgales ^ Yoyez Tshrani.C
Teutons , (les) fignification dta. nom de ce peupte^
I, 4X« Leurs guerres & leurihtJtpédition^- mSi&fret "^t
;43' 9 & fuiv. Les plui^ fidelesc ^rdès ^H'^ang^ètim
Bis M AT I 1 » K î. 40 j
Teut/che^ voyez Teutons.
Tbxeika y ( Pierre ) fà. carte, des Indes^ II , j^o*
Thalair , voyez Jalain
Thalkan , defcripdoh de ce pays & des habitam^ I^ loj^
Ti^«*^ Ton ancien tr(age à la Chine, I, %^j^
Théodan, Toyex Teutonsi
Thorfin j fait voile à Wîniand , & commerce avec
les Skrœlllngers, I, i/^u
Thorrbr, vaincu par Hirold, I, ijj,
i.
• Tho&steim^ toenrt ay^c iis-gens au Groenland, I„
140.
Thorwald* , grand-ondé de Thorrer, prend ta fîiitt
«c va eniflande, I, 135.
Thorwald, mère de Lief, continue les découvertes
dé ce dernier ^. I , i|^. Samott & iès; ûmérailles ,7
140." ' ' " . "^'
Thulcy I, st\ ^T. ....
Tigris y Tigre y (le) Voyez GihomS '
Tiphlis^ capitale de la XJéorgîe , I> x^j*
ToGRUL, |)rînce des Naymani ^l , nu
Toriués, Çile iLe%)n,\%%. :
Tow^JT, 11,^1.' * ;^
Tc^î^fr, C vUie de ) f , i j's;
Trinité^ ( îlei de la) II, 16^.
Trockiy (pays de) I, lyg*. *
Troglodhesy I, 4.
7>oo/?-fla^cJb, II, i5?9^
Ce iîf
Trufb , voywL Duaufen* "
TfahajfNor ^ voyefc Cyanganor»
TfchechienSf 11,541.
Tfchiendienpuhr , ( la grande ville èt)l, x}^.
T/chirpa^Oiy vo^ez CampamckLandm
Tfckutktfchi ^ peuple, II, i*^,
Ti^'mVnJ , I, iSo«
Titmen^ I, lyi.
TuRGES, fes.viôoires^ I^ 8t» -
Turkeftan, (is limites, I, 188 , i}8,
Tttr^j, (les) I, 67.
TuÉchi^Kaii ,1* ifu Ses conquêtes, II, 34i«
Ugadai-Kjsak, bâtit la vHiè dé Chamyl , I, 155.
Ulhlifbld , fon voyage fupprfé , II , 3 37.
Uigurs^ Voyez Jugurs.
Vkakha, (viUe de) I, 196.
UixoA , ( François) fon voyage de découverte, it» %99* .
Iflfter^ (province d') ravagée par les Danois, I, 78*
Ulug-Bbk, it& tables géographiques, I, 68.
Ung-Khan , titre de Trogul , I y 175. Son empire èc
fes fucceflTeurs, i»8.
Uotala , ( ville d* ) la même qu'Ûtrar , I « ^43*
Urdamietta , ( André ) (es découvertes dans lenorâ de
l'Amérique , II , 301.
Urghen\ , voyez Khorkaiu
DBS MAÏZXKXS.. 407^
Urap , voyei ilt des Eta$s% ■ ,
Vaqué ^ (ville d*) i«.
U\iens^ II, }4i«
V
F AKBAtty (terre de) (es montagnes , fis kibttatit |
I, 2o8,
VaniaUSy leurs expéditions militaires, I, fj & fidv%
Vandales j Toyez Sclavons.
Vblasco , (bn voyage au nord de l'Aniérlqtië éft incêv^
tain , II , 1^7.
Verazzahz, (Jean) (on voyage , II, 174*
Vbspuce, (Améric) II, ii«
ViscAiHOy (Sébafiien) (on voyage, II y 307*
Vochan^ voyez Vàkfum%
Voeroëy (île) I, 51. ...
Vogel'Hock^ voyei Fair-Foreland^
VogtlSang , II , 141*
V&iEZ , ( Martin-Herizoom fan ) fi>n voyage ,11^ i^té^
Détroit qui porte (bn nom, i^4. > .
VuT, frère du prêtre Jean, I, 17^.
w • —
tr .AATOAT^y^pfCL Mintaperu
Wajat , voyez D^irroif & Uaffavt. '
WaloTj voycT Sulgarir.
4^t T À B L «
WarJbvU , (pays de) delcriptîon de (es envicont , I> t7#i
X^nririt, (pointe de) II, 8a«
IPinds , les mêmes que les Vandales ou SclaTom»
Weonothlaniy I , ^f , ii^*
Weymomh^ H, 8^.
fTiLLOUGHBY , Gin Yoyage, H, 22* .
Windeialand^lp ^f , n. 11^.
If^mîandy I , ij8 6 y^/v. Vîffte par les K&ndaîs^
Z40. Sources d'oà l'hifioxre de ^ pays eft titée ».
143^ I44«
Wlnoilandfl, 9^ ^"^19^ « . .
WlJUland^ I, ^p.
Wiflemund y I, i*'i# t. ; /' .
Widani^ yn>ftz Baàia ^ I, rKOb.
Wlachs^ voyez Blàchs» '
XPa^a, fês divers noms, l, ^{^ 66 , léu Sa dé£4
cription » 171.
Wologiensj voyez Blachs»
Wùlflenholme, (détroit cfe) II, X4^« VUimum^Vadtp^
voyez Cap^HènrUtte'Mjaric. .
Women'j'Land ^ Yêyez terre des Femmes.
.: ©ES 'Mat I B « l ». .■ -ifetf
iWomenS'yUs 1, voyee ilts des Femmes^ ' • ' : <•
iVktoB , ( Jean ) •fbir vâyage , H , i^» j'.
WulfUlan^l, ii8. ■■'■ ;•'.-.
X
jtLaïtdv , ( Tille de ) ville impériale ayec une ména-
gerie, I, 131.
X x>iFir , voyei Zfi/i»
Tbrmax-Timofeeff , fts expécfitîons. H, 34 j«
y«BRAWD, (Brand) accompagne Barenu, II, 240;
iYse-Ryxb, ibn voyage, II, i6.
Ts'-Hocky pointe de glace. H, i47«
z
iLAGATHAi-KAS , I, ij2. Ses pofTeffions , 17^*
ZuKA , (Abraham) fcn témoignage fur les voyages de
Benjamin de Todele, I> 150*
Zboxa, prince Tartare, I, %^6m
ç Carlo ^
Zemo, (le$K Nîcolo Meurs ancêtres, I,x8x 6 yk/v.
C Antonio 3
Nicolo , fon voyage au Nord ,1, 284.
ç*^ Son fécond voyage , fe aventures ,285.
Antonio , lettre de (es aventures & (es
découvertes I I^ 2^2»
1
4to TABLX du MXTiSftSff.
ZicHMiit, prince de Porland, I, iS^, Sec fiicces '9t
As conquêtes payales, i88 &fidvm
Zuihala^ (ifihme de) I, x6%.
Zuyi Horkvanhet VoorîandyJly %i9m
Fin de la TaUt des Madères.
APPROBATION.
%l * AT lu ^ par ordre de Monfèîgtïeur le Garde de Sceaux^
rHiftoire des DtcQuvtms & det Voyages faits dans
h Nord ^ &c. &c* Je croîs que ce« re^r^hes d*un favaiK
auffi diflingué yae modefte , auflî jufle qu'impartial , lêroii^
fort bien accueilles. A Paris ^ ce i Avril 1788.
Signé, BOYEZ.
PRIVILEGE DU ROI.
X^OUIS ^ pair la frace de Dieu • 'I?jq;i de France $c ip
Kavarre: A no; zt^h El fcaux CoofcUlet?, lès Gen« ceiiam nqji
Cours de ?arrenienc , 'M'aitres de^ Requêtes ordinaires de BOctjB
Hôtel , Grand Confeii , Prévôt de Paris , Bailiifs , Sénéchaux ,
leurs ÛiieuieDans Gà^ils* êc cotres nos Julhciecs qu'il appartiendra;
SAIUT.Notre amé le Sieur G U C il E T ^ Libraire à Paris , Nous a faic
cxpofer qu'il défireroic faire imprimer & donner au Publie» VHif*
r9 ^$ D4KWvmf0 Çf'M9 Vùyupt fiâiê'étmS^U is'oH » péf /.
Fçtrfttr^ s*iJ Nous plaifoif lui accorder nos Lerirts de Frivitègp
four et néceflaires : A OES causes, vouUnt favorablement iraitçff
rExponuBt , Nous ïm «vous permis & p^axiettourpArcetPréfcB et,
de fAiue imprimer I^idit.OtfvraJ^e autaiic de /oii ^oe.bon Jui femblerâu
&de le vendre faire vendre & dcbiter par tout notre ^Royaume, pen-
^nr leiems ded x. af^aces conf^êcutives i compter de la date des Pré-
fentes. Faifonsdéfenfes â tous* Imprimeurs , Libraires & autres per*
Ibnnes, de quelque qualité fie condition qu'elles foient , d'en in*
troduxre d'impreffion étrangère dans a«cun lieu de notre obciflance ;
comme auffi d'imprimer ou faire imprimer, vendte, faire vendre,
débiter ni contrefaire ledit Ouvrage , fous quelque prétexte que
ce paide être , f.ns la permiffion expreile & par écrit dudit
Expofant , fes hoirs ou ayans-caufe , ^ peine de faifie & de confîf^
cation des Exemplaires contrefaits, de (îx mille livres d'amende, qui
ne pourra être modérée , pour Ja première fois, de pareille amrnde
& de déchéance d'état en cas de récidive ^ ^c de tous dépens ,
dommages & intérêts, conformément i l'Arrêt du ConCeil du }0
Août 1777 > concernant \t$ contrefaçons ; a la chage que ces Pré-
fentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de ta Com-
munauté des Imprimeurs & Libraires de Paris , dans trois mois de
Ja date d'icelles ; que l'impreffion dudit Ouvrage fera faite dans
notre Royaume êf -non aiHeurs,ea b«a«i papier & beaux carac-
leccif conf|9cméimcnt aux Ré^kmens 4e la Ubiaitic » A f^ine^e
rféchésnce iirfcéftut PrÎFÎttge f qa'avtne tie l'expofef en vent^^ k
manufcric qui aura ferri de copie à rimprefnon dudic Ouvrage «
fera remis dans le .même étac où l*Apprpbacion y aura été don*
née » es m^iti; de aotte ccès-cher & fé^ Chevalier Garde-des- Sceaux
de France le (ieur OB Lamoignon , Commandeur de nos Ordfer ;
^u'il en fera eaTuite remis deux exemplaires dans notre BiUiofihcquf
publique ^ un dans celle de norre Château du Louvre , un dans
celle de notre trèt-vher ic féai Chevalier, Chancefier de France , le
,Sicur D8 MaupçôU.^& un dans ceUexl{idrt{iearl>B Lamoignon;
Je tout à peine de nullité des Fréfentes. Ou. contenu defqueUes voua
'inandûiis Se enjoignons de Faire jouir ledit Expofant & Tes a]una
caufe , pleinement & paifiblerfienr , faut foQflPrir qu'il Jeù'r foit fait
aucun trouble ou einpécheraent. Voulons que la copie des Préfentes»
qui fera înipdmée tout au long » au commencement ou i la fin dudic
Ouvrage, Toit tenue pour duemeni (îgnifiée. Se qu'aux copies col-
. lationnées par Tun de nos amés 8e féaux Confeillers • Secrétajrff
/oî foît ajoutée comme î rdrigmàî.* Commandons au premier notre
Huiflier ou Sergent fur ce requii» de faire pour l'exécution d'icelles.
tous a&es leqiïis 8c néteflàires , faàs. iieniaftdet autee permiflion ,
& nonobftanc clameur de Haro , Charte Normande , 8e Lettsaa
i ce contrùces : Car tel eft notre plaifir. Donné â Verlâilles le
dixième joùf dît mois de Mai * l'an èc^ grâce mil ' fepc ceù
quatre-^ingt^Tiqit, 8c de notre Eegne le quinzième* Pat le Roi|
1cn fon ConftiL
Sigtté, LE BEGUE.
-tfpj Libraires Sr Imprvmurt de Psriâr I<t*. 107^ , fit, s Ai -» confirma
-yment tUUtdifptfiâonè€^mcée» dans h préfhit BrivtUge^ ùhla Wiargè
.ito t^emettre à laditt Chambre les tuttf' EMêmpimftM prefisritM par
JTArrAdu ûmfeiléU'tS J^vrii 1785.^1 i^ptr^ ie toMta lyZZi
5ignrf, «NAP EN, Syndic
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"De rimprimerîé de* Cha&D0K| rue* de h Harpe. '
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THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY
REFERENCE DEPARTMENT
This book is under no eireumstances to be i
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