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Full text of "Histoire des découvertes et des voyages faits dans le Nord"

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i.^ 



N 






HISTOIRE 

DES , 

DÉCOUVERTES 

ET 

DES V O Y AG E S 
FAITS DANS LE NORD. 



TOME SECONa 




'■■ ■ • '.>' i 



* Orbis fitaim.dkcrei . . j . împcdîmm opus Se 
facundix minime capax.«M. verum afpici tameo 
cognofcique digniilîmum. 

P-o Ji^P 0^ J u Si^]M^ L^4^ in Fromwl 



j 



HISTOIRE 

DES 

DÉCOUVERTES 

E T 

DES VOYAGES 
FAITS DANS LE NORD, 



Par M, J. R, Fo rst E r: 



msi EN rHAUÇAIS 

Par M. B R o u s s o N E T. 
Avec trois Cartes Géographiques, 

TOME SECOND. 




A PARIS, 

Chez CucHET, Eîbraite , rue & hôtel Serpente. 

M. DCC. LXXXVIII. 

Avec Approhation & Privilège du Roi^;... 



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£uii^ 



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(n 



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\ 






X T A É t m 

Scâ. VI. j$j^i 9 Fmnf 014 de la Roque dé j 

Roberval y 19 x S 

Seâ. VII. 1598 9 Z^ mif^npiis de la Broche, 

ihii 

SedtyiII. 1 70 j , Le capitaine Fronda^^ z 94 

Chap. IV. Découvertes des Efpagnols 
dans le Nord y ^ :t$6 

Scâ. L 1514, Etienne Gome^y ^979^99 
1537 , François UlloA & d^ autres , 199 

Scft. IL 1541 5 Jean Rodrigue^ de Ca^ 

brilla y 300 

Scâ. in. . 1 5 5 ^ 5 André Urdanietfa^ joi 

Se£L IV. 158Z, François Gualle, 30Z 

SeSL, V; 1591 f Jean de Fuca, outHmênt 
appelé Apoflolos Valenanos y . }oj 

Se<a. Vt i$$é ^ SébafH&%Vifc(mdi^ jo^ 

Scék. VIL 1^01 , Son fécond Voyage y 30^ 

Scd. VIIL 1^40, Voyage prétendu 4e Bar* 
thelerrd de Fuente , - — ^^^ 

Seâ. IX» 177 s > Dom BrunoHecetây Dom 
Jean d'Ayala & Jean-Franfôi4 de Im^ 
Badegay-^Quadra Tfi _ , r^ 3131 



CitAP. V. D^aouvenes des Portugais 
^ \ dans le Nord j 317 

. Scâ:. I. I j Qp j \CaJpar de Coreer^al ^ 319 

'.Sé^ IL .1 J78., Cinquante- vaijffeaux por-- 

- .:.\ tugai^ pèchent au banc de Terre-Neuve y 

Seâ. III. 1555, Martin Chaque ^ 322 

" Sea. IV. 1^10, liîii , lej Jéfuitesy de An- 

gelis & Jacob Caravalho y 324 

Scâ:. V. 1^21, 1^49, Joao de Gamay 325 
Scû. VI. i^^o, David Melguery 32^ 

C H A P* VI. Découvertes des Danois dans 
le Nord^^ 328 

Seâ. I. i$é4yDithmarBlefkensy 329 

Sââ. IL îé'05 > Gotske Lindenau & James 
Hall y a 30 

Scft. m. I ^of , Leur fécond Voyage ,335 

Scft. IV. I ^07 , Kàrften Kichardt y ibid. 

Se&.S. \€\^yJensMunky 334 

Scd. VL 1^3^^ Xtf compagnie Danoife du. 
Groenland y 337 

Scâ:. VIL x-j^^ y Le prétendu Voyage du 
baron van Uhlefeldy ijbid. 



Idj TaBLB OIS CHil^rTftlB^. 

Cnuf. Vn. DécowêTUs £is Rujfes <Utti 
le Nord, ^^^ 

Okfervûtibns générûUs fur les Découvertes 

fauts dans le Nù$d^ (f réjlexiotis fur 

laphyjiqut y la ^oolagie^ la hotanique 

& la minéralogie de ces contrées, SSS 

Table générale des deux Volumes, 5^4 




HISTOIRE 



**• 



77ne 2Jh^ j 







^ 


^■j^vlBSffi^^^ 


r^t^™BSN V*iâ*^^^*f?^ 



. - '-^,. ■ ■■■'[' D ES ■ 

DÉCOUVERTES 

ET DRS VOY4GËS 

F A i T S 13 À ISf à L E ' N OR D. 



a=2: 



LI VRE lï L 

Z)^5 VécouvetteS faites dans U Nord 
ri.. fgf U9 Modernes. 

r ; f 

JOBSERVA'l^iQN.S GÉÎ^ÊALES, 

l«i E S progrès cîes cennaîflancés & de i'induftrie \ 
la liberté accordée ^ux fcrfs & aux ^êfcla^^es -, là 
tmlflance 5 la cofiâdéxaûon quç le conunerce 5^ la 



navigation, avaient données à quelques villes d*Ât' 
lemagne, dltalîe & des Pays-Bas j les réformes 
faites dans ladminiftration dé la juftice q^i for- 
çaient diaqùe individu à renoncer au droit de 
venger ib& {oopres Heures; l'augmentation de h] 
puifTance des princes Se des rois, leurs efforts pour 
anéantir dani les matières' ^à gOâverhernerf l'in- 
fluence de leurs grands vaflaux & de la nobleflc -j 
1 etablîflement des armées toujours fubfiftantes en 
France & eij Italie, & la néccffité où les fouverains 
fe trouvaient d'augmenter leurs revenus ; toutcÀcIs 
circonftances avaient concouru à produire au com- 
mencement du quinzième fiècle de grands dian-« 
gemens dans la forme des gouverneipens. de l'Bu* 
rope. ' ^ * - 

Tt)ur ler^pïitKres avaîem -iormé-Ie projet de 
s'agrandir , foit par de nouvelles conquêtes , foit 
par l'augmentation de leût pouvoir dans leurs 
propres états. Dès l'an iijo , les Portugais 
avaient cbaffê les princes Arabes des lieux qui les 
avgiient vus naître. Pour tmpêcBcr l^ Maures 
de*fe-]ier avec ceux de TETpagne &^ raiifrr 
de nouveaux troubles chez eux, les Portugais 
pafsèrènt fur ta côte de H Mauritanie où fditit 
aujourd'hui Fez & Maroc , & firent tout le mal 
qu'ils purent aux ennemis du nom chrétien. Ils 
s'emparèrent de Ceuta en Ï415, & fortifièrent 
plufieurs ports des environs, for TOcéan.' En 1418^ 



'ieûJt' Gondoles ZioUa bcTrifloa P^ai^^ après avoir 
été battus pat une grande tempête , découvrirent ^ 
une île qufls nommèrent Porto-Santa (Pùnt^Saint)^ 
à caufe de lafile qu'Us avaient eu le bonheur dy 
trouver* Il eft impoflîble de ne pas voir » de 
^Portjû-Saneoy Tîie de Afcîi^rtf , fur-tout lorfquil 
fait beau. Ces navi^eurs firent voile vers cette 
île qui leur paraiflàît comme un nuage ; ils lui 
donnèrent le nom de Saint^Laurent dont on célè* 
brait la fête le jour qu'ils la découvrirent. Mais 
bientôt après elle fuc liommée Madère à caufe 
de» bois dont elle était couverte. Deux ans après 
on nut le feu à ces forêts, cq <p4 4&VQriik beau? 
coup la culture du fucxe» .! . 

X'in&nt de Portugal » Dom Henri » enflammé 
du défît de faire de grandes découvertes » envoya 
Goas^ales Velho Cabrai pousuen &ire de nou- 
velles vers l'oueft. Celui-ci entreprit ce voyage 
en 145 1. Il découvrit d'abord quelques rochef^ 
arides qu'il nomma las Formigas ( les Fourmis ) ^ 
à caufe du mouvement continuel de la mer qui les 
entoure. Bientôt après il découvrit l'île de Sainte- 
Marie qu'il peupla en 1452» après en avoir ob-* 
tenu la perimflxon de l'ihfknt Dom Henri, On 
envoya dans le ttAim temps Antonio Gon^ales 
avec deux caravels , efpècc de petit vaUïèau, pour 
feire de nouvelles découvertes fur la cote d'A- 
ficique. JufqualQrs oq avait eu coutume de fe 

Ail 



4 DécoDrVERïES ET Voyages 
faifir dés Maaies mahomecâh&qaon trouvait etrai» 
dans ces lieiixy& de les>iëdaire*eQ efclavage comme 
eimemis àà chriftianifmè. Mais dans Tannée 1442 ^, 
quelques-uns de cts prifonniers forent rachetés 
paf leurô parens qui donnèrent en échange,, non- 
feuletncint des hommes à cheveux crépus & tout- 
à-fait noirs , mais encore de la poudre d'or. De^ 
puis ce: tçraps le defir de découvrir leis contrées 
d'où venaieiït les Njcgrcsi& depofféder l'or quoa 
y ^trouve, feCaxtifia dei jour *en joar. En 144; , 
Nunno Triflan décèuvxicle ca{^ Arguin ou Aiageif 
te rîle des Crues ( Uàa de J&ar:^as^ ) L'anaée 
fuivantas cuvxippoçuc l^'ik^de San^rAUguêl ('S9\txtr 
Michel) une des Ai^oïts. 'JUm^droue fit un grand 
nombre de prîionmeïf fur' la côté d'Afrique ,'& 
Cadamojk découvtit la rivière de Gambra. Ori . 
reconnut dan& l'année 1445 9 ^^^ ^^xi^ des Âçores^ 
c'eft l'île -des Oifeaux s elle fat nommée Terèèfe 
parce qu elle était la troifième de celles qui avaient 
été découvertes dans ces parages dans la mémo 
année, Denis Fernandes découvrit le Cap-^V&ri^ 
qu'il nomma ainfi par<^ . qu'iL était couvert de 
verdure, âc* donna le mêmc.noHj aux îles fituées 
vis- à-rvis. Depuis 1445 jufqû'en 14495 oa recon- 
nut le refte des Açores, les îles Saint^Geatges ^ 
Gracieufe ^ Fayid & Pico* Il était in^fiîble jque 
ces îles.prefque à la vue de Tercère^ demeurafient 
plus long-temps inconnues. L'île de'Fayal nom- 



D A K î L E N O R D. ^ j 

mée aînfi, non à caufe du hêtre qui y croît, mais 
cl*une nouvelle efpè'ce de bruyère, Myrica-Fajra ^ 
fut donnée par Alphonfe à Ifabelle , duchefle de 
Bourgogne, fa fœur. Après la mort de Tlnfant 
Dom Henri, cette princèffe la donna à Jo-bfl F'on^ 
Hurter^cpe les Portugais nomment /c;j .'de Hutrœ 
& Hura, né à Nuremberg. Hurter qui était entré 
par un ma^rîage dans rilluftre maifon portugaifc 
de Macedoy aborda dans Tîle Fayal en 14^^, avec 
une colonie de plus de deux mille Flamans des deux 
fexés. Quoique là nation fut, à cette époque, 
accablée par une guerre ruîneufe & parla famine^ 
la duchefle avait donné "à ces colons toutes les 
provifions néceflàîres pour deux ans ; cette colonie 
fit bientôt de grands progrès. On fît encore en 
147:;, quelques tentatives pour peupler les îles 
du Cap -. Verd. L'année précédente ', on avait 
découvert les îles de Saint -Thomas', Ilha do 
Principe , l'île du Prince , & Anho - Bon , ainfî 
que la côté de Guinée Se la côte d*Or. SUr les 
globes terreftres de Martinm Behai, la Guinée eft 
nommée Genea*, &, félon Léon T Africain , elle 
'était appelée par tes "Arabes Ghefieda, Se par les 
Nègres Genni. Le5 Portugais prirent autant de 
foin pour cacher la' fituatïôn de çt% côptrées qui 
recèlent for, que les (llarthaginois en. avaient pri$ 
autrefois pour cachqr celle dcis lieux <)ù ils allaient 
chercher l'étain. Cependanîi les Français pr^étendeiit 

A ii) 



4 DÉCôuviRTis rr VotAôEj 

^voir é^ dès 134^9 ou au moins en 13^4, Je 

Dieppe à D^lla^Miw Çux h cote de. Guinée, en 

longeant la cote, occidentale de l'Afeique. Les 

. grands avantages que Iç Poi;tugal tira dci la cire, 

de l'ivoire > des plumes d^utruchc^ , des efclaves 

nègres , & fur-tout de 1 or dç ces contrées , dé-? 

terminèrent Jean II à y envoyer eç 148 1 , douzç 

vaifTeaux foi^ le commandement de Dom Diego 

d^A^mbuya & à faire bâtiç un fort pom protéger 

le commerce. Ç^ fort fut nonuné Saint-Çeorge 

delta Mina. Dans Tannée 1483, Diego Cam ai^ 

Jacob de Cano & Martin Behaim { a ) de Ninem-^ 

berg» mirent à la voilç avec dçux caravQls pour' 

faire de nouvelles découvertes. Us reconnurent Iq 

royaume de Bénin où croît un^ efpècç d'épice 

qu'on prit pour 1^ poivrç & qu'on tranQ)oxta ^ 

grandç quantité en Europe.. Cependant cette^ épice^ 

bien obfeirvé& ne fi^ ûouva ê^e que la graine de 

paradis (i). Ces navigateurs abordèrent en 1484 j, 

i la côte, d^ Congo. Les Portugais continuèrene 

d'examinet ces lieux avec la plus grande attention. 

BanheUmi Dia^ s'a^yança 5 avec trois vaiilèaux^ 

.1 ' » " ■ I . m 

(a) Ce ]\^artln, Behaîni épovJtà enHiIte à Fayal eii?|^ 
ron Pan 148^ , Jeanne de Macedû , fille du chevali^iç 
Jobs Vpi^ Hutçç ^ ^ çn 148P , il en eut m &s poiaxmi 
i^artîn^ 

{b) j4mcmum ^ana paroMjt ^u*oçi nûi)m.e ^^\ gcaû?» 



PANS I,Ê NôRO. 7 

beaucoup plus loin au fud qu'aucun de ceux qui 
l'avaienc précédé. Enfin il découvrit en 148^ ^ le 
promontoire le plus au fud de TAfrique, il le 
nomnia Cabo de todosAos Tormhtuos ( Cap des 
Tourmentes ) à caufe des fréqucnjtcs tempêtes qui 
s^y forment. Mais, le rpi de Portugal qui avait 
lefpoir de faire de plps grandes découvertes , ^ 
iùrf-touç de trouver une nouvelle route pour aller 
aux Indes 9 lui donna le nom de Cap de Bonne* 
Efpérance. La célébrité que ces voyages avaient 
acquife aux Portugais & les avantagées qu'ils en 
retiraient firent neutre à plufieurs personnes très-^ 
vexfé^ dans les mathématiques & la navigation , 
l'envie, de participer à çe^ découvertes. Les Alle- 
mands, les Flamands & les Italiens furent les pre- 
miers, à acquérir par ces moyens de la réputation 
& des richefles. Ja4:ob Pan Bri^gg^ & Guillaume 
vxui Dagora qui pm enfuite le nom de Silveira^ 
tous deux flamands ^ peuplèrent quelques - unes 
des Açores. Jacob van Hurter &c Martin Behaim » 
tous deuic de Nuremberg, devinrent feigneurs dci 
Fayal 3ç dç ^ico. Antoine d^ Nolle y italien ^ 
découvrit San-Jaga (Saint 7 Jacques), çne des 
îles du Çap-Verd^ dont il deyînt enfuite gouver- 
neur. Jeûxi'-Bapùfii^y français d'qrigine, devint 
propriétaire de Afciyo» autrç île du Cap-Verd. 
Bethencourt^ gentilhomme fr^açais , prip pplTef- 
iîon , le premier i dçjile^ Ca/jiwriei. Des; hommes 

A iv 



8 DÉcouvEîtTÉs ET Voyage* 

cle toutes les nations» difHngués par leur iKingi 
leurs connaHTances & leur caraâère entreprenant^ 
s'unirent aux aventuriers portugais dans toutes 
leurs entreprifts. Quoique les Portugais ne pcr- 
miflent pas alors aux antres nations de prendre 
poileffion des pays qu^ils avaient découverts a^tra-^ 
vers tant de dangers 5 avec de fi grandes dépenles 
& foutcnus d'un zèle infatigable-, ils n^étaîent pas 
éloignés d admettre des étrangers infttuics à leur feiy 
vice ^ de les unir par des alliances aux famille» 
porpigaifes , & de partager avec eux les avan- 
tages, de leurs découvertes. Tous les vaifleaux que 
l'inimortel Dom Henri avait envoyés pour ces 
•voyages étaient pourvus de pilotes aufli habiles 
qu*ils pouvaient 1 être à cette époque. Il avait eu 
foin au0î' de prendre à fon fervice , une jeûna 
poMcfTe quil avait Êiit élever à Ternauiel près 
Siigre en Algarve , & inftruire d^s la géogra^ 
phîc, la :Ï!àvîgatîon & dans lart de lever de» 
cartes , par un habile mathématicien de Mayorquo 
qu'il avait envoyé exprès à TernaubeL On in* 
diqua fiir les cartes tous les -pays nouvellement 
découverts. On voit que lorfque Pedro de Cwit- 
lam Se Alon^o de Pdyva mirent à la voile- diais. 
Tannée J 487 5'ilA^'ï^t- avec eux une mappof 
imonde ; qui avait été doffinée par Cal/adUta , 
cvequç de f^i/eu , très ^ favaiït mathématicieni^ 
J^ftph II ^ roi d^vP^rtugal^ otdoîina à fe d«ux 



, paksleNok». 9 

inéddcîns , Roderic & Jofepk , & à Martin Behaim i 
tbus trois bons^ mathématiciens pour ce temps ^ 
de chercher un moyen de déterminer avec plus 
de certitude quon ne l'avait fait jufqu alors , la 
marche d'un vaiffedu & le point où il fe trouve 
en mer. En Conféquence de cet ordre , ces fa- 
vans &ent des thangcmens à Tafeolàbe , dont 
l'ufage avait jufqu alors été borné à l'aftronomie, 
& ils le rendirent également propre à la navigation. 
Ccft un fait avéré, que lorfque Martin Behaim 
fiit en i4^z à Nuremberg pour y revoir fes parens^ 
îl fit un globe fiir lequel il deflîna tous les pays alors 
conhus. Entre plufieurs chofes que préfente ce 
globe, on voit que l'auteur penfait qu'en avan- 
çant toujours vers l'oueft on pourrait enfitt abordet 
au Cathay ou nord de la Chine , & au Cipangu 
ou Japon. On trouve auffi fur ce globe là grande 
& la petite Java^ les îles de Kandyn & HAn^ 
gama décrites par Marco Polo. L'opinion dont 
nous venons de parler, fûts encore confirmée pai 
l'obfervation que l'en fit des fruits exotiques fou- 
vent poufles fur les cotes àts Açores par les cou- 
rants & les vents d'oueft. Ces courants y avaient 
même porté une ^barque' & les cadavres d'une 
nation inconnue v ce qui fufiîÊdt pour rendre pro- 
bable l'exiftence d'une contrée habitée vers roueffi, 
mais on fuppofalt toujours que c'étoit l'Inde. Un 
génois j Chrijiopkii Ca/p/7i^-, qui joignait à dc« 



«o Dica.uvERTEs ET Voyages 
çonnaiffançes très-étendues en mathématiques & eu 
çofinographie5 une grande habileté dans la naviga- 
tion, avait demeuré long temps en Portugal , où 
il avait époufë la fille de Bardielemi PereftrellQ , 
un des premiers qui avait contribué à peupler 
Pono-Santo Se Madère. 

Colomb ne pouvait pas ignorer les fuccès des 
importantes découvertes que les Portugais avaient 
Élites* Il devait auflî être informé de l'opinion où 
on était alors » qu'un vaiiTeau qui ferait voile vers 
loueft , arriverait immanquablement aux Indes« 
Plein de cette idée il demanda au roi de Portu^ 
gai» Jofeph II, quelques vaifleaux.pout aller au 
Japon , pays dont il était fait mention dans le$ 
écrits de M^co Polo. Le roi le renvoya à Dieg<^ 
Orii^^y évêque de Ceuta, & à fes deux médecins. 
Roderic & Joi^h qui r^ardaient tous lopinbii 
reçue g^éralement fur le Japon , comme une rèr 
verie , & le plan de CArifiophe Colomb comme 
împojffîble à exécuter 5 rejetèrent cohféqueipment 
là demande. Mais Colomb que de pareils r^us 
étaient bien loin de décourager , quitta le Por-^ 
tugal où Ion n'acceptait pas fes proportions ^ 
paifa en Efpagne en 1484, ^ envoya (on frère 
Barthelemi en Angleterre poux y Êûre les mêmes 
ptopofitions à Henri VIL 

Chriftophe Colomb folliçita pendant fept ans 
auprès de la cour d'Efpagne pour rexécutioa dcf 



DANS JLÉ Non D* Il 

ton projet Se n'éprouva que des obftacles. Dans le 
même. temps fon frère avait été pris pat des pirates 
qui le retenaient en prifon. En 1488 5 il fit préfent 
au Roi Henri d une mappemonde qu'il avait deffi-r 
née lui-même. Henri VII, prince extrêmement 
9var6 ôc par cela même peu fait pour les grandes 
découvertes , UiSk partir Barthelemi Colomb de 
fes états fans avoir rien fait pour lui. Barthelemi 
Vînt trouver à Paris Charles VIII i ce prince fiit 
le premier qui lui donna connai^ànce des impor* 
tantes découvertes de fon frère* 

Cependant Chriftopbe Colomb fatigué de ces 
longs délais & d'une attente infiruâueufe , était fur 
le point de quitter rEfpagne, Il voulut cependant 
Êdre encore une tentative v niais la réponfe iî défîr 
tée fe Ëiifant trop attendre » il partit pour rejoindre 
fon frère en Angleterre. La reine Ifabelle détermî* 
née enfin par la conquête qu'elle venait de Êdre du 
toyaume de Grenade , & pa^r les {^eifantes foUici-^ 
tarions de deux de fes courrifâns dont i'efprit était 
fans préjugés &c 1q coup d'œil vaib , accorda un 
foible fecours de 40,000 florins pour l'expédition 
qu'avait projçttée Colpmb j on envoya un bateau 
^tprès lui pour le ramener, il revint , fie on conclut 
liVec ce navigateur un arrangement convenable* > 

Colonnb paidt de Polos en EQ)agnc , le j 
noût 14^2 5 & le 15 mars de l'année fuivante, 
5 rçntxa dans ce port après avoir découvert quel- 



Il DÉCOUVERTES ET VOYAGES 

ques îles* De lor, du coton, du piment, un grand 
nombre de perroquets de différens plumages ,i 
des animaux rares qu'il rapporta & même quel- 
ques habitans de Haiti ( Saint-Domingue ) qu'il 
amena avec lui , furent les preuves inconteftables 
de fes découvertes. Ce gr^d événemtJit fixa 1 at- 
tention de toute l'Europe. Il fe trouva, des hommes 
qui defîrèrent partager avec Chrîftophe Colomb 
l'honneur de faire de nouvelles découvertes. L'un 
defguels était Amerigo Vefpucci , qui avait vu 1q 
nouveau pays , (inon avant Colomb ,. au moins 
bientôt après lui *, & par un fingulier effet du * 
hafard , toute cette vafte contrée, fiit appelée de 
fon nom , Amérique. Enfin , vers cette même 
époque , c'eft-à-dire , en 149^» Vafco de. Ganta 
doubla \t Cap dei Tempêtes , ou plutôt de BcMîi^e- 
Efpérànce , & aborda aux grandes Indes. Alors 
l'émulation naquit entre les Eipagnols & les Pçr^ 
tugais ;. ils cherchèrent à étendre de plus ^ plus 
leurs découvertes , & à les rendre plua utiles 5c 
plus importantes. En 1500, Pedro Alvarez Cabj:al 
partit pout les Indes, & découvrit par hafard une 
vafte côte qu'il appela Terre de Sainte - Croix , 
& qu'on nomme actuellement BréfiL ^ an nom 
d'un bois qui teint en rouge, qu'on y trouve ea 
abondance. Ce nom étaùt déjà connu par les. 
Arabes (tt). ^ r :< •. 

-j ;, y, . 

(a) Abulfeia Tab% XFl , exhibcns infulas marit 



DANS Ll Non Û. tj 

Oïl Cïut pendant lotig-tèmps que ce contînent 
nouvellement découvett était i*Inde. Ct ne fut 
qu'au bout de plufieu« années' qu'on s'apperçut 
qu'il était împoffiblè qutine cbtt d'une étendue 
de plufîeurs centaines de milles du nord au fud 
fut celle de llnde. Mais lorfque f^afco Nunne^ 
de Balbao eut en 15 13* découvert l'Océan au-delà 
de Tifthmç de Panama , il ne refta plus de doute 
fur cet objet. 

Cependant le Poftûgal tirait d'imtnenfes tré- 
Ibts dts Indes 5 & THpagne femblait ne s'être 
pas moins enrichie de ceux de l'Amérique. Toute 
!\Europe contemplait avec étonnemènt &: jaioufic 
cette augmentation de richefles & de puiflance. 
L'Efpagne , les Pays ^ Bas , line grande partie de • 
ritalîè '&• en Allemagne, les états héréditaire» 
d'Atitrîche étaient réunis en la perfoftne de Charles 
V. Les tréfors dte l'Amérique le rendaient capable 
d'ufiirper en Allemagne plus de pouvoir que n'çn 
avaient eu avant lui des chefs de l'empire. Fran- 
çois premier qui effayâ.dé mefurer fes forces' avec 
lui j fot vakicu & fait prifonnièr devant Pavie. 
Les armées que; Charles V employa pour l'exécution 
de fe^ defleins ambitieux étaient principalement 
cornpofées d'Efpagnohi nation douée d'uoe grande 



Onçnthtîs. Lameri eji matripç Ugni hrafitll & cannés 
Jndi'cœ. " ••'..* 



l4 DÉCOUVERTES BT YotAÙËS 

valeur » d'une rare conftance , endurcie à la fatigue 
ic fière de fes exploits. Les opérations militaires de 
ce prince en Italie , dans les Pays-Bas &c dans pref- 
que toutes les parties de T Allemagne, fervirent à ré- 
pandre les tréibrs des deux Indes dans ces contrées. 
Les richeiTes & la guerre, non-feulement introduis 
firent chez ks différentes nations le mélange de$ 
mœurs & le rafinement du luxe, mais elles exci- 
tèrent encore les princes de l'Europe à Êdre des 
efibrts poufl augmenter leurs finances, maintenir 
des armées toujours fur pied , & être en état de 
réiîfter à la trop grande puiifance des papes & de 
l'empereur. Les différentes nations de l'Europe 
commencèrent à communiquer entr'elles plus 
•quelles ne lavaient encore fait. Les iouverains 
les plus éloignés cultivèrent l'amitié des uns des 
autres dans le deflein d'augmenter leurs forces 
par le moyetl de& traités & de fe mettre en étSLt 
d'exécuter les plans d'agrandiflèment ou de dé^ 
fenfe qu'ils aViient formés* Le génie Se le talent 
commencèrent à être en grande confidération, le 
feu facré de la liberté s'alluma dans les cœurs 
généreux , & fe déploya dans les penfées & dan^. 
les aâions ^ . en un mot l'Europe prit une face 
toute nouvelle. Lt$ deux Indes , fourçes de tant 
de changements dans la politique, devinrent l'objet 
des defirs de tous les princes , ainfi que des par- 
ticuliers qui joignaient à des connaiffances dans 



BANS L s No» m' îj 

la tt)fmogt2^Me , rs^Ofiomie &c la navigation » 
ùft codcagc î&ant & un 4:fprit élevé 9 & qui efpé+ 
raient exécuter les plus grandes entrepri&s. Il était 
difficile 9 dans de pareilles circonftances ^ qu'il ne 
fe trouvât pas chez les nations maritimes & com« 
merçant^ des gens qui s'of&iiTent à chercher de 
nouveaux pailàges pour aller ^aux Indes. 

I>epuis la découverte de la route des deux In* 
des 9 pr^que toutes les nations qui ont une ma^i- 
line ont eflàyé d'y aller par des mers diflFérentcs 
& en mcme-jtemps de découvrir de nouvelles re- 
giom. • - . - ^ . . 

Les borner qpe nous nous fommes prefcritcs dan^ 
cet ouvrage nous reftreignent à THiftoire des dé- 
couvertes faites dans le Nord-, cependant nous avon$ , 
cru néceflàire de lier notre narration par cette 
ïntrodudion , & nous obferverons dans, ce qui 
nous refte à dire, que les tentatives quon a Êiites 
pour arriver aux Indes par des roujtes nouvelles & 
plus courtes , que celles qu'on prend ordinaires 
ment, ont donné lieu à plufîeurs voyages dans le 
Nord* Mais quelques-uns de ces voyages ont été 
faits dans d'autres vues que nous aurons occafion 
de développer fuivant Tordre de leurs dates. 

Il eft cependant néceiTaire, pour mettre de la 
ptécifion & de la clarté dans notre expofé , de 
Héfigner les découvertes dont nous allons rendre 
compte, fous le nom des différentes nations qvtt 



16 DÉCOU^VERTES EX VoYAÔËS 

y ont eu part; c eft pouiquoi hous ifeom url récit 
fuccinâr dé celles qu'ont fiiitôs les Anglais. ^-^ les 
Allemande , le» Fiançait j- les Danois , les Rulfes ^ 
les Efpagnals & les Portugais -, &: nous finirons.pai; 
quclqiics obfcrvations générales; fur la phyfique j 
la zoplogîe, la- botanique:, b njiiaéralogie & rhifr 
toire de rhomine. Nous ajouterons enfin quelque 
chofe fur la poflibilité de trouycr un paifag« pat 
les mers du Nord, pour aller ckos jcelle du Su4« 



CHAPITRE PREMIER. 

Découvertes des Anglais dans lé Nord^ 

Sous JLe.regn0.de Henri Vïî , après U perte 
de toutes lejî provinces que les rois d'Angleterre 
avaient pcffédécs en France , & les longues guerres 
civiles qui avaient divifé' les jtnaifpns d'York de 
de Lancaftre-, y. l'Angleterre . étciit reflée dans un 
état extrême de foibleffe. La défiance &, l'éco- 
nomie de Henri contribuèrent particulièrement a 
ïnaintenir la tranquillité w dedans &c la paâx au 
dehors. Ce. qui fiit favorablç au commerce, :& 
les majtiufadtures commencèrent à s'établir de 
tous côtés. Les maurchands f« rendirent en foule 
à Londres de toutes les parties de l'Europe. Lt& 
Vénitiens & les Lombajrcky étaient en particulier 
fi nombreux^ que ces derpiers donnèrent leur 



nom 



bA'Ks LE Noftnw ;; %f 

abm à liîie me dé Londres. Les habitâtes dés 'villes 
Anféatiques y firent airiîî un grand commerce; Là 
découverte de rAmérique occupa tous les eQ)rit$ 
& fuggéra l'idée d'entreprendre des voyages poiii 
trouver de nouveaux pays, 

L II yftvait alt)rs à Londres lin vépiçiéti^nomi 
imé /e^m Cabota xm €at^c ^ qui avait trois .fils ]^ 
Louis ^ S04^ien & Séutckeiv Sébaftien quoique 
très-jeune , avait fait de grands progrès dans les 
lettrés &, en particuliêt dans la connaiffande de 1^ 
ïphèrèi c'eft-à-Klirés, dans les fcienees mathéma^ 
tîquès qui ont pour objet la géographie & la ha^ 
■vigation. La rénommée de Colomb êcie bruit dé 
les fuccès inrpirèrent à Sëbaftien lé défit d'acquérir 
ittUiffi dé la gloire par de fémblâblès entreprîfes; 
Henri VU-, en 14^5 bu 14^6^5 permit à Gaboc 
& à ks trois fils dé partir avec cinq vaifféaux fous 
pavillon royal poUr parcourir les mers de Teft^ 
dé Toiieft & du nord ^ & s'emparer des contî?^ 
hénts & dés îles appartenant aux payens & qui 
h'auiraiént point été découverts jpar des princes 
chrétiens. La treizième année du régné d'Henri VII^ 
Jean ^abot obtint la pérmifllon d'aller avec fix 
Vaifléaux de deux cents tonneaux chacun, feîre de 
hôuveliés découvertes > il ne partit cependant qu aii 
tomméncément dé mai 1497. Il n'avait . aloi^ 
î^àe deux vallféaux frétés & approvifionés aux ftais 
du Roi. Mais lés marchands de Btiftol epvoyèient 

Tome ÏL B 



1« DédOUVBRrrs ET SrO'^AQËS 
ivec Im trois ou quatle petits bâtimens chargée (ftf 
gtosdtâj» 5 de bonncwrie & d'autres marchandifes 
de peu<^ valeur. Il navigua quelque temps iàns 
Voir àûfiûae terre. Sofl équipage commençait k 
murmurer \ loifqu'enfin ^ craignant de le vcrir fe mu*^ 
tiner, il dïtigea plus au fud-oueft •, Sc^ après avoir 
Élit voile èiKi^e qu&lque temps ^ 'û découTtit le 14 
Jttin ttne terre qu'il tiômma Prima f^ifia (Première 
Vue ) par ^lifiiofi aux citocmftances où il fe trouvait 
lAoî». Lê?s Aftglais employant un mot à peu près de 
ia même fîgnification, la nommèrent Ntwfound-- 
•fa/i^/{TetTe -Neuve). D'autres auteurs difent qu'il 
tencoi^tti de grarïdes montagnes de glaCe-, que 
les jours étaient devenus plus longs, & que dan§ 
les lieux quil vifita il n'y bavait p(^t de glacés-. 
Quelques-uns prétendent qu'il s'avança jufqu au (bî- 
tantième degré trente minutes latitude nord ; d'au* 
très {)enfeflt qu'il n'alla pas piusioin que le cinquan-» 
te-huitièiî4e degré même latitude. Il nous apprend 
luî'-ntême qu'il ne s'éleva que jufqu'au cinquante* 
fixîème degré latitude nord, & que la côte dans cette 
partie s'étend à i*ôft^ ce qui femble peu probable» 
car la côte de Labrador ne court ni au cinquante- 
{îxtcme ) ni au cinquante - huitième degré à l'cft , 
& la cote de Groenland cft au foixante-feptièmê 
degré & demi. 

Je pcnferais >donc que Sîpaflitti Cahot vit d'a- 
bord Terre-Neuve vis-à-viit du cap de JSana 



b A NS L fe N Ri*i 
yijla. Selon la relariôii de Pierre Martyr ^ Catoi 
homma auffi cette térrë nouvdle Bùc^alaos , paric0 
qu'il trouva dans ces parages une grande quantité 
de gros poiflbhs <que les habîtans de ces lieuï 
nomment airifi. Ce mot eft proncbcé avec I9 
double // élpagnol, Baccaljaos, C'eft delà que lef 
Allemands & lés HoUahdais oht fait leur mot 
Kaibéljau doht la fighificatîon eft la même. Jo 
^réfumè d'après cela que Prima Vijîa , la premier^ 
terre que découvrit Cabot , était la pointe de Terrer- 
Neuve 9 encore appelée Cape botta f^ifta ; & cettf 
conjed:uré eft confi^iiiéé pair la fîtûation de l'îl^ 
Baccalao qui n'eft pas éloignée dé ctt endroit» 
Les habitans que Cabôt rehcontra étaient côuvej:t^ 
dé péaù:!^ daniniauXi II Vit auàî quelques cerÇ? 
& des ours blancs qui prenaient lé cabeiliaii dans 
la mer. îl trouva àuffi daniji ces lieuï des 6uico^ 
noirs ^ des perdrix &: des aigles de 1» mtmt cour 
leur. Il rèmarc^ua que les habitans avaient beau* 
icoup de Cuivre, 

Ayant pris des raèaîchiflemens daûs cette îlè> 
il fit voile vers le fud-oueft à-peu-près à la mêm» 
latitude que le détroit de Gibtaltar , & à la mêm^ 
longitude que Tîle de Cuba. Suivant cette re- 
marque de Pierre Martyr ^ Sébajlieti Cabot doit 
avoir été au(fi loin que la baye de Chefape^k 
tti Virginie. Il fut obligé , faute de provifions , 
de fotiger à fon retour j il emmeiva «vjîc lui trok 

Bij 



10 DÉCOUVERTES Et Voyagea 

liàbitaos 'de Baccalao ou Terre - Neuve -, mari 
comme on faifait alors en Angleterre de grandi 

. préparâtife pour une guerre cotitre i'Ecoffe , il 
ne lui parut pas probable qu'on fe déterminât à 
tirer aucun parti de fes découvertes : il entra 
en conféquence au fervice de TEfpagnc où il fut 
fait pilote-mayor y grand pilote. Il reconnut en 
cett^ qualité la côte du Bréfil & la rivière dé là 
'Plata. U eotreprit enfuitie quelques autres voyages 
pour rEfpagne. Il y eut auflî un Sébaftien Cabot j 
élevé au grade de gratid pilote d'Angleterre , par 
un ordre d'Edouard VI, en 1545 , avec 166 fter- 
Itegs 1 3 fcheliins 4 fols d'appointemens. Mais fi 
c'eft le même que celui dont nous parlons i il 
devait êtfre aloirs très-âgé. 

IL Nous ne voyons pas que depuis ce temps ^ 
fous les règnes de Henri VII & de Henri VIII ^ 
on ait entrepris aucun grand voyage au Nord; L'a* 
■varicJe da psemîeat Téloignait de toute nouvelle 
entreprife s & SébaJUen Cabot , quoiqu'il eût dé-* 
^couvert une grande étendue J« terre en s'élevant 
depuis ile cinquante-^bciéme jufqu'au trente-fixièmé 
degré de latitude nord, n avait rapporté cm Angle-^ 
terre de fa première expédition , ni or , ni argent^ 

' feuls objets qui déteuninaient alors à entreprendre 
des, voyages de découvertes. Henri VIII avec un 
caraârère voluptueux, cruel & violent, notait pas 

fait pour encourager ^ les*, navigateurs inftrtiits à 



I> AUtS hE N O R P* ' ai 

tenter des entréprifes qui tes autaient expofés à. 
fa tyrannie en cas de mauvais fuccès 5 de teiles ex- 
péditions dépendant (buviant des vents pouvaients 
prendre une tournure nialbeureufe. Après la mort 
de ce prince , arrivée en 1 548 , il y eut un Sébaf- 
lien Cabota qui fut non-feulement créé gs^nd pilote^ 
d'Angleterre, mais qui obtint en outre une penfioa 
de \C€ livres flerlings i) ichelins 4 den^pend^ist 
fa vie , en confldération des feryices qu'il avait 
rendus &: de ceux q^on attendait de lui. Ces 
expreffions femblent indiquer que c'était le même 
Sébaftien Cabot qui longtemps avant, en 1497," 
avait fait avec fon père , la découverte du nord 
de l'Amérique^ , de Terre - Neuve & de. la. terre 
di Laborador ( de Labrador }• IXaprès ce qu'il die 
lui-même:, il était fort jeune alors. Suppofons qu'il 
eût, en 1497, 2 2c ans, en 1^548» il devait être 
âgé de 7} ^ns. Ainfi, fi Sébaftien Cabot avait été 
un jeune homme & diiféteut du premies nayiga^ 
teur ( comme le père Bergeron le fuppofe dan^ 
fpn Traité des Navigations) , il aurait f^it lui-même 
le voyage dont nous park>n$ i Aa contraire , le 
titre 4^ gouverneur de. 1^ fociété des maigcbands 
formée pour découvrir des. terres inconnues, mon- 
tre aflèz qu'il devait être alors u^ homme d'une 
expérience confommée» Il eft done p^at>le' que 
ce Sébajlim Cabot 9. foit par mécoutentCfiM^t pu 
^ queiqu'autre caufe, avait quitté ta cour dé; 



|1 ^ D*0<>t?VBRTBS BT Vot?A(3»Si 

Chdiçs-Quiiit, Se était rçtourné en Angleterre. 
Pans <ks obfeyatioj^is qu U lit fitr fes voyages , 
tt elïà|^^ 4e prouver qu'il était poflîhle do trqavct 
m pa#ige par te noipd^ p^Ur allée ^ la Chine 
|£ aux Indes. 

• Une c€TOp^gnie de maTchafids forma une ;aflcH 
l^iatiM k h ^4^^ de laquelle il fut placé. Cettei 
fôciçti^ envoya tw{s vaifleaux, en 155} j foàs le 
iEX)mmandement du chevalier Hugh^ Wiilough- 
fey 5 fom fe^lre de noiwelles découyertes. Au mois 
de jfuin ils arrivèrent à Hafgolàndi^ patrie d'O/^eri 
«avançant plus loin U$ touchèrent à Rofi où Qui- 
fini avait hiverné, s'élcvatit encore dai^antage, ils^ 
virent L^a( ^ Sejfnam (Senju). A la vue de cette 
tic , i'Ëd<Hiard - Bonaventûre , commandé par le 
çapitsdnç Richard ÇVncçllor , fot fçparé du yaif 
feaa amiral paç une tempête. L'amiral bi^aitÔG 
après vît la terre , mais U ne put y ahordçr à, 
•çaufe dçs glaces & des bas-fonds. Il fupppfa qu'il 
é&k a c^nt fo^xante lieues dç Sej^nam , dans la 
liirei^on d'eft pat nord, &c au foixante-dpuàèmei^ 
èzgci latîtede nord. Jl pouvait cçnféqu^mnxent 
Wc^r touéhé à la côte dç Kola. Peut-être ^ttt 
tçrrè ét^it-elle la cote de la Nouvelle-Zemble , 
ou k%9' è^ Ki>lff0w. H pattrit fe dirigeant ^e nou-- 
veâii vers^*roiueft & ab^tdat enfin dans un havre à 
l'éripibott^hm^ dW rhdète, où il fê détermina à 
î^^èçr. Mà^s ils y périrent tops ^ foit qil'lla aient^ 



iSté atteints dn fep4>^»'fQ^ quUis nai^nt^ pa& eu 
aiTez d^ boîiS ppur ikçhvdffex. U faidlt aé»aK>iai 
jpax iQ& nut^&clct qy^n tiouva^: «près citai ^idani 
ces li^pc^ qu'ils ét^is^ ^co$€i vivants m^mofti 
de janviei: 1 5 54. I«3^ à^h^ oti le poxstoà k db«f 

1^ ce. nom eiur^ iS^a/aiSr.ib. cap qbe Im R«ft^4ip4 
i^^iï^nx S'^jioi-^N^ffi .Gu il: neft'^pàs"p!»b«i>i# 
que Witto^^by' dt vu 1» Spittbecg , ccœme^ W.aod 
taflur^ X^ fartk; V pLt»: au ^ t<b Spûzbec^ 

degrés; ^11:$. w= aip^rd qm. k;^ tecre* ^iff^iUmgUtyè 
Tikk que* WiUwgkky^.ètSi i ht. v» às^r cetco: 
f^tr^ ^ h BoîUi « Con^md^L ci9Pi0i«lQydé»;.pai U 
capitaine^ Dufforih y&it i'ép&cée^ pac léïK^ JaiMsfi^ninr 
pêt^&. fCfôurna en Angleterre» Êe^ wifeai* U B«^ 
nav^tii^e> commande paa^ RicfeMrf> CJl?iw:gl loc^ 
àb^^. ail- p^rt 4t:5ai»^•Nif:Qte'5. À^i^mtouliiur^ 
dflt U. Xh^ma ;^ i8c CbjJac^llop alla.' voit If, «ar 

a^îl»ïtii^U}aiH^:bi^ttc<»ipJ5^4&^ ' 

Tamîes:i n^ai$ tts- laKaloflU? dbw^^^oôiif^nrtnt f^ 

tmiçSf^ M ^otMnuititaide: idp pacii)es.fd]iK;ipai9téss 
tii^x^àmk plus .<^W- f<$iriL Êiuy<ràn^ \^:^nà^ 
AiCfl dipite la. psLiUiôoCfr à»M^ dev^U^ &w i^^ôniidâ-^ 

B i^ 



/ 



^4 Déc-dUV'ERTES ït VO^AO»* 
f abte par- cw:« xéuBCom Qdt empre n'^ de pmir 
j&nces dcisétiennes Umittophes ^^ quq k Pôtegne» 
ia. Livonîe & -b Suèd^^ maisi s^i( fii^ it a pour voi« 
fias. les. l^t»cs , l«s Tàitiû^^le» Pçi^es Se d'au- 
tres' Baâons peu dvififêes. Cette fituation était- 
^ufe: que ies négodas» d^s yUles Anféanques; 
«ment, potu^ faise-te^ commerce^ un* grand aVat»-. 
tagctite- ceuk de la Rtt(&, Le czar devait dbnc 
voit a^ec IsftisÊtâion les Angtois" dacis (è& ports». 
Auffi iL leur fit les oStcs les plus ayantageafès ^^ 
jteu£ accorda les plu» gvauds privilèges &• les traita^ 
avec beaucoup d'égatds.^ <!i amicié. Richard Cha»r 
i)elk>»> vendis, &( cargaUoa, prit- d^u&es marcban-. 
difeà «El éctiange de celles: qu^l laiflkit, So s'en 
tetourna exL.i 5 54, en Angleterre, avec- une lettre^ 
idu. çzax h/a^ Jf!affi»kwajih.^ B trouva à ibn 
arrivée l'Angleterre gouvernée pas^ h reiâe Msgrie 
qui étaî& 'montée fur le-orâne s^ès- la lapr^ à^ 
^ feèrevJEcfcaïaid VL :î 
^ liL Lesiatani^ages ^i réfûltèrent dja G^premtex 
:v'oy>age ea Ruâîe ^ eogsi^ceoc la. compagnie sok 
glai^ àtixer ^tom le paeti polfible de cet lieineeux 
'çvéQ^Mi 3C(des dîipo&ion5vfav<yables cki giÈrâc^. 
^iuc./^aiTcSBeiJV&zri^ Se PJkUlippe H"^ roi <fE(pa>?. 
cgne^ foa^épdbx ,,.{e^ firent ua pki£r d'aecord)ir à 
t^. fsompagiée^apià s'engageait à paiooum ies fUeri; 
4ur nord, Hprdhqft fie* iKMvI-oiieft , £bu^, kdîxeâtoti 



1> A NS t E No RB. ij 

fflcîviléges. Leurs majeftés écrivirent auflî une lettre 
au czar^ jfc éoimèrcnt pouvoir à Richard CAvzit* 
celior 9 Georges KiUingu^onk êè Richapd Gray^ 
de traiter avec ce prince de tout Ce qli^i coucerfiait 
le commerce & les privilèges de la nouvelle com< 
pagnie qu'il voulait favotifer. Ces plénipotentiaires 
partirent avec de nou^Mes marchandijfes , fur 1^ 
vaifleaut le^Mâvé/i^i^f-e, le Philippe ê^ Marie ^ 
ils furent trèsT-bien reçus du czar, ils en obtinreflt 
ia permiflSon de vendre leurs cargaifons , & le 
firent avangeufement à Kolmolgori , Woloj^a % 
iéo^ou &; Gi?and*- Novogorod, 
^ Ainfi la compagnie angiaiie fut amplement dé- 
dommagée des peines quelle avaft prifes pour 
trouver un chemin plus court quieonduint aut 
indes. Cependant elle continua de recommander 
à fes marins de faire des recherches exaâies pour 
découvrir la route des Indes & de la Chine. 

Dans Tannée 155^5' les deux vaîifeâux par- 
tirent d^ la Du4na de de la baie Saint-Nicolas, 
fous le comnumdement de Richard Chancellor Se 
retournèrent en Angleterre. Dans le même temps 
ou avait appris la deftinée des deux vaifièaux per- 
dus dans le profiler voyage, & la Bonna^EJpe-^ 
ranjà 9c h Borma - Confidenûa retournèrent en 
Angleterre avec de riches cargaifons. Le grande- 
duc , lv<in WajUklùwitfch , avoit envoyé fur ces 
^^âèaiix çpimnandés par ChancdUbr^ un-^irmbft^^ 



I.tf DécayvERTEs ^T: Voyages 
dpur avec la fuite f en Angletetcre. MaU de toip 
ces vaiiTeaux» un feul rentra 4ans If s po(ts d'An-t 
gletecre,. to^s les autres fur^ti p^du$^ Ricbacd 
Çhantellor périt5&ra{iibaâkdwi Ofip {Jcfephy 
Nepea eut 1^ plus ^and(^, p^ie^, iJauv^ f« 
vie fur l^ côtes . d'Ecoil^ ^ il ^^rdit^ toutes» fes 
niarchandifes & les préf^s qu'il, portait çn An-- 
^leterre. Dès quq ç^ accident fut cotiliu w An-, 
gleterre ji on envoya chercher 1 amha^^r » qui^ 
fut magnifiquement reçu à Londre;S«: la^ cpoipa^. 
gnie lui fit de riches pré^s %$c i^ r^^soya en 
Ruffie fur fes propres vaiflèaux.. En ij,57» le W 
(8c la reine lui ^cordèrent uJie audience où. ils le. 
xeçurent ttès - bien, & lui donnèrent des piséfens. 
pour lui & le grand - duc. Los vaiflèaux angUi$. 
continuèrent à aller tous les ans- en Rufne^& f 
firent un commesce très-avantagiaux que Oaot- 
zick & les autres villes Aoifêati^jiie^ s'efon;èfefl% 
cnvain de détruire. 

, . IV. La cpmpagnie envoya » en ^ffC^ une pî--^ 
naflè, fous le commandement i* Etienne., Sur-- 
rough ou Burrow qui avait £|it le prçmict voyago: 
avec Richard Çhancdhr en qualité de cofitxe^ 
jnaîore, en 1553. Ce vaiffcau Amplement deftiné^ 
aux découvertes , fut nommé k Searchthrift. \ 
leur départ, le gouvorneur de la compagnie, Sé- 
baftien Cabot, leur rendit we vifite» ôf.çû 11?- 
nommait U htivmlUrd^ comme 00 kvoijc da» 



BAÎWS LIE NOUB. 27 

tihe relarion de ce voyage. Ceûte expteffion fera^ 
ble une preuve évidente que ce Sébûfiien Cabot e^ 
le même que celui qui découvrît Terre-Neuve , & 
$*il avait vingt-deux ans lorfqu i| fit cette découver- 
te , il devait en avoi« alors quatr6-ving^un• Bur^ 
rougk relâcha à la côte de Norwége^ vît Lafot 8c 
Je Nord-Cap , qu il avait nommé ainfî dans fofi 
ftfemiet voyage de Tantiée 1 5 j î 5 îl vint enfin i 
Cola. Delà il fit voile de conferve avec quelques 
peftits vaiffeaux ruflès ou lodje , jufqu'à Kartyrt" 
Nojfoa Kanda Noff. Dès qu'on a paffë le cap de 
ijette île ^ on trouve les vents d eft , nord - eft 
& nord , qui foufflent de plus en plu5. Il relâ- 
cha enfiiite à trente lieues delà par eft-nord-eft à la 
baîçde MorfchioH^e^ ( Morzovetz) pat le foixante- 
huitième degré vingt minutes latitude nord. Delà 
il courut vingt-cinq milles à left; & à huit lieues 
f^u nord par ouçft j^ il trouva Tîle de Colgoive-' 
( KolgowrOftrovL/ ), Il vint enfuite à S vetinocc 
ÇSwjœtoir-Noff) , & bientôt après à l'embouchure 
Jangeroife de la Petfçhora. Toute cette côte eft 
çoïïvertç de petites collines fablonneufes. Enfin , 
il toucha à la Nouvelle - ?Qmblç ( Nçwland ) & 
^ux îles de Waîgats {a). 

-■1 ■ I, ■ ■ ' I ■ ■ 1 . 1 . ■ ■ ' ■ ■ ' ' . ■ ' ' ' " ■ ^ *- 

' (d) U^aigàis^ ftion ropînian de quelques ûvar.ts , 
i^tent de l'hollandais i^^iAzVM, c*eaà-&e,fouffler, vcntet'^ 
ac de gat^ creux ou étroit, & eft appelé Waigat, pecçc q«e 



^8 DÉCOUVERTES ET VOYAGES 

.-■ Mm Burrough trouvant qu'il était împofl3)le 
d avancQt plus loin à caufe des vents de nord-eft> 
Çc de la grande quantité dç glace -, outre cela le$ 
nuits commençant déjà, au iz d'août 5 à devenii 
très-obfcures , fe détermina à retourner fur fes pas 
& à pafler l'hiver à l'île Colmogori } quoique leç 
Ruifes lui montraffent les avantages qu'il retiro- 
lait dans k voiHnage de TOby , à caufe de Ix 
grande quantité de morfes qu'il y trouverait. U 
ne vit pas, dans la Nouvelle-Zemble, un feul 
homme , mais il apperçut beaucoup d'oifeaux, 
quelques renards blancs & des ours de la mêmç 
couleur. Sur le continent il vit les Samoje-r 
des , nation payenne qui habite les bord$ de. I9 



dans ces détroits le vent (buffle avec violence. Maïs comme^ 
ces détroits étaient déjà appelés Jf^aigats ,par Burrougb^ 
avant que les Hollandais le$ euilènt vues , & que les AngJaisL 
leur avaient entendu donner les noms de Nouvelle-Zemble ^ 
& des W^aigats par un ruffe appelé Loshak ; il fuit que ce 
nom efi plutôt ruffe qu'hollandais. Barenti trouva (hr la Nou^ 
velle-Zemble quelques figures gravées (ur un promontoire 
près le détroit, H le nomni^ pour cela, Afgoedenhock ( le 
Cap des Idoles ) : dans la langue efclavone , Wojcit, fî- 
gnîfie graver, faire une figure. IVajatï-Noff^ (îgnifîeraît 
dohc cap gravé , ou cap des images. M me paraît que c*eft 
la vraie origine du mot Waigats l^ qu'on pourrait appe« 
let très^proprcment Wajdtclft'v^oi PtoUwt Détioît doa 
Images^ 



i 

ft À N s L E N b R n. 10 

î?ètfchora ^ Us étaient déjà fujets de la Ruffie, & 
vivaient affez en paix. Ceux qui étaient établis fut 
les bords de l'Ohy , étaient cruels & fauvages* 
Burrough RysiTit paffé Thiver en Ruflîe , retourna 
en Angleterre dans l'année 1557 , & fut fait 
enfuite contrôleur de la marine royale, 

V. Les tentatives pour découvrir un pa0ag« 
par le nord - eft pour aller aux Indes ^ ayant 
échoué , on conçut de nouveau l'efpérance d'en 
trouver un par le nord oueft. Pénétrée de cette 
idée, la reine Elifabeth envoya en 157^, Martin 
Forbisker &vec trois petits vaifTeau^. Lé 11 de juil- 
let, ce- navigateur vit une terre par le foixante- 
linième degré latitude nord, qu'il fuppofa être le 
Friejland de Zeno. Il trouva dans ces parages 
une grande quantité de glace ^ le 2 8 du même 
"mois, il vit encore une terre qu'il prit pour la 
côte de Labrador. Le premier d'août il apperçut 
une troîfième terre & trouva une grande île de 
glace qui s'éclata le lendemain avec un bruit 
effroyable. Le 11 du même mois il était dans 
un détroit, quoique cela ne fut peut-être qu'un 
golfç. Après qu'il eut fait quelques préfens aux 
fcabitaûs, ceux-ci vinrent voir fon vaiflèauj le 
jour fuivant l'un d'eux vint à bord fur la chaloupe & 
fot enfuite renvoyé à terre -, mais les cinq mater 
lots qui l'accompagnaient , defcendirent.avec lui , 
malgré les ordres qu'ils avaient reçus» & difpa^ 



)o Decoûvèêtes et VoYAéÉs 
tarent avec la chaloupe |j depuis ce temjpà 6H 
0*en entendit plus parler* Forbishcr fe faifit d'un 
naturel de ce 'pays & remmena avec lui en An^ 
^tene où il mourut bientôt après foh arrivée^ 
Pdtan. lés. objets que Forbishér apporta avec lui^ 
il Hiontraiine pierre noire » brillante Ôc trèspé^ 
feite. C'était la marcaffite dot ( Piryusaureus 
de tÀnné)^ qui contient iiné aflez grande .quaû-» 
ttté d or* 

VL L or trouvé dané tèt±6 pierre fut caufe que 
la ibciété fe détermina à envoyer dn 1577, trois 
autres vaiiTeaUx. Forbisher en fut encore nommé 
)e chef/ A la diibnce dé fix journées des Orcadesî 
il rencontra des boi^ âottan$ ^ pouffes continuel^ 
iement par des courans qui allaient dû fud^oueft vf^ 
le nord-eft- Après avoir fait Voilé pendant ving?-» 
£ix jours dans la direâion de l'oueft & nofd-oueÀ^* 
il vint des Orcadés à la terre qu il avait d abotd 
ptife pour le Friejland^ bientôt après il rélâcha 
dans le détroit de Forbisher, ou tout était cou-* 
vert de neige & de glace y qûoiqu on fût aldri 
au 4 juillet» Cependant il ne pouvait fe perfua^ 
lier que le ficoid fut ailêz fort poux faire gelet 
l'eau de la mer, parce que la différence entre U 
âme & le réflux était de plus dé dix brafféSé 
Forbisher trouva dé la glacé à ime difbnce de 
plus de mille milles de la terre *, mats cette glatit 
était founée d'eau dcmce. On né pouvait pias con* 



* ï) A-N s L E N O R D4 3 1 

tévoir alors comment cette glace avait pu fe dé*- 
tacher de la msffe entière dajis une latitude où 
1 air eft d un froid il péaétrant j & où: les tayoM 
du foleil tombent fi obliquement^ que cet aftre 
même à fa plus^ gr-ande hauteur 5 ne seleve que 
de vingt-îarois degrés trente minutes ai-delTus de 
rhorizom II fallait qu'il y eût des torrens rapide]^ 
d'eau douce 9 ou au moins une grande inondatioa . 
pour pouvoir détacher ces mailès énormes de glacé 
& les charrier à la nier. Fprbisher n ofant appro- 
cher de plus près avec fes vaiiTeaux^ à caufe de 
ces glaces 5 defcendit à terre avec fa chaloupe; 
& après avoir tout examiné 5 ilfe failît d'un na^- 
turd du piys -& s'en retourna à bord.- Il rapporta 
que J'intérieuï de ces montagnes ftérîlcs& pelées 
recelait probablement de grandes- richeffes. Ayant 
pris terré dans quelques autres lieux , il effaya 
toujours de fe faifir de quelques naturels , mais ils 
fe défendaient quelquefois courageufemcnt avec 
leurs flèches dont la plupart étaient armées de 
-pierres ou dos aigus, & quelquesHiries de pofai- 
tes de fer. . - . . . i 

Les Anglais de leur côté fifcnt feu & en bleC- 
:sèrcnt quelque^uns, qui, pour ^vitet d'être pris, 
•fe noyèjîentj adion qui parut très- extraordinaire 
jftux< Anglais , eux qui cherchaient i les guérir de 
leurs bieflures , & à les emmener* en AngleterfÀ , 
\ Xes Groenkndais- èmployècetit toutes fortes d'^c^ - 



ji DÉcotvÈàïES ET Voyages 
^HÊces pour attirer à terre les étrangers , au poîht 
que Tun d'eux feignit d être boiteux ^ & un autre 
de remporter. Cependant ils ne purent s'empa- 
rer d aucun Anglais. Ceux-ci au contraire, iefirayè- 
tent tellement les Groenlandàis par k feu de leur 
moufqueterié 5 que ces prétendus bkffés s'enfui- 
rent bientôt avec autant dé vîtcfle que lés autres; 
Xes Anglais examinèrent leurs huttes Biites dé 
peaux de rennes Se d'autres animaux. Us trouvè- 
rent quelques-uns des habits dés cinq Anglais 
jijui s'étaient perdus l'année précédente. Ils virent 
auili quelques miférables habitations des naturels | 
ce n'étaient que des pierres amoncelées. Vient en- 
fuite la defcription de leurs barques faites pour 
un feul bommi^ î de leurs vêtemens & de leurs 
meublés. 

De deux femmes quils trouvèrent , Us èti 
prirent une avec fon enfant qui était blefTé , ils 
laifsèrent l'autre à terré » à caufe de fon extrême 
laideur. Les matelots fôupçonnèrent cette fèm^ 
me d'avoir lés pieds fourchus ^ mais après lui 
avoir ôté fa chaufluré , ils virent qu'elle lés 
avait Gonuné ceux de tous les autres hommes^ 
Ils prirent quelques pierres luifantes & revinrent 
en Angleterre. Pendant le voyagé , les prifon»- 
niers grojsnlandais ^ hommes &c femmes » Cà 
ciompbrtèrent «vec une décence & une modeftie 
qu'on n aurait pas. atteiîdu^s d« leur part. Lé vaif- 

feaii 



dakslêNord. 3} 

ttan amiral fut féparé des deux autres par une 
tempête. 11$ arrivèrent cependant heureufément, 
l'un à Ëriftôl, l'autre en Ecofle, & l'amiral à iWi/- 
ford'îlavefi. 

Les remarques de fauteur du' voyage de For-' 
bisher (ur les courans, qui charrient la grande quan- 
tité de bois flottant qu on rencontre dans la di- 
icdion du fud-oueft vers le nord-eft, opt été 
depuis fréquemment confirmées -, car , c'efl par ces 
courans que les bois & les fruits de l'Amérique font" 
poufles fur les côtes d'Irlande, d'Ecoffe, des îlé^ 
Feroe & Weflern ; ainfî qiie fur les Orcades , & 
les iflès de Scketland & la Norvège. Il efl pro-^ 
bable que les pois & les fèves noires SSc rouges 
qu'on trouva au troifîème voyage dans les butes 
des Groenlandais, avaient été portés par les mêmes 
courans. On avait fuppofé quç c'était des fruits 
de Guinée , mais il efl à préfû^ner qu ils font' 
la régUfle des îles ( Abrus precatorius. ) Les 
iflandais tirent de grands avantages de ces mêmes 
courans qui leur fourniflent du bois à brûler. 
Les peuples qui habitent là Nouvelle-Zemble ^W 
Spitzberg , le Groenland & même ceux des côtes 
fepteritrionales & orientales de la Sibérie , trou- 
vent au0i beaucoup de ces bois flottails qui leur 
font dVn grand ulâge pour bâtir leurs demeureSj(, 
îiînfi que pour le chaufFagje. 

Cette partie di|- Groenland découverte par For* 
^om^ IL C ' 



34 DÉCOUVERTES ET VoYAGES 
bisher , fituée. plus, au fud qu'aucune partie de 
riflande & que p'ronthcim en Norvège, eft ce- 
pendant beaucoup plus froide Se plus environnée 
de glace que ces, derniers lieux; ce qui paraît 
dépendre des' caufes fuivantes : le Groenland s'é- 
tend beaucoup plus au nord, il eft coupé de 
havres qui s^avancent profondément dans lès terres 
où il fe forme des mafles énormes de glace par 
les pluies du printemps, & les monceaux de neiges 
qui fe précipitent des rochers élevés. Ces mon- 
tagnes de glace entraînées par la marée & les 
torrçns font portées à la mer. Elles y font fi nom-, 
hreufes, que dans les- détroits entre Tlflande & 
le Giîoenland , lorfqu elles font preflees par les 
gros temps , elles s'arrêtent fur lès fables & les 
bas-fonds , & forment , en fe réumflànt, de vaftes 
champs de glace. ; leur hauteur eft telle , qu à' 
peine la quinzième partie de ces mafles s'élève 
au-defïus des eaux, tandis qu'il y en a plufîeurs. 
milliers de pieds au-delïbus. Conmie elles cou- 
vrent une grande partie de rOccah , les vapeurs 
delà mec qui font ordinairement tempérées', nç^ 
peuvent arriver au Groenland , ou du moins qu'eti 
petite quantité , ce qui doit prodigieufement y 
augmenter Tintenfîté du froid \ fur-;out lorfque les 
vents du nord déjà très-froids , foufïlant fur ces 
plaines de glaces. Te rèfix)idiflèrit dé plus en pliis^' 
jufqu à Ce qu'ils deviennent Infoutenables. 



D À N s L E N O R D. j j 

Oél rencontre ici une preuve de la cruauté qui 
îat taïadérifé par-tout les découvertes des Euro-- 
péc^fts. On avait réfolu de fe faifir.de ces mal-> 
heureux fans trop favoir ce qu'on eh- ferait ^ &: 
Vxfîi prétendait que c'était pour leur, bîeln. Il n eft' 
pas fuiprenant que ces gens Amples ne pufîeht^ 
pas fe foïnier une Idée auffi avantagèufe deÙa hïttt^ 
veillance de leurs vainqueurs qui portaient la défb-^ 
lation <lans leurs familles & qui dévaffcaent Teèr^ 
payisV Le^ Européens s'imaginaient fasis déuïpe que' 
paAfer, les bleffures qu'ils^ leur avaient faites ^ 
auprès les avoir privés de leur liberté -& fouvcntf 
de- leurs membres, était Une très-grande récem-^ 
penfe. Enfin, le défefpoir irifpira à 'ces peuplèi- 
tourmentés la vigduréirfk iséfolutioti de préférer là^ 
mort a une iodgaè •& ddûlou*eufe captivité. Ce 
qui priva ^lufieursf familles de ceux qui lès prô*-' 
tégeaient & les expofa à; mourir de faim dafis' 
ées triûes & mîférables cofitrées. Mais fiippofons 
que les Européens aient tu la' loUable intention' 
dé leur rendre fervice & dà les iilftmire dans IsT 
religion chrétienne ^ nous; ofons lâffiirer que ces 
irtoyeïis Vîolens n étaient rien moins qu^ la méthode 
la {^lusr (joôvehablè pour rermplir cet objet. Quel 
attrait 1^ religion pouvait-elle avoir pour un peuple 
^u oii f^îfâit géinîr fous la plus durer tyrannie, 
& qui ne voyait que la violation dû premier des 
préceptes; de la -religion qu'on dui - prêchait j, L'biii 

Cij 



3^ DÉCOUVERTES ET Voyages 
inanitë. Mais ce que ces prétendus apôtres du 
chriftkniftne cherchaient avec le plus dapplic?(ition, 
c'était où Ton pourrait trouver de 1 or. Tunique objet 
des vœux de tous les Européens. Fait qui prouve juG- 
qu a la démonftratîon, que leur zèle pour la conver- 
lion des âmes n'était que le prétexte, & que l'avarice 
'& la (bifdes.richeilès étaient le véritable motif de 
tous les voyages qu ils.efitreprenaient. Cependant la 
xapacité&la cruauté qui lesdiftinguait lésa cou* 
yert5 d'une bpxite . inefiàçable , & n'a fervi qu'à 
dépeupler des régions où la nature n'eft déjà que 
tjrop avare de Tefpèce humaine. La modeftie & la 
décençip jde . deux Groenlandais qu'on amena eti 
lAngletWie filt auffi.uo fujet de gçand. étonne- 
tnent, çbi^nime iî la chàft^é &:: la vertu étaient le* 
paçcimoine des Européens. Mais noii -, c-eft chez 
les nattions les plus barbares qu'elles fe trouvent 
dans leur'.pUis grandej pureté. -. 

Enfin, que pouvoiisrnous penfer de chrétiens 
qui prenaient pour un diable une vieille fenime 
peu favojcifée par la nature ,.& qui ne furent con* 
vaincus- du contraire, que ioifqu'ils virent jqq'elle: 
n'avait pas le pied fourchu? Des hommes cour- 
bés fous le^joug de la fuperftition fgnt.pqu ^ifs 
pour éclairer d'autres hommes , & ceux qui trai- 
tent fi inhumainement, des pelles auxquels il$ 
jfont forcés, en dépit des préjugés, de reconnaître^ 
l4e folide^ venus ^ ne font nullement ^v:>^rx&}i^ 



DAMJ5 tS NOK0, ' '^7j 

prêcher l'évangile , qui ne refpire que refprît de 
douceur 5 de paix^Sc de charité. 

Toutes les defcriptions qu'on a données de$ 
mœurs 3 des habillemcns , des inftnunens & du 
langage de ces Groenlandais , prouve que leurs 
defcendans n'ont point changé les coutumes qu'ils 
en avaient reçues •, ces flèches armées de fer, 
ces couteaux qu on a trouvés alors chez eux , prou- 
vent, à mon avis, qu'ils eftimaient le fer qui 
avait été apporté dans ces lieux par des naufra- 
ges. Il me femble également probable , qu'ils 
pouvaient avoir confcrvé de génération en gêné-" 
ration une partie du fer qu'ils avaient acquis lors 
de la deftrudîon de la colonie Norvégienne. If 
eft vrai qu'il s'était écoulé plus de neuf cents ans: 
depuis cet événement mémorable. Cependant cette 
cfpèce d'économie ne paraît nullement invraifcm- 
blable. Car en 1773-, f achetai dans l'île de U 
nouvelle Amfterdam* , un petit clou qui y avait 
été lailfé ett i ^43 , conféquemment cent trente 
ans auparavant , par Abel-Janfen Taftnann.^ 

VII. La reine Elîfâbeth fut très-fatisfeite Ae^ 
découvertes de Martin Forbisherj on examina fbn 
rapport , aînfî que ta pofSbilité- dit pafl&ge: à lia 
Chine , & tes avantages qu'on pourrait retirer de 
la mine d'or dont il avait apporté des échantil- 
lons ^ tout cela ayant été mûrement confidéré;^ 
on réfolut de bâtir un fcr4r dans le pays ripuvdt* 

C )if 



38 Déûp.uvERTES Eï Voyagea 

len^ent découvert, auquel la^ieine avait doîmé 
le nom de Meta Incognita ( Borne Inconnue ), 
& dy laiil^r pour fa défenfe cent hommes , & 
trois vaiffeaux fous le commandement des capir 
taires Fenton , Bejl & Filpot. Ces cent hommes 
confiftaient en quarante matelots, trente pionniers, 
& trente foldats ; il s'y trouvait des boulangers, 
des lafineuts d or, des charpentiers & d'autres gens 
légalement néceflai^es. On équipa quinze petits 
vaiffeaux pour cette entreprife , dont on donna le 
commandement à l'amiral Mania Forbisher. 

Ils partirent iiHarwich le 3 1 mai de Tannée 
1578. Lorfqu'ils curent pafle l'Irlande, ils rencon- 
trèrent un grand courant dans la direâion du fudr 
pueft au nord-eft. Us découvrirent, le 20 de juin, Iç 
ïf^eJl'Friefland qu'ils nommèrent alors Angleterre 
.occidentale , & y étant defcendus , Us en prirent 
poiTeflipû. Us virent des cabanes ou des tentes 
dont la forme &ia conftruétion leur parurent par- 
jÊiitement femblftbles à celles des cabanes qu'ils 
avaiept vues dans le Meta Incognita* Les habl- 
tans ayant pris la fuite, les Anglais entrèrent dans 
leurs tentes., ils y trouvèrent une boete pleine de 
petits clous , des harengs falés & des planches 
fort bien faiteis.. On en conclut que ce, peuple 
commerçait avec quelques nations civilifécs , ou 
qu'il y avuit d'affez bons ouvriers parmi* eux. Ou 
ftoMvat.près delccs butps, quelques chiens j on en 



ï) A Ns L E Nord. * .3^ 

emmena deux en place defquels on laifla quelques 
préfens de peu de valeur , comme de petites fon^ 
nettes ^ des miroirs , & quelques autres bagatelles. 
Les baleines étaient auffi nombreufes dans ces 
parages, que les marfouins dans les autres mers. 
Le vaifTeau , la Salamandre , qui allait avec un 
' bon vent, donna ii fort contre une baleine ^ que 
la violence de ce choc l'arrêta j la baleine fit 
un bruit épouvantable, s éleva fur l'eau, mais bien- 
tôt elle fe replongea dans cet élément. Deux 
jours après, ils trouvèrent une très-grande baleine 
morte qu'ils crurent être celle qui avait été frap- 
pée par le vaiffeau la Salamandre. Ils ne purent 
ientrer dans le détroit de Forbisher à caufe de la 
grande quantité de glace qui s'y trouvait. L'ami- 
ral qui penfait que la mer ne pouvait geler fur* 
tout parce que la marée monte à dix brafles dans 
ces lieux, où ils trouvèrent des glaces à cent milles 
de la terre , penfait qu'elles étalent formées d'eâu 
douce, en effet, lorfquon les fit fondre, elles 
xendirefit de l'eau qui n'était nullement falée. 
Elles -avaient , fans doute , été chaflees par les 
vents d'eft & d oueft qui foufflent très-fi:équem- 
ment dans ces parages. Ces énormes glaçons chan- 
geaient fi fouvent de pofition ijue les vaiffeaux 
couraient les plus grands dangers. La batque la 
Dennis , coula à fond pour avoir heurté contre un 
de ces glaçons j heureufement qtt'ayant tiré un 

C iv 



'40 DéCOÛlTÉRT^J ET VôlTAGEi 
coup de canon à temps, tout l'équipage fut fai3H 
vé. Mais le vàifleaiî fiit perdu avec une partie 
du bois qu'on avait préparé pour conftruire les 
habitations de ceux qui devaient hiverner dans ces 
parages. 

Une tempête qu'éleva le vent de fud-eft mit la 
flotte dans un dangisr imminent. Les vaifleaux étaient 
fi fouvcnt environnés de ces immenfes glaçons qu ils 
eurent la plus grande peine à fe garantir de leurs 
chocs réitérés. Enfin, un vent de oueft-nord-oucft 
difperfa toutes ces glaces, & délivra la flotte de 
ce preflant danger. Les Anglais fe rapprochèrent 
de la terre , qui était fi * couverte de neige & de 
brouillards, qu'ils ne pouvaient diftinguer où ils 
étaient. Un courant très-rapide entraîna les na- 
vires hors de leur route dans la direâ:ion du nord- 
cfl: au fixd-oueft. 

Forbisher croyait que la caufe de ces courans 
dépendait de ce que la mer qui coulait confl:am- 
inent de la baie du Mexique vers Tlflande & la 
Norvège , trouvait fiir ces cotes une réfifl:ance 
augmentée par un courant venant par lé Cap- 
Nord de la mer de Sibérie , & était repouflée 
avec fi^rce fiir la côte nord du Groenland, où 
elle continuait à être poufiee le long de la côte 
dans la direction du nord-efl: au fiid-oueft. 

L'amiral envoya le vaifleau, le Gabriel^ dans 
une paffe d'où Ton pouvait entrer dans le déttoit 



: DANS t E Nord. 41 

de Forbisher ; il examina avec foin les îles nom- 
breufes qui s'y trouvent & foutint avec courage 
les mutmures de fon équipage; enfin, après avoir 
lutté une féconde fois contre les dangers d'une 
nouvelle tempêtes U arriva heureufement dans le 
détroit de la ComtefTe de Warwick. Defcetidu à 
terre 5 ion premier foin fut de chercher des miné- 
raux. Il obferva que dans les vallées 9 lair était 
quelquefois extrêmeniient chaud ^ mais que pour 
peu que le vent (bufflât de delTus Içs glaces , ii 
changeait cette douce température en un froid 
extrêmement pénétrant. 

Trois vaiiTeaux que la tempête avait féparés de 
la flotte, tinrent long -temps la mer au milieu 
des plus grands dangers. Enfin , ils gagnèrent un 
havre où l'équipage répara les vaifleaux. Us conC- 
truifirent une pinafTe avec les pièces de bois qu'ils 
avaient préparées à ce delTein , & avec laquelle 
ils fe mirent à chercher l'amiral qu'ils réjoigni- 
rent. On fit alors l'eflkî des mines que le capi- 
taine Bejl avait trouvées , ainfi que de celles qui 
avaient été découvertes par l'amiral 5 on les trouva 
aflez bonnes pour en charger les deux vaifleaux* 
On ne put fe réfoudre à laifler perfbnnc cette 
année dans ces lieux -, la faîfon étant trop avan^ 
cée , Ôc les bois pour la conftrudion des habita- 
tions , ainfi que les povifions pour les cent 
hommes , ayant été perdus. 



42 DÉCOUVERTES ET VOÏAÔËS 

Ils avaient fixé leur retour au dernier jour d^août; 
mais une violente tempête les obligea d'appareiller 
plutôt» Pendant tout le voyage ils ne perdirent 
que quarante hommes fur toute la flotte. 

Lts habitans de ces contrées étaient extrême 
ment timides. On fuppofa que ces peuples com- 
merçaient avec quelque autre nation, parce qu'on 
leur avait trouvé du fer en barre ^ des aiguilles Sc des 
boutons de cuiVre dont ils ornaient leur tête., 
toutes chofes qu'ils n'étaient point capables de 
faire eux-mêmes. Ils avaient coutume d'allumer 
leur feu en frottant deux bâtons Tun contre l'au- 
tre. Ils faifaient traîner fur la glace par des cHiens 
tout ce dont ils avaient befoin. Leurs marmittes 
•étaient faites avec beaucoup d'art ^ d'une certaine 
pierre, pierre Ollaîre Lapis Ollaris. Les Anglais 
bâtirent dans le détroit de l'Ours Bear - Sound ^ 
une maifon & un foué , on laiffa dans cette mai- 
fbn des bagatelles de différentes efpèces &: des 
poupées pour les naturels du pays. Lorfque le Brid- 
géwaur revint , il trouva une terre au fud - eft de 
Friejland vers le cinquante-feptième degré trente 
minutes latitud^ nord-, il en côtoya pendant trois , 
jours le rivage qui était couvert de bois & de 
verdure. 

La kdure du voyage de Forbisher nous fait . 
connaître fon opinion fur l'origine des glaces qu'il 
trouva en fi grande quantité dans les mers du 



D A N s L E N O R D» 45 

Nord- Malgré les l^ouanges que donne le chevalier ^ 
JPringle au capitaine Cook fur lufage qu'il a fait 
de la glace pour fournir d'eau douce fes vaiC- 
•féaux 5 il eft très-certain cependant qu'il n eft pas 
le premier qui ait connu que la glace flottante 
fur la mer , étant fondue , donnait une eau trcs- 
potable. Forbisher l'avait éprouvé dès l'année 
1578 5 conféqucmment cent quatre-vingt-quatorze 
ans avant l'expérience du capitaine Cook. Celui- 
ci pouvait avoir connaiffance de l'obfervation de 
Forbisher , car il avait fur fon bord la collec- 
tion des voyages par Hackluyt dans laquelle fc 
trouve celui de Forbisher, &il lifait fouvent cet 
ouvrage pour fon amufementj en outre, immé* 
diatement après le voyage de Forbisher fuit , 
dans cette collection, celui de Jean Davis fait 
dans l'année 1585, dans lequel il eft dit expret 
fément , que ce navigateur fit charger fur une 
barque, de la glace qui fournit une eau très-douce. 
Il eft vrai que les montagnes de glace font for^ 
mées d'eau douce gelée 5 mais il ne s'enfuit pas que 
toutes ces glaces flottantes fut la mer nefoient 
que de l'eau de pluie ou de neige. M. Nairne a 
montré en 177^ , que lorfque le thermomètre 
de Fahrenheit était à vingt-fept degrés &: demi , 
les molécules douces de l'eau de la mer fe gelaient 
5c ne iaiffaient qu^une eau falée ttès-chatgée. Ba^ 
nnts^ a vu , étant à ia NouveUe-Zemble , la mer 



Î44 DiCÔXJVERÏfS Ef VOITAGES 
geler fubitcment de 1 epaiffcur de quelques pouces, 
& cette glace fondue aurait fourni une eau douce & 
potable. Il cft poflible, fans doute, qu'il fe forme 
des glaces des neiges &c des torrens d'eaux plu- 
viales^ w^ il ne s'enfuit pas pour cela qua toutes ^ 
les glacei qu oa trouve dans la mer » ayent la* 
même origine* On en trouvera davantage fur cet 
objet , dans mes obfervations faites pendant mon - 
voyage autour du monde» 

U eft remarquable que le choc d'un vaiflèaa 
voguant à pleines voiles foît capable de tuer d'un 
ieul coup, un auifî grand animal qu'une baleines^ 
Je me rappelle qu'un jour , dans notre voyage 
autour du monde , il parut plufîeurs baleines au- 
tour de notre vaiiTeau. Tandis que quelques-unes 
fe jouaient en s'élevant iç fe replongeant dans les 
eaux, le vaîflieau effleura dans fans courfe, le dos 
de l'un de ces animaiBcj la mer for bientôt teinte 
de fon fkng ^ quoique nous n'euffions qu'un vent 
très-doux & que la, direction de cette baleine croifat 
celle du vaiffeau -, elle aurait été infailliblement 
tuée ,' fi nous euffions eu vent frais & fi le vaifr^ 
feau l'eût frappée en ligne droite^ 

J'ai dit auflî dans mes obfervations que ta mer 
entre les tropiques^ coule Bxt nord, & au fud le long 
des cotes du continent de l'Amérique , poufTéê 
continuellement par les vents de l'eft. dans l'At- 
lànticpie vers le continent de l'Amérique , & dans 



D A K s t £ N ft D. '4j 

la met du Sud vêts la Chine, la nouvelle Hol* 
lande & les Moluques ». & qu elle prend dans la 
zone tempérée de^ rhémifphèrc feptentrional , la 
diredîon du fud-oueft au nord-eft j & dans Thémif. 
phère méridional, celle du nord-oueft au fud-eft. 

Conféquemment , nous voyons qu'il part un 
courant de la )>aie du Mexique qui fe dirige au 
9iord-eft vers Tlflande Se la Norvège; Se un autre 
dans rhémifphère Âuftral qui vient du Bréfîl 6c 
poulie les eaux de l'Océan au - delà du cap de 
Bonne - Efpérance dans la mer des Indes; d'un 
autre côté , ce courant fe jeté par le nord con- 
tre la Norvège, & eft repouffé de Teft à Touefi: 
fur les côtes occidentales du Groenland : dans 
rhémifpbère méridional le courant part du cap> 
fe jète fur la nouvelle Hollande &. revient vers 
l'oueft. ... 

C'eft pourquoi^ au-delà de la terre de Feu^ 
près le cap Hom & dani le détroit de le Maire , 
nous obfervâmes un grand courant venant de 
Teft , que nous remarquâmes auffi près de l'île des 
Etats & les îles de la Nouvelle Année*. Dans la 
mer du Sud on ^trouve de femblables couians i 
par exemple, entre les tropiques, de l'eft à l'oueft, 
dansi^/Tpnes tempérées, de l'oueft à l'eft, & dans 
les ;eq4^$ glaciales encore de l'eft à l'oueft. Ces cou^ 
rans en occafionnent auffi de femblables dans Vsâu 
Q^^ U taUbp pour laquelle les vents 'dx>ueft do^ 



4^ DÉCOUVERTES ïf VôVAGE* 
minent dans les zones tempérées, airifi que dan» 
les zones glaciales les vents d'eft font plus fré- 
quens que les autres vents , & la remarque de 
Torbisher eft parfaitement d'accord avec la vérité; 

Pouf ce qui eft des mines qu'on dit avoir trou- 
vées dans le Groenland , il faut bien que ce ne 
foit pas fans fondement. Mais quelques habiles 
que fetiTent les eiTayeurs que nos navigate'iits avaient 
^avec eux, "il fut impoffible de déterminer quelle 
quantité d'or contenaient ces mines. Il eft poffiblë 
cependant qu'il y ait dans le Groenland des niines 
de fer & de cUivfe qui contiennent peut-être^ une 
alTez grande quantité d'or & d'argent. .Crû/ir;f dan j 
fon hiffoîre du Groenland , livre premier , chàpi 
éa.^z^y femble en quelque forte confirmer cette 
dippoiition. Enfin , on ne peut pas dire que les pays 
du Nord foient entièrement privés d'or, puiftjuê 
les miniîs SAedelfirs & de Kof^berg^ioiit con- 
nues de tout le monde -, & que les RufTes ojtit 
trouvé dans i'île Béar des morceaux d'argent na- 
tif & très-bien ramifié. - 

Que les Gxotolandais faflènt encore leurs chau- 
dières avec la pierre Otlaîxc , c'eft ce qui eft 
alTuré par Crantz , dans le livre cité ci-deffus , § xf. 

Il neft pas probable que les Groenlan<fateiobniJt 
met^!(B^nt alors avec auMne^nadèn civiH^^*; ni 
qu'ils eil reçuflent le fer en bartes & le^ petits 
morceatoxde cuivre dom ils ornaieiit leur tête. Le 



I> A N s L E N Ô R D. j^y\ 

fer & le cuivre trouvés chei eux, y avaient été fans* 
doute , gatdés depuis la dcftruâion des colonies 
Norvégiennes -, quelques naufrages le leur avaient ' 
peut-être procuré j ou 5 enfin , ils pouvaient lavoir 
obtenu par échange , par ftatagêmê ou par force* 
de quelques faùva^s Américains, habitans de la' 
baie d'Hudfonr, On trouve même à préfent chez* 
cts fauyages des morceaux de cuivre brut, mais- 
qu ils ont forgés avec beaucoup de peine en fbt-» 
me de bracelets. Du"refte, les mœurs des Grèen- 
landais d'aujourd'hui font parfaitement femblablcs^- 
à<- celles ^es anciens Groenlandais. • 

Si le vaiflèau le Bridgewatet a trouvé véf ita- 
bleipent une terre couverte de bois-& de verdure- 
au cinquante-feptième degré trente minutes kâ- 
tude iK)rd>4ifei|l: quelle ait été fubmergée depuis 5 
on ne Ta revue dans aucun des voyages qu on^ a^ 
faits plus récemment à la baie d'Hudfbn, au Groen-* 
land & à la côte de Labrador. Autrement ces navi- 
gateurs fe feraient bien trompés dans leur compte;* 
il faudrait qii'its feuffent pris Tlflande pour une'- 
nouvelle cbritréej'& que les bois n cufïent exiûé^ 
que dans leur imagination; 

VIIL Forbisher n'ayant pas réuffi^ dans les trois- 
voya^s^ am hôrd-^oucffl: ehtr'eprîs pour^ découvrît? 
unpaflage a là Gîhînè & en Afie, & les Portu- 
gais acquérant journellement des richeffes par léut^ 
voyages aàx ^grandes Indes; là tômpagnie deRulfii^l 



'^i Découvertes et Voya(îês 
fit de nouveaux efforts pour découvrir le moyeiî 
de pénétrer dans ces contrées pat le nord - eft. 
Ce paflage devint l'objet des defirs de toutes les 
puiflànces maritimes de l'Europe. La compagnie 
Rufle expédia pour cette tentative , deux vaifleaux 
fous le commandement à' Arthur Pet & de Char- 
les Jackman , dans Tannée 1 5 80 j . ils mirent à 
la voile à!Harwich le 30 mai. Au bout de quel- 
ques jours 5 ils arrivèrent à la vue du cap Nord 
& de fP^ardhoufe; mais les vents d*eft, de nord- 
cft & de fud-eft foufflèrent fi long- temps , qu'ils 
les empêchèrent de continuer leur voyage Enfin, 
après avoir beaucoup foufFert de la grande quan- 
tité de glaces, & avoir été fouvent trompés par, 
les faufles apparences de terre , ik parvinrent le 
!i8 juillet au. détroit de Waigat^ » Us y entré-, 
ient& rencontrèrent bientôt une fi grande quai>- 
tité d^ glaces , qu'après bien des efforts inutiles 
pour les traverfer, ils furent obligés de retounier 
fyi leurs pas. Il eft à remarquer que ^ dans la 
mer. qui s'étend entre la Nouvelle-Zemble & le 
«tontinent, par-tout où ils fondaient , ils trouver, 
jrent le fond , c'eft-à-dire , qu'ils avaient de.quatre 
à tre/ite-trois', foixante-huit, foixante & dix & qua- 
tre-vingt-quinze bralfes ; tout prèç^.de Çplg^yeve 
ils touchèrent fur un banc de fable- , ils apperçur 
xent la tene de Hugri ou Jugria fur le bprd de, 
laPetchoraj ic la baie de Morjo^et^. Enfm, ils * 

doublèrent 



ÎD A 1^ S: L Ë N O K Î5* 4^ 

âouWèrent le Gap-Nord; & le i^ novembre, ils 
arrivèrent faeureufement à Ratclifi L'autre vaiC- 
feau^ \o fP^iUianty commandé par Charles Jaclc 
mon 9 ayant été féparé des autres par un brouil- 
lard ■ très-épais 5 fut forcé d'hiverner dans u» havre 
de la'Nôrwègc; il en partit au mois de février 
"de. compagnie avec un vaifleau danois thargé pour 
riflaaide -, depuis ce temps on ne fait; • plus ce 
qu eft devenu le Jf^illiam, Cette recherche d'un 
palïàgé par le nord-eft, ne- reuffit pas nàioux que 
lés précédentes ; mais elle fervît à confirmer deux 
obfervations de pbyfique dont j'ai déjà parlé. La 
•pj^emîèfe^ c'eft que :darïs ces latitudes élevées vers 
le nord , les vents d'eft , de nord-èft Se de 
fud- eft font les pli|s firéquens. La féconde , que 
la îïier glaciale eft^peu profonde, c« qu'on 9 
remarqué non - feulement alors , mais ce qui a 
été vérifié depuis par plufîeurs navigateurs mo^ 
dernes. Ce voyage nous montre auffi l'exiftence 
de là quantité de glacés & de brouillards épais 
& dangereux dont on éft accablé dans les zonôs 
glaciales des deux hémifphères , &: qui contri- 
buent infiniment à retarder les découvertes qu'où 
^pourrait faire dans ces triftes mers. 

.IX, Malgré qu'il n'eût réfulté aucun avantage 

des premiers voyages au Nord, il fe trouva toUr 

JQurs'des hommes! qui tentèrent de faire de nour 

^yeUes. découvertes \ Us uns dans refj^érançe xle 

Tome IL D 



pjp DécouirEKTES ET Voyagea 
:tiK)uver des xoDtrées qui leai fomnitaietat de l'or, 
lie l'argent & des épices ; les autres 5 ciahs jU 
'^^rfuaiioti ^ue , dans la poursuite À& ces décoi»-^ 
vertes , ils trouvecaient une nouvdtte route pour 
«lier aux Indes. La reine SHùbeth voulant fvtrof 
rifer ce goût pour ^Ics découvertes , fit d<« ^au 
idievaliet &imfhrey Cilben , ât tous les peryis ^u'H 
idécouvtiraic&'doDt il prendrait poi!èffion. Ea» oôâ- 
l&juence il fît les prépatâti& de ion voyage. J^ 
fie puis dSTconvenir qui! uj ait quelques reliitioiâ 
^bfcures de voyage entrepris dans de pîarfiMes 
Afues long- temps «vant celui-ci. Nous trouvons 
•que dè« 1 année 1 502 ^ ii^^i^ i^V/iW & Thomûs 
)Askhurfl , marchands de^'Briâol ^ obtinrent des 
lettres-patentes de Henri Vïï pour r^ablîllèment 
idetîolpnies dans les conti^ts nouveMement -décou- 
vertes par Cûbot s mais nous ne trouvons ttcn qia 
^uîfle nous apprendre ^'ils oiif feit ufa^ ^e cette 
j>ermiffion , dans les éarivain^' leurs contemporains » 
ni dans c^ux qui les ont in^médiatement fiâvî^. En 
1527", (bus le règne Je Henri VIII , d'i^près le 
confeH de Roiert Thorne 4e Briftol, on envoya 
deux vaîfleauKj dont l'un était nommé le Domintis 
vobifcum , pour faire deis ^découvertes dans le 
f^ord-oueft. Lun de ces vaiflèaiEx fe perdit dans 
im golfe entre le nord de Terre-Neuve, & la 
contrée appelée depuis par la reine Elifebei^h^ 
^ent-Incognita. L'autre vaiffeau fit route y^îcs k 



DANS 'L£ N O RtIX yi 

«p Breton &c la côte d'Aïambec. Ces naviga- 
<^{m descendirent fouyent à tetrc pendant leur 
vo^cige^ examinèrent avec attention ces régions 
:jur9u'ftloïs inconnues , &c retournèrent heureufe- 
-naent en Angleterre, au conunencement dodobre. 
JMLais cette relation très-inparfaite efl: .tout ce 
•qu'il y a de connu de ci^tte expédition. Cepen- 
jdant elle nous apprend que U cap Breton nomn^ 
•ainfi <la!is un temps Ci reculé , doit avoir reçu ce 
jnom de Sékafiien Cii^éir y»lor{qu'il découvrit avec 
fon {j^re T^:re - Neuve ou Mûccalao , & ^u!il 
«avaiïça le loi>g des côtes cle TAaiécique juiqua 
J.a baie de Ckefapeak^ A l'^gaKl de la cote à'A- 
yamb^g^j^YOue que (à (kuatipn tneik entsièrenaent 
inconnue ^ cependant je présume que c'eft la 
câte de ce -qu'on nom^œ 4iéhiellement nouvelle 
£coflè , ou peut- êrre^meme de quelque région 
fim au fud. 

A{»£s ce voyage , un homme appelé Hore^ 
partit de Londres fur la fin d'avril a 5 3 ^ , avec 
deux vaifleaux, la TriniuSc le Mignon. Us asri^ 
vèreot au cap Breton, s'avancèrent au nord-eft, 
ic vabordèrent à l'île d^s Pinguius iîtuée à la côte 
fud de Terre - Neuve. Cette île a été nommée 
réxA d'«ne elpèce d'oifeaux de mer que les EC-^ 
f i^aols &: les Portugais appellent Piriguins, parci& 
.iqu'ik foac fort gros. Ces oifeaux conAiruifent leuss 
ffiàs 8c vivent en quantités innombrables, fur le$ 

Dij 



5z Découvertes et VotA<5E$ 

petits rochers qui font auprès de cette île. Us 
vinrent enfuite à Terre-Neuve où ils apperçurenc 
quelques habitans qui veiiaient voir leur vaiiTeau , 
& qui, lorf^u'ils fe virent pourfuivis, s'enfuirent 
dans Itlc. On y defcendit^fc Ion trouva un mor- 
ceau de viande d'ours qui rôtiflkit à une bro- 
che de bois. Les Anglais tuèrent quelques ours 
blancs & noirs , dont ils trouvèrent la chair très- 
bonne. Mais enfin, leurs provifîons commençant 
à diminuer , ils fe virent forcés de manger quel- 
ques poiflons qu une orficaye avait portés à (on nid 
pour la nourriture de fes petits , même des herbes 
& des racines de toutes efpèces y ils furent réduits 
à un tel excès de misère, que des matelots tuè- 
rent & mangèrent quelques - uns de leurs cama- 
rades dans les bois. Enfin , malgré la févérité des 
reproches que le capitaine fit à fon équipage de 
cette cruauté , on allait tirer au fort poiur favoir 
•qui d'entr'eux ferait dévoré par fes compagnons, 
lorfqu'il arriva un vaiffeau français <lont ils s'em- 
parèrent laiffant le levir aux ficançais après leur 
avoir diftribué une fuffifante quantité de provi- 
fîons. Ils retournèrent par ce moyen en Angle* 
terre , où ili arrivèrent heureufement. Bientôt après 
les Français firent des plaintes contr'eux parce 
qu'ils s'étaient emparés de force de leur vaiflèauj 
mais le roi informé de la dure néceffité qui le« 
avait contwijats à commettre çci a<ae de violence^ 






ibkvn L» Nord; ' ^^' 

îtidcmnifa les Français & ne fir point punir cette 
piifaterîe, qui dans toutp autre' circonftance aurait 
mérité la plus févère punition. 

Il eft évident que ces aventuriers n'avaient nulle 
connaiffance de Timmenfe quantité de poiflbns 
qu'on trouve fur les côtes de Terre-Neuve, autre- 
ment ils s'en feraient fervis dans leur extrême 
difette. Il exifte quelques relations qui atteftent 
que dès l'année 1504, les Français, Normands 
&c Bretons , les Efpagnols de Bifcaye, ainfi ^e les 
Portugais, péchaient la morue fur ce^ bancs, avec 
un grand nombre de vaifleaux. Cette pêche s'était 
donc faite pendant trente-deux ans avant que les 
Anglais en euffent eu ta moindre connaillance ^ il 
femble même qu'ils n'aient eu aucune idée des 
différentes manières dont on peut foutenir là vie 
fans le fecours du pain & des autres nourritures 
d'ufage 'en Eut ope. Ceft une chofe inconcevable 
que des hammes prefles par le befoin n'aient trouvé 
d'autre moyen pour vivre que d'aflaflîner leurs 
femblables.. 

On frémît d'horreur en voyant ces gens fou- 
1er aux pieds les liens facrés de l'humanité & fe 
porter à un tel degré, de cruauté,, que l'un d'eux^ 
tandis que foa camarade, était courbé vers U terre 
pour arracher une faible, nqurriture, vîntp^jc der- 
rière Se le tuât pour fer pourvoir de fa chaîr-^ fie 
qu'un autre attiré pat l'odeur de ce déteftablc 

D iij 



j^ Decouapï^rtes ex VoiiAGES 
^ment, làintraflàffin & le mçnaçât derlui&fea 
ûibir. un p^s^ieil fort s'il na p^tageak av^ec kiiy 
cet abominable mejCs^ (4} • 

Il p^xaj^ diofH Qa;t un aâ;e 4u^ parJenxeîit pafTé 
Ibusile règpe d'Edouatd^ Vl^jeni 1584, que goux» 
fevorifet la pcchç. en. IflaïuJe & à Terre-Neuvea^ 
00 exempta, les pêcheurs angjbis &c les matelôtfr 
attachés à cette pêche, de toute împofiti©» ç$k 
argent , c» poiffon ou en efpèces v 5^ on défienr 
dît d'ica exigea: d'eux fous, aucun prétexte. Cela 
]^rouve au moins que les Anglais, même dans, cq 
temps>9. Êdfaient ta pêche fur le banc de Tecro^ 
]>Ieave , & qaon cherchait par ces encQurage?^ 
iliens t enlever ce commerce à d^autt^es natiom 
auxquelles il ét^dt trèsrluctatiC. 

Le capitaine d'un vaiflèau d^ &iâ;ol » nommé 
'Antoine Parkhurjly^ donner dans la CoUedioncdur 
lavant Hackluyti ua ti;es-bon & très-fidèle »lcib 
qui conftate qail' fe fe}feit d^ Tannée 1,5785.1100 
pêchp coIlfîdér^^ble dans le voifinage de Terre- 
Neuve ; il paraît que cinquante vaifleaux ànglftisi 
pu. environ étaient oc^cufés-à c^tte pêche^^ q» il 



(a) Ce, fait efi mal préftnté. Celui qui voi^ut g^art^gf r^ 
avec le xHeurtrler, ne connaîflàit pasde quelle espèce étai^ 
cette chaîf; 8f quand il en fiât înfltuît, îl paraît qu'il fei 
diyulguk à^ fts autres compagnons, Viojçz^- ffiidhliiyri 



» A K s n fi N H ©. 55 

fe tendait à Ter«?-Neo?w pour le même objet, 
oQviion cent vsà&saiH' eTpaj^iois^ & à - peu -près . 
wigt car trentfe de* hd Biic^e; Gerdernâets f ve- 
ndent fèiiiemeot pour 1» pêche de ba baleine; 
Tous les ipaiâisauK e^agûols piis ônfet^te p(Em-- 
yaient former environ cinq! oir fîx cencstbnneaar,* 
outre celÎBi j ii y venait environ, cinquante .vaif- 
• féaux portugais pour . la pêche de la^ morue , Se 
leur charge pouvait êcr^ de trois milie^ tonneaux; 
aïfin, il venait attffi delà France , priacipulement 
de la Bretagne » cent cinquante vaiflèàusr fàifiint 
enfemble à-peu-pfàs> f^t railte tonneaux; Pur- . 
khar/l décrit *au(& très - bienr la grande qËfâxitité 
de poilExi qui vient annuellement dô Terre- 
Neuve^ ainfi' quelâs prodoâiom de cette île; 
telles qœ le gibiet ^.ks oifbaux ^ les oifeaux d'eau , 
les fonaacuises^ le fel, le cume, le fer» & d'au- 
. très objets de commerce tïès-utîles; 

Dans la même amiée 1578,10 chevalier /fo/w- 
fkrey GHiert ayant obtenu dfe la reine Elifeberh 
la permiflîon de s'emparer de toutes les contrées 
qui n-appartîendrâiéflt eiidore à aucimprince chré- 
tien, & de le^ pfâipkt, eïiga'gea plufîeurs de fe« ' 
amis & de fes^ cohiiaîffâflces- à fe joindre à lui 
en aiTcÊ grand nomfee pour faire efjpérer dé^ for- 
nwac une flotte capable <fe téfifter 'à d^ fotces çon- - 
fidérables. Mafe lôrtqu ils fotent prêès à nièttre à^. 
h voile ,. plufîeflrs d'ent/eux dégagèrent leur pâ^-^ 

D iv 



j6 DÉCQUVERÏES JT VotAGE^ 
râler Malgré cô contre-temps, -le chevalier JÏkh^ 
phr^ tenta cette expédition avec un petit nom- 
bre d'amis :& quelques vailTeaux. A peine foitr 
du port i une violente tempête endommagea coh^ 
fidérablément la flotte & caufa la perte des plus 
grands .vaiflcaux. Quoique Gilbert fouffrît le plus 
dei ctt accident ,. puifqu'il av^dt engagé la plu^ 
grande partie de fa fortune , ce malheur n'abatit ♦ 
point fbn courage, il l'employa au contraire tout" 
entier à fe procurer les moyens de mettre fdn pror 
|et à exécution. Il donna une certaine étendue èek 
terre à l'embouchure de la rivière Canada ^ à dau-^ 
très gens , fous la condition de peupler & de cul- 
tiver ce pays. Mais voyant qu'ils, n'étaient pas 
difpofés à remplir ces conditions, il fe dét;ermina 
enfin à entreprendre encore une fois feul ce voya-^ 
ge , parce qu'il n'y avait plus que deux ans juf* 
qu'à l'entière expiration: de la conceflion que k 
reine lui avait feite. - 

Quelques amis fécondèrent enfin fes efforts* 
de leurs avis & de leur argent, & il partit avec 
cinq vç^iffeaux, & environ cent foixante homines ,. 
de la baie de Caufand près Plymouth , le n de ^ 
juin 1 5 83 . li foujSrit beaucoup des brouillards/épais ; 
qu'il rçnçontj:^ & des tempêtes qu'il efluy^i prjiv 
cipalçment fur Je banc.de 3rerre-Neuve.;l.e.5î de 
jailieî? il vit là terre; ôigih : ne -Çf Quvant qiie dea 
rochers arides, il dirigea plus au fud&'. arrivai' 



Wa n s t ê Nord. 57 

thfin à Tîlc âcs'Pînguins (a) où il prit une gtande 
quantité d oifcaux de mer. Enfuîte il alla à l'île 
de Baccalao Se à la baie de la Conception, Il y 
ïetrouva le Swall<m^^ lin des.vaiiTcaux qu'il avait 
perdus étant dans les brouillards. Il entra enfuite^ 
dans la baie de Saine-Jean , où il trouva un grand 
nombre de vaîfleaux anglais & étrangers occupés 
à la pêche, Humphrey reçut de riches préfens de 
tous les capitaines des vaifleaux qui étaient devant 
rîle, principalement des Portugais qui s y trouvaient 
en grand nombre. L'un d'eux lui apprît que trente 
ans auparavant, on avait jeté dans l'île de Sablon (île 
de Sable ) des cochons & des bêtes à cornes. Après 
avoir pris poflcflîon de l'île , l'amiral recueillit des 
informations fur la nature du pays & l'examina 
lui-même avec fon équipage. Il apprit que cette 
contrée était fort chaude en été, mais très-froide 
en hiver j cependant que le firoid y^tait fuppor- 
table. La mer qui environne Terre-Neuve eft fi' 
abondante çn poiilbn, qu'il n'y a point d'exem- 
pie de quelque chofe de femblable ailleurs. Les 
bàics $c Içs livièrçs abondent en (kumoiis, en 



(a) Cette île des Pînguîns ne doit pas être confondue 
avec celle du même nom vue par Hon ; car h premier» 
ed fiméç fur la côte fud de Tenre^Neuve , la fecowde à l'eft 
fc (k nom^ne aujourd'hui Fogo% 



tndteSs turbots & en^ txès-g|cand$.,arabe9^ aîniî, 
^'en unaefpèce de bareng^ auf&.beaux'qae; ceiu& 
de Norvège. Il *y trouvait auflî oa g^aïuî jrora* 
bue de> baleines; Touta cette çoatrée était coa* 
verte des plus beaux bois fort* gxopres à foucnip 
des mats 5 des planches pour la coniltuâion d^ 
vaiiSèaux^, du g^oudton & de la potaflè en g^:asuid 
^antiùcé. 

Il a y trouvait auflS du gibicx de tout» cfpècesi 
& des aniixiaus: dont on pouvait tirer de fort- 
belles fourrures. Outre cela ^ le fol était très- 
ferdie & on pouvait obtenir 9. par la culture ^pdui 
blé ,. du lin & da chanvre, & faire de ces. der- 
niers,, des cordes,, des cables-, dey toiles & d au- 
tres choies auflî utiles. Toutes les efpèces d'd--; 
(èaux^ deao. sy, trouvaient en abondance; On y 
découvrit' auifi des mines de &r>, de plomb^ Se 
de cuivrcr Maître Ua/Ke/yfaxon, tarès-habiie^ mJT. 
heur & plein de probité 3r préfenta au cbeva* 
lier une efpèce de mine ^dans kqt^el]^< ï kt 
afliira <jail: trouverait de 1 argent. Comme il- y 
zvm beaucoup de vaifleaux étrangers dans le port^^ 
Gilbert ne voulut pas qu'on ébruitât cette décou- 
verte; mais il ordonna de porter filr le champ 
cette portion de minéral à bord. Tandis qu'ils 
étaient à terre, quelqu€S-^un$.de fè^gens^empar 
rèrent dans une baie voifîne dom^ vaifTeau , mirent?' 
à terre les hommes qtd Je gardaient , Sc s'en- 



ftâiorA h toutes voiles. Quelques - unss le quittée 
ïisnt fecmttement & fe cachèisciit? dans- Im boîs*» 
RauÉre«» tomhèteht. malades de .La djçffentorîeî 
Sç plu(i^rs en moururent ^ ce quir l'obligea- doi 
divifejr fa^ flotta y, UU' vaiflTeau- refta» aviec leîs ma*- 
lades & il en renvoya- quelques autres^ ea Angle* 
terr^, Gej^endant l'amiral diefiraît' vivement pour- 
fuivte fes découvertes & pteiidre poflbflîoni de quel* 
ques^ autres pays fîmes au fcd. Il mît à la* voile? 
pour aller au cap Breton- & h l'île- de Sable oui 
il y avait ,. difiiit^on , un grand nombre»* de hètt^ 
à-cornesi Boracé çà. & là par le» vents ctoatuairos / 
le vaifleau amiral^ lur lequel cieçendant n était! 
point Humphrey, échoua dans un^épaiff Brottiilatdiî 
contre un banc de fable 8c fiit totalement: hàSè^ 
Un petit nombre di^ gens: do Tëquipage cep«^ 
dant fe fauva. dans une barque v 2»ai& tout le f«^ 
périt^. Cet accident 8c La faifon qui était ëon a^n* 
cée^, déterminèrent lé commandant à>riet&Uf3i[er^ ctf 
Angleterre. Maîsi à h vue des c^v^t âef ctt&i Mis,* 
ils. fixrent fiirpïîs> par une autre terr^cg qui' en^ 
glbutit dans les flots le vaifleau que .montait T^ 
mirai. 

Je fierai feulement quçlques> remarquosîfi» plt^ 
fîeursiciiconftànccs} de ce maUî^uieiîa voyage. DV 
hordjii paraît qae^,- bientôt après la- découvaett^t 
de Terre-Neuve*, le^ Pormgds , les Èfprgtiols » 
les: Elançais^: &: dettes nations firent la pèche' 



ïa DÉdOTTVH^TÊS tr VôYAÔM , 

furjes bancs & les côtes de cette île, & quilr 
ufurpèrent le droit de pêche fur une côte que 
la couronne d'Angleterre avait découverte à fei 
propïcs dépens. Tant que rEfpagne, le Portugal 
& la France furent très-puiflantes fur mer , l'An- 
gleterre n'effaya pas de leur difputer leurs droits 
à cette pêche. Mais dès que TEfpagne tut enga* 
gée dans la guerre avec l'Angleterre, cette dernière 
puiffance envoya en 1 5*S 5 , une âotte dans ces mers- 
fous le commandement du chevalier François 
Drake^ qui s'empara de tous les vaiflèaux qu'il 
y trouva & les emmena, comme de bonnes pri- 
fes , «1 Angleterre. La puiffance navale de l'An- 
gleterre s^étant accrue dans la fuite , elle- eifayai 
d'exclure entièrement de ces importantes pêche- 
ries , les Efpagnols &c les Portugais dont les for* 
ces nafvales commençaient à décliner.. 

Dans l'année 17 J^, l'Angleterre s'empara dct: 
tous les vaiflèaux firançais qui péchaient dans ces 
parages 'y la France perdît alors plais de vingt-cincj 
mille matelots » & il lui fut impoffiblc: d'équiper 
parfaitement une flotte pendant tout le refte da 
la [guerre. Par le traité de Paris en 17^3', on nft 
laiffii à la Francc^ que les îles de^ Saint-Pierre & 
de Miquclon avec un droit à la pêche borné f^t 
mille reftridions. Ce royaume, a cependant recou- 
vré plus de liberté pour cette pêche, & afaitî 
de meilleures conditions par le demi©: traité de 



BÀÎTS LE NCKD. Vi 

|)âîx de 178 3, La même paix en cirilentant Tin- 
dépendance des Américains a tonfirmé leurs droits 
à cette pêche à laquelle ils avaient toujours ea 
jpart dès le commeiicement de leur établiflèmcnt 
•dans CCS contrées. En fécond lieu , ce font les 
.Portugais 6c les Efpagnok qui ont peuplé d'ani- 
maux domeftiques , après la découy«te de l'A- 
«uéïique Se de la nouvelle route aux Indes, toutes 
les îles & les endroits du continent où ils lou- 
chaient. Ces animaux y ont confidérabl^n^ent 
multiplié, comme le prouve le. grand nombre .dç 
chevaux Se de bceufs iàùvages qu oh a trouvés au 
Chili & dans les terres Magellaniqueç. Il y, ai 
encore quelques chèvres fauvages aux iïcs à$ 
ÏAfcenJion &. da .Sainte - Helené. Au commenii 
rcement de xe Pfièçle on voyait un grand nombre 
^ ces chèvres fauvages dans fîle de Juaw 
Firnàndès ; Tùs^s cts troupeaux font à préfent 
corifidérablemcnt diminués & peut - être même 
totalement détruits par les gros chiens que les 
Efpagnols ont lâchés dans ces îles. Il y avait aufli 
une grande quantité de bœufs, de cochons & d oî- 
feaux de bafle-cour devenus fauvages dans l'île de 
Tinian ,• mais ils ont été également dévorés en 
grande partie par les chiens qu'on y a portés. 
Dans les Manilles & dans quelques autres îles 
des Philippines,, on trouve encore des troupeaux 
. jjie bœufs & de chevaux fauvages proyenans d^ 



£t DÉCOU^Vï;iRtï$ HIT VvOîTACÈS 

x:t\xx. que ks E^agiiok ^ îGVaidnt kHfès/ Noii^ 
aroyon^ 4tos usiniers oiawigatiRurs vçaî découvrirent 
Renouveau monde , pkisisxi'hunianhé & da.à&Gi 
^ {)ourv0if4àl'ti£amiiie.des jnaUieiu:^ qiii pou^- 
<raieî« édlnJOv^t €ut ces côtés. Mais h politique 
-Èiriflè5'tyBâfttoiqiaei8ccjuelle des t^tips moderne», 
a -détrair pr des moyens odieux , ies anîmaiiK 
^sté&es que -ces navigateurs ^vaifeintUaiflës,>eQ me^ 
tant à leur place des dhiens, Eâr«-ce là ce quon 
âevêfe attendre d'uto iîède ii vantsé , £ ickirté-, & 
ée nos FncBurs £ douces ? Quand eftnce ique rfaunaa- 
fàcé 9 Winie depuis trop loiig»temps de VmdjvGtg^, 
«eUtiendr^ luîbite^ dans le cœur <des hommes-^ 
êes <:hcéÛGRs 9 ^d^ maîtres de la. t&ûte i j 

* Cette piàfe de poi&ffion effeânée. dans iaxmée 
15*5 , ai Jiom de l'Angleterre , .dft-le fondemearf 
du Àoit de pêche jsgac prétend JSYok jcetso m^ 
trou dians res meas » droit qui ideriendtait hi^ 
]plus iitMea cette puiflànce iî TcaB-Nciuve était 
xaieiBc peuplée. Mais la perte qaa&ioe la Gxander 
Bi)etagne d^s treize oolofnes axoéricaimes , la dé- 
population quelie a iprouvée par les feéquentes 
guêtres où dk s eft engagée , & plufieurs autres 
eonfidérations ne permettent pas à ce «>yaun^ 4e 
penfêt à augmenter la population ni à fiâre fleurir 
Tagricnlture daas ces belles îles. 

• Il y a des mines 6 riches de charbon de terne 
l Tej!ïe-Nwve & au cap Breton , que fi rAogle'* 



Mïie pedcwwtcait 4e les -«xp l^itcf, oMes pôutratc^iic 
fu$)M i fonunir d'EaBBcape .& i'Amér^uc <Je x:e n4- 

nérd:. il f len ^ ck £ aa^amageufemenc £iruées M 
Jfi pics de la.met, iju^ «p Qowcâit ^ter^^teâ^mcnt 
4c icbafbon de fâ loîme dans de vaiâè^u. Je tiens 
<fii^ cenTeigReinèns ciç «i^onaoïi iie gmsd cnavigateur 

Cbc>A: , qui a examiné pendant plufieurs années ies 
<d^es jde res iitos ^ Imr timiaticm &: dtms ^iMances 
:«:e%eiaire$ ^ Tpfàiï ^ iesœr k-caqceu - 

JX. Plwâem» nMsi&af)^ , niofi que iâvers pso- 
fitiéfaii^s .& iqpioli^tfss £Eàgncnxs£xenc en i.j£(; ^.ua» 

/eaux âias ides déccaiirerres^ ïons ie consnando- 
ss^wc de y^^ Daa^Sj^ suar4gaceur .isrè^éexpeiiimeiité. 
Jl;. mit à lU vo^ ià& JQaflanoiLtli le y de jnia » Hc 
4e^ :x 3 .du iseme nsois^ il javak ^imté faunoudu 
iSJ) jdirigfia idjabord à i^oiafift & ieiafisit;e au «ocd»- 
aotieft» Ces vidâfiaux xenoontiaèreat un ^tatnd mont- 
re jde l>aleinfis .& de dauphiii»^ ils tuècei»: ini 
gle xres denûeis janiqimtx dont ils iiuangècent Jm 
<iiaix i^ils txDuvqrent £î)ct t>oâne ^ & de mêiMo 
•goût querelle du jnoiston. Le i^ )iân^ envéloj^ 
^és d'i^a ibrt ^^xais broidâkrd 5 ils «ntè^dh^ept uli 
.grand l>tuit 4a<is la mer produit pat ies vagues 
iqui fe bxifaient contice les glaces. Le conrafit ies 
portait alors au ciprd. ik fondè^e^t avec ujse ligne 
4le crois cents bi^aiïès & œ pur^eint ^rou^iier de &nd. 
Ilfs chatgècent ime i>«vque de ces ^açes ^ & «n 



^ Découvertes et VôyaCë§ 

ayant feit fondre» ils m obtinrent de Teau douce 
& très*bonne. Le jour fuivant» lo de juillet » ils 
apperçucent une terre hériflfée de montaguès en 
forme de pain de fucre , toutes couvertes de neige ^ 
dont qudques- unes s élevaient Jufqu aux nues, 
ils nommèrent ce trille pays : Terre de Difo^ 
làtion* 

Cette terré était tellement environnée de gla^ 
ces 5 qu'ils ne purent y aborder. Ils tnurent y voit 
des forêts. Ils trouvèrent dans la mer des bois 
.flottant , ils en tirèrent un arbre entier avec fe?5 
tacines, il avait foixante plieds^de long &c quatorze 
palmes d& circonférence. Le z 5 du même mois, 
ils dirigèrent au nord-oueft dans refpérance . de 
trouver ce paflàge fi defiré. Le 2^ juillet, ils. di- 
couvrirent lune autre terre par le foixante •* qua^ 
>trième degré quinze minutes latitude nord, où 
•Us trouvèrent des havres fort commodes & dtfs 
golphcs, l'un defquels ils nommèrent /f/wree^e 
Gilbert* Defcendus à terre , ils virent quelques 
-iiabitans vètu5 des peaux de phoques* Ils devin^ 
^ent bien.tpt amis avec ces hommes & en obtin- 
rent prefque tout ce quils voulurent. Ces peuples 
donnèrent aux Anglais leurs habits , des pirogues , 
fiti armes , en reconnaiflance de quoi ceux-ci leur 
firent quelques préfens. Les Anglais parurent dc- 
firer une plus grande quantité de fourrures ; lès 
hyabitans promirent de revenir le lendemain pour 

le£ 



' j^AH ^ LÉ N-O ^ï>i ^j 

W fatisfaîre 5 ils n'osèrent pourtant pas te halàr^ 
der d'approcher des Anglais, avant que l'un &C 
l'autre parti n'euffent regardé le foleil & frappé 
leur poitrine. • 

. On trouva dans ces lieux du verre de Mof- 
covie ( Mica menbranaçea Linn. ) , ainfi que l'ef* 
pèce de mine que Martin Forbishery avait trou-* 
vée. Le lendemain matin, Davis ayant le vent 
Éivorable , ne voulut pas attendre le retour des 
habitans , il partit faifant' route vers le nord-ouefl. 
Le ^ août il découvrit encore une tçrre au foi^ 
xantç - fixième degréy quarante minutes latitudô 
nord. On nomma la rade ,' rade de Totnejf ^ & 
le golfe qui environne une haute montagne bril-. 
lante comme lor ^ golfe d'Exâter; la montagne , 
reçut le nom de Mont Raleigh ^ le promontoira. 
du nord , celui de cap Dyer \ le cap du fud , 
celui de cap ïf^alfingham , du nom du fecrétairô 
d'état 5.1e chevalier François ff^alfingham. Ils 
trouvèrent quatre outs blancs, ils en tuèrent trois» 
& U jour fuivant , un autre, donc les pattes 
avaient quatocïe pouces de large. Le 8 du même 
mois, Davis fit voile vers le fud-fiîd-oueft Id 
long àt la côte & découvrit là. pointe la plus 
au fud de cette terre ,. qu'il nomma le cap <)e 
la Miféricorde^, Il doubla ce cap & trouva un dé- 
troit qui a, en quelques endroits-) vingt lieuCS 
de large, ie temps était douXf A 1^ mes: i&Yaic 
Tom^ Il E 



J 



fg DécouvHftfÊs IT Voyages 
la couleur des eaux de l'Ocëan. Davis avait alor^ 
la plus grande efpérance de trouver le paflàge 
aux Indes. U avança foixante lieues dans ce dé- 
troit 5 & trouva dans le milieu plufieurs îles & 
un paflage ouvert de deux cotés. Il envoya on de 
fes vaiflcaox faire des recherches au nord, 1 autre 
au fud. Maïs les vents de fud - eft , le mauvais 
temps & d'épais brouillards les empêchèrent d'aller 
plus loin* Ils dépendirent a terre , & trouvèrent 
dts tracer d'habitation > ils virent des chiens avec 
des oreilles pointues , & la queue très - épaîffe , 
l'un de 'ces chiens avait un collier. Ils trouvèrent 
deux traîneaux, Tun defquels était feit de fapin, 
& aflfez élégant -, Tautre était de baleine j des figures? 
gravées & le modèle d'une barque. Ils rencon-* 
trèrent dans cette mer un grand nombre d'îlejr 
réparées par de larges détroits. En s'avançant entré 
CCS îles , ils virent quelques baleines, ils n'en 
avaient point apperçu à l'embouchure à Tcft du 
détroit. Ils s'avancèrent à l'aide de la marée dont 
la diredion , ainfi que là leur , était de l'eft à 
l'oueft & qui s'élevait Se s'àbaiflkit de fix où fept' 
btaflês, c'eli-à-dire , de trente-fix ou quarante-deuxl 
pieds. Dans ce détroit à trois cents braflès , ils - 
ne purent trouver de fond* 

Mais ce qui eft plus digne de remarque, c*eft^- 
qu en allant avec la marée vers le fud-oueft, ils ren* 
contrèrent \m tris-â^rt eoittant dans une direâioA 



<6ppoféè,dont ils ne purent deviner U caufc. Là 
profondeur de la mer à rémbouchure du détroit 
fut trouvée d'environ quatre - vingt - dix brafles j 
mais plus ils s'avançaient , plus la mer. était pror 
fonde. Ils ne trouvaient point de fond à troià 
cents trente brafles. Les vents étant contr*êux , 
ils réfolurent de retourner fur leurs pas. Le ic> 
de feptembre , ils virent la terre de Défolation^ 
où ils feraient defcendus , fi une violenté tempête 
ne les en eût empêchés. Enfin , ils fé hâtèrent 
de retourner dans leur patrie, (8^ le 30 feptem- 
bre , ils arrivèrent heureufement à DatmouA* 

Ainfi il paraît cjue Davis fiit le preoiief qui 
vit, dans ces derniers temps, les côtefe d^Moueft 
du Groenland , où eft fitué le cap de Dél^là^ 
tion , &: qu'il découvrit la terre la plus éloignée 
vers l'oueft fur l'île qu'il appela pat la fuite 
ile de Cumberland. Ceft dans cette île aufii que 
font fitués le Moru-Raléigh ^ la rade dé Totneffl 
le détroit d'Exeter, les caps Dyer & Walfingham; 
La mer qui. s'étend entre l'île de Cumberland SC 
la c6te à Toueft du Groenland fut, dans la fuite^ 
nommée détroit dû. Davis ; & contme toute 1* 
terre jufqu'à l'île Button Çat la côte de Labra- 
dor , fut découverte pax Davis ^ le détroit de 
I)avis s'étendit auffi dans toUtd cette longueur» 
Il vit encore le cap dô la Miféricôrde^ & le dé- 
Qcoit qu'U &QauA dans la fuijte» détroit dé Cum- 

E îj 



1 



'€« DÉCOUVERTES ET VoYAGES 
berlandé Telles font les découvertes de Davr; 
dans fon premier voyage 5 où il montra qu'il était 
très - entreprenant & de la plus grande probité* 
Il ordonna à fes étquipages de ne maltraiter en 
aucune manière lèîs naturels de Tîle de Cumber- 
land V & il fut par fes manières douces & pat 
fes préfets, fe conciliet Tamitié de ces créatures 
innocentes qui ont la mètrie origine que lc$ 
Groenlaridais & les Eskimaux de Labrador. Tant 
il eft vrai qu'un traitement doux & humain gagne 
l'affedtibn tic tous les hommes & qull fait naître 
la confiance & l'amitié. Vérité confirmée par la 
conduite des frères Moraves envers les Grocn- 
landais -& les Efquimaux de la côte de Labrador; 
ils vivent avec eux dans la plus grande intimité, 
tandis que les autres Européens qui habitent 1^ 
baie d'Hudfon 5 & les pêcheurs de Terre-Neuve , 
à force de iiipercherie , de £3urberie 8c même de 
.violence , élèvent des dîfputes pour le moindre 
fujet entre cette miférabie poignée d'hommes ; 
ôc jetant aînfi , dan^ ces efprits groffiers Se in- 
cultes 9 des ifèmences de haine, de défiance & de 
méchanceté 5 ils fomentent les querelles par leuri 
continuelles oppreffions. 

La marée que Davis rencontra dàn^ le bra« • 
qui eft au fud^oueft du détroit dé Cumberlandj 
entre cet amas d'îles, & qui était contraire à celle 
<^ le portait 9 dut- lui paraître^ kiit-ekft^oidinaire» 



B A N s t E N Ô H pr. 4^ - 

Peat-être k regarda-t-il comme venant cFun autr^ 
Océan à loueft. Mais fî nous jetons feulement les 
yeux fur la Carte du pole-nord, nous concevrons 
aifément que. le même, flux qui était venu au- 
travers du: détroit de Davis, dans celui de Cum^ 
berland , pouvait aufll avoir été poufle au travers 
du détroit d'Hudfon , autour de Tîle de Bonne* 
Fortune, jufqaà l'extrémité du détroit de Cum- 
berïand , près le grouppe d'îles où- les deux courans 
fe feront rencontrés dans leur courfe, Tun, aura 
ifetardé l'autre. Nous voyons- delà combien il faut 
de prudence pour ne pas adopter des conféquences 
,de cette efpèce, fur -tout quand elles font de 
.nature à nous faire tenter des entreprifes difpen«- 
aieufes. Il en eft de même, de la. plus grande; 
profondeur de., la mer , de la tranfparence àt% 
«aux 5 de la quantité des baleines qu'on rencon-^ 
tre à l'extrémité, du détroit de Cumberland ; ces 
.chofes ceffent detre des preuves de Texiftence: 
d'un paffage., depuis que: la vraie jStuation des 
contrées voifines qui. n'ont été découvertes que 
.par la fuite, nous eft bien, connue.- Davis vit 
..dans ces lieux du verre: de Mofcovier , & des 
.Biines fexnblables à celle que Forbisher rapporta 
de cette côte. Je pofféde; du m/Va: & du verre 
.de Mofcovie , de- Groenland , delà il paraît pro- 
bable, que le fol de. pi;efque toutes^ les montagnes. 
X Tell & ^ loueft du Groenland, & dans les îles; 



70 DÉCOV^fiRTES ET VOYAGES 

au-delà du détroit de Davis , font de la même 
nature , & contienhcnt les mêmes efpèces de 
pierres. 
' XL Le 7 de mai 158^ , le capitaine Davis 
partit de Darmouth avec quatre vaifleaux ^ pour 
(on fécond voyage. Deux de ces ,vaifleaux allèrent 
dans le détroit entre le Groenland & Tlflande 
pour chercher un paflàge. Près du lieu où eft 
aduellement Statenhoek^ Davis vit terres mais 
les glaces l'empêchèrent d aller plus loin. Il fut 
donc obligé pour les éviter de prendre par le 
cinquante-feptième degré latitude nord. 

Après avoir efluyé plufieurs tempêtes il aborda^ 
vers le foixante - quatrième degré latitude nord^ 
à une^ terre qu'il avait à Teft , il entra dans u» 
havre, connu alors fous le nom d'entrée de 
Gilbert, & qu'on nomme aujourd'hui, en langue 
danoife God-Haob ( Bonne-Efpérance V Les voya^ 
gQurs trouvèrent quelques habitans, avec qui ils 
entrèrent bientôt en commerce d'amitié 6^ qui 
^rendirent à Davis & à fes compagnons , pour des 
t)réfens de peu de valeur , de grands fervic«* 
Cependant ces habitans ne purent réfiftcr à la 
tentation de dérober aux Européens , même en 
leur préfencc, le fi^r & les inftrumens de ce métal 
t[uî leur tombaient fous la main. Et quoique 
Pavis cherchât à donner , autant qu'il lui était 
.p(ïibk, la meilleure interprétaÛQU à cela, il« 



DAKS t£ NOKD. 71 

portèreût la hardieiTe de leur vol fi loin 5 que les 
Anglais eflàyèrent de les effrayer avec leurs at^ 
xnes à feu, ce qui eut d'abord quelque effet; mais 
ils revinrent bientôt & firent leur paix , qu ils 
rompirent de nouveau , en jetant des pierres d*en- 
viron une demi -livre dans les vaiflfeaux, l'une 
defquelles renverfà le contre - maître d^un des 
navires. Enfin , Davis cédant aux prefTantes folli*^ 
citations de fon équipage , faifit le chef des aflàil^ 
lants , & bientôt après , par un bon vent 5 mît 
à la voile le 11 de juillet. La grande quantité 
de glace qu'il trouva, & l'intenfité du froid qui 
rendait impoffible la mânœuve des vaiffeaux, dé- 
^•couragèrent l'équipage & le rendirent malade *, & 
quoique Davis fut déjà fort avancé dans le nord 5 
le danger du voyage & les murmures des mate- 
lots le déterminèrent à gouverner à l'eft-fud-eft. 
Le premier d'août , il découvrit une terre ait 
foixante - fixième degré trente - trois minutes lati- 
tude nord , & foixante - dixième degré à Toueft 
longitude de Londres. Il prît quelques proviûons 
du. plus grand vaiffeau & augmenta le left du 
fien. Il acheta des habitans quelques peaux de 
veaux marins, lailïà le grand vaiffeau , & fit voile 
avec le petit à l'ouefl ; il trouva encore, fous le 
foixante -fixième degré dix-neuf minutes latitude 
nord, une terre à la diflance de foixante -dix 
lieues de celle qu'il venait de quitter. Le 15. 

Eiv 



7» DÉCOtTVÊHTES ET VotrA(ÏES- ' 
il pattit de cette terre vers le fud , iSc le 1 8 , il 
vit une *tre terre au nord-oueft. Le même jour , 
il vit encore une terre au fud-oueft.par fud. Le 
ï7 d'août, il était par foixante - quatre degrés 
vingt minutes latitude nord. Là il rencontta un 
fort courant dont la direékion était à loueft -, il 
examina la terre &: trouva que ce n'était qu'un 
-grouppe d'îles. Jufqu au 2 8 d'août , il dirigea 
conftamment fa courfe au fud , depuis le foixante^ 
feptième jufqu'au cinquante -fepticme degré lati^ 
tade nord , rangeant la cpte pendant tout ce 
temps. Il vit dans c^s parages une prodigieufe 
quantité de mouettes &: d'autres oifeaux de mev. 
L'équipage prit auffi , fans beaucoup de pein^-, 
plus de cent grandes mejluches. 

Enfin, 1q 28 d'août, ils arrivèrent au cinquante- 
fixième degré latitude nord, dans un havre qui 
uvait deux lieues de large , & dans lequel ils^ 
firent plus de dix lieues j les deux bords étaient 
couverts de belles forêts. Davis refta à l'ancre 
dans ce liçu jufqu'au premier de feptembre, qu'il 
o^Tuya deux grandes tç/npêtes. Le pin, le fapin» 
l'aune, l'if, l'ofîer & le bouleau çompofaîent les 
forets dç ces parages -, il vit un ours noir , des 
ftifans ( teiréio phafianeUus ) , des oifçau?: qu'Us 
^ftppe.lcr^t pintad^^ , probablement ( tetrao cana- 
é^nfis}^ dQS ptrd^ix {tetraqt togatus)^ des canards 
^ dts oyes fauviçesj dçs merles -> des gQai§. ( car- 



DAi^s LE Nord. • jj 

yus eanadenfis)^ des grives ( tardas migratorius ) 
Se beaucoup d'autres pettts oifeaux. Ils tuèrent un 
grand nombre de faifans & de p«xlrix, & prirent 
une grande quantité de morues. Davis mit à la 
voile le premier ^ de feptembre , il rangea la cote 
jafqu au 3 de ce mois , alors un grand calme 
donna à 1 équipage le loifir de pêcher fiir cette 
côte 5 qui était au cinquante - quatrième degré 
trente minutes latitude nord , il prît beaucoup 
d'excellentes morues. Des pêcheurs' très - expéri- 
mentés qui étaient à bord du vaiffeau , afïurèrent 
le capitaine qu'ils n'avaient jamais vu une fi grande 
quantité de ce^ poiflbns. Il avança toujours jus- 
qu'au 4, & trouva un mouillage environné d'îles 
bien boifées. A huit lieues ou environ de cette 
terre ^ ils virent un fort courant paflant entfe 
deux terres & qui prenait fa diredlion à l'oueft. 
Cela fit naître l'efpérance de trouver un paflage 
dans, ces lieux , & fiir - tout parce que vers le 
fud, il fô trouvait un grand nombre d'îles. On 
avait laiffé fiirune île une certaine quantité de 
poiflbns , on envoya pour la prendre & l'apporter 
à terre , cinq jeunes matelots , mais les habitans qui 
s'étaient mis en embufi:ade dans la bois, lancé- 
xent fur eux une grêle de flèches , en tuèrent deux 
& blefsèrent dangereufement deux autres , un feul 
échappa en fe jettant à la nage , quoiqu'il eût le 
bias pçrçé d'unç flèche. Les gen$ du vaiflôau 



1 



74 Découvertes ET Voyages 
s avancèrent vers le rivage, mais après 1 accident. 
Cependant on fit deux ^charges de moufouc'* 
terie contre ces perfides & cruels fauvages , qui 
£irent fi>rcés de s ebigncr. 

Bientôt après les vaifTeaux fiirent pris d une *" 
violente tempête qui manqua de les jetter fiir la 
terre, quoique toutes les voiles fiiflcnt ployéesi 
Enfin le vent s appaifa , lancre fiit retrouvée & 
le vaiflèau fiit amarré de nouveau. Après avoir 
encore efliiyé une autre tempête, ces navigateurs 
mirent à la voile Je ii feptcmbre, & arrivèrerit, 
au commencement d'odobre , heureufement en 
Angleterre. 

Les deux vaifleaux qui étaient deftinés à la 
recherche , d un pafTage entre Teft Groenland & 
riflande , quittèrent le capitaine Davis le 7 de 
Juin, vers le foixantième degré latitude nord^ ils 
avaient ordre de s'élever jufqu au quatre-vingtîèmcr 
degré latitude nord , s'ils n'en étaient pas empê- 
chés par la terre. Dès le 9 , les gens de l'équi- 
page apperçurent de vaftes champs de glace à h 
vue defqueiles ils furent jufqu'au 11 , alors ils 
découvrirent une terre au fbixante - fixième de- 
gré, c'était riflande. Les habitans de cette con- 
trée avaient en abondance toutes fortes de poif- 
fons , tels que des morues , des lieus , des rayes 
( rcûa bâtis) y ainfi que des chevaux , des bœu& , 
^es moutons & du foin pour nourrir ces animaux* 



D A N s L E N O R D. 7J 

Les maifons étaient conftruites de pierres^ cou- 
-vcrtts de bois & f ccouv^rtes de gazon. Les int 
trumens & uftenfiles étaient , comme ceux d'An- 
gleterre , de bois , de fer , de cuivre , &c. 

Le I ^ de juin , ils quittèrent l'Iflandc , & 
firent, voile droit au nord-oueft. Ils fe trouvèrent 
Je 3 juillet , entre des glaces à travers iefquelles 
ils avancèrent fort avant dans la nuit, alors ils 
approchaient du<jroenland qu'ils apperçurent en- 
fin, le 7 du même mois. Cette terre leur parut 
«levée Se d'une couleur bleuâtre , ils ne purent 
y aborder à caufe des glaces -, ils continuèrent 
donc à ranger la côte. Le 17, ils virent la terre 
de -Défolaticn y ainfî nommée par Davis l'année 
précédente. Mais les glaces les empêchèrent en- 
core d'y defcendre. Us jetèrent l'ancre le 3 d'août, 
dans l'entrée de Gilbert , le lieu du rendez-vous ; 
mais Davis en était parti le n de juillet. On 
vécut en paix & l'on fit des échanges livec les 
Groenlandais jufqu'au 3 o d'août , mais . alors il 
s'éleva une querelle à l'occafion d'une barque 
qu'on avait achetée d'eux & qu'ils refiifàient de 
livrer. Il y eut quelques hommes tués & bleltés 
de part & d'autre. Les Anglais partirent de c^ 
parages le 3 1 d'août , eatrèrent dans la Tamife 
le ^ oélobre , & vinrent jufqu'à Ratcliff. ' 

Ge voyage de Davis eft, à tous égards de la 
plus grande imporçiuicc 5 niais il eft auffi fort 



1 



J6 DÉCOUVERTES ET VoVAGES 

iiifScile à entendre, parce que ce voyageur a né* 
/ gligé 'de nommer les contrées qu'il avait vues. 
Cependant nous pouvons recueillir de €e voyage 
les obfervations fuivantes.. i 

Il , entra une féconde fois dans l'entrée de 
<jilbert , découverte l'année précédente , qui étak 
iituée fur la cote occidentale du Groenland. En- 
fuite Davis alla encore par un temps de brume 
dans le détroit de Cumberland 5 & s'avança juf- 
qu'à un^rouppe d'îles-, là, il fut obligé de céder 
aux murmures de fon équipage , & de prendre 
terre daps un havre fur la côte, fud du détroit de 
Cumberland , ou Mans l'île de Bonne - Fortune ^ 
au foixante-fixième degré trente minutes latitude 
.nord & foixante - dixième degré à l'oueft longi- 
.tude de Londres. Il rencontra encore une terrç 
iîtuéc au nord du détroit de Cumberland , ou 
rîle de Cumberland. Il fut enfuite vers le fud, 
,& vit une terre qu'il eut toujours à l'oueft. Le i^ 
août, il alla quelque part aux envîrotis de la baie 
de Bonne - Fortune , vers le foixanta- quatrième 
degré vingt minutes latitude nord par le cinquanr 
-te-quatrième degré. Il vit encore une terre, & 
conféquemment il était déjà fur la côte de La^ 
Iràdor. Le 2,8 août, il vit deux détroits fous le 
cinquante - fixième degré de latitude, Le^ premier 
cft près des îles fituées diredement devant la 
colonie ties feères Moraves , appelée JViîi/2. lu^sk^ 



ï)ANS LE Nord.- 77 

.tre eft probablement le détroit à louefl: de Nmi* 
tucktuhc^Sc le lieu fitué au cinquante-quatrième 
degré trente minutes latitude nord , près le gjand 
détroit où il* vit l'Océan couler à loueft, cil le 
détroit de Eywucksoke. Delà il revint en An- 
gleterre par ïêtk. 

Les détails du voyage des autres vaîilèaux font 
ûuflî vagues -, cependant il femble que la partie 
de riflande où ils abordèrent était aïK environs 
de Bnrdejlrandfyjfel y dans le Weftfildinga-Fior-- 
dangy peut-être lehavrç de Fatrickfiord. Au nord^' 
oueft de cet endroit , eft cette partie de l'cft du 
Groenland, à travers laquelle paffe probablement 
le bras de mer qui vient de Cfirijlian-Haab , & 
qui eft préfentèment fermé par les glaces xjui'em* 
pèchent les vaiflfeaux d y entrer. C'était auffi le 
cas où fe trouvait l'entreprenant Anglais, ce qui 
l'obligea de longer la côte au fud-oueft, jaf^*i 
ce qu'il eût doublé' le ca.ç Farewell, il vint à 
la terre de Défolation & i l'oitrée de Gilbert. 
Conféquemment il atteignit à peine k foixante- 
fcptième degré , quoiqu'il dût aller jufqu au qua-^ 
tre-vingticme. 

Davis traita avec la plus grande douceur lei 
habitaîîs des lieux où il aborda. Ceux du Groen- 
land donnèrent maigre cela ,de$ épreuves de lèu{- 
perfidie &- fe rendirent coupable d'une Infeadioa 
continuelk di - la ^ paixr 11 ^paraît qu'on n'a pa< 



\' 



1 



78 DÉCOUVERTES ET VoVA(ÎÊS 
toujours inftruit Davis des caufes qui provoqué-» 
rent ces infradions. La manière dont ces peuples 
attaquèrent les Anglais , femble indiquer une 
'grande animofité » & conféquemment quelque 
ofFenfe qu'ils auraient reçue. Les habitans de la 
côte de Labrador paraifTent avoir été moins 
humains & plus groflîets que ceux de Groenland- 
Il eft très-probable que ces peuples avaient été 
avant cette époque , maltraités par les Européens 
qui faifaient la pêche à Terre Neuve Se au nord. 
Se conféquemment qu ils auront été excités à la 
vengeance. par le fbuvenir de ces mauvais traite-* 
mens. Ces peuples malheureux avaient fans doute 
un extrême befoin de fer , ce métal indeftruc- 
tible, puifquils ne pouvaient réiîfter à la tenta- 
tion de s'emparer de celui qu'ils voyaient. Les 
Européens mettaient auffi trop de négligence à 
garder leurs inftrumens de fer ^ pout ne pas ren^ 
dre cette faute trop aifée à commettre à ces pau- 
vres habitans. La defcriptioiï de la côte de La* 
brador que nous venons de mettre fous les yeux 
du ledeur , s'accorde paxfeitemcnt avec celle que 
le lieutenant Curtis en a donnée dans les Tran* 
fictions philofophiques, 

XIL Nous voilà enfin arrivés au troificme & ad 
phis important voyage de Davis qu'il fit dans Tan- 
pée 1587. On équipa trois vaii&ftux;» l'un defquels 
feulement fut dbftiné à fiike de»' découvertes ^ le$ 



PANS JLE Nord. jf 

<Jcax autres à la pêche. Ces vaiffcaux partirent de 
Dart^outh le t^ de mai , & firent voile droit 
à la côte occidentale du Groenland \ ils prirent 
terre le 16 de juin » fur lune des îles au ibixan- 
te-quatrième degré latitude nord. Là , Davis quitta 
les deux autres vaifièaux & leur ordonna de fuivre la 
pêche vers le cinquante-quatrième ou cinquante- 
cinquième degré latitude nord , & de Tattendre 
|ufqu à la fin d'août. Pour lui il dirigea (k route 
çu nord - oueft , & quelquefois au nord , ainil 
quau nord -oueft par nord & même nord par 
eft; arrivé au foixante - feptième degré quarante 
minutes latitude ngrd, c'eft-à-dire, vis-à-vis la 
rade de Disko , il vit un grand nombre de ba- 
leines & de ces oifeaux que les marins appellent 
Coninous. Quelques habitans de cette contrée 
vinrent dans de petites barques , échanger lcui« 
dards armés d os pointus » contre des couteaux* 
Le jour fuivant plus de .trente barques vinrent do 
plus de dix lieues &. apportèrent de jeunes fau^ 
mons , des oifeaùx aquatiques 9 des capelans {gadus 
minutas ^ Linn») qu'Us échangèrent pour des. aiguil* 
les» des bracelets » des doux, des couteaux ^ des 
fonnettes , des miroirs Se d'autres bagatelles. Ils 
apportèrent feulement vingt peaux de phoques# 
Nos navigateurs s'avancèrent le 30 de juin, juA 
<}u au foixanre - douzième degi^ douze minutes 
latitude nord» le foleil tefta cinq degrés au-ddP 



1 



io DéCOtJVEK'f E^ JET VùyAÔËi 
fus àfi rhor'zon -, pendant tout le temps qu il^ 
furent fous cette' latitude, on trouva que la va- 
tiation dô laiguille aimantée était de vitigt^huit 
degrés à Toueft. Toute^ cette côte fut nommée 
côte de Londres. La mer avait été tout ce temps, 
libre à loueft 8c au nord 5 la terre qu'ils avaient 
à droite fut toujours à Teft. Mais le vent étant 
tourné au nord , ils ne purent faire voilé plus 
loin fur ce rumb de vent. Davis appela la pointe 
de terre hope Sanderfon^ de Guillaume Sanderfon, 
qui avait contribué , pour la plus grande partie , 
à l'équipement du vaiffeau deftiné aux décou- 
vertes. Enfuiteilfe porta vers loueft, après avoit 
avancé quarante lieues , il trouva une grande quan- 
tité dç glaces , il aurait bien voulu Continuer de 
feirô voile vers le nord le long de ces glaces, 
mais lèvent du nord l'en empêcha. Il eflaya en-» 
c'ore une f<MS de s'ouvrir un chemih à travers ce^ 
glaces, parce qu'il avait apperçu un petit efpace 
qui n*en était point c^ftnié v niais il ^t obligé 
de retourner après avoir marché pendant Atxtii 
jours entre ces montagnes flottantes. Le temps 
devint beau & calme, &C il côtoya ces glaces vêts 
le fud. Davis ayant remarqué que le foleil avait 
beaucoup de ibtce , pcnfa. qu'il lui ferait pluS 
avantageux d'attendre quelques jours pour tenter- 
une autre route" à 1 oueft , lorfque le vent & le 
fodeil auxaient nettoyé h met de ces glaces:. U 

refta 



jUÀ^ donc à ia côte de.l'eft., Mai^ Coxi équipage 
pétait trop plein du. fouyenir des mauvais traiçemetis 
.qu'il avait reçus d^s habitant de c«tte côte, pour 
jofer y mouillf^icil fut donc obligé de tenir la 
;çiçf* Quoique de«i '.vagues fuflenptacès-bautcs 5 les 
;^uvtes. habitant d« cette cùocfé^. le. fuivirent à 
M m^t poQx y Élire quelques éc^iwg^^ Davif 
i^^^àt'paflë: quelque ceitips dans ces, patages, prçs 
f«les g^ce$ ic euviiroaçé de btouiUacds , découvrit 
<«nfin Jet Mont-Rakigh ^^ns liie df^Cumberland. 
,Ij'e .19 dc;jiftH^5 U a^jciva à Teuaée ^ détroit 
iiqui p9rte 1« ni^aae nom* La 2} j^^près.avoir faiç 
foixame lieu^s.daf)s ce détroit 9 iigp;arâiia:e au 
'mllieii4'iin gts^^dllPA^bf^^.d'îles fo^aa^t un groupf e 
:à l'ex^tréiiûté de-Ub^ie \ il le& 9$i}nma ,îles d.e 
jÇuçiterlandé Ta^is que le^.As^gials furent à l'an- 
î^rç^aos^cfe Up\\H iiç/^rent paflT^r -.grès, d'jèax une 
rbàl6ine ^ui aUak;à loueft. La vâ^riaâoix de l'ai- 
guîUp. aina^fttéè ét^t de trente degrés, à louefl;* 
Itl ^etûornèrent: À M H^l^t par r i^ môme chemin 
.4ju>l$; suaient; ptôi, SÉt ikiurûnt.ftôrpBls^d'uacalmç 
;;plpfp5Ld' pfcnds#vle^«l-iis. ftntirept une très- 
.jgrande chaleWf:;6£àitQ]3b»^ Il9;tti2£t?»i dju-vaifleau^ 
^sfee^dît à tctr^.fve(Ç.jqufiquft|;:i^S5eiots pour 
,jeh»flitf » U yk plnfietits^itotïibeaus], fie de Thuil^ 
de -poiflbnréjlajftij^ifriï laltfrrid. J#^ chiens ^ 
-cette contrée lui(|aiWM^'fi gc«si:(ilMls^p<>^y9^P^ 
à peine courir/ r^ . . ; / 

Tome IL F 



Datais ayant: quitté le déttok dû Cumberlané, 
ic étant rentré en pleine mer, découvrit, entre 
le foixante-cfèuxième & le fôkante-troifième de- 
gré laritttde nàtd , un paiTage qu'il ap{>ela dé* 
troit de Lumléy , du nom 'du loïd Lumley* Il 
rencontra dan^ te lieu des coïKr^ins fiwt iaf>i<!fts 
dans la dtxeââon de Toutô^ ^tii entlralfialint M$ 
vaUleaax, £é:dènt le toornaiement âkifait un bmk: 
feniblable à celui dNinê dafaraAe '^itf fe précipite 
tl'un Ifeu fort élevé. Le .}i juillet, il vît ifti 
promoiTtcfire qûll «omnla cap-, 9» If^arwiek. Le 
premier cfaoûtj; il vit an feixnfM - unièniè degfé 
^ir minutcs4atitode nord ^ un câp (» la edte dji 
fud-oueft du déermt , quil nomma cap dé ChiâUys 
irprès avoir été pendant ptuïieûr^ ^ur$ enveloppé 
de broufllàrdt , 21 aboifdsl énâlv à une île <|ull 
noîamâ île Darcy , du nom du lord Dàrcy^ Il 
y avait 'fur* «tte île quelles animaux i& VePj^dc 
du cerf; phifiêâr^ perfbnnes- de Téqiâpage à^skûïh 
dhent pour les 'tuer» mais après les avok ^chaâls 
ideux ou trèîsi^s àutoi» de i^le., ces jsoiimMpK 
Te jetèrent- i-1» mer èc ^agnèrôfife- à lii riage ttt^ 
filtre île '4 ttsii tleaes de dUkneè de celle ->a« 
Luh de <ts aiitn^aux était ^ès^^ras, (ès^ pieds 
étaient^ au£ -larges 5^ aâffi~gio5 que ceûk Aim 
bœuf. Tandis t[m les ctiàifeturs Ibngeaieikt^à fb- 
joindre les vttffTeaujc auxquefe' Pavis avait Ordôtiné 
de pêcher danc ces parages Se de Tattendre jiif- 



3ÛÀ.KS Jtle No n^ $1 

t^u à la fin d^août ^ leur navire dcmoa & rud^meDr. 
contre un rocher quil fit une grande voie d'e^u ^ ' 
^nais ils Eurent affez heureux pour la réparer 
mèiût au milieu dune tempête» I»e 15 d'août , 
i\s vinrent au cinqùante^^euxièm^ degré dou2e 2ni-«t 
nutes latitude nord , où iU virètlt un grand nom** 
bie de baleines. Mjaà^ n'ayant pu >^elErouyer les dttt:ie 
VaifTeaux , parce que ceux * ci avaient fini ItAti 
pêche en feiîe jours^ & étaient revenus en Ât^le-s 
terre; Davis fe réfolut à retourner dan^ fa partie. Il 
quitta- cette côte le. tS aout^ fie .arriva le î$ fep- 
tem^ie à Darmouth. > 

. Datais paraît avoir poiled^ à un. degré émtnent 
la.douceut » Vhumanité^ Tintel^gence & le cou^ 
rage.' Il pénétra plusi loin dans If nord qjb'aucucr 
de ft^s jprédéc^ifeurs^ SC ù. les glaces ne l'en qU(^ 
fimt empêché^ il aurait, certainement fait les dé^ 
fauvettes que Buffin fit heureufement en i ^1.6. . : 
Les régions du nord paraifTent jouis 9 nmlgré 
les brouillards qoi s'y élèvent fréqueiiinient 5 d'un 
ciel plus; pur «pieies contrées du fud fîtuées ftus 
la mèsne platitude.; Noa^ avons été trois, feis par 
le fojxante-imàfnj& degré trente minutes latitude 
fii(i » .nous nous (omines avancés même jufqu au 
{bixante;Tonziènie.diegré><buKe minutes de la même 
l^tudo.^.&\nous.aa.vpns-vu que très-rarement le 
iç^eil, au*defiùs-de.l'hpipÎ4^n ^ lotfqu'il^^'éitevait 
au-deifus de ce cercle^» ii était enveloppé ?ets le 

Fij 



J4 DÉCOtfVER-fE^ ET VorkGiÈ 
foir de tant de brouillards, que nous ne poUVîOfi^ 
yôit^ fon imagé qubiquU rcftât plus de vrngt-^ 
è[uatre* heures for Thorizon, 

Pendant- lôs' trois faifons fchaudcs que tioor 
avons patiees dafts rhémifphère auftral , à one* 
grande dîftàrfëc dé réquatètir^ moindre cependant 
quô-ceÛê à 'laquelle 'Davis était dians l'hëmîT-' ^ 
phère nord , -nous avons-bien ftntî quelques jours 
doux i mais -le tfctermomft:re rïe s'eft jamais élevél 
que de quelques degtés aU'dcflhs du point -"dô 
congélation. Ceff donc titte cHofe digne de re- 
marque , que Davis parle plufièurs fois dû IV 
grande chaleur qu'il a refleôtie au foixante-fixîême 
& même m foixante-dôuiième degré htitude hbrd»' 
lia caufecle cette rhaleàr ner^eutctre attribuée 
qu'à la grande étendue- de 'tbttc dont il était' 
environné-, tandis que le^ froid extrcmcf qirdh" 
ref&nt 'dâi«''Wiémifphère lauftral , ^ient'cfc' W 
grande étendue des mers; & dû matnque de terrés 'y 
comme je Fai éprouvé dans tnes -Qbfervations (<a):" 

Les animatxx de Tefpèce da'ccrF quW trouva? 
fur là <>otc- de -Labrador étaient, ou le cerf d*A^^ 
mériqué,t>u le renne , ou nTcniè félan, ôti'ènfià^ 
ce qu'on appelle le ( tnoôfédèer). Je (uis'^rÉë* 
à croire que t'eft ce dernier qiwDa^s à vit. ' 



h n r I <>« ' 



( a ) 'QèJèrv'asîoHs fait^pthdani 'un voyagé' aàiàut^ 



- Xili.. Les Anglais envoyèrent enfin une efca- 
<îre de- quatre gxands vaîllèaux iaux Indes orien- 
tales. L'exécution de cette grande entreptife fur 
confiée au capitaine: George Raymond ^&c , après 
fainaort, an capitaina James- Laneafier., C^te cf^ 
cadre: mit à k voile en 15^1, &: Lanca/ler revint 
eti I f ^ 3 . Ayant été fuçpris par une violente tem- 
pête 'pjès du cap^& fertjrouvant en danger dctre 
filbmergé avec fon navire, fon équi^page eilaya de 
l'engager à paffer à bord d'un autre vaiflcau ^ 
naaîs il fe refufa courageufement à cette, prière, 
& il attendit avec fermeté tous les événemens- 
Cependant il écrivit en Angleterre, par un dets autres 
vidilèaux. Dans fa lettre, il aflùrait la compagnie 
cju'il employ était tous les moyens qui feraient en 
fon pouvoir pour fauver fon vaiffeau & la cargai- 
fon y Se- que néannroins il les informait que. 1^- 
paflage aux Indes était au lîord-oueft de i'Amé*- 
tique- au foixante- deuxième degré: trente minutes, 
latitude nord.. • 

. L'aflertion d'un homme fi verfe dans toutes les 
connaifTances nautiques ,,& qui avait eu de fi fré- 
quentes, occafions de ^raffembler dans les Indcs% 
une multitude d'obrervations-- des Portugais , ne - 
pbuvait manquer de faire une grande (èn&tion cvt. 
Anglet^rrci On .pouvait encore ajouter à cela les« 
renfeignertiçns dpnoés par quelques Portugais pri* 
fcmnkri des Anglais > & qui avaient dit q^u'uiv 

F iij 



^ 



vaiil^aa ic teuf naeien avait été que^ac' toaips 
avant , te long d& la côte <je k Clûfw, & avait 
tHcouvé 9 au dn^ntf -^ ciiiqiiiànie degré latituds 
Rord » ufiCr mcf libce^ {<e8 deux compgniei éta^ 
.blks pour le eoninierce de la Ruffie & d^ la 
Turquie, pcket^ ia rëiblutîoii de checehet ce pa^ 
fage à leurs propres dépens. Ces marchands ^uU 
pèrent pour cela à fiai» commuas deux vailfbiux 
<k>nt ils confièrent le coffunandement au capittum 
George ^Teymoufk ou Waymoutk 

Weymomh partit d'Angkterse te 2 de mai fur 
le vâifieau la Découverte. Il prk au nord, pafl« 
t»!ès les Orcades ^ la pointe de VËcofie. Le t> de 
juin , il vk des glaces &i ta partie ta plus wéàh 
dionale du Groenland. Le 2 1 5 il tourfia à 1 oueft 
8er apperçut au foixanne- deu^me degté latitude 
itoid, le pomontoifede AP^4imi^^ qit il reconiutc 
pour une île \ 'û vînt enlmtd*aa détroit de Lumtey 
où il vit ufi cour^^t rs^ide allant à loneft pat 
le foixante-unlèmé degré latitude nord^ à la dUb]>* 
ce de douze lieues de k^ câae du continent ^de 
rAmérique. Le premier de. juin., l'air écak âoid'» 
couvert de brouillards, ic il neigsek; Le 1 j^ U ap*^ 
pesçut une grande ma& de gkcei^ il en pm &r 
fon bord Se e» obtint àt ï^dn^ très - po^ble^ Ik 
rencontra pluiieiM» couaans^ ti&è»- rapîc^ U toMg 
des côtes de ÏAm^kpç. Cette conesée hà p«Eut 
e^^ , non un continent?, maisiùn^nattlQ^e dltok 



P A irS^ £ B N O R Pi . îj 

Le j Se le 1 5 U vit le continent de rAm^ri^ue 
^ui étak tout couvert de neige , il était alocs par 
Irfoixantiènie dibgié tiente-ttois minutes latitude 
nord. Le 17 * le temps fiit très-obfcisr ^ couvert 
de brouillards 9 2c fi fi:oid que les agrêts de foiv 
yaifTeau étaient entièrement couverts de glâ93ns^ 
le lendemain le &oid fut encore trèsrvii , & le& 
cordages cominuatit à être gelés « ^eymouth ne: 
put £aire avancer fon vaifTeau. Son équipage com- 
n^ençait à fe mudner ic k. vouldr le forcer à re« 
tourner en Angletene. Mais infonpé à temps de- 
ce defTein ^ fa fermeté en empêcha l'exécution. Le 
22 5 étant déjà au foixante ^hmtièooe degré cii>- 
quante<*cinq minutes latitude t^ord ( oU: plutôt 
. foixanto^troifième degré cinquàntentroÎA minutes) • 
il fit punir féVèrdmtot ïtî$ plus mutins de Téqui-' 
page* Il fit prendre de la glace- dont il fie de l'eau 
bonne à boires Une de ces mai&s énoimes^de glaces 
séclata axec un bsuit femblable^ à celui du ton- 
nerre , les éclats de c6tte glace . endonuni^èrent 
une dès barques où Ion en chargeait. Le 25 ^ 
il vit l'entrée d'un détroit au foixante- unième 
degré xpiacance minutes latitude nordv le 30 ^ 
k$' vents d'oueft & nord-^oueft foufOèrent violem* 
ment^ 9: plufieurs/iperfibnnes de l'équipage étant 
tombées malades parce que la fajfon était fort avan* 
cée» le capitaine fe détermina à revenir 5 ^quoiqu'il 
eut déjà ioit fiai dé cent lieues, dans ce détroit 

F iv 



dont la largeur était ât quarante lieues, ta va- 
riation de raiguiilé aimantée fot de trente -cin^ 
<?egréî douze minutes à Toueft. Le 5 dç juiiïctv 
îl était forti du détroit. Alors il navigua le long 
de la côte de TAmérkjue, enveloppée dam de-* 
pais brouillards , Se au milieu des glaces flottantes -y 
2 vit une île par le cinquante - cinquième degré, 
trente minittes ktitude nord. Il continua de ranr^ 
ger cette côte jufqu au 14 , au milieu d'un gi?oi' 
temps & d'un grand nombre d'îles ail cinquante*' 
itxièmé'dcgré, 5c eut» dan» -un détroit. Plnfieuts: 
raifons probables lui firent naître Tempérance de 
trouver un paflage au cincpiante-cinquièmc degré 
trente minutes , Se au cià^quance^mquième degré 
cinquante minutes latitude ;ndrd^ il trouva que^ 
l'aiguille aimantée avôit décliné -d^ dix-fept degrés^ 
quinze minutes & de dix*hdt degrés douze minutes; 
à rouèfl. La eôte était alor-s'^débarraflee de glaces.^ 
Lorfqu il en vient fur cette^ côte., elles foftent d» 
nord. Il obferva qu'un tourbillon de vent éleva les 
eaux de4a mer à une très -grande hauteur. Il avait 
fait trente lieues dans le détroit au cinquante- 
iîxnème' degré latitude liord , ce qiii certainement 
aurait caùfe fa perte fi le vent eût foufflë feole- 
nicnt un jour du .nord-, àiv jW ou de Peft. Le" 
4 d'août, il découvrit les >lés Sejilly, & lerlende-' 
main il arriva à Darmoùth. • - : 

Le récit que fit LàrUaJkr ï fgn retopr ea 



DANS LE No BB; t^ 

Angleterre», fes^ réjponlè^ aux obj^ftions quôh lui 
faîfak, & hs détails ^u il donna de fon expédia 
idon 9 étaient bki^ &ii$ pourinipirerde la confiance 
aux compagnies du^ commerce de Ruffie icÀc Tur- 
quie ^ aufli ces raiibns leur parurent-çUes dun & 
grand poids , qa^slles donnèrent des ordres pour 
une nouvelle expédition dont lobjet ferait de feire 
dés découvenes. Les gtatules Indes , le commerce 
il utile de ces< contrées, & les immenfes richeffes* 
qu il procurait à cçùx qui en étaient en poiTeiEon,' 
&ifaient toujours Td^jet des deiirs de toutes les. 
puiflànces maritimes* de l'Europe. Les Portugais 
Sç i^s Efpagnols fournis alors à un même Prince t 
étaient en pofleffîoil de toutes les places où 1 on 
pouyai^ trouver: des «afraîchiflemens dans ce voya- 
ge* Cependant fans.de pareilles ftations , il était^ 
s^ors., & il eft encore prefque tmpoilible d'en- 
tiepsendte aux Indes orientales un voyage qui. 
demande fix. mois pour aller fie autant pour re- 
venir» . Toutes les tiations étaient dood occupées 
de la redierche d'une nouvelle route aux Indes ^ 
. fur iaxyielle Us'pufifentvétabltr des ^places où il fût 
permis à leurs vaiilèaux de relâcher &c de pren- 
dre desrta&akhiiremeas. Les Anglais &c les Hol- 
landais cfaetchèfent cetteroute pât.le nord- cft> 
& le nord-oueft. Lantafler dit que les Portugais 
avancèrent avec leurs vaiffeaux jufqu'au cinquante- ' 
cin<|uièm6.dç^ré;.Ufîtu^ç nord ^ au nord de U 



JO DtCOlfVEBTES ET VoVAG£S 

Chine & qu'ils trouvètœt une mex parÉmeme&è 
libre & ftôis aaôiM tejrev & que» daptès qoel* 
^les taifiumomons probdbles» let paflage de& bides 
doit être chotcbë qudçio paît au foizame*deur 
xième degté. tteoce mimitts iaritude soid aa BOtd«^ 
ooeft da TAmëriqna. Il paiakndt delà ^ que les. 
Fomigais aticaient été dam Ifi /voîfinagc de i'ilft 
de SagqJhi-AngeJtaia^ de la lixière d'Amour^ 6c 
qu'ils fe feraient aTaacés )u%i a ki riarière de Uda 
où eft aâueilemenr 1 etabli&nieDt nifi& Udskoi ^ 
( en fuppofazu: qu ils ayent oavigqé le long des 
cotes du cŒidnent au nord delà Cfame),^2n&me 
dam le cas où ils auraient pafië près des îles dé 
Lekju\ Japon ou Nipofi.( découvmps par les 
Portugais en 1^41), Marfinaî & les KurileS) ils« 
devaient néceflàtf ement rencontrer le Kamtfchâtka, 
au cinquante- cinçûènne degré lacioide nord*, Sc 
le pai&ge de Lanufier zsx fisixafite - denaâème^ 
degré trente mtnoÉes latitude Bosd ,. n aura été 
qu'une conjeâure pcifè d'apsès les w^es àk 
Jiavïs^ ' ' 

Le flot qui c;oule dans k nfte baie d*HiidIaii 
y caufe un courant très -rapide» febn le témoir 
gnage unanime des différem navigateurs qui ont- 
été dans cette baie, au Ibîsanre -^ fistàoBe degré 
dans le détroit de CumieriMd^ da foncantièmer 
*t foixante^deuxijème degré ààU le détioh ^Hud-^ 
fon 9 & au cinquaûte-fteu^me- degfé oÔ pïo^ * 



DANSLENoRD. ft 

hitmetat un 9Utxe liétreit <imie la terre de Lor» 
trador. Fout *< éere 3r a^r-it gluEeim tiu^xéci <Us& 
k même ^tioîr au citiquante^fixièftie iegxé quinze 
]|iigiuc9s latmide iiQfd, au cinquante ^ cicquiàiiie 
degré & aa citiqaaiiee*<piatrième degcé quatante 
mifuttesy qai notit pas eticoire été him examinée 
&: qui cependant «ne un cooraat trèS'*- ta^e. U 
eft probaèie que le ildc qui encre pat tant <b 
diffîrwtes loittee dam )a baU d'HudTon & dans 
celle dft Baffio^ lefibtt çiifàte par le déttoit da 

Ce voyage nous, è&e detix pteu^s de f iiiàge 
dft la glace convertie en eau douce Se potable* 
B fxat donc bien fe garder de citer 'cet a&ge. 
oocninfi une gtandô & nouv^le invention appas^ 
tenaoe aux piodecnes ; ce fessât montrer une bkn 
grande ignorance dans Thiftoiie àet découvertes 
naïKiqtMfiL îorCcfm lair s^adoucit je qu'il cornu* 
jaMiïC0 à agti^ fur ce» ntaflès ésiormes qu^on nom* 
nie montagne» de gkce, il arrive fbnvent qu ellei 
s^ëclsMAt en n^reeaiK» avec un liracas femblable 
à cetui dm tosmerva Coanme k centjr& de gravité 
de ces quad^ùess de gtace e& fort diffêxent de 

■ " Il !■ I Ji ■ H M I II I ■ I II I iiwai^M*— *W»*— ^»— — * 

. ' i0) Ciflci eft en .parue prcwté |>«t ce ftie Weymfimh 
a ramstfqii< , aa psurkni de U côte de Labrador. Côcn» 
côte, dk-U j^ eS libre de glace», Toab s*il eu vient , elles 
arrivent du nord. Confeqjiemraent elles doivent Être ap- 
portées à travers lè'dêtrôi Z^-Davh^' 



Jt DÉCOUVERTES ET VOYAC^ES 

celui Je k mafle entière 5 ils téurnenr pendant qntU 
ques temps fur la furfece des eaux jufqu'à ce 
qu'ils aycnt ttouvé leur équilibre, Nou^ nous Hoitm 
mes trouvés deux ou trois fois^ dans notre voyage 
autour du monde^, trcsr-près.dm ces glaces qui fe: 
brifaient -, mx des morceaux qui fe détacha une fois 
vuit en roulant fi près de notre- vaifleau qu'il 
ne. s'en fallut que de. dix ou douze, pieds qu iJL 
ne l'atteignit , ce. qui l'aurait inÊdlliblement fica-^ 
cafle , ou du moins très-endommagé. J'avoue que? 
cette fcène effrayante eft encore préfente à mot^ 
imagiiiatibn dans toute foh horreur 9 & je crois 
qu'elle ne s'eâàcera jamais de ma mémoire. Car 
peut-on concevoir une- plus terrible fituation que: 
de fe voir enfermé 9 dans un vaiffeau ifolé , au, 
milieu de maffes énormes dç glace dai|s un océasT- 
immenfe, à une fi grande diftance de la terre», 
éloigné de tout fecouts humain : 8t dans cet- 
état, conftamment enveloppé de: brouillards épais ^ 
dans la crainte continuelle de voir ces glaces 
menaçantes s'éclater en^ pièces & venir en roulant 
pefamment, fracaffer le.vaiffeau & l'engloutir avec, 
l'équipage infortuné ,. dans le- profond ^îme dô. 
ces vaftes niers. . . 

Avec un bon vent, un temps clair & une mer . 
libre, on peut naviguer dans ces mers du Nord y- 
mais lorfque les brouillards , les vapeurs froides 
& glaciales s*attachcut par-tout aux voilçs & aux. 



«grcts^ & quelles forment quelquefois des maif^ 
<le glaces du poids dç dix ou douze onces qui 
le détachent au moindre vent & tombent fur la 
cête des xrattlots y «& qu enfin les cordes & les 
voiles devie^mcnt fi dûtes & fi' fiagilcs. quelles £c 
tompeht a« moindre cibrt -, alQr$ ia navigation 
devient très-pénibie & très-dangercufc. Ce furent 
ces dj^cultés qui arrachèïent des plaintes ^ même 
à iinorépidc Wcymouthi, & qui Tempechièrent d a- 
vancer dans ces marsrdhcomnies 6c couvertes de 
çlâces. '.1 ' . 

/ .Dans ces firoids climats, Weymouth vit une 
<»combe^ pfaénooiène^e Davis avait aufil remar*- 
quék Cette obrerVadonièmblç confirmer celle que 
)'ai faite, dans :mfiii broyage autour du monde , que 
}ès:. trombes Te. voycnt principalement dans les 
^rsj droites- oà la^tsrrc neft;pas. à.rniè giand« 
dilj»nce'de chfaq\ie:côfiéi* -; .r il. 7? . 

.' XIY- Lc^ découvertes faites ^ans-lc Nord pr let 
^é^nmsfvxS[m&s de rEuràpe:,' engagèrent le iqi 
de.P%tlemârcfe4[ dôniiei: des ordics pour qu'on fît 
w voyage qui 9Utr«b: pour o|)j|stxie faire des décach 
feiS^i p0Ur lû>%ièmè. Les An^ais;.pallàient déjat 
paur;iç$ plas. expérimentés &'leç pbs habiles 
SfiarÎQs.'de r£iirôp&. te tcd de Danhmarck avait 
çhojfi parini eiM|:,;ei> ïfPf .*. fe$; çnp^iincs Jaâ/i 
Kn i gh L.&L Jmaet.Hall pour commander les vai& 
f(?auiciqi4{iés pouTeette/^édltiim^ M^en i^o^^ 



1 



j4 DécotrvjËJffirfeT V'otÀdPES 
Kmght Êic dé/îgiié daiis fim pajrs par las compas 
gnies des graniks Indes ft du csomm^riTe de la 
Àuffie. Il pacdt de Gnmfend 6c mtbm k ii dit 
snêoie mois amc Orcados, où ii fiar obligé dé 
xefter quinze joitts à canie dâs vtau conmdrô?* 
Le iz de nui^ tt remit en mec Le t^^ il était 
au cin^uânte-faaitième d^é dit^Dettf minutes latî« 
tude nord » lai décUnaîlbtr de Taiguille aimantée* 
était èo huit degrés. Le ^r ^ il fe trofvra au dt^ 
quante-%ttèis>e dqpoé cinquaoi» minâtes latcmde 
nord , il faifait une brume fort épaifTe ^ &: il y 
avait ibus cette latitude » Un gcand cooranc dont 
la diieâdio& était au nord» Le itl ^ il irk beaucoup 
de mouettes As d'aigu imuioei* Le 29 » E ^fêrva 
Une dmette* Lr 18 , il était :aQ; ctnquaote-'fep'*- 
tîème degcé eiiujMirte^fept immitea latitude noid» 
8c ia déciinsBr(W de raigniliei aimancée âak de 
quatorze degrés trente mfaïQteev;*! Tic des raycé 
oôirea daos la nmr^ û vk asi&des4^«rans^ <^el« 
que»*UBs defquelfi eihûent l i'emU^ i'M&e$. ait 
nordw Le xf^ikùi tamm à te ]ftcfeid# d$ ciû^ 
qBame-^faRiit digtés^. ic le comasic âUait yteav U 
fitds il vh u0 grorid iU)ndir)( drolieaut bkni^f 
qtà Jsv^ent uftT g^uâtemosic paceit il ce&ii de$ 
ttKmeatci.? A Hf^ecçut aoffi picfâMtes vaclMS oti 
plutôt ccttbwM» ^} mÊM ûût9aM§aÉ té0 «aux. l4 



1 1 A ài>toi 



(^} Ettaagb&<;gtr i%i<fc ! >Jite at<my coibeao. 



^i,.. 



1) AN S LE Nord* ' ^j 
t) de ]\m p il vi£ une terre qui lui parut un 
«1018^ 4'^es pai: le ci^quance-feptième degré vingt- 
ci^ )^^l«$^ nutis il trouva aoffi une gtatidc 
I^Wtité de g^aees ^m étaient peuffîes am iiid; 
il avmçt «utmt qu'il lui fut poâible au tiave» 
^e ces glaces » mais use tempêce qui s'éle?a poulià 
fur U vaiâcau cjsUes dont il étaâ: entouré & le 
£t beaucoup feoffirir. Le 19 , il rit encore la terre 
À ipràxe. lieues de diftaoce aa cinquam^fîxiéine 
4agai quanuiteJimt minâtes latitude nord, l'aigaillc 
ainjaméedéclinaii <fe tisîgt-cinq degrés à Todeft^ la 
marées venait càinord;- Le ^4 » -un grasid vent dft 
•DOtdiompit le cai>k qui attachait le vaifi^u à la 
censj, &: le gouvsrnatl &t emporté par le» glacer. 
Le capitaine Kn^gkt fat obligé de cotidiiîte fbfi 
iiai&8ai:dansutseeQiDrée& cfécbouer ion nafvirie dans 
Pe^Kiir (le fauver au Moini fes pr^dv^ôti^f mais 
«vant içd'il pac timcbér à t»ce ,'le b&!^mefit étak 
^^^itmeitté pkiii 4f^Au. 31 i€^^t«if toiMs iés 
fove^ avec aifitt^ à^^^^piifar pôiir ^{re en état 
4^éeafflcher la toie ^teadl Ënfimè itniii^'^Iiefs 
ta élffidieiape , afin de dietcher «n lieu^ {liîlls C09- 
wsédb. peut séptter J«t v«iftau v tmfer mÉ€ é«alt 
!4tDvpnr:de gkce > oepteidwc dA'déoottttk'U^ti ti6& 
^nai^GMi ftccettàcears^lcM^, le cajdlateârKitig^ 
avec iûnxrni^aBhttSBâtm Sa^wok^ttmtàd^^ fonts bitk 
«Doiéiar^ dcfesUdkent âa^itte; Ue %t granodè, poair 
ickercàér m iteo* pcopiis i f rado0b* 4^ navire. 



Il laiiTa deux hommes dans la batqiie, & alla aVerc 
trois autres , lun delîjucls était fon frère y dans 
la partie la plus élevée de llle s les doux bommes 
qu'il avait laiifès dans la barque 5 ratteâdirefit ; 
mais inutilement^ depuis dix heures* du niatià ju(^ 
qu'à onze heures du foir. L'un d'eux fonna deiîx 
on trois fois de la trompette , l'autre tir» deux 
ou trois coups de fufîl; mais né. voyant point re- 
venir le capitaine, ni fes Compagnons 9 ils retpùr*- 
lièrent au vaiffcau. Cet événement jeta tout l'é^ 
^quipage. dans la plus grande confternation » fie 
on pafTa la nuit dans- le chagrin 6c la douleur* 

Le lendemain fept hommes biea armés allèrent 
dans l'intentioli de chercherais, capitaine & fes 
Compagnons,. mais ils ne purent avec leçr chà- 
iQUpe ^boi;d4t à caufè d^ glai:es. Us déharafsè^ 
:tent le vâU&au , comme ils avaient fait le 28'^ 
& iirem. jouer. vivement le& pompes pouc trou>- 
ver la voie d'eau, & l'étanchér. Les tnâturels 
pâturent pendant ce t^mg^ (iir les rochers, ic 
voulurent fe jeter fur jia .i^halpupe & la barque 
qu'ils cop^iiifsii^t , mai^lafentinelle ajrahtdori- 
:ixé falinyï^^- ie^ laûVages., quoique nombietiK-, 
iurçnt jh^i^^nfement xepouilE^ L'équipage: xcpoitti 
fes pr^^iâQÇ^ à)>otd , fe hâta d'achever â faaxque:, 
& quictf fifj&a cette ceree fi fimefte, avec le vaîf- 
feau Scia barque qiii o^édak ta calâitée, m ^n- 
dronnée/, condui&nt g dbi' t&me le vaifibau qui 

n'avait 



'1 



DANS LB NoKD. 5^ 

iiavaît point de gouvernail , ils prirent leur grande 
bonnette qu'ils confirent avec des cordes défilées 
& ils appliquèrent cela fous la quille de leur vaif. 
feau où était la plus grande ouverture , par ce 
moyen ils empêchèrent en effet , feau d'entrer 
en auffi grande quantité qu'auparavant. Ils furent 
cependant toujours obligés de faire aller les pom- 
pes j de cette manière ils dirigèrent vers Terre- 
Neuve, où ils arrivèrent enfin & entrèrept dans 
une baie près Fogo^ le 23 de juillet', ils. y ré- 
parèrent leur vaiffeau & leur fanté. Ils partirent 
delà le 22 d'août^ & arrivèrent le 24 feptembrc 
à Dartmouth. 

Ce voyage fut d'autant plus malheureux, que 
fefpoir qu on avait fondé fur fliabileté de Knight 
à faire des obfervations , fut entièrement trompé 
par la perte de cet habile homme. Il efi: pro- 
bable que le jR>uvenir ^s cruautés que les Euro- 
péens avaient exercées autrefois fur les Efquimaux^ 
& l'avidité que ces derniers ont pour le fer, 
occafionnèrent la mort du capitaine Knight^ &c 
excitèrent les fauvagcs à attaquer le refte de 
l'équipage. Il n'y a rien autre chofe dans ce 
voyage , digne de remarque , fi ce n'eft que 
Knight I a obfervé aufld le même courant que 
plufieurs autres navigateurs avaient reconnu , dont 
la direction eft au nord. La chouette qu'il a vue, 
venait probablement des îles Feroe , puifqu il palfa 
Tome !/• G . 



f^ DÉCOUVERTES ET VoYAGES 

î^Tex près de ces îles ^ mais les brouillards rem^ 
péchèrent de les bien voir. • 

XV. Jkimei^ Hall avait déyi paflK trofe ans air 
fefvice. de- Danemarck-i d^ 1^505 à 1^07, & avait 
feît des voyages dans ley contrées du Nord. Dans 
le dernier qu'il fit, Téquipage s'étant mutiné, it 
fiit obligé de relâcher en Mande , fans avohr vu- 
autre chofe que les côtes du Groenland. Gn ne^ 
trouve presque rien fur ce^ voyage. On fait fcu- 
fement que /urnes Hati partit de fhtU ou Kin- 
gftoft'Vponkull avec deux vaiffeauy, Fun nomméi 
la Patience y l'autre /e Ht art s Eaft. La pre- 
mière chofe dont il faffe mention dans ce voyage, 
eft lobfervation de la longitude d un lieu qu'il 
nomma Cockittgy détroit qui eft au foixante-cin- 
quième degré vingt minutes latitude nord^, Sc 
qu'on nomme autrcinent Bnah-Revier ^ 8c félon-' 
fbn eftinte , au fôïxahtième degré trente minutes 
à l'oueft longitude de Londres. On trouve auflï 
dans la relation de ce voyage , que Hall fut tué 
d'un coup .de lance par un Groenlandais le 22 
de juillet , & qu'avant cet événement , il n'avait 
jamais eu de difputes avec les- naturels de ce 
pays -, feulement on avait remarqué que cer der- 
niers défignaient Hall par le nom de capitaine, 
ce qui fit conjedlurer que le meurtrier était ou 
un fière , ou quelque parent des cinq Groenlan- 
dais, qui avaient été emmenés par les Danois en 



D À N s lî fî N O R D. 5f 

i^oéT. BaU avait fait des recherches pour décou- 
vrir des minéraux, & avait par-là, eu occafion 
d obfèrver quelques rivières & quelques havres y il 
avait auffî apperçu les traces d'un grand ceif 
ou élan. Après la mort du capitaine , l'équipage 
reprit les recherches dans rintéiieur des terres ^ 
ils trouvèrent plufieurs endroits où les Danois 
avaient creufé ^vant eux. Us trouvèrent auffi des 
pie&es brillantes , qui ne furent quand on les 
examina, que des fcories. Elles ne contenaient 
point de métal , mais refiemblaient au verre do 
Moicovie, Glaciss^Mana. 

N'ayant pu trouver de métaux, ni engager les 
babltans à cofmnercer avec eux , ils laifsèxenc 
Rommels Fiord au ibixante-(eptième degré lati- 
tude nord ( là, l'aiguille aimantée déclinait de; 
vifigt*quatre degrés feize minutes) , & arrivèrent le 
même jour à Hongs - Fiord. Alors ils dirigèrent 
leur route au fud , parce qu'un matelot avait 
été tué par un Groenlandais à c#uife que le pre- 
mier voulait chailèr celui-<i hors de fon canot. 
Le i8 d'août, ils étaient au cinquante-huitième 
degré cinquante minutes latitude nord \ depuis 
ce moment jufquau 6 fcptembre, ils furent con- 
tinuellement tourmentés du gros /emps, ils étaient 
alors au foixante-unième degré dix-huit minutes 
latitude nord, la déclinaifon de l'aiguîUe était de 
fix degrés à Teft , & ils avaient le fond à foi- 

G ij 



loo DÉCOUVERÎES ET VoYAGES 
xante-huit brafles. Us arrivèrent le 8 de feptem- 
bre aux Orcades , où ils mouillèrent. Ils achetè- 
rent des habitans, des oyes & des moutons , & 
leur donnèrent en échange de vieux habits & des 
foulicrs. ï-e 1 1 du même mois , ils rentrèrent à 
Jiull ou Kingfion fur ÏHuU. 

Guillaume Baffin qui était très -jeune alors & 
qui écrivit la relation de ce voyage , ajoute que pro- 
bablement les pierres brillantes & de différentes 
couleurs dont il Êiit mention , ne contenaient pas 
de métal. Il paraîtrait d'après cette affertion que ces 
pierres étaient le fpath étincelant ou pierre de La* 
bràdoiî. Peut-être en trouvè-t-on dans cette contrée, 
& perfonne ne peut mieux donner dé çonnaif- 
Iknce fur cet objet » que les frères Moraves qui 
y habitent. BafSn nous aiTure qu'on y trouve des 
montagnes d'albâtre blanc, à quarante milles de 
diftance dans le pays. On avait oifefvé, près de 
la rivière de Baals un petit bois de fept à huit 
pieds de haut , il était compofé de'faules, dé gené- 
vriers, & d'autres arbres de cette efpèce. On vit 
auffi une grande quantité à'angélique^ c'eft peut- 
être Vheracleum fphondylium. Il eft affez probable 
que ce peuple avait coutume de manger les racines 
de cette plante, puifqu'on en trouva dans leurs 
barques. 

Il y a dans le Groenland une grande quantité 
de renards dont quelques - uns font tout blancs* 



DANS LE N0R1>. XOl 

On y voit auffi de grands animaux du genre def 
cerfs ( des rennes ) qui ont les fabots très-larges. 
Les Groenlandais pèchent pendant tout l'éré , & • 
font fecher leur poiflbn 5c la chair des phoques 
for les rochers 5 poux leur provifîon d'hiver. Ils 
ont de petites barques de. deux pieds de iai^ge ^ 
&9 quelquefois 9 de vingt pieds de long. Elles 
font totalement recouvertes de peaux, de phoques 
avec un trou au milieu où k. place le. maître du 
canot qui s'enveloppe, fî bien avec des peaux que 
l'eau ne peut entrer dans labarque» Leurs rames, font 
plattes à chaque extirémité , ils les prennent par le 
milieu » Sç rament alternativement avec les deux 
extrémités, de cette manière ils vont fi vite quun 
vaiiTeau ne peut lesfoivre. Ils chaiTent dans ces bar- 
ques, les phoques, les morfes, les fàumons & 
d'autres poiffons qu'ils percent avec un dard ou 
un harpon,, dont la pointe eft faite d'un os,. & le 
lefte de baleine. 

L'été ils vivent fous des tentes , Thiver dans, 
des maîfons à moitié enfoncées en terre j ils n'ha- 
bitent pas toujours le même lieu, mais ils s'éta- 
fcliflent là où la pêche eft la plus abondante. Ils 
ont coutume d'adorer le foleil. Lorfqu'ils voyent 
arriver parmi eux quelqu'étranger, ils fe tournent 
vers le foleil , te^ montrent , & lenomment à haute 
voix , Ilyouc ; Se & l'étranger étend la main 

comme eux vers cet aftre &c prononce le même 

/"' • • • 

\j lij; 



102 DÉCOUVERTES ET VoTAGES 

mot, alors ils s approchent de lui; ce qu'ils n'au- 
raient pas ofé faire avant cette cérémonie. Ils en-^ 
terrent leurs morts dans des trous environnés de 
pienes pour empêcher que leis renards ne les 
mangent, ils enterrent dans ati aoiâre trou près 
de celui-là, lare , les flèches & les d«ds du mort* 
Ils mangent la viande toute crue Se boivent de 
i'eau de met; ils ne font cependant pas canni- 
bales* Us aiment beaucoup le fer Se cherchent à 
lobtenir par toutes fortes de moyens» 

Cette narration nous fait connaitte combien 
de tems ces peuples fe rappelent des injures , 
puifqu'ils fc vengèrent fur le capitaine Hall de 
Tenlcvement de leurs cinq compatriotes que les 
Danois avaient emmenés Tannée précédente. Mal- 
gré cet exemple, un matelot fiit tenté d'emmener 
on autre Groenlaftdais qui cttt cependant aflèz 
de courage & d'adrefle pour punir de mort cet 
homme qui voulait le priver de fa liberté. 

Les obfervations de Bafîîn font excellentes» 
Il en eft une cepe»dant , fur laquelle nous nous 
trouvoïis obligés de foire avec Crantz («) 'quel- 
ques remarques. Elle a pour objet Taddcatlon du 
foleil par ce peuple» 



(a) David Crante, Hift. du Groenland , pai-u I, liv. 

IV, chap. 4. 



DANS LE Nord. 1C5 

Les marins voyaient les Groenlandais fomr, en 
fe levant de leurs cabanes ^ .& ^s^dier fi^menc 
au ciel le lever da foleil 9 pour connaîtse ., 4 
cette vue , le temps qu'il ferait tout le jour. Cette 
adion fut confldérée jku: nos voyageurs comme 
une adoration du fbkil , choit à 'laquelle le <7ro6n* 
landais n avait jamais ^penfé. 

XVI. Malgré les tentatives Iréquentes &. in- 
feudueufes qu on avait faites poUt ttouvor >uïi paf- 
fage aux Indes par le nord ^ lUdée qu'on avait 
eue de fa poffibilité ^l'ésait pas effacée, on .pcn- 
fait au contraire , -qu'on le découvrirait aifémcnt 
fous la diredioa J'un homme habile & réfolu. 
Les premières entréprîfès avaient été en partie, 
foutenucs par le gouvernement , 'par des. gens les 
plusopulens & par des matrchands. Mais, aprèsde 
tels eflais, leurtèle serait ralenti. D'aUleurs le ca- 
pitaine James Lû/itr^er dans Ion voyage aux Indes 
dans le^années 1551 , 1551 & 15^3» par le cap 
de Bonne-Efpérance , avait reçu des renfeignemens 
fur la poffibilité de s'y rendre par le païfage fuppofé v 
mais il avait montré auffi les difficultés qui devaient 
accompagner cette recherche. Il mit à la voile une 
féconde fois pour les grandes Indes en i^oi , &: 
commanda une flotte appartenant à la Compagnie 
des bides, & revint en Angleterre deux ans après , 
avec de grandes richeffes. Le chevalier Henri 
Middkton Se le chevalier Edward Michelbourn^ 

G iv 



104 DÉCOUVERTES ET VoVAGES? 
revinrent aufli hcureufcment des grandes Indes 
en Angleterre Tannée 160^ ^ chacun avec une 
flotte richement chargée. Il fcmblô que ces expé- 
ditions heureufes aux Indes auraient dû étouffer 
le dcfir de faire de nouveaux efforts pour décou- 
vrir un paflage dans ces contrées par le nord. 
Cependant il fe trouva une fbciété d'hommes riches 
& hardis i qui non-feulement crurent à la poûî- 
bilité de ce paflage, mais qui prévirent encore 
les avantages qu*on en pourrait retirer. Us four- 
nirent l'argent néceflàitc pour trois expéditions 
avec une libéralité & une perfévérance prefque 
fans exemple ailleurs. Ils donnèrent le comman- 
dement de ces expéditions à Henri Hudfon^ ma- 
rin confommé & très-expérimenté , dont à peine, 
on a égalé les connaiflànces , la capacité & Tin- 
trépidité , & dont l'afliduité & le travail* infati- 
gable n'ont certainement été furpaffés par aucun 
homme de fdn fiècle. Le journal de Hudfon Se 
les noms de ceux qui l'ont employé ne nous ont 
pas été tranfmis. Il ne nous eft parvenu que des 
fragmens concernant cette navigation. On réfolut 
de chercher le paflage par trois difierentes routes, 
ou par le fiord diredcment, ou par le nord-eft, 
ou enfin par le nord-oueft. Ces trcMS voyages 
fiirent faits par Hudfon. 

Hudfon commença fon premier voyage on 1607^ 
& partit de Gravefend le premier de mai. Le 



B ANS L E No RD. I05 

I j de juin 5 il vît par le foixante-treizième degré 
latitude nord ^ une terre à laquelle il donna le 
nom de Hold-Jf^hh-Hope. Cette terre eft fituéc 
à ik & fept degrés au nord de Tlflande , à Teft 
du Groenland. Il trouva le temps beaucoup plus 
firoid au foixante-troifième degré , qu'il ne l'était 
ici. Le 27, ils étaient au foixante - dix-huitième 
degré latitude nord , ils eurent encore un temps 
doux & même chaud. Le z de juillet , il faifâit 
très - firoid quoiqu'ils n'euflent pas changé de 
latitude. Le 8 de juillet , ils étaient encore fous 
la même latitude de fbixante-dix-huit degrés. Us 
curent alors un grand calme , & une mer libre 
où ils virent une grande quantité de bois flot- 
tant. Toutes les fois que la mer paraiffait verte, 
elle était toujours libre •, mais lorfqu elle femblait 
bleue, elle était généralement couverte de glace. 
Hudfbn envoya le 14 de juillet, le maître & le 
contré - maître du fon vaifTeau à terre fous le 
quatre-vingtième degré viijgt-trois minutes latitude 
nord , ils trouvèrent des traces de rennes , & vi- 
rent quelques oifeaux aquatiques , & deux ruif- 
fcaux d'eau douce , dont ils burent avec une 
grande fatisfadion ; le temps étant chaud , le fo- 
leil refta même à minuit , dix degrés quarante 
minutes au-deflus de l'horizon. Hudfon navigua 
jufqu au quatre - vingt - deuxième degré latitude 
nord , & fc ferait avancé plus loin s'il n'en eût^ 



1 



lO^ DÉCOirVERTES ET VoYAGES 

été empêché par la multitude de glaces qui Tetv 
vironnaicnt. Cela ne le détourna cependant pa$ 
de faire une nouvelle fentative pour chercher ua 
paiTage autouf du Groenland qu'il regardait comme 
une île, & delà revenir dans fa patria par le dé- 
troit de Davis. Mais ce palTagc était auflî obiftrué 
par les glaces,; il fut donc obligé de revenir em 
Angleterre^ où il arriva le 1 5 feptemhre^ à Gra- 
vefend. 

On découvrit dans ce voyage plus de côte 
orientale du Groenland vers le nord , qu'on n ea 
avait apperçu dans les voyages précédens. ï-e grand 
degré de chaleur qu'on reflent dans les hau^a 
latitudes du nord , me paraît être dû aux terres 
t;:ès-élevées ficuées vers ce pôle i car dans rhémiC- 
phère auftral où l'on ne trouve que des mers au 
trentième , quarantième & cinquante - quatrième 
degré latitude fud, la mer abforbe tous les rayons- 
du foleil qui conféquemment ne peuvent pas pro- 
duire de chaleur dans l'air. Car , c'eft à la réfle- 
xion de ces rayons fur la furfece inégale d«$ 
terres & à leur croifement en différentes direc- 
tions, qu'eft due la chaleur de Tair, Ce fiit u» 
phénomène iîngulier pour Hudfon , de fentir., 
fous une latitude fi élefvée, un plus grand degré 
de chaleur que celui qu^ avait éprouvé au foi- 
'^ante-troifième degré. Mais il ne favait pas <\xtc 
\cc n'eft pas feulement par le voifinage des texïcs 



DANS LE Nord. 10/ 

qu'on peut rendre raifon 4t la température de 
Tair y car les vents fouffl?in*t fur les glaces & tra- 
verÉint des contrées très-froides 5 contradent un 
degré de froid dont il cft difficile de fe former 
une idée fans lavoir éprouvé. Au-delà du foixante- 
trcizième ^degré latitude nord » entre le Groen^ 
land & le Spit^erg^ il rencontra des bois flot- 
tans qui avaient fans doute été portés dans ces 
mers par quelques rivières de la Sibérie ou de 
l'Amérique. Nçus n'avons rien obfervé de fem- 
blable dans les mers fituées dans rhémifphère auf- 
tral pr^s du pôle , parce qu'il n'y a point de 
terre dans ct^ régions. L'honneur de la décou- 
verte du Spitzberg appartient conféquemment à 
Hudforu Les premiers qui naviguèrent enfuite dans 
ces parages pour la pêche de la baleine , furent 
les Anglais. C'était long - temp avant que les 
Hollandais fe fuffent déterminés à y envoyer. Ce- 
pendant ils trouvèrent cette branche de commerce 
fi lucrative, qu'au commenceramt de ce fiècle, 
les Hollandais & les Hambourgeois étaient prefque 
les feuls qui péchaient la baleine dans les mers 
du Spittberg. Les Anglais avaient tellement né- 
gligé cette pêche, qu'ils n'y envoyaient plus an- 
nuellement qu'un vaifleau , jufqu'à ce qu'enfin l'at- 
tention du gouvernement fe touroa de ce côté*, 
alors le Parlement trouva nécelTaire, pour encoiï- 
rager les Anglais à s'occuper de cet objet, d'ae- 



io8 Découvertes et Voyagea 

corder des récompenfcs aux pêcheurs de la ba- 
leine au Spiaberg ( ou comme on l'appelle im- 
proprement le Groenland ). On continue encore 
d'accorder ces prîmes chaque année. Les Anglais 
avaient (î peu d'expérience pour cette pêche, dans 
les premières années, qu'ils étaient obligés, quoi- 
qu'ils équipaffent leurs vaiffeaux en Angleterre, 
de prendre des Hollandais pour former la moi- 
tié de leurs équipages. Quoique le Spitzberg fort 
très-ftoid, cependant il fournit de la nourriture 
pour quelques rennes qui viennent fans doute du 
Groenland , où l'on trouve ces animaux à des lati- 
tudes très élevées , par-deflus les mers glacées , puiC- 
que le Spitzberg eft tout environné par la mer. 
Dans ces latitudes élevées le foleil refte, comme 
on fait, fur l'horizon pendant vingt-quatre heu- 
res , cela depuis le cercle polaire arftique , & 
plus on avance près du pôle, plus on voit le 
foleil long - te ups fur Thorizon , jufqu à ce que 
précifément fous le pôle il y refte les vingt-quatre 
heures entières & prefqu'à une hauteur égale. 
Hudfon effaya hardiment d'approcher du pôle, 
il alla en effet jufqu*au qr xre- vingt -deuxième 
degré latitude nord , & il eft fans doute le pre- 
mier qui ait été au-delà du quatre-vingtième de- 
gré au nord. Il eft vrai que les glaces l'empê- 
chèrent d'aller plus avant , mais nous avons vu 
que, malgré cela, il fe dirigea encore vers le Grden-. 



r 

I 
i' 



B A iî S L E N Ô R Û; 10^ 

laiïd 3 où il efpérait trouver un paflàge & reve- 
nir par le détroit de Davis , & que les glaces 
obftruaient auffi ce paflàge. Tout cela prouve au 
moins l'intrépidité & le courage inébranlable jde 
l'homme qu'on avait choifi pour cette entreprife^ 
XVII. Hudfon ayant inutilement cherché ce 
palTage diredement au nord, les membres de la 
fociété aux dépens & fous la dîredipn defquels 
le premier voyage avait été entrepris , réfolurent 
de faire une autre tentative l'année fuivante; & 
Hudfon fut encore choifi pour commander cette 
expédition. Il mit à la voile le n avril 1^08, 
& eflàya de trouver ce pai&ge au nord-eft, entye 
le Spitzberg & la Nouvelle - Zemble qu'il avait 
découverte l'année précédente. Mais les glaces lui 
préfentèrent des obftacles infurmontables. Nous 
avons à regretter qu'il n'exifte point de relation qui 
nous apprenne à quel degré de latitude Hudfon s'eft 
élevé dans cette route. Le réfultat de fes recher- 
ches ne répondit point à fbn attente j il navigua 
le long de la Nouvelle-Zemble, où il trouva un 
climat doux &c agréable , & la côte libre de glace* 
Il penfa qu'il ferait poflîble «de trouver au - delà 
de la Nouvelle-Zemble , un paflàge que jufqu'a- 
lors tous les navigateurs avaient tenté de décou- 
vrir dans la mer intérieure au-delà du détroit de, 
^aygat:^y mais il rencontra tant de glaces qu'ij^ 
fut obligé d'abandonnçt ce projet. Il employa donc 



1 



IIO DÉCOUVERTES ET VoYAGÉS 
toute la diligence poiÇble à chercher ce paflage 
par le détroit de Lumley , mais la faifon étant 
déjà avancée , les^ jours devenant plus courts , le 
temps froid 8c orageiux, il fat obligé de remettre 
cette nouvelle tentative à une autre année. Il fe 
hâta de revenir en Angleterie, où il arriva heu- 
reufement le 21 d'aroût. 

Il n'eft 'parvenu à notre connaîlEince que quel- 
ques relations fort imparfaites de cette expédi- 
tion; il ferait bien à défirer qu'on retrouvât en 
Angleterre , le journal de ce grand navigateur ; 
car il eft hors de dout*e qu il ne contienne , mal- 
gré le peu de fuccès de la recherche que Teritre- 
prife eut pour cet objet, des obfervations inq)or- 
tantes & infttudives fur la géographie phyfique. 

XVI II. Avant de parler du dernier voyaga 
d'Hudfon Se de fes découvertes , je crois néceflàîre 
de faire quelques remarques fur plufîeurs tentatives 
de cette nature, faites par d*autres navigateurs. Les 
Hollandais avaient déjà découvert , fous le com- 
mandement de Guillaume Barentz & de Heemskerk, 
une petite île au foixante-quatoriième degré trente 
minutes latitude nord , à laquelle ils donnèrent le 
nom d*Ile de TOurs {Bear-Ifland) , parce qu'ils 
en avaient tué un très-gros dans cette île. Hr 
portèrent enfuite au nord - nord - oueft , & envi* 
rbn vers le quatre-vingtième degré onze minutes 
latitude nwd, ils découvrirent encore une fort 



jftmde terre. Ils naarcbèrent le long de la côte à 
ïoa&& jjifiija aa ibixante-dix-neuvième degré trente 
lairMttes^ & trouvèreii une baie. Cette vafte con- 
trée fat découverte "enfuite par Hudfon en léoj* 
EBô Éit appelée par les Hollandais Spitïberg, 
& par les Anglais Groenland , parce qu'ils la re- 
^cMent comme la continuation du Groenland. 
Ea. 1^03., le chev^ier François Ckerr/j anglais, 
éqjjipa à £es dépens \in vailTeau avec lequel il 
décQiwrit, fcms le foixante-quttorzième degré cin-^ 
quante- cinq minutes latitude nord, une île où il 
t3aaa?wa une mine contenant du plomb , & une dent 
^mdrfe. Les matelots appelèrent cette Ile Cherry ^ 
tcn l'hcmneur du chevalier François Cherry , & en 
pmmt poflfclfion en fon nom. C'était la jijiême 
He que ceMe de l'Ours, découverte en 155^^ 
par Guillaume Barentz. On équipa en 1^04, pour 
l'île de Cherry un \^îflcau dont le propriétaire 
fe nommait Weldert^ & It conwîiandant Etienne 
Sennet. Us mirent à la voile le 1 5 d'avril, arrivèrent 
sa pemier de mai à Kola en Laponiç & reftèrent 
kà JMfqu'au premier de juillet ; enfuite ils con- 
lînuèrmit leur voyage, & le 8, ils arrivèrent à 
ïth de Cherry. Le courant était fi fort qu'ils ne 
fatant prendre terre , ils firent le tour de l'île 
& jetèrent l'ancre à la diftance de deux milles 
âe cette terre. Erifuite ils defcendirent dans 
ce lieu & tuèrent un grand nombre d'olièaur* 



112 DÉCOUVERTES ET VOVAGES 
Le ^ de juillet , ils virent des renards , ou plutôt 
ce que les Rufles appelent pes;[i , Tifatis ( canis 
lagopus )• Cette partie de l'île était au foixante- 
quatorzième degré quarante^^Lnq minutes latitude 
nord. Ils levèrent l'ancre & mouillèrent le lo , 
dans une autre baie , où ils trouvèrent plus de 
mille morfes couchés les uns fur les autres & 
endormis j de ce grand nombjre , ils n'en tuèrent 
cependant que quinze ^ ils trouvèrent auffi beau- 
coup de dents de cts animaux *, c'était fans doute 
les dépouilles de ceux qui étaient morts de vieil- 
lefle ou même de ceux qui avaient été dévorés 
par les ours. Avant le i } , ils avaient déjà tué 
plus de cent morfes dont ils ne prenaient que 
les dents. En 1^05 , le même vaifTeau & les mêmes 
pcrfonnes retournèrent à cette île , où ils arrivè- 
rent le 2 de juillet , ils tuèrent encore beaucoup de 
morfes 5 mais cette fois ils en retirèrent de l'huile* 
Cinq de ces animaux feurniffaient une tonne de 
cette huile, & ils en remplirent onze tonnes. Ils 
découvrirent une veine de plomb fous une môn^ 
tagne qu'ils nommèrent le Mont de Misère ^ ils 
emportèrent plus de trente tonnes de cette mine 
en Angleterre. En 1606 ^ le même équipage re- 
tourna encore avec le même vaiiTeau à l'île de 
Cherry , ijs y arrivèrent le 3 de juillet , par le 
foixante-quatorzième degré cinquante-cinq minu- 
tes latitude nord^ ils y attendirent que les glaces 

Êiifent 



r 



{îliïent fendues, parce que les morfes ne viennent 
pas avant ce temps fur le rivage. En moins de 
fept heures ils tuèrent fèpt ou huit cents de. ces 
animaux & deux ottrs blancs. Us tirèrent des mor- 
fes vingt -deux tonnes d'huile 8t remplirent de 
leurs dents Trois muids. En 1^08 , ils firent à 
cette île, dont ils tiraient tant d'avantage, un nou* 
veau voyage, & le 2 1 de juin , il y faifait un temps 
fi chaud, que la poix fondait. & coulait fur les 
côtés du navire. Ils tuèrent daas le court efpace 
de fept heures plus de neuf cents morfes qui 
rendirent trente -une tonnes d'huile. Us prirent 
deux jeunes morfes vivans , la femelle mourut 
dans le^ voyage , mais le mâle vécut encore 
plus de deux mois après leur retour en Angle- 
terre, oà on lai avait appris à ùltt quelques 
tours. 

En 1^09 , un vaifleau appelé V Amitié^ équipé 
par Thomas Smith & la compagnie du commence 
de ia Ruflîe, fous le commandement de Jonas 
Poole , alla à l'île de Cherry & vers le pôle nord 
pour faire des découvertes. Poole partît de Black- 
waU près de Londres le premier de mars , & , * 
après avoir éprouvé un froid très - rigoureux & 
elTuyé pluiîcurs tempêtes , il découvrit le i ^ de 
mai, la partie méridionale du Spitzberg. Il fui-- 
vît la côte de cène contrée , jeta la fonde par- 
tout, donna un noixi. à chaque pointe de terrée: 

Tome 11% H 



«4 DÈCotfifiEViti9 Bt Voyages 
à chaque baie qu'il examina , & fit dey obfet- 
vations très-exades & très-utÛes pour la naviga- 
tion. 

Le z^ de mai, il était à la vue de Fair^Fo^ 
reland ( du beau Cap ), pointe de terre fituéd 
fiir la côte oueft du Spitzberg dans Tilé appe-[ 
lee ForelcUid ou Voorland. Cette pointe eft ap- 
pelée par les Hollandais Vogel-Haek. Il envoya 
à terre le maître de Ton vaifTeau , qui lui ap- 
prit que les étangs & les lacs étaient dégelés , 
ce qui lui fit efperer un été trè« - doux , & 
comme le foleil avait alors beaucoup de force 
dans ces parages , il perifa qu'il pourrait trouvée 
un paflàge dans ces lieux auilî. bien qu'ailleurs ^ 
puifqu'il y faUait beaucoup moins froid qu au foi- 
xante-treizième degré de latitude. Cependant \X 
clTaya deux fois fans fuccès, de paffçr au-delà 
dii foixante-dix-neuvième degré cinquante minutes. 
Les glaces, l'obligèrent de retourner en arrière &' 
de s'occuper de la pêche pour couvrk les dé- 
penfes de fon voyage. Il arriva heureufemefit à 
Londres le dernier jour d'août. Poole & {on équi- 
page coururent un grand danger par la quantité 
de morfes qu'ils rencontrèrent. Un de fes mate- 
lots fut entouré dans l'eau par ces animaux ic 
bleifé dangereufetnent par Tun d'eux à la cuiflè» 
Le morfe, qui a un grand rapport avec le pho-/ 
q^ue ou veau marùi» eâ fect recherché pour fes 



dtnts qu*on emploie aux mêmes ufages que Tî- 
Yoire , & pour fa graifle dont on fait 6c l'huilé, 
ainfi que pour fa peau très-épaîflè & couverte de 
ïbies jaunâtres. Ces animaux vivent en grandes 
fahiilles & fe nourriflent de cruftacés , de poiflbns, 
d'herbes & d'algue marine. Ils étaient autrefois 
très^^fés à aborder lorfqu'ils dormaient enfemblé 
par milliers ; mais aujourd'hui ils font devenus 
très-fauvages &: aflcz rares depuis qu'on' les dé- 
truit avec une efpèce de fiireun On les voit rarcf- 
ment à terre , & lorfqu'ils y viennent ^ ils s'ëloî-*- 
çnent peu du bord , ils ont même le foin de 
placer l'un d'eux en fentirielle, ou bien, pour-plu$ 
de précaution , ils dorment fur un glaçon au mi- 
lieu des eaux. Si le lieu où ils repofent cft efcaf- 
pé, ils ont coutume lorfqu'ils font attaqués > de 
mettre leurs jambes de derrière entre leurs longues 
défenfes , & de fe laiffer ainfi rouler avec rapidité 
dan$ la mer. Ces animaux mettent bas un , ou tout 
au plu%, deux petits à la, fois. Quand ils fe trou^ 
vent en danger, ou qu'ils font bleffés, ils devien- 
nent furieux & cherchent à déchirer les hommes &: 
même les barques avec leurs défenfes. Ils ont auflî 
plus de courage dans l'eau que fur la terre. 

En t^io, la compagnie de Ruflîé envoya en- 
core deux vaiffeaux à l'île de Cherrys on y xxxà, 
quelques ours blancs, plufîeurs phoques & un grand 
nombre d'oif^aux. Les gens de l'équipage emme- 

H ij' 



iii^ DJeO^UVïflTES ET VoVAÔÊJ 
aèrent auili deux jeunes ours en Angleterre. Le 
j 5 de juin , ils arborèrent pavillon & prirent pof- 
feffion de llie au nom de la compagnie. Suc 
l'île de GuU ils découvrirent trois filons ou 
veines de mhie jde plomb, & dans la partie du 
nord, une mine de charbon de terre. Il vint 
encore dans ce lieu trois, autres vailTeaux pour 
la pêche , & on y tua plus de huit cents morfes» 
Enfin , Poole fiit encore envoyé pour Éaire des 
découvertes en i^ii-, il s'arrêta à Crojjroad à la 
hauteur du 5pitzbcrg ^ jufqu'au 16 de juin , à 
caufe des glaces & du mauvais temps. Après cela 
il fit quatorze lieues à loueft par le nord , & £è 
nouva au milieu de plaines de glaces i delà juf- 
quau quatre-vingtième degré, les glaces étaient 
tout près de la terre. Mais un fi^rt courant l'em- 
pêcha d'avancer entre ces glaces. Il fe tint donc 
au fud de cts maffes s il efpérait par ce moyen 
arriver à loueft de ces glaces , mais il les re- 
trouva au fiid-oucft, & au fud-oucft ^t £\xà. 
Il les côtoya l'efpace de cent vingt lieues. Il ne 
put trouver le fond dans leur vôifînage avec cent 
foixante , cent quatre-vingt & même deux cents 
braffes de fonde. Cela l'obligea de retourner au 
Spitzberg, pour fuivre la pêche de la baleine, 
mais il eut le malheur d'y perdre fon yaiffeau. 

Tous ces voyages à l'île de Cherry avaient 
été prmcipalcment entrepris poux Êûre la chaffe 



DAÎTS £.1 Noit0^ 1^7 

âux morfes. Cette île a fouvent été prife^ pour? 
celle de Jan Mayen, mais celle-ci diffère tota* 
lement de la première , en longitude & en lati*^ 
tude^ ainiî que dans k forme h car ^'île d^ Cherry 
cft prefque quarrée, & celle de Jan Mayen efk* 
longue & étroite. Les Anglais ont trouvé dans' 
la première plufieurs veines de plomb, & dans^ 
des temps plus modernes , les RuiTes y ont dé- 
couvert de: l'argent natif,, dont j'ai vu quelques 
morceaux en dendrites (a), & d'autres fous la 
formede cdftaux oâaédres. Cette île fembleabon^^ 
der en toutes fortes de minéraux utiles. Perfenna* 
n'a encore &it connaîtra au public fà minéralogie^ 
Les baleines & les morfes qui étaient autrefois S 
nombreux dans ces parages , ont beaucoup diitiiw* 
nué depuis qu'on leur ùit k chafTe , ccs^ ani^ 
maux fe font retirés dans des lieux moins fré* 
quentés par les hommes leursb plus grands enne»^ 
mis^ 

XIX. Henri Hudfon avait fiiit un voyager cm 
Amérique en^ 1^09 , & av«dt découvert la rivière^ 
d^ttdibn. Après avoir commei^ un peu plus: 
loin , il retourna dans fa patrie. Il avait enttepris ce^ 
voyage pour les Hollandais, il leur offirit d'en faire: 
un autre , ce qu'on n'accepta point -, conféqucm- 
ment. il. fut délié de: fès engagemens avec ces: 

(a) Voyez â ce fùjet la Minéralogie de Brunnicb^ 
^ditToKi (te Gèorgt > pag. zôu 

Kiij 



tl» DéCôtrVEïtTEJ IT VùfAQtS 

léptrblicains , & rentra au fervicc de la compa- 
gnie Anglaife qui l'avait déjà employé dans deux 
expéditions. 

Hudfon partit de Black wall près de Londres» 
lé 17 avril r^io. La compagnie qui avait équipé 
les vaiffeaux pour ce voyage exigea qu Hudfon 
pît'avec lui, comme confeil, un homme nom- 
mé Coleburne (Fox l'appelle Coôlbrand), très- 
expérimenté dans la navigation. Fox dit que cet 
homme était en tout fupéricur à Hudfon. Mais 
la confiance que la compagnie mettait dans le 
lavoir & Thabileté de Coleburne , excita l'envie 
d'Hudfon. Il le renvoya de Lee, fur la Tamife» 
à Londres, avec une lettre pour la compagnie > 
dans laquelle il alléguait les raifons qu'il avait 
eues d'agir ainfî. Tous ceux qui ont parlé de 
ce voyage, affioent que cette conduite incori- 
fidérée fut en partie la fource des malheurs qu'ef 
fuya Hudfon , & qu'il donna à fon équipage 
l'exemple de la défobéifTance à fes fupérieurs, 
«nfî que du manque de foumiffion & de ref^ 
peâ: dûs à tous^eux qui commandent. Le 5 de 
mar, il était déjà aux Orcades & à l'extrémité 
feptentrionale de l'EcofTe qu'i^ trouva fous la latî» 
tude de cinquante - neuf degrés vingt - trois mi- 
nutes. Le 8, il vit les îles Feroe par foîxantc- 
deux degrés vingt - quatre minutes. Le 11 , if 
arriva fur la côte orientale de Hilande., fit voUe 



le long êc celle du fud jufquà ce qu'il abordât 
à 'la cote occidentale^ c'eft fans doute dans ces: 
parages qu'il trouva un port où il entra , & oii 
les habitans de Tîle lui firent une réception d'ami. 
Mais il eut cxl même - temps le défagrément de 
voir s élever parmi les gens de fon équipage ^ 
une grande diflchrion qu'il n'appaifa que très- 
difEcilement. Le- premier de juin, il navigua plui 
loin à loueft au foixantc'- fixième degré trente- 
quatrc^ minutes de latitude. Le 4 , il vit très-r 
clairement le Groenland au-deffus des glaces dont 
il était environné , il fè tint alors le long de ti 
côte qui était toute entourée de ces glaces. Le 
5 , il était à la vue du détroit de Forbisher. Lé 
X5, il apperçut la terre de Défolanon m cin^ 
quante-neuvième degré vingt-fept liiinutcs latitude 
îiotd-, il navigua au <^ord-oueft parle foixantièmfe 
degré quarante - deux minutes-, le courant allait 
au nord-oueft. Le 23 , il vint à la vue d'immenfes: 
glaces , au foixante-deuxième degré dix-neuf mî^- 
nutes. Le 25 , il vît une terre vers le nord , & 
porta toujours à 1 oueft au foixanter-deuxième de- 
gré dix -neuf minutes, mais alors il dirigea aût 
fud dans l'efpérance de trouver la côte-, au foi- 
/ xante-deuxièmc degré feize minutes , il avait tou- 
jours une grande quantité de glace devant luî^ 
Le 8 de juillet, il abandonna le rivage &: appei?^ 
çuc une terre unie & couverte de neige .^l se- 

H i% 



îiio DÉCôU^«ltTËS ET VOTtKGtS 
tendait du nord-oueft par oacà/m fud-oueft par 
oueft. Il nomma ctxt^ t^xt UDefire-Provoked). Il 
continua toujours de fairp^ioute à Toucft, & le 1 1, 
craignscnt une tenjpcfe, il jeta Tancre derrière trois 
îles couvertes ^ rochers fut un fond très-inégaL 
Il avait paffé fur des rochers dont l'un était le matin 
deux hrafles audeffus des eaux , car le flot s'élevait 
en cet endroit d'environ quatre braffes, & venait du 
nord. La latitude était de foixante -; deux degrés 
neuf minutes. La baie dans laquelle étaient les 
îles qu'il appelait Iles de la Miféricorde de Dieu^ 
femble être iîtuée près de la grande île de Bonne* 
Fortune , au nord du détroit d'Hudfon ^ au trpis 
cents - huitième ou trois cents -neuvième degré 
longitude de l'île de Fer. Le 19 , il fe trouva au 
foixante-unième degré vingt-quatre minutes, & 
vit une baie dans une terre au fud 5 à laquelle Jl: 
avait donné dans un premier voyage, le nom de 
Hold'Jf^ith'Hope \ il porta au nord jufqu'au zi , 
& trouva la mer plus haute qu'il ne lavait encore, 
vue depuis fon départ d'Angleterre. Le 2 3 , la haur 
teur était, du pôle, de foixante-un degrés trente- 
troi* minutes , -il vit au fud une terre ( la côte 
de Labrador ) qu'il nomma Magna Bruarmia. L^ 
.2^5 il était au foixante-deuxième degré quarante- 
quatre minutes. Le 2 d'août, il découvrit un pro- 
montoire élevé auquel il donna le nom de cap 
de Salijhury i alors il courut quatorze lieues à 



r 



DANS LE Nord. m 

1 oueft-fud-ouefl^ & à-peu-près à moitié chemin , 
il trouva la mer pleine de goufiies & de courans. 
Après avoir fait encore fept lieues, il fe trouva 
à l'entrée d'un détroit de deux lieues de large, 
diftant de deux cents cinquante lieues du côté 
fcptentrîonal du détroit de Davis. Le 3 , il pafli 
au travers de ce détroit & nomma le cap à droite, 
cap Diggi^ &c celui de la gauche, cap JP^olften-^ 
holnii Quelques perTonnes de fon équipage qu'il 
envoya à terre, obfervèrent que la marée s'éle- 
vait de cinq brafTes , ft qu'elle venait du nord \ 
il remarqua que la terre s'étendait au fud & qu'il 
y avait une yafte mer à loueft. 

C'eft là tout ce qu'on trouve dans la narra- 
tion ^Mudjon. Il faut chercher le re^e dans la 
narration d'un marin nommé Habakuk Pricketf 
qui était au fervice du chevalier Dudley Diggs. 
U dit que lorfque Hudfon fiit près de la terre 
de DéfoUtioîiy il rencontra un grand nombre de 
baleines dont quelques-unes nagèrent le long 
de fon vaifTeau, & que d'autres pafsèrent deifous 
fans le toucher s que tandis que Hudfon était 
encore dans le détroit de Davis au milieu d'une 
grande quantité de glaces , il vit le bouleverfc- 
ment d'une de ces énormes mafles , ce qui fer- 
vit à lui faire connaître le danger qu'il courait 
en s'en approchant trop. Près de Defire-Pro- 
yoked p il vit, une de -ces montagnes de glace 



Su DÉCOU^ÊRTIS ET VoïAtSEJ 

échouer a cent vingt ou cent trente braflcs d*eattr 
Pricket fit lever une touvée de perdrix , fur l'îler 
de la Miféricorde de Dieu^ mais il ne tua que. 
la mère. Toute cette contrée eft nue ; on n'y 
trouve que des mares d'eau ftagnante & des ro^ 
chers fendus , comme fi elle avait été fiijette k 
des tremblemens de terre* Il trouva auffi quel- 
ques bois flottans fur le rivage. Enfuite il revint 
au milieu des glaces , il nomma im promontoire 
de là terre qu'il apperçut au fud de ce détroit, 
cap du Prince Henri \ de un autre plus loin à 
Toueft , mais fur le coté fud de ce détroit , fiit 
appelé cap du Roi Jacques. Il y avait quelque* 
îles vers le nord qu'il norhma cap de la Reine 
Anne. Toutes ces terres font fituées au nord 
-dans une baie où il paraît y avoir une grande 
quantité de terres divifées, fort près de la terre- 
ferme. Enfin, après avoir eflùyé une tempête, 
il vit une autre terre montagneufe au nord qu'il 
nomma le cap Charles ; à l'oueft il vit une 
grande quantité de petites îles formant une baie 
dans laquelle il était poffible de trouver une 
bonne rade pour les vaiffeaux , le promontoire 
fut nommé cap de Salijbury. Entre la terre- 
ferme au fud & une île , était un détroit avec 
un courant rapide -, les deux proniontoireis qdi 
le formaient fiirent appelés, comme nous l'avons 
déjà vu, l'un cap Diggs^ te l'autre Woljienhoùti» 



Gn trouva fur l'île de Dîggs un troupeau d'a- 
nimaux de refpèce du Cerf ( des rennes ) , mais 
on ne put \ts atteindre avec le fiifil. Après une 
marche d'environ yingt ou trente lieues , la mer 
devint moins profonde, ils fe trouvèrent parmf 
des •rochers & une multitude de petites îles -, la 
nier devenant toujours plus bafle, ils furent obli- 
gés de mouiller par quinze braffes. Peu-après ils 
levèrent l'ancre , & fe tinrent au fud-eft le long 
de la tene -, ils fe trouvèrent enfuite dans une 
grande mer qu'ils reconnurent pour une baie , ils 
y prirent de l'eau & du left. Au cinquante-troî- 
fième degré latitude nord, ils apperçurent une 
île. Mais l'équipage s'étant permis quelques re-^ 
marques înconfidérées fur l'entrée & la fortie 
d'Hudfon dans la baie , ce capitaine déplaça le 
maître de fon yaifleau, Robert Ivet ^ auffi bien 
que fon contre - maître , & mit à la place du 
maître Robert Bylot , & William Wilfon à 
celle du contre-maître. 

Enfin , le jour de faint Michel il s'arrêta au 
milieu d'un grouppe d'îles; & nomma ce lieu, 
baie de Saint-Michel. Il avait jeté l'ancre dans 
une «au fort baffe , loxfqu'il voulut démarrer de 
là, il perdit fon ancre, mais il conferva heureu- 
fement le cable. Il toucha , dans l'obfcurité , fur 
Un rocher , dont la marée le tira fans qu'il eût 
xeçu aucun 4ommage# Après avoir erré çà &: 



tz4 DiSCÔtrVBltTBS ET VoTXCEt 
I2 afTez long- temps, HudfoTi fe détermina $ 
mouiller dans la baie ,où il était , & d'y paf- 
fer l'hiver puifqu on était déjà à la fin d'oc- 
tobre. Ayant trouvé une place convenable, il mit 
le vaifTeau en fureté contre les dangers de la 
mer , & au bout de dix jours il était environné 
de glaces. Hudfbn penfa alors à ménager les pro- 
tons, car il n'en avait pris que pour fix mois^ 
qucHcp'il eût pu en prendre pour plus long-temps. 
Son deiTein n était que de les Êdre durer jus- 
qu'au printemps, comptant pouvoir aller alors au' 
cap Diggs j où les oifeaux aquatiques fe trou^ 
¥ent en grand nombre. En attendant , il propof» 
des récompenfes à ceux qui tueraient quelques 
animaux , ou qui prendraient quelques poiflbus* 
Au milieu de novembre le canonier mourut. La 
xelarion donne à entendre que ce fut par la fuite 
des mauvais traîtemens qu'il avait reçus d'Hudfbn.. 
Ce capitaine avait reçu à Londres , dans 
iâ maifbn , un jeune homme nommé Henri 
Green^ d'une famille honnête, mais qui avait 
perdu l'affeâion de fes parens & de fes amis pas 
fa mauvaife conduite & par fes extravagances. 
Hudfon lui avait fait obtenir de fa mère quatre 
guinées pour acheter des habits , & il l'avait 
emmené avec lui fans que la compagnie en fût 
rien. Ce jeune hommje s'était déjà rendu cou- 
pable de quelques Êiutes^ car il avait eifayé, à 



i 



DAKS r.B Nord* hj 

Har^ch , de dé&rtei avec un matelot , & en 
Iflande il avait battu iCiuellement le chirurgien 
du vaiflèau. Malgré cette conduite repréhenfibk^ 
Hudfbn avait toujours pris fa défenfè. La faiibn 
étant alors fort avancée , Se la terre couverte à» 
neige, Hudfbn engagea k charpentier à bâtit 
une cabane où ils puilènt paiTer Thiver. Ceiuixi 
refulà de le faire fous prétexte qa*il n'était pas 
charpentier de batimens, mais devaiflèau. Se <]i» 
d'ailleurs il devait donner fes ordres avant que 
la neige eût couvert la terre & que la gelée 
Veut fi fort endurcie. Hudfon fe laifla emportear 
dans cette difpute , julqu à battre le charpentier» 
Lor{que celui-ci voulut fe mettre à l'ouvrage il 
eut befoin d'un compagnon 9 le capitaine avait iS-* 
vêtement défendu que perfonne allât nuUe part 
feul^ & Green qui voyait le charpentier malheo-» 
reux, l'accompagna. Cette démarche re&oidit beaor 
coup Tamitié d'Hudfon pour le jeune homme » 
qui dès-lors s'iempreffa de faifir toutes les occa**- 
fions de perdre Hudfon dans l'efprit des gens de 
fon équipage, d'alièi^r de lui tous les cœurs, & 
de femer ces germes de divifions qui devaient 
lui être fi funeftes. Pendant tout l'hiver Us virent 
tant de gelinottes dç de coqs de bruyère qu'ils 
en tuèrent plufieurs milliers/ Lorfque ces oifeanx 
. quittèrent ces lieux au printemps, ils forent rem- 
placés par des cl^es^ des oyes Su des canards 



tl€ DÉCOUVERTES ET VoîPAGES 
fauvages & des (àrcelks qui ne firent cependant 
que paffer du fud au nord , parce qu'ils n'y firent 
pas leur ponte comme on s'y était attendu^ en 
très - peu de temps on n'en vît plus. C'eft alors 
que commença la grande détrefTe de ces naviga- 
teurs. Ils fiirent réduits à manger de la moufTe 6c 
des grenouilles. 

Thomas Woodhoufe 5 jeune homme qui les 
avait accompagnés comme volontaire, & qui avait 
étudié les mathématiques , leur apporta les bran- 
ches &: les bourgeons d'un arbre qui étaient pleins 
d'une fubftance femblable à la térébenthine. Le 
chirurgien les fit bouillir & en fit une tifane. 
Il appliqua les bourgeons en forme de cataplafme, 
fur les bras & les jambes des malades , ce qui 
leur donna un prompt foulagement. Je penfe 
que ces bourgeons étaient ceux du Tacama^ 
haca ( PopulUs Balfamifera ) j qui contiennent 
une réfine glutineufe comme la térébenthine & 
qui en ont l'odeur. La décoâion de cts boiir^ 
geons était cenainement un très - puiflânt antî- 
fcorbutique , & dut réellement difliper les dou- 
leurs &c l'enfiure de leurs membres attaqués du 
fcorbut &c du rhumatiime. Les jeunes pouifes ou 
bourgeons du fapin> (*Pinus Manana &c Pinus 
Canadenfis) font aufli un bon remède contre le 
fcorbut. Un naturel de ce pays les vint voir, ils 

lui donnèreni: un qouteau & quelque bagatelles. 

à 



r 



. DAKS JLE NôHD. 127 

Ce fauvagc leur apporta en retour quelques peaux 
de caftors & d'autres animaux. Il promit de re- 
venir, mais on ne le levit plus. Ils' prirent en- 
core quelques poiflbns , mais c'était un faible 
fecours. On prépara tout pour le départ, après 
quHudfon, les yeux remplis de larmes, eut diC- 
tribué le refte des provifions en parties égales., 
Immédiatement après le départ, Green , avec quel- 
ques autres & particulièrement Wdfon , Michel 
Vkrce & l'ancien maître Ivtt , fe mutinèrent. Ils 
mirent Hudibn avec fon fils , qui n'était encore 
qu'un enfant , Woodhoufç ,- le mathématicien , 
Philippe StafFe , le charpentier du vaifleau & ciji?<j 
matelots dans la chaloupe. Ils ne leur donnèrent 
qu'un feul fufil , quelques épées & une très-petite 
quantité de provifions, & les abandonnèrent ainfi 
à une deftinée infiiilliblement malheureufe^ avec 
une dureté de cœur difficile à comprendre. Ceux 
qui reftèrent dans le vaifleau firent route le long 
de la côte à l'eft. Ils defcendirent fouvent à terre , 
& ne pouvant, prendre aucun poiflbn, ils mangè- 
rent une herbe qu'ils appelèrent Cpçkle - Graff\ 
(on peiit croire que c'était une efpèce de varec, 
peut-être le Fucus-Saccharinus) \ fans cette herbe, 
ils feraient immanquablement morts de fitim. Ils 
arrivèrent enfin au détroit & aux caps , où ils. 
virent un grand nombre d'oifeaux couvans fur 
leurs nids. Us en tuèrent beaucoup. Us échoué- 



tii DÉdotjxTKRïis ET Voyagea 

tent dans ce lieu fur un rochet où ils relièrent 
huit ou neuf heures. Car ils échouèrent pendant 
la marée qui venait de Teft, & le reflux venait de 
i oueft. Dès qu'ils furent remis à flot , ils pourfuî- 
virent leur route , & tentèrent de tuer quelques 
ûifeaux près du cap Diggs* Ils virent dans ces 
parages fept barques remplies de fauvages dont ils 
fc firent amis'5 mais bientôt après ils hirent atta- 
qués par ces mêmes fauvages , qui tuèrent Green 
& blefsèrent les autres ii dangereufement , que 
les plus braves de l'équipage Se principalement 
les cheft de la révolte , moururent le même jour 
ou le lendemain de ce combat. 

Alors Bylot devint le chef de ceux qui ref- 
taîent ; ils tuèrent plus de trois cents oi- 
feaiix de mer. Ils avancèrent enfin plus loin ; 
mais ils fiirent réduits à une telle extrémité , 
qu'ils fe trouvèrent obligés de manger les en- 
trailles & même les peaux des oifeaux qu'ils avaient 
dépouillés. D'abord ils tentèrent d'aller à Tçrre- 
Neuve , mais un vent de fud - oueft les en em- 
pêcha , alors ils dirigèrent leur route vers l'Ir- 
lande. Leur détreflè augmentant , ils prirent les 
os des oifeaux qu'ils avaient mangés , les firent 
cuire avec du fuif , les arrosèrent d'un peu de 
vinaigre 9 & mangèrent ce ragoût avec délices. 
Us avaient perdu tout efpoir d'arriver en Irlande. 
Robert Ivet mourut alor6; Us venaient de mettre 

dans 



PANS Lfi Nord. h^ 

dans la marmitte leur dernier oifeau 5 ils étaient 
dépourvus d'alim^ns , lorfqu ils découvrirent Tir- 
lande. Us eurent cependant les plus grandes dif- 
ficultés pour obtenir quelques prdyifions y mais 
enfin ils arrivèrent , par flymouth & Gravefend , 
à Londres. 

Il fe fit des découvertes importantes dans ce 
voyage^ mais il en coûta la vie au malheureux Hud^ 
{on & à fceux qui étaient avec lui. Jamais fans 
doute une plus noire ingratitude que celle de 
TinSme Green, ninfeda le cœur humain j Hud- 
fon avait arraché ce miférable à la perte où il 
courait 5 il l'avait retiré dans fa maifon & l'avait 
traité comme fon propre filsj il avait , même avec 
trop de faiblefle, pris fa défenfe lorfqu il s'était 
rendu coupable des plus grandes fautes. Tant de 
fpins , une amitié fi tendre n'amoUiffent point ce 
cœur de fer, il a la fcélérateflè de Ibulever l'é- 
quipage contre fon chef^ la cruauté de livrer fon 
bienfaiteur , fon fécond père , à la fiireur d'une 
mer orageufe &. immenfe , dans une frêle bar- 
que, fans provifions, fans armes & fans habits , 
dans un âpre climat où la terre couverte toute l'an- 
née de neige & de glace, n'eft habitée que par 
des bêtes fauvages & par des hommes plus fau^ 
vages encore. 

L'adion barbare de Green & de fes complices 
xje demeura cependant pas long-temps impunie j 
Tome IL I 



13© DéCOUVERTES ET VO¥AGES 
«1 fat, ainfî que fcs compilas, comme nous Ta- 
vons dit , tué par les Efquimaûx , & le refte de 
fes compagnons fat réduj| à la plus afixeufç 
misère. 

On aura peine à le croire , il cft cependant 
tien vrai que la caufe de ces fortes d'aventures, 
«ft dans les mauvaifes lois concernant la naviga-< 
tion & les cens de mer. Il n y a que quarante ans 
Won a patte un afte par lequel les matelots ap- 
partenans à la marine royale , qui auraient rfefafé 
d'obéir à leurs offitiers après un naufrage, ftraienj; 
punis. Aftuellemcnt même, ks officiers de la mâ- 
tine royale ont feuls le privilège de punir ceux 
<3ui ont commis quelques fautes, ou quelques 
in£caâions aux articles de guerre. A bord des 
vaiiTeaUx marchands & même far ceux de la com« 
pagnie des Indes , ni maître , ni capitaine n'a le 
«droit de punir aucun homme de fon équipage, 
ic s'il le faifait, les matelots, à leur retour, pour- 
taient rendre plainte contre lui , &c demander 
fatisfaftion, ce qui leur cft rarement re&fé, parce 
^uîl eft bien connu que le pouvoir ufarpé par 
les fapérieurs dans ces circonftances, excède trop 
ibuyent les limites naturelles. L'intérêt & la crainte 
de perdre leur paie en tout ou en partie, en cas 
^e refas de rem^dir leurs devoirs , font les feuls 
liens qui attachent l'équipage à l'obéifTance duc 
au capitaine, Delà vient jqu'on encend^ fi {biiyent 



Dâirs LE Nqbq^ Xjj 

paxUr fur Us: r^i^n% angkis , de révoltes con- 
tre les capitaioes qui font q\i tué« tm e»pQ(es fuc 
quelques sivage^ iibWs. On aurait fouveôr vu dec 
nouveaux voyage»; entrepris » ^ nos jours ^ ans 
dépens de particuliers, & Ton neuc ^ainc lc9 
lautineries des équipsige^ qui fom p^dre txmt le 
£ruit d'une 6ntrepri|e de çett^ ^èee^ Ceft pour 
ceirte railbn qu-on ne peut, même aujourd'hui, 
employer que desvaiâèau^ de guerre dans ces ex« 
pédicions. M. Alexandre Ualrymfh , t^ès^babild 
nangi^eur, doAt k zèlo poui? iei$ d^couvertm 
égale le courage. & la ie^m^t^s aucaic depuis^ long» 
ti(n»ps m>uvé parnfû fès amis tout ce qui feraio- 
nécoilàir^ pous un voyager propre- àr r^nipiir cet 
objet \ il le gouvernement d'AngUteriref 4ui eM 
accoodé ^ comme il le deiiiandait , d'écendre ait 
v^iTeau deftiné à cette entreprit, le réginiK^ &L 
1^ lois de la marIpQ i^oyal^. 

Hudfon trouva la cote orientai..^ du Qroeolandi 
toute couverte dç glaces , comme 09 1» trouver 
aujourd'liui. Le bouleverfement vraiment tffirayant 
des moptagnes de glaces à été auffi obfervé par 
Fnck^t^\% continuateur d'Hudfon. JLa grande quani^ . 
tité q|u'il y en avait d'acçumidée dans le. détroir 
de Uavis , obligea Hudfpo 4e tourner à l'oueft y 
& conféqfiiemmeDt de &ire hm ^céFein , la dé- 
couverte du détroit appelé de fen iioqu Us trou^ 
vèmt ait cef Diggi^ ^% tAt^\% 4q Vor<^Ue Se 



1^2 DéCÔtJVÏRTIS ET Vô¥AXÎES 
•du cochléaria ( cochleària officinalis ) : ces plantes 
font d'excellens remèdes contre le fcorbut de mcn 
Je fus très-furpris , dans mon voyage autour du 
inonde , de trouver les bords des contrées que 
nous vifitâmes , tout couverts de ces plantes qui 
font de fi puiflans antifcorbutiques. Dans les îles 
du Tropique nous trouvâmes l'allelnya ( ojcû/ij), 
la poivrée ( lépidium oleraeeum & pifcidium ^ le 
cardamine farmentafa) \ dans la nouvelle Zélandc 
te la terre de Feu, une efpèce de creflbn {arabis 
heteropkyllâ) & le céleri {apium-decumbens). On 
ferait tenté dé croire que la providence a placé 
àdeflèin dans ces lieux, ces plantes utiles pour 
foulager les peuples qui habitent les bords de la 
mer, 8^' tes gens qui reviennent de longs voya- 
•ges 5 d une maladie dont l-es eflPets font fi terribles. 
Le matelot affligé du fcorbut [ne chercha pas 
long -temps le remède à fcs douleurs, car dès 
qu'il defcend à terre , il trouve fous fes pas chan- 
ccllans CQ% végétaux falutaires & fi appropriés à 
fes befoins. 

Ceft une chofe vraiment inconcevable, que 
la quantité de différentes efpèces de gelinottes ic 
de coqs de bruyère qu'on prend & qu'on mange 
dans les coinptoirs de la compagnie de la baie 
d'Hudfon. Quelquefois on en tue^ansunefailbn 
plus de dix mille. ' / 

Lorfquc îa baie d'Hudfon était au pouvoir des 



DANS LB Nord;* r^jr 

-ÎFrariçais , depuis i^^7 jufqu en 17J4 , un gouv- 
verneur du fort de Bourbon tua Se mangea avec" 
fa garnifon compofée de quatre-vingts hommes •, 
quatre-vingt-dix mille- gélinott^i dans un hiver î^ 
éc Viingt-ciaq' mille lièvres. Ajoutez à cela Tinr 
Bombrable quaatité de cignes, doyes & de ca- 
nards qui viennent au printemps dans ces lieux. 
Outre cela 5 on y prend un grand nombre^ de reur . 
hes^ Il eft étonnanr qu Hudfbn qui avait coutume* 
^'agir en toutes les occafions avec' prudence, n'ait 
'pas confirvé pour- le printemps &. pour achever 
Ion voyage, quelques-uns des oifeaux qù'it avait 
pris en iî grande quantité* Mais le défordre qui 
s'était mis dans fon équipage: lui^ aura probible:*- 
ment fait commettre cette négligence. 

Ce qu'il y a de remarquable , c'eft que .les 
fcélérats qui avaient traité Hudfon fi cruellement, 
s*8taîent engagés à cette aâion atroce;, comme i 
quelque chofe de- louable y par un ferment fait 
fur la Bible , félon la coutume des Anglais ; ilt 
jurèrent que tout ce qu'ils entreprendraient ferait 
à la gloire de Dieu 8c pour le bien des hommesi 
Peut - on imaginer un abus plus révoltant d unr 
aâe facré de. religion ^ ou une plus honteufe hy.~ 
pocrifie? 

XX. Lorfque Habakuk Pricket dit que Ir 
vaifleau d'Hudfon avait échoué fur un rocher près: 
de X^Q Diggs^ & qu'il avait été remis à flot par 



ts4 DÉÔ0UTTltTB5 KT VOTAÔBS 
lô flux venant de l'oueft, ce récit ranima Tefpi- 
unce <le la fbciétë qui avait fait les ârais du pr^ 
^er vâ^rage , & lui £lt croire qu'il fallait bieti 
Ajail y «uc 5 qixdx^ pai^ à Toiiâft de la baie 
«d'Hudfon , un détmit à tx^wets letp»! la iHarép 
-wnart de loneft. Qhc & la pirtte de la mttc décoif- 
*T«t« pat Hudfoa «tmt fimfltmcm voit bai^ ^ le 
•flot devait nécsSJàkGtntM y yenit de Teft» En 
Cuj^jofaiit que le Six ^rittc de Teâi, il devait à^ 
-mmucx en baateui: i çtOfotûoQ qui! entrait daa^ 
fa baie> mais ici c'était exaâemeat lecontraixe^ 
i:ar le flkit était plus bas à Tentréc tju il ne l'étaît 
jfhis loin. U était donc très-probâbje que ce (h% 
«LiVIi & vetiacit de loueft, fortuit d'une mer ^ui 
n'avait pas de ccwhmunication avec Tcnfrée du 
étroit dUadfoQ. L'hamanité d^ailleurs femblait 
jàcmander^-que, dam k cas où l'infortuné H^d^ 
{oa & (es csDmpagnons feraient encore yivans , on 
ifis arrachât de Tétat de profonde misère où Us 
devaient céceflairement fe trouveî*. 

On équipa conféqucmment pour cette entre* 
prife» deox vaiiTeaux dont Tun fut nommé Ik 
M£Jûlution^ l'autre la Découv&ru {a^x Thomas 



(a) Il eft à remarquer que dans le demîér voyftg 
entrepris par rilluflrc & înfonun^ i ook, dans la tner d* 
jBpd , Si dan<; ie« panks d^ N<}pd entré TAlîe h l^Amé* 
rîque, fes vgiffe^Hx. avaient le mêinç nom ^ue cçuk em- 
ployés dans cet^ expédition. 



Butfon, navigateuf très-cxpétîm«nté , que le roji 
cré^ chevalier dans la fuite pour reconnaître quel- 
ques fervices qu'il avait rendus, fat choifi pour 
commander toute Texpédîtion , & le commande- 
ment de la Découverte fat donné au capitaine 
Ingram. Outre ces deux perfonnes , Button em- 
mena avec kd quelques autres habiles gens. Le* 
premier maître de la Réfolution était Nelfon^ 
homme dune expéiiencerconfonunée&d'un granJ 
iavoir ; ce fat de fon nom qu'on appela la ri- 
vière ou ils pafsêrenc l'iiiver , la rivière de Nel* 
fon. Il y avait encore deux perfonnes des eon- 
naiflànêes defquelles nous prendrons une haute 
klée d*^apfès le témoignage de Button. L'un était 
Ion parent & fon ami, ilfe nommait Gibbons v 
l'autre était le capitaine HoM^kridge. Le nom du 
maître du vaiffeau de Button, était Jojiah Hut-^ 
iartj hommd qui avait' la meilleure' idée de cette 
entreprife & de la pofïîbilité d'un paflagR Enfin ^ 
Button était accompagné par tiahakuk Pricket 
qui avait fait- le dernier voyage avec l'infortuné 
Hudfon. Us prirent des vivres pour treize mois^ 
& mirent à la voile au commencement de mat- 
i^iî., ils dirigèrent à l'oueft 8c arrivèrent au dér 
troit d'Hudfon , ou- ils entrèrent par le fud des 
îles de la Réfcdution , ils y farent quelque temps^* 
bloqués par la glace. Edïn ils touchèrent à l'île 
de Diggr oà ils pafsèi ent huit jours pendant le& 



'Ï3V DÉCOUVERTES ET VoYAÔES 
quels ils s'occupèrent à conftruire une pinafle qu'ils 
avaient apportée en pièces , cf Angleterre. Enfuite 
ils avancèrent davantage à Toueft , où ils virent 
une terre qu'ils nommèrent CareysSu/aas-Nest. 
Delà ils marchèrent au fud-ouefl , & revinrent au, 
♦foixantièmc degré quarante minutes latitude nord* 
à cette terre que Button nomma, à caufe de ce 
xetour 5 Hopes-Checked ( Efpérance-trompée ). Là, 
ils furent furpris par une tempête fi fiirieufe qu'ils 
furent obligés d'entrer dans un port pour réparer 
les dommages que leur vaiffeau avait foufFerts* 
Mais bientôt l'hiver , très-rigoureux dans ces pa* 
rages, fe fit fentir, & Button fût obligé d'hiver- 
ner par le cinquante feptième 3egré dix minutes 
latitude nord , dans une petite baie fiir le côté 
nord de la rivière ; ils nommèrent ce lieu port 
Nelfon^dvL nom du maître du navirequi étoit mort. 
Button aflura le mieux qu'il put les vaifleaux con- 
tre les tempêtes, les glaces & les hautes marées, 
au moyen de pilotis qu'il fit enfoncer à Tembouchurc 
de la rivière. On pallà l'hiver dans les vaifleaux , 
on tînt conftamment trois feux allumés. Malgré 
le foin qu'il prit de fbn équipage il mourut plu- 
fieurs perfonnes. On mangea pendant cette faifon 
vingt-une mille fix cents gelinottes. 

Button lui-même fut >indifpofé durant les trois 
ou quatre premiers mois de l'hiver. La rivière 
'Nelfon n'était pas encore gelée au id" de février. 



»AH5 LE NôRCf. Î37 

qtfoîqu il eût déjà fait extrêmement froid j les 
Tents doux qui fuivirent immédiatement le temps 
froid , avaient amené le dégel. Button avait ob- 
fervé que pendant les premiers voyages Tinadi- 
vité & le défaut d occupation avaient été trop 
fouvent la caufe de mécontentemens , de mur- 
mures & de ligues fecrettes parmi l'équipage 
contre les fupérieurs, Poiir prévenir ce danger, 
il donna à chacun une tâche à remplir , & un 
emploi convenable à fa capacité.' Il chargea l'un 
de chercher ce qu'il y aurait à faire au cas que 
l'eau vînt à manquer dans leur féjourj'un autre 
fiit occupe à découvrir la manière la plus avanta- 
geufe de faire la recherche qui était l'objet de 
leur préfent voyage. Il enjoignit à d'autres de lui 
donner par écrit un calcul exad de leur voyage 
jiifqu'à ce moment , avec les diftances refpec- 
tives de chaque lieu, la route du vaiflèau, la lon- 
gitude 6c la latitude , les variations de l'aiguille 
aimantée , les fondes, & enfin , les obfervations fuc 
les vents , les faifons, la marée, &c. De cette ma- 
nière perfbnne n'eut le loifir de penfer à mal faire. 
La rivière Nelfon commença à fe nettoyer des gla- 
ces dès le 2 1 avril 5 mais ce ne fut que deux mois 
après qu'ils remirent à la voile dans le deflèin 
d'examiner la côte oueft de la baie que le capitaine 
appela de ^n nom , baie de Button. La terre voi- 
fine fut nommée New-}f^ales. Ils trouvèrent au foi- 



I 



Ijl Dico:aVKAT»S Et VoYAGHJ 

xantième degré , un fort courant qm alll^ <^dk 
quefois à Teft, d'antres Ibis à loueft. Cette ck- 
confiance engagea Hubbart z défigaer cette pai:-^ 
tie, dans {a carte » fous le tkre de Huibaris-- 
Hope^ La plus haute latitude à lamelle Button 
ait étendu fes recherches eft enrVircm lefoixante-cin- 
quième degré. Les obfervatiy^QS ^'il eut occafion 
de faire dans ces pafagi^, fur la nfarée^ étaienr 
telles, qu'elles ne lui laUsèrem pas le moiôdi^ 
4oote fur la poffibilité d'un pafTage au nord. H 
nomma quelques îles fituées; au fod-eft de D» 
terre de €areys^S%^an$ - Ne(ly îies< de Manfiîl 
(Mansfield) *, à IToueft de ct^te mème'^târre» il vit 
une efpèce de baie qu il ndmma Neth-phiS-ulifûè' 
Le point le plu^ naérridional de cette tesfi^ âit-ap^ 
f elle cap. SvuêhampêoTi ; fur le c^té de l'eft ttdix 
Ha promontoire auquel il donna le nom de cap 
Fembnoke. Il eftima. de di^ lieues la diftanc& <far 
ce cap aux îles Mansfield* Entre le cap^ Chidl^ 
Se la cot& de Labifadof , les voy.agmi£S' trou¥èr^t; 
un autre^ détroit à travers lequel ils pafsèrent, 8ff 
delà en feiîte jours ^ ils- activèrent daas Kauiomïnr 
de 1^13. » en Ânglecerie.. 

Ceft une ^ande perte qjie BuuotL n:ait ppinr 
publié fon journal, car nous n'apprenons ,. de «es 
jelations dilperfées^ qnL nous reftcnt ,. rie» autrfe 
chofe.^ fî^ ce^ nr'eft' <pie fon journal contenait deS; 
AicmMQoi^ impostantes fitt les marées* & c^autse» 



f 



iùhfiH àc géographie fhyCiqnt. Il eft tr軫é?ideiic 
^u^ les gelinottes foht en très -grande quantité 
dans CCS régions , puifque Butron & fon équipages 
,ini mangèrent doL-hak cents doueaines. 

X X I. la même fociéte t]ui avait entrepris le 
pren^if^r Voyage de Button Ik plufieuts autres, en^ 
voya tn 1^14, pinir It mtnic objet, le Capîtaifle 
GiU)ons^ paxetit & ami de Butron» U monta le 
miiTftw la Découptncj le même fut lequel But» 
foa avait fait fon vofage« Mail à peine &t»ii 
«crivé à rentrée du détcoii^ d'Hud&iii , ipi'il fiic 
enveloppé pat les glaces^ bc pocté par les veut» 
fe kd QOttsaPs dani une baie de la oôte de Labrâ'** 
doge M ciiiquaite4kiitlànie degré & drnnî latitudt 
itoid) ftn équipage nomma cttte baie Gibbons^ 
Saie. U 6it forcé de cefter dans ce lieu pèodatsc 
l-cfpace de dix ibmaines & fut datant trait ce 
tBOsfs ta danger de perdre fon vaiflèau de la vm 
Déàffé tfifin de ce périls il reprit k chettiki dt 
TAl^etBxre, paxce qxte le bâtiment avait été 
crèsHnaitraité par hes ^aces , fie parce que la fai» 
fon ^tait trop avancée pour tenter de nouvelles 
entreprifes dans ces froides régions. 

Fox appelle cette terre où la baie eft fituée , 
Stinenit^^ dénomination dont je ne puis donne^ 
ancunè raifon (a)* Cétait fans doute la côte de 



{fi) Daoc rcrraur du lirre de Fox le moi: itStinenia 



I40 DéCÔOVSRTlS ET VôYAôËS 
Labrador y & Gibbon s^Hole eft près la coïotAm 
<îcs frères Moravci, à laqudUie ces frères ont donné 
le nom de Nain. 

XXII. Là même année 1^14 , Fotherby & 
Suffin furent envoyée avec un feul vaJflèau pour 
un voyage dont Tobjet était de faire des décOnf- 
vertes dans le^ Nord. Il eft ptobable^ que ce fut 
la compagnie de Ruflîe qui fit les Ê*ais de ce 
voyage. Après de grandes, difficultés & quelques 
jcentatives infrudkueufes;, ils ayancèrent cependant 
avec leur barque jufijuawx glaces qui environ- 
nèrent Red'Beach. Cette terre forme la pointe 
du nord- eft du Spitjbergm & eft fituée fur ce 
qu'on appelle le Deer-Fieldf'Rennen Felde\ 
rîle de Moffen eft fituée au nord - eft de Red^ 
\Beach. Ils c arrivèrent à ce dernier lieu , à. pied 
fur les. glaces, efpérant qu'ils feraient aflcz.' heos- 
jreux pour y trouver quelques portions de. baleine; 
Mais leur attenta fiit trompée. Fotkérby ajouter: 
« Si nous n'avons pas trouvé ce que nous ^défi- 
» rions , nous avons vu au moins ce que nous ne 
» comptions pas voir \ unç grande- quantité de glace 



eft changé pour America*- Maïs cette erreur & quelcjucs 
autres qui font corrigées îcî , ont trompé les écrivains qui 
fcnt vettus après & Te doifteur Forfter luî-même~, parce 
que cet errata eft mal adroitement placé a» nj^eu- d» 
livre de fox. . . 



©AKs tÊ Nord. 141: 

» qui, du îivage où elle était amoncelée, s'étendait 
» dans la mer à une diftance où la vue pouvait à 
» peine atteindre». Au premier août, ils partii 
rcnt de Fair-Haven ( fitué entfc l^gâp Hakluyt, 
nommé encore île $ Amfierdam & Tîle de 
Vogdfang à la pointe nord-oueft du Spitz- 
berg ) , dans le deffein d'effayer s'ils pourraient 
paffer au travers des glaces pour gagner le nord 
ou le nord-eft. Du cap Barren ou f^ogelfang ^ 
ils avsdent fait huit lieues nord-eft par cft, lorf- 
qu'ils rencontrèrent des glaces à l'eft par fud, 
- & pueft par nord. Le 1 5 d'août , ils fe trouvé-^ 
xent dans la mer qui était gelée de l'épaifTeur 
d'un écu. 

Cette courte relànon d'une autre tefetativc pour 
chercher un paffage au nord par le SpitT^trg^ 
eft une nouvelle preuve dd l'importance qu'on 
mettait à découvrir ce pafïàge qui devait rendre 
en effet le commerce aux Indes beaucoup plus 
facile. Ceux qui ont cru jufqu'ici avcîc M. de 
Buffon & M. Daines Barrington , que l'eau de la 
mer ne pouvait geler , trouveront auffi une nou-, 
velle preuve du contraire -, car fi , même d^is 
l'été, fix femaines après le folftice, la mer était 
gelée dans une nuit de l'épaiffeur d'un écu, com- 
bien , à plus forte raifon , ne le fera - 1 - elle 
pas pendant les longs 6c rigoureuK hivers de ces 
parages ? 



TiXllh En ii,ij, Fo/Af/iJy foe encore «^ 
«D^é «tt Nofii» 4aiM k filMiitt le Richard 9^ &écé« 
pat U compagciie d« RudW-^ mw U bc pue acutn^i 
C9r ptos lom^e Ï9Pmém pécié^nkH à lei^tilii àe» 
dâces. U rinySâ à OM catte fiit la<]tteUe tt imi^- 
qûa ce qui avait dqà été décoQVort dam Tefpacd 
compris «nnt le ^tte t wigriànie &: 1^ f<H« 
itanto-onzièim dagté kdtUfie ilosd » £t k vkigt-^ 
{mèmâ dcgfé ik bngitttcla à loueft» ckçob Oii^ 
ifiyiV Eedland. Il amair biali daâré avanaecc pl«si 
Ipin qa'U ne le fît > mais les glaces lot officient 
coBft^nimtnt des obftaçlcs infiamontables;- H y 
^ait eependacit lar gcaaé ofpcecle mer entra le 
Groenland & King-James-Ntivland (00 nerame 
saiffi cette terve, Spéaberg) & Tbo aosait pa peat- 
être y tfouvet utt paffage, qwoècjue cette m« foie 
auffi obftfufe paa les glaces. Etepmi cetee tea» 
tative, la compagnie Ang^aàfe powar te conuaerc» 
de la Ruffie , ferribla ne pi» s accapec do dé- 
ccmvestes dans le oocdu 

XXIV. La naâmw «arcskattdi <fuî avaietot 
entrepris les pcemie» voyages aw cr cawo d'awleiM 
& Œii avateni fourai affoc tant de lU)éfalitâ, 
a«ix &aia c]4i.'il^ wirniU coaté 9 aaakai conteffré 
refp&ance^ de décoattisir ce pafego^ Dan* cette 
idée ils cnvoyèreftt en tifïf ^ la ÏUcamwUy vaîf- 
feau quî avait déjà feit trois voyages pou? ce 
même objet, fous le cojjwnaadement des c^i^iiws^ 



DANS rs Nord. 14 j 

Hudfon» Button & Gib^ens, & cette fois qui 
éf ait la quatrième , Robert Bylot ou ( comme 
Purcbas 1 appelle ByUth) fut à la tête de Tcx- 
pédition; Byloi avait accompagné dans ce même 
iraiileaia confié alo; s à fes ^oins , le^ capitaines 
^ue je viens de nommer. Il avait avec lui pour 
maître de fou vaiiTeau, WiUiam Baffin qui avait 
Êtit un voyage en 1^08 avec Hali, & qui avait 
^ttflS accompagné Budjhn , Butien & Fotberby. 
U avait acquis feus ces capitaines ^ une grande 
«xpéfience ^ une connaiffance fuffifsane de ht 
«ature des irions qu'il devait vifiter , Se de ce 
q^uon pouvait faife pour le futcès de cette entre- 
prife, Byto^ mit à la voile le i j awil 5 le ^ de 
tnai, îl vit le Groenland à Teft du cap Farevi/ell^ 
Bientôt apeès il fe trouva au mEieu d'une grande 
quantité de glace. Baffin vit une de ces malles 
de ghu:e qui s'élevait de cent quarante braf][ps {a) 



(^> Ce calcul , fwik fiir L'aSècôpiv de Fo»^ eft mal 
fait. Cec auteyr, dans fis Voyages du Nord-Oucfty 
pag. 137, dî^î qpe BafBn a vu la glace s'élever de cent 
quarante brades aurdeflTus de Teau. Mais ceci eft évidem- 
ment une erreur de Fox, qui a mal entendu la relation 
de B.afEui publiée sar Puncto. 

B^O 4it exjj^eflTément que la glace s'élevait de deux 
cents quarante pieds s^\i-de(Iùs de Teau^ & il conclur 
de U que la ntailè entière était de Tépa^ilèur de ^ent 



1 



144 DÉCOUVERTES ET VoVAÔES 
OU huit cents quarante pieds au-dcflus du niveau 
de la mer. Quelques perfonnes afliirent qu il n'y 
a jamais plus d'un feptième de la glace au-deffus 
de l'eau. Mais il paraît félon M. de Mairan dans 
fon ouvrage fur 4a glace, /^tzg^. 2^4, que la glace 
ne s'élève fur la furface de l'eau douce que d'une 
quatorzième partie de fa hauteur, qu, félon le 
dodeur Irving dans fes remarques fur le voyage 
dii capitaine Phipps au pôle nord , feulement 
d'un quinzième fur l'eau de neige, c'eft pourquoi 
fur l'eau de mer il eft très-probable qu elle ne s'é- 
lève que d'un dixième ; ainfi multipliant huit cents 
quarante, hauteur au-deffus de la furface, non 
par fept, mais par dix, mefure de toute la hau- 
teur , cette mafle de glace avûit huit mille qua- 
tre cents pieds , hauteur qui eft certainement 
étonnante ! Au foixante-unième degré feize minu- 
tes , ils cherchèrent à pafTer au travers de ces gla- 
ces, dans Tefpérance que chaque marée les chafle- 
raitde plus en plus & débarrafferait la mer. Après 
avoir paffé quelques jours au milieu des glaces , ils 
découvrirent le 27 de mai , les îles de la Ré- 
folution-, fur la côte occidentale de l'une de ces 
îles , ils trouvèrent le premier de juin , un bon 

• ■■ Ml I ■■ 

quarante bradés ou de Ceize cents quatre-vingts pieds. Voy* 
Voyages de Pwrchas^ Part% lll^ pag. 857» 

• port. 



. DANS LE NoRt). . Î4J 

. POtt* Au changement de phafe de la lune , leau 
. s éleva & retomba de cinq braffes -, la déclinaifon 
de Taiguille aimantée était de vingt • quatre de- 
grés fix minutes. Le canal du nord ou le détroit 
de Lumlejr était de la largeur de huit milles 
dans le^ endroits les plus réflèrrés. Us arrivèrent! 
le 8 de juillet aux îles Salvages qui forment un 
grouppe confidérable ^ ils y trouvèrent ufi grand 
nombre de naturels avec qui ils, firent quelques 
échanges -, les chiens de <î:ts infulaires étaient, pout 
la plupart, mufelés 5 ils portaient des coliers & des 
harnois pour traîner le bagage de leurs maîtres 
lorsqu'ils vont d'un lieu à un autre. Ces animaux 
font d'upe couleur brun-foncé & reflèmblent affez 
à des lpups« Les traîneaux de ct% peuples font 
revêtus de grands os de poiffons. Ces îles font 
fituées au foix^nte - deuxième degré trente -deux 
minutes latitude nord , à foixante lieues environ 
de l'embouchure du détroit , la déclinaifon de 
l'aiguille aimantée eft de vingt -fept degrés 
trente minutes au fud-eft , il y a une marée, qui 
s'élève prefque auffi haut que les îles de la Ré- 
folution ^ & qui vient de l'eft.. Le 15? de juin , 
le temps s'étant éclairci , ils apperçurent les îles 
de SAlijhury. Le premier de juillet, ils décou- 
vrirent un grouppe d'hes qu'ils nommèrent Mi//- 
IJles , a caufe du bruit que font les glaces en fe 
Coiffant & fe brif^nt entre ces îles. Leur lati- 
Tom^ IL K 



T4^ DÉCOUVERTES ET VoYAGEJ 

tude cft de foixantc-quatre degrés. Tandis 'qu^ils 
étaient ca ftation le long de ces rivages , le flot 
venant dé Teft pouflà le vaiffeau de Bylot avec 
une très-grande force contre la barre de ces îles. 
Le 1 1 , ils découvrirent une pointe de terre à 
loueft , qu'ils nommèrent cap Comfort , & dont la 
latitude eft de foîxante-cinq degrés. Plus ils s avan- 
çaient dans le détroit, plus Teau devenait baffe. 
Ce cap était fur la terre de Carey - Swaas -Nefl. 
Bylot ne s'éleva que julqu au Ibixante-cinquième 
degré vingt - cinq minutes latitude nord , & fut 
environ au quatre -vïngt-fixième degré dix minutes 
longitude oueft de Londres. Il fe décida à reVénîr 
parce que la terre s'étendait au nord - eft. Dans 
ion retout il découvrit le 16 àt juillet, près 
d'une pointe de terre , un grand nombre de mor- 
fes couchés fur la glace. Delà il nomma ce cap 
(Point-Sea-Horfe)-, il obferva que le flot venait 
da fud-cft & le reflux du notd-oueft. Le 2^, il 
paffa entre les îles de Saliftury & de Nottin'- 
gham. ïl mouilla à l'île de Diggs où fon équi- 
page tua une grande quantité d'oifèaux aquati- 
ques 5 & arjriva' enfin à Plymouth. 

XXV. Les hommes courageux qui avaient déjà 
fait les frais des premiers voyagies pour les dé- 
couvertes 5 étaient très-difpofés à en faire de nou- 
veaux pour une autre cntrepnfe. C'étaient les 
chevaliers Thomas Smith & Dudley-Diggs , Jean. 



iSf^olflenkolme & fAldermàfê'Jonès , javéb queî- 
'ques autres. Ils choiiSrent Rotert B^ïdt'^oùr ca- 
pitaine, & William BàfBn-^ pour piloter Iti^^àif-. 
feàu la Découverte fut équipé pour lacînijûîème 
fois. Us partirent de GravefêlSd' It 16 àé mars 
161 é. La j)remière tetre' qti'fik' Virent j'fhtdaiîi 
le détroit de^ Davis au foSxaàte-ciùquiêiiie^-ilegr^ 
vingt minutes latftudè iiord;^ c'était' re'i4 de'mai. 
Quelque Groenlandais* Viriretif à leur Vaifleau'^ 




de ce qiie Bylot ne's'àïrêtait pas. "'ie^^capîtainè 
ne jeta l'âncrë que lorfquitlfat au foîxarife"'-4i^ieiîij5 
Ôegfé vingt minutes nord ,' près' <ïe Ta cote 'cf^ 
Londres de Davis {Uàvls'^s Londoa Coa/lf. 'Lgs 
ha'bîtans prhent là fuite (févànt lui & fé iei^irêrenc 
Hàns leurs barques. Dans ce détroit qui.' eft 'sur', 
la maréd'hè s'élève pas* plus de Huit' où neûif 
pieds. Deux jours après ils avancèrent plus au nordi 
Ire 30';'ils virent ie^'Hopë^Sanderfonyla, terre la 
plus éloignée où Davis -ait- été , au foixahte-dou- 
zième degré vingt minutes. ' En continuant leur 
toute ils abordèrent à quelques îles par le foiiante- 
douziéme degré quarante - cinq minutes nordjoi^ 
ils ne trouvèrent que des femmes qu'ils traitèrent 
avec douceur & à qui ils' firent pséfent de queU 
qùes morceaux de fer. ^ Le capitaine donna à cti 
îles le nom Womtn^s Iflartds ( îles des Femmes ). 

Kij 



54» TiïcaVV£KTIl,SlT VoifAGE» 
ta marée ne s élevait dans ces parages guère plus 
^e fîx pu fept pieds. G^sfeoïnies avaient des rayes 
noires fur le yif*\gQ, qui dépaflkiçnt la fuxfacc 
dela^eau. Alors Bylpt ne -pouvant plus avancer 
vers le nordj à caufe de la grande. quantité de 
places ji^.cberch?^ un port où il pût attemlre que 
ies glaces iuflfent çhaffées. Il le trouva par le 
foîxante-treizièrne degré quarante - cinq minutes. 
Xes habîtans vinrent bientôt le voir Sç lui appor- 
tèrent des peaux de phoques , & des ^ dents de 
iiarv«4 ((O.en échange pour du fer. D'après cela 
il nomnia cq ff>lk iHornr^ound). Il rcfta dans 
ce lieii encore <juelqucs jours , & enfuite il remit 
^ la voile. Le vent était tQuiours cpntraire , maïs 
la^glace était prefqu entièrement dil|îpée v de mar- 
îiière qu il: put retourner aux îles des Feouncs , 
il'où il fit vingt lieues à Toueft fans trouver de 
places.] A la faint Jean les cordages du vaiflcaiu 
ctaient tout couverts de glace, cependant le liroid 

^^— Il ' I II I > n I ■« I I — ^—n^iM^» 

{a) C'eft très-improprement ^'on nomme ces défen(êtf 
des cornes. Il efl bien connu gue k narval ou unicome 
de mçr ^ eipèce de baleine trouvée dans le Groenland y 
t, deux dents de cette forte qui (ont longues Se tovCes , 
mais que rarement on les trouve ensemble dans TanlmaL 
Probablement qu'Us en perdent dans les combats qu-Hs & 
livrent entrVux ou avec d'autres ipoiflTons. On a vu de 
ces licornes enfoncer & rompre dans le ^or^s d'uB vat(^ 
iêau cette longue défeniè. 



j DANS tÉ Nord. 14^ 

I ëtaît fupportable. Comme la mer était Kbrc , U 

I s'éloigna du rivage -, mais le vent contraire lé força 

bientôt de s*en rapprocher. Il laifïà tomber une* 
ancre pour mefurer la hauteur du flot 5 ce qui 
ne lut donna que peu d'efpérance. Le temps alors 
fe chargea débrouillards, ce qui fui fit ranger Isr 
I côte. Le jour fûivant il vit un Beau promontoire j>- 

qu'il nomma du nom du chevalier Dudley-Diggs»^ 
! C'était fous le foixante-feizième degré trente cinq, 

minutes latitude nord. Fort près de ce cap était 
I une petite He. A là dîftance de douze lieues delà,* 

I il vit un paflage fort grand dans le milieu du- 

quel était une petite île qui donnait lieu a ua 
double courant» Ils mouillèrent li, mais le vaîC- 
feau , quoique' fur deux ancres, dérivant avec le 
courant, il fut obligé de lever l'ancre & de tenir 
la mer. Il nomma ce paflage WolflenKolme^s^ 
Sound i il fe divife en plufieurs petits golfes/ S:,, 
eft très-commode pour Ta pêche dé la baleine. It 
I s'éleva alors une tempête qui l'obligea de mettre.- 

Toutes les voiles dedans. Le temps s'étant éclaircî ^ 
il fe trouva dans une large baie; If remit à 1» 
voile , Se alla jeter l'ancre dans un petit détroit: 
au fud-oueffi. Mais le vent foufïla avec tant dé* 
violence du fommet it% montagnes , que- Bylot 
perdit fon ancre & fon cable; Il fiit obligé d^c 
s-'éloigner parce que le fond de cette baie était 
cntrèremenf couvert' de glace. Il 1 y trouvait unor 



150 DÉCOUVERTES ÇT VoYAGfisr 

gxande quantité de baleines , c'eft pourquoi il la 
nonima . golfe de la Baleine ( Whale - Sound ). 
Lai latitude de cette baie cft de foixante-dix-fèpt 
degrés trente, minutes. Le temps étant devenu trèi- 
beau , il tint fa route à la vue de la terre juf- 
qu à ce qu'il arriva à un grand banc de glacç 
derrière lequel était fîtuée la terre. Il fe tint à 
environ huit lieues au- deflbus , auprès d une île à 
laquelle il donna Icf nom ^Hakluyt. Cette île eft 
fîtuée entre deux golfes 5 celui de la Baleine & 
celui du chevalier Thomas Smith \ celui-ci court 
au nord du foixante -dix -huitième degré. On y 
obferve une. plus grande variation de l'aiguille 
aimantée qu'en aucun lieu du monde connu , car 
diverfes obfervations exades firent connaître à By- 
lot qu'elle était de cinquante-fix degrés à l'oueft. 
Cette baie femble être très- convenablement fituéc 
pour la pêche de la baleine ,. c'eft en eflFet la plus 
large de tout le golfe. Ce qui l'engagea à fe 
porter fuï cette île , fiit le deffein d'y chercher 
des fanons de baleine. Mais le temps fut fi mau-» 
vais , qu il ne put aborder avec fa chaloupe. Le 
lendemain le vent devînt plu$ doux ;* mais la mer 
était devenue fi grofle qu'il fut deux jours fans 
pouvoir trouver un bon mouillage^ Le temps s'é- 
tatit éclairci^ il découvrit un grouppe d'ijes à la 
diftance. de dix ou douze lieues de la terre, Il 
aurait bien^cfefire y aboxcfef ^^mais le vcnf l'en 



©A KS h JE NOR 0. ip 

C(Bpêcha. Il nomma ces îles Cay^s. Un ^ent frais 
qui avait fuccédé à un grand calme accompagné 
de brouillards qu il avait éprouvés , le porta à 
Voutik , & il fe trouva, à l'entrée d'un grand 
golfe 5 qu'il appela Alderman Jones s^ Sound. 
I^près^midi le temps étant redevenu beau & clair » 
Bylot envoya une barque à terre , tandis que le 
vaiflèau continua fa courfe j mais le vent fouffla 
grand frais , .& la chaloupe retourna à bord. Ceux 
qui la montaient rapportèrent qu'ils avaient vu 
un f ^and nombre de morfes couchés fur la glace. 
le long de la côte. Us marchèrent avec un vent 
tcd!\s d'eft-nord-eft , le long de la côte qui com- 
mençait à s'étendre davantage vers le fud & prc^ 
i)ait l'apparence d'une baie. Le douzième joui il 
çntra dans un autre grand golfe ^ qu'il nommai 
James Lancaftcr's-Sound. L'efpérance qu'ils avaient 
eue de découvrir un paflàge s'afiàibliflàit cepen-^ 
dant de jour en jour» De cette baie, une bordée^ 
de glace courait le long du rivage. , vers le fud;, 
il rafa les glaces jufquà ce qu'il arriva au foi- 
xante - on^&ième degré feize minutes , où il put 
voir la terrç jufqu'w foixante-dixième degré trente 
nûputes. Etant alors prpfque par-tout environné 
par les glaces^ il fitt obligé de fe tenir plus à 
l'eft , dans^ l'cfpérance qull en ferait bientôt dé- 
barrafTé > fon deflein .était de.fe tjenir for la dïoiter 
di» ces malTes jufquà qu'il eût atleint le foixantcîr 

Kiv 



'i;2 DÉCÔfTVERTËS BT VôYAGES 

dixième degré , & de fe porter enfuite au fudw 
Mais fes projets n'eurent pas le fuçcès qu'il efpé- 
tait , car il fut forcé de courir à travers ces 
glaces entre lefqueUes il fut fouvent enfermé quoi- 
qu'il 'fe tînt le plus qu'il put à l'eft. Il en ferra 
quelques-unes de fi près qu'il eut plus d'une foi^ 
beaucoup de peine à s'en retirer. Il ne put ap- 
procher de la terre que lorfqu'il fat au foixante- 
huitième degré quarante-une minutes ^ alors il vît 
le rivage. Mais la grande quantité de glaces l'en 
tînt éloigné de fept ou huit lieues. On était alors 
au 24 de juillet. Il chercha pendant trois jours 
dans ces parages, un lieu pour jeter l'ancre êc 
pour obfcrver la marée -, mais les glaces l'empor- 
tèrent, après avoir long-temps lutté contre elles» 
fous le foixante-çinquième degré quarante minutes. 
Il abandonna entièrement la côte de l'oueft, étant 
alors diredement vis-à-vis le détroit de Cumber- 
land, où il n'efpérait pas trouver un paflàge. Il 
^ £è trouva , pat toutes ces contrariétés , dans la nécef- 
fité de terminer là fon voyage, & parce que la 
faifon convenable pour faire des découvertes dans^ 
ces contrées était déjà paflTée , & que fon équi- 
page était très - affaibli. Flufieurs de fes gens 
étaient très - malades & même le cuifinier était 
mort. Il fat alors à la côte de Groenland & re- 
lâcha dans le pc»ct de CockingSouad 9 au foixante- 
cinquième degré quarante- cinq minutes. En dcf* 



r 



D ANS I.E Nord. 153 

tendant à terre dans une île, ils trouvèrent d'a- 
botd le cochléaria ( cochlearia oficinalis varietas 
Groenlandica) 9 ïoCcUlc (rumex acetofa) & lor- 
pin {fedum acre ) en grande quantité \ ils firent 
bouillir le cochléaria dans de la bière, & dans 
Felpace d'une femaine tous les malades furent par- 
faitement rétablis & continuèrent de fe bien por- 
ter jufqu à leur retour' en Angleterre. Dès qu'ils 
curent débarqué dans ce port du Groenland , les 
habitans vinrent leur apporter des faumons & 
d'autres poillbns qu'ils échangèrent pour des grains 
de verre , des jetons & des morceaux de fer. 
Ces alimens frais contribuèrent beaucoup au ré- 
tabliffement de l'équipage. C'était une chofë éton- 
nante que la grande quantité de faumons qui 
fourmillaient dans ce port. La marée s'y élève 
d'environ dix-huit pieds. Lorfque l'équipage fut 
bien repofé , ils mirent à la voile , en dix- 
neuf jours ils virent les cbtts de l'Irlande, & 
le 30 d'août, ils mouillèrent dans la rade de 
Douvres. ' 

Ce voyage , quoique très-digne d'attention , ne 
nous eft connu que très - imparfaitement par la 
relation de BaflSn. Toutes les cartes de la baie 
que découvrit ce voyageur , ont été fîmplement 
tracées d'après les obfervations faites dans fon 
.journal. Car Purchas qui a publié de fi mauvailes 
(Cartes, fut cflrayé de la dépenfe qu'entraînerait 



154 DÉCOCrVIRTES «T VùtAGlf 
llmpreffioQ de Tiniportante caxte de Bai&n^ & 
îl cft très - probable <jue c*eft pour cela (qpi'dle 
cft entièrement p«due. 

Les Groeailandaifcs de l'île de^ Femmes avaient 
ics raies noires fur le vifkge élevées fur la fur- 
face de la peau*, cette même efpèce d ornement 
ai été obfervée parmi les Tartares Tungufes de 
la Sibérie, ainfî que chez quelques Jakutes {ay 
la diipinution graduelle de la matée vers le nord» 
me fcmble itne preuve convaincante qu elle vient 
du détroit de Davis , & que, conféqu^iunent , 
la baie dç Baffîn n'a de communication, ni au 
nord, ni à Toueft, avec le grand Océan, & 
qu'on ne doit pas efpérer trouvar de pafiàge par 
cette baie. Il eft cependant étonnait que BaiEa 
s^t été le (eul navigateur qui ait julqu'ici examiné 
cette baie. Les baleines qu on y trouve en grande 
quantité femblent avoir choifi à deflçin cette baie 
ou aucun homme excepté Baffin, n^a été , pour j 
Étire leur féjour, à caufe de la tranquillité dont 
elles j jouifTent* ta baleine a beaucoup d'inftinét, 
dyte eft très-capable de diftinguer les lieux où otr* 
toir fait Êréquemment la çbailè;. 

Il eft vraiment digne de remarxpie, que tov& 

{a) Voyez les Voyages de Gmelin, en SSbéne , Panier 
première , pag, 79 j Partie II , pag, %oZ^ Voyages d» 
Çeorggy^iA. 1I> pag. i$J* . . 



BAKS LÉ NOKO. 155^ 

ceux quî étaient attaqués du fcorbut à bord du 
vaîfleau de Bylot^ aient été rétablis en huit ou 
neuf jours par. Tufage des végétaux frais & du 
poiflbn. C'eft une preuve que rien ne contribue 
davantage à faire naître cette eipèce de fièvre 
putride, que le défaut d'un air doux & d'aUmens 
.frai^. Il eft poffible fans doute de retarder en 
quelque manière lés progrès de cette maladie ayec 
le malt ou la drêche , mais pour la guérir radi- 
calement , rien n eft à comparer à un régime con- 
fiftant principalement en végétaux. 

XXVI. Ce dernier voyage de Bylot & de 
Baffin n'eut pas plus de fuccès que les préçédens. 
Il paraît avoir prefque entièrement refroidi lar- 
deur de la fpciété dont on a parlé, & quî n'a 
plus entrepris de nouveaux voyages au Nord. Il 
s'eft écoulé en effet un aflèz long efpace de temps 
fans qu'il en foit fait mention. On dit cepen- 
dant quelque chofe d'un voyage fait par le capL 
taine 'W^illiam Hawkhidge ou Hawkridge^ le 
même qui en \6ii & 1^13, avs^it accompagné 
le chevalier Thomas Button dans fon voyage 'au 
Nord. Mais la relation que nous avons de ce 
voyage eft très - imparfaite. Premièrement on ne 
fait dans quelle année il eut lieu, ni aux dépens, 
ni à la follicitation de qui il fot entrepris s on ne 
fait pas mieux ftfi: quel vaîfleau Hawkbridge était» 
de qtiel Ueu U mit à la voile , ni/en quel en- 



"ifé DÉCÔUVIRTIÈS ÏT VoyAGESr 

droit U débarqua à fan retour en Angleterre. ît 
femble cependant 3 que cette expédition doit Çc 
placer après celle de Bytot en 1616^ parce qucr 
Fax Ta décrite après cette dernière, & qu'elier 
fe fit avant celle de Fox , & de James qm fe 
place en i ^ j i ; le même écrivain Fayant décrite 
immédiatement avant la fiennc. » 

Hawkbridge dirigea à loueft, & fê trouva le 
29 de juin , dans le grand détroit de Lumley ; 
3 était le premier qui y fût véritablement entré, 
car tous ceux qui l'avaient précédé , s'étaient feu* 
Icment imaginé y avoir été. Il ne quitta ce dé- 
troit que le 8 de juillet , le ^ il retrouva la pî- 
Bafle avec laquelle il était parti. Il fat retardé 
long-temps par les courans & par les vents con- 
traires. Près le Cap-Charles il trouva une petite 
He , dont les environs femblaient lui promettre 
beaucoup de poifibn , cependant il n'en put pren- 
dre aucun. La latitude de cette île était de foi- 
xànte-deux degrés dix-neuf minutes , la déclinai- 
fbn de 1 aiguille aimantée 5 était de trcris d^rés 
neuf minutes, le fiot s élevait de vingt-un pieds, 
& venait du fud-eft. Le 27, il alla plus loin, 8c 
le 7 d'août, il vit une terre qui lui parut ctie 
file de Salijbury. Vers le fond de là baif^, la 
latitude était de foixante - quatre degrés trente 
minutes -, la déclinaifon de laiguiUfe de vingt-troî^ 
degrés dix minutes. Enfin le 10 , il vînt à Seor- 



. dAks lb Non©. 157 

Horfe - Poïat. Le 11 , il s'avança plus profcndé- 
ment dans la baie jufqu a la latitude de fpixante- 
cinq degrés, il chercha l'île de Diggs^ dan? l'inten- 
tion d'y fonder la hauteur du flot. Il xefta quelques 
jours à la hauteur de Kings-Foreland & de lUe 
de Mansfield. Un peu plus loin il vit des glaces 
fixes, & s'en retourna le 7 feptembre| il était revenu 
. près des îles de ht . Ré/plutioa. Le xo^ la pina& 
perdit fa ehaloupe, & probahleoxent quH revint 
auflî-tôt en Angleterre, car le récit fe termine IcL 

Cette tentative de HaWkbrid^ ne reufiame 
xien 4e tiouveau. Il eft feulement .temarquaUe 
^*il ait été jufqu à ibixante - cinq degrés cntxç 
Careys'SwottS'-Nefi & les îles Orientales , ojk 
.cependant Bylot avait jeté avant lui. en x^iy.. 

XX VIL Après un aflcz long intervalle, Telprît 
de recherches fe réveilla comme d'un profond 
^ilbupiflèmenL Lucas Fox. qui dès (à jçuneilè était 
à la mer , & qui était parti avec John Knï^ 
en qualité de pilote en 1^0^,, avait depuis ce 
temps , raffemblé toutes les çpnnaillànces que le^ 
voyages qu'on avait &its jufqu alors vers le pôle 
ardique , avaient données fur cette partie de la 
géographie. Il fe lia intimement avec quelques 
Xavans mathématiciens de cç temps, (sntre leiquels 
il cite particulièrement Thomas Sterne, qui avait 
foigneufement recueilli tous les journaux & toutes 
ies cartes dçs premiers voyages pout fe perfeélion^ 

/ 



Ij8 . DÉCOUVERTES EÏ*VoîrA(ÎES 
Ber dans l'art qu'il profeflait, de faire des globes. 
Enfiiite il renoua fon ancienne aniitié avec le fameux 
mathématicien Henri Brigges , qui lui fit faire coû- 
naifTancç avec le chevalier Jean Brooke. C'eft 
alors que quelques gens eftimables s'aflbcièrent 
pour faire au Nord , un nouveau voyage , que ré- 
tarda cependant la mort de Henri BriggeS. Pen- 
dant ce tentps lecapirarne Thomas James avait 
pcrfûadé à pluficurs marchands- dé Briftol , dé faire 
les fiafe d'une pareille etitreprife Ceux-ci follicî- 
tèrent Brigges & le chevalieï Brooke' de donner 
deux vaiffeaux pour faire enfemble cette expëdf- 
tion, deniatnde que Brigges 6c Brooke accotdé- 
icnt avec plàlnr; le chevalier Thomas Roe ^ qni 
avait été ambafTadeur à la cour de Suède , & le 
^îeux chevalier John Woljlenholnte^ furent char- 
gés par le roi de pourvoir à tout ce qui feraît 
néceffaire* pour le fucccs de cette expédition. Les 
Frères de la maifon de la Trinité firent auflî 
tout ce qui fut en leur pouvbir pour les fé- 
conder. Le jeune Wolftenholme, depuis le che- 
valier Jeaii Wolftcnholme, fut le tréforîer des 
fends deftines à cette entreprife. Le roi Charles 
premier donna auffi un vaifleau pour ce voyage, & 
ordonna de l'équiper de tout ce qui lierait nécef- 
faire &"de Itf fournir de vivres pour dix-huit mois. 
Le capitaine Fox ayant été ptéfenté au Roi , Sa 
^Majefté lui donria une carte de toutes les décou- 



BANS LH NôRT>, xjj 

vertes faites par ceux qai Tavaicnt précédé dam 
les répons qu'il allait vifiter j avec des inftruc- 
tions & une lettre pour l'empereur in Japon , 
dans le cas où il irait dans la mer tlu fud pat 
le paffage qu on eïpétait qu'il découvrirait. 

Le capitaine Lucas Fox partit de Dtptford^ 
le y de mai x6i\ , fut le vai(&au du roi le 
Charles, de quatre-vingts tonneaux. Le 15 , il rom- 
pit en deux fa grande vergue. Il alla aux Orcar 
des ou il ne pat fe procurer une autre vergue , 
& partit. Après avoir paffi le cap Fareit^ell 
par un brouillard jil'dirîgcà vers la baie d'Hud- 
fon. Alors il fe trouva au vent d'une très-grande 
île de glace , & tout près des glaces qui flottaient 
en petits morceaux formés par le choc continuel 
de la mer contre ces îles qui les mine de manière 
qu elles tombent en pièces par leur propre poids. 
Enfin, Fox vît le zo de juin , une tetre fur le 
côté nord du détroit de Lumley. Il était alors 
au foixante - deuxième degré vingt -cinq minutes 
latitude nord. Trouvant de la glace dans ce pat- 
lâge , il voulut entrer dans le détroit d'Hudfon , 
mais les glaces flottantes l'en empêchèrent égale- 
ment. Il tint la mer depuis le cap JF'ûrwick fut 
i.*île de la Réfolution jufqu'au cap Childey , fur 
les îles de Buttoû , quatre defquellcs il vît diftinde- 
incnt. Le 23 , le matin fut brumeux, mais au 
milieu du jour le fpleilfiit fî chaud ^ qiie la glace 



têo DécOU^ÉRTKS ET VôYASËff 
& la poix qui enduifait le vaiiTeau commencèiretiC 
à fondre* Il y avait dans ce détroit deux fortes 
de glaces , d'abord des montagnes de la hauteur 
de dix à trente toifcs *, & de la glace brifée donc 
les morceaux égalaient un quart d'acre & quel- 
ques-uns deux acres en quarré. La plupart s'éle- 
vaient au-deffus de l'eau d'un ou deux pieds & 
y defcendaient huit ou dix pieds au-deflbus. Le 
30 , ils pafsèrent auprès d'un morceau de ces 
. glaces plus haut que les autres, fur lequel était 
une large pierre du poids au moins de cinq ou 
fix tonnes 9 quelques autres pierres & de la boue. 
Ces montagnes de glaces lont formées fur les 
rivages par les neiges, &c lorfque le vent fouffle 
fiir le fommet des hautes montagnes auquel elles 
adhèrent, il les durcit en une glace très-compadte^ 
& au printemps elles fe ramolliflent à l'approche 
du dégel, 8c roulent dans la mer, entraînant les 
pierres , la terre & les arbres qu'elles couvraient. 
Une de ces montagnes vint une nuit , en chaf- 
fknt droit au vaifTeau ; comme elle s'enfonçait 
profondément dans les eaux , elle frappa dans fa 
courfe quelques-uns des-itiorceaux plus petits qui 
étaient entre elle & le vaifTeau, ce qui le garan- 
tit de ce choc effrayant. Car fî cette maffe énorme^ 
déjà minée par l'adion de l'eau , avait atteint le 
bâtiment , elle l'aurait aifément fracaffé & fub-* 
mergé fous fa propre ruine, puifque cette mori- 
% tagne 



r 



DANS LE Nord. i^j 

tagnc de glace avait neuf ou dix braffes , c eft- 
à-dire» cinquante-quatre ou^Ioixante pieds au-<leflus 
des eaux & peut-être neuf ou dix fois autant au- 
deilouS) conféquemment toute fa hauteur pouvait 
être de cinq cents quarante ou fix cents pieds. 
Le premier de juillet , Fox était vis - à - vis une 
féconde île , féparée des îles de, la Réfolution , 
& qui eft appelée dans quelques cartes Terra-* 
Nivea. Le temps était chaud &c «couvert , mais 
calme de forte qu'ils ne pouvaient avancer. Le 
4 5 ils envoyèrent une barque à terre , où Ton vit 
quelques huttes que les naturels avaient abandon- 
nées ; on trouva auffi quelques morceaux «de bois 
flotté Se les traces d'un animal du genre des 
cer6. Le 7 5 ils virent un narval long d'environ 
neuf pieds > le dos de cet animal était noir, avec une 
petite nageoire defCis « la queue était plate fituée 
tranfverfalement Se comme dentelée fur fon bord^^ 
les deux angles de l'extrémité étaient pointus » les 
côtés du corps étaient marqués de blanc & de 
noir 5 le ventre était d'un blanc de lait , le corps , 
depuis les ouies jufqu'à la queue , était conformé 
comme celui d'un maquereau -, mais la tête ref- 
feniblait à celle d'une écrevîlfe' de mer -, & fiip 
le devant était une corne torfe de fix pieds de 
long & noire par-tout excepté à la pointe. Le 
même foir ils virent plus de vingt de ces ani- 
maux. Le 1 5 , à la vue & à fept lieues des îlc^ 
^ Tome II • L 



1^1 DÉCOUVERtES ET VoYAGES 
de Salisbury Se de Rottingham ^ ils tournèrent 
vers le fud pour s'éloigner des glaces , ils avaient 
alors cent foixante braffcs de fondj les pierres 
^ûe la fonde apporta, étaient de la même nataro 
que celles qu'on trouvait fur les glaces & qui 
font entraînées par elles de la terre - fermer 
Ces pierres fe détachant par degrés de la glace ^ 
tombent dans le fond, qui en eft trèsrprobable^ 
fneiit tout couvert. Fox obferva dans ce lieu que 
i'aiguille aimantée avait perdu (a vertu j U donn^ 
fes conjeâures fUr la caufe de ce phénomène ^ 
qu'il attribue au peu de mouvement du vaiffeau^ 
6u à l'aâtion de quelques montagnes voifines qui 
contienilèht peut-être quelques minéraux qui in** 
flUent fur la puifiance magnétique de l'aiguille) 
Ikiêhie àu £rdid qui agit fur cette aigttiUe comme 
U agit flic nous en engourdi(!ànt , ou plutôt 
cette caufé eft due à la ténuité de l'air intet- 
pofé entre l'aiguille & fbn point atttaâif , ténuité 
k^Ui diminue la force de fa dkeâion {a)^ Il étaif 

{a) Le célèbre M. Henri EIlîs qlii fit un voyage en 
174^ & T747 ^ à la baie d'Hudlbn dans le vaiffeau le 
Dobb - Galey , obferva entre les îles & les plus hautes 
ktitades, qile l'aiguille aimantée avait peirdu (à Vertu mag- 
nétique* Il affigna pour caufe de ce phénomène , i^. les 
minéraux pat le(quels il était poffible que l'aiguille fût 
fortement attirée ( comme cela arrive en effet dans Ttle 
d'Elbe) 3 »^ b p|;oximité du pôle magnétique ^&> en£d 






aktfs pcK& de l'île dt Nottirigham , où il avak in* 
tentiob J'eavoycc i» chaloupe. Il avait im fend 
de pierres & dé moules à trente - dnq braffes» 
Le reflux venait cbi notd-ojueâ;» la latitude. étatt 
de foixaoce - trois dt^és douze minutes, h^ i^ ^ 
Fûx fit une obCsT^ation trèfi-iniporcarKie : les îles 
de la Ré/hhuiany de Satisbury & de Nattiagham 
étaient toutes les tcois élevées à la cote de l'eft^ 
& bai&s à celle die l'oueft (a). Il vit auffi uni» 
grande ({uantité de jnorfss v ii vit le mcm» jour , 
mais dans 1 eloigaement 5 le c^ Pembroke finie 
coatinenc de Cary s^Swam^Nefi y où il fe trou- 
vait auffi beaucoup de mor&s. Le 1 8 , il appct^ 
cha d'aâè^ pès cette terse, & le 15 » il vit fi» 
un grand ^Laçon un ours blanc 5 i^'il tua après 



le firoîd à\ /:lîmat qu'il confîdère comme la vraie càulîê 
de ces effets, parce qu'il trouva que raîguillç. reprit (bu 
pouvoir & fa direâion , lor(qu'Ii paiïa dans liiî lieu plus 
chaud. Nous voyons cependant que Fox avait obfervé 
ce fait avant lui, & en avait affigné presque \è& mimée 
causes. I 

(â) Cette obftrvation da géogeaphie. pkjfiçu^i oSi49 
la ^us grande importance, St ne iêmble une prôuye» 
lyie dgo& le temps que La mer & jeta avec iixipétuo/ité, 
dans la baie d'Hud&n & arracha ces îles du continent-, 
elle doit être venue de Teft & du (ud-eft , & avoir 
inondé la terré vers l*ouefi ^ circonstance qui a occadonné 
leur pofitîoiï' aiftueUe. 

Lij 



ï<f4 DÉCOVXTERTES ET VOYAGEî 
quelque temps. Cet animal rendit quatante^huit 
galions, ou cent quatre-vingt-douze pintes d'huile; 
1 équipage en mangea la chair bouillie , & la 
trouva fort bonne ; rôtie , elle Tentait le poiflon 
Se avait une mauvaife odeur. La même nuit il 
parut une bande noire dans l'horizon , & le mé- 
téore connu fous le nom de henbanes , ou aurores 
boréales v Fox confidérait cela comme les avant- 
coureurs d'une tempête qui devait s'élever dans 
vingt - quatre heures , ce qui cependant n'arriva 
pas. Le 1 1 , ils n'étaient pas beaucoup plus avancés. 
Ils abordèrent à Careey^s^Swans-NeJly où ils chaf- 
5èrent des cignes, mais ils n'en tuèrent point à 
caufe des marais , des ruifleaux & des flaques d'eaux 
fiagnantes très-nombreux fur ces terres. Le 24, ils 
virent quelques phoques au foixante - deuxième 
degré vingt minutes latitude nord. Pour ce qui eft 
des oifcaux, il n'y en a que peu de chaque efpècc;. 
Le 27, il faifait chaud, même dans la nuit. Ils 
trouvèrent une grande quantité d'algue & de 
varec. Près la terre-ferme à l'oueft de la baie 
d'Hudfon , il découvrit au foixante-quatrième de- 
gré dix minutes latitude nord 5 une île qu il nom- 
ma yïr Thomas-Rœ^S' ff^elcomes ils y virent 
quelques fépultures dés naturels, mais ils n'y 
virent perfonne. Les lances laiffèes dans ces fé- 
pulcres avaient des pointes de fer , quelques- 
unes 4e cuivre. Le z8 , Fox obferva une grande 
ri J ' ■ 



"f DAKS^ LE NOKD. téf 

quantité de poiflbns fautans hors de J'eau, des 
phoques & même des baleines. Il vint enfin à 
une île blanche , à laquelle il donna le nom de 
Brook - Coiham y elle eft auffi appelléc île de 
Marbre. Ils trouvèrent des cignes , des canards . 
& un jeune oifeau qui avait te cou & la tête 
fi>rt longs. Fox dit qu'il ne favait pas fi c'était 
une autruche ou non ( c'était probablement une 
çfpèce de grue). Le chien du vaifleau pourfuivitt 
long -temps une renne, mais le quartier - maître 
n'ayant ni fufil, ni lance, fut obligé de la laiffer 
échapper , quoique le chien l'eût arrêtée j la renne 
& le chien s'étaient ble(Ie les pieds contre les 
rochers & faignaîent abondamment. Ils virent auffi 
près de l'île environ quarante baleines qui étaient 
probablement endormies. Enfuite Fox s'éloigna i 
Foueft du continent , à la vue duquel il refta tou- 
jours , il était bordé d'une multitude de petits 
rochers. Le maître defcendit le 20 , dans une 
petite île fur laquelle il trouva une foule innom* 
brable d'oifcaux de mer comme des plongeons 
( coVymbtts - grylle Linn. ). Il apporta auffi 
delà un renard brun vivant ( canis - lagopus 
ou îfatis } -, il avait vu deux morfes l'un des- 
quels il frappa d'une lance, cependant il lui 
échappa parce qu'il n'avait perfonne pour l'aidoT* 
Il apporta auffi à bord une grande quantité de 
cochléaria. Fox ordonna d'en exprimer le liic &: 

L iij[ 



de le mcler avec un mirid de forte bière, & com- 
manda d'en donner tmc deàai - pinte à cewx qui 
en Youdnfienc pour la boiâbn du matin ; ma» 
perfonne n'en voalttt feialeaient goûter', de ibrte 
que la bière fe perdit & tout Téqttipage «fot ih* 
fedbé du fcorfrot (û). L'île fut appelée DurirFoXs 
Le 3 1 , ils arrivèrent à une quantité d'4ic^ ^è , 
Fax notamK Briggs^s Mathématks. Le 3 d'août^ 



(a) C'ed une plainte que font confiamment les com- 
mandants des vaiflêaux a la mer. Les matelots ont une 
peine infime à (e foumettre â aucune innovation dans leur 
kiantère de vivre , & duf&nt-Jls tomber malades, )k ne. 
«reulein pas aix&kunent f«re «ifage des remèdes pïé&rva*- 
iifs, L*tnfiifion -de drêdhe du cheu-crout , les bifoi&s faits 
au Cap avec la &rine de fèigle & préparés avec te levain 
aigre, tout. cela était rejeté par notre équipage. Ce ne 
fut qu'avec les plus grandes difficultés , 8c après qu'ils 
eurent vu que les officiers fal(âient ufage de tous ces 
moyens pour fè préfèrver du fcbrbut & ^u'ik s'en trou- 
vaient srès-bien , <fi*iU confèmii^nt à en faire de même. 
Ce fut pfécifêmem la même opiniâtreté » lorsqu'à k Noti- 
velle-Zélande,le capitaine Cook ordonna de faire bouillk 
dam la purée de pois une efpèce de céleri & du crefibn^. 
la plupart des matelots refusèrent d'en manger, jufqu'à ce 
qu'ils euflent vu le capitaine & les officiers en faire ufage. 
11 en fut de même lorfque nous commençâmes à manger 
les plongeons noir? 8: les pîngoîns à la terré ée Feu , 
ain/i que la thair des phoques , niais à notre exemple !'£- 
^ipage apprit à manger de tout. 



DàN s L E Nord. kj 

Ils côtoyèrent une terre baflc couverte çà & là 
de petites dunes de fable, comme les cotes de 
Hollande & de Elandre. Plus Fox s'éloignait de 
Wekame^ moins la bauteur de la marée était 
grande. Le 9 , il fe détermina à entrer dans la 
rivièse Melfon à l'enibouchiare de laquelk il vit 
quelques baleines blanches* Il mit dehors £a pi- 
nafle & trouva les reftes du quartier d'hiver de 
Bultun» Il vit des baleines innombrables , de la 
grandeur di un masfbuin. Le 1 5 d'août , le temps 
étftit très-chaud. Le 175 en remontant la rivière^ 
il vit ie long de fps bords, des mûres , des feai- 
fe$ , des grofeilles & <ju£lques plantes iégami** 
pei^o^ Jl •ppeiçut aufll des traces de rennes. Près 
de )çe Ueu^ il vit une cabane conftruite en bois 
^ ips^^à&àt faite depuis peu*, la place d'un feu^ 
dips çoîls de icei^ne , des os d'oilèauK & d'autres 
/igi^ iemblaienr lui indiquer que les hommes 
qui rivaient habitée en étaient partis depuis peu. 
]U !<¥ 9 il apperçut du bord du vaiiTeau une renne 
icto^aixt Cm le cîvage, mais il ne put latteindre; 
1)1 trouva jxnvssfée la ictoix x}ue Bultûn avait 
âevie , ii la cétabiic , y mit une«infctîption grar 
vée fur une plaque de plomb , 8c nomma cette* 
jerxe N£W'f/^ales. Comme le vent jEut contraire 
le 19, ils ne purent point avancer. Fox envoya 
tmot& de charpentier à tprre pour abattre le Oieil-- 
Iciir de cinq arbres chpifis par le maître, pour 

LÎY 



ï^8 DÉCOUV'ERTES ÏT Vôf AG^Ê^ 
faire une grande vergue ; mais aucun de ces arbres 
n'était d une grandeur fufHfante. Le bois eft géné- 
ralement petit dans ces parages , car l'épaifleur 
de la moufle dans laquelle les arbres font enve- 
loppés , les empêche de prendre profondément 
racine en terre ; delà vient que pendant qu'ils 
croiflent dans la moufle ils font aflez vigoureux, 
mais ils ne deviennent pas grands, ils font faci-- 
lement renverfés par les tempêtes & périflent. De 
ces cinq arbres défignés aucun ne put fervir, 
ils étaient pourris au dedans. La plus haute ma- 
rée du printemps s'éleva de quatorze pieds. Mais 
les vents d'eft , de fud - eft & d'eft - nord - eft 
avaient poufle le flot dans cette rivière , car fans 
cela la' marée ne s'y ferait pas élevée de plus 
de douze pieds. De ce lieu Fox alla à l'eft le 
long de la côte. Le z^ d'août, il rencontra le 
vaifleau du capitaine James & converfà avec ce 
navigateur. Le 2 de feptembre , il vint au cap 
Henriette ^ Marie , où le rivage de la baie prend 
(a diredion au fud> & ainfl il examina la baie 
d'Hudfon. On reconnut pareillement toute la côte 
entre le port Nelfon & le cap Henriette -Marie. 
Çonféquemment il ne reftait plus d'efpérance de 
trouver de paflàge dans cette partie du monde, 
depuis le foixante-quatrième degré trente minutes 
jufqu'au cinquante - cinquième djegré dix minutes 
latitude nord. Ce qui engagea Fox à faire quel-» 



DAMS t£ Nord. 169 

ijues nouveaux cflfbrts au-delà de file de Nottin^ 
gham^ où il avait trouvé précédemment tous les 
paflàges ohftrués par les glaces-, il donna au cap 
Henriette-Marie le nom de WoljfLenholme s ^ ulti" 
mum vale. Dès le ^ , le maître & le contre-maître 
étaient malades. Le 7 5 Fox approcha du CareyV 
Svrans-Neft fur lequel il aurait échoué s'il ne 
s'était trouvé aJors fur le tillac. Le 8 , il fe trou- 
va au foixante-dcuxième degré vingt-une minutes , 
au nord . il avait le cap Pembrocke. Enfin , il 
arriva à Sea-Horfe-Point , & le 15 , il vit Mill- 
Ilej les voiles étaient devenues par la gelée aulS 
loides que du parchemin. Lé i S ^ il vit un cap» 
qu*îl nomma King- Charles -Fromontory , & la 
pointe fîtuée au nord de celui - ci , fut appelée 
le cap Marie ^ du nom de la reine d'Angleterre. 
Le premier de ces caps eft au Ibixanté-quatrième 
degré quarante fix minutes s le fécond huit lieues 
plus au nord. Au nord-oueft du promontoire du 
ïoi Charles font fituées trois îles qui forment 
par leur pofition un triangle équilatéral , il les 
nomma îles de la Trinité, en l'honneur des Frères 
de la maifon de la Trinité. Une autre île un peu 
plus éloignée de la terre reçu? le nom de l'amî 
de Fox , Waher-Cook , & fut nommée île de Cook. 
Xe cap de la reine était par foixante - cinq degrés 
-treize minutes. Le 10 , il vit un autre promon- 
toire fitué quelques lieues au-delà du cercle po- 



ïjo DÉcôtryËATES et Voyages 

laire , il k nonuna I^ard - Wtfious - PqrtUnd » 
parce qu'il a en dEFet quelque leiTeinbUnce avec 
la pointe de Portland en Angleterre. Au nord de 
ce promontoire la terre s'étend au iud-eft t & il 
1 appela Fox's'Farthefl ; mais l'île fur la côte de 
laquelle Fox fit ces découvertes ^ cft nommée 
dans quelques cartes James - IJland ^ quoique la 
grande contrée dans la partie du fud de la baie 
de Baffin, vis-à-vis l'île de Difco^ foit auffi ap- 
pelée île de iamts. Ce qui a introduit une grande 
confiifion dans la géographie {a). Alors ¥ox penû^ 
à Ton retour ^ il donna des noms à toutes les 
pointes de terre de cotte côte, à tous les détroits 
& aux îles adjacentes \ il p^ le 5 d'oâobre » 
près du cap ChidUy. Plufieurs perfonnçs de fon 
(équipage Paient malades^ le courant près de cff^ 
,cap l'emporta avec beaucoup d'inçétuofité vers 
Jie notd^ Ayant enfin travcrfé l'Atlantique, il en- 
tra dans la Manche ie } i d'oâobre , fans avoir 
jjerdu un feul iomme , ni la moindre pîirtie des 
.agrêts de fon vaifliau. 

, La relation de ce voyage & les cemaf ques xle 
JFox^ montrent que c'était on honune fort infr- 
truit (8c un très-Mbbile marin. En effet, il a fait 

' ( aS 11 vattdiak mieux appelle c«tte tcrte F<>»'JflAni^ 
i'ile 4e Fox , f utf«a'a eo a' (tteouorert b fdbte b ^ 
j&ptentrionale» 



. © A K S JL E N OR D, 171 

des obfervations tjui ^rahlent appartenir plus à 
la pbyficjue qu'à la navigation ^ comme celles 
«juil a ^tes fiir la glace ^ les marées, la boitf- 
fole, les aurores boréales qu'il nomme henlfanes. 
Fox petx(àit auifi que s'il exiftait un-paiTc^^ an 
-oord , on le tçouverait néceflàkement dans le fir 
ThomuS'Koês'Wtlcom 9 la marée étant plus 
-liame là que dans aucune autre partie de la baie 
d'Hudfons en outre il y a un grand nombre de 
infleines dans ce lieu. • 

XXVIII. Nous avons déjà -dit .que le. cs^pitaine 
James avait été envoyé auflî pour feire às,^ dé- 
couvertes dans le Notd par quelques marchands 
^de Briûol, avec un v^îfleau de Toixante-dix ton- 
«neaux 5 nommé le Maria, James vint à Londres 
J&c fut préfenté par le chevalier Titomus Roe^ au 
;jfoi Charles premier. Ce prince lui donjQa, comme 
à Fox^ des lettres poux l'empereur du Japon. Il 
•|>artit de Briftol le 3 de mai 1^3 i:, & le 4 de 
juin , il était à la vue du 'Groenland , & envi- 
rïonné À& montagnes de glaces. Le 9, il avait déjà 
le cap Farewellà l'eft. Le 10^ il jetait à la hau- 
teur <lu cap de la Défolation; delà aux, îles de 
la ftéfolution , il peut y avoir environ »çent tjua- 
acante lieues. U vit un .grand nombre de hautes 
montagnes de 'glaces, &c plufieurs marfouins ( del- 
phifLus oua). La mer parafiffalt noire, le brouil- 
lard était continuel j ^ais& d'une n^auvaife odeuc. 



Le 17, îl appefçut les îles de la Réfoludoir. 
Lorfquil en approcha, le mouvement del'aîguillc 
aimantée était fufpendu , ce que James attribua à 
XzdXow du brouillard épais , groflier & &oid. 
Un courant rapide fe jetait dans le déhoit d'Hud- 
fon. Les voiles & les cordages du vaiffeau étaient: 
gelés. Le détroit était rempli de glace, & lorC- 
qu'ils eflâyèrent d avancer , ils furent emprifonnés 
dans ces glaces qui les portèrent de tous cotis. 
Jamts n*avait1iulle connaiflancé des voyages qu'on 
avait faits avant lui dans le Nord \ il avait évit^ 
à defTein, d'engager fur fon vaiffeau aucun de 
ceux qui avaient été faire des voyages au nordv 
oueft ou au Spitzberg-, il ignorait conféquemment 
ce qu'il fallait Êiire pour fe tirer d'une pareille 
fituarion. Ce défaut d'expérience à cet égard l'eit- 
pof^ à beaucoup d'incommodités , & le mit dans 
un danger imminent: Après avoir navigué avec 
les plus grandes difficultés à travers le détroit 
d'Hudfon, il porta droit au rivage occidental de 
la baie d'Hudfon, où fon vaiffeau toucha plus 
d'une fois fur les rochers. Rarement il eut la vue de 
la terre à caufe des glaces qui la lui cachaient. 
Enfin, il rencontra Lucas Fox avec qui il eut 
quelques entretiens, entre le port Nelfon & Ite 
cap Henriette-Marie , comme il l'appelle \ maïs, 
C eft celui Aç;JP^oljlenholme*s ^ uttimum vale. Après 
avoir quitté Fox^ il aborda au promontoire qu'il 



DANS Ll NOKD. 173 

aomma le premier Henriette-Marie ^ du nom de 
là reine d'Angleterre. La faifon propre aux dé- 
couvertes était près de finir. Il chercha donc pour 
hiverner un lieu à Textrémité de la baie. Après 
avoir eiTuyé plufieurs tempêtes , & couru mille 
dangers entre les glaces & les rochers qui (ont 
en grand nombre dans cette partie de la mer , 8C 
fon vaiflèau ayant deux ou trois fois touché les bas- 
fonds , il fe fit échouer fur une île qu'il nomma 
cnfuite île Charleton. On porta à terre avec les 
plus grandes difficultés, les voiles , les cordages , 
les cables, les uftenfiles, les provifions & tout 
ce qu'on put tirer Ju vaiflèau. Ces naufiragés fe 
firent quelques miférables huttes de pièces de 
bois qu'ils gfiacèrent en les inclinant autoui^ d'un 
arbre , ils le$ couvrirent de branche^ d'arbres , 
& de leurs voiles qui fiirent bientôt recouvertes 
d'une épaifle couche de neige. Ils bâtirent auifi 
un magafin. Ils eurent prefque tous les mains , 
les pieds , les oreilles ou le nez gelés. Ils fiirent 
obligés d'arracher de deflbus les glaces les habits 
qu'ils avaient laiffés dans le vaiflèau , de les faire 
dégeler & fecher au feu% Comme leur vaiflèau 
était totalement perdu , ils fe mirent à conftruire 
qne petite pinaflè avec laquelle ils efpéraient, après 
avoir pafle l'hiver , fe tirer de ce trifte lieu. le 
j&oid était fi grand fous cette latitude de cinquante- 
.4eux degrés trois minutes , que le vin d'Elpagne, 



174 Découvertes etVovages 
fhuile, la bière, le vinaigre Se feau-de-vie mémo,* 
étaient gelés-, de forte qu'ils furent obligés de 
couper la première de ces liqueurs avec la hache. 
Un puits qu'ils avaient creufé fe gela auffi , mais 
une fontaine qui couloir à deux ou trois cents 
pas de leur habitation , 8c dont la furface était 
couverte de glace Se de neige , n'était pas gelée 
au-de(Ibus. Ee foleil & la lune paraiffaient fur 
fhorizoïi deux fois auffi longs que larges, à caufe 
de la grande quantité de Vapeurs dont l'atmoC- 
phère était remplie. L'île était toute couverte de 
forêts qui ne contenaient que quelques rennes 
& qaelques îfatis. Le 3 1 de janvier , Tatmof- 
phèrè était fi claire que le capitaine James vit 
deux fois plus d'étoiles , qu'il n'en wait encore 
▼u de fa vie. La mer eft gelée toutes les nujits 
de deux ou trois pouces d'épailTeur. La lame rompt 
cette glace , & en poufîe les morceaux les uns 
fiir les autres , ils fe gèlent fur le champ. De cette 
manière la glace devient , en peu d'heures, épaiilè 
de cinq ou fix pieds, & le norùbre des morceaux 
& des plaines de glace augmente au point que 
la mer en eft entièrement remplie, & Teau de- 
vient fi froide de joûr^ en joHr , qu'enfin elle 
eft tnfupportable. Lorfqu^ l'équipage du capitaine 
James entra dans la mer au mois de décembre , 
quoique Teau gelât fur lelirs jambes, le fi:oid ne . 
leur paruf pas fi tigonreux qu^au mois de juin i 



r 



DAjps L£ Nord. i«^| 

cas alors , il leur fembk Ci piquant 8c û pëtié- 
trant qu'ils ne pouvaient iuppotter d'entrer dant 
, l'eau de la met. 

Dans le mois de février , le fcorbut commença 
à fe manifefter, La bouche leut faignait , leur* 
gencives étaient gonflées , quelquefois fort noir^ 
&c putrides , toutes leuts dents vacillaient y ils 
avaient k bouche fî douloureufè » qu'ils ne pouh 
vaient prendre leur nourriture ordinaire* Quel^ 
ques-uns fe plaignaient de douleurs lancinantes à 
la tête 9 d'autres dans la poitrine , pluiieurs CtBF*' 
talent une grande £bibleflè dans les teins , d'âit-> 
très avaient des douleurs dans les cttifles Se dans 
les genoux; quelques-uns avaient les jambes en- 
flées. Les deux tiers de l'équipage étaient ent»» 
les mains du chirurgien , ils furent cependant 
obligés de acavaillex beaucoup, quoiqu'ils' ne^ 
fent point de fouliers, mais des lir^es entortillés , 
autour de leurs pieds au lieu de cbauffiire. A * 
l'air extérieur le froid 'était entièrement infup- 
portaUe, les habits n'en pouvaient garantir. Se 
nul niouvement ne pouvait entretenir la chaleuf 

I naturelle. Leurs cils fe gelaient de forte qu'ils ne 

pouvaient pas voir. Ce n'était qu'avec les plus 
grandes difficultés qu'ils refpiraient. Le froid était 

• un peu moins rigDuïeux dans les bcm^ cefpendant 

L lis y forent ^igés d'eûgelw^s au vifage, aut 

i nains Se. aux pieds* 



Ijg DédOÛVÉRlTES ET^«tdlfAGÉ5 

Leur maifon était couverte de neige *épaifle 
^es -deux tiers de fa haut;cur y c'était le lieu ou 
il feifait le moins froid. Cependant tout Tinté - 
lieur était tapifle de glaçons & tout y geloit. 
Leurs couvertures étaient rrès-durcies & couvertes 
de gelée blanche, quoique leurs lits fiiflènt très- 
près du feu. L'eau dans laquelle le cuifinier fai- 
fait tremper la viande geloit dans la maifon quoi-^ 
qu elle ne fut qu'^ trois pieds du feu. Mais dans 
la nuit, lorfque le cuifinîer dormait feulement 
quatre heures &: que le feu était moins bien en- 
tretenu , toute l'eau de la cuve devenait une mafle 
de glace. Lorfqu^enfuite le cuifînier fit tremper 
la viande dans une chaudière de cuivre, tout près 
du feu , pour l'empêcher de geler , le côté près 
du feu était chaud , tandis que le côté oppofé 
épdt gelé de l'épaiffeur d'un pouce. Leurs haches 
& leurs autres outils tranchants étaient émoulTés 
& incapables de refervir lorfqu'ils en avaient; cou- 
jpé du bois gelé ^ de ibrte que le capitaine James 
|ugea nécellàire d'enfermer la hache du charpen- 
tier pour qu'elle ne fut pas gâtée auffi. Le bois 
verd qu'ils brûlaient dans leur cabane les fuf- 
foquait pat fa fumée; le bois fec, au contraire, 
était plein de térébenthine & répandait tant de 
fuie que leurs lits , leurs habits , leurs uftenfîles 
^ eux-mênîes .en. étaient tout couverts, de forte 
qu'ils raifemblaient à des charhoniers. Ils eurent les 

plus 



r 

i 



DAKSLiNoRP. 177 

plus grandes difficultés à fe procurer le boîs, les' 
poutres & les autres pièces de bois courbes né* 
ceflàires pour la conftriK^ion de leur pinafTe, èar 
avant d'abattre les arbres ils étaient obligés de les 
' Êdre dégeler par le moyen du feu. Après que 
les pièces de bois avaient été ébauchées , on les 
féchait encore ^ enfin on leur donnait la derniers 
forme quelles devaient avoir, & on les alTemblait. 
On était obligé dé tenir conftamment un grand 
feu près de ces pièces de bois, car fans cela on 
n'aurait pu parvenir à les travailler. Plufieurs perfom 
nés de l'équipage étaient très - affaiblies par le . 
fcprbut, ou avaient les membres gelés & ulcérés; 
d'autres avaient les membres fi contradés par le 
rhuniatiCne, qu'il fallait, pour leur rendre leur 
foupleflè & leur ufage, les fomenter tous les 
matins avec de l'eau chaude &< de la décodion, 
de branches de fapin. Dans le mois de mars^ le 
ftoid était, auifi rigoureux qu'au milieu de l'hiver; 
en avril , il tomba une plus grande quantité de 
neige qu'il n'en était tombé pendant tout l'hiver;, 
mais les flocons étaient larges & plus humides, 
tandis que dans l'hiver la neige était sèche comme 
de la pouffière. Au 5 d'avril niême, la. fontaine 
qu'ils avaient découverte comme nous l'avons dit, 
était gelée. II. y avait une île fituée à quatre lieues 
de diftance de leur habitation , qu'ils ne pouvaient 
apperccvoir de defluj une petite colline dans le 
Tome IL M 



17» DÉCOUVERTE^ ET VoYAGES 
beau temps & lorfque Tair était pur*, au con- 
traire , cette île était vifil^le pour eux , même de 
la plaine, lorfque l'air était groffier 3c chargé de 
vapeurs. 

Ils commencèrent alors à débarraffer encore la 
glate du fond du vaifTeau, à chercher leur gouver- 
nail que la glace avait emporté Tannée précédente. 
Ils defiraient auflî voir û le vaifleau était afTez 
bon pour les porter , fans danger , en Angle- 
terre. Ils travaillèrent tous avec ardeur pour le 
rendre tel. Ils furent aifez heureux pour débar- 
rafTer les glaces par degrés , ils remirent ks ancres 
à bord 5 retrouvèrent leur gouvernail, le reportè- 
rent fur le pont, & trouvèrent Itur vaifféau en 
meilleur état qu'ils ne s'y étaient attendus» Après 
avoir ôté quelques glaces ils trouvèrent de l'eau 
dans. le fond de cale. Quand l'eau fut baffe, ils 
bouchèrent les trous qu'ils avaient faits eux-mêmes 
dans le fond de leur vaiifeau l'automne précédent, 
dans le deifein de le remplir &c de le rendre ainfi 
plus pefant afin qu'il tînt ferme, & que la mer 
ne pût l'enlever de deifus le fond, & en le rcn- 
v^etlànt encore le mettre en pièces. Us retrouvè- 
rent les deux pompes ^ firent fortdre la glace dont 
elles étaient remplies > & fe mirent à pomper l'eau 
de la cale. 

Le dernier jour d'avril, il commença à pleu- 
voir , ce qu'ils regardèrent comme un figne de 



DANS LE Nord. ly^ 

rapproche du printemps. Le i de mai , il neigea 
encore & fit très-froid. Ce temps découragea les 
malades, Scieurs maux augmentèrent au point qu'ils 
fe trouvaient mal dès qu'on voulait les enlever du 
lit. Les oyçs & les grues vinrent alors en grand 
nombre, mais elles étaient extrêmement fauvages. 
Le 8 de mai , il fit encore fi froid que là glace pou- 
vait porter un homme. Le 24, elle fe rompit 
dans la baie avec un grand bruit. Le même jour 
le foleil fut très -chaud, mais la nuit il gelait. 
le dernier jour de m'ai, ils trouvèrent ça Se là 
quelques plantes (des vefces ) fortânt de terre, 
ils les cueillirent avec foin & lès. préparèrent 
pour les malades. Pendant tout le mèis de mai, 
les vents du nord dominèrent dans ces parages. 
Le 4 de juin, ils eurent beaucoup de neige, de 
pluie & de grêle, il fallait fî froid que les étangs 
étaient couverts de glace & que Teau gelait même 
dans leurs huttes. Leur linge nouvellement lavé 
refta gelé toute la journée. Ils levèrent leur ancre 
& trouvèrent le cajple en bon état. Le ^ , les ma- 
lades avaient déjà relfenti beaucoup de foulage- 
ment des feuilles vertes de la vefce, & ils pou- 
vaient fe traîner dans la mailbn , ils étaient même 
capables de fupporter Tadîon de lair , & ceux qui 
avaient été le moins affedés, étaient redevenus 
aflcz forts. Les feuilles vertes de la vefce étaient 
préparées deux fois par jour, & ils les mangeaicpt 

M ij 



i8o DÉCOUVERTES ET Voyages 
avec de. l'huile & du vinaigre. Us pilaient auffi- 
ces feuilles & en mêlaient le fuc exprimé , avec 
leur boiflbn. Us les mangeaient encore crues avec 
leur pain. Le ii , ils attachèrent leur gouvernail, 
ce qu'ils n'auraient pu faire quelques jours avant 
à caufe de leur extrême faiblefle. Ils déleftèrent 
auffi leur vaifleau. Le i j , tous les malades étaient 
. fî bien rétablis qu'ils pouvaient fe promener aux 
-environs de leur maifon. Leurs gencives étaient 
bien guéries, & leurs dents fi bien confolidées 
qu'ils purent alors manger du bœuf avec les feuiUes 
. vertes de la plante falutaire dont nous venons de 
parler. La mer était toujours gelée & pleine de 
glace. Le temps fut très-chaud le i^ , il .éclaira 
& tonna. La chaleur fut fi forte qu'ils furent obli- 
gés de fe baigner. Mais alorà il parut une mul- 
titude incroyable de mofquites ( culex pîpiensj 
qui les tourmentèrent extrêmement. Ils virent auffi 
"^ une. grande quantité de fourmis & de grenouilles, 
mais les ours, les. renards 5c les oifeaux s'étaient 
totalement retirés. Le 20 , ils mirent, le vaifleau 
en pleine mer, quoiqu'il y eût encore beaucoup 
de glace autour, ils le garnirent de fes cordages, 
& reportèrent à bord leurs provifions, leurs 
voiles , leurs habits & tout ce qui leur était 
néceflaire. Enfin , ils mirent à la voile le 2 
de juillet -, ils rencontrèrent , au cap Henriette- 
Marie^ quelques cerfs , mais leurs chiens ne purent 



© ANS lE Nb RD. 18 î 

les atteindre. James mit à caiife de cela, fut 
le rivage ces animaux , c'étaient un chien & * 
Une chienne , & les laifFa li. On attrapa cepen- 
dant: fix oifons. Après avoir traverfé avec beau* 
coup de peine & de grandes difficultés une mul- 
titude de glaces jufqu'au 11 d'août, ils arrivè- 
rent à Careys'Swans-NeJlj & enfin* à l'île de 
Nottingham. Mais James conGdérant que la fai- 
fon propre, à faire^ des découvertes était écou- 
lée , qu'il n'avait plus qu'une petite quantité de 
proviiîons & que fon vaiffeau était en très-mau- 
vîiis état, hâta fon retour en Angleterre. 

Il était dans l'opinion qu'on ne pouvait trouver 
aucun, paflage dans ces contrées , par les raifbns 
fuivantes : i^. parce que la marée , dans' toute^ 
les parties de cette mer , vient ^e-Teft à travers 
les détroits d'Hudfon , & qu'elle arrive d autant 
plus ta:rd dans tous les lieux de la baie & du dé- 
troit^ qu'elle avance plus loin ,^ z**. parce que ce^ 
mers ne contiennent pas de petits poiflbns , ce^mmer 
des morues, des merluches, &c. & quon n'y en 
voit que rarement de grands, qu'on n'y trolîvc rS 
baleines 5 ni morfes ,. ni autres grands poiflbns qut 
fe rencontrent vers les rivages, & qu'on n'y ren- 
contre point de bois flottans» y 3 **. parce que la^ 
glace.,*au foixante-cinquième degré trente minutes 
latitude nord,, eft en grands morceaux plats fur* 
k mer> à caufe quelle fe forme dans des baies 

Miij 



l82 DÉCOUVERTES ET YoYAGtS 
peu profondes ; mais s'il y avait un grand Océan 
au-delà, on ne trouverait que de grandes montagnes 
de glaces , comme gn en voit à Tentrée du dé- 
troit d'Hudfon , & plus loin à Tcft j 4*^. enfin , 
par.ce que la glace eft pouflee à Teft à travers le 
détroit dans le grand Océan, par la raifon qu elle 
vient du pord & qu elle fl a point d'autre voie 
pour en fortir. Apres que James fut forti du 
détroit, il traverfa l'Atlantique & vint mouiller 
dans la rade de Briftol, le 22 d'oâobre 16^1. 

On ne peut nier que le voyage de James ne 
contienne des obfervàtions de phyfique fort in- 
térelfantes fur l'inteniité du froid & fur la grande 
quannté de glaces qu'on voit dans ces climats ; 
mais on n'y trouve abiplument rien de relatif aux 
découvertes des nouvelles régions & des mers. Ses 
taifons pour prouver la non-exiftence d'un pafTage 
dans ces mers, ne font point du tout ûiti^i- 
iàntes. D'abord la première n'eft vraie qu'en par- 
tie , car dans l'enfoncement au fud de^ la baie , 
la marée décroît beaucoup, & y anive auflî plus 
tard qu'à l'embouchure des détroits s mais il ne 
s'enfuit pas qu'il en foit de même par -tout, 
cela n'eft pas ainfi , en particulier, dans le jCr 7%o- 
tfiaS'RoeS'-Welcome ^ où le flux eft même plus 
haut qu'à l'embouchure du détroit d'Hudibn , Se 
ctpendant il ne vient pas , dans ce lieu , de i'oucft. 
De plus. Fox trouva plufîeurs baleines près TMe 



DANS t E NOR m !r8j 

Êrook-Cohham (île de Marbre), aînfi que plu- 
ficurs narvals ^ conféquemment ce qUe dit James 
à cet égard, ne prouve que^ pottr les autres pat;^ 
ries de la baie. La troifième & quatrième raifoii 
n'en font évidemment qu'une ; & puiTquil y a 
toujours en cet endroit beaucoup d'eau qui vient 
du nord , qui brife la glace & la pouflè iK)ïs 
du détroit d'Hùilfon à l'éft , on doit plutôt eft 
conclure qu'une autre mer fe |ete dans ces pa- 
rages. 

XXIX. Apres fes voyages de "Fox Se de James ^ 
îl fembkSt qu t)n ne devait plus trouver le public 
difpolë à foutehir -de pareilles entreprîfes. Cepen- 
dant vsi bbargeois du Canada, nommé de Gro* 
folie ou de Grâjfelièrs , homme etitréprenant & 
qui avaût beaucoup voyagé dans ces parties de 
^Ansériqur, était allé avec les fauvages tlu Ca- 
ilgda, dans là teftrfr de Ou^mtons^^j feuée fur la 
rivière du Wêilic nom , & avait pénétré fi loi» 
-dan^ la <x>ntréê , quil avait pris connaiflance de 
îa baie d'Hudfon & de fa fituatiort. Èorfqu il £it 
de tetour à Québec ^ îl fe joignît âvfec quelques- 
uns de fes compâttiôtes , pour équipet une bar- 
îi^é daîM liiitention d'acheVer fa découverte pœ 
met. Il mit à la voile bientôt après & prit terre 
à l'èaitréé d'une rivière que lies fauvages appellent 
Pihajfiwet'Schiewany ^ui n'eft qu'à une lieue 
<lc la rivière Pawînnwagau ou rivière dtt Port- 

M iv 



l84 DÉCOUVERTES ET VôlTAGES 
Nelfon.Jl fix^ ù réfidence fur le coté du miJi;, 
dans une île. à trois lieues de rembouchure de 
cette rivière. Les Canadiens qui font de bon^ 
chafleurs , arrivèrent enfin au milieu de Thiver à 
la jrivière du Port-Nelfou (que le$ Français ap- 
pelèrent livicie de Bourbon), & y découvrirent 
un^tabliflement d'Européens. De Groffeliers y 
vint avec fon .monde pour les attaquer, mais: il 
ne trouva qu'une miférable cabane couverte de 
gazon, dans laquelle il y avait iîx hommes à demi- 
morts^ de faim. Un vaiffeau de Bojlon dans, la 
îiouvelle Angleterre , les avait mis à terre afin 
qu'ils cherchaffent un lieu où Us puflent, eux & 
l'équipage , paflèr l'hiver. Pendant ce . temps la 
glace avait poufle le vaiffeau avec le r.efte de 
i équipage en pleine mer , & ces malheureux . ne 
le revirent jamais plus. De Groffeliers apprit 
dans le mên^e hiver, qu'il y avait à fept lieues 
de fa réfidence, un autre établiffement d'Anglais j 
fur les bords de la rivière du Port- Nelfon. Il ré- 
foliit de les attaquer. Mais ayant appris qu'ils 
étaient dans une place fortifiée , il choifit pour 
fon entreprife un jour que les Anglais avaient 
coutume de paffer en divertiffemens s ce fut le 
jour des Rois qu'il prit , il les trouva tous telle- 
ment ivres , que quoiqu'ils fuffent quatre - vingts 
hdmmes , ils ne purent fe défendre , & il les fit 
tous prifonniers , (quoiqu'il n'eût avec lui qup 



» AÎÎ5 Ll NOKD. i8f 

quatorèe Français. De cette manière il demeura le 
maître de toute la contrée. Après que de Grofle- 
liers. eut examiné tout le diftrid , il retourna , 
avec fon beau-ficère Ratijfon , à Québec , chargé 
duçe grande quantité de riches fourrures & do 
- marchandifes anglaifes. Il laifla cependant fon ne- 
veu Chouars^ , avec cinq liommes , en poffeffion 
du pofte dont il s'était . emparé. Au lieu detre 
bien reçu à Québec , pour fa bonne conduite , il 
eut difpute avec fa compagnie à caufe de quelque 
butin dont il n'avait pas rendu compte. De Grof- 
Jeliers envoya, fon beau -frère Ratijfon eh France 
pour fe plaindre de l'injuftice qu'il avait foufFerte j 
mais Ratijfon ne fut pas écouté. Il vint donc 
lui-même en France , & préfenta aux miniftres , 
fous. le jour le plus favorable qu'il lui fut pof- 
iîble, toute l'importance de fa découverte; mais 
on ne , fit attention , ni à lui, ni à fes repréfen- 
tations, . L'ambaflàdeiir d'Angleterre à Paris , M. 
Montague {a)^ ayant appris les offres que faifait 
dç Groffeliers au miniftre & l'indifférence avec la* 
quelle elles étaient reçues , eut un entretien avec 
lui 5 & lui donna , ainfî qu'à- fon beau-frère , ' des 
lettres pour le comte palatini fiupert , à. Londres. 



(a) Cet ambalTadeur fut créé diic dans la Culte. Ceffi 
â liiî qu'appartenoît d'abord le mu(eum Britannicum , que 
ia nation. Atiglaife a. acheté de (es héritiers. 



Ce prince aimait à protéger & à encourager les 
cntreprifes utiles ; il j«reflemît les avantagics que 
rAngleterre pourrait tirer de récablîflcment âont 
parlait de Groflèiilers. On écjaipa, pour cela, un 
yaiflèau du roi en i^^8 9 dont le commanderpent 
fut confié iZacharie GHtam^ & les deux Fran- 
çais prtirent avec liri. Ce capitaine s'avançar yaC- 
quau fbîxante - quinzième degré latitude nord 
dans la baie de BafBn, & relâcha alors à Tex- 
trémité la plus méridionale de la baie d'Hudfon ^ 
& entra le 15^ de Septembre , dans la rivière de 
Rupert , où il pafla l'hiver. Cette rivière fort du 
grand lac Mfiaffie^ Se fe jète dans Tangle fud- 
cft de la baie d*Hudfon. Le 2^ de décembre^ 
leur navire était pns dans les glaces de cetti? 
rivière 5 & ils allèrent à pied fiir la glace à une 
petite île couverte de peupliers Se de Ëipins d'A- 
mérique. En avril le froid avait pre(que entière- 
ment ccffé. Les naturels etrans dans ces contrées 
qui font plus fîmples ^ plus doux Se meilleurs 
que les fauvages du Canada ^ tes vinrent voir;^ 
mais les Nûdways ou Eskimaux qui prennent 
probablement leur nom de la rivière îfodumy^^ ^ 
ou qui peuvent bien même avoir donné le leur 
à cette rivière , font beaucoup plus groffiers Se 
lus cruels. Ce fut là que les Anglais bâtirent 
e premier fort en pierres 5 ils le nommèrent le 
Fort CharUs ^ & donnèrent à la contrée det 



i 



r 



«nvîions , le nom de Terre de Rupert. Enfin ^ 
après s être acquitté parfehemenc -de fa conimîl- 
fion, le capitaine GiUam ravint & laiKa'la place 
fortifiée & gardée par un norabîe d'hommes fut 
fifànt. 

Mais le roi ^Oiarles 12 avak déjà accordé, 
même avant le retour du capitaine Gillam, au 
pince Rupert & à difFérens ieigneucs, chevaliers 
& marchands afTociés avec lui , une charte datée 
du 2 de mai i6é^ y par ftquelle ce prince leur 
donnait le titre de gouverneurs, & à leur com- 
pagnie celui de compagnie de commerçans pour 
l'Angleterre, à la baie d'Hudfon; & en confidé- 
ration de ce qu'ils avaient entrepris , à leurs pro- 
près dépens, utie expédition à cette même baie, 
dans le nord-oueft de rAmérique, pour découvrit 
un nouveau paflage dans la mer du fiid^ de 
ce quils avaient déccmverc une nouvelle fourcc 
de commerce en fourrures , en minéraux & autres , 
chofes utiles ^ & de ce <pi'ils avaient déjà fait 
des découvertçs qui devaient les encourager à pour- 
fiiivre une entreprifè qui promettait de fi grands 
avantages au roi & à ion royaume , il cédait en- 
tièrement & donnait aux afipciés à cette entre- 
prife 5 le commerce de toutes ces mers , baies , ^ 
rivières , lacs , criques & détroits dans quelque 
latitude qu'elles fiifTent & qui font fituées dans 
i'iiitéxieut de la bùe d'Hudfon j ainfi que toutes 



'1 



[Xg8 DÉCOUVÊAriJ Et VOYACJÊS 
les contrées & les terrés fituées fur les côtes de 
ces mersj baies, lacs ,. rivières, criques &détroitSw 
De forte qu eux feuls ^à Texcluâon de toutes autres 
perfonnes , avaient le droit de commercer dans 
ces contrées, & que quiconque ferait trouvé na- 
vigant ou commerçant dans ces limites , ferait 
arrêté & fes marchandifes confifquées ; que la moi- 
tié des objets confifqués appartiendrait au roi, 
lautre à la compagnie de la baie d'Hudfon. 

Tel fut le commlhcemcnt d une compagnie 
de commerce qui a fubfifté fans interruption de* 
puis Tannée 166^^ & fubfifté toujours la même, 
excepté pendant que les Français ont été en poC- 
feffion, depuis Tannée 1^97 jufquen 1714, dii 
Fort - Bourbon ou York , fur la rivière Nelfon^ 
Aujourd'hui la compagnie n'a que quatre éta- 
bliffemens dans toute Tétendue de cette vafte 
baie. Le premier de cts jétabliflemens, eft le Fort 
du prince de Galles , fur la rivière Churchill; 
on le nomme auffi Fort Churchill^ parce qu'il 
eft fitué fur la rivière de ce nom; c'eft le plu? 
éloigné de ces comptoirs vers le nord. Il eft au: 
cinqùant,e -huitième degré cinquante-cinq minutes 
latitude nord , & au quatre-vingt-qiiinzième degré 
dix-huit minutes à Toueft de Greenwich. Le fé- 
cond eft le Fort-Yorck^ fur la. rivière Nelfon^ 
où les Français eurjent d'abord leur Fort-Bourbon^ 
Le troifième eft plus loin au fud-eft^SC- porte le 



î:>ans1l]e Nord* ig^^ 

lïomde New-Severn. Le dernier, le plus méri- 
diçnal, eft litué entièrement dans la baie de James^ 
Se eft appelé Fort-Albany^ fur la rivière de ce nom. 
Il y a encore eu autrefois quelques comptoirs , 
comme le fort Meofe , le fort Rupert , & fur la 
côte-eft de la baie de James dans la .rivière de 
Slude^msih il paraît qu'à préfent ils ne font plus 
ni occupés, ni fréquentés par la compagnie de la 
baie d'Hudfoij. La fomme qui conftituaitle premier 
fonds de cette compagnie était. de 10,500 liv. 
fterling. Chaque poffefleur d'une adioi? de 100 
liy. a le droit de. voter dans les. délibéxatioi^ .de 
la compagnie, & ceux qui pofledent plus de 100 
liv. de ce fonds, put. autant de voix .qu'ils ont 
de fois 100 liv. Mais fi unç adion de 100 liv. 
eft divifée çn plufièurs perfdnnes, toutes ces per- 
fonnes n'ont jamais qu'une voix. » 

Cette fociété haufla par degrés le prix de fes 
marchandifes & rabaifla. celui des denrées des. na- 
turels de l'Amérique & des Efquimaux à un tel 
point, que les. marchandifes exportées d'Angleçejre 
à la baie d'Hudfon chargent feulement quatre petits 
navires, dont ç^nt . trente hommes peuvent for- 
mer l'équipage , & dont le prix de la cargaifbn 
eft de 4,000 liv. 'fterling pour la .première dé- 
penfe. Ces exportatigns confiftent en fiîfîls, pifi 
tçlets, poudi;e & plomb, en marmittes d^ cuivre 
&ç de fer, en haches, coignées, couteaux, habits. 



l'90 DéCÔOVÈRTES Et VoVACES 
couvertures, étoffes groflîères, flanelles, acier, 
pierres à fofil & tire-bourres , chapeaux , miroirs , 
hameçons , anneaux , fonnettes , aiguilles , dés à 
coudre , grains de verre , vermilloii , fil , eau- 
de - vie, &c. Avec ces marchandîfes ils achètent 
des peaux, des fourrures de caftor, de la ba- 
leine 5 de rhuile de poiflbn & de Tédredon 
pour plus it I2o,o6q livret ftérling-, ce ferait 
dans la- proportioh de 25,000 livres pour cha- 
que 1,000 livres de leurs mifes^ou 5,150 livres. 
pour cent; Mais il faut déduire de ce profit, les 
dépenfes d^quipemerït du vàiffeati , la paye des 
officiers ' & ddS matelots , lentretien des for- 
tifications, dès comptoirs & des hommes qui y 
font attachés *, malgté cela il refte à la compa- 
gnie un gtànd profit* L'opihion générale eft que les 
propriétaires de ces adions , qui ne font aujour- 
d'hui quau nombre de quatre-vingt, gagnent en- 
viron ijooo pour loo. Il eft vrai qu'on ne peut 
avoir de connailTânces certaines à cet égard, car 
la compagnie fait fes afiaires dans le plus grand 
fecret. 

Il eft toujours très-certain que nul commerce 
au monde n eft fi avantageux que celui de la 
baie d'Hudfon. Mais il eft bien certain auffi que 
la nation Angl'aife n'eft grevée dans aucune bran- , 
che de commerce autant que dans celle - ci , & 
quil n y a qu-uae charte accordée par le gou- 



^ 



DANS LE Nord. iji 

Ternement qui puifle protéger cette compagnie 
<le commerce fi nuifîble à fa patrie. Si ce com-» 
mcrce étiit- entièrement libre,, plus de cinquante 
ou foixante vaifTeaux iraient tous les ans à fa 
baie d'Hudfon , &c au lieu de cent trente mate- 
lots , il en ferait employé annuellement deux mille 
cinq cçnts au moijtis qui fearaicnt entretenus & for- 
més pour le fervice de l'état. Ces foixante vaiifeaux 
exporteraient auffî toutes les années pour la valeur 
de loo ou iiOjQoo liv. fterling de marchandifes 
anglaifès j ce qui revivifierait les manufedures & 
fournirait de lemploi & de l'occupation à un grand 
nombre d'hommes. Ajoutons à cela , que ces pro- 
vinces du nord de l'Amérique pourraient être aujffi 
mietix peuplées» & mieiix cultivées par les colo- 
nies Anglaifes..Gar fi elles s'éloignaient feulement 
de quelques milles des. bords de la mer couverte 
d'une immenfe quantité de glaces , ce qui en rend 
le voifinage extrêmement froid, ils trouveraient 
un climat beaucoup plus doux & plus tempéré ^ 
ils y pourraient cultiver en abondance toutes 
les chofes nécçi&ires à la vie , ce qu'il eft im- 
poffible de faire croître fur les bords de la baie 
d'Hudfon. 

Par ce moyen ils pourraient s'avancer de plul 
en plus dans les tenes & y former des établiiTe- 
mcns européens. S'ils allaient plus avant à la 
rencontre des !(fidiens^ leur porter des marchan- 



191 DéCOI/VÊRTÊS ir V07A,aES 
difes, ils achèteraient de ces peuples plus de^ peaux 
de caftors & de rennes & d'autres pelleteries, qu'ils 

. ne le font : ils tes porteraient enfuite-dans de 
grandes barques européennes aux comptoirs prèg 
de la mer. Un bon chaffeur chez les Indiens peut 
tuer fix cents caftors, mais il ne peut porter, 
dans fa petite barque feite decorce de bouleau, 
jplus de cent peaux de ces animaux aux comptoirs 
près de la mer. Il fait ufage des cinq cents qui 
leftent , pour fon lit , ks couvertures , ou il les 
pend à des arbres comme un fouvenir, lorfquil 

' lui arrive de perdre quelqu'un de fes enfans , ou 
bien il brûle le poil & fait griller la peau de ces 
animaux , & la mange comme quelque chofe de dé- 
licieux , dans les feftins qu'il donne à fes amis y 
on enfin, il jeté ces. peaux & les laifTe moiiîr & 
fe corrompre. Si les Indiens portent peu de. ces 
peaux aux comptoirs près de. la mer, ils portent 
bien moins encore de peaux de rennes. Car dans 
Tannée 1740, la compagnie vendit dans fa pre- 
mière vente publique., environ vingt-fix mille neuf . 
cents foixante - dix peaux de caftors de diffé- 
rentes efpèces, & feulement deux cents cinquante 
peaux de rennes & trente peaux d'élans ; ils re- 
tinrent alors les trois cinquièmes de leurs mar- 
chandifes pour la vente prochaine. Les Indiens 
font . dans l'opinion que plus ils tuent de rennes , 
plus leur nombre s'accroît.. En conféquence de 

cette 



DANS LE Nord. i^j 

cette idée, lorfqu'iis arrivent dans une contrée 
où ces animaux font nombreux , ils fe plaifent 
à en tuer le plus qu'ils peuvent ^ quoiqu'ils ne 
faflent ufage ni de toutes ces peaux , ni de leur 
chair à caufe de la grande quantité qu'il y en a» 
Il réfulte delà que ces animaux le corrompent &C 
deviennent totalement inutiles. Mais s'il y avait 
une place habitée par des Européens qui ne fût. 
pas trop éloignée , & où les Indiens puffent fe 
rendre pour y vendre leurs peaux & leurs cornes 
de cerfs { ou de rennes ) , ils aimeraient mieux 
ce^rtainement les conferver que *les détruire ainfî 
fans néceffité* Conféquemmcnt en faifant de nou- 
veaux établiflemens d'Européens dans ces contrées, 
la quantité de mçirchandifes qu'on en tire ferait 
quintuplée & peut-être décuplée. D'ailleurs la con- 
currence des acheteurs engagerait Içs Indiens à 
faire de plus grands efforts pour fe procurer une 
plus grande quantité de marchandifes, ce qui éten-, 
drait & augmenterait confidérablement le com- 
mercé. Nous pouvons ajouter à tous ces avantages , 
qu'il fe trouve , dans les parties du nord de la 
baie d'Hudfon , une grande quantité de baleines , 
de morfes & de phoques dont le produit ferait très- 
avantageux, & pourrait fervir à charger une par- 
tie des vaifleaux dans la baie. Plus avant dans 
les terres, on trouve auflî d'excellent bois propre 
à faire des mâts & des vergues pour la marine 
Tome IL N 



IJ4 DÉCOUVÏRTES ET VoYAGES 
xoyale » aînfi que de beaux chênes dont on ferait 
^s quilles, des madriers, des pj^ces courbes, des 
planches, ainfi que des douves pour les tonneaux i 
objets qui commencent à devenir rares pref- 
eue psff-tottt, &*qui font vendus à un prix ii 
cxhorbitant , qu'il eft prefqu'impoffiblc d*en appro* 
cher. S'il y avait dans ces contrées quelques habi^ 
tarions d'une certaine étendue, on y couperait les 
bois propres à la conftrudion desr vaiiTeaux , ainii 
qu'à d'autres ufages, ce qui retiendrait ^ans le 
royaume Targent qu'on en tire pour l'achat de 
ces matériaux^ Se les chantiers royaux feraient four- 
nis de bon bois de conftrudion & de mâts à 
beaucoup ftieilleur marché qu'ils ne le font à pré- 
fent. Mais quelque préjudiciable que (bit à la na- 
tion Britatinique le commerce excluiîf de la baie 
d'Hudfon, cm le continué toujours 5 8ç quoique 
hi compagnie foit menacée de temps en temps 
par un ou deux membres du parlement, d'être 
etaminée , les propriétaires ont l'art d'apporter 
des raifonnemens fi folides & <tun fi grand poids ^ 
contre cet examen , qu'on laiffe tout cela dans 
l'ancien état , & que les adionnaires rcftent pai- 
fibles poifeAcurs de leur commerce lucratif. 

XXX. Le mauvais fuccès des tentatives faites 
dans la baie d'Hu^dfon, & Tétabliflement d'une 
compagnie pour le commerce exclufif de cette 
l&aie, étaient de puiflans obftacles à de nouvelles 



D ANS JLB NOKD. ijj 

enttepiites pour (aire des découvertes dahs ces 
parties. Cependant Jeafi Wood^ homme de nfiet 
expérimenté & qui avût donné une attention par- 
ticulière aux vojrages qui avaient été fiiits au 
Nord , propofa encore fine fois de chercixer , 
entre la Nouvelle - ZémHe & le Spiti^berg , un 
paflage pour aller au Japon » à la Chine & aux 
grandes Indes. Le roi donna pour cette expédl-* 
non le vaiflca» Speedwelî^ &C le duc ê^Torck^ 
le lord Berkley^ le chevalier Jofeph Wlllianifon^ 
le chevalier John Banks y M. Samuel Peeps, le 
capitaine Herbert^ M. Dupcjr & M. Hoopgood 
achetèrent une flûte appelée la Profperous & en 
donnèrent le commandement au caipitaine IFllUàttt 
Fiawe^ê , afin que ces deux navigateurs puiTent 
partir einfémble pour ce voyage. 

^Ils forment le 28 de mai ièf6 , de la 
Nore% les 17 &: î8 de juin, ils fe trouvèrent 
aa (bixante-dixième degré trente minutes latitude 
nord , l'aiguille aimantée variait de fept degrés ^ 
ils virent fous cette latitude, un grand nombre 
de baleines. Le 19 au matin, après un temps 
pluvieux & chargé de brouillards , ils apperçurent 
une grande quantité d oifeaux de mer & de ba- 
leines {balœnapTiyfalus). Bientôt après ils décou- 
vrirent la terre, c'eft-àdire , des îles à environ vingt 
lieues à loueft du Cap -Nord Delà ils gouver- 
nèrent au nord-eft , ic dès le ii de juin, au 

Nij 



Ij^ DéCOtrVËRTËS ET VoYAGtS 
foixante-quinzième degré cinquante-neuf minutes, 
ils virent des glaces qui s'étendaient, de 1 oueft- 
ïiprd-oueft, à left-fud-oueft & dont les mor- 
ceaux rompus formaient diflfeentes figures bizar- 
res. Ces plaines de glace , quoique peu élevées, 
étaient cependant trcs-raboteuies , les morceaux 
4étaient placés à côté ou au - deflûs les uns des 
autres. Us obfervèrent de hautçs montagnes d'une 
glace tom à-fait Bleue en quelques endroits , tan- 
dis que tout le refte était blanc conune neige. 
Ils trouvèrent auflî çà&là du bois flottant entre 
les glaces. Us prirent un peu; de cette glace quils 
firent fondre pour avoir4c l'eau pptable. Us avaient, - 
près de ces glaces, le fond à cent cinquante-huit 
braiTes , l&plomb apporta une mine verte 8ç moUe. 
Le courant portait au fud-fud-eft le long de la 
glace ir.fur laquelle le i^ de juin, ils virent deux 
morfes çoujchés y mais ces animaux s'échappèrent 
quoiqu'ils fufTeiU: .bleilës^ en fe jetant dans la mer. 
'A minuit nos navigateurs avaient foixante - dix 
brafFes de fond &c la mine verte. Us virent le 
loir du même jour , la terre, de Teft au fud-eft, 
cUe était à la diftance de quinze lieues & toute . 
couverte de neige. Le 27 , Us trouvèrent que la 
glace ferrait de fi pès la côte de la Nouvelle- - 
Zemble qu'ils nç purent paflèr entr'elle & la terre. 
Le 25 ^ Je vaifleau toucha fur quelques rochers 
cachés fous les eauxi ils fauvèrent feulement quel- 



' ^ D A N s L E Nord. 157^ 

ques provifionsr& quelques outils, réqitipage gagna 
:1e rivage avec les phis grandes difficultés. Un'e^ 
fe chaloupes qui chavira leur fit perdre une 
grande quantité dte provîfions , les papiers du ca- 
pitaine & beaucoup d'autres chofes. Lorfqu ik 
fiirent à terre, leur embarras était de favoir com- 
ment ils fortiraient delà. Mais le 8 de juillet^ 
ils apperçurent heurcufement le- vatffcau du capi- 
*taine Flawes ; ils firent un grand feu pour lui 
faire connaître où ils étaient, il apperçut ce fi- 
gnal, envoya fa chaloupe à leur fecours & les prit 
tous fur fon bordl 

La Nouvelle-Zemble était prefque toute coui- 
•verte de neige \ dans les lieux où il n'y en avait 
pas , la terre était marécagcufe , & il y croifïàîc 
abondamment une elpèce de moufle- portant une 
•fleur bleue & jaune. Hs creusèrent k terre '&: 
ia trouvèrenr gelée à deux pieds de- profondeui:; 
Quoîqut)n ne trouve point de- neige ffur le$ 
collines, il eft très* - probable que les haute*^ 
montagnes en (ont perpétuellement couvertes^ 
ïls trouvèrent dans cette contrée beaucoup de 
rennes, quelques ifiitis, un petit animal fem- 
blable à un lapin, mais* plus* petit qu^un* rat, Sc 
queliques oifeaux femblables à des alouettes. II&. 
fax)uvèrent prefque à chaque quart de mille, ucfc 
ruifleau, mais qui n'était formé que par k fontct 
des neiges. La plupart des montagnes qu'ils ic»k 

N iij 



198 DÉCOUVERTES ET VotkÔES 
contrèrent étaient d'ardoife y cependant ils virent 
près de la mer de beau marbre noir avec des 
veines blanches. îf^ood trouva que la vaziatiofi 
de l'aiguille aimantée était de treize degrés à 
loueft. Le flot s'élçvait de huit pieds 5 & coulait^ 
non le long du rivage » mais direâement contre^ 
ce qu'il regarda comme une preuve qu'on ne 
pouvait trouver un pafiàge par le nord« Mais puis- 
que le flux 9 dans ces mers » doit néceilairement 
venir de loueft & du fud - eft ^ c*eft une raifbn 
pour qu'à une telle diflance de l'influence ou de 
l'attraâion de la lune , il {bit très-Êdble 9 & ^ con^ 
iequemmont qu'il ne s'élève pas à une glanda 
hauteur , & comme il vient du fud-oueft^ il ne 
peut couler dans une autre direûion qu en ligne 
droite contre le rivage d'une pointe de terre qui 
s'avance au nord ~ oueft. Wood trouva l'eaa de 
cette mer très-falée & très-pefante^ voèxait plus 
(àlée , à ce qu'il penfait , qu'aucune qu'il eût jar 
mais goûtée, quoique 5 en même temps, elle fût 
ii claire & fl limpide , qu'il pouvait voir le fon4 
de la mer à la profondeur de quatre-vingts braflès 
& même diftinguer les di£R$rentes efpèces de mour 
les qui le couvraient. Wood nomma Speedu/ell^ 
du nom de Ton vaîflèau , la pointe de terre fuc 
laquelle il le perdit, & iu|>pofa qu'elle était au 
foixante-quatorzième degré trente minutes latimde 
nord , & au (bixante*troiiième degré longitude à 



D A K S^ L E N O R 1> tff 

Teft de Londres. Mais puifque félon fà carte, ce 
lieu doit être le même que celui qui eft nom- 
mé, dans les cartes hollandaifes & la nouvelle 
carte rufle, Troofi-Hoek; il femblerair plm;ôt 
que fa latitude doit être defoixante^-dix-feptdegrét 
quarante minutes^ & fa longitude de quatrer-vingt- 
cinq degrés à Vdk de l'île de Fer -y tandis que ^ 
félon (bn eftime, ce lieu ferait feulement à cp^r 
tre-vingts degrés trente-quatre minutes de l'île de 
Fer. Quoique le journal de JP^ood ne contienne 
autre chofe que le calcul de la route de foa 
vaiflèau, ce voyageur ne paraît pas avoir, été fu£^ 
fifamment exaâ dans fon calcul & dans fes obferva» 
dons. Après avoir fauve tout le refte de l'équipage ^ 
il fit voile dîredement pour l'Angleterre^ Dans leur 
route ils virent les îles Fcroé , &! pafsèrenr à I3: 
vue des Orcades & Caithnejf tw EcoiTe, & arri- 
vèrent enfin , le aj d'août, au mouillage du Norc 
d'où ils étaient patds. 

XXXI. La chartre xoyale avait été jkccordée 
i la compagnie de la baie d'Hudfon en partie 
parce qu'elle avait, à fes propres dépens, feit ua 
voyage dans le deffein de trouver un paifage dans 
la mec du fad, & qu'elle avait fait aifez de 
.progrès pour donnor l'efpératKre de le découvrir ;^ 
il femble que ces motifs allégués par le loi. 
pour accorder à une compagnie defî grands avan^ 
tages te des privilèges fii étendus, auraient dû IW 

N iv 



n 



200 DÉCOUVERTES ET VoYAGEÎ 
citer à pourfuivre avec ardeur fes découvertes; 
mais ces grands avantages produifîrent un effet 
'tout-à-fait oppofé. Le grand profit qu'elle tirait 
dô ce commerce lui fit craindre que , fi Ton dé- 
couvrait ce pafTage, le gouvernement ne révoquât 
fon privilège & ne l'accordât à la compagnie des 
■ grandes Indes , ou peut-être ne laifsât le com- 
merce libre dans ces contrées. Elle cacha donc 
autant qu'il lui fiit poflîble la véritable fituation 
& la nature des côtes & des mers de cette con- 
' trée *, ainfi que les nations voifines Se fur - tout 
le commerce lucratif qu'elle y faifait. Comme la 
propriété de toutes les terres qui bordent la baie 
d'Hudfon appartient à la compagnie , & que les 
fauvages fe rendent aujourd'hui dans cette baie, 
des contrées fort éloignées au fud - oueft & à 
l'oueft., pour y échanger leurs marchandifes j on 
peut vraiment dire que quatre-vingts perfonnes ott 
environ, en Angleterre , font propriétaires d'un pays 
plus étendu que l'Angleterre , l'Ecoffe & l'Irlande 
prifes enfemble. On accufe même les membres cîe 
cette compagnie d'avoir cherché à corrompre ceux 
qui avaient quelques connaîfTahccs de ces mers & 
de ces côtes & qui étaient perfuadés de l'exiftencfe 
d*un paflage dans la mer du Sud. Cependant pour 
qu'on ne leur reprochât point de n'avoir rien fait 
à cet égard , ils envoyèrent les capitaines Knight 
U Barlow avec un vailfeau & un floop, pour 



I>A'N5 le NoëO. lot 

fakedes découvertes. Selon ElUs ce fut en 171^. 
Tirage , le fecrétaîre de la Californie 2Sw.tç, au con- 
traire que ce fut en 1720. Mais on ne fait de 
ce vayage autre chofe 5 fi ce n'eft qu'ils parti- 
tent, car on n'a jamais entendu parler de l'un 
ni de l'autre de ces deux vaifleaux. 

XX5III. Comme ces vaifleaux ne revinrent 
point 5 on fuppofa qu'ils avaient été détruits par 
les glaces, & peut -être même engloutis dans la 
mer -, mais on conjedura que leurs équipages s'é- 
taient fauves & pouvaient exifter encore dans quel- 
que partie de ces terres , fous le foixahte - troi- 
fième degré latitude nord. Ce bruit était pro- 
bablement fondé fur les relations vagues des E^ 
kimaux, &: il y avait peu de foi à y ajouter. 
Cependant dès que la compagnie eut reçu cette 
nouvelle, elle donna des ordres pour faire par- 
tir un autre floop à la recherche des gens qui 
avaient été fur les vaiffeaux de Knight & de Bar- 
low ^ & en même -temps pour faire les décou- 
vertes & les obfervations qu'il ferait en leur pott- ' 
voir de faire. Le floop partit de la rivière de 
Churchill le 20 de juin 1722, fous le comman^ 
dément du capitaine Scroggs. Sous la latitude du 
ibixante-deuxième degré , ce capitaine acheta des 
habitans quelques fanons de baleine & des dents de 
morfes. Au foixante-deuxième degré quarante-huit 
minutes , il envoya fa chaloupe après un morceau 



de bois flottant » il trouva que c'était un mât de 
mifaine qui avait été cailë à cinq' pieds au-delTus 
du pont. Scroggs avança jufqu^ dans Welcome^ 
.il nomma une pointe de ce détroit, Whcdebone' 
F oint , & rîle la plus au fud du cz:^ ^FuUertoiu 
U vit dans ce lieu un grand nombre de baleines 
jioires ^ & quelques-unes blancbes. Ayaiy: envoyé 
ia chaloupe à terre, fes gens y virent beaucoup 
de rennes , des oyes , des canards & d'autres oi- 
féaux fauvages. Il calcula que la marée s'élevait 
de cinq braffes , ^ car il l'avait mefurée avec le 
^lomb & la ligne de delTus fon bord tandis qu'il 
était à l'ancre.- U trouva alors douze braffes de 
.fond dans la marée haute, •& (eulement fept dans 
la marée baffe , ce qui fisrait une différence de 
jcinq braffes. Mais cette obfexvation était défec- 
tueufe-Car puifqu'un vaiffeau qui eft à l'ancre change 
toujours de place avec le flot , Scroggs devait 
néceffaitement avoir préfuppofé quq le fond de la 
mer où un vaiffeau eft à i'ancre eft par - tout à 
la même diftance de la furÊice de l'eau , ce qui 
était une très-fauflè fuppofition -, l'expérience fi» 
laquelle cela était fondé étant &ite, non par un 
iigne fixé fur le rivage , mais par une ligne du 
vaiffeau. Deux Indiens du nord que Scroggs avait 
avec lui, & qui avaient paffé l'hiver à ChurchUl» 
lui parlèrent d'une riche mine de cuivre natif 
qu'on trouvsûc fur la côte à la furface de la terre» 



Ils ajoutèient qu'il (uffirait d y allée avec we ban- 
que , & qu'on en anrait bientôt une charge. Ik 
avaient même apporté avec eu^ à Churchill ^ 
comme une pieuve <le,leu£ aflèmon^ 4es mor- 
ceaux de ce cinvi:e. Ils avaient aiffî deilîné étam: 
^ Churchill, fixr un parchemin avec 4u dbarbon, 
la fituation des côtes de là à cette tetre ^ Se pen- 
dant toute la route du vaiflèau , refquiflè qu'ils 
avaient faite correfpondit par&itement avec là 
vraie fituation 4e cette contrée. Un de ces Indiens 
avait marqué le dciir de s'en retourner chez lui 
parce qu'il n'était qu'à trois ou quatre journées 
de marche du lieu où il Ëiifait fa demeure ordi* 
naire. Scroggs lui re^ifà cependant cette demande* 
Ce navigateur dit dans fon journal » qu'il a été 
dans le Welconu^ £c. qu'il ne put avancer plut 
loin, à caulè d'iine chaîne d« roche];$ 0tuée dans 
ce paflage. Mais il paraît évidemment quil nu 
jamais été dans le Jf^elcome , & feulement dans 
une baie qui eft en effet connue fous trois difië- 
icns noms , elle eft appelée PifloPs-Bay , Rari- 
kin*s-'Inlet Se James-Douglas' ^-B^.\ Vile trèsr 
connue appelée île de Marbre , & qu'on nom-* 
mait aufli irant, île 4e Brook-Cohham , eft fituée 
i l'emboucbure de cçtte baie , Se conféquemment 
on ne peut s'y méprendre. Le banc de rochers 
filt la raiipn poux laquelle Scroggs n'avança pas 
plus loin. Les Indiens qui defirai^nç vive^ient re- 



Stb4 Déeôijrv«KTË5 lï Voyages 

tourner chez eux avaient fait , à deflein , une his- 
toire fur quelques obftacles à la navigation , pour 
rengager à s'en retourner & à les laifler aller* 
La plupart des gens de fon équipage étaient 
charmés auffi de retourner à Londres cette même 
année. Us craignaient que les vaifleaux de la com- 
pagnie non-feulement ne fufTent arrivés à Churchill, 
mais encore qu'ils ne fiiflent retournés en Angleterre. 
'La barque envoyée par Scroggs s'étaht avancée à 
-quelque diftance dans la baie, les gens qui dé- 
fraient retourner en Angleterre, revinrent immé- 
diatement, difant qu'ils avaient été jufquaux ro- 
chers dont les fauvages avaient parlé, & qulls 
n'avaient pu aller plus loin. Ce rapport fiiflSt 
pour pcrfuadcr Scroggs de retourner en Angle- 
terre, & de donner pour raifon de fon retour , 
qu'il avait été jufquau banc de rochers, quoi- 
qu'il en fut tout autrement. 

Ce voyage qui échoua comme tous les autres, 
avait plufieurs défauts particuliers. Scroggs dé^ 
pourvu de connaiflances, & de ce courage adif 
& entreprenant , fi néceflaire en de pareilles oc- 
cafions, n'était nullement fak pour conduire -une 
cntreprife de cette nature. Son équi^ge n'avait 
pas non plus la confiance , ni l'ardeur propres 
à pourfuivre ces recherches. 
^ Leur retour en Angleterre était leur objet prin^ 
cipal, ce qui les rendait înfenÉbles à toute atttrt 



<iofc-, enfin, ils nont pas fçu profiter des rcu- 
feignemens que leur donnaient les fauvages, ou ils 
les ont dégoûtés d'aller plus loin avec eux. Je 
nç puis m'empccher de faire ici quelques obfer- 
vations fur ^a multitude de noms donnés à Ime 
feule & même terre , & fur la confiifion que cela 
introduit dans la géc^grapbie. Mais cette confii- 
fion devient encore plus graude, lorfque le même 
nom eft donné à deux contrées , ou à deux en« 
droits différens. Dans le détroit de Usager ^ dont 
nous aurons occafion de parler dans la fuite, eft 
un port nommé port de Douglas ; &c le lieu 
appelé quelquefois Rankins - Inles^ eft nommé 
par d'autres Fi/Iol" Bay^ ainfi que James^DoU" 
glas "Boy. On avouera certainement que celui, 
qui introduifit le premier dés dénominations il, 
propres à faire naître la plus grande confiifion ^ , 
s'embarraffait fort peu de la clarté & de lexac- . 
titude qui doit régner dans la géographie : nous fom- 
xnesaînfi fâchés de trouver qu'outre le détroit de 
Cook entre les deux îles qui compofent la nou- 
velle Zélande , il en eft encore un .autre de ce . 
nom dans le nord entre l'Afie & l'Amérique- 

XXXIII. Les relations donnéça par Button $c 
Fdx^ avec Ip rapport du dernier navigateur, le 
capitaine Scroggs^ excitèrent en 1733, l'attention 
dp M. Arthur Dobbs & la portèrent principale- 
Jiient fur la bauteux du flux dws ie W^Uomt. 



lO^ DÉCOtrVÈÈTÉ* ET VùtAÙÊi 
D apprit aaffi quelque chofe concernant cet objet 
du capitaine Ckriftoph^ Middletoji , qui avait na- 
vigué dans cts tntts au fervice de la compagnie 
de la bâte d'Hudfbn. Il s'attacha donc à ta com-- 
Jiagnie, & obtint à force dlmportunitçs en 1737, 
un floôp avec une chaloupe. Ces navires, n^allèrent 
que jufqu au foixante-deuxième degré trente mî- ' 
mîtes* latitude nord , où ils trouvèrent un grand 
nombre d^îles & quelque^ baleines branches , & 
dans le lieu où Us étaient à Fancre , le flot s'é-* 
levait à dix ou douze pieds & venait du nord. 
Ce récit imparfait eft tout ce qui nous eft connu 
de ce voyage* 

• XX)tIV. M, Dobbs trouvant que ce voyage 
entrepris par Tordre de lai compagnie de la baie 
dfHudfon ^ avait été fait avec une lenteur &une né- 
gligence qui marquaient une indifPérence affedée 
pour le ftrccès , s'attacha au gouvernement qui 
ordonna d'équiper un brûlot ou Jloop , appelé 
le Furnace (la Ppurnaife) , dont le commandement 
fut confié à Chriftophe Middleton , qiii jufqu a- 
lors avait été au fervice da le compagnie de la 
baie d'Hudfon. 

On y joignît la flûte la Découverte ^ comma»- 
dëe par le capitaine fPl:tliam Moor. Ces. deux 
vàifTeaux partirent en 1741 , & arrivèrent à la ri- 
vière de Churchill ydbir\k pafsèrent l'hiver , & après 
avoir tout préparé , ils repartirent le premier de 



D^Ns LE Nord. 207 

juillet 1742. MiddletoTii félon les înftruôions 
tju on lui avait données , devait gouverner au nord- 
oueft , après avoir pafle au travers du détroit 
d'Hudfon & par le Careys-Swans-Nefi^ & fuivre 
la même route jufquà ce quil fut arrivé à une 
terre au nord-oueft, au Thomas-Roé*S'Welcom€ ^ 
par le foixante-cinquième'degré latitude nord. Le 4, 
il vit Brook - Cobham ou Tîle de Marbre , cou- 
verte de neige , 6c fituée au foixante - troifième 
degré latitude nord, & au quatre-vingt-treizième 
degré quarante minutes longitude oueft de Lon- 
dres , la variation de Taiguille aimantée était de 
vingt-un degrés dix minutes à 1 oueft. Le 13 , il 
découvrit un cap très-élevé (br la côte nord-oueft 
du Welcome , au foixante-cinquième degré douze 
minutes latitude nord, & au quatre-vingt-fixièmc 
degré fix minutfes longitude oueft, il le nomma 
cap Dobbs 'y au - delà de ce cap il découvrit un 
golfe au nord - oueft » il y entra & le nomma 
Jf^ager ' Rher 9 du nom du chevalier Charles 
Wager. Le promontoire du nord fur cette rivière 
fut appelé enfuite Cap -Smith s l'embouchure de 
cette rivière Wagtr eft" au foixante-cinquième de- 
gré vingt-quatre minutes latitude nord , & quatre- 
vingt-huit degrés trente -fept minutes longitude 
oueft de Londres. Dans cette îmmenfe étendue 
d'eau ils trouvèrent une grande quantité de glace, 
%L au-delà de quelques îles fur le côté nord de 



Xo8 DÉCOUVKRtEi ET Vo^AGES 
cette rivière , était un détroit qu'ils nommèrent 
Savage - Sound ( Détroit des Sauvages ) , parce^ 
qu'ils y avaient vu quelques Eskimaux. Il y avait 
encore fur ce même côté un autre détroit où les^ 
Eskimaux, qui étaient venus avec eux de Chur- 
chill, tuèrent quelques rennes; delà, ce détroit 
fut nommé Deer-Sound (Détroit des Rennes). Ces 
Eskimaux n'étant jamais venus dans ces contrées 
n'en avaient nulle connaiiiànce. Après avoir pajdë 
quelques femaines dans ce détroit , ils avancèrent 
plus au nord-eft le long de la côte, fur laquelle 
ils découvrirent enfin, un très-beau promontoire 
derrière lequel la côte s'étend à l'oueft, ils le 
prirent pour la pointe la plus feptentrionale de 
l'Amérique, & le nommèrent Cap-Hope. Après, 
avoir vogué toute la nuit au travers d'une grande 
quantité de glace, le matin après que le fbleil 
eut diflipé le brouillard, ils virent autour d'eux 
la terre & une large baie où ils entrèrent &c 
avancèrent jufqu'à fon fond, la marée venait de 
l'eft & coulait lentement, comme cela arrive dans 
un lieu où il n'a pas de paffage. La déclinaifon de 
l'aiguille aimantée était de cinquante degrés. Us 
nommèrent cette baie Repulfe-Bqy , parce qu'ils 
n'y trouvèrent pas ce qu'ils cherchaient. Ils mon- 
tèrent fur une très-haute montagne d'où ils virent 
tout le détroit qui avait environ dix-huit ou vingt 
Ijieues de long dans la diret^ion du fud - eft par 

^ ^ ïud, 



1 



A A lï Si L £ N OZ O. 20J 

lud,..à ane certaine -diftance une terre' élevée 
Kju'a prit pour le cap Ctw^/or/ ,.;for. une, terre , 
qu W fait aujourd'hui être une île où eft fitué 
X^ar^'s-SwmsrN^ftr &' ^ HoppQjTé; duquel dans 
tinc dircdidfi oblique, éft Lord-W^florCs-Port* 
làndf découvert par Fojc, Middleton ayant yifité 
cous ces lieux, '.po](ta. encore auriud dan^ le def- 
fiûn.'d'jexàniiAer^iCiHiforaiénl^ut'i fes inlh^i^ptis^ 
ia-3CÔté à loucftr.ducji5Ç^^&a/72tf,:;d^puis le Cap-^ 
Dûibbs'^ juiqu à: llk 4e Brooh-Çf^hamvy mais il 
fï y trouva. pcdi» de pitflàge.. Près de cette îk, il 
^iv^ à terré leSijdéiix /Eskimaux. quH avait avec 
iai;;^après :leai: ayoitriait de b^atix. j>rélèQts , Sc 
iihmédiatenient âpr^ès^^ il fît v.cjla.pour l'Angle 
, t^:xe. Le détroit ^ilepuii RepiUJi -Bq^^z Teft, 
vcrs[ le.<:ap Çom^t'^-çft finie. pj^^^u.foixa$):e-j 
(èptième degré latitude nord, & Va-.p^s de fond 
fiidlequel 0n.puii& jjffouiller, près dût rivage, mais 
il eft très-profond & conféqueromeot. tcès-dange-: 
idux pour, les ivaiffeauxq^i n'ont,, |toint de pbrc 
oà ik ipùiffcnt rfe: jre&gier . en .cis -de 'tempêtes, 
U.à'éleva çntfce.Mt:ï?aA^Jf & le . capitaine Mid- 
dUion une difpsiteltrès-rvi^e au^fqj^f de et voyage. 
Le .premier, f^t&îi i^jp. \t fetond avait caché à 
d^flèiili^ ou au i^aoi^ jdéguifé quelques décou- 
teicés pcktr ,<a|teç'.l|i 45ienveiUapcp >le la com- 
pagnie, de la ;baiç.(;d'Hudfon , qui avait tou-^ 
purs .'xegflïdé dis jnauvâi^ ce^ les voyages qu'on 
Tgmé IL O 



110 DÉcotrViâTBS je* Yûit-aôes 
wait tàts pour chetcher:4iii paiTage à la mer éa 
Sud 4âti5 la baio d'Vbdfon ^ que le gojuvemeinenc 
lui ayak cédée. 

XXX Y- On difpata ides deux côtés avec beau- 
coup d'aigteut* les tai£on$ qii appoifa M. Dôèit 
étaient fondées fur des* faits ' rapportés par- Mîd- 
dleton lui-même, on les esamind^ & TopinicMi 
générale fut que M* Doits avait^ railbn% Laibmmd 
de lo^oo ftei^liag fiit levée en 'aâbnf de loo 
liv. chacune pour faire les^ &ai^ <fim «oùveiui 
moyage de découverte. Enfin ^ on éqmpa àcaxysif^ 
feauac, le Dùibis commandéi.po? M. IpruUam 
Moor y && le C^d^amià^^ Ibus' ie commandement 
et M. Frmçû'u Smith ^ qui parfirent enfemUe dé 
Gfaifefend le 19 de mai ; 174^.^ arrivés, à.uno 
petite diiffiaiKe du cap Fartwôli^ ils paisèrent peip 
4atlt .quelque temps à ttavéïs mie jpande qiiap 
tité de boÎ9 ftottans , qâe-i^ Memi lEths décrit 
comme de^ tlr^s-bteau boisw • ■ -v . . i 

U penfe que puifqu f^fe^ law^it • vu dqns , lo < 
Groenland au ^foixante -f^ièmie idegré latitude 
nord, des bofuleatux ^ des ormes «ic d'autre» elpècel 
de bois de la hauteur de 'c&^-teiit piecis env&ob 
de la grdfleur de là p^% d'un homms^ ce 
bois flottant devait venk Aé ttttt côïitiéev 60 
que, comme tes cètes dé 4'Oiief| du GwDeniandr 
àinfi que de la' Norvège^ feil^^^lus^ ftôidesl quq 
celles de Teft , le b^is qui -^iK^t âir ceU<3^ peuc^ 



p A H s- 1 3^ N Q -[^ vt, ' C ^n 
ÈLxpB^t en gfpfli«r ec. eq grandftii; «lui. qui 
Yieni ftir Iw cÔtcs tic Foupft* Mais h qwftRtitâ 
<}e bois qui croit dans le Gtoenklaoïl &i: mémo 
iians los coottéesiiencote-pliô cloBudes 4e ïmàttàe^ 
eft fi pcdte, que 4 penjastii ^ aBS-^Ieideîauoiit H 
s-en convcrtif&it.cn'hois:flottatu:) autant qu'on en 
voit aiiK envinM^ de èettfr cDàtré©, 'il ne» refte^ 
fait pas uù bâtoxi.au.bçBt'de ce tean|is. .DatUeio» 
k boîs JUS ccQÎt îisnaii' aiie2i près: :dos: botds .do 
b mor pouf ii|ii*â {>ttii& aUiment on offo l^vé^ 
4c^o9iëqpe»imeol: fintmtio* Ënfiri^ oQ;<$ir0u»!$ lino 
énonne quantité is jx>is:âottami da8tî)i$moeie3firQ 

nord de la Sibérie. iPiês; de llk Séy à k hwn 
tour du iSfMCzheig w^ cple de. Elflandei)^ o5 
Yûit beaucoup dé: bois floctant , de: ixienne: x|aÉ 
fiir. toutes ics iks qpii s:ét£Ddenc.du;Ki^^ 
diadca à rAméxique. 'Di£a t^t- on. qn*U ^nentida 
GrDodjand où le bois croît en fi pistite quatLH 
titéf dans des. vaUées fort é^oignéfif^de la i met 
âf à l'abri di6s lEents du nord 'l il Êiut couver^» 
nk quç ce t>*cft.dba' moins :que> piobablew Mais 
il vient àe$ graiâle^ xiiiiè^es de«Sibérie 'iqul trar- 
vèicieQt pendant pli^fieu^s cepitainea- de milles des 
x^gêpns toutes couveitpsdçbois, f^^anslefquelles; 
fe^èceixcjd'amrcs g£aodes.:sivJsccs9 qui fbuknc auffi 
de contrées très.boîiëesî^xei riviètesïbnt-la Pe^ 
^oïïa . VQby , le - Jeni/èa ,?le Lioa ,* le CfmuLnga^ 

Oij 



2lt DÉCOtTttKRTBS tT VolTAGÊS 
V:drué'ara ; le Jena , le Kolyma'y VIndigirka , 
^hinûdir & ÏAmur , toutes trèi- confîdiérablbs 
qui^^ à là Fonte <les- glaces dahs^ Je printemps^ 
çntraiaeitt cpai. rleoï . déb>rdement . une imiiienfe 
aaàtidxè^â^^tes^ qa'elies pottent avec leurs eaiix 
^ms' les "merr du: nord» ^^i^. nous.' confidérons 
ia grandeur des rivière» d'Amérique 5 Tabondance' 
des arbres .dans les t foDÊts , la rapidité & la; gran- 
deur desi toiiteiis qui fe forment conftamment' au 
printemps-, nous concevrons aiféinent quelle quan< 
tité de bois 'elles charrient . à la m6r-&: ce qui 
s'en^ttooveidanile détroit du -Rài worge^^ dans 
celui Ai* Saddui^icà y ^anslà rivière Turnagain^ 
da^s lé £^%^i^er^/z 9 :qui (e^jète dans le -détroit 
de Norton^ &i dans le- <^^. La 'rivière Saint-* 
Lanrenr-^ plufieurs autres rivières^ du nord de 
rAmériqué: en portent aiiil|) beaucoup , ainfi qud 
celles, de Terre-Neuve *&v de Labtadito , xôttunci 
me ÏJom zSmé des peiforines qui JoritiéDfcfiix? 
ces .liciix-^ * qui y ontv:même paffé* Tfaivér, &• 
confé^emnkedt ont vu la débade des 'places Se 
le débordement des .rivières: Hd&uf ajouter quf les" 
rivières de::là. haie d'Htidfon '^-'&' jwincipaienicnt 
ksr risdbères CkurckiU^ Ht^e^i 'Port-NelfmyÇiiU 
iaqy &'iMQBji^ ainfi-que^lufieurs autres, pior* 
tent auâi> datij(4a mer/:du bois^'^des paraeSTintsé"^: 
rieures idesftbrres où il xxcut xles àrbires d uné^^an-' 
deur ex)nfidéra(>le^ Nous, pouvons, tirer dé toutes 



- D ANS L E No RD; : 21} 

ces kidiKStions , de meilleiites conjedurcs fur les 
lieux d'où viennent ces bois flotrans^ qu'on trouve 
dans les mecs du nord , fans avoir recours^ aux 
bois' du Groenland qui font en très-petite qnan-^ 
tîté &c de peu de groflfeur* 

A l'occafion des premiers morceaux dé glace 
qu'ils trouvèrent dam le voifinage du détroit 
d'Hudfon^, M. Ellis fuppofe , comme Fa dit Mid-- 
dletortt qu'ils viennenrdes glaces & des neiges ac- 
cumulées pendant ufae longue fuite d'années, qùr 
fe détachent feulement tous les fix ou fept ans par 
de grandes inondations Se qu-elles font portées àr 
la mer par les torrens; il effaye cqjcndant de 
combiner cette opinion avec ceiiç^d'Egéde^ qui dit 
expreffément que ce font de grands morceaux dé- 
tachés des glaébs qui fe* forment, fur les bords^ 
Mai9 il peut y avoir d'autres caufes que les pré- 
pédetites. En effet, au commencement derThiveD 
la glaqç fe forme dans un temps calme, de quel- 
ques pouces d'épaiilèur , & lorfque ia glace fe* 
rbmipc par: une tempête ou par les hautes riiarées, 
les monceaux font poai]ës les uns fur les. autm 
& fe gèlent de manieur a former des maifes tou- 
jours^ plus épaiifes, qui accumulées ainiij fimfl&nc 
f^rjhttntt des mont^nes de glaces. J'^J'Virmoî- 
ïtièinQ dans' les mets podaires >de ce^ montagnes 
de glaces compole^s dexoùchei régulières pla- 
cées les unes^ fur les , autres ^ èc> chacrne - <f ellti 

G ^ 



114 DÉCOUVERTES ET VOYAGES 

était prefquc dune ëgafe épaîlTeiir. Mais quel- 
ques " unes 'de ces mafTes avaient une couche de 
glace tout à fait tranQ)artate) & fur celle-là une 
autre totalement opaque , ce qui me fit coicluie^ 
que la glace , avant d avolt ,été rompue par les 
vents 6t la marée» devait avoir étié tout- à -fait 
couverte de neige; que la met ayant baigné cette 
neige lavait convertie éti glace épaiffe & opaque v 
que les vent6 avaient pou0e ces morceaux les uns ^ 
fiir les auttes , & qu'il s'était ainfi fi^rnfié des 
maflfes compofées de Couches alterhativemdnt tran£ 
parentes & opaques. Cependant » il eft poffible 
aufli que des mafTes de neige foient tranfportees 
de deflTus les hauts promontoires dans la met qui 
eft gelée au-defE)us » & qu elles forment en cel 
endroits de grandes montagnes d^ neige qui bu- 
meâée & ramollie pat les pluies du printemps 
& les rtiijfeauK formés par la- fonte des neiges | 
gèlent àinfi en mafSss folides & compaâ:e§. Alors 
c^ font des montagnes de glaces que les tem^ 
pêtes fie les bauteis marées détachent des botds & 
pouiTent çà fie là dans les mers* Mais qui entre- 
prendra de dife toutes le» diâéienteS manières 
dont là' glace fe forme ! Pour revenir à nos na-- 
vigato^s.5/tls s'amarrèrent à un ^and glaçoïi fie 
rempliiient leurs: tonneaux de f eau douce quils 
trôuvècetiç for h: glace. .Le i8 de juiilet, ils 
fflixyèîceoi: wijkeyiçicpte tempête accompagnée ^Té^ 



lyAif ?• 1 s No R m if% 

clairs & de totmexre^ tous ceuv^qiii étaient ac* 
coutumes à naviguer dans ces contrées legardè* 
lent cela comme quelque choie de rare & d'ex-* 
tûoardinaire. Ellis pen£e que les aurores 9oréales 
dans le nord enflamment & diflipent les vapeuts 
propres à la formation du too&erxe Se des éclairs.^ 
Cela peut bien être uoe dies raifons pourquoi ces 
phénomènes font rates ikns ces tég^ns ; mais il 
Êinc ob(èrv«r méR^ qiirtlans les lieux où la ten& 
eft> couverte'' de^ neîge .aisfli long - temps queUc 
Téft 4ans ces -cdntrées, les vapeurs ékiâxiques ne 
peuvent s'en dégager ni s'élever dans lair. Ce^ 
pendant fi ces vapeuss font en grande quantité 
oooime celles^ par ^xeo^e» qui Portent des vol* 
<ans d'idande .& du iîmealand oriental ^ elles 
occafionneKont des çempê&es accooopagiiéesxiu tcm* 
nenae* 

Leur gtaçoD sietant fenc&f ,. ib furent obfigés 
de s amarrer i tœ a^iose julqu a ce qu'ik euiTeaf 
toMivé une meilleur place 5 & qu'enfin- ib puf&BC 
zepf éndre leur ivoyage. 

Le tjk êtaoùx^/Ss découvnrenr une tei;re à 
f oueit An Wjelcome^ 8c vinrent à ^ilt de Marbre. 
Là. ils firent àei^ obfetvaxic»is fiir le temps , la 
diseâioh ^ la rapidité, âc la hauteur de la marée. 
BsjtEQK^fèrefMr qu eEe veiAaît du nosdreft^Sc qu'elle 
i^ivBk . conTéqoemmânt 1» côte y en outre ils 
icconnurent wqa!il& avaient» daaas la pleine & Isk 

Oiv 



n 



21^ DÉCOUVERTES IT^'VoYAGES 

nouvelle lune, kautc marée, à .quatre heures, & 
qu elle s'élevair à la hauteur de dix pieds. Ils allè- 
rent immédiatement prendre leurs quartiers d'hi- 
ver au^ort Nelfon^ où ils ne^ trouvèrent que de 
foiblcs fecours- auprès des perfônnes attachées à 
la compagnie de la baie' d'Hud£bn. Xe premier 
de juillet 1747 , ils remireçt à la voile pour con- 
tinuer de remplir l'objet de leur voyage. Ils avaient 
préparé leur grande chaloupe dam cette inten-» 
tion, îls l'avaient élevée, alongée & y avaient 
ajouté un pont. Cela étant fait ils la nommèrent 
la Réfotution. Près de l'île -de JLnighi , l'aiguille 
aimantée perdit fa vertu magnétique; après plu- 
iieurs elfais , ils trouvèrent |qu'il était néceflaire 
de tenir la bouflble dans un lieu chaud, ce qu'ils 
firent , & la puiflànce magnétique commença à to^ 
paraître. Ils virent quelques Eskimaux , l'un dcf^. 
quels , homme âgé , leur montra la meilleure route 
pour conduire leur vaiflèau qui avait déjà touché 
une fois. Cette attelition eft jcôrtainement une 
preuve de la bonne difpofition de ces peuples ,' 
lorfqu'ils font, traités avec doi^ceur & humaniti. 
Les barques quils avaient envoyées en avant ,. 
découvrirent un grand &- large détroit dont I'gl- 
trémîté n'avait jamais été examinée, il était nom- 
mé par quelques-uns BowdtrCs^InUt^ du noziti 
du fécond pilote maître du Hé&w^^ CnUfahâk:^ 
mais d'autres nommèrent ce cfetïoit Cyiç/îrr/îe^^xt 



DANS LE NôRDi ' 217 

InleU Ils allèrent auffi .dans des- bat^au^c jufqu a 
1 extrémité du fP^ager ^ Jf^ater ^ qui fe termine 
dam ^rivières & des lacs d*eau douce, ce qui 
-montre clairement quon ne doit pas s'attendre à 
trouver un paf&ige dans ce lieu. 

ht% Eskimaux leur vendirent de . la .chair frai- 
che de buffle , ( c'eft probablement la chair du 
bœuf mufqué de ces contrées , efpèce de 
bœuf inconnu à plufieurs naturaliftes ) » &; leur 
fourniront auffi de" la viande falée dfe renne & 
de faumonî ils virent dans cette mer beau- 
coup de phoques & de baleines blanches. Après 
avott fait quelques tentatives très - inutiles pour 
trouver 'le paflage defîré , ils firent voile ^ pour 
l'Angleterre. Eîccepté dans le détroit de Cheflef" 
field & dans un antre détroit iîtué au - delà de 
l^e de Knight , il n'y a plus d efpérance de 
trouver un pafTage dans ces parages, que ces na- 
vigateur § nt fi foignaufettient examinés. 

XXX VL Après ce dernier voyage pour faire 
des découvertes, Ips recherches d'un paflàge dans 
le nord fiirent fufpendues pendant long:- temps. 
Les: raifbns alléguées par l'amiral Anjon , grand 
navigateur , rendirent ^ttentive^la nation Britan- 
nique ,.& lui firent porter fes regards fur letablif- 
(èmcnt des îles FaUcland ( Malouines )' dans la 
mer du Sud. On envoya en 17^4, le Commo- 
dore Byron^ depuis. amiral, aux iles Falkland, 



é'ovL U leyintcri ijé^. Dam cett^ mêiàè wn4^ 
17^^^ on envoya les ca^itakies ff^aiiis te Carurei 
Êdre un autre vof âge aatoas: du voaoÂc^ donc îtg 
dirent <Ie retour en 17^8. A leur axchréç^ le lî<^ 
tenant C00A: fut envoyé avec imWêui vaiilèaa ao* 
compagne âe M. Banks ( maintenant lé cheva- 
lier Jc^h Banks) & le doâeut Soktnder^ pouf 
ébfeiver à Ocafaeite te paâàge de Véam fiir W 
ibleîL^ & lorfqu'il eut rempli £a comniiffion ^ il 
partit de là pour faite des découvertes. ÇHxxa: 
pinfieurs îles ^\ï découvrit dans le voifina^ de 
l'île d'Otahelte, il recoamit aufi <<|Be ia N^uvdk^ 
Zélande confiftait ea demt iles féparées lune de 
I auSre pas le ïlétrak de Cook^ Apcès avoir dé^ 
couvert for la Nouvelle^ HoUssde une cote de 
plus 4e Éx oeiKS limes detoidtte» tf: avoir fm 
voile à travers le détroit YEndtavour ^axt Sles; 
MoIu<pies & à Batavia » il tevmt enfin bemeuib^ 
ment en lyyT en AsigleteoEr. Il teftay touyoura^ 
cette grande ipeftioii è décider .» s tl edftait dsois 
i'hémifpliàre méiadîonal >quel<pe grand coodaent*. 
Cook lîir encote envoyé pour Êire cette impot-^ 
tante & três^ificile découvette. Mon fis Se moi 
nous ladcompagi^nies dans^^cs voyage. Il |MLrtic 
cii 1772 ) & fut le premier qui navig^.à l'gff 
autour du gi^ \ cous les aattres nav^âteim a» 
nombre de vingts ayant xommeocé ce voyage pac 
Toueft. Il revint de cpcfie .ex|Kdkiotfi en 177$ « 



couvert d'une glâtiris inrunoitelle. Mab tandis ijue 
nous tiavigmons atftôut ^' pèle aUfttâl dans des 
mers couvertes de ^tftt^ , iàMa^efté Brkann^ue 
voulut lÀttt tettiftxt les de&is de k foeiété royale» 
en envoyiSËtit dei^tt: vaifldaax en 1773 9 pour eta- 
miner la mer ^adale ftès .du S^t:^erg. L'un dé 
ces vaiflèaux était appelé le Race-Horfi, ctnn^ 
mandé pat le capitaine CoêjÎMiin Jcnh Phipps^ 
aujourd^ui Idrd Mulgfavèi le feèond^tait le Car- 
caffy fous le coi)nbi<natideitiônt du capitaine Sk^^ 
Jingtùm LutM^idge% Ife partirez» de Nore le 4 de 
juin) le 19) ik étajent àii foixante - fixième 
degfë ccnqùsËûte ^ ^UAtf e mittul'es latitude nord , 
#& att ù ddgré ctnquttnte - Inut minutes k>ngi« 
tude oueft de Greenwich^ la déclinaifon de Tàî- 
gttille aimafUde étak de ^t-nedf degrés onze 
imnutes à i'otieft. Le lend^malti il^ étirent un 
calme qui dura prêtée toute la journée-, ils fon- 
dèrent, avec un {Jomb très^efantila profondeur 
de fept cents quatre-YÎftgts braftes , fans trouver 
le fond. A cette profondeur le thermomètre de 
Fahtcnhfeit était- à- viAgt-fix degffe-,'Wà l'air libre 
tA. était à ^arante^httk degrés & deifn.> le 18 de 
juin^ vers mintait, Hi virent 'W terrrf à Teft. Le 
i 9 , ils étaîc|jt au toixanre-dixr-feptième degré cin* 
qùame^neuf minutes , aflcz près Ai'Sta€k'-Pi)mi 
for rîle du Pri/rce -CAar&j,* que les- MoUandaîi 
appellent Zuydkoçk^Van - Het- Voorhand. IH 



1 



Ho DÉCatfVBRTÉS Èf^VotTAèES 

trouvèrent que la hauteur d'une des montagnes 
du Spitzbetg au rokante-dix-hultième degré vingt- 
deux minutes , était de quatre mille cinq^ centS' 
neuf pieds. Ils virent fur une île vis-à-vis le Way-- 
gat ou Hinlopen - Straits , deux rennes , ils ea 
tuèrent une qu'ils trouvèrent fort graiTe-, ils y 
virent un renard d'un gjris clair » & un ammal 
un peu plus gros quun^ belette » il avait les oreilles 
courtes, la queue longue5 & la peau marquée de^ 
blanc & de noir. Cette île abondait en bécaffines^ 
les canards y couvaient alors» & un gran4 nom- 
bre d'oyes fauvages paiflàient le long des bord^ 
Le milieu de Tile était couvert de moufle, de. 
cochléaria, d'ofeiUe & de quelques renoncules cxt^ 
fleurs. 

Bientôt après ils furent aifiégés par les glaces^ 
cependant ils s'en dégagèrent après avoir été aa. 
lud-oueft des fept îles. Ils eflàyèicht d'avancet. 
autant qu'ils purent à l'oueft, mais- la glace était 
fi ferrée qu'elle leur parut comme une muraille, 
impénéttablc. Pendant un vent très-fort, ils obfer- 
vèrent la ten;ipérature de la mer. dans cet état 
d'agitation, 3c lia trouvèrent cpnfidéra^lement plusr 
chaude que celle de l'air» pbfervation qui avdt 
déjà été fàdte paf Plutarque. Enfin* confidérant 
qu'il était impoâlble , à caufe des glaces , d'al-. 
1er plijis loin,' ik le réfolurent à revenir en Aa- 
gleterçe. . ; ^ . 



DANS LE NoKt). ttt 

' XXXVII. Le capitaine Coo* étant revenu tû 
1775 de fou voyage du fu^, fans avoir décou- 
vert aucun grand continent, il parut toujours 
néccllàire de connaître la fituation des terres dans 
la mer entre TAfie & TAmérique v Cook fut en- 
core choifi pour ^ette expédition. On lui donna 
auffi la Réjolution , vaifTeau à bord duquel il avait 
feit précédemment le- voyage autour du pôle aiff^ 
tral, avec la Découverte ^ le commandement du- 
-qùel fut donné au capitaine Charles ^Cltrke qui 
avait fait, le voyage autour du monde ^ Une foc« 
avec Byron Se deux fois avec Cook. Les deux 
vaiffeaux quittèrent kTamife dans Tiannée 177^4 
mais Coûjt partit pour fon voyage au Cap le 12 
de piillet. I 

Clerke , homrtie d'un cœiâ: -noble^ & défînté- 
xelTé^ s'était rendu caution pour ion frère ^ le 
chevalier Jean €terke^. lorfqu il partit fur un vaifi 
fean du roi pour les Indes où il mourut. Les 
oéanciers voulaient avoir recours à Charles Clerkê 
pour leur paiement. Quelques perfbnnes de diP 
tinâion qui lui voulaient du bien lui cônfeiUèreht 
jde fe rendre au banc, puifque laibmme que Jean 
Clerke devait, était -très- confidérable & beaucoup 
plus que (on frère Charles ne pouvait payer. Un 
aâe de grâce qui fortit bientôt après» rendit là 
liberté à un grand nombre de prifonniers , ainfi 
qu à Charles Clerke qui l'obtint vers la $n de 



1 



t$i Découv^ERTEs m Voyages 
îmlkt^ & {wtic dçr Fiymû^^h ihx b Découverte, 
Is premier d'stf>ûi^ fit arriva à la bab de ia mon- 
fij^na de la TaWc i- où ia Rêfoluûon était déjà 
Mliivép depuj^ tw$ bmmm*Cp0k esamina alors 
l0S Ues découvertes pw les capitaine» Harion & 
JSierguekn^ ii alla i U terie de Diémn^ delà à 
ia Nôuv^Ue-Zàl^nde* Ayam perdu lavancage da 
v%«t» il fttt QbBgé, au Ueu d'aller droit à Qta^ 
lidte» de ùxm Toiky^^ l^tUndc f amitié ^ & dans 
cette louie U découvrit pbûeiirs ile& qui nV 
vaient pa^ eocote été vues. Delà U alla à Qtahei» 
fie aiux Ues voiâbes de la Société» oà il laiflk Omaï 
^ pQ^a dans la nier du Sud pour cecoonaitre 
lliéoiifpbèxQ du nord. Il découvrit non loin de 
l'Equateur une île bailè & inhabitée , . oà i) vit 
im gramd ncMhdse de tomies j il' nonin^ cette île 
à cau&de.cela 5 île des Tortues. Enfoite U alla 
icsus le ttcpiquo du cancer, dans le voifmage du^ 
quel il découvât un groi^pe.dlles : les habhass 
\é reçurcànt avec anùiiéficfatt pocutcrent de tics- 
bons rafraîcBfièfneôs pour .fou écpiipage. Le 7 de 
tnars 17789 au quàtante-^troilicaie degré dir mi- 
nurés iatitadQfioird9& deux cçott tronterciitq degrés 
cinquante mioiites à If efr longitude de Greenwich , 
il jdécoavTit le aq> Mlanca^ùai)^ cofee. derAmé^ 
lâque fept;^3Otri0nale. Lé j^-^iit jfntia poinr xéfzrr 
m fon tat&au d^uis unliaffre qu'il namma Kingk 
CeorgeUi- &wi4 ^ difioit dut jRi^-^GQorge.^ m^js 



pAUs t» Nord, : i»j 
^aoa. nomme géoéfaleimot aujourd'hui > Nôotka- 
Sôundi^&cink au çyj^ati^e-'iieuyi^mcl 4egré trente- 
huit aifflètesktltiide noi^ , ^ au d^ix cents trente- 
ixdîffîiius Acpé dùasfâ mmm^ elt Ipngitude M. 
GreenwiahJ Le capitaine CW* après avQk prî» 
éc l'eau ».de&ra£âîchîflêmens & de âipuveaux mats 
pouî £ba vaiflfeàu^ rejnk à îa^ yoiie* Le ix de 
maf y les* dàapc vaîSeai^ enrcrèrent dans un détroit 
qu'ib jiommèie^t Sandwich » & qui eft appelé 
piéfqtitcaient, détroit'^ Pr'^fii;0^W^illi^m, Ce dé-. 
tisofiH ficiié veis. le foi^canticnie degcé laïkkide. nord ». 
sréteiicktr iotiîtrloin^iis.lfis tefre^-PliM 4 loueft 
Us tcouvèrent un autre déttoit â: ime i^iyiè]^ -covr 
fidératile qui «V |e&e».i& la Boi^m^riçgt.T^r/ïii* 
gam^Hjpcri ConwfeTlai^Pte çQft¥»çQçait à s e-* 
teo^a^im fiid-Griie& ik' xemcomtère^. plufieurs îles 
pleines iIb cocbci&le:^9fig ik ceî^cote,^ &: furent, 
obligés de piepibie Wucoiip de p^^éf Mutioqs pour 
év^iteÉv id^écliotfèr^ Dm& un épais hrouUlacd la uR^^ 
foluàM iut. akrméeL d!un grand bruit» On jeta^ 
}sL fonde & l'on mk à Tancre. immédiatement, 
après-, ce ijuevfit auifi la Dft:o^>^^rô?..L!B^Jbrojxil-, 
latd ^^ant diâlpé <]ûelques hemes apii^^ ils, 
fe:^ t^^avèf ent dans un liaVre profond Se ^n^: eAvi-. 
ronnési'de tochersi entre iefquels ils avaient pa{]^; 
dans, l'obfiiruckérv 11^' le luixnniècent .bak\de X^Pro-, 
yi^Ace; ils reôràburenr que ce .poct éSftic. dast^. 
rUè d'ÇmalasAkdi Couverte. pii3r.içjst.Ru^> ^, 



XZ4 DÉcotrvER^TÉ^ iT Voyages 
qu il était* fitué au cinquante-quatrième d^gtédiit- 
huit minutes ktitude nord. Apiès un court fé- 
jour 9 '{>ook continua fa toute le long des côtes 
• d'Amérique, & donna des noms à plofieuis baies 
&àdes caps, quoique pendant une grande partie 
de 'te trajet, il ne pût approcher de la cotè.l 
caufe dès bas -fonds qui la bjprdaient. Les gens 
de 1 équipage péchèrent des plies ( pleurane3es^ 
hèppoglàffus^ & <les morues { gadus-morrhua^ . e» 
fi grande quantité ; que nôn-ïculcment ces pirit- 
fons foufBÎrent aux équipages une nourriture! firaî-. 
che & agréable, mais enccxte' on eh fala piôfieurs 
milliers, c^ qui fervit à augmenter leurs jMOvi- 
fions qui commençaient iènfiblement à diminuer,. 
Enfin, le capitaine CookittVfdL à la côte'd'Afie» 
mx foLxanté-âxt^lpne degi?é vîng&]»iic itniniites. Jbti-: 
tudé nord, Se cent quatre-yingtt^huitième degrétrois 
minutes longitude eft de Gre^nwick^^ s arrêt» fur 
cette ^ôte dans^m détroit 'quiféparel'Afie de TAmér 
rique* Ces^détroîts fur lacôte^d'Afie font iiabités 
par le$ Tfchucktfchi ^ qui vont très-fréquemment^ 
à la câte d'Amérique 5 quoiqu'ib.foienr fouvcnt^ 
en guette avec des habitansdex^ contrées* Qqnùxic 
les Améri<5ains du nord , loïfqulls peuplèrent cette*: 
partie du monde , travei'sèreDt.pxobablemeat ces; 
détroits -É^aùitclef :: Tfohuk^cAki :ofx idjeyjriskit ippe- . 
1er ées^ détroits jde leur ncunr Mxjs puifque noosi 
ignorons pu£ùteii|et}t lé^opii^ 4^^ta tribu qui iâs: 

traverfa 



•DANS L ]E N O K D. 215 

traverfa la première, & que d'ailleurs les Tfchuk- 
tfchi font une nation barbare & fauvage , ce dé- 
troit devrait peut-être être appelé du nom de 
Semen^Defchnew , un chçf des Cofaques ( ou 
Knfatfchid - Golau^a ) qui le premier alla en 
1^48, de Kolyma, avec deux kotfchi fîbériens 
< efpèce de vaiflcaù ) à la rivière SAnadyr & 
Olutora^ & fut conféquemment le premier qui 
navigua à travers ce détroit , ou bien on pour- 
rait leur donner ie nom de GeodûEJift''Gu>osdef ^ 
qui en 1730, navigua entre le foixante-cin* 
quième & le foixante-iîxièipe degré, & alla de 
la côte des Tjahuektfchi à une cote étrangère 
pppdfée à celle - ci. Néanmoins il conviendrait 
-encore mieux d'en faire une efpèce de monu- 
ment à la gloire du très-illuftre & très -grand 
navigateur Feit Bering en nommant ce détroit, 
détroit de Bering^ 

Quoique ceci puiffe fournir aux mal -inten- 
tionnés un prétexte pour les confirmer dans l'i- 
dée qu'ils ont de ma prétendue inimitié contre 
mon ami , l'immortel Cook\ je ne puis m'empê- 
<rher de m'élevcr contre l'abus qull y aurait d'ap- 
peler ce détroit de fon nom- Ce nom illuftre 
ne foxtira jamais de la mémoire des hommes^ 
quand mente il n'y aurait pas dans la mer du 
Sud' un détroit qui le portât. Cook connaiflait 
parfaitement bien et qui lui était dû. Il a ngm- 

Tomê II. P 



1X6 DÉCOUVERTES ET VOYAGES 

xné le détroit qu il a découvert dans la Nouvelle^ 
Zélande, défroîic de Cook, paxc^: que c'était le 
fruit de fes recherches & de fa pexfévérance. 
Il n avait pas coutume de moiflonner là où il 
n'avait point lènié , Se certainement ^ s'il eut 
vécu , )ï aurait re&fé m honneur qu'il favait 
bien ne pas lui appartenir, mais qui était d4 à 
un homme de mérite foà prédécefleor-, ôc il eft 
tr^s-poflible qu'il fe fut déterminé lui-même à 
donner à ces détroits le nom de Bering, Je me 
devais à moi-même cette digreflîon. Si quelques 
perfonnes difent que le nom de détroit de Caok 
eft préférable à celui de détroit de Bering que 
je propofe , j-obferverai que je me devais la fatis- 
Êatâion d'apporter les taifons de ma conduite 
dans cette circonftance ^ & de mettre le public 
dans le cas de juger qui de nous a raifon. Puifr 
que mes ennemis continuent d'afiiirer avec tant 
de chaleur, que ce font mes diffërens avec le 
capitaine Cook qui me déterminèrent à préférer le 
nom que je propofe pour le détroit dont il eft 
ici queftion *, je n'ai pas dû paffer (bus filence 
rette difcuflîon, que la malignité avec laquelle 
ils ont tâché de répandre cette fkuilèté dans 
le public , ont fur-tout rendue nécefTaire quoi-^ 
que je me fois formellement epcpliqué là-defliis, il 
y à déjà plufîeurs années. 
' Mais revenons à notre fùjet. Au milieu du dé* 



DANS JLB NOJRD* xij 

troit on trouv/e trois petites îles. Cook rangea la 
cote de ïkxnénc^ jufqu au foixante-cUxième de- 
gré quarante - cinq minutes latitude Xioxà * & 
cent quatrcrvingt-dix-huit degrés longitude eft de 
Gremwichs alors il fc trçfuya entièremenî; enyi- 
ronné de glai:$s, «c il m put ni avancer pl4s loin 
vçrs le nord , ni mîmt continuer fa route U long 
de la cètc , car la gliu:e pnfermaît prefque de 
tous côtfis une pointe de terre bafle & déferte % 
t|u'il appela à caufe de cela cap de Glace ( Ice Cap,} 
Après avoir fait route pendant quelques jours le 
long de cette glact^ il revint à la cote d'Afie, qu'il 
rangea & rentra bientôt après dans le détroit. La 
mer dans c« détrmt n'eft pas profonde , ni la 
terre fort élevée*, mais plus au fud la hauteur 
des terres & la profondeur de la mer augmentent* 
Cook revint à Oonalashka 5 dans la baie de la 
Providence , que les habirans appellent Samga^ 
nàoodha* Là il s'entretint avec quelques Rufles 
quil chargea de lettres pour M. Stephens y fc- 
crétaire de l'amirauté d'Angleterre 5 & le cheva-^ 
lier Jarne^ Harris^ alors ambafladeur d'Angleterre 
à la coiir de Ruflîe. On pécha dans ce lieu une 
grande quantité de faumons, de truites & de plies. 
Un de ces derniers poiflbns pefait deux cents cin- 
quante-quatre livres. Enfuite il dirigea vers les îles * 
<Je Sandwich p qu'il avait découvertes précifément 
avant fon arrivée à cette côte. Il exagiina cçf 



128 DÉCOUVERTES ET VotAGtt 
îles pendant fix fcmaîncs & tiouva que leur nom- 
bre était de quinze (a). Il s y procura toutes (brtes 
de fafraâchifTeniens &fut fîngulièrement bien reçu 
par les babitans qui lui rendirent des honneurs 
prefque divins. Après qu'il eut pris des xafitaichiflè- 
mens , il repartit au commencement de février ; 
mais le mât d'avant de la Réfolution s étant caffê , 
il retourna à l'île ^O^x^hyhet. La réception que 
lui firent alors les babitans fut tout*à-fait difië- 
rente de celle qu'ils lui avaient faite précédem- 
ment. Enfin, on vola le cutter de la Découverte ^ 
dont il était <lîfficile de fe pafler dans un voyage 
comme celui-là. Le capitaine Cook alla ^irouver 
le roi Terrteoboo pour l'engager à venir fur fon 
bord , fe propofant de l'y retenir |ufqu'à ce que le 
cutter fût rendu. Msds le roi avait de l'éloignement 
pour cette démarche. Pendant ce temps -là un 
des chefs de ce peuple reçut un coup de (ufBi 
de quelqu'un des gens de l'équipage qui avaient 
été envoyés dans les autres barques -, ces faiivages 
commencèrent à lancer des pierres au capitaine 
Cook qui voulant venger cet outrage, tua un 



(^z) Cependant le capîtaioe Cook lui-ni£me laiflè ce 
nombre indéterminé. Le leâeur s*apperçoit sdfément que 
ce récit du troîfîème voyage de Cook fvt écdc avant la 
publication de la relation écrite par lui-même & par k 
capitaine King. 



r 



15 A K S L E No R Oi *X^ 

des aggreflêurs. Il vit alors- le danger où il' fe: 
trouvait, & fe hâta de revenir vers les chaloupes^ 
mais un des chefs le frappa par derrière*entrè les^ 
deux épaules avec un large- ^poignard, dont le 
capitaine* Cook hii-même lui avait fait préfent; 
Cook avait cependant encore^ affez de force poui^ 
marcher vers le rivage, mais ii fat renvcrfé â^ 
terre à coups de pierres & d'aflbmoir5'/'&: fut 
tué. Ainfi périt cet illuftre navigateur, fi ^uflemélir 
admiré» 

Si nous cônfidérons fa capacité' natifrelfc &: ccr 
îjue l'étude y avait ajouté, fa fermeté & la cons- 
tance de fon courage , fes foins vraiment pater- 
nels pour l'équipage ^ on lui avait- confié V W 
manière avec laquelle il fiit gagner raffîklë dé* 
routes les nations grofBèfes & fauvages, K fa con* 
dttite même avec fes amis & fes connatifances i 
nous avouerons fimsi diffi^lté , quil^ Àqir êtro 
nd$^ au hombre des pius-gsafids hommes de fon 
fiècle-, ce qui juftifie les larmes que.! amitié ré-- 
pand fil* fa tombe. ïi n'était* pas exempt de dé^ 
fiiutsymatt ils étaient bien furpaffôs pas fes gran- 
des (plantés. H- tù, bien- malheureux qu^it n'ait 
{^à^ eu avec lui dans fon dernier voyage, un ami 
qui. par & fageflfe St par fe. prudence , aurait pix^ 
ie contenir & fempêcher de donner l'efTor à fe$: 
palfions qui lui devinrent fi nuifibles Se causèrenr 
ia pertes 

Fiij; 



^}d DécOUVERTES ET VoVAÔESf 

. Le tapitaine CUrke devint alors le premier 
capitaine ^, & le lieutenant Gare le fécond. Leur 
premier foin fut de pourvoir à la fureté de ceux 
de leurs gens qui fe trouvaient à Tobfervatoire^ 
^nû que de ceux qui étaient occupés à réparer 
k mal â( à remplir d'eau les tdnneaux. Une grêle 
qle piei^res & d'autres aâics de violence l^ em- 
pêchèrent de prendre de TeM s itiais ils vengèrent 
fat ces peuples la mort de leur iUuâxe capkaine 
& les outrages qu'ils en avaient reçus. S'étant 
pourvus e^ite dans les. autres^ iles de ce' qui 
feur était . néceffaire & fur - tout de prdvifion» 
fraîches 5. ils fiient route pendant quelque temps 
à l'oûèft, enfuite droit w Kath^/ch^tka où ijLi 
eôtrètem dans le poi?t é* /éu^atska ^, €m Saint- 
Pierre & Saiat-Paul» le jo' d'avril^ la RéTolution 
y était arrivée quelques JQiirs ^Upwavant. Ils prirent 
U des provisions SÇ. de$^ ràfrau^hifrenteiis jde^ tsmtfi 
•fjpèçé , #£: ir€np(iretit à U Voilé le t%.ât juin ^ 
mai^ ils ne purent ibrtir de la. baie à caqfe des 
vents contraires* Le 15, il fitreht furpris par Vé^ 
ruption <l'4in Volcan » qui remplit l'atmofphèr^ 
de cendres Se en couvrit te pont de Iftur .va^T^ 
feau d'un pouce d'é^^fleur» quoiqu'ils fiiilGbit 
à huit lieues à l'oueft-fud-oueft de ce volcan, ÎU 
entendirent un bruk terrible , & reçurent une 
grêle de pierres-foncés de la groflèur d'une floif- 
fette. Le foir du même jour , ils eurent du ton« 



DANS r.E Nord. :cjr 

oeire 8c des éclaits. Lelendemaîn Us contiûuèrenr 
leur voyage. Il s'éloignèrent peu du rivage pen- 
dant leur route, & ils virent fréquemment du boi«^ 
flottant & dés baleines. Il repayèrent par le dé- 
troit de Bering y & fe trouvèrent dans les glaces^ 
fiir la. cote de fAméfique, au-delà du foijtiante-^ 
disxième degré ; cette glace était très - folide & 
s'étendait comme tfné vafte plaine fur cette mer 
peu profonde , & qui n a guèife que vingt - dnq^ 
à vingt-fcpt braffes de fond. Us viifent encore iftfc 
grand nombre de morfes, ils en tuèrent quelques- 
uns. Ik virent àtt côté dé Teft plufiéurs ourst 
blsmcs courir fur les glates. Ha obfervèrént auflS 
quelques albat^d&s & la mouette Uanche ( lariiS" 
eburneus ) que le capitaine Pkipps avak auflî ob- 
fervée près du Spît7;herg ^ ainû que* la bécaffihe 
grife {tringa loûata)^ Aidts ils allèrent à la côt^ 
d'Afie^ & en: fuivirent 1er cours jufijuW détroit. 
Us virentf les iies" fituéa^ dans ce détroit y & lé 
ttemps^'étant échirci, ils découvrirent les rîvages^ 
des- deux continâis: qui né font f(^arés Fon dèt 
Tautreencet efià:<»tqùé^devi»gt^lwic lieues^. teUfS'^ 
^ vatflèaux étaient en très-mauvais état , & pkifieur^ 
perfonnes 'de Téquipeger étsmr tombées malade^ »• 
on prit la râblution de jetomner dans le port 
de Saint-Pierre & de^ Saifit-Pkul au Kamtfchatka^ 
Ce fut à la vue de ce port que mourut le^ capi- 
taine Clerkey dans \% trente- huitième' année de: 

P \^ 



Ijl DÉCOUVERTES ET VoYAGB^ 

fon âge. C'était un homme d une grande capa^ 
cité- Il avait été élevé dans l'académie de la m*- 
xine à Portsmoutk. Il avait été pilotin* Dans la 
guerre de 175^ « <lans un combat il était placé 
fur le mât de mifàine , le mât fiit rcnverfé , CUrke 
tomba dans la mer s tous les matelots qui étaient 
avec lui furent noyés , lui feul échappa de ce 
danger & fe fauva en s'attachant aux cordages 
du vaiflèau. Il fit fon premier voyage autour du 
monde avec le commodore Syron ^ depuis l'an-^ 
née 17^4 jufcjucn 17^^^ le fécond avec le lieu- 
tenant Cook 9 en qualité de contre>maître , dans 
les années 17^8^1771. Dans fon troificme voyage 
il partit comme fécond lieutenant avec Cook » 
le voyage dura depuis T^née 1771 ^ufqu'en 177 S ^ 
Ce fut en qualité de capitaine qu'il fit, fon der- 
nier voyage. Il calcula pendant fon fécond voyage 
des tables d'éphémérides pour deux ans. C'était 
un officier intrépide & confommé dans la fcience 
navale^ il était d'un caraâère plein de feu qui 
approchait un peu de la légèreté 5 mais il était 
mêlé de bonté &c de beaucoup de grandeur d'ame» 
Les écarts de fa jeunefle l'avaient énervé à un tel 
<}egré , qu'il fuccomba dans ces firoide^ régions ^ 
smx attaques réitérées des maladies & de l'intem^ 
périe du climat. M. Gore prit alors le comman- 
dement de la Réfolution , & plaça M. King ^ 
comme capitaine à bord de la Découverte. Ils 



DANS Li? Nord.' . ij.j 

prirent foin des malades à teitt , réparèrent leur* 
vaifleaux, & après s être bien rétablis, ik remirent 
à la voile le ^ d'oétobrc 1775, & , fuivant le cours 
de la côté , ils pafsèrent par les îles Kuriles , & 
apperçurent le Japon 5 après cela ils pafsèrent au 
travers 'd'une grande quantité de pierres-ponces, 
ètifuite entre le vingt-cinquième degré cinquante- 
fix minutes & le vingt-troifième degré cinquante- 
fix minutes , ils virent un volcan qui , félon toute 
apparence , avait vomi ces pierres-ponces. Le pre- 
mier de décembre, ils arrivèrent à Macao, où îls 
fe procurèrent des rafraîchiflèmens & des provi- 
fions , & partirent delà le 13 janvier 1780. le 
Il d'avril, ils étaient à la baie de Simon au cap d« 
Bonne-Efpérance. Le 11 de, mai, ils reprirent leur 
voyage & arrivèrent le 22 d'août aux OrcaJesi 
enfin , le 4 d odobre , ils fe trouvèrent à Note , 
après une abfence de quatre ans, deux mois 8c 
vingt-deux jours. ' 

XXXVIIL Pendant ce voyage entrepris pour 
la découverte dun paflâge atl Nord entre TA fie 
& TAmérique , l'amirauté envoya le lieutenant 
Richard Pickerjgill , fiir le brigantîn le Lion , au 
détroit de Davis, dans lé deflcin de voir s'il était 
pollible d'y découvrir un paflâge. Mais l'ami- 
rauté commit plus d'une faute, en cette occa- 
fion, dans les mefures qu'elle prit. Le lieutenant 
Picker/gill avait fait un voyage autour du monde 



zj^ Découvertes et Vo«ages^ 

en qualité de pilotin ^ fous 1& capitaine J^alliSf, 
depuis les années ij66 juf<)u'en 17^8 ; enfuite 
il avait été . det» fois autour du monde avtc. 
Cookj depuis Tannée 176^ )ufqu'ea 1771 ,& de 
177 1 à 1775 , la première' fois comme contre- 
maître 5 & la féconde en qualité de lieutenant.. 
Il était fort inftruit dans fon état^ & était ca- 
pable 5 comme Cook y Clerke Se beaucoup d autres 
officiers de la marine Ânglaife, de Êiiredes ob-^ 
fervadons agronomiques » il iavait en outre lever 
les cartes avec beaucoup d*exaâitude. Mais dans^ 
deux ou trois occafioas^ lorfqille Cook emporté 
par la colère avait traité txès-dusemeat les Iku-^- 
tenans& les autres officiers 5^ ii lui étak anivé de 
s expliqui&r librement fut un traitement aixffi peo^ 
convenable* Ceci- &; te penchant trop vif quePio 
kerfgill avait poui^ Us Uqueuis festes,. (enablûont: 
être des raifons pour <^'il* ne fut pas élevé, comme: 
les deux premiers l\eutenans , au grade de capitaine- 
du troi£ème rang ou de maure & commandant.^ 
Le caraâèie aigre àt Pickerfgill le rendsût moin^ 
zélé & moins attentif aa (èrvice , Se l^engàgesdr 
plus Couvent que jam^s à noyei; fon^ cbsigsia dan» 
le vin» 

Le vaifièau co^i àr fes (bins » avait dé)à éc^ 
employi^ par lamkaucé peâdant quelques années: 
pcHir examina les cotes de Terfe-NeuveSc deLa-- 
brador y cette expédition avait été confiée à Michei 



X>AN8LB NOBD. ajj 

Lanty lotfque Cùok^ qui avait toujours été em- 
ployé à leconnaStre les cox^ de Terre-Neuve & 
à lever k càirte qui ks devait repréfenter^ fut en-- 
Voyé dans la m^ du Sud. Ce Lane avait eu con- 
féquemntent, le conKmandement en chef du Liqn^ 
pendant pluâeUrs années ^ & devenait alors iîmple 
imutre du même vai^ièau & fubordonné au lieu- 
tenant Piek^rfgilL C'était bien fait pour bleflct 
rànKnu-propf e de Lane. Deux hommes aufli char 
grins & aùffi méçontens devaient nécefTairemeti^ 
kxtt à charge Ton à i'autie » mais le caraâère ou- 
vert & ficanç d4 lofficier fupéneux donnait plus 
de prîTe à Ltjgier^^ était très - siécofitenr^ àc 
d'ailleurs plus. ciic(%fpeâ 8c plus diûimulé que 
le nouveau <:apitdine« Il était donc «npodiblç qu il 
^Vékvât pas de fréquentes diiiêtitions. entr'eux. 
fUkerjgdl fit fentii^ à lautt c <^'il était fon fupé- 
tieuf. XoM h fOufB&t «a filencc» «uùs il recueillit 
«ne -multitude <le petites ohfervatkns qui donnè- 
rent, IcMrfquil ât fes plantes yr beaucoup de dé^ 
lagrément à Plthir^Ui ^ car Tannée adaptés Iç 
coflfintandenieAt lift lut oté iC donné à Laney 
£n^, Piehsr^ill (at «ntiètement négligé par la- 
mirauté , ^n ' ccxiféquence de quoi il accepta k 
oommandémeat dun. Vs^fleau dasmatettr, & une 
fois» en allant à bordr dé -fon vaiifeai^, pendant 
Jâ nuit ^ le pied lui glifTa , il tomba dans la T^ 
^fe & fut ntiyé. . : 



if^ DéCôtrVÊRTÈS Et VôTAGÊS 

Le lo de juin 177^5 Pickerfgill pâflà prfe dcr 
Sorlingues. Le 19 avec trois cents vingt & deul 
cents qoatre^vingt-dir braffa; de fonde, il trouva, 
un fond de fable au cinquante*- fkième degr^ 
trente -huit minutes latitude nord, & au dix« 
(êprième- degré quarante - quatre minutes à Toueft 
de GreertH^zch ; ce qui Fepgagea à nomn^r cette 
terre le^ banc du Lion , & fur-tout parce qu it y 
trouva, ce qail effi fort ordinaire de trouver fuf 
tous les bancs de la mer, une grande quantité 
doifèaux de^mer, covtmit Aes goélands^ des pton^ 
geons, &c. &c. Bientôt après, U ne- trouva plus- 
de fond & ne» vit plus doifeaux. Le 7' de jmlleti;. 
a était à hr hauteur Ai cap Furewéll^ 8r le 12». 
i la vue^ du cap de la Défotatiort. Alors il' ran^ 
gea la cote du Groenland. Le 17 , il entrât 
dans une pafle qui! npmma Muskita - Covt ^ 
fîtuée au foixantc-quatrieihe degré Ginquantc»fcpt 
minutes latitude nord , & cincpiante-deuxième de»- 
gré cinquante-fix minutes Se demi« longitrae oueft 
de Grtentf^îek.An cinquante-neuvième degré trente 
minutes longitude oueft. Se feixânte- cinquième 
degré trente -huit minutes latitude nord ,. il ft 
trouva près d une vafte plaine de glace ^ derrière 
laquelle il vit quelque chofe qui avait Ts^parofice 
d'une terre. Le 4 d'août à minuit , il étairpar le: 
foîxante - huitième degré (^atorze minutes lati- 
tude nord^ & le cinquante-^huitième degré cinquante 



\ 



ISkVs L s Nord* tj^ 

nmutes longitude oueft» il vit une tiès- grande 
quantité de g]ace qui le fit tourner au fud. le 
X j 9 il vit une terre qui lui parut comme des 
îles vers le foixante - cinquième degré trois mi- 
nutes latitude nord, £^e cinquante-quatrième degré 
deux nùnutes latitude oueft, il prit beaucoup de 
plies. Enfuite il alla lut la côte de Labrador ^ 
doû il partit le 2^ feptembre^ & arriva enfin, 
iàns accident 9 en Angleterre. 

XXXIX. PickerfgiU ayant perdu ^ par fes diiSFé- 
xens avec Lane ^ le confunandement du Lion ^ 
\oià Sandwich le donna à ce dernier {a) ^ qui 
partit pour \t même objet & revint Ikns avoir 
découvert 5 autant que j*ai pu l'apprendre ^ aucun 
paflage^ ni rien de femblable {b). L'hiftoire de 
ces voyages étant fiir le point dctre publiée, 
fous Tinfpeâion du confeil de l'an^irauté, nous y 
trouverons probablement des cpnnaiflances parti- 
culières concernant l'expédition dç PickerJgiU & 
de Lane. L'objet du gouvernement était que ces 
dieux expéditions pulT^t s'aider mutuellement $C 
■ ■ — ' ' ■ 

\d) Nous (avons , d'après une melUeure autorité « qu'O 
iiit donné au capitaine Young. Voyez Tlntroduâion au 
dernier voyage de Cook. 

' (*) Ceft encore une erreur ; car nous favons certaine* 
ment que Pickerfgill nt fut pas envoyé pour la découverte 
d'un pa&àge , mais feulement pour examiner les câtes de 
la baie de fiaffio* Uid, 



1 



coopérer a la découverte d'un paffàgc , s'il étaîl* 
poffiblc. 

Quoique les Anglais ayent dépenfé des (bmmes 
îmmenfes depuis deux cents ans pour trouver le 
paffage en cjueftîon , ils n ont cependant pas été 
heureux dans leurs entreprlfes. S'ils y réuflîflÈdent, 
la nation Anglaife tirerait de cette découverte 
des avantages infinis > 6c elle pourrait étendre fon 
commerce beaucoup plus que celui d'aucun autre- 
peuple de TEtirope , pourvu qu'il lui fut poflîble 
de le conferver pour elle feule. 

■ H lli U II II1I1 I U JWIJU ■lllllil II Vm 114 ■ 



CHAPITRE U. 

J^écouvertes faites dans le Nord par Us 
Hollandais. 

L-i A cruelle tyrannie que Philippe II, roi d'Efpa- 
gne, exerçait fur la religion & la liberté civile de 
fes fujets des Pays-Bas , ne laiflàit à czs peuples 
opprimés que le choix de la mort ou de l'efcla- 
vage. Cette fîfuation leur infpîra la réfolutîon de 
défendre de tout leur pouvoir leurs droits & 
leur liberté, droits qui étaient ceux de l'humanité 
entière. Ils virent au0î que le plus iur moyen de 
zéfifter à la puiffance de l'Efpagne , qui était alors 
grande & formidable , & de fe procurer en même 



temps 1» force nécei&irç pour . fedye une vig^u-» 
xeufe réfiftance, était de découvrir une route aux 
Indes 9 çomrée où ils pourraieni;» non^feulement 
^tftaqu^ leurs ennemis, mais encore s'enrichir. 
La route ordinaire aux Indes par le cap de Bonne-' 
Efpérance leur paraiiïàit d'abord trop longue , & 
d'un autre côté 3 les Efp^ignols & les Portugais 
fournis alors au même maître , étaient en pofTef* 
iîon de tous les ports où l'on pouvait trouver 
de l'eau & des ptovilions» ainiî que des ports 
pour relâcher pn cas de belpin. Conféquemment 
il n'y avait pas de meilleur moyen pour aller aux 
Indes Orientales, félon l'opinion de ces temps-là, 
que de découvrir une nouvelle route qui y con- 
duisît. Les Anglais ayant déjà fait quelques ten-^ 
tatives depuis l'année 1553, pour trouver un paA 
fage par le Nord, à la Chine Se aux Indes, il 
itait naturel que les Hollandais animés alors de 
2:èle , d'aâivité & de courage , penfallent dès ce 
temps*- là,. à chercher auflî ce pafTage. De forte 
que l'iotérêt & l%trop puiflànt* motif de la ven- 
geance furent les principales caufes qui enga^ 
gèrent des marchands des Provinces - Unies à 
entreprendre des voyages au Ndrd, & quoiqu au- 
cun de CCS voyages n'ait eu de fuccès , puifque 
les tfoUandais allèrent bientôt après aux Indes 
par le cfip de Bonne-Efpérance , & qu'ils en tirè- 
rent des avantages qui furpa^çrent de beaucoup leur 



1 



t^o DÈcoûVfiRTES it Vôtkàus 

attente , on ne peut nier que ce peuple n'ait 
contribué, après les Anglais, plus que les autres 
nations de l'Europe, aux connaiflances que nous 
avons acquifes fur les contrées du Nord , & fur 
les peuples qui les habitent. 
; L Baleha^ar Moucheron^ marchand.de Mid- 
delbourg en Zélande , propoCi de tenter d'aller à 
la Chine & au Japon par le Nord. Dès l'année 
15«^3 , quelques marchands s'afibcièrent pour équi- 
per un vaifTeau de la Zélande, quelques autres 
marchands à*Enkhuyfen Se £ Amfierdam fe joi- 
gnirent à ceux-là , & tous enfemble avec le fe- 
cours de leurs hautes-puiflances les Etats-généraux, 
& de Maurice prince d'Orange & de Naffau, 
grand -amiral, ils équipèrent trois vaiffeaux. Le 
vaifleau de la Zélande était appelé le Cigne^ celui 
d'Enkhuyfen, le Mercure ^ic celui d'Amfterdam, 
le Boot ou le Meffager. Le commandement du 
premier fut donné à Cornelis - Comtlijjon Nqyj^ 
qui fiit auffi défigné amiral de cette expédition \ 
Brand-Ysbrands ou Tetgàles 0,£\it capitaine du 
vaifTeau d'Enkuyfen, & Wilhelm Barent^y de 
Schellingj fut capitaine de celui d'Amfterdsun. On 
parle de ce dernier comme d'un homme d'un très- 
bon jugement & fort adif , & qui avait une con- 
naiffance parfaite de la navigation. Gérard ( Getr 
rit ) de f^eere , écrivit l'hifloire des voyages -de 
Barentz> & Jean Hugh van Linfchoten donna la 

relation 



/ 



DANS LIÉ Nord. 141 

relation des voyages des vaifleaux de Zélande 8c 
d'Enkhuyfcn. Barents^ avait avec lui , outre fon 
propre Vaiflèau, un jracAt de pêcheur de Schelling^ 
en cas quil fe féparât des autres vaifleaux. Le y 
de juin 1554, ces vaifleaux, excepté celui d'Am- 
ftcrdam, partirent enfemble. Le 23 du même mois, 
ils arrivèrent à Kilduyn en Fimmark, ou Laponio 
Rufle. Le 25 j Barentz avait remis à la voile, & 
il était convenu qu'ils fe rencontreraient à Kil- 
duyn , au cas qu'ils ne fe viflent pas près de 
Jf^aigat:^. Il y a une bonne pêcherie de morue 
à Kilduyn. Les autres vaifleaux mirent à la voile Iç 
2 de juillet. Le 4, ils étaient à vingt-fix lieues de 
Kolgoy, où ils virent une grande quantité de glace 
& de phoques. Dans toutes les parties de cette mer, 
ils avaient le fond à cinquante, foixante & foi-» 
xante-cinq brafles. Le 14 de juillet, ils chaC- 
sèrent une jeune baleine jufqu à ce qu'ils l'euC 
lent fait écjiouer fur le rivage. Cet animal avait 
trente-quatre pieds de long & fa queue huit pieds 
de large. Le temps était auflî chaud qu'il l'eft 
ordinairement en Hollande dans la canicule. Les 
gens de l'équipage étaient fort tourmentés des 
couiîns. De Swœtoinofs à la Petfchora l'eau de la 
mer eft chargée, trouble & très-peu falée, à caufe 
de la grande quantité de neige fondue qu'elle 
contient. Ils rencontrèrent beaucoup de bois flot- 
tant. Ils trouvèrent fur la côte de l'île de Waljats 
Tome 11% Q 



I4i DÉCOUVËHTES 15T VolTAGËS 
de grands monceaux de bois, & de~gxands ar« 
bies, quelques-uns avec leurs racines i ces arbres 
étaient couchés les uns fur les autres, comme s'ils 
avaient été entailës à defTein. Ils conclurent de 
ce qu'ils ne voyaient point de forêt fur cette 
côte, que ces bois venaient dif continent. Ils 
obfervèrent que cette contrée était couverte d'une 
belle verdure émaillée de toutes fortes de fleurs 
êc ou il s y trouvait une grande quantité de plantes 
^ fur^out de porreaux. Le temps était chaud & les 
confins fort incommodes. Les vaiffeaux avaient 
paffé entre l'île de Nf'aijats & l'île du Sud , & 
tios navigateurs cherchaient alors un pallàge 
«u fud de l'île. Us trouvèrent une terre qu'ils 
prirent pour une île, ils y virent plus de trois 
ou quatre cents idoles, quelques-unes mâles & 
d^autres femelles *> d'autres repréfentaient des en-- 
fans ', enfin, il y en avait à quatre Se à huit faces, 
maies & femelles. Toutes ces idoles avaient le 
tifage tourné vers l'orient , & il fe trouvait i 
leurs pieds une grande quantité de bois de 
sennes. Quelques - unes de ces figures étaient 
vieilles 8c toutes brifêes, d'autres étaient nouvelle- 
ment fculptées. Il me paraît probable que les 
Samojedes qui ont coutume d'errer dans ces con- 
trées , avaient fculpté ces images en mémoire de 
leurs parens, de leurs femmes & de leurs enfans, 
de point du tout dans l'intention de les adorer 






D ANS t fi NOR D. ^ 14} 

comme des idoks* Les nations que nous avons 
vues dans la met du Sud^ avaient, fur les tom- 
beaux de leurs princes, la même efpèce d'images 
fculptéesdes deuxfexes, pour conferver leur mé- 
moke; ces peuples avaient auflî coutume de leut 
ofl&ir des alimens. Ils nommaient ces figures Tihfu 

' ou Ames. Les Hollandais, croyant que ces figurés 
étaient des idoles, nonunèrent le promontoire fiir 
lequel ils les avaient trouvées , Afgoden^Hoek ou 
le Cap des Idoles. Mais les Ruffes ne paraiflentj 
pas avoir tonfidéré fi férieufement ces figures, car 
le nom de Jf^aijatlNoJs , Promontoire des Image? 

, ou Promontoire fçulpté, montre clairement qu'ils 
ne le^ prenaient pas pour des idoles. Du refte 
une période de plus de deux cents vingt -hiuic 
ans s'étant écoulée depuis que les Ruffes virent 
les premiers ces images (en 15;^) & qu'ils don- 
nèrent ce nom au promontoire , il peut s'être fait, 
de grandes altérations dans les coutumes de ces 
peuples. Us ont aujourd'hui un Dieu fuprême & 
bon , & un Dieu filbalterne àç méchant. Les 
Koedefnicks ou Tadebes , efpèce de prêtres ou 
favoris du mauvais efprit, leur cohfeillent de por- 
tesc avec eux une certaine efpèce de petites idoles, 
dont cependant ils fi^nt peu de cas. Peut-être; 
que les Ruffes qui les premiers ont découvert les 
Samojedes, auront montré leur répugnance peut 
ces prétendues idoles , & qu'ils l'aui^t mcrm 



^44 DÉCOUVERTES ET Vo5'AGÊ5 
exprimée d une manière un peu énergique , car 
il arrive quelquefois que le zèle pour la religion 
éclate en menaces & même en violences y delà 
hs Koefdefniks les auront engagés à n'avoir plus 
d'auflî grandes images pour éviter d oflFenfe]; les 
Rufles, & qu'ils leur auront confeillé d'en avoir 
de plus petites qu'ils pourraient porter avec eux-, 
que de cette manière les RufTes ne les verraient 
pas & qu'ils ne féviraient pas contr'eux. Du refte 
il eft certain que lorfque Burrough vifita la Nou- 
y elle - Zetnble en 155^, il apprit le nom de 
Waijat ou Jf^aigati^^ de Lafchak\ qui était né 
en Ruflîe -, conféquemment les Hollandais ne furent 
pas les premiers qui {a) découvrirent ce détroit ni 
le promontoire. La glace donna beaucoup de peine 
^ aux Hollandais. Ils prirent terre fur le bord méri- 
dional du détroit où ils furent fur le point d'être 
détruits par quçlques fauvages. Enfuite ils conver- 
sèrent encore avec d'autres Samojédes qui cepen- 



. ^a) Le vrai détroit de Waigat^ auŒ nommé Hiti" 
loperiy t^ près du Spîuberg, & iitué entre le vrai Spit\' 
herg & la partie orientale de cette même contrée ( qui 
^ auffi appelée New Friejland & Sudojlerland) & l'île 
i^pelée Nordqflerland. Ce nom a été donné en effet au 
détroit près du Spit\berg à caufe de la violence avec 
^laquelle le vent du fùd y (buffle. Car Waaleh fîgnifie 
fbufflet avec force, & Gat veut dire détroit 4 ouverture; 



DANS L 1 N O R Ûi 24f: 

datit entendaient la langur ruffe; L'eau de la mei? 
au - delà du détroit avait la même couleur Se le 
même goût que celle de rOcéan.'^ Ils naviguèrent le: 
long de la côte de la Nouvelle-Zemble ^ Se ne 
virent ni havres, ni pafles. La grande quantité 
de glace les obligea à revenir fur leurs pas. Mais 
lorfquelle fut un peu difperfée, ils reprirent leur: 
route, & lorfquils furent à la diftance de qua^ 
rante lieues de Wàigatz, ils trouvèrent une mer 
bleue & profonde & peu de gllbe -, ils virent 
auffi la côte au-delà d'un certain point qui s'é- 
tendait plus au fud-eft, & conféquemment vers 
la Chine. Ayant Êdt^ cette découverte , ils fe- 
hâtèrent de retourner en Hollande pour être les: 
premiers à porter cette bonne nouvelle. Ils traver- 
sèrent encore le détroit de WaigatTi , auquel ils 
donnèrent le nom de détroit de Naflau *, & l'ife qui 
cft précifément devant Waigatz, Us la nommèrent 
île der Etats. Ils appelèrent Doîgoi- Ofirof ^ 
Mauritius , ils donnèrent le nom d'île d'Orange. 
ai une petite île près d'Olgoi-Oftrof, Se appelèrent 
le continent Nen^ - Jf^alcheren. Ib traversèrent 
alors le golfe qui conduit à la mer Blanche^ 



ConfSquemmetit on pourrait le tr^^dùîre WindhoU^ paf^ 
fiige dû yent, maïs le mot ruffé W'aijat a une autre orvi- 
gine, Voyei la note, pagn 27* 

9^ H 



1 



i4^ DéCQUVEKTlS ET VoYAGES 
pafscrent par Kilduyn & entrèrent dans le îf^ardr 
huys^ delà ils re>rinrent enfin en Hollande ^ramixai 
prit le chemin de la Zélande 5 les autres capi- 
taines entrèrent dans le TexelSc arrivèrent le z^ 
feptembre à Enkhuyfen. 

Barentz qui avait pris une route toute difFé- 
jcnte arriva à la côte de la Nouvelle - Zemble 
le 4 de juillet, près d'une pointe de terre à laquelle 
U donna le nom de Langenefs , fituée quelque 
part à loueft d^ cette maffe d'eau qui divife Tîlc 
de la Nouvelle - Zemble. Il rangea la côte & 
jiomma une baie qu'il y rencontra , la baie de 
io/Tïjjparce qu'il y vit une grande quantité d'oi- 
feaux de ce nom. Ces oifeaux ont le corps fort 
grand & les ailes très- petites 9 ils bâtiflent leurs 
nids fur les montagnes les plus efcarpées pouc 
fe im^ttre en sûreté contre les animaux Ils ne 
pondent qu'un œuf qu'on pourrait leur enle- 
ver fans qu'ils s'envolaffent. Ces voyageurs vinrent 
cnfuite à une île qu'ils nommèrent île de ï Ami- 
rauté. Au foixante-quinzième degré vingt minutes 
latitude nord , ils trouvèrent un promontoire qu'ils 
appelèrent Zwartenhoek ( Pointe-Noire ) , & aii 
foixante-quinzième degré cinquante-cinq minutes^ 
ils virent l'île de William , ils y trouvèrent une 
grande quantité de bois flottant & de morfes. Us 
nommèrent Berenfon un havre au-delà de l'île de 
,\(^illiam ^ où ils avaient tué un ours blanc. U 



DANS tt Nord. 247 

trouvèrent dans une île deux grandes croix, ce 

^ui leur fit donner 4 cette île le nom d'île de la 

Croix. Ils nommèrent une pointe de terre au foî« 

xanre=-feiaflènîe degré trente minutes. Cap Naffau^ 

Delà ils allèrent à Troojihoek & à Yshoek ( Pointe 

de glace ) & aux îles d'Orange. Ils revinrent en- 

fuite fur leurs pas, & repafsèrent par tous cef 

lieux que nous venons de nommer, &: arrivèrent 

à une île fituéc au-delà de Langenefs , au fud- 

oueffi, à laquelle ils donnèrent le nom d^le^Noire 

à caufe de fà couleur. Enfuite Barentz entra dans. 

une paffe qu'il fuppofa être le même lieu oà 

Olivier Bennel avait relâché précédemment , ^ 

auquel il avait dxMiné la nom de Confiant' Searck 

{Confiante-Recherche) {a). Sur un promontoire 

un peu plus loin, il vît une* croix, ce qui lui fit 

donner , à ce promontoire, le nom de Cruyshoek 

{ Pointe de la Croix ). Enfuite il entra dans la 

pajfe Saint- Lauren:^^Hoek , & en vit une autre 



(^ Il èA très^viAeftt (}ue les nav^teurs, qui avaient 
£lé dans ta Nour^éZemble axrant Barentz ^ étaient Afi#» 
glais; carie nom^ d*Otmer Bennel ell entièrement anglais, 
ft le nom de la paflè qiic Barentz appelle Confiînt-Sarch^ 
ne peut être pris pour un autre que ConJlantSearch. Maî» 
on ne peut aifSment déterminer, dans lequel des royz^9^ 
<mapà% fsûts par les Anglaîs dans ces lieux , cet endroit a 
été nonoimée ainfi, ou fi Olivier Bennel aura entrepris un^ 

Q iv 



245 DÉCOUVERTES ET VoYAGlS 
trois milles plus loin nommée Schanshoek. En, 
s'avançant toujours plus loin, il découvrit un havre 
beau & sûr , fur les bords duquel il trouva de 
la farine-, il le nomma, pour cela, Meelhaven^ 
enfin , il vit deux petites îles auxquelles il donna 
le nom d'îles de Sainte - Claire. Arrivé aux îles 
Matfeoi&c Dolgoyy il rencontra les vaifleaux de 
la Zélande & èiEnkhuyfea qui étaient précifé- 
ment revenus de W^aigat7;^.\.z% équipages de ces 
vaifleaux croyaient que Barentz avait feit le tour 
de la Nouvelle-Zemble. Après s'être félicités mu- 
tuellement de leur heureufe rencontre , ils prirent 
tous enfemble le chemin de la Hollande. 

IL En 1 5 9 5 » fept vaifleaux furent équipés , 
deux à Amflérdam , deux en Zélande , autant . à 
Enkhuyfen & un à Rotterdam 5 le 2 de juillet , 
ils partirent des Dunes-, le 17 d*août, ils trou- 
Yereht des glaces en grandes maflès. Le 18, 
ils virent l'île Mauritius ( pu Dolgoi-O/lrof. ) Le 
19, ils étaient vis-à-vis du détroit de Tf^aigatT^y 
mais ils fe troiiî^èrent bloqués par les glaces. Ils 
attendirent dans quelques paflès & devant le dé- . 
troitj mais la glace continua long- temps ,& le 



voyage dans le deSèîn de faire des découvertes, ou 
enfin , s'il aura été jeté (ur cette cote en allant ailleurs. 
Nous n'avons rien de pofitif là-deflîis. 



©ANS tl NOÎRI), 249 

1 &: le 3 de feptembre , étant arrivés à l'île des 

'-^ Etats , ils furent obligés, à caufe des glaces & 
des brouillards , de fe mettre en ftation derrière 
l'île. Ils tinrent un confeil général dans lequel il 
fut réfolu qu'ils feraient encore un nouvel effort 
pour avancer. Il gelait toutes les nuits , & la glace 
avait un pouce d'épaifTeur. Ils tuèrent deux lièvres 
fur cette île , mais un ours blanc qu'ils apperçurent, 
leur échappa. La marée venait de Teft , ce qui 
leur fît croire qu'il y avait une grande mer de ce 
côté. Us trouvèrent fur l'île des Etats , de petits 
criflaux tranfparens j dans la recherche de ces mi- 
néraux deux de leurs gens furent dévorés par un 
ours blanc. Us furent obligés à caufe des glaces, 
d'avancer dans les détroits jufqu'à Tu^i/ihoek. 
Le 1 1 , ils réfolurent de faire une nouvelle ten- 
tative -, mais bientôt ils fe trouvèrent forcés de 
letourner en arrière à caufe des glaces qui obs- 
truaient leur route. Le 15 , ils fe déterminèrent 
dans un confeil général de revenir, puifqu'il était 
impoffible de naviguer au travers du détroit à 

^ caufe de la grande quantité de glace dont il 
était rempli. Après avoir beaucoup fbuffert des 
mauvais temps & des tempêtes, ils fe trouvèrent 
le 10 d'odobre au fud-oueft de Waardhuys. Ce 
ne fut que très - rarement qu'ils apperçurent la 
luneu La lumière des étoiles compenfaît prefque 
iabûficedu foieil. Outre cela^ les aurores boréales 



1 



x$,o Découverte* et Voyages 

tfontribuèient beaucoup à les éclaires^' -Enfin 9s 
anivéïent le i^ oâobre dans leur patrie. 

1 1 L Quoique les états généraux euffent refufS 
4*aTanicer l'argent néceflkire pour entreprendre un 
autre vo/age, cela n'empêcha pas ta ville d'Anv* 
fterdam d'équiper deux vaiflèaux en 15^^- Le com* 
mandement en chef de ces vaiflèaux fut donné à 
Jacob van Heemskerk » & la place de premier 
pilote 4 ff^illîam Barent^^ Jean Cornelis Ryp fut 
maître du fécond vaiflèau Se en même temps fii" 
ftrcargiu des marchandifes qui étaient à bord de 
ce bâtiment. Le 18 de mai, ils fortirent du Vlie^ 
Ct le 21 9 ils virent les liM de Schetland & Fayer^ 
hill. Le 2 de juin, ils virent deux parélies au foi- 
xante-onadème degré latitude nord-, il s'éleva alor^ 
une difpute entre Sarent^ Se Ryp fur la rout^ 
que les vaifleaux devaient tenir. Le premier peo* 
fait quTl fallait fiiire voile plus à left; mais Ryp 
aflîirait qu'ils étaient dans la bonne routes car il 
avait toujours fait voile à Toppofîte du détroit de 
Waigatz; Ils virent le 5 de la glace pour la pre^ 
nûèrc fois. Se pafsèrent heureafement au travers. 
le 9, ils virent une île par le foixante - ijpatorzième 
degré trente minutes, qui pouvait avoir, félon 
leur conjcfture , environ quinze milles 4c Ion- 
gueuf. Ils y trouvèrent un grand nonJ>re de goi- 
lands dont ils emportèrent les obu6. Ils mon- 
tèrent fiir une haute imoatagne de neige du haut 



D A Ki t E NoflD. 151 

dé laquelle ils fc laifsèrent bientôt gliflcr en bas; 
Ils virent un ours blanc qu'ils furent deux heiir 
res à tuer. La peau dt cet animal était de douze 
pieds de iong , quelques perfonnes de Téquî- 
page mangèrent de la chait de cet ours , mais 
ils la trouvèrent d'un goût défagréable. Il appe« 
lèrent ce lieu île de ïOurs. Le 17 & le 18 , 
ils virent luie grande quantité de glace » qu'ils 
côtoyèrent, jufqu'à ce qu'ils fuflcnt arrivés à une 
pointe de terre iîtuée au fud de ces glaces. Us 
apperçurênt encore la terre le 15 , & trouvèrent 
qu'ils étaient par le quatre-vingtième degré onze 
minutes. Cette terre était fort étendue, fls navi- 
guèrent le long de la côte oueft jufqu'au foixante- 
dix-neuvième degré trente minutes » où ils trou- 
vèrent une bonne rade, mais la glacé les empê- 
cha d'en approcher. Ils mouillèrent cependant dans" 
une baie qui s'étendait du nord au fud , dans la 
mer. Ils tuèrent encore là im grand ours blanc 
de treize pieds de long. Ils trouvèrent fur une 
île un grand nombre d oyes ( anas-hernicla) y ils eh 
tuèrent une à coup de pierres •, ils trouvèrent plus 
de foixante œu6. Ils obfervèrent fiir cette île , ati 
quatre-vingtième degré latitude nord , des gra^t 
nées Se du trèfle en végétation, ainfi que des 
rennes qui paifTaient. Tous les animaux de la Non* 
V€lle*Zemble\ qui eft fituée bien plus au fud, 
font , au contraire , d'efpèces carnivores j parce qull 



1 



t5i DÉCOUVlItTfiS II? VôTAÔÏf 

n y croît point d'herbe. La déclînaifon de raîguîller 
aimantée était ,en cet endroit, de feize degrés. Ik 
côtoyèrent cetteterre jufqu au foixante-dix-neuvième 
degré, 8C découvrirent une large paffe de trente 
milles de long au moins, mais ils furent obligés 
de fe détourner. Le 2 8 , ils arrivèrent à une pointe 
de terre fituée fur la côte à ioueft , où ils trouvè- 
rent un fi grand nombre d oifeaux qu'ils volaient 
|ufques^ dans leurs voiles & Gît leurs mâts. Us 
revirent le premier de juillet , l'île de ÏOurs. 
Jean Cornelis Ryp vint à bord de leuf vaifleai* 
& leur dit qu'il avait intention de faire voile le 
long de la côte efl de cette terre , vers le qua- 
tre-vingtième degré. Barent:^^ au contraire, alla 
vers le fud à caufe de la glace. Le 17 de juillet, 
ils découvrirent la Nouvelle - Zerhble ^ non loin 
du- rivage de Loms-Bay. Le 20 , ils defcendirent 
fur Crofs-Ifland ( l'île de la Croix) , ils y virent 
deux croix qu'ils voulurent exanûner, mais y étant 
allés fans armes , leur curiofité penfa leur coû- 
ter la vie ) car deux ours coururent fur eux , & 
ce ne fut qu^avec les plus grandes difficultés qu'ils 
échappèrent à ces animaux varaces. Le 17 d'août, 
ils étaient près de Trooshoek autour duquel il y 
avait une grande quantité de glace. Le 15, ils 
doublèrent le cap Defiré , où ils virent diftindes- 
ment la terre qui s'étendait au fud. Le vaiffeau 
totalement environné de glace était dans un graal 



1>AÎIS LE NOÏtD. iSi] 

Ranger •, ce qui les obligea de porter leurs provi- 
fions à terre & de fe préparer à hiverner. Ils tirè- 
letit fur un ours , mais le ficoid était iî grand 
que le coup n'eut point d'eflFet. Ils découvrirent 
une rivière & virent, beaucoup de bois flottant. 
Le 15 de feptembre, la mer était gelée de deux 
pouces d'épaiffeur. Le i^ fie fut encore de même 5 
ils allèrent chercher du bois fur des traîneaux 
pour conftruire leur habitation. Le 2 d'oélobre, 
tous les matériaux étaient prêts, mais ils ne purent 
creufer la terre qui était fi fort endurcie, qu'ils ne 
purent la ramollir même pat le moyen du feu. 
Ils amoncelèrent de la neige autout de leur mai- 
fon, afin de la rendre un peu plus chaude &c de 
Taflurer contre l'effort des vents. Leur bière gela, 
même la bière forte de Dantzick appelée joppen. 
ïlsfouf&irent confidérablement du firoid & furent 
continuellement en guerre avec les ours. Us tuè« 
lent & firent rôtir un renard blanc , dont la chair 
leur parut avoir le même goût que celle du 
lapin. Le 3 de novembre , ils perdirent la vue du 
foleil) les ours difparurent auffi; mais les renards 
commencèrent à fe montrer ^ les ours ne revinrent 
dans ces lieux que lorfque le foleil y reparut. Nos 
voyageurs attrapèrent des renards dkns des pièges. 
Le 7 de décembre , il s&n fallut peu qu'ils ne 
ftiffent tous étouffés par la fiimée d'unç mine de 
charbon 4e terre. Le fi:oid augmenta alors 'prodt 



154 DéCOUVBRTES X)B VôYAOÈI? 
gieufcment. Le 24 janvier, ils revirent pour la pre*- 
mière fois depuis le 3 de novembre, le foleil qui pa- 
xoifTair depuis quinze jours ^ comme lecrépufcule. Us 
forent étonnés de ce phénomène , parce que félon 
leur calcul, le foleil aurait dû paroître environ feizc 
tours plus tard. Mais c'était une erreur , ils n Sa- 
vaient pas fait attentioa que dans ces régions la 
té&adion eft très - confidérable , à caufe de la 
grande quantité de vàpeuj^ contenues dans Tain 
Ils manquaient de bois , & ils eurent des pei- 
nes incroyables à s'en procurer, parce que le 
bois flottant était tout couvert de neige. Ce fiit 
vers ce temps que la mer fe nettoya des glaces 
qui la couvraient, & qu'ils conçurent Tefpérance 
de fe ther de ce trifte lieu. Mais le 14 février 5 
les vents d'eft-nord-eft ramenèrent d'autres gelées, 
ce qui abanit le courage de ces pauvres gens Se 
les réduifît prefque au défefpoir. Le 8 & le 5 de ' 
mars , le vent foufflant du fud * oueft chaflà les 
glaces. Mais le 10 , un vent violent du nord-eft 
ramena d'énormes montagnes de glace. Les mois 
d'avril & de mai ils en virent enfin la mer en- 
tièrement débarraflëe , ils commencèrent alors 
à fotiger à leur retour dans leur patrie. Ils pré- 
parèrent au mois de juin les barques pour leur 
Voyage. Ils virent un grand nombre d'ours & en 
tuèrent plufieurs -, quelques perfonnes de l'équipage 
ayant mangé du foie d'un ours , elles en furent 



DANS LÉ No& D. 155 

tiès'inconunodées, & après ayoir recouvré la lanté , 
leur peau tomba toute en écailles. Ayant porté 
à bord de leurs deux petits vaiffeaux tout ce 
qu'ils purent fe procurer de provifions, ils mirent 
à la voile le 14 de juin, Barentz & une autre per- 
fonne de l'équipage étant malades. Le 20 , Barentz 
& un homme appelé Nicolas Andreifs mouriucent. 
Les gens de l'équipage fe trouvèrent fouvent en 
grand danger au milieu des glaces. Ils perdirent une 
grande A||||tité de provifions & de marchandifes. 
Ce no^ pas fans de grandes difficultés que leurs 
vaiflTeàux pafsèrent à travers ces glaces j enfin ^ 
ils commencèrent à naviguer dans une mer aifet 
libre. Ils defcendirent quelquefois pour chercher 
des œufs 9 des oifeaux , & du bois pour les Êdre 
cuire. A peu de diftance de U^aigatTi^ ils trott- 
vèrent deux petits vaiflcaux ruffes , plufieurs pet- 
fonnes des équipages ruilès reconnurent quelques^ 
uns d'entr'eux parce qu'ils s'étaient vus dans d'au- 
tres voyages. Ils arrivèrent enfin , avec de grandes 
difficultés» à Kandnoes (Kanyn-Nofs), ils ob- 
tinrent quelques provifions de plufieurs vaifièaux 
zuiTes*, mais ils fiirentféparés de leur petite bas* 
que par une tempête. Cependant ils traversèrent en 
trente heures avec leur petit vaifleau l'entrée de 
la mer Blanche qui a dans ce lieu cent vingt 
milles de large. Ils rencontrèrent un bâtiment ruÂe 
& quelques pâlcheuxs» dont ils obtii^ent des pxo- 



1 



^ 



1S( DéC0t;VÊÏlTE5 ET VoYkGEi 

vifions, & bientôt après ils trouvèrent leurs cama- 
rades dans Tautre barque. Ils arrivèrent à Kildayn 
où ils apprirent qu'il y. avait à Kola trois vaif- 
féaux hollandais , dont dîux étaient prêts à 
mettre à la voile. Ils y envoyèrent deux matelots 
avec un lapon, & en trois jouis ils Reçurent des 
lettres du capitaine Jean Cornelis Ryp^ dîuis les- 
quelles il leur difait qu'il les croyait perdus depuis 
long-temps. Ce capitaine vint les trouver à Kola 
avec des rafraîchUTemens & les prit^ptS^vaif 
feau , ils s'en allèrent avec lui au noiîwe de 
douze en Hollande , &:. arrivèrent à Amfterdam 
le premier novembre 1597. 

Cette relation prouve évidemment que Heems- 
kerk^ Barent:^ Se Ryp avaient découvert , dès l'an- 
née I J.95 5 l*île de rOurs, que les Anglais recon- 
nurent depuis, en 1^03 , à laquelle Us ont donné 
le nom d'île de Cherry , & qu'ils vifitèrent fou- 
vent dans la fuite. De même , Hudfon vit , en 
1^07, le SpitT^erg qui avait été découvert onze 
ans auparavant parles Hollandais, &qu'Hudfon prit 
à tort pour le Groenland. Cette relation montre 
clairement la difficulté de naviguer dans la mer 
peu profonde qui baigne le nord de la Sibérie , 
à caufe des glaces dont elle eft couverte, & les 
eftets de l'intcnfîté du froid , qui eft tel , que 
l'eau de la mer fe gèle en une nuits ainfi que 

la 



BANS LE Nord. 257 

la durée & rextrême froideur des vents d'eft fous 
le cercle polaire. 

IV. Hfsnri Hudfon , partit du Texel le ^ d*avri! 
1^0^ , avec un yacht équipé aux dépens de la 
compagnie Hollandaife des grandes Indes. Le 5, 
de mai, il était à la vue du cap Nord, & bien- 
tôt après il arriva à la Nouvelle - Zemble qu'il 
trouva environnée de glace très-épaiflè. Ce fut 
pour cette raifon qu'il abandonna cette côte, & 
dirigea vers l'Amérique où il découvrit une ri- 
vière qui eft encore appelée de fon nom , rivière 
dHudfon , à l'embouchure de laquelle eft New- 
York , & un lieu fitué un peu plus haut qu'on 
nommait New - Belgium , où les Hollandais 
avaient autrefois envoyé une colonie. Mais S 
l'égard des découvertes dans le Nord , le voyage 
d'Hudfon fut abfolument infrudueux. 

V. L'île de Jean Moyen fut découverte en 1 6"! i^ 
par un marin de ce nom , elle eft fituée verg le 
foixante-onzième degré de latitude nord , & huit 
degrés quinze minutes de .longiti^de eft dis l'île de 
Fer. Elle eft longue & étroite, S^s'étend du nord- 
eft au fud'Oueft. Il y avait autreS3i&._une pêche- 
rie & une manufeélure d'huile de poiflbn, parce 
que les baleines fe rendaient quelquefois de 
l'ancien Groenland fur cette côte -y on y trouvait 
auflî un grand nombre d'ours blancs, de morfes 
&c d'autres animaux marins , &c quelques renards* 
Tome II R 



1 



%^i DéCpUVEKTES BT WoYA&'ES 
Mais 111e étant trop petite & Vappas très-rare» 
les poiflons découvrirent bientôt leurs ennemis Se 
fe retirèrent parçni les glaces , où ils trouvent plus 
4e sûreté & 4e tranquillité. Cette pêcherie avait 
^é en activité depuis itfii jufqvi'en 1^53 i mais 
4epuis ce temps cette île a «té peu-à-pcu négli- 
gée. AâûeUement on ne la vifite plus que par 
bafard. Elle fut nommée 9 en l'honnettr du pfincQ 
IVl^uiice de Naf{»i » île Mauruius in Groenland i 
ijiais il faut bien la diftingu^r d'une autre île Maurl- 
tius fur la pointe nord-oueft du SpU^berg^ qui 
porter auili le nom d*i/e ^Amfierdam 9 Se que le& 
^^nglais appellent çap ê^Eackluyt. On avak laifle, 
^r l'île Maurims ep Groenland ou île Je^n 
May en ^ fept matelots pour hiverner dantlafaifoa 
4e 1^)3. à 1^343 maïs tous moururent principa- 
lement du fcosbut. Us avaient fait leur jomrnai 
jufqu'au 30 avril s ce fiit probablement ttès-peu 
de temps après qu'ils nioururent v x:ar les vaif- 
iieaux: qui arrivèrent là de la Hollande » le 7 juin 
1^34^ ne les trouvèrent plus vivans. 

YI. On trouve dans les Tranfaôions Fhilolb- 
phiquesy n''. 118, que pbjfieurs nfxai:chasids. de 
Hollande équipèrent, on ne dit pas en quel temps, 
quelques vaiiTeaux qui s'avancèrent^ jusqu'au {xÀ* 
i^ante-dix^neuvième & quatie-vingidènie d^é à& 
latitude nord, cent lieues à l'eft Si aurdelà de la 
NouvelU-ZcmbU^ Sc qi^'iU qrQUviriOiit feus cett» 



\ 



lâdtucle une mer parfaitement libre de gkce y mais 
aii quatre-vingtième degré 5 un degré de longitude 
ne vaut que dix milles géographioues ^ & cent 
lieues font trois cents milles communs anglais, 
comme on cotnptfe à la merj conféquemment les 
Hollandais n'allèrent pas plus loin que trente dc^ 
grés à Teft de la pointe la plu$ orientale de la 
Nouvelle - Zemble 5 peut - être aux environs de 
Chatanga ^ au eent* vingt-cinquième degré longi^ 
tude eft de l'île de Fer; ce qui ft'étatt pas d'une 
aflez grande importance pour cacher cette décou-* 
verte avec autaht de foih que nous favons qu'ils 
le faifaient. 

VU* Quelques perlbtines qui défiraient contir 
nuer les navigatiohs au Nord » préfentèrent en 
r^i45 une requête à leurs hautes- puilTadces les 
Etats * généraux 9 dans laquelle elles demandaient 
d'être établies dans la libre navigation au Nord 
du ^troit de Davis , au Groenland , au Spitzberg 
& à la Nouvelle-Zemble. Ce privilège leur fat 
accordé par une charte eh date du 27 jfinviet 
I ^14 ^ & depuis ce temps il a toujours fubfifté une 
compagnie du Nord, ou comme on l'appelle encore, 
du Spitzberg ou du Groenland 5 qui a coutume 
c'envoyer tous les ans aux régions polaires ^ des 
vaiâèaux employés à la pêche de k baleine as 
des phoques. On ift peut cependant pas afluret 
que cette compagnie aie fak attçune découverte im^ 

R ij 



3L^o DéCôWlRtES Sî» VôYASlsr 
portante dans le Nord , car ces marchands afïb- 
ciés fe contentèrent des gains médiocres qu'ils 
firent à cette ^cche , 3^ ne portèrent pas leurs vues 
plus loin. 

VHI; En 1^33 , la compagnie Hollandaîfe du 
Nord envoya, comme de coutume , fes vaiflèaux 
au Spitzberg & donna en outre des ordres pour 
qu'on laiffât des matelots 5 mais de leur propre 
confentement , pour hiverner dans ce pays. Plu- 
ficurs s'offrirent d'eux-mêmes pour cette expédition. 
Ils y pafsèrei;it en effet l'hiver, mms ils eurent 
beaucoup à fouf&ir du froid. Ils fe battirent quel- 
quefois avec les ours , ils tuèrent quelques ren- 
nes 5 attrapèrent & mangèrent plufieurs renards , 
tuèrent un ou deux morfes, préparèrent quelques 
fanons d'une baleine qui avait été jetée fur le ri- 
vage par la marée , mais ils n'en tuèrent point ; 
enfin Us reviment heureufement en Hollande dans 
l'année i^J4- Us avaient paffé l'hiver dans une 
baie au nord fur l'île Mauritius ( ou cap Hackluyt), 
près du Spitzberg. On laiffa encore dans la même 
année fept matelots fur cette île , ce fut auflî de 
leur propre confentement , mais ils moururent tous 
du fcorbut eu 1^35. Us avaient continué leur 
journal jufquau z^ de février feulement, & lors- 
qu'on retourna dans ce lieu en 1^3 5 , ils n'étaient 
plus. Depuis ce temps on n'a plus laiffé perfonne 
pour hiverner dans cet âpre climat. 



r 



©ANS LE Nord. i^t 

IX. En 1^40 ou 1^45 5 Ryke-Yfe du Vlîelajtdy 
ancien négociant au Groenland , aborda à un 
grouppe de très-petit;cs îles fur la côte orientale 
du Spitzberg, qui n*îavaient encore été vues ni 
ficéquentées par aucun des premiers navigateurs 
au Groenland. Il avait toujours beaucoup aimé 
à chaflèr les morfes. La grande cpiantité de 
ces animaux qui fe trouvent fur ces rivages , lui 
fournit Toccafion de- déployer fôn habileté , 
& Tadreffe de fes gens. En très -peu de temps 
il tua pluQeurs centaines de. ces animaux & tira 
un grand produit de leur graiffe. & de. leurs 
dentSr 

X. En 1^43 5 la compagnie HoUandaife des 
grandes Indes donna ordre d'envoyer deux vaif- 
feaux de Tlnde au Nord , dans le deffein d'exa- 
miner la route du Japon vers le nord, & même' 
d'aller auflî loin qu'ir ferait poflible au nord de. 
TAmérique & de chercher un partage dans cette 
partie. Pour remplir cet objet, deux vaiflèaux 
partirent enfemble , le 3 de février 1 6^44 , dvp 
havre de file de Ternate. Ces vaiffeaux étaient ^ 
le Ca/iricom^ commandé par le capitaine Martin. 
Heri^oom van F'rie^; & le Breskes^ fi>us le corn.- 
mandement du cafitaLineHendrick'Cornelzs Schaep^ 
Le 14 de mai , les deux vaiffeaux furent féparési 
par une tempête, à la diftance de cinquante-fix. 
lieues die Jeddo , la capitale du Japon. Ils apper- 

R iij 



1^1 DÉCOUVEKTES ET VOYAGES 
curent la terre de Jefo. Le Breskes traverfa le 
détroit entre^Jçfo & le Japon ^ au.quarante-unième 
degré cinquante minutes de latitude nord, & au 
cent foixante - quatrième degré dix-huit minutes 
de longitude eft de Ténériffe. Ils virent encore It 
terre au quarante-troifième degré quatre mioutei 
de latitude nord > vers le quarante - quatrième 
degré quatre minutes , quelques barques vinrent 
du rivage vers leur vaifleau* Ils découvrirent une 
autre fois la tene fous le quarante-troifième degré 
quarante -cinq minutes, ainft quau quarante-qua- 
trième degré douze minutes de latitude, & 
cent- foixante -fept degrés vingt -une minutes de 
longitude. Sous le quarante - ciiiquîème degré 
douze minutes de latitude, & cent^foixante-neuf 
degrés trente-fix "minutes, la terre parut, dans 
l'éloignement, comme un graftd nombre d*îles; 
mais en approchant , ces îles leur parurent ne for- 
mer qu une feule terre. Ils apperçurent par le qua- 
rante-fixième degré quinze minutes de latitude, & 
te cent-foixante-douzîèmis degré feize minutes de 
longitude , ainfi qu'au cent- foixante -ànizième 
degré cinquante-trois minutes de longitude , quel- 
ques hautes montagnes. Us virent encore rerr« 
au quarante - feptième degré huit minutes de la- 
titude, & cent - foixante - treizième degré ci«K 
quante-trois minutes de longitude. Nous vofcms 
par cette relation comme par celle du CaAricoin^ 



DANS LE NOK0. t^f 

que ce qu'on appelle l'île de Jefù coniîfte en effet 
en une grande quantité d'îles omnues au^utd'boî 
par les Rufles fous le nom de Kutiles. Les Hol-*' 
landais knaginërent avok découvert dàns"^ Jejk 
une grande contrée ) 8t dans la dernière relatioir 
que nous^ avons des Ruffes (a) ^ on donne k 
mèmfi defcriptipn de la terre de Matmai , dan& 
laquelle lés Hollandais parlesit dun lieu nommé 
Acquêts j que te RuiTes appellent ^^*ij. Le dé- 
troit entre^ Matmai & le Japon eft d'environ Çoh 
xante îf^erflei ou trente - quatre milles géogra^ 
phiques en largeur ) il y pafTe un grand courant y 
comme entre pefquè toutes les îles Kuriles. Mat-- 
mai eft une viUe fous la domination de i'empereuÉ 
du Japon ; les Chinois commercent auffî à la terre 
de Matmai. Les Kuriles chevelus (ont un peuple 
libre. Qp n^ fait pas encore fi Matmai eft une 
ile ou un continent* Mai$ il eft probable que 
c'eft une île pu^que les babitans ne font pas tri^ 
butaires des Cbiiîds^ D'ailleurs cela eft auflî cotî^ 
£rnié pai le père Hieronymus de Angelis^ qui 
parle du, détroit de Teffoi qui fëpare Matmai évt 
Continent 9 8é par lequel 11 pafie un coc^aât fert 
& rapldei Cette cô^réé £»nble a^R^ pris fSfftt 



(a) Nouvelle* Colkaiotts de M. PaRas , Vol. IV,, 
pag. 131$ (en allemasid )« 

R W 



1^4 DÉCÔÛVÉRfgS ET Vo'ÏAGlSr 
nom àtJefo ou Efo^àu peuple qui l'habite. "Lts 
Japotiais appellent les Kuriles, Jefo^ & c'eft delà 
que les Portugais & les Hollandais ont donné le 
nom de Jefo à la terre de 'Matmai. La terre & le 
pic de Saint- Antoine 5 décrit dans le journal du Caf 
trîcom^ paroît être Tîle Itorpu ou Etorpu^ qui 
n'eft formée, félon les dernières^ relations {a) y 
que d'une chaîne de hautes montagnes avec plu- 
fieurs fommets élevés. Dans ce cas Urup doit être 
l'île des Etats des Hollandais 5 de même Tfchirpo- 
Oi répond à la terre de la Compagnie , & le dé- 
troit entre Urup & Tfchirpo-^Oi ^ fera le détroit 
de Van-Vriei^. On trouve pluiîeurs volcans dans 
les îles Kuriles ^ il y en a qui font aéluellement 
éteints , d'autres brûlent encore. Quelques - uns 
formés nouvellement, ont de ftéquentes érup- 
tions , comme celui qui jeta des flamipes le 8 
de janvier 1780, dans Tîle de Rachkoke ou 
Rakchotik. Cette éruption produifit un violent 
tremblement de terre qui caufa de grands ravages 
dans les îles de Ketoi, Schimufchiry Tfchirpo- 
Oi & Urup. 

Mais quand nous regarderions comme authen- 
tiquer le récit des Hollandais qui crurent ap- 
percevoir, comme le dit la relation du Caflricoik 

^ . . . . -, 

(a) Voyez Pallas, Colle^on du Nord, Vol. IV, 
pag. 13}. 



B A K s t £ N O R O. £^J 

& du Breskes^ un continent étendu & fans in- 
terruption 'y on ne peut nier cependant que ces 
nombreux volcans ne donnent lieu de conjedu- 
rer que plufieurs grands pays auront été divifés 
par les violentes fecouffes des tremblemens de 
terre Se qu'ils auront ainfi formé de petites 
îles. Auflî ce qu Qn lit dans la relation du Caf- 
tricom & du Breskes , ne me paraît pas très-in- 
croyable. 

XL Dans le temps que la compagnie du Nord 
HoUandaife était encore dans toute fa fplendeur 
( c'eft-à-dire de 1^14 à 1^41), elle epvoya un 
vaifTeau au Groenland pour y charger de l'huile 
de poilTon qu'on faifait à Sewerenberge. Mais 
comme il n'y en avait pas fufGfamment pour com- 
pletter la cargaifon, le capitaine trouvant la mer 
libre, dirigea droit au nord> & approcha à la 
diftance de deux degrés du pôle , duquel il fit 
deux fois le tour. Ce capitaine avait coutume de 
raconter cela publiquement & de prendre fon équî- * 
page à témoin de ce fait. Voyez Zorgdrager , 
pèche de la baleine au Groenland , ( en allemand ) 
Vol. II 9 chap. 10 j pag. IC%. Jofeph Moxon dit 
auflî à Wood en i6j6 ^ comme celui-ci nous 
l'apprend 5 qu'étant en Hollande environ vingt 
ans avant i & conféquemment en ié'5^, il en- 
tendit dire à un capitaine Hollandais , homm© 
trèsTrefpedable & auquel il pouvait ajouter foi 5 



^u'il avait navigua fous le pôle où il trouva l'ak 
aiiifi chaud qu'il a coutume de letre en été à 
Amfterdam. Enfin , le capitpsitne Gould cpX avait 
£ût plus de vingt voyages au Groenland , dit au 
roi Charles II, quêtant au Groenland vingt ans 
Aiparavant , U avadt rencontré près l'île Edges (a) y 
à 1 eft *de cette contrée , deux navigateurs Hoi^ 
landais, qui réfolurent, ccmune il ner paraif^ 
fait point de baleine fur ce rivage, de faire 
voile plus loin vers le nord, ce qu'ils firent en 
cfiet,; qulls étaient revenus quinze jours après , 
6c avaient été jufqu'au quatre-vingt-neuvième 
degré, où ils n'avaient vu aucune glace, mais 
ime mer parfaitement libre & des vagues auffi 
grandes que dans la bade de Btfcaie* La dé- 
clinaifbn de l'aiguille aimantée était dans ce 
lieu de cinq degrés. Il arriva dans la fuite, qu'un 
de ces capitaines vint à Londres, le capitaine 
Gould le préfenta-à quelques membres de U 
* compagnie du Nord qu'il convainquit pleine^ 
ment de la vérité de fa relation. Voyez la Re-' 



(a) Llle Edges eft probablement une des îles appar- 
tenants à ce grouppe d'îles découvert par Ryke - Y/èm 
Le capitaine Thomas Edge qui fit dix voyages au Groen- 
land , découvrît cette îleeni6ï^j &eri 1617, tft>e île fituée 
i fa hautent d«r Spttzberg ; fin appelée ile Wyche du ttom 
4« M. WyciMs 



DANS XI Nord. x€y 

iàtion de quelques Voyages & de plufieurs Dé' 
couvertes faues depuis peu; Londres, 171 1 5 pag. 
ii45 ^ ^^^ 4^^ ÏHiftoire du Froid y par iit 
Bôyle. 

XIL C eft la malheureufe deftinée des favam 
de ne pouvoir » malgré tous leurs foins , acqué* 
rit les connaiifiànces qu'ils défirent fur les objets 
de leurs recherches. Nous trouvons dans les meil^ 
leures cartes quelques relations ou plutôt quel^ 
ques notions relatives aux contrées qu'on pré« 
tend avoir été découvertes par les Hollandais ) 
mais il eft fort difficile de déternniiner où l'on 
pourrait trouver des relations plus circonftan- 
ciées concernant ces découvertes. Je vais parler 
de quatre ou cinq contrées découvertes dans le 
Nord par les Hollandais, dont je ne puis guère 
dire que le nom. Je pofsède une coUeâion d en« 
vîroiîr fept cents volumes de voyages écrits en 
d^érentes langues 5 cependant j'avouerai que 
dans tous* ces livres je n ai rien pu trouver qui 
ait le moindre raj^cMrt: à ces découvertes; peut-- 
être cet aveii engagera - 1 - Il quelques favans ou 
d'autres perfonnes à me faire part d^ leurs re« 
cherches fur ces contrées ; dans ce cas je leur 
aurais une obligation infinie , non - feuleoient 
d'avoir par-là augmenté la (bmme de mes co»- 
naiffances 9 mais encore d'avoir rendu mon. His- 
toire des Découvertes dans le Nord beaucoup 



1 



'2^-8 DÉCOUVÊJRTfiS ET VôyA(SE5 

plus complette qu elle ne l'eft à préfent. Car jV 
conviens feanchemeat que , même a mon avis , 
mon ouvrage n a pas atteint ce point de perfe#- 
tîon auquel je m'étais propofé de le porter. Mais 
j'ai rencontré une multitude de difficultés qu'il 
m'a été impoffible de furmonter dans la fituation 
■où je me trouve. Au foixante - quinzième degré 
latitude* nord. Se environ cinq degrés à Téû de 
l'île de Fer , nous trouvons fur la côte orientale 
du Groenland, la terre de Gale-Hamkens y qu'on 
dit avoir été vue en 1^54; Gale-Hamkens était 
un Hollandais commerçant au Groenland, qui dès 
l'année 1^59, avait le commandement de l'Or^/z^ 
jeboorriy vaiffeau du premier rang, & qui prit fur 
fqn bord le capitaine Dirk-Alberts^Raven & le 
refte de fon équipage , lorfque cet inforçuné per^ 
dit fon vaiffeau nommé le Spita^erg^ dans les 
glaces près du Spitzberg. C'eft là tout ce qile 
l'ai pu apprendre concernant ce Gale-Hamkens^ 
J'avoue même que je ne puis déterminer s'il a 
découvert cette terre, ou fi quelque autre navi- 
gateur lui aura donné le nom de Gale-Hamkens 
pour perp^uer la mémoire de ce marin. On a in- 
diqué ..^au^^oixante-dix-huitième degré de latitudô 
ndrd, & au dixième degré de longitude eft de 
l'île de Fer, une terre fîtuée fur la côte orien- 
tale) du Groenland , & appelée la terre ai E dam*. 
Elle fut découYCice en 1^55, mais je ne puis- 



r 



DANS tE NO^D. 169] 

dire par qui, ni fi elle fat nommée ainfi du nom 
d'un homme , d'un vaifleau ou de la ville d'Edam - 
dans le nord de la Hollande. De plus on place 
au foixante-treizième degré trente minutes de la- 
titude nord, à peu de diïtance du premier méri- 
dien qui pafle à l'île de Fer , une île fiir laquelle 
eft écrit le ftom de Bontekoe avec la date de 
Tannée 166^ , mais je ne fais qui la découvrit, 
ni fi elle a été' nommée ainfi du nom de celui 
qui y a abordé le premier , ou d'un vaifleau, 
ou enfin , de quelqu homme de cette contrée. On 
marque encore au foixante- dix- neuvième degré 
de latitude nord , & au dixième degré de longi- 
tude eft de l'île de Fe/r, une terre où Ion trouve 
la date de 1^70, mais c'eft tout ce que je fais 
concernant cette^ île. Enfin , précifément aif. qua- 
tre-vingtième degré de latitude nord , & à cent 
railles géographiques à l'eft de Northeajl - Land 
dans le Spitzbcrg , on trouve une terre élevée. 
Cette terre fat découverte en 1707, par un né- 
gociant au Groenland , favant Se expérimenté , 
nommé Cornelis Gillis. Il alla beaucoup au-delà 
du quatre-vingt-unième degré au nord des Sept- 
Iles 9 fans trouver du tout de glacer enfaite il 
tourna à l'eft , & enfin au fud-eft , de forte qu'il 
fe tint toujours à l'eft de Northeaft-Land, & dé- 
couvrit à vingt - cinq lieues delà , au quatre- 
vingtièma degré, une terre élevée que perfonne 



lyo DÉdO©VKRT£Sr fiT VOYAGES 
n avait ptobablement vue avant lui. f^dn Keulen 
a placé cette terre fur fa carte du Spitzberg, ap* 
jtoyé fimplemcnt for le récit dofuié par le capitaine 
Gillis. Voyez les Mélanges dé Barrington, Lond. 

Telles font les relations des découvertes faites 
dans le Nord par les Hollandais , Ils feules qui 
(oient parvenues à ma connaiflànce* Cet efpric 
aâif qui animait tous ces républicains , qui ca- 
raâériïa fi énergiquement leurs entreprifes au fei- 
zième & diz-feptième fiècles , & qui éleva à ce 
haut point de grandeur où nous les voyons ac^ 
tuellement les ' provinces - unies des Pays - Bas ^ 
s*cft éteint par degrés & a totalement difparu. Ce 
peuple a commencé à fuivre un fyftême diamé- 
. tralem^nt oppofé à celui qui l^avait conduit à la 
gloire & aux honneurs* Ce méprifable efprit de 
parti en matière de religion Sc de politique qui 
attire leur attention vers de vains objets , leur 
fait négliger les chc^es vraiment grandes & im- 
portantes. Ce faux fyftême engage cette république 
à tout facriiier au commerce v d'après ce prin- 
cipe , elle a cherché à demeurer neutre ,. & â fré- 
quemment refufé, au mépris des conventions SC 
des traités les plus folennels 5 de donner à (es 
alliés les fecotfics qu'elle leur avait promis. Elle 
s'eft bornée à faire en paix fou commerce, fans 
penfer à mettre fes forc^ d^ t%ut ^ ^ ^er 



r 



DANS LE Nord. 471 

fuc un pied refpcdable , ce qui Ta cxpoféc aux 
juftes plaintes de fes voiiîns , & la rmfe dam la 
oéceilîté de dépendre emièrement de la ptotec* 
don de puiflàiyes qui pounaient , fi elles n'étaient 
pas douées de la plus grande magnanimité , s'em- 
parer des meilleures Se des plus importantes pof- 
feûîons de la république. Unei pareille conduite a 
totalement détruit dans liss cfprics toute inclina* 
tion pour les grandes cntrcprifcs & pour tout ce 
qui eft utile à la patrie. On ne doit donc pas 
attendre de la part d'un tel peuple de nouvelles 
découvertes. Peut-être i la vérité en refte-t-il 
peu à faire dan$ rhémifphère Nocd. 



CHAPITRE 1 1 L 

Des I}éc<Hivents faites dans h Nord 
par ks Françiàs. 

X^A découverte de TAmésique par les Efpagnols^ 
& ceik de la route des Indes Orientales par le 
cap de Bpnne-Efpérance doe aux Portugais^ pa- 
xaiiTent ne pas avoit fait fur les Français un af&z^ 
puifismt effet pour les engaigen à de femblaèlor 
ontreptifès. Une ondsre de Êuiâe grandeur avaîc 
fafciné les yeux de& vm.^ de la no]plei& de cr^ 



1 



rjz D^ÊCOUVERTÊs lï Voyages 
royaupie. La couronne de Naplcs & le duché de 
Milan étaient le phantôme trompeur quijemplit 
lait leur imagination. La France prodigua, pour 
conquérir ces contrées qui lui écbappq^ent enfin lune 
& l'autre, d'immenfes tréfors & le fang de fes 
héros. Elle négligea fa marine , & l'efprit roma- 
nelque de chevalerie que les Français acquirent 
dans ces guerres , leur ïnlpira le plus profond mé- 
pris pour tout ce qui était relatif au commerce \ 
jufqua ce qu enfin, Henri IV & Sully, fon amij 
Louis XIV & Colbert, fon miniftre, relevèrent 
de toute leur puiflance le commerce & les manu- 
fedures,& donnèrent aux marchands cette confia 
dération qu'ils méritent fi bien comme membres 
utiles de Ig fociété, & comme caufes de {g ri- 
chçffe. Les préjugés dont nous avons parlé, em- 
pêchèrent principalement les Français de donner 
aux voyages de découvertes l'attention qu'ils mé- 
ritent. Tout le nord de l'Amérique & le Bréfil 
feraient tombés fous la puiflance de la France, 
fi les rois & leurs miniftres enflent mieux appuyé 
les premiers voyages , s'ils enflent donné de plus 
grands encouragemens à la population de ces nou- 
velles contrées , & porté en générai fur tout ce 
qui intéreflè la navigation, plus d'attention qu'ils 
ne le firent alors. Il n'eft donc pas furprenant 
que la France ait contribué pour txcs-peu aux dé- 
couvertes faites dans le Nord.. 

I. 



DANS LE Nord. lyy 

ï. Depuis la découverte de Terre-Neuve pat 
Sébaflien Cabot tn 149^, les Européens avaient 
commencé à tirer avantage de la terre de Bec-- 
calaos & de la grande quantité de poiflbn qu'on 
trouve dans le voifinage de cette terre. En Fan- 
née 1502 , quelques marchands de Briftol avaient 
déjà obtenu des privilèges pour y établir des 
colonies. Dès Tannée 1504, les Bifcayens 5 Ues 
Normands & les Bretons des provinces fle 
Normandie & de Bretagne , fréquentaient la 
côte du fud pour y faire la pcdie. On fuppofe 
même , avec quelque fondement , que l'île du 
cap Breton fituée près du continent, a pris fon 
nom de ces Bretons. En 1506^5 Jean Denis par- 
tit à'Wonfleur pour Terre-Neuve ^ avec fon pilote 
Camart de Rouen. On dit qu'il leva & publia le 
premier la carte des côtes de cette contrée. En 
1508 , un navigateur 5 nommé Thomas Aubert^ 
(félon Ramufio, Vol. III, pag. 423 ^ mais l'abbé 
Prévôt dans fon Hiftoire des Voyages l'appelle 
Hubert ) partit de Dieppe pour Terre - Neuve ^ 
fur un vaiffeau appelé h Penfee^ & amena delà 
à Paris le premier fauvage qu'on eût encore vu 
de ce pays. Le vaiffeau appartenait au père du 
capitaine, Jean Ango, vicomte de Dieppe. Tout 
cela eft plutôt une faible notion qu'une relation 
circonftanciée des contrées & des lieux découverts 
par les Français ^ mais ij. ne nous eiv eft parvenu 
Tome IL S 



t74 DéCOUVIlTBS ET VotAÔËS 

>^pe ce <}ue nous venons de dire, & cela feule- 

m9tit f^ l'ouvrage de Ramufio. 

. IL Le premier (^if ak fait, pour fes Fcsmçats, 

«Cb voyage donc lliiftotte nous; ibit patfvaaue , fiit 

Jean yera^^ani^ FJbreatin ai2 Service de François 

jpcecDier v il partit avec quatre vaiiTeaox pour cioi* 

&^ontre les^ Efpagtiols , mais 'û fou fetcé psa 

|9M:empête d'emrer, avec deux de &s. vsdâeaux, 

flpormaodie 8c le Dauphis , dians ua port de 

Jb Bretagne. Il continua enfuîte à croî&s avec 

forces coffitre lesEfpagnols^fle léfolut enfia d'eu- 

iBrepceodre ua voyage avec lie Dauphin,, fans 

autre motif <pie do découvrit de nouvelles 

«outrées. 

Le 17 de janvier 1524, Verazzaai parft: de 
tjuelques rochers inhabités pcès de Madère (a), 
ds fit cinq cents lieues à Voueft en. vingt-- cinq 
|pnrs. Après avoir efTuyé une violente tempête , il 
continua fon voyage pendant Picore vingt - cinq 
)oiHS \ dans cet efpace de temps il fit plus de 
^pttre cents lieues & vit alors devant lui une 
tene baflè où il apperçut plufieurs feux^ mais 
la crainte TempÂchant de prendre terre y il fie 
encore anquante Ueuos ait fud le long de: h 



(a) Ces rochers inhabités (on appelés par les Porni- 
gaîs llhcS'Defenas ; les Anglais les nomment Defirters 
Déftrtes. Ils (ont fitiié» à Peâde M^ère. 







D A N s L E N O K I>. iyy 

côte Êins ttonv^er aiican pcxct. Il retoaxna dooo 
au notdy cspen<ki^t fi'étaât pas pkis hism&Sso, 
qi^aupatâvanr^ il momtla en pldœ mer âc en^ 
vcyjra Êr chaloupe au mage. Il pamc \m ^^joA 
nombre d^â&icafls fot I9 cîot» qui fiiyarerit &c rc^ 
veHaietït, montrant «Hrt-à^ta-'fetts dîe l'éronneit 
de la joie SC de la ocaîMe. Les figtiés quj^j 
tes Ffançâîs ctt éngagèÉent quel<jues^uiis i' 
tet ,- & S'étaïitf peu-à-pei^ remis de leur fra^ 
ifo apportèïfeftç enfifi dcs^ provifioâ^ ^ ces habitaaais 
écaientniis , mais ik portaient ê^ tabliers de bdUes 
fourrures & des feifceasl» de ptimes fisr- k têtc^ 
Leur taille ét^ bel^, leurs yett£ grai^ Se ndrs^ 
ils avaient les^ cfeeveuac floir^^^ longs 6c unis j ifa 
étaient tfwfte grande agiiit& Leitt pays étak cch** 
pé çà & là par Sè& petïdes rivières; No^ n&;vi^ 
teurs vireSt de bell^ plaîrteis Se de vaftes forêts^ 
âinfi que dès bofquets de cyprès , cfe lauiîiers^ 
de paltmefs, & d'auttes arbres inconnus en» E«»- 
rope. 11 eft difficile de dët^miner où Véraz^fe^fi 
pïk terre d'abord. Mafe il paraîtrait quef ce &t è 
la côte (f Amérique , dans cette partie de kf 
Géorgie, où eft aâueâleit^i^eiît la^ ville de Sé^oA- 
ftak i & ^'enfiHCe il àSitig^ au- j^ jufqâat» 
trentième degré de latkfeide.- Ce qui m'engage ^ 
|fônfer ainfi , c'eft qtfe Veraaâts^nî ait avoii< vu 
des palmiers fur la terre où il defcîendît; ei|| 
aïbres^ aiAam^ que je puid^ le^ firv0îiy ne cmilknz 

S ij V 




^u en Floride. Il n'aurait pas été poffible de ikirc 
cihquante lieues au ttid en partant, d'aucun autre 
lieu de la cote d'Amérique, puifque la côte, de- 
puisie <juarantième degré jufqu au trente-quatrième, 
s'itend du nord-eft au fud-oueft; Après cela il di- 
rigea encore vers le nord. Ayant fuivi cette direc- 
tion j)endant quelque temps, il fe trouva au tren- 
çjè^îè'iîegré de latitude , &C vit une. côte qui cou- 
rait- à l'eft. Il eft vrai que cette côte eft plate , & 
qu'on n'y trouve point de havre ni de rochers* Le 
climat & l'aîr en font très-faîns, Anivés à la terre 
où la côte court à l'eft , ils virent pluiieurs feux , 
Se envoyèrent leur barque à bord fans fe défier des 
fauvages -, mais la mer était fi grofle que ceux qui 
étaient dans la chaloupe ne purent prendre tene. 
Un jeune matelot £e fiant à fon habileté à nager 
& s^ux invitations des fauvages , fe hafiufla à nager 
vers le bord avec quelques préfens de peu de va- 
leur , il approcha fi près <lu bord , qu'il n'avait 
plus d'eau que jufqu'à la ceintiure, mais la crainte 
le faifit au point qu'il jeta les préfens fur le ri- 
vage & fe ;cemit à nager pour retourner à la cha-^ 
loupe. Alors une vague le rejeta fur le rivage 
avec tant de force,, qu'il demeura fur le fable 
fans aucun fentimeut. Les fauvages accoururent 
fur le champ à fon fecours 6c le portèrent à quel* 
<jpe diftance de la mer. 

Quelle fiic fa ficayeuz en revenant à lui , de 



BANS tS No R». 277. 

fe voir en leui puiiTance ! Il jeta- un grand cti 
que les fauvages répétèrent pour l'encourager -, en- . 
fuite ils le placèrent au^ pied d*ijne colline , le 
tournèrent du côté du foleil , allumèrent du feu 
&: lui ôtèrent fes habits. Il ne* douta plus qu'ils 
n allaffent lofiiir en facrifice au foleil. On avait 
la même idée dans le vaiffeau , Se Ign ne pou- 
vait lui porter aucu» fecours. Cependant la crainte 
le faifait mal augurer, car ik firent feulement 
fécher fes habits Se ne rapprochèrent du feu qu'au- 
tant qu'il était néceffaire pour le réchauffer^ mal- 
gré"' cela il tremblait toujours. Les- fauvages le 
carefsèrent avec beaucoup d'amitié & de douceur j 
ils admiraient la blancheur de fa peau , Se s'é- 
tonnaient de voir couvertes de poils les parties 
du corps oè l'on fait que les (àuvages d'Amé- 
rique n'en ont pas. Us lui rendirent fes habits Se 
placèrent des alimens devant lui. Comme il mon* 
tra un grand defir de retourner vers fes amis> 
ces fauvages le conduisent fur te bord de la mer. 
Se après l'avoir embraiK avec beaucoup de ten- 
dreffc , ils s'éloignèrent un peu de lui pour lui 
montrer qu'il était entièrement libre 5 ik le^ fui*- 
tirent des yeux j4||i^'^ ^^ qu'il eût rejoint fa cha^ 
loupe Se qu'il fut à bord du vaiffeau. Or , tout 
cela doit s'êfre paffé quelque part aux environs 
àc NeW'Jerfey o\x lie des Etats ^ ou peut-êtrer 
fiue Long-Ifland^ Enfuite Verazzani avançant plus. 

Sii|- 



^7* DÉcotTiTERfË* iT Voyages 
loin vit la côte qui coûtait vas le noud. Après 
avoir hk cinquante lieu^ » U motiiUa à la vue 
d'une iélieiou^ CQOtrée , couverte des çhss belles 
forêts; vingt homaies de Çcm équipa prirent 
terre dans ce lie» & avaîicèrent environ deux 
iieues dans les terres. î^es hij>itan$ foyaient de^ 
vant eux, mais ils attrapèrent une jeone &mme 
d'environ dix-huit ans & une vieiile qui s'étaient 
cachées dans de grandes herbes. La vieiUe por» 
tait un enfant Co^ fon dos Se avait encore deux 
petits garçons avec elle. La jeune femme emme- 
nait auffi trois petites filles,. Lorfiju elles fe virent dé- 
couvertes elles jetèrent de grands cris ^ & la vieille 
fename fit entendre par iîgnfis, aux matelots ^ (pie 
}e$ hommes s'étaient en&is dam les boiss ils lui 
ofirirent quelque chofè à manger j ce qu'elle ac- 
cepta; mai$ la fille le r^ufa» Cette fiUe étant 
fort bien faite, ils auraî^t defiré l'emmener avec 
eux 9 mais commue elle réfiftait 5c poqilàit de 
grands crif , ils fe contentèrent d'emmener un 
des petits garçons. Ces gens étaient à demi-vétus 
d'un tiflu compofé d'herbes & d$ ro^ea^x« Ils 
avaient des filets; lei^rs flèches étaient armées d'os 
pointus ; leurs canots étaiei|^ formés d'un feul 
tronc d'arbre. Les arbrfes ^étaient pas fi odoi- 
jrans que ceux qui croiflenç dans les lîwx où 
ils étaient defcendus précédenunent. Piuûeurs de 
ces arbres avaient cependant des yigoes qaî s'é- 



iJAKStXNôlllX ijf 

kYdkfkt ju^u à l€tiï fommet. Nos voyageurs ne 
Tirent aucune maîfon fur c%tce terre. Apçès avoir 
refté ttcns jours à Taûcre , îk avancctcnt plus, 
loin le lotlg de la cote , ik ilécouvrirent un© 
ttès- belle contréerSc Tembouchure d'une grande 

Les ïàuVages leur macquèrcnt les endroits pro^ 
fondç de cette rivière. Mais une tempête ^i fur-- ^ 
vînt tottt-À-coiç, les obligea de diriger 4 Teft^ 
où ils trouvèrent une Ûe bien cultivée ( l'île de 
Nantucket , ou autrement celle de Marthas-* 
. f^ineyard) ; un peu plus loin ils découvriretjt" 
un havre ïur lequel ils virent plus de vingt . 
canots appartenais aux (iaivages. Ils trouvèrent' 
là une fort belle race d'hommes ^ ils font aaS 
très-doux, cependant les hommes font extrême* 
ment jaloux. Les femmes portent des ornemens 
de cuivre ouvragé. Leurs maifbns font rondes, faites 
de bois 6c couvertes de paille. L'embouchure de la- 
rivière était au quarante-unième degré. Les Fran^ 
çais firent dans ce lieu une grande quantité de 
provifioDs , fie le $; de mai , ils dirigèr^t plus aniK 
nord. Après^^ avoir fait une route de cent cin- 
quante lieues (qui font fept degrés &demi).,. ils- 
découvrirent une tene élevée toute couverte de 
forêts* Les hahitans de cette contrée étaient trè»- 
fauvages^ Us étaient couverts de peaux d'animaux ^^ 
& vivaient de racines qui croilTaîent naturellement.. 

Siv 



1 



Vingt-cinq pcrfonnes de lequipage defcendirenf 
à terre & furent fort mal reçues des habitans qui 
les accablèrent d'une grêle de traits & de flèches. 
Ils trouvèrent aufli dans ce lieu des omemens 
de cuivre. Delà ils avancèrent plus loin &: ani- 
vèrent après une route de cent cinquante lieues» 
au cinquante - fîxième degré latitude nord , près 
d'une contrée où les Bretons étaient venus pré- 
cédemment. Cette contrée, le long des côtes de 
laquelle ils avaient fait déjà plus de fept cents 
lieues, fut appelée Nouvelle-France (û). Les pro- 
vifions de l^era^:(ani <:ommençant à diminuer fen- 
lîblement , il revint droit en France , d'où il 
data fa lettre à François premier le 8 de juillet 
11524. 



(a) J'ai vu dans une carte ancienne la terre de Nïé^ 
Tiimbega placée précifément oi\ e(l aujourd%uI la Nou^ 
vellt " Ecoffi. J'aî avoué franchement à la page ipp , 
que je ne comprenais pas bien le nom ^Aremhec qu*on 
donna à la côte de la terre appelée dans la (uite Nom- 
velU-EcoJfei II n'efl cependant pas douteux que ce ne 
fbk la même terre que Nurumhega ou Norîmhega, Néan- 
moins rorîgîne de cette dénomination m*eft toujours In- 
connue , â moins qu'on ne dl(e que les bagatelles ofïèrteè 
aux fauvages & qui confinaient en miroirs, en (bnnettes, 
&c. &c. avaient été fabriquées à Nuremberg , & qu'en 
mémoire de cela j on aura donné ce nom à cette coi^- 
trce. 



DANS LE NôiR». 28î' 

On croît que Vcrazzanî entreprît un autre 
voyage à cette contrée nouvellement découverte 
( la Nouvelle - France) , mais il eft abfolument 
împoflîble de dire en quelle année. Cependant 
Ramujîo nous affure pofîtivement que lorfque 
F'era:(i^ani 'prit terre, il fut défait avec ceux qui 
étaient avec lui , & dévoré par les fauvages » à la 
vue du refte de l'équipage qui était refté à bord 
du vaifleau fans pouvoir leur porter le moindre 
fecours. Avant de terminer cet article je deman- 
derai la pèrniiffion d'ajouter deux petites obfer- 
varions 5 la première regarde la reflcmblance des 
deftinées de F'eraç^ani & de l'immortel Cook y 
,tons les deux ont été tués , mis en pièces & 
dévorés par des peuples groffiers & barbares ; 
tous les deux pofTédaient une grande connaiflance 
de la navigation 5 tous les deux étaient doués du 
courage le plus intrépide & de la plus grande 
conftance. La féconde obfervation a déjà été faite 
par d'autres avant moi , mais elle eft auiC vraie 
que remarquable s c'eft que les trois plus puif- 
fafls royaumes de l'Europe à cette époque fe fer- 
vîreht chacun d'un Italien pour diriger les voya- 
ges de découvertes dont ils faîfaient les frais. 
L'Efpagne employa ChriJIophe Colomb , génois y 
l'Angleterre Sébaftien Ciz^or, vénitien-, & la France 
Vcra^i^aniy florentin. Ce qui prouve fuffifamment 
qu'aucune nation n'égalait alors les Italiens dans 



1 



iU DÉCOOrVf ETES ET VoïAôl» 
)e$ coAfiaifldaces ^u'oxige la marine. Mai$ mal' 
pté leuxs connaif&aces maiitimes Se leuc etpé- 
xîeacc , les Italiens nont pu acquéûr un pouce 
île tefxe pour eux-mêmes dans rAoïérique. Toute» 
les <lecoavertf s <]u'ils âreat lombèxent , en par- 
tage à celle 6fi ces nations ^ul les avait en- 
voyés Êdre ces Toy^^* L'^fptit mercanciile & 
mesquin îles r^ubliques de VeniCe^ de Gènes ^ 
de Florence, de Pife & des autres états libres^ 
<kmt pHiiieurs avaient déjà paiTé fous le jôug 
d'un makie ^, leurs difputes p^pétuelles ic h» 
petites guerres qu'ils fe Êâ&ieni: entr'euxs & 
leurs vues courtes &: intéreilëes,les empêchèrent 
de voir les avalïCages qui devaient réfiilter de â 
gt«ides tntrepriiès s les attachèrent à des détails 
puériis qui les rendirent incapables d'entreprendre 
des expéditions de U flm grande importance 
pour l'état , quoiqu'il it couvât ichez eux de» 
hommes qui avaient l'efprit , non-Teulement afl» 
tafte pour concevoir de pareils projets ^ nfiais 
encore tout le courage néceilkire pour les nfiettre 
à exécution. 

III. Les découvertes faites par ^ertfçça/t£ n'ayant 
apporté que très* peu ou même point du tout 
d'avantages à la France ^ on abandonna pendant ' 
quelque temps l'idée de pareils voyages. Mai^ 
en 1534 9 Tamiral Pfulippe Chahot repréfenta au: 
foi combien il ferait avarttageux d'établir vne colo- 



i>AK-s Li Nord. itf 

nie <1«9S u&e contrée Je laquelle les £(pagnob 
tiiaienr caiac de richefles ; on prétènta donc Jàc^ lÉf^ 
f i^ei* jUanier de Smu-Mido «n f!od qiïi agcéa les 
pcojets* Ije 2;jo .davril , d partie <]e Saint-Maio , 
avec deox Tatâfeaux & cent viiigt^^x hontoies, 
de le lo <de mai^ £1 Tit BoMT-f^ifta iur T^e lie 
Terre-Neuve. La «ecre «était encore couyette de 
neige 5 & il y javah nae grande cpiantitéde glace 
vers le rivage. Six de^és plus loin au fud ou 
au fud-fud*eft , il vit un havre auquel il donna 
le nom de Sainte-Catherine. Il retourna enfuite 
au nord 5 & près de Tîle des Oifeaux à la diftance 
de quatorze lieues de Terre -Nwve^ il vit un 
^ grand ours Uaac^iËnfiiite il fk pr eTque le cour de 
Terre-Neuve, où il trouva des havres fârs, mais 
un mauvds fol. Les habîtans étaient dune affez . 
grande taille, affez bien faits-, leurs cheveux étaient 
liés fur le fonmiet de la tête^ & ils portaient 
des plumes pour 1 ornement de cette partie. Nos 
voyageurs s'ap pcocbèient du cootment , Se s'arrè* 
tèrent dans une baie profende, ils y foufinrent 
de grandes chaleurs & ils la nommèrent à caufè 
de cela , la Baie des Chaleurs. Elle eft auflî ap- 
pelée dans quelques anciennes cartes Baie-Efpa- 
gnole. On dit en effet que Velafco avait été dans 
cette contrée avant Cartier^ & que n'y trouvant 
ni métaux , ni hommes 5 il s'^éoria aca nada y 



184 DécOTJVERTïS ET VOYAGES 
ccft-à-dirc , il njr a tien ici {à) \ expieflîcm dont 
IftVP^ on iotmdi le mot Canada yUbm'^us lequel cette 
contrée fiit connue dans fa fuite; Il y aVait dans la 
taie des Chaleurs un grand nombre de phoques.. 
Après, que Cartier eut examiné les côtes de la 
baie de Saint-Laurent , il remit à la voile le i f 
d'août & arriva le 5 . feptembre à Saint'Malo. 
IV. Cartier doiuia la relation de fon voyage. 



C^) Uétymologie du 00m ^e Canada prife de i'efpagnol 
Aca-nada ayant été fi fouvent rapportée» je ne puis m*em- 
pécher dé propofèr quelques objedions qui doivent bien 
raf&iblîr. Le mot efpagnol qui répond à, ici y n'eÔ pas 
aca , mais aqui ^ & la formation d» Canada par yÉqui" 
nada parait forcée & peu naturelle. On ne peut mer ce« 
pendant que plufieurs perfonnes ne nrent ce mot Canada 
de ceux-là» Dans les anciennes cartes nous trouvons fou- 
vent ca : da nada ou promontorium mhilL U parait 
cependant par un vocabulaire Canadien annexé ï Tédi— 
tîon originale du (econd voyage de Jacques Cartier^ 
Fafis , t ^45, qu'un aflèmblage de maifbns ou d'habications'y 
c'eft- à-dire, une ville, était appelé par les naturels, Ca- 
nada. Cartier dit , a ils ap-ptUent une ville Canada 9^ 
Et il paraît fort naturel que lorsque les Fram^ais deman* 
dèrent à ces habitans comment ils appelaient un. tel lieu 
comme un aflèmblage de maifbtis ou de huttes ^ ces gen» 
leur aient répondu Canada ou une ville. Alors les Fran*^ 
Çais Ce feront imaginés que c'était le nom de cette 
contrée , & delà toute cette région aura pas le nom de 
Canada* 



DANS I. S Nord. 285 

<c qui engagea le vîce-amixal ^ Charles de Mouy, 
fieur de la Meilleraye , à lui obtenir du roi plus 
4'aucorité , & trois vaifTeaux bien équipés & bien 
armés. Le ^ de mai 1535, Cartier fe rendit avec 
tout fon équipage à la cathédjrale de Saint-jVlalo, 
pour demander à Dieu qu'il bénît leur enrreprife i 
ils reçurent en même - temps la bénédiâion <ie 
Tévêque. Cartier mit en mer le 19, ayant abord 
nombre de jeunes gens de diftinâion qui defîraient 
faire fortune fous lui. Les vaifTeaux furent bientôt 
difperfés par une tempête. Le 2^ de juin , ils fe 
trouvèrent tous enfemble à leur rendez-vous gêné- 
îal dans la baie de Terre-Neuve. Le premier 
d août, le capitaine fut obligé par une autre tem- 
pête de relâcher dans le port de Saint - Nicolas 
à la côte nord de l'embouchure de la rivière 
Saint- Laurent, qui eft au quarante-neuvième de- 
gté vingt-cinq minutes de latitude nord. Le 10 , 
Cartier avança encore dans la grande baie qu'il 
nôitfma baie de Saint - Laurent , & quoique la 
zivière qui fe jète dans cette baie ait été d'abord 
appelée rivière de Canada ,' on a changé par la 
flûte du temps , ce nom en celui de rivière de 
Saint-Laurent , d'après la baie ou le golfe de ce 
nom^ Le non^ de. Saint- Laurent fut audî donné 
d'abord à une paflie feâlçment, iituée entre l'île 
iiAnticoJii & la jcôte nord de la Terre - Fermer 
dans la fuite ce noi?» s'eft étendu à toute cette 



1 



t^Z6 DÉCOUtTEÏtTÊS HT VaïâÔEST 

gcso^baie; Le 15 » Cartkt aborda à acre iie qi^ 
Bomixid rîfe èe ï AJU^ùiptioriy. & q^s» les faRivages; 
a^edtenc Natifcûuc dent Ses Anglais om fait 1» 
nom (fAnticoftiy qi/eile porte Mcose ai^ouf <^hai» 
i^è» cdia il^ femdat^ k. fïvieire» & k premier 
fepcenibre , il entr^ diat» U sivière Segtaeruty. 
Delà ea alknc pius loin:) il rit une île com^erte 
de noifetiefs» , il la nomma Ut amx Couirts. il 
vît k teste des deux^ cotes dch'^vièfe, &:€h|^^- 
d» dans cet endvois tar pott o& il pût pailèr Fki^ 
ver» Il ttouva; ptus haut me ild plus grai»de S^ 
pfo^ btfUe çie celle - ci, amvevce d^uDe grande» 
dnaMité de v^e (a) qtâ croiiTatr naturelkmene 



(a). Une des pxlndpales & des plus fortes objjcfttons 
qu! aient été faites contre l'opinion 'que Terre Neuve eft 
le IS^inland des anciens Normands (vi^. tome I » p9g* 
138)^ c'efi qu'il ne croît point de vignes fpontanéinênt 
dtms cette ile» Ov ^ \*fU de Baeehus de Carrier ou V9^ 
âfOdèms: a étéiooavée counrerte die vigKeSy^^ la laAtade^ 
ik eette île eu exa^emen» kb ipéme iff» oefle de Ter»e»r 
Neuve >.& même de la partie la plus iméridionaie de cette, 
contrée» D^ailleurs le dimat de Terre -Neuve étant, str 
càufe du vpifînage de ^rOcean /plus doux que celui de 
111e d^Orléans^ je ne puis pitis dbatéir que quelques efpèces 
ik vigne iâuvage ne Çt froevaflènt aûffi U F3e dé Terre-- 
Neuve , ft GxMsm Vef^ctf àsùt jf'ai pat|é plut Haut i> 
vms vu^imck « Ikhrufca , âf^orewcNoe^ nTavons aucune 
htaoice des ehme&deTerre»»Ntuye^aiii&iu^ 



BANS tu NOKD* 1^7 

lims les bois Se tes: filets. li la nomma l caa& 
dt cela^ ile de Baccbos^ mais^ ce nom eft aâuet« 
lemefnt oublié, elk œeft phts coanue que fom 
le nqin. d*tte dfOctéan& Cartier semoiit» encow 
la» grande rivière ^ de en vis une aucre qui ve^ 
naît du ndtfd» à taquelW il donaa le noin de\ 
Sainte - Croi& » poi^e qu'il 1 avaic découverte le 
jouf de FraateaidbA dis la Cmiok Aujoard^ui cette 
i^ière eft conaue' few le ttom de rivière de 
Jacques CarMf. lÀ il s^'estietint avec Donna^ 
cona^ im chef de&uvages» (|ul asrak hksL à^sS^ 
conlèrvet pouc hà fetrf les avantages que la pé^< 
iènçe de Camer & de Ion équipage pQuiQtak 
pcocurer aux habitant de ces contséei^ dam ce 
dsifein, ilc l'engagea à ne pas aller à Hocielaga, 
grsuid écabUlTenienr éo feuvages. Mais C»dér laifià^ 
deux vaiâeaux dass la rivière de* Sainte -Croix 5 
fie alla pks foin avec le croifième 5 Ut Gran^" 
Hermine. Quanrf iî fut dai» le lac de Saîrrt^Pîerre , 
il ne put aller pk^ avant' avec fi>n vaiffeau» 
parce que Teau n^était pas^ dSèi profonde. Il 
arma fts deux chalbi^es Se alla< avec (a) i 

affirmer cela avec certitude ; cependant II efi très-probablè 
que c'eft conune nou&le préfûmons, 

(â) Ce lieu n^efi phis appelé aujourd'hui Hochelaga, 
mais Montréal s le pvemier noni eâ entièrement oublié, 
Montréal efi la première place du Canada après ^«c« 



1 



Xi9 DéCOOVÊRrES Êï VoifAGÏS 
Hochelaga. Cet établiffement contenait environ 
cinquante habitations , dont chacune avait cin- 
quante pas de long Se quatoae .ou quinze de 
larges elles étaient toutes environnées de paliC- 
fades. Il n'y avait qu'une porte pour entrer dans 
ce lieu. Tout autour des fortifications il y avait 
un étage élevé auquel on montait par une échelle. 
Sur cet étage on avait mis une grande quantité 
de pierres grandes & petites pour la défenfe des 
fortifications. Les Européens y fiuent très - bien 
reçus. L'air renfermé & putride des habitations 
zeflèrrées & fales de ces fauvages, les alimens 
falés & mauvais dont ils étaient obligés de fe 
nourrir, ainfi que TimpoOlbilité où ils étaient 
de changer d'habillemens , caufa le fcorbut parmi 
les gens de l'équipage de Corner ^ il en mourut a 5 
de cette maladie, jufquà ce qu'enfin ils appri- 
rent des fauvages le meilleur remède pour ce mal 
& en firent ufage. Ce remçde coufiftait dans une 
décoâion des feuilles Se de l'écorce intérieure 
de l'épinètte blanche de Canada ( pinus cann-' 
4enjis Linn.) Par Tufage de ce remède Car- 
tier Se fon équipage fiirent parfaitement réta- 
blis en huit jours -, ceux même qui étaient atta- 



hec. L'Ue fur laquelle elle cil fîtuée, efl très- bien cul- 
tivée & très -peuplée en comparai&n du telle du Ca- 
nada* 

qués 



pansleNord. 48^ 

tqués du mal vénérien en furent auiOS guéris. Lé 
printemps fuivant, Carti«r revint en France avec 
ce qui reftait de fon équipage. Il avait emmené 
par force & par ftratagême Donnacona , de la ri- 
vière Sainte-Croix , il le préfenta au roi , Sç s'é- 
tendit beaucoup fur les avantages qui réfulteraienc 
d'un établiflement dans cette contrée , principar 
lement par le commerce de pelleteries 5 il fit voir 
en même-temps que la douceur du climat "& la 
fertilité du fol promettaient aux cultivateurs toutes 
les- productions de la terre. Maïs le ridicule pré- 
jugé dominant alors dans toute l'Europe, que les 
contrées qui produifaient de l'or ou de l'argent 
étaient feules de quelque valeur & méritaient feules 
qu'on en prît poflèflîon j ce préjugé, dis-je, avait, 
encore ^' cette époque, une telle influence fur 
Tefprit des Français , qu'on méprifa l'avis très- 
utile de Ckr/ier & qu'on ne voulut plus entendre 
parler d'établiffement dans le Canada. 

V. Il fe trouva cependant quelques perfonnes, 
même à la cour, qui fe formèrent oe plus jufte^ 
idées fur cet objet. Un gentilhomme de Picardie, 
nommé François de la Rofue, Seigneur de Ro- 
h^rvaly qui jouilTait d'une grande confidératioii 
dans fa province, & que François premier avait 
coutume d'appeler à caufe de cela le petit roi de 
f^imeuy fe montra plus zélé que perfonne à pour- 
fiiivre ces découvertes. Le 15 jaovier i54Qf lo 

Tome IL T 



1 



TfO DÉCOUVERTES IT Vôt^AÔES 
tiol k créa fcigneur de Norîriiberga , & fon lieu- 
tenant- général & vîcc-roî ^ans lé Canada ^ Boche" 
lagay Sagueaay , Terre-Neuve^ Belle Ile y Car^ 
von 9 Lahrador^ la iGrande- Baie & Sacallaos^ 
Dé Roberml chargé dfr ces titres , voulut paraître 
dans ces contrées avec la grandeur & la magnî- 
licence convenable à fes dignités. Il envoya cher- 
cher pour cela des canons en Normandie & même 
fcn Champagne , & équipa deux vaiffeaux à fes 
J)ropres dépens. 

Cartier devait aller devant, comme capitaine, 
J)arce que de Roberval ne pouvait être affcz tôt prêt 
avec fes deux vaiffeaux. Cartier mit à la voile 
avec cinq vaiffeaux le 2 J de mai 1540. Après 
avoir effuyé plufieurs tempêtes , il débarqua enfin 
à Terre - Neuve , dans le voifînage de Carpon 
{ probablement Quirpon ou Kirpon fur la pointe 
liord del'île). De Roi^rvû/ n'arrivant point, Cartier 
alla droit au Canada où il s'enttetint avec Agona^ 
le fucceffeuf de Donnacona qui était mort en 
l^rance. S*étant réciproquement fait dés préfens, 
^Cartier alla à la diftance de quatre lieues dô 
Sainte - Croix dans une petite rivière qui parut 
mieux lui convenir que la tivière de Sainte-Croix. 
il vît dans ce lieu une grande quantité de rai- 
fin noir. Il y fema différentes efpèces de graines 
potagères, comme celles de laitue^ de chou Se 
de navet qui levèrent ixês-promptement. Il çwt- 



r DANS L K NôK D, aji 

truifît auffî dans ce lieu une petite citadelle qu il 
nomma ChmUbourg (a). Cette contrée était fort 
agréable & coupée patï plufieurs ruiffeaux. On y, 
trouvait du fer * une grande quantité de pierres 
criftalUfées, & même de la poudre dor. Cartier 
arma deux canots daifô le defièin de palier par les 
catara(Jles à Saguenay , mais il troura que celai 
était impcifQble : il redoubla de foins & d'atten* 
tîon- lorfquil eut découvert la peiffidie des natu* 
lels de cette contrée^. Ayant attendu vainement 
îufquep J J4i , l'arrivée du vice-roi de Robèrvul^ 
& Tes prbviiîons étant toutes conib^nmées , d aU*- 
leurs ayant de grandes raifons.pqoir craindre une 
attaque de la part des fautages^ il partit pour revenir 
en France, mais il fut extrêmement futpris de trou- 
ver à Terre-Neuve.^^ Raterval qui n était parti 
de France qu'au mois d'avril 1542 , & était arrivé 
à la rade de Sainte. Jean à Terre-Neuve pré*- 
cifément avant lui, m&c trois vaiflèaiix chargés 
d'hommes, de femn^s & d'ônfans* DeRoberval 
voulait à la vérité obliger Cartier de retourner 
avec lui en Amérique; mais ce dernier s'échappa 
avec fon efcadre pendant la nuit, èc fit voile pout 
la Bretagne. 

(a) il. Semblerait delà que ce premier établîflèment iqi^ 
Français doit n'avoir pas été éloigné de Québec ^ de \n 
petite rivière de Châkes \ en effet on trouve encore dans 
cesL'epvfTôns ime place appelée Q^arUshourg. 

Tij 



'I 



ijl DécOUVERTES ET VOYAGËJ 

VI. De Roberval alla avec fes trois vaiffeaux: à 
la cote de Saguenay ^ bâtit un fort fur une mon- 
tagne près la rivière de Saint-Laurent, & envoya 
fon premier pilote, fean-Alphonfe de Xaintoigne^ 
né erw Portugal ou en Gallice , dans le nord pour 
découvrir un paflàge aux Indes orientales. Mais 
celui-ci ne put aller au-delà du cinquante-deuxiè- 
me degré latitude nord. De Roberval revint fans 
doute en France, car nous voyons qu'on parle 
tde pluiîeurs autres voyages entrepris par lui. La 
guerre qui s'était allumée entre François premier 
& Charles V , empêcha de Roberval de rien tenter 
de nouveau jufqu'en 1549. Mais en cette année 
il repartit avec fon frère, l'un des hpnimes de 
fon iiècle le plus courageux. On rapporta qu'ils 
avaient péri tous les deux*, cependant il ne nous 
<ft parvenu aucuns détails particuliers concernant 
les drconftanccs de leur mort. 

VIL On ne fe fouda plus pendant aflci 
long - temps , d'entreprendre des voyages en 
Amérique, parce qu'on ne tirait point d'or des 
contrées nouvellement découvertes dans cette 
partie du monde. On rie voyait pas que la valeur 
xéeUe du commerce 4e pelleteries & des pêche- 
ries furpaffait de beaucoup celle' de tout l'or à\x 
Pérou , & affurait à l'état des avantages bien plus 
durables.^ En 15^8, le marqq|| de la Roche fut 
à ces contrées en qualité de lieuCQOsutit du pay$î 



i 



D A N s L E N R n. X9^ 

©n avait envoyé avec lui quarante pctfonnes tî- 
lées des prifons , il les defcendit fur une mifé- 
rable île appelée ih de Sable ^ &c s'en alla e» 
Acadie qui depuis a pris le nom de Nouvelle^ 
Ecoffe. Delà , après avoir fait, en différentes^ pat- 
ries de ce pays, les recherches qu'il crut néceflàires, 
il revint en France fans qu'il lui eût été pdflîble 
de reprendre les pauvres malheureur de l'f/^ de 
Sable. Il éprouva en France plufieurs malheurs 
qui l'empêchèrent de retourner en Amérique , ce 
qui l'affeéla au point qu'il mourut de chagrin* 
Henri IV ayant entendu parler des malheureux 
laiflës fur l'île de Sable , envoya Chetadel pour 
les chercher & les ramener. Après fept ans de 
féjour fur cette île déferte, il n'en reftait que 
douze de vivans. A leur retour le roi voulut le» 
voir précîfément comme ils étaient lorfqu'il» 
quittèrent cette île, vêtus d'habits de peau de 
veau marin , & avec leur longue barbe-, enfuite ce 
prince leur fit à chacun un préfeht de cinquante 
écus & leur pardonna- les crimes pour lefquels 
ils avaient été mis ert prifon , & qu ik avaient fi 
longuemenr expiés. Itnmédiarement après le voyage 
du marquis de 1* Rocke , Pontgrave dt CHauvift 
alla, avec un privilège du roi pour un commerce 
exclufif ,' à Tadouffak à l'embouchure de k ri- 
vière àtSaguenay ^ oà» il fit des échange? contré 
des fourrures \ il y retourna l'année fuivante & coa* 

1 UJ 



^94 DÉCOUVERTES ET VOYASES 

tinua ce rommcrcc ; il avait formé le dcffein d y 
^Uer une troifîème fois, lorfque la mort vint 
terminer fa carrière. Nous trouvons .enfiiite 
quelque chofe concernant les voyages au Ca- 
nada de Samuel Cbamplain, gentilhomme^ mais 
les découvertes quil fit font I de peu de confé- 
quènce» & ne peuvent, pour i[a plupart, entrer 
dans le plan que nous nous fommes propofé. -Ce 
que le fauvage Otfchagah ( c eft peut-être quel- 
qu'un de la nation des Otfckagras ) a dit du 
paifage du lac fupérieur dans le lac Bourbon & 
des deux Ouinipiques , qui font jointes à la baie 
d'Hucttbn par la rivière Nel/oa , eft également 
incertain'. Aucune de cgs relations, non plu^ que 
celles de quelques officiers Français, ne font fufii- 
(àmment authentiques pour qu'on puifle dreffer des 
cartes ou donner une defcription circonAanciée 
de ces contrées fur de pareils fondemens. 

VIII. M. Philippe Buacht dans fes Cenfide- 
ratioris géographiques &phy(iques, Paris, in*4^ 
1753 , parle d'un voyage d'un capitaine Frùndad^ 
qui partit, en J709, de la Chine pour l'Amë- 
rique feptenfrionale Efpagnole.. C'eft le feul vaîf- 
feau qui ait jamais traverfé la mer du fud à une 
il haute latitude. 

Au cent foixante-citiquième degré de loftgimde 
eft de l'île de Fer , il trouva 4m courant rapide 
qui venait du- nord 5 & dans, le mois de inai \k 



D A N s L E N O R X>/ ^y^; 

eut de grandes piuies & de violens qoups du Yent;.> 
Arrivé au cent quatre-vingt-huitième degré de: 
longitude eft , & au quarante-cinquième degré U* 
titude nord, il trouva upe mtt auffi. calme quWn^ 
étang -, ce qui lui fit penfer qu'au vent du lieu 
où il était jj il devait y avoir une terre qui ralen- 
tiilait le courant. Avant d'ayriver au quarante-qua- 
trième degré delatitude, & au cent quatre-vingt-dix- 
feptième degré de longitude eft de Tile de Fef » il^ 
efluya de terribles tempêtes de de violentes bou- 
rafques ilu liord^nord-eft &c de Teft , Se vit des^ 
courans rapides au nord & nord-oueft. Il vit auffî 
fous cette latitude qn grand nombre de baleines. 
Au quarantième d^g^é latitude^ pord, la mer était 
verte. Plus loin les courans étaient au fud-eft. 
Enfin , le 24 juillet 9 il atteignit les c6tes d^ 
Californie 9 ^yant eu pendant to^t le cours de cç 
voyage , des temps fie des V;epti5 trè? - varioles , 
de grande«^ pluies ^ ibuvent la m^ tiès^gitée s ISf^ 
quelquefois des calqi^ platSr 

C(i&r]z tout ce- que n.ou$ ?;ypn$ pu xsff^snhi^ 
concernant les voyages des Fjrariçais gc loniiis 44^0»^ 
vertes dans le Nord. Mais il :feut qbfejfver qu# cr 
n'eft que: depuiv^peu que cette nati^m a donné ms 
voyages dans les régions éloignéâs» Tattent^n qu'île 
méritent, les voyages que les |i raaçais ont entrepçi^ 
^utre&is font été par des particuliers & à hmf 
prop;çs dépenj..Le GouvQpn^ent a rareofjc^t gj:* 

Tiv 



19^ Découvertes et Voitagis 

tégé de femblables cntrcprîfes , & lorfqu il la fait, 
ce n'a point été avec ce zèle & cette ardeur néceC- 
faires pour les faire réuflîr. On ne peut nier cepen- 
dant que le Gouvernement n'ait auffi ordonné quel- 
ques voyages très-confidérables & avec de grandes 
dépenfes , voyages dans lelquels on a fait des 
découvertes importantes & d'une utilité générale. 



CHAPITRE IV, 

Des Découvertes faites par les Efpaffiols 
dans le Nord. 

C^E fut à un concours de circonftances heureufes 
que l'Efpagne dut la découverte des îles de 
TAmérique , que l'immortel génois , Chrîftophe 
Colomb fit pour elle en 1492 j les avantages im« 
portans que cette puiffance recueillit de ces dé- 
couvertes enhardirent tous ceux de cttte: natioit 
doués d'un courage élevé à courir la même carrière 
avec la plus grande adivité. Les richefles ainfi 
acquifes fervirent à équiper un grand nombre de 
vaiffeaux & à l'exécution de nouveaux projets de 
ce genre. L'heureufe îfliie des voyages des Por- 
tugais en A&ique, le cap de Bonne - Efpérance 
doublé en 14^^ , ^ là découverte d'un paflkge 



DANS LE Nord* 257^ 

par mer aux grandes Indes-, tout cela rendit les 
Efpagnols encore plus appliqués à la reclierchc 
de nouvelles terres. Chacune de ces nations et 
fayait d étendre ces fortes de conquêtes & d'en 
profiter le plus qu il lui ferait poflîble. Des vaif- 
féaux furent envoyés* de tous côtés pour des 
voyages de cette nature. Vincent le Blanc aflure 
que lorfque Thomas Aubert ( ou Hubert ) alla 
au Canada en 1508, Tefpagnol Velafco y alla 
auffi, & qu'il remonta la rivière appelée depuis 
Saint - Laurent , environ l'efpace de deux cents 
lieues , & qu'en côtoyant la terre de Labrador , il 
revint à la rivière Nevado ^ que Cortereal avait 
découverte avant lui. Mais les relations de Vin- 
cent le Blanc méritent en général fî peu de con- 
fiance, que nous ne pouvons ajouter foi à ce qu'il 
raconte des entreprifes de Velafco ; & confé- 
quemment nous ne pouvons déterminer fi c'efl: 
conforme à la vérité. 

I. Le pape Alexandre VI en 1453 divifa, d'a- 
près le préjugé de ce temps -là, les nouvelles 
terres à découvrir , entre les Efpagnols & les Por- 
tugais, par la fameufe ligne de démarcation qui 
commence en effet, à trente - fix degrés à l'oueft 
de Lifbonne, ou à vingt -fept degrés vingt-neuf 
minutes à l'oueft du premier méridien., favoîr, 
celui qui pafle à l'île de Fer, ou trois cents 
trente-deux degrés trente-une minutes à l'eft de 



1 



i55 DECOUVERTES ET YolttGES 
cette île. Mais cette ligne fat changée en 1494, 
par le traité de Tordefiilas pour le] plus grand 
avantage des deux puiiTances ^ de manière que le 
l^ortugal pouvait ccmquérir le royaume de fes^^ 
Se rEfp^gne d'un autre côté pouvait auilr s'em- 
parer d'Alger i de Bugey^^ de Tunis Se de 7V- 
le/m 5 & conféquemment la ligne de démarcation 
devait être tirée à trois cents foixantedix lieues 
àloueft des îks du cap Vert. Le premier voyage 
de Magellan autour du monde avait montré aux 
Efpagnols une route à Toueft , pour aller aux îles 
Moluques , &c les deux nations étendaient trcs- 
injuftement leurs cent quatre-vingts degrés depuis 
la ligne de démarcation , dans la vue d'agrandie 
leur domination.' Elles eflayèrent en 1514, de ré-> 
gler ces différens par des commifTaires à Badajo^ 
& Elvas ; mais on n'avait encore rien déter- 
miné 5 lorfque l'cnapereur Charles V qui avait 
befoin d'argent, céda, en 1519 par le traité de 
SaragolTe , à Jean III » %o\ de Portugal, Tes pé- 
tentions fur les îles Moluques pour la fomme 
de 3 50,000 ducats. Cependant les Efpagnols trou* 
vaient toujours beaucoup de difficultés pour aller 
dans la mer du fud , au Pérou , au Chili ic aux 
:îles Philippines, par le détroit de Magellan, à 
caufe du danger de cette route & des tempêtes fré- 
quentes qui s'y élèvent -, il était donc tout natu- 
rel qu'ils fQuhaitaflent de trouver une voye plus: 



i>AN$ L3È Nord. 299 

comte. Les tentatives faîtes par les Anglais & par 
les Français pour découvrir un paflàge par le norcl 
dans la mer du fud, à la Chine , au Catbay, 
inquiétaient, en quelque forte, les Efpagnols, 
ils craignaient que ce paffage ne fût trouvé & 
occupé par ces nadons , & qu ainfî ils n'en fufTent 
exclus. Cette inquiétude leur fit naître l'idée de 
chercher auffî un pafTage de la mer du fud dans 
l'Atlantique. Avant que cette entreprife pût être 
jnife à exécution , l'empercus: Charles V envoya 
de la Corogne en 1524, Eftevan- Gome^ pour 
chercher un paffage aux îles Moluques, par le 
nord de l'Amérique. Mais ce capitaine ayant trouvé 
que cette découverte était im^oflible 5 emmena 
avec lui quelques Indiens de ces îles & revint ^ 
.Tolède en 1525. Voyez Miguel-f^enegas , Hifloire 
de la Californie,. pag. 124. CorUT^lt conquérant 
jdu Mexique, avait été iiiûruit des tentatives du 
portugais Gafpar Coneréal pour trouver un paf^ 
fagc, & qu'il avait déjà découvert un détroit au- 
quel il avait donné le nom £ Aniaiu En confé- 
quence, il envoya trois vaifleaux bien armés fous 
le commandement de Franfois Ulloa^ pour le 
prévenir dans cette découverte. Cet événement 
paraît être de 1537, quoiqu'il nous fbit parvenu 
très-peu dé chofc fur le réfultat de cette expé- 
dition. Comme CorteT^ voulait s'approprier les avan- 
tages qui* pouvaient réfulter de cette découverte. 



1 



JOO DÉCOUVERTES Et VôYACE? 
fi cUe fe fut faîte -, il prit le commandement de 
l'expédition , mais il revint fans avoir rien fair. 
Après lui, le vice-roi Mendo^a envoya en 1540, 
cïcs gens par terre fous le commandement A^Fran-- 
cijco l^afque^ Coronado , & par mer fous celui 
de Francifco Alarpon 5 pour chercher le détroit 
connu- fous le nom £Anian , & reconnoître ta 
cozt au cinquante-troifième degré latitude nordl 
Alarçon n'alla pas plus loin que le trente-fixièmc 
degré, parce que (on vaifTeau était en mauvais 
état & fon équipage malade. Cependant la côte 
commençait à courir au nord (probablement au 
nord - oueft ) , dans ce cas il aurait pu s'éloi^ 
gner davantage des troupes de terre qui étaient 
4é(à à la diftance de dix jours de marche de 
l'endroit d'où' il retourna fur fes pas. Voyez An- 
tonio de Herrera , Defcription de las Indias , 
amberesy fol. 1728 j ouvrage qui a été auflî pu-- 
blié en latin à Amfterdam, in-folio,, en 1611 ^ 
ainfi que in- S*', de Laet, novus orbis ^ feti Ame- 
ricœ utriufque Defcriptio^ Antuerp. & Lugd. Bdt^ 
ap. Eli^evir^fol. 16^^. 

IL La nouvelle du mauvais fuccès d'Alarçoa 
^yant été apprife en Efpagne,'on donna des ordres 
pour une autre expédition dont on confia le com- 
mandement en 1542, à Jean Rodrigties(^ de Ca- 
hnllo ^ portugais au fervice d'Efpagne, mais il 
n'alla pas plus loin que le quarante-quatrième de^ 



DANS EK N O R D. • 301 

gré de latitude nord , où il éprouva un très-grand 
froid. Les malades de fon équipage , le manque 
de provifions 5 le mauvais état de fon vaiffeau 
qui faifait eau & qui ne pouvait foutenîr Igi mer 
dans ces parages 5 tout cela obligea Cahrillo de 
revenir fans avoir pu s'avancer auflî loin que le 
portaient fes inftructions. Cependant il vit une 
terre au quarante-deuxième degré latitude nord^ 
fur la côte de TAnlérique feptentrionale , & la 
nomma , en l'honneur du vice-roi , Capo Mea- 
docino. Il trouva que delà au port de la Nadi^ 
vidad ( de la Nativité), toute la côte était une 
terre continue fans aucun détroit, ni aucune autre 
réparation. 

III. Outre ce qui fat fait par ces vaiflèaux 
on affure qu'un gentilhomme efpagnol, nommé 
Salvatierra, à fon retour dans fk patrie, de l'A- 
mérique , prit terre par ha£krd en Irlande , & 
rapporta au vice -roi c^ André Urdanietta avait 
trouvé vers l'an 155^ ou 1557, iin pafrage,& 
qu'il lui avait montré à lui-même, huit ans avant 
fon arrivée en Irlande , une carte du Mexique , 
fur laquelle il avait tracé ce palfage. Urdanietta 
venait de la mer du fud & fat en Allemagne , 
il eut oçcafion de parler au roi de Portugal & 
de lui faire part de fa découverte. Ce prince lui 
recommanda d'obferver le plus profond iîlence fur 
jCjette aifàire , parce que £ Içs Anglais en prenaient 



1 



tonnaiflance, ils donneraient beaucoup d'inquîé^ 
tude au roi d*Efpagnc & à lui-même comme roî 
de Portugal. Cet Urdanietta était un fimple moine, 
maïs il avait de grandes cohnaiflances en mathé- 
matiques & dans la navigation , ce qui lui valut 
de l'emploi dans plufieurs voyages , particulière- 
ment dans celui <juî avait pour objet les Phi- 
Kppines en 15^4, fous le commandement SAn- 
dreaS'Miguel L'opei^-Lega/pL 

IV. En 1582, Francifco Gualle reçut ordre 
du roî d*Efpagne de rechercher s'il était vrai qu'il 
exiftât un palTage à Teft & nord - eft du Japon , 
par lequel la mer du fud communiquât avec celle 
du nord de TAfie. Voici les propres terrhes de fon 
l'apport : « En dirigeant îna foutç (du trente- 
» deuxième degré latitude nord - eft du Japqn ) 
» à Teft-nord-eft^ environ à trois cents lieues du 
)) Japon , je trouvai une mti très-profonde avec 
» des courans qui venaient du nord & du nord- 
» oueft , je fis ainfi plus de fept cents lieues, 
» & ce ne fut qu à la diftançe de deux cents 
)) lieues des côtes de la NouveHe-Efpagne ( ou 
» Californie) que je perdis les courans & là mer 
% tr^s-profônde. D après cela je fuis dans l'opinion 
)> & je crois fermement qa'il exifte un détroit 
» ou canal, entre le continent.de la Nôuvelle- 
» Efpagne & la Tartarie d'Afie. fendant toute 
î> cette -route de fept cents- lieue», mous vîmes 



D un grand nombtè de baleines & de ces poif-» 
>>' fons que les Efpagnols appellent atitns{thon^ 
)> fcomber tbynnuS) dont on prend un grand no?n* 
» bre auprès de Gibraltar, ainfi que des alba-^ 
#) coras ( fcomber-hippos ) & des bonitos (fcom-* 
» ber- pelamys)j toutes efpèees de poiflbns qui 
5) friéquentent ordintirement les détroits & les cou- 
» rans de la lîîer {a). Ces circonftances ptifti 
» enfemble m'engagent à ctoite qu'il' doit y avoit 
)> dans ce lieu un détroit ou canal » [b). 

Juan de Fucn était , ftrîdemcrit parlant , uri 
grec de l'île de Cephalohie , Ibh vrai liom était 
ApoflùloS'Vahriahos. Il avait été plus de 'qua- 
rante ans au fervice dé l'Efpagtte en qualité de 
matelot & de pilote , il avait auffi perdu une 

(a) Pour moi , je lie puis dire que toutes ces e(pèca$ 
de poîffbns fc trouvent particulièrement dans les détroits, 
car dans le cours de mes voyages autour du monde, j'aî 
vu plus d'une fois ces efpèees de maquereaux & particu- 
lièrement les bonites en grande quantité au milieu de 
TAtlantîque à de grandes dîftances de •toute terre, nous 
en avons même pris quelques • uns. Nous avons vu des 
baleines dans les hautes latitudes du fiid & près des glas» 
ces fort loin des terres. Cependant la plus grande quan- 
tité de celles que j*aî vues étaient dans un détroit qui 9 
un fort courant : le détroit de le Maire. 

(b) Vide de Contodecad. lo, Ub. J , çqf. iy&B^Un 
tîer de Linfchoieny cap% ^4. - 



1 



J04 Di.CQVVtïiT'ËS ET VoiTAÔES 

fortune confidérable fur le yaiflèau d'Acapulca , 
pris fur les Efpagnols par Cavendish , il eftima^ 
i:ertainement cette fomme trop haut en l'évaluanc 
à ^0,000 ducats ( peut-être veut-il dire écusj. 
Jl fit connaiflance à Venife avec John Dou/lafs^ 
pilote anglais, excellent homme de mer, auquel 
il raconta fes aventures & lui apprit en même- 
temps qu'il avait découvert un paflàge. Jean de 
Fucii offrit a.uffi de paflèr en Angleterre , de s'at- 
tacher au ferviçe de la reine Elifabeth & de mon- 
trer ce paflàge , à condition qu'on l'indemnife- 
rait de la perte qu'il avait faite fur le vaiflèa'u 
àîAcapulco 'y il ajouta qu'il avait été envoyé 
par le vice-roi du Mexique , comme pilote avec 
trois vaifleaox fous le commandement d'un ef- 
pagnol , pour découvrir les détroits ê^Anian; 
mais que les foldats au nombre de cent, s*étant 
mutinés, & d'ailleurs le capitaine s'étant mal con- 
duit , tout ce voyage avait été fans fuccès. Le 
vice-roi l'envoya lui-même en 15^2, avec une 
petite caravelle & une pinaflc pour découvrir ces 
détroits. Il vit .alors ^ entre le quarante-feptième 
& quarante - huitième degré latitude nord , que 
la terre courait au nord & nord-eft -, îl^ vît auffi 
une grande paffe au travers de laquelle il navi- 
gua pendant l'efpace de vingt jours, la terre s'é- 
tendait quelqiiefois vers le nord-oueft, & la mer 
qui devenait plus large qu elle ne l'était à l'en- 
trée. 



r 



DAN S LE No K0. 305 

trée , contenait plufowrs îles. Il prit terre piu- 
fiears foi«, vit quelques hommes vêtus de peaux 
d'anii^a^ux , Se troi^va h CQntrée tih - fejctile fie 
abç^ante en 01 , en argent & en perles. £jt^.Qt 
déjà psès de la m^r du pord, il frouVa le détroit 
aijlèz large par - tout , il avait près de trente ou 
quarj^nte lieues de large à remboucliure par où 
il était entri ; «aïs alors il fe détermina à 
letoumer parce qu il avait ^ d'une part , fait la 
découverte G. deikée, &c que de l'autre il était 
trop faible poux (e défendre contre les fauv^es 
dans le cas où ii aurait ,été attaqué ^ar eux. 
11 retourna donc à AtapuUo en 1 5 9 2 , où il e(pé- 
rait recevoir une récompenfe confîdérable xlu vice- 
xoi, mais il Tattendii: envain pendant deoix ans. 
Il s'en alla delà en Efpagne où le roi le reçut 
avec autant de bonté que l'avait fait le vice-roi ^ 
cependant il n'en obtint aucune récompenfe, & 
après l'avoir attendue long-temps, il partit fecret- 
tement pour l'Italie , dans l'intention d'aller delà 
à Céphalonit fa patcie., pour pafTer en |iaix If 
refte de fes jours au xniliett de fes parens. Cett^s 
relation de Fma parait être fabuleufe en plu- 
fleurs points , ce qui rend le refte fort fufped (û). 

{a) VMe Lucas Fox, nord-oued, Fox Londres , in<4?. 
i^3f > P^- ï^î > î^^î & 1«» Voyages de Purchas, Liv. 
IV, part. 3. 

Tom^ IL V 



^^€ DBCOtrVÊRTÊS TET VotAGÊS 

VI. L'expédition brillante du chevalier FrdH^ 
pois Drake^ qui prit poiTeflion en 1578, dans 
un pott au-delà de la Californie, d'une terre au 
trente-huitième degré trente minutes latitude nord, 
& la nomma Nouvelle- Albion ^ ainifi que les' expé- 
ditions du chevalier Thomas Cavendisk , devin- 
rent très-incommodes Se très-nuifîbles aux Efpa- 
gnols dans le commencement de leur commerce 
mix îles Manilles ; ajoutons à cela qu'on croyait 
toujours à l'exiftence du détroit ^Aaian^ ce qui 
augmentait l'inquiétude de cette nation , parce 
que toute la cote depuis Culhuacan (Culiacan) 
jufqu'à Acapulco , était fans défenfè. La cour en- 
voya donc Sébaftien Vizcaino, homme intelligent 
& d'un grand courage, afin d'examiner la côte 
nord. Pour remplir cet objet , il partit d'Aca-' 
pulco en 159^5 avec trois vaiffeaux, & arriva 
à l'île de MuT^lan dans la Nouvelle-Galice, & 
au Pori'San-Sébaftien où il prit de Icau , & re» ' 
connut une étendue de plus de cent lieues de 
pays v«rs le nord. Il perdit dans un des lieux 
qu'il vifita , dix - fept hommes \ le manque de 
prôvifions l'obligea de revenir à la Nouvclle-EC- 
pagne. 

VII. Après ce voyage fans fuccès, le roi Phi- 
lippe III ordonna à fon vice-roi Don Gafpar de 
Zunigdy comté de Momerey, de faire chercher 
da^s le voifinage du cap Mendocino , puifquc les 



DANS LE Nord. 307 

VaiiTeaux qui allaient des Philippines à la Nou- 
velle-Efpagne avaient coutume de paffer à cette 
hauteur , un havre sûr où les vaifleaux puffent , 
en cas de befoin, trouver un afyle fi néceffairc 
fur cette côte où les vents du nord foufflent 
avec tant de violence, mais utile fur - tout aut 
vaifleaux qui traverfent la mer du fud. On 
fit immédiatement toutes les préparations néçef- ^ 
faites pour ce voyage. Sebaflien f^i^cdino partit 
^Acapulco le 5 de mai 1^02 , avec deux vaif- 
féaux, une frégate & une chaloupe. Il rangea cette 
côte & décrivit tous les havres , les rochers & 
toutes les îles qui s'y trouvant. Pendant cette 
techerche, il eut infiniment à fouffrir des vents 
nord-oueft qui dominent dans ces parages. Enfin, 
il découvrit vers le trente-fixième degré quarante- 
quatre minutes de latitude nOrd , un havre très- 
commode & très - sûr , où Ton trouva du bois 
excellent pour la mâture , ainfi que de trèsr 
beaux chênes pour la conftrudion. On y trouva 
àufli des pins , des faules & des peupliers , ainfi 
que de beaux lacs , de gras pâturages & une 
terre excellente pour le labourage. Il y avait^ des 
ours & des bo^fs fauvages de deux différentes 
efpèces s l'une dont les individus étaient grands 
comme un buffle , & les autres de la taille d'un 
loup, faits cependant comme un cerf 5 ils avaient 
k col longSc les cornes femblables à celles d'un- 

yij 



1 



}p8 DÉCOUVERTES IT VOYAGftl 
c«rf i la queue de trois pieds de long & d'un 
pied Se demi de large y leur pîed était fourchu 
comme ceux Je nos bœu&. 

On y trouva des cerfs » des lapips^ des lièvres , 
des chats fauvages , des oyes , des canards , des 
pigeons» des perdrix » des merles» des nûi^ns & 
des grues en grande quantité^ différentes fortes 
de moules aînfi que des écrcvifles > on y voyait 
auffi des veaux marins &c des baleines. Ce port 
était environné d'habitations indiennes (rancherias). 
Ceux qui les habituent étaient des gens bien 
faits & d'un naturel fort doux. Ces navigateurs 
nommèrent ce port Monterey en l'bqnneur du 
vic^roi. Us virent auffi le cap Mendocino, au 
quarante - unième degré trente minutes latitude 
nord 5 &c parce qu'ils avaient beaucoup de ma^ 
lades à bord , ils revinrent fut les côtes de la 
^uveile-Efpagne. La petite barque vit un pro<* 
montoire fous la latitude de quarante - trois de-* 
grés 9 on le nomma Capo-B lance. Martin Aqui- 
. lar qui commandait la chaloupe & le pilote Flore^ 
pensèrent alors que, puifquils avaient vu le Cap- 
Mendocinoy comme on leur avait prdonné de le 
faire» il était nécelTaire qu'ils retomcnàffent & qu'ils 
cherchafTent les côtes de la Nouvelle *£fpagne. 
Mais leur rapport qu'on trouve dans Torquema^ 
das Monarquia Indiana » bien loin de dotuier la 
defcriptiûn d'un détrgit^ ne contient pas un mot 



DANS t s Non»; jô^f 

cbncfttfiai^im port, ni crique, ni pafle. Cpn- 
féquemmllt toute Thiftoire du détroit de Martin 
AquUar dont il eft fait mention dans tant dé 
cartes , cft appuyée fut imc pure fable. Enfin , 
après aroit beaucoup fdufièrt du fcotbut & per- 
du beaucoup de nnïbnde, ces navigateurs retour-»- 
nèrent à AcapnUù au commencement de l^annéé 

VIIL Nous fôfirmes arrivés maintenant à uhe 
très-fameufe expédition qui ne nous laiflerait au- 
cun doute îm lexiftence réelle d un pâflage, fi 
nous pouvions ajouter foi à la relation de ce 
TOpge* Dans les mois d'avril &c de juin de Fah^ 
née I70-8 , dans un journal anglais^, intitulé Mé-^ 
moire des Curieux, on inféra la relation duh 
voyag^e de découVettes faites par un amiral Efpa- 
glïol, nommé Èafthàlùtneo de FbtttB^ décrit par 

. lui-même dans uiiie lettre. On ne dît point par 
quels moyens cette lettre eft venUe entre les 
mains de réditéut. Quelques perfonnes ont pré^ 
fciida qu elle était fuppôfée , d audres ont affuré 
le contraire. Au ôombre de ceux - ci , il n eft 
pas douteux qu'il né faille tômpter rauteur d'un 
attVtAge intitulé : Probabilités d'un Pàffage an 

,àëtdbUifi^ déduitti dès Obfiruatiûns far ta kttrè 
iit Camiral de Fonte. Londres , in-4°. 17^1. Lafi- 
teut eft Théodore Sn^aine - Vrage , le même qui 
âVait publié, étaht fécrétairt dû vailTeau la Cali- 

V iiji 



1 



3IO DÉcôTjvËUïEs ir Voyages 

foiidie 5 la relation du voyage de la baie d*Hud- 
îbn txi î74i : nous ne nous en rap^rterons à 
aucun de fes antagoniftes, mais nous obferverons 
feulement qu'il eft difficile de concevoir que , 
d'après l'examen, foigneux des côtes du nord de 
l'Amérique par les Efpagnols en 177J 5 depuis 
que l'immortel Cook a parcouru cette même côte, 
& que les voyageurs Ruflcs ont commencé à fré- 
quenter plus que jamais & à examiner attentive- 
ment cette côte, depuis enfin que la compagnie 
de la baie d'Hudfon a tout nouvellement fait faire 
un voyage par terre à la mer Glaciale , il eft . 
difficile, dis -je, après tout cela, de concevoir 
où nous placerons l'Archipel de San - Las^aroy 
le Rio de Los-Reyesy le Lago-Bello\ la ri- 
vière Parmentire i le Lago de Fuente ^ U EJire' 
cho de Rouguiello , la, rivière Haro , la rivière 
Bernardo y le lac Velafco & la péninfule de Co* 
nibafftt ; qui tous fe trouvent nommés dans la 
relation ou plutôt dans la rêverie de l'amiral de 
Fonte. Aucun des auteurs efpagnols , eux qui à 
d'autres égards élèvent fi haut les découvertes de 
leurs compatriotes, ne connaît rien de ce voyage 
qui paraît être une produdion de quelque vifion-^ 
naire. Cet auteur a certainement en général unô 
mamère d'écrire très-vague. Car il parle d'eau falée 
des lacs & d'un flux & reflux ^ui s'y fait fèntîr. 
Cependant il trouve néçeflaire^ pour avancer plus 



DAÎ^S lêNôïid. }ir. 

loin , d'avoir recours à des barques paxce qu it 
eft obligé de paflèr quelques catarades. Mais , 
fi Ton y fait la mondrc attention , comment eft- 
il polfible^ que le flux pafle par-deffus uae cata- 
xaéle ? Et comment peut -on .s'imaginer trouver 
de l'eau falée au-delà d'une catarade? Il faudrair 
avoir bien du temps à perdre ou être étrange- 
ment pofledé du cacoetkes fcribendiy pour entre- 
prendre une réfutation férieufe d'une rêverie 
auffi abfurde que celle-là. Elle ferait certaine- 
ment une auffi bonne figure dans cet ouvrage , 
qu'un extrait de. vingt pages de la relation bien 
connue de Daniel Foe , intitulée Nouveau f^oyage 
autour du Monde par une route qui na pas en- 
core été tenue \ fi on la mêlait à des matériaux 
pour l'hiftoire recueillis des papiers politiques^ 
ou d'une colledion de témoignages authentiques. 
IX. Le dernier des^ voyages des Efpagnols qui fut 
entrepris en 1775, par les ordres du vice - roi 
du Mexique Uon Antonio -Maria de Bukarelli- 
erOrJua^ ddius le dellèin de feiire des- découvertes 
m nord fur la côte occidentale de l'Amérique 
dans la mer du fud, paraît avoir été, félon toute * y 
apparence , précédé par quelques autres voyages 
dont le public n'a jamais eu la moindre connaiC- 
fance j car il eft bien certain que les Efpagnols 
tiennent toutes leurs affaires d'Amérique, dans le 
plus grand fecret poffible. Il paraît qu'ils ont,, 

y iv 



1 



3Ii DÉCOUVERTES Ef VoifAGfÉS 

non -feulement des miffioftnaires 5 mais auffi on 
port & un commandant à Mônterey, Il y a auffi 
des paquebots ' qui vont régulièrement dans cd 
Iteii 5 &»ils difent eux - mêmes que juiqù'à ce 
port il ny a point de connaiilknces à acquérir 
fat là navigation , la route qui y conduit ayant 
été Ôequerttée fi fouvent depuis 1 etabliffement des 
colonies , & la meilleure manière de faire ce 
voyage étant déjà bien connue. La longitude de 
ce lieu eft de dix-fept dégrés à left du port San- 
BlaSf & la latitude trente-fîx degrés quarante- 
quatre minutes notd. Les dèui vaifféaux étaient 
commandés par Bruno Hecètà^ & le toiiiman- 
dement de hi galère fiit donné au lieutehant Don 
Juan de Ayala & au lieittehânt Don Juah-fronr 
cifcê de la Bodegà. 

Le paquebot de Moritetey appelé le Sah-Carlos^ 
commandé par Dàn Miguel Maiïrriqite , fit voile 
avec eux de compagnie. L'atiteur de cette relation 
était Antonro Maurelle , fécond pilote à bord de 
ta Senora. Mais quelques vaifleaux avaient déjà 
été envoyés au cinquante -cinquième degré lati- 
tude nord en 1774 , avant ce voyage. Les fré- 
î}uents voyages des Anglais dans la mer du fud. 
Tous Byrbn , Wallis , & deux fois , fous Cook , 
avaient réveillé. Tattentioil des Êfpagnéls ; les 
^découvertes nombreufes des Rùffes dans l'Océan 
oriental , faites prindpalenient entre les anhécs 



DAI7S LE NoRDr 3Î): 

17^7 & 177 j, prcduifirent le même effet. En con- 
féquence les Efpagnols envoyèrent deux ou trois 
fois des vaiiTeaux de Callao à Otaheiie ^ Se en 
1774 5 ils s'avancèrent vers le nord le long de 
la c6tt oued de l'Amérique feptentrionàle 5 juf- 
qu'au cinquante-cinquième degré de latitude nord- 
efl, encore en 1775 , & dans cette année les vaif- 
féaux partirent le i^de mars^ de compagnie avec 
le paquebot. Le commandant du Don Carlos ayant 
donné des preuves évidentes de folie , fut mis, à 
terre, & le commandement du paquebot fut con- 
fié à Don Juan d'^yda , & Don Juan Francifco 
de la Bodegay Quadra demeura feul comman-^ 
daht à bord de la Soiiord. Dès leur départ ils 
rencontrèrent de fores courants. Sur leur J^iïàge 
ils virent des albâtre^» (Pelecanus-Aquilâs), des 
oies de Bafan (Pekcanus-BaiTanus) &: les oifeaux 
du Tropique ( Ph^ton«;^thereus ) , ainfi que des 
hiîondelleî de nier { Bohos > SternûrStoUda y Ils 
eurent à lutter contre lefe courants 6c les vencs 
contraires. Ils ne relâchèrent cependant pas à Moii- 
terey ^ maïs ils prirent la réfolution de dirigeï 
vers lé quafante-troifîème degré de l|titude nord^ 
& là de réparer leurs vaHfeaux & de prendre de 
reàU. Dans leur route ils virent une efpèce très^ 
extraordinaire d'algue-matine. La tige pat laquelle 
la plante était attiachée au^ rocher, était un long 
tube A)Jit*la partie fiipéiieux» étgk feite conraifc 



1 



^t4 DÉCOUVERTES Ë-r VôYAÔESr 

une orange, & du fommet fortaient de grart-^ 
des feuilles larges. C'eft pourquoi ils nommèrent 
cette plante cabe\a de nafànja ou la tête d'orange v 
immédiatement après ils apperçurent une autre 
efpèce d'algue - marine avec de longues feuilles 
comme des rubans , on la nomme communément 
i^acute del mare. Ils virent aufG des veaux ma- 
rins , des canards & des poiifbns. La latitude était 
de trente-huit degrés quatorze minutes. Le 8 de 
juin , ils virent très - diftînâement la côte & un 
courant très - rapide vers le fud. Le ^ , ils relâ- 
chèrent dans un havre au quarante -unième degré 
fcpt minutes, qu'ils nommèrent de la Trinitad^ 
du nom de la fête de la fainte Trinité. Les habî- 
tans de ce lieu reflèmblent beaucoup à ceux que 
Cook découvrit environ neuf degrés plus loin 
vers le nord. Leurs flèches étaient armées de poin- 
tes de caillou , de cuivre ou de fer. Us avaient 
jpeut - être obtenu cette dernière fubftance par 
échange , (bit des Anglais de la baie d'Hudfon , 
(bit des RufTes. Le pays des environs efl: fertile 
& propre encore à recevoir de grandes amélio- 
rations. En ^ntinuant leur route, ifs arrivèrent 
au voifinage de l'île de Dolores , très-près de la 
terre , où ils mouillèrent , fe propofanr d'y Éâre 
eauj mais ils perdirent dans cette tentative, leux 
barque, & la plus grande partie de leur équipage 
fut tuée par les fwvages. Les Efpagnols tuèrent 



î>ANs 1 1 Nord. 31 j 

auffi pat repréfaillcs quelques - nm de ceux qui 
par une diffimulation perfide étaient venus les in- 
viter à defc^ndife à terre. Enfuite ils s'avance- 
lent plus au nord. Le 17 d'août , ils virent en- 
core la terre au cinquanté-feptième degré deux^mi- 
nutes de latitude nord, là Us apperçurcnt une mon- 
tagne à laquelle ils donnèrent le nom de Santo^ 
Hyacimho , le promontoire fut appelé Cabo del 
Enganno. Le fonunet dé la montagne était cou- 
vert de neige & le penchant Tétait de bois , 
comme le pays près le port de la Triniiad. Les 
Efpagnols entrèrent enfin dan^ le port de , Gua- 
daluppe.^ au cinquante-feptième degré onze mi- 
nutes , & trente-quatrième degré douze minutes à 
Touefl: de San- Bios. Cependant ils remirent, bien- 
tôt à la voile-, & le 18 ils mirent à Tancre dans 
le port de Remédias ^ au cinquante-feptième de- 
gré dix-huit minutes de latitude nord , & trente- 
quatrième degré douze minutes à l'oueft de San* 
Blas. Us érigèrent en cet endroit une croix, & 
prirent pofTetf on ^dicr-çette contf.ee , que les Ruffes 
avaient découvert^ ^,fi;équentée:,long- temps aupa- 
ravant. Ils ne pritçjit dans ce lieu quun mât, 
un peu de bois &: ;d*eau , .&> dirigèrent enfuite ^ 
vers le fud, au cinquante-dnquième degré dix- 
fept minutes, ils virent le port de Biikarelli où 
ils prirent du bois & de Teau. Ils avaient pendant 
ce temps plufieurs de leurs gens malades du fcor- 



JXtf ^DÉCOUVERTES ET VOYAGES 
but 9 ce qui les obligea de retoutner en diMgence 
à Monttrey. Au trente -huitième degré dix-buic 
minutes » ils entrèrent dans on havre qu ils nom-^ 
mèrent de la Bodaga^ du lieutenant de ce nom. 
Us y perdirent leur chaloupe par un grand flot y 
Se allèrent enfuite à Monterty» Ils étaient alor^ 
ptefque tous affligés du fcorbut. Après s'être bien 
rétablis ^ rafraîchis, ils remirent à la vdile, & le 
l€ novembre^ ils rentrèrent dans le port de San- 
Bios. 

Les ETpagnois ont autie&is entrepris des voyages 
de découvertes très - importants \ mais dans le 
dernier fiècle, la fuperftition) l'indolence^ la chute 
de leurs manuËeiéhites & de leur commence 5 tour 
cela* 9 joint là un faux fyftëme de politique & & 
<1 autres caufes 9 les a ]tté% dans une efpèce de 
léthargie , de laquelle cependant ils conunei^ 
cent à Ibrtir fous le gouvernement aiftuel. 




1 



bàks £S Noao. sxy 



CHAPITRE V: 

Dés Découvertes & des Voyages faits par Its 
Portugais dans le Nord. 

^ous U direétion vigoureufe & patriotique de 
rinfant Don Henri » dont la mémoire fera tou^ 
jours glorieufe , les Portugais découvrirent dif- 
férentes contrées. Dans le ^quinzième fîècle, la 
fcience de la géographie & latt de la naviga- 
tion furent plus redevables de leurs accroifle- 
mens à cette nation qua toute autre. La cé^ 
lébrité du nom de Vafco Gama enflamma la 
jeunefle de Portugal & excita (on émulation. 
Une multitude de héros ^'empreilà de marcher 
fur les traces de leurs prédécefTeurs. D'immenfès 
ricfaeflès acquifes par le commerce des Indes 
entraient continuellement dans le Tage ^ les 
avantages réfultans de ce riche commerce traî- 
nèrent à leur fuite le luxe , lorgueil & tous les 
vices qui accompagnent la pro(périté ^ détruliènt 
l'induftrie, la vertu 5 la vraie religion & fappent 
par degrés les fondemens d un empire. L'extinc- 
tion de l'ancienne famille des rob de Portugal, 
la réunion de cette cMrohne à celle d'Efpagne 
fou$ la puiflance de Philippe II» les conquêtes 



1 



5i8 DÊCOtrVÉRTIS tT Vô?À(3I5 

des Hollandais dans les Indes & dans le Bréiil 9 
les entraves que le pouvoir exceffif de Tlnquifi- 
tion mettait à la liberté de penfer , toutes ces 
chofes contribuèrent principalement à dégrader 
cette nation, autrefois fi aârîve & fi célèbre par 
fes grandes entreprifes, & à la réduire à un état 
d'indolence avitiflante & d une profonde infenfi- 
bilité. Les Portugais reprirent à la vérité, pour 
quelque tçmps, leur courage accoutumé, à la ré- 
volution qui plaça la maifon de Bragance fur le 
trône* Mais les mines dor & de diamans du 
Bréfil , en leur ouvrant de nouvelles (burces de 
richeffes, ne fervirent qu'à précipiter vers fa perte 
un peuple qui était déjà bien près de fit chute. 
Son commerce avec l'Angleterre tarit fes richeffes 
au lieu defquelles elle reçut les produits de Tin- 
duftrie de cette puiflànce. L agriculture, les arts, 
le commerce , la tadique & la navigation furent 
fî négligés qu'il n'en refta plus que l'ombre. Tom- 
bai s'efforça 5 il eft vrai , de remédier à tant de 
maux-, mais il était trop détefté , fes mefures 
étaient trop cruelles & trop injuftes, & la nation 
était trop*déchue de fa primitive énergie, pour qu'il 
lui fut poflîble de la lui redonner. Ce royaume 
quoique favorifé de la nature , eft encore trop 
profondément enveloppé des ténèbres delà fuper- 
ftition, pour avoir rien à tfpèrer à cet égard. Le 
gouvernement trop peu inftruit des vrais principes 



BANS Ll NOR^D. 319 

^e l'économie politique , n a pas cette follicitude 
tjui rendrait fes indolens citoyens adifs & induf- 
trieux-, l'engourdifTement où font les arts & les 
fciences, Tagriculture &le commerce, augmente de 
jour en jour la fifeblcfle de l'état. Il eft donc en 
grand danger d'être englouti à la première occa- 
fion favorable, par une puiflance voifîne telle que 
rEfpagne, qui augmente tous les jours en gran- 
deur & en pouvoir., 

4 Mais lorfquè le Portugal était encore dans toute 
fa gloire , lorfqiie fes habitans étaient encore ani- 
més de Tefprit des grandes adions, & ^ue le 
-gouvernement était attentif aux objets importans 
/qui fe préfentaient , cette puiffancc regarda toutes 
les découvertes faites pat TEfpagne dans le nou- 
veau monde, comme autant d'ufurpations fur fts 
droits & fa propiftté , malgré la donation iâite 
par le pape, & la promeffe de la tsoitié du monde 
que le Portugal n'avait acceptée qu'avec répu- 
gnance. Ce &t une même efpcce de jaloufie qui 
infpira i Gafpar de Conereal ^ homme de naif- 
Xance, la réfblution de découvrir de nouvelles conr 
crées & une nouvelle route aux Indes. Il partit 
de Lifbonne en 1500 , ou comme d'autres l'aflu- 
rent , en 1501. Dans le* cours de fa navigation 
il arriva à Terre - Neuve dans une baie qu'il 
nomma baîc d^ la Conception , nom qui lui eft 
toujours rcjfté. Il vifita toute la côte orientale 



1 



jio DÉcoùVfiaTiïs nr Voyages 
de cette île 9 & vint enèn à leifiboucburç de 
ia grande rivière du Canada* Enfuit^ il décou^ 
vrit une terre qu'il nomma 5 le premier 9 Terra- 
Verde , mais qu'on appela par la fiiite Terra de 
Cortereal^ pour honorer la mémûce du navigateur ^ 
qui la découvrit. Il nomma la partie de cette con- 
trée qui eft en-deçà du cinquantième degré lati^ 
tude nord , Terra de Labrador , parce qu'il la 
crut propre au labourage & à la culture. Cette 
étendue de terre eft appelée , dans la çofmographi^ 
de SébaftUn Munfter^ Terra Agricola. Il dl très- 
probable que Cortereal^ étant aux îles Button &c 
au cap ChidUy 9 fuppofa de bonne ^ foi que c'é- 
tait le détroit qui devait conduire dans la mer 
èA% Indes. On dit auilî que ce détroit ceçut alors 
de Coriereel^ le nom HAman^ de deux frères appe- 
lés ainfî. Après avoir fait cect^ découverte impor- 
tante» Cbr/^r^aïf s'empreiTa d'en communiquera 
fa patrie, Tintéreflante nouvelle ; il eue à peine 
fait part de Tes cpnnoîflànces , qi^il (b bâta de 
retourner pour vifiter les cotes de Labrador 9 & 
aller aux Indes par le détroit SAniaa quil ima- 
ginait avoir hcureufement découvert. Mais on n en- 
tendit plus parler de lui \ fans doute qu'il aura 
été maflacré, par les fauvages Eskimaux , ou qu'il 
aura péri dans les glaces. Après cela (on frère 
Michel de Cbrrereû/ entreprit le même voyage avec 
deux vaiffeaux , il eut probablement la même def- 

tinée 



iD A K s I, E Nord. j 2ii 

^ttéc que fon feèie.. L'aîné de ces deux infortunés jf 
Vajqut:^ de Conereal , qui était chambellan du 
roi^ ne recevant point de nouvelles de fes frères, 
réfolut -d'entreprendre le même voyage dans Tef- 
pérance de les retrouver s mais le roi ne voulut 
point lui permettre de s'expofer à un danger fi 
éminent. 

IL Entre les nations qui faifaient une pêche 
confidérabie fur les bancs de Terre-Neuve , nous 
trouvons dans un temps très-éloigné , les Bifcayens, 
les Efpagnols & les Portugais -, car dès Tannée 
1578, le capitaine Antoine Parkhufi comptait cin- 
quante vaifTeaux portugais à la côte de Terre- 
Neuve, ils portaient enfemble au moins trois mille 
tonneaux. Il fout obferver qu'une pêcherie auflî 
confidérabie na pu fe former tout-à-coup, mais 
qu elle s eft établie par degrés -, conféquemment 
il doit s'être écoulé un temps afièz long avant 
qu elle ait pu s'élever ttu point où elle était alors» 
Mais les Français ont péché fur cette côte, au 
moins dès Tannée 1504-, ainfi il eft très-probable 
que les Portugais y ont péché aufii , Xbit dans le 
mêoie temps, foit au moins peu après. Ceci 
montre évidemment Tétendue de la navigation, 
ainfi que le caradère adif ^ induftrieux des Por-* 
tugais à cefte époque, puifquils employaient plus 
de cinquante voiles à la pêche fur le banc & fur 
les' cbtts de Tene - Neuye , dans le temps cù 
^ Tome IL X 



1 



|lt DèCôCVERtES El- VôYAÔEî 

très-peu de vaiiTeaux anglais fuivaient cette btan- 
che de commerce. 

III. Nous trouvons dam le Livre de Lucas Fox , 
intitulé le Nord^-Ouefi de Fox, Londres^ în4'^. 
1^55 ipag. 1^2 {a) , une dépofitîon faîte par un 
certain Thomas Co%€^les ^maxtlot anglais » de BéLd-- 
minfler en Somerfetshire. Cette dépofition fat faite 
dans Tannée 1579 5 temps où un ferment étoit 
encore univerfellement confidéré comme un aâe 
très-folennel de religion. Cette déposition porte que 
ï( Cowles étant à Liflx>nne fix ans auparavant (con^ 
» féquemment en 1573)9 il entendit un certain 
y^ Martin Chackc ou Chaque^ marin portugais, 
D lire un livre que ce même Martin Chaque avait 
^ écrit & publié en langue portugaife fix ans 
» auparavant ( ceft-à-dire en 15^7). Il affirmait 
9 dans ce livre que, douze ans auparavant (ceft- 
9 à-dire en 1555), il avait Êdt voile des Indes 
^ pour le Portugal , dans un petit vaiiTeau d en- 
» viron quatre-vingts tonneaux, accompagné de 
-» quatre autres très- grands vaifTeaux, defquels il 
» fat féparé par une tempête élevée par un vent 
» doùeft, ,qu il avait paiTé près depluficurs îles, & 
» navigué enfin à travers un golfe près de Terre- 
» Neuire, au cinquante- neuvième degré de latitude 

(a) Cette' relation a été prife par Fox des Voyages 
de Purchasj Part. III , pag« ^^. 



» tiàxà 9 félon fon eftime , & qu aprçç avoir tra* 
» verfé ç« golfe , il n^avait plus vu de terre jufqu ià 
» ce qu'il fqt arrivé à la vue (Te la partie nord* 
^> oucft de rWande , d où il était parti pour Lit 
» bonne où U airiva un mois ou cinq femaines* 
» plutôt que les quatre autres Véiifleaux ». 

SJL cette relation était de nature à mériter notr^ 
confiatïce , elle ferait une très - forte preuve de 
l'exiftence d'un paffage.. Mais le fimple témoignage 
dun matelot qui a entendu lire la defcriptioa 
dun voyage dans un livre qui n'était * peut - être 
qu un roman » ne porte pas avec foi la moindre 
conviâion. Conféquemment il ferait aufll abfurde 
de faire quelque fond là-deffus, qu'il le ferait 
de conclure , après avoir lu un extrait de M. BuJ^ 
<hingà}X roman de Foe^ intitulé Nouveau Voyage 
autour du Monde pat une route inconnut jufqu* à 
préfenty quun tel voyage a été entrepris dans le^ 
années 171$ & 1715, & qu'une contrée d'or &: 
une île de perles comme celles qi|i font décrites 
dans ce livre , ont été réellement découvertes* 
D'ailleurs 9 les Êréquentes rech^hes qu'on a faites 
dans la baied'Hudibxi» les voyages des Efpagnols^ 
des Anglais & des Ruifes le long des côtes occi^ 
dentales de l'Amérique, nous donnent les plus 
grandes probabilités qu'il n'éxiAe pas de paflàge 
dans ces cogtitrées \ & que le détroit imaginaire 
à'An^ojr au d'A/Uan ja'exifte que dans les cer- 

■ Xij 



^24 DéeOTrVÊRTÊS ET VOTAÔES 
Teaux foibles des vifionnaires , û par ce nom ton 
entend un détroit conduifaiit de la mer du fud 
dans la baie d'Kudlbn. Car à d'autres égards le 
détroit centre TAfie & l'Amérique que j'ai nommé 
détroi^de Berring^ ou de CboA: & d'autres de Def- 
chneff^ peut être également bien appelé détroit 
«d'Anian. 

IV. Le jéfuîte dt Angtlis^ Portugais , alla dans 
les années i^io & i^zi à la côte de Matfmaiy 
le frère Jacob Caravalho y alla auffi. Us rapportent 
que dans l*île à^Efo ou Ytdfo^ dans le voifinage 
de la ville de Matfmai , il y a de très -riches 
mines d'argent dans lefqueUes travaillent environ 
cinquante mille Japonais \ que parmi eux il s^n 
trouve qui y font volontairement & de leur pro- 
pre choix, mais que les autres font des criminels 
condamnés par les lois à ce genre de travail ; ils 
ajoutent qu'il y avait alors dans ce nombre quel- 
ques chrétiens. Us difent encore qu'il coule une 
rivière près dcf la ville de Matfmai ou Mat/u- 
mai^ où l'on trouve en abondance de la poudre 
d'or. I^s habitans 4^s parties orientales apportent 
au marché les peaux d'un ppiflbn ( la ioutre de 
mer ) qu'ils achètent de quelques habitans des 
îles voifiries lefqueUes font au. nombre de trois. 
L'animal auquel ces peaux appartiennent » eft ap- 
pelé raccon , & une peau fe vend . environ qua- ' 
rante écus. Chaque habitant de Matûxuu eft fba 



* A W s t ï No It p.- }2 jf 

proprer maître, ces hommes font forts , bien faits 
& d'un bon caraâsère. Ils portent la barbe longue. 
6c de grands anneaux d'argent ou de foie aux 
oreilles. Leurs armes font des arcs Se des flèches; 
empoifonnées, des lances. Se de petites épées ou 
poignards. Ils portent des cuiralfes féûtes de petite» 
planches de bois. A Matfumai on donne du vin 
pour des fourrures , des plumes d'oifeaux & diffé- 
rentes efpèces de poiffons. On conmiercc auffi 
du riz 9 de la foie, du coton Se de la toile; On yv 
adore le foleil , la lune Se les dieux des mpn-> 
tagnes & des mers. Ces peuples n'oicit qu'une idée: 
très-imparfaite d'un état futur; ils font cependant, 
très^humains , très - fociables Se de très - honnêtes 
gens. Ce petit nombre de particularités eft tout 
ce qu'il y a de connu fur la nature de la contrée 
à-E/o Se de MatfumaL 

V. Dans une carte de l'Inde publiée pour la 
première fois à Lifbonne en 1^49 , par Pierre 
Texeira 9 cofinographc du roi de Portugal , la- 
quelle prouve , ainfi que- plufîéurs autres de fes 
euvrages, qu'il était très-habile- géographe , nous 
trouvons d'abord un grouppe* d'îles fîtuées à dix 
eu. douze degrés au- noid»eft dut Japon , -au qua- 
sante- quatrième & quarante^- cinquième degré de 
latitude nord , où la côte s'étend de l'oueftà l^ft^ 
avec les mots (iiivans : «tene de Joao-da-Gama 
X rindien 5 vue par lui en allant de la Chine, à 

X2i 



jitf DécoUViRTÊS lï VôYAÔEs? 

» la Nouvelle - Efpagnc (a) ». Mais on ne fait 
en quelle année ce voyage a été fait, & il ncft 
pa^s poffible dt déterminer avec quelque certitude 
qui était ce Jôao-da^Gama. Il parait cependant 
avoir été an voyageur né dans Tlnde» mais d'ex* 
tradion potthïgaife. La terre deflînée par Texeira 
cft probablement la même que 111e SVrup ou 
l'île Samufftr ou Schimujfir. La dernière a en- 
viron cent trente Werjis , c'eft-à-dire , foixante- 
feize milles géographiques ^ en longueur. Il eft 
vrai que Texeira a marqué la cote comme s'é- 
tendant en une ligne continue jufqu au détroit 
d*Anian ( Efttaito de Anian ) qui eft fitué entre 
TAfie & TAmérique. Mais oh peut clairement 
appercevoir par ce plaû^ quil n'avait pas une exadle 
connaiiTance de la continuation des câtes de l'A- 
iie \ car » félon lui , le détroit d'Anian eft au cin-^ 
quantième degré de latitude nord ^ ce qui certaine- 
ment eft très-éloigné de la vérité. 

VI. Enfin j*ai trouvé , dans les Confidérations 
Géographiques Se Phyfiques de M. Buaehe , 
Paris, in-4®. 1753 ^pag^ 158 , une relation où on 
lit qu'en 1701 , un matelot du Havre^e-Grace 
avait vu , vingt - huit ans auparavant , à Oporto 
en Portugal un vaiifeau, appelé lo Padre-Eterna^ 
* " w i* ■ ■ ■ 

(a) Terra q. uio do Joao*da-Gama Indo , da ChinA 
pera nova Efpaha. 



35 ^N s L B Nord. ^ij 

commandé pai: le capitaine David Melguer^ qui 
mourut précifément dans ce temps & aux foné^ 
cailles duquel il aflîfta. On dit que: ccrMelguer 
partit du Japoih avec {on vaiiTeau lo Padrc-Eterno^ 
h x^ de rmatr i^^^o^ qu'il navigua le. long dit 
la côte de Tartaxie jufqu au quatrervingt-qiiatrièm»" 
degré de latitude nord *, qu ildirigea enfuiteia route 
entre le Spitzberg ic l'ancien Groenland», 8c qu'en 
naviguant ainfi à loueft de l'Ecofle & de l'Irlande,, 
il entra enfin dans- le port £Oporto. Telle eft la 
partie efTentielle de fa relation» qui cependant ne 
mérite pas de confiance 3 car depuis les années 
1^37 & 1^385 les Portugais & les Efpagnols font 
abfolument , Se pour toujours, bannis du Japon. 
Comment était-il. donc poffible qu^un vaiileau por^ 
ti;gais vingt-deux ans après cette époque » partît 
du Japon» contrée où les Portugais n'étaient plus^ 
admis », ni. fouffcrts depuis long*temps X Cette con- 
fidération feule eft une preuve fiiffiiànte que toute 
cette relation neft q[u'une pure fable accréditée 
fsx, quelques matelots ». & dénuéer. même de la( 
moindre probabilité. 

Nous n'avons pas d'autre* relation concerpant 
tes voyages des Portugal dans le Nord. Ils fer 
contentent aujourd'hui de naviguer à leurs poITeCr 
fions ^SréfH» delà cote d'Aficique » aux Açores, 
aux îles du Cap^Vert & à Madère.^ ce n'eft que 
larçment que quelques-uns de leurs vaifleaux vont: 

X ivt 



^ 



^28 DéCOUlTERTES ÏT VoYAGlS 

à Goa 5 à Maicao & à Tîmoï. Le mauvais êtsit 
de leur commerce & de leur marine , leur fendent 
très - difficiles ces navigations. Conféquemment 
il ne faut plus attendre de cette nation aucun 
voyage au Nord , puifiju elle n'en poufrait tires 
aucun avantage 



CHAPITRE Vf. 

Des Voyages & des Découvertes faites dans: 
le Nord par les Danois.. 

JLjTës anciens Normands avaient coutume de 
parcourir les mers les plus éloignées ,• avec une 
intrépidité qui n a pas même été forpaiFée dans 
l'état ftoriflànt où fe trouve adueliement la navi- 
gation ; ces peuples qui habitent un pays dont 
les cotes s'étendent fort loin , £c qui eft , pour 
la plus grande partie, environné par irf^mer, dé 
laquelle ils tirent leur fubfiftance au moyen de 
la ppche, doivent fans doute mieux connaître la 
navigation & être plus habitués à la rigueur àxt 
froid quaucune autre nation. On ne peut nier 
que les habitans de la Norvège & les ^nois 
ne foîènt aujourd'hui d*excellens marins. Vers ki 
fin du quatorzième iiècle Se au commencement 



Su quinïièmc , leur principale navigation confif^ 
tait dans les voyages dlflande & de Groenland ; 
ils avaient même enfin entièreiflent abandonné ceux 
de Groenland. • • 

I. Le gouverneur d'Iflande ayant confifqué en 
15^4, tous les revenus du couvent d'HelgaQœl 
au profit du roi, y trouva un moine aveugle 
qui y vivait dans Tiridigcnce & la misère. Le 
gouverneur le fit venir , & a^rit de lui , que 
dès fes premières années il avait été jeté dans tut 
couvent par fes parens, & qu'à Tâge de trente 
ans, l'évêquc du Groenland l'avait mené avec lui 
à Drontheim en Norvège chez rarchevcque : mais 
qu'à leur retour l'évcque l'avait laifle au couvent 
SHelgafjœl en Mande. Ceci fe pafla en i^^^^ 
il donna dans la fiiite une defcripdon du Groen- 
land & du couvent de Saint-Thomas, dans le- 
quel il avait autrefois habité*, fa relation eft con- 
fi:)rme à ceHe de Ztno à quelques fables près 
qu'il y ajoute. D'après fes difcours on conclut qu'il 
ferait facile d'arriver. à la Chine parla mer Gla- 
ciale. Le gouverneur donna des. ordres pour qu'un 
des vaiifeaux du roi, qui avait pàfTé l'hiver en 
Mande , fut équipé & envoyé au Groenland. En 
çonféquence le capitaine mit à la voile le 3J 
mars i$6j^^8c découvrit le Groenland le io avril, 
mais il ne put y aborder à caufe des glaces ^ 
ni jeter l'anae par la profondeur de U mer. Les 



"H 



5JO DÉCOUVERTS^ iV VOÎA<ÎE^ 

gens de l'équipage vinxent donc^ à texte datis leur 
canot, en grimpant le mieux qu'ils purent fut la 
glace. Ils trouvèrent près de la cote un Gtoen^ 
landais mort dans fon petit bsœeau. Auffi-tôt après^ 
leur débarquement ils furent attaqués par un ours 
blanc qu'ils mèresc» Un vent violent s'éleva Se 
fls regagnèrent leur vaiflcau, fe dirigeant de l'clt 
de nflande vers le Nord dans IcdefTeinde paiTec: 
de la mer Blancbe dans c^c de la Taxtarie 8a 
delà au Catay, mais la glace les empêcha d'allée 
plus loin & les contraignit de fe rendre en Iflande 
' le i^ juin. On trouve cette relation dans. lePi/A- 
mar Blesken IJlandiayfive popidûrunty & mina^ 
hilium qua in ta injula reperuwtiàr y accunuiar 
defcriptio ; Lugd* Bai. iSoj. 

IL Chriftian IV, roi de DanemarcI:, defîrair 
aufii reconnaître Ip viemç Groenland , qui avait fait 
partie des états de Tes ancêtres; Dans cette inten* 
tion il donna des ordres pour un voyage* à ce 
pays; & afin de remplir fes vues il fit venir d'An- 
gleterre & d'Ecoflè des pilotes expérimentés, John 
Cunmnghamy James Hall Se John Knighu II 
équipa trois vaiffeaux. Se Gouke Lindenau^ noble 
Danois, fut nommé pour commander l'expédition 
en qualité d'amiral. Il prit pour fon. inftruâdoa 
les anciennes relations iflandaif^ du Groenland ^ 
avec le journal du voyage que David Von -Ntllt^ , 
avait Êdt dans ce pays pat les ordres de Frédé?- 



©ANS L £ Noïf D, 55 1 

sic IL Le 1 mal 1^05 , ils gagnèrent le large» 
Comme ils approchaient de la glace » Hall diri- 
gea fa toute au fud bueft. Gouke Lindenau diri^- 
gea la fienpe ^lu ]y)rd-eft, & aborda fur ]/&s côtes 
orientales du Groenland. Les naturels du pays 
vinrent à bord de fon vaiiFeau. Ils buvaient de 
rhuile de baleine'^ & convoitaient beaucoup le fet 
& lacier. Lindenau après y avoir paiFé trois jours, 
retint par force à fon bord deux de ces fauvages, 
ils firent cependant une réfiftance courageufe pour 
recouvrer leur liberté » les autres lancèrent des 
flèches & jetèrent des pierres aux Européens , mais 
le bruit d'un coup de canon les difperfa bien- 
tôt. Gotske Lindenau fe hâta de fe rendre à 
Copenhague où il arriva heureufement. 

James Hall aborda fur les côtes occidentales 
du Groenland, où il trouva plufieurs havres, de 
beaux pays 8c de bons pâturages. Les habitans y 
étaient fort timides. Les Danois trouvèrent plu- 
fieurs endroits où il y avait du fbu&e brûlant* 
Ils trouvèrent aufli de l'argent fous la forme 
de poudre noire, dont cent livres rendirent à 
Copenhague vingt-fix cmces d'argent* James Hall 
appela Chrijiianus , du nom du loi fon maître , 
Je cap FareweU fitué' au cinquante-neuvième de- 
gré cinquante minutes de latitude nord. Cinq 
lieues plus loin l'aiguille aimantée varia de douze 
degrés quinze minutes à l'oueft Un courant 



"jjr DicùVVt^TiES ET VorAeir 
très - fort le porta vers le nord contre la glac^ 
des côtes de rAmériquc : mais fur les côtes diF 
Groenland le courant portait au fud. Pour du: 
fer , des clous &c des couteaux , il reçut etv 
échange des peaux de veaux marins ^ des cornes' 
de narval » des dents de morfes & des fanons 
de baleines. Après avoir été (jueltjue temps dans 
un havre au foixante^- fixième degré trente-trois^ 
minutes 5 à trafiquer avec les- habitans^ il en fîir 
attaqué (iibitement par une déchsurge d^ pierres^ 
& de flèches j mais ayant tiré fur. eux un faucon- 
neau, ils furent entièrement diffipés. U fut en- 
core attaqué ^eux (ois de la même* manière. Ih 
fè retira dans un havte près le mont Cunningham, 
qu'il nomma le havre de D^antmarck. Il y trouva^ 
environ trois cents natifs. Les anfer qui font 
afTez profondes abondaient en fàumons , en ha^ 
rengs, en baleines & en veaux marins'» U y viD 
des corbeaux, dçs corneilles, des feifans^ des per- 
drix ( gelinottes ) 5 des mouettes & tf autres efp^ces^ 
4 oifeaux. Il y avait des renards noirs , il vit de 
la fiente & des bois de cerf. U fit soute plus 
loin au foixante - neuvième degré. Ayant foufferr 
des hûftilités de la part des fauvages , il fe faifit 
de trois d'entr eux , & fe trouva dans la trifke né- 
ceâité d'immoler les autres à fa tranquillité. IL* 
traita fes prifonniers avec humanité, & à fon retour^ 
il les préfenta au roi. Conformément aux oxdrcd 



Ï>AKS 3L I NOR Dv 3}j 

i^u il avait reçus du premier miniftre deDanemarclc^ 
il mit à tetre deux coupables condamnés à mort» 
4es ayant munis d'avance de proviiions & des chofes 
jCiécefTaires à la vie. Le 15 juiUet, il était au cin- 
quante-feptiàme degré , Se le jour fuivant parmi 
des glaces flptantes , il apperçut une grande mi^- 
tirade de baleines , le courant portait au ik)rd- 
oueft. Le premiera d'août, il rencontra une quantité 
incroyable de harengs, qui lui firent eftimer quil 
était dans les parages des Orcades. Le 10 5 il 
mouilla dans la rade ^Helfingor. 

IIL Les fi'ccès de ce voyage portèrent le roi 
à faire une féconde entreprife de ce genrç. Le 
27 de mai 1606 ^ cinq vaiilèaux partirent de Co« 
^enhague fous les otdres de Gotske Lindenau 
& de James Hall. Le 4 d'août, ils arrivèrent 
au Groenland avec quatre vaifTeaux, le cinquiè- 
me ayant été fëparé dans une tempête. Us na- 
viguèrent le long des côtes & entrèrent dans 
|dufieurs havres \ ils virent des rennes -, mais les 
fauvages leur firent des hoftilités malgré le com- 
merce de fer qu'ils avaient commencé avec eux. 
Les Danois à leur départ firent cinq fauvages pri-^ 
fonnlers , un d'eux fe jetta à la mer & fiit noyé. 
Ils trouvèrent à leur retour le vaifTeau qu^ils avaient 
perdu de vue , & arrivèrent enfin à. Copenhague 
le j d'odobrc. 

JV, Qupiqu on n'eût rien découvert de pouveau 



JJ4 HéCOVVEKttS ET VôïAÔÊ* 
dans cz voyage , & qu'on n en eût tiré aucun 
avantage , le roi réfolut d'envoyer encore àeux 
vaîflcaux quil fit expédier en 1^07, fous les ordres 
d'un Holfteinois , nommé Karflen^Richardt* Un 
de ces vaifleaux fat commandé par James Hall, 
Us quittèrent le Sond le 13 demain Se découvrir 
iccnt le Groenland le 8 de juin. En s'eflForçânt de 
continuer leur route à travers la grande quantité 
de glace qui les environnait, ils farcnt féparés £ 
Richardt après plufieurs vaines tentatives fat con- 
traint de s'en retourner fans avoir rien fait. Et tari* 
dis que Hall faîfait tous fes efibrts pour pafTer 
i travers la glace, fon équipage |fe révolta, & le 
força de prendre d'autres mefures & de diriger 
fà route vers Tlflande , de forte que cette expé- 
dition fat manquée» 

V. Comme on apprit qu'en i^io, Henri Hud-^ 
fon avait découvert un nouveau flétroit , & qu'il 
y avait, au-delà, une mer afTez vafte, Chriftiaa 
IV, roi de Danemarck, crut qu'il ferait poffible 
qu'il y eût un paflàge aux grandes Indes, qui 
aurait été très-avantageux \ il fit équiper en con- 
féquence deux vaifleaux en i^i^, & en donna 
le commandement à Jean Munck. Munck mit à 
la voile, du Sond le 16^ de mai de la même année, 
& découvrit le 20 juin , le cap Farewell. Il paflà 
le détroit d'Hudfon qu'il nomma ( Fretum-Chrif- 
ciani) ou détroit de Chrilliaii, du nom de fon toi. 



PAHS lE NOKB- JJ5 

Dans une île de ce détroit, ils trouvèrent une 
ïcnne qui fiit tlée^ & l'île fut nommée à caufe 
de cela Detr^s-IJLmd ; elle eft iituée au foixante^ 
unième degré vingt minutes latitude Qord« Munck 
appela Mare-Novum (ou Nouvelle-Mer), la mer 
qui touche à rAmérique ( c ejft-à-dire, les côtes de 
Labrador), Se donna le nom de Mare^^CnJUanum 
{ ou de mer de ChrifUàn ) à celle qui avoifine 
le Groenland (fi c'cft en effet le Groenland ) , vers 
le foixantième degré vingt minutes, il trouva tant 
de glace quU lui fut abfolument impoffible d'aller 
plus loin , alors il fe dirigea Ib fud & entra 
dans la rivière de ChurcfùU. Lorfqu il fiit à tetre 
il vit fur une pierre une figure qui avait des> 
griffes & des cornçs. Il trouva auffi des chiens 
<}ui étaient mufelés , des foyers ia^ des reffes de 
huttes de fauvages. Les gens de fon équipage 
mangèrent de la chair d'ouis blanc, des lièvres 
& des perdrix, ils prirent quatre renards noirs & 
quelques zibelines. Leur bière , leur vin, leur 
eau-de-vie étaient gelés & firent crever les bar- 
riques, La glace était épaiffe de trcris cents à trois 
cents foixante pieds. La plus gtande partie de 
l'équipage tomba malade du fcorbut qui fut fuivi 
<de la diifenterie. Le 4 juin, Munck tomba aulE 
malade & palTa quatre jours fans boire, ni rnan-* 
ger, car les provifions étaient prefque épuiféess 
malgré cela U fe xéo^hllt , fe trwia. hois de fa 



1 



cabane , & de foixante^quatre hommes qui conl-«. 
posaient Ton équipage, il n'en tA>uva que deus^ 
vivans. Ces deux hommes furent ravis de revçic 
leur capitaine , & ils eiTayerent tous trois de fe 
foulager mutilellement , en cherchant leur nou^ 
xîture dans la neige^ Us arrachèrent des racines 
qu'ils mangèrent & qui furent pour eux un reP 
taurant efficace* Le 185 la glace étant fondue, ils 
commencèrent à pêcher des faumons & des truites , 
& en peu de remps ils recouvrèrent entièrement 
la fanté. Enfin, ils laifsèrent le plus grand vaiP- 
feau dans la rivftre qu'ils nommèrent le havre de 
Munck , & partirent .dans le plus petit ^ ils per- 
dirent alors leur canot , &: la glace brifa leur 
gouvernail qu'ils réparèrent avçc beaucoup'de diffi- 
culté-, cependant lorfque la glace fiit rompue, ils 
retrouvèrent le canot qu'ils avaient perdu depuis 
dix jouis. Il s'éleva enfuite une violente tempête 
qui rompit leur mât & emporta leurs voiles,^ 
enfin , ils eurent le bonheur d'aborder dans un 
havre de Norvège , & peu de jours après ils arri- 
vèrent à Cppenhague , où le roi qui les avait re- 
gardés comrhe perdus fut très-étonné de les re- 
voir. Ce Munck fut dans la fuite employé par 
le roi en 1^24, i6zj & 1^27, dans la mer du 
Nord & fur l'Elbe , & mourut le 3 juin 1^28, 
dans une expédition maritime. Le roi avait en 
1^20, établi une nouvelle compagnie de Groen^ 

land 



DANS LE Nord. 337 

land, qui devait envoyer tous les ans deux vaif 
féaux à la pêche de la baleine j mais cette com- 
pagnie fut encore diflbutc en 1^24, parce quelle 
n'eut pas les moyens de continuer plus long-temps 
' la pêche de la baleine i & le roi permit à tous ^ 

les particuliers de Danemarck d'aller au Groen- . 

land^ 

VL En 1^3 ^5 le roi établit une nouvelle com- 
pagnie de Groenland, qui, en conféquence, en* 
voya fes premiers vaifleaux le 6 avril j mais pour 
fe conformer aux préjugés de ces temps, ils né- 
gligèrent entièrement la pêche des phoques ,. des 
làumons & de la baleine , ainfi que toutes les 
autres productions utiles de ce pays , pour fe 
borner uniquement à la recherche de l'or & de 
l'argent. Ils emportèrent une grande quantité de 
fable brillant qu'on trouva cependant ne conte- 
nir aucun métal. Ce mauvais fuccès dégoûta les 
intérefles , & U compagnie fut diflbute. 

VII. Au mois de novembre 1773 , on inféra 
fous le nom de M. de la Lande, une lettre dans 
le Journal des Savans, dans laquelle il eft die 
qu'un vaiffeau du roi de Danemarck , appelé le 
Nonkern- Crown ^ & commandé par le baron von 
Uhlefeld f avait mis à la voile de BornJiolm en 
Norvège ( où cependant il n'y a point d'endroit 
de ce nom ) , fourni de provifions pour dix-huit 
mois , avec des aftronomes , des deffinateurs &c 

Tvme IL Y 



^ 



35S DÈCOtrVïÈTES Et VotAGE5 

tout ce qiii était nécelTâîre pour Un Voyagé-, que 
ce Vaîffeau avait trouvé dans la baie d'Hudfon 
iin paflàge à la mer d'Amérique au^deîlù^ de k 
Californie. Cette lettre porte encore qu on trouva 
idans le" détroit un grand nombre de buffles & 
de bêtes fauves , & qu'après avoir foufFèrt bien 
des fatigues , le vaifTeau arriva le 1 1 de février 
1773 , par le détroit de le Maire, prés l'&e de 
Rofs en Iflande, & fut conduit à Brème ^ parce 
^ue le Sond était gelé y qu enfin , après une ab- 
lèncc de trois ans , fept mois & onze jour? , il' 
était arrivé à Copenhague. 

U eft aifë d'appercevoir que cette lettre eft en- 
tièrement fûppofëe , & qu'elle a été faite dans 
Fitîtentîon de détourner l'attention que toute l'Eu- 
rope portait au voyage du capitaine Cook & à 
fes découvertes , & pour rabaîfler peut - être le 
mérite de ce grand homme, dont le nom, <Juoi 
qu'on puilTe faire , fera îmmolrtel, comme fes 
découvertes font nombreufes & împortaiites. 
? Il ne ferait point avantageux maintenant aux 
Danois de faire de nouvelles découvertes dans le 
Nord , ou de trouver un pafFage aux Indes •, confé- 
( quemmpit il n'eft pas probable qu'ils faflent au- 
cune dépenfe pour mettre à exécution un pro- 
jet dont ils tireraient fî peu de profit. 
V 



i 



DANS LE Nord. \j^ 



CHAPITRE VII. 

Voyages & Découvertes des Kuffes daiis 
' U Nord. 

V/N£ gtœ^e ^aràe de la contrée ^ i^pelée au-* 
jouïd'hui Rc^e, était habitée vers le nord-eft H 
le 11(014» dès le9 temps les piui^ reculés » par un 
péupld d origine JV/i/ioi/tf, peut-être defcendu des 
anciens Scythes* Vers le tibild- oueft étaient des 
tribus cômpoféôs d'uû mélange' de*colonîés^ Grec* 
qiies & Sàuromatès , deiîquelles font défcendus les 
Lkhàariiens , les Lettovieti€ , les Livoniens èc le^ 
Courlaniois modernes , ainfi que les anciens Prufi 
Jiens^ Toute la partie méridionale de la Ruffie juf- 
qua la Crimée fat, pendant quelque temps , habi- 
tée par les Goths ; 8c une nation dcfcendue des 
Mèdes, appelée Sauromates ^ ctA-^-Àitt^Mèdes 
du Nord y habitait le pays^ fitué entre le Volga^j 
le Don & le Caucafe. Dan^ la faite , loi^fque dei 
ëf&ims de nations barbares fortirent fmrceflîvement 
de Teft, & qiïe quelques - uriei des dtffërcntes 
tribus dcs^ Goths eurent 5 vers te milieu du troi- 
fième fiècle, pénétré dans les régions oGcrdentales 
de l'empire Romain 5 une partie des Sauromates 
fe trouta dans la néccffité de fe retirer vers le 



1 



J4<^ DÉCOUVERTES Et VoVAGES 

nord & l'oueft. Ces peuples avaient dès ces temps 
reculés , la même conftitution politique que nous 
voyons toujours chez eux. Chaque individu de la 
nation était ou maître ou efclave. Ceux qui te- 
naient le premier rang parmi eux formaient la 
<ribu de Slaw & Slawne ou nobles. Delà tous 
ceux qui étaient illuftrés par de grandes aâions, 
ou feulement capables d'en faire 5 furent enfuite 
aufH appelés Slawne, C'eft fous cette dénomina- 
tion qu ils furent connus aux Européens \ msds 
les tribus particulières de cette nation ne Tont 
été que depuis peu. Ces tribus prenaient firéquem- 
ment leur nom de quelque rivière, auprès de la- 
quelle elles étaient établies -, de quelque ville , 
ou de la contrée qu elles habitaient. Ainiî le nom 
de Polabes dérive de la rivière Loba ou Ëibe^ 
celui de Poméraniens, de leur habitation Po-Moru^ 
ou près de la merv les Havellaniens ont pris le 
leur. de la rivière Havel ; les Maroara Cfa Mora- 
vîenside IdiMorawa ; les Wamabi , du WarnoU'- 
ve; les PoLotT^anis ^ de la Pclate; les Chrobates^ 
de leur féjour dans les montagnes, (CAr^^e/); les 
TolUnfiaiis ^ de la rivière TolUnJea dans, la Pomé- 
ranie citérieure : cette rivière fe jeté 4^ns la Peene^ 
près Demmin. De Slden ou Sedin , le Sullin des 

modernes, une trihtu a été ijonunjée Sicliniensi 

^ . . • f "" 

une autre , Bri^anians , de Bri^^en (Treunbrizen ) ; 

les KiiEnians ont reçu leur nom de KuJJm, ville 



p ANS t E NORIX 54i^ 

iqui fubfîftaît <Jans ces temps reculés , & àe la-^ 
quelle on retrouve encore les traces dans un vil** 
lage près de Roftock, appelé KeJJen om Kijfen y 
Se enfin , les LutUs^iens ont été nommés ainfi de 
XozV:ç , fur la rivière de Peene. Mais il y a auflî 
quelques noms de ces tribus qui font originaux » 
comme par exempte ceux des Sorbs ou Serbs y 
les Tfchechs ou Bohémiens-, les La^As , Lecks 
ou Folâtres, c*eft-à-dire, les Polonais*, les Rufles 
prirent leur nom vers Tannée 8^2 , des Wàre- 
giens Rojp^ plus modernes. L orage qui, à la fiiiter 
d'Attila , répandit la terreur & la dévaftation fur la 
terre , depuis 435 jufiju en 45 d" , fiit court & pafla- 
^er. Dans ce temps parurent en Europe , les tri- 
bus Turques , qui avaient habité jufqu alors fer 
grande Turquie y (c'eft-à-dire , la petite Bùkharîe) 
& le Turkiftan 5 ( 6ù la ville de Turkiflan fub- 
filie encore fur les bords du Taras ) , & ces tri- 
bus établirent de nouveaux empires dans cette par- 
tîe du monde. L'empire des If^lagL ^ Wolochi ^ 
W^ologares , Wolgars ou Bulgares , eft appelé 
de même. Grande- Bulgarie-, il eft fitué au-delà 
du Wolga fur les bords des rivières Kama , Bie- 
laia & Samara. L'empire de Borkah ou Ardu des 
Turcs Afconiens,. s'étendait fur le côtddu Wolga 
depuis Uu/iech^ près Saratof, jufqu'au Caucafe* 
Une partie, de ces tribus était appelée Kumani 
ou Komam , de la rivière Kumd , & leur ville 



1 



J4X DécouvB]ftjE« BT Voyages 
était Qommée Kuma^^r (af-y plus lok réâdaienc 
les Madfchiard , Mafchans , Fafcaûrs ou fioj-r 
chkirfy tribu d origine Fifînoife^ pjcès lo^ montagB^ 
, d'U&l & de Bielaia. Bientôt après epcoce 4 autres 
tribus Turques » comme les Chaa^qrs , les P^/- 
^henegi , les VT^tens Se Ips Fohwriens §c mêiii<9 
les Bulgares s avanpècent (ians jb p%rqf méridio* 
aal^ de la Rufïïe & ^^ns là- Moldavie s la Beflk- 
'3{abîe te la Crimée. La RujQie était alofs gouver- 
xiée par Tes grands-P^cs qui étaiet^tj» ainii que 
leur nobleflè, Xl^aregiens d'origine. Le nombre des 
petites principautés q^ divifai^pjt l'empire, les pré- 
tentions des plus petits princes à la (buveraineté, ainfi 
que le pouvoir exceflîf &c les ^andes ^içheUès 4^ 
ckrgé , tout cela contribuait à affaiblir ctt em{Hte. 
Les petits princes étaient rarement très - fatisfaits 
4e leurs ^ands - Ducs , ce qui élevait d'abord de 
firivoles conteftaitions 5^ bientôt des guerres civile^ 
deftruâives. Mais dans le treizième iièçles fur les 



( a ) Les niioe; connues aujourd'hui fous le nom de 
Ruines de Madfchiar^ paraiflènt être plutôt les reâes de 
la ville de Kumagfr ùx |es bords du Kuma & d^ By- 
nuira. Le mot Kumàkir fignifie dam la langue Turque» 
la plaine de Kuma. En efiët, il y a aux environs de ce 
lieu une grande plaine, & par ce mot Kumager^ nous 
devons entendra la vUk it la flaiiu de Kuma » Sbétir 



bords de la xmèxe Of^on & Kerlon, il s éleva un 
nouvel empire qui donna de la célébrité à une na» 
t^on des Mongols ( ou Moguls ) inconnue jufqu a- 
Iprs ; Temudfchin les commandait en iioi , bien- 
tpt après fa viéloîre fur les Taijfus^ les Nainans^ 
hs Mekriu^s ou Merkitts^ & après plufieurs in- 
curfipns dans J.e Tangut, eut le nom deGenghis^ 
Kan que lui doni^èrent toutes les hordes foumifes^ 
à fon commandement. J-es viftoiies de ce prince 
fiirent gtandeç & rapides. Il donna à fes fils le com- 
mandement de quelqiies tribus des Moguls & de 
quelques-unes des nations conquifes , Se ces prin- 
ces partirent pouir foumettre'lcs nations de TAfiç 
à la puiiTance de Genghis-Kan. Tufchi-Kan un de 
lès fils alla en mj , attaquer les liabitans de 
Getç {a) & de Kaptfchak, dans la partie méridio- 
nale dç la Ruiïie, depuis le Dnieper jufqua Embc^ 
pu JTernl^a» &c tputcs les nations qui vivaient verst 
Toueft. ï-es Kotrfariie^s^ les Wlachs^ les Bulgares 
& le? Hongrois ou Ma4fçhiars furent conquis par 
Tiïfchi. Batu-Kan fon fils attaqua les Rufles &: 
Les Polû.^riens & le^ défit dans une grande. ba-* 
tç^ille qui fe dpn^a près 4e la rivière Kalka qui 



(a) GeUy felon M. de Guîgfies , eft une contrée fi- 
tuée à Pouefi iSc au fud-oueft de lirûsh } mais M. Danviile 
la place au nord de la contrée de Turfau ou au fi^d du 
tuu Ictish. / 

y iv 



344 DÉCOUVEtÎTÉS BT VotTAGES 
fe jète dans la met d'Azof près du Don. Les 
chefs, des Moguls enorgueilli?; de cette vidoire, 
opprimèrent fouvent les Ruffes dans différentes 
occafions. D'un autre côté les princes Rufles con- 
duits par une fauffe ambition & par les petites 
conteftations qui s'élevaient parmi eux , avaient 
coutume de s'adrefler à la horde dorée du Kan, 
près du Wolga , pour acheter par de honteufes 
humiliations & de riches préfens, lé titre de grand- 
duc. Cependant les continuelles diflèntions & les 
guerres civiles des Moguls afikibliflaient leur puif- 
lance, & les princes Rufles furent enfin honteux 
d'adorer une ombre de pouvoir & de grandeur , 
& de tenir de ces infolens oppreflèurs un titre 
qu'il était bien plus honorable de devoir à leur 
propre valeur Iwan-Tf^ajfilewitfch fiit le premier 
grand-duc qui, vers la fin du quinzième fiècle, 
fecoua un joug fi humiliant ; il refixfa de payer le 
tribut accoutumé & battit les Moguls en diffé- 
rentes rencontres. Îwan-W ajjilewitjch le premier 
czar & Autocrate de toutes les Ruflies , monta fiir 
le trône en 1 5 j 3 ; il fit la conquête des royaumes 
de Cafan & d'Aftracan, & étendit fi^rt loin la puîf- 
fance de la Ru(fîe« Les Cofaques du Doo caufaient 
de grands dommages à fcs fijjets par leurs incur- 
fions & troublaient leur repos. Il envoya dans, 
l'année 1577, des forces çônfidérablçs pour puniç 
ces déprédateurs. Avant l'arrivée de ces troupes. 



•^ ï>AKSLÉNblll>. 345 

piufieurs des Cofaqucs avaient eu là prudence dé 
fc fouftràire, par la fuite, à l'orage qui les «lenaW 
çait. Yermak-Temofeeff*^ vaillant Cofaqueji très- 
habile dans l'art de la guerre & rrès-eftimé parmi 
fes compatriotes à caufe de fou expérience & de 
fon grand courage , fe retira vers les rivières Kama 
& Tfchuffowaya avec fix ou fept mille hommes. 
Là il rencontra un neveu du fameux Anika-Stro^ 
ganoff^ duquel defcendent les comtes & les ba- 
rons de StroganoflF d'aujourd'hui. Son nom était 
Maximius Stroganof^ il polTédait une partie des 
terres laîffées à fes ancêtres par la couronne , il 
reçut avec bonté cette troupe pour éviter d'en' 
être maltraite. Yermak apprit dans ce lieu que 
quelques nations barbares, comme les Bafchkirs y 
les Wotes , les Oftiaks & fes Tfjflfieremijfes trai- 
taient très - durement les fujets Rufles près de 
Kama , qu'ils étaient foutenus fecrétement par 
Kutfchum kan de Sibérie & qu'ils en rece- 
vaient des fecours , il fe détermina à prendre ven- 
geance de ces déprédations , il remonta les rivières 
dans les années 1578, 1579 & 1580, & arriva 
enfin à Tura , où il foumit pluiîeurs petits chefs 
de Tartares , & palTa l'hiver à Chimgi. Son armée 
cependant était réduite à mille fix cents trente-fix 
hommes. Il défit encore les Tartares en 1587*, 
mais toutes fes forces confiftaient feulement alors 
en mille & foixante hommes. Il fut forcé avec ce 



tAC DÉcauvERrEs et Voyagea . 

petit nombre de livrer planeurs conibats ayant 
(Tarrixer à Tlrtisfa , & de pourfuivre fes viéloires y 
9ygm enfin totalement défait & mis en fuite Kutf* 
cbum-Kan , il fit publiquement ion entrée dans 
SiPir. Les Ofliaks & les Wognls anciens fujets 
de Kutfcbum , fe fournirent alors à Yermak 5 & 
mèmt un gpand nombre de Taitsajres reconnu-* 
lent fa fouveraipeté. Yermak avait fait un butin 
CPnfîdérable & r^çu ea outr^ , de fes nouveaux: 
fujetSy des préfens dune grande valeur. 41 régla 
iïoxs le tribut qu'ils devaient payer» & envoya mt 
Cofàque» nommé Araman 9 au czar d^ Mofco'gr > 
avec la nouvelle de (à victoire. U envoya en même^ 
temp^ à ce prince les plu^ belles fourrures par 
fiDrme de tribut » & lui dematK^a fa ^ace & le pria 
délai envoyer ^KlquCs fccours. Le czar lui envoya 
auifi des préfens » âc les fexrour^ qu il demandait^ 
lui accorda fa grâce & le con6rma dans ùl nouvelle 
dignité. Mais ion extrême avidité pour étendre 
(es conquêtes l'engagea à croire trop facilement 
am^ faux rapports , & fa négligence pour les appro- 
vil^onemens ât périr de faim la plus grande partie 
de fon armée , il mourut lui - même dan$ une 
expédition fur Tlrtisb. Sibir ^ toutes les nouvelles 
conquêtes furent perdues ppur quelques temps > 
mai$ de plus grandes forpes ayant été bientôt 
envoyées dans cette cùjméç » elle fut peuplée &c 
fertiiéu % W y bânt de$ villes -, $c en çqi d'aur 



BANS H No Ri). )47 

née$ les vidoires Se U$ acquifitions des Rufles 
s'étendirent rapidement dune rivière à l'autre, & 
fur diverfes tribus errantes 3c -éloignées les unes des 
autres , jufqu à ce qu'enfin Dmitrei*Kopiloff arriva 
en 1^35 à la c&te orientale de l'Afie , non loin du 
lieu où Ochotçk eft maintenant. Si nous jetons un 
coup-d œil fur la carte de Ruflie , nous verrons que 
dans Tefpace de cinquante-neuf ans , dçs troupes 
légères 6c des chafTeurs indifciplinés ont ajouté 
ï cet empire une étendue de pays de près de 
quatre - vingts degrés en longueur , $c dans le 
nord njênje il touche au cent quatre - vingt- 
cinquième degré d» longitude à ïeft de l'île 
de Fer & conféquemmcnt , c'eft plus d'un quat 
du globe. Ce pays s étend en largeur de plus de 
vingt-cinq degrés ^ c'eft-à-dire , depuis le foixs^e* 
quinzième jusqu'au cinquantième degré de* latitude 
(èptentrionale. Il ne èmt que lire Tbiftoire de ces 
conquêtes pour avoir une idée de h confiances 
de l'intrépidité ^S^ de la fermeté du caraâère 
des Rudes. Leurs corps endurcis à fupporter les 
jlus grandes fatigues , leur force & leur çonfti^ 
tution égalent le courage avec lequel ils <mt 
exécuté de d vaftes conquêtes. Mais au milieu de 
ces fuccès 6c de cet accroiffement de rich^ilè 
6c de pouvoir 9 cet empire fi puiilànt n'avait pas 
encore fait i^n pas vers la civilifation que le^ 
{européens oçc|di^ntau9^ avgieiit porté au piu$ bauc 



1 



J4» DÉCOUVERTES ET VôYÀÔÉS 
périodç, a lui fut même difficile de réfiftcr à I3 
puiflkncc du petit royaume de Suède. Mais heù- 
reufement pour la gloire de cet empire, la pro- 
vidence lui envoya un homme, qui malgré le peuf 
de foin qu'on avait donné à fon éducation & ley 
efïbrts de ceux qui Texitouraicnt pour faire pren- 
dre un faux pli à fes talens & aux qualités de 
(biî efprit ^ & , malgré les préjugés qu'il a eu à 
vaincre & qu'on aurait cru infurnx)ntables , eut 
affez de courage & de génie- pour fe donner lui- 
même une éducation ou plutôt s'en donner une 
nouvelle. Dans l'âge mur , doué d'aflcz de péné- 
tration pour apprécier à leur jufte valeur ceux 
qui l'entouraient, & pour ne fe point méprendre^ 
dans le choix de fes nouveaux ferviteurs 5 favanr 
dans l'art de former Tefprit des peuples qu'il 
gouvernait, il leur fit foire, en un moment, uit 
chemin rapide dans la civilifation & le raffine- 
ment des mœurs, leur donna du poids dai^s la 
balance politique de l'Europe ; enfin un prince , 
qui par fon génie créateur préparait fon peuple 
à s élever au degré dé grandeur & de fplendeui 
où nous le voyons aupurd'hui parvenu, fous le- 
gouvernement de fa petite nièce, au grand éton- 
nement de toute l'Europe. 

Les découvertes de cette nation dans le Nori 
ont trouvé de grands hiftoriens. Les conquêtes des 
autres princes ont été Un fléau pour les peuples 



, BANS LE Nord. j4 ^^ 

qu ils ont vaincus , leurs armes ont dépeuplé des 
pays immenfes , & ,ils ont fouvent acheté des 
défcrts par la mort de plufieurj milliers d'hom- 
mes *, la conquête de la Sibérie,. au contraire, 
ne coûta pas une goûte de fang -, ce pays a été 
peuplé & cultivé depuis qui! a été conquis , & 
croît toujours en richeffe » en population Se en 
profpérité. 

Cette hiftoirc a été écrite fort au long avec 
beaucoup de fidélité & d'exaétitude , par M. Jean 
Eberhard-Fijcher , de l'académie de Péterfbourg. 
Les premières découvertes des RuiTes fur les côtes 
feptentrionales de l'Océan , la certitude que l'A- 
fie ne communique point avec l'Amérique » la 
diftance entre l'empire des RuiTes & celui du Ja- 
pon ; celle qui fe trouve entre la Ruffie & l'Amé- 
rique , ont été clairement démontrées par le fà- 
vant coafeiller d'état , Geo. Fred. Muller ( a ) , 
dans le troifièmc volume de fes Colleâions de 
l'hiftoire RufTe. Enfin un grand naturalifte , le pro- 
feflêur P allas , a continué avec un foin & une dili- 
^nce louable dans fes nouvelles Colleâions du 
Nord 9 l'hiftoire des dernières Découvertes faites 



(a) Le leôeur trouvera un fiipplément à ces auteurs, 
dans Touvrage de M. Coxe , qui a p'^ur titre : Relation des 
Découvertes dgs Ruffes entre VAfie & t Amérique ^ 



1 



lj0 DÉCODrVKATÊÎ ET VôlTACÎJÊî 

depuis lai publiC9tk>A de Thiftoké de M. MuHer, 
Se pattiéulièremeiïC depuis le commefictiMnt â«i 
tègne de h célèbre Câtherkie II. Il eft dotwt inu- 
tile dé donner ici la tektion àis Voyages Si des 
dëcoutertes faites paf les Rttffe^ dms lé Notd* 
11 n'eft pas nécefTaire de les tecU6illir aVec beau* 
tùaf de peine & de travail da^s plufieurs ou- 
vrages diffirens & très -rares, comme Thlftôire 
des découvertes ùités par d'autres nations, mais 
elle eft coniignée daAs des ouvrages liouveaiâc^ 
écrits avec un e(prit vr^diment philotophique , & eft 
encte les mains de tout le monde. J'ajouterai ie«^- 
lement quelques obfervadons générafes. 

L'efprit vafle de TlmmOrtel Pierre avait d'a- 
bord efquiffî tout le plan de ces difi^ens voyages 
de découvertes -y & fk femme , alnjfî (^e les monar- 
tpcs qui lui fuccédèrent, particujiièremerït les impé- 
rattices Anne 8c Elifabeth^ contribuèrent de tout 
leur pouvoir , à l'exécutioci de ce plan. On alla 
d'Axchangel à TOby , de TOby au Jenifea , du 
Jenifea on arriva au Lena en voyageant en par- 
tie par eau, en partie par terre» Du Lena oa alla 
pat Teft iu£]u'au Judigirha. On alla d'Ockatsk 
par les îles Kuriles au Japon, Beering dSdÀt déjà, 
avant cette époque , navigué le long des côtes 
feptentrionales du Kamtfchatka,'iufquau foixan- 
te-feizième degré de latitude nord. On entreprit 
encore un grand voyage dans le deffein de dé- 



PANS L£ Nord. 551 

rouvrit le continent de TArnériquc ^n partant àa 
^Kamtfchtuka ; entteprife dans laqudle le Com- 
modore Btcriîlg a réufîî , aiflfi que le capitaine 
Tfchirilcagr. L'un & l'autre de ces navigateurs , 
Tirent , outre les dbjiets particuliers à leurs re- 
cherches , quelques îles, fur l'une defquelles Bee^ 
fîng éiîhoua, à peu de diftance du Kamtfchatka, 
8c où il moutut. Son équipage fit une petite bar- 
que dés débris du vaifTeau 9 & le retira dans le 
havre de Saint-Pierre & Saînt-Paul au Kamtfchatka. 
Enfuite quelqijes marchands & des flibùftiers allè- 
rent dans ces lieux, avec la permiffion de la cour, 
. pour faire des découvertes, chafler, commercer 
6c recueillir les tributs \ ôc quqîqûe les vaifTeaux 
dans lefquels ces premiers aventuriers s'eînbar- 
quèrent , ne fuiTent autre chofe que de faibles 
planches attachées les unes aux autres py des 
bandes de cuir , ils découvrirent cependant dans 
les années 1745 ^ ^75^ 9 ^^ grouppe d'îles 
nohimées îles Alautian. Plus loin on trouva 
encore un autre gtouppe dlles qui forent appe- 
lées les îles Andreartoffi enfin, on découvrit les 
îles Black-Fox ou du Renatd-Noir, près du con- 
tinent de l'Amérique. Tous ces grouppes d'îles 
compoferit;un archipel confidérable, qu'on a nom- 
mé certâinemenr aVéc. beaucoup de raifon. Archi- 
pel de Catherine , ^ f honhe^ de l'illuttre im- 
pératrice féconde de ce nom. Il s'étend du Kamtf- 



1 



jjz DÊCpuvE&TES JET Voyagea 

chatka à la pointe de terre appelée Alask^ àiM 
le nord de TAmériqua Une chaîne d'îles s'étend 
depuis cette terre du Kamtfchatka /ufqu au Japon. 
Le Kamtfchatka , le nord de l'Amérique , le 
Japon, les îles Kuriles & celles de Catherine 
ont, des volcans , dont, plufieurs brûlent en- 
core & d'autres font éteints. Ces volcans occa- 
fionnent tous les jours de nouvelles Se de grandes 
révolutions dans ces contrées. Ils forment une 
chaîne de montagnes qui unifiait autrefois les 
deux continens de la même manière qu'ils avaient 
été joints probablement l'un à l'autre dans les dé- 
troits de Beering. Un courant venu du fud-oueft 
& dirigé au nord-eft , a aufE formé la pointe du 
Kamtlchatka, appelée Lopatkay ainfi que la baie 
SOchotsk & celle dt Pen/chi/uan, Se entraîné dans 
fon coyrs une grande quantité de terre qui a 
refté dans le fond des eaux & forme ces bas- 
fonds fur lefquels les glaces s*arrctent fi fréquem- 
ment aujourd'hui, & où elles ne peuvent plus 
fondre. Il n'eft pas de mon objet de déterminer 
le temps où cette féparation eft faite , .ni de 
quelle manière cela eft arrivé. Mais nous avons 
une preuve évidente qu'une grande & violente 
révolution de cette efpèce a eu lieu. Les îles & les 
volcans qu^elles contiennent , (ont encore une 
preuve de ]# vérité de ce que j'ai avancé , que 

les 



DANSEE Nord. jj» 

les îles' ont été formées des continens divifés dm 
quelques Violentes feeoulles. 

Les îles Catherine & le continent voifin du nord 
«le- l'Amérique fourniraient à un habile naturalifte 
une multitudie d'objets pour des obfcrvations in- 
téreflàntes. Il ferait à fouhaiter que l'illuftrc Ca- 
therine voulût bien donner des ordres pour faire 
quelques voyages dans ces contrées : ils contri- 
bueraient beaucoup à l'avancement des fciences , 
fut -tout de la géographie & de l'hiftoire des na- 
tions, & à étendre les bornes des .connaiffances 
humaines -, ce qui procurerait de grands avanta- 
ges au pmfTant empire' qui reçoit fes lois , & 
donnerait à cette grande princeffe des droits éter- 
nels à la vénération de la pbftérité. 



OBSERVATIONS GÉNÉRALES 

Sûr' les Découvertes faites dans le Nord, & 

R<:fléxions fur la Phyjique.t Anthropologie, 
la Zoologie , U Botanique & la Minérahme 
de ces contrées. 

LiE globe contient dans ce que nous en con- 
naiflons, une plus grande quantité de terres éle- 
vées.aiwidrus de la furfece de la mer, dans les 
te^^ns du nord que d,ans les teyes polaires du 
Tomt IL 2 



^J4 DÉCOUVERTES ET VoyAGBS 

fnd (]ui ont çDpi):anunent montré à tous cens: 
qui les ont obfervéçif^ que dcf ys^^es nifrs. Ceft 
d'aprps ce principe qup j'ai çflEàyé 4^ 44PWλc«^ 
j^^m? up autre quyx^ge, que k$ coûtfé^çd* pàlç 
BorcJ , pxifes ej^femble j^ fo^ p^iis cbj^ad^f paitir- 
çu^ièrcpijBn^ çn pté, que fdlei dif p61p fud (4)* 
j^p effet la grande profbndçux des xners ahfo^be 
iiçs ]:ayQ|is du fbleil qui ne pçuyent ps^ C9in- 
ipuniqucr ajifl^ aif^Reqç^ fie 1^ çbalcw 4 d$55 
<;^ux dunjç i^ gtandç ^tendue &: {n;ofppde«|t f 
iju'au fluide plus raie dç l'atmofpbèie. La cmf 
au cqnqraixe réfléchit les rayons (^. ^JleU d%9f 
toutes fortes dç 4^rç^ons, Uç fe çïpifent ea . 
tou$.fens> & Vçxpçriçnçç a dénioptr^ quç cçft 
feulement pat cçs ç?ypns aiç^ ra<&jvbJi4s^ que 
le foleil peut donner un grand degré de cha- 
leur. Il eft auffi confirmé par Texpérieuce de 
tous ceux qui 9Çt navigué dans les régipjis . du 
nord , qu on reffent ftéquemment , entre les 
foixante - dixième & quatre - vingtièflpe degré? 
de latitude nord» une chaleut afTez graQde pour 
faire fondre le goudron qui enduit les vaiiTe^ux, 
Mais vers le pôle fud la température de l'air 
eft beaucoup plus firoide^ & dans ces contrées on 
ne jouit jamai^ de j^a 49Ucçur 4'u^ jai$| chaju<|. 



autour du mondejfjfogr,, 9Sf. 



I 



PANS L » NOR d! 3JI 

Dans les jpays fifoidsi, on t;rouv€ mt gçande qijan* 
cité de diâër«ntes oifpèces 4e talc & de mica^ 6c 
beai)|g:ottp de ftéwtes & dç piei^res odlaires, pai?> 
ticulièrement dè»s la baie d'Hqdfon , dans le 
Groenland & le Spît^^bexg. JE,e^ produâions vol* 
çaniques fe volent en. grande quantité dans le 
Groenland , riflande , fur les cotes occidentales 
du nord de TAnnéri^» fm hs îles Catherine 3c 
Kutiles ôC; m Kaintfdbatka, On. 9 trouvé du cuivre 
v*t]£ daoa h baie d'Hudfon §c . fur Tilê Cop- 
por (de Cmvre) ^ prè$ du Kwitfçbatka. L'île de 
rOurs eu dfi Cbe^ry contient beaucoup de plomb 
& un peu d'agent natif. On ^re qu'on a dé- 
eoaiYcrt d>w le Qtœ^Und we mine contenant de 
Tarècnt & lïiemQ d^ l'or. 

Les côtes éi Groe^JtaQ4 font totalement bor- 
dées des deuil côtés de locbeiçs tfès- hauts Se 
très-aigus. Cependant dans la baie d'Hudfbn les 
montagnes connimenf ent à être nxoins efcarpées &c 
dans quelques endroits les bords font plats & unis. 
L'Iflande ainfi que le Spiizb^rg font des contrées 
toutes couvertes de ipchers , l^ NouveHe-Zemble 
préfente le ffiôme afpç^. Tpute la côte du nord 
de b Sibérie eft piate & bafl^. La côte orientale 
de VAûe jufqii'au Kamtchatka, eft prefque pat- 
.tsout Jiaute &^leîne de roçlv^s. La côté de ïJir 
rméàçgi^^ m^ c<^i;raire , eft b^flè $ç plate \ xms 
an f»d d'Âl^ka» elle QQçmPQCi^ à fe se^^verv 

Zij 



3J^ DécOUVEKTES ET VoYAÔEf 
Lts baies d'Hudfon Se de BafEn auffi bien que 

toutes les petites mers tlepuis le Labrador jufqu au 
Cap-Farevel , ont été évidemment formée^ par 
la mer qui s'eft jetée dans les terres. Ceci paraît 
également vrai, lorfquon obfcrve la pcÂnte éle- 
vée ^u Cap - Faie vel & les hauts rochers de la 
côte orientale des îles de la Réfolution & de 
Salifbury & ceux de toutes les îles de la baie 
4'Hudfbn qui fe terminent en éciTeils vers l'oueft» 
comme fi la terre en avait été entraînée par un 
flot venant de l'eu qui fc fut précipité fur ces 
rochers. Le Groenland a une paiTe à Teft & une 
ile à Toueft , c*eft Tlflande. Le Spitzberg a un 
promontoire au fud-oueft, & aa*fud-eft une îk. 
Tous les bords de la Sibérie le long de la mer 
Glaciale font plats ^ Se les mers fituées au nord 
<lc cette contrée font très-peu profondes. Nous 
avons déjà fait connaître , page 3 5 2 , les efi^ts 
phyfiques de la fituation d^ la mer entre i'Afic 
& TAmérique, près du Kamtfchatka. Les mers 
dans ces régions font trcs-ficoides & Couvertes en 
partie de glaces. C'eft aduellemcnt un Ésdt plei- 
nement cot^mé que l'Océan fe gèle dans ces 
parages , dès 1& mois d'août ou de feptembre , & 
que dgns l'hiver, il le couvre^ dans l'efpace d'une 
nuit , d'iine glacé <le plufieurs pdRces d'épaiflcur. 
La glace n'eft donc pas produite par les rivières 
qui fe jcteot tians l'Océan, mais elle fe form* 



X>ANS LX NOK0. « 357 

dans ta mer même. Les grands blocs de glace 
font pouffes par les vents les uns fur les autres 
& forment ainfi d'épaiffes & de hautes monta- 
gnes. Mais la glace fe forme de bien des ma- 
nières. Nous ne pouvons pas dire quelle eft la 
méthode que la nature emploie pour produire cer- 
tains effets , parce qu elle a pour parvenir à fer 
fins , difiërens moyqps qu'on ne peut découvrij 
que très-lentement. Au commencement de ITiiver 
rOcéan n eft pas auffi froid qu'au commencement 
de l'été , qui fuit un long & ennuyeux hiver danr 
ces régions. Dans la mer Glaciale les vents font 
très-violepts, & lorfqu ils foufflent fur les immenfes 
plaines de glace de ces mers ^ le froid eft infup- 
portable. Les vents d'eft font auflî plus communs 
qu'aucun autre vent fous le cercle polaire arc- 
tique-La même chofe a été remarquée pécé- 
demment pour les régions polaires antarâiques^ 
Les brouillards font très-fréquents dans cc^ cli- 
mats 'y ce qui rend la navigation fort dangereufe^ 
Ces brouillacds retiennent en bas ^ par leur pref- 
fion, les vapeurs qui fe feraient élevées dans^ fat* 
molphère , c'eft pourquoi ils ont fouvenr une 
odeur déGigréable. Le tonnerre & les éclairs^ font 
très - rares dans ces contrées , d'abcwrd païce que 
les aurores boréales y font très- fréquentes, gc 
qu elles confument & détruifent les exhalaifon^ 
électriques ^ & encore parce que » dans ces^ ré- 

Z iij 



}}8 Dicôtrvjs»ïffs et Voyages 
gions couvertes de neiges éternelles, dont il ne 
fe fond que très-ped dans re'fpace de pluiîeurt 
jours , la matière élédrique ne peut s éleva: fam 
doute en afTez grande quantité de la terre » ni 
(c raffembler pour former la matière du ton*- 
oerre & des éclairs. La petite quantité dedia-» 
iaifon éleârique qui paraît dans les tempêtes , s eft 
élevée dans les. airs des volciiis de cesrégidns. LV 
bondance des brouillards & des vapeuxs <pi font 
en partie gelés» fervent à produire un phénomène 
plus firéquent dans ces contrées que par •« tout 
fdlleurs. Les parélies font très -communs dans le 
nord, & ils ont été remarqués par pluûeurs voya- 
geurs. Ces vapeurs dont latmofphère aboode, 
fervent adfi à montrer dans ces âSttu&sic triftes 
contrées l'agréable lumière du ibleil , quinze jours 
plutôt qu elle n aurait paru au-deffus de Thorizoa 
dans tout autre état de latmofplière; coniëquem- 
inent elles contribuent à racoutcir les nuits téné- 
bxeufes de ^ces régions , & à vivifier la nature 
totalement engourdie pat le fouffie mortel de 
rbiver* 

Les ctîes organifés 8c animés ont été répandul 
d'une main avare dans ces triftes lieux. La fut* 
fece de la terre n'eft couverte que d'un petit 
nombre de plantes , & celles que la bonté de la 
nature leur a accordées craignent, pour ainfi dire, 
d'élever la tête hors du fein de leur mèttf & de 



fe mônirci dans un air totaletncnt prîté it char- 
leur & condenfe par ie foufHe deftrdâieui des vcnt^ 
du nord & de Teft. Là terre élle-inême n eft riî 
propre, ni préparée à recevoir les plahtes con- 
fiées à fcs foins. Des rotbers nùs & arides ptéféù- 
f cnt , avec une intrépidité calme , leurs firon^ 
Calleux aux attaques de la gelée qui ravage toutf 
ils font couverts pendant la plus ^ande partie âè 
Tannée, fune couche épâiflfe de neige, qui lè% 
préfcrve long-temp de la deftruiftion. Les pluies^ ^ 
les vents & la chaleur fuccèdent altèrnativcmenè 
âù firoid. Mais la chaleur Se Tair fixe flottant darii 
ratrtiofphète , contribu'ent à détruire par degrés^ 
dans les climats chauds & tempérés , lés plul 
d^s & les plus foiides rochers. L'air fixe acconf- 
pagné dé la chaleur pfênètfe profondément dani 
la fiAftance dés pierres , en diflbut de petitéi 
parties que les pluies 6c les .vents entraînent St 
emportent! dé grandes diftances; & par ce hiôyei^ 
la fiirfoce de la terre dévient de plus en plufe 
capable de recevoir toutes les cfpèces de végé^ 
taux. Les femcnccs légères portées par les vené» 
à cette terre , y . prodùifent d'a&drd une petite: 
nïouffc qui s'étend par degrés ,. réfifte malgré fa 
fiiible texture , au plus: grand froid & déploya 
fuT k fiirfiice dela^tcrre un tapis verdoyant* Gés^ 
mouiTes font les nourrices des autres végéfaut^ 
lies piarties intérieures de ces moufles qui fc dé* 

Z iv 



3é'o DÉCOtTVEÎlTES Er VoYAÔEf 
truifent annuellement , mêlées avec les parties àiC- 
foutes & cependant groffières de la terre , four- 
niiTent des molécules organifées qui, contribuent 
à la nourriture & à Taccroiflement des autres 
plantes *, elles donnent audî des parties graffes 
pour le développement d une colonie future de 
végétaux. Les femences des autres plantes, por- 
tées des bords éloignés par la mer & les vents, 
même par les oifeaux dans leur plumage , 8c 
jetées fur les moufles ^ font reçues par elles & pré* 
fervécs du froid avec un foin tout maternel, 
imbibées de Thumidité que ces moufles ont te* 
cueillie 5 & nourries par leurs exhalaifons huileufes. 
Ainfi elles croiflènt & fe développent , portent 
enfin des femences , &c mourant à leur tour , 
ajoutent à la terre des iparties nutritives , & y 
répandent en même-temps de nouvelles femences » 
gages d une nombreufe poftérité. Mais arrêtons- 
nous un moment à confiderer de plus près les 
rprôduftions du règne végétal. Elles font, comme 
nous l'avons déjà obfervé, répandues avec écono- 
mie dans les froides contrées des pôles ^ non à 
qaufe que la nature eft marâtre envers elles, mais 
parce que Tintenfité du froid dans ces climats 
trouble & arrête fes opérations, & conféquém- 
ment il lui faut un temps confidérable pour pro* 
duire des cfftts qu'elle produit en un petit nom- 
bre d'années fous la bénigne influence du foleil 



. ^ D À K s L E N R 1>. -r xf^ 

dans les climats plus^ tempérés. Cependant elle 
i€ montre ici une mère toujours: indulgente. Tu^s 
animaux s'engraiiTent d'une manière étonnante avec 
le peu de plantes rabougries qu'on trouve dans cts 
pays.Les lichen {lichen-rangi/erinus & ijlandicus) 
polTédent des qualités nutritives peu communes & 
engraiflent en peu de temps les animaux qui s'en 
nourriflent. Sur ces bords le cochléaria & les 
autres plantes de cette claffe, fe préfentent aux 
matelots infe(9:és de fièvres putrides & mettent 
en peu de jours par leurs fucs fortifians des bor- 
nes aux ravages du fcprbut. 

Quoique des régions paraiflênt peu Êivorifées 
de la nature , cependant la mer ni la terre ne 
font privées de créatures, qui outre une ftrudure 
organifée ont la puiflance &C la confcience du 
xnouvement volontaire. Depuis le corail jufqu'aux 
quadrupèdes toutes les clafTes d'animaux ont leur 
repréfentant dans ces climats, d'ailleurs inhofpi-^ 
taliers.Tuz Nouvelle-Zemble, le Spîtzberg&le 
Groenland ont leurs rennes, leurs ours blancs & 
leurs rçnards grisj & la contrée fituée au nord 
de la baie d'Hùdfon eft habitée par le bifon* 
Les lièvres, les iouris & les gloutons font auflî 
indigènes dans quelques-unes de ces régions. La 
mer abonde en toutes fortes d'efpèces de^baleincs 
& de dauphins •, tandis que fcs bords & les vaftes 
champs de glace qui flottent fut fes eaux, fer-- 



tcftt comme d'haWtation à dé nombreuffes crpêces 
de phô^ûês^ au3^qucls k prrfohdeur de TOcéit 
ftéitûtéf dans la multitude de fes habitam, une 
âbôndatlte faourrîturé. De toutes ces réglons* da 
liord , la cote féptentrimiale de la Sibérie eft 
feule conftaitimént habitée par refpêce humaine, 
fi lioui en exceptons l'Amérique jufqu*à la baie 
(fHudfbn 8t le Groenland. Les hommes de cette 
lace ont le corps ^ peur aînfî dire, contracté pat 
le froid. Ils ont le' trint d*im tôoge foncé , lei 
cheveu^ déliés , durs it noirs. Letit hourrif liré 
confifte en poiflbns , en phoques 6t en baleines j 
tt lliuile dé poîflbn fait leuts plus grandes déliées. 
Leurs idées font , fuivant notre manière de pén^ 
fet , trèi - fétfécies ; cependant ils niohtrent dani 
ht âDrnftruftidn de leurs meubles 6é de leurs inf- 
tttf rtïêns uôe habileté , mie dextérité , qu au preniiet 
èbdrd on he crtriiah pas quilJ péflëdént. Les plain*- 
tes que nous entendons faire fréqueiifimént de leui 
ftîÈJàc Se de leur cruauté n oht Mcmi fondè^ 
ftient. Ce font les Européens qui ont attiré fur eux , 
^àr leur Violence , leurs meurtre $c par lés plôs 
grandes cruautés, la vengeance de ce peuple nam-^ 
tellement holpitali^r %: d*iin cœur excellent-, enfin , 
ils lui ont appris à tromper. Ces peuples rempliffent 
les devoirs paternels avec unetendreffe, un courage 
& des foins tout particuliers, & dans des cir* 
Confiances où mille Européens abandonneraient 



PANS LE Nord. 30^ 

leurs devoirs. Ils fe hafardent fur la mer dans 
de petites barquôs de cuit , au milieu des plus 
grands dangers , des &oids les plus perçans ^ des 
tieiges , de$ glaces 6c des vents ^ pour thetchfet 
la nourriture de leurs en&ns. En un mot^ plus 
nou$ contemplons ces objets 9 plus hoiis voyons de 
tous côtés des traces de la providence ^ de la fageflè 
& de la bonté , d un Etre-Suprême qui difpcnfe fes * 
bienfaits fur tout Tunivets , & qui manifefte^a plus 
grande intelligence dans Taccompliifement de fes 
deffeins. Tant de follicitude doit exciter dans les 
Moeurs fcnfibles, les fentimens les plUs vîfe de gra*» 
tude, les tffeAet des plus tendîes agiotions» fie 
leur foins verfet des latmés de joie âc d'admW 
tation. 



F 1 ]A 




TABLE GÉNÉRALE 
DES DEUX VOLUMES. 

Le chiffre romain indique le tome, & le chiffre 
arabe la page% 

A 

joLARau9Sy& pofition ancienne &: moderne, 1 , 1176- 
ijtaluj , (île d') décrite par Pythéas,!, ^f. 
ABUVFiDA , abrégé de ût relation relatiTement au Nord, 
I, î8,6i. 

Ahubeker^ I, 14^* 

Acre y I, ip8, 

Acridophagts y leur demeure, & l'explication de ce 

nom > 1 , 4« 
Adîgas ^ même pays que la Circaffie, I, i^x ^ m 
Adiketi, peuplés voifins des Âianiens, I , i6t , ti* 
Adkofi y Voyez Adikttu 
Amirauté y (île de T ) II , 14^. 

A£Jîi QM Efthoniens vifîtés par les Carthaginois, I, i8* 
Inconnus pendant long - temps aux Romains ^ 4P* 
Leurs mœurs & leur gouvernement décrits par Al- 
fred, m. 

Afgodcn-Hçek y Cap des Idoles, II, i4}* 



Dis MXTIBRB5. jVj 

jt/nque^ figoificatlon de oemot, I., i^\ n« Première 
découverte de fes cotes, & le tout qu'on en a £iit à 
différentes époques, lo, ii, 

Agricola fait , avec & floue , tovt le tour de TAngle- 
terre , & (bumet les Orcades aux Romains , 1 , 4^, 

Ajaffa-Aly ( havre d' ) I, 19^. 
âkko , Voyez Acrt% 

Alanitns (les) ravagent les poiTeflions romaines , I , ^3« 
Leur première demeure , I , i53.Xeur religion, lyj. 

Alarçok, (François d') fi tentative pour trouver le 
détroit d'Anian, II, 300. 

AitARic , ficcage les terres des Romains, I, f3« 

AU<^ efpece de bière , pourquoi les ÉfUibniens n*en 
bradaient point, I,' II 3* , • 

Alfred , fi conduite généreufê envers les Danois 
vaincus , I, £8* Sa traduâion d'Orofe, ihid. Trar 
dudion de fi Description Géographique relative 
du nord de l'Europe , 8^« D'où il tenait (es con,- 
naiflànces géographiques, ii6. 

Al€uùany{ïie) qui Ta découverte, fi fîtuation, 3fi« 

Albxakdrb VI ( le pape ) trace la ligne de démarca- 
tion , II , ip7. 

Allemand , origine de ce mot , 1 , 41 , n. G>nfédéra« 
tion des divers peuples de cette nation , 53« 

AU-Heath ou AU-Heide^ I, if7« 
AlmaUgy ( ville d' ) 1 , 244 » «• 
Amhre^ porté par les Phéniciens & les Grffcs, I, 10, 
Décrit par Pline 9 j 5. Connu des Romains » 4sr« 



1 



•jf J T A B t 4 

Baleiaf connu des Carthaginois, I, tS. D*oà dérive 

ce nom, I> 3^» 
Barbako, (Jofiphat) fon voyagea Tana, I, x^j. 

BARBMT2 y ( Guiilanme ) (es voyages, II, x4x« Avec 
Heemskerk, II, 150, 

Barrach , Voyer Bereke-Kan* 

Barkatier , (on opinion fiir lès voyages du rabin Bea*» 
, jamîn de Tudelle , I, 150, 

Bàschany I, i^j. ' 

BaschkirUns y leur langue, & le fieu de leur réfîdence, 
I, j6$ y n. Leur origine , 165 , 166 , n. Leur 
snanière d'écrire, 174. 

Bascia , pays fiir la rivière Vaséh , Cet habîtans , 1 , 107, 

BaflarkkhSy 1,153. 

Bains ^ (lois & anecdotes concernant les ) I, 351. 

Batu, Kan des Mogols, I, 168. 

Baulak ou Bolàk , Tes mines d*or, I, i6Zy ru 

Becinga Ce ou BUkingen, I, iip, n* 

Beerimg, fon voyage avec l'schirïkoff, II, 3^i, 

Beerlng-, (détroit de) II, 22^.' 

Behaim, (Martin) fon globîe,' 11^ 9. 

Bcigian , ( montagne de ) {tf^ièfe réfidence des Mo- 
gols, I, ipi.^ . , ^ ^ 

Btlgorody I, 270, n. .., 

5e/or, (montagne de.) I, no. 

Bemoit ( Minorité J accompagne 1^ ambaflàdeurs du 
Pape envoyés aux Mogols > 1 , 1.^2. . ,, , 

Bbhjamiii 



D E s 'M A» T I E R E s. 9 d^^ 

BekJamik D£ Tudelle , k& obtêpvatlons relatives au 

. Nord, I, 14?» i^o, , ^ . . 

Bemmet , (Etienne) Cm voyage à rîîe Cherry, II, m, 

Beormas y I, io^« 

Berfnfbrty (havre de) II , 14^, 

Bereke-Kàn jlj 19 i y 199 y «• 

Bergos y fon nom aôuel & (à fîtuation , I, ^i. 

BergUy ( plaine de ) defcription de Ces habitans , I^ 213. 

Biarmiefif , 1 , 107. 

Bilkkan , voyez Belgidn» 

BioRM , Jeté par une tempête à T^rre-Neuve, 1 , 137. 

Bi/erniini.y I, I54« 

Bijfibury Gl fîtuation, I, xf3. Ses Uàbitans, &$ pro- 

duâions, 148. 
Blachs ou Blachiansy I, 1^4, 
Black'Pointy II, zi^« 
Blekiîigen, I, iip, n. 
Bokkaray (province 8c ville dg) I, i^^, 
Bolgar, (la ville de) I, 6j. Sa defcription , i^f, 
Bontekocy (l'île de) II, 2^^. 
Borkaky voyez ^rJt/. 

Borkuniy (ile de) on y trouvait autrefois de Ambre, 1, 4^« 
Bornholniyl y I03, 
Bofphore y I, 26^. . 
Boujfole , fon inventeur, temps oà elle devînt d'un uûge 

général, ï, 324, 379.. 
Bowdens , (paflè de ) II , 216. • 

Tome IL A a 



370 T A »JL « 

^roHoin , terre d'éohi, I , ^. 

Bretagne, ( la ) peuplée par des RcttoBS fogidfs , i , 739 

Srîgg's'Mathematiés , ( îles ) It , î^tf, 

Bretagne y ( la Grande ) vifitée par les Phéniciens , 
1, 10. Pourquoi dans la fuite inconnue encore. De^rnue 
fuj^ette des Romains » 46, Vi&ée |par let Fntees 
& les Anglo-Saxons> 7^* 

j5rf^tfni<'«j , Il , J40. 

Brook'Cohham y ( ile de ) II , 16$ >^ %of. 

Brutachs^ I,. 15 3» 

Sukartliy II, j. ♦ 

Bulgar , ( Bulgarie ) I , ^7 , i é^. 

Bulgares y ItJàt origine , I^ 166^ 167. 

Burchana , voyez Borkum^ 

Burgendas , le même (|ue Bonriiolnfr. 

Bourguignons , établis dans les Gaules » I9 ^4ê 

BuRRCuGH , ( Etienne ) fon voyage & fes découvertes , 

BurS'Al^ (montagne de) où efi une mamifkâure d» 
fbie, I, ^^k^• 

Bufay boiflbn enivrante des Ruflês, I, x74« 

Bufurmen, Yoy ez Blfermini. 

Butan^ I, 176, 177 > n. 

BuTTOM y ( Thomas ) £bn voyage de découverte, It , 13^* 
Remarques fur ce voyage, i^S. 

BuuoTi y ( baie de ) Il , 1^7. 

Button, (îles de j par qui elles ont été découverte!. Il, éy» 



BBS M A T I JE K E S. 371 

Bylot , ( Robert ) (on premier vof agf Je découtertè , 
il, 143, Soii fécond "voyage ,;i47» îlei»|W|%ue$ fur 
ces voyages, II, iss»- • - . , 

c 

V^ABOTA ou Cabct, (Jeaii) découtre Terre-NewYt 
avec fes fils, II, 17 &fui¥* 

Cabral y ( Pierre Alvarez ) découvre la terre de Sainte* 
Croix , ou le Bréfîl , II ^ i^m , 

Cabrillo , ( Jean Rodrigue?, de ) Çav^ ^yage au nord 
de l'Anlérique , II , 300. 

Cadix , fondé par les Phéniciens ^ I , i>* 

CésAR , }u(^u'où il s'avança dans le Nord ^ 1 , 44* 

Cailac , (es habitans , fes man^âi^ ^ I, 27 j ^ ii7« 

Calaciq^ YOfz Çaila^* 

Çglifcs , encouragent la littérature , I , J7 ^ fidv. 

Catmoucs^ leur manière d'écrire ,, J ^ ^74. Leurs bufles, 
171. 

Cambalu , lieu deréfidence de l^ublai^Kan pendant Phi- 
ver , 1 , 133. Sa Situation , (es agrémens, I, ^6o ,5i« 

Cam^KU i le même que Khame, 144. i^ 

Canada j origine de ce nom, II, i84f 

Canglo y de(cendus des Cœmaniens ou Komaniens, 1, 1 ^> • 

Canaries , ( îles des ) connues des Grecs (bus le nom 
d'îles Fortunées, I , zi. 

Cananéen 8c marchand dévieitnertt dès mots lynonymes , 
1,6. 

Cap- Breton j par qui il fut ainfi nommé. II, 5^. 
Abondant en charbon d« ftriSs^ ^1» 6%» 
I Aaij 



371 TAB't* ' , 

Ca/^ Barrcn, II» î4X« 

Blanco, II, 308. 

Charles vil» i_»i« 
de Chidley , II , «*• 

Chrillianus, II, SJi* • .' 

Comfort, II, i4«#. 

Défolation,II, ^7* - ' ^' 

Dcl-Enganno,II, îiji 

Dîggs, II, »4i« 

Dobbs, II, »07. 

Dyers» II, ^5« 

Farcwel, II, 77» 

FuUerton, II, loi. 

de la Miféricorde {Gods mercy) II , ^7» 

Henriette -Marie, II, 165^. Pat qui il fut aînfi 

nommé, ihidm 
Hope , II , »o8. 
de Glace, II, 2i7« 
du Roî Jacques, II, iir». 
Langeneff, II, i4^« 
Marie, II, 16^. 
Mendocino, II, 308* 
Naffau, II, 247» 
Pembroke, II, 138. 
• du Prince Henri , II , i x»« 
Salisbury, II, itz* 
Southampto&9 U» S38« 



\ 



DÈS M A T I B K B y,. 375 

Cap ^mîth y II , lor* 

VTalfîngham, II, 6^. C 

' Volâenholm^ II, iix« 
Zwartetihoek , H , i^6» 
Caravalho, (Jacques) fedefcrîptîpn d^Efo,II,3i4» 
Caracoraiiy I, 213. 
Çareys-SwaTwNeft; 11^ 13 S. 
Carchan , ( province de ) défcriptiqn de ki habltans » 

I', 211. 
Carentariens , I , $7. ' 

Carpini , (Jean de Piano y minorité j ell envoyé ea 
ambailâde par le pape Innocent IV aux Kans des 
Mogols, I, i$2« Relation de fon Voyage^ .^^ihid^ 

Careys , (Uts de) II, içt 

Carthagt origine de^ ce nom , 1 , 14. Etat florlilànt 
qui dut (à grandeur à la ruine des Phéniciens, z5* / 

Carthaginois , ( les ) font des voyages de long cours y 
& un commerce très-étendu, I, 17 , i8« 

Cartier , ( Jacques ) de St-Malo , fbn premier voyage ,. 
II, 283. Son fécond» 285. Son trotfieme avec 
de Roberval, 2^0» 

Cafcar ^ ( pays de.) delcription de iêi habltans , I, 2iot» 

Cafpienne^ (mer) I, 65 , ^^, i8p% 

CaJJitérides \ (les îles ) I , p» 

Cadidscha^ I, 5f, . 

Charhul^ { pays & ville de } (es habitans ^ leurs tt(age& » 

I, 217» xff » ^90. 
Chamily ( la ville de ) (â fituation^ (bu fondateur ,^ I , r $ («. 

A a II) 



574 T A ». É « 

Chamcblioil ( Richard ) va en Ruffic » II , %%• Sd/êHi 
Toyage au m^me endroit , %^m 

Chaque, ( Martin ) (on voyage fabuleux^ II > |»x* 

Charbon de terre, Marco Polo en parle fl» i}f« 

Ckarleïfourg y II, ipi« 

Charliton^ . ( île de ) II , 1/5. 

Chathiâns en Géorgie, I» If 5* 

Chaiaria^ (la province de ) 1 , 2^8. 

Cha\ariens, I, ].68. Anciens habitans delaCrisiée, xfj. 

Chenenhci, ( la province de ) I , >é^^. 

Chtrrj^ (île de) la même que celle de Bear, II» ftxr* 
Sa detcriptioQ, 116. 

CheruUj pays liir tes bords du Kherlon, I , tSt* 

Chefmur , (es habitans , 1 , 207. 

Ckefteijleîd^ (pafTe de) voyez Page ie Bowiau 

Chiacato, roi des Indiens , fournit aux Polo tout ce qui 

leur était nèceilâire pour l0iit voyage , 1 , 104* 
Ckinchintalas , (à iituation , (es prodnftions , (es faabi« 

tans, I, »iv. 
Chirmia^ I, x^J. 

Chitalas Datai ^ voyez Chinchintalas. 
Chcôatal , envoyé à Rome avec Marco Polo , 1, J9i. 
Chremuch , ( le pays de ) defcription de lès habitans , 

de (es animaux : —(à fertilité, I, %66. 

Chrifiian Haab y II , 77. 

Vkrifiien , (détroît de ) le même que celui d*Hud(ôn« 

Clangano'r , ( la ville & le lac de ) leur iituation & leurs 
habitans, 1 , 150, 



DBS Matières jyj 

Ciarciam » ( 1» ville de ) (es h^bimns & (es produc- 
tions, I, 112. 

Cicones ^ peuple du Nord, 1, 21. 

Cimhalo , Sv/A/SaAtfi Xi/Airv , le Baiuklawa des modernes ^ 

Cimhres^ ( les) leurs expéditloiis militaires^ leurs coft- 
quites , leurs établiflëmeiis , 1 , 4). S'ils étaient Ger- 
mains, 40* 

Cimm&iens^ (les) habîtans 4e la Crimée, I, tf. 
Circajliens^ (les) 1 , 1^3. Profeflènt la religion chré- 
tienne , 172* 

Clerke, (Charles) accompagne le capitaine Codk^ II, iir» 
Continue l'expédition après la mort de ce capitaine, 2 30* 

Cocas y le même que le mont Caucafe , 6l fituation , Ceti 
produâions, I , i^x» 

Cogataly voyez Chogatah 

CoLEBURM , acccmipagne Hud(bn dans (on troiiièmé 
voyage, II, 118. 

CoiOMB , ( Chrifiophe) (es (bllicitations auprès des rois 
de Portugal &. d*E(pagne , II 10, 11. Découvre 
rile de Haïti, i2« 

Colomna^ (ville de ) (à de(cription , I, 2f4« 

Compagnie j (terre de la) II , 2^4* 

ComanUns ^ I, i6i* 

Conception , ( baie de la ) Il , f 7. Par qui elle fut ainii 
nommée. 

Confiant SPàrch , II , 247. 

OooK , ( Jacques ) (on voyage de découverte dan I» 
Nprd, II, XI 8, Sa mort, 22^, 

. Aa iv 



57^ Table 

Cook^ (île d«) II, 169. 

Cook y ( détroit de ) voyez Détroit de Seering^ 

ConovADO, ( François Vafquez de ) va au détroit d*A- 
nian, II, 300. 

CoRTERBM., (Gafpard de) Ton voyage de découverte* 
Son frère tente auffi le même voyage , II , 3 ip , 3Z9« 

Cotan, (province de) Ces produâions, I, tu. 
Courons du nord / remarques Hir ces courans , II , 44. 

Croifades^ leurs motifs & leurs fuites, I, 371. 
Cronîum , la mer Glaciale , origine de cette dénomina- 
tion , 1,33. 

CruyS'hoekf pointe de la.Croix, II, 147. 
jCumaniens , décrits par Haitho , 1 , 1^0, 
Cumherlandy (île de) II, 67. 
Cumhcrlandi (détroit de) II, 90. 

Cwenland^ même pays que la Finlande, I, po^^i, 
Defcription de Tes habitans par Ohther, I, iio, 

Cwennas ^ I, iio, m. 
Cwen-Seay (mer) I, ^o, pi, 
Cychiens & Cythiens , ( les ) I^ 1^4. 



D 



Ly AJMlK'KAUy I, 383. 

Dalamcnfens y leur demeure, ï, 99^ 
DaUminiiens , voyez Dalamenfens. 



DE. s MATIfiRfiS. 377 

Danois i Jiuqu'où ils ont porté leurs pirateries^ I, 8x 
& fulv. Reduilènt le roi Alfred à une grande détrelTe , 
87. Fondent pluâeurs (buverainetés en Irlande, ihid* 

Darcy ^ (île de) II, %%. 

Dada , (Dace) I , p^ , n« 

Davis , ( Jean ) fon premier voyage de découverte » 
II , ^3, Second voyage , 70. Remarques fur ces 
voyages, 75» Troifiéme voyage, 78. Remarques lût 
ce voyage, 81, \ * 

Davis ^ (détroit de) II, 6^. 

Deer-Field^ Il j 140. 

Deer-Soundy ( détroit) II, io8. 

Demis, (Jean) fait voile à Terre-Neuve, Il , 17^, 

Derbem, I, iéi« Sa fituation, I, 184. 

Desbkeff - Sbmen , traverse le premier le détroit dé 
Beering, II, iij, 

Defire - frovoked , terre ainfi nommée par Hudfôn , 

II, 110* 

Défolation^ (terre de) II, 6/^. 

DiDOM , établit une colonie en Afrique, I, 13* 

Dietrich de Ber||, Tes exploits, 1 , 53. 

DiR, compagnon d'Oskold, I, 131. 

Difco , ( rade de ) II , 7p. 

DôBBS , (Arthur) propofe un voyage de découverte, 
II, 20^. 

DoMiTiEM y {bumet à fà domination pre(que toute la 
Grande-Bretagne , 1 , 44. ^ ^ 

Douglas y (havre de) II , t^. 



1 



ST8 T a b t « 

Draâhc'Vfanant ^ nom dt foa vaûflom, Tt iir« 
Draufen^ (lac de) I, 501. 
Progioj (pays de) I, 30t. Sa ifituatlon, 3 £4* 
Dumney ou Djumnoe > ( île de ) I , f i» 
Diut'Fox, ( lie de ) II , z6^ 

E 

jËL A6TldïTDy I) fil* 

fidm > ( terre de ) II , %6S^ 

Edges, (Uede) II, %66. ^ 

Edigi, le même que le kan Yedighey, t, 146. 

Edrbssi, ( ScherifF al ) géographe , I , ^8. Extrait ié 
& géographie , de remarques , ^o* 

Eggaya y le in4me qu'Irganekon , I , 117. 

Biàingy ( rivière d' ) I , ito y n* 

Elipbre , voyez Kîppch^ 

Elisb , v(f et Didon. • 

Elliot , (Hugues) (on voyage au Nord , flippofl^, II, jo. 

Emak ,' ( les enfkns d* ) habitent des cavernes , I > 4« 
Leurs moeurs , 5. S'étendent le long des côtes de 
la Méditerranée, où ils (ont app^|^ Cananéens, ièiéL ' 
Leur premier commerce ^ ils (ont nommés Phéniciens 
par les Grecs, 6. 

Engem , n'eft pas le pays des Angles , I, fi^ & fuiv^ 

Engvenland j le même que Groenland ,1^ §(1, i^^• 

Eowiandi l^ 119. 

Equius y ( ville d*^ la même qu*Akfii , I , I7î ) «* 

Erdîhimury ( pays & ville d' ) 1 , 2x4/ 



D B i Matières. 37^ 

Ergimul , voyez Ershimur. 

Erigaia^ le même quK}rgamua, l, %%f* 

Eric , premier ivét^ue du Groeulsutâ^y ya à Winand ^ 

Ciuc Raudb , fugitif^ découvre le Groenland » t, 133. 
En donp la defcriptiop • ibid» 

Eric y ( détroit d') I, ij|. 

Eskimauxy leurs mcéttei, I, X44« 

1^, (îlcd*#S, 3»4* 

Efihoniens , voyez C>/?i# 

Eftmeriy c'eô-à-dire , Frîsch-Haf, I, xio. 

Etats j (lie des) II, 2^4* 

EvTHYMBMSS , pourfult le$ découvertes de^ Hannon 9 

Eymah-Torf, Tancétre commun des comtes des Orcades, 
I, 318. 

EywucktokCt (paiTede) II , 77» 
E\ina^ (ville d') bien fournie en toute (brtc; d'ani- 
mkux 9 1 9 xzz y 123. 

F 

jT^ j»ui, (île de) I, jjf, 
Fair'^Iiayen y II, Z4i* 
€alr*Forelandy II, 114. 
Tarai y (la ville de) voyez Orrjr. 
Far-Oer ou Sheep y (îles de) époque de leur décou- 
verte, I, 87. Conquifts par I|^rold, 130, 
Femmes ^ ( terre des ) I , ^o, n. 
Femmes y (îles des) II, i47. 



1 



jSô Table 

Ftra^ roytz Faira, 

FiMBOG fait voile d^Iflande à Winland, I, X4»« 

FiMDANUs, extrait de (à vie, I, 78. 

Finlandais , ( les ) detcendent des Scythes , incontius 
aux Romains ju(qu*au dernier temps de Tempire, 
1 , 51. Us habitaient des endroits marécageux , iio. 
Leur ai^cien nom eft celui des Lapons , lof • 

Finmarky même pays que la Laponie, I, lof. 

Flawes , ( Guillaume ) Cou voyage l^pdécouverte , 

Flocke fait voile en Iflande, I, 83. 

Flux & Réflux de r Océan , ( le) Pythéas le découvrit 
le premier, & l'attribua à Tinfluence de la lune , 1 , 27. 

' Le même Pythéas obfêrva trcs-juftement la hauteur 
de ce phénomène fur les cotes de la Grande-Bre- 
tagne, 53. 

Fogo , ( île ) appelée autrefois île Pinguin , II , 57 » n» 
FovTB, (Barthelemi de) (à prétendue découverte, II, 30^» 
Fort-Charles^ (le) II, ï26. 
FoTHERBY, {on premier voyage au Nord, II, 140» 

Son (ècond , 141» 
F o X , ( Lucas ) fou voyage de découverte » II , 1^7, 

Francs , ( les ) origine de ce nom , 1 , 42. S'étendent 
jufque dans la Grande-Bretagne, 53. Font le méti** 
de pirates , avec fucccs fur la Méditerranée , 75 , lém 
Sont chaffés de la Grande-Bretagne ,77. 

Francs (les) de 1*^, frontières de leurs pays,I, ^r» 

Freidis , accompagne Finbog dans (on expéditio» > 
I, 14X. 



î> E s ;M À T I B R ES. 3«i 

Frieftand, I, 184, 2i^« i 

FoRBiSHER , ( Martin ) iz tentative p^ur aller au Nord , 

II, z$* En faîî une féconde avec fuccès, 30. Son troi- 

fième voyage avec une elcadre ,38. 

Forbhher^ (détroit de) II, 30. 

*Frondad , fon voyage de la Chine à f Amérique fep- 
tentrionale, II, 2^4. 

FucA , (Jean de) fon voyage , II, 303* 
... Q 

(jtalE'Hamken's ^i (terre de) II, 2é8« 

Gal\ay voyez AjaJJa. 

Gama , ( Joao de ) fês prétendues découvertes , II, 325, 

GamAj (Vafco de) II, 13. 

GamaUcco ^ méfait ville que Cambalig. 

Gardar^ (île de) par qui elle fut découverte, I, 83* 
D'où ce nom eft dérivé, ïbidm 

Gborge ( le roi ) de Tendue , 1 , 228* 

Géorgie^ I, 1^3. Sa fîtuation ôç fès anciens ha^tans, r%%. 

Gipides ^ leur empire eflrenverfé par les Avares âc 
les Lombards , 1 , 54. , 

Germains \ fignifications de ce nom , I, 42 , 43 •« Lieu 
de leur demeure (êlon Alfred, ^Oè 

Germanicus , vifîte le pays qui fiit fi fatal à Varui & 

à (bn armée , 1 , 45. 
Gttt^ ( terre de ) II, 343, 
Gha\ariens , voyez Cha\anens» 
Ghitercàn ou Aftrachan , fou commerce dans les pre- 

laiers tepaps , 1 , 27*. 



1 



jlt T A B r B 

GiBBOKS, (cm voyage, II, 135^ 

GiBBOR*iHoLc , II, 13^, 

Gîhon^ (la rivière de) I, xp^, 

GiLBBRT, (Humphrai) (bn voyage au Nord, 11^ yj. 

Gilbert^ (détruit de) havre, II, ^4. Habîtans do 

ces côtes , 70. 
GiLLAM, (Zacharle) (on voyage «a Nord^ II, i%6. 
GiLLis , ( Cornells ) ton voyage & (es découvertes » 

II, x69» 
Giorginania ^ (es habituis & la fettilitë de ce fSf » 

I , z8o« 
Glac^^ (oMHttagiies de) leur origine» II « 113 ^ »|4» 
Gla[a^ voyez Gal\a. 
God'Haab , vof eii I^étrok de Gllterif 
Qpgatta » voyez ChogauU» 
Galca , voyez Cailac^ ' 

GoMEZ , (Etiefine) chereke en vftki un pa(Q^ ¥M 
, rAméri(}ue (èpttAttiflnale, II , i^* 

60RB ,< le capitaine) contume le voyagé après te ^icèl 

du capitaine Clerke , II , xl^^ 
Geri^ fit irtnadonr , I , i^%. 

Gorm-'l' Ancien y unit en(êmble les Iles du Jutland & 
du Danemark, L ^J- 

Goths , ( les ) leurs expéditions militaires , I , ^4* 
Trouvés par Rubruquis en Crimée , 1 5P» Leur langue, 
271 «Autres explications (iir le même peuple , 3^1. 

Goîtandy I, 1x4, zx7« 

Gottan , 1 , 999 



DES M A T I ï R K S. » |t| 

Gra/ul^où doit être probablçmeat Gl fituatîon, I xéf^ 

Grecaland , 1 , 98, 

Greek^ & conduite ctu«Ue envers HudÏQti, II, i^% 

Gnefland^ fî c*eâ le même qu'Enkuyzeti , I, %$\ ^ n. 
ou que Gnn(êy) jit» 

Grikhata , vojez Guthaluu 

Groenland y quand & par qui il fut découvert f0ur b 
première fois^ I, i^4« La religion chrétienne y ti 
établie & les Normands en font expulfés , 144* Le 
froid y va toujours en croiflànt & la fertilité en di^ 
minuant, 145, Découvertes que Nîcolo Zeno fait 
-dans ce pays» ipi* Mœurs des habitans & leurs 
bâtimens , leu]( comnretce iùr des bateaux, 2^6. Ib 
pofledent du fer & du cuivre , leurs m<£urs & leur 
religion ,11, lùu 

GroselliErs entrepend un voyage de découverte dans 
le Nord, II, 183. 

Ga^lb , (François) fon voyage de découverte. II, ^oi, 

Guddai ou Gudd€y peuple dans la Pruflè, I, 3^. 

Gudrid ,'époufe de Thorfleîn , I , Î40. Elle époufe en- 

fiiite Thorfin , ibid* Va à Rome & ft reftferiue aptis 

dans un couvent en Iflahde » x4a* 
Gunbiom, I, 133, 
Giuhaka , ( ville de ) I , t^n^. 
Guttonly ly iZ y 96. 
CwosoBEF^ Qxk voyage 9 I» Mf» 




|t4 T 1 S £ I . 

H 

Ciadschi-Mehemst , Gl relation de Succuir & de 
Kampîon, I, ^Si & fuiv, 

Hœfellanieru ^ 

Hœtkahyy autre que Hœthum , I, né* 
Hœthum^ (havre de) û vraie pofition , I, ii6 ^ o* 
Haitho , (à vie & fes ancêtres , I , iZ6% Extrait de & 
relation relative au Nord, 187. 

Hakluyt , ( île de ) II , 150. 
Headland » voyez Ile £Amfitrdam. 

Halgoland , patrie d'Ohther , I , m, Vifité par Wii- 
loughby ^1\^ %%• 

Hall , ( Jacques ) (on malheureux voyage de décou- 
.vertc , II , p8 £* fuiv. Ses deux voyage^ antérieurs 
pour le Danemarck, II, 330. 

Hall AD, comte des Orcades, I , i3i« ^ 
Hammok, navigue autour de rAfrique, I, i^. 
Harengs^QÙ on lesa|(âlés pour la première fois^ I,i88,n« 
Havn de la. Trinîtad , II , 5 14. 
de la Bodtga , II , 316. 
de Bukarelli, II, 315. 
de la Guadaluppe ,11^ 3iy« * 
de Remedios, II, 31 5. . 
Harokbl, marchand phénicien, I, io,n« 
Harold , fondateur du royaume de Norwège, I, 8f« 
Punition contre ceux qui (brtent de (bn royaume, 
86. Remporte plufieurs viâoires ,131. 

Haficar^ 



\ 



DES Matières. 385 

Hâficur^ voyci Cafcau 
Hatt<^yVO)'t% Haitho. . 
Hawkbridcè , ( GuiUaume ) ftn voyage incertsun , 

Hébrides , ou îles Weflirn , 1 , 87» 

HsEMSKBRK, accompifgae Barentz, II, ifo. 

HfiLGQ, accompagne Finbog à Winland) I, i4t« 

HelUland^ I, 137. 

Hemgist & HoKSA , s'^tablîiTent dans h Grande-Bre- 
tagne ,1, 53. 

Herat^ réfidence de SchahRokh , I » 153* 

Hercules , voyez Harokelm 

HsRjoLF, (on voyage, I, i4i, 

Herjoirnejr\\y i33- 

Hialtalandy I, 131, 13^ 

Hiarkand^ voyez Carchan. 

HiMiLcoM , fon voyage dans la Grande-Bretagne » I , zi^f 

Hinlopen , ( détroit ) II , xio , 144* 

HoLAGflU - Kan » s'avance avec (es Mogols jtt(^tt*en 

Europe, I, ijx, i^5« 
Hold ff^ith-Hope, Il ^ tos. 
Holliriy voyez KarakarunU 

Holjîein , d'où dériye ce nom 9X9 ^i* 
HoMEUE , connoiflTait l'ambre & Fétaîn , I $ t f« 
Hors, fait voile au Nord avec deux vaiireaux>Il9 %% 
Horites ^ voyez Enakt, 

Tome IL ^ Bb 



5ttf T Jl B X, B 

HomTfli^ demeure de cette tram StlsfMae, I» f#b 

Hom y < détroit de ) II , 148* 

Jlotum j To^ez Coton* 

HuoLf , &s aventures 8c As conquêtes « I, i^l ^ fiuvt 

HUBBARTS , ( Hope ) tl ^ X}8é 

HuDSOM, (Hctftî) Cm premier fcfpige de découverte, 
II ^104* Remarques fur et voyage ^ lo^. Second , xop« 
Troifîème, 1x8. Dernier voyage de et navigiteur, 
»57% Remarques ùxr ces yojtges , ii^« 

Hudfoîty ( compagnjie de la baied') 

Hud/on, (détroit d* ) Il , 9«» 

JluiUy I, IJJ. 

Huns j d'od ils vinrent fr julqu'cù ils étendirent lew 

domination, I, 67^ i^f , n« 
Hylophagi , origine de leur nom : leur réfiienct & 

leurs mœurs ,194* 
Hyptrhoréens , habitans du Nord, t , x. Le lieu de 

Icfur demeure incertain: \u Eattîènt ^»i ptéfimi à 

Délos, i3« 

J 

J ACKMAM , ( Charles ) accompagAe Pet dans fttt voj^ge 

au Nord , H , 4^» 
Jagag'i (rivière de) voyti Atdim 
Jatk , voyez Jagc^ 
Jalair^ rime Aes |^ a iidi ei»f s takm iks JKc^gols^ I# 

Jacques y (île de) voyez fox*S'tartntjim\ 
JacqutS'Lancc^t , ( détroit de) Xt , x ^ z« . 



DES Ma T I £ r e s. Î87 

JacqueS'Douglas y ( b^ç cU) II, 103, lof, 
J^^ifif, (Tbpîi»0 fou yayagfi. II, 171, ï8i. 
Jean-Mayen, (île de) II, ^^58. Diffirente de Hle de 
Çhwry, ij, 1^7. 

Jacques-Cartier^ (rivière de)' autrefois appelée rivière 
. 4^ .$9Îfi|ie-Çt9ix 5 II , %%!• 

Ibérie ^ voyez Géorgie. 

Icaria^ (Ile d') vifîtée par Zichmni , I, 30^. Sa fitua- 
tion probable, 3 té* 

Ijiandt , connue par Pythéas , très - anciennement par les 
Griccs , I, 12. Vifitée par les Suédois , 83. Etymo- 
logie de ce nom, 84. Sa nature attelle différente 
de celle d'autrefois, 8$ , n. Epoque certaine od cette 
Sle fut découverte & habitée , 136. Le firoid qui va 
en augmentant en diminue la fertilité, i|(r4f« 

Ichthyophages , 1 , 4« 

liely le même que le Wolga. 

Idifai mines d'argent qu'on y trouve, 1,-1 30** 

3eai< , (le prêtre,) le même que Ungkan. 

Jerkety voyez Hiarkand» 

sJérufàUm entre les mains des Bîfermîens, I, 1^4. 

3tfo\ ( terre de ) maintenant les îles K*uril^5 ^ V/oycï 

aufll Efon 
Ilacs , voyez Bïachsm 
lia y ou lUot^ I, 31^* 
lu de Guillaume , H , 14^. ^ 
^^f:^t y TOyjCZ lS.lbingm - 

i&/^,(îled')I,3«^ 

B b i) 



iti , Ta b l * 

iKGOtF s'établit en Iflande , I> 84* 

Ihm6cemt IV envoie des ambai&deuts auxMogob, I, r f tV 

luttes y (détroit de) II, ^p* 

Iraland , nom que le roi Alfred donne à TEcoflè dans 
& géographie, I, iif« 

Irlande i ravagée par les Danois , 1 , 8i. Attaquée pac 
les Normands , 8i. 

Irganakon, (pays de) (â defcription, I, 171 & fuîvm 
Jugur^ nottk d'une grande contrée, I, zyi. 
Juifs , ( les ) font le tour de l'Afrique par mer , I , ii« 
JuLiANUs , chevalier romain , porte une grande quan- 
tité d'ambre à Rome 9 I > 4^, . 

K 

XV. APF4 9 autrefois Théodofia , I , %69% 

Kaffia^ voyez Kiow^ 

Kailac , voyez Galka. 

Kajuk-Kan, fbuveraîn de tous les Mogolsj I, i5j« 

Kaketiy voyez Chatkians, 

Kalamita ou Klimita^ 1 , 170. 

Kampion , capitale de Tangut : mœurs & religion des 
habitans, I, m. 

Kamul^ voyez ChamuU 

Kanghittœ^ leur réfidence, I, 1J4. 



2V. £• Les noms d'hommes qui ne fê trouvent pas 
au K , fe trouveront au C, & vic€ vcrfa. 



A 



Dfis Matiebis. 58> 

Kankîis^ vwyez Cangîœ. 

iKianket'y (ville de) elle étsût au même endrcnt où^eS 
aujourd'hui Kaschkanat, I, i6Z. 

Kanischeûy voyez Kflmpioru 

Kaptschàkj province de Tartarie^ I, z47. Série de» 

kans de Tartarie^ ^4P« ^ 
Kqrakanim , capitale des kans du Mogoly I, i74« S» 

defcription 9 iij* 

Karakitaiy I, 154» 

Xarf ou Kersch , I , tép«^ 

Kafan^ conquilè par les Ruflès^ I, 17^» . 

Kafchkar , voyez Çajcar* 

Kajfai, voyez Kiffin. 

Kathay y ou le nord de la Chine , I, X77, Ses habi^ 

tans» ihid* Relation qu'en donne Haitho, 1S7» 
Ktrgis ou Cîrcaffiens y I» i6i« 
Kerkierde yl y x6$i. 
Ken[ , voyez Kars^ 
Khahe\da , voyez. Chenenhti. 
Khan^Baîga > voyez CamhaUu 
Khan-BaUgh y ( ville de ) là defâription ^ I ^ 1^9* 
Khara-Morofiy (rivière de) I, 144,. 
Khafçhimiry voyez Chefinun 
Khomd ou Kowakd , ( l'Emir ) (a relation d'un voyage 

des ambaflàdeurs de Schah-Rokh au Cathay , I^ 15 }*^ 

Khuarefniy (pays & peuple de) leur defcription ^ 1 , 18^^ 

Kippiki , ( province de ) I^ %66^ 

Ki£inien9y II, 340% 

.Bbîîî 



n 



3^0 Table 

KUmata , 1 , 170. : • 

Korafiniehs ^ ancêtres àèi Tnrbs Ofinahien^ , I ^ t8l« 
Kûrkand^ (ville dey î, 18^. 
KoRREMSA , général mogo), I, ijfz; 
Kàrfutiy {"^ï&t de) la mèâie qûè Sarjbnï 
Kremuk , voyez Chremuch , I , i,66. 

Kublài-KaiS, e(l le premier qui envoie une Hotte jant 
rOcéan oriental, I, 71, Son expédition au Japon: 
73. Traite les Polo avec bonté , ip^» Soh palais , ik 
ménagerie , » 3 ! & fuiv* 

Kumager, ( ville de) oà elle é^ît, I, *iê 

Kunat^ tribu des Mogols, I , ij^i» 

Kyrk , voyez Kerkru 

# 

L 

JLfABRADon , ( les habitans Je) lî, 78* Animaux qu'on 
y trouve , 84. Nom de cette côte , par qui îi ^ 
donné ,5x0. 

Lachiens^ tiibu Sclavoniife< II, 341» 

Lagman ou Juge^ 1 , 144^ 

Latncàster, (Jacques) foh VôyStgé^ tl^ Sj, Rteârques 
fur ce voyage, 8p; 

Lanb , ( Michel ) accompagné Picker^ill en q^^^^^ 

de côntre-makre , II, 234 & fuivk 
Langa^ (peuple de) I , 176, 
Langàneff^ II, 24^. 
Lechians ^ voyez LaâhieHs. 
Ledit y voyez Wolga ^ I, i7î« 



B « $ M A T I Ë K ]B $. }^1 

jÈ^ov»,(ae de) I, 305. 

Lbif , accompagne Ingûlf dans Cm voyage ^ 8f. Fait 
des découvertes avec Bîojm , 1^7. Arrive à Terre- 
Neuve, ijS.'Amène des mîffionnaîres au Groen- 
land, 145* ]• 

Lefghi fur les bords ^^nnar Of^tMttyt^ Ui^ lt4* 

Ligne de démarcatîoîiril » ^'97* 

LnKDBNAU , (Gotske) fon premier yoyage au Groenland,, 

fcn ftcond voyage ^ Il , 333^ 
Lions, (banc des) II ,13^» 
Londres , ( côte de ) II , 80. 
Lqmharis ^ leurs divers établlilemens , I, 54. 
Lonymy probablement le même que Slo^ym^l^ %7i* 
Lopy (ville de) & de(cripdon , I« ifjr 

Xjt^ÉkpMBi. , MTVfifé fttr le )|HqM «fl ambaflàde au laor 
^ Mogols, I, 1^7* 
^ ^[40»^ ^ < paSè de ) U, H» 
Lvvw^MB accooqpagne Pfaîppfi :daiB*ftft ^vi^>»9e , U^ %v^' 
LutiPiiaiS^ U^ 343»^ 

M- 

Dut À D ff c F I iiit S , voyei Bafchkîriens^ 
Matffhaland ^ 6l StUBtion, I^ zdo. 

Mahombt , (on caraâèrey (es expéditions mîlttaim^) 
1 , 53* Sa éè&Afit de (es aventures , ^ 4» 

Mamdbvillb , (Jean de) (a vie & (es aventures , I , %%$^^ 
Entrait de A rektioA 4xl Nord > :i40«^ 

BblT 



1 



j^i Table 

Maugu-Kaii , fiippofé avoir cmbraffé la religion chré- 
tletioe, I, 157* Ses efforts pour réformer les mœius 
de Ces fujets, zi8« 

Manfel ou Mansfieldy (île de) II, i38t 

Maràhaniens , voyez Moravie^ 

MareCbnftianunif II» 335.^^ 

Mare Novum^ II, ^1%. ^W 

Marbre, (île de) II, léf.^^ 

MARCotiNi, (Frahcifco) ùl relation des découvertes d« 
Zeno, I , i8f* 

MarcomanUnne , ( guerre > fes fuîtes , I , f o# 

Mari , ( peuple de ) s*ils étaient Mahométans, I , ji , n. 

Markœts^ de(cription de leurs mœurs, I , '224« 

Markland^ly ijr» 

Maroaro , voyez Moravlens» 

MarfeilUy forme le deflèin de iaire des découverteflBj^w 

Matmui^ II, 1^3. 

Matricandis^ appelée aâuellement Tamenda*^ I, ijTl 

Matriga^ appelle' maintenant Temruk, I, 158, n. 

Mutfumaij (ville de) fcs habitai», II, 314. 

Méduerranée ou mer, des Vandales , 1 , 8^« 

MiiGUER , (Davis) (on voyage au Nord, fabuleux, II, 

317. 
Mentonomon , le même que Frifch & Kurîfch-Kaf, I , j 5. 
Merdojy vo'jcz Mari. 

Merfaga , probablement le même que Meferîtz; ^ I , %19. 
Metrîtes ^ voyez Marh^ts. 
Mexique^ quand il a été ciyiUfé, I, 73» 



DBS Matières. $93 

MiDACRTTUS , fut le premier qui porta Tétain des îles 

Caflîtérîdes , I ^ p , n* 
ATiDDLETOM, (Chridophe) Con voyage, II , 20^. 
MiU'IUs, II, 14^ 

Mingrelie , de(cription de ce pays & des habitais , I , i^7« 
Mirza-Ibka/H|m, (le fiiltan) étend (es pofTeffions , I, i57« 
Mofferiy (ile) II , 140* 

Mogoîs , ( les ) cnvahiflènt PAfie & l'Europe , I , é^. 

Circonftances qui facilitèrent leurs conquêtes, 147. 

Evénemens qui leur devinrent contraires , 148. Leuc 

religion & leurs nusuVs, i^^.Leur manière d'écrire , 

174* Se divi(ènt en (èpt tribus , 19%% 
Uokfcha , ( nation de ) I , iéo« 
Moncaftro^ (es divers noms, I, 170. 
Monghl^ tribu des Mogols^ I, i^2« 
Monterey , havre , II , 3 1 »• 
Wùntréal^ autrefois ncAnmé Hochelaga, II, 187/ 
MooR, (Guillaume) (es voyages avec Middleton, II, %o6» 
Moravlens , Moraves , I , p^. • 

Morduanienj ^ I, 17^. 
Mofcow^ ( pays & rivière de ) 1 , 174, 
Mont' Charles ^ II, iiz* 
ilfonr de Misère, II , ii^« 
Moxel , voyez Màkfcha. 
Moxia y (es habitansy I, 176» 
Moxiens , vqf ez Merduaniens» 

MoYSE accompagne Sefbftris dans Ces conquêtes 1 1 , 8« 
ÂIuc^ nom d'un peuple., I, 177. 



1 



\ 



m T A É r B 

MVM , ( Jcns) fon voyage de docouTcrte, Il , jj^r 
iliwn^,(portde) 11,33^. 
MufqUitO'Covc ^ II, 23^. 
Mujfclmen , voyez BifermUns. 

N 

IN A DDOD, découvre riflande, I^ gj. 

Aai«, fur k côte de Labrador, 1 , 58. 

Nwigtfiiu^ (ville de ) & ilefoipdon , I, »5t. 

i^annuckiuckt^ l!, 77, 

^iî^«, (détroit) II, 14 j. 

Nassik-Eddin , fes tables afironomiques , î , 5». 

Navigation : en grande confidératîon parmi les natîoii* 

du Nord, I, i2«. Evénemens qui l'ont perfeâtonnée 

dans le moyen âge, I, 147 & fidv. 
Nay , ( Coraelrts-Coraeliffcm ) ftm voyage , H, 240» 

NBtf<yi, navigue avec Buttoto, ÎI, 135. Rivftte dfe 
Nelfon , i^i^/. 

iV&m^, (île de) I, 311. 

NérigoTtj I, 51. 

Ncjioriens parmi les MogcJs, I^ 174. L«ir relîgîott «t 
leur manière d'écrire, iâid. Monûmens de ces peuples 
dans la ville de Sigan ou Segin, 179- Leurs mœmis, 
i^^&8o, iio, 

New-lTàles, Nouvelle-GaUes, II, 167, 137. 
Nbrd^ pourquoi les anciens en ont donné des relations 6 
imparfaites, l,7u 



D B $ M A Tî I É K E s. 39j 

iSfomahdîe , d») 4ûânà & jpar qui elle â reçu ce ftôM, 

Normands^ leurs navigations , î, 8 1. Civilifés en quel- 
que manière par le chrlàiattîfmè , ^7. A quelle 
cpaqùe ils furent aller près le Vent, tif- Caufe de 
leur hardieffe fur jher^ i»p# 

Nonkmannalandy décrit par Ohther , I, HO* 

Narwêge , voyez Ntrigùn. 

NouvelU" France , II , xto'. 

NouvelU'EcoJfe , II , 51. 

NouvelU'Zemhle ^ II, lo^, 

Nowgorod^ Ton origine , ï , 85. Son aggranéiîtemcfit , 
131. Ses habitai*, i?^. 

Nuremiega , II , 280 , n. 

o 

CJbotkîtesj lie» certain dedeur demeure, I, 54> ii« 

Oéiopary I, 140» 

Ooémc MPoiiTfiKXv>fe pftrîè, fts travaux, I, 13^. 

Oelandy voyez Eowland» 

QftTHÊR , ftfi ÇÉfy^i I , S8, to44 Ses ric&eïfes^ tl? > ^^^ 

& Juîv, Ses voyages , 104 , 1 18 , n. 
Okaihai-Kan y l y 155. 
Olaf-Trygoeson , roî dif Nt^W^èe , I , ^44» 
Oltransy (vîUé d*)'fii «ttt«iofti, I, t43* 
Omyl^ voyez (MÊnyL 
Onott^ ('p?cf$ & rivière ;de ) I, itfc* 
Oonalashka , ( île ) II , 117 m 



35^ T A B r» B 

Orcades , époque de leur découverte , peuplées par les 
Normands, 1 , 8i« Sinclair en obtient la (buveraineté , 
i8é. Hiftoire de leurs premiers poflêflèurs, 3x8. 

Organum ^ voyez ïrganàkon. 

Orléans , ( ile d' ) autrement ife de Bacchus , Il , z>8^. 

OsKOLD pénetse ju(qu'â Xioir > I> 131. • 

Otrar^ voyez Oltrare. 

Ours , ( ile de r ) découverte par les Hollandais , II , 1 1 a« 

p 

uTalkâs I , l, X70« 

Papier monnoie de la Chine ; Marco Polo en parle, 
ly 13 5* Antre relation, 244, i4<« 

Parkhurst, (Antoine) (a relation. fiir la pèche de la 
morue à Terre-Neuve, II, 54. 

Parmojites y l, I53» 

Parofites, voyez ParmofiteSm 

Pawirintwagauy voyez Port'-Nelfottm 

Pegolstti , (Franci(co Balducd) Ton voyage d'ACe à 
Pékin, I, 70. Ses écrits, 241.' Sa relation du Nord de 
TAfie, 242, . . '" 

Pinguin t (ile) 11^ ^i. Autre ile du même nom, voyez 
FogOm 

Permiaks , voyez Parmofites* 

PennienSf voyez Biarmiens* 

Pérou, ( le ) origine de cet empire, 1 , 73 , m 

Pierre premier , II 9 350, w 

Pet , ( Arthur) fait un voyage dans le Nord, II , 48* : 

Pelfchcncgs %llyl^%9] / 



DBS MATiIKEs. 397 

Peym t dcfcrîptton de ce pays , I, m, 
Phipps , ( Confiantin • Jean ) Éiit voile au Spluberg , 

II 5 2IP« 

Phéniciens y leur origine ^ leurs mœurs , I , j^^ 4, Leut 
commerce & leur navigation, 8. Leurs découvertes, 
ihid. & fuiv. Font le tour de l'A&ique & fondent des 
colonies ,116* fuiv. Leurs guerres & la décadence 
de leur commerce, x; 6 fuiv» 

PicKERSGiLL, (Richard) fait voile au détroit de Dav», 
II, 133. 

Piêies ^ (les) I, %i. 

PinaJpwet'Schiewan^ (rivière de) II, 183. 
Pifiol^ (baie) II, 203, lOf. 
Pointe^peedjfrelyîl^ 1^8. 
Pointe^Tf^haUbone^ II, ici* 
Po/a^i^nj, II, 340. 

Polo , (Nîcolo, Mattheo & Marco) leurs voyages, ï , 1^3, 
L*époqué de leurs voyages , 199 , n. Relation de Marco 
Cir le Nord, 204 & fuiv. 

Polatiesyllj 340. 

Poîowriens y 11,342* 

Pomonay ( île de ) I, 288, n« 

Poméraniens , II, 340« 

PoNTGRAVB, fcn Voyage de commerce à Taoul&ç, 11,25 1* 
Pool , ( Jonas ) (on voyage , II , 1 14, 
Pordandy I, 28^, 327. , 
Fort^Ntlfin^ II, i}^. 




lit TABtf 

Portugais ( les ) fbi|t des pirçm{(8rs à fejre d^s d£cpu<« 
▼ertes dans le Sud , II , i» Leurs tentatives pour des 
découvertes plus éloignées « 8. 

Pruffe^ (la) I, ié. 

Pn^cKpT y ( HabacMc ) accompagne Hudjpn & ButtpB , 

II, m . 1^5. 
Pmci^karla , ( t}f du ) II , >is# 
Providence^ (baie de la) II, iij. 
fulgaraland^ voyez Bulgarie. 

Pythéas , (es voyages dans le Nord , 1 , 17^ Ses çqii- 
noiflances en aftronomie , xo. Jufqu*où il s*avsuifa 
dans le Nord, i^*& fuiv. 



Q 



^uiRTNi, (Pierre) (bn voyage, î, 331. Son nau- 
frage & les aventures qui raccompagnèrent , 533 
£fjuiv. Son voyage de Bfrgei^ à Djrppd^, 55 j. S^n 
retour dao» û P^^riç^ 36;» 

R 

/v. ALEiGB^ ( mont ) II , 6^. 

Rankin^ ( paflTe de) II, 103 , 205* 

Rennes , ( les ) fervent de leurre , I ,* 109 » 

Rennen-Fel^ voyez Dcerfield. 

Repulfe-Baie , Il , io8, 

Re\an , fes habîtans, la fertilité de ce pay^, l^ >7}^ 



DES M-ATl-ilBi-ES. |99 

Bhuharhe^ lieu o& elle croit naturellement, I, iZu 
Ses propriétés & &. préparation, 385» 

RicHARDi , (bn voyage, II, 334* 
Rohtn , voyez Hro^ 

RoBBRVAL , ( François de la Roque ) (on voyage au nord 
de l'Amérique, II , iSp* 

RocHt , ( le Marquis de U) va au nord de l'Amérique , 

II, %9Zm 

Ehoiun , ( rivière de ) 1 , 18 , jr* 

Romains^ (l^s) ^*o^^ connu que lèct card lee ré^ 
gions du Nord , 1 , 38- Pafiènt les Alpes Jong-temps 
auparavant, 3^ Intimidés par les Cimbres &; les Teu« 
tons , 44* Pénètrent au loin dans le Nord ^ 45 & fuiv* 
Font le tour de la Bretagne ,4^. Vont en Pruflfe chercher 
Pambre , 48. Leur puiilànce s'a^iblit par la dépra» 
vation des moeurs , ^o. L'Empire devkn^ la j^ie 
des Germains , 5x £* fuiv* 

Rojij ( lie de ) Ion commerpe .en paifibn , 1 , 348 OJuiv. 

Ses habitanSy 3^0 é'/î^iv. 
RoGKEVAL^ comte de Moere, I, i3i, , 
RoJJiens ^ appelés depuis RuiSens, I[,34f« 

RtJBRVQUis, ambaflàdeur de France 9U kan des Mogpls, 
fes voyages , I, i^j. 

RummelS'Fiord f II, 99. 
Rupert, ( terre de) It, 187. 
Rupertj (rivière de ) TI , 187. * 

Ruftène , voyez tlt de Roft* 

Rvp ( Jan-Cornelis) accompagne Heem^kefk ^dans Ton 
•Vayage, II, tje. 



^400 



T A g t K 



i3iiciriOK« ( ^e de ) &% hibitans^ I » %i^ 

Sainte-Croix ^ II « i87« 

Saldaia^ I, i^^. 

Salcomi , ( Nicolas ) Hattho lui commuiuqtte & rela^ 
don de Teû, I, iSé;. 

Samarkande\ (es habitans, (â fertilité,!, zio. 
Samufyr^ (île) II, 31^. 
Sainte-Claire y (ile de) II, X48tt 
Saini'Lorenti-Hoek y lï , 147, 
Saint-Laurent^ ( baie de ) 11^ x8f« 
Sainte-Catherine^ (port de) II, i8}« 
Saint' Nicolas j (port de) 11» x85» 
Sandey^ (île) I, 34^, 
Sandwich^ ( îles*) II, 117» 
Sanghin-Talghin ^ voyez Chinchintàlas^ 

Saray^{m\\t de ) époque de (â fondation, I, ^4 , xS}*^ 
Par qui elle fîit détruite ;, i^t. 

Saracamo^ ( ville de) (à fituation, I, 143* , 
Sarra\iens j T, iff. 

Sarmatie , (îgnifie (bu vent un pays inconnu, I , ici. 
Sarfony (nille de) I , 170, n; . 
Sartem , voyez Ciarcîam. 
Safftn , voyez Saxons. 

SauromaHs , 1 , 50. Leurs diyerfês tribus , II , 3 3P« 

Saxons ^ 



BSS MaT1SR£S. 401 

Saxons ( les ) paflènt dans la Grande-Bretagne; 1 , 74. 

Scajfen ^ (ville de) I, lOf. 

Shadi-Khodscha , ambafladeur de. Scfaahf-Rokh , I^ «^4» 
Eô bien accueilli ^ a$6 ^ Jkiv. 

ScHAEP , ( Heiidrtck Comelis ) (on voyage » II ^ i^z. 

ScHAH-RoKH envoie des:asiibaflkdeur& au Kathay^ ly^TS* 

Scharjchew , voyez Sachion, 

Schetlandy (iles) découvertes pac Pythéas; ï,-ji. Peu- 
plées par les Normands^ 8 1. Peut-ét^e les mêmes qu'Eâ- 
land, 317, ,^ 

S4:himuffyr ^ yoyéL Samujfyr^ , 

ScHiLDTBERGER y (Jean) (es voyages & (es aventufcs^ 

Schir'wan , 1 , 247. 

Schnecland , voyez lies-Gariars fie Jflahdc. 
Schurfchiy voyez Sarfoju .,, 

Scillyy (iles) les mêmes que le» iles d'EtaIn, I, j^. 
Sàringes-rH^al , (havre) û vraie pofitîon , I, ii»»n» 
Scorungaj (pays de ) (a fituatton probable» L^ ix«» n« 

Scnt'FinnaSy quel peuple, c'écaic & où ii fkifait (a ré- 

£dence. II, 103 , lo^. 
ScROGGS, (on voyage, II ,.101. Remarques (ùr ce toya|[e» 

II, 104- ^ ^ ... 

Segin^ (ville de) 1 , 17^. &s produâions^ Ces h^bi- 

t^ns, rpn commerce, 114» xx^« 
SerhUns , leur réfidence, I, zoo, n» 
*$(ere/ , leur demeure , 1 , 177. . * 
Sermende , voyez Sarmatc. 

Tome II. ' C c \ 



4^2 T A B L K 

Sidinîens » Il ^ 340* 

Sigan , voirez Segin. 

SiGU&o» roi de Norwège, I^ 74^. 

SiUinie y ( mer de ) 1 , 116. 

Sindlcia , ( TÎUe de ) îlj a bèancoiip d^anaiiriers» I, i}«. 

Singuiy voyez Segiru 

SirhitnSy Toyez Sérbitns. 

Slriojediiy I,t4i, 

Skrœllingers y leur commeroeàTecles Normands, I, 14 1« 
La foi chrétienne leur eft préchée , voy^ auffi ^9f^ 
iBonds y 144* 

Skydihladner , ( vailTeau) I, x»/, 
Slaves y I, 100 , n, 
Slonynty ville autrefois cfièbrè, I, ^7^. 
SyiTB, (François ) (bn voyage , H, 210» 
Smttk, ( détroit du chevalier "niomas ) H , ifo» 
SueitiLD « ( Stufle(<m } (a relation {ttr ia manière dont a 
été peuplée TlQande eft vraie, I, 1^4* 

SMOHiLa , (Torfiafon ) £ê$ écrits €c Tes deicenda s^ I^ 

14*, «• 
Sno^tAndy rojez SdmttianJU 
Sotai y ( pays de ) I , x66. 

SoK envoie prendreim évéquepourSe Groenland, 1 , 144. 
Solangiens y les mêmes que les 'Mandfchurians , 1, 15^. 
&/Jâm>n^, chrétiens qui vivaient dans Khuàrefm ,1, iS^* 
Solgety la même que la Ville iTEskikyrym, I, 21^8. 
SoUnia^ I» i^9m 



i 



DES M Jl ff lu K lE S. 4of 

Sohnîens » vdyez Alangtensé ; ' 

Sonlch y une des principales «rfbus des Màgofc; l, i^». 

Sorani^ I, i8o* Sa 'mie'fitlfttioii , it%. 

Sorbi , voyez SerhUûs 

Sorgaihî^ voyez Sdîgtt. 

Sorlingues , ( iles ) I , P* 

Sonahe^ (la) I, ^i» 

Spit{b€rg^ découvert & aîn/ï nommé par les HoUan^ 

dais, II, 211, 144 >' >f ^* Par Baffin , 146. Èar 

, HizdCnt, appelé 6xb«i|landV îor» ^ - ,* ' . - 

Strana^ (ville de) (êsmanu&âures de (ble, F, i^j. 

SvAFAUssoK , fait le tour de riflandè i' laquelle il 
donne (on nom, I, 8j. •* * ' 

SuchuTt pays qui produit làrhnlMrbe^I, 3 Sx ^^fii^x 
Sutk y voyez Suchur. 

Sucktuky voyez Suàhûr» 

Sudacky vàytz Sàldaia. 

Suèves^ I> f3* 

Suîonia , 1 , 7^* 

«Sirm^ribenr, veàiges de cette irille, I> x8;« 

iurpty y oyez SorH* 

Syra-Horda^ I, ijtf. , . , 

Tadoujflu II » »p|* 






Ce ij 



1 



TaUfy (vîUe 8e rivière) I| i^8« 
Tanafyaj^^ Afof. j;^ . . 

Tahcrbdb, l>ncétre /Commuft ics Nornumck , fidt k 
conquête de la baflè Italie 9 I^» iji* . 

Tangut^ fès habitans , les anîmam» I> I7^« Ses prin- 
cipales provinces, %i3* 

Tarfaan (ville de) I, tff. 

Tarkfutn , yoytz Tarfaan^ 

tarfœ , fes limites & (es babitans ,1,187. 

ToTshishy ville cofl^uie-d^ Egj^ttens &.des Phénidens, 

TartOTiex, I^ i^»* Leurs diïifioiis intefilnes.,.l,.x4^ 

TartejniSy voyn'X' TanhUh, • . . , . • », 

Jatarkofia] ( pays de) I, ié^« 

Tif^e^, (peuple du) leurs mœurs,, I, ,17^» 23 1« 

Tendue j ( pays^ ville & habitans 4e) I, %vï^ , 

Terfinna-Land, î^ 106. 

• • t - ♦ '• 
Terra Agricoluj II j ^%o. y 

T^f/T^ de Co^teréal, 11^ jio*. . .,^ . 

7err^Neuve^ par qui elle fut découverte la première^ 
foi», I, X38« Découverte enfuite par Cabot ^ II , i8. 
Féche & produôions du pays ;' sî**l^'tàémé que 
Winland, 286, n. : ci t'^V 

Tetgales ^ Yoyez Tshrani.C 

Teutons , (les) fignification dta. nom de ce peupte^ 
I, 4X« Leurs guerres & leurihtJtpédition^- mSi&fret "^t 
;43' 9 & fuiv. Les plui^ fidelesc ^rdès ^H'^ang^ètim 



Bis M AT I 1 » K î. 40 j 

Teut/che^ voyez Teutons. 

Tbxeika y ( Pierre ) fà. carte, des Indes^ II , j^o* 

Thalair , voyez Jalain 

Thalkan , defcripdoh de ce pays & des habitam^ I^ loj^ 
Ti^«*^ Ton ancien tr(age à la Chine, I, %^j^ 
Théodan, Toyex Teutonsi 

Thorfin j fait voile à Wîniand , & commerce avec 
les Skrœlllngers, I, i/^u 

Thorrbr, vaincu par Hirold, I, ijj, 

i. 
• Tho&steim^ toenrt ay^c iis-gens au Groenland, I„ 
140. 

Thorwald* , grand-ondé de Thorrer, prend ta fîiitt 
«c va eniflande, I, 135. 

Thorwald, mère de Lief, continue les découvertes 
dé ce dernier ^. I , i|^. Samott & iès; ûmérailles ,7 
140." ' ' " . "^' 

Thulcy I, st\ ^T. .... 

Tigris y Tigre y (le) Voyez GihomS ' 

Tiphlis^ capitale de la XJéorgîe , I> x^j* 

ToGRUL, |)rînce des Naymani ^l , nu 

Toriués, Çile iLe%)n,\%%. : 

Tow^JT, 11,^1.' * ;^ 

Tc^î^fr, C vUie de ) f , i j's; 

Trinité^ ( îlei de la) II, 16^. 

Trockiy (pays de) I, lyg*. * 

Troglodhesy I, 4. 

7>oo/?-fla^cJb, II, i5?9^ 

Ce iîf 



Trufb , voywL Duaufen* " 

TfahajfNor ^ voyefc Cyanganor» 

TfchechienSf 11,541. 

Tfchiendienpuhr , ( la grande ville èt)l, x}^. 

T/chirpa^Oiy vo^ez CampamckLandm 

Tfckutktfchi ^ peuple, II, i*^, 

Ti^'mVnJ , I, iSo« 

Titmen^ I, lyi. 

TuRGES, fes.viôoires^ I^ 8t» - 

Turkeftan, (is limites, I, 188 , i}8, 

Tttr^j, (les) I, 67. 

TuÉchi^Kaii ,1* ifu Ses conquêtes, II, 34i« 

Ugadai-Kjsak, bâtit la vHiè dé Chamyl , I, 155. 
Ulhlifbld , fon voyage fupprfé , II , 3 37. 
Uigurs^ Voyez Jugurs. 
Vkakha, (viUe de) I, 196. 

UixoA , ( François) fon voyage de découverte, it» %99* . 
Iflfter^ (province d') ravagée par les Danois, I, 78* 
Ulug-Bbk, it& tables géographiques, I, 68. 
Ung-Khan , titre de Trogul , I y 175. Son empire èc 

fes fucceflTeurs, i»8. 
Uotala , ( ville d* ) la même qu'Ûtrar , I « ^43* 

Urdamietta , ( André ) (es découvertes dans lenorâ de 
l'Amérique , II , 301. 

Urghen\ , voyez Khorkaiu 



DBS MAÏZXKXS.. 407^ 

Urap , voyei ilt des Eta$s% ■ , 
Vaqué ^ (ville d*) i«. 
U\iens^ II, }4i« 

V 

F AKBAtty (terre de) (es montagnes , fis kibttatit | 
I, 2o8, 

VaniaUSy leurs expéditions militaires, I, fj & fidv% 

Vandales j Toyez Sclavons. 

Vblasco , (bn voyage au nord de l'Aniérlqtië éft incêv^ 

tain , II , 1^7. 
Verazzahz, (Jean) (on voyage , II, 174* 
Vbspuce, (Améric) II, ii« 
ViscAiHOy (Sébafiien) (on voyage, II y 307* 
Vochan^ voyez Vàkfum% 
Voeroëy (île) I, 51. ... 

Vogel'Hock^ voyei Fair-Foreland^ 
VogtlSang , II , 141* 

V&iEZ , ( Martin-Herizoom fan ) fi>n voyage ,11^ i^té^ 

Détroit qui porte (bn nom, i^4. > . 

VuT, frère du prêtre Jean, I, 17^. 

w • — 

tr .AATOAT^y^pfCL Mintaperu 

Wajat , voyez D^irroif & Uaffavt. ' 
WaloTj voycT Sulgarir. 



4^t T À B L « 

WarJbvU , (pays de) delcriptîon de (es envicont , I> t7#i 
X^nririt, (pointe de) II, 8a« 

IPinds , les mêmes que les Vandales ou SclaTom» 
Weonothlaniy I , ^f , ii^* 
Weymomh^ H, 8^. 

fTiLLOUGHBY , Gin Yoyage, H, 22* . 
Windeialand^lp ^f , n. 11^. 

If^mîandy I , ij8 6 y^/v. Vîffte par les K&ndaîs^ 
Z40. Sources d'oà l'hifioxre de ^ pays eft titée ». 
143^ I44« 

Wlnoilandfl, 9^ ^"^19^ « . . 

WlJUland^ I, ^p. 

Wiflemund y I, i*'i# t. ; /' . 

Widani^ yn>ftz Baàia ^ I, rKOb. 

Wlachs^ voyez Blàchs» ' 

XPa^a, fês divers noms, l, ^{^ 66 , léu Sa dé£4 
cription » 171. 

Wologiensj voyez Blachs» 

Wùlflenholme, (détroit cfe) II, X4^« VUimum^Vadtp^ 

voyez Cap^HènrUtte'Mjaric. . 
Women'j'Land ^ Yêyez terre des Femmes. 



.: ©ES 'Mat I B « l ». .■ -ifetf 
iWomenS'yUs 1, voyee ilts des Femmes^ ' • ' : <• 
iVktoB , ( Jean ) •fbir vâyage , H , i^» j'. 
WulfUlan^l, ii8. ■■'■ ;•'.-. 

X 

jtLaïtdv , ( Tille de ) ville impériale ayec une ména- 
gerie, I, 131. 

X x>iFir , voyei Zfi/i» 

Tbrmax-Timofeeff , fts expécfitîons. H, 34 j« 

y«BRAWD, (Brand) accompagne Barenu, II, 240; 

iYse-Ryxb, ibn voyage, II, i6. 

Ts'-Hocky pointe de glace. H, i47« 

z 

iLAGATHAi-KAS , I, ij2. Ses pofTeffions , 17^* 
ZuKA , (Abraham) fcn témoignage fur les voyages de 

Benjamin de Todele, I> 150* 
Zboxa, prince Tartare, I, %^6m 

ç Carlo ^ 
Zemo, (le$K Nîcolo Meurs ancêtres, I,x8x 6 yk/v. 

C Antonio 3 
Nicolo , fon voyage au Nord ,1, 284. 
ç*^ Son fécond voyage , fe aventures ,285. 

Antonio , lettre de (es aventures & (es 
découvertes I I^ 2^2» 



1 



4to TABLX du MXTiSftSff. 

ZicHMiit, prince de Porland, I, iS^, Sec fiicces '9t 
As conquêtes payales, i88 &fidvm 

Zuihala^ (ifihme de) I, x6%. 

Zuyi Horkvanhet VoorîandyJly %i9m 



Fin de la TaUt des Madères. 



APPROBATION. 

%l * AT lu ^ par ordre de Monfèîgtïeur le Garde de Sceaux^ 
rHiftoire des DtcQuvtms & det Voyages faits dans 
h Nord ^ &c. &c* Je croîs que ce« re^r^hes d*un favaiK 
auffi diflingué yae modefte , auflî jufle qu'impartial , lêroii^ 
fort bien accueilles. A Paris ^ ce i Avril 1788. 

Signé, BOYEZ. 



PRIVILEGE DU ROI. 

X^OUIS ^ pair la frace de Dieu • 'I?jq;i de France $c ip 
Kavarre: A no; zt^h El fcaux CoofcUlet?, lès Gen« ceiiam nqji 
Cours de ?arrenienc , 'M'aitres de^ Requêtes ordinaires de BOctjB 
Hôtel , Grand Confeii , Prévôt de Paris , Bailiifs , Sénéchaux , 
leurs ÛiieuieDans Gà^ils* êc cotres nos Julhciecs qu'il appartiendra; 
SAIUT.Notre amé le Sieur G U C il E T ^ Libraire à Paris , Nous a faic 
cxpofer qu'il défireroic faire imprimer & donner au Publie» VHif* 

r9 ^$ D4KWvmf0 Çf'M9 Vùyupt fiâiê'étmS^U is'oH » péf /. 
Fçtrfttr^ s*iJ Nous plaifoif lui accorder nos Lerirts de Frivitègp 
four et néceflaires : A OES causes, vouUnt favorablement iraitçff 
rExponuBt , Nous ïm «vous permis & p^axiettourpArcetPréfcB et, 
de fAiue imprimer I^idit.OtfvraJ^e autaiic de /oii ^oe.bon Jui femblerâu 
&de le vendre faire vendre & dcbiter par tout notre ^Royaume, pen- 
^nr leiems ded x. af^aces conf^êcutives i compter de la date des Pré- 
fentes. Faifonsdéfenfes â tous* Imprimeurs , Libraires & autres per* 
Ibnnes, de quelque qualité fie condition qu'elles foient , d'en in* 
troduxre d'impreffion étrangère dans a«cun lieu de notre obciflance ; 
comme auffi d'imprimer ou faire imprimer, vendte, faire vendre, 
débiter ni contrefaire ledit Ouvrage , fous quelque prétexte que 
ce paide être , f.ns la permiffion expreile & par écrit dudit 
Expofant , fes hoirs ou ayans-caufe , ^ peine de faifie & de confîf^ 
cation des Exemplaires contrefaits, de (îx mille livres d'amende, qui 
ne pourra être modérée , pour Ja première fois, de pareille amrnde 
& de déchéance d'état en cas de récidive ^ ^c de tous dépens , 
dommages & intérêts, conformément i l'Arrêt du ConCeil du }0 
Août 1777 > concernant \t$ contrefaçons ; a la chage que ces Pré- 
fentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de ta Com- 
munauté des Imprimeurs & Libraires de Paris , dans trois mois de 
Ja date d'icelles ; que l'impreffion dudit Ouvrage fera faite dans 
notre Royaume êf -non aiHeurs,ea b«a«i papier & beaux carac- 
leccif conf|9cméimcnt aux Ré^kmens 4e la Ubiaitic » A f^ine^e 



rféchésnce iirfcéftut PrÎFÎttge f qa'avtne tie l'expofef en vent^^ k 
manufcric qui aura ferri de copie à rimprefnon dudic Ouvrage « 
fera remis dans le .même étac où l*Apprpbacion y aura été don* 
née » es m^iti; de aotte ccès-cher & fé^ Chevalier Garde-des- Sceaux 
de France le (ieur OB Lamoignon , Commandeur de nos Ordfer ; 
^u'il en fera eaTuite remis deux exemplaires dans notre BiUiofihcquf 
publique ^ un dans celle de norre Château du Louvre , un dans 
celle de notre trèt-vher ic féai Chevalier, Chancefier de France , le 
,Sicur D8 MaupçôU.^& un dans ceUexl{idrt{iearl>B Lamoignon; 
Je tout à peine de nullité des Fréfentes. Ou. contenu defqueUes voua 
'inandûiis Se enjoignons de Faire jouir ledit Expofant & Tes a]una 
caufe , pleinement & paifiblerfienr , faut foQflPrir qu'il Jeù'r foit fait 
aucun trouble ou einpécheraent. Voulons que la copie des Préfentes» 
qui fera înipdmée tout au long » au commencement ou i la fin dudic 
Ouvrage, Toit tenue pour duemeni (îgnifiée. Se qu'aux copies col- 
. lationnées par Tun de nos amés 8e féaux Confeillers • Secrétajrff 
/oî foît ajoutée comme î rdrigmàî.* Commandons au premier notre 
Huiflier ou Sergent fur ce requii» de faire pour l'exécution d'icelles. 
tous a&es leqiïis 8c néteflàires , faàs. iieniaftdet autee permiflion , 
& nonobftanc clameur de Haro , Charte Normande , 8e Lettsaa 
i ce contrùces : Car tel eft notre plaifir. Donné â Verlâilles le 
dixième joùf dît mois de Mai * l'an èc^ grâce mil ' fepc ceù 
quatre-^ingt^Tiqit, 8c de notre Eegne le quinzième* Pat le Roi| 
1cn fon ConftiL 

Sigtté, LE BEGUE. 

-tfpj Libraires Sr Imprvmurt de Psriâr I<t*. 107^ , fit, s Ai -» confirma 
-yment tUUtdifptfiâonè€^mcée» dans h préfhit BrivtUge^ ùhla Wiargè 
.ito t^emettre à laditt Chambre les tuttf' EMêmpimftM prefisritM par 
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