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oCV
HISTOIRE
M
DES DEMESLEZ
DU PAPE
BONIFACE VIII.
PHILIPPE LE BEL
ROY DE FRANCE.
Tar feu Adrien h aiz-lït , Bibliothécaire
de M. le Frejîdem de Lamoigmn.
A PARIS,
Chez Florfktîh Del AiTLyi,ruc
Saint- Jacques , à l'Empereur.
^ M. DCC XVIII.
Jiv^ jipfrobmon & TrlvïUge du Roy.
'
A
nx.
AVE RTISSEMENT.
IL y a plus de (3 0 ans que M. Dupuy ^
Prieur de S. Sauveur , lit imprimer à
Paris ri^ftoire du Différend de Bonifacc
VIII. avec Philippe le Bel Roi de Fran-
ce, compofëe par Pierre Dupuy Ion fre^
re. Qiielque applandiiTemenc qu'ait re-
çu cet Ouvrage, on peut dire néanmoins
que c'eft moins une Hiftoire du Diffé-
rend de Boniface VIII. avec Philippe
le Bel , qu'un ample Recueil des Pièces
qui concernent ce fameux Démêlé.
La nouvelle Hiftoire que Ton donne
aujourd'hui , vient de feu M. Baillet , (î
connu dans la Républicjue des Lettres. Il
l'avoic communiquée a un de fès Amis^
qui s'eft fait un plaifir d'en faire préfenc
au Public. C'eft un Supplément nécef.
laire au Recueil de Meilleurs Dupuy. En
effet , outre plufieurs Pièces originales
qui avoient échapé aux recherches de
ces illuftres Frères , 8c que l'on trouvera
à la fin de ce Volume, la Relation hifto-
rique de M. Baillet eft plus complète,
6c remplit mieux le titre d'Hiftoire , que
le Difcours fommaire 6c trop abregç
AVERTISSEMENT.
qui eft à la têce du Livre dont nous
parlons.
Au refte^nous adoptons Se nous renou-
velions ici la proteftation que M^Dupuy
ont faite dans leur Préface ^de leur reL
ped fincere , & de leur attachement in-
violable pour le faint Siège. Mais comme
cette éminente place n'a pas toujours été
occupée par des Papes d'une éminente
piété,& que BonifaceVIII. avoit fait des
entreprifes in juftes 6c odieufes fur Pauto-
rité fouveraine de nos Rois , qu'ils ne
tiennentquedeDieufeul,nousnecroions
rien faire de contraire aux fentimens
dans lefquels nous devons être à l'égard
du faint Siège, en travaillant à faire con-
noîtrc un Pape ambitieux , &c à détruire
fes prétentions. Nous efperons même
que tous les bons François nous fauronc
quelque gré d'avoir mis au jour un Ou-
vrage qui juftifie pleinement la mémoire
d'un de nos plus grands Rois, &c qui n'a-
Yoit d'autre objet dans tout ce Démê-
lé, quedefodcenir les droits de fa Cou*
ronne,ôc de maintenir inviolablemenc
les bornes que Dieu a établies de couc
tems entre les deux PuilTances^
SOMMAIRE
DE LA PREMIERE PARTIE.
I. T) Arallele du Différend de Boni face
JL T^iri. é- de Philippe le Bel, avec
xelui d'Innocent JsTI. ^ de Louis J^Uf.
Page I.
II. De ceux qui ont travaillé a T hifio ire
^u premier différend, i o^
II I. Avènement de Bàniface VIII. aK
Tontificat. 22.
IV. Ses premières démarches pour établir
fa puiffance fur le temporel des Rois* Il fe
^end l'arbitre de leurs différends, if. Sc fuiv.
V. // défend au Clergé de leurs Royaume s
de leur payer aucuns fubfides pour quelques
fiecejfîtex^que ce fut. Edit du Roi contre les
JEtranq^ers. Bulle du Pape contre cet Edit*
Réponfe du Roi a cette Bulle. ^2. èc (iiiv^.
VI. Requête des Prélats de la Province
de Reims au Pape. Nouvelles yfienaces de
Boniface contre le Roi. Il fe relâche fur fi
Bulle concern.mt les exemptions des Eccle^
Jïajiiques, -Le Papc fait publier la trêve eft
a iij
T A B L E.
yrance fdm permiffïon du Roi ^ qui frôtejfè
contre cette entre prife, ^j-.bc fuiv,
VII. Les Colonnes- ennemis de Boni face
ï" attirent une fanglante perfêcution. Ils font
dégrade ^^^profcrit s :, excommunie 7^ Croifade
êontre eux. j6. ôc fuiv.
VIII. Le Pape modère encore fa Bulle ^
i ou chant la levée des fuh fi de s furie Clergé ^en
faveur du Roi de France , ^femble vouloir
fe remettre bien avec lui, é/.^ fuiv.
IX. Il promet au Roi de faire Empereur
fon frère Charles de Kalois. Ile fi re(^u aybi^
tre du différend entre le s Roi s de F rance^d* An-
gleterre dr le Comte de Flandre s ^ non comme
Pape , mais comme particulier. Il trompe
Philippe le Bel^ quife trouve offenfé par fa.
Sentence y (^ par la conduite qt^ il garde dam
iéleBion d Albert d^ Autriche à l'Empire ,
eu il manque a la parole qu^ il lui avoitdon^
née pour fon frère, /6, êc fuiv»
X. Philippe le Bel cherche à s'en venger *
Jl recommence la guerre contre le Comte de
Flandres quil fait prifonnier.il fait allian^
ce avec le Roi des Romains ^ au grand çha^
gr in du Pape Boni face, <?/.&fuiv*
XL Jubilé feculaire. Le Pape s'y fait:
paffer pour le Monarque fpiritud é* tempo -^
TABLE.
rd de l' Univers. Philippe le Bel lui envoyé
des Ambaffadeurs. Libertez^de Noyiret en*
vers Sa Sainteté. Biffimulation deBoniface,
Invention des Croifades utile à l'avance^
ment des Papes. p^-^ f^ii^-
XII. L'Eveque de Pamiers e^ envoyé an
Roi par le Pape. Sa mauvaife conduite. On
lui fait fon procès. Jo^. &C fuiv.
XIII. Rupture ouverte entre le Pape &
le Roi, Sufpenfion des privilégies & dèfenfi
de lever des décimes oufubjidesfurle Clergé.
Citation des Prélats & autres Ecclefiafii^
que s ci Rome contre le Roi. jj6^ fuiv.
XIV. Prétentions du Pape touchant U
piiffance temporelle ^ ^ fur le droit de Re^
gale. 12^. & fuiv.
XV. Suite ^fin du procès de t Eve que
de Pamiers. JS9' ^ ^"^^•
y^Ml.On procède en France contre les en-
ircprifes du Pape. Affemblée des Trois^
Etats. J4^. ôc fuiv.
X}J\l.Réfultat de cette Affemblée. Le
Roi , le Clergé .^ la ISFobleffe ^ le Ticrs^Etat;
envoyent é* écrivent à Rome féparément.
i6i. & fuiv.
XVIII. Pouvoir des Laies en France en
faveur du Clergé. 2^ouvclle Ajfcmblée des
TA BLE
Etats. Incertitude, Réponfe des Cardinau}^
à la NobleJJe ^ au Tiers. Etat, Réponfedtc
Pape auClergé, i66. 6c fuiv,
XIX. Confiftoire tenu a Rome fur le dif^
ferend d'entre la Cour de Rome é^ la Cou^
ronne de France, Avis du Cardinal de Por-
to. Avis du Pape, Rèponfe de trois Cardin
naux au Duc de Bourgogne, jSi,^ fuivi
XX. Perte des François u la bataille de
Court rai y attribuée au Pape* 2sfouvean
fujet de brouillerie entre la Cour de Rome ^
la France. Le Comte de Valois e fi rappelle
d* Italie. Ze Roi fait faifir les biens des Ec^
<lejiafiiques allez^ à Rome. Il recufe le
Pape. 7^2. ëcfniv,
XXL Synode de Rome où fe trouvent plu-.
Jieurs Prélats François contre l^ ordre du Roi*
le Pape tache de fejufiifier contre le Roi ^
fes C!Minifires, Bulle de lapnijfance duPape
fur le temporel. Le Roi eft excommunie de
nouveau. 20^^ ÔC fuiv,
XXII. Edit du Roi contre ceux de fes
Sujets qui alloient à Rome fans fa permilfion.
Requête de ITogaret au Roi contre le Pape,
210. êc fuiv.
XXI IL Légation du Cardinal le Moine
tn France, Articles fropofe^au Roi par le
TABLE.
pape, Rêponfe du Roi à ces Articles. 21 f^
ôcfiiiv.
XXIV. Le Pape fe platm des Rcponfes
du Roi. Il le déclare excommunié. Il cite
le rcfle des Prélats a Rome, Le Lcgat fe re^
tire de la Cour ^ du Royauync. 226 d<.C
XXV. Le Pape confirme l'êleclion d' AL
bertRoi die s Romains ^(^ lui fait diverfe s fa*
vcurs pour l'oppojer a PhilipJ>e le Bel, 2?6 .
&:fuiv.
XX VI. Afficmblcedes Etats duRoyaume
contre le Pape. Accu fat ions. Appel du Roi
0* du Clergé au Concile général . 2^0, 6: f.
XXV IL Les Eglifes é- les Chapitres ,
les Provinces^ les Villes , les Univerfitez^y
les Religieux , les Nobles é" le Peuple du
Royaume adhèrent a cet Appel ^ comme aujjt
quelques Etrangers, Le Roi donne fa pro.^
teïlion a tous ceux qui craignoient le Pape,
Il envoyé en Italie ^ en E [pagne pour folli^
citer la cenvocation du Concile. Il défend
aux Ecclefiaftiques de fortir de fon Royau^
me. 2^S. Se fliiv.
XXVIII. Le Pape fe retire à Anagnia
é^ fulmine divcrfes Bulles contre la France.
Il ordonne que les Citations de Rome auront
vigueur fans qu'il foit besoin de lesfignfier
TABLE.
awjc personnes citées. Bulle contre les Vnu
verjitez^, contre le Clergé de France^ ^ con-
tre l' Archevêque de Nicojïe, 2j'/.d>cf.
XXIX. Pratiques de Noqaret en Italie
contre le Pape, Dernières entreprifes deBo^
ni face contre la France, 268, ôc fui v .
XXX. Il eft pris dans Anagnia par les
François, Sa mort, 2/6. 6c fuiv.
SOMMAIRE
DE LA SECONDE PARTIE.
L 1V"T Ogaret continue fes pourfuites. Fie-
X. \| cl ion de Benoift JCI Plaintes e^
remontrances de Père do au nom du Roi. Am^
haffade au nouveau Pape. Requête du peu-
fie de France au Roi. 2^5? . & fui v.
W, Benoift JlI ah fout le Roi é^ fes Su-
pts* Il révoque tout ce que Boni face avoit
fait contre la France. pp & fuiv.
III. // rétablit les Colonnes en partie.
Ceux cipréfeyitent leurs Mémoire s à Philips
fe le Bel contre Boniface. Le peuple Romain
les rétablit entièrement. Benoift procède con^
tre ceux qui avaient maltraité Boniface.
Mort
TABLE.
Mx>rt du Pape Benoift JTI. $iS. Sc C
IV. JFin de la guerre de Flandres, Ailes
de Guillaume de N'ogaret pour protefier con^
tre les Fauteurs de Boniface ^ pourfuivre
fa mémoire. Procurations de Nogaret pour
agir à Rome en fon nom. ^26. & fuiv.
V. Election auPape Clément F^^ Ses con-
ventions avec le Roi. Siège d'Avignon.
^^6. &c fuiv.
VI. Z^ Pape rend le Chapeau aux deux
dolonnes. Il révoque les Bulles de Boniface
contraires à la France. Il accorde les déci^
mes au Roi pour cinq ans. Il élude la con-
damnation de Boniface.^ que le Roi deman-
doit. ^^6. & fuiv.
VIL Ils fe portent tous deux k la ruine
de s Templiers. Le Pape trompe le Roi dans
la promeffe d'élever Charles de Valois fon
frère à l'Empire. ^j-^. Se fuiv.'
VIIL InftruBions du procès deBoniface.
Violences faites kfes Accu fat eurs. Plaintes
du Roi. Les Parties vont plaider devant
Clément V. s^r. Sl fuiv.
IX. Procédures des Parties dans la caufe
de Boniface. Z' Ambaffadeur de France ^
é^uoiqu excommunié y. veut participer à la
Communim da jEldeles , prétendant etra
TA B L Ë.
éth fous four avoir faluè ^ entretenu le Pa^
fe. Continuation des procédures. Articles
des droits du Roi maintenus devant le Pape;
^6/.^ fuiv.
X. Clément tkche d'arrêter les procède-
tes. Le Roi fe defifte de fes pour fuites con=-
tre Boni face , ^ remet l'affaire entre les
mains du Pape. Clément cajfe tout ce qui
s' è toit fait contre le Roi ^ la France, Ahfo»
lut ion de J^ogaret ^ de ceux d^ Anayfiia.
^8r*^ fuiv.
XI. Jugement du Pape qui abfout Boni-
face d'herefie. Quelle part le Concile de.
^'"^ienne y a eue. JE in de toute la querelle*
j^ p. de fuiv.
ERRATA.
PAge lOO. ligne f' Sorâfice , liCez Thilifpt le Bel,
Page I 0 f . U 4- Maître , lif> Miniftrc.
Faç!;e 197. I> 20 déplus , Hf depuis.
Page 217.1. 1 o. cours , ///. Cour,
Pat^e 2 91. c» ^/w/'^e Nicolas ,/î/î Nicole.
Page ^ z r» 1. 1 ^. e(npoifonnemens,/ïCempoi{bnneui5<,
Page ^87. 1.4. /?/; de la Couronne & de Sa Majellé,
3?age } 9 8« l« 7 . ^i/^ n'étoic pàS pour.
^t^ ^-^S' -^s^
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HISTOIRE
DES dÉMESLEZ
D E
BONIFACEVIII-
^ r E C
PHILIPPE LE BEL.
PREMIERE PARTIE,
'X
Mj^>i
E toutes ks contefta-
tions lurvenues entre
^^ la Cour de Rome , &
celle de France, il n'y
en a point qui fourniirent plus de
rapports réciproques,que les dé-
iTîêlez qui fe font formez d'un
côté entre Boniface VIII.6< Phi-
T.
Parallèle (fa
différend de
ïJonifacc
VIII. Scdc
Philippe ic
Bel , avec
celui d'in-
Dcccnt XI.
& de Lcuis
XIY.
'■ % Démelex^deBonlfuce
lippe le Bel 3 & de l'autre entre
Innocent XI. & Louis XIV,
Car foit qu'on veuille les com-
parer enfemble, foie qu'on aime
mieux les oppofer Jl y a de quoi
former de Tun ^ de l'autre uxi
parallèle prefque continuel ^ au-
tant pour ce qu'ils peuvent avoir
de contraire, que pour ce qui
s'y trouve de femblable.
Parmi ce que ces fameux dif-
férends ont de commun , & qui
peut les rendre femblables , il eft
bon de remarquer que l'un 6c
l'autre s'eft pafle fous le Ponti-
ficat de trois Papes, dont le pre-
mier ayant caufé, ou vu naître le
différend , eft mort au fort de la
querelle fans réconciliation avec
la France 3 ce qui eft arrivé à Bo-
niface VIII. &: à Innocent XL
Le fécond , c'eft-à-dire Benoît
XI. fucceflcur de Boniface,Ôç
Alexandre VIIL fuccelTeur d'In-
nocent, ayant été prévenu de
civilitez ôc de foûmiffions par la
avccPhiiippt le BùL , J
France , s'eft raccommodé en
ufant néanmoins de diffimula-
tion avec elle pour fauverles pré-
tentions de la Cour de Rome.
Le troilîéme, favoir Clément V.
dans l'un^ & Innocent XII. dans
l'autre, a terminé toute Taffairc.
De la part de la France il n'y a eu
dans chaque démêlé qu'un Roi,
fous lequel l'un ôc l'autre a eu Tes
commencemicns , Tes progrès &
fa fin. C'aété un Evêquede Pa-
miers qui femble avoir donné oc-
cafion à la querelle dans l'un
comme dans l'autre, Ledroitde
Régale efl: entré dans tous les
deux , comme faifant partie de
la conteftation. Il y a eu dans
l'un 6c dans l'autre appel au
futur Concile contre le Pape.
L'attachement des membres de
l'Eglife Gallicane pour leur Roi
y a été prefqu'égal. Le Clergé ,
les Univeriitez, les Moines,6c les
Mendians du Royaume fe font
jettez par tout dans les intérêts
A z
4 T^èmèlei^ de Boniface
du Roi , 6c ont adhéré par des
ailles publics à l*appel qui avoit
cté interjette. Il y a eu excom-
jYiunication d^Ambafladeurs , &
des menaces même pour leurs
Maîtres,quoiqu'elles n'ayent pas
ctc exécutées furLouis le Grand,
comme elles le furent fur Phi-
lippe le Bel. D'autres pourront
trouver encore quelques conve-
nances entre la fortune des deux
Cardinaux Colonnes, à qui l'on
^- rendu le Chapeau qui leur a-
H-e t^ôit été ôté , 6c celle du Cardi-
n a 1 Forbin de Janfon, à qui Ale-
xandre VIII. accorda le Cha-
peau qui lui avoit été refufé par
Innocent XL Les Juifs chaflet
du Royaume par Philippe Jie
Bel , 6c les Templiers détruits,
ou du moins arrêtez par fon oin-
dre vers le mêmetcms/emblent
fournir auffi quelque forte d«
'rapport avec Textirpation ^^^
Huguenots,d'une part -, & la def.
cruâion des ReJigieufes del'En.
avec Philippe le Bel. f
fânce , de Taurre -, quoique ces
Religieufes fuflent très^Cacho-
liques , 6c d'une vertu exemplair
re.
Mais s'il fe rencontre tant d*in-
j îcidens propres à faire comparer
enfemble ces deux fameufes con-
teftations , il y a auflî dequoi les
oppofer par des différences très-
' grandes , qui pour la plupart
viennent des endroits mêmes
d'où nailTent leurs rapports.
Dans toute la fuite des fucceC
feurs de S. Pierre , il efl: difficile ^'"^r" ^'•'^
de trouver deux Papes qui aient
été plus éloignez pour Thumeur
i8c le caradere d'efprit,que Boni-
face VlII. ô: Innocent XL fous
lefquels fe font élevez tous Iqs
troubles de Tun 6c l'autre diffé-
rend. Boniface étoit un homme
hautain,turbulent, plein de cou-
rage 6c de fierté , entreprenant,
^ambitieux , fourbe, violent , peu
- réglé dans fes mœurs,moins tou-
ché du fpirituel que du temporel,
A3
6 Dèmèlezjte Boni face
peu eftimé^peu aimé même par-
mi les Tiens. Innocent étoic doux
& paiiîble , difficile à la vérité à
faire revenir de {^s préventions^
mais plein de piété , ne refpirant
c]ue la charité , la paix ôc l'union
des fidèles , attentif aux devoirs
d'un véritable Pafteur;, fimple ,
modefte , ennemi du vi:e , ref-
peclé &, chéri des fiens. Aufîî
Boniface a.t-il été Tauteur ou la
caufe des troubles arrivez fous
Philippe le Bel ^ au lieu qu'In-
nocent XL n'a fait que foufFrir
ceux que l'on a excitez au fujec
de la Regale pendant le règne de
Louis XIV. Les Papes fui vans
qui ont fait la paix avec la Fran-
ce , ont eu auflî des qualitez af-
fez contraires. Benoît XI. quia
cafle ou révoqué ce qu'avoit fait
fon prédeceffeur , paflbit pour
. un homme d'auilî fainte vie, que
celle de Boniface avoit paru
fcandaleufe ^ ôc Ton remarque
comme une preuve finguliere de
avec Philippe le Bel. j
k vertu du premier,qu'il ne vou-
lut pas tirer fa famille de la baf-
{qÇ[q &c de la pauvreté où elle
étoit. Alexandre VI 1 1. qui aiipuWhim
prétendu caflér de annuUer ce t'cfrunivTr-
qui s'étoit fait en France du vi- ^^^^1/^^/,^
vant de fon Prédeceileur, étoit ^-^"^ ^^
dans une réputation allez dou- de France,
teufe, ou du moins fortinferieu. ^"^ ^^*
re à celle qu'Innocent XI. avoic
acquife par fa piété exi^mplaire 5
&le principal de ks foins a été
d*éleverôc d'enrichir ks parens
durant fon Pontificat. La diffe^
rence des deuxEvêques de Pa.
miers , qui ont donné occafioa
aux deux démêlez , n'eft pas
moins confiderable. Bernard de
Saiffet envoyé au Roi par Boni-
face VIII. étoit un brouillon ôC
un infolenr , fans foumiffion 6c
fans refpecl pour fon Prince lé-
gitime. F r anchois. Etienne Catilety
dont Innocent XL avoic pris la
protedion , étoit un homme de
Dieu 5 zclé pour le falut de fon
A 4
t Démêlez^ de Boni fa ce
Troupeau , &;pour l'honneur de
fon Eglife , humble dans fa fer-
meté, courageux dans fa fournit
fion , fidèle 6c refpectueux en^
vers fon Roi , auprès duquel fes
ennemis Tavoient calomnié. On
peut dire auiTi que tout n'étoit
pas égal dans ce qui s'étoit pafle
fous les deux Rois,quoiqu'ils puf-
iènt être également équitables-^
ou bien intentionnez. Philippe
le Bel avoir l'avantao-e d'une
caufe jufte dans toutes les par-
ties , à: il n'étoit que le défen-
fèur de fes droits & de fa Sou-
veraineté contre un ambitieux
-qui croyoit être le feul Souve-
rain de la Chrétienté. Sous Louis
XIV. on ne combattoit que les
prétentions de la Cour de llo-
-i-ne,qui regardent , non la Sou-
veraineté des Puiflances féculie-
res,mais l'infaillibilité des Papes
dans leurs jugemens , & leurfu-
periorité. fur le Concile ; ^ on
loûtenoit avec beaucoup de fer-
^vec Philippe le BsL 9
meté les droitîj & libertez de
TEglife Gallicane contre un Pa-
pe , qui bien que prévenu &: en-
têté des prétendus Privilèges de
fon Siège , comme quelques-uns
de {ts Prédecefleurs , n'avait
pourtant pas encore abufé de
ion pouvoir. Ceux qui fervoient
Philippe le Belavoient le cœur
droit , & paroifToient n'agir que
par un zelc véritable ^ mais un
peu trop véhément pour les
<lroits de la Couronne j au lieu
que parmi ceux dont LouisXI V.
fuivoit les avis;,il y en avoit queL
ques-uns , qui fous le prétexte du
bien public ne cherchoient qu'à
ie venger par des voies obliques
^ détournées , de ceux qu'ils re-
gardoient comme lescenfeursde
leur conduite 6c de leurs fenti-
mens.
Il y a encore cette difterence,
que Philippe le Bel, quoique par-
faitement foumis au faint Siège ,
n'a point allez ménagé Boniface,
A5
I o Démèleç^ de Bonifcéèè
&qu*il l'a traicé/oic par lettres^
fbit par Ja bouche de izs Ambaf-*
£4deurs,en termes durs, incivils
hi ofFençans , félon la groffiereté
decetems-là. Mais Louis XIV.
a toujours afFeclé beaucoup de
modération , & n'a jamais écrie
ou fait parler au Pape Innocent
XI. qu'avec beaucoup de refpeA
& de civilité , fuivant fa politelFe
& celle de fon fiecle. Pour finir
ce parallèle d'oppofition , il faut
aioûrer que dans le premier dif-
férend , c'eft la Cour de Rome
qui a fait fatisfadion à celle de
France ^ dans le fécond , c'efk
celle de France qui vient de la
faire à celle de Rome , du moins
parlaceflîon d'une partie de k%
prétentions au fujet àt^ Fran-
chifes.
il. 11 feroit donc à fouhaiter qu'-
Dc ceux on pût nous donner l'hiftoire
travamé ^^ ^^^ dcux fimcux démclez
à cette avec la libertés le definterefle-
ment que demande l'importance
Hiftoire.
avec Philippe le Bel, i r
da fujec. Mais comme le tems
de découvrir les reflbrrs ^\qs in-
trigues du fécond n*eil: pas enco-
re venu ,il eft bon de faire con-
noître le premier par avance ^
pour préparer les efprits à juger
plus fainement de l'autre. C'eft
pourquoi je fuis réfolu d'écrire
feulement Tliiftoire delacontef.
ration furvenue entre Boniface
VIII. &: Philippe le Bel, comme
fi celle qui s'eft élevée entre In-
nocent XI. & Louis XIV. n'étoïc
jamais arrivée : & je tâcherai de
me conformer aux favans hom-
mes qui avoient entrepris de trai-
ter le même fujet avant ce der-
nier événement.
Perfonne ne s'en eft mieux ac-
quité que M. Dttpuy , Confeiller
du Roi , 6c Garde de fa Bibliote-
que. L'hiftoire qu'il en avoir
compofée en François 6c en La-
tin , fut imprimée à Paris quatre
ans après fa mort, avec les Me- iieji mm
moires fie les Ades ongmaux qui
A 6
ï 1 ' Dèmeh'X^âe Boniface
en faifoient foi , êc qu'il avoit ra-.
maflez avec beaucoup de foin.
On y trouve prefque par tout le
caraâere de la fîncericé^êc l'exa^
ditude que l'Auteur a fait pa-
roître dans tous ks autres Ou-
vrages 5 une connoijGTance exqui-
fe & fort nette des droits qui
appartiennent aux deux puifTan-
ces,& des bornes que Dieu leur
a prefcrites ; une grande founiif-
fîon à l'Eglife Catholique 5 une
retenue refpedueufe pour le faine
Siège -5 un zèle raifonnable bc
bien réglé pour maintenir les
Libertez de l'Eglife Gallicane^.
bL conferver l'autorité fouveraî-f
ne de Ton Roi. Mais fon deflèin
n'a. été que de donner une nar-
ration fuccinteêc préliminaires
lacolledion des ades qui com-
pofent prefque tout le volume >
afin d'inllruire fes Ledeurs pac^
avance de l'origine & du progrès:>
de toute cette hiftoire, ^ de leur;
épargner la peine de la débrouiU
étvcc Philippe le Bel, i 3
ïer parmi une fi grande quantité
de pièces. Ceft ce qui Ta fait ré-
foudre à pafler bien des chofes
importantes qu'il a cru ne pou- >
voir aifément abréger , 6c qu'il a
jugé qu'on devoit voir avec plus
d'étendue dans les fources. D'ail-
leurs il paroît que faute d'atten- -
tion fur la manière de compter
les années , qui étoit différente
en France d'avec l'ufage établi as
Rome &: ailleurs , il ^a confondai
quelquefois les affaires d'une an* *
née parmi celles d'une autre. Ce
n'eft pas feulement dans l'efpace
des mois de Janvier, Février 6c
Mars jufqu'à Pâques, comme il
eft arrivé à plulîeurs Hiftoriens y
c'cft dans le refle même de l'an-
née que fe trouve cette confu-
fion. Ainfi il eft obligé de nous
donner quelquefois pour TefFec
d'un incident , ce qui en a été la
caufe ; 6c pour la caufe ce qui n'en
a été que l'effet : du moins a-c-il
fait fuivre en certaines rencon-
t4 Demèlez^de Boniface
très ce qui dévoie précéder , 6c
précéder en d'autres ce qui ne
devoit que fuivre.
Avant M. Dupuy , le célèbre
Richer^ Dodeur de Sorbonne ,
avoit écrit la même hiftoire en
latin ', Ôc il Tavoit diftribuée en
cinq Livres , qui dévoient faire
partie de Phiftoire de TUniver-
fîté de Paris , dont on a trouvé à
fa mort quelques volumes ma-
nufcrits. C'eft un tilTu aflez fui-
vi des ades originaux , des Bul-
les des trois Papes , & des autres
titres qu^il avoit recouvrez après
des recherches fort pénibles, &
qu'il avoit jugé à propos d'inférer
tout entiers dans le corps de fon
Ouvrage, fe contentant d'ajoû^
ter du fien quelques reflexions
fur ces pièces , pour faire la liai-
fon de Pliiftoire.Quoique cet ou-
vrage ne foit pas du même prix
quecekn de M. Dupuy ,tant pour
le nombre des Pièces originales,.
que pour rarrangement desfaits
avec Philippe le BeL i f
dans la compofition hiftorique ^
la profonde connoifTance que
l'Auteur avoîc acquife par u^nc
étude opiniâtre de plus de qua-
rante années de tout ce qui re-
garde l'adminirtration deTEgli-
fe , Tautorité & les droits de Ces
Minières , lui confervera tou-
jours fbn mérite. Il y a même
des endroits où il paroît plus
exad & mieux informé que M.
Dupuy, comme en tout ce qui
concerne la légation 6c les com*
miflîons du Cardinal le Moine.Il
a été auflî plus heureux que lui à
déterrer quelques Pièces impor-
tantes j6c il a corrigé diverfes fau-
tes qui fe font gliflées dans le Re-
cueil desAcles imprimez dès Ta»
1614.& réimprimez 40. ans après
dans le Recueil de M. Dupuy a-
vec les mêmes fautes , pour n'a-
voir pas eu fans doute connoid
fance de cet Ouvrage qui n'a pas
encore vu le jour. Mais d'une au-
tre part il y a beaucoup plus de
T 6 I>emele^de Bonifdce
vuMe bc d'interruption dans
riiiftoirede M. Richer, que dans
celle deM.Dupuy. La confufioù
de^temsyeft auffi plus grande^
nonfeulement à caufe de la diffé-
rence du calcul de Rome,d'avec
celui de France , mais encore
pourn'avoir pas aflezpris garde
aux commencemens des Papes/
qni fe contentent de dater leurs
Bulles ou leurs Brefs , de Tannée
de leur Pontificat, fans marquer
celle de nôtre Epoque commu-
ne. Cen'cft ni par furprife,ni par
ignorance qu'il en a ufc de la
forte : mais fon deiTein n'étant
pas de s'arrêter beaucoup à la
difcuffion particulière iies faits ;|
il ne s'eft foucié principalemené
que de la queftion du droit , coni
cernant la puiiTance eccléfiafti-i
que & féculiere, dont il a exa-
miné la différence 6c marqué lés
limites.
.Ce font-là les deux Ouvrages
qui méritent le plus d'être confî-
^nvec Pljilippe le Bel. i 7
dérez parmi tout ce qui s*eft écrit
touchant le fameux difFérend
d'encre BonifaceVlII- & Philip-
peleBel.Encoren'eft lipasfùrde
feflarer de celui de M. Richer,
tant que le public en fera privé. Il
efl vrai qu'en 16 14. il parut un
petit Livre imprimé à Troyes ^
concernant les caufes principales
de ce difFérend que les Parcifans
delà Cour de Rome avoient eu
grand foin de déguifer jufqu'a-
lors. L'Ouvrage étoic forti du
Cabinet de François Pithou , frè-
re de Pierre , homme d'une ca-
pacité reconnue parmi les vrais
Savans , &c lié d'amitié avec les
plus grands hommes de fon tems.
Mais ce que Pithou y donnoic
pour original ,n'étoit qu'un ex-
trait des vrais originaux, dcfec-
j tueux en beaucoup d'endroits
d*une manière à ne fournir qu'-
une idée obfcure 6c imparfaite
de coût ce qui étoic en queftion
entre. le. Pape gclcRoi. Lamê-^
1 8 Dèmèkx^de Bonïface
me année ou la précédente, oîî
avoit faic à Paris deux éditions
des Acles de c^s différends , avec
des extraits hiftoriques , tirez de
divers Ecrivains. On en étoit re-
devable aux foins de Smon Vig^r
Confeiller au Grand Confeil,<;}ui
venoit d'employer utilement fa
plume en faveur des Conciles
de Confiance 6c de Bafle, contre
les entreprifes de ceux qui vou-
loient établir l'infaillibilité 6c le
pouvoir defpotique du Pape fur
î'Eglife. Mais ces deux éditions
ne comprenant que la moindre
partie des chofes qui s'étoient
paflees dans toute cette affaire,
n'étoient pas capables de fatisfai-
re ceux qui fouhaitoient d*êtrc
pleinement inftruits d'une hifloi-
re 11 remarquable.
*^^I1 eft certain que ces quatre
favans hommes , outre une con-
noiflance tres-exade de cq,s. ma-
tières ^ ont fait paroître beau-
coup d'intégrité 6c dedefintereC
avec Philippe le Bel. 1 9-
fement dans ce qu'ils en ont é-
cric. Mais il fuffic qu'ils foienc
François pour être fufpefts aux
Ulcramontains. Ainlî l'équité qui
veut qu'on écoute également
toutes les parties dans une caufe
conteftée , nous oblige de con-
fulter auflî les Italiens , & géné-
ralement tous ceux qui ont fa-
vorifé les Papes dans cette affai-
re, quelque partialité qu'ils aient
fait paroîcre dans leur dcFenfe.
Comme la plufpart de leurs Hif-
toriens & de leurs Canonises
n'en ont parlé fuivant leur def-
fein,qu'à la rencontre des évé-
nemens , & par interruption , il
feroit à fouhaiter que quelqu'un
de ces Défenfeurs eût entrepris
d'examiner toute cette affaire
dans quelque traité fingulier que
nous puflions oppofer à ceux de
Richer 6c de Dupuy. Je n'ai
encore pii trouver que Félix
0(iiis &. les Continuateurs de
Baronius , qui aient rapproché 6c .
tQ iDèmèlex^de Boni face
joint enfemble ce qu'ils en âV
voient recueilli de divers Au-
teurs j encore n*onr-iIs pas déta-
ché ces Recueils du corps de
leurs ouvrages. Ofius,Profefleur
en Eloquence àPadouëdu tems
d'Urbain VIII. a ramafle de di-
vers Auteurs les caufes & les pro-
grès de ce fâcheux différend, à la
fin de k^ Commentaires fur Thi-
ftoire de Muflatus. Mais outre
que la mort a interrompu cette
compilation > le deflèin d'Ofius
p*étoic que de faire un amas d'ex^
traits & de morceaux détachez
indifféremment de tous les Ecri-
vains qui lui écoient tombez fous
la main , fans en faire i*examen,
fins les digérer , & fans leur don-
ner aucune forme. Les Conti*
naateurs de Baronius , & parti-
culierement-^^<?x'/«/ 6c Raynaldi^
font beaucoup plus propres par
leur partialité envers les Papes ^
pourfaire connoître jufqu*oùces
Pontifes pouflbient Içurs pré-
f3^3>
avec Philippe le Bel. 1 1
tentions. C'eft dommage que
dans ce dévouement aveugle
qu^ils font paroître , ils n'ayenc
confervé quelque amour pour là
vérité j ils auroient commis
moins d*infidélitcz 6c de néîrli-
gcnce dans la fuppreflion des vé-
ritables caufes, dans l'altération
des faits , & dans l'indudion de
leurs faufles conféquences. Ces
confidérations ne feront pas
Bcafimoins fuffifantes pour nous
les faire rejetter entièrement :
mais ce font des avertiilemens
pour ne rien prendre d'eux , non
plus que de ceux qu'on a cru
dans des intérêts contraires, fur
tout de Sponde , quoique beau-
coup mieux inftruit , plus exaft
& plus fidèle que ces deux Anna-
liftes , qu'après en avoir fait la
preuve fur les originaux ^ & fur
les actes reconnus autentiquesde
part ôcd'autre.
1 1 Démèle^de Boni face
(%f) rtir. f>if) fvm f^ (%f^ ,rvtr nm 'wn of^ fw)
f^.f^i^ m^ f*l^ '*>^ '^^ '-^^ fW ' ^''*J^ * ^*^
i7à l^i ï^i iHi : ^^ t% i:'^i iTi ïTi ^^ ^ii ^n i'Ti ^i ïTi ^?'4 ïfi
5iK li *!A '«iN * /.fc^ /M? %«c^ ?«à^ >#s 7m? /i? /iA %»* %K '»^ /«!* 'i*^
<J%, ' ijjsr * «A» (jki ukf ^' (A; c*lv itk} (^ (J^
HI STOI RE
DES DEMESLEZ
DE BONIFACE,Yl|I.
AVEC
1294.
III.
Avenc-
inenc de
Boni face
au Pon»
tiiicâc.
PHILIPPE LE BEL.
IL y avoir neuf ans quePhilip-
pe le Bel, pctit>fils de faint
Louis,regnoit en France,lorfqne
le faint Siège vaquant par rabdi-
cation volontaire du Pape Ce-
leftinV. fut rempli ipâr Benoiji
Gaefan^ qui fe firappeller Botji^
face VIII. Celeftin , connu dans
fa vie privée fous le nom de
Fierrede Mourrhoriy voulant con-
ferver dans le Pontificat la fain-
teté qu'il y avoit apportée , y
tivec Philippe le Bel. 1 5
trouva tant d'obftaclcs , que la- '
iTiour de fon premier Infticut, & **^^'^*
de fon ancienne folitude , jointe
au peu d expérience qu'il avoic
pour le maniement des affaires
publiques de l'Eglife, lui fit écou-
ter volontiers les fuggeftions de
certaines gens apoftez par ceux
qui lui envioient fa place , pour
lui exagérer les dangers 6c les
obligations de fa charge. Boni-
face qui s'étoit montre le plus
impatient êc le plus adroit de
ceux qui cherchoient à monter
fur le faint Siège , n'auroit eu au-
cun befoin des. artifices Si des
fourberies dont on l'a depuis ac-
cufé , pour perfuader la retraite
à un fi faint homme. Il en avoic
pourtant employé de plus d'une
efpece , dans la penfée de féduire
la fimplicitédeCeleftin,qu'ilne
regardoit pas comme un homme
d'une grande vertu. Après lui
avoir procuré toutes les facilitez
pojiïiblespour fa déniiiTion , il n'y
i29+.
14 Démek^de Bonifiice
eut point de brigues qu'il ne mît
en ufage pour fe faire élever à fa
place. Les voies qu'il prit pour
s'aflurer de fa nouvelle dignité,
ne répondirent point mal aux
moyens qu'il avoit employez
pour y parvenir j ôc Ton jugea
fur les premiers traits de fà vio-
lence politique , quelles pour-
roient être les maximes dont-il
fe ferviroic pour gouverner TE-
glife. Car non content d'avoir
fait confirmer l'abdication de
Picrted'Aii- fon PrédéccfTeur dans le Collège
iac àc^Ànl des Cardinaux , 6c de l'avoir fait
?un"pktf-' foi'fi^ de la ville,après avoir vou-
ncvitâBom. lu entendre lui-même fa confef»
lion pour connoitre les lecretfj de
fon cœur ; il le fît arrêter enfui-
te , fous prétexte qu'on pourroic
abufer de fa facilité,pour lui faire
reprendre la penfée du Pontifi-
cat 5 & donner lieu à un dange-
reux fchifme. Enfin ne fe jugeant
pas paifîble poffefTeur de la Thia-
re, tant que Celeftin vivroit,il lui
fit
avec Thilippe IcBei, i 5
iît finir Çqs ioiirs dans une prifon, "" - . — -'
par une cruauté qui attira lur la
conduite Thorreur èv raveriîon
de tous les gens de bien.
:. Boniface croyant avoir levé i v.
Je dernier obftacle à fon ambi- Sesprcmîc-
. f 11- res dcmar-
:tion par cette mort, qui lembioit cWes pour
Jaifler fans chef & fans prétexte établir fa
r r • j 1 puiflance
ceux qui reru (oient de le recoiir f^^ i^ ^^^^
tioîcre pour légitime Pape , ne porei à^s
fongea plus qua exécuter les fj;^'-,,/^^^!!
projets qu'il avoit formez pour tredckurg
iè procurer une fouveraineté *^^^''"°^*'
temporelle & Ipirituelle fur tou-
tes les PuiiTances de la Chrétien-
té. Mais pour en faciliter le fuc-
cès , il crut devoir y aller par de-
grez, &: commencer par les cho-
ies où il fe trouvoit moins de dif-
ficultez. Il exigea d'abord de
nouvelles foumiflions du Roi de
Sicile , 6c des autres qui rele-
voient du faint Siège. Il difpofa
..du Royaume de Naples après la
.Jîiort de Charles II, ait Martel ^
comme d*un domaine dont il a-
B
iZ9f<
i6 Démèlex^de Boniface
voit la fouveraineté. Il décida
des droits de ceux d'Arragon
& de Valence en faveur du Roi
Jacques , comme s'il en eût été le
maître 5 & lui promit de même
ceux de Sardaigne & de Corfe.
De-là il crut pouvoir tourner {qs
vues fur les Rois de France 6c
d'Angleterre ^ qui étoient en
guerre , & il leur fit offrir fà mé-
diation pour accommoder leurs
difFerends.
Les deux Rois ^ dont les ef-
prits également aigris l'un con-
tre l'autre , & portez à la ven-
geance, n*avoient encore aucune
« /»., difpofition à la paix , s'accordé-
banoiSimonrent a rCjCtter d abord les pro-
dePaleftrine. /^ . i t» -l ' • '
xc premier pofitions duPapc : US tcmoignc-
^'""ci/ment ^^nt à fes Lcgats , que comme il
& mou- n'étoit pas queftion du fpirituel
dans leur difterend,ils n avoient
aucun befoin de l'entremife de
Sa Sainteté pour les terminer,
-Boniface leur fit dire que ce n'é-
Êoit pas comme Pape, mais conj?-
(le
V.
avec Philippe le BeL 1 7
tne perronne privée , &: comme '
ami commun des Parties, qu'il
cherchoic à les accommoder , 6c
qu'il n'avoir en vue que le bien
de la paix , & l'union des Prin-
ces Chrétiens , pour oter aux
f arrafins, 6c aux autres Infidèles
les moyens de profiter de leurs
ciivifions. Les deux Rois le cru-
rent, &c remirent leurs intérêts
entre Tes mains , avec pouvoir de
ménager une trêve , fi l'on ne
pouvoir pas parvenir à une bon-
ne paix.
La guerre ne laifTa pas decon*
tinuer avec la même animofité
durant les longueurs de la né-
gociation de Boniface. Edouard
Roi d'Angleterre, non content
d'avoir fuicité contre la France
^Adolphe Roi des R omains , avoic
encore cherché les moyens de
ditacher Guy Comte de Flan-
dres des intérêts de PhiHppe le
Bel , pour afFoiblir fon ennemi
tie tous cotez. Afin d'engager le
. B2
ii9r«
229r-
z 8 Dêmcle^ de Boniface
Flamand plus facilement dans
fon alliance , il lui avoir fait de-
mander fa fille pour le Prince de
Galles fon fils. Le Comte ravi de
Tf».w^/)î«^- l'honneur que le Roi d'Angle-
mu^lT!" terre lui faifoit , ôc de Poccafion
qui fe préfentoit de faire pour
riiommage de fon païs ce qu'il
voyoit faire à ce Prince dans la
Guyenne , qui ne relevoit pas
moins de la Couronne de Fran-
ce que la Flandre , lui accorda
fa demande fans aucune délibé-
ration y ôc lui fie efperer même de
fe liguer avec lui &: le Roi des
—-= Romains contre la France.
izp6. Philippe le Bel fe crut ofFenfé
de ce que le Comte de Flandres,
fon VaflTâl , avoir promis fa fille
au fils du Roi d'Angleterre, fans
lui en avoir demandé la permiC
iîon , à quoi il étoit néanmoins
jobhgé par les Loix du Royau-
me, qui défendoient aux Grand$
de fa Cour , &: aux Seignenrs qui
^çlgvoienc de fa Çouronnej^de fç
avec Philippe le Sel. i ^
niîlrier,ou de marier leurs en-
fans fans le confenrement du
Roi. Il manda le Comte 6c la
Comte (Te fa femme pour venir
lui rendre raifon de cette con-
duite. Mais n*ayant pas trouvé
leurs excufes recevables , il les
retint prifonniers , & il ne leur
rendit la liberté qu'après qu'ils
lui eurent remis entre les mainsf
leur fille promife au Roi d'An-
gleterre.
Qiieîques égards que Philippe
le Bel eut pour cette jeune Prin-
ceile , quiétoit fa filleule, & qui
portoit Ton nom 5 quoiqu'il lui
fît rendre les mêmes honneurs,
& les mêmes fervices qu'aux en-
fans de la R eine fa femme,parmi
iefquels elle étoit entretenue, le
Comte Guy ne laiflToit pas de la
regarder comme un otage qu'il
faloit retirer. Il pourfuivitla dé-
livrance de fa fille pendant quel-
que tems : mais voyant qu'il n'a-
vançoit pas beaucoup , il pré-
B3
I Z96.
3 o Dèmele^ de Boniface
^ vint le Pape fur cette afFaire:,par
un homme qu'il envoya à Rome
*x^m"h°^' ^^^^ ^^^ inftrudions 5 & il ap-
pag. ?. * pella à Boniface de tout ce que
le Roi avoit fait. Le defir de fe
venger encore par d*autres voies
le fie entrer auflî dans la ligue des
Rois d'Angleterre &: des Ro-
mains, des Ducs d'Autriche &.
de Brabant , & des autres Prin-
ces hguez pour faire la guerre à .
la France.
Philippe le Bel environné de
tant d'ennemis qui le mena^
çoient de la perte de fes Etats ^
confiderant que les peuples qui
avoient accoutumé de payer les
fubfides , fe trouvoient épuifez
par les frais des guerres précé-
dentes , fe vit obligé d'en lever
de nouveaux fur tout le monde
indifféremment , fans en excep-
Rkher,i.i. ter les Ecclefiaftiques j de chan-
<;h.4. ggj. ]^ monnaye , ^ d'en rehaut
fer les efpeces , comme les Rois
fes Predeceileurs l'avoient prati-
avec Philippe le BeL 3 r
que dans les rems difficiles, 5c les
prefTances néceffirez duRoyau-
me. Le Pape qui avoic reçu avec
plaifir rappel du Comte de
Flandres contre le Roi , fut ravi
de recevoir auffi des plaintes de
quelques particuliers d'entre le
Clergé de France 6c d*Angleter-
re , mécontens des nouvelles
exa£lions que les Rois Philippe
ôc Edouard faifoient fur les biens
ecclefiafliques chacun dansleurs
Etats , pour fournir aux dépen-
k^ extraordinaires de la guerre.
Il députa premièrement un Pré-
lat vers Philippe le Bel , pour le
fommer de faire raifon au Com-
te de Flandres fur la liberté de
fa fille, avec ordre que s'il per-
fiftoit dans fon refas, il le citât à
Rome pour comparoître devant
fon Tribunal , où le Comte Ta^
voit appelle , & pour y être ju-
gé. Le Prélat pour n'oublier au-
cune des circonftanccs de fa com-
mifTionjVoyant le Roi peu difpo-
B4
1296.
3 1 , T>èmclez^ de Boniface
"TT^TT" ^^ ^ ^^ rendre à {ç,s fommacions^,
ajouta que le Pape étoit réfolu
d'employer les derniers remèdes
deTEglife , c'eft â-dire la peine
de PExcommunication , pour fe
faire obéir. Le Roi fnrpris &: of-
fenfë de cette liberté, fe conten-
ta de répondre : Qu'/7 riavoit i
rendre compte de fa conduite quk
Dieu j en ce qui regardait les affai.
tes temporelles de fon Royaume >
Qu^il trouvait étrangle que le Pape
lui fit parler d'un ton Jthaut^pour
des chef es qui ne le regardaient pas '^
Que cètoit fe déclarer k contre^
tems pour fes ennemis , é^ entre^
prendre au-delà d^ fa Jurifâiciiom
Quau refte il avoit fa Cour pour
faire jufiice à fes Sujets ^ a fes
Kaffaux 3 j^^ainfi il remerciait
Boniface , dont les inquiétudes ^
les foins lui étaient inutiles en cette
rencontre,
V; Le Pape n'étoit pas tellement
au aefgé*^ occupé de la fatisfadion qu'il
<le leurs prctendoit faire au Comte de
avec Philippe le Bel, 3 3
Flandres , ni des négociations de ^ ^ ^ ^
Ja Trêve qu'il ménageoic encre Royaumes
les Rois, qu'il n'entreprît en me- de leur
me tems la dcfenfe des Immu- cuns^c^^ij'
iiitezEcclefiaftiques , contre les des , pour
levées qui fe failoient en France ^^^H-^"^^
i r 1 I • 1 neccjliccz
& en Angleterre lur les biens des que ce fuc.
Eglifes. 11 publia une Bulle ou
Decretale, connue fous les mots
de Qlerlcis Laicos^^c. également curids lcj-
menaçante contre ceux q^^i exi- '"^-^^^^^^
geoient ces impofîtions , 6c con- paS'^4'
tre ceux qui les payoient. Après
quelques plaintes générales con-
tre les Rois , fous le nom 6c l'au-
torité defquels elles fe faifoient ,
il défendit à tout Clerc, Prélat^
ou Religieux, de payer aux PuiC
fances laïques , pour quelques
raifons que ce fût , ni décime, ni
vingtiéme,ni centiéme,ni aucune
autre portion de leurs revenus ,
fous les noms d'aides , de prêts ^ .
de don gratuit, de fubvention,
d'octroi, d^ fubfide, ou fous tout
autre titre fpecieux j ajoutant
B5
3 4 Démêlez^ de Boni face
^ que ceux qui le feroient fans lâ
permiffionexprefledufaint Siège,
womprcn^ encourroient \ç.^ Cenfures de
îï'ïuue'en l'Egli^c^en quelque rang 6c en
^-9^' quelque dignité qu'ils fuflenc ,
auffibien que les Rois ôcles Prin-
ces qui TexigeroienCjleurs MiniC
très, leurs Officiers , leurs Com^
mis , 6c généralement tous ceux
qui auroient part diredemenc
ou indirectement à ces exadions.
Il mit aufG fous Tlnterdit les Uni-
veriîtez qui y avoient confenti ,
& qui y confcntiroient ^ 6c il or-
donna la peine de depofition
pour tous les Prélats , &: autres
Ecclcfîaftiques qui y acquiefce-
roient^ou qui ne s'y oppoferoient
pas ouvertement. En un mot , il
traita d'^attentat illicite & d'hor-
rible abus le pouvoir que les
Princes Séculiers s'attribuent de
lever des impôts fur les biens
temporels de i'Eglife dans les né-
ceffirez publiques de leurs E-
tats.
avec Philippe le Bel. 3 5
Quoique la Bulle parut géné-
rale pour toutes les Puiflances
laïques de la Chrétienté , &: ^-:i^,
qu'elle regardât plus particulie- '^ '"i^«
rement l'Angleterre, où le Roi
Edouard accabloit les Ecclefia-
ftiques, &. faifoit lever les tributs
fur eux par desfoldats qui com-
mettoient mille violences i Phi-
lippe le Bel crut qu'elle le tou-
choit auffi de près,parce qu'il fa-
voit que quelques mécontens
s'étoient plaints au Pape de la le-
vée qu'il avoit faite fur le Clergé
de Ton Royaume : il s'imagina Edi^^apot
qu'il y avoit de l'afFecTiation 6: ^^"^^^
de l'artifice dans les termes gé-
néraux, fous lefquels la Bulle en-
velopoit tous les Rois 6clesPrin-
ces fans exception j 6c que le def-
fein de Boniface étoit de rendre
infenfiblement tous les Rois de
la Chrétienté feudataires du
iàint Siège, comme éco't celui
d'Angleterre ^ ou de les gouver-
ner tous comme il siouvernoit les
Bé
3 6 JDèmèlexjie Boniface
"TITéT* f'finces de l'Italie. C'eft ce qui
lui donna fiijct de faire deux E-
dits , dont lun portoic défenfe à
Au mois tous Etrangers de venir en Fran-
1Z96. ce pour y tranquer ^audes y ar-
rêter pour y exercer la marchan-
dife , d'autant quefon Royaume
étoit dans l'abondance de tou-
Dupuyccn-tes chofcs. L'autre défendoit à
^euxEdks. touf^^perfonnes de quelque qua*
lité ou condition que ce fût, de
tran (porter de fon Royaume , ni
argent, ni pierreries,ni chevaux,
ni vivres, ni armes,ni autres clio-
{ç,^ fervants à la guerre , fans fa
permiffion par écrit.
Bulle du Pa- Boniface fe rendit fenfible à
Fditï"^'" ces défenfes , au. delà de ce que
la prudence , ou la bonne politi-
que pouvoient lui fuggerer. Au
lieu de les diffimuler comme des
chofes qui lui étoient entière-
ment indifférentes , il crut de^
voir s'interefler pour les Etran-
gers , &: il prit le parti de s'tn
plaindre au Roi même par une
itvec Philippe le Bel. 3 7
Bulle ou Bref qu'il lui envoya ^^ .^
fix femaines après par Guillau^
me Evcque de Viviers. Il lui man-
da , Que les ordres qu il avait don. Le 1 1. Sep-
ne^pour faire fort ir les Etrangers ]lT^abll^&c\
de fon Royaume , êu pour les eynpè- ^^^"^^^l^^
cher d'y entrer , & d*y faire aucun & R^in^idus
V ï'r 1 j 1 r^"" datent du
commerce , (^ pour défendre de Laïf 2 r.septem-
ferrien tranfportcr hors de la Fran-
ce^ ne devaient point co7nprendre les
gens d'Eglife : Que les Rais n'a^
voient aucun droit ni pouvoir fur les
Ecclefiaftiqucs : Que la perfuafion f/oc mnÇoiùm
contraire ou il fe trouvait, riètoit^f^^J'^J';;^
quune folle prétention , une nou.P^^^'à'(*
veautè injujte (^^ intolérable ^ a la*
quelle il était obligé de s'oppofer. Il
y renouvella la Bulle qui avoit
déplu â Philippe le Bel, ^ donné
lieu à ks Ordonnances 5 6c il lui
déclara : Qu'il ne s'était attiré l*a^
uerjion ou le refroidi [fement de fes
peiipleS , que par les charges trop
onereufes quil leur avoit impafées,
11 lui fie valoir par manière de
reproche Jcs bons offices qu'il
3 8 Dêmèlex^de Boniface
précendoit lui avoir rendu dan^
'*^^* fa médiation encre les Rois des
Romains , d'Angleterre ôc lui ,
pour détourner le fléau de la
guerre de i^s Etats • 6c il ne fÎE
pas difficulté d'afliirer que de^
fuis qu il è toit Pape ^ ilavoitpap
Je les nuits fans dormir ^ ^ ^Jfry^
des travaux infiip portable s four
veiller fans cejfe à la confervation
de fa Ferfonne ^ de fon Royaume^
(^ que ce Prince n'ètoit réduit à de
fi fàcheufes extrémitex^ que depuis
qu' il av oit perdu la faveur du faint
Siège i^ du Pape, Qî£en gênerai il
ne trouvoit pas mauvais que le Roi
fit contribuer lesEcclefiaftiques pour
la défenfe ^ les be foins de fort
Royaume i mais qu^il ne le devoit
(^ ne le pouvoit faire fans f<i per*
mijjîon exprejfe. Quen ca^s de nêcef
fitè preffame (^ reconnue ^ilfe char»
qeroit lui même de faire contribuer
les Ecclejiaftiques , jufquà permet--
tre^ s'il en était befoin^ que les Croi^
d[or ^ d'argent , les Calices (^^ les
^vec Philip fe le Bel. 3 9
dutresvafes ou meubles facre^fufl TITôT
fent vendus. Que par fa Confiitu^
tion ou il avoit défendu aux gens
dEglife de rien payer aux Princes
fèculiers , ^ aux Princes de rien
exiger du Clergé de leurs Etats ^ il
ne f retendait pas abfolumcnt que
Philippe le Bel n'ufut pas du droit
des Rois de France furies Ecclefia^
ftiques pour rai fan des Fiefs mou^
vans de fa Couronne ^ fuivant les
Loix ou les Coutumes dupais-^ mais
que four lui il était prêt de tout fa^
crifier^fa vie même ^ pour défendre
la Liberté ^ les Immunit ei^ de l'E^
glife contre tels ufurpateurs que ce
put être, Qu^au refle Philippe étoit
le feul coupable de la guerre qu'il
avoit a foûtenir contre les liais des
Romains ^ d' Angleterre , ^^ con^
tre les autres Princes allie z^y par
tinjufte poffeffion du Comté deBour^
gogne , qui étoit Fief de l' Empire ,
(^ de plu fie ur s terres enOafcogne y
qui appartcnoientau Roi d'Angle^
terre , comme Duc de Guyenne. Qu^
40 Dèmelezjie Boniface
J296. ^^ juy^ment des différends émus eft-:
tre lui ^ ces deux Rois , apparte*
noit au Pape de plein droit , en^
tant qu'il eft que/lion du péché j (jj*
qu*il ctoit honteux a Philippe de
vouloir le recufer ^ tandis qu Ado L
phe ^ Edouard s'y foumettoienir.
Qî^ avant que d'en venir aux der-
nicres extrcm^ïtcz^jl vouloit ejfayer
encore les voies de la remontrance
^ delà douceur pour le ra7ncner'^ ^
que c'ètoit dans cette vite qicil lui
envoyait l'Evèque du Viviers fon
fujet , homme de confiance _, qui de»
voit lui expliquer plus amplement
fes intentions,
Qnelqoes durs & menaçans
que fuiTenc les termes de cette
Sis/ ^' Bulle , il eft certain , contre ce
qu*en ont écrit quelques Au-
teurs , que le Pape ne déclara
point le Roi excommunié ou
lié par aucune autre Ccnfure ec-
clefiaftique. Mais l'inquiétude
stz.septem- que ccttc afFaii c lui donna , le
'^^^* porta dès le lendemain à écrire
avec Philippe le Bel, 4- 1
encore un Bref à ce Prince , pour "717^
le prier de bien pefer toutes fes
rairons,tous les termes de fa Bul-
le , d^écouter ce que l'Evêque de
Viviers avoir à y ajouter de vive
voix, & de ne fe fervir pour l'exé-
cution de ce qu'il lui mandoir ,
que des plus fages âc des plus fi-
dèles de fon Confeil , au lieu de
s'arrêter davantage aux avis de
gens mal intentionnezpour l'E-
glife.
Le Roi vivement touche de la ^^^p°"^^^^
Bulle ôc du Bref 5 répondit à Bo- ^:iaJ . &c.
nifacre par un écrie fort ample ,i)cpaY^^&'
où il fit paroître une vigueur é- Jêo^tro^
gale à !a force avec laquelle le *î.«'°»« f"-
Pape avoit affcdé de lui parler.
Après lui avoir marqué que les
Rois de France ont fait des Loix
de tout tems pour la conferva-
tion de leur Etat , avant même
qu'il y eût des Ecclefiadiques
dans leur Royaume, il lui avoua :
Que s'il avoit défendu d'une ma^
nieye indéfinie de faire fortir du
Jtçô.
42 JDèmi'lez^de Boniface
Royaume ^ chevaux^ armes ^ argent
(^ marchandifes fans fort congé ;
c'ètoit pour connoître les dejfeins de
ee transport _, ^ f avoir a qui appar^
tenoient ces chofes : mais qu'il né
refufoit point la permi.fjîon de les
faire fort ir ^ ni aux Ecclefîafiiques^
ni aux autres , des qu^on lui en fai^
foit voiries raifons. Quil ètoit un
peu fur prenant que i.'L Fils bien
AIME* DU Pape, ( c'eft-à-dire
le Roi d'Angleterre ) retint non-"
feulement le bien desEccle(ïaftiqueSy
mais au.ljî leurs perfonnes par les
voies les plus violentes , fans qu^on
le menai^kt pour cela de la peine de
l^ excommunication. Que l'Eglife
71 e^ pas moins compofée de Laies
que de Clercs ^ qu'elle eft Uns fans
divifion ^ qu'ayant été délivrée de
la fervitude du péché par Jésus-
Ch k I ST j les Laies n^ ont pas moins
départ à cette liberté que les Eccle^
fiaftiques, Otfa la vérité il y a
d'autres libertex^particulieres qu'on
peut appcller Immunité z^ ^ (^ qui
avec Philippe le Bel, 4 5
appartiennent aux M^inijlres de
l^Eglife • mais que c'eft par la pcr-^
miMon des Princes féculiers que les
Papes les leur ont accordées. Que
ces Libertez^ ne peuvent bter aux
Rois le droit de prendre les moyens
nicejfaires à la défenfe de leurs E^
tats , aufquels on ne doit pas être
inutile _, dès qu*on en efi membre ,
Clerc ou Laie ^ Noble ou Roturier.
Que les fecours d'argent quon tire
.de ceux qui ne peuveut fe défendre
far eux-mêmes ^pour être employez^
à la Jubfiftance de ceux qui travaiU
lent a les mettre en fureté contre les
attaques des ennemis , ne peuvent
s'appcller de violentes exaflions ,
maisjeulemefit unjujîe fuhfidc.^iil
efî contre le droit naturel de defen-
dre à un homme de contribuer pour
fa propre défenfe ^ contre les règles
de lajuftice éf* de la reconnoiffan^^
ce 3 d' empêcher les Eccleftaftiquei
dictljifter les Princes qui les ont en^
richis. Que cétoitune chofe hon~
teufeau Vicaire «^^ Jesus-Christ
X195.
i^9^^
44 Démêlez^ de Boni face
de défendre de payer le tribut à CV-
far y (^ de fulminer contre des Ecr
cleftafiiques qui ne faifoient en cela
qu'imiter^ e s u s-C h r i s t leur
Maître , ^ les apôtres leurs Pré^
deccjfeurs-^ ^ qui y étoient d'autant
plus oblige^:, que dans la nêceffîté
publique de fon Royaume^ il s^agif^
foit de leur confervation ^ de leurs
intérêts particuliers, Ojfil adoroit
Dieu en vérité ; quil hanoroit fon
Bglife ^ fes Minifires : ma à- qu'il
ne craignoit point les menaces des
homme suffit tout lorfqt^ elles èioient
injufies. Que le refus qîtavcitfait
le Roi £ An^e terre fon Homme-
\aq.^' ér fon Va (Ta I, de comparaître
devant Sa Majefiè ^ l'avoit oblige
de faire faifir la terre qv^it tenoit
en fief de la Couronne • ^ que c'ê"
toit la feule caufe de la guerre quil
lui avoit déclarée, ^e pour ce qui
regardoit It Roi d^ Allemagne ou
des Romains ^ il était prêt de fou.
mettre au jugement des arbitres le
différend quil avoit avec lui, ^il
avec Philippe le Bel. 4 j
lui ferait ai je de faire voir l'inyufli- "
ce des plaintes de ce Prince , tou- ^ ^ ^ *
chant le Comte de Bourgopie ^ qui
n'avoit été conquis par les armes de
la France ^qu'après que Philippe
eut ètè ridiculement provoqué par
Adolphe 3 ér ^^^^^g^ ^^il à propos
dans une guerre ^ dont celui-ci cîoit
feul coupable , par fa fierté (^ fa
mauvaise conduite.
Cette Pvéponfedu Roi au Pa. f^^\
c r • 1 • V Requcce
pe rut luivie peu cic jours après jes PiéUts
dune Lettre écrite en forme de ^5 ^^ ^^o-
T» ^ ^ C C • ^ ' 1 vince de
Kequere a Sa Sauitete ,par les r^jj^s au
Evêques &: les Abbez de la Pro- P^pe.
vince de Reims,excirez par 1 Ar- rrcuvcs ,
chevêque Pierre Barbet^ \m\i2i-'^4\loiXi.
teur de fon Prédecefleur Hinc- '^^"•
mar , qui avoic écrit au Pape
Adrien II. pour la defenfe de
Charles le Chauve. Ils témoigné- Ch.Maunce
rent d'abord à Boniface larecon Arcîeléquè
noiflTance qu'ils avoient pour les "^^^""V,'"'^
ioins que Sa Sanitete prenoit des i'^'' mp de
droits ôl des immunitez du Cler- rré^j'cceieur
gé ^ Sçils louoienc Tintention cciuxt^
Î2 9^«
45 Démelex^de Boni face
qu'ElIe avoic eue en publiant fa
première Bulle,de faire une Con-
ftitution pour l'avantage de l'E-
glife,6c pour la liberté ecclcfia-
itique. Mais ils lui remontrèrent
en même tems , que le Roi , les
Princesses Grands,les Seigneurs
temporelsj& généralement tous
les fujets du Royaume Tavoient
trouvée trop préjudiciable à leurs
droits. Ils l'avertirent du defleia
qu'avoitle Parlement , ou les E.
tats , de faire appeller tous les
François , nonobftant tout privi»
lege , excufc , ou exception que
ce pût être, pour la défenfe de la
Couronne &: de la Patrie , fur-
tout les Feudataires & les Vaf.
faux du Roi ,avec tous les Pré-
lats du Royaume obligez envers
Sa Majcfté , tant par hommage ,
que par ferment , à conferver & à
défendre les droits & Plionneur
duRoi &du Royaumc.Ils lui re-
préfentérent rimpoflîbilité où
ils étoient, eux 6c tous les Eccle-j
avec Philippe le Bel. 47
iiaftiques du Royaume, de fubfi-
flerfanslaproteaion&crairillan- '^^
ce du Roi. Ilsleiup.iliérencd'a^
voir égard à leurs engagemens ,
& de confiderer combien il écoic
important de conferver TEglife
Gallicane dans fes Libertez , 2c
dans le repos qui lui ëcoit nécef-
iâire^ 5c qu'elle feroit néanmoins
toujours troublée , Ci elle ne de-
meuroit parfaitement unie avec
k Roi , les Princes &: tous les
Seigneurs temporels du Royau-
me. Ils lui députèrent en même
rems des Prélats de leur Corps ,
pour lui faire comprendre de vi-
ve-voix la néceiîîté qu'il y avoit
de révoquer fa Conftitution , ou
de l'expliquer d'une manière qui
pût être favorable au Roi & à
leurs Eglifes.
Cependant Philippe le Bel fit -j^^înaidHf'f
fufpendrel'execution desOrdon- ''• ^ *•
nances qu'il avoit données con-
tre le commerce des Etrangers
dans fon Royaume , & contre le. v
48 Jjhnelczjie Boni face
' "*"" tranfporr d'argent,d'armes &: de
**^^* marchandires , dans l'erperance
de rendre refpric de Boniface
plus traicable à fon égard. Mais
ayant remarqué rinucilité de ce
ménagement envers Sa Sainteté,
il redcnna vigueur à (qs Edits , &
les fit exécuter , pour empêcher
Iqs ennemis delà France de tirer
avantage de leur commerce avec
îTouvdies fes Sujets. Boniface s'en plaignit
ra["eTontre par uD Bref qu'il lui adreifa le 7.
^1^!L_ ^^ Février de l'année fuivante 11
J297. lui fit entendre qu'il n'auroitrien
à dire j fi l'attention de Sa Ma-
jefté ne rcgardoit que les enne-
mis de fon Royaume , • n defen-
preuves, dant le ttanfport 6c le commer-
page 24. QQ avec les Etrang-ers : mais que
LxHtÀte,&c. puilqueles ternies généraux de
la défenfetomboientégdemenc
fur les Ecclefiaftiques comme fur
les autres , // étoit oiligé de s'y op.
jfofer par la feverlté de fes réprL
mandes ^ de lui apprendre quil n*a^
voit aucun droite aucun pouvoir fur
les
avec Philippe le Sel, 49
les Ecclefiafliques , ^ qttil nepou^ '
voit difpofer ni de leurs biens ^ ni de
leurs perfonncs-^ i^ de l'avertir qu il
avait encouru la peine marquée par
les Canons. Il l'exhorta pour pré-
venir ce malheur 5 à corriger ou
expliquer favorablement fon E-
dit , &; à ne plus fuivrc les mau-
vailes délibérations de fon Con-
feil.
Deux jours après il écrivit un
aiicre Bref à {^s Lecrats Berard de Du 9. Férr.
Si/non Cardinaux, Evêquesd'AL Preuves ,
bano &: dePalefl:rine,qui avoient ^îf^JJl^V.
pubhé fa pr^iereBulle en Fran-
ce & en Angleterre,touchant les
immunités desgens d'Eglife,&qui
écoient chargez des négociations
de raccommodement entre les
deux Rois, il leur manda que fî
onvouloitles empêcher de faire
forcir de France Targent qu'ils y
avoient levé pour Tltalie ôc pour
laTerre-fâinte, ils déclaraffenc
le Roi & ks Officiers qui au-
roient formé ces obftacles , fou^
C
5 o Dèmile^de Boniface
' mis a la peine des Canons ( c'eft-
^^^* à-dire de fa Conftitution ^ ) te
qu'ils les exconimuniaffènt de
nouveau,&:noiri mément,nonob-
ftant leurs privilèges.
r tkifeTr f! ^^^^ ^^ ^^'^^ avoic appris par les
rmiieconcer- Députez de la Province Eccle-
iiant les c- f^ r\. i t^ • • i •
xemptions lialtique deReims,qiii lui avoient
du Clergé. ^^j.j.^ j.^ Requête de leurs Evê-
ques^quetout le monde en Fran-
ce , hors un petit nombre de ks
créatures, prenoit fa Conftitu-
tion en mauvaife part,&. lui don-
noit des fens fort préjudiciables
au refped dû à un fouverainPon-.
îidymidusy tife 5 il voulut donner une décla^
l<Mat'S:&t ration plus ample de fa penfée ,
6 des intentions qu'il avoit eues
en la publiant , croyant la met-
tre à couvert des cenfures que la
nouveauté de fes prétentions lui
avoit attirées. Il Padreffa au Roi
même, avec le Bref du 7. de Fé-
cisrkîiiaïcos, vricr. Elle portoit , quV;2 in(er^
fretation de la Bulle qu'il avoit
donnée un an auparavant pour la
avec Philippe le Bel, y t
liberté ^ l^ exemption du Clergé^ il
ne trouvait pas mauvais que les
Bcclejid^iques de fon Royaume lui
payaient quelques contributions ,
pourvu que ce fût volontairement
de leur part ^fous le nom de dongra-
tuitoude prêt ^ ^ non de taille ou.
d'impôt fur le Clergé 3 ^ qu'il ne
paria pas que cela fut exigé par
autorité fouveraine ou abfolue^
Qîi^il ne prétendait pas non plus
comprendre dans les exemptions
marquées par fa Bulle , les Pre^
Uts é^ les autres Ecclejiafiiques
qui tenaient des Fiefs ou Regales Resiaie fc
du Roi y ni les Clercs mariez^ y ni J'u^e ma-
ceux qui preneient l'habit clérical y""^^^^ séi^é-
poîir s'exempter des charges publia
que s, Quil permettait mime an
Roi ^ouà fes Officiers en fon nom ,
de recourir au faint Siège dans les
neceffite^reffantes ^ pour obtenir la
permlffion de lever des fubfdes fur
les fhutres JEcclefiaftiques compris
dans fa Bulle ^ quoiqu' exempts ,
privilégier^ i^ indépendans de l'au^
Cl
j 1 JDémelex^de Boni face
1^ toritéfecuUere^(^ de la Jurifdiîlîon
Royale.
Cette déciaration où le Pape
fembloit fe relâcher d'une gran-
de partie de ks premières pré-
tentions,.ëtoit pleine d'artifices j
& quoiqu'elle parut l'cloigncr
un peu de la fin principale qu'il
s'ccoit propolée dès le commen-
cement de fon Pontificatjles eC-
pfits clairvoyans ne laiflbient pas
d'y appercevoir les reflburces
qu'il s'étoit réfervées pour la
continuation de (ts grands deC
feins {ur la puiffance temporelle
de tous les Etats du monde.Mais
ce qui empêcha qu'elle ne pro-
duisît fon effet fur l'efprit du
Roi, fut le Bref que le Pape lui
fit rendre dans le même tems ,
pour lui faire donner mainle^
vée des deniers qu'on avoir re^-
cueillis dans le Royaume , pour
être tranfportez dehors, nonob-
ftant les befoins qu'on en pou-
vpic avoir en France ^ pour four^.
1297'
avec Philippe le Bel. j 5
Uir aux frais de la guerre.
Les deux Le2;acs qu'il avoicT.-n r >
char^ez de raire raire ce trani- publier uac
jj 1 1 T^ Trêve en
porc a argent hors du Royaume, France fans
& d'excommunier tous ceux qui a'/RoT'^^ui
y mettroient obdacle , fans en f;°c«tc'eu-
excepter le Roi même , contri- «eprUc.
buérent auffi par leur conduite,à
la defunionde ces deux PuiflTan-
ces. Us avoient ordre depuis
longtems de publier une Trêve
de la part de Boniface entre le
Roi de France d'un côté , & les
Rois des Romains , d'Angleter.
re &: leurs alliez , de Tautre. El-
le devoit finir à la Saint- Jean de
l'année 11^7. Mais les délais
furvenus à fâ publication,avoienc
prefque fait écouler tout le tems
de fa durée : de forte que ces
deux Légats ayant reçu du Pa-
pe un nouveau pouvoir pour la
renouvellera la prolonger juf-
qu'au terme de deux années , ils
allèrent trouver le Roi à Creil
en BeauYailîs où étoit la Cour.
C3
54 JDémélez^de Boniface
' Là ils firent la publication de
Prc^nlL 1^ Trêve, fans en avoir obtenu
fa^a?. ni demandé même lapermiffion
au Roi. Ils eurent la hardiefle
de lui en prëfenter le placard
qu'ils avoient drefle , avec la
Additions Bulle que Boniface leur avoir
aux preuves, envoyée, pour faire continuer la
Trêve jufqu*à la Sainte Jean de
Tannée 1299. Ils s'étoient con-
tentez de voir le Roi avant cette
démarche , & de lui expofer le
fujet de leur commiflîon , avec
le commandement d'excommu-
nier tous ceux qui contreviens
droient à la Trêve, ou à fa publi-
cation. Ils lui avoient même of-
fert la ledure de la Bulle du faint
Père dans cette première au^
dience. Mais ce Prince avant
que delà vouloir cntendre,avoit
fait ia proteftation en leur pré*
fènce , contre une entreprife Çx
contraire aux Loix de fontloiau-
me , & au refped dû à la digni-
té Royale. Il leur avoit déclaré
avec Philippe le Bel. j 5
devant les principaux de fon
Confeil : Que le foin 5^ l\idmini- ^ ^ 9^'
ftration du temporel dans le Royau-
me de France appartenoit au Roi
feul ^(^ non à aucun autre. Que le
Roi ne reconnoiffoit ^ rCavoit au-
cun Supérieur fur la terre pour ce
point, Qîfil pretendoit exercer de
fie in droit fa jurifdict ion fur tous
fes Fiefs ^ défendre les limites de
fon Royaume avec fes Sujets , ^
maintenir avec l'affîftance de Dieu
fon autorité en toute rencontre.
Que jamais iln'avoit eu intention
de fe foumettre au Pape ^ ni à au.
cnn homme vivant pour le tempo,
tel de fes Etats j mais que pour le
fpiriiuel , ^ faut ce qui concernait
la conduite des âmes , il étoit toû.
jours prc't d'obéir au fiint Siège ,
comme avoicnt fait fes Prédecef
feurs j autant quil y étoit obligé
en qualité de véritable Enfant de
l'Eglife, Les Lcgats donnèrent
Acte de cette Proteftation au
Roi 5 & répandirent par le mon-
C4
jz^T.
j6 Dhnelez^de Boniface
de une Lettre circulaire , qu'ils
en écrivirent à Creil le 20. jour
d'Avril 5 avant que de quiter la
Cour.
VII. Selon le cours que prenoit la
ncs ennemis di^pofitiori fâchcufe dcs cfprits
Je Eoniface en France à Pcgard de Bonifa-
unèîingUn. ^c , il fcmble qu'il étoit de foa
te perâcu- intérêt de fe fortifier de fon cô-
"^''* té , ôc de réunir les partis divifez
à fon fu jet dans Rome & en Ita-
lie 5 afin d'ôter à ce qu'il pouvoic
avoir d'anciens adverfaires ou
d'ennemis dcmeftiques, tout fa-
Jet de fe joindre aux nouveaux
qu'il fe faifoit de jour en jour au-
delà des Alpes. Mais la pruden-
ce lui manqua encore en ce
point. Au lieu de chercher à fe
réconciher avec ceux de la puif.
fante & nombreufe Maifon des
Colonnes , dont les principaux lui
avoient toujours été contraires
depuis la démiflîon de fon Pré-
decefïèur Celeflin^ il entreprit de
%xuuiw, les poufler à bout & de les per-
avec Philippe le BeL 5 7
dre , comme ennemis du faine
Siège & de PEglife. Il en vouloir
principalement aux deux Car-
dinaux Jacques & Pierre Colon-
na , & aux cinq frères de ce der-
nier, Jean de Saint-Vit ^ Oddon ,
ou Eudes y Aytpet , Etienne y 5c
Jacques dit Sciarra-Colonna ^
tous neveux du Cardinal Jac^
ques,
Boniface coniptoit parmi les
principaux fujets qu'il croyoïc
avoir de les haïr & de les pour-
fuivre, nonfeulement le fouve-
nir des liaifons que leur père a-
voit eues avec l'Empereur Fré-
déric , & les autres ennemis des
Papes & de TEglife Romaine ,
mais auffi l'attachement qu^
ceux-ci avoient encore pour le
parti des Gibelins , & pour la
mémoire du feu Pape Celeftin ^
ce qui faifoit qu'ils le regar-
doient toujours comme l'ufur-
pateur du faint Siège.
L'Italie n'étoic pas encore alors
ii97«
1Î97-
5 8 Dèrnèle^de Boniface
délivrée des deux fameufes fac-
tions des Guelfes & des Gibelins ,
dont la première favorifoit les
Papes , ôc l'autre tenoit pour les
Empereurs.Ces deux Partis rem-
plifioient le païs de defordres de-
puis la difcorde funefle que le
Pape Grégoire VII. avoit mife
entre le Sacerdoce & TEmpire
par {f^ ambitieufes entreprifes.
il^X ''"' Boniface V III. avoit toujours fa-
vorifé 6c fervi ardemment les
Gibelins contre les Guelfes dc les
Partifans du faint Siège , tant
qu*il avoit été dans une condi-
tion privée : mais fon élévation
au Pontificat Tavoit entière-
ment changé , & fait paiTer fans
mefures à Tautre extrémité : de
forte qu'ayant juré l'extindion
des Gibeli?2s , il fut ravi d*en trou-
ver l'occafion dans la ruine des
Colonnes , qui en étoient les pro-
tecteurs, 6c dont il cherchoit à
fe venger^ pour le mépris ou Tin-
difference qu'ils lui avoient too.
avec Philippe le Bel, 5 9
jours témoignée depuis qu'il oc- ~^ '
cupoic le Siège Apoftolique.
Il favoic les bruits defobli-
geants qu'ils faifoient courir de
lui, ^ les libelles qu'ils femoient
de rems en tems par le mon-
de , contenant les nullitez qu'ils
croïoient avoir remarquées dans
fon éledion , & les caractères
d'une intrufion violente 6c illé-
gitime à la Papauté. C'eil: pour-
quoi il commença par fommer
les deux Cardinaux de cette
Maifon de déclarer publique-
ment s'ils le reconnoiflbient pour
légitime Pape ou non. La Ibm-
macion étoit du famedi 4. jour
de May 12-97. quoique Boniface
fe trouvât déjà dans la troifié-
me année de fon Pontificat. Le
Pape avoit envoyé en même
tems fon Clerc de Chambre ,?<'''^»»'"^^ï'^-
avec un Notaire Impérial, pour p^^'^^^.,,
citer Pierre , Tun des deux Car-
dinaux , & l'obliger à compa-
roître le même jour devant Sa
Ce
J297.
6 o Démèle^de Boni face
Sainteté 6c le Sacré Collège, &
à répondre fous peine de priva-
tion du Cardinalat, à la queftion
de favoir S'il était Pape.
Les deux Cardinaux ne trou-
vèrent pas de fureté à obéir aux
ordres de Sa Sainteté , &: ils fe
retirèrent promptement au Châ-
Unii\u. t^au de Longuezza dans la Ro-
magne , d'où ils fe préparèrent
à lui répondre. Le Pape prit leur
évâfîon pour un trait de rebcL
lion j & dès le Vendredi fuivant ,
jHtxceîfethro^ il fulmina contre eux une Bulle
fige'lT'^^' fanglante en plein Confîftoire. Il
RapdiUif, la commença par le récit des
maux que leurs Pères & eux a-
voientfaitsàrEglife du tems de
fes Prédeceffeurs , & y ajouta les
griefs particuliers qu'il avoit
contre eux. Il les condamna
commQfchifmatiques 3 hérétiques,
hlafphémateurs , rebelles ^ enne^
mis du faint Siège ^dc la Patrie.
Il les dégrada du Cardinalat, \qs
priva de tous leurs Bénéfices 6c
avec Philippe le Bel, é t
autres revenus ecclefiaftiques ,
les excommunia , & ceux qui les
tiendroienc encore pour Cardi-
naux, qui les affifteroient ou qui
les favoriferoienc j ôc il jetta l'In-
terdit fur tous les lieux où ils fe
retireroient. Sa vengeance s'é^
tendit auffi fur Jean de Sainuf^it
bi. Oddon y deux Ats frères du
Cardinal Pierre , 6c fur leurs def-
cendans qu'il déclara incapa^
hlcs jufquà la quatrième généra^
tion , de pouvoir jamais pejfeder
aucuns Bénéfices ^ni exercer aucune
Charge feciiliere , principalement
dans l'étendue de l'Etat de l'Egli-
fe , ni afpirer au Cardinalat ^ ouk
aucnne autre di<znité eccle(îafii^
que. Il ordonna cependant que
les deux Cardinaux fe prëfente-
roient dans dix jours devant Sa
Sainteté 5^à peine d'être privez
de tous leurs autres biens , ôc
d'être entièrement profcrits.
Le jour même que la Bulle fiic
expédiée , les deux Cardinaux ,
1197..
1297.
6 1 Dèmèlezjie Boni face
fans fâvoir ce qui fe paflbit à Ro-
me contre eux , drellérent dans
le Château de Longuczza, un
aâe de proteftation contre la
citation qui leur avoit été faite
M^:o,mam le A. de cc mois. La Proteftation
Preuves , * . -n •/- > ' ■
page ^4. portoit Ç[\XQ Boïiiface netoit fas
Pape légitime 3 (^ qu^ainfi ils le
dénonça ient comme ujurpateur au
Sacré Colley: des Cardinaux, Que
la renonciation du Pape Celcftin
^. rC avoit pas été canonique 3 (^
quil rC était pas en fan pouvoir de
faire cejjîon de la Papauté fans une
autorité fuperieure. Sur la décla-
ration qu'ils en faifoient direâe-
ment à Boniface , ils demandè-
rent la convocation d'un Conci-
le général , où Ton pût décider
de cette affaire. Ils requirent
âuflî , que tous les aBes de Boni^
face fujfent fufpendus é^ arrêtez^ y
jnfqu'à ce que le Concile en eut ju-
g/f > & ilsappellércnt de tout ce
qu'il pourroit faire contre eux a,
€e Concile futur ^ au faint Sieye ^ é*
avec Philippe le Bel, 6 5
auPape qui feroit èlii, lis rendi- "TT^T"
renc leur ade aucentic|ue par
toutes les formalicez imagina-
bles -, 6c non concens de le faire
lignifier à Boniface Se au Sacré
Collège , ils renvoyèrent à di-
vers Princes ^c Prélats de la
ChrÉétienré , principalement en
France , afin qu'on fe joignit à
eux pour la convocation du
Concile génera],6cladcpofition
du Pape, dont ils fe déclaroient
les Accufateurs.
Boniface irrité d'une procédu-
re fi hardie ^ publia le jour de
l'Afcenfion une nouvelle Bulle upisabràf^fi
^ _. rmation ae«. ^r.
la première. Il y renouvella tou- autt^reuyw,
tes les peines aufquelles il les a- "•^^•
voit fournis, 6c y en ajouta de
nouvelles. Il y réfuta quelques
calomnies qu'ils avoient avan-
cées contre lui dans leur écrit,
6c fit voirentr*autres circonftan-
ces , qu'ils l'a voient fervi à l'Au-
tel , 6c qu'Us avoient communié
6 4 Démèlcz^^dc Boni face
"""^"-"^ (ie fa main pendant deux ans &
' * ' ^ ' demi, fans avoir paru douter s'ils
dévoient le reconnoître pour lé-
gitime Pape II envelopoit dans
la même difgrace A'^apet^Etien^
j : ne y Sciarra^ &. tous les autres frè-
res , dont il avoit épargné les
noms jufques-là. Il les excom..
munia de nouveau , les pourfui-
vit , les dépouilla de tous leurs
biens , & les bannit , puniffant
des mêmes peines ceux qui les
recevroient,ou paroîtroient por-
tez pour eux. Il ne fut pas enco-
re content de ces Décrets , êc il
ne fe crut pas fuffifamment ven-
gé , qu'il n'eût dreffé une autre
Confîitution datée du même
jour , 6c contenant les mêmes
çhofes , pour Tinferer dans la
:/f^y;cci\i?«- compilation des Decretales ^
•ftj » 'Ext. rf« >-i 1 1- 1 ^
schifm. in 6. qu il publia quelque tems après
T^^rtrai, £^^^^ ç^^ autorlté j & dont on fît
Je fixiéme Livre. Il voulut que
ks Colonnes y fuflTent notez &C
fictris à perpétuité , fous le titrç
IZ97'
dvec Philippe le Bel. 6 j
AcSchifmatiques condamnez par
TEglife.
Les Colonnes appuyez de beau- croifade
d, / • r contre eux.
autres mecontens , qui le
rangèrent de leur coté ; 6c réfo- '^^^t^i:^.
lus de fe mettre à couvert des E'::4.''^-î..^
violences du Pape , s etoient re- ^^y»^^ldus,
tranchez dans les places qui ap- ^''^''^ ^^
partenoient a leur famille, fur
tout dans la ville de Paledrine ,
& dans les Châteaux de Zaga-
rola,Nere & Colonna. Cette
conduire réveilla l'humeur guer-
rière de Boniface -, & s'imagi-
nant avoir trouvé Toccafion de
\qs exterminer , il publia une
Croifade contre eux , avec de
grandes Indulgences pour ceux
qui preiidroient les armes. Il
employa même une grande
partie de Pargent & des trou-
pes deftinées contre les Infidèles
de rOrient & de la Paleftine ,
pour leur faire laguerre.Cepen-
dantilfit abattre leur Palais, 6c
les autres maifons qu*ils a voient
^^97
66 Dèmete^de Soniface
'"" à Rom€ : il fit agir rinquifitioiï
contre ceux qu'on croyoit être
de leur parti. Les Croilez joints
à d'autres troupes que le Pape
avoit fait venir , allèrent affieger
Paleftrine , où Sciarra-Colonna
s'ëtoit renfermé avec quelques-
uns de ks frères , tandis que les
autres cberchoient de Tappui
auprès des Princes & des Répu-
bliques voifînes de l'Etat Eccle*
fiaftique. Mais Etienne ^ dont le
Pape demandoit la tête,pour le
vol qui s'étoit fait du bagage de
Sa Sainteté fur le chemin d^Ana-
gnie , & dont on le tenoit coupa-
ble, gagna promptement les Al-
pes , parce qu'il apprehendoit de
ne pas trouver un feul lieu de
fureté pour lui dans toute l'Ita-
lie. 5r/^rr^s'étantdéguifé fortrr
la nuit de Paleftrine , de fe fauva
dans les bois d'Ardée , où il vê-
quit pendant quelque tems des
fruits fauvages de la forêt, évi-
tant la rencgntre £c la vue des
avec Philippe le Bel. 67
hommes. Mais ayant été apper- ""Tî^-T
çu par des Pirates qui avoienc
fait une defcente près d' Ancio,ii
fut pris &: mis à la chaîne avec
les forçats. La crainte d'être livré
à Boniface pour une grofle fom-
me d*argent , s'il fe faifoit con-
noître à ces Pirates , le fit réfou-
dre à fe dire fimple bouvier , &
à fouffrir les maux les plus horri.
blés d*une fi dure captivité , plu-
tôt que de déclarer fon nom,)uf-.
qii*à ce qu'ayant été découvert a
Mar(eille,il fut racheté quatre
ans après par la libéralité de Phi-
lippe le Bel.
Pendant que le Pape animoit y t i î.
toute ritalie contre les Colonnes, ^^, p^F5
il donnoit ordre à fes Légats &: B°iîr,''tou-
à fès Commifiaires, de ménager chant la le-
tellement les efprits en France . fides"ur''iê
qu'ils pulïent au moins difpoier cierge en
le Clergé ôc les peuples duRoiau- R'^'af
me à reconnoître en lui une fou- France.
veraineté temporelle. Il écrivit
en même tems au Koi Philippe
6 8 Dèmelez^de Boniface
" \ — le Bel & à Edouard IL pourles-
^^''' prévenir furies raifons qu'il a-
voit de pourfuivre les Colonnes ,
& les prier de ne leur donner ni
proteâion ni retraite dans leurs
Royaumes. Ayant appris que fa
Additions déelaration donnée le 7. de Fé-
«Uifr**^"' vrier pour expliquer fa Décréta-
le Clericis Laicos , n'avoit point
fatisfaitle Roi Philippe; 6c crai-
gnant que les Colonnes ^ 6c {q% au-
tres ennemis ne fe prévaluffent
de la difpofîtion de ce Prince
contre lui , comme ils firent de-
puis , il voulut en fa faveur mo-
dérer encore fa Decretale par de
nouvelles interprétations.
ttfid^ Statu, IJlfit publier une Bulle adreffee
fxJcTçT'*^^ Clergé & aux Grands du
Royaume le 31. Juillet ;, oii il
levoit la défenfe qu'il avoit fai-
te aux Ecclefiaftiques de rien
donner aux Princes féculiers fans
la permiffion du faint Siège , dc
aux Princes de rien exiger des
Ecclcfiaftiques. Ilpermit^comme
dvec Philippe le Bel. d 9
dans fa déclaration du mois de •" ^
Février, les dons volontaires 8c ^*^^**
gratuits que le Cierge de France
voudroit faire au Roi. Il excepta
encore de fa dcfenfe non-feule-
ment les Droits féodaux , & les
autres fcrvices dûs au Roi 6c
aux Seigneurs laïcs par les gens
d*£glifc ^ mais encore le cas de
la néceffité preiGTante de l'Etat. H
voulut encore aller plus loin 3 ôc
il déclara que fa Bulle Clericis
Laïcos , dcfcndaîit aux Ecclejta^
ftiques d'aider les Rois de leurs
biens ^ ne regardait point la France,
Que le Roi (^ [es fucceffeurs peu*
vent dans le cas de néceffité rece^
voir des fubfides des Ecclefiafiiques
pour la défenfe de l' Etat ^ fans de^
mander ni la permijjîon , ni le con*
fentemcnt , ni l^avis du Pape, Que U'cnfuit»
pour juger de cette néceffité , le Roi t^njilT"*
^ fes fucceffeurs s'en rapporteroient
à leur propre confcience ^ lorfqu*ils
au7 oient paffé fàge de vingt ans^ ou
/dux <^cns de leur Qonfe il privé ^ lorf
I
70 "Dèmelcz^de Boni face ,
''■""■~~" qu'ilsfcroicnt audejfous de cet agè:
Qt^au refte il rt av oit jamais f ri ^
tendu ^ar cette dèfenfe donner au-
cune atteinte aux Coutumes de la
France y ni aux libertez^^ franchi^
[es ou ufagesduRoi ^ des Grands
du Royaume.
r>«Mo«iin, Quelques Auteurs ont foup-
Anucnlîik çonné cette Bulle de faufleté ,
menu''^^" fur ce qu'elle paroît trop favo-
rable à Philippe le Bel , & trop
éloignée des prétentions de Bo-
niface. Mais elle fut confirmée
huit jours après par une autre
Bulle datée du 8. Aouft, où ce
Pape ajoute encore un nouveau
cas pour lever en France des fub-
Preuvesdes fidcs fans congé du faint Siège ,
rEguièGai- fçavoir lorfqu'il feroit queftion
^iToY S:' de payer la rançon du Roi & des
39. «.II. Enfans de France, s*il arrivoit
qu'ils fuflent faits prifonniers par
leurs ennemis : addition que l'on
a fait glilfer depuis avec quelque
altération dans la Bulle du 31,
Juillet 5 ôc c'efl: ce qui a fer vi à la
avec Philippe le Bel. 7 r
rendre fufpeAe à ces Auteurs. *
Certainement on la croyoit très-
véritable en France iîx ans a-
près, lorfque dans le plus fort de
la querelle entre le Pape & le
Roij elle fut alléguée comme un
titre autentique. Car nous ap-
prenons par une Lettre du Mar-
di d'après la Nôtre-Dame de
Septembre de Tan 1303. écrite à f/^s'^xr!
l'Evêque de Montpellier par les
Gens du Confeil que le Roi a-
voit laiflez à Paris pendant fon
abfence , que le Clergé avoir ac^
cordé au Roi une décime, fans
qu'il y eût ni confentement ni
permiffion de Rome.ôc Ton mar- P:itru de i*
• 1 1 T ' • féconde édi-
quoit au basque la Lettre etoit tion,p.8u*
envoyée avec la déclaration du
Pape , qui portoit que les Eccle-
fîaftiques peuvent en confcience
aflîfler le Roi. Mais on ne peut
pas produire de témoignage plus
évident de la vérité de cette
Bulle, que les efforts que fit le
Pape pour la révoquer, par une
7 1 !Bcmklc^ de Sonïface
' " ' autre du 4. de Décembre de
^^^^' ' Tan 1503. où il a prérendu fuf-
pendreles privilèges & les grâ-
ces ( ce font les termes ) qu'il y
avoir accordées à Philippe le
Jc^p^^iiip^^^^^ L'HiftorienBelleforeft qui
'"."s^eï, lo^ rapporte avec quelque alté-
ration , ajoute que le Roi la fit
lire dans une célèbre Aflemblée
de tous les Prélats du Royaume.
En un mot elle fut vérifiée &
fcellée en la Cour ou Parlement
du Royaume, le Vendredi après
Preuves, la Fête de Noël Tannov. & pu-
5^!vLv>.iî.bliéeparrOfficial ou Greffier,
nommé Bitris.
Ce n'eft pas qu'on crut en ce
tems-là,nonplus qu'aujourd'hui,
que nos Rois euflent aucun bc-?
foin des Bulles de Rome pour
l'exercice du droit qu'ils ont tou«
jours eu de lever des fubfides fur
le Clergé. On en ufoit ainfi.pour
marquer feulement que Bonifa-
<:e avoit lui-même reconnu ce
droit , mais non pas pour fondée
le
^tvec Philippe le Bxl. 7 5
le droit de nos Rois fur cette Bul-
le , comme quelques-uns de nos ^^9>
Jurifconfultes 6^ de nos Canoni-
lies ont eu l'indifcrerion de Ta.
vancer.Il faut avouer néanmoins
que les décimes, impofition qui
fe prend fur le Clergé féparé-
ment , ont continué de fe lever
dans le Royaume par concefTioii
des Papes comme auparavant,
jufqu'au tems du concordat paC
fé Tan 1 5 i/S. entre Léon X. &
François I. Mais il en ctoit en
ce cas là de la permiffion des
Papes comme du confentement
du Clergé , fans lequel nos Rois
ne faifoient pas ces levées. C*é.
toit la fouveraineté de leur Cou-
ronne , de Taveu même du Cler-
gé , qui leur donnoit ce droit j ^c
toutes les Pancartes de la Chan-
cellerie Romaine n'auroient pii
former par leur propre vertu,un
pouvoir que les Papes n*ont ja-
mais eu fur le temporel des Eg!i-
fes du Royaume.
D
74 T>è7)iek^dc B'onifdve
,. C'eft dans le fens qu'on vient
•c ^^J' He marqiier,que Boniface accor-
.-^.iim^, 1 .da au Roi Philippe le Bel des dé-
ȉ "i^r>,- cimes pour trois ans. Elles fe 1@|.
''^"' vérent fur le Clergé depuis le
jour de la Madeleine de Ta»
1297. jufqu'à la fin de 1300*
^,,ç^^ Cette conceflîon auffi-bien que
•*w/ôox2 radouciiTemcnt de faDecjretale
dericis Laie os , étoit moins une
preuve de la bienveillance en^
vers le Roi , que de fa politique
i& defon adrelîe. Il crut devoir
attendre une occafion plus favo-
rable pour fe venger de ce Prin,
ce , comme il fit quelques an^
nées après 3 & il jugea ce ména-
gement néceflaire pour accom-»
moder ks propres affaires. Il
vouioit obtenir mainlevée d^
Pargent d*une efpece de décime
qu'il avoit ordonnée lui-même
dans le Royaume, &: qui étoic
arrêté par l'Edit du Roi qui dé-
, fendoit tout tranfporc d'argent &
demarchandifesîiors des terres
^^
• avec Philippe le Bel, '^ 5
de France. Cette conduite parue . : : "*
eaixner Philippe le Bel. Il délia ^*^^"
les mains aux deux Traitans du Erdfnç. ub»-
Pape en France, &: leur permit ^'^^ ^'
de faire pa (Ter en Italie l'argent
qu'ils a voient amallé pour Sa
Sainteté , mais qui avoit été mis
en fequeftre , &: gardé en main Rf^e;/?r:or.>.
fauve pendant Vexecution de ^^^^-r^^.'^o.
l'Ordonnance du Roi , comme
nous l'apprenons par un Arreft
du Parlement donné le Lundi
devant la Fête de faint André ,
Tan 1296.
Boniface voulant ôter aux
François tout fujet de douter
qu'il mt réfolu à bien vivre avec
le Roi Philippe & les Grands du
Royaume , mit au nombre des
Saints leRoi Louis IX. fon grand
Pere,&: fit publier la Bulle de
facanonization le II. jour d'Août
de l'an 1197. Philippe en effet
regarda cew:e adion comme un
nouveau fujet d'obligation qui
le rendoit redevable à Sa Sain-
D 2
r t -f
_ "^ 'Demclexjle Bontfat^
ts^ 5 de forte que dans la vue
M^K' ^.. d^entrecenir une bonne corre&
tu-'^'-iv-'J pondance avec le Pape , nonfeui
■ '^'^•^''^lement il donna les mains à li
Trêve qu'il avoir ordonnée d'à*
bord fans ion confentemenr,eqi
tre lui, Edouard II. Roi d'Ani
glecerre,& Guy Comte deFlanrî
flfes \ mais il voulut encore fe
foumettre à fon jugement, conî^
ine firent auflî ces deux autres
Princes, pour terminer leurs dif*
fcrends. ^^'';^'
IX. Ce ne fut pas encore 1 à que fê
îl promet , r , ^ ^1 1 r
au Roi de r>ornerent \^s apparences de la
ùirc foa fconne intention ôc de la bien-
P^cicur. "^" veil lance que le Pape Boniface
afFedoit de faire paroître pour
Philippe le Bel. Ilfavoit que les
Allemands ctoient mal farisi
faits du gouvernement d*AdoIX
phe de NafTau Roi desRomains,
& que les Eleveurs & les Priili
ces qui ne Taimoienc pas, com^.
mençoient à prendre des mefu.
i^P';.-,/. 8.j^ pour lui donner un fuccef-
avec Philippe le Sel. Jj
fcur. Il pricoccafion de ces prc- ~~^.
mieres difpofitions pour faire ef, j,-,. i^^^,
perer à Philippe qu'il employe-^ ^'^^^'^"^^^^
^p\t foii crédit pour faire tom- pag. 64.."
bcr la Couronne fur la tête du
Comte de Valois fon frere,à qui
iLavoitdcja promis l'Empire de
Conftantinople pour k recom-
penfer de ce qu'il étoic entré en
Italie avec des troupes François
ksi la prière de Sa Sainteté , 6c
<ie ce qu'il lui avoit fait une
ceflîon volontaire du Royaume
d'Arragon , dont le Pape Mar- ^i
tin IV. ravoiteratifié. . ^''tnoi<ï If.
Philippe le Bel écouta ces âo> ^ûi,\
proportions d'autant plus vo* -^ «^^î^
lontiers , qu'il y trouvoir plus * ^^
d'apparence 6c de poffibilité ,
qu'aux vaines paroles que ce Pa-
pe lui avoit données de détrô-
ner les Paleologues en faveur de
fon frerc. Il crut devoir fe repo-
fer fur fa bonne foi, ^ laifler mû-
rir cette affaire entre ks mains-.
Cependant le Roi d'Angleterre ?.uî»;»:.;>s
X) 3 -^^ il-
''^'""^.^ , étant defcendu en Flandres avec-
^*^^' des croupes, à defTein d*entrercn.
France avec le Comte ^ les Ak
liez au préjudice de la Trêve y
Philippe s'en plaignit à Boniface;
comme à Tauteur & au garant
du Traité fait entre eux, Ôc com-
me au Juge de leurs différends^,
choifi du confèntement com-
mun des Parties. On n'y crouv^a
point d'autre expédient que de
faire avancer le jugement par
lequel ces différends dévoient
être terminez.
rii'<M,yrd- Les trois Princes envoyèrent
der^hft , 7>. IcursAmballadeursaRomepôur
ijd, F)r^itus. en raire la pouriinte. L Archeve^
que de Reims,^ Jacques defainc
lî cft rrqu Poi^ç^^cle matemcl de la Reine,
y allèrent pour Philippe ^ Tfivê-
fcixfeicRoi. que de Durrham , pour le Roi
d'Angleterre , &: Robert Comte
de Nevers pour le Comte de
Flandres fonpere-Toutfembloic
parler pour Philippe; l'avantage
<jui lui revenoit d'une grande
ârbjcre
diff^rcaj. Sa
Sentence of
avec Philippe leSeL f<)
[fataille gagnée près de Furnes t^^t^
fur les Flamands bc les Alle.^ ^^^''
niands -, Taverfion des Anglois
qu'Edouard leur Roi s'étoic aci
tirée par ks violentes exadions^
& la rupture de la ligue faite par
Adolphe Roi des Romains , oc-
cupé de fes propres affaires dans
fon païs. Mais Tôpinion qu'il a^
voit de l'équité de rarbitre,renr.
pécha de faire valoir ces confi-
derations , croyant qu'il fuffifoit
que fes Ambafladeurs propoiat
fent leurs moyens, & repréferi-
taflent les points conteftez^ avec ^'-y^M^ri^^
ceux de les Parties. >>f^^>- ^ . î-,:;i,t
Boniface ayant reçu le com- RayaAf^ar,
•promis des deux Rois le 17.de spord.^;?;
Juin de l'an 1298. rendit fa Sen-^A.Î^uimV
rence arbitrale le jour fuivant , ^"y^^^"^^'
non comme Pape , mais comme -^^^^isiioa
perfonne privée , félon la pro-
teftation qu'il en fit fous fon pre-
mier nom de Benoilî Gaétan.
ft4ais ce fut au profit du Roi
d'Angleterre & du Comte dé
D4
8 i> Démêle!^ de Boni fa et
■r „ Flandres. Car pour ce qui ttC'
gardoïc le prem er , il ordonna ,
«(jue Philippe le Bel lui donneroit
fa fœur Marguerite en mariage \
^ fa fille Eliz^beth à Edouard
fils de ce Roi , avec la difpenfe du,
fiint Siège pour le degré défendu de
leur parenté. Que les deux Rois fe
deffaifiroient de ce qu'ils avùient
fris tun fur l^ autre ^ ^ le met^
troient en fequeftre entre les mains
de Sa Sainteté, Et pour ce qui é-
.- roit du Comte de Flandres , il
-s étoit dit par la Sentence^ que/^
'- '\ '-, Roi de F rame lui r endroit non feu-
lement toutes les places qu'il lui
avcit prifes » mais aujjî fa filU
qu'il retenoit depuis deux ans , ^
qu'il fe roit libre an Comte de la
marier à qui il lui plairoit. Pour
conclufion Boniface marque-;
que Philippe le Bel iroit dans le
Levant faire la guerre aux In*
fidèles,
^.s^Le Pape oubliant qu*il n'a-
.v^k rendu cette Sentence* que
4iirec Philippe h JSéL îî __
comme perfonne privée, fit ex> ... ,
pedier une Buiiede ce qu il ve-
noic de juger. Il la mit entre les
mains de TÊvêquede Durrhaii\
^mbafladeur du Roi d'Ahglb-
terre , pour être rendue à Phi\-
lippe le Bel. L'Evêque vint à Pa-
ris ^accompagné de ifac^uey Je
ÇhafiiUon , frère du Comte de
Saint Pol ; & il la prefenta au
Roi, qu'il informa en même tem.s
de tout ce qui s'étoit pafTe àRo^i
nie en cette occafion. Comme lé p^.eu,,es
Papeavoit prévu que fa conduii p^g''4i-
te ne plairoit gueres a ce Prince, cm/w, o-f.
il lui avoit écrit le 3. de Juillet
fuivant un Bref bulle , pour pré-^
venir ou appaifer fa colère, en lui
promettant qu'il ne jugeroit pasr
îiir les autres articles conteftez ^
iàns un confentement particulier
de Sa Majefté, porté par (^s Let-
tres Patentes & par un Envoyé^
exprés. Mais cette honnêteté ap-
pâtante ne fervit qu'à faire re-
«iLonnoitre l'artifice avec lequel^
D 5
8 % Dèmèlt^de Boni face
,,^,. Boniface cherchoic à fè rendre
de plus en plus néceiTaire par la
conrinuation de fon arbitrage ^
de fa médiation. Il faifoic naître
ÀQ nouvelles difficultez pour a-
voir un prétexte de ne pas termi-
ner lî-tot le différend , & pour
tenir les deux Rois dans la dé-
pendance de fon Tribunal.
La Bulle qui contenoic la Sen-
tence fut lûedans le Confeil en
préfence du Roi , de Charles de
Valois fon frere,des Comtes d'E-
vreux ôc d'Artois , & des autres
premiers Seigneurs de la Cour.
Mais le Comte Robert d'Artois^,
qui avoit gagné la dernière ba-
taille , pris Lille & plufieurs au-
tres places en Flandres , ne pou-
vant fouffrir les conditions quii
regardoient les Flamands, arra-
Mntr^ou. ei^a la Bulle en colère de la main
iM.i. du Prélat qui en falloir la lecSiire,
la déchira avec les dents ^ la
jerta au feu , jurant qu^il ne fouf
friroit^as que U Pape jouât ainji le
-"^•'^vec Philippe le Bel. Î3
Roi , ^ Ce vengeât aux dépens du
Royaume. Cette a£iion , quoique
trop brufque,ne déplue pas au
Roi qui avoir déjapafle au Pa-
pe les conditions d'accommode-
ment qu'il avoir établies entre Jui
ôc le Roi d'Anglererre par fa
Sentence. Mais il proteda de-
vant l^AmbalFadeur Anglois ,
qu'il ne feroit rien de tout ce
qu'on lui impofoit à l'égard du
Comte de Flandres, 5: qu'il re-
commenceroit la guerre auiTitôc
que la Trêve feroit finie.
Cependant la confpiration le r^r^.
d'Albert Duc d'Autriche con- p'roic'^do.!-
tre Adolphe de Nalîliu Roi des "^^i^^^
Romains, étoit devenue fi puîf î^"". /'^'^
' r Roi des ilo-
lante en Allemagne,que ce der- mams.
nier qui n'avoic que le peuple
dans fon parti , fe vit en peu de
cems abandonné de prefquctou.
te la noblefle Les Electeurs n ou-
blièrent pas de commur.iquer a-
vcc le Pape Boniface de Télec^
tion qu ils avoient à faire après
D 6
i-^. Démêlez:^ de Boni face
la dépoficion d'Adolphe. Maîsi
^*^ ' Ans iè ioucier de la promefle:
qu'il avoir faite à Philippe le
» .eti ii/î^'îB^l de s'employer pour Charles
• i5/ij i3«.^de Valois ion frère, il favorifafer
' '.^«'jjcreremenr la brigue d'Albert
d'Autriche, non par inclination,
puifqu'il en eût fouhaité un au«
t^?e- -mus dans la crainte de ren-
dre la Maifon de France trop:
puitr^nte , &: dans Tefpérance de
fe fervir de cet Allemand pour
I^affoiblir , àc adujettir enfuite
Philippe le Bel à ks volontez.
Adolphe ayant-voulu fe mainte-
nir par la force des armes , fÎTD'
défait par Albert , êc tué dans»
le combat près de Spire le 2^
jour de Juillet. Albert après a-^
voir vaincu ïa répugnance que
le Pape avoit témoignée d'a<
bord pour fon éledion , fut faic
Roi des Romains pour la fecon-^
de fois: mais il ne tarda pas de
cenjis npud trompet les elperances que Bo-
R.>*Y^«, , ^^.£^^^ ^^^^j^ conçues de lui , par;
«•I4»
avec Philippe le Bel 8:f
la bonne intellieience dans la-,» ^
Zj I 2i 9 ^ *
quelle il voulut vivre avec le
Roi de France.
L opinion queue Philippe le phUip'pe i^
Bel d'avoir reçu de Boniface Bd cher-
deux mauvais offices , tant par ^^HJ^l^^^^'
la Sentence rendue en faveur da
Comte de Flandres fon Vaflal
& fon ennemi, que par le coh-î
fentemenc donné à ^ëlectioa^
d'un autre que de fon frère pour
le titre de Roi des Romains en
Allemagne, lui fît juger que ce*
Pape n'avoit pas été fmcere ddnt-
toutes les marques de bienveiU
lance qu'il lui avoit données*
Les reflentimens qu'il en témoi-
gna furent les préludes de ces
funeftes brouilleries qui commi-
rent quelque tems après la Fran^
ce avec le faint Siège, & qui eau*
férent un fâcheux fcandale à tou*
te la Chrétienté. Pour commen-
cer à fe venger , il reçut dans fon
Royaume, 6c fous fa protedion ^^W,^*,-jj^
£.ti£nne CoUmie^&ck^ autres fu- S"^^'^
8 8 Demclez^ de Boni face
*"JY~^ gicifs de la même maifon , qui
s'écoienc fauvez de l'Iralie,&: qui
cherchoienc à fe garantir de la
perfécution de Boniface. "^aoDfiïî.
Il prit occafion de rinterdit oi
le Pcipe avoir mis les Evêques de
Laon & de Poitiers pour fe faifir
de la Regale de leurs Evêchez ,
c*eft à-dire de la garde & de
Tadminiflration des biens tem-
porels de leurs Egiifes ^ comme fî
leur Siège eût été déclaré va-
cant par cet Interdit. Le Roi
prétendoit maintenir la faifie, ôc
par le droit defa Couronne , bc
par une coutume déjà établie
fous fes Predecefleurs pour quel-
ques Egiifes particulières. Mais
fur les plaintes de l'Evêque -de
Laon qui a voit été cité à Rome ,
le Pape récrivit un Bref au Roi
daté de Rietti le 4. jour d'Oc-
tobre, pour lui faire entendre ,
Que les Egiifes de fon Royaume ne
oum mper , devoicnt pas être cenfèes vacantes ^
tm\ l?zf, ni par l'Interdit ^ ni par la fufpew-
avec Philippe le Bel. 87
■Jîon j ni même par l'excommunicau "~~
tion de leurs Prélats,
L'année fiiivante le Roi eut 1299-
encore quelques difficultez avec
le Pape fur la Regale.Il ne le i^ow-
eia poinc de faire rendre k Ro-
bert de CourtcuM , nouvellement
ëlii Archevêque de Reims , les
revenus qu'avoit produit la va-^
cance du Siège depuis la mort de
Pierre Barbet fon Predecefleur.
Le Pape ne fe contenta pas de
luiadrefferun Bref à ce fujet -. il
employa encore le crédit de PE-
vêque de Dole, 6c de Guy Comte
de Saint-Pol, qui avoit tout pou-
voir fur fon efprit. Il auroit pii
s'aflurer du fuccès de toutes les
affaires qu'il entreprenoit dans le
Royaume^ fi elles eulfent eu au-
tant de juitice que celles desE-
glifes de Laon & de Reims. Mais
comme il embrafloit indifFérem-
ment toutes celles qu'on lui pré-
fentoit , pourvu que ce fut con-
tre le Roi, & qu'il rece voit fans ;
SS' D'èmHcz^de Boni face
■ examen toutes les plaintes qu'eut
•c'iî lui portoit contre les Officier«t
Royaux, les Gentilshommes ^i
autres Laïcs accufez de vexaUj
tions ou de rapines par les geni»
d*£G,Iiie , il donna lieu de croire^
qu'il ne cherchoit qu'à établir f^
domination par toutes fortes d6
voie3 ^ ôc les manières dures 6C5
imperieufes.qu'ilemployoit danser
fes Brefs , 6c dans les commillîons
de fès Envoyez,ne fervirent qu'à
aigrir de plus en plus,6c à éloiii-
gncr de lui Tefprit du Roi 6c deai
Grands du Royaume. -^^'^
Il recom- ^ Philippe fut touchc principal
gi.errc con- icment OU pcu dc ndeiitc que
te" de F°an- Bottiface a voit eu à garder lapa-?
fak pâfon- ï^^^l^ ^'^ lui avoît donnée aprcs^t
^^"v. ., . ià Sentence arbitrale , de ne rieiU
faire fans fon avis 6c fon conlcml
tement dans ce qui reftoit à vui^
der du différend qu'il avoir aveC:
le Roi d'Angleterre 6c le Comte?
de Flandres. De forte que la trê-
ve, des deux ans étant expirée, ii
1^99'
tivec Philippe le Bel. 8 <J
fit entrer Charles de Valois fbn
frère en Flandres avec une gref-
fe armée. Le païs fe rendit en peu
de rems, à laréferve de la ville
de Gand, où le Comte s'étoit re-
tiré. Il n'y avoir plus de fecours
à efperer ^ ni d'Angleterre , ni
d'Allemagne , ôc le Pape ctoir un
trop foible appui : c'eft ce qui fie
réfoudre le Comte de Flandres à'
recevoir les conditions de Char-
les de Valois , ôc à fe rendre aa
Roi avec (qs deux fils. Charles
lui avoir promis de les faire re-
conduire à Gaiid en fiireté , fi le
Roi refufoit de leur accorder
cette grâce. Mais Philippe ne fè
crut pas lié par la parole de fon -"^i*^ >^
rrere ; il retmc ces deux jeunes
Princes prifonniers aufîîbien que viiunû
leur père ^ ce que les Flamands
prirent pour une injuftice, dont
ils fe crurent vendez depuis parle
gain d'une grande bataille , où
périrent les principaux de la No-
i)leile. Francoife^ Ea» ^
^é Dcmclez^de Bonifate
^ Peu de tems après, Philippe lê
^^9<>- gçj ^j. çj^corc une adion qui pa-
ccTvîc'k rue travcrfer les grands delTeini
^aiii"^u" de Souveraineté temporelle fur
grand cha- Jes PHnces fëculiers , dontlePaiî
Bonif^cc. pe entretenoit toujours ion ami
bition. Ce fut Tentrevûe qui fe
fit au mois de Décembre de Tan
j i99.à Vaucouleurs en Lorrài-i
IBcViCfotcR. ,
"" ^nicr ,
ne entre le Roi de France, & I<J
Pap.Maircm ^^Q.^^ç^^j Roi d'Allemagne ^l
bert d'Autriche. Les deux Rois y
renouvellérent l'ancienne alliant
ce quiavoit toujours fubfifté en-^
tre les Allemands ôcles François,
6c qui n'avoir été troublée que
fous le règne précèdent par la
mauvaife conduite d'Adolphe de
Naffau , qui pour avoir un pré.
texte de fe liguer avec les enne-
mis de la France, s'étoit avifé de
redemander le Roy lume d'Arles
à Philippe le Bel. Albert renon-
ça parle traité qu'ils firent, a
toutes les prétentions que l'Al-
lemagne pouvoir avoir fur ce
ïivec Philippe te Bd. 9^T
Royaume éteint j &: Philjppe à
celles que la France avoir fur la
Lorraine &:l'Alface.Ils jurcrenc
une amitié perpétuelle entre eux
& leurs Succelleurs , & ils promis
rent de s'entraider réciproque-
ment en toutes rencontres pour
la défenf'e de leurs Etats , & la
confervation des droits de leurs
Couronnes. L*alliance y fut con-
clue par le mariage arrêté entre
Rodolphe Duc d*Autriche , fils
à' Albert, & Blanche fœur de Piii.
lippe le Bel. rup 0:5
Les nouvelles qu'on reçuf à
Rome de ce Traité ne furent pas
fort agréables au Pape Boniface,
tqui avoir toujours efperé de pou-
voir commertre ces deux Puif-
fances pour élever la fienne , en
profitant de leurs divifions. Son
indignation tomba principale-
ment fur le Roi des Romains ,
dont il crut quM lui ièroit plus
aifé de fe venger que du Roi de
France. Lorfqu'ii fut queftion de
X19 9*
^^^^ 9» .^êmelei^de Eonifaee
' ,-^^ ^ célébrer le mariage de RodoK
, ' ^^ phe 5c deBlanche^Âlberc envoyi
'^^^^a,^: des Ambaffadeurs à Rome poiuf
bio^nr.- çn faire part à Sa Sainteté , S£
""*^'^;.- pour lui demander en mcnl$
rems la confit*mation du choiic
que les Ekcleurs avoient fait de
lui pour être Roi des Romains*
Mais Boniface déclara publique^
fMfWftff* 7«- ment , c^^l'éleciion d'Albert étoîp
i^'Iii«. tt T^ll^ 3 & qti^tlfaloit le traiter coni^
me un homicide î & non content
de refufer Taudience à fes Am*
bafïadenrs , il fe montra luime^
me en public répée au côré,re-
V êtu d'an habit de Général d*àH
mée , diiâot , quV/wj/ avoit point
d'autre Ce far , ni d'autre Roi dis
Romains, que le Souverain Fontife
des Chrétiens. ■
1500. Ce que le Pape ne fit alors que
devant les Romains 6c quelque^
Tnb^c'Vc- Allemands de Tambâdade d*AK
cuiaire. Le bert , ne lui parut pas fuffifant
fair f{[er P^^^^ ^^^^^ entendre aux Priaces
£ouc Mû- Se aux peuples quelles étoient fos
%\vni9m
itvcc P ht lippe le Bel. ^ 3 _____
t)rétentions fur les Piiiirances fié- ',..-.
culieres.Mais la publication qu'il . •
£ J T I -t ' r' 1 • 1> Earqucfpi-
nt du Jubile leculaire 1 an i 300. rituel &
Uii préfenta Toccafion la plus ^^"^po^^.^
^vantageufè du monde pour ie yets»
fatisfaire. Rome devint alors un
théâtre digne de fon ambition ,
par l'affluence incroyable des
peuples qui s'y rendirent de tons
1-es endroits de l'Hurope, à la viie *'•
des Indulgences que le Pape prc- "^^ ^ ' '• '
tendoit tirer des trefors de VE"
glile , pour les répandre fur tous
les Fidèles , & dont il n'avoitex-
du que fes ennemis , tels que les
Colonnesjles Siciliens, lesGenois,
&c. Il n'épargna rien pour la
pompe extérieure & la magnifi-
cence de cette grande Fcte, afin
que les peuples y trouva-flènt de^ ___^^
quoi fatisfaire cgalemenc leur eu- ,*.c? i
riofiré ôc leur devotion.ôc s'y forJ
maflènt une idée du Vicaire de ^.-Z i^^id^
I^sus- Christ , 6c du Chef de .a .^îî^^'o*
feglife , plus grande que celle ./n^^^'a
g^u'ils pouvpient avoir des pre- cM icoç
94 'D'èynclc::^dc Bùjïiface
miers Monarques de la terre.
>iwa.i/,^.v^. L ouverture du jubile étant
V^^l'i. f^^te, Boniface s'y^fic voir d'a^
^•1^- •^f^"": bord en habits pontificaux , ôc
M#r. page donna la bénédiction aux pea-
'iJiMaiic, pies en la manière accoûtumécî
ATuiq^j'itc^ Le lendemain il parut en habits
^e la Gaule jiy^ péri aux , faifant porter de-
Belgique. ^ 1 • i,c ' le cL
vant lui lEpee, le Sceptre ,6c
les autres marques de rEmpîi
S.3H re , & crier publiquement: //
' X:. y ^ i<^^ d.eux épées. Pierre tu
' vois ici ton Succejjeur j ^ vous ^
o Christ, regardez^ votre Vu
■cairc. Il continua de fe montrer
ainfi alternativement au peuple,
tantôt comme Souverain Pon-
tife de l'Eglife, & tantôt comme
Empereur de la terre , pour faire
entendre qu'il réunifloit en lui
toute la puiflance fpirituelle &»
temporelle du monde,8c que cek
le de tous les Rois ôc autres Prin4
ces fcculiers , n'ëtoit qu'une Aé^
pendance delafienne. C'eft fat.
Y^nt cette imagination qu'il fai^
Jyoq.
.J'-
• avec Philippe le Bel, 9 f
failoit expliquer le fensdes deivx
ëpées qui s'étoient trouvées dans
le lieu où JesuS-Chr^ist tic la
dernière Cène avec fès Apôtres^ ^**^^'^t •:
comme (i faine Pierre fe fut lèrvi
de toutes les deux , ou comme lî ^j^tj^^j.
étant toutes deux d'une même -^ •'^.•"'i^
eipece , elles eulient du fignifier lu^o «i ^^
deux puiffancesde différente na- '^**^" ^
ture.
Le Pape quoiqu'avide d'encens rhiiippeic
& d'acclamations populaires , voye''dcs"*
ëtoit bien moins en peine des Ambana-
applaudillemens de la populace,
que de l'approbation ^ du coa-
fentement des Princes 5: des au.
très perlonnes intereflees dans
ks prétentions. Aucun des Sout.
verains que cette affaire fembloit
toucher de plus près , ne jugea à
propos de le contredire pendant
cette année,pour ne pas troubler
la dévotion publique du Jubilé.
Philippe le Bel au contraire , ce-
lui des Rois dont la Souveraineté
ppuvoic recevoir le moins d*at-
9^ Ticmelc'z^dc Boyiifitce
teinte , voulut oublier \^s fuiets
de mécontentement qu'il en a-
voit reçu au fujet de la Sentence
arbitrale, ^ lui donner denou^
velles marques de la bonne cor-
refpondance dans laquelleil pré-
tendoit vivre aveclui.Ce fut dans
cette vue qu'il lui envoya des
AmbafTadeurs , dont le principal
étoit Guillaume de JSfo(iaret de
Txfûvcs , Saint-Félix, Baron de Cauviflbn,
^^TeX^n, Seigneur de Tamarlet , homme
vie'deNo- ^^ grande conlîderation à la
l""â s' ft Cour,très^verfé dans la connoifl
trompé,;iw.c* fance d^s affaires de l'Etat, qui
1 jio. ;;. 4. £^^ dcpuis Chancelier^ & qui eut
les commiflîons les plus impor-
tantes du Royaume pour le Roi,
Il fit favoir au Pape , quV/ était
fèrieufement difpofé k entreprendre
le voyage du Levant avec fe s troU"
fes ^ la JSFoblefJe de fon Royawûie ,
four L^ expédition de la guerre fainte
contre les Infidèle s ^comme Sa Sain-
teté le fouhaitoit , ^ comme EU'C
tavoitfrefcrit au bas de la Sentence
arbitrale
Avec Philippe le Bel. 9 7
arbitrale entre lui^ le Roi ci' Angle-
terre éf Is Comte de Flandres. Que
four vaquer plus librement à la
Croifade , (^faciliter une entreprife
fi importante ^auprès des Princes Je s
voifins y nonfeulement il avoit ac*
ceptè les conditions de la Sentence
qui reqardoient les mariages de fa
fœur ^de fa fille avec le Roi d'An^
gleterre ^ le Prince de Galles ,
mais qu'il avoit cru devoiraujjïfau
re une alliance particulière avec le
Roi des Romains ^ (^ quil avoit
charge fes Ambajjadeurs de faire
part d'une fi bonne nouvelle à Sa
Sainteté.
Ce dernier avis ne fut pas reçu
fort aQ;réablement par Boniface
qui en avoit deja témoigne Ion
mécontentement aux AmbaflTa-
deurs du Roi des Romains, donc
il fèmbloit ne vouloir pas approu-
ver l'éledion. Il fit connoître à
Nogaret , Qîf^il ne pouvoit [avoir
gré a fon Maître d; avoir bitn vou-^
lu accepter les conditions Je fa Sen-
E
1 300.
i ÎOO,
5 8 DhnHcz^dc Boniface
' tence arbitrale concernant le Roi
d' u4ngle terre _, où il trouvait fon
compte y S^ £ avoir en même tems
rejette fi outrage ufement celles qui
rezardoient le Comte de Flandres
quil retenoit aUuellement frifon.
nier avec fe s enfans ^ après avoir
ravage (^ fai fi fon pays. Il ne put
i^loTs retenir les mouvemens du
chagrin que lui donnoit la con-
duite des deux Rois, trouvant
fort mauvais qu'ils fiflent leurs
traitez fans fa participation , 6c
regardant leur alliance comme
une ligue faite contre lui,ouplu^
tôt contre fon autorité tempo-
relle. Il menaça le Roi des Ro-
mains de lui fufciter des affaires
dont Tiffue lui feroit funefte , s'il
ne donnoit à TEglife Romaine la
Tofcane , dont il prétendoit dif-
pofer ; & il fit tout fon pofTible
pour lui faire rompre l'alliance
qu'il avoit çontradëe avec U
France.
Jl s'emporta auffi contre Pin-
ccce.
avec Philippe le Bel, 9 9
lippe le Bel , & il tint de lui des "
difcours fi defobligeans , que
TAmbairadeur Nogaret jugeant i^ibcrccz de
cju'il n'avoit pas intention de s'en vmsa'^saii-
tenir à de fimples paroles , prit
hautement la dëfenfe de fon
Maître , & donna à Boniface fur
diverfes adions de fa vie palfëe ,
& fur fa conduite préfente , des
avis qui pouvoient être regardez
comme de véritables reproches.
Le Pape furpris de la liberté de
Nogaret , lui demanda s'il avoir
ordre du Roi fon Maître de lui
tenir de tels difcours , ou s'il par-
loir de fon propre mouvement.
Nogaret répondit, ^V/«^rr^/-
q^oit pas que le Roi fon Maître
defavoukt tout ce qu^il venoit d^a-
vancer 5 mais que prévoyant les
maux que devoit caufer l'humeur
du Pape j le z^le quil avoit pour
le repos de l* Eqlife (^ pour l'hon-
neur de la France , l' avoit porté à,
lui dire tout ce qu'il avoit cru ca^
pable de lui ouvrir les yeux fur le
El
1 3 00.
100 Démêle^ de Boni face
danger quHl y avoit de fe commeU
tre mal'à-propos avec un Prince
auffi inftruit de fes droits , ^ auffi
jaloux de fa puijfance , que Ntoit
Boniface.
^imuia- Ce difcours fit connoître au
îiifacc. Pape qu'il devoir marcher dou-
cement dansTexecution du deil
fein qu'il avoit pris de réduire
les PuifTaiices temporelles fous
la Tienne, & que Tadreilè feroic
un moyen plus propre pour y
réuffir que la force ouverte. Il
fongea donc à faire fortir de
France Philippe le Bel & les
Grands du Royaume,fans qu'on
s'apperçût dePartifice y afin que
la France fe trouvant comme é-
puifée 6c vuide des forces qu*il
redoutoit , il pût fans obftacle y
établir fa domination à la faveur
du Clergé & du peuple dont il
n'avoitrien à craindre. Dans cet-
te vue il feignit de vouloir plus
que jamais s'unir avec le Roi. Il
preflà le Comte de Valois fon
avec Philippe le BeL i ci
frère de pafTer en Italie avec fon ^^^
armée pour Ty amufer, fous prc«
texte d'y pacifier les troubles
donc elle étoit agitée ^ 5c il pria
le Roi d'avancer les préparatifs
néceffairespour U Croifadeàla.-
quelleil le voyoit porté.
Rien n'étoit plus plaufible ^ t^é^^i^-
ne paroiiïbit plus légitime . ve- ^,^^ ""^^ ^
*^ - - 1 TA 1 avance-
nanc de la parc du Père commun ment desPa
de la Chrétienté ^ rien en même ^^^
tems n'écoic plus propre pour fa-
tisfaire honnêtemenc Tambicion
deBoniface,& pour fe défaire
prompcemenc de cous ceux qui
lui écoienc incommodes, qu'une
Croifade qui dévoie les éloigner
de leur païs & les expofer à pé-
rir fans qu'il s'en mêlâc. Auflîlcs
Hiftoriens les plus judicieux onc-
ils remarqué que rien n'a tant
avancé la puiflTance moderne des
Papes que l'invention de ces for^
tes de voyages d'Oucre-mer, en-
trepris fous l'étendarc delaCroix
pour délivrer le tombeau du Sau*
E3
J ÎOO.
101 Démêlez^ de Boniface
veur, ou détruire rinfidélité par
le fer & par le feu. Ces expédi-
tions fe faifant fous leur nom &:
par leur autorité , portoient le
refpect 6c la foûmiffion aux Pa-
pes par tout où paflbient les ar-
mes des Croifez.Les exemptions,
les Indulgences & les Pardons
que Rome accordoit à ceux qui
cntrepreneient ces voyages , ou
qui contribuoient à leur dépenfei^
flâtoient une infinité de gens ^ ôc
augmentoient l'idée que les peu-
ples avoient du pouvoir des Pa-
pes. L'impofîtion qu'ils en fai-
îbientpourla pénitence ou Tex-
piation des péchez , hc le com-
mandement prefque abfolu dont
ils ufoient envers JesPrinces,pour
\z^ obliger à y aller en perfonne,
fous prétexte d'une chofe fpiri-
tuelle qui s'entreprenoit fpour le
bien général de la Religion , ôc
pour le falut particulier de leurs
âmes , fervoient auflî beaucoup
à leur alTujettir les efprits , ou
avec Philippe le Bel. i o 3
à les retenir dans la dépendance, ^
Boniface perfuadé par la bou- y^^^^ •
che de rAmbaiTadeur de France, L'Evé^juc
que Philippe le Bel avoir de k^^^^^^^^"
cliipoiicion pour 1 expédition Roi par ic
d'Outre-mer, voulut lui dépê- ^^P^- .^"^
cher 1 Eveqiie de Pamiers pour conduite.
Kâter fon départ , & lui faire ^?" P'^®-
quiter fon Royaume , afin que
profitant de fon abfence & de
celle de la Nobleffe^il pût y faire
telles entreprifes , ou tels établit
femens qu'il jugeroit à propos ,
fans y trouver d'oppofition. Cet
Evêque étoit Bernard de Saijfct ^
connu à Rome dès le tems de
faint Louis , fous le nom d'Abbé
de faint Antonin de Pamicrs. Il
n*y avoir pas encore cinq ans
que Borriface avoir rendu cqzzq s^^onie , .-/
ville Epiicopaie, en la détachant «. s»
de l'Evêché de Touloufe. Ber-
nard qui en étoit déjà le Sei-
gneur temporel , en fut fait le
premier Evêque , tant en recon-
noiflance du zélé qu'il avoir fait
E4
IJOO,
I C4 "Dèmelexjie Boni face
paroîtrepour le faint Siège, que
parce qu'on avoicprisTEglifede
laint Anconin pour en faire la
Cathédrale , & que c'ëtoit fon
Abbaye qu'on convercifloit en
Evêché , en confcrvanc Tes Cha--
noines Réguliers dans leur Ré-
gie. Cette création s'étant faite
contre le gré de Philippe le Bel ,
ou fans fdn confentement, le Pa-
pe pour Tappaifer avoic laifle
Tadminidration de ce nouveau
Diocefe à faint Louis Evoque de
Touloufe , petit-neveu du Roi
faint Louis , afin d'ôter lieu de
croire qu'on eût voulu dépouiL
1er ce faint Evcque d'une partie
de fon Evêché , & afin de donner
le tems à Bernard de gagner les
efprits de ceux qui ne l'aimoient
pas. Après la mort de S. Louis
de Touloufe , Bernard ayant
trouvé diverfes diffîcultez à fon
établiflement de la part de la
Noblefle &: de plufieurs perfon-
nes mécontentes de fa conduite ,
avec Philippe le Bel, 105
s*ctoit retiré près du Pape , qui
le trouvant d'une humeur aflez ^^°°'
femblable à la Tienne,, Pavoit re-
tenu pour en faire le maître de
fes entreprifes ilir la puiflanoe
féculiere.
Le Pape favoit que cet homme
ne pouvoit être agréable au Roi
après les conteftations & les que-
relles qu'il avoir faites à fes Offi*.
ciers touchant la fouveraineté de
la Seigneurie de Pamiers , & les
affaires qu'il avoit fufcitëes au
Comte de Foix. 11 ne lailFa pas
. de le lui envoyer , ne croyant pas
devoir ufer de ménagement ou
de complaifance auprès de Sa
Majeflé. Bernard outre la négo=-
ciation du voyage d'Outre-mer y
étoit encore chargé de deman-
der auRoi la dél i vrance du Com-
te de Flandres & de fes enfans.ll
s'acquita de Tune & de l'autre
commifïîon , comme s'il avoit eu
droit de fe faire obéir. Il parla
au Roi avec toute la hardieife
E 5
1 o 6 Dèmèlex^de Boniface
"^777" ^^ pouvoienc lui donner fon na-
turel impétueux , &: l'autorité du
Maître dont il porcoit le cara-
ftere. Mais s*appercevant qu'il
parloic en vain, & que le ton de
ia voix non- plus que fes raifons ,
n'avoit point la force de perfua-
der ni le Roi, ni ceux de fon Con-
ièilqui récoutoient, il perdit le
rdped dû à Sa Majefté.
Il fe plaignit du peu de confi-
dération qu'on faifoit paroîcre
pour lui à la Cour. Il dit haute-
Dupuy& ment ^Qu'encore que fd Ville fe
i^o" e. trouvât dans les limites du Royau-
me de France ^ il n'ctoit Sujet de
ferfonne. Qu^il ne tenait rien dti^
Roi 3 qu^il n'étoit fournis qu'au Pa^
fe , ^ quil ne reconnoiffoit foint
d'autre Puiffance que la jienne ytant
four le temporel que four le fpiri^
tuel. Il porta même l'infolence ,
jufqu'à menacer au nom de Bo-
niface , que y? on ne lui accord oit
fa demande touchant la liberté du
Comte de Flandre s ^ il jetterait l'In*
I ?OI
avec Philippe le Bel. 107
terdit fur tout le Royaume ^ ^ ful-
miner oit même l* excommunication
fur la perfonne du Roi, Après ces
infblences menaces, il coramen-
çoit àfoûcenir la puitrance abfo-
lue du Pape fur les Princes Sou-
verains 6c indépendans. Mais le
Roi qui avoiC eu la patience de
l'écouter jufques-là , ne voulue
pas fouffrir plus longtems fes
emportemens. Il pouvoit le faire K.fW,^ i
rellouvenir qu'il parloir devant ^' +•
fon Roij en l'arrêtant prifonnier,
pour le faire punir comme fon
Sujet jil aima pourtant mieux le
renvoyer à Rome ou dans fon
Diocefe.
Bernard , fur l'ordre qu'il re-
çut de fe retirer promprement
de la Cour , alla rendre compte
de fa négociation au Pape Boni-
face, qui pour faire voir qu'il ne
fe rebutoit pas du mauvais fuccès
de fa négociation , renvoya cet
Evêque en Languedoc pour y
remuer contre l'autorité Royale
E6
J JOI
I O 8 JDémele\de Boni face
en faveur de la fienne. Ce fuc
pour lors que fe croyant à cou-
vert des atteintes de la Cour de
France, il le déchaîna contre le
Roi avec toute forte de licence
& de fureur. Il fit palTer ce Prin-
ce pour un ufurpatcur des droite
de TEglife , qui convertiflbit les
Décimes à des ufages illicites ,
qui retenoit les fruits des Cathe^
drales vacantes , qui en conferoit
les titres & Bénéfices fans le con-
sentement du Pâpe,ôc qui vio-
ioit en toutes rencontres les pri-
vilèges & les libertez ecclefiafti-
ques. Il eut l'effronterie même
d'attaquer ce Monarque fur Té-
rat de fa naiflance ^ fur Thonneur
de la Famille Royale , &: de dif-
famer laPerfonnedu Roi, avec
toute fa Cour. Il fit ce qu'il put
pour remplir le pais de factions
& de révoltes , foûlever les peu-
ples contre leur devoir , 6c prati-
quer des intelligences contre le
fervice du Roi avec les Princes
avec Philippe le Bel, 109
étrangers 6c les ennemis de la '
France. Et pour fon particulier ,
il foiitenoit qu'il n'éroit point
Sujet du Roi ,6c que fa ville de
Pamiers n*étoit point du Royau-
me , ni dans le Royaume de
France.
Les Officiers du Roi en Lan-
guedoc ne manquèrent pas de
former leurs plaintes fur la con-
duite de ce féditieux Prélat, ôc
de les envoyer en Cour. Le Roi
fe croyant obligé à quelques é.
gards pour le caradere épifco-
pal, ufa de diflîmulation pendant
quelque tems, pour donner lieu
à TEvêque de changer de con-
duite , & pour laifler diffiper les
accufation^dontil étoit chargé.
Mais les déportemens de cet
homme étant devenus trop pu-
blics pour pouvoir être dilîimu-
lez ou tolérez plus longtems, le
Roi nomma des Commiflaires
qui eurent ordre d'aller fur les
lieux informer plus particulier
1 ?0I,
rio JDèmeletjie Boniface
" remenc des faits dont il étoit ac-
cille.
Les Commiflaires qui étoienc
Richard de Nepoiis , Arciiidia-
cre d'Auge en PÈglife de Lifieux,
& Jean Vidame d'Amiens , Sei-
gneur de Picquigny , arrivèrent
en Languedoc vers le mois de
Mai de Tannée 1 301. Se voyant
chargez de Mémoires ôc d'Aâes
qui contenoient les circonftan-
Aàes da ^^s d^ c^^ accufations , ils oui-
Berna^d de ^^^^ vingt- quatre témoins, dont
ramiers, pa- les principaux furent les Comtes
l^y. ^ '^ de Foix, les Evêques de Beziers,
de Maguelone ou MontpeUier ^
de Touioufe, PAbbé de iaint Pa-
poul & le Comte de Commin-
ges ,qui dépoférent à la charge
de Taccufe. Le Roi ayant recon-
nu par cQs informations que l'E-
vêque de Pamiers éroit coupable
de la plufpart des faits que la re-
nommée lui imputoiCj lui ordon-
na de venir en Cour, il aflembla
fon Parlement à Senlis , où ie
I 501,
dvec Philippe le Bel, 1 1 r
trouvèrent lesGrands du Royau-
me avec beaucoup d'autres Ec-
clefiaftiques ôc SéculieryBernard
y fut convaincu de nouveau 6c
condamné comme criminel de
leze Majefté. Il fut rëfolu qu'il
feroit arrête prilonnier , ou par
TArchevcque dont il ëtoit fuf-
fragant^ou à fon défaut,par les
Officiers de la Juftice feculiere-
au nom du Roi.
AuiTitot le Roi manda TAr- criiies-Anfc.
chevêquede Narbonne, Métro- ^^'^ ^^ '^'^'
politam de Pamiers j 6c ayant af-
lemblé plufîeurs Evêques ^ Ba-
rons , il lui fît expofer devant
eux tout ce dont il étoit queftion
en préfence deTEvêque accufé.
llfomma rArchevêque de faire
ion devoir conformément à T Ar-
reft rendu à Senlis par les trois
Etats ou le Parlement du Royau-
me^ afin que le criminel pût être
dégradé par un jugement eccle-
fiaftique,avant que d'être livré à
la Juftice Royale. L'Arclievêque
lion.
1?0I.
r 1 1 Dcmelcz^àe Bonifact
après avoir été pleinement int
truie des preuves qui réfultoient
des informations, fit difficulté de
procéder contre fon SufFragant,
lur ce qu'il ëcoit hors de fa Pro-
vince, & fansjurifdidion. Le Roi
lui fit donner le territoire nécef-
faire qui lui fut affigné par TE-
vcque de Senlis dans fon Dioce^
iê , & confirmé par l'Archevê-
que de Reims comme Métropo-^
litain de la Province. Il lui offrit
auffi un lieu de fureté pour la^
garde du prifonnier, lorfqu'ilfe-
roit arrêté , & tous les fecours
néceffaires pour le retenir s'il
n'étoit pas affez fort.
L'Archevêque de Narbonne
répondit qu'il étoitprêt de faire
fon devoir , mars qu'il ne le pou-
voir qu'avec le confeil de fes Suf-
fragans, &: qu'après avoir con-
fulté le Pape, à caufe de Fimpor-
tance de Taffaire-Cependant l'E-
vêque de Pamiers craignantd'ê-
tre arrêté dans les Prifoûs Ruya^
avec Philippe le Bel. i i 5
les , comme il en étoic menacé ,
pria fon Archevêque de le faire
prendre ôcde le garder comma
Ion priionnier :, ce qui fut exécu-
té de telle manière , qu*il parue
que le Roi avoir fait précéder fes
ordres pour cela. Ce Prince pré-
voyant que cette affaire pourroic
avoir des fuites,dépêcha un Con-
feiller de la Cour vers le Pape
Boniface,pour l'informer de tout
cequis'étoitpafle. C'étoit Pier.
re Flotte , Seigneur de Revel, qui
fut depuis Garde des Sceaux ou
Vicechancelier. L'Archevêque
de Narbonne &: TEvêque pri-
fonnier écrivirent auflî à Rome
chacun de leur part , l'un pour
demander comment il devoit fe
comporter dans la procédure ,
l'autre pour marquer qu'il ne
foufFroitque pour avoir exécuté
trop fidellement la -volonté de
Sa Sainteté , 6c fuivi trop exade-
mènt les inftruclions qu'Ell«e lui
avoit données.
130I,
lîOI,
I j 4 Démêlez^ de Boniface
L'Envoyé du Roi reprëfentâafti
Pape, Qt^encore que dans le Confeil
des Grands du Royaume , ileiit été
réfolu que le Roi f on Maître fou*
voit faire châtier l'Eve que de Pa^
mi ers comme criminel d' Etat ^ re^
connu traître ^ convaincu de divers
autres crimes qui l'av oient fait dé»
cheoir des privilèges accordez^à l*E*
^life ^ à la dignité épifeopale ^ ^
que d'ailleurs il fût endroitde;pro^
céder contre lui far d' autres moyens ^
furtout par la privation de fon tem^
forel ^ il avoit auparavant voulu
lui marquer le refpeB ^ la défé^
rence qu'il avoit pour l* Eglife (^ le
faim Siège , à l'exemple des Rois fes
jPrédeceffeurs , qui avoient toàjouri
eu foin de conferver^ de maintenir
les Privilèges eccleftafiiqucs. Il
ajouta que Sa Majefté efpéroit de
voir entrer le Pape dans les mêmes
intérêts ^ d'autant plus volontiers
que Sa Sainteté étoit obligée de ven*
ger l'injure faite à Dieu comme Au.
tettr de toute puiffance légitime ^ au
Avec Philippe le Bd, 1 1 j
Koi comme Vils de l*Eglife y ^ au
Royaume ^ comme portion confidéra-
hle de la Chrétienté. Il demanda
cnfuice au faine Père qu'il voulût
bien priver TEvêque de Paniiers
de la dignité épifcopale, 6c le dé-
clarer déchu de tout privilège de
Clericature , afin que le Roi pût
en faire une punition exemplaire.
Le Pape comprit aifément par
le difcours de Pierre Flotte que
i*£vêque de Pamiers avoit tout
gâté à la Cour de France par
Timprudence & la témérité qui
lui étoient naturelles. Mais ne
croyant pas devoir fe laifTer pré-
venir contre fon Miniftre , il fe
contenta pour lors de répondre ,
ciue ce rUètoit pas fa coutume de
condamner qui que ce fut fans l*a^
voir oui. Que pour faire le procès à,
l'Eve que de Pamiers dans les for ^
mes y il faloiir^ ou l'envoyer a Rome
pour y être ju^è ^ ou lui nominerdes
Commiff aires en France , afin que
fan affaire fut exa/ninêe fur les
1 301
J 501
Wk^^^-i^W"
ri 6 Tièmelexjie Boniface
lieux. Que fi on choifijjoitce feconâ
moyen y ce Jeroit à lui a voir lequel
fembleroit le plus à propos des deux
expediens lèptimes qui refieraient
four juqer la caufe de t Eve que aC'
cufè yfcavoir fi ce ferait devant le
Métropolitain de l' Evèque yaccom^
pagné de fies Suffragans ,. ou devaiiP
un Légat du faïnt Siège ^ ou quel''
qu autre Commijfaire du Pape.
Ce fut là tout ce que la politf-'
Ru\ure ^"^ & k modération purent exi-
ouverte ger alots de Boniface. Mais s'é-
entre le ^^^^^^^ j-j-^p facilement perfuadé
le Roi. que l'affaire de PEvêque de Ra-
miers ëtoit la fienne,& que Thon-
neur du faint Siège étoit intereifé
dans le falut de cet homme, il ne
voulut plus ibnger qu'aux moyens
de fe venger de l'affront qu'il pré-
tendoit avoir reçu en fa perlon-
ne , & d'avancer ks entreprifes
touchant fa puiffance furie tem-
porel du Royaume. C'eft à quoi
il travailla pendant tout le tems
qui reftoic jufqu'à l'Avent , fai-
■riuatto.
avec Philippe le Bel, 1 1 7
fant eompofer des Bulles 6c des j^oj.
Brefs fur ce fujet pour diverfes
perfonnes,ôc furtout pourleRoi
^ le Clergé. Pierre Flotte de-
meura dans Rome durant tout
cet intervale , pour veiller fur les
intérêts de fon Maître , 6c pour
obferver les mouvemens de la
Cour de Rome. Il fît tout ce qu'il
put pour oWerver ce cjui s y pal- r/w^^*
roit au préjudice de la France- ^ '^:!;;t^!'
<lans une audiance qu'il eut de
Boniface peu de tems avant fon
retour , ce Pape lui ayant dit quil
avoitla puiffance temporelle fur le
Roi (^ fur le Royaume yaufjîbi en que
la fpirituclle , Flotte répondit :
Jelevcjx j mais celle du Roi «<
mon Maître eft réelle , au lieu «
<]ue la vôtre n'eft que verbale. «
La liberté dont il ufoit dans
tous ks difcours irrita le faint Pè-
re de telle forte, que jugeant qu'il
n'y avoit plus de mefures a gar-
der avec le Roi ,il fit fcellerfept
ou huit Bulles le 5 «jour de De-
ï I s Dhnclezjie Boniface
■^ ccmbre , en adrefla les unes au
Cardinal Jean le Moine fon Lé-
gat en France pour être préfen-
tces à ceux pour qui elles étoient
deftinées , & fit porteur A^s au-
tres Jacques des Normand s, Kr chu
diacre de Narbonne fon Notaire
Apofl:olique,qu'il envoya peu de
tems après en qualité de Nonce.
sàvator^ La première qu'il fit fignifier au
^pTctes , Roi datée du 4. de Décembre, &
page 4a. inclufe dans un Bref daté du len-
demain , portoit une fufpenfion
de tous les privilèges accordez
ci-devant par Sa Sainteté à Phi-
ries'^rrhrire" lippe Ic Bel êc à fes Succeflèurs ,
fenfè^e'ic- comme auffi aux Ecclefiaftiques
llmts'on' ^ ^ux Laïcs de fon Confeil ; &
fubfides fur elle révoquoit particulièrement
le Clergé. \ r^ \ J
les grâces { ce lont les termes de
la Bulle ) obtenues dans les der-
nières années , pour fournir aux
frais des guerres que la France
avoit à foutenir.Le prétexte étoic
' que ces grâces étoient un fujet de
fcandale & d'abus dansleRoyau^
avec Philippe le Bel. r r 9
rne , & qu'elles caiiibienc de
grands dommages aux Eglifes &
aux Prélacs. Le Pa -e ordonnoic
queceq.e le Roi demanderoic
aux Prélats & autres Ecclefiafti-
ques fous le nom de décimes ou
de fubfides , ne fût pont payé
fans un ordre exprès de Sa Sain-
teté , quoiqu'ils euflent aupara-
vant donné leur confentement à
ces fortes de levces. Il abrogeoic
par ce moyen la Bulle du 3 i. de
Juillet de Tan 1197. par laquel-
le il avoir modéré fa Decretale
Clericis Laicos ^ & déclaré que le
Roi pouvoir lever des fubfides ôc
autres impofitions fur le Clergé,
fans en demander même la per-
miffionau Pape. Mais pour ne le
faire qu'en termes généraux , il
donna ordre qu*on eût à lui re-
préfenter tous ces Privilèges, fur
tout ceux qui étoient datez d'Or-
vietce &: d'Anagnia , afin que les
ayant confidérez^il pût juger s'il
devoir modérer leur fufpenfion.
MOI
iioi.
120 Demèlez^de Boni face
Cette Bulle n'épouventa per-
ibnne en France, parce qu'on y
étoit trcs-perfuadé que le droit
de lever des fubfides fur les biens
temporels duClerge pour les be-
foinsdel*Etat,nedépendoitpoinc
du pouvoir ou de la volonté des
Papes. On n*y eut pas plus d'é-
gard qu'à celles qu'il avoit pu-
bliées auparavant, foit pour dé-
fendre ,foit pour permettre ces
fortes de contributions. AulTî fut-
elle bîfFée ôc annuUée comme les
autres par les Succefleurs de Bo-
niface , Benoift XI. ôc Clément
V. parce qu'elle étoit de nulle
\Ayna.uu: , valeur,ôc qu'clie ne pouvoir avoir
' •'""•'i^'- que de mauvais effets, fi elle étoit
capable d'en produire quelqu'un.
Par une autre Bulle datée du
même jour, & adrefféeà un des
Prélats du Royaume, aux Cha-
pitres ôcaux Dodeurs déroutes
les Facultez , Boniface cita les
principaux du Clergé à Rome,
dans l'efpérance de foûlever tou-
te
». JO
avec Philippe le Bel. i i r
te iTglife Gallicane contre Phi- \
lippe le Bel , ^ de drcfler par
leur moyen un nouveau trône en -A^^-^yoKiono-
France au^defllis de celui duRaynaidus,
Roi. Il leur tëmoignoit dans cet- n'^tom^ir.'
rc Bulle, Z2«Vyv/«/- appris les op. citation de,
pxfTions que tout le Clergé fouffroit ^ujI^'e'^^^.
de la part du Roi ^ de [es Officiers r^aiti^ucs i
O^ des Barons , celt-a dn'e destreieRoi.
Grands du Royaume, // s'enctoii
flaint par divers Brefs^mais inuti^
lement • de forte qu après en avoir
coinmuniquè avec les Cardinaux ,
il avoit été arrête dans le Sacré
Confiftoire , que pour remédier a, de
f grands de [ordre s ^ il fuloit les
convoquer à Rome. Que pour cet
effet il leur ord.onnoit de fe trouver
auprès de Sa Sainteté avec toutes
les infiruclions ^ tous les mémoires Preuves,
néceffaires pour le premier jour de ^^^' ^ 5*
JSfovemhre de l*an 1301 au plus
tard, C'éroit auffi le terme qu'il
avoit marqué dans la Bulle pré-
cedente,pour rapporter au Gret
fe Apoflolique tous les Privile-
J3 0I.
T 2 2 Démêlez^ de Boni face
e:es concernaruilesfiibfidesôcles
déci mes. Qu^ilne difpenfoit aucun
Frc'lat ni aucunDoilcurde ce voya^
ce 5 qu^il feroit libre au Roi d'y
comparoitre , ou dy envoyer queU
quun de fa part pour y défendre /^
catife de Sa Majeftè , s'il juqeoit
quelle y fut interefjèe^ ^le le fujet
fur lequel chacun auroit u fe prépa-
rer y ^ que l'on devoit traiter dans
cette grande Affmblèe , et oit la
confervation des Libertez^ ^ de
V honneur de l'Eglife Catholique -, I4
Re formation du Royaume ^ la cor-^
rcilion du Roi , ^ l' établi ffement
du bon gouvernement en France.
Qîi il f auroit au refte châtier le dé*
faut dans la perfonne des Prélats
^ du Roi même , s'ils s^en abfen*
toient par mépris ou par négligence.
Il envoya en même tcms d'au-
tres Balles d*une pareille date
aux Abbez & Supérieurs des Or-
dres Religieux , fur tout de famt
Benoift, de rîceaux,Ôcde Pré-
monrré en France 5 éc aux prin*
avec Philippe le Bel, 125
cîpalesUniverficez du Royaume,
pour fommer auffi tous les Dire- ^ ^ °^'
Aeurs de leurs Maifons , tous les
Dodeurs en Théologie , 6c tous
les Maîtres en Droit Canon &
Civil de fe trouver à Rome avec
les Prélats au jour marqué pour
TAfTemblée. Il avoir il bonne
opinion de PexaditudeSc de To-
béiflance qu'il croyoit qu'on lui
rendroit en ce point, que la crain-
te de faire deferter les Ecoles , le
fît fouvenir d'envoyer une autre
Bulle datée du même jour aux
deux Chanceliers de l'Univerfi-
té de Paris ,pour les avertir de buii^ik,
faire enforte qu'il reftat aflcz de pag.i/Vom!
Profelleurs dans les Clafles pour
régentera; retenir les Ecoliers ''•^^"•
pendant l'abfence de ceux qui
feroient à Rome.
Peu de jours après qu'on eût x i v.
rendu publiques les Bulles cox^^^^^
cernant la fufpenfion des privi-couchaùtta
leges & la citation da Clergé à ^^^
Rome , le Nonce Jacques ^«&ii>iiiiucl-,
Fz
aux preuves.
2 ?OI.
1 14 Dcmclcz, de Boni face
'Normands arriva enFrance^javec
, ^ , , . celle où Pon traicoit de la puif-
le&Icdroit ^ „ , o J 1 J 'l-
dciugai.. lance Royale,^ de la délivran-
ce de PEvêque de Pamiers. La
première de celles qui furent
produites, marquoit précifémenc
les inrencions du Pape fans dé-
tour & fins aucun des artifices
qu*on a coutume d'employer
pour s'infinuer^ou pour préparer
les efprics. Elle eft fi courte qu'-
elle peut tenir ici fa place dans
toute fon étendue. Nous la rap-
porterons en françois & en latin.
)var'44"' '^ Apprenez que vous nous
iJuu«us;p.7. 5jêtes foûmis pour le fpiriruel &:
>3pour le temporel : la collation
«des Bénéfices 6c des Prébendes
)3ne vous appartient en aucune
«manière. Si vous avez la garde
«de quelques-uns de ces Béne-
«fices pendant la vacance par la
>3mort des Béneficiers, vous êtes
«obligez d'en réferver les fruits
«à leurs Succefl:èurs.Si vous avez
Mconfcré quelques Bénéfices ,
avec Philippe le Bel, 115
nous déclarons nulle cette col. «
lation pour le droit , & nous ré-cc
voquons tout ce qui s*efl: paiîc «
dans ce cis pour le fait. Ceux c<
qui croiront autrement, feront «
réputez hérétiques. Au Palais «
deLatranle 5. jourde Decem-c«
bre, l'an 7. de nôtre Pontificat. «
L'adreiïe au Roi étoit fans au-
cun des titres d'honneur accou-
tumez, ôc elle avoir pour toute
i n fc ri pti on : Craignez^ Dieu ^ ^
gardez^ fes Commandemens,
BON IF ACIVS.éc.
P H I L I P P O
Francokum Régi.
Dcum time & mandata ejus obferra.
Scire te volumus , quod in fpiri-
tualibus i^ temporalibus nohis ftu
hes, Beneficiorum ^ prichendaruin
ad te collatio nulla fpectat : 1^ Jl
alicjiiorum vacantium cujîodiam
habeas ^ fruclus corum fucceffori»
bus referves : dr fi ^uce contulifti ^
F3
1 301,
Ji6 Démêlez^ de Boniface
' collaiionem hujufmodi irritam dc^
^'^^^' ccrnimus j ^ quantum de faBoprO'-
cefferit ^ revocamus. Aliud autem
crcdeîites ^ H^reticos reputamus,
DatumLaterani T^onisDecembriSy
l'ontipcatus noftri anno 7.
La brièveté furprenante de
cette BulIC;, £c la dureté des ter-
mes dénuez de tout adoucide-
mentj l'ont fait paffer dans Tef-
prir de bien des gens pour une
'sponde, ad pièce fufpede. Ceux qui pour
rîr.'^"'* l'honneur dufa:nt Siège ont tâ-
^f ^î'j-4' ché de fauver celui de Boniface,
t,\6. de Cou ' , '
(crdia sacet' QXït foupconnc Pierre Flotte d'en
être 1 Auteur , ou du moins de
l'avoir extraite d'une autre plus
étendue donnée le même jour,6c
deTavoir envenimée dans la vue
d'aigrir le Roi contre le Pape.
Mais quoique Boniface eût avan-
x>reuvcs, ce lui-même cette accufation
^^'''^''' dans un Confiftoire de l'année
fuivante , on a vécu trois cens
ans depuis fans la regarder autre-
ment que les autres Bulles véri-
I î 0.1^
avec Philippe le Bel, t 2 7
tables, où fe trouvent les mêmes
prétentions. Elle eft dans tous
Jcs Hiftoriens qui ont rapporte
CCS démêlez , & dans la Glofe
♦nême du Droit Canon, comme
une production incontellable de
Boniface. Il eft vrai que ce n'eft
que Tabregé d'une autre plus c-
tendue dont nous allons parler,
& qu'elle eft d'un ftile concis 6c
fort contraire à celui de la Cour
de Rome, qui' eft toujours diffus
&obfcur. Mais Boniface l'avoic
fait drelfer ainfî pour donner un
précis féparéde Ç^s prétentions ,
& pour les faire entendre au Roi •
tout d'un coup ôc faxis ménage-
ment.
La erande Bulle dont elle étoit Preuve,
J extrait , &: qui devoit être pre- huu^usyii^^r,
fentéc au Roi dans les formes or- ^"''"*
dinaires, eft celle qu'on connoîc
par ces premiers mots, Aufcuha
fili : où parmi quelques termes
de civilité, 6c fous diverfes appli-
cations de l'Ecriture aflcz peu
F4
ce.
1 1 s Dèmeletjie Boniface
^^^^ judicieiifes , il y a beaucoup de
chofes injurieules à la Majefté
des Rois , &. defobligeances pour
la pcrfonne de Philippe le BeL
Le début de la pièce eft queDieii
jertm.czio. ^ établi le V^l^q furies Rois ^ les
Gemes, chan- Royaumcs , four arracher ydêtruire,
paVÈonif- perdre ,dif]JperJdiJïer é^ planter:
qu'ainlî Philippe le Bel avoic
grand tort de ne pas fe croire af-
iujéri à Boniface : raifonnemenc
fondé iar une falfification de l'E-
criture,& fur une équivoque qui
fert à faire confondre les deux
Puiflances.
Le Pape après avoir déclaré le
Roi infenfè ér infidèle , s*il refu-
foit de le reconnoître pour fou
Supérieur dans le temporel, lui
reprocha , qu^il foulloit fes Sujets-^
qu^il opprimoit les Ecclefiafiiques 5
qu^il fcandalifoit tous les Grands de
Jon Royaume'-) ajoutant Q\^ il avait
fouvcnt averti Sa Majcfle de fe
corriger ^(jr de gouverner fes Etats
en paix. Que le Roi avait afé pour-
avec Philippe le Bel, 1 2 9
X'ûir atixBénefices vacans fans pcr^
mi^fjïon du Pape ^ à qui ces provi.
fions appartenaient ^ ^ que ccspro-
suifions s' étaient données fans excnu
ption. Qî^il fe faifoit Jwre dans fa
propre caufe , (i^ quil ne voulait;
être juqè de perfonnc pour les mau.K
que lui (^ les fiens avaient caufcz^
Qji^il faifoit jaifir les biens des Ec^
clefïafliques dans le cas où il ne lui
étoit pas permis de le faire 5 c^ q^is
ces violences avaient expofè le Cler^
(ic à de zrandes vexations. Quilop^
pri7noit fur tout d'une manière très-
indiqne l Eqlife de Lyon , quoi,
quelle fût hors des limites de (on
Kovauyne _, comme il pouvait l'en
ajfurer lui -même par la cannai (fan*
ce certaine qu'il en av oit ^ ayant été
Chanoine de cette E<z^life avant que
d'ctre Pape. Que le Roi recevait le
revenu des Eglifes Cathédrales pen-
dant la vacance du Sieze 3 ce que
Sa Majefté & fes Officiers appcL
loientKQ2;ÛQ par un pur abus j d^
qu'il convertijfoit ces revenus àfon
F5
M
130 Dcmelezjle Boniface
1301. propre nfage 3 de forte que ce qui
avoit autrefois été donné en garde
aux Rois pour être confervé , étoiù
c on fumé par eux contre tout droit ^
toute juftice. Que les gardiens de
cette Regale étoient des voleurs ^i^
que cette garde prétendue rialloit
qu'à la ruine des Eglifes , ^ riétoit
quun manteau pour couvrir toutes
fortes de violences ^ d^extorfons.
L'intention du Pape avoit été
de renfermer dans cette Bulle
tous les chefs dont il avoic don-
né des inftrudions à TEvêque de
Pamiers , hors le point qui re-
gardoit la délivrance du Comte
de Flandres dont il n*étoit plus
queftion. De forte que pour au-
torifer la hardiefle que ce Prélat
avoit eûed'appellerle Roi faux-
monnoyeur , ou corrupteur de
lamonnoye, au fujet deschan-
gemens que les befoins de la
guerre avoient apportés dans
les Efpeces , il mit au nombre
ce ces griefs cette altération
avec Philippe le Bel. i 3 i
des monnoyes , comme fi c'eut
été la ruine des peuples. Il lui
fît entendre en fuite , c[\i après
l'avoir fouvent averti de fes de,
*voirs , ^ toujours inutilement , //
av oit pour dernier remède mande à
Rome les Prélats , les y4bbe^ , les
Chapitres y S" l^^ Doffeurs du
Royaume , avec permiljîon av.fjt à
Sa Majeftc £y envoyer de fa part.
Que quelques-uns avoient voulu
ex eu fer le Roi ^ en rejettant lafau^
te de tant de dé f ordre s fur fes mau.
vais Confeillers ^ rnais quil étoit
toujours inexcu fable de les retenir
frês de lui _, contre l'avis quil lui
avoit fait donner. Après une lon-
gue déclamation contre ces Con^
leillers , qu'il accuf^Mt de s*être
rendus les maîtres de l'efprit du
Roi jil pafla au deffein de la Croi*
fade, 6c déplora le miferable état
de !a Terre-fainte. Il exhorta le
Roi à rétablir prompremenr le
bon ordre de fon Royaume, afin
qu'il pût enfuite vaouer à une
F6
1 101.
13 01.
13 i Dimclei^de Boni fa ce
expédition fi louable 6c finécef-
faire.
La publication de cette Bulle
découvrit l'inquiétude bi la paf-
fion qu*avoit le Pape de rendre
le Roi odieux au Clergé & aux
peuples de fon Royaume Et pour
colorer des apparences de la juf-
tice & de la vigilance paftorale,
fes entreprifes ambitieufes fur les
droits de la Couronne de Fran-
ce , il tâchoic de faire regarder
Philippe le Bel comme rebelle â
TEglife , & au Pafteur général
à^s Fidèles , diffimulant malir
cieufement les proteftations que
ce Prince avoit toujours faites
d'être parfaitement foûmis à
. Tune &: à l'autre pour le fpiri-
tuel. Il vouloit le faire pafler
pour un ufurpareur des terres de
fes voifins, feignant que les Pairs
^. , . du Royaume mêmejes Comtes
c.rHiftPa- ôc les Barons le plaignoient de
lis. Acad. ç^^ violences. Mais cette accufa-
tion n'avoic point d'autre fonde.
avec Philippe le Bel, 135
ment que les conquêtes que le
Roi avoir faites fur fes ennemis
en Guyenne^ aux Pays-Bas, 6c
que le droit des gens rendoit lé-
gitimes par la juitice de its ar-r
mes. Pour ce qui eft de îa pro-
cédure contre le Comte deFlan-
dres , c'etoit en vain que le Pape
la regardoit comme une violence
injufte 6c illégitime ,puirque ce
Prince étoit Pair du Royaume
& VafTal du Roi.
Bonif^.ce prétendoit que leRoi
étoit obligé de trouver bonnes 6c
valides toutes les provifîons des
Bénéfices qui fe donnoient en
Cour de Rome, fans avoir égard
à la Regxle. Mais le Roi croyoic
ne devoir pas renoncer à un droit
qui lui avoit été acquis par fes
PrédeceiFeurs, foit comme Fon-
dateurs,foit comme Gardiens, 6C
Protedeursdes Egliiès. Il fjute-
noit que par le même droit les
fruits pendant la vacance lui ap-
partenoient ^Sc que s'il les rcn-
iioi..
134 T>èmele%de Bonifdce
doit quelquefois aux nouveaux
X 3 or. £vêques , c'ëcoic fans obligation
& par pure bienveillance.Le Pa-
pe accufoit le Roi d'empêcher
qu'on ne portât les plaintes qu'-
on avoit faites contre luijdevanc
un Juge compétent , &: au Siège
Apoftolique, parce que voulant
connoître de l'aifFaire du Comte
de Flandres, 6c de celle de l'Evê-
que de Pamiers , il cherchoit à
rendre Philippe le Bel partie en
leur caufe, ^ par conféquent à le
foûmettre à fon Tribunal avec
eux. Mais l'autorité Royale é-
tant fouveraine dans les chofes
temporelles ou féculieres, le Roi
avoit rai'^on de vouloir être Juge
dans les difficultez qui naifloient
entre lui & {.ç,^ Sujets.
Le Pape fuppofoir faux,en vou-
lant perfuadcr que les Rois Scies
Magiftrats Laïcs n'ont aucune
autorité fur les perfonnes & fur
les biens ecclefiaftiques. Il l'a.
voit ainii appris de l'un de {^%
avec Philippe le Bel, 1 3 5
Prédecefleurs Grégoire VII. au
fiecle duquel on avoic ofé avan-
cer que cette créance étoit de
droit divin , quoique ce foit une
invention purement humaine.
Quant à TEglife de Lyon, dont il
fe vantoit d'avoir bien étudié les
privilèges , les droits oc les libér-
iez , lorfqu'il en étoit Chanoine,
il efl: certain qu'elle reconnoiC
foit les Rois de France pour {(^'^
Fondateurs, de qui elle avoir re-
çu tou3 les biens dont elle jouifl
foit. C'étoit auffi fans raifon que
le Pape attaquoit dans fa Bulle
le droit du Roi , touchant le ra-
bais 2c le rehaulTement de la mo-
noye , ou le changement des Ef-
peces , félon les néceflitez de fon
Royaume. C'eft un pouvoir qu'-
on ne s'eft pas avifé de difpurer
au moindre Prince d'Ita'ic ou
d'Allemagne , où cette pratique
ed fréquente. Entîn il n'y a point
d'articles dans cette Bulle Ç\ c-
tendue j quinefaile voira quel
I ?QI.
1^01,
136 Dèmelexde Boniface
point Pefpric de Thomme peut
s'ëcarrer des règles de la juftice
6c de la véritéjlorfqu'il s'eft laiC
ié aveugler par fon ambition.
C'cft dans cet état que fe trou-
voit Boniface , lorfqu'il préten-
doit que Philippe le Bel ( qu'il
comparoitinjurieufementàrido-
lede^^/, par une ridicule allu-
fion à fon furnom ) opprimoit la
liberté de TEglife ^ parceque ce
Prince refufoit de reconnoître
un empire abfolu 6c defpotique
que ce Pape s'attribuoit 3 <ju*il ne
fe rendoit pas l'exécuteur de ks
Bulles , 6c qu'il ne les faifoit pas
exécuter dansfonRoyaume.Phi-
lippe inftruit par fes Prélats 6c
par (qs Miniftres , favoit que la
puifTance fpirituelle duPape n'eft
que minift cri elle ^^ qu'il doit gou-
verner TEglife fuivant la difpofi-
tion des Canons , 6c non par une
autorité fouveraine 6c arbitraire.
Ainfi il écoit perfuadé que le
famt Père n'a aucun droit de
avec Philippe le Bel. 1 3 7
convoquer à Rome de fon feul ^ ^^^
mouvement , &: comme bon lui
femble , les Ecclcfiaftiques d'un
Royaume, ou de tout autre païs
fôiimis à des Princes qui ne re-
lèvent pas de lui. Avant lui c'é-
toit déjà une maxime connue,
qu'aucun Ecclefiaftique ne pou-
voit fortir du Royaume fans la
volonté &: la permifîîon du Prin-
ce , comme Hincmar Archevê-
que de Reims Pavoit autrefois
déclaré au Pape Adrien II.
Les Romains tout dévouez nayn.iiJus,
qu'ils étoient aux volontez à^s^^':^''^''''
Papes,eurent honte d'une Bulle
fi infoutenable.Tls l'ont biffée des
Regiftres du Vatican, où l'on ne
trouve plus que l'article concer.
nant l'expédition de la Terre-
fainte. Clément V. par confide-
ration pour Philippe le Bel ne fe
contenta pas de la révoquer ,.
mais il fit encore rayer tout ce
qui pouvoit déplaire à ce Prince
dans le fragment qu'on en vou-
13 8 Dêmclez^dc Boni face
' lut conferver aufujecdelaCroî-
'^°^* fade. On fe feroit mêmeconfo-
lé fort aifémcnc de la perte de ce
fragment ^ quand il auroit été
fupprimé avec le refte de la Bul-
le. Car il étoit déformais bien
tard de vouloir recommencer
ces expéditions , aufquelles on
donnoit le nom fpecieux de
guerres faintes. Après tant de
^ mauvais fuccès que Dieu avoit
permis en punition des péchez
des Chrétiens, les Papes ne laif-
foient pas d'y exhorter les Fidè-
les, peutêtreà caufede TaccroiC
fement que leur puiffance ^ leurs
richefTes en avoient reçu. Us s'é^
toient accoutumez peu à peu à
convertir à d'autres ufages , ou
pour leurs intérêts particuliers ,
les armes des Croifez , les aumô-
nes , les levées de deniers , ou les
autres contributions qu'on avoit
quctées dans l'Europe contre les
Infidèles. C'eftainfi queBonifa-
ce en avoit ufé pour faire la guer-
I ?C I
avec Philippe le Bel, 139
re à la Maifon des Colonnes,^: à
la fadion des Gibelins, ^ qu^il
avoir fait reiflerrer dans les cof-
fres les deniers recueillis pour
ces emplois durant fon Jubilé, joinviii*?.
De forte que fi les Croifàdcs ont T'o^^d^'
été pernicieufes à une infinité de /'^''J'-"''"
familles de rEurope,elles ont au
moins été utiles èc profitables à
la Cour de Rome.
La dernière des Bulles que le x v.
Pape fit dater du 5. jour de De- af pfj?
cembre de Tan i^oi. 6c dont de l'Evé-
l'Archidiacre de Narbonne fut l"!.^'^'''
encore le porteur, rcgardoit l'af-
faire particulière de l'Evêquede
Pamiers. Elle étoit adrefîëe au
Roi pour le prier de mettre cet
Evêque en liberté, de lui donner
mainlevée de fes biens , ^ de lui
permettre de Palier trouver à
Rome , où Sa Sainteté avoir be-
foin de fa préfence. Le Pape ne ,
put S empêcher a y mêler les^v.^.FT/.cv/,
reproches aux prières • ôc fuppo- ^^Rkhêr.
fant que c'écoit par ordre du Roi pag^'^éé"'
m}cr$.
1 301,
140 Dhnclc^ de Boni face
^ par le miniftcre de {^^ Offi-
ciers que lePrélac avoir été ar-
rêté S: foiimis a la o-arde de l'Ar-
chevcque de Narbonne, fous le
fpecicux prétexte de fureté , il
avertit Sa Majefté de ne plus
faire de pareilles entreprifes à
l'avenir. Il lui déclare, ^c fi
elle n'a des excufes fuffîfantes pour
juftificr cette action , elle avoit en^
couru les cenfures de l' Eglife y con-
formément au Canon qui défend
de porter témérairement la main fur
un Eve que, c^^ au réveil ri y avoit
point de Laïc qui eût aucune puif^
fance fur les perfonnes ecclefiafii'^
que S:, foit régulières, foit fé eu Itères-^
(^ que la garde royale dont l' Ar-
chevêque de 2sfarbonne étoit char^
gé ^ ne pouvoit être une raifon vala^
h le pour ne pas délivrer l^ Eve que
de Pamicrs fur l'heure.
i?oz. Cependant Pierre Flotte qui
étoit parti de Rome peu de jours
avant le Noncejacques des Nor-
mans, porteur d.e tant de Bulles ^
avec Philippe le Bel, 141
fachanc ce que contcnoienc les '
ordres du Pape , alla follicicer ^^^^'
l'Archevêque de Narbonne , &:
preiîer le jugement de l'Evêque
de Pamiers ,afin que fon procès
put être hni avant l'éclat que ces
Bulles dévoient faire dans le
Royaume. 11 lui prëfenta devant uTnÇcnn^.
Paccufë même un Acle ou ë- J7;?'
toient Ipecihez tous les crimes
donc cet Evêque ëtoit chargé. Il
lui offrit de la part du Roi l'aide
du brasfeculier , 6c lui fît enten-
dre combien il ëtoit dangereux
pour le repos du Royaume , que
le jugement de ce criminel d'E-
tat fiit différé plus longtems. Il
lui lignifia en dernier lieu , que
s'il rehifoit défaire ce dont il ë-
toic requis, ou s'il n'y apportoic
le foin ôc la diligence nëceffaire ,
le Roi à fbn défaut aviferoit à ce
qu'il conviendroit de faire pour
conferver Thonneur de Sa Ma-
jefté , Se le repos de fes Sujets ,
qui demandoient qu'on fît un
I
1 4 î T)èmcle:!^de Bonifacc
' exemple deTEvêque criminel.
x?os. L'Archevêque par la lenteur
aflFedëe de i^s procedures,dQnna
lieu au Pape de recevoir les in-
formations 2s: les autres inftruc-
rions du procès criminel de TE-
vêque , qu'il s'ëtoit fait envoyer
de France ^ 6c le faint Père vie
auflîtôt qu'il étoit hors déroute
apparence de le juftifierde tanc
de crimes avérez. Mais il ne
changea pas le deflein qu'il avoir
de le fauver j & pour en venir
jurement à bout , il prit le parti
d en évoquer la caufe à fon Tri-
bunal. C'eft: ce qu'il entreprit de
faire par une Bulle du 1 3 .de Jan-
>7'^f«>'«o8", vier 1^02. adreflee à l'Arche vê-
Preuves , que dc Narbonne , ôc aux Evê-
^'^* ^ ^* ques de Beziers & de Maguelon-
ne, quiavoientëtë choilîs entre
les SufFragans de la Province ,
pour juger le procès avec lui.
Après leur avoir marqué le dë-
plaifir que lui caufoit un fi fâ-
cheux incident , il leur manda
a'Vi^c Philippe le Bel, 143
qu'outre ce qu'il avoir appris dé-
jà des charges dont l'Evêque de
Pamiers étoit accufë , il fouhai-
roit en être encore plus particu-
lièrement inflruit. Pour cet efFcc
il leur ordonna de commencer
par le tirer de la puilTance ôc de
la Jurifdidion des Séculiers , de
lui faire donner mainlevée de
fés biens , tant de ceux qui dé-
pendoient defon Eglire,que de
ceux qu'il poflédoitd'ailleursjde
mettre l'Evêque en prifon au
nom âcfous l'autorité du Pape ,
puis d'informer fur les chefs donc
il étoit accufé, & dont il leur en-
voyoit les articles fpecifiez dans
fa Bulle , comme on les lui avoic
envoyez de France : après quoi
ils dévoient clore &: fceller le
procès , l'envoyer à Home avec
la Bulle concernant les articles,
&y faite conduire auffiTEveque
de Pamiers fous bonne ^ lidcile
garde.
On prétend que-Philippe le Bel
î 44 'Dhncle^de Bonîface
^ plus occupé des entreprifes du
Pape fur la Souveraineté de fa
7>rf.^v///i;-. Couronne , que de laliaife de
cet Evêque , n'eue pas la patien-
ce d'attendre le jugement de
l'Archevêque de Naibonne. Il
donna ordre à fes Procureurs
d'en abandonner la pourfuite; de
par confidcrationpour la digni-
té épifcopale, il voulut qu'on le
rendît au Pape fur la demande
que Sa Sainteté en avoit faite aux
Juges Ecclefiafliques. Mais il prit
occafion de ce renvoi pour le
chafler de fon Royaume avec le
Nonce qui avoit apporté les Bul-
les de diffention , éc qui avoit fol- j
licite la délivrance de l'Evêque
de la part de Boniface.
^^j Après la publication de la
On procède grande de de la petite Bulle,où le
en France p^p^ vouloit contcftcr dc ôtcr
concrc les -f^ . , _
entreprifes au Roi la Souverauietc tempo-
d J Pape, j-elle Se le droit de Régale , on iu-
*ies Trois- ?c^ Sl^^ puilque Boniiace avoïc
£câcs. entièrement levé le mafque , il
ctoic
^avcc Philippe le Bel. 145
ctoitinucile de différer plus lone-
, 1 ^ <- ^ 1301.
tems a procéder contre les en-
trcprifes par des voyes directes.
Philippe affifté de fon Confeil
commença par deux Edics , dont
l'un confirmoit& prolongeoit la
défenfe qu'il avoic faite de tranC
porter ni or ni argent,ni aucune
marchandife hors du Royaume,-
l'autre marquoit aux Officiers
Royaux la conduite qu'ils dé-
voient garder pour la conferva-
tion des i^6^^/r;,c'eft-à- dire feu- Rî:her,i.x.
lement de tous les biens &: rêve- p^H;,'^'vn.
luis ecclefiaftiques que fesPréde- [1^^^"°''^^
cefleurs 6c lui avoient accoutu-
mé de recueillir pendant la va-
cance des Evêchez, quoique fé-
lon M. de Marca la collation des Marca , ^«
Bénéfices qui en dcpendoient , y [^'^^j '• ^*
fut auffi comprife.
Le Roi réfolut enfuite de fai-
re brûler la grandeBulle,&: choi-
llt pour le jour de cette exécu-
tion le Dimanche d'après la Pu-
rification de la fainteVierge.Cefl
G
î4<^ Dcmele'xjie Boniface
— — — • ce qui fe fit en préfencc à\vk
L'"^^ ^rand nombre de Seieneiirs , 6c
^p-^se r 9- d autres perlonnes quaiiiiees qui
fe trouvoient à Paris , ôc qui fu-
rent appellées au Palais pour ce
iujet. L'après-midi on rit publier
cette a6lion à fon de trompe par
toutes les rues de la Ville j ôc le
.décri de la Bulle paifa enfuite
dans les Provinces. Douze jours
après cette exécution, le Roi dé-
clara par un Ade en préfence de
toute fa Cour , des Grands 6c des
Pairs du Royaume qui fe ren-
contrèrent, quil defavouoit fon
fils four héritier de la Couronne^ ^
tous fes autres enfans qui pour^
roient y fucccder , s'ils reconnoif-
foicnt aU'dcjfus d'eux une autre
Puijfance que celle de 'Dieu ^ de qui
jeul il défendait four le temporel ^
4JU s'' ils avouaient tenir le Royau^
me de France d'aucun homme x//-
"vant.
On auroît pu en demeurer là^
fî les Courtifans profitant de la
' avec Philij^pc le 3:L 1 47
focilité du Roi , n'avoieiir porté
de plus en plus Ton efpric à la ven-
geance. Ce fut à leur inftigacion
qu'ayant perdu toute confidéra-
tion pour un Pape fi paiTionnë, il
voulut répondre-de mot à mot à
la petite Bulle, & enchérir en-
core fur la duretc de fès termes,
La Rcponfe efl: auflî fuccinte que
la Bulle j 6c quoique ce ne foit
qu'un a(Tez pitoyable monument
de la foibleiîe humaine,non plus
que la pctire Bulle deBoniface ,
les raifons qui nous ont fait pro-
duire Tune, ne fouffrent poinc
que nous iupprimions l'autre , ôc
cela d'autant moins qu'elle con-
tient plus de vérité fous une ad-
drefîe plus injurieufe & plus in-
civile. Voici ies termes : Phi- «
lippe par la grâce de Dieu Roi «
de France , à Boni face préren- «
du Pape , peu ou point de faluc, «
Sachez , grand Fat ^ que nous «
•ne fommes foûmis à perfonne«
jKîur le temporel j qae la coL «*
G 1
Oi.
pag.44.
ï4S Demclea^ de Bonlfa^e
» lation des Bëncfices & des Pré-
^ ^' ')3bcndes vacantes nous appar^
sérient par le droit de notre Cou-
>3 ronne, & que les fruits de leurs
« revenus font à nous. Que les
«provilions que nous avons don-
« nées , bc que nous donnerons ,
" font valides , U, pour le paffe Ôc
53 pour Ta venir j ôc que nous fom-
» mes réfolus de maintenir dans
>5 la poiTeffion ceux que nous y
>3 avons n-iis. Ceux qui croiront
53 autrement feront réputez fous
« ôc infenfez. A Paris , &c.
FHILIPFVS BEI G RAT I A
Franc ORUM Rex,
B ON I r AC 1 0
^ gcrciiti pro fummo Pontificc , iâlutcm
modicam , i«« auUam.
Sciât maxima tua Fatuitas in
Umporalihusnos alicui non fubcffc,
JEccleJïamm ac Pr^bendamm va^
cantium collation^m ad nos jure
ny,o pertinere yfrucius earum mf
ann. i \OZ;
».S.
avec Philippe le Bel. Ï49
tros fctcere : collationcs a. nobis fac-
/^j (fi?- jaciendas , /i?r^ validas in
pnvteritum ^ futurum _, (jS earum
pojjc [fores contrX omnes viriliternos
tueri, Secàs aiitem credentes , fa^
îuos ^ démentes rcputamus. JDa^
ium Pari fins , (^e.
Ceux qui ont tâché de faire sponj.ni
paffer la petite Bulle pour une
pièce fuppofëe , ont cru confé-
quemment pouvoir auffi révo-
quer en doute la vérité de cette
Réponfe , bc rejetter Tune auflî-
bien que Tautre fur Pierre Flot-
te , fuppofant que ce Miniftre
auroit fait accroire au Roi fon
Maître que la petite Bulle qu'il
avoit fabriquée, étoit véritable-
ment du Pape Boniface,ôc qu'il
y avoit fait lui- même, ou fait fai-
re au Roi cette Réponfe pour
augmenter la querelle 6c brouil-
ler \qs deux Puiffances d'une ma-
nière irréconciliable. Mais cette
conjecture n'efl: venue que de
certains elprits fcrupuleux ^
G3
3 30^-
ï 5 0 Dhnile'x^ de B'oniface
bien intentionnez,quiont clien.
ché à lauver tout a la fois rhon>
neiiriîe Boniface &: celui de Phi-
lippe La Rëponfeneft pas moin s
avérée que la Bulle , 6c Tune fe
trouve auffi répandue que Tau^
tre dans les Ecrits des Hiftoriens,
des Canoniftes & de plufieurs
autres Auteurs. Il ëcoit fait men-
tion de l'une ôc de l'autre dans la
Jlf^.tl" Glofe du Sexte^ c'eft-à-dire du^
>-/yc.î/).^£-fjxiéme Livre des Decretales ,
dont l'Auteur eil Jean- André de
Boulogne , qui vivoic quarante
ans après Boniface , 6c qui avoir
ajoiité que ce Livre des Deere»
taies n'ëtoit point reçuenFran-
jt::her,i.x-. ^^^-M^is les CorrecleursRomains
Ki. ù. Hi;t. Qpf retranché cette obrervation
<iu Canoniftedans leur édition ,
avec plufieurs autres chofes im-
portantes , fous prétexte de cor»
reclion. Ce qui a été fuivi dans
toutes les éditions du Droit Ca-
non , faites depuis ce retranche*
jnent^au grand préjudice de la
Iniivcif.
avec Philippe le Bel, 15 r
vérité & contre Ja foi publique ,^
que Vovi doit garder à la pofté-
riré.
Le Roi Philippe non content viiiam ,
d*avoir fait au Pape une Répon- mT"-!'' ic'^
fe fi peu refpedueufe, & d'avoir ^^'^^^''^^l
fait brûler fa Bulle avec tant de s"'^^^ """f.
r \ 1 .dit que c'c-
rormalicez , voulut encore inte-- toitic com-
refler fes Sujets dans la défenfe qui vl^l
de {t^ droits , & fe munir de leur S,coa.
approbation contre lescntrepri-g."^^j',^^^i^^^
fes de Boniface. Cefutdanscet- ravant avec
A ,1 1 • celui- ci*
te vue qu il convoqua vers la mi-
Carême les trois Etats de fon
Royaume , qu'on appelloit en-
core alors leParlement L'Adem-
blée fe tint le 10. d'Avril dans
TEelifedeNôtre Dame de Pa-
ris , ou le trouvèrent avec les
Grands 6cles Prélats du Royau-
me,les Députez des Villes, Com-
munautez , Chapitres, Univetfi-
rez,^ les Supérieurs des Maifons ^iJ^'c^^-";
R eli2:ieules. Le Roi y fut en per p^'^'^"^^ \
lonne, ccil ynt propoier par ion t. 4.?. 14.
T> >> ' ' I 1 Chron. de
Procureur General ce que le sainc Denis.
G4
î 5 i T^èmhle^ de Bonifuce
^ Nonce du Pape ëtoit venu lui
*°** déclarer de la parc de fon Maî-
tre , touchant la Souveraineté
temporelle , & la citation des
Ecclefiaftiques du R oyaume de-
vant Sa Sainteté.
Pierre Flotte , qui depuis fon
retour de Rome avoit été fait
Garde des Sceaux , ou Vice-
chancelier du Royaume, fit un
grand difcours à PAflemblée,
pour lui faire remarquer les mau-
vais deffeins qu'avoir la Cour de
Rome fur la France , ^L le tort
qu'elle caufoità PEglife Gallica-
ne par les réfervations 6c les pro-
vifions d'Evêchez ^ & d'autres
gros Bénéfices en faveur des E-
trangers qui ne réfidoient jamais.,
quoique ce fût l'intention desFon»-
dateurs,&: la volonté del'EgUfe.U
repréfenta, Que toute la difpojition
giTp^uy,p ir. ^^j Bénéfices du Royaume alloit ati
Pape par mille artifices , fans que
les Evèques puffent les conférer dans
leurs Èiecefcs à ceux dont ils aw
avec Philippe le Bel, 15;
voient éprouvé la vertu ^ ^ dont ils
connoiffoient le mérite. Que /' E^life
Gallicane étoit fort furchary^e de
beaucoup de nouveaux impôts ^ ^
quit Je commettoit impunément des
violences (jr des extorjions de la part
des Traitans ^ autres Officiers de
la Cour de Rome, Que les Arche-
vêques fe trouv oient dépouille:^ du
pouvoir ^ de la jurifdiciion quils
dévoient avoir fur le s Eve que s leurs
Su^ragans , par des exemptions (^
privilèges accordez^ par le Pape,
Que depuis quelque tems la Cour de
Rome avoit fait en forte qu'on eût
recours à elle pour toutes chofes ^ ^
que Tien ne s'y faifoit que pour de
l'argent^ ce qui étoit également hon^
teux pour le faintSieie &> pour la
JFrance, Apres avoir procefcé pour
le Roi, que Sa Majeftë ne recon-
iioiilbit point d'autre Supérieur
que Dieu dans le temporel , ii
ajouta, Qu'avant l'arrivée duNon^^
ce en France y l'intention du Roi
Àioit de mettre erdre aux entreprifes
G5
I ? o 2 ,
J 30a,
1 54 Demêlex^dv Bonifiiez
de fes Officiers frr les gens d'EgliJ?^
après les recherches exaties quil en
aurait fait faire , Mais que voyant
la précipitation avec laquelle le
pape voulait prendre connoiffance
de cette affaire , // avoit diffère /V*
xecution de fon de (Je in ^ pour ne pas
donner a. Bonifiée leplaifir de pou^
voir dire qu^ il ne l'auroitfait qu*^
aux folli citations ^' par le com-
mandement de Sa Sainteté _, qui
n'auroit pas manque à' en prendre
droit pour autorifer fis p'ii tentions
de Souveraineté.-
Flotce ayant fini fon difcours
par une déclamation contre la.
perfonne du Pape, & contre la
Cour de Rome , dont il prcten^
doit avoir découvert les intri*
gués durant fon fcjour en cette
Ville , le Roi déclara aux Etats 3
que tout le fujet de leur Affeni-
blée roulbit fur la queftion de
favoir a qui du Pape ou de lui le
'Royaume de France étoit fujet. Les
Etats répondirent par leurs Ora«
I 5 oz.
avec Philippe le Bel, 1 5 5
teurs ou Députez , que ce poinc
ne dévoie pas être mis en quef-
tion j 6: qu'^;2 ne reconnoiffoit en
France que Dieu ^ le Roi pour Su-
périeurs dans le temporel, lis prié-
rent tous d'une voix Sa Majefté
de vouloir prendre fous fa pro-
reclion &: fa garde particulière
Je Clergé , la NobleiTe &: le Peu-
ple de fon Royaume contre les
Puiflances étrangères j ce que le f^'^fom.'S';^
Roi leur promit iolemnellement, ^^^-^'^'i^-
^ qu'il exécuta par un Edit pu-
blié peu de rems après.
Le Roi après avoir éprouvé
ainfi la difpofition de i^s Sujets à
fon égard , convia le Clergé ôc la
Noblelle de vouloir déclarer
hautement de qui ils reconnoif.
foient tenir leurs biens , parce
qu'il craignoic que le Pape par cuin. tJ^y.
une conféquence de la préten- ^" ^^""'^'
tion qu'il avoit fur le temporel ,
ne voulût faire paiTer le Royau-
me de France pour un Fief de
TEglife Romaine , comme ceux
_ 15^ Démèlezjie B'onifaêe
I J0 2.. d^Angleterre, deSicile,&: lesau^
très Etats de TEurope , quirele-
voient du faim Siège. Les unsôc
les autres déclarèrent qu^ils ne
tenoient ces biens que de Sa Ma-
jefté ëc des Rois fès Prédecef-
fcurs. Le Comte d'Artois por-
tant la parole pour tout l'Ordre
de la Nobleffe , remercia le Roi
du defir qu'il faifoit paroître
pour rétablir la bonne Difcipli-
ne , êc faire refleurir les Loix
dans fon Royaume , pour la dé--
fenfe duquel tous les Gentils-
hommes étoient prêts d'expof^^r
leurs biens 6: leurs vies. Il ajoura
^ue quand le Roi v ou droit fou ffrir
ou diffimulerles entreprifes dont on
fe flaiyioit , la Hobleffe ne le four ^
voit endurer de fa part. Qii_au refie
tous ceux au no7n defquels il par-
loi t y ne recoTinoifJoient point d'au^
tre SttpèrieuT fur la terra que le Roi
pour le temporel.
Dapuy,p.u. Après quelc Comte eût ce/îë
de parler , le Roi voulut que les
I
avec Philippe le Bel. 157 __
Ecclefiaftiques donnaient un te- 1 3'^^-
moignage public de leur fenti-
menc fur le point de la Puiflance
temporelle^ & fur celui de la Rè^
^ale. Les Prélats fuppliérenc Sa
Majeftc de leur donner du tems
pour en délibérer à paît. Leur in-
tention étoit de chercher les
moyens de calmer fon efprit^ê^
de rétablir Tunion &: la bonne
corrcfpondance entre la Cour de
Rome 6c la Cour deFrance.Mair,
le Roi les ayant prefle de s'expli-
quer , ils répondirent , ^'ils fe
croyaient ohlizfT^ de défendre les
droits de la Couronne^ O* l^^ Liber-
te-2^ de l* E'^Jife Gallicane^ Qjie plu^
Jïeurs d'entre eux y étaient même en^
pt'zez^par ferment pour les Duchez^^
Comte 7^^ Bar oui es ^autres Fiefs
qu'ils tenoient dans le pays ^ mais
que tous s'en faifoient une obliga-
tion indifpenfable , k caufc de la
fidélité ^ de la fourni IJîon quih
4evoient à Sa MajefiéWs fupplié-
zent enfuice le Roi de leur pcr-
I 5 8 Dêmèlex^dc Eoniface
" mettre d'aller à Rome fur Paffî-
^°** gnation que le Pape leur avoic
fait donner pour le premier jour
de Novembre luivant. Mais la
NoblcfTe ôc le Tiers-Etat s'oppo-
férent à c^xx^ demande j ils en
firent Çi bien voir les dangereu-
fes confëquences , que le Roi
déjà difpofé au refus par lui-mê*
me , y fut entièrement confirmé.
Le Tiers-Etat donna enfuite fon
avis, qui fe trouva conforme aux
autres, touchant l'indépendan-
ce de la Couronne ôc le droit de
Régale. Pierre du Bofc Avocat
^zi'X?\'6. du Rorau Bailliage de Coûtan-
ce , & Procureur de la Commu-
nauté de cette Ville , y donna
par écrit une délibération qu'il
avoit faite en latin contre la pe^
tite Bulle du Pape. Il prétendoic
y convaincre Boniface d'hérefie^,
s'il ne rétracioit ce qu'il avoit
avancé ^ s'il ne réparoit le fcan-
date qu'il avoir caufé a toute l'E-
glife jôc s*iL ne faifoit une fatis-
avec Philippe le Bel. i j^-
feélion publique au Roi , à qui il
avoir voulu ravir rindépendaii-
€e ôc la Souveraineté qu'il a voie
reçue de Dieu. Sur le bruit qu'on
faifoic courir que le Pape (e di-
foit aullibien riieritier k le fuc^
cellèur des Empereurs Romains ,
que des Souverains Pontifes fes
Prëdeceileurs , & que c'ëtoitun
des fondemcnsde fa prétention
fur le temporel du Royaume de
France-, du Bofc entreprit de fai-
re voix^Qne les premiers Rois de Lt
Monarchie 7i\iiÀoient j (ornais de-
fendu des Romains , ni tenu d'eux
quoi que ce fut en fiej\ Que la Sou .
verainctè du Roi ^ la liberté dit
Roy atone pour le temporel av oient
plus de mille ans de prefcription.
Que le Pape Adrien I. avoit don-
né à Charlemayie du confentement
du Concile Général ^non feulement Lt
Collation des Prébendes , ^ les
fruits de la qarde des ^gl^fis va»
cantes ^ 7nais encore le pouvoir de
nom/ner les Pa^es^ les Cardina.ux ,
XJ.OZ,
j6o Démèlez^de Bon ifa-ce
" (^ tous les Pyèlats des Villes qui
èioient j'eus [on oheifjance^ ^ quil
en avoit gratifié [es héritiers ou,
fuccejjeurs àfcrpetuitè. Que Louis
le Débonnaire fon^ fils avoit remis
de fon libre mouvement ce dernier
privilège au faint Siège ^ ^ s' ê toit
contenté de retenir four lui ^ fies
Succcjfeurs le droit de Regale , qui
confifioit éfiale ment dans la colla^
tion des Prébendes , ^ le fruit des
revenus, Qj^e tous les Rois deFran-
ce avoientjoui de ce droit fans trou^
hle c^^ fans interruption depuis ce
tems-lk jufqud Boni face Kl II*
Que ce n'étoit que depuis cent ans
ou environ que quelques Canonif
tes ^ ou autres particuliers :,s'étoient
avifex^de contefier ce droit. Qt^au
refie les premiers Papes r^avoient
jamais eu de pareilles prétentions j
t^ que l'Eglifc en fer oit bien mieux,
gouvernée ^fi leurs Succejfeurs vou-
laient les imiter dans leur pauvreté,
ri'^}^' 1 Ouelques Auteurs ont cru que
Parisment, Ic ELelultac de cette célèbre Al-
Avec Philippe le Bel. 1 6l
femblce avoit été que le Roi é- — — —
criroit auPape la Lettre que nous ' ' °^'
^ • 1 I ^ o y ou Ailcm-
avons rapportée plus haut, ce ou bicc des E-
la petite Bulle fe trouve réfutée tats.LeRoi,
pic-à-pié ; ôc que cette petite J'^ ^'^[f,Vc
Bulle y fut condamnée au feu , &icTiers-
6c brûlée même fur le champ en ^oy^^/^^
prefence du Roi &: de toute la écrivent à
NoblefTe. Mais outre que Tun^^^'^^^'^^''^^^'
1 autre fait auroit ete tout-a-fait
indigne de la gravité 6c de la fa-
gelfe d un Parlement fiaugufte ,
il ell vifibleque ce n'efl: que par
une tranfpoficion mal entendue
que Ton a attribué aux trois E-
tats du Royaume ^ ce qui n^étoic
venu que du mouvement parti-
culier d'un Rot en colère, &: de
quelqueCourtifan trop zélé pour
la gloire &c pour Tinterêc de fon
Prince.
La délibération de TAflem-
blée fut que Ton envoyeroit au
Pape pour lui reprefenter les pri-
vilèges ou franchifes duRoyau-
mQ 3 & les droits du Roi , que le
ï é 1 JDcmelezJie Boniface
*7r7~ Clergé écriroit fur ce fujec àSa'
Sainteté , le Corps de la Noblef-
iè , & leTiers.Etat au Collège
des Cardinaux. Le Roi dépêcha
au Pape de ia part , l'Evêquc
f»?7/. V!:lji. d'Auxerre Pierre de Mornay ,
%ondanuTâd Chanccller dc France,avec corn-
^3?'°^' miffion de prier Sa Sainteté de
vouloir pour Tamour de lui fur-
feoirouremettreà un temsplus
favorable le deffein qu'il avoir de
convoquer à Rome tout le Cler-
gé de France , parce que les af-
faires prefentes de fon Royau-
me ne pou voient fouffrir la ré-
formation qu'il en vouloit faire ^
ôc que pour lui en épargner la
peine, il avoir entrepris cette ré-
formation avec les gens de fon.
Confeil.
Lettre du Le Clcrgé députa vers Sa Saini
v^t ""'' teté troisMembres de fon Corps,
qui furent/^/>rr^ de JF errior s ^nou-
vellement élu Evêque deNoyon^
Robert de Marc ourt , Evêque de
Caûtances., & Beren^er de Frc^
avec Philippe le Bel. l(> 3
Jd?/,Evêqiie de Beziers,pours*ex- _^
GLifer de ne pouvoir faire pafler
en Italie Targcnt deftiné pour la
Terrelainre , nile trouver à Ton
Synode le jour de Taffignation.
La lettre qu'ils portèrent au Pa-
pe au nom de tous les Ecclefiafti-
ques du Royaume , tant Régu-
liers , que Séculiers , écoit datée ^^ j^^^^^..
du jour même de rAiTemblëe '^^- Av"i.
des Trois-Etats. Elle marquoit
d'abord le dépîaifir que leur
avoit donné la commiirion du
Nonce Jacques à<ts> Normans ,
Archidiacre de Narbonne , & la
Bulle de Sa Sainteté au Roi. El-
le Tinformoit enfuite de tout ce vigor, ni-
qui s'étoitpaiTé dans rAilemblée isus/p^'1^9.
des Etats , 6c lui reprefcntoit la p.^^^'Ty,
plus grande partie des plaintes
que le Roi avoit formées contre
lui &: la Cour de Rome.
Les Eccleiîaftiques fans s'écar-
ter du refpect dû au Souverain
Pontife, remontrèrent au faine
Père par Ja même Lettre , Que
\
Ci.
1 64 Démêlez^ de Boniface
c avait été une maxime inouie juf-
ques alors , que le Roi fut obligé ds
reconnoitre qu'il relevoit du Papg
fourfon temporel. Que l'on regar-
dait leur citation a Rome fous le
fpecieux prétexte de réformer le
Royaume , comme un moyen imagi^
né pour défier toutes les Eglifes de
France ^pour priver le Roi de con^
feils y é^ le peuple de Sacremcns.
Que le Pape (^ la Cour de Roms
étaient charger^ de divers griefs y
co'mme auteurs de toutes le s injujîi^
ces faites au Roi ^ à l'Eglife GaL
licane _, par réfcrvcs , par Ordina^
îions de Prélats y par collation des
Bénéfices de France k des EtraUf-
gcrs y a des inconnus , (^ i des gens
fufpects ^ non réfidens , d'où ve-
naient des defordres infinis dans le
Royaume que le Roi avait inten^
tion de réformer ^ avant que le Pape
eiit témoigné vouloir y travailler ,
€^ par fes Bulles , ^par la convo^
cation du Cler(ié de France à Ra^
■me. Que Boniface en larticulkr
avec Philippe le Bel, 16^
êi'oit accufè d'avoir charge les E- "
glifes du Royaume O" les meilleurs
Bénéfices ^de fcnfions ^ de cens ^ ^
de diverfes exaîlions qui chan^
geoiemlaface de l' Eglife -^ Cy^ que
c*t'toit ce a, quoi les Etats avoient
ré folu principalement de remédier,
Qu_ils s'ctoient engage^^ au Roi ^
avec les Barons ou la Isl'obieffe du
Koyanrne ^ pour travailler jl la con-
fiervat ion de la Liberté de l'E/zlife
Gallicane , a la dèfcnfe des privilc»
ges ^ des franchi fe s du pays ^ (^ à
la reformation des de f ordre s caufe^
faf les entreprifes des Officiers
Royaux fur le Cler-rc , (y- de tous les
autres abus qui fe trouveroientpaT"
mi les Sujets du Roifilercs ou Z aïe s.
Qu'ils avoient tâché d'adoucir lef^
prit du Roi ^é* d'effacer le s impref
fionsfàcheufes quon lui avoit don^
nées de Sa Sainteté : mais que maL
gré toute leur modération jls avoient
été oblige:^de s' expliquer dans l* ^f
(emblée ^ conformément a fa volon-
té , en faveur des droits de U Cou^
i'^6 Dcjnclez^dc Bonifjce
ronnc^ four prévenir le fcandalc que
" * " * . kur opo(îtion auroit caufc a lH Eglife.
Que puifqnc IvRoi ne vmiloi': pas leur
permettre d'aller à Rome où le Pape
les avait cltez^ ils pri oient Sa Sain-
teté d* avoir é^iardala difpojition
des affaires pré fentes j de ne pas
expofer la France a unSchifme 5 de
ne pas rompre l'ancienne union en*
tre le faint Siège (j;- 1' Eglife Galii-
c^ne ^ d^ de révoquer la citation
que fon Isfonce leur avoit faite de
fa part.
Lmre c^.' la La NobleiTc dc fon côté -écri-
Ordinaux, vit daiis Ic iDcme uenis au lortir
de la même Afiembiëe , non pas
au Pape , mais au Collège des
Cardinaux , auquel elle envoya
des Députez à part. Sa Lettre é-
toit conforme à celle du Clergé^
en ce qui concernoit les délife-l
rations prifes dans l'Aflemblëe
Vjtror,ra- des Etats. Maison y parioit des
ciur,Bui- entreprifesde Boniface avec un
Pi-euvcs 5 peu moins de ménagement. Oà
^^^ ^' y renouvelloit tous les reproches
■ avec Philippe le Bel. t 67
faics à Sa Sainçece par le Roi ou — " —
Ton Procureur General 5 &: l'on ^^^'
s'y plaignoic de plus de ce que le
Pape abo'.iiToii: les Patronages
laïcs ,& taifoic perdre à la No-
•bleiîe un droit qui lui avoic été
acquis ôctranfportc par les Fon-
dateurs ou les Bienfaiteurs des
Eglifes. Les Cardinaux ëtoient
priez de remédier promptement
-à cesinconveniens bc aux autres
defordres que la conduite de Bo-
iiiface cauloit dans la France ,
afin que l'on put penfer fërieufe-
nient au voya2;e d'Outre- mer. Il
n'y eut que les premiers Princes
«clés Seigneurs, qui au nom de
toute la NoblelFe firent fceller
la Lettre de leur fceau^au nom-
bre de plus de trente , dont les
principaux ëtoient Louis Comte
d'Evreux, frère du Roi Philippe^
Robert IL Comte d'Artois,Prin-
cedu Sang- les Ducs de Bourgo-
gne,deBretagne,&: de Lorraine^
l^s Comtes de Hainaulc &: de
J 3 02.
du Clergé.
1 6 8 Dhncle%Jie Bonifiiez
Hollande , de Lu:xembourg , de
Saint^Pol , de Dreux,dela Mar-.
che,de Boulogne^ de Ne vers „
&c.
XVIII. Le Tiers- Etat députa pareil-
«î'-'^suTcs' l^i^<^"^^ Rome. Il écrivit auflî
en France, le même jour au Collège des
en faveur Cardinaux , en des termes pref-
A\-\ (^ itérer f 1111 \ ^ 11
que remblâbles a la Lettre de la
NobleflTe. Il traita le Pape avec
auffi peu de ménagement dansles
plaintes qu'd faifoit de Sa Sain-
teté , qu'il défignoit feulement
par un circuit de mots au lieu de
Tappellerpar fonnom. Sa lettre
étoit fignée non du Tiers Etat ,
mais^au nom des Maires ^ Eche.*
vins , Jurats , Confuls , Univerfi-
tez , Communes 6c Communau-
tez des Villes du Royaume de
France. La tenue de cette Af-
femblée 6c les deux Lettres de la
Noblefle 6: du Tiers. Etat , fuffi-
fent pour faire voir que lesLaïcs
auffibien quelesEcclefiaftiques,
ont toujours eu droit en France
de
avec Philippe le Bel. 169
de délibérer fur tout ce qui con- '
cerne la police eccleliaitique ,
pour empêcher \^^ innovations
4?c les abus : & que Tufage du
JJ^oyaume eft que la Noblelle ScMarca,/.^.
Je peuple puiffent agir pour met- ccLL"^.* ^
tre le Clerré à couvert des en-
treprifes de la Cour de Rome.
D'ailleurs la Lettre du Cler-
.gé au Pape fait juger que l'Htac
Ecclefiaftique en France confer^
voit toujours fa première ferme-
té. 11 voyoit que la neccllké où
il étoit de demeurer toujours uni
aux deux autres Etats de la No.
bleife 6c du peuple dans leRo'au^
ine , fiifoit imprelîion fur les ef-
prits d la Cour de Rome -, ôcil fc
fervoit heureufement de cette
vue pours'oppofer à l'exécution
-. :des defirs de quelques Papes am-
j l>itieux,& pour montrer l'obliga-
tion qu'avoient tous les Ecclelîa-
ftiques de défendre les franchi-
^ /es H, les privilèges du Royaume ,
^ de s'attacher aux intérêts du
H
I 5 Oi«
Richer.
1 7 o Dèmele'Z^ de Boniface
Prince légitime comme io^s Su-
jets. Ce qui rendoit le Clergé
exempt de la corruption 6c de
Tefclavage , c'eft qu'il n'y avoit
pas d'Emiflaires de la Cour 4^
Rome mêlez dans fon Corps
pour facrifier les intérêts de TÊ-
glile Gallicane 6c de nos Rois à
ceux desUlrramontains.Cen'eft
pas qu'il ne fe trouvât bien des
CardinauxFrançois dèscetems^
là, mais ils croient membres du
Clergé de Rome, rëfidans ordi-
nairement auprès du Pape, &
non en France j 6c ils n*avoient
aucun rang près de nos Rois , A
moins qu'ils ne fuflent revêtus de
îa qualité de Légats ou de Non-
ces. Les autres Miniftres ou Of-
ficiers Ecclefiaftiques du Pape ,
qui étoient de France , n'avoienc
ni féance dans les AfTemblées, ni
Voix dans les délibérations du
Clerg;é du Royaume.
NonvcUe Pendant qu'on attcndoit les
4^r £ucs Rcponics de Rome aux Lettres
avec Philippe le Bel. 1 7 1
du Cleriré, de la Nobleiïè 6c du
1 lers-Ecat, Je Roi convoqua une
11 A rr 11' j T- • doutcu fc 3c
nouvelle AHemblee des Trois- inccrcaine.
Etats de fon Royaume , fouhai-
tanc que les Seigneurs qui dé-
voient aller à l'armée de Flan-
dres , où la guerre avoit recom-
mencé , pullènt avant leur dé-
parc entendre ce qu'on avoit à
produire de nouveau contre le
Pape. L'AfTemblée Te tint le 24.
de Juin jour de la nailTance de
fauit Jean-Baptifte, dans le Jar-
din du Palais- Royal ^ êc l'on ne jf^wit
<loit pas douter de fa tenue , s'il^t',. ,
cft certain que Pierre Florte le 2:^'''^-'^w>.
arde des Sceaux s y trouva , ce p. rs.
s'il y fit encore la fondion d'ac- ^'^^^Y'^-^®-
cufateur contre le Pape Sans
-cette circonftance on auroit lieu
de croire que les Auteurs au-
roient pris cette Aflemblée pour
celle de Tannée fuivante , qui fe
tint le 13. jour de Juin ,tems au-
quel Flotte n'étoit plus au mon-
de. Nous ne voyons pas quelles
1 7 i T)èmèîe^dc Bonifac^
; furent les délibérations de cette
Aflemblëe du 24. Juin 1302.
Mais nous voyons que tous les
Auteurs qui en parlent lui attri-
buent celles qui furent prifes
dans rAifemblëe du 13. Juin
1303. & qu'ils donnent à Pierre
Flotte , Guillaume de Nogaret
ôc Guillaume du PleJJîs , Seigneur
de Vizenobre, pour compagnons
dans iès acculations. C'eft ce qui
nous doit rendre cette Affèm-
blce de 1302. d'autant plus fuC
pecle î^c plus douteufe, que la da^
te du jour paroît fondée fur une
erreur de Boniface, qui parlant
derAlTembléede Juinen 1303.
dans un Bref au Cardinal leMoi-
11e du 1 5. Aouft fuivant, dit qu'-
elle s'étoit tenue le jour de faine
Jean-Baptille , au lieu du 1 3.de
Juin.
Réponfccîes Cc fut le 2^. du même mois
laNobicnï' n^^^ les Cardinaux répondirent
^auTicrj- en Corps à la Lettre de la No-
blelle de France , & à celle du
avec Philippe le Bel. 175 '
Ticrs-Erac. Ils encreprirenc de
juftifier le Pape,non pas liir tous ^ ' °**
les points marquez dans ces Let.
très, mais feulement fur les chefs
d'accuf.irion les plus importans.
Ils voulurent perîuader , ^eBo- ^^^^^^^^^
ni face ^tont leur Colleté conjoin^ p- <> ? 71.
teynent avec lui ^n oubli croient rien Kxusjp.ié.
four confcrver l'union entre l'Eglife^
le fa int Siège ^ le Roi a^ le Royaiu
7yie de France. One le Pape r^avoit
foint écrit au Roi ni à d'autres ^que
ce Prince lui fut fournis pour le ton-
pore f ouquil tînt de lui le Roy au»
me quil poffedc. Qu^il nen avoit
jamais eu la prétention ni lapcnfce.
Que l' Archidiacre de TSF ar bonne ,
Kfonce de Sa Sainteté ^ayant été oui
depuis fon retour a. Rome y foittenoit
ri avoir rien dit en Cour ^ ni rien
donné par écrit qui fût approchant
de ce quon lui imputoit fur cela.
Qu^ainfi les Conclufions données
par Pierre Flotte devant le Roi
dans l Ajfcmbléedes Etats ^ ctoient
f^tijfes c?' fans aucun fondement^
H5
J 3 02,
1 74 Demèlezjle Boniface
^uk la vérité les Prélats (^ les
autres Ecclefiafiiques du Royaume
av oient été mandez^à Rome par le
pape y pour délibérer avec eux fur
ce quHl y auroit à faire touchant la
réformation des de [ordre s 3 mais que
Sa Sainteté ne prétendoit conférer
quavec des gens non fufpecls^azréa^
lies au Roi^^ affeïlionnez^au bien
de la France. Que loin de recevoir
avec mépris les Bulles que le Pape
avoit écrites au Roi ^ ^ de les re^
jetter injurieufement ^ comme on a^
voit fait à la Cour^on auroit dit tert
remercier , puifqu^ elles netendoient
qiia remédier aux maux que fou f
froient les gens d'Eglife , ^ a réta^
blirle bon ordre partout le Roy au--
me, £^e s'ilétoitvrai que le Pape
eut foulé le Clergé ^ ce n'auroit été
qua la prière du Roi _, en lui accor^
dant lapermiffîon de lever de sDé ci-
me s. Qiie ce ri! é toit qu^ en faveur du
Roi ^ des Grands duRoyaume qu^il
avoit donné les difpenfes dont on fe
plaignoit 3 ^ qu\tinji ils ne pou^
I?01,
avec Philippe le Beli 1 7 j
voient lui en faire des reproches jans
ingratitude, Qt^tl ne fe fouvenoit
pas d'avoir pourvu d' Etran'rers
aucune EglifeCatbedrale Jjors celles
de Bourses i^d'^rras ^ qu'ilavoit
remplies de Sujets très capables e^
agréables a Sa Majeflè , qui d*aiU
leurs avoient été élevez^^ dans le
Royaume , dont l'un quoique Ro^
main (i ) ctoit Doïleur en Tbeolo* t. Giiics de
gie de la F acuité de Paris de l'Or f^;;7,[; '^^Jj^
dre des Auquftins , ^ avoit été Coionnes.
Précepteur du Roi -^ l'autre [1) quoi^ 2. Girard
que pareillement Italien avoit pro^ Pjgaiotu.
feffè l'un S^ l'autre Droit dans l*'V^
niverjité de Paris. Que pour un
Etranger eu deux qui avotent été
recommandez^ d'ailleurs parle Roi^
l'on trouveroit cent François que le
Pape avoit comMe\d.e grâces (^^ de
bienfaits* Qu'enfin toute la Cour de
Rome avoit a fe plaindre de ce que
la T^obleffe de France contre la
hienféance , la civilité O" l^ refpecl
dit au Souverain Pontife de l*E'
olife univerfellc , n' avoit pas dai-i
H4
I
1302.
iy6 Dhnèle^ de Bonlface
gnê nommer le Pa^e par fon nom ^
mais s^ètoit fcrvie pour le dèfiyfier^
à'uyie pcriphrafe conçue en termes
defobliqeans , nouveaux ^ pleins
de mépris.
Cette Réponfe du Sacré Col-
lège, àlacompofition de laquel-
le le PapeBoniface avoit eu gran-
de part, fut fcellée de dix-fepc
fceaux à Anagnie, lieu de la réfi-
dence la plus ordinaire de Sa
Sainteté. Les Cardinaux en fi-
rent une autre de même date à la
Lettre du Tiers- Etat, & Padref-
férentauxViiles &: aux Commu-
nautez du Royaume. Ce n'étoic
prefque qu'une répétition de ce
qu'ils venoient de répondre à la
Nobleiïe. Ils écrivirent en mê-
me rems au Roi & au Clergé y
quoiqu'ils n'en euiïent pas reçu
de Lettres • 6c ils tâchèrent de
leur perfuader qu'on les avoit
mal informez des fentimens ôc
des difpofitions de Boniface.
. H ell fâcheux pour la fatis-
nvcc Philippe le Bel. 1 7 7
faclion de ceux qui cherchent la
vcriré de cette hiftoire dans le
fond des preuves originales, que
nous n'ayons encore pu recou.
vrer ces deux dernières Lettres.
Nous y découvririons fans dou-
te plus de fincéritc,ou du moins
plus de circonfpeftion àdéguifer
un fait que ces Cardinaux n'au-
roient o(é dilnniuler ou altérer
devant le Roi ou le Clergé, avec
autant d'afliirance que devant la
NoblefTe 6c le Peuple. Mais à
moins que l'on ne s'imagine de
les voir animez de l'efprit de Bo-
niface , il n'ed pas ai(é de com-
prendre par quelle maxime de
confcience ils ont pu avancer que
Jacques des Normands Archi-
diacre de Narbonne , Notaire
Apoilolique ê<: Nonce du Pape
en France , n'avoit rien dit de
bouche 5 ni préfencé au P.oi au-
cun écrit contenant les précen'
rions de Boniface fur le tempo-
rel de la Couronne , C\ que ce
I JOl,
178 Dénie le^ de Boni face
a î o 2. Souverain Pontife n'avoir jamais
eu de pareilles prétentions. Les
deux Bulles où elles étoient ex-
preflement contenues , ôc donc
le Nonce avoir été porteur, font
encore entre les mains de tout le
monde , reconnues pour vérita-
bles par les amis 6c les ennemis
de la Cour de Rome : ce qu'on
ne fauroit au moins nier de la
plus grande , qui commence par
Aufculta fili ^ ôc qui étale tou-
tes ces prétentions avec autant
de pompe &: d'étendue que l'ex-
travagante Unam fanciam^c\\xQ le
faint Père publia au mois de No-
vembre de cette année. Pour ce
quieft de la petite qui commen-
ce )^^rScire te volumus^ que nous
avons rapportée toute entière en
'^lna!']i^^- fon lieu , le témoignage du Glof-
«rt>j^^' faceur ou Commentateur ancien
du Sexte des Decretales, quoique
retranché au fiecîe deniier piîr
les Corredeurs Romains , fulHc
pour nous convaincre qu'on la
avec Philippe le Bel, 179
tcnoïc pour certaine. ^^^^^
Les autres points des Lettres
à^'?. Cardinaux à la Nobleffe ^
auTiers Etat,n'avoient pas beau-
coup plus de folidité. Il paroîc
qu'ils ne les avoient avancés
que pour fatisfairc le Pape , au*
quel il étoit dangereux de con-
tredirej 6c s'ils avoient eu un deC
fein fc rieux de fe faire croire , 6c
de perfuader des gens qui avoient
en main dequoi les démentir , «5c
les convaincre de faulLeté , c'en
feroit aflez pour les rendre luf.
pecTis d'impudence & de mauvai-
fe foi, ou du moins d'une crédu-
lité cxceffive à l'égard d'un hom- Jacques? des
me dévoué à leur Cour qui les ''"^"^"^•
àuroit trompez.
Le Pape répondit peu de jours Réponfc da
V \ 1 y 1 /"«l ' Pape au
aprcs a la Lettre que le Cierge ciergé.
de France lui avoit écrite le jour
de r Aflemblée des Etats, par une
Bulle où il repréfentoit TEglife
Gallicane à l'égard de rFgli(e
Romaine , comme ^«^ Fille folle ^
H6
I s o Dèmcle^ de Boni face
qui était dcfobcijj'cmte (^ rehclle i
Preuves ^^^^ Mcrc pUinc de tendreffe d" ^^
pa^eéf. charité. Cette Réponfe n'étoit
Bull eus, , , . , ^ 1 T-) •
r^s. 2 1. qu une plainte de ce que le Koi
à fes Miniftres avoient fait con-
tre lui , en fon Parlement aflem-
blé à Paris, pour empêcher les
Ecclefiaftiques d'aller à Rome,
où Sa Sainteté les avoir mandez.
II déchargea fon chagrin princi-
palement fur Pierre Flotte^, qu*il
Teiid,f^>?:^i^i- appelloit fans façon J?^//^/ , èor^
tZ^!°to,L gne des yeux du corps , & entière.
iterexccccam. ^^^^ avcuglc de ccux dc offrit. Il
fît de grands reproches aux Pré-
Le Tarie- ]^f g ^^ ^^ ûu'en plein Parlement ils
ment alors ? il -.r---n r
n'étoit au. avaient joujjert que ce Minijire je
que iwEcats déchaïnkt jî cruellement contre Sa
du Royau- ^^iy^^ctc , & outragcàt l' Eglifc Ro^
maine avec tant d indignité. Qu'il
était honteux four le Caraïlere é.
fifcGpal qu'aucun df entre eux ne fe
fut oppofé aux Gens du Roi ^ n'eut
entrepris de réfuter ce qu'on y avan--
^oit y qui tendoit a rompre l'unité de
l'JEglife j (jj- à former un Schifme en
me
avec Philippe le Bel, i § r
France , ou enfin ne Ce fut retiré de
■ '^- ./-' 1302»
VAjfemhlce , four 71 avoir point de
part k l'iniquité qui s'y comme tt oit.
Qî^après tout on ne pouvoit pas
foutenir que le temporel n'eft pas
fournis au fpirituel ^ fans tomber
dans Pherefîe de ceux qui ètablif
f oient deux principes. Il finit en
exhortant ces Prélats à méprifcr
les menaces qu*on leur faifoic du
côté de la Cour ,afin de les dé-
tourner d'obéir à l'ordre qu'ils
avoient reçu de Sa Sainteté pour
fe trouver à Rome au jour mar-
qué-, 6c pour oppofer des mena-
ces à celles du Roi , il leur décla.
ra, Qti^ilcbîitieroit la dêfobcijfince
de ceux qui manqueroient de corn-'
paroitre k leur affirnation,
Boniface ne iuoreant pas que fa x r x.
Bulle au Cierge , non-plus que ^^^^^ ^ r^.
les Lettres des C^*rdinaux à lameaurujcc
NoblefTe cS: au Tiers Etat du \l/i'\^
Royaume , fuflent fuffifantes , Cour de
tint encore un o-rand Conhftoi- |^«^^-^^^c
re vers la fin du mois d Aouit 3 ne de ïi3.ïi^
tSi T>èmelez^de Boni face
pour prendre de nouvelles déli-
ce Avi d beracions fur la conduite qu'on
cârdioaldc tenoit en France à Tégard du
Porto, f^inc Siège. L'Evêque d'Auxer-
re Envoyé du Roi, 6c ceux de
Noyon , de Coutance 6c de Be-
ziers Députez du Clergé, y affi-
ftérent par ordre de Sa Sainteté.
Le Cardinal de Porto fît l'ou-
verture des avis , 6c propofa le
iîen par un grand difcours qu'il
prononça en prefence de ces Pre-
lats. Il prit fon Texte de i'Epître
de la veille , Fête de la Décolla-
tion de faint Jean-Baptifte , où.
l'Eglife applique aux prédica-
tions de ce faint Précurfeur, ce
qui avoir été dit de Jeremie, Que
JDleu l'avait établi fur les nations
(^ fur les Royaumes pour arracher
^ détruire ^ pour planter ^ bâtir.
Ce Cardinal foûtenoit^ Que ces
paroles prophétiques dévoient s'*en^
tendre de la puiifance du Pape fur
tous les peuples de la terre ^non feu le ^
ment par le miniflcre évany:lic^ue
avec Philippe le Bel. i S 5
de la parole de Dieu , mais encore
far un droit de Jurlfdiciion dévolu.
aux Succeffeurs de faint Pierre i \^
que l'ufage de cette puiffance regar^
doit aulji- bien la punition des mê^
chans ^ que la rêcompenfe des bons,
Qî^ilrHè toit rien de plus léger que
le fujet du démêlé qui feformoit en-
tre le Pape Boniface , le Collège
des Cardinaux ^ l'Eglife ^ d'une
fart'^ le Roi de France ^fes Sujets,
de l^ autre, ^^ily avoit une union
ji étroite entre le Pape ^ le Sacré
Collège 3 que l'un ne vouloit rien
fans l'autre • i^ que dans ce qui rc-
gardoit l'affaire pre fente rien ne j V'-
toit fait que d'un commun accord.
Que la Bulle écrite par le Pape au j^rçtiUA,Tdîm
Roi j (^-^ dont on fe flaignoit fihaut
en France ^ an oit été lue i^ relue en
fie in Confifîoire. Qu'elle y avoit été
examinée fort e xaFie ment ^^ qu'el-
le ne refpiroit que la charité chré-*
tienne en des termes pleins de dou^
ceur ^ de tendreffc. Qu^on s* et oit
trompé en France de croire que l'in^
m*y
184 'Dûmelex^de Boni face
~ tention du faint Père dans cette
Lettre fut d'obliger le Roi a recon*
naître qu'il tenait fan temporel de
l'Eglifc 3 que ce n'avait été la féru
fée ni du Pape ^ ni du Sacré Canfî-
foire 3 o^ que ce 11! était nullement le
fens de la Lettre. Qjia la vérité
sdre te voiu- l'ou parlait d'une autre petite Let-
tre en forme de billet y au fe trou-
vaient les prétcntio7is dont an fe plai-
gnait y (^ que l'an avait fait courir
en France fous le nom duPapexmais
qican rien connoiffoit pas l'Auteur
à Rome 3 é" qu'on y étoit affez^per-
fuadé que le Pape ni le Collège des
Cardinaux n'y avaient point de
fart, Qî^il voulait croire que le
Rai étoit tin ban Prince ^ fartCa^
tholique : mais quil avait auprès
de lui de mauvais Confeillers qui
ahufoient de fa facilité é^ de fes
bonnes intentions. Que le Pape ne
faijoit point de tort au Roi ni au
Royaume d'appeller a lui les Pré»
lats Français , qui étaient tous Su*
jets fidèle s ^ affcBionne^à SaMa^
Avec Philippe le Bel. 1 8 j
jcflL Qu_ilrCy avoit convoque au-
cun des ennemis de la France • é*
qiCainfi il ri y avoit rien a craindre
four le fpirituel ni le temporel du
Royaume ^ d'une Aijemhlce tenue à
Rome dans le centre de l* unité de
l*Eglife par tant de yins non fuf.
-peïis a la France.
Qu'à l'égard de Ut collation des
Bénéfices , il é toit certain quelle ne
fouvoit appartenir aux Laïcs par
aucun droit , (^ quune marque de
cette veriti ctoit la néce.fTité dans
laquelle le Roi avoit été d'obtenir
du faint Siège une difpenfe ou un
privilège. Que le Confeljeur du Roi
n\îuroit pas le pouvoir de l ah fou-
dre j s'il ne l avoit reçii du Pape ,
de qui les Eve que s tenoient au(/i le
leur* Qu^en confequence de cette
fuhordinationja puiffance des Eve-
que s étoit limitée (y- imparfaitejau
lieu que celle du Pape étoit univer.
fie lie (jr' abfolue • (^ que l'on ne pou.
voit douter de cette plénitude de
fuijJancQ en lui Çans fe rendre cou-
IJOJ
2 JOZ,
1 S (î Dèmclcz^de Boni face
fable d'hcrejie. Qu'il rCy avoii
qu^tinChef dans l' E^^life-^que ceChef
ctoit le Pape , qui farce titre ètoit
dcvcnui.^ Seigneur de tou-
tes CHOSES , TANT POUR. LE
TEMPOREL , ÇMJ E POUR LE
SPIRITUEL j, comme étant le fuc-^
ceffeur légitime de S. Pierre Vtcai^
re de JesuS-Christ ,^ qui tout
appartient, ^^i encore que la Jurif.
diFlion temporelle foit entre les
mains des Rois , Empereurs ^ au-
tres Princes féculiers , elle apparte-
nait néanmoins de plein droit au
Souverain Pontife qui leur en laif
foit l'ufage ^ l'exécution ^ parce
qu'ils portoientl'épée. Mais que le
Pape avoit le pouvoir de ptq[cr de
toutes les affaires temporelles des
Royaum.es par rapport au péché
qui s'y commettait ^ ^ que ces af
faire s et oient même de lajurifdic-
tion fpirituelle y en ce qu'on devait
ncceffairement les regarder comme
bonnes ou mauvaifes.
Après que le Cardinal de Por-
avec Philippe le BeL i S 7
to eût fini, le Pape Boniface prie
]a parole , & choific pour le tex ' ^ ° *
Avis du Pa«
te de fon difcours ce qui ell: die pe/ ^
dans la Genefe du mariage de pas^^y^*
rhomme avec la femme , Qi^on
ne doit p.is fê parer ce que Dieu a
joint enfemhle, C'eft ce qu'il ap-
pliqua à Tunion du Royaume de
France avec l'Eglife Romaine ,
contractée par leBatême de Clo-
vis , à qui S. Rémi avoir prédit ,
Que les Rois ^ le Royaume feraient
heureux ^ tant qu'ils demeureroient
unis a cette Eglife 3 d^ qu'ils péri-
roient dès qu'ils viendraient d s'en
f parer. Boniface fe garda bien
de rendre laprédiclion récipro-
que pour le faint Siège , ou dû
moins pour la Gourde Rome, en
cas que la féparation vînt de (on
côté , & par la faute des Papes.
C'eft pourtant ce qui étoit mar-
qué dans le vieux Proverbe
François, qu*il pouvoit avoir ap-
pris étant en France , & qu'il
avoit peutêtre eu en vue en com-
V. lO.
î s 8 Demclex^ de Boniface
~^T^ pofanc fa harangue. Voici ce
Proverbe:
MCdcSaint- Mariage eft de bon devis
Spon.i. ^à De rÈgliie &: des Fleurs-de-Lis.
c.m. 1101. Q^iandViin de l'autre partira ,
Chacun d'eux lî s'en lentira.
Boniface témoigna devant lé^
Prélats François députez du
Clergé j qu'il en avoir averti le
Roi autrefois , lorfqu'il étoit Lé-
gat en France j &c que Sa Majef-
té Tavoit pris en très-bonne part.
Il déduifit avec oflentation tous
\ts avantages qu'il prétendoit
que cette union avoit procuré à
la Couronne, & fît remarquer
entre les autres^, Que fous le re<zne
de Philippe- Augufte les Rois de
France 'iH av oient pas phs de dix-
Imit mille livres de revenu ^ au lieu
que fous fon Pontificat ils en a.
voient plus de quarante mille ^-par le
7noyen des qraces (^ des difpenfes
que l'Eglife leur avoit accordées.
Il pafla enfuite à la rupture de
cette union , donc il fit auteur
avec Philippe le Bel, i S 9
Pierre Flotte, qu'il croy oit enco- •
re du nombre des vivans.Il s'em- ^ '^^' -
porta de paroles contre ce Mi-
ni (ire, pré tendanti2£^ depuis quil
avait èiê admis dans le Confcil dît
Roi , ce naveit été quun Achito^
phel (^ un hérétique 3 ^ que Ces
^onfeils ri avaient jainais été fuivis
qu'à la perte du Roi ^ du Roy au ^
me y Trayant eu pour appui que le
Comte d'Artois Je Comte de Sainte
Pol , ^ des gens du même caraiie^
re, Quil voulait que Flotte fut pu-
ni temporellement ^ fpirituclle-.
ment , (^ quil demandait a Dieu.
^itil lui réfervkt cette punit ion^afin
qu'il en put faire un exonple de ft
jujiice. Il dit, Qtiilfaloit que F lat-
te eut corrompu ou dcyiifé le fcns ds.
la Lettre quil avait écrite au Roi
avec la participation ^ le confen'-^
îementde tout le Colleqe des Cardin
vaux : mais que par délibération
prife avec les Amhajjadeurs de
JErayice y ils n'avaient pas jugé à voyez cy-
$rapûs de l'envoyer à Sa Majefié f^^'^^^^^-
î?02,
ï 9 o Dèmelc^de Bo niface
avant qu'on Uii en eut récrit four l^t
fonder ou la -prévenir favorable^
ment. Qii^ainfi on ne pouvait ajjurer
fi F lotte avoit falfifiè la Lettre me--
me j ou s^il avoit dit à ce Jujet des
fauffetez^au Roi pour le prévenir
contre Sa Sainteté, Mais qu'on a^
voit affecté de cacher la Lettre aux,
Grands du Royaume ^ aux Fre^
lats ^pour leur perfuader plus aifé-
7nent que le Pape avoit voulu obli»
^erle Roi àreconnoïtre qu^il tenoit
de lui fa Couronne ^fon temporel.
Que depuis quarante ans qu'il étu^
dioit le droit y il n'ignoroitpas que
les puiffances fpirituelles ^ tcmpo^
relies fuffent toutes deux ordonnées
de Dieu _, ^ qii elles euffent leurs
fonctions fép are es, Qujl n' avoit ja -
mais eu intention d'ufurper celle
du Roi 3 ^ qu'ainfi iln'étoitriende
plus mal fondé ni de plus outra<^eant
que cette ^ktvitl' qui lui avoit
été imputée k la tête de faRéponfe.
Que le Roi y ni pas un Fidèle nepou^
'voit nier qu'il ne fut fujet du Pape.
avec Philippe le Bel, 191
mhnc quant au temporel^ no'iipas en
Fief du faint Sieze^ mais par rap-
port au péché qui fe commcttoit
dans l'admimftration de ce tcmpo^
rcl^ comme L'avait rapporté le Car-
dinal de Porto, ^'d l'cyxrddc la.
collation des Bénéfices ^il av oit fou-
vent dit aux Aynbaffadeurs de Fran-
ce _, qv^il voulait faire en forte que
le ^61 fit licitement ce qu*il fai.
fbit illicitement. S^e cette colla-
tion ne pouvait appartenir à un
Laïc , en telle forte qu'il put avoir
le droit (^ t autorité fpirituelU qui
confifte dans le pouvoir de conférer
les Bénéfices*
^'il n'était pas vrai qu'il eut
permis au Roi de mettre un Cha-
noine dans chaque Eglife de fon
Royaume i qu'à la vérité il avait
0u intention de lui accorder le pau^
■voir de conférer les Prébendes de
l'Eglife de Pans ^ pourvu que ce
fut a des Docteurs ou a des gens fa^
vans i 7nais qu'il avoit a fe plain^
are que ce Prince ne donnât ces pla^
I îOi.
J 30;
191 T)èmele^de ijoniface
' ces qu^a la recomynandation ^ a la
faveur. Que ^ au lieu de gens faits
comme Flotte ^ I^ogaret , le Roi
lui avait dépité ;pour lui faire fes
remontrances^ des gens d'honneur^
de probité :,tel s que le Duc deBour*
goyie ou le Duc de Bretagne ^ il
les aurait écoute^ avec fiai fir^é* [^
ferait corrigé dans les c ho fes où on
lui aurait fait voir fes fautes. Qtijl
ne voulait f oint traiter le Roi fe^
Ion toute la rigueur qu^ il lui avait
donné fu] et de le faire , farce qu'il \
était réfolu de bien vivre avec lui:
Qu^ il avait été l'ami particulier de
S, Louis fonayeul ^i^ de Philippe
le Hardi fan père -, qu'il avait tau^
jours été porté pour la France du^
Tant fan Cardinalat •, que depuis
qu'il était Pape ^ il avait toujours
aimé^y défendu ^fervi Sa Majefté.^
fur tout contre les Anglaisées j4lle^
mands, ^ fes autres ennemis étran^
gers d^ domeftiques ^ fans quai il
était perdu ^ Mais que fi le Roi ne
-devenait plus fage ^ d^ que s'il ne
laiffoit
'^,vec Philippe le BcL 195
lai jf oit aller k Rome la Prélats de — '
fon Royaume , il j aurait le châtier ^ "* -
comme un petit garçon , ^ lui Sim mum
hier la Couronne, Que fe s Pré de ce f- ^•"'•'^''^'"*
feurs avaient dcpofè trois Rois de
France pour de 7noindresfujets 5 ^
que Philippe le Belayant déjà fait
beaucoup plus de mal qu'eux^ avoit
tout à craindre s* il ne profitait de
leur exemple. Oi^il connoiffoit les.
de [ordre s & les he foins duRoyaume'y
ijr qu'ail ordonnait de nouveau auK
Prélats de venir a Rome^^i^ défai-
re le voyage à pied s'ils n'avaient
foint de chevaux. Que ceux qui y
manqueraient fans caufe légitime ^
feroientàèpofcz^^ (^ qu'il les dècla*
roit dcja dépofe^ par avance.
Après le Con(iftoire,queIques Réponfe de
r-> \- r \ ' J ' trois Caidi.
Cardmaux le chargrerent de re- muxauDuc
pondre au Duc de Bourgogne
( Robert ) qui étant touché du
fcandale que ladivifion de Ro-
me avec la France commençoit
à caufer , leur avoit écrit en par-
ticulier pour tâcher de le^ préve-
I
de Bourgo-
gac.
194 'Dhncle^ de Boni face
■" j nir , & avoir député de fa parc
en Cour de Rome un Chevalier
du Temple, nommé Huyies Ca^
talan pour adoucir Teipric duPa-
pe. Ils lui renvoyèrent ce Dépu-
ré avec deux Lettres fignées de
trois d'entre eux , 6c datées du k.
P.80.&S2. &(^.jour de Septembre. Mais à
quelques civilitez près , ils ne lui
Matthieu, donncrcnt pas beaucoup d'autre
Sn^^Ma- fatisfadion. Le premier lui fie
nQinimicv, l'apologie de Boniface, entreprit
de lui prouver Tinnocence à la
juftice de toute fa conduite , 6c
l'ingratitude de la France, pour
les bienfaits dont il l'avoit com-
blée. Il lui m^nàdi^ Que le Roi
étoit excommunie ^ four avoir de*
fendu aux Prélats ^ aux autres
£cclcfiajliques c onvo que z^d' aller à
Rome, Il lui fit même des repro-
ches fur ce que ni lui , ni la No-
bleffe , ni le Tiers Etat ou les
Communautez duRoyaume,n*a-
voient pas écrit au Pape^ comme
ils avoicnt fait au Sacri Colle-
avec Philippe le Bel, 195
ge. Il le pria de confîderer , Que 1 30a'
te n^hoit qtcau Pape qu*apparie.
7idient les Canoni'Z^itions ^ les Dif-
fenfes de mariage , les Indulgences y
les provifions aux Prêlaturcs ^ la
penniffion aux Princes de lever les
décimes fur le Clergé h qu^il n'y a^
voit aucune de ces y ace s que Bo^
niface n'eiit faites a la France, Qu'il
n^c toit pas po^lfible de faire pour le
Roi autres die Sa Sainteté ce dont
il le follicitoit ^ ^ qui confiftoit d
faire révoquer la fufpenfîon de tou^
tes les y ace s que le Pape lui avoit
accordées jufqu a l'arrivée de l' Ar^
chidiacre de Isfarhonne à la Cour
deFrance^^ le coynynandcment fait
^ux Prélats de fe trouver à Ronie
le premier jour de Novembre 3 ^
7noins que le Roi ne fit une péniten-
ce Jînçere des fautes qu'il avoit com^
mifes contre le faint Siège ^ ^ quil
ne rendit une fatisfallion publique
au Pape Qu'au refte le Roi ne dc^
voit attendre ni lettre ni nouvelle
du Pape yparceque Sa Sainteté M
11
pag.8 2,
1 9 6 Démèlû^dc Boni face
" voulait ni ne devait avoir aucun
comynerce avec un Excommmiie,
^Robert & La Lettre des deux autres
rrcuves, Caudiiiaux au Duc de Bourgo*
gne;,ne dëmentoit pas non plus le
génie de ia Cour de Rome. Elle
ccoir plus flâteufe que la premiè-
re à l'égard de ce Prince. On y
louoitlc zèle qu'il faifoit paroi-
tre pour la paix de rEglife. On
Tallùroit de l'ertniie 6c de la con-
fîdération particulière que le Pa-
pe avoit pourfon mérite^ pour
ia perfonne.On ajoutoitqueref-
prit du faintPere étoit tellemenc
irrité , qu'il ne vouloit prefque
plus fouffiir qu*on lui parlât de
TaiFairedu Roi de France. Qiie
fî néanmoins le Roi vouloit don-
ner des marques d'humilité 6c de
repentir ^ le Pape avoit encore
affèz de clémence 6c de charité
pour oublier le paflc. C'eft pour-
quoi on y exhortoit le Duc à fai-
re en forte que le Roi s'humiliât
pour mériter l'abfoUition^ ôc fe
avec Philippe le Bel. 1 9 7
mettre en état de reiïentir les ef- ^
fers de la bonté du faint Père. ' ^ ^ ^'
Pendant qiron étoit occupé à ^ ^•
Rome des RcpOnICS qUOn de- François à
voit faire aux Lettres des Trois- ^^ bataille
Etats du Royaume de France, 6c tr^ay^acln"-
des moyens de rendre inutiles buccaiiPa-
les défenfes que le Roi faifoit de ^^'
lailler fortir de France ni aro;enc
ni marchandifes, le Pape reçi^c
avec une fatisfadion fccrettj la
nouvelle de la défaite de l'armée
Françoife en Flandres 3 6c parti-
culièrement celle de la mort du
Comte d'Artois , &: du Garde p-ob«tiT.
des Sceaux, qu'il regardoit coni ^^^^^^^^ pioc-
me les deux adverfaires les plus
nuifibles à fes prétentions qu'il
eiit à la Cour. Il ne s'étoit vu
déplus longtems une journée (i
funefte aux François que celle
du onze de Juillet. Cinquante
mille hommes de troupes aguer-
ries & toutes vidorieufes fous la
conduite de Robert II. Comte
d'Artois, Prince du Sang Roval,
I3
198 "Demele^^ de Bonîface
iliivi de la principale Noblefle
^^^"' du Royaume, avoient été mis
en pièces près de Courtrai par
vingt-cinq mille hommes fans
expérience & fans difcipline , ra-
maffez des boutiques de Bruges^
de Gand & des Villages voifins ,.
révoltez contre les Officiers de
Philippe le Bel , 6c conduits par
le fils du Comte de Flandres.
Valois "apî Le Roi confterné d'^un échec
pe^uéd'iu- ^^^(jj p^^j attendu , & craignant
que cette difgrace n'eût de plus
grandes fuites par quelque fa-
cheufe ligue que les Anglois &
les Allemands auroient pu faire
avec les rebeUes des Païs-Bàs ^
rappella d'Italie le Comte de
Valois fon frère avec {^'s» troupes.
Ce Prince avoit pafle Içs Alpes
depuis un an avec une belle ar-
mée, à la foUicitation du Pape
qui l'avoit déclaré CapitaineGe-
lierai des armées en Italie,Com-
mandant de l'Etat Ecclefiafti-
que , Pacificateur de la TQfcauejj
avec Philippe le Bel, 19^
& Vicaire de l'Empire. Il ëcoic ^
alors en Sicile occupé à chailer
de cette Ille Frédéric d'Arragon,
pour la mettre en la pcfTelFion
du Roi Charles. La nouvelle des
ajfîaires de France le porta à fai-
re avancer la paix encre ces deux
Princes -, de forte que remettant
à d'autre tems l'expédition qu'il
devoit faire en Grèce pour la
conquête de l'Empire de Con-
ftantinople , il prit la route de
Rome avec ce qui lui reftoic de
troupes Françoifes pour revenir
en France.
Le Pape travailla inutilement îTouv^uAi-
pour l'en détourner • 6c ce qu'il irn^/s"
put obtenir fut une promelfe que '^ <^"'ir/e
r 1 /- 1 1 Rome & la
ce Prince lui fit d'accommoder France.
les différends furvenus entre la Fcîixorms,
France 6c la Cour de Rome, au wi/^S'
contentement réciproque de Sa '^^?j^^'-'jj||"^
Sainteté 6c du Roi fon frère. Ce Neaiir»
n'étoit point tant un accommo-
dement ou une réconciliation
que Boniface demandoic du Roi
I4
J ÎOX.
2 00 Démêle^ de Boniface
Philippe le Bel, qu'une founiiC
fion à fes volonrez.Mais le Corn-
te de Valois arriva trop tard pour
prévenir le Roi qui avoit été dé-
jà informé des intrigues par lef-
quelles on prétendoit que Boni-
face avoit fait révolter les Fla-
mands contre lui. Il avoit appris
auffi que c'etoit par les follicita-
tions du Pape que le Roi d'An-
gleterre avoit vio'é la paix &
l'alliance contradée entre les
deux Couronnes par les maria-
ges de fa fœur & de fa fille , &:
avoit favorifé les rebelles de
Flandres de fes confeils , 6c de
l'argent des Décimes que Sa
Sainteté avoit fait lever fur les
Eglifes d'Angleterre ôc d'Irlan-
de.
Une conduite fi defobligean-'
te acheva d'aigrir l'efprit de Phi-
lippe le Bel contre la Cour de
Rome, aux artifices de laquelle
il attribua la perte qu'il avoit fai-
te de fon armée à la journée de
1 30a.
avec Philippe le BeL 2,01
Courrrai. Le Pape de fon cocé ,
quoique fore content de la puni-
tion qu'il croyoic que Dieu avoic
tirée du Comte d'Artois, de quel-
ques autres*Seigneurs qui avoienc
ctc de rAffemblëe des Etats , de
Pierre Flotte qui s'etoit rendu.
J'accufateurde Sa Saintete^Scde
quelques autres prétendus enne-
mis du faint Siège, ne fe crut pas
encore aflez vengé. Il ne rebâ-
tit rien de fon humeur hautaine
ôc de fw^s prétentions ambicieufesj
c'eftce qui rendit les deux Puif-
fances perfonnellement irrécon-
ciliables.
Cependant le Roi apprit que le Roi rue
malgré les dcfenfes qu'il avoit bT/j,^ J^^g^.
fiiites aux Ecclefiaftiques de for cicruftiqucs
tir de Ion Royaume lans la per- me.
miiTion^quelques Prélats, Abbcz,
Prieurs, Docteurs en Théologie
6c en Droit , étoient allez à Ro-
me pour latisfaire aux fomma-
tions du Pane . hi fe trouver au
Synode du premier jour de No-
201 jDêmch^Jle Boni face
^^ vembre. Cette contravention a
ks ordres lui fit donner le Di-
manche d'après la Fête de la
■ Additions faint Luc un Edit par lequel il
n.ix, ordonnoit a [qs Omciers de lai-
fir les biens de tous les Eccle-
fiaftiques fortis du Royaume
contre les dëfenfes. Il vouloic
auffi qu'on lui en envoyât les
noms avec un Mémoire de leurs
biens , aufquels il fit donner des
Gardiens pour être confervez
pendant leur abfence.
Il récufe le Quelques jours après voyant
*^^* que le Pape vouloit toujours fe
comporter en Arbitre 6c en Juge
des dififerends de la France avec
l'Angleterre , quoique l'arbitra-
ge auquel il avoir été admis qua-
tre ans auparavant 5 non comme
Pape, mais comme perfonne pri*
vée par le compromis des deux
Rois , fût fini par la Sentence
qu'il avoit prononcée , il donna
desLettres deRécufation contre
luià Yincennes dans i'Odave de
avec Philippe le Bel, 105
IaTouilains.il àicX'èiX^^Qu^ comme
le Comproïnis portoit que Boniface
ou flà.bt Benoift Gaétan ne pour»
roit procéder dans toute cette af-
faire fans le confentement exprès
de Sa Majefié , // fe croyoit obligé
de proteffer publiquement contre ce
que le faintPcre voudroit faire en
vertu du compromis ^parcequil en
ètoit déchargé du confentement des
parties intereffces y c'cft^a-dire d%
Roi a Angleterre {^^ du ficiiy ^-^ que
fan pouvoir ètoit ^at/zW. D'ailleurs
Boniface lui étant devenu fore
fufped à loccafion de nouveaux
différends furvenus entre laCour
de Romeôc celle de France de-
puis le compromis , il le recufa
dans toutes les formes pour tout
ce qu'il voudroit entreprendre
en vertu de fon ancienne qualité
d'arbitre. Il nomma trois Sei-
gneurs de fa Cour , fçavoir Gau-
cher de Châti; Ion , Jean de Har-
court , 6c Jean Moucher pour en
fignificr l'Acle à Sa Sainteté , 2c
16
I îoa.
l04 Démêle x^de Bonifacff
"" à tous ceux qui y auroienc inte^
J3C2. ^ 1 ;
rer.
XXI. Le premier jour de Novembre
Synode de j p^ affemblace qui fe
Rome , ou - 1 Vi M V 1^ ^ o
retrouvent trouvoïc de Prciacs a R.ome,oC
piufieurs i-jj^j. Cqj^ Synode où il avoir con-
îrançois voqué le Clergé deFrance.Non-
contre ror- obftant k Lettre d'excufe qui lui
avoit ete écrite le jour de 1 Al-
femblée des Trois-Etats dans
Nôtre-Dame de Paris, au nont
de tous les Archevêques , Evê-
ques,Abbez,Superieurs,Doyens,
Prévôts de Chapitres , Univerfi-
tez 6c Communautez féculieres
6c régulières dû Royaume, pour
être difpenfez du voyage, & ob-
tenir la révocation de leur cita-
tion, il les avoit tellement inti-
midez par fes menaces , qu'il fe
trouva plus delà moitié des Pré»
lats qui aimèrent mieux contre-
venir à P£dit du Roi que de deC
obéir au Pape. Les Archevê^
ques de Tours, de Bourdeaux,de
Bourges 6c d*Auch , furent de ce
Igor.
avec Philippe le ÊeL i o J
nombre avec trente-cinq Eve-
ques, parmi lefquels étoienc celui
d'Auxerre , envoyé de la parc du
Roi, 6c les Evoques de Noyon ,
de Coûtance 6c de Beziers Dépu-
te^ du Clergé depuis le lo. d'Avril
jour de TAiremblce des Etats.
Le Pape ayant fait entrer les lc Papc s'y
pruicipaux du peuple Romamtrc leRois:
avecfon Clergé, voulut en lear^rw.^^''''^'
préfence oc devant les Prélats ,
Abbez 6c autres Ecclefiaftiques
François, fe purger par ferment
des accufations dont Pierre Flot-
te 6c les autres Miniftres du Roi
Pavoient charge dans PAirem-
b!ée des Etats. Il renouvella en-
fuite 6c confirma les cenfures
qu'il avoit fulminées jufques-là
contre Sa Majefté 6c fesOfîîciers,
6cilfe prépara à en fulminer de
nouvelles après la Conftitution
qui devoit faire le réfultat de
fon Svnode,6c renfermer le prin-
cipal de fes prétentions fur les
Puiilances fçculieres.
to6 T)emclez^de Bonifac^
^ Cette fameufe Conftitutiort
^ „ * que Ton a inférée parmi les De-
Bulle de la i , ,, ^
puiflancc du cretales que 1 on nomme Extra^
tcmpoiïï, ^^ valantes ^ dc que Ton connoît par
f.;,^::X-tout fous le titre de la Bulle
diema. Unam Sanciam , fut publiée le
Preuves, ^^ j ^ ' . A , ,
pag. 5-4. 18. du même mois , jour de la
^ui^sus , iv j^ jj^^^g jg 1^ Bafilique de faine
Pierre & de faint Paul. Elle por*
toit ^Qt^il y a deux glaives dans.
l'Eglife y le glaive fpirituel ^ Iff
glaive temporel oti matériel. Que
l'un d^ t autre font en la main 011
en la puijfance de l' Eglife, Que le.
premier doit être manié par l'Egli-
femème ^ (^ le fécond parles Prin-
ces ou Puiffances feculieres four le
fervice de f Eglife , fuivant les or-
dres d^ la volonté du Pape é^ des
Minifires Ecclcjïafiiques, Que le
temporel eft fujet (^ dépendant dî^
fpirituel. Que c'efi lapuiffance fpi^
rituelle qui forme la temporelle ^
qui la juge : mais que perfonne na
juge la fpirituellc que Dieu feuL
Que Lon ne veut avoir d'autre crean-
avec Philippe le Bel. 207
ce fur ce point fans tomber dans l^hc- ^
rcfie des Manichéens , qui admet'
toient deux principes, Qiijl eft de •
necejjîtè de falut de croire que toute
créature humaine eft foiiinife aui
Pape,
Cette Bulle fit voir la mauvai- Marca,^.4.r.
fe foi avec laquelle le Pape ac- cumwl^l
cufoit Pierre Flotte d'avoir fal-
lîfié celle qui avoit été adreiïée
au Roi , pour lui faire entendre
que Sa Majefté devoit le recon-
noître comme fon Supérieur
dansfon temporel. Elle met au
jour toute la rapercherie dont il
avoit ufé dans la tenue de fon
Confii1oire,6c dans la Réponfe
des Cardinaux à la Nobleife 2c
au Tiers Etatdu Royaume,pour
déguifer fes prétentions fous des
équivoques. Par cette dernière
Conftiturion , il parut vouloir
ôter toutes fortes de bornes à la
PuilIcUice Ecclefiaftique , 6c lui
donner une étendue plus grande
qu'il n'avoit encore fait, affec-
i o8 Dèmele^de Boni face
..^ tantdeneplusdiftinguer lepou-
ijoi. voir qu'il s*actribuoic fur tous les
Etats fouverains 6c indépendans
k raifort du péché , d'avec celui
qu'il a voit iiir ceux qui relevoient
en Fief du faint Siège , & qui lui
devoier^t l'hommage. Il abufoic
àfon ordinaire de l'Ecriture fain-
te, dont il avoit une grande con-
noiffance, auffi-bien que de l'un
& l'autre Droit ; 6c despafTages
qu'il employoit, il tiroit des con-
féquences qui ne tendoient qu'à
donner au SouverainPontife une
Monarchie abfolue.
Il ne demeura pas longtems
dans les termes de fimples pré-
tentions ^ & pour mettre en pra-
tique les maximes de fa Bulle , il
en donna une autre l'année fui-
vante fous le nom d'Edit perpe-
r)uT^.Aout. tuel , pour déclarer tous Rois ,
îvf?» non «c- ■*■ '
-v-m. Empereurs , ou autres Princes Sou^
pag!^i é"' V crains tels qu ils pufent être ^ fou^
mis aux citations de l^ audience o%
du Palais Apojloli^^ue comme le
avec Philippe le BcL 209
yefie des hommes ^ é^ obligez^ d'y ^ ^
^^w/'^w/'r^. Mais ces deux Bulles
furent déclarées de nul effet à
regard de la France par le Pape
Clément V. comme nous le ver-
rons dans la iuice. La première
fut réfutée de point en poinc
dans unTraité latin compolé par
un favant Docleur de Paris, fous
le titre de Qucftion tcucbant la Rex p^u^cut
puijfance du Fape -^ cet Ecrit fut vigor!r,rs-
enfuite adopté par l'Univerfîté. ^^'^TeV
Le jour de la publication de Le Roi en
cette fameufe Bulle , Boniface "é^ciTT.";.
en fulmma une autre que les Par- ^^^^
tifans de la Cour de Rome ont ^j'^^^'^'f
coutume de produire comme un
monument de la modération de
ce Pape à l'égard de Philippe le
Bel. A leur compte c'étoic pour
ce Prince un furcroît d'obliga-
tion envers Boniface, de ce que
fon nom étoic épargné dans cet-
te Bulle où il étoit excommunié
êc anathematifé, fous le terme
général à^Quiconque ofoit détour»
i I o T>êmclcx^ de Boni face
""'j ner ou empêcher ceux qui vouloierif^
faire le voyage de Rome ^ ou qui en
tevenoient ^ qui les maltraitoitjuf-
qu'à faire faijir leurs biens ou leurs
fer formes^ fut -il revêtu de la digni*
tè de Roi ou d'Empereur,
■EàiulL\ Pl^ilippe le Bel averti de ce qui
coïKreccuxie pafloic à Rome au préjudice
de fes Sa- jg Çç^^^ aucoricé & de ks droirs,6c
loicntàRo- touche en même tems du mépris
me fans fa qu'une partie des Evêques de
Ion Royaume avoit fait de les
défenfes 6c defes ordres pour fe
rendre aux volontez du Pape ^
envoya le premier jour de Dé-
cembre des Lettres de Cachet
au refts des Prélats , & aux Ba-
rons, c'efi:-à dire aux principaux
de la Noblefle , pour les aflem-
bler à Paris, & prendre leurs dé-
libérations fur cesentreprifes.Le
fruit de cette Afllmblée fut une
nouvelle Ordonnance du Roi ^
portant défenfe à tous ks Sujets ,
fans en excepter les Prélats , les
Pairs , les Barons ^ ou Grands du
I ^oa..
avec Philippe le Bel, i ï t
Royaume de fortir des terres de
fon obéilTance fans perm ffion
cxprefTe de Sa Majeftc , ou d'en
faire fortir chevaux , bagages, ôc
autres chofes néceflaires à l'E-
tat.
Les flcheufes imprefllons que *^°'*
la Bulle Unam Sanclam répan- Nog"rct au
due en France par les Emiflaires (^""papc?"^
de la Cour de Rome , faifoit fur
les efprits timides Scfcrupuleux,
ne lai(roient pas d'embarafler les
Miniilres du Roi , malgré toutes
les précautions qu'on prenoit à
la Cour pour rendre inutiles les
efforts du Pape Boniface.C'eft ce
qui porta Guillaume de Noga- vieor,p.t<. ^
ret qui avoir été chargé des Preuves,
Sceaux après la mort de Pierre
Flotte , à former fa plainte en
préfence du Chancelier de Mor-
nay Evêqued'Auxcrre,qui étoic
revenu de fon ambaflade de Ro-
me. Il préfenta fa Requefte au
Roi contre le Pape devant plu-
fieurs Prélats , le Comte de Va-
iîOî
1 1 1 "Demelei^ de Boni fa ce
lois, frère de Sa Majeftéje Com-
te d'Evieux fon frère du fécond
lit, le Duc de Bourgogne,le Con-»
nêrable de France , ôc plufieurs
autres Seigneurs de la Cour qui
fe rendirent au Louvre pour Ten-
tendre le 1 1^ jour de Mars de
l'an 1303. félon le calcul de Ro-
me 3 mais que l'on comptoit en-
core en France de l'an 1 302. ]uf-
qu'à Pâques prochain.
Il commen(^a par des invedû
vcs contre la perfonne du Pape,
qu'il chargea de crimes atroces,
èc qu'il prétendoit ne pouvoir
être nommé Boniface que par
antiphrafe. 11 repréfenra d'a-
bord , foiitint & offrit de prou-
ver , Que Boniface riètoit point
Pape • qu^il avait employé la four-
he S" l'iynpofture pour s'emparer dtc
faint Sie^e après avoir fëduit Ce^
lefiin. Qu_cncore que les Cardinaux:
euffent confenti de nouveau a fon
élection après la mort de fon Pré-
decejfçur ^ fon intrufion riavoit^h
avec Philippe le Bel. % i 5
itrc reHifièe , étant vicicufe dans
fes motifs î^ dans fcs moyens.
Que n'étant pas entré dans la
Berqeric par la porte , tl iièîoit
ni vrai Pafteur , ni Mercenaire
même y mais aux termes de l'E^
vanyle , un voleur ^ un briyind^
qui ctoit venu fondre fur le Trou^
peau de ^LsxJiS^CiiKisT pour le per^
dreCy" pour le ynajfacrer.
Après l'avoir accufë d'herefie
& de limonie , il attaqua Tes
mœurs , 6c le dépeignit comme
le plus fcelerat (^ le plus aban-
donné des honrmes y comme le cor^
rupteur de la Reli<zion ^ l'ennemi de
Dieu S" ^^ l^'Eglife. Il remontra
au Roi , qu'étant le Chrift du
Seigneur 6c le Protecteur del'E-
glife, il devoir s'interefTer plus
que les autres dans la juftice qu'il
faloit faire de BoniFace. Il le
fupplia de TafTiiler dans la pour-
fuite qu'il prétendoit faire con-
tre lui. Il demanda enfuite à Sa
Majefté qu'il lui plût airembler
1 30^1
Ï303.
'% r 4 T>emèle^de Boni face
fon Parlement ou les Etats de
fon Royaume , pour y procéder
à la convocation d un Concile
général , dans lequel Bonifate
pût être jugé &. dépofé. Il ofFric
de vérifier devant le Concile
tous les crimes dont il Taccu^
foit j 6c il repréfenta que par pro-
vifion il feroit néceffaire que le
Roi & le Collège des Cardinaux
pourvurent l'Eglife Romaine
d'un Vicaire pour faire les fonc-
tions pontificales , jufqu'à ce
qu'on eût faitTéleclion d'un nou-
veau Pape , parce qu'on feroic
obligé d'arrêter la perfonne de
Boniface , pour empêcher qu'il
îie traversât tous les bons def-
feins qu'on auroit de remédier
aux maux qu'il caufpit à l'Eglife.
Il voulut même perfuader auRoi
qu'il étoit obligé de faire la pour-
fuite de toute cette affaire, pré-
tendant qu'il y alloit de la foi 5
que l'exemple des Rois fes Pré-
deceileurs exigeoit cela de lui ,
avec Philippe le Bel, 1 1 j
aufTubien que le ferment qu'il — —
avoit fait de défendre les Egli- ^^"^^^
{q,s de fon Royaume^dont il ëtoic
Patron.
Pendant qu'on prenoitauLou- xxiii.
vre des délibérations contre laLe^iaioa
Cour de Rome , Boniface fur la i^aiie^Moi-
nouvelle du dernier Edit qu'a- rc en Frin^
voit fait le Roi pour défendre le "*
tranfport de l'argent hors du
Royaume, ^c pour empêcher les
Evêques d'aller a Rome , voulue
envoyer à ce Prince un Legac
pour traiter avec lui en apparen-
ce de tous les points qui taifoienc
le fujct de leurs contedations 5
mais en effet pour aflembler les Guiii.Nan-
Prélats qui étoient demeurez en ^j-pf,!"!-
France , & les porter a le ranger
du parti de Sa Sainteté. Afin d'y
mieux réuffir , il chargea de cet-
te légation le Cardinal Jean k
Moine , natif de Picardie , hom-
me d'efprit &. de conduite , qu'il
favoit être fort bien à la Cour
de Frani:e j Scconfideré du Roi
ït 1 6 T^cmelex^ de Boni face
d'une manière particulière.
^^'^^* Ce Légat étant venu à Paris
Avectrejze, ^vec douze Articles qu'il dévoie
^"ili eiffc^K p^'^^po^er au Roi de la part de
deux de ce Sa Sainteté , commcnça îacom^
lesiaiv/fpi! million par fonder les Prélats. Ec
afin que fa négociation fiit plus
fecrette , il amufale Roi de l'oc-
cupation que lui donnoit le Col-
lège de fon nom , qu'il faifoit bâ-
tir acluellement dans l'Univer-
fîré de Paris, derrière les Bernar-
dins 5 fe contentant de n'entre-
tenir alors Sa Majefté que de l'u-
tilité de cetétabli(îement,&de
lui demander des privilèges &:
des gratifications pourlemain-
tenir. Après avoir reconnu fuf-
fifamment ladifpofitiondesPré-
Jats ^il manda au Pape fon Maî-
tre ce qu'il avoit pu tirer d'eux ,
^luienvoyale Mémoire de ceux
qui ne pouvoient pas faire le
voyage de R ome^ & de ceux qui
ne le vouloient pas.
prop'ofw^au En attendant la Rëponfe du
faint
avec Philippe le Bel. 117
faintPere , il traita avec Sa Ma- "^
iefté 6: fon Confcil des points ^ .
J , A Roi par le
contenus dans les douze articles rapc
qu'il lui avoit prëfentez de la
part du Pape. Le premier regar-
dait la défenfe faite aux Eccle-
fiaftiques d'aller à Rome fur l'af-
fignation qui leur avoit été don-
née par le Nonce de Sa Sainte- vi^ôr, Ri-
té. Sur ce point ^ on dcmandoit vius \ rI/-
au Roi la révocation des Edits spolldanu..
portez contre ceux qui alloient ^^'^V^^ '
à Rome, ou qui en revenoienc
fans avoir obtenu du Roi ou de
fes Officiers la permillion de for*
tir du Royaume. Le fécond ar-
ticle portoit un pouvoir legiti-
me,fuperieur êc abfolu , de pour-
voir aux Bénéfices vacans en
cours ou non ; 6c défendoit à
tout Laïc de les conférer fans 1 a
permiffion ou le confentemenc
du faint Siège Apoftolique. Le
troifiéme portoit , que le Pape
pourroit , comme il le jugeroit.i
propos 5 envoyer des Légats. &:
K
50?
2 1 § JDé?77clez^de Boniface
des Nonces auprès de toutes for-
tes de Souverains fans leur en de-
mander la permiffion , 6c fans
prendre licence de qui que ce
fût. Le quatrième , que le Pa{5e
avoir la difpenfation de tous \q%
biens de TEglife : qu'il en pou-
voit difpofer feul à ia volonté 5
que nul autre ne devoir s'en mê-
kjT , ni les exiger de fon autorité
privée. Le cinquième , qu'il n'y
avoir point de Roi ou d'autre
Prince, qui fut en droit de faire
faifir les biens des Ecclefiafti-
ques,ni de les citer devant fon
Tribunal pour des adions per-
fonnelles , ou pour des immeu-
bles qu'on ne tiendroit point en
Fief de lui. Le fixiéme , que le
Roi ayant (oufFert qu'on brûlât
une Bulle du Pape en fa préfen-
ce,il devoit inceffamment fe pur-
ger de ce fait ^ que pour cela il
devoir envoyer à Rome quel-
qu'un pour entendre ce que Sa
Sainteté enordonneroit, 8c qu'il
^vec Philippe le BcL 1 1 9
faloic s'y foûmettre. De plus ,
que le Pape avoir defiein de ré-
voquer tous les privilèges^ les
grâces que lui 2cfes Prcdecefîeurs
avoient accordez au Roi 6c à fou
Royaume. Le feptiéme , que le
Roi ne dévoie pas abufer de ce
que par abus il appelloic Régale ,
ni ruiner les Eglifes qui ëroient
en fa garde durant la vacance du
Siège j qu'il en devoit conferver
hs fruits 6c les faire réferver à
ceux qui feroient nommez pour
fucceder aux Béneficiers dé-
funts. Le huitième , qu'il dévoie
reftituer le glaive fpirituel aux
Ecclefiaftiques , nonobftant les
privilèges qu'on pourroit avoir
obtenus pour en lai(îer quelque-
fois l'ufage à des féculiers. Le
neuvième , que le Roi étoit obli-
gé de réparer le tort qu'il avoit
fait à ics Sujets par les change-
mens qu'il avoit apportez par
deux fois à la monnoye^ change-
mens qui avoient ruiné la Fran-
Kz
1^0
110 Demelcxjie Bonifacf
ijoj, ce. Le dixième^, qu'il dévoie auflî
réparer toutes les injuftices , vio •
lences ôc malverfations commi-
ks par lui ou fes Officiers, ôc re-
médier aux autres griefs expri-
mez dans le Bref de Sa Sainte-
té , dont le Nonce Jacques des
Normands Archidiacre de Nar-
bonne avoit été le porteur. Le
onzième , que la Ville de Lyon
avec toute l'étendue de fon ter-
ritoire n'étoit pas du Royaume
de France ^ & qu'ainfi elle n'ap-
parcenoit pas au R oi: mais qu'el-
le écoit indépendante & maîtref-
ie de fa propre Jurifdidion. Le
douziéme,que le Roi devoit don-
ner de telles fatisfadions fur tous
c^s griefs , que le Pape & le fàint
Siège en fuflent parfaitement
contens 5 qu'autrement le Pape
fauroit y pourvoir , & procède-
roit fpirituellement Sctemporel-
- lement contre Sa Majefté.
jît^poofe du Le Roi répondit à tous ces
points avec beaucoup de modé-
Rcj a ces ar-
i
avec Philippe le Bel. 2 1 f
îation. Sur Je premier article il dit
que ce n'ëtoit point par mépris
pour TEglife , qu'il avoir fait dé-
fenfe d'aller ou d'envoyer à Ro-
me fans fa permiffion j que fes
ordres n'avoient pas été donnez
proprement au fujet des Eccle-
îîaftiques ,- mais à caufe de Ja ré-
volte des Flamands, 6c pour re-
medicr à quelques conjurations
qui fe formoient dans fonRoiau-
me. Sur le fécond qui regardoit
la collation des Bénéfices , qu'il
en avoient ufé 6c qu'il en uferoit
toujours, comme avoient fait S.
Louis fon grand-pere 6c k% au-
tres PrédecelTeurs.Sur le troifié--
me , qu'il ne trouvoit point à re-
dire que le Pape envoyât tel Lé-
gat, ou tel Nonce qu'il lui plai-
roit 5 6c que jamais il ne refufe-
roir de les recevoir,à moins qu'ils
ne lui fuffènt fufpecls d'ailleurs.
Sur le quarre 6c le cinquième ,
concernanr la difpofirion des
biens 6c revenus ecclefiaftiques,
K3
I^C],
lîOJ.
2 2 2' Dèmelex^ de Boniface
il ne prétendoit rien faire contre
la coutume établie 6c rc<^ûe en
France du confentement des Pa-
pes qui avoient précédé Boni-
face. Sur le fixiéme , ati fujet de
la Bulle brûlée , que cela étoit
arrivé dans la chaleur du procès
que l'Evêque êc le Chapitre de
Laon avoient eu contre les Eche-
vins de la même Ville ^ que la
Bulle produite par l'Evêque ^
contredite par les Echevins , a-
voit été abandonnée d*un com-
mun confentement ^ ôc brûlée
comme une pièce inutile, fans
aucun deflein de faire injure au
Pape ni à TEglife. Ce n'étoit pas
fur ce fait que le Roi avoit à ré-
pondre , mais fur deux autres , au
fujet de deux Bulles adrelKes à
lui par Boniface , & contenant
les prétentions de Sa Sainteté ,
dont l'une avoit été brufque-
ment jettée au feu par le Com-
te d'Artois y l'autre avoit été fo-
lemnellement brûlée devant Sa
avec Philippe le Bel. ii'i,
Majefté & les Seigneurs de fa
Cour le 8. de Février 13 02. Mais
il paroîcquele Roin'ofant jufti-
fier ou excufer ces deux faits ,
comme il Tauroit pu néanmoins,
s'il n'avoit eu intention defc bien
remettre avec le Pape , avoit été
bien aife de détourner ce qi^il y
avoit eu d'odieux, fur ce qui étoic
arrivé à la Bulle concernant la
Ville de Laon.
Sur le feptiéme articIe,où il s'a-
giflbit de la Regale, il fît prefque
la même réponfe que fur les
deux , quatre &: cinquième, où il
ëtoit queftion de la collation des
Bénéfices 6c de la difpofition des
biens d'Eglife , témoignant qu'il
ne prétendoit point palier les
bornes de l'ufage légitime que
lui permettoient les droits de fa
Couronne , félon l'exemple que
faint Louis 6c {^s autres Préde-
ceffeurs les plus modérez lui en
âvoicnt donné. Que s*il s'y com-
mettoit des abuspar fesOfficiers,
K4
15Q3
J303,
214 jDèmèîexjle Sôfiiface
il donneroit tous {qs foins pour
les prévenir à l'avenir, comme il
avoir déjà fait pour réparer le
pafle. Sur le huitième , il répon.
dit que c'étoit un droit acquis au
Prince féculier , 6: au Magiftrat
politique , de procurer ou d'em-
pêcher l'exécution des Bulles ôc
des autres Mandemens eccleiîa.
ftiques , félon qu'ils fe trouvent
juftes ou injuftes , utiles ou nui-
fibles à l'Etat. D'ailleurs qu'il fe
contenteroit toujours du glaive
matériel , fans prétendre jamais
toucher au glaive fpirituel , donc
jllaiflbit l'ufage tout entier aux
Miniftres deTEglifè. Sur le neu-
vième, qu'il avoit pu de fon au-
torité faire de la monoye de fon
Royaume ce que bon lui fem-
bloit, à l'imitation defesPrédc-
ceOTeurs, fur tout n'ayant confi-
deré dans les changemens qu'il
y avoit apportez , que les befoins
del'Etatj qu'il avoit donné or-
<lre qu'on fatisfît pleinement aux
avec Philippe le BeL 125
plaintes de ceux de (qs Sujets qui
en auroient pu foufFrir. Sur le ^^^^*
dixième, que pour difpenfer le
Pape de la peine qu'il vouloit
prendre de réformer les défor-
dres du Royaume , Sa Majeftë y
avoir pourvu, tant par des Edits,
que par desCommiffaires nom-
mez pourenconnoître, & pour
punir fdverement les coupables.
Sur le onzième, que pour ce qui
regardoit l'afFaire de la Ville de
Lyon,le Roi étoit prêt d'en trai-
ter 6c d'entrer dans un jufte ac-
commodement , pour montrer
combien il étoit éloigné de défi-
rer autre chofe que ce qui lui
appartenoit. Que tout le defor-
<ire delà Ville n'étoit venu que
de ce que l'Archevêque avoir
négligé de prêter le ferment de
fidélité. Sur le douzième, que le
Roi avoir un defir fincerc de
conferver l'union qui avoir tou-
jours été entre le faint Siège ôc le
Royaume de France 3 qu'il priok
11 6 DêmHe^de Bonifdce
"~"""""~ le Pape d'y coopérer de fon cô-
^^°^' té avec la même fincérité,6cde
ne le pas troubler dans la jouif-
fance légitime de (qs droits ôc de
fes privilèges. Que file faint Pè-
re n'étoit pas content defes Ré-
ponfes, Sa Majefté étoit prête
d'en pafler par l'avis desDucs de
Bretagne 6c de Bourgogne, que
Sa .Sainteté reconnoiiFoit elle-
même comme 2:ens craiiznans
Dieu , dévouez au faint Siège ,
pleins de probité & d'lionneur,6c
bien intentionnez pour la paix 5c
Tinterêt deTEglife &: duRoyau-
me. Qiie le choix de ces deux<
Princes lui feroit d'autant plus
agréable ^ que le Pape lui avoic
déjà offert par fesNoncesde les
premlre de fon côté pour Arbi>
très de leurt différends.
XXIV, Ces Réponfes du Roi furent
V-^^^j ^*^ envoyées incontinent à Rome
pJainc des i /^ i • i ▼ 1 1
Rcponfes par le Càrdmal Légat , & elles
du Roi furent auffitôt examinées dans le
Confilloire. Mais le Pape n'en
avec Philippe le Bel. 117
fur pas content ; c'eftce qu'il fit ^^^
connoître à Ton Légat par un
Bref du 13. d'Avril, où il \w\ uucras nus ,
marque les fujets qu'il croyoit ^"p^uvcs,
avoir de n'en être pas fatisfait. P's-9f»
Il dit que toutes ces Réponfes
étoient ou oppofées à la vérité ,
ou contre la juftice , ^ pleines
d'une obfcurité affectée ^ de for-
te qu'on ne pouvoit y faire aucun
fond,&: qu'elles n'étoient pro-
pres qu'à retenir fonefprit dans
l'incertitude &: la fufpenfion j
qu'il attendoit toute autre choie
de Sa Majefté , & que cela ne ré-
pondoit nullement aux promef-
{ç,'^^ del'Evêque d'Auxerre,Clian-
celier & Ambaffadeur à Rome ^
&: du Comte d'Alençon frère du
Roi , qui lui avoient fait efpcrer
que le Roi acquiefceroit entière-
ment à tout ce que Sa Sainteté
defireroit de lui. Qii'afin de faire
voir qu'il ne fuyoit point la lu-
mière pour marcher dans les té-
nèbres j comme on faifoic en
-^aimo'
128 Dèmèlez^de Boniface
j France , il prendroit volontiers
y * le fentimenc des Ducs de Breta-
^Vjîxj gneôc de Bourgogne,tousëtran-
simoD ^ers ôc François qu'ils écoienc^
ob 5î^3«b s'ils vouloient aller à Rome en
.^c perlonne, pour entendre de la
"^ ''^-Tl bouche les raifons de toute fa
cpnduite. Qu'à Tégard de Parti-
cle concernant l'indépendance
de la ville de Lyon,il n'y foufFri-
roit aucune modification , pré-
n£îo3b 5! tendant que ce qu'il en avoit or-
1 donne par autorite Apoltolique,
fut obfervé à la rigueur.
Il manda au Légat de preC
fer le Roi de changer incelîam.
ment k^ Réponfes , & d'accor-
der à Sa Sainteté toute la fatis-
fadion qu'Elle lui deraandoic
dans tous- les articles qu'il lui
avoit propofez -, qu'autrement
le Pape procederoit contre Sa
Majefté par autorité ipirituel-
le &: temporelle tout i la fois.
Il écrivit le même jour à Char-
les Comte de Valois frère dii
avec Philippe le Bel, 229
Roi , qu'il appelloic fimplemenc TT^"*
Comte d'Alençon, &: à l'Eve- D^ns k^j-
que d*Auxerre , pour le plaiii- '^'j^K^L^tué
dre du peu d'efFet de leurs pro- ^^\p"^^e
rr \ \ r w d'AIençon
méfies , & les exciter a folliciter cft J«cc au
(^ . V , 24. Février
encore cette ariaire auprès gui^ot.
Roi. Il y ajouta des menaces p^g^^y^' ""
pareilles à celles que portoic le
Bref au Cardinal le Moine , afin
d'intimider les efprits de la
Cour.
L'impatience & le chagrin ^^ '<^ ^^^'^i^r^
que lui cauloit la diipolition ou nié.
fe trouvoit le Roi , lui fit expe- ^'Z"""^'' '
<lier le même jour une fecon-p/*^'g'7"''
de Bulle ou Bref à fon Légat ,
auquel il ordonnoit de figni-
fier à Sa Majefté toutes les cen-
fures de l'Eglife qu'elle avoïc
encourues. Il difoit dans cette
Bulle , Que fuivant la coutume
de l'Eglife Romaine , // avoit
j^ufques /i publié diverfes Sert»
temss d*exco7nmunicaiions gênera^
les y pour épargner le nom de%
particuliers c^ui en étoient frappe^
i?o?.
250 Dêmi'lez^de Bonlface
' Quil rCy avoit aucun doute que
Philippe le Bel n'eut encouru ces
Sentences tout Roi quil ètoit y ^
7nalgrè les privilèges qui le dccla^
r oient exempt de l'excomiminica'-'
tion j d'interdit ^ de toute autre
Cenfure ecclejiajiique. Que ces pri-
vilèges dévoient être cenfc^révo-
quez^^par cette Bulle fans autre dé^
cUration. Qt^il avoit encouru l* ex*
communication , pour avoir empè^
ché plufieurs perfonnes d'aller à Ro-
me , ^ maltraite ceux qui en reve^
noient , principalement les Prélats
de France _, ^ les autres Ecclefia*
fiiques qui avoient reçu un ordre
exprès de Sa Sainteté de fe rendre à
Rome 3 afin de délibérer avec eux
fur la réformation du Royaume, II
manda auffi au Legac , Qti^après
avoir annoncé ou Jïqiîifié l'excom^
munication perfonnelle au Roi , il
excommuniât les Prélats ^ tous les
Bcclefiaftiques qui feroient affez^
hardis pour adminiftrer les Sacre-*
mens de l'Eglife ^ ou pour dire lut.
avec Philippe le Bel, 231"
Mejfe en fa frefence , c^ qu'il les i ^ ^ ^ .
interdît de toutes les fonflions de
leur mtiîifiere, Qt^il eut foin de
faire publier cette excommunie a tiov.
dans la Ville , les Provinces du
Royaume ^ (^ partout où il ferait
ne ce (faire, pour maintenir l'howneur
(^ l'autorité du faint Siège, Qifil
ordonnât aulp, de la part de Sa Sain -
tête à celui qui avoit été Confef
feur du Roi ^ & qui ëtoic un Jaco-
bin nommé le Père Nicolas,^^//-
Icr à Rome (^ de comparoïtre de-
vant le Pape dans trois mois y afin
dy répondre fur ce doitt'il étoit ac^
cufé par l'Eve que de Pamiers^par
l' Archidiacre de 2Iarbonne ^(^par
ceux qui rejett oient fur ce Père la
réfiftance que le Roi avoit apportée
jufqiteS'la aux volonté^ de Boni-
face,
Ce ne fut pas encore tout ce n cite le
que lePape fît expédier touchant î^^J^^àRoml!
fon démêlé avec la France le 1 3 .
d'Avril , dans la neuvième an-
née de fon Pontificat 3 il voulut
2}i JDcmcle^e Boni face
' auflî dater du même jour la Ré-
' '* ponfe qu'il fie au Cardinal le
Moine fon Légat , fur ce*que ce-
lui-ci lui avoit mandé de la dif-
pofition des Evêques de France ,
touchant le voyage de Rome
qui leur étoic enjoint. Le Pape
leur ordonna par ce dernier Bref
de faire publier par toute la
venerMes Francc k cltation qu'il avoit fait
Preuves, faire tout nouvellement à tous
p^g 8 8. j^^ Prélats bi autres Ecclefiafti-
ques de France qui ne s'étoient
point trouvez à Rome le pre-
mier de Novembre de l'année
précédente ^ pour ne point manv
quer d'y comparoître en per-
fonne dans trois mois. Il lui
commanda de donner une aflî-
gnation particulière pour le mê-
me terme aux Archevêques de
Sens & de Narbonne, aux Evê-
ques de Soiflbns, de Beauvais, de
Meaux , & à l'Abbé de Saint-
Denis , avec menace d'être dé-
pofez & privez de tous leurs Bé-
',^V€C Philippe le Sel. 235
joefîces &: dignitez ecclefiafti- ifoY-
ques , s*ils vouloient s'en exem-
pter , ou fe contenter de ne
coniparoître que par Procu-
reurs. Mais il difpenfa du voya-
ge TArchevêque de Rouen ^
ks Evêques de Paris , d'A-
miens , de Langres , de Poi-
tiers ôc de Bayeux pour leurs
intîrmitez 5 ceux d'Arras 6c ..--,^^^
de Laon pour le zèle & la fide- ,.'.*!' 7'
lire qu'ils avoient toujours fait
paroître envers le faînt Siège
& la perfonne du Pape en par-
.ticuiier.
' Toutes ces Bulles ou Brefs
( car on ne diftinguoit pas alors
les Bulles d'avec les Brefs qui
étoienr fcellez de plomb com-
me les Bulles mêmes ) , toutes
-ces Bulles , dis-je ^ datées du
même jour , furent confiées à
Nicolas de Benefrafto , Archi- Kupar,?!^.
- diacre de Coûtanceen Norman- ^ '''
.•die, pour être aportées de Rome
au Cardinal le Moine , Legac en
2-3C3.
134 JDemclcx^ de Boni face
France , donc cet homme étoi
le domeftique. Mais elles fîreni
tant de bruit fur la route , que
Ton ne pût empêcher que la
Cour n'en fût inftruite avant
qu'elles fufTent arrivées. Le Roi
en fut averti , ^ de l'avis de fon
Confeil , il donna ordre à fes Of-
ficiers d'arrêter en chemin l'Ar-
chidiacre de Coûtance , qui fut
mis en prifon àTroyes en Cham-
pagne,avant que d'avoir pu ren-
dre les Bulles au Légat. On ar-
rêta auffi quelques Ecelefiafti-
ques quifemoient des copies de
ces Bulles, que l'indifcretion de
l'Archidiacre avoit laifle pren-
dre, ôc qui s'en fcrvoient déjà
pour tâcher de difpenfer les Su-
jets de l'obéiflance qu'ils dé-
voient au Roi.
Le Légat ayant appris la dé-
tention de Benefraclo , folHcita
fon élargiffement à la Cour de
France 5 mais il n'y trouva plus
comme auparavant de facilitez
avec Philippe le Bel, 135
pour perfuader le Roi. Loin d'à- ^ ^ "
voir la libercë de publier cesBul-
Ies,il ne put obtenir mainlevée
de la faifie que Ton avoic faite de
leurs originaux à Troyes. Il eue
le chagrin de voir publier un
nouvel Edit , portanc , ^te les
ùiens des Prélats ^ autres Eccle- pag. 99.
Jiafiiques qui étoient alleT^a, Rome ^
feraient confifque^y dans le même
tems qu'il apprit la convocation
d'une airemblëe 2:cnera!e duPar.
lement ou des Trois- Ecars du
Royaume contre les enrrepriies
du Pape fon maître. C'eft ce qui
l'obligea de quitter faint Martin
de Tours , où il s'ëtoit retiré , 6c
de s'en retourner à Rome , ne
pouvant fe réfoudre à demeurer
dans le Royaume fous la difpo-
fition des Gardes ou Infpedeurs
que le Roi lui avoir donnez pour
obfcrver fes démarches 6c ks en-
tretiens. Ce qu'il fit avec tant
d'égards^: de ménagemens pour
le Pape 2c pour le Roi tout à la
KlP.h'
l'if 6 Démèlex^de Boniface
fois , qu'il f<^ûc plaire à Tun fan5j
déplaire à l'autre , ôc faire ap-
prouver fa conduite a tous les
deux.
XXV. Le Pape ne crut pas devoir fe
Le Pape contenter du fecours de i^s Bul-
l'^c^cdîon l^s ^ de ks foudres, pour tâcher
d'Albert de réduire le Roi 6c le Royaume
Romains, ^^ France. Prévoyant que ces
& lui fait inftrumens feroient trop foibles
divcrfesfa- ^^^^ ['ufaee qu'il en vouloit fai-
veurs pour i o i ^
l'oppoCci à re , il eut recours encore a un
Philippe ]c autre moyen , qui fut celui de
Ex T(e-irirï$ ^'"^^^ ^^^^ ^^ ^^^ d^^ Romains
vafulnC'' Albert d'Autriche , &: d'em-
Raynaidus , ployer oar fon miniftere toutes
spondanus , [es forccs d Ailemagne contre
^o«?/a«r^/'' Philippe le Bel. Il avoir différé
jufques-là, ou plutôt refufé de
confirmer l'élection d'Albert ,
fous prétexte que fon avéne-
ment à la Couronne étoit dé-
feélueux 'y qu'il avoit violé les
traitez de paix 6c d'union , &
qu'il avoit été la caufe de la
mort de fon prédeceifeur AdoL
avec Philippe le Bel, 237
phe de NafTau. Mais le befoin
qu'il croyoit avoir de lui pour
fe venger du Roi de France ,
lui fit donner toutes lesdifpen-
/es qu'il JLigeoit néceflfaires pour
le réhabiliter.
Après avoir exigé de lui tou-
tes fortes de foûmiffions , &: lui
avoir fait promettre toutes les
fatisfadions imaginables , il don-
na en fa faveur une Bulle de
confirmation le dernier jour
d'Avril , lui faifant efpererque
de Roi des Romains , il fe-
roit bientôt Empereur de l'Oc-
cident. Il n'y oublia point la
France s ^ P^^^ commencer
à l'indifpofer contre elle , il y
fit un détail des fujets qu'il
avoit de fe plaindre de Phi-
lippe le Bel & de fa Cour. Il
écrivit en même temps des
Brefs aux Electeurs & aux au-
tres Princes d'Allemagne pour
les porter à reconnoître Al-
bert pour Roi des Romains , &
130?-
158 Démclezjle Bonifàcê
' à s'unir avec lui conrre ceux qui
feroienc déclarez ennemis du
faint Siège.
Raynaidus, Albert récrivlt au Pape des
*^' Lettres de remerciement 6c de
foûniiffion , dans lefquelles il fe
difoit entièrement dévoué à tou-
tes fes volontez , ôc s'ofFroit à
tout ce que la condition humaû^
ne lui permettoit de faire ôc de
foufFrir pour le fervice de Sa
Sainteté. Il reconnut que la
tranflation de l'Empire desGrecs
aux Allemands, 6cle droit d'éli-
re le Roi des Romains^pour être
enfuite Empereur d'Occident ,
étoit venu du faint Siège. Il dé-
clara, ^ue tous les Rois (^' les Enu
fereurs qui avaient étè^qui étaient^
dr qtii feraient jamais /ecevoient du
Pape la fuijfance du glaive tem-
foreU Que fur tout les Rois des
Romains é" les Empereurs ,d' Aile ^
7nagne étaient fpecialement choifis
^ admis par le faint Siège peur
être les Avouez^ou les Patrons de
avec Philippe le Bel. 239
t Eglife Romaine^ 5- Us Dcfcnfeurs
de la JFoi Catholique,
Il rendit hommage de fa Cou-
ronne à Boniface , confirma tou-
tes les donations de biens & de
privilèges faits au faine Siège par
fes PrédecejTeurs, ^ prêta le ier-
nient de fidélité à famt Pierre &:
à tons fes Succefleurs légitimes.
Il promit d'affifter Boniface de
toutes fes forces ^ de toute fon
induftrie pour recouvrer 6c main-
tenir ks droits,fes prétentions,&
ce qu'il appel loiti^^g^/^j de faint
Pierre , pour conferver U, défen-
dre les Immunitez des Ecclefia-
ftiques 3 pour venger Sa Sainteté
de tous ceux qui lui cauferoient
du chagrin, de quelque condi-
tion qu'ils fuilent , ôc pour répa-
rer tout le tort qu'il pouvoit a-
voir fait au Pape 6: au faint Siè-
ge, pendant tout le tems qu*il
n'a voit pas été dans les intérêts
de Rome. En confideration de
quoi Boniface Pabfout de tout le
2-40 I)èmele-^de Bonifac^
'"""""^ paffe , le difpenfe de tous les au-
très lermens , traitez ou engage-
mens qu'il avoit contractez^afin
qu'il n'eût point de fcrupule de
rompre avec la France dont il
étoit l'allié,
XXVI. Philippe le Bel ne fut pas
AiTcmbiée jy^Q^^^ fenfiblc aux follicications
desEtatsda
Royaume quc Bonif-ace employoït contre
contre ic j^j auprcs du Roi des Romains ,
qu*aux autres efforts que faifoit
ce Pape par {q.% Cenfures , {f^
Emiflaires & Tes Bulles^ pour dé-
tacher its Sujets de l'obéiffance
qu'ils lui dévoient , êc divifer (on
Royaume. Ces entreprifes le fi-
rent refoudre à convoquer les
Etats du Royaume en un Parle-
ment général pour agir de con-
cert dans cette grande affaire
avec fon Clergé , fa Noblefle &
io.'^ peuples. L'AlTemblée fe tint
le Jeudi 1 3 . jour de Juin dans le
Sriulîa: Château du Louvre , où GuiL
vre,feion!a i^ume du Plcflis , Sci^ncur de
iuface. Vezenobrejaliilte deLouis Corn-
te
avec Philippe le Bel, 2 4 1
te de Saint-Pol , de Jean Comte '
de Dreux qui le portèrent par-
ties contre le Pape , préfenta
un Mémoire contenant diverfes
plaintes que l'on faifoic de Sa
Sainteté en France,
Il reprcfcnta devant leRoiSc AccuGtions
i*Airemblé<^ l'état miferable où conSc^uc
il prétendoit que TEsilîTe Te trou- ?"il!'"'^^
voit alors par la taute du Pape, Preuve* ,
qui tenoit aéluellement le Siège Lr^'
de fciint Pierre. Il déclara Boni,
face atteint d'herefie &: coupa-
ble de beaucoup de crimes énor-
mes ; 6c il promit par un ferment
qu'il fit furie Livre àts faints E-
vangiles, de prouver 6c de véri-
fier toutes les accufitions donc il
le chargeoit. Ce que firent aulli
les Comtes d'Evrcux , de Saint-
Pol ôc de Dreux. Du Pleffis re-
montra enfuite en leur nom com-
bien il leur importoit qu'il y eût
un Pape légitime qui gouvernât
rEe;life félon les Canons. Il s'of-
frit pour pourfuivre Boniface aii
A*
05-
lAi Dcmclex^de Boniface
Concile gênerai , & partout ail-
leurs où l'Aflemblëe le jugeroità
propos. Il conjura le Roi , com-
Tngiifdti. nie Champion de la Foi & dëfen-
feur de l'Eglife , de procurer la
convocation d'un Concile, qui
iutnonfeulement gênerai, mais
aulii libre êc légitime. Il fit les
mêmes inftances aux Prélats &;
à la Nobleile.Les Prélats voyant
la facilité avec laquelle le Roi ,
la Nobleffe & le Tiers>Etat ac-
quiefçoient à cette propofition ,
jugèrent TafFaire fi importante,
qu'ils demandèrent du temps
pour y penfèr , & fe retirèrent de
rAflemblée.
Le lendemain du Pleiïîs fou-
tenu des trois Comtes , rentra
Wi-Mi 'Phii dans rAflemblée avec un Notai-
nSMc^fo. ^^ Apodoiiq^^e , d'autres Notais
res Royaux, 6c plufieurs témoins
qu'il avoit emmenez pour ren-
dre fon ade & les proteftations
autentiques. 11 fit devant le Roi
&: les Prélats la ledure de fon
avec Philippe le Bel. 145
Mémoire , où il avoir ramailc 190]
vingt-neuf chefs d'accufations
prelques inouies Le Pape y étoic
acculé de nier l'immortalité de l'a^
Tïie , \^ confequemmcnt tous les my^
fteres de la Rcliy,on y qui ont rela^
tien à la vérité de la vie éternelle y
d^ avoir commis tous les pcchex^dé^
fendus dans le Dccaloyis ^ d* avoir
corrompu ce qu'il y a de plus f acre
dans le commerce que Vhoynmepeut
avoir avec fon Créateur ^^ le refie
des créature s 'j d'avoir violé lesLoix
divines (^ humaines ^ foit dans fa,
conduite particulière .^foit dans celle
qtCil avoit gardée avec la France ,
<^^ avec ceux qu'il traitoit comme
fes ennemis.
Du Pleflîs après avoir fpeci-
fîé en détail ce que nous n'expri-
mons ici qu*en gênerai, protefla
<]ue ce n'étoit ni par haine^ni par
aucune autre paflîon , mais pour
le bien de TEglife qu'il fe rendoit
accufateur de Boniface. 11 jur^
de nouveau fur tous les cas donc
1 44 JDcmclez^ de Boni face
il ic charo-eoit.demandanc qu'ils
rulicnc examinez jiiridiquemenc
pwir Lineaucoricé fuperieure^c'eft-
a-dire dans un Concile gênerai,
où il prétendoic le poursuivre. Il
y renouvella la demande que les
trois Comtes &: lui pour tous ,
avoienc faite la veille au Roi &
aux Prélats, de la convocation
de ce Concile. Et parce qu'il fe
perfuadoit que Boniface averti
de fes procédures , ne manque-
roit pas de fulminer contre lui ^
fes aifociez 6c fes amis , il appella
de tout ce que le Pape pourroit
.iàc.zimh:r>!. faire au Concile gênerai que Ion
cil'^^r,^' ajjcmhleroit ^ ati faint Siège ^ au
Pape futur '^ adhc?\tnt de fins an. k
appellations déjà intcrjettèes par
Guillaume de JSfogaret ^fins fe dc^
partir de la fiennc ^ & en demanda
Acte aux Notaires en prëfence
du Roi & des Prélats.
Appcidu Le Roi fît enfuice fa dëclara-
cicrge. «tion à l'Aflemblce , &: dit fur ce
rrcuycs î p.
107.
'' que du Plelîîs venoit de repré.
avec Philippe le Bel, 245
fcnrer , êc fur ce qii'avoic déjà ^,
rcprcienre Nogarec dans h Re-
quête du mois de Mars contre
B o n i fa ce, Qu'il confentoit à la con-
vocation du Concile gênerai. Il pro-
mit de faire tout ce qui dcpen-
di oit de lui pour cet effet,6c fol-
liciratous les Prélats quiëtoienc
prcfens de vouloir fe joindre a lui
en cette occaiion , témoignant
qu'il fouhaitoit fe trouver en per-
fonne au Concile. MaisconnoiC
fant Boniface fujet aux reiTenti-
mens ^<. d'humeur fort vindicati-
ve, ln: ne doutant point d'ailleurs
qu'il ne fît ks efforts pour em-
pêcher cette convocation pariés
menaces 6c par les foudres qu'il
voudroit lancer fiir Sa Maiefté
&i lur fon Royaume , il appella
aulfii^^ Itii au Concile <z^ene rai , ^ Aâcandxm.
au Souverain Pontifice qui lui fe- ^' ^""« .
roit fuhftituè. L'appel du Roi fut
dreflé en la forme de celui de
Guillaume du Pleflîs,& il ajouta
que c'étoit fans fe départir de ce-
L3
2?03.
24e Tjèmelcxjie Boni face
lui de Guillaume de Nogarec^
auquel SaMajefté avoir adhéré
dans le tems , ôc qu'elle approu-
voit tout de nouveau.
Les Prélats & les autres Eccle-
fiaftiques qui fe trouvoient à 1*AC
femblëe , parmi lefquels étoient
\ç,s> Députez des Chevaliers de
]*Ordre de Saint- Jean , 6c ceux
des Templiers, fuivirent l'exem-
ple du Roi fans fcrupule, après
avoir fuffifamment déhberé fur
les propoficions faites la veille
par du Pleflîs. Ils fe contentèrent
d'ajouter une claufe pour mar-
quer le refped du à l'Eglife Ro-
maine 6c au faint Siège , Q^ils ne
frctendoient pas l^off enfer far cette
procédure. L'Ade de cet appel fut
reçu par les mêmes Notaires. Il
étoit figné par cinq Archevê-
ques , dont le premier étoit celui
deNicofie en Chypre,mais Fran-
çois comme les autres-, par vingt
éc unEvêques^6c par onze des
principaux Abbez du Royaume,
avec Philippe le Bel, 147
Qiicl«ques Auteurs ont prétendu ' T"^
que celui de Cîteaux s'en étoit comlK^nsu^
cxcufé , & que fon refus lui avoir ^'"!^'^;^ ^: s.
attire de la part du Roi quel- '^^'«m» i.
qucs mauvais traite mens, qui 1 a- incd%v.tïèm,
voient obligé de quiter fon Ab-
baye. Mais cela eft contraire à
Tade de TAflemblée , où il fe
trouve nommé, comme ayant
adhéré & foufcrità TAppel êc à
la demande du Concile contre
les Abbez de Marmoutier 6c de
Saint-^Denis en France. Les Pré-
lats déclarèrent dans le même
A6le &: dans la Lettre qu'ils en
écrivirent le lendemain , Quils
rCav oient pas intention de fc ren^
dre parties en cette affaire ^ ni de fe
joindre avec ceux qui étaient par^
ties. Qt^ils reconnoiff oient combien
la convocation d'un Concile ètoit
neccffaire pour juflifier le Pape ^
faire voir fon innocence a toute la
terre -, ^ que pour éviter les cenfu^
res o^ les autres effets du chagrin
qu\tvoit Boniface de les voirainfl
L4
2 4 s Dêmelex^ de Boni face
" '^ adhérer a l'y^ppel de du Pleljîs ^j*
de Ncaaret azfccle Roi ^ la No^
ileffe , ils fe ^nettoient avec tout le
refle du Cierge deFrance fous lapro^
îeciïcn du Concile gênerai ^ duP a,
pe futur.
xxvii. A ^.3 j^ dîfToladon de TAf-.
Les Ej];!i- r \ \ > \ \ -c^ • i
rcy,iesPro- lemblee , ou \ts Députez à\x
vinccs , ics Tiers- Etac s'ëtoient trouvez con-
vilies , les /- j r • i ^i
Univcrfi- rormes de lencimenc avec ieCler-
tez,ksRe-cré ^ la Noblelie , le Roi pour
li^ieux, les ^ i , a ii
Nobles & empêcher qtionne put alléguer
ïes Peuples que cc confentenient gênerai ne
j^^ç^^/^^" s'étoic donné que par procura-
lenc à i'ap- tion , vouIuc cncorc avoir celui
^^^* des abfens qui étoienc répandus
par tout fon Royaume , éc celui
même de fes voifins. Pour y réuu
Le jcuii {ir, il envoya dans toutes les Pro-
^' "'"* vinces Amaury Vicomte deNar-
pag.7ro.& l^c^nne , Guillaume du Pleffis Sei-
iuir. gneur de Vezenobre , Denis cie
Sens , l'Archidiacre d*Auge au
Diocefe de Lifieux , ôc Pierre de
Larilly , tous trois Clercs de Sa
Majellé, avec des pouvoirs très-
avec Philippe le Bel. 1 19
amples. Ils s'acquicérent de leurs
commiiîîons avec tant de dilL
gence ôc de fuccès^qu'ils tirèrent
un très. grand nombre d'acles
de confencement, tant pour de-
mander la convocation du Con-
cile , que pour adhérer à l'appel.
Ils en eurent de tous les Prélats
^ Barons du Royaume qui ne
s'étoient pas trouvez à l'Ailem-
blce,de la plufpart des Chapi-
tres, Abbayes, Couvens bc au-
tres Mailons Rcligieufes de tous
les Ordres de faint Benoill, de
S. Auguilin, de Cîteaux, de Clu-
ny, de Fontevrauld,de Prcnion-
tré,de la Trinité ou Rédemption
des Captifs , des Chartreux , de
tous les Hôpitaux, des Cheva-
liers de S.Jean de Jerufalem 6c
du Temple , & des principales
Univerfitez du Royaume. Ils en
eurent nonfeulement de la pluf-
part des Chefs de Compagnies
Ecclefiaftiques , tant féculieres
que régulières de l'un ôcTautre
L5
01
150?
2 5 o Demelezjle Son! face
fexe,mais encore des Provinces
entières, des Villes particulières,
des Communes & Communau-
tez.Ils en eurent enfin quoiqu'un
peu tard des Eglifes,des Nobles,
de toutes les Villes ôcCommu-
nautez du Royaume de Na-
varre.
Les premiers Adcs qui fe fi-
rent pour adhérer à Tappel avec
le Roi enfuite de rAflèmblëe du
Grand Parlement avant le dé-
part des CommilTaires pour les
Provinces , furent celui de TUni-
verfité de Paris du 2 3 . de Juin j
celui du Chapitre de Nôtre-Da-
me du même jour , 6c celui des
Jacobins de la ville du même
mois. Les Commifïaires les firent
fervirde modèles aux autres j Se
ce qu'il y eut de bien remarqua-
ble dans une fi nombreufe multi-
tude d'actes, c'eft qu'il ne s'en
rencontre pas un où Ton ne trou*
ve enfi^ibftance cqs deux claufes,
I ^*Q^ ceux û7:i les font fe foàme:^»
IJCJ.
avec Philippe le Bel, i 5 r
ient avec toutes les perfonnes qui
dépendent d'eux a la proteciion de
l' Eglife , dîc Concile , i^ autres
quil appartiendra , en ce qui con-
cerne le fpirituel feulement. i^.Ouc
le Roi a reçu la puiffance de Dieu
pour la dcfenfe (^ l'exaltation de
la Foi j (^ que les Prélats font ap-
peliez^ pour parta^ier les mêmes
foins.
Ce ne fat pas feulement dans Preuves,
les Provinces du Royaume 6c p^^:/'^-*^^'
parmi les voifîns quelacaufe du
Roi fut trouvée jufte j elle eut
encore des Dcfenfeurs dans Ro-
me même. On vit ce qu'on n*a-
voie ofé jamais efperer a la Cour
de France, jufqu'au nombre de
neuf ou dix Cardinaux acquief-
cer par trois difFërens aclies aux
Ambafladeurs de Sa Majeilé ,
adhérer à l'apel au futur Conci-
le j approuver les defleins du Roi
^ la pourliiite qu'il en faifoir.
Mais il faut avouer auflî que ces
Cardinaux n^avoient plus rien à
L6
2 5 i T)hnèle7:^ de Boni face
■^ ' '^ craindre de Boniface quand ils
ïjc^j. firent dreiTer ces Ades.
On a raifon fans doute de s'é-
tonner que dans un fiecle où la
Cour de Rome s'étoit rendue
plus puiflante que jamais fur tous
tous les Etats de TÉurope/ous un
Pape qui favoit fe faire craindre
plus qu'aucun de {zs Prédecet.
leurs, il y ait eu dans tout le Cler-
gé de France fi peu de contra-
diction 6c (\ peu de réfiftance
'AmaUi Do- aux volontcz du Roi. Les Ecri-
v^Hani^ro^ô vains étrangers qui ont voulu jo^
'Trêuves §^^ ^^ ^^ ^^^ s'étoit paflTé par leS'
p. 174- intérêts ouïes enea2;emens des
*o. particuliers, ont publie que non-
feulement TAbbé de Citeaux ^
mais encore ceux de Cluni & de
Prémontré avoient refufé leur
confentement , & avoient même
été bannis pour ce fujet. Mais ils
fe font trompez , pour n'avoir
pas eu connoiiTancc des ades
originaux de ces Abbez. Il Îimz
avouer que de trcnte-deux Mai*
avec Philippe le Bel. 2 j 3
fons de l'Ordre de Cîceaux , il y *— -
en eue (îx qui s'excufërenc d ad- ' ^^*'
herer à Tappel ^ & que de tous
les autres Ordres qui avoienc
plus de mille Maifons , il s'en
trouva onze qui hëficërenc , ou
qui n*acquiefcérenc que verba-
lement. Mais un fi petit nombre
ne fut d'aucune confidë ration 5
& Ton remarqua que ces irrëfo-
lutions ôcces difficultez n'ëtoienc
furvenues que parmi ceux qui
avoient ëtë nouvellement grati-
fiez de privilèges 6c d'autres
bienfaits par le Pape , qu'ils crai-
gnoienc d'ofFenfer par cette ap-
parence d'ingratitude.
Le Roi ayant prëvû que plu- LeRcidon-^
fieurs Ecclefiaftiques, Se fur tout Ji-irccï*
les Réguliers pourroient avoir de 2"i,ie"Ve
femblables apprehenfions , en- p^p<^-
rr » Preuves, p*
voya des Lertres Patentes en plu- 1 1 ?• i \ r»
fieurs endroits pour les en garan-
tir, 6c pour lever aufTi le fcrupule
qu'avoient ceux qui ëroient nian .
dez à Rome par le Pape, de n'a-
&fuiY.
2 54 T>emelezJ,e Bonlface
' voir pas obéi aux ordres de Si
*^^^* Sainteté. Il leur promit fa prote^
clion Royale &: toutes fortes d'aC
iîftances contre tous ceux qui
voudroient les inquiéter , & fpe-
cialement contre Boniface qui
avoir menacé tout le Royaume
avec la perfonne du Roi , pour
avoir conclu 6c arrêté la convo-
cation duConcile.il les affûra par
ferment, que ni lui, ni fes fuccef»
feurs ne fe fépareroient jamais de
leurs intérêts , &: fit jurer le Com-
te de Saint-Pol pour cet effet fur
Vame deSaMajefié* Parles mê-
Additions mes Lettres la Reine Jeanne fa
Tx^."^^"' femme , comme Reine de Na-
varre 2c Comteffe de Champa-
gne , &: les deux aînez de fes en-
fans , Louis 6c Philippe , comme
fucceifeurs des deux Couronnes,
promirent la même protection à
tous les Sujets des deux Rois , bc
firent jurer pour eux bc pour leurs
Succefleurs le Comte de Saint-
Pol , comme il avoit fait pour le
MOîî
avec Philippe le Sel. i j 5:
Roi. Les Princes 6c les prinei-
pauxSeigneurs s'engagèrent dans
le même ferment par ordre de
Sa Majefté 5 ^ il fe fît ainfi une
efpece de ligue ou de confpira-
tion entre ceux qui avoient la
Puiflance féculiere en France ,
pour mettre les Sujets duRoyau-
me,&: fur tout les Ecclefiaftiques,
à couvert des efForts du Pape Bo^
niface.
Après toutes ces précautions y prcuvcsr
le Roi ne fongea plus qu'à (^i^QllcxXi.xu
avancer Texecution de ce qui a- ^^ ^°^ ,«"^
voit ete arrête dans rAliemblee i^^' ^ ^nEf-
des Etats. 11 conftitua pour {qs îoiîîdtcru
Procureurs Guillaume de Chate^ duConcIicr
naye ^ ^ Hugues de Celle ^Q\\QV^^
liers ^ 5c leur donna par des Let-
tres Patentes du premier jour de
Juillet , commiiîîon de pourfui-
vre la convocation du Concile ,
Ôc de faire tout ce qu'ils juge-
roient néceflTaire pour y parve-
nir plus promptement,avec plein
pouvoir d'agir enfemble ou fépa-
2 5 6 Dcmelex^dg Boniface
'""' rément. Il leur fie prendre leca-
'^°^' radere d'Ambafladeurs , ôcil les
envoya aufficôt à Rome avec des
Lettres pour le Collège des Car-
dinaux , afin de les porter à coo-
pérer férieufemenc au mêmeou-
Preuvcs, vragc. Il écrivit auffi au Roi de
j.ia6.i2 7. Portugal,àtous les Etats,tant du
C!ergé,que de laNoblefle ôcde
la Bourgeoifie d'Efpagne, 6c aux
principales Villes d'Italie , pour
les engager à vouloir favorifer un
delTein , qu'il prétendoit n'avoir
entrepris que pour le bien de l'E-
glife univerfelle.
ï)^<zs qu'il eût fait partir les Am-
bafladeurs deftinez pour l'Italie,
l'Efpagne, les Principautez , Ré-
publiques ôc Seigneuries voifines
aufquelles il écrivoit fur ce fujet,
il renouvella la défenfe qu'il a-
voit déjà faite plufieurs fois à
tous Ecclehaftiques de fortir de
fon Royaume , n'exceptant que
ceux qu'il employoit dansfes am-
baflades, qui pou voient produire
avec Philippe le BcL 157
des Lettres de créance ^ des ^
congezde SaMajefté en bonne ^'^^'
forme. Il en publia l'Edicà Vin- preuves,
cennes le Dimanche 28. jour dep-ni-n?.
Juillet , & ajouta la peine de
mort & de confifcation de tous
les biens pour ceux qui y contre-
viendroient, 6cpour les Officiers
ou Commis àçi's paiTages qui
les laiiu.^roicnt fortir. Pour dé-
tromper ceux du Clergé qui Te
croyoient obligez d'obcir au Pa-
pe pldrôt qu'au Roi , ôc qui pré-
tendoientque les Loix du Prin-
ce ou duMagillrat n'engageoient
pas les confciences,!! leur fit con-
noître le droit qu'il avoit d'exi-
ger d'eux cetteobëiirance,àcau-
ie de leur naturalité , de leur fu-
jettion ôc de la fidélité qu ils lui
dévoient ,& dont aucune Puif-
fance fur la terre n'étoit capable ^^^pj^'ê
de les difpenfer. ., redrc à
On n'entendoic point parler /^"^^^"^^'.^
dc Guillaume de Nocraret dans verfcs Bal-
tous ces mouvemens de la Cour Y r°*^'^^
la fiance.
IJOJ,
î 5 § T^èmeîer^ de Boni fa ce
de France, parce qu'il écoit eti
Italie durant la tenue du grand
Parlement des Etats à Paris. Il y
ctoitallé de la part du Roi fou
Maître, peu de tems après avoir
prefenté fa Requête contre Bo-
niface , U interjette le premier
appel au futur Concile , qui fut
fuivi de celui que Guillaume du
Pleffis forma en fon abfence dans
rAifembléedu moisde Juin. Le
Roi lui envoya la rdfolution de
rAffeniblée avec ordre de la fi-
gnifîerau Pape , 8c de la publier
enfuite par la ville de Romc.No-
garet s'acquita de fa commifîîon
après s*être affdré de la difpofi-
tion deplufieurs d'entre le peu-
ple 6: la NoblefFe du pays , & de
quelques Cardinaux mômes cjui
ne s'accommodoient pas de la
domination defpotique de Boni-
façe.
Le dëplai (îr que de fi fâcheufes
rjouvelles cauférentauPape , lui
fit quiter le Vatican 6c la ville de
avec Philippe le Sel. i j 9
Rome , pour fe retirer en celle
d'Anagnie lieu de fa naiflance ,
où il crut qu'il lui feroit plus
libre & plus facile de prendre les
mefures nécefTaires à la vengean-
ce qu'il vouloir exercer fur le Roi
^le Royaume de France. Ilraf-
femblaprèsde lui la plupart des
Cardinaux qui fè tro-j voient en
Italie,^ tint un grand ConGftoi-
re dans lequel il fe purgea par
un ferment folemnel de tous les
crimes qui lui avoient été objec-
tez à Paris devant le Roi ^ les
Etats du Royaume par Nogarety
du Pleflis ôc ks autres accufa-
tcurs. y y fulmina aulîî plufieur*
Bulles, qu'il fit publier prefque
toutes le jourdeTAffomptionde
la fainte Vierge : mais qui furent
depuis révoquées ou bifFées , la
plupart par le Pape Clément V.
au moins pourtour ce qui regar-
doit particulièrement le Roi 6c
fon Royaume.
La première qu'il fit paroîtrc
M^j,
i6o DémHex^ de S ont fd ce
~^'r^ contenoit une efpece de relation
Preuves , de ce qu'il avoir appris qui s'é-
R/chertfjo. ^^^^ P^"^^^*^ à Paris contre lui dans
L'AHim- ^^ dernière Affemblée , qu'il
h\u A^s E- crovoit s'être tenue au Tardin du
tats dui^. J , ' \ r •
& 14. de RoilejourdelaNaLr/uedelanit
tenue dans Jean-Baptilie. Il s y plaignit ,
iîouvre5!Ma ^f ^ ^^ ^^^ ^^^^ confeuti cl l'accufd^
Chambre du ^i^y^ ^^j Crime S dont on avoit char-
^c indignement Set Sainteté* Que
fuppofant le F'dfe-^infi coupable ,
il fe fut melè fi legeroncnt de la
convocation d'un Concile gênerai
contre lui ^ ^ eut fait interjette/
~ appel au Concile ou au Pape fou
Snccejfeur de tout ce que Sa Sainte-
té pourroit faire contre la ^rayice,
Qu^cnfuitedc cette refolution pfu
fe dans l' A f emblée des Etats du
Royaume j le Roi eut défendu dere^
revoir aucune Lettre du Pape _, cî^
d'obéir aux ordres de Sa Sainteté,
Qtfil eut reçu d^^ans fon Royaume dr
fous fa protection Etienne Colonne ^
ennemi du Pape (^ de l' Eglife Ro^
maine ^ malgré les Cenfures fulmim
avec Philippe le Bel. iCl
ftccs cojitrc ceux qui domieroient re-
traite a cet homme , o^ à ceux de fa
famille qui étaient frcfcrits*
De tous les crimes qu'on lui
impucoic, il s'attacha furtout à
repoufler celui derherefie, donc
il alïïira que ni lui ni aucun de fa
Maifon n*avoic jamais cté atteint
ou flirpccl. Pour les autres il ne
s*arrêta pointa s'en jufl: fier, foie
qu'il ne crut pasqueraccuracion
pjilat pour vraifemblable , foie
qu'il ellimâc qu'un Souverain
Pontife , quoique redevable à
toute l'Eglife ^ dûtrendre moins
compte defes mœurs que de fa
Foi au public. Mais il garda peu
de mefares fur les reproches 6c
les menaces qu'il fit au Roi , lui
remettant devant les yeux les
exemples à^s Empereurs , qui
bien que plus grands Piin.es que
lui, à ce qu'il difoit,n'avoient pas
laifle d'ctre plus fournis ck: plus
obéilHins à des Prélats, qui d'ail-
leurs n'avoient pas tant d'autori-
M05,
i6i DêmèU^deBoniface
''^ té que le Pape. Il voulut même
lui perfuader que les Papes a-
voient autrefois dépofé des Rois
de France , alléguant ce qu'a-
voit fait Zacharie à Tëgard de
Childeric , quoique ce fût en
vain, êc fur une autre fuppofition
fauflfe. Il l'avertit enfin , qu'en-
core qu'il eut encouru déjà plu-
fieurs excommunications dont il
n'étoit pas abfous, il procederoic
de nouveau contre lui , nonob-
ftant fa frivole appellation au
Concile , s'il ne remedioit prom-
ptement aux defordres dont il
l'avoit repris j ôc qu'on ne dévoie
pas croire qu'il y eût dans le mon-
de quelqu'un qui pût être fupe-
rieur ou égal au Pape y pour en
pouvoir appeller.
Bulle pour Par unc autre Bulle du même
fewitldons jou^ , qui commence Rem non
le^fi^nifier^ ^^'^'^^^ -> ^^ ^^P^ déckra tout le
aux perfon- mondc , les Rois , les Empereurs
iies citées. ^ r f\ • \ r rr-» • 1 i
Preuves, mcmes j loumis a ion Tribunal.
uaynaidus , H Y ptefcrivic la manière dont il
11.40,
avec Philippe le Bel, i (î 5 ^___^^
Vouloir que fufTent citez à Rome ^ ^^^^
ceux qui empcchoienc que les ci-
tations du Paper/arrivallentjuf-
qu'à eux , êv ne leur fullent figni-
fiées. Il ordonna que les cita-
tions ou ajournemens à Rome,
donnez par ordre de Sa Sainteté
à toutes Ibrtes de perfonnes, mê-
\\\^ aux Rois hi. Princes les plus
éloignez de l'Italie, auroient vi-
o;ueur comme li on le leur avoic
fignifié en leur prélence , dès
qu'on les auroit affichez aux por-
tes de la principale Eglife du
lieu où réfideroit aciuellemenc
la Cour de Rome. Mais cette
Bulle fut révoquée depuis avec
la précédente par Clément V.
qui la réduifit aux fens 6c aux
reftridions de la Decretale ex-
travagante *Vnam SaiiHayn, Ce Dire-:!o>'.T»quL
qui a donné lieu à la Cour do to;:::!::;i^
Rome de faire revivre cette ma- ^'"*
xime dans la fuite des tems pour
le Tribunal de l'Inquifition , qui
paroiC b'ea fervir dans [qs proce-
:
't6 4- Dhnile^deBontfitce
" dures, lorfque ce Tribunal veut
* ' ' inftruire le procès criminel des
Princes 6c des autres perfonnes
puiiKinres qui foncfufpedes d'iic-
refie Les accufez y font condam-
nez d'une manière occulte &:
clandeftine fur la fimple dénon-
ciation d'autrui fans être enten-
dus ^ &ils font enfuite livrez ou
abandonnez à des Croifez fe-
crets , dévouez aux ordres de ce
Tribunal, qui tâchent de les fur-
prendre &: de les arrêter.
Autres Bal- Bonifacc donna une troifîéme
«ux'^'qura- Bulle de même date, où après
VctTl rap. ^voir reproché à Philippe le Bel
ï''\ une prétendue rébellion contre
Preuves, , «• - n i> • • ^ i.-
v^g. I é ?. 1 Eghie , OC 1 avoir traite d ingrat
pour tant de faveurs 6c de privi-
lèges que lui 6c les Rois ks Pré-
decelTeurs avoient reclus du faint
Siège, il révoqua ou fufpendit le
pouvoir que Ton avoit de don-
ner des licences dans les Univer-
fîtez de France , pour punir ks
Dodeurs , les Maîtres Se les Pro-
feiTeurs
twec Philippe le Bd. 1 6 y
fefleurs Regens , les Bacheliers
& les autres Etudians que le ^^'^'"
Roi avoir entraînez dans cette
rébellion. C'eftainfi qu'il diftin-
guoit ceux qui avoient confenti
a la demande d'un Concile gé-
néral , & qui avoient adhéré à
l'appel du Roi , d'aycc les autres
qu'il difoit être demeurez fidèles
au faint Siège , &: avoir été pour
cet effet maltraitez & chafTez du
Royaume par Sa Majefté.
La quatrième Bulle quelePa- ^ rr^aves,
pe fit publier le 1 5. d'Aouft^dans
un ftiletoutfemblableà celui de
la précédente, regardoit les Evê-
ques & les Abbez , & les autres
Béneficiers de France. Boniface
témoignant qu'il avoit grand in-
térêt que tout lui fût fidèle & en-
tièrement dévoué à Tes volontez
dans les E2:lifes Cathédrales 6c
autres du Royaume 6c parmi les
vReguliers, avoit entrepris d'ex-
clurre de toutes fortes de Béné-
fices & d'emplois ecclefiaftiques,
M
pag. 165
i66 Dcmelex^ de Boniface
ceux qui ëcoient dans les fenti-
^^°^' mens de l'Eglife Gallicane,&:qui
avoient pris l'elprit de l'AfTem-
blée des Etats &: de la Cour de
France, pour ne les conférer qu'à
ceux qui feroient parfaitement
fournis au Pape. Ce fut dans cet-
te vue qu'il fufpendit par cette
Bulle la faculté d'élire :, que les
Evêques & tous les Corps Eccle-
iîaftiques , iéculiers &: réguliers,
avoient en France, feréfervantà
lui feul la provifion de tous les
Bénéfices qui viendroient à vac-
quer. Il décl ara nulles toute éle-
âion de Prélats & toute confir-
mation qui fe feroient au préju-
dice de cette fufpenfion , jufqu*à
ce que le Roi eût reconnu fa fau-
te , & fe fût fournis aux ordres
de Sa Sainteté.
Buiiecontre H fulmina le même four une
c]ae de Ni- cmquicmc Bulle en particulier
preuves, contre la perfonne de Gérard ,
pig. 162,. Archevêque deNicofie,qui com-
me nous l'avons remarque ^ s'é-
avec Philippe le Bel, 267
toit trouvé à la tête du Clergé " '
de France dans rAflemblée 2:é- ^^"^^
nerale des Trois-Ecacs du Royau-
me. Après l'avoir accufé d'in-
gratitude & de défobéiflance , il
iè plaignoit de ce qu'au lieu d'al-
ler réfidcr en ion Eglife, félon le
commandement qu'il lui en a-
voit fait , il s'étoit retiré auprès
du Duc de Bourgogne ; & que
là ayant appris le différend fur-
venu entre Sa Sainteté & le Roi
de France , il étoit allé trouver
Sa Majefté , au lieu de fe ranger
du côté du Pape, comme fon de-
voir , fa qualité ^ fes autres en-
gagemens l'y obligeoient. Qu*il
avoit confirmé le Roi dans fa ré-
bellion , & travaillé par divers
moyens à troubler PEglife & le
faint Siège. C*eft pourquoi ne
voulant pas que l'Eglife particu-
lière de Nicofie eût àfouffrirdes
mauvais exemples de fon Arche,
vêque 5 & ne jugeant pas à pro-
pos de laiffer recueillir a celui-ci
Ml
2^8 Dèmek'xjie Boni face
ijçj, les revenus d'un Bénéfice qu'il
avoir ainfi deferté contre fes or-
dres , il le fufpendit de toutes its
fondions partorales, l'interdit ôc
le priva de fes fruits.
XXIX. Pendant que k Pape cherclioic
Tratiqucs | nfiovcns de fe veneer du Roi
en Italie de France , ou de le réduire a les
contre Je yolontcz , Nogârec ne voyant
plus lieu d'accommodement en-
tre lui & fon Maître, alla traiter
avec diverfes perfonnes , fuivant
les ordres &: les inftrudions qu'il
en avoir reçus à Paris . afin de
pouvoir s'aflurer contre les vio-
lences 6c les autres effets des me-
PrcQVfs, naces de Sa Sainteté. Il avoit en
FeTixorùis, fa compagnie pour afTocié de fon
^^' ' ^' ' ^' ambaflade ^ean Moufchet , G en-
tilhommeFrançois,& deux hom-
mes de robe Thierry d^Héricon ,
ôc Jacques de Gejferin , qu'il en-
voya dans les Villes voifines du
patrimoine de faint Pierre , pour
ionder ies efprits 6c les prévenir
favorablement fur les bonnes
avec Philippe le Bel, i6^
intentions du Roi fon Maître. i^o^.
Il fe retira durant ces négo-
ciations dans leCliâteau de Stag^
gia près de Sienne en Tofcane ,
appartenant au Seigneur Mufl
ciato de France fi s , Citoyen de
Florence , avec lequel quelques-
uns ont confondu ce Moufchec
GentilhommeFrançois,qui ëtoic
de Tambaflade. Là Nogaret fut
joint par Sciarra Colonna,que le
Roi avoit fait racheter à Mar-
ieille d'encre les mains des Cor-
faires, hi dont nous avons racon-
té les difgraces ailleurs. Il attira sup.ch- vu.
dans les intérêts de la France les
enfans du Seigneur Jean de Chec^
cano , que le Pape retenoit pri-
fonnier depuis quelque tems ,
ceux du. Seigneur Ma^eo d'Ala-
gna ou d'Anagine,i?^«^/«<^ Sup-
fino Gouverneur de la Ville de
Ferento , 6c quelques autres Ba-
rons de Campanie ou de la Cam-
pagne de Rome^qui ëtoient de la
radion des Gibellins.il emprun-
M 3
iî95^
270 Démêle^ de Boni face
ta de grandes fommes de Pe-
trucci de Florcnce^pour entrete-
nir toutes ces ligues fecrettes , 6c
pour faire fabfifter trois cen5
chevaux , 8c quelques Compa*
gnies d'Infanterie que Sciarra
Colonna avoit levées , & deux
cens chevaux tirez des troupes
que Charles Comte de Valois
frère du Roi avoit laiflez en Ita-
lie. En quoi Nogaret fe condui-
fit avec tant d'adrefle 6c de pru-
dence , qu'il fçut couvrir tous fes
defleins fous les apparences d'un
Traité de paix qu'il ménagebit
entre le Pape 6c le Roi , ^ que
toutes fes pratiques n'éclatèrent
que lorfqu'il vit Boniface abfolu-
nient déterminé à pouffer les
chofes aux dernières extrémi-
tez.
Dernières II n'jT cut rien que Boniface
duPap^jfou- ne mît en œuvre pour porter le
«c la Fxan- Jemier coup à la fouveraineté de
Preuves, la Monatchic Françoife.Il com-
Miitions mcnca par unc longue & violen.
avec Philippe le B£L % 7 1
te procédure qu'il avoit dreffée "
en forme de Bulle après la fulmi-
nation de toutes celles du 15. ves,».xiir.
d*Aouft , & qu'il de voit faire pu^ »!Ti. '''''' '
blierlejour de la Nativité de f /;^:^^^"^ '
Nôtre-Dame. Tournant enfuite
toutes {q^ vues du coté des Puif-
fances qu'il croyoit pouvoir ar-
mer contre la France, il follicita
ardemment contre le Roi les Al-
lemands y les Anglois & \q,% Fla-
mands. C'eft ce qu'on ne peut
révoquer en doute^ après l'aveu
qu'en a fait Benoift XL qui a-
voit affifté aux délibérations de
Boniface. II eut auflî recours aux
armes fpirituelles j & non-feule-
ment il livra la perfonne duRoî
à Satan pat une excommunica-
tion nouvelle, accompagnée d'e*
xecrations&demaledidions fur
fa famille Royale 6c fa pofteritc ^
nonfeulement il jettal'interditfur
tout le Royaume, 6c cafla tous
les privilèges que lui avoit accor-
dés le faint Siège : il difpenfa cn-
M4
272 Dèmclexjle Boniface
J3©5. " core tous les Sujets du ferment:
de fidélité ôc de Pobéiflance
qu'ils dévoient à leur Souverain.
Il entreprit de les foûlever con-
tre lui , d'attirer {^^ ennemis de
dehors en France ^ & d'en donr
ner le Royaume à Albert d'Au-
triche Roi des Romains , pour le
pofleder à jufte titre après qu'il
en auroit fait la conquête. Mais
Albert qui s'ëtoit réduit à tou-
tes les foûmiffions imaginables
pour obtenir la confirmation de
fon éledion au Royaume desRo-
mains en Allemagne , ce que le
même Boniface lui avoit refufé
par trois fois , ne fe m t pas en
peine de profiter d'une libéralité
fi caduques^ fi dângereufe,trou-
vantplus de fureté pour !ui à fe
maintenir dans l'alliance ôc l'a-
mitié contractée avec Philippe le
Bel depuis leur entrevue de.Vau-
couleurs.
Preuves, Pour donner à une telle con-
V2\li.i, p. duite quelque apparence dejuf-
T7.
avec Philippe le BcL 1 73
tice , Bonifacc dans fa dernière
procédure, tâcha de colorer cou- ^ ' ° ^
tesfes violences du nom deféve-
rité paternelle , néceflaire pour
corriger un Enfant opiniâtre &
rebelle. Il remontra, ^^^yc';^^^^/^
fein ri è toit pas d'impofcrau Roi û:i.
cune peine affliïtive ^ mais de lut
faire connaître feulement quil était
excommunié de droit ^ qiCiln\ivoit
rien épargné pour ramener ce Prin-
ce : mais que les remontrances n'a-
vaient fervi qu'a le rendre plus in^
docile (jS plus rebelle. Que pour é-
prouver tous les moyens de douceur
(^ de condefcendance y voyant que
Sa Majeflé avait rebuté fan Nonce
Jacques des Normands ^ il lui avait
envoyé en légation le Cardinal le
Moine y François de naijfitnce c^
bien venu à la Cour de France 5 (jr
qu'il lui avait offert par le moyen
de ce Légat y de l\ib foudre des ex^
communications qu'il avoit encou^
rues. Mais que le Roi avoit mé^
prifé l'abfolutlony é^ mal reçu le
M 5
JÎOJ.
± 74 Démêle^ de Boni face
Cardinal ^ à qui il avait donné des
Gardes , avec menaces de lui faire
fyfiifier le Ban royal.
Ce fut dans cette même pro -
cedure que Boniface après avoir
exagéré les mauvais traicemens
faits au Legat^^quoiqu^il n*eneut
point fouffert d'autre que la dé-
tention de Benefrado fon Cha-
pelain 5 qui lui apportoitles Bul-
les de Rome, avança diverfes
faufTetez contre la vérité de ce
qui s'étoitpaffé en France, tou-
chant l'appel au Concile^afin de
rendre leRoi encore p lus odieux
6c de le faire trouver coupable.
Pour cela il feignit que non con-
tent d avoir fait arrêter l'Abbé
de Cîteaux , &: exigé par force
\^s fuiîrages de là plupart des
gens d'Eglifej réguliers Scfécu-
Jiers, parmi ks Sujets naturels , il
avoir fait auffî fâifir beaucoup de
Religieux Italiens ^ d'autres
Etrangers , qu'on avoit jettez
d^ns les prifons du Châtelet de
avec Philippe le BeL 275"
Paris , pour avoir voulu fe retirer
& Avoir refufë d'adhérer à l'ap-
pel.
Il déclara , Que le Roi comme
excommunie , étoit déchu de tout
droit de conférer aucuns Bénéfices ^
^ de commander ni par lui ni par
d'autres, Qu^ainfi [es Sujets n'ctant
plus obligez^de lui garder la foi Ce-
Ion l^ autorité des Canons^ ils ctoient
ah fous ^ délivre 'Z^u ferment qti ils
lui av oient prêtée Qiien vertu des
mêmes Canons , t^ par l'autorité
fouveraine qu'il avoit recùedeDicu
en qualité de Vicaire ^^ J e s u s-
Christ,// leur défendoit fous
peine d'anathéme d'obéir a Philips
pe IV, dit le Bel , ^ a toute autre
perfonne du dedans & du dehors :, de
recevoir aucuns Bénéfices de lui fur
la même peine ,^ ^ fur celle d'être
déclarez^ incapables pour jamais
d'en tenir aucuns^ ^ de perdre ceux
qu'ils pojfedoient. Il cafTa aufli par
la même procédure 6c annulla
tous les traitez de ligue 5: de-
M 6
I?0
2 7^ Démêle^ de Boni face
jjoj^ confédération faits par le Roî ;.
avec les Princes quels qu'ils fuf-
jfenc. Il le menaça enfin , que s'il
ne rentroit dans Tobéiflance qu'il
devoir à Sa Sainteté ^ il lui fe-
roit inceflamment fentir toute la
rigueur des peines aufquelles il
pourront juftement le foûmec-
tre.
*xxx. Boniface avoit déjaordonn4.;
^Zllf que l'Ade de cette violente pro, '
Anagnia. cedurc fcroit affiché à la porte
'$*niorc. ^^ l'Eglife d'Anagnia le huit de
Septembre, jour de la Nativité
de la fainte Vierge, qui étoic
l'unique forme de citation qu'il
prétendoit obferver dans {.ts ju-
gemens depuis fa Bulle Rem non
novam. Mais Dieu permit qu'il
îux prévenu par Tes ennemis. No-
garet & Sciarra Colonna affdrez
des troupes dont nous avons par-
lé , & des principaux habicans
d'Anagnie qu'ils avoient gagnez
par argent , s'avancèrent avec
leur petite armée, & entrèrent
^vec Philippe le Bel, 277
dans la Ville la veille de ia Fêce ""
à la pointe du jour avec la ban-
nière de France. Leur deflein peiixorios,
étoic d'aller droit au Palais du '^ ^^'^'"'*''^-
Pape , non pour le rorcer 1 cpce ^ 6 r .
a la maui, mais pour traiter avec viiuntAji'
Sa Sainteté & tâcher de Tintimi- ''"u,^ ^''*"
der. Le bruit que firent les Sol-
V dats qui crioient Vive le Roi
DE France, Meure le Paî^e
B o N I F A c E , fut câufe qu'ils
ne purent exécuter cette réfolu-
tion. Car le peuple s'ëtant ra-
maffc tumultuàirement avec les
domeftiques du Marquis Pierre
Gactan,neveu duPape,&ceux de
fon fils Conticelli , ils furent ar-
rêtez par une baricade,& repaut
fez devant l'Hôtel de Gaétan ,
par où d faloit néceflairemenc
pafler pour aller jufqu'au Palais.
Cette réiîftance les irrita de cel-
le forte, qu'ils forcèrent rHôtel
& les maifons voifines , les pillè-
rent 6^ firent prifonniers trois
Cardinaux qui étoienc des aniis
% j% JDêmcle^de Boni face
j^Qj^ particuliers du Pape. Nogarec
r».r«u^ T.." appréhendant les fuites de ce tu-
îi.Hifi Pif- multe , alla eicorte d un petir
nombre de perfonnes à la place
publique , fit fonner la cloche ,
aflembla les principaux de la
Ville , leur déclara que Ton def-
fein ne tendoît qu'au bien de TE-
glife , & les pria de vouloir fe
joindre à lui. Ils fe laifTérent ai-
fëment perfuader ^ 6c prirent Té-
tendart de PEglife Romaine , a-
vec quelques Compagnies de la
Ville,fous le commandement du
Baron Arnulfi , Tun des Grands
Seigneurs de la Campagne de
Rome , fauteur des Gibellins &
ennemi particulier du Pape. Le^
troupes de Sciarra Colonna fe
trouvant renforcées de ces Com-
pagnies, allèrent auflîtôtaffieger
îePalais, &fefaifirent de toutes
\t^ avenues de la Ville.Elles for-
cèrent le Château malgré les re-
montrancesdeNogaret,qui leur
avoit recommandé de ne point
avec Philippe le Bel. 179
commettre de dëfordres ni de '
violences , & qui avoit défendu
fur tout à ceux d*Anagnie , qui
ëtoient les plus animez, de tou-
cher à la perfonne du Pape^ni au
treforderEglife.
Boniface qui n'avoic pas voulu
ajouter foi au premier bruit de
l'arrivée de (qs ennemis , fut fur-
pris &: abandonné d'une partie
des Officiers de fa maifon , ôcde
la plupart des Cardinaux , donc
les uns prirent la fuite ,&: fe fau-
vérenchors delà Ville, désiuifez
en Laïcs, les autres fe cachèrent,
à la réferve de deux , favoir Ni-
colas BoccalTmi , Cardinal Evê-
qued'Oftie, & Pierre d'Efpagne,
Cardinal Evêque de Sabine , qui
lui demeurèrent fidèles, & s'at-
tachèrent inviolablement à fa
perfonne. Les ennemis ne lui
donnèrent pas le tems de fe re-
connoître j de force que malgré
fon courage , ou plutôt fa fierté
naturelle , il fut contraint de de--
MOT.
'30?.
1 8 o Dêmclez^ de Bonifaee
mander à Sciarra Colonna une.
trêve,qui ne lui fut accordée que
jufqu'à neuf heures , c'eft à dire
jufqu*à crois heures après midi.
Il employa ce tems à foUici-
ter le peuple d'Anagnie en fa fa-
veur • 6< il lui fie promettre que
s'il lui fauvoit la vie 6c la liberté^
il lui donneroit des récompen-
fes beaucoup plus grandes que
toutes celles qu*il pourroit efpe-
rer des François pour fa prife.
Mais voyant que ceux qu'il avoic
fait agir dans cette négociation
ne pouvoient rien obtenir d'un
peuple animé par fon Capitaine,
il pria Sciarra de lui donner par
écrit ce qu'il defiroit de lui.Sciar-
ra fenfible au plaifir de la ven-
geance , lui fit dire , qu'il ne lui
accorderoit la vie qu'à deux con-
ditions , donc la première étoir,
Qii'il rétabliroic les deux Cardi-
naux Colonnes, Jacques 6c Pier-
re , fon oncle 6c fon frcre,6c tous
ceux de fa famille 3'la fcconde^,
avec Philippe le Bel, iSi '
Qu'il renonceroic à la Papauté. ^'^^'
Boniface fut entièrement con-
fterné de ces deux demaniIcs,Ôc
jettanc un profond foûpir;, il dit :
Ah ! que ces conditions font^^
dures î » & il ne fit point d'autres
réponfes : la colère Se Tindii^na- ,, ,
tioD lui ayant tellement lerre le r^. ^^^i^r.
cœur , qu'il parut avoir perdu la '"^Dupurip.
parole pendant un long efpace *Vreuves,
dctems. pag.i9r«
La trêve finie,Sdarrafitavan.
cerles foldats ,6c pourfijivit fon
entrcprife. Irritez de la rëiiQan-
ce qu'ils trouvèrent, ils mirent le
feu à TEglile de Nôtre4)ame ,
qui étoit la Cathédrale , & fe
firent un paflage pour entrer
dans le Palais du Pape. Le Mar-
quis Gaétan, neveu de Sa Sain-
teté , après s'être défendu pen-
dant quelque tems, fut obligé de
fe rendre à Sciarra ^ au Capitai ,
ne Arnulfi avec tous fes gens,aui-
quels on ne laifla que la vie. Ce
fpeulacle joint au danger pcrfoa-
2, 8 1 Dèmelcz^ de Boni face
~_^ nel que couroic Boniface , fie
' ° ' ' pleurer amèrement ce vieillard.
Mais foit par faififlemenc de
cœur , foie par le retour de fa
confiance ^ il efTuya fes larmes ,
lorfqu'il entendit brifer les por-
tes & les fenêtres de fon apparte-
ment, &: qu'il y vit mettre le feu.
11 fe laifTa prendre par les fol-
datsde Sciarra,qui lui firent tou-
tes les infuttes & toutes les me-
naces que la brutalité put leur
fuggerer.Ils pillèrent malgréNo-
garet fes coffres ôc fa treforerie ,
où ils trouvèrent tant d'argent ^
tant de pierreries & tant de meu-
bles précieux,que fi Ton en croit
'^r '^S'"' quelques Auteurs , tous les Rois
de ce temsJa joignant leurs ri-
cheffès enfemble, n'auroient pas
pu en fournir autant en un an ,
qu'il en prit en un jour dans le
Palais du P^pe , dans celui du
Marquis Gaétan fon neveu ,&:
dans ceux des trois Cardinaux
qui avoient été faits prifonniers
le matin.
avec Philippe le Bel. ^î^
Boniface fe voyant abandon-
né de (qs gens,&: des Citoyens
de fa Ville,qui pour les bienfaits
dont il les avoit comblez ^ 6c
llionneur qu*ils avoient d'être
ks Compatriotes/embloient de-
voir s'interellèr plus particuliè-
rement à fadcfenfe^crut qu'il ne
devoit attendre que la mort. Ce
fut alors que fe furmontant lui-
même, il rappeila (^s forces & fa
fierté qu'une difgrace fi impré-
vue, non plus que Ion grand âge-
n'avoient pu abacre : >? Puifque et
je fuis pris en trahifon^ dit~il,^ ce
que je fuis indignement livré «
entre les miins demes ennemis et
comme le Sauveur du monde, «
pour être mis à mort , il faut c^
au moins que je meure en Pa- et
pe. Aulfitôt il fe fit revêtir du
manteau de faint Pierre, 6c des
autres ornemens Pontificaux , fe
fit mettre la Couronne de Con-
jflantin fur la tête j 6c prenant les
clefs 6c la croix à la main ^ il
1 JO
I 50?,
284 DèmHe:*^ de Boni face
b'affit fur fon Trône.
Cette majeftueufe pofture re-
tint la Soldatefque dans le ref-
pecl pendant quelque tems^mais
elle n'empêcha pas Nogaret ôC
Sciarra de s'approcher du Pape.
Nogaret lui déclara de nouveau
fa commiffion , lui fignifia tout
ce qui s'étoit fait en France con-
tre fes entreprifes 6: {i^s préten-
tions , ôc le fomma de faire af-
fembler le Concile. La conte-
nance 6c le filence de Boniface
firent juger qu'il n'acquiefceroic
pas volontiers à cette demande.
Ce qui porta Nogaret à le faire
defcendre du trône, en le mena-
çant de le faire conduire lié ôc
garoté à Lyon pour y être jugé
& dépofé par le Concile gênerai
que le Roi fon Maître devoit y
aflembler. Il lui donna pourtant
fa fauvegarde 6c l'aflîira de la
vie, ajoutant qu'il faloit qu'il y
eût contre lui un Jugement
canonique de TEglile , avant
avec Philippe le Bel, 185
qu'on entreprît rien fur la per- "
ionne. ^^^'*
Sciarra prit alors la parole,
êc demanda au Pape, s'il ne vou-
loir pas céder la Papauté , ajou-
tant que ce Teroic le moyen d'ap-
paifer les troubles , & de faire
la paix avec tout le monde :
Non , répondit Boniface , j'y «
perdrai plutôt la vie. '5 Puis
s'avancant vers les Chefs du waiff^^hjm,
Parti Colonne, il dit en fa lan- p:^;^^''""
sue vulsiaire: Voilà mon cou, ccf^°.'' 'f'*
voila ma tête ^ mais j'aurai la «
fatisfaction de mourir Pape. c<
Il fît enfuite de fanglants re-
proches à Nogaret , qu'il re-
gardoit comme le premier au^
teur de fon malheur ^ Se il s'em-
porta de paroles contre le Roi
de France , qu'il maudit juf-
qu'à la quatrième génération.
Nogaret piqué au vif de ce que
Boniface ne lui fcavoit aucun
gré de ravoir fauve des mains
de ceux qui avoient déjà voulu
«10?
2. s 6 "Dèmhlcxâe Boniface
l'aflaffiner, & d'avoir empêché
cju*on achevât de piller le refte de
les treforSj lui dit avec beaucoup
de fierté : >» Chétif Pape que tu
M es,regaf de &: confidere la bon-
33 té de mon Seigneur le Roi de
53 France,qui bien que fonRoiau-
« mefoitfort éloigné de toi , te
>3 garde par moi , & te défend de
53 tes ennemis , ainfi que fes Pré-
î3 deceflèurs ont toujours gardé
53 les tiens.
Le Pape qui prenoit pour des
indignitez & des mauvais traite-
mens ces fervices prétendus que
Nogaret lui faifoit tant valoir,&
qui ne pouvoir fouffrir qu*il lui
réitérât les menaces qu'il lui a-
voitfaites de le conduire enFran-
ce , 6c de lui faire faire le procès
par le Concile qui s'y devoit te-
nir ^ lui répondit : » Je me con-
ïjfolerai aifément de me voir
33 condamné par des Patariens
33 pour la caufe de TEgHfe. No-
garet entendit plus qu'à demi-
avec Philippe le BeL i §7
mot ce qu'il vouloitdire. Cela le ^7"^
fie fou venir du fupplice de fon
grand-pere, qui avoir été con-
damné 6c brillé vif par ordre des
Inquifiteurs comme Patarien ou
Albigeois j 6c ce reproche que lui
en fit Boniface comme d'une ta-
che pour fa famille & pour fa
pcrfonne, le rendit confus 6c To-
bhgea de fe taire. Mais Sciarra
Colonna , qui n*avoit ni la pu-
deur ni la modération de Noga-
ret , s'emporta contre le Pape ,
qu'il chargea d'injures. Il ofa
même lui donner de fon gantelet
fur le vifagc , félon quelques Au- wt//;.?/,^,
tcurs , qui ajoutent qu'il l'auroit " e^^^u^uy,
tué . fi Noearet ne l'en eut em- p- *^- ,
^ { , • 1> /TA Anton. Plo-
peche : mais d autres aliurent rt-ntinus,
que Dieu ne permit pas que per- sVo^ndinus,'
fonne le touchât. p.'i'é?.^"''
Pendant que le Palais Ponti-
fical étoit tout en trouble , la
Ville jouiflibit d'un alTez grand
calme.La plupart desCardinaux,
dont quelques-uns étoienc d'm-
»10î
iS8 Bcmèle^de jBoniface
telligence avec les François &
les Colonnes , fe tinrent enfer-
mez chez eux. François Gactan^
neveu du Pape , homme robufte
de corps & fort entreprenant^
dont Boniface s'ctoit fervi pour
faire (qs extorfions,ôc amaflerles
richeflès qu*on venoit de piller ,
fe retira dans une place près d*A-
nagnie :, où Nogaret empêcha
qu'on n'allât le forcer. Ceux des
Cardinaux qui ne voulurent
prendre parti pour perfonne ,
& retirèrent à Peroufe.
,^; Nogaret ayant pris la perfbnl
ne du Pape & celles de fes ne-
veux, fou s fa protedion particu-
lière contre les infultes des fol-
dats de Sciarra, mit Boniface en
la garde de Regnaud de Suppi-
no ;, Capitaine des Florentins ,
avec ordre de lui laiflerune hon-
nête hberté , ^ de lui faire don-
ner à manger. Mais la crainte
d't^cre empoifonné par (es enne^
•mis , la fuite de fes gens , & J'in-
différence
avec Philippe le Bel, 189
différence de Regnaud , firent — — —
que ce dernier point fut fort '^°^'
mal exécute ^ de force qu'il fe vit
en danger de mourir de faim
au bouc de trois jours qu'on Ta- w4//r«^.<«,
voit laifle à jeun , s'il ne fe fût pïl-'xoau.,
trouvé une pauvre femme qui lui p^?- ^^ »•
apporta un peu de pain & qua-
tre œufs , dont il mangea d'au-
tant plus volonciers, qu'il favoit
qu'on ne pouvoir les rendre fuf-
cepcibles de poifon dans leur co-
que.
Cette extrémité de mifereoù
fe trouvoit réduit le Souverain
Pontife de l'Eglife, toucha enfin
les habitans d'Anagnia de com-
paffion , de honte 6c de repentir.
Etant fâchez d'avoir fi lâche,
ment abandonné leur Compa-
triote, bc de s'être joints à fes en-
nemis pour travailler à fa perte ,
ils s'aflemblérent & prirent les
armes pour fa défenfe , criant
que c'ctoit à eux &: non à des
Etrangers à garder leur Citoyen
N
^l' f) o TfèmclexJieBGntfacs
'■"^ dans leur Ville. Ils entrèrent
'^^^' dans le Palais au nombre dfî
près de dix mille hommes , for-
cèrent & tuërenr les Gardes 4«
\^s Soldats qui voulurent leur
réfifter , challérent les François,
& mirent en fuite le rcfte des
conjurez avec leurs Chefs. No-
garet 6c Sciarra Colonna voyant
toute la Vilie changée en fi peu
de tems , & animée contre eux y
furent obligez de fe retirer , fans
avoir même le loifir de fauver la
v,o *^' . V mnniere deFrance qu ilsavoienc
ra^u^s arborée fur le pavillon du Palais.
'*^'^J^-., Ainfi c'en: contre toute apparen-
w^/y7;ix^;^?«. cède vérité qu'un Hiftorien An-
glois a écrit que ces deux Chefs
firent monter Boniface fur un
cheval fans bride &: fans felle .,
le dos tourné vers la tête du che-
val , &: qu'ils le contraignirent
de courir de la forte jufqu a per-
dre haleine ^ circonftancequ'au^
riin Ecrivain n*a rapportée , &:
dont il ne fua fait aucune men-
ztvec Philippe le Bel, 1 9 r
rion dans le procès que les Dé-
fenfeurs de Boniface firent de- *^°^*
puis à Nogaret. L^s Auteursles
plus paffîonnezpour lePapecon-
tre la France, n'écoient pas non^
plus dans cette créance , puiC
qu'ils ont attribué à une protec-
tion vifible de Dieu fur leVicai-
re de Jesus-Chktst , la rete-
nue de Nogaret & de Sciarra,
auffi-bien que le changement fu^
bit ôcinefperé de ceux d'Anagnia
en fa faveur.
Le Pape fe voyant en liberté '^f'it'''''
avec les neveux , ôc délivre de la oupay »
crainte de la mort , dont les ^"î^ou*
gens de Sciarra l'avoient mena- ^^^'^*'
ce a toute heure , fe fit porter
dans la place publique de la vil-
le. Il y repréfenta devant le
peuple fa mifere &: fes befoins
excrèmes d'une manière fort pa-
thétique. Il fit entendre qu'on
TavoitlaiiTé trois jours fans man-
ger.; & fe recommandant aux
<:haritez des particuliers, il pro-
JN2.
tc^t DémelezjleB onifctce
"""" mit rabfolucion de tous Ics^
'^°^' péchez à ceux qui lui donne-
roienc du pain & du vin. Ce qui
fit qu'on lui en apporta de tou-
te part, 6c qu'on alla en foule
auPalais recevoir fa bénédiction»
Vf^i. Il déclara enfuite , qu'il pardon-
^-* '"^^^^Xioit à tous ceux des Habitans
de la Ville qui avoient pris les,
armes contre lui j mais qu'il ex-
ceptoit les voleurs du trefor de
l'Eglife & des Cardinaux. Il té-
moigna aullî 5 qu'il defiroit de
faire fa paix avec les Cardinaux
Colonnes, & que fon intention
ctoit de les rétablir. Il feignit
même de vouloir fe remettre
bien avec la France , & offrit
de s'en rapporter au jugement
du Cardinal Matthieu Rolîî ,
touchant tout le différend qu'il,
pouvoit avoir avec le Roi. Il
accorda en même temps le
pardon à tous les François qui ■
étpienc venus l'attaquer. ^.,^p
nommément à Guillaume de"
avec Philippe le Bel 193
Nogarec , ajoutant qu'ils n'a- 1305.
voient pas encouru les Cenfu-
res de l'Eglife 5 & qu'en cas
qu'ils les euflènt encourues , il
leur en donnoit Tabfolution.
Mais ce mouvement de bien- viiisnî ,
veillance ne pafla pas la durée^^^ip.^'^"'
de ks befoins. Lorfqu'ii le vit^^.
rétabli ^ & qu'il fut entière-
ment revenu de rétourdiile-
mentSc de la confternation oii
fon malheur l'avoit jctté , il fie
fur tout ce qui s'ctoit paflTé des
reflexions qui le portcrcntà chcr-
clier les moyens de s'en ven-
ger fur le Roi de France & fur
tout le Royaume. Dans cette
vue il prit le parti de s'en re-
tourner à Rome , & d'y tenir
un Concile , fur les délibéra-
tions duquel il pût agir. Les
Romains envoyèrent au-devant
de lui le Cardinal Mathieu des
Urfins, avec quelques Compa-
l^nies de la Ville pour Tefcorter.
lîOj.
294 Dèmeîe^de Boni face
Mais le bon accueil qu*on lîiî
fit ne put le garantir du chagrin
que lui caufa le fouvenir de l'in-
jure qu'il avoit re(^ûe. La trif-^
telle le fît tomber dans une ef-
pece d^âlienation d'efprit , du-
rant laquelle il ne parloit que
de raalediclions ôc d'anathê-
mes contre Philippe le Bel ^
Nogaret ôc {^^ autres Miniftres*
Il en contracta une maladie
accompagnée d'une violente fré-
nefie , qui le mit dans de fî
grands tranfports , qu'on eut
beaucoup de peine à l'empê-
cher de dévorer if^ bras ôc fes
couvertures , & de fe cafler \z
tête contre le bois de fon lit.
Il mourut dans les accès de
cette fureur le xi. d'Odobre ^
fans avoir eu un intervale de
tranquilité pour pouvoir fe re-
connoître.
Un genre de mort fi trifte 5c
il peu ordinaire , rappellala mé-
moire d'une efpece de prophe-
étuec Philippe leBcL 3 9- j
tî£ qui couroit de lui , &: que "T^
Ton accribuoic à fon Prédecef- *^°^'
feur faine Pierre Celeftin. On
reprëfenroic ce faine Pape , di-
fant à Boniface:Tu es mon-«
TE* SUR LE Trône comme «
TJN Renard ; >3 ce qui marquoic
Jes artifices bc les rufes donc il
s*écoit fervi pour parvenir au
Pontificat : et Tu régneras ce
COMME UN Lion 3 '3 par où
Ton entendoic les violences
qu*il exerçoic pour fe faire obcin
Tu MOURRAS COMME UN "
CniEN^n ce qui dëfigne aiïez
clairement la nature de fa der-
nière maladie. Il fut enterre f'T/;^
magnifiquement dans une Cha- J^^y^^iaus ,
pelle de TEglife de faint Pierre , "• 44. .
qu'il avoit deftinée pour fa fé-
pulture , ^ où fon corps fut
trouvé tout entier trois cens
ans après , lorfque fous Paul V. en léor*
il fut queflion de rebâtir le lieu. Feiixofms,
Ce qui fervit à démentir cette pi<54.coi.
foule d'Hiftoriens qui ont écrie
N4
19 6 Dmhlex^ie SànifdCf
jjaj. qu'il s'ëcoic rongé les doigts &
mangé les mains de rage avant
que de mourir , & à faire connaît
tre l'excellence complexioa de
fon corps qui fe conierva entier
tant de fiecles dans le tombeau,
quoiqu'il fut ufé par !a longueur
d'une vie de quatre-vingt- fix ans,
dont il en avoit régné près de
neuf dans des mouvemens ôcd^i
agitations continuelles.' ** ^ooir
^. Ceft ainfî que finit Boniface
Vin. au milieu des vains efforts
qu'il avoit faits pour convertir le
miniftere apoftolique de PEglife
en une domination defpotique ,
contre la difpofition exprefle de
jEsus-CHRisT.On peut dire qu'il
étoit né pour commander j 6c
il avoit beaucoup d'excellentes
parties propres à lui attirer la
fodmiflion des autres, s'il eût fçu
fe contenir dans des bornes légi-
times. Perfonne ne le paffbit en
fon tems dans 'a connoifTance
<les faintes Ecritures , de l'un &
'itvec Philippe le Èeh -t 9 7
Je Pautre Droit , & de toutes les - 1 '
afFakesecclefiaftiquesôc civiles; x^o%
& l'on ne peut fans injuftice lui
refufer la gloire d'avoir fait beau-
coup de Rëglemens falutaires ,
pour maintenir les Droits 6c la
Difcipline de TEglife. Mais il
^voit une ambition démefurée
& une avari ce infatiable , qui lui
firent faire un mauvais ufage de
tous ks grands talens , 6c qui le
portèrent à préférer dans le gou-
vernement de l'Eglife , les maxi-
mes d'une politique intercflee 6c
cruelle, aux règles faintes de l'E-
vangile.
fin de Upremien Fanie.
Ni
avec Philippe le Bel, 299
f'^: cAî J^ J^ <J^ --jki <jk> Mf J^ >^ cJ*J
HISTOIRE
DES DEMESLEZ
DE BONIFACE VIIL
A V Z C
PHILIPPE LE BEL.
S ECO 2^ DE PARTIE.
IL fembloit que la mort de J-
Bonirace dut appaiier i ani- continue
nioficé de fes ennemis , d'autant ^". P°*^-
plus aiiement qu il n y avoit pas
fujec de douter qu'elle ne mît fin
à la facheufe querelle dontcePa-
pe étoit lacaufe. Mais Nogarec
ne voulant pas que cç,x. accident
lui fît perdre Toccafion de faire
^xm Dêmeîex, de Bànifkâe^
"^^^^ triompher la caufc defon Maî^
tre, réfolut de pourfuivre la nié-*-
moire du mort contre fes défend
feurs & fes héritiers , & de contiai
nuer l'appel interjette en FranciS^
Sur la nouvelle de cette mort ,îi^
alla trouver Renaud de Suppino
ocfobiV ^ ' ^ Ferentino , 6c tâcha de lui ren-^^
Preuves , dre le courage que lui avoieni^
^''^'^' fait perdre ceux d*Anagnia te
jour qu'ils le chaflErent de leur
Ville avec les François pour déli*^
vrer le Pape. Il lui offrit au nom'
du Roi , félon le pouvoir qu'il
en avoir reçu , tous les fecouïé^
d'hommes & d'argent néceffail
res,pour le venger lui & les fiens,-
des habitans d'Anagnia ôc de^
parens de Boniface , avec un dc^
dommagement entier de tout ce
qu'il avoit fouffert , & de ce qu'il
fbuffriroit encore dans la fuite
pour la même caufe.
îieftion de ^ -Onze jours après la mort de
ficnoift XI. Bt^niface, le Conclave élut en ft
placeNicolas Boccaflinidc rOr-
avec Philippe le Bel, 50 r
Are des Dominicains y Cardinal "
Evêque d'OftiC , d'une naiflan*
ce très-bafle ôc crès-obfcure fe^
Ion le monde ^ mais homme de
favoir 6c de fainrc vie. Il prie le
nom de Benoift XI. 6c il fut cou-
ronné le Dimanche fuivant, qui
ccoit le 17. jour d'Oâobre. Le '^^<^^^^^ t
Roi de France ne l'eue pas plu- ' .
tôt appris, qu'il lui en écrivit des
Lettres de congratulation , de
refpect 6c de foûmidion filiale, 6c
nomma trois Ambafladeurs nou-
veaux, outre ceux qu'il avoic dé-
jà à Rome,pour les lui préfenter.
'Lts trois AmbalTadeurs étoient
Berard , Sire de Mercueil , Guilé
laume du Plejjls , Sieur de Veze-
nobre , 8c Pierre de Belleperche ,
alors Chanoine de Chartres, de-
puis Doyen de rEgUfe de P aris ,
Evêqued*Auxerre, qui avoir été
même Garde des Sceaux de
france avant PierreFlotte,6c qui .^^ .r^^vs.
paflbit pour l'un des premiersju- ft- >a^ff
ariiconfulces defon fiecle.: ^r^ >,, -
301 Démclez, de Boniface
*^ " Du vivant de Boniface ^ le Roi
Plaintes & ^voit envoyé au faint Siège, au
remontran- Clerp;é de Rome , ôc en d'autres
ces de Pcrc- O ' ^
do au nom endroics de Tltalie, Pierre dePe-
redo , Prieur de Chefa , pour di*
yerfes affaires , tant de Sa Ma.
jefté que du Royaume , dont la
principale étoit de former {f^%
plaintes contre cePape.LePrieur
de Cliefa n'étant arrivé à Rome
que la veille de la mort de Bo-
niface , ne put rien faire durant
les funérailles 6c le Conclave.
Mais BenoiftXI.nefut pas plu-
tôt élu , qu'il alla fe préfenter à
lui avec le mémoire des plaintes
de fon Maître , & des remon-
trances qu'il avoir à lui faire fur
la corruption qu'il prétendoit a-
voir été introduite dans l'Eglife
fous le Pontificat de Boniface.
voy. L'acte II y ptopofa cc qui s'étoit fait i
^^p'euves, P^ns Ic 14. dc Juin devant le
p. zo. p^QJ (j^ns TAfTemblée des Etats
du Royaume , renouvella les ap-
pellations interjettées enFrancc^
'avec Philippe le Bel, 303
en préfence de Sa Sainteté & des i \^y
Cardinaux , 6c demanda la con- ,n
vocation d'un Concile à Lyon ou
ailleurs , pourvu que ce fiit dans
un lieu qui ne iwt ni fufpeci ni
éloigné , ni incommode , ni dan-
gereux pour le Roi & fon Royau-
me. Il leur fit enfuite un long pa-
rallèle d'opofition entre la con-
duite des anciens Papes , & celle
de Boniface , pour mettre dans
un plus grand jour les excès 6c
les déportemens de celui-ci , &
pour faire voir jufqu'à quel point
il avoir violé Ù, ruiné la Difci-
pline de PEglife. II dit , Que du
îems de ces anciens on ne trafiquait
point les Bénéfices. Que les Eve que s
tL achctoient point la permiljion de
fortir de la Cour de Rome ^ que les
éleclions étoient libres 5 que l'on
procédait rarement é* avec toutes
les précautions imaginables contre
les Eveques O" contre les Cardi-
naux. Qt^on ne dêpofoit point les
Eveques pour des intérêts partlcu*
»ÎOî.
3 04 Bemèlex^de Boniface
lie? s , ou pour le bon plaifir du Pa^
fe. Que l'on donnait fort feu de
chofe four les frovifions de Rom^é
^on ne vendoitpas les Bénéfices,
les Difpenfes ^ les grâces^ ou JnduL
gences. Que l'on nefaifoit que très*
rarement des div i fions d Eve chex^y
dans des he foins très importans ^con»
nus de tout le monde ^^ jamais fans
le confentement des Rois ^ des Pa^
irons, Qj^on ne dèlioit point les Su^
jets du ferment de fidélité -^qu^on ne
f rivait point les Chapitres ^ Colle ^
geSy ou autres Compagnies , Facul^
tex^(^ Societe^du droit d^ élire leurs
Prélats^ leurs Supérieurs, leurs Mi-
niftres ^ leurs Officiers. Qj^ avant
Boniface les Papes n'avoient ja~
mais prétendu que tous les Bénéfices
vacans en Cour fuffent en leur feule
difpofition , ^ qu'ils faifoient petù
derefervcs, Q^onne connoiffoit pas
lafemicteufe maxime .^ qui vouloit
que les Etrangers ^ les abfensfup
Jèntduement ^ légitimement citex^
àfiome y fans autre formalité ilorf^
'avec 'Philippe le Éel 5 6 f
qt^on avoit affiche la citation a l*u-
ne des Eglifes de la Ville, QtC au-
cun des Predecejjeurs de Boniface
t^s^é toit déclare Seigneur du tempa^
Tel des Princes feculiers. Qt^on n'a^
voit point prétendu qu'on diit ap^
fcller aux Souverains Pontifes de
tautes fortes de cas ^ de toutes fof^
tes de Tribunaux. Qu^enfinilny al
vaitpas encore eu de Pape avant lui
qui eut applique X [on profit parti ^^
culier l'argent quil avoit fait lever.
four la Terre-fainte ^ les Croifd^
des^dans la France ^^ ailleurs.Mais\
que Boniface etoit coupable ^ pu}
bliquement convaincu de tous ces ch"^^
mes ^^ qu'on avoitfaitenFrancetm
livre de fes vices ^ de fes exaHions.
; BenoiftXI. ne crut pas que lé
Confiftoire dût délibérer fur là
remontrance de Peredo, jufqù'à
ce q '^e celui-ci eut reçu duRoi un
nouveau pou voirie des Lettres de
cteance pour le Pape. Mais con^
meil avoir deflein d'étouffer toù^l
te cette affaire jil fit prierGuitlaa*
130Î.
rjoj,
5 06 'Dèmelexjie Boniface
nie de Nogarec de fa part par
TEvêque deTouIoufe de ne point
pafler outre dans (qs pourfuitesii
lans un commandement nou^.
veau du Roi , afin de trouver
moins d'obftacle aux mefures
qu'il vouloit prendre pour appai-
ièr le fcandale, & remettre Tur
nion entre l'Eglife Romaine Saie
Royaume de France. v
Aiftes de Noaaret fe trouvant ainfî les
I^fogarec. ÎD ^
Preuves, mains liées vint en France trou-
^' ^^^* ver le Roi , auquel il déclara les
Ambaflade intcncions du nouveau Pape en
au nouveau ^ a
Pape. plein Confeil. Il lui fit entendre:
que la face de la Ville de Rome
ëcoit entièrement changée de-
puis réledion de Benoift , ôc que
toutes chofes y étoient favora-
blement difpofées pour la Fran-
ce. Il lui perfuada de prévenir
Sa Sainteté par l'ambalTade cé-
lèbre qu'il lui avoit deftinée , &
de ne point attendre même que
Je Pape lui fit déclarer publique-
ment fon éledion par ks Nonr
avec Philippe le Bel. 3 07
ces , comme c'étoic la coutume, \ ^
ni que le Legac que Sa Sainteté
dcvoit envoyer en France pour
ménager la paix , fe fiit miiicn
chemin. Le Roi fuivit volontiers
cet avis , mit Nogaret à la rête
des troisAmbafladeursqu*il avoir
nommez fur les premières nou-
velles qu'il avoit reçues de Téle-
ftion de Benoift , ^ le renvoya à
Rome avec de nouvelles inftriic- i'7^'"i^\
rions & d'amples pouvoirs pour
traiter la paix à l'avantage de la
France. Le Roi joignit une pro- ,
curation exprefle pour recevoir 130+.
du Pape en fon nom rabfolucion du i ?. r^-
de toutes les Cenfures que Sa^'^"'^^'^
Majeflé , les Prélats , les Grands
du Royaume, & fes autres Su-
jets pouvoient avoir encourues
fous Boniface. Mais Nogaret
n'eut point de part à cette pro-
curation qui n'étoit que pour les
autres Ambafladeurs, parce qu'il
étoit regardé comme nommé-
ment excommunié.
JO'8 Demelez^deBonifdit^ ^
"^î^c^ Ge fut cette confideratioh '^
le fit refter en France plus Ions-
tems que \qs autres , parce qu e-
tant particulièrement chargé fle^
pourfuivre la mémoire de Boni-"
face , il voulut prendre des {lire. '
tez fuffifantes contre les parcns^
& les parrifans de ce Pape. li^,
craignoit auflî que fa prefërtcèrj
n empêchât les premiers effets rfé]
la bonne volonté de Benoift ydè
forte qu'il crût les devoir attétiiï
dre en France :, ôc ne pas repreîî^^
drefi-tôt fes procédures cdiitï^l
fbn Prédecêfleur. umm^it^x:)^
îifquète ctii Ce fut pendant cet intêrvalt
France aï ^^1^ le pcuplc dcFrance préfcnta
Rûi- au Roi contre Boniface cette fa-
preures, mcufé Requête , que Ion a ea
grand foin de faire palTer jufqu'à ^
nous dans fon ancien langage, të^
peuple faifant fon affaire particu-
lière de Tindépendance de la
Couronne,6c s'y croyant plus in^'^
tereffë que le Roi même,rentôtî-
tra à Sa Majefté, que lafiuveraine
p. 114,
lîO^.
avec Philippe le Bel, 509
franchi fe du Royaume confifloit a ?ie
nconnoïtre point d'autre Souverain
que Dieu dans le temporel. Il de-
manda que Boniface flic déclaré
hérétique pour avoir voulu éta-
blir le contraTe,&: contefter le
double droit de Regale au Roi ,
tant pour la collation des Pré-
bendes,que pour h rétention des
fruits des Eglifes vacantes. Il foU
licita même Sa Majefté de s'em-
ployer pour lui faire faire fon pro-
ccs,ou dans le Concile, ou devant
le nouveauPape^afîn qu'au moins
la condamnation de fa mémoire
fût la juftification de la France
danslapofterité. A quoi le Roi
prévenu des titres de Bèfenfeur ^
de la Foi ^ & de DeftruHeur de t--r'-iï
therefie , qu'on lui donnoit, ne
paroidoic d'ailleurs que trop por-
té , tant par fes reflentimens
particuliers, que par lesfuggeC
tiens de ks Miniftres. '3
Cependant le Pape Benoift,ne ^
crpyant pas devoir attendre lc$ :
^ îo jDèmele^de Bonifdce
- foûniiffions du Roi, ni l'arrivée
»^"; *, r de fes AmbaHadeurs .voulut le
Roi & les , . r ^
Sujets. Il prévenir de i^s grâces lans être
révoque foUicité , fclon les termes de fst
tout ce que _ , , , i i • i i , i r i
Boniface Bulie. 11 lui donna labiolution
avoic faic Jg toutes les excommunications;
contre la ^ r vi'
f xânce. ^ autres cenlures qu il pouvoit
avoir encourues. Ceft ce qu'il
lui figniiîa depuis par une Bulle
^An\a ros , <lu fécond jour d'Avril 1304.0Ù il
Preuves,?. ^"^ marquequ'eti allant amfiau-
**^7- devant de lui , au préjudice des
règles ordinaires,il n'avoir point
d'autre but que le falut de ion
ame & la gloire de fon règne. La
Bulle porte précifément que le
Roi n'avoit pas encore fait de-
mander fonabfolution, lorfque
lefâint Perelalui donna en pré.
fence de fes A mbaffadeurs. Et di-
spondanus , vers Hiftoriens ont remarqué
*^^««.t 04.. que ce bon Pape avoit eu autant
J^'f'^""'- à'é^^ïà à la jullice delà caufc
Hift Pciix du Roi , qu'à la paffion de Boni»
cci."af*' ^'face, dans cetaàe de génerofi-
té^, ayant coniîderé que les prc^
avec Philippe le Bel. 311
tendus crimes qui lui avoient ac- ^TiT^T
tiré les cenfures de Rome ^ ne
confiftoienc que dans la dëfenfè
des droits de fa Couronne , 6c ^:.
dans l'appel qu'il avoit fait in-
terjecter deBoniface au Concile.
Les AmbalTadeurs oui reçu- ^" * ^ ^"^^
Il 1 r 1 • '1 vncr J04.
; renc 1 abioiution pour le Roi
I leur Maître , n'étoient pas les
derniers nommez qui avoient
procuration pour demander &:
recevoir cette abfolution, parce
qu'ils n'ëtoient pas encore arri-
vez à Rome. C'etoient Guillau-
iine de CMtenai & Hugues de
Celle , qui avoient été envoyez
en Italie du vivant de Boniface ,
& qui avoient été chargez par
une autre procuration du Roi de Daî.juiiift
pourluivre la convocation du JJ'J;^^/^*
Concile. Six jours après la Bulle partie i.ch.
d'abfolution ces deux Amba^a-
deurs prirent un Notaire de Ro- tusd, rt^eÀo.
me avec eux, & allèrent chez les ^^ s. d*A-
Cardinaux qui étoient pour lors ^"*
dans la Ville, pour kurpréfenter
1^04.
312 Dèmelea^de Boni face
en particulier les Lettres que le
Roi leur avoit écrites le premier
jour de Juillet de Tannée précé-
dente, tant pour les informer de
ce qui s'étoitpafledansrAlîèm-
blée des Etats du Royaume con-
tre Boniface, que pour deman-
der la cor.vocation du Concile
auquel il avoit appelle.
DedixCardinaux qu'ils trouvè-
rent , il y en eut cinq qui répon-
dirent qu'ils avoient toujours eu
beaucoup de confidérationôc de
bonne volonté pour la perfonne
du Roi 6c pour tout fon Royau-
me, mais qu'ils fe croyoient obli-
gez de fuivre lefentiment duPa-
pe -, ôc qu'ils s'en tiendroient à ce
qu'il jugeroit à propos d'ordon-
ner fur les demandes du Roi.Les
cinq autres témoignèrent être
fort portez pour la convocation
d'un Concile général , & ils pro-
mirent aux Ambaffadeurs de fai-
re tout leur pofîîble pour y con-
tribuer. Le Pape tint Confiftoi-
re
Avec Philippe le Bel. 315
re fur cette airaire pour en dcii-
berer avec le Sacré Collège :
mais il fui vie les raifons qu'il
^;javoit d'en remettre la dëcifion à
- un autre rems. Le Notaire don-
na acte aux AmbaiTadeurs de
tout ce qui s'écoit fait à ce fujec
iCiiia préfence.
Peu de jours après le Pape
-voulant rétablir par degré Tan-
cienne union delà France avec
/le faint Siège , révoqua la réier-
■T-'Ye que Boniface avoir faite au
c-Papedesprovifionsde toutes les
Eglifes du Royaume pour défen-
dre les éleclions (5c les confirma-
tions à ceux qui avoient le droit
d*élire,dc prefenter &. de con-
firmer les élections. Benoift par
ix Bulle qu*il adrellà fur ce fujec
à Philippe le Bel le 1 9. d'Avril ,
ordonna qu'on en i.feroic à l'é-
gard, de ces provifions^de la mê-
me manière qu'on le pratiquoic
dans;tout le Royaume avant que
Boniface eût public cette rcier-
^ Q
1 5 04.,
3 14 Dhnelc^de Boniface
" ve. Il rétablit ainfî le droit com-
^^°'^* mun & Tordre des Canons, violé
'%^: '''^''' par TEditde fonPrédecefleuren
iicher,iu. fa^veurde cette Monarchie arbi-
Preuves, trairc ^ delpotique qu'il avoïc
p^s- -09. j. A^]^^ d'introduire dans l'Eglife.
Au relie cette Decretaie de Be-
noiftXI. nefervit pas peu à dé-
mentir les Lettres que le Collège
des Cardinaux avoit écrites en
Iffu" art'i Corps à la Noblefle &: au Tiers-
«h. is, ' ' Etat du Royaume de France le
26.de Juin de l'an 1 3 o 1 . où fous
prétexte de vouloir exculer le
Pape Boniface, on avoit tâché
de diffimuler ou de nier qu'il fe
fût refervé la collation à^s Bé-
néfices du Royaume ,où i! n*a-
voit aucun droit auparavant,
preuves, p, j^ç p^p^ rendit auffi par une
Bui'iœus , autre Bulle aux ChanceHers de
lïniv'pag/ rUniverfité de Paris, &: aux au-
^^' ^* très qui jouiiToicnt des mêmes
privilèges , le pouvoir de licen-
cier en Théologie 6c dans l'un ôc
dans l'autre Droit,,que le même
avsc Philippe le Bel, ^315
Bonifaceavokfufpendu ou fup-
primc. 11 déclara valides 6: légi-
times toutes les licences qui s'c-
toient données fclon Tancien
droit des Univerfitez , nonob*
ftant cette fufpenfion.
I ? G4,
Le 13. jour du mois de May nu^m s,^*
fuivant, Benoift donna une ^u-vienrcs,
tre Bulle adrelTceau Roi comme ''9'
les précédentes , pour remettre
ou pardonner la defobéiflance Sz
la conrumace,s'il y en avoit,dans
ceux des Prélats 5 des Docteurs,
Supérieurs, ou autres Ecclefiafti-
ques François, Théologiens, Ca-
noniftes, Religieux, dcc. qui n*a-
voient pas comparu à Rome fur
leur citation & fur le comman*
dément qu'ils enavoientreçude
Boniface.
Le même Jour il fit encore fcel-
1er pour le Roi une cinquième
Bulle , par laquelle i! révoqua
& déclara nulles les furpenfions
queBoniface avoit faites des grâ-
ces & des induits accordez au
1504.
tii'tn:.
Preuves
3 1 6 DèmHez^ de Boni face
Royaume , au Roi , à fcs Offi-
ciers & à (qs amis. Il ca(îa. auffi
Tacle que ce Pape avoir fair pour
iTeuves % r" i~
ijo. , délier diverles perfonnesdu fer-
ment de fidélité qui éroit dû au
Roi par tous les Sujets de fon
Royaume. Il rétablit le Roi, Ton
Royaume.fes Miniftres^fes Con-
iéillers,resamis,&: généralement
tous les Sujets,dans le même é-
tat qu'ils étoient avant la fiifpen-
fîon & l'interdit. Il n'en excepta
que Guillaume deNogaret^donc
il feréferva l'âbfolution, àcaufe
de la prife de Boniface, & des auSi
très violences aufquelles il avoic
eu part. Enfin il révoqua géné-
ralement tous les privilèges &
autres faveurs accordées au pré-
judice du Roi &: du Royaume
depuis les commencemens du
différend furvenu entre Boni-
face & Sa Majefté Très-Chré-
tienne.
"' Jufques-là Benoifl: avoit voui
\ï\ iiJicirer diredemeqt au Roi
1304.
avec Philippe le Bel. ^ ï 7
toutes les BulFes , Brefs ou Ref-
crits drcflezen faveur de laFran-
ce pour marquer que c ccoic par-
ticulièrement Sa Majefté qu'il
voLiIoit gratifier. Mais il crue
devoir publier encore une au-
tre Bulle plus irénerale datée •^'^^'•'•^w'^"''>.
du même jour, pour ablouare tom^Hift.
tous les Prélats &: Eccleilafti- ^^p7.;fv«^;
ques, tous les Grands ou Barons ^ '°^*
6c Nobles du Royaume qui fe
trouveroienc excommuniez par
Bonifacc , pour avoir empêche
d*a!Ier à Rome^ou d'en revenir.
Il comprit auilî dans la même
abfolution tous ceux qui avouent
encouru les peines marquées
par les Canons, quelles qu'elles
puiFent erre , pour avoir eu parc
a la prife de Boniface. Mais il
en excepcaencore Guillaume de
Nogaret , dont il voulut fe ré-
ferver l'abfolution à lui feul &
au faint Siège ^ &. s*il ne ren-
ferma point dans la même ex-
ception les Italiens qui avoienc
'3 1 8 Demclexjie Boniface
2304. commis avec Nogaret des vio-
lences dans Ana2;nia & dans Ro-
me contre Bonitace , c*eft qu'il
n'étoit ici queftion que des Su-
jets du Royaume de France.
T 1 1. Ce bon Pape voulut auflî que
Il rétablit les Colonnes , dont la famille
les Colon- . , , • / 1 -n
lies ca par- ^voit ctc cxtcrminec de Rome
t^e. &: de toute l'Italie par la profcri-
r'reuvesrpi ption de fon PrédecelTeur/entid
][îkhcr,i.i2, f^nt les effets de fa juflice dans
îeilxofius les commencemens defonPon-
^x-zA^ cuKi^ tifîcat. Il donna une Bulle par
laquelle il revoqiioit les Senten-
ces portées par Boniface contre
les deux Cardinaux Jacques 6c
Pierre , Toncle 6c le neveu , con-
tre Jean de Saint-Vit , Otthon ,
Agapet,EtienneJacques&: Sciar-
ra , frères de Pierre le Cardinal ,
êc enfans de Jean Colonna, hom-
me d'une très-grande confidera-
tion en Italie avant Boniface ,
contre Richard, Pierre & Jean
de Montenero , ou Montenigro,
contre leurs fauteurs^ leurs afToi
avec Philippe le Bel. 3 ï 9
ciez & leurs adherans , 6c enfin
contre la ville de Paleftrine ou
Preneftc.U leva leurs excommu-
nications , leurs irregularirez ,
leurs interdits 6c leurs bannifle-
mens , 8c les rétablit dans les
droits , les privilèges 6c les au-
tres avantacccs de famille 6c de
bourgcoi fie qu'ils avoient pofie-
dez avant que d'avoir encouru
l'indignation de Boniface. Mais
il ne jugea pas à propos de ren-
dre encore fitôt le chapeau aux
deux Cardinaux, ni de leur rcfti-
tuer leurs Bénéfices , ni de les ré-
habiliter pour pouvoir ctre élii^
6c parvenir au Souverain Ponti-
ficat. Il ne voulut pas même tou-
cher aux confifcations , afin de
ne point faire d'abord un fi no-
table changement. Il défendit
au (fi que Paleftrine fût rétablie
6c fortifiée , 6c qu'elle reprît le
nom de Ville 6c d'Evêché fans
une permifllon expreflTe de Sa
Sainteté.
04
M 04
310 Dimele^de Boni face
■■-^— Les Colonnes fe contcntcreu;
Ke'nTèct'des P^'"^^ ^^^^ ^^ ^^^ prcm^cres £a.iç
coioiicîna veurs , accribiianc les mënaeÇt
Bonf.ice. mens 5c iQs relerves dont on les.
Preuves , • v i f V '
p.i.j-. accompagnoïc a la prudence de
Benoift qui avok ôqs mefures à
prendre avec tout le monde pour
réconcilier les efprks. Mais quel-
que tems après ils s'âdreflerenç
au Roi PliiJippe le Bel , pour lui
demander qu'il leur continuât fa
proteftion , & le prier de joindre
leur caufe à la Tienne , dans le
delTein qu'il avoit de pourruivre
fes procédures contre lamémoi-
redeBoniface. Ils lui préfenté-
rent un Manifefte contenant pla-
ceurs articles , qui tendoient à
demander leur rctabliflemenc
général 6c fans exception par
voye -de reflitution en entier :,^ non
par voie de nouvelle création. Ils
y firent valoir les privilèges du
Cardinalat, prétendant ^^é' Lt
caufe d'un Cardinal ne devoit ctrs
traitée que dans un Concile gene-^
^uVCC Philippe le Bel. 321
rai ; (]!"" quen c^ct le Concile gé.
neral avait été déjà ajfcmblé cinq
fois dans l'Eglife pour l'affaire
particulière aun Cardinal. Que
(i l'on foîffroit quun Pape dépo^
fàt cr chaffàt un Cardinal quand
bon lui fcmbleroit , c^étoit s^ex-
pofcr à ruiner le jufie & le leq^i^
time q-ouvcrnement de l' Eqdife ^
farce que les Cardinaux dévoient
fervir à modérer la puiffance du.
Pape dont ils compof oient le Con^
feil j étant Juges avec lui ^
JVCembres inséparables d\in même
Corps ^ Que l'on dctruiroit hien^
tôt le véritable Royaume de ^ e-
sus- Christ, y? l'on btoit
aux Cardinaux le droit ^ Lt
liberté de s^oppofcr au Pape.^ lorf-
qu' il ferait que fi ion de maintoîir
les intcri'ts de la vérité & de
la jufiice centre lui , 0^ de lui re~
ffier , fur-tout lorfqiiil voudrait
établir une fouveniineté (^ un em-
pire dcfpotique dans [on minifie*
re* Que pour eux ils 71 av oient été
I f04.
5 1 î Hèmelexjle Boniface
' ni dénonce ^^ ni cite^^ni convaincue
d\aucun cmne qui eut du leur atti-
rer tout ce qu*ils av oient fouffcrt de
la fart de Boniface ^ é* qu'ayanù
déjà de fî grandes obligations à Sa
Majefté , ils cfperoient qu'il ache--
veroit ce quil avoit commencé en
leur faveur auprès de Benoifl JTI»
qui leur avoit déjà rendu une bonne
•:.,.' partie dclajufiice qu'on leur devoir
àfa conjideration,
nétabiifTe- Benoift ne vécut pas affez long*
coronncf ^^^^ P^^^ mettre la dernière
par le peu- niain à leur rétabliflement , bc
pour leur raire relhtuer ïqs Vil-
les , Châteaux 6c Seigneuries que
Boniface leur avoit injuftemenc
ôtez , & qu'il avoir donnez aux
Urfins & aux Gaëtans : mais le
peuple Romain y fuppléa peu
de tems après par un Décret fo-
lemnel ^ pour cafTer tout ce qui
s'ëcoit fait contre eux,leurs créa-
tures & leurs amis : pour con-
damner Pierre Gaëtan& les au-
tres parens de Boniface à les de-
"avec Philippe le Bel, 3 £ 5
dommaî^cr de toutes les pertes "
,1 ^- r • Tir ^ lîo^-»
quiis avoientraites. Il rue arrê-
té même que ce Décret du Sé-
nat deRome feroitreizardécom-
me une Loi du peuple & un Sta^
tut de la Ville, 6c qu'il auroic lieu
nonobftant tout Droit Canon ou
Civil , 6c toutes coutumes con^
traires. ni ;w^
Toute la bienveillance queBe- senoiftpro-
noill faifoit paroitre pour les '^f;^ '^"j;;"!
François 6c pour les Colonnes, '''';'„ ""i^i
ne rut pas capable d'etouftcr en ''^^^^J^u^
lui le defir qu'il avoit toujours t-n-^'^'^'î
eu depuis qu il avoit le pouvoir
en main , de venger l'injure faite
au faint Siège en la perfonne de
fon Prëdecefleur^ dans la penfce
que l'honneur de toute l'Egliic y
ctoit intereflc. Il entreprit de
faire le procès à tous ceux qui
avoient trempé dans la confpira-
tion de ceux d'Anagnia , qui
avoient pris Boniface , & qui a-
voient volé le trefor de rEglife.
Il commença par une Bulle pu-
06
3 2>.4 T)émele^^ de Boni face
■* bliée le 7. jour de Juin 5 êc re^^
1 ? 04- gardant ceux qui avoient eu part
r^r^o/î/wf ^ la p^-ife (j^^ Pape ôc au vol du
Richcr,!. crefor comme des facrileges ^
'rrcu'vel*, des enfans d'iniquité, il les dé-
^•*^** clara excommuniez avec tous
ceux qui les auroient alïïftez de
leurs mains ou de leurs confeils.
Il nomma parmi les principaux
r^.î,Lo«i! Je ces excommuniez Sciarra Co-
•ç^m-:^ lonna , quoique compris aupa-
ravant dans rabfolution de ceux
de fa famille 5 ôc il mit à leur tê-
te Guillaume de Nogaret , au-
quel malgré fon caradere d'Am-
bafladeur , il refufa l'abfolucion
à cautele ^ ayant déclaré par
avance , qu'il ne traiteroit point
avec lui^ ni en fa préfence, quoi-
que nommé de nouveau par le
Roi , mais feulement avec les au-
tres A mbafîadcurs de fa compa-
gnie. Il voulut même procéder
criminellement contre les plus
coupables,& leur affîgnaun jour
poiir compiroître devant fon
'avsc Philippe le Bel, 3 1 y
Tribunal , &: y entendre ce qu*il — *
dévoie ordonner contre eux. ' ^ °'^'
Mais iln*eutpas leloifird'exe^ ^-""Bcloi^^
curer ces menaces ^ car étant xi,
tombé malade peu de tems après
à Peroufe , il y mourut le 7. jour
du mois de Juillet fuivant, après
huit mois 6c demi de Pontificat.
Les Ecrivains conviennent entre
eux que ce faint homme fut em- ^''^*"''pap!
porté par le poifon ? mais ilsMàfionus,
ne lont point d accord lur les cucoiuas.
empoifonnemens. Les uns ont
foupçonné quelques Cardinaux
mécontens de voir alTîs fur le
faint SiesiC un homme dont ils
regardoient la vertu auftere
comme une cenfure de leurs
déreglemens. Les autres en ont
accufé les parens mêmes de Bo-
nifiée, qui étoient encore tout-
puilTans alors , ^ qui étoient
chaîî;rins du récablitîement des
Colonnes , & de rabfolution
qu'il avoir donnée aux ancres
ennemis de fon Prédeceiîèun
yi 6 Demele^de Bonifate
D'autres enfin ont voulu reietter
^^ . , ce crime lur ceux que Benoilt
fno^^ftcne,. avoit dernièrement déclarez ex-
fis in?Loribus . i T J T»
H7]2or, Félix communicz pour laprile de Bo*
pes , 6c nommément fur Guillau-
me de Nogaret &: Sciarra Colon-,
na. Mais il eftaifë de détruire ce
dernier fentiment ^ fi 1 on fait re-
flexion que Nogaret étoit reve-
nu en France depuis plus de fix
mois • qu'ayant laiflTé partir les
AmbaflTadeurs de Mercueil, du
Pleffis &: de Belleperche , à la
tête defquels il avoir été mis par
le Roi , il étoit demeuré à la
Cour.5 ôc que s*il retourna depuis
en Italie, ce ne fut que fort long-
^^''^^' tems après la mort de Benoift.
Tin de la Lorsqu'on apprit cette mort à
jruerre de la Couc de France , on étoit o«-
•ffâudrcs. ^up^ ^Q 1^ guerre de Flandres , à
laquelle le Roi Philippe le Bel
rnit une fin glorieufe par deux
4v batailles qu'il gagna ^ l'une fur
mer le jour de Saint-iaurens, où
MveC Philippe le Bel. 327
le Comte Guy fut fait prifon*
nier, Tautre par terre le dix- huit ^ ^ "^
d'Aouft àMont en-puelle, entre
Lille 2c Douay , où Philippe fe ibï
fignala en perlonne. Après les '^^*^'o^^^i
aàions de grâces faites folem*
nellement à Dieu dans lesEgli-
fes de Nôtre-Dame de Paris ^
de Saint-Denis en France, le Roi
reprit les premières vues qu'il
avoiceues de pourfuivre la con-
~ vocation du Concile gênerai , 6c
le procès qu'il intentoit à la mé-
moire de Boniface. Mais il faloic
attendre qu'il y eut un Pape ^ ce
que la divifion qui fe trouvoic
dans le Conclave ne permettoic
pas d'efperer encore fi-tôt.
Durant cette vacance du faint ^^f.'^.^pJJ^f
Sie2;e , Guillaume de Noearet p^^^^^^,"^ .
o, 7 ^ XD contre les
qui le reeardoit comme le prin- fmreurs de
-*. , , P , , . ^ Bonifa:e &
cipal objet des dernières proce- contre fes
dures que Benoifl: XI. avoir fai^ Tctl%
tes contre ceux qui avoienr pris '^p- V'v
Bonitace , voulut le pourvoir en -74«
défenfe par cinq differens acles.
3 18 T)èmele^dè Boniface
qu'il pafla dans le mois de Sep-
'^'^' cenibre devant l'Official de PE-
glife de Paris. Le premier , qui
etoit du Lundi 3 veille delà Na-
tivité de Nôtre Dame , conte-
noit fa proteftation &: des excu-
its pour être envoyées au faint
^. Siège , portant les preuves & les
témoignages de fon innocence ,
parce qu'il ne jugeoit pas qu'il
fut fiir pour lui d'y aller en per-
iônne , tant que les parens û. les
partifans de Boniface feroient en
crédit à Rome. Il déclara^ Qu'on
ne âevoit prendre aucun avantage
contre lui en faveur de Boniface^ de
ce qu'il avait demande ^^ quilde^
mandait encore l'ahfolution à c au-
tel e j, farce qiiil n'en ufoit ainjï
que pour faciliter fa négociation :
mais qu'il ne prétendait pas acquief
cer à ce que ce Fape avait ftit con»
tre lui ^ ne fc croyant lié ni devant
Dieu ni devant l'Eglife par aucune
de fes Cenfures.
H protefta , Que tout te qu*il
/ivec Philippe leBeU 5^9
Hvoit a dire contre Bonifuce ctoit ~^
vrai , quelques énormes que fulfcnt ^ ^ "^'V
les crimes d'herejie^dc fchifme^dido^
latrie ^de fimonie^dc facrilege^d'ufic -
re^ d' homicide ^'S^ antres dont ilprê-
tendoit le charger, Qnil perjijhit
toiijoîirs dans fa première accu fa»
tion^parce qu'il y avoit été contraint
dans la vite des maux que Boni face
avoit caufex^à t Eqlife ^ ^ par la.
connivence des Prélats ^ des Prin-
ces qui auroient dii s'y intereffe/,
Quily ctoit porte pareillement par
t amour quil avoit pour fa patrie y
que Boniface avoit entrepris de
ruiner ^ tant par fes exactions vio^
lentes , que par des que fions de rai»
fonnahles ^^ inouies qu il avoit re-
muées pour brouiller le R^i avec le
faint Siège. Qu^il avoit fouvent été
prié parle Clergé de l^ Eglife Romain
ne d'exécuter les projets du Roi y ci-*
que fes remontrances auprès de Bo~
niface avaient toiijours été inutiles^
Il voulut auilî juftiner tout
ce qui iiioix, fait de fa part à la
iîC4
550 Dèmcîexjte Boni face
prife de cePape,précendant qu'il
ne s'ëtoit rien commis d'injufte \
ni d'illégitime dans tout ce qui ^
s*y étoic pàiïe. Qu^ayant été en»'
voyé a 'Rome par Sa ÔHajefié pour'^
folliciter le Concile auquel toute Lt
France avoit appelle de la conduit
te de Boniface ^ il avoit employés
tous les moyens imaginables pour
n'en pas venir aux extrcmite'Zj>à ce '
Pape s* et oit vu réduit par fa feule
opiniâtreté . ^e le jour de fa prife ^
il avoit défendu le pillage de fonPa^
lais & de fon trefor 3 mais que la:
furie du Soldat ayant été la plus
forte 3 // ^voit au moins fauve la
vie à Boniface ^ à fes parens. Que
ce Pape ayant été en fuite dJlivré ^
remis en une entière liberté ^ il avoit
fait par oïtre quelque repentir pour
lepajfé j qu'il avoit pardonné ^ au
moins de bouche^ a ceux qui lui a^
voient fait violence ^ ^ qu'il avoit
nommément donné iabfolution à\
^«,t-A'y; ■ Tsfogaret , quoique celui-ci n^en eut
aucun hefûin. Qu'après fa rnort^ qui
.%-'^?L ..é
^vec Philippe le Bel. 331' _
'étvoit été peu èdifianie^ 2<Fogaret re^ ^ ^^ ~
foin de pourfuivre l'accu fation d'hc-
rejie^avoit acquicfcè à la prière que
Benoifî JCI, nouvellement élu , lui
avoit faite de différer 5 mais que ce
Pape n'étant pas aftz^perfuaàc de
fcs bonnes intentions , lui avoit re*
fufc l'abfolutio'fi à caiicelle qu'il lui
avoit fait demander feulement pour
être reçu a défendre f on innocence en
fureté devant lui, QiCau refie il
et oit prêt de fe purger (^ de rendre
compte de tout ce quil avoit fait
en plein Concile , où tout le diffé-
rend devoit fe terminer. Que fi nean^ -
7noins le faint Siège jugeoit à propos
de pourf livre l'affaire fans attcn^
drc l'aff emblée du Concile^ ilvouloit
bien en ce cas fubir fon jugement^ ^
sy prefenter pour la defenfe de fa
caufe ^pourvu qu'on lui donnât des
fativegardes fuffifantes contre la
mauvaife volonté des parens C^des
parti fans de Bonifiée,
Par un fécond ade du même Preav«,p,
jour 5 & par un troifîémepaiTcle ^^*' ^^'*
^ 3I' Demclez^de Boni face
~ Samedi fiiivanc , qui écoic le i x.>
de Septembre , Nogarec (e plai-
gnit que Benoiil XL nouvelle-Cî
nient décédé étant mal informé,^
eût procédé contre lui , Se Teûc j
déclaré excommunié avec Sciar^^
ra Colonna , & quelques autres ,;£
comme s'il eût pillé lui-même le.
trelor de l'Eglife & fait vi jlence>
à Bonitace, après avoir apporté>
tous fes foins pour garantir l'un^.
^ l'autre de toute infulte. Il de-
manda la caflTation de cette der- 1
niere Sentence, d'autant que Be- :
noiil a voit ig-noré l'abfolution
que Boniface lui avoit donnée,^:
qui éroit plutôt un témoignage
de fon innocence, qu'une remilè
d'aucune faute qu'il eut commis
fe. Ilpreflal'OfficialdeParis^le-
SieQ;e vacant de l'abfoudre à eau-
tele par provihon , ou à telle au-
tre condition qu'il jugeroit à pro-
pos^ en attendant qu'il pût obte. .,
nir- Ja même grâce ,ou du faine
Siège 5 ou du Pape futur , pour
avecPhilippe le Bel. 333
à2:ir fûremenc contre Bonif^ice. """^
^ , -. ' I > 04.»
II Hc dreiicr eniuice un autre
acle devant le même Officiai l^ ^^: f*=
pour le pourvoir contre ce qu il rreuvcs,?.
croyoit avoir a craindre de la'^'''
ipart des fauteurs 6c des créatu-
res de ce Pape , &: contre la bri-
I gue qu'ils avoient dans le Con-
' clave. ïl déclara^ Que four empè*
, cher les Cardinaux emporte-x^par
\ cette hriyie ^ d'élire un fuccejjeur II
I Benoifi , qui ferait du caractère é*
\ de l'humeur de Boni face , i i appel-
loit au faint Siècle ^ a toute l*E<ilife
qui devait s'-a(Jembler en un Con-
cile gênerai y ^ au Pape futur de
tûîit ce qii^on y ferait contre la
difpofition des Canons. Vi ajoiica,
QtC^il n'auroit pk fe difpenfer ds
dénoncer au faint Siège ^ ^ reçu»
fer nommément ces fauteurs , c»m^
me coupables des mêmes crimes
que Bonifice ^ s'ils n'étaient pu^
hlique?nent reconnus d^ déjà note x^
foui leur^s déportemens y ô' quil
n'y uvoit eu que la craime d^
354 JDhnHe-xJle Éomface
' ces gens - là ^ qui l'avoit empêche
^°^* d\i lier à Rome pour s'oppofer a leur
i^zi^tinr. i . : cabale j mais qu^ilrefervoit a pro-
»7r/.q duire toutes fe S preuves j dès qtie le
tems ^ le lieu le pourroient permets
tre,
'Le i6. de II protefta par un cinquième
^lr\tH\ adedu Mercredi fuivanr,fi£^ r/
pag' 2-74- n' et oit ni la haine , ni aucune auttèj
pafjton qui le f ai foit parler ou agir.
contre les parti fans de Boniface •
qtiil ne les, regardoit pas comme fei
ennemis ^ qu^il rfen voulait qu'i>
leur mauvaise conduite 5 que s'ilsnè^
rentroient en eux-mêmes par unbâH
amandement ^ il ne demandait leut.
châtiment que pour bter un fcanda^
le public a l'Eglife 5 é^ que dans
toutes les démarches quHlavoitfai^
ies , é" ^'^^il avoit encore à faire
contre eux ^ contre Boniface , il
n'envifageoitque la gloire deDieu^
l'utilité de fon Eglife^^ la confer-^
vation du droit public.
Procumioti L^ même jour qui ëtoit le 1 6.'
pour asu a du Hiois de Septembre , Nogareç
avec Philippe le Bel. 3 5 j
pafla quatre procurations au "TTô^fT^
Clievalier Bertrand d'A2;ualîe
1 I r\ ^-x A- • 1 T Rome cil
devant le même Omcial. La pre- fou abicnce,
<:^fniere,pour pourfuivre fon accu- p. 277."'
iation en fon nom devant le faint
Siège , ne pouvant s'y trouver en
peribnne, ni comparoître à Paln-
gnation qui lui avoit été donnée :;;'^^
par le feu Pape Benoît XL pour - ^s*^
demander un lieu de fdretëëc de
facile accès , où l'on pût faire les
pourfuites avec liberté contre
Boniface & ks adherans fur le
fait de l'herefie^du fchifme, &
des autres crimes dont ils étoienc
chargez. La féconde, pour pro-
duire fes défenfes touchant la
violence faite à la perfonne de
Boniface & le vol du trefor de
i'Eglife, dont il fe prérendoit en-
tièrement innocent. La troilîë-
me,pour recufer les Juges qu'il
eftimeroit le devoir être , après
qu'ils auroient été déléguez pour
cette affaire. La quatriéme,pour
demander 2c recevoir en fon
i
1^04.
5 5^ TihneU%^dcBo'niface
nom rabfolucion du faint Siège ;
ou de quelque autre Juge com-
pétent , foit a caîitele , foit autre-
ment, afin de mettre fon ame en
repos, dans le doute ^cTincerti-
tude où il étoit de fçavoir s'il
avoit véricablement encouru
quelque cenfure de iTglife.
* . Cependant le Conclave qui fe
-?of. tenoità Peroufe depuis le mois
•, Z' . tie Juillet I ^04. ne pouvoit s'ac-
Pape cic- corder a rinir , étant partage en
ment V. dcux fadîons également puif-
vcntion°"' fantcs ôc obftinécs à vouloir
avec le remporter Tune fur Tautre. La
Rkhcr,/.io. première étoit celle <^^j//--^//V«j 3
viiianij.8. quj avoit à la tête les Cardinaux
damjs,jî,ay. parcns OU crcatures de Boniface
viufi"ô:c." VIII. La féconde étoit celle ^<fj
Fran(^ois^Q^\ étoit plus nombreu-
fe,&: qui etoit gouvernée par les
C^ràmixuyLN'apoleon des'VrJïns y
^c 2Ttcohi/f du Prat Dominicain ,
Evêque d'Oftie,qui fembloient
portez pour les Colonnes & la.
Cour de France. Il y avoic neuf
moi$
''avec Philippe le Bel. ^^j
mois qu^ilsëtoient enfermez fiins
avancer dans Teledion d'un Pa- ^ '°^*
pe , lorfqu*ils convinrent enfin
cjue la fadion des Italiens nom-
meroit trois des Prélats de la
France qu'elle jugeroit les plus
afFeclionnez au ianit Siège , êc les
plus propres pour gouverner l'E-
glife , &; que celle desFrançojs
choifiroic pour être Pape celui
des trois qu'elle jugeroit à pro-
pos. Les Italiens propofcrent
trois Archevêques François^ dé-
vouez publiquement aux ince*
rêtsde Boniface VIII. comme à
r Auteur de leur fortune , & en-
tièrement oppofez àPhilippele
Bel
L*un de ces trois ëtoit TAr-
chevêque de Bourdeaux Ber^
tra:d d' Ay)uft:, ou deGoth^ félon
la manière des Anglois , qui é-
toient alors les maîtres de la
Guyenne , natif de Villandrâuc
en Bazadois , de l'une des pie-
niieres NobleiTcs de la Province.
3 3 s Démêlez^ de Boniface
■ Ce Prélat s'étoic montré grand
^^^' ennemi du Roi Philippe le Bel ,
depuis que les François avoienc
ravage fou Diocefe dans la guer-
re contre les Anglois ; 6: il s'é-
toit toujours déclaré partifan
2elé de Boniface VIII. dans les
différends que la France avoic
eus avec ce Pape , qui l'avoic fait
d'abord Evêquede Comminges,
puis Archevêque de Bourdeaux.
îl étoic d'ailleurs étroitement lie
d'intérêt avec la Cour de Rome,
à caufc des grâces qu'elle avoic
répandues fur lui & fur toute (i
famille ^ mais particuliereraenc
fur fon (y^tq Berard^qfiQ Celeflia
V. avoit fait d'Archevêque de
LyonjCardinal Evêqiie d'Alba-
no,&:que Boniface VIII. avoir
honoré d'une célèbre légation
m France pour faire la paix en-
tre les RoisPhilippe ôc Edouard,
comme nous l'avons rapporté au
yartiex, commencement de cette Hif-
taire.
avecPhilippe le Bel. 53^
Ces confiderations portoienc '
Li fadion Italienne à préférer
rArchevêque de Bourdeauxaux
deux autres Préla:ts qu'elle avoir
nommez avec lui , dans refpé-
rance que s*il ctoit Pape, il ven-
geroit riionneur de la Cour de
Rome 3 6c la mémoire de Boni*
face fon bienfaiteur. Le Cardi-
nal du Prat qui aimoit la Fran-
ce, connoiflant cette difpoficion,
crut qu'on pourroit la tournera
l'avantage de Philippe le Bel ,
pourvu que ce Prince fût préve-
nu fur ce fujet. Il lui dépêcha
ftcrettement un Courier pour
l'informer de l'état du Concla-
ve. Illefitavertir de prendre les
devans auprès de rArchevêque
de Bourdeaux , qui feroit ravi de
fe réconcilier avec Sa Majefté
dès qu'il y trouveroit dequoi fa-
tisfaire fon ambition. Il lui fus:-
géra l'expédient de s'aboucher
avec ce Prélat avant qu'il eût eu
vent de ce qui fe ménageoit en
Pz
I^Of,
3 4^ Dcmelex^de Boniface
fa faveur dans le Conclave , de
J5or- ]^ii faire accroire qu'il dépendoic
entièrement de Sa Majefîé de le
faire Pape , êc d'exiger de lui
telles conditions qu'il fouhaite-
roic.
Le Rcoi fur cet avis manda
l'Archevêque a Saint-Jean d'An-
î^eli en Xaintonge , fous prétex-
te de vouloir l'entretenir d'une
îifFaire où tous deux avoient un
intérêt commun. Il lui déclara ,
que la plus grande partie des
Cardinaux du Conclave ^'t^
ctoient remis à Sa Majefté pour
l'éleclion d'un Pape , & lui
montra même des Lettres du
Cardina! d'Oftie qui en faifoient
foi. Il lui offrit toutfon crédit &
les fuffrages de la faélion Fi:an-
i^orfè pour le faire élire , avec
l'aflurance de venir facilement
à bout de celle à^s Italiens.
L*Archevêque agréablement
furpris d'un changement iî fu^
fcit dans le cœur du Roi en ii
avec Philippe le Sel, 341
faveur ^ fe jccca à fes pieds , le
pria d'oublier le palTë , & lui ait
que fi Sa Majellé pouvoit réuflîr
à le faire Pape , il n'y auroic
rien qu'il ne fît dans ce polie
pour obliger le Roi, 6c lui procu-
rer toutes les facisfadions qu'il
pourroit fouhaiter. Le Roi le re-
leva , 6c lui propofa fix condi-
tions à exécuter lorfqu'il feroic
clu Pape.
1°. Qu'il donneroic au Roi
une abfolution plus ample que
celle qu'il avoit reçue de Be-
noift XI. pour tout ce qui s'é-
toit fait contre la perfonne de
Boniface , 6c qu'il le réconci-
lieroit parfaitement avec l'E,
glife Romaine, i*. Qii'il révo-
queroit toutes les excommu-
nications 6c cenfures fulminées
contre fes Miniftres , fes Su.
jets 6c (qs Alliez , fous le nom
defquels étoit comprife la fa-
mille des Colonnes , qui étoit
fous la protection de SaMajefté.
P5
ijor-
Jî»r.
34I T)emele%^ie Boniface '
3 o.Qu'il accorderoit au Roi pour
cinq ans la permiffion de lever les
décimes de fon Royaume, afin
de le dédommager des grandes
dépenfes qu'il avoic faites dans
la guerre de Flandres. 4°. Qu'il
condamneroic & anéantiroit la
mémoire du Pape Bonif ace. 5°.
Qu'il rétabliroit les deux Cardi*
naux Colonnes dans toutes leurs
dignitez , Bénéfices ôc autres
biens , & qu'il les réhabiliteroic
dans tous les droits qu'ils pofle-
doient avant leur difgrace. Qiie
de plus il élcveroit au Cardina-
lat un certain nombre des amis
de Sa Majeftc. Pour la fixiéme
condition ^ dont le fujet étoit
d'une grande conféquence :, le
Roi (è réfcrvoit de la lui dire en
tems 6c lieu , parce qu'il jugeoic
. que fon fuccès dépendoit du fe-
cret. Mais on fcjût depuis que ce-
la regardoit Charles de Valois
fon frère , qu'il étpit queftion de
faire élire Roi des Romains Se
dvcc Philippe h BeL 54 ^
Empereur après Albert d'Aucri.
che.
L'Archcvcque promit au Roi
d'acquicer ponduellement tou-
tes ces conditions 5 6c il s'y en-
gagea par un ferment folcmnel
fait fur le Corps 6c le Sang mê^
me de Jesus-Ch^ist. Afin qu'il
ne manquât rien aux affurances
qu'il vouloic lui donner , il lui
laiiTa pour otage fon propre frè-
re, 6c deux de fcs neveux. Le Roi
renvoya auflîtôc le Courrier du
Cardinal d'Oftic avec des dépê-
ches fecrettes pour faire élire
l'Archevêque de Bourdeaux. Ce
Courrier arriva à Peroufe préci-
ferment un mois après fon dé-
part , fans que le Conclave eût
rien fçû de toute cette négocia-
tion. AuflitôtlafadionFrançoi-
fe , félon l'accord du Conclave,
détermina le choix des trois Su-
jets que les Itahens avoientpro^
pofez, à la perfonnede l'Arche-
vêque de Bourdeaux :, au grand
P4
MOf»
•Ï^Of,
'344 Demclexjie Bonïface
■* contentement des partifans &
àç.s créatures de Boniface VIIL
qui le croyoient entièrement
dans leurs intérêts. Cette élec-,
tion fe fît le cinquième jour de
Juin après onze mois de va-
cance.
L'Archevêque de Bourdeaux
en apprit la nouvelle à Lufî-
gnan en Poitou , par les Lettres
que le Sacré Collège lui en en-
voya ; 6c il retourna auffi. rôc
à Bourdeaux ;, où il fit publier
Je Décret de fon éledion le
jour de la Madeleine ^f'C prit le
nom de Clément V. Quelque
inftance que les Sénateurs Ro-
mains 6c les Cardinaux lui fif-
fent pour pafler en Italie , ^
s'y faire couronner, il ne vou.
lut point fortir de France. Il
ie fit facrer6c couronner le qua-
torzième de Novembre à Lyon ,
où les Cardinaux furent obligez
de le venir trouver. Mais un ac
cident imprévu rendit la cére,-
avec Philippe le Sel. 34^
monie funefle A beaucoup de "
perfonnes. Car comme le Pape ^'^^'
palToic à cheval par la rue , en-
vironné de toute fa Cour , 6c
de celle de France , un vieux
mûr mal échafFaudé 6c chargé
de trop de monde , tomba tout-
à-coup fous fon poids, 6c écra-
fa, étouffa oueftrQpiaunemtini-
té de pcrConncs.Gaillard d'^gou/^
frerc du Pape y fut tué,au{lî bien
que le Duc de Bretagne ( Jean
II.) qui tenoit la bride delà Hac-
quenée du Pape , avec le Comte
de VaFois frère du Roi. Le Com-
te de Valois , 6c le Roi lui-même
furent bleifcz avec beaucoup de
Seigneurs 6c des gens de marque
qui les accorhpagnoient. Le Pa-
pe tomba de cheval , 6c y perdit
la plus belle efcarboucle de fa
Thiare. Ce fut fous de tels aaf-
pices que le faint Siège fut tranf En jauvIci
porté depuis de Rome en Avi-
gnon , oii il demeura plus de
70. ans. Séjour qui pour ce fujec
1 706,
3 J^6 DemelexJie'BonifaCe
** fut appelle depuis par les Italien J
^ ^ ^ * la captivité de Babylone , & qui a
été auflî à charge à la France ,"
que pernicieux à toute l'Eglife.
S^\* Clément fe voyant établi, fon-
jcnd le gea lerieulement a exécuter les
Chapeau conditions dont il étoit convenu
lonncs.^' avec le Roi. Dès le mois de De-
Anton Fio- ^^^"^^^re fuivant , il fit une pro-
lem, ' motion de Cardinaux dans la-
quelle il rendit le Chapeau aux
deux Colonnes Jacques & Pier-
re 3 &les réhabilita de telle for-
te qu'ils puffent éHre & être élus
comme auparavant , poiA pou-
voir parvenir à toutes les digni-
tez de l'Eglife , même au fouve-
rain Pontificat.
<■ «■ "^ Au mois de Février de l'année
1 306. fuivante :, le Pape nonfeulemenc
confirma Pabfolution donnée au
^^l^l'^'^Y R-oi par fon PrédecefTeur Bc-
Bonifacc noiit XI. mais il révoqua encore
tey/a»c€. en faveur de la France les deux
Conftitutions de Boniface, dont
l'une dcfendoitau Clergé de rien
avec Philippe le Bel. 34,7
payer au Roi j Tautre aAtijecciC. J**
foie ce Prince au Pape, tant pour *^* '
Je temporel que pour le fpiricuel.
Il publia fur ce fujet deuxDecre-
tales datées du premier de Fé- ^'*'.
vrier. Par la première :, il caflbic
la Bulle Clcricis Laie os , qui fem- ^^«m ex
bloit avoir donné la naiiFance à 7m^hji4
toutes les querelles. Il condam- ^^^'««••^*
na tout ce qui s'étoit fait du cô-
té de Rome en conféquence de
cette Bulle y fous prétexte de
maintenir les exemptions de im-
munitez desEcclefiaftiques ; 6c ii
ordonna pour appaifer tous les
fcandales & les défordres qu'elle
avoit caufez , que ce qui avoic
été conclu au Concile de Latraii
& ailleurs, touchant les Sécu-
liers qui exigent les tailles , les
fubfides êc autres fubventions
des Ecclefiaftiques , fut inviola-
blement obfervé.
Parlafecondeildéclara^^f/^ .
JBsillc deBonifiiec\3n2iïnSznâair)y c ^r." '^^
ne porioit aucun j^réjudice au Roi de p, Tsl"'
P6
348 Dcmèle^de Boni face
" FranceyniàfonRoyau7nc, Que la ,
' î^ ^» j^rance riètoit pas flus fujette â
PEglifûy qu'elle l'etoit avant lafu^
h li cation de cette Décret aie. Que
toutes chofes a l'égard de la pi if"
famé ecclejtajïique S^ feculiere de-
meureroient dam le même état qu'^
auparavant 5 ^ que la Bulle n'au^
, roit aucun lieu dans Jon Royaume.
On ne peut pasraifonnablemenc
douter que cette manière de
s*cxprimer ne fût une véritable
révocation à l'égard de la Fran*
ce , dans le même tems que pour
favorifer les intérêts & les pré.
tentions de la Cour de Rome je
Pape fongeoit à la faire valoir
pout les autres Nations,où il n'é-
toit pas fâché qu'elle eût fon ef^
fet. C'efl ce qui a fervi de matiè-
re à la mauvaifc équivoque fous
André Dtt- laquclk certains Dofteurs por-
voy.' la vie tez pour la puiflance abfolue&
dénicher, l'infaillibiliré du Pape , contre
lesLibertez de TEglife Gallica-
ne , ont voulu nier que cette
avec ploilippe le SéU 549 ^ . ^
Bulle ait jamais été révoquée. moô.
Le Pape, en exécution de la 11 accorde
rroifiéme condition qu'il avoit a^RoTp'^ur
promifeau Roi dans leur entre- vriianMS-
vue de Saint- Tcan d'An2;eli , ac- ^ s ,ï . ou
corda pour cinq ans a ce Prince spondinus,
les Décimes fur le Clergé de fon ^^ ^l'**'^®^*
Royaume, pour le dédommager
des frais extraordinaires êc des
pertes qu'il avoit faites dans la
guerre de Flandres, qui avoit été
longue ôc difficile , à caufe de la
protec1:ion que le feu Pape Boni-
face avoit donnée ( difoit-on en
France) à la rébellion des Fla-
mands. C'étoit auflîpour les mê-
mes confiderations , que par un
Bref donné à Lyon dès le 23. •
Décembre de l'année précéden-
te, ce Pape avoit remis 6c donné
au Roi tous les biens qiiiavoienc
été exigez des Eglifes , Prélats
6v autres Ecclefiaftiques, {oxis le
prétexte des befoins de l'Etat ,
pour défendre le Royaume con-
tre fcs ennemis.
3 5 o Dmilez^dg S ont face
^^ Il ne rcftoic plus à exécuter j
te itoifoi- q^^^^ quatrième condition qui
licite la cou- regardoic la condamnation du
liî Bonifa?c, fcu Papc Bonifacc , 6c la fixiéme
v^tfchTd'é- qui écoit encore fecrette , & que
^'' le Roi fe réfervoic toujours , at*
tendant le tems qu'il jugeroiç
néceflaire & favorable pour la
découvrir à Clément. Ce Prince
voyant que celui-ci ne faifoit
aucunes avances pour acquitet
la quatri^me,qui lui tenoit nean«
moins pli^s au cœur que toutes
les autres ^^qu*il fembloit mê-
me éviter les occafions qu'il lui
en faifoit naître de tems à autre,
fe laiîa enfin de ces délais ^ &
ne s'étant pas contente de le
fommer de fa promefle par (f^s
AmbafTadeurs , il alla lui même
le trouver à Poitiers au mois de
Juin de l'année 1307.
^ Philippe le Bel demandoic
qu'on vuidât inceflamment le
procès commencé contre la mé-
moire de Bonifacc , & que fon
avec Philippe le Sel, 3 y f
torps fut déterré & brûlé publia
qiiement , après avoir été duc- *^^^*
ment convaincu de tous les cri-
mes dont il étoit chargé parNo-
garec & (es autres Miniftres. Il
fit préfenter à Sa Sainteté par Ji^^'"*"^*
provilion quarante- trois articles conr. vece-
d'hercfies dreflèz dans fon Con- ric''rn!îm'^r^
fèil 5 il demanda qu'on les exa- ^*pr*etvc«i
minât fur le lieu , &: que (es Pro, p- *S6,
cureursfuiTent reçus aies prou-
ver. Il le pria fur-tout de ne pas
oublier le ferment folemnel qu'il
avoit fait à Saint^Jcan d*Angeli.
Le Pape ainfi preiTc fe trouva
fort embarafle.Ilvoyoit de quel-
le conféquence il étoit pour le
faintSiegedenepas laifler con-
damner comme hérétique un de
ceux qui Tavoient occupé î mais
en même tems il fe repréfentoic
le précipice où le jettcroit fon
parjure s'il manquoit à fa pro-
melTe. Il pria le Roi de confide-
rer ^ qu'il ne pouvoir pas déci-
der feul d'une affaire de cette
2?07.
351 Dhnelex^ de Ê ont face
importance , &: de lui donnef
le tems néceflaire pour en com-
muniquer avec le Sacré Col-
lège. Il voulut enfuice lui per-
fuader ^ qu'il y avoit un peu
trop de chaleur dans les pour-
fuites de Nogaret 6c de du
Plelîîs • qu'on ne remarquoic
point que la vie de Boniface eût
été aufli criminelle que fes Accu-^
fateurs le publioient ^ & qu'en-
core qu'il ne prétendît pas ex-
cufer la conduite que ce Pa^
pe avoit gardée avec la Fran-
ce , il ofoit croire qu'on avoic
exagéré auprès de Sa Majefté
tout ce qui ne pouvoit n'être
pas fêivorable au Pape Bonifa-
xe VIII. ôc qu'on avoit au con^
traire diffimulé mal à- propos ce
quiauroit f û lèrvirâ fa juftifîca-
tion.
Ces raifons ne purent ralen-
tir l'ardeur avec laquelle le Roi
cortinuoir fes inftances ^ juf-.
qu'à ce que le Cardinal duPrat,
avec Philippe le Bel. 355.
quoique bien intentionné pour
Sa Majefté , cherchant en mê-
mç tems à fauver la mémoire
de Boniface, dont il étoit créa-
ture , & à tirer Clément d'un
Il mauvais pas, trouva enfin un
expédient pour éluder l'affaire,
ou la tirer au moins en lon-
gueur. Il dit à Clément qui lui
en demandoit fon avis , qu'il
faloit faire entendre au Roi ^
qu'il n'y avoir point de fureté
à communiquer cette aifFaire aux
Cardinaux , fans Icfqucls néan-
moins il ne pouvoit rien faire y
parce que le plus grand nom-
bre étoit porté pour Bonifa-
ce 5 6c que la plufpart étant de
fa création , ils demeureroienc
toujours liez par-inclination ,
ou par devoir , aux intérêts &:
à l'honneur de fa famille. Qii'«
ainfi il feroit plus à propos 6c
plus avantageux pour le Roi de
porter la chofe au Concile gé-
néral qu'on devoit aflembler
1307.
3 54 l^emèlcz^de Bûnlfjce
"~"^ incetTammcnt , afin que la con-
''^^* damnation de Boniface en fût
plus autentique ^ mieux reçue
dansTEglife. Cétoic^là larailoa
dont ce Cardinal difoit qu'il fa-
loit leurrer le Roi , qu*il n'étoic
pas difficile de tromper lorfqu'on
ne lui étoit pas fufpeâ:^ 6c il ajoû-
taen même tems qu'il n'y avoic
rien a craindre pour la mémoire
de Boniface dans cet expédient,
parce que la ville de Vienne en
leDaupki- Dauphiné où s'alTembleroit le
Fra"nee%uc Concilc , n*étant pas du Royau-
pc'cfe Valois ^^ ^^ France , le Roi n'auroit
foancYcu. pas Jg crédit qu'il pourroit avoir
à Lyon ou à Poitiers ^ & qu'il fcr
roit aifé de faire en faveur de Bo-
niface une brigue plus forte que
la fienne.
L'expédient plut au Pape, qui
le propofa auflîtôt au Roi,en lui
marquant que fi la fatisfadioii
qu'il demandoit , devoit arriver
plus tard, elle en feroit plus ëcla-
tante,plus glorieufe pour laFran-
^ Mvec Philippe le Bel, 5 j j
ce ,& fans appel pour les Parti- ^
lans de Boniface. Le Roi ne pa-
rue pas content d'abord d'un (î
long terme : mais la confiance
qu'il avoir au Concile gênerai ,
donc il faifoic lui-même follici-
ter la convocation depuis tant de
tems , le fit réfoudre à ces dé-
lais, fans trop pénétrer dans l'ar-
tifice qu'on employoit pour ren-
dre {q,s pourfuites inutiles.
Avant que le Roi quitât le Pa- v 1 1.
pe pour retourner à Paris, il prit \ll^^,'J^ç^
avec lui les premières mefurcs pircnc à u
pour exécuter le deflein qu'ils î;?'"^ ,^*=*
^ . . j • o Templiers,
avoient tous deux de rumer 6c
d'cteindrerOrdredesTempliers.
On ne peut pas dire précifément,
lequel du Pape ou du Roi avoir
été le premier auteur de cette ré^
folution : maisi! eft toujours cer-
tain que ceux- là fe font trompez,
qui ont cru que c'écoit le fixié-
me article des conditions que le
Roi avoit caché d'abord au Pa-
pe j pour ne lui découvrir quen
1^07.
3 5 6 • Tyèmilex^deBoniface •
temsé^lieu. Ils fe portèrent lun
& l'autre avec une ardeur ë2;ale
à faire faire les informations des
défordres qu*on imputoic à cet
Ordre, àhs qu*ils furent retour-
nez, l'un à Avignon, & l'autre
à Paris. On ne doutoit pas qu'il
n'y eût beaucoup de dérègle-
ment parmi les Templiers : mais
ceux qui obfervoient de plus
près la palTion que le Pape 6c
le Roi faifoient paroîcre pour
amafler de l'argent, crurent que
les richefles de ces malheureux
Chevaliers étoient leur plus
grand crime. On avoit déjà ac-
cufé Philippe le Bel y épuifé
par la guerre de Flandres , de
n'avoir chafle les Juifs de fon
Royaume au mois de Juillet de
l'année précédente , que pour
profiter de leurs biens. Ce Prin-
ce , autorifé du Pape , qui s'étoit
chargé de faire dans les autres
parties de la Chrétienté, ce qu'il
faifoit dans fon Royaume, £< qui
avec Philippe le Bel 357 ^
lui avoir promis de faire con- ij^^,
firmer dans le Concile œcumé-
nique l'extihclion totale de TOr-
drc , fut fi-bien fervi , que les
Templiers furent arrêtez à la
même heure par toute la France
leVcndrcdi 13. d'Ocl:obre 1507.
Le tems de découvrir au Pa-
pc ce fixicme article 'des con- ^^''^^
vcncions de Tentrevûe de Saint- tro^pf^c
Ican d'Ano-eli ,6c dont le myfte. ^°^ ^^"^ ^»
re donnoit tant d'exercice aux d'éieycr ;
P, . . . r \i ' Charies de
oliéïques , arriva cnhn 1 année vaiois foa
fiiivante. Ceflit à la mort d'Al- p-!^"'-"*
bert d'AutriclieRoi desRomains
qui fut tue en trahifon par le
Duc de Souabe fon neveu,au mi-
Jieu dÇs préparatifs quM faifoic
pour remettre fous fonobciilan-
ce les SuifTes qui s'étoienc révol-
tez Tannée précédente , & qui
formoient dé]a par Cantons cet-
te fameufe ligue dont il fe fit en-
fuite un Corp> deRépublique dé-
taché de l'Empire , qui s'eft rou-
jours maintenu depuis cetems-là«
5 5 8 T^èmèleT^ de Boniface
" Lorfqu*il fut queftion de lui don-
/J.^., * . ner un Succefleur , le Roi Phi-
1 8,c.ioi. lippe le Bel apprit quelesElec-
Conr. Vccc- ^^ T^ / j /'
xivis.-vu.Htn- teursne pouvoienc s accorder lur
m^ra.pag. ^çj^j qu'ils dévoient nommer, ôc
qu'ils ne s'aflembleroient pas
, . ^, même fi-tôt. Il crut que cette
p,i6 7.i6 8. divilion luipreientoitune occa*
^Preuves, ç^^^ avantagcufc pour faire fa
iTa^A^.i, brigue en faveur de Charles de
^cilcotùts • Valois fon frère. Il découvrit fon
€Umw^, deflein à ks Miniftres , fondé fur
les promeflcs du Pape, & leiir die
que c*étoit ce fixiéme article de
leurs conditions qui reftoit à .exé-
cuter ^ & qu'on étoit fi curieux
de favoir , ajoutant que le fainc
Père ne le favoit pas encore lui*»
même.
Les Miniftres & tout le Con-
feil furent d*avis de ne point per-
dre le tems 3 & ils fuggérerenc
au Roi les moyens qu'ils trouvè-
rent les plus propres pour con-
duire heureufement cette affai-
re. Ils lui perfuadcrent d'aller
avec Philippe le Bel, 359
avec le Comte de Va lois fon frè-
re, les Seigneurs defaCour,tou-
te la Gendarmerie de fa Maifon
& d'autres troupes , trouver le
Pape dans Avignon , fous pré-
texte d'avancer fes pourfuites
contre la mémoire de Boniface^
^ que là il déclareroit ks defleins
a Sa Sa^^nteté. Le Pvoi les crut :
niais pendant les préparatifs de
fon voyage, le Pape fut averti fe-
■arettement de tout jce qui fe paf-
foir, par un de ceux mêmes <]ui
avoienc donné leur voix dans le
Confdl de Sa Majefté.
Clément confalta fon Oracle
ordinaiix: , qui ctoit le Cardinal
du Prat, fur ce qu'il y auroit â
faire. Du Prac qui avoir changé
^d'inclination pour le Roi depuis
qu'il l'avoit vu (î acharné con.
trela mémoire de Boniface,dit à
Clément qu'il faloit prévenir ce
Prince , 6c rompre fes mefures
ftvant qu'il pût faire fa propofi-
tion â Sa Sainteté. Il luiconfeil-
1%Q%.
3 6o Dcmele^deBonifdce
la de dépêcher en diligence vers
*^°^* les Eledeurs pour prelTer rélec-
tion d*un Roi des Romains , &
leur faire nommer Henri de Lu-
xembourcr. Clément fuivit cet
avis fans autre délibération. L'ex-
pedition fut fi prompte bc fi fe-
crette , qu'en huit jours de tems
les Eledeurs s'aflemblérent &
choifirent celui qu'il leur avoic
marque, avant qu'on eût décou-
vert en France leur première dé-
marche.
Philippe fut furpris à la nou-
velle qu'il en reçut, & il enté-
moig-na ks reflentimens au Pa-
pe j qui feignant d'ignorer de
quoi il ctoit queftion , s'excufa
fur ce que le Roi ne lui a voit pas
découvert fon deflTein plutôt , &
tâcha de l'appaifer par la créa-
tion d'un grand nombre de Car-
dinaux, amis, créatures , fervî-
teurs pu fu)ets de Sa Majcfl:c.
Avant que de quiterPoItiers pour
allei* à Avignon ,oùilprçtendoit
fixer
'avec Philippe le Bel, 5 5 r
fixer le faine Siecre. Au mois de ~
janvier de l'ani305>.ii avoit tait
les premières publications du
Concile gênera! indiqué à Vien- tcn.Aouâ
lie j & il avoit aj[ïîgné pour le*^''^'
tems de cette Affcmblée crois
ans de terme , fous prétexte de
donner le loifir aux Prélats des
Provinces éloignées de s'y trou-
ver 5 mais au fond pour fatiguer
le Roi qui preflbit toujours la
ccnd.'^.mnation de Boniface , re-
mife à ce Concile , &: pour tâ-
cher de rallentir Tardeur de (qs
pourfuites par les longueurs de
ce délai. ■ '■""
La patience du Roi ne put ^«9.
pourtant pas aller fi loin j û le inliua/oas
Pape qui croyoit s*êtrc i^^is à ^^.[^^^^^^^"^^
couvert de (ts importunitez en
fortant de fes Etats, fe vit bien-
tôt affiegé dans Avignon par les
Agens de Sa Majefte, pour foUi-
citer la continuation du procès
intenté à la mémoire de Bonifa-
ce, Il fie pour les fatisfaire un
CL
I309«
362 Dèmele^de Bonifdce
Mandement par lequel il ordon^
noie que ceux qui croyoienc a-
voir dequoi charger Boniface ,
euflent à venir à Avignon pour
^Additions déclarer ce qu'ils en fçavoient
aux ]
''"'' Smi. Regnaud de Suppino^ Capiraine
ou Gouverneur de la ville deFe.
rento , qui depuis qu'il s'écoic
joint à Nogaret contreBoniface,
fe qualilîoit Chevalier du Roi de
France , ie mit auffitôt en che-
min avec quelques autres per-
fonnespour obéir aux ordres de
Yioiciws ^^ Sainteté. Mais il fut attaqué
feitcs à içi a trois heues d'Avig-non par des
Acuiatcurs. y ■*■
Picims, gens armez, que les parens ou
^* ^ * les amis de Boniface avoient mis
en embufcade. Quelques-uns de
fes gens y furent tuez, les au très
bleflez êc mis en fuite. Ceux qui
Tavoicnt accompagné pour fe
rendre auffi accufateurs de Boni-
face , reprirent la route de Tlta.
\\Q , pour ne pas expofer leur vie.
Regnaud protefta contre cet at-
tentat dans la ville deNifmes,
'avec Philippe le Sel. 3 (S 3
parun Acle du 2 j. d'Avril 1309, '
devant le LieutenantG cnerai du ^ ' °''
lieu , trois Notaires 6c plus de
vingt témoins de marque , afin
que cette violence ne pût prcju-
<licierà la déclaration qu'il de-
voit donner au Pape, de ce qu'il
âvoit à dépofer contre Boniface.
Cet incident , joint à la guerre i^oi^^* "^^
que le Pape avoit contre les Vé-
nitiens , fur lefciuels fes troupes
gagnèrent la bataille de Franco-
lino , fît quelque di verfion à Tin-
ftruclion du procès de Boniface.
Mais Clementn'cn put tirer l'a-
vantage qu'il en avoit efperé
pour prolanger l'afFa're -, car dès
letroiiîcme jour dejnillet leRoi
étant à Saint-Denis écrivit des
Lettres à Sa Sainteté , poir fe
plaindre de ce que llafFaire n'a-
vançoit pas ^ 6c que cependnnc
les témoins mouroient de jour
en jour , 6c que les preuves pcrif-
foient. Clément liù 1 épondit par
une Bulle du 13. Aouft pour juf.
3 ^4 ^^^^ cleT^de BonifdCe
' tifier fa diliirence ôc ks bonnes
Trcuvcs incentions lur ce poinr, au milieu
.»^^» des embarras que lui caufoient
toutes les autres affaires de la
Chrétienté j6c il lui marqua qu'il
avûit découvert les falfifications
des partiians de Boniface , arrê-
té leurs mauvaifes pratiques , 6c
procédé même fort féveremenc
contre ceux qui refufoient de
rendre témoi2;na2:e de ce qu*ils
içavoienc.
Le Roi s*ctoit plaint auflî qu'on
çût ôté une claufe inférée dans le
Traité qu'il avoit fait avec le?
Flamands. La claufe portoit ,
Que files Flamands contrevenoient
au Traite ^ ils feraient excommu^
^^^K.3 Ô' ne pourraient être ah fous
qu^k la re que fie de Sa Majeftè ou
de [es Succefièurs.LçP^pQ fatisfit à
cette plainte par la même Bulle.
Il repréfenta au Roi^ Que cette
claufe étoit inutile 3 que (^' avoit été
par inadvertance qu' il l'avait mifc
dans les articles qu'il en avait dref
avec Philippe le Bel. 365
fczji Poitiers : mais qu'il y aurait "^"^
eu trop de Jimplieitè à la laiffcr ,
lo7fqu'il avoit ratifie le Traite,
La raifon qu'il en apporta eft ,
que l'Eglifc ne peut pas refufer
dabroudreun excommunie dès
quM fatisfait , quelque oppofi-
tion que fon ennemi y voulue
former. Il ajouta,^*// c toit prêt
néanmoins de remettre la claufc
dans le Traite ^ en c^r^ qu'on lui en
montrât une pareille dans qtu^lqfie
AHc ou convention publique que ce
fut être , comme les Ambaff.ïdcurSi
de. Sa Majeftè l'avaient avancé ^^
ce quil était fart affuré qu^on ne
trouverait mille part.
Quinze jours après , voulant l„ partie
faire voir qu'il prenoic l'alFairc à L^^a.fct"
cœur , il fit publier une nouvelle mjrncv.
Bulle datée du n* Septembre, ? i.
par laquelle il fit donner afîigna- /oo7*' ^'
tion à tous les accufateurs de
Boniface , fans en excepter ks
Princes, de comparoître devant
lui dans la mi-Carême de l'an-
0.3
f-3©9'
^66 Démêlez, de Bonifdce
née prochaine , pour déduire
leurs moyens d'accufation.ll dé-
clara néanmoins depuis par une
Bulle particulière du fécond jour
de Février , Que le Roi ne s' étant
jamais rendu partie dans cette af^
faire ^ ilriètoit foint compris dans
la citation quHl avait faite de
Louis Comte d Evreux frerc de Sa
T^ajeftè ^ de Gui Comte de Sainte
Fol , de Jean Comte de Dreux , ^
de Guillaume du PUfJîs Sieur de
Vez^enobre , ^-c. qui s' étaient porlei^
parties publiquement contre le Pa*
*Je j (^ l' avaient accufé d h ère fie.
L'aflîgnation reçue, Guillau-
me de Nogaret , Guillaoïme du
Pleffis , Pierre de Galhard ^ Pierre
de Blanafe , Chevaliers, Ambaf-
fadeurs du Roi , avec u4lain de
Lamhale fon Clerc, Archidiacre
de Saine Brieux ^ fe tranfporté^
-renc à Avignon , accompagnez
d'une puilTanre efcorte , pour fe
mettre en état de ne pas craindre
les Defenfeurs de Boniface , qui
avec Philippe le Bel. 367
étôfenc déjà arrivez dans la Vil- '
le en rort grand nombre , ce qiu
compofoienc un puiff-mc parti.
|; Lairs principaux Chefs éroient
Irdncois , fils du Comte Pierre
, Gaétan \Thib^ut.^^àt Vernaz-
f zo, Gentilhomme d'Anagnia,nCv
veux de Boniface ^ Goth deRimU
ni'^BaldreiBifcth i T bornas Mur^
ro • Jacques de Modene ^ Blaife de
Piperno 3 Crefcent de Pagliano 5
jSficolas de Veroli • Jacques de
Firmineto • Conrad de Spoleto ,
Dofteurs en Droit ^ préparez-
pour plaider la caufe de Boni^
Peu de jours après Tarrivée rroccduf^
des AmbafTadeurs de France , dan/ia ca^u-
Clément V. tint un grand Con- [^.ç^^"'^'
fiftoire , pour donner audience
aux parties. Guillaume de No-
garet & ceux de fa compagnie
s*y prëfentérent le 16. jour de
Mars qui étoit celui de l'ouver-
ture. 0\\ leur fit d'abord la lec-
ture de la citation qui avoit été
3^8 Dcmclcx^ de Bonifacs
,,_ publiée dans Avignon le ix,^
Septembre de l'année précéden-
te. Elle étoic contertue dans une
Bulle j où Clément témoignoit,
^Ï'^Imvv' ^^ lorfqu'ilétoità Lyon é'hPoi^
:Rcgiîtredes tiers^ le Roi ^ les Comtes £Evreux y
j'ii;rbrud/on de Dreux ^ deSaint-Poly^ GuiL
dJené^P^r or- 1^^"^^ ^« Vhljis lui avoicTît dècla-^
K^rnt v^uK ^^ ^^^^^^^ ètoient rèfolus àe fonrfui*
«lu'à la page yve Uî mémoire de Boràface VIII.
d* autant quil étoit mort hérétique ,
(^ qu'ils ètoient frets d^ en fournit
les preuves» Que malgré le rang que
Boniface avait tenu dans le monde ^
malgré les belles conftitutions qu'il
avoit faites four le bien del'Egli-
fe y il n^avoit fu refufer la jujlice
qu'on lui deyûanâoit , farce que les
crimes dont on chargeait fa memoim.
re y ètoient trof atroces four être
àiffimule'r^.
Après QQIX.Z leclureNogaret fie
un difcours fur les intentions de
fon Maître , & propofa quelques
points préliminaires àvuider,prë-
tendanc faire remonter l'afFaire
avec Philippe le Bel. 3(3^
jufqu^aux fources de la querelle ^^^^^
émue entre la' Cour de Rome ex:
celle de France. Les Avocats de
Bcnifac^ conduits par François
Gacîan parurent enfuite en plein
Confîiloire au nombre de lîx. lis
dirent au Pape qu'ils encrepre-
n oient la défoÉnfe de Boni face de-
vant Sa Sainteté ^ le Sacré Col-
lège 3 mais que les Accufateurs
qui sVtoient pré Tentez n'ctoienc
pas recevablcs. Le Pape commit
enfiiite deux Cardinaux , f(^avoir
Berenger Evêqiie de Frelcati , &
Etienne du Titre de Saint-Cyr:a-
que , pour procéder dans cecte
affaire, & pour recevoir les Actes AJj'tionç
qui contenoient les raiions des ve?, n^i'^^
parties.
Le Vendredi fuivant, qui écoic
le 20. de Mars , les quatre Secré-
taires établis par le Pape pour ré-
diger tout le procès , eurent or^
dre des deux Cardinaux Corn-
miiiaires de recevoir des parties
tout ce qu'elles voudroicnt pro-
Qj
il lO,
3*7 o Dêmèle^de Boniface
driire. Alors les Défenfenrs dé-
clarèrent qu'ils ne prétendoient
point fe rendre parties contre
qui que ce fût ,& qu'ils avoient
entrepris feulement de défendre
la mémoire de Boniface ^ 6c de
montrer qu^il étoit mort ortho-
doxe &: Catholique. Le même
jour les Accufateurs préfenté-
rentunEcrit^qu'ilstémoignoient
avoir été drefle le 12. de Mars
dePannée 1302. c'eft-à- dire 1303.
félon le calcul de Rome. C'étoic
la Requête que Nogaret avoic
préfentée au Roi au Louvre en
préfence de plufieurs Prélats ÔC
Seigneurs du Royaume , pour
demander la convocation d'un
Concile , &; y faire dépofer Bo-
niface.
Nog^aret 5c du Plcfîîs commu-
niquèrent en même tems les Ac-
tes d'appel au futur Concile, &c
diverfes autres pièces Elites du
vivant de Boniface. Ils eurent
même une audience particulière
avec Philippe le Bel, 3 7 r
du Pape danslaquelleils inftrui-
firent Sa Sainteté du fond de
toute cette affaire. Ils demandè-
rent enfuite que les témoins les
-plus avancez en âge ,ou qui é-
toient valétudinaires, fuilent ouis
d*abord, parce que la mort dimi-
nuoit leur nombre de jour en
jour.Ilsdonnérent auPape môme
leurs plaintes contre la citation
queBonifacc avoit faite, 6c ils dc-
duifîrent les raifons qu'on avoic
eues de la re-ecter en Frane ,
quoiqu'ils euilent bien voulu
comparoître au tems qu'on avoic
marqué. Ils lui firent voir qu'el-
le péchoit nonfeulement dans la
matière , mais encore principa,
lement dans la forme 3 6c que
cette manière de fe contenter
d'afficher le placart de la cita-
tion à une muraille pour tenir
des abfens dûement citez , fans
leur faire fignifier la citation ,
étoit inouie jufqa'à Boniface , 6c
contre les loix de l'cquicé natu-
relle. QJ
1 3 1».
3 72' T)èmèle^ de Bonifac^
^ lis recuférenc enfuice ceux des
''5'*^*j Cardinaux qui paroiffbienc s'in*
térefler à la confervaiion de la
mémoire de Boniface , & qui é-
toient reconnus pour {qs créatu-
res. Ils en nommèrent huit des
prmcipaux,pourlefqueIs ils de-
mandèrent l'exclullon du Con-
fiftoire. Mais fur ce que les Dé-
fendeurs donnèrent des contre-
dits pour recufer de leur côté les
Députez de France qui fe por-
toient pour Accufateurs de Bo-
niface y le Pape ne voulut les
mettre d'accord , qu*en refufanc
aux uns 6c aux autres également
ce qu'ils demandoient, Nogarec
fe plaignit dans une autre Au-
dience de la Sentence que le Pa-
pe Benoift XL avoir portée con-
tre Ini fans l'écouter. Ilrepréfen-
ta, qu'il avoir fuffifammcnt jufti-
fié la conduite qu'il avoit gardée
a l'égard de Boniface & du (Iiint
Siege^ que Boniface même étant
en liberté 5 après ce qui lui étoic
'ttvet Philippe îeBeL 373'
arrivé dans Anagnie ^ avoit ren-
du témoianao-e à fon innocence^ ' *'^'
en lui donnant rabfolucion. Ce
fut pour ces confîderations qu'il
pria Clément V. de révoquer ce
qu'avoir fait Benoift contre lui ,
éc de lever au moins l'excommu-
nicacion qu'on prétendoit qu'il
avoit encourue pour le vol dti
trefor de l'Eglife, auquel il n'a-
voir point départ.
Quoique Nogaret ne pût ob-
tenir pour lors une abfolution ^
cautele , dont il croyoit avoir be-
foin pour agir , il ne laiiïli pas
d'être admis, &: favorablement
écouté du Pape , ayant allègue
plu (leurs raifons pour faire voir
que tout le monde doit être in-
différemment reçu à dcpofer
dans la caufe de la Relidon , ^
fur tout dans deux chefs aulli im-
porcans à l'Eglife qu'étoient les
deuxqueftions de fcavoir, (î Bo-
nifiée étoit fauxPape,& s'il étoit
mort dans l'hereiie ^ deux points
IJIO.
3 74 Demèlex^ de Boniface
qu'il avoir entrepris de prouver
devant les Juges. Maison rejet-
ta Tinftance que lui ^ du Pleffis
voulurent faire contre ceux qu'ils
avoient recufez. Ce fut en vain
qu'ils tâchèrent de perfuader le
Confîftoire,qu'on nedevoitpoinc
être admis à défendre la mémoi-
re d'une perfonne accufée d'he-
refie. Le même jour;,qui éroit le
premier d'Avril , les Défendeurs
propoférent leurs moyens dans
un long Ecrit qu'ils préfentérenc
au Pape. Ilsfoûtinrent,qu'onne
pouvoit procéder contre la mé-
moire de Boniface fans un Con-
cile général, ni poarfuivreunPa-
pepoLir fait d'hereiîe , que dans
une affembléede route l'Eg-life ,
dont tout le Corps étoit interelTé
dans ce qui touchoit fon Chef.
Que les Accufatcurs étant tous
publiquement reconnus pour les
principaux auteurs de la confpi^
ration qui s'éto.it formée contre
Boniface , ils n'écoient point re-
avec Philippe le Bel. 375
cevables dans leurs dépoficions.
Ils produifirenc en même cems
les preuves qu'ils alleguoient ,
pour faire voir premièrement ,
Que Boniface avoir été vërica-
blemenc Pape ^ Que fon éléva-
tion avoic été canonique après la
dëmiflîon de Celeftin , 6c qu'elle
avoit été reconnue pour celle
pendant tout fon Pontificat par
la plus grande &: la plus famé
partie de l'Eglife.En fécond lieu,
qu'il avoit toujours vécu exempt
de toute hereiîe j ce qui lui ctoic
commun d'ailleurs avec toute la
famille des Gaëtans. Qu'il ctoic
mort en bon Chrétien , plein de
fentimens de pieté, & en reci-
tant tous les articles de la Foi de-
vant huit Cardinaux , félon la
coutume des Papes.
Les audiences continuèrent
jufqu'au Samedi onzième d'A-
vril , veille du. Dimanche des
Rameauxj leur interruption dé-
voie finir avec la quinzaine de
1 1 \ o.
IjC Démelez^de Boni face
Pâques : mais Clément ordonna
aux deux Cardinaux^'^ommif-
iîiires de la prolonger jufqu'au
Vendredi huitième jour de Mai.
L'Ambafia- Pendant cet intervale , No^^a-
dcur de i r j ^
Pranccquoi- fet vouiuc le comportcr dans
munfé veut Avignon comme ks autres Fide-
participcr à lejj ^ parciclper à la Commu-
la lainte i i i r " t a
commii- mon de rE2;lile, comme s'il n'eut
déies , pié- ete lie d aucune ceniure. Le Pa-
'abwVoTr pe qui n'avoir pas même jugé à
avoir iaïué propos de lul accordcr l'ablolu-
& entretenu ï L ^ / t - i
le Pape. tioii cl cautclc^ \i\{ fit dire qu'il ne
pou voit approuver fa conduite ,
^ qu'il devoit fe regarder com-
me un excommunié ^ depuis la
Sentence portée contre lui par
BenoiftXI. Nogaret lit réponfe
qu'il ne croyoit plus avoir be-
foin d'abfolution depuis que SaS.
lui avoit fait l'honneur de l'ad-
mettre dans fes entretiens , 6c
qu'elle avoit bien voulu conférer
avec lui tête à tête au fujet de
Taffiiire de Boniface (Se du Roi en
plulîeurs rencontres. Il lui aile-
êtvec Philippe le Bel. 377
gua mêmerautorité de quelques "-
Canoniftes , qui eftimoienc que ^^^^* -
l'honneur d'avoir falué ou encre-
tenu le Pape , tenoic lieu d'abfo-
lucion à un excommunié.
Clemenc V. jugeant que cette
prétention feroit d'une dange-
reufe conféquence fielle venoità
s'autoriiér de Ton exemple ,cruL
devoir s'en expliquer en plein
Confiftoire , après qu'on eut re-
commencé les audiences de la.
caufede Boniface. Dans celle du
Mercredi 13. jour de Mai, qui Preuves, 51^^
fut "fore -célèbre à caufc de la'^''^*
multitude des perfonnes qualL
fiéeSjtancEcclefiaftiques queLaï-
ques , qui remplifloient l'Audi-
toire , il dif publiquement : Qu^il cap. 4. 5»
ne croyoit fas qu'un excommunié s^unL J-
fut ab fous pour avoir parle au P a- 'cu^^''' **
fe , o'ipour l'avoir fimpleynent ft^
lue, C'eft pourquoi il déclara ,
Que peur quelque entretien qu'il au^
roi t pu avoir avec un excommunie ,
ilnepretendoit 2^îs l'avoir ah fous.
^ -^ 8 JDemelez^deBoniface
' Cette déclaration donna ocafion
^^°' au Décret qui fat dreffé Tannée
fuivante au Concile gênerai de
Vienne , qui décida la queftioii
de la même manière que le Pape
Tavoit déclaré dans fon Confi-
ftoire.
Continua- No2;aret n'infifta pas davanta-
tjon des r •
procédures, gCiur cc pouic, voyanc qu on ner
lui en faiioit pas un obftacle
pour Tempêcher de pourfuivre
le procès de Boniface. llfecon^
tenta pour la forme de réitérer
la demande qu'il avoit faite de
rabfolution^r^»^^/^ ^ après quoi
il pafTa , tant pour lui , que pour
du Pleffis, le 21. jour de Mai une
procuration à Alain de Lamhak^
Preuves , Clerc du Roi , qui écoit de leur
^' '^"* ambaflade , &: à deux Gentils-
hommes Yr^iWCoh^Bertram Aq-a^
the^oc Bertrand dcRocca-lSfeytda^
pour agir en leur nom dans tou*
te cette aflfliire , enfemble ou fé-
parément , ou Pun pour Taurre ,
félon les occafions. Les Défen-
nvtc Philippe le Bel, 3 f 9
denrs donnérgic de leur côté
une femblablc procuration à
Jacques de Modcne^ afin de pour-
fliivre pour eux les défenfes de
Boniface, ^ de fournir les con-
tredits aux Mémoires de Noga-
ret & de du Pleflîs. Les uns ^
les autres employèrent enfuitc
plus de trois mois à produire des
écritures nouvelles pleines de re-
dites ennuyeufes 6c d'allégations
inutiles à la caufe.Ce qui fatigua
beaucoup le Confiftoire , 6c nui-
fic à Tavancement du procès.
Les Défendeurs tâchant d'en é-
luder laconclufion , fournirent
un fort long Mémoire rempli de
Loix^ de Canons , & d'autoritez
prifes de divers Docteurs parti-
culiers, pour prouver que Boni-
face ne devoit être jugé que de
Dieu feul,&: par confequent pour
décliner la Jurifdiftion du Pape.
D'où les Accufateurs prirent oc-
cafion de relever merveilleufe-
ment, 6c contre leur ordinaire.
13 10,
I 310'
3 § o Dcmcle^ de Éoniface
rautoricé du faiijt Siège , pour
faire voir que le Pape écoit le Ju-
ge naturel de foii Prédeceileurj
voulant infinuer malg-ré les ma-
ximes même duRoyaume (qu'ils
fe difpenfoient de fuivre feloa
leurs befoins) Que le Pape comme
T^icaire de Dieu rc-prcfcntoit feul
tout le Corps del' Eglifc-^^qu\iinfi
il rûétoit pas hcfoin d'affembler le
Concile pour juger Boniface. Les
Défendeurs alléguèrent encore
diverfes raifons , foûtenues du
témoignage de dijfferens Auteurs,
pour faire voir que fi Ton ne vou-
loir pas laifTer à Dieu le j ugement
de Boniface , on ne pouvoir aa
moins fe difpenfer de le remet-
tre au Concile. Ils infillérent à
dire, qu'on ne devoir écouter au-
cun François dans cette caufe,6c
le Roi encore moins qu'aucun de
fes Sujets.
Les Acciifateurs pour répon-
dre à ces inftances , alleguoienc
des Canons ^ des Loix^^c appor-
'avec Philippe le Bel. 3 S r
toienc des autoritez , qui bien
c]Li*auffi valables & auflî antenti-
qucs que toutes les pièces de
kurs Adverfaires , ne fervoient
qu'à groffir inutilement le pro-
cès,6c à mettre la confufion dans
i'efprit des Juges. Cet embarras
n'empêcha point le Pape & le
Confiftoire d'apporter beaucoup
d'attention aux plaintes de No-
garet , lorfqu'il remontra que les
Défendeurs par leurs écritures
pafloient les bornes de leurs dé-
fenfcs, en ce qu'i'smôloientplu-
fieurs chofes contre l'autorité du
Roi fon Maître , ôc contre les
droits qu'il a voit fur le temporel
des E2:Hfcs de Ton Rovaume. Les
Défendeurs d'un autre cote di-
foient, que Nogaret avoit grand
tort de relever quelque expref-
fîon peu mefurée , qui pouvoic
leur êtreéchapée , dans le tems
qu'il ffarloit lui même fans au-
cun ménagement j&furtoutib
firent remarquer la patience
I ^ic,
XJIO,
5 s 2 Demèlex^Jû Boniface
avec laquelle ils avoienc écouté
ce véhément Orateur , lorfqu'il
foûtenoit devant eux ^Que le Roi
de plein droit fouvoit f rendre les
biens des Eglifes ér des Prélats con-
tre leur gré^ en cas de neceffité^quoi^
qu'il ne l'eut encore jamais fait fani
le confentement de fon Clergé.
Les Pièces que produifoit le
Chevalier de Rocca-Negada ,
Procureur fpecial de Nogarct 6c
<îeduPleffisj n^ëtoient pas tou-
tes de la même force , ni d'une
égale confideration, Auflî n'eut-
on pas beaucoup d*égard à cel-
les qui chargeoient Boniface des
crimes les plus inouis 6c les plus
horribles de leur efpece , du dé-
tail defquels je n'ai pas crû de-
voir fouiller cette Hiftoire. Mais
V'^^u i 1 y en eut une touchant les prin-
cipales conteftations qui étoient
entre la Cour de Rome 6c celle
de France , qui parut d'autant
plus importante , qu'elle conte-
jioit les droits du R.oi ou de la
Preuves
2 |10.
avec Philippe le Bel. 183
Couronne, tels qa*on les avoic
obfervez en France depuis le
commencement de la Monar-
chie , fans aucune contradiction
de la part des Papes.
Les principaux de ces droits ArdciMa^ï
f . *• Air»- droits du
ctoient, i^\ Que le Roi ne re- roi main-j
connoît au-de(]us de lui pour le vTiu ic'^pV
temporel que Dieu feul. i"". Que p^--
Je Pvoi n*a point d'autrejuge que
lui ^ {i\ Cour pour les choies qui
dépendent du temporel , 6: qui
regardent fon Etat 2c fes Sujets.
3*^. Qiie nos Rois ont toujours
confervc les droits &c les libertez
de PEg!ife,relon les coutumes de
leur Royaume , ce qui leur avoic
rendu propres certaines cliofes
qui fembloient n'avoir apparte-
nu autrefois qu*aux Eglifes, com-
me il fe trouvoit aulFi d'autres
chofes qui ayant appartenu au
Roi & aux autres Seigneurs tem-
porels par le Droit écrit,éroienG
devenues propres aux Eglifes du
Royaume par les mêmes coutu-
i3§4 Dcmele^de B onlfacâ
mes. 4°. Qiie nos Rois comme
^^^°' fondateurs 6c bienfaiteurs des
Eglifes de leur Royaume, peu-
'vent empêcher les levées de de-
niers fur les Ecclefiaftiques de
leurs Etats , & prendre garde
cjue leur bien ne îè diilipe^ &: que
les Papes ne peuvent mettre fur
eux aucune impofîtion fans le
confentemenc du Roi. 5°. Que le
Roi a toujours été regardé en
France comme le Gardien des
Eglifes de fon Royaume, princi-
palement àts Cathédrales 5 ce
qui avoit été confîderé de tout
tems comme très - avantageux
pour cesEghfes. 6°.QuelaCour
feculiere , fur tout celle du Roi ,
connoît àts fucceffions & autres
chofes temporelles , tant en de-
mandant qu'en défendant , foit
qu'elles foient à des Ecclefiafti-
ques , foit qu'elles appartiennent
à des Laïcs. 70. Que le Roi n'a
jamais plaidé ailleurs que dans
h. Cour , (i ceB'eftpour des eau-
fes
avec Philippe le Bel, 3 S J
ïts purement fpiricuelles qui re-
gv^rdenc la Foi. 8<>. Que dès les
premiers commencemens de la
Monarchie , le Roi a le droit de
Regale fur les biens immeubles
deplufieursEglifesdefbnRoyau-
me, & qu'il en jouit jufqu'â ce
que les nouveaux Prélats ayenc
été mis perfonnellemenc en pof-
ièirion de leur temporel. 9"". Que
le Roi conferoic les Dignitez ,
Bénéfices ôc Prébendes de plu-
fieurs Eglifes qui font de fonda-
tion royale. 10^. Qii'outre le
droit de Regale , on a toujours
remarqué que nos Rois ont un
autre droit qui en efl: diftingué ^
qui conlîfte apercevoir les fruits
des Eglifes vacantes 6c de fe les
approprier fans aucune reftitu-
tion j 5c qu'ils jouiffent de ce
temporel jufqu a ce que les Pré-
lats leur ayent rendu l'hommage
6c prêté le ferment de fidélité.
II*". Qj-ie pendant la Regale le
Roi donne les Dignitez, Prében-
K
1910*
3^6 Dèmelc^ de Boni fa ce
^ bes& autres Bénéfices qui font à
la collation de l'Evêque y foie
qu'ils vacquent en Gourde Ro-
nie , foit qu'ils vacquent d'une
autre manière, i i^.QiienosPvois
ont cédé ce droit de Regale à
quelques Barons,c'ell:- à-dire ^ux
Grands Seigneurs deleurPvoiau^
me , ôc que ces Barons en jouif-
fenc par droit féodal & royal 5
droit qui ne s'appelle a<nfi que
parce qu'ils l'ont reçu du Roi.
130. Que fi les Prélats ou leurs
Officiaux vouloient par le moicn
deleurjuftice fpirituelle empê-
cher \ts fonctions de la Juftice
royale, les Rois fuivant une cou-
tume immémoriale du Royau-*
me peuvent en ce cas faire faifir
le temporel desEcclefiaftiques ,
jufqu'à ce qu'ils fe défîftent de
leurs entreprifes 14''. Qu*il eft
au pouvoir du Roi de faire gar-
der les pafi^ages de fonRoyaume^
qu'il peut défendre tout tranf.
port d'argent & de marchandife
Mt»-
avec Philippe le Bel, 387
hors de Tes Etats , & empêcher
de venir &: d'aller tant à Rome
qu'ailleurs, quand il s'agit des in-
térêts de la Couronne de Sa Ma-'
jefté , ou du bien de ks Sujets-;
1 5'', Que les dilîerends qui fur-
viennentpour le droit de Patro-
nage des Eglifes , ont été de tout
rems décidez par le Roi 5c ion
Confeil.
L'occupation que cette gran- ^^
de affaire donnoit au Pape ai au tâche dar-
Collège des Cardinaux, fut cau-^^^^^ ^ J-*
fe que le Concile gênerai qui de- \ll^
voit s'alTembler cette année à
Vienne en Dauphiné , fut remis
au mois d'06lobre de l'année fui-
vante. Clément tém.oigncit être
bien réfolu d'employer le tems
qu'il fe donnoit par ce délai à
terminer ces procédures 3 mais^
les Défendeurs s'appercevant'
que Sa Sainteté fe laiifoit infen-
fîblement aller à des confidera-
tiôns préjudiciables à la mémoi-
re de Boniface pour fatisfaire la'
Ri
cduf-
lO.
5 S"S Dhneîc^ de Bomfact
Cour de France , firent grand
bruit dans la ville d*Avignon,oà
ils avoient trouvé moyen de fai--
re entrer des compagnies de foi--
dats pour fe faire craindre. Le
Pape qui l'année d'auparavant
avoit fait brûler publiquement
Preuves, dans la Villc les faulFes Pièces
^•^^^* qu'ils avoient fabriquées pour
iérvir au procès contre la véritc
de celles que produifoient les
François ^ voyant que l'mduU
gence qu'il avoit eue de leur re-
mettre la peine qu'ils méritoienc
comme fauffaires^ n'avoir fervi
qu'aies rendre plus violens , ap*
prehenda qu'ils ne fe portallent
aux dernières extrémitez, fi l'on
fut^mî- continuoit les pourfuites C'effc
v«5«,xvi. ce q\ïi le fit réfoudre à prier le
Roi de vouloir fe défîfter de {ç.s
procédures, durant lefquelles on
ne pouvoit vivre en fureté dans
Avignon.
- Il en avoit déjà écrit à Char^
\t% de Valois frère de Sa Majefté
avec Philippe le Bel. } S'9
^ès le 23. de Mai 1 510. 6c il l'a- "
voit prefle de faire en forte que
leRoi lui laiflat achever cette af-
faire en fon particulier^qu'il s'^^
remît à la définition du S. Siège,
& qu'il ordonnât à ceux qui en
faifoient la pourfuite fous fon au-
torité,d'en ufer de même. LeRoi
fut longtemscn délibération a-
vant que de vouloir fe réfoudre
fur ces propofitions.Mais voyant m ^ i
k\ \ 1 r-^ , "' j Le Roi fc
plupart des Grands du dcfitc de fcs
Royaume fe joignoient au Corn- J'ontleB"
te de Valois fon frère, pour folli- "^^'^^f' Jf^"
A rc 1 r "^^^ affaire
Citer la même affaire.il confentit ^"trc les
r \ r \ T\ -1 ' mains duPa-
enhn aux deiirs du Pape; il en e- pe.
<:rivit de Fontainebleau à Sa S. açT""^'^"
dès le mois de Février 1 3 1 1 . au-
quel on datoit encore 13 10. Il
lui fit un précis de toute la con-
duite qu*il avoit gardée à l'égard
•deBoniface pour juftifier fesinten-
tions, celles de fes Miniftres &: de
its fîijets.ll lui déclara que ce n'é-
toit ni comme Partie ni comme
Juge qu'il avoit agi dans tout ce
R3
39« T>emele^de Boni face
13x1. qui étoit arrivé à ce Pape , maïs
comme un bras de TEglife qui ne
devoir pas demeurer kns action
dans fes befoins. 11 ajouta , que
malgré Tinterêc qu'il auroic eu
de faire pourfuivre la mémoire
de Boniface , en continuant les
procédures commencées , il re-
mettoit volontiers tout le diffé-
rend entre les mains de Sa Sain-
té à la prière des Cardinaux,pour
être vuidée par le faint Siège en
plein Concile jfans aucune pour-
fuite de fa part. Il promit d'ac-
quiefcer fans réfèrve à ce qu'il erî
jugeroit , n'eftimant pas quil lui
fut fer mi s de révoquer en doute ce
quun Pape auroit décide dans un
Concile qeneral.
Il voulut auflî que ceux de fa
;Cour qui s'étoient portez pour
partie dans cette affaire , & qui
s'étoient rendus accufateurs de
Boniface,fiiïent un femblable dé-
fiftement, ôc remiflènt le tout à
la difpolîtion du Pape. En quoi il
^vec Philippe le Bel. 391
fut exaclemenc obéi par Louis
Comte d'Evreux fon fécond frè-
re, êc par Gui Comte de Saint-
Pol , Grand- Bouteiller deFraiî-
ce , qui en écrivirent à Sa Sainte-
té dès le 14. du même mois en
des termes aflez femblables a
ceux de la Lettre du Roi. il n'y
étoit point fait mention duCom.
te de Dreux , qui leur avoic été
affbcié dans la pourfulce de cet-
te afEiire , parce qu'il étoit mort
quelque tems auparavant. Les
Défendeurs 6c les Avocats de
Boniface ayant appris ces nou-
velles difpofitions de leurs Ad-
verfaires , crurent qu'il étoic de
leur devoir de donner de leur
côté des marques femblables de
la déférence qu'ils avoient pour
le faint Siège. Ils remirent tous
leurs intérêts entre les mains de
Clément , à la première requifi-
tion qui leur en fut faite de fa
part.
^.e Pape avant reçu le defifte-
' R4
15
3 *) 2 Dèmeleijle Bonifjce
ment des deux Parties, ordonna
^^'' que les Acles en fuffent enregif-
r-'^oT.lll. trez &: confervez dans les Archi-
r 9^2. 6 04. ^^^ jy 5^ Siège. Mais afin de ne
^'rr^Â'^* pas donner lieu aux Accufateurs
univ.parif &; aux Detenûeurs de Boniracé
EuUa'us, 1 . >-i A \ r r • r
^ 144. & de croire qu il eut voulu le lailir
stVdamu,' de cette affaire pour Tétouffer,
ri?&''?'^^ leur refufer la fatisfaâ:ion
qu'ils attendoient de lui,il publia
une Bulle le 17. jour d'Avril,par
laquelle il déclara que toute per-
fonne catholique feroit bien re-
^ue à propofer ce qu'elle fauroic
deBoniface ,quipourroit fervir
à charger fa mémoire ou à la dé-
fendre.
reT>apecâf- Lc même jour le faint Père
qVi^'tok donna une autre Bulle beaucoup
ieRor& h p'^^^ ^^''P^^ ,ou après avoir dé-
prance. ^^\^ j^q^^ qq quî s'étoit paffé au
Preuves, p. ^ . , ^ . / .1 rr r, »
606. lujet de Boniface , il cafla ôc ré-
voqua toutes Sentences ^ Conftitu-
fions (^ 'Déclarations non conipri^^
fes au Jtxiéme Livre des Décréta^
Ici , entant qu elles fouvoicnt for-,
ter préjudice a- l'honneur^ à N'tat ^
avec Philippe le B^L 395
aux Droits S" aux Liberté^ du Roi •-
■de France , de fon Royaume _, de fes ^ ' *
Sujets d^ de fes Allie^ Il en ex-
cepta néanmoins les deuxConfti- i^o^ . 5 ^ /
tucions qui commençoient, Tune
par Una?n SanUam^ ôc Tautre par
Re7n non novam^ qui font dans les ^Izlll^SX*
Extravagantes communes , s'é-
tant contenté de les modifier &
de déclarer que leur exécution
ne s'érendroit point fur la Fran-
ce , où toutes chofes demeure-
-roient en l'état qu'elles avoient
été avant que Bonifaceeut don-
né cesDecretaleSjmaisil ordonna
^qu'elles lubfifteroient & auroienc
leur efFet dans les autres endroits
de la Chrétienté.
Il révoqua par la même Bulle rrcuv«, p,
:toutes fufpenfions de privilèges , &Yuivf ^^*
toutes cenfures 5 excommunica-
tions j interdits , privations , dé-
pofitions,& généralement tout
ce qui avoit été entrepris de
.fait ôc de droit tant par Boni-
i'ace VIII. que par Benoift XL
iju
394 "DhneleT^^ de Boniface
' depuislejourde laToiiflaincsde
l'an 1300. tant contre le Roi
Très-Chrérien , les Princes {qs
enfans , fes frères, le Royaume àc
Etat de France , que contre les
Dénonciateurs, Prélats, Barons^
& autres Regmcoles ^ au iujet de
leurs dénonciations, apellations,
demandes d'un Concile gênerai,
attentats, blafphcmes , paie de-
corps de Boniface, invafion de fa
maifon , vol &: diilîpation dutre-
for de l'Eglife,ôc autres dépen-
dances du fait commis dans Anar-
gnie , & de tout ce qui regardoit
:1e difFerend que Boniface avoir
eu contre le Roi 6c fes adherans>
înorts ou vivans. ,
Il abolit toute tache de ca-
lomnie , toute note d'infamie ,
dont on auroit pour cette affaire
voulu marquer dans la pofterité
: le nom ou la réputation de ceux
: q^ui y avoient eu- part en quelque
manière que ce fiir. Il ordonna
. ^ue toutes les Sentences données
avec Philippe le BcL 395
par Boniface &: Benoill: , 6c tous -
les autres Aâes concernant la
même affaire , leroient ôtez des
Regidres de Rome , 6c il en fie
fupprimcr tous les originaux. U
enjoignit à toute perfonne de
quelque qualité ou condition
que ce fut, Greffiers , Notai-
res , Juges 6c autres ;, fous peine
d'excommunication , de retirer
dans quelques mois de tous
Regiftres, Greffes, lieux publics
ou privez , de fupprimer 6c met-
tre au feu toutes les pièces con^
cernant cette affaire, avec dé-
fenfe d'en garder aucunes copies
fur les mcmes peines : le tout
néanmoins fans préjudice du
point principal de l'affaire 6c de
la pourfuite qui s'en pourroit faU
re d'office , à laquelle il déclara
ne vouloir point donner d'at-
teinte. Il feréfervaaufîî le droit
de pouvoir entendre 6c exami-
ner les rémoins 6c les dénoncia-
teurs qui fe préfenteroient,6c qui
R6
1 ^11.
^ 9'5 JDcmcle^ de Boni face
j j j ,^ feroienc recevables contre Boni-
face ôc fa mémoire,aufribien que
les défenfes & les exceptions
légitimes , s'il y en avoit à pro-
pofer en faveur de ce Pape ,
pourvu qu'elles ne touchaflènt
ni le Roi de France, ni fes Su-
jets, ni les Dénonciateurs qu'il
venoic de comprendre dans fa
Bulle.
Abfûiut on 11 excepta néanmoins de cec-
te abolition 6c remile générale
Guillaume de Nogaret , Sciarra
Colonna , Renaud de Suppino ,
\^s autres Gentilshommes Ita-
liens , & les Citoyens d'Anagnia
qui avoient trempé dans la con-
juration faite contre le Pape Bo-
nifacc , ou qui avoient eu part â
la prife de fa perfonne , ou au
vol du trefor de TEglife. Mais
l'envie qu'il avoit de ne point
gratifier à demi Philippe le Bel ,
e'svtsTri qu'il déclara entièrement inno-
'^'"^ cent , 6c qu'il loua même juf
qu'à la flâterie ^ pour le zèle que
avec Philippe le Bd, 3^9 7
ce Prince avoir fait paroîcre ,
félon lui , pour la gloire de Dieu ' ^ ^^*
^ rutilicé de l'Eglife dans Tah.
faire du Pape Boniface, le por-
ta à fe relâcher fur l'heure mê-^
me en faveur de Guillaume de
Nogarer. Il ne fe contenta pas
d excufer ce Miniftre , en fup-
pofant que tout ce qui s'étoit
paflë d'odieux dans ce qu*il a-
voit fait , au nom 6c pour le fer-
vice du Roi {o\\ Maître , étoic
arrive contre fon intention 6c
par la feule rëfiftancc que Bo-
niface avoit apportée à la de-
mande qu*on lui avoit faite d*un
Concile général \ il lui accor-
da encore par une autre Bulle
du même jour l'abfolution i^Jfr"'^'
tautcle , de toutes les fautes qu'il Nogtr«é-
pouvoit avoir commifes $ 6: il ^^a^pée*^
lui enjoignit pour pénitence des po»^i^/^^;^
pelerinasiesen France : un voya- Maiaccom'
ge a laint Jacques de Compo- piotce.
ilelle , ac une Croifade au Le- '^^:' '?'
Tant»
3 9 S Dèmclex^de Boni face
~ Le 27. d'Avril, qui fembloit
être un jour d'Indulgente géné-
ral, ne (e pafla point que le Pape
n'eût abfous pareillement ceux
d'Anagma par une Bulle parti-
culière : mais il femble que cette
abfolution n'ëtoit pour ceux qui
avoient mis la main furBoniface,
bc qui Tavoient outragé en fon
corps ou en fon honneur ^ au
moins ne s'étendit-elle pas fur
ceux qui avoient volé le trefor
de l'Eglifej injure beaucoup plus
fenfible à la Cour de Rome, que
toutes les infultes & les violences
que Boniface avoit fouiFertes.
Clément fe réferva la liberté de
]es abfoudre ou de les pourfui-
vre quand il le jugeroit à propos.
Il publia encore le même jour
une Cinquième 5c une fixiéme
Bulle en faveur de la France ,
Tune pour révoquer la Conclu,
fion qu'on avoit prife de ne
point admettre de François à
dépofex contre Boniface ^ Tau,^
I^ifc.
' âroec Philippe le Bel. 3 ^(j
tre pour déclarer ^ Qu^il ne rece-
vroità l* avenir aucun Acte ou l^on
hlàmeroit le louable zèle (^ les bon-
nes intentions que Philippe le Bel
avoit fait paroitre dans tout le
cours de cette affaire.
L'ouvercuredu Concile gène- ^ ^•
rai de Vienne Te fie le premier ^.J'nfp?^''[
jour de Novembre j, ou plutôt abfour Bo-
dès le I 6. d^Oaobre,&dura juf- "-t'S-
qu'au 7. de Mai de Tannée fui- ic pan le
vante. Les HLloriens préten- ^?"^^^^ ^-
1 1 > -r • 1 T^ • r Vienne y a
clenc que i attaire de Bonirace y eue. Finda
fut examinée,& qu'elle y fut en- ^01^^^ la.
j / . j ^ -'. ., querelle.
tierement décidée : mais ils en '
\ < 'i ^ \ r Anton. Flo-
ont parle plutôt fuivant les pre- renc , part.
■ r 1 ri J^î Jo. VilUni,
mieres meiures que le Pape Cle- 1. 9. c. i z.
ment V. avait pnfes avec le Roi /"Sj'sdiï
à Poitiers , que félon leurs der ^4**;^' ^'''
nieres conventions. Le defifte- Dupuy^p^g.
ment par lequel le Roi avoit re. sponimus,
mis toutes choies entre les mains ,;«,;;. <s. '
de Sa Sainteté , avoit changé les
vues qu'on avoit eues d*abord de
recevoir l'appel de SaMajefté^c
des Eues du Royaume au Con^
2?U.
400 Dèmela^de Boni face
cile futur , êc d'en accorder la
convocation aux inftances que le
Roi en avoit fait faire par ks
AmbafTadeurs. Mais l'impatien-
ce qu'il avoit eue de fe faire ren-
dre fatisfadion ,6c de faire con-
damner la mémoire de Bonifa-
ce fans attendre le Concile qu'il
avoit tant demandé, obligea le
Pape à vuider Paffairc fans éclat>
de forte que le Concile fe con-
tenta d'approuver & de confir-
mer le jugement de Sa Sainteté
fans aucune difcuffion.
C'eft pour cela qu'il n'eft point
fait mention de l'affaire de Bo-
nifacc VIII. ^ de Philippe le
Bel parmi les caufes de la célé-
bration du Concile qu'on a pu-
bliées , & qu'on a réduites à trois
points, qui étoient, i"*. L'extinc-
tion des Templiers 5 2 ^Le recou-
vrement de laTerre-fainte53°.La
réformation des mœurs , avec la
condamnation de quelques here-
£es du tems.On n'en trouve point
siion-plgs de vertiges dans les con«
avec Philippe le Bel. 40 1
ftirutions du Concile,qiù font in-
fcrées dans le corps canonique
des Clémentines, foie qu'on n'en
aie pas voulu faire d'aucreDecrec
quele jugement particulier qu'en
porta lePape avant les feflions du
Concile j ioit qu'on fût bien aife
d'étouffer fans bruit une affaire
que l'on ne croyoit honorable ni
pour Boniface ni pour le Roi.
Quoi qu'il en (oit , Clément
n'ayant plus rien à craindre des
importunitez du Roi, qu'il avoic
comblé de fatisfaclion par {^%
Bulles du 17. Avril, ôcfe jugeant
relevé du ferment qu'il avoit fait
à Saint-Jean d'Angeli , de con-
damner la mémoire de Bonifa^
ce, décida que ce Pape avoit été
légitime Parteur^qu'il étoit mort
Catholique-, que jamais il n'avoit
été hérétique, 2c que les preuves
alléguées par fes Accufateurs ,
pour le perfuader,n'étoient pas
îiiffifanrcs.
Le Concile en étoit à la fécon-
de Se(îîon,lorfque le Roi accom-
511
40 2 T)èmcle%^de Boni face
pagné des Princes fcs trois fils,
{ç.^ deux frères , {(^s> confins, 6c les
principaux Seigneurs de fa Cour
vinrent dans la ville de Vienne
pour y ailifter. Il ëtoit hors des
limites de fon Royaume , &: par
confequent hors des terres de fa
Jurifdiciion.Le Pape fe fervitde
<:et avantage pour lui faire figni-
fier le Jugement qu'il avoit por-
té en faveur de Boniface , ôc lui
faire entendre qu'il avoit abfous
feulement la Foi 6c la Religion
de ce Pape, après avoir condam-
né ce qu'il avoit fait contre la
France , parce qu'il auroit été
dangereux de reconnoître que
l'Eglife eût été fans Chef &: fans
Pafteur légitime & Catholique
durant tout le rems de fon Pon-
tificat. Il députa quatre Cardi-
sponcîanus, ^^"^ , tous Doclcurs cn Theolo-
^j a-nn.i'^ii. aie OU en Droit , ^c tous habiles
viiianotè Canoniftes vers Sa Majeftc,pour
lentrÀo. ^' hii déduire les raifons du Juge-
ment qu'il avoit rendu.
• avec Philippe le Bel. 403
Ces Dépurez étoienc Richard ,^,,^ '
Fctroyiio de Sienne , Guillaume le
JLon^^ Jeande Murro^ que d'au-
tres appellent de Namur^^ Gen-
til de Montcflore. Ils n'oublièrent
rien pour mettre rëquitë de la
Sentence du Pape dans toute
fon évidence :, de faire entrer
rhonneur du faint Siège en con-
fideration avec celui de la Fran-
ce , qu'ils prétendoient y être
également intereffé. Il falut au-
tre chofe que des raifons &i d^s
autoritez tirées de rEcritare,des
Canons & du Droit pour con-
vaincre le Roi. Il fut moins tou-
ché de tout ce que les quatre
Cardinaux purent alléguer pour
le perfuader , que du défi de
deux braves Cavaliers Cata- MCuoiiio.
lans qui vinrent fe préfenterà Sa ^^Boior^
Majefté , 6^: demandèrent à faire
preuve de Pmnocencede Boni-
face VIII. Tépée à la main, con-
tre les deux Gentilshommes les
plus vaillans de laNobleireFran-
çoife, qu'il lui plairoit de noiiv-
I JU
404 Uhnclez, de Boni} ace
mer. Le Roi étonné de la réfolu-
tion de ces deux Champions, ac-
quiefça enfin au jugement duPa-
peClement;, 6c abandonna le prov-
cès contre la mémoire deBoni-
fàce.
Le Pape 6c les Cardinaux,en re-
connoifïance de ce dernier defif-
tement,d'oii fuivoitTanéantilTe-
menc gênerai de la querelIe,don-
nérent un Décret par lequel il é-
toit dit^Que feRoi nifes SucceJJeurs
ne -pour Y oient jamais être recherche^
en blkmezjjour tout ce qui i* h oit fait
contre le Pape fous le nom ou l'auto^
rite de Sa Majejlé , (oit en Italie ,
foit en France ^ foitpar les Colon-
nes^ foitparJsfoyiret ou toute autre
^erfonne que ce pût être. Pour ce
qui regarde la part que Je Conci-
le de Vienne eut dans cette afFai-
leMai-e ^^ :> ^^ prétend qu'encore que le
a'oRciges, plus grand nombre de ceux qui
de^/schifl'* le compofoienc î\jiZ plus attaché
Supay,pâg, â^^x intérêts du Saint Siège &
^'^' de la Cour de Rome qu'à ceux
de la France , & qu'en général il
étvec Philippe le Bel, 40 y
fCÛt témoigné qu'il ne pouvoic ap- "
prouver la pourfuite que le Roi avoit ^ ' ^''
faite contre Boniface , il ne laiiîa pas
de déclarer injulle & nul tout ce que
Eoniface avoit fait ou entrepris de
faire contre le Roi ôc la France.
Mais quoique le témoignage des E-
crivains qui ateftent ce dernier point ne
paroifîe pas fuffifant pour le mettre
hors de toute conteflation , il eft tou-
jours inconteftable que les droits du
Roi &de la Couronne furent main-
tenus, & les prétentions 6c entreprifes
de Boniface réduites à rien par les Pa-
pes Tes Suc ce (leurs. G'ellàquoi abou-
tit enfin tout ce fâcheux Démêlé , qui
avoit diviféla France d'avec Rome, 6c
fcandai'ierEglifi pendant dix ans en-
tiers. Philippe le Bel n'ayant pu dé-
truire ou noircir entièrement la mé-
moire de Boniface dans la Chrétienté ,
voulut au moins qu'elle fe perdît ou
qu'elle s'anéantît dans fon Royaume,
par les défenfes qu'il fit d'alléguer le 6«
Livre des Dccretales, qui étoit de la
compilation de ce Pape.Ce fut la prin-
cipale raifon,avec le point de la Re-
gale , qui empêcha qu'on ne lui don-
nât du cours & de l'autorité en Fran-
ce. G efc ce qui a été remarqué fort
iS^r.
405 Dem, de Bonif.avccPhiL
à propos par l'Auteur de la Glo-
fe JeaivAndréde Boulogne, qui
vivoic peu de cems après , mais
qui a été retranché dans le fîecle
dernier par les prétendus Cor-.
recleurs du Droit-Canon dans
l'édition de Rome.
Le Pape & le Roi ne vécurent
pas longtems après raccomplif-
ièment mis au grand œuvre de
la réunion de la Cour de Rome
ôc de celle de France. Le pre.
mier mourut le Samedi 20. d'A-
vril I 3 I 4. après huit ans dix
mois 6c feize jours de Siege.Phi-
lippe le iuivic en l'autre monde
lèpt mois après 3 de forte que-
fon règne , qui fut de plus de
vingt.neuf ans , ayant commen-
cé avant le Pontificat de Boni-
face , Se fini après celui de Clé-
ment , a renfermé dans Tes bor-
nes l'efpace que cette funefte di-
vifion a occupé fous trois Papes
depuis fa naiflance jufqu'à fon
entière extindion.
Ira de la féconde (^ Aèrnisre FavtU*
APPROBATION.
J'AY lu pirordrcdeMonfeigneur leChmcelier Utt
Miiuifcric coiicenaiic L'Hiftoire des Dcraeie:^ du p.zpe
ho'ifcici Vni. Azc: Phiitppe le Bel J^oi de Trana ; & j'ai
crû que l'imprcflion de cet Ouvrage , & des Adcs
originaux qui y Ibnc joints , fcrviroit d'éclaircidc-
menc & de nouvelles preuves à i'Hiitoire de Mef-
£eurs Dupuy. Fait a Paris, ce 8. Novembre 1717^
brgné , L. UE VERTOr.
PRIVILEGE DV JR^Or.
LOUIS par la grâce de Dieu Roy de France 8c
de Navarre , à nos amez & féaux Confcillers
les Gens teiians nos Cours de Parlement, Maicrcsdcs
Hequèccs ordinaires de notre Hotcl , Grand Confcil,
Viévôt de Paris , Baillifs , Sénéchaux , leurs Lieute-
nans Civils & autres nos Juili.iers qu'il appar-
tiendra,Salut. Notre bien amc François Barois,
Libr.iire à Paris , Nous ayant fait remontrer qu'jl lai
auroit été mis en main un Ouvrage . qui a pour t'tre :
VHifloire ilesDcméïe^ de BaK'UceVill. .tuec Philippe U Bel ^
lequel Ouvrage il fotihaitcroit donner au Public , s'il
Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilège fur
ce neceiTaircs. A ces caufes , Voulant favorablement
traiter ledit Expofant , Nous lui avons permis & per-
mettons par ces Prélentes de faire imprimer ladite
Hiftoire en telle forme , marge , caradere , en un ou
pUifieurs volumes , conjointement ou feparement , 8c
autant de fois que bon lui femblera , & de le vendre 9
faire vendre & débiter par tour notre Royaume , pen-
dant le tems de dix années confecutives, à compter du
jour de la date deldites Préfentes. Faifons défenfes à
toutes fortes de perfonnes, de quelque qualité & con-
dition qu'elles foient , d'en introduire d'imprelïïon
étrangère dans aucun lieu de notre obéifTance j Com-
me aulTi à tous Libraires , Imprimeurs & autres , d'im-
primer, faire imprimer^vendre, faire vendre, débiter ni
contrefaire laiite Hiftoire, en tout ni en partie, ni d'ea
faire aucuns extraits , fous quelque prétexte que ce
foit , d'augmcntacio» , correction , chaageraent de
titre , en .tntrcment , Tans la perminion expretfe St
par écrirdudic Expoianc ou de ceux qui auront droit
de lui , à peine de confilcation des exemplaires contre-
faits , de trois mille livres d'amende contre chacun
^cscontrevcnans , dont un tiers à Nous, un tiers à
J'HiStcl Dieu de Paris , l'autre tiers audit Expofant; ,
&■ de tons dépens , dommages Se interefls : A la char- .
ge que ces Prcfcntcs feront enrcgillrées tout au long
fur le Regilbe de la Communauté des Libraires
Se Imprimeurs de Paris , & ce dans trois mois de
Itdatc d'icellcs ; Que l'impre/îion <ie ladite Hiftoirc
fera faite dans i>ctre Roya-ume & non ailleurs , en bon
papier & en beaux caraderes , conformément aux
Reglemcns de la Librairie ; & qu'avant que derex-
pofer en vente ilrn fera mis deu:xÉxemplaires dans no-
tre Bibliothèque publique , un dans celle de notre
Château du Louvre , & un dans celle de notre
très-cher & féal Chevalier Chancelier de France
le Sieur DaguesseaujIc tout à peine de
jiullité des Prefentes. Du continu defquelles
Vous mandons & enjoignons de faire jouir l'Expofant
ou ies Ayans caufe, plciiicment & pailîblement,fans
fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empè-
chémevn : Voulons que ia Copie dcfdites Préfentes
qui fera imprimée au commencement ou à la fin
^e ladite Hiiloire , foif tenue pour dûemcnt figni-
£ée j & qu'aux copies coliationnces par l'un de nos
amez & féaux Conf illers & Secrétaires , foi foie
ajoutée comme à l'Original. Commandons au pre-
mier notre Hui/fier ou Sergent de faire pour l'exc-^
cution d'iceîies tous Ades requis Se néce^aires 9
/ans demander autre permiflion , nonobftanc Cla-
Jîicur de Haro , Charte Normande , 8c Lettres à ce
contraires : Car tel eft notre plaiiîr. Donne' à
Paris le vingt-troifiéme jotir du mois de Novcm-
kre, l'an de grâce mil fept cens dix-fept, & de~ notrq
Règne le troifiéme. Par le Roy en fon Confeil.
^i^'^é , DE SAINT-H'ILAIRE.
Jtep/!re fur le Hegifîre IV. M la CommttKautc des L't-
hrnires c^ lmi!rw2eu<'s de L^aris , page 2f2. numéro îSf.fOM-
firmér/ient aux KcgLemens , & notimmtnt a. i' ^rt'cji du (1b»*
(âli du il, A(>»ft 170^. ^ Taiis le 2 . Décembre I 7 I 7 •
^ jga<f , D £ L A U L N £ , Syndic
ADDITIONS
ACTES ET PREUVES
DES DEMELEZ
D E
B O N I F A C E VIII.
AVEC
PHILIPPE LE BEL,
jQiii ne fe trouvent point dans le Recueil
de M. Dupuy.
Bulle du Pape Boni face VIII* pour pro-
longer JHfcjiià la Saint - lean de l'a?wée
1199* la trêve ijiu il avoir fait publier
en France parfes Légats _, entre Philippe
le Bel Roi de France & Edouard Roi
dAngUterre : tirée de Raynaldus Tous
Tannée ii^C. N. 18.
BOnifacius&c. Adfuturam rei meraoriam,
Crebris intcUedbis lumoribus, quos fide Ji-
pnoium affcrtio confirmabat ,quod & charifTimuft
ia Ghiifto filius noftcr Adolpnus Rex Roraaao-»
i JîcUitiofis aux Prewjeî
rumillui^ns advcrlus eundem Regcm Fraiicb? &"
rcgnum ipfius s^entem non modicam congrega-
bat hofliliter , allas bellicos faciens apparatus , co
potifTimè quxfito colore quod ab ipfo rcputat le
offenfum , quafi fui pr^dccefToics & ipfe non-
nulla occupavciint ha£lenus jura Imperii, quae
adhuc detincnturtaliter occupata ; doluimusad»
jnodiim , & duras in intimis fenfimus pundliones.
Propter quod volentes,prout ad noftrum fpefbabarC
ofHcium , hujufmodi-obviaredifpendiis , adprae-
fatum Romanorum Rcgem foicmnes nuntios du-
ximus deftinandos , rogantes & attentiùs exhor-
tantes eundem ut ab cjufmodi hoftili procefTu pe*
nitùs abftineret : cum nos tandem fupcr iis certi-
ficatiper cum , illud circa hujufmodi negotium
intendebamus adhibcrc remedium , per quod ad
fui Konoris & cxaltationis argumentum praefati
jura Imperii illaefa 6c intégra fervarentur. Scripfî-
mus etiam Franciae & Anglix Regibus memoratis,
ut à quolibet inter le invicem hujufmodi habcndo
procciTu hoftili abftinere curarcnt , diilufque Rex
f ranciac contra Regcm Romanorum praefatum
nullam noxiam faceret novitatem.
Attcndcntes igitur & infra clauftra peéloris me-
ditatione folUcità revol ventes , quod Rcgum prse-
diftorum commotio turbat ccclefiam , orbiscon-
cutit angulos , animarum corporumque difpendia
minatur, fidelibus catholicae fidei pericula gêne-
rai & Terrx fanclse ncgotio , ad cujus promotio-
nem felicem celercm votis ferventibus anhelamus,
impedimenta multimodafubminiftrat; & prop-
tcrea cupicntcs hujufmodi periculis & difcrimî-
nofis initiis , remediis obfîftcre opportunis , treu-
guas ( trêves ) dudum ab inftanti tune fefto nati-
vitatis beati Joannis Baptiflas proximo praetcrito
ufque ad annum unum compietum praefatis Ro*
de Aî. Dnpuy» *
^ttVaiioruin , FraiiciJE Se Angline Rcgibus audoïi-
-tate apoftolica Tub pœna cxcommunicationis ,
<juam ex tune in fciencer vcnicntes contra protu-
limus cxpicfTè , indiximus ab eis per idem tcmpus
fiimitcr ob.'ervandas , prout in litteris noftris indc
conFcdtis plenius coinmctur. Verùm licct prxdi-
é\o Romanorum Régi per vcnerabilcsfratrcs no-
ftros Regin. Aichicpifcopura & Seiion. Epifco-
pum de mandate noiho t'uerint hujufmodi rreu-
guarum noftrx- litterjc pr.c(entatac ; pia:di<^ ta-
men Albanenfis & Peneftiinus epifcopi , quibtts
pra^fentationcm nofLiaruni confimilium littera—
rum pra;Ubatis Francis & Anglia: Regibus facicii-
dam nofcimur commifiiïe , (umpcâ fiducià Se Tpc
eonceptà quod intcr Regcs pra:didos optata con-
cordia vel laltcm tieuguae feu fulFerentia: voluutj-
ï'ix in proximo provenircnt; fuperfedere haftenus
pr^tfcntationi hujufmodi , ficut accepimus , dc-
crcvcrunt. Cum autem nec pax , nec concoidia ,
iicque treuguac leu fufFarentix , de quo veheracn-
tis non immcrito turbationis conquaflatione tor-
quemur , inter jani di^los Reges aliqùod fufcepc-
rint firmamentum , & utinam de ipforum con-
grclTu giavior nobis pi-;Etumptio non darctur,
creuguarum quoque indi6liopr2EUbata,fit jam pro-
pe fui finis cxcuifum ; nos ex iis , & pcr ca qua:
frequens fidc dignorum afTeitio noftris initillat
auribus, vcrifimilitcrformidantesnc di(5bos Regv^s
inter fe invicem bellici fluflus impetant , hollilcs
concutiant tempeftatcs, ac deploranda ftragc^s
confringatenormitcr & encrvct ; ficquc tam gra-
vem chriftianorum fcilTuram , tam hcrrendum
facinus & générale peii-culum , (îcut enormem
cacdem fidelium & adco periculofi laefuram vuU
îicris , cui vix unquam adhiberi polTet aicdicini
Talutis, dcfîdcraiites falubribus remediis evitarc ,
■4. additions aux Freuvef
trcuguâs abinftanti fefto nativitatis bcâti Joanmf
Bapciftae proximo future ^ in quo pra'di(fVaruin
treuguarumdudumindi£taium firmctur terminus,
ufque ad biennium completum , cadcm au6lorita»
ce jam didlis Romanorum , Eranciac ac Angliae
Rcgibus prorogamus , & de novo indicimus , caf-
que pr^cipimus inviolabiliter obfcrvari lub ca-
éem excommunicationis pœna , quam ex nunc in
illos qui fcicnter contravenerint ;, promulgaraus ,
&:c. Datum Romac apud S. Pctrum , Id.Auguft.
aune II.
BhIU de Bomface T^IIL contre les Coton"
- fies en confirmation de la première In ex-
celfo throno. Dâim celle-ci il renouvelle
toutes les peines auxquelles il les avoit foU"
mis y & en ajoute de nouvelles • Ray-
naldusN. 35. ann. 1257.
BOniïacius &c. Ad pcipetuam rei mémo-»
riam Lapis abscissus de monte fine ma-»
nibus , ab xdificanlibus reprobatus , & faâ:us in
caput anguli , duos & diverfos parictes copu-
lans , Paftores à Judacâ & Mao;os ab Oriente pro-»
ducens, in fe reconcilians ima tummis & ordinans
in fan£la Romana apoftoli<^ & catholica Eccle-
fia charitatem , ipfam fponfam ftatuit elTc unam ,
lîcutfcriptum eft , Vna. efi columbei mea , eleci<t
med , perfecJa mea , una efi matrts fus, , elecfa
genitricis fus. , perinconfutilemtunicam Dominl
4cfîgnatam , d"iupcr coniextam pertotum. Haus
de M» bupuy» ^
■JlÔii divircruiit milites , fed fortiii funt cam. Haiic
inapugnaverunt hxrctici & fchifmatici , ac blaf-
phcmi à juvcntute fua. Scd non pracvaluciunt ad-
vcrfus camdivinâ virtute proteâiam, & ut caftro-
xura acics ordinatam. Sed uondum hacreticis ,
fcliilmaticis ac blaiphemis adeo eft finis impofi-
Ciis , quin vclut viperei filii natique dégénères i«
fcne^liite pofitum fabbatum ejus perturbare , A:
unitatem icindeie moliantur. De quorum numéro
fore nofcuntur Jacobus de Columna & Pctrus n«-
pos ejus , quondam di£lac Ecclefix Cardinales ,
quos , eorum culpis & demeritis exigcntibus ad
Inorum , pridem vi. idus Maii , Pontificatus no-
ftri anno III. ex rationabilibus caufis moti , de
fratrum noftrorum confilio Cardinalaftibus priva-
vimus perpétue) , & depofaimus ab iifdem , variis
proccflibus & lententiis comminationes & pœnas
continentibus contra ipfos habitis, nccnon & coa-
tra natos quondam joannis de Columna fratris
didi Jacobi , & patris Pétri praefati , ac contra
omnes qui per mafculinam & tccmininam lineam
defccnderunt hadtcniis , & defcendunt ab ipf©
|oanne.
Ipfi namque Jacobus & Petrus intraverunt Ec-
clefiam fub pelle ovinâ, operibus tamen & frucii-
bus Te exhibuerunt quafilupos rapaccs & graves ,
non parcentes giegi dommico , & in reprobum
fcnfum dati , & oculis excoecati malitia , ita ut
lumen cœli non ridèrent nec yidcant , defcendcn-
tes in malorum profundum , & contcmncntes ,
cxurrcxcrun: loqui perverfa , & acuentes ut gla-
dium linguas Tuas, in blafphema verba & fchirma-
tica proruperunt , apertè montrantes quod licct
ex nobis prodierint , tamen non erant ex nobis ;
nam (lex nobis fuiflent , utique permanfifTcnt no-
bit'cum. Quibus verbis icdadis in fcriptis , ipfa
a uj
ë yidditîofis AUX Treuves
fcriptâ indivcrfarum Ecclefiarum urbis oftiisaili*
gi , & fuper bafilicaî Principis Apoftoloium de
uibe altari poni fecenint : quae quidcm fcripta eo-
lumab olim piaecogitatam & prxconccptam ne-
quitiam patenter iiidicant , ipfolque Jacobum
2cque Petrum blafphemos atque fcliifinaticos fore
rrianiFefte déclarant , fancftaïDei Ecclefix Roma-
nce catholicae & apofto'iCcT molientesfcindere uni-
ra teiTî , & cclumnam Dei vivent! s penè ad muta-
tioncm deducere , ac fagcnam fummi Pifcatoris
procellis intumefcentibus ad naufragii profunda
fubmergerc , {\ , quod abfit , eis facultas adeffet.
In hujufmodi namque fcriptis , quse univerfis ea-
dem inl'pefturis cujufcumque prœcminentix , di-»
£!;nitatis , ftatus vel conditionis exiftunt , eccle-
iîaftic^ velmundanas, à Jacobo & Pctro prardi-
Ais mittunturfub modofcribendi quo ante dcpo-
iitionem faam uti foîcbant , & fub figillis quibus
ainteà utebantur j inter cetera continentur , Nos
divinâ providentiâ ad fummi apoftolatûs apicem
iccundum fcita canonum , licet immeritos , cvo-
catos ; & non folum ab omnibus fratribus noftris,
& ab ipfis p/seviâ eledtione canonicâ , immo ab
Ecclefia univerrali reccptos in Papâm , confecra-
los j eis afliftentibus Tecundum approbatum mo-
rem Romanae Ecclefia! , & etiâmcoronatos, Pa-
pam non elTc; haec & alla confîngentes quae non
Iplum funt blafphcma &ichirmatica , ^zèi infana,
prouteorum fcripta indicant manifertè.
Poft depofitionem etiam & privationem , pro-
ecfius & fentcntias fupradidlos, Cardinales fe no-
minant , & Cardinalitica portant infignia , anulis
&: rubcis capellis utentes , & Cardinaliticos adus
exercent , ficut, antequam pernos dcfratrum no-
ftrorum confilioeffent depofiti , faciebant , & lia-
itenûs utebantur. Ut illud taceamus ad piarfens ^
de Af. Diipity» 7
^uoâ ferè ad triennium obeàientiam nobis &:ie-
vercntiam exhibueruiu ut Papx, participantes uni
nobifcum revercndum domiaici corporis & faii-
giiinis facramentum , ac miniftrantcs nobis in
milTaruni iolemniis & divinis officiis , piout ab
antiquo folcnt Cardinales fupradidj: Romanx
Ecclcfia: Romanis Pontifîcibusminillrarc ; in Ec-
clefiarum provifionibus & diffinitionibus pcr nos
fadtis condiia (ua dantes , & Te in conceflis à nobis
priviles;iis rubfcribcntes , alia faciebant nobitcum
& recipiebant , qua? cum homine & ab hominc
qui non habuiiïct ingrefTum canonicum , ncc fieri
ncc recipi debuiflcnt. Nec pollent fupradida me-
tu proponcrc le fecifle , qui nos in ferutinio, more
nîcmoratic Ecclcfia: Card'nalium , elcgcrunt &
nominaverunt eligendum in Papam , quando de
nobis limendum non erat ; & poH: eledlionem ,
icceptioncm , confecrationem & coronationcm,
pcrmiflas faâ:as de nobis in caftio tune ipforum ,
quod Zagirolum dicitur , & quod pcrprn:di(ftuni
Jacobum tune tcmporis tcnebatiir , cum pluiibus
ex fratnbus noftris hofpitati fucrimus confiden-
ler , & ipfi ac fui tune ibidem exhibucrunt nobis
papalem revcrentiam & honorem, ubi nulla adcrat
cis caufa timoris.
Nos igiturfuper his & aliis quie îiujurmodi ne-
gotium contiugunt vcl contingcre pofTunt , habita
cum di£tis fratribus noftris dclibcrationc maturâ ,
cmiies proccffus omnefque fcntcntias , commina-
liones & pœnas , & fpecialiter didam fcntcntiam
depofitionis & privationis Cardinalacuum, & cae-
tera alia qua: in noftris fuper hoc confe£lis Utteris
coiuinentur , de eorumdcm fratrum noftrorum
confilio rata kibentes & grata; confîrmamus , ra-
tificamus & approbamus , & etiam innovamus »
& propter adau£lam corum contumaciam , fchif-
a iiij
s ^âditions AUX Treuvei
ma atquc blarphemiam , de di^lorum fratir/m
confilio ipfosjacobum & Petrum Tentcntian^o
pronunciamus cffc fchifmatiGos & blafphcmos, &
excommunicationis fententiâ innodamus ; ipfof-
que in hujufmodi blafphemia & fcliifmate perdu-
rantes tanqiiam hcercticos punie ndoï; ; & tam di-
€lam depofitionis & privationis Cardinalatuum
l'ententiam , quàm omnia quce contra ipfos & alios
fecimus , & pronunciavimus , de novo facimus ,
fcntentiamus , atque proferimus , & robur habcrc
decernimus perpétua firmitatis. Omnibus infuper
canonicatibus , praebendis , dignitatibus , pcrfona-
tibus , officiis & beneficiis cum cura vel fine cura ,
penfionibus ,ecclefiafticis reditibus feu proventi-
bus , qux praedidi Jacobus & Petrus, & unufquif-
que eorum habebant , tenebant & pofTidcbant in
quibufcumquefeuà quibufcumque ecclefiis, mo-
nafleriis , hofpitalibus , religiofls & fecularibns ,
Tel fpecialibus perfonis , cujufcumque eminentiae,
conditionis , ordinis , dignitatis & ftatûs , eccle-
^aftici vel mundani , ipfos omnino privamus , ip-
faque collationi Scdis Apoftolicse refervamus, de-
cémentes irritum & inane, fi fecùs à quoquam fu-
per iis fcienter vel ignoranter contigeritattentari.
Eofdem quoque Jacobum & Petrum quondani
Cardinales , Joannem di£lum de Sanfto-Vito &
Oddonem , filios quondam Joannis de Columna
fratris didi Jacobi , & patris Pétri prsefati , omni-
bus juribus & bonis mobilibus & immobilibusec-
cîefiaflicis , & tam ipfos quam Agapitum , Stc-
phanum & Jacobum dirtum Sciarram , filios
Joannis de Columna prcediâ:i , & alios filios cjuf-
dcni Joannis , fi qui alii funt filii corumdcm vel
alicujus eorum , omnibus juribus & bonis & rcbus
mobilibus & immobilibus , hereditariis feu quo-
«îodolibet acquifitis , quibufcumque ratione , eau-
de M. Dupny. 5
fa vcl titulo âd eos vel ipforum aliqucm feu ali-
quos pcrvencrint , feu ob venerint , obvenire vcl
pervenire pofTent ; uccnon communitatibus,bâro-
niis , comitatibus , civitatibus , fuis caftris , ubi-
cumque illa habcant , teneant vcl obtineant , vcl
quomodolibec ad ipfos pcitineant , privamus om-
nino , iliaque omnia & fineula publicamus , &
ctiam confilcamus; ita quod ad ipfos vcl eorum
aliqucm , hercdes ipforum vcl alicujus eorum nuU
lo unquam temporc rcvcrtantur , eofquc ac unum-
Gucmquc eorum aftivè & pafîîvèintertabiles red-
dimus ; ita quod cis & eorum unicuique ex tcfta-
mento vel quâvis ultima voluutatc , fcuab intefta-
10 nullus fuccederc pofTit , nccipfi aut eorum ali-
quis ex tcftamento , vcl quâvis ultimâ voluntatc ,
(eu ab intcdato , fuccedcre vcl aliquod caperc
podlnt ; nihilque cis vcl eorum alicui ratione le-
gati , inftitutionis vcl fubftitutionis , feu quovis
litulo valcat quomodolibct obvcniic : eofquc pro-
iiunciamus infâmes & Icgitimis a(flibus prorfus
indiii;nos ; ftatuentcs quod nulli eorum portge
alicujus patcaut diî^nitatis ccclcfiafticx vel mun-
dana? , & (\ fcciis hcrec , nullum robur habere %
ipfifque civilitatem & incolatum & habitationem
Urbis, circumpofitae rcgionis &: quarumvis civita-
tum , caftrorum , terrarum atque locoram dif^oe
"Ecclefia: fubjcâiorum prorfùs intcrdicimus ; eof-
quc omucs & {îngulos ab Urbc cjufque territorio
& diflridu , & àb omiiib"" civitatibus , caftris ,
icrris five locis fub]C(n:is eiJ: r: Romannc Ecclcfiaî
forbannimus ; ipfofquc Agapitum , Stephanum ,
Jaco^um didum Sciarram , Joannem deSan<fbo
Vito & Oddonem cxcommunicationis fentervùâ
innodamus , ftatucntes firmiter & mandantes ut
nullus didos ]acobum & Petrum & prccfatos Aga.-
pkum, Stephanum , Jacobum di^um Sciarram ,
A V
ïo j^ddîtîons mx Treaves
]oannem&Ocldonemfratres,eos&corumaIiqucm
autaliquos rccipiat vcl leccptet jnullufque cis aui
ioforum alicui aut aliquibus piicftct auxilium ,
confilium & favoicm ; cos qui fcciis fccerint , ex-
commuiicationisicmentiâ innovantes. Prxcipimus
^ctiam fubcxcommunicationis rententia,quamcon.
trarium facientes incurrere volumus ipib fafto, ut
niillus abipris]acobo& Petro & pra:ciidisfra tri-
bus , vel eomm altcro inkhifmate vcl rebcUionc
cxiftentibus , nuncium vel litcras rccipiat au:
mittatad alterum eorumdem.
Recidimus quoquepra:di(ftos Jacobum & Pe-
rrum, Agapitum, Stephanum & Jacobum di6lum
iciaiiam , Joannem de Sanfto-Vito & Oddonem
& alios , Ç\ qui fint filii di(Sli Joannis de Columna,
& filios eorumdem inhabiles ad honorem feu rc-
«^imen vel officium publicum , ecclefiafticum vcl
mundanum , quolibet & quocumquc nominc cen-
feantur , perle vel peralium aut alios quomodo-
lib°t exercenda ; ita quod nec ad illa vocari, el^gi,
vel aflumi valeant , vel ad aliquod eorumdem y
nec ipfî vel aliquis eorum , feu aliqui ca valeant
cxercerc; & ft lecus ta£lumfuerit , illuddecer-
nimus irritum & inane. Si qui vero ex cis vel ip-
lorum aliquis , vel quivis per cos vel proeis , vc!
ipforum aliqucm vcl aliquos in poteftatarioe , ca-
pitanisE , confulatûs regimine vcl quovis oificio
publicohadtenus, ubicumquc pofiti , ele£li , af-
fumpti fuerint vel recepti , pra:fertim quorun*-
cumque provincia» , civitatum , caftrorum , terra-
lumatquelocorum memorata: Ecclefia: (wbjeâro-
rum , illos ab cis peniius amovcmus , executioni-
bus ipfis penitus interdi(fbis . eofque prœcipimus
iiullatenus reaffumi : & fi fecùs fadum fuerit ,
illuddecernimus nullius exifterc fiimitatis
Civitâics vcro , caflra feu loca qux fcientei di-
de Ad. Dupity* TI
^os Jacobum Bc Pecrum 8c praedidos fratres rcce-
perint , receptaverint fivc teiiueriiu , aut in quibus
publiée moram contraxerint , qnamciiu ipfi vcl
alter eorum inibi morabuntur , eccicfîaftico fup -
poiîimus interdidlo : & perfonam ipforum Jaco-
bi & Pétri & fratrum cap endas expoiiimus qui-
bufcumquc fidelibus , detinendas & cuftodicndas
diligcnter , quoufque per dicftam Sedcm aliud fue-
rit ordinacum , &:c. [IncufTac etiampœnae à Pon-
tificc praecipuis Jacobi & Pctri ex Cardinalium
adminiftris & alus qui in iproium poft: conflatum
fcliifma obtcquiiis perftitiilent : tum vctitum laï-
cis vel ccclefiaflicis relicFiofifve , ne iis praeftan-
da Caidinalibus officia déférant. Columnenfîs
ctiam familix clientes facramenti cujufvis vcl ob-
fequii clientelarisrcligionefoluti jOmncfquecuni
iis iuit*E pa-fliones refciflx.] Aârum Romxin ba-
filica Tupradicfla , nimiram S. Pétri, in die Afccn-
fionis Domini , Pôntificatus noftri anno III.
I II.
Sitlle de Bomface FI IL a Philippe le Bel ,
par UcjîLelle il donne une plus ample dé-
claration des intentions cjntl avoit eues en
publiant fa Bulle Clericis laïcos j & il
femhle fe relâcher dhme grande partie de
(es premières prétentions» Raynaldus fous
l'année 1297. N. 45.
BOnifacius &c. Ad pcrpctiiam rei memo-
riam Roman a. m ater. Ecclefia in fuis a£li-
bus veritatcm profequcns , lucem amans, nihil
agit in cujurquam injuriam , & libenter removct
q\iodUbct de luis precefllbus captioCum : & fi boc
in aliis communiter agitur , in te amantifTimo filio
avj
1* ^dditiont AUX Preuves
fpecialiàs evitatur. Sane Conftitucionem noAram
nupcr inEcclefîarum favorem cditam , imitantcni'
anriquas caiionicas fanftioncs , ne Prxlati ecclc-
fiafticarve pcrfona; cujufcumque dignitatis , ftacus
aut conditionis exiftant , fub adjutorii , mutui vel
doni iiomine Impeiatoribus , Rcgibus , Principi-
bus vel aliis prxfidentibus abfque auâroritate Se-
dis Apoftolica: piaeftcntfubridia , quocumque no-
iTîiae cenfcantur ; nevc Imperatores , Reges , feu
Principes , vel aliter prsefidentes ipfa impetere ,
cxigere vel recipereaudcant , nonnuUorum aftu-
tia vel durities intclle^ftiis plus avare , plus rigide
interprctari conatur quàmlanifenfûs judiciumha-
beac, & intentio conftituentis admittat , per qtiod,
fiii cariflîme , à Praelatis & Ecclefiis regni tui ,
prxfertim in inftanti guerra: tuce difcriminc adem-
ptum tibi fubfidiuiTt ingemifcis.
Quia igitur ejus eft interpretari cnjus efl condc»
le , adcautelam tuam ha^redumquc tuorum liumi'
ua dcclaratione decernimus, quod (\ Praclatus alr-
quis , vel quœvis alia perfona ecclefiaftica regni
lui , cujufcumque dignitatis, ftatus , ordinisaut
conditionis cxiftat , voluntariè , fine impreflîone
aliqua cxprefTa vel tacita aut coaftionis irr.pulfu ,
cionum aut mutuum tibi dare aut praeftare voluerit,
dum tamen fub exaftionis nomine vel talliae aut
cujuflibet fupradiâ:i muneris , aut fub quota hoc
i)OQ fiât generaliter vel in fraudem , licet ad id for-
fan tua vel tuorum ofEcialium curialis requifitio
&: arnica procédât ; te , olHciales ipfos , pra^latos
& ecclefiaftica s perfonas ipfa Conftitutio non
allringat ; quodque ad feuda five regalia quac
iidem Prielati & perfonas ecclefiaftica! fub tuo do-
minio tcnere nofcuntur in \\\s qux tibi de illis
tcneniur & dcbent , & Ciericos uxoratos , prout
faai juris iiuelledus admittit , ac illos qui ia fraa-
de M' Dupuy* " TJ
^eoTCaufâ vitandorum muneium cléricale Tchcma
rccipiunt , fe iplîus ConftUutionis iciuciitia non
exteiidat : & in necefTitatisaiticuIo , prout nccei-
fitatem )ura diffiniunt , ubi cvidens ellct in moiA
periculum per te vcl cuos nuncios ad Sedem Apo-
ftolicam lecuriendi, fi à Pra;iatis & peiibnis ccclc-
fîafticis memoiatis per te ac officiales tuos fubii-
dium compctens pctas & habcas, te ac ipfos ex
ejufdem Conftitutianis vcrbis vcl fcntentia decla-
ramus lucide non tencri. Et fi forfuan in pr«di-
dlis , vel circa prxdidia aut alia omiffa prxfenti-
bus aliquid circa Conftitutionem ipram declaran-
t^um ulterius tibi vel tuo conTilio vidcatur , in
Quantum licuerit & expedicrit , Deum non oiîen-
dcndo & audloritatcm Apoftolicx Scdis, proaiptis
affedlibus faciemus. Nulli ergo &lc. Datum Romx.
apud S. Petrum , vu. Id. Februarii , anno III.
I V.
Bulle de Bonrface VI IL du i^. Février,,
far lacjuelle il -permet aux Prclatsde
France de donner une fiihvenmn volontai-
re a Philippe le Bel , en explication de
celle dufcpt dit même mois. Elle eft tirée
d*Hn ancien manufcrit de la Bibliothecf^ie
de M' Pelletier ancienPrcmier-Prefident
du ParleTmnt*^
BOi^ir A cius Epifcopus, ferviis fervorum Dcî,
venerabilihusfratribus Remenfi , Senoncnfi &
Rotliomagenfi Archiepifcopis , ac Bellovacen^ ,
Xauduncnû, Catalauneafî , Lingonenû, Aaiciaî»
i
14 additions" an>: Pniivef
Cl , Ambianenfi , Toinaccnfi , Morinenfi , Sylva-
iic£lenfî , Alti/Tiodorenfi , Treccnfi , Carnotcnfi ,
Nivcnienfi jAbrinccnfi ,Ebioicenfi -, Lexovicnfi,
Conftancicnfî , Dolcnfi , Cenomancnri , Epifco-
pis, falutem & apoftolicam benedi£lionem. Co-
R A M I L L o fatemur qui fcrutator eft cordium &
cognitor fecietoium , quod licet totius chriftianac
Religionis cura & univcrfalis tutela Ecclefioe men-
tis noftra: arcana foUicitent , noftrofque occupent
cogitatus , melius tamen regiium Fiancio! , chri-
ftianiHimi ejus principes , ecclcfîiE ac ecclcfiafticae
perfonsc , incolaeque catholici , quibus ab ipfono-
ilrac primordio juventutis , û veri nobis teftimonii
non negetur auxilium , quâdam fpeciali cura , pâ-
tenti nosafîb(flioneconflringimur, earumquecon-
linentiam ftatùs tam profperi quàm advcrfi tanto
ferventius noilra compleftuntur intrin(cca , in-
citant fludia , & corporeos & mentales fcnfus
diftrahunt , turbant & plaçant , prout & rerum
& temporum ratio fuggcritur , quanto ex iis , &
quia in eis Romana mater Ecclefia pluiquam in
cazteris devotionis & revercntix adinvenire plc-
nitudinem confucvit. Si eadem regnum jecckfias,
peifonas & incolas , prout modernis temporibus
expencntia docuit , & nupcrrime nobis veftrarum
referavit in unum conveniens fcribendi commer-
cium , feries literarum, advcrfi contingat conditio
tcmporis , extcrioresinquietaverint & perturbent
impulfus , ac ctiam inteftini difcriminis , quod efl-
dolcndumgravius , fubvcrfionem corumcommi-
iictur emerfio; illo j^imimmittente illic, ut fcrip-
fîftis, incitamenta diffidii, Comité Flandrenfi vi-
delicet, qui exterioiibus perturbationibus fpera-
baruradefTc rcpagulum , & ipfi regno , eccicfiis,
perfonis Se incolis , velut de principalioribus
membris unus , magnum auxilii fulcimcmum :
de M. Diipuy* rj
noftra ex hoc amaricantur incrinfeca , gravis do-
loris coiicuflïone torqucmur , & in amara fufpiria
commovemur, Régi , legiio, ecclcfiis , cicrocom-
patientes & populo affedlione patcnia. O divma
clemcntia , (\\xx coelcftia pariter & terrena irrc-
fragabilicer fub tua poteftate concludis , conftnn-
ge tantarum fremitustempeftatum , cocrce habc-
iias humani generi inimico , arefceic iata cjus fe-
mina jubé , qu.r totumfeie populumtuum ipinis
& tribulis jam undiquc concuucrunt. O pietatis
a£lor & Talutis amator , compatere fragilitaci hu-
mant mifcricors , & chrifticolarum tuorum illu-
mina fenfus , acftus dirige & opéra , ut in viam fa-
lucis & pacis reducantur à deviis , ne irreparabili
fubmerfione confraâii in hujus mundi navicula
naufragent flufluanti Super eo autem quod vos
gravia vobis & univerfis ecclcfiis & perfonis cccle-
fiafticisdiûi regni , non folum rerum fed ctiam
perfonarum ex iis inftare pericula formidando .
viascxquircntes & modos quibus & vobis & eif-
dem ccclefiis & perfonis acfverlus frciTTcntes in-»
fultus regali providentia , fine qua impolTlbile tc-
netis negotia dirigi , defenfionisopporcuna remé-
dia prxparentur ; nobis per eafdem literas fuppli-
caftis ut charifTîrno in Chrifto filio noftro Phi-
lippe Régi Francorum illuftri pro hujufinodi
communis defcnfionis fuffragio , in qua proprium
verfatur interefTe cujuflibet , imponendi fubvcn-
tionem congruam abfquc tranfgreflioiic conftltu-
tionis noftra; fuper Jioc editar , vobis & univerfis
ccclefiis dicfti regni conccdere licentiam dignare-
mur ; veftram providcntiam commendamus.
Licct 'enim Conftitutionem illam ediderimus
proecc'efiaftica libertate , non tamen fuit noftras
mentis inieatio ipfi régi aliifve principibus fecu-
laribus in tam arftae necellitatis articule , prxci-
ï^ Additions nux Preuves
puè ubl ab extriiifecis injufta timetur invâriîo- , afe
intriiifecis ejufclem regiii lubverfîo formidatur, ac
ctiam prgelatorum, eccleriarum& pcrlbaaram ec-
clefiafticciium evidens periculum imminet ; viam
fiibveiîtioais ex-cludi, quominusipfi praclati , cc-
dcfice , ac ecclcfiafticip perfon^e libero arbitrio
atquc ipoiite de noftia licentia pro communis de-
fenfiaaisauxilio-, in qua proprium cujuflibet in-
tcrefle confpicitiir , principibus & fibi ipfis pro-
videant juxta fuaium modulum facultatum , &
ficut alias di£to Régi ac no-nnullis aliis regni fui
tam littcrariè quam per nuneios cxpiefîîlîe mc-
minimus , fi , quod Deiis avcrtat , ipfum in nc-
cefTitate tam gravi & tam importabili confpicimufi
expofîtum , quod ex tenonbus egere fubfidiis
noiceretur , non loluni de bonis ccclefiafticisdifti
leojiii fui fîbi ea piceftari veilemiis i quinimo Ec-
clciiae Romanar les , polTe , ac bona , ac perfo-
nam noftram exponeremus pro fuorum conferva-
tione jurium , cjufque nece/Titatibus fublevandis,
in quantum fecundum Deum nofter & ipfius Ko-»
jior EcclefiGt pateretur.
Veftris itaque in hae parte fupplicationibus an-
nucntes , pr^eféntium auftoritatc concedimus ut fi
"Calus communis & evidentis nccellitatis immi-
neat , ut fcripdftis , ac idem Rex veftram & alio-
rum praelatoium , ccclefiarum & perfonarum,
locoium & bonorum di£li regni fui voluerit dc-
fjcnfionem aflumerc , acaiîumar & efEcacicer pro-»
fc quatur , & id cxpedirs videritis ; liceat vobis &:
iifdem praelatis , ecckfiis & pcrfonis ecclefiafH-
€!•= abfque mctu Conflitutionis ncftrae prscdi<ft£«
ipfi Rcgi pro hujufmodi veftrae ac ipforum Régis
èc regni intrinfecx defcnfionis fubfidio fubvcntio-
ncm congruam , prout vobis & cas^tcris praslatis
îe^ai praîfati , fcû majori parti vcflrum & ipfb-
de M. Diipny. 17
î?nm videbitur , voluntariam & liberâm , non
eoidam , abfque omni concuflîonc , exa<n;ione &
cxecutioiie temporali vel laïcali exigenda , hac
vice praefenti noftra fretis' licencia impcrtiri ,
eamquc fimilitcr Rcgi liccat recipere memorato.
Voliimusautcm quod fi fibi rubveationem liuiuf-
modi prarltari contingat , foimam & modum &
cjuantitatcs ctiamac quiiquid fuper hoc fadum
cxtitcrit, nobis pcr vcftrasliteras mtimarc curctis,
ut Ç\ diicrctè vel indifcrctè , modcratè vel immo-
dcratè promilTa proccfferint , & fi acceptationem
vel moderationem exegerint , clariùs vidcamus.
Scirequoque vos volumus noftrac iiitentionis exi-
iiere ut ejufmodi liccntia annualcm terminum non
excédât. Datum Rom^c apud S. Petium , 11. Kal.
Mart. Fontificatûs noftri anno III.
V.
Sentence arbîtrale rendue par te Pape Boni-
face Bcneditl Gaictan entre le Roi Philip-
pe le Bel 6" Edoiutrd Roi d^ Jinaleterre ,
poiirphipeiirs dljferends , oh le Papepreni
laquoilitè d^ arbitre comme perfonne pri^
vée , ainfique les deux Rois en étaient con-
venus i tirée de Raynaldus fous Tau-
née 12^8. N. 2.
IN nom' ne Domini , amen. Anno Domini 119?»
Indi(ftionc xi. PontiHcatûs Domini Bonifacii Pa-
p.T V'III. anno iv. dicxxvii. mcnfîs Junii, Can-
■€lilTimus Pater & Dominus ,DominusBonifacius
^ivinâ provideniiâPapa VIII. aibitiium, Uudum^
7^ '^ douions AUX "Preuves
di.^nitioîiDm , arbitralem fcntcntiam, amicabilcm
Compoficionem , mandatum , ordiiiationem , &
aiia infrafcripta recitavit , IcgriFccit , dcdit & pro^
Tuiit in hune modum. Diidum intcr charifîîmos in
Chrillo filios Philippum Francorum ex una parte ,
& Edouaidum Anglix Rcges illuftres ex altéra ,
iuggerentc inimico humani gcneris pacis acmulo ^
fuperdiverfisarticulis materia difcordix ac dif-
fcntionisexorta ; tandem iidcm Reges perfpecia-
les nuncios & procuratores ipforum , ad hoc ab
cis mandatiim habentes in nos Bonifacium , di-
vinâ providentiâ Papam VIII. tanquam in priva-
tam perfonam , &: Dominum Benediâ:um Gaieia-
num tanquam in arbitrum & aibitratorem , lau-
datorcm,diffiniiorem, arbitralem fententiatorem,
amicabilcm compofitorcm , prazceptorem , arbi-
iratorcm & difporitorcm & procuratorem fuper
rciormanda pace & concordia intcr ipfos Reges i
ac fupcr lis quse ad pacem pertinent , fuper omni-
bus & fingulis difcordiis, guerris , litibus, contro-
verfiis , caufis , qua:ftionibus , damnis & injuriis ,
petitionibus &: adioiiibus , rcalibus & perlbnalir
busatquemixtis qua: fuerant & crant feu verte,
bantur , & cfTe vel vcrti poffent intcr ipfos Reges
occafîone quacumque ; de alto & baflo abfolutè
&: libère compromitterecuraverunt. [ Nonnulis
interjcdis , concepta hifce verbis latgc de redintc-
grando fœderc Sententiae forma fubjicitur. ]
Pronunciamus hac vice , ut inter eofdem Rcges
fiât & fît perpétua & fi:abilispax;& quodtreuguac
vcl fufterentice voluntaria; dudum indiftx , initae
ac firmata: intcr ces, eomodo & forma, acomni.
bus & illispcrfonis Se terris , & fub illis pœnis ,
conditionibus & tcmporibus fub quibus indi6tat ,
initaer ac firmatac fuerint , inviolabiliterobferven-
tur. Ad hujufmodi auicm paccm confirmandâm ,
de M, Dii^uy. \9
roborandam , arque fcrvandam infra rcmpus , &:
^uod duxciimus modeiandum, pra^farus Rcx An-
glix Maiîrarecam fororcm pra-didi Régis Franc'sc
recipcrc ac duccrecum dotalitio quindecim mil-
lium librarumTuroncn/ium, afiîgnando pcr ipfura
Regcm Angliae iiilocis compctentibus, de quibus
inter partes fuerit concordatum , vcl [ ubi partes
ipfx non concordaient] per nos arbitratum tuent,
in uxorein; & idem Rcx Francia? candem fororem
ruameidem Kegi Angliac in uxorenr darc & tra-
dcie cum dirpenfatione Sedis Aportolica: tcnean-
tiiu : quodque ifabellisfilia prachbati Régis Fraii-
cio: , qua: infia annum feptenum dicitur conftitu»
ta, fuo tcmpoieEduardo prardiftl Régis Anglix
filio , qui j-im decimum tertium artatis iua: annum
cxegit , cum fîmili dirpenfarione matrimonialiter
cum dotalitio decem & oclo millium libraruin
Turonenfîum fimiliter alTignando per eumdem
P.egem Anglix pro dicflo fîlio fuo in compctenti-
bus iocis de quibus concordaverint ipfx partes ,
de quibus nos duxcrimus arbitrandum , fi fuper
hoc inter eos non provcniet concordia , copulen-
tur , idque fîrmetur atque valletur ex nunc modis
infenusannotatis [ iifque defcriptis fubdit ].
Item dicimus , iaudamus , arbitramur , feu
ctiam difHnimus quod de omnibus bonis mobili-
bus vcl fe movcntibus , ablatis vel aliàs malè (ub-
tra£tis,& de omnibus damnis daris hinc inde antc
tempus motx vclortar guerrx pra!rentis ; primo de
omnibus quaz extant & con'umpta non funt , prac-
fertim in terra , quod Rex Angliae omnia quac de
pra.'di6tis extant & confumpta non funt , pracfer-
tim de navibus & aliis quibufcumque bonis per
Anglicos & Valcones & eorum complices antc
gucriam occupatis in mari vel in terra , quod Rcx
Augliit omnia qux de prâ:di(^is cxcant, bona -fide, .
2 0 u4dJitiotîS aux 'Preuves
f: ne lue & abfque figura judicii , omiii fraude cef-
laine, ad requifitionem Régis Franciac vcl nun-
tii fui ftatim faciat ad plénum rcftitui ; & Rex
Fuiiciac fimilitcr, fi qaa talia aiitcdi(ftam gucrram
capta vcl ablata apud ipfum vel in iua poteftatc
extantia icpcita fuerinc , fimilitcrad plénum refti-
lui faciat, à pra:fato Rege Anglise vel ejus nuntia
requifitus. De ablatis vero non extantibus , fed;
dcperditis & confumptis , laudamus , arbitramur,
iieueiiam diffiaimus , quod Rex Angli^ ad rcaui-
fîtionem R<?gis Franciac vcl nuntii ejus fatishert
faciat , & ad hoc facicndum etiam teneatur find
lue ac figura judicii , bona fide & omni fraude
ceflante ; & Rex Franciar fîmiliter , fi qua per
gentes luas ablata , deperdita feu confumpta
inventa fuerint , ad requifitionem Régis Anglice
vel nuntii fui faciat fatistieri, taxatic3fue nobis con-
tra ucramque partem , ubi pcr concordiam par-»
tium negotium fuper prafdi6>is fopitum non effet ,
plenariè refcrvata.
Item dicimus , laudamus , arbitraiwur , feu etiam
«lifîinimus , quod idem Rex Angliae de omnibus
ter lis , vaffallis & bonis , qux ipfe nunc habet &
tenec in regno Francix , feu tenebat ante motam
guerram procfentcm , habeatillam quantitatemSc
illam partem terrarum , vafiallorum & bonorum
eorumdem, quam fibi ex virtutc compromifTorum
piiEdt<ftorumlaudaverimus& manda vcrimus aflî-
gnari , & intcr Reges ipfos fuerit concordatum ,
& fub illis fidelitate , bomagio , modis & condi-
tionibus habeat , fub quibus ipfc ac Pater fuus ha-
builTe hadenus & tcnuiffe nofcuntur , modis &
temperamentis pcr nos adhibcndis tn abufu , (t
quis ex parte gentis Régis Francias haflcnus com-
miffus invcntus fuerit in exercitio reforti : modis
ctiam & tempcraracntis per nos a4hibendis i«
de Ad. Dupuy, 2 1
^l)ufu partis altcrius , fi quis vidcliccf tx parte
Régis Anglia; vel faorum hadlcnus commilTus
contra jusrefoni fuerit inventus , ne talia in po-
ilcnim committantur : conditiombus etiam , mo-
Jis & fecuritatibus pcr nos imponcndis & adlii-
bcndis in terris, vaflallis , bonis & aliis quae
per noftram pronunciationem feu concordiam
parcium pra'fatus Rex Anglijc habiturus cil de
prncdiâiis , ne amodo idem Rex Angliac vel fuc-
cefTorcs ejiis eontra Regem Franciae vel fuccefio-
les ipfius valeant rebellare.
Dicimus etiam , laudamus & arbitramur , feu
etiam diffinimus ; quod ex tune omnes tcrrar ,
valTalli & bona prjcdifta , & alia , tam qux tcnct
RexFranciae dciisquac tenebat Rex Anglice antc
gucrramprxfentcm ,quàm qucetenetRex Angli^
inregno Franciac , bona fide & (ineomni fraude ,
abfoluteac libère in manibus & poffe noftris po-
nantur , & aflîgnentnr , tenenda à nobis nomine
Régis Franciac , quae ex parte fua ; & nomine Ré-
gis Anglix , quac ex parte ejufdem nobis fuerint
afllgnata ; ita tamen quod per hoc in pofTenionc
vel proprietate nihil novi juris accrefcat alterutri
partium, velantiqui decrefcat. Super quorum affi-
gnationc fi qua fuerit exorta dubitatio vel ambi-
guitas inter partes , illam noftnx dcclararioni &
arbitrio refervamus. Qiiod fi forfan àiô:\ Rcges
de ipfis terris & bonis ad invicem concordaverint,
volumus , laudamus & arbitramur ex nunc id in
quo concordaverint , perpétue & inviolabiliter
-obfcrvari : alioquin nos ex compromi/îî praedi(fbi
virtute apponemus ad id illud remedium quod
Dominus miniftrabit , & ex tradita nobis poteila-
tclicebit. Si vero cafu aliquo contingente hocfa-
çere non poflemus , volumus , dicimus & arbitra-
mui quod unique parti priftiua jura fâlva rcai^*
21 yÊdditio'/is m.v Tmives
ncant & \\\x(2. , &c. Aâ:a & proiiuntiata fuerurît
aibitrium , laudum , arbicialis ientenda , manda-
tiim , diffiaitio , ordinatio , dirpofîtio & omnia
{iipiadiâ:a , per eundem DominumPapam , ut fu-
peiius enarrantur , anno , indiélioiic , mcnfe ac
die prxdi£lis. Rom^ apud S- Pctrum in palatio
papali, in confiftorio publicofafto in falamajori,
pra^fcntc ibi gentium mukitudinc copiofa , &
pracfentibus rcverendis patiibus dominis , Dci
gratiâ , Gcrardo Sabincnfi , fratre Mattha:o Por-
tuenfi &S.RuiBna2, & Joanne Tufculano Epi-
fcopis ; Joanne tit. S S- Marcdlini & Pctri , Ni-
colao tit, Lauicntii inDamafo , fratre jacobo tit.
S. démentis , Thoma tit. S. Ca!cili^E , ac Rober-
to tit. S. PotcntiansE, prefbyteris; Mattha^o fan(flae
Mariaein porticu : Ncpoleone S. Adriani, Guil-
lelrao S. Nicolai in carcere Tulliano , Francifco
S. Maris in Cofmedin , Petro S. Mariar novse , ac
Jacobo S. Gcorgii ad vélum aureum, Diaconibus
•5. R. E.Cardinalibus &c.
V I.
Lettre de Bomface VI IL au Rot Philippe
le Bel j dans laquelle il fe plaint a lui des
vexations faites au Clergé defon Royau^
me , tirée de Raynaldus fous l'année
BOnifacius 5:c. chariffimo in Chrifto fîlio
Philippe Régi Francoium illuftri. Dudum
cclfitudini tnce propter imminentis nunc tibi & re-
gno tuo intrinfccae guerra: periculum , pro falubri
dcfenflone intrinfeci ftatils ejufde.m regni , <juod
de M. Bupiy. j^
^Scdcsipfaveluthortum conclufum in quodivinus
cultusprarteritis tcmporibusviguit , inter finvT;j}^
régna mundi dilcxic & diligit; omncs friidïus
icditus& provcntus & obvencioncsquaflibct oril
mi anni omnium piscpofîturarum , dccanatuuni
archidiaconatiium & aliarum dignitatum cccle-
fiafticaium archiepifcopalibns , epifcopalibus ac
monaftcriisfeu abbatiisduntaxat exccptis; & pra;-
bcndarinn & bencficiorum omnium qux in rco-no
ipfo dida gucira durante , vacarc contincrcret •
in immincntium tibi expenfarum lublîdium duxi-
rnusconcedendos , prout in literis feu privilegio
iupcr hoc celfitudini tua; conccHis pleniùs conù-
netur. Vcrùni diveifas poflmodum & luduofas
Ecclefia'GallicanîE querelas acccpimus.quod mili-
ta & grandia , quin imo intolcrabilia gravamina
jDiîCtcxtuconceiïîonis hujufmodi ccclefïis & peu-
(bnis cccledarticis , tam regularibus quàmfecula-
ribus di<fti regni pcr cxecutorcs tibi datos à nobis ,
vel pci fubdelegatos ab cis , fiveper feculares ba-
livos, officialcs & niiniftios regios hujufmodi pri-
vilegium plus debito cxtendentes in divcrfis calî-
bus ; & maxime quando per hujufmodi exécute-
res vel fubdelegatos iovocatur fupra eis auxiJium
brachii fccularis ; illata dicuntur haifbenus , &
quotidie ^raviusirrogaii , &c. Datum Laterani ,
V. Kaleud. Februarii \ Pontifîcatûs noilri amio V.
24 \Additions /inx Preuves
V I I.
Ex^rnpîdr Uterarum indiElionis JubiUi ,
1300. a Boni facto VIII* infiitmi , fer
SylveftrHm ejitfdem Pap^e afecretis miffa"
rum ad EcclefiamAinalJîtanam \ ex parte
2^ Codicis juris gentium diplomatici ,
BOnif A cius &c. Ad ccrtitndinem prxfciitiunv
& memoriam futurorum. Antiquorum habet
fida rclatio , quod accedentibus ad honorabilem
Bafilicam Principis Apoftolorum de UrbejConcef-
fae funt remifliones magnac Scindulgcntice pecca-
torum. Nos igitur qui juxta officii noftri debituni
falutem appetimus & piocuiamus lubcntiûs fingu-
lorum, hujurmodi rcmifïîones & indulgentias om-
ncs & fingulas ratas & gratas habeiites , ipfas au-
£toritate apoftolica confirmamus & approbamus j
ac ctiam innovamus , & pracfentis fcripcipatroci-
nio communimus. Ut tamen bcatifllmi Pctrus &
Paulus Apoftoli eô ampliûs honorentur , quô ipfo-
lum Bafilicae de Ui'be devotiùs fuerint à fidelibus
frequentatce , & fidèles ipfi fpecialium largitioiic
munerumcx hujufmodi frequentationc magisfeii-
ferint fe refe£los ; nos de omnipotentis Dei mi'»
fericordia & eorumdcm Apoftolorum ejus men-
tis & audoritate confifi , de fratrum noftrorum
confilio & apoftolicx plenitudinepoteftatis om-
nibus in pticfenti anno millefimo trccentefimo à
fcfto nativitatis Domini noftri Jefu Chrifti prazte-
ritoproximc iiichoato , & in quolibet amio ccntc-
ilmo
de Ai* Dupuy^ 2^
^mo fecuturo , ad Bafilicis iplas .iccecciitibiî*:
rcvcrciiter , verc pccnitentibus et contc/îls ; vel
qui vcic pœnitebnnt &: confitcjuntur iii hujufaio-
•di pi-xlcnii & quolibet centeîlmo Iccuturo annis ,
non {ohim plcnam Se brgioiem, imo plcaifTimam
omnium luorum conecdimus vcniam peccatoium :
ftatucntcsut qui volucnntliujuIrnoGi iiiduîgencix
à nobis conceirr fore participes , fi fucrint Roma-
ni ad minus triginta dicbuscontiiuis vel iuterpo-
-lacis , vel laltcm femel in die ; lî vero peiegn; i
fuerint aut forenfes modo fimili dicbus quind'e:im
ad Bafilicas cafdcmacccdant. Unurquilqiie tamea
plus mercbitur ,& indulgentiam efHcaciiis confe-
quccur , qui Bafilicas ipfas ampliùs & d«votiiis
hcquentabit. NuUi crgo &:c. Datu n Romx apui
S. Petrum viii. Kal. Mail , Pontidcatùs iioHii
aiino VI.
VIII.
Bulle de Boni face Vllî, aux deux Chajicf^
lier s de tVniverftté de P-ris , afin au ils
retiennent dans rUniverJîié de cette z'ille
le nombre de Doreurs en Théologie & en
Droit Canon cjuil convient ponr y faire les
Leçons y &quih envnyent tous les autres
aRome ^.u Synode qnily a ind!q:ié. Du 5.
Décembre 1302.
BOnifacius Epifcopus^fervus fcrvorumDci,
dileflis filiis , Caacellario fa-ida: Genovcfx
& Decano & Cancellario Parifi'-nfis Academix ,
iiUucm & apoftoJicara beucdidtioiism. Ditcie-
b
i€ ^dJÀtlons an y: Preuves
tioni vefticT committimus , quatenus vos duo aut
unus vcftiûm , pra;feitim tu Cancellaric , provi-
dere po/Titis de tôt & talibns Do£loribus & Ma«
giftiis , ut Parifius remancant ad acftu regcndura
ibidem , de quot & quibus videritis providendum;
ita quod tam utile ftudium & famofum Do(5lore5
fufficientcs habeatin Theologia & JureCanonico
praîdidlis. Pcr \\xc autem , tu Cancellarie , ftatuto
temporc venirc pcrioiialiter ad noftram piscfeii-
tiam non ornittas.DatumLatciani,Non. Decemb^
Poiitificatûs noftri anno VII.
I X.
Dèfenfes faites par le Roi a tous les Eccle-^
jfiafli^ues defortir de fort Royaume : tirée
du tome iv. de l'Hiftoire de l'Univer-
fité de Paris par du Boullay , pag. 35.
PHiLipPUs Dei gratiâ Francorum Rex , BaiU
Vivo Aurelianenfi vel ejus locum tenenti, falu-
tem. Cum nos rcgninortrihis diebusutilitatepea-
fata , dehberationeqne tuper hocpr^eftita fub ccr-
tis femcl & iterum formis diflrifti duxerimus pro-
hibendum ne quis de incolis regni noilri certis
rationibus & caufisin ipfa prohibitionc contentis,
ab eodcm regno abfque fpeciali licentia exireprae-
fumcret , quoquo modo , nonnulli nihilominus
Prœlati , Abbates , Priores , Magiftri in Theolo-
gia , Doâiorefquc ]uris Canonici & Civilis, Se
alia: qua-dam ecclefiafticae & feculares perfonar ,
prout ad noihum nuper vcnit auditum , inhibitio-
ne noftra fpieta , ab codem rcgno cgrcdi , quod
ipoleftum gerimus , pr^çfui-npferuat. NoJenies igi-
de M, Duptiyc 27
tur ob îpfai'um abfeiitiam perfonarum bons coiuin
rcmpoialiadiffipari , & potius ea cupieiites pro-
vidé confcrvari , mandamus tibi quatcnus boni
omniatcmporalia perfonarum quarumUber BaUi-
\x tux , qua: prohibitionem nollram tranfgiciTc-
lunt prx'didam , ad manum noflram caufà cufro-
A\x ponerc non obmittas , caque diligentcr cufto-
diri tacias , doncc de certis corum cuftodibus du-t
xerimus providendum. De nominibus vero ipfo'*
rum & quantitate bonoruni immobilium fingulo-
Tum te diligentcr informes , informationem quam
indc fcceris , nobis quamcitiiis rclaturus , vel fub
fîgillo tuo indufum mifTurus. Acflum Parifius
Dominicâ poil fcilum S. Lucse Evangeliila: , amia
Dominii30i.
Bulle de Bonlface VIII* p.tr laquelle il ex^
communie en gênerai tous ceux qui em^.
pèchent quon aille à I{pme vifiter les tom^
beaux des Apôtres , ou qui en reviennent:
tirée Je Reginaldus fous l'année 1302*
Num. 14.
BOnifacius &c. Ad perpctuam rci mémo-
riam. Excommunicamus & anathematizamus
ex parte Dciomniporentis,Patris, & Filii ,& Spi-
litûs fan£bi , auftoritatc quoque beatorum Pétri
& Pauli Apoftolorum cjus , &: noftrâ , omncs illoj
qui ad Scdem Apoilolicam ven;entcs vcl reieuntes
ab eâcapiunt , fpoliant , vel dctincre pra£;fumunt ,
aut impcdimentum aliquod cxh bcn*" quominds
ad eau4cm Scdem libère cum perfonis bonis ôC
IS ^ddîtlom âii\' VretiVcs
rcbus fuis vcniant & rcdeant ab cadcm ; etiarnfi
impcriali aut rcgalifulgeant dignitate , feu cujuf*
cumqiic akerius fuerint praemincntice , dignit^-
tis , ordinis jConditionis aut ftatûs : non obfianti-
bus quibulcumque piivilegiis & indulgentiis cis
vel corum alicui, vcl aliquibus ab Apoflolica Sedc
/iib quavis forma vcl tcnore conccflis, quod intcr-
dici , fufpendi vel excommunicari non poffint ,
c^ux proiiiis tollimus & rcvocamus omnino ad
hoc quod contra hujulmodi noftram iententiam
& proccfTus pcr ea nequeant fc tueri , quominiis
includantur in ci s.
Declaramus inluper omnes prxdiftos & alios
<}ui perfe vel tuos ofiîciales feu minillros aut per
alios incolis imperii , rcgnorum , feu terrarum
fuorum , vel tranleuntibus pcr ea , undcciimquc
oriundis , ad Sedem venientibus mcmoratam , vel
venientibus ad cadcm , cquitaturas limitant vel
fubtraluiut qux dcFcruntur leu reportant pro fuis
t)pportu'iitatibus vcl cxpcnfis , vel qua:visaîia,
res &i boni ; aut apcriunt litcras vel auferunt , feu
taxant numcrum perfonaium , vcl famlliarium,
"vel quantitatemexpenrarum aut evc£lionum , veî
alias directe velindiredle , talibus venientibus vel
^cde-'jntibusimpedimentum vcl obftaculum pra'fta-
reprxfumunt : impeditores fore ad dicl:amSs<ieni
venientium &: redeuntium ab cadem , & anathe-
n\atis & excommunicationis fenrcntiam incur-
rere fupradi(ftim , iplofque fie ligatos à facra-
xncntorum pcrccptione nunciamus cxclufos •• di-
flriftè prxcipieatcs & ut nailus ea ipfisminiftrarc
prxfumat , nœ cîiam facramentum pœnircntiîc
nfi in mortisarticulo ccnllitutis ; fed nec tune ,
nifi de ftando m.indatis ccclefi^ , ratisfa(*tionc vel
fuftîcicnti cautions pramilTis. Eos vero, eujuicunu ,
^iK fuerint pro^caiinencia,', dignitaris , ordims, j
âeM' JDupuy. t%
t&néit'xoms atit flatiis y etiamli aichiepifcopali vct
cpifcop.ili (iignitatc prscfuli^can: , qui contra liu-
jufmodi nolhuMi pnrccptum talibus vcl coiuni
alicui facramcnta vcHacramentum aliqiiod prx-
llimpfciinr minilUarc.cxconimunicatioiîis & ana-
tKcaiatis Icatciitia innodainus , cifquc intcrdici-
nuis prardicationis , lc6tioiiis , adminiftratiouis fa-
cramcntorum , & audiendi coiifc/îionis oiîicium ,
pixdiccntcsapcitc impediciuibus Sz contcmpfori-
V)us (upradidis , nos g raviùs contra cos Ipiiitiu-
liter &: tcmporalitcr , prout cxpcdire vidcrimus ,
proccduros , Sec. Acium Latcrani in fcfto Dcdi-
cationis Bafîlica," Prmcipis Aportoloium in Urbc ,
Pontiiîcatus noftri anno VII 1.
X I.
Conclnfions prifes par t Archevcque de Nar-^
bonne cotitre le Pape Bon if ace f^III. en
pleine affcmblée des Etats du Roy.iy.me i
lirccs Jcs Manurcrîts de XI. de Brica-
nc, Num. \6-j, pag. 15^.
ÏNtcrluisconteniioncs convcnernnt Luteti.xOr-
dincsRcgiii , in quorum medio Archicpifcopus
Narboncnlis fermocinans decem accufationis ca-
pita in Bonifacium proFcit.
Primo , Q^iod fit fîmoniacu<;.
Secundo, Quod dicat fc non poflc commit tcrc
/imoniam.
Tertio, Quod homicida fît.
Quarto , Quod ulurjuius, idquc c(Tc mamfeflif-»
il m.! m.
b iij
50 ^ddlttotîs aux Trenvcî
Quinto , Quod non adhibcat fidem confident
tibus EuchariAiam,
5exiô , Quod anima fit mortalis , & quod aliud
gaudium non fît ni fi vicœ piarfentis.
Septimo , Quod fit levelator confeflîonum \
nam cocgir quemdam Cardinalem ut confefTîonem
a quodam Hifpaniae Prefbytero fibi faflam rêve-
laret , quâ cognitâ Epifcopum loco movit , fed
pofi: pecuniâ placatus Papa cumdem rclHtuit.
Gifla v6 , Quod duas fuas ncptes conftubias co-
gnoveric , & ex utrâque filios progenuerit ; ô £oc-
cundum patrem !
Nono , Quod Régi Angli« concefferit omncs
décimas de ccclefiafbicis bonis in fubfidium belli
contra Francorum Regcm.
Dccimô , Quod ftipendio allexcrit Saraceiios
id invadcudam Siciliam.
Itaquc ad Scdcm Apoftolicam , tum , ut ipfe
dicebat , vacautem , futurmnque concillum ap^
pcllat.
X IL
Lettres "Patentes de Philippe le Bel, par
lefcjuelles il déclare éjiiil prend enfapro^
teÙion le Chapitre de l'Eglife de Paris ,
en confejuwce de ce cjne ce Chapitre avoit
adhéré avec lui a V appel au futur Concile
contre le Pape Boniface VIIL tirées Jcs
Manufcrits de M. de Brienne, cod*
166. pag. 215.
PHiLippus Dci gratiâ Francorum Rcx , uni--
vcrfis pra-fentes litcras infpcduris , falutem^
Cum Piiclatos, Baroncs , & alios fidèles & fub-
'de M. Bupiiy. $ T
clitos noflL'os dcfenderc teiicamur , Nos dileftis
nolhis & Capiculo Ecclcfur Parificnds , necnoii
fîngulariter Canonicis Se perfonis cjufdcm Ecclc-
fis\ promihmus quidem quod pcrfoiias fuas , fta-
tiim &: libcrcatcsipfius Eccicfia: fiix , confangui-
neorum, parcntum, affiiiium, amicorum & lubdi-
loram ruorum , qui de adhxicntibus facrint , Se
alioruiii adhorrcnàum & adhxrcre volentium cffi-
cacitcrdcfcndcmus , lîbiquc affiftcmus in eoruni
defeiirionem contra omncm homincm qui vcllet
ilatum , lionoicm , libellâtes & nua pra:diâ:a in-
fiingcrc vcl ctiani annularc , & fpecialitcr contra
Bonifacium nunc Ecclcfia; Romanx rcgimini pra:-
fîdcntem , qui multa contra nos , ipfum , & alios
Prxlatos , flvc rcG;num dicitur comminatus fuilTc;
nec nos ab co & fuis , ut pritmifTum cft , ncc ipfos
à nobis in dcfenîione pra:di<flaieparabimus , nec
cîiam excludcmus , faciemufquc de convocatione
Concilii gcncralis , quod aliàspromifimus , ficuc
in inflrumeiijcis publicis inde confccflis pleniiis
continetur. Cumquc tara Nos quam Prx'lati &:Ba-
rones legni noftri fub certis formis provocaveri-
musficut in fcriptis , ne dicflus Bonifacius corn-
motus occafionc prarmifTorum vel aliquorum ex
cls procederet contra Nos , Pra-latos , Baroncs ,
fubditos nofl:ros,proutininftrumentispubIicisindc
confedis pleniùs continetur , promittimus quod fi
di6las Bonifacius jam forte procefTerit occafionc
piarmifTorum , vcl quia Prcxlati per nos retenti pro
defenfione neccflaria regni noftri poft e)us voca-
tionemcx'inopinatocmero;entem , ad vocationem
hujufmodi non ivcrint , fed ad requifitionem no-
ftram fc ex Icgitimis caufis excufarunt i vel procé-
dât pcndznti ncgotio Concilii , vcl ctiam tcrmi-
nato ,pra.'mifrorum occafionc , quocumquc quae-
Uto coloic, cxcommunicando , inteidiccndo , fu(^
b liij
3 1 ^^ddltîons AH V Treuveî
j)cn<^cn^o , deponcndo , abîblvendo à jurâmcnt*>
iidelitatis vel homai^ii , aut alterius cujufliber
oWigationis viaculo , feualuscjuoquo modo con-
tra Nos , Prarlatos , Baroncs , confangiiineos , pa-
Jentes , affines , amicos vcl fu'oditos corumdcm ,
Tel allas adhérentes vel adhaercre volcntcs ; Nos
4idis Pralatis , Baronibus & aliàs adha.Tcntibus'
&: adliisrere volentibus aiïîilemus &: detendemuç
cordcm , nec nos reparabimiis ab cis , ncc abfolu-
tionibus à juramentis quibuflibet in praitenti nc-
gocio facfiis vel pia:flitis per qucfcumque , vel
iliis qnibufcumquc relaxationibus indultis vel in-
cidlgendis , impctiatis vcl impctrandis, oblatis
Ycl conceiTis , oiîcrendis vel etiam concedendis
utemur. imo femper cifdem Praslatis , Baronibus
& aliis adhiErentibus vel adhacrcrc volentibus
adhocrebimus , Nos , han'edcfque noftros ad om-
nia prxmiiTa & fingula pra^milTorum inviolabili-»
ter obfervanda Tpecialiter obligantes , ut ea pro-
pofitis facroCanâris Evangeliistencrç & adimplsrc
jurari fecimus in prcefentia noûra & in animam
rioftiam per dileftum fidelcm noftrum Comitcm
Sanâ:i-Pauli. CîEteriim carilTima: conforti noftrce
Joanna: Regina; Francia; , ac cariffimo Ludovico
prinriogcnito , ut & Philippofecundogenito , natis
noftris , & Baronibus fupi^praediâris damus prx-
fentibus in mandatis , ut eiCdcm Decauo , Capitu-
lo finguUfque Canonicis & perfonis omnia & fin-
gula prxmifTa promittant , lequc exprelTc ac fpc-
cialitcr obligent ad obfervationem eorumdem , &
fimilibus juramentis obflringant. Nos vero per
promiflloncs &juramenta qua;ipfi Dccani & Ca-
piiulum fuper prxmifTis & prxmiffa tangcntibus
iiobisfcceiint & prseftiterint , non intendirau^ nec
volumus novum homagium , juramcntum feu
aliam novam fervitutem in ipfis Decano & CapU
de M, Du^uy. 55
tulOjfingulariburqucCânonicis & pciTonis ejuf.
dcm Ecclefia; , &inipforum etiam ruccefToribus
inaliis acquircrc in tuturum. Nos autcm Joanna
Dei giatiâ Francorum Se Navaira: Rcgina , Cam-
pauiac Briacque ComitilTa Palatina ; Norque Lu-
dovicus &: Philipçus pra^fati omnia &■ fîngula tc-
lîcre firmiter , Se hdeliter adimplerc , quantum ad
DOS pcrtinec vcl in futurum pcrtinere potcrit , pro-
mifimus , &z prarfatum Comitem San£li-Pauli m
animas noftras juraie fccunus , Nos , hxredcs Se
fucccfTores noflios ad hoc cxprcHc & fpccialiceu
obligantcs. Nos vcro prccnominatus Rex , pr^c-
niilTa omnia & fingula per piacfatos confortcm
& libcros noftros de mandato noflio promifTa ,
jurata & pratdiftas obligationcs modo pra:di<n:o
faftas fuiftc tcftamur , & ad majoicm eaucclam
figillumnoftium ,Nos , Rcgina pracdifla appen-
di fccimus unà cum figillo pra^fati Domini noftri
Rcgis.Datum Pari fius die Martis poft feftum fan-
£ïi Laurentii , anuo Doimui milkluno trccciucfi'»
bv
34 additions AUX Preuves
XIII,
Procédure que Bon if ace VII L devoît faire
fulminer contre le Roi Philippe le Bel le
jour de la Notre-Dame 8. Septembre ,
qiiilfnt arrêté par GmllaHme deNogaret.
Cette Procédure a déjà été imprimée a U
page i8i. des Preuves de M, Dtipny ,
matis avec tant de fautes & de lacunes 5
quelle, neft pas intelligible > on la donne
ici de nouveau plus corre^e , tirée du toms
15. de la Continuation des Annales ds
Baronius par Raynaldusfous Cannée 1 3 11 «>
iV. 44.
SUj>eb. Petrîsolio, cxcelfo tlimno divî-i
na difpoficione fedcntes , illius vices gerimus ,
cui per Patrem dicitur : Ftlius meta es tu ; ego ho~
diegenHî te : PofiuUi a me ^ ^ ddbo tibigeyites ha^
feditatem tu,%m & fojfejponem tuctm ttrmïnosttr*
YA. Reges eos in virgjt ferrer , ^tanquitm njas
figtdi confrirges cos Q^o monentur mt intclli^
gant Reges , difciplinam appréhendant , crudian-
tur judicanres teriam , quod ferviant Domino iii
timoré ôc exultent ei cum tremore , eum exarferit
ira ejus.Ideoque magnum judicamus & paryum,
quia cjus fiimus Vicarii , apud quem perfbuarum
acccptio nulla reperitur. Hoc veteris & novi
Tcftamenti veritas habet: hoc venerandoruni
Cocciliorura probat audoritas : id fanâioruni
Patiuin tercet fsateaùa : id eçiam ua;uràUs ratio
de M. Dupuy, ^j
manifcftat. Scd licet txnu potelUtc fit prnrdita
Pétri Scies , taataque pollcat dijnirate ; tameii
ut pius patcr rcveritatcm manluetudiiic tempéran-
tes ac lenicntcs Liquitace rigoicm, non ad conhia*
c;endum , quamquam jull-è polTemus, fcrrcam ,
îed ad dingendvim in viam (alutis , direcflionis
virgam in pixCentiaium aflumimiis , & corre-
flionis fciulam amplexamur. Noviim ad hoc ni-
hil , prout ncque grana de fpicis excuti fccimus >
nempe fimpliciter judicaatis opcrà fungimur .•
quin imo utentes denuntiatorum ofîicio nullas
pœnas Philippe Francorum Régi imponimus , fcci
ci proptcr excédas iuos jam excommunicato no-
lonè inflidas potius à jure intimanius.
Bonus itaque medicus , (î quibuLiam medica-
menta morbis officiant , (e de gratia vertit , noi\
cis ftatim duriora fub iciens , ied leniora , nili
niorborum aliud expotcat acuitas , adminiflrans.
Sic pcccatorum cjufdem fauciati Régis vulncra
prius palpavimus , cxaftis leniiatibus mulfimus ,
ipfunique pietatc patcrna fovimus : immo leni-
menta hiijufmodi fcminarium contumacur tue-
runt & odiorum , cum erexcrunt in fuperbiam Se
adcontemptam percinaciter provocaverunt. Undc
nos ad alias, non graves tamen , medelas conver-
limus, ut faltcm expeviamur utrum taâ:us lenitcr ,
non confradus , fe corrigat , fru(ftuoLam [ ficuc
Nabuchodonofor prae C;tteris terrx Rcx inclytus ,
quodoptamus , nec obllinatus , in quem transtî-
lit , videat , & cogamur fcrro abfcindere vulnera ,
qu.r fomentorummedicinam non fentiunt] pœni-
tentiam agat ; an , quod abfit , in protundum
malorum demerfus , lordidus fordefcat amplius ,
& velutPharao indurefcat.
Olim (iquidemdum idem Rcx peccaret gravi-
xeiin du'crfis anicuUs in Clcruai & Ecclciiara
3^ additions aux' TreuvsS
Gallicanos , primo per ejufdem Rcgisnuntîos ad
Bos miiîos iplum luper hujufmodilalutanbus mo-
liuimusmonitis ; deindc ad cum dileclum filium
Jacobum de Noimannis notarium noftium ci no-
Itras dcferentem litcras, in quibus excedebat capi-»
tula continentes tranrmiiimus : quanquam impu-
Jenter,c{uanquam infmnito animo & irrcvcrcnter
tracflavcrit ; non advcitcns quod Tccundum evan-
gclicam veiitatcm , quifpeinit miflum , fpcrnic
iritcentem ; ideo d'gnus fcntcntiâ quam duduin
ConltantinusPapa m Juftinum Imperatorem Ju-
fliniani filium ex fimili caufa tulit ; qui in vrcino
crant , manifefto cognofcunt , ac idem patuit de
lonf^inquo • nec confiderans quod ar.tiquis cft fan-
citum a fan(n:is Patribus promulgatis canonibus ,
quod fi quis Romani pcientes , rébus quas ferunt
fpoliaic pr.-Erumpfeiit , communione careat chri-
ftiana , quodque ii qui accedunt ad prarfentiam
Romani Poatifîcis cum rcbus fuis , debeant cfïe
fub apodolica proteftionc fecuri ; & parvipen-
dcns excommunicationis fcntcntiam , quam inha:-
rcntes veftigiis Romanorum , & praccipuè Nico-
lai ï V. Papje , piardscefloium noftrorum , qui ca-
iionum auiloritate TufFulti contra talia facientes ad
excommunicationem liaâienus proceiTcrunt y ad-
dito per Nicolaum eumdcm procefllbus ipfis ,
ctiamfî connitentes impcriali aut regali dignitate
xadient ; nos eriam , eodem privilegio exclufo , ia
omncs , etiamfi pra^dicla fulgeaiît dignitatc , qui
ad Scdcm- Apoftolicam venientcs vcl rccedentcs ab
ca capiuni , fpoliant vcl detinere prasllimunt , auc
impcdimentum aliquod exhibent quominus ad
candem Sedem libcrè cum piopriis bonis & rébus
fuis veuiant & recédant abeà , in die cœnap Dor
mini proximo pr-xterito tali modo déclarantes ,
^iam lUos qui pcr le vcl fuos clEcialcs vcl niiiU'*
de A'f. Dupuy» 57
ftros , lut aliis incolis imperii , regnorum feu
leirarum fuarum , vcl nanfeuntibus pcr ea undc-
cumquc oriundis , ad 5edcm venicntibus mcmora-
tam , vcl redcuntibus ab eadem cquitaturas limi-
taiu vel l'ubtiahunt , qux dcFcrunt feu reportanc
profuis oppoitunitatibus vcl expenfis, aut quai vis
alias res & bona; fivc apciiunt littcras vel aufe-
runt ; feu taxant numcium peilbnarum aut cvc-
dlionum , vcl aliàs directe vel indue<flè talibus
venientibus vclicdeuntibus impcdimcntumvelob-
ftaculum prxftarc pracfumunt ; impeditores fore
ad didam Scdem vcnicntium &rcdeuntium,&ex-
communicationis fentcatiann incuneie fupradi-
6lam ; adconoftris terapoiibus, ficut aliâs feeerat,
notoriè fui regni fines , in tranfgrefTores graviflî-
mis interminatis pœnis & nos jaftatis blafphc-
miis , arft.x cuftodiae députât ^ ablatisconna di-
ftam fentcutiam noftiam , non- fol dm indigenis ,
fed etiam ad eandam Sedem per icgnumipfmi
aliundc venientibus rébus fuis , vel injuiiofe ta-
xatis , imo autem omninofubftraftis ; ac litteris
quas deferunc apertisper cuftodes paffuum , auC
retentis , quod nuUus libère ad fupradidlam Se-
dem potsftacccdere : nec Prarlati pranciir pernos^
ut fupcr difbisdeliberaremuscum cis , ad noftram
pia'tenùam evocari potuerunt , ficut eorum hu-
jufmodi per hcteras confiât , quas in arcliivis
Romanaî Ecclefia: confervari facimus. Sic &c
Novioncnfis , Conftantienfis , & Bituricenfis
Epifcopi ipforum nuntiorum exciifatio , co-
dem impediente Rcgc , venire ( non pofîe ) ; qua
c.iufa eriamfi princeps quifquam fucnt , qui hoc
piohibuerit , illumccifct canon communione pri-
vandum. Quis cnim libère ad memoiacam Scdem
proScifci dicet , qui fie traclatur , & quod retincir
tur , vcl icgnum pcrmittatur exUc fub akcrius pct^
3 s 'u^dMnons aux Vreuv-s
tcftate confiftit ? Ccrtc niillus qui lanè intellig.it ,
iz qui fcripti juris (vim] iiihoccognoicac , habet
aliquam verita[cm.
Sed volentes fccundumracrorum dodlrinam ca-
nonum pacis iervare vinculum , cum a:quitate &
firmitacc poicarc, nec fie moti fumus. Immo evan-
gelica dida penfantes conati (umus errantcm
ovcm tam caram tamque dilefbara propriis Uu-
meris , ne perircc , ad ovile reducerc , in uberi-
bus collocarc pafcuis & dulccdinis pabulo confo-
vere. Nam cogitantes fccundum cvangeliiparabow
Jam , quod qui notarium fprevciat , (altcm no-
ftium rcvercretur filium, ad rcducendum eum, di-
Ic^tum filium noftrum Joannem SS. Maicellini &
Petii Prefbyterum Cardinalcm de rcgno oriun-
dumipfius . quitanquamamicus Tuus ejuszelabac
falutem, curavimus deftinare , offerentem intcr
caetera fibi ex parte noftra abColutionem ab excom*
municationum fentcntiis , quibus erat notabilité!
irretitus-
Verum fruftra nos talis cogitatus arripuit , quia
fi erga pracdidum notarium fc , ut praemittitur ,
geflTit , filium noftrum magis ignominiofe com-
pefcuit, quiaficut ipfe nobis Cardinalis retulit ,
oblatam abfolutioncm contempfit , eiqucdeputa-
tis cuftodiis , ne libère poffet ire quo vellet , nec
recipere qui venirent ad cum de rcgno fuo , non
reverfurum finefua licentia ,'ac ficquodammodo,
utejufdem Cardinalis verboutamur , regiobanno
fuppofitum protiilit & ciïïavit eundem. Et etiam
ultra parabolam ipfe tamen nos patremfamilias
non dimifit intaiflos , fed iterum; laceravit biaf-
phcmiis & injuriis lacefîîvit, oblitusquod legitur:
Honora fMrcm tuum ^ îtintretn tuam , ut fis Ion"
gAvui fuper terram ; Se quod filio femper honciîa
.&fanètâpatrisquerda debcret videri , &: taJUtCJ?
de M. Btipuy. 5^
Cjus non effiei caftigator ; confœderatlonibnfque
& coUigationibus fa£liscum nonnullispraclatis Se
pcrfonis aliis rcgiii fui , pacis vinculum quod lal-
vum cfTc totis aftedibus nitcbamiir , rupit , pcr-
turbavitunitatemccclefiafticam , & inconfutilcni
Domini tunicam fcindeic non expavit .- ac fux ap-
pellationi frivoice contra nos intcrpofita: adhxrerc
pcrperam coe^it & cogit invitos , & in rainamfc-
cum pernicio(c deducit. Sanè parabolam timcat y
lie vinea aliis locetur agricolis , qui fuis tcmpori-
bus fiuâium rcddant. Paveat cenruram canonum
qux contra talcs dignofcitur prxparata ; & ne
ex Iiujufmodi ftridla cuftodia Cardinalis prxdidli
canonem latce fententir , qui ad cos per interprc-
tationem tranfit , qui Clericos fuie Ixlione d-^ti-
nent in cullodia publica vel privata , ciim non
multùm à rpecie verborum différant , quibus quo
volunt facukas recedendi non datur , ineurrat y
diligentcrintendat.
Ad hoc uc omittamus dedilcâ:o filioj. Abbate
Ciftercienîl detento , & aliis multis religiofis ma-
xime italicis -y quia juflïo Régis urgebat , reccdcn-
libus , captis de ipfius conniventia , & aliquo
tcmpore in Cartel' eto fervatis , eo quod adha:rerc
nollent appellationi pracdidlx ; ac de eo quod in
pcrfona venerabilis fratiis noilri B ..Appamia-
rum Epifcopi aâ:um extitic nupcr, & Nicolaurn
deBonfradu Capellanum Cardinalis jam difti ,
noftras ad eum portantemîittcras , quibus Rcgem
cxcommunicatum per Cardinalcm eundem man-
damus publicè nuntiari , capi fccit , & rcpetitum
à Cardinali eodem à carccre noluit rclaxare, prour
idem Cardinalis nobis id per propnas littcras no-
tuni fecit : unde perinde dicitur habere , cum ipfe
Rex impcdimcntum illud prœftitcrit, ficuc il m^n*
data iCiîunùauo pricccflifTer,
^jè jidâitiom aux' TrewOef
Steplianum infuper de Columna noftrum &ÊC*.
elcfine hoftem in regno fuo receptavit patenter ,
non veiitus excommunicationis fcntemiam, quam
poflColumnienfiumfu^am de Tyburc promulga-
vimuspublicè , quibulcumque privilegiis nonob-
ftantibus, in omnes etiamfiin imperiali aut regali
prxfulgeant dignitate , qui didum Stephanum &
alios quondam filios Joannis de Columna & Ja-
cobum diâ:i fratris Joannis , Ricchardum & Pc-
trum de Monte Vig. difti Jacobi nepotes reci-
perent ,conducerent , receptarent , leccptari vel
recipifaceient feu conduci , aut eis vel ipfoium
alicui publicè vel occulte auxilium , favoremvel
confilium exhibèrent ; quodque contra adjutores ,
tautores & rcceptores pra^didorum Jacobi & fi-»
liorum didli Joannis ,3t) olim per noftras litteras
procedi mandavimus , ut contra hsereticos , rc-
ceptatorcs , fautores & adjutores eorum. Nequa-
quam in his fervit Deo Rex Francorum in timoré ,
aut ei cum tremoreexulat , ne iratusin eum per
fuum vicarium exardefcat j nempe tanto offendit
graviùs , quanto pcrniciofiùs pcccat , fuce perdi-
tionis adalios exempla tranfmittens.
Heu ! ipfum confiliaprava commaculant ; eum
fyrenes necnon ufquc in exitium dulces damnofc
pcrmulcent , periculofs regalem msntem exagU
tant & dccipiunt incelTantcr. Non enim propter
eas libcrarc poiTumus nec debcmus ^ hominem
iiamque prmiumnon à peccato diaboli excufavit
fuggefl'o, quin divini mandati tranfgrefTor folve-
ret pœnam mortis : & filentium noftrum nihil
aliud foret quam delinquendi occalio & diflblu-
tio univcrfae ecclefiaftica: difciplins» Cum enim
iiotoiium etiam fa<fti continui fît , quod ipfo fa-
çicnte & contra didlam noftram vcnientefentcn-
tiam , îibertas non eft per legnum ipfius venicndi
de M. Bupuy. 41
a^ Apo{lolicam Sedem ; ac quod fî dictusNico-
lauseft captus , & pra:FatusStephanus rcceptatui'
in regno ; noftrai^ue ieiitentix fupradicb.c latx
firmacx fint & pr^Tclicata: publicè ; Ç\c quod cano-
inim cxcommuiiicatio mapcrtoliquct ex prxmil-
lis ( ut taccamusad praclens dccuftodia jam dicto
Cardinnli importa , dctcntione abbatis , captione
rcli^ioforum di(florLim , & tcmerariis aflibus ia
jam didos commifTis ) ipfum cundcm Regcm ma-
nifcftis excommiinicationibus eîTc ligatum \ 8c
peu confcqucnsbcncficia ccclcfiaftica , perionatiis
6z dignitaccs . fi eorum aliquo ntiilo quandoquc
ad ciim coUatio peitinct , de jure intérim non
poiTc conferrc , imperium fivc jurifdidlioncm ali-
quam per Ce vcl per alios aut communes a<fbus feu
Icgitimosexerccre , & coliationem & excrcirium
iplum nullius exiflcre dignitatis, ac fidèles ac
vaHalIos ipfius cfTc à fidclitate & ctiam juramentis
quibusaftringuntur eidem , & hujufmodi debito
totius oblcquii au£loiitate canonum abfolutosj
hoc omnibus his pixcipuc qui de cjus funt regno ^
vcl in co moram îaciunt , nunciante*; eum excom-
municatum , comitari pœnas hujufmodi declara-
mus ; & morcperiti medici , cum non profucrinc
monita , levioiibus incipientes ac fandloium pa-
trum noftroium ftatuta lenentes omncs fidèles de
vaffallos ejus , eique juiatos , à fidclitate & jura-
mentis , quoufqueidem Rex in excommunicatio-
ne permanferit , apoftolica nihilominus au(ftorita-
te abfolvimus ; &: ne cidcm fidelitatem obfervent
vel fervent ,modis omnibus & fubinrerminationc
anathematis , quia magis Deo quam hominibus
fervirc oportct , &: fidelitatem cluiftiano principe
Deo advcrfanti , cjufque prncccpta calcanti , nulla:
cohibcntur auftoritate perfolvere, prohibcmus.
Et quia Rex ipfc aliquos forfau invcnirct , ^ui»
4 1 jéddltioyîs AUX Preuves
bénéficia hujufmodi , Dei timoré poftpofito , sfe-
ipfo reciperenc , diRrifVè pra^cipimusfub excom-
municationis , amiflionis bcnenciorum quac aliàs
haberent , & inhabilitatis perpétuai ad ecclefiafti-
ca bénéficia de ca:tero obtinenda , poena ( quam
ipfo fafto incuirant , fi contrahum agant) ne ab
eo fie excommiinicato mancntsilla r?cipiaiit qiio-
quo modo ; diftri^è fub hujufmodi à nobis infli-
gendispœnisinliibentes Capitulis Ecclefiarum iiî
quibus bénéficia ipla per Rcgcm , excommunica-
tione durante , conferuntur cundem , ne eos qui-
bus conccdunturab ipfi? , rccipiant vcl admiîtant.
Porro cum fcriptum fit : Bijfolve colligationes
impietatis , fol-vc fafciculo; deprimeates ; nos coii-
fœderationcs prxdidas etiam cum quibufvis terra?
Regibus aut Principibus , quod non crcdimus,
initas difiolvimus , & juramenta, fi qua funt prar-
iîira , aunullamus : etiam nuntiantes ipfi Régi ut
àfaciearcûs fugiat , rcfipifcat , ad obedientiam
redeat , & ad Dominum convertatur , ne quod
praeterirenon valebimus, jufloineam judicio ani-
ma dvertere compellamur.
Ut autem hujufmodi nofier procefTus , quêm de
confiliofratrum nofirorumfacimus , ad omnium
notitiam deducatur , chartas feu membranas pro-
ccffum continentes eundem , in catlicdrali Eccle-
fia Anagnina appendi vel affigi oftiis feu fupcriî -
minaribus facicmus , quo? proceflum noftrum fuo
quafi fonoro prasconio & patulo judicio publica-
bunt , ita quod idem Rcx & alii quos procefTus
ipfe contingit nullam poftea poflint excufationem
praztendere , quod ad eos talis procefTus non per-
vcncrit , vel quod ignoravcnnt eundem ; cum noii
fit verifimile rcmanere quoad ipfos incognitura
vel occulttim , quod tam patenter omnibus publi-
catur. Aftum Anagnix* in aula noflri palatii , vi»
Id. Septcmbris, Poiuificaiûs noflri anno IX,
de M* Dtipuyi 45
XIV.
Bulle du Tape Benoit XI. par UijucUe il ré-
volue ce qii avait ordofiné le Pape Bo-
mface VlH- contre ce qui sètoit obfer-
vé en France i pour cecjui efldes provijïons
aux' Eve chez. & Bénéfice , // vent quil
en [oit ufé comme auparavant *, tirée des
ManufcuitsdeM. dcBrienne, N. 1^7.
page ^3.
BEnedictus Epifcopus , fcrvus fcrvorum
Dci , carifTimo in Chrifto filio Philippo ReG;i
Irancia: illuftri , falutem & apofcolicam benedi-
ûionem. Ut eo magis er^a Deum &: Apoftolicain
.Scdem [ l.t J'titîe eft l.% même que ce qui efi dxns /«
Bulle imprimée a U page 2,19. des Preuves de M.
Dupuy y juiqu^l'ices mots fupeu hoc e^rtitit fappli-»
catum ] refcrvationem , inhibitioncm & decrc-.
tumhujufmodiapoftolica aucftoritate revocamuç ,
Toleatcs ut pracdicli omncs liujufmodi jure illis
compétente , cum tempus ingruerit , utantur libé-
ré ficut prius , & nihilominus provifioncs & con-
fîrmationcsclc(ftionumfa£lce poft refcrvationem ,
inhibitioncm & dccretum pracdidum in didlis
Ecclcfus , dummodoaliàs canonic^fuerint , ple-
nam obtincant firmitatem -, nec elecfliones aut po-
ftulationcs iiCtx poftmodum in pr^ediâris Ecclelus
cxcifdcm refeivationc , inhibitionc ac dccreto ,
quin debitum fortiantur ctfeftum , podlnt quomo-
dolibet impcdiri. Ditum Vitsibi xiil. Kal. Mâii;>
Poiuificatûs noflii anno primo.
44 Additions aux Preuves
XV.
Bulle de Benoît XL par lacjHelle il ah fout le
Clcroé & le Royaume de France de toutes
cenfnres i tirée de Raynaldus fous l'an-
née 1304. N. ^.
BEnedictus , &c. ad pcipetuam rci mcmo-
riam. Cum sicut acccpimus , tam Archie-
pifcopi & Epifcopi , qnàm alii ccclefîarum fccu-
larium & ict;ularium prnclati , & alii Clcrici &
ecclefiafticaî peiTona; , religiofae ac feculares ; ncc«
non Baiones , nobiles , & alii laïci de regao prae-"
diclo excommunicationum fenrentiis , olim à Bo-
nifacio Papa VIII. & aîiis prœdeceflbribus nafths
Romanis Pontificibus in impedientes eos qui ad
Sedem accedcbant Apoftolicani , vel leccdebant
àb ea , feu litteras dcfercbant ipfoium , vel ex
aliis caufis in fuis proccfTibus promulgatis , necnon
latis à canone pro co , quod fe culpabilcs reddi-
derunc in captione cjufdem Bonifacii praedeceiTo-
lis & nantiorum ipfius , & aliorum prœdccefTo-
rum pricdiftorum ; teneantur zùnCti , quorum
aliqui divina celebrarunt officia , & immifcuerunc
fe illis , ac reccperunt ordines & bénéficia eccle-
{iaftica fie ligati : nos praemiiTa omnia paterna
meditationepenfantes , acattendentes utilitatcsac
commoda quae ex codcm rcgno , dum in ipfius
Ecclcfix devotionc perftitit , EcclefiiE prardiâia:
provenerunt ; quodque propter evitandum fcan-
dalum , piaîfcrtim ubi multimdo dclinquit , fevc-
litati eft aliquiddetrahendum ; fpcrantes infupcL"
quod Rex & incolx memorati taïuo Deum &: Ec-t
de M. Dufuy. ^e
iîeîum ftudebunt per amplius & dcvotius rcverc-
ri , quanto eadcm ecclcfia mifcricordius & «Tatio-
fius egcrit cum cifdcm ; Iiujufmodi indufli confi-
dciationibus , Archiepifcopos , Epifcopos , Prarla-
tos , Clcricos , Perfonas, Barones , Nobiles & laï-
cos piardidos , & quofcumque de prncdicfbo rco-no
qui hujulmodi (cntentiis Bouifacii & alioium prj:-
didlorum prardeccflorumaftiinguntur , omncfquc
(qui) occafioni hujufmodi captionis prxfati Boni-
facii pra'dcccffoiis & nuntioium praedicflorum di-
do vel fa<flo , ope , opéra , vel favoie , quantum-
cumque in Icntcntiam canonisindderunt ,( Guil-
Ichnode Nogareto milite, cujus ablblutioncm no-
bis & did.-c Sedi fpccialitci- rereivamus , duntaxat
cxcepto ) i fententiispracdidlis abfolvimus , refti-
tucndo cos communioni fidelium & Ecclefîx fa-
cramcntis ; cum illis infupcr ex iifdem , qui prce-
di^ibis ligati fententiis ordines aut bénéficia ecclc^
•fiaftica receperunc , qui in ipfis miniftrare perfo-
nilitei- ordinibus , & eadem bénéficia rctinerc ;
necnon cum cis qui fie ligati divina celebrarunt
officia, velimmilcuerunt (e illis, fuper iireo-uli-
ritate inde contraâ:a , autoritatepracdi6la de mi-
fencordia qux fupeiexaltatur judicio , dif^^^''-^
mus. DatumPcrufii m. id. Maii , Pomificat-îj
RoUriauno primo.
4^ yldditlons mx Frenvei
X V I.
Bulle de Ckmem T", addrejfée an Roi Phî^
lippe le Bel ^ parlacjHelle il le di/fnade de
continuer [es ponrfuites €o?ître la mémoire
de Bo'^ufrce VI II. & exhorte de s'en
rapporter an jugement de VEglife : Il lui
remet tout ce qui s^eft commis contre ce
Tiipe j en forte que ni lui ni [a pofterite
n en fera point notée } tirée de RaynaU
dus fous l'année 1307. N. 10.
CLemens , &:c. Philippo Rcgi Prancorum.
Ex PARTE tua fuit proporitum coram nobis
q'dod dcnuotiantibus o'im tibi nonnullis fublimi-"
bus perfonis , quod Bonifacius Papa VIII. pix-
<leceiror nortcr erat crimine pravitatis liccreticae
irretitus i quibuWam ctiam ex perfonis eifdem fu'«
pei-hocaccufantibus , & acculare volentibus fo-
Jcmnitcr & diredlè ; ac lequirentibus te tanquam
fîdei pu^ilem & Ecclefiae dcfenforem , ut cum ex
vitiofo & illégitime ingrcflii , progrefTu damnabi-
li , pci'verfis adibus , dcteftandis opcribus & per-
niciolîs excmplis difti Bonifacii ftatus fidei , Se
Ecclcfia: mifeiabilibus difpendiis & a'rumnisgra-
vifque ruina! peiiculisfubjaceret : ac in hujufmo-
di & funilibus cafibus , ubi de haerefi aut iilcgiti-»
mitate fummi Pontificis ex caufa hujufmodi agi-
tnr , diie£trix veritatisac fidei & Ecdefix difpen-
fatiix fcmper excitent inclytadomUi tua , prode-
claratione vcritatis hujufmodi procurarcs générale
Concilium convocaii ; tu quipudendapatrispror
de M* Duj>ny. aj
|>ilolibcn£cr pallio coiucxiiTes, dciiuntiatoium
&accurarorumiptorum frcqucntibus puHàtus in-,
ftanciis , ScafilduiscUmoiibus cxcitatiis , ncgo-
tium luijufmodi pro cieclaratione vciitatis , uc
videlicet piait^iti Bonifacii innocentiain Iiac paire
clareicercc ; ûcut tcfle conlcientia cxoptabas ; auc
ipfo , fi dcnuntiatis & objeâi s contra cum lux ve-
ritatisalTîfteret , tanquam illcgitimo amoto , &
cunftis en-oribus, iniquitatibus &: fpurcitiis à do-
mo Domini proculpulfis , de vcio & Icgitimopa-
ftorc provideretur Ecclcfur faiida: Dci ; unà cum
praclatis, baronibus , coUegiis , univcrhratibus ,
communitatibuscivitatum & aliarum villarum ,
ac clcro & populo regni tui , necnonaliis pr.tccl-
lentibus Scmagiix au6loritatispeiTonis (latus tum
«cclcfiaftici quàm mundani , aliifque fautoribus ,
adjutoribus , valitoiibus & fcquacibus tuis ex fcr-
vore fidci & zelo juftitix , ac pro reformations
ilatus Ecclcfio: , & gcnerali bono totius reipabli-
ex chriftianac , deliberatoconfilio afTumpnfti lub
certis modis & viis ad laudem divini nominis 2c
cxaltationem catholica: fidci promovcndam , ip-
fiufque promotioni & profecutioni negotii tjm ia
vita dicti Bonitacii , quàm pofl cjus obitum apui
bonx memoria: Bcnedicftum Papam XI. pr.rdeceù
forcm noftrum , & eo fubiato de medio , apud nos
ad pra:fatx Ecclefia? regimen , licet infufficienti-
bus meritis , divina difpofitione vocatos ; dum
piulo poft noftrar promotionis aufpicia Lugduni
nobifcum pro hujufmodi ac terra; fanfta? , & aliis
iiegotiis arduis pcrfonalitcr convenifTes; operofis
fludiis& indefefllsfolIicitudinibusinftitilTe. Qua-
re humiliter Tupplicabasutcum exhibitionis jufti-i
ciac in hac parte morofa protraftio tibi & tuis di-
verfis ex caufis difpendiofa foret & periculofa
quamplurimum , in negotio mcmorato procedcre.
4^ Additions AUX Preuves
ac exhibeie fupcr juftitice plenitudinem dignare-*
mur.
Nos autem & fratres noftri confiderantes atten-
tiùs , & infra clauftra pcéloris meditacionc fol-
licita rcvolventcs quod infcfta nimis ncgotii pro-
fccutio memorati unitatis & charitatis antiqux in-
ter pra:fatain Ecclcfiam ac te & primogcnitorcs
tiios , regnumquc pracdiétum , divina faciente cle-
mcntia , fervatx diutius elTe poiTet multipliciter
detra61:iva , turbativa pacis , impcditiva piartadli
ncgotii terrx Tandae, ac fcandali gcneralis & ma-
lorum multiplicium piodudliva ; ac volentes toc
& tantis malis & fcandalis , ne in fe^^etcm peri-
culofe fuccrefcercnt , fed praecifis radicibus fuo
prsefocarentur in ortu , ex debito paftoralis oiïîcii
lollicitus obviare ; apud te defi'atrumnoftiorum
confilio & àd corum fupplicacionem infiantem
falutaribus monitis , paternis exhortationibus Se
jiiulta precum inftitimus lenitate , ut pro reveren-
tia régis regum , cujus idem Bonifacius vices gefliit
in terris , pro honore ecclefiap , ac pro viiandis
tantis malis & fcandalis , omifTo rigore , ac rc/e .
€l:is anfraftibus dennnciationum & accufationum,
hn/ufmodi prcctadum negotium , cogniiioncm ,
examinationem ac totalem dccifionem feu deter-
mniationem eidem noftro & Ecclefi^e fupri^diâ:;c
judicio vel arbitrio , provifioni & difpofitioni to-
tali tu ipfe relinquercs , ac cum denuntiatoribus"
&accufatoribus prxlibatis , quod fimiliter relin-
qucrent , ordinares ; ita quod nos & eadcm Eccle-
fia in ncgotio procedamus eodem , difponamus ,
& ftatuimus de ipfo , eique finem congruum im-
ponamus , prout çatholica: fidei ac univerfalisEc<»
clefias ftatui & honori conveniens , ac terrarprac--
à^Ctx ncgotio & alias viderimus expedirc.
£t demum poft rcpetitas 5: iteratas quamplurics
luijufmodi
c^e Ai* Dnpuy, 4^
^ujurmodi iioflrarum cxhortanoniiin Se precum
infianù.is , ac pcritx &• habita: longa: dclibcra-
tiotiis inducias , te votis nollris & bcncplacitis in
hac parte filiales afteclus de abundantia rciralis
clementia: per cli'cftum operis conformante ,"^nos
manfuctudinem rcf;iain ac expcrtam in iispotifli-
mum devorionis & revercntiar filialis gratitudi-
Hem picnis in Domino laudibus commendantes ,
ac volontés proptcrca tibi &: tuis advcrfiis futura
pcricula patcrna: foUicitudinis itudio providcrc ;
omnes lententias canonis Se hominis & procedus
fufpen/ionum ^ exeommunicationum , interdi<flo-
lum , privationum , dcpofitionum , & alios quoû
cumqueproccffiis juris vel tadi, verbo vel litteris,
in Icriptis vel fine Icriptis , dircftè vel indircftè ^
-implicite vel explicité , publicè vel occulte co ^tra
te , regnum tuum , denuntiatores & accularorcs
praedidos & pra:latos , barones & alios incolas
regni ejufdcm quibufcumque praîtericis tempori-
bus, necnon contra confœdcratos , alligatos, fau-»
tores , adjutores , valitorcs &: fequaces tuo:i vivos
& mortuos , cujufcumque nationis , praremineii-
i\x , honoris , ordinis , dignitatis aut ftatus eccle-
iîaftici vel mundani exiftant , etiamd cardinala-
tûs , archiepifcopali , cpifcopali , imperiali vel
regali dignitate praErfuIgeant , à tcrapore mota:
inter praefatum Bonifacium & tcdifcordux , vide-
licet à fefto Sandlorum omnium , quod fuit anno
Nativitatis dominicaei30o. citra per didlum Bo-
nifacium per quofcumque alios'in vita vel in morte
ipfius , aa£loritate fua quibufcumque caufis vel
occafionibus , aut exquifitis coloribus & figmcn^
tis , quam per priKfatum Bcncdi^lum immediatum
fucce(Torem luum pro fado vel occafione captio-
nis di£li Bonifacii & corum qui in confli(5lu vel
faflocapîioiiis ejufdcm ; vel alias captione ipfîus
jO j^d'i'itlon: aux T rétives
quomodolibec contigcrunt, rpiritualiter & tempo*
lali'.er faftos Se habitos,ex certis &: legitimis cau-
ils relaxamus , rcvGcamus , irritamus , anDiiUa-»
nm5 , cafl'amus , & ex tune nulles , callos 5c ini-
tos nuntLimus ex certa Icientia & de picnitudinc
■apoilolicx potefratis : & iî qua;viscalumnia , ma-
cula fivc nota , ex pracfatis denuntiationibus vcl
accufarionibusaut blafphemiis aut cjuibufcumque
contwmcliis , injuriis vcrboium vcl facStornm , \\\
chartis vel iciiptis , aut quibufcumque libcllis fa-
mofîs , occulte & publiée , aut publicatione co-
•lumdcm , vel aliàs quoquo lïiodo in mcmoratum
BoniJtacium in vita ipfius , 5: poft moitem illatis -,
aut eorum alTumptione vel profecutione aut cul-
pa , offenfa vel injuria quœlibet , (eu infamia juris
vel faâri tibi, pofteritati tua:, denuntiatoiibus jac-*
cufatoribus , prxlatis , baronibus vel aliis incolis ,
nccnoii confcederatis , alligatis , fautoribus, adju-
toribus , valitoribusfequacibulque prardiftis , aut
aliquibusex cis , aut aliis confcntientibus , man-
dantibus , vel ratumhabentibus , vivis vel mor-
tuis , ex captionc pra-dida , aut ex rapina , feu
dcpeiditione thctauri Ecclcfîa: , aut ex aliis qui-
bufcumque qux in conflidlu vel faflo captionis
prxdidla: , vel aliis ipfius occaiîonc , ut pra'mitti-
lur , contigerunt , impingi , imponi vel imputari
poiTent in polierum, etiamfî fupponeretur vel dice-
letur captio ipia facba nomine tuo, aut te mandan-
te , procurante , vcl ratum habente , aut fub ve-
xillo tuo vel infigniis armorum ruorum ; prorfus
amovemus &: tollimus , ac omnino rcmittimus &
^ttitamus &c.
Addit Pontifcx apoftolica etiam bcnignitatc à
fedeteri omnem infamiïe maculam ccnfurarum-
quc notam , qua prafules , proceres aliic|ue ob
jmpa(rtas Bonifacio calumnias , initam in eum cou-
de M, Dupui. jt
Jaratîoncm , pontifîciiquc thefauii cxpilitionem
inufli forent. Saiixit cciam Guillelmum Noearc-
tum & Regiualdum Supiuum équités , qui Boni*
facium cepcraiit ejulquctheraurosrapucrant , vc-»
nia douâtes , modo ciimen fufccptis htc pœnis a
PctroEpUcopo Piarneftuio, Bcren^ario tit. SS,Nc-
rci & Achillei , & Stephaao S Cyr.aci in thcrmis
Prclbyteris Cardinalibus imponcndis , cxpiarent.
Et quidcm Reginaldo & aliis Campaais ejus fo-
ciis nuUas , cum abfînt , pœnas ad delcndam no-
xam infligcre , (cd poftca infli€lurum. Nogareto
vero qui plurics coiam mcinoratis Cardiiialibu;
comparucrit , auditufque lit, ad criminis expiatio-
nem impcraretianlmarinamin ^araccnos cxpcdi-
tionem, quam armis egrcgiè inftiu<flus quinquen-
«io vertcntc obeat ^ ncc ab ea nifi ab Ecclefia rc-
vocatus abfccdat , nulloquc puolico mureie un-
quam fungatur i nequc ob lias pœnas uUius infa-
mia: macula afperfus ccnfcatur. Datum i idavii
Kal.Junii ; Pontificatûs noi^ri anno IL
XVI.
Requête de Guillaume de Nogarei: 'au Roi
Philippe le Bel pour le prier d engager le
Pape Clément F", d'entendre ledit Guil-
laume de Nogaret dans fes moyens de dé^
fenfe j tirée des Adanufcrits de Ai. de
Brienne , N. 1^7. page 200.
IN nominc Domini noftri Jc^u Chiifli , Amen.
Sit^nificat & proponit Regiae Cclfîtudini Guillcl-
mus de Nogarcto miles vefter , quod idem GuiU
lelmus zelo Dci atque fidci catholicse ardeas ad
iefciifioncm corpoiis Ghrifti, vidclicet faa^
52 additions AUX Preuve s
matris Ecclefia: , (cui Bonifacius tuiic cîc fa^d
pixfidcbac, cum de jure non pofTet , co qiioJ circc
latro , non paftor , qui pcr ollium non intrarat ad
ipium rci;imen ejus,operibusjuxtadoLliinamDo-
mini , teitimonium Domini ad \\xc prxlbntibus
maniieitè , necnon perte^lus harrcticus qui diu
Jatuerat , (cd tinaliter ejus pciverfa doilrina nec
non operibusdamiutis dcreftus , qui etiamli pa-
ftor fuiilct , depravabat vchtatem Domini , ac
cjusEcclcliaî veriratem deftrucrc properavit , re-
gnum Francorum,iegnum à Domino bencdiâ:um,
cxterminarc , & vos Chriili icrvum , iplîus re^ni
Regem len;itimum , inciviliter & finecaufa,) in
tanto necefikatisarticulo , ubiEcclefia: liumilitas
non prsevalebat , quo cal'u juxta landtorum Pa-
trum régulas ruccuni nccelTe fuit per extcram
potcftatem , moraquc modi-
ci tcmporis , ctiam unius diei , crat iireparabilc
pcriculumallatura , légitima tretus audloritatcdi-
tto Bonifacio pro veritate leltitit cum fidelibus
& devotisEccieiiae Romanx , quam didlus Boni-
facius captivabat , ipfum à morte defewdens gène-
raîis Concilii judicio prarfentandum ,ac eum crga
caritatem gencrans juxta prcuceptum Domini. Efl®
ctiam quod vcrus pailor fuillet, in (e populumquc
Dei , manu fuiiola ikviebat , quod Papam faccrc
intendcbat.
Item proponit quodbearx memoria: Dominus
Bcnedi<fbus proximè defundluszelummcum cau-
famque juftam mei proccfTus ignorans , per fauto-
res ctrorum dicfli Bonifacii dcccptus contra me
fociofque mcos qui in Cluifti negotio mccum la-
borarunt , quos complices appellavit , ex prcedi-
ftis nos rcos & in exconimunicationis incidifîc"
fentcntiam pcr formam edi<^i , nobis prorfus
inauditis , non vocatis , incivilùer falva faiidta:
de Ai* Dupny. ^|
mitiîs Fcclefix levcrcntiA nunciavit , 8z nos pci:
form.im ccli<^i citavit , ut nos cjus confpeftui pra:-
icntarcmus pro mcritis fententiam audiciui. Scd
poft] hujufmodi proccilûs notitiam , me coiam ro
non potui prarlentare proptcr cjus tkccffum qui
brevitcr (up:rvenit ; proptcr quoi Ici^itimas de-
fcnfîones mcas fuper pracmiflis , coram vobis uc
mco domino & judice tempoiali , nccnon coram
Officiali Paiificnil , x:um Scdcm vacantcm à plu-
limis detcntus inipedimcntis adiré non polTcm ,
légitimé publicavi.
Item proponitquod proviroregiminifancnix ma-
trisEcclcfix de perlona fancflifTimi PatrisClcmcn-
tis nunc Tummi Pontificis , feiripcr clamavi volens
cjus faniftitatcm adiré ad dctendendum me légiti-
mé de pracmiflls ad honorem Dei , ianfta: matris
Ecclefîa: , falutemque corum qui dcccpti propter
ignorantiam juftitix caufx mcx fcandaliiantur iii
me in fuarum pernicicm animarum ; paratus, il
^uod abfit , rcpcrirer in quoquam culpabilis de
prxdiâ:is , pœnitentiam recipere falutarem , ac
ianda: Ecclefijc humilitcr obedirc mandatis. Sed
dommus fummus Pater prcTdi£tus , d?ceptusigno'
rantia caufa: mcx faciem fuam avertit a me , iii
tantum quod caufamca , immo Chrilti potiiis &
Ëdei remancret dereUtla,faucibus eorum qui func
errorum Bonifacii pra:di(fti fautores,dilaceror , iii
divininuminis injuriam & contemptumgravequc
periculum Ecclefiœ tandis Dei , ut oftendcic lum
paratus.
Cum igitur probationes habeam defcrifîonum
niearum légitimas in hac caufa fidei, qux proceflu
tcmporis pofTent non c(^c , meaque intérêt di-
ftum proccfTum licet nuUum de jure diâ:i Domi-
ni Benedi£li irritum nuntiari , meque ut innocen-
{€m de facmoiibus mihi impofuis abfolvi ; Celû-
c iij
54 ^^JitloHS AUX freuvei
tudoque vcftra rcgia in caufa fîdci nccnon cîefoi-*
fionis veritatis & Ecclefije ficut ell in propofito ^
«aiquam non dcbcat dcficerc , maxime mihi qui
fidclis vefler fum , & homo ligius , mihiquc fidcnï
in tanto pcriculofcrvare tcncmini , (îcut ego vo-
bis & rcgno veftro fervavi. Cum infupcr adros ,
)ud:cem meum & domiiium , ex debito juftitiai
pcrtineat ut fî fim cul-
pabilis , puniar légitime ; fifim innocens , icma^
neam abfolutusin fide qua Chrifto tenemini , ve-
ftrifquc fubditis & fîdclibus maxime contra jufti-»
tiam fie opprefTis , veftram reqniro clementiam vX
apud dominum fummum Pontificcm audicntiana
mihi praeftari faciat ad proponendum & ad oftcn-
dendum defenfîonesmeas légitimas , ut mihi pof-
fît fîeri juftitia fuper eis , tam perSedem ApoUo-
licam , quàm per vcftram Magnificentiam , qaa^
îcmis ad cam pertinere poteft & débet.
^uUe ds Clément V. far laquelle il confent
^juon continue les pourfiùtes faites contre
la mémoire du Pape Boniface VIIL &
cjiie fes accnfateitys pr»dmfent leurs preu^-
ves : tirée de Raynaldus fous Tanncc
130^. Num. 4.
CLemens Epifcopus , fervus fcrvorum Dei ,
ad certitudinem procfentium & memoriam
futuroium , &c. Dui>um poflquamdivina coopc-
xante clementia , fuimus ad apicem fummi Apo-
ftolatùsaffumpti , primo Lugduni & dcinde Pi-
^bavis cum noftra curia refidcntes ,chariiïimusi»
(Chrifto filius uoiler Philippus Rex Fraacorum il-»
de M> Dupwf. 5Ç
ladris , zelo , uc credimus & ipfc promcbat , fidci
orthodoxie & dcvotionis acccn'Ais , crcdenfcjue
Hcclcrux ftatui plurimùni cxpediic , nos cum iii-
ftaiitu icquifivit , & id iplum dilccfti filii , nobilcs
viri , Ludovicus natus clai-.x memorix Philippi
Rcgis Francorum , Fbroiccnfis, GuidoSandti-
Pauli , & ][oanncs Droccnfis , comités , ac GuiU
klmus de Plafiaao miles , qni contra Boiiifacium
Papam VIII. prxdeccllorcm nortrum , qncm
<licebant in lahc pravitatis hxrcticx decefTilTe ,
crimcii hn^rcfcos le velle imponerc , Sradillud
probandum fufficicntes probationcs habcre , illaû
cjuc coram nobis vcllc proponcre aflerebant , po-
ftularunt inftantcr quod ipfis vidclicct nobilibus
bcnignam audicntiam exliibentcs , ad rccipicnda<;
probationesKujufmodi,memQriamqnedamnandani
Cjurdcm dcfunâii , juftitià prncviâ proccdcrc cura-
rem-js. Nos vero , quamvis de ipib âucd de or*
ihodoxis parentibus, & cathoUca patria.ajaJicnS
origiaem , ac in curia Romana pro majori parte
temporis vit.r fuir nutritusextitit , ac cum Marri-
no , dum in Francix , ^c Adriano dum in AnSj;IiîC
rcgiiis, prxdcccfloribus noftris Romanis Pontifici-
bus , Ici^ationis offîcio fungcrentur , fucccfllvis
tcmporibus , quafi continue converiatus , Can-
ceUariîc officiumcxcucuit cum iis & fubfequentcr
in di(fi:a Curia Romana , inqua prius cxercucrr.t
advocationis officium , ad officium Notariatus
primo, deindcad honorem Cardmalatiîs S. R. Ec-
clcftse , & demùm in fummum Pontificem affum-
tus extitit , qui ad honorem Dei & roborationem
& ha^reticorum exterminium multas cdidit fan-»
£liones , in prxdicatione divinâ, officia exer-
cendo in pr.xfata Curia, ctiam extra eam , tum
in diûis ref^nis Francia: & Anglice , cumaliis
divcrfis raundi partibus^antequam fummus Pontir
ciiij
^1 Ai'iittons Ans: V/enves
fex cUgerctur^cum virisauthoritatis cximrar catîio*
licisSrcccleiîafticis converfatus, aliàs etiam catho-
licusapparebatjCommunitcrfemper vixir,praccli£la
veritatc fubniti nullatenus cicderemus.Quiatamen
ciimen harrefcos , quod eft inter ca-tera crimina
plus exccrabile ac horrendum , magirque detcfta-
bilcac damnofum , contra di^lum pracdecejTorem
oppofîtum dilTimuIanter indircuffum uegligi non
^ebebat ; ad pracfati Régis aliorumque nobiliuîn
prœdiftorum inftantiam ,"& ne infacrofanfta Ro-
mana Ecclefîa , quae mater eft cunftorum Chrifli
fidelium & magiftra , quaequc cuncftis tribuit ca-
tholicas leligionis normam , veramquc doftri-
nam fidei orthodoxce videamur negligcre quod
in aliis débet dirae cenfuras accrbitate damnari ;
dum adhuc cum prœdi£la Curia Piftavis efTemus,
ut prccfatis oppoiitoribus de fratrum noftrorum
confilio 5 audientiam duximus concedendam , iis
primam diem juridicam , pofl fcftum Puiificaiio*
cis B. Maria' Virginisproximum jam tranfadlum ,
ad comparendum coram nobis Avenione , &
cuantum ac prout effet de jure in ipfo negotio-
procedendum , pi"o peremptorio termine fignan-
tes , &c. A 6lum Avenione in domibus îratrum
Praedicatorum , videlicet in aula infcriori , qua
confiftoriapubiica tenemus, Idibus Scptcmbris ,
Pon^iiicatûs anno IV,
de M. Dnpuy, 57
X I X.
Bulle de Clcmcnt V* par laquelle il donne
pouvoir aux Commiffaires nommez^ dans
C affaire de Boni face FUI* d^ écouter lei
depojîtions des timoi'ûs , & de les rédiger
par écrit y pourfervir d'infime; ion a ce
procès, tiiée de Raynaldus fous rannée
1310. N. 37.
CLemens , &c. vcnerabilibus frAtribus irnar-
do Archiepiicopo Thebano , Vicaiio iioflid
in Urbe , J.icobo Avemoueiifi , & Altigrado Vi-
centinoEpifcopis , & diledlis filiis Bcrtrando Ab-
bati Monafterii Montis Albani , & fratri Vitali de
Furno oïdinis Minoium , Magiftio in Thcolo^i.i
Caturcenfis & Vafatenfis Dioccclum , ac Magiftro
Grimerio de Pergamo laïco in Romana Cuiia
Advecato , raliitem & apoftolicambcndidionem.
Innegotio fiiper criminc ba^rcfeos moto con.
tra quondamBonitaciumPapam VIII pra^rdçcefTo-
rcm nonTum,quod vcrdtur coram nobis,nôanulla
tiim ab lus qui ad oppofitioncm & profecutioncm
diâ:i ciiminis contra ciim , qiiàniab iis quiadip-
{îusBonifacii defcnfioncm coram noftra & t-Vatrum
noftrorum prxfentiâ comparueiunt,propo{îta funt
verbotenùs& in Icriptis. Et licet fuper iis eofdeni
ilccomparentcs, nec corum aliquem adkuc diixe-
rimus admittendos , necctiam icpellendos; confi-
derantjs tamen quod boni jiulicis cft , ut falva fit
rcrum piobatio , & ne pcicat piobationum copil
jro ver A rc ; ac nolones quodproptcr mcras quae
c V
^3 additions aptx Preuves
ex allci^.itlonibus & cxccptionibus hinc incîc pcr
comparentcs prxfatos oppofitis incidunt , & inci-
derc poîTcnt , probationum dcpcriret copia vel fa-
cultas; tcftcs , de quorum timctur abfentia feu
morte , utpotc feues , valctudinarios , infirmitatc
detcluos , vel abtuturos abfentia diuturna , & iis
fi miles , qui commode habcri potcrunt , qua-'ftione
de pr.Tcdidlis pro oppofitione & dcfenfîone luijuf-
snodi , ut prarmittitur , comparentibus admittcn-
dis vel etiam repellcndis coram nobis , pendentc
fuper eodcm net;otio , ex noftro rccipicndos offi»
Cio duximus decernendum.
Quia veto nonnulli viri catholici aJfTcrentes &
etiam juramcnto ta<flis facrofanftis Evangcliisper
eos coram vcnerabili fratre noftro Petro Epifcopo
Pcneftriuo de maudato noftro recipientc, pra-ftito,
jîcutex parte ipfiusEpilcopi Pcneftrini accepimus,
affirmantes fecredere quodin Urbc , Lombardiar,
Tufciac &: Campanice partibus , ac in circumvici-
His locis , teftes funt conditionis hujufmodi , pcr
quos articuli iii dido negotio traditi & per nos rc-
cepti , vel eorum aliqui probari potcrunt , no-
bifcum rcpetita inftantia fupplicarunt Ht tci>es ip«
fos in illis partibus per aliquas perfonas idoneas
rccipi mandaremus. Nos volentes, prout dcbcmus,
|>ino;uiùs probationibus fupervenire, acde circum-»
ipeclionc veAra ac fidelit.ite probata plenam in
Domino fiduciam obtinentes &: fperantcs quod ca
qux veftrjE induftrias committuntur, curiibitis cxc-
<qûi fideliter & prudentcr ; difcretioni veftra: pci'
apoflolica refcripta mandamus , quatenusvad Ur-
bem & partes proediâias perfonaliter accedentcs ,
tcftes conditionis prcefatx , qui coram vobis per
quofcumque viros catholicos fucrint noniinati ,
prius tamen fummariè per juramentum nominan-
timii ecrumdcîix , aut pcr afpeîftum corporum tc>
de AL Dupuy, ^^
îHum ipforum , feu alias pcr now folemncni inJa-
ginem tîdcfaçfu qiiod tcftcs ipfi pix'Jidi ftarûs
& conditionisexiftant ; (upc: articiiUs quos vobis
lub buUa noftramittimus , interclufos , leccptos
& appiobatos à rw|>is , fccrctè rccipcre curetis ,
in prazfentia dilcûorum filiorum Magiftroruni
Joannis de Rhcgio Camcr.\; nolhx- Cleiici ,
& Imbcrti Vcrzellaiii Clcrici Bitcirciifis , No-
tariorum publicDium , quos ad tcfliiim pra.'di-
£tonim attcrtationes rcudiipoiîcioncs redigendaq
in (cripcis tcnore pi-xientuim dcputamus ; '&: vos
ctiamalios duos fidcles & iJoneos , tic quibus ex-
pcdirc vide'iiitis , juxta qualitateni ncgotii députe-
tis. Et fi foifan prxdicli vcl aliquis ex ipfîs Nota-
riis cflent impedimento canonico pixpcditi ,
cxaminationi didloium telbum inteicilc non
poffcnt ; totidem quoc ciunc impcditi , loco
Ulorum fubrogantes , iidcliterexaminaie curetis,
& attcftationcs tcu deporitioncs ipforum pcr cof-
deniNotarios fideliter in fcriptis redacflas , iîgnis
corum fignatas , ac veAris tïgillis inclulas nobis
ftudcatis quantocyùs deftinaie.
Teftes autem qui tucrinc nominati , (i gratia y
odio vel timoré fubtraxerint veritati teftimoniuni
pcrhiberc ; necnon & omnes & lin2;ulos tam clc-
licos quàm laïcos , rcligioi'os vcl feculares , cu-
jufcumquc praieminentise , dignitatis, ftatiîs , or-
dinis vclconditionisexiftercac , ctiamh Cardina-
jatdsvcl rontificatîis prxfulgcant dignitatc , qui
prctfatis teftibus , vclabcuieorumdcm , aut alii ,
aut aliis occafione tcflificationis aut depofitionis
ipforum, in perfonis vel bonis impedimentunii
aliquod praîftirc , vel molcftiam inferre pra:lu-
niercnt publicè vel occuhè , au-t coiifeiuirent
quod impcdimcntum hujulmodi vcl molcftia in-
iiiferrctur, vcl daientad hoc opcm, auxilium.
io additions an.v Preuves
confilium vel favorem per fe vel alium , feu alios,'
•directe vel indircdè , <^uod ab hujufmodi impe-
^imcnto , moleftia , ope, auxilio , confiUo & fa-
voie prorfus abftineaiit & defiftant , per ceiifuram
ccclefiafticam appellationc poff^ofita , fuper quo
plenam vobis auftoriratc prsEfcntium poteflatem
concedimus , compellatis : non obftantibus , Ci
aliquibus clericis vel laïcis, religions vel fecula-
ribus cujurcumque ordinis , conditionis , flatus
aiit prirem'ncntiœ veldignitatis exiftant , etiamfi
Cariiinalatûs vel Pontifîcatûs honore pr^efulgeant,
eommunitcr 8c divifîm a prccfata fit Sede concef-
fum quod interdici , fufpendi vel excommunicari
lion podînt per litteras apoftolicas , non facientes
plcnam & expreiîam ac de verbo ad verbum de
indulco hujufmodi mentionem. Nos enim omncm
promifTionem , & obligationem fadas , ac jura-
un entum praeftitum fub quibufcumque modo ,
forma vel expreffione verborum , per quofcumque
clericos vellaicos , religiofos vel fecularcs , cu-
jufcumque ordinis , conditionis , vel ftatîîs , auC
prascmuientia: vel dignitatis exiftant , de non de-
ponendo vel perhibendo teftimonium vcritati m
negotio fupradi£lo , etiamfî , ut pro^miffum ejft,
Cardinalatusaut Pontificatûs honore pr.rfulgeant ,
ftcut allas , fie & nunceadem audoritate apofto-
hcd cafTamus , irritamus , & vacuamus , & etiam
jrevocamus Se juramentum hujufmodi rclaxamus ,
& nullam obtinerc decernimus roboris firmitarcm ,
Cî^teium ut tefSrium prœdidtorum peiiculis effi-
Câciùs occurratar , ac cautiùs & liberiùs proceda-
tur in negotio fupradi'ilo , nomina & attcftationcs
feu depofitiones teftium eorumdem per vos Se no-
tarios fupradiclos fubexcomraunicationis pœna ,
^uam vos 8c ipfos ex hujufmodi vioîatione fecreci
ùjcunçrc deccriiimus iîjfo fadlo , fecieto habcri
de M. Dapuy. <r
atque teneri volumus , ncc alicui patefîeri abfquc
iioftro & apoftolica: Sedis mandato vcl licencia
fpeciali. Mandamusinfuper quod perlittcras no-
flrasharum feriem continentes, nobis fcribcie ftu-
dcatis quanta fit fidcs mcmoratis tcftibusadhibcn-
da; quodque tu , fratcr Avcnioncnfis Epifcope ,
Ycl vos tilii Abbas , & frater Vitalis , vcl duo ve-
ftrum unà vobircum fratcr Arcliiepifcope & Vi-
ccntinc Epifcopc , ac fili Giimcrie , vcl duobus vel
uno vcftrum pracmilTa omnia cxequi (ludeatis.
Datum Avcnione , x. Kal. junii, Pontificatûs no-
itriaaHo V.
X X.
Pièces tirces cîu fécond volume des Ma*
nulcrits de M. deBricnne.
Les Bulles expédiées enfuit e du Jugement
rendu par le Pape Clément V, ajfiflé des
Cardinaux fes confrères yfur tous les Pro^
ces & différends
d'entre
Le Roi Philippe le Bel intervenant tant psur
les autres Rois & Potentats de la Chré"
tient é fes adherans ^ quen fon propre &
privé nom ^ & comme un vrai champion
de la foi & défenfenr de C Eglifc : en la^
quelle cjualité il avoit requis la convoca-
tien d'un Concile gênerai^ pour y faire
viiidcr les appellations & autres tf'jlaucçs
^t additions aux Preuves
for-mies contre le feu Pape BonifaceVIIT^
de [on vivant prévenu de crimes d'intrn-
fen , dloerejîes de diverfes efpeces & d'au-
tres aElions deteflables & de pernicieux
exemple , dont l'état de la foi & de t Egli-
fe aurait été en danger de ruine *, aux fins
^u il y foit pourvu d'un vrai & légitime
£afieur»
Enfemhlc plujïeurs T rinces , entre lef-
^nelsfont nommez LouisComte d'Evreux
défunt , Jean Comte de Dreux , Guy
Comte de Saint-Pol , & autres grands
perfonnages tant ecclefiaftiques que laies ,
qui s'étaient rendus dénonciateurs defdits
crimes & infligmeurs j d'une part,
JEt ceux qui s étaient offerts a, la difenfe de
la mémoire dudit Boniface ^foutenant an
contraire ledit Seigneur Roi ( mu plutôt de
haine que de charité & de zèle de la foi
& de la juflice ) avoir calomnieufemcnt
procuré telles dénonciations , & lefacriU"
ge commis en la capture dudit Boniface
par aucuns dcjdiîs dénonciateurs Jes enne-
mis capitaux j inf flans aux fins de non-
recevoir^ d'autre.
Au^ucls il ctoit répliqué de la part du Roi
qu'il y avoir procédé avec tout le rci'pcft filial ,.
comme envers celui qu'il icnoit en lieu de père, ôc
de /!/. Dupuy* €3
âc qui il crâignoitdc voir,& volontiers ânroit coa-
vert les hontes de ton propre manteau : jufqu'à ce
qu'en étant publiquement requis en fonParlemenC
de Paris , ci\ préfcnce de les Prélats, Barons, Cha-
pitres , Couvens , Collèges , Commnnautez Se
Villes de Ion Royaume , ne pouvant plus diiTimu-
1er lans icindalc Se oitcnCe de Dieu , pour la dé-
charge de la conrciencc ,il hit contraint ( de leur
avis & des Maîtres en Théologie & Profdleurs es
droits & autres Perfonnages de divers Royaumes)
d'entreprendre l'aifaire , & d'envoyer vers ledit
Bonifacc Guillaume de Nogaret Chevalier , Sc
autres Tes Ambafladeurs , pour lui notifier feule-
ment lefdites dénonciations , Se requérir la con-
vocation d'un Concile gênerai. Que il Tes Ambaf-
fadeursavoicnt excédé leur pouvoir , Se commis-
aucune action illicite en la capture d'icciui Boni-
face & ao;gre(Tîon de fa maifon , il lui en avoir
grandement déplu Se l'avoit toujours dcfavouc.
Que d'ailleurs lefdites dénonciations ctoient d&
longtems antérieures à toutes les o6fcnfcs 3c eau-
fcs d'inimltiez propofées contre lefdit s dénoncia-
teurs.
Sur quoi après de longues pourfuites S: procc*
dures faites tant p-ir devant ledit Boniface avant
fon décès , que pardevant le Pape Benoît XI. (oîî
luccelTeur , & enfin pardevant ledit Pape Clément
V. tandis qu'il étoit à Lyon & à Poitiers ;
Et fous des proteftations de fa iaintaé , qu'elle
n'cntendoit admettre celles dénonciations fi ce
n'cft fi & en tant qu'elles pouvoient èrrc admilTi-
blcs contre des Souverains Pontifes vivans ou dé-
cédez. Avant pafl'er outre , fadite Sainteté ayant
fait due inquifuion d'office furies motifs & bon
zcle defdits Seigneurs Roi &: dénonciateurs , les-
déclare par préalable Cicmts de toute calommc ci^
^4- ^âditloni Ans: Preuves
leurs pourfuites , & y avoir procédé en fmceiitc
d'un bon & jufte zèle à la foi catholique.
Et depuis oui ledit Guillaume de Nogaret (per-
ronnellement comparant en plein Conlîftoirc) fur
la relation de fon Ambafladc & reftriftion des
mandemcns du Roi à la feule notification defdites
dénonciations , & rcquifitions du Concil<> gênerai
(auquel ledit Boniface était fournis en ce cas-la) &
fur le dcplaifîr qu'ils avoient eu de ce qui s'étoit
paiîé au pillage du trefor de l'Eglife & en la cap-
turc dudit Bonifacc , à qui il avoir garanti la vie,
tant s'en faut qu'il eut rien attenté d'illicite contre
lui , & qui ne fût dans les termes du droit & d'une
|urtc défcnfe.
Saditc Sainteté fuffifamment inftruitc par ladite
confeffion & autres preuves , de l'innocence dudit
Scie;neur Roi , le déclare innocent & incoupable
defdites capture , aggrcflion & pillage.
Finalement , fur l'offre faite de la part de ceux
qui défendent la mémoire dudit Bonitace , de re-
mettre l'affaire a la connoiffance & difpofition
entière de fadite Sainteté & de l'Eglifc, & fur le
confentement pareillement prêté tant de la part
dudit Seigneur Roi pour lui & pour tous les regni-
coles de la France [ qui s'y laiffa portera l'inflan-
te prière de fa Sainteté pour le bien de la paix &
accélération du fecours de la Terre faintc, h. pour
plus facile entretien àts, anciens traitez & con-
fédérations des faints Pères avec les Rois de Fran-
ce ] , que de la part defdiis dénonciateurs à ce|in-
duits par ledit Seigneur Roi.
Sâdite Sainteté caffc & révoque toutes fcntcn-
ccs , conflitutions & déclarations non comprifes
au fixiéme livre des Décrétâtes , en tant qu'elles
peuvent porter préjudice à l'honneur , aux droits
& Ubertez dudii Roi , de ibii royaume & des rc-
de M. Dupny, €i
ejnicôlcs dénonciateurs &: adherans [ exceptez
deux rcfcrvcz tous certaines modifications]. En-
Icmble toutes revocations & fufpenrions de pnvi-
lcî;es , toutes excommunications , interdits , pri-
vations , dépofitions , & tous autres procès de
fait & de droit, tant contre ledit Seigneur Roi ,
fcsenfans , fes frères , & le royaume de France ,
états , droits & libertés d'icelui , que contre let-
dits dénonciateurs , Prélats , Barons & autres rc-
gnicoles , pour raifon défaites dénonciations , ap-
pellations , requifitions d'une convocation de
Concile gênerai , blafphemcs, injures , capture de
Ja perfonne , aggreiïîon & invafion de la maifoii
dudit Boniface , & difîîpation dudit trefor de TE-
glife , & autres dépendances du fait d'Anagnia ,
ou du différend que ledit Boniface avoit eu contre
ledit Seigneur Roi & fes adherans , vivans &: tré-
paiTei.
Faits tant par ledit Boniface , que par ledit Be-
noît fon fucccffeur , depuis la Touiïaints 1300.
en ça.
Abolit en outre toute la tache de calomnie &
note d'infamie , qui pour raifon deldits cas pou-
roit être imputée au Roi , à fa poftcrité & aufdits
dénonciateurs , Prélats , Barons & autres.
Les décharge de toutes amendes & condamna-
tions ; encore même qu'on fuppolat ladite captu-
re avoir été faite au nom & du mandement dudit
Seigneur Koi {^/es adherans , ou fous fa bannière
f!^ cnfeigne de fes armoiries -^ dont pour cautele il
lui fait remifÏÏon & quittance, & audit Royaume,
dénonciateurs & autres ; les remettant & refti-
tuant entant que debcfoin , en leur premier état ,
A ce qu'ils ne puifTent à l'avenir en être notez.
Enjoint à toutes perfonnesde fupprimer & ôter
dcsRegiflrcs & lieux publics ou privez toutes les
pièces dudit procès , avec inhibition d^cn refcflîir
copie , &pcme d'excommunication fi dans quatre
mois de leur notice & faculté à ce faire , ils ne Tac-
compliffent.
Le tout fans préjudice de la vérité de l'affaire
principale & de la pourfuitc qui fe pouroit faire
d'office, à laquelle il n'entend avoir touché par
Icfditcs inquihtiOn , déclarations & prononcia-
tions .
EtTauf de procéder a l'avenir [ s'il y avoit lieu
dclc faire d'ofEcc] à l'audition &: examen des té-
moins & dénonciateurs qui fe pouroicnt préfenter
& y être reccvables contre ledit Boniface & fa
mémoire. Enfemble les défen es S: exceptions lé-
gitimes, s'il y en avoit i propofer , pourvu qu'elles
ne touchent ledit Seigneur Roi , fes enfans , fcs
frères , fon Royaume & les dénonciateurs fufdits.
Sans toutefois comprendre en ladite abolition &
remifîîon fous le nom d'adherans ou autrement
ledit Guillaume dcNogaret, ni Sciarra Columna ,
ni les citoyens d'Anagnia , ni quelques autres par-
ticuliers y dénommez fpccialement , tant dudit
lieu d'Anagnia que d'ailleurs , aufquels fadirc
Sainteté entend pourvoir de remède convenable
par autre voie. Fait en Avignon le 17. Avril 13 11.
XXI.
Extrait de Félix Ofîns Vrofeffeur de Pa^
dom j ondv Ces Remarcjues fur? Hïfïoire
^Hgufic de r Empereur Henri VIL d! Ah-
hertin Aiuffatus , imprimée a Veiiife en
PAGEIÇ3. columna i. Ac demum in appara-
lu ipfo ifolcmni <juo fe ia Urbe toti tcrrarum
de M, Dupuy» ^7
Cl-bi fpct^nadumobtulit temporc Jubilarî ; piimo
die fiquidcm benccli<5lionem in pontificalibus po-
pulis impertitum ; fccundo in impcrjnli habitu &
infula Cx-faraja redcmitum appniuilTc , delatoquc
jpci fc nudaro c;ladio , clara & data voce tcftatum
tertur : Erce lïuo gladti hic ; eâ me de re doccnti-
biis Paralipomcnis Vcrpcrgcnfis in Alberto Rom#
Rc2;c , nccnon Albcito Krantzio ex cjulcicm libro
S, SaxonirK , cap. -3,6.
Pag. i^S. col. 1. Scrjpfit ctiam de icbus inibi
contra fc geflis Bonifacius iis in lùteris quas ad
Gallia? Prxlatos dcdit , cdiditque Hocfenius ia
TJicobaîdo de Barro. ,cap. 38. 5c his plané vcrbis,
quibus in promptii paucis , fraudari noriia qui le-
gerint , non dcbcmus. Scimiis qiiidcm multorum
rclationc fidelium , nec latec Apoftolicx Sedi , quns
& quanta fiicrint in eadcm concione narrata , Se
maxime qua;BcliaI Petrus deFlottc, fcmividcns &
ctiam totalitci" cxcœcatus,& quidcm alii praedica-»
vcrint, languincm fiticntes chriftiani.qui charifïï-
mum Philippum Vrancorum Rcî^em illufbreni
traherenitu'ntur in dcviuni , pro dolor ! propin«
quum , cum tanta cKriftianitatis fublimicas «-•
loneoducatu fubmcrgitur, &c.
Pac^. 160. & 161. Adcrat forte tum in Gallii?
StepKanus Columna , qucm uni cum univerfa
gentc [ ut vcrbis Pctrarchaî utarlib. Rerum mc-
morand. fecundo] duobusiuftris vagum egcrat ac
toto orbe difperfum , fulminans de terris , & ad
cxemplum Tonantis sethcrei , cujus vices gère-
bat , cdtâiis minacibusintonans. Isco^nito Régis
adverfusBonifaciumodio , ad eum fe contulit ,
humaniterquefufccptus conHlium hoftis capiendi
dcdit. Mittitur illico rei conficicada: gratià GuiU
lelmus nominc Nogarctus , calliditatc &: aftutia
prarftans , unàcum Mufciato Francefiollorcatino
<^8 ^Additlom m\* Preuves
cive. Dantur & eiCdem litterx ad Mnifanoô
R^gis , ut quantum pecuniaî ad legia negotia,
pctcrent , illis numerarctur. Confcdcrc primùm
regii miniftri Sraggia- , quod erat Mufciati caftel-
lum in Hetruiia , illicquc per occultos nuncios ,
Tpecie pacis inter Pulchrum & Bonitacium leren.
àx jConjurationem cUm alibi dccrctam in igna-
rum mali Pontificcm promovere , fediilo corrup-
tis multo auro Ceccano $l Suppino proceribus ,ex
ipfaque Anas;iiienfiuni urbe Matïci potentis viri li*
beris , aliifque nobiiitatis pra^cipua; Gibcllinis.
Fama cft Cardinales aliquot fa£lionis cjurdem
conjuracionis hujufmodi participes extitiiîe, Inde
Duxconjuratorum Sarra Colnmnamearç Septem»
bri anni 1303. équités numéro trecentos & pedi—
tum cohortes aliquot fummomane Anagniamdu-
xit , ubi tum Pontifex unà cum Curia confidebat.
Occupatur urbs flatim , difcurritur cum vexillis
Pulchri , iftiquevita, mors contra Poatifici paf-
lîm ab omnibus acclamatur. IngratifTimus Ana-
gniae pcpulus rcbellionem fecutus & vexilla Régis,
velut amens , & ipfe Ponificis lioftibus Te con-
junxit. Capitur primo rcpentino impetu Bonifacii
Regia , quidpiamfulpicante nemine , nemine re-
fi fiente. Hîc Pontifex ad rumorem primum ,Car-
dinalibus ac minillris dilapfis metu , (e mortuum
illico iudicavit. At enim collcfto fpiritu vir in
emni calamitate fc ipfo major ; Qu^.ndoqmdem ,
inquit y/aclnm cfi ut , quod Jefu Chrifio contjgit ,
froditorie capiar , ^ inmanus inimicorum adocci"
dendum tradar , fixum eft unimo fie omnino mort
ut Papam decet. His diflis pontificium omncm
ornatum aflumit , folium racruminfidet , conju-
ratos expe£lat. A Sarra comprehenfus eft. Noga-
reto illudenti ac minitanti fe illum in Galliam
miirurmn, ut Lugduuiin Synodo Pauum Ponti-
de M, Dupiiy- €<)
ficia ^ignitatc fpoliarctur , conftantlirnno iclpon-
dit : P aîi!7iter feram qindquid m me e^erint VatH'
r'mi. Patarini vox harcticum homincm fîgnifica-
bat , cujus cnminis rcus Nogareti avus igné cie^
matus fuciat. lllo lefponlo Guillclmi feiocia cou-
cidit. Tndui fpatio m poteftatc hoftium cuftodia
fub Iioneita fuit , qui prxdar intcnti fat habucie
thefauros ab illo congeflos abripcre , neccimali
prcttereaquippiam iiniileic,non pcimittcntibusfu-
pcris Vicarium Chriftigravioiibusinjuhis violari.
întciim AnaçTiiini divinitùs cxcitati , & qui iiicor-
rupci eraiit , miferationc moti , &: qui cum hoftc
fenfciaut , pœnitentia fubcunte , metu qvioque de-
decoiis & infamiaî pcrcunî , ne Romanorum Pon-
tiiiccm , civemque ruumpublico confcntu prodi-
diffe diceientui- , arma capiunt , totaque prodi-
tores inquircntcs uibc , VtvAt , clamant , Ponti^
fex ; mort^intHr hojles : multifque corum cxfis,
inrcrccptis multis, Sanain cum fociis Anagnia pcl-
lunt , Pontificem , magna prardac parte recepra ,
prillinn! libertati reddùnt.Hincille regreffus liaud
multo poftRomam,dum vindidx modosjaltiùsin-
vefligat , adveifus Philippum & conjuratos Con-
cilium parât , injarlaî fibi & Ecclcfiaî illatx con-
Tumcliam graviffiraè ulturus , animi mœrorc ex
ingcnti càlamitatis vi conccpto , in gravifïimam
argritudincm incidit , quà pcr plures dies crucia-
tus , mamifquc fîbi vifus arrodere , migravit c
vita Vaticanisinaedibus, iv. ldusOâ:obris , falu-
tis anno 1303. cXtatis %6. Pontificitus anno VIII.
menfc ix. die xvii quintâ vcro& trigefimà pofl:
tantam acceptam calamitatem.
Pag. 161, col. 1. Feruntur ad hase conjurati ,
occupTta Anagnia , non tam mortem Potitifici ac-
clamaffc , quam Pontificatu maximo ut abirct ,
^uemadmodum codenj abirc coegcrat Celeilinun\j
^o ^dMttd'fJS AUX Preuves
ad hsec vcro Poiitifex , fe id faclurum âfetnlnU
mè i quod Fapa ejjet , & Papa mort cuperet , rcC-
pondiffc i quin audadcr vitam ipfara lus verbis ,
encaput , en collum , cunftis difcriminibus obje-
^baffe. Narrât \\xc Bochellus in notis dccrctorum
Bcclefise Gallicanx.
Pag. 164. col. i. Caetcrum , qux Fcrrctus de
morte Bonifacii fcripfit , plané iingularia funt •
cum nempe Pontifîcem , cum fibi viin inferri cer-
nerct à Neapolcoiic de Caftcllo Sarrar Columiiii
duce , pcr quam , vellet noUct ,cogeretur Sarram
ipfum & Columncnfes reliquos diris innexos
cxolvcre , aut certo ccrtiiis uiret adcmptam Tibi
facultatem omneiii adeundi Lateranenfem acdem
quam voto falutis (mx aptiffimam judicaret , in
adeo prazcipitcm infaniam delapfum cfTe , ut &
fibi manuum extrcma corroferit , & furcnti fimilis
iiivocato daemone , capitequc paricti fréquenter
iilifo , intcr thorum & ftramcn obierit fuffocatus,
Hxcillc tum vivcns , & plura quibus non invitus
parco;faccretquediâ:isilliuscx parte fidem,quod
Argcntinenfîs. fcripfit . Bonifacium fcilicet vel
A'fi^^gntA captum fibi correfijfe manus ; & vulgo
l'adatum in cumdem illud, Infravit ut l'ulpes ,
ijixit Ht leo , mortuHs efi ut canis ... nifî apcrto Bo-
nifacii fepulchro rcpcrtum corpus ejus fuiffet in-
tcgrura adeo & incorruptum , ut in illo fola nafi
parsextrema defideraretur ; manus vcrô adco ex*
îuberantes & vividœ fuifque cum digitis omnibus
nullibi vitiatis , ut in iis vel tum apparerent vcnac
ipfae ac nervi pelle & carnibus adoperti. Ita nempc
fe rem illam habuifle docent ejus apertionis A6ba,
qua: B2:ovius edidit ad annum 13C3.
Pag. i^T. col. i.Quod attinet ad Galliarum Rc«
gcm , reddidit illum Ecclefiae facris Bencdidus ,
£c iatcidi^o Soiufddaao fol vit. Coafcnûunc hac
de Ai» Dupuy» j\
în parte fcriptores omncs ...immo ncc petcntcru
abfoIvifTc Walfimghamus adciuit hilcc vcrbis :
Hic Papa Beacdiclus per idem terapus confide-i
ranspium eiTc ciiain ovcm crrantcm , licct invi-
tam perducerc ad ovilc , Regem Francorum non
pctcntem à Iciitciuia cxcommiinicacionis pci de-
CcfToiem fiiuni latâ in cumabfolvit
Pag. 166 col. I. Rcccpit itidem in gratiam Car-
dinales Columnenfes duos , Jacobum & Pctrum ,
. & ad unitatcmEcclelixrcvocavit, reftitutisiifdera
bonis omnibus , piarter galerum rubium.
Ibid. col. i.Ncc latebuncqui noflra iegerint ,
vencni tanto Pontifici prxbici audoies. Optimum
cnim rcIigiofifUmumciue Pontifîcem Cardinales
ncfcio qui ( cur enim nomina corura ab hiftoricis
omilîa (unt , ncc omni probo , ut arquum ciat, dc-
iiotata ?) [z^ ut vcrilimilc vidctur , gentilcs Boni-
facii , qui tune muItiinT potcrant , & hune ode-
rant , fortalTe proptcr Bonifacii hoiks rcftitutos
in gratiam , viventem diu ferre non poterant ....
Placée niliilominiis aliis venenum per Pincernam
Bcnedi(flo Pontifici mixtum , eorum hortatu fo-
]ùm quos anathcmatc graviori percufTcrat ob Bo-
nifacium captum , Nogareti cumprimis & Sarr;e ,
qui vocati renucraiu apparerc.
XXII.
Extraits de Conradi Vccerii Regtl Secre-^
tarit de rebiis geftis fmperatoris Henricî
Vil' libello apudVrflitiumedito , mm
158 ^. Vrayîcoforti,
PAg.6'4. Annoa Clirifto falvatorcgcnito 1302,.
Francorum Rcx Pliilippus cognomcnto Pul-
cher , grave advcifus Pontificcm maximum Boni-
71 Jlddlttons mv Preuves
facium VïII. concepcrat odium , tum Gibcllinas
fa£t:ionis ftudiofiorem exiftimans, tum quod fidcm
-temeiè pr^Evancatum contcnderet PromififTcenim
iibi paucis aiitc annis cum alia quccdam , tum de
fumma Romani Impcrii poteftate ab Germanis
ad Gallos traducenda j atque adeo Carolum Fra-
trem ditcrtè fuifle in conventis nominatum , cui
id dccus primùm airignaretur. Hxc videlicetpol-
licita nunc eecidiffe ad nihilum , Albertin© Teuto^
nico principe palam nuper dccrctis ejus compro-»
bato.
. Pag. 6 s . Pontifex ne nullam non lationcm cocr-
cendi Pulchri tcntaret , Flandrorum partes tuefi»
aggreditur. Ea tum gens , quod fuperbiùs irnpe-»
ratum fibi <iiceret, Gallicum jugum detreftabat.
Ibid. Sed nec ea Philippus poflhabenda ratus,
PicSlavos in couvcntum acccrfito Clemenre, de cx"
teris defidcrii fuipartibus refcrri jufTit in médium^
:Summa petitio erat de abolenda in perpetuum me-
moria Bonifacii : neque praetextu caruic flagitics
impudens , articulisquadragintaingenio caufidi^»
corum excogitatis , quibus Oâ:avi mores , prêter
alia facinoia , de hxrctica impictatc figillabamur*
fm des Addit'mSi
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