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Full text of "Histoire des démeslez du pape Boniface VIII. Avec Philippe le Bel, roy de France"

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HISTOIRE 


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DES  DEMESLEZ 

DU    PAPE 

BONIFACE  VIII. 
PHILIPPE  LE  BEL 

ROY   DE   FRANCE. 

Tar  feu    Adrien  h aiz-lït  , Bibliothécaire 
de  M.  le  Frejîdem  de  Lamoigmn. 


A      PARIS, 

Chez  Florfktîh  Del AiTLyi,ruc 
Saint- Jacques  ,  à  l'Empereur. 

^  M.   DCC  XVIII. 

Jiv^  jipfrobmon  &  TrlvïUge  du  Roy. 


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A 


nx. 


AVE  RTISSEMENT. 

IL  y  a  plus  de  (3  0  ans  que  M.  Dupuy  ^ 
Prieur  de  S.  Sauveur  ,  lit  imprimer  à 
Paris  ri^ftoire  du  Différend  de  Bonifacc 
VIII.  avec  Philippe  le  Bel  Roi  de  Fran- 
ce, compofëe  par  Pierre  Dupuy  Ion  fre^ 
re.  Qiielque  applandiiTemenc  qu'ait  re- 
çu cet  Ouvrage,  on  peut  dire  néanmoins 
que  c'eft  moins  une  Hiftoire  du  Diffé- 
rend de  Boniface  VIII.  avec  Philippe 
le  Bel  ,  qu'un  ample  Recueil  des  Pièces 
qui  concernent  ce  fameux  Démêlé. 

La  nouvelle  Hiftoire  que  Ton  donne 
aujourd'hui ,  vient  de  feu  M.  Baillet ,  (î 
connu  dans  la  Républicjue  des  Lettres. Il 
l'avoic  communiquée  a  un  de  fès  Amis^ 
qui  s'eft  fait  un  plaifir  d'en  faire  préfenc 
au  Public.  C'eft  un  Supplément  nécef. 
laire  au  Recueil  de  Meilleurs  Dupuy.  En 
effet  ,  outre  plufieurs  Pièces  originales 
qui  avoient  échapé  aux  recherches  de 
ces  illuftres  Frères ,  8c  que  l'on  trouvera 
à  la  fin  de  ce  Volume,  la  Relation  hifto- 
rique  de  M.  Baillet  eft  plus  complète, 
6c  remplit  mieux  le  titre  d'Hiftoire ,  que 
le  Difcours  fommaire  6c  trop  abregç 


AVERTISSEMENT. 

qui  eft  à  la  têce  du  Livre  dont  nous 
parlons. 

Au  refte^nous  adoptons  Se  nous  renou- 
velions ici  la  proteftation  que  M^Dupuy 
ont  faite  dans  leur  Préface  ^de  leur  reL 
ped  fincere  ,  &  de  leur  attachement  in- 
violable pour  le  faint  Siège. Mais  comme 
cette  éminente  place  n'a  pas  toujours  été 
occupée  par  des  Papes  d'une  éminente 
piété,&  que  BonifaceVIII.  avoit  fait  des 
entreprifes  in juftes  6c  odieufes  fur  Pauto- 
rité  fouveraine  de  nos  Rois ,  qu'ils  ne 
tiennentquedeDieufeul,nousnecroions 
rien  faire  de  contraire  aux  fentimens 
dans  lefquels  nous  devons  être  à  l'égard 
du  faint  Siège,  en  travaillant  à  faire  con- 
noîtrc  un  Pape  ambitieux  ,  &c  à  détruire 
fes  prétentions.  Nous  efperons  même 
que  tous  les  bons  François  nous  fauronc 
quelque  gré  d'avoir  mis  au  jour  un  Ou- 
vrage qui  juftifie  pleinement  la  mémoire 
d'un  de  nos  plus  grands  Rois,  &c  qui  n'a- 
Yoit  d'autre  objet  dans  tout  ce  Démê- 
lé, quedefodcenir  les  droits  de  fa  Cou* 
ronne,ôc  de  maintenir inviolablemenc 
les  bornes  que  Dieu  a  établies  de  couc 
tems  entre  les  deux  PuilTances^ 


SOMMAIRE 

DE  LA  PREMIERE  PARTIE. 

I.  T)  Arallele  du  Différend  de  Boni  face 

JL     T^iri.  é-  de  Philippe  le  Bel,  avec 

xelui  d'Innocent  JsTI.  ^  de  Louis  J^Uf. 

Page  I. 

II.  De  ceux  qui  ont  travaillé  a  T hifio ire 
^u  premier  différend,  i o^ 

II I.  Avènement  de  Bàniface  VIII.  aK 
Tontificat.  22. 

IV.  Ses  premières  démarches  pour  établir 
fa  puiffance  fur  le  temporel  des  Rois*  Il  fe 
^end  l'arbitre  de  leurs  différends,  if.  Sc  fuiv. 

V.  //  défend  au  Clergé  de  leurs  Royaume  s 
de  leur  payer  aucuns  fubfides  pour  quelques 
fiecejfîtex^que  ce  fut.  Edit  du  Roi  contre  les 
JEtranq^ers.  Bulle  du  Pape  contre  cet  Edit* 
Réponfe  du  Roi  a  cette  Bulle.       ^2.  èc  (iiiv^. 

VI.  Requête  des  Prélats  de  la  Province 
de  Reims  au  Pape.  Nouvelles  yfienaces  de 
Boniface  contre  le  Roi.  Il  fe  relâche  fur  fi 
Bulle  concern.mt  les  exemptions  des  Eccle^ 
Jïajiiques,  -Le  Papc  fait  publier  la  trêve  eft 

a  iij 


T    A    B    L    E. 

yrance  fdm  permiffïon  du  Roi  ^  qui  frôtejfè 
contre  cette  entre prife,  ^j-.bc  fuiv, 

VII.  Les  Colonnes-  ennemis  de  Boni  face 
ï"  attirent  une  fanglante  perfêcution.  Ils  font 
dégrade ^^^profcrit s  :,  excommunie 7^  Croifade 
êontre  eux.  j6.  ôc  fuiv. 

VIII.  Le  Pape  modère  encore  fa  Bulle ^ 
i  ou  chant  la  levée  des  fuh fi  de  s  furie  Clergé  ^en 
faveur  du  Roi  de  France ,  ^femble  vouloir 
fe  remettre  bien  avec  lui,  é/.^  fuiv. 

IX.  Il  promet  au  Roi  de  faire  Empereur 
fon  frère  Charles  de  Kalois.  Ile  fi  re(^u  aybi^ 
tre  du  différend  entre  le  s  Roi  s  de  F  rance^d*  An- 
gleterre dr  le  Comte  de  Flandre  s  ^  non  comme 
Pape  ,  mais  comme  particulier.  Il  trompe 
Philippe  le  Bel^  quife  trouve  offenfé  par  fa. 
Sentence  y  (^  par  la  conduite  qt^  il  garde  dam 
iéleBion  d  Albert  d^ Autriche  à  l'Empire  , 
eu  il  manque  a  la  parole  qu^ il  lui  avoitdon^ 
née  pour  fon  frère,  /6,  êc  fuiv» 

X.  Philippe  le  Bel  cherche  à  s'en  venger  * 
Jl  recommence  la  guerre  contre  le  Comte  de 
Flandres  quil fait  prifonnier.il  fait  allian^ 
ce  avec  le  Roi  des  Romains  ^  au  grand  çha^ 
gr in  du  Pape  Boni  face,  <?/.&fuiv* 

XL  Jubilé  feculaire.  Le  Pape  s'y  fait: 
paffer pour  le  Monarque  fpiritud  é*  tempo -^ 


TABLE. 

rd  de  l' Univers.  Philippe  le  Bel  lui  envoyé 
des  Ambaffadeurs.  Libertez^de  Noyiret  en* 
vers  Sa  Sainteté.  Biffimulation  deBoniface, 
Invention  des  Croifades  utile  à  l'avance^ 
ment  des  Papes.  p^-^  f^ii^- 

XII.  L'Eveque  de  Pamiers  e^  envoyé  an 
Roi  par  le  Pape.  Sa  mauvaife  conduite.  On 
lui  fait  fon  procès.  Jo^.  &C  fuiv. 

XIII.  Rupture  ouverte  entre  le  Pape  & 
le  Roi,  Sufpenfion  des  privilégies  &  dèfenfi 
de  lever  des  décimes  oufubjidesfurle  Clergé. 
Citation  des  Prélats  &  autres  Ecclefiafii^ 
que  s  ci  Rome  contre  le  Roi.  jj6^  fuiv. 

XIV.  Prétentions  du  Pape  touchant  U 
piiffance  temporelle  ^  ^  fur  le  droit  de  Re^ 
gale.  12^.  &  fuiv. 

XV.  Suite  ^fin  du  procès  de  t  Eve  que 
de  Pamiers.  JS9'  ^  ^"^^• 

y^Ml.On  procède  en  France  contre  les  en- 
ircprifes  du  Pape.  Affemblée  des  Trois^ 
Etats.  J4^.  ôc  fuiv. 

X}J\l.Réfultat  de  cette  Affemblée.  Le 
Roi ,  le  Clergé  .^  la  ISFobleffe  ^  le  Ticrs^Etat; 
envoyent  é*  écrivent  à  Rome  féparément. 

i6i.  &  fuiv. 

XVIII.  Pouvoir  des  Laies  en  France  en 
faveur  du  Clergé.  2^ouvclle  Ajfcmblée  des 


TA  BLE 
Etats.  Incertitude,  Réponfe  des  Cardinau}^ 
à  la  NobleJJe  ^  au  Tiers. Etat,  Réponfedtc 
Pape  auClergé,  i66.  6c  fuiv, 

XIX.  Confiftoire  tenu  a  Rome  fur  le  dif^ 
ferend  d'entre  la  Cour  de  Rome  é^  la  Cou^ 
ronne  de  France,  Avis  du  Cardinal  de  Por- 
to.  Avis  du  Pape,  Rèponfe  de  trois  Cardin 
naux  au  Duc  de  Bourgogne,     jSi,^  fuivi 

XX.  Perte  des  François  u  la  bataille  de 
Court  rai  y  attribuée  au  Pape*  2sfouvean 
fujet  de  brouillerie  entre  la  Cour  de  Rome  ^ 
la  France.  Le  Comte  de  Valois  e fi  rappelle 
d*  Italie.  Ze  Roi  fait  faifir  les  biens  des  Ec^ 
<lejiafiiques  allez^  à  Rome.  Il  recufe  le 
Pape.  7^2.  ëcfniv, 

XXL  Synode  de  Rome  où  fe  trouvent  plu-. 
Jieurs  Prélats  François  contre  l^ ordre  du  Roi* 
le  Pape  tache  de  fejufiifier  contre  le  Roi  ^ 
fes  C!Minifires,  Bulle  de  lapnijfance  duPape 
fur  le  temporel.  Le  Roi  eft  excommunie  de 
nouveau.  20^^  ÔC  fuiv, 

XXII.  Edit  du  Roi  contre  ceux  de  fes 
Sujets  qui  alloient  à  Rome  fans  fa  permilfion. 
Requête  de  ITogaret  au  Roi  contre  le  Pape, 

210.  êc  fuiv. 

XXI IL  Légation  du  Cardinal  le  Moine 
tn  France,  Articles  fropofe^au  Roi  par  le 


TABLE. 

pape,  Rêponfe  du  Roi  à  ces  Articles.    21  f^ 

ôcfiiiv. 

XXIV.  Le  Pape  fe  platm  des  Rcponfes 
du  Roi.  Il  le  déclare  excommunié.  Il  cite 
le  rcfle  des  Prélats  a  Rome,  Le  Lcgat  fe  re^ 
tire  de  la  Cour  ^  du  Royauync.       226  d<.C 

XXV.  Le  Pape  confirme  l'êleclion  d' AL 
bertRoi  die  s  Romains  ^(^  lui  fait  diverfe  s  fa* 
vcurs  pour  l'oppojer  a  PhilipJ>e  le  Bel,    2?6 . 

&:fuiv. 

XX VI.  Afficmblcedes  Etats  duRoyaume 
contre  le  Pape.  Accu  fat  ions.  Appel  du  Roi 
0*  du  Clergé  au  Concile  général  .  2^0,  6:  f. 

XXV IL  Les  Eglifes  é-  les  Chapitres  , 
les  Provinces^  les  Villes  ,  les  Univerfitez^y 
les  Religieux  ,  les  Nobles  é"  le  Peuple  du 
Royaume  adhèrent  a  cet  Appel ^  comme  aujjt 
quelques  Etrangers,  Le  Roi  donne  fa  pro.^ 
teïlion  a  tous  ceux  qui  craignoient  le  Pape, 
Il  envoyé  en  Italie  ^  en  E [pagne  pour  folli^ 
citer  la  cenvocation  du  Concile.  Il  défend 
aux  Ecclefiaftiques  de  fortir  de  fon  Royau^ 
me.  2^S.  Se  fliiv. 

XXVIII.  Le  Pape  fe  retire  à  Anagnia 
é^  fulmine  divcrfes  Bulles  contre  la  France. 
Il  ordonne  que  les  Citations  de  Rome  auront 
vigueur  fans  qu'il  foit  besoin  de  lesfignfier 


TABLE. 

awjc  personnes  citées.  Bulle  contre  les  Vnu 
verjitez^,  contre  le  Clergé  de  France^  ^  con- 
tre  l' Archevêque  de  Nicojïe,  2j'/.d>cf. 

XXIX.  Pratiques  de  Noqaret  en  Italie 
contre  le  Pape,  Dernières  entreprifes  deBo^ 
ni  face  contre  la  France,  268,  ôc  fui  v . 

XXX.  Il  eft  pris  dans  Anagnia  par  les 
François,  Sa  mort,  2/6.  6c  fuiv. 

SOMMAIRE 

DE  LA  SECONDE  PARTIE. 

L  1V"T  Ogaret  continue  fes  pourfuites.  Fie- 

X.  \|  cl  ion  de  Benoift  JCI   Plaintes  e^ 

remontrances  de  Père  do  au  nom  du  Roi.  Am^ 

haffade  au  nouveau  Pape.  Requête  du  peu- 

fie  de  France  au  Roi.  2^5? . &  fui v. 

W,  Benoift  JlI  ah  fout  le  Roi  é^  fes  Su- 

pts*  Il  révoque  tout  ce  que  Boni  face  avoit 

fait  contre  la  France.  pp  &  fuiv. 

III.  //  rétablit  les  Colonnes  en  partie. 

Ceux  cipréfeyitent  leurs  Mémoire  s  à  Philips 

fe  le  Bel  contre  Boniface.  Le  peuple  Romain 

les  rétablit  entièrement.  Benoift  procède  con^ 

tre  ceux  qui  avaient  maltraité  Boniface. 

Mort 


TABLE. 

Mx>rt  du  Pape  Benoift  JTI.  $iS.  Sc  C 

IV.  JFin  de  la  guerre  de  Flandres,  Ailes 
de  Guillaume  de  N'ogaret  pour protefier  con^ 
tre  les  Fauteurs  de  Boniface  ^  pourfuivre 
fa  mémoire.  Procurations  de  Nogaret  pour 
agir  à  Rome  en  fon  nom.  ^26.  &  fuiv. 

V.  Election  auPape  Clément  F^^  Ses  con- 
ventions avec   le  Roi.    Siège  d'Avignon. 

^^6.  &c  fuiv. 

VI.  Z^  Pape  rend  le  Chapeau  aux  deux 
dolonnes.  Il  révoque  les  Bulles  de  Boniface 
contraires  à  la  France.  Il  accorde  les  déci^ 
mes  au  Roi  pour  cinq  ans.  Il  élude  la  con- 
damnation de  Boniface.^  que  le  Roi  deman- 
doit.  ^^6.  &  fuiv. 

VIL  Ils  fe portent  tous  deux  k  la  ruine 
de  s  Templiers.  Le  Pape  trompe  le  Roi  dans 
la  promeffe  d'élever  Charles  de  Valois  fon 
frère  à  l'Empire.  ^j-^.  Se  fuiv.' 

VIIL  InftruBions  du  procès  deBoniface. 
Violences  faites  kfes  Accu  fat  eurs.  Plaintes 
du  Roi.  Les  Parties  vont  plaider  devant 
Clément  V.  s^r.  Sl  fuiv. 

IX.  Procédures  des  Parties  dans  la  caufe 
de  Boniface.  Z' Ambaffadeur  de  France  ^ 
é^uoiqu  excommunié  y.  veut  participer  à  la 
Communim  da  jEldeles  ,  prétendant  etra 


TA    B     L    Ë. 

éth fous  four  avoir  faluè  ^  entretenu  le  Pa^ 
fe.  Continuation  des  procédures.  Articles 
des  droits  du  Roi  maintenus  devant  le  Pape; 

^6/.^  fuiv. 

X.  Clément  tkche  d'arrêter  les  procède- 
tes.  Le  Roi  fe  defifte  de  fes  pour  fuites  con=- 
tre  Boni  face ,  ^  remet  l'affaire  entre  les 
mains  du  Pape.  Clément  cajfe  tout  ce  qui 
s' è  toit  fait  contre  le  Roi  ^  la  France,  Ahfo» 
lut  ion  de  J^ogaret  ^  de  ceux  d^  Anayfiia. 

^8r*^  fuiv. 

XI.  Jugement  du  Pape  qui  abfout  Boni- 
face   d'herefie.   Quelle  part  le  Concile  de. 

^'"^ienne  y  a  eue.    JE  in  de  toute  la  querelle* 

j^ p.  de  fuiv. 


ERRATA. 

PAge  lOO.  ligne  f'  Sorâfice  ,  liCez  Thilifpt  le  Bel, 
Page  I  0  f .  U  4-  Maître ,  lif>  Miniftrc. 
Faç!;e  197.  I>  20  déplus  ,  Hf  depuis. 
Page  217.1.  1  o.  cours  ,  ///.  Cour, 
Pat^e  2  91.  c»  ^/w/'^e Nicolas  ,/î/î  Nicole. 
Page  ^  z  r»  1. 1  ^.  e(npoifonnemens,/ïCempoi{bnneui5<, 
Page  ^87.  1.4. /?/;  de  la  Couronne  &  de  Sa  Majellé, 
3?age  }  9  8«  l«  7 .  ^i/^  n'étoic  pàS  pour. 


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HISTOIRE 

DES    dÉMESLEZ 

D    E 

BONIFACEVIII- 

^    r  E   C 

PHILIPPE  LE  BEL. 


PREMIERE    PARTIE, 


'X 


Mj^>i 


E  toutes  ks  contefta- 
tions  lurvenues  entre 
^^  la  Cour  de  Rome  ,  & 
celle  de  France,  il  n'y 
en  a  point  qui  fourniirent  plus  de 
rapports  réciproques,que  les  dé- 
iTîêlez  qui  fe  font  formez  d'un 
côté  entre  Boniface  VIII.6<  Phi- 


T. 

Parallèle  (fa 
différend  de 
ïJonifacc 
VIII.  Scdc 
Philippe  ic 
Bel  ,  avec 
celui  d'in- 
Dcccnt  XI. 
&  de  Lcuis 
XIY. 


'■  %  Démelex^deBonlfuce 
lippe  le  Bel  3  &  de  l'autre  entre 
Innocent  XI.  &  Louis  XIV, 
Car  foit  qu'on  veuille  les  com- 
parer enfemble,  foie  qu'on  aime 
mieux  les  oppofer  Jl  y  a  de  quoi 
former  de  Tun  ^  de  l'autre  uxi 
parallèle  prefque  continuel  ^  au- 
tant pour  ce  qu'ils  peuvent  avoir 
de  contraire,  que  pour  ce  qui 
s'y  trouve  de  femblable. 

Parmi  ce  que  ces  fameux  dif- 
férends ont  de  commun  ,  &  qui 
peut  les  rendre  femblables ,  il  eft 
bon  de  remarquer  que  l'un  6c 
l'autre  s'eft  pafle  fous  le  Ponti- 
ficat de  trois  Papes,  dont  le  pre- 
mier ayant  caufé,  ou  vu  naître  le 
différend ,  eft  mort  au  fort  de  la 
querelle  fans  réconciliation  avec 
la  France  3  ce  qui  eft  arrivé  à  Bo- 
niface  VIII.  &:  à  Innocent  XL 
Le  fécond  ,  c'eft-à-dire  Benoît 
XI.  fucceflcur  de  Boniface,Ôç 
Alexandre  VIIL  fuccelTeur  d'In- 
nocent, ayant  été  prévenu  de 
civilitez  ôc  de  foûmiffions  par  la 


avccPhiiippt  le  BùL  ,  J 
France  ,  s'eft  raccommodé  en 
ufant  néanmoins  de  diffimula- 
tion  avec  elle  pour  fauverles  pré- 
tentions de  la  Cour  de  Rome. 
Le  troilîéme,  favoir  Clément  V. 
dans  l'un^  &  Innocent  XII.  dans 
l'autre,  a  terminé  toute  Taffairc. 
De  la  part  de  la  France  il  n'y  a  eu 
dans  chaque  démêlé  qu'un  Roi, 
fous  lequel  l'un  ôc  l'autre  a  eu  Tes 
commencemicns ,  Tes  progrès  & 
fa  fin.  C'aété  un  Evêquede  Pa- 
miers  qui  femble  avoir  donné  oc- 
cafion  à  la  querelle  dans  l'un 
comme  dans  l'autre,  Ledroitde 
Régale  efl:  entré  dans  tous  les 
deux ,  comme  faifant  partie  de 
la  conteftation.  Il  y  a  eu  dans 
l'un  6c  dans  l'autre  appel  au 
futur  Concile  contre  le  Pape. 
L'attachement  des  membres  de 
l'Eglife  Gallicane  pour  leur  Roi 
y  a  été  prefqu'égal.  Le  Clergé  , 
les  Univeriitez,  les  Moines,6c  les 
Mendians  du  Royaume  fe  font 
jettez  par  tout  dans  les  intérêts 

A  z 


4        T^èmèlei^  de  Boniface 
du  Roi ,  6c  ont  adhéré  par  des 
ailles  publics  à  l*appel  qui  avoit 
cté  interjette.  Il  y  a  eu  excom- 
jYiunication  d^Ambafladeurs  ,  & 
des  menaces  même  pour  leurs 
Maîtres,quoiqu'elles  n'ayent  pas 
ctc  exécutées  furLouis  le  Grand, 
comme  elles  le  furent  fur  Phi- 
lippe le  Bel.  D'autres  pourront 
trouver  encore  quelques  conve- 
nances entre  la  fortune  des  deux 
Cardinaux  Colonnes,  à  qui  l'on 
^-  rendu  le  Chapeau  qui  leur  a- 
H-e  t^ôit  été  ôté  ,  6c  celle  du  Cardi- 
n  a  1  Forbin  de  Janfon,  à  qui  Ale- 
xandre  VIII.  accorda  le  Cha- 
peau qui  lui  avoit  été  refufé  par 
Innocent  XL  Les  Juifs  chaflet 
du  Royaume  par  Philippe  Jie 
Bel ,  6c  les  Templiers  détruits, 
ou  du  moins  arrêtez  par  fon  oin- 
dre vers  le  mêmetcms/emblent 
fournir  auffi  quelque  forte  d« 
'rapport  avec  Textirpation  ^^^ 
Huguenots,d'une  part  -,  &  la  def. 
cruâion  des  ReJigieufes  del'En. 


avec  Philippe  le  Bel.        f 
fânce ,  de  Taurre  -,  quoique  ces 
Religieufes  fuflent  très^Cacho- 
liques ,  6c  d'une  vertu  exemplair 
re. 
Mais  s'il  fe  rencontre  tant  d*in- 
j    îcidens  propres  à  faire  comparer 
enfemble  ces  deux  fameufes  con- 
teftations ,  il  y  a  auflî  dequoi  les 
oppofer  par  des  différences  très- 
'  grandes  ,  qui  pour  la  plupart 
viennent    des   endroits  mêmes 
d'où    nailTent    leurs  rapports. 
Dans  toute  la  fuite  des  fucceC 
feurs  de  S.  Pierre  ,  il  efl:  difficile  ^'"^r"  ^'•'^ 
de  trouver  deux  Papes  qui  aient 
été  plus  éloignez  pour  Thumeur 
i8c  le  caradere  d'efprit,que  Boni- 
face  VlII.  ô:  Innocent  XL  fous 
lefquels  fe  font  élevez  tous  Iqs 
troubles  de  Tun  6c  l'autre  diffé- 
rend. Boniface  étoit  un  homme 
hautain,turbulent,  plein  de  cou- 
rage 6c  de  fierté  ,  entreprenant, 
^ambitieux ,  fourbe,  violent ,  peu 
-  réglé  dans  fes  mœurs,moins  tou- 
ché du  fpirituel  que  du  temporel, 
A3 


6  Dèmèlezjte  Boni  face 

peu  eftimé^peu  aimé  même  par- 
mi les  Tiens.  Innocent  étoic  doux 
&  paiiîble  ,  difficile  à  la  vérité  à 
faire  revenir  de  {^s  préventions^ 
mais  plein  de  piété  ,  ne  refpirant 
c]ue  la  charité  ,  la  paix  ôc  l'union 
des  fidèles ,  attentif  aux  devoirs 
d'un  véritable  Pafteur;,  fimple  , 
modefte ,  ennemi  du  vi:e  ,  ref- 
peclé  &,  chéri  des  fiens.  Aufîî 
Boniface  a.t-il  été  Tauteur  ou  la 
caufe  des  troubles  arrivez  fous 
Philippe  le  Bel  ^  au  lieu  qu'In- 
nocent XL  n'a  fait  que  foufFrir 
ceux  que  l'on  a  excitez  au  fujec 
de  la  Regale  pendant  le  règne  de 
Louis  XIV.  Les  Papes  fui  vans 
qui  ont  fait  la  paix  avec  la  Fran- 
ce ,  ont  eu  auflî  des  qualitez  af- 
fez  contraires.  Benoît  XI.  quia 
cafle  ou  révoqué  ce  qu'avoit  fait 
fon  prédeceffeur  ,  paflbit  pour 
.  un  homme  d'auilî  fainte  vie,  que 
celle  de  Boniface  avoit  paru 
fcandaleufe  ^  ôc  Ton  remarque 
comme  une  preuve  finguliere  de 


avec  Philippe  le  Bel.        j 
k  vertu  du  premier,qu'il  ne  vou- 
lut pas  tirer  fa  famille  de  la  baf- 
{qÇ[q  &c  de  la  pauvreté  où  elle 
étoit.   Alexandre  VI 1 1.  qui  aiipuWhim 
prétendu  caflér  de  annuUer  ce  t'cfrunivTr- 
qui  s'étoit  fait  en  France  du  vi-  ^^^^1/^^/,^ 
vant  de  fon  Prédeceileur,  étoit  ^-^"^   ^^ 
dans  une  réputation  allez   dou-  de  France, 
teufe,  ou  du  moins  fortinferieu.  ^"^  ^^* 
re  à  celle  qu'Innocent  XI.  avoic 
acquife  par  fa  piété  exi^mplaire  5 
&le  principal  de  ks  foins  a  été 
d*éleverôc  d'enrichir  ks  parens 
durant  fon  Pontificat.  La  diffe^ 
rence  des  deuxEvêques  de  Pa. 
miers  ,  qui  ont  donné  occafioa 
aux  deux  démêlez  ,  n'eft  pas 
moins  confiderable.  Bernard  de 
Saiffet  envoyé  au  Roi  par  Boni- 
face  VIII.  étoit  un  brouillon  ôC 
un  infolenr  ,  fans  foumiffion  6c 
fans  refpecl  pour  fon  Prince  lé- 
gitime. F  r anchois. Etienne  Catilety 
dont  Innocent  XL  avoic  pris  la 
protedion  ,  étoit  un  homme  de 
Dieu  5  zclé  pour  le  falut  de  fon 
A  4 


t  Démêlez^  de  Boni  fa  ce 
Troupeau  ,  &;pour  l'honneur  de 
fon  Eglife ,  humble  dans  fa  fer- 
meté, courageux  dans  fa  fournit 
fion ,  fidèle  6c  refpectueux  en^ 
vers  fon  Roi ,  auprès  duquel  fes 
ennemis  Tavoient  calomnié.  On 
peut  dire  auiTi  que  tout  n'étoit 
pas  égal  dans  ce  qui  s'étoit  pafle 
fous  les  deux  Rois,quoiqu'ils  puf- 
iènt  être  également  équitables-^ 
ou  bien  intentionnez.  Philippe 
le  Bel  avoir  l'avantao-e  d'une 
caufe  jufte  dans  toutes  les  par- 
ties ,  à:  il  n'étoit  que  le  défen- 
fèur  de  fes  droits  &  de  fa  Sou- 
veraineté contre  un  ambitieux 
-qui  croyoit  être  le  feul  Souve- 
rain de  la  Chrétienté.  Sous  Louis 
XIV.  on  ne  combattoit  que  les 
prétentions  de  la  Cour  de  llo- 
-i-ne,qui  regardent , non  la  Sou- 
veraineté des  Puiflances  féculie- 
res,mais  l'infaillibilité  des  Papes 
dans  leurs  jugemens ,  &  leurfu- 
periorité.  fur  le  Concile  ;  ^  on 
loûtenoit  avec  beaucoup  de  fer- 


^vec  Philippe  le  BsL  9 
meté  les  droitîj  &  libertez  de 
TEglife  Gallicane  contre  un  Pa- 
pe ,  qui  bien  que  prévenu  &:  en- 
têté des  prétendus  Privilèges  de 
fon  Siège ,  comme  quelques-uns 
de  {ts  Prédecefleurs  ,  n'avait 
pourtant  pas  encore  abufé  de 
ion  pouvoir.  Ceux  qui  fervoient 
Philippe  le  Belavoient  le  cœur 
droit ,  &  paroifToient  n'agir  que 
par  un  zelc  véritable  ^  mais  un 
peu  trop  véhément  pour  les 
<lroits  de  la  Couronne  j  au  lieu 
que  parmi  ceux  dont  LouisXI  V. 
fuivoit  les  avis;,il  y  en  avoit  queL 
ques-uns ,  qui  fous  le  prétexte  du 
bien  public  ne  cherchoient  qu'à 
ie  venger  par  des  voies  obliques 
^  détournées ,  de  ceux  qu'ils  re- 
gardoient  comme  lescenfeursde 
leur  conduite  6c  de  leurs  fenti- 
mens. 

Il  y  a  encore  cette  difterence, 
que  Philippe  le  Bel,  quoique  par- 
faitement foumis  au  faint  Siège  , 
n'a  point  allez  ménagé  Boniface, 

A5 


I  o  Démèleç^  de  Bonifcéèè 
&qu*il  l'a  traicé/oic  par  lettres^ 
fbit  par  Ja  bouche  de  izs  Ambaf-* 
£4deurs,en  termes  durs,  incivils 
hi  ofFençans ,  félon  la  groffiereté 
decetems-là.  Mais  Louis  XIV. 
a  toujours  afFeclé  beaucoup  de 
modération  ,  &  n'a  jamais  écrie 
ou  fait  parler  au  Pape  Innocent 
XI.  qu'avec  beaucoup  de  refpeA 
&  de  civilité  ,  fuivant  fa  politelFe 
&  celle  de  fon  fiecle.  Pour  finir 
ce  parallèle  d'oppofition ,  il  faut 
aioûrer  que  dans  le  premier  dif- 
férend ,  c'eft  la  Cour  de  Rome 
qui  a  fait  fatisfadion  à  celle  de 
France  ^  dans  le  fécond  ,  c'efk 
celle  de  France  qui  vient  de  la 
faire  à  celle  de  Rome ,  du  moins 
parlaceflîon  d'une  partie  de  k% 
prétentions  au  fujet  àt^  Fran- 
chifes. 
il.  11  feroit  donc  à  fouhaiter  qu'- 

Dc  ceux  on  pût  nous  donner  l'hiftoire 
travamé  ^^  ^^^  dcux  fimcux  démclez 
à  cette  avec  la  libertés  le  definterefle- 
ment  que  demande  l'importance 


Hiftoire. 


avec  Philippe  le  Bel,  i  r 
da  fujec.  Mais  comme  le  tems 
de  découvrir  les  reflbrrs  ^\qs  in- 
trigues du  fécond  n*eil:  pas  enco- 
re venu  ,il  eft  bon  de  faire  con- 
noître  le  premier  par  avance  ^ 
pour  préparer  les  efprits  à  juger 
plus  fainement  de  l'autre.  C'eft 
pourquoi  je  fuis  réfolu  d'écrire 
feulement  Tliiftoire  delacontef. 
ration  furvenue  entre  Boniface 
VIII.  &:  Philippe  le  Bel,  comme 
fi  celle  qui  s'eft  élevée  entre  In- 
nocent XI. &  Louis  XIV.  n'étoïc 
jamais  arrivée  :  &  je  tâcherai  de 
me  conformer  aux  favans  hom- 
mes qui  avoient  entrepris  de  trai- 
ter le  même  fujet  avant  ce  der- 
nier événement. 

Perfonne  ne  s'en  eft  mieux  ac- 
quité  que  M.  Dttpuy ,  Confeiller 
du  Roi ,  6c  Garde  de  fa  Bibliote- 
que.  L'hiftoire  qu'il  en  avoir 
compofée  en  François  6c  en  La- 
tin ,  fut  imprimée  à  Paris  quatre 
ans  après  fa  mort,  avec  les  Me-  iieji  mm 
moires  fie  les  Ades  ongmaux  qui 

A  6 


ï  1  '     Dèmeh'X^âe  Boniface 
en  faifoient  foi ,  êc  qu'il  avoit  ra-. 
maflez  avec  beaucoup  de  foin. 
On  y  trouve  prefque  par  tout  le 
caraâere  de  la  fîncericé^êc  l'exa^ 
ditude  que  l'Auteur  a  fait  pa- 
roître  dans  tous  ks  autres  Ou- 
vrages 5  une  connoijGTance  exqui- 
fe   &  fort  nette  des  droits  qui 
appartiennent  aux  deux  puifTan- 
ces,&  des  bornes  que  Dieu  leur 
a  prefcrites  ;  une  grande  founiif- 
fîon  à  l'Eglife  Catholique  5  une 
retenue  refpedueufe  pour  le  faine 
Siège  -5  un  zèle  raifonnable  bc 
bien  réglé  pour  maintenir  les 
Libertez  de  l'Eglife  Gallicane^. 
bL  conferver  l'autorité  fouveraî-f 
ne  de  Ton  Roi.  Mais  fon  deflèin 
n'a.  été  que  de  donner  une  nar- 
ration fuccinteêc  préliminaires 
lacolledion  des  ades  qui  com- 
pofent  prefque  tout  le  volume  > 
afin  d'inllruire  fes  Ledeurs  pac^ 
avance  de  l'origine  &  du  progrès:> 
de  toute  cette  hiftoire,  ^  de  leur; 
épargner  la  peine  de  la  débrouiU 


étvcc  Philippe  le  Bel,       i  3 
ïer  parmi  une  fi  grande  quantité 
de  pièces.  Ceft  ce  qui  Ta  fait  ré- 
foudre à  pafler  bien  des  chofes 
importantes  qu'il  a  cru  ne  pou-  > 
voir  aifément  abréger  ,  6c  qu'il  a 
jugé  qu'on  devoit  voir  avec  plus 
d'étendue  dans  les  fources. D'ail- 
leurs il  paroît  que  faute  d'atten-  - 
tion  fur  la  manière  de  compter 
les  années ,  qui  étoit  différente 
en  France  d'avec  l'ufage  établi  as 
Rome  &:  ailleurs ,  il  ^a  confondai 
quelquefois  les  affaires  d'une  an*  * 
née  parmi  celles  d'une  autre.  Ce 
n'eft  pas  feulement  dans  l'efpace 
des  mois  de  Janvier,  Février  6c 
Mars  jufqu'à Pâques,  comme  il 
eft  arrivé  à  plulîeurs  Hiftoriens  y 
c'cft  dans  le  refle  même  de  l'an- 
née que  fe  trouve  cette  confu- 
fion.  Ainfi  il  eft  obligé  de  nous 
donner  quelquefois  pour  TefFec 
d'un  incident ,  ce  qui  en  a  été  la 
caufe  ;  6c  pour  la  caufe  ce  qui  n'en 
a  été  que  l'effet  :  du  moins  a-c-il 
fait  fuivre  en  certaines  rencon- 


t4       Demèlez^de  Boniface 
très  ce  qui  dévoie  précéder  ,  6c 
précéder  en  d'autres  ce  qui  ne 
devoit  que  fuivre. 

Avant  M.  Dupuy ,  le  célèbre 
Richer^  Dodeur  de  Sorbonne , 
avoit  écrit  la  même  hiftoire  en 
latin  ',  Ôc  il  Tavoit  diftribuée  en 
cinq  Livres ,  qui  dévoient  faire 
partie  de  Phiftoire  de  TUniver- 
fîté  de  Paris ,  dont  on  a  trouvé  à 
fa  mort  quelques  volumes  ma- 
nufcrits.  C'eft  un  tilTu  aflez  fui- 
vi  des  ades  originaux  ,  des  Bul- 
les des  trois  Papes ,  &  des  autres 
titres  qu^il  avoit  recouvrez  après 
des  recherches  fort  pénibles,  & 
qu'il  avoit  jugé  à  propos  d'inférer 
tout  entiers  dans  le  corps  de  fon 
Ouvrage, fe  contentant  d'ajoû^ 
ter  du  fien  quelques  reflexions 
fur  ces  pièces  ,  pour  faire  la  liai- 
fon  de  Pliiftoire.Quoique  cet  ou- 
vrage ne  foit  pas  du  même  prix 
quecekn  de  M.  Dupuy ,tant  pour 
le  nombre  des  Pièces  originales,. 
que  pour  rarrangement  desfaits 


avec  Philippe  le  BeL  i  f 
dans  la  compofition  hiftorique  ^ 
la  profonde  connoifTance  que 
l'Auteur  avoîc  acquife  par  u^nc 
étude  opiniâtre  de  plus  de  qua- 
rante années  de  tout  ce  qui  re- 
garde l'adminirtration  deTEgli- 
fe  ,  Tautorité  &  les  droits  de  Ces 
Minières ,  lui  confervera  tou- 
jours fbn  mérite.  Il  y  a  même 
des  endroits  où  il  paroît  plus 
exad  &  mieux  informé  que  M. 
Dupuy,  comme  en  tout  ce  qui 
concerne  la  légation  6c  les  com* 
miflîons  du  Cardinal  le  Moine.Il 
a  été  auflî  plus  heureux  que  lui  à 
déterrer  quelques  Pièces  impor- 
tantes j6c  il  a  corrigé  diverfes  fau- 
tes qui  fe  font  gliflées  dans  le  Re- 
cueil desAcles  imprimez  dès  Ta» 
1614.&  réimprimez  40. ans  après 
dans  le  Recueil  de  M.  Dupuy  a- 
vec  les  mêmes  fautes ,  pour  n'a- 
voir pas  eu  fans  doute  connoid 
fance  de  cet  Ouvrage  qui  n'a  pas 
encore  vu  le  jour.  Mais  d'une  au- 
tre part  il  y  a  beaucoup  plus  de 


T  6       I>emele^de  Bonifdce 
vuMe   bc     d'interruption   dans 
riiiftoirede  M.  Richer,  que  dans 
celle  deM.Dupuy.  La  confufioù 
de^temsyeft  auffi  plus  grande^ 
nonfeulement  à  caufe  de  la  diffé- 
rence du  calcul  de  Rome,d'avec 
celui  de  France  ,  mais  encore 
pourn'avoir pas  aflezpris  garde 
aux  commencemens  des  Papes/ 
qni  fe  contentent  de  dater  leurs 
Bulles  ou  leurs  Brefs ,  de  Tannée 
de  leur  Pontificat,  fans  marquer 
celle  de  nôtre  Epoque  commu- 
ne. Cen'cft  ni  par  furprife,ni  par 
ignorance  qu'il  en  a  ufc  de  la 
forte  :  mais  fon  deiTein  n'étant 
pas  de  s'arrêter  beaucoup  à  la 
difcuffion  particulière  iies  faits  ;| 
il  ne  s'eft  foucié  principalemené 
que  de  la  queftion  du  droit ,  coni 
cernant  la  puiiTance  eccléfiafti-i 
que  &  féculiere,  dont  il  a  exa- 
miné la  différence  6c  marqué  lés 
limites. 

.Ce  font-là  les  deux  Ouvrages 
qui  méritent  le  plus  d'être  confî- 


^nvec  Pljilippe  le  Bel.  i  7 
dérez  parmi  tout  ce  qui  s*eft  écrit 
touchant  le  fameux  difFérend 
d'encre  BonifaceVlII-  &  Philip- 
peleBel.Encoren'eft  lipasfùrde 
feflarer  de  celui  de  M.  Richer, 
tant  que  le  public  en  fera  privé. Il 
efl  vrai  qu'en  16 14.  il  parut  un 
petit  Livre  imprimé  à  Troyes  ^ 
concernant  les  caufes  principales 
de  ce  difFérend  que  les  Parcifans 
delà  Cour  de  Rome  avoient  eu 
grand  foin  de  déguifer  jufqu'a- 
lors.  L'Ouvrage  étoic  forti  du 
Cabinet  de  François  Pithou ,  frè- 
re de  Pierre ,  homme  d'une  ca- 
pacité reconnue  parmi  les  vrais 
Savans  ,  &c  lié  d'amitié  avec  les 
plus  grands  hommes  de  fon  tems. 
Mais  ce  que  Pithou  y  donnoic 
pour  original  ,n'étoit  qu'un  ex- 
trait des  vrais  originaux,  dcfec- 
j  tueux  en  beaucoup  d'endroits 
d*une  manière  à  ne  fournir  qu'- 
une idée  obfcure  6c  imparfaite 
de  coût  ce  qui  étoic  en  queftion 
entre. le. Pape  gclcRoi.  Lamê-^ 


1  8       Dèmèkx^de  Bonïface 
me  année  ou  la  précédente,  oîî 
avoit  faic  à  Paris  deux  éditions 
des  Acles  de  c^s  différends ,  avec 
des  extraits  hiftoriques ,  tirez  de 
divers  Ecrivains.  On  en  étoit  re- 
devable aux  foins  de  Smon  Vig^r 
Confeiller  au  Grand  Confeil,<;}ui 
venoit  d'employer  utilement  fa 
plume  en  faveur  des   Conciles 
de  Confiance  6c  de  Bafle,  contre 
les  entreprifes  de  ceux  qui  vou- 
loient  établir  l'infaillibilité  6c  le 
pouvoir  defpotique  du  Pape  fur 
î'Eglife.  Mais  ces  deux  éditions 
ne  comprenant  que  la  moindre 
partie  des  chofes  qui   s'étoient 
paflees  dans  toute  cette  affaire, 
n'étoient  pas  capables  de  fatisfai- 
re  ceux  qui  fouhaitoient  d*êtrc 
pleinement  inftruits  d'une  hifloi- 
re  11  remarquable. 
*^^I1  eft  certain  que  ces  quatre 
favans  hommes ,  outre  une  con- 
noiflance  tres-exade  de  cq,s.  ma- 
tières ^  ont  fait  paroître  beau- 
coup d'intégrité  6c  dedefintereC 


avec  Philippe  le  Bel.       1 9- 
fement  dans  ce  qu'ils  en  ont  é- 
cric.  Mais  il  fuffic  qu'ils  foienc 
François  pour  être  fufpefts  aux 
Ulcramontains.  Ainlî  l'équité  qui 
veut  qu'on    écoute    également 
toutes  les  parties  dans  une  caufe 
conteftée  ,  nous  oblige  de  con- 
fulter  auflî  les  Italiens ,  &  géné- 
ralement tous  ceux  qui  ont  fa- 
vorifé  les  Papes  dans  cette  affai- 
re, quelque  partialité  qu'ils  aient 
fait  paroîcre  dans  leur  dcFenfe. 
Comme  la  plufpart  de  leurs  Hif- 
toriens  &  de  leurs  Canonises 
n'en  ont  parlé  fuivant  leur  def- 
fein,qu'à  la  rencontre  des  évé- 
nemens ,  &  par  interruption ,  il 
feroit  à  fouhaiter  que  quelqu'un 
de  ces  Défenfeurs  eût  entrepris 
d'examiner  toute    cette  affaire 
dans  quelque  traité  fingulier  que 
nous  puflions  oppofer  à  ceux  de 
Richer    6c  de  Dupuy.    Je  n'ai 
encore    pii    trouver  que  Félix 
0(iiis   &.  les  Continuateurs   de 
Baronius ,  qui  aient  rapproché  6c . 


tQ  iDèmèlex^de  Boni  face 
joint  enfemble  ce  qu'ils  en  âV 
voient  recueilli  de  divers  Au- 
teurs j  encore  n*onr-iIs  pas  déta- 
ché ces  Recueils  du  corps  de 
leurs  ouvrages.  Ofius,Profefleur 
en  Eloquence  àPadouëdu  tems 
d'Urbain  VIII.  a  ramafle  de  di- 
vers Auteurs  les  caufes  &  les  pro- 
grès de  ce  fâcheux  différend, à  la 
fin  de  k^  Commentaires  fur  Thi- 
ftoire  de  Muflatus.  Mais  outre 
que  la  mort  a  interrompu  cette 
compilation  >  le  deflèin  d'Ofius 
p*étoic  que  de  faire  un  amas  d'ex^ 
traits  &  de  morceaux  détachez 
indifféremment  de  tous  les  Ecri- 
vains qui  lui  écoient  tombez  fous 
la  main  ,  fans  en  faire  i*examen, 
fins  les  digérer ,  &  fans  leur  don- 
ner aucune  forme.  Les  Conti* 
naateurs  de  Baronius ,  &  parti- 
culierement-^^<?x'/«/  6c  Raynaldi^ 
font  beaucoup  plus  propres  par 
leur  partialité  envers  les  Papes  ^ 
pourfaire  connoître  jufqu*oùces 
Pontifes  pouflbient   Içurs  pré- 


f3^3> 


avec  Philippe  le  Bel.        1 1 
tentions.   C'eft  dommage    que 
dans    ce    dévouement  aveugle 
qu^ils  font  paroître  ,  ils  n'ayenc 
confervé  quelque  amour  pour  là 
vérité    j   ils    auroient    commis 
moins  d*infidélitcz  6c  de  néîrli- 
gcnce  dans  la  fuppreflion  des  vé- 
ritables caufes, dans  l'altération 
des  faits  ,  &  dans  l'indudion  de 
leurs  faufles  conféquences.  Ces 
confidérations    ne    feront    pas 
Bcafimoins  fuffifantes  pour  nous 
les  faire  rejetter  entièrement  : 
mais  ce  font  des  avertiilemens 
pour  ne  rien  prendre  d'eux  ,  non 
plus  que  de  ceux  qu'on  a  cru 
dans  des  intérêts  contraires,  fur 
tout  de  Sponde ,  quoique  beau- 
coup mieux  inftruit  ,  plus  exaft 
&  plus  fidèle  que  ces  deux  Anna- 
liftes  ,  qu'après  en  avoir  fait  la 
preuve  fur  les  originaux  ^  &  fur 
les  actes  reconnus  autentiquesde 
part  ôcd'autre. 


1 1        Démèle^de  Boni  face 

(%f)  rtir.  f>if)  fvm  f^  (%f^  ,rvtr  nm  'wn  of^  fw) 
f^.f^i^ m^  f*l^ '*>^  '^^  '-^^  fW  '  ^''*J^  *  ^*^ 
i7à  l^i  ï^i  iHi  :  ^^  t%  i:'^i  iTi  ïTi  ^^  ^ii  ^n  i'Ti  ^i  ïTi  ^?'4  ïfi 

5iK  li  *!A  '«iN  *  /.fc^  /M?  %«c^  ?«à^  >#s  7m?  /i?  /iA  %»*  %K  '»^  /«!*  'i*^ 

<J%,  '  ijjsr  *  «A»  (jki  ukf  ^'  (A;  c*lv  itk}  (^  (J^ 

HI  STOI RE 

DES    DEMESLEZ 
DE  BONIFACE,Yl|I. 


AVEC 


1294. 

III. 

Avenc- 
inenc  de 
Boni  face 
au  Pon» 
tiiicâc. 


PHILIPPE  LE  BEL. 

IL  y  avoir  neuf  ans  quePhilip- 
pe  le  Bel,  pctit>fils  de  faint 
Louis,regnoit  en  France,lorfqne 
le  faint  Siège  vaquant  par  rabdi- 
cation  volontaire  du  Pape  Ce- 
leftinV.  fut  rempli  ipâr  Benoiji 
Gaefan^  qui  fe  firappeller  Botji^ 
face  VIII.  Celeftin ,  connu  dans 
fa  vie  privée  fous  le  nom  de 
Fierrede  Mourrhoriy  voulant  con- 
ferver  dans  le  Pontificat  la  fain- 
teté  qu'il  y  avoit  apportée  ,  y 


tivec  Philippe  le  Bel.        1 5 

trouva  tant  d'obftaclcs ,  que  la- ' 

iTiour  de  fon  premier  Infticut,  &     **^^'^* 
de  fon  ancienne  folitude  ,  jointe 
au  peu  d  expérience  qu'il  avoic 
pour  le  maniement  des  affaires 
publiques  de  l'Eglife,  lui  fit  écou- 
ter volontiers  les  fuggeftions  de 
certaines  gens  apoftez  par  ceux 
qui  lui  envioient  fa  place  ,  pour 
lui  exagérer  les  dangers  6c  les 
obligations  de  fa  charge.  Boni- 
face  qui  s'étoit  montre  le  plus 
impatient  êc  le  plus  adroit   de 
ceux  qui  cherchoient  à  monter 
fur  le  faint  Siège ,  n'auroit  eu  au- 
cun befoin  des.  artifices   Si  des 
fourberies  dont  on  l'a  depuis  ac- 
cufé ,  pour  perfuader  la  retraite 
à  un  fi  faint  homme.  Il  en  avoic 
pourtant  employé  de  plus  d'une 
efpece  ,  dans  la  penfée  de  féduire 
la  fimplicitédeCeleftin,qu'ilne 
regardoit  pas  comme  un  homme 
d'une  grande  vertu.   Après  lui 
avoir  procuré  toutes  les  facilitez 
pojiïiblespour  fa  déniiiTion ,  il  n'y 


i29+. 


14       Démek^de  Bonifiice 
eut  point  de  brigues  qu'il  ne  mît 
en  ufage  pour  fe  faire  élever  à  fa 
place.  Les  voies  qu'il  prit  pour 
s'aflurer de  fa  nouvelle  dignité, 
ne  répondirent  point  mal  aux 
moyens   qu'il   avoit    employez 
pour  y  parvenir  j  ôc  Ton  jugea 
fur  les  premiers  traits  de  fà  vio- 
lence politique  ,    quelles  pour- 
roient  être  les  maximes  dont-il 
fe  ferviroic  pour  gouverner  TE- 
glife.  Car  non  content  d'avoir 
fait  confirmer  l'abdication   de 
Picrted'Aii-  fon  PrédéccfTeur  dans  le  Collège 
iac  àc^Ànl  des  Cardinaux ,  6c  de  l'avoir  fait 
?un"pktf-'  foi'fi^  de  la  ville,après  avoir  vou- 
ncvitâBom.  lu  entendre  lui-même  fa  confef» 
lion  pour  connoitre  les  lecretfj  de 
fon  cœur  ;  il  le  fît  arrêter  enfui- 
te ,  fous  prétexte  qu'on  pourroic 
abufer  de  fa  facilité,pour  lui  faire 
reprendre  la  penfée  du  Pontifi- 
cat 5  &  donner  lieu  à  un  dange- 
reux fchifme. Enfin  ne  fe  jugeant 
pas  paifîble  poffefTeur  de  la  Thia- 
re,  tant  que  Celeftin  vivroit,il  lui 

fit 


avec  Thilippe  IcBei,       i  5 
iît  finir  Çqs  ioiirs  dans  une  prifon,  ""  - .  — -' 
par  une  cruauté  qui  attira  lur  la 
conduite  Thorreur  èv  raveriîon 
de  tous  les  gens  de  bien. 
:.    Boniface  croyant   avoir  levé      i  v. 
Je  dernier  obftacle  à  fon  ambi-  Sesprcmîc- 

.  f       11-     res  dcmar- 

:tion  par  cette  mort,  qui  lembioit  cWes  pour 
Jaifler  fans  chef  &  fans  prétexte  établir  fa 

r   r  •  j     1  puiflance 

ceux  qui  reru (oient  de  le  recoiir  f^^  i^  ^^^^ 
tioîcre  pour  légitime  Pape  ,  ne  porei  à^s 
fongea  plus   qua  exécuter  les  fj;^'-,,/^^^!! 
projets  qu'il  avoit  formez  pour  tredckurg 
iè  procurer    une    fouveraineté  *^^^''"°^*' 
temporelle  &  Ipirituelle  fur  tou- 
tes les  PuiiTances  de  la  Chrétien- 
té.  Mais  pour  en  faciliter  le  fuc- 
cès ,  il  crut  devoir  y  aller  par  de- 
grez,  &:  commencer  par  les  cho- 
ies où  il  fe  trouvoit  moins  de  dif- 
ficultez.   Il   exigea  d'abord  de 
nouvelles  foumiflions  du  Roi  de 
Sicile  ,  6c  des  autres  qui  rele- 
voient  du  faint  Siège.   Il  difpofa 
..du  Royaume  de  Naples  après  la 
.Jîiort  de  Charles  II,  ait  Martel  ^ 
comme  d*un  domaine  dont  il  a- 

B 


iZ9f< 


i6  Démèlex^de  Boniface 
voit  la  fouveraineté.  Il  décida 
des  droits  de  ceux  d'Arragon 
&  de  Valence  en  faveur  du  Roi 
Jacques ,  comme  s'il  en  eût  été  le 
maître  5  &  lui  promit  de  même 
ceux  de  Sardaigne  &  de  Corfe. 
De-là  il  crut  pouvoir  tourner  {qs 
vues  fur  les  Rois  de  France  6c 
d'Angleterre  ^  qui  étoient  en 
guerre ,  &  il  leur  fit  offrir  fà  mé- 
diation pour  accommoder  leurs 
difFerends. 

Les  deux  Rois  ^  dont  les  ef- 
prits  également  aigris  l'un  con- 
tre l'autre ,  &  portez  à  la  ven- 
geance, n*avoient  encore  aucune 
«     /».,  difpofition  à  la  paix  ,  s'accordé- 
banoiSimonrent  a  rCjCtter  d  abord  les  pro- 

dePaleftrine.  /^    .  i      t»  -l        '  •         ' 

xc  premier  pofitions  duPapc  :  US  tcmoignc- 
^'""ci/ment  ^^nt  à  fes  Lcgats ,  que  comme  il 
&  mou-  n'étoit  pas  queftion  du  fpirituel 
dans  leur  difterend,ils  n  avoient 
aucun  befoin  de  l'entremife  de 
Sa  Sainteté  pour  les  terminer, 
-Boniface  leur  fit  dire  que  ce  n'é- 
Êoit  pas  comme  Pape,  mais  conj?- 


(le 

V. 


avec  Philippe  le  BeL  1 7 
tne  perronne  privée ,  &:  comme  ' 
ami  commun  des  Parties,  qu'il 
cherchoic  à  les  accommoder ,  6c 
qu'il  n'avoir  en  vue  que  le  bien 
de  la  paix ,  &  l'union  des  Prin- 
ces Chrétiens  ,  pour  oter  aux 
f  arrafins,  6c  aux  autres  Infidèles 
les  moyens  de  profiter  de  leurs 
ciivifions.  Les  deux  Rois  le  cru- 
rent, &c  remirent  leurs  intérêts 
entre  Tes  mains ,  avec  pouvoir  de 
ménager  une  trêve  ,  fi  l'on  ne 
pouvoir  pas  parvenir  à  une  bon- 
ne paix. 

La  guerre  ne  laifTa  pas  decon* 
tinuer  avec  la  même  animofité 
durant  les  longueurs  de  la  né- 
gociation de  Boniface.  Edouard 
Roi  d'Angleterre,  non  content 
d'avoir  fuicité  contre  la  France 
^Adolphe  Roi  des  R  omains ,  avoic 
encore  cherché  les  moyens  de 
ditacher  Guy  Comte  de  Flan- 
dres des  intérêts  de  PhiHppe  le 
Bel ,  pour  afFoiblir  fon  ennemi 
tie  tous  cotez.  Afin  d'engager  le 

.   B2 


ii9r« 


229r- 


z  8  Dêmcle^  de  Boniface 
Flamand  plus  facilement  dans 
fon  alliance  ,  il  lui  avoir  fait  de- 
mander fa  fille  pour  le  Prince  de 
Galles  fon  fils.  Le  Comte  ravi  de 
Tf».w^/)î«^- l'honneur  que  le  Roi  d'Angle- 
mu^lT!"  terre  lui  faifoit ,  ôc  de  Poccafion 
qui  fe  préfentoit  de  faire  pour 
riiommage  de  fon  païs  ce  qu'il 
voyoit  faire  à  ce  Prince  dans  la 
Guyenne  ,  qui  ne  relevoit  pas 
moins  de  la  Couronne  de  Fran- 
ce que  la  Flandre  ,  lui  accorda 
fa  demande  fans  aucune  délibé- 
ration y  ôc  lui  fie  efperer  même  de 
fe  liguer  avec  lui  &:  le  Roi  des 

—-= Romains  contre  la  France. 

izp6.  Philippe  le  Bel  fe  crut  ofFenfé 
de  ce  que  le  Comte  de  Flandres, 
fon  VaflTâl ,  avoir  promis  fa  fille 
au  fils  du  Roi  d'Angleterre,  fans 
lui  en  avoir  demandé  la  permiC 
iîon ,  à  quoi  il  étoit  néanmoins 
jobhgé  par  les  Loix  du  Royau- 
me, qui  défendoient  aux  Grand$ 
de  fa  Cour ,  &:  aux  Seignenrs  qui 
^çlgvoienc  de  fa  Çouronnej^de  fç 


avec  Philippe  le  Sel.  i  ^ 
niîlrier,ou  de  marier  leurs  en- 
fans  fans  le  confenrement  du 
Roi.  Il  manda  le  Comte  6c  la 
Comte  (Te  fa  femme  pour  venir 
lui  rendre  raifon  de  cette  con- 
duite. Mais  n*ayant  pas  trouvé 
leurs  excufes  recevables  ,  il  les 
retint  prifonniers ,  &  il  ne  leur 
rendit  la  liberté  qu'après  qu'ils 
lui  eurent  remis  entre  les  mainsf 
leur  fille  promife  au  Roi  d'An- 
gleterre. 

Qiieîques  égards  que  Philippe 
le  Bel  eut  pour  cette  jeune  Prin- 
ceile  ,  quiétoit  fa  filleule,  &  qui 
portoit  Ton  nom  5  quoiqu'il  lui 
fît  rendre  les  mêmes  honneurs, 
&  les  mêmes  fervices  qu'aux  en- 
fans  de  la  R  eine  fa  femme,parmi 
iefquels  elle  étoit entretenue,  le 
Comte  Guy  ne  laiflToit  pas  de  la 
regarder  comme  un  otage  qu'il 
faloit  retirer.  Il  pourfuivitla  dé- 
livrance de  fa  fille  pendant  quel- 
que tems  :  mais  voyant  qu'il  n'a- 
vançoit  pas  beaucoup  ,  il  pré- 

B3 


I Z96. 


3  o       Dèmele^  de  Boniface 
^     vint  le  Pape  fur  cette  afFaire:,par 
un  homme  qu'il  envoya  à  Rome 
*x^m"h°^'  ^^^^  ^^^  inftrudions  5  &  il  ap- 
pag.  ?.     *  pella  à  Boniface  de  tout  ce  que 
le  Roi  avoit  fait.  Le  defir  de  fe 
venger  encore  par  d*autres  voies 
le  fie  entrer  auflî  dans  la  ligue  des 
Rois  d'Angleterre  &:   des  Ro- 
mains, des  Ducs  d'Autriche  &. 
de  Brabant ,  &  des  autres  Prin- 
ces hguez  pour  faire  la  guerre  à . 
la  France. 

Philippe  le  Bel  environné  de 
tant  d'ennemis  qui  le  mena^ 
çoient  de  la  perte  de  fes  Etats  ^ 
confiderant  que  les  peuples  qui 
avoient  accoutumé  de  payer  les 
fubfides  ,  fe  trouvoient  épuifez 
par  les  frais  des  guerres  précé- 
dentes ,  fe  vit  obligé  d'en  lever 
de  nouveaux  fur  tout  le  monde 
indifféremment ,  fans  en  excep- 
Rkher,i.i.  ter  les  Ecclefiaftiques  j  de  chan- 
<;h.4.  ggj.  ]^  monnaye ,  ^  d'en  rehaut 
fer  les  efpeces ,  comme  les  Rois 
fes  Predeceileurs  l'avoient  prati- 


avec  Philippe  le  BeL  3  r 
que  dans  les  rems  difficiles,  5c  les 
prefTances  néceffirez  duRoyau- 
me.  Le  Pape  qui  avoic  reçu  avec 
plaifir  rappel  du  Comte  de 
Flandres  contre  le  Roi ,  fut  ravi 
de  recevoir  auffi  des  plaintes  de 
quelques  particuliers  d'entre  le 
Clergé  de  France  6c  d*Angleter- 
re  ,  mécontens  des  nouvelles 
exa£lions  que  les  Rois  Philippe 
ôc  Edouard  faifoient  fur  les  biens 
ecclefiafliques  chacun  dansleurs 
Etats ,  pour  fournir  aux  dépen- 
k^  extraordinaires  de  la  guerre. 
Il  députa  premièrement  un  Pré- 
lat vers  Philippe  le  Bel  ,  pour  le 
fommer  de  faire  raifon  au  Com- 
te de  Flandres  fur  la  liberté  de 
fa  fille,  avec  ordre  que  s'il  per- 
fiftoit  dans  fon  refas,  il  le  citât  à 
Rome  pour  comparoître  devant 
fon  Tribunal ,  où  le  Comte  Ta^ 
voit  appelle  ,  &  pour  y  être  ju- 
gé. Le  Prélat  pour  n'oublier  au- 
cune des  circonftanccs  de  fa  com- 
mifTionjVoyant  le  Roi  peu  difpo- 

B4 


1296. 


3 1    ,  T>èmclez^  de  Boniface 
"TT^TT"  ^^  ^  ^^  rendre  à  {ç,s  fommacions^, 
ajouta  que  le  Pape  étoit  réfolu 
d'employer  les  derniers  remèdes 
deTEglife ,  c'eft  â-dire  la  peine 
de  PExcommunication ,  pour  fe 
faire  obéir.  Le  Roi  fnrpris  &:  of- 
fenfë  de  cette  liberté,  fe  conten- 
ta de  répondre  :  Qu'/7  riavoit  i 
rendre  compte  de  fa  conduite  quk 
Dieu  j  en  ce  qui  regardait  les  affai. 
tes  temporelles  de  fon  Royaume  > 
Qu^il  trouvait  étrangle  que  le  Pape 
lui  fit  parler  d'un  ton  Jthaut^pour 
des  chef  es  qui  ne  le  regardaient  pas '^ 
Que  cètoit  fe  déclarer  k  contre^ 
tems  pour  fes  ennemis  ,  é^  entre^ 
prendre  au-delà  d^  fa  Jurifâiciiom 
Quau  refte  il  avoit  fa  Cour  pour 
faire  jufiice  à  fes  Sujets  ^  a  fes 
Kaffaux  3  j^^ainfi  il  remerciait 
Boniface  ,  dont  les  inquiétudes  ^ 
les  foins  lui  étaient  inutiles  en  cette 
rencontre, 
V;  Le  Pape  n'étoit  pas  tellement 

au  aefgé*^  occupé  de  la  fatisfadion  qu'il 
<le  leurs    prctendoit  faire  au  Comte  de 


avec  Philippe  le  Bel,        3  3 


Flandres ,  ni  des  négociations  de    ^  ^  ^  ^ 
Ja  Trêve  qu'il  ménageoic  encre  Royaumes 
les  Rois,  qu'il  n'entreprît  en  me-  de    leur 
me  tems  la  dcfenfe  des  Immu-  cuns^c^^ij' 
iiitezEcclefiaftiques ,  contre  les  des  ,  pour 
levées  qui  fe  failoient  en  France  ^^^H-^"^^ 

i  r      1       I  •  1       neccjliccz 

&  en  Angleterre  lur  les  biens  des  que  ce  fuc. 
Eglifes.  11  publia  une  Bulle  ou 
Decretale,  connue  fous  les  mots 
de  Qlerlcis  Laicos^^c.  également  curids  lcj- 
menaçante  contre  ceux  q^^i  exi- '"^-^^^^^^ 
geoient  ces  impofîtions ,  6c  con-  paS'^4' 
tre  ceux  qui  les  payoient.  Après 
quelques  plaintes  générales  con- 
tre les  Rois ,  fous  le  nom  6c  l'au- 
torité defquels  elles  fe  faifoient , 
il  défendit  à  tout  Clerc,  Prélat^ 
ou  Religieux,  de  payer  aux  PuiC 
fances  laïques  ,    pour  quelques 
raifons  que  ce  fût ,  ni  décime,  ni 
vingtiéme,ni  centiéme,ni  aucune 
autre  portion  de  leurs  revenus  , 
fous  les  noms  d'aides ,  de  prêts  ^     . 
de  don  gratuit,  de  fubvention, 
d'octroi,  d^  fubfide,  ou  fous  tout 
autre  titre  fpecieux  j  ajoutant 

B5 


3  4  Démêlez^  de  Boni  face 
^  que  ceux  qui  le  feroient  fans  lâ 
permiffionexprefledufaint  Siège, 
womprcn^  encourroient  \ç.^  Cenfures  de 
îï'ïuue'en  l'Egli^c^en  quelque  rang  6c  en 
^-9^'  quelque  dignité  qu'ils  fuflenc  , 
auffibien  que  les  Rois  ôcles  Prin- 
ces qui  TexigeroienCjleurs  MiniC 
très,  leurs  Officiers ,  leurs  Com^ 
mis ,  6c  généralement  tous  ceux 
qui  auroient  part  diredemenc 
ou  indirectement  à  ces  exadions. 
Il  mit  aufG  fous  Tlnterdit  les  Uni- 
veriîtez  qui  y  avoient  confenti , 
&  qui  y  confcntiroient  ^  6c  il  or- 
donna la  peine  de  depofition 
pour  tous  les  Prélats  ,  &:  autres 
Ecclcfîaftiques  qui  y  acquiefce- 
roient^ou  qui  ne  s'y  oppoferoient 
pas  ouvertement.  En  un  mot ,  il 
traita  d'^attentat  illicite  &  d'hor- 
rible abus  le  pouvoir  que  les 
Princes  Séculiers  s'attribuent  de 
lever  des  impôts  fur  les  biens 
temporels  de  i'Eglife  dans  les  né- 
ceffirez  publiques  de  leurs  E- 
tats. 


avec  Philippe  le  Bel.        3  5 


Quoique  la  Bulle  parut  géné- 
rale pour  toutes  les  Puiflances 
laïques  de  la  Chrétienté  ,  &:  ^-:i^, 
qu'elle  regardât  plus  particulie-  '^  '"i^« 
rement  l'Angleterre,  où  le  Roi 
Edouard  accabloit  les  Ecclefia- 
ftiques,  &.  faifoit  lever  les  tributs 
fur  eux  par  desfoldats  qui  com- 
mettoient  mille  violences  i  Phi- 
lippe le  Bel  crut  qu'elle  le  tou- 
choit  auffi  de  près,parce  qu'il  fa- 
voit  que  quelques  mécontens 
s'étoient  plaints  au  Pape  de  la  le- 
vée qu'il  avoit  faite  fur  le  Clergé 
de  Ton  Royaume  :  il  s'imagina  Edi^^apot 
qu'il  y  avoit  de  l'afFecTiation  6:  ^^"^^^ 
de  l'artifice  dans  les  termes  gé- 
néraux, fous  lefquels  la  Bulle  en- 
velopoit  tous  les  Rois  6clesPrin- 
ces  fans  exception  j  6c  que  le  def- 
fein  de  Boniface  étoit  de  rendre 
infenfiblement  tous  les  Rois  de 
la  Chrétienté  feudataires  du 
iàint  Siège,  comme  éco't  celui 
d'Angleterre  ^  ou  de  les  gouver- 
ner tous  comme  il  siouvernoit  les 

Bé 


3  6       JDèmèlexjie  Boniface 
"TITéT*  f'finces  de  l'Italie.  C'eft  ce  qui 
lui  donna  fiijct  de  faire  deux  E- 
dits ,  dont  lun portoic  défenfe à 
Au  mois  tous  Etrangers  de  venir  en  Fran- 
1Z96.       ce  pour  y  tranquer  ^audes  y  ar- 
rêter pour  y  exercer  la  marchan- 
dife  ,  d'autant  quefon  Royaume 
étoit  dans  l'abondance  de  tou- 
Dupuyccn-tes  chofcs.  L'autre  défendoit  à 
^euxEdks.  touf^^perfonnes  de  quelque  qua* 
lité  ou  condition  que  ce  fût,  de 
tran  (porter  de  fon  Royaume  ,  ni 
argent,  ni  pierreries,ni  chevaux, 
ni  vivres,  ni  armes,ni  autres  clio- 
{ç,^  fervants  à  la  guerre  ,  fans  fa 
permiffion  par  écrit. 
Bulle  du  Pa-      Boniface  fe  rendit  fenfible  à 
Fditï"^'"  ces  défenfes ,  au.  delà  de  ce  que 
la  prudence  ,  ou  la  bonne  politi- 
que pouvoient  lui  fuggerer.  Au 
lieu  de  les  diffimuler  comme  des 
chofes  qui  lui  étoient  entière- 
ment indifférentes ,  il  crut  de^ 
voir  s'interefler  pour  les  Etran- 
gers ,  &:  il  prit  le  parti  de  s'tn 
plaindre  au  Roi  même  par  une 


itvec  Philippe  le  Bel.        3  7 
Bulle  ou  Bref  qu'il  lui  envoya    ^^  .^ 
fix  femaines   après  par  Guillau^ 
me  Evcque  de  Viviers.  Il  lui  man- 
da ,  Que  les  ordres  qu  il  avait  don.  Le  1 1.  Sep- 
ne^pour  faire  fort ir  les  Etrangers  ]lT^abll^&c\ 
de  fon  Royaume ,  êu  pour  les  eynpè-  ^^^"^^^l^^ 
cher  d'y  entrer  ,  &  d*y  faire  aucun  &  R^in^idus 

V  ï'r       1       j     1       r^""  datent  du 

commerce ,  (^  pour  défendre  de  Laïf  2  r.septem- 
ferrien  tranfportcr  hors  de  la  Fran- 
ce^ ne  devaient  point  co7nprendre  les 
gens  d'Eglife  :  Que  les  Rais  n'a^ 
voient  aucun  droit  ni  pouvoir  fur  les 
Ecclefiaftiqucs  :  Que  la  perfuafion  f/oc  mnÇoiùm 
contraire  ou  il  fe  trouvait,  riètoit^f^^J'^J';;^ 
quune  folle  prétention  ,    une  nou.P^^^'à'(* 
veautè  injujte  (^^  intolérable  ^  a  la* 
quelle  il  était  obligé  de  s'oppofer.  Il 
y  renouvella  la  Bulle  qui  avoit 
déplu  â  Philippe  le  Bel,  ^  donné 
lieu  à  ks  Ordonnances  5  6c  il  lui 
déclara  :  Qu'il  ne  s'était  attiré  l*a^ 
uerjion  ou  le  refroidi [fement  de  fes 
peiipleS  ,  que  par  les  charges  trop 
onereufes  quil  leur  avoit  impafées, 
11  lui  fie  valoir  par  manière  de 
reproche  Jcs  bons  offices  qu'il 


3  8        Dêmèlex^de  Boniface 

précendoit  lui  avoir  rendu  dan^ 

'*^^*    fa  médiation  encre  les  Rois  des 

Romains ,  d'Angleterre  ôc  lui , 

pour  détourner  le  fléau  de  la 

guerre  de  i^s  Etats  •  6c  il  ne  fÎE 

pas  difficulté  d'afliirer  que  de^ 

fuis  qu  il  è  toit  Pape  ^  ilavoitpap 

Je  les  nuits  fans  dormir ^  ^  ^Jfry^ 

des   travaux    infiip portable  s  four 

veiller  fans  cejfe  à  la  confervation 

de  fa  Ferfonne  ^  de  fon  Royaume^ 

(^  que  ce  Prince  n'ètoit  réduit  à  de 

fi  fàcheufes  extrémitex^  que  depuis 

qu' il  av  oit  perdu  la  faveur  du  faint 

Siège  i^  du  Pape,  Qî£en  gênerai  il 

ne  trouvoit  pas  mauvais  que  le  Roi 

fit  contribuer lesEcclefiaftiques pour 

la  défenfe  ^  les  be foins  de  fort 

Royaume  i  mais  qu^il  ne  le  devoit 

(^  ne  le  pouvoit  faire  fans  f<i  per* 

mijjîon  exprejfe.  Quen  ca^s  de  nêcef 

fitè preffame  (^  reconnue ^ilfe  char» 

qeroit  lui  même  de  faire  contribuer 

les  Ecclejiaftiques  ,  jufquà  permet-- 

tre^  s'il  en  était  befoin^  que  les  Croi^ 

d[or  ^  d'argent ,  les  Calices  (^^  les 


^vec  Philip fe  le  Bel.  3  9 
dutresvafes  ou  meubles facre^fufl  TITôT 
fent  vendus.  Que  par  fa  Confiitu^ 
tion  ou  il  avoit  défendu  aux  gens 
dEglife  de  rien  payer  aux  Princes 
fèculiers  ,  ^  aux  Princes  de  rien 
exiger  du  Clergé  de  leurs  Etats  ^  il 
ne  f  retendait  pas  abfolumcnt  que 
Philippe  le  Bel  n'ufut  pas  du  droit 
des  Rois  de  France  furies  Ecclefia^ 
ftiques  pour  rai  fan  des  Fiefs  mou^ 
vans  de  fa  Couronne  ^  fuivant  les 
Loix  ou  les  Coutumes  dupais-^  mais 
que  four  lui  il  était  prêt  de  tout  fa^ 
crifier^fa  vie  même ^  pour  défendre 
la  Liberté  ^  les  Immunit ei^  de  l'E^ 
glife  contre  tels  ufurpateurs  que  ce 
put  être,  Qu^au  refle  Philippe  étoit 
le  feul  coupable  de  la  guerre  qu'il 
avoit  a  foûtenir  contre  les  liais  des 
Romains  ^  d' Angleterre ,  ^^  con^ 
tre  les  autres  Princes  allie z^y  par 
tinjufte  poffeffion  du  Comté  deBour^ 
gogne  ,  qui  étoit  Fief  de  l' Empire  , 
(^  de  plu  fie  ur s  terres  enOafcogne  y 
qui  appartcnoientau  Roi  d'Angle^ 
terre ,  comme  Duc  de  Guyenne.  Qu^ 


40  Dèmelezjie  Boniface 
J296.  ^^  juy^ment  des  différends  émus  eft-: 
tre  lui  ^  ces  deux  Rois ,  apparte* 
noit  au  Pape  de  plein  droit ,  en^ 
tant  qu'il  eft  que/lion  du  péché  j  (jj* 
qu*il  ctoit  honteux  a  Philippe  de 
vouloir  le  recufer  ^  tandis  qu  Ado L 
phe  ^  Edouard  s'y  foumettoienir. 
Qî^ avant  que  d'en  venir  aux  der- 
nicres  extrcm^ïtcz^jl  vouloit  ejfayer 
encore  les  voies  de  la  remontrance 
^  delà  douceur  pour  le  ra7ncner'^  ^ 
que  c'ètoit  dans  cette  vite  qicil  lui 
envoyait  l'Evèque  du  Viviers  fon 
fujet ,  homme  de  confiance  _,  qui  de» 
voit  lui  expliquer  plus  amplement 
fes  intentions, 

Qnelqoes  durs  &  menaçans 
que  fuiTenc  les  termes  de  cette 
Sis/  ^'  Bulle ,  il  eft  certain  ,  contre  ce 
qu*en  ont   écrit  quelques  Au- 
teurs ,  que  le  Pape  ne  déclara 
point  le  Roi    excommunié  ou 
lié  par  aucune  autre  Ccnfure  ec- 
clefiaftique.    Mais   l'inquiétude 
stz.septem- que  ccttc  afFaii  c  lui  donna  ,  le 
'^^^*  porta  dès  le  lendemain  à  écrire 


avec  Philippe  le  Bel,  4- 1 
encore  un  Bref  à  ce  Prince ,  pour  "717^ 
le  prier  de  bien  pefer  toutes  fes 
rairons,tous  les  termes  de  fa  Bul- 
le ,  d^écouter  ce  que  l'Evêque  de 
Viviers  avoir  à  y  ajouter  de  vive 
voix,  &  de  ne  fe  fervir  pour  l'exé- 
cution de  ce  qu'il  lui  mandoir , 
que  des  plus  fages  âc  des  plus  fi- 
dèles de  fon  Confeil ,  au  lieu  de 
s'arrêter  davantage  aux  avis  de 
gens  mal  intentionnezpour  l'E- 
glife. 

Le  Roi  vivement  touche  de  la  ^^^p°"^^^^ 
Bulle  ôc  du  Bref  5  répondit  à  Bo-  ^:iaJ .  &c. 
nifacre  par  un  écrie  fort  ample  ,i)cpaY^^&' 
où  il  fit  paroître  une  vigueur  é-  Jêo^tro^ 
gale  à  !a  force  avec  laquelle  le  *î.«'°»«  f"- 
Pape  avoit  affcdé  de  lui  parler. 
Après  lui  avoir  marqué  que  les 
Rois  de  France  ont  fait  des  Loix 
de  tout  tems  pour  la  conferva- 
tion  de  leur  Etat  ,  avant  même 
qu'il  y   eût  des  Ecclefiadiques 
dans  leur  Royaume, il  lui  avoua  : 
Que  s'il  avoit  défendu  d'une  ma^ 
nieye  indéfinie  de  faire  fortir  du 


Jtçô. 


42  JDèmi'lez^de  Boniface 
Royaume  ^  chevaux^  armes ^  argent 
(^  marchandifes  fans  fort  congé  ; 
c'ètoit  pour  connoître  les  dejfeins  de 
ee  transport  _,  ^  f avoir  a  qui  appar^ 
tenoient  ces  chofes  :  mais  qu'il  né 
refufoit  point  la  permi.fjîon  de  les 
faire  fort ir  ^  ni  aux  Ecclefîafiiques^ 
ni  aux  autres  ,  des  qu^on  lui  en  fai^ 
foit  voiries  raifons.  Quil  ètoit  un 
peu  fur  prenant  que  i.'L  Fils  bien 
AIME*  DU  Pape,  (  c'eft-à-dire 
le  Roi  d'Angleterre  )  retint  non-" 
feulement  le  bien  desEccle(ïaftiqueSy 
mais  au.ljî  leurs  perfonnes  par  les 
voies  les  plus  violentes  ,  fans  qu^on 
le  menai^kt  pour  cela  de  la  peine  de 
l^ excommunication.  Que  l'Eglife 
71  e^  pas  moins  compofée  de  Laies 
que  de  Clercs  ^  qu'elle  eft  Uns  fans 
divifion  ^  qu'ayant  été  délivrée  de 
la  fervitude  du  péché  par  Jésus- 
Ch  k  I ST  j  les  Laies  n^  ont  pas  moins 
départ  à  cette  liberté  que  les  Eccle^ 
fiaftiques,  Otfa  la  vérité  il  y  a 
d'autres  libertex^particulieres  qu'on 
peut  appcller  Immunité z^  ^  (^  qui 


avec  Philippe  le  Bel,  4  5 
appartiennent  aux  M^inijlres  de 
l^Eglife  •  mais  que  c'eft  par  la  pcr-^ 
miMon  des  Princes  féculiers  que  les 
Papes  les  leur  ont  accordées.  Que 
ces  Libertez^  ne  peuvent  bter  aux 
Rois  le  droit  de  prendre  les  moyens 
nicejfaires  à  la  défenfe  de  leurs  E^ 
tats  ,  aufquels  on  ne  doit  pas  être 
inutile  _,  dès  qu*on  en  efi  membre  , 
Clerc  ou  Laie  ^  Noble  ou  Roturier. 
Que  les  fecours  d'argent  quon  tire 
.de  ceux  qui  ne  peuveut  fe  défendre 
far  eux-mêmes  ^pour  être  employez^ 
à  la  Jubfiftance  de  ceux  qui  travaiU 
lent  a  les  mettre  en  fureté  contre  les 
attaques  des  ennemis  ,  ne  peuvent 
s'appcller  de  violentes  exaflions  , 
maisjeulemefit  unjujîe  fuhfidc.^iil 
efî  contre  le  droit  naturel  de  defen- 
dre  à  un  homme  de  contribuer  pour 
fa  propre  défenfe  ^  contre  les  règles 
de  lajuftice  éf*  de  la  reconnoiffan^^ 
ce  3  d' empêcher  les  Eccleftaftiquei 
dictljifter  les  Princes  qui  les  ont  en^ 
richis.  Que  cétoitune  chofe  hon~ 
teufeau  Vicaire  «^^  Jesus-Christ 


X195. 


i^9^^ 


44        Démêlez^  de  Boni  face 

de  défendre  de  payer  le  tribut  à  CV- 

far  y  (^  de  fulminer  contre  des  Ecr 

cleftafiiques  qui  ne  faifoient  en  cela 

qu'imiter^  e  s  u  s-C  h  r  i  s  t  leur 

Maître  ,  ^  les  apôtres  leurs  Pré^ 

deccjfeurs-^  ^  qui  y  étoient  d'autant 

plus  oblige^:,  que  dans  la  nêceffîté 

publique  de  fon  Royaume^  il  s^agif^ 

foit  de  leur  confervation  ^  de  leurs 

intérêts  particuliers,  Ojfil  adoroit 

Dieu  en  vérité  ;  quil  hanoroit  fon 

Bglife  ^  fes  Minifires  :  ma  à-  qu'il 

ne  craignoit  point  les  menaces  des 

homme  suffit  tout  lorfqt^ elles  èioient 

injufies.  Que  le  refus  qîtavcitfait 

le  Roi  £  An^e  terre  fon  Homme- 

\aq.^'  ér  fon  Va  (Ta  I,  de  comparaître 

devant  Sa  Majefiè  ^  l'avoit  oblige 

de  faire  faifir  la  terre  qv^it  tenoit 

en  fief  de  la  Couronne  •  ^  que  c'ê" 

toit  la  feule  caufe  de  la  guerre  quil 

lui  avoit  déclarée,  ^e  pour  ce  qui 

regardoit   It  Roi  d^ Allemagne  ou 

des  Romains  ^  il  était  prêt  de  fou. 

mettre  au  jugement  des  arbitres  le 

différend  quil  avoit  avec  lui,  ^il 


avec  Philippe  le  Bel.  4  j 
lui  ferait  ai  je  de  faire  voir  l'inyufli-  " 
ce  des  plaintes  de  ce  Prince  ,  tou-  ^  ^  ^  * 
chant  le  Comte  de  Bourgopie  ^  qui 
n'avoit  été  conquis  par  les  armes  de 
la  France  ^qu'après  que  Philippe 
eut  ètè  ridiculement  provoqué  par 
Adolphe  3  ér  ^^^^^g^  ^^il  à  propos 
dans  une  guerre ^  dont  celui-ci  cîoit 
feul  coupable ,  par  fa  fierté  (^  fa 
mauvaise  conduite. 

Cette  Pvéponfedu  Roi  au  Pa.    f^^\ 

c       r       •  1     •  V        Requcce 

pe  rut  luivie  peu  cic  jours  après  jes  PiéUts 
dune  Lettre  écrite  en  forme  de  ^5  ^^  ^^o- 

T»  ^  ^     C      C    •     ^       '  1       vince    de 

Kequere  a  Sa  Sauitete  ,par  les  r^jj^s  au 
Evêques  &:  les  Abbez  de  la  Pro-  P^pe. 
vince  de  Reims,excirez  par  1  Ar-    rrcuvcs , 
chevêque  Pierre  Barbet^  \m\i2i-'^4\loiXi. 
teur  de  fon  Prédecefleur  Hinc-  '^^"• 
mar  ,  qui  avoic  écrit  au   Pape 
Adrien  II.  pour  la  defenfe  de 
Charles  le  Chauve.  Ils  témoigné-  Ch.Maunce 
rent  d'abord  à  Boniface  larecon  Arcîeléquè 
noiflTance  qu'ils  avoient  pour  les  "^^^""V,'"'^ 
ioins  que  Sa  Sanitete  prenoit  des  i'^''  mp  de 
droits  ôl  des  immunitez  du  Cler-  rré^j'cceieur 
gé  ^  Sçils  louoienc  Tintention  cciuxt^ 


Î2  9^« 


45  Démelex^de  Boni  face 
qu'ElIe  avoic  eue  en  publiant  fa 
première  Bulle,de  faire  une  Con- 
ftitution  pour  l'avantage  de  l'E- 
glife,6c  pour  la  liberté  ecclcfia- 
itique.  Mais  ils  lui  remontrèrent 
en  même  tems ,  que  le  Roi ,  les 
Princesses  Grands,les  Seigneurs 
temporelsj&  généralement  tous 
les  fujets  du  Royaume  Tavoient 
trouvée  trop  préjudiciable  à  leurs 
droits.  Ils  l'avertirent  du  defleia 
qu'avoitle  Parlement ,  ou  les  E. 
tats ,  de  faire  appeller  tous  les 
François ,  nonobftant  tout  privi» 
lege  ,  excufc ,  ou  exception  que 
ce  pût  être,  pour  la  défenfe  de  la 
Couronne  &:  de  la  Patrie  ,  fur- 
tout  les  Feudataires  &  les  Vaf. 
faux  du  Roi  ,avec  tous  les  Pré- 
lats du  Royaume  obligez  envers 
Sa  Majcfté ,  tant  par  hommage , 
que  par  ferment ,  à  conferver  &  à 
défendre  les  droits  &  Plionneur 
duRoi  &du  Royaumc.Ils  lui  re- 
préfentérent  rimpoflîbilité  où 
ils  étoient,  eux  6c  tous  les  Eccle-j 


avec  Philippe  le  Bel.  47 
iiaftiques  du  Royaume,  de  fubfi- 
flerfanslaproteaion&crairillan-  '^^ 
ce  du  Roi.  Ilsleiup.iliérencd'a^ 
voir  égard  à  leurs  engagemens  , 
&  de  confiderer  combien  il  écoic 
important  de  conferver  TEglife 
Gallicane  dans  fes  Libertez  ,  2c 
dans  le  repos  qui  lui  ëcoit  nécef- 
iâire^  5c  qu'elle  feroit  néanmoins 
toujours  troublée  ,  Ci  elle  ne  de- 
meuroit  parfaitement  unie  avec 
k  Roi  ,  les  Princes  &:  tous  les 
Seigneurs  temporels  du  Royau- 
me. Ils  lui  députèrent  en  même 
rems  des  Prélats  de  leur  Corps , 
pour  lui  faire  comprendre  de  vi- 
ve-voix la  néceiîîté  qu'il  y  avoit 
de  révoquer  fa  Conftitution ,  ou 
de  l'expliquer  d'une  manière  qui 
pût  être  favorable  au  Roi  &  à 
leurs  Eglifes. 

Cependant  Philippe  le  Bel  fit    -j^^înaidHf'f 
fufpendrel'execution  desOrdon-  ''•  ^  *• 
nances  qu'il  avoit  données  con- 
tre le  commerce  des  Etrangers 
dans  fon  Royaume ,  &  contre  le.  v 


48        Jjhnelczjie  Boni  face 

'  "*"" tranfporr  d'argent,d'armes  &:  de 

**^^*    marchandires ,  dans  l'erperance 
de  rendre  refpric  de  Boniface 
plus  traicable  à  fon  égard.  Mais 
ayant  remarqué  rinucilité  de  ce 
ménagement  envers  Sa  Sainteté, 
il  redcnna  vigueur  à  (qs  Edits ,  & 
les  fit  exécuter  ,  pour  empêcher 
Iqs  ennemis  delà  France  de  tirer 
avantage  de  leur  commerce  avec 
îTouvdies  fes  Sujets.  Boniface  s'en  plaignit 
ra["eTontre  par  uD  Bref  qu'il  lui  adreifa  le  7. 
^1^!L_  ^^  Février  de  l'année  fuivante  11 
J297.    lui  fit  entendre  qu'il  n'auroitrien 
à  dire  j  fi  l'attention  de  Sa  Ma- 
jefté  ne  rcgardoit  que  les  enne- 
mis de  fon  Royaume ,  •  n  defen- 
preuves,  dant  le  ttanfport  6c  le  commer- 
page  24.     QQ  avec  les  Etrang-ers  :  mais  que 
LxHtÀte,&c.  puilqueles  ternies  généraux  de 
la  défenfetomboientégdemenc 
fur  les  Ecclefiaftiques  comme  fur 
les  autres  ,  //  étoit  oiligé  de  s'y  op. 
jfofer par  la  feverlté  de  fes  réprL 
mandes  ^  de  lui  apprendre  quil  n*a^ 
voit  aucun  droite  aucun  pouvoir  fur 

les 


avec  Philippe  le  Sel,        49 
les  Ecclefiafliques ,  ^  qttil  nepou^  ' 

voit  difpofer  ni  de  leurs  biens ^  ni  de 
leurs perfonncs-^  i^  de  l'avertir  qu  il 
avait  encouru  la  peine  marquée  par 
les  Canons.  Il  l'exhorta  pour  pré- 
venir ce  malheur  5  à  corriger  ou 
expliquer  favorablement  fon  E- 
dit ,  &;  à  ne  plus  fuivrc  les  mau- 
vailes  délibérations  de  fon  Con- 
feil. 

Deux  jours  après  il  écrivit  un 
aiicre  Bref  à  {^s  Lecrats  Berard  de  Du  9.  Férr. 
Si/non  Cardinaux, Evêquesd'AL  Preuves , 
bano  &:  dePalefl:rine,qui  avoient  ^îf^JJl^V. 
pubhé  fa  pr^iereBulle  en  Fran- 
ce &  en  Angleterre,touchant  les 
immunités  desgens  d'Eglife,&qui 
écoient  chargez  des  négociations 
de  raccommodement  entre  les 
deux  Rois,  il  leur  manda  que  fî 
onvouloitles  empêcher  de  faire 
forcir  de  France  Targent  qu'ils  y 
avoient  levé  pour  Tltalie  ôc  pour 
laTerre-fâinte,  ils  déclaraffenc 
le  Roi  &  ks  Officiers  qui  au- 
roient  formé  ces  obftacles ,  fou^ 

C 


5  o        Dèmile^de  Boniface 

'  mis  a  la  peine  des  Canons  (  c'eft- 

^^^*     à-dire  de  fa  Conftitution  ^  )  te 

qu'ils  les  exconimuniaffènt  de 

nouveau,&:noiri  mément,nonob- 

ftant  leurs  privilèges. 

r  tkifeTr  f!     ^^^^  ^^  ^^'^^  avoic  appris  par  les 
rmiieconcer- Députez  de  la  Province  Eccle- 

iiant    les    c-  f^    r\.  i     t^     •  •  i     • 

xemptions    lialtique  deReims,qiii  lui  avoient 
du  Clergé.    ^^j.j.^  j.^  Requête  de  leurs  Evê- 

ques^quetout  le  monde  en  Fran- 
ce ,  hors  un  petit  nombre  de  ks 
créatures,  prenoit  fa  Conftitu- 
tion en  mauvaife  part,&.  lui  don- 
noit  des  fens  fort  préjudiciables 
au  refped  dû  à  un  fouverainPon-. 
îidymidusy  tife  5  il  voulut  donner  une  décla^ 
l<Mat'S:&t  ration  plus  ample  de  fa  penfée , 

6  des  intentions  qu'il  avoit  eues 
en  la  publiant ,  croyant  la  met- 
tre à  couvert  des  cenfures  que  la 
nouveauté  de  fes  prétentions  lui 
avoit  attirées. Il  Padreffa  au  Roi 
même,  avec  le  Bref  du  7.  de  Fé- 

cisrkîiiaïcos,  vricr.  Elle  portoit ,  quV;2  in(er^ 
fretation  de  la  Bulle  qu'il  avoit 
donnée  un  an  auparavant  pour  la 


avec  Philippe  le  Bel,        y  t 
liberté  ^  l^ exemption  du  Clergé^  il 
ne  trouvait  pas  mauvais  que  les 
Bcclejid^iques  de  fon  Royaume  lui 
payaient  quelques  contributions  , 
pourvu  que  ce  fût  volontairement 
de  leur  part  ^fous  le  nom  de  dongra- 
tuitoude  prêt  ^  ^  non  de  taille  ou. 
d'impôt  fur  le  Clergé  3  ^  qu'il  ne 
paria  pas  que  cela  fut  exigé  par 
autorité  fouveraine    ou    abfolue^ 
Qîi^il  ne  prétendait  pas  non  plus 
comprendre   dans    les  exemptions 
marquées  par  fa  Bulle  ,  les  Pre^ 
Uts   é^  les  autres  Ecclejiafiiques 
qui  tenaient  des  Fiefs  ou  Regales    Resiaie  fc 
du  Roi  y  ni  les  Clercs  mariez^  y  ni  J'u^e  ma- 
ceux  qui  preneient  l'habit  clérical  y""^^^^  séi^é- 
poîir  s'exempter  des  charges  publia 
que  s,    Quil  permettait  mime  an 
Roi  ^ouà  fes  Officiers  en  fon  nom  , 
de  recourir  au  faint  Siège  dans  les 
neceffite^reffantes  ^  pour  obtenir  la 
permlffion  de  lever  des  fubfdes  fur 
les    fhutres  JEcclefiaftiques  compris 
dans  fa  Bulle  ^  quoiqu' exempts  , 
privilégier^  i^  indépendans  de  l'au^ 

Cl 


j  1       JDémelex^de  Boni  face 
1^  toritéfecuUere^(^  de  la  Jurifdiîlîon 

Royale. 

Cette  déciaration  où  le  Pape 
fembloit  fe  relâcher  d'une  gran- 
de partie  de  ks  premières  pré- 
tentions,.ëtoit  pleine  d'artifices j 
&  quoiqu'elle  parut  l'cloigncr 
un  peu  de  la  fin  principale  qu'il 
s'ccoit  propolée  dès  le  commen- 
cement de  fon  Pontificatjles  eC- 
pfits  clairvoyans  ne  laiflbient  pas 
d'y   appercevoir   les  reflburces 
qu'il  s'étoit  réfervées   pour    la 
continuation  de  (ts  grands  deC 
feins  {ur  la  puiffance  temporelle 
de  tous  les  Etats  du  monde.Mais 
ce  qui  empêcha  qu'elle  ne  pro- 
duisît fon  effet  fur  l'efprit  du 
Roi,  fut  le  Bref  que  le  Pape  lui 
fit  rendre  dans  le  même  tems , 
pour  lui  faire  donner  mainle^ 
vée  des  deniers  qu'on  avoir  re^- 
cueillis  dans  le  Royaume ,  pour 
être  tranfportez  dehors,  nonob- 
ftant  les  befoins  qu'on  en  pou- 
vpic  avoir  en  France  ^  pour  four^. 


1297' 


avec  Philippe  le  Bel.       j  5 
Uir  aux  frais  de  la  guerre. 

Les  deux  Le2;acs  qu'il  avoicT.-n     r  > 
char^ez  de  raire  raire  ce  trani-  publier  uac 

jj  1  1      T^  Trêve    en 

porc  a  argent  hors  du  Royaume,  France  fans 
&  d'excommunier  tous  ceux  qui  a'/RoT'^^ui 
y  mettroient  obdacle  ,  fans  en  f;°c«tc'eu- 
excepter  le  Roi  même  ,  contri-  «eprUc. 
buérent  auffi  par  leur  conduite,à 
la  defunionde  ces  deux  PuiflTan- 
ces.    Us   avoient  ordre   depuis 
longtems  de  publier  une  Trêve 
de  la  part  de  Boniface  entre  le 
Roi  de  France  d'un  côté ,  &  les 
Rois  des  Romains ,  d'Angleter. 
re  &:  leurs  alliez ,  de  Tautre.  El- 
le devoit  finir  à  la  Saint- Jean  de 
l'année  11^7.  Mais  les  délais 
furvenus  à  fâ  publication,avoienc 
prefque  fait  écouler  tout  le  tems 
de  fa  durée  :  de  forte  que  ces 
deux  Légats  ayant  reçu  du  Pa- 
pe un  nouveau  pouvoir  pour  la 
renouvellera  la  prolonger  juf- 
qu'au  terme  de  deux  années ,  ils 
allèrent  trouver  le  Roi  à  Creil 
en  BeauYailîs  où  étoit  la  Cour. 

C3 


54       JDémélez^de  Boniface 
'  Là  ils  firent  la  publication  de 

Prc^nlL  1^ Trêve,  fans  en  avoir  obtenu 
fa^a?.  ni  demandé  même  lapermiffion 
au  Roi.  Ils  eurent  la  hardiefle 
de  lui  en  prëfenter  le  placard 
qu'ils  avoient  drefle  ,  avec  la 
Additions  Bulle  que  Boniface  leur  avoir 
aux  preuves,  envoyée,  pour  faire  continuer  la 
Trêve  jufqu*à  la  Sainte  Jean  de 
Tannée  1299.  Ils  s'étoient con- 
tentez de  voir  le  Roi  avant  cette 
démarche ,  &  de  lui  expofer  le 
fujet  de  leur  commiflîon ,  avec 
le  commandement  d'excommu- 
nier tous  ceux  qui  contreviens 
droient  à  la  Trêve,  ou  à  fa  publi- 
cation. Ils  lui  avoient  même  of- 
fert la  ledure  de  la  Bulle  du  faint 
Père  dans  cette  première  au^ 
dience.  Mais  ce  Prince  avant 
que  delà  vouloir cntendre,avoit 
fait  ia  proteftation  en  leur  pré* 
fènce  ,  contre  une  entreprife  Çx 
contraire  aux  Loix  de  fontloiau- 
me  ,  &  au  refped  dû  à  la  digni- 
té Royale.  Il  leur  avoit  déclaré 


avec  Philippe  le  Bel.        j  5 

devant  les  principaux    de    fon 

Confeil  :  Que  le  foin  5^  l\idmini-  ^  ^  9^' 
ftration  du  temporel  dans  le  Royau- 
me de  France  appartenoit  au  Roi 
feul  ^(^  non  à  aucun  autre.  Que  le 
Roi  ne  reconnoiffoit  ^  rCavoit  au- 
cun Supérieur  fur  la  terre  pour  ce 
point,  Qîfil  pretendoit  exercer  de 
fie  in  droit  fa  jurifdict  ion  fur  tous 
fes  Fiefs  ^  défendre  les  limites  de 
fon  Royaume  avec  fes  Sujets  ,  ^ 
maintenir  avec  l'affîftance  de  Dieu 
fon  autorité  en  toute  rencontre. 
Que  jamais  iln'avoit  eu  intention 
de  fe  foumettre  au  Pape  ^  ni  à  au. 
cnn  homme  vivant  pour  le  tempo, 
tel  de  fes  Etats  j  mais  que  pour  le 
fpiriiuel ,  ^  faut  ce  qui  concernait 
la  conduite  des  âmes ,  il  étoit  toû. 
jours  prc't  d'obéir  au  fiint  Siège  , 
comme  avoicnt  fait  fes  Prédecef 
feurs  j  autant  quil  y  étoit  obligé 
en  qualité  de  véritable  Enfant  de 
l'Eglife,  Les  Lcgats  donnèrent 
Acte  de  cette  Proteftation  au 
Roi  5  &  répandirent  par  le  mon- 

C4 


jz^T. 


j6      Dhnelez^de  Boniface 
de  une  Lettre  circulaire  ,  qu'ils 
en  écrivirent  à  Creil  le  20.  jour 
d'Avril  5  avant  que  de  quiter  la 
Cour. 

VII.  Selon  le  cours  que  prenoit  la 
ncs  ennemis  di^pofitiori  fâchcufe  dcs  cfprits 
Je  Eoniface  en  France  à  Pcgard  de  Bonifa- 
unèîingUn.  ^c  ,  il  fcmble  qu'il  étoit  de  foa 
te  perâcu- intérêt  de  fe  fortifier  de  fon  cô- 
"^''*  té ,  ôc  de  réunir  les  partis  divifez 

à  fon  fu jet  dans  Rome  &  en  Ita- 
lie  5  afin  d'ôter  à  ce  qu'il  pouvoic 
avoir  d'anciens  adverfaires  ou 
d'ennemis  dcmeftiques,  tout  fa- 
Jet  de  fe  joindre  aux  nouveaux 
qu'il  fe  faifoit  de  jour  en  jour  au- 
delà  des  Alpes.  Mais  la  pruden- 
ce lui  manqua  encore  en  ce 
point.  Au  lieu  de  chercher  à  fe 
réconciher  avec  ceux  de  la  puif. 
fante  &  nombreufe  Maifon  des 
Colonnes ,  dont  les  principaux  lui 
avoient  toujours  été  contraires 
depuis  la  démiflîon  de  fon  Pré- 
decefïèur  Celeflin^  il  entreprit  de 
%xuuiw,  les  poufler  à  bout  &  de  les  per- 


avec  Philippe  le  BeL  5  7 
dre  ,  comme  ennemis  du  faine 
Siège  &  de  PEglife.  Il  en  vouloir 
principalement  aux  deux  Car- 
dinaux Jacques  &  Pierre  Colon- 
na ,  &  aux  cinq  frères  de  ce  der- 
nier, Jean  de  Saint-Vit  ^  Oddon  , 
ou  Eudes  y  Aytpet ,  Etienne  y  5c 
Jacques  dit  Sciarra-Colonna  ^ 
tous  neveux  du  Cardinal  Jac^ 
ques, 

Boniface  coniptoit  parmi  les 
principaux  fujets  qu'il  croyoïc 
avoir  de  les  haïr  &  de  les  pour- 
fuivre,  nonfeulement  le  fouve- 
nir  des  liaifons  que  leur  père  a- 
voit  eues  avec  l'Empereur  Fré- 
déric ,  &  les  autres  ennemis  des 
Papes  &  de  TEglife  Romaine  , 
mais  auffi  l'attachement  qu^ 
ceux-ci  avoient  encore  pour  le 
parti  des  Gibelins  ,  &  pour  la 
mémoire  du  feu  Pape  Celeftin  ^ 
ce  qui  faifoit  qu'ils  le  regar- 
doient  toujours  comme  l'ufur- 
pateur  du  faint  Siège. 
L'Italie  n'étoic  pas  encore  alors 


ii97« 


1Î97- 


5  8  Dèrnèle^de  Boniface 
délivrée  des  deux  fameufes  fac- 
tions des  Guelfes  &  des  Gibelins , 
dont  la  première  favorifoit  les 
Papes ,  ôc  l'autre  tenoit  pour  les 
Empereurs.Ces  deux  Partis  rem- 
plifioient  le  païs  de  defordres  de- 
puis la  difcorde  funefle  que  le 
Pape  Grégoire  VII.  avoit  mife 
entre  le  Sacerdoce  &  TEmpire 
par  {f^  ambitieufes  entreprifes. 
il^X  ''"'  Boniface  V III.  avoit  toujours fa- 
vorifé  6c  fervi  ardemment  les 
Gibelins  contre  les  Guelfes  dc  les 
Partifans  du  faint  Siège  ,  tant 
qu*il  avoit  été  dans  une  condi- 
tion privée  :  mais  fon  élévation 
au  Pontificat  Tavoit  entière- 
ment changé ,  &  fait  paiTer  fans 
mefures  à  Tautre  extrémité  :  de 
forte  qu'ayant  juré  l'extindion 
des  Gibeli?2s ,  il  fut  ravi  d*en  trou- 
ver l'occafion  dans  la  ruine  des 
Colonnes ,  qui  en  étoient  les  pro- 
tecteurs, 6c  dont  il  cherchoit  à 
fe  venger^  pour  le  mépris  ou  Tin- 
difference  qu'ils  lui  avoient  too. 


avec  Philippe  le  Bel,       5  9 
jours  témoignée  depuis  qu'il  oc-  ~^         ' 
cupoic  le  Siège  Apoftolique. 

Il  favoic  les  bruits  defobli- 
geants  qu'ils  faifoient  courir  de 
lui,  ^  les  libelles  qu'ils  femoient 
de  rems  en  tems  par  le  mon- 
de ,  contenant  les  nullitez  qu'ils 
croïoient  avoir  remarquées  dans 
fon  éledion  ,  &  les  caractères 
d'une  intrufion  violente  6c  illé- 
gitime à  la  Papauté.  C'eil:  pour- 
quoi il  commença  par  fommer 
les   deux  Cardinaux    de   cette 
Maifon  de   déclarer  publique- 
ment s'ils  le  reconnoiflbient  pour 
légitime  Pape  ou  non.  La  Ibm- 
macion  étoit  du  famedi  4.  jour 
de  May  12-97.  quoique  Boniface 
fe  trouvât  déjà  dans  la  troifié- 
me  année  de  fon  Pontificat.  Le 
Pape  avoit  envoyé  en  même 
tems  fon  Clerc  de  Chambre  ,?<'''^»»'"^^ï'^- 
avec  un  Notaire  Impérial, pour  p^^'^^^.,, 
citer  Pierre ,  Tun  des  deux  Car- 
dinaux ,  &   l'obliger  à  compa- 
roître  le  même  jour  devant  Sa 

Ce 


J297. 


6  o        Démèle^de  Boni  face 
Sainteté  6c  le  Sacré  Collège,  & 
à  répondre  fous  peine  de  priva- 
tion du  Cardinalat,  à  la  queftion 
de  favoir  S'il  était  Pape. 

Les  deux  Cardinaux  ne  trou- 
vèrent pas  de  fureté  à  obéir  aux 
ordres  de  Sa  Sainteté ,  &:  ils  fe 
retirèrent  promptement  au  Châ- 
Unii\u.    t^au  de  Longuezza  dans  la  Ro- 
magne  ,  d'où  ils  fe  préparèrent 
à  lui  répondre.  Le  Pape  prit  leur 
évâfîon  pour  un  trait  de  rebcL 
lion  j  &  dès  le  Vendredi  fuivant , 
jHtxceîfethro^  il  fulmina  contre  eux  une  Bulle 
fige'lT'^^'  fanglante  en  plein  Confîftoire.  Il 
RapdiUif,    la  commença  par  le  récit  des 
maux  que  leurs  Pères  &  eux  a- 
voientfaitsàrEglife  du  tems  de 
fes  Prédeceffeurs ,  &  y  ajouta  les 
griefs    particuliers   qu'il   avoit 
contre  eux.    Il    les  condamna 
commQfchifmatiques  3  hérétiques, 
hlafphémateurs ,  rebelles  ^  enne^ 
mis  du  faint  Siège  ^dc  la  Patrie. 
Il  les  dégrada  du  Cardinalat,  \qs 
priva  de  tous  leurs  Bénéfices  6c 


avec  Philippe  le  Bel,  é  t 
autres  revenus  ecclefiaftiques , 
les  excommunia ,  &  ceux  qui  les 
tiendroienc  encore  pour  Cardi- 
naux, qui  les  affifteroient  ou  qui 
les  favoriferoienc  j  ôc  il  jetta  l'In- 
terdit fur  tous  les  lieux  où  ils  fe 
retireroient.  Sa  vengeance  s'é^ 
tendit  auffi  fur  Jean  de  Sainuf^it 
bi.  Oddon  y  deux  Ats  frères  du 
Cardinal  Pierre ,  6c  fur  leurs  def- 
cendans  qu'il  déclara  incapa^ 
hlcs  jufquà  la  quatrième  généra^ 
tion  ,  de  pouvoir  jamais  pejfeder 
aucuns  Bénéfices  ^ni  exercer  aucune 
Charge  feciiliere  ,  principalement 
dans  l'étendue  de  l'Etat  de  l'Egli- 
fe ,  ni  afpirer  au  Cardinalat  ^  ouk 
aucnne  autre  di<znité  eccle(îafii^ 
que.  Il  ordonna  cependant  que 
les  deux  Cardinaux  fe  prëfente- 
roient  dans  dix  jours  devant  Sa 
Sainteté  5^à  peine  d'être  privez 
de  tous  leurs  autres  biens  ,  ôc 
d'être  entièrement  profcrits. 

Le  jour  même  que  la  Bulle  fiic 
expédiée ,  les  deux  Cardinaux  , 


1197.. 


1297. 


6 1  Dèmèlezjie  Boni  face 
fans  fâvoir  ce  qui  fe  paflbit  à  Ro- 
me contre  eux ,  drellérent  dans 
le  Château  de  Longuczza,  un 
aâe  de  proteftation  contre  la 
citation  qui  leur  avoit  été  faite 
M^:o,mam  le  A.  de  cc  mois.  La  Proteftation 

Preuves  ,  *       .  -n        •/-  >  '       ■ 

page  ^4.  portoit  Ç[\XQ  Boïiiface  netoit  fas 
Pape  légitime  3  (^  qu^ainfi  ils  le 
dénonça ient  comme  ujurpateur  au 
Sacré  Colley:  des  Cardinaux,  Que 
la  renonciation  du  Pape  Celcftin 
^.  rC avoit  pas  été  canonique  3  (^ 
quil  rC était  pas  en  fan  pouvoir  de 
faire  cejjîon  de  la  Papauté  fans  une 
autorité  fuperieure.  Sur  la  décla- 
ration qu'ils  en  faifoient  direâe- 
ment  à  Boniface ,  ils  demandè- 
rent la  convocation  d'un  Conci- 
le général ,  où  Ton  pût  décider 
de  cette  affaire.  Ils  requirent 
âuflî ,  que  tous  les  aBes  de  Boni^ 
face  fujfent  fufpendus  é^  arrêtez^  y 
jnfqu'à  ce  que  le  Concile  en  eut  ju- 
g/f  >  &  ilsappellércnt  de  tout  ce 
qu'il  pourroit  faire  contre  eux  a, 
€e  Concile  futur ^  au  faint  Sieye  ^  é* 


avec  Philippe  le  Bel,  6  5 
auPape  qui  feroit  èlii,  lis  rendi-  "TT^T" 
renc  leur  ade  aucentic|ue  par 
toutes  les  formalicez  imagina- 
bles -,  6c  non  concens  de  le  faire 
lignifier  à  Boniface  Se  au  Sacré 
Collège ,  ils  renvoyèrent  à  di- 
vers Princes  ^c  Prélats  de  la 
ChrÉétienré  ,  principalement  en 
France  ,  afin  qu'on  fe  joignit  à 
eux  pour  la  convocation  du 
Concile  génera],6cladcpofition 
du  Pape,  dont  ils  fe  déclaroient 
les  Accufateurs. 

Boniface  irrité  d'une  procédu- 
re fi  hardie  ^  publia  le  jour  de 
l'Afcenfion  une  nouvelle  Bulle  upisabràf^fi 

^  _.  rmation  ae«.  ^r. 

la  première.  Il  y  renouvella  tou-  autt^reuyw, 
tes  les  peines  aufquelles  il  les  a-  "•^^• 
voit  fournis,  6c  y  en  ajouta  de 
nouvelles.  Il  y  réfuta  quelques 
calomnies  qu'ils  avoient  avan- 
cées contre  lui  dans  leur  écrit, 
6c  fit  voirentr*autres  circonftan- 
ces ,  qu'ils  l'a  voient  fervi  à  l'Au- 
tel ,  6c  qu'Us  avoient  communié 


6  4       Démèlcz^^dc  Boni  face 
"""^"-"^  (ie  fa  main  pendant  deux  ans  & 
'  *  '  ^  '    demi,  fans  avoir  paru  douter  s'ils 
dévoient  le  reconnoître  pour  lé- 
gitime Pape   II  envelopoit  dans 
la  même  difgrace  A'^apet^Etien^ 
j  :  ne  y  Sciarra^  &.  tous  les  autres  frè- 

res ,  dont  il  avoit  épargné  les 
noms  jufques-là.  Il  les  excom.. 
munia  de  nouveau  ,  les  pourfui- 
vit ,  les  dépouilla  de  tous  leurs 
biens  ,  &  les  bannit ,  puniffant 
des  mêmes  peines  ceux  qui  les 
recevroient,ou  paroîtroient  por- 
tez pour  eux.  Il  ne  fut  pas  enco- 
re content  de  ces  Décrets  ,  êc  il 
ne  fe  crut  pas  fuffifamment  ven- 
gé ,  qu'il  n'eût  dreffé  une  autre 
Confîitution  datée  du  même 
jour ,  6c  contenant  les  mêmes 
çhofes  ,  pour  Tinferer  dans  la 
:/f^y;cci\i?«- compilation    des  Decretales   ^ 

•ftj  »    'Ext.    rf«  >-i  1    1-  1  ^ 

schifm.  in  6.  qu  il  publia  quelque  tems  après 
T^^rtrai,       £^^^^  ç^^  autorlté  j  &  dont  on  fît 

Je  fixiéme  Livre.  Il  voulut  que 
ks  Colonnes  y  fuflTent  notez  &C 
fictris  à  perpétuité ,  fous  le  titrç 


IZ97' 


dvec  Philippe  le  Bel.       6  j 
AcSchifmatiques  condamnez  par 
TEglife. 
Les  Colonnes  appuyez  de  beau-    croifade 

d,  /  •  r    contre  eux. 

autres  mecontens  ,  qui  le 

rangèrent  de  leur  coté  ;  6c  réfo-  '^^^t^i:^. 
lus  de  fe  mettre  à  couvert  des  E'::4.''^-î..^ 
violences  du  Pape ,  s  etoient  re-  ^^y»^^ldus, 
tranchez  dans  les  places  qui  ap-  ^''^''^  ^^ 
partenoient  a  leur  famille, fur 
tout  dans  la  ville  de  Paledrine  , 
&  dans  les  Châteaux  de  Zaga- 
rola,Nere  &  Colonna.  Cette 
conduire  réveilla  l'humeur  guer- 
rière de  Boniface  -,  &  s'imagi- 
nant  avoir  trouvé  Toccafion  de 
\qs  exterminer  ,  il  publia  une 
Croifade  contre  eux  ,  avec  de 
grandes  Indulgences  pour  ceux 
qui  preiidroient  les  armes.  Il 
employa  même  une  grande 
partie  de  Pargent  &  des  trou- 
pes deftinées  contre  les  Infidèles 
de  rOrient  &  de  la  Paleftine , 
pour  leur  faire  laguerre.Cepen- 
dantilfit  abattre  leur  Palais,  6c 
les  autres  maifons  qu*ils  a  voient 


^^97 


66  Dèmete^de  Soniface 
'""  à  Rom€  :  il  fit  agir  rinquifitioiï 
contre  ceux  qu'on  croyoit  être 
de  leur  parti.  Les  Croilez  joints 
à  d'autres  troupes  que  le  Pape 
avoit  fait  venir ,  allèrent  affieger 
Paleftrine  ,  où  Sciarra-Colonna 
s'ëtoit  renfermé  avec  quelques- 
uns  de  ks  frères ,  tandis  que  les 
autres  cberchoient  de  Tappui 
auprès  des  Princes  &  des  Répu- 
bliques voifînes  de  l'Etat  Eccle* 
fiaftique.  Mais  Etienne  ^  dont  le 
Pape  demandoit  la  tête,pour  le 
vol  qui  s'étoit  fait  du  bagage  de 
Sa  Sainteté  fur  le  chemin  d^Ana- 
gnie ,  &  dont  on  le  tenoit  coupa- 
ble, gagna  promptement  les  Al- 
pes ,  parce  qu'il  apprehendoit  de 
ne  pas  trouver  un  feul  lieu  de 
fureté  pour  lui  dans  toute  l'Ita- 
lie. 5r/^rr^s'étantdéguifé  fortrr 
la  nuit  de  Paleftrine ,  de  fe  fauva 
dans  les  bois  d'Ardée ,  où  il  vê- 
quit  pendant  quelque  tems  des 
fruits fauvages  de  la  forêt,  évi- 
tant la  rencgntre  £c  la  vue  des 


avec  Philippe  le  Bel.  67 
hommes.  Mais  ayant  été  apper-  ""Tî^-T 
çu  par  des  Pirates  qui  avoienc 
fait  une  defcente  près  d' Ancio,ii 
fut  pris  &:  mis  à  la  chaîne  avec 
les  forçats. La  crainte  d'être  livré 
à  Boniface  pour  une  grofle  fom- 
me  d*argent ,  s'il  fe  faifoit  con- 
noître  à  ces  Pirates ,  le  fit  réfou- 
dre  à  fe  dire  fimple  bouvier  ,  & 
à  fouffrir  les  maux  les  plus  horri. 
blés  d*une  fi  dure  captivité ,  plu- 
tôt que  de  déclarer  fon  nom,)uf-. 
qii*à  ce  qu'ayant  été  découvert  a 
Mar(eille,il  fut  racheté  quatre 
ans  après  par  la  libéralité  de  Phi- 
lippe le  Bel. 

Pendant  que  le  Pape  animoit    y  t  i  î. 
toute  ritalie  contre  les  Colonnes,     ^^,  p^F5 
il  donnoit  ordre  à  fes  Légats  &:  B°iîr,''tou- 
à  fès  Commifiaires,  de  ménager  chant  la  le- 
tellement  les  efprits  en  France  .  fides"ur''iê 
qu'ils  pulïent  au  moins  difpoier  cierge  en 
le  Clergé  ôc  les  peuples  duRoiau-  R'^'af 
me  à  reconnoître  en  lui  une  fou-  France. 
veraineté  temporelle.  Il  écrivit 
en  même  tems  au  Koi  Philippe 


6  8        Dèmelez^de  Boniface 

" \ —  le  Bel  &  à  Edouard  IL  pourles- 

^^'''  prévenir  furies  raifons  qu'il  a- 
voit  de  pourfuivre  les  Colonnes  , 
&  les  prier  de  ne  leur  donner  ni 
proteâion  ni  retraite  dans  leurs 
Royaumes.  Ayant  appris  que  fa 
Additions  déelaration  donnée  le  7.  de  Fé- 
«Uifr**^"'  vrier  pour  expliquer  fa  Décréta- 
le  Clericis  Laicos ,  n'avoit  point 
fatisfaitle  Roi  Philippe;  6c  crai- 
gnant que  les  Colonnes  ^  6c  {q%  au- 
tres ennemis  ne  fe  prévaluffent 
de  la  difpofîtion  de  ce  Prince 
contre  lui ,  comme  ils  firent  de- 
puis ,  il  voulut  en  fa  faveur  mo- 
dérer encore  fa  Decretale  par  de 
nouvelles  interprétations. 
ttfid^  Statu,  IJlfit  publier  une  Bulle  adreffee 
fxJcTçT'*^^  Clergé  &  aux  Grands  du 
Royaume  le  31.  Juillet  ;,  oii  il 
levoit  la  défenfe  qu'il  avoit  fai- 
te aux  Ecclefiaftiques  de  rien 
donner  aux  Princes  féculiers  fans 
la  permiffion  du  faint  Siège ,  dc 
aux  Princes  de  rien  exiger  des 
Ecclcfiaftiques.  Ilpermit^comme 


dvec  Philippe  le  Bel.  d  9 
dans  fa  déclaration  du  mois  de  •"  ^ 
Février,  les  dons  volontaires  8c  ^*^^** 
gratuits  que  le  Cierge  de  France 
voudroit  faire  au  Roi.  Il  excepta 
encore  de  fa  dcfenfe  non-feule- 
ment les  Droits  féodaux ,  &  les 
autres  fcrvices  dûs  au  Roi  6c 
aux  Seigneurs  laïcs  par  les  gens 
d*£glifc  ^  mais  encore  le  cas  de 
la  néceffité  preiGTante  de  l'Etat.  H 
voulut  encore  aller  plus  loin  3  ôc 
il  déclara  que  fa  Bulle  Clericis 
Laïcos  ,  dcfcndaîit  aux  Ecclejta^ 
ftiques  d'aider  les  Rois  de  leurs 
biens ^  ne  regardait  point  la  France, 
Que  le  Roi  (^  [es  fucceffeurs  peu* 
vent  dans  le  cas  de  néceffité  rece^ 
voir  des  fubfides  des  Ecclefiafiiques 
pour  la  défenfe  de  l' Etat  ^  fans  de^ 
mander  ni  la  permijjîon  ,  ni  le  con* 
fentemcnt ,  ni  l^avis  du  Pape,  Que  U'cnfuit» 
pour  juger  de  cette  néceffité ,  le  Roi  t^njilT"* 
^  fes  fucceffeurs  s'en  rapporteroient 
à  leur  propre  confcience  ^  lorfqu*ils 
au7 oient paffé  fàge  de  vingt  ans^  ou 
/dux  <^cns  de  leur  Qonfe  il  privé  ^  lorf 


I 


70        "Dèmelcz^de  Boni  face      , 
''■""■~~"  qu'ilsfcroicnt  audejfous  de  cet  agè: 
Qt^au  refte  il  rt  av  oit  jamais  f  ri  ^ 
tendu  ^ar  cette  dèfenfe  donner  au- 
cune  atteinte  aux  Coutumes  de  la 
France  y  ni  aux  libertez^^  franchi^ 
[es  ou  ufagesduRoi  ^  des  Grands 
du  Royaume. 
r>«Mo«iin,      Quelques  Auteurs  ont  foup- 
Anucnlîik  çonné  cette  Bulle  de  faufleté  , 
menu''^^"   fur  ce  qu'elle  paroît  trop  favo- 
rable à  Philippe  le  Bel ,  &  trop 
éloignée  des  prétentions  de  Bo- 
niface.  Mais  elle  fut  confirmée 
huit  jours  après  par  une  autre 
Bulle  datée  du  8.  Aouft,  où  ce 
Pape  ajoute  encore  un  nouveau 
cas  pour  lever  en  France  des  fub- 
Preuvesdes  fidcs  fans  congé  du  faint  Siège  , 
rEguièGai-  fçavoir  lorfqu'il  feroit  queftion 
^iToY  S:'  de  payer  la  rançon  du  Roi  &  des 
39. «.II.     Enfans  de  France,  s*il  arrivoit 
qu'ils  fuflent  faits  prifonniers  par 
leurs  ennemis  :  addition  que  l'on 
a  fait  glilfer  depuis  avec  quelque 
altération  dans  la  Bulle  du  31, 
Juillet  5  ôc  c'efl:  ce  qui  a  fer  vi  à  la 


avec  Philippe  le  Bel.       7  r 
rendre   fufpeAe  à  ces  Auteurs.  * 

Certainement  on  la  croyoit  très- 
véritable  en  France  iîx  ans  a- 
près,  lorfque  dans  le  plus  fort  de 
la  querelle  entre  le  Pape  &  le 
Roij  elle  fut  alléguée  comme  un 
titre  autentique.  Car  nous  ap- 
prenons par  une  Lettre  du  Mar- 
di d'après  la  Nôtre-Dame  de 
Septembre  de  Tan  1303.  écrite  à  f/^s'^xr! 
l'Evêque  de  Montpellier  par  les 
Gens  du  Confeil  que  le  Roi  a- 
voit  laiflez  à  Paris  pendant  fon 
abfence ,  que  le  Clergé  avoir  ac^ 
cordé  au  Roi  une  décime,  fans 
qu'il  y  eût  ni  confentement  ni 
permiffion  de  Rome.ôc  Ton  mar-  P:itru  de  i* 

•  1  1       T  '       •     féconde  édi- 

quoit  au  basque  la  Lettre  etoit  tion,p.8u* 
envoyée  avec  la  déclaration  du 
Pape ,  qui  portoit  que  les  Eccle- 
fîaftiques  peuvent  en  confcience 
aflîfler  le  Roi.  Mais  on  ne  peut 
pas  produire  de  témoignage  plus 
évident  de  la  vérité  de  cette 
Bulle,  que  les  efforts  que  fit  le 
Pape  pour  la  révoquer,  par  une 


7 1       !Bcmklc^  de  Sonïface 
'  "  '        autre   du  4.  de  Décembre  de 
^^^^'  '  Tan  1503. où  il  a  prérendu  fuf- 
pendreles  privilèges  &  les  grâ- 
ces (  ce  font  les  termes  )  qu'il  y 
avoir  accordées  à  Philippe  le 
Jc^p^^iiip^^^^^  L'HiftorienBelleforeft  qui 

'"."s^eï,  lo^  rapporte  avec  quelque  alté- 
ration ,  ajoute  que  le  Roi  la  fit 
lire  dans  une  célèbre  Aflemblée 
de  tous  les  Prélats  du  Royaume. 
En  un  mot  elle  fut  vérifiée  & 
fcellée  en  la  Cour  ou  Parlement 
du  Royaume,  le  Vendredi  après 
Preuves,  la  Fête  de  Noël  Tannov.  &  pu- 
5^!vLv>.iî.bliéeparrOfficial  ou  Greffier, 
nommé  Bitris. 

Ce  n'eft  pas  qu'on  crut  en  ce 
tems-là,nonplus  qu'aujourd'hui, 
que  nos  Rois  euflent  aucun  bc-? 
foin  des  Bulles  de  Rome  pour 
l'exercice  du  droit  qu'ils  ont  tou« 
jours  eu  de  lever  des  fubfides  fur 
le  Clergé.  On  en  ufoit  ainfi.pour 
marquer  feulement  que  Bonifa- 
<:e  avoit  lui-même  reconnu  ce 
droit ,  mais  non  pas  pour  fondée 

le 


^tvec  Philippe  le  Bxl.       7  5 

le  droit  de  nos  Rois  fur  cette  Bul- 

le  ,  comme  quelques-uns  de  nos  ^^9> 
Jurifconfultes  6^  de  nos  Canoni- 
lies  ont  eu  l'indifcrerion  de  Ta. 
vancer.Il  faut  avouer  néanmoins 
que  les  décimes,  impofition  qui 
fe  prend  fur  le  Clergé  féparé- 
ment ,  ont  continué  de  fe  lever 
dans  le  Royaume  par  concefTioii 
des  Papes  comme  auparavant, 
jufqu'au  tems  du  concordat  paC 
fé  Tan  1 5  i/S.  entre  Léon  X.  & 
François  I.  Mais  il  en  ctoit  en 
ce  cas  là  de  la  permiffion  des 
Papes  comme  du  confentement 
du  Clergé  ,  fans  lequel  nos  Rois 
ne  faifoient  pas  ces  levées.  C*é. 
toit  la  fouveraineté  de  leur  Cou- 
ronne ,  de  Taveu  même  du  Cler- 
gé ,  qui  leur  donnoit  ce  droit  j  ^c 
toutes  les  Pancartes  de  la  Chan- 
cellerie Romaine  n'auroient  pii 
former  par  leur  propre  vertu,un 
pouvoir  que  les  Papes  n*ont  ja- 
mais eu  fur  le  temporel  des  Eg!i- 
fes  du  Royaume. 

D 


74       T>è7)iek^dc  B'onifdve 
,.  C'eft  dans  le  fens  qu'on  vient 
•c  ^^J'    He  marqiier,que  Boniface  accor- 
.-^.iim^,  1   .da  au  Roi  Philippe  le  Bel  des  dé- 
ȉ  "i^r>,-  cimes  pour  trois  ans.  Elles  fe  1@|. 
''^"'  vérent  fur  le  Clergé  depuis  le 
jour    de  la  Madeleine  de  Ta» 
1297.  jufqu'à  la  fin   de  1300* 
^,,ç^^        Cette  conceflîon  auffi-bien  que 
•*w/ôox2  radouciiTemcnt  de  faDecjretale 
dericis  Laie  os  ,  étoit  moins  une 
preuve  de  la  bienveillance  en^ 
vers  le  Roi ,  que  de  fa  politique 
i&  defon  adrelîe.  Il  crut  devoir 
attendre  une  occafion  plus  favo- 
rable pour  fe  venger  de  ce  Prin, 
ce  ,  comme  il  fit  quelques  an^ 
nées  après  3  &  il  jugea  ce  ména- 
gement néceflaire  pour  accom-» 
moder  ks  propres  affaires.   Il 
vouioit  obtenir   mainlevée    d^ 
Pargent  d*une  efpece  de  décime 
qu'il  avoit  ordonnée  lui-même 
dans  le  Royaume,  &:  qui  étoic 
arrêté  par  l'Edit  du  Roi  qui  dé- 
,    fendoit  tout  tranfporc d'argent  & 
demarchandifesîiors  des  terres 


^^ 


•  avec  Philippe  le  Bel,       '^  5        

de  France.  Cette  conduite  parue      .  :  :    "* 
eaixner  Philippe  le  Bel.  Il  délia     ^*^^" 
les  mains  aux  deux  Traitans  du  Erdfnç.  ub»- 
Pape  en  France,  &:  leur  permit  ^'^^  ^' 
de  faire  pa (Ter  en  Italie  l'argent 
qu'ils  a  voient  amallé   pour  Sa 
Sainteté ,  mais  qui  avoit  été  mis 
en  fequeftre ,  &:  gardé  en  main  Rf^e;/?r:or.>. 
fauve  pendant  Vexecution  de  ^^^^-r^^.'^o. 

l'Ordonnance  du  Roi  ,  comme 
nous  l'apprenons  par  un  Arreft 
du  Parlement  donné  le  Lundi 
devant  la  Fête  de  faint  André , 
Tan  1296. 

Boniface  voulant  ôter  aux 
François  tout  fujet  de  douter 
qu'il  mt  réfolu  à  bien  vivre  avec 
le  Roi  Philippe  &  les  Grands  du 
Royaume  ,  mit  au  nombre  des 
Saints  leRoi  Louis  IX.  fon  grand 
Pere,&:  fit  publier  la  Bulle  de 
facanonization  le  II.  jour  d'Août 
de  l'an  1197.  Philippe  en  effet 
regarda  cew:e  adion  comme  un 
nouveau  fujet  d'obligation  qui 
le  rendoit  redevable  à  Sa  Sain- 

D  2 


r  t  -f 


_  "^        'Demclexjle  Bontfat^ 
ts^  5  de  forte  que  dans  la  vue 


M^K'  ^..  d^entrecenir  une  bonne  corre& 

tu-'^'-iv-'J  pondance  avec  le  Pape  ,  nonfeui 

■   '^'^•^''^lement  il  donna  les  mains  à  li 

Trêve  qu'il  avoir  ordonnée  d'à* 

bord  fans  ion  confentemenr,eqi 

tre  lui,  Edouard  II.  Roi  d'Ani 

glecerre,&  Guy  Comte  deFlanrî 

flfes  \  mais  il  voulut  encore  fe 

foumettre  à  fon  jugement,  conî^ 

ine  firent  auflî  ces  deux  autres 

Princes,  pour  terminer  leurs  dif* 

fcrends.     ^^'';^' 

IX.         Ce  ne  fut  pas  encore  1  à  que  fê 

îl  promet    ,  r  ,  ^  ^1      1  r 

au  Roi  de  r>ornerent  \^s  apparences  de  la 

ùirc  foa   fconne  intention  ôc  de  la  bien- 

P^cicur.  "^"  veil lance  que  le  Pape  Boniface 

afFedoit  de  faire  paroître  pour 

Philippe  le  Bel.  Ilfavoit  que  les 

Allemands   ctoient   mal   farisi 

faits  du  gouvernement  d*AdoIX 

phe  de  NafTau  Roi  desRomains, 

&  que  les  Eleveurs  &  les  Priili 

ces  qui  ne  Taimoienc  pas,  com^. 

mençoient  à  prendre  des  mefu. 

i^P';.-,/.  8.j^  pour  lui  donner  un  fuccef- 


avec  Philippe  le  Sel.       Jj 
fcur.  Il  pricoccafion  de  ces  prc-  ~~^. 
mieres  difpofitions  pour  faire  ef,  j,-,.  i^^^, 
perer  à  Philippe  qu'il  employe-^  ^'^^^'^"^^^^ 
^p\t  foii  crédit  pour  faire  tom-  pag.  64.." 
bcr  la  Couronne  fur  la  tête  du 
Comte  de  Valois  fon  frere,à  qui 
iLavoitdcja  promis  l'Empire  de 
Conftantinople  pour  k  recom- 
penfer  de  ce  qu'il  étoic  entré  en 
Italie  avec  des  troupes  François 
ksi  la  prière  de  Sa  Sainteté ,  6c 
<ie  ce  qu'il  lui  avoit  fait   une 
ceflîon  volontaire  du  Royaume 
d'Arragon  ,  dont  le  Pape  Mar-      ^i 
tin  IV.  ravoiteratifié.        .  ^''tnoi<ï  If. 

Philippe   le  Bel  écouta  ces  âo>  ^ûi,\ 
proportions  d'autant  plus  vo*  -^  «^^î^ 
lontiers  ,  qu'il  y  trouvoir  plus         *  ^^ 
d'apparence  6c  de  poffibilité  , 
qu'aux  vaines  paroles  que  ce  Pa- 
pe lui  avoit  données  de  détrô- 
ner les  Paleologues  en  faveur  de 
fon  frerc.  Il  crut  devoir  fe  repo- 
fer  fur  fa  bonne  foi,  ^  laifler  mû- 
rir cette  affaire  entre  ks  mains-. 

Cependant  le  Roi  d'Angleterre  ?.uî»;»:.;>s 

X)  3         -^^  il- 


''^'""^.^ ,  étant  defcendu  en  Flandres  avec- 
^*^^'     des  croupes,  à  defTein  d*entrercn. 
France  avec  le  Comte  ^  les  Ak 
liez  au  préjudice  de  la  Trêve  y 
Philippe  s'en  plaignit  à  Boniface; 
comme  à  Tauteur  &  au  garant 
du  Traité  fait  entre  eux, Ôc  com- 
me au  Juge  de  leurs  différends^, 
choifi    du  confèntement  com- 
mun des  Parties.  On  n'y  crouv^a 
point  d'autre  expédient  que  de 
faire  avancer  le  jugement  par 
lequel  ces  différends  dévoient 
être  terminez. 
rii'<M,yrd-      Les  trois  Princes  envoyèrent 
der^hft  ,  7>.  IcursAmballadeursaRomepôur 
ijd,  F)r^itus.  en  raire  la  pouriinte.  L  Archeve^ 
que  de  Reims,^  Jacques  defainc 
lî  cft  rrqu  Poi^ç^^cle  matemcl  de  la  Reine, 
y  allèrent  pour  Philippe  ^  Tfivê- 
fcixfeicRoi.  que  de  Durrham  ,  pour  le  Roi 
d'Angleterre ,  &:  Robert  Comte 
de  Nevers  pour  le  Comte  de 
Flandres  fonpere-Toutfembloic 
parler  pour  Philippe;  l'avantage 
<jui  lui  revenoit   d'une  grande 


ârbjcre 
diff^rcaj.  Sa 
Sentence  of 


avec  Philippe  leSeL       f<) 


[fataille  gagnée  près  de  Furnes  t^^t^ 
fur  les  Flamands  bc  les  Alle.^  ^^^'' 
niands  -,  Taverfion  des  Anglois 
qu'Edouard  leur  Roi  s'étoic  aci 
tirée  par  ks  violentes  exadions^ 
&  la  rupture  de  la  ligue  faite  par 
Adolphe  Roi  des  Romains ,  oc- 
cupé de  fes  propres  affaires  dans 
fon  païs.  Mais  Tôpinion  qu'il  a^ 
voit  de  l'équité  de  rarbitre,renr. 
pécha  de  faire  valoir  ces  confi- 
derations  ,  croyant  qu'il  fuffifoit 
que  fes  Ambafladeurs  propoiat 
fent  leurs  moyens,  &  repréferi- 
taflent  les  points  conteftez^  avec  ^'-y^M^ri^^ 
ceux  de  les  Parties.  >>f^^>-  ^  .  î-,:;i,t 

Boniface  ayant  reçu  le  com-  RayaAf^ar, 
•promis  des  deux  Rois  le  17.de  spord.^;?; 
Juin  de  l'an  1298.  rendit  fa  Sen-^A.Î^uimV 
rence  arbitrale  le  jour  fuivant  ,  ^"y^^^"^^' 
non  comme  Pape ,  mais  comme -^^^^isiioa 
perfonne  privée  ,  félon  la  pro- 
teftation  qu'il  en  fit  fous  fon  pre- 
mier   nom    de    Benoilî  Gaétan. 
ft4ais  ce  fut  au  profit  du  Roi 
d'Angleterre  &  du  Comte  dé 

D4 


8  i>       Démêle!^  de  Boni  fa  et 
■r    „     Flandres.  Car  pour  ce  qui  ttC' 
gardoïc  le  prem  er  ,  il  ordonna , 
«(jue  Philippe  le  Bel  lui  donneroit 
fa  fœur  Marguerite  en  mariage  \ 
^  fa  fille  Eliz^beth  à  Edouard 
fils  de  ce  Roi  ,  avec  la  difpenfe  du, 
fiint  Siège  pour  le  degré  défendu  de 
leur  parenté.  Que  les  deux  Rois  fe 
deffaifiroient  de  ce  qu'ils  avùient 
fris    tun  fur  l^ autre  ^  ^  le  met^ 
troient  en  fequeftre  entre  les  mains 
de  Sa  Sainteté,  Et  pour  ce  qui  é- 
.-     roit  du  Comte  de  Flandres ,  il 
-s  étoit  dit  par  la  Sentence^  que/^ 
'-  '\  '-,  Roi  de  F  rame  lui  r endroit  non  feu- 
lement toutes  les  places  qu'il  lui 
avcit  prifes  »  mais  aujjî  fa  filU 
qu'il  retenoit  depuis  deux  ans  ,  ^ 
qu'il  fe  roit  libre  an  Comte  de   la 
marier  à  qui  il  lui  plairoit.    Pour 
conclufion  Boniface    marque-; 
que  Philippe  le  Bel  iroit  dans  le 
Levant  faire  la  guerre  aux  In* 
fidèles, 

^.s^Le  Pape  oubliant  qu*il  n'a- 
.v^k  rendu  cette  Sentence*  que 


4iirec  Philippe  h  JSéL       îî  __ 

comme perfonne  privée,  fit  ex>      ...    , 
pedier  une  Buiiede  ce  qu  il  ve- 
noic  de  juger.  Il  la  mit  entre  les 
mains  de  TÊvêquede  Durrhaii\ 
^mbafladeur  du  Roi  d'Ahglb- 
terre  ,  pour  être  rendue  à  Phi\- 
lippe  le  Bel.  L'Evêque  vint  à  Pa- 
ris ^accompagné  de  ifac^uey  Je 
ÇhafiiUon  ,  frère  du   Comte  de 
Saint  Pol  ;  &  il  la  prefenta  au 
Roi, qu'il  informa  en  même  tem.s 
de  tout  ce  qui  s'étoit  pafTe  àRo^i 
nie  en  cette  occafion.  Comme  lé    p^.eu,,es 
Papeavoit  prévu  que  fa  conduii  p^g''4i- 
te  ne  plairoit  gueres  a  ce  Prince,  cm/w,  o-f. 
il  lui  avoit  écrit  le  3.  de  Juillet 
fuivant  un  Bref  bulle  ,  pour  pré-^ 
venir  ou  appaifer  fa  colère,  en  lui 
promettant  qu'il  ne  jugeroit  pasr 
îiir  les  autres  articles  conteftez  ^ 
iàns  un  confentement  particulier 
de  Sa  Majefté,  porté  par  (^s  Let- 
tres Patentes  &  par  un  Envoyé^ 
exprés.  Mais  cette  honnêteté  ap- 
pâtante ne  fervit  qu'à  faire  re- 
«iLonnoitre  l'artifice  avec  lequel^ 

D  5 


8  %  Dèmèlt^de  Boni  face 
,,^,.  Boniface  cherchoic  à  fè  rendre 
de  plus  en  plus  néceiTaire  par  la 
conrinuation  de  fon  arbitrage  ^ 
de  fa  médiation.  Il  faifoic  naître 
ÀQ  nouvelles  difficultez  pour  a- 
voir  un  prétexte  de  ne  pas  termi- 
ner lî-tot  le  différend  ,  &  pour 
tenir  les  deux  Rois  dans  la  dé- 
pendance de  fon  Tribunal. 

La  Bulle  qui  contenoic  la  Sen- 
tence fut  lûedans  le  Confeil  en 
préfence  du  Roi ,  de  Charles  de 
Valois  fon  frere,des  Comtes  d'E- 
vreux  ôc  d'Artois ,  &  des  autres 
premiers  Seigneurs  de  la  Cour. 
Mais  le  Comte  Robert  d'Artois^, 
qui  avoit  gagné  la  dernière  ba- 
taille ,  pris  Lille  &  plufieurs  au- 
tres places  en  Flandres ,  ne  pou- 
vant fouffrir  les  conditions  quii 
regardoient  les  Flamands,  arra- 
Mntr^ou.  ei^a  la  Bulle  en  colère  de  la  main 
iM.i.  du  Prélat  qui  en  falloir  la  lecSiire, 

la  déchira  avec  les  dents  ^  la 
jerta  au  feu  ,  jurant  qu^il  ne  fouf 
friroit^as  que  U  Pape  jouât  ainji le 


-"^•'^vec  Philippe  le  Bel.      Î3  

Roi  ,  ^  Ce  vengeât  aux  dépens  du 
Royaume.  Cette  a£iion  ,  quoique 
trop  brufque,ne  déplue  pas  au 
Roi  qui  avoir  déjapafle  au  Pa- 
pe les  conditions  d'accommode- 
ment qu'il  avoir  établies  entre  Jui 
ôc  le  Roi  d'Anglererre  par  fa 
Sentence.  Mais  il  proteda  de- 
vant l^AmbalFadeur  Anglois  , 
qu'il  ne  feroit  rien  de  tout  ce 
qu'on  lui  impofoit  à  l'égard  du 
Comte  de  Flandres,  5:  qu'il  re- 
commenceroit  la  guerre  auiTitôc 
que  la  Trêve  feroit  finie. 

Cependant    la    confpiration    le  r^r^. 
d'Albert  Duc  d'Autriche  con-  p'roic'^do.!- 
tre  Adolphe  de  Nalîliu  Roi  des  "^^i^^^ 
Romains,  étoit  devenue  fi  puîf  î^"". /'^'^ 

'  r  Roi  des  ilo- 

lante  en  Allemagne,que  ce  der-  mams. 
nier  qui  n'avoic  que  le  peuple 
dans  fon  parti ,  fe  vit  en  peu  de 
cems  abandonné  de  prefquctou. 
te  la  noblefle  Les  Electeurs  n  ou- 
blièrent pas  de  commur.iquer  a- 
vcc  le  Pape  Boniface  de  Télec^ 
tion  qu  ils  avoient  à  faire  après 

D  6 


i-^.        Démêlez:^  de  Boni  face 
la  dépoficion  d'Adolphe.   Maîsi 
^*^  '    Ans  iè  ioucier  de    la  promefle: 
qu'il  avoir  faite  à  Philippe  le 
»  .eti  ii/î^'îB^l  de  s'employer  pour  Charles 
•  i5/ij  i3«.^de  Valois  ion  frère,  il  favorifafer 
' '.^«'jjcreremenr  la    brigue    d'Albert 
d'Autriche,  non  par  inclination, 
puifqu'il  en  eût  fouhaité  un  au« 
t^?e-  -mus  dans  la  crainte  de  ren- 
dre la  Maifon  de  France  trop: 
puitr^nte ,  &:  dans  Tefpérance  de 
fe  fervir  de  cet  Allemand  pour 
I^affoiblir  ,  àc  adujettir  enfuite 
Philippe  le  Bel  à  ks  volontez. 
Adolphe  ayant-voulu  fe  mainte- 
nir par  la  force  des  armes  ,  fÎTD' 
défait  par  Albert ,  êc  tué  dans» 
le  combat  près  de  Spire  le  2^ 
jour  de  Juillet.  Albert  après  a-^ 
voir  vaincu  ïa  répugnance  que 
le  Pape  avoit  témoignée  d'a< 
bord  pour  fon  éledion ,  fut  faic 
Roi  des  Romains  pour  la  fecon-^ 
de  fois:  mais  il  ne  tarda  pas  de 
cenjis  npud    trompet  les  elperances  que  Bo- 
R.>*Y^«, ,  ^^.£^^^  ^^^^j^  conçues  de  lui ,  par; 


«•I4» 


avec  Philippe  le  Bel        8:f 
la  bonne  intellieience  dans  la-,»        ^ 

Zj  I  2i  9  ^  * 

quelle  il   voulut   vivre  avec  le 
Roi  de  France. 

L  opinion  queue  Philippe  le  phUip'pe i^ 
Bel  d'avoir    reçu  de  Boniface  Bd  cher- 
deux  mauvais  offices  ,  tant  par  ^^HJ^l^^^^' 
la  Sentence  rendue  en  faveur  da 
Comte  de  Flandres  fon  Vaflal 
&  fon  ennemi,  que  par  le  coh-î 
fentemenc   donné   à   ^ëlectioa^ 
d'un  autre  que  de  fon  frère  pour 
le  titre  de  Roi  des  Romains  en 
Allemagne,  lui  fît  juger  que  ce* 
Pape  n'avoit  pas  été  fmcere  ddnt- 
toutes  les  marques  de  bienveiU 
lance  qu'il  lui   avoit  données* 
Les  reflentimens  qu'il  en  témoi- 
gna furent  les  préludes  de  ces 
funeftes  brouilleries  qui  commi- 
rent quelque  tems  après  la  Fran^ 
ce  avec  le  faint  Siège,  &  qui  eau* 
férent  un  fâcheux  fcandale  à  tou* 
te  la  Chrétienté.  Pour  commen- 
cer à  fe  venger ,  il  reçut  dans  fon 
Royaume,  6c  fous  fa  protedion  ^^W,^*,-jj^ 
£.ti£nne  CoUmie^&ck^  autres  fu-  S"^^'^ 


8  8  Demclez^  de  Boni  face 
*"JY~^  gicifs  de  la  même  maifon  ,  qui 
s'écoienc  fauvez  de  l'Iralie,&:  qui 
cherchoienc  à  fe  garantir  de  la 
perfécution  de  Boniface.  "^aoDfiïî. 
Il  prit  occafion  de  rinterdit  oi 
le  Pcipe  avoir  mis  les  Evêques  de 
Laon  &  de  Poitiers  pour  fe  faifir 
de  la  Regale  de  leurs  Evêchez , 
c*eft  à-dire  de  la  garde  &  de 
Tadminiflration  des  biens  tem- 
porels de  leurs  Egiifes  ^  comme  fî 
leur  Siège  eût  été  déclaré  va- 
cant par  cet  Interdit.  Le  Roi 
prétendoit  maintenir  la  faifie,  ôc 
par  le  droit  defa  Couronne  ,  bc 
par  une  coutume  déjà  établie 
fous  fes  Predecefleurs  pour  quel- 
ques Egiifes  particulières.  Mais 
fur  les  plaintes  de  l'Evêque  -de 
Laon  qui  a  voit  été  cité  à  Rome  , 
le  Pape  récrivit  un  Bref  au  Roi 
daté  de  Rietti  le  4.  jour  d'Oc- 
tobre,  pour  lui  faire  entendre , 
Que  les  Egiifes  de  fon  Royaume  ne 
oum  mper ,  devoicnt pas  être  cenfèes  vacantes  ^ 
tm\  l?zf,   ni  par  l'Interdit  ^  ni  par  la  fufpew- 


avec  Philippe  le  Bel.        87 
■Jîon  j  ni  même  par  l'excommunicau  "~~ 

tion  de  leurs  Prélats,  

L'année  fiiivante  le  Roi  eut     1299- 
encore  quelques  difficultez  avec 
le  Pape  fur  la  Regale.Il  ne  le  i^ow- 
eia  poinc   de  faire  rendre  k  Ro- 
bert de  CourtcuM ,  nouvellement 
ëlii  Archevêque  de  Reims ,  les 
revenus  qu'avoit  produit  la  va-^ 
cance  du  Siège  depuis  la  mort  de 
Pierre  Barbet  fon  Predecefleur. 
Le  Pape  ne  fe  contenta  pas  de 
luiadrefferun  Bref  à  ce  fujet  -.  il 
employa  encore  le  crédit  de  PE- 
vêque  de  Dole,  6c  de  Guy  Comte 
de  Saint-Pol,  qui  avoit  tout  pou- 
voir fur  fon  efprit.  Il  auroit  pii 
s'aflurer  du  fuccès  de  toutes  les 
affaires  qu'il  entreprenoit  dans  le 
Royaume^  fi  elles eulfent  eu  au- 
tant de  juitice  que  celles  desE- 
glifes  de  Laon  &  de  Reims.  Mais 
comme  il  embrafloit  indifFérem- 
ment  toutes  celles  qu'on  lui  pré- 
fentoit ,  pourvu  que  ce  fut  con- 
tre le  Roi,  &  qu'il  rece voit  fans         ; 


SS'       D'èmHcz^de  Boni  face 
■  examen  toutes  les  plaintes  qu'eut 
•c'iî  lui  portoit  contre  les  Officier«t 
Royaux,  les  Gentilshommes  ^i 
autres  Laïcs  accufez  de  vexaUj 
tions  ou  de  rapines  par  les  geni» 
d*£G,Iiie  ,  il  donna  lieu  de  croire^ 
qu'il  ne  cherchoit  qu'à  établir  f^ 
domination  par  toutes  fortes  d6 
voie3  ^  ôc  les  manières  dures  6C5 
imperieufes.qu'ilemployoit  danser 
fes  Brefs ,  6c  dans  les  commillîons 
de  fès  Envoyez,ne  fervirent  qu'à 
aigrir  de  plus  en  plus,6c  à  éloiii- 
gncr  de  lui  Tefprit  du  Roi  6c  deai 
Grands  du  Royaume.  -^^'^ 

Il  recom-    ^  Philippe  fut  touchc  principal 
gi.errc  con-  icment  OU  pcu  dc  ndeiitc  que 
te"  de  F°an-  Bottiface  a  voit  eu  à  garder  lapa-? 
fak  pâfon-  ï^^^l^  ^'^  lui  avoît  donnée  aprcs^t 
^^"v.   ., .  ià  Sentence  arbitrale ,  de  ne  rieiU 
faire  fans  fon  avis  6c  fon  conlcml 
tement  dans  ce  qui  reftoit  à  vui^ 
der  du  différend  qu'il  avoir  aveC: 
le  Roi  d'Angleterre  6c  le  Comte? 
de  Flandres.  De  forte  que  la  trê- 
ve, des  deux  ans  étant  expirée,  ii 


1^99' 


tivec  Philippe  le  Bel.  8  <J 
fit  entrer  Charles  de  Valois  fbn 
frère  en  Flandres  avec  une  gref- 
fe armée.  Le  païs  fe  rendit  en  peu 
de  rems, à  laréferve  de  la  ville 
de  Gand,  où  le  Comte  s'étoit  re- 
tiré. Il  n'y  avoir  plus  de  fecours 
à  efperer  ^  ni  d'Angleterre  ,  ni 
d'Allemagne ,  ôc  le  Pape  ctoir  un 
trop  foible  appui  :  c'eft  ce  qui  fie 
réfoudre  le  Comte  de  Flandres  à' 
recevoir  les  conditions  de  Char- 
les de  Valois ,  ôc  à  fe  rendre  aa 
Roi  avec  (qs  deux  fils.  Charles 
lui  avoir  promis  de  les  faire  re- 
conduire à  Gaiid  en  fiireté ,  fi  le 
Roi  refufoit  de  leur  accorder 
cette  grâce.  Mais  Philippe  ne  fè 
crut  pas  lié  par  la  parole  de  fon  -"^i*^  >^ 
rrere  ;  il  retmc  ces  deux  jeunes 
Princes  prifonniers  aufîîbien  que  viiunû 
leur  père  ^  ce  que  les  Flamands 
prirent  pour  une  injuftice, dont 
ils  fe  crurent  vendez  depuis  parle 
gain  d'une  grande  bataille  ,  où 
périrent  les  principaux  de  la  No- 
i)leile.  Francoife^  Ea»  ^ 


^é       Dcmclez^de  Bonifate 

^  Peu  de  tems  après, Philippe  lê 

^^9<>-    gçj  ^j.  çj^corc  une  adion  qui  pa- 

ccTvîc'k  rue  travcrfer  les  grands  delTeini 

^aiii"^u"  de  Souveraineté  temporelle  fur 

grand  cha-  Jes  PHnces  fëculiers ,  dontlePaiî 

Bonif^cc.    pe  entretenoit  toujours  ion  ami 

bition.  Ce  fut  Tentrevûe  qui  fe 

fit  au  mois  de  Décembre  de  Tan 

j  i99.à  Vaucouleurs  en  Lorrài-i 


IBcViCfotcR.  , 

""  ^nicr  , 


ne  entre  le  Roi  de  France,  &  I<J 
Pap.Maircm  ^^Q.^^ç^^j  Roi  d'Allemagne  ^l 

bert  d'Autriche.  Les  deux  Rois  y 
renouvellérent  l'ancienne  alliant 
ce  quiavoit  toujours  fubfifté  en-^ 
tre les  Allemands  ôcles  François, 
6c  qui  n'avoir  été  troublée  que 
fous  le  règne  précèdent  par  la 
mauvaife  conduite  d'Adolphe  de 
Naffau  ,  qui  pour  avoir  un  pré. 
texte  de  fe  liguer  avec  les  enne- 
mis de  la  France,  s'étoit  avifé  de 
redemander  le  Roy  lume  d'Arles 
à  Philippe  le  Bel.  Albert  renon- 
ça  parle  traité  qu'ils  firent,  a 
toutes  les  prétentions  que  l'Al- 
lemagne pouvoir   avoir  fur   ce 


ïivec  Philippe  te  Bd.  9^T 
Royaume  éteint  j  &:  Philjppe  à 
celles  que  la  France  avoir  fur  la 
Lorraine  &:l'Alface.Ils  jurcrenc 
une  amitié  perpétuelle  entre  eux 
&  leurs  Succelleurs ,  &  ils  promis 
rent  de  s'entraider  réciproque- 
ment en  toutes  rencontres  pour 
la  défenf'e  de  leurs  Etats  ,  &  la 
confervation  des  droits  de  leurs 
Couronnes.  L*alliance  y  fut  con- 
clue par  le  mariage  arrêté  entre 
Rodolphe  Duc  d*Autriche  ,  fils 
à' Albert,  &  Blanche  fœur  de  Piii. 
lippe  le  Bel.  rup  0:5 

Les  nouvelles  qu'on  reçuf  à 
Rome  de  ce  Traité  ne  furent  pas 
fort  agréables  au  Pape  Boniface, 
tqui  avoir  toujours  efperé  de  pou- 
voir commertre  ces  deux  Puif- 
fances  pour  élever  la  fienne  ,  en 
profitant  de  leurs  divifions.  Son 
indignation  tomba  principale- 
ment fur  le  Roi  des  Romains  , 
dont  il  crut  quM  lui  ièroit  plus 
aifé  de  fe  venger  que  du  Roi  de 
France.  Lorfqu'ii  fut  queftion  de 


X19  9* 


^^^^  9»      .^êmelei^de  Eonifaee 
'  ,-^^  ^  célébrer  le  mariage  de  RodoK 
,  '      ^^    phe 5c  deBlanche^Âlberc  envoyi 
'^^^^a,^:  des  Ambaffadeurs  à  Rome  poiuf 
bio^nr.-  çn  faire  part  à  Sa  Sainteté  ,  S£ 
""*^'^;.-  pour   lui  demander   en  mcnl$ 
rems  la  confit*mation  du  choiic 
que  les  Ekcleurs  avoient  fait  de 
lui  pour  être  Roi  des  Romains* 
Mais  Boniface  déclara  publique^ 
fMfWftff*  7«-  ment ,  c^^l'éleciion  d'Albert  étoîp 
i^'Iii«.  tt  T^ll^  3  &  qti^tlfaloit  le  traiter  coni^ 
me  un  homicide  î  &  non  content 
de  refufer  Taudience  à  fes  Am* 
bafïadenrs ,  il  fe  montra  luime^ 
me  en  public  répée au côré,re- 
V êtu  d'an  habit  de  Général  d*àH 
mée  ,  diiâot ,  quV/wj/  avoit point 
d'autre  Ce  far  ,  ni  d'autre  Roi  dis 
Romains,  que  le  Souverain  Fontife 
des  Chrétiens.  ■ 

1500.        Ce  que  le  Pape  ne  fit  alors  que 
devant  les  Romains  6c  quelque^ 
Tnb^c'Vc-  Allemands  de  Tambâdade  d*AK 
cuiaire.  Le  bert  ,  ne  lui  parut  pas  fuffifant 

fair  f{[er  P^^^^  ^^^^^  entendre  aux  Priaces 
£ouc  Mû-  Se  aux  peuples  quelles  étoient  fos 


%\vni9m 


itvcc  P  ht  lippe  le  Bel.      ^  3       _____ 
t)rétentions  fur  les  Piiiirances  fié-  ',..-. 
culieres.Mais  la  publication  qu'il  .  • 

£     J      T    I  -t  '  r'       1    •        1>  Earqucfpi- 

nt  du  Jubile  leculaire  1  an  i  300.  rituel  & 
Uii  préfenta   Toccafion   la  plus  ^^"^po^^.^ 
^vantageufè  du  monde  pour  ie  yets» 
fatisfaire.  Rome  devint  alors  un 
théâtre  digne  de  fon  ambition , 
par   l'affluence  incroyable   des 
peuples  qui  s'y  rendirent  de  tons 
1-es endroits  de  l'Hurope,  à  la  viie  *'• 
des  Indulgences  que  le  Pape  prc-   "^^  ^  '  '•  ' 
tendoit  tirer  des  trefors  de  VE" 
glile ,  pour  les  répandre  fur  tous 
les  Fidèles ,  &  dont  il  n'avoitex- 
du  que  fes  ennemis  ,  tels  que  les 
Colonnesjles  Siciliens, lesGenois, 
&c.  Il  n'épargna  rien   pour  la 
pompe  extérieure  &  la  magnifi- 
cence de  cette  grande  Fcte,  afin 
que  les  peuples  y  trouva-flènt  de^  ___^^ 
quoi  fatisfaire  cgalemenc  leur  eu-    ,*.c?  i 
riofiré  ôc  leur  devotion.ôc  s'y  forJ 
maflènt  une  idée  du  Vicaire  de  ^.-Z  i^^id^ 
I^sus- Christ  ,  6c  du  Chef  de  .a  .^îî^^'o* 
feglife  ,  plus  grande  que  celle  ./n^^^'a 
g^u'ils  pouvpient  avoir  des  pre-    cM  icoç 


94        'D'èynclc::^dc  Bùjïiface 
miers  Monarques  de  la  terre. 


>iwa.i/,^.v^.  L  ouverture  du  jubile  étant 
V^^l'i.  f^^te,  Boniface  s'y^fic  voir  d'a^ 
^•1^- •^f^"":  bord  en  habits  pontificaux  ,  ôc 
M#r.  page  donna  la  bénédiction  aux  pea- 
'iJiMaiic,  pies  en  la  manière  accoûtumécî 
ATuiq^j'itc^  Le  lendemain  il  parut  en  habits 
^e  la  Gaule  jiy^  péri  aux  ,  faifant  porter  de- 

Belgique.  ^    1     •     i,c      '  le  cL 

vant  lui  lEpee,  le  Sceptre  ,6c 
les  autres  marques  de  rEmpîi 
S.3H         re  ,  &  crier  publiquement:  // 
'  X:.  y    ^    i<^^    d.eux  épées.     Pierre   tu 

'  vois  ici  ton  Succejjeur  j  ^  vous  ^ 

o  Christ,  regardez^  votre  Vu 
■cairc.  Il  continua  de  fe  montrer 
ainfi  alternativement  au  peuple, 
tantôt  comme  Souverain  Pon- 
tife de  l'Eglife,  &  tantôt  comme 
Empereur  de  la  terre ,  pour  faire 
entendre  qu'il  réunifloit  en  lui 
toute  la  puiflance  fpirituelle  &» 
temporelle  du  monde,8c  que  cek 
le  de  tous  les  Rois  ôc  autres  Prin4 
ces  fcculiers ,  n'ëtoit  qu'une  Aé^ 
pendance  delafienne.  C'eft  fat. 
Y^nt  cette  imagination  qu'il  fai^ 


Jyoq. 


.J'- 


•  avec  Philippe  le  Bel,        9  f 
failoit  expliquer  le  fensdes  deivx 
ëpées  qui  s'étoient  trouvées  dans 
le  lieu  où  JesuS-Chr^ist  tic  la 
dernière  Cène  avec  fès  Apôtres^    ^**^^'^t  •: 
comme  (i  faine  Pierre  fe  fut  lèrvi 
de  toutes  les  deux  ,  ou  comme  lî  ^j^tj^^j. 
étant  toutes  deux  d'une  même  -^  •'^.•"'i^ 
eipece ,  elles  eulient  du  fignifier   lu^o  «i  ^^ 
deux  puiffancesde  différente  na-     '^**^"  ^ 
ture. 

Le  Pape  quoiqu'avide  d'encens  rhiiippeic 
&  d'acclamations  populaires  ,  voye''dcs"* 
ëtoit  bien  moins  en  peine  des  Ambana- 
applaudillemens  de  la  populace, 
que  de  l'approbation  ^  du  coa- 
fentement  des  Princes  5:  des  au. 
très  perlonnes  intereflees  dans 
ks  prétentions.  Aucun  des  Sout. 
verains  que  cette  affaire  fembloit 
toucher  de  plus  près  ,  ne  jugea  à 
propos  de  le  contredire  pendant 
cette  année,pour  ne  pas  troubler 
la  dévotion  publique  du  Jubilé. 
Philippe  le  Bel  au  contraire  ,  ce- 
lui des  Rois  dont  la  Souveraineté 
ppuvoic  recevoir  le  moins  d*at- 


9^        Ticmelc'z^dc  Boyiifitce 
teinte  ,  voulut  oublier  \^s  fuiets 
de  mécontentement  qu'il  en  a- 
voit  reçu  au  fujet  de  la  Sentence 
arbitrale,  ^  lui  donner  denou^ 
velles  marques  de  la  bonne  cor- 
refpondance  dans  laquelleil  pré- 
tendoit  vivre  aveclui.Ce fut  dans 
cette  vue  qu'il   lui  envoya  des 
AmbafTadeurs ,  dont  le  principal 
étoit   Guillaume  de  JSfo(iaret  de 
Txfûvcs ,  Saint-Félix,  Baron  de  Cauviflbn, 
^^TeX^n,  Seigneur  de  Tamarlet ,  homme 
vie'deNo-  ^^  grande  conlîderation  à    la 
l""â  s'  ft  Cour,très^verfé  dans  la  connoifl 
trompé,;iw.c*  fance  d^s  affaires  de  l'Etat,  qui 
1  jio.  ;;.  4.  £^^  dcpuis  Chancelier^  &  qui  eut 
les  commiflîons  les  plus  impor- 
tantes du  Royaume  pour  le  Roi, 
Il  fit  favoir  au  Pape ,  quV/  était 
fèrieufement  difpofé  k  entreprendre 
le  voyage  du  Levant  avec  fe s  troU" 
fes  ^  la  JSFoblefJe  de  fon  Royawûie  , 
four  L^  expédition  de  la  guerre  fainte 
contre  les  Infidèle  s  ^comme  Sa  Sain- 
teté le  fouhaitoit ,  ^  comme  EU'C 
tavoitfrefcrit  au  bas  de  la  Sentence 

arbitrale 


Avec  Philippe  le  Bel.  9  7 
arbitrale  entre  lui^  le  Roi  ci'  Angle- 
terre éf  Is  Comte  de  Flandres.  Que 
four  vaquer  plus  librement  à  la 
Croifade ,  (^faciliter  une  entreprife 
fi  importante  ^auprès  des  Princes  Je  s 
voifins  y  nonfeulement  il  avoit  ac* 
ceptè  les  conditions  de  la  Sentence 
qui  reqardoient  les  mariages  de  fa 
fœur  ^de  fa  fille  avec  le  Roi  d'An^ 
gleterre  ^  le  Prince  de  Galles  , 
mais  qu'il  avoit  cru  devoiraujjïfau 
re  une  alliance  particulière  avec  le 
Roi  des  Romains  ^  (^  quil  avoit 
charge  fes  Ambajjadeurs  de  faire 
part  d'une  fi  bonne  nouvelle  à  Sa 
Sainteté. 

Ce  dernier  avis  ne  fut  pas  reçu 
fort  aQ;réablement  par  Boniface 
qui  en  avoit  deja  témoigne  Ion 
mécontentement  aux  AmbaflTa- 
deurs  du  Roi  des  Romains,  donc 
il  fèmbloit  ne  vouloir  pas  approu- 
ver l'éledion.  Il  fit  connoître  à 
Nogaret ,  Qîf^il  ne pouvoit  [avoir 
gré  a  fon  Maître  d; avoir  bitn  vou-^ 
lu  accepter  les  conditions  Je  fa  Sen- 

E 


1 300. 


i  ÎOO, 


5  8  DhnHcz^dc  Boniface 
'  tence  arbitrale  concernant  le  Roi 
d' u4ngle terre  _,  où  il  trouvait  fon 
compte  y  S^  £  avoir  en  même  tems 
rejette  fi  outrage  ufement  celles  qui 
rezardoient  le  Comte  de  Flandres 
quil  retenoit  aUuellement  frifon. 
nier  avec  fe s  enfans  ^  après  avoir 
ravage  (^  fai fi  fon  pays.  Il  ne  put 
i^loTs  retenir  les  mouvemens  du 
chagrin  que  lui  donnoit  la  con- 
duite des  deux  Rois,  trouvant 
fort  mauvais  qu'ils  fiflent  leurs 
traitez  fans  fa  participation  ,  6c 
regardant  leur  alliance  comme 
une  ligue  faite  contre  lui,ouplu^ 
tôt  contre  fon  autorité  tempo- 
relle. Il  menaça  le  Roi  des  Ro- 
mains de  lui  fufciter  des  affaires 
dont  Tiffue  lui  feroit  funefte ,  s'il 
ne  donnoit  à  TEglife  Romaine  la 
Tofcane ,  dont  il  prétendoit  dif- 
pofer  ;  &  il  fit  tout  fon  pofTible 
pour  lui  faire  rompre  l'alliance 
qu'il  avoit  çontradëe  avec  U 
France. 

Jl  s'emporta  auffi  contre  Pin- 


ccce. 


avec  Philippe  le  Bel,        9  9 
lippe  le  Bel ,  &  il  tint  de  lui  des  " 

difcours  fi  defobligeans  ,  que 
TAmbairadeur  Nogaret  jugeant  i^ibcrccz  de 
cju'il  n'avoit  pas  intention  de  s'en  vmsa'^saii- 
tenir  à  de  fimples  paroles  ,  prit 
hautement  la  dëfenfe  de  fon 
Maître  ,  &  donna  à  Boniface  fur 
diverfes  adions  de  fa  vie  palfëe  , 
&  fur  fa  conduite  préfente  ,  des 
avis  qui  pouvoient  être  regardez 
comme  de  véritables  reproches. 
Le  Pape  furpris  de  la  liberté  de 
Nogaret ,  lui  demanda  s'il  avoir 
ordre  du  Roi  fon  Maître  de  lui 
tenir  de  tels  difcours ,  ou  s'il  par- 
loir de  fon  propre  mouvement. 
Nogaret  répondit,  ^V/«^rr^/- 
q^oit  pas  que  le  Roi  fon  Maître 
defavoukt  tout  ce  qu^il  venoit  d^a- 
vancer  5  mais  que  prévoyant  les 
maux  que  devoit  caufer  l'humeur 
du  Pape  j  le  z^le  quil  avoit  pour 
le  repos  de  l* Eqlife  (^  pour  l'hon- 
neur  de  la  France ,  l' avoit  porté  à, 
lui  dire  tout  ce  qu'il  avoit  cru  ca^ 
pable  de  lui  ouvrir  les  yeux  fur  le 

El 


1 3  00. 


100  Démêle^  de  Boni  face 
danger  quHl y  avoit  de  fe  commeU 
tre  mal'à-propos  avec  un  Prince 
auffi  inftruit  de  fes  droits  ,  ^  auffi 
jaloux  de  fa  puijfance  ,  que  Ntoit 
Boniface. 
^imuia-  Ce  difcours  fit  connoître  au 
îiifacc.  Pape  qu'il  devoir  marcher  dou- 
cement dansTexecution  du  deil 
fein  qu'il  avoit  pris  de  réduire 
les  PuifTaiices  temporelles  fous 
la  Tienne,  &  que  Tadreilè  feroic 
un  moyen  plus  propre  pour  y 
réuffir  que  la  force  ouverte.  Il 
fongea  donc  à  faire  fortir  de 
France  Philippe  le  Bel  &  les 
Grands  du  Royaume,fans  qu'on 
s'apperçût  dePartifice  y  afin  que 
la  France  fe  trouvant  comme  é- 
puifée  6c  vuide  des  forces  qu*il 
redoutoit ,  il  pût  fans  obftacle  y 
établir  fa  domination  à  la  faveur 
du  Clergé  &  du  peuple  dont  il 
n'avoitrien  à  craindre.  Dans  cet- 
te vue  il  feignit  de  vouloir  plus 
que  jamais  s'unir  avec  le  Roi.  Il 
preflà  le  Comte  de  Valois  fon 


avec  Philippe  le  BeL  i  ci 
frère  de  pafTer  en  Italie  avec  fon  ^^^ 
armée  pour  Ty  amufer,  fous  prc« 
texte  d'y  pacifier  les  troubles 
donc  elle  étoit  agitée  ^  5c  il  pria 
le  Roi  d'avancer  les  préparatifs 
néceffairespour  U  Croifadeàla.- 
quelleil  le  voyoit  porté. 

Rien  n'étoit  plus  plaufible  ^  t^é^^i^- 
ne  paroiiïbit  plus  légitime .  ve-  ^,^^  ""^^  ^ 

*^     -      -  1      TA  1  avance- 

nanc  de  la  parc  du  Père  commun  ment  desPa 
de  la  Chrétienté  ^  rien  en  même  ^^^ 
tems  n'écoic  plus  propre  pour  fa- 
tisfaire  honnêtemenc  Tambicion 
deBoniface,&  pour  fe  défaire 
prompcemenc  de  cous  ceux  qui 
lui  écoienc  incommodes,  qu'une 
Croifade  qui  dévoie  les  éloigner 
de  leur  païs  &  les  expofer  à  pé- 
rir fans  qu'il  s'en  mêlâc.  Auflîlcs 
Hiftoriens  les  plus  judicieux  onc- 
ils  remarqué  que  rien  n'a  tant 
avancé  la  puiflTance  moderne  des 
Papes  que  l'invention  de  ces  for^ 
tes  de  voyages  d'Oucre-mer,  en- 
trepris fous  l'étendarc  delaCroix 
pour  délivrer  le  tombeau  du  Sau* 

E3 


J  ÎOO. 


101  Démêlez^  de  Boniface 
veur,  ou  détruire  rinfidélité  par 
le  fer  &  par  le  feu.  Ces  expédi- 
tions fe  faifant  fous  leur  nom  &: 
par  leur  autorité  ,  portoient  le 
refpect  6c  la  foûmiffion  aux  Pa- 
pes par  tout  où  paflbient  les  ar- 
mes des  Croifez.Les  exemptions, 
les  Indulgences  &  les  Pardons 
que  Rome  accordoit  à  ceux  qui 
cntrepreneient  ces  voyages ,  ou 
qui  contribuoient  à  leur  dépenfei^ 
flâtoient  une  infinité  de  gens  ^  ôc 
augmentoient  l'idée  que  les  peu- 
ples avoient  du  pouvoir  des  Pa- 
pes. L'impofîtion  qu'ils  en  fai- 
îbientpourla  pénitence  ou  Tex- 
piation  des  péchez  ,  hc  le  com- 
mandement prefque  abfolu  dont 
ils  ufoient  envers  JesPrinces,pour 
\z^  obliger  à  y  aller  en  perfonne, 
fous  prétexte  d'une  chofe  fpiri- 
tuelle  qui  s'entreprenoit  fpour  le 
bien  général  de  la  Religion  ,  ôc 
pour  le  falut  particulier  de  leurs 
âmes ,  fervoient  auflî  beaucoup 
à  leur  alTujettir  les  efprits  ,  ou 


avec  Philippe  le  Bel.       i  o  3 
à  les  retenir  dans  la  dépendance,    ^ 

Boniface  perfuadé  par  la  bou-     y^^^^    • 
che  de  rAmbaiTadeur  de  France,   L'Evé^juc 
que  Philippe  le  Bel  avoir  de  k^^^^^^^^" 
cliipoiicion     pour     1  expédition  Roi  par  ic 
d'Outre-mer,  voulut  lui  dépê- ^^P^-  .^"^ 
cher  1  Eveqiie  de  Pamiers  pour  conduite. 
Kâter  fon  départ ,  &  lui  faire  ^?"  P'^®- 
quiter  fon  Royaume  ,  afin  que 
profitant  de  fon  abfence  &  de 
celle  de  la  Nobleffe^il  pût  y  faire 
telles  entreprifes ,  ou  tels  établit 
femens  qu'il  jugeroit  à  propos , 
fans  y  trouver  d'oppofition.  Cet 
Evêque  étoit  Bernard  de  Saijfct  ^ 
connu  à  Rome  dès  le  tems  de 
faint  Louis ,  fous  le  nom  d'Abbé 
de  faint  Antonin  de  Pamicrs.  Il 
n*y  avoir  pas  encore  cinq  ans 
que  Borriface  avoir  rendu  cqzzq  s^^onie , .-/ 
ville  Epiicopaie,  en  la  détachant  «.  s» 
de  l'Evêché  de  Touloufe.  Ber- 
nard qui  en  étoit  déjà  le  Sei- 
gneur temporel  ,  en  fut  fait  le 
premier  Evêque ,  tant  en  recon- 
noiflance  du  zélé  qu'il  avoir  fait 

E4 


IJOO, 


I C4  "Dèmelexjie  Boni  face 
paroîtrepour  le  faint  Siège,  que 
parce  qu'on  avoicprisTEglifede 
laint  Anconin  pour  en  faire  la 
Cathédrale  ,  &  que  c'ëtoit  fon 
Abbaye  qu'on  convercifloit  en 
Evêché  ,  en  confcrvanc  Tes  Cha-- 
noines  Réguliers  dans  leur  Ré- 
gie. Cette  création  s'étant  faite 
contre  le  gré  de  Philippe  le  Bel  , 
ou  fans  fdn  confentement,  le  Pa- 
pe pour  Tappaifer  avoic  laifle 
Tadminidration  de  ce  nouveau 
Diocefe  à  faint  Louis  Evoque  de 
Touloufe  ,  petit-neveu  du  Roi 
faint  Louis ,  afin  d'ôter  lieu  de 
croire  qu'on  eût  voulu  dépouiL 
1er  ce  faint  Evcque  d'une  partie 
de  fon  Evêché ,  &  afin  de  donner 
le  tems  à  Bernard  de  gagner  les 
efprits  de  ceux  qui  ne  l'aimoient 
pas.  Après  la  mort  de  S.  Louis 
de  Touloufe  ,  Bernard  ayant 
trouvé  diverfes  diffîcultez  à  fon 
établiflement  de  la  part  de  la 
Noblefle  &:  de  plufieurs  perfon- 
nes  mécontentes  de  fa  conduite , 


avec  Philippe  le  Bel,       105 

s*ctoit  retiré  près  du  Pape ,  qui 

le  trouvant  d'une  humeur  aflez    ^^°°' 
femblable  à  la  Tienne,,  Pavoit  re- 
tenu pour  en  faire  le  maître  de 
fes  entreprifes  ilir  la  puiflanoe 
féculiere. 

Le  Pape  favoit  que  cet  homme 
ne  pouvoit  être  agréable  au  Roi 
après  les  conteftations  &  les  que- 
relles qu'il  avoir  faites  à  fes  Offi*. 
ciers  touchant  la  fouveraineté  de 
la  Seigneurie  de  Pamiers ,  &  les 
affaires  qu'il  avoit  fufcitëes  au 
Comte  de  Foix.  11  ne  lailFa  pas 
.  de  le  lui  envoyer  ,  ne  croyant  pas 
devoir  ufer  de  ménagement  ou 
de  complaifance  auprès  de  Sa 
Majeflé.  Bernard  outre  la  négo=- 
ciation  du  voyage  d'Outre-mer  y 
étoit  encore  chargé  de  deman- 
der auRoi  la  dél i vrance  du  Com- 
te de  Flandres  &  de  fes  enfans.ll 
s'acquita  de  Tune  &  de  l'autre 
commifïîon ,  comme  s'il  avoit  eu 
droit  de  fe  faire  obéir.  Il  parla 
au  Roi  avec  toute  la  hardieife 

E   5 


1  o  6  Dèmèlex^de  Boniface 
"^777"  ^^  pouvoienc  lui  donner  fon  na- 
turel impétueux ,  &:  l'autorité  du 
Maître  dont  il  porcoit  le  cara- 
ftere.  Mais  s*appercevant  qu'il 
parloic  en  vain,  &  que  le  ton  de 
ia  voix  non- plus  que  fes  raifons , 
n'avoit  point  la  force  de  perfua- 
der  ni  le  Roi, ni  ceux  de  fon  Con- 
ièilqui  récoutoient,  il  perdit  le 
rdped  dû  à  Sa  Majefté. 

Il  fe  plaignit  du  peu  de  confi- 
dération  qu'on  faifoit  paroîcre 
pour  lui  à  la  Cour.  Il  dit  haute- 
Dupuy&  ment  ^Qu'encore  que  fd  Ville  fe 
i^o"  e.  trouvât  dans  les  limites  du  Royau- 
me de  France  ^  il  n'ctoit  Sujet  de 
ferfonne.  Qu^il  ne  tenait  rien  dti^ 
Roi  3  qu^il  n'étoit fournis  qu'au  Pa^ 
fe  ,  ^  quil  ne  reconnoiffoit  foint 
d'autre  Puiffance  que  la  jienne ytant 
four  le  temporel  que  four  le  fpiri^ 
tuel.  Il  porta  même  l'infolence , 
jufqu'à  menacer  au  nom  de  Bo- 
niface ,  que  y?  on  ne  lui  accord  oit 
fa  demande  touchant  la  liberté  du 
Comte  de  Flandre  s  ^  il  jetterait  l'In* 


I  ?OI 


avec  Philippe  le  Bel.  107 
terdit  fur  tout  le  Royaume  ^  ^  ful- 
miner oit  même  l* excommunication 
fur  la  perfonne  du  Roi,  Après  ces 
infblences  menaces, il  coramen- 
çoit  àfoûcenir  la  puitrance  abfo- 
lue  du  Pape  fur  les  Princes  Sou- 
verains 6c  indépendans.  Mais  le 
Roi  qui  avoiC  eu  la  patience  de 
l'écouter  jufques-là  ,  ne  voulue 
pas  fouffrir  plus  longtems  fes 
emportemens.  Il  pouvoit  le  faire  K.fW,^  i 
rellouvenir  qu'il  parloir  devant  ^'  +• 
fon  Roij  en  l'arrêtant  prifonnier, 
pour  le  faire  punir  comme  fon 
Sujet  jil  aima  pourtant  mieux  le 
renvoyer  à  Rome  ou  dans  fon 
Diocefe. 

Bernard  ,  fur  l'ordre  qu'il  re- 
çut de  fe  retirer  promprement 
de  la  Cour ,  alla  rendre  compte 
de  fa  négociation  au  Pape  Boni- 
face,  qui  pour  faire  voir  qu'il  ne 
fe  rebutoit  pas  du  mauvais  fuccès 
de  fa  négociation ,  renvoya  cet 
Evêque  en  Languedoc  pour  y 
remuer  contre  l'autorité  Royale 

E6 


J  JOI 


I O  8  JDémele\de  Boni  face 
en  faveur  de  la  fienne.  Ce  fuc 
pour  lors  que  fe  croyant  à  cou- 
vert des  atteintes  de  la  Cour  de 
France, il  le  déchaîna  contre  le 
Roi  avec  toute  forte  de  licence 
&  de  fureur.  Il  fit  palTer  ce  Prin- 
ce pour  un  ufurpatcur  des  droite 
de  TEglife ,  qui  convertiflbit  les 
Décimes  à  des  ufages  illicites  , 
qui  retenoit  les  fruits  des  Cathe^ 
drales  vacantes ,  qui  en  conferoit 
les  titres  &  Bénéfices  fans  le  con- 
sentement du  Pâpe,ôc  qui  vio- 
ioit  en  toutes  rencontres  les  pri- 
vilèges &  les  libertez  ecclefiafti- 
ques.  Il  eut  l'effronterie  même 
d'attaquer  ce  Monarque  fur  Té- 
rat  de  fa  naiflance  ^  fur  Thonneur 
de  la  Famille  Royale ,  &:  de  dif- 
famer laPerfonnedu  Roi,  avec 
toute  fa  Cour.  Il  fit  ce  qu'il  put 
pour  remplir  le  pais  de  factions 
&  de  révoltes ,  foûlever  les  peu- 
ples contre  leur  devoir ,  6c  prati- 
quer des  intelligences  contre  le 
fervice  du  Roi  avec  les  Princes 


avec  Philippe  le  Bel,  109 
étrangers  6c  les  ennemis  de  la  ' 
France.  Et  pour  fon  particulier  , 
il  foiitenoit  qu'il  n'éroit  point 
Sujet  du  Roi  ,6c  que  fa  ville  de 
Pamiers  n*étoit  point  du  Royau- 
me ,  ni  dans  le  Royaume  de 
France. 

Les  Officiers  du  Roi  en  Lan- 
guedoc ne  manquèrent  pas  de 
former  leurs  plaintes  fur  la  con- 
duite de  ce  féditieux Prélat,  ôc 
de  les  envoyer  en  Cour.  Le  Roi 
fe  croyant  obligé  à  quelques  é. 
gards  pour  le  caradere  épifco- 
pal,  ufa  de  diflîmulation  pendant 
quelque  tems,  pour  donner  lieu 
à  TEvêque  de  changer  de  con- 
duite ,  &  pour  laifler  diffiper  les 
accufation^dontil  étoit  chargé. 
Mais  les  déportemens  de  cet 
homme  étant  devenus  trop  pu- 
blics pour  pouvoir  être  dilîimu- 
lez  ou  tolérez  plus  longtems,  le 
Roi  nomma  des  Commiflaires 
qui  eurent  ordre  d'aller  fur  les 
lieux  informer  plus  particulier 


1  ?0I, 


rio       JDèmeletjie  Boniface 
"  remenc  des  faits  dont  il  étoit  ac- 

cille. 

Les  Commiflaires  qui  étoienc 
Richard  de  Nepoiis  ,  Arciiidia- 
cre  d'Auge  en  PÈglife  de  Lifieux, 
&  Jean  Vidame  d'Amiens ,  Sei- 
gneur de  Picquigny  ,  arrivèrent 
en  Languedoc  vers  le  mois  de 
Mai  de  Tannée  1 301.  Se  voyant 
chargez  de  Mémoires  ôc  d'Aâes 
qui  contenoient  les  circonftan- 
Aàes  da  ^^s  d^  c^^  accufations ,  ils  oui- 
Berna^d  de  ^^^^  vingt- quatre  témoins,  dont 
ramiers, pa-  les  principaux  furent  les  Comtes 
l^y.  ^  '^  de  Foix,  les  Evêques  de  Beziers, 
de  Maguelone  ou  MontpeUier  ^ 
de  Touioufe,  PAbbé  de  iaint  Pa- 
poul  &  le  Comte  de  Commin- 
ges  ,qui  dépoférent  à  la  charge 
de  Taccufe.  Le  Roi  ayant  recon- 
nu par  cQs  informations  que  l'E- 
vêque  de  Pamiers  éroit  coupable 
de  la  plufpart  des  faits  que  la  re- 
nommée lui  imputoiCj  lui  ordon- 
na de  venir  en  Cour,  il  aflembla 
fon  Parlement  à  Senlis  ,  où  ie 


I  501, 


dvec  Philippe  le  Bel,  1 1  r 
trouvèrent  lesGrands  du  Royau- 
me avec  beaucoup  d'autres  Ec- 
clefiaftiques  ôc  SéculieryBernard 
y  fut  convaincu  de  nouveau  6c 
condamné  comme  criminel  de 
leze  Majefté.  Il  fut  rëfolu  qu'il 
feroit  arrête  prilonnier  ,  ou  par 
TArchevcque  dont  il  ëtoit  fuf- 
fragant^ou  à  fon  défaut,par  les 
Officiers  de  la  Juftice  feculiere- 
au  nom  du  Roi. 

AuiTitot  le  Roi  manda  TAr-  criiies-Anfc. 
chevêquede  Narbonne,  Métro-  ^^'^  ^^  '^'^' 
politam  de  Pamiers  j  6c  ayant  af- 
lemblé  plufîeurs  Evêques  ^  Ba- 
rons ,  il  lui  fît  expofer  devant 
eux  tout  ce  dont  il  étoit  queftion 
en  préfence  deTEvêque  accufé. 
llfomma  rArchevêque  de  faire 
ion  devoir  conformément  à  T Ar- 
reft  rendu  à  Senlis  par  les  trois 
Etats  ou  le  Parlement  du  Royau- 
me^  afin  que  le  criminel  pût  être 
dégradé  par  un  jugement  eccle- 
fiaftique,avant  que  d'être  livré  à 
la  Juftice  Royale.  L'Arclievêque 


lion. 


1?0I. 


r  1 1  Dcmelcz^àe  Bonifact 
après  avoir  été  pleinement  int 
truie  des  preuves  qui  réfultoient 
des  informations,  fit  difficulté  de 
procéder  contre  fon  SufFragant, 
lur  ce  qu'il  ëcoit  hors  de  fa  Pro- 
vince, &  fansjurifdidion.  Le  Roi 
lui  fit  donner  le  territoire  nécef- 
faire  qui  lui  fut  affigné  par  TE- 
vcque  de  Senlis  dans  fon  Dioce^ 
iê ,  &  confirmé  par  l'Archevê- 
que de  Reims  comme  Métropo-^ 
litain  de  la  Province.  Il  lui  offrit 
auffi  un  lieu  de  fureté  pour  la^ 
garde  du  prifonnier,  lorfqu'ilfe- 
roit  arrêté  ,  &  tous  les  fecours 
néceffaires  pour  le  retenir  s'il 
n'étoit  pas  affez  fort. 

L'Archevêque  de  Narbonne 
répondit  qu'il  étoitprêt  de  faire 
fon  devoir ,  mars  qu'il  ne  le  pou- 
voir qu'avec  le  confeil  de  fes  Suf- 
fragans,  &:  qu'après  avoir  con- 
fulté  le  Pape,  à  caufe  de  Fimpor- 
tance  de  Taffaire-Cependant  l'E- 
vêque  de  Pamiers  craignantd'ê- 
tre  arrêté  dans  les  Prifoûs  Ruya^ 


avec  Philippe  le  Bel.  i  i  5 
les ,  comme  il  en  étoic  menacé  , 
pria  fon  Archevêque  de  le  faire 
prendre  ôcde  le  garder  comma 
Ion  priionnier  :,  ce  qui  fut  exécu- 
té de  telle  manière  ,  qu*il  parue 
que  le  Roi  avoir  fait  précéder  fes 
ordres  pour  cela.  Ce  Prince  pré- 
voyant que  cette  affaire  pourroic 
avoir  des  fuites,dépêcha  un  Con- 
feiller  de  la  Cour  vers  le  Pape 
Boniface,pour  l'informer  de  tout 
cequis'étoitpafle.  C'étoit  Pier. 
re  Flotte ,  Seigneur  de  Revel,  qui 
fut  depuis  Garde  des  Sceaux  ou 
Vicechancelier.  L'Archevêque 
de  Narbonne  &:  TEvêque  pri- 
fonnier  écrivirent  auflî  à  Rome 
chacun  de  leur  part  ,  l'un  pour 
demander  comment  il  devoit  fe 
comporter  dans  la  procédure  , 
l'autre  pour  marquer  qu'il  ne 
foufFroitque  pour  avoir  exécuté 
trop  fidellement  la  -volonté  de 
Sa  Sainteté  ,  6c  fuivi  trop  exade- 
mènt  les  inftruclions  qu'Ell«e  lui 
avoit  données. 


130I, 


lîOI, 


I  j  4     Démêlez^  de  Boniface 

L'Envoyé  du  Roi  reprëfentâafti 
Pape,  Qt^encore  que  dans  le  Confeil 
des  Grands  du  Royaume  ,  ileiit  été 
réfolu  que  le  Roi  f on  Maître  fou* 
voit  faire  châtier  l'Eve  que  de  Pa^ 
mi  ers  comme  criminel  d' Etat  ^  re^ 
connu  traître  ^  convaincu  de  divers 
autres  crimes  qui  l'av oient  fait  dé» 
cheoir  des  privilèges  accordez^à  l*E* 
^life  ^  à  la  dignité  épifeopale  ^  ^ 
que  d'ailleurs  il  fût  endroitde;pro^ 
céder  contre  lui  far  d' autres  moyens  ^ 
furtout par  la  privation  de  fon  tem^ 
forel  ^  il  avoit  auparavant  voulu 
lui  marquer  le  refpeB  ^  la  défé^ 
rence  qu'il  avoit  pour  l*  Eglife  (^  le 
faim  Siège ,  à  l'exemple  des  Rois  fes 
jPrédeceffeurs  ,  qui  avoient  toàjouri 
eu  foin  de  conferver^  de  maintenir 
les  Privilèges  eccleftafiiqucs.  Il 
ajouta  que  Sa  Majefté  efpéroit  de 
voir  entrer  le  Pape  dans  les  mêmes 
intérêts  ^  d'autant  plus  volontiers 
que  Sa  Sainteté  étoit  obligée  de  ven* 
ger  l'injure  faite  à  Dieu  comme  Au. 
tettr  de  toute  puiffance  légitime  ^  au 


Avec  Philippe  le  Bd,  1 1  j 
Koi  comme  Vils  de  l*Eglife  y  ^  au 
Royaume  ^  comme  portion  confidéra- 
hle  de  la  Chrétienté.  Il  demanda 
cnfuice  au  faine  Père  qu'il  voulût 
bien  priver  TEvêque  de  Paniiers 
de  la  dignité  épifcopale,  6c  le  dé- 
clarer déchu  de  tout  privilège  de 
Clericature ,  afin  que  le  Roi  pût 
en  faire  une  punition  exemplaire. 
Le  Pape  comprit  aifément  par 
le  difcours  de  Pierre  Flotte  que 
i*£vêque  de  Pamiers  avoit  tout 
gâté  à  la  Cour  de  France  par 
Timprudence  &  la  témérité  qui 
lui  étoient  naturelles.  Mais  ne 
croyant  pas  devoir  fe  laifTer  pré- 
venir contre  fon  Miniftre ,  il  fe 
contenta  pour  lors  de  répondre  , 

ciue  ce  rUètoit  pas  fa  coutume  de 
condamner  qui  que  ce  fut  fans  l*a^ 
voir  oui.  Que  pour  faire  le  procès  à, 
l'Eve  que  de  Pamiers  dans  les  for ^ 
mes  y  il  faloiir^  ou  l'envoyer  a  Rome 
pour  y  être  ju^è  ^  ou  lui  nominerdes 

Commiff aires  en  France ,  afin  que 
fan  affaire  fut  exa/ninêe  fur  les 


1 301 


J  501 


Wk^^^-i^W" 


ri  6       Tièmelexjie  Boniface 

lieux.  Que  fi  on  choifijjoitce  feconâ 

moyen  y  ce  Jeroit  à  lui  a  voir  lequel 

fembleroit  le  plus  à  propos  des  deux 

expediens  lèptimes  qui  refieraient 

four  juqer  la  caufe  de  t  Eve  que  aC' 

cufè  yfcavoir  fi  ce  ferait  devant  le 

Métropolitain  de  l' Evèque yaccom^ 

pagné  de  fies  Suffragans ,.  ou  devaiiP 

un  Légat  du  faïnt  Siège  ^  ou  quel'' 

qu  autre  Commijfaire  du  Pape. 

Ce  fut  là  tout  ce  que  la  politf-' 

Ru\ure  ^"^  &  k  modération  purent  exi- 

ouverte      ger  alots  de  Boniface.  Mais  s'é- 

entre  le     ^^^^^^^  j-j-^p  facilement   perfuadé 

le  Roi.  que  l'affaire  de  PEvêque  de  Ra- 
miers ëtoit  la  fienne,&  que  Thon- 
neur  du  faint  Siège  étoit  intereifé 
dans  le  falut  de  cet  homme,  il  ne 
voulut  plus ibnger  qu'aux  moyens 
de  fe  venger  de  l'affront  qu'il  pré- 
tendoit  avoir  reçu  en  fa  perlon- 
ne  ,  &  d'avancer  ks  entreprifes 
touchant  fa  puiffance  furie  tem- 
porel du  Royaume.  C'eft  à  quoi 
il  travailla  pendant  tout  le  tems 
qui  reftoic  jufqu'à  l'Avent ,  fai- 


■riuatto. 


avec  Philippe  le  Bel,       1 1 7 

fant  eompofer  des  Bulles  6c  des  j^oj. 
Brefs  fur  ce  fujet  pour  diverfes 
perfonnes,ôc  furtout  pourleRoi 
^  le  Clergé.  Pierre  Flotte  de- 
meura dans  Rome  durant  tout 
cet  intervale ,  pour  veiller  fur  les 
intérêts  de  fon  Maître  ,  6c  pour 
obferver  les  mouvemens  de  la 
Cour  de  Rome.  Il  fît  tout  ce  qu'il 
put  pour  oWerver  ce  cjui  s  y  pal-  r/w^^* 
roit  au  préjudice  de  la  France-  ^  '^:!;;t^!' 
<lans  une  audiance  qu'il  eut  de 
Boniface  peu  de  tems  avant  fon 
retour ,  ce  Pape  lui  ayant  dit  quil 
avoitla  puiffance  temporelle  fur  le 
Roi  (^  fur  le  Royaume yaufjîbi en  que 
la  fpirituclle  ,  Flotte  répondit  : 
Jelevcjx  j  mais  celle  du  Roi  «< 
mon  Maître  eft  réelle  ,  au  lieu  « 
<]ue  la  vôtre  n'eft  que  verbale.  « 
La  liberté  dont  il  ufoit  dans 
tous  ks  difcours  irrita  le  faint Pè- 
re de  telle  forte, que  jugeant  qu'il 
n'y  avoit  plus  de  mefures  a  gar- 
der avec  le  Roi  ,il  fit  fcellerfept 
ou  huit  Bulles  le  5 «jour  de  De- 


ï  I  s       Dhnclezjie  Boniface 
■^  ccmbre  ,  en  adrefla  les  unes  au 

Cardinal  Jean  le  Moine  fon  Lé- 
gat en  France  pour  être  préfen- 
tces  à  ceux  pour  qui  elles  étoient 
deftinées ,  &  fit  porteur  A^s  au- 
tres Jacques  des  Normand  s, Kr  chu 
diacre  de  Narbonne  fon  Notaire 
Apofl:olique,qu'il  envoya  peu  de 
tems  après  en  qualité  de  Nonce. 
sàvator^    La  première  qu'il  fit  fignifier  au 
^pTctes ,  Roi  datée  du  4.  de  Décembre,  & 
page  4a.     inclufe  dans  un  Bref  daté  du  len- 
demain ,  portoit  une  fufpenfion 
de  tous  les  privilèges  accordez 
ci-devant  par  Sa  Sainteté  à  Phi- 
ries'^rrhrire"  lippe  Ic  Bel  êc  à  fes  Succeflèurs  , 
fenfè^e'ic-  comme  auffi  aux  Ecclefiaftiques 
llmts'on'  ^  ^ux  Laïcs  de  fon  Confeil  ;  & 
fubfides  fur  elle  révoquoit  particulièrement 

le  Clergé.  \         r^       \  J 

les  grâces  { ce  lont  les  termes  de 
la  Bulle  )  obtenues  dans  les  der- 
nières années ,  pour  fournir  aux 
frais  des  guerres  que  la  France 
avoit  à  foutenir.Le  prétexte  étoic 
'  que  ces  grâces  étoient  un  fujet  de 

fcandale  &  d'abus  dansleRoyau^ 


avec  Philippe  le  Bel.  r  r  9 
rne  ,  &  qu'elles  caiiibienc  de 
grands  dommages  aux  Eglifes  & 
aux  Prélacs.  Le  Pa  -e  ordonnoic 
queceq.e  le  Roi  demanderoic 
aux  Prélats  &  autres  Ecclefiafti- 
ques  fous  le  nom  de  décimes  ou 
de  fubfides  ,  ne  fût  pont  payé 
fans  un  ordre  exprès  de  Sa  Sain- 
teté ,  quoiqu'ils  euflent  aupara- 
vant donné  leur  confentement  à 
ces  fortes  de  levces.  Il  abrogeoic 
par  ce  moyen  la  Bulle  du  3  i.  de 
Juillet  de  Tan  1197.  par  laquel- 
le il  avoir  modéré  fa  Decretale 
Clericis  Laicos  ^  &  déclaré  que  le 
Roi  pouvoir  lever  des  fubfides  ôc 
autres  impofitions  fur  le  Clergé, 
fans  en  demander  même  la  per- 
miffionau  Pape.  Mais  pour  ne  le 
faire  qu'en  termes  généraux  ,  il 
donna  ordre  qu*on  eût  à  lui  re- 
préfenter  tous  ces  Privilèges,  fur 
tout  ceux  qui  étoient  datez  d'Or- 
vietce  &:  d'Anagnia  ,  afin  que  les 
ayant  confidérez^il  pût  juger  s'il 
devoir  modérer  leur  fufpenfion. 


MOI 


iioi. 


120        Demèlez^de  Boni  face 

Cette  Bulle  n'épouventa  per- 
ibnne  en  France,  parce  qu'on  y 
étoit  trcs-perfuadé  que  le  droit 
de  lever  des  fubfides  fur  les  biens 
temporels  duClerge  pour  les  be- 
foinsdel*Etat,nedépendoitpoinc 
du  pouvoir  ou  de  la  volonté  des 
Papes.  On  n*y  eut  pas  plus  d'é- 
gard qu'à  celles  qu'il  avoit  pu- 
bliées auparavant,  foit  pour  dé- 
fendre ,foit  pour  permettre  ces 
fortes  de  contributions.  AulTî  fut- 
elle  bîfFée  ôc  annuUée  comme  les 
autres  par  les  Succefleurs  de  Bo- 
niface  ,  Benoift  XI.  ôc  Clément 
V.  parce  qu'elle  étoit  de  nulle 
\Ayna.uu: ,  valeur,ôc  qu'clie  ne  pouvoir  avoir 
'  •'""•'i^'-  que  de  mauvais  effets,  fi  elle  étoit 
capable  d'en  produire  quelqu'un. 
Par  une  autre  Bulle  datée  du 
même  jour,  &  adrefféeà  un  des 
Prélats  du  Royaume,  aux  Cha- 
pitres ôcaux  Dodeurs  déroutes 
les  Facultez ,  Boniface  cita  les 
principaux  du  Clergé  à  Rome, 
dans  l'efpérance  de  foûlever  tou- 
te 


».   JO 


avec  Philippe  le  Bel.     i  i  r 
te  iTglife  Gallicane  contre  Phi-  \ 
lippe  le  Bel  ,  ^  de  drcfler  par 
leur  moyen  un  nouveau  trône  en  -A^^-^yoKiono- 
France  au^defllis  de   celui    duRaynaidus, 
Roi.  Il  leur  tëmoignoit  dans  cet-  n'^tom^ir.' 
rc  Bulle,  Z2«Vyv/«/-  appris  les  op.  citation  de, 
pxfTions  que  tout  le  Clergé  fouffroit  ^ujI^'e'^^^. 
de  la  part  du  Roi  ^  de  [es  Officiers  r^aiti^ucs  i 
O^  des  Barons  ,  celt-a  dn'e  destreieRoi. 
Grands  du  Royaume,  //  s'enctoii 
flaint  par  divers  Brefs^mais  inuti^ 
lement  •  de  forte  qu  après  en  avoir 
coinmuniquè  avec  les  Cardinaux  , 
il  avoit  été  arrête  dans  le  Sacré 
Confiftoire  ,  que  pour  remédier  a,  de 
f  grands  de  [ordre  s  ^   il  fuloit  les 
convoquer  à  Rome.  Que  pour  cet 
effet  il  leur  ord.onnoit  de  fe  trouver 
auprès  de  Sa  Sainteté  avec  toutes 
les  infiruclions  ^  tous  les  mémoires    Preuves, 
néceffaires  pour  le  premier  jour  de  ^^^'  ^  5* 
JSfovemhre  de  l*an  1301    au  plus 
tard,  C'éroit  auffi  le  terme  qu'il 
avoit  marqué  dans  la  Bulle  pré- 
cedente,pour  rapporter  au  Gret 
fe  Apoflolique  tous  les  Privile- 


J3  0I. 


T  2  2  Démêlez^  de  Boni  face 
e:es  concernaruilesfiibfidesôcles 
déci mes.  Qu^ilne  difpenfoit aucun 
Frc'lat  ni  aucunDoilcurde  ce  voya^ 
ce  5  qu^il  feroit  libre  au  Roi  d'y 
comparoitre  ,  ou  dy  envoyer  queU 
quun  de  fa  part  pour  y  défendre  /^ 
catife  de  Sa  Majeftè  ,  s'il  juqeoit 
quelle  y  fut  interefjèe^  ^le  le  fujet 
fur  lequel  chacun  auroit  u  fe  prépa- 
rer y  ^  que  l'on  devoit  traiter  dans 
cette  grande  Affmblèe  ,  et  oit  la 
confervation  des  Libertez^  ^  de 
V honneur  de  l'Eglife  Catholique  -,  I4 
Re  formation  du  Royaume  ^  la  cor-^ 
rcilion  du  Roi  ,  ^  l' établi ffement 
du  bon  gouvernement  en  France. 
Qîi  il  f auroit  au  refte  châtier  le  dé* 
faut  dans  la  perfonne  des  Prélats 
^  du  Roi  même ,  s'ils  s^en  abfen* 
toient  par  mépris  ou  par  négligence. 
Il  envoya  en  même  tcms  d'au- 
tres Balles  d*une  pareille  date 
aux  Abbez  &  Supérieurs  des  Or- 
dres Religieux  ,  fur  tout  de  famt 
Benoift,  de  rîceaux,Ôcde  Pré- 
monrré  en  France  5  éc  aux  prin* 


avec  Philippe  le  Bel,  125 
cîpalesUniverficez  du  Royaume, 
pour  fommer  auffi  tous  les  Dire-  ^  ^  °^' 
Aeurs  de  leurs  Maifons ,  tous  les 
Dodeurs  en  Théologie  ,  6c  tous 
les  Maîtres  en  Droit  Canon  & 
Civil  de  fe  trouver  à  Rome  avec 
les  Prélats  au  jour  marqué  pour 
TAfTemblée.  Il  avoir  il  bonne 
opinion  de  PexaditudeSc  de  To- 
béiflance  qu'il  croyoit  qu'on  lui 
rendroit  en  ce  point, que  la  crain- 
te de  faire  deferter  les  Ecoles ,  le 
fît  fouvenir  d'envoyer  une  autre 
Bulle  datée  du  même  jour  aux 
deux  Chanceliers  de  l'Univerfi- 
té  de  Paris  ,pour  les  avertir  de  buii^ik, 
faire  enforte  qu'il  reftat  aflcz  de  pag.i/Vom! 
Profelleurs  dans  les  Clafles  pour 
régentera;  retenir  les  Ecoliers ''•^^"• 
pendant  l'abfence  de  ceux  qui 
feroient  à  Rome. 

Peu  de  jours  après  qu'on  eût    x  i  v. 
rendu  publiques  les  Bulles  cox^^^^^ 
cernant  la  fufpenfion  des  privi-couchaùtta 
leges  &  la  citation  da  Clergé  à  ^^^ 
Rome  ,  le  Nonce  Jacques  ^«&ii>iiiiucl-, 

Fz 


aux  preuves. 


2  ?OI. 


1 14       Dcmclcz,  de  Boni  face 
'Normands  arriva  enFrance^javec 
,  ^  ,  ,   .  celle  où  Pon  traicoit  de  la  puif- 

le&Icdroit  ^  „  ,        o     J      1      J  'l- 

dciugai..  lance  Royale,^ de  la  délivran- 
ce de  PEvêque  de  Pamiers.  La 
première  de  celles  qui  furent 
produites, marquoit  précifémenc 
les  inrencions  du  Pape  fans  dé- 
tour &  fins  aucun  des  artifices 
qu*on  a  coutume  d'employer 
pour  s'infinuer^ou  pour  préparer 
les  efprics.  Elle  eft  fi  courte  qu'- 
elle peut  tenir  ici  fa  place  dans 
toute  fon  étendue.  Nous  la  rap- 
porterons en  françois  &  en  latin. 
)var'44"'  '^  Apprenez  que  vous  nous 
iJuu«us;p.7. 5jêtes  foûmis  pour  le  fpiriruel  &: 
>3pour  le  temporel  :  la  collation 
«des  Bénéfices  6c  des  Prébendes 
)3ne  vous  appartient  en  aucune 
«manière.  Si  vous  avez  la  garde 
«de  quelques-uns  de  ces  Béne- 
«fices  pendant  la  vacance  par  la 
>3mort  des  Béneficiers,  vous  êtes 
«obligez  d'en  réferver  les  fruits 
«à leurs  Succefl:èurs.Si  vous  avez 
Mconfcré  quelques  Bénéfices  , 


avec  Philippe  le  Bel,       115 
nous  déclarons  nulle  cette  col. « 
lation  pour  le  droit ,  &  nous  ré-cc 
voquons  tout  ce  qui  s*efl:  paiîc  « 
dans  ce  cis  pour  le  fait.   Ceux  c< 
qui  croiront  autrement,  feront  « 
réputez  hérétiques.  Au  Palais  « 
deLatranle  5.  jourde  Decem-c« 
bre,  l'an  7.  de  nôtre  Pontificat.  « 
L'adreiïe  au  Roi  étoit  fans  au- 
cun des  titres  d'honneur  accou- 
tumez, ôc  elle  avoir  pour  toute 
i n fc ri pti on  :  Craignez^  Dieu  ^  ^ 
gardez^  fes  Commandemens, 

BON  IF  ACIVS.éc. 

P  H  I  L  I  P  P  O 

Francokum     Régi. 

Dcum    time  &  mandata  ejus  obferra. 

Scire  te  volumus  ,  quod  in  fpiri- 
tualibus  i^  temporalibus  nohis  ftu 
hes,  Beneficiorum  ^  prichendaruin 
ad  te  collatio  nulla  fpectat  :  1^  Jl 
alicjiiorum  vacantium  cujîodiam 
habeas  ^  fruclus  corum  fucceffori» 
bus  referves  :  dr  fi  ^uce  contulifti  ^ 

F3 


1 301, 


Ji6       Démêlez^ de  Boniface 
'  collaiionem  hujufmodi  irritam  dc^ 

^'^^^'  ccrnimus  j  ^  quantum  de  faBoprO'- 
cefferit  ^  revocamus.  Aliud  autem 
crcdeîites  ^  H^reticos  reputamus, 
DatumLaterani  T^onisDecembriSy 
l'ontipcatus  noftri  anno  7. 

La  brièveté   furprenante  de 
cette  BulIC;,  £c  la  dureté  des  ter- 
mes dénuez  de  tout  adoucide- 
mentj  l'ont  fait  paffer  dans  Tef- 
prir  de  bien  des  gens  pour  une 
'sponde, ad  pièce  fufpede.  Ceux  qui  pour 
rîr.'^"'*    l'honneur  dufa:nt  Siège  ont  tâ- 
^f  ^î'j-4'  ché  de  fauver  celui  de  Boniface, 

t,\6.  de  Cou  '  ,  ' 

(crdia  sacet'  QXït  foupconnc  Pierre  Flotte  d'en 
être  1  Auteur  ,  ou  du  moins  de 
l'avoir  extraite  d'une  autre  plus 
étendue  donnée  le  même  jour,6c 
deTavoir  envenimée  dans  la  vue 
d'aigrir  le  Roi  contre  le  Pape. 
Mais  quoique  Boniface  eût  avan- 
x>reuvcs,   ce   lui-même  cette  accufation 

^^'''^'''  dans  un  Confiftoire  de  l'année 
fuivante  ,  on  a  vécu  trois  cens 
ans  depuis  fans  la  regarder  autre- 
ment que  les  autres  Bulles  véri- 


I  î  0.1^ 


avec  Philippe  le  Bel,  t  2  7 
tables,  où  fe  trouvent  les  mêmes 
prétentions.  Elle  eft  dans  tous 
Jcs  Hiftoriens  qui  ont  rapporte 
CCS  démêlez ,  &  dans  la  Glofe 
♦nême  du  Droit  Canon,  comme 
une  production  incontellable  de 
Boniface.  Il  eft  vrai  que  ce  n'eft 
que  Tabregé  d'une  autre  plus  c- 
tendue  dont  nous  allons  parler, 
&  qu'elle  eft  d'un  ftile  concis  6c 
fort  contraire  à  celui  de  la  Cour 
de  Rome,  qui' eft  toujours  diffus 
&obfcur.  Mais  Boniface  l'avoic 
fait  drelfer  ainfî  pour  donner  un 
précis  féparéde  Ç^s  prétentions , 
&  pour  les  faire  entendre  au  Roi  • 
tout  d'un  coup  ôc  faxis  ménage- 
ment. 

La  erande  Bulle  dont  elle étoit    Preuve, 
J  extrait  ,  &:  qui  devoit  être  pre-  huu^usyii^^r, 
fentéc  au  Roi  dans  les  formes  or-  ^"''"* 
dinaires,  eft  celle  qu'on  connoîc 
par  ces  premiers  mots,  Aufcuha 
fili  :  où  parmi  quelques  termes 
de  civilité,  6c  fous  diverfes  appli- 
cations de  l'Ecriture  aflcz   peu 

F4 


ce. 


1 1  s       Dèmeletjie  Boniface 

^^^^     judicieiifes ,  il  y  a  beaucoup  de 

chofes  injurieules  à  la  Majefté 

des  Rois ,  &.  defobligeances  pour 

la  pcrfonne  de  Philippe  le  BeL 

Le  début  de  la  pièce  eft  queDieii 

jertm.czio.  ^  établi  le  V^l^q  furies  Rois  ^  les 

Gemes,  chan-  Royaumcs ,  four  arracher ydêtruire, 

paVÈonif-  perdre  ,dif]JperJdiJïer  é^  planter: 

qu'ainlî  Philippe    le  Bel  avoic 

grand  tort  de  ne  pas  fe  croire  af- 

iujéri  à  Boniface  :  raifonnemenc 

fondé  iar  une  falfification  de  l'E- 

criture,&  fur  une  équivoque  qui 

fert  à  faire  confondre  les  deux 

Puiflances. 

Le  Pape  après  avoir  déclaré  le 
Roi  infenfè  ér  infidèle  ,  s*il  refu- 
foit  de  le  reconnoître  pour  fou 
Supérieur  dans  le  temporel,  lui 
reprocha ,  qu^il  foulloit  fes  Sujets-^ 
qu^il  opprimoit  les  Ecclefiafiiques  5 
qu^il  fcandalifoit  tous  les  Grands  de 
Jon  Royaume'-)  ajoutant  Q\^  il  avait 
fouvcnt  averti  Sa  Majcfle  de  fe 
corriger  ^(jr  de  gouverner  fes  Etats 
en  paix.  Que  le  Roi  avait  afé  pour- 


avec  Philippe  le  Bel,  1 2  9 
X'ûir  atixBénefices  vacans  fans  pcr^ 
mi^fjïon  du  Pape  ^  à  qui  ces  provi. 
fions  appartenaient  ^  ^  que  ccspro- 
suifions  s' étaient  données  fans  excnu 
ption.  Qî^il  fe  faifoit  Jwre  dans  fa 
propre  caufe  ,  (i^  quil  ne  voulait; 
être  juqè  de perfonnc  pour  les  mau.K 
que  lui  (^  les  fiens  avaient  caufcz^ 
Qji^il  faifoit  jaifir  les  biens  des  Ec^ 
clefïafliques  dans  le  cas  où  il  ne  lui 
étoit  pas  permis  de  le  faire  5  c^  q^is 
ces  violences  avaient  expofè  le  Cler^ 
(ic  à  de  zrandes  vexations.  Quilop^ 
pri7noit  fur  tout  d'une  manière  très- 
indiqne  l Eqlife  de  Lyon  ,  quoi, 
quelle  fût  hors  des  limites  de  (on 
Kovauyne  _,  comme  il  pouvait  l'en 
ajfurer  lui  -même  par  la  cannai  (fan* 
ce  certaine  qu'il  en  av oit ^  ayant  été 
Chanoine  de  cette  E<z^life  avant  que 
d'ctre  Pape.  Que  le  Roi  recevait  le 
revenu  des  Eglifes  Cathédrales  pen- 
dant la  vacance  du  Sieze  3  ce  que 
Sa  Majefté  &  fes  Officiers  appcL 
loientKQ2;ÛQ  par  un  pur  abus  j  d^ 
qu'il  convertijfoit  ces  revenus  àfon 

F5 


M 


130      Dcmelezjle  Boniface 

1301.  propre  nfage  3  de  forte  que  ce  qui 
avoit  autrefois  été  donné  en  garde 
aux  Rois  pour  être  confervé  ,  étoiù 
c  on  fumé  par  eux  contre  tout  droit  ^ 
toute  juftice.  Que  les  gardiens  de 
cette  Regale  étoient  des  voleurs ^i^ 
que  cette  garde  prétendue  rialloit 
qu'à  la  ruine  des  Eglifes ,  ^  riétoit 
quun  manteau  pour  couvrir  toutes 
fortes  de  violences  ^  d^extorfons. 

L'intention  du  Pape  avoit  été 
de  renfermer  dans  cette  Bulle 
tous  les  chefs  dont  il  avoic  don- 
né des  inftrudions  à  TEvêque  de 
Pamiers  ,  hors  le  point  qui  re- 
gardoit  la  délivrance  du  Comte 
de  Flandres  dont  il  n*étoit  plus 
queftion.  De  forte  que  pour  au- 
torifer  la  hardiefle  que  ce  Prélat 
avoit  eûed'appellerle  Roi  faux- 
monnoyeur  ,  ou  corrupteur  de 
lamonnoye,  au  fujet  deschan- 
gemens  que  les  befoins  de  la 
guerre  avoient  apportés  dans 
les  Efpeces  ,  il  mit  au  nombre 
ce  ces  griefs  cette  altération 


avec  Philippe  le  Bel.  i  3  i 
des  monnoyes  ,  comme  fi  c'eut 
été  la  ruine  des  peuples.  Il  lui 
fît  entendre  en  fuite  ,  c[\i  après 
l'avoir  fouvent  averti  de  fes  de, 
*voirs  ,  ^  toujours  inutilement ,  // 
av  oit  pour  dernier  remède  mande  à 
Rome  les  Prélats  ,  les  y4bbe^  ,  les 
Chapitres  y  S"  l^^  Doffeurs  du 
Royaume  ,  avec  permiljîon  av.fjt  à 
Sa  Majeftc  £y  envoyer  de  fa  part. 
Que  quelques-uns  avoient  voulu 
ex  eu  fer  le  Roi  ^  en  rejettant  lafau^ 
te  de  tant  de  dé f ordre  s  fur  fes  mau. 
vais  Confeillers  ^  rnais  quil  étoit 
toujours  inexcu fable  de  les  retenir 
frês  de  lui  _,  contre  l'avis  quil  lui 
avoit  fait  donner.  Après  une  lon- 
gue déclamation  contre  ces  Con^ 
leillers ,  qu'il  accuf^Mt  de  s*être 
rendus  les  maîtres  de  l'efprit  du 
Roi  jil  pafla  au  deffein  de  la  Croi* 
fade,  6c  déplora  le  miferable  état 
de  !a  Terre-fainte.  Il  exhorta  le 
Roi  à  rétablir  prompremenr  le 
bon  ordre  de  fon  Royaume,  afin 
qu'il  pût  enfuite  vaouer  à  une 

F6 


1 101. 


13  01. 


13  i      Dimclei^de  Boni  fa  ce 
expédition  fi  louable  6c  finécef- 
faire. 

La  publication  de  cette  Bulle 
découvrit  l'inquiétude  bi  la  paf- 
fion  qu*avoit  le  Pape  de  rendre 
le  Roi  odieux  au  Clergé  &  aux 
peuples  de  fon  Royaume  Et  pour 
colorer  des  apparences  de  la  juf- 
tice  &  de  la  vigilance  paftorale, 
fes  entreprifes  ambitieufes  fur  les 
droits  de  la  Couronne  de  Fran- 
ce ,  il  tâchoic  de  faire  regarder 
Philippe  le  Bel  comme  rebelle  â 
TEglife  ,  &  au  Pafteur  général 
à^s  Fidèles  ,  diffimulant  malir 
cieufement  les  proteftations  que 
ce  Prince  avoit  toujours  faites 
d'être  parfaitement  foûmis  à 
.  Tune  &:  à  l'autre  pour  le  fpiri- 
tuel.  Il  vouloit  le  faire  pafler 
pour  un  ufurpareur  des  terres  de 
fes  voifins,  feignant  que  les  Pairs 
^. ,  .  du  Royaume  mêmejes  Comtes 
c.rHiftPa- ôc  les  Barons  le  plaignoient  de 
lis.  Acad.  ç^^  violences.  Mais  cette  accufa- 
tion  n'avoic  point  d'autre  fonde. 


avec  Philippe  le  Bel,  135 
ment  que  les  conquêtes  que  le 
Roi  avoir  faites  fur  fes  ennemis 
en  Guyenne^  aux  Pays-Bas,  6c 
que  le  droit  des  gens  rendoit  lé- 
gitimes par  la  juitice  de  its  ar-r 
mes.  Pour  ce  qui  eft  de  îa  pro- 
cédure contre  le  Comte  deFlan- 
dres ,  c'etoit  en  vain  que  le  Pape 
la  regardoit  comme  une  violence 
injufte  6c  illégitime  ,puirque  ce 
Prince  étoit  Pair  du  Royaume 
&  VafTal  du  Roi. 

Bonif^.ce  prétendoit  que  leRoi 
étoit  obligé  de  trouver  bonnes  6c 
valides  toutes  les  provifîons  des 
Bénéfices  qui  fe  donnoient  en 
Cour  de  Rome,  fans  avoir  égard 
à  la  Regxle.  Mais  le  Roi  croyoic 
ne  devoir  pas  renoncer  à  un  droit 
qui  lui  avoit  été  acquis  par  fes 
PrédeceiFeurs,  foit  comme  Fon- 
dateurs,foit  comme  Gardiens,  6C 
Protedeursdes  Egliiès.  Il  fjute- 
noit  que  par  le  même  droit  les 
fruits  pendant  la  vacance  lui  ap- 
partenoient  ^Sc  que  s'il  les  rcn- 


iioi.. 


134       T>èmele%de  Bonifdce 

doit  quelquefois  aux  nouveaux 

X  3  or.  £vêques ,  c'ëcoic  fans  obligation 
&  par  pure  bienveillance.Le  Pa- 
pe accufoit  le  Roi  d'empêcher 
qu'on  ne  portât  les  plaintes  qu'- 
on avoit  faites  contre  luijdevanc 
un  Juge  compétent  ,  &:  au  Siège 
Apoftolique,  parce  que  voulant 
connoître  de  l'aifFaire  du  Comte 
de  Flandres,  6c  de  celle  de  l'Evê- 
que  de  Pamiers ,  il  cherchoit  à 
rendre  Philippe  le  Bel  partie  en 
leur  caufe,  ^  par  conféquent  à  le 
foûmettre  à  fon  Tribunal  avec 
eux.  Mais  l'autorité  Royale  é- 
tant  fouveraine  dans  les  chofes 
temporelles  ou  féculieres,  le  Roi 
avoit  rai'^on  de  vouloir  être  Juge 
dans  les  difficultez  qui  naifloient 
entre  lui  &  {.ç,^  Sujets. 

Le  Pape  fuppofoir faux,en  vou- 
lant perfuadcr  que  les  Rois  Scies 
Magiftrats  Laïcs  n'ont  aucune 
autorité  fur  les  perfonnes  &  fur 
les  biens  ecclefiaftiques.  Il  l'a. 
voit  ainii  appris  de  l'un  de  {^% 


avec  Philippe  le  Bel,  1 3  5 
Prédecefleurs  Grégoire  VII.  au 
fiecle  duquel  on  avoic  ofé  avan- 
cer que  cette  créance  étoit  de 
droit  divin  ,  quoique  ce  foit  une 
invention  purement  humaine. 
Quant  à  TEglife  de  Lyon, dont  il 
fe  vantoit  d'avoir  bien  étudié  les 
privilèges ,  les  droits  oc  les  libér- 
iez ,  lorfqu'il  en  étoit  Chanoine, 
il  efl:  certain  qu'elle  reconnoiC 
foit  les  Rois  de  France  pour  {(^'^ 
Fondateurs,  de  qui  elle  avoir  re- 
çu tou3  les  biens  dont  elle  jouifl 
foit.  C'étoit  auffi  fans  raifon  que 
le  Pape  attaquoit  dans  fa  Bulle 
le  droit  du  Roi ,  touchant  le  ra- 
bais 2c  le  rehaulTement  de  la  mo- 
noye  ,  ou  le  changement  des  Ef- 
peces ,  félon  les  néceflitez  de  fon 
Royaume.  C'eft  un  pouvoir  qu'- 
on ne  s'eft  pas  avifé  de  difpurer 
au  moindre  Prince  d'Ita'ic  ou 
d'Allemagne  ,  où  cette  pratique 
ed  fréquente.  Entîn  il  n'y  a  point 
d'articles  dans  cette  Bulle  Ç\  c- 
tendue j  quinefaile  voira  quel 


I  ?QI. 


1^01, 


136       Dèmelexde  Boniface 
point  Pefpric  de  Thomme  peut 
s'ëcarrer  des  règles  de  la  juftice 
6c  de  la  véritéjlorfqu'il  s'eft  laiC 
ié  aveugler  par  fon  ambition. 

C'cft  dans  cet  état  que  fe  trou- 
voit  Boniface  ,  lorfqu'il  préten- 
doit  que  Philippe  le  Bel  (  qu'il 
comparoitinjurieufementàrido- 
lede^^/,  par  une  ridicule  allu- 
fion  à  fon  furnom  )  opprimoit  la 
liberté  de  TEglife  ^  parceque  ce 
Prince  refufoit  de  reconnoître 
un  empire  abfolu  6c  defpotique 
que  ce  Pape  s'attribuoit  3  <ju*il  ne 
fe  rendoit  pas  l'exécuteur  de  ks 
Bulles ,  6c  qu'il  ne  les  faifoit  pas 
exécuter  dansfonRoyaume.Phi- 
lippe  inftruit  par  fes  Prélats  6c 
par  (qs  Miniftres ,  favoit  que  la 
puifTance  fpirituelle  duPape  n'eft 
que  minift  cri  elle  ^^  qu'il  doit  gou- 
verner TEglife  fuivant  la  difpofi- 
tion  des  Canons ,  6c  non  par  une 
autorité  fouveraine  6c  arbitraire. 
Ainfi  il  écoit  perfuadé  que  le 
famt  Père  n'a  aucun   droit  de 


avec  Philippe  le  Bel.      1 3  7  

convoquer  à  Rome  de  fon  feul  ^  ^^^ 
mouvement ,  &:  comme  bon  lui 
femble  ,  les  Ecclcfiaftiques  d'un 
Royaume,  ou  de  tout  autre  païs 
fôiimis  à  des  Princes  qui  ne  re- 
lèvent pas  de  lui.  Avant  lui  c'é- 
toit  déjà  une  maxime  connue, 
qu'aucun  Ecclefiaftique  ne  pou- 
voit  fortir  du  Royaume  fans  la 
volonté  &:  la  permifîîon  du  Prin- 
ce ,  comme  Hincmar  Archevê- 
que de  Reims  Pavoit  autrefois 
déclaré  au  Pape  Adrien  II. 

Les  Romains  tout  dévouez  nayn.iiJus, 
qu'ils  étoient  aux  volontez  à^s^^':^''^'''' 
Papes,eurent  honte  d'une  Bulle 
fi  infoutenable.Tls  l'ont  biffée  des 
Regiftres  du  Vatican,  où  l'on  ne 
trouve  plus  que  l'article  concer. 
nant  l'expédition  de  la  Terre- 
fainte.  Clément  V.  par  confide- 
ration  pour  Philippe  le  Bel  ne  fe 
contenta  pas  de  la  révoquer  ,. 
mais  il  fit  encore  rayer  tout  ce 
qui  pouvoit  déplaire  à  ce  Prince 
dans  le  fragment  qu'on  en  vou- 


13  8       Dêmclez^dc  Boni  face 
'  lut  conferver  aufujecdelaCroî- 

'^°^*  fade.  On  fe  feroit  mêmeconfo- 
lé  fort  aifémcnc  de  la  perte  de  ce 
fragment  ^  quand  il  auroit  été 
fupprimé  avec  le  refte  de  la  Bul- 
le. Car  il  étoit  déformais  bien 
tard  de  vouloir  recommencer 
ces  expéditions ,  aufquelles  on 
donnoit  le  nom  fpecieux  de 
guerres   faintes.    Après  tant   de 

^  mauvais  fuccès  que  Dieu  avoit 

permis  en  punition  des  péchez 
des  Chrétiens,  les  Papes  ne  laif- 
foient  pas  d'y  exhorter  les  Fidè- 
les, peutêtreà  caufede  TaccroiC 
fement  que  leur  puiffance  ^  leurs 
richefTes  en  avoient  reçu.  Us  s'é^ 
toient  accoutumez  peu  à  peu  à 
convertir  à  d'autres  ufages  ,  ou 
pour  leurs  intérêts  particuliers , 
les  armes  des  Croifez  ,  les  aumô- 
nes ,  les  levées  de  deniers  ,  ou  les 
autres  contributions  qu'on  avoit 
quctées  dans  l'Europe  contre  les 
Infidèles.  C'eftainfi  queBonifa- 
ce  en  avoit  ufé  pour  faire  la  guer- 


I  ?C  I 


avec  Philippe  le  Bel,       139 
re  à  la  Maifon  des  Colonnes,^:  à 
la  fadion  des  Gibelins,  ^  qu^il 
avoir  fait  reiflerrer  dans  les  cof- 
fres les  deniers  recueillis  pour 
ces  emplois  durant  fon  Jubilé,    joinviii*?. 
De  forte  que  fi  les  Croifàdcs  ont  T'o^^d^' 
été  pernicieufes  à  une  infinité  de  /'^''J'-"''" 
familles  de  rEurope,elles  ont  au 
moins  été  utiles  èc  profitables  à 
la  Cour  de  Rome. 

La  dernière  des  Bulles  que  le     x  v. 
Pape  fit  dater  du  5.  jour  de  De-  af  pfj? 
cembre  de  Tan   i^oi.  6c  dont  de  l'Evé- 
l'Archidiacre  de  Narbonne  fut  l"!.^'^''' 
encore  le  porteur,  rcgardoit  l'af- 
faire particulière  de  l'Evêquede 
Pamiers.  Elle  étoit  adrefîëe  au 
Roi  pour  le  prier  de  mettre  cet 
Evêque  en  liberté,  de  lui  donner 
mainlevée  de  fes  biens ,  ^  de  lui 
permettre  de  Palier  trouver  à 
Rome  ,  où  Sa  Sainteté  avoir  be- 
foin  de  fa  préfence.  Le  Pape  ne  , 
put  S  empêcher  a  y  mêler  les^v.^.FT/.cv/, 
reproches  aux  prières  •  ôc  fuppo-  ^^Rkhêr. 
fant  que  c'écoit  par  ordre  du  Roi  pag^'^éé"' 


m}cr$. 


1 301, 


140  Dhnclc^  de  Boni  face 
^  par  le  miniftcre  de  {^^  Offi- 
ciers que  lePrélac  avoir  été  ar- 
rêté S:  foiimis  a  la  o-arde  de  l'Ar- 
chevcque  de  Narbonne,  fous  le 
fpecicux  prétexte  de  fureté  ,  il 
avertit  Sa  Majefté  de  ne  plus 
faire  de  pareilles  entreprifes  à 
l'avenir.  Il  lui  déclare,  ^c fi 
elle  n'a  des  excufes  fuffîfantes  pour 
juftificr  cette  action  ,  elle  avoit  en^ 
couru  les  cenfures  de  l' Eglife  y  con- 
formément au  Canon  qui  défend 
de  porter  témérairement  la  main  fur 
un  Eve  que,  c^^  au  réveil  ri  y  avoit 
point  de  Laïc  qui  eût  aucune  puif^ 
fance  fur  les  perfonnes  ecclefiafii'^ 
que  S:,  foit  régulières,  foit  fé  eu  Itères-^ 
(^  que  la  garde  royale  dont  l' Ar- 
chevêque de  2sfarbonne  étoit  char^ 
gé  ^  ne  pouvoit  être  une  raifon  vala^ 
h  le  pour  ne  pas  délivrer  l^  Eve  que 

de  Pamicrs  fur  l'heure. 

i?oz.  Cependant  Pierre  Flotte  qui 
étoit  parti  de  Rome  peu  de  jours 
avant  le  Noncejacques  des  Nor- 
mans,  porteur  d.e  tant  de  Bulles  ^ 


avec  Philippe  le  Bel,      141 
fachanc  ce  que  contcnoienc  les  ' 

ordres  du  Pape ,  alla  follicicer  ^^^^' 
l'Archevêque  de  Narbonne  ,  &: 
preiîer  le  jugement  de  l'Evêque 
de  Pamiers  ,afin  que  fon  procès 
put  être  hni  avant  l'éclat  que  ces 
Bulles  dévoient  faire  dans  le 
Royaume.  11  lui  prëfenta  devant  uTnÇcnn^. 
Paccufë  même  un  Acle  ou  ë- J7;?' 
toient  Ipecihez  tous  les  crimes 
donc  cet  Evêque  ëtoit  chargé.  Il 
lui  offrit  de  la  part  du  Roi  l'aide 
du  brasfeculier  ,  6c  lui  fît  enten- 
dre combien  il  ëtoit  dangereux 
pour  le  repos  du  Royaume ,  que 
le  jugement  de  ce  criminel  d'E- 
tat fiit  différé  plus  longtems.  Il 
lui  lignifia  en  dernier  lieu  ,  que 
s'il rehifoit défaire  ce  dont  il  ë- 
toic  requis,  ou  s'il  n'y  apportoic 
le  foin  ôc  la  diligence  nëceffaire , 
le  Roi  à  fbn  défaut  aviferoit  à  ce 
qu'il  conviendroit  de  faire  pour 
conferver  Thonneur  de  Sa  Ma- 
jefté  ,  Se  le  repos  de  fes  Sujets , 
qui  demandoient  qu'on  fît  un 


I 


1 4  î        T)èmcle:!^de  Bonifacc 
'  exemple  deTEvêque  criminel. 

x?os.  L'Archevêque  par  la  lenteur 
aflFedëe  de  i^s  procedures,dQnna 
lieu  au  Pape  de  recevoir  les  in- 
formations 2s:  les  autres  inftruc- 
rions  du  procès  criminel  de  TE- 
vêque ,  qu'il  s'ëtoit  fait  envoyer 
de  France  ^  6c  le  faint  Père  vie 
auflîtôt  qu'il  étoit  hors  déroute 
apparence  de  le  juftifierde  tanc 
de  crimes  avérez.  Mais  il  ne 
changea  pas  le  deflein  qu'il  avoir 
de  le  fauver  j  &  pour  en  venir 
jurement  à  bout ,  il  prit  le  parti 
d  en  évoquer  la  caufe  à  fon  Tri- 
bunal. C'eft:  ce  qu'il  entreprit  de 
faire  par  une  Bulle  du  1 3  .de  Jan- 
>7'^f«>'«o8",  vier  1^02.  adreflee  à  l'Arche vê- 
Preuves ,  que  dc  Narbonne ,  ôc  aux  Evê- 
^'^*  ^  ^*  ques  de  Beziers  &  de  Maguelon- 
ne,  quiavoientëtë  choilîs  entre 
les  SufFragans  de  la  Province  , 
pour  juger  le  procès  avec  lui. 
Après  leur  avoir  marqué  le  dë- 
plaifir  que  lui  caufoit  un  fi  fâ- 
cheux incident ,  il  leur  manda 


a'Vi^c  Philippe  le  Bel,  143 
qu'outre  ce  qu'il  avoir  appris  dé- 
jà des  charges  dont  l'Evêque  de 
Pamiers  étoit  accufë ,  il  fouhai- 
roit  en  être  encore  plus  particu- 
lièrement inflruit.  Pour  cet  efFcc 
il  leur  ordonna  de  commencer 
par  le  tirer  de  la  puilTance  ôc  de 
la  Jurifdidion  des  Séculiers  ,  de 
lui  faire  donner  mainlevée  de 
fés  biens ,  tant  de  ceux  qui  dé- 
pendoient defon  Eglire,que  de 
ceux  qu'il  poflédoitd'ailleursjde 
mettre  l'Evêque  en  prifon  au 
nom  âcfous  l'autorité  du  Pape  , 
puis  d'informer  fur  les  chefs  donc 
il  étoit  accufé,  &  dont  il  leur  en- 
voyoit  les  articles  fpecifiez  dans 
fa  Bulle ,  comme  on  les  lui  avoic 
envoyez  de  France  :  après  quoi 
ils  dévoient  clore  &:  fceller  le 
procès ,  l'envoyer  à  Home  avec 
la  Bulle  concernant  les  articles, 
&y  faite  conduire  auffiTEveque 
de  Pamiers  fous  bonne  ^  lidcile 
garde. 
On  prétend  que-Philippe  le  Bel 


î  44       'Dhncle^de  Bonîface 
^  plus  occupé  des  entreprifes  du 

Pape  fur  la  Souveraineté  de  fa 
7>rf.^v///i;-.  Couronne  ,  que  de  laliaife  de 
cet  Evêque ,  n'eue  pas  la  patien- 
ce d'attendre  le  jugement  de 
l'Archevêque  de  Naibonne.  Il 
donna  ordre  à  fes  Procureurs 
d'en  abandonner  la  pourfuite;  de 
par  confidcrationpour  la  digni- 
té épifcopale,  il  voulut  qu'on  le 
rendît  au  Pape  fur  la  demande 
que  Sa  Sainteté  en  avoit  faite  aux 
Juges  Ecclefiafliques.  Mais  il  prit 
occafion  de  ce  renvoi  pour  le 
chafler  de  fon  Royaume  avec  le 
Nonce  qui  avoit  apporté  les  Bul- 
les de  diffention ,  éc  qui  avoit  fol-  j 
licite  la  délivrance  de  l'Evêque 
de  la  part  de  Boniface. 
^^j  Après  la  publication  de  la 
On  procède  grande  de  de  la  petite  Bulle,où  le 
en  France  p^p^  vouloit  contcftcr  dc  ôtcr 

concrc   les         -f^     .   ,       _ 

entreprifes  au  Roi  la  Souverauietc  tempo- 
d J  Pape,  j-elle  Se  le  droit  de  Régale  ,  on  iu- 
*ies  Trois- ?c^  Sl^^  puilque  Boniiace  avoïc 
£câcs.       entièrement  levé  le  mafque ,  il 

ctoic 


^avcc  Philippe  le  Bel.       145 

ctoitinucile  de  différer  plus  lone- 

,  1  ^    <-       ^     1301. 

tems  a  procéder  contre  les  en- 

trcprifes  par  des  voyes  directes. 
Philippe  affifté  de   fon  Confeil 
commença  par  deux  Edics ,  dont 
l'un  confirmoit&  prolongeoit  la 
défenfe  qu'il  avoic  faite  de  tranC 
porter  ni  or  ni  argent,ni  aucune 
marchandife  hors  du  Royaume,- 
l'autre  marquoit  aux  Officiers 
Royaux  la  conduite  qu'ils  dé- 
voient garder  pour  la  conferva- 
tion  des  i^6^^/r;,c'eft-à- dire  feu-  Rî:her,i.x. 
lement  de  tous  les  biens  &:  rêve-  p^H;,'^'vn. 
luis  ecclefiaftiques  que  fesPréde-  [1^^^"°''^^ 
cefleurs  6c  lui  avoient  accoutu- 
mé de  recueillir  pendant  la  va- 
cance des  Evêchez,  quoique  fé- 
lon M.  de  Marca  la  collation  des   Marca ,  ^« 
Bénéfices  qui  en  dcpendoient ,  y  [^'^^j  '•  ^* 
fut  auffi  comprife. 

Le  Roi  réfolut  enfuite  de  fai- 
re brûler  la  grandeBulle,&:  choi- 
llt  pour  le  jour  de  cette  exécu- 
tion le  Dimanche  d'après  la  Pu- 
rification de  la  fainteVierge.Cefl 

G 


î4<^  Dcmele'xjie  Boniface 
— — — •  ce  qui  fe  fit  en  préfencc  à\vk 
L'"^^  ^rand  nombre  de  Seieneiirs  ,  6c 
^p-^se  r  9-  d  autres  perlonnes  quaiiiiees  qui 
fe  trouvoient  à  Paris ,  ôc  qui  fu- 
rent appellées  au  Palais  pour  ce 
iujet.  L'après-midi  on  rit  publier 
cette  a6lion  à  fon  de  trompe  par 
toutes  les  rues  de  la  Ville  j  ôc  le 
.décri  de  la  Bulle  paifa  enfuite 
dans  les  Provinces.  Douze  jours 
après  cette  exécution,  le  Roi  dé- 
clara par  un  Ade  en  préfence  de 
toute  fa  Cour  ,  des  Grands  6c  des 
Pairs  du  Royaume  qui  fe  ren- 
contrèrent, quil  defavouoit  fon 
fils  four  héritier  de  la  Couronne^  ^ 
tous  fes  autres  enfans  qui  pour^ 
roient  y  fucccder  ,  s'ils  reconnoif- 
foicnt  aU'dcjfus  d'eux  une  autre 
Puijfance  que  celle  de 'Dieu  ^  de  qui 
jeul  il  défendait  four  le  temporel  ^ 
4JU  s'' ils  avouaient  tenir  le  Royau^ 
me  de  France  d'aucun  homme  x//- 
"vant. 

On  auroît  pu  en  demeurer  là^ 
fî  les  Courtifans  profitant  de  la 


'  avec  Philij^pc  le  3:L  1 47 
focilité  du  Roi ,  n'avoieiir  porté 
de  plus  en  plus  Ton  efpric  à  la  ven- 
geance. Ce  fut  à  leur  inftigacion 
qu'ayant  perdu  toute  confidéra- 
tion  pour  un  Pape  fi  paiTionnë,  il 
voulut  répondre-de  mot  à  mot  à 
la  petite  Bulle,  &  enchérir  en- 
core  fur  la  duretc  de  fès  termes, 
La  Rcponfe  efl:  auflî  fuccinte  que 
la  Bulle  j  6c  quoique  ce  ne  foit 
qu'un  a(Tez  pitoyable  monument 
de  la  foibleiîe  humaine,non  plus 
que  la  pctire  Bulle  deBoniface  , 
les  raifons  qui  nous  ont  fait  pro- 
duire Tune,  ne  fouffrent  poinc 
que  nous  iupprimions  l'autre  ,  ôc 
cela  d'autant  moins  qu'elle  con- 
tient plus  de  vérité  fous  une  ad- 
drefîe  plus  injurieufe  &  plus  in- 
civile. Voici  ies  termes  :  Phi-  « 
lippe  par  la  grâce  de  Dieu  Roi  « 
de  France ,  à  Boni  face  préren-  « 
du  Pape ,  peu  ou  point  de  faluc,  « 
Sachez ,  grand  Fat  ^  que  nous  « 
•ne  fommes  foûmis  à  perfonne« 
jKîur  le  temporel  j  qae  la  coL  «* 

G  1 


Oi. 


pag.44. 


ï4S  Demclea^  de  Bonlfa^e 
»  lation  des  Bëncfices  &  des  Pré- 
^  ^'  ')3bcndes  vacantes  nous  appar^ 
sérient  par  le  droit  de  notre  Cou- 
>3  ronne,  &  que  les  fruits  de  leurs 
«  revenus  font  à  nous.  Que  les 
«provilions  que  nous  avons  don- 
«  nées ,  bc  que  nous  donnerons , 
"  font  valides ,  U,  pour  le  paffe  Ôc 
53  pour  Ta  venir  j  ôc  que  nous  fom- 
»  mes  réfolus  de  maintenir  dans 
>5  la  poiTeffion  ceux  que  nous  y 
>3  avons  n-iis.  Ceux  qui  croiront 
53  autrement  feront  réputez  fous 
«  ôc  infenfez.  A  Paris ,  &c. 

FHILIPFVS   BEI  G  RAT  I A 
Franc  ORUM    Rex, 
B  ON  I r  AC 1 0 

^  gcrciiti  pro  fummo  Pontificc  ,  iâlutcm 
modicam  ,  i««  auUam. 

Sciât  maxima  tua  Fatuitas  in 
Umporalihusnos  alicui  non  fubcffc, 
JEccleJïamm  ac  Pr^bendamm  va^ 
cantium  collation^m  ad  nos  jure 
ny,o  pertinere  yfrucius  earum  mf 


ann.  i  \OZ; 
».S. 


avec  Philippe  le  Bel.  Ï49 
tros  fctcere  :  collationcs  a.  nobis  fac- 
/^j  (fi?-  jaciendas  ,  /i?r^  validas  in 
pnvteritum  ^  futurum  _,  (jS  earum 
pojjc [fores  contrX  omnes  viriliternos 
tueri,  Secàs  aiitem  credentes  ,  fa^ 
îuos  ^  démentes  rcputamus.  JDa^ 
ium  Pari  fins ,  (^e. 

Ceux  qui  ont  tâché  de  faire  sponj.ni 
paffer  la  petite  Bulle  pour  une 
pièce  fuppofëe  ,  ont  cru  confé- 
quemment  pouvoir  auffi  révo- 
quer en  doute  la  vérité  de  cette 
Réponfe ,  bc  rejetter  Tune  auflî- 
bien  que  Tautre  fur  Pierre  Flot- 
te ,  fuppofant  que  ce  Miniftre 
auroit  fait  accroire  au  Roi  fon 
Maître  que  la  petite  Bulle  qu'il 
avoit  fabriquée,  étoit  véritable- 
ment du  Pape  Boniface,ôc qu'il 
y  avoit  fait  lui- même, ou  fait  fai- 
re au  Roi  cette  Réponfe  pour 
augmenter  la  querelle  6c  brouil- 
ler \qs  deux  Puiffances  d'une  ma- 
nière irréconciliable.  Mais  cette 
conjecture  n'efl:  venue  que  de 
certains    elprits  fcrupuleux   ^ 

G3 


3  30^- 


ï  5  0      Dhnile'x^  de  B'oniface 
bien  intentionnez,quiont  clien. 
ché  à  lauver  tout  a  la  fois  rhon> 
neiiriîe  Boniface  &:  celui  de  Phi- 
lippe La  Rëponfeneft  pas  moin  s 
avérée  que  la  Bulle  ,  6c  Tune  fe 
trouve  auffi  répandue  que  Tau^ 
tre  dans  les  Ecrits  des  Hiftoriens, 
des  Canoniftes  &  de  plufieurs 
autres  Auteurs.  Il  ëcoit fait  men- 
tion de  l'une  ôc  de  l'autre  dans  la 
Jlf^.tl"  Glofe  du  Sexte^  c'eft-à-dire  du^ 
>-/yc.î/).^£-fjxiéme  Livre  des  Decretales  , 
dont  l'Auteur  eil  Jean- André  de 
Boulogne  ,  qui  vivoic  quarante 
ans  après  Boniface  ,  6c  qui  avoir 
ajoiité  que  ce  Livre  des  Deere» 
taies  n'ëtoit  point  reçuenFran- 
jt::her,i.x-.  ^^^-M^is  les  CorrecleursRomains 
Ki.  ù.  Hi;t.   Qpf  retranché  cette  obrervation 
<iu  Canoniftedans  leur  édition  , 
avec  plufieurs  autres  chofes  im- 
portantes ,  fous  prétexte  de  cor» 
reclion.  Ce  qui  a  été  fuivi  dans 
toutes  les  éditions  du  Droit  Ca- 
non ,  faites  depuis  ce  retranche* 
jnent^au  grand  préjudice  de  la 


Iniivcif. 


avec  Philippe  le  Bel,       15  r 
vérité  &  contre  Ja  foi  publique  ,^ 

que  Vovi  doit  garder  à  la  pofté- 
riré. 

Le  Roi  Philippe  non  content   viiiam  , 
d*avoir  fait  au  Pape  une  Répon-  mT"-!''  ic'^ 
fe  fi  peu  refpedueufe,  &  d'avoir  ^^'^^^''^^l 
fait  brûler  fa  Bulle  avec  tant  de  s"'^^^  """f. 

r  \  1  .dit  que  c'c- 

rormalicez  ,  voulut  encore  inte--  toitic  com- 
refler  fes  Sujets  dans  la  défenfe  qui  vl^l 
de  {t^  droits ,  &  fe  munir  de  leur  S,coa. 
approbation  contre  lescntrepri-g."^^j',^^^i^^^ 
fes  de  Boniface.  Cefutdanscet-  ravant  avec 

A  ,1  1  •     celui- ci* 

te  vue  qu  il  convoqua  vers  la  mi- 
Carême  les  trois  Etats  de  fon 
Royaume  ,  qu'on  appelloit  en- 
core alors  leParlement  L'Adem- 
blée  fe  tint  le  10.  d'Avril  dans 
TEelifedeNôtre  Dame  de  Pa- 
ris  ,  ou  le  trouvèrent  avec  les 
Grands  6cles  Prélats  du  Royau- 
me,les  Députez  des  Villes, Com- 
munautez ,  Chapitres,  Univetfi- 
rez,^  les  Supérieurs  des  Maifons  ^iJ^'c^^-"; 
R  eli2:ieules.  Le  Roi  y  fut  en  per  p^'^'^"^^  \ 
lonne,  ccil  ynt  propoier  par  ion  t.  4.?.  14. 

T>  >>   '       '       I  1       Chron.  de 

Procureur  General    ce  que  le  sainc  Denis. 

G4 


î  5  i       T^èmhle^  de  Bonifuce 
^  Nonce  du  Pape  ëtoit  venu  lui 

*°**  déclarer  de  la  parc  de  fon  Maî- 
tre ,  touchant  la  Souveraineté 
temporelle  ,  &  la  citation  des 
Ecclefiaftiques  du  R  oyaume  de- 
vant Sa  Sainteté. 

Pierre  Flotte  ,  qui  depuis  fon 
retour  de  Rome  avoit  été  fait 
Garde  des  Sceaux  ,  ou  Vice- 
chancelier  du  Royaume,  fit  un 
grand  difcours  à  PAflemblée, 
pour  lui  faire  remarquer  les  mau- 
vais deffeins  qu'avoir  la  Cour  de 
Rome  fur  la  France  ,  ^L  le  tort 
qu'elle  caufoità  PEglife  Gallica- 
ne par  les  réfervations  6c  les  pro- 
vifions  d'Evêchez  ^  &  d'autres 
gros  Bénéfices  en  faveur  des  E- 
trangers  qui  ne  réfidoient  jamais., 
quoique  ce  fût  l'intention  desFon»- 
dateurs,&: la  volonté  del'EgUfe.U 
repréfenta,  Que  toute  la  difpojition 
giTp^uy,p  ir.  ^^j  Bénéfices  du  Royaume  alloit  ati 
Pape  par  mille  artifices  ,  fans  que 
les  Evèques  puffent  les  conférer  dans 
leurs  Èiecefcs  à  ceux  dont  ils  aw 


avec  Philippe  le  Bel,  15; 
voient  éprouvé  la  vertu ^  ^  dont  ils 
connoiffoient  le  mérite.  Que /' E^life 
Gallicane  étoit  fort  furchary^e  de 
beaucoup  de  nouveaux  impôts  ^  ^ 
quit  Je  commettoit  impunément  des 
violences  (jr  des  extorjions  de  la  part 
des  Traitans  ^  autres  Officiers  de 
la  Cour  de  Rome,  Que  les  Arche- 
vêques fe  trouv oient  dépouille:^  du 
pouvoir  ^  de  la  jurifdiciion  quils 
dévoient  avoir  fur  le  s  Eve  que  s  leurs 
Su^ragans  ,  par  des  exemptions  (^ 
privilèges  accordez^  par  le  Pape, 
Que  depuis  quelque  tems  la  Cour  de 
Rome  avoit  fait  en  forte  qu'on  eût 
recours  à  elle  pour  toutes  chofes  ^  ^ 
que  Tien  ne  s'y  faifoit  que  pour  de 
l'argent^  ce  qui  étoit  également  hon^ 
teux  pour  le  faintSieie  &>  pour  la 
JFrance, Apres  avoir  procefcé  pour 
le  Roi, que  Sa  Majeftë  ne  recon- 
iioiilbit  point  d'autre  Supérieur 
que  Dieu  dans  le  temporel ,  ii 
ajouta,  Qu'avant  l'arrivée  duNon^^ 
ce  en  France  y  l'intention  du  Roi 
Àioit  de  mettre  erdre  aux  entreprifes 

G5 


I  ?  o  2 , 


J  30a, 


1 54  Demêlex^dv  Bonifiiez 
de  fes  Officiers  frr  les  gens  d'EgliJ?^ 
après  les  recherches  exaties  quil  en 
aurait  fait  faire ,  Mais  que  voyant 
la  précipitation  avec  laquelle  le 
pape  voulait  prendre  connoiffance 
de  cette  affaire  ,  //  avoit  diffère  /V* 
xecution  de  fon  de  (Je  in  ^  pour  ne  pas 
donner  a.  Bonifiée  leplaifir  de  pou^ 
voir  dire  qu^ il  ne  l'auroitfait  qu*^ 
aux  folli citations  ^'  par  le  com- 
mandement de  Sa  Sainteté  _,  qui 
n'auroit  pas  manque  à' en  prendre 
droit  pour  autorifer  fis  p'ii  tentions 
de  Souveraineté.- 

Flotce  ayant  fini  fon  difcours 
par  une  déclamation  contre  la. 
perfonne  du  Pape,  &  contre  la 
Cour  de  Rome ,  dont  il  prcten^ 
doit  avoir  découvert  les  intri* 
gués  durant  fon  fcjour  en  cette 
Ville ,  le  Roi  déclara  aux  Etats  3 
que  tout  le  fujet  de  leur  Affeni- 
blée  roulbit  fur  la  queftion  de 
favoir  a  qui  du  Pape  ou  de  lui  le 
'Royaume  de  France  étoit  fujet.  Les 
Etats  répondirent  par  leurs  Ora« 


I  5  oz. 


avec  Philippe  le  Bel,  1 5  5 
teurs  ou  Députez  ,  que  ce  poinc 
ne  dévoie  pas  être  mis  en  quef- 
tion  j  6:  qu'^;2  ne  reconnoiffoit  en 
France  que  Dieu  ^  le  Roi  pour  Su- 
périeurs dans  le  temporel,  lis  prié- 
rent  tous  d'une  voix  Sa  Majefté 
de  vouloir  prendre  fous  fa  pro- 
reclion  &:  fa  garde  particulière 
Je  Clergé  ,  la  NobleiTe  &:  le  Peu- 
ple de  fon  Royaume  contre  les 
Puiflances  étrangères  j  ce  que  le  f^'^fom.'S';^ 
Roi  leur  promit  iolemnellement,  ^^^-^'^'i^- 
^  qu'il  exécuta  par  un  Edit  pu- 
blié peu  de  rems  après. 

Le  Roi  après  avoir  éprouvé 
ainfi  la  difpofition  de  i^s  Sujets  à 
fon  égard ,  convia  le  Clergé  ôc  la 
Noblelle  de  vouloir  déclarer 
hautement  de  qui  ils  reconnoif. 
foient  tenir  leurs  biens  ,  parce 
qu'il  craignoic  que  le  Pape  par  cuin.  tJ^y. 
une  conféquence  de  la  préten- ^"  ^^""'^' 
tion  qu'il  avoit  fur  le  temporel  , 
ne  voulût  faire  paiTer  le  Royau- 
me de  France  pour  un  Fief  de 
TEglife  Romaine  ,  comme  ceux 


_  15^      Démèlezjie  B'onifaêe 

I J0  2..  d^Angleterre,  deSicile,&:  lesau^ 
très  Etats  de  TEurope ,  quirele- 
voient  du  faim  Siège.  Les  unsôc 
les  autres  déclarèrent  qu^ils  ne 
tenoient  ces  biens  que  de  Sa  Ma- 
jefté  ëc  des  Rois  fès  Prédecef- 
fcurs.  Le  Comte  d'Artois  por- 
tant la  parole  pour  tout  l'Ordre 
de  la  Nobleffe  ,  remercia  le  Roi 
du  defir  qu'il  faifoit  paroître 
pour  rétablir  la  bonne  Difcipli- 
ne  ,  êc  faire  refleurir  les  Loix 
dans  fon  Royaume  ,  pour  la  dé-- 
fenfe  duquel  tous  les  Gentils- 
hommes étoient  prêts  d'expof^^r 
leurs  biens  6:  leurs  vies.  Il  ajoura 
^ue  quand  le  Roi  v  ou  droit  fou  ffrir 
ou  diffimulerles  entreprifes  dont  on 
fe  flaiyioit ,  la  Hobleffe  ne  le  four  ^ 
voit  endurer  de  fa  part.  Qii_au  refie 
tous  ceux  au  no7n  defquels  il  par- 
loi  t  y  ne  recoTinoifJoient  point  d'au^ 
tre  SttpèrieuT  fur  la  terra  que  le  Roi 
pour  le  temporel. 

Dapuy,p.u.     Après  quelc  Comte  eût  ce/îë 
de  parler ,  le  Roi  voulut  que  les 


I 


avec  Philippe  le  Bel.  157  __ 
Ecclefiaftiques  donnaient  un  te-  1 3'^^- 
moignage  public  de  leur  fenti- 
menc  fur  le  point  de  la  Puiflance 
temporelle^  &  fur  celui  de  la  Rè^ 
^ale.  Les  Prélats  fuppliérenc  Sa 
Majeftc  de  leur  donner  du  tems 
pour  en  délibérer  à  paît. Leur  in- 
tention étoit  de  chercher  les 
moyens  de  calmer  fon  efprit^ê^ 
de  rétablir  Tunion  &:  la  bonne 
corrcfpondance  entre  la  Cour  de 
Rome  6c  la  Cour  deFrance.Mair, 
le  Roi  les  ayant  prefle  de  s'expli- 
quer ,  ils  répondirent ,  ^'ils  fe 
croyaient  ohlizfT^  de  défendre  les 
droits  de  la  Couronne^  O*  l^^  Liber- 
te-2^  de  l*  E'^Jife  Gallicane^  Qjie  plu^ 
Jïeurs  d'entre  eux  y  étaient  même  en^ 
pt'zez^par  ferment  pour  les  Duchez^^ 
Comte  7^^  Bar  oui  es  ^autres  Fiefs 
qu'ils  tenoient  dans  le  pays  ^  mais 
que  tous  s'en  faifoient  une  obliga- 
tion indifpenfable  ,  k  caufc  de  la 
fidélité  ^  de  la  fourni IJîon  quih 
4evoient  à  Sa  MajefiéWs  fupplié- 
zent  enfuice  le  Roi  de  leur  pcr- 


I  5  8      Dêmèlex^dc  Eoniface 
"  mettre  d'aller  à  Rome  fur  Paffî- 

^°**    gnation  que  le  Pape  leur  avoic 
fait  donner  pour  le  premier  jour 
de  Novembre  luivant.  Mais  la 
NoblcfTe  ôc  le  Tiers-Etat  s'oppo- 
férent  à  c^xx^  demande  j  ils  en 
firent  Çi  bien  voir  les  dangereu- 
fes  confëquences  ,  que  le  Roi 
déjà  difpofé  au  refus  par  lui-mê* 
me ,  y  fut  entièrement  confirmé. 
Le  Tiers-Etat  donna  enfuite  fon 
avis,  qui  fe  trouva  conforme  aux 
autres,  touchant  l'indépendan- 
ce de  la  Couronne  ôc  le  droit  de 
Régale.  Pierre  du  Bofc  Avocat 
^zi'X?\'6.  du  Rorau  Bailliage  de  Coûtan- 
ce ,  &  Procureur  de  la  Commu- 
nauté de  cette  Ville  ,  y  donna 
par  écrit  une  délibération  qu'il 
avoit  faite  en  latin  contre  la  pe^ 
tite  Bulle  du  Pape.  Il  prétendoic 
y  convaincre Boniface  d'hérefie^, 
s'il  ne  rétracioit  ce  qu'il  avoit 
avancé  ^  s'il  ne  réparoit  le  fcan- 
date  qu'il  avoir  caufé  a  toute  l'E- 
glife  jôc  s*iL  ne  faifoit  une  fatis- 


avec  Philippe  le  Bel.  i  j^- 
feélion  publique  au  Roi ,  à  qui  il 
avoir  voulu  ravir  rindépendaii- 
€e  ôc  la  Souveraineté  qu'il  a  voie 
reçue  de  Dieu.  Sur  le  bruit  qu'on 
faifoic  courir  que  le  Pape  (e  di- 
foit  aullibien  riieritier  k  le  fuc^ 
cellèur  des  Empereurs  Romains , 
que  des  Souverains  Pontifes  fes 
Prëdeceileurs ,  &  que  c'ëtoitun 
des  fondemcnsde  fa  prétention 
fur  le  temporel  du  Royaume  de 
France-,  du  Bofc  entreprit  de  fai- 
re voix^Qne  les  premiers  Rois  de  Lt 
Monarchie  7i\iiÀoient  j (ornais  de- 
fendu  des  Romains ,  ni  tenu  d'eux 
quoi  que  ce  fut  en  fiej\  Que  la  Sou  . 
verainctè  du  Roi  ^  la  liberté  dit 
Roy  atone  pour  le  temporel  av  oient 
plus  de  mille  ans  de  prefcription. 
Que  le  Pape  Adrien  I.  avoit  don- 
né à  Charlemayie  du  confentement 
du  Concile  Général ^non  feulement  Lt 
Collation  des  Prébendes  ,  ^  les 
fruits  de  la  qarde  des  ^gl^fis  va» 
cantes  ^  7nais  encore  le  pouvoir  de 
nom/ner  les  Pa^es^  les  Cardina.ux , 


XJ.OZ, 


j6o       Démèlez^de  Bon  ifa-ce 
"  (^  tous  les  Pyèlats  des  Villes  qui 
èioient  j'eus  [on  oheifjance^  ^  quil 
en  avoit  gratifié  [es   héritiers   ou, 
fuccejjeurs  àfcrpetuitè.  Que  Louis 
le  Débonnaire  fon^ fils  avoit  remis 
de  fon  libre  mouvement  ce  dernier 
privilège  au  faint  Siège  ^  ^  s' ê toit 
contenté  de  retenir  four  lui  ^  fies 
Succcjfeurs  le  droit  de  Regale  ,  qui 
confifioit  éfiale ment  dans  la  colla^ 
tion  des  Prébendes  ,  ^  le  fruit  des 
revenus,  Qj^e  tous  les  Rois  deFran- 
ce  avoientjoui  de  ce  droit  fans  trou^ 
hle  c^^  fans  interruption  depuis  ce 
tems-lk  jufqud  Boni  face  Kl  II* 
Que  ce  n'étoit  que  depuis  cent  ans 
ou  environ  que  quelques  Canonif 
tes  ^  ou  autres  particuliers :,s'étoient 
avifex^de  contefier  ce  droit.  Qt^au 
refie  les  premiers  Papes  r^avoient 
jamais  eu  de  pareilles  prétentions  j 
t^  que  l'Eglifc  en  fer  oit  bien  mieux, 
gouvernée  ^fi  leurs  Succejfeurs  vou- 
laient les  imiter  dans  leur  pauvreté, 
ri'^}^'  1      Ouelques  Auteurs  ont  cru  que 
Parisment,  Ic  ELelultac  de  cette  célèbre  Al- 


Avec  Philippe  le  Bel.       1 6l 
femblce  avoit  été  que  le  Roi  é-  — — — 
criroit  auPape  la  Lettre  que  nous     '  '  °^' 

^      •        1        I      ^       o        y    ou  Ailcm- 

avons  rapportée  plus  haut,  ce  ou  bicc  des  E- 
la  petite  Bulle  fe  trouve  réfutée  tats.LeRoi, 
pic-à-pié  ;  ôc  que  cette  petite  J'^  ^'^[f,Vc 
Bulle  y  fut  condamnée  au  feu  ,  &icTiers- 
6c  brûlée  même  fur  le  champ  en  ^oy^^/^^ 
prefence  du  Roi  &:  de  toute  la  écrivent  à 
NoblefTe.  Mais  outre  que  Tun^^^'^^^'^^''^^^' 
1  autre  fait  auroit  ete  tout-a-fait 
indigne  de  la  gravité  6c  de  la  fa- 
gelfe  d  un  Parlement  fiaugufte  , 
il  ell  vifibleque  ce  n'efl:  que  par 
une  tranfpoficion  mal  entendue 
que  Ton  a  attribué  aux  trois  E- 
tats  du  Royaume  ^  ce  qui  n^étoic 
venu  que  du  mouvement  parti- 
culier d'un  Rot  en  colère,  &:  de 
quelqueCourtifan  trop  zélé  pour 
la  gloire  &c  pour  Tinterêc  de  fon 
Prince. 

La  délibération  de  TAflem- 
blée  fut  que  Ton  envoyeroit  au 
Pape  pour  lui  reprefenter  les  pri- 
vilèges ou  franchifes  duRoyau- 
mQ  3  &  les  droits  du  Roi ,  que  le 


ï  é  1       JDcmelezJie  Boniface 
*7r7~  Clergé  écriroit  fur  ce  fujec  àSa' 
Sainteté  ,  le  Corps  de  la  Noblef- 
iè  ,  &  leTiers.Etat  au  Collège 
des  Cardinaux.  Le  Roi  dépêcha 
au  Pape  de   ia  part  ,  l'Evêquc 
f»?7/.  V!:lji.  d'Auxerre  Pierre    de    Mornay  , 
%ondanuTâd  Chanccller dc France,avec  corn- 
^3?'°^'  miffion  de  prier  Sa  Sainteté  de 
vouloir  pour  Tamour  de  lui  fur- 
feoirouremettreà  un  temsplus 
favorable  le  deffein  qu'il  avoir  de 
convoquer  à  Rome  tout  le  Cler- 
gé de  France  ,  parce  que  les  af- 
faires prefentes  de  fon  Royau- 
me ne  pou  voient  fouffrir  la  ré- 
formation qu'il  en  vouloit  faire  ^ 
ôc  que  pour  lui  en  épargner  la 
peine,  il  avoir  entrepris  cette  ré- 
formation avec  les  gens  de  fon. 
Confeil. 
Lettre  du    Le  Clcrgé  députa  vers  Sa  Saini 
v^t  ""''    teté  troisMembres  de  fon  Corps, 
qui  furent/^/>rr^  de  JF  errior  s  ^nou- 
vellement  élu  Evêque  deNoyon^ 
Robert  de  Marc ourt  ,  Evêque  de 
Caûtances.,  &  Beren^er  de  Frc^ 


avec  Philippe  le  Bel.        l(>  3 
Jd?/,Evêqiie  de  Beziers,pours*ex-      _^ 
GLifer  de  ne  pouvoir  faire  pafler 
en  Italie  Targcnt  deftiné  pour  la 
Terrelainre  ,  nile  trouver  à  Ton 
Synode  le  jour  de  Taffignation. 
La  lettre  qu'ils  portèrent  au  Pa- 
pe au  nom  de  tous  les  Ecclefiafti- 
ques  du  Royaume ,  tant  Régu- 
liers ,  que  Séculiers ,  écoit  datée   ^^  j^^^^^.. 
du  jour  même  de  rAiTemblëe  '^^-  Av"i. 
des  Trois-Etats.  Elle  marquoit 
d'abord  le  dépîaifir   que    leur 
avoit  donné    la  commiirion  du 
Nonce  Jacques  à<ts>  Normans , 
Archidiacre  de  Narbonne ,  &  la 
Bulle  de  Sa  Sainteté  au  Roi.  El- 
le Tinformoit  enfuite  de  tout  ce  vigor,  ni- 
qui  s'étoitpaiTé  dans  rAilemblée  isus/p^'1^9. 
des  Etats ,  6c  lui  reprefcntoit  la  p.^^^'Ty, 
plus  grande  partie  des  plaintes 
que  le  Roi  avoit  formées  contre 
lui  &:  la  Cour  de  Rome. 

Les  Eccleiîaftiques  fans  s'écar- 
ter du  refpect  dû  au  Souverain 
Pontife,  remontrèrent  au  faine 
Père  par  Ja  même  Lettre  ,  Que 


\ 


Ci. 


1 64  Démêlez^  de  Boniface 
c  avait  été  une  maxime  inouie  juf- 
ques  alors ,  que  le  Roi  fut  obligé  ds 
reconnoitre  qu'il  relevoit  du  Papg 
fourfon  temporel.  Que  l'on  regar- 
dait leur  citation  a  Rome  fous  le 
fpecieux  prétexte  de  réformer  le 
Royaume  ,  comme  un  moyen  imagi^ 
né  pour  défier  toutes  les  Eglifes  de 
France  ^pour  priver  le  Roi  de  con^ 
feils  y  é^  le  peuple  de  Sacremcns. 
Que  le  Pape  (^  la  Cour  de  Roms 
étaient  charger^  de  divers  griefs  y 
co'mme  auteurs  de  toutes  le  s  injujîi^ 
ces  faites  au  Roi  ^  à  l'Eglife  GaL 
licane  _,  par  réfcrvcs ,  par  Ordina^ 
îions  de  Prélats  y  par  collation  des 
Bénéfices  de  France  k  des  EtraUf- 
gcrs  y  a  des  inconnus ,  (^  i  des  gens 
fufpects  ^  non  réfidens ,  d'où  ve- 
naient des  defordres  infinis  dans  le 
Royaume  que  le  Roi  avait  inten^ 
tion  de  réformer ^  avant  que  le  Pape 
eiit  témoigné  vouloir  y  travailler  , 
€^  par  fes  Bulles ,  ^par  la  convo^ 
cation  du  Cler(ié  de  France  à  Ra^ 
■me.  Que  Boniface  en  larticulkr 


avec  Philippe  le  Bel,      16^ 
êi'oit  accufè  d'avoir  charge  les  E-  " 
glifes  du  Royaume  O"  les  meilleurs 
Bénéfices ^de  fcnfions  ^  de  cens  ^  ^ 
de  diverfes  exaîlions  qui    chan^ 
geoiemlaface  de  l' Eglife -^  Cy^  que 
c*t'toit  ce  a,  quoi  les  Etats  avoient 
ré folu  principalement  de  remédier, 
Qu_ils  s'ctoient  engage^^  au  Roi  ^ 
avec  les  Barons  ou  la  Isl'obieffe  du 
Koyanrne  ^  pour  travailler  jl  la  con- 
fiervat ion  de  la  Liberté  de  l'E/zlife 
Gallicane ,  a  la  dèfcnfe  des  privilc» 
ges  ^  des  franchi fe  s  du  pays  ^  (^  à 
la  reformation  des  de f ordre  s  caufe^ 
faf   les    entreprifes    des   Officiers 
Royaux  fur  le  Cler-rc ,  (y-  de  tous  les 
autres  abus  qui  fe  trouveroientpaT" 
mi  les  Sujets  du  Roifilercs  ou  Z  aïe  s. 
Qu'ils  avoient  tâché  d'adoucir  lef^ 
prit  du  Roi  ^é*  d'effacer  le  s  impref 
fionsfàcheufes  quon  lui  avoit  don^ 
nées  de  Sa  Sainteté  :  mais  que  maL 
gré  toute  leur  modération  jls  avoient 
été  oblige:^de  s' expliquer  dans  l*  ^f 
(emblée  ^  conformément  a  fa  volon- 
té ,  en  faveur  des  droits  de  U  Cou^ 


i'^6       Dcjnclez^dc  Bonifjce 
ronnc^  four  prévenir  le  fcandalc  que 
"  *   "  * .    kur  opo(îtion  auroit  caufc  a  lH  Eglife. 
Que puifqnc  IvRoi  ne  vmiloi': pas  leur 
permettre  d'aller  à  Rome  où  le  Pape 
les  avait  cltez^  ils  pri oient  Sa  Sain- 
teté d* avoir  é^iardala  difpojition 
des  affaires  pré  fentes  j  de  ne  pas 
expofer  la  France  a  unSchifme  5  de 
ne  pas  rompre  l'ancienne  union  en* 
tre  le  faint  Siège  (j;- 1' Eglife  Galii- 
c^ne  ^  d^  de  révoquer  la  citation 
que  fon  Isfonce  leur  avoit  faite  de 
fa  part. 
Lmre  c^.'  la      La  NobleiTc  dc  fon  côté  -écri- 
Ordinaux,   vit  daiis  Ic  iDcme  uenis  au  lortir 
de  la  même  Afiembiëe ,  non  pas 
au  Pape  ,  mais  au  Collège  des 
Cardinaux ,  auquel  elle  envoya 
des  Députez  à  part.  Sa  Lettre  é- 
toit  conforme  à  celle  du  Clergé^ 
en  ce  qui  concernoit  les  délife-l 
rations  prifes  dans  l'Aflemblëe 
Vjtror,ra-  des  Etats.  Maison  y  parioit  des 
ciur,Bui-  entreprifesde  Boniface  avec  un 
Pi-euvcs  5  peu  moins  de  ménagement.  Oà 
^^^  ^'     y  renouvelloit  tous  les  reproches 


■  avec  Philippe  le  Bel.  t  67 
faics  à  Sa  Sainçece  par  le  Roi  ou  — " — 
Ton  Procureur  General  5  &:  l'on  ^^^' 
s'y  plaignoic  de  plus  de  ce  que  le 
Pape  abo'.iiToii:  les  Patronages 
laïcs  ,&  taifoic  perdre  à  la  No- 
•bleiîe  un  droit  qui  lui  avoic  été 
acquis  ôctranfportc  par  les  Fon- 
dateurs ou  les  Bienfaiteurs  des 
Eglifes.  Les  Cardinaux  ëtoient 
priez  de  remédier  promptement 
-à  cesinconveniens  bc  aux  autres 
defordres  que  la  conduite  de  Bo- 
iiiface  cauloit  dans  la  France  , 
afin  que  l'on  put  penfer  fërieufe- 
nient  au  voya2;e  d'Outre- mer.  Il 
n'y  eut  que  les  premiers  Princes 
«clés  Seigneurs,  qui  au  nom  de 
toute  la  NoblelFe  firent  fceller 
la  Lettre  de  leur  fceau^au  nom- 
bre de  plus  de  trente  ,  dont  les 
principaux  ëtoient  Louis  Comte 
d'Evreux,  frère  du  Roi  Philippe^ 
Robert  IL  Comte  d'Artois,Prin- 
cedu  Sang-  les  Ducs  de  Bourgo- 
gne,deBretagne,&:  de  Lorraine^ 
l^s  Comtes  de  Hainaulc  &:  de 


J  3  02. 


du  Clergé. 


1 6  8       Dhncle%Jie  Bonifiiez 
Hollande ,  de  Lu:xembourg  ,  de 
Saint^Pol ,  de  Dreux,dela  Mar-. 
che,de  Boulogne^  de  Ne  vers  „ 
&c. 
XVIII.       Le  Tiers- Etat  députa  pareil- 

«î'-'^suTcs'  l^i^<^"^^  Rome.  Il  écrivit  auflî 
en  France,  le  même  jour  au  Collège  des 
en  faveur    Cardinaux  ,  en  des  termes  pref- 

A\-\    (^  itérer  f  1111  \     ^  11 

que  remblâbles  a  la  Lettre  de  la 
NobleflTe.  Il  traita  le  Pape  avec 
auffi  peu  de  ménagement  dansles 
plaintes  qu'd  faifoit  de  Sa  Sain- 
teté ,  qu'il  défignoit  feulement 
par  un  circuit  de  mots  au  lieu  de 
Tappellerpar  fonnom.  Sa  lettre 
étoit  fignée  non  du  Tiers  Etat , 
mais^au  nom  des  Maires  ^  Eche.* 
vins ,  Jurats ,  Confuls ,  Univerfi- 
tez ,  Communes  6c  Communau- 
tez  des  Villes  du  Royaume  de 
France.  La  tenue  de  cette  Af- 
femblée  6c  les  deux  Lettres  de  la 
Noblefle  6:  du  Tiers. Etat ,  fuffi- 
fent  pour  faire  voir  que  lesLaïcs 
auffibien  quelesEcclefiaftiques, 
ont  toujours  eu  droit  en  France 

de 


avec  Philippe  le  Bel.      169 
de  délibérer  fur  tout  ce  qui  con-  ' 

cerne  la  police  eccleliaitique  , 
pour  empêcher  \^^  innovations 
4?c  les  abus  :  &  que  Tufage  du 
JJ^oyaume  eft  que  la  Noblelle  ScMarca,/.^. 
Je  peuple  puiffent  agir  pour  met-  ccLL"^.*  ^ 
tre  le  Clerré  à  couvert  des  en- 
treprifes  de  la  Cour  de  Rome. 

D'ailleurs  la  Lettre  du  Cler- 
.gé  au  Pape  fait  juger  que  l'Htac 
Ecclefiaftique  en  France  confer^ 
voit  toujours  fa  première  ferme- 
té. 11  voyoit  que  la  neccllké  où 
il  étoit  de  demeurer  toujours  uni 
aux  deux  autres  Etats  de  la  No. 
bleife  6c  du  peuple  dans  leRo'au^ 
ine  ,  fiifoit  imprelîion  fur  les  ef- 
prits  d  la  Cour  de  Rome  -,  ôcil  fc 
fervoit  heureufement  de  cette 
vue  pours'oppofer  à  l'exécution 
-.  :des  defirs  de  quelques  Papes  am- 
j  l>itieux,&  pour  montrer  l'obliga- 
tion qu'avoient  tous  les  Ecclelîa- 
ftiques  de  défendre  les  franchi- 
^  /es  H,  les  privilèges  du  Royaume , 
^  de  s'attacher  aux  intérêts  du 

H 


I  5  Oi« 
Richer. 


1 7  o  Dèmele'Z^  de  Boniface 
Prince  légitime  comme  io^s  Su- 
jets. Ce  qui  rendoit  le  Clergé 
exempt  de  la  corruption  6c  de 
Tefclavage ,  c'eft  qu'il  n'y  avoit 
pas  d'Emiflaires  de  la  Cour  4^ 
Rome  mêlez  dans  fon  Corps 
pour  facrifier  les  intérêts  de  TÊ- 
glile  Gallicane  6c  de  nos  Rois  à 
ceux  desUlrramontains.Cen'eft 
pas  qu'il  ne  fe  trouvât  bien  des 
CardinauxFrançois  dèscetems^ 
là,  mais  ils  croient  membres  du 
Clergé  de  Rome,  rëfidans  ordi- 
nairement auprès  du  Pape,  & 
non  en  France  j  6c  ils  n*avoient 
aucun  rang  près  de  nos  Rois ,  A 
moins  qu'ils  ne  fuflent  revêtus  de 
îa  qualité  de  Légats  ou  de  Non- 
ces. Les  autres  Miniftres  ou  Of- 
ficiers Ecclefiaftiques  du  Pape , 
qui  étoient  de  France ,  n'avoienc 
ni  féance  dans  les  AfTemblées,  ni 
Voix  dans  les  délibérations  du 
Clerg;é  du  Royaume. 
NonvcUe  Pendant  qu'on  attcndoit  les 
4^r  £ucs   Rcponics  de  Rome  aux  Lettres 


avec  Philippe  le  Bel.  1 7 1 
du  Cleriré,  de  la  Nobleiïè  6c  du 
1  lers-Ecat,  Je  Roi  convoqua  une 

11       A  rr       11'       j        T-      •      doutcu  fc  3c 

nouvelle  AHemblee  des  Trois-  inccrcaine. 
Etats  de  fon  Royaume ,  fouhai- 
tanc  que  les  Seigneurs  qui  dé- 
voient aller  à  l'armée  de  Flan- 
dres ,  où  la  guerre  avoit  recom- 
mencé ,  pullènt  avant  leur  dé- 
parc entendre  ce  qu'on  avoit  à 
produire  de  nouveau  contre  le 
Pape.  L'AfTemblée  Te  tint  le  24. 
de  Juin  jour  de  la  nailTance  de 
fauit  Jean-Baptifte,  dans  le  Jar- 
din du  Palais- Royal  ^  êc  l'on  ne  jf^wit 
<loit  pas  douter  de  fa  tenue  ,  s'il^t',.  , 
cft  certain  que  Pierre  Florte  le  2:^'''^-'^w>. 

arde  des  Sceaux  s  y  trouva  ,  ce  p.  rs. 
s'il  y  fit  encore  la  fondion  d'ac-  ^'^^^Y'^-^®- 
cufateur  contre  le  Pape  Sans 
-cette  circonftance  on  auroit  lieu 
de  croire  que  les  Auteurs  au- 
roient  pris  cette  Aflemblée  pour 
celle  de  Tannée  fuivante  ,  qui  fe 
tint  le  13.  jour  de  Juin  ,tems  au- 
quel Flotte  n'étoit  plus  au  mon- 
de. Nous  ne  voyons  pas  quelles 


1 7  i  T)èmèîe^dc  Bonifac^ 
;  furent  les  délibérations  de  cette 
Aflemblëe  du  24.  Juin  1302. 
Mais  nous  voyons  que  tous  les 
Auteurs  qui  en  parlent  lui  attri- 
buent celles  qui  furent  prifes 
dans  rAifemblëe  du  13.  Juin 
1303.  &  qu'ils  donnent  à  Pierre 
Flotte  ,  Guillaume  de  Nogaret 
ôc  Guillaume  du  PleJJîs ,  Seigneur 
de  Vizenobre,  pour  compagnons 
dans  iès  acculations.  C'eft  ce  qui 
nous  doit  rendre  cette  Affèm- 
blce  de  1302.  d'autant  plus  fuC 
pecle  î^c  plus  douteufe,  que  la  da^ 
te  du  jour  paroît  fondée  fur  une 
erreur  de  Boniface,  qui  parlant 
derAlTembléede  Juinen  1303. 
dans  un  Bref  au  Cardinal  leMoi- 
11e  du  1 5.  Aouft  fuivant,  dit  qu'- 
elle s'étoit  tenue  le  jour  de  faine 
Jean-Baptille  ,  au  lieu  du  1 3.de 
Juin. 
Réponfccîes  Cc  fut  le  2^. du  même  mois 
laNobicnï' n^^^  les  Cardinaux  répondirent 
^auTicrj-  en  Corps  à  la  Lettre  de  la  No- 
blelle  de  France  ,  &  à  celle  du 


avec  Philippe  le  Bel.       175  ' 

Ticrs-Erac.  Ils  encreprirenc  de  

juftifier  le  Pape,non  pas  liir  tous  ^  '  °** 
les  points  marquez  dans  ces  Let. 
très,  mais  feulement  fur  les  chefs 
d'accuf.irion  les  plus  importans. 
Ils  voulurent  perîuader ,  ^eBo-  ^^^^^^^^^ 
ni  face  ^tont  leur  Colleté  conjoin^  p-  <>  ?  71. 
teynent  avec  lui  ^n  oubli  croient  rien  Kxusjp.ié. 
four  confcrver  l'union  entre  l'Eglife^ 
le  fa int Siège  ^  le  Roi  a^  le  Royaiu 
7yie  de  France.  One  le  Pape  r^avoit 
foint  écrit  au  Roi  ni  à  d'autres ^que 
ce  Prince  lui  fut  fournis  pour  le  ton- 
pore  f  ouquil  tînt  de  lui  le  Roy  au» 
me  quil poffedc.  Qu^il  nen  avoit 
jamais  eu  la  prétention  ni  lapcnfce. 
Que  l' Archidiacre  de  TSF ar bonne  , 
Kfonce  de  Sa  Sainteté ^ayant  été  oui 
depuis  fon  retour  a.  Rome  y  foittenoit 
ri  avoir  rien  dit  en  Cour  ^  ni  rien 
donné  par  écrit  qui  fût  approchant 
de  ce  quon  lui  imputoit  fur  cela. 
Qu^ainfi  les  Conclufions  données 
par  Pierre  Flotte  devant  le  Roi 
dans  l Ajfcmbléedes  Etats ^  ctoient 
f^tijfes  c?'  fans  aucun  fondement^ 

H5 


J  3  02, 


1 74      Demèlezjle  Boniface 
^uk  la  vérité  les  Prélats  (^  les 
autres  Ecclefiafiiques  du  Royaume 
av  oient  été  mandez^à  Rome  par  le 
pape  y  pour  délibérer  avec  eux  fur 
ce  quHl  y  auroit  à  faire  touchant  la 
réformation  des  de  [ordre  s  3  mais  que 
Sa  Sainteté  ne  prétendoit  conférer 
quavec  des  gens  non  fufpecls^azréa^ 
lies  au  Roi^^  affeïlionnez^au  bien 
de  la  France.  Que  loin  de  recevoir 
avec  mépris  les  Bulles  que  le  Pape 
avoit  écrites  au  Roi  ^  ^  de  les  re^ 
jetter  injurieufement  ^  comme  on  a^ 
voit  fait  à  la  Cour^on  auroit  dit  tert 
remercier  ,  puifqu^ elles  netendoient 
qiia  remédier  aux  maux  que  fou f 
froient  les  gens  d'Eglife  ,  ^  a  réta^ 
blirle  bon  ordre  partout  le  Roy  au-- 
me,  £^e  s'ilétoitvrai  que  le  Pape 
eut  foulé  le  Clergé  ^  ce  n'auroit  été 
qua  la  prière  du  Roi  _,  en  lui  accor^ 
dant  lapermiffîon  de  lever  de sDé ci- 
me s.  Qiie  ce  ri! é toit  qu^ en  faveur  du 
Roi  ^  des  Grands  duRoyaume  qu^il 
avoit  donné  les  difpenfes  dont  on  fe 
plaignoit  3  ^  qu\tinji  ils  ne  pou^ 


I?01, 


avec  Philippe  le  Beli  1 7  j 
voient  lui  en  faire  des  reproches  jans 
ingratitude,  Qt^tl  ne  fe  fouvenoit 
pas  d'avoir  pourvu  d' Etran'rers 
aucune  EglifeCatbedrale  Jjors  celles 
de  Bourses  i^d'^rras  ^  qu'ilavoit 
remplies  de  Sujets  très  capables  e^ 
agréables  a  Sa  Majeflè  ,  qui  d*aiU 
leurs  avoient  été  élevez^^  dans  le 
Royaume  ,  dont  l'un  quoique  Ro^ 
main  (i )  ctoit  Doïleur  en  Tbeolo*  t. Giiics  de 
gie  de  la  F  acuité  de  Paris  de  l'Or  f^;;7,[;  '^^Jj^ 
dre  des  Auquftins  ,  ^  avoit  été  Coionnes. 
Précepteur  du  Roi  -^  l'autre  [1)  quoi^  2.  Girard 
que  pareillement  Italien  avoit  pro^  Pjgaiotu. 
feffè  l'un  S^  l'autre  Droit  dans  l*'V^ 
niverjité  de  Paris.  Que  pour  un 
Etranger  eu  deux  qui  avotent  été 
recommandez^  d'ailleurs  parle  Roi^ 
l'on  trouveroit  cent  François  que  le 
Pape  avoit comMe\d.e  grâces  (^^  de 
bienfaits*  Qu'enfin  toute  la  Cour  de 
Rome  avoit  a  fe  plaindre  de  ce  que 
la  T^obleffe  de  France  contre  la 
hienféance ,  la  civilité  O"  l^  refpecl 
dit  au  Souverain  Pontife  de  l*E' 
olife  univerfellc ,  n' avoit  pas  dai-i 

H4 


I 


1302. 


iy6  Dhnèle^  de  Bonlface 
gnê  nommer  le  Pa^e  par  fon  nom  ^ 
mais  s^ètoit  fcrvie  pour  le  dèfiyfier^ 
à'uyie  pcriphrafe  conçue  en  termes 
defobliqeans  ,  nouveaux  ^  pleins 
de  mépris. 

Cette  Réponfe  du  Sacré  Col- 
lège, àlacompofition  de  laquel- 
le le  PapeBoniface  avoit  eu  gran- 
de part,  fut  fcellée  de  dix-fepc 
fceaux  à  Anagnie,  lieu  de  la  réfi- 
dence  la  plus  ordinaire  de  Sa 
Sainteté.  Les  Cardinaux  en  fi- 
rent une  autre  de  même  date  à  la 
Lettre  du  Tiers- Etat, &  Padref- 
férentauxViiles  &:  aux  Commu- 
nautez  du  Royaume.  Ce  n'étoic 
prefque  qu'une  répétition  de  ce 
qu'ils  venoient  de  répondre  à  la 
Nobleiïe.  Ils  écrivirent  en  mê- 
me rems  au  Roi  &  au  Clergé  y 
quoiqu'ils  n'en  euiïent  pas  reçu 
de  Lettres  •  6c  ils  tâchèrent  de 
leur  perfuader  qu'on  les  avoit 
mal  informez  des  fentimens  ôc 
des  difpofitions  de  Boniface. 
.    H  ell  fâcheux  pour  la  fatis- 


nvcc  Philippe  le  Bel.      1 7  7 
faclion  de  ceux  qui  cherchent  la 
vcriré  de  cette  hiftoire  dans  le 
fond  des  preuves  originales, que 
nous  n'ayons  encore  pu  recou. 
vrer  ces  deux  dernières  Lettres. 
Nous  y  découvririons  fans  dou- 
te plus  de  fincéritc,ou  du  moins 
plus  de  circonfpeftion  àdéguifer 
un  fait  que  ces  Cardinaux  n'au- 
roient  o(é  dilnniuler  ou  altérer 
devant  le  Roi  ou  le  Clergé,  avec 
autant  d'afliirance  que  devant  la 
NoblefTe  6c  le  Peuple.  Mais  à 
moins  que  l'on  ne  s'imagine  de 
les  voir  animez  de  l'efprit  de  Bo- 
niface  ,  il  n'ed  pas  ai(é  de  com- 
prendre par  quelle  maxime  de 
confcience  ils  ont  pu  avancer  que 
Jacques  des  Normands  Archi- 
diacre de  Narbonne  ,  Notaire 
Apoilolique  ê<:  Nonce  du  Pape 
en  France  ,  n'avoit  rien  dit  de 
bouche  5  ni  préfencé  au  P.oi  au- 
cun écrit  contenant  les  précen' 
rions  de  Boniface  fur  le  tempo- 
rel de  la  Couronne  ,  C\  que  ce 


I  JOl, 


178       Dénie  le^  de  Boni  face 
a  î  o  2.     Souverain  Pontife  n'avoir  jamais 
eu  de  pareilles  prétentions.  Les 
deux  Bulles  où  elles  étoient  ex- 
preflement  contenues ,  ôc  donc 
le  Nonce  avoir  été  porteur,  font 
encore  entre  les  mains  de  tout  le 
monde ,  reconnues  pour  vérita- 
bles par  les  amis  6c  les  ennemis 
de  la  Cour  de  Rome  :  ce  qu'on 
ne  fauroit  au  moins  nier   de  la 
plus  grande ,  qui  commence  par 
Aufculta  fili  ^  ôc  qui  étale  tou- 
tes ces  prétentions  avec  autant 
de  pompe  &:  d'étendue  que  l'ex- 
travagante Unam  fanciam^c\\xQ  le 
faint  Père  publia  au  mois  de  No- 
vembre de  cette  année.  Pour  ce 
quieft  de  la  petite  qui  commen- 
ce )^^rScire  te  volumus^  que  nous 
avons  rapportée  toute  entière  en 
'^lna!']i^^-   fon  lieu ,  le  témoignage  du  Glof- 
«rt>j^^'        faceur  ou  Commentateur  ancien 
du  Sexte  des  Decretales,  quoique 
retranché  au  fiecîe  deniier  piîr 
les  Corredeurs  Romains  ,  fulHc 
pour  nous  convaincre  qu'on  la 


avec  Philippe  le  Bel,       179 


tcnoïc  pour    certaine.  ^^^^^ 

Les  autres  points  des  Lettres 
à^'?.  Cardinaux  à  la  Nobleffe  ^ 
auTiers  Etat,n'avoient  pas  beau- 
coup plus  de  folidité.  Il  paroîc 
qu'ils  ne  les  avoient  avancés 
que  pour  fatisfairc  le  Pape  ,  au* 
quel  il  étoit  dangereux  de  con- 
tredirej  6c  s'ils  avoient  eu  un  deC 
fein  fc rieux  de  fe  faire  croire  ,  6c 
de  perfuader  des  gens  qui  avoient 
en  main  dequoi  les  démentir ,  «5c 
les  convaincre  de  faulLeté  ,  c'en 
feroit  aflez  pour  les  rendre  luf. 
pecTis  d'impudence  &  de  mauvai- 
fe  foi, ou  du  moins  d'une  crédu- 
lité cxceffive  à  l'égard  d'un  hom-  Jacques?  des 
me  dévoué  à  leur  Cour  qui  les  ''"^"^"^• 
àuroit  trompez. 
Le  Pape  répondit  peu  de  jours  Réponfc  da 

V        \     1      y  1      /"«l  '  Pape    au 

aprcs  a  la  Lettre  que  le  Cierge  ciergé. 
de  France  lui  avoit  écrite  le  jour 
de  r Aflemblée  des  Etats,  par  une 
Bulle  où  il  repréfentoit  TEglife 
Gallicane  à  l'égard  de  rFgli(e 
Romaine ,  comme  ^«^  Fille  folle  ^ 

H6 


I  s  o       Dèmcle^  de  Boni  face 
qui  était  dcfobcijj'cmte  (^  rehclle  i 

Preuves    ^^^^  Mcrc  pUinc  de  tendreffe  d"  ^^ 
pa^eéf.     charité.  Cette  Réponfe  n'étoit 

Bull  eus,  ,  ,    .  ,      ^  1       T-)      • 

r^s.  2 1.  qu  une  plainte  de  ce  que  le  Koi 
à  fes  Miniftres  avoient  fait  con- 
tre lui ,  en  fon  Parlement  aflem- 
blé  à  Paris,  pour  empêcher  les 
Ecclefiaftiques  d'aller  à  Rome, 
où  Sa  Sainteté  les  avoir  mandez. 

II  déchargea  fon  chagrin  princi- 
palement fur  Pierre  Flotte^,  qu*il 

Teiid,f^>?:^i^i-  appelloit  fans  façon  J?^//^/ ,  èor^ 
tZ^!°to,L  gne  des  yeux  du  corps ,  &  entière. 
iterexccccam.  ^^^^  avcuglc  de  ccux  dc  offrit.  Il 
fît  de  grands  reproches  aux  Pré- 
Le  Tarie-    ]^f  g   ^^  ^^  ûu'en  plein  Parlement  ils 

ment   alors  ?  il  -.r---n        r 

n'étoit  au.  avaient  joujjert  que  ce  Minijire  je 
que  iwEcats  déchaïnkt  jî  cruellement  contre  Sa 
du  Royau-  ^^iy^^ctc ,  &  outragcàt  l' Eglifc  Ro^ 
maine  avec  tant  d indignité.  Qu'il 
était  honteux  four  le  Caraïlere  é. 
fifcGpal  qu'aucun  df  entre  eux  ne  fe 
fut  oppofé  aux  Gens  du  Roi  ^  n'eut 
entrepris  de  réfuter  ce  qu'on  y  avan-- 
^oit  y  qui  tendoit  a  rompre  l'unité  de 
l'JEglife  j  (jj-  à  former  un  Schifme  en 


me 


avec  Philippe  le  Bel,        i  §  r 

France  ,  ou  enfin  ne  Ce  fut  retiré  de 
■  '^-         ./-'  1302» 

VAjfemhlce ,  four  71  avoir  point  de 
part  k  l'iniquité  qui  s'y  comme tt oit. 
Qî^après  tout  on  ne  pouvoit  pas 
foutenir  que  le  temporel   n'eft  pas 
fournis  au  fpirituel  ^  fans  tomber 
dans  Pherefîe  de  ceux  qui  ètablif 
f oient  deux  principes.  Il  finit  en 
exhortant  ces  Prélats  à  méprifcr 
les  menaces  qu*on  leur  faifoic  du 
côté  de  la  Cour  ,afin  de  les  dé- 
tourner d'obéir  à  l'ordre  qu'ils 
avoient  reçu  de  Sa  Sainteté  pour 
fe  trouver  à  Rome  au  jour  mar- 
qué-, 6c  pour  oppofer  des  mena- 
ces à  celles  du  Roi ,  il  leur  décla. 
ra,  Qti^ilcbîitieroit la dêfobcijfince 
de  ceux  qui  manqueroient  de  corn-' 
paroitre  k  leur  affirnation, 

Boniface  ne  iuoreant  pas  que  fa  x  r  x. 
Bulle  au  Cierge  ,  non-plus  que  ^^^^^  ^  r^. 
les  Lettres  des  C^*rdinaux  à  lameaurujcc 
NoblefTe  cS:  au  Tiers  Etat  du  \l/i'\^ 
Royaume  ,  fuflent  fuffifantes  ,  Cour  de 
tint  encore  un  o-rand  Conhftoi-  |^«^^-^^^c 
re  vers  la  fin  du  mois  d  Aouit  3  ne  de  ïi3.ïi^ 


tSi       T>èmelez^de  Boni  face 

pour  prendre  de  nouvelles  déli- 
ce Avi  d  beracions  fur  la  conduite  qu'on 
cârdioaldc  tenoit  en  France  à  Tégard  du 
Porto,  f^inc  Siège.  L'Evêque  d'Auxer- 
re  Envoyé  du  Roi,  6c  ceux  de 
Noyon  ,  de  Coutance  6c  de  Be- 
ziers  Députez  du  Clergé,  y  affi- 
ftérent  par  ordre  de  Sa  Sainteté. 
Le  Cardinal  de  Porto  fît  l'ou- 
verture des  avis ,  6c  propofa  le 
iîen  par  un  grand  difcours  qu'il 
prononça  en  prefence  de  ces  Pre- 
lats.  Il  prit  fon  Texte  de  i'Epître 
de  la  veille ,  Fête  de  la  Décolla- 
tion de  faint  Jean-Baptifte  ,  où. 
l'Eglife  applique  aux  prédica- 
tions de  ce  faint  Précurfeur,  ce 
qui  avoir  été  dit  de  Jeremie,  Que 
JDleu  l'avait  établi  fur  les  nations 
(^  fur  les  Royaumes  pour  arracher 
^  détruire  ^  pour  planter  ^  bâtir. 
Ce  Cardinal  foûtenoit^  Que  ces 
paroles  prophétiques  dévoient  s'*en^ 
tendre  de  la  puiifance  du  Pape  fur 
tous  les  peuples  de  la  terre  ^non feu  le  ^ 
ment  par  le  miniflcre  évany:lic^ue 


avec  Philippe  le  Bel.       i  S  5 
de  la  parole  de  Dieu  ,  mais  encore 
far  un  droit  de  Jurlfdiciion  dévolu. 
aux  Succeffeurs  de  faint  Pierre  i  \^ 
que  l'ufage  de  cette  puiffance  regar^ 
doit  aulji- bien  la  punition  des  mê^ 
chans  ^  que  la  rêcompenfe  des  bons, 
Qî^ilrHè toit  rien  de  plus  léger  que 
le  fujet  du  démêlé  qui  feformoit  en- 
tre  le  Pape  Boniface  ,  le  Collège 
des  Cardinaux  ^  l'Eglife  ^  d'une 
fart'^  le  Roi  de  France  ^fes  Sujets, 
de  l^ autre,  ^^ily  avoit  une  union 
ji  étroite  entre  le  Pape  ^  le  Sacré 
Collège  3  que  l'un  ne  vouloit  rien 
fans  l'autre  •  i^  que  dans  ce  qui  rc- 
gardoit  l'affaire  pre fente  rien  ne  j V'- 
toit  fait  que  d'un  commun  accord. 
Que  la  Bulle  écrite  par  le  Pape  au  j^rçtiUA,Tdîm 
Roi  j  (^-^  dont  on  fe  flaignoit  fihaut 
en  France  ^  an  oit  été  lue  i^  relue  en 
fie  in  Confifîoire.  Qu'elle  y  avoit  été 
examinée  fort  e xaFie ment ^^  qu'el- 
le ne  refpiroit  que  la  charité  chré-* 
tienne  en  des  termes  pleins  de  dou^ 
ceur  ^  de  tendreffc.  Qu^on  s*  et  oit 
trompé  en  France  de  croire  que  l'in^ 


m*y 


184       'Dûmelex^de  Boni  face 
~  tention  du  faint  Père  dans  cette 

Lettre  fut  d'obliger  le  Roi  a  recon* 
naître  qu'il  tenait  fan  temporel  de 
l'Eglifc  3  que  ce  n'avait  été  la  féru 
fée  ni  du  Pape  ^  ni  du  Sacré  Canfî- 
foire  3  o^  que  ce  11!  était  nullement  le 
fens  de  la  Lettre.  Qjia  la  vérité 
sdre  te  voiu-  l'ou  parlait  d'une  autre  petite  Let- 
tre en  forme  de  billet  y  au  fe  trou- 
vaient les  prétcntio7is  dont  an  fe plai- 
gnait y  (^  que  l'an  avait  fait  courir 
en  France  fous  le  nom  duPapexmais 
qican  rien  connoiffoit  pas  l'Auteur 
à  Rome  3  é"  qu'on  y  étoit  affez^per- 
fuadé  que  le  Pape  ni  le  Collège  des 
Cardinaux  n'y  avaient  point  de 
fart,  Qî^il  voulait  croire  que  le 
Rai  étoit  tin  ban  Prince  ^  fartCa^ 
tholique  :  mais  quil  avait  auprès 
de  lui  de  mauvais  Confeillers  qui 
ahufoient  de  fa  facilité  é^  de  fes 
bonnes  intentions.  Que  le  Pape  ne 
faijoit  point  de  tort  au  Roi  ni  au 
Royaume  d'appeller  a  lui  les  Pré» 
lats  Français  ,  qui  étaient  tous  Su* 
jets  fidèle  s  ^  affcBionne^à  SaMa^ 


Avec  Philippe  le  Bel.  1 8  j 
jcflL  Qu_ilrCy  avoit  convoque  au- 
cun des  ennemis  de  la  France  •  é* 
qiCainfi  il  ri  y  avoit  rien  a  craindre 
four  le  fpirituel  ni  le  temporel  du 
Royaume  ^  d'une  Aijemhlce  tenue  à 
Rome  dans  le  centre  de  l* unité  de 
l*Eglife  par  tant  de  yins  non  fuf. 
-peïis  a  la  France. 

Qu'à  l'égard  de  Ut  collation  des 
Bénéfices ,  il  é  toit  certain  quelle  ne 
fouvoit  appartenir  aux  Laïcs  par 
aucun  droit ,  (^  quune  marque  de 
cette  veriti  ctoit  la  néce.fTité  dans 
laquelle  le  Roi  avoit  été  d'obtenir 
du  faint  Siège  une  difpenfe  ou  un 
privilège.  Que  le  Confeljeur  du  Roi 
n\îuroit  pas  le  pouvoir  de  l  ah  fou- 
dre j  s'il  ne  l avoit  reçii  du  Pape , 
de  qui  les  Eve  que  s  tenoient  au(/i  le 
leur*  Qu^en  confequence  de  cette 
fuhordinationja  puiffance  des  Eve- 
que  s  étoit  limitée  (y-  imparfaitejau 
lieu  que  celle  du  Pape  étoit  univer. 
fie  lie  (jr'  abfolue  •  (^  que  l'on  ne  pou. 
voit  douter  de  cette  plénitude  de 
fuijJancQ  en  lui  Çans  fe  rendre  cou- 


IJOJ 


2  JOZ, 


1 S  (î  Dèmclcz^de  Boni  face 
fable  d'hcrejie.  Qu'il  rCy  avoii 
qu^tinChef  dans  l' E^^life-^que  ceChef 
ctoit  le  Pape ,  qui  farce  titre  ètoit 
dcvcnui.^  Seigneur  de  tou- 
tes CHOSES  ,  TANT  POUR.  LE 
TEMPOREL   ,   ÇMJ  E     POUR    LE 

SPIRITUEL  j,  comme  étant  le  fuc-^ 
ceffeur  légitime  de  S.  Pierre  Vtcai^ 
re  de  JesuS-Christ  ,^  qui  tout 
appartient,  ^^i  encore  que  la  Jurif. 
diFlion  temporelle  foit  entre  les 
mains  des  Rois  ,  Empereurs  ^  au- 
tres Princes  féculiers ,  elle  apparte- 
nait néanmoins  de  plein  droit  au 
Souverain  Pontife  qui  leur  en  laif 
foit  l'ufage  ^  l'exécution  ^  parce 
qu'ils  portoientl'épée.  Mais  que  le 
Pape  avoit  le  pouvoir  de  ptq[cr  de 
toutes  les  affaires  temporelles  des 
Royaum.es  par  rapport  au  péché 
qui  s'y  commettait  ^  ^  que  ces  af 
faire  s  et  oient  même  de  lajurifdic- 
tion  fpirituelle  y  en  ce  qu'on  devait 
ncceffairement  les  regarder  comme 
bonnes  ou  mauvaifes. 
Après  que  le  Cardinal  de  Por- 


avec  Philippe  le  BeL  i  S  7 
to  eût  fini,  le  Pape  Boniface  prie 
]a  parole  ,  &  choific  pour  le  tex       '  ^  °  * 


Avis  du  Pa« 


te  de  fon  difcours  ce  qui  ell:  die  pe/        ^ 
dans  la  Genefe  du  mariage  de  pas^^y^* 
rhomme  avec  la  femme  ,  Qi^on 
ne  doit  p.is  fê parer  ce  que  Dieu  a 
joint  enfemhle,  C'eft  ce  qu'il  ap- 
pliqua à  Tunion  du  Royaume  de 
France  avec  l'Eglife  Romaine  , 
contractée  par  leBatême  de  Clo- 
vis ,  à  qui  S.  Rémi  avoir  prédit , 
Que  les  Rois  ^  le  Royaume  feraient 
heureux  ^  tant  qu'ils  demeureroient 
unis  a  cette  Eglife  3  d^  qu'ils  péri- 
roient  dès  qu'ils  viendraient  d  s'en 
f  parer.  Boniface  fe  garda  bien 
de  rendre  laprédiclion  récipro- 
que pour  le  faint  Siège  ,  ou  dû 
moins  pour  la  Gourde  Rome, en 
cas  que  la  féparation  vînt  de  (on 
côté  ,  &  par  la  faute  des  Papes. 
C'eft  pourtant  ce  qui  étoit  mar- 
qué   dans    le   vieux  Proverbe 
François,  qu*il  pouvoit  avoir  ap- 
pris étant  en  France  ,  &  qu'il 
avoit  peutêtre  eu  en  vue  en  com- 


V.    lO. 


î  s  8      Demclex^  de  Boniface 
~^T^  pofanc  fa  harangue.    Voici  ce 

Proverbe: 
MCdcSaint-  Mariage  eft  de  bon  devis 

Spon.i.  ^à  De  rÈgliie  &:  des  Fleurs-de-Lis. 

c.m.  1101.  Q^iandViin  de  l'autre  partira , 

Chacun  d'eux  lî  s'en  lentira. 

Boniface  témoigna  devant  lé^ 
Prélats  François  députez  du 
Clergé  j  qu'il  en  avoir  averti  le 
Roi  autrefois ,  lorfqu'il  étoit  Lé- 
gat en  France  j  &c  que  Sa  Majef- 
té  Tavoit  pris  en  très-bonne  part. 
Il  déduifit  avec  oflentation  tous 
\ts  avantages  qu'il  prétendoit 
que  cette  union  avoit  procuré  à 
la  Couronne,  &  fît  remarquer 
entre  les  autres^,  Que  fous  le  re<zne 
de  Philippe- Augufte  les  Rois  de 
France  'iH av oient  pas  phs  de  dix- 
Imit  mille  livres  de  revenu  ^  au  lieu 
que  fous  fon  Pontificat  ils  en  a. 
voient  plus  de  quarante  mille  ^-par  le 
7noyen  des  qraces  (^  des  difpenfes 
que  l'Eglife  leur  avoit  accordées. 

Il  pafla  enfuite  à  la  rupture  de 
cette  union  ,  donc  il  fit  auteur 


avec  Philippe  le  Bel,      i  S  9 

Pierre  Flotte,  qu'il  croy oit  enco- • 

re  du  nombre  des  vivans.Il  s'em-    ^  '^^'   - 
porta  de  paroles  contre  ce  Mi- 
ni (ire,  pré  tendanti2£^  depuis  quil 
avait  èiê  admis  dans  le  Confcil  dît 
Roi  ,  ce  naveit  été  quun  Achito^ 
phel  (^  un  hérétique  3  ^   que   Ces 
^onfeils  ri  avaient  jainais  été  fuivis 
qu'à  la  perte  du  Roi  ^  du  Roy  au  ^ 
me  y  Trayant  eu  pour  appui  que  le 
Comte  d'Artois  Je  Comte  de  Sainte 
Pol ,  ^  des  gens  du  même  caraiie^ 
re,  Quil  voulait  que  Flotte  fut  pu- 
ni temporellement   ^  fpirituclle-. 
ment  ,  (^  quil  demandait  a  Dieu. 
^itil  lui  réfervkt  cette  punit ion^afin 
qu'il  en  put  faire  un  exonple  de  ft 
jujiice.  Il  dit,  Qtiilfaloit  que  F  lat- 
te eut  corrompu  ou  dcyiifé  le  fcns  ds. 
la  Lettre  quil  avait  écrite  au  Roi 
avec  la  participation  ^  le  confen'-^ 
îementde  tout  le  Colleqe  des  Cardin 
vaux  :  mais  que  par  délibération 
prife    avec  les  Amhajjadeurs   de 
JErayice  y  ils  n'avaient  pas  jugé  à    voyez  cy- 
$rapûs  de  l'envoyer  à  Sa  Majefié  f^^'^^^^^- 


î?02, 


ï  9  o  Dèmelc^de  Bo  niface 
avant  qu'on  Uii  en  eut  récrit  four  l^t 
fonder  ou  la  -prévenir  favorable^ 
ment.  Qii^ainfi  on  ne  pouvait  ajjurer 
fi  F  lotte  avoit  falfifiè  la  Lettre  me-- 
me  j  ou  s^il  avoit  dit  à  ce  Jujet  des 
fauffetez^au  Roi  pour  le  prévenir 
contre  Sa  Sainteté,  Mais  qu'on  a^ 
voit  affecté  de  cacher  la  Lettre  aux, 
Grands  du  Royaume  ^  aux  Fre^ 
lats  ^pour  leur  perfuader  plus  aifé- 
7nent  que  le  Pape  avoit  voulu  obli» 
^erle  Roi  àreconnoïtre  qu^il  tenoit 
de  lui  fa  Couronne  ^fon  temporel. 
Que  depuis  quarante  ans  qu'il  étu^ 
dioit  le  droit  y  il  n'ignoroitpas  que 
les  puiffances  fpirituelles  ^  tcmpo^ 
relies fuffent  toutes  deux  ordonnées 
de  Dieu  _,  ^  qii  elles  euffent  leurs 
fonctions  fép  are  es, Qujl  n' avoit  ja  - 
mais  eu  intention  d'ufurper  celle 
du  Roi  3  ^  qu'ainfi iln'étoitriende 
plus  mal  fondé  ni  de  plus  outra<^eant 
que  cette  ^ktvitl' qui  lui  avoit 
été  imputée  k  la  tête  de  faRéponfe. 
Que  le  Roi  y  ni  pas  un  Fidèle  nepou^ 
'voit  nier  qu'il  ne  fut  fujet  du  Pape. 


avec  Philippe  le  Bel,  191 
mhnc  quant  au  temporel^  no'iipas  en 
Fief  du  faint  Sieze^  mais  par  rap- 
port  au  péché  qui  fe  commcttoit 
dans  l'admimftration  de  ce  tcmpo^ 
rcl^  comme  L'avait  rapporté  le  Car- 
dinal de  Porto,  ^'d  l'cyxrddc  la. 
collation  des  Bénéfices  ^il  av  oit  fou- 
vent  dit  aux  Aynbaffadeurs  de  Fran- 
ce _,  qv^il  voulait  faire  en  forte  que 
le  ^61  fit  licitement  ce  qu*il  fai. 
fbit  illicitement.  S^e  cette  colla- 
tion ne  pouvait  appartenir  à  un 
Laïc ,  en  telle  forte  qu'il  put  avoir 
le  droit  (^  t autorité  fpirituelU  qui 
confifte  dans  le  pouvoir  de  conférer 
les  Bénéfices* 

^'il  n'était  pas  vrai  qu'il  eut 
permis  au  Roi  de  mettre  un  Cha- 
noine dans  chaque  Eglife  de  fon 
Royaume  i  qu'à  la  vérité  il  avait 
0u  intention  de  lui  accorder  le  pau^ 
■voir  de  conférer  les  Prébendes  de 
l'Eglife  de  Pans  ^  pourvu  que  ce 
fut  a  des  Docteurs  ou  a  des  gens  fa^ 
vans  i  7nais  qu'il  avoit  a  fe  plain^ 
are  que  ce  Prince  ne  donnât  ces  pla^ 


I  îOi. 


J  30; 


191      T)èmele^de  ijoniface 

'  ces  qu^a  la  recomynandation  ^  a  la 

faveur.  Que  ^ au  lieu  de  gens  faits 

comme  Flotte  ^  I^ogaret ,  le  Roi 

lui  avait  dépité  ;pour  lui  faire  fes 

remontrances^  des  gens  d'honneur^ 

de  probité :,tel s  que  le  Duc  deBour* 

goyie  ou  le  Duc  de  Bretagne  ^  il 

les  aurait  écoute^  avec  fiai fir^é*  [^ 

ferait  corrigé  dans  les  c  ho  fes  où  on 

lui  aurait  fait  voir  fes  fautes.  Qtijl 

ne  voulait  f  oint  traiter  le  Roi  fe^ 

Ion  toute  la  rigueur  qu^ il  lui  avait 

donné  fu] et  de  le  faire ,  farce  qu'il  \ 

était  réfolu  de  bien  vivre  avec  lui: 

Qu^ il  avait  été  l'ami  particulier  de 

S,  Louis  fonayeul  ^i^  de  Philippe 

le  Hardi  fan  père  -,  qu'il  avait  tau^ 

jours  été  porté  pour  la  France  du^ 

Tant  fan  Cardinalat  •,  que  depuis 

qu'il  était  Pape  ^  il  avait  toujours 

aimé^y  défendu  ^fervi  Sa  Majefté.^ 

fur  tout  contre  les  Anglaisées  j4lle^ 

mands,  ^  fes  autres  ennemis  étran^ 

gers  d^  domeftiques  ^  fans  quai  il 

était  perdu  ^  Mais  que  fi  le  Roi  ne 

-devenait  plus  fage  ^  d^  que  s'il  ne 

laiffoit 


'^,vec  Philippe  le  BcL        195 
lai jf oit  aller  k  Rome  la  Prélats  de  — ' 
fon  Royaume  ,  il  j aurait  le  châtier      ^    "*   - 
comme  un  petit  garçon  ,  ^  lui  Sim  mum 
hier  la  Couronne,  Que  fe  s  Pré  de  ce f-  ^•"'•'^''^'"* 
feurs  avaient  dcpofè  trois  Rois  de 
France  pour  de  7noindresfujets  5  ^ 
que  Philippe  le  Belayant  déjà  fait 
beaucoup  plus  de  mal  qu'eux^  avoit 
tout  à  craindre  s* il  ne  profitait  de 
leur  exemple.  Oi^il  connoiffoit  les. 
de  [ordre  s  &  les  he foins  duRoyaume'y 
ijr  qu'ail  ordonnait  de  nouveau  auK 
Prélats  de  venir  a  Rome^^i^  défai- 
re le  voyage  à  pied  s'ils  n'avaient 
foint  de  chevaux.  Que  ceux  qui  y 
manqueraient  fans  caufe  légitime  ^ 
feroientàèpofcz^^  (^  qu'il  les  dècla* 
roit  dcja  dépofe^  par  avance. 

Après  le  Con(iftoire,queIques  Réponfe  de 

r->        \-  r       \  '  J  '     trois  Caidi. 

Cardmaux  le  chargrerent  de  re-  muxauDuc 
pondre  au  Duc  de  Bourgogne 
(  Robert  )  qui  étant  touché  du 
fcandale  que  ladivifion  de  Ro- 
me  avec  la  France  commençoit 
à  caufer  ,  leur  avoit  écrit  en  par- 
ticulier pour  tâcher  de  le^  préve- 

I 


de  Bourgo- 
gac. 


194        'Dhncle^  de  Boni  face 
■"  j  nir ,  &  avoir  député  de  fa  parc 

en  Cour  de  Rome  un  Chevalier 
du  Temple,  nommé  Huyies  Ca^ 
talan  pour  adoucir  Teipric  duPa- 
pe.  Ils  lui  renvoyèrent  ce  Dépu- 
ré avec  deux  Lettres  fignées  de 
trois  d'entre  eux ,  6c  datées  du  k. 
P.80.&S2.  &(^.jour  de  Septembre.  Mais  à 
quelques  civilitez  près ,  ils  ne  lui 
Matthieu,  donncrcnt  pas  beaucoup  d'autre 
Sn^^Ma-  fatisfadion.  Le  premier  lui  fie 
nQinimicv,  l'apologie  de  Boniface,  entreprit 
de  lui  prouver  Tinnocence  à  la 
juftice  de  toute  fa  conduite ,  6c 
l'ingratitude  de  la  France,  pour 
les  bienfaits  dont  il  l'avoit  com- 
blée. Il  lui  m^nàdi^  Que  le  Roi 
étoit  excommunie  ^  four  avoir  de* 
fendu  aux  Prélats  ^  aux  autres 
£cclcfiajliques  c onvo que z^d' aller  à 
Rome,  Il  lui  fit  même  des  repro- 
ches fur  ce  que  ni  lui ,  ni  la  No- 
bleffe  ,  ni  le  Tiers  Etat  ou  les 
Communautez  duRoyaume,n*a- 
voient  pas  écrit  au  Pape^  comme 
ils  avoicnt  fait  au  Sacri  Colle- 


avec  Philippe  le  Bel,        195  

ge.  Il  le  pria  de  confîderer ,  Que     1 30a' 
te  n^hoit  qtcau  Pape  qu*apparie. 
7idient  les  Canoni'Z^itions  ^  les  Dif- 
fenfes  de  mariage  ,  les  Indulgences  y 
les  provifions  aux  Prêlaturcs  ^  la 
penniffion  aux  Princes  de  lever  les 
décimes  fur  le  Clergé  h  qu^il  n'y  a^ 
voit  aucune  de  ces  y  ace  s  que  Bo^ 
niface  n'eiit faites  a  la  France, Qu'il 
n^c  toit  pas  po^lfible  de  faire  pour  le 
Roi  autres  die  Sa  Sainteté  ce  dont 
il  le  follicitoit  ^  ^  qui  confiftoit  d 
faire  révoquer  la  fufpenfîon  de  tou^ 
tes  les  y  ace  s  que  le  Pape  lui  avoit 
accordées  jufqu  a  l'arrivée  de  l' Ar^ 
chidiacre  de  Isfarhonne  à  la  Cour 
deFrance^^  le  coynynandcment  fait 
^ux  Prélats  de  fe  trouver  à  Ronie 
le  premier  jour  de  Novembre  3  ^ 
7noins  que  le  Roi  ne  fit  une  péniten- 
ce Jînçere  des  fautes  qu'il  avoit  com^ 
mifes  contre  le  faint  Siège ^  ^  quil 
ne  rendit  une  fatisfallion  publique 
au  Pape   Qu'au  refte  le  Roi  ne  dc^ 
voit  attendre  ni  lettre  ni  nouvelle 
du  Pape  yparceque  Sa  Sainteté  M 

11 


pag.8  2, 


1 9  6       Démèlû^dc  Boni  face 
"  voulait  ni  ne  devait  avoir  aucun 

comynerce  avec  un  Excommmiie, 
^Robert  &  La  Lettre  des  deux  autres 
rrcuves,  Caudiiiaux  au  Duc  de  Bourgo* 
gne;,ne  dëmentoit  pas  non  plus  le 
génie  de  ia  Cour  de  Rome.  Elle 
ccoir  plus  flâteufe  que  la  premiè- 
re à  l'égard  de  ce  Prince.  On  y 
louoitlc  zèle  qu'il  faifoit  paroi- 
tre  pour  la  paix  de  rEglife.  On 
Tallùroit  de  l'ertniie  6c  de  la  con- 
fîdération  particulière  que  le  Pa- 
pe avoit  pourfon  mérite^  pour 
ia  perfonne.On  ajoutoitqueref- 
prit  du  faintPere  étoit  tellemenc 
irrité  ,  qu'il  ne  vouloit  prefque 
plus  fouffiir  qu*on  lui  parlât  de 
TaiFairedu  Roi  de  France.  Qiie 
fî  néanmoins  le  Roi  vouloit  don- 
ner des  marques  d'humilité  6c  de 
repentir  ^  le  Pape  avoit  encore 
affèz  de  clémence  6c  de  charité 
pour  oublier  le  paflc.  C'eft  pour- 
quoi on  y  exhortoit  le  Duc  à  fai- 
re en  forte  que  le  Roi  s'humiliât 
pour  mériter  l'abfoUition^  ôc  fe 


avec  Philippe  le  Bel.       1 9  7 
mettre  en  état  de  reiïentir  les  ef-  ^ 

fers  de  la  bonté  du  faint  Père.         '  ^  ^  ^' 
Pendant  qiron  étoit  occupé  à    ^  ^• 

Rome    des   RcpOnICS  qUOn    de-  François  à 

voit  faire  aux  Lettres  des  Trois-  ^^  bataille 
Etats  du  Royaume  de  France,  6c  tr^ay^acln"- 
des  moyens  de  rendre  inutiles  buccaiiPa- 
les  défenfes  que  le  Roi  faifoit  de  ^^' 
lailler  fortir  de  France  ni  aro;enc 
ni  marchandifes,  le  Pape  reçi^c 
avec  une  fatisfadion  fccrettj  la 
nouvelle  de  la  défaite  de  l'armée 
Françoife  en  Flandres  3  6c  parti- 
culièrement celle  de  la  mort  du 
Comte  d'Artois ,  &:  du  Garde  p-ob«tiT. 
des  Sceaux,  qu'il  regardoit  coni   ^^^^^^^^  pioc- 
me  les  deux  adverfaires  les  plus 
nuifibles  à  fes  prétentions  qu'il 
eiit  à  la  Cour.  Il  ne  s'étoit  vu 
déplus  longtems  une  journée  (i 
funefte  aux  François  que  celle 
du  onze  de  Juillet.    Cinquante 
mille  hommes  de  troupes  aguer- 
ries &  toutes  vidorieufes  fous  la 
conduite  de  Robert  II.  Comte 
d'Artois,  Prince  du  Sang  Roval, 

I3 


198       "Demele^^  de  Bonîface 

iliivi  de  la  principale  Noblefle 

^^^"'     du  Royaume,  avoient  été  mis 

en  pièces  près  de  Courtrai  par 

vingt-cinq   mille  hommes  fans 

expérience  &  fans  difcipline ,  ra- 

maffez  des  boutiques  de  Bruges^ 

de  Gand  &  des  Villages  voifins ,. 

révoltez  contre  les  Officiers  de 

Philippe  le  Bel ,  6c  conduits  par 

le  fils  du  Comte  de  Flandres. 

Valois  "apî      Le  Roi  confterné  d'^un  échec 

pe^uéd'iu-   ^^^(jj  p^^j  attendu  ,  &  craignant 

que  cette  difgrace  n'eût  de  plus 
grandes  fuites  par  quelque  fa- 
cheufe  ligue  que  les  Anglois  & 
les  Allemands  auroient  pu  faire 
avec  les  rebeUes  des  Païs-Bàs  ^ 
rappella  d'Italie  le  Comte  de 
Valois  fon  frère  avec  {^'s»  troupes. 
Ce  Prince  avoit  pafle  Içs  Alpes 
depuis  un  an  avec  une  belle  ar- 
mée, à  la  foUicitation  du  Pape 
qui  l'avoit  déclaré  CapitaineGe- 
lierai  des  armées  en  Italie,Com- 
mandant  de  l'Etat  Ecclefiafti- 
que ,  Pacificateur  de  la  TQfcauejj 


avec  Philippe  le  Bel,       19^ 
&  Vicaire  de  l'Empire.  Il  ëcoic  ^ 

alors  en  Sicile  occupé  à  chailer 
de  cette  Ille  Frédéric  d'Arragon, 
pour  la  mettre  en  la  pcfTelFion 
du  Roi  Charles.  La  nouvelle  des 
ajfîaires  de  France  le  porta  à  fai- 
re avancer  la  paix  encre  ces  deux 
Princes  -,  de  forte  que  remettant 
à  d'autre  tems  l'expédition  qu'il 
devoit  faire  en  Grèce  pour  la 
conquête  de  l'Empire  de  Con- 
ftantinople  ,  il  prit  la  route  de 
Rome  avec  ce  qui  lui  reftoic  de 
troupes  Françoifes  pour  revenir 
en  France. 

Le  Pape  travailla  inutilement  îTouv^uAi- 
pour  l'en  détourner  •  6c  ce  qu'il  irn^/s" 
put  obtenir  fut  une  promelfe  que  '^  <^"'ir/e 

r  1  /-       1  1        Rome  &  la 

ce  Prince  lui  fit  d'accommoder  France. 
les  différends  furvenus  entre  la  Fcîixorms, 
France 6c  la  Cour  de  Rome,  au  wi/^S' 
contentement  réciproque  de  Sa '^^?j^^'-'jj||"^ 
Sainteté  6c  du  Roi  fon  frère.  Ce  Neaiir» 
n'étoit  point  tant  un  accommo- 
dement ou  une  réconciliation 
que  Boniface  demandoic  du  Roi 

I4 


J  ÎOX. 


2  00  Démêle^  de  Boniface 
Philippe  le  Bel,  qu'une  founiiC 
fion  à  fes  volonrez.Mais  le  Corn- 
te  de  Valois  arriva  trop  tard  pour 
prévenir  le  Roi  qui  avoit  été  dé- 
jà informé  des  intrigues  par  lef- 
quelles  on  prétendoit  que  Boni- 
face  avoit  fait  révolter  les  Fla- 
mands contre  lui.  Il  avoit  appris 
auffi  que  c'etoit  par  les  follicita- 
tions  du  Pape  que  le  Roi  d'An- 
gleterre avoit  vio'é  la  paix  & 
l'alliance  contradée  entre  les 
deux  Couronnes  par  les  maria- 
ges de  fa  fœur  &  de  fa  fille  ,  &: 
avoit  favorifé  les  rebelles  de 
Flandres  de  fes  confeils  ,  6c  de 
l'argent  des  Décimes  que  Sa 
Sainteté  avoit  fait  lever  fur  les 
Eglifes  d'Angleterre  ôc  d'Irlan- 
de. 

Une  conduite  fi  defobligean-' 
te  acheva  d'aigrir  l'efprit  de  Phi- 
lippe le  Bel  contre  la  Cour  de 
Rome,  aux  artifices  de  laquelle 
il  attribua  la  perte  qu'il  avoit  fai- 
te de  fon  armée  à  la  journée  de 


1 30a. 


avec  Philippe  le  BeL  2,01 
Courrrai.  Le  Pape  de  fon  cocé  , 
quoique  fore  content  de  la  puni- 
tion qu'il  croyoic  que  Dieu  avoic 
tirée  du  Comte  d'Artois, de  quel- 
ques autres*Seigneurs  qui  avoienc 
ctc  de  rAffemblëe  des  Etats ,  de 
Pierre  Flotte  qui  s'etoit  rendu. 
J'accufateurde  Sa  Saintete^Scde 
quelques  autres  prétendus  enne- 
mis du  faint  Siège,  ne  fe  crut  pas 
encore  aflez  vengé.  Il  ne  rebâ- 
tit rien  de  fon  humeur  hautaine 
ôc  de  fw^s  prétentions  ambicieufesj 
c'eftce  qui  rendit  les  deux  Puif- 
fances  perfonnellement  irrécon- 
ciliables. 

Cependant  le  Roi  apprit  que  le  Roi  rue 
malgré  les  dcfenfes  qu'il  avoit  bT/j,^  J^^g^. 
fiiites  aux  Ecclefiaftiques  de  for  cicruftiqucs 
tir  de  Ion  Royaume  lans  la  per-  me. 
miiTion^quelques  Prélats,  Abbcz, 
Prieurs,  Docteurs  en  Théologie 
6c  en  Droit ,  étoient  allez  à  Ro- 
me  pour  latisfaire  aux  fomma- 
tions  du  Pane  .  hi  fe  trouver  au 
Synode  du  premier  jour  de  No- 


201      jDêmch^Jle  Boni  face 
^^  vembre.  Cette  contravention  a 

ks  ordres  lui  fit  donner  le  Di- 
manche d'après  la  Fête  de  la 
■  Additions  faint  Luc  un  Edit  par  lequel  il 
n.ix,        ordonnoit  a  [qs  Omciers  de  lai- 
fir  les  biens  de  tous  les  Eccle- 
fiaftiques    fortis   du    Royaume 
contre  les  dëfenfes.  Il   vouloic 
auffi  qu'on  lui  en  envoyât  les 
noms  avec  un  Mémoire  de  leurs 
biens ,  aufquels  il  fit  donner  des 
Gardiens  pour   être  confervez 
pendant  leur  abfence. 
Il  récufe  le      Quelques  jours  après  voyant 
*^^*        que  le  Pape  vouloit  toujours  fe 
comporter  en  Arbitre  6c  en  Juge 
des  dififerends  de  la  France  avec 
l'Angleterre  ,  quoique  l'arbitra- 
ge  auquel  il  avoir  été  admis  qua- 
tre ans  auparavant  5  non  comme 
Pape,  mais  comme  perfonne  pri* 
vée  par  le  compromis  des  deux 
Rois  ,  fût  fini  par  la  Sentence 
qu'il  avoit  prononcée  ,  il  donna 
desLettres  deRécufation  contre 
luià  Yincennes  dans  i'Odave  de 


avec  Philippe  le  Bel,  105 
IaTouilains.il  àicX'èiX^^Qu^  comme 
le  Comproïnis  portoit  que  Boniface 
ou  flà.bt Benoift  Gaétan  ne  pour» 
roit  procéder  dans  toute  cette  af- 
faire fans  le  confentement  exprès 
de  Sa  Majefié  ,  //  fe  croyoit  obligé 
de  proteffer  publiquement  contre  ce 
que  le  faintPcre  voudroit  faire  en 
vertu  du  compromis  ^parcequil  en 
ètoit  déchargé  du  confentement  des 
parties  intereffces  y  c'cft^a-dire  d% 
Roi  a  Angleterre  {^^  du  ficiiy  ^-^  que 
fan  pouvoir  ètoit  ^at/zW. D'ailleurs 
Boniface  lui  étant  devenu  fore 
fufped à loccafion  de  nouveaux 
différends  furvenus  entre  laCour 
de  Romeôc  celle  de  France  de- 
puis le  compromis  ,  il  le  recufa 
dans  toutes  les  formes  pour  tout 
ce  qu'il  voudroit  entreprendre 
en  vertu  de  fon  ancienne  qualité 
d'arbitre.  Il  nomma  trois  Sei- 
gneurs de  fa  Cour ,  fçavoir  Gau- 
cher de  Châti; Ion  ,  Jean  de  Har- 
court ,  6c  Jean  Moucher  pour  en 
fignificr  l'Acle  à  Sa  Sainteté ,  2c 

16 


I  îoa. 


l04      Démêle  x^de  Bonifacff 

""  à  tous  ceux  qui  y  auroienc  inte^ 

J3C2.        ^  1      ; 

rer. 
XXI.       Le  premier  jour  de  Novembre 
Synode  de  j   p^      affemblace  qui  fe 

Rome ,  ou  -       1    Vi     M  V    1^       ^      o 

retrouvent trouvoïc  de  Prciacs  a  R.ome,oC 
piufieurs  i-jj^j.  Cqj^  Synode  où  il  avoir  con- 
îrançois  voqué  le  Clergé  deFrance.Non- 
contre  ror-  obftant  k  Lettre  d'excufe  qui  lui 
avoit  ete  écrite  le  jour  de  1  Al- 
femblée  des  Trois-Etats  dans 
Nôtre-Dame  de  Paris,  au  nont 
de  tous  les  Archevêques ,  Evê- 
ques,Abbez,Superieurs,Doyens, 
Prévôts  de  Chapitres ,  Univerfi- 
tez  6c  Communautez  féculieres 
6c  régulières  dû  Royaume,  pour 
être  difpenfez  du  voyage,  &  ob- 
tenir la  révocation  de  leur  cita- 
tion, il  les  avoit  tellement  inti- 
midez par  fes  menaces  ,  qu'il  fe 
trouva  plus  delà  moitié  des  Pré» 
lats  qui  aimèrent  mieux  contre- 
venir à  P£dit  du  Roi  que  de  deC 
obéir  au  Pape.  Les  Archevê^ 
ques  de  Tours,  de  Bourdeaux,de 
Bourges  6c  d*Auch ,  furent  de  ce 


Igor. 


avec  Philippe  le  ÊeL  i  o  J 
nombre  avec  trente-cinq  Eve- 
ques, parmi  lefquels  étoienc  celui 
d'Auxerre  ,  envoyé  de  la  parc  du 
Roi,  6c  les  Evoques  de  Noyon , 
de  Coûtance  6c  de  Beziers  Dépu- 
te^ du  Clergé  depuis  le  lo. d'Avril 
jour  de  TAiremblce  des  Etats. 

Le  Pape  ayant  fait  entrer  les  lc  Papc  s'y 
pruicipaux  du  peuple  Romamtrc  leRois: 
avecfon  Clergé,  voulut  en  lear^rw.^^''''^' 
préfence  oc  devant  les  Prélats , 
Abbez  6c  autres  Ecclefiaftiques 
François,  fe  purger  par  ferment 
des  accufations  dont  Pierre  Flot- 
te 6c  les  autres  Miniftres  du  Roi 
Pavoient  charge  dans  PAirem- 
b!ée  des  Etats.  Il  renouvella en- 
fuite  6c  confirma  les  cenfures 
qu'il  avoit  fulminées  jufques-là 
contre  Sa  Majefté  6c  fesOfîîciers, 
6cilfe  prépara  à  en  fulminer  de 
nouvelles  après  la  Conftitution 
qui  devoit  faire  le  réfultat  de 
fon  Svnode,6c  renfermer  le  prin- 
cipal de  fes  prétentions  fur  les 
Puiilances  fçculieres. 


to6      T)emclez^de  Bonifac^ 
^  Cette   fameufe  Conftitutiort 

^  „     *     que  Ton  a  inférée  parmi  les  De- 

Bulle  de  la    i  ,  ,,  ^ 

puiflancc  du  cretales  que  1  on  nomme  Extra^ 
tcmpoiïï,  ^^  valantes ^  dc  que  Ton  connoît  par 
f.;,^::X-tout  fous  le  titre  de  la  Bulle 
diema.        Unam  Sanciam  ,  fut  publiée  le 

Preuves,         ^^     j  ^  '     .         A  ,       , 

pag.  5-4.  18.  du  même  mois  ,  jour  de  la 
^ui^sus ,  iv  j^  jj^^^g  jg  1^  Bafilique  de  faine 

Pierre  &  de  faint  Paul.  Elle  por* 
toit  ^Qt^il y  a  deux  glaives  dans. 
l'Eglife  y  le  glaive  fpirituel  ^  Iff 
glaive  temporel  oti  matériel.  Que 
l'un  d^  t autre  font  en  la  main  011 
en  la  puijfance  de  l' Eglife,  Que  le. 
premier  doit  être  manié  par  l'Egli- 
femème  ^  (^  le  fécond  parles  Prin- 
ces ou  Puiffances  feculieres  four  le 
fervice  de  f  Eglife ,  fuivant  les  or- 
dres d^  la  volonté  du  Pape  é^  des 
Minifires  Ecclcjïafiiques,  Que  le 
temporel  eft  fujet  (^  dépendant  dî^ 
fpirituel.  Que  c'efi  lapuiffance  fpi^ 
rituelle  qui  forme  la  temporelle  ^ 
qui  la  juge  :  mais  que  perfonne  na 
juge  la  fpirituellc  que  Dieu  feuL 
Que  Lon  ne  veut  avoir  d'autre  crean- 


avec  Philippe  le  Bel.      207 
ce  fur  ce  point  fans  tomber  dans  l^hc-  ^ 

rcfie  des  Manichéens ,  qui  admet' 
toient  deux  principes,  Qiijl  eft  de  • 
necejjîtè  de  falut  de  croire  que  toute 
créature  humaine  eft  foiiinife  aui 
Pape, 

Cette  Bulle  fit  voir  la  mauvai-  Marca,^.4.r. 
fe  foi  avec  laquelle  le  Pape  ac-  cumwl^l 
cufoit  Pierre  Flotte  d'avoir  fal- 
lîfié  celle  qui  avoit  été  adreiïée 
au  Roi ,  pour  lui  faire  entendre 
que  Sa  Majefté  devoit  le  recon- 
noître  comme  fon  Supérieur 
dansfon  temporel.  Elle  met  au 
jour  toute  la  rapercherie  dont  il 
avoit  ufé  dans  la  tenue  de  fon 
Confii1oire,6c  dans  la  Réponfe 
des  Cardinaux  à  la  Nobleife  2c 
au  Tiers  Etatdu  Royaume,pour 
déguifer  fes  prétentions  fous  des 
équivoques.  Par  cette  dernière 
Conftiturion  ,  il  parut  vouloir 
ôter  toutes  fortes  de  bornes  à  la 
PuilIcUice  Ecclefiaftique  ,  6c  lui 
donner  une  étendue  plus  grande 
qu'il  n'avoit  encore  fait,  affec- 


i  o8  Dèmele^de  Boni  face 
..^  tantdeneplusdiftinguer  lepou- 
ijoi.  voir  qu'il  s*actribuoic  fur  tous  les 
Etats  fouverains  6c  indépendans 
k  raifort  du  péché ,  d'avec  celui 
qu'il  a  voit  iiir  ceux  qui  relevoient 
en  Fief  du  faint  Siège  ,  &  qui  lui 
devoier^t  l'hommage.  Il  abufoic 
àfon  ordinaire  de  l'Ecriture  fain- 
te,  dont  il  avoit  une  grande  con- 
noiffance,  auffi-bien  que  de  l'un 
&  l'autre  Droit  ;  6c  despafTages 
qu'il  employoit,  il  tiroit  des  con- 
féquences  qui  ne  tendoient  qu'à 
donner  au  SouverainPontife  une 
Monarchie  abfolue. 

Il  ne  demeura  pas  longtems 
dans  les  termes  de  fimples  pré- 
tentions ^  &  pour  mettre  en  pra- 
tique les  maximes  de  fa  Bulle ,  il 
en  donna  une  autre  l'année  fui- 
vante  fous  le  nom  d'Edit  perpe- 
r)uT^.Aout.  tuel  ,  pour  déclarer  tous  Rois , 

îvf?»  non  «c-  ■*■  ' 

-v-m.  Empereurs  ,  ou  autres  Princes  Sou^ 

pag!^i  é"'    V crains  tels  qu  ils  pufent  être  ^  fou^ 

mis  aux  citations  de  l^ audience  o% 

du  Palais  Apojloli^^ue  comme  le 


avec  Philippe  le  BcL      209 
yefie  des  hommes  ^  é^  obligez^  d'y    ^ ^ 
^^w/'^w/'r^.  Mais  ces  deux  Bulles 
furent  déclarées  de  nul  effet  à 
regard  de  la  France  par  le  Pape 
Clément  V.  comme  nous  le  ver- 
rons dans  la  iuice.  La  première 
fut  réfutée  de  point  en  poinc 
dans  unTraité  latin  compolé  par 
un  favant  Docleur  de  Paris,  fous 
le  titre  de  Qucftion  tcucbant  la  Rex  p^u^cut 
puijfance  du  Fape -^  cet  Ecrit  fut  vigor!r,rs- 
enfuite  adopté  par  l'Univerfîté.  ^^'^TeV 
Le  jour  de  la  publication  de  Le  Roi  en 
cette  fameufe  Bulle  ,  Boniface  "é^ciTT.";. 
en  fulmma  une  autre  que  les  Par-  ^^^^ 
tifans  de  la  Cour  de  Rome  ont    ^j'^^^'^'f 
coutume  de  produire  comme  un 
monument  de  la  modération  de 
ce  Pape  à  l'égard  de  Philippe  le 
Bel.  A  leur  compte  c'étoic  pour 
ce  Prince  un  furcroît  d'obliga- 
tion envers  Boniface,  de  ce  que 
fon  nom  étoic  épargné  dans  cet- 
te Bulle  où  il  étoit  excommunié 
êc  anathematifé,  fous  le  terme 
général  à^Quiconque  ofoit  détour» 


i  I  o      T>êmclcx^  de  Boni  face 
""'j  ner  ou  empêcher  ceux  qui  vouloierif^ 

faire  le  voyage  de  Rome  ^  ou  qui  en 
tevenoient  ^  qui  les  maltraitoitjuf- 
qu'à  faire  faijir  leurs  biens  ou  leurs 
fer  formes^  fut -il  revêtu  de  la  digni* 
tè  de  Roi  ou  d'Empereur, 
■EàiulL\     Pl^ilippe  le  Bel  averti  de  ce  qui 
coïKreccuxie  pafloic  à  Rome  au  préjudice 
de  fes  Sa-  jg  Çç^^^  aucoricé  &  de  ks  droirs,6c 
loicntàRo-  touche  en  même  tems  du  mépris 
me  fans  fa  qu'une  partie  des  Evêques   de 
Ion  Royaume  avoit  fait  de  les 
défenfes  6c  defes  ordres  pour  fe 
rendre  aux  volontez  du  Pape  ^ 
envoya  le  premier  jour  de  Dé- 
cembre des  Lettres  de  Cachet 
au  refts  des  Prélats ,  &  aux  Ba- 
rons, c'efi:-à  dire  aux  principaux 
de  la  Noblefle  ,  pour  les  aflem- 
bler  à  Paris,  &  prendre  leurs  dé- 
libérations fur  cesentreprifes.Le 
fruit  de  cette  Afllmblée  fut  une 
nouvelle  Ordonnance  du  Roi  ^ 
portant  défenfe  à  tous  ks  Sujets , 
fans  en  excepter  les  Prélats ,  les 
Pairs ,  les  Barons  ^  ou  Grands  du 


I  ^oa.. 


avec  Philippe  le  Bel,  i  ï  t 
Royaume  de  fortir  des  terres  de 
fon  obéilTance  fans  perm  ffion 
cxprefTe  de  Sa  Majeftc  ,  ou  d'en 
faire  fortir  chevaux  ,  bagages,  ôc 
autres  chofes  néceflaires  à  l'E- 
tat.   

Les  flcheufes  imprefllons  que    *^°'* 
la  Bulle  Unam  Sanclam  répan-  Nog"rct  au 
due  en  France  par  les  Emiflaires  (^""papc?"^ 
de  la  Cour  de  Rome ,  faifoit  fur 
les  efprits  timides  Scfcrupuleux, 
ne  lai(roient  pas  d'embarafler  les 
Miniilres  du  Roi ,  malgré  toutes 
les  précautions  qu'on  prenoit  à 
la  Cour  pour  rendre  inutiles  les 
efforts  du  Pape  Boniface.C'eft  ce 
qui  porta  Guillaume  de  Noga- vieor,p.t<.  ^ 
ret  qui   avoir  été  chargé    des     Preuves, 
Sceaux  après  la  mort  de  Pierre 
Flotte ,  à  former  fa  plainte  en 
préfence  du  Chancelier  de  Mor- 
nay  Evêqued'Auxcrre,qui  étoic 
revenu  de  fon  ambaflade  de  Ro- 
me. Il  préfenta  fa  Requefte  au 
Roi  contre  le  Pape  devant  plu- 
fieurs  Prélats ,  le  Comte  de  Va- 


iîOî 


1 1 1  "Demelei^  de  Boni  fa  ce 
lois,  frère  de  Sa  Majeftéje  Com- 
te d'Evieux  fon  frère  du  fécond 
lit, le  Duc  de  Bourgogne,le  Con-» 
nêrable  de  France  ,  ôc  plufieurs 
autres  Seigneurs  de  la  Cour  qui 
fe  rendirent  au  Louvre  pour  Ten- 
tendre  le  1 1^  jour  de  Mars  de 
l'an  1303.  félon  le  calcul  de  Ro- 
me 3  mais  que  l'on  comptoit  en- 
core en  France  de  l'an  1 302. ]uf- 
qu'à  Pâques  prochain. 

Il  commen(^a  par  des  invedû 
vcs  contre  la  perfonne  du  Pape, 
qu'il  chargea  de  crimes  atroces, 
èc  qu'il  prétendoit  ne  pouvoir 
être  nommé  Boniface  que  par 
antiphrafe.  11  repréfenra  d'a- 
bord ,  foiitint  &  offrit  de  prou- 
ver ,  Que  Boniface  riètoit  point 
Pape  •  qu^il  avait  employé  la  four- 
he  S"  l'iynpofture  pour  s'emparer  dtc 
faint  Sie^e  après  avoir  fëduit  Ce^ 
lefiin.  Qu_cncore  que  les  Cardinaux: 
euffent  confenti  de  nouveau  a  fon 
élection  après  la  mort  de  fon  Pré- 
decejfçur  ^  fon  intrufion  riavoit^h 


avec  Philippe  le  Bel.  %  i  5 
itrc  reHifièe  ,  étant  vicicufe  dans 
fes  motifs  î^  dans  fcs  moyens. 
Que  n'étant  pas  entré  dans  la 
Berqeric  par  la  porte  ,  tl  iièîoit 
ni  vrai  Pafteur  ,  ni  Mercenaire 
même  y  mais  aux  termes  de  l'E^ 
vanyle  ,  un  voleur  ^  un  briyind^ 
qui  ctoit  venu  fondre  fur  le  Trou^ 
peau  de  ^LsxJiS^CiiKisT pour  le  per^ 
dreCy"  pour  le  ynajfacrer. 

Après  l'avoir  accufë  d'herefie 
&  de  limonie  ,  il  attaqua  Tes 
mœurs  ,  6c  le  dépeignit  comme 
le  plus  fcelerat  (^  le  plus  aban- 
donné des  honrmes  y  comme  le  cor^ 
rupteur  de  la  Reli<zion  ^  l'ennemi  de 
Dieu  S"  ^^  l^'Eglife.  Il  remontra 
au  Roi  ,  qu'étant  le  Chrift  du 
Seigneur  6c  le  Protecteur  del'E- 
glife,  il  devoir  s'interefTer  plus 
que  les  autres  dans  la  juftice  qu'il 
faloit  faire  de  BoniFace.  Il  le 
fupplia  de  TafTiiler  dans  la  pour- 
fuite  qu'il  prétendoit  faire  con- 
tre lui.  Il  demanda  enfuite  à  Sa 
Majefté  qu'il  lui  plût  airembler 


1 30^1 


Ï303. 


'%  r  4  T>emèle^de  Boni  face 
fon  Parlement  ou  les  Etats  de 
fon  Royaume  ,  pour  y  procéder 
à  la  convocation  d  un  Concile 
général  ,  dans  lequel  Bonifate 
pût  être  jugé  &.  dépofé.  Il  ofFric 
de  vérifier  devant  le  Concile 
tous  les  crimes  dont  il  Taccu^ 
foit  j  6c  il  repréfenta  que  par  pro- 
vifion  il  feroit  néceffaire  que  le 
Roi  &  le  Collège  des  Cardinaux 
pourvurent  l'Eglife  Romaine 
d'un  Vicaire  pour  faire  les  fonc- 
tions pontificales  ,  jufqu'à  ce 
qu'on  eût  faitTéleclion  d'un  nou- 
veau Pape  ,  parce  qu'on  feroic 
obligé  d'arrêter  la  perfonne  de 
Boniface  ,  pour  empêcher  qu'il 
îie  traversât  tous  les  bons  def- 
feins  qu'on  auroit  de  remédier 
aux  maux  qu'il  caufpit  à  l'Eglife. 
Il  voulut  même  perfuader  auRoi 
qu'il  étoit  obligé  de  faire  la  pour- 
fuite  de  toute  cette  affaire,  pré- 
tendant qu'il  y  alloit  de  la  foi  5 
que  l'exemple  des  Rois  fes  Pré- 
deceileurs  exigeoit  cela  de  lui , 


avec  Philippe  le  Bel,     1 1  j 
aufTubien  que  le  ferment  qu'il  — — 
avoit  fait  de  défendre  les  Egli-    ^^"^^^ 
{q,s  de  fon  Royaume^dont  il  ëtoic 
Patron. 

Pendant  qu'on  prenoitauLou-    xxiii. 
vre  des  délibérations  contre  laLe^iaioa 
Cour  de  Rome ,  Boniface  fur  la  i^aiie^Moi- 
nouvelle  du  dernier  Edit  qu'a- rc en  Frin^ 
voit  fait  le  Roi  pour  défendre  le  "* 
tranfport  de  l'argent    hors   du 
Royaume,  ^c  pour  empêcher  les 
Evêques  d'aller  a  Rome  ,  voulue 
envoyer  à  ce  Prince  un  Legac 
pour  traiter  avec  lui  en  apparen- 
ce de  tous  les  points  qui  taifoienc 
le  fujct  de  leurs  contedations  5 
mais  en  effet  pour  aflembler  les  Guiii.Nan- 
Prélats  qui  étoient  demeurez  en  ^j-pf,!"!- 
France ,  &  les  porter  a  le  ranger 
du  parti  de  Sa  Sainteté.  Afin  d'y 
mieux  réuffir ,  il  chargea  de  cet- 
te légation  le  Cardinal  Jean  k 
Moine ,  natif  de  Picardie ,  hom- 
me d'efprit  &.  de  conduite  ,  qu'il 
favoit  être  fort  bien  à  la  Cour 
de  Frani:e  j  Scconfideré  du  Roi 


ït  1 6      T^cmelex^  de  Boni  face 
d'une  manière  particulière. 


^^'^^*         Ce  Légat  étant  venu  à  Paris 
Avectrejze,  ^vec  douze  Articles  qu'il  dévoie 
^"ili  eiffc^K  p^'^^po^er  au  Roi  de  la  part  de 
deux  de  ce  Sa  Sainteté ,  commcnça  îacom^ 
lesiaiv/fpi!  million  par  fonder  les  Prélats.  Ec 
afin  que  fa  négociation  fiit  plus 
fecrette ,  il  amufale  Roi  de  l'oc- 
cupation que  lui  donnoit  le  Col- 
lège de  fon  nom ,  qu'il  faifoit  bâ- 
tir acluellement  dans  l'Univer- 
fîré  de  Paris,  derrière  les  Bernar- 
dins 5  fe  contentant  de  n'entre- 
tenir alors  Sa  Majefté  que  de  l'u- 
tilité  de  cetétabli(îement,&de 
lui  demander  des  privilèges  &: 
des  gratifications  pourlemain- 
tenir.  Après  avoir  reconnu  fuf- 
fifamment  ladifpofitiondesPré- 
Jats  ^il  manda  au  Pape  fon  Maî- 
tre ce  qu'il  avoit  pu  tirer  d'eux  , 
^luienvoyale  Mémoire  de  ceux 
qui  ne  pouvoient  pas  faire  le 
voyage  de  R  ome^  &  de  ceux  qui 
ne  le  vouloient  pas. 
prop'ofw^au     En  attendant  la  Rëponfe  du 

faint 


avec  Philippe  le  Bel.       117 
faintPere  ,  il  traita  avec  Sa  Ma-  "^ 
iefté  6:  fon  Confcil  des  points  ^  . 

J  ,  A  Roi  par    le 

contenus  dans  les  douze  articles  rapc 
qu'il  lui  avoit  prëfentez  de  la 
part  du  Pape.  Le  premier  regar- 
dait la  défenfe  faite  aux  Eccle- 
fiaftiques  d'aller  à  Rome  fur  l'af- 
fignation  qui  leur  avoit  été  don- 
née  par  le  Nonce  de  Sa  Sainte-  vi^ôr,  Ri- 
té.  Sur  ce  point  ^  on  dcmandoit  vius  \  rI/- 
au  Roi  la  révocation  des  Edits  spolldanu.. 
portez  contre  ceux  qui  alloient  ^^'^V^^  ' 
à  Rome,  ou  qui  en  revenoienc 
fans  avoir  obtenu  du  Roi  ou  de 
fes  Officiers  la  permillion  de  for* 
tir  du  Royaume.  Le  fécond  ar- 
ticle portoit  un  pouvoir  legiti- 
me,fuperieur  êc  abfolu ,  de  pour- 
voir aux  Bénéfices   vacans   en 
cours  ou  non  ;  6c  défendoit  à 
tout  Laïc  de  les  conférer  fans  1  a 
permiffion  ou  le  confentemenc 
du  faint  Siège  Apoftolique.  Le 
troifiéme  portoit  ,  que  le  Pape 
pourroit ,  comme  il  le  jugeroit.i 
propos  5  envoyer  des  Légats.  &: 

K 


50? 


2 1  §  JDé?77clez^de  Boniface 
des  Nonces  auprès  de  toutes  for- 
tes de  Souverains  fans  leur  en  de- 
mander la  permiffion  ,  6c  fans 
prendre  licence  de  qui  que  ce 
fût.  Le  quatrième  ,  que  le  Pa{5e 
avoir  la  difpenfation  de  tous  \q% 
biens  de  TEglife  :  qu'il  en  pou- 
voit  difpofer  feul  à  ia  volonté  5 
que  nul  autre  ne  devoir  s'en  mê- 
kjT ,  ni  les  exiger  de  fon  autorité 
privée.  Le  cinquième ,  qu'il  n'y 
avoir  point  de  Roi  ou  d'autre 
Prince,  qui  fut  en  droit  de  faire 
faifir  les  biens  des  Ecclefiafti- 
ques,ni  de  les  citer  devant  fon 
Tribunal  pour  des  adions  per- 
fonnelles  ,  ou  pour  des  immeu- 
bles qu'on  ne  tiendroit  point  en 
Fief  de  lui.  Le  fixiéme  ,  que  le 
Roi  ayant  (oufFert  qu'on  brûlât 
une  Bulle  du  Pape  en  fa  préfen- 
ce,il  devoit  inceffamment  fe  pur- 
ger de  ce  fait  ^  que  pour  cela  il 
devoir  envoyer  à  Rome  quel- 
qu'un pour  entendre  ce  que  Sa 
Sainteté  enordonneroit,  8c  qu'il 


^vec  Philippe  le  BcL  1 1 9 
faloic  s'y  foûmettre.  De  plus  , 
que  le  Pape  avoir  defiein  de  ré- 
voquer tous  les  privilèges^ les 
grâces  que  lui  2cfes  Prcdecefîeurs 
avoient  accordez  au  Roi  6c  à  fou 
Royaume.  Le  feptiéme  ,  que  le 
Roi  ne  dévoie  pas  abufer  de  ce 
que  par  abus  il  appelloic  Régale  , 
ni  ruiner  les  Eglifes  qui  ëroient 
en  fa  garde  durant  la  vacance  du 
Siège  j  qu'il  en  devoit  conferver 
hs  fruits  6c  les  faire  réferver  à 
ceux  qui  feroient  nommez  pour 
fucceder  aux  Béneficiers  dé- 
funts.  Le  huitième ,  qu'il  dévoie 
reftituer  le  glaive  fpirituel  aux 
Ecclefiaftiques  ,  nonobftant  les 
privilèges  qu'on  pourroit  avoir 
obtenus  pour  en  lai(îer  quelque- 
fois l'ufage  à  des  féculiers.  Le 
neuvième ,  que  le  Roi  étoit  obli- 
gé  de  réparer  le  tort  qu'il  avoit 
fait  à  ics  Sujets  par  les  change- 
mens  qu'il  avoit  apportez  par 
deux  fois  à  la  monnoye^  change- 
mens  qui  avoient  ruiné  la  Fran- 

Kz 


1^0 


110  Demelcxjie  Bonifacf 
ijoj,  ce.  Le  dixième^,  qu'il  dévoie  auflî 
réparer  toutes  les  injuftices ,  vio  • 
lences  ôc  malverfations  commi- 
ks  par  lui  ou  fes  Officiers,  ôc  re- 
médier aux  autres  griefs  expri- 
mez dans  le  Bref  de  Sa  Sainte- 
té ,  dont  le  Nonce  Jacques  des 
Normands  Archidiacre  de  Nar- 
bonne  avoit  été  le  porteur.  Le 
onzième  ,  que  la  Ville  de  Lyon 
avec  toute  l'étendue  de  fon  ter- 
ritoire n'étoit  pas  du  Royaume 
de  France  ^  &  qu'ainfi  elle  n'ap- 
parcenoit  pas  au  R  oi:  mais  qu'el- 
le écoit  indépendante  &  maîtref- 
ie  de  fa  propre  Jurifdidion.  Le 
douziéme,que  le  Roi  devoit  don- 
ner de  telles  fatisfadions  fur  tous 
c^s  griefs ,  que  le  Pape  &  le  fàint 
Siège  en  fuflent  parfaitement 
contens  5  qu'autrement  le  Pape 
fauroit  y  pourvoir  ,  &  procède- 
roit  fpirituellement  Sctemporel- 
-  lement  contre  Sa  Majefté. 
jît^poofe  du  Le  Roi  répondit  à  tous  ces 
points  avec  beaucoup  de  modé- 


Rcj  a  ces  ar- 


i 


avec  Philippe  le  Bel.      2 1  f 
îation.  Sur  Je  premier  article  il  dit 
que  ce  n'ëtoit  point  par  mépris 
pour  TEglife  ,  qu'il  avoir  fait  dé- 
fenfe  d'aller  ou  d'envoyer  à  Ro- 
me fans  fa  permiffion  j  que  fes 
ordres  n'avoient  pas  été  donnez 
proprement  au  fujet  des  Eccle- 
îîaftiques ,-  mais  à  caufe  de  Ja  ré- 
volte des  Flamands,  6c  pour  re- 
medicr  à  quelques  conjurations 
qui  fe  formoient  dans  fonRoiau- 
me.  Sur  le  fécond  qui  regardoit 
la  collation  des  Bénéfices ,  qu'il 
en  avoient  ufé  6c  qu'il  en  uferoit 
toujours,  comme  avoient  fait  S. 
Louis  fon  grand-pere  6c  k%  au- 
tres PrédecelTeurs.Sur  le  troifié-- 
me ,  qu'il  ne  trouvoit  point  à  re- 
dire que  le  Pape  envoyât  tel  Lé- 
gat, ou  tel  Nonce  qu'il  lui  plai- 
roit  5  6c  que  jamais  il  ne  refufe- 
roir  de  les  recevoir,à  moins  qu'ils 
ne  lui  fuffènt  fufpecls  d'ailleurs. 
Sur  le  quarre  6c  le  cinquième  , 
concernanr  la    difpofirion   des 
biens  6c  revenus  ecclefiaftiques, 

K3 


I^C], 


lîOJ. 


2  2  2'  Dèmelex^  de  Boniface 
il  ne  prétendoit  rien  faire  contre 
la  coutume  établie  6c  rc<^ûe  en 
France  du  confentement  des  Pa- 
pes qui  avoient  précédé  Boni- 
face.  Sur  le  fixiéme ,  ati  fujet  de 
la  Bulle  brûlée  ,  que  cela  étoit 
arrivé  dans  la  chaleur  du  procès 
que  l'Evêque  êc  le  Chapitre  de 
Laon  avoient  eu  contre  les  Eche- 
vins  de  la  même  Ville  ^  que  la 
Bulle  produite  par  l'Evêque  ^ 
contredite  par  les  Echevins  ,  a- 
voit  été  abandonnée  d*un  com- 
mun confentement  ^  ôc  brûlée 
comme  une  pièce  inutile,  fans 
aucun  deflein  de  faire  injure  au 
Pape  ni  à  TEglife.  Ce  n'étoit  pas 
fur  ce  fait  que  le  Roi  avoit  à  ré- 
pondre ,  mais  fur  deux  autres ,  au 
fujet  de  deux  Bulles  adrelKes  à 
lui  par  Boniface  ,  &  contenant 
les  prétentions  de  Sa  Sainteté  , 
dont  l'une  avoit  été  brufque- 
ment  jettée  au  feu  par  le  Com- 
te d'Artois  y  l'autre  avoit  été  fo- 
lemnellement  brûlée  devant  Sa 


avec  Philippe  le  Bel.  ii'i, 
Majefté  &  les  Seigneurs  de  fa 
Cour  le  8.  de  Février  13  02. Mais 
il  paroîcquele  Roin'ofant  jufti- 
fier  ou  excufer  ces  deux  faits  , 
comme  il  Tauroit  pu  néanmoins, 
s'il  n'avoit  eu  intention  defc  bien 
remettre  avec  le  Pape ,  avoit  été 
bien  aife  de  détourner  ce  qi^il  y 
avoit  eu  d'odieux, fur  ce  qui  étoic 
arrivé  à  la  Bulle  concernant  la 
Ville  de  Laon. 

Sur  le  feptiéme  articIe,où  il  s'a- 
giflbit  de  la  Regale,  il  fît  prefque 
la  même  réponfe  que  fur  les 
deux  ,  quatre  &:  cinquième,  où  il 
ëtoit  queftion  de  la  collation  des 
Bénéfices  6c  de  la  difpofition  des 
biens  d'Eglife ,  témoignant  qu'il 
ne  prétendoit  point  palier  les 
bornes  de  l'ufage  légitime  que 
lui  permettoient  les  droits  de  fa 
Couronne ,  félon  l'exemple  que 
faint  Louis  6c  {^s  autres  Préde- 
ceffeurs  les  plus  modérez  lui  en 
âvoicnt  donné.  Que  s*il  s'y  com- 
mettoit  des  abuspar  fesOfficiers, 

K4 


15Q3 


J303, 


214  jDèmèîexjle  Sôfiiface 
il  donneroit  tous  {qs  foins  pour 
les  prévenir  à  l'avenir,  comme  il 
avoir  déjà  fait  pour  réparer  le 
pafle.  Sur  le  huitième ,  il  répon. 
dit  que  c'étoit  un  droit  acquis  au 
Prince  féculier  ,  6:  au  Magiftrat 
politique ,  de  procurer  ou  d'em- 
pêcher  l'exécution  des  Bulles  ôc 
des  autres  Mandemens  eccleiîa. 
ftiques  ,  félon  qu'ils  fe  trouvent 
juftes  ou  injuftes ,  utiles  ou  nui- 
fibles  à  l'Etat.  D'ailleurs  qu'il  fe 
contenteroit  toujours  du  glaive 
matériel ,  fans  prétendre  jamais 
toucher  au  glaive  fpirituel ,  donc 
jllaiflbit  l'ufage  tout  entier  aux 
Miniftres  deTEglifè.  Sur  le  neu- 
vième, qu'il  avoit  pu  de  fon  au- 
torité faire  de  la  monoye  de  fon 
Royaume  ce  que  bon  lui  fem- 
bloit,  à  l'imitation  defesPrédc- 
ceOTeurs,  fur  tout  n'ayant  confi- 
deré  dans  les  changemens  qu'il 
y  avoit  apportez ,  que  les  befoins 
del'Etatj  qu'il  avoit  donné  or- 
<lre  qu'on  fatisfît  pleinement  aux 


avec  Philippe  le  BeL     125 

plaintes  de  ceux  de  (qs  Sujets  qui 

en  auroient  pu  foufFrir.  Sur  le    ^^^^* 
dixième,  que  pour  difpenfer  le 
Pape  de  la  peine  qu'il  vouloit 
prendre  de  réformer  les  défor- 
dres  du  Royaume ,  Sa  Majeftë  y 
avoir  pourvu,  tant  par  des  Edits, 
que  par  desCommiffaires  nom- 
mez pourenconnoître,  &  pour 
punir  fdverement  les  coupables. 
Sur  le  onzième,  que  pour  ce  qui 
regardoit  l'afFaire  de  la  Ville  de 
Lyon,le  Roi  étoit  prêt  d'en  trai- 
ter 6c  d'entrer  dans  un  jufte  ac- 
commodement ,  pour  montrer 
combien  il  étoit  éloigné  de  défi- 
rer  autre  chofe  que  ce  qui  lui 
appartenoit.  Que  tout  le  defor- 
<ire  delà  Ville  n'étoit  venu  que 
de  ce  que  l'Archevêque  avoir 
négligé  de  prêter  le  ferment  de 
fidélité.  Sur  le  douzième,  que  le 
Roi  avoir  un  defir  fincerc    de 
conferver  l'union  qui  avoir  tou- 
jours été  entre  le  faint  Siège  ôc  le 
Royaume  de  France  3  qu'il  priok 


11 6      DêmHe^de  Bonifdce 
"~"""""~  le  Pape  d'y  coopérer  de  fon  cô- 

^^°^'  té  avec  la  même  fincérité,6cde 
ne  le  pas  troubler  dans  la  jouif- 
fance  légitime  de  (qs  droits  ôc  de 
fes privilèges.  Que  file  faint  Pè- 
re n'étoit  pas  content  defes  Ré- 
ponfes,  Sa  Majefté  étoit  prête 
d'en  pafler  par  l'avis  desDucs  de 
Bretagne  6c  de  Bourgogne,  que 
Sa  .Sainteté  reconnoiiFoit  elle- 
même  comme  2:ens  craiiznans 
Dieu  ,  dévouez  au  faint  Siège , 
pleins  de  probité  &  d'lionneur,6c 
bien  intentionnez  pour  la  paix  5c 
Tinterêt  deTEglife  &:  duRoyau- 
me.  Qiie  le  choix  de  ces  deux< 
Princes  lui  feroit  d'autant  plus 
agréable  ^  que  le  Pape  lui  avoic 
déjà  offert  par  fesNoncesde  les 
premlre  de  fon  côté  pour  Arbi> 
très  de  leurt  différends. 

XXIV,       Ces  Réponfes  du  Roi  furent 
V-^^^j  ^*^  envoyées  incontinent  à  Rome 

pJainc  des  i      /^       i  •       i    ▼  1 1 

Rcponfes    par  le  Càrdmal  Légat ,  &  elles 

du  Roi       furent  auffitôt  examinées  dans  le 

Confilloire.  Mais  le  Pape  n'en 


avec  Philippe  le  Bel.  117 
fur  pas  content  ;  c'eftce  qu'il  fit  ^^^ 
connoître  à  Ton  Légat  par  un 
Bref  du  13.  d'Avril,  où  il  \w\  uucras  nus , 
marque  les  fujets  qu'il  croyoit  ^"p^uvcs, 
avoir  de  n'en  être  pas  fatisfait.  P's-9f» 
Il  dit  que  toutes  ces  Réponfes 
étoient  ou  oppofées  à  la  vérité  , 
ou  contre  la  juftice ,  ^  pleines 
d'une  obfcurité  affectée  ^  de  for- 
te  qu'on  ne  pouvoit  y  faire  aucun 
fond,&:  qu'elles  n'étoient  pro- 
pres qu'à  retenir  fonefprit  dans 
l'incertitude  &:  la  fufpenfion  j 
qu'il  attendoit  toute  autre  choie 
de  Sa  Majefté  ,  &  que  cela  ne  ré- 
pondoit  nullement  aux  promef- 
{ç,'^^  del'Evêque  d'Auxerre,Clian- 
celier  &  Ambaffadeur  à  Rome  ^ 
&:  du  Comte  d'Alençon  frère  du 
Roi ,  qui  lui  avoient  fait  efpcrer 
que  le  Roi  acquiefceroit  entière- 
ment à  tout  ce  que  Sa  Sainteté 
defireroit  de  lui.  Qii'afin  de  faire 
voir  qu'il  ne  fuyoit  point  la  lu- 
mière pour  marcher  dans  les  té- 
nèbres j   comme  on  faifoic  en 


-^aimo' 


128      Dèmèlez^de  Boniface 

j  France  ,  il  prendroit  volontiers 

y     *    le  fentimenc  des  Ducs  de  Breta- 

^Vjîxj      gneôc  de  Bourgogne,tousëtran- 

simoD    ^ers  ôc  François  qu'ils  écoienc^ 

ob  5î^3«b    s'ils  vouloient  aller  à  Rome  en 

.^c    perlonne,  pour  entendre  de  la 

"^ ''^-Tl  bouche  les  raifons  de  toute  fa 

cpnduite.  Qu'à  Tégard  de  Parti- 

cle  concernant  l'indépendance 

de  la  ville  de  Lyon,il  n'y  foufFri- 

roit  aucune  modification ,  pré- 

n£îo3b  5!  tendant  que  ce  qu'il  en  avoit  or- 

1  donne  par  autorite  Apoltolique, 

fut  obfervé  à  la  rigueur. 

Il  manda  au  Légat  de  preC 
fer  le  Roi  de  changer  incelîam. 
ment  k^  Réponfes ,  &  d'accor- 
der à  Sa  Sainteté  toute  la  fatis- 
fadion  qu'Elle  lui  deraandoic 
dans  tous-  les  articles  qu'il  lui 
avoit  propofez  -,  qu'autrement 
le  Pape  procederoit  contre  Sa 
Majefté  par  autorité  ipirituel- 
le  &:  temporelle  tout  i  la  fois. 
Il  écrivit  le  même  jour  à  Char- 
les Comte  de  Valois  frère  dii 


avec  Philippe  le  Bel,      229 
Roi ,  qu'il  appelloic  fimplemenc  TT^"* 
Comte  d'Alençon,  &:  à  l'Eve-  D^ns  k^j- 
que   d*Auxerre  ,  pour  le  plaiii-  '^'j^K^L^tué 
dre  du  peu  d'efFet  de  leurs  pro-  ^^\p"^^e 

rr  \  \    r   w  d'AIençon 

méfies  ,  &  les  exciter  a  folliciter  cft  J«cc  au 

(^  .  V         ,       24.  Février 

encore  cette  ariaire  auprès  gui^ot. 
Roi.  Il  y  ajouta  des  menaces  p^g^^y^' "" 
pareilles  à  celles  que  portoic  le 
Bref  au  Cardinal  le  Moine ,  afin 
d'intimider    les   efprits    de    la 
Cour. 

L'impatience  &    le  chagrin  ^^  '<^  ^^^'^i^r^ 
que  lui  cauloit  la  diipolition  ou  nié. 
fe  trouvoit  le  Roi ,  lui  fit  expe-  ^'Z"""^''  ' 
<lier  le  même  jour  une  fecon-p/*^'g'7"'' 
de  Bulle  ou  Bref  à  fon  Légat  , 
auquel    il    ordonnoit  de  figni- 
fier  à  Sa  Majefté  toutes  les  cen- 
fures   de   l'Eglife  qu'elle  avoïc 
encourues.  Il  difoit  dans  cette 
Bulle  ,  Que  fuivant  la  coutume 
de    l'Eglife   Romaine  ,    //  avoit 
j^ufques  /i    publié    diverfes    Sert» 
temss  d*exco7nmunicaiions  gênera^ 
les  y    pour  épargner  le  nom  de% 
particuliers  c^ui  en  étoient  frappe^ 


i?o?. 


250  Dêmi'lez^de  Bonlface 
'  Quil  rCy  avoit  aucun  doute  que 
Philippe  le  Bel  n'eut  encouru  ces 
Sentences  tout  Roi  quil  ètoit  y  ^ 
7nalgrè  les  privilèges  qui  le  dccla^ 
r oient  exempt  de  l'excomiminica'-' 
tion  j  d'interdit  ^  de  toute  autre 
Cenfure  ecclejiajiique.  Que  ces  pri- 
vilèges dévoient  être  cenfc^révo- 
quez^^par  cette  Bulle  fans  autre  dé^ 
cUration.  Qt^il  avoit  encouru  l* ex* 
communication  ,  pour  avoir  empè^ 
ché plufieurs  perfonnes  d'aller  à  Ro- 
me ,  ^  maltraite  ceux  qui  en  reve^ 
noient ,  principalement  les  Prélats 
de  France  _,  ^  les  autres  Ecclefia* 
fiiques  qui  avoient  reçu  un  ordre 
exprès  de  Sa  Sainteté  de  fe  rendre  à 
Rome  3  afin  de  délibérer  avec  eux 
fur  la  réformation  du  Royaume,  II 
manda  auffi  au  Legac ,  Qti^après 
avoir  annoncé  ou  Jïqiîifié  l'excom^ 
munication  perfonnelle  au  Roi  ,  il 
excommuniât  les  Prélats  ^  tous  les 
Bcclefiaftiques  qui  feroient  affez^ 
hardis  pour  adminiftrer  les  Sacre-* 
mens  de  l'Eglife  ^  ou  pour  dire  lut. 


avec  Philippe  le  Bel,      231" 

Mejfe  en  fa  frefence  ,  c^  qu'il  les    i  ^  ^  ^ . 
interdît  de  toutes  les  fonflions  de 
leur  mtiîifiere,    Qt^il  eut  foin  de 
faire  publier  cette  excommunie  a  tiov. 
dans  la  Ville  ,  les  Provinces  du 
Royaume  ^  (^  partout  où  il  ferait 
ne  ce  (faire,  pour  maintenir  l'howneur 
(^  l'autorité  du  faint  Siège,  Qifil 
ordonnât  aulp,  de  la  part  de  Sa  Sain  - 
tête  à  celui  qui  avoit  été  Confef 
feur  du  Roi  ^  &  qui  ëtoic  un  Jaco- 
bin nommé  le  Père  Nicolas,^^//- 
Icr  à  Rome  (^  de  comparoïtre  de- 
vant le  Pape  dans  trois  mois  y  afin 
dy  répondre  fur  ce  doitt'il  étoit  ac^ 
cufé  par  l'Eve  que  de  Pamiers^par 
l' Archidiacre  de  2Iarbonne  ^(^par 
ceux  qui  rejett oient  fur  ce  Père  la 
réfiftance  que  le  Roi  avoit  apportée 
jufqiteS'la  aux  volonté^  de  Boni- 
face, 

Ce  ne  fut  pas  encore  tout  ce   n  cite  le 
que  lePape  fît  expédier  touchant  î^^J^^àRoml! 
fon  démêlé  avec  la  France  le  1 3 . 
d'Avril  ,  dans  la  neuvième  an- 
née de  fon  Pontificat  3  il  voulut 


2}i       JDcmcle^e  Boni  face 
'  auflî  dater  du  même  jour  la  Ré- 

'  '*  ponfe  qu'il  fie  au  Cardinal  le 
Moine  fon  Légat ,  fur  ce*que  ce- 
lui-ci lui  avoit  mandé  de  la  dif- 
pofition  des  Evêques  de  France , 
touchant  le  voyage  de  Rome 
qui  leur  étoic  enjoint.  Le  Pape 
leur  ordonna  par  ce  dernier  Bref 
de  faire  publier  par  toute  la 
venerMes  Francc  k  cltation  qu'il  avoit  fait 
Preuves,  faire  tout  nouvellement  à  tous 
p^g  8  8.  j^^  Prélats  bi  autres  Ecclefiafti- 
ques  de  France  qui  ne  s'étoient 
point  trouvez  à  Rome  le  pre- 
mier de  Novembre  de  l'année 
précédente  ^  pour  ne  point  manv 
quer  d'y  comparoître  en  per- 
fonne  dans  trois  mois.  Il  lui 
commanda  de  donner  une  aflî- 
gnation  particulière  pour  le  mê- 
me terme  aux  Archevêques  de 
Sens  &  de  Narbonne,  aux  Evê- 
ques de  Soiflbns,  de  Beauvais,  de 
Meaux ,  &  à  l'Abbé  de  Saint- 
Denis  ,  avec  menace  d'être  dé- 
pofez  &  privez  de  tous  leurs  Bé- 


',^V€C  Philippe  le  Sel.      235 

joefîces   &:   dignitez  ecclefiafti-    ifoY- 
ques  ,  s*ils  vouloient  s'en  exem- 
pter ,  ou    fe  contenter  de  ne 
coniparoître    que    par    Procu- 
reurs. Mais  il  difpenfa  du  voya- 
ge TArchevêque    de   Rouen  ^ 
ks   Evêques   de    Paris    ,    d'A- 
miens ,   de  Langres  ,    de  Poi- 
tiers ôc  de  Bayeux  pour  leurs 
intîrmitez    5    ceux   d'Arras    6c  ..--,^^^ 
de  Laon  pour  le  zèle  &  la  fide-  ,.'.*!' 7' 
lire  qu'ils  avoient  toujours  fait 
paroître  envers    le  faînt  Siège 
&  la  perfonne  du  Pape  en  par- 

.ticuiier. 

'  Toutes  ces  Bulles  ou  Brefs 
(  car  on  ne  diftinguoit  pas  alors 
les  Bulles  d'avec  les  Brefs  qui 
étoienr  fcellez  de  plomb  com- 
me  les  Bulles  mêmes  ) ,  toutes 

-ces  Bulles  ,  dis-je  ^  datées  du 
même  jour  ,  furent  confiées  à 
Nicolas  de  Benefrafto  ,  Archi-  Kupar,?!^. 

-  diacre  de  Coûtanceen  Norman-  ^  ''' 

.•die,  pour  être  aportées  de  Rome 
au  Cardinal  le  Moine ,  Legac  en 


2-3C3. 


134      JDemclcx^  de  Boni  face 
France ,  donc  cet  homme  étoi 
le  domeftique.  Mais  elles  fîreni 
tant  de  bruit  fur  la  route ,  que 
Ton  ne  pût  empêcher  que  la 
Cour  n'en   fût   inftruite  avant 
qu'elles  fufTent  arrivées.  Le  Roi 
en  fut  averti ,  ^  de  l'avis  de  fon 
Confeil ,  il  donna  ordre  à  fes  Of- 
ficiers d'arrêter  en  chemin  l'Ar- 
chidiacre de  Coûtance ,  qui  fut 
mis  en  prifon  àTroyes  en  Cham- 
pagne,avant  que  d'avoir  pu  ren- 
dre les  Bulles  au  Légat.  On  ar- 
rêta auffi  quelques  Ecelefiafti- 
ques  quifemoient  des  copies  de 
ces  Bulles, que  l'indifcretion  de 
l'Archidiacre  avoit  laifle  pren- 
dre, ôc  qui  s'en  fcrvoient  déjà 
pour  tâcher  de  difpenfer  les  Su- 
jets  de   l'obéiflance   qu'ils    dé- 
voient au  Roi. 

Le  Légat  ayant  appris  la  dé- 
tention de  Benefraclo  ,  folHcita 
fon  élargiffement  à  la  Cour  de 
France  5  mais  il  n'y  trouva  plus 
comme  auparavant  de  facilitez 


avec  Philippe  le  Bel,       135 
pour  perfuader  le  Roi.  Loin  d'à-     ^  ^    " 
voir  la  libercë  de  publier  cesBul- 
Ies,il  ne  put  obtenir  mainlevée 
de  la  faifie  que  Ton  avoic  faite  de 
leurs  originaux  à  Troyes.    Il  eue 
le  chagrin  de  voir  publier   un 
nouvel  Edit  ,  portanc  ,  ^te  les 
ùiens  des  Prélats  ^  autres  Eccle-  pag.  99. 
Jiafiiques  qui  étoient alleT^a,  Rome  ^ 
feraient  confifque^y  dans  le  même 
tems  qu'il  apprit  la  convocation 
d'une  airemblëe  2:cnera!e  duPar. 
lement  ou  des  Trois- Ecars  du 
Royaume  contre  les  enrrepriies 
du  Pape  fon  maître.  C'eft  ce  qui 
l'obligea  de  quitter  faint  Martin 
de  Tours  ,  où  il  s'ëtoit  retiré  ,  6c 
de  s'en  retourner  à  Rome  ,  ne 
pouvant  fe  réfoudre  à  demeurer 
dans  le  Royaume  fous  la  difpo- 
fition  des  Gardes  ou  Infpedeurs 
que  le  Roi  lui  avoir  donnez  pour 
obfcrver  fes  démarches  6c  ks  en- 
tretiens. Ce  qu'il  fit  avec  tant 
d'égards^:  de  ménagemens  pour 
le  Pape  2c  pour  le  Roi  tout  à  la 


KlP.h' 


l'if  6      Démèlex^de  Boniface 
fois ,  qu'il  f<^ûc  plaire  à  Tun  fan5j 
déplaire  à  l'autre  ,  ôc  faire  ap- 
prouver fa  conduite  a  tous  les 
deux. 
XXV.        Le  Pape  ne  crut  pas  devoir  fe 
Le  Pape  contenter  du  fecours  de  i^s  Bul- 
l'^c^cdîon    l^s  ^  de  ks  foudres,  pour  tâcher 
d'Albert     de  réduire  le  Roi  6c  le  Royaume 
Romains,  ^^  France.  Prévoyant  que  ces 
&  lui  fait  inftrumens  feroient  trop  foibles 
divcrfesfa-    ^^^^  ['ufaee  qu'il  en  vouloit  fai- 

veurs  pour  i  o      i  ^ 

l'oppoCci  à  re  ,  il  eut  recours  encore  a  un 
Philippe  ]c  autre  moyen  ,  qui  fut  celui  de 

Ex  T(e-irirï$   ^'"^^^  ^^^^  ^^  ^^^  d^^  Romains 

vafulnC''   Albert   d'Autriche  ,  &:  d'em- 

Raynaidus ,  ployer  oar  fon  miniftere  toutes 

spondanus ,  [es  forccs  d  Ailemagne  contre 

^o«?/a«r^/'' Philippe  le  Bel.  Il  avoir  différé 

jufques-là,  ou  plutôt  refufé  de 

confirmer  l'élection  d'Albert  , 

fous  prétexte    que   fon  avéne- 

ment  à  la  Couronne  étoit  dé- 

feélueux  'y  qu'il  avoit  violé  les 

traitez  de  paix   6c  d'union  ,  & 

qu'il  avoit  été  la  caufe  de   la 

mort  de  fon  prédeceifeur  AdoL 


avec  Philippe  le  Bel,  237 
phe  de  NafTau.  Mais  le  befoin 
qu'il  croyoit  avoir  de  lui  pour 
fe  venger  du  Roi  de  France  , 
lui  fit  donner  toutes  lesdifpen- 
/es  qu'il  JLigeoit  néceflfaires  pour 
le  réhabiliter. 

Après  avoir  exigé  de  lui  tou- 
tes fortes  de  foûmiffions ,  &:  lui 
avoir  fait  promettre  toutes  les 
fatisfadions imaginables ,  il  don- 
na en  fa  faveur  une  Bulle  de 
confirmation  le  dernier  jour 
d'Avril ,  lui  faifant  efpererque 
de  Roi  des  Romains  ,  il  fe- 
roit  bientôt  Empereur  de  l'Oc- 
cident. Il  n'y  oublia  point  la 
France  s  ^  P^^^  commencer 
à  l'indifpofer  contre  elle  ,  il  y 
fit  un  détail  des  fujets  qu'il 
avoit  de  fe  plaindre  de  Phi- 
lippe le  Bel  &  de  fa  Cour.  Il 
écrivit  en  même  temps  des 
Brefs  aux  Electeurs  &  aux  au- 
tres Princes  d'Allemagne  pour 
les  porter  à  reconnoître  Al- 
bert pour  Roi  des  Romains ,  & 


130?- 


158       Démclezjle  Bonifàcê 
'  à  s'unir  avec  lui  conrre  ceux  qui 

feroienc  déclarez  ennemis  du 
faint  Siège. 
Raynaidus,  Albert  récrivlt  au  Pape  des 
*^'  Lettres  de  remerciement  6c  de 
foûniiffion ,  dans  lefquelles  il  fe 
difoit  entièrement  dévoué  à  tou- 
tes fes  volontez ,  ôc  s'ofFroit  à 
tout  ce  que  la  condition  humaû^ 
ne  lui  permettoit  de  faire  ôc  de 
foufFrir  pour  le  fervice  de  Sa 
Sainteté.  Il  reconnut  que  la 
tranflation  de  l'Empire  desGrecs 
aux  Allemands, 6cle  droit  d'éli- 
re le  Roi  des  Romains^pour  être 
enfuite  Empereur  d'Occident , 
étoit  venu  du  faint  Siège.  Il  dé- 
clara, ^ue  tous  les  Rois  (^'  les  Enu 
fereurs  qui  avaient  étè^qui  étaient^ 
dr  qtii  feraient  jamais  /ecevoient  du 
Pape  la  fuijfance  du  glaive  tem- 
foreU  Que  fur  tout  les  Rois  des 
Romains  é"  les  Empereurs  ,d'  Aile ^ 
7nagne  étaient  fpecialement  choifis 
^  admis  par  le  faint  Siège  peur 
être  les  Avouez^ou  les  Patrons  de 


avec  Philippe  le  Bel.  239 
t  Eglife  Romaine^  5-  Us  Dcfcnfeurs 
de  la  JFoi  Catholique, 

Il  rendit  hommage  de  fa  Cou- 
ronne à  Boniface  ,  confirma  tou- 
tes  les  donations  de  biens  &  de 
privilèges  faits  au  faine  Siège  par 
fes  PrédecejTeurs,  ^  prêta  le  ier- 
nient  de  fidélité  à  famt  Pierre  &: 
à  tons  fes  Succefleurs  légitimes. 
Il  promit  d'affifter  Boniface  de 
toutes  fes  forces  ^  de  toute  fon 
induftrie  pour  recouvrer  6c  main- 
tenir ks  droits,fes  prétentions,& 
ce  qu'il  appel loiti^^g^/^j  de  faint 
Pierre ,  pour  conferver  U,  défen- 
dre les  Immunitez  des  Ecclefia- 
ftiques  3  pour  venger  Sa  Sainteté 
de  tous  ceux  qui  lui  cauferoient 
du  chagrin,  de  quelque  condi- 
tion qu'ils  fuilent ,  ôc  pour  répa- 
rer tout  le  tort  qu'il  pouvoit  a- 
voir  fait  au  Pape  6:  au  faint  Siè- 
ge, pendant  tout  le  tems  qu*il 
n'a  voit  pas  été  dans  les  intérêts 
de  Rome.  En  confideration  de 
quoi  Boniface  Pabfout  de  tout  le 


2-40       I)èmele-^de  Bonifac^ 

'"""""^  paffe ,  le  difpenfe  de  tous  les  au- 

très  lermens ,  traitez  ou  engage- 

mens  qu'il  avoit  contractez^afin 

qu'il  n'eût  point  de  fcrupule  de 

rompre  avec  la  France  dont  il 

étoit  l'allié, 

XXVI.        Philippe  le  Bel   ne  fut  pas 

AiTcmbiée  jy^Q^^^  fenfiblc  aux  follicications 

desEtatsda 

Royaume   quc  Bonif-ace  employoït  contre 
contre  ic    j^j  auprcs  du  Roi  des  Romains  , 
qu*aux  autres  efforts  que  faifoit 
ce  Pape  par  {q.%  Cenfures  ,  {f^ 
Emiflaires  &  Tes  Bulles^  pour  dé- 
tacher its  Sujets  de  l'obéiffance 
qu'ils  lui  dévoient ,  êc  divifer  (on 
Royaume.  Ces  entreprifes  le  fi- 
rent refoudre  à  convoquer  les 
Etats  du  Royaume  en  un  Parle- 
ment général  pour  agir  de  con- 
cert dans  cette  grande  affaire 
avec  fon  Clergé ,  fa  Noblefle  & 
io.'^  peuples.  L'AlTemblée  fe  tint 
le  Jeudi  1 3 .  jour  de  Juin  dans  le 
Sriulîa:  Château  du  Louvre  ,  où  GuiL 
vre,feion!a  i^ume  du  Plcflis  ,  Sci^ncur  de 
iuface.        Vezenobrejaliilte  deLouis  Corn- 

te 


avec  Philippe  le  Bel,       2  4 1 
te  de  Saint-Pol ,  de  Jean  Comte  ' 

de  Dreux  qui  le  portèrent  par- 
ties contre  le  Pape  ,  préfenta 
un  Mémoire  contenant  diverfes 
plaintes  que  l'on  faifoic  de  Sa 
Sainteté  en  France, 

Il  reprcfcnta  devant  leRoiSc  AccuGtions 
i*Airemblé<^  l'état  miferable  où  conSc^uc 
il  prétendoit  que  TEsilîTe  Te  trou-  ?"il!'"'^^ 
voit  alors  par  la  taute  du  Pape,    Preuve* , 
qui  tenoit  aéluellement  le  Siège  Lr^' 
de  fciint  Pierre.  Il  déclara  Boni, 
face  atteint  d'herefie  &:  coupa- 
ble de  beaucoup  de  crimes  énor- 
mes ;  6c  il  promit  par  un  ferment 
qu'il  fit  furie  Livre  àts  faints  E- 
vangiles,  de  prouver  6c  de  véri- 
fier toutes  les  accufitions  donc  il 
le  chargeoit.  Ce  que  firent  aulli 
les  Comtes  d'Evrcux ,  de  Saint- 
Pol  ôc  de  Dreux.  Du  Pleffis  re- 
montra enfuite  en  leur  nom  com- 
bien il  leur  importoit  qu'il  y  eût 
un  Pape  légitime  qui  gouvernât 
rEe;life  félon  les  Canons.  Il  s'of- 
frit  pour  pourfuivre  Boniface  aii 

A* 


05- 


lAi  Dcmclex^de  Boniface 
Concile  gênerai ,  &  partout  ail- 
leurs où  l'Aflemblëe  le  jugeroità 
propos.  Il  conjura  le  Roi ,  com- 
Tngiifdti.  nie  Champion  de  la  Foi  &  dëfen- 
feur  de  l'Eglife  ,  de  procurer  la 
convocation  d'un  Concile,  qui 
iutnonfeulement  gênerai,  mais 
aulii  libre  êc  légitime.  Il  fit  les 
mêmes  inftances  aux  Prélats  &; 
à  la  Nobleile.Les  Prélats  voyant 
la  facilité  avec  laquelle  le  Roi , 
la  Nobleffe  &  le  Tiers>Etat  ac- 
quiefçoient  à  cette  propofition  , 
jugèrent  TafFaire  fi  importante, 
qu'ils  demandèrent  du  temps 
pour  y  penfèr ,  &  fe  retirèrent  de 
rAflemblée. 

Le  lendemain  du  Pleiïîs  fou- 
tenu  des  trois  Comtes  ,  rentra 
Wi-Mi  'Phii  dans  rAflemblée  avec  un  Notai- 
nSMc^fo.  ^^  Apodoiiq^^e ,  d'autres  Notais 
res  Royaux,  6c  plufieurs  témoins 
qu'il  avoit  emmenez  pour  ren- 
dre fon  ade  &  les  proteftations 
autentiques.  11  fit  devant  le  Roi 
&:  les  Prélats  la  ledure  de  fon 


avec  Philippe  le  Bel.        145  

Mémoire  ,  où  il  avoir  ramailc  190] 
vingt-neuf  chefs  d'accufations 
prelques  inouies  Le  Pape  y  étoic 
acculé  de  nier  l'immortalité  de  l'a^ 
Tïie ,  \^  confequemmcnt  tous  les  my^ 
fteres  de  la  Rcliy,on  y  qui  ont  rela^ 
tien  à  la  vérité  de  la  vie  éternelle  y 
d^ avoir  commis  tous  les  pcchex^dé^ 
fendus  dans  le  Dccaloyis  ^  d* avoir 
corrompu  ce  qu'il  y  a  de  plus  f acre 
dans  le  commerce  que  Vhoynmepeut 
avoir  avec  fon  Créateur  ^^  le  refie 
des  créature  s 'j  d'avoir  violé  lesLoix 
divines  (^  humaines  ^  foit  dans  fa, 
conduite  particulière .^foit  dans  celle 
qtCil  avoit gardée  avec  la  France  , 
<^^  avec  ceux  qu'il  traitoit  comme 
fes  ennemis. 

Du  Pleflîs  après  avoir  fpeci- 
fîé  en  détail  ce  que  nous  n'expri- 
mons ici  qu*en  gênerai,  protefla 
<]ue  ce  n'étoit  ni  par  haine^ni  par 
aucune  autre  paflîon  ,  mais  pour 
le  bien  de  TEglife  qu'il  fe  rendoit 
accufateur  de  Boniface.  11  jur^ 
de  nouveau  fur  tous  les  cas  donc 


1 44       JDcmclez^  de  Boni  face 

il  ic  charo-eoit.demandanc  qu'ils 

rulicnc  examinez  jiiridiquemenc 

pwir  Lineaucoricé  fuperieure^c'eft- 

a-dire  dans  un  Concile  gênerai, 

où  il  prétendoic  le  poursuivre.  Il 

y  renouvella  la  demande  que  les 

trois  Comtes  &:  lui  pour  tous , 

avoienc  faite  la  veille  au  Roi  & 

aux  Prélats,  de  la  convocation 

de  ce  Concile.  Et  parce  qu'il  fe 

perfuadoit  que  Boniface  averti 

de  fes  procédures ,  ne  manque- 

roit  pas  de  fulminer  contre  lui  ^ 

fes aifociez  6c  fes  amis ,  il  appella 

de  tout  ce  que  le  Pape  pourroit 

.iàc.zimh:r>!.  faire  au  Concile  gênerai  que  Ion 

cil'^^r,^'  ajjcmhleroit  ^  ati  faint Siège  ^  au 

Pape  futur  '^  adhc?\tnt  de  fins  an. k 

appellations  déjà   intcrjettèes  par 

Guillaume  de  JSfogaret  ^fins  fe  dc^ 

partir  de  la fiennc  ^  &  en  demanda 

Acte  aux  Notaires  en  prëfence 

du  Roi  &  des  Prélats. 


Appcidu       Le  Roi  fît  enfuice  fa  dëclara- 
cicrge.     «tion  à  l'Aflemblce ,  &:  dit  fur  ce 

rrcuycs  î  p. 
107. 


''  que  du  Plelîîs  venoit  de  repré. 


avec  Philippe  le  Bel,  245 
fcnrer  ,  êc  fur  ce  qii'avoic  déjà  ^, 
rcprcienre  Nogarec  dans  h  Re- 
quête du  mois  de  Mars  contre 
B  o  n  i  fa  ce,  Qu'il  confentoit  à  la  con- 
vocation du  Concile  gênerai. Il  pro- 
mit de  faire  tout  ce  qui  dcpen- 
di  oit  de  lui  pour  cet  effet,6c  fol- 
liciratous  les  Prélats  quiëtoienc 
prcfens  de  vouloir  fe  joindre  a  lui 
en  cette  occaiion  ,  témoignant 
qu'il  fouhaitoit  fe  trouver  en  per- 
fonne  au  Concile.  MaisconnoiC 
fant  Boniface  fujet  aux  reiTenti- 
mens  ^<.  d'humeur  fort  vindicati- 
ve, ln:  ne  doutant  point  d'ailleurs 
qu'il  ne  fît  ks  efforts  pour  em- 
pêcher cette  convocation  pariés 
menaces 6c  par  les  foudres  qu'il 
voudroit  lancer  fiir  Sa  Maiefté 
&i  lur  fon  Royaume  ,  il  appella 
aulfii^^  Itii  au  Concile  <z^ene rai ,  ^  Aâcandxm. 
au  Souverain  Pontifice  qui  lui  fe-  ^'  ^""«  . 
roit  fuhftituè.  L'appel  du  Roi  fut 
dreflé  en  la  forme  de  celui  de 
Guillaume  du  Pleflîs,&  il  ajouta 
que  c'étoit  fans  fe  départir  de  ce- 

L3 


2?03. 


24e       Tjèmelcxjie  Boni  face 
lui  de  Guillaume  de  Nogarec^ 
auquel  SaMajefté  avoir  adhéré 
dans  le  tems ,  ôc  qu'elle  approu- 
voit  tout  de  nouveau. 

Les  Prélats  &  les  autres  Eccle- 
fiaftiques  qui  fe  trouvoient  à  1*AC 
femblëe  ,  parmi  lefquels  étoient 
\ç,s>  Députez  des  Chevaliers  de 
]*Ordre  de  Saint- Jean  ,  6c  ceux 
des  Templiers,  fuivirent  l'exem- 
ple du  Roi  fans  fcrupule, après 
avoir  fuffifamment  déhberé  fur 
les  propoficions  faites  la  veille 
par  du  Pleflîs.  Ils  fe  contentèrent 
d'ajouter  une  claufe  pour  mar- 
quer le  refped  du  à  l'Eglife  Ro- 
maine 6c  au  faint  Siège ,  Q^ils  ne 
frctendoient  pas  l^off enfer  far  cette 
procédure.  L'Ade  de  cet  appel  fut 
reçu  par  les  mêmes  Notaires.  Il 
étoit  figné  par  cinq  Archevê- 
ques ,  dont  le  premier  étoit  celui 
deNicofie  en  Chypre,mais  Fran- 
çois comme  les  autres-,  par  vingt 
éc  unEvêques^6c  par  onze  des 
principaux  Abbez  du  Royaume, 


avec  Philippe  le  Bel,  147 
Qiicl«ques  Auteurs  ont  prétendu  '  T"^ 
que  celui  de  Cîteaux  s'en  étoit  comlK^nsu^ 
cxcufé ,  &  que  fon  refus  lui  avoir  ^'"!^'^;^ ^: s. 
attire  de  la  part  du  Roi  quel- '^^'«m»  i. 
qucs  mauvais  traite  mens,  qui  1  a-  incd%v.tïèm, 
voient  obligé  de  quiter  fon  Ab- 
baye. Mais  cela  eft  contraire  à 
Tade  de  TAflemblée  ,  où  il  fe 
trouve  nommé,  comme  ayant 
adhéré  &  foufcrità  TAppel  êc  à 
la  demande  du  Concile  contre 
les  Abbez  de  Marmoutier  6c  de 
Saint-^Denis  en  France.  Les  Pré- 
lats déclarèrent  dans  le  même 
A6le  &:  dans  la  Lettre  qu'ils  en 
écrivirent  le  lendemain  ,  Quils 
rCav oient  pas  intention  de  fc  ren^ 
dre  parties  en  cette  affaire  ^  ni  de  fe 
joindre  avec  ceux  qui  étaient par^ 
ties.  Qt^ils  reconnoiff oient  combien 
la  convocation  d'un  Concile  ètoit 
neccffaire  pour  juflifier  le  Pape  ^ 
faire  voir  fon  innocence  a  toute  la 
terre  -,  ^  que  pour  éviter  les  cenfu^ 
res  o^  les  autres  effets  du  chagrin 
qu\tvoit  Boniface  de  les  voirainfl 

L4 


2  4  s  Dêmelex^  de  Boni  face 
"  '^  adhérer  a  l'y^ppel  de  du  Pleljîs  ^j* 
de  Ncaaret azfccle  Roi  ^  la  No^ 
ileffe  ,  ils  fe  ^nettoient  avec  tout  le 
refle  du  Cierge  deFrance  fous  lapro^ 
îeciïcn  du  Concile  gênerai  ^  duP a, 
pe  futur. 
xxvii.       A    ^.3  j^  dîfToladon  de  TAf-. 

Les  Ej];!i-    r       \  \  >  \      \         -c^  •  i 

rcy,iesPro-  lemblee  ,  ou   \ts  Députez   à\x 
vinccs ,  ics  Tiers- Etac  s'ëtoient  trouvez  con- 

vilies ,  les  /-  j     r       •  i    ^i 

Univcrfi-  rormes  de  lencimenc  avec  ieCler- 
tez,ksRe-cré  ^  la  Noblelie ,  le  Roi  pour 

li^ieux,  les  ^    i  ,  a        ii 

Nobles  &  empêcher  qtionne  put  alléguer 

ïes  Peuples  que  cc  confentenient  gênerai  ne 

j^^ç^^/^^"  s'étoic  donné  que  par  procura- 

lenc  à  i'ap-  tion  ,  vouIuc  cncorc  avoir  celui 

^^^*  des  abfens  qui  étoienc  répandus 

par  tout  fon  Royaume  ,  éc  celui 

même  de  fes  voifins.  Pour  y  réuu 

Le  jcuii  {ir,  il  envoya  dans  toutes  les  Pro- 

^'  "'"*    vinces  Amaury  Vicomte  deNar- 

pag.7ro.&  l^c^nne  ,  Guillaume  du  Pleffis  Sei- 

iuir.         gneur  de  Vezenobre  ,  Denis  cie 

Sens  ,  l'Archidiacre  d*Auge  au 

Diocefe  de  Lifieux  ,  ôc  Pierre  de 

Larilly  ,  tous  trois  Clercs  de  Sa 

Majellé,  avec  des  pouvoirs  très- 


avec  Philippe  le  Bel.  1 19 
amples.  Ils  s'acquicérent  de  leurs 
commiiîîons  avec  tant  de  dilL 
gence  ôc  de  fuccès^qu'ils  tirèrent 
un  très. grand  nombre  d'acles 
de  confencement,  tant  pour  de- 
mander la  convocation  du  Con- 
cile ,  que  pour  adhérer  à  l'appel. 
Ils  en  eurent  de  tous  les  Prélats 
^  Barons  du  Royaume  qui  ne 
s'étoient  pas  trouvez  à  l'Ailem- 
blce,de  la  plufpart  des  Chapi- 
tres, Abbayes,  Couvens  bc  au- 
tres Mailons  Rcligieufes  de  tous 
les  Ordres  de  faint  Benoill,  de 
S.  Auguilin,  de  Cîteaux,  de  Clu- 
ny,  de  Fontevrauld,de  Prcnion- 
tré,de  la  Trinité  ou  Rédemption 
des  Captifs  ,  des  Chartreux ,  de 
tous  les  Hôpitaux,  des  Cheva- 
liers de  S.Jean  de Jerufalem  6c 
du  Temple  ,  &  des  principales 
Univerfitez  du  Royaume.  Ils  en 
eurent  nonfeulement  de  la  pluf- 
part des  Chefs  de  Compagnies 
Ecclefiaftiques  ,  tant  féculieres 
que  régulières  de  l'un  ôcTautre 

L5 


01 


150? 


2  5  o  Demelezjle  Son! face 
fexe,mais  encore  des  Provinces 
entières,  des  Villes  particulières, 
des  Communes  &  Communau- 
tez.Ils  en  eurent  enfin  quoiqu'un 
peu  tard  des  Eglifes,des  Nobles, 
de  toutes  les  Villes  ôcCommu- 
nautez  du  Royaume  de  Na- 
varre. 

Les  premiers  Adcs  qui  fe  fi- 
rent pour  adhérer  à  Tappel  avec 
le  Roi  enfuite  de  rAflèmblëe  du 
Grand  Parlement  avant  le  dé- 
part des  CommilTaires  pour  les 
Provinces ,  furent  celui  de  TUni- 
verfité  de  Paris  du  2  3 .  de  Juin  j 
celui  du  Chapitre  de  Nôtre-Da- 
me du  même  jour  ,  6c  celui  des 
Jacobins  de  la  ville  du  même 
mois.  Les  Commifïaires  les  firent 
fervirde  modèles  aux  autres  j  Se 
ce  qu'il  y  eut  de  bien  remarqua- 
ble dans  une  fi  nombreufe  multi- 
tude d'actes,  c'eft  qu'il  ne  s'en 
rencontre  pas  un  où  Ton  ne  trou* 
ve  enfi^ibftance  cqs  deux  claufes, 
I  ^*Q^  ceux  û7:i  les  font  fe  foàme:^» 


IJCJ. 


avec  Philippe  le  Bel,  i  5  r 
ient  avec  toutes  les  perfonnes  qui 
dépendent  d'eux  a  la  proteciion  de 
l' Eglife  ,  dîc  Concile  ,  i^  autres 
quil  appartiendra  ,  en  ce  qui  con- 
cerne le  fpirituel  feulement.  i^.Ouc 
le  Roi  a  reçu  la  puiffance  de  Dieu 
pour  la  dcfenfe  (^  l'exaltation  de 
la  Foi  j  (^  que  les  Prélats  font  ap- 
peliez^ pour  parta^ier  les  mêmes 
foins. 

Ce  ne  fat  pas  feulement  dans  Preuves, 
les  Provinces  du  Royaume  6c  p^^:/'^-*^^' 
parmi  les  voifîns  quelacaufe  du 
Roi  fut  trouvée  jufte  j  elle  eut 
encore  des  Dcfenfeurs  dans  Ro- 
me même.  On  vit  ce  qu'on  n*a- 
voie  ofé  jamais  efperer  a  la  Cour 
de  France,  jufqu'au  nombre  de 
neuf  ou  dix  Cardinaux  acquief- 
cer  par  trois  difFërens  aclies  aux 
Ambafladeurs  de  Sa  Majeilé  , 
adhérer  à  l'apel  au  futur  Conci- 
le j  approuver  les  defleins  du  Roi 
^  la  pourliiite  qu'il  en  faifoir. 
Mais  il  faut  avouer  auflî  que  ces 
Cardinaux  n^avoient  plus  rien  à 

L6 


2  5  i      T)hnèle7:^  de  Boni  face 
■^  '        '^  craindre  de  Boniface  quand  ils 
ïjc^j.    firent  dreiTer  ces  Ades. 

On  a  raifon  fans  doute  de  s'é- 
tonner que  dans  un  fiecle  où  la 
Cour  de  Rome  s'étoit  rendue 
plus  puiflante  que  jamais  fur  tous 
tous  les  Etats  de  TÉurope/ous  un 
Pape  qui  favoit  fe  faire  craindre 
plus  qu'aucun  de  {zs  Prédecet. 
leurs,  il  y  ait  eu  dans  tout  le  Cler- 
gé de  France  fi  peu  de  contra- 
diction 6c  (\   peu  de  réfiftance 
'AmaUi  Do-  aux  volontcz  du  Roi.  Les  Ecri- 
v^Hani^ro^ô  vains  étrangers  qui  ont  voulu  jo^ 
'Trêuves    §^^  ^^  ^^  ^^^  s'étoit  paflTé  par  leS' 
p.  174-      intérêts  ouïes  enea2;emens  des 
*o.  particuliers,  ont  publie  que  non- 

feulement  TAbbé  de  Citeaux  ^ 
mais  encore  ceux  de  Cluni  &  de 
Prémontré  avoient  refufé  leur 
confentement ,  &  avoient  même 
été  bannis  pour  ce  fujet.  Mais  ils 
fe  font  trompez  ,  pour  n'avoir 
pas  eu  connoiiTancc  des  ades 
originaux  de  ces  Abbez.  Il  Îimz 
avouer  que  de  trcnte-deux  Mai* 


avec  Philippe  le  Bel.      2  j  3 

fons  de  l'Ordre  de  Cîceaux ,  il  y  *— - 

en  eue  (îx  qui  s'excufërenc  d  ad-  '  ^^*' 
herer  à  Tappel  ^  &  que  de  tous 
les  autres  Ordres  qui  avoienc 
plus  de  mille  Maifons ,  il  s'en 
trouva  onze  qui  hëficërenc  ,  ou 
qui  n*acquiefcérenc  que  verba- 
lement. Mais  un  fi  petit  nombre 
ne  fut  d'aucune  confidë ration  5 
&  Ton  remarqua  que  ces  irrëfo- 
lutions  ôcces  difficultez  n'ëtoienc 
furvenues  que  parmi  ceux  qui 
avoient  ëtë  nouvellement  grati- 
fiez de  privilèges  6c  d'autres 
bienfaits  par  le  Pape ,  qu'ils  crai- 
gnoienc  d'ofFenfer  par  cette  ap- 
parence d'ingratitude. 

Le  Roi  ayant  prëvû  que  plu-  LeRcidon-^ 
fieurs  Ecclefiaftiques,  Se  fur  tout  Ji-irccï* 
les  Réguliers  pourroient  avoir  de  2"i,ie"Ve 
femblables  apprehenfions  ,  en-  p^p<^- 

rr  »  Preuves, p* 

voya  des  Lertres  Patentes  en  plu-  1 1  ?•  i  \  r» 
fieurs  endroits  pour  les  en  garan- 
tir, 6c  pour  lever  aufTi  le  fcrupule 
qu'avoient  ceux  qui  ëroient  nian . 
dez  à  Rome  par  le  Pape,  de  n'a- 


&fuiY. 


2  54      T>emelezJ,e  Bonlface 
'  voir  pas  obéi  aux  ordres  de  Si 

*^^^*  Sainteté.  Il  leur  promit  fa  prote^ 
clion  Royale  &:  toutes  fortes  d'aC 
iîftances  contre  tous  ceux  qui 
voudroient  les  inquiéter  ,  &  fpe- 
cialement  contre  Boniface  qui 
avoir  menacé  tout  le  Royaume 
avec  la  perfonne  du  Roi  ,  pour 
avoir  conclu  6c  arrêté  la  convo- 
cation duConcile.il  les  affûra  par 
ferment,  que  ni  lui,  ni  fes  fuccef» 
feurs  ne  fe  fépareroient  jamais  de 
leurs  intérêts ,  &:  fit  jurer  le  Com- 
te de  Saint-Pol  pour  cet  effet  fur 
Vame  deSaMajefié*  Parles  mê- 

Additions  mes  Lettres  la  Reine  Jeanne  fa 
Tx^."^^"' femme  ,  comme  Reine  de  Na- 
varre 2c  Comteffe  de  Champa- 
gne ,  &:  les  deux  aînez  de  fes  en- 
fans  ,  Louis  6c  Philippe ,  comme 
fucceifeurs  des  deux  Couronnes, 
promirent  la  même  protection  à 
tous  les  Sujets  des  deux  Rois ,  bc 
firent  jurer  pour  eux  bc  pour  leurs 
Succefleurs  le  Comte  de  Saint- 
Pol ,  comme  il  avoit  fait  pour  le 


MOîî 


avec  Philippe  le  Sel.  i  j  5: 
Roi.  Les  Princes  6c  les  prinei- 
pauxSeigneurs  s'engagèrent  dans 
le  même  ferment  par  ordre  de 
Sa  Majefté  5  ^  il  fe  fît  ainfi  une 
efpece  de  ligue  ou  de  confpira- 
tion  entre  ceux  qui  avoient  la 
Puiflance  féculiere  en  France  , 
pour  mettre  les  Sujets  duRoyau- 
me,&:  fur  tout  les  Ecclefiaftiques, 
à  couvert  des  efForts  du  Pape  Bo^ 
niface. 

Après  toutes  ces  précautions  y    prcuvcsr 
le  Roi  ne  fongea  plus  qu'à  (^i^QllcxXi.xu 
avancer  Texecution  de  ce  qui  a-  ^^  ^°^  ,«"^ 
voit  ete  arrête  dans  rAliemblee  i^^'  ^  ^nEf- 
des  Etats.  11  conftitua  pour  {qs  îoiîîdtcru 
Procureurs  Guillaume  de  Chate^  duConcIicr 
naye  ^  ^  Hugues  de  Celle ^Q\\QV^^ 
liers  ^  5c  leur  donna  par  des  Let- 
tres Patentes  du  premier  jour  de 
Juillet  ,  commiiîîon  de  pourfui- 
vre  la  convocation  du  Concile  , 
Ôc  de  faire  tout  ce  qu'ils  juge- 
roient  néceflTaire  pour  y  parve- 
nir plus  promptement,avec  plein 
pouvoir  d'agir  enfemble  ou  fépa- 


2  5 6       Dcmelex^dg  Boniface 
'""'  rément.  Il  leur  fie  prendre  leca- 

'^°^'  radere  d'Ambafladeurs ,  ôcil  les 
envoya  aufficôt  à  Rome  avec  des 
Lettres  pour  le  Collège  des  Car- 
dinaux ,  afin  de  les  porter  à  coo- 
pérer férieufemenc  au  mêmeou- 
Preuvcs,  vragc.  Il  écrivit  auffi  au  Roi  de 
j.ia6.i2  7.  Portugal,àtous  les  Etats,tant  du 
C!ergé,que  de  laNoblefle  ôcde 
la  Bourgeoifie  d'Efpagne,  6c  aux 
principales  Villes  d'Italie ,  pour 
les  engager  à  vouloir  favorifer  un 
delTein  ,  qu'il  prétendoit  n'avoir 
entrepris  que  pour  le  bien  de  l'E- 
glife  univerfelle. 

ï)^<zs  qu'il  eût  fait  partir  les  Am- 
bafladeurs  deftinez  pour  l'Italie, 
l'Efpagne,  les  Principautez ,  Ré- 
publiques ôc  Seigneuries  voifines 
aufquelles  il  écrivoit  fur  ce  fujet, 
il  renouvella  la  défenfe  qu'il  a- 
voit  déjà  faite  plufieurs  fois  à 
tous  Ecclehaftiques  de  fortir  de 
fon  Royaume ,  n'exceptant  que 
ceux  qu'il  employoit  dansfes  am- 
baflades,  qui  pou  voient  produire 


avec  Philippe  le  BcL      157 

des  Lettres  de  créance  ^  des  ^ 

congezde  SaMajefté  en  bonne  ^'^^' 
forme.  Il  en  publia  l'Edicà  Vin-  preuves, 
cennes  le  Dimanche  28.  jour  dep-ni-n?. 
Juillet  ,  &  ajouta  la  peine  de 
mort  &  de  confifcation  de  tous 
les  biens  pour  ceux  qui  y  contre- 
viendroient,  6cpour  les  Officiers 
ou  Commis  àçi's  paiTages  qui 
les  laiiu.^roicnt  fortir.  Pour  dé- 
tromper ceux  du  Clergé  qui  Te 
croyoient  obligez  d'obcir  au  Pa- 
pe pldrôt  qu'au  Roi  ,  ôc  qui  pré- 
tendoientque  les  Loix  du  Prin- 
ce ou  duMagillrat  n'engageoient 
pas  les  confciences,!!  leur  fit  con- 
noître  le  droit  qu'il  avoit  d'exi- 
ger d'eux  cetteobëiirance,àcau- 
ie  de  leur  naturalité  ,  de  leur  fu- 
jettion  ôc  de  la  fidélité  qu  ils  lui 
dévoient  ,&  dont  aucune  Puif- 
fance  fur  la  terre  n'étoit  capable  ^^^pj^'ê 
de  les  difpenfer.  .,   redrc  à 

On  n'entendoic  point  parler /^"^^^"^^'.^ 
dc  Guillaume  de  Nocraret  dans  verfcs  Bal- 
tous  ces  mouvemens  de  la  Cour  Y  r°*^'^^ 

la  fiance. 


IJOJ, 


î  5  §  T^èmeîer^  de  Boni  fa  ce 
de  France,  parce  qu'il  écoit  eti 
Italie  durant  la  tenue  du  grand 
Parlement  des  Etats  à  Paris.  Il  y 
ctoitallé  de  la  part  du  Roi  fou 
Maître,  peu  de  tems  après  avoir 
prefenté  fa  Requête  contre  Bo- 
niface  ,  U  interjette  le  premier 
appel  au  futur  Concile ,  qui  fut 
fuivi  de  celui  que  Guillaume  du 
Pleffis  forma  en  fon  abfence  dans 
rAifembléedu  moisde  Juin.  Le 
Roi  lui  envoya  la  rdfolution  de 
rAffeniblée  avec  ordre  de  la  fi- 
gnifîerau  Pape ,  8c  de  la  publier 
enfuite  par  la  ville  de  Romc.No- 
garet  s'acquita  de  fa  commifîîon 
après  s*être  affdré  de  la  difpofi- 
tion  deplufieurs  d'entre  le  peu- 
ple 6:  la  NoblefFe  du  pays ,  &  de 
quelques  Cardinaux  mômes  cjui 
ne  s'accommodoient  pas  de  la 
domination  defpotique  de  Boni- 
façe. 

Le  dëplai (îr  que  de  fi  fâcheufes 
rjouvelles  cauférentauPape ,  lui 
fit  quiter  le  Vatican  6c  la  ville  de 


avec  Philippe  le  Sel.  i  j  9 
Rome  ,  pour  fe  retirer  en  celle 
d'Anagnie  lieu  de  fa  naiflance , 
où  il  crut  qu'il  lui  feroit  plus 
libre  &  plus  facile  de  prendre  les 
mefures  nécefTaires  à  la  vengean- 
ce qu'il  vouloir  exercer  fur  le  Roi 
^le  Royaume  de  France.  Ilraf- 
femblaprèsde  lui  la  plupart  des 
Cardinaux  qui  fè  tro-j voient  en 
Italie,^  tint  un  grand  ConGftoi- 
re  dans  lequel  il  fe  purgea  par 
un  ferment  folemnel  de  tous  les 
crimes  qui  lui  avoient  été  objec- 
tez à  Paris  devant  le  Roi  ^  les 
Etats  du  Royaume  par  Nogarety 
du  Pleflis  ôc  ks  autres  accufa- 
tcurs.  y  y  fulmina  aulîî  plufieur* 
Bulles,  qu'il  fit  publier  prefque 
toutes  le  jourdeTAffomptionde 
la  fainte  Vierge  :  mais  qui  furent 
depuis  révoquées  ou  bifFées ,  la 
plupart  par  le  Pape  Clément  V. 
au  moins  pourtour  ce  qui  regar- 
doit  particulièrement  le  Roi  6c 
fon  Royaume. 

La  première  qu'il  fit  paroîtrc 


M^j, 


i6o      DémHex^  de  S  ont fd  ce 
~^'r^       contenoit  une  efpece  de  relation 

Preuves ,  de  ce  qu'il  avoir  appris  qui  s'é- 
R/chertfjo.  ^^^^  P^"^^^*^  à  Paris  contre  lui  dans 

L'AHim-  ^^    dernière    Affemblée  ,  qu'il 
h\u  A^s  E-  crovoit  s'être  tenue  au  Tardin  du 

tats  dui^.  J        ,  '    \      r  • 

&  14.  de   RoilejourdelaNaLr/uedelanit 
tenue  dans  Jean-Baptilie.   Il   s  y  plaignit  , 
iîouvre5!Ma  ^f  ^  ^^  ^^^  ^^^^  confeuti  cl  l'accufd^ 
Chambre  du  ^i^y^  ^^j  Crime  S  dont  on  avoit  char- 
^c  indignement  Set  Sainteté*    Que 
fuppofant  le  F'dfe-^infi  coupable  , 
il  fe  fut  melè  fi  legeroncnt  de  la 
convocation   d'un  Concile  gênerai 
contre  lui  ^  ^  eut  fait  interjette/ 
~  appel  au  Concile  ou  au  Pape  fou 
Snccejfeur de  tout  ce  que  Sa  Sainte- 
té pourroit  faire  contre  la  ^rayice, 
Qu^cnfuitedc  cette  refolution pfu 
fe  dans  l' A f emblée  des  Etats  du 
Royaume  j  le  Roi  eut  défendu  dere^ 
revoir  aucune  Lettre  du  Pape  _,  cî^ 
d'obéir  aux  ordres  de  Sa  Sainteté, 
Qtfil  eut  reçu  d^^ans  fon  Royaume  dr 
fous  fa  protection  Etienne  Colonne  ^ 
ennemi  du  Pape  (^  de  l' Eglife  Ro^ 
maine  ^  malgré  les  Cenfures  fulmim 


avec  Philippe  le  Bel.  iCl 
ftccs  cojitrc  ceux  qui  domieroient  re- 
traite  a  cet  homme  ,  o^  à  ceux  de  fa 
famille  qui  étaient  frcfcrits* 

De  tous  les  crimes  qu'on  lui 
impucoic,  il  s'attacha  furtout  à 
repoufler  celui  derherefie,  donc 
il  alïïira  que  ni  lui  ni  aucun  de  fa 
Maifon  n*avoic  jamais  cté  atteint 
ou  flirpccl.  Pour  les  autres  il  ne 
s*arrêta  pointa  s'en  jufl:  fier,  foie 
qu'il  ne  crut  pasqueraccuracion 
pjilat  pour  vraifemblable  ,  foie 
qu'il  ellimâc  qu'un  Souverain 
Pontife  ,  quoique  redevable  à 
toute  l'Eglife  ^  dûtrendre  moins 
compte  defes  mœurs  que  de  fa 
Foi  au  public.  Mais  il  garda  peu 
de  mefares  fur  les  reproches  6c 
les  menaces  qu'il  fit  au  Roi  ,  lui 
remettant  devant  les  yeux  les 
exemples  à^s  Empereurs  ,  qui 
bien  que  plus  grands  Piin.es  que 
lui,  à  ce  qu'il  difoit,n'avoient  pas 
laifle  d'ctre  plus  fournis  ck:  plus 
obéilHins  à  des  Prélats,  qui  d'ail- 
leurs n'avoient  pas  tant  d'autori- 


M05, 


i6i       DêmèU^deBoniface 
''^  té  que  le  Pape.  Il  voulut  même 

lui  perfuader  que  les  Papes  a- 
voient  autrefois  dépofé  des  Rois 
de  France  ,  alléguant  ce  qu'a- 
voit  fait  Zacharie  à  Tëgard  de 
Childeric  ,  quoique  ce  fût  en 
vain,  êc  fur  une  autre  fuppofition 
fauflfe.  Il  l'avertit  enfin  ,  qu'en- 
core qu'il  eut  encouru  déjà  plu- 
fieurs  excommunications  dont  il 
n'étoit  pas  abfous,  il  procederoic 
de  nouveau  contre  lui ,  nonob- 
ftant  fa  frivole  appellation  au 
Concile  ,  s'il  ne  remedioit  prom- 
ptement  aux  defordres  dont  il 
l'avoit  repris  j  ôc  qu'on  ne  dévoie 
pas  croire  qu'il  y  eût  dans  le  mon- 
de quelqu'un  qui  pût  être  fupe- 
rieur  ou  égal  au  Pape  y  pour  en 
pouvoir  appeller. 
Bulle  pour  Par  unc  autre  Bulle  du  même 
fewitldons  jou^  ,  qui  commence  Rem  non 

le^fi^nifier^  ^^'^'^^^  ->  ^^  ^^P^  déckra  tout  le 
aux  perfon-  mondc ,  les  Rois ,  les  Empereurs 

iies  citées.  ^  r    f\       •      \    r        rr-»    •  1  i 

Preuves,    mcmes  j  loumis  a  ion  Tribunal. 

uaynaidus ,  H  Y  ptefcrivic  la  manière  dont  il 

11.40, 


avec  Philippe  le  Bel,     i  (î  5  ^___^^ 
Vouloir  que  fufTent  citez  à  Rome     ^  ^^^^ 
ceux  qui  empcchoienc  que  les  ci- 
tations du  Paper/arrivallentjuf- 
qu'à  eux  ,  êv  ne  leur  fullent  figni- 
fiées.  Il  ordonna   que  les  cita- 
tions ou  ajournemens  à  Rome, 
donnez  par  ordre  de  Sa  Sainteté 
à  toutes  Ibrtes  de  perfonnes,  mê- 
\\\^  aux  Rois  hi.  Princes  les  plus 
éloignez  de  l'Italie,  auroient  vi- 
o;ueur  comme  li  on  le  leur  avoic 
fignifié  en   leur  prélence  ,  dès 
qu'on  les  auroit  affichez  aux  por- 
tes de  la  principale  Eglife   du 
lieu  où  réfideroit  aciuellemenc 
la  Cour  de  Rome.  Mais  cette 
Bulle  fut  révoquée  depuis  avec 
la  précédente  par  Clément  V. 
qui  la  réduifit  aux  fens  6c  aux 
reftridions  de  la  Decretale  ex- 
travagante *Vnam  SaiiHayn,    Ce  Dire-:!o>'.T»quL 
qui  a  donné  lieu  à  la  Cour  do  to;:::!::;i^ 
Rome  de  faire  revivre  cette  ma-  ^'"* 
xime  dans  la  fuite  des  tems  pour 
le  Tribunal  de  l'Inquifition ,  qui 
paroiC  b'ea  fervir  dans  [qs  proce- 


: 


't6  4-      Dhnile^deBontfitce 
"  dures,  lorfque  ce  Tribunal  veut 

*   '  '    inftruire  le  procès  criminel  des 
Princes  6c  des  autres  perfonnes 
puiiKinres  qui  foncfufpedes  d'iic- 
refie  Les  accufez  y  font  condam- 
nez   d'une   manière  occulte  &: 
clandeftine  fur  la  fimple  dénon- 
ciation d'autrui  fans  être  enten- 
dus ^  &ils  font  enfuite  livrez  ou 
abandonnez  à  des  Croifez  fe- 
crets ,  dévouez  aux  ordres  de  ce 
Tribunal, qui  tâchent  de  les  fur- 
prendre  &:  de  les  arrêter. 
Autres  Bal-     Bonifacc  donna  une  troifîéme 
«ux'^'qura-  Bulle  de  même  date,  où  après 
VctTl  rap.  ^voir  reproché  à  Philippe  le  Bel 
ï''\  une  prétendue  rébellion  contre 

Preuves,  ,  «•  -       n     i>  •  •     ^    i.- 

v^g.  I  é  ?.  1  Eghie  ,  OC  1  avoir  traite  d  ingrat 
pour  tant  de  faveurs  6c  de  privi- 
lèges que  lui  6c  les  Rois  ks  Pré- 
decelTeurs  avoient  reclus  du  faint 
Siège,  il  révoqua  ou  fufpendit  le 
pouvoir  que  Ton  avoit  de  don- 
ner des  licences  dans  les  Univer- 
fîtez  de  France  ,  pour  punir  ks 
Dodeurs ,  les  Maîtres  Se  les  Pro- 

feiTeurs 


twec  Philippe  le  Bd.       1 6  y 

fefleurs  Regens ,  les  Bacheliers 

&  les  autres  Etudians  que  le  ^^'^'" 
Roi  avoir  entraînez  dans  cette 
rébellion.  C'eftainfi  qu'il  diftin- 
guoit  ceux  qui  avoient  confenti 
a  la  demande  d'un  Concile  gé- 
néral ,  &  qui  avoient  adhéré  à 
l'appel  du  Roi ,  d'aycc  les  autres 
qu'il  difoit  être  demeurez  fidèles 
au  faint  Siège ,  &:  avoir  été  pour 
cet  effet  maltraitez  &  chafTez  du 
Royaume  par  Sa  Majefté. 

La  quatrième  Bulle  quelePa-  ^  rr^aves, 
pe  fit  publier  le  1 5.  d'Aouft^dans 
un  ftiletoutfemblableà  celui  de 
la  précédente,  regardoit  les  Evê- 
ques  &  les  Abbez  ,  &  les  autres 
Béneficiers  de  France.  Boniface 
témoignant  qu'il  avoit  grand  in- 
térêt que  tout  lui  fût  fidèle  &  en- 
tièrement dévoué  à  Tes  volontez 
dans  les  E2:lifes  Cathédrales  6c 
autres  du  Royaume  6c  parmi  les 
vReguliers, avoit  entrepris  d'ex- 
clurre  de  toutes  fortes  de  Béné- 
fices &  d'emplois  ecclefiaftiques, 

M 


pag.  165 


i66  Dcmelex^  de  Boniface 
ceux  qui  ëcoient  dans  les  fenti- 
^^°^'  mens  de  l'Eglife  Gallicane,&:qui 
avoient  pris  l'elprit  de  l'AfTem- 
blée  des  Etats  &:  de  la  Cour  de 
France,  pour  ne  les  conférer  qu'à 
ceux  qui  feroient  parfaitement 
fournis  au  Pape.  Ce  fut  dans  cet- 
te vue  qu'il  fufpendit  par  cette 
Bulle  la  faculté  d'élire  :,  que  les 
Evêques  &  tous  les  Corps  Eccle- 
iîaftiques  ,  iéculiers  &:  réguliers, 
avoient  en  France,  feréfervantà 
lui  feul  la  provifion  de  tous  les 
Bénéfices  qui  viendroient  à  vac- 
quer.  Il  décl ara  nulles  toute  éle- 
âion  de  Prélats  &  toute  confir- 
mation qui  fe  feroient  au  préju- 
dice de  cette  fufpenfion ,  jufqu*à 
ce  que  le  Roi  eût  reconnu  fa  fau- 
te ,  &  fe  fût  fournis  aux  ordres 
de  Sa  Sainteté. 
Buiiecontre  H  fulmina  le  même  four  une 
c]ae  de  Ni-  cmquicmc  Bulle  en  particulier 


preuves,  contre  la  perfonne  de  Gérard  , 
pig.  162,.    Archevêque  deNicofie,qui  com- 
me nous  l'avons  remarque  ^  s'é- 


avec  Philippe  le  Bel,  267 
toit  trouvé  à  la  tête  du  Clergé  "  ' 
de  France  dans  rAflemblée  2:é-  ^^"^^ 
nerale  des  Trois-Ecacs  du  Royau- 
me. Après  l'avoir  accufé  d'in- 
gratitude &  de  défobéiflance ,  il 
iè  plaignoit  de  ce  qu'au  lieu  d'al- 
ler réfidcr  en  ion  Eglife,  félon  le 
commandement  qu'il  lui  en  a- 
voit  fait  ,  il  s'étoit  retiré  auprès 
du  Duc  de  Bourgogne  ;  &  que 
là  ayant  appris  le  différend  fur- 
venu  entre  Sa  Sainteté  &  le  Roi 
de  France  ,  il  étoit  allé  trouver 
Sa  Majefté  ,  au  lieu  de  fe  ranger 
du  côté  du  Pape,  comme  fon  de- 
voir ,  fa  qualité  ^  fes  autres  en- 
gagemens  l'y  obligeoient.  Qu*il 
avoit  confirmé  le  Roi  dans  fa  ré- 
bellion ,  &  travaillé  par  divers 
moyens  à  troubler  PEglife  &  le 
faint  Siège.  C*eft  pourquoi  ne 
voulant  pas  que  l'Eglife  particu- 
lière de  Nicofie  eût  àfouffrirdes 
mauvais  exemples  de  fon  Arche, 
vêque  5  &  ne  jugeant  pas  à  pro- 
pos de  laiffer  recueillir  a  celui-ci 

Ml 


2^8       Dèmek'xjie  Boni  face 
ijçj,     les  revenus   d'un  Bénéfice  qu'il 
avoir  ainfi  deferté  contre  fes  or- 
dres ,  il  le  fufpendit  de  toutes  its 
fondions  partorales,  l'interdit  ôc 
le  priva  de  fes  fruits. 
XXIX.      Pendant  que  k  Pape  cherclioic 
Tratiqucs   |     nfiovcns  de  fe  veneer  du  Roi 
en  Italie     de  France  ,  ou  de  le  réduire  a  les 
contre  Je    yolontcz  ,  Nogârec  ne  voyant 
plus  lieu  d'accommodement  en- 
tre lui  &  fon  Maître,  alla  traiter 
avec  diverfes  perfonnes ,  fuivant 
les  ordres  &:  les  inftrudions  qu'il 
en  avoir  reçus  à  Paris  .  afin  de 
pouvoir  s'aflurer  contre  les  vio- 
lences 6c  les  autres  effets  des  me- 
PrcQVfs,  naces  de  Sa  Sainteté.  Il  avoit  en 
FeTixorùis,  fa  compagnie  pour  afTocié  de  fon 
^^'  '  ^'  '  ^'  ambaflade  ^ean  Moufchet ,  G  en- 
tilhommeFrançois,&  deux  hom- 
mes de  robe  Thierry  d^Héricon  , 
ôc  Jacques  de  Gejferin ,  qu'il  en- 
voya dans  les  Villes  voifines  du 
patrimoine  de  faint  Pierre ,  pour 
ionder  ies  efprits  6c  les  prévenir 
favorablement  fur  les   bonnes 


avec  Philippe  le  Bel,       i6^ 


intentions  du  Roi  fon  Maître.        i^o^. 

Il  fe  retira  durant  ces  négo- 
ciations dans  leCliâteau  de  Stag^ 
gia  près  de  Sienne  en  Tofcane , 
appartenant  au  Seigneur  Mufl 
ciato  de  France  fi  s  ,  Citoyen  de 
Florence ,  avec  lequel  quelques- 
uns  ont  confondu  ce  Moufchec 
GentilhommeFrançois,qui  ëtoic 
de  Tambaflade.  Là  Nogaret  fut 
joint  par  Sciarra  Colonna,que  le 
Roi  avoit  fait  racheter  à  Mar- 
ieille  d'encre  les  mains  des  Cor- 
faires,  hi  dont  nous  avons  racon- 
té les  difgraces  ailleurs.  Il  attira  sup.ch- vu. 
dans  les  intérêts  de  la  France  les 
enfans  du  Seigneur  Jean  de  Chec^ 
cano ,  que  le  Pape  retenoit  pri- 
fonnier  depuis  quelque  tems  , 
ceux  du. Seigneur  Ma^eo  d'Ala- 
gna  ou  d'Anagine,i?^«^/«<^  Sup- 
fino  Gouverneur  de  la  Ville  de 
Ferento  ,  6c  quelques  autres  Ba- 
rons de  Campanie  ou  de  la  Cam- 
pagne  de  Rome^qui  ëtoient  de  la 
radion  des  Gibellins.il  emprun- 

M  3 


iî95^ 


270      Démêle^  de  Boni  face 
ta  de  grandes  fommes  de  Pe- 
trucci  de  Florcnce^pour  entrete- 
nir toutes  ces  ligues  fecrettes ,  6c 
pour   faire   fabfifter  trois  cen5 
chevaux  ,  8c  quelques  Compa* 
gnies  d'Infanterie   que  Sciarra 
Colonna  avoit  levées  ,  &  deux 
cens  chevaux  tirez  des  troupes 
que  Charles  Comte  de  Valois 
frère  du  Roi  avoit  laiflez  en  Ita- 
lie. En  quoi  Nogaret  fe  condui- 
fit  avec  tant  d'adrefle  6c  de  pru- 
dence ,  qu'il  fçut  couvrir  tous  fes 
defleins  fous  les  apparences  d'un 
Traité  de  paix  qu'il  ménagebit 
entre  le  Pape  6c  le  Roi  ,  ^  que 
toutes  fes  pratiques  n'éclatèrent 
que  lorfqu'il  vit  Boniface  abfolu- 
nient  déterminé  à  pouffer  les 
chofes  aux  dernières  extrémi- 
tez. 
Dernières      II  n'jT  cut  rien  que  Boniface 
duPap^jfou-  ne  mît  en  œuvre  pour  porter  le 
«c  la  Fxan-  Jemier  coup  à  la  fouveraineté  de 
Preuves,  la  Monatchic  Françoife.Il  com- 
Miitions  mcnca  par  unc  longue  &  violen. 


avec  Philippe  le  B£L  %  7 1 
te  procédure  qu'il  avoit  dreffée  " 
en  forme  de  Bulle  après  la  fulmi- 
nation  de  toutes  celles  du  15.  ves,».xiir. 
d*Aouft  ,  &  qu'il  de  voit  faire  pu^  »!Ti. ''''''  ' 
blierlejour  de  la  Nativité  de  f /;^:^^^"^  ' 
Nôtre-Dame.  Tournant  enfuite 
toutes  {q^  vues  du  coté  des  Puif- 
fances  qu'il  croyoit  pouvoir  ar- 
mer contre  la  France,  il  follicita 
ardemment  contre  le  Roi  les  Al- 
lemands y  les  Anglois  &  \q,%  Fla- 
mands. C'eft  ce  qu'on  ne  peut 
révoquer  en  doute^  après  l'aveu 
qu'en  a  fait  Benoift  XL  qui  a- 
voit  affifté  aux  délibérations  de 
Boniface.  II  eut  auflî  recours  aux 
armes  fpirituelles  j  &  non-feule- 
ment il  livra  la  perfonne  duRoî 
à  Satan  pat  une  excommunica- 
tion nouvelle,  accompagnée  d'e* 
xecrations&demaledidions  fur 
fa  famille  Royale  6c  fa  pofteritc  ^ 
nonfeulement  il  jettal'interditfur 
tout  le  Royaume,  6c  cafla  tous 
les  privilèges  que  lui  avoit  accor- 
dés le  faint  Siège  :  il  difpenfa  cn- 

M4 


272  Dèmclexjle  Boniface 
J3©5.  "  core  tous  les  Sujets  du  ferment: 
de  fidélité  ôc  de  Pobéiflance 
qu'ils  dévoient  à  leur  Souverain. 
Il  entreprit  de  les  foûlever  con- 
tre lui ,  d'attirer  {^^  ennemis  de 
dehors  en  France  ^  &  d'en  donr 
ner  le  Royaume  à  Albert  d'Au- 
triche Roi  des  Romains ,  pour  le 
pofleder  à  jufte  titre  après  qu'il 
en  auroit  fait  la  conquête.  Mais 
Albert  qui  s'ëtoit  réduit  à  tou- 
tes les  foûmiffions  imaginables 
pour  obtenir  la  confirmation  de 
fon  éledion  au  Royaume  desRo- 
mains  en  Allemagne  ,  ce  que  le 
même  Boniface  lui  avoit  refufé 
par  trois  fois ,  ne  fe  m  t  pas  en 
peine  de  profiter  d'une  libéralité 
fi  caduques^  fi  dângereufe,trou- 
vantplus  de  fureté  pour  !ui  à  fe 
maintenir  dans  l'alliance  ôc  l'a- 
mitié contractée  avec  Philippe  le 
Bel  depuis  leur  entrevue  de.Vau- 
couleurs. 
Preuves,  Pour  donner  à  une  telle  con- 
V2\li.i,  p.  duite  quelque  apparence  dejuf- 

T7. 


avec  Philippe  le  BcL       1 73 

tice ,  Bonifacc  dans  fa  dernière 

procédure,  tâcha  de  colorer  cou-  ^  '  °  ^ 
tesfes  violences  du  nom  deféve- 
rité  paternelle  ,  néceflaire  pour 
corriger  un  Enfant  opiniâtre  & 
rebelle.  Il  remontra, ^^^yc';^^^^/^ 
fein  ri  è  toit  pas  d'impofcrau  Roi  û:i. 
cune  peine  affliïtive  ^  mais  de  lut 
faire  connaître  feulement  quil  était 
excommunié  de  droit  ^  qiCiln\ivoit 
rien  épargné  pour  ramener  ce  Prin- 
ce :  mais  que  les  remontrances  n'a- 
vaient fervi  qu'a  le  rendre  plus  in^ 
docile  (jS  plus  rebelle.  Que  pour  é- 
prouver  tous  les  moyens  de  douceur 
(^  de  condefcendance  y  voyant  que 
Sa  Majeflé  avait  rebuté  fan  Nonce 
Jacques  des  Normands ^  il  lui  avait 
envoyé  en  légation  le  Cardinal  le 
Moine  y  François  de  naijfitnce  c^ 
bien  venu  à  la  Cour  de  France  5  (jr 
qu'il  lui  avait  offert  par  le  moyen 
de  ce  Légat  y  de  l\ib  foudre  des  ex^ 
communications  qu'il  avoit  encou^ 
rues.  Mais  que  le  Roi  avoit  mé^ 
prifé  l'abfolutlony  é^  mal  reçu  le 

M  5 


JÎOJ. 


±  74     Démêle^  de  Boni  face 
Cardinal  ^  à  qui  il  avait  donné  des 
Gardes ,  avec  menaces  de  lui  faire 
fyfiifier  le  Ban  royal. 

Ce  fut  dans  cette  même  pro  - 
cedure  que  Boniface  après  avoir 
exagéré  les  mauvais  traicemens 
faits  au  Legat^^quoiqu^il  n*eneut 
point  fouffert  d'autre  que  la  dé- 
tention de  Benefrado  fon  Cha- 
pelain 5  qui  lui  apportoitles  Bul- 
les de  Rome,  avança  diverfes 
faufTetez  contre  la  vérité  de  ce 
qui  s'étoitpaffé  en  France,  tou- 
chant l'appel  au  Concile^afin  de 
rendre  leRoi  encore  p  lus  odieux 
6c  de  le  faire  trouver  coupable. 
Pour  cela  il  feignit  que  non  con- 
tent d  avoir  fait  arrêter  l'Abbé 
de  Cîteaux ,  &:  exigé  par  force 
\^s  fuiîrages  de  là  plupart  des 
gens  d'Eglifej  réguliers  Scfécu- 
Jiers, parmi  ks  Sujets  naturels ,  il 
avoir  fait  auffî  fâifir  beaucoup  de 
Religieux  Italiens  ^  d'autres 
Etrangers  ,  qu'on  avoit  jettez 
d^ns  les  prifons  du  Châtelet  de 


avec  Philippe  le  BeL  275" 
Paris ,  pour  avoir  voulu  fe  retirer 
&  Avoir  refufë  d'adhérer  à  l'ap- 
pel. 

Il  déclara  ,  Que  le  Roi  comme 
excommunie  ,  étoit  déchu  de  tout 
droit  de  conférer  aucuns  Bénéfices ^ 
^  de  commander  ni  par  lui  ni  par 
d'autres,  Qu^ainfi [es  Sujets  n'ctant 
plus  obligez^de  lui  garder  la  foi  Ce- 
Ion  l^ autorité  des  Canons^  ils  ctoient 
ah  fous  ^  délivre 'Z^u  ferment  qti  ils 
lui  av  oient  prêtée  Qiien  vertu  des 
mêmes  Canons  ,  t^  par  l'autorité 
fouveraine  qu'il  avoit  recùedeDicu 
en  qualité  de  Vicaire  ^^  J  e  s  u  s- 
Christ,//  leur  défendoit  fous 
peine  d'anathéme  d'obéir  a  Philips 
pe  IV,  dit  le  Bel ,  ^  a  toute  autre 
perfonne  du  dedans  &  du  dehors :,  de 
recevoir  aucuns  Bénéfices  de  lui  fur 
la  même  peine  ,^  ^  fur  celle  d'être 
déclarez^  incapables  pour  jamais 
d'en  tenir  aucuns^  ^  de  perdre  ceux 
qu'ils  pojfedoient.  Il  cafTa  aufli  par 
la  même  procédure  6c  annulla 
tous  les  traitez  de  ligue  5:  de- 

M  6 


I?0 


2  7^  Démêle^  de  Boni  face 
jjoj^  confédération  faits  par  le  Roî ;. 
avec  les  Princes  quels  qu'ils  fuf- 
jfenc.  Il  le  menaça  enfin  ,  que  s'il 
ne  rentroit  dans  Tobéiflance  qu'il 
devoir  à  Sa  Sainteté  ^  il  lui  fe- 
roit  inceflamment  fentir  toute  la 
rigueur  des  peines  aufquelles  il 
pourront  juftement  le  foûmec- 
tre. 
*xxx.  Boniface  avoit  déjaordonn4.; 
^Zllf  que  l'Ade  de  cette  violente  pro,  ' 
Anagnia.  cedurc  fcroit  affiché  à  la  porte 
'$*niorc.  ^^  l'Eglife  d'Anagnia  le  huit  de 
Septembre,  jour  de  la  Nativité 
de  la  fainte  Vierge,  qui  étoic 
l'unique  forme  de  citation  qu'il 
prétendoit  obferver  dans  {.ts  ju- 
gemens  depuis  fa  Bulle  Rem  non 
novam.  Mais  Dieu  permit  qu'il 
îux  prévenu  par  Tes  ennemis. No- 
garet  &  Sciarra  Colonna  affdrez 
des  troupes  dont  nous  avons  par- 
lé ,  &  des  principaux  habicans 
d'Anagnie  qu'ils  avoient  gagnez 
par  argent  ,  s'avancèrent  avec 
leur  petite  armée,  &  entrèrent 


^vec  Philippe  le  Bel,      277 
dans  la  Ville  la  veille  de  ia  Fêce  "" 


à  la  pointe  du  jour  avec  la  ban- 
nière de  France.  Leur  deflein  peiixorios, 
étoic  d'aller  droit  au  Palais  du '^  ^^'^'"'*''^- 
Pape  ,  non  pour  le  rorcer  1  cpce  ^ 6  r . 
a  la  maui,  mais  pour  traiter  avec  viiuntAji' 
Sa  Sainteté  &  tâcher  de  Tintimi-  ''"u,^ ^''*" 
der.  Le  bruit  que  firent  les  Sol- 
V  dats  qui  crioient  Vive  le  Roi 
DE  France,  Meure  le  Paî^e 
B  o  N  I  F  A  c  E ,  fut  câufe  qu'ils 
ne  purent  exécuter  cette  réfolu- 
tion.  Car  le  peuple  s'ëtant  ra- 
maffc  tumultuàirement  avec  les 
domeftiques  du  Marquis  Pierre 
Gactan,neveu  duPape,&ceux  de 
fon  fils  Conticelli ,  ils  furent  ar- 
rêtez par  une  baricade,&  repaut 
fez  devant  l'Hôtel  de  Gaétan  , 
par  où  d  faloit  néceflairemenc 
pafler  pour  aller  jufqu'au  Palais. 
Cette  réiîftance  les  irrita  de  cel- 
le forte,  qu'ils  forcèrent  rHôtel 
&  les  maifons  voifines ,  les  pillè- 
rent 6^  firent  prifonniers  trois 
Cardinaux  qui  étoienc  des  aniis 


%  j%  JDêmcle^de  Boni  face 
j^Qj^  particuliers  du  Pape.  Nogarec 
r».r«u^  T.."  appréhendant  les  fuites  de  ce  tu- 
îi.Hifi  Pif-  multe  ,  alla  eicorte  d  un  petir 
nombre  de  perfonnes  à  la  place 
publique  ,  fit  fonner  la  cloche  , 
aflembla  les  principaux  de  la 
Ville  ,  leur  déclara  que  Ton  def- 
fein  ne  tendoît  qu'au  bien  de  TE- 
glife ,  &  les  pria  de  vouloir  fe 
joindre  à  lui.  Ils  fe  laifTérent  ai- 
fëment  perfuader  ^  6c  prirent  Té- 
tendart  de  PEglife  Romaine  ,  a- 
vec  quelques  Compagnies  de  la 
Ville,fous  le  commandement  du 
Baron  Arnulfi ,  Tun  des  Grands 
Seigneurs  de  la  Campagne  de 
Rome  ,  fauteur  des  Gibellins  & 
ennemi  particulier  du  Pape.  Le^ 
troupes  de  Sciarra  Colonna  fe 
trouvant  renforcées  de  ces  Com- 
pagnies, allèrent  auflîtôtaffieger 
îePalais,  &fefaifirent  de  toutes 
\t^  avenues  de  la  Ville.Elles  for- 
cèrent le  Château  malgré  les  re- 
montrancesdeNogaret,qui  leur 
avoit  recommandé  de  ne  point 


avec  Philippe  le  Bel.  179 
commettre  de  dëfordres  ni  de  ' 
violences ,  &  qui  avoit  défendu 
fur  tout  à  ceux  d*Anagnie  ,  qui 
ëtoient  les  plus  animez,  de  tou- 
cher à  la  perfonne  du  Pape^ni  au 
treforderEglife. 

Boniface  qui  n'avoic  pas  voulu 
ajouter  foi  au  premier  bruit  de 
l'arrivée  de  (qs  ennemis ,  fut  fur- 
pris  &:  abandonné  d'une  partie 
des  Officiers  de  fa  maifon  ,  ôcde 
la  plupart  des  Cardinaux ,  donc 
les  uns  prirent  la  fuite  ,&:  fe  fau- 
vérenchors  delà  Ville,  désiuifez 
en  Laïcs,  les  autres  fe  cachèrent, 
à  la  réferve  de  deux  ,  favoir  Ni- 
colas BoccalTmi ,  Cardinal  Evê- 
qued'Oftie,  &  Pierre  d'Efpagne, 
Cardinal  Evêque  de  Sabine ,  qui 
lui  demeurèrent  fidèles,  &  s'at- 
tachèrent inviolablement  à   fa 
perfonne.  Les  ennemis  ne    lui 
donnèrent  pas  le  tems  de  fe  re- 
connoître  j  de  force  que  malgré 
fon  courage  ,  ou  plutôt  fa  fierté 
naturelle ,  il  fut  contraint  de  de-- 


MOT. 


'30?. 


1 8  o      Dêmclez^  de  Bonifaee 
mander  à  Sciarra  Colonna  une. 
trêve,qui  ne  lui  fut  accordée  que 
jufqu'à  neuf  heures  ,  c'eft  à  dire 
jufqu*à  crois  heures  après  midi. 

Il  employa  ce  tems  à  foUici- 
ter  le  peuple  d'Anagnie  en  fa  fa- 
veur •  6<  il  lui  fie  promettre  que 
s'il  lui  fauvoit  la  vie  6c  la  liberté^ 
il  lui  donneroit  des  récompen- 
fes  beaucoup  plus  grandes  que 
toutes  celles  qu*il  pourroit  efpe- 
rer  des  François  pour  fa  prife. 
Mais  voyant  que  ceux  qu'il  avoic 
fait  agir  dans  cette  négociation 
ne  pouvoient  rien  obtenir  d'un 
peuple  animé  par  fon  Capitaine, 
il  pria  Sciarra  de  lui  donner  par 
écrit  ce  qu'il  defiroit  de  lui.Sciar- 
ra  fenfible  au  plaifir  de  la  ven- 
geance ,  lui  fit  dire  ,  qu'il  ne  lui 
accorderoit  la  vie  qu'à  deux  con- 
ditions ,  donc  la  première  étoir, 
Qii'il  rétabliroic  les  deux  Cardi- 
naux Colonnes,  Jacques  6c  Pier- 
re ,  fon  oncle  6c  fon  frcre,6c  tous 
ceux  de  fa  famille  3'la  fcconde^, 


avec  Philippe  le  Bel,        iSi  ' 

Qu'il  renonceroic  à  la  Papauté.    ^'^^' 
Boniface  fut  entièrement  con- 
fterné  de  ces  deux  demaniIcs,Ôc 
jettanc  un  profond  foûpir;,  il  dit  : 
Ah  !  que  ces  conditions  font^^ 
dures  î  »  &  il  ne  fit  point  d'autres 
réponfes  :  la  colère  Se  Tindii^na-      ,,  , 
tioD  lui  ayant  tellement  lerre  le  r^.  ^^^i^r. 
cœur  ,  qu'il  parut  avoir  perdu  la  '"^Dupurip. 
parole  pendant  un  long  efpace  *Vreuves, 
dctems.  pag.i9r« 

La  trêve  finie,Sdarrafitavan. 
cerles  foldats  ,6c  pourfijivit  fon 
entrcprife.  Irritez  de  la  rëiiQan- 
ce  qu'ils  trouvèrent,  ils  mirent  le 
feu  à  TEglile  de  Nôtre4)ame  , 
qui  étoit  la  Cathédrale  ,  &  fe 
firent  un  paflage  pour  entrer 
dans  le  Palais  du  Pape.  Le  Mar- 
quis Gaétan,  neveu  de  Sa  Sain- 
teté ,  après  s'être  défendu  pen- 
dant quelque  tems,  fut  obligé  de 
fe  rendre  à  Sciarra  ^  au  Capitai , 
ne  Arnulfi  avec  tous  fes  gens,aui- 
quels  on  ne  laifla  que  la  vie.  Ce 
fpeulacle  joint  au  danger  pcrfoa- 


2, 8 1       Dèmelcz^  de  Boni  face 
~_^      nel  que  couroic  Boniface  ,  fie 
'  °  '  '     pleurer  amèrement  ce  vieillard. 
Mais   foit    par  faififlemenc   de 
cœur  ,  foie  par  le  retour  de  fa 
confiance  ^  il  efTuya  fes  larmes  , 
lorfqu'il  entendit  brifer  les  por- 
tes &  les  fenêtres  de  fon  apparte- 
ment, &:  qu'il  y  vit  mettre  le  feu. 
11  fe  laifTa  prendre  par  les  fol- 
datsde  Sciarra,qui  lui  firent  tou- 
tes les  infuttes  &  toutes  les  me- 
naces que  la  brutalité  put  leur 
fuggerer.Ils  pillèrent  malgréNo- 
garet  fes  coffres  ôc  fa  treforerie , 
où  ils  trouvèrent  tant  d'argent  ^ 
tant  de  pierreries  &  tant  de  meu- 
bles précieux,que  fi  Ton  en  croit 
'^r  '^S'"'  quelques  Auteurs ,  tous  les  Rois 
de  ce  temsJa  joignant  leurs  ri- 
cheffès  enfemble,  n'auroient  pas 
pu  en  fournir  autant  en  un  an  , 
qu'il  en  prit  en  un  jour  dans  le 
Palais  du  P^pe  ,  dans  celui  du 
Marquis  Gaétan  fon  neveu  ,&: 
dans  ceux  des  trois  Cardinaux 
qui  avoient  été  faits  prifonniers 
le  matin. 


avec  Philippe  le  Bel.  ^î^ 
Boniface  fe  voyant  abandon- 
né de  (qs  gens,&:  des  Citoyens 
de  fa  Ville,qui  pour  les  bienfaits 
dont  il  les  avoit  comblez  ^  6c 
llionneur  qu*ils  avoient  d'être 
ks  Compatriotes/embloient  de- 
voir s'interellèr  plus  particuliè- 
rement à  fadcfenfe^crut  qu'il  ne 
devoit  attendre  que  la  mort.  Ce 
fut  alors  que  fe  furmontant  lui- 
même,  il  rappeila  (^s  forces  &  fa 
fierté  qu'une  difgrace  fi  impré- 
vue, non  plus  que  Ion  grand  âge- 
n'avoient  pu  abacre  :  >?  Puifque  et 
je  fuis  pris  en  trahifon^  dit~il,^  ce 
que  je  fuis  indignement  livré  « 
entre  les  miins  demes  ennemis  et 
comme  le  Sauveur  du  monde,  « 
pour  être  mis  à  mort  ,  il  faut  c^ 
au  moins  que  je  meure  en  Pa- et 
pe.  Aulfitôt  il  fe  fit  revêtir  du 
manteau  de  faint  Pierre,  6c  des 
autres  ornemens  Pontificaux ,  fe 
fit  mettre  la  Couronne  de  Con- 
jflantin  fur  la  tête  j  6c  prenant  les 
clefs  6c  la  croix  à  la  main  ^  il 


1  JO 


I  50?, 


284       DèmHe:*^  de  Boni  face 
b'affit  fur   fon   Trône. 

Cette  majeftueufe  pofture  re- 
tint la  Soldatefque  dans  le  ref- 
pecl  pendant  quelque  tems^mais 
elle  n'empêcha  pas  Nogaret  ôC 
Sciarra  de  s'approcher  du  Pape. 
Nogaret  lui  déclara  de  nouveau 
fa  commiffion  ,  lui  fignifia  tout 
ce  qui  s'étoit  fait  en  France  con- 
tre fes  entreprifes  6:  {i^s  préten- 
tions ,  ôc  le  fomma  de  faire  af- 
fembler  le  Concile.  La  conte- 
nance 6c  le  filence  de  Boniface 
firent  juger  qu'il  n'acquiefceroic 
pas  volontiers  à  cette  demande. 
Ce  qui  porta  Nogaret  à  le  faire 
defcendre  du  trône,  en  le  mena- 
çant de  le  faire  conduire  lié  ôc 
garoté  à  Lyon  pour  y  être  jugé 
&  dépofé  par  le  Concile  gênerai 
que  le  Roi  fon  Maître  devoit  y 
aflembler.  Il  lui  donna  pourtant 
fa  fauvegarde  6c  l'aflîira  de  la 
vie,  ajoutant  qu'il  faloit  qu'il  y 
eût  contre  lui  un  Jugement 
canonique   de  TEglile  ,  avant 


avec  Philippe  le  Bel,      185 
qu'on  entreprît  rien  fur  la  per-  " 

ionne.  ^^^'* 

Sciarra  prit  alors  la  parole, 
êc  demanda  au  Pape,  s'il  ne  vou- 
loir pas  céder  la  Papauté  ,  ajou- 
tant que  ce  Teroic  le  moyen  d'ap- 
paifer  les  troubles  ,  &  de  faire 
la   paix  avec  tout  le  monde  : 
Non  ,  répondit  Boniface  ,  j'y  « 
perdrai  plutôt  la  vie.  '5    Puis 
s'avancant   vers  les   Chefs   du  waiff^^hjm, 
Parti  Colonne,  il  dit  en  fa  lan-  p:^;^^''"" 
sue  vulsiaire:  Voilà  mon  cou,  ccf^°.''  'f'* 
voila  ma  tête  ^  mais  j'aurai  la  « 
fatisfaction   de  mourir  Pape.  c< 
Il  fît  enfuite  de  fanglants  re- 
proches à    Nogaret  ,  qu'il  re- 
gardoit  comme  le  premier  au^ 
teur  de  fon  malheur  ^  Se  il  s'em- 
porta de  paroles  contre  le  Roi 
de  France  ,    qu'il   maudit  juf- 
qu'à  la  quatrième  génération. 
Nogaret  piqué  au  vif  de  ce  que 
Boniface  ne  lui  fcavoit  aucun 
gré  de  ravoir  fauve  des  mains 
de  ceux  qui  avoient  déjà  voulu 


«10? 


2. s 6  "Dèmhlcxâe  Boniface 
l'aflaffiner,  &  d'avoir  empêché 
cju*on  achevât  de  piller  le  refte  de 
les  treforSj  lui  dit  avec  beaucoup 
de  fierté  :  >»  Chétif  Pape  que  tu 
M  es,regaf  de  &:  confidere  la  bon- 
33  té  de  mon  Seigneur  le  Roi  de 
53  France,qui  bien  que  fonRoiau- 
«  mefoitfort  éloigné  de  toi ,  te 
>3  garde  par  moi ,  &  te  défend  de 
53  tes  ennemis ,  ainfi  que fes  Pré- 
î3  deceflèurs  ont  toujours  gardé 
53  les  tiens. 

Le  Pape  qui  prenoit  pour  des 
indignitez  &  des  mauvais  traite- 
mens  ces  fervices  prétendus  que 
Nogaret  lui  faifoit  tant  valoir,& 
qui  ne  pouvoir  fouffrir  qu*il  lui 
réitérât  les  menaces  qu'il  lui  a- 
voitfaites  de  le  conduire  enFran- 
ce ,  6c  de  lui  faire  faire  le  procès 
par  le  Concile  qui  s'y  devoit  te- 
nir ^  lui  répondit  :  »  Je  me  con- 
ïjfolerai  aifément  de  me  voir 
33  condamné  par  des  Patariens 
33  pour  la  caufe  de  TEgHfe.  No- 
garet entendit  plus  qu'à  demi- 


avec  Philippe  le  BeL  i  §7 
mot  ce  qu'il  vouloitdire.  Cela  le  ^7"^ 
fie  fou  venir  du  fupplice  de  fon 
grand-pere,  qui  avoir  été  con- 
damné 6c  brillé  vif  par  ordre  des 
Inquifiteurs  comme  Patarien  ou 
Albigeois  j  6c  ce  reproche  que  lui 
en  fit  Boniface  comme  d'une  ta- 
che pour  fa  famille  &  pour  fa 
pcrfonne,  le  rendit  confus  6c  To- 
bhgea  de  fe  taire.  Mais  Sciarra 
Colonna  ,  qui  n*avoit  ni  la  pu- 
deur ni  la  modération  de  Noga- 
ret ,  s'emporta  contre  le  Pape  , 
qu'il  chargea  d'injures.  Il  ofa 
même  lui  donner  de  fon  gantelet 
fur  le  vifagc ,  félon  quelques  Au-  wt//;.?/,^, 
tcurs ,  qui  ajoutent  qu'il  l'auroit  "  e^^^u^uy, 
tué .  fi  Noearet  ne  l'en  eut  em-  p-  *^-    , 

^     {     ,  •         1>  /TA  Anton.  Plo- 

peche  :   mais  d  autres  aliurent  rt-ntinus, 
que  Dieu  ne  permit  pas  que  per-  sVo^ndinus,' 
fonne  le  touchât.  p.'i'é?.^"'' 

Pendant  que  le  Palais  Ponti- 
fical étoit  tout  en  trouble ,  la 
Ville  jouiflibit  d'un  alTez  grand 
calme.La  plupart desCardinaux, 
dont  quelques-uns  étoienc  d'm- 


»10î 


iS8  Bcmèle^de  jBoniface 
telligence  avec  les  François  & 
les  Colonnes ,  fe  tinrent  enfer- 
mez chez  eux.  François  Gactan^ 
neveu  du  Pape  ,  homme  robufte 
de  corps  &  fort  entreprenant^ 
dont  Boniface  s'ctoit  fervi  pour 
faire  (qs  extorfions,ôc  amaflerles 
richeflès  qu*on  venoit  de  piller  , 
fe  retira  dans  une  place  près  d*A- 
nagnie  :,  où  Nogaret  empêcha 
qu'on  n'allât  le  forcer.  Ceux  des 
Cardinaux  qui  ne  voulurent 
prendre  parti  pour  perfonne  , 
&  retirèrent  à  Peroufe. 
,^;  Nogaret  ayant  pris  la  perfbnl 
ne  du  Pape  &  celles  de  fes  ne- 
veux, fou  s  fa  protedion  particu- 
lière contre  les  infultes  des  fol- 
dats  de  Sciarra,  mit  Boniface  en 
la  garde  de  Regnaud  de  Suppi- 
no  ;,  Capitaine  des  Florentins , 
avec  ordre  de  lui  laiflerune  hon- 
nête hberté ,  ^  de  lui  faire  don- 
ner  à  manger.  Mais  la  crainte 
d't^cre  empoifonné  par  (es  enne^ 
•mis ,  la  fuite  de  fes  gens ,  &  J'in- 

différence 


avec  Philippe  le  Bel,      189 
différence  de  Regnaud  ,  firent  — — — 
que  ce  dernier  point   fut   fort     '^°^' 
mal  exécute  ^  de  force  qu'il  fe  vit 
en  danger  de  mourir  de  faim 
au  bouc  de  trois  jours  qu'on  Ta-  w4//r«^.<«, 
voit  laifle  à  jeun  ,  s'il  ne  fe  fût  pïl-'xoau., 
trouvé  une  pauvre  femme  qui  lui  p^?-  ^^  »• 
apporta  un  peu  de  pain  &  qua- 
tre œufs  ,  dont  il  mangea  d'au- 
tant plus  volonciers,  qu'il  favoit 
qu'on  ne  pouvoir  les  rendre  fuf- 
cepcibles  de  poifon  dans  leur  co- 
que. 

Cette  extrémité  de  mifereoù 
fe  trouvoit  réduit  le  Souverain 
Pontife  de  l'Eglife,  toucha  enfin 
les  habitans  d'Anagnia  de  com- 
paffion  ,  de  honte  6c  de  repentir. 
Etant  fâchez  d'avoir  fi  lâche, 
ment  abandonné  leur  Compa- 
triote, bc  de  s'être  joints  à  fes  en- 
nemis pour  travailler  à  fa  perte  , 
ils  s'aflemblérent  &  prirent  les 
armes  pour  fa  défenfe  ,  criant 
que  c'ctoit  à  eux  &:  non  à  des 
Etrangers  à  garder  leur  Citoyen 

N 


^l' f)  o       TfèmclexJieBGntfacs 

'■"^ dans  leur  Ville.   Ils   entrèrent 

'^^^'  dans  le  Palais  au  nombre  dfî 
près  de  dix  mille  hommes ,  for- 
cèrent &  tuërenr  les  Gardes  4« 
\^s  Soldats  qui  voulurent  leur 
réfifter  ,  challérent  les  François, 
&  mirent  en  fuite  le  rcfte  des 
conjurez  avec  leurs  Chefs.  No- 
garet  6c  Sciarra  Colonna  voyant 
toute  la  Vilie  changée  en  fi  peu 
de  tems ,  &  animée  contre  eux  y 
furent  obligez  de  fe  retirer ,  fans 
avoir  même  le  loifir  de  fauver  la 
v,o  *^'  .  V  mnniere  deFrance  qu  ilsavoienc 
ra^u^s  arborée  fur  le  pavillon  du  Palais. 
'*^'^J^-.,  Ainfi  c'en:  contre  toute  apparen- 
w^/y7;ix^;^?«.  cède  vérité  qu'un  Hiftorien  An- 
glois  a  écrit  que  ces  deux  Chefs 
firent  monter  Boniface  fur  un 
cheval  fans  bride  &:  fans  felle  ., 
le  dos  tourné  vers  la  tête  du  che- 
val ,  &:  qu'ils  le  contraignirent 
de  courir  de  la  forte  jufqu  a  per- 
dre haleine  ^  circonftancequ'au^ 
riin  Ecrivain  n*a  rapportée  ,  &: 
dont  il  ne  fua  fait  aucune  men- 


ztvec  Philippe  le  Bel,  1 9  r 
rion  dans  le  procès  que  les  Dé- 
fenfeurs  de  Boniface  firent  de-  *^°^* 
puis  à  Nogaret.  L^s  Auteursles 
plus  paffîonnezpour  lePapecon- 
tre  la  France,  n'écoient  pas  non^ 
plus  dans  cette  créance  ,  puiC 
qu'ils  ont  attribué  à  une  protec- 
tion vifible  de  Dieu  fur  leVicai- 
re  de  Jesus-Chktst  ,  la  rete- 
nue de  Nogaret  &  de  Sciarra, 
auffi-bien  que  le  changement  fu^ 
bit  ôcinefperé  de  ceux  d'Anagnia 
en  fa  faveur. 

Le  Pape  fe  voyant  en  liberté  '^f'it''''' 
avec  les  neveux ,  ôc  délivre  de  la      oupay  » 
crainte   de  la  mort  ,  dont  les  ^"î^ou* 
gens  de  Sciarra  l'avoient  mena-  ^^^'^*' 
ce  a  toute  heure ,  fe  fit  porter 
dans  la  place  publique  de  la  vil- 
le.  Il  y  repréfenta   devant  le 
peuple  fa  mifere  &:  fes  befoins 
excrèmes  d'une  manière  fort  pa- 
thétique. Il  fit  entendre  qu'on 
TavoitlaiiTé  trois  jours  fans  man- 
ger.; &  fe  recommandant  aux 
<:haritez  des  particuliers,  il  pro- 

JN2. 


tc^t  DémelezjleB  onifctce 
""""  mit  rabfolucion  de  tous  Ics^ 
'^°^'  péchez  à  ceux  qui  lui  donne- 
roienc  du  pain  &  du  vin.  Ce  qui 
fit  qu'on  lui  en  apporta  de  tou- 
te part,  6c  qu'on  alla  en  foule 
auPalais  recevoir  fa  bénédiction» 
Vf^i.  Il  déclara  enfuite ,  qu'il  pardon- 
^-*  '"^^^^Xioit  à  tous  ceux  des  Habitans 
de  la  Ville  qui  avoient  pris  les, 
armes  contre  lui  j  mais  qu'il  ex- 
ceptoit  les  voleurs  du  trefor  de 
l'Eglife  &  des  Cardinaux.  Il  té- 
moigna aullî  5  qu'il  defiroit  de 
faire  fa  paix  avec  les  Cardinaux 
Colonnes,  &  que  fon  intention 
ctoit  de  les  rétablir.  Il  feignit 
même  de  vouloir  fe  remettre 
bien  avec  la  France  ,  &  offrit 
de  s'en  rapporter  au  jugement 
du  Cardinal  Matthieu  Rolîî  , 
touchant  tout  le  différend  qu'il, 
pouvoit  avoir  avec  le  Roi.  Il 
accorda  en  même  temps  le 
pardon  à  tous  les  François  qui  ■ 
étpienc  venus  l'attaquer. ^.,^p 
nommément  à  Guillaume  de" 


avec  Philippe  le  Bel  193 
Nogarec  ,  ajoutant  qu'ils  n'a-  1305. 
voient  pas  encouru  les  Cenfu- 
res  de  l'Eglife  5  &  qu'en  cas 
qu'ils  les  euflènt  encourues ,  il 
leur  en  donnoit  Tabfolution. 

Mais  ce  mouvement  de  bien-  viiisnî , 
veillance  ne  pafla  pas  la  durée^^^ip.^'^"' 
de  ks  befoins.  Lorfqu'ii  le  vit^^. 
rétabli  ^  &  qu'il  fut  entière- 
ment revenu  de  rétourdiile- 
mentSc  de  la  confternation  oii 
fon  malheur  l'avoit  jctté  ,  il  fie 
fur  tout  ce  qui  s'ctoit  paflTé  des 
reflexions  qui  le  portcrcntà  chcr- 
clier  les  moyens  de  s'en  ven- 
ger fur  le  Roi  de  France  &  fur 
tout  le  Royaume.  Dans  cette 
vue  il  prit  le  parti  de  s'en  re- 
tourner à  Rome  ,  &  d'y  tenir 
un  Concile  ,  fur  les  délibéra- 
tions duquel  il  pût  agir.  Les 
Romains  envoyèrent  au-devant 
de  lui  le  Cardinal  Mathieu  des 
Urfins,  avec  quelques  Compa- 
l^nies  de  la  Ville  pour  Tefcorter. 


lîOj. 


294  Dèmeîe^de  Boni  face 
Mais  le  bon  accueil  qu*on  lîiî 
fit  ne  put  le  garantir  du  chagrin 
que  lui  caufa  le  fouvenir  de  l'in- 
jure qu'il  avoit  re(^ûe.  La  trif-^ 
telle  le  fît  tomber  dans  une  ef- 
pece  d^âlienation  d'efprit  ,  du- 
rant  laquelle  il  ne  parloit  que 
de  raalediclions  ôc  d'anathê- 
mes  contre  Philippe  le  Bel  ^ 
Nogaret  ôc  {^^  autres  Miniftres* 
Il  en  contracta  une  maladie 
accompagnée  d'une  violente  fré- 
nefie  ,  qui  le  mit  dans  de  fî 
grands  tranfports  ,  qu'on  eut 
beaucoup  de  peine  à  l'empê- 
cher de  dévorer  if^  bras  ôc  fes 
couvertures  ,  &  de  fe  cafler  \z 
tête  contre  le  bois  de  fon  lit. 
Il  mourut  dans  les  accès  de 
cette  fureur  le  xi.  d'Odobre  ^ 
fans  avoir  eu  un  intervale  de 
tranquilité  pour  pouvoir  fe  re- 
connoître. 

Un  genre  de  mort  fi  trifte  5c 
il  peu  ordinaire ,  rappellala  mé- 
moire d'une  efpece  de  prophe- 


étuec  Philippe  leBcL  3  9- j 
tî£  qui  couroit  de  lui  ,  &:  que  "T^ 
Ton  accribuoic  à  fon  Prédecef-  *^°^' 
feur  faine  Pierre  Celeftin.  On 
reprëfenroic  ce  faine  Pape  ,  di- 
fant  à  Boniface:Tu  es  mon-« 
TE*  SUR  LE  Trône  comme  « 
TJN  Renard  ;  >3  ce  qui  marquoic 
Jes  artifices  bc  les  rufes  donc  il 
s*écoit  fervi  pour  parvenir  au 
Pontificat  :  et  Tu  régneras  ce 
COMME  UN  Lion  3  '3  par  où 
Ton  entendoic  les  violences 
qu*il  exerçoic  pour  fe  faire  obcin 

Tu     MOURRAS     COMME    UN  " 

CniEN^n  ce  qui  dëfigne  aiïez 
clairement  la  nature  de  fa  der- 
nière  maladie.    Il   fut  enterre  f'T/;^ 
magnifiquement  dans  une  Cha-  J^^y^^iaus , 
pelle  de  TEglife  de  faint  Pierre ,  "•  44. . 
qu'il  avoit  deftinée  pour  fa  fé- 
pulture  ,  ^  où  fon  corps   fut 
trouvé    tout    entier   trois  cens 
ans  après ,  lorfque  fous  Paul  V.  en  léor* 
il  fut  queflion  de  rebâtir  le  lieu.  Feiixofms, 
Ce  qui  fervit  à  démentir  cette  pi<54.coi. 
foule  d'Hiftoriens  qui  ont  écrie 

N4 


19  6  Dmhlex^ie  SànifdCf 
jjaj.  qu'il  s'ëcoic  rongé  les  doigts  & 
mangé  les  mains  de  rage  avant 
que  de  mourir ,  &  à  faire  connaît 
tre  l'excellence  complexioa  de 
fon  corps  qui  fe  conierva  entier 
tant  de  fiecles  dans  le  tombeau, 
quoiqu'il  fut  ufé  par  !a  longueur 
d'une  vie  de  quatre-vingt- fix  ans, 
dont  il  en  avoit  régné  près  de 
neuf  dans  des  mouvemens  ôcd^i 
agitations  continuelles.'  **  ^ooir 
^.  Ceft  ainfî  que  finit  Boniface 
Vin.  au  milieu  des  vains  efforts 
qu'il  avoit  faits  pour  convertir  le 
miniftere  apoftolique  de  PEglife 
en  une  domination  defpotique  , 
contre  la  difpofition  exprefle  de 
jEsus-CHRisT.On  peut  dire  qu'il 
étoit  né  pour  commander  j  6c 
il  avoit  beaucoup  d'excellentes 
parties  propres  à  lui  attirer  la 
fodmiflion  des  autres,  s'il  eût  fçu 
fe  contenir  dans  des  bornes  légi- 
times. Perfonne  ne  le  paffbit  en 
fon  tems  dans  'a  connoifTance 
<les  faintes  Ecritures ,  de  l'un  & 


'itvec  Philippe  le  Èeh  -t  9  7 
Je  Pautre  Droit ,  &  de  toutes  les  - 1  ' 
afFakesecclefiaftiquesôc  civiles;  x^o% 
&  l'on  ne  peut  fans  injuftice  lui 
refufer  la  gloire  d'avoir  fait  beau- 
coup de  Rëglemens  falutaires  , 
pour  maintenir  les  Droits  6c  la 
Difcipline  de  TEglife.  Mais  il 
^voit  une  ambition  démefurée 
&  une  avari  ce  infatiable ,  qui  lui 
firent  faire  un  mauvais  ufage  de 
tous  ks  grands  talens  ,  6c  qui  le 
portèrent  à  préférer  dans  le  gou- 
vernement de  l'Eglife  ,  les  maxi- 
mes d'une  politique  intercflee  6c 
cruelle,  aux  règles  faintes  de  l'E- 
vangile. 


fin  de  Upremien  Fanie. 


Ni 


avec  Philippe  le  Bel,       299 


f'^:  cAî   J^    J^  <J^    --jki  <jk>  Mf    J^       >^     cJ*J 

HISTOIRE 

DES    DEMESLEZ 
DE  BONIFACE  VIIL 

A     V    Z     C 

PHILIPPE  LE  BEL. 


S  ECO  2^ DE   PARTIE. 

IL   fembloit  que  la  mort  de     J- 
Bonirace  dut  appaiier  i  ani-  continue 
nioficé  de  fes  ennemis ,  d'autant  ^".  P°*^- 
plus  aiiement  qu  il  n  y  avoit  pas 
fujec  de  douter  qu'elle  ne  mît  fin 
à  la  facheufe querelle  dontcePa- 
pe  étoit  lacaufe.  Mais  Nogarec 
ne  voulant  pas  que  cç,x.  accident 
lui  fît  perdre  Toccafion  de  faire 


^xm     Dêmeîex,  de  Bànifkâe^ 

"^^^^  triompher  la  caufc  defon  Maî^ 

tre,  réfolut  de  pourfuivre  la  nié-*- 

moire  du  mort  contre  fes  défend 

feurs  &  fes  héritiers ,  &  de  contiai 

nuer  l'appel  interjette  en  FranciS^ 

Sur  la  nouvelle  de  cette  mort  ,îi^ 

alla  trouver  Renaud  de  Suppino 

ocfobiV  ^  '  ^  Ferentino ,  6c  tâcha  de  lui  ren-^^ 

Preuves ,  dre  le  courage  que  lui  avoieni^ 

^''^'^'      fait  perdre   ceux  d*Anagnia  te 

jour  qu'ils  le  chaflErent  de  leur 

Ville  avec  les  François  pour  déli*^ 

vrer  le  Pape.  Il  lui  offrit  au  nom' 

du  Roi ,  félon  le  pouvoir  qu'il 

en  avoir  reçu  ,  tous  les  fecouïé^ 

d'hommes  &  d'argent  néceffail 

res,pour  le  venger  lui  &  les  fiens,- 

des  habitans  d'Anagnia  ôc  de^ 

parens  de  Boniface ,  avec  un  dc^ 

dommagement  entier  de  tout  ce 

qu'il  avoit  fouffert ,  &  de  ce  qu'il 

fbuffriroit  encore  dans  la  fuite 

pour  la  même caufe. 

îieftion  de  ^ -Onze  jours  après  la  mort  de 

ficnoift  XI.  Bt^niface,  le  Conclave  élut  en  ft 

placeNicolas  Boccaflinidc  rOr- 


avec  Philippe  le  Bel,       50  r 
Are  des  Dominicains  y  Cardinal  " 
Evêque  d'OftiC  ,  d'une  naiflan* 
ce  très-bafle  ôc  crès-obfcure  fe^ 
Ion  le  monde  ^  mais  homme  de 
favoir  6c  de  fainrc  vie.   Il  prie  le 
nom  de  Benoift  XI.  6c  il  fut  cou- 
ronné  le  Dimanche  fuivant,  qui 
ccoit  le  17.  jour  d'Oâobre.  Le   '^^<^^^^^  t 
Roi  de  France  ne  l'eue  pas  plu-         '  . 
tôt  appris,  qu'il  lui  en  écrivit  des 
Lettres  de  congratulation  ,  de 
refpect  6c  de  foûmidion  filiale,  6c 
nomma  trois  Ambafladeurs  nou- 
veaux, outre  ceux  qu'il  avoic  dé- 
jà à  Rome,pour  les  lui  préfenter. 
'Lts  trois  AmbalTadeurs  étoient 
Berard  ,  Sire  de  Mercueil  ,  Guilé 
laume  du  Plejjls ,  Sieur  de  Veze- 
nobre ,  8c  Pierre  de  Belleperche  , 
alors  Chanoine  de  Chartres,  de- 
puis Doyen  de  rEgUfe  de  P  aris , 
Evêqued*Auxerre,  qui  avoir  été 
même  Garde    des    Sceaux  de 
france  avant  PierreFlotte,6c qui  .^^  .r^^vs. 
paflbit  pour  l'un  des  premiersju-        ft-  >a^ff 
ariiconfulces  defon  fiecle.:  ^r^  >,,  - 


301      Démclez,  de  Boniface 
*^       "     Du  vivant  de  Boniface ^  le  Roi 
Plaintes  &  ^voit  envoyé  au  faint  Siège,  au 
remontran-  Clerp;é  de  Rome ,  ôc  en  d'autres 

ces  de  Pcrc-  O  '        ^ 

do  au  nom  endroics  de  Tltalie, Pierre  dePe- 
redo ,  Prieur  de  Chefa  ,  pour  di* 
yerfes  affaires  ,  tant  de  Sa  Ma. 
jefté  que  du  Royaume  ,  dont  la 
principale  étoit  de  former  {f^% 
plaintes  contre  cePape.LePrieur 
de  Cliefa  n'étant  arrivé  à  Rome 
que  la  veille  de  la  mort  de  Bo- 
niface ,  ne  put  rien  faire  durant 
les  funérailles  6c  le  Conclave. 
Mais  BenoiftXI.nefut  pas  plu- 
tôt élu  ,  qu'il  alla  fe  préfenter  à 
lui  avec  le  mémoire  des  plaintes 
de  fon  Maître  ,  &  des  remon- 
trances qu'il  avoir  à  lui  faire  fur 
la  corruption  qu'il  prétendoit  a- 
voir  été  introduite  dans  l'Eglife 
fous  le  Pontificat  de  Boniface. 
voy.  L'acte  II  y  ptopofa  cc  qui  s'étoit  fait  i 
^^p'euves,  P^ns  Ic  14.  dc  Juin  devant  le 
p.  zo.  p^QJ  (j^ns  TAfTemblée  des  Etats 
du  Royaume  ,  renouvella  les  ap- 
pellations interjettées  enFrancc^ 


'avec  Philippe  le  Bel,      303  

en  préfence  de  Sa  Sainteté  &  des     i  \^y 
Cardinaux  ,  6c  demanda  la  con-  ,n 

vocation  d'un  Concile  à  Lyon  ou 
ailleurs ,  pourvu  que  ce  fiit  dans 
un  lieu  qui  ne  iwt  ni  fufpeci  ni 
éloigné ,  ni  incommode ,  ni  dan- 
gereux pour  le  Roi  &  fon  Royau- 
me. Il  leur  fit  enfuite  un  long  pa- 
rallèle d'opofition  entre  la  con- 
duite des  anciens  Papes ,  &  celle 
de  Boniface  ,  pour  mettre  dans 
un  plus  grand  jour  les  excès  6c 
les  déportemens  de  celui-ci ,  & 
pour  faire  voir  jufqu'à  quel  point 
il  avoir  violé  Ù,  ruiné  la  Difci- 
pline  de  PEglife.  II  dit ,  Que  du 
îems  de  ces  anciens  on  ne  trafiquait 
point  les  Bénéfices. Que  les  Eve  que  s 
tL  achctoient  point  la  permiljion  de 
fortir  de  la  Cour  de  Rome  ^  que  les 
éleclions  étoient  libres  5  que   l'on 
procédait  rarement  é*  avec  toutes 
les  précautions  imaginables  contre 
les  Eveques  O"  contre  les  Cardi- 
naux. Qt^on  ne  dêpofoit  point  les 
Eveques  pour  des  intérêts  partlcu* 


»ÎOî. 


3  04  Bemèlex^de  Boniface 
lie? s ,  ou  pour  le  bon  plaifir  du  Pa^ 
fe.  Que  l'on  donnait  fort  feu  de 
chofe  four  les  frovifions  de  Rom^é 
^on  ne  vendoitpas  les  Bénéfices, 
les  Difpenfes  ^  les  grâces^  ou  JnduL 
gences.  Que  l'on  nefaifoit  que  très* 
rarement  des  div i fions  d Eve chex^y 
dans  des  he foins  très  importans ^con» 
nus  de  tout  le  monde  ^^  jamais  fans 
le  confentement  des  Rois  ^  des  Pa^ 
irons,  Qj^on  ne  dèlioit  point  les  Su^ 
jets  du  ferment  de  fidélité  -^qu^on  ne 
f  rivait  point  les  Chapitres  ^  Colle  ^ 
geSy  ou  autres  Compagnies  ,  Facul^ 
tex^(^  Societe^du  droit d^ élire  leurs 
Prélats^  leurs  Supérieurs, leurs  Mi- 
niftres  ^  leurs  Officiers.  Qj^ avant 
Boniface  les  Papes  n'avoient  ja~ 
mais  prétendu  que  tous  les  Bénéfices 
vacans  en  Cour  fuffent  en  leur  feule 
difpofition ,  ^  qu'ils  faifoient  petù 
derefervcs,  Q^onne  connoiffoit pas 
lafemicteufe  maxime .^  qui  vouloit 
que  les  Etrangers  ^  les  abfensfup 
Jèntduement  ^  légitimement  citex^ 
àfiome  y  fans  autre  formalité  ilorf^ 


'avec  'Philippe  le Éel      5  6  f 
qt^on  avoit affiche  la  citation  a  l*u- 
ne  des  Eglifes  de  la  Ville,  QtC au- 
cun des  Predecejjeurs  de  Boniface 
t^s^é  toit  déclare  Seigneur  du  tempa^ 
Tel  des  Princes  feculiers.  Qt^on  n'a^ 
voit  point  prétendu  qu'on  diit  ap^ 
fcller  aux  Souverains  Pontifes  de 
tautes  fortes  de  cas  ^  de  toutes  fof^ 
tes  de  Tribunaux.  Qu^enfinilny  al 
vaitpas  encore  eu  de  Pape  avant  lui 
qui  eut  applique  X  [on  profit  parti  ^^ 
culier  l'argent  quil  avoit  fait  lever. 
four  la  Terre-fainte  ^  les  Croifd^ 
des^dans  la  France  ^^  ailleurs.Mais\ 
que  Boniface  etoit  coupable  ^  pu} 
bliquement  convaincu  de  tous  ces  ch"^^ 
mes  ^^  qu'on  avoitfaitenFrancetm 
livre  de  fes  vices  ^  de  fes  exaHions. 
;  BenoiftXI.  ne  crut  pas  que  lé 
Confiftoire  dût  délibérer  fur  là 
remontrance  de  Peredo,  jufqù'à 
ce  q '^e  celui-ci  eut  reçu  duRoi un 
nouveau  pou  voirie  des  Lettres  de 
cteance  pour  le  Pape.  Mais  con^ 
meil  avoir  deflein  d'étouffer  toù^l 
te  cette  affaire jil  fit  prierGuitlaa* 


130Î. 


rjoj, 


5  06  'Dèmelexjie  Boniface 
nie  de  Nogarec  de  fa  part  par 
TEvêque  deTouIoufe  de  ne  point 
pafler  outre  dans  (qs  pourfuitesii 
lans  un  commandement  nou^. 
veau  du  Roi  ,  afin  de  trouver 
moins  d'obftacle  aux  mefures 
qu'il  vouloit  prendre  pour  appai- 
ièr  le  fcandale,  &  remettre  Tur 
nion  entre l'Eglife  Romaine  Saie 
Royaume  de  France.  v 

Aiftes  de      Noaaret  fe  trouvant  ainfî  les 

I^fogarec.  ÎD      ^ 

Preuves,  mains  liées  vint  en  France  trou- 
^'  ^^^*  ver  le  Roi ,  auquel  il  déclara  les 
Ambaflade  intcncions  du  nouveau  Pape  en 

au  nouveau  ^  a 

Pape.  plein  Confeil.  Il  lui  fit  entendre: 
que  la  face  de  la  Ville  de  Rome 
ëcoit  entièrement  changée  de- 
puis réledion  de  Benoift  ,  ôc  que 
toutes  chofes  y  étoient  favora- 
blement difpofées  pour  la  Fran- 
ce. Il  lui  perfuada  de  prévenir 
Sa  Sainteté  par  l'ambalTade  cé- 
lèbre qu'il  lui  avoit  deftinée  ,  & 
de  ne  point  attendre  même  que 
Je  Pape  lui  fit  déclarer  publique- 
ment fon  éledion  par  ks  Nonr 


avec  Philippe  le  Bel.  3  07 
ces ,  comme  c'étoic  la  coutume,  \  ^ 
ni  que  le  Legac  que  Sa  Sainteté 
dcvoit  envoyer  en  France  pour 
ménager  la  paix  ,  fe  fiit  miiicn 
chemin.  Le  Roi  fuivit  volontiers 
cet  avis  ,  mit  Nogaret  à  la  rête 
des  troisAmbafladeursqu*il  avoir 
nommez  fur  les  premières  nou- 
velles qu'il  avoit  reçues  de  Téle- 
ftion  de  Benoift  ,  ^  le  renvoya  à 
Rome  avec  de  nouvelles  inftriic-  i'7^'"i^\ 
rions  &  d'amples  pouvoirs  pour 
traiter  la  paix  à  l'avantage  de  la 
France.  Le  Roi  joignit  une  pro-  , 

curation  exprefle  pour  recevoir    130+. 
du  Pape  en  fon  nom  rabfolucion  du  i ?.  r^- 
de  toutes  les  Cenfures  que  Sa^'^"'^^'^ 
Majeflé ,  les  Prélats ,  les  Grands 
du  Royaume,  &  fes  autres  Su- 
jets pouvoient  avoir  encourues 
fous   Boniface.    Mais  Nogaret 
n'eut  point  de  part  à  cette  pro- 
curation qui  n'étoit  que  pour  les 
autres  Ambafladeurs, parce  qu'il 
étoit  regardé  comme  nommé- 
ment excommunié. 


JO'8       Demelez^deBonifdit^       ^ 
"^î^c^      Ge  fut  cette  confideratioh  '^ 
le  fit  refter  en  France  plus  Ions- 
tems  que  \qs  autres ,  parce  qu  e- 
tant  particulièrement  chargé  fle^ 
pourfuivre  la  mémoire  de  Boni-" 
face ,  il  voulut  prendre  des  {lire.  ' 
tez  fuffifantes  contre  les  parcns^ 
&  les  parrifans  de  ce  Pape.  li^, 
craignoit  auflî  que  fa  prefërtcèrj 
n  empêchât  les  premiers  effets  rfé] 
la  bonne  volonté  de  Benoift ydè 
forte  qu'il  crût  les  devoir  attétiiï 
dre  en  France  :,  ôc  ne  pas  repreîî^^ 
drefi-tôt  fes  procédures  cdiitï^l 
fbn  Prédecêfleur.   umm^it^x:)^ 

îifquète  ctii     Ce  fut  pendant  cet  intêrvalt 
France  aï  ^^1^  le  pcuplc  dcFrance  préfcnta 
Rûi-         au  Roi  contre  Boniface  cette  fa- 
preures,  mcufé  Requête  ,  que  Ion  a  ea 
grand  foin  de  faire  palTer  jufqu'à  ^ 
nous  dans  fon  ancien  langage,  të^ 
peuple faifant  fon  affaire  particu- 
lière de  Tindépendance   de  la 
Couronne,6c  s'y  croyant  plus  in^'^ 
tereffë  que  le  Roi  même,rentôtî- 
tra  à  Sa  Majefté,  que  lafiuveraine 


p.  114, 


lîO^. 


avec  Philippe  le  Bel,  509 
franchi fe  du  Royaume  confifloit  a  ?ie 
nconnoïtre  point  d'autre  Souverain 
que  Dieu  dans  le  temporel.  Il  de- 
manda que  Boniface  flic  déclaré 
hérétique  pour  avoir  voulu  éta- 
blir le  contraTe,&:  contefter  le 
double  droit  de  Regale  au  Roi  , 
tant  pour  la  collation  des  Pré- 
bendes,que  pour  h  rétention  des 
fruits  des  Eglifes  vacantes.  Il  foU 
licita  même  Sa  Majefté  de  s'em- 
ployer pour  lui  faire  faire  fon  pro- 
ccs,ou  dans  le  Concile, ou  devant 
le  nouveauPape^afîn  qu'au  moins 
la  condamnation  de  fa  mémoire 
fût  la  juftification  de  la  France 
danslapofterité.  A  quoi  le  Roi 
prévenu  des  titres  de  Bèfenfeur  ^ 

de  la  Foi  ^  &  de  DeftruHeur  de  t--r'-iï 
therefie  ,  qu'on  lui  donnoit,  ne 
paroidoic  d'ailleurs  que  trop  por- 
té ,  tant  par  fes  reflentimens 
particuliers, que  par  lesfuggeC 
tiens  de  ks  Miniftres.  '3 

Cependant  le  Pape  Benoift,ne  ^ 
crpyant  pas  devoir  attendre  lc$  : 


^  îo        jDèmele^de  Bonifdce 
-  foûniiffions  du  Roi, ni  l'arrivée 

»^";  *,  r    de  fes  AmbaHadeurs  .voulut  le 

Roi  &  les  ,  .  r  ^ 

Sujets.  Il  prévenir  de  i^s  grâces  lans  être 
révoque     foUicité  ,  fclon  les  termes  de  fst 

tout  ce  que  _     , ,        , i    i     •     i  i ,    i   r  i 

Boniface    Bulie.  11  lui  donna  labiolution 
avoic  faic  Jg  toutes  les  excommunications; 

contre  la     ^  r  vi' 

f xânce.      ^  autres  cenlures  qu  il  pouvoit 
avoir  encourues.  Ceft  ce  qu'il 
lui  figniiîa  depuis  par  une  Bulle 
^An\a  ros ,  <lu  fécond  jour  d'Avril  1304.0Ù  il 
Preuves,?.  ^"^  marquequ'eti  allant  amfiau- 
**^7-         devant  de  lui ,  au  préjudice  des 
règles  ordinaires,il  n'avoir  point 
d'autre  but  que  le  falut  de  ion 
ame  &  la  gloire  de  fon  règne.  La 
Bulle  porte  précifément  que  le 
Roi  n'avoit  pas  encore  fait  de- 
mander fonabfolution,  lorfque 
lefâint  Perelalui  donna  en  pré. 
fence  de  fes  A  mbaffadeurs. Et  di- 
spondanus ,  vers  Hiftoriens    ont    remarqué 
*^^««.t  04..  que  ce  bon  Pape  avoit  eu  autant 
J^'f'^""'-  à'é^^ïà  à  la  jullice  delà  caufc 
Hift  Pciix  du  Roi ,  qu'à  la  paffion  de  Boni» 
cci."af*'  ^'face,  dans  cetaàe  de  génerofi- 
té^,  ayant  coniîderé  que  les  prc^ 


avec  Philippe  le  Bel.        311  

tendus  crimes  qui  lui  avoient  ac-  ^TiT^T 
tiré  les  cenfures  de  Rome  ^  ne 
confiftoienc  que  dans  la  dëfenfè 
des  droits  de  fa  Couronne  ,  6c  ^:. 

dans  l'appel  qu'il  avoit  fait  in- 
terjecter  deBoniface  au  Concile. 

Les  AmbalTadeurs  oui  reçu- ^"  *  ^ ^"^^ 

Il    1   r  1       •  '1  vncr  J04. 

;  renc    1  abioiution   pour   le  Roi 
I  leur  Maître  ,  n'étoient  pas  les 
derniers  nommez   qui   avoient 
procuration  pour  demander  &: 
recevoir  cette  abfolution,  parce 
qu'ils  n'ëtoient  pas  encore  arri- 
vez à  Rome.  C'etoient  Guillau- 
iine  de  CMtenai  &  Hugues  de 
Celle ,  qui  avoient  été  envoyez 
en  Italie  du  vivant  de  Boniface  , 
&  qui  avoient  été  chargez  par 
une  autre  procuration  du  Roi  de  Daî.juiiift 
pourluivre   la   convocation   du  JJ'J;^^/^* 
Concile.  Six  jours  après  la  Bulle  partie  i.ch. 
d'abfolution  ces  deux  Amba^a- 
deurs  prirent  un  Notaire  de  Ro-  tusd,  rt^eÀo. 
me  avec  eux,  &  allèrent  chez  les  ^^  s.  d*A- 
Cardinaux  qui  étoient  pour  lors  ^"* 
dans  la  Ville,  pour  kurpréfenter 


1^04. 


312  Dèmelea^de  Boni  face 
en  particulier  les  Lettres  que  le 
Roi  leur  avoit  écrites  le  premier 
jour  de  Juillet  de  Tannée  précé- 
dente, tant  pour  les  informer  de 
ce  qui  s'étoitpafledansrAlîèm- 
blée  des  Etats  du  Royaume  con- 
tre Boniface,  que  pour  deman- 
der  la  cor.vocation  du  Concile 
auquel  il  avoit  appelle. 
DedixCardinaux  qu'ils  trouvè- 
rent ,  il  y  en  eut  cinq  qui  répon- 
dirent qu'ils  avoient  toujours  eu 
beaucoup  de  confidérationôc  de 
bonne  volonté  pour  la  perfonne 
du  Roi  6c  pour  tout  fon  Royau- 
me, mais  qu'ils  fe  croyoient  obli- 
gez de  fuivre  lefentiment  duPa- 
pe  -,  ôc  qu'ils  s'en  tiendroient  à  ce 
qu'il  jugeroit  à  propos  d'ordon- 
ner fur  les  demandes  du  Roi.Les 
cinq  autres  témoignèrent  être 
fort  portez  pour  la  convocation 
d'un  Concile  général ,  &  ils  pro- 
mirent aux  Ambaffadeurs  de  fai- 
re tout  leur  pofîîble  pour  y  con- 
tribuer. Le  Pape  tint  Confiftoi- 

re 


Avec  Philippe  le  Bel.       315 
re  fur  cette  airaire  pour  en  dcii- 
berer  avec   le  Sacré  Collège  : 
mais   il   fui  vie  les    raifons  qu'il 
^;javoit  d'en  remettre  la  dëcifion  à 
-  un  autre  rems.  Le  Notaire  don- 
na acte  aux  AmbaiTadeurs   de 
tout  ce  qui  s'écoit  fait  à  ce  fujec 
iCiiia  préfence. 

Peu  de  jours  après  le  Pape 
-voulant  rétablir  par  degré  Tan- 
cienne  union  delà  France  avec 
/le  faint  Siège  ,  révoqua  la  réier- 
■T-'Ye  que  Boniface  avoir  faite  au 
c-Papedesprovifionsde  toutes  les 
Eglifes  du  Royaume  pour  défen- 
dre les  éleclions  (5c  les  confirma- 
tions à  ceux  qui  avoient  le  droit 
d*élire,dc  prefenter  &.  de  con- 
firmer les  élections.  Benoift  par 
ix  Bulle  qu*il  adrellà  fur  ce  fujec 
à  Philippe  le  Bel  le  1 9.  d'Avril , 
ordonna  qu'on  en  i.feroic  à  l'é- 
gard, de  ces  provifions^de  la  mê- 
me manière  qu'on  le  pratiquoic 
dans;tout  le  Royaume  avant  que 
Boniface  eût  public  cette  rcier- 
^  Q 


1 5  04., 


3 14       Dhnelc^de  Boniface 
"  ve.  Il  rétablit  ainfî  le  droit  com- 

^^°'^*    mun  &  Tordre  des  Canons,  violé 
'%^:  '''^'''  par  TEditde  fonPrédecefleuren 
iicher,iu.  fa^veurde  cette  Monarchie  arbi- 
Preuves,    trairc  ^  delpotique  qu'il  avoïc 
p^s-  -09.     j. A^]^^  d'introduire  dans  l'Eglife. 
Au  relie  cette  Decretaie  de  Be- 
noiftXI.  nefervit  pas  peu  à  dé- 
mentir les  Lettres  que  le  Collège 
des  Cardinaux  avoit  écrites  en 
Iffu"  art'i  Corps  à  la  Noblefle  &:  au  Tiers- 
«h.  is,  '  '  Etat  du  Royaume  de  France  le 
26.de  Juin  de  l'an  1 3  o  1 .  où  fous 
prétexte  de  vouloir  exculer  le 
Pape  Boniface,  on  avoit  tâché 
de  diffimuler  ou  de  nier  qu'il  fe 
fût  refervé  la  collation  à^s  Bé- 
néfices du  Royaume  ,où  i!  n*a- 
voit  aucun  droit  auparavant, 
preuves,  p,      j^ç  p^p^  rendit  auffi  par  une 
Bui'iœus ,    autre  Bulle  aux  ChanceHers  de 
lïniv'pag/  rUniverfité  de  Paris,  &:  aux  au- 
^^'  ^*      très  qui  jouiiToicnt  des  mêmes 
privilèges  ,  le  pouvoir  de  licen- 
cier en  Théologie  6c  dans  l'un  ôc 
dans  l'autre  Droit,,que  le  même 


avsc  Philippe  le  Bel,  ^315 
Bonifaceavokfufpendu  ou  fup- 
primc.  11  déclara  valides  6:  légi- 
times toutes  les  licences  qui  s'c- 
toient  données  fclon  Tancien 
droit  des  Univerfitez  ,  nonob* 
ftant  cette  fufpenfion. 


I  ?  G4, 


Le  13.  jour  du  mois  de  May  nu^m  s,^* 


fuivant,  Benoift  donna  une  ^u-vienrcs, 
tre  Bulle  adrelTceau  Roi  comme  ''9' 
les  précédentes ,  pour  remettre 
ou  pardonner  la  defobéiflance  Sz 
la  conrumace,s'il  y  en  avoit,dans 
ceux  des  Prélats  5  des  Docteurs, 
Supérieurs,  ou  autres  Ecclefiafti- 
ques  François,  Théologiens,  Ca- 
noniftes,  Religieux,  dcc.  qui  n*a- 
voient  pas  comparu  à  Rome  fur 
leur  citation  &  fur  le  comman* 
dément  qu'ils  enavoientreçude 
Boniface. 

Le  même  Jour  il  fit  encore  fcel- 
1er  pour  le  Roi  une  cinquième 
Bulle  ,  par  laquelle  i!  révoqua 
&  déclara  nulles  les  furpenfions 
queBoniface  avoit  faites  des  grâ- 
ces &  des  induits  accordez  au 


1504. 

tii'tn:. 

Preuves 


3  1 6       DèmHez^  de  Boni  face 
Royaume  ,  au  Roi ,  à  fcs  Offi- 
ciers &  à  (qs  amis.  Il  ca(îa.  auffi 
Tacle  que  ce  Pape  avoir  fair  pour 

iTeuves  %  r"  i~ 

ijo. ,  délier  diverles  perfonnesdu  fer- 
ment de  fidélité  qui  éroit  dû  au 
Roi  par  tous  les  Sujets  de  fon 
Royaume.  Il  rétablit  le  Roi,  Ton 
Royaume.fes  Miniftres^fes  Con- 
iéillers,resamis,&:  généralement 
tous  les  Sujets,dans  le  même  é- 
tat  qu'ils  étoient  avant  la  fiifpen- 
fîon  &  l'interdit.  Il  n'en  excepta 
que  Guillaume  deNogaret^donc 
il  feréferva  l'âbfolution,  àcaufe 
de  la  prife  de  Boniface,  &  des  auSi 
très  violences  aufquelles  il  avoic 
eu  part.  Enfin  il  révoqua  géné- 
ralement tous  les  privilèges  & 
autres  faveurs  accordées  au  pré- 
judice du  Roi  &:  du  Royaume 
depuis  les  commencemens  du 
différend  furvenu  entre  Boni- 
face  &  Sa  Majefté  Très-Chré- 
tienne. 

"'  Jufques-là  Benoifl:  avoit  voui 
\ï\  iiJicirer  diredemeqt  au  Roi 


1304. 


avec  Philippe  le  Bel.        ^  ï  7 
toutes  les  BulFes ,  Brefs  ou  Ref- 
crits  drcflezen  faveur  de  laFran- 
ce  pour  marquer  que  c  ccoic  par- 
ticulièrement Sa  Majefté    qu'il 
voLiIoit    gratifier.   Mais  il   crue 
devoir  publier  encore   une  au- 
tre Bulle   plus   irénerale  datée  •^'^^'•'•^w'^"''>. 
du  même  jour,  pour  ablouare  tom^Hift. 
tous    les  Prélats  &:  Eccleilafti-  ^^p7.;fv«^; 
ques,  tous  les  Grands  ou  Barons  ^  '°^* 
6c  Nobles  du  Royaume  qui  fe 
trouveroienc  excommuniez  par 
Bonifacc  ,  pour  avoir  empêche 
d*a!Ier  à  Rome^ou  d'en  revenir. 
Il  comprit  auilî  dans  la  même 
abfolution  tous  ceux  qui  avouent 
encouru   les    peines    marquées 
par  les  Canons,  quelles  qu'elles 
puiFent  erre  ,  pour  avoir  eu  parc 
a  la  prife  de  Boniface.   Mais  il 
en  excepcaencore  Guillaume  de 
Nogaret ,  dont  il  voulut  fe  ré- 
ferver  l'abfolution  à  lui  feul  & 
au  faint  Siège  ^  &.  s*il  ne  ren- 
ferma point  dans  la  même  ex- 
ception les  Italiens  qui  avoienc 


'3 1 8      Demclexjie  Boniface 


2304.  commis  avec  Nogaret  des  vio- 
lences dans  Ana2;nia  &  dans  Ro- 
me  contre  Bonitace  ,  c*eft  qu'il 
n'étoit  ici  queftion  que  des  Su- 
jets du  Royaume  de  France. 
T 1 1.  Ce  bon  Pape  voulut  auflî  que 
Il  rétablit  les  Colonnes ,  dont  la  famille 

les  Colon-  .        ,     ,  •      /        1     -n 

lies  ca  par-  ^voit  ctc  cxtcrminec  de  Rome 
t^e.  &:  de  toute  l'Italie  par  la  profcri- 

r'reuvesrpi  ption  de  fon  PrédecelTeur/entid 
][îkhcr,i.i2,  f^nt  les  effets  de  fa  juflice  dans 
îeilxofius  les  commencemens  defonPon- 
^x-zA^  cuKi^  tifîcat.  Il  donna  une  Bulle  par 
laquelle  il  revoqiioit  les  Senten- 
ces portées  par  Boniface  contre 
les  deux  Cardinaux  Jacques  6c 
Pierre  ,  Toncle  6c  le  neveu  ,  con- 
tre Jean  de  Saint-Vit ,  Otthon  , 
Agapet,EtienneJacques&:  Sciar- 
ra ,  frères  de  Pierre  le  Cardinal , 
êc  enfans  de  Jean  Colonna, hom- 
me d'une  très-grande  confidera- 
tion  en  Italie  avant  Boniface  , 
contre  Richard,  Pierre  &  Jean 
de  Montenero ,  ou  Montenigro, 
contre  leurs  fauteurs^  leurs  afToi 


avec  Philippe  le  Bel.  3  ï  9 
ciez  &  leurs  adherans  ,  6c  enfin 
contre  la  ville  de  Paleftrine  ou 
Preneftc.U  leva  leurs  excommu- 
nications ,  leurs  irregularirez  , 
leurs  interdits  6c  leurs  bannifle- 
mens  ,  8c  les  rétablit  dans  les 
droits ,  les  privilèges  6c  les  au- 
tres avantacccs  de  famille  6c  de 
bourgcoi fie  qu'ils  avoient  pofie- 
dez  avant  que  d'avoir  encouru 
l'indignation  de  Boniface.  Mais 
il  ne  jugea  pas  à  propos  de  ren- 
dre encore  fitôt  le  chapeau  aux 
deux  Cardinaux,  ni  de  leur  rcfti- 
tuer  leurs  Bénéfices ,  ni  de  les  ré- 
habiliter pour  pouvoir  ctre  élii^ 
6c  parvenir  au  Souverain  Ponti- 
ficat. Il  ne  voulut  pas  même  tou- 
cher aux  confifcations ,  afin  de 
ne  point  faire  d'abord  un  fi  no- 
table  changement.  Il  défendit 
au  (fi  que  Paleftrine  fût  rétablie 
6c  fortifiée  ,  6c  qu'elle  reprît  le 
nom  de  Ville  6c  d'Evêché  fans 
une  permifllon  expreflTe  de  Sa 
Sainteté. 

04 


M  04 


310       Dimele^de  Boni  face 
■■-^—         Les  Colonnes  fe  contcntcreu; 

Ke'nTèct'des  P^'"^^  ^^^^  ^^  ^^^  prcm^cres  £a.iç 
coioiicîna  veurs  ,  accribiianc  les  mënaeÇt 
Bonf.ice.     mens  5c  iQs  relerves  dont  on  les. 

Preuves ,  •       v    i  f  V  ' 

p.i.j-.  accompagnoïc  a  la  prudence  de 
Benoift  qui  avok  ôqs  mefures  à 
prendre  avec  tout  le  monde  pour 
réconcilier  les  efprks.  Mais  quel- 
que tems  après  ils  s'âdreflerenç 
au  Roi  PliiJippe  le  Bel ,  pour  lui 
demander  qu'il  leur  continuât  fa 
proteftion ,  &  le  prier  de  joindre 
leur  caufe  à  la  Tienne  ,  dans  le 
delTein  qu'il  avoit  de  pourruivre 
fes  procédures  contre  lamémoi- 
redeBoniface.  Ils  lui  préfenté- 
rent  un  Manifefte  contenant  pla- 
ceurs articles  ,  qui  tendoient  à 
demander  leur  rctabliflemenc 
général  6c  fans  exception  par 
voye  -de  reflitution  en  entier :,^  non 
par  voie  de  nouvelle  création.  Ils 
y  firent  valoir  les  privilèges  du 
Cardinalat,  prétendant ^^é'  Lt 
caufe  d'un  Cardinal  ne  devoit  ctrs 
traitée  que  dans  un  Concile  gene-^ 


^uVCC  Philippe  le  Bel.       321 
rai  ;  (]!""  quen  c^ct  le  Concile  gé. 
neral  avait  été  déjà  ajfcmblé  cinq 
fois   dans  l'Eglife   pour    l'affaire 
particulière   aun    Cardinal.    Que 
(i  l'on  foîffroit  quun  Pape  dépo^ 
fàt  cr  chaffàt  un  Cardinal  quand 
bon    lui   fcmbleroit  ,   c^étoit  s^ex- 
pofcr  à  ruiner  le  jufie  &  le  leq^i^ 
time    q-ouvcrnement  de   l' Eqdife  ^ 
farce  que  les  Cardinaux  dévoient 
fervir  à  modérer  la  puiffance  du. 
Pape  dont  ils  compof oient  le  Con^ 
feil  j    étant    Juges  avec    lui   ^ 
JVCembres  inséparables  d\in  même 
Corps  ^   Que  l'on  dctruiroit  hien^ 
tôt  le  véritable  Royaume  de  ^  e- 
sus-  Christ, y?  l'on  btoit 
aux  Cardinaux     le    droit  ^  Lt 
liberté  de  s^oppofcr  au  Pape.^  lorf- 
qu' il  ferait  que  fi  ion  de  maintoîir 
les  intcri'ts  de   la    vérité    &  de 
la  jufiice  centre  lui ,  0^  de  lui  re~ 
ffier  ,  fur-tout  lorfqiiil  voudrait 
établir  une  fouveniineté  (^  un  em- 
pire dcfpotique  dans  [on  minifie* 
re*  Que  pour  eux  ils  71  av oient  été 


I  f04. 


5 1  î      Hèmelexjle  Boniface 
'  ni  dénonce ^^  ni  cite^^ni  convaincue 

d\aucun  cmne  qui  eut  du  leur  atti- 
rer tout  ce  qu*ils  av oient  fouffcrt  de 
la  fart  de  Boniface  ^  é*  qu'ayanù 
déjà  de  fî  grandes  obligations  à  Sa 
Majefté  ,  ils  cfperoient  qu'il  ache-- 
veroit  ce  quil  avoit  commencé  en 
leur  faveur  auprès  de  Benoifl  JTI» 
qui  leur  avoit  déjà  rendu  une  bonne 
•:.,.'        partie  dclajufiice  qu'on  leur  devoir 

àfa  conjideration, 
nétabiifTe-  Benoift  ne  vécut  pas  affez  long* 
coronncf  ^^^^  P^^^  mettre  la  dernière 
par  le  peu-  niain  à  leur  rétabliflement  ,  bc 
pour  leur  raire  relhtuer  ïqs  Vil- 
les ,  Châteaux  6c  Seigneuries  que 
Boniface  leur  avoit  injuftemenc 
ôtez  ,  &  qu'il  avoir  donnez  aux 
Urfins  &  aux  Gaëtans  :  mais  le 
peuple  Romain  y  fuppléa  peu 
de  tems  après  par  un  Décret  fo- 
lemnel  ^  pour  cafTer  tout  ce  qui 
s'ëcoit  fait  contre  eux,leurs  créa- 
tures &  leurs  amis  :  pour  con- 
damner Pierre  Gaëtan&  les  au- 
tres parens  de  Boniface  à  les  de- 


"avec  Philippe  le  Bel,     3  £  5 
dommaî^cr  de  toutes  les  pertes  " 

,1         ^-  r  •  Tir  ^         lîo^-» 

quiis  avoientraites.  Il  rue  arrê- 
té même  que  ce  Décret  du  Sé- 
nat deRome  feroitreizardécom- 
me  une  Loi  du  peuple  &  un  Sta^ 
tut  de  la  Ville,  6c  qu'il  auroic  lieu 
nonobftant  tout  Droit  Canon  ou 
Civil  ,  6c  toutes  coutumes  con^ 
traires.  ni  ;w^ 

Toute  la  bienveillance  queBe-  senoiftpro- 
noill   faifoit    paroitre   pour  les  '^f;^  '^"j;;"! 
François  6c  pour  les  Colonnes,  '''';'„ ""i^i 
ne  rut  pas  capable  d'etouftcr  en  ''^^^^J^u^ 
lui   le  defir  qu'il  avoit  toujours     t-n-^'^'^'î 
eu  depuis  qu  il  avoit  le  pouvoir 
en  main ,  de  venger  l'injure  faite 
au  faint  Siège  en  la  perfonne  de 
fon  Prëdecefleur^  dans  la  penfce 
que  l'honneur  de  toute  l'Egliic  y 
ctoit  intereflc.  Il  entreprit  de 
faire  le  procès  à  tous  ceux  qui 
avoient  trempé  dans  la  confpira- 
tion    de   ceux  d'Anagnia  ,  qui 
avoient  pris  Boniface  ,  &  qui  a- 
voient  volé  le  trefor  de  rEglife. 
Il  commença  par  une  Bulle  pu- 

06 


3  2>.4      T)émele^^  de  Boni  face 
■*  bliée  le  7.  jour  de  Juin  5  êc  re^^ 
1  ?  04-    gardant  ceux  qui  avoient  eu  part 
r^r^o/î/wf    ^  la  p^-ife  (j^^  Pape  ôc  au  vol  du 
Richcr,!.  crefor  comme  des  facrileges  ^ 
'rrcu'vel*,  des  enfans  d'iniquité,  il  les  dé- 
^•*^**      clara  excommuniez    avec  tous 
ceux  qui  les  auroient  alïïftez  de 
leurs  mains  ou  de  leurs  confeils. 
Il  nomma  parmi  les  principaux 
r^.î,Lo«i!     Je  ces  excommuniez  Sciarra  Co- 
•ç^m-:^     lonna  ,  quoique  compris  aupa- 
ravant dans  rabfolution  de  ceux 
de  fa  famille  5  ôc  il  mit  à  leur  tê- 
te Guillaume  de  Nogaret  ,  au- 
quel malgré  fon  caradere  d'Am- 
bafladeur ,  il  refufa  l'abfolucion 
à  cautele  ^  ayant    déclaré  par 
avance  ,  qu'il  ne  traiteroit  point 
avec  lui^  ni  en  fa  préfence,  quoi- 
que nommé  de  nouveau  par  le 
Roi ,  mais  feulement  avec  les  au- 
tres A  mbafîadcurs  de  fa  compa- 
gnie. Il  voulut  même  procéder 
criminellement  contre  les  plus 
coupables,&  leur  affîgnaun  jour 
poiir  compiroître  devant   fon 


'avsc  Philippe  le  Bel,       3 1  y 

Tribunal ,  &:  y  entendre  ce  qu*il — * 

dévoie  ordonner  contre  eux.  '  ^  °'^' 

Mais  iln*eutpas  leloifird'exe^  ^-""Bcloi^^ 
curer  ces    menaces  ^  car  étant  xi, 
tombé  malade  peu  de  tems  après 
à  Peroufe ,  il  y  mourut  le  7.  jour 
du  mois  de  Juillet  fuivant,  après 
huit  mois  6c  demi  de  Pontificat. 
Les  Ecrivains  conviennent  entre 
eux  que  ce  faint  homme  fut  em-  ^''^*"''pap! 
porté  par  le  poifon  ?  mais    ilsMàfionus, 
ne  lont  point  d  accord  lur  les  cucoiuas. 
empoifonnemens.  Les  uns   ont 
foupçonné  quelques  Cardinaux 
mécontens   de  voir  alTîs  fur  le 
faint  SiesiC  un  homme  dont  ils 
regardoient    la    vertu    auftere 
comme  une   cenfure  de   leurs 
déreglemens.  Les  autres  en  ont 
accufé  les  parens  mêmes  de  Bo- 
nifiée, qui  étoient  encore  tout- 
puilTans    alors  ,   ^  qui   étoient 
chaîî;rins  du  récablitîement  des 
Colonnes  ,  &    de    rabfolution 
qu'il  avoir   donnée  aux  ancres 
ennemis   de   fon  Prédeceiîèun 


yi  6       Demele^de  Bonifate 
D'autres  enfin  ont  voulu  reietter 
^^  .      ,  ce  crime  lur  ceux  que  Benoilt 
fno^^ftcne,.    avoit  dernièrement  déclarez  ex- 

fis  in?Loribus  .  i  T       J       T» 

H7]2or,  Félix  communicz  pour  laprile  de  Bo* 

pes ,  6c  nommément  fur  Guillau- 
me de  Nogaret  &:  Sciarra  Colon-, 
na.  Mais  il  eftaifë  de  détruire  ce 
dernier  fentiment  ^  fi  1  on  fait  re- 
flexion  que  Nogaret  étoit  reve- 
nu en  France  depuis  plus  de  fix 
mois  •  qu'ayant  laiflTé  partir  les 
AmbaflTadeurs  de  Mercueil,  du 
Pleffis  &:  de  Belleperche  ,  à  la 
tête  defquels  il  avoir  été  mis  par 
le  Roi ,  il  étoit  demeuré  à  la 
Cour.5  ôc  que  s*il  retourna  depuis 
en  Italie,  ce  ne  fut  que  fort  long- 
^^''^^'    tems  après  la  mort  de  Benoift. 
Tin  de  la      Lorsqu'on  apprit  cette  mort  à 
jruerre  de  la  Couc  de  France ,  on  étoit  o«- 
•ffâudrcs.    ^up^  ^Q  1^  guerre  de  Flandres ,  à 

laquelle  le  Roi  Philippe  le  Bel 

rnit  une  fin  glorieufe  par  deux 

4v  batailles  qu'il  gagna  ^  l'une  fur 

mer  le  jour  de  Saint-iaurens,  où 


MveC  Philippe  le  Bel.  327 
le  Comte  Guy  fut  fait  prifon* 
nier,  Tautre  par  terre  le  dix- huit  ^  ^  "^ 
d'Aouft  àMont  en-puelle,  entre 
Lille  2c  Douay  ,  où  Philippe  fe  ibï 
fignala  en  perlonne.  Après  les  '^^*^'o^^^i 
aàions  de  grâces  faites  folem* 
nellement  à  Dieu  dans  lesEgli- 
fes  de  Nôtre-Dame  de  Paris  ^ 
de  Saint-Denis  en  France,  le  Roi 
reprit  les  premières  vues  qu'il 
avoiceues  de  pourfuivre  la  con- 
~  vocation  du  Concile  gênerai ,  6c 
le  procès  qu'il  intentoit  à  la  mé- 
moire de  Boniface.  Mais  il  faloic 
attendre  qu'il  y  eut  un  Pape  ^  ce 
que  la  divifion  qui  fe  trouvoic 
dans  le  Conclave  ne  permettoic 
pas  d'efperer encore  fi-tôt. 

Durant  cette  vacance  du  faint  ^^f.'^.^pJJ^f 
Sie2;e  ,  Guillaume  de  Noearet  p^^^^^^,"^   . 

o,     7  ^  XD  contre  les 

qui  le  reeardoit  comme  le  prin-  fmreurs  de 

-*.        ,       ,   P        ,  ,  .  ^  Bonifa:e  & 

cipal  objet  des  dernières  proce-  contre  fes 
dures  que  Benoifl:  XI.  avoir  fai^  Tctl% 
tes  contre  ceux  qui  avoienr  pris  '^p-  V'v 
Bonitace  ,  voulut  le  pourvoir  en  -74« 
défenfe  par  cinq  differens  acles. 


3 18  T)èmele^dè  Boniface 
qu'il  pafla  dans  le  mois  de  Sep- 
'^'^'  cenibre  devant  l'Official  de  PE- 
glife  de  Paris.  Le  premier ,  qui 
etoit  du  Lundi  3  veille  delà  Na- 
tivité de  Nôtre  Dame  ,  conte- 
noit  fa  proteftation  &:  des  excu- 
its  pour  être  envoyées  au  faint 
^.  Siège  ,  portant  les  preuves  &  les 

témoignages  de  fon  innocence , 
parce  qu'il  ne  jugeoit  pas  qu'il 
fut  fiir  pour  lui  d'y  aller  en  per- 
iônne  ,  tant  que  les  parens  û.  les 
partifans  de  Boniface  feroient  en 
crédit  à  Rome.  Il  déclara^  Qu'on 
ne  âevoit  prendre  aucun  avantage 
contre  lui  en  faveur  de  Boniface^  de 
ce  qu'il  avait  demande ^^  quilde^ 
mandait  encore  l'ahfolution  à  c au- 
tel e  j,  farce  qiiil  n'en  ufoit  ainjï 
que  pour  faciliter  fa  négociation  : 
mais  qu'il  ne  prétendait  pas  acquief 
cer  à  ce  que  ce  Fape  avait  ftit  con» 
tre  lui  ^  ne  fc  croyant  lié  ni  devant 
Dieu  ni  devant  l'Eglife  par  aucune 
de  fes  Cenfures. 

H  protefta  ,  Que  tout  te  qu*il 


/ivec  Philippe  leBeU     5^9 

Hvoit  a  dire  contre  Bonifuce  ctoit  ~^ 

vrai ,  quelques  énormes  que  fulfcnt  ^  ^  "^'V 
les  crimes  d'herejie^dc  fchifme^dido^ 
latrie  ^de  fimonie^dc  facrilege^d'ufic  - 
re^  d' homicide ^'S^  antres  dont  ilprê- 
tendoit  le  charger,  Qnil  perjijhit 
toiijoîirs  dans  fa  première  accu  fa» 
tion^parce  qu'il  y  avoit  été  contraint 
dans  la  vite  des  maux  que  Boni  face 
avoit  caufex^à  t  Eqlife  ^  ^  par  la. 
connivence  des  Prélats  ^  des  Prin- 
ces qui  auroient  dii  s'y  intereffe/, 
Quily  ctoit  porte  pareillement  par 
t amour  quil  avoit  pour  fa  patrie  y 
que  Boniface  avoit  entrepris  de 
ruiner  ^  tant  par  fes  exactions  vio^ 
lentes ,  que  par  des  que  fions  de  rai» 
fonnahles  ^^  inouies  qu  il  avoit  re- 
muées pour  brouiller  le  R^i  avec  le 
faint  Siège.  Qu^il avoit  fouvent  été 
prié  parle  Clergé  de  l^ Eglife Romain 
ne  d'exécuter  les  projets  du  Roi  y  ci-* 
que  fes  remontrances  auprès  de  Bo~ 
niface  avaient  toiijours  été  inutiles^ 
Il  voulut  auilî  juftiner  tout 
ce  qui  iiioix,  fait  de  fa  part  à  la 


iîC4 


550      Dèmcîexjte  Boni  face 
prife  de  cePape,précendant  qu'il 
ne  s'ëtoit  rien  commis  d'injufte  \ 
ni  d'illégitime  dans  tout  ce  qui  ^ 
s*y  étoic  pàiïe.  Qu^ayant  été  en»' 
voyé  a  'Rome  par  Sa  ÔHajefié  pour'^ 
folliciter  le  Concile  auquel  toute  Lt 
France  avoit  appelle  de  la  conduit 
te  de  Boniface  ^  il  avoit  employés 
tous  les  moyens  imaginables  pour 
n'en  pas  venir  aux  extrcmite'Zj>à  ce  ' 
Pape  s*  et  oit  vu  réduit  par  fa  feule 
opiniâtreté .  ^e  le  jour  de  fa  prife  ^ 
il  avoit  défendu  le  pillage  de  fonPa^ 
lais  &  de  fon  trefor  3  mais  que  la: 
furie  du  Soldat  ayant  été  la  plus 
forte  3  //  ^voit  au  moins  fauve  la 
vie  à  Boniface  ^  à  fes  parens.  Que 
ce  Pape  ayant  été  en  fuite  dJlivré  ^ 
remis  en  une  entière  liberté  ^  il  avoit 
fait  par oïtre  quelque  repentir  pour 
lepajfé  j  qu'il  avoit  pardonné  ^  au 
moins  de  bouche^  a  ceux  qui  lui  a^ 
voient  fait  violence  ^  ^  qu'il  avoit 
nommément    donné  iabfolution  à\ 
^«,t-A'y;  ■  Tsfogaret  ,  quoique  celui-ci  n^en  eut 
aucun  hefûin.  Qu'après  fa  rnort^  qui 


.%-'^?L    ..é 


^vec  Philippe  le  Bel.       331'  _ 

'étvoit  été  peu  èdifianie^  2<Fogaret  re^     ^   ^^  ~ 
foin  de pourfuivre  l'accu fation  d'hc- 
rejie^avoit  acquicfcè  à  la  prière  que 
Benoifî  JCI,  nouvellement  élu  ,  lui 
avoit  faite  de  différer  5  mais  que  ce 
Pape  n'étant  pas  aftz^perfuaàc  de 
fcs  bonnes  intentions  ,  lui  avoit  re* 
fufc  l'abfolutio'fi  à  caiicelle  qu'il  lui 
avoit  fait  demander  feulement  pour 
être  reçu  a  défendre  f on  innocence  en 
fureté  devant  lui,    QiCau  refie  il 
et  oit  prêt  de  fe  purger  (^  de  rendre 
compte  de  tout  ce  quil  avoit  fait 
en  plein  Concile ,  où  tout  le  diffé- 
rend devoit  fe  terminer.  Que  fi  nean^     - 
7noins  le  faint  Siège  jugeoit  à  propos 
de  pourf  livre  l'affaire  fans  attcn^ 
drc  l'aff emblée  du  Concile^  ilvouloit 
bien  en  ce  cas  fubir  fon  jugement^  ^ 
sy  prefenter  pour  la  defenfe  de  fa 
caufe  ^pourvu  qu'on  lui  donnât  des 
fativegardes  fuffifantes  contre  la 
mauvaife  volonté  des  parens  C^des 
parti  fans  de  Bonifiée, 

Par  un  fécond  ade  du  même  Preav«,p, 
jour  5  &  par  un  troifîémepaiTcle  ^^*'  ^^'* 


^  3I'       Demclez^de  Boni  face 
~        Samedi  fiiivanc ,  qui  écoic  le  i  x.> 
de  Septembre ,  Nogarec  (e  plai- 
gnit que  Benoiil  XL  nouvelle-Cî 
nient  décédé  étant  mal  informé,^ 
eût  procédé  contre  lui ,  Se  Teûc  j 
déclaré  excommunié  avec  Sciar^^ 
ra  Colonna ,  &  quelques  autres  ,;£ 
comme  s'il  eût  pillé  lui-même  le. 
trelor  de  l'Eglife  &  fait  vi jlence> 
à  Bonitace, après  avoir  apporté> 
tous  fes  foins  pour  garantir  l'un^. 
^  l'autre  de  toute  infulte.  Il  de- 
manda la  caflTation  de  cette  der- 1 
niere  Sentence, d'autant  que  Be-  : 
noiil  a  voit  ig-noré  l'abfolution 
que  Boniface  lui  avoit  donnée,^: 
qui  éroit  plutôt  un  témoignage 
de  fon  innocence,  qu'une  remilè 
d'aucune  faute  qu'il  eut  commis 
fe.  Ilpreflal'OfficialdeParis^le- 
SieQ;e  vacant  de  l'abfoudre  à  eau- 
tele  par  provihon ,  ou  à  telle  au- 
tre condition  qu'il  jugeroit  à  pro- 
pos^ en  attendant  qu'il  pût  obte. ., 
nir- Ja  même  grâce  ,ou  du  faine 
Siège  5  ou  du  Pape  futur ,  pour 


avecPhilippe  le  Bel.       333 

à2:ir  fûremenc  contre  Bonif^ice.  """^ 

^       ,  -.  '  I  >  04.» 

II  Hc  dreiicr  eniuice  un  autre 
acle  devant  le  même  Officiai     l^  ^^:  f*= 
pour  le  pourvoir  contre  ce  qu  il  rreuvcs,?. 
croyoit  avoir  a  craindre  de  la'^''' 
ipart  des  fauteurs  6c  des  créatu- 
res de  ce  Pape ,  &:  contre  la  bri- 
I  gue  qu'ils  avoient  dans  le  Con- 
'  clave.  ïl  déclara^  Que  four  empè* 
,  cher  les  Cardinaux  emporte-x^par 
\  cette  hriyie  ^  d'élire  un  fuccejjeur  II 
I  Benoifi  ,  qui  ferait  du  caractère  é* 
\  de  l'humeur  de  Boni  face ,  i  i  appel- 
loit au  faint  Siècle  ^  a  toute  l*E<ilife 
qui  devait  s'-a(Jembler  en  un  Con- 
cile gênerai  y  ^  au  Pape  futur  de 
tûîit  ce  qii^on  y  ferait  contre   la 
difpofition  des  Canons.  Vi  ajoiica, 
QtC^il  n'auroit  pk  fe  difpenfer  ds 
dénoncer  au  faint  Siège  ^  ^  reçu» 
fer  nommément  ces  fauteurs ,  c»m^ 
me  coupables   des    mêmes  crimes 
que  Bonifice  ^  s'ils  n'étaient  pu^ 
hlique?nent  reconnus  d^  déjà  note x^ 
foui   leur^s  déportemens  y  ô'  quil 
n'y  uvoit  eu  que  la   craime  d^ 


354      JDhnHe-xJle  Éomface 

'  ces   gens  -  là  ^  qui  l'avoit  empêche 

^°^*     d\i  lier  à  Rome  pour  s'oppofer  a  leur 

i^zi^tinr.  i .  :  cabale  j  mais  qu^ilrefervoit  a  pro- 

»7r/.q  duire  toutes  fe S  preuves  j  dès  qtie  le 

tems  ^  le  lieu  le  pourroient permets 

tre, 

'Le  i6.  de      II  protefta  par  un  cinquième 

^lr\tH\  adedu  Mercredi  fuivanr,fi£^  r/ 

pag'  2-74-    n' et  oit  ni  la  haine  ,  ni  aucune  auttèj 

pafjton  qui  le  f ai foit parler  ou  agir. 

contre  les  parti  fans  de  Boniface  • 

qtiil  ne  les,  regardoit pas  comme  fei 

ennemis  ^   qu^il  rfen  voulait  qu'i> 

leur  mauvaise  conduite  5  que  s'ilsnè^ 

rentroient  en  eux-mêmes  par  unbâH 

amandement  ^  il  ne  demandait  leut. 

châtiment  que  pour  bter  un  fcanda^ 

le  public  a  l'Eglife  5  é^  que  dans 

toutes  les  démarches  quHlavoitfai^ 

ies  ,  é"  ^'^^il  avoit  encore  à  faire 

contre  eux  ^  contre  Boniface  ,  il 

n'envifageoitque  la  gloire  deDieu^ 

l'utilité  de  fon  Eglife^^  la  confer-^ 

vation  du  droit  public. 

Procumioti      L^  même  jour  qui  ëtoit  le  1 6.' 

pour  asu  a  du  Hiois  de  Septembre ,  Nogareç 


avec  Philippe  le  Bel.      3  5  j 
pafla    quatre  procurations    au  "TTô^fT^ 
Clievalier    Bertrand  d'A2;ualîe 

1  I  r\  ^-x  A-    •    1    T  Rome    cil 

devant  le  même  Omcial.  La  pre-  fou  abicnce, 
<:^fniere,pour  pourfuivre  fon  accu-  p.  277."' 
iation  en  fon  nom  devant  le  faint 
Siège  ,  ne  pouvant  s'y  trouver  en 
peribnne,  ni  comparoître  à  Paln- 
gnation  qui  lui  avoit  été  donnée  :;;'^^ 
par  le  feu  Pape  Benoît  XL  pour  -  ^s*^ 
demander  un  lieu  de  fdretëëc  de 
facile  accès ,  où  l'on  pût  faire  les 
pourfuites  avec  liberté  contre 
Boniface  &  ks  adherans  fur  le 
fait  de  l'herefie^du  fchifme,  & 
des  autres  crimes  dont  ils  étoienc 
chargez.  La  féconde,  pour  pro- 
duire fes  défenfes  touchant  la 
violence  faite  à  la  perfonne  de 
Boniface  &  le  vol  du  trefor  de 
i'Eglife,  dont  il  fe  prérendoit  en- 
tièrement innocent.  La  troilîë- 
me,pour  recufer  les  Juges  qu'il 
eftimeroit  le  devoir  être ,  après 
qu'ils  auroient  été  déléguez  pour 
cette  affaire.  La  quatriéme,pour 
demander  2c  recevoir  en  fon 


i 


1^04. 


5  5^  TihneU%^dcBo'niface 
nom  rabfolucion  du  faint  Siège  ; 
ou  de  quelque  autre  Juge  com- 
pétent ,  foit  a  caîitele  ,  foit  autre- 
ment, afin  de  mettre  fon  ame  en 
repos,  dans  le  doute  ^cTincerti- 
tude  où  il  étoit  de  fçavoir  s'il 
avoit  véricablement  encouru 
quelque  cenfure  de  iTglife. 

*  .    Cependant  le  Conclave  qui  fe 

-?of.     tenoità  Peroufe  depuis  le  mois 

•,  Z'   .  tie  Juillet  I  ^04.  ne  pouvoit  s'ac- 

Pape  cic-  corder  a  rinir  ,  étant  partage  en 

ment  V.    dcux  fadîons  également    puif- 

vcntion°"'  fantcs    ôc  obftinécs   à    vouloir 

avec  le    remporter  Tune  fur  Tautre.  La 

Rkhcr,/.io.  première  étoit  celle  <^^j//--^//V«j  3 

viiianij.8.  quj  avoit  à  la  tête  les  Cardinaux 

damjs,jî,ay.  parcns  OU  crcatures  de  Boniface 

viufi"ô:c."  VIII.  La  féconde  étoit  celle  ^<fj 

Fran(^ois^Q^\  étoit  plus  nombreu- 

fe,&:  qui  etoit  gouvernée  par  les 

C^ràmixuyLN'apoleon  des'VrJïns  y 

^c  2Ttcohi/f  du  Prat  Dominicain , 

Evêque  d'Oftie,qui  fembloient 

portez  pour  les  Colonnes  &  la. 

Cour  de  France.  Il  y  avoic  neuf 

moi$ 


''avec  Philippe  le  Bel.  ^^j 
mois  qu^ilsëtoient  enfermez  fiins 
avancer  dans  Teledion  d'un  Pa-  ^  '°^* 
pe  ,  lorfqu*ils  convinrent  enfin 
cjue  la  fadion  des  Italiens  nom- 
meroit  trois  des  Prélats  de  la 
France  qu'elle  jugeroit  les  plus 
afFeclionnez  au  ianit  Siège ,  êc  les 
plus  propres  pour  gouverner  l'E- 
glife  ,  &;  que  celle  desFrançojs 
choifiroic  pour  être  Pape  celui 
des  trois  qu'elle  jugeroit  à  pro- 
pos. Les  Italiens  propofcrent 
trois  Archevêques  François^ dé- 
vouez publiquement  aux  ince* 
rêtsde  Boniface  VIII.  comme  à 
r Auteur  de  leur  fortune ,  &  en- 
tièrement oppofez  àPhilippele 
Bel 

L*un  de  ces  trois  ëtoit  TAr- 
chevêque  de  Bourdeaux  Ber^ 
tra:d  d'  Ay)uft:,  ou  deGoth^  félon 
la  manière  des  Anglois ,  qui  é- 
toient  alors  les  maîtres  de  la 
Guyenne  ,  natif  de  Villandrâuc 
en  Bazadois ,  de  l'une  des  pie- 
niieres  NobleiTcs  de  la  Province. 


3  3  s      Démêlez^  de  Boniface 
■  Ce  Prélat  s'étoic  montré  grand 

^^^'  ennemi  du  Roi  Philippe  le  Bel , 
depuis  que  les  François  avoienc 
ravage  fou  Diocefe  dans  la  guer- 
re contre  les  Anglois  ;  6:  il  s'é- 
toit  toujours  déclaré  partifan 
2elé  de  Boniface  VIII.  dans  les 
différends  que  la  France  avoic 
eus  avec  ce  Pape ,  qui  l'avoic  fait 
d'abord  Evêquede  Comminges, 
puis  Archevêque  de  Bourdeaux. 
îl  étoic  d'ailleurs  étroitement  lie 
d'intérêt  avec  la  Cour  de  Rome, 
à  caufc  des  grâces  qu'elle  avoic 
répandues  fur  lui  &  fur  toute  (i 
famille  ^  mais  particuliereraenc 
fur  fon  (y^tq  Berard^qfiQ  Celeflia 
V.  avoit  fait  d'Archevêque  de 
LyonjCardinal  Evêqiie  d'Alba- 
no,&:que  Boniface  VIII.  avoir 
honoré  d'une  célèbre  légation 
m  France  pour  faire  la  paix  en- 
tre les  RoisPhilippe  ôc  Edouard, 
comme  nous  l'avons  rapporté  au 
yartiex,  commencement  de  cette  Hif- 
taire. 


avecPhilippe  le  Bel.  53^ 
Ces  confiderations  portoienc  ' 
Li  fadion  Italienne  à  préférer 
rArchevêque  de  Bourdeauxaux 
deux  autres  Préla:ts  qu'elle  avoir 
nommez  avec  lui  ,  dans  refpé- 
rance  que  s*il  ctoit  Pape,  il  ven- 
geroit  riionneur  de  la  Cour  de 
Rome  3  6c  la  mémoire  de  Boni* 
face  fon  bienfaiteur.  Le  Cardi- 
nal du  Prat  qui  aimoit  la  Fran- 
ce, connoiflant  cette  difpoficion, 
crut  qu'on  pourroit  la  tournera 
l'avantage  de  Philippe  le  Bel  , 
pourvu  que  ce  Prince  fût  préve- 
nu fur  ce  fujet.  Il  lui  dépêcha 
ftcrettement  un  Courier  pour 
l'informer  de  l'état  du  Concla- 
ve. Illefitavertir  de  prendre  les 
devans  auprès  de  rArchevêque 
de  Bourdeaux  ,  qui  feroit  ravi  de 
fe  réconcilier  avec  Sa  Majefté 
dès  qu'il  y  trouveroit  dequoi  fa- 
tisfaire  fon  ambition.  Il  lui  fus:- 
géra  l'expédient  de  s'aboucher 
avec  ce  Prélat  avant  qu'il  eût  eu 
vent  de  ce  qui  fe  ménageoit  en 

Pz 


I^Of, 


3  4^       Dcmelex^de  Boniface 

fa  faveur  dans  le  Conclave  ,  de 

J5or-  ]^ii  faire  accroire  qu'il  dépendoic 
entièrement  de  Sa  Majefîé  de  le 
faire  Pape  ,  êc  d'exiger  de  lui 
telles  conditions  qu'il  fouhaite- 
roic. 

Le  Rcoi  fur  cet  avis  manda 
l'Archevêque  a  Saint-Jean  d'An- 
î^eli  en  Xaintonge ,  fous  prétex- 
te de  vouloir  l'entretenir  d'une 
îifFaire  où  tous  deux  avoient  un 
intérêt  commun.  Il  lui  déclara  , 
que  la  plus  grande  partie  des 
Cardinaux  du  Conclave  ^'t^ 
ctoient  remis  à  Sa  Majefté  pour 
l'éleclion  d'un  Pape  ,  &  lui 
montra  même  des  Lettres  du 
Cardina!  d'Oftie  qui  en  faifoient 
foi. Il  lui  offrit  toutfon  crédit  & 
les  fuffrages  de  la  faélion  Fi:an- 
i^orfè  pour  le  faire  élire  ,  avec 
l'aflurance  de  venir  facilement 
à  bout  de  celle  à^s  Italiens. 
L*Archevêque  agréablement 
furpris  d'un  changement  iî  fu^ 
fcit  dans  le  cœur  du  Roi  en  ii 


avec  Philippe  le  Sel,  341 
faveur  ^  fe  jccca  à  fes  pieds  ,  le 
pria  d'oublier  le  palTë  ,  &  lui  ait 
que  fi  Sa  Majellé  pouvoit  réuflîr 
à  le  faire  Pape  ,  il  n'y  auroic 
rien  qu'il  ne  fît  dans  ce  polie 
pour  obliger  le  Roi, 6c  lui  procu- 
rer toutes  les  facisfadions  qu'il 
pourroit  fouhaiter.  Le  Roi  le  re- 
leva ,  6c  lui  propofa  fix  condi- 
tions à  exécuter  lorfqu'il  feroic 
clu  Pape. 

1°.  Qu'il  donneroic  au  Roi 
une  abfolution  plus  ample  que 
celle  qu'il  avoit  reçue  de  Be- 
noift  XI.  pour  tout  ce  qui  s'é- 
toit  fait  contre  la  perfonne  de 
Boniface  ,  6c  qu'il  le  réconci- 
lieroit  parfaitement  avec  l'E, 
glife  Romaine,  i*.  Qii'il  révo- 
queroit  toutes  les  excommu- 
nications 6c  cenfures  fulminées 
contre  fes  Miniftres  ,  fes  Su. 
jets  6c  (qs  Alliez ,  fous  le  nom 
defquels  étoit  comprife  la  fa- 
mille des  Colonnes  ,  qui  étoit 
fous  la  protection  de  SaMajefté. 

P5 


ijor- 


Jî»r. 


34I      T)emele%^ie  Boniface    ' 
3  o.Qu'il  accorderoit  au  Roi  pour 
cinq  ans  la  permiffion  de  lever  les 
décimes  de  fon  Royaume,  afin 
de  le  dédommager  des  grandes 
dépenfes  qu'il  avoic  faites  dans 
la  guerre  de  Flandres.  4°.  Qu'il 
condamneroic  &  anéantiroit  la 
mémoire  du  Pape  Bonif ace.  5°. 
Qu'il  rétabliroit  les  deux  Cardi* 
naux  Colonnes  dans  toutes  leurs 
dignitez  ,  Bénéfices  ôc   autres 
biens ,  &  qu'il  les  réhabiliteroic 
dans  tous  les  droits  qu'ils  pofle- 
doient  avant  leur  difgrace.  Qiie 
de  plus  il  élcveroit  au  Cardina- 
lat un  certain  nombre  des  amis 
de  Sa  Majeftc.  Pour  la  fixiéme 
condition  ^  dont  le  fujet  étoit 
d'une  grande  conféquence  :,  le 
Roi  (è  réfcrvoit  de  la  lui  dire  en 
tems  6c  lieu ,  parce  qu'il  jugeoic 
.  que  fon  fuccès  dépendoit  du  fe- 
cret.  Mais  on  fcjût  depuis  que  ce- 
la regardoit  Charles  de  Valois 
fon  frère  ,  qu'il  étpit  queftion  de 
faire  élire  Roi  des  Romains  Se 


dvcc  Philippe  h  BeL  54  ^ 
Empereur  après  Albert  d'Aucri. 
che. 

L'Archcvcque  promit  au  Roi 
d'acquicer  ponduellement  tou- 
tes ces  conditions  5  6c  il  s'y  en- 
gagea par  un  ferment  folcmnel 
fait  fur  le  Corps  6c  le  Sang  mê^ 
me  de  Jesus-Ch^ist.  Afin  qu'il 
ne  manquât  rien  aux  affurances 
qu'il  vouloic  lui  donner  ,  il  lui 
laiiTa  pour  otage  fon  propre  frè- 
re, 6c  deux  de  fcs  neveux.  Le  Roi 
renvoya  auflîtôc  le  Courrier  du 
Cardinal  d'Oftic  avec  des  dépê- 
ches fecrettes  pour  faire  élire 
l'Archevêque  de  Bourdeaux.  Ce 
Courrier  arriva  à  Peroufe  préci- 
ferment  un  mois  après  fon  dé- 
part ,  fans  que  le  Conclave  eût 
rien  fçû  de  toute  cette  négocia- 
tion. AuflitôtlafadionFrançoi- 
fe  ,  félon  l'accord  du  Conclave, 
détermina  le  choix  des  trois  Su- 
jets que  les  Itahens  avoientpro^ 
pofez,  à  la  perfonnede  l'Arche- 
vêque de  Bourdeaux  :,  au  grand 

P4 


MOf» 


•Ï^Of, 


'344  Demclexjie  Bonïface 
■*  contentement  des  partifans  & 
àç.s  créatures  de  Boniface  VIIL 
qui  le  croyoient  entièrement 
dans  leurs  intérêts.  Cette  élec-, 
tion  fe  fît  le  cinquième  jour  de 
Juin  après  onze  mois  de  va- 
cance. 

L'Archevêque  de  Bourdeaux 
en  apprit  la  nouvelle  à  Lufî- 
gnan  en  Poitou  ,  par  les  Lettres 
que  le  Sacré  Collège  lui  en  en- 
voya ;  6c  il  retourna  auffi.  rôc 
à  Bourdeaux  ;,  où  il  fit  publier 
Je  Décret  de  fon  éledion  le 
jour  de  la  Madeleine  ^f'C  prit  le 
nom  de  Clément  V.  Quelque 
inftance  que  les  Sénateurs  Ro- 
mains 6c  les  Cardinaux  lui  fif- 
fent  pour  pafler  en  Italie  ,  ^ 
s'y  faire  couronner,  il  ne  vou. 
lut  point  fortir  de  France.  Il 
ie  fit  facrer6c  couronner  le  qua- 
torzième de  Novembre  à  Lyon , 
où  les  Cardinaux  furent  obligez 
de  le  venir  trouver.  Mais  un  ac 
cident  imprévu  rendit  la  cére,- 


avec  Philippe  le  Sel.       34^ 

monie   funefle  A  beaucoup  de  " 

perfonnes.  Car  comme  le  Pape  ^'^^' 
palToic  à  cheval  par  la  rue  ,  en- 
vironné de  toute  fa  Cour  ,  6c 
de  celle  de  France  ,  un  vieux 
mûr  mal  échafFaudé  6c  chargé 
de  trop  de  monde  ,  tomba  tout- 
à-coup  fous  fon  poids, 6c  écra- 
fa,  étouffa  oueftrQpiaunemtini- 
té  de  pcrConncs.Gaillard d'^gou/^ 
frerc  du  Pape  y  fut  tué,au{lî  bien 
que  le  Duc  de  Bretagne  (  Jean 
II.)  qui  tenoit  la  bride  delà  Hac- 
quenée  du  Pape  ,  avec  le  Comte 
de  VaFois  frère  du  Roi.  Le  Com- 
te de  Valois ,  6c  le  Roi  lui-même 
furent  bleifcz  avec  beaucoup  de 
Seigneurs  6c  des  gens  de  marque 
qui  les  accorhpagnoient.  Le  Pa- 
pe tomba  de  cheval ,  6c  y  perdit 
la  plus  belle  efcarboucle  de  fa 
Thiare.  Ce  fut  fous  de  tels  aaf- 
pices  que  le  faint  Siège  fut  tranf  En  jauvIci 
porté  depuis  de  Rome  en  Avi- 
gnon ,  oii  il  demeura  plus  de 
70.  ans.  Séjour  qui  pour  ce  fujec 


1 706, 


3  J^6        DemelexJie'BonifaCe 
**  fut  appelle  depuis  par  les  Italien  J 

^  ^  ^  *     la  captivité  de  Babylone ,  &  qui  a 
été  auflî  à  charge  à  la  France  ," 
que  pernicieux  à  toute  l'Eglife. 
S^\*         Clément  fe  voyant  établi,  fon- 
jcnd    le    gea  lerieulement  a  exécuter  les 
Chapeau    conditions  dont  il  étoit  convenu 
lonncs.^'   avec  le  Roi.  Dès  le  mois  de  De- 
Anton  Fio-  ^^^"^^^re  fuivant ,  il  fit  une  pro- 
lem,     '    motion  de  Cardinaux  dans  la- 
quelle il  rendit  le  Chapeau  aux 
deux  Colonnes  Jacques  &  Pier- 
re 3  &les  réhabilita  de  telle  for- 
te qu'ils  puffent  éHre  &  être  élus 
comme  auparavant ,  poiA  pou- 
voir parvenir  à  toutes  les  digni- 
tez  de  l'Eglife ,  même  au  fouve- 
rain  Pontificat. 
<■    «■  "^      Au  mois  de  Février  de  l'année 
1 306.    fuivante  :,  le  Pape  nonfeulemenc 
confirma  Pabfolution  donnée  au 
^^l^l'^'^Y  R-oi  par  fon   PrédecefTeur  Bc- 
Bonifacc     noiit  XI.  mais  il  révoqua  encore 
tey/a»c€.    en  faveur  de  la  France  les  deux 
Conftitutions  de  Boniface,  dont 
l'une  dcfendoitau  Clergé  de  rien 


avec  Philippe  le  Bel.     34,7 
payer  au  Roi  j  Tautre  aAtijecciC.         J** 
foie  ce  Prince  au  Pape,  tant  pour     *^*  ' 
Je  temporel  que  pour  le  fpiricuel. 
Il  publia  fur  ce  fujet  deuxDecre- 
tales  datées  du  premier  de  Fé-      ^'*'. 
vrier.  Par  la  première  :,  il  caflbic 
la  Bulle  Clcricis  Laie  os ,  qui  fem-  ^^«m  ex 
bloit  avoir  donné  la  naiiFance  à  7m^hji4 
toutes  les  querelles.  Il  condam-  ^^^'««••^* 
na  tout  ce  qui  s'étoit  fait  du  cô- 
té de  Rome  en  conféquence  de 
cette  Bulle  y  fous  prétexte  de 
maintenir  les  exemptions  de  im- 
munitez  desEcclefiaftiques  ;  6c  ii 
ordonna  pour  appaifer  tous  les 
fcandales  &  les  défordres  qu'elle 
avoit  caufez ,  que  ce  qui  avoic 
été  conclu  au  Concile  de  Latraii 
&  ailleurs,  touchant  les  Sécu- 
liers qui  exigent  les  tailles  ,  les 
fubfides  êc  autres   fubventions 
des  Ecclefiaftiques ,  fut  inviola- 
blement  obfervé. 

Parlafecondeildéclara^^f/^    . 
JBsillc deBonifiiec\3n2iïnSznâair)y  c  ^r."  '^^ 
ne porioit  aucun  j^réjudice  au  Roi  de  p,  Tsl"' 

P6 


348      Dcmèle^de  Boni  face 
"  FranceyniàfonRoyau7nc,  Que  la , 

'  î^  ^»     j^rance  riètoit  pas  flus  fujette  â 
PEglifûy  qu'elle  l'etoit avant  lafu^ 
h  li  cation  de  cette  Décret  aie.    Que 
toutes  chofes  a  l'égard  de  la  pi  if" 
famé  ecclejtajïique  S^  feculiere  de- 
meureroient  dam  le  même  état  qu'^ 
auparavant  5  ^  que  la  Bulle  n'au^ 
,  roit  aucun  lieu  dans  Jon  Royaume. 
On  ne  peut  pasraifonnablemenc 
douter   que  cette  manière   de 
s*cxprimer  ne  fût  une  véritable 
révocation  à  l'égard  de  la  Fran* 
ce ,  dans  le  même  tems  que  pour 
favorifer  les  intérêts  &  les  pré. 
tentions  de  la  Cour  de  Rome  je 
Pape  fongeoit  à  la  faire  valoir 
pout  les  autres  Nations,où  il  n'é- 
toit  pas  fâché  qu'elle  eût  fon  ef^ 
fet.  C'efl  ce  qui  a  fervi  de  matiè- 
re à  la  mauvaifc  équivoque  fous 
André  Dtt-  laquclk  certains  Dofteurs  por- 
voy.' la  vie  tez  pour  la  puiflance  abfolue& 
dénicher,  l'infaillibiliré  du  Pape  ,  contre 
lesLibertez  de  TEglife  Gallica- 
ne ,  ont  voulu  nier  que  cette 


avec  ploilippe  le  SéU     549    ^      .  ^ 
Bulle  ait  jamais  été  révoquée.       moô. 

Le  Pape,  en  exécution  de  la   11  accorde 
rroifiéme  condition  qu'il  avoit  a^RoTp'^ur 
promifeau  Roi  dans  leur  entre-  vriianMS- 
vue  de  Saint-  Tcan  d'An2;eli ,  ac-  ^  s  ,ï  .  ou 
corda  pour  cinq  ans  a  ce  Prince  spondinus, 
les  Décimes  fur  le  Clergé  de  fon  ^^ ^l'**'^®^* 
Royaume, pour  le  dédommager 
des  frais  extraordinaires  êc  des 
pertes  qu'il  avoit  faites  dans  la 
guerre  de  Flandres,  qui  avoit  été 
longue  ôc  difficile ,  à  caufe  de  la 
protec1:ion  que  le  feu  Pape  Boni- 
face  avoit  donnée  (  difoit-on  en 
France) à  la  rébellion  des  Fla- 
mands. C'étoit  auflîpour  les  mê- 
mes confiderations ,  que  par  un 
Bref  donné  à  Lyon  dès  le  23.  • 
Décembre  de  l'année  précéden- 
te, ce  Pape  avoit  remis 6c  donné 
au  Roi  tous  les  biens  qiiiavoienc 
été  exigez  des  Eglifes ,  Prélats 
6v  autres  Ecclefiaftiques,  {oxis  le 
prétexte  des  befoins  de  l'Etat , 
pour  défendre  le  Royaume  con- 
tre fcs  ennemis. 


3  5  o      Dmilez^dg  S  ont  face 
^^        Il  ne  rcftoic  plus  à  exécuter  j 
te  itoifoi-  q^^^^  quatrième  condition  qui 
licite  la  cou- regardoic  la  condamnation  du 
liî  Bonifa?c,  fcu  Papc  Bonifacc ,  6c  la  fixiéme 
v^tfchTd'é-  qui  écoit  encore  fecrette ,  &  que 
^''        le  Roi  fe  réfervoic  toujours ,  at* 
tendant  le  tems  qu'il  jugeroiç 
néceflaire  &  favorable  pour  la 
découvrir  à  Clément.  Ce  Prince 
voyant  que  celui-ci   ne  faifoit 
aucunes  avances  pour  acquitet 
la  quatri^me,qui  lui  tenoit  nean« 
moins  pli^s  au  cœur  que  toutes 
les  autres  ^^qu*il  fembloit  mê- 
me éviter  les  occafions  qu'il  lui 
en  faifoit  naître  de  tems  à  autre, 
fe  laiîa  enfin  de  ces  délais  ^  & 
ne  s'étant  pas  contente  de  le 
fommer  de  fa  promefle  par  (f^s 
AmbafTadeurs ,  il  alla  lui  même 
le  trouver  à  Poitiers  au  mois  de 
Juin  de  l'année  1307. 
^  Philippe  le  Bel  demandoic 

qu'on  vuidât  inceflamment  le 
procès  commencé  contre  la  mé- 
moire de  Bonifacc  ,  &  que  fon 


avec  Philippe  le  Sel,       3  y  f 
torps  fut  déterré  &  brûlé  publia 
qiiement  ,  après  avoir  été  duc-     *^^^* 
ment  convaincu  de  tous  les  cri- 
mes dont  il  étoit  chargé  parNo- 
garec  &  (es  autres  Miniftres.  Il 
fit  préfenter  à  Sa  Sainteté  par  Ji^^'"*"^* 
provilion  quarante- trois  articles  conr.  vece- 
d'hercfies  dreflèz  dans fon  Con-  ric''rn!îm'^r^ 
fèil  5  il  demanda  qu'on  les  exa-  ^*pr*etvc«i 
minât  fur  le  lieu ,  &:  que  (es  Pro,  p-  *S6, 
cureursfuiTent reçus  aies  prou- 
ver. Il  le  pria  fur-tout  de  ne  pas 
oublier  le  ferment  folemnel  qu'il 
avoit  fait  à  Saint^Jcan  d*Angeli. 
Le  Pape  ainfi  preiTc   fe  trouva 
fort  embarafle.Ilvoyoit  de  quel- 
le conféquence  il  étoit  pour  le 
faintSiegedenepas  laifler  con- 
damner comme  hérétique  un  de 
ceux  qui  Tavoient  occupé  î  mais 
en  même  tems  il  fe  repréfentoic 
le  précipice  où  le  jettcroit  fon 
parjure  s'il  manquoit  à  fa  pro- 
melTe.  Il  pria  le  Roi  de  confide- 
rer  ^  qu'il  ne  pouvoir  pas  déci- 
der feul  d'une  affaire  de  cette 


2?07. 


351  Dhnelex^  de  Ê  ont  face 
importance  ,  &:  de  lui  donnef 
le  tems  néceflaire  pour  en  com- 
muniquer avec  le  Sacré  Col- 
lège. Il  voulut  enfuice  lui  per- 
fuader  ^  qu'il  y  avoit  un  peu 
trop  de  chaleur  dans  les  pour- 
fuites  de  Nogaret  6c  de  du 
Plelîîs  •  qu'on  ne  remarquoic 
point  que  la  vie  de  Boniface  eût 
été  aufli  criminelle  que  fes  Accu-^ 
fateurs  le  publioient  ^  &  qu'en- 
core qu'il  ne  prétendît  pas  ex- 
cufer  la  conduite  que  ce  Pa^ 
pe  avoit  gardée  avec  la  Fran- 
ce ,  il  ofoit  croire  qu'on  avoic 
exagéré  auprès  de  Sa  Majefté 
tout  ce  qui  ne  pouvoit  n'être 
pas  fêivorable  au  Pape  Bonifa- 
xe  VIII.  ôc  qu'on  avoit  au  con^ 
traire  diffimulé  mal  à- propos  ce 
quiauroit  f  û  lèrvirâ  fa  juftifîca- 
tion. 

Ces  raifons  ne  purent  ralen- 
tir l'ardeur  avec  laquelle  le  Roi 
cortinuoir  fes  inftances  ^  juf-. 
qu'à  ce  que  le  Cardinal  duPrat, 


avec  Philippe  le  Bel.  355. 
quoique  bien  intentionné  pour 
Sa  Majefté  ,  cherchant  en  mê- 
mç  tems  à  fauver  la  mémoire 
de  Boniface,  dont  il  étoit  créa- 
ture ,  &  à  tirer  Clément  d'un 
Il  mauvais  pas,  trouva  enfin  un 
expédient  pour  éluder  l'affaire, 
ou  la  tirer  au  moins  en  lon- 
gueur. Il  dit  à  Clément  qui  lui 
en  demandoit  fon  avis  ,  qu'il 
faloit  faire  entendre  au  Roi  ^ 
qu'il  n'y  avoir  point  de  fureté 
à  communiquer  cette  aifFaire  aux 
Cardinaux ,  fans  Icfqucls  néan- 
moins il  ne  pouvoit  rien  faire  y 
parce  que  le  plus  grand  nom- 
bre étoit  porté  pour  Bonifa- 
ce 5  6c  que  la  plufpart  étant  de 
fa  création  ,  ils  demeureroienc 
toujours  liez  par-inclination  , 
ou  par  devoir  ,  aux  intérêts  &: 
à  l'honneur  de  fa  famille.  Qii'« 
ainfi  il  feroit  plus  à  propos  6c 
plus  avantageux  pour  le  Roi  de 
porter  la  chofe  au  Concile  gé- 
néral qu'on   devoit    aflembler 


1307. 


3  54      l^emèlcz^de  Bûnlfjce 
"~"^        incetTammcnt ,  afin  que  la  con- 
''^^*    damnation  de  Boniface  en  fût 
plus  autentique  ^  mieux  reçue 
dansTEglife.  Cétoic^là  larailoa 
dont  ce  Cardinal  difoit  qu'il  fa- 
loit  leurrer  le  Roi ,  qu*il  n'étoic 
pas  difficile  de  tromper  lorfqu'on 
ne  lui  étoit  pas  fufpeâ:^  6c  il  ajoû- 
taen  même  tems  qu'il  n'y  avoic 
rien  a  craindre  pour  la  mémoire 
de  Boniface  dans  cet  expédient, 
parce  que  la  ville  de  Vienne  en 
leDaupki-  Dauphiné  où  s'alTembleroit  le 
Fra"nee%uc  Concilc ,  n*étant  pas  du  Royau- 
pc'cfe Valois  ^^  ^^  France  ,  le  Roi  n'auroit 
foancYcu.   pas  Jg  crédit  qu'il  pourroit  avoir 
à  Lyon  ou  à  Poitiers  ^  &  qu'il  fcr 
roit  aifé  de  faire  en  faveur  de  Bo- 
niface une  brigue  plus  forte  que 
la  fienne. 

L'expédient  plut  au  Pape,  qui 
le  propofa  auflîtôt  au  Roi,en  lui 
marquant  que  fi  la  fatisfadioii 
qu'il  demandoit ,  devoit  arriver 
plus  tard,  elle  en  feroit  plus  ëcla- 
tante,plus  glorieufe  pour  laFran- 


^  Mvec  Philippe  le  Bel,     5  j  j  

ce  ,&  fans  appel  pour  les  Parti-  ^ 
lans  de  Boniface.  Le  Roi  ne  pa- 
rue pas  content  d'abord  d'un  (î 
long  terme  :  mais  la  confiance 
qu'il  avoir  au  Concile  gênerai  , 
donc  il  faifoic  lui-même  follici- 
ter  la  convocation  depuis  tant  de 
tems ,  le  fit  réfoudre  à  ces  dé- 
lais, fans  trop  pénétrer  dans  l'ar- 
tifice qu'on  employoit  pour  ren- 
dre {q,s  pourfuites  inutiles. 

Avant  que  le  Roi  quitât  le  Pa-     v  1 1. 
pe  pour  retourner  à  Paris,  il  prit  \ll^^,'J^ç^ 
avec  lui  les  premières    mefurcs  pircnc  à  u 
pour  exécuter  le  deflein  qu'ils  î;?'"^  ,^*=* 

^      .  .  j  •  o    Templiers, 

avoient  tous  deux  de  rumer  6c 
d'cteindrerOrdredesTempliers. 
On  ne  peut  pas  dire  précifément, 
lequel  du  Pape  ou  du  Roi  avoir 
été  le  premier  auteur  de  cette  ré^ 
folution  :  maisi!  eft  toujours  cer- 
tain que  ceux-  là  fe  font  trompez, 
qui  ont  cru  que  c'écoit  le  fixié- 
me  article  des  conditions  que  le 
Roi  avoit  caché  d'abord  au  Pa- 
pe j  pour  ne  lui  découvrir  quen 


1^07. 


3  5 6  •  Tyèmilex^deBoniface  • 
temsé^lieu.  Ils  fe  portèrent  lun 
&  l'autre  avec  une  ardeur  ë2;ale 
à  faire  faire  les  informations  des 
défordres  qu*on  imputoic  à  cet 
Ordre,  àhs  qu*ils  furent  retour- 
nez, l'un  à  Avignon,  &  l'autre 
à  Paris.  On  ne  doutoit  pas  qu'il 
n'y  eût  beaucoup  de  dérègle- 
ment parmi  les  Templiers  :  mais 
ceux  qui  obfervoient  de  plus 
près  la  palTion  que  le  Pape  6c 
le  Roi  faifoient  paroîcre  pour 
amafler  de  l'argent,  crurent  que 
les  richefles  de  ces  malheureux 
Chevaliers  étoient  leur  plus 
grand  crime.  On  avoit  déjà  ac- 
cufé  Philippe  le  Bel  y  épuifé 
par  la  guerre  de  Flandres ,  de 
n'avoir  chafle  les  Juifs  de  fon 
Royaume  au  mois  de  Juillet  de 
l'année  précédente  ,  que  pour 
profiter  de  leurs  biens.  Ce  Prin- 
ce ,  autorifé  du  Pape ,  qui  s'étoit 
chargé  de  faire  dans  les  autres 
parties  de  la  Chrétienté,  ce  qu'il 
faifoit  dans  fon  Royaume,  £<  qui 


avec  Philippe  le  Bel      357  ^ 

lui  avoir  promis  de  faire  con-  ij^^, 
firmer  dans  le  Concile  œcumé- 
nique l'extihclion  totale  de  TOr- 
drc  ,  fut  fi-bien  fervi  ,  que  les 
Templiers  furent  arrêtez  à  la 
même  heure  par  toute  la  France 
leVcndrcdi  13.  d'Ocl:obre  1507. 

Le  tems  de  découvrir  au  Pa-    

pc  ce  fixicme  article  'des  con-      ^^''^^ 
vcncions  de  Tentrevûe  de  Saint-  tro^pf^c 
Ican  d'Ano-eli  ,6c  dont  le  myfte.  ^°^  ^^"^  ^» 
re  donnoit  tant  d'exercice  aux  d'éieycr     ; 

P, .    .  .  r      \i  '      Charies  de 

oliéïques ,  arriva  cnhn  1  année  vaiois  foa 

fiiivante.  Ceflit  à  la  mort  d'Al-  p-!^"'-"* 
bert  d'AutriclieRoi  desRomains 
qui  fut  tue  en  trahifon  par  le 
Duc  de  Souabe  fon  neveu,au  mi- 
Jieu  dÇs  préparatifs  quM  faifoic 
pour  remettre  fous  fonobciilan- 
ce  les  SuifTes  qui  s'étoienc  révol- 
tez Tannée  précédente ,  &  qui 
formoient  dé]a  par  Cantons  cet- 
te fameufe  ligue  dont  il  fe  fit  en- 
fuite  un  Corp>  deRépublique  dé- 
taché de  l'Empire ,  qui  s'eft  rou- 
jours  maintenu  depuis  cetems-là« 


5  5  8      T^èmèleT^  de  Boniface 
"  Lorfqu*il  fut  queftion  de  lui  don- 

/J.^.,  * .  ner  un  Succefleur ,  le  Roi  Phi- 
1  8,c.ioi.  lippe  le  Bel  apprit  quelesElec- 

Conr.  Vccc-       ^^  T^  /  j        /' 

xivis.-vu.Htn-  teursne  pouvoienc  s  accorder  lur 
m^ra.pag.  ^çj^j  qu'ils  dévoient  nommer,  ôc 

qu'ils   ne    s'aflembleroient  pas 
,  .  ^,     même  fi-tôt.  Il  crut  que  cette 
p,i6  7.i6  8.  divilion  luipreientoitune  occa* 
^Preuves,  ç^^^  avantagcufc  pour  faire  fa 
iTa^A^.i,  brigue  en  faveur  de  Charles  de 
^cilcotùts  •  Valois  fon  frère.  Il  découvrit  fon 
€Umw^,     deflein  à  ks  Miniftres ,  fondé  fur 
les  promeflcs  du  Pape,  &  leiir  die 
que  c*étoit  ce  fixiéme  article  de 
leurs  conditions  qui  reftoit  à  .exé- 
cuter ^  &  qu'on  étoit  fi  curieux 
de  favoir ,  ajoutant  que  le  fainc 
Père  ne  le  favoit  pas  encore  lui*» 
même. 

Les  Miniftres  &  tout  le  Con- 
feil  furent  d*avis  de  ne  point  per- 
dre le  tems  3  &  ils  fuggérerenc 
au  Roi  les  moyens  qu'ils  trouvè- 
rent les  plus  propres  pour  con- 
duire heureufement  cette  affai- 
re. Ils  lui  perfuadcrent  d'aller 


avec  Philippe  le  Bel,  359 
avec  le  Comte  de  Va  lois  fon  frè- 
re, les  Seigneurs  defaCour,tou- 
te  la  Gendarmerie  de  fa  Maifon 
&  d'autres  troupes  ,  trouver  le 
Pape  dans  Avignon  ,  fous  pré- 
texte d'avancer  fes  pourfuites 
contre  la  mémoire  de  Boniface^ 
^  que  là  il  déclareroit  ks  defleins 
a  Sa  Sa^^nteté.  Le  Pvoi  les  crut  : 
niais  pendant  les  préparatifs  de 
fon  voyage,  le  Pape  fut  averti  fe- 
■arettement  de  tout  jce  qui  fe  paf- 
foir,  par  un  de  ceux  mêmes  <]ui 
avoienc  donné  leur  voix  dans  le 
Confdl  de  Sa  Majefté. 

Clément  confalta  fon  Oracle 
ordinaiix: ,  qui  ctoit  le  Cardinal 
du  Prat,  fur  ce  qu'il  y  auroit  â 
faire.  Du  Prac  qui  avoir  changé 
^d'inclination  pour  le  Roi  depuis 
qu'il  l'avoit  vu  (î  acharné  con. 
trela  mémoire  de  Boniface,dit  à 
Clément  qu'il  faloit  prévenir  ce 
Prince  ,  6c  rompre  fes  mefures 
ftvant  qu'il  pût  faire  fa  propofi- 
tion  â  Sa  Sainteté.  Il  luiconfeil- 


1%Q%. 


3  6o  Dcmele^deBonifdce 
la  de  dépêcher  en  diligence  vers 
*^°^*  les  Eledeurs  pour  prelTer  rélec- 
tion  d*un  Roi  des  Romains ,  & 
leur  faire  nommer  Henri  de  Lu- 
xembourcr.  Clément  fuivit  cet 
avis  fans  autre  délibération. L'ex- 
pedition  fut  fi  prompte  bc  fi  fe- 
crette  ,  qu'en  huit  jours  de  tems 
les  Eledeurs  s'aflemblérent  & 
choifirent  celui  qu'il  leur  avoic 
marque,  avant  qu'on  eût  décou- 
vert en  France  leur  première  dé- 
marche. 

Philippe  fut  furpris  à  la  nou- 
velle qu'il  en  reçut, &  il  enté- 
moig-na  ks  reflentimens  au  Pa- 
pe  j  qui  feignant  d'ignorer  de 
quoi  il  ctoit  queftion  ,  s'excufa 
fur  ce  que  le  Roi  ne  lui  a  voit  pas 
découvert  fon  deflTein  plutôt ,  & 
tâcha  de  l'appaifer  par  la  créa- 
tion d'un  grand  nombre  de  Car- 
dinaux, amis,  créatures  ,  fervî- 
teurs  pu  fu)ets  de  Sa  Majcfl:c. 
Avant  que  de  quiterPoItiers  pour 
allei*  à  Avignon  ,oùilprçtendoit 

fixer 


'avec  Philippe  le  Bel,     5  5  r 
fixer  le  faine  Siecre.  Au  mois  de         ~ 
janvier  de  l'ani305>.ii  avoit  tait 
les  premières    publications    du 
Concile  gênera!  indiqué  à  Vien-  tcn.Aouâ 
lie  j  &  il  avoit  aj[ïîgné  pour  le*^''^' 
tems  de  cette  Affcmblée  crois 
ans  de  terme  ,  fous  prétexte  de 
donner  le  loifir  aux  Prélats  des 
Provinces  éloignées  de  s'y  trou- 
ver 5  mais  au  fond  pour  fatiguer 
le  Roi  qui  preflbit  toujours  la 
ccnd.'^.mnation  de  Boniface  ,  re- 
mife  à  ce  Concile  ,  &:  pour  tâ- 
cher de  rallentir  Tardeur  de  (qs 
pourfuites  par  les  longueurs  de 
ce  délai.  ■  '■"" 


La  patience  du  Roi  ne  put    ^«9. 
pourtant  pas  aller  fi  loin  j  û  le  inliua/oas 
Pape  qui  croyoit  s*êtrc  i^^is  à  ^^.[^^^^^^^"^^ 
couvert  de  (ts  importunitez  en 
fortant  de  fes Etats,  fe  vit  bien- 
tôt affiegé  dans  Avignon  par  les 
Agens  de  Sa  Majefte,  pour  foUi- 
citer  la  continuation  du  procès 
intenté  à  la  mémoire  de  Bonifa- 
ce, Il  fie  pour  les  fatisfaire  un 

CL 


I309« 


362       Dèmele^de  Bonifdce 
Mandement  par  lequel  il  ordon^ 
noie  que  ceux  qui  croyoienc  a- 
voir  dequoi  charger  Boniface  , 
euflent  à  venir  à  Avignon  pour 


^Additions  déclarer  ce  qu'ils  en  fçavoient 

aux  ] 


''"''  Smi.  Regnaud  de  Suppino^  Capiraine 


ou  Gouverneur  de  la  ville  deFe. 
rento  ,  qui  depuis  qu'il  s'écoic 
joint  à  Nogaret  contreBoniface, 
fe  qualilîoit  Chevalier  du  Roi  de 
France  ,  ie  mit  auffitôt  en  che- 
min avec  quelques  autres  per- 
fonnespour  obéir  aux  ordres  de 
Yioiciws  ^^  Sainteté.  Mais  il  fut  attaqué 
feitcs  à  içi  a  trois  heues  d'Avig-non  par  des 

Acuiatcurs.  y  ■*■ 

Picims,  gens  armez,  que  les  parens  ou 
^*  ^  *  les  amis  de  Boniface  avoient  mis 
en  embufcade.  Quelques-uns  de 
fes  gens  y  furent  tuez,  les  au  très 
bleflez  êc  mis  en  fuite.  Ceux  qui 
Tavoicnt  accompagné  pour  fe 
rendre  auffi  accufateurs  de  Boni- 
face  ,  reprirent  la  route  de  Tlta. 
\\Q ,  pour  ne  pas  expofer  leur  vie. 
Regnaud  protefta  contre  cet  at- 
tentat dans  la  ville  deNifmes, 


'avec  Philippe  le  Sel.     3  (S  3 

parun  Acle  du  2  j.  d'Avril  1309,  ' 

devant  le  LieutenantG cnerai  du  ^  ' °'' 
lieu  ,  trois  Notaires  6c  plus  de 
vingt  témoins  de  marque  ,  afin 
que  cette  violence  ne  pût  prcju- 
<licierà  la  déclaration  qu'il  de- 
voit  donner  au  Pape,  de  ce  qu'il 
âvoit  à  dépofer  contre  Boniface. 

Cet  incident ,  joint  à  la  guerre  i^oi^^*  "^^ 
que  le  Pape  avoit  contre  les  Vé- 
nitiens ,  fur  lefciuels  fes  troupes 
gagnèrent  la  bataille  de  Franco- 
lino ,  fît  quelque  di verfion  à  Tin- 
ftruclion  du  procès  de  Boniface. 
Mais  Clementn'cn  put  tirer  l'a- 
vantage qu'il  en  avoit  efperé 
pour  prolanger  l'afFa're  -,  car  dès 
letroiiîcme  jour  dejnillet  leRoi 
étant  à  Saint-Denis  écrivit  des 
Lettres  à  Sa  Sainteté  ,  poir  fe 
plaindre  de  ce  que  llafFaire  n'a- 
vançoit  pas  ^  6c  que  cependnnc 
les  témoins  mouroient  de  jour 
en  jour ,  6c  que  les  preuves  pcrif- 
foient.  Clément  liù  1  épondit  par 
une  Bulle  du  13.  Aouft  pour  juf. 


3  ^4      ^^^^  cleT^de  BonifdCe 
'  tifier  fa  diliirence  ôc  ks  bonnes 

Trcuvcs      incentions  lur  ce  poinr,  au  milieu 
.»^^»  des  embarras  que  lui  caufoient 

toutes  les  autres  affaires  de  la 
Chrétienté  j6c  il  lui  marqua  qu'il 
avûit  découvert  les  falfifications 
des  partiians  de  Boniface ,  arrê- 
té leurs  mauvaifes  pratiques ,  6c 
procédé  même  fort  féveremenc 
contre  ceux  qui  refufoient  de 
rendre  témoi2;na2:e  de  ce  qu*ils 
içavoienc. 

Le  Roi  s*ctoit  plaint  auflî  qu'on 
çût  ôté  une  claufe  inférée  dans  le 
Traité  qu'il  avoit  fait  avec  le? 
Flamands.  La  claufe  portoit , 
Que  files  Flamands  contrevenoient 
au  Traite  ^  ils  feraient  excommu^ 
^^^K.3  Ô'  ne  pourraient  être  ah  fous 
qu^k  la  re  que  fie  de  Sa  Majeftè  ou 
de  [es  Succefièurs.LçP^pQ  fatisfit  à 
cette  plainte  par  la  même  Bulle. 
Il  repréfenta  au  Roi^  Que  cette 
claufe  étoit  inutile  3  que  (^' avoit  été 
par  inadvertance  qu' il  l'avait  mifc 
dans  les  articles  qu'il  en  avait  dref 


avec  Philippe  le  Bel.  365 
fczji  Poitiers  :  mais  qu'il  y  aurait  "^"^ 
eu  trop  de  Jimplieitè  à  la  laiffcr , 
lo7fqu'il  avoit  ratifie  le  Traite, 
La  raifon  qu'il  en  apporta  eft  , 
que  l'Eglifc  ne  peut  pas  refufer 
dabroudreun  excommunie  dès 
quM  fatisfait  ,  quelque  oppofi- 
tion  que  fon  ennemi  y  voulue 
former.  Il  ajouta,^*//  c  toit  prêt 
néanmoins  de  remettre  la  claufc 
dans  le  Traite  ^  en  c^r^  qu'on  lui  en 
montrât  une  pareille  dans  qtu^lqfie 
AHc  ou  convention  publique  que  ce 
fut  être  ,  comme  les  Ambaff.ïdcurSi 
de.  Sa  Majeftè  l'avaient  avancé  ^^ 
ce  quil  était  fart  affuré  qu^on  ne 
trouverait  mille  part. 

Quinze  jours  après  ,  voulant  l„  partie 
faire  voir  qu'il  prenoic  l'alFairc  à  L^^a.fct" 
cœur  ,  il  fit  publier  une  nouvelle  mjrncv. 
Bulle  datée  du  n*  Septembre,  ?  i. 
par  laquelle  il  fit  donner  afîigna-  /oo7*'  ^' 
tion  à  tous  les  accufateurs  de 
Boniface ,  fans  en  excepter  ks 
Princes, de  comparoître  devant 
lui  dans  la  mi-Carême  de  l'an- 

0.3 


f-3©9' 


^66  Démêlez,  de Bonifdce 
née  prochaine  ,  pour  déduire 
leurs  moyens  d'accufation.ll  dé- 
clara néanmoins  depuis  par  une 
Bulle  particulière  du  fécond  jour 
de  Février ,  Que  le  Roi  ne  s' étant 
jamais  rendu  partie  dans  cette  af^ 
faire  ^  ilriètoit  foint  compris  dans 
la  citation  quHl  avait  faite  de 
Louis  Comte  d Evreux  frerc  de  Sa 
T^ajeftè  ^  de  Gui  Comte  de  Sainte 
Fol ,  de  Jean  Comte  de  Dreux ,  ^ 
de  Guillaume  du  PUfJîs  Sieur  de 
Vez^enobre ,  ^-c.  qui  s' étaient porlei^ 
parties  publiquement  contre  le  Pa* 
*Je  j  (^  l' avaient  accufé  d  h  ère  fie. 

L'aflîgnation  reçue, Guillau- 
me de  Nogaret ,  Guillaoïme  du 
Pleffis ,  Pierre  de  Galhard  ^  Pierre 
de  Blanafe ,  Chevaliers,  Ambaf- 
fadeurs  du  Roi ,  avec  u4lain  de 
Lamhale  fon  Clerc,  Archidiacre 
de  Saine  Brieux  ^  fe  tranfporté^ 
-renc  à  Avignon  ,  accompagnez 
d'une  puilTanre  efcorte  ,  pour  fe 
mettre  en  état  de  ne  pas  craindre 
les  Defenfeurs  de  Boniface ,  qui 


avec  Philippe  le  Bel.        367 
étôfenc  déjà  arrivez  dans  la  Vil-  ' 

le  en  rort  grand  nombre ,  ce  qiu 
compofoienc  un   puiff-mc  parti. 
|;     Lairs  principaux  Chefs  éroient 
Irdncois ,  fils  du  Comte  Pierre 
,     Gaétan  \Thib^ut.^^àt  Vernaz- 
f     zo, Gentilhomme  d'Anagnia,nCv 
veux  de  Boniface  ^  Goth  deRimU 
ni'^BaldreiBifcth  i  T bornas Mur^ 
ro  •  Jacques  de  Modene  ^  Blaife  de 
Piperno  3  Crefcent  de  Pagliano  5 
jSficolas  de  Veroli  •   Jacques  de 
Firmineto  •   Conrad  de  Spoleto  , 
Dofteurs    en  Droit  ^  préparez- 
pour  plaider  la  caufe  de  Boni^ 

Peu  de  jours  après  Tarrivée  rroccduf^ 
des  AmbafTadeurs  de  France  ,  dan/ia ca^u- 
Clément  V.  tint  un  grand  Con-  [^.ç^^"'^' 
fiftoire  ,  pour  donner  audience 
aux  parties.  Guillaume  de  No- 
garet  &  ceux  de  fa  compagnie 
s*y  prëfentérent  le  16.  jour  de 
Mars  qui  étoit  celui  de  l'ouver- 
ture.  0\\  leur  fit  d'abord  la  lec- 
ture de  la  citation  qui  avoit  été 


3^8       Dcmclcx^  de  Bonifacs 
,,_      publiée  dans  Avignon  le  ix,^ 
Septembre  de  l'année  précéden- 
te. Elle  étoic  contertue  dans  une 
Bulle  j  où  Clément  témoignoit, 
^Ï'^Imvv'  ^^  lorfqu'ilétoità  Lyon  é'hPoi^ 
:Rcgiîtredes  tiers^  le  Roi ^  les  Comtes  £Evreux  y 
j'ii;rbrud/on  de  Dreux  ^  deSaint-Poly^  GuiL 
dJené^P^r  or- 1^^"^^  ^«  Vhljis  lui  avoicTît  dècla-^ 
K^rnt  v^uK  ^^  ^^^^^^^  ètoient  rèfolus  àe  fonrfui* 
«lu'à  la  page  yve  Uî  mémoire  de  Boràface  VIII. 
d* autant  quil  étoit  mort  hérétique  , 
(^  qu'ils  ètoient  frets  d^ en  fournit 
les  preuves»  Que  malgré  le  rang  que 
Boniface  avait  tenu  dans  le  monde ^ 
malgré  les  belles  conftitutions  qu'il 
avoit  faites  four  le  bien  del'Egli- 
fe  y  il  n^avoit  fu  refufer  la  jujlice 
qu'on  lui  deyûanâoit ,  farce  que  les 
crimes  dont  on  chargeait  fa  memoim. 
re  y  ètoient  trof  atroces  four  être 
àiffimule'r^. 

Après  QQIX.Z  leclureNogaret  fie 
un  difcours  fur  les  intentions  de 
fon  Maître  ,  &  propofa  quelques 
points  préliminaires  àvuider,prë- 
tendanc  faire  remonter  l'afFaire 


avec  Philippe  le  Bel.        3(3^ 
jufqu^aux  fources  de  la  querelle     ^^^^^ 
émue  entre  la' Cour  de  Rome  ex: 
celle  de  France.   Les  Avocats  de 
Bcnifac^  conduits  par  François 
Gacîan  parurent  enfuite  en  plein 
Confîiloire  au  nombre  de  lîx.  lis 
dirent  au  Pape  qu'ils  encrepre- 
n  oient  la  défoÉnfe  de  Boni  face  de- 
vant Sa  Sainteté  ^  le  Sacré  Col- 
lège 3  mais  que  les  Accufateurs 
qui  sVtoient  pré  Tentez  n'ctoienc 
pas  recevablcs.  Le  Pape  commit 
enfiiite  deux  Cardinaux  ,  f(^avoir 
Berenger  Evêqiie  de  Frelcati ,  & 
Etienne  du  Titre  de  Saint-Cyr:a- 
que  ,  pour  procéder  dans  cecte 
affaire,  &  pour  recevoir  les  Actes    AJj'tionç 
qui  contenoient  les  raiions   des  ve?,  n^i'^^ 
parties. 

Le  Vendredi  fuivant,  qui  écoic 
le  20.  de  Mars ,  les  quatre  Secré- 
taires établis  par  le  Pape  pour  ré- 
diger tout  le  procès ,  eurent  or^ 
dre  des  deux  Cardinaux  Corn- 
miiiaires  de  recevoir  des  parties 
tout  ce  qu'elles  voudroicnt  pro- 

Qj 


il  lO, 


3*7 o  Dêmèle^de  Boniface 
driire.  Alors  les  Défenfenrs  dé- 
clarèrent qu'ils  ne  prétendoient 
point  fe  rendre  parties  contre 
qui  que  ce  fût  ,&  qu'ils  avoient 
entrepris  feulement  de  défendre 
la  mémoire  de  Boniface  ^  6c  de 
montrer  qu^il  étoit  mort  ortho- 
doxe &:  Catholique.  Le  même 
jour  les  Accufateurs  préfenté- 
rentunEcrit^qu'ilstémoignoient 
avoir  été  drefle  le  12.  de  Mars 
dePannée  1302. c'eft-à- dire  1303. 
félon  le  calcul  de  Rome.  C'étoic 
la  Requête  que  Nogaret  avoic 
préfentée  au  Roi  au  Louvre  en 
préfence  de  plufieurs  Prélats  ÔC 
Seigneurs  du  Royaume  ,  pour 
demander  la  convocation  d'un 
Concile ,  &;  y  faire  dépofer  Bo- 
niface. 

Nog^aret  5c  du  Plcfîîs  commu- 
niquèrent en  même  tems  les  Ac- 
tes d'appel  au  futur  Concile,  &c 
diverfes  autres  pièces  Elites  du 
vivant  de  Boniface.  Ils  eurent 
même  une  audience  particulière 


avec  Philippe  le  Bel,  3  7  r 
du  Pape  danslaquelleils  inftrui- 
firent  Sa  Sainteté  du  fond  de 
toute  cette  affaire.  Ils  demandè- 
rent enfuite  que  les  témoins  les 
-plus  avancez  en  âge  ,ou  qui  é- 
toient  valétudinaires, fuilent  ouis 
d*abord,  parce  que  la  mort  dimi- 
nuoit  leur  nombre  de  jour  en 
jour.Ilsdonnérent  auPape  môme 
leurs  plaintes  contre  la  citation 
queBonifacc  avoit  faite, 6c  ils  dc- 
duifîrent  les  raifons  qu'on  avoic 
eues  de  la  re-ecter  en  Frane  , 
quoiqu'ils  euilent  bien  voulu 
comparoître  au  tems  qu'on  avoic 
marqué.  Ils  lui  firent  voir  qu'el- 
le péchoit  nonfeulement  dans  la 
matière  ,  mais  encore  principa, 
lement  dans  la  forme  3  6c  que 
cette  manière  de  fe  contenter 
d'afficher  le  placart  de  la  cita- 
tion à  une  muraille  pour  tenir 
des  abfens  dûement  citez  ,  fans 
leur  faire  fignifier  la  citation  , 
étoit  inouie  jufqa'à  Boniface  ,  6c 
contre  les  loix  de  l'cquicé  natu- 
relle. QJ 


1 3 1». 


3  72'      T)èmèle^  de  Bonifac^ 

^       lis  recuférenc  enfuice  ceux  des 

''5'*^*j  Cardinaux  qui  paroiffbienc  s'in* 
térefler  à  la  confervaiion  de  la 
mémoire  de  Boniface  ,  &  qui  é- 
toient  reconnus  pour  {qs  créatu- 
res. Ils  en  nommèrent  huit  des 
prmcipaux,pourlefqueIs  ils  de- 
mandèrent l'exclullon  du  Con- 
fiftoire.  Mais  fur  ce  que  les  Dé- 
fendeurs donnèrent  des  contre- 
dits pour  recufer  de  leur  côté  les 
Députez  de  France  qui  fe  por- 
toient  pour  Accufateurs  de  Bo- 
niface y  le  Pape  ne  voulut  les 
mettre  d'accord  ,  qu*en  refufanc 
aux  uns  6c  aux  autres  également 
ce  qu'ils  demandoient,  Nogarec 
fe  plaignit  dans  une  autre  Au- 
dience de  la  Sentence  que  le  Pa- 
pe Benoift  XL  avoir  portée  con- 
tre Ini  fans  l'écouter.  Ilrepréfen- 
ta,  qu'il  avoir  fuffifammcnt  jufti- 
fié  la  conduite  qu'il  avoit  gardée 
a  l'égard  de  Boniface  &  du  (Iiint 
Siege^  que  Boniface  même  étant 
en  liberté  5  après  ce  qui  lui  étoic 


'ttvet  Philippe  îeBeL       373' 

arrivé  dans  Anagnie  ^  avoit  ren-  

du  témoianao-e  à  fon  innocence^  '  *'^' 
en  lui  donnant  rabfolucion.  Ce 
fut  pour  ces  confîderations  qu'il 
pria  Clément  V.  de  révoquer  ce 
qu'avoir  fait  Benoift  contre  lui , 
éc  de  lever  au  moins  l'excommu- 
nicacion  qu'on  prétendoit  qu'il 
avoit  encourue  pour  le  vol  dti 
trefor  de  l'Eglife,  auquel  il  n'a- 
voir point  départ. 

Quoique  Nogaret  ne  pût  ob- 
tenir pour  lors  une  abfolution  ^ 
cautele  ,  dont  il  croyoit  avoir  be- 
foin  pour  agir  ,  il  ne  laiiïli  pas 
d'être  admis,  &:  favorablement 
écouté  du  Pape ,  ayant  allègue 
plu  (leurs  raifons  pour  faire  voir 
que  tout  le  monde  doit  être  in- 
différemment reçu  à  dcpofer 
dans  la  caufe  de  la  Relidon  ,  ^ 
fur  tout  dans  deux  chefs  aulli  im- 
porcans  à  l'Eglife  qu'étoient  les 
deuxqueftions  de fcavoir,  (î  Bo- 
nifiée étoit  fauxPape,&  s'il  étoit 
mort  dans  l'hereiie  ^  deux  points 


IJIO. 


3  74  Demèlex^  de  Boniface 
qu'il  avoir  entrepris  de  prouver 
devant  les  Juges.  Maison  rejet- 
ta  Tinftance  que  lui  ^  du  Pleffis 
voulurent  faire  contre  ceux  qu'ils 
avoient  recufez.  Ce  fut  en  vain 
qu'ils  tâchèrent  de  perfuader  le 
Confîftoire,qu'on  nedevoitpoinc 
être  admis  à  défendre  la  mémoi- 
re d'une  perfonne  accufée  d'he- 
refie.  Le  même  jour;,qui  éroit  le 
premier  d'Avril ,  les  Défendeurs 
propoférent  leurs  moyens  dans 
un  long  Ecrit  qu'ils  préfentérenc 
au  Pape.  Ilsfoûtinrent,qu'onne 
pouvoit  procéder  contre  la  mé- 
moire de  Boniface  fans  un  Con- 
cile général, ni  poarfuivreunPa- 
pepoLir  fait  d'hereiîe  ,  que  dans 
une  affembléede  route  l'Eg-life  , 
dont  tout  le  Corps  étoit  interelTé 
dans  ce  qui  touchoit  fon  Chef. 
Que  les  Accufatcurs  étant  tous 
publiquement  reconnus  pour  les 
principaux  auteurs  de  la  confpi^ 
ration  qui  s'éto.it  formée  contre 
Boniface ,  ils  n'écoient  point  re- 


avec  Philippe  le  Bel.  375 
cevables  dans  leurs  dépoficions. 
Ils  produifirenc  en  même  cems 
les  preuves  qu'ils  alleguoient  , 
pour  faire  voir  premièrement , 
Que  Boniface  avoir  été  vërica- 
blemenc  Pape  ^  Que  fon  éléva- 
tion avoic  été  canonique  après  la 
dëmiflîon  de  Celeftin  ,  6c  qu'elle 
avoit  été  reconnue  pour  celle 
pendant  tout  fon  Pontificat  par 
la  plus  grande  &:  la  plus  famé 
partie  de  l'Eglife.En  fécond  lieu, 
qu'il  avoit  toujours  vécu  exempt 
de  toute  hereiîe  j  ce  qui  lui  ctoic 
commun  d'ailleurs  avec  toute  la 
famille  des  Gaëtans.  Qu'il  ctoic 
mort  en  bon  Chrétien  ,  plein  de 
fentimens  de  pieté,  &  en  reci- 
tant tous  les  articles  de  la  Foi  de- 
vant huit  Cardinaux  ,  félon  la 
coutume  des  Papes. 

Les  audiences  continuèrent 
jufqu'au  Samedi  onzième  d'A- 
vril ,  veille  du.  Dimanche  des 
Rameauxj  leur  interruption  dé- 
voie finir  avec  la  quinzaine  de 


1 1  \  o. 


IjC  Démelez^de  Boni  face 
Pâques  :  mais  Clément  ordonna 
aux  deux  Cardinaux^'^ommif- 
iîiires  de  la  prolonger  jufqu'au 
Vendredi  huitième  jour  de  Mai. 
L'Ambafia-     Pendant  cet  intervale  ,  No^^a- 

dcur     de  i  r  j        ^ 

Pranccquoi-  fet  vouiuc  le  comportcr  dans 
munfé  veut  Avignon  comme  ks  autres  Fide- 
participcr  à  lejj    ^  parciclper  à  la  Commu- 

la   lainte  i      i  i    r  "  t  a 

commii-  mon  de  rE2;lile, comme  s'il  n'eut 
déies ,  pié-  ete  lie  d  aucune  ceniure.  Le  Pa- 
'abwVoTr  pe  qui  n'avoir  pas  même  jugé  à 
avoir  iaïué  propos  de  lul  accordcr  l'ablolu- 

&  entretenu   ï        L    ^  /       t         -        i 

le  Pape.  tioii  cl  cautclc^  \i\{  fit  dire  qu'il  ne 
pou  voit  approuver  fa  conduite  , 
^  qu'il  devoit  fe  regarder  com- 
me un  excommunié  ^  depuis  la 
Sentence  portée  contre  lui  par 
BenoiftXI.  Nogaret  lit  réponfe 
qu'il  ne  croyoit  plus  avoir  be- 
foin  d'abfolution  depuis  que  SaS. 
lui  avoit  fait  l'honneur  de  l'ad- 
mettre dans  fes  entretiens ,  6c 
qu'elle  avoit  bien  voulu  conférer 
avec  lui  tête  à  tête  au  fujet  de 
Taffiiire  de  Boniface  (Se  du  Roi  en 
plulîeurs  rencontres.  Il  lui  aile- 


êtvec  Philippe  le  Bel.       377 
gua  mêmerautorité  de  quelques  "- 

Canoniftes  ,  qui  eftimoienc  que    ^^^^*    - 
l'honneur  d'avoir  falué  ou  encre- 
tenu  le  Pape ,  tenoic  lieu  d'abfo- 
lucion  à  un  excommunié. 

Clemenc  V.  jugeant  que  cette 
prétention   feroit  d'une  dange- 
reufe  conféquence  fielle  venoità 
s'autoriiér  de  Ton  exemple  ,cruL 
devoir  s'en  expliquer  en  plein 
Confiftoire  ,  après  qu'on  eut  re- 
commencé les  audiences  de  la. 
caufede  Boniface.  Dans  celle  du 
Mercredi  13.  jour  de  Mai,  qui  Preuves,  51^^ 
fut  "fore -célèbre  à  caufc  de  la'^''^* 
multitude  des  perfonnes  qualL 
fiéeSjtancEcclefiaftiques  queLaï- 
ques  ,  qui  remplifloient  l'Audi- 
toire ,  il  dif  publiquement  :  Qu^il  cap.  4. 5» 
ne  croyoit  fas  qu'un  excommunié  s^unL  J- 
fut  ab fous  pour  avoir  parle  au  P a-  'cu^^'''  ** 
fe  ,  o'ipour  l'avoir  fimpleynent  ft^ 
lue,    C'eft  pourquoi  il  déclara  , 
Que  peur  quelque  entretien  qu'il  au^ 
roi t  pu  avoir  avec  un  excommunie , 
ilnepretendoit  2^îs  l'avoir  ah  fous. 


^  -^  8       JDemelez^deBoniface 

'  Cette  déclaration  donna  ocafion 

^^°'    au  Décret  qui  fat  dreffé  Tannée 

fuivante  au  Concile  gênerai  de 

Vienne  ,  qui  décida  la  queftioii 

de  la  même  manière  que  le  Pape 

Tavoit  déclaré  dans  fon  Confi- 

ftoire. 

Continua-       No2;aret  n'infifta  pas  davanta- 

tjon     des  r  • 

procédures,  gCiur  cc  pouic,  voyanc  qu  on  ner 
lui  en  faiioit  pas  un  obftacle 
pour  Tempêcher  de  pourfuivre 
le  procès  de  Boniface.  llfecon^ 
tenta  pour  la  forme  de  réitérer 
la  demande  qu'il  avoit  faite  de 
rabfolution^r^»^^/^  ^  après  quoi 
il  pafTa ,  tant  pour  lui ,  que  pour 
du  Pleffis,  le  21.  jour  de  Mai  une 
procuration  à  Alain  de  Lamhak^ 
Preuves ,  Clerc  du  Roi ,  qui  écoit  de  leur 

^'  '^"*  ambaflade  ,  &:  à  deux  Gentils- 
hommes Yr^iWCoh^Bertram  Aq-a^ 
the^oc  Bertrand  dcRocca-lSfeytda^ 
pour  agir  en  leur  nom  dans  tou* 
te  cette  aflfliire  ,  enfemble  ou  fé- 
parément ,  ou  Pun  pour  Taurre  , 
félon  les  occafions.  Les  Défen- 


nvtc  Philippe  le  Bel,  3  f  9 
denrs  donnérgic  de  leur  côté 
une  femblablc  procuration  à 
Jacques  de  Modcne^  afin  de  pour- 
fliivre  pour  eux  les  défenfes  de 
Boniface,  ^  de  fournir  les  con- 
tredits aux  Mémoires  de  Noga- 
ret  &  de  du  Pleflîs.  Les  uns  ^ 
les  autres  employèrent  enfuitc 
plus  de  trois  mois  à  produire  des 
écritures  nouvelles  pleines  de  re- 
dites ennuyeufes  6c  d'allégations 
inutiles  à  la  caufe.Ce  qui  fatigua 
beaucoup  le  Confiftoire ,  6c  nui- 
fic  à  Tavancement  du  procès. 
Les  Défendeurs  tâchant  d'en  é- 
luder  laconclufion ,  fournirent 
un  fort  long  Mémoire  rempli  de 
Loix^  de  Canons ,  &  d'autoritez 
prifes  de  divers  Docteurs  parti- 
culiers, pour  prouver  que  Boni- 
face  ne  devoit  être  jugé  que  de 
Dieu  feul,&: par  confequent  pour 
décliner  la  Jurifdiftion  du  Pape. 
D'où  les  Accufateurs  prirent oc- 
cafion  de  relever  merveilleufe- 
ment,  6c  contre  leur  ordinaire. 


13 10, 


I  310' 


3  §  o  Dcmcle^  de  Éoniface 
rautoricé  du  faiijt  Siège ,  pour 
faire  voir  que  le  Pape  écoit  le  Ju- 
ge naturel  de  foii  Prédeceileurj 
voulant  infinuer  malg-ré  les  ma- 
ximes  même  duRoyaume  (qu'ils 
fe  difpenfoient  de  fuivre  feloa 
leurs  befoins)  Que  le  Pape  comme 
T^icaire  de  Dieu  rc-prcfcntoit  feul 
tout  le  Corps  del' Eglifc-^^qu\iinfi 
il  rûétoit  pas  hcfoin  d'affembler  le 
Concile  pour  juger  Boniface.  Les 
Défendeurs  alléguèrent  encore 
diverfes  raifons  ,  foûtenues  du 
témoignage  de  dijfferens Auteurs, 
pour  faire  voir  que  fi  Ton  ne  vou- 
loir  pas  laifTer  à  Dieu  le  j  ugement 
de  Boniface  ,  on  ne  pouvoir  aa 
moins  fe  difpenfer  de  le  remet- 
tre au  Concile.  Ils  infillérent  à 
dire,  qu'on  ne  devoir  écouter  au- 
cun François  dans  cette  caufe,6c 
le  Roi  encore  moins  qu'aucun  de 
fes  Sujets. 

Les  Acciifateurs  pour  répon- 
dre à  ces  inftances ,  alleguoienc 
des  Canons  ^  des  Loix^^c  appor- 


'avec  Philippe  le  Bel.       3  S  r 
toienc  des  autoritez  ,  qui  bien 
c]Li*auffi  valables  &  auflî  antenti- 
qucs  que  toutes   les  pièces   de 
kurs  Adverfaires  ,  ne  fervoient 
qu'à  groffir  inutilement  le  pro- 
cès,6c  à  mettre  la  confufion  dans 
i'efprit  des  Juges.  Cet  embarras 
n'empêcha  point  le   Pape  &  le 
Confiftoire  d'apporter  beaucoup 
d'attention  aux  plaintes  de  No- 
garet ,  lorfqu'il  remontra  que  les 
Défendeurs  par  leurs  écritures 
pafloient  les  bornes  de  leurs  dé- 
fenfcs,  en  ce  qu'i'smôloientplu- 
fieurs  chofes  contre  l'autorité  du 
Roi  fon  Maître  ,  ôc  contre  les 
droits  qu'il  a  voit  fur  le  temporel 
des  E2:Hfcs  de  Ton  Rovaume.  Les 
Défendeurs  d'un  autre  cote  di- 
foient,  que  Nogaret  avoit  grand 
tort  de  relever  quelque  expref- 
fîon  peu  mefurée  ,  qui  pouvoic 
leur  êtreéchapée  ,  dans  le  tems 
qu'il  ffarloit  lui  même  fans  au- 
cun ménagement  j&furtoutib 
firent  remarquer  la    patience 


I  ^ic, 


XJIO, 


5  s  2  Demèlex^Jû  Boniface 
avec  laquelle  ils  avoienc  écouté 
ce  véhément  Orateur ,  lorfqu'il 
foûtenoit  devant  eux  ^Que  le  Roi 
de  plein  droit  fouvoit  f  rendre  les 
biens  des  Eglifes  ér  des  Prélats  con- 
tre leur  gré^  en  cas  de  neceffité^quoi^ 
qu'il  ne  l'eut  encore  jamais  fait fani 
le  confentement  de  fon  Clergé. 

Les  Pièces  que  produifoit  le 
Chevalier  de  Rocca-Negada  , 
Procureur  fpecial  de  Nogarct  6c 
<îeduPleffisj  n^ëtoient  pas  tou- 
tes de  la  même  force ,  ni  d'une 
égale  confideration,  Auflî  n'eut- 
on  pas  beaucoup  d*égard  à  cel- 
les qui  chargeoient  Boniface  des 
crimes  les  plus  inouis  6c  les  plus 
horribles  de  leur  efpece  ,  du  dé- 
tail defquels  je  n'ai  pas  crû  de- 
voir fouiller  cette  Hiftoire.  Mais 
V'^^u  i  1  y  en  eut  une  touchant  les  prin- 
cipales conteftations  qui  étoient 
entre  la  Cour  de  Rome  6c  celle 
de  France  ,  qui  parut  d'autant 
plus  importante ,  qu'elle  conte- 
jioit  les  droits  du  R.oi  ou  de  la 


Preuves 


2  |10. 


avec  Philippe  le  Bel.  183 
Couronne,  tels  qa*on  les  avoic 
obfervez  en  France  depuis  le 
commencement  de  la  Monar- 
chie ,  fans  aucune  contradiction 
de  la  part  des  Papes. 

Les   principaux  de  ces  droits  ArdciMa^ï 

f        .  *•  Air»-  droits     du 

ctoient,  i^\  Que  le  Roi  ne  re-  roi  main-j 
connoît  au-de(]us  de  lui  pour  le  vTiu  ic'^pV 
temporel  que  Dieu  feul.  i"".  Que  p^-- 
Je  Pvoi  n*a  point  d'autrejuge  que 
lui  ^  {i\  Cour  pour  les  choies  qui 
dépendent  du  temporel ,  6:  qui 
regardent  fon  Etat  2c  fes  Sujets. 
3*^.  Qiie  nos  Rois  ont  toujours 
confervc  les  droits  &c  les  libertez 
de  PEg!ife,relon  les  coutumes  de 
leur  Royaume ,  ce  qui  leur  avoic 
rendu  propres  certaines  cliofes 
qui  fembloient  n'avoir  apparte- 
nu autrefois  qu*aux  Eglifes, com- 
me il  fe  trouvoit  aulFi  d'autres 
chofes  qui  ayant  appartenu  au 
Roi  &  aux  autres  Seigneurs  tem- 
porels par  le  Droit  écrit,éroienG 
devenues  propres  aux  Eglifes  du 
Royaume  par  les  mêmes  coutu- 


i3§4  Dcmele^de  B  onlfacâ 
mes.  4°.  Qiie  nos  Rois  comme 
^^^°'  fondateurs  6c  bienfaiteurs  des 
Eglifes  de  leur  Royaume,  peu- 
'vent  empêcher  les  levées  de  de- 
niers fur  les  Ecclefiaftiques  de 
leurs  Etats  ,  &  prendre  garde 
cjue  leur  bien  ne  îè  diilipe^  &:  que 
les  Papes  ne  peuvent  mettre  fur 
eux  aucune  impofîtion  fans  le 
confentemenc  du  Roi.  5°.  Que  le 
Roi  a  toujours  été  regardé  en 
France  comme  le  Gardien  des 
Eglifes  de  fon  Royaume,  princi- 
palement àts  Cathédrales  5  ce 
qui  avoit  été  confîderé  de  tout 
tems  comme  très  -  avantageux 
pour  cesEghfes.  6°.QuelaCour 
feculiere ,  fur  tout  celle  du  Roi , 
connoît  àts  fucceffions  &  autres 
chofes  temporelles ,  tant  en  de- 
mandant qu'en  défendant ,  foit 
qu'elles  foient  à  des  Ecclefiafti- 
ques ,  foit  qu'elles  appartiennent 
à  des  Laïcs.  70.  Que  le  Roi  n'a 
jamais  plaidé  ailleurs  que  dans 
h.  Cour ,  (i  ceB'eftpour  des  eau- 

fes 


avec  Philippe  le  Bel,       3  S  J 
ïts  purement  fpiricuelles  qui  re- 
gv^rdenc  la  Foi.  8<>.  Que  dès  les 
premiers  commencemens  de  la 
Monarchie  ,  le  Roi  a  le  droit  de 
Regale  fur  les  biens  immeubles 
deplufieursEglifesdefbnRoyau- 
me,  &  qu'il  en  jouit  jufqu'â  ce 
que  les  nouveaux  Prélats  ayenc 
été  mis  perfonnellemenc  en  pof- 
ièirion  de  leur  temporel.  9"".  Que 
le  Roi  conferoic  les  Dignitez  , 
Bénéfices  ôc  Prébendes  de  plu- 
fieurs  Eglifes  qui  font  de  fonda- 
tion   royale.    10^.  Qii'outre  le 
droit  de  Regale  ,  on  a  toujours 
remarqué  que  nos  Rois  ont  un 
autre  droit  qui  en  efl:  diftingué  ^ 
qui  conlîfte  apercevoir  les  fruits 
des  Eglifes  vacantes  6c  de  fe  les 
approprier  fans  aucune  reftitu- 
tion  j  5c  qu'ils  jouiffent  de  ce 
temporel  jufqu  a  ce  que  les  Pré- 
lats leur  ayent  rendu  l'hommage 
6c  prêté  le  ferment  de  fidélité. 
II*".  Qj-ie  pendant  la  Regale  le 
Roi  donne  les  Dignitez, Prében- 

K 


1910* 


3^6  Dèmelc^  de  Boni  fa  ce 
^  bes&  autres  Bénéfices  qui  font  à 
la  collation  de  l'Evêque  y  foie 
qu'ils  vacquent  en  Gourde  Ro- 
nie  ,  foit  qu'ils  vacquent  d'une 
autre  manière,  i  i^.QiienosPvois 
ont  cédé  ce  droit  de  Regale  à 
quelques  Barons,c'ell:- à-dire  ^ux 
Grands  Seigneurs  deleurPvoiau^ 
me  ,  ôc  que  ces  Barons  en  jouif- 
fenc  par  droit  féodal  &  royal  5 
droit  qui  ne  s'appelle  a<nfi  que 
parce  qu'ils  l'ont  reçu  du  Roi. 
130.  Que  fi  les  Prélats  ou  leurs 
Officiaux  vouloient  par  le  moicn 
deleurjuftice  fpirituelle  empê- 
cher \ts  fonctions  de  la  Juftice 
royale,  les  Rois  fuivant  une  cou- 
tume immémoriale  du  Royau-* 
me  peuvent  en  ce  cas  faire  faifir 
le  temporel  desEcclefiaftiques  , 
jufqu'à  ce  qu'ils  fe  défîftent  de 
leurs  entreprifes  14''.  Qu*il  eft 
au  pouvoir  du  Roi  de  faire  gar- 
der les  pafi^ages  de  fonRoyaume^ 
qu'il  peut  défendre  tout  tranf. 
port  d'argent  &  de  marchandife 


Mt»- 


avec  Philippe  le  Bel,  387 
hors  de  Tes  Etats ,  &  empêcher 
de  venir  &:  d'aller  tant  à  Rome 
qu'ailleurs, quand  il  s'agit  des  in- 
térêts de  la  Couronne  de  Sa  Ma-' 
jefté ,  ou  du  bien  de  ks  Sujets-; 
1 5'',  Que  les  dilîerends  qui  fur- 
viennentpour  le  droit  de  Patro- 
nage des  Eglifes ,  ont  été  de  tout 
rems  décidez  par  le  Roi  5c  ion 
Confeil. 

L'occupation  que  cette  gran-     ^^ 
de  affaire  donnoit  au  Pape  ai  au  tâche  dar- 
Collège  des  Cardinaux,  fut  cau-^^^^^  ^  J-* 
fe  que  le  Concile  gênerai  qui  de-  \ll^ 
voit  s'alTembler  cette  année  à 
Vienne  en  Dauphiné  ,  fut  remis 
au  mois  d'06lobre  de  l'année  fui- 
vante.  Clément  tém.oigncit  être 
bien  réfolu  d'employer  le  tems 
qu'il  fe  donnoit  par  ce  délai  à 
terminer  ces  procédures  3  mais^ 
les    Défendeurs    s'appercevant' 
que  Sa  Sainteté  fe  laiifoit  infen- 
fîblement  aller  à  des  confidera- 
tiôns  préjudiciables  à  la  mémoi- 
re de  Boniface  pour  fatisfaire  la' 

Ri 


cduf- 


lO. 


5  S"S  Dhneîc^  de  Bomfact 
Cour  de  France ,  firent  grand 
bruit  dans  la  ville  d*Avignon,oà 
ils  avoient  trouvé  moyen  de  fai-- 
re  entrer  des  compagnies  de  foi-- 
dats  pour  fe  faire  craindre.  Le 
Pape  qui  l'année  d'auparavant 
avoit  fait  brûler  publiquement 
Preuves,  dans  la  Villc  les  faulFes  Pièces 
^•^^^*  qu'ils  avoient  fabriquées  pour 
iérvir  au  procès  contre  la  véritc 
de  celles  que  produifoient  les 
François  ^  voyant  que  l'mduU 
gence  qu'il  avoit  eue  de  leur  re- 
mettre la  peine  qu'ils  méritoienc 
comme  fauffaires^  n'avoir  fervi 
qu'aies  rendre  plus  violens ,  ap* 
prehenda  qu'ils  ne  fe  portallent 
aux  dernières  extrémitez,  fi  l'on 
fut^mî-  continuoit  les  pourfuites  C'effc 
v«5«,xvi.  ce  q\ïi  le  fit  réfoudre  à  prier  le 
Roi  de  vouloir  fe  défîfter  de  {ç.s 
procédures,  durant  lefquelles  on 
ne  pouvoit  vivre  en  fureté  dans 
Avignon. 

-  Il  en  avoit  déjà  écrit  à  Char^ 
\t%  de  Valois  frère  de  Sa  Majefté 


avec  Philippe  le  Bel.  }  S'9 
^ès  le  23.  de  Mai  1 510.  6c  il  l'a-  " 
voit  prefle  de  faire  en  forte  que 
leRoi  lui  laiflat  achever  cette  af- 
faire en  fon  particulier^qu'il  s'^^ 
remît  à  la  définition  du  S.  Siège, 
&  qu'il  ordonnât  à  ceux  qui  en 
faifoient  la  pourfuite  fous  fon  au- 
torité,d'en  ufer  de  même.  LeRoi 
fut  longtemscn  délibération  a- 
vant  que  de  vouloir  fe  réfoudre 
fur  ces  propofitions.Mais  voyant     m  ^  i 

k\  \  1         r-^  ,  "'     j       Le  Roi  fc 

plupart  des  Grands  du  dcfitc  de fcs 

Royaume  fe  joignoient  au  Corn-  J'ontleB" 

te  de  Valois  fon  frère,  pour  folli-  "^^'^^f' Jf^" 

A  rc  1  r  "^^^    affaire 

Citer  la  même  affaire.il  confentit  ^"trc  les 

r  \     r         \      T\  -1  '     mains  duPa- 

enhn  aux  deiirs  du  Pape;  il  en  e-  pe. 
<:rivit  de  Fontainebleau  à  Sa  S.  açT""^'^" 
dès  le  mois  de  Février  1 3  1 1 .  au- 
quel on  datoit  encore  13 10.  Il 
lui  fit  un  précis  de  toute  la  con- 
duite qu*il  avoit  gardée  à  l'égard 
•deBoniface  pour  juftifier  fesinten- 
tions,  celles  de  fes  Miniftres  &:  de 
its  fîijets.ll  lui  déclara  que  ce  n'é- 
toit  ni  comme  Partie  ni  comme 
Juge  qu'il  avoit  agi  dans  tout  ce 

R3 


39«       T>emele^de  Boni  face 
13x1.     qui  étoit  arrivé  à  ce  Pape  ,  maïs 
comme  un  bras  de  TEglife  qui  ne 
devoir  pas  demeurer  kns  action 
dans  fes  befoins.  11  ajouta  ,  que 
malgré  Tinterêc  qu'il  auroic  eu 
de  faire  pourfuivre  la  mémoire 
de  Boniface  ,  en  continuant  les 
procédures  commencées ,  il  re- 
mettoit  volontiers  tout  le  diffé- 
rend entre  les  mains  de  Sa  Sain- 
té  à  la  prière  des  Cardinaux,pour 
être  vuidée  par  le  faint  Siège  en 
plein  Concile  jfans  aucune  pour- 
fuite  de  fa  part.  Il  promit  d'ac- 
quiefcer  fans  réfèrve  à  ce  qu'il  erî 
jugeroit ,  n'eftimant  pas  quil  lui 
fut  fer  mi  s  de  révoquer  en  doute  ce 
quun  Pape  auroit  décide  dans  un 
Concile  qeneral. 

Il  voulut  auflî  que  ceux  de  fa 
;Cour  qui  s'étoient  portez  pour 
partie  dans  cette  affaire ,  &  qui 
s'étoient  rendus  accufateurs  de 
Boniface,fiiïent  un  femblable  dé- 
fiftement,  ôc  remiflènt  le  tout  à 
la  difpolîtion  du  Pape.  En  quoi  il 


^vec  Philippe  le  Bel.  391 
fut  exaclemenc  obéi  par  Louis 
Comte  d'Evreux  fon  fécond  frè- 
re, êc  par  Gui  Comte  de  Saint- 
Pol ,  Grand- Bouteiller  deFraiî- 
ce ,  qui  en  écrivirent  à  Sa  Sainte- 
té dès  le  14.  du  même  mois  en 
des  termes  aflez  femblables  a 
ceux  de  la  Lettre  du  Roi.  il  n'y 
étoit  point  fait  mention  duCom. 
te  de  Dreux  ,  qui  leur  avoic  été 
affbcié  dans  la  pourfulce  de  cet- 
te afEiire ,  parce  qu'il  étoit  mort 
quelque  tems  auparavant.  Les 
Défendeurs  6c  les  Avocats  de 
Boniface  ayant  appris  ces  nou- 
velles difpofitions  de  leurs  Ad- 
verfaires  ,  crurent  qu'il  étoic  de 
leur  devoir  de  donner  de  leur 
côté  des  marques  femblables  de 
la  déférence  qu'ils  avoient  pour 
le  faint  Siège.  Ils  remirent  tous 
leurs  intérêts  entre  les  mains  de 
Clément ,  à  la  première  requifi- 
tion  qui  leur  en  fut  faite  de  fa 
part. 

^.e  Pape  avant  reçu  le  defifte- 

'  R4 


15 


3  *)  2       Dèmeleijle  Bonifjce 

ment  des  deux  Parties,  ordonna 

^^''    que  les  Acles  en  fuffent  enregif- 

r-'^oT.lll.  trez  &:  confervez  dans  les  Archi- 

r  9^2. 6 04.  ^^^  jy  5^  Siège.  Mais  afin  de  ne 

^'rr^Â'^*  pas  donner  lieu  aux  Accufateurs 
univ.parif  &;  aux  Detenûeurs  de  Boniracé 

EuUa'us,       1  .  >-i       A  \       r    r  •  r 

^  144.  &  de  croire  qu  il  eut  voulu  le  lailir 
stVdamu,' de  cette  affaire  pour  Tétouffer, 
ri?&''?'^^   leur  refufer  la  fatisfaâ:ion 
qu'ils  attendoient  de  lui,il  publia 
une  Bulle  le  17.  jour  d'Avril,par 
laquelle  il  déclara  que  toute  per- 
fonne  catholique  feroit  bien  re- 
^ue  à  propofer  ce  qu'elle  fauroic 
deBoniface  ,quipourroit  fervir 
à  charger  fa  mémoire  ou  à  la  dé- 
fendre. 
reT>apecâf-      Lc  même  jour  le  faint  Père 
qVi^'tok  donna  une  autre  Bulle  beaucoup 

ieRor&  h  p'^^^  ^^''P^^  ,ou  après  avoir  dé- 
prance.      ^^\^  j^q^^  qq  quî  s'étoit  paffé  au 

Preuves,  p.   ^  .  ,       ^        .  /  .1  rr     r,         » 

606.  lujet  de  Boniface ,  il  cafla  ôc  ré- 
voqua toutes  Sentences  ^  Conftitu- 
fions  (^  'Déclarations  non  conipri^^ 
fes  au  Jtxiéme  Livre  des  Décréta^ 
Ici ,  entant  qu  elles  fouvoicnt  for-, 
ter  préjudice  a-  l'honneur^  à  N'tat  ^ 


avec  Philippe  le  B^L       395 
aux  Droits  S"  aux  Liberté^  du  Roi  •- 

■de  France  ,  de  fon  Royaume  _,  de  fes  ^  '  * 
Sujets  d^  de  fes  Allie^  Il  en  ex- 
cepta néanmoins  les  deuxConfti- i^o^ .  5  ^  / 
tucions  qui  commençoient,  Tune 
par  Una?n  SanUam^  ôc  Tautre  par 
Re7n  non  novam^  qui  font  dans  les  ^Izlll^SX* 
Extravagantes  communes ,  s'é- 
tant  contenté  de  les  modifier  & 
de  déclarer  que  leur  exécution 
ne  s'érendroit  point  fur  la  Fran- 
ce ,  où  toutes  chofes  demeure- 
-roient  en  l'état  qu'elles  avoient 
été  avant  que  Bonifaceeut  don- 
né cesDecretaleSjmaisil  ordonna 
^qu'elles  lubfifteroient  &  auroienc 
leur  efFet  dans  les  autres  endroits 
de  la  Chrétienté. 

Il  révoqua  par  la  même  Bulle  rrcuv«,  p, 
:toutes  fufpenfions  de  privilèges ,  &Yuivf  ^^* 
toutes  cenfures  5  excommunica- 
tions j  interdits ,  privations ,  dé- 
pofitions,&  généralement  tout 
ce  qui   avoit   été  entrepris  de 
.fait  ôc  de  droit  tant  par  Boni- 
i'ace  VIII.  que  par  Benoift  XL 


iju 


394  "DhneleT^^  de  Boniface 
'  depuislejourde  laToiiflaincsde 
l'an  1300.  tant  contre  le  Roi 
Très-Chrérien  ,  les  Princes  {qs 
enfans ,  fes  frères, le  Royaume  àc 
Etat  de  France ,  que  contre  les 
Dénonciateurs,  Prélats,  Barons^ 
&  autres  Regmcoles  ^  au  iujet  de 
leurs  dénonciations,  apellations, 
demandes  d'un  Concile  gênerai, 
attentats,  blafphcmes ,  paie  de- 
corps  de  Boniface, invafion  de  fa 
maifon  ,  vol  &:  diilîpation  dutre- 
for  de  l'Eglife,ôc  autres  dépen- 
dances du  fait  commis  dans  Anar- 
gnie  ,  &  de  tout  ce  qui  regardoit 
:1e  difFerend  que  Boniface  avoir 
eu  contre  le  Roi  6c  fes  adherans> 
înorts  ou  vivans.     , 

Il  abolit  toute  tache  de  ca- 
lomnie ,  toute  note  d'infamie  , 
dont  on  auroit  pour  cette  affaire 
voulu  marquer  dans  la  pofterité 
:  le  nom  ou  la  réputation  de  ceux 
:  q^ui  y  avoient  eu- part  en  quelque 
manière  que  ce  fiir.  Il  ordonna 
.  ^ue  toutes  les  Sentences  données 


avec  Philippe  le  BcL      395 
par  Boniface  &:  Benoill: ,  6c  tous  - 
les  autres  Aâes  concernant  la 
même  affaire  ,  leroient  ôtez  des 
Regidres  de  Rome  ,  6c  il  en  fie 
fupprimcr  tous  les  originaux.  U 
enjoignit  à  toute  perfonne  de 
quelque  qualité    ou    condition 
que  ce  fut,  Greffiers  ,  Notai- 
res ,  Juges  6c  autres  ;,  fous  peine 
d'excommunication ,  de  retirer 
dans    quelques  mois    de    tous 
Regiftres,  Greffes,  lieux  publics 
ou  privez ,  de  fupprimer  6c  met- 
tre au  feu  toutes  les  pièces  con^ 
cernant  cette  affaire,  avec  dé- 
fenfe  d'en  garder  aucunes  copies 
fur  les  mcmes  peines  :  le  tout 
néanmoins  fans    préjudice    du 
point  principal  de  l'affaire  6c  de 
la  pourfuite  qui  s'en  pourroit  faU 
re  d'office  ,  à  laquelle  il  déclara 
ne  vouloir  point  donner   d'at- 
teinte. Il  feréfervaaufîî  le  droit 
de  pouvoir  entendre  6c  exami- 
ner les  rémoins  6c  les  dénoncia- 
teurs qui  fe  préfenteroient,6c  qui 

R6 


1  ^11. 


^  9'5       JDcmcle^  de  Boni  face 


j  j  j ,^     feroienc  recevables  contre  Boni- 
face  ôc  fa  mémoire,aufribien  que 
les  défenfes  &  les   exceptions 
légitimes ,  s'il  y  en  avoit  à  pro- 
pofer  en   faveur  de  ce  Pape  , 
pourvu  qu'elles  ne   touchaflènt 
ni  le  Roi  de  France, ni  fes Su- 
jets, ni  les  Dénonciateurs  qu'il 
venoic  de  comprendre  dans  fa 
Bulle. 
Abfûiut  on      11  excepta  néanmoins  de  cec- 
te  abolition  6c  remile  générale 
Guillaume  de  Nogaret ,  Sciarra 
Colonna ,  Renaud  de  Suppino , 
\^s  autres  Gentilshommes  Ita- 
liens ,  &  les  Citoyens  d'Anagnia 
qui  avoient  trempé  dans  la  con- 
juration faite  contre  le  Pape  Bo- 
nifacc ,  ou  qui  avoient  eu  part  â 
la  prife  de  fa  perfonne  ,  ou  au 
vol  du  trefor  de  TEglife.    Mais 
l'envie  qu'il  avoit  de  ne  point 
gratifier  à  demi  Philippe  le  Bel , 
e'svtsTri  qu'il  déclara  entièrement  inno- 
'^'"^  cent  ,  6c  qu'il  loua  même  juf 
qu'à  la  flâterie  ^  pour  le  zèle  que 


avec  Philippe  le  Bd,      3^9  7 
ce  Prince  avoir  fait  paroîcre  , 
félon  lui ,  pour  la  gloire  de  Dieu     '  ^  ^^* 
^  rutilicé  de  l'Eglife  dans  Tah. 
faire  du  Pape  Boniface,  le  por- 
ta à  fe  relâcher  fur  l'heure  mê-^ 
me  en  faveur  de  Guillaume  de 
Nogarer.  Il  ne  fe  contenta  pas 
d  excufer  ce  Miniftre  ,  en  fup- 
pofant   que   tout  ce  qui  s'étoit 
paflë  d'odieux  dans  ce  qu*il  a- 
voit  fait ,  au  nom  6c  pour  le  fer- 
vice  du  Roi  {o\\  Maître  ,  étoic 
arrive  contre  fon  intention  6c 
par  la  feule  rëfiftancc  que  Bo- 
niface avoit  apportée  à  la  de- 
mande qu*on  lui  avoit  faite  d*un 
Concile  général  \  il  lui  accor- 
da encore  par  une  autre  Bulle 
du   même   jour  l'abfolution   i^Jfr"'^' 
tautcle ,  de  toutes  les  fautes  qu'il  Nogtr«é- 
pouvoit  avoir  commifes  $  6:  il  ^^a^pée*^ 
lui  enjoignit  pour  pénitence  des  po»^i^/^^;^ 
pelerinasiesen  France  :  un  voya-  Maiaccom' 
ge  a  laint  Jacques  de  Compo-  piotce. 
ilelle  ,  ac  une  Croifade  au  Le-  '^^:'  '?' 
Tant» 


3  9  S       Dèmclex^de  Boni  face 
~  Le  27.  d'Avril,  qui  fembloit 

être  un  jour  d'Indulgente  géné- 
ral, ne  (e  pafla  point  que  le  Pape 
n'eût  abfous  pareillement  ceux 
d'Anagma  par  une  Bulle  parti- 
culière :  mais  il  femble  que  cette 
abfolution  n'ëtoit  pour  ceux  qui 
avoient  mis  la  main  furBoniface, 
bc  qui  Tavoient  outragé  en  fon 
corps  ou  en  fon  honneur  ^  au 
moins  ne  s'étendit-elle  pas  fur 
ceux  qui  avoient  volé  le  trefor 
de  l'Eglifej  injure  beaucoup  plus 
fenfible  à  la  Cour  de  Rome,  que 
toutes  les  infultes  &  les  violences 
que  Boniface  avoit  fouiFertes. 
Clément  fe  réferva  la  liberté  de 
]es  abfoudre  ou  de  les  pourfui- 
vre  quand  il  le  jugeroit  à  propos. 
Il  publia  encore  le  même  jour 
une  Cinquième  5c  une  fixiéme 
Bulle  en  faveur  de  la  France , 
Tune  pour  révoquer  la  Conclu, 
fion  qu'on  avoit  prife  de  ne 
point  admettre  de  François  à 
dépofex  contre  Boniface  ^  Tau,^ 


I^ifc. 


'  âroec  Philippe  le  Bel.  3  ^(j 
tre  pour  déclarer  ^  Qu^il  ne  rece- 
vroità  l* avenir  aucun  Acte  ou  l^on 
hlàmeroit  le  louable  zèle  (^  les  bon- 
nes intentions  que  Philippe  le  Bel 
avoit  fait  paroitre  dans  tout  le 
cours  de  cette  affaire. 

L'ouvercuredu  Concile  gène-  ^  ^• 
rai  de  Vienne  Te  fie  le  premier  ^.J'nfp?^''[ 
jour  de  Novembre  j,  ou  plutôt  abfour  Bo- 
dès  le  I  6.  d^Oaobre,&dura  juf-  "-t'S- 
qu'au  7.  de  Mai  de  Tannée  fui-  ic  pan  le 
vante.   Les   HLloriens  préten-  ^?"^^^^  ^- 

1  1  >     -r  •  1      T^        •  r  Vienne  y  a 

clenc  que  i  attaire  de  Bonirace  y  eue.  Finda 
fut  examinée,&  qu'elle  y  fut  en-  ^01^^^  la. 

j  /  .  j  ^  -'.     .,  querelle. 

tierement  décidée  :  mais  ils  en  ' 

\  <      'i  ^     \      r  Anton.  Flo- 

ont  parle  plutôt  fuivant  les  pre-  renc ,  part. 

■  r  1      ri  J^î        Jo.  VilUni, 

mieres  meiures  que  le  Pape  Cle-  1. 9.  c.  i  z. 
ment  V.  avait  pnfes  avec  le  Roi  /"Sj'sdiï 
à  Poitiers  ,  que  félon  leurs  der  ^4**;^'  ^''' 
nieres  conventions.  Le   defifte-  Dupuy^p^g. 
ment  par  lequel  le  Roi  avoit  re.  sponimus, 
mis  toutes  choies  entre  les  mains ,;«,;;.  <s.  ' 
de  Sa  Sainteté  ,  avoit  changé  les 
vues  qu'on  avoit  eues  d*abord  de 
recevoir  l'appel  de  SaMajefté^c 
des  Eues  du  Royaume  au  Con^ 


2?U. 


400  Dèmela^de  Boni  face 
cile  futur  ,  êc  d'en  accorder  la 
convocation  aux  inftances  que  le 
Roi  en  avoit  fait  faire  par  ks 
AmbafTadeurs.  Mais  l'impatien- 
ce qu'il  avoit  eue  de  fe  faire  ren- 
dre fatisfadion  ,6c  de  faire  con- 
damner la  mémoire  de  Bonifa- 
ce  fans  attendre  le  Concile  qu'il 
avoit  tant  demandé,  obligea  le 
Pape  à  vuider  Paffairc  fans  éclat> 
de  forte  que  le  Concile  fe  con- 
tenta d'approuver  &  de  confir- 
mer le  jugement  de  Sa  Sainteté 
fans  aucune  difcuffion. 

C'eft  pour  cela  qu'il  n'eft  point 
fait  mention  de  l'affaire  de  Bo- 
nifacc  VIII.  ^  de  Philippe  le 
Bel  parmi  les  caufes  de  la  célé- 
bration du  Concile  qu'on  a  pu- 
bliées ,  &  qu'on  a  réduites  à  trois 
points,  qui  étoient,  i"*.  L'extinc- 
tion des  Templiers  5  2  ^Le  recou- 
vrement de  laTerre-fainte53°.La 
réformation  des  mœurs ,  avec  la 
condamnation  de  quelques  here- 
£es  du  tems.On  n'en  trouve  point 
siion-plgs  de  vertiges  dans  les  con« 


avec  Philippe  le  Bel.  40 1 
ftirutions  du  Concile,qiù  font  in- 
fcrées  dans  le  corps  canonique 
des  Clémentines,  foie  qu'on  n'en 
aie  pas  voulu  faire  d'aucreDecrec 
quele  jugement  particulier  qu'en 
porta  lePape  avant  les  feflions  du 
Concile  j  ioit  qu'on  fût  bien  aife 
d'étouffer  fans  bruit  une  affaire 
que  l'on  ne  croyoit  honorable  ni 
pour  Boniface  ni  pour  le  Roi. 

Quoi  qu'il  en  (oit  ,  Clément 
n'ayant  plus  rien  à  craindre  des 
importunitez  du  Roi,  qu'il  avoic 
comblé  de  fatisfaclion  par  {^% 
Bulles  du  17.  Avril,  ôcfe  jugeant 
relevé  du  ferment  qu'il  avoit  fait 
à  Saint-Jean  d'Angeli  ,  de  con- 
damner la  mémoire  de  Bonifa^ 
ce,  décida  que  ce  Pape  avoit  été 
légitime  Parteur^qu'il  étoit  mort 
Catholique-,  que  jamais  il  n'avoit 
été  hérétique,  2c  que  les  preuves 
alléguées  par  fes  Accufateurs  , 
pour  le  perfuader,n'étoient  pas 
îiiffifanrcs. 

Le  Concile  en  étoit  à  la  fécon- 
de Se(îîon,lorfque  le  Roi  accom- 


511 


40  2      T)èmcle%^de  Boni  face 
pagné  des  Princes  fcs  trois  fils, 
{ç.^  deux  frères ,  {(^s>  confins,  6c  les 
principaux  Seigneurs  de  fa  Cour 
vinrent  dans  la  ville  de  Vienne 
pour  y  ailifter.  Il  ëtoit  hors  des 
limites  de  fon  Royaume  ,  &:  par 
confequent  hors  des  terres  de  fa 
Jurifdiciion.Le  Pape  fe  fervitde 
<:et  avantage  pour  lui  faire  figni- 
fier  le  Jugement  qu'il  avoit  por- 
té en  faveur  de  Boniface  ,  ôc  lui 
faire  entendre  qu'il  avoit  abfous 
feulement  la  Foi  6c  la  Religion 
de  ce  Pape,  après  avoir  condam- 
né ce  qu'il  avoit  fait  contre  la 
France ,  parce  qu'il  auroit  été 
dangereux  de  reconnoître  que 
l'Eglife  eût  été  fans  Chef  &:  fans 
Pafteur  légitime  &  Catholique 
durant  tout  le  rems  de  fon  Pon- 
tificat. Il  députa  quatre  Cardi- 
sponcîanus,  ^^"^  , tous Doclcurs cn Theolo- 
^j  a-nn.i'^ii.  aie  OU  en  Droit ,  ^c  tous  habiles 
viiianotè  Canoniftes  vers  Sa  Majeftc,pour 
lentrÀo.  ^'  hii  déduire  les  raifons  du  Juge- 
ment qu'il  avoit  rendu. 


•  avec  Philippe  le  Bel.      403 

Ces  Dépurez  étoienc  Richard     ,^,,^  ' 
Fctroyiio  de  Sienne  ,  Guillaume  le 
JLon^^  Jeande  Murro^  que  d'au- 
tres appellent  de  Namur^^  Gen- 
til de  Montcflore.  Ils  n'oublièrent 
rien  pour  mettre  rëquitë  de  la 
Sentence  du  Pape  dans   toute 
fon  évidence  :,  de   faire  entrer 
rhonneur  du  faint  Siège  en  con- 
fideration  avec  celui  de  la  Fran- 
ce ,  qu'ils  prétendoient  y  être 
également  intereffé.  Il  falut  au- 
tre chofe  que  des  raifons  &i  d^s 
autoritez  tirées  de  rEcritare,des 
Canons  &  du  Droit  pour  con- 
vaincre le  Roi.  Il  fut  moins  tou- 
ché de   tout  ce  que  les   quatre 
Cardinaux  purent  alléguer  pour 
le  perfuader  ,  que   du  défi  de 
deux   braves    Cavaliers    Cata- MCuoiiio. 
lans  qui  vinrent  fe  préfenterà  Sa  ^^Boior^ 
Majefté  ,  6^:  demandèrent  à  faire 
preuve  de  Pmnocencede  Boni- 
face  VIII.  Tépée  à  la  main, con- 
tre les  deux  Gentilshommes  les 
plus  vaillans  de  laNobleireFran- 
çoife,  qu'il  lui  plairoit  de  noiiv- 


I  JU 


404  Uhnclez,  de  Boni} ace 
mer.  Le  Roi  étonné  de  la  réfolu- 
tion  de  ces  deux  Champions,  ac- 
quiefça  enfin  au  jugement  duPa- 
peClement;,  6c  abandonna  le  prov- 
cès  contre  la  mémoire  deBoni- 
fàce. 

Le  Pape  6c  les  Cardinaux,en  re- 
connoifïance  de  ce  dernier  defif- 
tement,d'oii  fuivoitTanéantilTe- 
menc  gênerai  de  la  querelIe,don- 
nérent  un  Décret  par  lequel  il  é- 
toit  dit^Que  feRoi  nifes  SucceJJeurs 
ne  -pour  Y  oient  jamais  être  recherche^ 
en  blkmezjjour  tout  ce  qui  i*  h  oit  fait 
contre  le  Pape  fous  le  nom  ou  l'auto^ 
rite  de  Sa  Majejlé ,  (oit  en  Italie  , 
foit  en  France  ^  foitpar  les  Colon- 
nes^ foitparJsfoyiret  ou  toute  autre 
^erfonne  que  ce  pût  être.   Pour  ce 
qui  regarde  la  part  que  Je  Conci- 
le de  Vienne  eut  dans  cette  afFai- 
leMai-e  ^^  :>  ^^  prétend  qu'encore  que  le 
a'oRciges,  plus  grand  nombre  de  ceux  qui 
de^/schifl'*  le  compofoienc  î\jiZ  plus  attaché 
Supay,pâg,  â^^x  intérêts  du  Saint  Siège  & 
^'^'  de  la  Cour  de  Rome  qu'à  ceux 

de  la  France ,  &  qu'en  général  il 


étvec  Philippe  le  Bel,  40  y 
fCÛt  témoigné  qu'il  ne  pouvoic  ap-  " 
prouver  la  pourfuite  que  le  Roi  avoit  ^  '  ^'' 
faite  contre  Boniface  ,  il  ne  laiiîa  pas 
de  déclarer  injulle  &  nul  tout  ce  que 
Eoniface  avoit  fait  ou  entrepris  de 
faire  contre  le  Roi  ôc  la  France. 

Mais  quoique  le  témoignage  des  E- 
crivains  qui  ateftent  ce  dernier  point  ne 
paroifîe  pas  fuffifant  pour  le  mettre 
hors  de  toute  conteflation  ,  il  eft  tou- 
jours inconteftable  que  les  droits  du 
Roi  &de  la  Couronne  furent  main- 
tenus, &  les  prétentions  6c  entreprifes 
de  Boniface  réduites  à  rien  par  les  Pa- 
pes Tes  Suc  ce  (leurs.  G'ellàquoi  abou- 
tit enfin  tout  ce  fâcheux  Démêlé  ,  qui 
avoit  diviféla  France  d'avec  Rome,  6c 
fcandai'ierEglifi  pendant  dix  ans  en- 
tiers.  Philippe  le  Bel  n'ayant  pu  dé- 
truire ou  noircir  entièrement  la  mé- 
moire de  Boniface  dans  la  Chrétienté , 
voulut  au  moins  qu'elle  fe  perdît  ou 
qu'elle  s'anéantît  dans  fon  Royaume, 
par  les  défenfes  qu'il  fit  d'alléguer  le  6« 
Livre  des  Dccretales,  qui  étoit  de  la 
compilation  de  ce  Pape.Ce  fut  la  prin- 
cipale raifon,avec  le  point  de  la  Re- 
gale ,  qui  empêcha  qu'on  ne  lui  don- 
nât du  cours  &  de  l'autorité  en  Fran- 
ce. G  efc  ce  qui  a  été  remarqué  fort 


iS^r. 


405  Dem,  de  Bonif.avccPhiL 
à  propos  par  l'Auteur  de  la  Glo- 
fe  JeaivAndréde  Boulogne,  qui 
vivoic  peu  de  cems  après  ,  mais 
qui  a  été  retranché  dans  le  fîecle 
dernier  par  les  prétendus  Cor-. 
recleurs  du  Droit-Canon  dans 
l'édition  de  Rome. 

Le  Pape  &  le  Roi  ne  vécurent 
pas  longtems  après  raccomplif- 
ièment  mis  au  grand  œuvre  de 
la  réunion  de  la  Cour  de  Rome 
ôc  de  celle  de  France.  Le  pre. 
mier  mourut  le  Samedi  20.  d'A- 
vril I  3  I  4.  après  huit  ans  dix 
mois  6c  feize  jours  de  Siege.Phi- 
lippe  le  iuivic  en  l'autre  monde 
lèpt  mois  après  3  de  forte  que- 
fon  règne  ,  qui  fut  de  plus  de 
vingt.neuf  ans ,  ayant  commen- 
cé avant  le  Pontificat  de  Boni- 
face  ,  Se  fini  après  celui  de  Clé- 
ment ,  a  renfermé  dans  Tes  bor- 
nes l'efpace  que  cette  funefte  di- 
vifion  a  occupé  fous  trois  Papes 
depuis  fa  naiflance  jufqu'à  fon 
entière  extindion. 

Ira  de  la  féconde  (^  Aèrnisre  FavtU* 


APPROBATION. 

J'AY  lu  pirordrcdeMonfeigneur  leChmcelier  Utt 
Miiuifcric  coiicenaiic  L'Hiftoire  des  Dcraeie:^  du  p.zpe 
ho'ifcici  Vni.  Azc:  Phiitppe  le  Bel  J^oi  de  Trana  ;  &  j'ai 
crû  que  l'imprcflion  de  cet  Ouvrage  ,  &  des  Adcs 
originaux  qui  y  Ibnc  joints  ,  fcrviroit  d'éclaircidc- 
menc  &  de  nouvelles  preuves  à  i'Hiitoire  de  Mef- 
£eurs  Dupuy.  Fait  a  Paris,  ce  8. Novembre  1717^ 
brgné  ,  L.  UE  VERTOr. 


PRIVILEGE     DV     JR^Or. 

LOUIS  par  la  grâce  de  Dieu  Roy  de  France  8c 
de    Navarre  ,   à  nos  amez  &  féaux  Confcillers 
les  Gens  teiians  nos  Cours  de  Parlement,  Maicrcsdcs 
Hequèccs    ordinaires  de  notre  Hotcl  ,  Grand  Confcil, 
Viévôt  de  Paris  ,  Baillifs  ,  Sénéchaux  ,  leurs  Lieute- 
nans   Civils  &     autres    nos    Juili.iers   qu'il     appar- 
tiendra,Salut.  Notre  bien  amc  François  Barois, 
Libr.iire  à  Paris ,  Nous  ayant  fait  remontrer  qu'jl  lai 
auroit  été  mis  en  main  un  Ouvrage  .  qui  a  pour  t'tre  : 
VHifloire  ilesDcméïe^  de  BaK'UceVill.  .tuec  Philippe  U  Bel  ^ 
lequel  Ouvrage  il  fotihaitcroit  donner  au  Public  ,  s'il 
Nous  plaifoit  lui  accorder  nos  Lettres  de  Privilège  fur 
ce  neceiTaircs.   A  ces  caufes  ,  Voulant  favorablement 
traiter  ledit  Expofant ,  Nous  lui  avons  permis  &  per- 
mettons par  ces   Prélentes  de   faire  imprimer  ladite 
Hiftoire  en  telle  forme  ,  marge  ,  caradere  ,  en  un  ou 
pUifieurs  volumes  ,  conjointement  ou  feparement  ,  8c 
autant  de  fois  que  bon  lui  femblera  ,  &  de  le  vendre  9 
faire  vendre  &  débiter  par  tour  notre  Royaume  ,  pen- 
dant le  tems  de  dix  années  confecutives,  à  compter  du 
jour  de  la  date  deldites  Préfentes.  Faifons  défenfes  à 
toutes  fortes  de  perfonnes,  de  quelque  qualité  &  con- 
dition qu'elles  foient  ,  d'en  introduire   d'imprelïïon 
étrangère  dans  aucun  lieu  de  notre  obéifTance  j  Com- 
me aulTi  à  tous  Libraires  ,  Imprimeurs  &  autres ,  d'im- 
primer, faire  imprimer^vendre, faire  vendre,  débiter  ni 
contrefaire  laiite  Hiftoire,  en  tout  ni  en  partie,  ni  d'ea 
faire  aucuns  extraits  ,  fous  quelque  prétexte  que  ce 
foit  ,  d'augmcntacio»  ,  correction  ,  chaageraent  de 


titre  ,  en  .tntrcment ,  Tans  la  perminion  expretfe  St 
par  écrirdudic  Expoianc  ou  de  ceux  qui  auront  droit 
de  lui ,  à  peine  de  confilcation  des  exemplaires  contre- 
faits ,  de  trois  mille  livres  d'amende  contre  chacun 
^cscontrevcnans  , dont  un  tiers  à  Nous,  un  tiers  à 
J'HiStcl  Dieu  de  Paris  ,  l'autre  tiers  audit  Expofant;  , 
&■  de  tons  dépens  ,  dommages  Se  interefls  :  A  la  char-  . 
ge  que  ces  Prcfcntcs  feront  enrcgillrées  tout  au  long 
fur  le  Regilbe  de  la  Communauté  des  Libraires 
Se  Imprimeurs  de  Paris ,  &  ce  dans  trois  mois  de 
Itdatc  d'icellcs  ;  Que  l'impre/îion  <ie  ladite  Hiftoirc 
fera  faite  dans  i>ctre  Roya-ume  &  non  ailleurs  ,  en  bon 
papier  &  en  beaux  caraderes  ,  conformément  aux 
Reglemcns  de  la  Librairie  ;  &  qu'avant  que  derex- 
pofer  en  vente  ilrn  fera  mis  deu:xÉxemplaires  dans  no- 
tre Bibliothèque  publique  ,  un  dans  celle  de  notre 
Château  du  Louvre  ,  &  un  dans  celle  de  notre 
très-cher  &  féal  Chevalier  Chancelier  de  France 
le  Sieur  DaguesseaujIc  tout  à  peine  de 
jiullité  des  Prefentes.  Du  continu  defquelles 
Vous  mandons  &  enjoignons  de  faire  jouir  l'Expofant 
ou  ies  Ayans  caufe,  plciiicment  &  pailîblement,fans 
fouffrir  qu'il  leur  foit  fait  aucun  trouble  ou  empè- 
chémevn  :  Voulons  que  ia  Copie  dcfdites  Préfentes 
qui  fera  imprimée  au  commencement  ou  à  la  fin 
^e  ladite  Hiiloire  ,  foif  tenue  pour  dûemcnt  figni- 
£ée  j  &  qu'aux  copies  coliationnces  par  l'un  de  nos 
amez  &  féaux  Conf  illers  &  Secrétaires  ,  foi  foie 
ajoutée  comme  à  l'Original.  Commandons  au  pre- 
mier notre  Hui/fier  ou  Sergent  de  faire  pour  l'exc-^ 
cution  d'iceîies  tous  Ades  requis  Se  néce^aires  9 
/ans  demander  autre  permiflion  ,  nonobftanc  Cla- 
Jîicur  de  Haro  ,  Charte  Normande ,  8c  Lettres  à  ce 
contraires  :  Car  tel  eft  notre  plaiiîr.  Donne'  à 
Paris  le  vingt-troifiéme  jotir  du  mois  de  Novcm- 
kre,  l'an  de  grâce  mil  fept  cens  dix-fept,  &  de~  notrq 
Règne  le  troifiéme.  Par  le  Roy  en  fon  Confeil. 

^i^'^é  ,   DE    SAINT-H'ILAIRE. 

Jtep/!re  fur  le  Hegifîre  IV.   M  la  CommttKautc  des  L't- 
hrnires  c^  lmi!rw2eu<'s  de  L^aris ,  page  2f2.  numéro    îSf.fOM- 
firmér/ient aux  KcgLemens ,   &  notimmtnt  a.  i' ^rt'cji  du  (1b»* 
(âli du  il,  A(>»ft   170^.  ^  Taiis  le 2 .  Décembre  I  7  I  7 • 
^  jga<f ,  D  £  L  A  U  L  N  £  ,  Syndic 

ADDITIONS 


ACTES  ET  PREUVES 
DES     DEMELEZ 

D  E 

B  O   N  I   F  A  C  E     VIII. 

AVEC 

PHILIPPE  LE  BEL, 

jQiii  ne  fe  trouvent  point  dans  le  Recueil 
de  M.  Dupuy. 


Bulle  du  Pape  Boni  face  VIII*  pour  pro- 
longer JHfcjiià  la  Saint  -  lean  de  l'a?wée 
1199*  la  trêve  ijiu  il  avoir  fait  publier 
en  France  parfes  Légats  _,  entre  Philippe 
le  Bel  Roi  de  France  &  Edouard  Roi 
dAngUterre  :  tirée  de  Raynaldus  Tous 
Tannée  ii^C.  N.  18. 

BOnifacius&c.  Adfuturam  rei  meraoriam, 
Crebris  intcUedbis  lumoribus,  quos  fide  Ji- 
pnoium  affcrtio  confirmabat  ,quod  &  charifTimuft 
ia  Ghiifto  filius  noftcr  Adolpnus  Rex  Roraaao-» 


i  JîcUitiofis  aux  Prewjeî 

rumillui^ns  advcrlus  eundem  Regcm  Fraiicb?  &" 
rcgnum  ipfius  s^entem  non  modicam  congrega- 
bat  hofliliter  ,  allas  bellicos  faciens  apparatus  ,  co 
potifTimè  quxfito  colore  quod  ab  ipfo  rcputat  le 
offenfum  ,  quafi  fui  pr^dccefToics  &  ipfe  non- 
nulla  occupavciint  ha£lenus  jura  Imperii,  quae 
adhuc  detincnturtaliter  occupata  ;  doluimusad» 
jnodiim  ,  &  duras  in  intimis  fenfimus  pundliones. 
Propter  quod  volentes,prout  ad  noftrum  fpefbabarC 
ofHcium  ,  hujufmodi-obviaredifpendiis  ,  adprae- 
fatum  Romanorum  Rcgem  foicmnes  nuntios  du- 
ximus  deftinandos  ,  rogantes  &  attentiùs  exhor- 
tantes eundem  ut  ab  cjufmodi  hoftili  procefTu  pe* 
nitùs  abftineret  :  cum  nos  tandem  fupcr  iis  certi- 
ficatiper  cum  ,  illud  circa  hujufmodi  negotium 
intendebamus  adhibcrc  remedium  ,  per  quod  ad 
fui  Konoris  &  cxaltationis  argumentum  praefati 
jura  Imperii  illaefa  6c  intégra  fervarentur.  Scripfî- 
mus  etiam  Franciae  &  Anglix  Regibus  memoratis, 
ut  à  quolibet  inter  le  invicem  hujufmodi  habcndo 
procciTu  hoftili  abftinere  curarcnt ,  diilufque  Rex 
f  ranciac  contra  Regcm  Romanorum  praefatum 
nullam  noxiam  faceret  novitatem. 

Attcndcntes  igitur  &  infra  clauftra  peéloris  me- 
ditatione  folUcità  revol ventes  ,  quod  Rcgum  prse- 
diftorum  commotio  turbat  ccclefiam  ,  orbiscon- 
cutit  angulos  ,  animarum  corporumque  difpendia 
minatur,  fidelibus  catholicae  fidei  pericula  gêne- 
rai &  Terrx  fanclse  ncgotio  ,  ad  cujus  promotio- 
nem  felicem  celercm  votis  ferventibus  anhelamus, 
impedimenta  multimodafubminiftrat;  &  prop- 
tcrea  cupicntcs  hujufmodi  periculis  &  difcrimî- 
nofis  initiis  ,  remediis  obfîftcre  opportunis  ,  treu- 
guas  (  trêves  )  dudum  ab  inftanti  tune  fefto  nati- 
vitatis  beati  Joannis  Baptiflas  proximo  praetcrito 
ufque  ad  annum  unum  compietum  praefatis  Ro* 


de  Aî.  Dnpuy»  * 

^ttVaiioruin  ,  FraiiciJE  Se  Angline  Rcgibus  audoïi- 
-tate  apoftolica  Tub  pœna  cxcommunicationis , 
<juam  ex  tune  in  fciencer  vcnicntes  contra  protu- 
limus  cxpicfTè  ,  indiximus  ab  eis  per  idem  tcmpus 
fiimitcr  ob.'ervandas  ,  prout  in  litteris  noftris  indc 
conFcdtis  plenius  coinmctur.  Verùm  licct  prxdi- 
é\o  Romanorum  Régi  per  vcnerabilcsfratrcs  no- 
ftros  Regin.  Aichicpifcopura  &  Seiion.  Epifco- 
pum  de  mandate  noiho  t'uerint  hujufmodi  rreu- 
guarum  noftrx-  litterjc  pr.c(entatac  ;  pia:di<^  ta- 
men  Albanenfis  &  Peneftiinus  epifcopi  ,  quibtts 
pra^fentationcm  nofLiaruni  confimilium  littera— 
rum  pra;Ubatis  Francis  &  Anglia:  Regibus  facicii- 
dam  nofcimur  commifiiïe  ,  (umpcâ  fiducià  Se  Tpc 
eonceptà  quod  intcr  Regcs  pra:didos  optata  con- 
cordia  vel  laltcm  tieuguae  feu  fulFerentia:  voluutj- 
ï'ix  in  proximo  provenircnt;  fuperfedere  haftenus 
pr^tfcntationi  hujufmodi  ,  ficut  accepimus ,  dc- 
crcvcrunt.  Cum  autem  nec  pax  ,  nec  concoidia  , 
iicque  treuguac  leu  fufFarentix  ,  de  quo  veheracn- 
tis  non  immcrito  turbationis  conquaflatione  tor- 
quemur  ,  inter  jani  di^los  Reges  aliqùod  fufcepc- 
rint  firmamentum  ,  &  utinam  de  ipforum  con- 
grclTu  giavior  nobis  pi-;Etumptio  non  darctur, 
creuguarum  quoque  indi6liopr2EUbata,fit  jam  pro- 
pe  fui  finis  cxcuifum  ;  nos  ex  iis  ,  &  pcr  ca  qua: 
frequens  fidc  dignorum  afTeitio  noftris  initillat 
auribus,  vcrifimilitcrformidantesnc  di(5bos  Regv^s 
inter  fe  invicem  bellici  fluflus  impetant ,  hollilcs 
concutiant  tempeftatcs,  ac  deploranda  ftragc^s 
confringatenormitcr  &  encrvct  ;  ficquc  tam  gra- 
vem  chriftianorum  fcilTuram  ,  tam  hcrrendum 
facinus  &  générale  peii-culum ,  (îcut  enormem 
cacdem  fidelium  &  adco  periculofi  laefuram  vuU 
îicris  ,  cui  vix  unquam  adhiberi  polTet  aicdicini 
Talutis,  dcfîdcraiites  falubribus  remediis  evitarc  , 


■4.  additions  aux  Freuvef 

trcuguâs  abinftanti  fefto  nativitatis  bcâti  Joanmf 
Bapciftae  proximo  future  ^  in  quo  pra'di(fVaruin 
treuguarumdudumindi£taium  firmctur  terminus, 
ufque  ad  biennium  completum  ,  cadcm  au6lorita» 
ce  jam  didlis  Romanorum ,  Eranciac  ac  Angliae 
Rcgibus  prorogamus  ,  &  de  novo  indicimus  ,  caf- 
que  pr^cipimus  inviolabiliter  obfcrvari  lub  ca- 
éem  excommunicationis  pœna  ,  quam  ex  nunc  in 
illos  qui  fcicnter  contravenerint  ;,  promulgaraus  , 
&:c.  Datum  Romac  apud  S.  Pctrum  ,  Id.Auguft. 
aune  II. 


BhIU  de  Bomface  T^IIL  contre  les  Coton" 
-  fies  en  confirmation  de  la  première  In  ex- 
celfo  throno.  Dâim  celle-ci  il  renouvelle 
toutes  les  peines  auxquelles  il  les  avoit  foU" 
mis  y  &  en  ajoute  de  nouvelles  •  Ray- 
naldusN.  35.  ann.  1257. 

BOniïacius  &c.  Ad  pcipetuam  rei  mémo-» 
riam  Lapis  abscissus  de  monte  fine  ma-» 
nibus ,  ab  xdificanlibus  reprobatus  ,  &  faâ:us  in 
caput  anguli  ,  duos  &  diverfos  parictes  copu- 
lans  ,  Paftores  à  Judacâ  &  Mao;os  ab  Oriente  pro-» 
ducens,  in  fe  reconcilians  ima  tummis  &  ordinans 
in  fan£la  Romana  apoftoli<^  &  catholica  Eccle- 
fia  charitatem  ,  ipfam  fponfam  ftatuit  elTc  unam  , 
lîcutfcriptum  eft  ,  Vna.  efi  columbei  mea  ,  eleci<t 
med  ,  perfecJa  mea ,  una  efi  matrts  fus, ,  elecfa 
genitricis  fus. ,  perinconfutilemtunicam  Dominl 
4cfîgnatam ,  d"iupcr  coniextam  pertotum.  Haus 


de  M»  bupuy»  ^ 

■JlÔii  divircruiit  milites  ,  fed  fortiii  funt  cam.  Haiic 
inapugnaverunt  hxrctici  &  fchifmatici  ,  ac  blaf- 
phcmi  à  juvcntute  fua.  Scd  non  pracvaluciunt  ad- 
vcrfus  camdivinâ  virtute  proteâiam,  &  ut  caftro- 
xura  acics  ordinatam.  Sed  uondum  hacreticis  , 
fcliilmaticis  ac  blaiphemis  adeo  eft  finis  impofi- 
Ciis  ,  quin  vclut  viperei  filii  natique  dégénères  i« 
fcne^liite  pofitum  fabbatum  ejus  perturbare  ,  A: 
unitatem  icindeie  moliantur.  De  quorum  numéro 
fore  nofcuntur  Jacobus  de  Columna  &  Pctrus  n«- 
pos  ejus ,  quondam  di£lac  Ecclefix  Cardinales  , 
quos ,  eorum  culpis  &  demeritis  exigcntibus  ad 
Inorum  ,  pridem  vi.  idus  Maii ,  Pontificatus  no- 
ftri  anno  III.  ex  rationabilibus  caufis  moti  ,  de 
fratrum  noftrorum  confilio  Cardinalaftibus  priva- 
vimus  perpétue)  ,  &  depofaimus  ab  iifdem  ,  variis 
proccflibus  &  lententiis  comminationes  &  pœnas 
continentibus  contra  ipfos  habitis,  nccnon  &  coa- 
tra  natos  quondam  joannis  de  Columna  fratris 
didi  Jacobi ,  &  patris  Pétri  praefati  ,  ac  contra 
omnes  qui  per  mafculinam  &  tccmininam  lineam 
defccnderunt  hadtcniis  ,  &  defcendunt  ab  ipf© 
|oanne. 

Ipfi  namque  Jacobus  &  Petrus  intraverunt  Ec- 
clefiam  fub  pelle  ovinâ,  operibus  tamen  &  frucii- 
bus  Te  exhibuerunt  quafilupos  rapaccs  &  graves  , 
non  parcentes  giegi  dommico  ,  &  in  reprobum 
fcnfum  dati ,  &  oculis  excoecati  malitia  ,  ita  ut 
lumen  cœli  non  ridèrent  nec  yidcant ,  defcendcn- 
tes  in  malorum  profundum  ,  &  contcmncntes , 
cxurrcxcrun:  loqui  perverfa  ,  &  acuentes  ut  gla- 
dium  linguas  Tuas,  in  blafphema  verba  &  fchirma- 
tica  proruperunt ,  apertè  montrantes  quod  licct 
ex  nobis  prodierint  ,  tamen  non  erant  ex  nobis  ; 
nam  (lex  nobis  fuiflent ,  utique  permanfifTcnt  no- 
bit'cum.  Quibus  verbis  icdadis  in  fcriptis ,  ipfa 

a  uj 


ë  yidditîofis  AUX  Treuves 

fcriptâ  indivcrfarum  Ecclefiarum  urbis  oftiisaili* 
gi ,    &  fuper  bafilicaî   Principis  Apoftoloium  de 
uibe altari  poni  fecenint  :  quae  quidcm fcripta  eo- 
lumab  olim  piaecogitatam  &  prxconccptam  ne- 
quitiam   patenter  iiidicant  ,   ipfolque  Jacobum 
2cque  Petrum  blafphemos  atque  fcliifinaticos  fore 
rrianiFefte  déclarant ,  fancftaïDei  Ecclefix  Roma- 
nce catholicae  &  apofto'iCcT  molientesfcindere uni- 
ra teiTî  ,  &  cclumnam  Dei  vivent! s  penè  ad  muta- 
tioncm  deducere  ,  ac  fagcnam  fummi  Pifcatoris 
procellis  intumefcentibus  ad  naufragii  profunda 
fubmergerc  ,  {\  ,  quod  abfit ,  eis  facultas  adeffet. 
In  hujufmodi  namque  fcriptis  ,  quse  univerfis  ea- 
dem  inl'pefturis  cujufcumque  prœcminentix  ,  di-» 
£!;nitatis  ,    ftatus  vel  conditionis  exiftunt ,  eccle- 
iîaftic^  velmundanas,  à  Jacobo  &  Pctro  prardi- 
Ais  mittunturfub  modofcribendi  quo  ante  dcpo- 
iitionem  faam  uti  foîcbant  ,  &  fub  figillis  quibus 
ainteà  utebantur  j   inter  cetera  continentur  ,  Nos 
divinâ  providentiâ  ad  fummi  apoftolatûs  apicem 
iccundum  fcita  canonum  ,  licet  immeritos  ,  cvo- 
catos  ;  &  non  folum  ab  omnibus  fratribus  noftris, 
&  ab  ipfis  p/seviâ  eledtione  canonicâ  ,  immo  ab 
Ecclefia  univerrali  reccptos  in  Papâm  ,   confecra- 
los  j  eis  afliftentibus  Tecundum  approbatum  mo- 
rem  Romanae  Ecclefia!  ,  &  etiâmcoronatos,  Pa- 
pam  non  elTc;   haec  &  alla  confîngentes  quae  non 
Iplum  funt  blafphcma  &ichirmatica  ,  ^zèi  infana, 
prouteorum  fcripta  indicant  manifertè. 

Poft  depofitionem  etiam  &  privationem  ,  pro- 
ecfius  &  fentcntias  fupradidlos,  Cardinales  fe  no- 
minant  ,  &  Cardinalitica  portant  infignia  ,  anulis 
&:  rubcis  capellis  utentes  ,  &  Cardinaliticos  adus 
exercent  ,  ficut,  antequam  pernos  dcfratrum  no- 
ftrorum  confilioeffent  depofiti  ,  faciebant ,  &  lia- 
itenûs  utebantur.  Ut  illud  taceamus  ad  piarfens  ^ 


de  Af.  Diipity»  7 

^uoâ  ferè  ad  triennium  obeàientiam  nobis  &:ie- 
vercntiam  exhibueruiu  ut  Papx,  participantes  uni 
nobifcum  revercndum  domiaici  corporis  &  faii- 
giiinis  facramentum  ,    ac  miniftrantcs  nobis  in 
milTaruni  iolemniis  &  divinis  officiis  ,  piout  ab 
antiquo  folcnt  Cardinales  fupradidj:   Romanx 
Ecclcfia:  Romanis  Pontifîcibusminillrarc  ;  in  Ec- 
clefiarum  provifionibus  &  diffinitionibus  pcr  nos 
fadtis  condiia  (ua  dantes  ,  &  Te  in  conceflis  à  nobis 
priviles;iis  rubfcribcntes  ,  alia  faciebant  nobitcum 
&  recipiebant  ,  qua?  cum  homine  &  ab  hominc 
qui  non  habuiiïct  ingrefTum  canonicum  ,  ncc  fieri 
ncc  recipi  debuiflcnt.  Nec  pollent  fupradida  me- 
tu  proponcrc  le  fecifle  ,  qui  nos  in  ferutinio,  more 
nîcmoratic  Ecclcfia:  Card'nalium  ,  elcgcrunt  & 
nominaverunt  eligendum  in  Papam  ,  quando  de 
nobis  limendum  non  erat  ;   &  poH:  eledlionem  , 
icceptioncm  ,  confecrationem  &  coronationcm, 
pcrmiflas  faâ:as  de  nobis  in  caftio  tune  ipforum  , 
quod  Zagirolum  dicitur  ,  &  quod  pcrprn:di(ftuni 
Jacobum  tune  tcmporis  tcnebatiir  ,  cum  pluiibus 
ex  fratnbus  noftris  hofpitati  fucrimus  confiden- 
ler  ,   &  ipfi  ac  fui  tune  ibidem  exhibucrunt  nobis 
papalem  revcrentiam  &  honorem,  ubi  nulla  adcrat 
cis  caufa  timoris. 

Nos  igiturfuper  his  &  aliis  quie  îiujurmodi  ne- 
gotium  contiugunt  vcl  contingcre  pofTunt ,  habita 
cum  di£tis  fratribus  noftris  dclibcrationc  maturâ  , 
cmiies  proccffus  omnefque  fcntcntias  ,  commina- 
liones  &  pœnas  ,  &  fpecialiter  didam  fcntcntiam 
depofitionis  &  privationis  Cardinalacuum,  &  cae- 
tera alia  qua:  in  noftris  fuper  hoc  confe£lis  Utteris 
coiuinentur  ,  de  eorumdcm  fratrum  noftrorum 
confilio  rata  kibentes  &  grata;  confîrmamus  ,  ra- 
tificamus  &  approbamus  ,  &  etiam  innovamus  » 
&  propter  adau£lam  corum  contumaciam  ,  fchif- 

a  iiij 


s  ^âditions  AUX  Treuvei 

ma  atquc  blarphemiam  ,  de  di^lorum  fratir/m 
confilio  ipfosjacobum  &  Petrum  Tentcntian^o 
pronunciamus  cffc  fchifmatiGos  &  blafphcmos,  & 
excommunicationis  fententiâ  innodamus  ;  ipfof- 
que  in  hujufmodi  blafphemia  &  fcliifmate  perdu- 
rantes tanqiiam  hcercticos  punie ndoï;  ;  &  tam  di- 
€lam  depofitionis  &  privationis  Cardinalatuum 
l'ententiam  ,  quàm  omnia  quce  contra  ipfos  &  alios 
fecimus  ,  &  pronunciavimus  ,  de  novo  facimus  , 
fcntentiamus  ,  atque  proferimus  ,  &  robur  habcrc 
decernimus  perpétua  firmitatis.  Omnibus  infuper 
canonicatibus  ,  praebendis  ,  dignitatibus ,  pcrfona- 
tibus  ,  officiis  &  beneficiis  cum  cura  vel  fine  cura  , 
penfionibus  ,ecclefiafticis  reditibus  feu  proventi- 
bus  ,  qux  praedidi  Jacobus  &  Petrus,  &  unufquif- 
que  eorum  habebant ,  tenebant  &  pofTidcbant  in 
quibufcumquefeuà  quibufcumque  ecclefiis,  mo- 
nafleriis  ,  hofpitalibus  ,  religiofls  &  fecularibns  , 
Tel  fpecialibus  perfonis  ,  cujufcumque  eminentiae, 
conditionis  ,  ordinis  ,  dignitatis  &  ftatûs  ,  eccle- 
^aftici  vel  mundani ,  ipfos  omnino  privamus  ,  ip- 
faque  collationi  Scdis  Apoftolicse  refervamus,  de- 
cémentes  irritum  &  inane,  fi  fecùs  à  quoquam  fu- 
per  iis  fcienter  vel  ignoranter  contigeritattentari. 
Eofdem  quoque  Jacobum  &  Petrum  quondani 
Cardinales ,  Joannem  di£lum  de  Sanfto-Vito  & 
Oddonem  ,  filios  quondam  Joannis  de  Columna 
fratris  didi  Jacobi ,  &  patris  Pétri  prsefati  ,  omni- 
bus juribus  &  bonis  mobilibus  &  immobilibusec- 
cîefiaflicis  ,  &  tam  ipfos  quam  Agapitum ,  Stc- 
phanum  &  Jacobum  dirtum  Sciarram  ,  filios 
Joannis  de  Columna  prcediâ:i ,  &  alios  filios  cjuf- 
dcni  Joannis  ,  fi  qui  alii  funt  filii  corumdcm  vel 
alicujus  eorum  ,  omnibus  juribus  &  bonis  &  rcbus 
mobilibus  &  immobilibus  ,  hereditariis  feu  quo- 
«îodolibet  acquifitis ,  quibufcumque  ratione ,  eau- 


de  M.  Dupny.  5 

fa  vcl  titulo  âd  eos  vel  ipforum  aliqucm  feu   ali- 
quos  pcrvencrint  ,  feu  ob  venerint  ,  obvenire  vcl 
pervenire  pofTent  ;  uccnon  communitatibus,bâro- 
niis  ,  comitatibus ,  civitatibus  ,  fuis  caftris ,  ubi- 
cumque  illa  habcant  ,  teneant  vcl  obtineant  ,  vcl 
quomodolibec  ad  ipfos  pcitineant ,  privamus  om- 
nino  ,    iliaque  omnia  &  fineula  publicamus ,  & 
ctiam  confilcamus;  ita  quod  ad  ipfos  vcl  eorum 
aliqucm  ,  hercdes  ipforum  vcl  alicujus  eorum  nuU 
lo  unquam  temporc  rcvcrtantur  ,  eofquc  ac  unum- 
Gucmquc  eorum  aftivè  &  pafîîvèintertabiles  red- 
dimus  ;  ita  quod  cis  &  eorum  unicuique  ex  tcfta- 
mento  vel  quâvis  ultima  voluutatc  ,  fcuab  intefta- 
10  nullus  fuccederc  pofTit  ,  nccipfi  aut  eorum  ali- 
quis  ex  tcftamento  ,  vcl  quâvis  ultimâ  voluntatc , 
(eu  ab  intcdato  ,    fuccedcre  vcl  aliquod  caperc 
podlnt  ;  nihilque  cis  vcl  eorum  alicui  ratione  le- 
gati  ,  inftitutionis  vcl  fubftitutionis  ,   feu  quovis 
litulo  valcat  quomodolibct  obvcniic  :  eofquc  pro- 
iiunciamus  infâmes  &   Icgitimis  a(flibus  prorfus 
indiii;nos  ;  ftatuentcs  quod  nulli   eorum    portge 
alicujus  patcaut  diî^nitatis  ccclcfiafticx  vel  mun- 
dana?  ,  &  (\  fcciis  hcrec  ,   nullum  robur  habere  % 
ipfifque  civilitatem  &  incolatum  &  habitationem 
Urbis,  circumpofitae  rcgionis  &:  quarumvis  civita- 
tum  ,  caftrorum  ,  terrarum  atque  locoram  dif^oe 
"Ecclefia:  fubjcâiorum  prorfùs  intcrdicimus  ;   eof- 
quc omucs  &  {îngulos  ab  Urbc  cjufque  territorio 
&  diflridu  ,  &  àb  omiiib""  civitatibus  ,  caftris  , 
icrris  five  locis  fub]C(n:is  eiJ:  r:  Romannc  Ecclcfiaî 
forbannimus  ;  ipfofquc  Agapitum  ,  Stephanum  , 
Jaco^um  didum  Sciarram  ,  Joannem  deSan<fbo 
Vito  &  Oddonem  cxcommunicationis  fentervùâ 
innodamus  ,  ftatucntes  firmiter  &  mandantes   ut 
nullus  didos  ]acobum  &  Petrum  &  prccfatos  Aga.- 
pkum,  Stephanum  ,  Jacobum  di^um  Sciarram  , 

A  V 


ïo  j^ddîtîons  mx  Treaves 

]oannem&Ocldonemfratres,eos&corumaIiqucm 
autaliquos  rccipiat  vcl  leccptet  jnullufque  cis  aui 
ioforum  alicui  aut  aliquibus  piicftct  auxilium  , 
confilium  &  favoicm  ;  cos  qui  fcciis  fccerint  ,  ex- 
commuiicationisicmentiâ  innovantes. Prxcipimus 
^ctiam  fubcxcommunicationis  rententia,quamcon. 
trarium  facientes  incurrere  volumus  ipib  fafto,  ut 
niillus  abipris]acobo&  Petro  &  pra:ciidisfra tri- 
bus ,  vel  eomm  altcro  inkhifmate  vcl  rebcUionc 
cxiftentibus  ,  nuncium  vel  litcras  rccipiat  au: 
mittatad  alterum  eorumdem. 

Recidimus  quoquepra:di(ftos  Jacobum  &  Pe- 
rrum,  Agapitum,  Stephanum  &  Jacobum  di6lum 
iciaiiam  ,  Joannem  de  Sanfto-Vito  &  Oddonem 
&  alios  ,  Ç\  qui  fint  filii  di(Sli  Joannis  de  Columna, 
&  filios  eorumdem  inhabiles  ad  honorem  feu  rc- 
«^imen  vel  officium  publicum  ,  ecclefiafticum  vcl 
mundanum  ,  quolibet  &  quocumquc  nominc  cen- 
feantur  ,  perle  vel  peralium  aut  alios  quomodo- 
lib°t  exercenda  ;  ita  quod  nec  ad  illa  vocari,  el^gi, 
vel  aflumi  valeant  ,  vel  ad  aliquod  eorumdem  y 
nec  ipfî  vel  aliquis  eorum  ,  feu  aliqui  ca  valeant 
cxercerc;  &  ft  lecus  ta£lumfuerit  ,  illuddecer- 
nimus  irritum  &  inane.  Si  qui  vero  ex  cis  vel  ip- 
lorum  aliquis  ,  vel  quivis  per  cos  vel  proeis  ,  vc! 
ipforum  aliqucm  vcl  aliquos  in  poteftatarioe  ,  ca- 
pitanisE  ,  confulatûs  regimine  vcl  quovis  oificio 
publicohadtenus,  ubicumquc  pofiti  ,  ele£li ,  af- 
fumpti  fuerint  vel  recepti ,  pra:fertim  quorun*- 
cumque  provincia» ,  civitatum  ,  caftrorum  ,  terra- 
lumatquelocorum  memorata:  Ecclefia:  (wbjeâro- 
rum  ,  illos  ab  cis  peniius  amovcmus  ,  executioni- 
bus  ipfis  penitus  interdi(fbis  .  eofque  prœcipimus 
iiullatenus  reaffumi  :  &  fi  fecùs  fadum  fuerit  , 
illuddecernimus  nullius  exifterc  fiimitatis 

Civitâics  vcro ,  caflra  feu  loca  qux  fcientei  di- 


de  Ad.  Dupity*  TI 

^os  Jacobum  Bc  Pecrum  8c  praedidos  fratres  rcce- 
perint  ,  receptaverint  fivc  teiiueriiu ,  aut  in  quibus 
publiée  moram  contraxerint  ,  qnamciiu  ipfi  vcl 
alter  eorum  inibi  morabuntur  ,  eccicfîaftico  fup - 
poiîimus  interdidlo  :  &  perfonam  ipforum  Jaco- 
bi  &  Pétri  &  fratrum  cap  endas  expoiiimus  qui- 
bufcumquc  fidelibus  ,  detinendas  &  cuftodicndas 
diligcnter  ,  quoufque  per  dicftam  Sedcm  aliud  fue- 
rit  ordinacum  ,  &:c.  [IncufTac  etiampœnae  à  Pon- 
tificc  praecipuis  Jacobi  &  Pctri  ex  Cardinalium 
adminiftris  &  alus  qui  in  iproium  poft:  conflatum 
fcliifma  obtcquiiis  perftitiilent  :  tum  vctitum  laï- 
cis  vel  ccclefiaflicis  relicFiofifve  ,  ne  iis  praeftan- 
da  Caidinalibus  officia  déférant.  Columnenfîs 
ctiam  familix  clientes  facramenti  cujufvis  vcl  ob- 
fequii  clientelarisrcligionefoluti  jOmncfquecuni 
iis  iuit*E  pa-fliones  refciflx.]  Aârum  Romxin  ba- 
filica  Tupradicfla  ,  nimiram  S.  Pétri,  in  die  Afccn- 
fionis  Domini ,  Pôntificatus  noftri  anno  III. 

I  II. 

Sitlle  de  Bomface  FI  IL  a  Philippe  le  Bel , 
par  UcjîLelle  il  donne  une  plus  ample  dé- 
claration des  intentions  cjntl  avoit  eues  en 
publiant  fa  Bulle  Clericis  laïcos  j  &  il 
femhle  fe  relâcher  dhme  grande  partie  de 
(es  premières  prétentions»  Raynaldus  fous 
l'année  1297.  N.  45. 

BOnifacius  &c.  Ad  pcrpctiiam  rei  memo- 
riam  Roman  a.  m  ater.  Ecclefia  in  fuis  a£li- 
bus  veritatcm  profequcns  ,  lucem  amans,  nihil 
agit  in  cujurquam  injuriam  ,  &  libenter  removct 
q\iodUbct  de  luis  precefllbus  captioCum  :  &  fi  boc 
in  aliis  communiter  agitur  ,  in  te  amantifTimo  filio 

avj 


1*  ^dditiont  AUX  Preuves 

fpecialiàs  evitatur.  Sane  Conftitucionem  noAram 
nupcr  inEcclefîarum  favorem  cditam  ,  imitantcni' 
anriquas  caiionicas  fanftioncs  ,  ne  Prxlati  ecclc- 
fiafticarve  pcrfona;  cujufcumque  dignitatis  ,  ftacus 
aut  conditionis  exiftant ,  fub  adjutorii  ,  mutui  vel 
doni  iiomine  Impeiatoribus  ,  Rcgibus  ,  Principi- 
bus  vel  aliis  prxfidentibus  abfque  auâroritate  Se- 
dis  Apoftolica:  piaeftcntfubridia  ,  quocumque  no- 
iTîiae  cenfcantur  ;  nevc  Imperatores  ,  Reges  ,  feu 
Principes  ,  vel  aliter  prsefidentes  ipfa  impetere  , 
cxigere  vel  recipereaudcant  ,  nonnuUorum  aftu- 
tia  vel  durities  intclle^ftiis  plus  avare  ,  plus  rigide 
interprctari  conatur  quàmlanifenfûs  judiciumha- 
beac,  &  intentio  conftituentis  admittat ,  per  qtiod, 
fiii  cariflîme ,  à  Praelatis  &  Ecclefiis  regni  tui  , 
prxfertim  in  inftanti  guerra:  tuce  difcriminc  adem- 
ptum  tibi  fubfidiuiTt  ingemifcis. 

Quia  igitur  ejus  eft  interpretari  cnjus  efl  condc» 
le  ,  adcautelam  tuam  ha^redumquc  tuorum  liumi' 
ua  dcclaratione  decernimus,  quod  (\  Praclatus  alr- 
quis  ,  vel  quœvis  alia  perfona  ecclefiaftica  regni 
lui ,  cujufcumque  dignitatis,  ftatus  ,  ordinisaut 
conditionis  cxiftat ,  voluntariè  ,  fine  impreflîone 
aliqua  cxprefTa  vel  tacita  aut  coaftionis  irr.pulfu  , 
cionum  aut  mutuum  tibi  dare  aut  praeftare  voluerit, 
dum  tamen  fub  exaftionis  nomine  vel  talliae  aut 
cujuflibet  fupradiâ:i  muneris  ,  aut  fub  quota  hoc 
i)OQ  fiât  generaliter  vel  in  fraudem  ,  licet  ad  id  for- 
fan  tua  vel  tuorum  ofEcialium  curialis  requifitio 
&:  arnica  procédât  ;  te  ,  olHciales  ipfos  ,  pra^latos 
&  ecclefiaftica  s  perfonas  ipfa  Conftitutio  non 
allringat  ;  quodque  ad  feuda  five  regalia  quac 
iidem  Prielati  &  perfonas  ecclefiaftica!  fub  tuo  do- 
minio  tcnere  nofcuntur  in  \\\s  qux  tibi  de  illis 
tcneniur  &  dcbent ,  &  Ciericos  uxoratos  ,  prout 
faai  juris  iiuelledus  admittit ,  ac  illos  qui  ia  fraa- 


de  M'    Dupuy*  "  TJ 

^eoTCaufâ  vitandorum  muneium  cléricale  Tchcma 
rccipiunt  ,  fe  iplîus  ConftUutionis  iciuciitia  non 
exteiidat  :  &  in  necefTitatisaiticuIo  ,  prout  nccei- 
fitatem  )ura  diffiniunt  ,  ubi  cvidens  ellct  in  moiA 
periculum  per  te  vcl  cuos  nuncios  ad  Sedem  Apo- 
ftolicam  lecuriendi,  fi  à  Pra;iatis  &  peiibnis  ccclc- 
fîafticis  memoiatis  per  te  ac  officiales  tuos  fubii- 
dium  compctens  pctas  &  habcas,  te  ac  ipfos  ex 
ejufdem  Conftitutianis  vcrbis  vcl  fcntentia  decla- 
ramus  lucide  non  tencri.  Et  fi  forfuan  in  pr«di- 
dlis  ,  vel  circa  prxdidia  aut  alia  omiffa  prxfenti- 
bus  aliquid  circa  Conftitutionem  ipram  declaran- 
t^um  ulterius  tibi  vel  tuo  conTilio  vidcatur  ,  in 
Quantum  licuerit  &  expedicrit ,  Deum  non  oiîen- 
dcndo  &  audloritatcm  Apoftolicx  Scdis,  proaiptis 
affedlibus  faciemus.  Nulli  ergo  &lc.  Datum  Romx. 
apud  S.  Petrum  ,  vu.  Id.  Februarii  ,  anno  III. 


I    V. 

Bulle  de  Bonrface  VI IL  du  i^.  Février,, 
far  lacjuelle  il  -permet  aux  Prclatsde 
France  de  donner  une  fiihvenmn  volontai- 
re a  Philippe  le  Bel ,  en  explication  de 
celle  dufcpt  dit  même  mois.  Elle  eft  tirée 
d*Hn  ancien  manufcrit  de  la  Bibliothecf^ie 
de  M'  Pelletier  ancienPrcmier-Prefident 
du  ParleTmnt*^ 

BOi^ir  A  cius  Epifcopus,  ferviis  fervorum  Dcî, 
venerabilihusfratribus  Remenfi  ,  Senoncnfi  & 
Rotliomagenfi  Archiepifcopis  ,  ac  Bellovacen^  , 
Xauduncnû,  Catalauneafî  ,  Lingonenû,  Aaiciaî» 


i 


14  additions"  an>:  Pniivef 

Cl ,  Ambianenfi  ,  Toinaccnfi ,  Morinenfi  ,  Sylva- 
iic£lenfî ,  Alti/Tiodorenfi  ,  Treccnfi  ,  Carnotcnfi , 
Nivcnienfi  jAbrinccnfi  ,Ebioicenfi  -,  Lexovicnfi, 
Conftancicnfî ,  Dolcnfi  ,  Cenomancnri  ,  Epifco- 
pis,  falutem  &  apoftolicam  benedi£lionem.  Co- 
R  A  M  I L  L  o  fatemur  qui  fcrutator  eft  cordium  & 
cognitor  fecietoium  ,  quod  licet  totius  chriftianac 
Religionis  cura  &  univcrfalis  tutela  Ecclefioe  men- 
tis noftra:  arcana  foUicitent  ,  noftrofque  occupent 
cogitatus  ,  melius  tamen  regiium  Fiancio!  ,  chri- 
ftianiHimi  ejus  principes ,  ecclcfîiE  ac  ecclcfiafticae 
perfonsc  ,  incolaeque  catholici ,  quibus  ab  ipfono- 
ilrac  primordio  juventutis ,  û  veri  nobis  teftimonii 
non  negetur  auxilium  ,  quâdam  fpeciali  cura  ,  pâ- 
tenti  nosafîb(flioneconflringimur,  earumquecon- 
linentiam  ftatùs  tam  profperi  quàm  advcrfi  tanto 
ferventius  noilra  compleftuntur  intrin(cca  ,  in- 
citant fludia  ,  &  corporeos  &  mentales  fcnfus 
diftrahunt  ,  turbant  &  plaçant  ,  prout  &  rerum 
&  temporum  ratio  fuggcritur  ,  quanto  ex  iis  ,  & 
quia  in  eis  Romana  mater  Ecclefia  pluiquam  in 
cazteris  devotionis  &  revercntix  adinvenire  plc- 
nitudinem  confucvit.  Si  eadem  regnum  jecckfias, 
peifonas  &  incolas ,  prout  modernis  temporibus 
expencntia  docuit ,  &  nupcrrime  nobis  veftrarum 
referavit  in  unum  conveniens  fcribendi  commer- 
cium  ,  feries  literarum,  advcrfi  contingat  conditio 
tcmporis ,  extcrioresinquietaverint  &  perturbent 
impulfus  ,  ac  ctiam  inteftini  difcriminis ,  quod  efl- 
dolcndumgravius  ,  fubvcrfionem  corumcommi- 
iictur  emerfio;  illo  j^imimmittente  illic,  ut  fcrip- 
fîftis,  incitamenta  diffidii,  Comité  Flandrenfi  vi- 
delicet,  qui  exterioiibus  perturbationibus  fpera- 
baruradefTc  rcpagulum  ,  &  ipfi  regno  ,  eccicfiis, 
perfonis  Se  incolis  ,  velut  de  principalioribus 
membris  unus ,  magnum  auxilii  fulcimcmum  : 


de  M.  Diipuy*  rj 

noftra  ex  hoc  amaricantur  incrinfeca  ,  gravis  do- 
loris  coiicuflïone  torqucmur  ,  &  in  amara  fufpiria 
commovemur,  Régi ,  legiio,  ecclcfiis  ,  cicrocom- 
patientes  &  populo  affedlione  patcnia.  O  divma 
clemcntia  ,  (\\xx  coelcftia  pariter  &  terrena  irrc- 
fragabilicer  fub  tua  poteftate  concludis  ,  conftnn- 
ge  tantarum  fremitustempeftatum  ,  cocrce  habc- 
iias  humani  generi  inimico  ,  arefceic  iata  cjus  fe- 
mina  jubé  ,  qu.r  totumfeie  populumtuum  ipinis 
&  tribulis  jam  undiquc  concuucrunt.  O  pietatis 
a£lor  &  Talutis  amator  ,  compatere  fragilitaci  hu- 
mant mifcricors  ,  &  chrifticolarum  tuorum  illu- 
mina fenfus  ,  acftus  dirige  &  opéra  ,  ut  in  viam  fa- 
lucis  &  pacis  reducantur  à  deviis  ,  ne  irreparabili 
fubmerfione  confraâii  in  hujus  mundi  navicula 
naufragent  flufluanti  Super  eo  autem  quod  vos 
gravia  vobis  &  univerfis  ecclcfiis  &  perfonis  cccle- 
fiafticisdiûi  regni  ,  non  folum  rerum  fed  ctiam 
perfonarum  ex  iis  inftare  pericula  formidando  . 
viascxquircntes  &  modos  quibus  &  vobis  &  eif- 
dem  ccclefiis  &  perfonis  acfverlus  frciTTcntes  in-» 
fultus  regali  providentia  ,  fine  qua  impolTlbile  tc- 
netis  negotia  dirigi  ,  defenfionisopporcuna  remé- 
dia prxparentur  ;  nobis  per  eafdem  literas  fuppli- 
caftis  ut  charifTîrno  in  Chrifto  filio  noftro  Phi- 
lippe Régi  Francorum  illuftri  pro  hujufinodi 
communis  defcnfionis  fuffragio  ,  in  qua  proprium 
verfatur  interefTe  cujuflibet  ,  imponendi  fubvcn- 
tionem  congruam  abfquc  tranfgreflioiic  conftltu- 
tionis  noftra;  fuper  Jioc  editar ,  vobis  &  univerfis 
ccclefiis  dicfti  regni  conccdere  licentiam  dignare- 
mur  ;  veftram  providcntiam  commendamus. 

Licct  'enim  Conftitutionem  illam  ediderimus 
proecc'efiaftica  libertate  ,  non  tamen  fuit  noftras 
mentis  inieatio  ipfi  régi  aliifve  principibus  fecu- 
laribus  in  tam  arftae  necellitatis  articule  ,  prxci- 


ï^  Additions  nux  Preuves 

puè  ubl  ab  extriiifecis  injufta  timetur  invâriîo- ,  afe 
intriiifecis  ejufclem  regiii  lubverfîo  formidatur,  ac 
ctiam  prgelatorum,  eccleriarum&  pcrlbaaram  ec- 
clefiafticciium  evidens  periculum  imminet  ;  viam 
fiibveiîtioais  ex-cludi,  quominusipfi  praclati  ,  cc- 
dcfice  ,  ac  ecclcfiafticip  perfon^e  libero  arbitrio 
atquc  ipoiite  de  noftia  licentia  pro  communis  de- 
fenfiaaisauxilio-,  in  qua  proprium  cujuflibet  in- 
tcrefle  confpicitiir  ,  principibus  &  fibi  ipfis  pro- 
videant  juxta  fuaium  modulum  facultatum  ,  & 
ficut  alias  di£to  Régi  ac  no-nnullis  aliis  regni  fui 
tam  littcrariè  quam  per  nuneios  cxpiefîîlîe  mc- 
minimus  ,  fi ,  quod  Deiis  avcrtat  ,  ipfum  in  nc- 
cefTitate  tam  gravi  &  tam  importabili  confpicimufi 
expofîtum  ,  quod  ex  tenonbus  egere  fubfidiis 
noiceretur  ,  non  loluni  de  bonis  ccclefiafticisdifti 
leojiii  fui  fîbi  ea  piceftari  veilemiis  i  quinimo  Ec- 
clciiae  Romanar  les ,  polTe  ,  ac  bona  ,  ac  perfo- 
nam  noftram  exponeremus  pro  fuorum  conferva- 
tione  jurium  ,  cjufque  nece/Titatibus  fublevandis, 
in  quantum  fecundum  Deum  nofter  &  ipfius  Ko-» 
jior  EcclefiGt  pateretur. 

Veftris  itaque  in  hae  parte  fupplicationibus  an- 
nucntes  ,  pr^eféntium  auftoritatc  concedimus  ut  fi 
"Calus  communis  &  evidentis  nccellitatis  immi- 
neat  ,  ut  fcripdftis  ,  ac  idem  Rex  veftram  &  alio- 
rum  praelatoium  ,  ccclefiarum  &  perfonarum, 
locoium  &  bonorum  di£li  regni  fui  voluerit  dc- 
fjcnfionem  aflumerc  ,  acaiîumar  &  efEcacicer  pro-» 
fc  quatur  ,  &  id  cxpedirs  videritis  ;  liceat  vobis  &: 
iifdem  praelatis  ,  ecckfiis  &  pcrfonis  ecclefiafH- 
€!•=  abfque  mctu  Conflitutionis  ncftrae  prscdi<ft£« 
ipfi  Rcgi  pro  hujufmodi  veftrae  ac  ipforum  Régis 
èc  regni  intrinfecx  defcnfionis  fubfidio  fubvcntio- 
ncm  congruam  ,  prout  vobis  &  cas^tcris  praslatis 
îe^ai  praîfati ,  fcû  majori  parti  vcflrum  &  ipfb- 


de  M.  Diipny.  17 

î?nm  videbitur ,  voluntariam  &  liberâm  ,  non 
eoidam  ,  abfque  omni  concuflîonc  ,  exa<n;ione  & 
cxecutioiie  temporali  vel  laïcali  exigenda ,  hac 
vice  praefenti  noftra  fretis' licencia  impcrtiri  , 
eamquc  fimilitcr  Rcgi  liccat  recipere  memorato. 
Voliimusautcm  quod  fi  fibi  rubveationem  liuiuf- 
modi  prarltari  contingat ,  foimam  &  modum  & 
cjuantitatcs  ctiamac  quiiquid  fuper  hoc  fadum 
cxtitcrit,  nobis  pcr  vcftrasliteras  mtimarc  curctis, 
ut  Ç\  diicrctè  vel  indifcrctè  ,  modcratè  vel  immo- 
dcratè  promilTa  proccfferint ,  &  fi  acceptationem 
vel  moderationem  exegerint  ,  clariùs  vidcamus. 
Scirequoque  vos  volumus  noftrac  iiitentionis  exi- 
iiere  ut  ejufmodi  liccntia  annualcm  terminum  non 
excédât.  Datum  Rom^c  apud  S.  Petium  ,  11.  Kal. 
Mart.  Fontificatûs  noftri  anno  III. 


V. 

Sentence  arbîtrale  rendue  par  te  Pape  Boni- 
face  Bcneditl  Gaictan  entre  le  Roi  Philip- 
pe le  Bel  6"  Edoiutrd  Roi  d^  Jinaleterre  , 
poiirphipeiirs  dljferends ,  oh  le  Papepreni 
laquoilitè  d^ arbitre  comme  perfonne  pri^ 
vée  ,  ainfique  les  deux  Rois  en  étaient  con- 
venus i  tirée  de  Raynaldus  fous  Tau- 
née  12^8.  N.  2. 

IN  nom' ne  Domini ,  amen.  Anno  Domini  119?» 
Indi(ftionc  xi.  PontiHcatûs  Domini  Bonifacii  Pa- 
p.T  V'III.  anno  iv.  dicxxvii.  mcnfîs  Junii,  Can- 
■€lilTimus  Pater  &  Dominus  ,DominusBonifacius 
^ivinâ  provideniiâPapa  VIII.  aibitiium,  Uudum^ 


7^  '^ douions  AUX  "Preuves 

di.^nitioîiDm  ,  arbitralem  fcntcntiam,  amicabilcm 
Compoficionem  ,  mandatum  ,    ordiiiationem  ,  & 
aiia  infrafcripta  recitavit ,  IcgriFccit ,  dcdit  &  pro^ 
Tuiit  in  hune  modum.  Diidum  intcr  charifîîmos  in 
Chrillo  filios  Philippum  Francorum  ex  una  parte  , 
&  Edouaidum  Anglix  Rcges  illuftres  ex  altéra  , 
iuggerentc  inimico  humani  gcneris  pacis  acmulo  ^ 
fuperdiverfisarticulis  materia  difcordix  ac  dif- 
fcntionisexorta  ;  tandem  iidcm  Reges  perfpecia- 
les  nuncios  &  procuratores  ipforum  ,  ad  hoc  ab 
cis  mandatiim  habentes  in  nos  Bonifacium  ,  di- 
vinâ  providentiâ  Papam  VIII.  tanquam  in  priva- 
tam  perfonam  ,  &:  Dominum  Benediâ:um  Gaieia- 
num  tanquam  in  arbitrum  &  aibitratorem  ,  lau- 
datorcm,diffiniiorem,  arbitralem  fententiatorem, 
amicabilcm  compofitorcm  ,  prazceptorem  ,  arbi- 
iratorcm  &  difporitorcm  &  procuratorem  fuper 
rciormanda  pace  &  concordia  intcr  ipfos  Reges  i 
ac  fupcr  lis  quse  ad  pacem  pertinent ,  fuper  omni- 
bus &  fingulis  difcordiis,  guerris  ,  litibus,  contro- 
verfiis ,  caufis ,  qua:ftionibus  ,  damnis  &  injuriis  , 
petitionibus  &:  adioiiibus  ,  rcalibus  &  perlbnalir 
busatquemixtis  qua:  fuerant  &  crant  feu  verte, 
bantur  ,  &  cfTe  vel  vcrti  poffent  intcr  ipfos  Reges 
occafîone  quacumque  ;   de  alto  &  baflo  abfolutè 
&:  libère  compromitterecuraverunt.   [  Nonnulis 
interjcdis ,  concepta  hifce  verbis  latgc  de  redintc- 
grando  fœderc  Sententiae  forma  fubjicitur.  ] 

Pronunciamus  hac  vice  ,  ut  inter  eofdem  Rcges 
fiât  &  fît  perpétua  &  fi:abilispax;&  quodtreuguac 
vcl  fufterentice  voluntaria;  dudum  indiftx  ,  initae 
ac  firmata:  intcr  ces,  eomodo  &  forma,  acomni. 
bus  &  illispcrfonis  Se  terris ,  &  fub  illis  pœnis  , 
conditionibus  &  tcmporibus  fub  quibus  indi6tat , 
initaer  ac  firmatac  fuerint  ,  inviolabiliterobferven- 
tur.  Ad  hujufmodi  auicm  paccm  confirmandâm , 


de  M,  Dii^uy.  \9 

roborandam  ,  arque  fcrvandam  infra  rcmpus  ,  &: 
^uod  duxciimus  modeiandum,  pra^farus  Rcx  An- 
glix  Maiîrarecam  fororcm  pra-didi  Régis  Franc'sc 
recipcrc  ac  duccrecum  dotalitio  quindecim  mil- 
lium  librarumTuroncn/ium,  afiîgnando  pcr  ipfura 
Regcm  Angliae  iiilocis  compctentibus,  de  quibus 
inter  partes  fuerit  concordatum  ,  vcl  [  ubi  partes 
ipfx  non  concordaient]  per  nos  arbitratum  tuent, 
in  uxorein;  &  idem  Rcx  Francia?  candem  fororem 
ruameidem  Kegi  Angliac  in  uxorenr  darc  &  tra- 
dcie  cum  dirpenfatione  Sedis  Aportolica:  tcnean- 
tiiu  :  quodque  ifabellisfilia  prachbati  Régis  Fraii- 
cio:  ,  qua:  infia  annum  feptenum  dicitur  conftitu» 
ta,  fuo  tcmpoieEduardo  prardiftl  Régis  Anglix 
filio  ,  qui  j-im  decimum  tertium  artatis  iua:  annum 
cxegit  ,  cum  fîmili  dirpenfarione  matrimonialiter 
cum  dotalitio  decem  &  oclo  millium  libraruin 
Turonenfîum  fimiliter  alTignando   per  eumdem 
P.egem  Anglix  pro  dicflo  fîlio  fuo  in  compctenti- 
bus iocis  de  quibus  concordaverint  ipfx  partes  , 
de  quibus  nos  duxcrimus  arbitrandum  ,  fi  fuper 
hoc  inter  eos  non  provcniet  concordia  ,  copulen- 
tur  ,  idque  fîrmetur  atque  valletur  ex  nunc  modis 
infenusannotatis  [  iifque  defcriptis  fubdit  ]. 

Item  dicimus  ,  iaudamus  ,  arbitramur  ,  feu 
ctiam  difHnimus  quod  de  omnibus  bonis  mobili- 
bus  vcl  fe  movcntibus  ,  ablatis  vel  aliàs  malè  (ub- 
tra£tis,&  de  omnibus  damnis  daris  hinc  inde  antc 
tempus  motx  vclortar  guerrx  pra!rentis  ;  primo  de 
omnibus  quaz  extant  &  con'umpta  non  funt  ,  prac- 
fertim  in  terra  ,  quod  Rex  Angliae  omnia  quac  de 
pra.'di6tis  extant  &  confumpta  non  funt ,  pracfer- 
tim  de  navibus  &  aliis  quibufcumque  bonis  per 
Anglicos  &  Valcones  &  eorum  complices  antc 
gucriam  occupatis  in  mari  vel  in  terra  ,  quod  Rcx 
Augliit  omnia  qux  de  prâ:di(^is  cxcant,  bona  -fide, . 


2  0  u4dJitiotîS  aux   'Preuves 

f: ne  lue  &  abfque  figura  judicii ,  omiii  fraude  cef- 
laine,  ad  requifitionem  Régis  Franciac  vcl  nun- 
tii  fui  ftatim  faciat  ad  plénum  rcftitui  ;  &  Rex 
Fuiiciac  fimilitcr,  fi  qaa  talia  aiitcdi(ftam  gucrram 
capta  vcl  ablata  apud  ipfum  vel  in  iua  poteftatc 
extantia  icpcita  fuerinc ,  fimilitcrad  plénum  refti- 
lui  faciat,  à  pra:fato  Rege  Anglise  vel  ejus  nuntia 
requifitus.  De  ablatis  vero  non  extantibus  ,  fed; 
dcperditis  &  confumptis  ,  laudamus  ,  arbitramur, 
iieueiiam  diffiaimus  ,  quod  Rex  Angli^  ad  rcaui- 
fîtionem  R<?gis  Franciac  vcl  nuntii  ejus  fatishert 
faciat ,  &  ad  hoc  facicndum  etiam  teneatur  find 
lue  ac  figura  judicii  ,  bona  fide  &  omni  fraude 
ceflante  ;  &  Rex  Franciar  fîmiliter ,  fi  qua  per 
gentes  luas  ablata  ,  deperdita  feu  confumpta 
inventa  fuerint ,  ad  requifitionem  Régis  Anglice 
vel  nuntii  fui  faciat  fatistieri,  taxatic3fue  nobis  con- 
tra ucramque  partem  ,  ubi  pcr  concordiam  par-» 
tium  negotium  fuper  prafdi6>is  fopitum  non  effet , 
plenariè  refcrvata. 

Item  dicimus , laudamus  ,  arbitraiwur ,  feu  etiam 
«lifîinimus ,  quod  idem  Rex  Angliae  de  omnibus 
ter  lis  ,  vaffallis  &  bonis  ,  qux  ipfe  nunc  habet  & 
tenec  in  regno  Francix  ,  feu  tenebat  ante  motam 
guerram  procfentcm  ,  habeatillam  quantitatemSc 
illam  partem  terrarum  ,  vafiallorum  &  bonorum 
eorumdem,  quam  fibi  ex  virtutc  compromifTorum 
piiEdt<ftorumlaudaverimus&  manda vcrimus  aflî- 
gnari ,  &  intcr  Reges  ipfos  fuerit  concordatum  , 
&  fub  illis  fidelitate  ,  bomagio  ,  modis  &  condi- 
tionibus  habeat ,  fub  quibus  ipfc  ac  Pater  fuus  ha- 
builTe  hadenus  &  tcnuiffe  nofcuntur  ,  modis  & 
temperamentis  pcr  nos  adhibcndis  tn  abufu ,  (t 
quis  ex  parte  gentis  Régis  Francias  haflcnus  com- 
miffus  invcntus  fuerit  in  exercitio  reforti  :  modis 
ctiam  &  tempcraracntis  per  nos  a4hibendis  i« 


de  Ad.  Dupuy,  2 1 

^l)ufu  partis  altcrius  ,  fi  quis  vidcliccf  tx  parte 
Régis  Anglia;  vel  faorum  hadlcnus  commilTus 
contra  jusrefoni  fuerit  inventus  ,  ne  talia  in  po- 
ilcnim  committantur  :  conditiombus  etiam  ,  mo- 
Jis  &  fecuritatibus  pcr  nos  imponcndis  &  adlii- 
bcndis  in  terris,  vaflallis  ,  bonis  &  aliis  quae 
per  noftram  pronunciationem  feu  concordiam 
parcium  pra'fatus  Rex  Anglijc  habiturus  cil  de 
prncdiâiis  ,  ne  amodo  idem  Rex  Angliac  vel  fuc- 
cefTorcs  ejiis  eontra  Regem  Franciae  vel  fuccefio- 
les  ipfius  valeant  rebellare. 

Dicimus  etiam  ,  laudamus  &  arbitramur  ,  feu 
etiam  diffinimus  ;  quod  ex  tune  omnes  tcrrar , 
valTalli  &  bona  prjcdifta  ,  &  alia  ,  tam  qux  tcnct 
RexFranciae  dciisquac  tenebat  Rex  Anglice  antc 
gucrramprxfentcm  ,quàm  qucetenetRex  Angli^ 
inregno  Franciac  ,  bona  fide  &  (ineomni  fraude  , 
abfoluteac  libère  in  manibus  &  poffe  noftris  po- 
nantur  ,  &  aflîgnentnr  ,  tenenda  à  nobis  nomine 
Régis  Franciac ,  quae  ex  parte  fua  ;  &  nomine  Ré- 
gis Anglix  ,  quac  ex  parte  ejufdem  nobis  fuerint 
afllgnata  ;  ita  tamen  quod  per  hoc  in  pofTenionc 
vel  proprietate  nihil  novi  juris  accrefcat  alterutri 
partium,  velantiqui  decrefcat.  Super  quorum  affi- 
gnationc  fi  qua  fuerit  exorta  dubitatio  vel  ambi- 
guitas  inter  partes  ,  illam  noftnx  dcclararioni  & 
arbitrio  refervamus.  Qiiod  fi  forfan  àiô:\  Rcges 
de  ipfis  terris  &  bonis  ad  invicem  concordaverint, 
volumus  ,  laudamus  &  arbitramur  ex  nunc  id  in 
quo  concordaverint  ,  perpétue  &  inviolabiliter 
-obfcrvari  :  alioquin  nos  ex  compromi/îî  praedi(fbi 
virtute  apponemus  ad  id  illud  remedium  quod 
Dominus  miniftrabit ,  &  ex  tradita  nobis  poteila- 
tclicebit.  Si  vero  cafu  aliquo  contingente  hocfa- 
çere  non  poflemus ,  volumus  ,  dicimus  &  arbitra- 
mui  quod  unique  parti  priftiua  jura  fâlva  rcai^* 


21  yÊdditio'/is  m.v  Tmives 

ncant  &  \\\x(2. ,  &c.  Aâ:a  &  proiiuntiata  fuerurît 

aibitrium  ,  laudum  ,  arbicialis  ientenda  ,  manda- 

tiim  ,  diffiaitio  ,  ordinatio  ,  dirpofîtio  &  omnia 

{iipiadiâ:a  ,  per  eundem  DominumPapam  ,  ut  fu- 

peiius  enarrantur ,  anno  ,  indiélioiic  ,  mcnfe  ac 

die  prxdi£lis.  Rom^  apud  S-  Pctrum  in  palatio 

papali,  in  confiftorio  publicofafto  in  falamajori, 

pra^fcntc  ibi  gentium  mukitudinc   copiofa  ,    & 

pracfentibus    rcverendis  patiibus  dominis ,    Dci 

gratiâ  ,  Gcrardo  Sabincnfi ,  fratre  Mattha:o  Por- 

tuenfi  &S.RuiBna2,  &  Joanne  Tufculano  Epi- 

fcopis  ;  Joanne  tit.  S  S-  Marcdlini  &  Pctri  ,  Ni- 

colao  tit,  Lauicntii  inDamafo  ,  fratre  jacobo  tit. 

S.  démentis  ,  Thoma  tit.  S.  Ca!cili^E  ,  ac  Rober- 

to  tit.  S.  PotcntiansE,  prefbyteris;  Mattha^o  fan(flae 

Mariaein  porticu  :  Ncpoleone  S.  Adriani,  Guil- 

lelrao  S.  Nicolai  in  carcere  Tulliano  ,  Francifco 

S.  Maris  in  Cofmedin  ,  Petro  S.  Mariar  novse  ,  ac 

Jacobo  S.  Gcorgii  ad  vélum  aureum,  Diaconibus 

•5.  R.  E.Cardinalibus  &c. 


V  I. 

Lettre  de  Bomface  VI IL  au  Rot  Philippe 
le  Bel  j  dans  laquelle  il  fe  plaint  a  lui  des 
vexations  faites  au  Clergé  defon  Royau^ 
me ,  tirée  de  Raynaldus  fous  l'année 

BOnifacius  5:c.  chariffimo  in  Chrifto  fîlio 
Philippe  Régi  Francoium  illuftri.  Dudum 
cclfitudini  tnce  propter  imminentis  nunc  tibi  &  re- 
gno  tuo  intrinfccae  guerra:  periculum  ,  pro  falubri 
dcfenflone  intrinfeci  ftatils  ejufde.m  regni ,  <juod 


de  M.  Bupiy.  j^ 

^Scdcsipfaveluthortum  conclufum  in  quodivinus 
cultusprarteritis  tcmporibusviguit ,  inter  finvT;j}^ 
régna  mundi  dilcxic  &  diligit;  omncs  friidïus 
icditus&  provcntus  &  obvencioncsquaflibct  oril 
mi  anni  omnium  piscpofîturarum  ,  dccanatuuni 
archidiaconatiium  &  aliarum  dignitatum  cccle- 
fiafticaium  archiepifcopalibns  ,  epifcopalibus  ac 
monaftcriisfeu  abbatiisduntaxat  exccptis;  &  pra;- 
bcndarinn  &  bencficiorum  omnium  qux  in  rco-no 
ipfo  dida  gucira  durante  ,  vacarc  contincrcret  • 
in  immincntium  tibi  expenfarum  lublîdium  duxi- 
rnusconcedendos  ,  prout  in  literis  feu  privilegio 
iupcr  hoc  celfitudini  tua;  conccHis  pleniùs  conù- 
netur.  Vcrùni  diveifas  poflmodum  &  luduofas 
Ecclefia'GallicanîE  querelas  acccpimus.quod  mili- 
ta &  grandia  ,  quin  imo  intolcrabilia  gravamina 
jDiîCtcxtuconceiïîonis  hujufmodi  ccclefïis  &  peu- 
(bnis  cccledarticis  ,  tam  regularibus  quàmfecula- 
ribus  di<fti  regni  pcr  cxecutorcs  tibi  datos  à  nobis  , 
vel  pci  fubdelegatos  ab  cis  ,  fiveper  feculares  ba- 
livos,  officialcs  &  niiniftios  regios  hujufmodi  pri- 
vilegium  plus  debito  cxtendentes  in  divcrfis  calî- 
bus  ;  &  maxime  quando  per  hujufmodi  exécute- 
res  vel  fubdelegatos  iovocatur  fupra  eis  auxiJium 
brachii  fccularis  ;  illata  dicuntur  haifbenus  ,  & 
quotidie  ^raviusirrogaii ,  &c.  Datum  Laterani , 
V.  Kaleud.  Februarii  \  Pontifîcatûs  noilri  amio  V. 


24  \Additions  /inx  Preuves 


V  I  I. 

Ex^rnpîdr  Uterarum  indiElionis  JubiUi  , 
1300.  a  Boni  facto  VIII*  infiitmi ,  fer 
SylveftrHm  ejitfdem  Pap^e  afecretis  miffa" 
rum  ad  EcclefiamAinalJîtanam  \  ex  parte 
2^  Codicis  juris  gentium  diplomatici  , 

BOnif  A  cius  &c.  Ad  ccrtitndinem  prxfciitiunv 
&  memoriam  futurorum.  Antiquorum  habet 
fida  rclatio  ,  quod  accedentibus  ad  honorabilem 
Bafilicam  Principis  Apoftolorum  de  UrbejConcef- 
fae  funt  remifliones  magnac  Scindulgcntice  pecca- 
torum.  Nos  igitur  qui  juxta  officii  noftri  debituni 
falutem  appetimus  &  piocuiamus  lubcntiûs  fingu- 
lorum,  hujurmodi  rcmifïîones  &  indulgentias  om- 
ncs  &  fingulas  ratas  &  gratas  habeiites  ,  ipfas  au- 
£toritate  apoftolica  confirmamus  &  approbamus  j 
ac  ctiam  innovamus  ,  &  pracfentis  fcripcipatroci- 
nio  communimus.  Ut  tamen  bcatifllmi  Pctrus  & 
Paulus  Apoftoli  eô  ampliûs  honorentur  ,  quô  ipfo- 
lum  Bafilicae  de  Ui'be  devotiùs  fuerint  à  fidelibus 
frequentatce  ,  &  fidèles  ipfi  fpecialium  largitioiic 
munerumcx  hujufmodi  frequentationc  magisfeii- 
ferint  fe  refe£los  ;  nos  de  omnipotentis  Dei  mi'» 
fericordia  &  eorumdcm  Apoftolorum  ejus  men- 
tis &  audoritate  confifi  ,  de  fratrum  noftrorum 
confilio  &  apoftolicx  plenitudinepoteftatis  om- 
nibus in  pticfenti  anno  millefimo  trccentefimo  à 
fcfto  nativitatis  Domini  noftri  Jefu  Chrifti  prazte- 
ritoproximc  iiichoato ,  &  in  quolibet  amio  ccntc- 

ilmo 


de  Ai*  Dupuy^  2^ 

^mo  fecuturo  ,  ad  Bafilicis  iplas  .iccecciitibiî*: 
rcvcrciiter ,  verc  pccnitentibus  et  contc/îls  ;  vel 
qui  vcic  pœnitebnnt  &:  confitcjuntur  iii  hujufaio- 
•di  pi-xlcnii  &  quolibet  centeîlmo  Iccuturo  annis  , 
non  {ohim  plcnam  Se  brgioiem,  imo  plcaifTimam 
omnium  luorum  conecdimus  vcniam  peccatoium  : 
ftatucntcsut  qui  volucnntliujuIrnoGi  iiiduîgencix 
à  nobis  conceirr  fore  participes  ,  fi  fucrint  Roma- 
ni ad  minus  triginta  dicbuscontiiuis  vel  iuterpo- 
-lacis  ,  vel  laltcm  femel  in  die  ;  lî  vero  peiegn;  i 
fuerint  aut  forenfes  modo  fimili  dicbus  quind'e:im 
ad  Bafilicas  cafdcmacccdant.  Unurquilqiie  tamea 
plus  mercbitur  ,&  indulgentiam  efHcaciiis  confe- 
quccur  ,  qui  Bafilicas  ipfas  ampliùs  &  d«votiiis 
hcquentabit.  NuUi  crgo  &:c.  Datu  n  Romx  apui 
S.  Petrum  viii.  Kal.  Mail ,  Pontidcatùs  iioHii 
aiino  VI. 


VIII. 

Bulle  de  Boni  face  Vllî,  aux  deux  Chajicf^ 
lier  s  de  tVniverftté  de  P-ris  ,  afin  au  ils 
retiennent  dans  rUniverJîié  de  cette  z'ille 
le  nombre  de  Doreurs  en  Théologie  &  en 
Droit  Canon  cjuil  convient  ponr  y  faire  les 
Leçons  y  &quih  envnyent  tous  les  autres 
aRome  ^.u  Synode qnily  a  ind!q:ié.  Du  5. 
Décembre  1302. 

BOnifacius  Epifcopus^fervus  fcrvorumDci, 
dileflis  filiis ,  Caacellario  fa-ida:  Genovcfx 
&  Decano  &  Cancellario  Parifi'-nfis  Academix  , 
iiUucm  &  apoftoJicara  beucdidtioiism.  Ditcie- 

b 


i€  ^dJÀtlons  an  y:  Preuves 

tioni  vefticT  committimus  ,  quatenus  vos  duo  aut 
unus  vcftiûm  ,  pra;feitim  tu  Cancellaric  ,  provi- 
dere  po/Titis  de  tôt  &  talibns  Do£loribus  &  Ma« 
giftiis  ,  ut  Parifius  remancant  ad  acftu  regcndura 
ibidem  ,  de  quot  &  quibus  videritis  providendum; 
ita  quod  tam  utile  ftudium  &  famofum  Do(5lore5 
fufficientcs  habeatin  Theologia  &  JureCanonico 
praîdidlis.  Pcr  \\xc  autem  ,  tu  Cancellarie ,  ftatuto 
temporc  venirc  pcrioiialiter  ad  noftram  piscfeii- 
tiam  non  ornittas.DatumLatciani,Non.  Decemb^ 
Poiitificatûs  noftri  anno  VII. 


I  X. 

Dèfenfes  faites  par  le  Roi  a  tous  les  Eccle-^ 
jfiafli^ues  defortir  de  fort  Royaume  :  tirée 
du  tome  iv.  de  l'Hiftoire  de  l'Univer- 
fité  de  Paris  par  du  Boullay ,  pag.  35. 

PHiLipPUs  Dei  gratiâ  Francorum  Rex  ,  BaiU 
Vivo  Aurelianenfi  vel  ejus  locum  tenenti,  falu- 
tem.  Cum  nos  rcgninortrihis  diebusutilitatepea- 
fata  ,  dehberationeqne  tuper  hocpr^eftita  fub  ccr- 
tis  femcl  &  iterum  formis  diflrifti  duxerimus  pro- 
hibendum  ne  quis  de  incolis  regni  noilri  certis 
rationibus  &  caufisin  ipfa  prohibitionc  contentis, 
ab  eodcm  regno  abfque  fpeciali  licentia  exireprae- 
fumcret  ,  quoquo  modo  ,  nonnulli  nihilominus 
Prœlati  ,  Abbates  ,  Priores  ,  Magiftri  in  Theolo- 
gia ,  Doâiorefquc  ]uris  Canonici  &  Civilis,  Se 
alia:  qua-dam  ecclefiafticae  &  feculares  perfonar , 
prout  ad  noihum  nuper  vcnit  auditum  ,  inhibitio- 
ne  noftra  fpieta  ,  ab  codem  rcgno  cgrcdi  ,  quod 
ipoleftum  gerimus ,  pr^çfui-npferuat.  NoJenies  igi- 


de  M,  Duptiyc  27 

tur  ob  îpfai'um  abfeiitiam  perfonarum  bons  coiuin 
rcmpoialiadiffipari  ,  &  potius  ea  cupieiites  pro- 
vidé  confcrvari ,  mandamus  tibi  quatcnus  boni 
omniatcmporalia perfonarum  quarumUber  BaUi- 
\x  tux  ,  qua:  prohibitionem  nollram  tranfgiciTc- 
lunt  prx'didam  ,  ad  manum  noflram  caufà  cufro- 
A\x  ponerc  non  obmittas  ,  caque  diligentcr  cufto- 
diri  tacias  ,  doncc  de  certis  corum  cuftodibus  du-t 
xerimus  providendum.  De  nominibus  vero  ipfo'* 
rum  &  quantitate  bonoruni  immobilium  fingulo- 
Tum  te  diligentcr  informes  ,  informationem  quam 
indc  fcceris  ,  nobis  quamcitiiis  rclaturus  ,  vel  fub 
fîgillo  tuo  indufum  mifTurus.  Acflum  Parifius 
Dominicâ  poil  fcilum  S.  Lucse  Evangeliila: ,  amia 
Dominii30i. 


Bulle  de  Bonlface  VIII*  p.tr  laquelle  il  ex^ 
communie  en  gênerai  tous  ceux  qui  em^. 
pèchent  quon  aille  à  I{pme  vifiter  les  tom^ 
beaux  des  Apôtres ,  ou  qui  en  reviennent: 
tirée  Je  Reginaldus  fous  l'année  1302* 
Num.  14. 

BOnifacius  &c.  Ad  perpctuam  rci  mémo- 
riam.  Excommunicamus  &  anathematizamus 
ex  parte  Dciomniporentis,Patris,  &  Filii  ,&  Spi- 
litûs  fan£bi ,  auftoritatc  quoque  beatorum  Pétri 
&  Pauli  Apoftolorum  cjus  ,  &:  noftrâ  ,  omncs  illoj 
qui  ad  Scdem  Apoilolicam  ven;entcs  vcl  reieuntes 
ab  eâcapiunt ,  fpoliant ,  vel  dctincre  pra£;fumunt  , 
aut  impcdimentum  aliquod  cxh  bcn*"  quominds 
ad  eau4cm  Scdem  libère  cum  perfonis    bonis  ôC 


IS  ^ddîtlom  âii\'  VretiVcs 

rcbus  fuis  vcniant  &  rcdeant  ab  cadcm  ;  etiarnfi 
impcriali  aut  rcgalifulgeant  dignitate  ,  feu  cujuf* 
cumqiic  akerius  fuerint  praemincntice  ,  dignit^- 
tis  ,  ordinis  jConditionis  aut  ftatûs  :  non  obfianti- 
bus  quibulcumque  piivilegiis  &  indulgentiis  cis 
vel  corum  alicui,  vcl  aliquibus  ab  Apoflolica  Sedc 
/iib  quavis  forma  vcl  tcnore  conccflis,  quod  intcr- 
dici  ,  fufpendi  vel  excommunicari  non  poffint , 
c^ux  proiiiis  tollimus  &  rcvocamus  omnino  ad 
hoc  quod  contra  hujulmodi  noftram  iententiam 
&  proccfTus  pcr  ea  nequeant  fc  tueri  ,  quominiis 
includantur  in  ci  s. 

Declaramus  inluper  omnes  prxdiftos  &  alios 
<}ui  perfe  vel  tuos  ofiîciales  feu  minillros  aut  per 
alios  incolis  imperii  ,  rcgnorum  ,  feu  terrarum 
fuorum  ,  vel  tranleuntibus  pcr  ea  ,  undcciimquc 
oriundis  ,  ad  Sedem  venientibus  mcmoratam  ,  vel 
venientibus  ad  cadcm  ,  cquitaturas  limitant  vel 
fubtraluiut  qux  dcFcruntur  leu  reportant  pro  fuis 
t)pportu'iitatibus  vcl  cxpcnfis  ,  vel  qua:visaîia, 
res  &i  boni  ;  aut  apcriunt  litcras  vel  auferunt ,  feu 
taxant  numcrum  perfonaium  ,  vcl  famlliarium, 
"vel  quantitatemexpenrarum  aut  evc£lionum  ,  veî 
alias  directe  velindiredle  ,  talibus  venientibus  vel 
^cde-'jntibusimpedimentum  vcl  obftaculum  pra'fta- 
reprxfumunt  :  impeditores  fore  ad  dicl:amSs<ieni 
venientium  &:  redeuntium  ab  cadem  ,  &  anathe- 
n\atis  &  excommunicationis  fenrcntiam  incur- 
rere  fupradi(ftim  ,  iplofque  fie  ligatos  à  facra- 
xncntorum  pcrccptione  nunciamus  cxclufos  ••  di- 
flriftè  prxcipieatcs  &  ut  nailus  ea  ipfisminiftrarc 
prxfumat ,  nœ  cîiam  facramentum  pœnircntiîc 
nfi  in  mortisarticulo  ccnllitutis  ;  fed  nec  tune  , 
nifi  de  ftando  m.indatis  ccclefi^  ,  ratisfa(*tionc  vel 
fuftîcicnti  cautions  pramilTis.  Eos  vero,  eujuicunu  , 
^iK  fuerint  pro^caiinencia,',  dignitaris ,  ordims,       j 


âeM'   JDupuy.  t% 

t&néit'xoms  atit  flatiis  y  etiamli  aichiepifcopali  vct 
cpifcop.ili  (iignitatc  prscfuli^can:  ,  qui  contra  liu- 
jufmodi  nolhuMi  pnrccptum  talibus  vcl  coiuni 
alicui  facramcnta  vcHacramentum  aliqiiod  prx- 
llimpfciinr  minilUarc.cxconimunicatioiîis  &  ana- 
tKcaiatis  Icatciitia  innodainus  ,  cifquc  intcrdici- 
nuis  prardicationis  ,  lc6tioiiis  ,  adminiftratiouis  fa- 
cramcntorum  ,  &  audiendi  coiifc/îionis  oiîicium  , 
pixdiccntcsapcitc  impediciuibus  Sz  contcmpfori- 
V)us  (upradidis  ,  nos  g raviùs  contra  cos  Ipiiitiu- 
liter  &:  tcmporalitcr  ,  prout  cxpcdire  vidcrimus  , 
proccduros  ,  Sec.  Acium  Latcrani  in  fcfto  Dcdi- 
cationis  Bafîlica,"  Prmcipis  Aportoloium  in  Urbc  , 
Pontiiîcatus  noftri  anno  VII 1. 


X  I. 

Conclnfions prifes par  t  Archevcque  de  Nar-^ 
bonne  cotitre  le  Pape  Bon  if  ace  f^III.  en 
pleine  affcmblée  des  Etats  du  Roy.iy.me  i 
lirccs  Jcs  Manurcrîts  de  XI.  de  Brica- 
nc,  Num.  \6-j,  pag.  15^. 

ÏNtcrluisconteniioncs  convcnernnt  Luteti.xOr- 
dincsRcgiii  ,  in  quorum  medio  Archicpifcopus 
Narboncnlis  fermocinans  decem  accufationis  ca- 
pita  in  Bonifacium  proFcit. 
Primo  ,  Q^iod  fit  fîmoniacu<;. 
Secundo,  Quod  dicat  fc  non  poflc  commit  tcrc 
/imoniam. 
Tertio,  Quod  homicida  fît. 
Quarto  ,  Quod  ulurjuius,  idquc  c(Tc  mamfeflif-» 
il  m.!  m. 

b  iij 


50  ^ddlttotîs  aux  Trenvcî 

Quinto  ,  Quod  non  adhibcat  fidem  confident 
tibus  EuchariAiam, 

5exiô  ,  Quod  anima  fit  mortalis  ,  &  quod  aliud 
gaudium  non  fît  ni  fi  vicœ  piarfentis. 

Septimo  ,  Quod  fit  levelator  confeflîonum  \ 
nam  cocgir  quemdam  Cardinalem  ut  confefTîonem 
a  quodam  Hifpaniae  Prefbytero  fibi  faflam  rêve- 
laret ,  quâ  cognitâ  Epifcopum  loco  movit ,  fed 
pofi:  pecuniâ  placatus  Papa  cumdem  rclHtuit. 

Gifla v6  ,  Quod  duas  fuas  ncptes  conftubias  co- 
gnoveric  ,  &  ex  utrâque  filios  progenuerit  ;  ô  £oc- 
cundum  patrem  ! 

Nono  ,  Quod  Régi  Angli«  concefferit  omncs 
décimas  de  ccclefiafbicis  bonis  in  fubfidium  belli 
contra  Francorum  Regcm. 

Dccimô  ,  Quod  ftipendio  allexcrit  Saraceiios 
id  invadcudam  Siciliam. 

Itaquc  ad  Scdcm  Apoftolicam  ,  tum  ,  ut  ipfe 
dicebat ,  vacautem  ,  futurmnque  concillum  ap^ 
pcllat. 

X  IL 

Lettres  "Patentes  de  Philippe  le  Bel,  par 
lefcjuelles  il  déclare  éjiiil  prend  enfapro^ 
teÙion  le  Chapitre  de  l'Eglife  de  Paris  , 
en  confejuwce  de  ce  cjne  ce  Chapitre  avoit 
adhéré  avec  lui  a  V appel  au  futur  Concile 
contre  le  Pape  Boniface  VIIL  tirées  Jcs 
Manufcrits  de  M.  de  Brienne,  cod* 
166.  pag.  215. 

PHiLippus  Dci  gratiâ  Francorum  Rcx  ,  uni-- 
vcrfis  pra-fentes  litcras  infpcduris  ,  falutem^ 
Cum  Piiclatos,  Baroncs ,  &  alios  fidèles  &  fub- 


'de  M.  Bupiiy.  $  T 

clitos  noflL'os  dcfenderc  teiicamur  ,  Nos  dileftis 
nolhis  &  Capiculo  Ecclcfur  Parificnds  ,  necnoii 
fîngulariter  Canonicis  Se  perfonis  cjufdcm  Ecclc- 
fis\  promihmus  quidem  quod  pcrfoiias  fuas  ,  fta- 
tiim  &:  libcrcatcsipfius  Eccicfia:  fiix  ,  confangui- 
neorum,  parcntum,  affiiiium,  amicorum  &  lubdi- 
loram  ruorum  ,  qui  de  adhxicntibus  facrint ,  Se 
alioruiii  adhorrcnàum  &  adhxrcre  volentium  cffi- 
cacitcrdcfcndcmus  ,  lîbiquc  affiftcmus  in  eoruni 
defeiirionem  contra  omncm  homincm  qui  vcllet 
ilatum  ,  lionoicm  ,  libellâtes  &  nua  pra:diâ:a  in- 
fiingcrc  vcl  ctiani  annularc  ,  &  fpecialitcr  contra 
Bonifacium  nunc  Ecclcfia;  Romanx rcgimini pra:- 
fîdcntem  ,  qui  multa  contra  nos  ,  ipfum  ,  &  alios 
Prxlatos  ,  flvc  rcG;num  dicitur  comminatus  fuilTc; 
nec  nos  ab  co  &  fuis  ,  ut  pritmifTum  cft  ,  ncc  ipfos 
à  nobis  in  dcfenîione  pra:di<flaieparabimus  ,  nec 
cîiam  excludcmus  ,  faciemufquc  de  convocatione 
Concilii  gcncralis  ,  quod  aliàspromifimus  ,  ficuc 
in  inflrumeiijcis  publicis  inde  confccflis  pleniiis 
continetur.  Cumquc  tara  Nos  quam  Prx'lati  &:Ba- 
rones  legni  noftri  fub  certis  formis  provocaveri- 
musficut  in  fcriptis ,  ne  dicflus  Bonifacius  corn- 
motus  occafionc  prarmifTorum  vel  aliquorum  ex 
cls  procederet  contra  Nos  ,  Pra-latos  ,  Baroncs  , 
fubditos  nofl:ros,proutininftrumentispubIicisindc 
confedis  pleniùs  continetur  ,  promittimus  quod  fi 
di6las  Bonifacius  jam  forte  procefTerit  occafionc 
piarmifTorum  ,  vcl  quia  Prcxlati  per  nos  retenti  pro 
defenfione  neccflaria  regni  noftri  poft  e)us  voca- 
tionemcx'inopinatocmero;entem ,  ad  vocationem 
hujufmodi  non  ivcrint  ,  fed  ad  requifitionem  no- 
ftram  fc  ex  Icgitimis  caufis  excufarunt  i  vel  procé- 
dât pcndznti  ncgotio  Concilii ,  vcl  ctiam  tcrmi- 
nato  ,pra.'mifrorum  occafionc  ,  quocumquc  quae- 
Uto  coloic,  cxcommunicando  ,  inteidiccndo  ,  fu(^ 

b  liij 


3 1  ^^ddltîons  AH V  Treuveî 

j)cn<^cn^o  ,  deponcndo  ,  abîblvendo  à  jurâmcnt*> 
iidelitatis  vel  homai^ii  ,  aut  alterius  cujufliber 
oWigationis  viaculo  ,  feualuscjuoquo  modo  con- 
tra Nos  ,  Prarlatos  ,  Baroncs  ,  confangiiineos  ,  pa- 
Jentes  ,  affines ,  amicos  vcl  fu'oditos  corumdcm  , 
Tel  allas  adhérentes  vel  adhaercre  volcntcs  ;  Nos 
4idis  Pralatis  ,  Baronibus  &  aliàs  adha.Tcntibus' 
&:  adliisrere  volentibus  aiïîilemus  &:  detendemuç 
cordcm  ,  nec  nos  reparabimiis  ab  cis  ,  ncc  abfolu- 
tionibus  à  juramentis  quibuflibet  in  praitenti  nc- 
gocio  facfiis  vel  pia:flitis  per  qucfcumque  ,  vel 
iliis  qnibufcumquc  relaxationibus  indultis  vel  in- 
cidlgendis  ,  impctiatis  vcl  impctrandis,  oblatis 
Ycl  conceiTis ,  oiîcrendis  vel  etiam  concedendis 
utemur.  imo  femper  cifdem  Praslatis  ,  Baronibus 
&  aliis  adhiErentibus  vel  adhacrcrc  volentibus 
adhocrebimus  ,  Nos  ,  han'edcfque  noftros  ad  om- 
nia  prxmiiTa  &  fingula  pra^milTorum  inviolabili-» 
ter  obfervanda  Tpecialiter  obligantes  ,  ut  ea  pro- 
pofitis  facroCanâris  Evangeliistencrç  &  adimplsrc 
jurari  fecimus  in  prcefentia  noûra  &  in  animam 
rioftiam  per  dileftum  fidelcm  noftrum  Comitcm 
Sanâ:i-Pauli.  CîEteriim  carilTima:  conforti  noftrce 
Joanna:  Regina;  Francia;  ,  ac  cariffimo  Ludovico 
prinriogcnito  ,  ut  &  Philippofecundogenito  ,  natis 
noftris  ,  &  Baronibus  fupi^praediâris  damus  prx- 
fentibus  in  mandatis  ,  ut  eiCdcm  Decauo ,  Capitu- 
lo  finguUfque  Canonicis  &  perfonis  omnia  &  fin- 
gula prxmifTa  promittant  ,  lequc  exprelTc  ac  fpc- 
cialitcr  obligent  ad  obfervationem  eorumdem  ,  & 
fimilibus  juramentis  obflringant.  Nos  vero  per 
promiflloncs  &juramenta  qua;ipfi  Dccani  &  Ca- 
piiulum  fuper  prxmifTis  &  prxmiffa  tangcntibus 
iiobisfcceiint  &  prseftiterint ,  non  intendirau^  nec 
volumus  novum  homagium  ,  juramcntum  feu 
aliam  novam  fervitutem  in  ipfis  Decano  &  CapU 


de  M,  Du^uy.  55 

tulOjfingulariburqucCânonicis  &  pciTonis  ejuf. 
dcm  Ecclefia; ,  &inipforum  etiam  ruccefToribus 
inaliis  acquircrc  in  tuturum.  Nos  autcm  Joanna 
Dei  giatiâ  Francorum  Se  Navaira:  Rcgina  ,  Cam- 
pauiac  Briacque  ComitilTa  Palatina  ;  Norque  Lu- 
dovicus  &:  Philipçus  pra^fati  omnia  &■  fîngula  tc- 
lîcre  firmiter  ,  Se  hdeliter  adimplerc  ,  quantum  ad 
DOS  pcrtinec  vcl  in  futurum  pcrtinere  potcrit ,  pro- 
mifimus ,  &z  prarfatum  Comitem  San£li-Pauli  m 
animas  noftras  juraie  fccunus ,  Nos  ,  hxredcs  Se 
fucccfTores  noflios  ad  hoc  cxprcHc  &  fpccialiceu 
obligantcs.  Nos  vcro  prccnominatus  Rex  ,  pr^c- 
niilTa  omnia  &  fingula  per  piacfatos  confortcm 
&  libcros  noftros  de  mandato  noflio  promifTa  , 
jurata  &  pratdiftas  obligationcs  modo  pra:di<n:o 
faftas  fuiftc  tcftamur  ,  &  ad  majoicm  eaucclam 
figillumnoftium  ,Nos  ,  Rcgina  pracdifla  appen- 
di  fccimus  unà  cum  figillo  pra^fati  Domini  noftri 
Rcgis.Datum  Pari  fius  die  Martis  poft  feftum  fan- 
£ïi  Laurentii ,  anuo  Doimui  milkluno  trccciucfi'» 


bv 


34  additions  AUX  Preuves 


XIII, 

Procédure  que  Bon  if  ace  VII L  devoît  faire 
fulminer  contre  le  Roi  Philippe  le  Bel  le 
jour  de  la  Notre-Dame  8.  Septembre  , 
qiiilfnt  arrêté  par  GmllaHme  deNogaret. 
Cette  Procédure  a  déjà  été  imprimée  a  U 
page  i8i.  des  Preuves  de  M,  Dtipny  , 
matis  avec  tant  de  fautes  &  de  lacunes  5 
quelle,  neft pas  intelligible  >  on  la  donne 
ici  de  nouveau  plus  corre^e ,  tirée  du  toms 
15.  de  la  Continuation  des  Annales  ds 
Baronius  par  Raynaldusfous  Cannée  1 3 11  «> 
iV.  44. 


SUj>eb.  Petrîsolio,  cxcelfo  tlimno  divî-i 
na  difpoficione  fedcntes  ,  illius  vices  gerimus  , 
cui  per  Patrem  dicitur  :  Ftlius  meta  es  tu  ;  ego  ho~ 
diegenHî  te  :  PofiuUi  a  me  ^  ^  ddbo  tibigeyites  ha^ 
feditatem  tu,%m  &  fojfejponem  tuctm  ttrmïnosttr* 
YA.  Reges  eos  in  virgjt  ferrer ,  ^tanquitm  njas 
figtdi  confrirges  cos  Q^o  monentur  mt  intclli^ 
gant  Reges  ,  difciplinam  appréhendant ,  crudian- 
tur  judicanres  teriam  ,  quod  ferviant  Domino  iii 
timoré  ôc  exultent  ei  cum  tremore  ,  eum  exarferit 
ira  ejus.Ideoque  magnum  judicamus  &  paryum, 
quia  cjus  fiimus  Vicarii  ,  apud  quem  perfbuarum 
acccptio  nulla  reperitur.  Hoc  veteris  &  novi 
Tcftamenti  veritas  habet:  hoc  venerandoruni 
Cocciliorura  probat  audoritas  :  id  fanâioruni 
Patiuin  tercet  fsateaùa  :  id  eçiam  ua;uràUs  ratio 


de  M.    Dupuy,  ^j 

manifcftat.  Scd  licet  txnu  potelUtc  fit  prnrdita 
Pétri  Scies  ,  taataque  pollcat  dijnirate  ;  tameii 
ut  pius  patcr  rcveritatcm  manluetudiiic  tempéran- 
tes ac  lenicntcs  Liquitace  rigoicm,  non  ad  conhia* 
c;endum  ,  quamquam  jull-è  polTemus,  fcrrcam  , 
îed  ad  dingendvim  in  viam  (alutis  ,  direcflionis 
virgam  in  pixCentiaium  aflumimiis  ,  &  corre- 
flionis  fciulam  amplexamur.  Noviim  ad  hoc  ni- 
hil  ,  prout  ncque  grana  de  fpicis  excuti  fccimus  > 
nempe  fimpliciter  judicaatis  opcrà  fungimur  .• 
quin  imo  utentes  denuntiatorum  ofîicio  nullas 
pœnas  Philippe  Francorum  Régi  imponimus  ,  fcci 
ci  proptcr  excédas  iuos  jam  excommunicato  no- 
lonè  inflidas  potius  à  jure  intimanius. 

Bonus  itaque  medicus  ,  (î  quibuLiam  medica- 
menta  morbis  officiant  ,  (e  de  gratia  vertit ,  noi\ 
cis  ftatim  duriora  fub  iciens  ,  ied  leniora  ,  nili 
niorborum  aliud  expotcat  acuitas  ,  adminiflrans. 
Sic  pcccatorum  cjufdem  fauciati  Régis  vulncra 
prius  palpavimus ,  cxaftis  leniiatibus  mulfimus , 
ipfunique  pietatc  patcrna  fovimus  :    immo  leni- 
menta  hiijufmodi  fcminarium  contumacur   tue- 
runt  &  odiorum  ,  cum  erexcrunt  in  fuperbiam  Se 
adcontemptam  percinaciter  provocaverunt.  Undc 
nos  ad  alias,  non  graves  tamen  ,  medelas  conver- 
limus,  ut  faltcm  expeviamur  utrum  taâ:us  lenitcr , 
non  confradus  ,  fe  corrigat ,  fru(ftuoLam  [  ficuc 
Nabuchodonofor  prae  C;tteris  terrx  Rcx  inclytus  , 
quodoptamus  ,  nec  obllinatus  ,  in  quem  transtî- 
lit ,  videat ,  &  cogamur  fcrro  abfcindere  vulnera  , 
qu.r  fomentorummedicinam  non  fentiunt]  pœni- 
tentiam  agat  ;    an  ,  quod  abfit ,  in  protundum 
malorum  demerfus ,  lordidus  fordefcat  amplius , 
&  velutPharao  indurefcat. 

Olim  (iquidemdum  idem  Rcx  peccaret  gravi- 
xeiin  du'crfis  anicuUs  in  Clcruai   &  Ecclciiara 


3^  additions  aux'  TreuvsS 

Gallicanos  ,  primo  per  ejufdem  Rcgisnuntîos  ad 
Bos  miiîos  iplum  luper  hujufmodilalutanbus  mo- 
liuimusmonitis  ;  deindc  ad  cum  dileclum  filium 
Jacobum  de  Noimannis  notarium  noftium  ci  no- 
Itras  dcferentem  litcras,  in  quibus  excedebat  capi-» 
tula  continentes  tranrmiiimus  :  quanquam  impu- 
Jenter,c{uanquam  infmnito  animo  &  irrcvcrcnter 
tracflavcrit  ;  non  advcitcns  quod  Tccundum  evan- 
gclicam  veiitatcm  ,  quifpeinit  miflum  ,  fpcrnic 
iritcentem  ;  ideo  d'gnus  fcntcntiâ  quam  duduin 
ConltantinusPapa  m  Juftinum  Imperatorem  Ju- 
fliniani  filium  ex  fimili  caufa  tulit  ;  qui  in  vrcino 
crant ,  manifefto  cognofcunt  ,  ac  idem  patuit  de 
lonf^inquo  •  nec  confiderans  quod  ar.tiquis  cft  fan- 
citum  a  fan(n:is  Patribus  promulgatis  canonibus  , 
quod  fi  quis  Romani  pcientes  ,  rébus  quas  ferunt 
fpoliaic  pr.-Erumpfeiit  ,  communione  careat  chri- 
ftiana  ,  quodque  ii  qui  accedunt  ad  prarfentiam 
Romani  Poatifîcis  cum  rcbus  fuis  ,  debeant  cfïe 
fub  apodolica  proteftionc  fecuri  ;  &  parvipen- 
dcns  excommunicationis  fcntcntiam  ,  quam  inha:- 
rcntes  veftigiis  Romanorum  ,  &  praccipuè  Nico- 
lai  ï  V.  Papje  ,  piardscefloium  noftrorum  ,  qui  ca- 
iionum  auiloritate  TufFulti  contra  talia  facientes  ad 
excommunicationem  liaâienus  proceiTcrunt  y  ad- 
dito  per  Nicolaum  eumdcm  procefllbus  ipfis , 
ctiamfî  connitentes  impcriali  aut  regali  dignitate 
xadient  ;  nos  eriam  ,  eodem  privilegio  exclufo  ,  ia 
omncs  ,  etiamfi  pra^dicla  fulgeaiît  dignitatc  ,  qui 
ad  Scdcm- Apoftolicam  venientcs  vcl  rccedentcs  ab 
ca  capiuni  ,  fpoliant  vcl  detinere  prasllimunt ,  auc 
impcdimentum  aliquod  exhibent  quominus  ad 
candem  Sedem  libcrè  cum  piopriis  bonis  &  rébus 
fuis  veuiant  &  recédant  abeà  ,  in  die  cœnap  Dor 
mini  proximo  pr-xterito  tali  modo  déclarantes  , 
^iam  lUos  qui  pcr  le  vcl  fuos  clEcialcs  vcl  niiiU'* 


de  A'f.  Dupuy»  57 

ftros ,  lut  aliis  incolis  imperii ,  regnorum  feu 
leirarum  fuarum  ,  vcl  nanfeuntibus  pcr  ea  undc- 
cumquc  oriundis ,  ad  5edcm  venicntibus  mcmora- 
tam  ,  vcl  redcuntibus  ab  eadem  cquitaturas  limi- 
taiu  vel  l'ubtiahunt  ,  qux  dcFcrunt  feu  reportanc 
profuis  oppoitunitatibus  vcl  expenfis,  aut  quai  vis 
alias  res  &  bona;  fivc  apciiunt  littcras  vel  aufe- 
runt  ;  feu  taxant  numcium  peilbnarum  aut  cvc- 
dlionum  ,  vcl  aliàs  directe  vel  indue<flè  talibus 
venientibus  vclicdeuntibus  impcdimcntumvelob- 
ftaculum  prxftarc  pracfumunt  ;  impeditores  fore 
ad  didam  Scdem  vcnicntium  &rcdeuntium,&ex- 
communicationis  fentcatiann  incuneie  fupradi- 
6lam  ;  adconoftris  terapoiibus,  ficut  aliâs  feeerat, 
notoriè  fui  regni  fines  ,  in  tranfgrefTores  graviflî- 
mis  interminatis  pœnis  &  nos  jaftatis  blafphc- 
miis  ,  arft.x  cuftodiae  députât  ^  ablatisconna  di- 
ftam  fentcutiam  noftiam  ,  non- fol  dm  indigenis  , 
fed  etiam  ad  eandam  Sedem  per  icgnumipfmi 
aliundc  venientibus  rébus  fuis  ,  vel  injuiiofe  ta- 
xatis  ,  imo  autem  omninofubftraftis  ;  ac  litteris 
quas  deferunc  apertisper  cuftodes  paffuum  ,  auC 
retentis  ,  quod  nuUus  libère  ad  fupradidlam  Se- 
dem potsftacccdere  :  nec  Prarlati  pranciir  pernos^ 
ut  fupcr  difbisdeliberaremuscum  cis  ,  ad  noftram 
pia'tenùam  evocari  potuerunt ,  ficut  eorum  hu- 
jufmodi  per  hcteras  confiât ,  quas  in  arcliivis 
Romanaî  Ecclefia:  confervari  facimus.  Sic  &c 
Novioncnfis  ,  Conftantienfis ,  &  Bituricenfis 
Epifcopi  ipforum  nuntiorum  exciifatio ,  co- 
dem  impediente  Rcgc  ,  venire  (  non  pofîe  )  ;  qua 
c.iufa  eriamfi  princeps  quifquam  fucnt  ,  qui  hoc 
piohibuerit ,  illumccifct  canon  communione  pri- 
vandum.  Quis  cnim  libère  ad  memoiacam  Scdem 
proScifci  dicet ,  qui  fie  traclatur  ,  &  quod  retincir 
tur  ,  vcl  icgnum  pcrmittatur  exUc  fub  akcrius  pct^ 


3  s  'u^dMnons  aux  Vreuv-s 

tcftate  confiftit  ?  Ccrtc  niillus  qui  lanè  intellig.it , 
iz  qui  fcripti  juris  (vim]  iiihoccognoicac ,  habet 
aliquam  verita[cm. 

Sed  volentes  fccundumracrorum  dodlrinam  ca- 
nonum  pacis  iervare  vinculum  ,  cum  a:quitate  & 
firmitacc  poicarc,  nec  fie  moti  fumus.  Immo  evan- 
gelica  dida  penfantes  conati  (umus  errantcm 
ovcm  tam  caram  tamque  dilefbara  propriis  Uu- 
meris  ,  ne  perircc  ,  ad  ovile  reducerc  ,  in  uberi- 
bus  collocarc  pafcuis  &  dulccdinis  pabulo  confo- 
vere.  Nam  cogitantes  fccundum  cvangeliiparabow 
Jam  ,  quod  qui  notarium  fprevciat  ,  (altcm  no- 
ftium  rcvercretur  filium,  ad  rcducendum  eum,  di- 
Ic^tum  filium  noftrum  Joannem  SS.  Maicellini  & 
Petii  Prefbyterum  Cardinalcm  de  rcgno  oriun- 
dumipfius  .  quitanquamamicus  Tuus  ejuszelabac 
falutem,  curavimus  deftinare  ,  offerentem  intcr 
caetera  fibi  ex  parte  noftra  abColutionem  ab  excom* 
municationum  fentcntiis  ,  quibus  erat  notabilité! 
irretitus- 

Verum  fruftra  nos  talis  cogitatus  arripuit ,  quia 
fi  erga  pracdidum  notarium  fc  ,  ut  praemittitur , 
geflTit  ,  filium  noftrum  magis  ignominiofe  com- 
pefcuit,  quiaficut  ipfe  nobis  Cardinalis  retulit , 
oblatam  abfolutioncm  contempfit  ,  eiqucdeputa- 
tis  cuftodiis  ,  ne  libère  poffet  ire  quo  vellet ,  nec 
recipere  qui  venirent  ad  cum  de  rcgno  fuo  ,  non 
reverfurum  finefua  licentia  ,'ac  ficquodammodo, 
utejufdem  Cardinalis  verboutamur  ,  regiobanno 
fuppofitum  protiilit  &  ciïïavit  eundem.  Et  etiam 
ultra  parabolam  ipfe  tamen  nos  patremfamilias 
non  dimifit  intaiflos  ,  fed  iterum;  laceravit  biaf- 
phcmiis  &  injuriis  lacefîîvit,  oblitusquod  legitur: 
Honora  fMrcm  tuum  ^  îtintretn  tuam  ,  ut  fis  Ion" 
gAvui  fuper  terram  ;  Se  quod  filio  femper  honciîa 
.&fanètâpatrisquerda  debcret  videri ,  &:  taJUtCJ? 


de  M.  Btipuy.  5^ 

Cjus  non  effiei  caftigator  ;  confœderatlonibnfque 
&  coUigationibus  fa£liscum  nonnullispraclatis  Se 
pcrfonis  aliis  rcgiii  fui ,  pacis  vinculum  quod  lal- 
vum  cfTc  totis  aftedibus  nitcbamiir  ,  rupit  ,  pcr- 
turbavitunitatemccclefiafticam  ,  &  inconfutilcni 
Domini  tunicam  fcindeic  non  expavit .-  ac  fux  ap- 
pellationi  frivoice  contra  nos  intcrpofita:  adhxrerc 
pcrperam  coe^it  &  cogit  invitos  ,  &  in  rainamfc- 
cum  pernicio(c  deducit.  Sanè  parabolam  timcat  y 
lie  vinea  aliis  locetur  agricolis ,  qui  fuis  tcmpori- 
bus  fiuâium  rcddant.  Paveat  cenruram  canonum 
qux  contra  talcs  dignofcitur  prxparata  ;  &  ne 
ex  Iiujufmodi  ftridla  cuftodia  Cardinalis  prxdidli 
canonem  latce  fententir  ,  qui  ad  cos  per  interprc- 
tationem  tranfit ,  qui  Clericos  fuie  Ixlione  d-^ti- 
nent  in  cullodia  publica  vel  privata ,  ciim  non 
multùm  à  rpecie  verborum  différant  ,  quibus  quo 
volunt  facukas  recedendi  non  datur ,  ineurrat  y 
diligentcrintendat. 

Ad  hoc  uc  omittamus  dedilcâ:o  filioj.  Abbate 
Ciftercienîl  detento ,  &  aliis  multis  religiofis  ma- 
xime italicis  -y  quia  juflïo  Régis  urgebat ,  reccdcn- 
libus  ,  captis  de  ipfius  conniventia  ,  &  aliquo 
tcmpore  in  Cartel' eto  fervatis  ,  eo  quod  adha:rerc 
nollent  appellationi  pracdidlx  ;  ac  de  eo  quod  in 
pcrfona  venerabilis  fratiis  noilri  B  ..Appamia- 
rum  Epifcopi  aâ:um  extitic  nupcr,  &  Nicolaurn 
deBonfradu  Capellanum  Cardinalis  jam  difti , 
noftras  ad  eum  portantemîittcras  ,  quibus  Rcgem 
cxcommunicatum  per  Cardinalcm  eundem  man- 
damus  publicè  nuntiari ,  capi  fccit ,  &  rcpetitum 
à  Cardinali  eodem  à  carccre  noluit  rclaxare,  prour 
idem  Cardinalis  nobis  id  per  propnas  littcras  no- 
tuni  fecit  :  unde  perinde  dicitur  habere  ,  cum  ipfe 
Rex  impcdimcntum  illud  prœftitcrit,  ficuc  il  m^n* 
data  iCiîunùauo  pricccflifTer, 


^jè         jidâitiom  aux'  TrewOef 

Steplianum  infuper  de  Columna  noftrum  &ÊC*. 
elcfine  hoftem  in  regno  fuo  receptavit  patenter  , 
non  veiitus  excommunicationis  fcntemiam,  quam 
poflColumnienfiumfu^am  de  Tyburc  promulga- 
vimuspublicè  ,  quibulcumque  privilegiis  nonob- 
ftantibus,  in  omnes  etiamfiin  imperiali  aut  regali 
prxfulgeant  dignitate  ,  qui  didum  Stephanum  & 
alios  quondam  filios  Joannis  de  Columna  &  Ja- 
cobum  diâ:i  fratris  Joannis  ,  Ricchardum  &  Pc- 
trum  de  Monte  Vig.  difti  Jacobi  nepotes  reci- 
perent  ,conducerent  ,  receptarent  ,  leccptari  vel 
recipifaceient  feu  conduci  ,  aut  eis  vel  ipfoium 
alicui  publicè  vel  occulte  auxilium  ,  favoremvel 
confilium  exhibèrent  ;  quodque  contra  adjutores  , 
tautores  &  rcceptores  pra^didorum  Jacobi  &  fi-» 
liorum  didli  Joannis  ,3t)  olim  per  noftras  litteras 
procedi  mandavimus  ,  ut  contra  hsereticos  ,  rc- 
ceptatorcs ,  fautores  &  adjutores  eorum.  Nequa- 
quam  in  his  fervit  Deo  Rex  Francorum  in  timoré , 
aut  ei  cum  tremoreexulat  ,  ne  iratusin  eum  per 
fuum  vicarium  exardefcat  j  nempe  tanto  offendit 
graviùs ,  quanto  pcrniciofiùs  pcccat ,  fuce  perdi- 
tionis  adalios  exempla  tranfmittens. 

Heu  !  ipfum  confiliaprava  commaculant  ;  eum 
fyrenes  necnon  ufquc  in  exitium  dulces  damnofc 
pcrmulcent  ,  periculofs  regalem  msntem  exagU 
tant  &  dccipiunt  incelTantcr.  Non  enim  propter 
eas  libcrarc  poiTumus  nec  debcmus  ^  hominem 
iiamque  prmiumnon  à  peccato  diaboli  excufavit 
fuggefl'o,  quin  divini  mandati  tranfgrefTor  folve- 
ret  pœnam  mortis  :  &  filentium  noftrum  nihil 
aliud  foret  quam  delinquendi  occalio  &  diflblu- 
tio  univcrfae  ecclefiaftica:  difciplins»  Cum  enim 
iiotoiium  etiam  fa<fti  continui  fît ,  quod  ipfo  fa- 
çicnte  &  contra  didlam  noftram  vcnientefentcn- 
tiam  ,  îibertas  non  eft  per  legnum  ipfius  venicndi 


de  M.  Bupuy.  41 

a^  Apo{lolicam  Sedem  ;  ac  quod  fî  dictusNico- 
lauseft  captus  ,  &  pra:FatusStephanus  rcceptatui' 
in  regno  ;  noftrai^ue  ieiitentix  fupradicb.c  latx 
firmacx  fint  &  pr^Tclicata:  publicè  ;  Ç\c  quod  cano- 
inim  cxcommuiiicatio  mapcrtoliquct  ex  prxmil- 
lis  (  ut  taccamusad  praclens  dccuftodia  jam  dicto 
Cardinnli  importa  ,  dctcntione  abbatis  ,  captione 
rcli^ioforum  di(florLim  ,  &  tcmerariis  aflibus  ia 
jam  didos  commifTis  )  ipfum  cundcm  Regcm  ma- 
nifcftis  excommiinicationibus  eîTc  ligatum  \  8c 
peu  confcqucnsbcncficia  ccclcfiaftica  ,  perionatiis 
6z  dignitaccs  .  fi  eorum  aliquo  ntiilo  quandoquc 
ad  ciim  coUatio  peitinct  ,  de  jure  intérim  non 
poiTc  conferrc  ,  imperium  fivc  jurifdidlioncm  ali- 
quam  per  Ce  vcl  per  alios  aut  communes  a<fbus  feu 
Icgitimosexerccre  ,  &  coliationem  &  excrcirium 
iplum  nullius  exiflcre  dignitatis,  ac  fidèles  ac 
vaHalIos  ipfius  cfTc  à  fidclitate  &  ctiam  juramentis 
quibusaftringuntur  eidem  ,  &  hujufmodi  debito 
totius  oblcquii  au£loiitate  canonum  abfolutosj 
hoc  omnibus  his  pixcipuc  qui  de  cjus  funt  regno  ^ 
vcl  in  co  moram  îaciunt ,  nunciante*;  eum  excom- 
municatum  ,  comitari  pœnas  hujufmodi  declara- 
mus  ;  &  morcperiti  medici  ,  cum  non  profucrinc 
monita  ,  levioiibus  incipientes  ac  fandloium  pa- 
trum  noftroium  ftatuta  lenentes  omncs  fidèles  de 
vaffallos  ejus  ,  eique  juiatos  ,  à  fidclitate  &  jura- 
mentis ,  quoufqueidem  Rex  in  excommunicatio- 
ne  permanferit ,  apoftolica  nihilominus  au(ftorita- 
te  abfolvimus  ;  &:  ne  cidcm  fidelitatem  obfervent 
vel  fervent  ,modis  omnibus  &  fubinrerminationc 
anathematis  ,  quia  magis  Deo  quam  hominibus 
fervirc  oportct ,  &:  fidelitatem  cluiftiano  principe 
Deo  advcrfanti  ,  cjufque  prncccpta  calcanti  ,  nulla: 
cohibcntur  auftoritate  perfolvere,  prohibcmus. 
Et  quia  Rex  ipfc  aliquos  forfau  invcnirct  ,  ^ui» 


4 1  jéddltioyîs  AUX  Preuves 

bénéficia  hujufmodi ,  Dei  timoré  poftpofito  ,  sfe- 
ipfo  reciperenc ,  diRrifVè  pra^cipimusfub  excom- 
municationis  ,  amiflionis  bcnenciorum  quac  aliàs 
haberent ,  &  inhabilitatis  perpétuai  ad  ecclefiafti- 
ca  bénéficia  de  ca:tero  obtinenda  ,  poena  (  quam 
ipfo  fafto  incuirant  ,  fi  contrahum  agant)  ne  ab 
eo  fie  excommiinicato  mancntsilla  r?cipiaiit  qiio- 
quo  modo  ;  diftri^è  fub  hujufmodi  à  nobis  infli- 
gendispœnisinliibentes  Capitulis  Ecclefiarum  iiî 
quibus  bénéficia  ipla  per  Rcgcm  ,  excommunica- 
tione  durante  ,  conferuntur  cundem  ,  ne  eos  qui- 
bus conccdunturab  ipfi?  ,  rccipiant  vcl  admiîtant. 
Porro  cum  fcriptum  fit  :  Bijfolve  colligationes 
impietatis  ,  fol-vc  fafciculo;  deprimeates  ;  nos  coii- 
fœderationcs  prxdidas  etiam  cum  quibufvis  terra? 
Regibus  aut  Principibus  ,  quod  non  crcdimus, 
initas  difiolvimus  ,  &  juramenta,  fi  qua  funt  prar- 
iîira  ,  aunullamus  :  etiam  nuntiantes  ipfi  Régi  ut 
àfaciearcûs  fugiat  ,  rcfipifcat  ,  ad  obedientiam 
redeat ,  &  ad  Dominum  convertatur  ,  ne  quod 
praeterirenon  valebimus,  jufloineam  judicio  ani- 
ma dvertere  compellamur. 

Ut  autem  hujufmodi  nofier  procefTus  ,  quêm  de 
confiliofratrum  nofirorumfacimus  ,  ad  omnium 
notitiam  deducatur  ,  chartas  feu  membranas  pro- 
ccffum  continentes  eundem  ,  in  catlicdrali  Eccle- 
fia  Anagnina  appendi  vel  affigi  oftiis  feu  fupcriî  - 
minaribus  facicmus  ,  quo?  proceflum  noftrum  fuo 
quafi  fonoro  prasconio  &  patulo  judicio  publica- 
bunt ,  ita  quod  idem  Rcx  &  alii  quos  procefTus 
ipfe  contingit  nullam  poftea  poflint  excufationem 
praztendere  ,  quod  ad  eos  talis  procefTus  non  per- 
vcncrit ,  vel  quod  ignoravcnnt  eundem  ;  cum  noii 
fit  verifimile  rcmanere  quoad  ipfos  incognitura 
vel  occulttim  ,  quod  tam  patenter  omnibus  publi- 
catur.  Aftum  Anagnix*  in  aula  noflri  palatii ,  vi» 
Id.  Septcmbris,  Poiuificaiûs  noflri  anno  IX, 


de  M*  Dtipuyi  45 


XIV. 

Bulle  du  Tape  Benoit  XI.  par  UijucUe  il  ré- 
volue ce  qii  avait  ordofiné  le  Pape  Bo- 
mface  VlH-  contre  ce  qui  sètoit  obfer- 
vé  en  France  i  pour  cecjui  efldes  provijïons 
aux'  Eve  chez.  &  Bénéfice  ,  //  vent  quil 
en  [oit  ufé  comme  auparavant  *,  tirée  des 
ManufcuitsdeM.  dcBrienne,  N.  1^7. 
page  ^3. 

BEnedictus  Epifcopus ,  fcrvus  fcrvorum 
Dci ,  carifTimo  in  Chrifto  filio  Philippo  ReG;i 
Irancia:  illuftri ,  falutem  &  apofcolicam  benedi- 
ûionem.  Ut  eo  magis  er^a  Deum  &:  Apoftolicain 
.Scdem  [  l.t  J'titîe  eft  l.%  même  que  ce  qui  efi  dxns  /« 
Bulle  imprimée  a  U  page  2,19.  des  Preuves  de  M. 
Dupuy  y  juiqu^l'ices  mots  fupeu  hoc  e^rtitit  fappli-» 
catum  ]  refcrvationem  ,  inhibitioncm  &  decrc-. 
tumhujufmodiapoftolica  aucftoritate  revocamuç  , 
Toleatcs  ut  pracdicli  omncs  liujufmodi  jure  illis 
compétente  ,  cum  tempus  ingruerit ,  utantur  libé- 
ré ficut  prius  ,  &  nihilominus  provifioncs  &  con- 
fîrmationcsclc(ftionumfa£lce  poft  refcrvationem  , 
inhibitioncm  &  dccretum  pracdidum  in  didlis 
Ecclcfus  ,  dummodoaliàs  canonic^fuerint  ,  ple- 
nam  obtincant  firmitatem  -,  nec  elecfliones  aut  po- 
ftulationcs  iiCtx  poftmodum  in  pr^ediâris  Ecclelus 
cxcifdcm  refeivationc  ,  inhibitionc  ac  dccreto  , 
quin  debitum  fortiantur  ctfeftum  ,  podlnt  quomo- 
dolibet  impcdiri.  Ditum  Vitsibi  xiil.  Kal.  Mâii;> 
Poiuificatûs  noflii  anno  primo. 


44  Additions  aux  Preuves 


XV. 

Bulle  de  Benoît  XL  par  lacjHelle  il  ah  fout  le 
Clcroé  &  le  Royaume  de  France  de  toutes 
cenfnres  i  tirée  de  Raynaldus  fous  l'an- 
née 1304.  N.  ^. 

BEnedictus  ,  &c.  ad  pcipetuam  rci  mcmo- 
riam.  Cum  sicut  acccpimus  ,  tam  Archie- 
pifcopi  &  Epifcopi  ,  qnàm  alii  ccclefîarum  fccu- 
larium  &  ict;ularium  prnclati ,  &  alii  Clcrici  & 
ecclefiafticaî  peiTona; ,  religiofae  ac  feculares  ;  ncc« 
non  Baiones  ,  nobiles  ,  &  alii  laïci  de  regao  prae-" 
diclo  excommunicationum  fenrentiis  ,  olim  à  Bo- 
nifacio  Papa  VIII.  &  aîiis  prœdeceflbribus  nafths 
Romanis  Pontificibus  in  impedientes  eos  qui  ad 
Sedem  accedcbant  Apoftolicani ,  vel  leccdebant 
àb  ea  ,  feu  litteras  dcfercbant  ipfoium  ,  vel  ex 
aliis  caufis  in  fuis  proccfTibus  promulgatis ,  necnon 
latis  à  canone  pro  co  ,  quod  fe  culpabilcs  reddi- 
derunc  in  captione  cjufdem  Bonifacii  praedeceiTo- 
lis  &  nantiorum  ipfius  ,  &  aliorum  prœdccefTo- 
rum  pricdiftorum  ;  teneantur  zùnCti  ,  quorum 
aliqui  divina  celebrarunt  officia  ,  &  immifcuerunc 
fe  illis  ,  ac  reccperunt  ordines  &  bénéficia  eccle- 
{iaftica  fie  ligati  :  nos  praemiiTa  omnia  paterna 
meditationepenfantes ,  acattendentes  utilitatcsac 
commoda  quae  ex  codcm  rcgno  ,  dum  in  ipfius 
Ecclcfix  devotionc  perftitit ,  EcclefiiE  prardiâia: 
provenerunt  ;  quodque  propter  evitandum  fcan- 
dalum  ,  piaîfcrtim  ubi  multimdo  dclinquit  ,  fevc- 
litati  eft  aliquiddetrahendum  ;  fpcrantes  infupcL" 
quod  Rex  &  incolx  memorati  taïuo  Deum  &:  Ec-t 


de  M.  Dufuy.  ^e 

iîeîum  ftudebunt  per  amplius  &  dcvotius  rcverc- 
ri  ,  quanto  eadcm  ecclcfia  mifcricordius  &  «Tatio- 
fius  egcrit  cum  cifdcm  ;  Iiujufmodi  indufli  confi- 
dciationibus ,  Archiepifcopos  ,  Epifcopos  ,  Prarla- 
tos ,  Clcricos  ,  Perfonas,  Barones  ,  Nobiles  &  laï- 
cos  piardidos  ,  &  quofcumque  de  prncdicfbo  rco-no 
qui  hujulmodi  (cntentiis  Bouifacii  &  alioium  prj:- 
didlorum  prardeccflorumaftiinguntur  ,  omncfquc 
(qui)  occafioni  hujufmodi  captionis  prxfati  Boni- 
facii  pra'dcccffoiis  &  nuntioium  praedicflorum  di- 
do  vel  fa<flo  ,  ope  ,  opéra  ,  vel  favoie  ,  quantum- 
cumque  in  Icntcntiam  canonisindderunt ,(  Guil- 
Ichnode  Nogareto  milite,  cujus  ablblutioncm  no- 
bis  &  did.-c  Sedi  fpccialitci-  rereivamus ,  duntaxat 
cxcepto  )  i  fententiispracdidlis  abfolvimus  ,  refti- 
tucndo  cos  communioni  fidelium  &  Ecclefîx  fa- 
cramcntis  ;  cum  illis  infupcr  ex  iifdem  ,  qui  prce- 
di^ibis  ligati  fententiis  ordines  aut  bénéficia  ecclc^ 
•fiaftica  receperunc ,  qui  in  ipfis  miniftrare  perfo- 
nilitei-  ordinibus  ,    &  eadem  bénéficia  rctinerc  ; 
necnon  cum  cis  qui  fie  ligati  divina  celebrarunt 
officia,  velimmilcuerunt  (e  illis,  fuper  iireo-uli- 
ritate  inde  contraâ:a  ,  autoritatepracdi6la  de  mi- 
fencordia  qux  fupeiexaltatur  judicio  ,  dif^^^''-^ 
mus.  DatumPcrufii  m.  id.  Maii ,  Pomificat-îj 
RoUriauno  primo. 


4^  yldditlons  mx  Frenvei 


X  V  I. 

Bulle  de  Ckmem  T",  addrejfée  an  Roi  Phî^ 
lippe  le  Bel  ^  parlacjHelle  il  le  di/fnade  de 
continuer  [es  ponrfuites  €o?ître  la  mémoire 
de  Bo'^ufrce  VI II.  &  exhorte  de  s'en 
rapporter  an  jugement  de  VEglife  :  Il  lui 
remet  tout  ce  qui  s^eft  commis  contre  ce 
Tiipe  j  en  forte  que  ni  lui  ni  [a  pofterite 
n  en  fera  point  notée  }  tirée  de  RaynaU 
dus  fous  l'année  1307.  N.  10. 

CLemens  ,  &:c.  Philippo  Rcgi  Prancorum. 
Ex  PARTE  tua  fuit  proporitum  coram  nobis 
q'dod  dcnuotiantibus  o'im  tibi  nonnullis  fublimi-" 
bus  perfonis  ,  quod  Bonifacius  Papa  VIII.  pix- 
<leceiror  nortcr  erat  crimine  pravitatis  liccreticae 
irretitus  i  quibuWam  ctiam  ex  perfonis  eifdem  fu'« 
pei-hocaccufantibus  ,  &  acculare  volentibus  fo- 
Jcmnitcr  &  diredlè  ;  ac  lequirentibus  te  tanquam 
fîdei  pu^ilem  &  Ecclefiae  dcfenforem  ,  ut  cum  ex 
vitiofo  &  illégitime  ingrcflii ,  progrefTu  damnabi- 
li ,  pci'verfis  adibus  ,  dcteftandis  opcribus  &  per- 
niciolîs  excmplis  difti  Bonifacii  ftatus  fidei ,  Se 
Ecclcfia:  mifeiabilibus  difpendiis  &  a'rumnisgra- 
vifque  ruina!  peiiculisfubjaceret  :  ac  in  hujufmo- 
di  &  funilibus  cafibus  ,  ubi  de  haerefi  aut  iilcgiti-» 
mitate  fummi  Pontificis  ex  caufa  hujufmodi  agi- 
tnr  ,  diie£trix  veritatisac  fidei  &  Ecdefix  difpen- 
fatiix  fcmper  excitent  inclytadomUi  tua  ,  prode- 
claratione  vcritatis  hujufmodi  procurarcs  générale 
Concilium  convocaii  ;  tu  quipudendapatrispror 


de  M*  Duj>ny.  aj 

|>ilolibcn£cr  pallio  coiucxiiTes,  dciiuntiatoium 
&accurarorumiptorum  frcqucntibus  puHàtus  in-, 
ftanciis  ,  ScafilduiscUmoiibus  cxcitatiis  ,  ncgo- 
tium  luijufmodi  pro  cieclaratione  vciitatis  ,  uc 
videlicet  piait^iti  Bonifacii  innocentiain  Iiac  paire 
clareicercc  ;  ûcut  tcfle  conlcientia  cxoptabas  ;  auc 
ipfo  ,  fi  dcnuntiatis  &  objeâi s  contra  cum  lux  ve- 
ritatisalTîfteret  ,  tanquam  illcgitimo  amoto ,  & 
cunftis  en-oribus,  iniquitatibus  &:  fpurcitiis  à  do- 
mo  Domini  proculpulfis  ,  de  vcio  &  Icgitimopa- 
ftorc  provideretur  Ecclcfur  faiida:  Dci  ;  unà  cum 
praclatis,  baronibus  ,  coUegiis ,  univcrhratibus  , 
communitatibuscivitatum  &  aliarum  villarum  , 
ac  clcro  &  populo  regni  tui  ,  necnonaliis  pr.tccl- 
lentibus  Scmagiix  au6loritatispeiTonis  (latus  tum 
«cclcfiaftici  quàm  mundani ,  aliifque  fautoribus , 
adjutoribus  ,  valitoiibus  &  fcquacibus  tuis  ex  fcr- 
vore  fidci  &  zelo  juftitix  ,  ac  pro  reformations 
ilatus  Ecclcfio: ,  &  gcnerali  bono  totius  reipabli- 
ex  chriftianac  ,  deliberatoconfilio  afTumpnfti  lub 
certis  modis  &  viis  ad  laudem  divini  nominis  2c 
cxaltationem  catholica:  fidci  promovcndam  ,  ip- 
fiufque  promotioni  &  profecutioni  negotii  tjm  ia 
vita  dicti  Bonitacii  ,  quàm  pofl  cjus  obitum  apui 
bonx  memoria:  Bcnedicftum  Papam  XI.  pr.rdeceù 
forcm  noftrum  ,  &  eo  fubiato  de  medio  ,  apud  nos 
ad  pra:fatx  Ecclefia?  regimen  ,  licet  infufficienti- 
bus  meritis  ,  divina  difpofitione  vocatos  ;  dum 
piulo  poft  noftrar  promotionis  aufpicia  Lugduni 
nobifcum  pro  hujufmodi  ac  terra;  fanfta?  ,  &  aliis 
iiegotiis  arduis  pcrfonalitcr  convenifTes;  operofis 
fludiis&  indefefllsfolIicitudinibusinftitilTe.  Qua- 
re  humiliter  Tupplicabasutcum  exhibitionis  jufti-i 
ciac  in  hac  parte  morofa  protraftio  tibi  &  tuis  di- 
verfis  ex  caufis  difpendiofa  foret  &  periculofa 
quamplurimum ,  in  negotio  mcmorato  procedcre. 


4^  Additions  AUX  Preuves 

ac  exhibeie  fupcr  juftitice  plenitudinem  dignare-* 

mur. 

Nos  autem  &  fratres  noftri  confiderantes  atten- 
tiùs ,  &  infra  clauftra  pcéloris  meditacionc  fol- 
licita  rcvolventcs  quod  infcfta  nimis  ncgotii  pro- 
fccutio  memorati  unitatis  &  charitatis  antiqux  in- 
ter  pra:fatain  Ecclcfiam  ac  te  &  primogcnitorcs 
tiios ,  regnumquc  pracdiétum ,  divina  faciente  cle- 
mcntia  ,  fervatx  diutius  elTe  poiTet  multipliciter 
detra61:iva  ,  turbativa  pacis ,  impcditiva  piartadli 
ncgotii  terrx  Tandae,  ac  fcandali  gcneralis  &  ma- 
lorum  multiplicium  piodudliva  ;  ac  volentes  toc 
&  tantis  malis  &  fcandalis  ,  ne  in  fe^^etcm  peri- 
culofe  fuccrefcercnt ,  fed  praecifis  radicibus  fuo 
prsefocarentur  in  ortu  ,  ex  debito  paftoralis  oiïîcii 
lollicitus  obviare  ;  apud  te  defi'atrumnoftiorum 
confilio  &  àd  corum  fupplicacionem  infiantem 
falutaribus  monitis  ,  paternis  exhortationibus  Se 
jiiulta  precum  inftitimus  lenitate  ,  ut  pro  reveren- 
tia  régis  regum  ,  cujus  idem  Bonifacius  vices  gefliit 
in  terris  ,  pro  honore  ecclefiap ,  ac  pro  viiandis 
tantis  malis  &  fcandalis  ,  omifTo  rigore  ,  ac  rc/e  . 
€l:is  anfraftibus  dennnciationum  &  accufationum, 
hn/ufmodi  prcctadum  negotium  ,  cogniiioncm  , 
examinationem  ac  totalem  dccifionem  feu  deter- 
mniationem  eidem  noftro  &  Ecclefi^e  fupri^diâ:;c 
judicio  vel  arbitrio  ,  provifioni  &  difpofitioni  to- 
tali  tu  ipfe  relinquercs  ,  ac  cum  denuntiatoribus" 
&accufatoribus  prxlibatis  ,  quod  fimiliter  relin- 
qucrent ,  ordinares  ;  ita  quod  nos  &  eadcm  Eccle- 
fia  in  ncgotio  procedamus  eodem  ,  difponamus , 
&  ftatuimus  de  ipfo  ,  eique  finem  congruum  im- 
ponamus  ,  prout  çatholica:  fidei  ac  univerfalisEc<» 
clefias  ftatui  &  honori  conveniens  ,  ac  terrarprac-- 
à^Ctx  ncgotio  &  alias  viderimus  expedirc. 
£t  demum  poft  rcpetitas  5:  iteratas  quamplurics 

luijufmodi 


c^e  Ai*  Dnpuy,  4^ 

^ujurmodi  iioflrarum  cxhortanoniiin  Se  precum 
infianù.is ,  ac  pcritx  &•  habita:  longa:  dclibcra- 
tiotiis  inducias  ,  te  votis  nollris  &  bcncplacitis  in 
hac  parte  filiales  afteclus  de  abundantia  rciralis 
clementia:  per  cli'cftum  operis  conformante  ,"^nos 
manfuctudinem  rcf;iain  ac  expcrtam  in  iispotifli- 
mum  devorionis  &  revercntiar  filialis  gratitudi- 
Hem  picnis  in  Domino  laudibus  commendantes  , 
ac  volontés  proptcrca  tibi  &:  tuis  advcrfiis  futura 
pcricula  patcrna:  foUicitudinis  itudio  providcrc  ; 
omnes  lententias  canonis  Se  hominis  &  procedus 
fufpen/ionum  ^  exeommunicationum  ,  interdi<flo- 
lum  ,  privationum  ,  dcpofitionum  ,  &  alios  quoû 
cumqueproccffiis  juris  vel  tadi,  verbo  vel  litteris, 
in  Icriptis  vel  fine  Icriptis  ,  dircftè  vel  indircftè  ^ 
-implicite  vel  explicité  ,  publicè  vel  occulte  co  ^tra 
te  ,  regnum  tuum  ,  denuntiatores  &  accularorcs 
praedidos  &  pra:latos  ,  barones  &  alios  incolas 
regni  ejufdcm  quibufcumque  praîtericis  tempori- 
bus,  necnon  contra  confœdcratos  ,  alligatos,  fau-» 
tores  ,  adjutores ,  valitorcs  &:  fequaces  tuo:i  vivos 
&  mortuos  ,  cujufcumque  nationis  ,  praremineii- 
i\x  ,  honoris  ,  ordinis ,  dignitatis  aut  ftatus  eccle- 
iîaftici  vel  mundani  exiftant  ,  etiamd  cardinala- 
tûs  ,  archiepifcopali  ,  cpifcopali ,  imperiali  vel 
regali  dignitate  praErfuIgeant  ,  à  tcrapore  mota: 
inter  praefatum  Bonifacium  &  tcdifcordux  ,  vide- 
licet  à  fefto  Sandlorum  omnium  ,  quod  fuit  anno 
Nativitatis  dominicaei30o.  citra  per  didlum  Bo- 
nifacium per  quofcumque  alios'in  vita  vel  in  morte 
ipfius  ,  aa£loritate  fua  quibufcumque  caufis  vel 
occafionibus  ,  aut  exquifitis  coloribus  &  figmcn^ 
tis  ,  quam  per  priKfatum  Bcncdi^lum  immediatum 
fucce(Torem  luum  pro  fado  vel  occafione  captio- 
nis  di£li  Bonifacii  &  corum  qui  in  confli(5lu  vel 
faflocapîioiiis  ejufdcm  ;  vel  alias  captione  ipfîus 


jO  j^d'i'itlon:  aux  T rétives 

quomodolibec  contigcrunt,  rpiritualiter  &  tempo* 
lali'.er  faftos  Se  habitos,ex  certis  &:  legitimis  cau- 
ils  relaxamus  ,  rcvGcamus  ,  irritamus ,  anDiiUa-» 
nm5 ,  cafl'amus  ,  &  ex  tune  nulles  ,  callos  5c  ini- 
tos  nuntLimus  ex  certa  Icientia  &  de  picnitudinc 
■apoilolicx  potefratis  :  &  iî  qua;viscalumnia  ,  ma- 
cula fivc  nota  ,  ex  pracfatis  denuntiationibus  vcl 
accufarionibusaut  blafphemiis  aut  cjuibufcumque 
contwmcliis ,  injuriis  vcrboium  vcl  facStornm  ,  \\\ 
chartis  vel  iciiptis  ,  aut  quibufcumque  libcllis  fa- 
mofîs  ,  occulte  &  publiée  ,  aut  publicatione  co- 
•lumdcm  ,  vel  aliàs  quoquo  lïiodo  in  mcmoratum 
BoniJtacium  in  vita  ipfius  ,  5:  poft  moitem  illatis  -, 
aut  eorum  alTumptione  vel  profecutione  aut  cul- 
pa  ,  offenfa  vel  injuria  quœlibet  ,  (eu  infamia  juris 
vel  faâri  tibi,  pofteritati  tua:,  denuntiatoiibus  jac-* 
cufatoribus ,  prxlatis  ,  baronibus  vel  aliis  incolis  , 
nccnoii  confcederatis  ,  alligatis  ,  fautoribus,  adju- 
toribus  ,  valitoribusfequacibulque  prardiftis  ,  aut 
aliquibusex  cis  ,  aut  aliis  confcntientibus  ,  man- 
dantibus  ,  vel  ratumhabentibus  ,  vivis  vel  mor- 
tuis  ,  ex  captionc  pra-dida  ,  aut  ex  rapina  ,  feu 
dcpeiditione  thctauri  Ecclcfîa: ,  aut  ex  aliis  qui- 
bufcumque qux  in  conflidlu  vel  faflo  captionis 
prxdidla: ,  vel  aliis  ipfius  occaiîonc  ,  ut  pra'mitti- 
lur  ,  contigerunt  ,  impingi  ,  imponi  vel  imputari 
poiTent  in  polierum,  etiamfî  fupponeretur  vel  dice- 
letur  captio  ipia  facba  nomine  tuo,  aut  te  mandan- 
te ,  procurante  ,  vcl  ratum  habente  ,  aut  fub  ve- 
xillo  tuo  vel  infigniis  armorum  ruorum  ;  prorfus 
amovemus  &:  tollimus ,  ac  omnino  rcmittimus  & 
^ttitamus  &c. 

Addit  Pontifcx  apoftolica  etiam  bcnignitatc  à 
fedeteri  omnem  infamiïe  maculam  ccnfurarum- 
quc  notam  ,  qua  prafules ,  proceres  aliic|ue  ob 
jmpa(rtas  Bonifacio  calumnias ,  initam  in  eum  cou- 


de  M,  Dupui.  jt 

Jaratîoncm  ,  pontifîciiquc  thefauii  cxpilitionem 
inufli  forent.  Saiixit  cciam  Guillelmum  Noearc- 
tum  &  Regiualdum  Supiuum  équités  ,  qui  Boni* 
facium  cepcraiit  ejulquctheraurosrapucrant ,  vc-» 
nia  douâtes  ,  modo  ciimen  fufccptis  htc  pœnis  a 
PctroEpUcopo  Piarneftuio,  Bcren^ario  tit.  SS,Nc- 
rci  &  Achillei ,  &  Stephaao  S  Cyr.aci  in  thcrmis 
Prclbyteris  Cardinalibus  imponcndis  ,  cxpiarent. 
Et  quidcm  Reginaldo  &  aliis  Campaais  ejus  fo- 
ciis  nuUas  ,  cum  abfînt ,  pœnas  ad  delcndam  no- 
xam  infligcre  ,  (cd  poftca  infli€lurum.  Nogareto 
vero  qui  plurics  coiam  mcinoratis  Cardiiialibu; 
comparucrit ,  auditufque  lit,  ad  criminis  expiatio- 
nem  impcraretianlmarinamin  ^araccnos  cxpcdi- 
tionem,  quam  armis  egrcgiè  inftiu<flus  quinquen- 
«io  vertcntc  obeat  ^  ncc  ab  ea  nifi  ab  Ecclefia  rc- 
vocatus  abfccdat ,  nulloquc  puolico  mureie  un- 
quam  fungatur  i  nequc  ob  lias  pœnas  uUius  infa- 
mia:  macula  afperfus  ccnfcatur.  Datum  i  idavii 
Kal.Junii  ;  Pontificatûs  noi^ri  anno  IL 

XVI. 

Requête  de  Guillaume  de  Nogarei:  'au  Roi 
Philippe  le  Bel  pour  le  prier  d  engager  le 
Pape  Clément  F",  d'entendre  ledit  Guil- 
laume de  Nogaret  dans  fes  moyens  de  dé^ 
fenfe  j  tirée  des  Adanufcrits  de  Ai.  de 
Brienne  ,  N.   1^7.  page  200. 

IN  nominc  Domini  noftri  Jc^u  Chiifli  ,  Amen. 
Sit^nificat  &  proponit  Regiae  Cclfîtudini  Guillcl- 
mus  de  Nogarcto  miles  vefter  ,  quod  idem  GuiU 
lelmus  zelo  Dci  atque  fidci  catholicse  ardeas  ad 
iefciifioncm  corpoiis  Ghrifti,   vidclicet  faa^ 


52  additions  AUX  Preuve  s 

matris  Ecclefia: ,  (cui  Bonifacius  tuiic  cîc  fa^d 
pixfidcbac,  cum  de  jure  non  pofTet  ,  co  qiioJ  circc 
latro  ,  non  paftor  ,  qui  pcr  ollium  non  intrarat  ad 
ipium  rci;imen  ejus,operibusjuxtadoLliinamDo- 
mini ,  teitimonium  Domini  ad  \\xc  prxlbntibus 
maniieitè  ,  necnon  perte^lus  harrcticus  qui  diu 
Jatuerat  ,  (cd  tinaliter  ejus  pciverfa  doilrina  nec 
non  operibusdamiutis  dcreftus  ,  qui  etiamli  pa- 
ftor  fuiilct  ,  depravabat  vchtatem  Domini  ,  ac 
cjusEcclcliaî  veriratem  deftrucrc  properavit  ,  re- 
gnum  Francorum,iegnum  à  Domino  bencdiâ:um, 
cxterminarc  ,  &  vos  Chriili  icrvum  ,  iplîus  re^ni 
Regem  len;itimum  ,  inciviliter  &  finecaufa,)  in 
tanto  necefikatisarticulo  ,  ubiEcclefia:  liumilitas 
non  prsevalebat  ,  quo  cal'u  juxta  landtorum  Pa- 
trum  régulas  ruccuni  nccelTe  fuit  per  extcram 

potcftatem  , moraquc  modi- 

ci  tcmporis ,  ctiam  unius  diei  ,  crat  iireparabilc 
pcriculumallatura  ,  légitima  tretus  audloritatcdi- 
tto  Bonifacio  pro  veritate  leltitit  cum  fidelibus 
&  devotisEccieiiae  Romanx  ,  quam  didlus  Boni- 
facius captivabat  ,  ipfum  à  morte  defewdens  gène- 
raîis  Concilii  judicio  prarfentandum  ,ac  eum  crga 
caritatem  gencrans  juxta  prcuceptum  Domini.  Efl® 
ctiam  quod  vcrus  pailor  fuillet,  in  (e  populumquc 
Dei ,  manu  fuiiola  ikviebat  ,  quod  Papam  faccrc 
intendcbat. 

Item  proponit  quodbearx  memoria:  Dominus 
Bcnedi<fbus  proximè  defundluszelummcum  cau- 
famque  juftam  mei  proccfTus  ignorans  ,  per  fauto- 
res  ctrorum  dicfli  Bonifacii  dcccptus  contra  me 
fociofque  mcos  qui  in  Cluifti  negotio  mccum  la- 
borarunt ,  quos  complices  appellavit ,  ex  prcedi- 
ftis  nos  rcos  &  in  exconimunicationis  incidifîc" 
fentcntiam  pcr  formam  edi<^i  ,  nobis  prorfus 
inauditis ,  non  vocatis  ,  incivilùer  falva  faiidta: 


de  Ai*  Dupny.  ^| 

mitiîs  Fcclefix  levcrcntiA  nunciavit  ,  8z  nos  pci: 
form.im  ccli<^i  citavit ,  ut  nos  cjus  confpeftui  pra:- 
icntarcmus  pro  mcritis  fententiam  audiciui.  Scd 
poft]  hujufmodi  proccilûs  notitiam  ,  me  coiam  ro 
non  potui  prarlentare  proptcr  cjus  tkccffum  qui 
brevitcr  (up:rvenit  ;  proptcr  quoi  Ici^itimas  de- 
fcnfîones  mcas  fuper  pracmiflis  ,  coram  vobis  uc 
mco  domino  &  judice  tempoiali  ,  nccnon  coram 
Officiali  Paiificnil  ,  x:um  Scdcm  vacantcm  à  plu- 
limis  detcntus  inipedimcntis  adiré  non  polTcm  , 
légitimé  publicavi. 

Item  proponitquod  proviroregiminifancnix  ma- 
trisEcclcfix  de  perlona  fancflifTimi  PatrisClcmcn- 
tis  nunc  Tummi  Pontificis  ,  feiripcr  clamavi  volens 
cjus  faniftitatcm  adiré  ad  dctendendum  me  légiti- 
mé de  pracmiflls  ad  honorem  Dei  ,  ianfta:  matris 
Ecclefîa:  ,  falutemque  corum  qui  dcccpti  propter 
ignorantiam  juftitix  caufx  mcx  fcandaliiantur  iii 
me  in  fuarum  pernicicm  animarum  ;  paratus,  il 
^uod  abfit  ,  rcpcrirer  in  quoquam  culpabilis  de 
prxdiâ:is  ,  pœnitentiam  recipere  falutarem  ,  ac 
ianda:  Ecclefijc  humilitcr  obedirc  mandatis.  Sed 
dommus  fummus  Pater  prcTdi£tus ,  d?ceptusigno' 
rantia  caufa:  mcx  faciem  fuam  avertit  a  me  ,  iii 
tantum  quod  caufamca  ,  immo  Chrilti  potiiis  & 
Ëdei  remancret  dereUtla,faucibus  eorum  qui  func 
errorum  Bonifacii  pra:di(fti  fautores,dilaceror  ,  iii 
divininuminis  injuriam  &  contemptumgravequc 
periculum  Ecclefiœ  tandis  Dei ,  ut  oftendcic  lum 
paratus. 

Cum  igitur  probationes  habeam  defcrifîonum 
niearum  légitimas  in  hac  caufa  fidei,  qux  proceflu 
tcmporis  pofTent  non  c(^c  ,  meaque  intérêt  di- 
ftum  proccfTum  licet  nuUum  de  jure  diâ:i  Domi- 
ni  Benedi£li  irritum  nuntiari  ,  meque  ut  innocen- 
{€m  de  facmoiibus  mihi  impofuis  abfolvi  ;  Celû- 

c  iij 


54  ^^JitloHS  AUX  freuvei 

tudoque  vcftra  rcgia  in  caufa  fîdci  nccnon  cîefoi-* 
fionis  veritatis  &  Ecclefije  ficut  ell  in  propofito  ^ 
«aiquam  non  dcbcat  dcficerc  ,  maxime  mihi  qui 
fidclis  vefler  fum  ,  &  homo  ligius  ,  mihiquc  fidcnï 
in  tanto  pcriculofcrvare  tcncmini  ,  (îcut  ego  vo- 
bis  &  rcgno  veftro  fervavi.  Cum  infupcr  adros  , 
)ud:cem  meum  &  domiiium  ,   ex  debito  juftitiai 

pcrtineat ut  fî  fim  cul- 

pabilis  ,  puniar  légitime  ;  fifim  innocens ,  icma^ 
neam  abfolutusin  fide  qua  Chrifto  tenemini ,  ve- 
ftrifquc  fubditis  &  fîdclibus  maxime  contra  jufti-» 
tiam  fie  opprefTis  ,  veftram  reqniro  clementiam  vX 
apud  dominum  fummum  Pontificcm  audicntiana 
mihi  praeftari  faciat  ad  proponendum  &  ad  oftcn- 
dendum  defenfîonesmeas  légitimas  ,  ut  mihi  pof- 
fît  fîeri  juftitia  fuper  eis  ,  tam  perSedem  ApoUo- 
licam  ,  quàm  per  vcftram  Magnificentiam ,  qaa^ 
îcmis  ad  cam  pertinere  poteft  &  débet. 


^uUe  ds  Clément  V.  far  laquelle  il  confent 
^juon  continue  les  pourfiùtes  faites  contre 
la  mémoire  du  Pape  Boniface  VIIL  & 
cjiie  fes  accnfateitys  pr»dmfent  leurs  preu^- 
ves  :  tirée  de  Raynaldus  fous  Tanncc 
130^.  Num.  4. 

CLemens  Epifcopus  ,  fervus  fcrvorum Dei  , 
ad  certitudinem  procfentium  &  memoriam 
futuroium  ,  &c.  Dui>um  poflquamdivina  coopc- 
xante  clementia  ,  fuimus  ad  apicem  fummi  Apo- 
ftolatùsaffumpti ,  primo  Lugduni  &  dcinde  Pi- 
^bavis  cum  noftra  curia  refidcntes  ,chariiïimusi» 
(Chrifto  filius  uoiler  Philippus  Rex  Fraacorum  il-» 


de  M>  Dupwf.  5Ç 

ladris  ,  zelo ,  uc  credimus  &  ipfc  promcbat ,  fidci 
orthodoxie  &  dcvotionis  acccn'Ais  ,  crcdenfcjue 
Hcclcrux  ftatui  plurimùni  cxpediic  ,  nos  cum  iii- 
ftaiitu  icquifivit ,  &  id  iplum  dilccfti  filii  ,  nobilcs 
viri ,  Ludovicus  natus  clai-.x  memorix  Philippi 
Rcgis  Francorum  ,  Fbroiccnfis,  GuidoSandti- 
Pauli ,  &  ][oanncs  Droccnfis  ,  comités  ,  ac  GuiU 
klmus  de  Plafiaao  miles  ,  qni  contra  Boiiifacium 
Papam  VIII.  prxdeccllorcm  nortrum  ,  qncm 
<licebant  in  lahc  pravitatis  hxrcticx  decefTilTe  , 
crimcii  hn^rcfcos  le  velle  imponerc  ,  Sradillud 
probandum  fufficicntes  probationcs  habcre  ,  illaû 
cjuc  coram  nobis  vcllc  proponcre  aflerebant ,  po- 
ftularunt  inftantcr  quod  ipfis  vidclicct  nobilibus 
bcnignam  audicntiam  exliibentcs ,  ad  rccipicnda<; 
probationesKujufmodi,memQriamqnedamnandani 
Cjurdcm  dcfunâii  ,  juftitià  prncviâ  proccdcrc  cura- 
rem-js.  Nos  vero  ,  quamvis  de  ipib  âucd  de  or* 
ihodoxis  parentibus,  &  cathoUca  patria.ajaJicnS 
origiaem  ,  ac  in  curia  Romana  pro  majori  parte 
temporis  vit.r  fuir  nutritusextitit  ,  ac  cum  Marri- 
no  ,  dum  in  Francix  ,  ^c  Adriano  dum  in  AnSj;IiîC 
rcgiiis,  prxdcccfloribus  noftris  Romanis  Pontifici- 
bus  ,  Ici^ationis  offîcio  fungcrentur  ,  fucccfllvis 
tcmporibus  ,  quafi  continue  converiatus  ,  Can- 
ceUariîc  officiumcxcucuit  cum  iis  &  fubfequentcr 
in  di(fi:a  Curia  Romana  ,  inqua  prius  cxercucrr.t 
advocationis  officium  ,  ad  officium  Notariatus 
primo,  deindcad  honorem  Cardmalatiîs  S.  R.  Ec- 
clcftse  ,  &  demùm  in  fummum  Pontificem  affum- 
tus  extitit ,  qui  ad  honorem  Dei  &  roborationem 
&  ha^reticorum  exterminium  multas  cdidit  fan-» 
£liones  ,  in  prxdicatione  divinâ,  officia  exer- 
cendo  in  pr.xfata  Curia,  ctiam  extra  eam ,  tum 
in  diûis  ref^nis  Francia:  &  Anglice  ,  cumaliis 
divcrfis  raundi  partibus^antequam  fummus  Pontir 

ciiij 


^1  Ai'iittons  Ans:  V/enves 

fex  cUgerctur^cum  virisauthoritatis  cximrar  catîio* 
licisSrcccleiîafticis  converfatus,  aliàs  etiam  catho- 
licusapparebatjCommunitcrfemper  vixir,praccli£la 
veritatc fubniti  nullatenus cicderemus.Quiatamen 
ciimen  harrefcos  ,  quod  eft  inter  ca-tera  crimina 
plus  exccrabile  ac  horrendum  ,  magirque  detcfta- 
bilcac  damnofum  ,  contra  di^lum  pracdecejTorem 
oppofîtum  dilTimuIanter  indircuffum  uegligi  non 
^ebebat  ;  ad  pracfati  Régis  aliorumque  nobiliuîn 
prœdiftorum  inftantiam  ,"&  ne  infacrofanfta  Ro- 
mana  Ecclefîa  ,  quae  mater  eft  cunftorum  Chrifli 
fidelium  &  magiftra  ,  quaequc  cuncftis  tribuit  ca- 
tholicas  leligionis  normam  ,  veramquc  doftri- 
nam  fidei  orthodoxce  videamur  negligcre  quod 
in  aliis  débet  dirae  cenfuras  accrbitate  damnari  ; 
dum  adhuc  cum  prœdi£la  Curia  Piftavis  efTemus, 
ut  prccfatis  oppoiitoribus  de  fratrum  noftrorum 
confilio  5  audientiam  duximus  concedendam  ,  iis 
primam  diem  juridicam  ,  pofl  fcftum  Puiificaiio* 
cis  B.  Maria' Virginisproximum  jam  tranfadlum  , 
ad  comparendum  coram  nobis  Avenione ,  & 
cuantum  ac  prout  effet  de  jure  in  ipfo  negotio- 
procedendum  ,  pi"o  peremptorio  termine  fignan- 
tes  ,  &c.  A 6lum  Avenione  in  domibus  îratrum 
Praedicatorum  ,  videlicet  in  aula  infcriori  ,  qua 
confiftoriapubiica  tenemus,  Idibus  Scptcmbris  , 
Pon^iiicatûs  anno  IV, 


de  M.  Dnpuy,  57 


X  I   X. 

Bulle  de  Clcmcnt  V*  par  laquelle  il  donne 
pouvoir  aux  Commiffaires  nommez^  dans 
C  affaire  de  Boni  face  FUI*  d^  écouter  lei 
depojîtions  des  timoi'ûs  ,  &  de  les  rédiger 
par  écrit  y  pourfervir  d'infime; ion  a  ce 
procès,  tiiée  de  Raynaldus  fous  rannée 
1310.    N.  37. 

CLemens  ,  &c.  vcnerabilibus  frAtribus  irnar- 
do  Archiepiicopo  Thebano  ,  Vicaiio  iioflid 
in  Urbe  ,  J.icobo  Avemoueiifi  ,  &  Altigrado  Vi- 
centinoEpifcopis  ,  &  diledlis  filiis  Bcrtrando  Ab- 
bati  Monafterii  Montis  Albani ,  &  fratri  Vitali  de 
Furno  oïdinis  Minoium  ,  Magiftio  in  Thcolo^i.i 
Caturcenfis  &  Vafatenfis  Dioccclum  ,  ac  Magiftro 
Grimerio  de  Pergamo  laïco  in  Romana  Cuiia 
Advecato  ,  raliitem  &  apoftolicambcndidionem. 
Innegotio  fiiper  criminc  ba^rcfeos moto  con. 
tra  quondamBonitaciumPapam  VIII  pra^rdçcefTo- 
rcm  nonTum,quod  vcrdtur  coram  nobis,nôanulla 
tiim  ab  lus  qui  ad  oppofitioncm  &  profecutioncm 
diâ:i  ciiminis  contra  ciim  ,  qiiàniab  iis  quiadip- 
{îusBonifacii  defcnfioncm  coram  noftra  &  t-Vatrum 
noftrorum  prxfentiâ  comparueiunt,propo{îta  funt 
verbotenùs&  in  Icriptis.  Et  licet  fuper  iis  eofdeni 
ilccomparentcs,  nec  corum  aliquem  adkuc  diixe- 
rimus  admittendos ,  necctiam  icpellendos;  confi- 
derantjs  tamen  quod  boni  jiulicis  cft  ,  ut  falva  fit 
rcrum  piobatio  ,  &  ne  pcicat  piobationum  copil 
jro  ver  A  rc  ;  ac  nolones  quodproptcr  mcras  quae 

c  V 


^3  additions  aptx  Preuves 

ex  allci^.itlonibus  &  cxccptionibus  hinc  incîc  pcr 
comparentcs  prxfatos  oppofitis  incidunt ,  &  inci- 
derc  poîTcnt  ,  probationum  dcpcriret  copia  vel  fa- 
cultas;  tcftcs  ,  de  quorum  timctur  abfentia  feu 
morte  ,  utpotc  feues  ,  valctudinarios  ,  infirmitatc 
detcluos  ,  vel  abtuturos  abfentia  diuturna  ,  &  iis 
fi  miles  ,  qui  commode  habcri  potcrunt ,  qua-'ftione 
de  pr.Tcdidlis  pro  oppofitione  &  dcfenfîone  luijuf- 
snodi  ,  ut  prarmittitur  ,  comparentibus  admittcn- 
dis  vel  etiam  repellcndis  coram  nobis  ,  pendentc 
fuper  eodcm  net;otio  ,  ex  noftro  rccipicndos  offi» 
Cio  duximus  decernendum. 

Quia  veto  nonnulli  viri  catholici  aJfTcrentes  & 
etiam  juramcnto  ta<flis  facrofanftis  Evangcliisper 
eos  coram  vcnerabili  fratre  noftro  Petro  Epifcopo 
Pcneftriuo  de  maudato  noftro  recipientc,  pra-ftito, 
jîcutex  parte  ipfiusEpilcopi  Pcneftrini  accepimus, 
affirmantes  fecredere  quodin  Urbc  ,  Lombardiar, 
Tufciac  &:  Campanice  partibus  ,  ac  in  circumvici- 
His  locis  ,  teftes  funt  conditionis  hujufmodi ,  pcr 
quos  articuli  iii  dido  negotio  traditi  &  per  nos  rc- 
cepti ,  vel  eorum  aliqui  probari  potcrunt  ,  no- 
bifcum  rcpetita  inftantia  fupplicarunt  Ht  tci>es  ip« 
fos  in  illis  partibus  per  aliquas  perfonas  idoneas 
rccipi  mandaremus.  Nos  volentes,  prout  dcbcmus, 
|>ino;uiùs  probationibus  fupervenire,  acde  circum-» 
ipeclionc  veAra  ac  fidelit.ite  probata  plenam  in 
Domino  fiduciam  obtinentes  &:  fperantcs  quod  ca 
qux  veftrjE  induftrias  committuntur,  curiibitis  cxc- 
<qûi  fideliter  &  prudentcr  ;  difcretioni  veftra:  pci' 
apoflolica  refcripta  mandamus  ,  quatenusvad  Ur- 
bem  &  partes  proediâias  perfonaliter  accedentcs  , 
tcftes  conditionis  prcefatx  ,  qui  coram  vobis  per 
quofcumque  viros  catholicos  fucrint  noniinati  , 
prius  tamen  fummariè  per  juramentum  nominan- 
timii  ecrumdcîix ,  aut  pcr  afpeîftum  corporum  tc> 


de  AL  Dupuy,  ^^ 

îHum  ipforum  ,  feu  alias  pcr  now  folemncni  inJa- 
ginem  tîdcfaçfu  qiiod  tcftcs  ipfi  pix'Jidi  ftarûs 
&  conditionisexiftant  ;  (upc:  articiiUs  quos  vobis 
lub  buUa  noftramittimus  ,  interclufos  ,  leccptos 
&  appiobatos  à  rw|>is  ,  fccrctè  rccipcre  curetis  , 
in  prazfentia  dilcûorum  filiorum  Magiftroruni 
Joannis  de  Rhcgio  Camcr.\;  nolhx-  Cleiici  , 
&  Imbcrti  Vcrzellaiii  Clcrici  Bitcirciifis  ,  No- 
tariorum  publicDium  ,  quos  ad  tcfliiim  pra.'di- 
£tonim  attcrtationes  rcudiipoiîcioncs  redigendaq 
in  (cripcis  tcnore  pi-xientuim  dcputamus  ;  '&:  vos 
ctiamalios  duos  fidcles  &  iJoneos  ,  tic  quibus  ex- 
pcdirc  vide'iiitis  ,  juxta  qualitateni  ncgotii  députe- 
tis.  Et  fi  foifan  prxdicli  vcl  aliquis  ex  ipfîs  Nota- 
riis  cflent  impedimento  canonico  pixpcditi  , 
cxaminationi  didloium  telbum  inteicilc  non 
poffcnt  ;  totidem  quoc  ciunc  impcditi  ,  loco 
Ulorum  fubrogantes  ,  iidcliterexaminaie  curetis, 
&  attcftationcs  tcu  deporitioncs  ipforum  pcr  cof- 
deniNotarios  fideliter  in  fcriptis  redacflas  ,  iîgnis 
corum  fignatas  ,  ac  veAris  tïgillis  inclulas  nobis 
ftudcatis  quantocyùs  deftinaie. 

Teftes  autem  qui  tucrinc  nominati  ,  (i  gratia  y 
odio  vel  timoré  fubtraxerint  veritati  teftimoniuni 
pcrhiberc  ;  necnon  &  omnes  &  lin2;ulos  tam  clc- 
licos  quàm  laïcos  ,  rcligioi'os  vcl  feculares  ,  cu- 
jufcumquc  praieminentise  ,  dignitatis,  ftatiîs  ,  or- 
dinis  vclconditionisexiftercac  ,  ctiamh  Cardina- 
jatdsvcl  rontificatîis  prxfulgcant  dignitatc  ,  qui 
prctfatis  teftibus  ,  vclabcuieorumdcm  ,  aut  alii , 
aut  aliis  occafione  tcflificationis  aut  depofitionis 
ipforum,  in  perfonis  vel  bonis  impedimentunii 
aliquod  praîftirc  ,  vel  molcftiam  inferre  pra:lu- 
niercnt  publicè  vel  occuhè ,  au-t  coiifeiuirent 
quod  impcdimcntum  hujulmodi  vcl  molcftia  in- 
iiiferrctur,  vcl  daientad  hoc  opcm,  auxilium. 


io  additions  an.v  Preuves 

confilium  vel  favorem  per  fe  vel  alium  ,  feu  alios,' 
•directe  vel  indircdè  ,  <^uod  ab  hujufmodi  impe- 
^imcnto  ,  moleftia  ,  ope,  auxilio  ,  confiUo  &  fa- 
voie  prorfus  abftineaiit  &  defiftant ,  per  ceiifuram 
ccclefiafticam  appellationc  poff^ofita  ,  fuper  quo 
plenam  vobis  auftoriratc  prsEfcntium  poteflatem 
concedimus ,  compellatis  :  non  obftantibus  ,  Ci 
aliquibus  clericis  vel  laïcis,  religions  vel  fecula- 
ribus  cujurcumque  ordinis  ,  conditionis  ,  flatus 
aiit  prirem'ncntiœ  veldignitatis  exiftant ,  etiamfi 
Cariiinalatûs  vel  Pontifîcatûs  honore  pr^efulgeant, 
eommunitcr  8c  divifîm  a  prccfata  fit  Sede  concef- 
fum  quod  interdici ,  fufpendi  vel  excommunicari 
lion  podînt  per  litteras  apoftolicas  ,  non  facientes 
plcnam  &  expreiîam  ac  de  verbo  ad  verbum  de 
indulco  hujufmodi  mentionem.  Nos  enim  omncm 
promifTionem  ,  &  obligationem  fadas  ,  ac  jura- 
un  entum  praeftitum  fub  quibufcumque  modo  , 
forma  vel  expreffione  verborum  ,  per  quofcumque 
clericos  vellaicos  ,  religiofos  vel  fecularcs ,  cu- 
jufcumque  ordinis  ,  conditionis  ,  vel  ftatîîs  ,  auC 
prascmuientia:  vel  dignitatis  exiftant  ,  de  non  de- 
ponendo  vel  perhibendo  teftimonium  vcritati  m 
negotio  fupradi£lo  ,  etiamfî  ,  ut  pro^miffum  ejft, 
Cardinalatusaut  Pontificatûs  honore  pr.rfulgeant , 
ftcut  allas  ,  fie  &  nunceadem  audoritate  apofto- 
hcd  cafTamus  ,  irritamus  ,  &  vacuamus  ,  &  etiam 
jrevocamus  Se  juramentum  hujufmodi  rclaxamus  , 
&  nullam  obtinerc  decernimus  roboris  firmitarcm  , 
Cî^teium  ut  tefSrium  prœdidtorum  peiiculis  effi- 
Câciùs  occurratar  ,  ac  cautiùs  &  liberiùs  proceda- 
tur  in  negotio  fupradi'ilo  ,  nomina  &  attcftationcs 
feu  depofitiones  teftium  eorumdem  per  vos  Se  no- 
tarios  fupradiclos  fubexcomraunicationis  pœna  , 
^uam  vos  8c  ipfos  ex  hujufmodi  vioîatione  fecreci 
ùjcunçrc  deccriiimus  iîjfo  fadlo ,  fecieto  habcri 


de  M.  Dapuy.  <r 

atque  teneri  volumus ,  ncc  alicui  patefîeri  abfquc 
iioftro  &  apoftolica:  Sedis  mandato  vcl  licencia 
fpeciali.  Mandamusinfuper  quod  perlittcras  no- 
flrasharum  feriem  continentes,  nobis  fcribcie  ftu- 
dcatis  quanta  fit  fidcs  mcmoratis  tcftibusadhibcn- 
da;  quodque  tu  ,  fratcr  Avcnioncnfis  Epifcope , 
Ycl  vos  tilii  Abbas  ,  &  frater  Vitalis  ,  vcl  duo  ve- 
ftrum  unà  vobircum  fratcr  Arcliiepifcope  &  Vi- 
ccntinc  Epifcopc  ,  ac  fili  Giimcrie  ,  vcl  duobus  vel 
uno  vcftrum  pracmilTa  omnia  cxequi  (ludeatis. 
Datum  Avcnione  ,  x.  Kal.  junii,  Pontificatûs  no- 
itriaaHo  V. 


X  X. 

Pièces  tirces  cîu  fécond  volume  des  Ma* 
nulcrits  de  M.  deBricnne. 

Les  Bulles  expédiées  enfuit e  du  Jugement 
rendu  par  le  Pape  Clément  V,  ajfiflé  des 
Cardinaux  fes  confrères  yfur  tous  les  Pro^ 
ces  &  différends 

d'entre 

Le  Roi  Philippe  le  Bel  intervenant  tant  psur 
les  autres  Rois  &  Potentats  de  la  Chré" 
tient é  fes  adherans  ^  quen  fon  propre  & 
privé  nom  ^  &  comme  un  vrai  champion 
de  la  foi  &  défenfenr  de  C  Eglifc  :  en  la^ 
quelle  cjualité  il  avoit  requis  la  convoca- 
tien  d'un  Concile  gênerai^  pour  y  faire 
viiidcr  les  appellations  &  autres  tf'jlaucçs 


^t  additions  aux  Preuves 

for-mies  contre  le  feu  Pape  BonifaceVIIT^ 
de  [on  vivant  prévenu  de  crimes  d'intrn- 
fen ,  dloerejîes  de  diverfes  efpeces  &  d'au- 
tres aElions  deteflables  &  de  pernicieux 
exemple ,  dont  l'état  de  la  foi  &  de  t  Egli- 
fe  aurait  été  en  danger  de  ruine  *,  aux  fins 
^u  il  y  foit  pourvu  d'un  vrai  &  légitime 
£afieur» 

Enfemhlc  plujïeurs  T rinces ,  entre  lef- 
^nelsfont  nommez  LouisComte  d'Evreux 
défunt ,  Jean  Comte  de  Dreux ,  Guy 
Comte  de  Saint-Pol ,  &  autres  grands 
perfonnages  tant  ecclefiaftiques  que  laies  , 
qui  s'étaient  rendus  dénonciateurs  defdits 
crimes  &  infligmeurs  j  d'une  part, 

JEt  ceux  qui  s  étaient  offerts  a,  la  difenfe  de 
la  mémoire  dudit  Boniface  ^foutenant  an 
contraire  ledit  Seigneur  Roi  (  mu  plutôt  de 
haine  que  de  charité  &  de  zèle  de  la  foi 
&  de  la  juflice  )  avoir  calomnieufemcnt 
procuré  telles  dénonciations ,  &  lefacriU" 
ge  commis  en  la  capture  dudit  Boniface 
par  aucuns  dcjdiîs  dénonciateurs  Jes  enne- 
mis capitaux  j  inf flans  aux  fins  de  non- 
recevoir^  d'autre. 

Au^ucls  il  ctoit  répliqué  de  la  part  du  Roi 
qu'il  y  avoir  procédé  avec  tout  le  rci'pcft  filial  ,. 
comme  envers  celui  qu'il  icnoit  en  lieu  de  père,  ôc 


de  /!/.  Dupuy*  €3 

âc  qui  il  crâignoitdc  voir,&  volontiers  ânroit  coa- 
vert  les  hontes  de  ton  propre  manteau  :  jufqu'à  ce 
qu'en  étant  publiquement  requis  en  fonParlemenC 
de  Paris  ,  ci\  préfcnce  de  les  Prélats,  Barons,  Cha- 
pitres ,  Couvens  ,  Collèges  ,  Commnnautez  Se 
Villes  de  Ion  Royaume  ,  ne  pouvant  plus  diiTimu- 
1er  lans  icindalc  Se  oitcnCe  de  Dieu  ,  pour  la  dé- 
charge de  la  conrciencc  ,il  hit  contraint  (  de  leur 
avis  &  des  Maîtres  en  Théologie  &  Profdleurs  es 
droits  &  autres  Perfonnages  de  divers  Royaumes) 
d'entreprendre  l'aifaire  ,  &  d'envoyer  vers  ledit 
Bonifacc  Guillaume  de  Nogaret  Chevalier  ,  Sc 
autres  Tes  Ambafladeurs ,  pour  lui  notifier  feule- 
ment lefdites  dénonciations  ,  Se  requérir  la  con- 
vocation d'un  Concile  gênerai.  Que  il  Tes  Ambaf- 
fadeursavoicnt  excédé  leur  pouvoir  ,  Se  commis- 
aucune  action  illicite  en  la  capture  d'icciui  Boni- 
face  &  ao;gre(Tîon  de  fa  maifon  ,  il  lui  en  avoir 
grandement  déplu  Se  l'avoit  toujours  dcfavouc. 
Que  d'ailleurs  lefdites  dénonciations  ctoient  d& 
longtems  antérieures  à  toutes  les  o6fcnfcs  3c  eau- 
fcs  d'inimltiez  propofées  contre  lefdit s  dénoncia- 
teurs. 

Sur  quoi  après  de  longues  pourfuites  S:  procc* 
dures  faites  tant  p-ir devant  ledit  Boniface  avant 
fon  décès  ,  que  pardevant  le  Pape  Benoît  XI.  (oîî 
luccelTeur ,  &  enfin  pardevant  ledit  Pape  Clément 
V.  tandis  qu'il  étoit  à  Lyon  &  à  Poitiers  ; 

Et  fous  des  proteftations  de  fa  iaintaé  ,  qu'elle 
n'cntendoit  admettre  celles  dénonciations  fi  ce 
n'cft  fi  &  en  tant  qu'elles  pouvoient  èrrc  admilTi- 
blcs  contre  des  Souverains  Pontifes  vivans  ou  dé- 
cédez. Avant  pafl'er  outre  ,  fadite  Sainteté  ayant 
fait  due  inquifuion  d'office  furies  motifs  &  bon 
zcle  defdits  Seigneurs  Roi  &:  dénonciateurs  ,  les- 
déclare  par  préalable  Cicmts  de  toute  calommc  ci^ 


^4-  ^âditloni  Ans:  Preuves 

leurs  pourfuites ,  &  y  avoir  procédé  en  fmceiitc 
d'un  bon  &  jufte  zèle  à  la  foi  catholique. 

Et  depuis  oui  ledit  Guillaume  de  Nogaret  (per- 
ronnellement  comparant  en  plein  Conlîftoirc)  fur 
la  relation  de  fon  Ambafladc  &  reftriftion  des 
mandemcns  du  Roi  à  la  feule  notification  defdites 
dénonciations  ,  &  rcquifitions  du  Concil<> gênerai 
(auquel  ledit  Boniface  était  fournis  en  ce  cas-la)  & 
fur  le  dcplaifîr  qu'ils  avoient  eu  de  ce  qui  s'étoit 
paiîé  au  pillage  du  trefor  de  l'Eglife  &  en  la  cap- 
turc  dudit  Bonifacc  ,  à  qui  il  avoir  garanti  la  vie, 
tant  s'en  faut  qu'il  eut  rien  attenté  d'illicite  contre 
lui ,  &  qui  ne  fût  dans  les  termes  du  droit  &  d'une 
|urtc  défcnfe. 

Saditc  Sainteté  fuffifamment  inftruitc  par  ladite 
confeffion  &  autres  preuves ,  de  l'innocence  dudit 
Scie;neur  Roi  ,  le  déclare  innocent  &  incoupable 
defdites  capture  ,  aggrcflion  &  pillage. 

Finalement ,  fur  l'offre  faite  de  la  part  de  ceux 
qui  défendent  la  mémoire  dudit  Bonitace  ,  de  re- 
mettre l'affaire  a  la  connoiffance  &  difpofition 
entière  de  fadite  Sainteté  &  de  l'Eglifc,  &  fur  le 
confentement  pareillement  prêté  tant  de  la  part 
dudit  Seigneur  Roi  pour  lui  &  pour  tous  les  regni- 
coles  de  la  France  [  qui  s'y  laiffa  portera  l'inflan- 
te  prière  de  fa  Sainteté  pour  le  bien  de  la  paix  & 
accélération  du  fecours  de  la  Terre  faintc,  h.  pour 
plus  facile  entretien  àts,  anciens  traitez  &  con- 
fédérations des  faints  Pères  avec  les  Rois  de  Fran- 
ce ]  ,  que  de  la  part  defdiis  dénonciateurs  à  ce|in- 
duits  par  ledit  Seigneur  Roi. 

Sâdite  Sainteté  caffc  &  révoque  toutes  fcntcn- 
ccs ,  conflitutions  &  déclarations  non  comprifes 
au  fixiéme  livre  des  Décrétâtes  ,  en  tant  qu'elles 
peuvent  porter  préjudice  à  l'honneur  ,  aux  droits 
&  Ubertez  dudii  Roi ,  de  ibii  royaume  &  des  rc- 


de  M.    Dupny,  €i 

ejnicôlcs  dénonciateurs  &:  adherans  [  exceptez 
deux  rcfcrvcz  tous  certaines  modifications].  En- 
Icmble  toutes  revocations  &  fufpenrions  de  pnvi- 
lcî;es  ,  toutes  excommunications  ,  interdits ,  pri- 
vations ,  dépofitions  ,  &  tous  autres  procès  de 
fait  &  de  droit,  tant  contre  ledit  Seigneur  Roi  , 
fcsenfans  ,  fes  frères  ,  &  le  royaume  de  France  , 
états  ,  droits  &  libertés  d'icelui  ,  que  contre  let- 
dits  dénonciateurs  ,  Prélats  ,  Barons  &  autres  rc- 
gnicoles  ,  pour  raifon  défaites  dénonciations  ,  ap- 
pellations ,  requifitions  d'une  convocation  de 
Concile  gênerai  ,  blafphemcs,  injures ,  capture  de 
Ja  perfonne  ,  aggreiïîon  &  invafion  de  la  maifoii 
dudit  Boniface  ,  &  difîîpation  dudit  trefor  de  TE- 
glife  ,  &  autres  dépendances  du  fait  d'Anagnia  , 
ou  du  différend  que  ledit  Boniface  avoit  eu  contre 
ledit  Seigneur  Roi  &  fes  adherans ,  vivans  &:  tré- 
paiTei. 

Faits  tant  par  ledit  Boniface  ,  que  par  ledit  Be- 
noît fon  fucccffeur  ,  depuis  la  Touiïaints  1300. 
en  ça. 

Abolit  en  outre  toute  la  tache  de  calomnie  & 
note  d'infamie  ,  qui  pour  raifon  deldits  cas  pou- 
roit  être  imputée  au  Roi ,  à  fa  poftcrité  &  aufdits 
dénonciateurs  ,  Prélats  ,  Barons  &  autres. 

Les  décharge  de  toutes  amendes  &  condamna- 
tions ;  encore  même  qu'on  fuppolat  ladite  captu- 
re avoir  été  faite  au  nom  &  du  mandement  dudit 
Seigneur  Koi  {^/es  adherans ,  ou  fous  fa  bannière 
f!^  cnfeigne  de  fes  armoiries -^  dont  pour  cautele  il 
lui  fait  remifÏÏon  &  quittance,  &  audit  Royaume, 
dénonciateurs  &  autres  ;  les  remettant  &  refti- 
tuant  entant  que  debcfoin  ,  en  leur  premier  état , 
A  ce  qu'ils  ne  puifTent  à  l'avenir  en  être  notez. 

Enjoint  à  toutes  perfonnesde  fupprimer  &  ôter 
dcsRegiflrcs  &  lieux  publics  ou  privez  toutes  les 


pièces  dudit  procès ,  avec  inhibition  d^cn  refcflîir 
copie  ,  &pcme  d'excommunication  fi  dans  quatre 
mois  de  leur  notice  &  faculté  à  ce  faire ,  ils  ne  Tac- 
compliffent. 

Le  tout  fans  préjudice  de  la  vérité  de  l'affaire 
principale  &  de  la  pourfuitc  qui  fe  pouroit  faire 
d'office,  à  laquelle  il  n'entend  avoir  touché  par 
Icfditcs  inquihtiOn  ,  déclarations  &  prononcia- 
tions . 

EtTauf  de  procéder  a  l'avenir  [  s'il  y  avoit  lieu 
dclc  faire  d'ofEcc]  à  l'audition  &:  examen  des  té- 
moins &  dénonciateurs  qui  fe  pouroicnt  préfenter 
&  y  être  reccvables  contre  ledit  Boniface  &  fa 
mémoire.  Enfemble  les  défen  es  S:  exceptions  lé- 
gitimes, s'il  y  en  avoit  i  propofer  , pourvu  qu'elles 
ne  touchent  ledit  Seigneur  Roi ,  fes  enfans ,  fcs 
frères  ,  fon  Royaume  &  les  dénonciateurs  fufdits. 
Sans  toutefois  comprendre  en  ladite  abolition  & 
remifîîon  fous  le  nom  d'adherans  ou  autrement 
ledit  Guillaume  dcNogaret, ni  Sciarra  Columna  , 
ni  les  citoyens  d'Anagnia  ,  ni  quelques  autres  par- 
ticuliers y  dénommez  fpccialement  ,  tant  dudit 
lieu  d'Anagnia  que  d'ailleurs  ,  aufquels  fadirc 
Sainteté  entend  pourvoir  de  remède  convenable 
par  autre  voie.  Fait  en  Avignon  le  17.  Avril  13 11. 

XXI. 

Extrait  de  Félix  Ofîns  Vrofeffeur  de  Pa^ 
dom  j  ondv  Ces  Remarcjues  fur? Hïfïoire 
^Hgufic  de  r  Empereur  Henri  VIL  d!  Ah- 
hertin  Aiuffatus  ,  imprimée  a  Veiiife  en 

PAGEIÇ3.  columna  i.  Ac  demum  in  appara- 
lu  ipfo  ifolcmni  <juo  fe  ia  Urbe  toti  tcrrarum 


de  M,  Dupuy»  ^7 

Cl-bi  fpct^nadumobtulit  temporc  Jubilarî  ;  piimo 
die  fiquidcm  benccli<5lionem  in  pontificalibus  po- 
pulis  impertitum  ;  fccundo  in  impcrjnli  habitu  & 
infula  Cx-faraja  redcmitum  appniuilTc  ,  delatoquc 
jpci  fc  nudaro  c;ladio  ,  clara  &  data  voce  tcftatum 
tertur  :  Erce  lïuo  gladti  hic  ;  eâ  me  de  re  doccnti- 
biis  Paralipomcnis  Vcrpcrgcnfis  in  Alberto  Rom# 
Rc2;c  ,  nccnon  Albcito  Krantzio  ex  cjulcicm  libro 
S,  SaxonirK  ,  cap.  -3,6. 

Pag.  i^S.  col.  1.  Scrjpfit  ctiam  de  icbus  inibi 
contra  fc  geflis  Bonifacius  iis  in  lùteris  quas  ad 
Gallia?  Prxlatos  dcdit ,  cdiditque  Hocfenius  ia 
TJicobaîdo  de  Barro.  ,cap.  38.  5c  his  plané  vcrbis, 
quibus  in  promptii  paucis  ,  fraudari  noriia  qui  le- 
gerint  ,  non  dcbcmus.  Scimiis  qiiidcm  multorum 
rclationc  fidelium  ,  nec  latec  Apoftolicx  Sedi ,  quns 
&  quanta  fiicrint  in  eadcm  concione  narrata  ,  Se 
maxime  qua;BcliaI  Petrus  deFlottc,  fcmividcns  & 
ctiam  totalitci"  cxcœcatus,&  quidcm  alii  praedica-» 
vcrint,  languincm  fiticntes  chriftiani.qui  charifïï- 
mum  Philippum  Vrancorum  Rcî^em  illufbreni 
traherenitu'ntur  in  dcviuni ,  pro  dolor  !  propin« 
quum  ,  cum  tanta  cKriftianitatis  fublimicas  «-• 
loneoducatu  fubmcrgitur,  &c. 

Pac^.  160.  &  161.  Adcrat  forte  tum  in  Gallii? 
StepKanus  Columna  ,  qucm  uni  cum  univerfa 
gentc  [  ut  vcrbis  Pctrarchaî  utarlib.  Rerum  mc- 
morand.  fecundo]  duobusiuftris  vagum  egcrat  ac 
toto  orbe  difperfum  ,  fulminans  de  terris  ,  &  ad 
cxemplum  Tonantis  sethcrei  ,  cujus  vices  gère- 
bat  ,  cdtâiis  minacibusintonans.  Isco^nito  Régis 
adverfusBonifaciumodio  ,  ad  eum  fe  contulit , 
humaniterquefufccptus  conHlium  hoftis  capiendi 
dcdit.  Mittitur  illico  rei  conficicada:  gratià  GuiU 
lelmus  nominc  Nogarctus  ,  calliditatc  &:  aftutia 
prarftans ,  unàcum  Mufciato  Francefiollorcatino 


<^8  ^Additlom  m\*  Preuves 

cive.  Dantur  &  eiCdem  litterx  ad  Mnifanoô 
R^gis ,  ut  quantum  pecuniaî  ad  legia  negotia, 
pctcrent  ,  illis  numerarctur.  Confcdcrc  primùm 
regii  miniftri  Sraggia- ,  quod  erat  Mufciati  caftel- 
lum  in  Hetruiia  ,  illicquc  per  occultos  nuncios  , 
Tpecie  pacis  inter  Pulchrum  &  Bonitacium  leren. 
àx  jConjurationem  cUm  alibi  dccrctam  in  igna- 
rum  mali  Pontificcm  promovere  ,  fediilo  corrup- 
tis  multo  auro  Ceccano  $l  Suppino  proceribus  ,ex 
ipfaque  Anas;iiienfiuni  urbe  Matïci  potentis  viri  li* 
beris  ,  aliifque  nobiiitatis  pra^cipua;  Gibcllinis. 
Fama  cft  Cardinales  aliquot  fa£lionis  cjurdem 
conjuracionis  hujufmodi  participes  extitiiîe,  Inde 
Duxconjuratorum  Sarra  Colnmnamearç  Septem» 
bri  anni  1303.  équités  numéro  trecentos  &  pedi— 
tum  cohortes  aliquot  fummomane  Anagniamdu- 
xit  ,  ubi  tum  Pontifex  unà  cum  Curia  confidebat. 
Occupatur  urbs  flatim  ,  difcurritur  cum  vexillis 
Pulchri  ,  iftiquevita,  mors  contra  Poatifici  paf- 
lîm  ab  omnibus  acclamatur.  IngratifTimus  Ana- 
gniae  pcpulus  rcbellionem  fecutus  &  vexilla  Régis, 
velut  amens  ,  &  ipfe  Ponificis  lioftibus  Te  con- 
junxit.  Capitur  primo  rcpentino  impetu  Bonifacii 
Regia  ,  quidpiamfulpicante  nemine  ,  nemine  re- 
fi fiente.  Hîc Pontifex  ad  rumorem  primum  ,Car- 
dinalibus  ac  minillris  dilapfis  metu  ,  (e  mortuum 
illico  iudicavit.  At  enim  collcfto  fpiritu  vir  in 
emni  calamitate  fc  ipfo  major  ;  Qu^.ndoqmdem  , 
inquit  y/aclnm  cfi  ut ,  quod  Jefu  Chrifio  contjgit  , 
froditorie  capiar  ,  ^  inmanus  inimicorum  adocci" 
dendum  tradar  ,  fixum  eft  unimo  fie  omnino  mort 
ut  Papam  decet.  His  diflis  pontificium  omncm 
ornatum  aflumit  ,  folium  racruminfidet  ,  conju- 
ratos  expe£lat.  A  Sarra  comprehenfus  eft.  Noga- 
reto  illudenti  ac  minitanti  fe  illum  in  Galliam 
miirurmn,  ut  Lugduuiin  Synodo  Pauum  Ponti- 


de  M,  Dupiiy-  €<) 

ficia  ^ignitatc  fpoliarctur ,  conftantlirnno  iclpon- 
dit  :  P aîi!7iter  feram  qindquid  m  me  e^erint  VatH' 
r'mi.  Patarini  vox  harcticum  homincm  fîgnifica- 
bat ,  cujus  cnminis  rcus  Nogareti  avus  igné  cie^ 
matus  fuciat.  lllo  lefponlo  Guillclmi  feiocia  cou- 
cidit.  Tndui  fpatio  m  poteftatc  hoftium  cuftodia 
fub  Iioneita  fuit  ,  qui  prxdar  intcnti  fat  habucie 
thefauros  ab  illo  congeflos  abripcre  ,  neccimali 
prcttereaquippiam  iiniileic,non  pcimittcntibusfu- 
pcris  Vicarium  Chriftigravioiibusinjuhis  violari. 
întciim  AnaçTiiini  divinitùs  cxcitati  ,  &  qui  iiicor- 
rupci  eraiit  ,  miferationc  moti ,  &:  qui  cum  hoftc 
fenfciaut  ,  pœnitentia  fubcunte  ,  metu  qvioque  de- 
decoiis  &  infamiaî  pcrcunî ,  ne  Romanorum  Pon- 
tiiiccm  ,  civemque  ruumpublico  confcntu  prodi- 
diffe  diceientui-  ,  arma  capiunt  ,  totaque  prodi- 
tores  inquircntcs  uibc  ,  VtvAt ,  clamant ,  Ponti^ 
fex  ;  mort^intHr  hojles  :  multifque  corum  cxfis, 
inrcrccptis  multis,  Sanain  cum  fociis  Anagnia  pcl- 
lunt  ,  Pontificem  ,  magna  prardac  parte  recepra  , 
prillinn!  libertati  reddùnt.Hincille  regreffus  liaud 
multo  poftRomam,dum  vindidx  modosjaltiùsin- 
vefligat ,  adveifus  Philippum  &  conjuratos  Con- 
cilium  parât ,  injarlaî  fibi  &  Ecclcfiaî  illatx  con- 
Tumcliam  graviffiraè  ulturus  ,  animi  mœrorc  ex 
ingcnti  càlamitatis  vi  conccpto  ,  in  gravifïimam 
argritudincm  incidit ,  quà  pcr  plures  dies  crucia- 
tus  ,  mamifquc  fîbi  vifus  arrodere  ,  migravit  c 
vita  Vaticanisinaedibus,  iv.  ldusOâ:obris  ,  falu- 
tis  anno  1303.  cXtatis  %6.  Pontificitus  anno  VIII. 
menfc  ix.  die  xvii  quintâ  vcro&  trigefimà  pofl: 
tantam  acceptam  calamitatem. 

Pag.  161,  col.  1.  Feruntur  ad  hase  conjurati , 
occupTta  Anagnia  ,  non  tam  mortem  Potitifici  ac- 
clamaffc ,  quam  Pontificatu  maximo  ut  abirct  , 
^uemadmodum  codenj  abirc  coegcrat  Celeilinun\j 


^o  ^dMttd'fJS  AUX  Preuves 

ad  hsec  vcro  Poiitifex  ,  fe  id  faclurum  âfetnlnU 
mè  i  quod  Fapa  ejjet ,  &  Papa  mort  cuperet ,  rcC- 
pondiffc  i  quin  audadcr  vitam  ipfara  lus  verbis , 
encaput ,  en  collum  ,  cunftis  difcriminibus  obje- 
^baffe.  Narrât  \\xc  Bochellus  in  notis  dccrctorum 
Bcclefise  Gallicanx. 

Pag.  164.  col.  i.  Caetcrum  ,  qux  Fcrrctus  de 
morte  Bonifacii  fcripfit ,  plané  iingularia  funt  • 
cum  nempe  Pontifîcem  ,  cum  fibi  viin  inferri  cer- 
nerct  à  Neapolcoiic  de  Caftcllo  Sarrar  Columiiii 
duce  ,  pcr  quam  ,  vellet  noUct  ,cogeretur  Sarram 
ipfum  &  Columncnfes  reliquos  diris  innexos 
cxolvcre  ,  aut  certo  ccrtiiis  uiret  adcmptam  Tibi 
facultatem  omneiii  adeundi  Lateranenfem  acdem 
quam  voto  falutis  (mx  aptiffimam  judicaret ,  in 
adeo  prazcipitcm  infaniam  delapfum  cfTe  ,  ut  & 
fibi  manuum  extrcma  corroferit ,  &  furcnti  fimilis 
iiivocato  daemone  ,  capitequc  paricti  fréquenter 
iilifo  ,  intcr  thorum  &  ftramcn  obierit  fuffocatus, 
Hxcillc  tum  vivcns  ,  &  plura  quibus  non  invitus 
parco;faccretquediâ:isilliuscx  parte  fidem,quod 
Argcntinenfîs.  fcripfit  .  Bonifacium  fcilicet  vel 
A'fi^^gntA  captum  fibi  correfijfe  manus  ;  &  vulgo 
l'adatum  in  cumdem  illud,  Infravit  ut  l'ulpes , 
ijixit  Ht  leo  ,  mortuHs  efi  ut  canis  ...  nifî  apcrto  Bo- 
nifacii fepulchro  rcpcrtum  corpus  ejus  fuiffet  in- 
tcgrura  adeo  &  incorruptum  ,  ut  in  illo  fola  nafi 
parsextrema  defideraretur  ;  manus  vcrô  adco  ex* 
îuberantes  &  vividœ  fuifque  cum  digitis  omnibus 
nullibi  vitiatis  ,  ut  in  iis  vel  tum  apparerent  vcnac 
ipfae  ac  nervi  pelle  &  carnibus  adoperti.  Ita  nempc 
fe  rem  illam  habuifle  docent  ejus  apertionis  A6ba, 
qua:  B2:ovius  edidit  ad  annum  13C3. 

Pag.  i^T.  col.  i.Quod  attinet  ad  Galliarum  Rc« 
gcm  ,  reddidit  illum  Ecclefiae  facris  Bencdidus  , 
£c  iatcidi^o  Soiufddaao  fol  vit.  Coafcnûunc  hac 


de  Ai»  Dupuy»  j\ 

în  parte fcriptores  omncs  ...immo  ncc  petcntcru 
abfoIvifTc  Walfimghamus  adciuit  hilcc  vcrbis  : 
Hic  Papa  Beacdiclus  per  idem  terapus  confide-i 
ranspium  eiTc  ciiain  ovcm  crrantcm  ,  licct  invi- 
tam  perducerc  ad  ovilc  ,  Regem  Francorum  non 
pctcntem  à  Iciitciuia  cxcommiinicacionis  pci  de- 
CcfToiem  fiiuni  latâ  in  cumabfolvit 

Pag.  166  col.  I.  Rcccpit  itidem  in  gratiam  Car- 
dinales Columnenfes  duos  ,  Jacobum  &  Pctrum  , 
.  &  ad  unitatcmEcclelixrcvocavit,  reftitutisiifdera 
bonis  omnibus  ,  piarter  galerum  rubium. 

Ibid.  col.  i.Ncc  latebuncqui  noflra  iegerint , 
vencni  tanto  Pontifici  prxbici  audoies.  Optimum 
cnim  rcIigiofifUmumciue  Pontifîcem  Cardinales 
ncfcio  qui  (  cur  enim  nomina  corura  ab  hiftoricis 
omilîa  (unt  ,  ncc  omni  probo  ,  ut  arquum  ciat,  dc- 
iiotata  ?)  [z^  ut  vcrilimilc  vidctur  ,  gentilcs  Boni- 
facii ,  qui  tune  muItiinT  potcrant  ,  &  hune  ode- 
rant  ,  fortalTe  proptcr  Bonifacii  hoiks  rcftitutos 
in  gratiam  ,  viventem  diu  ferre  non  poterant .... 
Placée  niliilominiis  aliis  venenum  per  Pincernam 
Bcnedi(flo  Pontifici  mixtum  ,  eorum  hortatu  fo- 
]ùm  quos  anathcmatc  graviori  percufTcrat  ob  Bo- 
nifacium  captum  ,  Nogareti  cumprimis  &  Sarr;e  , 
qui  vocati  renucraiu  apparerc. 

XXII. 

Extraits  de  Conradi  Vccerii  Regtl  Secre-^ 
tarit  de  rebiis geftis  fmperatoris  Henricî 
Vil'  libello  apudVrflitiumedito ,  mm 
158  ^.  Vrayîcoforti, 

PAg.6'4.  Annoa  Clirifto  falvatorcgcnito  1302,. 
Francorum  Rcx  Pliilippus  cognomcnto  Pul- 
cher ,  grave  advcifus  Pontificcm  maximum  Boni- 


71  Jlddlttons  mv  Preuves 

facium  VïII.  concepcrat  odium  ,  tum  Gibcllinas 
fa£t:ionis  ftudiofiorem  exiftimans,  tum  quod  fidcm 
-temeiè  pr^Evancatum  contcnderet  PromififTcenim 
iibi  paucis  aiitc  annis  cum  alia  quccdam  ,  tum  de 
fumma  Romani  Impcrii  poteftate  ab  Germanis 
ad  Gallos  traducenda  j  atque  adeo  Carolum  Fra- 
trem  ditcrtè  fuifle  in  conventis  nominatum  ,  cui 
id  dccus  primùm  airignaretur.  Hxc  videlicetpol- 
licita  nunc  eecidiffe  ad  nihilum ,  Albertin©  Teuto^ 
nico  principe  palam  nuper  dccrctis  ejus  compro-» 
bato. 

.  Pag.  6 s .  Pontifex  ne  nullam  non  lationcm  cocr- 
cendi  Pulchri  tcntaret  ,  Flandrorum  partes  tuefi» 
aggreditur.  Ea  tum  gens  ,  quod  fuperbiùs  irnpe-» 
ratum  fibi  <iiceret,  Gallicum  jugum  detreftabat. 

Ibid.  Sed  nec  ea  Philippus  poflhabenda  ratus, 
PicSlavos  in  couvcntum  acccrfito  Clemenre,  de  cx" 
teris  defidcrii  fuipartibus  refcrri  jufTit  in  médium^ 
:Summa  petitio  erat  de  abolenda  in  perpetuum  me- 
moria  Bonifacii  :  neque  praetextu  caruic  flagitics 
impudens  ,  articulisquadragintaingenio  caufidi^» 
corum  excogitatis ,  quibus  Oâ:avi  mores  ,  prêter 
alia  facinoia ,  de  hxrctica  impictatc  figillabamur* 


fm  des  Addit'mSi 


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